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Full text of "The architectes par leurs oeuvres"

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LES 


ARCHITECTES 

PAR  LEURS  ŒUVRES 


ConBEIL.     —      IMPniUERIB      ÉB.      CRÉTÉ. 


ELIE    I3I^A.TJLT 


LES 


ARCHITECTES 

PAR   LEURS   ŒUVRES 

Ouvrage  rédigé  sur  les  manuscrits 
de  feu  Al.   DU   BOIS  (de  l'École  polytechique) 


ARi^IIITKCTE   DU    (lOUVERNEMENT 


III 

CLASSIQUES  ET   ROMANTIQUES 

L'ÉCLECTISME  PREND  LA   PLACE  DU 

STYLE    ABSENT 

L'ARCHITECTURE  DE   FER 


PARIS 

LIBRAIRIE      RENOUARD 

H.    LAURENS,    ÉDITEUR 

G,      HUE     DE      TOUBNON,     G 


i,/7/°* 


A    LA    MÉMOIRE 

DE    MA    CHÈRE    ET    DÉVOUÉE    COLLABORATRICE 


CHAPITRE  I 

La  forme  classique  est  celle  de  loiis  les  édifices  élevés  en  Franco  pendant  la 
première  période  du  xix"  siècle.  —  Le  Roinantismo  en  arclii lecture  provoque 
le  retour  à  l'étude  des  édifices  qui  précédèrent  la  Renaissance.  —  Création  du 
Comité  des  arts  et  monuments.  —  Restauration  des  cathédrales  et  des 
châteaux  des  xn",  xin",  xiv=  et  sv=  siècles. 


L'Europe  élait  depuis  près  de  dix  ans  sous  les  armes  lorsque 
commença  le  xix"  siècle.  En  France,  la  Vendée  avait  été  paci- 
fiée; mais  les  ouvertures  de  paix  faites  par  Bonaparte  devenu 
premier  consul  aux  gouvernements  anglais  et  autrichien  avaient 
été  rejetées  par  Pitt  et  Thugurt.  Une  deuxième  coalition  de 
l'Europe  contre  notre  pays  se  préparait  et,  pendant  quatorze 
années  encore,  la  guerre  commencée,  au  nom  de  l'humanité, 
par  la  France  se  défendant  contre  l'invasion  étrangère,  allait 
être  continuée  par  l'empire  pour  satisfaire  l'ambition  d'un 
homme. 

Ce  quart  de  siècle  fut  stérile  pour  l'art,  on  le  comprend  sans 
peine.  De  plus,  la  Révolution  française,  provoquée  par  la  haine 
du  passé,  détruisit  stupidement  tout  ce  qui  lui  rappelait  ce  passé, 
et  le  nombre  fut  incalculable  des  chefs-d'œuvre  artistiques  qui 
disparurent  alors  au  souftlc  de  la  fureur  populaire.  Quelques 
architectes,  hommes  de  cœur  autant  qu'artistes,  dont  nous 
rappellerons  les  noms  au  cours  de  notre  étude  sur  l'architecture 
contemporaine,  essayèrent  bien  de  soustraire  à  la  destruction 
quelques-uns  de  ces  chefs-d'œuvre,  mais  combien  est  grand  le 
nombre  de  ceux  dont  nous  avons  à  déplorer  la  perte  irré- 
parable I 

Et  ce  ne  fut  pas  seulement  au  mobilier  royal  et  au  mobilier 
des  édifices  religieux  que  s'attaquèrent  ainsi  les  démolisseurs 
de  93,  les  édifices  eux-mêmes  subirent,  par  toute  l'Europe,  de 
douloureuses  mutilations  dont  la  trace  subsistera  longtemps 
encore. 

III.  1 


2  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Cependant,  tels  qae  les  ravages  du  temps  et  des  révolulions 
les  ont  laissés,  on  a  pu  les  classer  suivant  les  époques  auxquel  es 
ils  appartiennent  et  étudier  ainsi  les  ditîérenls  styles  d  archi- 
tecture qui  se  sont  succédé  à  travers  les  âges.  Contentons-nou^ 
de  rappeler  ici  que  si  les  architectes  du  xvm"  siècle  avaient 
oublié  de  plus  en  plus  de  puiser  leurs  inspirations  aux  sources 
de  l'antiquité,  ainsi  que  l'avaient  fait  les  maîtres  des  deux  siècles 
précédents,  c'est  que  leur  but  raisonné  était  de  créer  une  archi- 
tecture vraiment  française,  une  architecture  plus  humaine,  s. 
l'on  peut  s'exprimer  ainsi.  Malheureusement,  celle  ère  de  sagesse 
dura  peu  ;  les  successeurs  de  BofTrand  et  de  De  Cotte  ne  se  con- 
lentèrent  plus  de  faire  disparaître  les  savantes  ordonnances  de 
pilastres  et  de  colonnes  et  d'assouplir  une  ornementation  qui 
ne  répondait  plus  aux  exigences  du  temps  ;  imporlanl  de 
l'Italie  les  exagérations  de  l'école  borrominienne,  ils  tom- 
bèrent dans  les  fantaisies  du  rococo,  qu'ils  auraient  poussées 
aux  dernières  limites  si  les  réformateurs  n'avaient  pas  trouvé  des 
adversaires  redoutables  dans  ces  artistes  qui  ont  nom  Soufflot, 
Gabriel,  Louis,  etc.,  restés  fidèles,  en  face  de  ces  folies,  aux  saines 
traditions  architecturales. 

On  sait  que  la  victoire  resta  aux  classiques  ;  mais  ce  serait 
une  erreur  d'attribuer  à  la  Révolution  française  cet  excès  de 
sévérité  qui  bannit  pendant  près  de  cinquante  ans  l'ampleur  et 
la  grâce  du  slyle  français,  pour  les  remplacer  par  la  monotonie 
de  la  ligne  froide  et  compassée. 

ce  Avec  Peyre  le  Jeune  el  son  école,  dit  M.  Rivoalen  (1),  avait 
déjà  commencé  fcncaissemefit  de  plans  et  de  façades  d'où  dis- 
paraissent toute  expression  originale,  toute  silhouette.  11  suffit 
d'avoir  eu  sous  les  yeux  un  volume  de  projets  ayant  valu  a  leurs 
auteurs  les  suffrages  de  l'Académie,  «  Grands  prix  »,  à  la  fin  du 
dernier  siècle,  pour  être  édifié  sur  l'idéal  rec/lligne,  quadrilatéral 
et  cw%)/e  de  cette  école... 

«  Les  plans  de  ces  classiques  sont  enchâssés,  leurs  taçades 
mises  en  boite.  Là-dessus,  on  pose,  en  des  points  principaux, 
le  portique  type,  à  quatre  ou  six  colonnes  corinthiennes,  et  l'on 
se  croit  ainsi  en  voie  de  devenir  citoyens  dignes  d'Athènes  ou 
de  Uome » 

(1)  L'architecture  moderne  à  l'Exposition  universelle  de  <889. 


CHAPITRE  I  3 

Il  est  vrai  que  la  l'éaction  dans  ce  sens  s'exagéra  encore, 
après  la  Révolution,  lorsque  le  peintre  David,  inspirateur  sou- 
verain des  arts  plastiques  en  France,  entreprit  de  ressusciter, 
jusque  dans  le  mobilier  et  le  costume,  l'antiquité  païenne.  Alors, 
nos  archilectes  finirent  d'oublier  qu'avant  les  folies  du  style 
rocaille  il  avait  existé  un  slyle  français  né  de  l'étude  des  grandes 
œuvres  de  l'antiquité  tempérée  par  l'esthélique  particulière  à 
notre  pays. 

En   1800,   Bonaparte,  profitant  du  moment  d'accalmie   qui, 
malheureusement,  devait  être  suivi  par  la  reprise  des  hostilités 
en  Autriche  et  en  Italie,  avait  mis  au  concours,  dès  le  mois  de 
mai  de  cette  même  année,  le  projet  d'un  monument  à  élever 
à  la  mémoire  des  soldats  morts  pour  la  patrie  et  un  autre  pour 
une  colonne  monumentale  à  la  gloire  de  l'armée  française.  La 
première  place  dans  ces  deux  concours  avait  été  donnée  à  un 
architecte  lyonnais,  nommé  Barthélémy  Vignon,  élève,  à  Paris, 
de  David  Leroy,  puis  dessinaleur  dans  l'alelier  de  Poyet,  qui  lui 
confia  l'inspection  de  l'église  Saint-Sauveur  restée  inachevée. 
Vignon  était  d'ailleurs  déjà  connu  tant  comme  ayant  participé 
avec  succès  à  un  concours  ouvert  en  1795  pour  l'érection  des 
tribunaux  de  paix  de  la  ville  de  Paris  que  par  les  travaux  d'em- 
bellissement qu'il   avait  exécutés  au  château  de  Neuilly  et  au 
palais  de  l'Elysée,  à  la  demande  du  prince  Murât.  En   1801, 
Vignon  était  encore  une  fois  vainqueur  dans  un  concours  ouvert 
pour  l'élude  d'un  monument  à  «  Marspacifère  ».  Enfin,  remarqué 
parla  femme  du  premier  consul,  il  avait  exécuté  divers  travaux 
à  sa  résidence  de  la  Malmaison,  lorsqu'on  1 806,  Bonaparte  décida 
la  transformation  de  l'église  de  la  Madeleine,  commencée,  comme 
nous  l'avons  dit,  par  Contant  d'Ivi-y  etCouture(l),  en  un  «  Temple 
de  la  (Gloire  »  dédié  à  la  Grande  Armée.  Le  programme  de  ce 
concours,  daté  du  camp  de  Posen  (2  décembre  1806),  avait  été 
rédigé  par  l'empereur  lui-même,  dans  des  termes  qui  résument 
bien  fidèlement  les  idées  de  grandeur  qui  hantaient  alors  le  cer- 
veau du  maître  de  la  France.  <(  A  l'intérieur,  seront  inscrits 
sur  des  tables  de  marbre  les  noms  de  tous  les  hommes,  par  corps 
d'armée  et  par  régimeni,  qui  ont  assisté  aux  batailles  d'Ulm, 
d'Auslerlitz  et  d'Iéna  et,  sur  des  tables  d'or  massif,  les  noms  de 

11)  Voir  second  volume,  page  176. 


4  LES   ARCHITECTES  PAR   LEURS   OEUVRES. 

tous  ceux  qui  sont  morts  sur  les  champs  do  balaille.  Sur  des 
tables  d'argent  sera  gravée  la  récapilulalion,  par  département, 
des  soldais  que  chaque  département  a  fournis  à  la  Grande  Armée. 
Autour  de  la  salie  seront  disposés  des  bas-reliefs  où  seront  re- 
présentés les  colonels  de  chacun  des  régiments  de  la  Grande 
Armée  avec  leurs  noms.  Ces  bas-reliefs  seront  faits  de  manière 
que  les  colonels  soient  groupés  autour  de  leurs  généraux  de 
division  et  de  brigade,  par  corps  d'armée.  Les  statues  en  marbre 
des  maréchaux  qui  ont  commandé  des  corps  ou  qui  ont  fait 
partie  de  la  Grande  Armée  seront  placées  dans  l'intérieur  de  la 
salle...  »  Cent  vingt-sept  architectes  se  présentèrent  à  ce  con- 
cours et  le  projet  adopté  par  l'Académie  des  Be.aux-Arts  fut  celui 
de  Claude-Etienne  Beaumont,  élève  de  Dumont  et  de  David 
Leroy.  I\é  en  IT.-i?  à  lîesançon,  Beaumont,  qui  avait  été  l'inspec- 
teur de  Coulure  pendant  la  conslraclion  de  la  Madeleine,  pour 
se  venger  de  la  révocation  dont  l'avait  frappé  cet  architecte, 
avait  publié  un  mémoire,  sous  le  nom  de  l'architecte  Dulin,  con- 
tenant des  critiques  fort  étendues  contre  l'œuvre  de  Couture  et 
accompagné  ce  mémoire  d'un  contre-projet,  celui  qui  fut  désigné 
en  J800  par  l'Académie.  Du  reste,  Beaumont  avait,  en  1801, 
approprié  le  Palais-Boyal  pour  recevoir  le  Tribunal  et  était  ar- 
chitecte du  Pahxis  de  Justice,  du  Temple,  des  Sourds-.Muets  et 
de  la  maison  des  Sœurs  de  la  Charité  au  moment  de  sa  mort 
arrivée  en  181 1. 

Mais  revenons  à  Vignon.  L'empereur  avait  reçu  comra\mica- 
tiou  à  Tilsitt,  où  il  se  trouvait  alors,  de  tous  les  projets  des  con- 
currents à  la  transformation  de  l'église  de  la  Madeleine.  Cédant 
peut-être  un  peu  à  l'influence  de  Joséphine,  il  désapprouva  le 
choix  de  l'Académie  et  décida  que  le  projet  de  Vignon  serait 
exécuté.  Vignon  s'était  mis  à  l'œuvre,  lorsque  survinrent  les 
événements  de  1814-1815.  L'ordonnance  royale  du  14  février 
1816  rendit  l'édifice  à  sa  première  destination,  mais  sans  dé- 
posséder l'architecte,  qui  continua  les  travaux  jusqu'en  1828, 
époque  à  laquelle  ils  furent  repris  par  l'architecte  Huvé.  Néan- 
moins, Vignon  ne  mourut  a  Paris  que  le  26  juillet  1846. 

Un  autre  Vignon,  prénommé  Pierre,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  celui  dont  on  vient  de  lire  la  biographie,  avait  été 
chargé,  en  exécution  du  décret  de  l'Assemblée  constituante 
du  15  septembre  1792,  des  travaux  de  transformation  du  palais 


CHAPITRE  I.  5 

des  Tuileries  lorsqu'il  fut  décidé  que  la  Convenlion  y  tiendrait 
ses  séfinces.  Auteur,  en  1801,  d'un  projet  de  salle  d'Opéra  sur 
les  terrains  de  l'ancien  couvent  des  Filles-du-Calvaire,  c'est 
aussi  Pierre  Vignon  qui  fit  le  projet  du  monument  commémo- 
ratif  élevé  en  1816  à  Louis  XVI  sur  les  terrains  de  la  Viile- 
l'Évêque.  Nous  n'avons  d'ailleurs  aucun  renseignement  sur  la 
naissance  et  la  mort  de  cet  architecte  cité  dans  le  Dictionnaire 
général  des  artistes  (1). 

La  période  de  l'Empire  vit  encore  s'élever,  ou  plulùl  com- 
mencer deux  édifices  consacrés  à  la  gloire  de  l'empereur  :  ce 
sont  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile  et  l'arc  de  triomphe  du  Car- 
rousel qu'on  a  considérés,  à  juste  litre,  comme  offrant  le  résumé 
le  plus  complet  des  qualités  et  des  défauts  de  l'architecture  im- 
périale. 

C'est  en  vertu  d'un  décret  du  18  février  1800  que  fui  com- 
mencé, le  15  août  suivant,  par  les  architectes  Chalgrin  et  Ray- 
mond, dont  nous  avons  esquissé  la  biographie  dans  le  volume 
précédent,  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile.  Disons  tout  de  suite 
que  le  projet  de  Raymond  avait  été  préféré  à  celui  de  Chalgrin, 
mais  que  l'association  qui  lui  fut  imposée  avec  ce  dernier  ne 
tarda  pas  à  amener  une  sorte  de  lutle  entre  les  deux  archi- 
tectes et  que  Raymond,  d'une  santé  délicate  et  las  de  discus- 
sions qui  l'altéraioni  encore,  donna  sa  démission  au  commen- 
cement de  l'année  1810.  Chalgrin,  resté  seul,  fit  abandonner 
l'exécution  commencée  el'c'est  son  projet  qui  fut  définitivement 
exécuté. 

L'empereur  avait  voulu  un  monument  gigantesque  comme  les 
faits  d'armes  dont  il  devait  rappeler  le  souvenir,  et,  en  effet,  la 
hauteur  et  la  largeur  de  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile  (49  mètres 
et  4i  mètres)  dépassent  de  28  mètres  et  de  20  mètres  la  hau- 
teur et  la  largeur  de  l'arc  de  Constantin  à  Rome,  le  plus  haut  de 
tous  les  arcs  antiques  connus.  Un  contre-projet  présenté 
quelques  années  après  l'établissement  des  fondations  par  un 
architecte  du  nom  de  P.-F-.L.  Dubois  ne  fut  pas  adopté,  de 
sorte  que  Chalgrin  put  continuer  le  monument  sur  ses  plans 
jusqu'à  sa  mort  arrivée,  nous  l'avons  dit,  le  21  janvier  18H. 
A  ce  moment,  l'arc  de  triomphe  s'élevait  à  la  hauteur  de  5", 40. 

(I)  Bi'llier  de  la  Chavi'înene  et  Louis  Auvray,  Paris,  1885. 


6  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

De  1811  à  1813,  les  travaux  furent  conduilspar  L,  Goust,  l'élève 
et  l'inspecteur  de  Chalgrin,  qui  suivit  fidèlement  le  plan  de  son 
maître.  Nous  ne  savons  encore  de  lui  qu'une  chose,  c'est  qu'il 
obtint  le  second  prix  d'arcliiteclure  en  1788.  A  ce  moment  (1813) 
la  construction  avait  atteint  la  hauteur  de  l'imposte  du  grand 
arc.  La  famille  des  Bourbons  ayant  été  ramenée  sur  le  trône 
de  France,  Louis  XVIH  se  vil  contraint  d'envoyer  une  armée 
française  en  Espagne  pour  y  rétablir  Ferdinand  VII  chassé  par 
ses  propres  sujets.  L'expédition  se  termina  par  la  prise  du  Tro- 
cadéro,  et  une  ordonnance  royale  du  9  octobre  1823  décida 
que  l'arc  de  triomphe  de  l'Étoile  serait  terminé  en  mémoire  de 
ce  fait  d'armes.  Goust  fut  alors  rappelé,  mais  on  lui  adjoignit  un 
élève  d'Antoine  Peyre,  Jean-Nicolas  Huyot.  Gousl,  n'ayant  plus 
que  le  second  rang,  se  relira  en  1829,  laissant  Ihiyot  diriger 
seul  la  construction. 

Iluyot  était  né  à  Paris  le  25  décembre  1780.  Grand  prix  d'ar- 
chitecture en  1807,  il  séjourna  six  ans  en  Kalie  et,  de  là,  visita 
la  Grèce,  la  Turquie,  l'Asie  et  l'Egypte.  A  Constanlinople,  il  eut 
occasion  de  modifier  le  palais  de  l'ambassadeur  de  France  et  de 
jeter  les  fondements  de  l'hôpital  français.  Ses  travaux  d'ar- 
chéologie en  Egypte  ont  une  importance  considérable,  ainsi  que 
ceux  qu'il  fit  successivement  dans  l'Asie  Mineure  el  en  Grèce. 
La  plus  grande  partie  des  restes  des  édifices  anciens  de  ces 
contrées  ont  été  relevés  par  lui;  aussi  r.\cadémie  avait-elle  cru 
devoir  le  récompenser  en  le  nommant  à  la  cliaire  d'histoire  de 
l'architecture  et  membre  de  sa  compagnie.  Mais  la  révolution 
de  1830  arrêta  encore  une  fois  l'édification  de  l'arc  de  triomphe 
ainsi  que  celle  du  calvaire  du  mont  Valérien  dont  les  matériaux 
servii'onl,  en  1840,  à  la  construction  du  fort  qu'on  y  voit  aujour- 
d'hui. Huyot  mourut  à  Paris  le  2  août  1840,  laissant  plusieurs 
projets,  notamment  ceux  de  l'église  Saint-Cbarles  (devenue  Sainte- 
Clotildo),  d'un  nouveau  Palais  de  Justice  et  d'une  nouvelle  Préfec- 
ture de  police,  projets  refails  par  d'autres  architectes  et  exécutés 
depuis. 

Ce  fut  BloucI,  dont  nous  donnons  ci-après  la  biographie, 
qui  eut  l'honneur  d'achever  l'arc  de  triomphe  en  1830.  11  mo- 
difia l'atlique  projeté  au  moyen  de  la  suppression  des  statues 
qui  devaient  le  surmonter^  mais  il  le  couronna  d'une  galerie 
composée  de  tètes  de  méduses  réunies  par  un  ornement  courant 


CHAPITRE  I.  7 

formé  de  boucliers  antiques.  La  décoration  dos  pilastres  de 
l'allique  et  de  l'imposte  du  grand  arc  est  aussi  de  Blouet.  Nous 
terminerons  l'iiislorique  de  ce  monument  en  signalant  seulement 
au  lecteurl'auteur  de  l'un  des  nombreux  projets  exposés,  Jacques 
Thierry,  né  à  Paris  en  17o0,  où  il  moui'ut  en  1832,  professeur 
pendant  quarante-six  ans  à  l'école  gratuite  de  dessin.  Elève  de 
Blondel  et  de  Hadel,  il  a  formé  lui-même  plusieurs  artistes  dis- 
tingués, mais  n'a  point  laissé  à  Paris  d'édillce  susceptible  d'être 
mentionné.  Nous  savons  seulement  qu'il  apporta  une  grande  in- 
telligence à  la  restauration  du  palais  d'Ârcy  à  Bagneux  et  au 
dessin  de  la  fontaine  de  la  place  Giiillon  qui  fut  exécutée  plus 
tard  sur  les  plans  de  Yisconti. 

Nous  avons  dit  que  dans  tons  les  temps  et  dans  tons  les  pays 
les  négociants,  agents  du  commerce  et  spéculateurs  avaient  créé 
des  lieux  de  réunion,  et  nous  avons  décrit  sommairement,  dans 
le  cours  de  cet  ouvrage,  les  Bourses  de  Londres,  d'Anvers,  etc. 
«  Les  négociants  de  Paris,  à  l'origine,  se  réunissaient  au  Palais 
de  Justice,  an-dessous  de  la  galerie  Dauphine,  près  de  la  Con- 
ciergerie, dans  un  lieu  qu'on  appelait  Place  du  Change.  Un 
arrêt  du  21  septembre  1724  établit*  une  lîourse  »  rue  Vi vienne, 
dansl'ancicn  hôtel  de  Nevers,  qui  touchait  à  l'hôtel  Mazariti.  Cette 
Bourse  fut  successivement  transférée  dans  l'église  des  Petits- 
Pères  en  17!»o,  au  Palais-Royal  (galerie  de  Virginie),  en  tS09, 
dans  un  bâtiment  situé  sur  le  terrain  des  tilles  Saint-Thomas 
en  1818  et  elle  le  fut,  en  1826,  au  lieu  où  elle  est  actuellement.  » 
Napoléon  ordonna  la  construction  de  la  nouvelle  Bourse,  dont 
la  première  pieri'c  fut  posée  en  1808;  l'architecte  choisi  était 
Alexandre-Théodore  Brongniart,  né  à  Paris  en  1739,  un  vé- 
téran de  rarchitecture,  architecte  du  roi  et  du  duc  d'Orléans  et 
membre  de  l'ancienne  Académie.  Les  principaux  travaux  de 
Brongniart  avaient  été,  avant  la  Bourse,  la  salle  du  tliéàlre 
Lonvois  détruite  en  181o,  le  petit  palais  dn  duc  d'Orléans,  une 
quantité  d'hôtels,  parmi  lesquels  nous  nous  contenterons  de 
citer  celui  des  Archives  de  l'ordre  de  Saint-Lazare,  rue  de  Pro- 
vence, de  MademoiseUe  de  Condé,  abbesse  de  Remiremont,  rue 
Monsieur,  et  de  Madame  de  Monlesson,  rue  de  la  Chaussée- 
d'Antin,  l'hôtel  de  Monaco  ou  de  Matignon,  pour  la  princesse 
Adélaïde,  rue  de  Vareunes,  les  écuries  du  comte  de  Provence,  le 
nouveau  couvent  des  Capucins  (aujourd'hui  Lycée  Bonaparte). 


8  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   œUVRES. 

Brongiliart  avait  été  également  cliargé  de  riiislallation  du  cime- 
tière de  l'Est,  dit  du  Pèie-Lacliaise,  et  mourut  le  16  juin  1813, 
alors  que  les  travaux  de  construction  de  la  Bourse  étaient 
encore  fort  peu  avancés.  11  s'agit  de  lui  donner  un  successeur, 
qui  fut  Éloi  La  Barre,  né  k  Ourscamp  (Oise),  le  17  avril  1766. 
Élève  de  Baymond,  La  Barre  ne  se  gêna  pas  pour  modifier  le 
plan  de  son  prédécesseur,  autorisé,  du  reste,  à  ces  change- 
ments par  les  exigences  de  l'institution  qu'il  dotait  d'un  pa- 
lais; c'est  ainsi  qu'il  donna  plus  d'élévation  à  l'édifice,  et  qu'il 
remplaça  par  le  style  corinthien  le  style  ionien  adopté  par 
l'auteur  du  projet.  La  Bourse  put  être  enfin  livrée  aux  spécula- 
tions en  1827,  sous  réserve  du  premier  étage  destiné  aux  au- 
diences du  tribunal  de  commerce.  Les  autres  travaux  de  La 
Barre  sont  une  salle  de  spectacle,  à  Boulogne-sur-Mer,  incen- 
diée en  1854,  et  la  colonne  monumentale  qui  devait  consacrer 
le  souvenir  de  la  fameuse  descente  en  Angleterre;  les  travaux, 
interrompus  plusieurs  fois,  ne  purent  être  terminés  qu'en  1841, 
huit  ans  après  la  mort  de  La  Barre,  arrivée  le  20  mai  1833; 
l'architecte  était  alors  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
membre  du  Conseil  des  bâtiments  civils  et  de  l'Institut. 

Deux  autres  admirateurs  de  l'antiquité  païenne  suivirent  les 
inspirations  de  David,  qui  d'ailleurs  les  avait  présentés  à  la 
femme  du  futur  César,  Percier  et  Fontaine,  élèves  de  Peyre. 

C'est  dans  l'atelier  de  ce  maître  que  Pierre-François-Léo- 
nard Fontaine,  né  à  Pontoise  le  20  septembre  1762,  fit  la 
connaissance  de  Charles  Percier,  plus  jeune  que  lui  de  deux 
ans,  puisqu'il  naquit  à  Paris  le  22  août  1764.  Fontaine,  second 
grand  prix  d'architecture  en  1783,  alors  que  i'ercier  avait 
obtenu  le  premier  grand  prix  en  1786,  obtint  la  faveur  de  rejoin- 
dre son  ami  à  Bome  comme  pensionnaire  de  l'Académie;  mais 
à  leur  retour  à  Paris,  dans  le  courant  de  l'année  1792,  ils  trou- 
vèrent la  France  en  pleine  révolution  et  Fontaine  dut  prendre 
le  parti  d'émigrer  à  Londres.  Là,  il  utilisa  son  talent  en  faisant 
des  dessins  de  meubles  et  de  papiers  peints  et  la  décoration  de 
quelques  appartements,  en  donnant  à  toutes  ses  œuvres  le  cachet 
gréco-romain  que  nous  retrouverons  plus  tard  imprimé  aux 
édifices  importants  dont  il  fut  l'architecte  avec  la  collaboration 
de  Percier.  Le  bonheur  voulut  pourtant  qu'il  ne  tardât  pas  à  être 
rappelé  à  Paris  pour  remplacer  Paris,  directeur  des  décorations 


A.  P.  VIGNON 


CHAPITRE   I.  9 

de  l'Opéra.  Dès  ce  moment,  Fontaine  et  Percier  commencè- 
rent une  association  que  la  mort  seule  put  interrompre.  C'est 
ainsi  qu'ils  restaurèrent  l'hôtel  de  M.  de  Chauvelin  à  Pari  et 
les  châteaux  de  la  Malmaison,  de  Saint-CIoiid,  de  Compiègne, 
de  Versailles,  de  Fontainebleau,  de  l'Elysée,  du  Louvre  et  des 
Tuileries;  les  résidences  souveraines  de  Laeken,  d'Anvers,  de 
Briilli,  de  Mayeuce,  de  Strasbourg,  de  Rome,  do  Florence, 
de  Venise.  C'est  à  eux  que  l'on  doit  également  le  dégagement 
du  château  des  Tuileries,  le  percement  delà  rue  de  Rivoli,  la  fon- 
taine de  Desaix,  place  Dauphine,  le  grand  escalier  du  musée  du 
Louvre,  aujourd'hui  détruit.  Mais  l'œuvre  la  plus  considérable 
qu'aient  exécutée  les  deux  artistes,  est  assurément  l'arc  de 
triomphe  du  Carrousel,  reproducticn  fidèle,  il  est  vrai,  des  arcs 
anciens,  mais  éludié  jusque  dans  ses  moindresdéiails  et  auquel 
les  colonnes  en  marbre  rose  du  vieux  château  de  Moudon  don- 
nent une  pointe  de  coloration  qui  atténue  heureusement  la  froi- 
deur de  l'œuvre. 

Le  plus  vaste  plan  (inexécuté)  qui  ait  occupé  l'esprit  de  Fon- 
taine et  de  Percier,  pendant  une  partie  de  leur  vie,  est  celui 
d'une  somplueuse  résidence  que  Napoléon  se  proposa  de  faire 
élever,  à  Lyon  d'abord  et  à  Paris  ensuite,  sur  les  hauteurs  de 
Chaillot.  Percier,  dont  la  santé  était  déjà  altérée,  renonça,  en 
1814,  à  la  partie  active  de  sa  profession;  Fontaine,  alors  devenu 
architecte  de  Louis  XVIll,  acheva  seul  les  travaux  commencés 
sous  l'Empire  parles  deux  amis,  puis  éleva  seul,  de  1815  à  1826, 
la  chapelle  expiatoire  de  la  rue  d'Anjou.  Architecte  de  Charles  X, 
Fontaine  décora  la  galerie  du  Louvre  dans  laquelle  ont  été 
placées  les  collections  d'antiquités  égyptiennes  et  grecques; 
architecte  du  duc  d'Orléans,  il  éleva  au  Palais-Royal  la  galerie 
dite  d'Orléiuis;  architecte  de  Louis-Philippe,  il  construisit  la 
cage  du  grand  escalier  d'honneur  des  Tuileries.  En  province, 
parmi  les  travaux  qui  occupèrent  son  activité  et  dont  il  serait 
diflicile  de  donner  la  liste,  mentionnons  seulement  l'Hôtel-Dieu 
de  Ponloise,  commencé  en  1823  et  achevé  en  1827. 

Percier,  membre  de  l'Institut  depuis  1811  et  du  Conseil  des 
bâtiments  civils,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  mourut  à  Paris 
e  5  septembre  1838.  Fontaine  mourut  dans  la  même  ville  le 
10  octobre  1853,  fait  par  Louis-Philiiipc  commandeur  de  la 
Légion  d'honneur,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Michel  et  meni- 


10  LES   AEGHITKCTES  PAR  LEURS    OEUVRES. 

bre  de  l'Instidil,  comme  son  collahoraknir  Percicr.  Les  deux 
artis(es,  auteurs  ensemble  de  pUisieurs  ouvrages  qui  se  trouvent 
dans  toutes  les  bibliothèques,  trouvèrent  de  vaillants  collabora- 
teurs dans  Alexandre  Dufour  et  dans  Louis-Martin  Berthault, 
dont  le  talent  sul  disposer,  eu  se  conformant  au  goùl  de  l'épo- 
que, les  jardins  et  les  parcs  des  résidences  impériales.  Dufour, 
né  en  1760,  condisciple  de  Percier  et  Fontaine  à  l'.Vcadémie, 
inspecteur,  puis  architecte  du  palais  de  Versailles,  de  1810 
à  1831,  dirigea  les  travaux  «  exécutés  en  prolongement  du  bou- 
levard de  rimpcralrice  à  la  rencoulre  du  chemin  de  Trianon  », 
ainsi  que  la  création  du  nouveau  jardin  du  roi.  Dufour  fut  Tar- 
chitecte  de  l'entrée  du  château  de  Savigny-sur-Orge  et  mourut 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  le  1"  février  1835.  Berthault, 
né  à  Paris  en  1771,  commença  par  transformer  les  jardins  de 
la  Malmaison,  do  Compiègne,  de  Saint-Leu-Taverny,  de  Pont- 
Chartrain;  il  dessina  ensuite  ceux  de  la  Jonchère,  de  Clichy,  du 
Raincy,  etc.  ;  puis,  à  Home,  celui  du  Monte  Pincio,  autrefois 
occupe  par  les  jardins  de  Salluste.  Berthault,  qui  aurait  cons- 
truit le  palais  du  roi  de  Rome  si  la  dynastie  de  Napoléon  avait 
survécu  au  César  français,  mourut  architecte  du  roi  et  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur  en  août  1823. 

A  côté  des  quatre  ou  cinq  artistes  qui  résument  dans  leurs 
travaux  l'architecture  du  premier  empire,  nous  allons  men- 
tionner maintenant  quelques  artistes  de  valeur  dont  les  œuvres, 
pour  lu  plupart,  n'ont  pas  survécu  à  leurs  auteurs.  D'abord, 
Lecomte,  qui  était  architecte  des  Tuileries  lors  de  l'événe- 
ment du  3  nivôse,  éleva  avec  Gisors  l'échafaudage  destiné  à  la 
transformation  de  la  salle  où  dmait  siéger  le  conseil  des  Cinq- 
Cents  au  Palais-Bourbon,  et  eut  pour  successeurs  Percier  et 
Fontaine;  Auguste  Hubert,  élève  de  Peyre  le  Jeune,  grand  prix 
d'architecture  en  I78i,  qui,  de  1793  à  1795,  fut  ordonnateur 
des  fêles  nationales  avec  le  peintre  David  et  exécuta,  sous  le  pre- 
mier Empire,  divers  travaux  de  restauration  dans  l'église  de  la 
Sorbonne  ;  Courtépée,  qui,  lauréat,  à  jdusieurs  reprises,  do 
l'Académie  en  1802  et  1807,  est  mentionné  honorablement  pour 
son  projet  de  «  Temple  de  la  Gloire  »  et  fut  chargé,  en  1808,  de 
l'appropriation  de  l'hôtel  de  Rohan  au  service  de  l'Imprimerie 
impériale;  Antoine-Laurent-Thomas  Vaudoyer,  né  à  Paris  le 
21    décembre  1730,  mort  le  27  mai  18i0,  éi;alement   élève  de 


CHAPITRE  I.  11 

I*cyre  el  grand  prix  d'arcJiitectiire  en  1783.  Lorsqu'on  1793  un 
décret  de  la  Convention  eut  supprimé  l'Académie  des    beaux- 
arts,  Vaudoyer,  aidé  dans  ses  généreuses  intentions  par  David 
Leroy,  résolut  de  créer  une  école  particulière  dans  laquelle  les 
jeunes  Français  se  destinant  à  la  profession  d'architecte  pussent 
du  moins  puiser  l'enseignement  des  principes  de  leur  art.  Les 
deux  amis  obtinrent  d'ouvrir  leur  atelier  dans  une  des  salles  du 
Louvre  et,  sur  leurs  maigres  émoluments  de  professeurs,  pré- 
levèrent une  somme  destinée  à  former  des  prix  pour  les  élèves 
les  plus  sludieux  et  les  plus  intelligents  de  leur  classe.  Lors- 
qu'en  1795  l'Institut  fut  établi  et  que  les  études  des  diiïérentes 
sections  de  l'Académie  des  beaux-arts  eurent  été  réorganisées, 
Vaudoyer  y  reprit  ses  fonctions  de  secrétaire.  C'est  lui  qui  fut 
cliargé,  en   1804,    de  l'installation  cle  l'Institut  au  palais   des 
Quatre-Nations.   En    1806,   Vaudoyer    prit   part    au    concours 
établi   pour   élever  un   «  Temple  à  la  Gloire  »    et  son    projet 
obtint  le  second  prix  ;    il  fui  ensuite  appelé  à  fournir  les  plans 
d'une  École  des  beaux-arts  qui  devait  èlre  élevée  sur  le  quai 
d'Orsay;  mais  l'emplacement  de  la  fulure  école  ayant  été  des- 
tiné au  ministère  des  ad'aires  élrangères,  son  projet  ne  fut  pas 
exécuté.  Vaudoyer  fut  d'ailleurs  cliargé  de  travaux  importants  à 
Paris  :  notamment  l'agrandissement  des  bâtiments  du  Collège  de 
France,  la  restauration  de  l'église  de  la  Sorbonne,  de  l'Observa- 
toire, du  marcbé  des  Carmes,  de  l'ancienne  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève,  etc.  En  province,  Vaudoyer  aussi  restaura  le  cliàleau  de 
la  Grange  pour  le  général  La  Fayette  dont  il  était  l'ami  ;  il  a  signé 
trois  notices  publiées  en   180G-18I2  et  1830  sur  la  Madeleine, 
sur  le  théàlrc  de  Marcellus  à  Rome  (dont  il  exposa  une  restaura- 
tion) et  sur  le  clidtcau  de  Madrid. 

Julien-David  Leroy,  dont  le  nom  a  déjà  été  plusieurs  fois 
prononcé,  était  un  vieillard  lorsqu'il  résolut,  avec  Vaudoyer,  de 
sauver  d'une  ruine  presque  fatale  l'architecture  française,  en 
substituant  ses  leçons  particulières  à  celles  de  l'Académie  dis- 
parue dans  la  tourmente  révolutionnaire.  Fils  du  célèbre  hor- 
loger Leroy,  il  était  né  à  Paris  en  1728,  avait  étudié  l'architecture 
dans  les  ateliers  de  .Jossenay  et  Loriot,  avait  obtenu  le  grand 
prix  en  17o0  et  était  professeur  de  l'Académie  depuis  1774 
lorsque  celle-ci  fut  supprimée.  Le  professorat  auquel  David 
Leroy  consacra  toute  sa  vie  ne  lui  permit  pas  d'élever  quelque 


12  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  ŒUVRES. 

œuvre  archifectiirale  importante,  mais  les  archéologues  con- 
naissent de  lui  ses  écrits  :  Ruines  de  la  Grèce  (1767),  Histoire 
de  la  disposition  des  Temples  chrétiens  depuis  Constantin  le 
Grand jusqii''ànoits  (1764),  La  Marine  des  aticiens  peuples  ex- 
pliquée (1777),  etc.  Après  la  mort  de  David  Leroy,  arrivée  le 
27  janvier  1803,  une  médaille  fut  frappée  en  son  honneur  au 
moyen  d'une  souscription  ouverte  entre  tous  ses  élèves,  parmi 
lesquels  figurent  les  noms  de  Yignon,  Percier,  Lebas,  Debray, 
Bonnevie,  Joly,  etc. 

Un  architecte  contemporain  de  Vaudoyer,  Jacques-Charles 
Bonnard,  né  à  Paris  le  30  janvier  176.3  et  élève  de  Henard,  avait 
remporté,  en  1788,  le  premier  grand  prix,  concurremment  avec 
Tardieu.  Chargé  de  restaurer  le  palais  des  Tuileries  pour  le 
rendre  habitable,  lorsque  Tiouis  XVI  fut  ramené  de  Versailles  à 
Paris,  Bonnard  se  mit  à  l'œuvre;  mais  les  événements  de  1792 
suspendirent  les  travaux  et  l'architecte  crut  devoir  émigrer.  Il 
ne  revint  en  France  que  sous  l'Empire;  succédant  alors  à  Benard 
comme  architecte  du  ministère  des  affaires  étrangères,  Bonnard 
dut  faire,  en  1810,  le  plan  d'un  nouvel  hôtel  destiné  à  loger  les 
services  de  ce  ministère  et  l'emplacement  choisi  fut  le  quai 
d'Orsay  ;  mais  l'empire  tomba,  le  gouvernement  de  la  Bestauration 
manqua  de  fonds  et  ce  ne  fut,  comme  on  le  verra  plus  tard, 
qu'en  1833  que  Lacornée  put  commencer  l'édifice  projeté.  Celui-ci 
reçut  d'ailleurs  une  destination  nouvelle  et  devint  le  palais  de  la 
Cour  des  comptes  et  du  conseil  d'État.  Bonnard  ne  fut  pas  plus 
heureux  avec  son  projet  d'Hôtel  des  postes  qu'il  commença 
d'exécuter  en  1811  et  dut  abandonner  en  1822;  il  mourut  cà 
Bordeaux,  membre  de  l'Institut,  le  28  octobre  1818. 

Jean  Trepsat,  qui  n'a  attaché  son  nom  qu'à  la  construction  de 
la  fontaine  (aujourd'hui  disparue)  de  l'Esplanade  des  Invalides, 
dut  à  un  accident  la  faveur  dont  il  jouit  auprès  de  Napoléon  I" 
et  sa  nomination  d'architecte  des  Invalides.  Un  des  éclats  de  la 
machine  infernale  qui  éclata  le  3  nivôse  sur  le  passage  du  premier 
consul  lui  brisa  une  des  cuisses  et  cette  blessure  en  nécessita 
l'amputation.  Nous  ajouterons  seulement  que  Trepsat  était 
encore  architecte  des  Invalides  ainsi  que  des  palais  de  Versailles 
et  de  Trianon  au  moment  de  sa  mort  arrivée  en  181.o.  Men- 
tionnons également  un  élève  de  Percier  et  Fontaine,  Etienne- 
Germain  Bastard,  né  en  1786,  qui  semble  avoir  mis  la  dernière 


CHAPITRE  I.  13 

main  à  la  conslruclion  de  la  halle  au  Vieux-Linge  de  Molinos, 
mais  était  plus  connu  comme  architecte  des  villas  élevées  à  la  fin 
de  l'Empire. 

Deux  membres  de  l'hislilul  d'Egypte,  architectes,  mais  connus 
surtout  par  leurs  remarquables  travaux  archéologiques,  appar- 
tiennent aussi  à  la  période  impériale:  Jean- Constantin  Protain, 
né  à  Paris  le  6  janvier  1769,  élève  de  Chalgrin  et  second  grand 
prix  en  1793,  parcourut  l'Italie,  la  Grèce,  la  Turquie;  attaché  à 
son  retour  en  France,  en  1794,  à  l'Ecole  des  mines,  en  qualité 
de  professeur,  il  était  nommé  en  1798  membre  de  la  Commission 
des  arts  instituée  lors  de  rex|)édition  d'EgypIe  et  fut  chargé  de 
la  mise  en  état  de  défense  d'Alexandrie.  De  1799  jusqu'à  l'assas- 
sinat de  l\léber(l-i  juin  1800),  archilecte  comme  lui  et  son  ami, 
aux  côtés  duquel  il  fut  dangereusement  blessé,  Prolain  recueillit 
un  nombre  considérable  de  documents  relatifs  aux  monuments 
et  aux  costumes  de  l'ancienne  Egypte.  A  son  retour  en  France, 
Protain  mit  en  ordre  tous  ces  documents,  consignés  dans  l'ou- 
vrage sur  ce  pays  publié  par  ordre  du  gouvernement  français. 
Pendant  quelques  années,  à  partir  de  1806,  il  dirigea  l'atelier  des 
décorations  de  l'Académie  de  musique  duquel  sont  sortis  les 
décors  de  la  Vestale,  des  Bardes,  de  Don  Juan,  etc.  Conlrôleur 
des  bâtiments  de  Versailles,  Prolain  mourut  à  Paris  le  24  dé- 
cembre 1837,  laissant  le  projet  du  monument  à  élever  à 
Strasbourg  à  la  mémoire  de  Kléber,  et  celui  d'un  édifice  destiné 
à  l'exposition  de  l'Industrie  sur  la  place  de  la  Concorde,  dont 
le  centre  était  marqué  par  l'obélisque  de  Louqsor  qui  y  fut  érigé, 
en  effet,  à  cette  même  place  quelques  années  plus  tard. 

Un  autre  architecte,  Charles  Norry,  né  à  Bercy  en  \  75G,  élève 
de  Rossel  et  Douilly,  admis  au  nombre  des  savants  qui  suivaient 
l'armée  française  en  Egypte,  publia  à  son  retour  en  France,  en 
(1799)  :  Relation  de  F  expédition  d'Egypte  suivie  de  la  dcsrripl/oii 
de  plusieurs  monuments  de  cette  contrée.  On  a  aussi  de  lui 
le  plan  d'un  lazaret  projeté  à  Alexandrie  sur  l'emplacement 
appelé  le  Cap  des  Figuiers  et  qui  n'a  pas  été  exécuté.  Norry, 
après  avoir  fait  une  partie  dos  dessins  du  grand  ouvrage  sur 
l'Egypte,  mourut  à  Paris,  le  16  novembre  1832,  chevalier  delà 
Légion  d'honneur  et  de  Saint-Louis,  membre  de  l'Institut 
d'Egypte,  inspecteur  général  du  Conseil  des  bâtiments  civils. 

Au  moment  où  les  architectes  français  de  la  période  du  premier 


14  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

empire  essayèrent  d'ouvrir  à  rarcliiteclure  une  voie  nouvelle, 
les  tradilions  du  xviu"  siècle  avaient  à  peu  près  complètement 
disparu,  et  il  faut  bien  dire  que  pas  un  des  essais  de  ces  véri- 
tables artistes  n'atteignit  la  perfection  des  œuvres  créées  par 
les  artistes  de  la  Renaissance.  La  forme  extérieure  des  édi- 
fices qu'ils  élevèrent  ne  s'éloigna  guère  d'aillein^s,  nous  l'avons 
dit,  de  celle  adoptée  par  l'école  de  Peyre,  et  nous  constaterons 
encore  dans  ceux  construits  pendant  la  Restauration  une  cer- 
taine absence  d'expression  et  de  mouvement.  Comme  à  la  Ma- 
deleine et  à  rOdéon,  on  chcrcberait  Vainement  à  la  Bourse, 
à  la  Cour  des  comptes,  à  Saint-Vincent-de-Paul,  l'elîet  pitto- 
resque et  l'expression;  ni  l'une  ni  l'autre  n'exista  dans  l'ima- 
gination des  créateurs,  pas  plus  que  dans  leurs  créations,  et  cet 
((  encaissement  des  édifices  »,  suivant  l'expression  pittoresque 
de  M.  Rivoalen,  persistera  même  jusqu'à  l'avènement  du  second 
Empire.  Mais  ce  qu'on  ne  peut  nier,  c'est  qu'à  l'abri  de  cette 
enveloppe  clirysalidale  pour  ainsi  dire,  s'est  opéré,  par  l'étude 
soutenue  du  plan,  le  travail  de  transformation  intérieure  ([ui  a 
marqué,  d'une  façon  incontestable,  le  progrès  de  l'arehitccture 
contemporaine. 

Un  artiste  de  la  Restauration  a  tenté  cependant  de  sortir  du 
cadre  tracé  par  ses  devancieie  du  premier  Empire,  Alavoine, 
l'architecledu  monument  connu  sous  le  nom  de  <(  l'Elépbantde  la 
Bastille  ».  Ce  fut  par  suite  de  la  nomination  de  Célerier  comme 
arcliitectc  de  l'église  abbatiale  de  Saint-Denis,  que  Jean-An- 
toine Alavoine  fut  appelé  à  diriger  l'érection  de  cette  fontaiae, 
dont  le  projet  avait  été  approuvé  en  1810.  Né  en  1776,  élève  de 
Faivre  et  Tliibault,  très  matliématicien,  .Vlavoine  avait  donc  à  ce 
moment  trente-cinq  ans;  mais  au  lieu  de  suivre  le  plan  de  Céle- 
rier, le  nouvel  arcbitecte  conçut  le  projet  étrange  exposé  au 
Salon  de  1814  et  qui  consistait  en  une  vasque  circulaire  en 
marbre  formant  socle  sur  lequel  reposait  la  grille  d'enceinte 
du  monument.  Dans  cette  vasque  s'élevait  un  élépliant  co- 
lossal portant  une  tour  de  20  mètres  de  hauteur.  L'éléphant 
et  la  tour  devaient  être  en  bronze  et  enrichis  d'ornements. 
A  cette  même  date,  Alavoine  avait  fait  exécuter  la  voiite  au- 
dessus  du  canal,  les  caveaux  et  en  général  toutes  les  substruc- 
lions  qui  devaient  recevoir  la  vasque,  ainsi  que  le  modèle  de 
l'éléphant,  grandeur  d'exécution,  construit  en  charpente  et  en 


CHAPITRE  I.  13 

plaire  par  le  sculpteur  Brideau.  Mais,  après  les  évèuemenls  de 
181  i,la  forme  du  monument  fut  remise  en  question  et  Alavoine ne 
composa  pas  moins,  pour  remplacer  son  «  Eléphant»,  de  dix-sept 
projets  qui  furent  tous  successivement  approuvés  et  abandonnés, 
de  façon  qu'aucun  d'eux  n'avait  été  définitivement  adopté  lors- 
que éclata  la  révolution  de  1830.  Ces  travaux  préparatoires  va- 
lurent d'ailleurs  à  Alavoine,  en  1823,  la  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur. Le  gouvernement  de  Louis-Philippe  voulant  honorer  les 
morts  de  Juillet  par  l'érection  d'une  colonne  commémorative,  ce 
fut  l'emplacement  de  la  fontaine  «  à  l'Eléphant  »  qu'on  lui 
donna  et  Alavoine  qu'on  chargea  du  projet;  mais  la  colonne  s'éle- 
vait à  peine  au-dessus  des  fondations  lorsque  son  auteur  vint  à 
mourir,  le  14  novembre  1831,  laissant  à  Duc  le  soin  de 
l'achever. 

On  doit  à  Alavoine  les  piédestaux  du  Lion  de  Saint-Marc,  du 
pont  de  la  Concorde,  depuis  disparus  et  celui  de  la  place  dos  Vic- 
toires sur  lequel  se  trouve  la  statue  de  Louis  XIV,  ainsi  que  les 
bains  Montesquieu  qu'il  serait  difficile  de  reconnaître  dans  ce 
qui  eu  reste  aujourd'hui.  Alavoine,  qui  fut  l'un  des  précurseurs 
de  nos  architectes  modernes  dans  l'emploi  delà  fonte  et  du  fer, 
n'hésita  pas  à  donner  libre  carrière  à  ses  désirs  d'innovation,  en 
matière  de  construction,  loisqu'il  fut  chargé  de  la  reconstruc- 
tion des  fièches  de  la  cathédrale  de  Séez  et  de  la  cathédrale 
de  Rouen.  Laissant  à  d'autres  le  soin  d'apprécier  la  valeur  des 
tentatives  d'Alavoine,  nous  allons  passer  en  revue  les  édifices 
religieux  élevés,  tant  à  Paris  que  dans  les  départements,  d'a- 
près les  principes  enseignés  par  l'école  de  Peyre,  pendant  la 
première  période  du  xix°  siècle. 

L'architecte  de  Saint-Yincent-de-Paul  fut  Jean-Baptiste  Le 
Père,  né  à  Paris  le  1"  décembre  17G1.  Poussé  par  une  véritable 
vocation.  Le  Père  partait  à  l'âge  de  vingt-six  ans  pour  Saint-Do- 
mingue, oii  il  exécuta  quelques  travaux  pour  les  colons  de  cette 
île.  En  1796,  dans  le  but  de  continuer  les  éludes  artistiques  qu'il 
avait  commencées,  il  visita  l'Asie  Mineure  et  la  Turquie  et  re- 
vint à  Paris  au  moment  même  oii  l'on  créait  la  Commission 
d'Egypte.  Son  |)assé  lui  permit  d'être  nommé  immédiatement 
membre  de  celle  commission,  qui  le  chargea  de  relever  les  li- 
mites de  l'ancien  canal  de  Suez  et  de  dresser  un  projet  pour  le 
rétablissement  de  ce  canal.  Le  mémoire  rédieé  à  celte  occasion 


16  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  ŒUVRES. 

par  Le  Père  ne  fixait  qu'à  dix-sepl  millions  le  cliiiïre  des  travaux  à 
exécuter  pour  rendre  possible  la  navigation  dans  toute  l'étendue 
de  l'ancien  canal.  11  est  inutile  d'ajouter  que  les  événements  ne 
permirent  pas  de  donner  suite  au  projet  de  la  commission.  Le 
Père, revenu  en  France, fut  nommé  architecte  delà  Malmaison  et 
ensuite  fut  chargé,  avecGondouin,  d'élever  au  centre  de  la  place 
Vendôme  une  colonne  à  la  gloire  de  Napoléon  et  de  la  Grande 
Armée,  celle  que  nous  connaissons.  Ce  travail  terminé  en  1805, 
alors  que  Le  Père  était  architecle  du  château  de  Saint-Cloud  de- 
puis quelques  années  déjà,  l'empereur  lui  demanda  le  projet  d'un 
obélisque  en  granit  de  France  à  élever  sur  le  terre-plein  du  Ponl- 
Neuf.  Le  Père  se  mit  au  travail  et  il  avait  déjà  établi  les  fonda- 
lions  du  piédestal  sur  lequel  repose  aujourd'hui  la  statue 
équestre  de  Henri  IV,  lorsque  arrivèrent  le  désastre  de  \^'aterloo 
et  la  Restauration. 

Le  Père  semble  être  resié  l'arcliitecte  du  château  de  Fontai- 
nebleau jusqu'en  1S30,  ce  qui  ne  Tturipccha  pas,  en  182i,  de  po- 
ser la  première  pierre  de  l'église  Saint-Yincent-de-Paul,  qui  est 
son  œuvre  principale.  Mallieureusemenl,  le  créateur  n'en  vit  pas 
l'achèvement  et  mourut  le  16  juillet  1844,  laissant  pour  succes- 
seur et  exécuteur  fidèle  de  son  plan,  Ilitlorff,  son  gendre,  dont 
nous  allons  parler. 

Notre-Dame-de-Lorette  eut  |)our  architecte  un  élève  de  Vau- 
doyer  et  de  Percier,  Louis-Hippolyte  Lebas,  né  à  Paris  le 
31  mars  1 782.  Second  prix  de  Rome  en  1 800,  il  passa  plusieursan- 
nées  en  Italie,  qu'il  quitta  définitivement  en  181 1 .  Chargé  d'abord 
de  l'inspeelion  des  travaux  de  la  Bourse  et  de  la  Chapelle  expia- 
toire, et  auteur  deplusicut^  projels  parmi  lesquels  nous  citerons 
celui  d'un  des  grands  cimetières  que  le  préfet  de  la  Seine  voulait 
établir  autour  de  Paris,  d'une  fontaine  à  élever  sur  la  place  de 
la  Bourse  (1819)  et  d'un  monument  (exécuté)  à  la  mémoire  de 
La  moignon  et  de  Malesherbes  dans  la  salle  des  Pas-Perdus 
au  Palais  de  Justice,  Lebas  avait  remporté  un  grand  nombre  de 
succès  académiques  lorsqu'il  fut  chargé,  en  1824,  d'élever,  dans 
le  style  de  Sainte-AIarie-Majeure  de  Rome,  l'église  Nolre-Dame- 
de-Loiette  qu'il  eut  le  bonheur  d'achever.  On  lui  confia  ensuite 
laconslruclion  de  la  prison  des  Jeunes  Détenus,  rue  delà  Roquette 
(1820),  lu  restauration  de  la  salle  des  séances  de  l'Académie  de 
médecine  (1832),  l'installation  des  salles  de  séances  de  l'Acadé- 


CHARLES   PERCIER 


CHAPITRE  I.  n 

mie  française  et  de  l'Académie  des  beaux-arts  ainsi  que  de  la 
bibliollièque  du  palais  de  l'kislitut  ;  on  lui  doit  aussi  le  tombeau 
du  compositeur  llalévy.  Lebas  mourut  à  Paris,  professeur  à 
l'École  des  beaux-arts,  membre  de  l'Institut,  le  12  juin  1867. 
Il  a  laissé  une  relation  fort  intéressante  d'un  voyage  arcbéolo- 
gique  qu'il  fit  pendant  les  années  1843  cl  1844,  en  Grèce  et  dans 
l'Asie  Mineure,  par  ordre  du  gouvernement  français,  et  fut  le 
collaborateur  de  Debret  lors  de  lu  publication,  restée  incom- 
plète, des  œuvres  de  Vignole,  commencée  en  1827. 

Un  architecte  qui  attacha  son  nom  à  des  édifices  religieux 
moins  connus  que  les  précédents  est  Etienne-Hippolyte  Godde, 
né  à  Breteuil  (Oise)  le  26  décembre  1781.  Élève  de  Lagardelte, 
il  dut  à  ses  succès  d'école  la  protection  du  préfet  de  la  Seine, 
qui  le  nomma,  dès  1803,  architecte  inspecteur  de  la  deuxième 
<i  section  »  des  travaux,  puis  de  rilùtel  de  Ville.  Il  est  vrai  d'ajouter 
qu'on  lui  adjoignit  bienlùt,  comme  collaborateur,  Lesueur,  déjà 
connu  par  des  travaux  académiques  et  dos  publications  artisti- 
ques assez  goi'ités  de  ses  contemporains,  et  c'est  alors  que  Godde 
fut  chargé  de  constructions  ou  de  restaurations  d'églises  à  Paris 
ou  dans  les  départements,  restaurations  si  nombreuses  que  ses 
camarades  d'atelier  lui  donnèrent  le  surnom  de  «  Godde-Église  ». 

Notre  collaborateur  lui  attribue  (1)  la  construction  de  l'église 
Bonne-^iouvelle  (1828)  et  de  Saint-Denis  du  Saint-Sacrement 
au  Marais  (1835),  la  reprise  en  sous-œuvre  de  Saint-Pierre  de 
Chaillot  (1822),  la  construction  de  la  chapelle  du  cimetière  du 
Père-Lachaise  dont  il  relit  aussi  l'entrée,  en  y  plaçant,  ainsi 
qu'il  a  été  dit  dans  le  volume  précédent,  les  anciennes  portes  du 
cimetière  de  Saint-Sulpice,  puis  celle  du  nouveau  séminaire  de 
ce  nom,  le  presbytère  de  Saint-Nicolas  et  la  sacristie  de  Saint- 
Étienne-du-Mont.  Dans  le  département  de  la  Somme,  Godde  fut 
l'architecte  de  l'église  de  Boves.  Parmi  les  nombreuses  restau- 
rations qu'on  lui  doit,  nous  citerons  celle  de  la  Cathédrale 
d'.\miens,  celle  de  l'église  de  Corbie  et  celles  des  églises  de 
Paris  dont  les  noms  suivent  :  Sainte-Elisabeth,  Saint-Germain- 
des-Prés,  Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux ,  Saint-Eustache , 
Sainl-Merri,  Saint-Philippc-du-Houle,  Saint-Laurent.  C'est  éga- 
lement sur  les  dessins  de  Godde  que  furent  élevés  les  tombeaux 

(1)  Lance  attribue  seulement  à  Godde  la  sacristie  de  Notre-Danie-de-Bonne- 
Nouvelle. 

III.  2 


18  LES   AROHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

des  familles  Pérignon  el  Frochol  au  cimetière  de  l'Est  et  les 
sept  grands  grands  hôtels  du  nouveau  quartier  de  Tivoli.  Enfin, 
la  construction,  en  1848,  de  l'abattoir  à  porcs,  près  de  la 
carrière  des  Fourneaux  (aujourd'hui  disparu),  fut  dirigée  par  lui. 
Godde  mourut  à  Paris  le  7  décembre  1867,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  et  laissant  un  atlas  de  300  dessins,  plans,  coupes 
el  élévations  de  toutes  les  églises  de  Paris,  atlas  conservé  aux 
archives  municipales,  mais  qui  a  sans  doute  péri  dans  l'épou- 
vantable incendie  de  1871.  Nous  ne  pouvons  citer  aucune  œuvre 
du  fils  d'Etienne  Godde,  arcliilecle  comme  son  père,  mais  mort 
prématurément  le  7  février  1833. 

Autour  de  Paris,  on  élève  des  églises  cà  Bercy,  à  Saint-Ger- 
main-en-Laye,  à  Noisy-le-Sec,  à  Vincennes  :  architectes,  Châtil- 
lon,  Moulier  et  Malpièce,  Guénepin  et  Lesueur. 

Le  plus  connu  de  ces  Irois  artistes  est  assurément  Guénepin 
(Auguste- Jean-Marie),  né  à  Paris  le  17  juin  1780  et  mort  dans 
cette  ville  le  5  mars  1842.  Disons  d'ailleurs  que  la  notoriété  qui 
s'est  attachée  au  nom  de  cet  architecte  ne  lui  est  point  venue 
de  l'édifice  religieux,  œuvre  assez  médiocre,  que  nous  venons  de 
signaler.  Élève  de  Peyre,  sous  la  direction  duquel  il  restaura 
le  chàleau  de  Rueil,  il  obtint  le  premier  prix  d'architecture  en 
1805  et  par  conséquent  le  droit  d'étudier  en  Italie,  pendant  cinq 
ans,  les  chefs-d'œuvre  do  l'antiquité  ;  mais  Guénepin  ne  mar- 
chait qu'avec  des  béquilles  et  dut  se  borner  à  une  étude  très 
consciencieuse  des  restes  antiques  dont  Home  était  encore  par- 
semée de  son  temps.  Nommé  à  son  retour  inspecteur  des  travaux 
de  l'abattoir  de  Montmartre  qu'on  construisait  alors,  il  fut  en- 
suite chargé  de  la  restauration  de  l'église  Saint-Germain-des- 
Prés  et  du  séminaire  de  Saint-Sulpice.  On  lui  doit  également  le 
maîlre  autel  de  Saint-Thomas-d'Aquin  et  la  reproduction  du 
«  monument  chorégique  »  de  Lysicrate  élevé  dans  le  parc  de 
Saint-Cloud  et  que  les  Allemands  ont  démoli  pierre  par  pierre, 
pendant  la  funeste  guerre  de  1 870,  pour  le  transporter  dans  leur 
pays,  une  chapelle  dans  l'île  Saint-Denis  et  une  chapelle  à  l'en- 
trée de  la  ville  de  Saint-Denis,  Comme  professeur,  Guénepin  eut 
un  atelier  très  fréquenté  et  c'est  son  enseignement  surtout  qui 
lui  valut,  en  1833,  le  fauteuil  académique,  puis,  en  1835,  la 
croix  de  la  Légion  d'honneur.  Il  est  mort  laissant  un  grand 
nombre  de  projets  :  notamment  ceux  de  l'église  NoIre-Dame-de- 


CHAPITRE  I.  19 

Lorelle  t-levt^e,  nous  l'avons  vu,  piir  Lebas,  de  l'abattoii-  de  Sau- 
mur  et  des  dessins  pour  servir  à  la  décoration  des  cliapelles  de 
Notre-Dame  de  Paris. 

L'église  de  Bercy  fut  l'œuvre,  en  1823,  de  André-Marie  Châ- 
tillon,  né  le  7  décembre  1782,  à  Paris  où  il  est  mort  le  11  sep- 
tembre 1859.  Élève  de  Percier  et  grand  piix  d'arcliilecture  en 
1809,  après  avoir  obtenu  déjà  deux  seconds  prix  en  1803  et 
1804,  Cliâtillon  n'est  guère  connu  que  par  la  consiruction  de 
cet  édifice  et  la  restauration  de  l'église  Saint-Maurice  à  Lille 
(1827-1828).  Nous  ne  parlerons  pas,  et  pour  cause,  du  marché 
des  Patriarches  qu'il  construisit  en  1830,  ce  qui  n'empêcha  pas 
Chàtillon  d'être  archiiecle-voyer  de  la  ville  de  Paris,  architecte 
du  palais  de  laLégion  d'honneur  etl'un  des  fondateurs,  en  18i5, 
avec  Garnaud,  de  la  Société  centrale  des  architectes.  11  eut  du 
reste,  comme  architecte  de  l'église  de  Bercy,  un  collaborateur 
qui  eut  moins  de  notoriété  encore  que  son  maître,  Jean-Baptiste- 
Auguste  Bastière,  né  à  Bordeaux  en  1792,  auteur  d'un  projet 
de  palais  de  justice  et  de  prisons  pour  la  ville  de  Lille  qui  ne  fut 
pas  exéculé,  et  architecte  de  la  majeure  partie  des  maisons  de 
la  rue  Bourg-l'Abbé. 

C'est  à  la  collaboration  des  archilecles  A.-J.  Moutier  et 
Alexandre-Jacques  Malpièce  qu'est  due  l'église  paroissiale  de 
Saint-Germain-en-Laye,  édifice  de  1824.  Moutier,  sur  lequel 
nous  ne  possédons  aucun  renseignement  biographique,  avait 
commencé*  h  élever,  place  Louvois,  sur  ses  dessins,  mais  en 
collaboration  avec  Alalpièce,  le  monument  destiné  h  remplacer 
l'ancien  Opéra,  après  l'assassinat  du  duc  de  Berry,  lorsque  la 
Révolution  de  1830  vint  interrompre  leurs  travaux.  Le  monu- 
ment projclc  fui  remplacé  par  la  fontaine  de  Visconli  qu'on  y 
voit  aujourd'hui.  A  Cherbourg,  Moutier  construisit  la  maison 
d'arrêt  et  laissa  une  monographie  ornée  de  dessins  du  palais 
Farnèse,  monographie  publiée  en  collaboration  avec  Quanlinct 
(de  1824  à  1827).  Quant  à  Malpièce,  né  à  Paris,  le  27  février 
1789,  élève  de  Hurtault,  il  n'est  connu,  en  dehors  de  la  colla- 
boration que  nous  venons  d'indiquer,  que  par  un  projet  de  res- 
tauration du  château  de  Villers-Cotterets  (1842)  et  une  étude 
du  château  féodal  de  Coucy. 

L'architecte  de  l'église  paroissiale  de  Vincennes,  construite 
de  1826  à   1830,  fut  également  chargé,  en  18i0,  conjoinlemeni 


20  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

avec  Godde,  dont  nous  venons  de  donner  la  biogi-apliio,  de  la 
restauration  de  rilùlel  de  Ville  de  Paris;  il  s'appelait  Cicéron- 
Jean-Baptiste  Lesueur  et  était  né  à  Clairefontainc  (Seine-el- 
Oisej,  le  5  octobre  1794.  Élève  de  Percier  et  de  Famin,  il  avait 
remporté  en  1810  le  second  grand  prix  et  en  1819  le  premier 
grand  prix  d'architecture;  il  publia  en  collaboration  avec  le 
peintre  Alaux  et  avec  Félix  Callet  deux  ouvrages  dans  lesquels 
il  résumait  les  études  qu'il  avait  faites  pendant  son  séjour  en 
Italie,  études  qu'il  n'eut  guère  l'occasion  d'appliquer,  sinon  dans 
la  construction  de  quelques  maisons  ou  châteaux  à  Paris  et  en 
province  ou  dans  celle  du  Conservatoire  de  musique  de  Genève 
commencé  en  1854  par  Félix  Callet  et  qu'il  termina  en  1857.  De 
1835  à  1850,  il  fut  chargé  avec  Godde  de  l'agrandissement  de 
rilùlel  de  Yitle  de  Paris  dont  il  dirigea  seul  les  travaux  de  1830 
à  1852;  il  les  continua  conjointement  avec  Victor  Ballard  de 
1852  à  1854.  Lesueur  mourut  à  Paris,  le  19  décembre  1883, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  commissaire-voyer  de  la  ville 
de  Paris,  professeur  de  théorie  à  l'Ecole  des  beaux-arts  depuis 
1852  et  membre  de  l'Institut  depuis  1846. 

Le  premier  temple  Israélite  de  la  capitale  date  également  de  la 
Restauration;  c'est  celui  de  la  rueNoIre-Dame-de-INazareth  qui 
fut  élevé,  de  1819  à  1820,  par  Sendrié  et  Jacob  Silveyra,  ce 
dei'nier  né  à  Bordeaux  en  1783.  Les  bâtiments  d'exploitation  des 
Messageries  générales  de  l'époque  sont  également  dus  à  la  colla- 
boration de  ces  deux  architectes.  Nous  ne  possédons "ciucuu  rÇn- 
seignementbiographique  sur  Sendrié;  quanta  Silveyra,  il  acheva 
l'hôtel  de  l'ambassade  d'Angleterre  (faubourg  Saint-llonoré)  et 
le  château  de  Bagatelle  au  bois  de  Boulogne,  construisit  les 
écuries  de  lord  Seymour,  à  Sablonville,  etc.,  et  mourut  h  une 
époque  que  nous  ne  pourrions  indiquer.  Dans  les  départements, 
à  quelques  lieues  de  Paris,  à  Dreux  (Eure-et-Loir),  Louise-Marie- 
Adélaïde  deBourbon-PenIhièvre,  mère  de  Louis-Philippe  I",  avait 
fait  construire,  avant  sa  mort  arrivée  en  1821,  sur  l'emplace- 
ment d'une  collégiale  de  Saint-Etienne,  la  chapelle  sépulcrale 
des  princes  d'Orléans.  L'édifice  se  compose  d'une  rotonde  d'un 
diamètre  de  12"", 50  surmontée  d'une  coupole  percée  d'une  lan- 
terne et  précédée  de  quatre  vestibules.  Les  tombeaux  des  mem- 
bres de  la  famille  d'Orléans  sont  dans  une  crypte  construite 
au-dessous  de  la  chapelle;   architecte  :  Cramailler  sur  lequel 


CHAPITRE   I.  21 

les    dociimoiils    Ijiograpliiques    nous    manquent    absolumenl. 

La  reslauralion  de  la  chapelle  du  palais  de  l'archevêché  ù 
Reims  el  des  cathédrales  de  Nevers,  de  Sens,  d'Aulun,  d'Albi, 
ainsi  que  des  vilraux  de  la  métropole  de  Besancon  furent  confiés, 
à  partir  de  183  i,  à  un  élève  d'Alavoine,  Charles  Devieuz  dit 
Robelin,  \u'  à  Nevers  en  1787.  Architecte  en  chef  de  l'École 
d'Alfort  jus(|u'en  1850,  Robelin,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
l'architecle-ingénieurdumême  nom  que  l'on  chargea,  conjointe- 
ment avec  Abeille  (Voir  ce  nom  dans  le  précédent  volume),  de  la 
construction  delà  majeure  partie  de  la  ville  de  Rennes,  après  l'in- 
cendie de  1 720,  est  morl  récemment  à  Neuilly,  laissant  un  projet 
de  restauration  de  la  calhédrale  de  Tours  qui  n'a  pas  été  exécuté. 

Le  fils  do  Jean  Rondelet,  l'architecte,  après  Soufïlot,  du  Pan- 
théon, élève  de  son  père  et  de  J.-N.-L.  Durand,  Antoine-Jean- 
Baptiste  Rondelet,  naquit  à  Paris  le  10  novembre  1785.  Il 
surveilla,  dans  sa  jeunesse,  la  construction  de  cet  édifice  el 
continua  les  travaux  de  reslauralion  alors  exécutés  à  la  cathé- 
drale de  Reims,  travaux  qui  furent  terminés  en  1813.  Son  projet 
d'achèvement  du  Louvre  ne  fut  pas  accepté  par  le  gouverne- 
ment, qui  lui  confia  le  dépôt  des  marbres,  et  il  est  mort  à  Paris, 
le  5  décembre  1803. 

A  Boissons,  Antoine-Emile  Gencourt,  né  dans  celte  ville 
en  1795,  élève  de  Mazois  el  de  Godde,  restaure  la  façade  de  la 
cathédrale  et  achève  les  abattoirs  de  Soissons.  Il  élève  l'aile  droite 
du  séminaire,  plusieurs  fontaines  publiques  el  restaure  la  salle  de 
spectacle  de  colle  ville.  Hors  de  Soissons,  il  construit  le  beffroi 
de  l'église  Sainl-Ired  de  Braisne,  puis  une  partie  du  chàleau  de 
Beauzancy  et  meurt  à  une  époque  que  nous  ne  pouvons  préciser. 

Letomb,  archilecle  du  Pas-de-Calais,  termine  en  1833  l'ab- 
baliale  de  Sainl-Waasl  en  construclion  depuis  1755.  Cet  édifice, 
sans  archilecture  extérieure,  est  précédé  d'un  escalier  de 
quaranle-luiil  marches;  il  se  compose  de  trois  nefs  dont  une 
seule,  celle  du  milieu,  possède  une  voûte  en  berceau.  Toute 
l'ornementalion  est  empruntée  au  style  corinlhien,  comme  dans 
la  plupart  des  édifices  de  l'époque.  Monlreuil  doit  également 
sa  halle  à  Lelomb. 

H.  Grégoire,  né  près  de  Maubeuge  en  1791,  devint  archi- 
tecte de  la  Seine-Inférieure  après  des  éludes  sérieuses  faites  à 
Paris,  de  1800  à  1811. 


22  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

A  IJoueii,  il  Icrmiiia  riiospice  des  aliénés  commencé  par 
Jouannin,  puis  fui  chargé  de  la  l'eslaiiralion  du  Palais  de  Justice, 
de  lu  nef  et  des  fausses  voûtes  de  l'église  Saint-Etienne  à  Fécamp  ; 
mais  son  œuvre  principale  fut  le  nouveau  portail  occidental  de 
l'église  Sainl-Ouen  de  Rouen  qui  n'avait  jamais  été  fait.  Gré- 
goire, auteur  du  piédestal  de  la  statue  de  Pierre  Corneille, 
inaugurée  le  19  octobre  1834,  coopéra  jusqu'à  sa  mort  à  la 
collection  des  archives  des  monuments  historiques. 

Un  autre  architecte  normand,  Charles-Auguste  Barre,  né 
à  Rouen  le  29  mars  1807,  est  sorti  des  ateliers  de  Vaudoyer  et 
de  Lebas.  On  lui  contia  un  grand  nombre  de  restaurations 
et  de  constructions  que  nous  nous  contenterons  d'énumérer  : 
la  restauration  des  églises  d'Auffay  et  de  Sahurs,  la  chapelle  des 
Saints-Anges  à  Rouen,  l'église  du  couvent  d'Ernemont,  la  mairie 
et  la  justice  de  paix  du  Gi'and'Couronne,  le  château  du  Champ- 
Campullcy,  la  restauration  du  château  de  lîelbeuf  et  plusieurs 
monuments  funèbres  dans  le  cimetière  de  Rouen.  Président*de 
la  Société  d'émulation  du  commerce  et  de  l'industrie  et  président 
de  la  Société  régionale  des  architectes  de  la  Seine-Inférieure, 
qu'il  avait  fondée,  Rarre  mourut  au  Grand'Couronne  le  IG  sep- 
lembre  1887. 

A  Rresl,  Auguste  Pouliquen,  né  dans  la  même  ville  en  J794, 
élève  d'Alavoine,  a  érigé  une  chapelle  funéraire  au  cimetière, 
el  une  halle  aux  grains  et  aux  toiles  ayant  1000  mètres  de  sur- 
face. On  lui  doit  un  projet  de  tribunal  et  de  marché  pour  Rrest, 
de  palais  de  justice  pour  Ouimper  et  plusieurs  autres  projels 
mis  la  plupart  à  exécution,  tels  que  des  églises  paroissiales,  des 
flèches,  des  reprises  en  sous-œuvre  très  hardies  et  un  recueil 
inédit  des  «  Monuments  d'architecture  Sarrazine  el  Muuresçue  les 
plus  remaïquables  du  pays  ». 

Dans  le  midi  de  la  Fi-ance,  nous  n'avons  vraiment  à  citer 
qu'un  seul  architecte  lyonnais  de  cette  époque  :  Marie-Antoine 
Chenavard,  né  le  4  mars  1787.  Élève  de  Barthélémy  Vignon, 
Chenavard  construisit,  en  1 837,  l'église  Saint-Etienne  de  Roanne, 
le  transept,  les  trois  nefs  et  la  façade  de  la  cathédrale  de  Belley 
el  l'église  d'Oyonnax,  dans  le  département  de  l'Ain ,  en  1 83*9  ;  enlin, 
Sainl-^'incent  de  Reins  (Rhône)  en  1842;  il  fut  aussi  chargé  de 
la  restauration  de  l'ancien  hôtel  de  la  préfecture  de  Lyon.  Précé- 
demment, Chenavard  qui,  en  1817,  avait  vu  primer  son  projet 


CHAriTRE  I.  23 

de  monuniont  à  élever  aux  victimes  du  siège  de  Lyon,  avait  été 
chargé  (de  1826  à  1832)  de  la  restauration  de  la  partie  du  (irand- 
Théàtre  de  Lyon  faisant  face  au  côté  est  de  l'Hôtel  de  Ville,  con- 
jointement avec  PoUet,  et  celle  du  cloître  gothique  de  Saint- 
Vincent  à  Chalon-sur-Saône.  Décoré  en  1862,  professeur  à 
l'École  des  beaux-arts  de  Lyon  depuis  1823,  Chenavard  prit  sa 
retraite  en  1860,  mais  ne  mourut  qu'en  1874,  laissant  un  grand 
nombre  d'ouvrages  parmi  lesquels  nous  citerons  ceux  dont  voici 
les  titres  :  Sw  ie  goût  dans  les  arts  (1831).  —  Lyon  antique  res- 
tai(rée{\^'60).  —  Relation  d'un  voyage  dans  le  Levant  /ait  en  18i3 
et  18ii (1869), ainsi  que  plusieurs  recueils  décompositions  archi- 
tecturales. Le  collaborateur  de  Chenavard  au  Grand-Théâtre  de 
Lyon,  Jean  Pollet,  était  né  dans  cette  ville,  en  1796.  Après  avoir 
construit  une  chapelle  à  Campvert  près  Lyon  en  1825,  il  restaura 
en  1830  l'église  d'Ainay,  éditla  dans  la  primatiale  Saint-Jean  de 
Lyon  les  chapelles  de  la  Vierge  et  du  Sacré-Cœur  en  1834,  et 
mourut  le  28  juin  1839,  léguant  à  la  ville  une  magnifique  col- 
lection de  tableaux  anciens.  Un  élève  de  Chenavard  et  de 
H.  Labrouste,  Antoine  Couchaut,  né  à  Genève  de  parents  français, 
le  15  avril  1813,  donna  le  dessin  de  la  nouvelle  façade  de  l'église 
Saint-Pierre,  à  Lyon.  Cet  architecte  construisit  aussi  dans  le  dé- 
partement de  la  Loire  l'église  de  Saint-Paul-en-Jarret  et  mourut 
à  Lyon  le  20  juin  1849,  laissant  un  ouvrage  ayant  pour  litre  : 
Choix  d'églises  byzantines  en  Grèce.  Vers  la  même  époque  (1836), 
un  architecte  dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom,  Tréput, 
éleva  l'église  de  Saint-Évremond  dans  le  département  de  la  Loire. 

Plus  à  l'est,  dans  la  Haute-Savoie,  Prosper  Dunant,  né  à 
Lathuileen  1790,  mort  le  2  juillet  1878,  élevait  dans  ce  dépar- 
tement les  églises  de  Pavages  et  de  Taxinges  et  donnait  le  dessin 
des  châsses  de  saint  Franroi*  de  Sales  et  de  sainte  Chantai  qui 
existent  dans  l'église  actuelle  de  la  Visitation. 

A  Marseille,  Pascal-Xavier  Coste,  élève  de  Penchaud  et  de 
Labadie,  né  dans  cette  ville  le  28  novembre  1787,  fut,  à  sa  sortie 
de  l'Ecole,  nommé  architecte  deMehemet-Ali,  vice-roi  d'Egypte, 
pour  lequel  il  reconstruisit  la  forteresse  d'Abouldr  et  traça  le 
plan  du  canal  d'El  Mahmoudiéh.  De  retour  en  France,  Coste 
s'associa  à  Vincent  Barrai  itour  la  construction  de  l'église  pa- 
roissiale de  Saint-Lazare  (1833-1837).  Nous  ne  connaissons  pas 
d'autres  univres  importantes  de  Barrai,  qui  était  né  le  8  mai  1800 


24  LES   ARCHITECTES  PAR  LEUKS   OEUVRES. 

et  mourut  à  Marseille  le  9  mai's  18o4,  architecte  diocésain  du 
déparlement  des  Bouches-du-Rliône.  Quant  à  Coste,  il  eut  le 
bonheur,  après  de  nombreuses  vicissitudes,  de  voir  adopté  par 
la  chambre  de  commerce  de  Marseille  le  projet  de  construction 
de  la  Bourse  dont  celte  ville  est  dolée  depuis  1852.  Attaché  avec 
M.  Flandin  à  l'ambassade  de  Fr^ince  en  Perse,  membre  corres- 
pondant de  rinslitut  depuis  18o4  et  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, Coste  mourut  à  Marseille  le  i  février  1879. 

C'est  à  un  ingénieur  devenu  architecte  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie  qu'Albi  doit  la  prison,  le  grand  séminaire, 
l'aménagement  de  la  nouvelle  préfecture  sur  les  Lices  et  la  grande 
voie  qui  fait  communiquer  la  préfeclure  avec  la  cathédrale. 
Mariés.  Jean-François,  dit  du Vergniet,  était  néen  l758àAlbi, 
ville  pour  laquelle  il  conserva  toujours  un  profond  attachement 
et  où  il  mourut  en  1851,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Nous 
avons  dit  qu'il  fut  d'abord  ingénieur.  En  cette  qualité  il  cons- 
truisit le  pont  sur  la  Sésia,  qui  appartenait  alors  à  la  France,  et 
commença  de  nombreuses  améliorations  dans  le  Cantal,  dont  il 
fut  nommé  ingénieur  en  1812  ou  1813.  Mais  ce  qui  mérite  à 
Maries  une  place  dans  noire  ouvrage,  plus  justement  encore, 
à  notre  avis,  que  les  travaux  divers  ci-dessus  mentionnés,  c'est 
la  conduite  courageuse  qu'il  tint  à  une  époque  où  l'attache- 
ment aux  souvenirs  du  passé  ëlait  suspect  et  pouvait  envoyer 
un  citoyen  à  l'échafaud  :  c'est,  en  effet,  à  lui  qu'on  doit  la  conser- 
vation de  Sainle-Cécile  d'Albi,  vendue  comme  bien -national  et 
dont  la  desiruclion  était  déjà  arrêtée. 

Nous  ne  pouvons  résister  au  désir  de  citer  la  lettre  qu'il  écri- 
vit à  Roland,  alors  minisire  de  l'intérieur,  le  5  novembre  1792, 
lettre  qui  sauva  ce  remarquable  édifice  de  la  destruction  : 
<(  ^lonsieur  le  ministre,  je  m'empcesse  de  vous  avertir  que  la 
haclie  de  la  destruction  est  prête  à  frapper  la  belle  cathédrale 
d'Albi,  qui  est  un  des  plus  magnifiques  monuments  que  l'a  piété 
des  hommes  ait  élevés  dans  le  moyen  âge  à  la  gloire  de  l'Etre 
Suprême 

«  Déjà  les  funestes  formalités  sont  remplies  pour  les  démolir 
et  pour  livrer  ces  précieux  débris  au  plus  offrant. 

"  Je  les  mets.  Monsieur  le  minisire,  ainsi  que  l'édifice 
imposant  qui  les  renferme,  sous  votre  protection  tulélaire, 
puisque   vous  avez  eu    la   générosité  de  joindre   au   titre  de 


p.  F.  L.  FONTAINE 


CHAPITRE  I.  25 

votre  autorité,  celui  de  conservateur  des   monumonts  publics. 

«  Si  nous  nous  arrogeons  ainsi  le  droit  d'anéantir  les  monu- 
ments que  nous  devons  au  génie,  à  la  munificence  et  à  la  piété 
respectable  de  nos  anciens,  quel  droit  pouvons-nous  avoir  nous- 
mêmes  à  la  stabilité  de  ceux  que  les  événements  mémorables  des 
temps  présents  vont  inspirer  et  faire  surgir? 

«  Je  vous  prie  donc,  Monsieur  le  mmistre,  d'inlerposer  votre 
autorité  pour  empêcher  qu'il  ne  soit  porté  aucune  atteinte  à  la 
cathédrale  d'Albi,  qui  est  si  digne  d'être  conservée  par  la  subli- 
mité de  sa  destination  et  par  la  majesté  que  les  arts  lui  ont 
imprimée  en  y  étalant  la  magnificence  de  leurs  productions. 

«  J'ai  l'honneur  d'être....  etc.  » 

Roland  fit  suspendre  l'exécution  de  la  décision  prise  et  Sainte- 
Cécile  d'Albi  nous  fut  conservée. 

C'est  également  vers  cette  époque  que  fut  décidée  la  restau- 
ration des  éditices  romains  appelés  la  «  Maison  Carrée  »  de  Nîmes 
et  l'Amphithéâtre.  Celui  qui  futchargéde  cette  restitution  n'était 
cependant  point  un  architecte,  mais  uu  ingénieur  des  ponts  et 
chaussées  en  retraite,  Charles-Etienne  Durand,  né  à  Montpel- 
lier le  29  novembre  1702.  Auteur  également  des  temples  de 
Clavisson  et  de  Vanvert,  Durand  mourut  à  Nîmes  le  2(3  août  1840, 
après  avoir  publié  sous  le  titre  de  :  Description  des  monumenls 
antiques  du  midi  de  la  France,  une  série  de  documents  archéo- 
logiques de  la  plus  haute  importance. 

A  Bordeaux,  un  seul  architecte  religieux  à  mentionner,  Armand 
Corcelles,  tils  d'un  charpentier,  né  à  Bordeaux  en  17G."i  où  il  est 
mort  le  3  ovril  1843.  Corcelles  fut  l'auteur  du  temple  protestant 
rue  Notre-Dame,  aux  Chartrons,  et  de  la  synagogue  inaugurée  le 
14  mai  1812,  édifice  singulier,  d'une  construction  bizarre,  in- 
cendié en  1873.  A  côté  de  ces  deux  édifices  religieux,  Corcelles 
a  laissé  le  château  (?)  de  la  Bégorce  à  Margaux,  ainsi  que  l'ancien 
établissement  des  Montagnes  russes  de  Bordeaux  (1833)  ;  c'est 
tout  ce  que  nous  en  pouvons  dire. 

Dans  l'ebt,  c'est  Maximilien  Painchaux,  né  à  Besançon  en 
1796,  qui  restaure  l'église  de  Sainle-.AIadeleine  dans  celte  ville  et 
en  achève  le  portail.  11  construit  également,  dje  1824  à  1829, 
quelques  églises  communales  du  département  du  Doubs,  entre 
autres  celle  de  Fresne,  restaure  en  1829  la  métropole  de  Besançon 
et  en  1830  le  palais  épiscopal. 


26  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

Ce  fut  un  fécond  conslructcnr  que  rarcliilccle  Joseph- 
Théodore  Oudet,  110  à  Paris  en  1794,  élève  de  Convers,  qui 
nommé,  en  1825,  architecte  du  département  de  la  Meuse,  éleva 
en  douze  années  :  le  grand  séminaire  de  Verdun,  un  hôpital 
militaire  à  Saint«-Micliel,  la  chapelle  de  la  prison  départementale, 
8  églises,  7  presbytères,  2  cimetières,  4  mairies,  .1  pressoir 
communiai,  6  fontaines,  8  lavoirs  publics,  2  abreuvoirs, 
11  ponts,  1  colonne  commémorative,  à  Rupt,  3  portails,  parmi 
lesquels  celui  de  Murvaux,  etc.  Du  reste,  contrôleur  des  bâtiments 
delà  Couronne  et  ancien  architecte-ingénieur  du  duc  dOrléans, 
membre  correspondant  de  la  Commission  des  monuments  his- 
toriques, ancien  inspecteur  du  dépôt  de  mendicité  de  Villers- 
Cotterets,  Oudet  trouva  encore  le  temps  de  publier  des  articles 
remarqués  sur  l'architecture,  et  les  beaux-arts  en  général. 
L'église  Saint-Vincent  de  Metz,  église  des  xiii"  el  xiv°  siècles, 
qui,  après  l'incendie  de  1711,  avait  subi  déjà  de  nombreuses 
vicissitudes,  convertie  en  étable  pendant  la  Terreur  et  en  hôpi- 
tal en  1814,  avait  perdu  son  portail  depuis  1756,  lorsque  les 
architectes  Louis  Barletet  Lhuillier,  chargés,  sous  la  Restau- 
ration, de  le  relever,  enrent  l'idée  étrange  d'accoler  à  cet  édifice 
de  pur  style  ogival  un  portailcompositeàlrois  étages  à  l'imitation, 
prétendirent-ils,  de  celui  de  l'église  Saint-Gervais  à  Paris.  Celte 
méprise  architecturale,  qui  a  sauvé  leurs  noms  de  l'oubli,  ne  les 
a  point  signalés  comme  hommes  de  génie  à  la  postérité. 

Nous  en  dirons  autant  du  palais  cpiscopal  de  Metzélevé  en  1816 
par  l'architecte  Dérobe  père,  dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom. 

Mais  nous  sommes  arrivés  à  l'époque  oii  s'accomplit  la  révo- 
hition  littéraire  et  artistique  qu'on  a  baptisée  du  nom  de  Roman- 
tiswo.  Deux  mots  sur  cette  révolution.  C'est  par  l'imitation  des 
modèles  grecs  el  romains  que  les  grands  écrivains  du  xvii'  siècle, 
■comme  les  grands  architectes  du  xvi%  avaient  créé  une 
littérature  et  une  architecture  nationales.  C'était  comme 
une  sorte  de  tradition  de  famille  que  la  France  de  race  la- 
tine avait  perdue  pendant  plusieurs  siècles  et  qu'avait  su 
retrouver  le  génie  de  ces  écrivains  ou  de  ces  artistes;  el»,  non 
seulement  la  France,  mais  l'Europe  presque  tout  entière  avait 
accepté  leurs  œuvres  comme  des  types  d'une  perfection  qui 
•devait  être  immuable.  Vers  la  fin  du  xviif  siècle,  certains  archi- 


CHAPITRE   I.  27 

lecles  même,  en  haine  des  divagations  de  l'école  italienne,  avaient 
enchéri  snr  l'espèce  de  culte  professé  par  les  grands  maîtres 
de  la  Renaissance  et  réduit  l'art  architectural  à  une  copie  pâle 
et  servile  des  produits  de  l'architecture  gréco-romaine..  Mais  la 
Restauration  qui  succéda  à  1' [empire,  vit  disparaître  les  derniers 
adeptes  de  celte  école  créée  par  Peyre  le  jeune  et  dont  Fontaine 
et  Percier  furent  les  représentants  les  plus  autorisés  ;  h  l'étranger 
d'ahord  et  hientôt  en  France,  des  esprits  de  bonne  foi  s'insur- 
gèrent contre  la  tyrannie  de  ces  classiques  et  prétendirent  créer, 
en  dehors  des  règles  qu'ils  imposaient,  des  œuvres  conformes  à 
un  idéal  <<  que  chaque  homme  porte  en  soi  ».  En  littérature, 
quelques-uns  allèrent  même  plus  loin  et  nièrent  la  nécessité 
de  la  règle;  inutile  d'ajouter  que  ceux  qui  n'étaient  pas  sou- 
tenus par  la  force  de  leur  génie  tombèrent  et  se  brisèrent  dans 
leur  chute.  Les  architectes,  pins  sages  que  les  littérateurs,  se 
contentèrent  de  remonter  aux  sources  mêmes  de  l'art  et  réso- 
lurent de  demander  leurs  inspirations  et  leurs  modèles  aux 
artistes  eux-mêmes  des  temps  passés,  sans  s'inquiéter  ni  de 
leur  origine  ni  de  leur  esthétique,  pour  les  appliquer  ensuite  au 
gré  de  leur  tempérament  personnel.  Nous  allons  voir  ce  que 
cette  révolution  artistique  a  produit  en  architecture. 

S'inspirant  de  ces  idées  répandues  dans  le  public  par  une  nou- 
velle génération  d'écrivains  et  d'artistes,  le  gouvernement  de  1 830 
voulut  se  mettre  à  la  tète  de  l'œuvre  commencée  par  les  collec- 
tionneurs historiques  dos  wii'  et  wiii"  siècles  et  ajouter  aux 
connaissances  humaines  une  branche  nouvelle  qu'on  peut  ap- 
peler :  la  philosophie  de  l'art.  Le  31  décembre  1833,  M.  Guizol, 
ministre  de  l'instruction  publique,  proposa  au  roi  la  création  d'une 
commission  chargée  de  diriger  «  le  grand  travail  d'une  publication 
générale  de  tous  les  matériaux  importants  et  encore  inédits  sur 
l'histoire  de  notre  patrie  »  et,  deux  ans  après  (le  10  janvier  1835), 
celle  d'un  comité  chargé  de  concourir,  sous  la  présidence  du 
ministre,  à  la  publication  des  monuments  inédits  des  sciences  et 
des  arts  considérés  dans  leurs  rapports  avec  l'histoire  générale 
de  la  France.  Or,  on  sait  combien  la  France,  malgré  les  ruines 
qui  y  ont  été  amoncelées  par  le  temps  ou  par  la  main  des 
hommes,  possède  encore  de  richesses  architecturales  :  églises, 
forteresses,  châteaux,  hôtels  de  ville,  etc.  ;  aussi  comprit-on 
bientôt  la  nécessité  de  la  création  d'un  comité  spécial  des  arts 


28  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

et  monuments.  C'est  au  minisire  de  rinstruction  publique  de 
Salvandy  que  revient  l'honneur  de  l'avoir  créé,  à  la  date 
du  18  décembre  1837.  Ce  comité  était  chargé,  aux  termes  de 
l'arrêté  ^d'organisation,  article  2  :  «  de  publier  tous  les  docu- 
ments inédits  relatifs  à  l'iiisloire  des  arts  chez  les  Français  ;  de 
faire  connaître  tous  les  monuments  d'art  en  France,  dans  tous 
les  genres:  monuments  religieux,  militaires  et  civils;  de  faire 
dessiner  et  graver,  pour  les  conserver  à  l'avenir,  les  œuvres, 
remarquables  d'architecture,  de  peinture,  de  sculpture  en  pierre, 
en  marbre  et  en  bois  ;  de  donner  des  instructions  sur  la  conser- 
vation matérielle  des  ruines,  statues,  tours,  chapelles,  cathé- 
drales qui  intéressent  la  religion,  l'art  ou  l'histoire;  de  faire  des 
recherches  sur  l'histoire  de  la  musique  à  toutes  les  époques  du 
moyen  âge;  enfln  de  préparer  les  matériaux  pour  une  histoire 
complète  de  l'art  en  France  ». 

Les  premières  publications  du  comité  frappèrent  de  surprise 
et  d'admiration  en  même  temps  l'esprit  des  jeunes  artistes 
de  l'époque. 

Il  ne  faut  pas  oublier  qu'alors  les  chemins  de  fer  n'existaient 
pas,  que  la  gravure  ou  la  lithographie  n'avait  pu  reproduire 
qu'imparfaitement  les  grandes  masses  des  cathédrales  du  moyen 
âge  et  des  édifices  de  la  Renaissance.  Lorsque  les  travaux  du 
comité  eurent  mis  sous  les  yeux  de  nos  architectes,  dessinés  dans 
toute  leur  vérité  et  leur  perfection,  les  détails  le  plus  souvent 
merveilleux  do  grâce  et  de  fini  des  édifices  religieux  ou  civils 
des  siècles  antérieurs  au  règne  de  Louis  XIV,  ce  fut  pour  eux 
une  révélation.  Ils  s'étonnèrent,  ils  eurent  honte  de  l'ignorance 
dans  laquelle  ils  étaient  restés  plongés,  de  lant  de  chefs-d'œuvre 
dont  la  vue  ouvrait  une  nouvelle  carrière  à  leur  génie  empri- 
sonné par  l'enseignement  académique  de  l'époque.  La  créatio-n 
du  <i  Comité  des  arts  et  monuments  »  porta  le  dernier  coup  h  l'ar- 
chitecture classique,  dont  beaucoup  de  bons  es[irits  avaient  déjà 
compris  le  vide  et  l'insuffisance. 

Une  pléiade  d'hommes  intelligents  se  proposèrent  de  donner 
une  nouvelle  vie  à  ces  formes  qui  avaient  séduit  nos  pères,  aux- 
quels elles  paraissaient  être  l'expression  artistique  la  plus  com- 
plète de  la  foi  religieuse.  A  la  tète  du  mouvement  se  mirent 
Lassus,  Viollet-le-Duc,  Gau,  et  ce  mouvement  ne  s'est  point 
encore  arrêté. 


CHAPITRE  I.  29 

Jean-Baptiste-Antoine  Lassus  l'Iait  n«^  à  Paris  le  19  mars 
1807.  Élève  de  Lehas  (l'al)ortl  et  plus  lard  de  H.  Labrouste,  il 
était  entré  en  1828  à  l'École  des  beaux-arts;  mais  renseigne- 
ment qu'on  y  donnait  ne  pouvait  satisfaire  son  esprit  chercheur 
et  curieux  de  nouveautés;  aussi  Fabandonna-t-il  bientôt  pour  se 
livrer  à  l'étude  de  l'archéologie  monumentale  et,  en  1833,  il 
offrait  au  public  le  premier  résultat  de  cette  étude  en  exposant 
au  Salon  une  reslilution  du  pavillon  central  des  Tuileries, 
d'après  les  plans  connus  de  Philibert  de  l'Orme.  Un  projet  de 
restauration  de  la  Sainte-Chapelle,  exposé  au  Salon  de  1835, 
était  récompensé  par  une  médaille  de  seconde  classe,  et  bientôt 
suivi  d'un  projet  de  restauration  du  réfectoire  de  Saint-Mariin- 
des-Champs.  Aussi  Lassus  était-il  nommé,  en  1837,  avec  Gréle- 
rin  pour  collaborateur,  architecte  de  l'église  Saint-Séverin,  sur 
la  façade  de  laquelle  il  appliquait  comme  preuve  de  son  intelli- 
gence et  de  son  savoir  la  porte  de  l'église  Saint-Pierre-aux-Bœufs 
qu'on  venait  de  démolir.  Inspecteur,  en  1838,  des  travaux  de 
restauration  de  Saint-Germain-l'Auxerrois  et,  en  1845,  de  celle 
de  Notre-Dame  de  Paris,  il  dutlaisser  à  VioUet-le-Duc,  son  colla- 
borateur, l'honneur  d'achever  les  travaux.  La  restauration  de 
la  Sainte-Chapelle,  commencée  dès  1839  par  Duban  dont  il  était 
l'inspecteur,  est,  du  moins,  l'œuvre  de  Lassus  qui  fut  appelé  à 
lui  succéder  en  1849.  C'est  à  lui,  en  effet,  qu'on  doit  l'isolement 
de  l'édifice  du  côté  sud  et  la  construction  de  la  flèche  centrale, 
une  merveille  d'orfèvrerie.  En  province,  Lassus  employa  sa  pro- 
fonde connaissance  de  l'architecture  du  moyen  âge  à  la  restau- 
ration des  cathédrales  de  Chartres  et  du  .Mans,  et  à  la  recons- 
truction de  la  nef  de  la  cathédrale  de  Moulins  dont  le  chœur  seul 
existait.  Successeur,  en  18i3,  de  Piel,  architecte  de  l'église  Saint- 
Nicolas  de  Nantes,  il  fut  également,  dix  ans  après,  celui  de  l'église 
Saint-Pierre  de  Dijon.  La  restauration  de  Notre-Dame  de  Châ- 
lons-sur-Marne  et  celle  de  l'église  Saint-Aignan  (Loir-et-Cher), 
la  construction  de  l'église  Saint-Jean-Baptiste  de  Belleville,  de 
1854  à  1859,  le  dôme  de  la  chapelle  du  couvent  de  la  Visitation 
à  Paris,  des  travaux  dans  le  couvent  de  la  Visitation  à  Monte- 
reau  et  dans  le  couvent  des  Oiseaux  à  Paris,  n'empêchèrent  pas 
Lassus  d'être  l'architecte  de  quelques  constructions  particulières, 
parmi  lesquelles  nous  citerons  l'hôtel  SollykolV,  avenue  Mon- 
taigne (1848).  Il  avait  préparé  avec  un  soin  jaloux  une  monogra- 


30  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVRES. 

phie  de  la  cathédrale  de  Chartres  et  une  restilulioii  de  l'album 
de  Viliars  de  Honnecourt,  mais  il  no  put  les  achever  et  mourut 
à  Yichyle  15  juillet  1857. 

Dans  des  proportions  plus  modestes,  un  contemporain  de  Las- 
sus  fut  un  des  initiateurs  du  mouvement  artistique  qui  remit  en 
honneur  en  France  rarchilecinre  ogivale;  il  s'appelait  Louis- 
Alexandre  Piel  et  était  né  à  Lisieux  le  20  août  1802.  Religieux 
do  l'ordre  des  Dominicains,  il  avait  étudié  avec  passion  les  églises 
du  moyen  âge  et  obtenu,  par  ses  relations,  l'aulorisation  de 
construire  une  église  sous  le  vocable  de  Saint-Nicolas,  à  Nantes  ; 
mais  il  eut  à  lutter  longtemps  contre  les  préjugés  de  l'école  avant 
défaire  triompher  ses  idées,  et  Saint-Nicolas  était  à  peine  com- 
mencée lorsqu'il  mourut  à  Bosco  (Piémont)  le  29  décembre  1841. 
laissant  des  annotations  de  l'ouvrage  de  Vilruve  et  une  relation 
fort  intéressante  de  ses  recherches  sur  l'architecture  allemande. 
Ce  fut  Lassus,  comme  nous  venons  de  le  dire,  qui  se  montra  le 
fidèle  exécuteur  testamentaire  de  Piel. 

L'architecte  de  Sainle-Clotilde  ne  dut  lui-même  qu'à  la  vo- 
lonté formelle  du  chef  de  l'Etat  opposée  à  la  mauvaise  volonté 
duConseildesbâtimentscivils  et  de  l'Académie  des  beaux-arts  (1), 
de  pouvoir  réaliser  le  projet  qu'il  avait  conçu  d'élever,  au 
xix"  siècle,  à  côté  de  Notre-Dame,  un  édifice  religieux  de  si  vie 
ogival.  Cet  architecte,  originaire  de  Cologne  où  il  était  né  le 
l.'ijuin  1790,  mais  naturalisé  Français,  s'appelait  Frantz  Chris- 
tian Gau  et  avait  travaillé  dans  l'atelier  de  Debret  et  Lebas  au 
projet  du  mausolée  impérial  de  Saint-Denis  que  les  événements 
de  1815  ne  permirent  pas  de  réaliser.  En  1815,  il  se  rendit  en 
Italie,  où  il  releva  et  publia  les  plans  du  Vatican  ;  puis,  séduit  par 
les  propositions  que  lui  fit  un  certain  baron  de  SacU,  il  passa  la 
mer  et  arriva  en  Egypte  avec  l'intention  de  continuer  le  travail 
commencé  par  la  commission  qui  avait  accompagné  Bonaparte 
lors  de  son  expédition  dans  ce  pays  ;  mais,  à  peine  arrivé  à 
Alexandrie,  il  se  vit  abandonné  à  ses  propres  ressources  el,  de 
plus,  en  butte  aux  persécutions  du  consul  anglais,  alors  résidant 
en  Egypte.  Gau  triompha  pourtant  de  tous  les  obstacles,  grâce 
au  consul  de  France,  M.  Drovetti,  el  à  la  munificence  d'un  méde- 
cin allemand,  M.  Dankaert.  Tl  dessina  tous  les  monuments  com- 

{i)  LWcadéiiiie  soutenail  le  projet  de  temple  grec  présenté  par  Hiiyol. 


CHAPITRE  I.  31 

pris  entre  la  première  et  la  seconde  cataracle  et  publia  le  résultat 
de  ses  recherches  sous  le  titre  de  :  Ant'Kjuilês  de  la  Nidiie  ou 
Monuments  inédits  des  bords  du  Nil  entre  la  première  et  la  se- 
conde cataracte  (Paris,  Didot,  1821).  Gaii  revint  en  France  par 
la  Syrie,  oii  il  fit  de  nombreux  dessins  qui  n'ont  pas,  du  reste,  été 
publiés,  mais  qui  figurèrent  au  Salon.de  182i,et  par  l'Italie,  où 
les  ruines  de  Pompéi  lui  offrirent  l'occasion  de  nombreux  tra- 
vaux. Ce  sont  eux  qui  sont  venus  augmenter  de  près  de  moitié 
le  recueil  commencé  par  Mazois. 

A  son  retour  en  France,  Gau,  dont  la  réputation  était  établie, 
fut  chargé  de  la  restauration  de  Saint-Julien-le-Pauvre  (1821), 
de  la  construction  du  presbytère  de  Saint-Séverin  (1827),  de 
celle  du  corps  de  garde  de  la  Bastille,  de  la  prison  de  la  Ro- 
quette (1833),  de  la  chapelle  protestante  de  la  rue  Chauchal, 
ancien  bâtiment  de  la  douane,  etc.  Mais  la  construction  la  plus 
importautc  de  Gau  et  qui  occupa  les  dernières  années  de  sa 
vie,  fut  certainement  celle  de  l'église  de  Sainte-Clolilde,  dont  les 
travaux  commencèrent  en  novembre  1846.  Malheureusement,  il 
n'en  put  exécuter  que  le  gros  œuvre,  une  maladie  grave  qui  se 
déclara  presque  aussitôt  l'obligeant  à  prendre  un  adjoint  d'abord 
et  bientôt  un  successeur.  Th.  Ballu.  Gau  mourut  à  Paris  le 
31  décembre  1833,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  membre 
de  plusieurs  académies.. 

Un  sous-inspecteur  de  l'église  de  Sainte-Clotilde,  Max  Ber- 
thelin,  né  à  Troyes  le  1 8  juin  1811,  futtil  taché  par  la  Compagnie 
du  chemin  de  fer  de  l'Est  à  la  direction  de  ses  travaux  d'art. 
Élève  de  Labrouste,  mais  plus  particulièrement  dessinateur  et 
décorateur,  Berthelin  a  exposé  de  très  nombreux  dessins,  no- 
tamment ceux  de  plusieurs  églises  du  département  de  l'Aube  et 
de  la  tour  Saint-Jacques-la-Boucherie  avant  sa  restauration.  11 
fit  aussi  de  nombreux  projets  qui  ne  semblent  pas  avoir  été 
exécutés.  Nous  ignorons  la  date  de  sa  mort. 

Tous  les  artistes  dont  nous  venons  de  donner  les  biographies, 
à  partir  de  Lassus,  consacrèrent  leur  talent  et  leur  vie  à  la  ré- 
surrection de  l'architecture  ogivale  oubliée  en  France  depuis 
deux  siècles;  mais  l'homme  qui  affirma  par  ses  écrits  le  culte 
de  ses  contemporains  pour  les  souvenirs  laissés  par  les  artistes 
du  moyen  âge  et  qui  résuma,  pour  ainsi  dire,  en  un  corps  de 
doctrines,  l'histoire  des  procédés  de  construction  et  les  règles 


32  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRAS. 

observés  par  les  architectes  de  celle  grande  époque,  fut  cerlai- 
nemenl  Eugène-Emmanuel  Viollet-le-Duc ,  «  dit  l'Aine  » , 
pour  ne  pas  le  confondre  avec  son  frère  Etienne,  peintre  de  talent. 
Viollel-le-Dnc  naquit  à  Paris  le 27  janvier  1814.  Élève  de  Leclère, 
de  1831  à  1839,  il  parcourut  Fllalie  et  la  Sicile,  étudiant  l'an- 
tiquité romaine,  comme  tout  bon  élève  architecte  devait  le  faire 
à  cette  époque,  pour  mériter  les  faveurs  de  l'adminislralion. 
A  son  retour,  nommé  auditeur  au  conseil  des  bâtiments  civils, 
il  fut  choisi  par  Lassus  eomme  inspecteur  des  travaux  qu'il  , 
exécutait  alors  à  la  Sainte-Chapelle.  En  1840,  la  Commission 
des  monuments  historiques  le  chargea  de  la  restauration  de 
l'église  abbatiale  de  Vézelay;  puis,  devenu  archilecle  diocésain 
des  déparlements  de  l'Aude,  des  Ardennes,  de  la  Marne  (arron- 
dissement de  Reims),  de  la  Seine  et  de  la  Somme,  il  exécuta 
d'importants  travaux  dans  les  églises  de  Montréal  (Aude),  de 
Semur,  de  Saint-Pierre,  de  Saint-Nazaire,  de  Carcassonne, 
d'Amiens  et  de  Reiras,  ainsi  que  la  construction  des  mairies  de 
Saint-Anlonin  et  de  Narbonne.  En  1843,  il  déposa  un  projet 
tendant  à  la  restauration  de  iXotre-Dame  de  Paris;  cette  res- 
tauration fut,  en  effet,  confiée  à  Lassus,  son  aîné,  mais  on  lui 
donna  celle  de  l'église  abbatiale  de  Saint-Denis  qui  lui  lit  le 
plus  grand  honneur  et  à  la  suite  de  laquelle  il  fut  nommé, 
en  1853,  inspecteur  général  des  édifices  diocésains. 

Après  la  mort  de  Lassus  arrivée  en  1857,  Viollet-le-Duc  fut 
naturellement  désigné  pour  continuer  l'anivre  de  restauration 
de  la  métropole  de  Paris,  et  c'est  lui  qui  fut  l'architecte  de  la 
flèche  qui  couronne  le  transept  de  Notre-Dame.  En  1858,  sur 
l'ordre  de  Napoléon  111,  il  se  livra  à  une  restauration  complète 
du  château  de  Pierrefonds,  qui  était  bien  due  à  l'auteur  de 
YEi^sai  sur  f architecture  miUlaire  du  moyen  âge  (publié  en 
1854).  On  peut  citer  enlln  de  Viollet-le-Duc  le  tombeau  du  duc 
de  Morny  élevé  en  1867  au  Père-Lachaise.  Les  nombreux  tra- 
vaux qu'il  exécuta  comme  architecte  ne  l'empêchèrent  pas  de 
composer,  tant  était  grcfnde  son  activité,  cette  œuvre  considé- 
rable connue  sous  le  titre  de  :  Diet'mmaire  raisonné  de  Var- 
•  cliitecture  française  du  xi'  au  xyi'  sièr/e  (publié  de  1853  à  1858) 
et  qui  ne  comprend  pas  moins  de  dix  volumes,  et  cette  autre, 
le  :  Dictionnaire  du  mobilier  français  de  l'époque  carlovin- 
gienne  à   la   Renaissance^   paru  en   dix    volumes  également,   à 


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J.  B.  LEPERE 


CHAPITRE  I.  3J 

la  même  époque.  Viollet-le-Duc  publia  encore,  pendant  les  dix 
années  qui  suivirent,  deux  volumes  sous  le  lilre  :  Enlretiens 
sur  r architecture,  et  voulut  bicH  écrire  le  texte  du  mémoire 
ébauché  par  F.  Denis  et  le  docteur  Cliarnay  sur  les  Cités  et 
les  Ruines  américaines,  ainsi  qu'un  grand  nombre  d'articles 
recueillis  par  diverses  revues. 

Cet  infatigable  travailleur,  grand  architecte  et  littérateur 
remarquable,  n'arriva  jamais  à  l'Institut.  Professeur  depuis  1863 
à  l'École  des  beaux-arts  et  commandeur  de  la  Légion  d'hon- 
neur depuis  1869,  il  s'éleignit  à  Lausanne  le  17  sejitembre  1879. 
.  Les  architectes  de  province  suivirent  de  loin  le  mouvement 
anti-académique  qui  avait  à  sa  tète  les  architectes  parisiens. 
Pierre-Joseph  Calcine,  né  à  Lille  le  14  septembre  1818,  res- 
taure, en  l8i.T,  la  lour  de  l'église  de  Carvin  et  l'église  Saint- 
Druon  et  construit  celle  de  Wazemmes-lès-Lille,  consacrée  à 
saint  Pierre  et  saint  Paul,  remarquable  par  sa  décoration  em- 
pruntée au  style  byzantin,  une  chapelle  des  maristes  h  Beau- 
camps  et  le  casino  de  Lille.  Auleur  d'une  brochure  intitulée  De 
rinfluciice  de  la  photographie  sur  l'avenir  du  dessin  (Lille,  1833), 
il  décéda  le  10  février  1859. 

A  Arras  (Pas-de-Calais),  Joseph  Traxler,  né  à  Amiens  le 
1"  nivôse  an  IV,  membre  de  la  Société  d'encouragement  pour 
l'industrie  nationale,  couvrit  Arras  de  constructions  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  à  Paris  en  18o6;  mais  la  restauration  du  beffroi  de 
l'hôtel  de  ville  d'Arras  et  la  construction  de  l'église  paroissiale 
de  Saint-Nicolas-en-Cité  ainsi  que  de  la  chapelle  de  la  Vierge, 
dans  la  cathédrale,  lui  assignent  un  rang  honorable  parmi  les 
artistes  qui  ont  provoqué  la  résurrection  de  l'architecture  ogi- 
vale en  France.  Arras  lui  doit,  d'ailleurs,  une  s;ille  de  concerts, 
l'amphithéâtre  de  l'école  de  médecine,  une  école  primaire,  la 
halle  aux  poissons  elle  nouveau  quartier  autour  de  celte  halle, 
plus  un  grand  nombre  de  maisons,  d'usines,  etc. 

En  Normandie,  trois  architectes,  Boutiguy,  Barthelemi  et  Le- 
normand  sont  aussi  désignés  comme  des  restaurateurs  d'églises; 
Boutigny,  né  au  Crand-Quevilly  (Seine-Inférieure),  architecte  de 
la  ville  d'Elbeuf  et  membre  de  la  commission  des  bâtiments  civils 
de  ce  même  déparlement,  fut  chargé,  en  1851 ,  de  la  restauration 
complète  de  l'église  et  du  presbytère  de  Saint-Patrice  à  Rouen. 
Dans  la  même  ville,  c'est  h  un  Rouennais,  Eugène-Jacques 
m.  3 


34  LES   ARCHITECTES    PAR  LEURS   OEUVRES. 

Barthelemi,  né  le  13  octobre  1799,  qu'est  due  la  construction 
de  la  nouvelle  flèche  de  Saint-Maclou  (I).  Architecte  diocésain, 
Barthelemi  construisit  dans  le  département  de  la  Seine-Infé- 
rieure un  grand  nombre  d'édifices  religieux,  notamment  l'église 
Notre-Dame-de-Bon-Secours,  dans  le  style  ogival  primitif  à 
lancettes,  —  commencé  en  18i0,  l'édifice  fut  terminé  en  1842, — 
les  églises  de  Sotteville-lès-Rouen,  de  l'Immaculée-Conception 
d'Elbeuf,  de  Goderville,  de  Saint-Jacques-sur-Darnetal,  de  Ma- 
romme,  d'Oissel,  de  Saint-Aubin-jouxte-BouUeng,  l'église  du 
monastère  de  la  Providence  à  Rouen,  la  chapelle  du  petit 
séminaire  et  celle  de  la  Délivrande  près  Caen,  etc.  Barthelemi* 
mourut  à  Rouen  le  10  mai  1882,  laissant  un  fils  architecte 
comme  lui,  que  nous  retrouverons  en  temps  et  lieu. 

Louis  Lenormand,  élève  d'IIuvé,  était  né  à  Versailles  en  1 801. 
Après  avoir  exposé  en  1841,  au  musée  du  Louvre,  un  projet  de 
restauration  de  l'église  Saint-Jacques  de  Dieppe  et  en  185o,  au 
palais  des  Champs-Elysées,  l'église  de  Saint-Amand-Montrond 
(Cher)  pour  les  archives  des  monuments  historiques,  il  fut 
chargé  de  construire,  de  1844  à  1849,  au  PoUet,  près  de  Dieppe, 
l'église  paroissiale  el,  en  1851,  une  autre  église  dans  le  Morvan. 
Il  est  mort  le  11  janvier  1802. 

A  Cherbourg,  Louis-Pierre-Charles  Le  Sauvage,  né  à  Cou- 
tances  (Manche)  en  1775  et  mort  à  Cherbourg  le  9  juin  1858, 
donne  les  dessins  du  portail  et  de  la  tour  carrée  de  la  cathé- 
drale; on  lui  doit  aussi  la  grande  halle  inaugurée  en  1833. 

Dans  l'est,  c'est  Jean- Charles-Léon  Danjoy  qui  propage  le 
mouvement  architectural  commencé  parLassus  et  VioUet-le-Duc. 
Né  à  Avensac  (Gers)  le  31  mai  1800,  et  élève  de  Huyol,  il  était 
attaché  à  la  Commission  des  monuments  historiques  dès  1840  et 
exécutait  de  nombreux  travaux  théoriques,  parmi  lesquels  un 
projet  derestauration  de  la  «Basse  œuvre»  deBeauvais,  qui  fut  fort 
remarqué.  Chargé,  en  1843,  de  la  restauration  de  la  cathédrale 
de  Meaux,  illa  poursuivit  sans  interruption  jusqu'à  sa  mort  ;  on 
lui  confia  ensuite  celle  des  cathédrales  de  Bordeaux  et  de  Metz, 
de  la  collégiale  de  Braine,  de  l'église  Sainl-Pierre  à  Toucques, 
de  la  rathédrale  de  Lisieux  ;  enfin,  nommé,  en  1852,  architecte  du 

(1)  La  place  formée  devant  l'église  Saint-Maclou  porle,  depuis  1888,  le  nom 
de  place  Barthelemi. 


CHAPITIîE    I. 


diocèse  de  Coutances,  il  y  commença  la  consiruction  du  grand 
séminaire,  que  la  mort  ne  lui  permit  pas  d'achever.  Le  tom- 
beau du  prince  Demidoff  au  cimetière  du  Père-Lachaise  eut 
aussi  pour  archilecte  f^anjoy  et  mérite  une  mention.  Auleur 
de  nombreux  projets,  parmi  lesquels  nous  cilei'ons  ceux  de  la 
restauration  de  Notre-Dame  de  Paris,  du  tombeau  de  Napo- 
léon l"  et  d'un  château  d'eau  à  Marseille,  Danjoy  mourut  à 
Paris  le  4  septembre  1862. 

Marchant  sur  les  traces  de  Danjoy,  l'arcbitecte  Deny,  dont 
nous  regrettons  de  ne  connaître  que  le  nom,  se  til  remarquer, 
dès  1841,  dans  la  restauration  du  portail  de  l'église  ogivale 
Sainte-Ségolène  à  Metz.  Architecte  de  l'église  de  Decazeville 
dans  l'Aveyron,  Antoine-Martin  Garnaud,  né  à  Paris  le  30  no- 
vembre 1796,  élève  de  Le  Père  et  de  N'audoyer,  avait  remporté 
le  premier  grand  prix  en  1817,  âgé  de  vingt-un  ans  seulement; 
mais  les  occasions  lui  manquèrent  de  laisser  une  œuvre  digne 
de  lui,  quoique  pourtant,  en  1826,  il  eût  obtenu  le  premier 
prix  au  concours  ouvert  pour  l'érection  d'un  théâtre  à  Lyon  et 
fût  classé  le  troisième  parmi  les  artistes  qui  présentèrent  les 
plans  du  nouvel  Opéra  à  Paris,  en  1860.  —  Inspecteur  des  tra- 
vaux de  l'église  Saint-Vincenf-de-Paul  dont  nous  avons  dit  que 
Le  Père  avait  été  l'architecte,  Garnaud  mourut  dans  la  ville  oîi 
il  était  né,  le  19  décembre  1861,  après  avoir  signé  seulement  le 
tombeau  de  l'ex-roi  de  Hollande,  Louis  Bonaparte,  dans  l'église 
de  Saint-Leu,  un  lombeau  pour  la  famille  Iléricavit  de  Tburg, 
ceux  du  statuaire  Pradier  et  de  la  princesse  Bibesco  au  Père- 
Lachaise  et  les  quatre  piédestaux  de  fontedu  pont  du  Carrousel 
à  Paris.  Mais  on  trouva  dans  ses  cartons  de  nombreux  projets, 
parmi  lesquels  nous  citerons  un  projet  de  fontaine  à  Moïse  qui 
devait  être  alimentée  par  le  puits  de  Grenelle,  un  projet  d'achè- 
vement du  Louvre,  et  un  projet  de  fontaine  à  Clémence  Isaure. 
11  a  publié  en  1857  un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  Études  (l\/i- 
cliUecture  chrétienne.  Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  de- 
puis 18;j8,  il  fut  l'un  des  fondateurs  de  la  Société  centrale  des 
architectes  en  1841. 


ClFAriTRE  II 

Applicalioii  du  style  classique  aux  restaurations  des  grands  édifices  d'ulilité 
publique.  —  Parmi  les  constructions  d'ffdifices  nouveaux  à  Paris,  il  y  a  lieu  de 
signaler  des  théâtres,  des  mairies  et  des  marchés.  —  L'éclairage  par  le  gaz 
et  les  transports  par  chemins  de  fer  donnent  naissance  à  une  architecture 
nouvelle  répondant  à  des  besoins  nouveaux. 


Les  édificeri  civils  datant  du  commencement  du  siècle  sont  peu 
nombreux,  en  Franco;  ceux  que  nécessitent  l'accroissement 
continu  de  la  population  des  grandes  villes  et  les  règles  de  l'hy- 
giène publique  sont  à  peu  près  les  seids  qu'on  ait  élevés,  de 
1815  à  1843.  Nous  no  ferons  d'exception  que  pour  quelques 
théâtres  qui  datent  de  ce  temps  et  pour  ces  constructions^  sans 
précédent  que  lit  naître  le  grand  événement  de  l'époque,  l'inven- 
tion des  chemins  de  fer.  Cela  dit,  rappelons  par  quelques  mots 
les  restaurations  apportées  aux  palais  et  aux  grands  édifices 
publics  de  la  capitale.  D'abord,  celle  du  Luxembourg,  com- 
mencée d'ailleurs  par  Chalgrin,  que  continue  un  élève  de  Percier, 
second  grand  prix  en  i  806,  et  premier  grand  prix  eu  181 1 ,  Jean- 
Louis  Provost,  né  à  Paris  le  27  octobre  1781.  C'est  en  1820  que 
ProvosL  fut  nommé  architecte  de  cet  édifice  en  remplacement  de 
Baraguey.  En  1831 ,  membre  honoraire  du  Conseil  des  bâtiments 
civils,  il  était,  en  1832,  architecte  du  théâtre  de  l'Odéon  et  des 
Sourds-Muets,  et,  en  1834,  de  l'Odéon  seulement.  C'est  vers  celte 
époque  que  le  gouvernement  résolut,  pour  cause  d'agrandisse- 
ments nécessaires,  de  modifier  le  Luxembourg,  c'est-à-dire  d'al- 
térer l'œuvre  de  De  Brosse.  Provost  s'y  refusa,  donna  sa  démis- 
sion et  fut  alors  remplacé  par  Alphonse-Henri  de  Gisors.  Il  res- 
taura divers  hôtels  à  Paris  :  ceux  de  Montebello  et  de  Galhffet, 
et  fut  l'architecte  du  tombeau  du  maréchal  Lefèvre.  Chevalier  de 
la  Légion  d'ilonneur  depuis  1838,  Provost  mourut  probablement 
vers  1850. 


CHAPITRE  II.  37 

Né  à  Paris  le  26  mai  1785  el  ayanl  échoué  aux  examens  de 
l'École  polyleciinique,  Jean-Marie-Dieudonné  Biet,  plus  coniui 
des  archilectes,  ses  con(em[toraias,  comme  ayant  collaboré  à 
l'ouvrage  publié,  de  1836  à  1850,  sous  le  litre  :  Choix  d'édifices 
publics,  etc.,  étudia  l'arcliitecture  dans  l'alelier  de  Percier  ;  en 
1824,  il  éleva  l'escaliermonumenlal  de  la  bibliothèque  de  l'Insti- 
tut et,  de  1832  à  183i,  il  accrut  l'Observatoire  d'un  cabinet  d'ex- 
périences, puis  remonta  pierre  par  pierre  dans  les  Champs- 
Elysées  un  ancien  pavillon  de  chasse  de  François  V  qui  tombai! 
en  ruines  à  Moret  près  Fontainebleau;  Biet,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  inspecteur  dos  bâtiments  civils,  mouiut  à 
Paris  en  1856. 

Louis-Nicolas-Marie  Destouches,  né  à  Paris  le  8  mai  1788, 
élève  de  Peyre,  Vaudoyer  el  Percier,  obtint  le  grand  prix  d'ar- 
chitecture en  181  i  et  fut,  h  son  retour  en  France,  nommé  suc- 
cessivement inspecteur  de  l'église  Saint-Pierre  du  Gros-Caillou, 
puis  architecte  (1823)  de  l'École  vétérinaire  d'AIfort,  du  i^luséum 
d'histoire  naturelle  et  du  Panthéon.  Au  concours  ouvert  en  1829 
pour  les  embellissements  de  la  place  de  la  Concorde,  Destouches 
n'obtint  que  la  seconde  place,  quoique  son  projet  ait  été  préféré 
par  bon  nombre  de  juges  compétents;  nommé  cependant  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur,  il  se  contenta  d'être  l'architecte 
do  nombreuses  maisons  à  Paris,  où  il  mourut  en  1851. 

Alphonse-Henri  de  Gisors,  lils  probablement  de  Jacques- 
Pierre  de  Gisors,  breveté  élève  de  Rome  le  4  septembre  1779, 
mais  sur  lequel  nous  ne  ^possédons  pas  de  renseignements  bio- 
graphiques, naquit  le  3  septembre  1796  à  Paris.  Élève  de 
Percier  et  de  Guy  de  Gisors  son  oncle,  il  remporta,  en  1823, 
concurremment  avec  Grisart,  le  second  grand  prix.  De  ce  mo- 
ment jusqu'en  1840,  il  construisit  ou  acheva  de  construire, 
à  Ajaccio,  l'hôtel  de  la  Préfecture,  la  clinique  de  la  Faculté  de 
Paris  (1838)  (œuvre  de  Gondouin  en  I780i,  ramphilhéûtre  de 
l'Observatoire  (1840),  l'École  normale  supérieure  (184 1-1 847);  il 
fut  chargé  également  des  travaux  d'agrandissement  exécutés  au 
ministère  de  l'instruction  publique,  à  la  Cour  de  cassation,  etc. 
Nommé  architecte  du  Luxembourg  en  1834,  en  remplacement, 
nous  venons  de  le  dire,  de  Provost  qui  avait  refusé  de  cons- 
truire des  additions  dont  le  résultai  devait  être  de  dénaturer 
l'œuvre  de  De  Brosse,  il  y  éleva  la  salle  provisoire  des  séances 


33  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES. 

judiciaires,  pais  la  nouvelle  salle  des  séances  de  la  Ciiambre 
dos  pairs  ;  il  modifia  le  dessin  des  parterres,  el  c'est  à  celle  occa- 
sion qu'il  déplaça  el  réédifia  la  fontaine  Médicis,  à  laquelle  il  dut 
faire  une  façade  nouvelle  sur  la  rue  de  Médicis,  attendu  que 
celle  fontaine  était  adossée,  dans  le  principe,  à  l'hôtel  du  maré- 
chal Marillac  ;  il  restaura  aussi  le  cloître  et  la  chapelle,  fit  un 
nouvel  escalier  d'iionneur,  et  fui  l'organisateur  du  musée  des 
artistes  vivants,  dit  musée  du  Luxembourg.  Gisors  mourut  à  Paris 
le  17  août  18G0,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  membre  de  l'Ins- 
titut depuis  1854,  ainsi  que  du  Conseil  général  des  bâtiments  ci  vils. 

Guy  de  Gisors,  l'oncle  de  Alphonse-Henri,  s'appelait  Alexan- 
dre-Jean-Baptiste, était  né  à  Paris  le  20  septembre  1762, 
et  avait  été  le  compagnon  d'études  de  Percier  el  de  Fontaine, 
dans  les  ateliers  de  Sevestre  et  Chalgrin.  Inspecteur  de  la  salle 
du  conseil  des  Cinq-Cents,  au  Palais-Bourbon,  puis  architecte  du 
Palais  législatif  et  des  archives  de  la  République,  il  se  distingua 
dans  le  concours  ouvert  en  1807  pour  la  transformation  do 
l'église  de  la  Madeleine,  et  obtint  la  place  de  pi'ésidenl  du  Con- 
seil des  bâtiments,  dépendant  du  ministère  de  l'intérieur.  Chargé, 
à  ce  litre,  de  la  construction  de  l'église  de  Saint-Vincent,  à 
Màcon,  de  l'abattoir  de  Grenelle,  terminé  de  1811  à  1812  par 
Turmeaux  et  Ai.  Du  Bois,  il  fut  nommé  membre  du  Comité  con- 
sultatif des  bâtiments  de  la  Couronne,  du  jury  d'architecture 
près  l'École  des  beaux-arls,  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 
(G  mai  1821).  Guy  de  Gisors  est  mort  le  IG  mai  1835,  auteur  de 
divers  projets,  parmi  lesquels  nous  devons  citer,  à  titre  de 
document  caractéristique  du  temps  où  il  vivait,  celui  de  l'érec- 
tion d'une  bibliothèque  (1799),  puis  d'un  opéra  (1800),  sur  ce 
même  emplacement  de  la  Madeleine,  et  de  Thermes  (dits  de 
Napoléon),  sur  la  terre-plein  du  Pont-Neuf  (1804). 

La  construction  de  la  nouvelle  salle  des  dépuléséchut  en  1833 
à  Jules-Jean-Baptiste  de  Joly,  né  à  Montpellier  le  24  novembre 
1788,  el  mort  dans  la  même  ville  le  3  février  1805. 

Élève  de  Delespino,  et  second  grand  prix  en  1808,  de  Joly 
avait  déjà  dirigé  les  travaux  d'agrandissement,  de  réparation  et 
d'installalion  des  ministères  de  l'intérieur,  des  affaires  étran- 
gères, de  l'instruction  publique  el  des  cultes.  Il  s'était  également 
chargé  de  l'édification  des  salles  ou  plutôt  «  des  abris  honteux  » 
destinés  aux  exposants  de  l'industrie,  de  1823  à  1826.  Décoré 


CHAPITUE   II.  •  39 

en  1826,  puis  nommé  architecte  en  cluT  du  l*;ilais-Boiirl)on 
après  1833,  il  dut  construire  dans  la  cour  de  ce  palais  la  salle 
provisoire  des  députés  après  la  révolution  de  1848  et  réparer  les 
bâtiments  de  la  iManutenlion  du  quai  de  Billy,  après  l'incendie 
de  1855.  De  Joly  a  laissé  un  fils,  architecte  comme  lui,  Edmond- 
Jean-Baptiste-Théodore-René,  né  à  Paris  le  7  avril  1824.  A  sa 
sortie  de  l'École  des  heaux-arls,  M.  de  Joly  fut  nommé  archi- 
lecte  diocésain  de  Maine-el-Loire,  puis  architecte  du  Corps 
législatif.  C'est  hii  qui  fut  chargé  de  l'installation  de  la  salle  du 
Congrès  au  palais  de  Versailles,  pour  recevoir  les  députés  et 
les  sénateurs  réunis  à  l'effet  de  nommer  un  nouveau  président 
de  la  République.  Officier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1872, 
il  est  demeuré  architecte  du  Palais-Bourbon  jusqu'au  moment  de 
sa  mort,  arrivée  le  23  septembre  dernier. 

Le  gouvernement  de  la  Restauration,  moins  centralisateur  que 
l'Empire,  dut  assurer  les  services  des  difîérents  miuistères  qui 
avaient  été  l'objet  d'une  division  nouvelle.  Les  travaux  d'appro- 
priation de  la  plupart  d'entre  eux,  de  1817  à  182G,  furent  confiés 
à  un  élève  de  Percier,  François-Hippolyte  Destailleur,  né  à 
Paris  le  22  mars  1787.  Destailleur,  qui  avait  voyagé  en  Italie, 
était  déjà  connu  par  différents  travaux  qu'il  avait  exécutés  en 
province,  tels  que  la  construction  de  la  petite  église  de  Caulin- 
court,  la  restauration  du  château  de  ce  nom,  la  construction  des 
châteaux  de  Frémigny  et  de  Dienville  en  Champagne.  Le  gou- 
vernement eut  aussi  la  pensée  d'élever  un  nouvel  Hôtel  des  postes 
à  proximité  du  palais  des  Tuileries  et  choisit,  à  cet  eiîet,  un 
emplacement  compris  entre  les  rues  de  Rivoli,  de  Castiglione  et 
du  Mont-Thabor;  la  construction  en  fut  confiée,  de  1826  à  1831 ,  à 
Destailleur,  mais  l'édifice,  une  fois  construit,  fut  alTecté  au  mi- 
nistère des  finances  (celui  qui  a  été  réduit  en  cendres  en  1870). 
Cvi'é  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  à  cette  occasion.  Destail- 
leur surveilla  l'exécution  de  l'hôpital  de  Saint-Mandé,  comme 
successeur  d'un  architecte  dont  le  nom  seul  nous  est  connu, 
Percier  (I),  qui  en  avait  donné  le  plan,  puis  en  1833,  il  fut  nommé 
architecte  de  la  Monnaie.  En  dehors  des  travaux  que  nous  ve- 
nons de  mentionner,  Dcstailleur  fut  l'architecte  d'un   nombre 


(1)  Nous  n'avons  rien  Irouvû,  dans  les  biographies  île  Charles   Percier,  qui 
nous  autorise  à  lui  atlribuer  cet  édifice. 


40  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

considérable  d'hùlels  et  do  maisons,  tanl  en  France  qu'à  l'é- 
Iranger,  parmi  lesquels  nous  nous  contenlerons  de  citer  celui 
qui  porte  le  numéi'O  5b  delà  Wilhelmslrass  à  Berlin,  et  l'hôtel 
du  baron  Delmas,  avenue  de  Marigny  <i  Paris.  De  1845  à  1846, 
Destailleur  fut  absorbé  par  l'édification  du  passage  Joufi'roy, 
qu'il  construisitavec  la  collaboration  de  Romain  de  Bourges,  son 
gendre,  et  mourut  à  Paris  le  15  février  1852. 

A  Tours,  le  grand  séminaire  et  le  musée,  édifiés  de  1824  à 
1825,  sont  l'œuvre  de  Bernard-Mathias  Guérin,  né  à  Paris  vers 
1790.  Après  avoir  commencé  la  peinture  cliez  David,  il  étudia 
l'architecture  dans  l'atelier  de  Percier  et  était  inspecteur,  vers 
1814,  des  travaux  de  construction  du  grand  établissement  ther- 
mal de  BagnoUes-les-Bains  (Orne),  ce  qui  ne  l'empècba  pas  de 
présenter,  en  collaboration  avec  Huvé,  un  projet  de  théâtre  pour 
la  ville  de  Tours,  construit  en  1825  et  détruit  depuis  par  un  in- 
cendie; nommé  architecte  de  la  ville  de  Tours  et  de  la  cathé- 
drale, il  occupa  cette  situation  jusqu'en  1837  et  mourut  le 
30juillet  1839,  laissant  (probablement)  un  fils,  Charles-Étienne- 
Gustave,  né  à  Bagnolles-les-Bains  en  1814,  élève  de  Huvé, 
archilecle  diocésain  du  département  d'Indre-et-Loire  et  membre 
de  la  Commission  des  monuments  historiques.  Guérin  fils  a  sans 
doute  consiruil  plusieurs  maisons  et  hôtels  particuliers,  soit  à 
Tours  soit  dans  les  environs,  mais  s'est  surtout  fait  remarquer 
par  l'étude  qu'il  a  laissée  d'un  vitrail  de  la  cathédrale  de  Tours 
représentant  la  légende  de  saint  Eustache. 

Un  des  inspecteurs  de  Destailleur,  alors  qu'il  élevait  les  bâti- 
ments du  ministère  des  finances,  fut  Paul-Marie  Letarouilly, 
devenu  architecte  en  chef  du  Collège  de  France  (1831  à  1842), 
qui  lui  doit  l'aclièvemenl  de  sa  façade  sur  la  place  Cambrai,  les 
pavillons  qui  bordent  la  rue  Sainl-Jacques  et  le  portique  ménagé 
pour  communiquer  d'une  cour  à  l'autre.  Mais  cet  architecte,  né 
à  Coutances  le  8  octobre  1795,  élève  aussi  de  Percier,  et  mort 
à  Paris  en  octobre  1855,  doit  être  déjà  connu  de  nos  lecteurs 
par  le  grand  ouvrage  auquel  il  consacra  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie  et  à  l'occasion  duquel  il  fut  décoré;  cet  ouvrage  a  pour 
titre  :  Édifices  de  Borne  moderne,  et  comprend  3  volumes 
grand  in-folio  ornés  de  trois  cent  cinquante-cinq  planches  gra- 
vées, ainsi  que  le  plan  de  Rome.  La  mort  de  Letarouilly  l'empêcha 
de  publier  un  autre  ouvrage  sur  le  Vatican,  qu'il  avait  commencé. 


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C.  A.    CHENAVARD 


GHAPITRK   II.  41 

D'abord  eniployci  des  postes  et  lélégraphes,  Louis  Moreau 
avait  été  nommé  arçliilecte  d'arrondissement  et  avait  dans  ses 
attributions  l'entretien  delà  Cliambre  des  députés,  du  ministère 
do  l'intérieur  et  du  commerce,  de  l'Esplanade  des  Invalides. 
C'est  sans  doute  en  cette  qualité  qu'il  lit  construire  les  bara- 
quements disposés  pour  recevoir  les  produits  envoyés  à  notre 
Exposition  nationale  sur  la  place  de  la  Concorde  en  1834  et 
en  1848.  Moreau  disparut  en  1860  après  avoir  construit  dans 
les  Champs-Elysées  l'hôtel  de  M"""  Le  lion,  bien  remanié  depuis. 

Ce  sont  seulement  des  restaurations  que  nous  pouvons  mettre 
au  compte  de  Julien-François  Clément,  né  en  1768  à  l^u-is,  oîi 
il  mourut  le  14  mars  183o  :  restauration  avec  Le  Père  de  la 
salle  Louvois,  rue  Richelieu,  on  ISOl,  de  la  Comédie-Française, 
en  1813,  enfin,  de  la  maison  de  la  Légion  d'honneur  de  Saiat- 
Denis  dont  il  exécuta  la  chapelle  et  le  grand  dortoir.  Nous  en 
dirons  autant  de  l'élève  de  Percier  et  Fontaine,  Jules-Frédéric 
Bouchât,  qui,  pourtant,  avait  obtenu  le  second  grand  prix  ou  1822. 
En  elVet,  Bouchot,  né  en  1799  à  Paris  où  il  est  mort  le  16  jan- 
vier 1860,  après  trois  années  d'études  en  Italie,  dut  se  résigner 
toute  sa  vie  au  rôle  d'inspecteur  :  inspecteur  des  travaux  de  la 
Bibliothèque  royale  en  1829,  des  bâtiments  de  la  Cour  de  cas- 
sation en  1834,  du  tombeau  de  Napoléon  de  18i2  à  1853.  Comme 
dessinateur  et  graveur,  il  exposa  des  dessins  qui  lui  valurent 
une  médaille  d'or  et,  comme  chef  des  travaux  graphiques  à 
l'École  centrale,  il  a  composé  pour  ses  élèves  deux  traités  élé- 
mentaires, l'un  de  dessin  linéaire,  l'autre  de  perspective. 

Plus  heureux  que  les  précédents,  un  architecte  borde- 
lais, Jacques  Lacornée,  né  le  19  avril  1779  (1),  et  élève  de 
lionnard  dont  il  était  l'inspecteur,  devint,  à  la  mort  de  son 
maître,  architecte  en  chef  de  ce  ministère  des  finances  devenu 
le  palais  du  conseil  d'État  et  de  la  Cour  des  comptes,  qu'il 
eut  le  bonheur  d'achever  en  1838.  En  1845,  Lacornée  commen- 
çait la  construction  des  bâtiments  destinés  à  remplacer  l'an- 
cien hôlel  Berlin,  20,  rue  Neuve-des-Capucines,  où  était  installé 
provisoirement  le  ministère  des  affaires  étrangères.  L'emplace- 
ment choisi  était  l'angle  du  quai  d'Orsay  et  de  l'Esplanade  des 
Invalides,  mais  l'importance  des  travaux  ne  permit  pas  à  Lacornée 

(1)  Le  22  septembre  1782,  suivant  certains  liiofiraplies. 


42  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

de  voir  son  œuvre  achevée;  du  reste,  inspecteur  général  des 
établissements  appartenant  à  la  régie  des  contributions  indi- 
rectes, Lacornée  a  exécuté  des  travaux  dans  presque  tous  ces 
établissements:  à  Lille,  au  Havre,  à  Bordeaux,  k  Toulouse,  à 
Lyon  et  à  Strasbourg.  Second  grand  prix  en  1810,  officier  de  la 
Légion  d'honneur  en  18o4,  Lacornée  est  mort  à  P.iris  deux  ans 
après,  en  1856. 

Une  ordonnance  royale  du  22  mai  1842  avait  alTecté  l'an- 
cien liûtol  Fleury,  rue  des  Saints-Pères,  œuvre  d'Antoine, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit,  à  l'École  des  ponts  et  chaussées  ; 
mais  l'importance  des  services  de  cet  établissement  nécessita  la 
construction  d'annexés  considérables  et  d'une  nouvelle  façade 
de  l'école  sur  la  rue  de  lUniversité.  Ce  fut  Pierre-Joseph  Gar- 
re^,  né  à  Paris  le  24  février  1802,  grand  |)rix  d'architecture 
en  1830,  qui  fut  chargé  des  travaux,  dont  l'exécution  (achevée 
en  1846)  donna  satisfaction  aux  besoins  de  cet  enseignement 
supérieur.  On  doit  aussi  la  restauration  des  églises  de  More!  et 
de  Donnomario  à  Garrez,  qui  mourut  en  novembre  1832. 

C'est  un  architecte  roueunais,  Auguste  Lejeune,  élève  de 
Lebas  et  Dcbret,  qui  commença  h  Paris,  en  1850,  sous  l'inspi- 
ration du  président  Gencpvois,  l'hùtel  des  commissaires-priseurs, 
rue  DrouoI,  terminé  par  Levasseur  après  la  mort  de  cet  archi- 
tecte arrivée  en  1852,  mais  auquel  M.  Paliart  a  fait  postérieure- 
ment de  nombreuses  additions.  Lejeune,  architecte  aussi,  pour 
l'entretien,  de  la  cathédrale  de  Montpellier,  était  surtout  connu 
des  Roueunais  pour  avoir  donné  le  plan  du  nouveau  Jardin  des 
plantes  de  Rouen  et  des  constructions  qui  y  furent  élevées. 

Pendant  la  première  partie  du  siècle,  Paris  s'enrichit  de 
théâtres  :  celui  des  Nouveautés,  devenu  le  Vaudeville  de  la  place 
de  la  Bourse,  celui  de  l'Ambigu-Comique,  celui  du  Gymnase, 
celui  de  l'Opéra.  Les  communes  suburbaines,  ainsi  que  quelques 
grandes  villes  qui  n'eu  avaient  pas  encore,  sont  dotées  égale- 
ment de  théâtres.  Nous  allons  faire  successivement  connaître  au 
lecteur  les  architectes  de  ces  divers  établissements;  mais  nous 
leur  signalerons  auparavant  un  élève  de  Ledoux,  qui  appartient 
plutôt  par  ses  travaux  au  siècle  passé.  11  s'appelait  Jean-Nicolas 
Sobre,  et  est  connu  comme  l'architecte  du  théâtre  des  Jeunes 
Ai-tistes(délruit  depuis  longtemps),  ainsi  que  de  la  «  maison  Ba- 
lave  »  de  la  rue  Saint-Denis  qu'il  avait  construite  en  collaboration 


CHAPITRE  II.  43 

avec  Happe  (disparue  également).  Nous  ne  parlerons  pas  des  pro- 
jets d'obélisques,  de  temples  et  de  monuments  commémoratifs 
créés  par  l'imagination  de  Sobre  et  qui  ne  furent  pas  exécutés. 
L'architecte  du  Vaudeville  et  de  l'Opéra  fut  François  Debret, 
né  à  l'aris  le  21  juin  1777,  membre  de  l'Institut.  Elève  de  Per- 
cicr,  lauréal  du  concours  ouvert  par  le  gouvernement  en  1797 
pour  l'embellissement  des  Champs-Elysées,  il  l'ut  pris  par  la 
conscription  en  1798.  Envoyé  à  Brest  comme  artilleur  de  la 
marine,  il  profita  de  ses  loisirs  pour  y  élever  une  petite  salle  de 
spectacle.  Inspecteur  ensuite  de  Percier  et  Fontaine,  lorsqu'ils 
exéculèreiit  les  travaux  du  sacre  de  Napoléon  P''  à  Notre-Dame, 
il  partit  bientôt,  sur  le  conseil  de  ses  maîtres,  pour  l'Italie  avec 
l'intention  de  relever  tous  les  travaux  auxquels  Vignole  avait  atta- 
ché son  nom.  Il  s'associa  dans  cette  recherche  le  futur  architecte 
deNolre-Damo-de-Lorette,  Lebaset  lesdeux  jeunes  artistes  com- 
mencèrentla  publication  des  œuvres  de  l'architecte  italien;  mais  des 
travaux  importants  les  attendaient  à  leur  retour  en  France.  Nous 
avons  dit  ce  qu'avait  produit  Lebas,  Debret  fut  nommé  archi- 
tecte de  Notre-Dame,  puis  de  l'église  de  Saint-Denis  (1813],  en 
remplacement  de  Célerier.  Il  y  exécuta  des  travaux  considé- 
rables jusqu'en  1846,  époque  à  laquelle  on  lui  donna  pour  suc- 
cesseur VioUel-le-Duc,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  restaurer, 
en  1818,  le  théâtre  de  la  Porte-Saint-Martin  et  en  1819  la  salle 
Louvois  où  on  jouait  l'opéra.  Mais  son  œuvre  principale  est  la 
construction  de  la  nouvelle  salle  de  l'Opéra  de  la  rue  Lepelletier 
destinée  à  remplacer  cette  salle  Louvois  dont  nous  venons  de 
parler  et  dont  la  démolition  avait  été  ordonnée  après  l'assassinat 
du  duc  de  Berry.  Commencé  le  14  août  1820,  l'Opéra,  qui  avait 
coûté  8,376,000  francs,  était  terminé  l'année  suivante,  grâce 
au  concours  dévoué  des  collaboi-ateurs  de  Debret  :  Duban, 
Grillon  et  l'auteur  du  présent  ouvrage.  Le  succès  obtenu  par 
rarchitecte  le  fit  charger  l'année  suivante  (1822)  de  la  construc- 
tion du  théâtre  des  Nouveautés  de  la  place  de  la  Bourse  et  de 
l'édifice  destiné  à  l'École  des  beaux-arts  sur  l'emplacement  de 
l'église  et  du  cloître  des  Petils-Augustins.  Debret  en  avait  déjà 
construit  la  plus  grande  partie  lorsqu'on  l'obligea  à  abandonner 
l'œuvre  commencée  parce  qu'il  ne  voulait  rien  céder  des  droits 
que  lui  donnait  son  passé.  Architecte  de  nombreuses  demeures 
particulières  tant  à  Paris  qu'aux  environs  de  Paris,  membre  de 


44  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   (EUVRES. 

la  Légion  d'honneur  et  de  rinslilut  dos  architectes  britan- 
niques, Debret  est  mort  à  Saint-Cloud,  le  19  février  18b0. 
Il  eut  comme  collaborateur  à  Saint-Denis  Marie  Ménager, 
architecte  du  dépôt  de  mendicité  et,  depuis,  de  la  manufacture 
de  porcelaine  de  Sèvres.  Du  reste,  nous  ne  possédons  que  ces 
seules  indicalious  sur  la  vie  et  les  O'uvres  de  Ménager.  Un  autre 
Mesnager,  prénommé  Jean-François-Julien,  décédé  architecte 
des  prisons  du  département  de  la  Seine,  fut  chargé  de  la  cons- 
truction du  dépôt  de  mendicité  de  Villers-Cotterets  et  érigea  la 
statue  de  Louis  XIU  sur  la  place  Royale,  ainsi  que  les  fontaines 
qui  ornent  celle  place.  II  élail  né  à  Paris  le  24  mars  1783,  était 
élève  de  Delagardelte  et  avait,  on  1800,  partagé  avec  Valot  le 
premier  grand 'prix.  La  récompense  de  ce  succès  académi- 
que semble  avoir  été,  pour  Mesnager,  la  construction  de  l'an- 
cien marché  à  fourrages  de  la  rue  La  Fayette  (devenu  le  temple 
protestant  de  la  rue  Chauchal),  du  marché  au  charbon  de  bois 
de  la  rue  de  la  Roquette  et  du  Grenier  d'abondance  (détruit  par 
l'incendie  en  1871).  Mesnager  est  mort  le  9  août  1864. 

L'architecte  du  Ihéàtre  de  rAmbigu-Comique  fui  un  élève  de 
Bélanger,  déjà  connu  pour  avoir  restauré  la  salle  Favart;  il  se 
nommait  Jean-François-Joseph  Lecointe  et  était  né  à  Abbeville 
le  21  juillet  1783.  Nommé  inspecteur  des  travaux  exécutés  par 
son  maître  à  la  halle  aux  blés  et  à  l'un  des  abattoirs  de  Paris, 
il  fut  associé  à  Hillorff  lorsque  celui-ci  organisa  les  cérémonies 
funèbres  du  duc  de  Berry,  du  prince  de  Condé  et  de  Louis  XVIII. 
Mais  on  confia  à  Lecointe  une  œuvre  absolument  diiïérente  de 
celles  dans  lesquelles  il  avait  pu,  jusque-là,  mettre  à  profit  les 
enseignements  de  l'Ecole.  La  réforme  pénitentiaire  avait  été 
mise  à  l'ordre  du  jour  par  les  travaux  de  M.  de  Beaumont  et  de 
Tocqueville  sur  les  pénilenciors  américains,  et  le  gouvernement, 
avant  de  prendre  une  détermination  quelconque,  voulut  se  ren- 
seigner sur  les  moyens  pratiques  d'inlroduire  cette  réforme  en 
France.  Blouet  comme  architecte  et  M.  Demetz  comme  magis- 
trat, furent  chargés  d'aller  aux  États-Unis  recueillir  les  notions 
propres  à  faciliter  en  France  l'établissement  de  nouveaux  péni- 
tenciers. .\près  un  séjour  de  quatre  mois  en  Amérique,  Blouet 
et  M.  Demetz  rentrèrent  en  France  munis  d'une  abondante 
récolle  de  matériaux  de  toute  nature  dont  le  résumé  fut  publié 
parle  ministère  de  l'inlériour.  C'est  alors,  sur  les  plans  des  archi- 


CHAPITRE  II.  io 

tectes  Lecointc  et  Gilbert,  que  fut  construite  en  France  (1841)  la 
première  prison  cellulaire  :  celle  de  la  Nouvelle-Force  (aujour- 
d'hui de  .Mazas),  et  l'architecte  a  trouvé  de  nombreux  imitateurs. 
Deshôlels,  des  tombeaux  et  les  écuries  royales  du  Roule,  depuis 
ongiemps  détruites,  complètent  l'œuvre  de  Lecoinle,  qui  mourut 
à  Versailles  le  9  avril  18o8. 

Le  collaborateur  de  Lecoinle  à  Mazas  était  un  ancien  polytech- 
nicien que  sa  vocation  pour  l'architecture  conduisit  dans  l'ate- 
lier de  Vignon,  chargé,  comme  on  l'a  dit,  de  la  construction 
de  la  Madeleine,  Emile-Jacques  Gilbert,  né  à  Paris,  le  4  sep- 
tembre 1793. 

Les  progrès  de  son  instruction  furent  assez  rapides  pour  qu'il 
obtint  en  1820  le  second  prix,  puis,  en  1822,  le  premier  grand 
prix  d'architecture.  C'est  au  retour  de  son  voyage  en  Italie  que 
le  gouvernement  lui  confia  l'érection  de  l'École  vétérinaire  d'Al- 
fort,  puis,  en  1840,  de  l'asile  de  Charenton.  En  1856,  il  collabora 
avec  Bruzard,  alors  architecte  en  chef  delà  Préfecture  de  police, 
au  plan  de  la  nouvelle  Préfecture  destinée  à  remplacer  les  bàli- 
ments  dans  lesquels  se  tenait  la  Cour  d'appel.  Après  la  mort  de 
Bruzard  il  se  donna  comme  collaborateur  Dubois  et  IJiet  qui, 
de  1857  à  1809,  restaurèrent  et' agrandirent  avec  lui  l'ancien 
Palais  de  Justice. 

On  doit  encore  à  cet  artiste  la  nouvelle  .Morgue,  l'aclièvemeul 
du  dépôt  de  mendicité  de  Villers-Cotterets  et  les  nouveaux 
bâtiments  de  l'hospice  de  Bicêlre.  Nommé  membre  de  l'Institut 
le  26  novembre  1853,  en  remplacement  de  Fontaine,  inspecteur 
général  des  bâtiments  civils  en  1863,  décoré,  en  1845,  de  la 
croix  de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  dont  il  devint  officier 
en  1800,  correspondant  de  l'Institut  royal  des  architectes  bri- 
tanniques et  de  l'Académie  des  beaux-arts  de  Saint-Pétersbourg, 
l'un  des  fondateurs  de  la  Société  cenh'ale  des  architectes  de 
France,  Gilbert  est  mort  à  Paris,  le  31  octobre  1874. 

Puisque  nous  nous  occupons  ici  des  maisons  de  détention, 
n'oublions  pas  de  dire  que  peu  d'années  après  la  construction  de 
la  prison  de  Mazas  disparaissait  la  prison  pour  dettes  établie, 
en  1826,  rue  de  Clichy,  sur  l'emplacement  de  l'hôtel  du  baron 
Saillard,  par  l'architecte  Lemarié,  dont  le  nom  seul  nous  est 
connu.  Nous  savons  cependant  que  Lemarié  construisit  depuis 
l'hôtel  de  ville  de  Quimper  en  1829  et  la  chapelle  de  Notre-Dame- 


46  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

des-Flamnies,  à  Belleviie,  au  lieu  même  de  la  catastrophe  arrivée 
le  8  mai  1842  sur  le  cliemiii  de  fer  de  Paris  à  Versailles.  Cet 
architecte  ne  figure  plus  sur  les  annuaires  à  partir  de  1830. 

Revenant  aux  théâtres  de  Paris,  nous  signalons  celui  du  Gym- 
nase-Dramatique appelé  primitivement  théâtre  de  Madame,  qui 
date  de  1820  et  eut  pour  arcliitecles  Auguste  Rougevin,  Hur- 
taull  et  Louis  Régnier,  marquis  de  Guerchy.  Ce  dernier,  né 
vers  1780,  s'était  déjà  occupé  de  la  restauration  du  Vaudeville, 
rue  de  Chartres,  incendié  en  1828.  Collaborateur  de  Huvé  dans 
la  construction  du  nouveau  théâtre  de  l'Opéra-Comique  (salle 
Ventadour),  de  Guerchy  était  achilecte  de  l'Hôtel  des  Invalides 
et  du  ministère  de  la  marine,  lorsqu'il  mourut  du  choléra,  à  Paris, 
le  7  mai  1832.  Nous  ne  savons  de  Rougevin  qu'une  chose,  c'est  que, 
nomméarchitecte  des  Invalides  en  1832,  il  conserva  ces  fonctions 
jusqu'en  1859  et  mourut  en  1877  âgé  de  quatre-vingt-cinq  ans. 

Le  Théâtre-Lyrique  du  boulevard  du  Temple,  commencé 
en  1846  et  inauguré  le  20  février  1847,  a  été  compris  dans  l'ex- 
propriation décrétée  en  1865;  il  était  l'œuvre,  ainsi  que  la  salle 
des  concerts  de  la  rue  Tailbout,  de  Pierre-Anne  de  Dreux,  né 
à  Paris  le  28  mai  1788  et  mort  dans  la  môme  ville  en  1849. 
Élève  de  Percier  et  de  Fontain'e,  premier  prix  de  Rome  en  1815, 
il  visita  l'Italie,  l'Istrie,  la  Grèce,  l'Asie  Mineure,  et  publia  le 
résultat  de  ses  recherches  architecturales  dans  ces  pays.  Auteur 
d'une  chapelle  et  du  presbytère  de  Saint-François-d'Assise  à 
Paris  ainsi  que  de  maisons  et  de  châteaux  importants  en  pro- 
vince, de  Dreux  mourui,  laissant  plusieurs  projets,  notamment 
celui  d'un  monument  à  Casimir  Perier,  non  exécuté. 

Une  plaque  de  marbre  scellée  sur  la  façade  de  l'ancien  théâtre  de 
la  Gaîté  du  boulevard  du  Temple,  également  compris  dans  l'expro- 
priation de  18G5,  portaitcequisuit  :Théatrede  la. Gaîté  incendié 

LE  21  FÉVRIER  1835  ET'RÉÉDIFIÉ  LA  MÊME  ANNÉE,  BoUCLOT  ARCHI- 
TECTE; nous  ne  savons  rien,  ni  de  la  vie,  ni  des  autres  œuvres  de 
Bouclot,  rien  non  plus  sur  AUaux,  architecte,  en  1831,  du  théâtre 
des  Folies-Dramatiques  du  même  boulevard,  aussi  dispaïu. 

Le  théâtre  du  Cirque-Olympique,  bâti  le  31  mars  1827  (égale- 
ment boulevard  du  Temple  et  également  détruit),  avait  eu  pour 
architecte  Benoît-Alexandre  Bourla,  né  à  Paris  en  1792,  qu 
s'occupa  spécialement  de  la    construction  des   théâtres,  parmi 
lesquels  on  peut  citer  ceux  de  Joigny,  de  Limoges,  de  Tournay, 


CHAPITRE  II.  47 

de  Villenoiive-le-Roi,  la  salle  de  concert  de  l'hôtel  Laffilte,  etc.  On 
doit  également  à  Bourla  la  mairie  de  Villeneuve-le-Uoi,  un  grand 
nombre  de  salles  de  bal  el  de  fêles  à  Paris  et  des  villas  en  pro- 
vince. Ses  projets  de  buanderie  publique  pour  le  Xll°  arron- 
dissement et  de  théâtres  incombustibles  au  Havre  et  Alger  n'ont 
pas  été  exécutés.  La  date  de  la  mort  de  P>ourla  nous  est  inconnue. 

C'est  à  Jean-Baptiste-Auguste  Labadye,  né  à  Paris  en  1777, 
élève  de  Delespine  et  lauréat  du  prix  départemental  de  1802, 
que  fut  confiée  l'érection  (1817-1823)  du  théâtre  du  Havre  et 
la  décoration  (non  exécutée)  de  la  place  en  avant  de  ce 
théâtre.  Créateur  du  passage  Vendôme  à  Paris,  Labadye  fut 
chargé  de  la  restauration  du  clocher  de  l'église  Saint-Martin  à 
Hartleur  et  de  la  fontaine  du  bassin  d'Ingouville,  et  mourut  le 
31  décembre  1850,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  La  salie 
de  spectacle  du  Havre  était  ouverte,  nous  venons  de  le  dire, 
depuis  1823,  lorsqu'un  incendie  en  détruisit  Pinlérieuren  1842. 
Charles-Théodore  Charpentier,  né  à  Paris  le  22  sep- 
tembre 1797,  connu  déjà  par  ses  resiaurations  aux  Ihéàlres  de 
rOpéra-Comique  et  des  Italiens  (1836),  en  entreprit  la  restau- 
ration. Après  un  séjour  en  Russie  de  huit  années  pendant  les- 
quelles il  exécuta  des  travaux  dont  nous  ne  connaissons  pas 
l'importance,  Cliarpentier  avait  été,  à  son  retour  en  France, 
l'archilocte  du  théâtre  d'Avignon  (1840),  du  passage  de  la  place 
de  la  Madeleine,  de  la  maison  du  Pont  de  Fer,  des  hôtels  de  Valry 
et  d'Adolphe  Thiers  (ce  dernier  démoli  pendant  la  Commune). 
Décorateur  de  plusieurs  salles  en  style  Renaissance  aux  Tuile- 
ries et  aussi  de  plusieurs  établissemenls  publics,  Charpentier, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1847,  est  mort  en  18o7. 

Un  contemporain  de  Charpenlier,  élève  de  Delespine,  Camille 
Piron,  fit  élever  en  1835  le  théâtre  de  la  République,  depuis 
Beaumarchais  (qui  disparaît  en  ce  moment);  c'est  tout  ce  que 
nous  savons  de  lui. 

A  ajouter  enfin  à  tous  ces  noms  celui  de  Baraguey,  archi- 
tecte du  Luxembourg,  auquel  échut,  après  l'incendie  de  1818, 
la  mission  de  restaurer  le  théâtre  de  l'Odéon  et  qui  fut,  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  le  prédécesseur  de  ProvosI,  comme  archi- 
tecte de  ces  deux  édifices. 

Si  nous  inscrivons  ici  le  nom  de  Jean-Jacques  Marie  Huvé, 
fils  de  Jean-François  (Voir  volume  précédent),  c'est  (ju'il  donna  le 


48  LES   ARCHITECTES   PAR   LEURS   ŒUVRES- 

plan  de  lasfalle  Venladour  mise  au  concours  vers  1830  et  celui  de 
la  salle  de  spectacle  de  Tours.  Huvé  consacra  d'ailleurs  presque 
toute  sa  vie  à  l'entrelieii  des  édifices  hospitaliers  de  Paris.  INé  à 
Versailles  le  28  avril  1773,  il  étudia  son  art  dans  ralelicr  de  Per- 
cier.  Dès  1808,  il  était  sous-inspecteur  des  travaux  du  c  Temple 
de  la  Gloire  »,  et  c'est  lui  qui,  après  la  mort  de  Yignon  arrivée 
en  1828,  devint  l'architecte  en  clief  de  cet  édifice.  A  cette  date, 
il  était  déjà,  d'ailleurs,  architecte  de  l'administration  des  hos- 
pices, puisqu'il  avait  été  l'un  des  quatre  clioisis  pour  succéder 
à  Viel  chargé  decetimportant  service,  après  samort,  en  1817.  Les 
principaux  établissements  hospitaliers  confiés  à  Huvé  étaient  : 
laSalpêtrière,  l'hospice  de  La  Rochefoucauld,  l'hôpital  Necker, 
riiùpital  des  Enfants  malades,  l'hôpital  Beaujon,  l'hôpital  de  la 
Pitié,  les  Incurables  femmes,  l'Iiospice  des  iMénages  et  enfin 
l'Hôtel-Dieu,  au  sujet  duquel  il  fit  un  projet  qui  dégageait  en- 
tièrement les  abords  de  Notre-Dame. 

Dans  le  même  temps,  Huvé  construisait  le  marciié  aux  •  vaches 
grasses  »  et  le  nouveau  château  de  Saint-Ouen,  édifice  de  style 
italien,  destiné  à  remplacer  celui  démoli  en  1816,  dans  lequel 
Louis  XVIII  avait  signé  la  Charte  constitutionnelle.  En  1823, 
archilecto  de  Compiègne,  en  1827,  de  l'.Adminislration  des  postes, 
il  construisit  encore  l'hospice  Marie-Thérèse  et  mourut  à  Paris 
le  22  novembre  1852,  laissant  un  projet  d'hôpital  général  pour 
la  ville  de  Cherbourg  et  divers  projets  pour  l'embellissement  de 
Versailles,  sa  ville  natale.  Huvé  était  membre  de  l'Institut 
depuis  18oy  et  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

C'est  également  vers  celte  époque  que  les  communes  subur- 
baines (annexées  depuis  le  second  empire  à  F*aris)  voulurent  avoir 
leurs  théâtres,  édifices  qui  n'ont,  pour  la  plupart,  rien  d'archi- 
tectural, mais  qui  furent  élevés  presque  tous  par  Haudebourt, 
à  l'exception  du  théâtre  de  Batignolles-Monceaux,  construit 
en  1838,  sur  les  dessins  d'Azémar  mort  au  mois  de  mars  1864, 
arciiitecte  aussi  du  Tattersal  français  en  1862  ;  du  petit  théâtre 
Montparnasse,  construit  rue  de  la  Gaîté  par  Pierre-Modeste 
Gence,  né  à  Panilleux  (Eure)  le  1 5  juin  1816,  auteur  de  nombreux 
projets,  parmi  lesquels  celui  d'une  église  à  Levalluis-Perret  ; 
enfin  du  tbé;"itre  Saint-Marcel  (1),  construit  en  1838  par  Allard 

(I)  Détruit  el  reniplacf'  par  celui  de  l'avenue  des  Gobelins. 


LASSUS 


CHAPITRE  II.  49 

ol  Edouard  Liissy,  ce  dernier,  auleiir,  en  I8't7,  d'un  projet  de 
reslauralion  de  l'église  de  Riicil,  et  qui  nous  esl,  pour  le  surplus, 
inconnu.  Louis-Pierre  Haudebourt,  né  à  Paris  le  4  octobre  1788. 
élève  de  Percier,  avait  parcouru  l'Italie  el  résumé  ses  études 
en  publiant  deux  ouvrages  parus  de  1822  à  1838.  Outre  les 
théâtres  de  Belleville  el  de  .Montmartre  (1826),  il  éleva  celui 
de  Saint-Cloud,  une  école  rue  Saint-Laurent  et  mourut  le 
20  avril  18i9. 

Lorsque  Debret  dut  donner  sa  démission  d'arcbitecte  de 
l'École  des  beaux-arts,  à  la  suite  d'intrigues  qui  firent  dans  le 
temps  un  certain  bruit,  il  fut  remplacé  par  son  élève  et  inspec- 
teur (qui  était  en  même  temps  son  beau-frère),  Félix-Jacques 
Duban,  grand  prix  d'architecture  de  1823,  auquel  on  doit  hi 
façade  de  l'édifice  sur  le  quai  Voltaire  (1834)  ;  architecte  en  1840 
de  la  Sainte-Chapelle,  il  en  abandonna,  en  18i9,  la  restaura- 
lion  pour  se  donner  tout  entier  aux  travaux  du  Louvre.  11  y  a 
fait  exécuter  l'achèvement  de  la  galerie  du  bord  de  l'eau,  de  la 
galerie  d'Apollon,  du  salon  Carré  et  delà  salle  des  Sept  Cheminées  ; 
mais  il  renonça  en  1854  à  sa  situation  et  fut  nommé  membre 
de  rinstilutet  inspecteur  général  des  bâtiments  civils.  Du  reste, 
Duban  faisait  marcher  de  front  avec  les  travaux  qu'il  exécutait 
à  Paris  des  restaurations  importantes  aux  châteaux  de  Dam- 
pierre  et  de  Blois,  auxquels  il  a  consacré  les  vingt-cinq  dernières 
années  de  sa  vie.  Commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  il  mou- 
rut à  Bordeaux,  le  6  octobre  1870,  laissant  un  grand  nombre  de 
projets,  parmi  lesquels  figure  celui  de  la  reconstruction  du  châ- 
teau de  Chantilly,  que  les  événements  de  1848  empècbèrent 
d'exécuter. 

L'architecte  Paul  Lelong,  né  en  1801,  mort  à  Paris  en  sep- 
tembre 1846,  fut  chargé  du  percement  de  la  rue  de  la  Banque 
et  de  la  construclion  de  tous  les  édifices  publics  qui  la  bordent  : 
l'Hôtel  de  l'enregistrement  et  du  timbre,  la  caserne  des  gardes 
de  Paris  dite  des  Petits-Pères  et  la  mairie  du  IP  arrondisse- 
ment; il  ne  put  d'ailleurs  achèverions  ces  travaux,  continués 
par  les  architectes  Grisarl,  V.  Ballard  et  A.  Girard,  cl  com- 
mença le  bazar  de  l'Industrie  qui  avait  entrée  sur  la  rue  et 
sur  le  boulevard  Montmartre.  Lelong  étant  mort,  nous  ve- 
nons de  le  dire,  sans  avoir  terminé  la  mairie  du  IP  ai'ron- 
dissemenl.    cet    édifice    fut    achevé   par    Alphonse -François- 


50 


LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 


Joseph  Girard,  qui  avait  élé  son  coUaboraleur.  Né  càAlonligny 
iS  -el-0.)  le  3  sci.tembre  180G,  Girard,  élève  de  Vaudoyer  el 
Lebas,  avait  remporté  en  18301e  deuxième  grand  prix.  Cbargé, 
en  1846  de  la  construction  de  la  mairie  du  IP  arrondisse- 
ment de  Paris  (aujourd'hui  du  IX'),  Girard  avait  terminé  son 
travail  en  1832  et  fut,  à  partir  de  celte  date,  nommé  inspecteur 
oénéral  des  travaux  à  elVcctuer  pour  la  réunion  du  Louvre  aux 
Tuileries,  fondions  qu'il  conserva  jusqu'en  1870.  Chevaher  de 
la  Légion  d'honneur  en  18(30,  il  est  mort  en  1872. 

La  mairie  du  V"  arrondissement  ^Panthéon)  est  l'œuvre   de 
Jean-François-Jean-Baptiste  Guénepin,  neveu  et  élevé  d'Au- 
oustc   Guénei.in   dont  nous  avons  donné  plus  haut  la  biogra- 
phie   Né  à  Noli,  près  Montenolle  (Italie),  le   25  juillet   1807, 
premier  grand  prix  en  1837,  décoré  en  1848,  à  l'occasion  de  la. 
construction  de  cette  mairie,  membre  du  jury  de  l'Ecole  des 
beaux-arts,  Guénepin  consacra  à  l'enseignement  les  dernières 
années  de  sa  vie,  qui  se  termina  en   1888.  Son  successeur  à  la 
mairie  du  Panthéon  fut  Hittorff  quien  dirigea  les  travaux  depuis 
1848  et  l'ouvrit  au  public  en  1851.  Nous  reviendrons  sur   cet 
architecte  à  l'occasion  de  la  gare  du  Nord  à  Paris,  et  nous  pas- 
sons immédiatement  à  la  mairie  du  VP  arrondissement  (Sainl- 
^Lilpice).  La  première  pierre  en  fut  posée  le  20  juin  1 847,  et  elle 
était  terminée  le  14  juillet  1849,  malgré  la  révolution  qui  coûta 
son  trône  au  roi  Louis-Philippe.  Les  architectes  de  cet  édifice 
étaient   un   élève  de   Guénepin,    Paul  Frédéric    le  Vicomte, 
né  à  Paris  en  1806,  et  Philippe-Laurent  Rolland,  qui  avaient 
soumis  le   projet  de  cet   édifice   à  l'administration  dès  1833. 
La  mairie  de  Vincennes  date  également  de  cette  époque  et  l'ar- 
chitecte en  fut  Jacques-Jean  Clerget,  élève  de  Baltard  père,  né  à 
Dijon  le  30  novembre  1808.  Grand  prix  de  Uomeen  1836,  Glerget 
étudia  l'antiquité  romaine  en  Italie  et  reçut,  à  son  retour  en 
France,  la  mission  de  recueillir  les  marbres  provenant  du  temple 
de  Diane  à  Magnésie.  Ce  fut  pour  lui  l'occasion  d'un  voyage 
dans  l'Asie  Mineure,  la  Turquie  et  la  Grèce,  d'où  il  rapporta 
de   précieux  documents  exposés   au   Salon  de   1842;    nomme 
en  1848  architecte  du  palais  de  Saint-Cloud  et  décoré  en  1855, 
officier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1868,  Clerget  est  mort 
à  Paris,  le  30  août  1877. 

La  première  pierre  de  la  mairie  de  Bercy  fut  posée  le  3  avril 


CHAPIÏRK  II.  ru 

1813;  le  plan  en  était  dû  à  im  (Mévo  de  (lliàlillon,  Lecointe  et 
HiltorlV,  Jean-Baptiste-Philippe  Cannissié,  né  à  Landnn  (au- 
jourd'luii  Prusse  Rhénane),  le  17  janviei-  179!),  et  qui  était  déjà 
connu  comme  ayant  concouru  à  la  construction  du  marché  des 
PatMarches  et  du  marché  aux  fburraf:;es.  Cannissié  avait,  en 
outre,  beaucoup  participé  aux  expositions  et  on  avait  rem-iirqué 
de  lui,  notamment,  une  planche  pour  l'ouvrage  d'IlittorlV  et 
Zanth,  Y  Architecture  antique  de  la  Sicile,  un  projet  pour  le  tom- 
beau de  Napoléon  P"',  un  autre  pour  l'embellissement  de  la 
place  de  la  Concorde  et  l'érection  au  centre  de  cette  place  de 
l'obélisque  de  Louqsor,  enfin  (1837),  un  projet  de  palais  pour 
l'exposition  des  beaux-arts  aux  Cliamps-Elysées.  Mais  tout  l'œu- 
vre de  Cannissié  se  réduirait,  avec  la  mairie  que  nous  venons 
de  citer,  au  monument  élevé  à  l'architecte  Gallois,  en  18  il ,  dans 
le  cimetière  de  Bercy,  et  à  la  construction  de  plusieurs  maisons 
à  Paris  ainsi  que  d'un  château  dans  le  département  de  la  Sarlhe, 
si,  en  qualité  d'architecte  de  la  ville  de  Lille,  il  n'avait  pendant 
vingt  années  contribué  à  tous  les  grands  travaux  d'utilité  exécutés 
dans  cette  ville,  notamment  l'agrandissement  et  la  décoration  de 
l'église  Saint-Maurice,  dont  la  (lèche  est  son  œuvre.  Cannissié  fut 
aussi  l'architecte  du  monument  élevé  à  Lille,  en  1827,  à  la  mé- 
moire du  duc  deBerry,  mais  ce  monument  fut  détruit  après  1830. 

Les  gouvernements  de  l'Empire,  de  la  Restauration  et  de 
Louis-Philippe  négligèrent  quelque  peu  un  service  qui  pourtant 
mérite  toute  l'attention  de  l'adminislration,  surtout  dans  les 
grandes  villes  où  les  maladies  épidémicjues,  grâce  à  l'agglomé- 
ration de  la  population,  peuvent  engendrer  des  désastres  effroya- 
bles, ainsi  que  cela  s'est  produit  lors  de  l'apparition  du  choiera, 
en  1832.  Nous  n'aurons  donc  à  mentionner,  pendant  une  pé- 
riode de  cinquante  années,  qu'un  fort  petit  nombre  d'architectes 
d'édifices  hospitaliers.  Le  premier  en  date  est  Nicolas-Marie 
Clavereau,  né  à  Paris  en  1755  ou  1757  et  décédé  à  Arras  le 
10  février  1816.  Auteur  de  l'école  clinique  de  la  rue  des  Saints- 
Pi-res  et  de  l'hôpital  d'Arras,  architecte  de  l'hôpital  delà  Charité 
et  architecte  adjoint  des  hospices  civils  de  Paris,  Clavereau  a  cons- 
truit, en  1803,1e  portail  ou  plutôt  le  porche  de  l'Hôtel-Dieu  qui 
a  disparu  avec  tous  lesanciens  bâtiments  de  cet  hôpital  en  1874. 

Un  élève  de  Percier,  Martin-Pierre  Gauthier,  né  à  Troyes 
le  9  janvier  1790  et  grand  prix  d'architecture,  en  1810,  com- 


32  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES. 

menç.  par  être  chargé,  à  son  retour  de  Rome    de  l'agrandis- 
rement  de  l'hospice  de  Bicôlre  et  de  la  rostaurat.on  de  la  cha- 
rade Vincennes  (1823).  U  donna  ensuite  les  plans  de  Ihos- 
p       d  s  Orphelins  à  Paris  (rue  Denfert),  et  de  l'éco  e  mumcpale 
de   a  rue  d    Fleurus,  de  1831  à  1838,  ainsi  que  celu.  du  bureau 
des  nourrices  de  la  rue  Saint-Denis.   Entre  temps,  .1  conslrui- 
ait  1'  "le  de   Bonneval  (Aube),  celle  de  Saint-Chr.stophe  de 
Double  (Gironde)    l'hospice  Brezin  ou  de  la  Reconnaissance  a 
m^rS      ite  de  Versailles,  sur  les  dessins  de  Delam.oy  et 
de     nait  les^monuments  de  Fénelon  à  Cambra,  et dj.  DuGueschn 
'  M  nde   ainsi  que  la  chaire  à  prêcher  de  l'éghse  baml-Gerva  s 
ma      'œ  wrelaplus  importante  de  Gauthier  lut   sans  contredit, 
n "pitll  dn  CloUaint-Lazare,  "dit  d'abord  de  ^^^^l^ 
dev  nu  hôpital  de  Lariboisière,  qu'il  commenç^  en  18.0.  Cha.  ,é 
d    la    ons  ruction  de  la  halle  aux  grains  et  de  l'hospice  baint- 
N  colas  à  Troyes,  il  ne  put  malheureusement  exercer  la  surv  il- 
Lce  que  lui  imposaU  cette  construction,  et  des  ma  .çons  s  e... 
suivirent,  dont  la  réparation  coûta  plus   de   200  000   hanc 

ndamn'é  à  payer  cette  somme  et  incapable  de  se  ^^^^^^ 
Ihier  fut  incarcéré  dans  la  prison  pour  dettes  et  y  momut  le 
19  mai  18o5.  Il  était  alors  chevalier  de  la  Légion  d  honneur  et 
membre  de  l'Institut  depuis  le  23  avril  1 8i2. 

Cest   seulement  enl827  que  commença  la  construction  de 
l'Insmnt  des  jeunes  aveugles  de  Paris,  décidée  par  les  ordon- 
née s  des  24  décembre  1817  et  20  mai  1818,  ou  plutôt  1  appr  - 
Ta   on  à  son  établissement  des  bâtiments  du  séminaire  Saïut- 
F    mT    ne  Saint-Victor,  et  c'est  à  Pierre-Nicolas-François 
PhZpon-Delacroix,  né  à  Paris  le  8  septembre  178i,  qu  en  lut 
COI  iTe    'exécution.  Du  reste,  l'œuvre  de  Phil.ppon  a  reçu  un 
ut      destination  depuis  le  transfert  de  l'Institut  au  boulevard 
e    hm  ides  (1843),  et  cet  architecte  est  beaucoup  plus  connu 
co      ruction  de  l'asile  des  aliénés  de  Neucl.rUel  en  Suisse 
J^^  qu'il  avait  fait  précéder  d'études   très  consciencieuse  . 
^1  chi  ecïe  aussi  du  maJché  Saint-Quentin  de  la  rue  de  Chabi.  , 
Philippon  est  mort  officier  de  la  Légion  d  honneur    en  180... 
ArXtecte  de  l'asile  des  aliénés  de  Saint-Maur.ce-Charenton, 
ce  futLeroux,  dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom,  qui  y  jn- 
i^la  le  quartier  des  femmes  en  1823.  11  a  disparu   en  18.0  et 
nous  ignorons  la  date  de  sa  mort. 


CHAPITRE  II.  53 

Nous  avons  fait  rhisloiro,  au  commencement  de  ce  volume,  de 
la  Bourse  de  Paris.  L'instilution  de  la  Banque  de  France  comme 
établi.ssement  d'utilité  publique,  nécessita  la  création  d'un 
ensemble  de  constructions  destiné  à  recevoir  les  services  de  cet 
élablissement.  A  son  origine  (qui  remonte  au  22  avril  ISOG),  elle 
était  installée  dansl'liôtel  qui  forme  l'encoignure  droite  de  la  rue 
d'Âboukir  et  de  la  place  des  Victoires.  A  cette  époque,  les  bâti- 
ments actuels  de  la  Banque  étaient  occupés  par  l'Imprimerie  na- 
tionale. C'est  l'architecte  François-Jacques  Delannoy,  élève 
d'Antoine,  qui  fut  chargé,  après  1811,  de  les  disposer  pour 
leur  destination  nouvelle;  mais  on  y  retrouve  encore  le  bel  hôtel 
I)àti  en  1020  par  Mansart  pour  le  duc  de  La  Vrillière  et  qu'occn- 
pùreiU  dans  la  suite  le  comte  de  Toulouse  et  le  duc  de  Penthiè- 
vre.  Delannoy  était  né  à  Paris  le  24  octobre  17oo;  grand  prix 
d'architecture  en  1799,  il  étudia  pendant  trois  années  en  Italie 
les  œuvres  de  l'antiquité  romaine  et  grecque,  et  fut,  à  son  retour, 
attaché  comme  inspecteur  aux  travaux  du  Palais  de  Justice. 
Architecte  du  théâtre  de  l'Opéra,  il  fut  chargé  en  cette  qualité 
de  la  restauration  du  magasin  de  décors;  architecte  aussi  du 
Conservatoire  de  musique,  c'est  lui  qui  éleva  la  salle  de  concerts 
de  cet  établissement;  architecte  enlin  de  l'Ecole  polytechnique, 
du  Temple  (1812j,  où  il  fit  la  façade  du  ministère  des  cultes 
qu'on  y  avait  transporté  et  dont  il  ne  reste  plus  trace,  de  la  Bi- 
bliothèque royale,  du  Théâtre  Italien,  de  l'hôtel  Yaucanson, 
des  portes  Saint-Denis  et  Saint-lMartin,  il  trouva  néanmoins 
le  temps  de  faire  un  grand  nombre  de  projets,  notamment  pour 
l'église  de  la  Madeleine,  pour  l'agrandissement  de  la  Biblio- 
thèque royale,  pour  la  restauration  du  palais  de  justice  de 
Dijon  et  l'érection'  de  l'hôtel  de  la  Préfecture  à  Bar-le-Duc.  Il 
nt  ég'alement  les  plans  de  l'hospice  Brezin  à  Petit-l'Étang, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit  (1833).  En  1807,  Delannoy  avait  été 
chargé  de  la  construction  du  «  grenier  de  réserve  »,  mais  les 
travaux  interrompus  ne  furent  repris  qu'après  1814.  Parmi 
les  constructions  particulières  de  Delannoy,  quoiqu'il  ait  élevé 
plusieurs  grands  hôtels  à  Paris,  nous  ne  citerons  que  celle  du 
passage  qui  conduit  de  la  rue  Vivienne  à  la  rue  Neuve-des- 
Pelits-Champs.  Delannoy,  décoré  en  1831,  mourut  à  Sèvres  le 

27  juillet  183o,  laissant  un  fils,  Marie-Antoine,  né  à  Paris  le 

28  juin  IBtiO,  grand  prix  d'architecture  en  1828,  qui  s'était  lait 


5i  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

connaîlre  par  des  éludes  archilecloniques  exécutées  en  Italie,  en 
Allemagne  et  en  Algérie,  mais  qui  renonça  presque  aussitôt 
à  la  carrière  artistique  et  mourut  en  1860,  sans  avoir  rien 
produil. 

Larcliilecte  chargé  de  continuer  la  conslrnclion  du  «  grenier 
de  réserve  »,  s'appelait  Augustin-Nicolas  Caristie.  Né  à  Avallon 
(Yonne),  le  6  décembre  1783,  Caristie,  lils  cl  petit-fils  d'archi- 
tectes, avait  d'abord  été  attaché  on  quahté  de  conducteur  à  la 
construction  du  pont  de  l'Archevêché,  à  Lyon (1807).  Entré  dans 
râtelier  de  l'ercier,  puis  dans  celui  de  Vaudoyer,  il  fut  inspec- 
teur des  travaux  de  la  Bourse  à  Paris,  de  la  construction  du 
Palais  de  Justice,  de  la  caserne  de  gendarmerie  et  de  la  prison 
à  Reims.  En  1813,  il  obtenait  le  premier  gi^nd  prix  et  publiait, 
à  son  retour  de  Rome,  en  1819,  un  état  des  découvertes  faites  à 
la  suite  de  fouilles  opérées  dans  l'ancien  Forum  de  1809  à  1819. 
Aussi  fut-il,  en  1823,  chargé  de  la  restauration  de  l'arc  antique 
d'Orange  (restauration  achevée  en  1829)  et,  en  1824,  choisi  pour 
éditier  à  Quiberon  un  monument  aux  victimes  de  Einsurrection 
vendéenne  de  l'an  IV.  Nommé,  en  1827,  inspecteur  général  des 
bâtiments  civils,  en  1835,  membre  du  jury  d'archilecture  à 
l'Ecole  des  beaux-arts,  en  1840,  membre  de  l'Institut,  en  1848, 
vice-président  de  la  Commission  des  monuments  historiques, 
Caristie  est  mort  ol'rici(M'  de  la  Légion  d'honneur,  le  o  décembre 
18G2.  Mais  Caristie  n'avait  pu  achever  l'interminable  «  grenier 
de  réserve  »,  dont  les  travaux  furent  confiés,  après  lui,  à  Charles- 
Pierre  Gourlier,  beaucoup  plus  connu  par  son  ouvrage  inlitulé  : 
Choix  d'édifices  piiblirs,  etc.,  qui  se  trouve  dans  toutes  les  biblio- 
thèques d'architectes.  Né  le  V6  mai  1786,  à  Paris,  où  il  est 
mort  le  16  février  18o7,  Gourlier  avait  été  élève  d'Alavoine 
et  de  HuYot,et  attaché' comme  inspecteur  à  la  conslruclion"de  la 
Bourse,  puis  à  la  restauration  de  la  porte  Saint-Martin.  Sa  vie  a 
d'ailleurs  été  consacrée  presque  tout  entière  à  l'enseignement 
de  l'architecture  pratique  qu'il  protèssa,  pendant  près  de  vingt 
ans,  à  l'Ecole  des  beaux-arts  et  à  l'École  des  arts  et  manufac- 
tures, ainsi  qu'à  la  publication  de  ses  ouvrages,  concernant  tous 
la  profession  d'architecte. 

Après  Gourlier,  Adolphe-Marie-François  Jay,  attaché  à  la 
construction  de  ce  <(  grenier  de  réserve  »  réduit  en  cendres  pen- 
dant les  troubles  de  1871,  le  termina  enfin  eu  1848.  Né  à  Lyon, 


CHAPITRE  II.  5-» 

le  13  juillet  1789,  élève  de  Percier  el  do  Uondelet,  il  fui 
nommé,  en  1825,  professeur  de  consiruclion  à  l'Ecole  des 
beaux-arts  et  occupa  cette  chaire  jusqu'en  1803.  On  lui  doit  la 
reconstruction  du  dôme  de  l'église  Saint-Quiriace  à  Provins. 
En  qualité  d'architecte  de  la  ville  de  Paris,  pour  la  section 
des  Aballoirs,  de  l'Entrepôt,  du  Père-Lachaise  et  des  barrières 
de  Paris,  il  a  achevé  les  barrières  de  Cliarenton  et  de  Ménilmon- 
tanl,  de  la  Hoquette,  Poissonnière,  lîochechouart  et  de  Sèvres 
(projetée  par  Molinos  père),  ainsi  que  les  deux  colonnes  de  la  bar- 
rière du  Trône,  el  esl  mort  à  Paris  le  7  décembre  1 871 ,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  laissant  une  nouvelle  édition  en  deux 
volumes  de  Y Ai'chitecUire  de  Bullet. 

On  complète,  sous  la  Restauration  et  la  monarciiie  de  Juillet, 
l'établissement  des  marchés  destinés  à  ralimentalion  de  la  popu- 
lation parisienne,  l'enseignement  primaire,  et  aussi  les  lieux  de 
casernement  des  troupes,  dont  la  présence  était  devenue  néces- 
saire dans  ces  temps  troublés. 

Hubert  Rohault  de  Fleury,  né  cà  Paris  en  1777,  élève  de 
Durand,  premier  prix  d'architecture  en  1802,  avait  concouru  à 
son  retour  de  Home,  en  1807,  pour  la  transformation  de  la  Made- 
leine en  «  Temple  de  la  Gloire,  »  mais  sa  vie  tout  entière  a  été 
consacrée  h.  des  constructions  de  marchés  :  celui  au  beurre  et 
celui  au  poisson;  de  casernes  :  celles  des  sapeurs-pompiers  de  la 
rue  de  la  Paix  (démolie  en  1 863)  et  des  gardes  de  Paris,  rue  Mouf- 
felard  (182i  à  1830),  ainsi  qu'à  des  restaurations  aux  hôpitaux 
Saint-Louis,  de  la  Charité,  Beaujon,  Incurables,  des  Orphelins 
et  de  Sainle-Périne.  Une  œuvre  importante  de  Rohault  de 
Fleury,  fut  le  percement  et  la  création  du  passage  du  Saumon; 
mais  il  ne  put  vraiment  donner  carrière  à  ses  goûts  artistiques 
que  comme  architecte  de  quelques  hôtels  et  châteaux,  et  mourut 
à  Paris,  membre  du  Conseil  des  bâtiments  civils,  inspecteur 
général  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  en  1846.  Un  de  ses 
collaborateurs  pour  les  travaux  qu'il  exécuta  dans  les  hospices 
de  Paris,  fut  Augustin  Malary,  né  à  Nantes,  élève  de  Leroy,  qui 
avait  obtenu  une  mention  honorable  dans  le  concours  ouvert 
pour  l'édification  du  «  Temple  de  la  Gloire  ».  Après  de  fortes 
éludes  el  une  visite  aux  édifices  de  l'Ualie,  Malary  fut  chargé 
de  diriger  les  travaux  de  l'abattoir  du  Roule  et  donna  les  plans 
de  l'abattoir  construit  à  Nanles,  de  182i  h  1830.  Nous  ne  savons 


50  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVRES. 

rien  de  plus  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  .Alalary,  qui  avail 
commencé  un  grand  travail,  non  publié,  sur  rarcliitecle  Vignole, 
|)endant  qu'il  exerçait  les  fondions  d'architecte  divisionnaire  de 
luPréfecture  de  police  (1837  à  1851),  et  qui  disparaît  vers  1854, 
époque  probable  de  sa  mort. 

Louis  Bruyère,  né  à  Lyon  le  19  mars  1758,  ingénieur  en 
cliof,  en  180i,  professeur  h.  l'École  des  ponts  et  chaussées  et 
directeur  des  travaux  de  la  ville  de  Paris  en  18 10,  n'appartient 
qu'à  ce  titre  à  notre  ouvrage.  Ce  fut  lui  qui  surveilla,  en  etfet, 
Texéculion  des  marchés  du  Temple,  Sainl-Honoré,  de  la  volaille, 
Saint-Germain  et  de  l'entrepôt  des  vins,  exécutés  sous  l'Empire. 
11  mourut  à  Paris,  le  31  décembre  1831. 

Les  architectes  de  ces  marchés  furent  d'abord  Happe  (dont 
nous  ne  connaissons  le  nom  que  par  l'ouvrage  de  Kralï't),  qui 
construisit,  de  1809  à  1812,  le  marché  à  la  volaille  et  au  gibier 
sur   l'emplacement  du   couvent  des  Grands-Augustins,  et  les 
abattoirs  Popincourl  et  de  Ménilmontant,  ce  dernier  en  collabo- 
ration avec  Cousin  ;  puis,  Jean-Baptiste  Blondel,  de  la  famille  de 
l'auteur  delà  porte  Saint-Denis,  qui  éleva,  avec  la  collaboration 
de  Delannoy,  le  marché  du  Temple,  puis,  avec  celle  de  Lusson, 
le  marché  Saint-Germain  (181 5)  et  mourut  à  Paris  en  mars  1825; 
François-Tranquille  Gauche,  qui  acheva,  en  1829,  le  marché 
des  Carmes  commencé  en  1813  par  Antoine  Vaudoyer,  fut  le 
collaborateur  de    Gisors  dans  la  construclion  de   l'abattoir  de 
Grenelle  et  construisit  l'Kntrepôt  des  vins,  de  1813  à  1819.  Né 
à  Choisy-le-Roi  le  2  janvier  1706  et  élève  de  de  Wailly,  Gauche 
avait  obtenu  le  second  grand  prix  en  1789.  D'abord  suppléant 
de  l'architecte  Louis  Durand,  professeur  à  l'Ecole  polytechnique, 
puis  membre  du  Conseil  des  bâtiments  civils,  il  dirigea  les  tra- 
vaux d'appropriation  (181 5)  de  l'ancien  hôtel  Bazancourt  à  sa  nou- 
velle destination  (celle  de  prison  pour  délits  politiques),  et  de 
la  maison  des  .leunes  aveugles  de  la  rue  Saint-Viclor,  après  Phi- 
lippon.  On  doit  également  à  Gauche  le  palais  de  justice  de  Cas- 
telnaudary  et  plusieurs  monuments  funéraires  au  Père-Lachaise 
exécutés  de  1811  à  1814.  Cet  architecte  mourutà  Paris  en  1846, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  laissant  une  étude  impor- 
tante sur  la  restauration  de   l'église  Noire-Dame  de  Tonnerre. 
Le  marché  du  Château-d'Eau  eut  pour  archilecle  Petit;  l'a- 
balloir  de  Montmartre,  commencé  par  Bellauger  en  1810,  est 


VIOLLET  LE  DUC 


CHAPITRE  II.  57 

achevé  en  1816  par  J.-F.  Poidevin,  auteur  du  cliàleau  de 
Bagatelle  ;  Guénepin,  dont  nous  avons  donné  la  biographie,  et 
l'auleurdu  présent  ouvrage,  travaillent  à  celui  de  Grenelle  com- 
mencé par  Gisors  et  achevé  par  Turmeaux,  celui  du  Roule  par 
Louis-François  Petit-Radel,  né  à  Paris  le  22  juillet  1740, 
mort  le  7  novembre  1818.  Élève  de  de  Wailly,  inspecteur  des 
bâtiments  civils,  Petit-Radel  est  connu  comme  architecte  de 
l'ancien  hôtel  du  Trésor  public  et  surtout  par  son  recueil 
intitulé  :  Ruines  d' architecture.  Enfin  l'abattoir  rue  de  Yillejuif, 
construit  de  1810  à  1815,  eut  pour  architecte  Leloir.  Quelques- 
uns  de  ces  abattoirs  ont  d'ailleurs  disparu. 

Deux  découvertes,  faites  au  commencement  du  xix°  siècle, 
devaient  produire  une  véritable  révolution  dans  les  habitudes, 
le  commerce  et  l'industrie  de  l'ancienne  Europe;  nous  voulons 
parler  de  l'éclairage  par  le  gaz  et  du  transport  des  voyageurs  et 
des  marchandises  par  les  chemins  de  fer. 

Déjà,  en  1785,  un  ingénieur  français,  Philippe  Lebon,  avait 
trouvé  le  principe  théorique  de  l'éclairage  au  gaz  produit  par 
la  combustion  de  la  houille  et,  en  1812,  Londres  avait  adopté, 
pour  plusieurs  de  ses  quartiers,  ce  mode  d'éclairage.  Nicolas- 
Alexandre  Du  Bois,  né  en  1785,  à  Paris,  élève  de  l'École  po- 
lytechnique et,  au  sortir  de  C(îlfe  école,  de  Debret  et  Lebas,  fut 
le  premier  qui  dota  Paris,  vers  1822,  d'une  usine  à  gaz  susceptible 
de  fournir  l'éclairage  d'une  partie  de  la  capitale.  Sur  le  modèle 
de  la  Société  Pauwels,  huit  autres  sociétés  n'avaient  pas  tardé 
à  se  former,  dont  la  fusion  a  eu  pour  résultat,  comme  on  sait, 
l'établissement  de  la  Compagnie  parisienne  d'éclairage  par  le  gaz. 

Du  Bois,  qui  avait  été  professeur  à  l'École  militaire,  pendant 
trois  années,  avait  les  connaissances  nécessaires  à  la  conception 
et  à  l'exécution  d'un  pareil  travail.  Nommé,  en  181 1,  architecte 
de  l'abattoir  que  l'on  construisait  alors  à  Montmartre,  il  prit 
part,  en  1815,  en  qualité  d'officier  du  génie,  à  la  défense  de 
Paris,  puis,  en  1816,  fut  attaché  aux  travaux  de  construction  de 
l'abattoir  de  Grenelle.  Au  commencement  de  1822,  il  était 
envoyé  par  le  gouvernement  à  Londres  avec  mission  d'étudier 
les  conditions  de  sécurité  adoptées  dans  les  théâtres  de  cette 
ville,  et  concourait  avec  son  maître  Debret  à  l'édification  de  la 
nouvelle  salle  de  l'Opéra,  rue  Lepelletier.  C'est  pendant  ce 
voyage  qu'il  étudia  également  la  construction  des  gazomètres 


38  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

alors  établis  en  Angleterre.  Parmi  les  nombreux  Iravaux  par- 
ticuliers de  Du  Bois,  nous  citerons  seulement  l'usine  pour 
l'éclairage  et  la  distribution  des  eaux  à  Calais,  le  tombeau  qu'il 
se  fît  élever  au  cimetière  du  Père-Lachaise  et  le  percement  de 
la  rue  de  Navarin  et  de  la  cité  Ménars  au  Gros-Caillou.  Alexan- 
dre Du  Bois  est  mort  architecte  du  gouvernement,  commissaire- 
voyer  de  première  classe,  le  6  novembre  1866,  après  avoir 
réuni  la  plus  grande  partie  des  documents  contenus  dans  le 
présent  ouvrage. 

L'invention  des  chemins  de  fer  avait  été  appliquée  dès  1829 
entre  Saint-Étienne  et  Lyon  pour  la  traction  des  voitures  char- 
gées de  houille,  mais  la  France  fui  devancée  dans  l'élablissement 
des  chemins  de  fer  à  grande  vitesse  par  l'Angleterre  d'abord, 
par  la  Belgique  ensuite,  et  ce  ne  fut  qu'en  1842  que  fut  promul- 
guée la  loi  concernant  leur  création  en  France.  Le  nouveau 
mode  do  transport  des  marchandises  et  des  voyageurs  nécessitait 
naturellement  la  création  de  cenires  considérables  destinés  tant 
à  la  réception  des  voyageurs  qu'au  remiscTge  du  matériel  d'ex- 
ploitation et  des  marchandises  provenant  du  trafic;  quelques 
architectes  ont  su  faire  de  vérilables  œuvres  des  gares  qu'on 
dut  alors  construire  dans  les  ])rincipales  villes  de  France  et  parli- 
culièremenl  à  Paris,  et  ce  que  nous  disons  des  architectes  fran- 
çais peut  èlre  dit  également  des  architectes  étrangers. 

En  France,  Heynaud  et  llittortî,  dont  nous  allons  parler,  ont 
attaché  leur  nom  à  la  construction  de  la  gare  du  Nord,  Du- 
quesney  à  celle  de  l'Est,  Flachat  h  celle  de  Saint-Germain,  Callet 
à  celle  d'Orléans,  Cendrier  à  celle  de  Lyon,  Lenoir  à  celle.de 
rOuest-.Monlpa  niasse. 

Jacques-Ignace  Hittorff,  né  à  Cologne  le  20  août  1792,  était 
entré  dans  l'alelier  de  Bellanger  en  1810  et  commença  par 
exécuter,  conjointement  avec  Lecointe,  la  partie  décorative 
dans  les  cérémonies  funèbres  à  l'occasion  de  la  mort  du  prince 
de  Condé,  du  duc  de  Berry  et  de  Louis  XV'III,  ainsi  que  dans 
les  cérémonies  du  sacre  de  Charles  X  à  Reims  et  du  baptême  du 
duc  de  Bordeaux,  à  Paris;  il  fut  également  le  collaborateur 
de  Lecointe  lors  de  la  construction  du  théâtre  de  l'Ambigu.  Les 
travaux  exécutés  par  Hittorff,  à  partir  de  celte  date,  sont  tels 
qu'on  a  peine  à  croire  qu'un  homme  seul  ait  pu  suffire  à  la 
création    de   tant    d'œuvres    d'une  nature  si    ditTérente.    Elles 


CHAPITRE   II.  59 

exislonl  toutes  encore;  il  nous  siiflira  de  les  citer  :  de  1824  à 
1844,  l'église  de  SainL-Vincenl-de-l*aul  (en  collaboration  avec  Le 
Père),    la    restauration  d'une   porte   de   l'église    Sainl-Remi  à 
Reims;  de  1833  à  1840,  les  embellissements  de  la  place  de  la 
Concorde  et  des  Champs-Elysées;  de  1838  à  1839,  la  rotonde 
du  panorama  Langlois  dans  les  Cliamps-Élysées;  de  1839  à  18iO, 
le  cirque  des  Champs-Elysées;  de  1844  ta  1846,  la  caserne  des 
sapeurs-pompiers  établie  dans  l'ancien  couvent  des  Bernardins; 
le  tombeau  de  la  comtesse  i'otocka  et  celui  des  familles  Le  Père 
et  HiltorlT au  cimetière  du  Nord;  de  1848  à  1851,1a  mairie  du 
Panthéon,  faisant  pendant  à  l'Ecole  de  droit  (Voir  biographie  de 
Guénepin);  de  1852  à  1854,   le  cirque  du  boulevard  du  Temple 
et   l'école    communale   de  la  rue  des    Prêtres-Saint-Germain- 
l'Auxerrois;  en  1856,  la  maison  Eugène-Napoléon  fondée  pour 
l'éducation  de  trois   cents  jeunes  tilles  pauvres;  le  projet  des 
hôtels    qui    bordent    le   rond-point    de    l'Arc-de-Triomphe-de- 
l'Étoile  ;  le  grand  hôtel  du  Louvre  (en  collaboration  avec  Armand, 
Pellechet  et  Rohault  de  Fleury);  de  1857  à  1859,  la  mairie  du 
Louvre  et  le  presbytère  de  Saint-Germain-l'Auxerrois;  de  1859 
à  1860,  le  presbytère  de  Sainl-Vincent-de-Paul;  de  1816  à  1865, 
le  théâtre  de  la  Gaîté  (en  collaboration  avec  Cusin).  HiltorlT  est 
mort  le  25  mars  1867,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  membre 
de  l'Institut  et  des  Académies  de  Milan,  de  Berlin,  de  Munich,  etc. 
II  a  laissé  le  projet  d'une  salle  de  spectacle  et   d'une  salle  de 
musée  pour  sa  ville  natale  et  écrit,  soit  seul,  soit  en  collabo- 
ration, de  nombreux  ouvrages,  notices  et  brochures  concernant 
l'architecture  et  l'archéologie. 

François-Léon  Reynaud  était  né  à  Lyon  le  I"'  novem- 
bre 1803,  et  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  depuis  1830, 
lorsqu'il  fut  chargé  de  l'installation  de  la  gare  du  chemin  de  fer 
du  Nord.  C'est  tout  ce  que  nous  avons  à  dire  sur  le  collabora- 
teur d'IIittoriV,  accidentellement  architecte. 

François -Alexandre  Duquesney  était  né  en  1800,  et  élève 
de  Percier,  inspecteur  des  travaux  de  restauration  de  la  Sor- 
bonne  et  architecte  des  premiers  bâtiments  de  l'École  des  mines; 
il  mourut  tout  jeune  encore  en  1849.  La  gare  du  chemin  de 
fer  de  l'Est,  remarqualile  par  son  fronton  surmonté  par  la  statue 
colossale  de  la  ville  de  Strasbourg,  commencée  par  lui  en  1847, 
fut  achevée  par  Bellanger,  dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom. 


60  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

C'est  un  ingénieur,  Eugène  Flachat,  né,  d'après  Vapereau, 
le  16  avril  1802,  qui  construisit  la  petite  gare  du  chemin  de 
fer  de  Saint-Germain,  sur  la  place  de  l'Europe,  vers  1844, 
gare  qu'on  transporta  depuis  rue  Saint-Lazare,  et  qui  vient 
d'être  démolie.  Flachal,  préoccupé,  un  des  premiers,  de  la 
création  des  chemins  de  fer  français,  s'était  associé  avec  son 
frère  Stéphane  Flachat,  Lamé  et  Clapeyron,  et  avait  élaboré  avec 
eux  le  projet  du  chemin  de  fer  de  Saint-Germain.  En  1844,  il 
créa  le  chemin  de  fer  atmosphérique  du  Pecq,  puis  plus  tard 
construisit  le  chemin  de  fer  du  Midi.  Fort  connu  dans  le  monde 
de  la  science,  il  avait  néanmoins  pris  part  au  concours  ouvert 
pour  la  construction  des  Halles  centrales  et  avait  été  chargé, 
en  1858,  de  la  consolidation  de  la  tour  centrale  de  l'église  de 
Bayeux.  Il  est  mort  officier  de  la  Légion  d'honneur,  ingénieur  en 
chef  des  chemins  de  fer  de  l'Ouest,  le  IG  juillet  1873,  à  Arcachon. 

Ce  fut  à  un  élève  de  Provost  et  d'Achille  Leclère,  Alfred 
Armand,  né  à  Paris  le  8  octojjre  1805,  que  revint  la  mission  de 
construire  la  gare  Saint-Lazare,  tant  dans  sa  partie  sur  la  rue 
Saint-Lazare  que  dans  celle  en  retour  sur  la  rue  d'Amsterdam, 
en  1841-1842;  il  avait  d'ailleurs  déjà  construit  les  gares  de  Ver- 
sailles rive  droite(1839),  de  Sainl-Cloud  (1840),  de  Rouen  (1845), 
de  Saint-Germain  (1846-47).  Lorsque,  en  1845,  à  la  suite  de 
justes  réclamations  formulées  par  la  Société  centrale  des  ar- 
chitectes, le  ministère  des  travaux  publics  adjoignit  des  archi- 
tectes aux  ingénieurs  pour  l'exécution  de  tous  les  travaux  d'art 
des  lignes  de  chemins  de  fer  entreprises  sous  le  l'égime  de  la  loi 
spéciale  de  1842,  Armand  fut  appelé  à  diriger  toutes  les  cons- 
tructions que  fit  exécuter,  en  dehors  de  Paris,  la  Compagnie 
des  chemins  de  fer  du  Nord;  de  1846  à  1851,  il  construisit  pour 
cotte  compagnie  de  nombreuses  gares  dans  les  départements  et, 
parmi  elles,  celles  d'Amiens,  d'Arras,  de  Lille,  de  Calais,  de 
Saint-Quentin  et  de  Douai,  ainsi  que  les  vastes  gar.es  et  ateliers 
de  La  Chapelle-Saint-Denis.  C'est  à  la  fin  de  ces  travaux  que, 
en  1847,  M.  Armand  fut  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. Cet  architecte  eut  ensuite  à  agrandir  la  partie  de  la  gare 
qu'il  avait  construite  rue  Saint-Lazare  pour  les  chemins  de  fer 
de  l'Ouest,  ce  qu'il  fit  de  1851  à  1853. 

Transigeant  avec  notre  programme,  nous  citerons  seulement 
deux  constructions  d'intérêt  privé  élevées  par  Armand  :  l'hôtel 


CHAPITRE  II.  Ci 

du  Louvre  et  le  Grand  Hùlel,  dont  l'iinporlance  et  l'anirnagc- 
nienl  étaient  alors  sans  précédent  en  France.  Membre  fondateur 
de  la  Société  centrale  des  archilecles,  memljre  correspondant 
de  l'Institut  des  architectes  britanniques,  officier  de  la  Légion 
d'honneur,  Armand  est  mort  à  Paris  à  une  date  que  nous  ne 
pouvons  préciser. 

Nous  avons  dit  (jue  la  construction  des  gares  principales  du 
chemin  de  fer  de  Paris  à  Orléans  et  de  Paris  à  Lyon  fui  confiée 
à  deux  architectes,  Callet  et  Cendrier.  Félix-Emmanuel  Callet, 
né  à  Paris  en  1791,  élève  de  Delespine,  avait  remporté  le  pre- 
mier grand  prix  en  1819.  11  commença  sa  carrière  en  publiant 
avec  Lesueur  un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  Architecture  ita- 
lienne^ dans  lequel  sont  relevés  et  dessinés  tous  les  édifices  de 
l'Italie  moderne  ;  c'est  alors  qu'il  construisit  l'ancien  hôtel  des 
commissaircs-priseursde  la  place  delà  Bourse,  occupé  depuis  par 
la  Chambre  de  commerce,  et  la  première  gare  du  chemin  de  fer 
d'Orléans  (reconstruite  depuis),  ainsi  que  plusieurs  gares  de  ce 
réseau.  Callet  fut  le  collaborateur  de  Baltard  pendant  la  construc- 
tion des  Halles  centrales,  et  des  monuments  funéraires  assez 
importants,  tels  que  ceux  du  maréchal  Clauzel  et  de  Delacroix, 
sont  signés  de  lui.  Il  mourut  à  Paris  le  2  août  1854. 

François-Alexis  Cendrier,  architecte  en  chef  du  chemin  de 
1er  de  Paris  à  Orléans  d'abord,  et  ensuite  de  celui  de  Paris  à  Lyon, 
éleva  la  gare  de  Lyon  à  Paris  et  aussi  celle  de  Lyon-Perrache  et 
les  principales  gares  du  réseau  de   Paris-Lyon.  Né  à  Paris  le 

10  février  1803,  élève  de  Vaudoyer,  second  prix  d'architecture 
en  1827,  décoré  en  IBol,  il  est  mort  à  une  date  ignorée  de  nous. 

L'érection  de  la  gare  du  chemin  de  fer  de  l'Ouest-ÎMontpar- 
nasse  est  postérieure  à  celle  des  gares  qui  précèdent.  C'est,  en 
effet,  de  1852  à  1853  seulement,  qu'un  architecte  lyonnais, 
Victor-Benoist  Lenoir,  né  en  1805,  élève  d'Achille  Leclère,  fut 
chargé  de  la  construction  des  bâtiments  qui  la  constituent.  I 
avait  été  d'abord  inspecteur  des  travaux  exécutés  à  la  colonne 
de  la  Bastille,  dont  il  sera  parlé  plus  loin,  puis  nommé  architecte 
du  chemin  de  fer  de  l'Ouest,  du  Grand  Central  et  des  Ardennes. 

11  fit  néanmoins  élever  quelques  constructions  particulières  et 
mourut  le  (i  mai  18G3,  membre  du  Conseil  des  bâtiments  civils. 

Les  bâtiments  de  la  Douane,  dans  lesquels  il  serait  difficile 
de  trouver  une  œuvre  d'art,  sont  dus  pourtant  à  la  collabora- 


62  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

tion  de  deux  arcliilectes  de  lalenl,  Gréterin,  iiiori  fort  jeune 
(quarante-cinq  ans),  le  28  décembre  1852,  el  Edme-Jean-Louis 
Grillon,  né  à  Paris  en  1786,  qui  fui  d'abord  chargéde  la  con- 
slruction  du  monument  qu'on  devait  élever  à  Louis  XVI  sur  la 
place  de  ce  nom  (aujourd'hui  place  de  la  Concorde)  à  Paris; 
mais  la  révolution  de  1830  fit  suspendre  les  travaux,  et  les 
fondations  jetées  par  Grillon  reçurent,  en  1836,  le  piédestal  de 
l'obélisque.  Grillon,  collaborateur  de  l'ouvrage  intitulé  :  Choix 
d édifices  publics,  etc.,  inspecteur  général  des  bàlimenls  civils, 
mourut  à  Dieppe  le  23  août  1854. 

Maximilien-Alexandre-Léopold  Lion,  né  à  Paris  le  30  no- 
vembre iSIl  et  mort  le  19  juillet  1843,  fut  aussi,  pendant  sa 
courte  carrière,  le  collaboi'aleur  de  Grillon.  Il  avait  d'ailleurs 
élevé  la  maison  de  charité  de  la  rue  des  Récollets  el  restauré  le 
portail  de  l'église  de  Civray  (Vienne). 

Bien  que  nous  ayons  pris  pour  règle  d'éliminer  de  notre 
ouvrage  les  archilecles  qui  n'ont  pas  attaché  leur  nom  à  la 
consiruclion  de  quelque  édifice  public,  il  y  en  a  cependant  parmi 
ceux-là  dont  la  notoriété  s'impose  à  ce  point  que  le  lecteur  con- 
sidérera il  leur  omission  comme  un  oubli  grave.  Achille-François- 
René  Leclére  ou  Le  Clére,  né  à  Paris  le  29  octobre  1 785,  premier 
grand  prix  en  1808,  a  consacré  toute  sa  vie  à  la  restauration  de 
châteaux,  villas  ou  maisons  parliculières;  à  peine  pourrions-nous 
considérer  comme  monuments  publics  les  tombeaux  de  Casimir 
Perier,  du  général  Gobert  et  de  Chérubini  ;  mais  Leclère  était 
membre  de  l'inslitul  depuis  1831,  décoré  depuis  1832,  inspecteur 
général  des  bàlimenls  civils  depuis  1839  et  secrétaire  archiviste 
de  l'École  des  beaux-arts  depuis  1847.  De  plus,  il  avait  formé 
un  atelier  d'oii  sont  sortis  les  architectes  les  plus  remarquables, 
pour  la  plupart,  de  notre  époque,  et  a  continué  l'enseignement  de 
l'architecture  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  23  décembre.  1853.  A 
tous  ces  titres,  il  méritait  bien  une  place  à  côlé  de  ceux  de  ses 
élèves  dont  nous  esquissons  la  biographie. 

Nous  eu  dirons  autant  du  jjaron  Achille-Victor  Heurteloup, 
né  à  Paris  le  31  juillet  1802  et  mort  le  2  juillet  1846,  en  ajou- 
tant seulement  qu'il  fut  le  collaborateur  de  l'ingénieur  Lebas 
lorsqu'il  érigea  l'obélisque  de  la  place  de  la  Concorde. 

Destournelle,  connu  surtout  par  les  recueils  d'architecture 
qu'il  a  publiés,  seul  ou  avec  Vaudoyer  père,  fut  l'auteur,  en  1824, 


CHAIMTHE  II.  •     (13 

de  la  fontaine  dile  de  la  Paix  élevée  devant  le  mai'clié  Sainl- 
Germain. 

Quant  à  Charles-Marie-Auguste  Frœlicher,  h  Antoine  Ta- 
vernier  et  à  Prosper  Deschamps,  nous  ne  les  nuMiliunnouri  ici 
que  parce  qu'ils  sont  architectes,  l'un  de  la  grande  galerie  du 
Commerce,  boulevard  lîonne-iN'ouvelle,  conslruile  avec  Grisarl 
en  1828,  le  second  des  anciennes  galeries  Boufflers,  boulevard 
des  Italiens,  et  le  troisième  du  passage  Verdeau. 

Deux  autres  passages  bien  connus  des  Parisiens  Turent  ou- 
verts à  la  même  époque  par  deux  archifecles  différenls:  la 
galerie  Colbert  (i826'i  entre  la  rue  Vivienne  et  la  rue  Neuve-des- 
Petifs-Champs,  par  Jean  Billaud,  né  à  Marans  (Charente-Infé- 
rieure), architecte,  à  l'élranger,  d'une  salle  de  spectacle  et,  à 
Paris,  de  plusieurs  établissements  industriels;  le  passage  Choi- 
seul  et  le  passage  Saucède  (aujourd'hui  disparu  dans  la  percée 
du  boulevard  Sébaslopol)  furent  également  créés  pendant  la  Res- 
tauration par  un  architecte,  élève  de  Percier,  qui  jouit  alors  d'une 
certaine  notoriété,  François  Mazois,  né  à  LorienI'  en  1783, 
mort  le  31  décembre  1826,  otficier  de  la  Légion  d'honneur. 

Bien  que  les  gouvernements  de  la  Restauration  et  de  Louis- 
Philippe  se  soient  moins  préoccupés  que  celui  de  la  République 
de  la  quesllon  de  l'enseignement  primaire,  il  faut  reconnaître 
que  cependant  on  augmenta,  à  Paris  du  moins,  le  nombre  des 
écoles  destinées  aux  enfants  du  peuple.  L'érection  des  édifices  de 
celle  classe  nous  fournit  l'occasion  de  ciler  à  nouveau  Mazois 
qui  restaura  le  palais  de  l'archevêché  à  Reims  h  l'occasion  du 
sacre  de  Charles  X  et,  en  Italie,  le  palais  de  Porlici  près  de  Na- 
ples,  le  palais  de  notre  ambassadeur  à  Rome  et  l'église  de  la 
Trinité-des-Monts  dans  la  même  ville,  fut  inspecteur  des  bâti- 
ments civils  et  auteur  d'un  ouvrage  estimé  sur  les  ruines  de 
Pompéi  et  d'IIerculanum  que  termina  l'archilecle  Gran.  Nous 
citerons  également  Maingot,  né  le  11  août  1779,  mort  le 
30  avril  1850,  architecte,  en  1832,  de  l'école  mutuelle  de  la  rue 
Elisabeth  et  Durand-Billon,  architecte,  en  1844,  de  l'école  com- 
munale de  la  rue  de  Charonne. 

Parmi  les  embellissements  de  la  capitale,  en  dehors  de  l'Arc 
de  Triomphe,  de  l'Obélisque,  de  la  colonne  commémorative  de  la 
place  Vendôme  et  du  monument  de  Juillet  dont  nous  parlons 
plus  loin,  nous  n'avons  guère  à  mentionner  que  les  fontaines, 


64  •  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   ŒUVRES. 

élevées  place  du  Marclié-aux-Chevaux,  à  la  pointe  Sainle-Eiis- 
lache,au  parvis  Notre-Dame,  place  de  l'École, 'rue  de  Vaugirard, 
à  l'angle  de  la  rue  du  I{egard,  place  du  Châtelet,  place  de  l'Ar- 
chevêché, et  la  fontaine  Cuvier,  rue  Saint- Victor,  adossée  à  la 
grille  du  Jardin  des  Plantes.  De  toutes  ces  fontaines,  dont, 
croyons-nous,  les  trois  dernières  seules  existent  encore,  les  ar- 
chitectes furent  François-Joseph  Bralle,  né  à  Paris  en  1750, 
mort  vers  1S,'J2,  architecte  du  théâtre  d'Amiens  de  1773  à  1779, 
et  Alphonse  Vigoureux,  né  à  Aix-la-Chapelle  en  1802,  mort 
inspecteur  du  bâtiment  des  Sourds-Muets,  à  une  époque  que 
nous  ne  pouvons  préciser. 


A.  J.  B.  GUY  DE  GISORS 


CHAPITRI-    III 

Piemière  application,  eti  France,  du  système  cellulaire  aux  maisons  de  correc- 
tion. —  Les  fortifications  de  Paris.  —  Construction  dans  les  départements 
de  mairies,  de  palais  de  justice,  de  marchés  et  d'abattoirs.  —  Les  architectes 
diocésains  sont  obligés  de  suivre,  dans  les  restaurations  des  édifices  religieux, 
la  direction  du  Comité  des  arts  et  monuments. 


Les  châteaux  royaux  des  environs  de  Paris,  assez  négligés 
{tendant  la  période  révolutionnaire,  durent  être  l'objet  de  répa- 
rations importantes  contîées  d'abord,  comme  on  l'a  vu,  à  Per- 
cier,  Fontaine  et  Le  Père.  Après  eux,  Blouet,  Hurlaiilt  ol  Nepveu 
furent  les  grands  restaurateurs  de  Versailles,  de  Fontainebleau, 
de  Saint-Cloud,  etc. 

Maximilien-Joseph  Hurtault,  né  à  Huningue  le  8  juin  1765, 
fut  élève  de  Miqiie  et  de  Percier;  employé  d'abord  comme  sim- 
ple appareilleur  aux  constructions  du  Petit  Ti-ianon,  puis  dessi- 
nateur de  Marie-Antoinette,  il  fut,  pendant  la  Révolution, 
employé  dans  l'administration  de  l'artillerie  à  Paris.  Lors  de  la 
formation  de  l'École  polytechnique,  nommé  professeur  adjoint, 
il  obtint,  eu  quittant  celte  école,  l'iuspection  des  travaux  exécutés 
d'abord  aux  salles  de  réunion  des  Conseils  des  Anciens  et  des 
Cinq-Cents,  puis  au  château  des  Tuileries,  oîi  l'on  construisit 
alors  une  salle  de  spectacle  et  une  cliapelle.  Grâce  à  la  protec- 
tion de  Percier  et  Fontaine,  il  put  suivre  les  concours  de  l'Aca- 
démie et  obtenir  le  second  grand  prix,  en  1797  (sous  le  nom 
de  Heurlauli).  Après  deux  ans  de  séjour  en  Italie,  Hurlault  était 
nommé  architecte  du  palais  de  Fontainebleau.  Il  y  restaura  la 
galerie  de  biane,  construisit  le  pavillon  de  l'Étang  et  la  fontaine 
de  Diane  et  traça  divers  jardins  dépendant  du  palais;  à  Saint- 
Cloud,  ce  fut  également  lui  qui  fit  le  tracé  du  jardin  du  duc  de 
Bordeaux.  L'hôtel  do  ville  de  Bressuire,  le  marché  et  le  petit 
.  m.  3 


66  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

Ihéâlrc  de  Joigny  sonl  égaleinenl  dus  à  Hiii-taiilt,  qui  mourut 
à  Paris  le  2  mai  1824,  membre  de  l'hislitut  et  du  Conseil  des 
bâliments  civils. 

Guillaume-Abel  Blouet,  né  à  Passy  le  6  octobre  1795,  fui,  à 
partir  de  1848,  arcliitecte  du  palais  de  Fontainebleau  et  y  fit 
exécuter  d'importantes  restaurations,  lelles  que  celles  de  la  façade 
sur  la  cour  du  Cbeval-Blanc,  celles  delà  bibliothèque,  des 
anciens  bains,  du  pavillon  de  Sully,  etc.  D'ailleurs,  élève  de 
Delespine  el  grand  prix  d'architecture  de  1821,  il  avait  attaché 
son  nom  à  l'Arc  de  Triomphe,  ainsi  qu'il  a  déjà  été  dit  lorsqu'on 
a  fait  l'historique  de  ce  monument,  qu'il  eut  l'honneur  de  ter- 
miner en  183(J.  Mais  Blouet,  qui  en  1828  avait  accompagné  l'ex- 
pédition française  en  Morée,  comme  directeur  de  la  section  d'archi- 
tecture et  de  sculpture  de  l'expédition,  reçut,  vers  la  fin  de  1836, 
une  mission  qui  lui  offrit  un  nouveau  sujet  de  recherches.  On 
se  rappelle  ce  que  nous  avons  dit  des  études  entreprises  par  lui 
sur  les  établissements  pénitentiaires  des  Etats-Unis  el  de  la  mise 
en  œuvre  qui  les  suivit,  lors  delà  construction,  par  Lecointe,  de 
la  prison  cellulaire  de  iMazas;  nous  n'y  reviendrons  donc  pas. 
Ajoutons  seulement  que  Blouet  fut  récompensé  de  ce  travail 
extraordinaire  par  le  titre  d'inspecteur  général  des  prisons  de 
France  et  la  mission  de  constituer  (ce  qu'il  fit  avec  l'aide  de 
Haron-Romain  et  d'Hector  Horeau)  un  programme  complet  des 
conditions  de  construction  de  toutes  les  maisons  d'arrêt  et  de 
justice  en  France.  Cet  ouvrage  fut  publié  en  1841  par  les  soins 
du  ministère  de  l'intérieur  ;  l'architecte  eut  d'ailleurs  l'occa- 
sion de  mettre  à  exécution  l'ensemble  des  réformes  qu'il  avait 
proposées,  lorsqu'il  éleva  la  colonie  pénitentiaire  de  Mettray. 
Enfin,  pendant  les  années  1837,  1838  et  1839,  Blouel,  chargé 
de  la  décoration  de  nos  principaux  monuments,  à  l'occasion  des 
fêtes  de  Juillet,  avait  soumis  au  roi  Louis-Philippe  la  proposi- 
tion de  couronner  l'Arc  de  Triomphe  par  une  statue  colossale 
de  Napoléon  1",  projet  qui  ne  fut  pas  exécuté.  Nous  ne  parlerons 
pas  des  nombreux  monuments  funéraires  élevés  par  lui  au  I^èrc- 
Lachaise,  et  nous  terminerons  la  biographie  de  Blouet  en  énon- 
çant les  titres  et  distinctions  qu'il  obtint  successivement  pendant 
sa  trop  courte  carrière  :  professeur  de  théorie  d'architecture  à 
l'Académie  des  beaux-arts,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
membre  de  rinstitul  des  architectes  britanniques,  membre  du 


GHAPITllE   [II.  67 

jury  d'archiloclLiro,  président  de  la  Société  centrale  des  archi- 
tectes et  enfin  membre  de  l'Inslilut,  trois  ans  avant  sa  mort 
arrivée  le  17  mai  18o3  (1). 

A  peine  installé  aux  Tuileries,  Louis-Philippe  conçut  le  projet 
de  transformer  le  palais  do.  Versailles  en  un  musée  consacré  à 
toutes  les  gloires  de  la  France,  et  trouva  un  intelligent  exécuteur 
de  SCS  volontés  dans  nn  élève  do  Percier  et  Fontaine,  Eugène- 
Charles-Frédéric  Nepveu.  ^•é  le  14  juillet  1777  et  fils  d'archi- 
tecte, Aepveu,  après  un  séjour  en  Italie,  était,  dès  1807,  inspec- 
teur d'Hurtault;  en  1821  il  fut  nommé  architecte  du  château  de 
Rambouillet;  puis,  pendant  qnehpie  temps,  il  restaura  les  châ- 
teaux de  Maintenon  et  de  Neauphle.  La  restauration  de  la  galerie 
Louis  XIII  et  de  la  salle  de  spectacle  ainsi  que  de  la  salle  des  Ba- 
ladles,  au  château  de  Versailles,  précédalinaugurationdu  musée, 
qui  eut  heu  le  12 juin  1837,  à  l'occasion  du  mariage  du  duc  d'Or- 
léans; l'établissement  du  musée  de  Versailles  fut  suivi  de  la  res- 
tauration du  Grand  ïrianonel  de  la  transformation  de  la  salle  du 
jeu  de  paume  de  Compiègne  en  salle  de  spectacle.  Chevalier  de  la 
Légion  dhonneur,  Nepveu  mourut  à  Versailles  le  1"  octobre  1802. 
Nous    n'avons    pu    sortir    de    Paris    sans     franchir    l'en- 
ceinte fortitiée   dont  les  travaux  furent   commencés  en    1841. 
OEuvre  d'ingénieur  et  non  point  d'architecte,  les  fortifications 
de  Pans  touchent  par  tant  de  points  à  l'histoire  architecturale 
de  la  capitale  de  la  France,  qu'on  nous  pardonnera  de  donner  le 
nom  de  l'homme  grâce  aux  etforts  duquel  elles  ont  été  élevées; 
il  s'appelait  Nelzir  Allard  et  élait  né  à  Parlhenay  (Deux-Sèvres), 
le  27  octobre  1798.  Sorti  de  l'École  polytechnique  dans  le  génie, 
capitaine  en   1823,  attaché  à  la  première  expédition  d'Afrique 
en  1830,  il  seconda,  à  son  relour  en  France,  le  général  Valazé 
dans  l'exécution  du  premier  plan    des  fortifications   de   Paris 
soumis  aux  Chambres  par  ce  général.  On  sait  que  la  politique 
avait  fait  abandonner  en  1833,  après  deux  années  de  discussions 
stériles,  le  projet  d'une  enceinte  continue  avec  forts  détachés; 
disons    qu'elles    furent    reprises,    grâce    aux    démonstrations 
d'AlIard,  et  qu'il  a  dirigé  en  grande  partie  les  travaux  immenses 

(I)  La  récompense  purement  honorilifiue,  clans  Torigine,  dite  pri.x  départe- 
mental, est  maintenant  accompagnée  de  la  remise  au  lauréat  d'une  somme  de 
mille  francs  représentée  par  une  rente  perpétuelle  qu'a  fondée  la  veuve  d'Abei 
Hlouet,  en  exéciifion  d'un  vœu  e.^primé  par  cet  architecle. 


68  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

ordonnas  en  exécution  de  la  loi  du  3  avril  1841,  qui  ouvriL  au 
ministère  un  crédit  de  140  millions.  Sans  parler  des  autres  tra- 
vaux effectués  par  AUard  comme  ingénieur,  nous  achevons  cette 
notice  en  ajoutant  que,  conseiller  d'Élat,  membre  du  comité  de 
la  guerre  et  de  la  marine,  élu  député  en  1847,  puis  en  1870, 
grand  officier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  le  G  août  1860,  le 
général  xVllard  est  mort  à  Fassy  le  2o  octobre  1877 

Nous  allons  maintenant  dire  quelques  mots  des  architectes 
qui  ont  allaché  leur  nom  aux  édifices  publics  d'une  certaine 
importance  élevés  en  France  dans  les  départements  pendant  la 
première  moitié  du.xix"  siècle.  Nous  nous  contenterons  de  les 
classer  par  région,  en  mettant,  autant  qu'il  nous  sera  possible, 
un  certain  ordre  dans  les  dates  d'érection  de  ces  édifices.  Aux 
portes  de  Paris,  à  Versailles,  les  bâtiments  de  la  prison,  en  colla- 
boration avec  Duclos  dont  nous  allons  parler,  et  du  trihunal  de 
commerce  sont  élevés  par  Augustin  Goy,  né  à  Melun  en  1784 
et  mort  à  Versailles  le  8  octobre  1838,  architecte  du  départe- 
ment de  Seine-et-Oise.  Il  fut  nommé,  en  1827,  architecte  de  la 
maison  centrale  de  Poissy,  dont  il  fit  la  chapelle;  et  dans  celle 
même  ville  de  Poissy,  il  installa  le  marché  aux  bestiaux  qui  pen- 
dant cinquante  ans  pourvut  à  rapprovisionncmenl  des  abattoirs 
de  la  capitale.  François-Marie  Alexis  Collet,  dit  Duclos,  le 
collaborateur  de  Goy,  était  né  le  5  mai  17GI  à  Versailles  et 
y  mourut  le  3  avril  1830,  architecte  du  dépàrlement.  A  ce 
moment,  la  prison  de  Versailles  n'était  pas  terminée  et  Goy, 
frappé  de  paralysie,  était  devenu  incapable  de  surveiller  les  tra- 
vaux ;  c'est  alors  qu'on  lui  adjoignit  Pierre-Jean-Baptiste 
Douchain  (auquel  Versailles  doit  aussi  un  ab'atloir,  les  nou- 
veaux bàlimenls  du  palais  de  justice)  (1838j,  qui  termina  la 
prison  en  1844;  il  a  aussi  exécuté  la  chapelle  du  petit  séminaire 
et  la  nouvelle  décoration  des  chapelles  de  la  cathédrale.  Nous 
n'avons  pu  nous  procurer  les  dates  de  naissance  et  de  mort  de 
Douchain. 

Dans  le  centre,  à  Melun,  restauration  d'une  salle  de  spectacle, 
construction  d'un  aballoir  et  de  l'hôtel  de  ville,  de  1833  à  1836, 
par  Jean-Jacques  Gilson,  architecte  de  la  ville  de  Melun,  mort 
à  Paris  le  19  juin  1849.  Mais,  dans  le  même  temps,  on  travaillait 
activement  à  la  maison  cenirale  bien  connue  de  celle  ville,  com- 
mencée en  1812,  sur  les  plans  de  Nicolas-Nicaise  Solente,  né  en 


CHAPITRE  III.  C9 

1787  OU  1788  el  mortàMelun  le '^Omars  1831 .  La  conslriiction  de 
cette  maison  centrale,  qui  peut  contenir l,OoO  détenus  (hommes), 
était  alors  (1846)  dirigée  par  un  second  prix  de  Rome  de  1843, 
Pierre-Joseph  Dupont,  sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  ren- 
seignemenl  Ijiograpliique,  puis  les  travaux  furent  continués  par 
Ernest  Maugeon,  mort  au  l'iossis  on  juillet  1809,  qui  mérita,  par 
ce  travail,  d'èlre  chargé  de  l'appropriation  de  l'ancien  château 
de  Gaillon  à  la  maison  centrale  actuelle.  Nous  ajouterons  deux 
noms  à  ceux  de  ces  architectes,  leurs  travaux  entrant  dans  la 
même  catégorie  :  ceux  de  Ménard,  auteur  de  la  maison  d'arrêt 
de  Vcrvins  (1831  à  1833)  et  de  Charles-Henri  Landon,  né  à 
Paris  en  1791,  élève  de  Percier  et  |)rcmiei-  grand  prix  d'archi- 
tecture en  1814,  architecte  de  la  maison  de  détention  de  Cler- 
mont  (Oise).  A  son  retour  de  Rome,  Landon  avait  élé  nommé, 
en  1827,  architecte  du  déparlement  de  l'Oise  et  chargé  de  la 
construction  de  l' Hôtel-Dieu  de  Beauvais,  qui  fut  achevé  vers 
1832,  du  théâtre  et  de  la  porte  de  ville  du  côlé  de  Clermont. 
Ajoutons-y  la  construction  du  séminaire,  de  l'ahattoir  de  Sentis, 
de  la  ferme  modèle  de  Jouy-sous-Chelles,  etc. 

Le  palais  de  justice,  la  halle,  l'ahattoir  et  la  hihliolhèque  de 
la  ville  d'Orléans  eurent  pour  architecte  un  Orléanais,  élève  de 
Delagardette  et  Labarre  :  François-Narcisse  Pagot,  né  le 
31  août  1780,  premier  grand  prix  en  18U3.  Pagot  y  éleva  ensuite 
l'hospice  des  aliénés,  dont  la  duchesse  de  Berry  posa  la  première 
pierre  en  1824,  un  lemple  prolestant  en  1836  et  le  jardin  bota- 
nique, de  1836  à  1841.  L'achèvement  de  l'église  de  Sainle- 
Cri)ix  et  de  son  portail  en  1829,  la  restauration  de  la  cathédrale 
de  Bourges  en  1828  et  celle  de  l'église  deCléry,  la  construction  de 
l'hospice  dePatay,  du  dépôt  de  mendicité  eldel'église  deGiensont 
aussi  des  œuvres  de  Pagot,  qui  mourut  à  Orléans  le  4  dé- 
cembre 18i4. 

Kn  suivant  le  cours  de  la  Loire,  nous  rencontrons  à  Blois  plu- 
sieurs édifices  du  commencement  du  siècle  et  qui  eurent  tous 
pour  auteur  Pierre-Jean-Alexandre  Pinault,  né  à  Orléans  le 
4  décembre  1 777,  élève  de  Delagardelle,  Labarre  et  Bellanger  ;  ce 
sont:  l'hôtel  delà  l'réfecture,  l'hospice  des  aliénés,  un  hôpital, 
un  séminaire,  le  couvent  des  Carmélites,  la  caserne  de  gendar- 
merie, les  cimetières,  la  poissonnerie  et  la  halle  aux  légumes. 
11  y  éleva  également  la  maison  des  Sœurs   de  la  Providence, 


70  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

le  couvent  des  Carmélites  el  la  chapelle  de  l'hospice.  En  dehors 
de  lUois,  F'inault,  après  avoir  fait  exécuter  plusieurs  travaux  au 
château  de  Chambord,  une  prison  et  la  mairie  à  Uomorantin, 
un  temple  protestant  à  Aulnay  et  le  château  de  Talleyrand  à 
Valençay,  mourut  le  7  novembre  1800,  laissant  un  |irojet  d'agran- 
dissement de  l'hcMcl  de  ville,  qui  fut  exécuté  par  La  Morandière. 

A  Châlelleraull,  la  manufacture  d'armes,  depuis  augmentée  et 
modifiée  par  le  génie  mililaire,  eut  pour  premier  architecte 
Auguste-Joseph  Pellechet,  né  en  1780,  décédé  le  8  juin  1874, 
membre  honoraire  du  conseil  des  bâtiments  civils,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 

Nous  avons  parlé  dans  le  volume  précédent  de  la  création  par 
Jeanson  de  l'établissement  thermal  de  Vichy.  En  1820,  la  répu- 
tation toujours  croissante  des  eaux  nécessila  des  additions  qui  fu- 
rentl'objet  d'un  concours  entreles  architectes  français;  les  plans 
adoptés  furent  ceux  d'Agnéty  et  de  Rose-Beauvais;  ils  consis- 
taientdansun  ensemble  de  constructions  juxtaposées  à  la  galerie 
de  Jeanson  et  formant  avec  elle  un  quadrilatère  de  76  mètres 
sur  57  mètres.  La  nouvelle  galerie  répétant  celle  du  nord  a  seule 
un  premier  étage  el  est  percée  de  17  arcades  en  pierre  de  taille; 
les  travaux,  commencés  en  1821,  étaient  terminés  eu  1829.  Fran- 
çois-Xavier Agnéty,  né  à  Moulins  le  19  octobre  1792  et  décédé 
le  20  décembre  1845,  était  architecte  du  département  de  l'Allier 
après  avoir  été  élève  d'Alavoine,  et  avait  élevé  dans  sa  ville 
natale,  eu  1821,  l'hôtel  de  ville,  pastiche  heureux  des  palais 
italiens  de  la  Renaissance.  De  1828  à  1837,  le  grand  séminaire 
de  Moulins,  sans  aucune  décoralion  extérieure  ni  intérieure,  est 
le  résultat  d'une  étude  consciencieuse  du  programme  imposé  à 
l'artiste.  La  cour  d'assises  du  département  de  l'Allier  complète 
l'œuvre  d'Agnéty.  Rose-Beauvais,  architecte  aussi  du  déparle- 
ment de  l'Allier,  ne  nous  est  connu  que  par  sa  collaboration  à 
l'élablissemont  de  Vichy,  el  nous  ignorons  absolument,  malgré 
toutes  nos  recherches,  les  autres  anivres  qu'il  a  pu  laisser. 

A  Clcrmont-Ferrand,  c'est  un  élève  de  Percier,  Guillaume- 
Thérèse-Antoine  Degeorge,  né  le  13  décembre  1787,  dans 
cette  ville,  qui  achève  le  palais  de  justice  et  la  maison  d'arrêt, 
de  1829  à  183o,  puis  à  Riom,  la  maison  centrale,  el  y  dirige  la 
construction  d'un  château  d'eau.  Le  palais  de  justice  de  Tulle, 
édifice  également  du  commencement  du  siècle,  est  construit  sur 


CIIAPITIIE  III.  71 

le  plan  de  A.  de  Gisors  par  an  archilecle  parisien,  Jacques- 
Dominique  Lanck,  né  le  5  mai  1786  el  décédé  à  Tulle  le  2,"i  eep- 
tenibre  185G,  sans  avoir  fait,  à  notre  connaissance,  d'autre  édi- 
fice d'une  certaine  importance. 

Un  arcliilecte  du  département  de  l'Aveyron,  vers  1820,  res- 
taure à  Rodez  la  cathédrale,  la  préfecture,  le  palais  de  justice 
et  l'église  de  Conques,  un  des  plus  remarquables  spécimens  de 
l'époque  romane;  c'est  Étienne-Joseph  Boissonade^  qui,  né  à 
Sainl-Geniez  dans  l'Aveyron,  le  29  décembre  1797,  est  mort 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  le  22  avril  1862.  Élève  de 
Durand,  professeur  à  l'École  polytechnique,  Boissonade  cons- 
truisit aussi  l'asile  des  aliénés  à  Rodez  et  y  restaura  l'école 
normale  ainsi  que  le  palais  de  justice  de  Milhau.  Les  palais  de 
justice  et  les  prisons  de  Sainte-Alïrique,  de  Yillefranche  et 
d'Espalion,  ainsi  que  l'hospice  de  Milhau  et  l'abattoir  de  Saint- 
Geniez,  sont  également  des  œuvres  de  Boissonade. 

Notre  énumération  des  architectes  de  l'est  de  la  France  com- 
mencera naturellement  par  le  nom  de  Jean-Baptiste  Kléber, 
connu  de  nos  lecteurs  comme  l'un  des  meilleurs  généraux  de  la 
République.  Tout  le  monde  sait  que.  né  à  Strasbourg  en  1734, 
lieutenant  de  Bonaparte  en  Egypte  et  abandonné  par  lui  dans  ce 
pays,  il  y  mourut  assassiné  le  14  juin  1800;  mais  ce  qu'on  ignore 
généralement,  c'est  que  Kléber  étudia  d'abord  l'architecture 
sous  Chalgrin,  puis  fut  admis,  sur  sa  demande,  à  l'école  militaire 
de  .Munich  de  laquelle  il  sortit  avec  le  grade  de  sous-lieutenanf. 
Ce  n'est  que,  désespérant  de  se  faire  une  carrière  dans  l'armée 
bavaroise,  qu'il  revint  en  France,  où  ses  anciennes  relations  lui 
obtinrent  la  place  d'inspecteur  des  bâtiments  publics  à  Belfort. 
el  c'est  de  ce  moment  (1783),  jusqu'au  jour  où  il  s'engagea  (1792) 
comme  simple  grenadier  dans  le  4°  bataillon  du  département  du 
Haut-Rhin,  que  Kléber  exécuta,  en  qualité  d'architecte,  diverses 
constructions  qui  existent  encore  aujourd'hui  :  l'hôpital  de  Thann, 
la  maison  des  chanoinessos  de  Massevaux  et  le  château  de 
Granvillars,  l'église  de  Schwartz,  l'hospice  de  la  ville  de  Thun, 
l'église  du  couvent  de  Lurh.  .\joutons-y  d'importantes  réparations 
au  château  de  Florimond  (Alsace),  dont  il  transforma  une  salle  en 
musée,  un  pavillon  dans  les  jardins  du  prince  deMoutbéliard,  etc. 
Alors  que  Aix-la-Chapelle,  à  la  suite  dos  conquêtes  du  premier 
Empire,  était  devenue  ville  française  et  chef-lieu  du  département 


12  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

de  la  lioor,  un  liôlel  de  préfeciiire  y  fui  construit  (de  1800  ta 
1814),  par  Louis-Ambroise  Dubut,  architecte  parisien,  élève 
de  Lcdoux.  Né  en  ITG'J,  il  avait  remporté  le  grand  prix  d'ar- 
chitecture en  1797;  il  construisit  depuis,  en  France,  l'écluse 
d'Anglure  dans  le  déparlement  de  l'Aube,  la  maison  centrale 
d'Ensisheim  (Alsace),  les  dépôts  de  mendicité  de  Caen  et  de  Saiut- 
Dizier,  la  halle  de  cette  dernière  ville,  et  créa  l'établissement 
thermal  de  Bourbonne-les-Bains,  sans  compter  les  constructions 
militaires  qu'il  fit  en  Russie,  après  1814,  pour  les  empereurs 
Alexandre  et  Nicolas. 

A  Sirasbourg,  le  grand  théâtre  de  l'avenue  de  lîroglie  avait  été 
commencé  en  1 804,  sur  les  plans  de  l'ingénieur  Rabin,  et  la  cons- 
truction atteignait  déjà  le  fronton,  lorsqu'on  remai'qua  des 
défauts  graves  qui  ne  permettaient  pas  de  la  poursuivre  sans 
danger.  C'est  alors  que  Jean  Villot,  né  à  Strasbourg  en  1787, 
proposa  en  1810  un  nouveau  plan,  duquel  est  sortie  la  salle  de 
spectacle  dont  on  se  sert  aujourd'hui.  Classique  par  excellence, 
Villot  a  élevé  à  Strasbourg  une  halle,  des  hôtels,  des  maisons, 
et  mourut  en  18i4. 

Dans  ce  même  département  du  Bas-Rhin,  pendant  la  période 
qui  s'écoula  de  1825  à  1845,  nous  mentionnerons  encore  deux 
architectes:  A.-I.-J.  Pries,  dont  nous  ignorons  les  dates  de  nais- 
sance et  de  mort,  qui  avait  été  d'ailleurs  lauréat  en  1825  (second 
grand  prix),  et  Gustave  Klotz,  né  le  30  novembre  1810  à  Stras- 
bourg, qui  avait  étudié  l'architecture  dans  l'atelier  de  Labrouste. 
Nommé  architecte  du  département,  en  1834,  Klotz  fut  chargé 
de  la  restauration  de  la  partie  orientale  de  la  Façade  de  la  cathé- 
drale de  Strasbourg,  où  il  mourut  le  26  janvier  1880.  Il  attacha 
d'ailleurs  son  nom,  avec  Frics,  à  la  construction  de  nombreux 
édifices  alsaciens,  lesquels  sont,  dans  cette  ville,  la  synagogue 
et  des  écoles  communales,  puis  le  nouveau  quartier  de  Mulhouse 
ouvert,  de  1826  à  1828,  par  les  deux  architectes  en  collaboration. 
Une  restauration  importante  de  l'hôtel  de  ville  doit  être  attri- 
buée à  Fries  seul,  et  la  halle  de  Schlestadt,  ouverte  le  27  mars 
1845,  est  l'œuvie  de  Klotz. 

xV  AltkircU,  restauration  de  l'église,  en  1844,  par  un  Alsacien, 
Louis-Michel  Boltz,  connu  déjà  par  les  projets  qu'il  avait  ex- 
posés depuis  1839. 

A  Melz,  on  commence,  en  1827,  et  on  termine,  en  1832,  tous 


M*    Alaux   pin 


A.  CARISTIE 


CHAPITRE  III.  73 

les  bâtiments  qui  composaient  notre  École  d'application,  sous  la 
direction  des  ingénieurs-arcliitecles  Bonneton,  Pernel,  Ducamp 
et  De  Ligneville.  En  1832,  est  ouverte  au  public  la  halle  aux 
légumes  surla  place  d'Austerlilz,  dont  la  surfacecouverteprésente 
3,900  mètres  carrés:  arcliilecto  Vandernoot,  dont  nous  con- 
naissons seulement  le  nom.  Toujours  à  Metz,  en  1833,  l'architecte 
Jaunez  père  termine  le  grand  marché  couvert  de  la  place  de  la 
Cathédrale;  à  Nancy,  à  la  même  époque,  construction  de 
casernes  et  d'une  maison  de  correction,  par  un  architecte  nan- 
céien,  élève  d'Achille  Leclère,  Charles-François  Châtelain, 
né  le  13  septembre  1802,  architecte  du  département  de  la 
Meurihe,  de  182o  à  ISio.  Organisateur  des  fêtes  données  h 
Nancy  en  l'honneur  de  Charles  X  et  de  Louis-Philippe,  Châtelain 
dirigea  la  restauration  du  palais  ducal  et  la  construction  de  la 
gare  de  Nancy  et  fut  décoré  en  1866  à  la  suite  de  ces  travaux. 

A  Besançon,  nous  avons  à  signaler  les  noms  de  deux  architec- 
les,  Pierre  Marnotte,  élève  de  Poyet,  Leclère  et  Penchaud,  né  à 
Dijon  le  20  août  17U7,quia  fait  élever,  sur  ses  dessins,  les  églises 
de  Saint-François  et  d'Avonne,  ainsi  que  la  halle  au  blé  de  Besan- 
çon, et  restaura  avec  bonheur  l'arc  de  triomphe  romain  connu 
des  antiquaires  sous  le  nom  de  Porta  Nigra.  Archéologue  distin- 
gué, Pierre  Marnotte  a  doté  les  collections  de  son  pays  de  frag- 
ments fort  importants  de  sculpture  et  d'architecture  romaines.  Le 
second  de  ces  architecles,  Jean-Baptiste  Martin,  sur  la  vie  du- 
quel nous  n'avons  pu  obtenir  aucun  renseignement,  est  signalé 
comme  ayant  construit,  au  commencement  du  siècle,  deux 
églises  et  des  mairies  dans  le  département  du  Doubs,  un  pont 
sur  l'Ognon,  le  théâtre  de  Dole  (Jura),  et  pour  avoir  doté 
Besançon  d'une  rue  nouvelle  qu'il  a  construite  presque  eu  entier. 
A  quelques  lieues  de  Dôle,  à  Mont-sous-Vaudrey,  en  1836, 
s'élève,  sous  la  direction  de  l'architeele  Bezand  tils,  de  Dole,  la 
mairie,  qui  est  à  la  fois  halle,  école,  caserne,  elc. 

Les  édifices  construits  dans  le  même  temps  à  Lons-le-Saunier  : 
le  palais  de  justice,  le  grand  séminaire,  la  caserne  de  gendar- 
merie et  la  prison,  sont  assurément  plus  importants,  mais  on  y 
voit  la  main  de  l'ingénieur  plutôt  que  celle  de  l'architecte  ;  nous 
en  dirons  autant  de  la  fontaine  monumentale  élevée  surla  place 
du  Marché.  C'est  qu'Augustin-Christin  Robert,  l'auteur  de  ces 
œuvres,  né  à  Gray  le  25  janvier  1790^  avait  d'abord  été  attaché 


■74  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

à  radminisiraiion  des  ponis  et  chaussées  et,  à  ce  tilre,  avait 
établi,  avant  d'èlre  architecte,  un  certain  nombre  de  ponts  et  de 
routes  dans  le  Jura.  Travailleur  infatigable  du  reste,  il  a  construit 
ensuite,  dans  ce  pays  de  montagnes,  des  églises,  des  mairies  et 
des  presbytères,  et  est  morl  encore  jeune,  le  9  novembre  1846. 

A  signaler  seulement  en  Bourgogne,  l'asile  d'aliénés  établi  dans 
rancienne  Cliarlrense  de  Dijon  (1840  à  1842):  architecte  Paul 
Petit,  qui  construisait  en  même  temps  la  halle  de  Beanne;  le  clià- 
teaud'eau  de  Dijon,  touroctogone  et  ajourée,  inauguréele  28  juillet 
18il,  architecte  Emile  Sagot;  le  château  historique  de  Velars- 
sur-Ouches  :  architecte  Jacques  Caumont,  élève  de  l'école  de 
Dijon,  né  dans  celte  ville  en  1785,  et,  puisque  nous  avons  parlé 
de  l'école  de  Dijon,  nous  ne  quitterons  pas  la  Bourgogne  sans 
rappeler  le  nom  d'un  archilecle  qui  lui  consacra  toute  sa  vie, 
Jean-Baptiste-Philibert  Moitte,  né  à  Dijon  en  1754,  d'une 
famille  d'artistes  et  mort  dans  la  même  ville  le  18  octohre  1808. 

Le  premier  en  date  des  architectes  lyonnais  et  qui  fut  le  pre- 
mier maître  de  tous  ceux  dont  nous  allons  indiquer  les  travaux 
fut  certainement  Claude-Ennemond-Balthasar  Cochet,  qui 
reçut  de  son  [lère  les  premièi'es  leçons;  né  à  Lyon  le  6  jan- 
vier 1760,  élève  ensuite,  à  Paris,  de  Dubourg  et  de  Brongniart, 
il  put,  grâce  à  certains  succès  académiques,  faire  le  voyage  de 
Rome  en  1783.  Rentré  en  France  après  avoir  obtenu,  en  1786, 
la  plus  haute  récompense  décernée  aux  jeunes  architectes  par 
l'académie  de  Parme,  il  concourt  avec  succès  à  un  projet  de 
temple  décadaire,  est  reçu  membre  de  l'académie  de  Lyon 
en  1800,  transforme  l'ancienne  église  des  Jésuites  en  une  salle 
de  séances  pour  l'assemblée  des  Etats  cisalpins,  restaure  l'hôtel 
de  ville,  construit  la  loge  maçonnique  (1804)  et  le  monument 
funèbre  élevé  dans  la  plaine  des  Brolteaux  aux  victimes  du  siège 
de  Lyon.  Nommé,  en  1814,  professeur  d'archilectureàl'écoledes 
beaux-aris  de  Lyon,  Cochet  remplit  ses  fonctions  jusqu'en  1824 
et  meurt  membre  correspondant  de  l'Institut,  le  14  mars  1835. 

l'n  de  ses  élèves  et  de  ses  successeurs  à  l'école  de  Lyon, 
Joseph-Jean-Pascal  Gay,  Lyonnais  aussi,  né  le  14  avril  1775, 
lut  chai-gé  de  la  construction  de  la  halle  au  blé,  du  musée  Saint- 
i'ierre,  de  la  restauration  de  l'église  Saint-Jusl  et,  en  collabo- 
rai ion  avecEnnemondHôtelard,  de  l'édification  de  la  caserne  de 
gendarmerie  de  Lyon  (1828-1830).  Gay  avait,  déplus,  dessiné  un 


CHAPITRE  III.  75 

grand  nombre  de  projets  :  nolammenl  ceux  d'une  cliapelle  sépul- 
ci'ale  exécutée  pour  la  famille  de  Montmélas  et  du  jartiin  botani- 
que d'Avignon  avec  musée  d'iiisloire  naturelle,  ainsi  qu'un  projet 
de  décoration  de  la  grande  salle  de  l'hôtel  de  ville  àLyon,projels 
que  sa  morl,  arrivée  le  16  mai  1832,  l'empêcha  d'exécuter  (1). 
llôlelard,  donl  nous  ne  connaissons  pasles  autres  travaux,  était 
né  à  Grenoble  le  4  février  1784  et  est  mort  le  21  décembre  1867. 

La  prison  de  Perrache,  k  Lyon,  le  palais  de  justice  sur  le  quai 
de  la  Saône  et  le  grenier  à  sel,  construit  en  1828,  eurent  pour 
architecte  un  Parisien,  Louis-Pierre  Baltard,  néleOjuillet  1764, 
et  qui,  dans  sajeunesse,  avait  travaillé  comme  dessinateur  aux 
projets  que  faisaient  alors  Ledoux  et  Bellanger  dans  le  but 
«  d'embellir  Paris  d.  Après  un  séjour  de  quelques  années  en  Ita- 
lie, grâce  à  la  pension  que  lui  fil  le  ministre,  baron  de  Breteuil, 
il  succéda  en  1792  eu  qualilé  de  décorateur  de  l'Opéra  à  Paris 
qui  venait  d'émigrer;  mais  bientôt  obligé  lui-même,  parles  évé- 
nements, à  quitter  cette  situation,  il  se  fit  attacher,  en  179.3,  au 
corps  du  génie,  puis  à  l'École  polytechnique  (1796)  en  qualité 
de  professeur  d'architecture.  Successivement  architecte  du  Pan- 
théon, des  prisons  de  Paris  et  de  Bicètre  et  de  plusieurs  halles 
et  marchés,  il  fil  construire  les  chapelles  dans  les  prisons  de 
Sainte-Pélagie  et  de  Saint-Lazare,  concourut  pour  le  ])rojet  du 
«  Temple  de  la  Gloire  »  et  obtint  enfin,  en  1818,  la  chaire  de 
professeur  à  l'École  des  beaux-arts.  Hors  de  Paris  et  de  Lyon, 
il  concourut  avec  Lajitoin,  en  1824,  à  la  construction  des  prisons 
de  Draguiguan  et  mourut  le  22  janvier  1846,  laissant  plusieurs 
recueils  de  vues  et  de  plans,  notamment  ceux  qui  illustrent 
l'ouvrage  pn!ilié  par  la  commission  d'Egypte. 

Un  auli-.'  Baltard,  Parisien  également,  prénommé  Prosper 
(qu'il  ne  l'auL  pas  confondre  avec  Victor  dont  il  était  le  parent,  et 
auquel  nous  consacrons  plus  loin  une  page  importante),  naquit 
en  1796  et  se  contenta  d'être  l'inspecteur  de  tous  les  travaux 
qui  furent  exécutés,  de  1811  à  1818,  par  Louis-Pierre  et  par  Per- 
cier  et  Fontaine  aux  Tuileries  et  au  Louvre.  Il  est  mort  le 
19  avril  1862. 


(1)  Gny,  cliargi',  à  l'orcasum  an  sacre  de  .Xapoléon,  Je  restaurer  le  sceptre 
dit  de  Charlemagne  et  conservé,  à  ce  titre,  dans  le  trésor  de  Saint-Denis, 
reconnut  que  ce  prétendu  sceptre  était  simplement  un  liâton  de  chantre  du 
xiv=  siècle.  Il  n'en  servit  ]ias  moins,  restauré,  au  sacre  de  l'empereur. 


76  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   CEUVRES. 

Nommé  en  1831  archilecte  do  la  ville  de  Lyon,  René  Dardel, 
né  dans  cette  ville  le  8  octobre  1796,  élève  de  Iluyot,  ne  cessa 
presque  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  2o  septembre  1871,  à  Cou- 
drieu  (Hliône),  de  travailler  pour  sa  ville  natale.  Elle  lui  doit,  en 
etTet,  la  restauration  (1832)  du  palais  des  beaux-arts,  la  construc- 
tion de  l'entrepôt  des  liquides  (1835),  le  marché  de  la  Martinière 
(1836^,  la  transformation  intérieure  dn  Grand-Théâtre  (1842), 
l'établissement  de  la  fontaine  Saint-Jean  (1843),  la  restauration 
de  l'hôtel  de  ville  (de  1846  à  1854),  le  percement  de  la  rue  delà 
République  (1853),  la  construction  du  palais  du  commerce  et  de 
la  Bourse,  dont  la  première  pierre  a  été  posée  le  25  mars  1856. 
Auteur  d'un  projet  d'église  pour  le  faubourg  de  Perrache,  Dardel 
est  mort  officier  de  la  Légion  d'honneur  à  une  date  que  nous  ne 
pourrions  préciser.  Dardel  avait  été  précédé  dans  tous  ces  tra- 
vaux de  restauration  par  Louis-Cécile  Flachéron,  né  à  Lyon 
le  9  mai  1772  et  décédé  architecte  en  chef  de  la  ville  le  12  mars 
1835.  C'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

Non  loin  de  Lyon,  à  Saint-Etienne,  devenu  depuis  chef-lieu 
du  déparlement  de  la  Loire,  Dalgabio  commence  la  série  des 
édifices  nécessités  par  l'importance  qu'acquiert  déjà  celle  ville 
manufacturière.  Jean-Michel  Dalgabio,  né  à  Riva  (Italie),  le 
15  septembre  1788,  mais  naturalisé  Français,  y  élève  la  «  condi- 
tion »  des  soies,  le  palais  de  justice,  l'hôtel  de  ville  (renfermant 
un  conservatoire  des  arts  et  métiers,  un  musée  et  une  école 
gratuite  de  dessin),  une  caserne  de  gendarmerie,  une  halle,  un 
abattoir,  les  bureaux  de  l'octroi,  etc.;  il  y  restaure  aussi  les 
églises  Sainte-Marie  et  Saint- Thomas  et  donne  le  dessin  d'un 
monument  élevé  à  Feurs  (Loire)  aux  victimes  de  la  Révolution. 
Dalgabio  mourut  à  Lyon  le  31  décembre  1852,  laissant  divers 
projets,  théâtre,  hôpital,  marché,  qu'il  n'a  pas  exécutés. 

A  signaler  dans  la  Haute-Garonne,  d'imporlanls  travaux  au 
commencement  du  siècle.  Nous  ne  parlerons  de  Pierre-Léonard 
Laurecisque,  élève  d'A.  Leclère,  né  à  Paris  en  1797  et  mort  le 
29  juin"  1860,  que  pour  rappeler  qu'il  avait  obtenu,  à  la  suite 
d'un  concours,  le  droit  d'élever  à  Toulouse  le  palais  de  justice, 
la  prison  et  la  caserne  de  gendarmerie;  car  Laurecisque,  appelé 
à  Constanlinople  par  l'ambassadeur  de  France  auquel  on  voulait 
élever  une  résidence  digne  de  noire  pays,  ne  donna  pas  suite  à 
son  projet.  Il  préféra  se  rendre  en  Turquie,  où  il  laissa  d'ailleurs, 


CHAPITRE  III.  77 

outre  le  palais  de  l'ambassade,  la  fontaine  de  Top-Hané,  pastiche 
réussi  de  la  belle  architecture  arabe.  Toulouse  se  contenta  alors 
d'une  restauration  de  l'ancien  tribunal,  et  elle  fut  confiée  à  un 
architecte  toulousain,  Antoine  Laforgue,  né  en  1782  et  devenu, 
en  1822,  architecte  du  département  de  la  Haute-Garonne.  Nous 
ne  citerons  de  Laforgue,  à  Toulouse,  outre  cette  restauration, 
que  la  construction  do  l'église  et  du  couvent  de  la  Visitation; 
mais,  hors  du  chef-lieu,  il  restaura  à  Muret  la  sous-préfecture 
et  construisit  le  tribunal  et  la  halle  au  blé,  puis  les  églises  de 
Cierp  et  d'Argut-Dessus.  Enfin,  on  lui  doit  les  premiers  bâti- 
ments de  l'établissement  thermal  de  Bagnères-de-Luchon.  Nous 
ignorons  la  date  de  la  mort  de  Laforgue.  Marie-Joseph-Urbain 
Vitry,  né  à  Toulouse  le  2  juillet  1802,  et  mort  dans  la  même 
ville  le  27  septembre  1863,  reiHil  la  mission  de  construire  les 
édifices  que  la  désertion  dcLaurecisque  avait  dû  faire  ajourner. 
C'est  en  183'J  que  la  caserne  de  gendarmerie  s'éleva  sur  les  nou- 
veaux plans  et  sous  la  direction  de  Vitry,  auquel  Toulouse  devait 
déjà  les  fontaines  de  la  place  de  la  Trinité  et  de  la  place  du  Puy 
(1826),  l'abattoir  (1828),  le  nouveau  cimetière  (1830),  la  barrière 
du  pont  des  Minimes  (1832),  la  barrière  du  pont  Saint-Sauveur 
(I83i)  et  le  monument  commémoratif  de  la  place  La  Fayette. 
Vitry  fut  ensuite  chargé,  en  1844,  de  la  construction  de  l'obser- 
vatoire, du  théâtre  des  Variétés  et  de  l'Ecole  de  médecine; 
enfin,  lorsqu'il  l'ut  décidé,  en  18b8,  d'ouvrir  à  Toulouse  une 
exposition  des  beaux-arts,  ce  fut  à  Vitry  qu'on  en  contia  l'orga- 
nisation. Il  est  mort  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  inspec- 
teur de  l'école  dos  beaux-arts  de  Toulouse,  secrétaire  perpé- 
tuel de  l'académie  des  inscriptions  ol  belles-lettres  de  la  même 
ville  et  membre  do  plusieurs  sociétés  artistiques  et  archéologiques 
de  Franco. 

C'est  en  1840  seulement  que  Toulouse  songea  à  se  donner 
une  Bourse  de  commerce;  les  architoctos  de  cet  édifice  (car  ils 
sont  deux)  s'appellent  Jean-Antoine  Raynaud,  né  à  Toulouse 
le  13  juillet  1 785,  architecte  du  château  d'eau,  de  1821  à  1828, 
et  Jean- Joseph-Noël  Bonnal,  né  également  à  Toulouse,  le  24  dé- 
cembre 180.").  Bonnal  avait  été  chargé  de  la  restauration  du 
théâtre  en  18i7  el  de  celle  de  l'église  Saint-Martin  du  Touch 
l'année  suivante.  L'un  des  premiers,  parmi  les  architectes  du 
midi  de  la  France,  il  suivit  le  mouvement  artistique  à  la  tôle  du- 


78  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

quel  s'i'laient  placés  Lassas  et  Gau,  el  moiu'iit  à  Toulouse  le 
21  mars  1&80.  Sou  collaborateur  Raynaud  l'avait  précédé  depuis 
lougtenips  dans  la  tombe,  puisqu'il  était  décédé  le  2G  janvier 
1854. 

Montpellier  vit  s'élever,  au  commencement  du  siècle,  la 
nouvelle  façade  de  son  Ecole  de  médecine,  qui  eut  pour  architecte 
Claude-Mathieu  de  Lagardette,  né  vers  177U,  élève  de  David 
Leroy,  grand  prix  en  1791  et  architecte  aussi  de  l'école  de  chirur- 
gie de  Toulon.  De  Lagardette,  qui  mourut  en  180i,  est  surtout 
connu  |)ar  l'ouvrage  ayant  pour  titre  les  Ruines  de  Pxstum^ 
déjà  cilé  dans  le  volume  précédeni,  et  par  son  Essai  sur  la 
restauration  des  piliers  du  Panthéon.  11  présida,  dit  Lance,  à 
l'érection  de  la  Sainte  Montagne  de  la  place  du  Martroi  qu'Or- 
léans, comme  la  plupart  des  grandes  villes  de  France,  voulut 
posséder  en  souvenir  de  la  Révolution  et  qui  a  disparu  depuis 
longtemps.  Le  musée  Fabre  el  l'école  de  dessin  de  Montpellier 
sont  également  de  cette  époque  et  eurent  pour  arcliitecle  Jean- 
Joseph  Boue,  élève  de  Percier  et  Fontaine,  né  à  Salelles  (Aude), 
le  25  avril  1784.  Montpellier  lui  doit  aussi  la  nouvelle  façade 
de  l'église  Saint-Mathieu;  Lodève  et  Beaucaire,  leurs  hôtels  de 
ville.  Boue  mourut  à  .Montpellier,  professeur  d'architecture, 
le  27  octobre  1868. 

Un  élève  de  Boue,  qui  entra  ensuite  dans  l'atelier  de  Debret, 
grâce  aune  bourse  municipale,  Charles  Abric,  né  à  Montpellier 
en  1799,  continua  l'édification  de  Montpellier.  Titulaire  d'ime 
mention  honorable  obtenue  au  concours  de  1828,  Abric  crut 
devoir  fortifier,  par  un  séjour  de  quelques  années  en  Italie,  ses 
connaissances  d'architecte.  Revenu  à  iMontpellier  en  1830  et 
nommé  presque  aussitôt  architecte  en  chef  de  cette  ville,  il  com- 
mença la  série  de  ses  travaux  par  la  reconstruction  presque 
entière  de  la  maison  centrale;  les  prisons  départementales  de 
Montpellier,  de  Béziers,  de  Saint-Pons  furent  également  réédi- 
fiées par  lui,  d'après  les  principes  énoncés  dans  le  mémoire 
d'Abel  Blouet.  Le  palais  de  justice,  assemblage  incohérent  de 
bâtiments  mal  reliés  entre  eux,  fut  entièrement  rebâti  dans  des 
proportions  monumentales  et  telles  qu'il  constitue  un  des  édifices 
les  plus  remarquables  de  la  province.  La  Faculté  de  médecine 
était  dépourvue  do  salles  convenables  pour  recevoir  ses  belles 
collections;  Abric  érigea,  [)Our  les  contenir,  une  galerie  ou  con- 


GIIAPITIJE  III.  "9 

servaloire  doiil  les  tlisposilions  grandioses  pcuvenl  rivaliser  avec 
celles  des  plus  beaux  élablissements  de  ce  genre.  Pour  compléter 
la  nomenclature  des  œuvres  d'Abric,  nous  citerons  l'école  nor- 
male d'institutrices,  l'hôtel  de  la  succursale  de  la  Banque  de 
France  ;  le  temple  de  l'Église  réformée  de  Ganges  en  style  romiin. 
Condamné,  jeune  encore,  par  la  maladie,  à  renoncer  h  sa  car- 
rière, Abric  est  mort  en  1871. 

A  Valence  (Drôme),  nous  menlionnerons,  en  passant,  la  cour 
d'assises  et  le  triijunal  civil  élevés,  de  1824  à  1827,  par  Joseph 
Chambord,  architecte  du  département  de  la  Drôme,  qui  donna 
également  les  plans- du  séminaire  de  Valence.  Dans  toutes  ces 
constructions,  l'architecte  a  fait  usage  d'arcades  couvertes 
entourant  des  cours  intérieures;  à  Orange  et  à  Carpentras  (Vau- 
cluse),  on  se  contente  de  restaurations  et  d'additions  aux  palais 
de  justice,  mais  l'architecte  Alexandre- Juste  Frary ,  né  à 
Paris  en  1779,  obtient  la  conslruclion  du  théâtre  d'Avignon, 
construction  qu'il  termina  en  1834.  Nous  verrons  tout  h  l'heure 
combien  peu  dura  l'œuvre  de  Frary.  Élève  de  Percier,  de  Bar- 
thélémy et  de  Vignon,  Frary  avait  concouru  pour  le  projet  du 
<(  Temple  de  la  Gloire  »,  pour  celui  du  monument  du  général 
Desaix  et  pour  celui  d'un  monument  historique  où  Louis  XVill 
figurait  entre  saint  Louis  et  Henri  IV.  Frary  abandonna  d'ailleurs 
de  bonne  heure  le  département  deVauclusepour  revenir  à  Paris, 
oîi  il  exécuta  des  travaux  particuliers  etoii  il  mourut  le  20  mai  1834, 
membre  dçla  Société  des  antiquaires  de  France;  Frary  consigna 
d'ailleurs  les  souvenirs  de  son  passage  dans  le  Comtat-Venaissin 
dans  deux  ouvrages  intéressants  publiés  l'année  de  sa  mort.  C'est  à 
l'architecte  Léon  Feuchére,  né  vers  1800,  qui  était  élève  de  Deles- 
pine,  et  décorateur  à  l'Opéra  depuis  1829,  qu'échut  la  mission  de 
reconstruire,  de  18i6àl847,le  théàtred'A vignon,  œuvrede  Frary, 
qui  venait  de  s'écrouler.  Il  donna  aussi  les  plans  du  théâtre  de 
Toulon  vers  la  mème^époque  ;  mais  ses  plans  furent  modifiés  par 
Charpentier.  (Voir  plus  haut  la  biographie  de  cet  architecte.)  En 
1849,  architecte  du  département  du  Gard,  F'euchère  éleva  enfin 
l'hôtel  do  la  préfecture  de  Nimes,  où  il  est  mort  le  4  janvier  1857, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Joseph-Prosper  Rénaux,  ar- 
chitecte seulement  de  l'hôtel  de  ville  d'Avignon  et  d'une  église  de 
syle  ogival  élevée  à  Bollène(Vaucluse),  était  plutôt  un  antiquaire; 
mais  nous  ne  pouvons  oublier  les  travaux  importants  aux(|ucls 


80  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

il  consacra  presque  toute  sa  vie,  dans  le  but  de  reconslituer  tous 
les  t'difices  élevés  par  les  Romains  pondant  leur  séjour  dans  le 
midi  de  la  Gaule.  Né  à  Mais  en  1794  et  d'abord  ingénieur  des 
ponisel  clianssées,il  se  prit  d'une  véritable  ardeur  pour  la  science 
archéologique,  éveillée  en  lui  par  la  découverte  qu'il  fit  des 
traces  d'un  cirque  et  d'une  ancienne  salle  de  jeux  publics  deve- 
nue souterraine  par  la  construction  du  château  des  Papes,  auquel 
elle  servait  de  crypte.  En  1826,  il  restaurait,  sous  les  ordres  de 
Caristie,  l'arc  de  triomphe  d'Orange,  puis  découvrait  les  restes 
d'un  aulre  arc  de  triomphe  enfoui  dans  les  constructions  du 
palais  épiscopal  deCarpenIras,  ceux  de  l'arc  de  Cavaillon,  d'un 
théâtre,  de  thermes  et  d'un  aqueduc  (i832-t840).  Nommé  le  14 
avril  1843  membre  correspondant  du  Comité  des  monuments 
historiques,  il  procéda  au  déblaiement  du  théâtre  romain  d'Arles 
et  enfin  à  la  restauration  du  cloître  de  Sainte-Trophime  dans  la 
même  ville  ;  inutile  d'ajouter  qu'il  augmenta  considérablement 
les  richesses  du  musée  de  la  ville  d'Avignon,  où  il  mourut  le 
Il  août  18;j3. 

Michel-Robert  Penchaud,  qui,  daus  un  espace  de  trente 
années, couvrit  d'édifices  Marseille  elle  département  des  Bouches- 
du-Rhône,  était  né  à  Poitiers  le  2i  décembre  1772  et  avait  aidé 
d'abord  son  père  dans  la  construction  des  châtfaux  de  V^errière 
et  de  Dissais,  que  celui-ci  élevait  alors  en  Poitou.  Après  avoir 
étudié  dans  l'atelier  de  Percier,  il  était  nommé,  en  1803,  archi- 
tecte de  la  ville  de  Marseille,  puis,  peu  après,  du  déparfemenl  des 
Bouches-du-Rhône.  Marseille  lui  doit:  le  jardin  botanique  elle 
pont  qui  lui  est  conligu  (1803-1810),  les  fontaines  de  la  place 
Royale  et  de  la  place  Montyon,  la  caserne  de  gendarmerie,  le 
temple  prolestant,  le  grand  hospice  construit  sur  la  rade,  l'arc 
de  triomphe  élevé  aux  vainqueurs  du  Trocadéro,  le  pavillon 
d'entrée  du  lycée,  la  Porte  Majeure,  des  agrandissements  exé 
cutés  au  lazaret,  la  chapelle  du  Port-Dieudonné,  l'église  Saint- 
Remy,  la  maison  d'arrêt  (1813-1831),  enfin  tous  les  travaux  de 
voirie  faits  à  Marseille  de  1803  à  1830.  Hors  de  celte  ville,  Pen- 
chaud fut  l'architecte  du  palais  de  justice  de  Di'aguignan(1824), 
de  la  fa(;ade  du  dépôt  de  mendicité  d'Aix,dela  maison  de  dépôt 
d'Orgon,  du  palais  de  la  Cour  d'Aix  (1822-1823),  de  l'abattoir 
de  Tarascon.  Penchaud  allait  exécuter  le  projet  terminé  d'un 
établissement  "d'aliénés,   lorsqu'il    fut  mis    brusquement    à  la 


d'aprûs  une  pUoLogrophie  de  C.ji).'i 

AL.   DU    BOIS 


CHAPITRE  m.  81 

relniite  en  1832  et  mournl  ;i  l'aris  le  22  décemlire  de  la  même 
année. 

A  Toulon,  un  simple  édifice  à  signaler,  ciuoiqu'il  ne  soil  pas 
œuvre  d'archilecte,  mais  plutôt  d'ingénieur:  c'est  l'embryon  de 
riiôpilal  de  Saint-Mandricr  (considérablement  augmenté  depuis). 
11  se  composait  à  ce  moment  de  deux  pavillons  parallèles  cons- 
truits en  18 19,  perpendiculaires  à  l'bùpital  primitif,  et  d'une 
cbapelle  présentant  nnc  coupole  soutenue  par  seize  colonnes 
d'ordre  corinthien,  autour  de  laquelle  régnait  une  galerie  cou- 
verte décorée  de  vingt-quatre  colonnes  d'ordre  dorique.  Ce  bâti- 
ment rappelait,  comme  on  le  voit,  par  sa  forme,  le  temple  du 
Soleil  à  Home.  L'ingénieur  Rocourt  de  Charleville  et  Benard 
ou  Bernard,  inspecteur  général  des  tra\tuix  hydrauliques,  ont 
attaché  leurs  noms  h  ces  construclions;  nous  n'en  pouvons  pas 
dire  plus. 

Un  architecte  du  département  du  Var,  de  1820  à  1856,  a  cou- 
vert ce  département  d'édifices  portant  tous  le  caractère  archi- 
tectural de  l'époque  à  laquelle  ils  furent  élevés;  il  s'appelait 
Esprit-Bernard  Lantoin,  était  né,  en  1 787,  à  Aix-en-Provence  et 
était  élève  de  Coste.  Architecte,  en  1823,  du  nouveau  palais  épisco- 
pal  et  de  l'hospice  de  Fréjus,  de  1823  à  1851 ,  de  la  prison  dépar- 
tementale, en  collaboration  avec  Ballard  père,  du  théâtre  et  de 
l'hôtel  de  la  préfecture  en  1848,  il  éleva,  hors  de  Draguignan,  l'é- 
glise duNans,  les  mairies  de  Saint-Rapliaél  et  de  Lorgnes  en  1838, 
le  palais  de  justice,  la  prison  et  la  caserne  de  gendarmerie  de  Bri- 
gnoles  en  1839,  le  palais  de  jusiice,  la  prison  et  la  caserne  de 
gendarmerie  de  Toulon  en  18i2,  le  palais  de  justice,  la  prison 
et  la  caserne  de  gendarmerie  de  Grasse,  et  restaura  en  18iO  la 
basilique  de  Saint-Alaximin  (arrondissement  de  Brignoles). 
Obligé  de  céder,  en  184G,  ses  fonctions  d'architecte  diocésain  <à 
l'architecte  Lejeunc,  de  Paris,  il  n'en  continua  pas  moins,  en 
1850,  la  restauration  d'une  œuvre  intéressante  du  xu"  siècle,  le 
cloître  de  l'ancienne  abbaye  du  Thorouet  à  Draguignan,  qui  lui 
devait  déjà  l'église  du  couvent  de  Sainte-Marthe  en  1842  et  celle 
du  couvent  du  Bon-Pasieur  élevée  en  1844.  Enfin,  il  construisit, 
en  1854,  l'église  paroissiale  des  Arcs  et  mourut  à  Draguignan 
en  1856. 

Moins  favorisé  que  le  déparlement  du  Var,  celui  des  l'yré- 
nées-Orienlales  ne  présente  qu'un  édifice  construit  pendant  cette 
m.  6 


82  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

période,  le  lliéàlie  de  Perpignan,  élevé  en  1013  :  arehilecte, 
Toreilles,  sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignement. 
Le  palais  de  justice  de  Privas,  ainsi  que  le  grand  séminaire  de 
Viviers,  exécutés  en  1826  sur  les  plans  d'un  élève  de  Delespine, 
Amable  Macquet,  né  à  Paris  en  1790,  sont  les  seuls  édifices 
importants  à  signaler  dans  TArdèclie;  mais  I\l acquêt  fut  aussi 
chargé  de  la  restauration  de  la  cathédrale  de  Dijon,  de  la  con- 
struction de  la  maison  d'arrêt  de  Beaune  (1830), du  séminaire  de 
Langres,  de  1836  à  1846,  et  d'une  chapelle  aux  Herbiers  (Vendée)  ; 
la  date  de  la  mort  de  cet  architecte  nous  est  inconnue. 

Dans  la  Lozère,  à  Mende,  un  seul  édifice  public  est  à  signaler, 
le  palais  de  justice  de  l'architecte  Boivin,  dont  nous  ne  connais- 
sons que  le  nom. 

Gustave-Bernard  Bouriére,  né  à  Ferrussac  (Tarn-et-Ga- 
ronne),  le  10  janvier  1807,  est  l'architecte  de  presque  tous  les 
édifices  construits  à  Agen  et  dans  le  département  du  Lot-et- 
Garonne,  de  1830  à  1850  :  à  Agen,  l'abattoir,  le  temple  protes- 
tant, la  prison  départementale  et  l'asile  des  vieillards  (en  colla- 
boration avec  L.  Payen),  la  caserne  de  gendarmerie,  le  grand 
séminaire  déjà  commencé;  hors  d'Agen,  l'hôpital  de  Villeneuve- 
sur-Lol,  le  temple  de  Nérac  (en  collaboration  avec  Baltard 
père),  etc.  Bouriére  est  mort  en  septembre  1867. 

L'hôtel  de  ville  de  Gaillac,  qui  renferme  le  tribunal  et  le  col- 
lège, ainsi  que  la  halle  de  Castres,  datent  de  1833  à  1837  et  eu- 
rent pour  architecte  Le  Brun  désigné  seulement  sous  le  nom  de 
Le  Brun  jeune  ;  la  prison  et  la  caserne  de  gendarmerie  de  Car- 
cassonne  ne  suffiraient  pas  à  donner  à  Sargine  Champagne,  né 
dans  cette  ville  en  1795,  une  place  dans  noire  ouvrage,  s'il  n'a- 
vait également  attaché  son  nom  à  la  restauration  du  porche  ogival 
de  la  cathédrale  de  Carcassonne,  à  une  époque  où  l'étude  des  édifi- 
ces religieux  du  moyen  âge  était  absolument  bannie  de  l'enseigne- 
ment architectural;  aussi  regrettons-nous  de  ne  pouvoir  donner 
aucun  autre  renseignement  biographique  sur  cet  architecte. 
Charles-Victor  Malo,  né  à  Brest  (Drôme),  en  1799  et  mort 
architecte  du  département  du  Loi  le  7  novembre  1862,  avait 
étudié  l'architecture  à  l'école  des  arts  et  métiers  de  Chàlons,  ce 
qui  ne  l'empêcha  pas  d'être  chargé  de  la  construction  de  l'Iiôlel 
de  ville  et  du  théâtre  de  Cahors,  d'aspect  assez  monumental,  de 
la  maison  d'arrêt  et  d'un  séminaire. 


CHAPITRE  III.  83 

L'arcliitecle  auquel  le  déparlemenl  des  Basses-Pyréaées  doil 
la  plupart  des  édiiices,  plus  ou  moins  importants,  élevés  de  1817 
à  1837,  s'appelait  Jean  Latapie,  éiait  né  à  Jurançon,  le  2  mai 
178i-,  et  élait  élève  de  Percier.  Restauraleur  de  l'hùlel  de  ville  de 
Pau,  en  collaboration  avec  Famin,  il  y  construisit  le  marché,  la 
halle,  le  grenier  public  ainsi  que  l'église  Saint-Louis,  place 
Royale,  un  lazaret  de  terre  à  Urdos,  de  1817  à  1822,  un  lazaret 
maritime  à  Rayonne  en  1823,  un  hôtel  de  ville  et  des  halles  pour 
la  ville  de  Nay,et  mourut  le  12  avril  1837,  laissant  un  projet  d'é- 
glise et  de  théâtre  pour  la  ville  de  Pau. 

Parmi  les  architectes  assez  nombreux  que  vit  naître  le  pays 
bordelais  de  1780  à  1815,  trois  seulement  se  dislinguèrent  par 
des  œuvres  importantes.  Au  premier  rang,  Pierre-Alexan- 
dre Poitevin,  qui,  néàRordeaux  le  24  février  1782,  dut  vivre 
pendant  sa  première  jeunesse  du  produit  de  ses  leçons  comme 
professeur  de  dessin.  Protégé  par  la  famille  de  Marcelius,  qui 
avait  reconnu  son  tempérament  d'artiste,  il  put  entrer  culin,  en 
1809,  dans  l'atelier  de  Percier,  et  c'est  là  qu'il  acquit  les  con- 
naissances nécessaires  à  la  profession  d'architecte.  Au  sortir  de 
cet  atelier,  il  fut  nommé  architecte  du  département  de  Lot-et- 
Garonne,  qui  lui  doil  le  palais  dejusIiced'Agen,  le  palais  de  justice, 
les  prisons  et  l'hôtel  de  ville  de  Marnîande.  Nommé  alors  archi- 
tecte du  département  de  la  Gironde,  il  est  chargé,  en  1820,  de 
la  transformation  de  l'abbaye  d'Eysses  en  maison  centrale,  puis, 
à  Cadillac,  de  la  transformation  du  château  d'Epernon  en  une 
prison  de  femmes  et  de  la  construction  de  l'hospice  des  aliénés, 
de  l'étahlissement  du  presbytère  de  Langon  (1823)  et  du  lazaret 
de  Trompeloup  près  Pauliac,  sur  la  Gironde  (1825).  Ses  travaux 
à  Bordeaux  sont  les  suivants  :  restauration  des  églises  Saint- 
André  et  Saint-Nicolas,   érection  de  portails  pour  les  églises 

Saint-Seurin  et  Saint-Eloi,  érection  des  colonnes  rostrales  de  la 

» 

place  des  Quinconces  tt  du  monument  de  l'archevêque  Daviau 
dans  la  cathédrale.  Poitevin  est  mort  à  Bordeaux  le  7  avril  1859, 
auteur  d'un  Abrégé  de  llnsloire  des  arls  publié  en  1848. 

Les  deux  Burguet  s'occupèrent  surtout  des  services  hospita- 
liers de  Bordeaux  :  à  Jean  Burguet,  né  dans  celle  ville  en  1783, 
où  il  mourut  le  17  mars  1848,  on  doit  l'hôpilal  général  Saint- 
André,  sur  la  place  d'Armes,  et  des  agrandissements  considéra- 
bles à  riiôpital   Saint-Jean;    il  fut  également   l'archilocle  du 


84  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

templo  anglican  et  do  la  salle  de  concert  dite  salle  Franklin. 
Charles-Bernard  Burguet,  son  neveu  et  son  élève,  né  le  10  dé- 
cembre 1821,  vint  étudier  l'architecture  dans  l'atelier  de  Lebas  ; 
nommé,  en  1848,  architecte  de  la  chambre  de  commerce  et  des 
hospices  et,  en  1851,  de  la  ville  de  Bordeaux,  il  consiruisit  le 
marché  au  bétail,  le  grand  marché,  le  marché  «  des  grands 
hommes  »,  appropria  l'ancien  collège  des  jésuites  aux  besoins  du 
nouveau  lycée,  puis  fut  chargé  de  nombreuses  restaurations  à 
l'église  Saint-Michel,  au  Grand-Théâtre,  à  l'hôtel  de  ville,  à 
l'hôpital  de  Saint-André,  etc.  ;  président  de  la  Société  des  arclii- 
tectes  de  Bordeaux,  qu'il  avait  fondée,  il  est  mort  dans  cette  ville 
le  9  mars  1879. 

Un  des  principaux  édifices  de  Bordeaux,  le  palais  de  justice, 
fut  construit,  en  184î,  sur  les  plans  de  Joseph-Adolphe  de 
Thiac,  né  à  Bordeaux  le  4  juillet  1800,  fils  d'un  autre  architecle 
bordelais,  Pierre-Jean-Baptiste,  élève  de  Louis,  qui  pendant 
vingt  ans  jouit  auprès  de  ses  compatriotes  d'une  certaine  noto- 
riété, mais  n'a  laissé  aucune  œuvre  susceptible  d'êlre  mentionnée 
ici.  Elève  de  son  père  d'abord,  puis  de  Vaudoyor  et  Lebas, 
.loseph  de  Thiac  compléta  ses  études  en  Italie,  de  1824  à  1828. 
Revenu  à  Bordeaux,  il  fut  nommé,  en  1830,  architecte  du  dépar- 
tement de  la  Gironde  et  y  construisit  aussi  la  prison,  l'hôtel  de 
la  posie  et  l'iuslitulion  des  sourdes-muettes.  De  Thiac,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur  depuis  1846,  est  mort  au  Bouscat  le  24 
décembre  186.5.  Jean- Jules  Mondet,  élève  de  Labbé  et  Danjoy, 
naquit  à  Bordeaux  le  28  novembre  1834.  Depuis  1859,  il  exé- 
cuta dans  le  Bordelais  au  moins  cinquante  églises  ou  clochers 
et  plusieurs  châteaux.  Parmi  ses  principaux  travaux  nous  cite- 
rons :  l'église  de  Costets  en  Dorthe  (1863-64),  l'agrandissement 
de  l'église  catholique  de  Bazas  et  la  restauration  de  la  porte  du 
Groquet  à  Bazas  (1804),  la  restauration  de  l'église  Notre-Dame 
d'Ureste  (ancienne  abbatiale)  (1871-72);  à  Bordeaux,  l'église 
NoIre-Dame-de-Lorette  (1873)  et  le  presbytère  de  Sainte-Eulalie; 
les  restauration  générale  et  reconslilulion  partielle  de  l'église 
Saint-Riesse  (1880)  et  l'église  du  Sacré-Cœur  (1884),  les  églises 
de  Sainte-Hélène  et  des  Audenge.  Le  Lot-et-Garonne  lui  doit  la 
restauralion  de  l'église  de  Gouland,  la  construction  de  l'église  de 
Puymiclos  et  de  Noire-Dame  de  Tonneins.  En  1883-1886,  il  fil 
la  restauration  générale  et  l'appropriation  de  l'ancienne  abbaye 


CHAPITRE  III.  85 

du  Rivet,  à  Auvos.  Alondet  a  conslriiit  de  plus,  à  Nîmes,  l'église  de 
Saint-Baiidile,  inaugurée  le  28  octobre  1877,  qui  apparlient  au 
style  ogival  de  la  fin  du  xiii°  siècle,  légèrement  modilié,  avec 
une  abside  carrée  et  deux  llèches  élancées  qui  ilauquenl  le 
grand  portail.  Son  projet  aélé,  de  plus,  classé  le  premier  au  con- 
cours pour  l'érection  de  la  cathédrale  de  Buenos-Ayres  (1882), 
mais  nous  ignorons  s'il  a  été  exécuté. 

Deux  autres  architectes  bordelais  de  la  même  époque  ont  té- 
moigné, dans  les  constructions  particulières  qu'ils  ont  élevées, 
de  leur  goût  artistique  cl  de  leurs  connaissances,  cesonl  :  Pierre 
Clochar,  né  à  lîordeaux  en  1774,  plutôt  dessinateur  qu'arclii- 
tccte;  Gabriel-Joseph  Durand,  né  à  Bordeaux  en  1792,  élève 
de  Bonfiu  fils,  qui  a  élevé  en  1852  l'abattoir  général  de  cette 
ville  et  celui  de  Libonrne. 

Le  déparlement  de  la  Charente  cul  le  bonheur  de  trouver  dans 
son  architecte  départemental,  Ahadie,  .à  une  époque  où  tout 
était  à  créer,  un  artiste  capable  de  comprendre  et  de  diriger  le 
travail  de  transformation  nécessité  par  les  besoins  du  service 
politique  et  administratif  qu'on  y  créait. 

Paul  Abadie,  né  le  22  juillet  d783,  à  Bordeaux,  y  commenç:a 
ses  éludes  d'architecture  dans  l'atelier  de  Bonfin  et  les  continua 
dans  celui  de  Percier  et  Fontaine;  attaché  comme  inspecteur  à 
la  construction  de  l'escalier  du  Louvre  exécuté  par  ces  deux 
architectes,  puis  successivement  au  ministère  des  finances 
(ex-hôtel  des  Postes),  rue  de  Bivoli,  et  aux  travaux  qu'exécutait 
alors  Bonnard  comme  architecte  en  chef  des  manufactures  de 
tabac,  c'est  en  1818  qu'Abadie  vint  se  fixer  à  Angoulêine.  Il  y  a 
laissé  :  le  palais  de  justice  inauguré  en  1828,  sur  la  place  du 
Mûrier,  l'hôtel  de  la  préfecture  près  le  rempart  de  l'est,  ter- 
miné en  1832,  le  portail  néo-grec  de  l'église  Saint-André,  église 
romane  du  xi"  siècle,  la  façade  dans  le  même  goût  du  Dépôt  des 
minutes  des  notaires,  installé  dans  le  palais  roman  des  comtes  de 
Taillefer,les  abattoirs,  une  partie  des  prisons,les  halles,  le  lycée  que 
termina  son  fils,  et  enfin  l'église  Saint-Jacques  du  faubourg  de 
Lhoumeau,  au  portique  dorique,  avec  clocher  dansle  sentimenlita- 
lien,  achevée  en  1840;  l'hospice  général,  édifice  du  xvi"  siècle,  lui 
doitaussi  des  agrandissements  notables  exéculésdc  1826  à  1828. 

Hors  d'Angoulème,  Abadie  fui  l'architecte  de  la  sons-i>rél'ec- 
lure  et  du  imlais  de  justice  de  Bull'ec  ainsi  que  des  prisons  de 


86  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

Ruffec  et  de  Confoleiis.  Il  mourut  le  3  décembre  18G8,à  Bor- 
deaux, où  il  s'était  retiré  depuis  quelques  années,  membre 
correspondant  de  l'Institut,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 
depuis  1836,  et  laissant  un  fils  appelé  comme  lui  Paul,  et 
architecte  comme  lui,  dont  nous  retracerons  la  vie  lorsque 
nous  ferons  l'histoire  de  l'architecture  en  France  pendant  la 
deuxième  moitié  de  notre  siècle. 

Dans  la  Charente-Inférieure,  à  Rochefort,  nous  n'avons  à 
citer  que  la  construction  d'un  édifice  important,  l'église  i)arois- 
siale  de  Sainl-Louis,  élevée  en  1835  par  un  arcliitecte  bordelais, 
Jean-Félix  Garde,  né  le  29  juillet  1779,  mort  à  Rochefort  le 
22  juin  1853,  architecte  aussi  du  collège  communal  (1828  à  1830) 
et  de  la  halle  de  cette  ville  (1851). 

L'architecte  du  département  des  Deux-Sèvres,  Pierre-Théo- 
phile Segrétain,  né  à  Niort  en  1798,  avait  élé  nommé,  à  sa 
sortie  de  l'École  polytechnique,  professeur  de  stéréotomie  à 
celle  des  ponts  et  chaussées;  mais  il  avait  eu  toujours  un  goût 
très  prononcé  pour  l'architecture,  et  alors  se  fit  nommer 
architecte  de  son  déparlement;  il  y  éleva  plusieurs  édifices 
importants,  noiammcnt  riiôtel  de  la  préfecture  de  Niort,  de 
1828  à  1832,  le  palais  de  justice,  une  église  à  Chef-Boutonne 
et  un  temple  protestant.  On  lui  attribue  encore  la  restauration  de 
la  plupart  des  édifices  religieux  du  département  des  Deux-Sèvres. 
Segrétain  mourut  à  Niort  en  novembre  18G4,  laissant  un  projet 
de  prison  ])our  celle  ville,  projet  approuvé  par  le  ministère  au 
moment  de  sa  morl. 

A  Nantes,  pendant  les  premières  années  delà  période  dont  nous 
faisons  l'histoire,  les  architectes  ne  manquent  pas  ;  ce  qui  manque, 
c'est  la  valeur  arlistique  des  édifices  qu'ils  y  ontélevés;  que  dire, 
en  effet,  du  pelit  palais  de  la  Société  des  beaux-arts  bàli  par 
François-Léonard  Scheult,  second  du  nom,  né  à  Nantes  le 
11  avril  1771  et  mort  le  1"  mars  1840,  beaucoup  plus  connu  par 
les  clulteanx  qu'il  fit  élevor  en  Anjou  et  en  Touraine  ;  de  l'abattoir 
commencé  le  10  avril  1826  par  Jean-François  Demolon,  né  en 
1790,crécédéle  22  octobre  1856  à  Nantes,  alors  même  qu'on  sait 
que  le  coût  de  cet  abattoir  s'est  élevé  à  830,000  francs;  de  Ma- 
thurin  Pécot  et  de  Pierre  Pécot,  nés  à  Nozay,  élèves  de  (Jueslel, 
auteurs  du  passage  de  la  Basse  Grande  Rue  à  Nantes,  de  Burond 
et  de  Durand-Gasselin,  constructeurs,  en   1843,    du   passage 


CHAPITRE  III.  87 

Pommerayo,  quoiqu'ils  aient  raclielé  avec  intelligence  une  nola- 
ble  différence  de  niveau  existant  entre  les  deux  moiliés  du  pas- 
sage? I^a  serre  du  jardin  des  plantes  et  le  couvent  des  Carmélites 
furent  commencés  par  Félix-François  Ogée,  né  cà  Nantes  le 
11  mai  1790,  et  qui  avail  élé  élève  de  l'Ecole  polytechnique  et 
directeur  de  l'artillerie  à  Nantes  avant  d'en  être  nommé  (on 
1817)  l'archilecle-voyer.  Ogée  plaça  d'ailleurs  la  bibliollièque 
communale  au  premier  étage  de  la  halle  aux  blés  et  enrichit  l'hôlel 
de  ville  d'un  pont  de  fer  dit  l'Arche  Sèche,  placé  sous  la  salle 
de  bal;  il  y  fit  encore  les  bâtiments  de  l'usine  à  gaz;  à  Paim- 
bœuf.  le  collège,  unlavoir  et  des  quais  ;  puis  une  petite  église  dans 
le  style  des  basiliques  à  la  Cbapelle-Basse-Mer.  Mort  à  Paris  le 
25  février  1837,  il  laissait  un  iils,  Emile -Paul- Adolphe  Ogée, 
comme  lui  architecte-voyer  de  la  ville  de  Nantes  et  professeur 
de  dessin  à  l'école  des  sciences,  dont  nous  ne  connaissons  pas 
les  œuvres.  Né  le  18  janvier  1826  à  Nantes,  Emile  y  mourut  le 
H  oclobre  1879. 

Un  élève  de  Duban,  Henri-Théodore  Driollet,  né  à  Paris  le 
23  janvier  iBOo,  mort  le  12  novtmiM'e  1863,  qui  avait  été  l'ins- 
pecteur des  travaux  de  décoration  de  la  cathédrale  de  iîeims  or- 
donnés en  1825  à  l'occasion  du  sacre  de  Charles  X,  fut  désigné 
comme  architecte  diocésain  de  la  Loire-inférieure,  du  Morbihan 
et  de  la  Charente-Inférieure;  mais  il  ne  prit  pas  possession  de 
ses  fonctions  et  fut  nommé  architecte  de  la  ville  de  Nantes;  il 
y  dirigea  la  construction  dos  serres  du  jardin  des  plantes  en 
1843,  de  l'escalier  de  Sainte-Anne  en  1851,  du  temple  protes- 
tant delà  rue  de  Gigant  en  1855,  la  décoration  de  la  salle  de 
Felire,  la  restauration  du  musée,  l'établissement  de  la  place 
Royale;  on  lui  doit  encore  un  marché  au  poisson,  le  belTioi  de 
l'église  de  Sainte-Croix,  une  fontaine  et  des  lavoirs  publics,  etc. 
Enfin,  il  fui,  à  la  mort  de  Lassus,  chargé  de  la  resiauralion  de 
l'église  Saint-Nicolas. 

Avant  que  t>lienantais,  dont  nous  allons  faire  la  biographie, 
eût  construit,  conjointement  avec  Saint-Félix  Scheult,  le  nouveau 
palais  de  justice  de  Nantes,  en  1853,  le  service  judiciaire  était 
installé,  depuis  1834,  dans  les  bàtimenis  de  l'ancien  hôlel  de  la 
Monnaie  qu'avait  consiruit,  do  1821  à  1825,  un  archilecte  envoyé 
de  Paris,  nommé  Colomb  Gengembre  ou  Gingembre,  que 
nous  ne  connaissons  pas  aulromonl.  Ce  fui  en  18ii  qu'à  l'exlré- 


«8  LES   AHGHITEGTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

niil6  de  la  rue  La  Fayelle  fut  commencé  ce  nouveau  palais  de 
juslice.  Joseph-Fleury  Chenantais,  l'un  de  ses  archilectes,  na- 
quit à  Nantes  le  6  oclobre  ISOO;  élève  de  Garnaud,  il  fut  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'iionneur  en  I80G.  Outre  le  palais  de 
juslice,  dont  nous  pouvons  citer  le  portique  formé  d'une  double 
colonnade  soutenant  une  frise  sur  laquelle  pose  un  groupe 
signé  de  Sur,  un  arlisie  nantais,  Nantes  doit  à  Chenantais  l'église 
NoIre-Dame-de-Bon-Port,  dont  la  coupole  rappelle  les  églises 
de  Gènes,  la  salle  destinée  aux  exposilions  de  peinture  et  à  l'au- 
dition des  concerts,  le  théâtre  de  la  Renaissance,  la  prison,  la 
manufacture  des  tabacs,  les  gares  de  Tours  à  Nantes,  et  sur- 
tout le  très  bel  hôpital  dont  l'inauguration  a  eu  lieu  le 
21  novembre  18G3;  ce  bâtiment,  qui  peut  recevoir  1,100  ma- 
lades, a  coûté  2,200,000  francs.  Chenantais  est  mort  président 
de  la  Société  des  architecles  de  Nantes  et  jeune  encore,  le 
1"  novembre  1808. 

Le-coliaborateur  de  Chenantais  dans  la  plupart  des  travaux 
que  nous  venons  de  citer,  Saint-Félix  Scheult,  était  d'une 
famille  d'artistes,  parmi  lesquels  François-Léonard,  doni  on  a  lu 
le  nom  quelques  lignes  plus  haut. 

Archilecle  en  1827  du  département  de  la  Loire-inférieure, 
il  y  a  construit  i'église  de  Sainl-l'^lienne  de  Mouthic,  la  chapelle 
Saint-Donatien  à  Nantes,  plusieurs  hôtels  également  dans 
cette  ville,  et  fit  une  restauration  importante  à  la  cathédrale. 
Nous  ignorons  d'ailleurs  les  dates  de  naissance  et  de  mort  de 
Scheult. 

Avant  d'être  l'architecte  du  palais  de  justice  et  de  riiôtel  de 
ville  de  Chàlellerault,  Jacques  Diilin,  né  à  Lyon  le  13  juillet 
1806,  s'était  déjà  fait  connaiire  par  la  construction  de  Sainl- 
François-de-Sales,  à  Lyon,  et  d'une  église  à  Villeurbanne, 
département  de  l'Isère;  de  plus,  il  avait  obtenu  des  mentions 
honorables  pour  ses  projels  de  mairie  de  la  Guillotière  et  de  la 
halle  de  Besançon.  Après  l'érection  de  ces  deux  importants 
édifices,  Dulin  obtint  la  restauration  du  palais  de  justice  de 
Poiliers,  construction  du  xiii''  siècle.  Le  déparlemonl  des  Deux- 
Sèvres  lui  doit  aussi  la  chapelle  de  Gagemont  à  Melle;  Dulin, 
qui  a  construit  dans  la  région  un  assez  grand  nombre  d'bôlelset 
de  cliâleaux,  est  mort  à  une  date  que  nous  ne  pouvons  préciser. 
L'église  de  la   Daguenière  date  de  1823  et  eut  pour  archi- 


J,  I.  HITTORFF 


CHAPITRE   III.  89 

locte  François,  donl  nous  no  connaissons  que  le  nom  ;  à  moins 
qu'il  ne  s'agisse  de  l'arcliilecte  Villers,  prénommé  François,  car 
la  plupart  des  édifices  de  Maine-el-Loire  construits  <à  cette 
époque  pour  répondre  aux  besoins  de  l'administration  départe- 
mentale sont  dus  à  un  élève  de  Delespine,  Jacques-Louis- 
François  Villers,  né  à  Paris  le  7  février  1791  ;  il  fut,  en  etrct, 
l'architecte  de  l'hôlel  de  ville  et  du  tribunal  de  commerce  de 
Cholet,  ainsi  que  d'une  fontaine  dans  cette  petite  ville,  du  palais 
de  justice  de  Sanmur  et  d'une  halle  à  Chemillé,  dont  le  premier 
étage  est  consacré  aux  services  de  la  justice  de  paix  et  de  la 
mairie.  Villers  fut  également  l'architecte  de  la  colonne  élevée, 
en  1823,  à  Saint-Florent-le-Vieil  en  l'honneur  de  la  duchesse 
d'Angoulême,  et  il  est  mort  architecte  de  la  ville  d'Angers, 
laissant  un  certain  nombre  de  projets  qui  ne  paraissent  pas 
avoir  été  exécutés. 

Petits-lils  du  peintre  Antoine  Vestier,  membre  de  l'ancienne 
Académie,  Phidias  et  Archimède  Vestier  (ce  dernier,  ancien 
élève  de  l'Ecole  polytechnique  et  commissaire-voyer  de  la  ville 
de  Paris,  mort  en  1862)  concoururent  à  l'érection  de  la  gare 
de  Tours  et  de  toutes  les  gares  de  Paris  à  Tours  par  Vendôme, 
d'Orléans  à  Tours,  de  Nantes  à  Brest,  etc.  Phidias  Vestier,  né  à 
Berny  (Seine),  le  27  octobre  179G,  avait  été  élève  de  l'École  des 
beaux-arts,  inspocleur  des  monuments  historiques  du  déparle- 
ment dIndre-el-Loire  et  est  mort  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur en  1874. 

C'est  vers  ISoO  que  Charles  Jacquemin  Belisle,  alors  archi- 
tecte du  département  d'Indre-el-Loire,  né  en  1815,  éleva,  avec 
l'aide  de  son  fils,  le  palais  de  jusiice  de  Tours,  qui  comprenait 
une  caserne  de  gendarmerie  el  une  maison  d'arrêt  suivaul  le 
système  cellulaire.  Architecte  aussi  de  l'hôtel  Dussausoy  et  des 
vastes  ateliers  de  l'imprimerie  Mame  de  Tours,  il  est  mort  dans 
celle  ville  en  1809. 

La  ville  du  Mans  voit  s'élever,  de  1828  à  1836,  l'asile  dépar- 
temental d'aliénés;  en  1842,  son  théâtre  municipal  sur  la  place 
des  .lacobins  et,  sur  l'emplacement  de  l'ancien  hôtel  do  Tessé, 
le  palais  de  l'évèque.  L'architeclc  de  ces  édifices  s'appelait  De  la 
Ruel,  c'est  tout  ce  que  nous  pouvons  affirmer. 

\a\  fidèle  Bretagne  ne  fut  pas  négligée,  naturellement,  par  le 
gouvernement  de  la  Beslauralion.  A  Bonnes,   de  182o  à  1843, 


90  LES   AHGHITKCTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

s'élève  la  maison  d'arrèl,  et  la  calliéilrale,  dont  l'étal  était  dé- 
plorable, reçoit  une  restauration  intelligente  et  respectueuse,  ce 
qu'on  obtenait  difficilement  des  architectes  de  celte  époque. 
L'homme  auquel  elle  fut  confiée,  arcliilecte  diocésain  du  dépar- 
tement, était  Louis-Guy-Marie-Rose  Richelot,  né  à  Rennes 
le  27  juillet  1786.  En  celte  qualité,  il  a  construit  le  palais  de  jus- 
tice et  la  sous-préfecture  de  Sainl-Malo,  le  palais  de  justice  de 
Montfort  et  celui  de  Redon,  et  a  dirigé  la  restauration  du  châ- 
teau de  Vitré;  il  a  élevé,  également,  plusieurs  grands  hôtels  à 
Rennes,  où  il  mourut  le  29  décembre  1855,  laissant  à  l'architecte 
Langlois  le  soin  de  continuer  la  restauration  de  la  basilique  qu'il 
avait  si  bien  commencée. 

Charles-Isidore-Eustache  Millardet,  né  en  1800,  élève  de 
Debret,  éleva,  de  1820  à  18o2,  le  tliéàtre  de  Rennes  et  le  cliâ- 
teau  d'eau  destiné  à  alimenter  les  fontaines  dont  il  était  l'auteur 
sur  la  promenade  qui  conduit  à  cet  édifice  ;  Rennes  lui  doit  en- 
core l'entrée  et  la  chapelle  du  cimetière,  le  pont  de  Berlin, 
l'escalier  de  la  Molle  et  la  galerie  Méret.  Nommé  ensuite  ar- 
chitecte à  Valenciennes,  le  1"  mai  18'(7,  Millardet  y  mourut 
peu  après,  le  15  juillet,  professeur  à  l'académie  de  cette 
ville. 

Le  palais  de  l'Université  de  Rennes  eut  pour  architecte  Vin- 
cent-Marie BouUé,  né  à  Vannes,  le  24  floréal  an  XI.  Élève  de 
l'École  des  beaux-arts,  RouUé  s'était  déjà  fait  connaître  à  Li- 
moges, oii  il  a  élevé  plusieurs  constructions  dont  nous  ignorons 
l'importance  ;  comme  architecte  en  chef  de  Rennes,  il  eut  à 
construire  l'abattoir,  la  balle  au  poisson  et  les  bureaux  de  l'oc- 
troi ;  puis  se  relira  à  Sainl-Rrieuc,  où  il  est  mort  en  1804. 

A  Sainl-Rrieuc,  c'est  Louis-Maurice-René  Lorin,  né  le 
20  juillet  1781  et  mort  dans  la  même  ville  le  5  décembre  1846, 
qui  élève,  en  1835,  l'hôtel  de  la  Préfecture  et  l'église  Saint- 
Michel;  le  tribunal  de  Loudéac  est  de  ce  môme  architecte. 

La  ville  de  Lorient,  que  sa  situation  appelait  à  devenir  une 
ville  maritime  de  premier  ordre,  vit  s'élever,  au  commencement 
du  xix°  siècle,  un  assez  grand  nombre  d'édifices  importants. 
L'architecte  qui  eut  la  direction  des  travaux,  à  partir  de  1808, 
s'appelait  Pierre-Marie  de  Lussault  et  était  né  à  Paris  le 
H  février  1785;  d'abord  employé  comme  dessinateur  aux  cons- 
tructions navales  du  port,  Lussault  construisit,  en  1808,  la  porte 


CHAPITRE  III.  91 

de  l'arsenal  maritime.  Devenu  architecle  de  la  ville  de  Lorient, 
il  débuta  en  181 1  par  Térection  de  la  fontaine  de  la  place  Saint- 
Louis;  de  1820  à  1828,  il  restaura  l'église  Saint-Louis  en  même 
temps  qu'il  restaurait  la  mairie  de  Port-Louis  et  élevait  à  Lorient 
(1821-1823)  la  maison  d'arrêt  projetée  en  1817;  en  1821,  le 
marché  à  la  viande;  de  182i  à  1828,  le  collège  communal;  en 
1826,  le  lazaret  Saint-.Micliei,  l'octroi  et  l'abattoir  qui  ne  tar- 
dera pas  à  disparaître;  en  1829,  les  monuments  à  la  mémoire  de 
Bisson  à  Lorient  et  de  Georges  de  Cadoudal  à  Auray  ;  de  1833 
à  1834,  la  halle  au  pain,  dont  le  premier  étage  a  été  occupé  par 
l'école  primaire  et  converti  depuis  (1878)  en  musée  avec  école  de 
dessin.  De  Lussault,  qui  était  fds  d'un  architecte,  lauréat  de 
1772,  mais  dont  ne  nous  connaissons  pas  les  œuvres,  est  mort 
Lorient  le  12  septembre  18G0.  Beaucoup  plus  modeste  fut  la  part 
de  notoriété  recueillie  par  Auguste-Louis-Édouard  Bouillon, 
dont  l'ouvrage  sur  les  Principes  de  la  conslruction  des  écoles 
primaires  fut  pourtant  adopté  comme  un  guide  sûr,  en  1833, 
par  le  ministre  de  l'instruction  publique.  Né  à  Paris  en  1803, 
mort  à  Périgueux  en  1861,  Bouillon  n'a  produit,  pendant  son 
assez  longue  carrière,  qu'une  école  normale  primaire  à  Bourbon- 
Vendée  (la  Roche-sur-Yon)  et  une  école  supérieure  annexe.  11 
mourut  à  Périgueux  en  1864. 

L'hospice  des  aliénés  de  la  Loire-Inférieure,  dont  Jouannin 
fut  l'architecte,  de  1820  à  1827,  occupe  les  bâtiments  de  l'an- 
cienne abbaye  de  Saint-Yon,et  fut  continué  par  Grégoire;  nous 
n'en  savons  pas  davantage. 

La  Normandie  ne  fut  pas  non  plus  négligée  par  le  gouverne- 
ment de  la  Restauration  ;  à  Rouen  même,  un  élève  de  Percier  et 
Fontaine,  Charles-Félix  Maillet  du  Boullay,  né  à  la  Bouille,  en 
179S,  fut  nommé,  jeune  encore,  architecte  en  chef  de  la  capi- 
tale de  la  Normandie  et  exécuta  d'abord  des  restaurations  im- 
porlantes  à  l'église  Saint-Ouen,  à  l'hôtel  de  ville  et  à  la  chapelle 
du  cimetière  principal  ;  puis,  il  fut  chargé  de  l'érection  de  l'église 
Saint-Paul  sur  l'emplacement  de  l'édilice  primitif  du  xi'  siècle, 
dont  il  conserva  cependant  les  absides,  qui  servent  aujourd'hui 
de  sacrislie,  un  bâtiment  pour  les  douanes  et  des  abattoirs. 
Maillet  du  Boullay,  fort  connu  à  Paris,  quoique  architecte  de  pro- 
vince, fit  élever  plusieurs  hôtels,  notamment  l'hôtel  de  Coigny 
elle  château  de  Vaudremer,  cl  mourui  le  20  mars  1878. 


9i  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS  (EUVRES. 

L'li(Mel  des  douanes,  mis  au  concours  en  183i,  enl  pour  archi- 
tecte un  enfaiil  de  la  Normandie,  Charles-Edouard  Isabelle,  né 
au  Havre  le  24  février  1800.  Elève  d'Achille  Leclère,  Isabelle 
élait  déjà  connu  par  une  étude  remarquable  faite  par  lui,  pendant 
son  séjour  en  Italie,  sur  les  Edifices  circulaires  et  les  coupoles 
des  grandes  églises  de  la  péninsule,  publiée  de  1824  à  1828. 
Chargé  ensuite  de  l'érection  du  théâtre  de  Béziers,  de  la  restau- 
ration des  écoles  d'arts  et  métiers  de  Chàlons  ot  d'Angers,  de 
l'établissement  thermal  de  Vichy,  il  revint  à  Rouen  faire  le 
piédestal  delà  statue  de  Boieldieu  (1839),  puis,  à  l'aris,  fut  l'ar- 
chitecte des  tombeaux  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  de  David 
d'Angers  (1857).  Nommé  officier  de  la  Légion  d'honneur  en 
1802,  il  est  mort  en  1879. 

Au  delà  de  Rouen,  au  Havre,  c'est  un  ingénieur  sorti  de 
l'Ecole  polytechnique  et  de  l'Ecole  des  ponts  et  chaussées  qui  se 
fait  l'architecte  d'une  salle  do  bal  de  Sainte-Marie-de-Graville  et 
restaure  l'église  Saint-François,  puis  s'en  va  construire  la  salle 
de  spectacle  de  Dieppe  ;  il  est  vrai  que  Pierre-François  Fris- 
sard,  né  le  27  juillet  1787,  à  Paris,  oîi  il  est  mort  le  2  septembre 
1854,  inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées,  a  sans  doute 
vu  dans  ces  travaux  une  distraction  digne  de  son  intelligence, 
appelée  à  résoudre  les  plus  graves  problèmes.  Nous  laissons 
d'ailleurs  à  ceux  qui  écriront  la  biographie  de  nos  ingénieurs 
le  soin  de  donner  celle  de  l'ingénieur  Frissard.  Architecte  de 
la  ville  de  Caen  et  professeur  à  l'école  d'architecture  de  cette 
ville,  Emile  Guy,  né  à  Paris  le  21  mars  1795,  éleva  à  Caen, 
en  1832,  les  abattoirs  et,  en  1838,  le  Ihéâlre  de  la  ville;  des  ad- 
ditions considérables  au  lycée  et  la  reprise  en  sous-œuvre  de 
l'un  des  piliers  de  la  tour  dans  l'église  Saint-Pierre  de  Caen 
complètent,  avec  l'érection  du  théâtre  de  Sainl-Quenlin,  la  liste 
des  travaux  de  cet  architecte,  qui  fut  fait  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  en  1842  et  est  mort  le  4  juillet  18GG. 

C'est  aux  deux  architectes  Haron-Romain  père  et  tlls  qu'est 
due  la  maison  centrale  de  Reauiieu,  établie  sur  l'emplacement  de 
l'ancienne  maladrerie,  près  de  Caen.  Haron-Romain  père,  né  à 
Bernayen  1701,  second  grand  prix  en  1788,mouriil  le  13  janvier 
1822,  laissant  non  seulement  son  projet  de  maison  centrale,  mais 
encore  un  projet  d'hôpital  pour  la  ville  de  Caen;  Haron-Romain 
fils,  né  à  Bernay  le  15  août  1796,  sortait  de  l'Ecole  polytechni- 


CHAPITRE  III.  93 

que  lorsqu'il  fut  appelé  ii  cxéculcr  le  projet  de  son  père  (1823- 
1844);  architecte  ensuite  de  la  préfecture  du  Calvados  et  du 
temple  protestant,  Haron-Romain  fils  fut  chargé  de  la  restaura- 
tion de  la  cathédrale  de  Bayeux  (continuée  par  AI.  Uuprich- 
Roberl).  En  1840,  sur  l'ordre  du  ministre  de  l'intérieur,  il  rédi- 
gea, de  concert  avec  Bleuet  et  Iloreau,  une  série  d'instructions 
relatives  à  la  construction  des  maisons  d'arrêt,  et  fut  nommé,  en 
1830,  architecte  diocésain  d'Alger.  11  est  mort  à  Caen  le  22  avril 
186G,  laissant  un  projet  de  monument  au  Poussin  et  un  projet 
de  séminaire  pour  Alger.  La  maison  d'arrêt  de  Cherbourg  eut 
pour  architecte,  en  1823,Moutier,  qui  avait  été  chargé  d'élever 
le  monument  à  la  mémoire  du  duc  de  Berry,  à  Paris  (182G-1 829); 
mais  la  révolution  de  1830  l'a  fait  disparaître  et  il  a  élé  rem- 
placé par  la  fontaine  actuelle,  (puvre  de  Hiltorff. 

Gustave-Napoléon  Doisnard,  né  à  Lisieux  en  1806,  eut, 
comme  arrhilecte  du  département  de  la  Manche,  la  mission 
d'élever  la  majeure  partie  des  édifices  que  réclamait  la  nouvelle 
organisation  départementale,  savoir  :  le  tribunal  civil  de  Mor- 
tain  (1834),  l'hôtel  de  la  sous-préfecture  d'Avranches  (1842),  la 
sous-préfecture  et  la  caserne  de  gendarmerie  de  Mortain,  même 
année,  l'hôtel  de  ville,  le  collège  et  un  dépôt  d'étalons  à  Saint- 
Lô  (1846)  ;  en  1848,  Doisnard  avait  exposé  un  projet  de  restaura- 
lion  de  l'église  du  Mont-Saiut-Michel  ;  il  est  mort  à  Saint-Lô  le 
8  août 18o2. 

Les  ressources  des  déparlements  du  nord  ont  toujours  facililé 
la  construction  dans  cette  région  des  édifices  religieux  ou  civils 
dont  la  nécessité  était  reconnue,  et  les  archilecles  y  sont  rela- 
tivement plus  nombreux  que  dans  les  autres  parties  de  la 
France . 

Nous  commencerons  la  nomenclature  de  ceux  qui  ont  cons- 
truit H  Lille  |ieu(lan[  la  première  moitié  du  xix°  siècle,  par  Victor- 
Louis-Henri  Leplus,  né  à  Lille  en  1789,  décédé  en  18ol  , 
architecte  du  département  du  Nord;  Lille  lui  doit  son  palais  de 
justice  (1837),  ses  prisons  et  le  hùtiment  des  archives  départe- 
mentales du  Nord  inauguré  le  26  août  18i4,  remarquable  par  sa 
façade  en  bossage  décorée  dans  sa  partie  supérieure  des  mé- 
daillons des  divers  souverains  de  Lille  jusqu'à  Louis  XIV  et  par  sa 
porte  d'entrée  que  surmontent  les  médaillons  de  Froissard  et  de 
Commines.  Mais  c'est  Charles-César  Benvignat  qui,  de  1830  à 


94  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS    (EUVRES. 

.1803,  fut  le  plus  brillani  représcnlant  de  l'école  lilloise,  à  laquelle 
il  a  donné  son  enseignement  jusqu'à  sa  mort.  Né  à  Boulogne- 
sur-Mer  le  24  décembre  1806,  élève  de  Chàtillon  et  lauréat  de 
l'Académie  d'architecture  de  Lille,  Beuvignat  a  attaché  son  nom 
à  la  plupart  des  édifices  importants  élevés  pendant  une  période 
de  soixante-dix  années  dans  la  région  du  Nord.  En  1842,  il 
restaure  le  Grand-Théâtre  construit  par  Lequeux  en  1785,  la 
Bourse,  monument  de  la  domination  espagnole  dalant  de  1052; 
en  1845,  il  éli've  la  colonne  commémorative  du  siège  de  Lille 
de  1792;  en  1848,1a  halle  au  blé  et  au  sucre;  en  1849,1a  façade 
de  l'hôtel  de  ville,  de  style  Renaissance  ;  les  deux  bâtiments  en 
retour  (dans  lesquels  les  architectes  ont  su  conserver  la  salle  du 
Conclave  et  l'escalier  dépendant  de  l'ancien  palais  de  Philippt;  le 
Bon  élevé  en  1430)  sont  l'œuvre  de  MM.  Contamine  et  Mourcou, 
que  nous  relrouvei'ons  plus  loin.  L'édifice  contieni,  outre  les 
salles  deslinées  aux  services  municipaux,  des  musées  et  la  biblio- 
thèque publique  ;  de  1833  à  18i7,  Beuvignat  bâiit  le  lycée  sur 
l'emplacement  d'une  ancienne  église  de  BécoUets  ;  en  1854,  la 
Faculté  des  sciences  et  l'École  de  médecine.  Le  nombre  des 
églises  que  cet  architecte  édifia  ou  restaura  dans  le  département 
est  considérable  :  nous  citerons  celles  de  Saint-Vincent-de-Paul, 
de  Saint-Martin  d'Esquermes,  de  Baisieux,une  partie  de  l'église 
de  Loos  à  Lille,  celle  de  la  Madeleine-lez-Lille  (remplacée  depuis), 
ainsi  que  celle  de  Saint-André-lez-Lille  ;  de  plus,  il  restaura  l'an- 
cienne église  d'Esquermes,  aujourd'hui  couvent  des  Sœurs  cla- 
risses,  et  la  façade  de  la  cathédrale  de  Tournai;  Beuvignat  fut 
également  l'architecle  d'hôlels  à  Lille  et  de  châteaux  dans  le 
déparlement  du  Nord  et  mourut  en  1877. 

Louis  Verly,  fils  et  collaborateur  d'un  archilecle  français  dont 
l'œuvre  presque  tout  entière  consiste  dans  des  édifices  civils 
élevés  en  Belgique  et  en  Hollande  alors  qu'elles  étaient  provinces 
françaises,  n'a  construit  en  France  que  la  manufacture  des  tabacs 
de  Lille,  Thôlel  de  ville  et  l'église  de  Cysoiug.  Né  à  Lille  le  20 
juin  1794,  il  est  mort  à  une  date  que  nous  ignorons  (V^oir  Archi- 
tecture belge). 

La  salle  de  spectacle  de  la  ville  de  Cambrai  et  la  bibliothèque 
datent  de  1831-1833  et  eurent  pour  architecte  Louis -André  de 
Baralle,  né  en  1804,  à  Valenciennes,  mort  le  28  avril  1872. 
De  Baralle,  architecle  diocésain,  a  construit,  en  celte  qualité, 


CHAPITRE  III.  'Jo 

l'église  d'Ilaussy  (Nord),  consaci-ôe  en  1852,  et  l'liù[)ilal  Saint- 
Julien  de  Cambrai. 

L'église  Notre-Dame  (1844-1847),  édifice  néo-grec  de  style 
corinthien,  l'hôtel  de  ville  de  Roubaix,  élevé  en  1840,  et  Notre- 
Dame  de  Tourcoing,  édifice  égalemeni  de  style  néo-grec,  eurent 
pour  architecte  Achille-Joseph  Dewarlez,  né  à  Lille  en  1797, 
décédé  en  1871.  La  colonne,  d'ordre  dorique,  commencée  en  1804, 
à  Boulogne-sur-Mer,  par  Labarre  dont  nous  avons  donné  la  bio- 
graphie (Voyez  Bourse  de  Paris),  est  achevée  en  1845  par  son 
inspecteur  Guillaume  Henry,  sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun 
renseignement. 

Nous  n'en  possédons  pas  beaucoup  plus  sur  Jean-Baptiste 
Bernard,  architecte  lillois,  élève  de  Chatillon,i-eslaurateur  de  la 
maison  du  xv"  siècle  dite  maison  Mire  à  Valenciennes,  auteur 
de  la  chapelle  Notre-Dame  de  Quemniappes,  arrondissement 
d'Arras,  de  la  chapelle  Saint-Koch  et  de  la  maison  d'école  à 
Crespin  (Nord). 

Le  tribunal  et  les  [irisons  de  Doullens  qui  datent  de  1819  sont, 
avec  les  «  Bergeries  »  du  château  de  Chambord  (1817),  les  seules 
œuvres  connues   d'un   homme   issu  d'une  famille  d'artisles  et 
artiste  lui-même,  Jean-Jacques  Tardieu,  né  à  Paris  en  1762, 
élève  de  David  Leroy, premier  grand  prix  d'architecture  en  1788. 
Nommé  rapporteur   du    Conseil  des  bâtiments  civils,   Tardieu 
conserva  cette  fonction  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  janvier  1833. 
Après   avoir    élé  quel(|ue    temps    architecte   de  la   ville  de 
Mayence,  François-Auguste  Cheussey,  Hié  à  Sarrelouis  le  31 
juillet  1781 ,  fut  nommé  architecte  du  département  de  la  Somme  ; 
il  y  a  construit,  en  1824,  la  bibliothèque  communale,  l'école  des 
frères  devenue  école  supérieure  de  filles  et  les  bureaux  d'octroi 
des  portes  de  Noyon  el  delà  Hotoie.  Plus  tard,  la  restauration 
de  la  cathédrale  d'Amiens  lui  fut  confiée,  ainsi  que  laconstruclion 
de  l'église  Saint-Jacques,  de  l'abatloir  el  du  pont  Saint-Michel, 
de  l'église  Saint-Maurice  au  faubourg  de  Ham,  de  l'école  et  de 
la  salle  d'asile  Saint-Jacques.  Cheussey,  membre  de  la  Société 
des  antiquaires  de  Picardie  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
est  mort  le  13  juillet  1857. 

Le  département  des  Ardennes  vit  s'élever  égalemeni,  pendant 
la  période  dont  nous  nous  occupons,  quelques  édifices  publics  : 
des  églises  à  Haules-Uivières,  à  Anvilliers,  à  Fécherut,  à  Ilarc 


96  LES    ARCHITECTES    PAR    LEURS    OEUVRES. 

àiMouzon,  qui  eurent  toutes  pour  arcliitecte  uii  élève  d'Alavoine. 
d'IIuyot  et  de  Guénepin,  Amédée-Joseph  Delarue,  né  à  Lille 
en  1790.  Parmi  les  édifices  civils  élevés  par  Delarue,  mention- 
nons les  hôtels  de  ville  de  Mézières,  de  Sedan,  de  lloci'oy  et  le 
palais  de  justice  de  cette  dernière  ville,  les  casernes  de  gendar- 
merie de  Mézières  et  de  Pauvre,  les  maisons  d'arrêt  de  Vouziers 
et  de  Mézières  et  la  maison  de  correction  de  Relhel  (1842)  ;  de 
plus,  il  restaura  le  palais  de  justice  de  Hethel,  ainsi  que  Técole 
des  frères  de  Sedan,  le  couvent  de  Véry-les-Moines,  et  fut  l'archi- 
lecte  des  filatures  de  Neuflise.  Delarue  est  mort  à  Amiens 
vers  1863. 

Peu  d'édifices  publics  en  Champagne  pendant  cette  première 
partie  du  xix°  siècle  :  cependant  Arcis-sur-Aube,  devenu  chet- 
lieu  d'arrondissement,  a  besoin  d"uu  tribunal,  d'une  maison 
d'arrêt  et  d'une  caserne  de  gendarmerie  formant  un  bâtiment 
unique,  relevé  dans  le  Choir  it édifices  publics  de  Gourlier  au  nom 
de  l'architecte  Vaudé,  qui  l'édifie  en  1825.  C'est  d'ailleurs  tout 
ce  que  nous  savons  de  lui. 


ÂB£L  BLOUET 


CHAPITRE  IV 

Il  s'élève,  en  Angleterre,  à  côté  de  l'école  classique,  une  école  néo-grecque  qui 
n'a  produit  ni  architectes,  ni  œuvres  architecturales.  —  Vers  1840,  révo- 
lulioii  radicale  dans  l'architecture  religieuse.  —  Tentative  impuissante  d'éc/ec- 
tisme  par  Ch.  Barrj  et  adoption  définitive  par  les  architectes  anglais,  dans 
presque  toutes  leurs  constructions  importantes,  civiles  comme  religieuses, 
de  l'ancien  style  ogival  anglais  accommodé  aux  besoins  de  la  société  mo- 
derne. 


En  Anglelerre  comme  en  France,  l'architecture  classique  eut 
une  période  brillante  dont  le  palais  de  Somerset,  œuvre  de  l'ar- 
cliitecteCliamljcrs,  marque  le  point  culminant.  Mais  cette  période 
dura  peu.  Los  récenles  découvertes  faites  à  Athènes  et  dans 
toute  la  Grèce  par  les  archéologues  anglais  Jamos  Stuart  et 
Nicolas  Revetl,  au  lieu  de  servir  aux  architectes,  leurs  compa- 
triotes, comme  d'une  base  et  d'un  critérium  qui  leur  permît  de 
juger  les  erreurs  commise*  parles  artistes  gréco-romains  de  la 
période  impériale,  n'eurent  d'autre  résultat  que  de  substituer 
aux  anciens  modèles  qui  avaient  été  jusque-là  les  modèles  clas- 
siques éprouvés  par  l'expérience  des  maîtres  italiens,  français 
et  anglais,  des  modèles  nouveaux,  mais  d'une  application  impos- 
sible dans  leur  ensemble.  Ce  qu'il  y  avait  à  en  tirer  c'était  l'har- 
monie des  proportions,  la  logique  des  agencements,  les  dispo- 
sitions de  la  décoration.  Les  architectes  anglais  préférèrent 
combiner  entre  eux  des  fragments  entiers  de  temples  grecs  et  en 
falwiquer  des  églises  et  des  théâtres  aussi  bien  que  des  magasins 
et  des  prisons.  Tous  les  édifices  religieux  ou  civils  de  l'Angle- 
terre, depuis  le  commencement  du  xix°  siècle  jusqu'au  moment 
où  Charles  Barry  revintàla  Renaissance  italienne  (en  la  modifiant 
conformément  aux  nécessités  du  climat  et  du  tempérament  an- 
glais), sont,  à  vérilablement  parler,  des  amalgames  plus  ou  moins 
rationnels  de  fragments  grecs,  à  l'exclusion  de  toute  idée  ori- 
ginale appartenant  aux  architectes  qui  les  ont  construits, 
m.  7 


98  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   ŒUVRES. 

Nous  devrons  pcul-être  faire  exception  pour  John  Shaw,  donl 
le  père  avait  éié  chargé,  en  1803,  de  travaux  considérahles  au 
Clirist's  Hospilal,  dont  il  fut  nommé  inspecteur  [survoyor]  en  181  G. 
Ces  travaux  consistèrent,  de  1820  à  1822,  dans  la  reconstruc- 
tion de  rinfirmoric  et  du  côté  sud-ouest  des  bâtiments  et,  de 
1825  à  1829,  dans  l'éroclion  du  hall  ainsi  que  des  écoles  de 
grammaire  et  de  mathématique.  C'est  dans  le  style  ogival  des 
Tudor  qu'il  commença  la  réfection  de  ce  grand  édifice,  et  lors- 
qu'on 1831  il  recul  la  mission  de  construire  l'église  Sainl-Duns- 
lan  in  Ihe  West,  Shaw  fil  un  véritable  elïori  pour  rappeler  dans 
sa  façade  les  traditions  du  slyle  ogival.  On  peut  se  demander, 
par  exemple,  pourquoi  il  a  appliqué  indifiéi-emment  le  style 
Tudor  à  côté  de  l'ogival  primaire,  et  aussi  pourquoi  il  a  choisi 
comme  plan  un  octogone  inscrit  dans  un  carré  ?  Shaw,  qui 
était  né  à  KenI,  le  10  mars  1776,  avait  été  d'abord  pendant 
quelques  années  l'élève  de  Gwilt.  Successivement  employé  aux 
évaluations  des  terrains  de  Londres  qui  furent,  de  son  lemps, 
couverts  de  constructions,  et  architecte  de  la  Compagnie  d'assu- 
rances contre  l'incendie  le  Phœnix,  il  mourut  à  Ramsgate  le 
30  juillet  1832. 

A  la  même  époque,  mais  sous  une  inspiration  différente, 
s'élèvent  également  les  églises  Saint-Peter  à  Walworth(1823-2o), 
Trinity-Church  à  Marylebone  et  Saint-Jean  à  Belhnal-Green, 
œuvres  d'un  architecte  anglais  déjà  connu  du  lecteur  auquel 
nous  l'avons  présenté,  quand  nous  avons  dit  quelques  mots  de 
laScala  regia:  John  Soane.  Né  le  10  septembre  1733,  près  de 
Reading,  et  fils  d'un  maître  maçon,  Soane  travailla  dans  les  ate- 
liers de  Dance  et  de  Holland  jusqu'en  1776;  il  élait  donc  encore 
élève  lorsqu'il  obtint  (1772)  la  médaille  d'argent  de  l'Académie 
des  beaux-aris,  à  laquelle  succéda  la  médaille  d"or  donnée  à 
Soane  en  1776.  Envoyé  à  Rome  par  la  proteclion  de  Chambers, 
il  était  revenu  à  Londres  en  1780  et  dessinait,  de  1783  à  1788, 
quatre  volumes  de  planches  publiés  sous  le  titre  de  :  Sketches 
of  architecture,  et  quarante-sept  aulres  planches  grand  in-folio  : 
Plans  of  buildings  executed  in  several  comities.  Inspecteur  des 
bâtiments  delà  Banque,  ainsi  que  nous  l'avons  ditprécédemmeni, 
puis  des  palais  de  Saint-James  et  du  Parlement,  il  fut,  à  partir 
de  1793,  chargé  de  toutes  les  constructions  nouvelles  à  élever 
dans  l'enceinte  de  Westminster,  succéda,  en  1807,  à  S.  Wyatt, 


CHAPITRE  IV.  Ô9 

comme  architecte  de  l'hôpital  de  Clielsea  et  écrivit  vers  celte 
époque  son  hvre  :  On  the  causes  of  the  présent  inferïor  stale  of 
architecture  in  Enyland^  qui  souleva  les  protestations  d'un  grand 
nombre  de  ses  confrères,  mais  ne  l'ompôclia  pas  d'être  nommé 
(1813)  grand-maître  des  francs-maçons  d'Angleterre.  Soane 
mourut  le  20  janvier  1837,  après  avoir  consiruit  plus  de  soixante 
édifices,  palais  ou  maisons  pour  des  compagnies,  banques,  so- 
ciétés, etc.,  et  réuni  une  magnifique  collection  d'antiquités  qui 
fut  achetée  GO  000  livres  par  le  gouvernement  anglais,  en  1833. 
Hardwick,  l'architecte  de  l'église  Sainte-Marylebone,  élevée 
sur  l'emplacement  de  l'ancienne  église  Saint-Jean,  en  1813, 
n'hésita  pas  à  procéder,  par  l'agencement  de  fragments  grecs,  à 
la  consirucfion  d'un  temple  chrétien;  le  portique  de  Sainte- 
Marylebone  est  liexastyle,  surélevé  de  six  marches,  cou- 
ronné d'un  fronton  et  d'une  tour  décorée  de  colonnes  de  slyle 
corinthien  composite  ;  des  cariatides  supportent  les  retom- 
bées du  petit  dôme  qui  termine  la  tour.  L'édifice  présente 
d'ailleurs  un  parallélogramme  au-dessus  duquel  règne  une  ba- 
lustrade en  pierre  d'un  caraclère  lourd  et  mesquin  tout  à  la  fois. 
Commencé  le  .'i  juillet  1813,  il  fut  terminé  le  4  février  1817. 
Thomas  Hardwick,  né  en  1752,  mort  le  16  janvier  1829,  était 
un  élève  de  \V.  Chambers.  Ayant  obtenu,  en  1768,  la  médaille 
d'argent  de  l'Académie,  il  fit  à  Rome  une  restauration  impor- 
tante du  Colysée.  De  1787  à  1790,  bien  aniéricurcment,  on  le 
voit,  à  l'église  de  Marylebone,  il  avait  déjà  été  l'arcliitecte  de 
Sainte-Marie-Vierge  à  Wansted  en  Essex;  en  1788,  il  faisait  à 
l'église  Saint-Paul  de  Covent-Garden,  violemment  attaquée 
par  le  feu  eu  1795,  des  réparations  importantes  au  milieu 
desquelles  il  conserva,  autant  que  possible,  l'archileclure  de 
l'auteur  Inigo  .lones.  En  1790,  il  éleva  la  cbapelle  de  S'  John, 
en  1792,  la  chapelle  et  le  cimetière  de  la  paroisse  Saint-James 
de  Weslminsler  et,  en  1790,  il  répara  l'ancienne  église  de  S'- 
Barthelemy-le-Grand,  West  Smithfield,  qui  menaçait  ruine, 
après  des  études  qui  eurent  l'approbation  de  la  Société  des  anti- 
quaires de  Londres.  11  continua  ses  travaux  en  1 802,  par  la  prison 
du  comté  d(î  G.ilway,  puis,en  1809,  par  le  «  worldiouse  »  Saint- 
Pancras,  en  1814,  par  la  chapelle  et  le  cimetière  de  S'  John's 
Wood;  de  1813  à  1817,  parla  chapelle  de  Newroad,  à  laquelle 
il  accola  un  portique  corinthien.  Architecte  de  l'hôpital  S'  Bar- 


100  LES   ARCHITECTES  PAR  LlîURS   OEUVRES. 

thelemy  de  Wefel  Sniillifield  en  1803  el  de  la  petite  église  de 
S'  Barthélémy  the  less,  il  est  nommé  en  1820,  architecte  {Clerk 
of  Wor/i'.$)  de  Hampton  Court,  par  George  III. 

Contemporain  de  Shaw  et,  comme  lui,  restaurateur  du  style 
ogival,  Henri  Hakewill,  né  le  4  octobre  1771,  fils  d'un  entre- 
preneur nommé  John,  fut  d'abord  peintre  de  portraits  et  déco- 
raleur.  Ses  premières  œuvres  d  architecture,  des  maisons  par- 
ticulières, datent  de  1801.  En  1809,  il  fui  nommé  archilecle  des 
écoles  et  des  trustées  (commissaires)  de  Rugby,  dont  il  fit  la 
chapelle  en  style  ogival.  Architecte  aussi  des  Radcliffe  trustées  à 
Oxford,  on  le  voit  remanier  l'observatoire  et  l'infirmerie.  Four 
les  bcnchers  (anciens?)  de  Middle  Temple,  à  Londres,  il  dessina 
le  mobilier  de  leur  bibliothèque  en  1822  et  la  lanterne  qui  dé- 
core le  toit  de  leur  hall,  ainsi  que  les  appartements  exécutés  par 
James  Savage  en  1831:  —  A  Wolverton,  il  dessine  des  églises 
de  style  ogival,  toujours,  ainsi  que  celle  de  Saint-Pierre  d'Ealon 
square  à  laquelle  fut  pourtant  préféré  un  édifice  de  forme 
grecque.  Commencée  le  4  septembre  1824,  elle  était  ter- 
minée le  20  juillet  1827;  mais,  détruite  par  un  incendie  en 
1836,  elle  fut  reconstruite  par  le  fils  d'Hakewill,  l'année  sui- 
vante, sur  les  dessins  originaux  de  ce  dernier,  qui  décéda  le 
13  mars  1830. 

Un  autre  fils  de  John,  prénommé  James,  né  le  25  novembre 
1778,  préféra  tout  d'abord  les  études  artistiques  à  l'exercice  de 
la  profession  de  son  père.  Il  se  fit  connaître,  dès  1813,  par  un 
projet  pour  un  monument  commémoratif  de  la  campagne 
de  1812  (retraite  de  Russie).  De  1816  à  1817,  il  visita  le  conti- 
nent et  publia,  en  anglais  :  Histoire  de  Windsor  et  de  ses  environs; 
Voyage  pittoresque  en  Italie  (1818);  Yoyaeje  pittoresque  dans  Ftle 
de  la  Jamaïque  (1820);  Plans  des  abattoirs  de  Paris  (1828)  ;  Es- 
sai sur  les  vrais  caractères  de  t architecture  au  temps  d'Elisabeth 
(1835).  En  1836,  il  présenta  un  plan  général  de  reconstruction 
de  la  salle  du  Parlement  et  est  mort  seulement  le  28  mai  1863. 
—  L'un  de  ses  fils,  Arthur  William,  né  en  1826,  mort  le  19  juin 
1856,  fut  élève  de  D.  Burlon  et  de  Carislie  à  Paris;  membre  de  la 
Société  d'architecture,  il  éleva  quelques  édifices  particuliers  et 
n'est  connu  que  par  un  certain  nombre  d'écrits  sur  l'architecture. 

L'église  Saint-Pancrace,  construction  de  briques  revêtues  de 
ciment  de  Portiand,  estpourtant  une  imitation  voulue  de  VErech- 


CHAPITRE  IV.  101 

toion  d'Athènes,  avec  poiiiqiie  hexastyle,  chapiteaux  et  ornements 
de  terre  cuite.  C'est  sur  ce  fac-similé  de  temple  grec  commencé 
le  7  mai  1819  et  terminé  le  7  mai  1822  que  les  architectes  frères 
William  Inwood  et  H.  W.  Inwood  ont  planté  une  tour  octogone 
qui  a  la  prétention  de  rappeler  la  Tour  des  Vents.  Nous  igno- 
rons s'ils  sont  revenus  plus  tard,  comme  la  plupart  de   leurs 
compatriotes,  à  l'imitation  des  édifices  religieux  du  moyen  âge. 
L'n   des  inspecteurs   de   Nash,  de  1793    à  1797,   John  Adey 
Repton,  fils  aîné  de  Humphry  Repton  qui  se  donnait  la  quali- 
ticalion  de  «  Landscape  gardener  »  (jardinier  paysagiste),  était 
né  à  Londres  le  29  mars  1775  et  avait  été  élève  de  Wilkins. 
Occupé  à  des  restaurations  ci  Cobdham  Hall,  il  trouva  le  temps 
d'écrire  de  nombreuses  pages  de  critique  d'art  et  de  faire  des 
dessins  pour  Y Anmial  Polito  Repnsitonj.  Il  prit  part  au  concours 
pour  la  construction    des  bâtiments  qui    devaient   occuper   le 
l'arliamenl  square  et  obtint  le  premier  prix  dans  ce  concours, 
comme  il  obtint  le  second,  alors  qu'il   s'agit   d'élever  le  New 
llospital  de  Rethléem  à  Lambelh.  Consulté  à  plusieurs  reprises 
par  les  gouvernements  de  Hollande  et  de   Prusse  désireux  de 
transformer  les  villes  d'Utrecht  et  de  Francfort,   John  Repton 
mourut  ta  Springfield  le  20  novembre  I(S60,  précédé  dans  la  mort 
par  son  jeune  frère  George   Stanley  Repton,  élève  et  colla- 
borateur de  Nash  lorsque  celui-ci  éleva  le  théâtre  de  Haymarket. 
Ce  fut  aussi  George  qui  posa,  le  15  mai  1819,  la  première  pierre 
de  Saint-Philippe  Chapel,   consacrée  le  4  juillet  de  l'année  sui- 
vante. Nous  y  retrouvons  d'ailleurs  le  portique  grec  avec  enta- 
blement et  fronton  et  un  clocher  en  pierre,  imitation  maladroite 
du  monument  de  Lysicrate.  Nous  savons  seulement  que  George 
mourut  en  1858. 

Charles  Robert  Cockerell,  malgré  la  réputation  considérable 
que  lui  lircul  ses  œuvres  nombreuses  d'architecture,  ne  put  pas 
échapper  à  la  contagion  lorsqu'il  fut  nommé  l'architecte  de  la 
Chapelle  Saint-George,  Hannover  square.  Le  portique,  là  encore, 
pour  être  une  contrefaçon  anglaise  du  temple  de  «  Minerve 
armée  »,  n'en  a  pas  moins  un  aspect  mesquin  que  ne  relèvent 
pas  les  deux  petites  tourelles  carrées  dont  il  est  fianqué  et  le 
dôme  écrasé  par  une  lanterne  disproportionnée  qui  sert  de  toi- 
ture à  l'édifice. 

Cockerell,  né  le  27  avril  1788  h  Londres,  était  fils  d'un  archi- 


102  LES   ARCHITECTES  PAR   LEURS   OEUVRES. 

lecle  du  nom  de  Samuel  Pépys;  il  explora  dans  sa  jeunesse  la 
Grèce  entière  et  rapporta  en  Angleterre  des  études  très  sin- 
cères de  tous  les  édifices  grecs  qu'il  avait  eus  sous  les  yeux. 
Sa  première  pensée,  à  son  retour,  fut  de  les  restituer  dans  leur 
état  primitif  et  on  ne  doit  pas  s'élonner,  après  cela,  qu'il  ait  été 
dominé  pendant  toute  sa  vie  par  les  souvenirs  des  travaux  qui 
en  occupèrent  la  première  partie.  Du  reste,  malheureusement, 
l'occasion  ne  lui  manqua  pas  de  faire  revivre,  dans  les  édifices 
de  son  pays,  ceux  dont  il  n'avait  vu  que  les  ruines.  L'Angleterre 
lui  doit  en  effet  la  chapelle  d'Harrow  (1819),  l'Inslilut  philoso- 
pliique  de  Bristol,  le  collège  de  Lampeler  (1822),  la  nouvelle 
Bibliothèque  de  Cambridge,  la  nouvelle  Banque  de  Manchester 
commencée  en  1845  et  finie  le  23  juin  18i7,  la  succursale  de  la 
Banque  à  Liverpool  (1848),  l'hôpital  Seckford,  à  Woodbridge 
(1853),  des  hôtels  et  le  dessin  d'une  église  protestante  à  Athènes. 
Cockerell,  depuis  longtemps  architecte  de  Westminster  et  de 
l'église  Saint-Paul,  mourut  à  Londres  en  1803,  professeur  d'ar- 
chitecture, membre  de  l'Académie  royale  des  beaux-arts  et 
membre  correspondant  de  l'Institut.  Il  a  laissé  de  nombreuses 
publications  sur  la  Grèce,  sur  les  églises  du  pays  de  Galles,  une 
monogra[)liie  de  la  cathédrale  de  Lincoln,  une  biographie  de 
l'architecte  Wickeham,  etc.  N'oublions  pas  de  dire,  après  Pugin, 
que  Cockerell  eut  un  collaborateur  dans  la  construction  d'IIan- 
nover  Chapel,  James  John,  dontnous  ne  connaissons  quele  nom. 

John  Nash,  dont  nous  donnons  plus  loin  la  biographie,  dans 
les  églises  de  Langham  place  et  d'Ail  Soûls  a  également 
sacrifié,  quoique  dans  des  proportions  plus  réservées,  à  l'en- 
gouement de  ses  contemporains  pour  les  temples  grecs;  le  por- 
tique périptère  circulaire  de  ce  dernier  édifice  est  soutenu  par 
douze  colonnes  d'ordre  ionique  et  la  tour,  à  deux  étages  assez 
simples,  est  terminée  par  une  pyramide  octogonale  très  effilée, 
c'est  tout  ce  que  nous  en  dirons. 

Encore  deux  contrefaçons  du  temple  grec,  l'église  de  l'hô- 
pital Sainte-Catherine  dans  Regent's  Park,  œuvre,  en  1820,  de 
A.  Pointer,  et  la  petite  église  de  Tous-les-Sainls,  construite,  de 
1821  à  1823,  sur  les  dessins  de  Charles  Hollis.  Partout  l'édifice 
règne  le  plein  cintre  accolé  aux  colonnes  d'ordre  ionique  ou 
corinthien  indilVéremment.  Nous  ne  connaissons  ni  les  autres 
œuvres,  ni  la  biographie  d'IIollis. 


CHAPITRE  IV.  103 

De  Saint-Luc,  Robert  street,  de  Chelsea,  commencée  à  Londres 
lo  18  octobre  1820  et  consacrée  le  18  octobre  1824,  l'architecte 
James  Savage  a,  par  exception,  voulut  faire  un  pastiche  de 
certains  munsters  allemands  ou  flamands  des  xiv"  et  xv°  siècles. 
La  tour  de  l'édifice,  qui  en  est  la  partie  principale,  de  142  pieds 
anglais,  comprend  quatre  étages  de  style  ogival  anglais  et  repose 
sur  quatre  arcades  également  ogivales  d'une  ornementation 
sobre  et  dont  l'exécution  est  bien  traitée.  A  l'église  de  Tot- 
tenham  qui  date  de  1830,  l'architecte  préféra  adapter  le  style 
grec.  Pas  de  style  bien  accusé  dans  les  églises  Saint-.James,  Spa 
road  (1827-1829),  ni  dans  Sainte-Marie  at  Hill,  Eastcheap,  et 
dans  la  maison  du  Hecteur.  Hors  de  Loudres,  il  suffit  de  citer 
de  lui  Bull  and  Mouth  in?},  aujourd'hui  Queeu's  Hôtel,  et  l'église 
de  Sainle-Marie  à  Ilford,  l'église  de  Saint-Thomas  et  les  écoles 
du  comté  d'Essex,  Sainte-Marie  Spead  Lamland  en  Berkshire, 
le  presbytère  à  Broxbourne ,  le  Baptist  Collège  à  Stepney 
Green,  etc.  Savage,  né  le  10  avril  1  779  àllackney,  avait  été  admis 
comme  étudiant  à  l'Académie  royale  des  arts  et,  en  cette  qua- 
lité, avait  obtenu,  en  1800,  un  second  et,  en  1805,  un  premier  prix, 
mais  pendant  dix  années  il  se  livra  à  la  construction  des  ponts 
de  Richmond  sur  laLiffey  et  de  Tempsford  sur  la  rivière  d'Ouse. 
En  1830,  il  succéda  à  Hakewill  comme  architecte  de  la  Société 
de  Middle  Temple,  il  déplaça  l'entrée  nord  et  le  betTroi  (1830-1 832), 
commença  Saint-Michel,  Burley  street,  et,  de  1836  à  1838,  déplaça 
le  clocher  et  refit  le  plancher  de  la  sonnerie  ainsi  que  la  char- 
penle  des  cloches  dans  la  cathédrale  de  Lincoln.  Il  dessina  l'é- 
glise Saint-Paul  Addlestone  près  Chertsey,  commença  la  répa- 
ration de  Temple  Church,  continuée  par  Smirke  et  Burton,  et 
mourut,  membre  del'»  .architectural  Society»  à  Saint-Luc,  Chel- 
sea, le  7  mai  1832. 

Un  élève  de  Chambers,  Willey  Reveley,  qui  avait  beaucoup 
voyagé  en  Italie,  en  France,  en  Grèce  et  en  Egvple,  produisit 
de  1791  à  1798,  comme  résultat  de  ses  éludes  classiques,  l'église 
de  Tous-les-Saints  à  Soulhampton,  pasliche  de  l'architecture 
grecque  comme  tous  les  édifices  de  cette  époque.  Ce  qui  vaut 
mieux  que  cette  œuvre  de  Reveley,  c'est  la  préface  remarquable 
qu'il  écrivit  en  tête  du  troisième  volume  de  Stuart  et  Revett  sur 
les  Antiquités  d'Athènes  (1794)  et  un  volume  de  dessins  d'or- 
nement paru   en   1801.  Il  fut  aussi  l'architecle  des  bains  pu- 


104  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

blics  de  Canterbury  ainsi  que  des  docks  flotlanls  sur  la  Tamise, 
et  mourut  le  6  juillet  1799. 

La  Chapelle  catholique,  à  Londres,  date  de  1817  à  1820  et 
eut  pour  architecte  Ne\Yman ,  qui  affecte  les  formes  chères 
aux  classiques  ;  l'édifice  se  compose  d'une  nef,  de  deux  ailes  et 
d'un  sanctuaire  terminé  en  segment  d'ellipse;  ce  sont  des  piliers 
carrés  qui  soutiennent  les  arcades  en  plein  cintre  et  un  dôme 
très  bas  remplace  le  clocber  absent.  Le  portique  est  représenté 
par  quatre  pilastres  et  deux  colonnes  d'ordre  corinthien  sup- 
portant un  entablement  avec  fronton  décoré  d'un  bas-relief 
dans  lequel  le  sculpteur  a  représenté  la  Foi  et  la  Piété  suppor- 
tant la  croix.  John  Newman  naquit  en  1786  à  Londres;  em- 
ployé jusqu'à  l'âge  de  trente  ans  dans  l'établissement  formé  sous 
le  nom  de  Bridge  House  Est  aie,  inspecteur  de  Smirke  lors  de  la 
construction  du  théâtre  de  Covent-Garden  (1809)  et  de  1823  à 
1829  à  celle  du  General  post  office,  il  fut  aussi  archilecte  du 
Cirque  de  Finsbury,  large  de  125  pieds  anglais  sur  98  pieds,  de 
l'école  d'Islington,  puis,  de  1834  à  1838,  de  l'école  des  Aveugles 
indigents,  du  cirque  Saint-George  à  Soulhwark  et  du  groupe 
de  maisons  formant  Duke  street.  Depuis  1815,  Newman  était 
membre  de  la  commission  de  surveillance  des  égouts  [sewers) 
pour  les  comtés  de  Surrey  et  de  Kent  et  de  la  commission  de 
viabilité  de  Southvvark,  architecte  des  domaines  du  comle  de 
Somers.  Architecte  honoraire  de  la  Société  royale  Literary, 
l'un  des  fondateurs  de  l'Institut  royal  des  architectes  britan- 
niques (1848),  Newman  mourut,  le  3  janvier  1859,  àPassyprès 
Paris,  où  il  s'était  retiré  depuis  1851,  laissant  une  curieuse  col- 
lection d'antiquités  romaines  qui  a  été  acquise  depuis  par  le 
British  Muséum. 

Un  dernier  édifice  religieux  de  Londres,  dont  la  première  pierre 
a  été  posée  en  1823,  mais  qui  cependant  n'a  été  inauguré  que 
vingt  ans  plus  tard,  est  l'église  Saint-Jean,  Waterloo  road,  dont 
l'architecle  s'appelle  Bedford;  c'est  tout  ce  que  nous  en  savons. 
Au  moment  où,  grâce  aux  travaux  et  aux  études  de  Cockerell 
et  de  Penrose,  la  conslruclion  des  temples  grecs  ne  semblait  plus 
avoir  de  secrets  pour  les  architectes  anglais,  il  se  fit  en  Angle- 
terre, comme  en  France  d'ailleurs,  un  retour  vers  le  culte  des 
traditions  du  moyen  âge,  et  on  y  vit  une  véritable  renaissance 
du  style  gothique  comme  on  avait  vu,  au  xvi"  siècle,  une  renais- 


d'après  un  portrait  du  Musée  de  M;- 


M.    R.  PENCHAUD 


CHAPITRE  IV.  105 

sance  du  style  gréco-romain  ;  mais  elle  n'y  fut  point  contre-ba- 
lancée, comme  en  France,  parles  sages  conseils  d'un  éclectisme 
raisonné.  Ce  fut  en  Angleterre  pour  le  style  golhique  un  véri- 
table engouement  qui  dure  encore  aujourd'hui.  «  Des  milliers 
d'églises  autrefois  abandonnées  à  la  décrépitude,  ont  été  restau- 
rées à  l'aide  de  souscriptions  pul)liques,  écrit  M.  Lawrence  Har- 
vey;  de  même  aussi,  des  milliers  d'églises  neuves  en  slyle  moyen 
âge  ont  été  bâties  pendant  le  règne  de  notre  souveraine  la  reine 
Victoria.  Jamais  à  aucune  époque  la  bâtisse  ecclésiastique  n'a 
pris  une  pareille  extension  comme  pendant  les  cinquante  années 
qui  viennent  de  s'écouler.  » 

Le  grand  prêtre  de  l'architecture  gotliique  fut  un  nommé 
Pugin  (1812-1852),  fils  d'un  fabricant  d'ornements  d'églises, 
originaire  de  Lausanne  en  Suisse.  «  Pugin,  après  un  long 
voyage  d'études,  publia  un  ouvrage  remarquable  sur  l'arciii- 
lecture  de  la  Normandie  ;  la  beauté  de  ses  dessins,  l'exactitude 
de  ses  relevés,  la  chaleur  de  son  plaidoyer  et  surtout  l'à-propos 
de  sa  publication  attirèrent  une  foule  d'adhérents  enthousiastes 
soit  dans  le  public,  soit  parmi  les  jeunes  architectes.  Comme 
poésie  du  dessin,  rien  n'égale,  à  mon  avis,  les  croquis  de  voyage 
de  Pugin,  mais  ses  compositions  d'architecture  ne  sont  pas  à  la 
hauteur  de  ses  dessins....  » 

Pugin  (Augustin  WelbyNorthmore),  né  à  Londres  en  1811, 
avait  étudié  sous  son  père,  Auguste  Pugin,  Français  d'origine  et 
architecte  à  Londres,  dont  nous  ferons  la  biographie,  fort  courte 
d'ailleurs,  lorsque  nous  passerons  en  revue  les  édifices  civils  qui 
y  ont  été  élevés  pendant  les  premières  années  du  siècle  (1). 
Tout  jeune  encore,  il  avait  accompagné  son  père  dans  le  voyage 
fait  par  celui-ci  et  dont  le  résultat  fut  la  publication,  de  1825  à 
1828,  d'un  ouvrage  ayant  pour  litre  :  Spécimens  of  the  archi- 
tectural antirjidiies  of  ÏSorinartdij.  De  plus,  comme  il  était  habile 
dessinateur,  il  fut  attaché  à  l'atelier  de  décoration  du  théâtre 
Royal  et  du  théâtre  de  Covent-Garden  ;  c'est  à  cette  époque 
(de  1825  à  1835)  qu'il  écrivit  trois  ouvrages  estimés  sur  «  le  Mo- 
bilier des  édifices  du  xv°  siècle  et  les  Ouvrages  d'art  de  cette 
époque,  en  fer,  bronze,  argent  et  or  ».  Mais  ce  ne  fut  qu'à  partir 

(1)  On  voit  que  nous  ne  sommes  pas  d'accord  avec  M.  L.  Harvey  relativement 
aux  renseignements  biographiques  qu'il  a  recueillis  sur  Pugin  fils,  mais  nous 
avons  des  raisons  pour  croire  les  nôtres  très  exacts. 


106  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

de  1841  que  Pugin,  converti  à  la  religion  catliolique,  voua  son 
zèle  et  son  génie  à  la  construclion  des  éditices  religieux  consi- 
dérables en  nombre  et  en  importance  dont  il  couvrit,  pour 
ainsi  dire,  le  sol  de  l'Angleterre  protestante.  Nous  nous  conten- 
terons de  citer,  sans  indiquer  la  valeur  les  édifices  dont  nous 
donnons  la  nomenclature  :  l'église,  l'école  et  le  couvent  attenant 
à  la  résidence  de  Lord  Shreswbury,  h  Alton-Towers,  la  cathé- 
drale Sainte-Marie  à  Derby,  les  églises  de  Sainte-Marie  à  Be- 
verly, de  Sainte-Marie  à  Wymeswold,  de  Danesfield  Bucks,  de 
Saint-Chad  à  Birmingham,  de  Saint-Wilfrid  à  Manchester,  de 
Liverpool,  d'Oxford,  de  Cambridge,  de  Reading,  de  Northamplon, 
de  ^^'ool^vich,  de  Sainl-Barnabé  à  Nottingham;  les  couvents 
d'Edge-lIill  et  des  Sœurs  de  la  Merci,  à  Londres,  à  Birmingham 
et  à  Liverpool;  les  collèges  de  Rugby  et  de  Radclilïe,  la  nef  de 
l'église  de  Cheadle,  les  églises  de  Saint-Edouard  près  Ware,  de 
Saint-Martin  à  Buckingham,  de  Saint-Barnabe  à  Leicester;  le 
prieuré  de  Saint-Grégoire  à  Downside  près  Balh;  les  églises  de 
Kenilworth,  de  Slockton-on-Tees,  de  Newcastle-upon-Tyne,  de 
Preston,  de  Ushaw,  de  Keighlley  en  Yurksbire,  de  Sheepshear, 
de\A'arwick-Trenl,  de  Breewood,  d'IIammersmilh,  dePontefract, 
de  Fulham.  On  doit  encore  à  Pugin  une  église  dédiée  à  saint 
George  à  Londres,  la  cathédrale  de  Killarny,  les  églises  d'En- 
niscorty  et  de  Saint-George  à  Southwark,  ainsi  que  les  écoles  qui 
en  dépendent  ;  les  maisons  de  charité  de  Sibthorpes  et  de 
Lincoln,  etc.  L'église  catholique  de  Saint-George  in  Fields  (1848), 
qui  peut  contenir  3,000  personnes,  est  surtout  remarquable 
par  son    clocher  dont  la   hauteur   atteint  320    pieds  anglais. 

Le  dessin  de  l'école  de  Saint-George  in  Fields,  dont  la  première 
pierre  fut  posée  le  14  novembre  1844,  et  qui  n'ofîrerien  deremar- 
quable,  au  point  de  vue  archiiectonique,  était  l'œuvre  des  archi- 
tectes Worth  et  Frith  dont  nous  ne  connaissons  que  les  noms. 
Pugin  mourut,  jeune  encore,  à  Ramsgate  en  1852,  laissant 
plusieurs  mémoires  accompctgnés  de  planches  qu'il  avait  trouvé 
le  temps  d'écrire  au  milieu  de  ses  immenses  travaux. 

A  la  vérité,  quelques  architectes  anglais  à  peine  connus  pré- 
cédèrent Pugin  dans  sa  tentative  de  résurrection  de  l'architec- 
ture religieuse  du  moyen  Age  :  Poster  qui,  en  1829,  élevait  déjà 
une  église  de  style  ogival  à  Liverpool;  Tattersall,  qui  pour- 
tant avait  fait,  en  Italie,  une   élude  approfondie  de  l'antiquité 


CHAPITRE  IV.  107 

gréco-romaine  et  conslruisaif,  en  1839,  la  chapelle  gothique  de 
nunkinfield;  Alexander  Stevens,  qui  donnait,  de  1840  à  18i3,le 
dessin  des  églises  ogivales  (style  perpendiculaire)  de  Surbilon, 
cointr  de  Surrey,  de  Herm  llill,  de  Notting  Hill,  de  Ramsgale,etc.  ; 
John  Rochad,  qui,  dans  la  première  ôgUsa libre  érigée  à  Glascow, 
West  Regent's  street,  en  1843,  s'inspirait  du  style  dans  lequel  a 
élé  édifiée  la  cathédrale  anglo-normande  de  cette  ville;  Edward 
Hakewill,  parent  de  ceux  dont  nous  avons,  plus  haut,  présenté  la 
biographie,  qui,  en  1845,  adoptait  les  formes  données  aux 
édifices  religieux  anglais  des  xiif  et  xiv'  siècles,  lorsqu'il  élevait 
l'église  de  Ilackney  dédiée  à  saint  Jean  de  Jérusalem;  Thomas 
Cundy,  auquel  Pimlico  (comté  de  \\'ar\vick)  doit  l'église  ogivale 
de  Saint-Michel  dont  le  style  est  celui  du  xiv'  siècle.  L'année 
suivante,  en  1843,  Cundy  élevait  à  Paddington  l'église  de  la 
Sainte-Trinité,  édifice  de  valeur,  dans  le  style  perpendiculaire, 
à  trois  nefs,  couronné  d'une  flèche  octogone  de  deux  cent  dix- 
neuf  pieds  anglais;  en  1849,  il  posait  la  dernière  pierre  du 
collège  Saint-Barnabe  de  cette  même  ville  de  Pimlico  et  l'église 
de  ce  collège  qui  futconsacrée  en  1850,  puis,  en  1833,  il  y  com- 
mençait l'église  Saint-Gabriel,  édifice  de  style  ogival  comme 
les  précédents.  Disons  enfin  que,  vers  le  môme  temps,  en  1847, 
Charles  Parker  élevait  également  à  Surbilon  l'église  catholique 
avec  nef  et  bas-côtés  surmontée  d'une  tour  carrée  de  78  pieds 
anglais  de  hauteur  et  y  annexait  une  école  commune  aux  garçons 
et  aux  filles  de  cette  localité. 

Richard  Tattersall,  le  seul  dont  nous  possédons  la  biogra- 
phie, était  né  en  1813  à  Baithley,  en  Lancashire;  ses  autres  œu- 
vres furent  l'église  de  Saint-Paul  à  Staleybridge,  Cheshire,  dans 
le  style  de  la  (iu  du  xviii"  siècle,  construite  de  1832  à  1833,  la 
banque  de  .Manchester  et  Salford  (1838),  les  chapelles_des  Unita- 
i-iens  à  Dukinfield  et  à  Stockpod,  Saint-Barnabe,  Bodney  street, 
à  Londres,  le  presbytère  Saint-Luc  à  Cheetham;  il  restaura, 
de  1842  à  1844,  l'église  d'Asthon  et  une  chapelle  dans  la  collégiale 
de  Manchester  et  prit  pour  collaborateur  T.  Dickson  qui  termina 
les  derniers  travaux  de  Tattersall,  après  sa  mort  arrivée  vers 
décembre  1844. 

Arthur  Ashpitel,  né  en  1807,  à  Ilackney,  était  l'aîné  des 
six  enfants  d'un  architecte  de  Clapton,  inspecteur  d'Alexander 
puis  de  James  Savage  :  arcbitecte  à  Londres  à  la  suite  d'études 


108  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

fort  sérieuses,  il  attacha  son  nom  aux  églises  Saint-Barnabe 
d'IIoraerton  et  Saint-Jean  de  Blackeath  ainsi  qu'au  monument 
de  Wellington  (démoli  aujourd'hui  et  transporté  sur  la  côte  de 
Dorsel).  Ces  trois  édifices,  qui  datent  de  1847  à  1832,  sont  conçus 
dans  le  style  ogival  anglais  dit  «  perpendiculaire  »  et,  pendant 
cette  période,  notre  architecte  se  signalait  par  des  études  remar- 
quables sur  les  cathédrales  anglaises  de  Chesler,  Worcestcr, 
Manchester,  Lincoln,  les  abbayes  de  Repton,  Newstead,  etc.  Ce 
qui  ne  l'empêcha  pas  d'élever,  suivant  des  principes  plus  con- 
formes aux  besoins  de  la  société  moderne,  des  bains  et  des  lavoirs 
à  Lambelh,  Maidstone,  Kidderminster,  Bilslon,  etc.,  des  dortoirs 
et  une  infirmerie  à  l'asile  des  orphelins  de  Clapton,  à  Fhôpilal 
ophtalmique  de  Maidstone  et  enfin  des  ponts  et  des  maisons 
particulières  dans  la  construction  desquels  Aslipitel  essaya  avec 
succès  l'usage  de  la  charpente  en  fer.  A  partir  de  1853,  il  alla 
se  fixer  à  Rome  où  il  écrivit  deux  études  accompagnées  de 
dessins  sur  «  la  Rome  ancienne  et  la  Rome  moderne  »  {Rome 
as  it  was  and  Rome  as  it  is)  et  un  Traité  d'architecture  pu- 
blié à  Edimbourg  en  1867.  Nommé  vice-président  de  l'Institut 
des  architectes  britanniques  en  1862,  Ashpilel  est  mort  en  1869. 

C'est  dans  le  style  anglo-normand  appartenant  à  la  période  de 
Guillaume  le  Conquérant,  que  l'architecte  J.-D.  Hopkins  préféra 
construire  l'église  d'Argyle  square  à  Londres,  dont  la  première 
pierre  fut  posée  le  27  juin  1843;  les  deux  tours  de  70  pieds  an- 
glais de  hauteur  étaient  terminées  en  1844,  mais  nous  ignorons 
malheureusement  les  autres  œuvres  de  Hopkins. 

Thomas  AUom,  né  à  Londres  en  180i,  élève  de  Francis  God- 
win,  surtout  dessinateur,  a  laissé  cependant  trois  œuvres  d'ar- 
chitecture religieuse,  dans  le  voisinage  de  Londres  :  l'église 
du  Christ  h  Heighbury  et  les  églises  de  Kensington-Park  et  de 
Notting-llill,  toutes  trois  de  style  ogival;  l'Angleterre  lui  doit 
aussi  l'asile  Cambridge  à  Kensinglon  sur  la  Tamise  (1832),  l'hôtel- 
station  du  Great-Eastern  railway  à  Ilarwich'el  l'établissement  de 
la  Compagnie  d'assurance  London-Lancashire.  Membre,  un  des 
premiers,  de  l'Institut  royal  des  architectes  britanniques,  Tho- 
mas Allom  a  un  fils.  M'  Arthur  Thomas,  né  à  Londres  en  1830, 
membre  comme  son  père  de  l'Institut  des  architectes  britan- 
niques depuis  1869,  connu  par  la  construction  du  grand  marché 
de  Kins's  street  et  de  la  station  dite  Lord's    Crickel-Ground. 


CHAPITRE  IV.  109 

Nous  avons  fail  plus  haut  la  Ijiograpliie  do  Thomas  Ilardwick. 
Deux  autres  architectes  de  ce  nom,  P.  C.  Hardwick  et  Robert, 
ont  construit  ensemble,  de  1843  à  18o0,  dans  le  style  ogival  du 
xv°  siècle,  la  chapelle  Wychtîe  à  Birmingham.  L'œuvre  person- 
nelle de  P.  C.  Hardwick  comprend  l'église  catholique  romaine 
de  Limerik,  de  slyle  ogival,  en  forme  de  croix  laline,  et  l'embar- 
cadère d'Euslon  pour  le  North-Weslern  Railway  (1849);  celle 
de  Robert  Hardwick,  la  bibliothèque  et  le  réfectoire  du  collège 
de  Lincoln-in-FicIds,  construction  de  style  ogival  Tudor  dont  la 
première  pierre  fut  posée  le  21  avril  1843. 

Parmi  les  nombreux  travaux  confiés  à  W.  Gough,  après  sa 
restauration  intelligente  de  Saint-Pancras,  vieil  édifice  anglo- 
normand,  nous  citerons  l'église  Saint-Marc,  à  Tollinglon-Park, 
consacrée  en  l8o4  ;  une  autre  église  Saint-Marc  élevée  à  Holloway, 
en  1853,  et  dont  le  plan  cruciforme  comprend  une  nef  principale, 
un  transept  et  un  chœur;  l'église  Saint-Mathieu,  Lower  road, 
à  Islington,  dans  le  style  d'Elisabeth,  dont  la  première  pierre  a 
été  posée  au  mois  de  mai  18.51  ;  malheureusement  nous  ne  pos- 
sédons sur  Gough  aucun  renseignement    biographique. 

Edward  Blore,  dont  nous  regrettons  de  ne  pas  mieux  con- 
naître la  biographie,  fut  aussi  un  des  artistes  qui  concoururent 
les  premiers  en  Angleterre  à  la  résurrection  intelligente  des  tra- 
ditions architecturales  du  moyen  âge.  Outre  la  restauration, 
exécutée  en  1848  dans  le  style  d'Edouard  HI,  du  chœur  de  l'ab- 
baye de  Westminster,  il  fut  chargé,  k  la  même  époque,  de  celle 
du  palais  de  Buckingham  auquel  il  fit  des  additions  importan- 
tes; il  restaura  également  l'ancien  palais  de  Lambeth,  résidence 
aujourd'hui  de  l'archevêque  de  Cantorbéry,  et  fut  l'architecte 
de  la  chapelle  du  collège  de  Marlborough  ainsi  que  de  la  villa 
Egerton  à  Wolesley  (1840-1846).  Blore  adopta  aussi  pour  la  con- 
struction de  ces  deux  derniers  édifices  le  style  ogival  des  Tudor. 
C'est  également  le  pasliched'un  édifice  ogival  anglais  de  1300 
que  "William  Butterfield  voulut  élever  lorsqu'il  construisit,  en 
1850,  à  Londres,  son  église  de  Tous-les-Saints,  mais  il  s'y  mêla 
certainement  le  souvenir  que  l'artiste  avait  conservé  des  grandes 
cathédrales  d'Italie;  seulement  la  brique  noire  et  rouge  par 
assises  alternées  y  remplace  le  marbre  des  églises  de  Sienne  et 
de  Milan.  La  fièche  unique  de  l'édifice,  dont  la  hauteur  est  de 
227  pieds  anglais,  ne  manque  pas  d'une  certaine  hardiesse.  Cette 


110  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

construction  avait  été  précédée  de  celle  du  collège  S'  Augustin 
àCanlcrbury.  Nous  ignorons  d'ailleurs  les  dates  de  naissance  et 
de  mort  de  Bultertleld. 

Nous  en  dirons  autant  pour  J.  W.  Dankes  et  Hamilton,  les 
architectes  de  l'église  S'-André  construite  à  Londres  dans  Wells 
street,  de  1840  à  18i7,  édifice  de  style  ogival  perpendiculaire, 
et  de  l'église  du  Christ  à  Hampstead,  consacrée  en  1852;  pour 
William  Ordish  et  John  Johnson,  arciiitectesde  S'  Paul,  Camp- 
den  square  h  Londres,  élevée  également  dans  le  style  ogival  en 
1848;  pour  Benjamin  Ferrey,  architecte,  en  1844,  de  l'église 
de  S'  Giles  in  Fields,  édifice  de  style  anglo-normand,  de  l'église 
de  Kensington  (1851),  pour  laquelle  il  a  adopté  l'ogival  Tudor, 
de  l'église  S"  Mary  de  Thunbridge  et  de  l'église  S'-Jean  d'Angel- 
Town  près  Brixton  (1853),  de  l'église  d'Enshangen,  diocèse  de 
Peterborough,  si yle  anglo-normand  (1854).  Mais  l'œuvre  la  plus 
considérable  de  Ferrey  est  sans  coniredit  l'établissement  scolaire 
de  S'-Etienne  de  Westminster  et  l'église  attenant  à  celte  école 
fondée,  en  1847,  par  la  fille  du  représentant  Burdett.  Ferrey  a 
laissé  un  ouvrage  estimé  publié  en  1841  sous  le  titre  de  :  An- 
tiqinties  of  the  priorey  Christs  Church. 

La  chapelle  S'-Jean-Bapliste  de  Bloomsbury  (18i8)  et  l'église 
paroissiale  de  Charlecote  (1853),  pastiches  gothiques  comme  les 
précédents  édifices,  n'offrent  rien  de  bien  remarquable  ;  elles 
sont  l'œuvre  d'un  architecte  de  Westminster,  Jesse  Gibson,  né 
à  Hackney,  Middlesex,  qui  mourut  archilecle-voyer  de  la  divi- 
sion Est  de  Londres,  le  24  juin  1828,  à  l'âge  de  quatre-vingt-un 
ans.  Rien  à  dire  non  plus  de  la  chapelle  de  la  Congrégation  à 
Plymouth,  élevée  en  1848  par  l'architecte  Wightwick,  ni  de  la 
nouvelle  synagogue  de  Margaret  slreel,  élevée  en  1849  par 
un  élève  de  Smirke,  l'architecte  D.Mocatta,  dont  nous  ne  con- 
naissons que  les  noms. 

Lewis  Vulliamy,  médaille  d'or  de  l'Académie  en  1815,  fut 
aussi  un  archilecle  d'édifices  religieux.  Londres  lui  doit  :  (1829) 
S'-Barnabé,  (1830-31)  S'-Jean  de  Richmond,  (1830)  Christ's 
Church,  Woburn  square,  (1831-33)  Highgale  New  Church, 
(1835)  S' James,  Church Clapham,  (1839)  S' James,  Curtainroad, 
(1846-49)  l'église  de  Tous-les-Saints  et  des  restaurations  àla  cathé- 
drale de  Rochester,  (1851-52)  S'"  Marguerite  d'IsleworthetTéglise 
paroissiale  de  S'  Barthélémy  à  Sydenham.  Citons  de  lui,  comme 


CHAPITRE  IV.  111 

édifices  civils,  la  Law.  Institulioii,  Chancery  lane,  une  aile  do  l'a- 
sile de  Harrow  road,  (l8'iG)  la  façade  de  la  «  Royalliistilution  », 
(1840-41)  le  Lock  Hospital.  Viilliamy  mourut  le  4  janvier  1871. 

Thomas  Leverton  Donaldson  jouit  en  Angleterre  d'une  noto- 
liélé  relative,  autant  comme  archéologue  que  comme  architecte, 
quoique  cependant  il  ail  hoaucoup  construit  pendant  sa  longue 
existence.  Né  à  Londres  le  19  octobre  179o,  et  fils  de  James 
Donaldson,  architecte  et  s/^rreyor  de  dislricl,  il  commença  ses 
éludes  à  l'Académie  royale  de  Londres  et  voyagea  en  Italie  et  en 
Grèce.  Nommé,  à  son  retoiu-  en  Angleterre,  surveyor  du  district 
de  South-Kensington,  il  construisit,  vers  1825,  l'église  de  la 
S''-ïrinilé  h.  Brompton,  ensuite  la  hibliothèque,  les  laboratoires 
et  la  grande  salle  du  collège  de  l'Université  de  Londres  el,  en 
collaboration  avec  l'archilectc  A.  Grunning  (un  inconnu  pour 
nous),  riiôpital  allemand  de  Dalston.  En  1880,  Donaldson  i*6con- 
slruisit  Scottish-Corporation-IIall  dans  Crane-Court,  à  Londres, 
où  il  mourut  le  1"  août  1885,  après  avoir  été  professeur  d'archi- 
tecture au  collège  de  l'Université  de  Londres  de  1841  à  1864, 
fondateur  de  l'Inslilul  royal  des  archilecles  britanniques  et  l'un 
des  dix  associés  étrangers  de  l'Institut  de  France. 

Mentionnons  encore,  comme  étant  de  la  première  partie  de 
notre  siècle,  l'église  des  Jésuites  de  Liverpool  édifiée  en  1848  el 
la  nouvelle  chapelle  catholique  de  Farm  slreet,  Grosvenor 
square,  inaugurée  en  juillet  1849,  la  chapelle  S'  George  à  Edger 
Boston  (1836),  l'oratoire  et  la  hibliothèque  de  Brompton  ter- 
minés seulement  en  18.54  et  l'église  de  S'John's  \\'ood,  S'  James 
street.  Tous  ces  édifices,  construits  suivant  les  traditions  du 
moyen  âge,  eurent  pour  architecte  Scoles,  considéré  comme  un 
des  meilleurs  praticiens  catholiques  par  les  protestants  les  plus 
fanatiques  de  l'Angleterre.  Joseph  John  Scoles,  né  en  1798  à 
Londres,  visita,  de  1822  à  1826,  tout  le  continent  ainsi  que  la 
Sicile,  l'Egyple  et  la  Syrie,  fil  une  relation  fort  intéressante  de 
son  voyage  et  rapporta  un  plan  de  l'église  du  S'-Sépulcre  qui  sou- 
leva de  nombreuses  contestations.  Revenu  en  Angleterre  en  1831, 
il  commença  par  dessiner,  pour  Great  Yarmouth,  l'église  de 
S'-Pierre,  plus  une  chapelle  à  Southtown  et  S'-George  à  Edybaston  ; 
en  1832,  S'-Pierre  au  collège  Stonyhurst;  en  1834,  S'-Ignaceà 
Preston,  des  églises  à  Colchester  et  à  Newport;  en  1842  à  Car- 
dignan,  S' John  Islington.  En  18ii,  il  commença,  près  de  Balh, 


112  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

Il  ne  grande  église  demeurée  inachevée,  et  d'autres  à  Bangus  ou  à 
Lydiate,  près  Liverpool;  de  1846  à  1849,  l'église  derinimaculée- 
Conception  à  Harni  slreet;  une  église  à  GrealYarmouth  en  18o0; 
en  1862,  S''-Hélène  en  Lancashire;  le  London  oratory^  rési- 
dence temporaire  des  religieux  de  S' Philippe  à  Bromplon  road  et 
de  vastes  écoles  à  Drury-Lane.  Secrétaire,  pendant  dix  ans,  de 
rinstilul  royal  des  architectes  britanniques,  il  devint  leur  prési- 
dent peu  avani  sa  mort  arrivée  le  29  décembre  1863. 

Raphaël  Brandon,  né  vers  1810,  élève  de  l'Académie  de 
Londres,  fort  connu  par  les  publications  qu'il  Ht  en  collaboration 
avec  Arthur,  son  frère,  sur  les  édifices  anglais  du  moyen  âge 
et  sur  les  églises  de  Paris,  élève,  de  1845  à  1849,  avec  l'assistance 
de  ce  même  frère,  l'église  de  Laversiock  Green,  dans  le  style 
Tudor,  avec  celle  de  Robert  Ritchie,  l'église  catholique  de 
Gorcfon  square,  très  décorée  à  l'intérieur  de  marbres  et  de  pein- 
tures et  pour  laquelle,  néanmoins,  les  architectes  avaient  adopté 
les  formes  anglo-normandes.  L'église  de  Portswood  est  également 
de  Raphaël  Brandon  seul. 

Né  à  Londres  en  février  1798,  William Tite  commençaàse  faire 
connaître  par  la  reconstruction  du  chevet  de  S'  Dunstan,  dans 
cette  ville,  et  obtint  an  concours  l'église  des  Écossais  de  Regent's 
square  (1827)  Il  éleva  ensuite  Golden  Cross  dans  le  Strand,  en 
collaboration  avec  Cockerell  (1837-38),  puis  la  Banque  de  Lon- 
dres et  de  Westminster.  Choisi  au  concours  en  1840,  comme 
architecte  de  la  Bourse,  il  prit  Trottman  comme  collaboraleur 
et  se  lança  alors  dans  la  construction  des  gares  de  chemins  de 
fer.  On  lui  doit  notamment  la  gare  terminus  du  Soulh-\A'estern, 
celles  de  la  ligne  de  Londres  au  Havre,  celles  du  Calédonian 
and  Scotish-railway  (1859).  Membre  du  jury  d'évaluation  des 
terrains  acquis  par  des  compagnies  anglaises,  président  de  la 
Société  d'architecture  (1838),  puis  de  l'Instilut  des  architectes 
britanniques  (1861-1870),  ilen  reçut  la  médaille  d'or  en  1856  et 
mourut,  président  de  la  Camden  Society,  le  20  avril  1873. 

C'est  (à  une  association  d'architectes,  MM.  Starkey  et  Cuffley, 
qu'est  due  l'église  presbytérienne  de  Manchester,  Grosvenor 
square,  élevée  en  1849.  Nous  ne  citons  que  pour  mémoire  l'église 
presbylérienne  de  Birmingham,  de  l'architecle  Boitham,  édifice 
également  de  1849,  qui  ne  présente  rien  de  bien  remarquable. 

Lloyd  Hesketh  Bamford,  né  le  9  août  1788,  mort  à  Londres 


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JOHN   SOANE 


CHAPITRE   IV.  113 

en  1862,  qui  avait  construit,  en  1849,  l'élablissement  de  charité 
de  S'  Clément  Danes  à  Holborn,  en  lui  appliquant  le  style  ogival, 
élève  aussi,  vers  la  même  époque,  l'église  S'  Thomas  à  Charter- 
Ilouse,  pastiche,  comme  les  châteaux  dont  il  fut  l'archilecte,  de 
l'arcliifecture  du  temps  d'Edouard  1°'.  L'architecte  H.  Clut- 
ton's  a|>plique  également,  en  1848,  au  collège  de  Camaitlien, 
dans  le  pays  de  Galles,  et  aux  écoles  de  Reigate,  les  formes  de 
l'architecture  du  moyen  âge  anglais,  puis,  naturellement,  à  l'église 
S'-Jean-l'Evangélisle  de  GreutStanmore,  consacrée  le  16juinl8o0. 
Du  reste,  architecte  chargé  de  l'entretien  du  palais  de  White- 
Hall,  Clutton's,  qui  avait  étudié  spécialement  notre  architecture 
civile,  publia,  en  1853,  un  résumé  de  cette  étude  sous  le  titre  : 
Rcmctrks  Lvilh  illustrations  on  the  domestic  Architecture  of  France. 
La  chapelle  de  l'hôpital  de  la  Conception  à  Brompton,  élevée 
de  1849  à  1850  et  l'église  de  Hartlepool,  vaste  construction  en 
forme  de  croix  latine  couronnée  d'une  tour  ayant  100  pieds 
anglais  de  hauteur,  eurent  pour  architecte  E.  B.  Lamb,  qui 
adopta,  pour  leur  construction,  l'architecture  anglaise  du  temps 
de  Henri  III.  C'est  également  dans  le  même  style  que  John  Tar- 
ring,  surnommé  le  G.  Scott  des  Dissidents,  édifie,  de  1848  à 
1849,  la  chapelle  de  Horbury  à  Notting  Hall  et  que  Pearson, 
de  Oswestry,  élève  les  églises  de  Llanymyneck  (1844),  de  la 
S'^-Trinilé  à  Westminster  (1849)  et  la  petite  église  de  Landscove 
dédiée  à  saint  Martin  et  consacrée  le  27  septembre  1851.  ïar- 
ring,  né  en  1806,  à  Holbeton  près  Plymouth,  était  tilsd'un  char- 
pentier et  élève  de  l'Académie  royale.  Ses  autres  travaux  sont  : 
les  églises  d'Akelay  Brucks  (1849),  la  chapelle  de  Belhnal  Green, 
l'église  des  Presbytériens  à  Cork,  S'  John's  Hill  Wandsworth, 
pour  les  Wesleyens,  l'église  des  Baplisles,  Victoria  road,  Lei- 
cesler;  puis  les  églises  des  CongréganistesàLucou,  Bedfordshire 
(1852),  à  Capdam  (1851-52),  à  Blackburu,  h  ïavistock  (1850), 
Bedfurd-Chapel  à  Islington.  11  modernisa  la  chapelle  Whiletield 
à  Rotterdam,  dessina  de  nombreuses  résidences,  des  parcs  et 
des  villas,  et  mourut  le  27  décembre  1875  à  S'  Anderei,  Torquay. 
L'association  de  l'architecte  Flockton  et  de  son  tils  a  produit, 
à  SliefTield,  l'église  du  Christ  inaugurée  en  1850;  à  la  même 
date  se  terminait  l'église  S'°-Anne,  dans  l'île  d'Alderney,  com- 
mencée le  24  septembre  1847  par  l'architecte  Scott,  dont  nous 
allons  parler. 

m.  8 


114  LES   AUCIHTEGTES   PAR  LEURS  COUVRES. 

En  dehors  des  Ihéàlres  et  des  élablissements  d'enseignement 
ou  de  commerce,  Londres  n'a  guère  vu  s'élever,  pendant  la  pre- 
mière moitié  de  noire  siècle,  que  trois  ou  quatre  édifices  qui  ne 
résument  plus  les  tendances  d'une  école  nationale  d'architec- 
iure,  mais  seulement  les  idées  propres  et  le  génie  parliculier 
des  architectes  qui  en  ont  donné  les  plans,  dessiné  les  grandes 
lignes  et  conçu  la  décoration. 

Le  Brilish  Muséum,  de  Robert  Smirke,  dont  la  première 
pierre  fut  posée  en  1823  sur  l'emplacement  de  l'ancien  hôtel  de 
Montaigu  déjà  transformé  en  muséum  [National  Muséum  of 
Antiqulties^  Literature  and  Arts]  depuis  1759,  a  sa  façade  prin- 
cipale sur  Great  Russel  street.  Celte  façade  se  compose  d'un 
péristyle  surmonté  d'un  fronton  et  de  deux  avant-corps  trop 
rapprochés,  elle  présente  une  colonnade  de  quarante-quatre 
colonnes  de  14  mètres  de  haut  et  de  plus  d'un  mètre  et  demi  de 
diamètre  à  la  base,  se  développant  sur  une  étendue  de  110  mè- 
tres de  longueur.  Douze  marches  conduisent  au  portique  sou- 
tenu par  huit  colonnes  cannelées,  d'ordre  ionique  comme  le 
reste  de  l'édifice,  et  décoré  aux  deux  extrémités  du  perron  de 
deux  groupes  monumentaux.  Ce  musée  est  à  la  fois,  on  le  sait, 
une  exposition  d'oiijcts  d'art  et  d'antiquités,  un  cabinet  d'his- 
toire naturelle  et  une  bibliothèque  contenant  des  imprimés,  des 
manuscrits  et  des  gravures.  En  face  du  grand  escalier,  large  de 
plus  de  5  mètres,  orné  de  vases,  de  balustres  et  de  peintures, 
s'ouvre  cette  bibliothèque  précédée  des  statues  de  Dante  et  de 
Shakespeare. 

Les  bâtiments  de  la  Poste  aux  lettres  auxquels  on  tété  annexés,  en 
1873,  celui  destiné  aux  services  du  télégraphe,  un  des  plus  grands 
édifices  publics  de  Londres,  sont  également  l'œuvre  de  Smirke, 
qui  les  commença  en  1823  et  les  livra  au  service  des  postes  le 
23  septembre  1829.  Situé  à  la  jonction  des  rues  de  Cheapside  et 
de  Newgate,  le  Post  Office  présente  une  façade  d'environ  100  mè- 
tres, décorée  de  colonnes  d'ordre  ionique  avec  pavillon  cen- 
tral orné  d'un  fronton  et  un  pavillon  à  chaque  angle  :  c'est 
la  construction  grecque  de  l'époque,  appliquée  indifféremment 
aux  édifices  religieux,  aux  bourses  de  commerce  ou  aux 
marchés.  On  doit  encore  à  Smirke  l'hôtel  des  Monnaies  cons- 
truit vers  1811,  dans  le  même  style  que  le  précédent,  et  la  Poi'i- 
tentïanj  de  Milbank  élevée  de  1816  à  1822,  édifice  en  briques 


CHAPITRE  IV.  115 

qui  sert  de  prison;  elle  est  à  trois  étages,  comprend  six  cours 
pentagones  et  un  hàtiaienl  central  hexagonal  qui  renferme  la 
chapelle. 

Les  autres  œuvres  de  R.  Sniirke  sont  celles  dont  l'énuméra- 
lion  suit:  les  églises  Sainte-Marie  et  les  école?  de  Bryanston 
square,  Sainle-Anne  àWendsworth(comtédeSurrey),  Saint-Jean 
à  Clialham  (comté  de  Kent),  Saint-Nicolas  llood  (Kent),  Saint- 
George  de  Tildeslay  (Lancasliire),  Saint-George  Branlon  Ilill 
à  Brislol,  Saint-IMiilippe  à  Manchester,  d'aulrcs  églises  à  Wor- 
cestshire,  à  Wesl  Ilacluiey,  à  Askham  ;  à  York,  restauration  du 
chœur  de  la  cathédrale  après  l'incendie  de  1828  et  de  la  chapelle 
royale  de  While-hall,  restauration  de  Belgrave  Chapel,  cons- 
truction à  Londres  de  la  chapelle  de  Grosvenor  square,  du  Collège 
des  médecins,  du  Collège  Royal,  des  cours  de  justice  à  Lincoln, 
de  la  façade  de  riiôpilal  Saint-Thomas  et  de  la  salle  provisoire 
des  séances  du  Parlement  après  l'incendie  de  1834;  à  Oxford, 
restauration  du  théâtre  de  Schelcroman  (1838)  ;  enfin,  à  Dublin 
Smirke  dessine  le  monument  de  Wellington  qui  n'a  jamais  été 
lerminé,  il  achève  la  prison  régionale  à  Shresbury,  dessine  l'hô- 
pital ophtalmique  à  Moorfiels  et  le  portique  de  Mansion  House. 

Il  est  lemps,  pour  compléter  celte  biographie  de  l'architecte 
de  Covent-Garden,  de  dire  qu'il  était  né  en  1781,  fils  d'un  artiste 
appelé  comme  lui  Robert  et  que,  membre  de  l'Institut  des  archi- 
tectes britanniques  depuis  1853,  il  est  mort  le  18  avril  1867. 

Un  élève  de  Smirke,  Henry  Ashton,  né  en  1801,  mort  à  Lon- 
dres en  mars  1872,  fut  le  collaborateur  de  Jetîry  Wyattville, 
membre  de  l'Académie  royale,  alors  chargé  des  travaux  consi- 
dérables qu'on  exécutait  au  château  de  Windsor,  et  termina  les 
dépendances  de  ce  palais.  Architecte  de  Westminster  improve- 
ment  coiiiiuission,  édifice  privé  à  l'angle  de  Victoria  slreet,  il  fit  le 
projet  du  palais  que  le  roi  de  Hollande,  Guillaume  II,  voulait 
ériger  à  La  Haye,  et  fut  reçu  membre  de  rinstij.ul  royal  des 
architectes  britanniques.  Mais  l'auivre  la  plus  importante  de  cet 
architecte  fut  le  théâtre  de  Covent-Garden  qu'il  reconstruisit 
après  l'incendie  de  1808.  Nous  disons  :  fut,  car,  ainsi  qu'on 
le  verra  plus  tard,  il  a  disparu  dans  un  nouvel  incendie  sur- 
venu quarante-huit  ans  après.  La  première  pierre  en  fut  posée 
le  31  décembre  1808  parle  prince  de  Galles  et  l'édifice  fut  ouvert 
au  public  le   18  septembre  1809,  par  la  tragédie  de  Macbclh. 


116  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Le  temple  de  Minerve  à  Alhèues  avait  certainement  inspiré 
l'architecte  :  un  beau  portique  de  quatre  colonnes  doriques  sans 
bases,  reposant  sur  un  perron  élevé  et  couronnées  d'un  fronton, 
précédait  l'entrée  des  loges  et  occupait  le  milieu  de  la  façade 
sur  Bow  street.'  Le  surplus  de  cette  façade  flanquée  de  deux 
pavillons,  aux  deux  extrémités,  était  décoré  de  bas-reliefs  rappe- 
lant l'histoire  du  théâtre  anglais,  dans  laquelle  Shakespeare  et 
Milton  tenaient,  naturellement,  la  première  place.  La  décoration 
de  la  salle,  jaune  et  blanc,  répondait  à  l'ornementation  de 
l'arcbilecture  générale. 

Charles  Barry,  que  ses  compatriotes  considèrent  comme  le 
plus  grand  architecte  anglais  du  siècle,  n'était  pas  tenu  au  res- 
pect d'un  plan  tracé  d'avance,  lorsqu'il  édifia  le  nouveau  palais 
du  Parlement.  Aussi  put-il  donner  carrière  à  son  génie  personnel 
et  ce  vaste  édifice  est  bien  l'expression  des  tendances  éclectiques 
que,  malheureusement,  Barry  n'a  pu  faire  prévaloir  dans  son 
pays.  Né  à  Londres  le  23  mai  1795,  Barry  parcourait,  de  1817 
à  1820,  la  France,  l'Italie  et  l'Asie  Mineure,  recueillant  les  ma- 
tériaux qui  devaient  compléter  son  éducation  artistique.  Cepen- 
dant, rentré  à  Londres  en  1820,  c'est  par  des  édifices  de  style 
gothique  qu'il  débuta  :  la  chapelle  militaire  et  l'Athenœum  de 
Manchester;  puis  il  construisit  des  écoles  à  Birmingham;  à  Lon- 
dres, le  club  des  Étrangers  (1832),  le  club  de  la  Béforme  (1838) 
et  le  collège  des  Chirurgiens;  enfin,  c'est  en  1837,  après  l'in- 
cendie du  16  octobre  1834  qui  réduisit  en  cendres  les  anciennes 
Chambres,  que  Barry  reçut  la  mission  de  construire  le  nouveau 
Parlement,  édifice  considérable  dans  lequel  les  deux  corps  consti- 
tués de  l'Angleterre,  la  Chambre  des  Lords  et  celle  des  Com- 
munes, ont  leur  salle  de  séance  et  les  bâtiments  nécessaires  aux 
services  de  chacune  d'elles. 

La  façade  du  monument  se  déploie  le  long  de  la  rivière  sur 
une  étendue  de  plus  de  300  mètres  et  est  coupée  de  distance  en 
distance  par  des  tours,  dont  les  principales  sont  la  Tour  de 
Victoria  et  la  Tour  de  l'Horloge.  Les  salles  de  Saint-Slephen,  de 
Victoria  et  la  crypte  do  Saint-Stephen,  qui  sert  de  chapelle  pour 
les  membres  de  la  Chambre  des  Communes,  sont  décorées  de 
sculptures  et  de  peintures  à  fresque.  On  pénètre  dans  le  palais 
par  le  portique  de  la  Chambre  des  Pairs  fermé  par  de  belles 
portes  de  bronze  et  d'où  l'on  passe  dans  la  salle  des  séances, 


CHAPITRE  ÎV.  117 

OÙ  Barry  a  déployé  toutes  les  richesses  de  rornementation.  Celle 
de  la  Chambre  des  Communes  est  beaucoup  plus  modeste. 
A  mentionner  encore,  comme  œuvres  de  Barry,  les  deux  fon- 
taines qui  ornent  la  place  de  Trafalgar,  les  écuries  de  lord 
StratTord,  la  galerie  nationale  de  Bridgewater,  l'église  Saint- 
Paul  à  Derby.  Barry,  mortà  Londres  le  14  mai  1860,  eut  l'hon- 
neur d'être  inhumé  dans  la  nef  de  l'abbaye  de  Westminster. 

Le  nouveau  palais  du  Parlement  n'était  pas  achevé  au  mo- 
ment de  la  mort  de  Charles  Barry  et  l'honneur  de  l'inauguration 
revint  à  son  troisième  fils,  Edward  Midleton,  né  le  7  juin  1830, 
à  Londres,  où  il  mourut  le  27  juillet  1880.  Oulre  sa  collaboration 
à  ce  grand  édifice,  Edward  concourut,  en  1804,  à  l'agrandisse- 
ment de  l'hôpital  de  Londres  et  ajouta  une  nouvelle  salle  au  Musée 
national  de  peinture  de  Trafalgar  square  [National  Gallery)  dont 
la  façade  se  compose  d'un  portique  flanqué  de  pavillons, 
derrière  lequel  on  aperçoit  une  sorte  de  dôme  en  plomb  d'un 
ellef  assez  disgracieux.  Nous  devons  également  rappeler  les 
travaux  qu'il  exécula  au  château  de  Trenlham,  résidence  du 
duc  de  Sutherland,  et  au  collège  God's  Gifl,  à  Dulwich  (comté 
de  Surrey),  dont  la  première  pierre  fut  posée  le  26  juin  1866. 
Mais  son  œuvre  principale  fut  la  reconstruction,  en  1837,  du 
théâtre  de  Covent-Garden  de  Smirke,  incendié  en  1856.  La 
nouvelle  salle  a  les  mêmes  dimensions  que  la  Scala  de  Milan  ; 
à  la  façade  large  de  38  mètres  est  accolé  un  portique  dont  le 
rez-de-chaussée  en  bossage  permet  l'approche  des  voilures 
jusqu'au  vestibule  du  théâtre;  ce  portique,  qui  règne  à  la  hauteur 
du  premier  étage,  est  supporté  par  des  colonnes  de  20  mètres 
de  hauteur  et  est  orné  de  statues  et  de  bas-reliefs  de  Flaxman, 
heureusement  sauvés  lors  de  l'incendie.  Les  escaliers  et  les 
dégagements  sont  très  spacieux  et  la  salle  peut  contenir  deux 
mille  personnes. 

Le  premier  théâtre  de  Drury-Lane,  ouvert  en  179i  par  She- 
ridan,  était  l'œuvre  d'un  architecte  nommé  Henry  HoUand,  qui 
n'a  rien  de  commun,  d'ailleurs,  avec  l'homme  d'État  anglais  de 
ce  nom.  Né  vers  1  746,  Holland  s'était  déjà  fait  connaître,  de  1788 
à  1790,  par  des  additions  au  château  de  Carlton-House  apparte- 
nant au  prince  de  Galles,  additions  qui  consistaient  principale- 
ment dans  un  portique  d'ordre  corinthien  destiné  à  servir  de 
passage  aux  carrosses.  On  voit  que  c'était  un  classique.  11  res- 


118  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

taiira  aussi  clans  lo  même  style,  en  179i-,  le  lliéàtre  de  Covenl- 
Garden,  brûlé  depuis,  en  1808  et,  vers  1803,  il  fut  rarchitccte  du 
pavillon  de  Brighton,  altéré  depuis  par  Nash.  Comme  architecte 
de  constructions  particulières,  Dallaway  lui  reproche  d'avoir 
adopté  un  style  trop  fleuri  [loo  floiid  a  atyle  for  street  architecture). 
Que  dirait  le  critique  anglais  des  maisons  belges  et, allemandes 
élevées  de  notre  temps,  en  bordure  des  voies  publiques,  à 
Berlin,  à  Vienne  et  à  Bruxelles?  Le  dernier  ouvrage  de  Hollandfut 
la  salle  d'assemblée  devenue  !'«  Athénée  »  à  Glascow,  terminée 
en  1807.  Longtemps  architecte  delà  Compagnie  des  Indes  orien- 
tales, fonctions  dans  lesquelles  il  avait  succédé  à  Cockerell,  il 
mourut  le  17  juin  1806. 

En  1810,  une  société  par  actions  se  forma  dans  le  but  de 
réédifier  le  théâtre  de  Drury-Lane  détruit  de  fond  en  comble 
par  un  incendie,  le  24  février  1809. 

Benjamin-Dean  Wyatt,  fils  et  élève  de  James  Wyalt  dont  nous 
avons  parlé  dans  le  volume  précédent,  né  en  1 775  et  désigné  comme 
l'architecte  du  nouvel  édifice,  prétendit  prendre  pour  modèle  le 
plan  du  Grand-Théàlre  à  Bordeaux.  La  nouvelle  salle,  commen- 
cée en  1810,  fut  ouverte  au  public  en  octobre  1812  ;  mais  des  mo- 
difications importantes  y  furent  exécutées,  de  1822  à  1823,  sur  les 
dessins  de  Samuel  Beazley  dont  nous  parlons  ci-après.  Aujour- 
d'hui le  théâtre  de  Drury-Lane  est  un  vaste  parallélogramme  de 
131  pieds  anglais  sur  93,  auquel  on  a  trouvé  bon  d'accoler  un 
misé'rable  porche  à  toit  plat,  surmonté  d'une  statue  de  Shakes- 
peare. La  façade  présente  d'ailleurs  trois  larges  fenêtres  en  plein 
cintre  avec  deux  avant-corps  presque  sans  saillie,  à  chaque  extré- 
mité. Au  premier  étage,  ils  sont  percés  d'une  large  baie,  en  plein 
cintre  également,  au-dessus  d'une  sorte  de  niche  sans  profondeur 
et  sans  décoration.  La  façade  sur  Vinegar- Yards  ou  Woburn- 
Court,  correspond  dans  son  ensemble  à  l'architecture  du  côté  de 
la  façade  principale  que  nous  venons  d'esquisser,  mais  on  y  a 
annexé  le  nouveau  foyer  des  acteurs,  les  écuries,  etc.,  etc.  C'est 
de  ce'côté  que  se  trouvent  les  entrées  du  parterre  et  des  galeries 
supérieures.  Le  ton  général  de  la  salle  est  fauve,  tous  les  orne- 
ments sont  dorés  et,  dans  quelques  parties,  rehaussés  de  rouge. 
Du  reste,  comme  dans  le  théâtre  de  Covent-Gardcn,  les  plus 
grandes  précautions  ont  été  prises  contre  l'incendie. 

Les  autres  travaux  de  Benjamin  Wyatt  sont  le  palais  du  duc 


•  CHAPITRE  IV.  119 

de  Sutherland,  de  stylo  dorique,  conslruit  en  182o,  avec  la 
collaboration  de  Philippe  Wyatt  son  frère,  el  avec  la  même  col- 
laboration, en  1827,  sur  rem|)lacement  duCrockford  Clubliouse, 
un  grand  bâtiment  de  style  corintliien  d'assez  mauvais  goût.  De 
1828  à  ^829,^^'yatt  restaura.  Aspley-IIouse,  le  palais  du  duc  de 
Wellington  et  il  essaya  de  relever,  au  moyen  d'un  portique 
tétrastyle,  l'aspect  misérable  de  l'édifice  conslruit,  en  1828,  pour 
le  héros  de  Waterloo,  par  les  Adanis.  En  résumé,  les  deux  frères 
furent  des  classiques  et  luUèrent  toute  leur  vie  contre  l'intro- 
duction du  style  appelé  romantique  en  Angleterre.  Pliilippe 
mourut  en  1836,  son  frère  lui  a  survécu  sans  que  nous  puissions 
préciser  la  date  de  sa  mort. 

Un  fils  de  Samuel  Wyatt,  Jeffry  Wyatt,  surnommé  Wyatt- 
ville,  fut  aussi  architecte  et  naquit  en  177G,  probablement  à 
Burton-upon-Trent  oii  il  fit  ses  premières  études  ;  il  les  compléta 
dans  l'atelier  de  ses  oncles  qu'il  avait  accompagnés  en  Italie. 
De  1821  à.l82i,  il  construisit  le  Sydney-Sussex-CoUege.  En  1824, 
il  reçut  de  George  IV  l'ordre  de  restaurer  le  château  de  Wind- 
sor, ou  plutôt  d'y  faire  des  additions  importantes,  notamment 
celle  de  la  chapelle  terminée  seulement  en  1854  avec  la  collabo- 
ration de  Ashton,  ainsi  qu'on  l'a  dit  précédemment.  C'est  à  l'oc- 
casion de  ce  travail  que  le  roi  l'autorisa  à  changer  son  nom  en 
celui  de  Wyattville  qui  permet  de  ne  pas  le  confondre  avec  les 
deux  artistes  précédents.  Il  y  ajouta  la  construction  du  château 
de  Meiningen,  d'une  quantité  de  maisons  particulières  el  mou- 
rul  le  18  février  1840. 

Un  quatrième  Wyatt,  prénommé  James,  sixième  fils  de  Benja- 
min, né  le  3  août  1746  et  mort  le  5  septembre  1813  est  surtout 
connupouravoirélevé,en  1  795,  le collègodelaMadeleineà Oxford. 

L'arcliitecte  appelé  Samuel  Beazley,  dont  le  nom  a  déjà  été 
prononcé,  a  attaché  son  nom  à  la  construction,  en  1816,  du 
Lyceum  théâtre,  qui,  incendié  en  1830,  fut  réédifié  par  lui  en 
quatre  ans,  de  1831  à  1834  ;  puis  il  restaura  avec  une  véritable 
habileté  le  Ihéàlre  Saint-James  de  la  rue  Royale,  ouvert  en 
1835.  On  sait  que  ce  théâtre,  de  style  Louis  XIV,  appliqué 
pour  la  première  fuis  à  un  édifice  anglais  de  ce  genre,  est  le 
Tliéàlre-Français  de  Londres,  auquel  Beazley  ajouta  des  portiques 
sur  Little  Bussel  slreel.  Il  fut  également  l'architecte  du  petit 
théàlre  de  Bishop's  Gale  slreel,  ainsi  que  des  théâtres  de  Dublin 


120  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

(1821)  et  de  Birmingham  consumé  par  un  incendie.  Commenc(^e 
par  Beazley  le  6  janvier  1820,  la  reconslruction  de  ce  dernier 
était  achevée  le  14  août  suivant  (sauf  pourtant  la  façade  que 
l'archilecle  Saunders avait  élevée  en  1780  et  que  le  feu  avait  épar- 
gnée). La  façade  du  tiiéâlre  Adelphi  (1841),  le  Solio  théâtre  de 
Londres  (1884),  St.  James  tlieatre,  également  à  Londres,  le 
théâtre  de  Leicester  (1836)  et  le  théâtre  de  la  Ville  (de  Londres) 
(1837),  sont  aussi  de  Beazley,  qui  donna  en  outre  les  plans  d'une 
salle  de  spectacle  en  Belgique;  enfin  la  C"  du  South-Eastern 
raiiway  lui  doit  la  majeure  partie  des  bâtiments  érigés  pour  le 
service  de  l'exploitation.  Il  est  temps  de  dire  que  Samuel  Beaz- 
ley, né  à  Londres  en  178G,  d'abord  romancier  et  auteur  dra- 
matique, avait  laissé  près  de  cent  pièces  de  théâtre  à  sa  mort 
arrivée  à  Tonbridge-Castle  (Kent)  le  12  octobre  1851. 

Son  oncle  Charles  Beazley,  élève  de  Taylor,  beaucoup  moins 
connu,  fut  surtout  un  architecte  d'édifices  religieux.  Architecte 
pendant  cinquante  ans  de  la  paroisse  SainIs-Jacques-et-Jean  de 
Clerkenwell,  il  fit  la  tour  et  le  chœur  de  l'église  de  Faversham, 
imitation  réussie  de  la  tour  Saint-Dunslan,  de  Londres,  et  un  arc 
de  triomphe  à  Maidstone,  puis  mourut  le  6  janvier  1829,  âgé 
de  soixante-trois  ans. 

Citons  seulement  la  salle  égyptienne  de  Piccadilly,  élevée  par 
BuUock  en  1812  et  qui  n'a  de  remarquable  que  son  entrée  en 
forme  de  pylône  égyptien.  Le  musée  de  géologie  de  Piccadilly, 
élevé  en  1848  par  James  Pennethorne,  né  en  juin  1801,  à 
Worcester,  est  une  bâtisse  de  style  italien,  d'une  longueur  de 
51  mètres  environ,  contenant,  outre  les  galeries  de  collections, 
une  bibliothèque  de  1 1  mètres  de  long  sur  7  mètres  de  hauteur. 
Pennethorne  vint  à  Londres  en  1820  et  étudia  dans  l'atelier 
de  son  oncle  J.  Nash.  Entré  au  service  du  gouvernement  en  1840, 
il  construisit,  outre  le  Geological  muséum^  de  1847  à  1850,  la 
première  partie  du  Dépôt  des  archives  et  la  seconde  partie,  de 
1863  à  1871.  Le  nouveau  Secrétariat  de  la  librairie,  le  déplace- 
ment de  la  colonnade  du  «  Quadrant  »,  l'aile  ouest  du  bureau  de 
Tartillerie  h  Pall-.Mall  et,  de  1852  h.  1856,  l'aile  ouest  de  So- 
merset-House,  sont  aussi  de  cet  architecte.  Démissionnaire  en 
1870,  après  d'assez  importants  travaux  au  palais  de  Buckingham 
et  à  la  «  National  Gallery  »  (la  partie  médiane  de  cette  galerie),  il 
fut  nommé  membre  de  l'Académie  de  Saint-Luc,  de  la  Société  des 


A.  WELBY   PUGIN 


CHAPITRE   IV.  121 

archilectes  d'Amsterdam  et  médaille  d'or  de  l'Inslidit  britan- 
nique en  I860;  il  mourut  le  1"  septembre  1871,  à  l'âge  de 
soixante-dix  ans. 

Le  Diorama  de  Londres  eut  pour  architectes,  en  1823, Morgan 
et  Auguste  Pugin,  père  d'Auguslin  Welby  dont  on  a  lu,  quel- 
ques lignes  plus  haut,  la  biographie.  Pugin  était  né  en  Normandie 
eu  1769  ;  venu  fort  jeune  en  Angleterre,  il  fut  employé  par  des 
architectes  et  des  éditeurs  de  Londres  à  la  composition  d'un 
grand  nombre  de  dessins  publiés  de  1813  à  182(3  ;  il  est  surtout 
connu  par  ses  :  «  Antiquités  architecturales  de  la  Normandie  ». 
La  façade  du  Diorama  est  à  trois  étages,  présente  au  premier 
étage  sept  fenêtres  dont  le  cintre  repose  sur  des  pilastres  d'or- 
dre dorique;  au  deuxième  étage,  les  fenêtres  sont  carrées  et  sur- 
montées d'un  étage  en  attique  percé  de  sept  mezzanines.  Le 
rez-de-chaussée  établi  sur  un  perron  de  quelques  marches  est 
orné  de  six  colonnes  engagées  et,  à  chaque  extrémité,  de  deux 
colonnes  accouplées  d'ordre  dorique.  On  pénètre  dans  le  Dio- 
rama par  trois  portes  pleines  et  le  vestibule  est  éclairé  par  quatre 
fenêtres  percées  dans  l'espace  laissé  libre  enire  chacune  des 
portes.  Pugin,  plutôt  archéologue  qu'archilecle,  écrivit,  du 
reste,  beaucoup  sur  les  antiquités  de  l'Angleterre,  et  mourut  à 
Bloomsbury  le  19  décembre  1832. 

Le  Cotisée,  œuvre  de  l'architecte  Decimus  Burton,  date  de 
1822  et  consiste  en  un  polygone  à  seize  côtés,  dont  trois  sont 
occupés  par  un  portique  hexastyle  d'ordre  dorique  pur,  élevé 
sur  un  haut  perron.  Cependant  on  comprend  que  l'artiste  a  été 
plutôt  inspiré  par  le  Panthéon  de  Rome  que  par  les  édifices  de  la 
Grèce.  On  lui  doit  aussi  la  porte  dite  Hyde  Park  Corner  à  Picca- 
dilly,  élégante  colonnade  ornée  de  bas-reliefs  copiés  sur  ceux  du 
Parlhénon  et  présentant  trois  voies  carrossables  par  lesquelles 
on  pénètre  dans  le  parc;  il  fut  enfin  l'architecte  des  châteaux  de 
Clarence  et  de  Cornwall-Terrace. 

L'architecte  de  l'Opéra  Ilouse  s'appelait  MichaelNovosielski, 
Polonais  d'origine,  né  vers  1747,  mort  prématurément  à  Hams- 
gate  le  8  avril  1795.  Aussi  ses  autres  œuvres  consislent-elles 
seulement  en  quelques  maisons  à  Londres  et  une  place  à 
Brompton  qui  n'a  jamais  été  achevée. 

L'Opéra  fut  modifié  en  18IG  parles  deux  architectes  Nash  et 
Repton.  John  Nash,  né  en  17o2,  probablement  à Cardignan (South 


122  LES  ARCHITECTES   PAR   LEURS   OEUVRES. 

Wales)  avait  été  d'abord  élève  de  son  père  et  de  Robert  Taylor  ; 
mais  ce  fut  une  visite  de  l'arcbilecte  Cockerell  à  Caermarket, 
oîi  il  s'élail  relire,  qui  décida  Nasli  à  se  livrer  entièrement  à  l'ar- 
cliitecture  pour  laquelle  il  avait  toujours  eu,  d'ailleurS;,  de  grandes 
dispositions  naturelles.  On  lui  confia,  dès  lors,  la  construction 
de  plusieurs  maisons  et  cbâieaux;  puis  nommé,  en  1815,  ins- 
pecteur des  bâtiments  de  la  couronne,  il  donna,  à  ce  titre,  les 
plans  de  Regent's  Paik  et  de  Regent's  slreet  (1823),  et  ceux  du 
Uegent's  Canal  destiné  à  relier  le  canal  de  «  grande  jonction  »  à 
la  Tamise.  Il  construisit  aussi,  de  1812  à  1820,  les  églises  que 
nous  avons  décrites  en  traitant  des  édifices  religieux  de  Londres. 
Dans  Saint-James  Park,  il  se  borna  à  recouvrir  de  pierre  les 
murailles  de  briques  de  l'ancien  palais  de  Ruckingham  et  à  res- 
taurer la  façade  postérieure  de  l'édifice,  la  seule  qui  puisse  être 
vue  du  public  (1825  à  1830)  ;  dans  Green's  Park,  il  éleva  l'arc 
de  triomphe  qui  servit  un  instant  de  piédestal  à  la  stupéfiante 
statue  équestre  de  Wellington. 

L'Opéra  House,  ou,  comme  on  l'appelle  plus  communément,  le 
théàtrede  llay-Market,  de  IVovosielski,  remanié  par  Nash  et  Rep- 
ion, était  orné  d'un  portique  d'ordre  corinthien  dontl'enlablement 
et  le  fronton  élaient  supportés  par  six  colonnes.  Sous  le  portique, 
cinq  grandes  baies  en  plein  cintre  éclairaient  le  foyer.  Au-des- 
sus du  fronton  se  trouvait  un  large  parallélogramme  en  retraite 
percé  d'une  série  d'œils-de-bœuf  qui  s'ouvraient  sur  la  galerie 
supérieure.  Un  atlique  terminait  la  façade.  Tout  cela  a  disparu 
dans  l'incendie  de  1862.  Hors  de  Londres,  nous  citerons  de 
Nash  le  pavillon  chinois  élevé  par  lui  en  1^8,  à  Rrighton,  pour 
le  régent,  pavillon  vendu  (1850)  par  la  reine  et  qui  sert  aujour- 
d'hui de  casino  à  la  ville,  ainsi  que  l'église  élevée  à  Penge  près 
Sydenham,  sous  le  vocable  de  saint  Jean,  en  collaboration  avec 
Round  cité  à  cette  occasion.  Nash  se  retira,  vers  1831,  dans  la 
résidence  qu'il  avait  fait  élever  dans  l'île  de  Wight  et  qui  porte  le 
nom  de  East  Cowes  Casile.  C'est  là  qu'il  mourut  le  13  mai  1835, 
à  l'Age  de  quatre-vingt-trois  ans.  Avant  d'être  connu  par  les 
principaux  ouvrages  que  nous  venons  d'énumérer,  Nash  avait 
été  l'archilecle,  en  1793,  de  la  prison  royale  de  Cardignan  et  de 
celle  d'Hereford  en  1798;  puis  il  donna  les  plans  du  cabinet  du 
prince  de  Galles  (1800;,  de  la  façade  ouest  de  la  maison  du 
chapitre,  à  la  cathédrale  Saint-David  (1808),  du  château  de  Ra- 


CHAPITRE  IV.  123 

vensworth  Durham,  de  style  gothique,  ot  fui  l'auteur  du  pro- 
gramme des  fêles  organisées  par  W.  Congrève  pour  cékMjrer 
le  rétablissement  de  la  paix(l"aoùt  1814).  Nash,  auquel  manqua 
toujours  la  connaissance  des  principes  de  la  profession  d'archi- 
tecte, fut  un  véritable  artiste  dans  l'arrangement  des  masses,  et 
son  énergie  valut  à  la  cité  de  Londres  des  améliorations  aux- 
quelles jusqu'à  lui  nul  architecte  n'avait  songé. 

Le  Cirque  fondé  par  Aslley  sous  le  nom  d'Amphithéâtre  est 
aujourd'hui  un  bâtiment  octogonal  reconstruit  en  1843  par  l'ar- 
chiti^cle  Usher. 

L'Institut  scientitlque  de  Londres  fut  logé  en  1805  dans  une 
maison  particulière  du  quartier  de  Moorfields  et  ce  fut  l'archi- 
tecte William  Brook  qu'on  chargea  des  appropriations  néces-' 
saires.  Londres  possède  aujourd'hui,  ainsi  que  nous  le  verrons, 
un  hôtel  de  l'Université  adossé  à  Burlington  House. 

L^n  hôpital  appelé  Fever  Hospilal,  qui  fut  construit,  en  18i8, 
par  les  soins  de  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Londres,  eut 
pour  architecte  Charles  Fowler,  dont  nous  ne  connaissons  pas 
les  autres  œuvres. 

Nous  en  dirons  autant  de  W.  Webb,  architecte  delà  «  mai- 
son de  retraite  destinée  aux  imprimeurs»  construite  en  1819, 
à  Tottenham,  comté  de  Middlesex,  et  de  James  Wild,  archi- 
tecte, la  même  année,  des  Ecoles  Saint-Martin's  in  tiie  Fields  à 
Londres. 

Un  élève  de  Soane,  John  Sanders,  mort  après  1821,  médaille 
d'or  de  l'Académie  des  arts  en  1788,  fut  surtout  un  architecte 
militaire,  car  on  lui  doit  l'Asile  royal  militaire  de  King's  road  à 
Chelsea  (1801-1803),  des  casernes  (1805),  le  collège  royal  mili- 
taire de  Bagshot  (Sanhurst  Collège),  etc. 

Les  établissements  commerciaux  publics  de  Londres  sont  assez 
nombreux  :  la  Douane  [Citstom  House)  d'abord,  dont  la  première 
pierre  fut  posée  le  l^'août  1813,  pour  remplacer  les  bâiimenis 
élevés  après  l'incendie  de  16GG  et  incendiés  de  nouveau  en  1714. 
L'architecte  en  fut  David  Laing,  dont  nous  avons  déjà  parlé 
comme  auteur  de  l'église  Saint-Dunslan.  La  vieille  Bourse  de 
Londres,  à  laquelle  l'archilecle  George  Smith  avait  fait  d'im- 
portantes restauralions,  fut  détruite  par  un  incendie  en  1838. 
Un  concours  fut  ouvert  pour  sa  reconstruction  et,  en  1839,  la 
première  place  à  ce  concours  fut  donnée  à  l'architecte  anglais 


124  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   ŒUVRES. 

Mee  et  à  un  architecte  de  Hambourg  nommé  Châteauneuf.  Néan- 
moins les  travaux  du  nouvel  édifice  furent  confiés  à  un  élève 
de  Soane,  qui  s'était  déjà  fait  connaître  par  des  dessins  clas- 
siques exécutés  à  la  suite  de  voyages  en  Italie;  aussi  est-ce 
un  édifice  classique  que  la  nouvelle  Bourse  de  Londres.  Nous 
avons  dit  plus  haut  que  ^^'.  Tite  posa  la  première  pierre 
de  la  nouvelle  Bourse  des  marchands  [Royal  Exchange)  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  la  Bourse  des  fonds  publics  [Stock 
Exchmifje);  ajoutons  ici  que  le  plan  de  la  Bourse  est  un  triangle 
tronqué  dont  la  l)ase  constitue  nalurellemenl  la  façade.  Elle  est 
décorée  par  un  péristyle  à  colonnes  d'ordre  corinthien,  et  sur- 
montée d'un  fronton  orné  défigures  allégoriques;  cette  façade 
*a  une  longueur  totale  d'environ  94  mètres.  La  Bourse  jiux  char- 
bons [Coal  Exchangé)  date  de  1849;  c'est  aussi  un  édifice 
classique,  ayant  la  forme  d'une  rotonde  précédée  d'une  façade 
d'environ  37  mètres.  Elle  eut  pour  architecte  J.  B.  Bunning, 
qui  élevait  plus  tard  (1852),  la  prison  cellulaire  de  llalloway 
dont  la  conslriictiona  coûté  100.000  livres  sterling. 

Dans  l'espace  d'une  année  et  pour  le  même  prix,  C.  Nesham 
entreprenait  la  construction  des  magasins  à  thé  situés  au  nord- 
ouest  des  Docks  de  Londres,  qui  n'ont  d'ailleurs  aucune  valeur 
architecturale.  Nous  n'en  dirons  pas  autant  de  la  Bourse  aux 
blés  d'ipswich,  inaugurée  en  1830,  et  dont  l'architecte  fut  H. 
Woolnought,  dont  le  nom  seul  nous  est  connu,  malheureusement. 

La  douane,  dont  la  première  pierre  fut  posée  en  1810,  est  la 
principale  œuvre  de  James  Walter,  architecte  aussi,  en  1819, 
de  Stepney  New  churcli  et  en  1820,  de  Saint-Paufs  church, 
édifices  sur  lesquels  nous  n'avons  aucun  renseignement. 

Quant  à  George  Smith,  né  le  28  septembre  1783,  à  Alden- 
liam  (Hersfordshire),  il  avait  été  élève  de  James  Wyalt,  d'Alexan- 
der  et  de  Beazley.  Après  avoir  dessiné,  avant  1808,  la  Wesleyan 
chapel,  Jewin  street,  il  fut  l'architecte,  de  1820 à  1823,  delà  nou- 
velle lour  de  pierre  et  de  la  porte  d'entrée  de  l'ancienne  Bourse, 
refaisant  d'ailleurs  la  sculpture  de  tout  l'édifice  et  y  ajoutant  trois 
larges  escaliers  de  pierre.  De  Smith  sont  encore  :  les  églises 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul  à  Mitcham,  l'église  d'Hornsey  (excepté 
la  tour),  celle  de  Saint-Michel  dans  le  parc  de  Blackheath,  la 
Bourse  aux  grains  (1827),  l'église  Saint-Thomas,  en  collaboration 
avec  Barnes  dont  il  sera  parlé  plus  tard  (1838),  Saint-George's 


CHAPITRE    IV.  125 

Wesleyan  Cliapel,  Back  roacl,  l'église  de  Kilred  (1841-1842), 
le  collège  deGresliain,  Bosinghall  street.  Il  mourut,  surveyor  des 
administrateurs  du  collège  de  Morden,  le  5  janvier  1869. 

Un  autre  architecte  du  nom  de  Smith,  prénommé  John  et 
dont  nous  ne  connaissons  pas  les  liens  de  parenté  avec  George, 
naquit  en  1781  à  Aberdeen  dont  il  fut  l'archilecle,  avec  la  charge 
de  surintendant  des  travaux  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort  ar- 
rivée en  juillet  ou  août  1851.  En  1830,  il  donna  les  plans  de 
l'église  de  Saint-Clément  et  dessina  la  façade  de  Saint-Nicolas, 
en  1820,  la  maison  de  justice,  en  1828,  il  lit  des  additions  à 
l'hôpital  Cordons,  en  1841 ,  il  tit  les  plans  des  écoles  de  Belmont 
street,  de  1828  à  1831,  ceux  de  la  prison,  fit  des  additions  au 
pont  sur  la  Dee  et  au  Collège  royal,  aux  Archives,  aux  Trades 
liall.  Enfin,  en  1847,  il  restaura  le  château  de  Balmoral,  rési- 
dence de  la  reine  Victoria.  La  halle  des  Poissonniers  [Fishmon- 
(jcrsHall),  qui  se  développe  moitié  sur  Thamos  street,  moitié  en 
face  de  la  rivière,  a  les  proportions  d'un  véritable  palais  et  eut 
pour  architecte,  en  1827,  Henry  Robert. 

A  côté  des  noms  qu'on  vient  de  lire,  nous  sommes  bien  obligés 
de  citer  ceux  d'architectes  qui,  sans  avoir  à  leur  actif  l'érection 
d'aucun  édifice  public,  ont  cependant  obtenu  à  Londres  la  répu- 
tation de  constructeurs  et  d'artistes  et  qui  ont  déployé  dans  la 
construction  des  clubs,  des  passages  et  des  hôtels  particu- 
liers, beaucoup  plus  nombreux  à  Londres  qu'à  Paris,  une  réputa- 
tion méritée.  Voici  d'abord  Sydney  Smirke,  né  en  1781,  mort 
le  18  avril  1867,  l'architecte  du  New  Couservative  Club-IIouse, 
élevé  dans  James  street,  avec  la  collaborai  ion  de  Basevi;  l'édifice, 
lype  du  classique  pur,  est  orné  de  pilastres,  de  colonnes  corin- 
thiennes et  fianqué  de  pavillons  d'angle  ornés  comme  la  façade, 
architecte  aussi  du  NewCarllonClub-House  (1849),  pastiche  delà 
bibliothèque  de  Venise,  de  l'Uniled  University-Club,  du  passage  do 
la  Nouvelle  Bourse,  oli  Smirke  a  essayé  de  rappeler  le  style  de  la 
llenaissance  anglaise  qui  est  celui  des  construclionsenvironnanles. 
Enfin,  Smirke  fit,  en  1838,  des  additions  importantes  à  l'hôpilal 
de  Bethléem,  continua  l'œuvre  de  son  frère  Robert,  le  «  Brilish 
Muséum»  (1835  à  1857),  etmourutle8  décembre  1877,  à  l'âge  de 
soixante-dix-huil  ans.  Quant  à  Basevi,  il  donna  le  dessin  du  Mu- 
séum de  Fitz  \\illiani.  à  Cambridge  (1837),  du  château  de  Bel- 
grave  square,  célèbre  par  le  séjour  qu'y  fit  le  duc  de  Bordeaux, 


126  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES- 

et  mourut  jeune  encore,  en  I8i5,  en  tombant  d'un  écliafaudage. 
Voici  ensuite  Thomas  Âllason,  né  en  1790,  élève  d'Attkinson  et 
mort  en  1852.  Elevé  dans  le  culte  de  l'art  grec,  il  publia,  en  1820, 
un  mémoire  sur  les  colonnes  des  temples  d'Albènes;  habile 
décorateur  de  jardins,  il  créa  ceux  d'Alton  Towers,  résidence  du 
comte  de  Shrewsbury,  il  érigeâtes  bâtiments  de  la  Compagnie 
d'assurances  contre  l'incendie  l'Alliance  et  mourut  Commissaire 
du  conseil  des  égouts  de  Londres.  A  citer  encore  l'Army  and 
Navy  Club  dans  Pull  .Mail,  imitation  de  l'hôtel  de  ville  de  Bruxel- 
les, et  la  London  and  Country  Bank,  des  architectes  Smith  et 
Parnell  (1847-1851).  Tout  ce  que  ngus  savons  de  ces  deux  ar- 
chitectes, c'est  que  Parnell  est  mort  à  Bade  en  1805.  Le  Corn 
Exchange,  Chambers  Seetting  lane,  la  British  foreign  Bible  So- 
ciety, le  musée  et  la  bibliotlièque  de  l'hôpital  Saint-Bartbélcmy 
eurent  pour  architecte  Edward  J'anson,  né  à  Londres  le  25  juil- 
let 1812.  Nommé  surveyor  à  son  retour  d'un  long  voyage,  pen- 
dant lequel  il  visita  l'Europe  presque  entière,  J'anson  était  mem- 
bre de  l'Institut  des  architectes  britanniques  au  moment  de  sa 
mort  arrivée  à  Londres  le  2  février  1888.  De  Isaac  Ware,  nous 
n'avons  à  citer  que  la  grande  caserne  des  Horse  Guards  et  une 
restauration  de  l'ancien  palais  de  lord  Burlington  dans  Piccadilly. 
Ware  publia  une  édition  nouvelle  de  Palladio  avant  sa  mort  dont 
la  date  nous  est  inconnue. 

Nous  dirons  quelques  mots  en  temps  et  lieu  des  monuments 
commémoratifs  érigés  à  Londres  pendant  la  dernière  moitié 
du  siècle.  Pendant  les  premières  années  dont  nous  passons  la 
revue,  à  côté  de  Wellington,  l'écrivain  Lord  Byron  eut  seul 
les  honneurs  d'un  tombeau  public,  le  Cenalophyum,  dont  l'ar- 
chitecte se  nommait  Trendall,  c'est  tout  ce  que  nous  en  savons, 
et  nous  terminerons  ce  trop  court  abrégé  de  l'histoire  archi- 
tecturale de  Londres,  en  rappelant  le  nom  d'un  homme  qui  fut 
plutôt  ingénieur  qu'architecte,  celui  de  Brunel,  l'auteur  du  tun- 
nel sous  la  Tamise.  Marc  Isambart  Brunel  était  né  à  Ilaque- 
ville,  en  Normandie,  le  25  février  1769;  émigré  de  l'rance,  à 
l'époque  de  la  Bévolution,  il  travailla  puissamment  à  New-York 
qui  lui  confia  les  fonctions  de  directeur  de  l'arsenal  et  de  la 
fonderie  de  canons.  Venu  en  Angleterre,  il  s'y  livra  à  de  nom- 
breuses découvertes  scientifiques  dont  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper  ici  et  y  mourut  le  12  novembre  1844. 


CHAPITRE  IV.  127 

Isambart  Kingdom  Brunel,  fils  do  ^larc,  né  à  Portsmouth 
en  l.S()(),  ti(  son  ('diicalion  en  France  el  fut  le  collaboraleur  de 
son  père.  Ingénieur  allaclié  à  la  construclion  de  presque  tous 
les  chemins  de  fer  construits  en  Angleterre  de  1830  à  18o0,  il 
est  cependant  l'auteur  du  plan  d'un  hôpital  à  Renkioi  sur  le 
détroit  des  Dardanelles  et  mourut  en  septembre  1859  à  bord 
du  navire  monstre  le  Léviathan^  qui  était  son  œuvre. 

Nicholas  Revett  ou  Rivett,  né  vers  1721  à  Brandeston  Hall, 
comté  de  SLiiïolk,  élève  de  Beneliale,  à  Rome,  en  1742,  éleva 
surtout  des  façades  d'églises  pleines  des  souvenirs  du  séjour 
qu'il  avait  fait  en  Italie  avec  James  Stuart  :  notamment  celle 
d'Ayol  Sainte-Laurence -en  Herlfordshire  (1778-1779)  et  le 
(i  temple  de  Flora  ».  Revett,  plus  connu  d'ailleurs  par  l'ouvrage 
qu'il  publia  avec  Charles  Stuart,  de  1769  à  1797,  sous  le  titre  : 
AntiquHies  of  lonia,  mourut  en  juin   1804. 

En  retraçant  les  biographies  des  architectes  anglais,  auteurs 
d'édifices  religieux  élevés  à  Londres  au  commencement  de  ce 
siècle,  nous  avons  dû  parfois  franchir  les  murs  de  la  capitale 
de  l'Angleterre  et  mentionner  des  églises  de  province  construites 
par  eux.  Nous  continuons  notre  nomenclature,  qui  sera  le  plus 
souvent  sèche  et  aride,  les  édifices  désignés  nous  étant,  pour 
la  plupart,  inconnus. 

James  Peacok,  né  vers  1733  ou  1738,  mort  le  22  février 
1SI4,  n'a  à  son  actif  comme  édifice  religieux,  en  dehors  de  sa 
collaboration  au  Stock  Exchange,  que  la  construction  (ou  peut- 
être  la  restauralioni  de  l'église  Saint-Etienne  de  Walbrook, 
comme  David  Stephenson,  de  Newcastlc-upon-Tyne,  que  la 
reconstruction  de  l'église  de  Tous-les-Saints  de  cette  ville  (1786- 
1796)  et  une  réparation  peu  importante  à  l'église  Saint-Nicolas. 
Cependant  le  théâtre  de  Newcastle  et  le  pont  sur  laTyne,  qui  sont 
aussi  son  œuvre,  avaient  valu  la  charge  d'architecte  du  duc  de 
Northumberland  à  Stephenson  dont  la  mort  nous  est  inconnue. 

Un  restaurateur  iutelligent  de  nombreuses  petites  églises  de 
villages  et  de  bourgs  fut  assurément  Robert  Howard  Shout. 
fils  d'un  ingénieur,  né  le  ."i  juillet  1823,  mort  le  13  mars  1882. 
Elève  de  ^^'illiam  Tresse,  il  se  distingua  surtout  par  la  construc- 
lion de  l'église  d'Evershol.  11  fut  également  l'architecte  de 
presbytères  et  d'écoles  dans  Chislebourg,  Somerset,  et  des  bàli- 


128  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES. 

menls  de  la  ferme  d'Horsiiiglon,  Somerset,  sa  dernière  omvre. 
Ce  fut  également  un  architecte  reslaurateur  que  Thomas 
Plowman,  mort  en  1828,  médaillé,  en  1822,  de  la  Société  des 
Ijcaux-arts  de  Londres,  connu  surtout  pour  avoir  refait  les 
stalles  du  chœur  à  Sainte-Marie  d'Oxford  ol  une  tour  à  l'église 
de  Cliurchill. 

Thomas  Rickman,  mort  le  4  janvier  1841,  baronnet,  mem- 
bre de  l'Institut  des  architectes  britanniques,  honoré  d'un  tom- 
beau qui  lui  fut  élevé  par  ses  amis  et  élèves  dans  l'église  Saint- 
George  de  Birmingham  (sa  première  œuvre),  fut  l'un  des  plus 
féconds  architectes  d'édifices  religieux  de  l'Angleterre.  Né  le 
8  juin  1776,  il  exerçait  la  profession  de  médecin,  comme  l'auteur 
de  la  colonnade  du  Louvre,  mais  consacrait  tous  ses  loisirs  à 
visiter  les  édifices  religieux  et  les  abbayes  de  la  vieille  Angleterre. 
La  passion  de  l'architecture  l'emporta  si  loin  qu'un  jour  il  laissa 
le  scalpel  et  le  bistouri  pour  la  règle  et  le  compas  et  travailla 
avec  une  telle  ardeur,  secondé  d'ailleurs  par  un  goût  sûr  et  une 
imagination  remarquable,  que  nous  le  trouvons,  en  1819,  profes- 
seur d'architecture  à  l'Académie  royale  de  Liverpool  et  chargé 
tant  de  la  restauration  de  l'église  Sainte-Marie,  à  Barnsley,  que 
des  plans  de  la  nouvelle  église  Saint-George  à  Birmingham. 
De  1812  à  1838,  il  publia,  en  recueil,  son  cours  d'architecture 
ainsi  que  l'ouvrage  ayant  pour  titre  :  An  attempt  to  discriminate 
the  style  ofEngland architecture  from  the  Conquest  toRe formation. 
Cet  ouvrage,  ainsi  que  son  appendice  qui  résumait  tous  les  prin- 
cipes de  l'architecture  anglaise,  eut  d'innombrables  éditions; 
mais  ses  travaux  littéraires  n'empêchèrent  pas  Uickman  de 
consacrer  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  à  des  œuvres  archi- 
tecturales, ainsi  qu'on  en  pourra  juger  par  la  longue  liste  que 
nous  en  donnons  :  en  1819,  église  de  Runcorn  et  Saint-George  à 
Barnsley;  de  1819  à  1821,  Sainte-Marie  à  Birkenhead;  de  1819 
à  1822,  Saint-George  à  Birmingham;  de  1820  à  1824,  Saint- 
Georges  à  Charley;  en  1822,  Christ-Cburch-Spa  à  Gloucesler  et 
Saint-Barnabe  à  Erdington;  de  1822  à  1826,  Saint-Pierre  à 
Hampton-Lucy;  de  1823  à  1825,  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  à 
Preston;  de  1824  à  1825,  Saint-David  à  Glascow;  en  1825, 
l'église  d'Ombersley;  de  1825  à  1827,  trois  églises  pour  Black- 
burn  et  Saint-Pierre  de  Birmingham  (d'ordre  dorique);  de  1826 
à  1828,  des  chapelles  à  Walh  et  à  Carlisle;  de  1826  à  1829, 


-^ 


Danco      del. 


ROBERT   SMIRKE 


CllAI'lTRE   IV.  129 

Saint-Thomas  à  Birmingham,  pasticlie  grec  d'ordre  ionique;  de 
1820  à  1829,  les  deux  tours  de  l'église  de  Coventry,  pastiche 
grec;  de  1827  à  1829,  l'église  d'Oulton;  de  1827  à  1830,  la  nou- 
velle chapelle  de  l'ainjjerton;  en  1828,  l'église  de  Wiiitc-le- 
Woods;  en  1829,  une  chapelle  à  Saint-Nicolas  de  Bristol;  en 
1830,  à  C-arlisle,  l'église  du  Christ  (anglo-normande)  et  l'église 
de  la  Trinité  (style  perpendiculaire);  en  1833,  une  chapelle 
catholique  à  Redditch,  l'église  de  Stretton-on-Dunsmore  et 
l'église  de  Tous-les-Saints  (style  anglo-normand)  à  Birmingham  ; 
de  1833  à  1835,  à  Bristol,  l'église  Saint-Mathieu  et  un  asile  pour 
les  aveugles;  en  183o,  l'église  de  Longhboroug;  en  1838^,  des 
églises  à  Seltle,  en  Yorksliire,  à  Horsley,  à  Clevedon,  à  Ilales,  à 
Owen  ;  la  même  année,  l'église  de  l'évéque  Hyder,  à  Birmingham, 
construite  dans  la  forme  des  édifices  du  règne  d'Elisabeth  ;  l'église 
Saint-Jude  à  Liverpool  et  l'église  de  Lowerhardress  à  Canterbury. 
Comme  édifices  civils  nous  ne  citerons  de  Bicknian  (quoiqu'il  ait 
pris  part  à  plusieurs  concours)  que  des  additions  au  collège 
Saint-Jean  de  Cambridge. 

Si  nous  ajoutons  à  la  nomenclature  qui  précède  les  trois  églises 
dont  un  élève  de  Beaziey,  Williams  Rogers,  fut  l'archilecte, 
nous  en  aurons  fini  avec  les  édifices  religiaux  élevés  en  Angle- 
terre pendant  la  première  moitié  de  notre  siècle.  Ces  trois  églises 
sont  celles  de  Saint-Michel,  New-Park  road,  qui  date  de  1842, 
celle  de  Tous-les-Saints  à  Lambetli-Lower,  construite  de  18i5 
à  1846,  et  celle  de  Saint-Paul  avec  les  écoles  qui  l'entourent, 
bâtie  de  18.51  à  1857.  Rogers,  qui  fut  aussi  l'architecte  de  la  nou- 
velle infirmerie  de  Lambeth-Workhouse,  mourut  vers  1857. 

Après  avoir  donné  la  biographie  des  architectes  anglais  qui  ont 
élevé  à  Londres  des  édifices  civils  d'une  certaine  importance  pour 
la  plupart,  nous  allons  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  constructions  de 
celle  nature  élevées,  pendant  la  première  période  de  notre 
siècle,  dans  les  diverses  parties  de  l'Angleterre.  Nous  y  consta- 
terons, d'ailleurs,  comme  â  Londres,  l'abandon  radical,  à  partir 
de  l'année  1830,  du  style  classique  employé  presque  exclusive- 
ment jusque-là  et  son  remplacement  par  les  formes  ogivales  du 
moyen  âge  appliquées  d'une  façon  étrange,  mais  donnant  (ou 
devant  donner)  satisfaction  aux  besoins  créés  par  la  société 
moderne.  Des  collèges,  des  hôpitaux,  des  bourses  de  commerce, 
beaucoup  de  châteaux  et  non  point,  comme  en  France,  des 
m.  9 


130  LES  AHGllITEGTKS   PAR  LEURS   OEUVRES. 

hôtels  de  ville  ou  des  musées,  tels  sont  les  édifices  confiés  à  l'ima- 
ginalion  des  architectes  anglais  de  province  à  celle  époque. 

James  Stuart,  né  à  Londres  en  1713,  est  beaucoup  plus  connu 
par  le  volume  qu'il  écrivit  sur  XOhèlnquc  (TAïKjusle  pendant 
le    séjour  qu'il  fil  à   Home  de  concert  avec  le  peintre  Pars  et 
l'architecte  Hevell.  11  était  alors  artiste  peintre  et  c'était  dans 
le  but  d'étudier  les  grands  peintres  italiens,  français  et  hollan- 
dais qu'il  avait  quitté  l'Angleterre.  Mais  avec  ses  deux  compa- 
gnons, il  visita  ensuite  la  Grèce,  Venise  et  Pola,  mesurant  tous 
les  édifices  de  celle  région  et,  à  son  retour  dans  sa  patrie,  il 
publia   le    premier  volume    des  AntiquHés  cï Athènes    dont   le 
spectacle  décida  de  sa  vocation  d'architecte.  Et  de  fail,  Stuart, 
de  1764  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  2  février  1788,  donna  une 
couleur  grecque  à  toutes  ses  œuvres  arcliiteclurales,  rééditant 
le  temple  de  Junon,  le  monument  choragique  de  Lysicrate,  la 
Porte  d'Adrien,  etc.;  telle  est  la  chapelle  de  l'hôpital  de  Green- 
Nvich,  réédifiée  après  l'incendie  de  1779  qui  la  consuma  entière- 
ment. James  Paine  (dont  on  trouve  le  nom  écrit  Payne  par  cer- 
tains auteurs  anglais),  né  en  1725,  commença  également  à  se 
faire  connaître  de  ses  compatriotes  par  un  ouvrage  considérable 
publié  de  1758  à  1763,  sous  le  titre  :  Plans,  etc.,  of  ISoblemens 
and  Gentleinen's  houses  exccuted  in  varions  coiinties,  cl  son  bio- 
graphe ajoute  que  <<  si  ces  plans  étaient  commodément  disposés 
et  la  construction  était  excellente,  l'architecture  de  ces  palais  et 
villas  n'était  qu'une  maigre  imitation  de  l'architecture  italienne  ». 
Gwilt  lui  accorde    pourtant  sur  Robert  Adams  (dont  on  a  lu  la 
biographie  dans  le  volume  précédent),  «unecertaine  supériorité 
de  goût  dans  les  détails  et  plus  de  recherche  dans  les  parties 
délicates  de  la  décoration    )>.    Elève  de  l'Académie  de   Saint- 
Martin's  Lane,    Paine    fut  d'abord    commis  de  l'architecte  de 
l'hôpital  de  Greenwicli,  puis  obtint  le  litre  d'arcliitecte  «  pour» 
le  roi,  litre  qu'il  conserva  jusqu'en  1782,  et  fui  nommé,  en  170.'), 
présidenl  de  la  Société  des  artistes  de  la  Grande-Bretagne.   Il 
embellit  de  nombreuses  collections  la  maison  qu'il  habitait  dans 
Salisbury  streel,  mais  pourtant  se  retira  en  France,  et  c'est  dans 
ce  pays  qu'il  mourut  en  novembre  1789,  laissant  un  fils  nommé 
James  comme   lui,    connu  seulement  par  des  études  faites  à 
Rome  el  un  dessin  pour  le  monument  élevé  au  comie  de  Clia- 
iham  en  1781. 


CHAPITRE  IV.  131 

William  Wilkins,  né  le  31  août  1778,  à  Saint-Gilcs  de  Nor- 
wicli,  morl  le  ill  aoiil  1839  à  Londres,  membre  de  rAcadémie 
royale  et  magisterartiwn  du  Collège  de  Cajus,  en  1 837,  commença 
ses  études  d'archileclure  par  des  recherches  importantes  sur  les 
aniiquités  grecques  de  Syracuse,  de  Girgenli,  de  Psestum  et  de 
iMalle,  qu'il  consigna  dans  un  ouvrage  publié  à  son  retour  sous 
le  titre:  A/itiqtiiiies-  of  Magita  Grœcia  (Londres,  1804).  Aussi 
fut-il  un  sincère  admirateur  de  l'archileclurc  grecque  et  essaya- 
t-il  de  communiquer  à  ses  concitoyens  ses  préférences,  que  com- 
battirent alors  les  adeptes  du  style  romantique.  En  1806,  il 
dessinait  Harlebury  collège,  Heresfordshire  ;  en  1807,  le  chœur 
de  Great  Yarmoulh  church  et  l'entrée  dorique  de  Kingstone 
Room  à  Bath.  Traducteur  de  Vitruve,  Wilkins,  dans  ses  leçons 
à  l'Académie  royale,  professa  le  style  classique  et,  ne  se  conten- 
tant pas  de  l'enseignement  théorique,  il  profita  de  l'occasion 
que  lui  olVroit  la  construction  du  collège  Downing  à  Cambridge 
(1800-181  !),  du  King's  Collège  (1818),  du  Corpus  Christi  Collège 
(18231  cl  de  la  nouvelle  cour  du  Trinity  Collège  (1821),  pour 
affirmer  ses  tendances.  Cependant  l'University  Club-House  de 
Londres,  dont  la  première  pierre  fut  posée  en  1822  et  pour  le 
plan  duquel  il  eut  un  collaborateur,  l'architecte  P.  Gaudy,  est 
une  imiialion  non  dissimulée  du  temple  de  Minerve  Poliade  et 
du  Pandroseum.  Lorsque  l'ancien  Collège  de  l'Université  fut 
fermé,  on  adopta  pour  le  nouvel  édifice  le  plan  de  \\'ilkins  et 
la  première  pierre  en  fut  posée  en  182o.  Les  contemporains  de 
\\ilkins  admirèrent  le  portique  de  douze  colonnes  corinthiennes 
qui  précède  cet  édifice  et  sa  coupole  octogone;  mais  ce  que 
l'on  considéra  comme  une  merveille  d'arciiitecture  fut  la 
Nalional  Gallery,  qui  occupe  tout  le  fond  de  Trafalgar  square. 
On  doit  aussi  à  Wilkins  une  traduction  anglaise  de  Vitruve, 
parue  à  Londres  en  1812,  et  un  ouvrage  sur  les  architectures 
grecque  et  romaine  ayant  pour  titre:  Prceclusioiien  anhiteclonïrx 
or  E.ssays  on  .^uhjcts  connerleil  wit/i  Grwcian  and  Roman  archi- 
terliire  [Lonàra^,  1837). 

A  Oxford,  nous  n'avons  à  citer  pendant  celle  période  qu'une 
reconstruction  du  collège  de  la  Madeleine  (1822-1830),  pour  le 
quell'architecte  Joseph Parkinson,  né  en  1783,  mort  en  1855, 
crut  devoir  employer  le  style  golliique  qui  fut  aussi  celui  des 
maisons  particulières  dont  il  fut  l'architecte. 


132  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Il  est  inutile  de  dire  que,  comme  le  collège  de  Downing,  la 
façade  de  l'hôpital  de  Bedlam,  commencée  en  1812  et  terminée 
en  1815,  par  James  Lewis,  brille  par  la  surabondance  des 
colonnes  et  des  frontons,  qu'elle  est  ornée  d'un  portique  d'ordre 
ionique  surmonté  de  statues  et  qu'il  en  est  de  même  des  bâti- 
ments du  Christ'sHospital,  servant  aujourd'hui  d'école  de  gram- 
maire, dont  Lewis  a  donné  les  dessins;  qu'enfin  les  constructions 
élevées,  de  1820  à  1822,  par  George  Evans,  sur  les  dessins  de 
l'architecte  Garbett,  au  collège  S'-Marie-Madeleine  Ilall,  pré- 
sentent le  même  style  que  les  deux  précédentes.  Il  n'en  est  plus 
de  même  des  établissements  universitaires  construits  à  Oxford 
par  l'architecte  de  Cuddeston,  George  Edmond  Street, 
de  1833  à  1853;  par  John  Hayward,  qui  donna,  en  1849,1e 
plan  du  collège  de  Pembroke,  construit  par  Buckler,  en  colla- 
boration avec  son  fils,  sous  la  dénomination  de  collège  Magda- 
lène,  de  1849  h  1850;  du  collège  de  Lancashire  dont  la  cons- 
truction fut  obtenue  au  concours  par  les  architectes  Irwin  et 
Chester  et  était  terminée,  en  1843,  après  trois  années  de  travail. 

A  citer  encore  le  collège  diocésain  d'Exeter,  qui  eut  pour  ar- 
chitecte John  Hayward,  nommé  plus  haut,  et  le  collège  de  la 
Reine  à  Cork,  édifié  en  1848  par  Thomas  Deane;  les  écoles  de 
Liverpool  inaugurées  en  1846,  architecte  J.  A.  Picton  ;  l'école 
de  commerce  de  Longborongli  (1848-1850),  architectes  Morris 
et  Hebson;  l'école  normale  de  Walworth  (1850-1852),  architecte 
H.  Jarvis.  En  1844,  William  Chadwick  construit  à  Northlleet 
les  nouvelles  maisons  de  charité  au  centre  desquelles  s'élève  une 
vaste  chapelle  assez  bien  imilée  des  édifices  primitifs  de 
l'Angleterre.  Dans  la  construction  du  collège  de  Cirencerlen, 
résultat  d'un  concours,  J.  W.  Dankes  et  Hamillon,  dont  il  a 
déjà  été  parlé,  ont  encore  exagéré  le  caractère  d'édifice  religieux 
donné  à  ce  pastiche  du  style  Tudor  par  l'adjonction  d'une  tour 
élevée  de  80  pieds  anglais  qui  sert  à  l'enseignement  de  la 
météorologie  et  de  l'astronomie.  Du  reste  en  1841 ,  llamiltou  trouve 
le  moyen  d'appliquer  ce  style  à  la  porte  du  nouveau  cimetière  de 
Glascow  et  c'est  aussi  du  gothique  que  son  associé  Dankes  applique, 
en  1840,  à  la  construction  de  l'hôpital  d'Highgate  {t/ie  New  Small 
Pox  and  Vaccination  Hospital)  et,  en  1850,  à  la  maison  de 
retraite  de  Croydon,  le  Free-Masons  Hospital. 

Nous  faisons  un  retour  au  style   classique  avec  Louisdale 


CHAPITRE  IV.  133 

Elms  Harvey,  architecle  du  tribunal  de  Liverpool  commencé 
en  1838  ;  les  deux  principales  façades  de  l'édifice  sont  ornées  de 
portiques  à  colonnes,  au  nombre  de  huit,  avec  frontons,  et  les 
murs  latéraux  de  l'édifice  sont  flanqués  de  piédestaux  sur  les- 
quels s'élèvent  des  statues  allégoriques.  Harvey,  mort  en  1847, 
n'eut  pas  le  temps  d'achever  son  œuvre,  à  laquelle  l'archilecte 
d'Hannover-Chapel,  Charles  Cockerell,  mit  la  dernière  main. 

J.  M.  Clark  est  chargé,  en  1843,  à  la  suite  d'un  concours,  de 
la  construction  de  la  douane  d'Ipswich  qu'il  termine  en  1845; 
en  1848,  David  Cousin,  surintendant  des  bâtiments  civils  à 
Edimbourg,  élève  la  Bourse  au  blé  de  cette  ville;  la  Bourse  au  blé 
de  Norlhamplon,  inaugurée  en  1851,  est  due  à  la  collaboration 
de"  George  Alexander  et  de  Hall;  elle  sert  d'ailleurs  à  des 
réunions  de  tous  genres.  Alexander,  né  en  1810,  élève  de  Ca- 
ristie,  développa  d'abord  son  goût  pour  l'archéologie  dans  un 
voyage  de  quatre  années,  pendant  lesquelles  il  parcourut  toute 
l'Europe  et  une  partie  de  l'Asie  Mineure  et  de  l'Egypte.  Archi- 
tecte d'un  assez  grand  nombre  d'édifices  privés,  il  est  mort 
membre  de  l'Institut  royal  des  architectes  britanniques,  de  la 
Société  des  antiquaires,  etc.  En  1848,  John  Smith  construit  les 
bâtiments  de  la  Caisse  d'épargne  de  Cambridge  et  J.  E.  Gregan, 
à  Manchester,  la  maison  de  banque  de  MM.  Heywood  etC°,  que 
nous  citons  à  cause  de  son  importance;  un  architecte  de  Devon- 
porl,  A.Norman,  donne,  en  1850,  la  forme  classique  au  marché 
d'Ashburton;  enfin  des  restaurations  importantes  au  palais 
d'Osborn,  dans  l'île  de  Wight,  sont  confiées,  en  18io,  à  Thomas 
Cubitt,  tandis  que  la  Société  des  antiquaires  de  Newcastle  charge 
l'architecle  Dobson  de  la  transformation  en  musée  de  la  chapelle 
normande  de  l'ancien  château  dont  le  donjon  sert  de  prison  (le 
surplus  des  constructions  étant  occupé  aujourd'hui  par  la  cour 
de  justice,  construite  en  1810). 

Vers  le  même  temps,  l'architecte  George  Saunders  dessi- 
nait la  façade  de  pierre  du  théâtre  de  Birmingham,  épar- 
gnée par  l'incendie  de  1820,  était  chargé  en  1804  de  l'édifi- 
calion,  au  British  Muséum,  de  la  Towaley  Gallery  (remplacée 
en  1851  par  la  Lycian  Gallery)  et  en  1822  de  réparations  impor- 
tantes au  théâtre  Sheldonian  d'Oxford.  Saunders,  né  en  1762, 
mort  à  Londres  en  juillet  1839,  a  laissé  divers  ouvrages,  parmi 
lesquels  Wren  cl  son  temps,  publié,  en  anglais,  à  Londres,  en 


134  LES   ARCHITKGTIÎS  PAR  LEURS   OEUVRES. 

1852  seulement,  el  Observations  sur  les  origines  de  l'architecture 
gothique,  ce  dernier  ouvrage  imprimé,  aussi  en  anglais,  en  1814. 

Un  contemporain  de  Saunders,  puisqu'il  naquit  le  20  juillet 
1763  à  Prestonkirli,  East  Lothian,  Peter  Nicholson,  s'est  plus 
fait  connaître  par  ses  écrits  que  par  ses  œuvres  d'arcliiteclure  : 
le  cliàteau  de  Corby  et  Castleton  Ilouse.  Fils  d'un  charpentier  et 
ayant  appris  rarcliitecture  à  Londres,  tout  en  travaillant  de  son 
métier,  il  dessine  des  plans  pour  le  Carpentcr's  Guide  (1792)  et 
jette  un  pont  de  bois  sur  la  Clyde,  à  Glasgow  (1808),  qui  lui  doit 
un  certain  nombre  de  maisons,  Carlton  place  et  des  additions 
au  collège.  Il  est  reçu  architecte  du  comté  de  Cumberland  et 
adjoint  à  Smirke,  chargé  de  la  construction  du  nouveau  palais 
de  justice.  C'est  en  1810  que  Nicholson,  revenu  à  Londres,  pu- 
blia en  deux  volumes  V Architectural  dictionarg,  qui  lui  valut  la 
médaille  d'or  de  la  Société  des  arls  et,  k  partir  de  ce  moment, 
après  un  voyage  en  France  exécuté  en  1820,  il  consacra  sa  vie  à 
la  rédaction  de  divers  ouvrages  d'architecture  dont  voici  les 
titres  :  Traité  de  perspective  et  de  dessin  isométrique  (1837),  Guide 
to  railway  masonry  (1839),  el  de  nombreux  articles  dans  VEdin- 
btiri/hEncgclopœdia.  Nicholson  est  mort  à  Carliste,  le  18jiiin  18i4. 

William  Adams  Nicholson,  également  lils  de  charpentier, 
fort  probablement  parent  de  Peter  qui  dessina  l'église  de 
Glandford  Bridge  à  Wragby  et  celle  de  Kirmond,  puis  restaura 
S'  Peler  at  (ioows,  naquit  le  8  août  1803,  à  Soulhwall,  dans  le 
Noilinghamshire.  Parmi  les  châteaux  dont  il  fut  l'architecte, 
nous  citerons  seulement  :  Worsborough  Hall,  le  cliàleau  de 
Bayon,larésidencedeIIan,Yorkshire.  A  Lincoln,  il  n'a  laissé  que 
la  Wesley  Chapel,  dont  la  toiture  à  large  pente  est  cilée  par  ses 
contemporains,  l'Union  Workhouse  (1837),  et  la  Bourse  aux 
grains  (18i7).  Nicholson  mourut  à  Boston,  le  8  avril  1853. 

L'archilecle  officiel  d'Edimbourg,  de  1810  à  1840,  fut  Robert 
Reid,  né  à  Lowood  en  1776.  Déjà,  en  1806,  il  avait  fait  le  plan 
de  la  Banque  d'Ecosse  (depuis  agrandie  par  IJ.  Bricej,  eu  1808,  la 
nouvelle  cour  de  justice  et  l'asile  des  fous  augmenté  par  le  môme 
architecte.  De  1811  à  1814,  il  construit  l'église  Saint-George, 
en  1820,  la  douane  de  Leith,  le  collège  de  Saint-Sauveur  et  fait 
des  additions  au  collège  de  Sainle-^LTrio  d'Edimbourg.  Tl  fut  jus- 
qu'eu  1840  (époque  àlaquelle  fut  abolie  cette  fonction), grand-maiire 
des  bàtimenis  du  roi  el  moui'ut  le  20  mars  1856,  à  Edimbourg. 


CHAPITRE  IV.  135 

A  Cambritlgo,  quelques  travaux  fails  aux  cours  de  justice  et  aux 
salles  d'audience  par  Joliu  Woody  Papwortli,  uous  fournissent 
roccasion  de  dire  quelques  mois  d'un  architecte  anglais  qui  fut, 
eu  son  temps,  très  discuté,  quoiqu'il  ait  en  réalité  fort  peu  pro- 
duit :  c'esIJohnPapworth,  élève  doChambers, auquel,  verstSIa, 
on  alla  jusqu'à  donner  le  surnom  de  Btionarotd.  Né  à  Maryle- 
l)one,  le  24  janvier  1775,  il  élait  le  second  fils  d'un  stucateur  de 
mérite  prénommé  John,  ainsi  que  notre  architecte.  Quoiqu'il 
eût  commencé  sa  carrière  comme  partisan  déclaré  de  l'école  ita- 
lienne, il  prit,  parmi  ses  contemporains,  grâce  à  ses  esquisses 
délicates  et  à  ses  dessins  très  fins,  la  place  d'un  professeur  de 
style  gréco-romain.  N'était-ce,  comme  l'ont  prétendu  certains 
de  ses  critiques,  qu'un  arrangeur  habile,  ainsi  qu'il  l'a  prouvé 
dans  la  construction  des  maisons  et  des  villas  qu'il  fil  pour  la 
noblesse  anglaise?  Toujours  est-il  qu'en  1820,  à  la  suite  d'une 
restauration  assez  bien  conçue  du  palais  de  Camstadt,  le  roi 
(luillaume  de  Wurtemberg  l'appela  près  de  lui  en  lui  donnant 
le  titre  d'architecte  du  roi.  Papworth  publia  d'ailleurs,  en  anglais, 
un  nombre  considérable  d'ouvrages  parmi  lesquels  :  Causes  de 
1(1  pourriture  sèche  des  bâtiments  (4  volumes,  Londres,  1803), 
|)uis  un  Essai  des  principes  du  dessin  darchileclure,  in-folio, 
Londres,  1826.  Il  aida  puissamment  à  la  formation  de  l'Institut 
des  architectes  britanniques  dont  il  fut  l'un  des  douze  premiers 
membres,  puis  l'un  des  vice-présidents.  Il  se  démit  cependant  de 
,£es  fonctions  vers  1846,  et  mourut  le  16  juin  1 8  i7,  âgé  de  soixante- 
douze  ans.  John  Woody,  l'un  des  deux  fils  qu'il  laissa,  né  à 
Londres  le  i  mars  1820,  fut  surtout  architecte  de  maisons  par- 
ticulières, reçut  un  grand  nombre  de  médailles  et  concourut  avec 
son  père  à  l'érection  du  monument  de  Th.  Hardy  dans  le  cime- 
tière de  Buuhill  Fields.  .Architecte  de  V Albert  Institution  et  des 
cours  de  justice  ainsi  que  des  salles  d'audience  de  (Cambridge,. lohn 
Woody  mourut  à  cinquante  et  un  ans,  le  6  juillet  t870.  Un  autre 
fils  de  John  Dtionarotti,  prénommé  George,  fut  également  ar- 
chitecte. Né  à  Londres  comme  son  père  et  son  frère,  le  7  mai 
1781,  membre  en  1833  de  la  c  Ilibernian  Academy  »,  il  éleva  la 
chapelle  des  Carmélites  de  Dublin,  la  maison  des  fous  de  Kilkeny 
(1 8  i9- 1 851  ),  l'école  des  Orphelins  fraucs-maçons  (  !  8.j2),  elmourut 
à  Dublin  le  14  mars  18.">o.  Il  fut  aidé  dans  la  plupart  de  ses  tra- 
vaux {lar  sou  fils  aîné  John  Thomas,  né  à  Dublin  eu  1809,  mort 


136  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

à  Paris  le  6  octobre  1841,  connu  presque  exclusivement  comme 
auteur  du  monument  élevé  dans  le  cimetière  de  Glasnevin  au 
célèbre  avocat  et  patriote  irlandais,  Jobn  Philpot  Curran. 

De  Mattew  Digby  Wyatt  (Irère  de  Thomas,  ci-après  désigné), 
né  le  28  janvier  1820,  mort  le  21  mai  1877,  plutôt  écrivain 
qu'arcliitecle,  nous  mentionnerons  cependant  le  dessin  de  l'arc 
de  triomphe  qu'on  se  proposa  d'élever  à  Chatham  près  des 
casernes  de  Bromplon.en  l'honneur  des  officiers  et  ingénieurs  du 
Corps  Royal.  Digby  a  laissé  d'ailleurs  plusieurs  ouvrages  estimés 
et  un  rapport  sur  l'Exposition  fram^aise  de  1849. 

De  la  même  famille  encore,  Thomas  Henri  Wyatt,  fils  aîné 
de  Mattew  de  Longhlin,  né  le  9  mai  1807,  mort  le  j  août  1880, 
commença  l'architecture  d'abord  à  Londres,  dans  l'atelier  du  pro- 
fesseur C.  R.  Cockerell  dont  nous  avons  donné  plus  haut  la  bio- 
graphie, puis  se  perfectionna  par  l'étude  des  œuvres  italiennes  du 
moyen  âge  et  de  la  Renaissance.  En  1842,  il  construisit,  avec 
D.  Brandon,  le  tribunal  de  comté  à  Cambridge,  réminiscence 
de  la  basilique  de  Palladio,  à  Vicence.  Brandon  fut  aussi  le  col- 
laborateur de  Wyatt  dans  la  construction  de  l'église  de  la 
Vierge  de  Wilton,  près  Salisbury,  en  1846,  lorsque  fut 
exécutée  par  cet  architecte  la  restauration  de  l'Institut  des 
ingénieurs  civils  et,  en  1849,  celle  de  l'église  de  East-Wooday. 
La  construction  de  l'école  qui  s'y  trouve  annexée,  imitation 
des  constructions  religieuses  anglo-normandes,  est  de  Tiio- 
mas  Henry  seul;  mais  les  deux  architectes  élevèrent  en  colla-, 
boration  l'église  de  la  Trinité  sur  le  Mont  Haverstock.  De  1848 
à  1849,  Wyatt  fait  des  additions  à  l'hôpital  de  Middiesex,  à 
Londres  et  à  la  Chambre  des  Communes,  en  élevant  notamment 
la  partie  dite  Speaker  s,  puis  il  donne  les  dessins  de  l'École 
militaire  de  \\'oolwich. 

Nous  mentionnerons  seulement  l'architecte  Wood  Head  de 
Doncaster,  qui  posa  le  9  octobre  1827  la  première  pierre  de 
celte  église  terminée  en  1832.  Quant  à  John  Burgess  Watson, 
né  en  1803,  élève  d'Artkinson,  ce  fut  un  classique  grec  et  c'est 
dansée  style  qu'il  éleva,  en  1828,  l'église  de  Staines,  Middiesex, 
en  1838,  Hook's  church  et  l'église  d'Iiolmwood  près  Kingston. 
A  ajouter  à  ses  travaux  un  cottage,  élevé  dans  le  parc  de  Saint- 
James,  pour  la  Société  ornilhologique  et  la  Banque  nationale 
provinciale  dans  Bishop's  gâte  slreet.  Excellent  dessinateur  de 


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Nargeot.    ac. 


CH.   BARRY 


CHAPITRE  IV.  137 

jardins,  il  concourut  en  183(3,  lorsqu'il  s'agit  de  construire  le 
nouveau  Parlement  et  mourut  le  10  avril  1881,  membre  de 
l'Institut  des  archilectes  britanniques. 

Outre  leurs  réparations  aux  cathédrales  de  Lismore  et  d'Emly 
près  Limerick,  deux  frères,  élèves  de  John  Nash  qui  les  recom- 
manda à  lord  GorI,  devenu  leur  protecteur,  ont  couvert  d'édi- 
(ices  religieux  les  comtés  de  Limerick  et  de  Cork,  en  Irlande; 
ils  s'appelîiient  William  James  Pain  el  George  Richard  Pain 
et  étaient  fils  d'un  inspecteur  d'architecture.  Le  premier,  né 
vers  1779,  à  Isleworlh-in-Surrey,  fut  nommé  architecte  du 
conseil  des  revenus,  board  of  first  fruits,  pour  la  province  de 
Munster,  avec  son  frère  pour  associé,  celui-ci  né  à  Londres  vers 
1793.  L'Irlande  leur  doit  les  églises  de  Buttevaux,  Middleton  el 
Carrigaline,  spécimen  assez  remarquable  du  gothique  moderne 
anglais,  puis  beaucoup  de  châteaux  :  ceux  de  Milchelstown, 
Strancally,  Dromaland,  Convamore,  Blackrocke;  de  1817  à 
1821,1a  prison  régionale  à  Limerick  ;  en  1 8 1 8 ,  la  prison  régionale, 
à  Cork;  en  1825,  l'église  de  la  Sainte-Trinité  à  Cork;  en  1826, 
le  County  Club  house;  en  1828,  la  façade  dans  le  style  grec  de 
Christ  church  el  celle  de  Sainte-Marie  également  à  Cork  ;  en 
1830,  l'église  Caslle  Hyde;  en  1831,1a  chapelle  des  Indépendants 
de  style  italien  et  le  pont  de  Baels  à  Limerick;  en  1832,  le  cou- 
vent des  capucins,  édifice  auquel  les  deux  frères  donnèrent 
la  forme  gothique  et  qui  ne  fut  achevé  que  vers  1860;  en  1834, 
l'église  de  Sainte-Marie  Shandon  ;  en  1835,  les  tribunaux  de 
ville  et  de  comté;  en  1837,  la  chapelle  Saint-Luc;  en  1836, 
Sainl-Palrick,  ornée  d'un  portique  d'ordre  corinthien;  de  1839 
à  1843,  les  ponts  de  ïiiomond  sur  le  Channon  à  Limerick  et 
d'Athlunkard,  puis  une  porte  d'ordre  ionique  à  Lota,  près  Cork. 
Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  signaler  l'année  de  la  mort  de  George 
(1838),  qui  fui  pendant  toule  sa  vie  le  fidèle  collaborateur  de  son 
frère,  décédé  depuis,  à  une  date  que  nous  ne  connaissons  pas.' 
L'Irlande  trouva  encore  un  architecte  dévoué  dans  Archibald 
Simpson,  né  en  1790  à  Aberdeen,  car  elle  lui  doit:  la  chapelle 
Saint-André  (1817);  l'hôtel  de  la  Société  de  médecine  (1818); 
l'asile  des  fous  (1819);  le  County  buildings,  devenu  salle  de  con- 
certs (1820);  le  collège  Marischall,  de  style  gothique  (1837); 
l'infirmerie  royale,  de  style  italien  (1838);  un  marché  (1841);  la 
Banque   de  l'Ecosse   du  Nord  dont  l'architecture  rappelle  les 

I    i;il    aulrc  arrhitorlp  iiliin.l.NS   l.iM.pli    Wnllaml,  n.;-  le  S  nui    1793,  Ti  Mi.llol,on    ,i:.irk),  c-l.-'V.- .lo  l;n«,lc-ii. 

à  Dublin,  un  ^1.  ^    |u,l,.    ,,i.Im[,,  I,  ,  ,,,I,  ,;,-!, .,„, ,„nissioiin(^s  pour    llHando,  rommcMi.u  11:11   r.hli.  r  U 

prison  du  l'ai  II     i,    lu   1.,,     l.M _ I,    1 -,>  jusqu'au  G  mars  1800,  date  de  sa  nuirt.  il  riiii~liiii-il 

plus  decc-nl  r_  ,  ,  .  I  ,ini  |i;.  -,  !  '  M  , .  ,  i  l.-U  cl  So  Bail)  inêuc.  de  Derbv,  di'  ilalKindilni,  .!.• 
Bundon:  en  l-r.  ^nnl  \  n  ,1  1  .  1  1  ,.il,  ,11  1-,-  -m, (.Jean,  ;iUnicric;et  enfin  delSGlà  isi..:,  d  resUuire 
linWrieur  de  la  ealliédrale  d,-  l.oiid len  . , 


138  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

études  classiques  que  fil,  l'auteur  (1843);  l'asile  des  Orphelins 
(18i4);  le  groupe  des  trois  églises  lijjres  de  Bolmont  street 
(1846).  De  plus,  il  fut  l'archilecte  de  la  salle  de  mécanique,  de 
l'ancien  hôtel  des  postes,  de  l'Atlienœum,  de  la  Banque  régionale, 
de  la  Banque  des  Assurances  du  Nord,  des  églises  libres  d'Old- 
macher,  des  écoles  de  Bell?,  etc.  A  Elgin,  il  construisit  une  église 
à  laquelle  il  donna,  ainsi  qu'à  l'institut  Anderson,  les  formes 
grecques,  et  une  quantité  de  maisons  en  Ecosse,  ^armi  les- 
quelles le  château  de  Gordon.  Simpson  mourut  jeune  encore^ 
le  3  mars  1847. 

En  Irlande,  également,  travailla  Jacob  Owen  qui  fut,  de  1832 
à  1856,  l'ingénieur  architecte  de  la  Compagnie  Irish  boanh  of 
Works  de  Dublin  et  qui,  en  cette  qualité,  dessina  l'asile  dos 
fous  criminels  à  Dundrum,  près  Dublin,  la  prison  de  Montjoy, 
les  quatre  cours  de  justice,  les  Queens  Inas  (auberges  de  la 
reine),  des  écoles,  etc.  Né  en  1778,  Owen  mourut  à  South  Sea, 
près  Portsmoulh,  en  1870. 

Le  principal  architecte  des  bâtiments  destinés  à  l'exploitation 
des  nombreux  chemins  de  fer  qui  sillonnent  l'Angleterre,  fut, 
avec  W.  Tile  dont  on  a  lu  la  biographie,  Louis  Cubitt.  On  lui  doit 
en  etfet  :  la  station  de  Soulliwark,  bâtie  dans  le  style  des  palais 
italiens,  le  grand  viaduc  de  Folkestone  de  dix-neuf  aixlies,  les  sta- 
tions du  Greal-Northern  Railwayetdu  chemin  de  fer  d'Ashford  à 
Canterbury.  Après  Cubitt,  Sancton  Wood,  né  vers  1814  et  élève 
de  S.  Smirke,  fut  aussi  un  constructeur  de  gares.  Lauréat  au 
concours  ouvert  pour  la  construction  des  gares  de  Blackburn  et 
d'ipswich  (1843  à  1846),  il  filles  plans  de  celles  de  la  Compagnie 
l'Eastern  Union,  de  la  gare  terminus  de  Shoreditch,  de  toutes  les 
stations  entre  Dublin  et  Cork;  en  18o0  il  fut  nommé  architecte 
de  la  ligne  de  jonction  de  Limerick  et  du  chemin  de  fer  de 
Rugby  h  Hamford  et  Pétersboroug.  Wood  se  livra  tout  entier 
ensuite  à  la  construction  des  maisons  particulières  (il  en  bâtit,  à 
Londres  seulement,  environ  une  centaine)  et  mourutleSavril  1886. 
Lorsque  nous  aurons  cité  le  monument  érigé  au  poète 
Robert  Burns  à  Ayrshire,  en  1820,  par  l'architecte  écossais 
Thomas  Hamilton  (peut-être  le  même  que  l'architecte  de 
S'-André  de  Londres),  celui  de  Waller  Scott,  érigé  par  la  ville 
d'Edimbourg,  de  18iO  à  1844,  sur  les  dessins  de  l'Ecossais  Kemp, 
mort  prématurément,  ainsi  que  la  colonne  commémorative   du 


CHAPITIiK   IV.  139 

duc  de  Leicester  à  Holkham  en  ISi.'i,  arcliitocte  Dornthorm, 
nous  on  aurons  fini  avec  les  édifices  élevés  dans  la  province 
anglaise  pendant  les  cinquante  premières  années  de  notre  siècle. 

Si  nous  donnons  une  place  ici,  malgré  le  titre  de  notre  ou- 
vrage, aux  deux  Richardson,  George  et  Charles  James,  c'est 
pai'ce  qu'ils  ont  joui  en  Angleterre,  grâce  à  leurs  nombreux 
écrits  sur  l'architecture,  d'une  véritable  notoriété.  James,  mort 
vers  1872,  avait  été  élève  de  Soane  et  devint  professeur  de  des- 
sin architectural  à  Somerset  Ilouse;  mais  il  n'a  laissé  qu'une 
maison  dans  les  jardins  de  Kensington  Palace  et  quelques  hùlels 
dans  Ilyde-Park!  Quant  à  (leorge,  il  étudia  en  France  et  en 
Italie,  de  1760  à  1763,  fut  récompensé  en  1765  par  la  Société 
des  arts  et  écrivit  un  ouvrage  sur  VOrneinentalion  des  pla- 
fonds. Il  construisit  d'ailleurs  à  Slapleford,  en  1783,  une  petite 
église  démolie  en  1793. 

Nous  en  dirons  autant  de  Peter  Frédéric  Robinson,  né  en 
1770,  mort  à  Boulogne-sur-Mer  en  18iO.  Élève  de  Ilolland,  et 
devenu  vice-président  de  l'Institut  des  architectes  britanniques 
(I83o-1839),  il  a  continué  le  VUniviiis  britaiiniciis,  etc. 

Nous  ne  pouvons,  non  plus,  nous  dispenser  d'accorder  quel- 
ques lignes  cà  James  Fergusson,  cet  Écossais,  né  à  Ayr  le  22  jan- 
vier 1808,  qui  contribua  si  puissamment  par  ses  écrits,  publiés 
de  1815  à  1868,  à  faire  connaître  l'architecture  des  Hindous, 
presque  complètement  ignorée  avant  lui.  Il  fut  d'ailleurs  adjoint 
à  II.  Layard  lors  de  l'érection  de  la  salle  assyrienne  du  Crystal 
palace,  dont  il  dirigea  tout  l'aménagement  de  1856  à  1858. 
Mais,  à  ses  éludes  remarquables  sur  les  arcbitectures  hindoue, 
assyrienne  et  grecque,  Fergusson  eut  peut-être  le  tort  de  faire 
succéder  une  monographie  du  temple  disparu  de  Jérusalem  et 
do  la  mosquée  d'Omar.  Son  nouvel  ouvrage  souleva  de  graves 
piilémiques  dont  le  résultat  fut  la  constiliition  d'une  société  par- 
ticulière chargée  de  rechercher  sur  place  tous  les  documents 
relatifs  à  ces  édifices.  On  voit  qu'à  l'occasion  les  Anglais  savent 
faire  des  sacrifices.  Le  dernier  ouvrage  de  Fergusson  publié  en 
1871  :  Histoire  abrégée  de  farclùleclure^  en  trois  volumes  in-12, 
lui  valut  la  médaille  d'or  de  l'Institut  royal  des  architectes 
bi'ilanniques,  et  il  était  l'un  des  membres  de  celte  sociélé  lors- 
qu'il mourut  le  9  janvier  1886. 


CHAPITRE  V 

Coup  d'œil  rétrospectif  sur  les  évolutions  dans  le  passé  de  l'architecture  alle- 
mande. —  En  Autriche,  les  architectes  italiens  ou  français  du  xvui"  siècle  ont 
fait  école  et  leurs  successeurs  restent  fidèles,  pendant  les  quarante  premières 
années  du  siècle  suivant,  aux  principes  classiques.  —  Un  des  souverains  de  la 
Bavière,  admirateur  passionné  de  l'antiquité  grecque,  trouve  dans  von  Klenze 
un  exécuteur  habile  de  ses  volontés,  mais  cet  artiste  a  eu  peu  d'imitateurs 
dans  l'Allemagne  du  Sud  où  l'éclectisme  devient  la  règle  en  architecture.  — 
Le  style  classique  continue  à  dominer  pendant  la  première  moitié  du  siècle 
sur  les  bords  du  Rhin  et  en  Prusse.  —  Schinkel  introduit  dans  l'Allemagne 
du  Nord  ce  que  nous  appellerons  le  classique  allemand,  par  opposilion  au 
classique  français  ou  italien. 


Nous  avons  incliqué,  en  faisant  la  biographie  des  architectes 
alleniands  pendant  la  période  de  la  Renaissance  et  les  deux 
siècles  qui  la  suivirent,  les  caractères  généraux  de  l'architecture 
d'outre- Rhin,  de  l'année  1530  aux  derniers  jours  dti  xviir  siècle. 
Le  lecteur  a  pu  voir  que,  dans  l'Allemagne  du  Nord,  la  province 
de  Saxe,  une  des  premières,  entra  dans  la  voie  de  la  Renais- 
sance, tandis  que  la  région  qui  s'étend  le  long  des  bords  du  Rhin, 
couverte  d'édifices  de  toute  nature  pendant  la  période  ogivale,  est 
demeurée  fort  pauvre  en  édifices  du  nouveau  style,  et  que  s'ils  ont 
été  inspirés  par  les  productions  italiennes  et  françaises  de  l'épo- 
que, ils  présentent  néanmoins  un  caractère  propre  qu'on  ne  sau- 
rait méconnaître.  Dans  l'Allemagne  centrale,  c'est-à-dire  dans 
la  région  formée  par  le  Hanovre,  le  Brandebourg  et  le  duché  de 
Brunswick,  c'est  assurément  à  Hanovre  que  les  architectes  du 
xvi'  siècle  ont  créé  les  spécimens  les  plus  voisins,  par  leur 
architecture,  de  ceux  que  nous  ont  laissés  les  maîtres  de  la 
Renaissance  française  et  de  la  Renaissance  italienne;  mais  on 
a  vu  également  qu'ils  n'ont  guère  appliqué  le  style  nouveau 
qu'aux  hôtels  de  ville,  aux  maisons  particulières  et  à  certains 
édifices  d'utilité  publique;  l'architecture  religieuse  dans  celte 


CHAPIÏHE  V.  141 

rt''gion,  aussi  bien  que  dans  le  Nord  el  les  provinces  rhénanes, 
continuant  d'être  presque  exclusivement  ogivale. 

Le  lecteur  a  pu  voir  égalemeni  que  l'Allemagne  du  Sud  (en  y 
comprenant  la  Bavière,  le  Tyrol,  la  Carinthie,  elc),  dut  surtout 
h  des  miiilres  italiens  la  phn)arl  de  ses  consiructions  civiles  du 
\vi"  siècle  et  que  ceux-ci  leur  im[)rimèrent,  pres(iue  sans  altt^- 
ralion,  les  caractères  de  la  Renaissance  italienne.  Toutefois,  la 
bourgeoisie  ne  prit  que  peu  de  part  à  ce  grand  mouvement  ar- 
tislique,  à  la  tête  duquel  se  mirent  les  nobles  autrichiens  et 
bavarois  et,  de  même,  le  style  ogival  resta  celui  des  rares  édifices 
religieux  de.  l'Allemagne  du  Sud,  jusqu'au  jour  oîi  les  jésuites, 
vers  la  (indu  siècle,  firent  entrer,  en  les  exagérant,  les  principes 
du  «  rococo  »  italien  dans  la  conslruclion  de  leurs  chapelles  et 
de  leurs  églises. 

L'usage  de  la  nef  unique  terminée  par  une  coupole,  et  de  la 
façade  à  plusieurs  étages  ornée  de  balcons,  se  généralise  dans 
l'Allemagne  du  Sud,  depuis  l'édificalion  du  dôme  de  Salzbourg 
par  Solari  (I61i  à  1635).  L'architecture  de  Fischer  d'Erlach 
marque,  il  est  vrai,  le  commencement  d'une  évolution  vers  les 
principes  de  l'architecture  française  classique,  mais  il  a  été  facile 
de  constater  que  l'ornementation  des  palais  construits  par  cet 
artisle  rappelle  encore  les  exagérationsde  l'école  borrominienne. 
C'est  au  milieu  de  la  lutte  entre  les  deux  influences  française 
et  italienne  que  s'achève,  pour  l'architecliire  sud-allemande,  le 
xviii"  siècle. 

«  A  l'époque  monumentale  de  l'Autriche,  à  la  fin  du  xvii"  siè- 
cle et  au  xviif  siècle,  dit  M.  H.  Semper(l),  succéda,  au  commen- 
cement de  ce  siècle,  une  période  d'une  extrême  aridité  où  la 
seule  nécessilé  et  l'économie  bureaucratique  donnèrent  la  direc- 
tion à  l'archileclurequi  n'avait  plus  rien  à  faire  avec  l'art.  Seul, 
ritalien  l'ietro  de  Nobili  créa,  dans  le  Burgthor,  une  espèce  de 
propylée  d'un  style  dorique  lourd  et  froid,  construction  qui 
affecte  l'apparence  monumentale  de  ce  genre  pseudo-classique 
alors  à  la  mode  à  Paris  comme  ailleurs.  Mais  les  autres  édifices 
publics  el  privés,  érigés  en  ce  temps,  à  Vienne  comme  dans  les 
autres  villes  de  l'Autriche,  n'ont  pas  même  le  mérite  de  feindre 
ou  d'imiter  une  espèce  de  caractère  monumental;  ce  ne  sont 

(1)  Encyclopédie  de  l'architecture  et  de  la  construction,  vol.  II,  page  172 


142  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

que  de  rudes  conslructious  militaires.  Le  représeiilant  principal 
de  celle  manière  de  bâtir  sans  arl  ni  goût,  c'était  le  professeur 
à  l'Académie,  M.  Sprengcr,  l'auteur  de  constructions  banales 
comme  la  Monnaie,  la  Douane,  l'Ecole  polyleclinique,  etc.  Au 
même  genre  de  constructions  triviales  appartient  encore  la  vieille 
Banque  nationale  de  Moreau.  C'est  senlement  vers  1840  qu'un 
nouveau  mouvement  archi tectonique,  en  Autriche,  commence 
timidement  à  mettre  fin  à  cet  état  pitoyable.  C'est  l'école  roman- 
tique, éclectique  et  historique  qui,  en  Autriche  comme  partout 
ailleurs,  commence  à  apparaître,  quoique  un  peu  plus  lard  que 
dans  les  autres  pays.  Ce  sont  surtout  les  styles  de^  différentes 
époques  du  moyen  âge  :  le  byzantin,  le  roman,  le  gothique  et 
même  le  moresque,  qu'on  étudie  et  qu'on  imite  maintenant  en 
essayant  de  les  accommoder  aux  besoins  modernes.  » 

Le  lecteur  verra  ce  qu'il  devra  retenir  de  l'opinion  de  M.  H. 
Semper;  pour  nous  il  nous  suHira  de  rester  dans  notre  rôle  de 
biographe  des  architectes  de  l'Allemagne  du  Sud  jiendant  les 
premières  années  du  siècle,  en  commençant  par  Pietro  de  Nobili, 
un  Italien,  ainsi  que  son  nom  l'indique,  qui  était  né  à  Campestro 
(Tessin)  en  1774,  élève  de  Rome  et  qui,  naturellement,  avait  pris 
pour  ses  maîtres  Vilruve,  Yignole  et  Palladio;  on  ne  doit  donc 
point  s'étonner  de  rencontrer  dans  toutes  les  œuvres  de  cet 
artiste  le  caractère  classique,  tel  qu'on  le  comprenait  alors,  aussi 
bien  en  France  et  en  Italie  qu'en  Allemagne.  Ce  sont  d'abord  la 
Burgthor,  espèce  de  propylée  à  trois  passages  pour  les  voitures 
et  deux  pour  les  piétons,  construite  en  avant  du  château  impérial 
(1821);  ensuite  le  «  Monument  de  Thésée  », pastiche  du  temple  de 
Thésée  à  Athènes,  et  le  Musée  de  sculpture,  dans  le  VoJksgarten, 
qui  renferme  le  chef-d'œuvre  de  Canova  (le  Combat  de  Thésée  avec 
le  Centaure),  tous  ces  ouvrages  sont  à  Vienne  ainsi  que  le  Pont  du 
canal.  On  doit  également  à  Nobili  le  phare  élevé  en  1804  sur  la 
pointe  de  Salvore  près  Trieste.  Cet  architecte  mourut  à  Vienne 
en  1854,  membre  du  Conseil  des  bâtiments  impériaux  et  de  l'A- 
cadémie d'architecture  qui  prit  un  grand  essor  sous  sa  direction. 
Outre  un  travail  qu'il  laissa  sur  les  fouilles  opérées  dans  les 
terrains  de  Pola  et  d'Aquileja,  il  avait  écrit  un  ouvrage  intitulé  : 
Progetli  di  inonumenti  architettonici  imaginati  ncl  trionfo  degli 
Alleati  (nel  1814,  Trieste,  in-4°).  D'autres  biographes  attribuent 
le  temple  de  Thésée  à  Ludwig  de  Remy,  auteur  des  plans  du 


CHAPITRE   V.  143 

jardin  qui  eiilouce  le  château  impérial,  ainsi  que  des  deux  serres 
attenant  au  chàleau  et  qui  renferment  le  salon  dit  «  Salon  des 
fleurs  ».  On  doit  aussi  à  de  Remy  (dont  nous  ignorons  les  dates 
de  naissance  et  de  mort),  les  plans  du  palais  archiépiscopal  de 
Grani  (Hongrie),  ainsi  que  ceux  de  l'église  et  de  la  maison  des 
Chanoines. 

Ce  fut  un  élève  de  Nobili,  Wilhem-Paul-Édouard  Sprenger, 
né  le  20  août  1798  à  Sagan,  qui  fui  rarchitecle,  en  183o,  de  la 
Monnaie  et,  en  1836^  de  la  Douane  centrale,  à  Vienne.  Il  dressa  le 
plan  qui  servit  à  la  construction  d'une  partie  du  clocher  de  la 
calhédrale  et.  en  1844,  il  fut  nommé  directeur  des  Sociétés  ccn- 
I raies  des  chemins  de  fer  hongrois,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'être 
rarchitecle  du  Palais  du  gouvernement,  de  1844  à  1846.  Celle 
môme  année  1840,  Sprenger  dressait  les  plans  de  l'Exposition 
nalionale  de  Vienne  et  prenail  part,  en  1850,  au  concours  ouvert 
à  l'occasion  de  l'Exposition  universelle  de  Londres;  il  mourut  à 
Mcnne,  le  29  octobre  1854. 

L'Inslilut  polytechnique  de  Vienne,  consiruction  contempo- 
raine des  précédentes  et  d'une  architecture  plus  que  médiocre, 
est  l'œuvre  d'un  ingénieur,  architecte  à  celle  occasion  :  Joseph 
Schemerl.  chevalier  de  Leyterbach,  né  en  1757  à  Laybach, 
mort  en  1837,  à  Vienne. 

Charles  de  Moreau,  malgré  son  nom  français,  était  natif  de 
Vienne.  Après  avoir  étudié  l'architecture  à  Paris,  il  revint  dans 
sa  pairie  et  commença  par  construire  pour  le  prince  Nicolas 
Esterhazy  la  façade  (sur  les  jardins)  du  château  d'Eisensladt  en 
Hongrie;  en  1806,  il  éleva,  dans  l'enceinle  du  parc,  un  petit  tem- 
ple à  la  mémoire  de  la  princesse  Marie  Lichtenslein;  puis,  en 
1822,  à  Vienne,  la  vieille  Banquenalionale.  Tous  ces  édifices  d'une 
architecture  sèche  et  froide  valurent  cependant  à  de  INIoreau  les 
titres  de  conseiller  extraordinaire,  de  membre  de  l'Académie 
de  Vienne,  de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Nous  ignorons 
à  quelle  époque  mourut  Charles  de  Moreau. 

Deux  architectes  d'édifices  religieux  élevés  à  Vienne  dans  la 
première  moitié  du  xix"  siècle  essayèrent  d'échapper  au  joug  de 
l'école  classique  ;  il  est  vrai  qu'au  moment  oîi  ils  furent  chargés 
de  les  édifier,  la  révolution  artistique  que  nous  avons  signalée 
en  commcn<:ant  ce  volume  avait  eu  déjà  son  écho  en  Allemagne. 
C'est  ainsi  que  Karl  Rôsner,  né  à  Vienne  en  1804,  mort  en  1869, 


144  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

adopta  le  style  roman  lorsqu'il  eut  à  construire,  vers  1840, 
l'église  Saint-Jean.  Il  s'était  déjà  fait  connaître  d'ailleurs  par 
une  restauration  intelligente  des  tours  de  Saint-Etienne.  Elève 
et  grand  prix  de  l'Académie  de  Vienne,  il  avait  séjourné  quel- 
ques années  en  Italie  et  y  avait  fait  de  fortes  études  classiques; 
cependant  c'est  également  en  style  roman  qu'il  conçut  la  chapelle 
de  l'Arsenal,  à  Vienne,  l'église  de  Carolinenllial  près  Prague,  et 
la  cathédrale  do  Dikovas,  en  Slavonie. 

Jean-Georges  Muller,  qui  était  Suisse,  puisqu'il  naquit  à 
Mosnaug,  canton  de  Saint-Gall,  le  15  septembre  1822  et  fut  élève 
deRubli,de  Saint-Gall,  avant  d'être  celui  de  Ziebland,de  Munich, 
construisit  l'éghse  de  Aetlerchenfeld  (ou  des  Sept  Refuges)  à 
Vienne,  dans  un  style  moitié  lombard,  moitié  gothique,  qui 
indique  d'ailleurs  un  effort  considérable  de  l'esprit  chez  cet 
artiste  mort  le  2  mai  1849,  à  Vienne,  avant  l'achèvement  de  son 
œuvre.  Les  architectes  Th.  Noch  et  Van  der  NuU,  avec  la  col- 
laboration du  peintre  Fuhrich,  la  complétèrent  de  1.852  à  1855. 

Aux  environs  de  Vienne,  il  nous  faut  citer,  comme  architectes 
d'édifices  d'une  certaine  valeur  :  Grueber,  Ducatliet  Joendl.  De 
Ducatti  qui  dirigea  les  divers  travaux  exécutés  k  Trente  (Tyrol), 
do  1800  à  1830,  nous  ne  citerons  que  le  théâtre  de  cette  ville. 

Johann  Joendl,  né  le  3  novembre  1782,  à  Prague,  élève  de 
l'Académie  de  cotte  ville,  fut  surtout  l'architecte  de  l'aristocratie 
de  la  Bohême  qui  lui  doit  le  château  de  Katschina  construit 
pour  le  prince  de  Chotek,  ainsi  que  le  tombeau  de  cette  famille 
élevé  à  Nachoff  et  le  château  de  Tachowitz,  avec  le  mausolée  du 
comte  Wratislaw.  Bernhard  Grueber,  mort  à  Munich  le  12 
octobre  1882,  était  né  à  Donauworth  on  1806,  En  1830,  il  avait 
été  inspecteur  de  Ohlmiiller  son  maître,  lorsque  celui-ci  cons- 
truisait l'église  dite  Auk'trche  à  Munich  et,  en  1833,  il  était 
déjà  professeur  d'architecture  à  l'École  polytechnique.  A  la 
suite  d'un  séjour  de  trois  années  qu'il  fit  en  Italie,  de  1834 
à  1837,  il  construisit  (1812)  pour  le  prince  Hugo  Salm  la  salle 
des  fêtes  du  palais  que  celui-ci  possédait  à  Prague.  Deux  ans 
après  Grueber  était  nommé  professeur  à  l'Académie  de  Prague 
qu'il  ne  quitta  qu'en  1874,  et  inaugurait  la  série  des  nombreux 
édifices  que  lui  doit  la  Bohême  parla  construction  (1846)  de  l'é- 
glise de  Teschen.  11  fut  ensuite  architecte  de  l'église  du  cimetière 
de  Saint-Jean  et  du  palais  des  barons  d'Achrenlhal  à  Prague; 


Osias  Humphry  pinx 


JAMES    WYATT 


chai'ithe  V.  lio 

on  1850,  il  consiruisil  la  belle  église  gothique  de  Sainte-Marie  à 
Toiirnau  ;  de  1853  à  1855,1e  magnifique  château  deBlatna  elle 
caveau  funéraire  des  chevaliers  de  Eirnitz  à  Politschau  ;  en 
1850-1857,  il  éleva  la  façade  méridionale  de  l'hôtel  de  ville  de 
Prague  et  le  château  de  Gross-Skal;  il  donna  les  plans  du  châ- 
teau de  Worlick  et  de  Sichrow,  ainsi  que  ceux  des  piliers  du 
pont  de  fer  à  Teschen.  Dans  ses  dernières  années,  il  dirigeait 
la  restauration  du  dôme  de  Kuttemberg  et  l'érection  du  socle 
gigantesque  destiné  au  monument  du  maréchal  Hadelzky  à 
Prague.  Grueber  connaissait  mieux  que  personne  l'archileclure 
de  la  Bohème  et  publia  toutes  ses  leçons  sur  cette  architecture 
de  1856  à  1871  ;  il  a  laissé  également  une  élude  sur  l'architec- 
ture bavaroise  pendant  les  xiu"  et  xiv^  siècles -(Munich,  1836). 

A  ces  noms  nous  n'ajouterons  que  ceux  de  Christian  Stadler, 
architecte,  en  1807,  de  l'hôlel  de  ville  de  Gratz,  de  Joseph 
Hild,  qui  étudia  l'architecture  h  Home  et  construisit,  de  1832 
à  1837,  la  cathédrale  d'Erlau  en  style  gréco-romain,  et  de 
Mathias  Bernatz,  frère  de  Martin,  peintre  à  Vienne,  né  en  1800, 
élève  de  l'Hcolc  polytechnique  de  Vienne  et  auteur  d'une  caserne 
à  Spire.  Architecte  du  roi,  il  était,  à  l'époque  de  sa  mort  qui 
nous  est  inconnue,  inspecteur  royal  à  Deggendorf. 

Avant  d'aborder  l'histoire  des  architectes  bavarois,  nos  con- 
temporains, qu'on  nous  permette  de  revenir  sur  la  biographie 
des  Quaglio,  famille  d'artistes  italiens  émigrés  à  Munich  à  la  fin 
du  siècle  précédent  et  qui  ont  laissé  en  Allemagne  des  œuvres 
nombreuses  dont  quelques-unes  ne  sont  pas  sans  mérite.  Nous 
avons  dit  que  Lorenz  était  l'auteur  de  l'hôtel  de  ville  de  Lanin- 
gen,  du  théâtre  et  de  la  salle  de  lalledoulede  Manheim  et  de  l'an- 
cien théâtre  de  Francfort.  Son  fils  Giovanni  Maria,  quoique  qua- 
lifié d'architecte  par  Nagler,  n'est  guère  connu  que  comme  peintre 
de  décors  au  théâtre  de  Munich,  fonction  dans  laquelle  il  succéda, 
en  1793,  à  Antonio  Pluchetti.  Du  reste,  né  à  Laino  en  1702  et 
mort  a  Munich  en  1813,  il  fut  surtout  professeur  de  construc- 
tions militaires,  fit  partie  de  l'Académie  militaire  de  Munich  et 
devint  ingénieur  supérieur  du  gouvernement  bavarois,  avec  le 
grade  de  colonel  de  la  garde  nationale  royale.  Giuseppe  Quaglio, 
fils  de  Domenico,  peintre  d'histoire,  né  également  à  Laino  en 
1747,  fut  d'abord  élève  de  son  oncle  Lorenz.  Son  goût  pour  la 
décoration  architecturale  le  fit  entrer  en  qualité  de  peintre  aux 
III.  10 


146  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

tliéâlres  de  Manlicim,  puis  ensuile  de  Francfort,  Schwetzin- 
gen,  Liuhvisbourg,  Spire  et  Municli  oîi  il  terminales  travaux  de 
son  frère,  Giulio,  architecte  du  théâtre  de  la  Cour  dans  l'an- 
cienne Reitschule.  Les  nombreux  dessins  de  Giuseppe,  à  la 
gouache  (et  même  à  l'huile)  dénotent  une  véritable  imagination 
de  l'artiste  qui  mourut  à  Munich  en  t828. 

Giulio,  né  aussi  à  Lainoen  17G4,  visita  Alilan,  Venise,  Gênes, 
etc.,  et  fut  appelé  pour  remplir  les  fondions  d'arcbitecle  de  la 
Cour,  à  Manheim,  en  1789;  il  exerça  les  mêmes  fonctions  à  Mu- 
nich lorsque  Lorenz  eut  donné  sa  démission  et  continua  ses  tra- 
vaux (inconnus)  jusqu'à  la  date  de  sa  mort  arrivée  en  1801. 

Contemporain  des  Ouaglio  était  Derigoyen,  dont  nous  ne 
connaissons  que  le  nom,  qui  érige,  en  1811,  devant  le  jardin 
botanique  de  Munich,  une  sorte  de  propylée,  à  l'imitation  de 
celui  de  Nobili. 

L'église  protestante  de  la  capitale  de  la  Bavière  fut  bâtie  sur 
la  place  Karlsfhor,  de  1827  à  1832  et  eut  pour  archilecte  un 
artiste  de  Buchron,  Johann  Népomuck  Pertsch,  né  en  1780, 
qui  visita  l'Allemagne  et  l'Italie  (notamment  Venise),  oii  il  fut  l'ar- 
chitecte de  plusieurs  villas.  A  son  retour,  passant  par  Triesle,il 
y  donna  les  plans  d'une  église  grecque  qui  fut  alors  très  remar- 
quée. Conseiller  supérieur  de  la  section  d'architeclure,  il  fut 
également,  de  1820  à  1825,  l'architecte  de  la  prison  située  dans 
un  des  quartiers  de  cette  ville,  édifice  où  se  reconnaissent  les 
fortes  études  faites  par  Pertsch  en  Italie  et  à  Augsbourg,  l'archi- 
tecte de  la  Bourse  commencée  en  1829,  puis  mourut  en  1835. 

Un  Français,  Jean  Métivier,  né  à  Bennes  en  1781,  est  appelé 
en  1811  à  Munich,  où  il  reçoit  Tordre  de  construire  les  bains  de 
Hombourg  dont  le  Kursaal  passa,  à  ce  moment,  pour  le  plus 
beau  de  toute  l'Allemagne.  Métivier  avait  fait  ses  études  à  Paris 
et  toutes  les  constructions  qu'il  éleva  à  Mifnich  portent  naturel- 
lement l'empreinte  de  l'enseignement  classique  qu'il  y  avait  reçu. 
Ce  sont  :  la  synagogue,  près  la  porle  de  l'Isaar  (1 824-1 82G),  l'hôtel 
du  ministère  d'Élal,  l'hôtel  du  ministère  de  la  guerre  et  celui  du 
baron  de  Bayersdorf  ;  la  décoration  du  palais  du  prince  Charles 
et  de  l'église  protestante  élevée  par  Pertsch  à  Ratisbonne;  il  exé- 
cuta, pour  le  prince  de  Thurn  et  Taxis,  de  1828  à  1831,  des 
écuries  et  un  manège;  enfin,  il  dirigea  l'érection  du  mo- 
nument du  roi  Maximilien  à  Munich.  Membre  de  la  commis- 


CHAPITRE  V.  1-47 

sion  royale,  avec  le  titre  d'archilecte  de  la  cour  et  de  conseiller 
royal,  Mélivier  mourut  à  une  époque  que  nous  ne  pouvons  pré- 
*ciser,  laissant  deux  ouvrages  d'arcliilccturc  publiés  à  .Municli. 

Peu  connues  sont  les  œuvres  de  Nicolas  Schedel  von  Greifen- 
stein,  né  en  1732  àWaidhaus,  mort  en  1810,  directeur  des  Ira- 
vaux  publics  à  Munich;  cependant,  on  peut  citer  de  cetarchilecte 
le  séminaire  avec  sa  chapelle,  la  porte  .Maximilien  avec  le  pont 
qui  la  précède,  l'école  Feuertag,  rhôpiial  hors  la  porte  Sondling, 
le  prcsbylère  de  l'école  du  faubourg  Ru, l'université  àLandshut. 
Nous  en  dirons  autant  de  celles  de  Geisreider,  architecte,  en 
1  SOI,  de  l'église  élevée  sur  la  colline  de  Lilienberg,  et  de  Johann 
Ulrich  Himbsel,  né  en  1787  à  Neukirchen,  élève,  à  Munich,  de 
Fischer  qui  l'emmena  avec  lui  à  Paris.  11  suivit  dans  cotte  ville 
les  cours  d'architecture  jusqu'en  1810,  époque  à  laquelle  le  roi 
Maximilien  le  rappela  à  Munich  et  lui  accorda  la  place  d'inspec- 
teur des  constructions  royales.  Munich  lui  doit  ses  nouvelles 
écoles  et  différentes  habitations  privées.  Il  dirigea,  en  1824,  les 
fêtes  pour  le  jubilé  de  Maximilien  et  écrivit  quelques  pages  aux- 
quelles il  donna  le  tilre  de  Magasin  d archllecture .  La  date  de 
la  mort  d'Ilimtisel  nous  est  inconnue. 

Friedrich  Sckell,  né  le  13  septembre  17o0  à  Nassau,  mort  en 
1820  à  Munich,  étudia  en  France  et  en  Angleterre  l'art  de  des- 
siner les  jardins  et  tous  les  édifices  qui  en  dépendent.  Appelé 
comme  directeur  de  jardins  à  Munich,  en  1804,  il  arrangea  les 
jardins  de  Nymphenbourg,  le  Jardin  anglais  à  Munich,  le  parc 
de  Shônfeld  à  Biederstein,  etc.,  et  bâtit  les  villas,  pavillons, 
serres,  ponis,  etc.,  qui  en  dépendent. 

Nous  arrivons  enfin  à  des  artistes  dont  les  œuvres  peuvent 
être  considérées  comme  de  véritables  spécimens  de  l'école  bava- 
roise :  les  deux  Gartner  et  leurs  élèves,  von  Klenze  et  Zicbland; 
mais  auparavant,  disons  un  mot  du  chevalier  Heinrich  Karl  von 
Fische,  auteur  du  théâtre  Royal  do  Munich  qui,  construit  de  1817 
iï  1818,  péril  presque  entièrement  quelques  années  après  (1823). 
Né  le  19  septembre  1782,  à  Manlieim,  et  élève  de  l'Académie  de 
Vienne,  von  Fische,  outre  le  théâtre  Royal,  éleva  la  façade  du 
ministère  de  l'intérieur,  l'hôpital  général  situé  hors  la  ville,  la 
salle  des  -Vntiques  à  l'Académie  et  un  palais  dans  le  style  de  la 
Renaissance  italienne,  sur  les  ordres  du  prince  Charles  de  Ba- 
vière (1811-1818).  Von  Fische  restaura  aussi  le  palais  de  plai- 


148  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

sance  du  roi  de  Bavière  et  on  lui  doit  l'une  des  rares  églises 
construites  en  Bavière  pendant  celte  péiiode  :  celle  de  Saint- 
Jacob  près  Munich  ;  il  mourut,  conseiller  du  roi,  le  dl  février* 
1820. 

Johann  Andréas  Gartner,  le  père,  né  vers  17i3  h  Dresde,  était 
tîls  du  chef  de  l'atelier  des  modèles  à  la  manufacture  des  porce- 
laines de  Saxe.  Il  commença  à  se  faire  connaître  en  construisant, 
en  Pologne,  une  villa  pour  le  comte  de  Miniiscck  ;  de  là,  il  alla  à 
Vienne,  puis  à  Berlin,  puis  à  Paris  où  il  resta  neuf  ans.  Rappelé 
à  Coblentz  par  le  grand  électeur  pour  terminer  le  palais  de  la 
Résidence,  il  fut  créé  par  lui  grand  maître  de  l'artillerie  ;  mais  il 
quitta,  en  1804,  ces  fonctions  pour  entrer  au  service  du  roi  de 
Bavière,  en  qualité  de  «  directeur  des  bâtiments  royaux  ».  vV  Mu- 
nich, il  disposa  la  salle  à  manger  et  la  salle  de  Mars  de  la  rési- 
dence, une  salle  de  redoute  et  un  théâtre.  A  Wurzbourg  il 
construisit  aussi  un  Ihéàlre  et  restaura  l'église  Saint-Michel,  dis- 
posa lasalle  d'opérations  à  l'hôpital  Julius,  fit  dresseV  l'obélisque 
de  la  place  du  Marché,  et  éleva  le  cliàlcau  de  Schônborn  à  Gai- 
bach.  Andréas  Gartner  mourut  en  182G  ;  mais  il  laissait  un  fils, 
Friedrich,  qui  fut  certainement  l'un  des  plus  illustres  arlistesde 
cette  période  de  l'architecture  bavaroise. 

Friedrich  Gartner  était  né  à  Coblentz  le  10  décembre  1792, 
Après  avoir  étudié  quelque  temps  à  l'Académie  des  beaux-aris 
à  Paris,  et  pendant  trois  ans  dans  l'atelier  deFontaine  etPercier, 
il  parcourut  l'Italie  de  1 81  i  à  1 81 8.  lievenu  à  Munich,  il  commença 
ses  travaux  par  la  basilique  de  Saint-Louis  qui  est  certainement 
une  de  ses  œuvres  les  plus  importantes.  La  première  pierre  de  l'é- 
difice fut  posée  le  22  août  1829^  mais  il  ne  fut  consacré  qu'en  1843. 
Après  la  porte  de  la  Victoire,  ow  Sicgestho)\  imitalionen  calcaire 
blanc  de  l'arc  de  triomphe  de  Constantin,  la  nouvelle  biblio- 
thèque [Ludwigsltall),  et  l'institut  des  aveugles,  vinrent  :  le 
palais  de  l'Université  (1835  à  1840),  le  couvent  Sainte-Anne 
(1830  à  1839),  l'Institut  des  demoiselles  nobles  (1837  à  1840),  le 
l3àtimenl  de  l'administration  des  salines  (1838  à  1842).  Le  cime- 
tière de  Munich  est  aussi  l'œuvre  de  F.  Gartner  ainsi  que  la  res- 
tauration de  la  porte  de  l'Isaar,  suivie  de  celle  des  cathédrales  de 
Bambergct  de  Spire  (1845)  et  de  laconstruclion  du  château  royal 
d'Athènes  dans  un  style  pseudo-byzantin.  C'est  aussi  à  ses 
souvenirs  de  l'architecture  byzantine   que  s'adressa   Gartner, 


CHAPITRE  V.  149 

lorsqu'il  construisit  la  Ludwigskirche  en  forme  de  croix  latine, 
d'une  longueur  de  09  mètres,  d'une  largeur  de  45  mètres  et 
d'une  hauteur  de  33  mètres,  flanquée  de  deux  tours  carrées 
hautes  de  06  mètres  et  terminées  par  une  pyramide  octogone. 
Ce  véritable  artiste  n'eut  pas,  du  reste,  le  temps  d'achever  plu- 
sieurs des  travaux  qu'il  avait  commencés  :  le  temple  de  la  Liberté 
près  Kelheim  terminé  par  Klenze,  la  maison  pompéienne  de 
Aschaffenbourg,  le  palais  gothique  de  Wittelsbachet  les  galeries 
de  Kissingen,  mais  on  peut  dire  qu'il  exerça  une  influence  con- 
sidérable sur  l'école  de  Munich.  Honoré  de  l'amitié  du  roi  qui 
l'anoblit,  Gartner  mourut  le  23  avril  1847,  professeur  d'archi- 
tecture à  l'Académie,  directeur  des  manufactures  de  porcelaines 
et  vitraux  et  laissa,  outre  son  Cours  d' archïleclure  qu'il  publia, 
deux  ouvrages  :  Recherches  sur  la  peinture  murale  chez  les 
anciens  et  Recueil  cle_  vues  des  monuments  grecs  de  la  Si- 
cile. 

Le  S/egesthor,  lui  aussi,  était  inachevé  lorsque  mourut  Gart- 
ner et  ce  fut  un  de  ses  élèves  qui  l'acheva,  comme  il  acbcva 
le  palais  \Mllelsbach,  Edouard  Metzger,  né  à  Pappenlieim 
en  1807.  Metzger  fut  aussi  l'architecte  du  mausolée  royal  et  de 
la  Chambre  des  députes  bavarois  ;  nous  ignorons  d'ailleurs  la  date 
de  sa  mort. 

Johann  Erlacher,  né  en  1807,  à  Munich,  fut  élève  de  l'Aca- 
démie de  colle  ville  et  avait  étudié  l'architecture  grecque  en 
Syrie  oîi'il  laissa  quelques  ouvrages  qui  furent  plutôt  des  œu- 
vres d'ingénieur  que  d'architecte  :  un  phare  et  un  mole  ;  mais, 
en  1830,  pendant  une  absence  de  Gartner  qui  avait  accompagné 
en  (^irèce  le  roi  de  Bavière,  il  acheva,  sur  les  plans  de  cet  artiste 
ainsi  qu'il  a  été  dit,  le  château  royal  d'Athènes. 

Deux  autres  élèves  de  Gartner  furent  aussi  ses  collaborateurs. 
D'abord  Karl  Friedrich  Andréas  Klumpp,  né  en  ISI  l,  à  Mu- 
nich, qui  étailen  même  temps  son  neveu,  dont  les  ouvrages  person- 
nels sont:  une  aile  du  palais  de  l'Académie,  l'écurie  archiépisco- 
pale, l'école  latine  au  cloître  des  Carmes,  la  grande  caserne  de 
cavalerie,  le  bàlinient  de  la  cour  d'appel,  les  cloîtres  des  sœurs 
enseignantes  et  de  la  congrégation  du  lion  Pasteur;  tous  ces 
travaux  à  Munich.  Ensuite,  Edouard  von  Riedel  qui  prit  une 
part  considérable  à  la  constructiiui  du  palais  royal  d'.Mliènes 
où   il  séjourna  jus(pren   18o0.  Né  on    1812,    il    appartint  jus- 


130  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

qu'en  1841  à  l'intendance  des  bâtiments  royaux  de  Bavière  el  il 
en  occupa  la  direction  après  la  mort  de  Klenze  (1864).  Le  plus 
important  de  ses  ouvrages  est  assurément  le  Musée  national, 
élevé  sur  la  place  Maximilien,  l'ancienne  »  Pinacothèque  »,  vaste 
bâtiment  du  style  des  palais  romains,  long  de  06  mètres  el  haut 
de  27  mètres,  isolé,  à  l'extrémité  de  la  ville,  à  l'abri  de  l'in- 
cendie cl  de  la  poussière,  a  ayant  la  forme  allongée  qui  convient  à 
une  galerie,  mais  terminé  à  chaque  bout  par  deux  ailes,  ce  qui 
lui  donne  quatre  façades  et,  à  tous  les  points  de  vue,  un  aspect 
vraiment  monumental  ».  Riedel  mourut  le  24  août  1885,  laissant 
un  projet,  celui  du  châleau  de  Hohenschwangan.  Klumpp  mourut 
la  même  année  au  mois  de  mai,  après  avoir, en  outre,  été  l'archi- 
tecte de  vingt  et  une  églises  catholiques,  de  quatre  églises  protes- 
tantes, de  la  grande  brasserie  de  M'eihenslephan  et  d'un  pont  sur 
risaar.  A  coté  de  Friedrich  Gartner,  un  élève  de  Lespiliez,  Franz 
Thurn,  né  à  Giesing  près  Munich,  en  1763,  sut  se  faire  une 
place  assez  considérable  comme  architecte.  Dessinateur  de  la 
Cour,  à  parlir  de  1786,  il  était  nommé,  en  1790,  architecte  près 
delà  direction  des  bâtiments  delà  guerre  et  élevait,  en  ce  même 
temps,  despavillons  dans  les  jardins  «  chinois  »  du  palais.  En  1799, 
nommé  architecte  supérieur  près  la  Haute  commission  des  bâti- 
ments royaux,  il  éleva  l'asile  des  fous  de  Giesing  ;  en  1803,  sur 
l'ordre  du  grand  électeur,  il  entreprit  la  décoration  de  la  place 
où  se  trouve  le  couvent  des  Capucins  et  l'orna  d^,'  fontaines  et 
de  statues;  il  transforma  le  couvent  des  Augustins  en  s'îille  d'ins- 
truction pour  la  justice  et  fut  aussi  l'architecte  du  ministère  des 
affaires  étrangères  ainsi  que  de  l'Observatoire  près  de  Bosgen- 
hausen,  pour  la  construction  duquel  il  eut  deux  collaborateurs, 
Reichenbach  et  Soldner,  que  nous  ne  connaissons  pas  autre- 
ment. Mais  son  œuvre  la  plus  imporlante  est  la  façade  du 
palais  du  bâtiment  de  la  Monnaie  dont  Gartner  avait  peut-être 
donné  les  plans.  Thurn  mourut  à  Munich  eu  1844. 

Une  grande  partie  de  la  vie  des  deux  architectes  dont  la 
biographie  va  suivre  fut  consacrée  à  l'édification  de  deux  cons- 
tructions religieuses  importantes  de  Munich  :  l'église  du  faubourg 
d'Au,  Sainte-Mariahilfkirche,  et  la  Basilica,  église  paroissiale  de 
Saiut-Boniface.  La  première  fut  commencée  par  Joseph-Daniel 
Ohlmûller,  né  à  Bamberg  en  1791  ;  la  première  pierre  en  fut 
posée    le    28   novembre    1831    et    l'édifice    était   consacré   le 


CHAPITRE  V.  •  151 

25  août  1839  ;  mais  k  mort  de  l'architecte  arrivée  quelques  mois 
avant  ne  lui  permit  pas  d'assister  à  cette  consécration  de  son 
œuvre  qui  l'ut  achevée  par  Ziebland,  dont  nous  allons  parler.  C'est 
certainement  le  pasiiche  le  mieux  réussi  que  possède  la  Bavière 
des  églises  ogivales  du  moyen  âge  :  long  de  70  mèlres,  large  de 
2i  mètres  avec  28", 60  de  hauteur,  l'édifice,  construit  moitié  en 
briques,  moitié  en  pierres,  possède  trois  nefs  et  à  la  croisée  du 
transept  s'élève  une  tour  de  84  mètres  de  hauteur  terminée  par 
une  pyramide  à  jour  octogonale.  Ohlmiiller  trouva  le  temps 
d'élever  à  Oberwillelsbach  le  «  Monument  national  »  de  la  Ba- 
vière et  de  publier  un  recueil  de  monuments  funèbres  (1824-1 839). 

Georges  Friedrich  Ziebland,  né  à  Batisbonne  le  7  fé- 
vrier 1800,  élève  de  Quaglio,  de  Fischer  et  de  Gartner,  étudia 
spécialement,  en  1827,  les  basiliques  de  Borne  et  de  Bavenne. 
Aussi,  à  son  retour  à  Munich,  ce  fut  lui  qu'on  chargea  de  la  cons- 
truction de  la  «  Basilica  »  (1835  à  1850),  et  de  la  chapelle  Bibing, 
ainsi  que  du  bâtiment  des  perceptions  et  du  cadastre,  réminis- 
cence, des  constructions  romanes.  La  Basilica,  édifice  à  cinq 
nefs,  de  37  mètres  de  largeur,  a  été  construite  en  briques,  sur 
les  modèles  des  basiliques  romaines,  de  1825  au  24  novem- 
bre 1850.  La  façade  se  compose  d'un  péristyle  ouvert  formé  de 
neufarcades  supportées  par  huit  colonnes  de  calcaire  blanc.  Celles 
de  la  nef,  au  nombre  de  64,  sont  monolithes  et  de  marbre  gris 
de  7°", 50  de  hauteur.  La  grande  nef  n'est  pas  voûtée  et  laisse 
voir  la  charpente  sculptée  et  dorée  d'un  etîet  saisissant.  Ziebland 
termina,  avant  sa  mort  arrivée  le  24  juillet  1873,  à  Munich,  le 
château  de  Hohenschwangan,  sur  les  plans  de  von  Riedel. 

L'avènement  au  trône  de  Bavière  du  roi  Louis,  passionné 
pour  les  beaux-arts,  marqua  pour  les  artistes  et  notamment  pour 
les  architectes,  le  commencement  d'une  ère  de  prospérité  qui  ne 
s'acheva  qu'à  l'abdication  de  ce  souverain,  c'est-à-dire  en  1848. 
Le  plus  fécond  de  la  pléiade  d'artistes  qui  surgit  en  Bavière,  pen- 
dant cette  trop  courte  période,  fut  assurément  Léo  von  Klenze. 
Né  près  Hildesheim,  le  22  février  1784  et  entré,  dès  l'âge  de 
seize  ans,  à  l'Académie  d'arcliitccture  de  Berlin,  il  en  sortit  à 
dix-neuf  pour  visiter  les  monuments  de  l'Angleterre,  de  l'Italie 
et  de  la  France  où  il  travailla,  en  1803,  dans  les  ateliers  de 
Percier  et  de  Durand.  Étant  à  Gènes,  il  trouva  un  prolecteur 
dans  le  propriétaire  d'un  palais  dont  il  avait  fait  la  restauration 


152         •     LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

et  qui  était  devenu  l'intendant  général  de  Jérôme,  roi  de  West- 
phalie.  Klenze  fut  nommé  (1808)  directeur  des  bàlimenls  l'oyaux 
à  Cassel  et  conserva  ces  fondions  de  1808  à  1813.  En  1815,  il 
devenait  architecte  de  la  cour  de  Bavière  :  aussitôt  arrivé  à  Mu- 
nich il  commençait,  en  1816,  la  «  Glyplotheca»  dont  nous  allons 
dire  quelques  mois  ;  puis,  en  1819,  il  élevait  dans  le  style  italien 
(moderne),  le  palais  du  duc  de  Leuchtenberg,  à  la  suite  duquel 
travail  on  le  nommait  directeur  de  tous  les  bàliments  royaux  en 
Bavière.  L'érection  de  l'Odéon  et  de  la  porte  du  Hofgarten  (jar- 
din do  la  Cour)  l'occupa  jusqu'en  1822,  époque  à  laquelle  il 
construisit  les  écuries  royales.  En  1823,  il  rédifiait,  mais  d'a- 
près le  projet  de  Fischer,  le  théâtre  de  la  Cour  détruit  peu  avant 
par  un  incendie  ;  en  1824,  il  bâtissait  le  palais  du  ministère  de 
la  guerre  et  le  lliéàtre  anatomique  ;  puis  en  1826  l'aile  méridio- 
nale de  la  résidence,  le  nouveau  Kœnigsbau  dont  la  façade, 
selon  le  vœu  du  roi,  rappela  celle  du  palais  Pilti  à  Florence. 

«  Lorsque  le  roi  Louis  chargea  Klenze  de  lui  construire  un 
nouveau  palais,  il  lui  déclara  qu'il  lui  interdisait  expressémii'nl  de 
se  servir,  pour  l'orner,  de  rideaux,  de  tapis,  de  tenlures,  de  dra- 
peries, ni  de  tout  autre  objet  d'ameublement  et,  ne  faisant  grâce 
qu'aux  meubles  les  plus  indispensables,  il  ne  mit  à  la  disposi- 
tion de  l'architecte  que  les  marbres  ou  les  stucs,  les  peintures 
ou  les  sculptures.  Von  Klenze  a  résolu  avec  talent  le  problème 
difficile  qui  lui  était  posé.  Mais  ce  palais,  tout  rempli  d'objets 
d'art,  ne  ressemble  pas  à  une  demeure  humaine;  comme  l'a  dit 
avec  raison  l'auleuide  Y  Arien  Allemagne^  l'art  y  a  étouffé  la  vie.  » 

Cette  même  année  1826,  l'archilecte  commençait  la  «  Pinaco- 
theca  »  qu'il  termina  en  1838,  ainsi  que  le  palais  du  duc  Maxi- 
milien;  l'église  de  la  Cour  [AllerheUigen-Hofkirche)  dans  le 
slyle  byzantin  du  xvi'  siècle,  mais  sans  coupole.  Enfin,  le  31  oc- 
tobre 1830,  fut  posée  la  première  pierre  d'un  temple  dédié  à 
toutes  les  gloires  de  la  patrie  allemande,  la  «  Walhalla  »,  située  à 
trois  milles  de  Ratisbonne.  Cet  édifice  inauguré  en  18i2  u  doit 
être  rangé,  dit  M.  de  Fortoul,  parmi  les  plus  remarquables, 
élevés  en  Europe  dans  ces  derniers  temps  ».  A  l'extérieur,  celte 
acropole  des  morts  rappelle  l'ordonnance  et  le  style  du  Par- 
thénon;  au  dedans,  c'est  une  réminiscence  du  temple  d'Agrigente 
consacré  à  Jupiter  Olympien.  Dans  le  même  temps,  Klenze  cons- 
truisit  la  salle   des   fêles  à   la   résidence   royale   de  Munich, 


Dance.    del. 


N.   REVETT 


CHAPITRE  V.  *33 

en  1833,  il  érigea  l'obf^lisqiie  de  bronze  élevé  à  la  mémoire  des 
Bavarois  morts  en  Russie  pendant  la  campagne  de  1812  et,  de 
1835  à  183G,  les  bâtiments  de  la  Poste.  Il  consacra  dix  ans,  de 
1843  à  1853,  à  la  Halle  de  la  gloire  {Riihmeshallc),  portique  de 
colonnes  doriques  en  marbre  formant  trois  côtés  d'un  carré, 
au  milieu  duquel  s'élève  la  statue  colossale  de  la  Bavière,  de 
Scinvantbaler.  Des  consoles,  placées  contre  le  mur  de  fond  de 
ce  portique,  supportent  les  bustes  en  marbre,de  tous  les  Bavarois 
qui  se  sont  distingués  à  des  titres  divers.  Malheureusement,  il 
manque,  comme  fond,  le  ciel  bleu  et  les  montagnes  de  la  Grèce  à 
cet  éditice  de  pur  style  grec  surmonté  d'un  acrotère  léger  comme 
une  dentelle. 

Le  musée  de  sculpture  de  Munich  {Ghjptollœca)  éclairé  unique- 
ment par  le  toit,  n'a  de  remarquable  que  son  péristyle  d'ordre 
ionique  avec  fronton  ;  le  musée  de  peinture  [Pinacotheca),  qui 
contient  aussi  d'autres  collections,  est  un  vaste  bâtiment  du  style 
des  palais  romains,  eu  forme  de  galerie  terminée  à  chaque  extré- 
mité par  deux  ailes.  Le  monument  sépulcral  du  duc  de  Leuch- 
lenberg,  le  tombeau  de  la  princesse  Joseplia-Maximiliana,  le 
monument  de  Maximilien-Joseph,  en  face  de  la  place  Royale, 
l'entrepôt,  dans  le  style  des  palais  vénitiens,  et  le  pont  Louis  sur 
risaar  sont  aussi  des  œuvres  .de  Klen/.e,  alors  comblé  d'hon- 
neurs et  de  dignités.  Et  pourtant,  froissé  de  voir  Gartner  choisi 
comme  architecte  des  édifices  qui  allaient *orner  la  nouvelle 
Athènes,  Klenze  n'hésita  pas  à  quitter  la  Bavière  pour  se  rendre 
en  Russie  (où  il  avait  été  appelé  d'ailleurs  pour  terminer  l'église 
Saint-Isaac).  Il  y  élève  un  musée  (1851),  mais  revient  mourir  dans 
sa  patrie,  à  Munich,  le  20  janvier  1864. 

Klenze,  malgré  ses  immenses  travaux,  trouva  le  temps  de 
publier,  de  son  vivant,  plusieurs  ouvrages  sur  l'architecture  : 
Les  plus  beaux  restes  de  Porneinenlation  grecque  —  Desrri/jlion 
de  la  Glijjitotliètjue  —  Remarques  ap//oris(/ques  recueiUies  dans  un 
voyage  en  Grèce,  etc. 

On  comprend,  du  reste,  que  l'architecte  de  tant  d'oeuvres  exé- 
cutées presque  toutes  dans  le  môme  temps,  dut  avoir  des  colla- 
borateurs: nous  citerons  parmi  eux  Haring  (sans  autre  désigna- 
lion)  qui  prit  part  à  la  construction  du  ministère  de  la  guerre  à 
Municli.  Simon  Mayr,  né  dans  le  Tyrol  le  26  octobre  1779,  mort 
à  Muuicli  le  20  octobre  1840,  qui  avait  la  direction  technique  des 


134  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES. 

travaux  de  Klenze,  mais  fui  aussi  rarciiilecle  des  bains  de  Kreulz 
et  de  l'hôpital  de  Kempten  ;  Franz  Xavier  Joseph  Eichbeim,  né 
en  1800,  à  Nymplienbourg,  près  Munich.  Ce  dernier,  élève  de 
l'Académie  de  Munich,  fut  attaché  à  l'intendance  des  bfdimenls 
de  la  cour,  dès  182i;  c'esl  en  celte  qualité  qu'il  prit  part  à  la  re- 
conslruclion  de  la  cour  de  la  Piuacotheca,  à  la  construction  de 
la  résidence  royale  et  du  palais  du  duc  Maximilien  de  Bavière. 
Depuis  1829,  inspecteur  de  la  commission  royale  des  bâtiments 
à  Munich  et  professeur  à  l'École  d'architecture  depuis  1839, 
Eichbeim  est  peut-être  encore  vivant. 

xVutour  de  Munich,  à  Neusladt,  Johann  Michel  Voit,  né  à 
Ausbach,  le  13  décembre  1771,  élève  de  l'Académie  de  Berlin, 
essaye  d'échapper  à  la  tyrannie  du  classique  dans  la  construc- 
tion (1841-1844)  des  églises  de  Wilgartswiesen  et  de  Elstein, 
ainsi  que  dupetit  hôtel  de  ville  d'Annweiler,  etmeurtàAugsbourg 
le  30  octobre  1846,  laissant  un  fils  architecte  comme  lui  et  que 
nous  retrouverons  dans  la  seconde  période  architecturale  du 
xix"  siècle. 

Élève  de  l'Académie  de  Munich,  Johann  Gottfried  Gutensohn 
séjourna  en  Italie  de  1819  à  1827  et  y  publia  avec  Knapp 
l'ouvrage  intitulé  :  Denkmàle  der  Chnstlichen  Religion  oderSamm- 
lung  der  altesten  Kirchen  oder  Basilïken  (Rome,  1842)  et,  en 
collaboration  avec  Thiirmer,  une  collection  de  monuments  et 
d'ornements  des  S'v"  et  xvi'  siècles  de  Rome.  A  son  retour  en 
Allemagne,  il  construisit  le  Kursaal  ou  casino  de  Rrticknau,  un 
des  plus  riches  d'Allemagne,  et,  en  1844,  s'établit  à  Prague,  où 
sans  doute  il  est  mort,  à  une  date  inconnue  de  nous. 

Élèves  aussi  de  l'Académie  de  Munich  furent  Schierlinger, 
Schmiedtner  et  Solger.  Franz  Schierlinger,  né  à  Eibelstadt,  en 
1790,  fil  d'abord  son  droit  à  l'Université  de  Wurzbourg  et  ne 
tarda  pas  à  laisser  cette  étude  pour  celle  de  l'archilectare;  mais 
nommé,  en  1818,  au  grade  d'ingénieur  royal,  par  le  roi  de  Bavière, 
il  suivit  la  carrière  des  ponts  et  chaussées  et  ne  nous  est  connu 
que  comme  architecte  du  château  de  plaisance  de  Schweinfurt. 
Léonhardt  Schmiedtner,  né  en  1 802,  élève  de  Fischer  à  Munich, 
se  rendil,  en  1822,  en  Russie  et  en  Pologne  où  il  obtint,  de  la 
protection  du  grand-duc,  l'exécution  de  plusieurs  travaux  que 
nous  ne  connaissons  pas.  Plus  tard,  il  bâtit  à  Weilheim,  l'église 
de  l'hôpital  du   Saint-Esprit.  Schmiedtner  passionné  pour  un 


CHAPITRE   V.  135 

certain  «  roman  grec  »  a  élevé  à  Nuremberg,  dans  ce  style,  le 
théâtre  et  y  restaura  plusieurs  anciennes  maisons.  En  1845,  il 
fut  nommé  inspecteur  à  Landsluit;  mais  nous  ignorons  la  date 
de  sa  mort  aussi  bien  que  celle  de  Bernhard  Solger,  né  en 
1812,  à  Rcnlwiensdorf  en  jîavière,  élève  de  Gartner,  qui  fui, 
particulièrement,  un  restaurateur  du  style  ogival  en  Allemagne. 
Solger  a  construit  à  Nuremberg  l'hôpital,  la  banque,  l'école  de 
commerce,  le  nouveau  moulin  de  Catherine,  la  porte  Sainle- 
Marie,  la  morgue  au  cimetière  de  Saint-Roch,  l'église  profestanle 
à  Stein.  11  est  aussi  l'autour  des  mausolées  du  prince  de  Thurn 
et  Taxis  à  Ralisbonne  et  des  comtes  Puckler  à  Farnbach. 

A  cette  période  appartient  encore  Karl  Friedrich  Wiebeking, 
né  àWollin,  en  Poméranie,  en  l'année  1762,  et  créé  chevalier 
par  le  roi  de  Bavière  en  1817.  Non  pas  que  le  chevalier  Wiebe- 
king, qui  élait  un  ingénieur  remarquable,  ait  laissé  beaucoup 
d'uHivres  comme  architecte,  puisqu'on  ne  cite  de  lui  que  la 
maison  de  correction  de  Kaiserslautern  (1822);  mais  nous  som- 
mes heureux  de  rendre,  au  cours  de  notre  récit,  un  hommage 
mérité  à  l'écrivain  consciencieux  dans  les  ouvrages  duquel  nous 
avons  si  largement  puisé.  Outre  les  sept  volumes  ayant  pour 
tilre:  T Architecture  civile,  publiée  en  1828,  Wiebeking  a  encore 
écrit  en  français  :  Traité  contenant  une  partie  essentielle  de  In 
science  de  construire  les  ponts  (1 7  planches)  ;  — Mémoire  contenant 
les  améliorations  du  port  de  Venise;  —  Mémoire  sur  F  état  de 
rurchilecture  ciDile  dans  le  moyen  d(je\  — Analyse  descriptive, 
historique  et  raisonnée  des  monuments  de  l'antiquité,  etc.  (atlas 
contenant  38  cartes)  ;  —  Hydrographie  et  topographie  de  la  plus 
grande  partie  navigable  du  Rhin,  etc.  Wiebeking  est  mort  le 
29  mai  1842,  laissant  un  fils,  également  ingénieur,  dont  nous 
n'avons  pas  à  nous  occuper  ici. 

Voisin  du  royaume  de  Bavière,  le  Wurtemberg  compta  aussi 
un  certain  nombre  d'architectes  dont  les  travaux  furent  exécutés 
pendant  la  première  moitié  de  ce  siècle.  Nicolas  Friedrich  von 
Thouret,  né  en  1767  à  Stuttgart,  fut  élève  de  Karll,  puis  voyagea 
en  Italie  où  il  étudia  à  la  fois  les  chefs-d'œuvre  de  l'architecture 
et  delà  peinture.  Ason  retour,  il  fut  nommé  architecte  de  la  cour 
à  Stullgart  où  il  restaura  l'intérieur  du  nouveau  château  construit 
en  1756.  Gu'the,  qui  était  son  ami,  lui  demanda  un  château  près 
Weimar  et  lui  donna  ainsi  l'occasion  de  construire  le  théâtre  de 


136  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

cette  ville,  la  plus  considéral)le  de  ses  œuvres.  A  Stuttgart,  il  fut 
un  instant  en  butte  à  l'envie  et  dut  se  retirer  devant  l'architecte 
Salucci;  mais  on  lui  rendit  bientôt  l'estime  à  laquelle  il  avait 
droit  et  il  fut  nommé  clievalier  de  l'ordre  civil  de  Wurtemberg 
ainsi  que  président  de  l'École  des  beaux-arts  de  Stuttgart.  Cette 
ville  lui  doit  encore  la  rue  Royale  et  la  nouvelle  avenue  ainsi  que 
riiôpital  Catherine;  il  éleva  à  Sulzrain,  près  Canstadt,  une  fon- 
taine (1826)  et  à  Weill  une  maison  de  plaisance  pour  le  roi  de 
^^'urtemberg;  enfin,  en  1838,  il  fit  le  piédestal  de  la  statue  de 
Schiller,  œuvre  de  Thorwaldsen,  et  mourut  en  ISio.  Ce  Giovanni 
de  Salucci  dont  on  vient  de  lire  le  nom  était  probablement  de 
.Ahmtoue,  où  il  s'était  déjà  fait  connaître  par  des  additions  à 
l'église  Saint-Sébastien-et-Saint-Ândré.  Nous  le  trouvons  élevant 
à  Stuttgart,  vers  182o,  le  grand  hôpital,  la  chapelle  funéraire 
sur  le  Rolhenberg  hla.  mémoire  de  Guillaume  I"  de  Wurtemberg 
et  de  sa  femme,  sœuir  de  l'empereur  Nicolas  de  Russie,  dont  les 
tombeaux  sont  placés  dans  lacrypte  de  cette  église.  Salucci  érigea 
aussi  sur  le  Rosenslein,  près  Canstadt,  un  palais  de  plaisance 
pour  le  roi  ;  mais  on  perd  sa  trace  à  partir  du  moment  où  il  quitta 
le  Wurtemberg  en  1841,  membre  de  l'Académie  de  Stuttgart. 

Georges  Gottlieb  Barth,  né  le  21  juin  1777,  à  Stuttgart,  fit  ses 
études  d'architecture  à  Berlin  d'abord,  puis  à  Paris  et  à  Rome. 
C'était  un  classique  ;  aussi  ne  faut-il  pas  chercher  dans  les  édifices 
qu'il  construisit  à  Stuttgart  autre  chose  que  ce  que  présentent  la 
plupart  des  œuvres  architecturales  de  son  époque  :  le  palais  du  Par- 
lement, celui  des  Archives,  édifice  d'une  grande  noblesse,  le  musée 
des  beaux-arts.  La  grande  salle  de  l'Université  de  Tubingen  fui 
égalementl'œuvredeBarth  qui  mourut  à  Stuttgart  le  3janvierl  8 't8. 

Ouoiquc  connu  surtout  comme  écrivain  d'architecture,  Karl 
Marcel  Heigelin,  né  le  9  juin  1798,  fut  élève  de  F.  Fischer,  à 
Stuttgart  et  ensuite  de  Moller,  à  Darmsiadt.  Nommé  professeur 
à  l'Université  de  Tubingen  en  1823,  puis  à  Stuttgart  en  1829, 
il  fut  l'architecte  de  l'église  de  Berg,  près  Stuttgart ,  et  de  la  cathé- 
drale de  Rottenbourg.  11  a  donné  une  monographie  de  cette  der- 
nière, un  livre  intitulé  :  Instruction  siii'  f ancienne  arcliitecturc 
et  un  Manuel  (ï arrhitecture  économique. 

Karl  Ludwig  Wilhelm  Zanth,  né  le  6  août  1796  à  Breslau, 
mort  le  7  octobre  1857,  avait  étudié  l'architecture  à  Paris;  aussi 
avait-il  écrit,  en  1827,  avec  l'architecte  français  Hitlorff,  un  ou- 


CHAPITRE   V.  137 

vrage  sur  l'Architecture  antique  de  la  Sicile.  11  bâtit,  en  1834, 
pour  le  baron  Palolsay,  en  Hongrie,  un  village  avec  château  et 
(î'glise;  puis,  en  1839,  le  Ihéàlre  doCanstacU;  puis,  chargé  par 
le  roi  (iuillanme  de  Wuricmbergde  lui  construire  une  villa  près 
de  Slutlgart,  il  fil  sans  doute  appel  aux  souvenirs  de  son  voyage 
en  Sicile,  lorsqu'il  construisit  le  palais  de  la  «  Willielma'),  n'ad- 
mettant dans  sa  construction  que  les  formes  de  l'architecture 
mauresque,  mais  en  les  appropriant  toutefois  â  un  climat  bien 
différent  de  celui  où  se  trouvaient  ses  modèles. 

De  1839  à  18i0,  c'est  .M.  Jorg  Eberlein,  élève  de  Ileidclofl, 
né  le  13  avril  1809,  à  Leinden  en  Franconie,  qui  est  chargé  de 
la  décoration  intérieure  de  l'église  collégiale  de  Stuttgart.  De 
1840  à  1842,  il  travaille  à  la  forteresse  de  Cobourg  et,  de  1842 
à  18i4,  au  château  de  Lichtcnslein.  Après  avoir  collaboré  à  la 
construclion  du  château  de  HolienzoUern,  avec  Stuler,  M.  Eber- 
lein restaura  le  dôme  d'Erfurt,  le  cloître  d'Ascliaffenbourg, 
puis  il  bâtit  Saint-Emeran  et  deux  églises  protestantes  à  Nurem- 
berg, où  il  est  professeur  d'architecture  gothique. 

Avant  d'être  professeur  à  l'École  polytechnique  de  Stuttgart, 
Gustave  Adolphe  Breymann,  né  en  1807,  à  Blankenbourg  et 
élève  de  l'Académie  de  Berlin,  avait  construit  des  gares  de  che- 
mins de  fer  sur  la  ligne  de  Ïsarkœ-Sélo  à  Saint-Pétersbourg.  11 
fut  ensuite  l'architecte  de  l'IuMel  des  postes  à  Hambourg  et  de 
la  synagogue  à  Slutlgart,  où  il  est  mort  en  1859,  laissant  un 
ouvrage  assez  apprécié  sur  les  constructions.  Quant  à  J.  C.  Zeller, 
aussi  architecte  de  Slullgarl,  il  n'est  connu  que  par  les  palais  et 
villas  qu'il  construisit  dans  cette  ville  ou  dans  ses  environs  et 
par  l'ouvrage  qu'il  publia  en  1846  sous  le  titre  •.Monuments 
particuliers  de  Stuttgart;  aussi  ignorons-nous  les  dates  de  sa 
naissance  et  de  sa  mort. 

Le  lecteur  n'a  point  oublié  les  noms  de  Chiaveri,  de  Krubsa- 
cius,  de  Giesel,  etc.,  qui  couvrirent  Dresde  d'édifices  pendant 
que  s'écoulait  le  xviii"  siècle  ;  il  ne  sera  donc  pas  étonné  de  la 
rareté  des  onivres  archileclurales  et  des  arlistes  saxons,  pendant 
les  cinquante  premières  années  du  siècle  suivant.  Du  reste,  les 
crises  politiques  qui  agitèrent  le  royaume  de  Saxe,  de  180(i  à 
1815,  puis  encore  en  1830,  auraient  suffi  pour  y  arrêter  l'essor 
artistique  constaté  pendant  le  siècle  précédent.  Aussi  faut-il 
attendre  la  période  de  calme  qui  suivit  la  révolution  de  1830, 


158  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

pour  rencontrer  quelque  œuvre  arcliiteclurale  susceptible  d'une 
mention  telle  que,  par  exemple,  la  terrasse  de  Brûlil,  à  Dresde, 
ainsi  que  l'escalier  monumental  qui  y  conduit,  dont  l'auteur  fut 
Gottlob  Friedrich  Thormeyer,  élève  de  Hôlzer,  né  à  Dresde 
en  1773,  mort 'en  1842,  après  avoir  construit  les  bains  de 
Tliarand  et  de    Radeberg. 

Gottefried  Semper,  qui  appartient  plulnl  par  ses  œuvres  à 
la  deuxième  moitié  de  notre  siècle,  entreprit  de  populariser 
l'emploi  de  la  polychromie  en  architecture.  Né  à  Hambourg 
le  29  novembre  1803,  il  étudia  dans  sa  ville  natale  et  à  Alloua; 
puis  suivit  les  cours  de  mathématiques  à  l'université  de  Gœt- 
tingue.  Voulant  se  livrer  à  l'architecture,  il  entra  dans  un  atelier 
à  Vienne,  puis  à  Paris  où  il  resta  pendant  trois  années,  après 
lesquelles  il  visita  successivement  l'Italie,  la  Sicile  et  la  Grèce. 
De  retour  à  Dresde,  il  y  fut  nommé,  en  1834,  professeur  à  l'A- 
cadémie et  chargé  de  la  décoration  du  cabinet  des  antiques  au 
musée  royal,  trouvant  là  une  occasion  excellente  d'appliquer 
ses  procédés  de  polychromie.  De  1837  à  1838,  il  fut  l'architecte 
de  la  nouvelle  synagogue  et  de  l'hôpital  des  femmes,  à  Dresde  ; 
dans  la  construction  du  premier  de  ces  édifices,  il  n'hésita  pas 
à  faire  emploi  d'un  style  mélangé  de  byzantin  et  de  mauresque 
qui  a  été  imité  depuis  par  la  plupart  des  architectes  de  synago- 
gues. En  1843,  après  l'iru^endie  de  Hambourg,  il  concourut  pour 
la  construction  delà  nouvelle  église  Saint-Nicolas;  mais,  quoi- 
que il  eut  obtenu  le  premier  prix  à  ce  concours,  ce  fut  à  l'ar- 
chitecte anglais  Scott  que  l'on  confia  l'exécution  de  l'œuvre  et 
Semper  se  vengea  de  ce  jugement  en  défendant  son  projet  dans 
un  opuscule  intitulé  :  De  la  construction  des  églises  évangéli- 
rjues,  qui  dénote  chez  l'écrivain  une  instruction  réelle  alliée 
à  une  grande  élévation  de  sentiments.  D'un  esprit  fort  libéral, 
d'ailleurs,  Semper  ayant  pris  part  à  l'insurrection  de  Dresde 
(1848),  dut  s'exiler  après  la  défaite  de  son  parti.  Il  se  rendit  en 
Angleterre,  puis  passa,  en  1856,  à  Zurich,  oîi  il  fut  nommé  profes- 
seurde  construcUon  à  l'Ecole  polytechnique  fédérale  ;  mais  rappelé 
à  Dresde  en  18(i9,  pour  reconstruire  le  théâtre  dévoré  cette 
même  année  par  un  incendie,  il  appliqua  à  cette  construction 
terminée  en  1877,  les  formes  de  la  Renaissance.  Enfin,  à  Vienne, 
oîi  il  résidait  depuis  1871,  il  fit  un  plan  grandiose  pour  l'agran- 
dissement du  Palais  impérial  comprenant  les  deux  Musées  de  la 


CHAPITRE  y.  159 

Cour  et  un  Ihéâlre  {Durgtheatcr),  édifices  dont  nous  aurons 
à  reparler  lorsque  nous  ferons  la  biographie  de  Ilasenauer,  le 
collaboraleur  de  Semper.  Ce  véritable  artiste  est  mort  à  Uome,  le 
lo  mai  1879,  après  avoir  écrit  plusieurs  livres  eslimés,  «  l'Indus- 
trie, la  Science  et  Y XvU  [Ueber  Industrio ,  WïssenschaftundKxnst); 
Brunswick,  18o2;  «les Quatre  éléments  de  l'architecture  »  {Ueber 
die  vier  Elemente  der  Daukunst);  Ibid.,  1851;  «le  Style  dans  les 
arts  »  [der  Stil  in  den  Tcchnisclicn  iind  tecklonischen  Kiimteiû] 
Francfort,  1860-1863,  etc. 

Joseph  Thiirmer,  dont  nous  avons  prononcé  le  nom,  en 
donnant  la  biographie  de  Gutensohn,  fut  surtout  un  écrivain 
et  un  .professeur  distingué.  Né  à  Munich  en  1790  et  élève  de 
Fischer,  il  avait  obtenu,  en  1847,  le  grand  prix  d'archileclure 
et  fit  ainsi  le  voyage  de  Rome  où  il  fut  le  collaborateur  de 
Gulensohn  dans  les  circonstances  que  nous  avons  indiquées.  De 
Rome,  il  alla  avec  Iluebsch  et  Steger  en  Grèce;  mais  ne  donna 
pas  suite  à  son  projet  de  publier  un  ouvrage  sur  les  monuments 
d'Athènes  et  revint  s'installera  Dresde.  L'Académie  de  celte  ville 
le  choisit  pour  son  directeur  en  1827;  il  y  fut  l'architecte  de 
plusieurs  maisons  particulières  et  d'un  édifice  sans  importance, 
le  corps  de  garde  (Kœnigswarhé)  bâti  à  l'ouest  du  château  de 
Dresde  ;  il  mourut  en  1833  dans  un  voyage  qu'il  l;t  à  Munich. 

Ce  fut  un  architecte  du  nom  de  Nicolaï  qu'on  chargea  de  ter- 
miner, après  la  mort  de  Semper,  le  musée  de  Dresde.  Ce  Nico- 
laï fut  le  maître  de  Moritz  Hœnel,  dont  Tune  des  premières 
eouvres  fut  le  clocher  de  l'église  dite  église  des  Trois  Rois(Z*re//i«?- 
nigskirche).  Hœnel  construisit  ensuite,  toujours  à  Dresde,  la  Ma- 
ternité et  transforma  la  cour  dile  «  des  écuries  »  du  musée  du 
Johannœiiin.  Il  fut  également  le  constructeur  ou  le  restaurateur  de 
la  plus  grande  partie  des  châteaux  de  la  Saxe.  Mort  à  Dresde, 
le  3  janvier  1880,  Hœnel  appréciait  et  appliqua  souvent,  avec 
bonheur,  k  ses  œuvres  les  formes  de  la  Renaissance  allemande. 

Quant  à  Oscar  Mothes,  élève  de  Semper,  né  à  Leipzig,  le  27  dé- 
cembre 1818,  ce  fut  surlout  un  archilecte  d'églises.  On  compte 
comme  devant  lui  èlre  atlribuées  celle?  de  :  Lutchena,  Krosto- 
witz,  Lemsel,  Neukircher,  Carlsbad,  et  les  châteaux  de  Gross- 
chocher,  Schônfels,  Liebau,  Altenheim,  Schweinsburg,  Gand- 
litz.  Il  fut  aussi  le  restaurateur  de  ceux  de  Wiesenburg  et  de 
Droïslig,  mais  nous  ignorons  la  date  de  sa  mort. 


100  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

A  Leipzig  même,  quelques  t'difices,  en  petit  nombre,  à  relever 
pendant  cette  période  :  la  nouvelle  Bourse  de  la  librairie,  près  de 
l'église  Saint-Nicolas,  dont  la  grande  salle  a  servi  aux  exposi- 
tions régionales  de  l'industrie  et  des  arts  qui  eut  pour  auteur,  en 
1834,  Qentebrûch,  sur  lequel  nous  n'avons  aucun  renseigne- 
ment biographique,  el  la  salle  de  concert  [Geumndhaus),  que 
construisit  Jean  Friedrich  Karl  Dauthe,  né' en  1749,  à  Gross- 
hoclier,  mort  en  1816  (salle  qui  passe  encore  aujourd'hui  pour 
un  modèle  d'acoustique),  la  loge  des  francs-maçons  et  la  Bourse 
de  commerce,  ainsi  que  la  gare  bavaroise  de  Leipzig,  œuvres 
d'Edouard  Poetzch,  né  dans  celte  ville,  en  1803,  élève  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  de  Leipzig  (1818-1823)  et  de  colle  de 
Dresde  (1824-1825). 

Dans  le  duché  de  Saxe-Weimar,  nous  n'avons  à  citer  que 
l'auteur  de  la  «  Maison  romaine  »,  pastiche  de  temple  ionique 
bâti  dans  un  parc  appartenant  au  grand-duc,  aux  environs 
de  la  ville  de  Weimar,  par  un  architecte  hambourgeois  nommé 
Arends  'ou  Ahrens,  décédé  en  1808  après  avoir  élevé  plu- 
sieurs habitations  privées,  et  un  architecle  du  nom  de  Coudray, 
dit  aussi  le  chevalier  Coudray,  auleur  de  maisons  rurales  prises 
comme  modèles  dans  plusieurs  parties  de  l'Allemagne.  Un  de  ses 
biographes  ajoute  seulement  qu'il  donna  les  dessins  du  Pciita- 
zonii/in  Whnaric/ise,  gravé  par  Schwerdtgewirth  et  publié 
en  182o. 

Martins,  dont  nous  ne  connaissons  aussi  que  le  nom,  né  en 
1812,  mort  le  18  octobre  188o,  avait  étudié  avec  passion  le 
moyen  âge  allemand  ;  aussi  donna-t-il  la  forme  ogivale  qu'il  affec- 
tionnait à  presque  toutes  les  constructions  dont  il  futl'architecle 
à  Gorlitz  :  la  caserne,  l'hospice  central,  le  château  de  Landes- 
krone,  etc.  C'est  à  lui  que  la  ville  de  Gorlilz  doit  en  partie  son 
aspect  monumental. 

Ce  fut  aussi  un  admirateur  du  style  ogival,  que  l'architecte 
Théodor  Xruger,  qui,  né  le  16  mars  1818,  à  Schwerin,  avait 
étudié  l'architecture,  de  1838  à  1839,  à  Vienne  et  à  Berlin;  c'est 
dans  cet  esprit  qu'il  restaura,  en  1848,  l'église  de  Bœbel  et  environ 
quarante  autres  temples  parmi  lesquels  nous  citerons  seulement 
les  églises  de  Schwerin,  de  Giistrow,  de  Hohenviechenl,  de  Gru- 
benhagen,  il  construisit  aussi  Saint-Paul  à  Schwerin  et  trente 
autres    édifices    religieux  :    les  églises   de  Dietrichshagen,   de 


n^ 


(i"apres    Reynolds 


JAMES  PAINE 


CHAPITHE   V.  Itil 

Minzon,  de  Graii/.iii,  de  liurgrade,  de  Baniin,  etc.  Krugor  esl 
morl  le  27  septembre  1885. 

Le  palais  de  la  résidence  ducale  de  Saxe-Cobourg-Gollia,  ainsi 
que  la  salle  de  spectacle,  sont  dus  à  un  Français,  André-Marie 
Renié,  né  en  1789,  qui  l'ut  élève  de  Vaudoyer  et  de  Percier. 
Second  grand  prix  d'archileclure  en  1811,  il  avait  été  nommé 
inspecteur  des  travaux  du  Temple,  de  l'hôtel  du  ministère  des 
Finances;  c'est  alors  qu'il  entreprit  laconslruclion  des  bâtiments 
de  l'Ecole  polytechnique  à  Paris,  dont  on  connaît  sans  doute 
l'entrée  mesquine  et  sans  goût;  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de 
restaurer  le  palais  du  duc  do  Saxe-Meiningen.  Renié  mourut 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  de  l'ordre  ducal  de  Saxe, 
le  G  septembre  1853. 

Architecte  et  peintre,  Karl  Ottmer  naquit  à  Urunswick  en 
1800,  fît  ses  premières  études  dans  son  pays  natal  et  vint  les 
terminer  à  Berlin,  où,  en  1822,  il  obtint  plusieurs  succès  dans  les 
concours,  notamment  dans  celui  ouvert  pour  la  construction 
d'un  nouveau  tiiéàtre,  construction  dont  on  le  chargea.  L'édifice 
fut  commencé  on  août  1824.  Quelque  temps  après,  on  confia  à 
cet  artiste  l'édification  d'une  «  académie  de  chant  »  ainsi  que  celle 
d'une  salle  de  concert,  achevée  en  1827.  Ces  travaux  terminés, 
Ottmer  crut  qu'il  pourrait  encore  ajouter  à  ses  connaissances  par 
un  voyage  en  Italie.  Ses  pérégrinations  achevées,  il  fut  appelé  à 
Dresde  pour  donner  les  plans  d'un  nouveau  théâtre;  mais  l'exé- 
cution de  ce  projet  fut  différée.  De  retour  dans  son  pays  natal, 
Ottmer  obtint  le  titre  d'architecte  de  la  Cour  et,  lors  de  l'incendio 
de  la  résidence  priucière  de  Brunswick,  le  duc  Guillaume  le 
chargea  de  la  reconstruction  do  ce  château  ainsi  que  de  celle  du 
théâtre  qui  en  dépend.  La  première  pierre  de  cet  édifice  fut 
posée  en  mai  1820  et  l'achèvement  total  eut  lieu  en  1836. 
Ottmer  a  aussi  consiruit  à  Wolfenbuttel  le  nouveau  théâtre  du 
palais  du  duc  de  Brunswick  et  publia,  en  1830,  un  ouvrage  sur 
«  La  consiruclion  dos  Ihéâlres  '>. 

Georges-Adolphe  Demmler,  né  le  22  décembre  180i  à 
Gusirow,  dans  le  grand-duché  de  Mecklembourg,  et  mort  le 
2  janvier  1886,  dans  la  même  ville,  fut  élève  de  Schinkel  à  l'A- 
cadémie de  Berlin,  de  1819  à  1823.  Ildevint,  en  1837,  architecte 
de  la  Cour  et,  en  cette  qualité,  il  fit  les  plans  dos  principales 
constructions  alors  érigées  à  Schwerin  :  le  théâtre  (1836),  les 
m.  U 


102  LES   AHCIIITECÏES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

écuries  grand-ducales  (1839),  l'arsenal  de  Schwerin  (1840),  les 
portes  de  la  ville  (1841),  le  palais  grand-ducal  à  Schwerin  (1845). 
Pendant  les  travaux  de  ce  palais,  Demmler  éleva  la  chapelle 
funéraire  de  la  famille  grand-ducale,  mais  ayant  pris  une  part 
active  à  la  révolution  de  1848,  comme  Semper,  il  dut  abandon- 
ner son  pays  et  ce  fut  Sliiler  qui  termina  son  œuvre,  non  sans 
y  introduire  des  changements  dont  la  plupart  ne  furent  pas 
heureux. 

A  Cassel,  un  seul  nom  à  citer  :  celui  de  l'architecte  français 
Auguste-Henri-Victor  Grandjean  de  Montigny,  né  à  Paris  le 
la  juillet  1770.  Élève  de  Delannoy  et  de  Percier,  il  obtint  lo 
premier  grand  prix  d'architecture  en  1799  et  partit,  en  1802, 
pour  Rome,  où  il  séjourna  plusieurs  années.  En  1810,  il  eut  la 
chance  d'èlre  appelé  à  Cassel  par  Jérôme,  roi  de  Westphalie,  qui 
le  nomma  son  premier  architecte,  en  1812,  après  la  construction 
de  la  salle  des  États.  D'autres  édifices  furent  élevés  dans  celle 
ville  par  Grandjean  :  une  porte  monumentale  pour  les  écuries 
royales,  des  fontaines  publiques  et  un  théâtre  ;  de  plus,  il  réédifia 
presque  en  totalité  le  palais  du  roi.  Lorsque  snrvinrent  les  évé- 
nements de  1814  à  1813,  Grandjean  quitta  l'Europe  et  vint  s'éta- 
blir à  Rio  de  Janeiro  où  il  construisit  la  Bourse,  le  Palais  des 
beaux-arts  (1826),  de  nombreuses  villas  et  des  habitations  par- 
ticulières. En  1829,  à  l'occasion  du  mariage  de  Don  Pedro,  il 
fut  chargé  de  la  décoration  de  la  place  du  Palais  et  reçut  la 
rosette  d'officier  de  l'ordre  de  la  Rose*  puis  mourut  à  Rio  de 
Janeiro  en  1850,  après  avoir  publié  :  «  Recueil  des  plus  beaux 
tombeaux  exécutés  en  Italie  pendant  les  xv"  et  xvi°  siècles  » 
(Paris,  1813);  24  volumes,  et  «  A  rclii  lecture  de  la  Toscane  »,  etc., 
en  collaboration  avec  Famin  (Paris,  1813).  Ajoutons  pourtant  que 
le  palais  des  Chambres  à  Cassel  eut  pour  architecte  un  élève 
de  Jussow,  Jules-Eugéne  Rùhl,  né  à  Cassel  en  1796,  et  qui 
mourut  directeur  des  bâtiments  de  la  Cour  à  une  époque  que 
nous  ne  pouvons  indiquer.  Nous  n'avons  trouvé  aucun  rensei- 
gnement sur  Brumeis,  architecte  du  palais  de  l'Électeur  à 
Cassel. 

L'école  de  Hanovre  est  restée  jusqu'à  ces  dernières  années 
une  école  gothique  qui  a  imprimé  à  cette  ville  un  caractère 
ton!  particulier  dont  les  principaux  représentants  sont  :  Conrad- 
Wilhelm  Hase,  Opplcr  et  Luer. 


CHAPITRE  V.  103 

Le  style  golhique  presque  dominant  dans  celte  contrée  pour 
rarehiteclure  en  général  n'est  guère  en  usage  dans  le  reste  de 
l'Allemagne  que  pour  les  éditlcos  religieux,  mais  là,  dans  ce  do- 
maine, il  règne  en  souverain  incontestable. 

Dans  le  Hanovre,  nous  commencerons  la  série  des  architectes 
des  premières  années  du  siècle  par  Jorg  Ludwig  Laves,  né  à 
l'slau  le  18  décembre  1789,  mort  à  Hanovre  le  30  avril  1864. 
Élève  des  écoles  de  Cassel  et  de  Gœltingue,  il  est  l'auteur  du 
portail  du  cbàteau  de  Hanovre,  de  slylc  corinthien,  et  celui  du 
tbéàlre,  édifice  sans  grande  valeur,  consiruit  de  1845  à  1852.  H 
a  refait  aussi  l'intérieur  du  palais  de  la  liésidence  et  on  lui  doit 
le  Monument  de  Waterloo,  colonne  de  bronze  de  54  mètres, 
surmontée  de  la  statue  de  la  Victoire,  élevée  à  la  mémoire  de 
800  Hanovriens  tués  dans  cette  bataille. 

Vient  ensuite  Ernest  Ebeling,  né  à  Hanovre  en  1804,  élève 
de  Wittig  et  de  Weinbreunor,  à  Carlsrulie.  Après  avoir  étudié 
en  Italie,  Ebeling  rentra,  en  1829,  dans  sa  ville  natale  où  il 
déploya  une  grande  activité  comme  professeur  et  architecte. 
C'est  lui  qui  s'efforça  d'acclimater  dans  son  pays  l'architecture 
des  palais  florentins  et,  plus  tard,  le  style  gotliique  anglais.  Ha- 
novre lui  doit  l'école  polytechnique  dans  le  slyle  du  palais 
liicciardi  à  Florence,  l'arsenal,  l'école  des  Cadets,  le  parlement 
provincial  et  plusieurs  constructions  privées. 

Les  dépendances  de  l'Université  de  Gœttingue,  l'Observatoire, 
les  serres  cbaudes  du  jardin  botanique,  le  manège,  deux  nou- 
velles salles  de  la  Bibliothèque,  l'école  vétérinaire  et  une  église 
sont  aussi  de  celle  époque  et  eurent  pour  architecte  Justin 
MùUer,  né  en  1783,  mort  en  1824  (sans  autres  renseigne- 
ments). 

On  construisit  assez  activement  sur  les  bords  du  Rliin,  grâce  à 
la  présence,  dans  cette  contrée,  de  l'artiste  dont  le  principal  mé- 
rite fut  de  fonder,  à  Carlsruhe,  une  école  de  laquelle  sont 
sortis  plusieurs  arcbitectes  de  valeur  :  Huebsch,  Moller, 
Kisenlolir,  etc.  ;  Friedrich  Weinbrenner,  né  dans  celte  ville 
le  9  novembre  1706,  mais  qui  étudia  rarcliiteclureà  Home.  Nous 
le  trouvons,  en  1797,  à  Strasbourg,  architecte  dos  monuments  éle- 
vés aux  généraux  Desaix  et  Beaupuis  ;  de  là,  il  se  rend  à  Carlsrulie 
où  il  est  nommé  bientôt  directeur  général  des  édifices  publics  et 
chargé,  en  cette  qualité,  de  la  consiruction  delà  plus  grande  parlio 


164  LES    ARCHITECTES  PAU    LEUllS   œUVRKS. 

(le  ceux  qu'on  y  voit  mainlenanl,  à  l'exception  de  l'ancien  théâtre 
détruit  par  un  incendie  en  1847.  Ce  sont  :  l'église  catholique, 
l'église  protestante  avec  son  péristyle  de  douze  colonnes  corin- 
thiennes, l'hôtel  de  ville,  le  palais  des  Chambres,  la  synagogue, 
le  palais  de  la  Chancellerie,  le  laboratoire,  deux  des  entrées  de 
la  ville,  le  palais  de  la  Margrave  de  Ilochberg  et  celui  de  la  prin- 
cesse Frédéric,  la  grande  orangerie,  la  fontaine  publique.  A 
Baden-Baden,  ^^'cinbrenner  fut  rarcliilecte  du  casino,  du  théâtre, 
du  Salon  de  conversation  et  de  la  Halle  des  antiquités;  à  Kehl. 
de  la  caserne  et  de  la  porte  du  Rhin;  à  Leipsig,  du  théâtre;  à 
Scherzheim,  de  l'église.  Il  construisit  aussi  des  maisons  de  cam- 
pagne iiMainaUjprès  de  Strasbourg,  ainsi  qu'àCalharinenthalet  à 
Reitlerbeck,  à  côté  de  Carisruhe,  les  bains  de  Ilub,  de  Langen- 
steinbach  et  de  Sergertheim.  Weinbrenner  mourut  à  Carisruhe 
le  l"mars  1826  après  être  resté  classique  pendant  toute  sa  vie 
consacrée  à  combatire  la  tiansformation  de  l'archileclure  alle- 
mande. 

Le  premier  élève  de  Weinbrenner,  Heinrich  Huebsch,  né  à 
Weinsheim  le  9  février  1795,  et  élevé,  par  conséquent,  dans  le 
culte  de  l'architecture  rlassique,  se  prit,  au  sortir  de  l'école, 
d'une  passion  subile  pour  les  idées  de  la  Renaissance.  Cependant, 
deux  voyages  qu'il  fit  en  Italie,  de  1817  à  1819  d'abord  et 
ensuite  de  1822  h  1824,  refroidirent  son  enthousiasme  et,  en 
1824,  lorsqu'il  fut  nommé  professeur  à  l'institut  Staedlel  (de 
Francfort-sur-le-Mein),  son  retour  aux  principes  classiques  était 
définitif.  Mais  il  varia  encore  dans  ses  tendances  et  emprunta  au 
style  roman  l'arcliileclure  delà  plupart  de  ses  œuvres.  C'est  en 
ell'et  dans  une  sorte  de  roman  qu'il  a  habillé  à  Carisruhe  le  minis- 
tère des  finances  et  l'école  des  filles  (1828-1830),  l'école  poly- 
technique (1832-1836),  le  musée  (1837-18io),  le  théâtre  de  la 
Cour  (1847-1853),  les  haras  et  le  pénitencier  [Ziichthaus)  bâti 
d'après  le  système  cellulaire  (1845),  les  édifices  du  jardin  des 
plantes,  la  douane  elle  port  àMannhein;  à  Baden-Baden,  le 
pavillon  des  sources  [Trink/ialie),  les  églises  de  Zaisenhausen, 
d'Epfenbach,  de  Stagen,  de  Mulhausen  près  Pforzheim,  de 
Bulach  près  Carisruhe  (1837),  de  Rottweil,  do  Bauschlolt,  de 
Waitzen,  de  Durrheim.  On  attribue  à  Huebsch  (1828  à  1838)  la 
reconstruction  (avec  les  matériaux  de  l'ancienne  église  de  Then- 
nenbach)  de  l'église  prolcslante  de  Freiburg.  On  doit  également 


CHAPITRK  V.  165 

i(Miir  cûinple  à  lliiebscli  d'une  magnitiqiie  roslaui-alioa  de  la 
laçade  de  la  calliédrale  de  Spire  qu'il  exécuta  peu  avant  sa 
mort  arrivée  à  Carlsruhe  le  3  avril  1863. 

Klèrc  aussi  de  Weiubrenncr,  Friedrich  Theodor  Fischer, 
né  le  8  septembre  1803,  à  Carlsruhe,  crut  devoir  compléter  ses 
éludes  dans  les  ateliers  de  lluot  et  de  Gau,  à  l'aris.  Sa  ville  na- 
tale lui  doit  l'agrandissement  de  l'école  polytechnique  et  le 
lycée;  à  Frihourg,  il  éleva  l'école  de  médecine,  l'amphithéâtre 
d'anatoniie  et  la  clinique  de  la  Maternité  ;  l'hôtel  de  ville  de 
Tauberhischofsheim,  plus  de  trente  églises  catholiques  ou  proles- 
lautes,  ainsi  que  des  hôpitaux  dans  le  grand-duché  de  Bade. 
Fischer  est  mort  en  décembre  1867. 

Quoiqu'il  n'ait  pas  laissé  à  proprement  parler  d'œuvre  archi- 
tecturale importante,  Jacob  Friedrich  Eisenlohr,  né  à  Lôrrach, 
dans  le  grand-duché  de  lîade,  le  23  novembre  1805,  mort  à 
Carlsruhe  le  27  février  1834,  fut  considéré  en  son  temps  comme 
un  artiste  de  valeur.  Nommé,  en  1823,  professeur  à  l'école  poly- 
technique de  Carlsruhe,  il  fut  chargé  de  la  construction  des 
gares  et  stations  qui  dépendent  du  chemin  de  fer  hadois,  parti- 
culièrement sur  la  rive  droite,  de  Mannheim  à  Bàle.  Nos  voisins 
ont  baptisé  le  style  de  ces  bâtiments,  mélange  de  byzantin,  de 
gothique  et  de  romain,  du  nom  de  style  néogermanique,  quoique 
l'on  n'y  puisse  trouver  rien  d'allemand.  Eisenlohr  a  publié  divers 
ouvrages:  «  les  Monuments  du  moyen  âge  dans  le  sud-ouest  do 
l'Allemagne;  —  l'Architecture  de  bois  dans  la  Forêt-Noire  »,  et 
a  laissé  de  nombreux  projets. 

Nommons  encore  Johann  Zaïs,  architecte  de  Wurtemberg, 
inspecteur  des  constructions  en  1815,  auteur  du  Kursaal  de 
Wiesbaden,  mort  en  1820,  et  continuons  notre  visite  des  bords 
du  Hhin,  en  citant  le  nom  de  Craemer,  inspecteur  des  travaux 
publics,  chargé  en  1844  de  la  restauration  de  l'église  d'Aix-la- 
CJiapelle.  Architecte  du  nouveau  Ihéàlre  de  cette  ville  qu'il 
commença  en  1822  et  termina  en  1824,  en  le  faisant  pré- 
céder d'un  portail  ionique  octostyle,  il  fut  aussi  celui  de  la 
fontaine  Elise,  élevée  avec    la  collaboration   de  Rœssler   (i). 

(1)  Ici  se  iilurail.  la  liioyrapliie  tlo  J.-Clainle  de  I.assaiix,  ou  Las^aiilx,  aichilecte 
de  Cobleiitz,  que  nous  avons  fait  figurer  par  erreur  dans  le  volume  précédent. 
>é  en  1781,  de  I.assaux  n'est  mort  qu'en  1848  el  ses  œuvres  datent  de  notre 
siècle. 


ICr.  LES   ARCHITECTES  PAU  LEURS   OEUVRES. 

^é  en  1788,  Friedrich  Adolph  Ahlert  apparlenait  au  corps 
des  ingénieurs  des  pouls  et  chaussées  de  IVusse,lorsqu'en  1821 , 
il  fut  chargé,  avec  le  lilre  d'inspecteur  royal  d'architecture,  de 
faire  les  recherches  nécessaires  pour  commencer  la  reslaurntion, 
devenue  indispensable,  de  la  caihédrale  de  Cologne.  On  sait 
qu'en  effet,  convertie  en  magasins  à  fourrages  par  les  armées 
victorieuses  de  la  République  française,  puis  réduite  par  l'Em- 
pire à  l'état  d'église  paroissiale,  la  cathédrale  de  Cologne,  sans 
enlretien  depuis  plusieurs  années,  commençail  à  passer  à  l'état 
de  ruine.  Ahlert  succédait  à  l'architecte  Schinkel  et  se  trou- 
vait placé  sous  la  direction  supérieure  du  conseiller  intime 
Frank.  Dès  l'année  suivante  (1822),  et  grâce  au  subside  de 
200,000  francs  intelligemment  mis  à  la  disposition  d'y\hlert, 
la  toiture,  les  voûtes  des  basses-nefs,  les  fenêtres,  les  murs  du 
transept  méridional,  furent  repris  et  complèlement  reslaurés 
par  lui,  de  1824  à  1829.  Mais  il  y  avait  lieu  de  reconstruire  en 
entier  les  contreforts  qui  soutiennent  la  voûte  du  chœur,  et, 
en  1833,  au  moment  de  sa  mort,  l'architecte  n'en  avait  encore 
achevé  que  quatre,  du  côté  méridional. 

Pendant  qu'Alilert  était  absorbé  par  la  restauration  de  la  ca- 
thédrale de  Cologne,  Johann  Peter  Weyer,  qui  avait  étudié 
l'architecture  àParis,  construisait  dans  cette  ville  la  Cour  d'appel, 
l'entrepôt  et  la  nouvelle  école;  il  se  construisit  aussi  une  galerie 
de  tableaux  qui  fut  considérée  comme  une  des  curiosités  de  la 
ville,  et  mourut  à  Cologne  en  1864.  L'architecte  du  théâtre  fut, 
en  1823,  Mathias  Biercher,  né  dans  cette  ville  en  1797,  élève 
de  l'école  de  Berlin,  mais  qui  avait  parcouru,  en  étudiant,  la 
France  et  les  Pays-Bas.  On  confia  aussi  à  Biercher  le  palais  du 
gouvernement  et  la  restauration  de  l'ancienne  abbaye  cister- 
cienne d'Allenberg  ainsi  que  du  château  royal  de  Briihl  près  de 
Cologne  (1830);  mais  la  date  de  sa  mort  nous  est  restée  in- 
connue. 

Joseph  Felten,  élève,  lui  aussi,  de  l'académie  de  Berlin,  né  à 
Cologne  en  1797  et  mort  le  20  avril  1880,  se  contenta  d'abord 
d'être  le  collaboraleur  de  Stiilcr  au  palais  du  prince  Charles  de 
Prusse,  à  Berlin;  mais  il  s'établit,  vers  1831,  à  Cologne  qui  lui 
doit  le  musée  Walltraf-Richartz,  le  conservatoire  de  musique,  le 
casino  et  de  nombreuses  maisons  ou  villas. 

De  cette  première  période  du  siècle  sont  encore  ;  F.  M.  Has- 


CHAIMTUl!;  V.  It.-J 

semer,  collaboraleur  du  pcinlrc  Vcil  lorsqu'il  décora  l'Instilul 
de  Fiancforl-sur-le-Mein  et  auleur  de  la  cluipelle  funéraire  des 
])riiices  de  Hesse  dans  le  cinielière  de  celte  ville,  où  il  l'ut 
nommé,  en  1836,  professeur  de  dessin.  Né  à  Darmsiadt,  il 
mourut  en  1800,  laissant  un  ouvrage  sur  «  L'ornementalion  des 
mosquées  et  des  basiliques  ilaliennes  »  ;  Philippe  Lerch,  aussi  de 
Darmsiadt,  oti  il  étudia  l'architecture,  puis,  devenu  architecte  du 
grand-duc  à  son  retour  d'Italie  où  il  dessina,  en  1828,  l'église 
Saint-Paul  de  Rome  (depuis  à  peu  près  détruite  par  un  incendie), 
arcliilecle  du  palais  de  la  Uésidence  à  Darmstadl;  Franz  Heger, 
né  à  Worms  le  5  janvier  1792,  mort  à  Darmstadl  le  2  mai  1837, 
élève  de  Weinbrenner  et  de  Moller  doni  nous  allons  parler,  ar- 
chilccte  du  grand-duc  et  auleur,  en  1821,  dans  sa  ville  nalale, 
de  deux  casernes  qu'on  cila  dans  son  temps  comme  des  modèles. 
Du  reste,  il  écrivit,  en  allemand,  un  ouvrage  intilulé  :  «  Athènes 
et  ses  monuments  »,  à  la  suite  d'un  voyage  qu'il  fil  en  Grèce 
vers  1817. 

Jorg  Moller,  de  l'alelier  duquel  sortirent  plusieurs  des  archi- 
tectes de  la  Bavière  rhénane,  était  né  à  Diepholz  (Hanovre),  le 
21  janvier  1784  et  fui  élève  de  Weinbrenner;  mais,  lui  aussi, 
compléta  ses  éludes  par  un  voyage  en  Italie.  Nommé,  à  son 
retour,  architecte  du  grand-duc  de  Hesse,  il  préluda  aux  nom- 
breux travaux  qu'il  exécuta  par  la  construction  (182i)  de  l'église 
catholique  de  Darmsiadt  qui,  quoique  bâtie  en  briques,  doit  à 
sa  forme  (une  rotonde  de  41  mèlres  de  hauteur  soutenue  par  des 
colonnes  de  16  mèlres),  une  réputation  méritée,  et  par  la  nou- 
velle chancellerie  (1826);  puis  vinrent  l'église  catholique  de 
Densheim  (1830),  le  théâtre  de  Mayence  (1833)  et  la  coupole  de 
l'ég'ise  orientale, le  palais  de  la  Résidence  àWiesbaden.  Moller 
construisit  aussi  le  viaduc  d'OEsthale,  près  d'Aix-la-Chapelle, 
et  mourut  à  Darmstadl  le  13  mars  1852,  après  avoir  écrit 
plusieurs  ouvrages  dont  voici  les  litres  en  rranc:ais  :  1°  «  Monu- 
ments de  l'archilecture  allemande  »  (Darmsiadt,  1815,  2  vol.); 
2"  «  Documents  relatifs  à  la  doctrine  des  consiruclions  » 
(Darmstadl,  1835-1843,  6  part.,  in-folio).  Entui,  on  lui  doit 
la  découverte  du  dessin  original  de  la  cathédrale  de  Cologne 
qu'il   publia  en  9  jilanches  in-folio,  avec  texie,  de  1816  à  1837. 

Rudolph  Wiegmann  avait  aussi  éliidié  l'architcclure  dans 
l'alelier  de  Moller  avanl  d'aller  visiler  l'ilalie.  Né  le  4  ;î,vril  180i, 


10«  LES  AHCIHITECITES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

à  Adensen,  près  de  Hanovre,  il  devint  professeur  d'archileclure 
à  Diisseldorf  en  1839,  et  y  construisit  la  cliapellc  de  Lohauser; 
mais  son  œuvre  principale  est  la  reslauration  de  l'c^glise  Saint 
Salvator  de  Duisbourg,  de  1847  à  1832,  restauration  qui  lui 
fournit  l'occasion  de  comprendre  les  beautés  de  rarcliiteclure 
ogivale  et  qu'il  eut  le  temps  d'achever,  puisqu'il  mourut 
le  17  avril  1862. 

A  Dusseldorf,  deux  arcliilectes  se  partagent  les  travaux 
d'arcliileclure  exécutés  de  1800  à  18o0:  Peter  Joseph  Krahe, 
né  à  Manlieim  en  1758,  mort  en  1840,  professeur  de  perspec- 
tive à  l'académie  de  Dusseldorf,  commence  par  i-elever  les  ruines 
de  Pompéi  et  d'Herculanum  pour  l'ouvrage  de  d'Agincourt,  puis 
exécute  des  constructions  importantes  pour  le  duc  Cliarles-Guil- 
laume-Ferdinand  de  Brunswick .  Auteur  des  monuments  érigés  sur 
les  bords  du  Rhin  aux  généraux  Hoche  et  Marceau,  Kialie  fut 
aussi  l'architecte  du  roi  Charles  X,  exilé.  Karl  Albrecht  Krûger, 
né  le  23  février  1803  à  l'otsdam  et  élève  de  l'académie  de  lier- 
lin,  fui  nommé,  en  1 832, architecte  du  gouveiiiement,  à  Dussel- 
dorf. C'est  en  celle  qualilé  qu'il  reslaura  le  dôme  de  Xanten  et 
bâtit  les  hôlels  des  postes  de  Grefeld,  de  Vasbacb  et  de  Dussel- 
dorf; puis,  dans  cette  dernière  ville,  une  aile  de  l'académie,  ainsi 
que  le  tribunal  et  les  tribunaux  d'Essen  et  de  Wesel.  Kriiger 
est  mort  le  19  juillet  1878. 

De  larchilecte  Johann  Schrumpf,  nous  ne  savons  qu'une 
chose:  c'est  que  directeur  des  constructions  pour  le  duché  de 
Nassau,  c'est  lui  qui  érigea,  en  1824,  dans  la  cathédrale  de 
Speyer,  le  monument  pour  l'empereur  Ad.  de  Nassau.  A.  de 
Châteauneuf ,  élève  de  Weinbrenner  et  Ludolf,  qui  ne  nous  sont 
connus  (pie  par  Wiebeking,  furent  lous  deux  professeurs  d'archi- 
ture  à  Hambourg  et  donnèrent  dans  cette  ville  une  certaine 
impulsion  au  style  classique,  en  modiiiani,  vers  1826,  la  Bourse 
de  Hambourg  construite  par  le  Français  Baméo,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  dans  le  volume  précédent.  Huant  à  Daniel  Ramée,  fils 
de  celui-ci,  né  à  Hambourg  le  16  mai  1816,  dont  nous  ignorons 
la  morl,  il  accompagna  son  père  aux  États-Unis  et  en  Belgique 
et  s'attacha  particulièrement  à  l'étude  de  l'archileclure  ogivale, 
de  telle  sorte  que,  d'abord  membre  de  la  Commission  française 
des  monuments  historiques,  il  fut  bienlôt  chargé  par  le  minis- 
tère de  l'inlérieur  de  la  reslauration  des  cathédrales  de  Novon, 


GOTTFRIED   SEMPER 


CHAPITRIÎ   V.  169 

de  Senlis  et  de  Beauvais,  des  abbayes  Sainl-Uicquier  et  Sainl- 
Wiilfrand,  d'Abbeville,  des  égh'ses  du  Rut,  de  Saint-Leu  d'Es- 
serand,  de  Roy  et  de  Tracy,  près  Roueu.  Ramée  a  beaucoup 
écrit  sur  rarchilecture;  nous  nous  contenterons  de  citer  les 
ouvrages  suivants  composés  par  lui  :  «  Manuel  général  de  l'hisloire 
de  l'arcbitecture  chez  tous  les  peuples,  »  etc.  (2  vol.,  Paris,  1843); 
((  Histoire  de  rarcliitecture  en  France  depuis  les  Romains  jus- 
qu'au xvi°  siècle  »  (Paris,  1845);  «  Introduction  au  moyen  âge 
monumental  et  arcbéologique  »  (in-fol.,  1842);  des  monogra- 
phies de  cathédrales  de  toutes  les  parties  de  l'Europe  et  des 
arlicles  nombreux  dans  les  revues  françaises  et  anglaises,  etc. 

F.  G.  J.  Forsmann,  né  en  1795,  et  Karl  Wimmel,  né  à  Berlin 
en  1786,  ont  été  des  collaborateurs  assidus  :  c'est  à  leur  colla- 
boration que  sont  dus  les  portes  de  Berlin  et  de  Lubeck  à  Ham- 
bourg, le  grand  hôpital  du  Saint-Esprit  (1825  à  1827),  la  maison 
de  détention  et,  sur  le  plan  de  Schinkel,  le  théâtre  avec  un  rez- 
de-chaussée  garni  de  boutiques  et  des  foyers  d'une  dimension 
respectable,  la  nouvelle  Bourse  (I8i2),  le  gymnase  et  la  biblio- 
thèque (1837-1839).  Wimmel,  établi  depuis  1818  à  Hambourg 
dont  il  releva  le  plan  après  l'incendie  de  1842,  y  est  mort  en  1845. 
Pour  Forsmann,  il  étudia  l'architecture  dans  tous  les  édifices  de 
l'Allemagne,  de  la  France  et  de  rit»Iie,  fut  inspecteur  des  Ira- 
vaux  de  cette  ville  de  1827  à  1872  et  y  mourut  le  17  mars  1878. 

La  principale  œuvre  de  Karl  Johann  Ludecke,  né  en  1826  à 
Slettin,  élève  de  l'académie  de  Berlin  et  de  W.  Stier  etStiiler,  est 
la  nouvelle  Bourse  de  Breslau,  sur  la  place  Bliicher  ;  mais  on  lui 
doit  aussi  les  hôtels  de  ville  de  Striegau  et  de  Leobschiitz,  les 
châteaux  de  Koppitz  près  Grottkau,  de  Oberwitz  près  Oppeln,  de. 
Becliau  près  Neisse.  Nous  ignorons  s'il  est  encore  vivant.  Les 
noms  de  Paul  von  Kùhnel  et  de  Pack  sont  associés  lorsque  l'on 
cite  Saint-Lambert,  la  cathédrale  d'Oldenbourg,  dont  Kiilmel  lit 
le  projet,  mais  dont  il  put  à  peine  commencer  la  construction, 
étant  mort  en  1824.  Ce  fut  Pack,  son  neveu,  élève  de  l'académie 
de  Vienne,  qui  fut  chargé  de  l'exécution  des  travaux  en  1828; 
c'esttout  ce  que  nous  savons  de  lui.  Enfin,  unélève  de  Ungewiller, 
E.  Hildebrand,  élève,  vers  la  même  époque,  les  gymnases  de 
Flensbourg  et  de  Husum,  édifices  de  briques  avec  réminiscences 
du  style  ogival,  et  continue  la  publication  de  l'ouvrage  de  son 
maître  sur  <(  Les  Eglises  des  villes  et  villages  ». 


170  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

C'est  en  esclave  soumis  aux  règles  classiques,  que  Johann 
Gottlieb  Schlotzer  fit,  en  1817,  à  Berlin,  la  restauration  de  la 
H  0  f/i  ire  h  e{ég\ise  de  la  Cour),  construile,  nous  l'avons  dit  dans  le 
volume  précédent,  par  Boumann  père.  Sclilotzer  était  d'ailleurs, 
en  1795,  professeur  à  l'académie  de  Berlin  et,  en  1810,  meml)re 
de  cette  même  académie.  Classique  également,  Heinrich  Gentz, 
mort  en  1811,  qui  commença  en  1800,  en  lui  appliquant  une 
façade  dorique,  l'hôtel  des  Monnaies  de  Berlin  (détruit).  Pro- 
fesseur d'architecture  et  inspecteur  général  des  bâtiments  de 
Prusse,  puis  secrétaire  de  l'académie  de  Berlin,  Gentz  fut  éga- 
lement l'architecle  de  la  cliapelle  funéraire  de  Cliarlotlenbourg 
et  d'un  escalier  monumental  à  la  résidence  du  grand-duc  de 
Weimar.  Quant  à  Augustus  SoUer,  né  à  Erfurtle  14  mars  1805, 
mort  le  o  novembre  1853,  Berlin  lui  doit  la  Nouvelle  église  catho- 
lique, œuvre  considérable  qu'il  éleva ,  en  1 850.  dans  le  style  classi- 
que, quoiqu'il  ait  adopté  ensuite  le  style  ogival  dans  la  construc- 
tion de  l'église  de  IMiechowitz.  en  Silésie. 

Mais  l'artiste  qui,  pendant  un  quart  de  siècle,  fut  considéré 
comme  le  souverain  maître  en  archilecture  dans  les  Elats  prus- 
siens, est  assurément  Karl  Friedrich  Schinkel,néà  Neu  Ruppiu 
dans  la  Marche  de  Brandebourg  en  1781.  Schinkel  avait  eu  pour 
maître  Friedrich  Gilly,  né  Uii-mème  à  Berlin,  le  16  février  1771 , 
mort  à  Carlsbad  le  3  août  1800  et  que  l'on  peut  considérer 
comme  le  véritable  introducteur  en  Allemagne  du  style  classique 
grec;  mais  sa  mort  prématurée  ne  lui  permit  pas  de  mettre  h 
exécution  les  nombreux  projets  qu'il  avait  conçus,  notamment 
des  théâtres  de  Steltin  et  de  Kcenigsberg,  ainsi  que  du  monument 
à  la  mémoire  de  Frédéric  le  Grand,  projet  dont  la  vue  décida, 
disent  les  biographes,  la  vocation  de  Schinkel.  Il  est  à  regretter 
que  ce  dernier,  doué  d'une  incontestable  originalilé,  ait  préféré 
le  plus  souvent  s'en  tenir  à  une  imitation  non  déguisée  d'édi- 
fices qui  semblent  un  contresens  sous  le  ciel  de  l'Allemagne 
et  dans  un  milieu  moderne.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  nomenclature 
des  œuvres  de  Schinkel  édifiera  le  lecteur  sur  la  puissance  de 
production  et  la  fécondité  de  l'architecte  prussien. 

Commencé  en  1825  et  terminé  en  1830  par  Moser  et  Hesse 
dans  le  style  du  moyen  âge,  l'église  érigée  sur  le  marcbé 
Werder  est  cependant  une  exception  aux  tendances  architec- 
turales   de    l'artiste.    Long    de  60    mètres   et    d'une    hauteur 


CHAPITUK  V.  171 

de  29  mèlres,  rédilice  est  lermiiié  par  un  demi-hexaftoneet  cou- 
ronné par  deux  tours  de  48  mèlres  de  hauteur.  En  même  temps 
Scliinkel  surveillait  la  construction  du  Muséum  dans  le  Z,«.y///r/rto«, 
en  face  du  château.  C'est  un  carré  de  92  mètres  de  longueur  et 
de  59  mètres  de  profondeur,  pour  l'édilication  duquel  l'artiste 
eut  à  lutter  contre  l'inconsistance  du  terrain,  autrefois  occupé  par 
un  bras  delà  Sprée.  L'escalier,  large  de  30  mètres,  qui  conduit 
au  vestibule  et  le  vestibule  lui-même,  supporté  par  dix-huit 
colonnes,  ont  été  conçus  dans  un  certain  sentiment  de  nohlesse. 
Le  pont  du  Château  ((|ui  jusqu'en  1822  s'appelait  le  pont  des 
Chiens),  d'une  longueur  déplus  de  50  mèlres,  date  également  de 
celle  époque;  il  avait  été  précédé  par  le  Corps  de  garde  du  roi, 
placé  dans  l'alignement  de  l'arsenal,  d'après  le  modèle  d'un 
ancien  castrum  romain  précédé  d'un  portique  de  six  colonnes 
doriques. 

Le  théâtre  royal,  situé  sur  la  place  des  Gens-d'Armes,  fut  cons- 
truit de  1819  à  1820.  Nous  ne  parlerons  ni  du  péristyle  de  cette 
salle  ionique  hexasiyle,  ni  de  son  escalier  de  vingt-huit  marches; 
nous  dirons    seulement  que  le  passage   des  voitures  sous  cel 
escalier  les  abrite  contre  la  pluie  et  le  vent  et  que  le  parterre 
se  trouve  au  second  étage  du  théâtre.  Le  monument  élevé  sur 
le  mont  de  la  Croix  [Kreuzberg),  aux  environs  de  Berlin,  à  la 
mémoire  des  soldats  moris  pendant  les  guerres  de  l'Empire, 
se  compose  principalement  d'un  obélisque  en  fer  reposant  sur 
un  soubassement  orné  de  onze  niches,  dont  chacune  abrite  un 
génie  ailé.  IMus  lard,  en  1835,  Schinkel  élevait  l'observatoire  de 
Berlin,  d'après  le  programme  de  Humbolt,  et  l'école  du  génie 
et  de  l'artillerie,  entre  le   château  royal  et  le  pont.  Mais  ce 
n'esl  pas  seulement  à  Berlin  que  Schinkel  a  laissé  des  œuvres. 
En  1823,  il  donnait  le  dessin  du  casino  de  Fotsdam  et  le  plan 
du  théâtre  de  Lambourg  (élevé  de  1825  à  1827  par  Wimmer), 
ainsi  que  celui  de  l'observatoire  de  Bonn;  il  élevait  à  Polsdam, 
en  1837,  en  collaboration  avec  Persius,  l'église  Saint-Nicolas  en 
face  du  château  (moins  la  coupole  qui  est  due  aux  architectes 
Stuler  et  Prufer)  ;  puis  il  donnait  les  plans  des  châteaux  de  Babels- 
berget  de  Glienicke  (ce  dernier  résidence  d'été  du  prince  Charles 
de  Prusse),  construits  par  le  même  Persius  dont  nous  allons  donner 
la  biographie.  Ajoutons-y  le  monument  du  général  Scharnhorst, 
nue  fontaine  à  Aix-la-Chapelle,  la  vénerie  du  prince  lUid/iwil,  le 


»"2  LES   AHGHITECTES   PAR   LEUUS   OEUVRES. 

château  de  Krzescovie  pour  le  comte  Potocky,  des  modifications 
ù  l'intérieur  du  palais  des  Sciences  de  Berlin  et  au  cliùleau  de 
Charlotteiibourg.  Schinkel,  créé  chevalier  par  le  roi  Guillaume, 
directeur  général  des  bâtiments  de  Prusse  et  correspondant  de 
rinslilut  de  France,  est  mort  eu  1841. 

Nous  rappelons  ici,  pour  mémoire,  qu'un  arcliitecle  né  à 
Boiui  le  29  septembre  1789,  mais  de  parents  français,  Pierre 
Joseph  Lenné,  dessina  les  parcs  de  Babelsberg  et  de  Cliarlotten- 
bourg  (1820-1850),  créa  le  pavillon  de  Hardenberg  à  Polsdam, 
ainsi  que  la  Colonie  Russe  (1830),  à  Berlin  le  parc  appelé 
a  Tliiergarten  »,  l'école  d'iiorliculture  et  celle  d'arcliilecture 
naturelle.  Lenné  lit  aussi  le  |)lan  d'un  canal  au  sud  de  Berlin  et 
la  prison  de  Cobleulz  qu'il  assainit.  Nous  ajouterons  qu'il  est 
mort  en  1 865  et  que  son  nom  a  été  donné  à  une  des  places  de 
Berlin. 

Schadow  ainsi  que  F^ersius  achevèrent  les  créai  ions  de  Schinkel 
dont  ils  étaient  les  élèves.  Albert  Dietrich  Schadow,  né  à  Berlin 
en  1797,  devint  arcliitecle  de  la  cour  à  Potsdam,  à  son  retour 
d'Italie,  en  1835  et  il  y  bâtit  l'église  de  Nikelskoy;  en  1839,  il 
était  architecte  du  châleau  royal  à  Berlin  et,  en  1841,  construi- 
sait, dans  le  style  italien,  la  villa  de  la  princesse  Leignitz.  Quoi 
qu'il  soit  mort  seulement  le  7  septembre  1869,  Schadow  n'a  plus 
construit  depuis  1843  que  pour  des  parliculiers.  C'est  principale- 
ment à  Sans-Souci  que  se  trouvent  les  œuvres  de  Ludwig 
Persius,  né  à  Berlin  eu  I80i,  mort  à  Bome  en  1845,  architecte 
du  roi  Frédéric-Guillaume  IV.  Citons  les  habitaiions  des  jardi- 
niers de  Sans-Souci,  l'église  de  Sacrow,  la  fontaine  monumen- 
tale et  la  nouvelle  église  de  la.Paix,  construite  de  1845  à  1852  h 
l'entrée  du  parc  de  Sans-Souci  et  inspirée  à  l'architecte  par  la 
basilique  Saint-Clément  de  Bome.  Persius  ajouta  des  ailes  au 
châleau  de  Sans-Souci  et  en  dessina  les  jardins;  on  lui  doit 
aussi  le  fameux  moulin  en  slyle  mauresque  el  la  villa  Schouingen 
près  Potsdam.  Nous  avons  déjà  dit  qu'il  continua  le  châleau  de 
Babelsberg,  sur  le  plan  de  Schinkel  son  maître;  nous  ajouterons 
seulement  que  cette  construction  est  un  spécimen  très  complet 
des  châteaux  de  style  gothique  élevés  par  les  Anglais  depuis 
cinquante  années. 

La  galerie  des  peintres  vivants,  la  Bourse  et  l'église  Saint- 
Mathieu  à  Beilin  oui  eu  pour  archilecle  Augustus  Stûler,  né 


CHAPITRE  V.  173 

en  1799,  auleur  aussi  de  la  Bourse  de  Francfort  el  du  château 
du  grand-duc  de  Mecklembourg-Schwc^rin.  Stiiler  fut  appelé  à 
Saint-Pélersbourg  où  il  construisit,  avec  Strassof,  le  nouveau 
Palais  d'hiver.  Architecte  du  roi,  membre  du  Sénat  et  de 
l'Académie  des  beaux-arts  de  Berlin,  conseiller  supérieur  pour 
les  monumonls,  il  est  mort  ù  Berlin  en  1865,  membre  corres- 
pondant de  l'Académie  royale  de  Bruxelles  et  de  plusieurs 
sociétés  savantes. 

Le  palais  de  l'Universilé,  l'école  des  beaux-aris  et  le  musée 
des  arts  industriels  de  Berlin  sont  les  œuvres  d'un  élève  de 
Bœllicher,  Martin  Karl  Philippe  Gropius,  né  à  Berlin  le 
11  août  1824.  Au  sorlir  de  l'académie  de  celte  ville  il  voyagea 
en  France,  en  Ilalie,  en  Angleterre  el  en  Grèce,  puis  devint 
professeur  d'architecture  à  la  même  académie;  on  lui  doit  le* 
palais  Friedenlhal,  la  villa  Bleiclirœder,  à  Charlollenbourg,  et 
un  grand  nombre  d'aulrcs  constructions  privées  dans  le'goût 
classique  de  Scbinkel  :  liôpilaux,  élablissemenls  d'aliénés,  etc., 
qu'il  éleva  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1880. 

Le  palais  de  l'académie  et  la  nouvelle  église  de  la  Garnison, 
h  Berlin,  eurent  pour  archilecle  Martin  Friedrich  Rabe,  né  h 
Stendahl  en  1 77o.  Rabe,  qui  élait  élève  de  Daniel  Gilly,  fut  occupé 
de  1801  à  1804  à  la  construction  du  cbàleau  de  Weimar.  Profes- 
seur à  l'académie  des  beaux-arts  de  Berlin  depuis  1810,  il  est 
mort  dans  cette  ville  en  185G. 

Élève  aussi  de  Gilly,  Karl  Ferdinand  Langhaus,  né  le  14  jan- 
vier 1781,  à  Breslau,  s'était  déjà  fait  connaître  par  des  Iravaux 
considérables,  lorsqu'il  fut  chargé,  en  1843.  par  le  roi  Frédéric- 
Guillaume  IV  de  la  construction  de  l'Opéra  de  Berlin  incendié  le 
18  août  de  celle  même  année.  Il  avait  élevé,  notamment  en  1819, 
le  monument  de  Bluclier  à  Breslau  et,  en  1824,  la  Bourse  de 
cette  même  ville;  puis,  de  1834  à  1836,  le  palais  du  prince  Wil- 
helm  à  Berlin.  E^rigé  en  quatorze  mois  sur  les  fondements  de 
l'ancienne  salle,  l'Opéra,  dans  son  ensemble,  a  la  forme  d'un 
temple  grec;  la  façade  principale  se  compose  d'une  colonnade 
corinthienne  hexastyle  supportant  un  fronton  couronné  par  une 
statue  d'Apollon  el  orné  de  bas-reliefs  de  Bilschel  ;  un  autre  fron- 
ton termine  la  façade  opposée  à  la  façade  principale.  On  di(  que 
la  distribution  de  l'Opéra  de  Berlin  peut  soutenir  la  comparaison 
avec  celle  des  principales  salles  de  spectacle  de  F  Europe.  Lang- 


174  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS    OEUVRES. 

Iiaus  reconslriiisil  t-galement  les  théâtres  de  Dossau  et  de  Bres- 
lau  et  donna  les  plans  de  ceux  de  Leignitz.  de  Stetlin  et  par- 
ticulièrement de  Leipzig  qui  est  un  des  plus  beaux  de  l'Allemagne. 
Ce  dernier  édifice,  composé  de  trois  bâtiments,  a  sa  façade 
sur  l'Augustœum  Flatz,  précédée  d'un  avant-corps  à  trois  ouver- 
tures avec  un  premier  étage  orné  de  pilastres  et  de  colonnes 
de  style  corinthien;  les  façades  latérales  sont  ornées  de  deux 
frontons;  une  loggia  de  six  colonnes  corinthiennes  avec  fronton 
et  baignée  par  le  lac  des  Cygnes  s'étend  de  chaque  côté  de  la 
salle;  elle  est  le  rendez-vous  des  spectateurs  pendant  les  entr'actes. 
Langhaus  est  mort  h  Berlin  le  23  novembre  18G9. 

VViebeking  attribue  à  un  architecte  allemand  du  nom  de 
Bourmann,  la  construction  du  Conservatoire  de  musique  de 
lierlin  et  du  théâtre  situé  dans  le  faubourg  de  Kœnigstadl.  Nous 
n'avons  trouvé  aucun  document  qui  détruisit  ou  contirniât  le 
renseignement  donné  par  Wiebeking. 

La  notoriété  de  Karl  Scheppig  est  duc  surtout  h  sa  collabo- 
ration, avec  Schinkel,  àla  restauration  de  l'église  de  Jérusalem, 
à  Berlin,  en  1830  ;  il  était  né  dans  cette  ville  le  18  janvier  1803, 
et  fut  l'un  des  élèves  les  plus  fidèles  de  Schinkel,  puis  son 
collaborateur.  Grand  prix  d'architecture  en  1831,  il  parlait 
en  1832  pour  l'Italie  et  y  étudiait  avec  ardeur  les  restes  de  l'ar- 
chitecture romaine.  Mais,  à  son  retour  en  Allemagne,  choisi 
par  le  prince  de  Schwarzenbourg  pour  la  reconstruction  de  son 
château  de  Sondershausen,  il  passa  presque  toute  sa  vie  au 
service  du  prince,  dans  une  localité  où  il  ne  pouvait  guère  exercer 
ses  talents  et  mourut  le  22  février  1885. 

Elève  aussi  de  l'Académie  des  beaux-arts  de  Berlin  et  de 
Schinkel,  Johann  Heinrich  Strack,  né  à  Buckebourg  le  24  juil- 
let 1805,  débuta  comme  collaborateur  de  son  maître  dans  la 
<lécoration  des  appartements  du  prince  héritier  Frédéric-Guil- 
laume IV;  puis,  de  1828  à  1832,  par  la  reconstruction  des  palais 
des  princes  Charles  et  Albert.  Dans  sa  jeunesse,  Slrack  s'était 
occupé  de  publications  d'architecture  et  avait  fait  de  nombreux 
projets  pour  les  manufactures  royales  de  porcelaine  et  les  fon- 
deries de  fer.  En  1839,  nommé  professeur  d'archileclure  à  l'a- 
cadémie des  beaux-arts  de  Berlin,  puis  architecte  du  prince  de 
Prusse  (devenu  Guillaume  L'),  il  termina,  en  cette  qualité,  la  rési- 
dence de  Babelsberg  à  laquelle  avaient  travaillé,  nous  l'avons 


CHAPITllE   V.  175 

dit,  Schinkel  el  Persius.  Le  jardin  d'iiiver  annext^  au  palais 
royal  de  Berlin  est  égalemeiil  l'œuvre  de  Strack,  mais  sa  pre- 
mière œuvre  architecturale  est  la  galerie  Raczynski;  il  continua, 
de  1846  à  1830,  par  l'érection  de  l'église  Saint-Pierre,  de  1853 
à  1856,  par  celle  de  l'église  Saint-André  et  de  1856  à  1858  par 
celle  du  palais  du  prince  héritier.  Tous  ces  travaux  à  Berlin. 
Nous  ne  parlerons  pas  des  constructions  particulières  de  Strack 
qui  témoignent  de  sa  fécondité  et  de  la  variété  de  son  talent; 
nous  ne  devons  pas  oublier  pourtant  qu'il  est  l'auteur  de  la  co- 
lonne de  la  Victoire  sur  la  place  Royale  de  Berlin  et  de  plusieurs 
autres  monuments  comniémoralifs.  Strack  eut  une  grande  in- 
fluence comme  maître,  et  continua  la  tradition  de  l'enseignement 
de  Schinkel  jusqu'à  sa  mort  arrivée  à  Berlin  le  13  juin  188(1. 

Beau-frère  et  élève  de  Schinkel,  mort  en  1 858,  Wilhelm  Berger 
fut  son  collaborateur,  lors  de  la  construction  du  théâtre  royal, 
de  1818  à  1821  et,  peut-être  aussi,  du  corps  de  garde,  de  1816 
à  1818.  Nous  le  retrouvons,  en  1855,  à  Haidhausen,  architecte 
d'une  église  sur  un  plan  ogival  qu'il  n'eut  pas  le  temps  d'achever. 
Comme  le  précédent,  l'architecte  Bûrde,  élève  de  Schinkel,  col- 
labora à  la  plupart  des  édifices  exécutés  à  Berlin  sur  le  plan 
du  maître  et  notamment  au  Muséum  ;  il  fut  seul  l'architecte 
du  palais  du  prince  Adalbert,  sur  la  place  de  Leipzig,  à  Berlin, 
mais  nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  la  naissance  et  la 
mort  de  Biirde. 

Une  des  rues  principales  de  Berlin,  la  \\ilhelmstrasse,  est 
presque  tout  entière  l'œuvre  de  Gustave  Vorherr,  né  à  Kreu- 
deustadt  près  Ausbach,  le  19  octobre  1778.  Après  avoir  fait  ses 
études  d'architecture  à  Berlin,  Vorherr  vint  les  compléter  à 
Paris;  puis,  dans  ses  voyages  en  France,  en  Angleterre,  en  Hol- 
lande et  en  Suisse,  il  puisa  des  connaissances  qu'il  mit  plus  tard 
en  pratique  dans  son  pays  ;  architecte  du  prince  d'Orange,  il 
commença  par  l'édification  du  château  Gortz  Scblitz,  de  1803 
à  1806;  puis,  en  1809,  arcliitecte  impérial  à  Fulda,  il  construisit 
un  grand  nombre  d'églises,  d'écoles  et  de  maisons  particulières. 
Nommé  inspecteur  à  Munich,  en  1810,  il  donna  le  plan  du  nou- 
veau cimetière  de  cette  ville,  dont  le  fond  est  composé  de  quatre- 
vingt-treize  arcades  placées  en  demi-cercle;  un  toit  réunit  ce  por- 
tique aux  murs  de  clôture  et,  au  centre  de  cet  ensemble,  s'élève 
la  salle  où  sont  provisoirement  déposés  les  morts,  pour  éviter 


nn  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

le  danger  des  inliuinalions  précipitées.  Aiileur  d'un  ouvrage 
relatif  à  la  «  Direction  à  donner  h  rarchilecture  publique  en 
Bavière  »,  Vorlierr  mourut  le  1"  octobre  1818. 

L'académie  des  arts  et  métiers  de  Berlin  et  le  gymnase 
royal  (niillaume  sont  les  œuvres  d'un  arcliilecte  berlinois,  Adol- 
phe Lohse,  né  le  30  août  1807.  De  1838  à  1840,  il  éleva  le 
palais  du  commandant  général  à  Francfort-sur-l'Oder  et,  de  1850 
à  18o5,  la  résidence  d'été  du  prince  Albert  de  Prusse  îx  Findlate 
près  Dresde,  une  des  plus  somptueuses  de  l'Allemagne.  Lohse 
fut  aussi  chargé  de  la  restauration  intérieure  des  églises  Sainte- 
Sophie  et  de  laTrinilé,à  Berlin,  où  il  mourut  le  15  janvier  1807. 

Nous  terminerons  cette  esquisse  biographique  des  architectes 
du  nord  de  l'Allemagne,  pendant  les  premières  années  du 
siècle,  en  mentionnantes  noms  de  trois  ou  quatre  artistes  qui, 
s'ils  ne  laissèrent  pas  derrière  eux  d'œuvres  architecturales 
susceptibles  d'attirer  l'atlenlion  de  l'homme  de  la  profession 
ou  du  touriste,  n'en  ont  pas  moins  exercé,  par  leurs  ouvrages 
écrits,  une  intluence  considérable  sur  l'architecture  de  leur 
temps.  Ce  sont:  Gustave  Wilhem  Stier,  qui,  de  1823  à  1825, 
parcourut  l'Italie  et  la  Sicile  avec  les  architectes  Hittorff  et 
Zanth  et  résuma  ses  études  sur  les  »  Habitations  particulières 
des  Grecs  et  des  Romains  »  à  l'assemblée  des  architectes 
de  1842;  il  y  présenta  aussi  une  restauration  du  Laurentinum 
de  Pline  qui  provoqua  de  nombreuses  discussions.  En  1841, 
membre  de  l'académie  des  arts  de  Berlin  dont  il  é[ait  professeur 
et,  en  1843,  de  l'inslitut  archéologique  de  Home,  Stier  a  laissé 
des  plans  que  leur  fantaisie,  plus  apparente  que  réelle,  fit  rejeter 
par  les  classiques  de  son  temps.  Ludwig  Théodore  Liman,  né 
en  1788,  élève  de  Percier  et  professeur  à  l'académie  de  Berlin, 
mourut  malheureusement  trop  lot  pour  l'art  (1  i  décembre  1820) 
à  Alexandrie  (Egypte),  où  son  gouvernement  l'avait  envoyé  avec 
une  mission  scientifique  ;  plus  heureux,  Karl  Freiherr  Haller, 
né  à  Nuremberg,  accompagna  le  baron  de  Slackelsberg  et  le  che- 
valier Brondsted  dans  leur  voyage  en  Grèce  où,  aux  trois  archéo- 
logues se  réunirent  bientôt  les  Anglais  Cockerell  et  Forsler.Dela 
collaboration  de  ces  savants  résulta  pour  l'Europe  une  véritable 
révélation  de  l'art  grec  enfoui  avec  les  ruines  d'Egine  et  de  Car- 
Ihaca.  Plus  modeste,  Ludwig  Friedrich  Catel,  né  en  1776  à 
Berlin,  où  il  mourut  en  181 9,  se  contenta  d'écrire  quelques  opus- 


F    VON   GARTNER 


GHAPITIU':  V.  177 

Cilles  sur  <<  l'amélioralion  des  théâtres,  l'architeclure  militaire, 
la  construction  des  églises  protestantes,  le  ciiautrage  à  vapeur 
d'eau,  etc.  "Cependant,  comme  il  fonda  à  Berlin  une  fabrique  de 
mosaïques  qui  eut  une  certaine  renommée  de  180i  à  1806,  et  fut 
le  créateur,  en  1814,  delà  Société  des  artistes  de  Berlin,  comme, 
d'un  autre  côté,  on  lui  doit  un  château  en  Pologne  (1808)  et  la 
restauration  du  château  de  Brunswick  (1809),  Catel  avait  sa  place 
marquée  dans  notre  ouvrage. 


12 


CIIAIMTKE    VI 

Création  à  Saint-Pétersboury  d'une  Académie  des  beaux-arts  avec  des  professeurs 
français.  — Caractères  classiques  de  tous  les  édifices  russes  du  commencement 
du  xix='  siècle.  —  Influence  de  l'empereur  Nicolas  sur  les  destinées  de  Tarchi- 
lecture  en  Russie.  ■ —  Adoption  officielle  du  st3'le  byzantin  dans  la  construc- 
tion des  édifices  religieux  russes.  —  Eu  Pologne,  l'architecture  reste  classique 
et  française.  —  La  Suède  et  la  Norvège  voient  s'élever  seulement  quelques 
édifices  d'utilité  publique;  mais  de  l'université  de  Copenhague  sortent  de 
véritables  artistes  qui  laissent  en  Danemark  et,  même  hors  du  Danemark,  des 
u'uvres  architecturales  considérables. 


A  l'influence  italienne  qui  avait  produit  l'Assomption  de 
Moscou  succéda,  au  xviii"  siècle,  nous  l'avons  dit,  l'influence 
française  représentée  par  Leblond,  Yallin  de  la  Mothe,  Aniou- 
dru,  etc.  Mais  une  académie  s'était  fondée,  en  1724,  à  Saint- 
Pétersbourg,  sous  le  litre  d'  c<  .Académie  impériale  des  Sciences  », 
puis,  quelques  années  plus  lard,  en  1704,  une  «  Académie  des 
Beaux- Arts  »  dont  les  règlements  étaient  une  copie  des  statuts  de 
noire  Académie  d'alors.  On  commence  à  enseigner  l'architecture 
aux  jeunes  Russes;  aussi  ne  devrons-nous  pas  nous  étonner  de  voir 
s'élever,  en  Russie,  dès  le  commencement  du  siècle  suivant,  des 
édifices  créés  par  des  architectes  nés  dans  ce  pays  :  Kokerino"W, 
par  exemple,  qui  acheva  le  palais  des  Beaux-Arts  ou  l'institul, 
construit  dans  le  quartier  Basiliefskoi  Ostrof,  par  Yallin  de 
la  Molhe,  vaste  édifice  formé  de  quatre  avant-corps  et  compre- 
nant un  théâtre,  une  salle  d'antiques  et  des  logements  pour  les 
professeurs;  les  deux  Michailow,  André  et  Mathieu,  le  second 
architecte  (1825)  du  Ihéàtre  l'etrowslvi  à  Moscou  et  de  l'église 
Sainte-Catherine  à  Saint-Pétersbourg  (église  en  forme  de  croix 
grecque  précédée  d'un  portique  octostyle)  et  d'une  partie  des 
bâtiments  en  arrière  de  l'inslilul  ;  le  premier,  second  prix 
d'architecture  de  l'académie  des  arts  en  1797,  dont  on  ne  cile 


CHAPITHH   V(.  179 

aucun  édifice  public,  mais  qui  fut  presque  jusqu'à  sa  morl  pro- 
fesseur d'architecture  à  cette  académie. 

Andrei  Nikophorowitch  Woronichin  ou  Waronchin,  né 
en  i  760,  fut  d'abord  serf  du  comte  Strogonow,  qui,  reconnaissant 
ses  apliludes  remarquables  pour  le  dessin,  le  fil  étudier  à  l'Aca- 
démie de  Moscou.  Aussitôt  après  avoir  terminé  ses  études,  sous  la 
direction  de  Bazhenow  et  de  Kazakow,le  jeune  Ivan,  protégé  par 
l'empereur  Paul  I"  (1790),  concevait  le  plan  d'une  église  métro- 
politaine élevée  à  Saint-Pétersbourg  et  dépassant,  en  étendue, 
toutes  celles  qui  existaient  alors  dans  l'Extrême  Nord  de  l'Europe  ; 
on  posait,  en  effet,  en  1801,  la  première  pierre  de  «  la  Mère  de 
Dieu  de  Kasan  ».  Pour  la  construction  do  cet  édifice,  l'arcbitecte 
s'inspira,  dit-on,  de  Sainl-Pierre  de  Rome.  Toujours  est-il  qu'il 
occupe  une  superficie  de  14  000  mètres,  que  Irois  portiques  com- 
posés de  cinquante  colonnes  de  style  corinthien  d'environ 
13  mètres  de  hauteur  ornent  sa  façade  principale  et  les  entrées 
des  transepts,  à  la  croisée  desquels  s'élève,  à  une  hauteur  de 
42  mètres,  une  coupole  hardie  de  15  mètres  d'ouverture.  L'édi- 
fice eut  d'ailleurs  besoin  d'une  restauration  en  1830,  mais  Woro- 
nichin, créé  conseiller  d'Etat,  était  mort  le  5  mars  1814  après 
avoir  restauré  la  terrasse  du  palais  Strelna  et  fait  la  colonnade 
des  jardms  Petorliof. 

Ce  fut  aussi  un  architecte  d'églises  que  Stackenschneider, 
Allemand  sans  doute,  mais  élève  de  l'académie  de  Saint-Péters- 
bourg, qui  fut  chargé,  en  1837,  de  l'érection  du  palais  Cololma, 
puis  du  palais  d'élé  du  duc  de  Leuchtenberg  ;  malheureusement, 
les  renseignements  biographiques  sur  cet  artiste  nous  font  com- 
plètement défaut. 

La  Bourse  de  la  capitale,  commencée  en  1806,  mais  dont  la 
construction,  interrompue  par  les  expéditions  de  Napoléon,  ne 
se  termina  qu'en  1816,  eut  pour  architecle  un  Français  réfugié 
qui  s'appelait  Thomas  de  Thomon,  né  en  1756  à  Paris,  où  il 
s'était  déjà  fait  connaître.  Bâti  sur  le  bord  de  la  Neva,  l'édi- 
fice est  précédé  d'un  vaste  péristyle  à  deux  rangs  de  colonnes, 
surmonté  d'un  groupe  de  grande  dimension.  Fait  architecte 
de  l'empereur  de  lUissie,  de  Thomon  dessina  la  place  qui  s'étend 
devant  la  Bourse,  place  flanquée  à  chacune  de  ses  extrémités 
de  deux  colonnes  rostrales  rappelant  celles  de  la  place  des 
QuinconcesdeBordeaux.il  fut  aussi  (1803)  l'architecte  du  Grand 


180  LES   AHCHITliCTKS   PAU  LEURS   ŒUVRES. 

Théùlre  de  Saint-Pétersbourg,  après  le  premier  incendie  qui 
dévora  cet  édifice  bail  sons  Catherine  II  par  un  étranger  appelé 
Maddoks'  et  mourut  dans  cette  \ille  en  1814. 

En  1821 ,  c'est  le  lliéâtre  de  Moscou  qu'élève  l'archilecte'Bové, 
dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom,  théâtre  précédé  d'un  pé- 
ristyle de  huit  colonnes  d'ordre  ionique,  mais  qui  fut  brûlé  en 
1854.  Albert  Cavos,  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  de 
Saint-Pétersbourg,  fut  chargé  de  sa  reconstruction,  en  y  ap- 
portant toules  les  améliorai  ions  signalées  dans  les  princi- 
pales salles  de  spectacle  de  l'Europe.  L'édifice  fut  inauguré  le 
i"  septembre  1857,  lorsdu  couronnement  de  l'empereur  Alexan- 
dre II,  qui,  à  celle  occasion,  décora  l'artiste.  Saint-Pétersbourg 
lui  doit  également  le  théâtre  Impérial,  le  grand  cirque,  l'hôlel 
des  postes.  Cavos  fut  aussi  l'architecte  du  théàlre  de  la  Cour  à 
Peterhof,  de  celui  de  CaminierstrolT  et  d'une  chapelle  russe  à 
Paris.  Il  est  mort  à  une  date  ignorée  de  nous,  laissant  un 
<(  Traité  de  la  Construction  des  Hiéâtres  ».  Architecte  de  la  Cour, 
Brenna,  dont  l'origine  nous  est  inconnue,  fut  chargé  de  trans- 
former en  théâtre  la  bibliothèque  impériale.  En  1802,  il  termina 
l'église  d'isaac  commencée  par  un  architecte  allemand  nommé 
Stengel,  fut  appelé  au  conseil  d'État  en  1814  et  mourut,  lais- 
sant de  nombreux  projets  fort  bien  dessinés,  à  une  époque  que 
nous  ne  pouvons  préciser. 

Le  théâtre  Alexandra  de  Saint-Pétersbourg  fut  l'œuvre  d'un 
architecte  nommé  Rossi,  auteur  également  du  palais  Michel  et 
d'une  partie  de  la  bibliolhèque  impériale  en  façade  sur  le  square 
Alexandra.  Ces  divers  Iravaux  furent  exécutés  par  Rossi  de  1810 
à  1830,  c'est  tout  ce  que  nous  savons.  Le  théàlre  Michel  date  de 
1833  et  eut  pour  architecte  Alexander  Brulloff,  professeur  à 
l'académie  des  beaux-aris  de  Saint-Pélersbourg,  membre  de 
l'Institut  des  architectes  britanniques,  un  peu  plus  tard  colla- 
borateur d'Ivan  Strassoff,  architecte  du  nouveau  Palais  d'hiver 
terminé  en  1839.  Sirassoff  fut  un  des  artistes  russes  les  plus 
distingués.  Élève  de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg,  il  par- 
courut, pour  se  perfectionner  dans  son  art,  l'Italie  et  la  France. 
Il  reçut  la  croix  de  Stanislas  et  une  somme  de  50  000  roubles. 
On  donne  aussi  à  SirassofT  comme  collaborateur^  nous  l'avons 
dit,  l'archilecte  prussien  Augustus  Stiiler.  Ce  que  nous  savons, 
c'est  que,  consiruit  en   1756,  sous  le  règne  de  Catherine,   le 


ClIAPITHE  VI.  181 

Pillais  d'hiver  avnil  clé  coinplèlomenl  délriiit  par  un  incendie, 
en  1837  et  que  l'empereur  accorda  seulement  six  mois  à  l'ar- 
chitecle  ou  aux  architectes  pour  eu  opérer  la  reconstruction, 
alors  qu'on  était  en  pleine  saison  d'hiver. 

Le  nouvel  édifice,  à  quatre  étages,  fut  le  produit  d'une  archi- 
tecture bizarre,  très  chargée  d'ornements,  de  moulures  et  de 
marbres,  quoique  la  brique  entre,  pour  la  plus  grande  partie, 
dans  sa  construction.  L'intérieur  en  est  d'une  richesse  inouïe. 
L'entrée  principale  ou  «  l'erron  des  ambassadeurs  »,  sur  les 
bords  de  la  Neva,  conduit  par  un  escalier  de  marbre  blanc  aux 
appartemenis  d'apparat.  La  salle  du  trône,  toute  en  marbre 
blanc  également,  celle  des  l'eld-maréchaux,  la  galerie  Romanoiî 
et  la  galerie  Alexandre  renfermant  des  toiles  d'Horace  Vernet, 
de  Peter  Hess,  de  Willwald,  etc.,  peuvent  êlre  citées  parmi  les 
plus  belles  de  l'Europe  et  l'on  doit  y  ajouter  les  salles  pom- 
péiennes où  se  voient  de  merveilleuses  mosaïques,  ainsi  que  le 
jardin  d'hiver  de  l'impératrice. 

Un  Français  Antoine-François  Mauduit,  né  à  Paris  le 
10aoûtl77o,  d'abord  secrétaire  et  bibliothécaire  de  l'Académie 
de  France  à  Rome,  auteur  d'un  projet  de  bibliothèque  ayant  la 
forme  circulaire  (1835)  (adoptée  depuis  par  Labrouste),  fut  nommé 
architecte  de  l'empereur  Alexandre  et  avait  tracé  le  plan  de  la 
ville  de  Saint-Pétersbourg  vers  1808.  Après  un  voyage  en  Italie 
et  en  Grèce,  pendant  les  années  1811,  1812  et  1813,  il  rentra 
dans  la  capitale  de  la  Russie  en  1814.  En  1817,  il  restaura  le 
Grand  Théâtre  briilé  en  1810,  puis  fut  l'un  des  fondateurs  du 
comité  des  constructions  de  la  ville,  imitation  de  notre  conseil 
dos  bâtiments  civils,  et  mourut  le  17  décembre  1834,  laissant  un 
projet  pour  la  réunion  du  Louvre  aux  Tuile  ries  (Paris,  Didot,  1846). 

Auguste  Ricard,  créé  comte  de  Montferrand  par  l'empereur 
Alexandre  II,  était  également  Français.  ÎNé  à  Chaillot,  près  Paris, 
le  1*4  janvier  1786  et  élève  de  Percier  et  Fontaine,  il  fut  d'abord 
inspecteur  des  travaux  de  l'église  de  la  Madeleine  à  Paris,  puis 
fut  incorporé  dans  les  gardes  d'honneur  de  1813  à  1814.  Ayant 
obtenu,  en  1816,  du  prince  Wolkensky,  ministre  de  l'empereur 
de  Russie,  des  lettres  de  recommandation,  il  partit  pour  Saint- 
Pétersbourg  et  fut  presque  aussitôt  chargé  de  quelques  travaux 
particuliers,  entre  antres  d'un  palais  pour  le  prince  LabanofC, 
palais  qui,  plus  tard,  fut  acquis  par  la  Couronne  pour  y  installer 


182  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

le  ministère  de  la  guerre.  Mais  un  concours  ayanl  été  ouverl, 
en  1820,  pour  la  restauration  et  l'agrandissement  de  Sainl-Isaac- 
le-Dalmate,  le  projet  de  Ricard  de  Monlferrand  fut  adopté  et  on 
travailla  sur  ses  plans  depuis  1829  jusqu'en  1839,  année  de  l'é- 
rection de  la  croix  qui  surmonte  le  dùnie.  Les  fondemenls  de 
l'édilice  avaient  été  jetés  sous  Catherine  II,  en  1768  (peut-être 
sur  les  plans  d'Amoudru  qui  se  trouvait  à  cette  date  en  Pologne), 
puis  les  travaux  avaient  été  interrompus  à  diverses  reprises. 

L'église  Saint-Isaac,  longue  de  94  mètres  et  large  de  31  mè- 
tres, est  en  forme  de  croix  grecque.  Quatre  portiques  formés 
de  douze  colonnes  monolithes,  en  granit  rouge  de  Finlande, 
soutenant  un  fronton  dont  les  has-reliefs  sont  des  sculpteurs 
Lemaire  et  Viiali,  terminent  les  quatre  bras  de  la  croix.  Le  dôme,  ■ 
avec  ses  fenêtres  en  arcade,  rappelle  un  peu  celui  de  Saint- 
Pierre  de  Rome  et  sa  base  porte  vingt-quatre  colonnes  corin- 
thiennes de  granit  au-dessus  desquelles  règne  une  galerie  ornée 
d'une  balustrade  en  bronze  que  décorent  vingt-quatre  statues 
d'anges;  la  coupole  qui  s'élève  à  une  hauteur  de  118  mètres  au- 
dessus  du  sol  et  la  lanterne  sont  couvertes  de  lamelles  en  cuivre 
doré.  A  l'intérieur,  on  a  essayé  de  réunir  toutes  les  richesses 
que  peut  produire  la  Russie,  en  marbres  et  en  métaux  précieux; 
aussi  y  travaillait-on  encore  en  1830. 

La  Russie  doit  aussi  à  notre  architecte  la  colonne  commémo- 
ralivc  élevée  par  Nicolas  à  la  gloire  d'Alexandre  I"  (colonne 
monolithe  de  32  mètres  de  haut,  érigt'-e  le  30  août  1832,  devant 
le  Palais  d'hiver,  mais  qui  ne  fut  inaugurée  qu'en  1834),  le  pié- 
destal de  la  statue  de  Nicolas  dont  la  première  pierre  fut  posée 
en  1832  et  qui  fut  inaugurée  le  2o  juin  1859,  et  l'hôtel  Demi- 
doff,  h  Saint-Pétersbourg.  Hors  de  la  capitale,  de  Montferrand 
reconstruisit  le  palais  Katerinoff  sur  la  baie  de  Cronstadl  et 
suréleva  le  grand  clocher  du  Kremlin,  à  Moscou.  Enfin,  après 
l'incendie  de  1837,  il  fut  chargé  de  la  restauration  du  Pelais 
d'hiver,  sans  doute  avec  la  collaboration  de  Jean  Langenegger, 
né  en  1818  à  Gaïs,  dans  le  canton  d'Appenzell  (Suisse),  élève  du 
professeur  d'architecture  Allher  de  Wald.  Ricard  de  Monlfer- 
rand, nommé  professeur  à  l'Académie  des  beaux-arts  de  Sainl- 
Pétershourg,  conseiller  d'État,  général-major,  décoré  des  ordres 
de  Sainl-Wladimir,  de  l'.-Vigle  rouge  de  Prusse,  commandeur  de 
l'ordre   de  ^^'asa   de  Suède   et  chevalier  de  la   Légion   d'hon- 


CHAIMTHE  YI.  183 

iieur  de  France,  moiiiuL  après  avoir  publié  des  monographies 
de  l'église  Sainl-Isaac  el  du  monument  élevé  à  l'empereur 
Alexandre  I"  (Saint-Pétersbourg,  1820,  el  Paris,  1836). 

Ce  fut  encore  un  Français,  PaulJacot,néà  Paris  en  1Ï98,  qui, 
élève  de  Debrel  et  de  Lebas  el  première  médaille  d'arcbileclure 
de  l'École  des  beaux-arts,  exerça  en  Russie,  de  1821  à  1840,  les 
fondions  d'architecte  de  l'Empereur.  A  Saint-Pétersbourg,  il 
construisit  «  l'Inslilut  des  voies  el  communications  »,  la  chapelle 
qui  dépend  de  ce  bâtiment,  la  «  Salle  de  la  noblesse  »,  une  église 
hollandaise;  en  1852,  l'église  méiropolilaine  de  Varsovie  et 
enfin  un  cirque  (aujourd'hui  détruil).  11  produisit  un  projet, 
non  adoplé,  pour  l'érection  de  l'Opéra  de  la  rue  Lepellelier  ;i 
Paris  el  mourut  à  une  date  qui  nous  est  inconnue. 

Au  contraire,  étaient  Russes  d'origine,  Rusco,  Sacharow  et 
Soboltchikow  qui,  de  1810  à  1822,  eurent  la  charge  d'édilier 
et  d'aménager  la  bibliolhèque  impériale  à  Saint-Pétersbourg. 
De  Rusco  nous  ne  savons  qu'une  chose,  c'est  qu'il  donna,  en  1810, 
les  plans  de  l'édifice  et  commença  la  construclion  de  la  partie 
à  l'angle  de  la  Sadovoya  et  de  la  Perspective  Newski.  Sacharow 
lui  succéda  de  1811  à  1813,  comme  architecte  de  l'édifice,  mais 
il  était  déjà  connu  pour  avoir  modifié  les  bûtimenls  commen- 
cés en  170o  de  l'Amirauté,  édifice  donl  la  façade  n'a  pas  moins  de 
428  mètres  de  longueur,  non  compris  les  deux  ailes  qui  s'étendent 
vers  la  Neva.  Soboltchikow  chargé,  en  1831,  de  l'achèvement  de 
la  bibliothèque  impériale,  n'hésita  pas  à  visiter  les  principaux 
édifices  de  celle  nature  élevés  en  Europe  ;  on  lui  doit  la  nouvelle 
salle  de    lecture  inaugurée   le   2i    novembre    1862. 

Personne  n'ignore  quelle  fut  l'influence  des  idées  allemandes 
sur  la  cour  de  Russie  pendant  le  dernier  règne;  aussi,  n'étonnerons- 
nous  pas  le  lecteur  en  lui  disant  que  la  pluparl  des  grands  bâti- 
ments destinés  en  Russie  à  des  services  publics,  que  les  théâtres,  les 
châteaux  de  la  noblesse,  etc.,  ont  eu  pour  architectes  des  ar- 
chitectes allemands  dont  nous  avons  cité  les  travaux,  au  cours 
de  la  biographie  que  nous  en  avons  faite  dans  le  chapitre  précé- 
dent ;  nous  avons  omis  cependant  Ludwig  Bohnstedt  qui,  né  à 
Slralsund  le  27  octobre  1822,  élève  de  l'académie  de  Berlin  en 
1839,  fui  appelé  comme  professeur  de  l'académie  de  Sainl-Pé- 
tersbourg,  après  avoir  visité  la  France  et  l'Italie.  Dans  la  capi- 
tale de  la  Russie,  il  restaura  le  palais  chinois  d'Oranienbourg. 


18i  LES  ARCHITECTES  PAU  LEURS  OEUVRES. 

coiislruisit  le  cloître  de  la  Résurrection,  l'hôtel  de  ville,  le  pa- 
lais Chauveau-Narisclikin  et  le  palais  Jussiipofl';  Riga  lui  doit 
aussi  son  théâtre.  En  1854,  Ronlisledt  qnilta  cependant  la  Rus- 
sie poiu'  se  fixer  définitivement  à  Gotha,  où  nous  le  retrouvons 
en  1872,  concourant  pour  le  projet  de  palais  du  Parlement  à 
Berlin  et  obtenant  une  des  premières  places  à  ce  concours. 

N'oublions  pas,  avant  de  terminer  ce  trop  court  abrégé  de 
l'histoire  de  l'architecture  en  Russie,  la  salle  de  spectacle  de 
Tifiis  qu'éleva,  en  18ol,  le  prince  Grégoire  Gagarine  qui  fut 
alors  vérilablement  un  architecte  possédani,  au  moins,  une 
connaissance  approfondie  de  l'architecture  mauresque  de  laquelle 
il  s'inspira  et  le  palais  de  l'Exposition  de  l'industrie  ouvert  à 
Saint-Pétersbourg  le  5  mai  1870.  C'est  là  plutôt  une  construc- 
tion nouvelle  qu'une  transformai  ion  exécutée  par  les  archi- 
lecles  Grolhman  et  Fontan;  car  s'ils  ont  dû  respecter  les  bâti- 
ments de  l'ancien  grenier  à  sel,  la  façade,  eu  style  Renaissance, 
qu'ils  y  ont  ajoutée,  partagée  en  cinq  grandes  voûtes  que 
supportent  huit  colonnes  corinthiennes  et  les  deux  ailes  qui  la 
complètent,  ont  fait  du  laid  et  sale  entrepôt  un  véritable  palais 
digne  de  recevoir,  d'une  façon  permanente,  les  œuvres  exposées 
par  les  artistes  et  les  industriels  russes.  N'oublions  pas  non 
plus  le  monument  commémoratif  élevé  à  Novogorod,  en  1862, 
par  l'architecte  russe  Mikeschine,  lors  de  la  célébration  du 
millénaire  de  la  fondation  de  l'iMiipire  russe. 

Hors  de  Saint-Pétersbourg,  nous  n'aurons  que  peu  d'œuvres 
architecturales  à  citer,  pendant  les  premièi*es  années  du  siècle  : 
à  Tsarkoë-Selo,  une  église  dont  la  première  pierre  fut  posée, 
en  1S2.-Î,  par  deux  architectes  italiens,  les  frères  Âdamini, 
cités  seulement  à  celle  occasion;  l'église  du  Sauveur  à  Mos- 
cou, dont  la  construction  dura  douze  années  et  qui  eut  pour 
architecte  un  Allemand,  Constantin  Thon,  élève  de  l'académie 
de  Saint-Pétersbourg.  Pensionnaire  de  l'empereur  de  Russie  à 
Rome,  il  y  releva  plusieurs  des  édifices  romains,  notamment  le 
temple  de  la  Fortune  de  Préneste,  et  fut,  à  son  retour  (en  1828), 
nommé  membre  de  l'académie,  professeur  et  architecte  de  la 
Cour.  Passionné  pour  le  slyle  romano-byzantin,Thon  trouva  dans 
l'empereur  Nicolas  un  puissant  protecteur  de  ses  idées  architec- 
turales, à  ce  point  qu'en  1841,  le  souverain  donnal'ordre  que  ce 
style  fût,  autant  que  possible,  celui  de  tous  les  édifices  religieux 


L.  VON    KLENZE 


CHAPITRE  VI.  183 

qui  s'élèveraicnl,  dans  l'avenir,  en  Russie  el  c'est,  d'ailleurs,  celui 
que  l'archilecle  adopla  pour  la  conslruclion  de  l'église  du  Sau- 
veur de  Moscou.  11  reçut  aussi  l'ordre  de  relever  tonles  les  an- 
ciennes églises  de  la  Russie  el  ce  recueil  remarquable  fut  offert 
en  184.T,  par  le  Izar  à  la  reine  d'Angleterre.  Ici,  nous  perdons  de 
vue  l'archilecle  Thon  dont  il  nous  est  impossible  de  préciser  la 
mort.  Wiebeking  cite  un  architecte  russe,  du  nom  de  Wittberg, 
comme  auteur  d'un  temple  élevé,  pendant  la  période  qui  nous 
occupe,  sur  une  colline  près  de  Moscou  ;  mais  sans  nous  donner 
aucun  détail  sur  la  vie  de  cet  artiste.  Il  est  aussi  concis  relative- 
ment à  celle  de  Carbonier  qu'il  qualifie  de  général  du  corps  des 
ingénieurs  des  voies  de  communication  de  Russie,  auquel  il  altri- 
bue  la  construction,  à  Moscou,  en  1817,  d'une  salle  de  167  mèlres 
de  long  sur  liO  mètres  de  large,  destinée  aux  exercices  militaires 
et  dont  la  façade  est  décorée  dans  le  style  dorique. 

A  Odessa,  c'est  un  Français,  élève  d'Achille  Leclère,  François 
Schaal,  qui  est  l'architecte  du  lycée  Richelieu  el  de  la  lianqiie 
impériale,  puis  du  lazaret  el  de  la  ville  neuve  de  Kertch,  en  Cri- 
mée, élevés  sous  le  règne  d'Alexandre  I".  Quant  à  l'église  Saint- 
Michel  de  celte  ville,  construite  en  1835,  elle  est  due  à  un  ar- 
tiste italien  nommé  Torricelli  sur  lequel  les  biographes  sont 
absolument  muets.  Celte  onivre,  assez  remarquable  d'ailleurs, 
offre  quelques  rapports  avec  Notre-Dame  de  Kasan.  L'église 
métropolitaine  de  Kisclienef,  en  Bessaral)ie,  est  l'œuvre  d'un 
architecte  allemand  né  à  Mannheim  en  1772,  Peter  Speeth, 
élève  de  Weber  de  Francfort,  qui  fut  d'abord  l'archilecle  du 
prince  de  Leiningen,  puis  du  grand-duc  de  Wurzbourg  pour 
lequel  il  exécuta  la  prison  cilée  comme  une  œuvre  bien  conçue 
par  ses  contemporains  et  qui  est  mort  en  I8:]l. 

Pour  linir,  nous  nous  contenterons  de  citer,  faute  de  docu- 
ments, les  noms  des  architectes  russes  Jefinow,  élève,  en  1822, 
de  l'académie  de  Saint-I'élersbourg  dont  les  travaux  nous  sont 
restés  inconnus,  et  Ivan  Tschernick,  qui  fil  des  études  à  l'école 
militaire  de  Saint-Pétersbourg  el  fut,  en  1833,  l'architecte  du 
château  Atamanisch. 

Mais  les  souverains  de  la  jeune  Russie,  il  faut  le  dire,  ne  se 
coulentèrenlpas  d'assurer,  par  le  concours  des  architectes  russes 
el  étrangers,  la  splendeur  de  leur  nouvelle  capitale;  la  malheu- 
reuse Pologne  eut  aussi,  à  défaut  de  libertés,  sa  part  des  libéra- 


186  LES   ARCHITECTES   PAR  LEUItS  OEUVRES. 

lités  d'Alexandre  I",  de  Nicolas  et  d'Alexandre  II;  aussi,  pendant 
les  premières  années  de  notre  siècle,  voit-on  Varsovie  se  couvrir 
d't'difices  dont  quelques-uns  furent  de  véritables  œuvres  d'ar- 
chitecture; nous  allons  essayer  d'en  faire  conuailrc  les  auteurs. 

Le  premier  en  date  est  un  Italien,  Antonio  Corrazi,  de  Flo- 
rence, qui  avait  déjà  élevé  dans  celle  ville  deux  théâtres  au 
moment  où  il  entra  au  service  de  la  Russie.  A  Varsovie,, il  cons- 
truisit :  1°  le  palais  du  gouvernement  (1813);  2°  le  palais  du 
Trésor  public;  3°  le  palais  de  la  Société  litléraire  érigé  de  1822 
à  1823;  4°  le  Ihéàlre  sur  l'emplacement  du  marché  couvert 
nommé  Mariavii  ;  5°  l'asile  des  enfants  trouvés  (1824);  6°  un 
asile  pour  les  pauvres,  etc.  Tout  ce  que  nous  savons,  c'est  que, 
en  1826,  Corazzi  quilla  la  Russie  pour  s'installer  à  Vienne,  oîi  il 
est  mort  à  une  date  de  nous  inconnue. 

Deux  ailes  furent  ajoutées  an  palais  du  gouvernement  par 
Spilefski,  architecte  polonais  déjà  connu  par  les  travaux  qu'il 
avait  exécutés,  à  Varsovie,  au  palais  de  l'Université,  élevé  au  mi- 
lieu du  xvi°  siècle  par  l'ordre  de  Sigismond  III,  roi  de  Pologne. 
Ces  travaux  consistaient  dans  l'addition  d'un  portique  corin- 
thien au  bâtiment  du  milieu  et  de  deux  pavillons  avec  portique 
ionique  :  Varsovie  lui  doit  aussi  l'Académie  des  beaux-arts, 
la  maison  des  sourds-muets  et  l'église  des  Carmélites;  enfin,  de 
1822  à  1823,  Spilefski  restaura  l'église  des  Dominicains  à  la- 
quelle il  ajouta  une  tour. 

L'hôtel  des  Monnaies  de  Varsovie  fut  commencé,  en  1818,  par 
l'archilecte  russe  Lessel,  auteur,  en  1812,  du  palais  du  comie 
Zamoïski;  mais  le  premier  de  ces  deux  édifices  n'était  pas  achevé 
au  moment  de  la  mort  de  Lessel  et  ce  fut  le  Polonais  Aigner 
qui  eut  l'honneur  de  le  terminer.  Une  des  premières  œuvres  de 
celui-ci  est  le  «  temple  de  la  Sibylle  »  en  Gallicie  ;  puis  on  le  voit 
dirigeani,  en  1808,  la  construction  du  monument  que  la  légion  du 
général  Zajanseck  fit  élever  à  Napoléon  I"  aux  environs  de  Kalisz, 
et,  en  1810,  ceux  du  monument  à  la  mémoire  de  Copernick. 
A  Varsovie,  Aigner  construisit  encore  la  caserne,  dite  «  la  Grande 
garde  »,  alors  une  des  plus  belles  de  toute  l'Europe,  et  le  grand 
observatoire,  élevé  hors  de  la  ville.  On  lui  doit  aussi  les  plans 
de  l'entrepôt  des  marchandises  dont  la  façade  principale  est 
ornée,  au  rez-de-chaussée,  de  vingt-deux  colonnes  d'ordre  dorique 
de  près  de  7  mètres  de  hauteur  couronnées  d'un  brl  cnlablomeni 


CHAPITRE  YI.  187 

et  supportant  doux  étages  de  bureaux  réservés  aux  marchands. 
L'église  Saint-Alexandre  lui  fournil  une  plus  belle  occasion  en- 
core d'appliquer  les  règles  contenues  dans  ses  ouvrages.  Cet 
édifice,  précédé  d'un  double  portique  composé  de  six  colonnes 
corinthiennes  de  12  mètres  de  haut  et  dont  les  colonnes  divisant 
les  nefs  à  l'intérieur  ont  plus  de  9  mètres,  est  surmonté  d'une 
coupole  de  22  mètres  de  diamètre  et  fait  le  plus  grand  honneur 
à  son  auteur.  Aigner  fit  enfin  élever  la  façade  de  l'église  des 
Bernardins  et  l'église  Sainl-Honoré;  malheureusement  la  mort 
vint  le  surprendre  au  milieu  de  ses  travaux  et  il  dut  laisser 
inachevé  le  palais  royal  Namielniska  à  Varsovie,  vaste  édifice 
dont  la  façade  principale,  de  plus  de  50  mètres  de  longueur,  se 
compose,  dans  la  partie  centrale,  d'arcades  au  rez-de-chaussée 
surmontées  de  colonnes  corinthiennes  de  deux  étages  de  hauteur 
et,  à  droite  cl  à  gauche,  d'avant-corps  décorés  au  rez-de-chaussée 
de  colonnes  toscanes  supportant  un  balcon.  Disons,  en  terminant, 
qu'Aigner  a  laissé  une  «  Histoire  générale  de  l'architecture  » 
et  un  «  Vocabulaire  »,  écrit  en  allemand,  des  termes  usuels  de 
cet  art. 

L'école  du  génie  de  Varsovie  date  de  1818  et  eut  pour  archi- 
tecte le  Polonais  Zawatsky,  un  inconnu;  enfin  l'institut  impé- 
rial deNowa  Alexandri,quipeut  contenir  doux  cents  élèves,  est  le 
résultat  de  la  transformation  du  château  de  Pulawcz,  ancienne  ha- 
bitation de  la  famille  Czarloryski,  par  un  architecte  du  nom  de 
Gorecki,  un  autre  inconnu. 

La  Suède  avait  trouvé  des  architectes  remarquables  à  la  fin  du 
siècle  dernier  dans  les  Tessin  et  les  Adelcranz.  Il  restait  donc 
peu  de  grands  édifices  à  élever  à  Stockholm,  lorsque  commença 
notre  siècle.  Aussi,  désormais,  ne  ferons-nous  plus  à  proprement 
parler,  que  glaner  dans  l'histoire  de  l'architeclure  de  ce  pays. 
Seuls,  quelques  architectes  méritent  une  simple  mention  :  Blom 
d'abord,  architecte  de  la  poste,  de  la  caserne  de  la  garde  ù 
cheval  et  de  la  caserne  de  la  garde  à  pied  (qui  n'est  autre  que 
l'ancien  château  Friedricshof  remanié),  puis,  près  de  Stockholm, 
le  château  de  plaisance  de  Rosendahl  ;  ensuite,  G.  H.  Gjorwel 
ou  Gorwel,néen  l76G,qui  construisit,  en  1817,  à  Slockliolm,  le 
nouvel  hôpital  de  la  garnison  et  fut  l'architecte  du  château  de 
Saftsholm,  ainsi  que  de  la  villa  de  la  reine  à  llaga;  Per  Axer 


188  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVRES. 

Nystrbm,  né  à  Stockholm  en  1793,  qui  commença  par  diriger 
l'étaiemenl  de  l'une  des  galeries  du  palais  royal  dont  il  fallait 
efîecluer  la  reconslruclion.  Après  avoir  visité  l'Italie  et  la  France 
qu'il  habita  de  1819  h  lS2i,  travaillant  dans  l'alelier  de  Lebas, 
ilretourna,  en  1825,  àStockholm,  oîi  il  se  fit  connaître  par  l'érec- 
tion d'un  certain  nombre  de  maisons  particulières  pour  la  no- 
blesse; il  fut  ensuite  chargé  d'élever  les  tombeaux  de  Gustave  II 
à  L'psala  et  d'Ausgar  à  Bjorkee.  Nommé,  en  1836,  professeur  à 
l'académie  des  beaux-arts  de  Stockholm,  puis  architecte  en  chef 
de  cette  ville,  il  y  est  mort  le  3  janvier  1869.  L'architecte 'du 
château  de  Haga  était  aussi  Suédois  et  s'appelait  Tempelmann, 
c'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui.  Sans  importance  est  ce  châ- 
teau, composé  d'un  corps  de  logis  principal  à  deux  étages  au- 
dessus  d'un  rez-de-chaussée  et  de  deux  ailes,  de  cinq  arcades  cha- 
cune, couverte  d'un  toit  en  terrasse  qui  communique  avec  le 
premier  éloge. 

C.  Fr.  Sundvall  consiruisil,  en  1840,  dans  le  style  anglo- 
normand,  la  bibliothèque  d'IJpsala,  ainsi  que  la  villa  de  Burins- 
tan.  Cet  architecte  n'élait-il  pas  plutôt  Anglais  que  Danois?  Les 
rares  renseignements  biographiques  que  nous  possédons  ne 
nous  ont  rien  appris  à  ce  sujet. 

Nous  sommes  plus  heureux  avec  Friedrich  Wilhem  Scho- 
lander,  mort  en  1881.  Né  à  Stockholm,  le 23  juin  1816,  il  étudia 
pendant  dix  ans  l'architeclure  et,  en  1841,  fut  nommé  pension- 
naire de  l'académie  de  Stockholm.  Venu  à  Paris,  il  entra  dans 
l'atelier  de  Lebas  et,  à  son  retour  dans  sa  patrie,  en  1847,  il  re- 
çut le  titre  de  membre  de  l'académie  de  Stockholm  et  de  profes- 
seur d'architecture  de  cette  académie.  De  1831  à  1833,  il  fut 
directeur  des  écoles  des  beaux-aris  de  la  Suède.  Secrétaire 
perpétuel  de  l'académie  de  1838  à  1881,  en  1849,  architecte 
de  l'académie  des  sciences,  il  devint,  de  1848  h  1871,  archi- 
tecte du  roi  et  des  châteaux  royaux.  Parmi  les  œuvres  de 
Scholander,  nous  citerons  la  synngogue  de  Stockholm,  cons- 
Iruclion  d'un  grand  caractère,  la  chapelle  du  château  Abricksdal, 
spécimen  remarquable  de  la  Renaissance  hollandaise,  l'école 
technique  supérieure  à  Stockholm,  douze  églises  en  province, 
des  hôpilaux,  des  écoles,  des  maisons  privées,  des  restaurations 
de  monuments,  de  châteaux  et  d'églises,  des  fontaines,  etc. 
Comme  architecte  du  roi,  il  eut  occasion  d'arranger  sept  grandes 


CHAIMTRE  VI.  189 

décoralioiis   do    fcles   poiii'   le    palais  et  les  églises,  pour  des 
coiironnemenls,  des  obsèques  l'oyales,  elc. 

Eu  Norvège,  rarchilechire  publique  est  aux  mains  des  Alle- 
mands depuis  le  commencement  de  notre  siècle;  du  moins  trois 
architectes  allemands  se  partagent  la  construction  des  édifices 
publics  de  la  Norvège. 

Frantz  Wilhelm  Schiertz,  né  à  Leipzig  en  1813,  élève  de 
Dabi,  est  connu  pour  ses  travaux  sur  l'architecture  en  bois  des 
pays  Scandinaves;  il  transporta*  pour  le  compte  de  Frédéric- 
Guillaume  IV'  de  Prusse,  l'église  de  Vang  en  Norvège  et  la  re- 
bâtit en  Silésie.  Établi  à  Bergen,  en  Norvège,  il  y  a  bâti  la 
Bourse,  la  prison  et  i'hôlel  de  ville. 

D.  Hanno,  né  à  Hambourg  le  15  décembre  1826,  était  élève 
de  Fersenfeld  et  de  Cliàleauneuf.  Il  fut  appelé  en  Norvège  pour  y 
diriger  les  travaux  de  l'église  de  la  Trinité,  à  Christiania,  com- 
mencée par  son  maître,  de  Châteauneuf.  De  1855  à  1862,  en  col- 
laboration avec  Schirmer,  il  exécuta  plusieurs  édifices  religieux 
et  profanes,  entre  autres  lagarede  la  première  ligne  de  chemins 
de  fer  norvégiens  [Eiswoldbahn)  ;  la  prison  de  Christiania,  la 
Bourse  et  l'école  industrielle  de  Drontheim;  on  lui  doit  aussi  la 
reslauralion  de  l'ancienne  église  de  Aker.  A  l'expiration  de  «son 
association  avec  Schirmer,  Hanno  construisit  à  Gronland,  fau- 
bourg de  Ciirisliauia,  l'église,  l'école  communale,  la  police  et  la 
caserne  des  pompiers;  à  Christiania  même,  le  bureau  central  de 
stalislique,  le  musée  d'art  industriel,  le  casino  militaire,  etc., 
et  mourut  le  12  décembre  1882,  à  Christiania,  laissant,  outre 
ses  travaux  d'architectures,  de  nombreux  ouvrages  de  peinture 
et  de  sculpture. 

C'est,  au  coniraire,  depuis  le  commencement  de  noire  siècle 
jusqu'à  nos  jours,  que  Copenhague  a  vu  s'élever  la  plupart  des 
édifices  publics  qui  en  ont  fait  vraiment  la  capitale  du  Dane- 
mark et  nous  devons  dire  qu'elle  n'a  guère  emprunté  d'archi- 
tectes à  l'étranger,  trouvant  dans  l'intelligence  artistique  dû 
peuple  danois  les  ressources  suffisantes  pour  arriver  à  la  réalisa- 
lion  de  conceptions  arcbileclurales  considérables,  ainsi  que  nous 
allons  le  voir.  L'Université  de  Copenhague  est  l'œuvre  (de  1821  à 
1836)  de  Peter  Mailing,  né  le  22  décembre  1781  dans  cette 
ville,  élève  de  l'académie  de  Copenhague.  II  en  fut  nommé  pro- 


190  LES   AHCHITEGTES  PAli   LEURS   OEUVRES. 

fesseur,  en  1817,  à  son  relour  d'un  voyage  de  quai re  années  qu'il 
avait  fail  en  Italie,  relevant  avec  ardeur  les  restes  des  édifices 
aniiques.  Après  l'incendie  qui  détruisit  l'église  de  Saint-Nicolas 
de  Copenhague,  il  en  transforma  la  tour  en  observatoire,  puis, 
de  1822  à  1828,  il  fut  l'architecte  de  l'académie  de  Sorô 
qui  datait  de    1747  et    mourut  à  Copenhague  le  3   mai   1865. 

Gustave-Friedrich  Hetsch  était  Allemand,  né  à  Stuttgart  le 
28  septembre  1788.  Après  avoir  étudié  l'architeclure  à  Paris, 
dans  les  ateliers  de  Debrel  et  Cebas,  il  commença  par  être  ins- 
pecteur des  travaux  du  Panthéon  à  Paris,  puis  fît  le  voyage  de 
Rome  considéré  à  celte  époque  comme  le  complément  de  toutes 
les  études  artistiques.  De  Rome,  il  se  rendit  à  Copenhague,  se  fit 
naturaliser  Danois  en  1822  et  fut  nommé  d'abord  professeur  à 
l'académie  des  beaux-arts,  puis,  en  1829,  à  l'institut  polytech- 
nique. Ses  principales  œuvres  sont  :  à  Copenhague,  la  nouvelle 
synagogue  et  l'église  catholique,  le  palais  de  l'Université,  l'église 
de  Fredericia,  celle  de  Hadersleben  et  une  partie  du  palais  royal 
de  Christiansburg.  Membre  des  académies  de  Stockholm  et  de 
Munich  et  correspondant  de  l'Institut  des  architectes  britan- 
niques, Hetsch  est  mort  à  Copenhague  en  18Gi  après  avoir  écrit 
plusieurs  ouvrages  parmi  lesquels  nous  citerons  :  «  Modèles 
pour  les  artisans  »  (Copenhague,  1839-1843),  <<  Sur  l'enseigne- 
ment du  dessin  »  (1847,  in-8°),  «  Guide  pour  l'élude  de  la 
perspective»  (1839-18oli. 

Jean-Daniel  Herhold,  né  le  13  mars  1818,  était  Danois  et 
élève  de  l'académie  do  Copenhague.  Après  un  voyage  en  Suisse 
et  en  Italie  accompli  pendant  les  années  1852  à  1854,  il  cons- 
truisit dans  sa  ville  natale  la  bibliothèque  de  l'Université,  «  la 
Maison  des  étudiantsK  ,  la  nouvelle  gare  et  la  Banque  nationale. 
Hors  de  Copenhague  on  lui  doit  l'église  de  Korsor  et  la  villa  Raf- 
fenberg. 

Danois  aussi  est  Ferdinand  Meldahl,  né  le  16  mars  1827  à 
Copenhague,  qui,  d'abord  élève  de  l'académie  de  cette  ville,  par- 
courut l'Europe  de  1851  à  1856.  Copenhague  lui  doit  l'institut 
des  aveugles  (1858)  et  l'école  de  marine  (1865).  Meldahl  est  aussi 
l'architecte  de  l'hôtel  de  ville  de  Friedericia  (1859)  et  du  château 
de  Friederiksborg  qu'il  reconstruisit  en  1865.  Le  nouveau 
théâtre  est  l'œuvre  d'un  architecte  danois  également,  c'est  à 
Ove  Petersen,  né  à  Copenhague  le  15  janvier  1830,  qu'en  fut 


CHAPITRE  VI.    •  191 

confiée  la  coiislriiction,  à  la  suite  lI'iiii  concours.  Elève  de  l'aca- 
démie de  Copenhague,  Pelersen  compléta  son  éducation  par  un 
voyage  en  France,  en  Ilalie  et  en  Allemagne.  A  son  retour  à 
Copenhague,  en  1862,  nommé  inspecteur,  il  a  construit  le  o  refuge 
des  ouvriers  »,  la  manufacture  des  tabacs,  les  églises  de  Strynô 
et  Vixnas  et  plusieurs  châteaux  (1874),  en  collaboration  avec 
Dahlerup,  un  inconnu. 

Michel  Gottlieb  Bindesbôll,  né  le  5  septembre  1800  à  Le- 
diije,  en  Danemark,  fut  élève  de  l'académie  de  Copenhague,  de 
1824  à  1833,  et  voyagea  surtout  en  Grèce.  Aussi  est-ce  sous  l'in- 
fluence de  ses  souvenirs  qu'il  fit  un  édifice  grec  du  musée  de 
Thorwaldsen  élevé  par  lui  de  1839  à  1847.  Le  Danemark  doit 
encore  à  Bindesbôll,  mort  à  Copenhague  le  14  juillet  185G,  l'éta- 
blissement de  bains  de  Klampenborg,  l'hospice  des  aliénés  à 
Aarhus,  une  église  gothique  à  Hobro,  des  hôtels  de  ville  à  This- 
ted,  à  Siège  et  à  Nestved. 

Le  muséum  d'histoire  naturelle  de  Copenhague  est  du  au 
frère  aîné  de  Théophile  de  Ilansen  dont  il  sera  longuement 
question  dans  l'histoire  architecturale  de  Vienne  moderne. 
D.  Christian  Hansen,  né  en  1804  à  Copenhague,  fut,  d'ail- 
leuis,  comme  son  frère,  un  partisan  enthousiaste  de  l'architec- 
ture des  Grecs.  Aussi,  après  avoir  fait  ses  études  à  l'académie  de 
Copenhague,  se  dirigea-t-il  vers  Athènes  où  il  se  fit  tout  d'abord 
une  réputation  par  une  restauration  remarquable  du  temple  de 
Niké  Apléros,  ce  qui  lui  valut  la  mission  de  construire  l'Univer- 
sité d'Athènes.  Ce  travail  terminé,  il  éleva  le  grand  hôpital  mari- 
lime  de  Trieste  et  revint  à  Copenhague  oîi  l'académie  le  reçut 
comme  l'un  de  ses  plus  savants  professeurs  ;  mais  Hansen,  en 
1846,  préféra  aller  se  fixer  à  Vienne  où  il  est  mort  en  1883. 

C'est  parce  qu'il  construisit  la  synagogue  d'Altona  que  nous 
mentionnons  ici  le  nom  de  Obe  Jurger  Schmidt,  né  d'ailleurs  à 
Copenhague,  le  18  juillet  1797,  puisqu'il  accomplit  toute  sa  car- 
rière d'artiste  hors  de  sa  patrie.  En  effet,  élève  de  l'académie  de 
Copenhague,  de  1815  à  1818,  il  est  surtout  connu  par  un  ouvrage 
considérable  qu'il  publia  sur  les  ruines  d'ilerculanum  et  de  Pom- 
péi.ll  mourut  le  27  février  1848,  à  Hambourg,  où  il  construisit 
un  grand  nombre  de  maisons  particulières  et  l'église  anglaise  de 
celle  ville. 

Benjamin  Schlick,  également  Danois  et  élève  de  l'académie 


192  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

de  Copenhague,  n'a  pas  laissé  d'œuvre  dans  son  pays.  Envoyé 
comme  pensionnaire  royal  à  Paris,  il  y  travailla  jusqu'en  1820, 
époque  ù  laquelle  il  revint  dans  sa  ville  natale  où  il  fut  reçu 
membre  de  l'académie;  mais  il  y  resta  fort  peu  de  temps  et  pré- 
féra revenir  à  Paris  où  il  exposa  un  projet  de  transformation  de 
la  Chambre  des  Pairs,  en  s'inspirant  des  Thermes  de  Caracalla; 
projet  dont  la  révolution  de  1830  ne  permit  pas  l'exécution. 
Alors  Schlick  n'hésita  pas  à  suivre  en  exil  le  roi  Charles  X,  à  la 
personne  duquel  il  s'était  attaché.  De  Carlsruhe  où  il  restaura  le 
théâtre,  il  se  rendit  à  Rome  où  il  fit  la  décoration  du  théâtre  du 
duc  de  Torlonia.  Comme  Schmidt,  il  étudia  avec  passion  les 
ruines  d'Herculanum  et  de  Pompéi  et  restaura  la  colonnade  du 
Palazzo  vecchio  à  Florence.  Schlick  est  mort  chambellan  du  duc 
de  Lucca  à  une  date  que  nous  ne  pouvons  préciser. 


AUG.  VOIT 


CIIAriTHE    Vil 

Résultats,  au  point  de  vue  architectural,  Je  l'incorporation  de  la  Belgique  à  la 
France  sous  la  République  et  l'Empire.  —  Pendant  le  temps  de  cette  incor- 
poration, l'architectui'e  classique  française  est  la  règle  en  Belgique.  — 
Devenus  maîtres  de  leurs  destinées  et  archéologues  distingués,  les  Belges  ont 
créé  une  véritable  architecture  nationale  dont  les  caractères  se  manifestent 
surtout  dans  les  constructions  privées  fort  nombreuses  de  ce  siècle.  —  Les 
architectes  hollandais  accusent  une  certaine  préférence  pour  la  Renaissance 
hollandaise  des  xvi"  et  svii=  siècles. 


Le  22  août  1792,  l'armée  prussienne,  alliée  aux  soldais  de 
François  II,  envahissait  la  France  en  prenant  Longwy,  et  la 
France  répondait  à  cette  violation  de  son  territoire  par  la  vic- 
toire de  Valmy  d'abord,  puis  par  celle  de  Jemmapes.  Or,  Jem- 
mapes  est  en  territoire  belge,  à  25  kilomètres  environ  de  la  fron- 
tière française,  et  c'est  ainsi  que  la  Belgique,  resserrée  entre  la 
France  et  l'Allemagne,  redevint  encore  une  fois  un  champ  de 
bataille.  Que  de  perles  irréparables  pour  l'art  pendant  celte 
douloureuse  période  ! 

Cependant  l'incorporation  de  la  Belgique  à  la  Bépublique  fran- 
çaise, de  l>9o  à  181  i,  ne  fut  pas  sans  profil  pour  elle  et  lorsque, 
le  2o  septembre  1830,  elle  secoua  le  joug  de  la  Hollande  à  laquelle 
elle  avait  été  violemment  annexée  en  1814,  le  sentiment  artis- 
tique 1res  remarquable  de  nos  voisins  du  nord  en  contact,  pen- 
dant près  de  vingt  années,  avec  l'esprit  français,  accueillit  sans 
conteste  les  idées  artistiques  qui  eurent  cours  en  France  pen- 
dant cette  période.  C'est  dire  que  l'archileclure  des  édifices  qu'on 
éleva  en  Belgique  pendant  la  première  partie  du  dix-neuvième 
siècle  prit  ses  modèles  chez  les  classiques  dont  Peyre  jeune, 
Percier  et  Fontaine,  Huot,  etc.,  furent  dans  noire  pays  les 
grands  prêtres  respectés.  Mais  une  nouvelle  école  ne  tarda  pas  à 
s'y  fonder  dont  les  disciples  se  firent  un  devoir  de  protesier 
contre  l'abus  commis  par  l'école  classique  du  ratissé,  du  poli, 
III.  13 


194  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS  OEUVRES. 

du  plal  ù  outrance.  Us  ont  jugé  qu'il  n'élail  pas  rationnel  de 
traiter  la  construction  d'un  édifice  de  20,  de  50,  de  100  mètres 
de  façade  comme  Messonier  et  Slévens  traitent  leurs  toiles 
merveilleuses,  et  ils  ont  pris  le  parti  de  souligner  largement  les 
grandes  lignes  et  la  décoration  de  leurs  constructions.  Dans  ce 
sens,  on  peut  dire  que  les  Belges  modernes  sont  en  possession 
d'une  arcliileclure  nationale  dont  les  créations  font  bonne  figure 
à  côlé  des  œuvres  admirables  que  les  maîtres  des  siècles  passés 
ont  léguées  à  cet  intéressant  pays.  Après  ce  que  nous  avons  dit, 
on  ne  s'étonnera  pas  de  rencontrer  quelques  Français  parmi  les 
arcliitecles  auxquels  on  confia  la  construction  d'édifices  publics, 
en  Uelgique,  pendant  la  période  de  l'occupation  française.  C'est 
ainsi  que  le  théâtre  Uoyal,  la  prison  (1813)  destinée  à  cinq  cents 
prisoiniiers  des  deux  sexes,  et  le  manège  (1810)  à  Bruxelles, 
sont  dus  à  un  élève  de  Delespine,  Eloi-Joseph  Bonnevie,  né  à 
JMontlouis,  près  Paris,  en  178J,  qui  éleva  ces  deux  derniers  édi- 
fices en  collaboration  avec  Damesme  dont  on  a  lu  la  biographie 
dans  le  volume  précédent.  11  fit  aussi  le  projet  d'un  arc  de 
triomphe  à  la  Paix  élevé,  en  1822,  près  de  l'une  des  portes 
du  parc.  Bonnevie  n'en  construisit  pas  moins  à  Paris  la 
maison  des  Sœurs  de  la  rue  du  Bac,  le  tombeau  de  Damesme 
au  Père-la-Chaise  et  laissa  à  sa  mort  divers  projets  parmi 
lesquels  nous  citerons  un  projet  d'arc  de  triomphe  à  la  gloire 
des  armées  françaises  (1810),  un  projet  de  fontaine  à  Cérès(1812), 
un  autre  projet  de  fontaine  pour  le  parc  royal  de  Bruxelles 
(18221,  un  projet  de  théâtre  pour  Paris  (1831  '. 

Un  autre  Français,  François  Verly,  né  à  Lille  en  1700,  fut 
chargé,  sous  la  Bépublique  et  l'Empire,  des  travaux  publics  à 
exécuter  dans  la  Belgique  annexée;  il  construisit  à  Bruxelles  le 
Palais  de  Justice,  la  serre  du  prince  d'Orange;  à  Anvers,  la  pré- 
fecture, le  musée,  le  lycée,  le  palais  de  justice  et  les  prisons;  il 
restaura  l'hôtel  de  ville  d'Anvers  et  fut  nommé  architecte  de 
l'Empereur  pour  avoir  édifié  l'arc  de  triomphe  sous  lequel  passa 
Napoléon,  à  son  entrée  dans  Anvers.  En  France,  il  édifia  seule- 
ment le  séminaire  de  Saint-Louis  à  Arras.  Verly  mourut  eu 
1822,  professeur  honoraire  de  l'académie  de  Belgique,  litre  con- 
servé par  son  neveu  Charles  Verly,  et  laissant  un  fils  nommé 
Louis  dont  la  biographie  figure  dans  l'hisloire  de  l'architecture 
français^  contemporaine. 


CHAPITRE   VII.  193 

Au  conlrairc.  un  arcliilecte  belge,  Guillain-Joseph  Henry,  ik'; 
à  Dinanl  le  20  mars  1754,  mort  ù  Bruxelles  le  3  lévrier  1820, 
après  avoir  édifié,  diyis  celle  ville,  l'aile  du  palais  royal  sur  le  parc 
el  un  théàlre  avec  une  orangerie  au  chàleau  de  Laeken,  sur  l'ordre 
de  Napoléon,  ainsi  que  l'entrée  du  parc,  à  Enghies,  fui  en  France, 
à  Nanles,  l'arcliilecle  du  lliéàlre  el  de  l'iiospicc  des  Knfanls- 
Trouvés;  àValenciennes,  d'un  marché.  Henry  étail,  au  moment 
de  sa  morl,  archilecle  du  roi  Guillaume  I"  des  Pays-Bas. 

Jean-Baptiste  Vilquin,  né  à  Tournay  le  24  juin  1789,  archi- 
lecle de  la  ville  de  Bruxelles,  termina  en  1816,  en  collaboration 
avec  Werry,  sur  lequel  les  renseignements  biographiques  nous 
ont  manqué,  la  prison  dont  nous  avons  parlé  en  faisant  la  bio- 
graphie de  Bonnevie.  Il  y  a  construit  également  la  place  de  la 
Monnaie,  la  porte  Guillaume  et  riiùpital  à  ïirlemonl. 

Charles  "Van  der  Straeten,  qui,  de  1810  à  sa  mort  arrivée 
à  Ixelles,  en  183'/,  partagea  avec  Suys  riionneur  de  conslruire, 
à  cette  époque,  presque  tous  les  édifices  publics  de  Bruxelles, 
naquit  dans  celle  ville  le  14  juin  1771.  Sa  première  œuvre  fut,  en 
1810,  le  monument  de  Waterloo.  En  1817,  il  donnait  le  plan  du 
chàleau  l'oyal  de  Tervueren  et,  en  1818,  celui  de  la  Ghambrc 
des  Étals  généraux  (Cliambre  des  députés)  au  centre  de  la  rue  de 
la  Loi,  vis-à-vis  le  palais  du  roi,  dans  lequel  les  États  généraux 
purent  se  réunir  le  18  octobre  1818.  Ce  palais  ayant  été  in- 
cendié en  1820,  Van  der  Straeten  dut  refaire  son  œuvre.  La  façade 
de  l'édifice  est  décorée  de  huit  colonnes  cannelées  supportant 
un  fronton  triangulaire  orné  d'un  bas-relief  de  Godecharles 
et  deux  escaliers  de  marbre  rouge  conduisent  aux  salles  de  réu- 
nion des  sénateurs  et  des  députés  belges. «En  1820,  van  der 
Straeten  élevait  le  palais  du  roi  auquel  Suys  ajouta,  en  1827,  un 
portique  corinthien  ;  la  même  année  la  façade  de  l'ancienne 
Monnaie;  en  1823,  le  palais  du  prince  d'Orange;  en  1829,1a  salle 
de  concert  de  la  <<  Table  lionde  »  h  Louvain.  Observons,  pour  ter- 
miner, que  le  château  de  Tervueren,  achevé  en  1822,  fut  détruit 
par  un  incendie  en  1879  et  que  la  Chambre  des  députés, 
incendiée  également  en  1883,  a  dû  être  restaurée  par  .M.  Beyaert. 

Jean  Tilman  Suys,  né  à  Oslende  en  1 783.  avait  fait  ses  études 
à  Paris  dans  l'atelier  de  Percier  el  Fontaine  et  obtenu  le  pre- 
mier grand  prix  en  1812.  Après  un  séjour  de  quatre  années  en 
Italie,  il  vint  à  Bruxelles  et,  en  181  7,  élevait  le  poi'liquo  do  l'ancien 


lUG  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

palais  de  jiislice,  en  1820,  la  porte  d'Anvers  el,  en  1827,  le  porli- 
que  du  palais  du  Hoi  commencé  en  1820,  ainsi  que  nous  venons  de 
le  dire,  réglise  Sainl-Joseph,  le  pavillon  Cazaux,  les  belles  serres 
du  jardin  botanique,  le  cliàlean  de  Mariemont.  Suys  est  mort  le 
17  juillet  18G1  au  château  de  Munkcn-lès-Bruges,  arcliilecle  ho- 
noraire du  roi  des  Belges,  président  de  la  commission  des  mo- 
numents historiques,  membre  de  l'Institut  de  France  et  laissant 
une  étude  très  appréciée  sur  le  palais  Massimi  et  le  Panthéon 
de  Rome.  Son  fils,  iM.  Léon  Suys,  marcha  sur  les  traces  de 
son  père;  il  fut  en  effet  l'architecte  de  la  nouvelle  Bourse  de 
Bruxelles  commencée  en  18G8  et  terminée  en  1874  et  de  l'éta- 
blissement des  bains  de  Spa  inauguré  en  juillet  18G8;  il  eut 
d'ailleurs  comme  collaborateur  pour  son  dernier  travail  M.  Fran- 
çois, inspecteur  général  des  mines  à  Paris,  et  mourut  en  1887. 

En  1821 ,  un  architecte,  nommé  Roget,  pose  la  première  pierre 
du  marché  aux  poissons  de  Bruxelles  el,  en  1829,  du  musée  de 
l'Industrie  aujourd'hui  Bibliothèque  royale.  Yersle  même  temps, 
de  1824  à  182r),  Henry-Louis-François  Partoes,  né  à  Bruxelles 
le  24  août  1790,  construit,  dans  celte  ville,  l'hospice  destiné  aux 
infirmes  et  aux  incurables  des  deux  sexes  (contenant  tous  les  ser- 
vices qu'on  a  annexés  depuis  en  France  et  ailleurs  aux  établisse- 
ments de  celte  nature);  en  1829,  il  relève  l'hospice  de  Pacheco, 
de  1838à  1843,  il  ëlèverbôpital  Saint-Jean.  Auparavant,  membre 
de  la  Commission  des  monumenis  historiques,  il  avait  travaillé 
aux  anciennes  postes  de  Bruxelles.  Parloes  mourut  dans  cette 
ville  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold,  le  2  octobre  18i3,  lais- 
sant un  fils  architecte  comme  lui,  inspecteur  de  l'hôpital  Saint- 
Pierre  de  Bruxelles,  qui  est  mort  également. 

Un  élève  de  Suys,  Jean-Pierre  Cluysenaar,  né  à  Kampen  en 
1800,  mort  à  Bruxelles  le  10  février  1880,  est  surtout  connu 
comme  ayant  été  l'architecte,  en  1843,  de  la  Cité  d'Anvers,  vaste 
construction  avec  magnifiques  passages,  et  des  galeries  Saint- 
Hubert  à  Bruxelles,  universellement  admirées,  dont  le  roi 
Léopold  posait  la  première  pierre  en  1846  et  qu'il  inaugurait  le 
20  juin  de  l'année  suivante.  Cette  ville  lui  doit  encore  le  nou- 
veau marché  couvert  de  la  Madeleine  (1847),  puis,  dans  le  parc, 
le  pavillon  de  musique,  décagone  de  10  mètres  de  diamètre  et  de 
5'",o0  de  hauteur,  tout  en  fer,  et  une  salle  de  concert  (1841)  dite 
((  la  Crando  Harmonie  ».  Le  nombre  des  hôtels  que  Cluysenaar 


CHAPITRE    Vil.  197 

a  t'ievôs  il  briixelles  est  considéraljle  ainsi  que  celui  des  villas 
bàlies  à  Alsouiberg,  Colemberg',  Ueclo,  etc.  ;  il  en  est  de  même 
des  stations  et  maisons  de  garde  élevées  par  lui  pour  les  compa- 
gnies des  chemins  de  fer  de  Dendre-et-Waes,  d'Alh  à  Lackeren 
et  de  Bruxelles  à  Gand  par  Alost.  Ajoutons-y  des  hôtels  à  Liège 
et  nous  n'aurons  pas  terminé  la  nomenclature  des  œuvres  de  cet 
artiste  dont  la  fécondité  fut  vraiment  remarquable.  Il  laissa 
plusieurs  élèves  de  talent,  parmi  lesquels  Adolphe  Slater,  né 
en  1827,  mort  à  Bruxelles  le  20  janvier  1855,  connu  seulement 
comme  architecte  de  l'hôlel  Schepper  dans  celle  ville  et,  à 
Anvers,  de  docks  importants. 

De  la  même  époque,  ou  à  peu  près,  sont  les  œuvres  d'Auguste 
Payen,  architecte  de  la  ville  de  Bruxelles,  auteur  de  {ilusieurs 
des  portes  de  la  ville  et  de  la  grande  écluse  ainsi  que  de  l'abat- 
toir (1830).  Payen  y  a  encore  élevé,  en  1839,  une  chapelle,  puis  les 
gares  d'Oslende  (1847),  de  Gand,  de  Verviers,  de  l'épinster,  de 
Courtray,  la  maison  communale  de  Lemmick-Sainl-Quen- 
tin,  elc. 

Architecte  du  roi  Léopold  H,  M.  Alphonse  Balat  est  né  à  Na- 
mur.  Il  est  l'architecte  du  Palais  des  bcaux-aris,  à  Bruxelles,  où 
il  agrandit  le  palais  du  Boi  et  construisit  l'iiôlel  de  Jonglie,  le  pa- 
lais d'Assche  et  la  salle  des  fêtes  du  Cercle  arlisliquc  (18oi).  La 
Belgique  lui  doit  également  la  restauration  du  château  de  Mir- 
wa'rt,  la  construction  du  château  de  Prestes,  la  reconstruction 
des  châteaux  royaux  de  Laeken  et  de  Ciergnon;  eniln,  la  déco- 
ration du  marché  de  la  Madeleine,  pour  les  fêtes  de  1848,  lui  a 
permis  de  donner  carrière  à  la  délicatesse  de  son  goût  artis- 
tique. M.  Balat  est,  depuis  1851 ,  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold. 

Parmi  les  architectes  d'églises  qui  se  sont  fait  un  nom  en  Bel- 
gique pendant  la  première  moitié  du  siècle  nous  citerons  :  Cools 
sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignement,  sinon  qu'il 
est  l'auteur,  de  1830  à  1833,  d'une  cbapelle  pour  les  Dames 
delacharitéà  Bruges;  De  Man,  qui  bâtit,  en  1851,1a  chapelle 
évangélique  de  la  rue  Belliard,à  Bruxelles;  Joseph  Dumont,  né 
ta  Dusscldorf  en  septembre  1811,  qui  se  lixa  fort  jeune  en  Belgi- 
que et  auquel  furent  confiées  les  restaurations  des  églises  Saint- 
Hubert  de  Luxembourg  et  de  Saint-Martin  à  Ypres  de  Tongres, 
édifices  de  style  ogival,  ainsi  que  de  l'hôtel  de  ville  de  Léau. 
Dumont  fut   aussi  l'architecle   des  églises  de  Moll  (1844),   de 


198  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

Suyen,  de  Saint-Boiiiface  crixelles  et  de  Noire-Dame  de  Bouil- 
lon (1850),  ce  qui  ne  l'enipècha  pas  de  consiruire  une  salle  de 
bal  et  plusieurs  maisons  particulières  à  Bruxelles  (1851)  et  de 
nombreuses  prisons  cellulaires,  tant  dans  la  capilale  de  la  Bel- 
gique qu'à  Charleroi,  Dinant,  etc.  Avant  sa  mort  arrivée  à 
Bruxelles  en  1859,  Dumont  avait  commencé  le  palais  de  justice 
de  Yervicrs. 

Mentionnons  aussi  M.  Félix  Schoy,  né  à  Bruxelles  le 
17  janvier  1838,  mort  le  4  novembre  1885,  qui  a  atlaché  son 
nom  à  la  reslauralion  de  l'église  du  Sablon  à  Bruxelles;  le 
P,  Meganck,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  qui  a  construit,  aussi 
à  Bruxelles,  l'église  Saint-Micbel  ;  M.  Emmanuel  Gels,  chargé 
de  la  restauration  de  la  calliédrale  de  Naniur,  déjà  connu  pour 
avoir  dessiné,  en  1851,  les  confessionnaux  des  SS.-Jean-et- 
Étiennc,  aux  Minimes  de  Bruxelles;  Van  Overstraeten-Roe- 
landt,  mort  à  Gand  en  1849,  architecte  de  l'église  Sainle-Marie 
de  Bruxelles,  composition  hardie  qui  fait  déplorer  la  mort  pré- 
maturée de  cet  artisle. 

M.  Henri  Joseph-François  Beyaert,  né  à  Courtrai  le  29  juillet 
1823,  a  eu  une  carrière  des  mieux  remplies  et  l'occasion  ne  lui 
a  pas  manqué  d'allacher  son  nom,  comme  Yau  der  Siraelen  et 
Suys,  à  des  édifices  publics  considérables.  Auteur,  en  1851-1852, 
du  premier  Kursaal  d'Oslende,  puis  en  1800,  en  collaboration 
avec  M.  W.  Janssens,  de  l'hôlel  de  la  Banque  nationale  à 
Bruxelles,  il  donna  le  dessin  de  la  fonlaine  de  Brouckère  (1865- 
1866)  el,  de  1868  à  1871,  fut  chargé  de  la  restauration  de  la 
porte  de  Hal  et  de  sa  transformation  en  un  musée  d'armures, 
puis  de  celle  du  palais  de  la  Nalion  (Chambre  des  députés  et  Sé- 
nat), après  l'incendie  du  6  décembre  18M.  La  Belgique  doit 
encore  à  M.  Beyaert  l'iiùpital  militaire  de  Bruges,  le  château  de 
Faulx  et  l'église  des  Tombes,  commune  de  Mozet  (Namur),  l'é- 
cole primaire  et  l'orphelinat  de  Soignies,  le  local  de  la  Société 
du  Concert  Noble  à  Bruxelles,  la  station,  l'entrepôt  et  la  douane 
à  Tournai,  la  succursale  de  la  Banque  à  Anvers  et,  en  collabo- 
ration avec  M.  Fr.  Baeckelmans,  la  nouvelle  église  Saint-Jean  à 
Borgcrhout-lès-Anvers.  Nous  ne  parlerons  pas  des  constructions 
particulières,  tant  à  Bruxelles  qu'à  Namur  et  à  Mons,  dues  au 
talent  de  noire  architecte  qui  remporta  la  première  prime  au 
concours  ouvert  pour  l'édification  des  maisons  en  façade  sur  les 


(- H  A  PITRE   Vil.  IWt 

nouveaux  Ijoulevarcis  ;  nous  incnlionnerons  seulement,  parmi  ses 
œuvres  importantes  en  cours  d'exéculion,  le  nouvel  liùlel  du 
ministère  des  Chemins  de  fer  et  l'hùtel  de  la  Caisse  d't'pargne, 
h  Bruxelles.  M.  Beyaerl,  conseiller  communal  de  cette  ville,  est, 
depuis  1887,  commandeur  de  l'ordre  de  Léopold. 

Lorsque  Joseph  Poelaert  mourut,  le  3  novembre  1879,  il  lais- 
sait derrière  lui  des  ouivres  architecturales  dont  on  peut  contes- 
ter la  perfection,  mais  qui  prouvent  la  puissance  de  conception  de 
Tarlisle,  comme  la  décoration  qu'il  lit  de  riiùtel  de  ville  de 
Bruxelles,  lors  des  fêtes  qu'on  y  donna  à  l'occasion  de  la  majo- 
rité du  duc  de  Brabani,  prouva  la  sùrelé  de  son  goût.  Le 
palais  de  justice  de  Bruxelles  est  assurément  une  des  construc- 
tions colossales  de  l'époque,  mais  on  ne  pourra  le  juger  que  lors- 
(ju'il  aura  élé  complètement  aciievé.  Poelaert  fut  aussi  l'archi- 
tecte du  théâtre  delà  Monnaie  (I8ol  h  1853),  de  la  colonne  du 
Congrès,  dont  la  première  pierre  fui  posée  le  25  septembre  185U, 
et  des  hôtels  qui  entourent  la  place  où  elle  a  été  élevée  (1854), 
de  plusieurs  groupes  scolaires  à  Bruxelles  et  enfin  de  l'église 
de  Laeken  édifiée  pour  servir  de  sépulture  aux  souverains  de 
Belgique.  Ajoutons,  pour  terminer,  qu'il  était  depuis  1853  che- 
valier de  l'ordre  de  Léopold. 

M.  Gédéon  Bordiau,  architecle  du  chàleau  de  Kœnigslein 
pour  la  duchesse  de  Nassau,  qui  entreprit  la  construction  des  bâ- 
timents destinés  à  l'Exposition  nationale  de  Bruxelles  (1880)  sur 
l'emplacement  occupé  autrefois  par  le  Champ  de  Mars,  à  l'e.x- 
Irémilé  de  la  rue  de  la  Loi,  fut  également  l'architecte  des  bâ- 
timents et  de  l'Exposition  universelle  d'Anvers  (1885). 

A  côté  de  ces  grands  architectes  dont  la  Belgique  moderne  a 
droit  d'être  fière,  il  nous  reste  à  citer  M.  Louis  Spaak,  auteur 
de  l'entrepôt  de  Bruxelles  à  la  suite  du  concours  ouvert  en 
18i2;  M.  Van  der  Anweraa,  architecte  des  abattoirs  de  Saint- 
Josse-len-Voode  (1851)  et  de  l'hôpital  de  Nevraumont  (1857), 
dans  la  même  ville;  l'archilecle  allemand  Schusterqui  bâtit  le 
château  royal  d'Aidennes;  Alexandre  de  Craëne,  membre  de 
la  commission  des  monumenis,  chevalier  de  l'ordre  de  Léo- 
pold, né  le  7  octobre  1797  à  Tournai  où  il  est  mort  le  13  fé- 
vrier 1859;  M.  Meyers,  major  du  génie  militaire,  architecle  de 
la  caserne  du  relit-Cliàteau  h  Bruxellcs(18i8),  et  .M.  Wynand 
Janssens,  arcliitecle  des  bains  et  lavoirs  publics  de  la  rue  des 


200  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

Tanneurs,  à  Bruxelles  (1852);  Guillaume  Geeîs,  plutôt  statuaire, 
né  à  Anvers  le  10  septembre  1806,  mort  en  1883,  auquel  on  doit 
le  monument  (les  Martyrs  de  rindépendance  nationale,  élevé  à 
Bruxelles  en  1831,  et  la  chaire  de  la  cathédrale  de  Liège;  puis 
Hector  Goffart,  né  à  Bruxelles  où  il  mourut,  en  1869,  qui  fut 
aussi  échevin  des  travaux  publics  de  cette  ville,  auteur  du  mo- 
nument élevé  à  André  Vésale;  puis  des  architectes  de  gares: 
M.  V.  Cousin,  architecte  de  la  gare  de  Louvière  en  1847; 
M.  J.  Coppens,  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold,  architecte  des 
gares  de  Bruxelles-Nord,  de  1840  à  1860,  et  Sud  (1868)  et  de  la 
gare  de  Bruges,  archilecles  en  pleine  possession  de  leur  talent, 
ainsi  que  M.  Emile  Janlet,  architecte  d'un  réel  talent,  dont  tous 
les  visiteurs  de  l'Exposition  universelle  de  Paris  (1878)  ont  pu 
apprécier  la  valeur,  en  contemplant  la  façade  de  la  section  belge. 

Né  à  Laust,  province  d'Anvers,  en  1774,  Jean-Joseph  Smach- 
ten  occupe  ici  une  place  qui  lui  revenait  moins  comme  construc- 
teur d'édifices  que  comme  maître  des  architectes  illustres  dont 
nous  venons  de  donner  la  biographie.  Après  avoir  étudié  son  art 
à  Paris,  de  1810  à  1812,  il  fut  inspecteur  du  palais  de  la  Nation, 
alors  en  construction  (1819),  puis  fut  sous-archilecle  dn  palais 
du  prince  d'Orange  et  il  mourut  à  Bruxelles  le  4  décembre  1854 
laissant  un  «  Traité  de  perspective  »  et  un  «  Traité  théorique 
et  pratique  de  la  construction  des  escaliers  »,  tous  deux  très 
estimés. 

Les  architectes  belges  ont  continué  à  Anvers  l'œuvre  com- 
mencée par  Vcrly,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire.  C'est  d'abord 
Pierre-Bruno  Bourla,  architecte  français,  sans  doute  parent 
de  Benoit-Alexandre,  né  à  Paris  le  19  décembre  1783,  élève 
de  l'académie  de  Tournai,  qui  appropria,  de  1821,  à  1822, 
l'abbaye  de  Saint-Bernard,  près  d'Anvers,  à  l'usage  d'une  maison 
de  correction  pour  2  000  détenus;  de  1829  h  1834,  il  consiruisit 
le  grand  théâtre  d'Anvers,  édifice  isolé  do  toutes  parts  dont  la 
partie  antérieure  ressort  en  un  hémicycle  richement  décoré, 
percé  au  rez-de-chaussée  de  baies  servant  à  la  descente  à  couvert 
des  voitures  et  au-dessus  duquel  se  trouve  le  foyer  du  public. 
Grande  médaille  d'architecture  en  1835  et  nommé  archilecle  de 
la  ville  d'Anvers,  Bourla  y  a  construit  beaucoup  de  maisons  par- 
ticulières et  y  est  mort,  en  1866,  membre  de  l'Académie  royale 
des  beaux-aris  et  décoré  de  l'ordre  de  Léopold  depuis  18i0. 


K.  F.  SCHINKEL 


CHAPITRE   VII.  201 

Un  élève  de  Boiirla  et  de  Uoclandl,  M.  Ferdinand  Berckmans, 
né  à  Anvers  le  3  août  1803,  dut  à  son  savoir  d'archéologue 
d'être  nommé  arcliitecle  de  la  province  d'Anvers  et,  en  1841, 
professeur  à  l'Académie  royale  de  cette  ville.  On  lui  doit,  en  cfl'el, 
l'église  paroissiale  de  Borgerhont,  réminiscence  remarquable 
des  églises  du  moyen  âge  (1840),  l'hôtel  communal  de  DulVel,  les 
églises  de  Brassehull,  de  Grohbendouck  dont  il  fit  la  tour,  et  la 
chapelle  du  Sacré-Cœur  à  NoIrc-Dame  d'Anvers,  etc.  C'est  aussi 
nommer  des  arciiéologues  distingués  que  mentionner  M.  Fran- 
çois-André Durlet,  l'auleur  des  slalles  de  la  cathédrale  d'An- 
vers, décoré  de  l'ordre  de  Léopold,  professeur  à  l'xVcadémie 
d'Anvers  et  correspondant  de  la  Commission  des  monuments 
historiques  ;  M.  Gife,  membre  de  la  même  Commission,  archi- 
tecte de  l'église  Saint-Joseph  d'Anvers,  qui  a  attaché  son  nom 
à  la  restauration  de  la  caliiédrale  d'Anvers  et  de  l'église  Notre- 
Dame  d'Aerschot;  M.  Josse  Schadde,  architecte  de  la  province 
d'Anvers,  professeur  à  l'Académie  des  beaux-arts  de  celle  ville, 
qui  a  reconstruit  la  Bourse  d'Anvers,  de  18G9  à  1872,  et  la  gare 
de  Bruges,  de  1879  à  1883.  On  a  confié  à  M.  Schadde  l'cdifica- 
lion  de  nombreux  châteaux,  parmi  lesquels  nous  citerons  ceux 
de  Wonmen  (1861),  Sterrebeek  (1803),  Aerirycke  (1808),  Cruy- 
beeke  (1878),  Ordange  (1879),  Brusthem  (1880). 

Nous  avons  déjà  cité  le  nom  d'un  collaborateur  de  M.  Bcyaerl, 
Louis  Baeckelmans;  le  moment  est  venu  de  dire  que  Louis 
Baeckelmans  était  né  à  Anvers  le  27  février  1835  et  que  sa  ville 
natale  lui  doit  son  nouveau  palais  de  justice,  construit  dans  le 
style  Louis  XIII.  La  belle  église  Saint-Amand,  au  Stduyvenberg, 
eut  également  pour  architecte  Baeckelmans  qui  est  mort  à  An- 
vers, le  8  novembre  1871 ,  après  avoir  obtenu  le  premier  prix  au 
concours  ouvert  pour  l'érection  du  palais  de  justice  de  Bruxelles. 

Nous  finirons  la  biographie  des  architectes  anversois  en  ci- 
tant les  noms  de  Pauwels  ijui  construisit  les  portes  monumen- 
tales de  la  ville,  et  de  Demarbais  qui  éleva  la  galerie  zoolo- 
gique au  Jardin  botanique  d'Anvers,  ne  possédant  sur  ces  deux 
architectes  aucun  renseignement  biographique. 

A  Liège,  peu  d'édifices  importants  datant  de  nos  jours  :  l'ius- 
lallalion  de  l'Uuiversilé  dans  le  couvent  des  jésuites  anglais  de 
cette  ville  donna  lieu  à  la  construction  de  la  salle  acad(''mique 
sur  l'emplacement  même   de  raucienne   chapelle  (1822),   et  ce 


202  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

travail  fut  exécuté  par  Jean-Noël  Chevron,  né  à  Liège  le  5  oc- 
tobre 1790,  auquel  on  doit  aussi  des, travaux  exécutés  dans  l'an- 
cien palais  des  princes-évèques  de  Liège  el  la  construction  d'uue 
maison  thermale  à  Spa;  le  théâtre  de  la  ville  élevé  sur  l'empla- 
cement d'un  ancien  couvent  de  dominicains,  de  1818  h  1820,  par 
Auguste  Duckers,  né  à  Liège  le  13  décembre  1792,  mort  à  une 
date  que  nous  ne  pouvons  préciser;  la  resiauralion  du  palais  des 
princes-évèques,  par  J.-C.  Delsaux,  architecle  de  la  province  el 
du  palais  de  Liège,  membre  correspondant  de  l'Inslitut  des  ar- 
chitectes brilanniques  et  auteur  d'une  monographie  de  l'église 
Sainl-Jacques  de  Liège  ;  les  serres  du  Jardin  botanique  de  Liège, 
la  fontaine  du  marché,  le  Casino  (1838),  l'Athénée  (1841):  archi- 
tecte J.-E.  Rémont;  le  grand  passage  couvert  qui  forme  une  des 
jiromenades  fréquentées  de  la  ville  :  architecte  L.-D.  Lemon- 
nier,  décoré  de  l'ordre  de  Léopold  en  1842  et  auteur  d'un  cer- 
tain nombre  de  gares  ;  pour  finir,  nous  citerons  Vierset-Godin, 
architecte  de  châteaux,  à  cause  de  son  intéressante  monogra- 
phie de  l'église  Noire-Dame  à  lluy,  écrite  en  collaboration  avec 
Ed.  Lavalleye,  professeur  d'archéologie  à  l'Académie  des  beaux- 
arts  de  Liège. 

Presque  tous  les  édifices  de  quelque  importance  élevés  à  Gand 
pendant  notre  siècle  datent  de  la  première  période  que  nous 
terminerons  en  1852;  ce  sont  les  suivants  :  la  porte  de  Courirai, 
élevée  en  1808  par  Jean-Baptiste  Pisson,  né  le  21  mars  1763 
à  Gand  où  il  mourut  le  13  décembre  1818  ;  le  monument  de  Wa- 
terloo et  l'hôtel  de  Meulenaëre  élevé  en  1809  par  le  même  archi- 
tecte qui  mérita,  par  son  talent,  d'être  créé  membre  de  l'insti- 
tut de  France:  l'école  du  génie  civil,  avec  sa  façade  de  huit 
colonnes  corinthiennes  et  sa  salle  de  promotion  circulaire  (dont 
le  plafond  est  soutenu  par  dix-huit  colonnes  du  même  ordre) 
commencée  en  1819  et  terminée  en  1826;  le  Casino,  qui  date 
de  1829,  ainsi  que  l'orangerie  du  jardin  botanique;  la  porte  de 
Gand,  élevée  en  1835,  le  Grand  Théâtre,  dont  l'inauguralion  eut 
lieu  la  même  année;  la  maison  de  correction,  immense  octo- 
gone divisé  en  huit  triangles  aboutissant  à  une  cour  centrale,  et 
le  Palais  de  Justice,  édifice  considérable,  construit  de  1836  à 
1846,  le  Palais  de  l'Université  ouvert  en  1848,  sont  les  œuvres 
de  Louis  Roelandt,  né  à  Meuport  le  31  janvier  1786.  Élève  de 
l'académie  de  Gand,  il  y  obtint  le  premier  prix  qui  lui  permit 


CHAPITRE  Vil.  203 

tl"aller  compléler  son  éducalion  aiiisliqiic  dans  l'alelier  de  Per- 
cier.  Après  nne  excursion  en  Italie,  lloelandf,  installé  dans  sa 
ville  natale,  se  lit  lout  d'abord  remarquer  au  concours,  ouvert 
pour  l'éreclion  du  monument  à  élever  aux  héros  de  la  bataille 
navale  de  Trafalgar  et  de  celle  de  Waterloo,  concours  où  Pisson 
obtint  la  première  place,  nous  venons  de  le  dire. 

Hoelandt  a  été  l'archilecle,  hors  de  Gand,  d'édifices  publics 
fort  nombreux  parmi  lesquels  nous  citerons  :  la  maison  d'arrêt 
militaire  d'Alost(1824),la  maison  des  Étals  de  Ninove  (182i),  le 
grand  "entrepôl  d'Anvers  (1829),  l'église  Saint-Mari  in  à  Honse 
(1830),  deux  hôpitaux  (1823-1838),  l'éghse  de  Destelberghe 
(1840),  l'église  paroissiale  de  la  ville  Saint-Nicolas  (?).  Enfin  il 
fut  chargé,  en  1842,  de  la  restauration  de  l'hôtel  de  ville 
d'Audenaerde,  spécimen  remarquable  de  l'architecture  fla- 
mande et  de  l'hôtel  de  ville  de  Gand.  Nommé  professeur 
d'architeclurc  de  l'Académie  de  Gand,  membre  de  la  commis- 
sion des  monumenis  historiques,  il  était,  au  moment  de  sa  mori, 
membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  membre  corres- 
pondanl  de  l'Institut  des  architectes  britanniques  et  chevalier 
de  l'ordre  de  Léopold. 

Moins  longue  est  la  liste  des  œuvres  publiques  de  Pierre-Jean 
De  Broë,  né  à  Gand  le  21  décembre  1701,  dont  nous  ne  cite- 
rons que  l'octroi  de  Gand  construit  en  1809^  la  porte  de  Cour- 
Irav  et  la  caserne  de  cavalerie;  celle  aussi  des  oeuvres  de  Jacques 
Goetgehuber,  né  en  1700  à  Gand  où  iTmourut  en  1825,  auteur 
de  la  bibliothèque  m.unicipale,  et  de  François-Joseph,  fils  de 
Jacques,  né  également  à  Gand  le  20  février  1788,  élève  de  son 
père  et  de  De  Broë,  deuxième  grand  prix  de  l'Académie  de  Gand 
en  1825-,  puis  professeur  d'architecture  à  celte  Académie,  auquel 
sa  ville  natale  doit  son  hôtel  des  Postes,  sur  la  place  d'Armes  et 
un  ouvrage  assez  important  sur  les  monuments  des*  Pays-Bas 
(Gand,  1822);  celle  aussi  des  œuvres  de  Wolters,  dont  le  nom 
seul  est  indiqué  comme  celui  de  l'architecte  du  palais  épiscopal 
de  Gand  en  1842. 

A  Bruges,  nous  n'aurons  à  citer  comme  œuvres  de  la  première 
période  du  siècle  que  le  marché  aux  poissons  érigé  en  1823  par 
Calloigne,  un  inconnu;  la  restauration  de  la  chapelle  de  Lan- 
chades,  dans  la  cathédrale,  chapelle  qui  renferme  le  tombeau 
de  Charles  le  Hardi,  duc  de  Boui-gogne  et  la  construction  du  châ- 


204  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

teaii  de  Sainl-André,  près  Bruges,  pour  le  baron  de  Pcelaerl, 
dont  les  portes  d'entrée,  en  forme  d'arcs  de  triomphe,  donnent 
imc  idée  exacte  du  goût  de  l'époque  à  laquelle  il  fut  construit 
(181  G)  par  Van  Gardegom  ou  Gierdegom,  né  le  12  octobre 
1700,  arcliitecle  aussi  de  la  boucherie  de  Mons  en  1837.  Le 
théâtre  de  Bruges,  qui  date  de  18GG,  est  l'œuvre  d'un  archi- 
tecte bruxellois,  Gustave  Saintenoy,  né  le  0  février  1832  et 
mort  le  17  janvier  1892,  avec  le  titre  d'architecte  du  comte 
de  Flandre.  Gendre  de  Cluysenaar,  il  laissa,  outre  le  théâtre  de 
Bruges,  des  œuvres  remarquables  parmi  lesquelles  le  piilais  du 
comle  de  Flandre,  à  Bruxelles^  le  château  royal  des  Amerois, 
des  groupes  scolaires  et  la  banque  Cassel  à  Bruxelles.  Il  est 
mort  avant  d'avoir  vu  achever  sa  dernière  œuvre,  l'hôiel  pro- 
vincial du  Limbourg,  que  termine  en  ce  moment  M.  Paul 
Saintenoy,  son  fils,  professeur  à  l'Académie  des  beaux-arts  de 
Bruxelles. 

C'est  à  un  Hollandais,  Fr.-Jean  Bouwens,  élève  de  l'Acadé- 
mie des  beaux-arts  de  Bruxelles,  nommé  architecte,  à  la  suite 
d'un  concours,  de  la  ville  de  iMalines,  que  fut  confiée  la  restau- 
ration de  la.  tour  Sainl-Rombaud  (1831),  la  juxtaposition  à  l'an- 
cienne halle  (aujourd'hui  l'hôiel  de  ville),  des  bâtiments  destinés 
à  l'académie  de  dessin,  l'abattoir  public  (l8o4)  et  tout  le  quar- 
tier neuf  de  la  place  d'Egmonl.  A  Charles  Drossaert  est  dû  l'hô- 
pilal  civil,  construit  en  1854,  et  l'église  de  Boom  (18bG).  Le 
théâtre  de  la  ville  fut  Iràti,  de  18 il  à  1843;,  par  Charles  Sury 
dont  la  biographie  nous  est  d'ailleurs  inconnue;  enfin,  Joseph 
Hubert,  élève  de  l'École  des  beaux  arts  et  de  l'École  des  aris  et 
méliers  de  France,  a  attaché  récemment  son  nom  à  plusieurs 
édifices  élevés  à  Mons,  parmi  lesquels  l'école  normale,  le  tir  na- 
tional et  l'hùpital.  Il  est  aussi  chargé  de  la  reslauralion  de  l'église 
abbaliale-de  Sainle-^\'audru,  dans  cette  même  ville. 

Mais  des  villes  moins  importantes  de  la  Belgique  ont  été  do- 
tées, pendant  ce  siècle,  de  construclious,  que  nous  nous  conten- 
terons d'énumérer  lorsque  nous  connaîtrons  le  nom  de  leur  au- 
teur :  le  tribunal  civil  de  Louvain  élevé  en  1839  par  Van  Aren- 
berg  ;  l'hôtel  de  ville  de  Namur,  architecte  Blanpain  ;  l'église 
Saintc-Gerirude  et  une  école  à  Nivelles  ainsi  qu'une  église  à  Pont- 
de-Celles,  archilecle  Carlier;  àla  cathédrale,  aubelfroi  et  àl'abat- 
loir  de  Tournai  des  restaurations  importantes  fureni  faites  dans 


CHAPITRI']   vil.         •  .     205 

les  premières  années  du  siècle  par  r;irchilecle  Bruno  Renard, 
né  dans  celle  ville  le  30  décembre  1781  el  oîi  il  eut  à  élever  une 
salle  de  concert  au  Parc  (1820),  la  fabrique  de  lapis,  la  bouche- 
rie (1832),  les  établissements  miniers  de  Hornu,  près  de  Mons. 
lienard,  qui  était  membre  de  la  commission  des  monuments  his- 
loriques  depuis  1835  organisa,  en  1827,  les  écoles  de  dessin  de 
cette  ville. 

A  menlionner  encore  :  une  caserne  voûtée  d'infanterie  à  l'é- 
preuve des  bombes,  élevée  à  Ypres,  de  1820  à  1821 ,  par  l'arclii- 
\cctc  Lobey:  lliôtel  communal  de  Nimy  qui  eut  pour  architecte 
Charfes  Neute,  né  à  Saint-Josse-ten-Noodè  le  17  mars  1846, 
mort  il  liruxelles  le  1"  avril  1866;  le  palais  de  justice  de  Charle- 
roi,  construit  sur  les  plans  d'un  Français,  Albert  Ballu,  en  1879; 
une  prison  par  FrançoisDerre,  né  àBruges,  mort  à  Paris  en  1890; 
la  fontaine  du  Poulion,  ù  rétablissement  thermal  de  Spa,  arclii- 
lecte,  en  1853,  Henri  Raeymackers.  Et,  puisque  nous  sommes 
à  Spa,  mentionnons  l'église  de  cette  ville  élevée  en  1880  par 
Eugène  Carpentier,  né  à  Courlrai  le  20  mars  1819,  mort  à 
Peld'il  le  10  mars  1886,  architecte  aussi  des  églises  de  Thol- 
Icnbeck  (1870-1872),  d'Antoing,  près  Tournai  (1871-1872)  et 
du  Châtelet.  On  lui  doit  aussi  la  restauration  de  la  Collégiale 
do  Huy  (1876),  du  beffroi  et  de  la  balle  aux  draps  de  Tournai, 
(lu  château  de  Hubens  à  Elewyt  (1883)  el  la  conslrnction  de 
l'Hôtel  continenlal  à  Bruxelles. 

Ce  fut  à  un  archilecte  anglais,  'William  John  Green,  que  Léo- 
pold  II  confia  la  construction  de  la  villa  royale  à  Ostonde,  â  l'ex- 
Irémité  de  la  longue  promenade  api)elée  la  Digue,  chalet  tout  en 
bois,  sur  une  plate-forme  de  béton  aggloméré,  venu  d'Angle- 
terre. 

Notre  liisloire  de  l'architecture  contemporaine  en  Belgique 
ne  serait  pas  complète  si  nous  passions  sous  silence  les  noms 
de  quelques  artistes  d'un  grand  avenii-,  si  on  en  juge  par  les 
travaux  qu'ils  ont  déjà  exécutés  :  M.M.  Jean  Baes,  architecte 
du  Théâtre  fiamand  de  Bruxelles;  Ernest  Acker  ol  Jules  Brun- 
faut,  auteurs  de  fort  jolies  construclions  privées;  V.  Dumortier, 
architecte  du  palais  de  jusiice  de  Nivelles  et  de  groupes  sco- 
laires il  Bruxelles;  "W.  Rhùnen,  archilecte  du  Cirque  de 
Bruxelles  et,  dans  la  môme  ville,  de  VÉden-Thcfilre,  dont  le  type 
s'csl  r(''|>aiiilu  diius  loute  rEur(q)e;  Edni.  Legraive,  nrchifocle 


20G    .         LES   ARCHITECTES   PAH   LEURS   (lEUVRES. 

de  noniljreux  groupes  scolaires,  des  liallos  d'Ixelles,  elc.  ; 
Ch.  Licot,  qui  représente  avec  Ernest  Hendrickx,  le  regrellé 
arcliilecle  de  l'Université  de  Bruxelles,  l'école  de  Viollet-le-Duc 
en  Belgique,  et  enfin,  parmi  les  plus  éminents,  Jules  Van  Ysen- 
dyck,  arcliilecle  des  hôtels  communaux  de  Cureghera  et  de 
Schaerbeck,  des  halles  de  St-Josse-ten-Noode  el  d'un  groupe 
scolaire  à  Auderleclil. 

L'occasion  manqua  à  la  Hollande,  pendant  l'Empire,  de  pou- 
voir puiser,  grâce  à  des  relations  plus  intimes  et  prolongées  avec 
la  France,  l'enseignement  classique  donné  par  notre  Éco4e  dos 
Beaux-Arts;  la  scission  qui  s'opéra  entre  la  Belgique  et  la  Hol- 
lande, après  la  Révolution  de  1830,  rapprocha  les  Hollandais  des 
Allemands  el  on  peut  dire,  sans  trop  se  tromper,  que  l'architec- 
ture hollandaise  contemporaine  est  un  compromis  entre  la  Re- 
naissance allemande  et  le  slyle  des  édifices  des  Pays-Bas  élevés 
au  temps  de  Danckers  Yan  Ry,  de  Van  Campen,  etc.  Nous  trouve- 
rons cependant  en  Hollande,  mais  en  petit  nombre,  des  oeuvres 
oii  les  arlistes  ont  essayé  de  rappeler  les  grandes  lignes  du  clas- 
sique de  la  fin  du  siècle  dernier  et,  si  grande  a  été  l'innuence 
de  l'école  française  à  cette  époque,  que  Warnsinck,  Zochcr  et 
Eberson  crurent  devoir  venir  étudier  dans  les  aleliers  des  pre- 
miers architectes  français  du  temps. 

Ainsi  égalemenljean  de  Greef,  néà  Dordrecht  en  17  43,  mort 
à  Amsterdam  en  1835,  lit  bieii'ses  premières  études  de  dessin 
et  d'arcliileclure  sous  la  direclion  de  Schouman  et  de  Jacobus 
van  Dalen,  mais  il  les  compléta  par  un  séjour  dans  les  ateliers 
de  Paris  et  en  Italie.  En  1819,  il  fut  nommé  professeur  de  des- 
sin et  d'architecture  à  l'Ecole  du  génie  et  de  l'arlillerie  de  Helfl, 
mais  son  existence  fut  presque  entièrement  consacrée  à  la  cons- 
truction ou  à  la  restauration  des  châteaux  de  la  famille  royale 
et  de  la  noblesse.  C'est  ainsi  qu'il  acheva  le  château  de  plai- 
sance de  Soestdyck,  le  château  royal  de  la  Haye  et  dirigea  la 
conslruclion  du  palais  du  prince  hérédilaire. 

Quoique  Christian  Kramm  soit  plutôt  connu  en  France  comme 
peintre  et  par  son  ouvrage  sur  les  arlistes  hollandais  :  De  levens 
en  iverlcen  der  Iiollandschc  en  vlaamsche  Kunstschilders,  etc., 
publié  à  Amsterdam  en  185G,  il  a  laissé  en  Hollande,  comme 
arcliilecte,  un  certain  nombre  d'œuvres  que  nous  devons  énumé- 


GHAPITHK   Vil.  207 

ror.  Né  iï  l'Iroclil,  le  18  avril  1797,  il  rliidia  d'abord  la  peinlure 
dans  l'alclier  de  P.-C.  \\'oiidei"  et  lil  plusieurs  porlrails  en  mi- 
nialurc,  à  l'iiuile  el  quelques  tableaux  de  genre;  mais  bienlùl 
le  goût  de  rarcliileclure  s'éveilla  en  lui  et  après  des  études  qu'il 
dut  faire  h  peu  près  seul,  il  entreprit  la  conslruclion  d'une  ca- 
serne à  Utreclit.  Ce  fut  son  premier  ouvrage  et  l'intelligence 
dont  il  fit  preuve  dans  ce  travail  fut  telle  que  le  gouvernement 
soUicila  sa  parlicipalion  aux  travaux  qu'il  entreprenait  à  celle 
époque.  Kn  18:d3,  on  lui  demanda  un  plan  pour  la  reconstruc- 
tion de  la  calliédrale  et  de  la  tour  d'Utreclil  ;  peu  après,  il  éleva, 
dans  cette  ville,  rilùlel  du  gouvernement;  appelé  à  y  restaurer 
l'hôpital,  il  apporta  dans  son  travail  un  système  de  construction 
qui  favorisait  notablement  le  traitement  et  la  gnérison  des  ma- 
lades. 11  éleva  ensuile  la  Cour  de  Justice  sur  son  ancien  empla- 
cement et  commença  la  restauration  de  l'ancienne  abbaye  de 
Saint-l'aul  qui  fut  suivie  de  celle  de  l'église  Sainte-Catherine, 
dans  la  même  ville,  dont  on  avait  dû  abattre  l'un  des  piliers  à 
moitié  détruit  par  un  ouragan  en  183(3.  On  lui  doit  aussi  la  nou- 
velle église  en  forme  de  croix  laline,  et  le  presbytère  de  ilarme- 
len,  la  nouvelle  église  avec  tour  de  Sœsterberg,  entre  Utrecht  et 
Amersfoort,  dans  le  slyle  ogival,  et  une  dernière  église  dans  le 
même  style  à  llamersveld,  prèsd'AmersfoorI,  puis  un  presbytère  ;\ 
lloogland;  il  donna  aussi  le  plan  de  l'église  de  Enschedé,  étude 
remarquable  de  slyle  (ogival  également).  Enfin,  les  constructions 
particulières  qu'il  fit  à  Ulrecht,  à  Leyde,  à  Rotterdam,  sont  1res 
nombreuses  ainsi  que  les  châteaux  qu'il  éleva  parmi  lesquels 
nous  citerons  celui  du  baron  de  Heekcreen,  près  de  Werkliove. 
Après  avoir  parcouru,  dans  le  but  de  s'instruire  encore,  l'An- 
gleterre, la  France,  la  Belgique  et  une  partie  de  l'Allemagne, 
Kramm  avait  obicnu,  en  1820,  la  place  de  directeur  de  la  section 
d'architecture  d'Utreclil;  il  fut  reçu  membre  de  l'Académie 
royale  d'Amsterdam  et  nommé,  en  1839,  architecte  de  celte 
province;  on  lui  doit  aussi  le  plan  d'un  monument  à  la  mé- 
moire de  Jacob  Cals.  Kramm  est  mort  à  une  dale  de  nous 
inconnue. 

Si  le  principal  titre  de  JohannesVanStraaten  à  la  reconnais- 
sance de  ses  concitoyens  est  la  fondation  de  la  Société  d'encou- 
ragement à  l'archileclurc  [3Jaa(sckapp?J  toi  hccoi'JeriiKj  der 
liouichiinsl),  société  ayant  égalemeni   pour  but  la  défense  des 


208  LES  ARCHITKCTKS    PAR   LEURS   ŒUVRES. 

inlérèls  des  arcliiloclcs  hollandais,  nous  lui  donnons  surtout  une 
place  dans  notre  ouvrfige  parce  qu'il  a  laissé,  dans  son  pays, 
des  œuvres  architecturales  de  valeur.  Tels  sont  les  bâtiments 
dans  lesquels  fut  logé  le  musée  de  lecture  d'Amsterdam,  recons- 
truit plus  tard  par  M.  Gossclialk,  l'église  du  Semeur,  en  colla- 
boration avec  W.-J.-J.  OfTenberg  et  l'église  de  Moïse-et-Aaron, 
d'après  le  plan  de  T. -F.  Suys,  toutes  deux  à  Amsterdam,  ainsi 
que  la  nouvelle  Bourse  du  commerce  sur  le  Dam,  dans  la  même 
ville,  dont  les  fondations  étaient  d'ailleurs  déjà  exécutées. 

Le  nombre  des  hôtels  et  des  maisons  de  commerce  élevés  par 
Van  Straaten  est  considérable,  c'est  tout  ce  que  nous  en  pouvons 
dire  ici;  considérables  aussi  les  ouvrages  qu'il  a  publiés  sur 
l'architecture;  nous  en  citerons  quelques-uns:  «  flans  et  coupes 
de  quelques  édifices  )) ,  etc.,  llaarlem,  1805;  «  l'Archileclure  ci- 
vile, etc.,  »  Amsterdam,  1814;  «  le  Yignole  des  artisans  »,  Ams- 
terdam, 1825;  «  Dessins  d'architecture  antique  et  moderne, 
d'après  les  temples  grecs,  romains,  orientaux,  etc.  »,  son  ou- 
vrage principal,  commencé  en  1828  et  fini  en  1832.  Van  Straa- 
ten est  mort  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  d'Amster- 
dam, le  20  février  IS.'iS. 

Membre  aussi  de  l'Académie  l'oyale  dont  il  fut  nommé  direc- 
teur en  1833,  L.-M.-G.  Tétarvan  Elven  était  né  à  Amsterdam 
le  30  janvier  1803  et  avait  étudié  rarcbiteclure  à  l'Académie 
d'Anvers,  à  partir  de  1818.  A  son  retour  dans  les  Pays-Bas, 
Tétar  van  Elven  fut  nommé,  en  1823,  inspecteur  des  eaux  et, 
en  1829,  conservateur  du  canal  de  Pommereuil  à  Antoing, 
dans  le  Ilainaut.  Après  les  événements  de  1830,  il  préféra  servir 
la  Hollande  et  occupa  un  emploi  dans  l'administration  des  eaux 
jusqu'à  sa  nomination,  en  1832,  d'architecte  de  la  ville  et  de 
directeur  de  la  section  d'architecture  à  l'école  municipale  de 
dessin  de  Harderwyk.  Ces  travaux  d'architecture  se  bornent  ex- 
clusivement à  Amsterdam  oîi  il  construisit,  en  outre,  la  salle  de 
concert  de  l'Odéon  dont  il  fit  la  décoration  intérieure  dans  le 
goût  classique  le  plus  pur  et  l'aménagement  d'une  ancienne  salle 
destinée  à  des  expositions  de  tableaux  dans  le  local  de  la  Société 
Arli  et  amicit'm.  L'église  des  Anabaptistes  et  celle  de  «  l'Arbre  des 
catholiques  »  à  Amsterdam  sont  également  de  notre  architecte. 
Au  concours  ouvert  pour  l'Exposition  universelle  de  Londres,  de 
1851,  le  projet  de  ïéinr  van  Elven  fut  classé  parmi  les  seize 


A.    RICARD    DE    MONTFERRAND 


CIIAIMTIil';    VII.  'iO'J 

|)romiors.  Il  est  moi!  flievalier  de  rordrc  du  Lion  mVMhuulnis 
en    I8S;i, 

Isaac  Warnsinck  osl  né  à  Amsleidam  le  22  mars  ISI 1.  Elève 
d'abord  de  Jeansen  oL  de  J.  van  Greef,  il  visita,  eii  1  HiJi,  Paris  cl 
Londres,  puis  cnlreprit,  en  1838,  un  voyage  de  longue  durée  on 
llalie,  en  France  et  en  Allemagne.  11  se  fixa  alors  à  Amsterdam 
et  le  gouvernement  lui  confia  bientôt  la  mission  d'aller  étudier 
le  système  de  détention  cellulaire  mis  en  pratique  à  l'entonville. 
près  de  Londres.  A  son  retour  en  Hollande,  on  lui  confia,  en  lui 
donnant  pour  collaborateur  J.-G.  Van  Gendt,  la  construction  de 
la  maison  d'arrêt  et  de  justice  d'AmsIerdam  qui  fut  commencée 
en  184.").  Ajoutons-y  la  reconsiruclion  de  l'église  Sainl-Jean  ;i 
Gorincliem  et  nous  aurons  clos  la  lisle  des  travaux  publics  de 
Warnsinck  qui,  d'ailleurs,  fut  l'arcliilecte  d'un  grand  nombre 
de  cliilteaux,  de  maisons  de  campagne,  d'usines  dont  les  plans 
rappellent  pour  la  plupart  les  fortes  études  faites  par  leur  auteur 
sur  des  cbefs-d'œuvre  de  la  Renaissance  italienne.  Nous  igno- 
rons la  dale  de  sa  mort. 

Né  à  Chéribon  (Indes  orienlales)  le  8  janvier  1801 ,  Willem  Ni- 
colaas  Rose  fut  un  admiraleur  de  Scliinkel  et  de  Hdlticlier. 
Après  avoir  fait  ses  éludes  à  l'Ecole  militaire,  il  commença  sa 
carrière,  en  1822,  comme  officier  du  génie  et  fut  nommé  cheva- 
lier de  l'ordre  militaire  de  Guillaume  à  cause  de  sa  belle  conduite 
au  siège  de  Maeslricht,  en  1838.  En  1839,  nommé  direcleur  des 
travaux  publics  à  Hollerdam  et  en  même  temps  professeur  à 
l'Académie  des  beaux-arts  et  sciences  techniques  de  celle 
ville,  il  a  construit  au  Cooisingel  (allée  Cool)  le  grand  hôpital 
dont  les  dispositions  répondaient  à  tous  les  besoins  de  l'époque. 
Ingénieur  en  18i)a  delà  ville  de  Rotterdam,  puis,  en  18.'i8,  archi- 
tecte du  gouvernement  hollandais,  il  essaya,  dans  cette  situa- 
tion, d'appliquer  l'emploi  du  fer  aux  constructions  civiles,  no- 
tamment dans  les  façades  et  à  l'intérieur  du  ministère  de  la 
guerre  et  du  palais  du  Haut  Conseil  d'Etal  \lioofien  RnadderNeder- 
landen).  Son  biograjjlie,  tout  en  déclarant  que  les  innovations  de 
Rose  eurent  peu  de  succès,  ne  peut  sempéclier  de  louer  leur  har- 
diesse, pour  le  temps.  .Membre  de  la  Société  pour  la  propagation 
de  rarcbiteclure.  Rose  mourut  à  La  Haye  en  1877,  laissant  une 
publication  remarquable  sous  le  titre  :  «laTliéoric  de  l'ornement». 

Arend  Roodenburg,  né  à  La  Haye  le  2!>  janvier  1804  et  mort 
m.  l-i 


210  LES  AUCllITEGTES   PAR  LEURS  OEUVRES- 

à  une  époque  iuconmie  de  nous,  élail  élève  de  l'arclulectc  an- 
glais Adanis.  Nommé  surveillant  général  des  bàlimenls  et  pro- 
fesseur d'arcliileclure  à  l'Académie  de  La  Haye,  en  1826,  il  fut 
l'architecte  de  la  fondiîrie  de  canons  en  1841  et,  construisit,  égale- 
ment, à  La  Haye,  l'asile  pour  les  vieillards  israélites  ainsi  que  la 
synagogue  (1814),  enfin  une  église  protestante  à  Kralingen. 

Un  élève  de  Roodenburg,  Antonie  Willem  'Van  Dam,  né  à 
La  Haye  le  2  janvier  1815,  continua  ses  études  d'architecture 
dans  l'atelier  de  11.  Labrouste,  à  Paris.  Après  leur  achèvement, 
il  revint  à  ISotterdam  et,  à  la  suite  de  succès  obtenus  dans  les 
concours  de  l'académie  de  dessin  de  La  Haye  et  de  l'académie 
des  beaux-arts  d'Amsterdam,  il  fut  nommé  membre  de  celte  der- 
nière avec  le  privilège  d'une  pension  de  quatre  années  pendant 
lesquelles  il  visita  l'Italie  et  la  Grèce.  C'est  pendant  ce  voyage 
qu'il  se  lia  avec  Hansen,  l'archilecle  autrichien  dout  on  lira  plus 
loin  la  biographie.  Sa  première  œuvre  importante  date  de  184j 
à  1848;  c'est  l'église  prolestante  dite  Zuidcrkerk,  à  Hotterdam, 
édifice  de  style  ogival,  de  forme  octogonale  avec  deux  portails 
principaux  situés  diagonalemenl.  11  fut  ensuite  l'architecte  de 
l'église  (protestante)  Irène  kerk,  puis  de  la  façade  de  l'ancien 
théâtre,  de  la  grande  serre  chaude  du  Jardin  /oologique,  puis, 
en  collaboration  avec  M.  C.  Muysken,  du  cercle  des  membres  de 
la  société  de  ce  jardin,  sans  compter  un  nombre  considérable  de 
constructions  particulières,  toutes  ces  œuvres  à  Rotterdam,  hors 
<le  laquelle  il  a  construit  l'hôtel  de  ville  de  Gorinchem.  Profes- 
seur pendant  trente-cinq  années  à  l'académie  des  beaux-arts  de 
Rollerdam,un  des  fondateurs  de  la  Société  pour  la  propagation  de 
l'architecture  en  Hollande,  membre  honoraire  de  dilférentes  so- 
ciétés savantes  et  chevalier  de  l'ordre  de  la  Couronne  de  Chêne, 
M.  Van  Dam  habite  La  Haye  depuis  le  mois  de  mai  de  cette  année. 

M.  Willem  Springer  fut  d'abord  élève,  puis  membre  de 
l'académie  royale  des  beaux-arts  (aujourd'hui  disparue) 
d'Amsterdam  où  il  naquit  le  8  mai  1815.  Architecte  de  celle 
ville,  de  1858  à  1891,  il  est  aujourd'hui  membre  du  Conseil  des 
bâtiments.  Eu  collaboration  avec  M.  de  Greef,  dont  nous  donnons 
ci-après  la  biographie,  il  a  dessiné  un  grand  nombre  de  bàlimenls 
destinés  aux  divers  services  municipaux  d'Amsterdam  :  bureaux 
de  police,  casernes,  postes-vigies  pour  pompiers,  soixante  écoles 
primaires  nouvelles  auxquelles   il  faut  en  ajouter  trente -huit 


ClIAPITHE    Vil.  211 

îuilres  rebâties  pour  une  somme  de  8,2;i(),0(l()  fivincs.  Dans 
d'autres  travaux  encore,  M.  Springer  a  eu  pour  collaborateur 
M.  de  Greef,  notamment  le  tiiéàlre  de  la  ville  construit  en  1872 
et  qu'un  incendie  a  malheureusement  détruit  le  20  février  1890, 
un  cimetière  et  le  grand  laboratoire  de  l'Université  avec 
son  fils  M.  Jan  Springer;  il  fut  l'architecte  de  l'école  de  na- 
vigation [Kweekschool  voor  zeevaarl)  d'Amsterdam,  puis,  avec 
M.  Klinkhamer  la  fabrique  de  poudres  de  guerre,  près  de 
Muiden,  sur  l'emplacement  de  celle  détruite  en  1888  par  une 
explosion  ;  mais  il  a  eu  l'honneur  de  construire  seul  le  magni- 
fique gymnase  d'Amsterdam,  dont  la  façade,  de  style  classique, 
est  toute  en  pierre  de  taille.  M.  Jan  Springer,  outre  qu'il  fut 
le  collaborateur  de  son  père  à  l'école  de  navigation,  exécute  aussi, 
avec  lui  et  avec  la  collaboration  de  M.  A.  L.  Van  Gendt,  la  re- 
construction du  nouveau  théâtre  d'Amsterdam  sur  l'emplace- 
ment de  l'ancien,  incendié  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire. 
Quant  à  M.  Van  Gendt  il  est  déjà  connu  par  des  constructions 
particulières  importantes,  notamment  une  galerie  voisine  du  Pa- 
lais de  l'Industrie  et  le  restaurant  Hiche  à  Amsterdam. 

M.  Bastiaan  Jansz  de  Greef,  né  à  La  Haye,  le  9  février  1818, 
reçut  les  premières  notions  d'architecture  de  son  père,  l'archi- 
tecte Jan  de  Greef,  et  compléta  son  éducation  artistique  à  l'aca- 
démie des  beaux-arts  d'Amsterdam.  Nous  avons  dit  plus  haut 
qu'il  fut  presque  toujours  le  collaborateur  de  ^I!  \\'illem  Sprin- 
ger; pour  compléter  sa  biographie,  nous  ajouterons  qu'archi- 
tecte, de  1856  à  1890,  de  la  ville  d'Amsterdam  qui  lui  doit  ses 
sept  remarquables  cités  ouvrières,  il  a  été  pensionné  de  la  ville 
en  1890,  nommé  chevalier  de  l'ordre  du  Lion  néerlandais  et. of- 
ficier de  la  Couronne  de  Chêne. 

!\L  Jehan  Frederick  Metzelaar  est  né  à  Rotterdam,  le  21  juil- 
let 1818.  Elève  de  l'académie  des  beaux-arts  et  sciences  tech- 
niques de  cette  ville,  il  y  fut  ensuite  professeur  pour  la  section 
d'architecture  de  1839à  18."J0,  puis  pour  l'histoire  de  l'architec- 
ture de  1800  à  1868.  Médaillé  à  plusieurs  reprises  et  notam- 
ment à  notre  Exposition  universelle  de  1867,  il  est  chevalier  de 
l'ordre  du  Lion  néerlandais  et  de  l'ordre  de  Wasa  de  Suède. 
Ingénieur-architecte  du  ministère  de  la  justice  néerlandais, 
de  1870  à  1880,  il  aconslruitla  prison  de  Lecuwarden,  les  prisons 
cellulaires  de  Groningen,  de  La  Haye.  d'Arnhem  et  de  Breda,  les 


^il2  LES   ARCHITEGTES    PAR  LEURS    OEUVRES. 

palais  ou  cours  de  justice  de  Tiel,  d'IIilversum,  d'Alphcn,  d'A- 
peldoorn,  de  Geldermaisen,  etc.  M.  Metzelaar  est  membre  ho- 
noraire de  la  «  Société  pour  la  propagation  de  l'architecture  ». 
Mais   l'architecte   qui    occupe    encore   à  notre    époque,    en 
Hollande,  la  place  qu'avaient  conquise  en  France  Lassus  et  Yiollet- 
le-Duc,  les  initiateurs  des  architectes  du  siècle  aux  beautés  et  à 
la  puissance  depuis  longtemps  méconnues  de  Fart  ogival,  est 
assurément  M.  Petrus  Josephus  Hubertus  Cuypers,  né  à  Roer- 
monde  le  10  mai  1827.  11  fit  son  éducation  artistique  à  l'aca- 
démie d'.\nvers  où  il  remporta  le  prix  d'excellence;  mais  il  la 
compléta  par  un  séjour  de  quelques  années  en  France  et  en 
Allemagne.  Architecte  surtout  d'édifices  religieux  dont  la  cons- 
truction, due  à  une  science  autant  qu'à  un  génie  incontestables, 
lui  a  mérité  une  notoriété  considérable  en  dehors  des  limites  de 
son  pays,  M.  Cuypers  n'a  pas  construit  moins  de  83  églises 
catholiques  parmi  lesquelles  (pour  ne  citer  que  les  plus  impor- 
tantes), cinq  à  Amsterdam,  une  à  La  Haye  (Saint-Jacob),  une  à 
Delft  (Saint-Hippolyle),  une  à  Hilversum,  une  à  Sneek,  une  à 
Bréda,  une  à  Leeuwarden.  11  a  été  aussi  le  restaurateur  de  Notre- 
Dame  de   Roermonde,    de   Saint-Servais  et  de  Notre-Dame    à 
Maesiricht,  de  la  cathédrale  de  Bréda,  de  la  cathédrale  de  Mainz 
et   du  vieux  château  de  Haar,   dont  la  décoration  intérieure, 
les  vitraux  et  même  le  mobilier  ont  été  composés  sur  ses  dessins. 
Mais   à  côté  de   ses   œuvres   religieuses,    deux    édifices  civils 
auraient  suffi  à  assurer  à  M.  Cuypers  la  réputation  de  grand 
architecte  :  le  musée  d'État  [lii/h  Muséum)  et  la  gare  centrale 
des  chemins  de  fer,  tous  deux  à  Amsterdam,  souvent  reproduits 
par  la  photographie  ou  le  dessin.  M.  Cuypers  est  chevalier  de 
l'ordre  de  Grégoire-le-Grand,  de  la  Couronne  de  Chêne,  du  Lion 
néerlandais  et  grand  officier  de  l'ordre  d'Isabelle-la-Catholique, 
a  remporté  des  médaillesd'orauxdiverses  expositions  de  Londres, 
de  Paris,  de  Vienne,  de  Munich,  de  Berlin,  etc.  Membre  hono- 
raire de  la  Société  centrale  d'architecture  de  Belgique,  profes- 
seur à  l'école  normale  et  à  l'école  des  arts  industriels  d'Ams- 
terdam, il  est  membre  correspondant  de  l'Institut  des  architectes 
britaniques,  de  l'Institut  des  architectes  d'Anvers,  de  l'Institut 
des    architectes  de  New- York  et  de  Philadelphie,  de  l'Institut 
de  France,  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique,  de  la  So- 
ciété des  arts  industriels  de  Municli,  (hi   Musée  impérial  d'art 


ciiArriiii'  VII.  213 

el  d'iiuliislrie  do  Vienne.  Il  l'ail  partie  de  lu  C.ouiniiïisiun  des  mo- 
numents historiques  des  Pays-Bas,  et  est  conseiller  honoraire 
de  la  Société  centrale  des  architectes  de  Paris  ainsi  que  de  la 
Société  régionale  des  arcliilecles  de  Lille. 

iM.  Hendrik  Pétrus  Berlage,  né  à  Amsterdam  le  21  lé- 
vrier l8o(i,  très  connu  par  ses  conslriiclions  privées  en  Hol- 
lande et  à  Berlin'  est  élève  de  l'école  polytechnique  de^  Zurich. 
Lauréat  de  la  plupart  des  concours  auxquels  ila  pris  pari  (Bourse 
dWmsterdam  (1884),  façade  de  la  cathédrale  de  .Milan,  etc.),  il 
n'a  pu  obtenir  jusqu'ici  que  la  construction  d'un  édilice  public, 
le  grand  <<  sanatorium  »,  près  des  bois  de  Baarn,  en  collaboration 
avec  iNL  Théodor  Sanders.  Celui-ci,  né  également  à  Amsterdam, 
le  27  novembre  IS'i7,  et  élève  de  l'école  polytechnique  de 
Délit,  en  est  sorti  diplômé  architecte  et  ingénieur.  Collaborateur 
de  M.  Berlage,  lors  de  la  construction  du  «  sanatorium  »,  ainsi  que 
nous  venons  de  le  dire,  el  signataire  avec  lui  du  projet  présenté 
au  concours  de  la  nouvelle  Bourse,  il  a  élevé  le  Panoptlrinii 
d'Amsterdam  el  un  grand  panorama  à  Copenhague. 

Né  le  lo  juillet  18.J7  à  Maasluis,  M.  Daniel  Elisa  Cornelis 
Knuttel  est  sorti  de  l'école  polytechnique  de  Delll,  où  il  avait 
été  élève  de  E.  Gugel,  professeur  d'architecture,  avec  le  double 
brevet  d'ingénieur  et  d'architecte  (:1880j.  De  1882  à  1883  il  fui 
attaché  iv  la  conslruclion  des  bâtiments  établis  le  long  de  la 
ligne  ferrée  de  l'État  hollandais.  De  1885  à  1892,  archilecte  de 
la  ville  de  Leyde,  il  fut,  en  juillet  1892,  nommé  archilecle 
du  ministère  du  Waterstaat ,  à  la  ITaye,  où  il  a  construit  aussi  des 
maisons  et  des  écoles,  puis  les  gares  de  Zwaluwe  et  de  Waal- 
wyck,  à  Leyde,  le  bàliment  des  archives  (en  style  ogival),  le 
Siadsf/ehoorsaal,  avec  une  grande  et  belle  salle  de  concerl,  dans 
le  style  de  la  Renaissance,  etc.;  il  y  a  aussi  restauré  l'un  des 
édifices,  les  plus  anciens  des  Pays-Bas,  le  Burcht,  à  Leyde. 

Ici  se  place  la  biographie  de  l'un  des  archilecles  hollandais 
réputés  pour  leur  aciivilé  et  leur  remarquable  intelligence  : 
Cornelis  Outshoorn,  né  en  1812,  décédé  en  187.).  La  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  hollandais,  dont  il  clail  ingénieur  de- 
puis 1855,  lui  dut  les  stations  originaires  (remplacées  depuis)  de 
La  Haye,  d'Amsterdam,  etc.,  constructions  auxquelles,  partisan 
du  classique,  Oulshoorn  avait  essayé  de  donner  un  certain  ca- 
ractère archiieclural;  c'est  également  dans  ces  idées  ([u'ilconcnil, 


iil4  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

tout  en  fer  (l85o-1864),  le  Palais  de  riiidiislrie  d'AmsIerdam, 
destiné  aux  diverses  expositions  nationales  de  la  Hollande. 
De  1854  à  185G,  il  a  construit  le  bureau  des  postes  de  cette 
ville  (qui  va  disparaître)  ^el  le  musée  Fodor;  puis,  à  Amsterdam 
encore  (1864-1867)  l'iiôlel  Amstel,  vaste  consiruction  en  b'riques 
et  pierres  de  faille  dans  le  style  de  la  Renaissance  française  ainsi 
que  riiôjel  de  la  Société  littéraire  à  La  Haye  (1869-1870),  éga- 
lement souvenir  de  la  Renaissance,  remarquable  par  ses  pro- 
portions. Le  Palais  de  l'Induslrie  long  de  126  mètres,  orné  d'une 
coupole  de  forme  elliptique  longue  de  21  mètres,  à  une  hauteur 
de  57  mètres  au-dessus  du  sol,  se  compose  d'une  nef  centrale 
donnant  accès  à  quatre  salles  latérales  moins  élevées  qu'elle  et 
forme  un  ensemble  imposant.  Ajoutons  que  l'édifice  est  construit 
sur  pilotis  et  que  l'arcbitecle  eut  de  nombreuses  difficultés  à 
vaincre  pour  en  établir  les  fondations. 

Jan-David  Zocher,  fils  d'un  architecte,  né  à  Haarlem  le 
12  février  1790  et  élève  de  Lebas,  à  Paris,  est  connu  plutôt  par 
ses  nombreux  dessins  d'archilecture  et  comme  créateur  du  parc 
royal  de  Soestdijk,  qu'il  exCcuta  sur  les  plans  de  son  père.  Il 
avait  conçu  le  projet  d'une  nouvelle  «  Rourse  des  marchands  »  à 
Amsterdam  qu'il  réalisa  de  1841  à  1845  et  mourut  en  1871. 
En  1849,  le  Yachl-Club  des  Pays-Ras  ayant  ouvert  un  concours 
pour  la  censiruction  de  l'iiùlel  de  ses  membres  à  Rotterdam, 
c'est  le  projet  de  M.  Abraham  Nicolaas  Godefroy,  né  à  Amster- 
dam le  12  août  1822,  qui  fut  primé  et  exécuté;  l'édifice,  inau- 
guré le  30  juin  1851,  présente  tout  le  conforlable  intérieur 
désirable.  On  doit  encore  à  cet  architecle  la  nouvelle  église 
wallonne  d'Amsterdam  (1855)  qu'il  fut  d'ailleurs  obligé  de  re- 
construire, après  un  incendie  arrivé  en  1852;  en  1856,  les 
bureaux  de  la  grande  Société  de  commerce  néerlandaise;  de  1856 
à  1863,  la  ferme  modèle  deM.Yan  Amersfoort,  dans  le  Polder  du 
lac  de  Haarlem,  le  grand  liôpilal  pour  les  accouchées  (Amster- 
dam, 1868),  ci,  dans  la  même  ville,  la  maison  des  orphelins  de  la 
Diaconie  proleslanle.  Membre  du  conseil  de  l'académie  royale 
des  beaux-arts  jusqu'à  sa  suppression,  membre  honoraire  de  la 
Société  pour  la  propagation  de  l'architecture,  M.  Godefroyoccupe 
les  loisirs  de  sa  verte  vieillesse  à  relever  les  anciennes  construc- 
tions de  la  Renaissance  néerlandaise  disparues  ou  existant  encore 
auiourd'bui  sur  le  sol  de  la  Hollande. 


CHAPITRE  VII.  213 

Quoique  Lucas  Hermann  Eberson  n'uit  a(  taché  son  nom  à 
l'érection  d'aucun  des  édifices  publics  de  la  Hollande,  la  belle  salle 
despeclacle  et  lesplendide  salon-foyer  qu'il  installa,  en  lS76,dans 
l'aile  gauche  du  chàleau  deLoo,  suffiraient  pour  lui  assurer  une 
place  dans  notre  ouvrage.  Du  i-esle,  il  s'est  toujours  inspiré  des 
principes  classiques  de  l'école  française,  tout  en  conservant  son 
originalité.  Né  le  23  mars  1822,  'i  Arnliem,  où  il  est  mort  le 
30  novembre  1889,  il  partit,  à  l'âge  de  vingt  ans,  pour  Anvers  où 
il  commença  ses  éludes  d'architecture.  En  1844,  il  venait  à  Paris, 
entrait  dans  l'alelier  de  Grisarl  et,  pendant  sept  années,  demeu- 
rait le  collaborateur  de  J.  Gailhabaud  qui  écrivait  alors  son  ou- 
vrage, «  l'Architecture  du  xi"  au  xvii"  siècle  »  ;  puis,  après  quel- 
que temps  passé  dans  l'atelier  de  Lacornée,  s'élablissait  à 
Arnhem  en  1851.  Il  fut  surtout  l'architecte  de  la  haute  aristo- 
cratie néerlandaise;  il  bàtii  pour  elle  un  gr;ind  nombre  de  châ- 
teaux et  déniaisons  de  campagne,  entre  autres  le  château  de  Kor^ 
tenberg,  près  de  Renkum,  plus  tard  restauré  et  agrandi  pour  le 
roi  Guillaume  111.  maintenant  connu  sous  le  nom  de  Oranje- 
JNassauoord;  il  fut  l'urcliitecte  du  comte  de  Cbambord  pour  la 
restauration  et  l'arrangement  intérieur  du  château  de  Brorabeek, 
près  d'Arnhem.  Ses  plus  remarquables  reslaurations  sont  celles 
des  châteaux  de  Beverwaard,  près  d'Utrecht,  Middachten  et  Bil- 
joen,  près  de  Velp,  Bosendaal,  aussi  près  de  Velp,  Engelenburg 
à  Brummen,  les  châteaux  de  Benswonde,  den  Berg,  à  Buurlloo, 
à  Erde,  de  Bingerden,  etc.  Enfin,  Eberson  restaura  pour  le  roi 
le  château  de  Colmar-Berg,  dans  le  grand-duché  du  Luxem- 
bourg, et  mourut  arcliilecle  en  chef  du  roi  de  Hollande,  che- 
valier de  l'oidre  de  la  Couronne  de  Chêne,  du  Lion  d'Or  de 
Nassau,  de  l'ordre  du  Mérite  de  Waldeck-Pyrmont,  etc. 

C'est  à  un  architecte  bavarois,  M.  Eugène  GugeL  né  le 
16  mars  1832,  à  Bergzabcrn,  en  Bavière,  que  revient  l'honneur 
d'avoir  conçu  le  plan  de  l'Université  d'Utrecht  dans  le  style 
de  la  Renaissance  hollandaise,  malgré  les  eiïorts  de  la  section 
des  beaux-arts  près  le  ministère  de  l'intérieur  de  Hollande, 
avec  la  collaboration,  il  est  vrai,  de  l'archilecle  Nieuwenhuis, 
dont  nous  donnons  ci-après  la  biographie.  Elève  de  l'école  po- 
lytechnique et  de  l'Académie  des  beaux-arts  de  Munich  où  il 
étudia  l'architecture  dans  l'atelier  de  Langei  I8o()-I8o0j,  M.  Gii- 
gel  fut  chargé,  de  \S'.^1  à  ISoO.  de  la  conslruclioii  de  la  plu- 


210  LKS   AHCllITKCTKS  PAU  LEl  US   (iKi; VUES. 

pari  (les  gares  sur  la  ligne  de  Hosenlieini  à  Innsbriick,  puis 
d'un  palais  d'élé  à  Feldafling,  près  le  lac  de  Starnberg,  sur 
le  projet  de  l'archilecle  Voit;  mais  la  mort  de  Maximilien  lit  ar- 
rêter les  travaux  et  le  roi  Louis  II  de  Bavière  consola  l'arclii- 
tecle  en  lui  faisqnt  faire  quelques  agrandissements  à  son  cliàteaii 
de  Herg,  également  sur  les  bords  du  lac.  Kn  t<S(Ji,  il  tut  nommé 
professeur  à  l'école  polyleclmique  de  Dclft,  seciion  d'architec- 
ture; il  agrandit  celle  école  qu'il  dotn,  en  1874,  d'un  labora- 
toire de  physique,  puis  reconstruisit  la  tour  de  la  nouvelle 
église  de  Delfl,  déiruite  par  un  incendie  (avec  la  collaboration 
de  M.  Cuypers);  mais  ses  œuvres  les  plus  importantes  sont,  sans 
contredit,  le  Palais  des  arts  et  des  sciences  de  La  Haye  (1876) 
et  le  club  des  étudiants  de  l'Université  de  Leyde.  Depuis  long- 
temps naturalisé  Hollandais,  M.  le  professeur  (iugel  est  officier 
de  l'ordre  d'Urange-Nassau,  chevalier  du  Lion  néerlandais  et 
membre  honoraire  de  nombreuses  sociétés  d'architeclure. 

M.  Ferdinand  Jacob  Nieuwenhuis,  collaborateur  de  M.  Gu- 
gel  pour  la  construction  de  l'Université  d'Utrecht,  naquit,  le 
9  août  18i8,  à\\'oerden.  Élève  de  l'école  polytechnique  de  Delft 
et  de  l'académie  d'architecture  de  Berlin,  il  fut  pendant  quelque 
temps  l'adjoint  de  AI.  (Iugel  à  l'école  dont  il  avait  été  l'élève,  puis, 
pendant  dix-huit  années,  professeur  de  l'histoire  de  l'architecture 
à  l'école  des  sciences  techniques  de  Botterdam.  Directeur,  depuis 
deux  années  des  travaux  publics  à  UtrechI,  il  y  a  restauré  le 
chœur  de  la  catlrédrale  et  refait  de  notables  parties  de  l'église 
Saint-Jacob,  puis  il  a  conçu  la  création  de  la  Bourse  qui  sert  en 
même  temps  de  marché  aux  fruits,  des  églises,  des  écoles,  des 
maisons  de  campagne,  dans  la  province  d'Ulrechl.  Delft  lui  doit 
le  laboratoire  de  physique  et  le  club  des  étudianis  à  l'école  poly- 
technique; à  La  Haye  il  restaura  les  locaux  nécessaires  à  la 
réunion  des  États  généraux  ainsi  que  le  palais  du  ministère  du 
NN'aterstaat.  M.  Nieuwenhuis,  membre  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes, est  chevalier  do  l'ordre  d'Orange-Nassau  depuis  le  mois 
de  mai  de  cette  année. 

Destiné  à  être  toute  sa  vie  distillateur  et  marchand  de  vins, 
Hermann  Jan  van  den  Brink  dut  au  hasard  la  révélation  de  sa 
véritable  vocation.  Faisant  reconstruire,  à  Botterdam  où  il  était 
né  le  14  mars  1816,  sa  maison  principale  de  commerce,  il  ren- 
voya son  architecte  dont  il  était  mécontent  et  dressa  de  nou- 


CLUYSENAAR 


CllAPITItF.    VII.  217 

vciuiv  plans  dont  il  snr\cillii  rc\é(Milion  ;  mais  ce  ne  fui  qu'en 
i8o4  qu'abandonnant  délinilivement  sa  première  carrière  il  se 
mil  à  étudier  sérieusement  les  principes  de  rarchiteclure,  el  nous 
devons  dire  que  ses  progrès,  d'une  étonnante  rapidité,  lui  per- 
mirent d'accueillir  la  proposition  que  lui  fit  l'archevêque  d'U- 
trcclit  de  donner  son  appréciation  sur  deux  projets  de  séminaire 
qu'il  se  proposait  de  construire  dans  celle  ville.  Ils  semblèrent 
défectueux  à  van  den  Brink  et  son  projet  personnel  fut  accueilli 
par  le  prélat  qui,  plus  tard,  lui  conlia  la  restauration  de  la  ca- 
thédrale d'Utrecht,  accomplie  par  lui  avec  un  réel  talent.  Depuis 
18.Ï7,  il  construisit  beaucoup  d'églises  catholiques,  l'hôpital 
Saint-Jean-de-Dieu  à  La  Haye,  le  nouveau  cimetière  à  Hotter- 
dam,  les  séminaires  d'Hageveld,  l'iiùlel  du  Grand  Club  (en 
collaboration  avec  l'aiThilecle  Gossclialk  ) ,  sur  le  Dam,  à 
Amsterdam,  et  un  grand  château  gothique  (^démoli)  à  Stouten- 
burg,  près  d'Amersfoort.  Archile(;te  de  la  remarquable  maison 
hollandaise  qui  figura  dans  la  »  rue  des  Nations»  à  l'Exposition 
inlernalionale  de  1878,  van  den  Brink,  membre  de  l'académie 
royale  des  beaux-arls  à  Amsterdam,  est  mort  le  17  mai  1883. 
Né  à  Amsterdam  le  13  aviil  1838,  Isaac  Gosschalk  fut  un 
des  premiers  arcbitecles  hollandais  qui  s'inspirèrent  des  formes 
do  la  Renaissance  néerlandaise  et,  à  peu  d'exceptions  près, 
toutes  ses  créations  ont  été  conçues  dans  le  style  des  xvi"  et 
xvii'  siècles,  en  briques,  mais  relevées  par  une  foule  de  motifs 
décoratifs  d'un  effet  le  plus  souvent  gracieux.  Parmi  elles  nous 
citerons  :  deux  usines  de  la  Compagnie  continentale  du  gaz  à 
Amsterdam,  l'hôpilal  et  l'Iiospice  des  vieillards  Israélites,  une 
grande  école  pour  la  communauté  Israélite  également,  et  plu- 
sieurs maisons  particulières  à  Amsterdam.  Mais  son  œuvre  prin- 
cipale avec  le  grand  Club,  dans  la  construction  duquel  il  fut  le 
collaborateur  de  van  den  Brink,  est  le  Panorama  d'Amsterdam. 
En  sa  qualité  de  membre  de  l'ancienne  Commission  des  monu- 
ments historiques  des  Pays-Bas,  Gossclialk  a  concouru  à  la 
restauration  de  riiùlel  de  ville  de  lleusden,  de  la  porte  dite  Wa- 
terpoort  à  Sneek,  de  l'Iiôtel  de  ville  de  Gouda,  des  églises  pro- 
testantes de  Kampen,  de  Geerlruidenberg,  etc.  Il  est  en  ce 
moment  l'arcliitecle  de  la  gare  du  chemin  de  fer  de  l'État  à  Gro- 
ningue  et  on  n'a  pas  oublié,  en  Hollande,  combien  il  se  montra  dé- 
corateur lorsqu'il  fut  cliarfiédc  l'exéculion  du  vaisseau  de  guerre 


2J8  LES   ARCHITECTES  PAU  LEIHS   OEUVRES. 

dil  (t  Galjool  »  qui  figuraaux  fêtes  données,  en  1887,  an  roi  Guil- 
laume m,  parla  \'illc  d'Amslerdam. 

Les  œuvres  archilecturales  affectées  à  un  service  public  de 
M.  Léliman  sont  peu  nombreuses  :  l'Iiôpilal  appelé  Ziekenver- 
pleging  (^i  une  école  pour  la  classe  ouvrière  à  Amsterdam,  puis 
l'église  de  Metiray  ;  mais  les  efforts  de  cet  arcliiteciedans  le  but 
d'améliorer  les  habitalionselles  établissemenlsd'instruction  des- 
tinés à  la  classe  ouvrière  qui  lui  ont  valu  une  médaille  en  1800,  et 
ceux  qu'il  a  accomplis  pour  la  propagation  de  l'arclii  lecture  en  Hol- 
lande nous  faisaient  un  devoir  d'inscrire  ici  son  nom  parmi  ceux 
des  arcliitectes  les  plus  recommandables  de  ce  pays.  Du  reste, 
M.  Johannes  Hermanus  Léliman,  né  le  20  juin  1820  à  Amster- 
dam, lauréat,  en  1850,  de  l'académie  des  beaux-arts  oîi  il  fit  ses 
premières  études,  puis  élève  de  II.  Labrouste  à  Paris,  de  1852 
ù,  18.53,  a  obtenu  en  1800  la  grande  médaille  d'or  de  la  Société 
centrale  des  arcliitectes  de  France  dont  il  est  membre  correspon- 
dant, en  1870,  la  médaille  d'argent  de  la  Société  libre  des  beaux- 
arts  de  Paris  et  fut  quatre  fois  couronné  par  la  Société  pour  la 
propagation  de  l'arcbitecture  d'Amsterdam  sur  le  développement 
de  laquelle  il  eut  une  influence  considérable.  Il  est  cbevalier  des 
ordres  de  la  Coceiçnd  et  du  Cbrist  du  Portugal. 

M.  Constantin  Muysken,  né  le  19  octobre  1843  à  Ilillegom, 
est  le  représentant  le  plus  distingué,  en  Hollande,  des  artistes  qui 
ont  conservé  le  culte  des  grands  maîtres  de  la  Renaissance. 
Élève  de  l'école  polytechnique  de  Delft  et  de  celle  de  Hanovre, 
puis  ayant  complété  ses  éludes  à  Vienne  et  en  Halie,  il  a  installé 
la  section  néerlandaise  aux  expositions  internationales  de  Vienne 
en  1873  et  de  Philadelphie  en  1870.  Comme  édifice  public  dû  à 
cet  arcbilecte,  nous  n'avons  à  citer  que  l'église  protestante  de 
Iloorn  construite  dans  le  style  de  la  Renaissance  des  xvi'  et 
xvu°  siècles,  mais  fort  nombreuses  sont  ses  œuvres  particulières  : 
hôtels,  châteaux,  maisons  de  campagne  toutes  marquées  d'une 
originalité  remarquable,  outre  le  cercle  de  Rotterdam  construit, 
nous  l'avons  dil,  avec  la  collaboration  de  M.  van  Dam.  M.  Muys- 
ken est  président  de  la  Société  pour  la  propagation  de  l'archi- 
leclure  en  Hollande,  chevalier  de  l'ordre  du  Lion  néerlandais, 
chevalier  de  l'ordre  de  François-Joseph  d'Autriche,  conseiller 
de  la  Société  des  architectes  du  département  du  Nord. 

Trois  jeunes  architectes  qui  se  sont  fait  déjà  connaiire  par  des 


CHAPITRE  YII.  219 

liavaiix  imporlanls  viennent  prendre  place,  en  Hollande,  à  la 
snile  de  leurs  aînés  :  ce  sont  MM.  de  Kruyff,  Peters  et  Cuypers. 
M.  Jacques  Roland  de  Kruyff,  né  à  Harlem  en  1844,  élève  de 
l'école  polytechnique  de  Deiri,puis  de  l'école  des  aris  industriels  à 
Vienne,  perfectionna  ses  éludes  d'architecture  en  Italie.  Archi- 
lecle  de  l'Exposition  des  arts  industriels  à  Amsterdam  en  1877, 
il  esl,  depuis  1881,  directeur  de  l'école  installée  dans  les  bâti- 
ments du  musée  à  Amsterdam  pour  l'étude  des  arts  industriels, 
il  a  obtenu  au  concours  l'exécution  du  monument  élevé  au  doc- 
leur  Sarphali.  Vice-président  de  la  Société  pour  la  propagation 
de  l'architecture  en  Hollande,  il  est  officier  de  la  Couronne 
de  Chêne  et  chevalier  de  l'ordre  de  François-Joseph  d'Autriche. 

M.  Cornélis  Hendrik  Peters,  né  à  Groningue  le  I"  janvier 
1847,  étudia  rarchilecture  dans  les  ateliers  de  Brennissen- 
Troost,  à  Sneek,  et  de  P.-J.-H.  Cuypers,  à  Amsterdam.  Depuis 
1876,  architecte  du  gouvernement  hollandais,  il  a  dirigé  à  La 
Haye  de  1876  à  1883,  la  construclion  du  ministère  de  la  Justice, 
la  créalion  la  plus  monumentale  de  la  Hollande  à  notre  époque, 
après  le  musée  d'Amsterdam  et  l'hôlel  des  posles  et  télégra- 
phes. Hors  de  La  Haye  il  a  été  chargé  de  l'édification  de  nom- 
breux bureaux  de  poste  et  notamment  de  celui  d'Amsterdam 
dont  la  première  pierre  sera  posée  incessamment.  Sa  restaura- 
tion, de  1889  à  1891,  de  l'ancienne  consiruclion  de  IL  de  Key- 
ser,  occupée  par  la  Compagnie  des  Indes  orientales,  a  fait  le 
plus  grand  honneur  à  M.  Peters,  qui  est  commandeur  de  l'ordre 
d'Isabelle-la-Catholique. 

M.  Willem  Cornélis  Metzelaar,  né  le  9  août  1848 à  Rotterdam, 
reçut  les  premières  leçons  d'architecture  de  son  père.  Sorli  de 
l'école  polytechnique  de  Delft  avec  le  brevet  d'ingénieur  et  d'ar- 
chitecte, il  exerça  d'abord  sa  profession  dans  la  ville  de  Deven- 
ter;  mais,  depuis  dix  ans,  il  a  succédé  à  son  père,  comme  ar- 
chilecle  du  ministère  de  la  Jusiice,  à  La  Haye.  En  cetle  qualité 
il  a  bâti  une  école  de  l'Etat  à  Avereest,  la  prison  cellulaire  de 
Nieuwer-Amstel,  près  d'Amsterdam,  les  tribunaux  d'IIaarlem  et 
de  Zulphen,  ce  dernier  accompagné  d'une  prison. 

Né  à  Rotterdam  le  14  février  1800  et  élève  de  M.  Gugol  dont  il 
suivit  les  cours  à  l'école  polytechnique  de  Dclfl,  M.  Johannes 
Dzn.  Verheul  s'est  déjà  fait  connaître  comme  architecle  du 
nouveau  théâtre   de   noilerdam  qu'il  exécuta,  à  la  suite  d'un 


220  LKS   AHGHITEC/i'ES   PAR  LEURS   UEIVRES. 

concours,  de  1885  à  I8S7.  La  façade  de  l'édifice,  de  slyle  He- 
naissaiice,  en  briques  cL  pierres  de  laille,  est  d'un  grand  efîel, 
malgré  la  sobriété  de  sa  décoralion;  les  aménagemenls  et  déga- 
gements delà  salie  ont  été  exécutés  avec  le  plus  grand  soin; 
aussi  l'exposition  de  cette  œuvre  a-t-elle  valu  à  son  auteur,  à  Pa- 
ris, en  1889,  une  médaille  d'argent.  C'est  aussi  à  la  suite  d'un 
concours,  que  M.  Verheul  a  construit  la  grande  église  d'Apel- 
doorn  et, en  1 889,  la  salle  de  concert  de  Doi"dreclit,  avec  des  salles 
de  réunion  pour  la  société  dite  Kuntsmin. 

M.  Joseph  Théodoor  Jan  Cuypers  est  né  le  10  juin  18(il  à 
Ruremonde.  Ancien  élève  do  l'école  polytechnique  de  Delfl,  il  a 
suivi  les  cours  de  l'école  des  arts  industriels  d'Amsterdam  où  il 
est  architecte.  Chargé  de  restaurations  à  l'hôtel  de  ville  de 
Francker  (édifice  du  xvi'  siècle),  à  Notre-Dame  de  Maestricht 
(xii°  siècle)  et  à  Saint-Pléchelme  d'Oldenzual  (.\ii'  et  xv°  siècles), 
il  est  l'architecte  des  églises  catholiques  de  Nés.  de  Sas  Yan  Cent 
et  de  Haamsdonksveer  dans  la  construction  desquelles  il  a  suivi 
le  style  dont  son  père,  M.  P.-J.-II.  Cuypers,  est  le  représentant  le 
plus  éminent.  Il  a  été  nommé,  en  1888,  chevalier  de  l'ordre  de 
Saiiit-Grégoire-le-Grand. 

M.  Nicolaas  Molénaar,  né  le  30  juillet  1 850  à  Sneek,  est  surtout 
un  architecte  d'églises.  Élève  de  Cuypers  jusqu'en  1878,  il  fut 
employé  de  1878  à  1880  au  ministère  de  l'intérieur,  section  des 
bâtiments.  Les  principaux  édifices  religieux  dont  il  est  l'archi- 
tecte sont  :  l'église  Saint-Ignace  à  Rotterdam  avec  son  presby- 
tère (1890-92);  dans  la  même  ville  et  h  la  même  époque,  l'église 
de  rimmaculée-Conception;  de  1890  à  1891,  l'église  de  Wœr- 
den  ;  il  a  également  restauré  et  agrandi  le  château  de  <<  Cloeze  », 
près  de  Lochum,  et  est  l'architecte  d'un  nombre  considérable 
d'écoles  et  de  maisons  particulières. 

Élève  d'un  ingénieur  civil,  M.  II.  Linze,  puis  ensuite,  à  An- 
vers, de  l'architecte  P.  Dens  dont  il  fréquenta  l'atelier  jusqu'en 
1864,  M.  Adrianus  Cyriacus  Bleys  est  né,  le  29  mars  1842, 
à  Hoorn  (Hollande  du  Nord).  Architecte  d'abord  dans  son  pays 
natal,  de  1864  à  1880,  il  est,  depuis  cette  dernière  date,  établi 
à  Amsterdam.  C'est  surtout  un  architecte  d'édifices  religieux, 
(luoiqu'il  ait  construit  une  villa  et  un  hôtel  de  ville  à  Obdam  ; 
on  lui  doit  enelTet  les  églises  catholiques  de  Heer  Hugo  Waard,  de 
Gouda,  de  lloorn,  de  Saint-Nicolas  et  Saiute-Élisabcth  cl  le  grand 


CHAPITHK   VII.  2-21 

cimelière  de  Saiiile-Barbe  à  Amslerdam,  une  église  à  Obdam, 
Sainl-Joseph  à  Soest;  puis,  dans  l'évèché  de  llaarlem,  celles 
de  Ketliel  el  Pynacker,  des  hôtels  de  ville  et  des  maisons  dans 
les  provinces  d'L  trecht  et  de  Hollande. 

Élève  de  son  oncle,  mais  imprimant  à  ses  œuvres  un  caractère 
absolument  original  ,M .  Eduard  G. H.  H.  Cuypers  est  né  le  1 8  avril 
1859,  à  Roermond;  il  a  surtout  appliqué  à  ses  constructions, 
faites  la  plupart  pour  des  particuliers,  le  style  de  la  Renaissance 
hollandaise  ;  cependant  la  station  de  Bois-le-Duc,  pour  la  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  de  l'Ktat,  est  un  spécimen  de  la  transition 
qui  s'est  effectuée  entre  l'ogival  et  la  Renaissance  hollandaise. 

M.  Abraham  Salm,  fils  de  l'arcliilecte  G.-B.  Salm,  est  né  à 
Amsterdam  le  20  mars  1837  et.  a  fréquenté  de  nombreux  ateliers 
ainsi  que  l'École  des  beaux-arts  de  Paris.  Amslerdam  lui  doit  les 
bâtiments  de  l'Institut  des  jeunes  aveugles  dont  la  construction 
lui  a  valu  la  médaille  d'or  de  Saint-Stanislas;  il  est  également 
l'architecte  d'une  synagogue,  de  divers  bâtiments  de  l'Exposition 
et  d'un  magnilicpie  hôtel  à  Amsterdam  dont  l'architecture  est 
empruntée  au  si  vie  de  la  Renaissance  française. 

M.  Christiaan  Bernard  Posthumus  Meyjes,  né  à  Eemnes- 
Buiten.le  II  juin  J8o8,  élève  aussi  de  M.  Gugel  à  l'école  polytech- 
nique de  Delft  et  de  l'architecte  W.  Springer,  est  également  un 
partisan  de  la  Renaissance  hollandaise.  C'est  dans  ce  style  qu'il 
a  conçu  l'hôtel  de  la  Société  des  chemins  de  fer  hollandais  à 
.Amsterdam,  ainsi  que  la  station  de  Delft,  un  orphelinat  de  gar- 
çons el  le  cercle  pour  les  gens  du  peuple,  dit  0ns  huis,  etc.  Dans 
sa  restauration  de  la  façade  septentrionale  de  !'«  Église  nouvelle  » 
à  .\msterdam,  édifice  de  style  ogival,  M.  Meyjes  a  prouvé  qu'il 
joignait  l'érudition  au  talent.  Architecte  de  la  section  néerlan- 
daise à  l'Exposition  universelle  de  1S89,  il  fut  nommé,  à  cette 
occasion,  officier  de  l'Instruction  publique. 

Avant  de  terminer  la  biographie  des  architectes  lioliandais  de 
notre  siècle,  nous  mentionnerons  le  nom  de  Gérardus  Hendrick 
Grauss,  né  à  Middelburg,  en  1828,  qui  fut  professeur  à  l'école 
de  dessin  de  sa  ville  natale,  puis  devenu  architecte  municipal 
de  Middelburg, y  éleva  une  salle  de  concerts;  enfin  celui  de  Jan 
Kraner,  auteur  du  monument  élevé  à  La  Haye  à  la  mémoire  du 
roi  (ùiillaume  II,  en  1853,  déclarant  d'ailleurs  que  nous  ne  pos- 
sédons aucun  l'enseignement  bidgrapliique  sur  cet  arlisl(>. 


CHAPITRE   VIII 

L'architecture  officielle  a,  pour  ainsi  dire,  disparu  de  l'Angleterre  et,  en  même 
temps,  s'est  produit  l'abandon  définitif  du  classique  et  des  formes  de  la 
Renaissance.  —  Le  goût  anglais,  privé  d'une  direction  supérieure,  adopte  en 
architecture  un  éclectisme  irrélléchi,  corrigé  par  une  préférence  décidée  des 
architectes  pour  l'ogival  anglo-normand  et  le  style  Tudor.  —  L'esprit  de 
controverse,  conséquence  du  protestantisme,  multiplie,  à  Londres  et  surtout 
dans  les  comtés,  les  temples  et  les  chapelles. 


Nous  avertissons  le  lecteur  que  la  tentative  de  Ch.  Barry  de 
créer,  avec  tous  les  éléments  rassemblés  par  son  génie,  une 
architecture  nationale  anglaise  moderne,  ne  fut  suivie  d'aucune 
autre  et  que,  désormais,  les  édifices  élevés  sur  le  sol  de  l'Angle- 
terre ne  sont  plus  que  des  mélanges  étranges  et  sans  goût  du 
style  ogival  anglo-normand  à  toutes  les  époques,  quelle  que  soit 
d'ailleurs  la  nature  des  éditices  auxquels  il  est  appliqué  par 
l'architecte  anglais.  Et  peut-il  en  être  autrement  alors  que  nous 
savons  qu'il  n'y  a  point,  en  yVngleterre,  d'écoles  nationales  ou 
publiques  où  s'enseigne  l'art  de  bâtir?  C'est,  en  effet,  par  un 
stage  chez  un  architecte  exerçant,  sa  profession,  que  l'élève 
architecte  acquiert  les  connaissances  théoriques  et  pratiques  qui 
lui  sont  nécessaires.  Point  d'enseignement  officiel  dirigeant, 
comme  en  France,  l'esprit  du  jeune  artiste  incapable  de  faire  uu 
choix  parmi- les  produits  si  divers  de  l'art  architectural  qu'il  a 
pu  contempler  et  même  étudier  avant  son  entrée  à  l'Ecole,  de 
lutter  contre  des  tendances  personnelles  qui  seraient  susceptibles 
de  le  jeter  dans  une  voie  déplorai)le,  si  l'autorité  du  maître  ne 
venait,  à  temps,  l'avertir  qu'il  fait  fausse  route  et  lui  inculquer 
les  règles  de  l'esthétique  la  plus  conforme  à  la  production  du 
beau  reconnu  tel  par  les  plus  grands  artistes  ou  critiques  d'art. 

La  création,  en  1834,  de  l'Institut  des  architectes  britanni- 
ques fondé,  dit  le  règlement.   «  pour  faciliter  l'acquisition  des 


CHAIMTMK   VIII.  223 

connaissances  arcliileckirales,  ainsi  que  l'avancemenl  des  dill'é- 
rentes  branches  de  la  science  qui  ont  rapport  à  l'architecture, 
et  pour  établir  une  certaine  uniforniilé  et  honorabilité  [respec- 
lalnlily)  dans  l'exercice  de  la  profession  d'architecte  »,  n'a  pu 
évidemment  que  suppléer  d'une  façon  très  imparfaite  à  l'absence 
de  l'enseignement  ofliciel.  Les  moyens  employés  par  cette  hono- 
rable société  sont  des  expositions  fréquentes  de  projets  exécutés, 
tant  sur  des  sujets  proposés  par  elle  avec  distribution  de  récom- 
penses à  ceux  de  ces  projets  qui  ont  réuni  les  suffrages  de  la 
commission  d'examen,  que  sur  des  projets  d'édifices  civils  ou 
religieux  commandés  par  des  associations  ou  de  riches  particu- 
liers qui  n'hésitent  pas,  en  Angleterre,  à  consacrer  à  leur  exécu- 
tion un  demi-million  et  même  davantage.  Le  succès  obtenu  par 
le  concurrent  plus  heureux  ou  mieux  inspiré  peut  bien  servir  de 
guide  au  jeune  architecte  appelé  à  exécuter  une  œuvre  analogue 
à  l'œuvre  primée,  mais  elle  le  laisse  sans  défense  dans  tous  les 
autres  cas,  puisqu'il  n'est  point  en  possession  de  connaissances 
fondées  sur  l'observation  de  règles  ab.solues  enseignées  par 
l'École,  Du  reste,  il  est  juste  d'ajouter  qu'à  l'origine,  du  moins, 
les  architectes  anglais,  membres  de  l'Académie  royale  (consi- 
dérés en  haut  lieu  comme  les  maîtres  de  l'art  architectural 
contemporain),  avaient  refusé  leur  nomination  de  membres  de 
l'Institut  des  architectes  britanniques  dont  ils  redoutaient  les 
tendances  révolutionnaires  (I). 

Sous  le  bénélice  de  ces  observations,  nous  reprenons  la  bio- 
graphie des  architectes  anglais  au  point  où  nous  l'avons  laissée 
dans  le  chapitre  IV.  A  Londres,  peu  d'éditices  religieux,  et 
parmi  eux  moins  encore  dignes  d'une  mention.  Signalons  au  pas- 
sage l'église  de  Saint-Jean-de-Jérusalem,  élevée  en  18&6,  atte- 
nante à  l'hôpital  de  ce  nom,  et  véritable  exception  aux  habitudes 
des  architectes  anglais  rappelés  plus  haut,  puisque  la  façade  de 
l'église,  de  style  ionique  dans  les  basses -œuvres,  prend,  en 
s'élevant,  le  caractère  corinthien.  En  forme  de  parallélogramme, 


(I)  In  niaking  tliis  observation,  il  is  pioper  lo  remnik  (liât  tlie  architecfs  at- 
tachée! to  the  Royal  Academy  hâve  not  yet  joiiied  us,  but  as  they  bave  allexpressed 
llie  same  frienJly  feeliiig  ami  a  disposition  to  i'orward  our  iiitoresls,  tlie  day, 
it  niay  be  hoped,  is  not  far  distant,  whoreiu  they  niay  consider  it  nol  incompa- 
tible with  their  duties  as  Royal  Acadeniiciaiis,  to  add  tlieir  distingiiisbed  names 
to  ouilist.  [JnmiMÛom  uf  Ihe  Iiisliltile  of  brilish  (irchitprls.  S.  18:io-30.) 


2-2i  LES   ARCHITECTES   PAU  LEIIHS   («OUVRES. 

elle  piésenle  deux  légers  retraits  à  la  place  des  transepts  à  la 
croisée  desquels  s'élève  une  coupole  de  37  pieds  anglais  au- 
dessus  du  niveau  de  la  voûte.  Arcliitccle  :  Goddie  dont  nous 
n'avons  pas  trouvé  la  biograpliie.  Le  même  architecte,  en  col- 
laboration avec  Schild,  éleva  l'église  catholique  Sainte-Mary, 
précédée  d'un  large  porche  dans  le  style  de  la  première  partie 
du  xiii'  siècle.  Dans  le  quartier  pauvre  de  .Mary-le-Bone,  il 
se  trouva  un  architecte  anglais,  B.  Francis,  pour  transformer 
(janvier  1853)  un  théâtre  en  une  église,  l'église  Saint-Mathieu, 
dont  il  refit  la  façade  en  conservant  les  formes  destinées  à  l'édi- 
fice primitif.  PS'ous  mentionnons  enfin  l'église  Saint-Mark 
(d'Albert  road),  consacrée  le  27  avril  1853,  qui  eut  pour  archi- 
tecte Thomas  Little,  qui  ne  nous  est  pas  autrement  connu; 
et  celles  de  Ramsgate  et  de  Farborough,  éfevées  de  1843  ù  1844 
par  John  Hargrave  Stevens,  fils  du  député  Stevens,  mort 
le  6  juin  ISoT,  et  parent  d'Alexander  que  nous  avons  déjà 
rencontré. 

Élève  de  \\  ilkins,  Stevens  fut  d'abord  inspecteur  du  Métro- 
politain de  Londres.  Un  lui  doit  encore  (1844)  les  églises  Sainte- 
Marie  à  Maria-Hill  et  Saint-Jean  à  Ladbroke-Grove  (1844-45), 
celle  de  Surbiton,  près  de  Kingston,  sur  la  Tamise,  et  de  nom- 
breuses constructions  particulières. 

C'est  un  autre  Stevens  prénommé  Isaac-Henri,  de  Derby,  où 
il  était  né  en  1810,  qui  construisit  l'église  de  London-Road  et  de 
nombreuses  églises  dans  les  comtés,  parmi  lesquelles  Trinily- 
Church  à  Nottingham  (1850),  Saint-Paul  à  Hustahll,  Saint- 
Alkmunds  et  Saint-Michel  à  Derby;  ensuite  des  églises  de  vil- 
lages à  Mackworth-Allestréa,  à  Mickleover  et  à  Atlow.  Il  fut 
aussi  l'architecte,  en  1858,  de  la  chapelle  commémorative 
[mémorial)  de  l'école  de  Hepton  et  de  divers  bâtiments  dans  cette 
école,  d'une  aile  de  l'infirmerie  à  Nightingale,  dans  le  Derby- 
shire,  de  marchés,  de  maisons  particulières,  et  mourut  à  Holly- 
Banks,  le  30  avril  187G. 

George  VuUiamy,  né  à  Londres  en  1817,  élève  de  Barry, 
avait  succédé  en  1843  à  l'architecte  Marable  dans  les  travaux  du 
Métropolitain.  11  commença  par  entreprendre  la  construction 
de  toutes  les  maisons  du  côté  sud  de  Queen-Victoria  street  et  de 
plusieurs  postes-vigies  pour  les  pompiers  de  Londres;  mais  son 
(l'uvre  principale  est  l'église  du  Chrisl's  C.lmrcli,  de  AN'oburn- 


TILMAN.    F.  SUYS 


CllAPlTHI']  VI H.  225 

S(|iiare,  de  style  gothique,  terminée  en  1833,  puis  l'école  de 
Droit  (the  Law  institution)  située  Chanccry  Lanc,  l'église  de 
'Queenhill  et  la  tour  commémoralive  du  comte  d'Ellesmore.  Il 
restaura  ensuite  le  transept  nord  de  la  cathédrale  de  Rochester, 
éleva  l'église  de  Tous-les-SaintsàEnnesmore-Garden,  futrarchi- 
lecte  du  piédestal  de  «  l'aiguille  de  Cléopàtre  ». 

C'est  après  un  incendie  qui  le  consuma  en  nlars  18b0  que 
l'Opéra  royal  italien  de  Covent-Garden  l'ulrééditié  par  l'un  des  fils 
de  Charles  Barry,  Edward  Middleton  Barry,  sur  lequel  nous  ne 
possédons  pas  de  renseigaements  biographiques.  Disons  seule- 
ment que  l'architecte  a  introduit  dans  sa  construction  une  partie 
nouvelle,  le  Floral-Hall,  et  qu'il  a  gagné  en  hauteur  ce  qu'il  per- 
dait en  superficie,  en  donnant  huit  étages  au  nouveau  théâtre. 

La  reconstruction  du  théâtre  de  Her-lMajesty's  sur  Haymarket, 
détruit  aussi  de  fond  en  comble  par  un  incendie  le  6  décembre 
18G7,  fut  confiée  à  l'architecte  Charles  Lee,  qui  s'associa  son 
fils.  La  première  pierre  de  l'édifice  fut  posée- cette  même  année 
1867,  et  il  fut  terminé  l'année  suivante. 

Les  théâtres  de  Londres  sont  mieuv  partagés.  Samuel 
Simpson,  de  Tottenham-Court-Uoad,  architecte  d'Holborn,  élève 
en  1868  et  pendant  les  années  suivantes,  le  (Jueen's-Theatre, 
le  théâtre  royal  Alfred,  celui  de  la  Gaiety  dans  le  Slrand,  et  le 
petit  théâtre  du  Globe  à  Lyons-Inn,  avec  façade  sur  Newcastle- 
Street.  En  1865,  c'est  un  architecte  français  nommé  Paraire, 
sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignement  biogra- 
phique, qui  construit  le  théâtre  Britannia. 

On  décida,  en  1875,  la  construction  du  nouvel  Opéra  de 
Londres.  Plus  considérable  encore  que  le  théâtre  de  Covent-Gar- 
den, il  est  complètem(înt  isolé  et  sa  faça'de  principale  donne  sur  le 
square  qui  touche  au  quai  de  la  Tamise.  Il  se  compose  d'un  corps 
de  bâtiment  déforme  rectangulaire  dont  la  façade  s'élève  sur  trois 
plans  successifs:  un  péristyle,  le  foyeretune  terrasse  flanquée  de 
deux  pavillons.  En  avant  de  la  toiture  de  la  scène,  une  cou- 
pole assez  élevée  surmonte  la  partie  occupée  par  la  salle.  L'édi- 
fice est  accompagné  de  deux  longues  galeries  en  forme  de 
portiques  s'avançant  de  chaque  côté  de  la  façade,  destinées  à  la 
circulation  des  équipages  qui  amènent  les  spectateurs  au  pied 
de  l'escalier.  Architectes  :  .MM.  Fowler  el  Mapleson.  Enfin 
nous  mentionnerons  une  restaui'alion  du   théâtre  de  Windsor 

m.  i;i 


22G  LliS   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

exéculée  eu  I8(j8  par  M.  Somers  Clarke,  auteur  du  plau  de 
l'église  Sainl-Luc  dans  le  comté  de  Lancastre  dont  la  première 
pierre  fut  posée  le  21  mai  1800. 

Le  théâtre  Adelplii  fut  construit  vers  cette  époque  par  un 
membre  de  la  famille  des  Wyatt,  Tliomas  Henry,  de  Longliliu- 
llouse,  également  arcliilecte  des  casernes  de  cavalerie  de 
Londres.  Associé  de  David  Brandon  de  1838  à  18ol,  cet  archi- 
tecte donne  les  plans  des  cours  d'assises  de  Winchester,  Devise, 
L'slv,  lirécon  et  Cambridge.  Il  est  également  l'architecte  des 
hôpitaux  de  Malte,  de  Norfolk,  de  Norwich,  de  l'asile  des 
aliénés  à  Willshire  et  à  Buckingham  et  enfin  de  la  Bourse  de 
Liverpool.  On  lui  doit  aussi  les  églises  de  Wiltshire,  la  chapelle 
funéraire  de  Bemerton,  les  églises  d'Orsetshire,  de  Cambrid- 
geshire,  l'église  de  la  garnison  à  \\'ol\vich,  des  restaurations  à 
la  cathédrale  deLlando^Tet  au  monastère  de  \¥einorne.  Après 
tous  ces  travaux,  ^^'yalt  mourut  le  5  août  1888,  âgé  de 
soixante-treize  ans. 

Le  Panthéon,  dans  Oxford  street,  eut,  nous  l'avons  dit,  pour 
architecte  Soane.  Son  inspecteur  était  à  ce  moment  George 
Maddox,  né  à  iMonmouth  en  1760,  qui  construisit,  à  partir  de 
1820,  Clarence-House,  résidence  de  Frédéric,  duc  d'York,  mais 
sur  les  plans  de  Benjamin  Wyatt,  et  une  partie  de  Strentham- 
Court,  dans  le  comté  de  Worcester.  Ce  fervent  partisan  du  style 
gréco-anglais  l'enseigna  à  ses  nombreux  élèves,  parmi  lesquels 
furent  Hosking,  Parker  Decimus-Iiurton,  et  mourut  à  Londres 
le  7  octobre  1843. 

Les  bâtiments  de  la  Banque  royale  situés  dans  le  quartier  de 
Westminster  datent  de  1854.  C'est  un  pastiche  assez  simple  des 
palais  italiens,  qui  eut  pour  architecte  Henry  Baker. 

Nombreux  sont  les  hôpitaux  de  Londres  élevés  pendant  la 
dernière  période  du  siècle.  Nous  mentionnerons  l'asile  fondé 
par  les  orfèvres  et  les  joailliers  à  Maner-Iload-Soutli-Hacknay 
par  William  P.  Griffith  en  180  4  ;  le  grand  hôpital  des  conva- 
lescents de  Wolton-on-Thamcs,  de  la  même  époque,  qui  eut 
pour  architecte  Joseph  F.  A.  Clarke ,  de  Strafford-Place, 
architecte  aussi  de  l'église  de  Cockermouth  (1853)  et  du  nouveau 
collège  de  Culham,  comté  d'Oxford  (1852);  l'hôpital  Saint-Mark 
dont  la  première  pierre  fut  posée  en  1852  sous  la  direction 
de  John  Wallen  ;  l'hôpital  dit  Beihlmm  hoyiiial  Aox\i  Sydney 


CHAIMTHE   VIII.  227 

Smirke,  frère  de  IJobert,  refit  presque  entièrement  le  dôme 
central  de  1838  ù  1868.  Smirke,  né  en  1779,  médaille  d'or  de 
la  royale  Academy,  avait  fait  le  voyage  d'Italie  en  1820  et  fut 
chargé,  à  son  retour,  de  la  restauration  de  tout  le  côté  sud- 
ouest  de  la  cathédrale  d'York.  De  1855  à  1857,  il  établit  la  salle 
de  lecture  circulaire  au  British  IMuscum,  ainsi  que  les  galeries 
romaine,  assyrienne  et  la  Xuntiun  Boom;  puis  en  1857,  les 
nouvelles  galeries  de  l'Académie  royale  à  Burlington-llouse. 
Inspecteur  de  l'hôpital  de  Bridwal-Blackfriars,  il  y  exécuta  de 
nombreux  travaux,  obtint  en  1860  la  médaille  d'or  de  l'Institut 
des  architectes  britanniques  et  mourut  le  8  décembre  1877, 
laissant  plusieurs  ouvrages  dont  le  premier,  ayant  pour  litre  : 
«  Réflexions  sur  l'amélioration  par  l'architecture  du  côté  ouest 
de  Londres  »,  Suggestions  for  the  arclnlectural  improvement  of 
tlie  western  part  of  London,  fut  publié  en  1834.  Enfin  on  doit 
l'Hôpital  protestant  français  de  Victoria-Park,  inauguré  en 
1866,  à  l'architecte  Robert  Lewis  Roumieu,  né  en  1824  à 
Londres,  élève  deB.  Wyatt.  Dessinateur  des  parcs  de  Tollington 
et  de  Islington,  en  1848,  dans  cette  dernière  ville  il  restaura 
Saint-Pancrace  et,  en  1863,  donna  les  plans  de  l'église  Saint- 
Michel,  puis  ceux  des  écoles  et  églises  du  district  Sainl-Jude. 
11  fut  l'architecte  de  l'église  de  Begent-square  et  mourut  le 
28  juin  1877,  inspecteur  de  l'hôpital  français. 

George  Edmond  Street,  né  le  20  juin  1824  à  Woodford, 
Essex,  élève  de  0.  Quarter,  puis  de  G.  Scott,  appartenait  par  sa 
nature  au  moyen  âge;  «  esprit  mystique  et  alambiqué,  il  dota 
sa  patrie  de  monuments  originaux  mais  déplacés  à  cette  épo- 
que ».  Nommé  en  1852  architecte  diocésain  d'Oxford,  puis,  en 
1856,  de  Londres,  d'York,  de  Bipon,  de  Winchester,  il  restaura 
le  transept  sud  de  la  cathédrale  d'York,  Saint-Pierre  à  Norwich, 
la  nef  de  la  cathédrale  de  Bristol,  Christ-Churche  à  Dublin, 
Saint-James  Tiie  Less  Wesminster,  AU  Saints  à  Maidenhead, 
Ail  Saints  à  Clifton,  Of  Great  Span,  Sainte-Marie-Madeleine  à 
Paddington,  SS.  Philippe-el-Jacques  à  Oxford,  Saint-Jean  à 
Bournemouth.  On  lui  doit  encore  l'intérieur  des  Gardes  dans  le 
Birdcage  Walk,  le  séminaire  de  Guddesdon,  le  couvent  Sainte- 
Marguerite  East-Ginstead.  Son  (tnivrc  principale  est  le  bâtiment 
des  cours  de  justice  de  Londres  dont  il  fut  nommé  l'architecte 
en  1868.  Il  concourut  aussi  pour  réredion  de  la  cathédrale  de 


2i8  LES   ARGIHTKGÏES  PAH   LEURS   OEUVRES. 

Lille  (France),  du  Foroign  el  lodia  office,  de  la  Galerie  nalionale 
et  de  la  cathédrale  d'Edimbourg.  Hors  de  l'Angielerre,  il  a  cons- 
truit des  églises  anglaises  à  Rome,  Genève,  Lausanne,  Vevey  et 
Murren,  \i\.  Mnnorial  rhurch  à  Constanlinople,  des  églises  amé- 
ricaines à  Rome  et  à  Paris.  Auteur  de  nombreux  articles  criti- 
ques sur  l'architecture,  Street  mourut  le  18  décembre  1881  et 
fut  enterré  à  l'abljaye  de  Westminster. 

George  Gilbert  Scott,  né  en  1811,  membre  de  l'Académie 
royale,  ancien  président  de  l'Institut  des  architectes  britan- 
niques, fut  aussi  un  adepte  du  style  gothique,  mais  n'en  fut  pas 
moins  un  architecte  moderne  par  l'esprit.  Londres  lui  doit  une 
restauration  intelligente  de  la  cathédi'ale  Saint-David,  et  dans 
l'abbaye  de  \Vestminsler,  celle  du  tombeau  de  la  reine  Phi- 
lippa  en  1852,  puis  dans  un  autre  ordre  d'idées,  les  bâtiments 
des  ministères  de  Whitehall.  En  1841,  il  élevait  le  monu- 
ment à  la  mémoire  du  prince  Albert  [Albert  mémorial)  à 
Oxford,  à  Glascow,  les  bâtiments  de  l'Université  ;  en  18G9, 
l'intérieur  de  la  chapelle  de  Saint-John's-college  à  Cam- 
bridge dont  l'abside  est  carrée  et  éclairée  par  une  large  baie 
(conime  la  plupart  des  églises  anglaises  du  xiv°  siècle),  l'église 
Sainte-Marie  à  Edimbourg,  dans  le  style  ogival  anglais  de  cette 
même  époque,  et  l'église  du  Christ  dans  le  comté  de  Middl- 
essex  (1832).  De  plus,  il  restaura,  en  1800,  la  cathédrale  de 
Lichtleld  et  l'église  de  Caythorpe,  dans  le  comté  de  Lincoln. 
Précédemment,  associé  ù.  William  B.  Moffat,  il  avait  élevé, 
en  1845,  dans  le  style  du  xiv°  siècle, la  petite  église  de  Swindon 
à  laquelle  sont  annexées  des  écoles,  en  1844  dans  le  style  du  xiii" 
celle  de  Tottenham,  puis,  la  même  année,  sur  l'emplacement  de 
celle  brûlée  en  1841,  l'église  Saint-Giles  à  Camberwell.  Hors  de 
l'Angielerre,  également  associé  îi  Moffat,  il  présenta  au  con- 
cours ouvert  pour  la  reconstruction  de  l'église  Saint-Nicolas  de 
Hambourg  détruite  par  un  incendie  le  5  mai  1842,  un  projet 
(jui  fut  primé  et  dont  l'exécution  sur  le  Flapfenmurkct  leur  fut 
confiée,  malgré  toute  l'opposition  dont  furent  capables  les  archi- 
tectes allemands.  La  première  pierre  de  l'édifice  fut  posée 
le  24  septembre  1840,  mais  ce  ne  fut  que  trois  ans  après  qu'on 
l'inaugura.  La  forme  de  l'édifice  (de  style  ogival)  est  celle  de  la 
croix  latine  à  trois  nefs,  sa  longueur  est  d'environ  100  mètres 
et  sa  plus  grande  largeur  de  73  mètres,  la  tour  qui  la  surmonte 


chapithk  viii.  22» 

excède  en  hauteur  la  (lèclie  de  Strasbourg;  rornementalion  inté- 
rieure en  est  fort  riche.  Gilbert  Scolt  est  mort  le  27  mars  1878. 
Avant  G.  G.  Scoot,  James  Thomson,  né  le  22  avril  1801,  mort 
le  10  mai  1883,  avait  donné  les  plans  (1838)  du  Royal  Institut- 
polytcchnic  de  lîegent-Slreet  et  du  Ihéâtre  qui  y  fut  annexé 
en  1848.  Plus  tard,  il  construisit  le  Strand,  le  Polygraphic-llall 
et  la  chapelle  russe  de  Welbeck-Slreet  (1803).  Enlin,  en  1876, 
il  fit  des  additions  considérables  à  l'hôpital  de  Charing-Cross. 
Moiïat,  dont  nous  venons  de  parler,  fut  seul  l'architecte  de 
l'asile  des  idiots  à  Earlswood-Common  dans  le  comté  de  Surrey 
et  semble  avoir  construit  le  palais  du  gouvernement  à  Calcutta. 
C'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

Le  Panopticon,   édifice  destiné  à   l'enseignement  théorique 
et   appliqué  des  sciences   industrielles,  dans  Leicester-square, 
a  pour  architectes  en  18b3  MM.  Finden  et  Lewis;  le  nouveau 
collège  central  technique  de  Soutii-Kcnsington,  consacré  aussi 
au  développement  technique  joint  à  un  enseignement  secondaire 
spécialauquelest  annexé  un  muséum  d'histoire  naturelle,  a  pour 
architecte  en   1884  Alfred  Waterhouse,   qui    avait  construit 
précédemment,  en    1807,  en  style  gothique,  le  collège  Owens 
à  Manchester.    Les  dispositions    générales  du    collège  Soulh- 
Kensington  rappellent  le  palais  de  l'Université  à  Gènes.  Water- 
house fut  aussi,  dans  la  même  ville,  l'architecte  du  Town  Hall 
(Hôtel  de  Ville)  auquel  il  adapta  également  le  style  ogival  et 
qu'il  termina  en  1877.   C'est  un  vaste  triangle  dont  la  façade 
est  surmontée  d'une  tour  élevée  ornée  de  clochetons.  Un  large 
portail  donne  accès  dans  l'intérieur  et  un  vasle  escalier  con- 
duit à  la  grande  salle  du  l"'  étage  dont  les  murs  sont  ornés  de 
fresques.  La  cour  d'assises  de  Manchester,  œuvre  également  de 
Waterhouse,  rappelle  beaucoup  l'architecture  du  Town  Hall, 
«  et  voilà  comment,  dit  M.  Harvey,  il  est  devenu  un  architecte 
éminemment  gothique.    Du   reste,   il  s'en    est   bien  vengé  en 
pliant  le  gothique  à  se  ranger,  tout  comme  cette  personne  bien 
élevée  qu'on  appelle  la  classique.  »  M.  Waterhouse,  membre 
associé  des  Académies  de  Vienne,  de  Milan,  de  Bruxelles,  est 
membre  de  l'Académie  royale  d'Angleterre  et  obtint  un  grand 
prix  à  l'Exposition  universelle  de  1807. 

Un  architecte  de  tribunaux  et  dos  bâtiments  occupés  par  la 
police  métropolitaine  fut  Charles  Reeves,    né  on  18l.">  à  For- 


230  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

dinbridge,  Hampsliire.  Élève  de  Liiter  et  de  Voisez  avec  lequel 
il  donna  le  dessin,  dans  le  style  du  xiv"  siècle,  de  l'église  de 
Coalbrokdale  en  Staffordshire  en  18o2,  il  fut  architecte  de  la 
police  de  Londres  depuis  1843  et  dessina  à  ce  litre  quarante- 
quatre  stations  de  police.  Dans  quarante-sept  des  principales 
villes  d'Angleterre,  Bradl'ord,  Newcastle,  Bolton,  Derby,  Walsall, 
Bristol,  Sunderland,  etc.,  il  a  construit  des  tribunaux.  Il  fut 
également  l'architecte  de  la  maison  des  <<  Fils  de  missionnaires  » 
à  Ighbury  et  fut  médaillé  pour  services  extraordinaires  aux 
Expositions  universelles  de  Londres  de  1851  et  de  18G2.  Reeves 
fut  un  des  rares  partisans  de  la  Renaissance  jusqu'à  sa  mor 
arrivée  le  6  décembre  1866. 

William  Fuller  Pocok,  né  en  1779  à  Londres  et  tils  d'un 
entrepreneur,  est  connu  comme  architecte  de  la  caserne  de 
la  milice  Bunhill  Row  à  Londres;  en  1827,  il  avait  restauré  le 
prieuré  de  Hoursey,  et  construisit,  en  1840,  l'église  Wesleyan- 
Centenary  Hall,  Christ  Church,  à  Virginia  Water,  les  écoles 
d'Aldenham,  le  monument  de  Jean,  duc  de  Bedfort.  Membre  de 
l'Institut  des  architectes  britanniques  pour  lesquels  il  écrivit 
divers  opuscules,  Pocok  mourut  le  29  octobre  1849. 

Nous  citerons   ici  deux  architectes  qui   firent  plutôt  œuvre 
d'ingénieur    :    Aitchison    et    Darbishire.    George   Aitchison, 
né  à  Londres  en  1825,  tils^d'un architecte  et  élève  de  l'Académie 
royale  des  beaux-arts,  passa  quatre  années,  tanten  France  qu'en 
Italie,  de  1853  à  1856,  pour  compléter  son  éducation  artistique. 
Mais  il  n'eut  guère  l'occasion  de  la  mettre  à  profit,  ayant  succédé 
à  son  père,  dès  1858,  dans  la  place  d'architecte  de  la  Compagnie 
des  docks  Sainte-Catherine  et  d'inspecteur  du  district  de  Wool- 
wich.  Dans  cet  ordre  de  travaux,  nous  signalerons  les  entrepôts 
pour  le  chanvre,  le  pétrole  et  le  tabac  érigés  dans  les  docks  Vic- 
toria pour  la  Compagnie  des  docks  London  et  Sainte-Catherine 
et  les  bureaux  des  Conservateurs  de  la  Tamise.  Outre  de  nom- 
breuses constructions   particulières,   Aitchison   a   installé   des 
bains  à  Woolwich,  des  écoles  communales  àBarnel;  membre  de 
l'Institut  des  architectes  britanniques  depuis  1862,  il  a  publié 
divers  articles  dans  les  Mémoires  de  cette  société  et  dans  VArc/ii- 
tectural  dictionary   auquel  nous  avons    fait  divers    emprunts. 
Nous  ignorons  la  date  de  sa  mort.   Le  marché  de   Colombia 
square,  dans  Bethnal-Green,  traité  par  H.  A.  Darbishire.  son 


CHAPITllK     Mil.  231 

arcliilecle,  dans  le  style  oj^ival,  n'a  que  le  loil  île  ressembler 
moins  à  un  marche  qu'à  une  église,  tout  en  briques  jaunes  avec 
moulures  en  terre  cuite,  et  se  compose  de  quatre  corps  de  bâti- 
ments à  arcades  entourant  un  vasle  quadrilatère  de  4,000  pieds 
anglais  de  superficie. 

Architectes  de  chemins  de  fer,  Owen,  Barnes,  Uigby  ont  essayé 
de  donner  aux  gares  qu'ils  ont  construites  un  certain  caractère 
monumental  ;  mais  il  est  inutile  d'ajouter  qu'entraînés  par  le 
goût  de  leur  époque  pour  le  style  ogival,  ils  ont  fait  ressembler 
la  plupart  de  ces  édifices  à  des  églises  du  moyen  âge  qu'un 
Français  est  tout  étonné  de  rencontrer  avec  une  pareille  destina- 
tion. A  John  et  à  Charles  Rigby,  Londres  doit  la  slation  du 
chemin  de  fer  de  Blackwell  (1853j,  à  Frederick  Barnes,  auteur 
aussi  du  tombeau  du  duc  de  Northumberlanddans  l'église  Saint- 
Paul  à  Alarvvick  (1852),  on  doit  les  stations  du  chemin  de  fer  de 
Norwick  à  Ipsvvich.  On  sait  que  l'Angleterre  a  précédé  les  autres 
nations  européennes  dans  la  voie  des  expositions  internatio- 
nales ;  celle  de  1851  a  laissé  comme  souvenir  le  Cristal  Palace, 
vaste  cage  de  verre  dont  le  caractère  particulier  est  son  toit  cir- 
culaire, qui  a  depuis  été  transportéàSydenliam,  près  de  Londres. 
L'architecte  en  fut  l'ingénieur  Russel  Scott,  aidé  d'ailleurs 
dans  son  travail  par  un  architecte  paysagiste  nommé  Joseph 
Paxton,  né  le  3  août  1803  à  Milton-Bryanl,  comlé  de  Bedford, 
mort  à  Sydenham  le  8  juin  18G5,  d'abord  jardinier  et  protégé 
■du  duc  de  Chiswich.  Depuis,  Paxiou  fut  l'architecte  du  village 
d'Edenson,  de  M.  de  Rothschild,  lorsqu'il  fit  construire  son 
château  de  Ferrières  (France),  et  lit  des  additions  à  celui  que 
possède  M.  A.  de  Rothschild  à  Montmore,  canton  de  Bucking- 
ham,  dessina  un  nombre  considérable  de  parcs  à  Liverpool,  à 
Glascovv,  etc.  Membre  de  la  Chambre  des  communes,  Paxton 
proposa  un  chemin  de  fer  métropolitain,  sous  une  galerie  de 
30  mètres  de  largeur,  au  centre  de  laquelle  on  aurait  établi 
une  roule  pour  les  piétons  ;  mais  ce  projet  n'a  pas  été 
exécuté.  Lorsque  le  Cristal  Palace  fut  transporté  à  Sydenham 
pour  servir  de  iMusée  d'art  et  d'histoire  naturelle,  la  déco- 
ration de  la  cour  grecque  et  de  la  cour  de  l'Alhambra  fut 
confiée  à  Owen  Jones,  né,  vers  1809,  dans  le  pays  de  Galles 
et  qui  avait  rapporté  de  ses  nombreux  voyages  en  Espagne 
et  en  Orient  un  goût  décidé  pour  la  peinture  polychrome;  c'est 


233  LES   ARCHITECTES  PAU  LEURS  OEUVRES. 

loul  co  que  nous  savons  de  lui.  Quant  à  Uussel  Scoll,  nous  le 
retrouvons  architecte  du  palais  international  de  Vienne  ouvert 
en  mai  1873.  11  se  composait,  au  centre  d'une  rotonde  sur- 
montée d'une  coupole  de  102  mètres  de  diamètre  et  reposant 
sur  50  colonnes  en  fer  forgé  d'environ  17  mètres  de  hauteur; 
h  droite  et  à  gauche  de  la  grande  entrée  étaient  les  pavillons 
de  l'empereur  et  du  jury,  constructions  en  pierres  et  briques; 
(Milin  bordant  le  Danube,  la  galerie  des  machines  en  style 
Louis  XIII  et  le  palais  des  Beaux-Arts.  OEuvre  d'ingénieur, 
ainsi  qu'on  le  voit,  et  de  laquelle  l'art  de  l'architecte,  comme 
nous  le  comprenons,  était  absolument  exclu.  On  doit  aussi 
à  H.  Scott  le  monument  du  prince  Albert,  l'hôtel  et  la  gare  de 
Saint-Pancrace  et  le  ministère  des  Affaires  étrangères.  Termi- 
nons en  disant  qu'un  des  concurrents  sérieux  de  lUissel  Scott 
fut  un  architecte  de  Dublin,  appelé  Thomas  Turner,  qui 
s'était  fait  connaître  comme  auteur  du  Palinhousc,  la  grande 
serre  aux  palmiers  des  jardins  de  Kiew. 

L'Exposition  de  J862  fut  établie  dans  le  domaine  de  Ken- 
sington-Gore,  au  sud  de  Ilyde-park  et  l'architecte  en  fut  encore 
cette  fois  un  ingénieur  :  le  capitaine  Fowke.  .Xous  lisons  dans 
un  article  publié  à  cette  époque  par  un  journal  d'art  (français) 
les  réflexions  suivantes  :  «  On  fait  un  kilomètre  autour  d'une 
grande  muraille  en  maçonnerie  qui  ressemble  à  un  péniten- 
cier et  dans  laquelle  on  trouve  avec  peine  des  ouvertures.  L'ar- 
chitecture de  cristal  consiste  dans  deux  dômes  en  verre  situés 
aux  deux  extrémités  du  bâtiment,  et  qui  ont  l'air  de  deux  im- 
menses couvercles  en  loile  métallique  posés  sur  des  plats  pour 
empêcher  les  mouches  d'entrer.  11  ne  faut  donc  pas  s'arrêter  à 
l'extérieur  du  biltiment  ;  on  n'y  trouvera  pas  matière  à  admi- 
ration. Pour  trancher  le  mot,  c'est  très  laid.  Ces  dômes,  dont 
la  hauteur  est  de  70  mètres,  ont,  outre  l'inconvénient  de  ne 
pas  être  beaux,  celui  de  donner  une  chaleur  trop  intense  dans 
l'intérieur  de  l'édifice.  »  Le  capitaine  Fowke  mourut  trois  années 
seulement  après  l'Exposition,  en  1805. 

Nous  en  aurons  fini  avec  les  architectes  londoniens  quand 
nous  aurons  mentionné  William  Jones,  architecte  du  «  Uane- 
lagh  »,  sur  les  bords  de  la  Tamise,  qui  fut  pendant  quelques 
années  le  lieu  de  réunion  delà  grande  société  anglaise;  Edward 
Robert  Robson,  qui  a  consli'uit,  on  1883,  llnstilul  des  aqua- 


J.   VAN  STRAATEN 


r.IlAlMTItH  VIII.  233 

rcllisles  dans  Piccadilly  ;  Frédéric  Marrable,  qui  éleva,  en  1 864, 
le  club  Giierrick;  Samuel  Angell,  né  à  Londres  en  1800,  mort 
le  2  novembre    18G(i,  auteur  du  CioLliNvorker's  Hall  (siège  de 
la  corporation  des    fabricants  de  draps),   dans  Mincing-Lanc. 
Ceux  dont  les  noms  suivent  nous  sont  connus  seulement  comme 
auteurs  de  monuments  élevés  à  d'illustres  Anglais   pendant  la 
dernière  période   du  siècle  ou   d'écrivains  dont  les  œuvres  ne 
furent  pas  sans  influence  sur  le  développement  de  l'arcbitectuni 
en  Angleterre.  Ce  sont  :  Patrick  Macdowell,  né  le  12  août  179!» 
à   Belfast  (Irlande),  mort  en  18o0,  auteur,  après  concours,   (hi 
monument    funéraire   élevé    au   major  Cartwrigbt;  Maclarin, 
dont  nous  ne   connaissons   que  le    nom,  auteur  en   1853,  du 
monument  à  la  mémoire  de  Robert  Peel;  M.  A.  J.  Imbert,  qui 
éleva  en  1854  le  tombeau  du  prince  Albert,  et  Heffer  ([ui  obtint 
au  concours  l'exécution  du  monument  commémoratif  élevé  à 
la  mémoire    de  ce  prince.    Il   consiste  en  une  tour  haute    de 
Oo  pieds  anglais,  sur  une  des  faces  de  laquelle  est  une  fontaine 
et  dont  la  porte  est  surmontée  d'une  niche  dans  laquelle  on  a 
placé  la  statue  du  prince.   Railton,  architecte  du  monument 
élevé  à  la  mémoire  de  Nelson,  place  de  Trafalgar,   est  plutôt 
connu  par  l'ouvrage  qu'il  publia  en  1828  sous  le  titre  :    The 
iH'wli/  disrnvered  t'-niple  of  Cadachio  iii  tlte  island  of  Cor  fou  : 
George  Taylor,  né  à  Londres  en  1780,  membre  de   l'Institut 
des  architectes  britanniques, a  laissé  les  ouvrages  suivants  avec 
Edward  Crésy  :  {"  Architeclural  Antuinhies  of  Home  :  1"  Desifiis 
for  Shop-fronts  and I)oor-C uses;  Frédéric  Mackensie,  qui  écrivit 
avec  Pugin  :  Spécimen  of  gothic  airhiteclurc,  etc.  [i)  vol.  in-4"), 
.S''   Stephcns    Westm'uisler   (1844),    I    vol.,    et     Tlie  palure   of 
West/iimster,   etc.,  in  fol.    (1847);  Thomas  Hope,  né  en  1774, 
mort  le  .'}  février  i8lî5,   auquel  nous  avons  fait  des  emprunts 
de  son  livre  intitulé  :  Hislorical  Essay  on  arcldlcctwe,  publié 
en  183o  et  qui    fut  aussi  l'auteur  de    l'ouvrage   :    Household 
Ftirnilure,  !80."j,   in-fol.,  et  d'un   Lssai   sur    1'    ■■    arciiilcrlurc 
lies  théàlrcs  ». 


CHAPITRE  IX 


Causes  du  nombre  considérable  des  édifices  religieux  élevés  en  Angleterre, 
hors  de  Londres,  pendant  la  seconde  période  du  siècle.  —  Leur  valeur  archi- 
tecturale. —  Les  Anglais  appliquent  indifTéremment  les  formes  ogivales,  en 
les  dénaturant,  à  leurs  hôpitaux,  collèges,  établissements  d'instruction  ou  de 
plaisir. 


Les  divers  comtés  de  l'Angleterre  ont  vu  s'élever  pendant  la 
seconde  période  de  xix"  siècle  nn  nombre  considérable  d'édi- 
fices destinés  à  des  usages  publics,  mais  dus  le  plus  souvent  à 
la  munificence  des  riches  propriétaires  de  domaines  dépendant 
de  ces  comtés.  On  comprend,  dès  lors,  que  l'arcbitecte,  tenu, 
sous  peine  de  se  voir  retirer  un  travail  parfois  lucratif,  de  s'in- 
cliner devant  la  volonté  d'un  maître,  n'a  pu  donner  libre  car- 
rière à  ses  tendances  et  à  ses  goûts  personnels.  Aussi  nous 
bornerons-nous  à  l'énoncé  de  l'édifice  construit,  en  indiquant 
seulement,  lorsque  nous  le  saurons,  le  style  adopté  par  l'arclii- 
te«te  dans  sa  construction.  Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  en 
France,  où  l'architecture  religieuse  ne  semble  plus  vivre  que 
d'une  vie  officielle,  le  protestantisme,  en  Angleterre,  entretient 
l'esprit  particularisle  de  ses  fidèles  et,  morcelant  à  l'infini  leurs 
sentiments  faits  de  doute  et  de  libre  examen,  donne,  chaque  jour, 
naissance  à  une  multitude  de  sectes  qui,  toutes,  obtiennent  de 
leurs  adhérents  les  capitaux  nécessaires  à  l'édification  de  leurs 
temples  ou  de  leurs  chapelles.  Aussi  le  nombre  des  édifices  reli- 
gieux s'est-il  considérablement  accru  chez  nos  voisins,  en  ces 
derniers  temps.  Naturellement,  les  architectes  de  ces  temples 
et  de  ces  chapelles  prennent  leurs  inspirations  chez  ceux  dont 
la  bonne  volonté  financière  les  subventionne,  s'inquiétant  fort 
peu,  d'ailleurs,  de  l'incohérence  d'œuvres  dont  ils  n'ont  ])as  été 
les  maîtres. 

Sous  le  bénéfice   de  cette   observation  qui  devait  précéder 


CHAPITRE  IX.  23.-) 

une  énuméralion  sèclic  cl  rapide,  nous  allons  indiquer  les 
noms  des  architectes  anglais  nos  contemporains  qui  ont  exécuté 
leurs  œuvres   hors  de  la  capitale    de  l'Angleterre. 

Employé  d'abord  k  la  construction  de  la  prison  de  Maidstonc, 
John  Whichcord,  né  en  1 790  à  Devizes,  puis  élève  d'Alexander, 
fut  reçu  surveyor  pour  le  comte  de  Kent.  Il  y  donna  les  plans 
de  «  Union  house  »  à  Bletchingley  en  18i2,  de  l'église  Bliudley 
Ileath,  de  la  Sainte-Trinité  et  de  Saint-I'hilip]ie,  de  l'asile  des 
fous  et  de  la  bourse  aux  blés,  à  Kent.  Il  lit  aussi  d'autres  travaux 
particuliers  à  IMaidstone,  puis  associé  avec  Walker  en  1842,  il 
donna  les  plans  de  la  nouvelle  église  à  Platt,  près  Wrotham, 
en  1847,  puis,  associé  de  son  fils,  ceux  de  l'église  West-Wick- 
ham  et  enfin,  avec  Blandfort,  il  construisit  la  prison  du  comté 
de  Kent  à  Canterbury  et  mourut  le  10  juin  1800.  Son  fils,  ap- 
pelé comme  lui  John,  né  le  1 1  novembre  182.3  à  Maidstone,  com- 
mença par  parcourii-,  de  1846  à  18o0,  l'Italie,  la  Grèce,  la  Tur- 
quie, la  Syrie,  les  bords  de  l'Euphrate,  la  France,  l'Allemagne  et 
le  Danemark.  Associé  d'Alispitel  jusqu'en  18."j8,  il  attacha  son 
nom  à  la  construction  de  l'église  Sainte-Marie  et  du  presbytère  à 
Shortlands,  près  Brommly  Kent.  Il  donna  également  le  dessin 
des  nouvelles  dispositions  intérieures  du  Parlement  à  Cape 
Town.  Présiilent  de  l'Institut  des  architectes  britanniques  de 
1  879  à  1881 ,  il  a  signé  avec  A  sh  pi  tel  divers  ouvrages,  dont  quatre 
volumes  sur  les  Jt^iliquités  de  Maidstone  et  est  mort  le  9  jan- 
vier 1885. 

John  Gray  Weightman,  né  en  1801  à  Bawtry,  Yorkshire, 
élève  de  C.-B.  Cockerell  et  de  Barry,  fut  surtout  un  architecte 
d'églises.  Associé,  à  partir  de  1838,  àllakficld,  il  commença  par 
publier  de  nombreux  dessins  d'édifices  religieux  datant  des 
xiv°,  xv°  cl  xvi"  siècles,  et  à  se  faire  connaître  par  la  res- 
tauration de  la  nef  et  de  la  tour  du  monastère  de  Howden,  qui, 
commencée  en  184.5,  ne  fut  terminée  qu'en  1854.  Ensuite,  il 
donne  les  plans  de  la  cathédrale  Saint-Jean  à  Salford  (1844-48), 
de  Saint-Chads  church,  à  Londres  il 84.5-48),  de  Sainte-Marie 
Mulbery  street,  de  Sainte-Marie  à  Sheflicld  (1840-50)  et  d'églises 
à  Manchester.  Il  construisit,  pour  le  duc  de  Norfolk,  des  marchés 
et  plusieurs  habitations  privées  dans  le  North  W'ales  et  mourut 
en  1872,  à  South  Collingham,  dans  le  Nottinghamshire,  lais- 
sant un  ouvrage  publié  en  anglais  en  1859,  sous  le  titre:  Série 


23G  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

d'exemples  d'architecUirc  cirik  cl  re/lgiei/se  d'après  des  dessins 
d'arrh'ilertes  modernes. 

Charles  Wilson,  né  le  10 juin  1810,  élève  deD.  Hamilton,  com- 
mença la  pratique  de  l'arcliileciure  eu  conslruisant  des  édilices 
religieux  et  c'est  de  la  même  façon  qu'il  termina  sa  carrière. 
Les  églises  bâties  ou  dessinées  par  lui  sont  celles  de:  Hutclien- 
son  Town  street,  celle  de  Stralhburg  et  de  Calderwood  street, 
(1856),  en  style  italien,  Frce  cluirch  Collège  à  Rutlierglen 
(1843),  Rotbesay  Free  cburcb  (1847),  Elders  cburch,  Melrose 
Free  cburcb  Collège,  Free  cburcb  et  le  Grand  Hôtel  à  Oban  et 
l'église  paroissiale  d'Eastwoode,  non  acbevée.  De  1842  à  1843, 
il  avait  construit  l'asile  des  fous  de  Oartnoral  et,  en  184o, 
Windsor -terrace  dans  Great  ^^'estern  road,  l'académie  de 
Glascow  (aujourd'bui  baute  école  des  églises  libres  de  Saint- 
Pierre  et  de  Saint-Étienne),  la  Banque  royale  de  Bucbanan 
street  (1834),  la  Faculté  des  bommes  d'affaires,  etc.  Président 
de  la  Société  des  arcbitectes  de  Glascow,  Wilson  y  mourut  le 
V)  février  1 803. 

Henri  Jones  Underwood,  élève  de  U.  Smirke,  a  fait  d'abord, 
en  1833,  le  plan  de  Saint-Jean-Baptiste  Summertown,  agrandi 
en  1854  par  G.  E.  Street,  en  1830,  Saint-Paul  en  Jéricho  avec 
J.  Johnston,  les  églises  Saint-Marc  et  Saint-Nicolas  à  Little- 
more,  l'église  de  Littleworth,  en  Berkshire.  Underwood  se  sui- 
cida le  22  mars  1852,  laissant  le  plan  d'uTTe  prison  et  d'un 
asile  pour  cette  dernière  ville. 

Samuel  Sanders  Teulon,  né  en  mars  1812  à  Greenwicli, 
mort  le  2  mai  1 873,  fut  l'architecte  d'un  grand  nombre  d'églises, 
parmi  lesquelles  nous  citerons  seulement  Saint-Etienne  d'Hamp- 
slcad  (18701  et  le  monument  de  ïyndale  (1800). 

William  Railton,  élève  de  Inwood,  mort  le  13  octobre  1877, 
lit  d'abord  un  long  voyage  en  Grèce  et,  à  son  retour  à  Londres, 
en  1827,  publia  une  étude  remarquable  sur  un  temple  décou- 
vert à  Corfou.  En  1843,  nous  le  retrouvons  édifiant  l'église  Saint- 
Léonard  et  S'  Bartholomew  llie  less  avec  des  écoles,  et  restau- 
rant le  couvent  de  Ripon  en  Yorkshirc,  spécimen  du  pur  style 
normand.  En  1840,  il  construit  Hischolme-Ilall  pour  l'évoque  de 
Lincoln,  on  1849,  l'église  de  la  Trinité  à  iMoxlon  et  l'église  de 
.Meanwood.  Il  fui  de  plus  arcliitecle  des  Ecrlesiasùeal  commis- 
s'tonners,  de  1838  à  1818. 


i;ilAlMTI{K   l.\.  237 

John  Rochead,  né  en  181  i,  à  Edimbourg,  élève  de  Brycc, 
premier  prix  au  concours  ouvert  en  1845  pour  l'érection  d'une 
calhédrale  à  Belfast,  fut  architecte  de  l'église  libre  de  Saint- 
Jean,  des  églises  de  Park  et  de  West-End,  de  l'église  presby- 
térienne de  John  street,  de  la  chapelle  des  Unitaristes  et  de 
l'église  libre  Sainte-Marie  à  Edimbourg;  tous  ces  édifices  en 
style  ogival  de  diverses  époques,  llochead  fut  aussi  l'architecte 
de  la  Banque  d'Ecosse,  du  monument  de  \N'allace  à  Abbey- 
Croig  et  du  théâtre  Adelphi  à  Glascow,  et  mourut  à  Edimbourg 
le  7  "avril  1S78. 

R.  C.  Carpenter,  dont  Slater  termina  les  œuvres,  ainsi 
qu'on  le  dira  tout  à  l'Iieure,  commença  les  collèges  de  Lancing 
et  de- HurspierpoinI,  hit  l'architecte  de  l'église  Marie-Made- 
leine dans  Munster  street  (Regent's  park)  en  1852,  restaura, 
en  1854,  l'église  Saint-Nicolas  de  Brighton,  donna  le  dessin 
du  monument  à  élever,  dans  cette  église,  à  la  mémoire  du  duc 
de  \\'ellinglon  et  mourut  en  1855. 

Un  élève  de  B.  C.  Carpenter,  William  Slater,  né  en  1818, 
à  Dasclbeck  (Northamptonshirei  hit  d'abord  le  collaborateur  de 
^^'.  Smith  lorsque  celui-ci  restaura  les  églises  d'Islipp,  de 
Stanwich  et  de  Brixworth.  A  la  mort  de  Carpenter,  il  acheva 
le  parc  de  Bedsgebury,  les  collèges  de  Lancing  et  de  Hurspier- 
point,  ainsi  que  les  églises  d'Earlshalton  et  Sompting,  puis  hit 
l'architecte  de  la  cathédrale  de  Chichester  dont  il  restaura  le 
chœur,  ainsi  que  celui  de  l'abbaye  de  Sherborne.  Les  nouvelles 
églises  dont  il  donna  les  plans  sont  en  nombre  considérable: 
nous  citerons  les  principales  :  celles  d'Edimbourg,  Belfast, 
Bray,  Dunkeld,  S.  Kitts,  Devise,  Harpenden.  De  1857  à  18G0, 
il  fut  l'architecte  de  la  nouvelle  cathédrale  de  Kilmore,  en 
18.')8,  restaura  celle  de  Limerick  et  exécuta  la  reconstruction 
de  la  tour  centrale  de  cette  église,  ainsi  que  celle  du  Prieuré  de 
Saiut-Barihelémy  à  Smilhiield.  Associé,  à  partir  de  1803,  avec 
Herbert  Carpenter,  Slater  procéda  à  l'érection  d'églises  à 
Bootlc,  Uutrington,  Dunfries,  Belfast,  Lawford,  Southeud,  Mil- 
ton,  Burnwash-walk.  Parmi  les  édifices  civils  de  Slater  nous 
mentionnerons  seulement  le  nouveau  collège  Saint-Schades  à 
Denstone.  Au  moment  de  sa  mort  arrivée  le  17  décembre  1872, 
il  travaillait  au  |ilaii  de  la  cathédrale  d'Honoliilu. 

Edmund  Woodthorpe,   né  en  1812,  mort  le   2()  novembre 


238  LES   ARClUTF.nTES   PAU   LEURS   OEL'VRES. 

1887,  n'ost  connu  que  comme  surccyor  de  l'église  paroissiale  de 
Saint-Giies  Criplegate  et  de  la  Compagnie  du  «  Metropolitan 
Freschold  lands  »,  à  Barnes. 

Nous  continuerons  celte  nomenclature  par  B.  Francis  New- 
man  et  John  Johnson,  l'archilecle  de  Sainl-Paul,  Campden- 
Srjuare,  à  l'association  desquels  est  due  l'église  Saint-André 
d'Islington,  édifice  ogival  en  l'orme  de  croix  latine  commencé 
en  1852  et  fini  en  1854.  Johnson  l'ut  ensuite,  seul,  l'archi- 
tecte de  l'église  Saint-Edouard  à  Rumford  (comté  d'Essex), 
inaugurée  en  1850.  Celle  de  Sainte-Mary  à  Spring-Grove, 
consacrée  en  décembre  185G,  eut  pour  architecte  John  Taylor; 
l'église  catholique  de  Leeds  est  un  vaste  édifice  construit  de 
1857  à  1859  par  Wardell  ;  la  petite  église  de  Leverhridge,  près 
Holton,  a  été  élevée  enlièremenl  en  terre  cuite  par  M.  A.Sharpe, 
auteur  d'une  autre  église  du  mémo  genre  aux  environs  de  Man- 
chester. Quant  à  Edmund  Sharpe,  né  le  31  octobre  1809  à 
Knutsford  et  mort  à  Milan  le  8  mai  1877,  élève  de  Richman,  il 
construisit  plus  de  trente  églises  dans  le  nord  de  l'Angleterre, 
notamment  l'église  paroissiale  du  Wigan;  il  publia  également, 
en  1847  :  Architectural  Parallèle  et  treize  ou  quatorze  autres  ou- 
vrages (1845-1880). 

]Mentionnons  à  la  suite:  la  nouvelle  église  de  Saint-Seiriel  à 
Holyhead;  architecte  en  1853,  Verelst,  de  Liverpool;  les  églises 
de  Kyre  Harbour  (1849-50)  et  de  Saint-Nicolas  de  Skensham, 
dans  le  comté  de  Sussex,  élevées  par  l'architecte  Teulon  ;  l'église 
Saint-Michel  élevée  en  1853,  à  Cherry-Burton,  dans  le  comté 
d'York,  par  Horace  Johnes;  l'église  Sainte-Marguerite,  près 
d'Altringliam,  consacrée  le  13  juin  1855  et  élevée  dans  le 
style  perpendiculaire  par  William  Hawley,  de  Manchester;  la 
nouvelle  église  de  Saint-Jean,  élevée  en  18i5,  à  LowestolT,  par 
J.  L.  Clémence;  les  églises  de  Sainte-Marie  à  Wresham  et 
à  Dynevor-Castle,  qui  eurent  pour  architecte  Kyre  Penson, 
d'Owestry,  mort  le  22  mai  188G,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans  ; 
l'église  paroissiale  de  Migdsiown,  comté  d'Aberdeen,  construite 
aux  frais  de  l'archilecle  lui-même.  Benjamin  Hall;  celle  des 
iudépendants  à  Glascow,  de  style  ogival,  avec  une  tour  sur- 
montée d'une  flèche  d'une  respectable  hauteur,  élevée  en  1852 
parEmmett;  celle  de  Botlishara  dans  le  comté  de  Cambridge, 
lerminée  en  1852  par  l'architecte  Hankins  de  Londres,  celle  de 


ClIAlMTliE   IX.  239 

Sainl-Tlionias  à  Newporl  dont  In  prcniitre  pierre  fui  po«'''c 
en  1854  et  qui  eut  pour  architecle  S.N.  Dawkins,  celle  d'Harls- 
liill  clans  le  comte  de  Warwick,  de  si  y  le  anglo-normand,  coni- 
niencéo  en  1848  par  Thomas  Larkins  Walker,  membre  de 
rinslilut  des  architectes  britanniques,  auteur  aussi  de  léglise  de 
Tous-los-Saints  ù  Londres  (1838-39),  de  l'église  d'Attlebo- 
roug  (1839),  de  Saint-Philippe  (nouveau)  à  Belhnal-Green  (1840- 
42)  et  de  l'hôpital  de  Dedworth  (1841).  Walker  écrivit  encore 
plusieurs  ouvrages,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  Essay  on 
arcidtectwnl  pmctice,  8  vol.  1841,  restaura  l'église  d'ilkeston 
et  émigra  en  Chine  où  il  mourut  à  Hong-Kong  le  10  octobre  1860. 
Citons  toujours:  l'église  de  Saint-Marc  Cartham  (Irlande),  qui 
eut  pour  architecte  J.  J.  Carthy  en  1868;  celle  de  Saint-Jean 
d'Islington,  destyleanglo-normand,  dont  l'architecte  fut  Scholes; 
l'église  de  (irange,  à  laquelle  T.  D.  Barry  a  attaché  son  nom 
en  1853;  celle  de  Saint-Chrysostome  à  Everton,  construite  dans 
le  style  anglo-noi-mand  et  terminée  eu  1853  par  un  architecte 
de  Liverpool,  Brown  Raffles;  celle  de  Saint-Pierre  à  Manchester 
due,  eu  1860,  à  la  collaboration  d'Isaac  Holden  et  de  son  tils; 
celle  de  Sandford,  près  d'.\bingdon,  élevée  en  style  anglo-nor- 
mand, par  l'architecte  Clascy,  sur  l'emplacement  d'une  an- 
cienne abbaye;  l'église  du  Christ  à  lligbbury  (1848)  et  les  églises 
de  Kensinglon-Park  et  de  Notling-Ilall,  toutes  trois  dans  le  voi- 
sinage de  Londres,  qui  eurent  pour  architecte  Thomas  Allom, 
né  à  Londres  en  1804. 

Sur  cet  artiste  seul,  nous  possédons  quelques  renseignements 
biographiques;  ainsi,  nous  savons  qu'il  fut  élève  de  Francis 
Godwin,  qu'il  commença  par  avoir  certains  succès  pour  ses  des- 
sins d'architecture,  succès  qui  l'engagèrent  à  faire  un  voyage  en 
Turquie  d'où  il  rapporta  des  vues  prises  à  Constantinople,  sur  le 
Bosphore  et  dans  l'Asie  Mineure,  depuis  publiées  en  trois 
volumes.  Thomas  Allom  fut  également  l'architecte  de  l'asile 
Cambridge,  situé  à  Kingston  sur  la  Tamise  et  conçu  en  1852 
sur  le  modèle  de  noire  h(jlel  des  Invalides,  ainsi  que  de  l'hôtel  et 
station  du  Great  Eastern  railway  à  Ilarwich  et  des  bureaux 
de  la  Compagnie  d'assurances  London-Landcashire.  Membre  de 
l'Institut  des  arcliitecles  britanniques  dont  il  fut  l'un  des  fonda- 
teurs, il  a  laissé  un  lils,  Arthur-Thomas  Allom,  déjà  connu 
du  lecleur. 


■i'iO  Li:s   Af{CllITEi;TJ:S   PAK   LKUliS   OEL'VltES. 

L'église  S'"  Mary  près  de  lîromplon  el  l'église  de  Brackcll, 
sous  le  vocable  de  la  Sainte-Trinilé,  aclievée  dans  le  slyle  du 
xvi°  siècle,  en  mars  1851,  l'église  S"  IMary  of  Ware  près 
d'Heriford  (1847),  l'église  S'  Jude  a  South-Kensington,  la 
reslauralion  de  l'église  S"  Mary  Hedcliff  à  Bristol,  sont,  avec 
l'Institut  des  aveugles  d'Edgbaston  près  Birmingliam  ouvert 
en  juillet,  1853,  les  œuvres  de  valeur  d'un  architecte  beau- 
coup plus  connu  dans  le  monde  des  arts  comme  auteur  d'écrits 
considérables  sur  l'architecture,  dont  nous  citerons  les  prin- 
cipaux: l/ic  Chiirches  of  London  (1838-1839),  Union  Magazine, 
the  Civil  engineer,  t/ie  Architects'  Journal,  Histori/  in  vains,  les 
Eglises  de  la  Belgique,  etc.,  et  qui,  pendant  quarante  ans,  fut  le 
directeur  du  journal  le  Builder,  l'une  des  revues  les  plus 
complètes  de  l'architecture.  Il  s'appelait  George  Godwin,  était 
né  le  29  janvier  1815  à  Brompton,  fut  élève  de  son  père  et 
mourut  le  27  janvier  1888  à  Cromwell  place,  membre  de  la 
Société  des  antiquaires,  membre  de  l'Inslilut  royal  des  ar- 
chitectes britanniques  et  membre  du  jury  de  IKxposilion 
de  1851. 

On  doit  à  John  Walters,  né  en  1782,  mort  le  4  octobre  1821, 
la  nouvelle  église  de  Turner  slreet,  Stepney,  près  l'hôpital  de 
Londres  (1819),  Saint-Paul  Shadwell,  High  street  (1818-1821), 
l'église  Sainte-Marie  Ilaggerslon,  et  à  son  fils  Edward,  né  à 
Londres  en  décembre  1808,  l'église  de  Grunbyrow  (I8i2)  et 
Baptist  Chapel,  Oxford  road,  la  nouvelle  chapelle  des  Indépen- 
dants avec  ses  écoles,  Cavendish  street  (1847),  les  gares  du 
Midland  railway  entre  Ambergate  et  Manchester,  etc.  Ed. 
Walters  se  retira  en  ISBo,  mais  mourut  seulement  en  1872. 

Thomas  Syedman  Whitewell  dessine,  en  1820-1821,  la 
bibliothèque  publique  à  Coventry,  élève  en  1827  le  Brunswick 
Théâtre,  (loodmanslields,  ouvert  le  25  février  1828,  écrit  un 
ouvrage  salyrique  intitulé  Tlie  modem  Go/h,  et  meurt  en 
juin  1840. 

Ajoutons  à  celte  nomenclature,  les  édifices  religieux  suivants, 
la  plupart  sans  valeur  architecturale  :  l'église  Saint-James  de 
Kidbrooke  inaugurée  en  1867,  dans  laquelle  les  architectes  asso- 
ciés, M.M.  Newmann  et  Billing,  ont  essayé  un  compromis  entre 
les  caractères  des  diiVéj'entes  époques  du  style  ogival,  notamment 
eu  la  complétant  par  une  voûte  de  bois  apparent;    la  chapelle 


BENJAMIN    WYAH 


CIIAl'riltK   l\.  241 

élevée  la  même  aiiiii'O,  dans  le  collèf'e  do  Cliflon  ù  IJristol,  par 
les  architectes  Charles  Hansom  el  llls,  imitation  du  style  ogival 
anglais  de  la  première  6jjo(jue  cl  la  petite  église  de  Saint-Ma- 
ihieu,  h  Clapton,  comté  de  \liddlessex,  pastiche  de  l'architecture 
<iu  xiii"  siècle,  due  à  M.  F.  T.  Dollman  qui  la  termina  en  1869. 
Donnons  enfin  une  mention  à  rarcliilccle  George  Leg,  chargé, 
en  1852,  *de  la  restauration  el  de  l'agrandissement  de  l'église 
Sainte-Marie  de  Barnos,  comté  de  Surrey,  et  de  la  restauration 
du  château  de  Burigny  qui  date  du  règne  d'Elisabeth. 

Les  édifices  civils  élevés  dans  les  divers  comtés  de  l'Angle- 
terre, pendant  la  dernière  période  du  siècle,  ne  semblent  pas 
très  nombreux  et  consistent  surtout  en  écoles,  collèges  et  hos- 
pices. Cependant  on  compte  parmi  eux  quelques  hôtels  de  ville 
et  aussi  des  bâtiments  qui  ont  servi  aux  diverses  expositions 
régionales  de  l'Angleterre. 

Frédéric  Peck,  né  à  Cambridge  vers  1828,  mort  le  22  mars 
1875,  obtint  le  premier  prix  au  concours  ouvert  pour  la  cons- 
truction du  «  Guildhall  »  de  Cambridge  ;  il  fut  ensuite  l'archi- 
tecte, en  18o9,  de  l'asile  de  la  société  royale  Albert  Cambridge, 
de  l'Albert  Collège  (classes  moyennes)  à  Framlingliam,  et, 
vers  1800,  de  la  chapelle  des  «  baplistes  »,  King-street,  et  de 
l'église  Saint-Paul  de  Cambridge;  il  construisit  enfin  la  prison 
communale  de  Lincoln  et  le  collège  communal  de  Sufîolk.  Dans 
cette  même  ville  de  Lincoln,  en  1852,  le  collège  de  l'hôpital 
royal  est  dû  à  la  collaboralion  de  Thomas  Bellamy,  Hardy  et 
Giles,  auteurs  de  lamaison  de  ville  de  Crimsvy.  Le  collège  de  la 
Heine  à  Belfast,  dans  lequel  se  trouvent  un  musée  et  une  biblio- 
thèque, fui  élevé  vers  cette  même  époque,  dans  le  slyle  per- 
jjendiculaire,  par  Charles  Lanyon. 

La  première  pierre  de  l'école  d'IIarrow  est  posée  le 
20  juin  1851,  par  les  frères  W.  G.  et  E.  Haberson  auxquels  on 
doit  également  l'école  de  Frien  et  l'église  de  ce  village  (1853). 
A  Londres,  ces  architectes  ont  fait  de  nombreuses  additions  à 
l'école  philologique  de  Ncw-road. 

Lane  Gnseley  el  William  Frédéric  Ordish,  auteurs  de  la 
chapelle  Saint-Jean-Baptiste  à  Shrivcnbam  Buclvs(t85l),  élèvent, 
en  1853,  l'école  de  charité  pour  les  enfants  pauvres  des  voya- 
geurs de  commerce. 

Le  nouveau  collège  de  méderine  cl  de  sci(Mices  praliques  de 
III.  10 


■2^2  LKS   AHCIIITECTES    PAU   LlîUllS   ÛEUVHES. 

Newcastle-upon-Tyne  esl  commencé  en  18(31  par  John  Vam- 
burg;  l'école  des  arts  et  métiers  de  Wolverhampton  en  1803, 
par  rarcliilecte  Edward  Banks,  et  en  1869  Joseph  Peacock 
termine  à  Perlh,  Ecosse,  l'église,  l'école  et  le  presbytère  Saint- 
André,  pendant  que  Thomas  Dean  et  Benjamin  Woodward, 
irlandais  d'origine,  son  associé,  ouvrent  au  puljlic  le  musée, 
ainsi  que  le  laboratoire  de  physique  et  de  chimie  d'OxfcTrd  (1854). 
Us  avaient  d'ailleurs  déjà  construit  le  Queen's  Collège  à  Cork, 
l'asile  des  fous  de  Killarney,  à  Dublin  et  la  nouvelle  biblio- 
thèque du  Trinity  collège.  Nous  ignorons  la  date  de  la  mort 
de  Dean;  Woodward  décéda  en  juin  1861  ;  il  n'était  âgé  que  de 
quarante-six  ans. 

L'école  normale  de  Wesleyan,  souvenir  de  l'architecture  du 
xvi'siècle,  a  pour  architectes,  en  1850,  Bath  dont  nous  donnons 
ci-après  la  biographie,  et  James  Wilson,  ce  dernierchargé  aussi 
(1852),  de  la  restauration  de  l'église  Saint-André  à  Buckland, 
dans  le  comté  de  Kent  (église  anglo-normande);  en  1853,  à 
Nûllingham,  l'école  des  Bhie-Coal  est  élevée  dans  le  style  Tudor 
par  T.  C.  Hine,  architecte  également  de  la  Bourse  au  blé  de  la 
même  ville.  De  même  style  est  encore  l'école  d'Ipswich  élevée, 
de  1851,  à  1852  par  l'architecte  Flaury  ;  celle  de  la  ville  de 
Loulh  date  également  de  cette  époque  et  eut  pour  architecte 
Bellamy,  nommé  plus  haut,  avec  la  collaboration  de  M.)I.  Hardy 
et  Pearson,  et  celle  de  la  ville  de  Lancaster  E.  J.  Palcy;  celle 
de  Middlesbrough  date  seulement  de  1868  et  eut  pour  architecte 
C.  J.  Adams;  eulin  VAUinncc  Dmik  do  Liverpool,  édifiée 
en  1869,  est  due  à  MM.  Lucy  et  Littler,  qui,  par  extraordi- 
naire, y  ont  appliqué  le  style  de  la  Renaissance  italienne. 

James  Pritchett,  né  à  Saint-Pierre  de  Pembroke  le  14  octo- 
bre 1788,  fut  d'abord  l'associé  de  Watson.  11  dessina  l'école 
S' Pelers,  à  York  et  une  salle  de  réunion  pour  la  banque,  puis,  en 
1838,  l'église  S'  James,ii  MelshaniMillset,  en  1859,  l'égliseS'Mi- 
colas avec  l'école  y  attenant,  àDurhani.  Mais  ses  travaux  les  plus 
importants  furent,  sans  conlredil,  l'hôpital  deLady  llenleys  et,  à 
Wakehead,  l'asile  des  fous,  l'un  des  pins  grands  de  l'époque.  Il 
construisit  aussi  les  tribunaux  et  la  prison  à  Beverley  et  fut 
assez  longtemps  l'architecte  privé  du  comte  Filz-\\'illiam  de 
Wanlworih. 

Herbert  Williams,  né  en    1812,  élève  d'.Angell,  construit  a 


OHAPITMR   IX.  2'.;i 

parlir  de  1842  les  t'-coles  do  Briglilon  avec  cliapelle,  dispensaire, 
asile  pour  les  orplieliiics,  etc.  M  ajoute  en  1852  deux  écoles  à 
l'hôpital  du  comté  de  Sussex,  est  nommé,  en  1855,  Siimei/or  de 
la  Compagnie  des  drapiers,  élève  de  1855  à  1858  l'école  des  or- 
phelins de  Landloff  et  de  Denbig,  et  modernise  avec  G.  Scott,  de 
1858  à  1860,  l'église  S'  Miciiel  Cornhill,  pour  la  compagnie  des 
merciers.  Williams  est  mort  le  5  octobre  1872. 

Williams  Georges  Barnes,  élève  de  G.  Smith,  né  en  1817, 
fut  un  grand  constructeur,  pour  cette  même  compagnie  des  mer- 
ciers dont  il  était  si/i'vei/or^  ainsi  que  pour  la  compagnie  des 
tonneliers.  11  fut  aussi  swrei/or  de  district  pour  Plunstead  et 
Eltham  et  mourut  le  23  juin  1887,  à  soixante-dix  ans. 

Georges  Tappen,  plus  connu  par  ses  Observations  sur  rarchi- 
tecture  en  France  et  en  Italie  (ouvrage  publié  en  1806),  refit  en 
1812  la  façade  de  l'asile  des  aveugles  S' George  road  et  rebâtit 
en  1831  l'asile  royal  de  Calédonie.  Il  est  mort  en  1830,  le 
1"  mars,  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans.  L'hôpital  S'  Clair  de 
Wanlworth,  pastiche  assez  remarquable  du  styleTndor«t  qui 
appartient  à  la  «  compagnie  des  poissonniers  »,  ont  pour  archi- 
tecte, en  1851,  Richard  Suter,  et  l'hospice  S'  Pancrace  d'High- 
gate,  plus  récent,  fut  élevé  en  1869  par  les  architectes  Giles  et 
Biren. 

Deux  hôtels  de  ville  seulement  à  citer  maintenant,  pendant 
cette  période  :  celui  de  Burslem  commencé  en  1854  par  G. 
T.  Robinson,  et  celui  de  Birmingham  dû  à  la  collaboration 
de  llansom  et  d'Edward  Welch.  Ce  dernier,  né  à  Overlon, 
comté  de  Frinlshire,  en  180(J,  mort  le  3  août  1868,  fut  aussi 
l'architecte  de  l'église  S'  Jean  de  Liverpool,  de  la  prison  du 
comté  de  Beaumaris,  d'une  église  à  Huit,  d'un  dispensaire  à 
York,  du  collège  William-King  et  de  quelques  égtises  dans 
l'île  de  Man.  Très  affecté  des  pertes  qu'il  avait  subies  à  l'oc- 
casion de  la  construction  de  l'hôtel  de  ville  de  Birmingham,  il 
se  chargea  seul  de  la  construction  de  l'hôpital  du  Nord  à  Liver- 
pool, de  quelques  églises  aux  environs,  de  l'hôtel  Keiry  à  Bil- 
kenhead,  etc. 

L'architecte  William  Henry  Playfair,  né  à  Londres  en  juil- 
let 1789,  élève  de  son  oncle  l'ia^iairet  de  W.  Stark  deClascow, 
exerça  sa  profession  surtout  en  Ecosse.  De  1817  à  182i,  il  élève 
dans  cette  ville  l'entrée  et  la  loge  de  Ih'riot's  linspilal  et  achève 


24i  LES   ARCHITECTHS  PAR   LEURS   OEUVRES. 

les  bâlinienls  de  rUnivorsité;  en  181'J,  il  conslruit  labiblio- 
llièqiie  des  avocats;  en  1820,  le  monument  dédié  à  Playfair; 
de  1822  à  1836,  les  bâlimenis  de  l'inslitiit  royal  (en  style 
classique  grec  dorique)  ;  de  1822  à  1826,  le  monument  na- 
tional de  Calton  Hill,  d'après  un  dessin  de  Cockerell,  l'église 
S' Etienne  (dorique  hexagone)  1830;  le  collège  des  chirurgiens 
et  le  muséum  (1830);  le  monument  de  Dugal  Stewart  (1842-48)  ; 
le  Donaldson  Hospital  (en  style  Tudor),  sa  meilleure  œuvre  (1 846- 
18o0);  Free  churcli  Collège  (en  style  Tudor),  enfin,  de  1850  à 
1854,  la  Galerie  Nationale,  placée  à  côté  de  l'Institut  royal,  atfec- 
tanf ,  comme  lui,  la  forme  d'un  temple  grec,  mais  avec  emploi  de 
l'ordre  ionique.  Playfair  est  mort  le  19  mars  1857,  âgé  de 
soixante-sept  ans. 

Charles  Verelst,  élève  de  \\.  Abraham,  créateur  de  la  Société 
d'archéologie  et  d'architecture  de  Liverpool,  a  laissé  des  œuvres 
assez  diverses  comme  genres,  entre  autres  l'église  S'  Jean  Gran- 
glane,  l'église  S'  Pierre,  près  Manchester  et  mourut  le  15  dé- 
cembre 1859,  à  Birkenkead,  après  avoir  écrit  des  «  Remarques 
sur  les  bâtiments  ruraux  ». 

William  Beck  conslruit  en  1853  la  Bourse  an  blé  à  Iffins, 
à  Needl  et  établit  à  Chippenliam,  en  1870,  le  grand  marché  aux 
fromages. 

Quelques  salles  de  concert,  en  petit  nombre,  figurent  parmi 
les  constructions  élevées  dans  les  comtés  pendant  la  seconde 
période  du  siècle,  Telles  sont  :  la  salle  S'  George  destinée  à  des 
fêles  et  à  des  concerts,  à  Bradford,  qui  eut  ])Our  arcliitectes,  en 
1853,  deux  architectes  de  la  localité  Lockwood  et  Manson  ;  le 
"  Town-Ilall  »  de  Hull,  élégante  consiruclion  de  style  italien,  sur- 
monté d'une  llèclie  ornée  d'une  façade  en  pierre  et  de  balcons, 
arcliitecte  iM.  Brodrick,  également  auteur  de  l'Institut  royal 
qui  renferme  une  bibliothèque  et  un  musée  d'antiquités  lo- 
cales; <(  le  Colslon-Hall  »,  salle  de  concert  immense  construite 
à  Bristol,  en  1809,  par  MM.  Poster  et  Wood  John,  fils  probable- 
ment de  John  Wood  dit  Bath,  né  dans  le  Yorkshire  en  1717, 
qui  agrandit  sa  ville  natale  et  y  créa  le  premier  établissement 
thermal  et  l'Iiôpilal  qui  y  est  annexé.  Wood  tils  s'est  contenté 
d'achever  la  Gay  street  et  le  cirque,  sur  les  dessins  de  son  père 
et  est  mort  le  18  juin  1882. 

Un  autre  Wood  prénommé  John  Turtle,  né  le  13  février  1821 


et  élève  de  Kendall,  s'en  vinlconslruire  quelques  maisons  à  Lon- 
dres après  un  voyage  en  llalie,  puis  fut  engagé  par  la  compagnie 
du  railway  Aidin-Résident  à  Smyrne  pour  laquelle  il  construisit 
l'église  protestante  de  Boudjali.  Mais  ce  n'est  pas  à  ce  tilre  que 
nous  le  faisons  figurer  ici.  Directeur  des  fouilles  faites  à  Éplièse 
en  1863,  il  découvril,  eu  1869,  les  restes  d'un  temple  considéra- 
ble bâti  sous  Auguste  et  dont  toutes  les  sculptures  ont  été  trans- 
portées au  Brilisli  Muséum.  Il  a  d'ailleurs  publié  sa  découverte 
sous  le  titre  de  :  D'iscovcries  at  EpJiesus  including  the  site,  and 
rcmains  of  the  Great  temple  et  est  mort  le  2o  mars   1890. 

La  ville  de  Dublin,  capitale  de  l'Irlande,  eut  sou  Exposition 
eu  1853,  comme  l'avait  eue  la  capitale  de  l'AnglcIerre,  œuvre 
d'ingénieur  plutôt  que  d'arcliilectc.  Les  bâtiments  de  celle  expo- 
sition qui  servent  de  palais  de  l'Industrie  permanent,  furent 
construits  par  John  Benson,  auquel  on  devait  déjà  le  bâtiment 
destiné  à  l'Exposition  des  arts  et  manufactures  de  Londres  (1852). 
Pour  la  consiruclion  de  ce  dernier  édifice  il  avait  eu  pour  col- 
laborateur M.  Deane,  déjà  connu  du  lecteur  comme  arcliilecle  du 
musée  d'Oxford.  Le  palais  de  l'Exposition  des  chefs-d'œuvre 
de  la  peinture  à  Manchester,  vaste  parallélogramme  de  214 
nièlres  de  longueur,  sans  architecture,  vient  d'être  construit 
par  M.  Salomons,  dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom. 

Pour  finir,  nous  devons  mentionner  l'érection  du  monument 
commémoralif  de  Leicesler,  tour  gothique  ornée  de  statues, 
élevée  en  1869  par  l'architecte  Joseph  Goddard  et  la  restaura- 
lion  en  1852  de  la  Croix  de  Leighton  Bozzard  érigée  en  1850,  sous 
le  rèfifne  d'Edouard  III. 


CHAPITRE    X 

I.'iircliiLeclure  aulrichieniie  entre,  vers  l'année  )8b7,  dans  une  période  d'aclivilé 
qui  dure  encore  aujourd'hui.  Mais  les  architectes  de  Vienne  moderne  ont  sur- 
tout pour  ohjectif  ,1a  combinaison  savante,  parfois  heureuse,  d'éléments  em- 
pruntés à  des  styles  étrangers  le  plus  souvent  les  uns  aux  autres.  —  Toutefois, 
le  style  ogival  semble  exclusivement  réservé  à  la  construction  des  édifices 
religieux.  —  Les  architectes  modernes  de  l'Allemagne  du  Nord  ont  adopté  de 
préférence,  depuis  une  vingtaine  d'années,  dans  leurs  créations  les  plus  im- 
portantes, les  formes  de  la  Renaissance  allemande. 


Pendant  la  première  période  du  siècle,  les  archilecles  de 
l'Allemagne  sont  demeurés  moins  fidèles  peut-être  que  ceux 
des  nations  voisines  au  culte  du  classique.  Aussi  n'y  avons- 
nous  pas  rencontré,  comme  en  France,  par  exemple,  deux 
écoles  rivales  :  l'une  qui  persistait  à  n'admettre  pour  idéal  que 
les  formes  rigides  et  géométriques  imposées  aux  achitectes  de 
la  fin  du  siècle  précédent,  comme  une  protestation  contre  les 
fantaisies  et  les  aberrations  du  rococo,  l'autre  qui  prétendait 
donner  une  vie  nouvelle  à  l'arcliitecture  ogivale  oubliée  pendant 
trois  siècles.  Alors  que  les  Anglais  la  mettaient  même  à  la  mode 
cl  l'appliquaient  indilTéremment,  depuis  une  quarantaine  d'an- 
nées, à  toutes  leurs  constructions  publiques  ou  privées,  civiles 
ou  religieuses,  alors  que  l'école  de  Munich  prit  comme  type  du 
beau  arcliiteclural  une  sorte  de  pseudo-grec  inventé  par  des 
archéologues  admirateurs  des  ruines  d'Athènes  et  de  Rome,  les 
Allemands  du  Nord  sont  remontés  moins  haut  dans  le  passé, 
pour  choisir  entre  les  diverses  esthétiques  qui  s'offraient  à 
eux,  chez  eux  et  ils  semblent  avoir  porté  leurs  préférences  sur 
cette  Renaissance  allemande,  un  peu  lourde  de  formes,  trop 
surchargée  dans  son  ornementation,  mais  répondant  plus  qu'au- 
cune architecture  aux  aspirations  du  génie  allemand.  Toujours 
cst-il  que,    parti   do  Rerlin  il    y  a  une   vingtaine   d'années,  le 


CHAPITRE   X.  2i7 

mouvement  a  gagné  presque  loiile  la  région  voisine  de  la 
Prusse.  11  n'a  point  empêché  d'ailleurs  les  arcliilectes  de  l'aulre 
côté  du  lihin,  nos  conlemporains,  d'étudier,  avec  tonte  l'ardeur 
et  tout  le  soin  dont  ils  sont  capables,  la  grande  époque  de  l'art 
ogival  et  de  prouver  à  l'occasion,  ainsi  que  l'ont  fait  les  archi- 
tectes de  la  cathédrale  de  Cologne,  la  profondeur  de  leur  science 
archéologique. 

A  Vienne,  c'est  une  véritable  ère  monumentale  qui  date  de 
la  résolution  prise  le  20  décembre  18."}7  par  François-Joseph  l", 
de  faire  démolir  l'enceinte  intérieure  de  sa  capitale.  "  Dans 
son  rescrit,  dit  M.  Semper,  l'empereur  décida  que  la  vente  des 
terrains  devenus  disponibles  par  cette  démolition  devait  fournir 
les  ressources  nécessaires  pour  la  construction  de  plusieurs 
édifices  publics  et  militaires  dont  les  premiers  devaient  être 
placés  précisément  en  bordure  sur  les  deux  côtés  d'un  boule- 
vard remplaçant  l'ancienne  enceinte.  » 

11  résulte  de  l'examen  qu'on  peut  faire  aujourd'iiui  de  cet 
ensemble  de  constructions  monumentales  dues  à  une  généra- 
lion  de  véritables  artistes,  la  plupart  encore  vivants,  qu'elles 
sont  le  produit  d'un  éclectisme  raisonné,  chaque  architecte  ayant, 
pour  ainsi  dire,  marqué  son  œuvre  du  sceau  de  ses  préférences 
particulières,  et  c'est  ainsi  que  le  style  ogival,  la  Renaissance 
allemande  aussi  bien  que  les  autres  Renaissances  et  le  style 
classique,  sont  représentés  dans  cette  série  d'édifices  grandioses 
qui  ont  fait  de  Vienne  l'une  des  plus  belles  capitales  du  monde. 
Mais  l'originalité  fait  défaut  dans  ces  édifices  nouveaux,  et  il  ne 
faut  pas  la  chercher  davantage  dans  les  «  bâtisses  colossales  » 
d'où  le  goût  est,  le  plus  souvent,  absent,  que  la  spéculation  a 
accolées  aux  œuvres  des  maîtres.  De  son  côté,  Rerlin,  capitale 
du  nouvel  em|>irc  allemand,  encore  que  la  majeure  partie  des 
milliards  de  notre  rançon  soient  enfouis  dans  les  casemates 
de  ses  forteresses  ou  aient  fondu  dans  les  creusets  de  ses  fon- 
deries de  canons,  a  trouvé,  depuis  1870,  des  spéculateurs  et  des 
bâtisseurs  de  maisons  à  loyer,  tout  comme  à  Vienne,  mais  jus- 
qu'à ce  jour  le  gouvernement  est  resté  étranger  à  cette  fièvre 
de  construction  qui  menace  les  spéculateurs  et  les  particuliers 
d'une  crise  douloureuse  comme  le  krach  de  18(i.3. 

Le  premier  de  la  série  des  arcliilectes  viennois  qui  ont  trans- 
formé la  capilalc  de  l'empire  est  assurément  le  baron  Heinrich 


2.'<«  Li:S   ARCHITECTES  PAR  LEURS   (EUVRES. 

von  Ferstel  auquel  Vienne  doit  Y  Eglise  votive,  édilicc  de  style 
ogival  et  l'un  des  plus  importants  de  notre  époque,  commencée 
en  1830,  terminée  en  1879.  Elle  comprend  une  nef  centrale  et 
deux   bas-côtés.  Autour  du    chœur  rayonnent  sept  chapelles 
absidales.  Deux  tours  terminées  par  des  flèches  en  pierre  cou- 
ronnent la  façade  principale  percée  de  trois  portes  de  dimen- 
sions égales  ;  à  la  croisée  des  transepts  s'élève  nue  flèche   de 
métal;  les  colonnettes  en  faisceaux  de  la  nef  s'élèvent  jusqu'aux 
voûtes  peintes  azur  et  or.  On  doit,  enfin,  une  mention  spéciale 
aux  vitraux  et  aux  grilles  en  fer  forgé.  Ferstel  avait  alors  vingt- 
sept  ans,  et  c'est  au  concours  qu'il  avait  obtenu  le  droit  d'en  être 
l'architecte.  Né  à  Vienne  le  7  juillet  1828,  il  fit  ses  premières 
études  à  l'université  et  au  <<  polytechnikum  »  de  sa  ville  natale. 
Sa  première  œuvre  fut  le  cliàteaudu  comte  d'IIostiz élevé  en  1852; 
puis  il  prit  part  au  concours  ouvert  pour  construire  une  cathé- 
drale àMexico  ety  futnommé  lepremier.  Lorsdelacréation  delà 
Ringstrasse  (les  boulevards  de  Vienne),  Ferstel  fut  chargé  de 
l'édification  de  plusieurs  palais,  entre  autres  de  celui  de  l'archi- 
duc Louis-Victor,   sur   la  place    Schwarzenberg,    de    ceux    de 
MM.  von  Wertheim  et  von  Ofenheim,  et  du  palais  Lichtenstein.  à 
la  Hossau.  A  partir  de   1860,  nommé  professeur  au  "    poly- 
technikum »,  il  a  construit  à  Vienne  le  laboratoire  de  ciiimie  et 
réuni  dans  un   vaste  palais  tous  les  services  de  l'Université. 
L'édifice  contient,  en  eiïet,  sur  une  superficie  de  26,000  mètres, 
huit  cours,  des  salles  de  fêles,  des  bibliothèques,  les  Facultés  de 
droit,  de  médecine,  de  théologie  et  de  philosophie,  la  salle  des 
archives,  des  musées,  des  salles  de  cours,  etc.  Commencé  en 
1873,  ce  palais  vient  d'être  terminé.  Fondé  en  1803  par  l'em- 
pereur François-Joseph  I"  pour  développer  et  encourager  l'ap- 
plication des  nouvelles  découvertes  scientifiques  et  des  meilleures 
notions  artistiques  à  l'industrie  et  aux  arts  industriels,  le  musée 
de  l'Art  industriel  fut  transporté,  en  1872,  dans  le  vaste  édifice 
de    briques    inspiré    par  la    Renaissance   italienne   à  Ferstel, 
qui   l'a  construit  dans  le  llubcn  Ring.  Comme  édifices  parti- 
culiers de  Vienne  qui  méritent  une  mention  et  dont  il  fut  l'ar- 
chitecte, nous  citerons  la  Rancpie  nationale  et  la  maison  l'ollack 
sur  le  quai  François-Joseph,  luidn,  hors  de  Vienne,  Ferstel  éleva 
l'église  catholique  de  Schônau  et  l'église  protestante  de  Brunn, 
toutes  deux  de  si  vie  ogival,  la  villa  de  l'archiduc  Charlcs-Loui.« 


G.   GILBERT    SCOTT 


cil  A  PITRE   X.  2'i0 

Il  lîeichenau  et  le  palais  du  Lloyd  aiilrichien,  à  Trieste,  puis 
mourut  au  mois  de  juillet  1883. 

Un  élève  de  Nobile,  Léopold  Ernst,  né  à  Vienne  en  1808,  est 
surtout  connu  comme  peintre  d'architecture.  Il  jouit  cependant 
d'une  certaine  réputation  pour  avoir  collaboré  avec  Schmidt  à  la 
restauration  de  la  cathédrale  Saint-Etienne  dont  il  a  conçu  les  très 
remarquables  pignons;  nous  connaissons  la  date  de  la  mort  de 
Ernst  arrivée  à  Vienne  en  1862.  Friedrich  Schmidt,  dont  nous 
venons  de  prononcer  le  nom,  était  né  à  Frickenhofen,  en 
Wurtemberg,  le  22  octobre  1820.  Professeur  d'architecture  à 
l'Académie  de  Milan,  lorsque  cette  ville  était  sous  la  domination 
autrichienne,  il  fut  appelé  à  Vienne  en  18o9  et  exerça  les  mêmes 
fonctions  à  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  cette  ville.  Architecte 
de  l'église  des  Lazaristes,  édifice  de  style  gothique  dont  le  clocher 
n'a  pas  moins  de  72  mètres  de  hauteur  (1865),  il  est  celui  de  la 
Weissgerbev  Kirche  (église  des  Mégissiers),  achevée  en  1873, 
Funfhaiisen  Kirche  (également  inspirée  à  son  auteur  par  les 
édifices  de  stvle  ogival),  achevée  en  187i,  et  de  l'église  paroissiale 
de  Brigittenau.  Schmidt  construisit  aussi  le  gymnase  acadé- 
mique impérial,  à  Vienne,  et  la  gare  du  Nord-Ouest,  puis  fut 
enfin  appelé  à  donner  les  plans  de  l'hôtel  de  ville  commencé  le 
25  mai  1872,  qu'il  termina  en  1883.  «  Bâti  sur  une  place  rectan- 
gulaire de  154  mètres  de  longueur  sur  124  de  large,  le  nouveau 
monument  contient  à  l'intérieur  une  grande  cour  centrale  de 
7!»  mètres  sur  35,  accompagnée  de  6  cours  latérales.  Ces  cours 
sont  entourées  de  portiques  et  de  galeries  qui  assurent  une  cir- 
culatioa  facile  et  l'indépendance  absolue  des  services.  Sur  la 
façade  principale,  qui  rappelle  habilement  les  grandes  divisions 
intérieures,  se  trouvent  placées  les  salles  de  fêtes.  Une  galerie 
ogivale,  très  éclairée,  formant  avant-corps,  tend  son  treillis  de 
doubles  arcatures  découpées  en  avant  de  ces  salles.  L'n  rez-de- 
chaussée  en  portiques,  surmonte  d'un  entresol  bas,  sert  de  sou- 
bassement à  cette  longue  galerie  ouverte.  Au  milieu  de  la  façade 
cl  en  saillie  sur  tout  l'édifice,  un  beffroi  élève  sa  llèche  de 
pierre  ajourée  à  une  hauteur  de  187  mètres.  r>e  chaque  côté, 
deux  légers  clochetons  de  moindre  importance  servent  d'accom- 
pagnement à  la  tour  centrale  et  tranchent  très  heureusement 
de  lignes  verticales  celte  longue  façade  couronnée  de  statues, 
li'effet  d'ensemble  est  excellent.  >■  iM.  Paul  Sédillo.  /'.\rr/ii/rr/ifrr 


2.'K)  LES   AHCniTKCTES   l'Ali  LEl'RS  (KUVRES. 

moderne  à  Vienne).  Nous  achèverons  la  biographie  de  cet  artisie 
de  grand  talent  en  disant  qu'il  est  mort  à  Vienne  le  2  janvier  de 
l'année  1891. 

Un  élève  de  Ernsl,  M.  Joseph  Erwin  Lippert,  clievalier  de 
Granberg,  né  en  1826,  à  Arad,  eu  Hongrie,  après  avoir  étudié 
à  l'académie  de  Vienne,  fit  d'abord  un  voyage  en  Norvège  pour 
étudier  les  constructions  en  bois  du  moyen  âge.  Architecte  d'é- 
difices religieux,  de  1857  à  1862,  il  est  chargé  de  la  restauration 
de  l'église  de  Raab,  en  1864,  du  dôme  de  Presbourg,  et  enfin 
vient  à  Vienne  où  il  construit  les  églises  des  Chevaliers  Teutons 
et  de  Sainte-Elisabeth  (de  1866  à  1868).  On  doit  aussi  à  M.  Lip- 
pert les  églises  d'Olmiitz,  de  Kremsier,  de  \Vellchrad-\Mctzko- 
wicz,  etc.,  ainsi  que  les  "  propylées  »  du  dôme  de  Grau.  Chris- 
tian Friedrich  Ludwig  Forster,  né  à  Bayreuth,  en  1797, 
mort  en  IHU.'J.  fit  ses  études  à  l'académie  de  Munich  et  dans 
l'atelier  de  Nobile.  Quoiqu'il  eût  été  trois  années  professeur  à 
l'académie  des  Beaux-Arts  de  Vienne,  il  était  plutôt  connu 
comme  auteur  d'une  suite  de  dessins  pour  l'ornementation  in- 
térieure et  extérieure  des  édifices  ainsi  que  par  la  publica- 
tion du  journal  d'architecture,  la  Dauzeltinig,  dans  lequel  il 
avait,  en  1844,  publié  un  projet  d'agrandissement  de  la  ville 
de  Vienne,  lorsqu'il  fut  chargé  de  la  construction  de  la  synagogue 
de  la  Leopoldstadt,  édifice  tout  en  briques  crues  et  présentant 
un  heureux  mélange  de  style  chrétien  et  mauresque  appli- 
qué aux  besoins  de  notre  temps.  Architecte  de  l'église  protes- 
tante du  faubourg  Gunpendorf  et  de  la  villa  Pereira,  à'Alten- 
berg,  à  partir  de  1849,  il  construisit  avec  la  collaboration  de 
Hansen,  son  beau-fils,  dont  nous  donnons  ci-après  la  biogra- 
phie, l'arsenal  de  Vienne,  le  pont  Elisabeth,  la  maison  Hoyos. 
Hors  de  Vienne,  il  fut  l'architecte  de  la  villa  ou  plutôt  du  vil- 
lage Maiier,  de  la  synagogue  de  Buda-Pesth,  du  casino  et  des 
écoles  réaies  de  Briinn,  d'églises  en  liohème,  en  Moravie,  en 
Hongrie,  etc. 

Forster  Ludwig  laissait  un  fils,  M.  E.  von  Forster,  qui  a 
suivi  la  carrière  de  son  père  et  est  honorablement  connu  comme 
architecte  de  nombreuses  maisons  à  loyer  dans  le  quartier  de 
la  Bourse,  maisons  d'un  style  Renaissance  mixte  et  d'un  aspect 
très  séduisant;  mais  il  nous  appartient  surtout  comme  architecte 
du  Ringiheatcr  (Opéra-Comique  de  Vienne),  ouvert  en  1874,  qui 


CIIAIMTItK   X*  2.S1 

fut  (iéiriiil,  liiiit  années  après  seulement,  dans  un  terrible  in- 
cendie dont  beaucoup  ont  conservé  le  souvenir. 

Auteur  également  de  l'un  des  théâtres  de  Vienne,  le  théâtre 
Rahnoud,  M.  Franz  Sitte,  élève  de  Ferstel,  est  né  le  8  juil- 
let 1818,  à  \\'eisskirchen,  en  Bohème.  On  lui  doit  un  spécimen 
de  la  Renaissance  allemande  (modernej  dans  l'église  des  «  mechi- 
taristes»  de  Vienne. 

L'Opéra  de  Vienne  est  l'œuvre  de  deux  artistes  aujourd'hui 
disparus,  Edouard  van  derNuU  qui  s'est  suicidé  le  3  avril  1868, 
et  Augustus  de  Siccardsburg,  mort  peu  après  son  collabora- 
teur, le  M  juin  I8(j8.  Van  der  NuU  était  né  à  Vienne,  en  1812, 
et  de  Siccardsburg  en  1813.  Leurœuvre  principale,  commencée 
en  1861,  se  compose  d'un  avant-corps  fortement  en  saillie  avec 
deux  ailes  en  retraite.  Le  derrière  du  monument  reproduit 
symétriquement  la  disposition  de  la  façade  dont  le  style  est 
celui  des  derniers  temps  de  la  Renaissance.  La  salle,  dont  la 
décoration  est  blanc  et  or,  a  été  ouverte  au  public  en  1869.  Le 
nouvel  Arsenal,  pour  la  construction  duquel  ces  deux  architectes 
eurent  Hansen  comme  collaborateur,  lient  de  la  forteresse  et  de 
l'arsenal.  Commencé  en  1853,  il  se  compose  de  quatre  pavillons 
reliés  ensemble  par  une  ligne  ininterrompue  de  bâtiments  com- 
prenant des  salles  d'exposition  d'armes  rares  et  historiques, 
dune  manufacture  darmes.  d'une  fonderie  de  canons,  d'une 
infirmerie  avec  chapelle  et  d'une  caserne  pouvant  être  habitée 
par  2,500  hommes.  Van  der  Null  et  Siccardsburg  furent  égale- 
ment les  architectes  du  Sophienbad,  à  Vienne,  du  palais  Larisch 
voijid  et  de  nombreuses  maisons  à  loyer. 

Le  théâtre  de  la  Ville,  terminé  depuis  1872,  est  l'œuvre  de 
deux  architectes,  MM.  Hermann  Helmer,  né  à  Marbourg  le 
13  juillet  184!»,  et  Ferdinand  Felloer.  sur  lequel  nous  ne 
possédons  aucun  renseignement  biographique.  Ces  artistes 
ont  aussi  élevé  en  collaboration  les  théâtres  de  Karlsbad,  de 
Hrune,  de  Potis,  d'Odessa,  de  Zurich,  puis  l'observatoire  de 
Wahring,  le  palais  de  la  duchesse  de  Castries,  bon  nombre 
d'établissements  privés  et  enfin  le  marché  couvertdeVienne  ou- 
vert en  1871  ainsi  que  le  musée  de  pédagogie  (1870-1871).  — 
Seul,  M.  Fellner  a  construit  l'asile  des  aliénés  de  Vienne  dans 
le  faubourg  de  Michelberg. 

Le  palais  de  justice  de  Vienne,  construit  de  1870  à  1880,  eul 


232  LKS  AUCIUTEGTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

pour  arcliilecle  M.  Alexander  Wielemans,  né  à  Vienne  en 
1843,  dont  les  maîtres  lurent  Van  der  Null  et  Siccarsburg  d'a- 
bord, ensuite  Friedrich  Schmidt.  Sorti  des  ateliers  en  1874,  il 
commença  par  se  distinguer  dans  le  concours  ouvert  pour  l'éta- 
blissement du  cimetière  central,  puis  il  fut  successivement 
l'architecte  du  casino  de  Ischl,  de  l'hôtel  de  ville  de  Grossenham 
et  de  la  salle  de  concerts  de  Prague. 

Enfin  nous  arrivons  à  Théophil  Hansen  dont  le  nom  a  déjà 
été  plusieurs  fois  prononcé  au  cours  de  ce  chapitre.  M.  Hansen 
est  Danois,  étant  né  à  Copenhague  le  18  juillet  1813.  11  fut 
élève  de  l'École  des  Beaux-arts  de  sa  ville  natale  et  il  en  suivit 
les  cours  jusqu'à  l'âge  de  vingt-quatre  ans.  De  là,  il  partit  pour 
l'étranger  et  visita  successivement  l'Allemagne,  l'Halie  et  la 
Grèce.  Arrivé  à  Athènes,  il  se  vit  offrir  la  charge  de  professeur 
à  l'école  technique  et  y  laissa  plusieurs  onivres  de  valeur  : 
l'Observatoire  astronomique,  le  palais  Demétrios  et  plusieurs 
autres  édifices.  Mais,  s'étant  établi  en  1846  à  Vienne  qu'il  habite 
encore  aujourd'hui,  il  s'associa  d'abord  à  l'architecte  Forster; 
de  cette  collaboration  sont  sorties  :  l'église  évangélique  de 
Gumpendorf  (1849),  la  villa  du  baron  Pereira  à  Altenberg  et 
la  synagogue.  De  1849  à  1854,  il  commença,  en  collaboration 
avec  Forster  devenu  son  beau-père,  la  construction  de  l'Arsenal 
auquel  ont  également  travaillé  lîosner,  van  der  Null  et  Siccars- 
burg.  En  1858,  il  élevait  l'école  et  le  presbytère  de  la  commu- 
nauté des  Grecs  non  unis,  puis  le  cimetière  des  protestants  avec 
la  chapelle  mortuaire  qui  s'y  trouve  et  adoptait  dans  la  cons- 
truction de  ces  divers  édifices  le  style  byzantin  avec  un  mélange 
souvent  heureux  de  polycliromie;  puis  vinrent  le  palais  Klein 
àHriinn,  le  palais  Eppstein,  l'hùtel  de  la  Société  philharmonique 
(1807-1870),  le  palais  du  Parlement  Cisleithanien  destiné  aux 
deux  Chambres  des  seigneurs  et  des  députés  (1874-1885),  la 
Bourse  (1873),  dans  laquelle  il  eut  Tielz  pour  collaborateur, 
mais  dont  il  modifia  le  plan  après  la  mort  de  celui-ci,  le 
palais  de  l'archiduc  Guillaume,  remarquable  par  sa  façade 
d'ordre  ionique  et  son  avant-corps  portant  au-dessus  de 
renlablement  une  suite  de  statues  représentant  des  chevaliers 
de  l'Ordre  teutonique;  sur  la  place  Schiller,  la  nouvelle  acadé- 
mie des  Beaux-Arts  de  style  Uenaissance  mélangé  de  classique.  — 
Tous  ces  édifices  sont  à  Vienne;  mais  M.  Hansen  a  encore  trouve 


CHAPITRE  X.  2o.i 

le  temps  d'élever  (1800)  à  Alhènes,  l'académie  des  Sciences 
dans  le  style  grec  classique,  style  qu'il  a  presque  exclusive- 
ment adopté  pour  la  construction  des  édifices  particuliers. 

Nous  citerons  encore,  avant  de  sortir  de  Vienne,  l'institut 
géographique  de  M.  Pichler,  l'hôpital  israélite  de  M.  Stassy 
et  l'institut  pathologique  du  Rudolfspilal,  du  chevalier  Lud- 
wig  von  Zettl,  auteur  aussi  des  bâtiments  provisoires  du 
Parlement  élevés  en  deux  mois  et  qui  ont  servi  vingt  années.  Né 
en  1823,  le  ciievalier  von  Zettl,  architecte  au  ministère  de 
l'Intérieur,  construisit  de  nombreuses  maisons  particulières  à 
Vienne  et  à  Salzbourg,  l'hospice  des  aliénés  à  Ofen  et  mourut  à 
Vienae  le  t4  avril  1871. 

Méritenlégalementune  mention  les  Halles  centrales  de  M.  Ga- 
briel Karl,  inaugurées  le  20  novembre  1865,  vaste  construction 
en  fer  et  maçonnerie  entre  la  Langen  strasse  et  la  Zasten  strasse 
dont  la  façade  comprend  un  avant-corps  de  deux  étages  réservé 
à  l'administration;  le  cimetière  central,  œuvre  de  deux  archi- 
tectes, MiM.  liluntschli  et  Mylius,  de  Francfort,  entouré  de  ma- 
gnifiques arcades  et  au  centre  duquel  s'élève  une  chapelle  sur- 
montée d'une  coupole  et  d'une  croix  grecque. 

M.  Alfred  Frédéric  Bluntschli,  né  le  29  janvier  1842  à 
Zurich,  avait  commencé  ses  études  dans  l'atelier  de  Semper,  vint 
les  continuer  à  Paris  dans  celui  de  Questel.  Architecte  du  cime- 
tière central  de  Vienne  il  fut  aussi  celui  de  l'hôpital  de  Cons- 
tance dans  le  grand-duché  de  Bade,  et  à  Francfort  de  l'hôpital 
Clément,  de  l'hospice  des  Sœurs,  de  l'hôtel  de  Francfort  et  de 
nombreuses  maisons;  Zurich,  où  il  s'est  fixé  il  y  a  quelques 
années,  lui  doit  l'école  et  le  laboratoire  de  physique  et  chimie, 
les  villas  Bleuler  et  Weymann,  etc.,  etc. 

On  comprend  que  l'exemple  donné  par  l'empereur  ne  pou- 
vait manquer  d'être  suivi  par  les  grands  seigneurs  de  l'empire  : 
aussi  allons-nous  énumérer  maintenant  un  certain  nombre 
d'architectes  autrichiens  dont  la  carrière  a  presque  été  exclusi- 
vement consacrée  à  l'édification  de  palais  et  de  châteaux,  tant  à 
Vienne  que  dans  les  environs.  —  Nous  commencerons  par 
Karl  Tietz  dont  nous  avons  déjà  associe  le  nom  à  celui  de 
llansen,  comme  architecte  de  la  Bourse  de  Vienne.  Né  le 
^o  janvier  1831  à  Jastrow,  en  Prusse,  d'une  origine  plus  que 
modeste,  il  arriva  d'abord,  à  force  de  constance  et  d'énergie,  à 


2oi  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

se  faire  une  situation  à  Berlin.  Pourtant,  en  1852,  il  alla  se  fixera 
Vienne  et  il  débuta  en  Autriche  par  la  construction  du  casino 
des  bains  de  TûfTer,  en  Styrie  ;  depuis  il  a  été  l'architecte  du  pa- 
lais des  comtes  Schlick  et  Pallfy,  de  la  grande  brasserie  Faber 
à  Liesing  et  du  Grand  Hôtel  à  Vienne.  En  1865,  il  construisit  le 
casino  de  Vosslar,  deux  immeubles  importants  sur  la  place 
Uodolphe,  un  château  en  Bohème  et  la  grande  brasserie  de 
Laybach.  Le  développement  de  la  capitale  de  l'empire  a  aussi 
procuré  à  Tietz  l'occasion  de  construire  plus  de  quarante 
immeubles  pour  des  particuliers  avant  sa  mort  arrivée  à  Vienne 
en  1875. 

Collaborateur  aussi  du  plus  illustre  peut-être  des  architectes 
autrichiens,  Semper,  M.  le  baron  R.  Karl  von  Hasenauer  était  ne 
à  Vienne  en  1833  et  avait  été  élève  du  collège  Karolinium,  à 
Brunswich,  puis  de  l'académie  des  Beaux-Arts  de  Vienne,  de 
1850  à  1855.  Nous  avons  dit  que  c'était  lui  qui  avait  terminé 
les  deux  musées  de  la  Cour  et  le  Burgtheater  inachevés  au  mo- 
ment de  la  mort  de  Semper  et  s'était  chargé  principalement  de  la 
décoration  et  de  l'arrangement  intérieur  de  la  salle  ;  nous  ajou- 
terons simplement  qu'il  a  récemment  achevé  la  villa  de  l'impé- 
ratrice d'Autriche  au  .Jardin  des  Plantes  à  Lainz  et  était  l'archi- 
tecte des  maisons  Péreira,  ainsi  que  du  bazar  y  attenant,  à  Vienne. 

Le  chevalier  Giovanni  Romane,  un  Italien,  architecte  privé 
du  prince  de  .Metternicli,  est  l'auteur  du  «  casino  des  Nobles  » 
à  Vienne,  dont  la  façade  mérite  une  mention  particulière,  du 
palais  CoUoredo,  et,  en  collaboration  avec  Weber,  des  palais 
Henckel  Donnesmark  et  Zettl,  c'est  tout  ce  que  nous  en  savons; 
le  «  casino  des  Autistes  »  eut  pour  architecte,  de  1865  à  1869, 
Friedrich  Augustus  Stache,  né  à  Vienne  le  30  juin  1814,  élève 
de  l'académie  de  cette  ville,  primé  en  1854  pour  son  projet 
d'agrandissement  de  Vienne;  il  eut  d'ailleurs  comme  colla- 
borateur le  collaborateur  de  Bomano,  on  vient  de  le  dire, 
Augustus  Weber,  élève  de  Siccarsburg  et  de  van  der  Null. 
Le  palais  du  duc  de  Nassau,  à  Vienne  est  construit  depuis  1871 
par  Alois  Wurm  qui  y  naquit  en  1843  et  fut  élève  à  la  fois  de 
l'Institut  polytechnique  et  de  van  der  Null  et  Siccarsburg.  Auteur 
aussi,  en  1868,  du  palais  Wasserburger,  près  du  parc,  à  Vienne, 
il  obtint  le  second  prix  dans  le  concours  ouvert  pour  la  construc- 
tion de  l'hôtel  de  ville.  De  1869  à  1871,  il  exerça  en  Bussie  sa 


CHAPITRE  \.«  255 

profession,  mais  est  revenu  ù  Vienne  où  il  s'est  fait  une  riche 
clienlèle.  Mentionnons  enfin,  comme  établissements  d'utilité 
publique,  la  «  Pédagogie  »  ou  école  bourgeoise  élevée  en  1870- 
1871  et  le  Marché  Couvert,  inspiré  des  Halles  Centrales  de 
Paris,  ouvert  en  1871'  —  architecte  Haussmann,  dont  le  nom 
seul  nous  est  connu. 

La  création  des  chemins  de  fer  autrichiens  devait  nécessaire- 
ment, à  Vienne  comme  à  Paris,  donner  naissance  à  de  véritables 
édifices;  nous  nous  contenterons  de  citer  ici  :  la  gare  du  Nord 
(le  M.  Hoffmann,  la  remarquable  gare  du  Sud  de  M.  Hottich, 
dont  nous  regrettons  de  ne  pas  pouvoir  donner  la  biograpliie  à 
nos  lecteurs,  la  gare  du  chemin  de  fer  Elisabeth  de  M.  Patzelt, 
la  gare  du  chemin  de  fer  François-Joseph  de  MM.  Uhlmann  et 
Baricius. 

Hors  de  Vienne,  les  grandes  comme  les  petites  villes  ne  suivent 
que  de  fort  loin  l'élan  que  nous  venons  de  constater  dans  la 
capitale  de  l'empire  autrichien;  il  s'y  élève  seulement  quelques 
édifices  publics  susceptibles  d'être  mentionnés  :  voici  le  théâtre 
national  de  Prague  qui,  mis  au  concours  en  18G5,  fut  confié 
à  un  enfant  du  pays,  M.  Joseph  Ziteck,  né  en  1822,  élève  de 
l'académie  de  Vienne.  L'éditlce,  dont  la  première  pierre  fut 
posée  le  10,  mai  18(39  et  dont  la  façade  regarde  Ferdinand 
slrasse,  est  inspiré  par  les  œuvres  de  la  Henaissance  italienne  du 
xvi°  siècle,  et  fait  le  plus  grand  honneur  à  noire  architecte 
auquel  l'on  doit  d  ailleurs  le  uuisée  de  ^^'eimar  et  la  colonnade 
de  Karlsbad. 

Un  autre  enfantde  Prague,  Hermann  Bergmann,  né  en  1816, 
élève  de  Nobile,  n'a  donné  à  sa  ville  natale,  où  son  enseignement 
est  très  suivi,  qu'une  «  salle  de  prières  »  ;  mais  il  a  construit  le 
monument  commémoratif  d'Ofen,  l'église  paroissiale  de  Brun- 
nelt  en  Tyrol,  pastiche  des  édifices  romans  du  sud  de  l'Autriche, 
l'église  Sainte-Elisabeth  à  Vienne,  de  style  gothique,  les  portes 
de  ville  àHohenmauth,  en  Bohème,  et  termina  la  bibliothèque 
de  Cracovie. 

De  Prague  [lussi  était  Joseph  Kranner,  né  le  1.3  juin  1801 
et  mort  le  20  octobre  1871,  à  Vienne.  Élève  de  l'école  poly- 
technique de  Prague,  de  1822  à  1820,  il  voyagea  en  France  et 
en  Italie,  puis  termina  ses  études  à  l'académie  de  Vienne,  mais, 
en  1828,  se  fixa  à  Prague.  Il  s'était  déjà  fait  connaître  alors  par 


25G  LES   AUCHITKCTES   PAR  LEUHS   ŒUVIIES. 

le  caveau  sépulcral  de  la  famille  de  iMelternicli,  élevé  en  1 826  dans 
le  couvent  des  Cistériens  à  Plass.  De  1836  à  1844,  il  construit  à 
Prague  l'asile  des  aveugles,  puis,  de  1845  à  1851,  la  fontaine 
monumentale  dite  de  l'empereur  François  premier,  formant  un 
bassin  gothique,  entouré  de  vingt-quatre 'statues,  que  surmonte 
un  obélisque  de  fonte  de  23  mètres  de  hauteur,  et  le  monument 
de  la  défense  de  Temeswar.  De  1851  à  1853^  Kranner  élevait 
sous  les  ordres  de  Ferstel,  l'Église  votive  de  Vienne  dont  il  avait 
fait  un  projet  non  accepté;  enfin  en  1861,  il  était  nommé  archi- 
tecte de  la  cathédrale  de  l'rague  et  méritait,  par  sa  reconstitution 
savante  de  l'un  des  plus  remarquables  édifices  du  pays  allemand, 
les  éloges  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  leur  conservation.  Le 
grand  autel  qu'il  a  dessiné  est  accepté  comme  un  chef- 
d'œuvre. 

L'hôpital  de  la  «  Maternité  »  de  Prague,  de  style  ogival,  est 
aussi  de  cette  époque  et  eut  pour  architecte  M.  Joseph  Hloaka, 
né  à  Prestic  en  1831,  architecte  aussi  de  la  résidence  épisco- 
pale  de  C/.ernovvitz  en  Bucovine.  Heinrich  Koch,  né  le  17  sep- 
tembre 1837,  élève  des  académies  de  Vienne  et  de  Berlin,  est  l'un 
des  architectes  qui  ont  le  plus  contribué  à  faire  de  Pesth  une 
ville  moderne.  Pesth  lui  doit,  en  etTet,  son  théâtre -national,  son 
hôtel  des  Postes,  sa  bibliothèque,  les  instituts  physiologique  et 
anatomique  de  l'Université,  les  palais  \\'odianer  et  Szapary, 
l'hôtel  llungaria,  les  quatre  maisons  de  «  l'Octogone  »  dans  la 
rue  Andrassy,  des  pavillons  dans  le  jardin  zoologique,  etc.  Hors 
de  Pesth,  Koch  fut  l'architecte  des  théâtres  de  Debreczin  et  de 
Arad  et  mourut  le  12  mai  1889.  Connu  comme  auteur  d'un 
projet  pour  la  construction  d'une  académie  hongroise  à  Pesth, 
M.  Emerich  Henczelmann  est  aussi  celui  du  portail  de  l'église 
de  Bereghszasz  et  de  l'escalier  de  la  cathédrale  de  Funfkirchen. 
Ybi,  dont  nous  ne  connaissons  que  le  nom,  élève  en  style  roman 
l'église  de  Foth  près  Pesth,  pour  le  comte  Kairoli.  Architecte  de 
la  caisse  d'épargne  à  Innsbrnck,  M.  Maurice  Hintrager  est  né 
en  1831  à  Schurkau  en  Bohème  et  a  étudié  l'architecture  à 
l'Académie  de  Vienne,  c'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui, 
ignorants  également  de  la  biographie  de  M.  Hermann  Keim, 
l'auteur  de  la  fort  belle  chapelle  funéraire  du  prince  de  ïhurn 
et  Taxis  dans  le  cloître  Sainl-Kmeran  de  Batisbonne  dont  il  a 
essayé  de  rappeler  le  style. 


SCHMIDT 


GIIAPIÏHH  \.  ïo'; 

Ouanl  à  rardiilecle  tlu  cliAleau  de  Miramar,  près  Triesle, 
(■onstruit  pour  riiiforluné  archiduc  Maximilien  exécuté  au 
Mexique,  il  s'appelait  Anton  Hauser,  était  né  à  Gralz  en  1822 
(ou  1824)  et  est  mort  le  0  juillet  1870,  après  avoir  élevé,  outre 
le  château  de  Miramar,  l'aqueduc  de  Pola. 

Nous  avons  déjà  prononcé  le  nom  de  Mylius  comme  étant 
celui  de  l'un  des  créateurs  du  cimetière  central  de  Vienne; 
Karl  Jonas  Mylius,  naquit  à  Francfort  en  1839  et  fut  l'élève  de 
Semper  au  «  polyechnikum  »  de  Zurich.  En  1806,  il  commença  à 
se  faire  connaître  comme  architecte,  h  Francfort,  de  la  biblio- 
thèque du  musée  Sene  Kenberg  et  associé  ù  M.  Bluntschli,  il 
donnâtes  plans  de  la  gare  centrale  de  cette  ville.  Naturellement, 
Mylius  et  Bluntschli  ont  été  les  architectes  de  palais,  de  villas 
et  de  maisons  particulières  à  Francfort  et  aux  environs  de  celte 
ville;  nous  citerons  parmi  les  plus  considérables  la  Banque  de 
Manheim,  le  palais  (ioldschmidt,  rue  Impériale  à  Francfort, 
l'hôtel  de  Frankfort,  le  groupe  de  maisons  de  la  llasengasse, 
la  villa  Flinsch  et  plusieurs  villas  à  Olfenbach.  Lorsque  Blunts- 
chli eut  été  appelé  à  Zurich  pour  succéder  à  Semper,  Mylius 
continua  les  travaux  commencés  avec  l'arcliitecte  Neher,  sur 
lequel  nous  ne  possédons  aucuns  renseignements  biographiques 
et  mourut  à  Francfort,  le  27  avril  188!i. 

A  côté  des  architectes  Mylius  et  Bluntschli  auxquels  Francfort 
doit  la  plupart  des  grandes  constructions  modernes  qui  ont 
embelli  la  ville,  il  convient  de  citer  M.  Adolph  Heinrich 
Barnitz,  enfant  de  Vrancfort  comme  Mylius,  qui  avait  déjà 
construit  le  théâtre  de  Carlsruhe  avant  de  faire  l'indispensable 
voyage  d'Italie  (1 853-1 85.'j).  A  son  retour  à  Francfort,  il  com- 
mença ses  travaux  par  une  intelligente  restauration  du  théâtre 
de  sa  ville  natale  et  fut  ensuite  l'architecte  de  la  halle,  de  l'école 
Saint-Pierre  et  de  la  grande  salle  de  la  société  polytechnique 
(18o9-1860);  architecte  aussi  de  la  villa  Beiss,  de  la  ferme 
modèle  de  Luisenhof,  à  Bonnheim,  du  château  de  Sasshansen, 
près  |{iesa,  il  a  obtenu  des  prix  aux  concours  ouverts  pour 
l'édification  de  l'hôpital  et  de  la  Bourse  de  Francfort. 

L'architecte  actuel  de  la  cathédrale  de  Cologne  et  de  la  cathé- 
drale de  Strasbourg  est  M.  Dœflin,  originaire  de  la  liesse  rhé- 
nane, auquel  sa  profonde  connaissance  de  l'architecture  ogivale 
mérita  ce  poste  important.  Elève  de  Franz  Schmil/,  il  a  res- 
111.  n 


2oH  LKS   ARCHITECTES   PAR  LEURS    ŒUVRES 

liiiiré  et  consiriiil  une  quaiililé  d'édilices  religieux  :  l'église  de 
FranKenau,  le  dôme  de  Fritzlar,  les  églises  de  Dorlmund,  de 
Burbach  et  de  Friedenau,  puis  les  clialeaux  de  Holienfinow  et 
de  Boyizenbourg  et  la  chapelle  du  cimetière  à  Gresswald, 
riKjtel  de  ville  de  l'renzlau,  etc.  En  1878.  M.  Dœllin  s'est  fixé  à 
Berlin  où  le  gouvernement  l'allacha  comme  architecte  au  dépar- 
tement des  postes  et  télégraphes  et  c'est  en  celle  qualité  qu'il 
a  construit  les  hôtels  des  postes  à  Cologne,  à  Aix-la-Chapelle,  à 
Flenzbourg,  à  Marienbourg,  etc. 

M.  Jorg  Frentzen  est  également  célèbre  en  .Ulemagne  par 
le  grand  nombre  de  succès  qu'il  a  remportés  dans  les  concours 
publics.  Né  à  Aix-la-Chapelle  en  octobre  1854,  il  fut  élève 
de  l'école  polytechnique  de  cette  ville  et  de  Ewerbeck  qui  y 
occupa  la  chaire  d'architecture  depuis  1884  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  en  1889.  On  lui  doit  déjà  la  gare  centrale  de  Cologne  et 
le  monument  commémoratit  d'Albert  Durer  ;  il  a  été  dans  ces 
deux  villes  l'architecte  de  maisons  et  d'hôtels,  ainsi  que  d'une 
salle  de  concert  à  Aix-la-Chapelle  et  il  sera  probablement  celui 
du  théâtre  de  la  Cour  à  AN'iesbaden. 

Johann  Richter,  né  à  Coblentz  le  1"  avril  1842  et  mort  à 
lionn  le  Jt  décembre  1889,  n'a  guère  eu,  on  le  voit,  le  temps  de 
beaucoup  produire  ;  il  a  laissé  cependant  de  véritables  œuvres  : 
à  Bonn,  l'église  Saint-Bemigius  entièrement  reconstruite,  ainsi 
que  le  cloître  qui  en  dépend,  l'église  catholique  à  Kessenich  et  le 
couvenl  archiépiscopal,  la  gare  de  Neuss  et  plusieurs  construc- 
tions de' bois  «  charmantes  »  sur  la  ligne  (le  Bonn  Enskirchen. 

M.  Franz  Schmitz,  le  professeur  de  M.  Dœllin,  a  consacré 
une  partie  de  son  existence  à  la  restauration  de  la  cathédrale 
de  Cologne  dont  il  a  publié  une  monographie  des  plus  intéres- 
santes; il  est  cependant  l'architecte  de  la  belle  église  des  «.  Trois- 
JNIages  »  à  Sachsenhausen,  près  Francfort.  Ses  prédécesseurs 
à  la  cathédrale  de  Cologne  sont  d'ailleurs  nombreux.  M.  Vin- 
cent Statz,  né  à  Cologne  en  1819,  travailla  depuis  1841  à 
l'achèvement  de  ce  grand  édifice  ;  ce  qui  ne  l'a  pas  empêché 
de  construire  près  de  quarante  églises  dans  le  diocèse  de  Co- 
logne seulement,  puis  à  Aix-la-Chapelle,  à  Kevelear,  à  Bhein- 
brohl,  à  Crefeld,  à  Niedermending,  à  Kelz,  à  llolzweiler,  etc. 
Sont  aussi  de  M.  Statz  :  l'église  paroissiale  de  Dessau,  celle 
de  Linz  et    la  colonne  de  la  Vierge,   à  Cologne.    Mais  l'artiste 


CIIAPITHE  X,  2:>9 

qui,  le  premiiT,  eut  le  bonheur  et  le  lOiiraf^e  ù  la  fois  de 
s'attacher  à  celte  œuvre  d'achèvement  de  la  grande  basilique 
dont  la  démolition  avait  élé,  un  instant,  décidée,  fut  Ernest 
Friedrich  Zwirner  nommé,  par  Frédéric-Guillaume  IV,  archi- 
tecte de  la  cathédrale  de  Cologne.  Né  à  Jacobswald,  eu  Silésie, 
le  28  février  1802,  élève  de  l'académie  de  Berlin  et  de  Schinkel, 
il  se  voua  cependant  à  l'étude  de  cette  architecture  du  moyen 
âge  oubliée  et  méprisée  alors.  Depuis  l'année  1833  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  ù  Cologne  le  22  septembre  1861,  Zwirner  ne 
passa  pas  un  jour  sans  apporter  une  pierre  à  l'édifice  dont  il 
avait  entrepris  la  résurrection.  On  lui  donna  d'ailleurs  comme 
adjoint,  en  185o,  Karl  Edouard  Richardt  Voigtel,  qui  de- 
meura seul  maître  de  l'œuvre  après  1802.  Cologne  doit 
h  Zwirner  sa  nouvelle  synagogue  et  il  a  aussi  attaché  son 
nom  à  la  construction  du  château  de  Herdringer,  pour  le  prince 
de  Furstenberg  (1828-1852)  et  à  celle  de  l'église  Sainte-Apolli- 
naire à  Remayen,  près  Bonn  (1852). 

Quant  à  M.  Voigtel,  né  le  31  mai  1829,  à  Magdebourg  et 
élève  de  l'académie  de  Berlin,  ses  travaux  à  la  cathédrale  de 
Cologne  portent  sur  la  réfeclion  du  toit,  aujourd'hui  en  fer, 
l'achèvement  des  fenêtres,  une  partie  de  la  tour  septentrionale 
et  la  mise  en  état  de  la  place  qui  entoure  l'édifice. 

C'est  également  en  travaillant  sur  le  chantier  de  la  grande  ca- 
thédrale que  Hilger  Hertel  devint  l'un  des  archéologues  les 
plus  estimés  de  l'Allemagne.  Né  en  1829,  mort  le  28  janvier 
1890,  il  fut  l'architecte  de  cinquante-six  églises  dans  la  seule 
province  de  ^\'estpilalie.  Nous  ne  citerons  que  les  principales  : 
celles  d'Altenberg,  de  Borkhorst,  d'Olfen,  d'Ochtrup,  d'Heessen; 
les  chapelles  de  Darfeld  et  de  Bladenhorst,  la  tour  de  l'église  de 
Kevelear;  une  église  à  Cincinnati  (Amérique),  une  autre  à 
Stockholm,  le  bâtiment  de  l'académie  à  Munster,  elc. 

Depuis  1853,  l'architecte  de  Cologne  est  M.  Julius  Raschdorff, 
né  en  1823,  à  Pless,  élève  de  l'académie  de  Berlin  de  1844  à 
1847.  L'anivre  principale  de  cet  architecte  est  la  restauration 
bien  entendue  de  l'hôtel  de  ville  de  Cologne  et  celle  de  plu- 
sieurs églises  anciennes.  Il  y  a  d'ailleurs  construit  le  musée 
Wallraf-Richartz,  le  nouveau  théâtre,  de  1871  à  1872,  l'école 
des  arts  et  métiers.  Hors  de  Cologne,  il  a  élevé  le  gymnase  de 
Uielcfcld  de  1876  à  1878  et  la  Chamhro  provinciale  de  Dussel- 


260  LES   ARCHITECTES  PAH   LEUHS   Œl  VUES. 

dorf.  M.  Raschdorfî  est,  depuis  1879,  professeur  à  l'Académie 
de  Berlin. 

Enfin,  pendant  que  nous  sommes  à  Cologne,  mentionnons  le 
nom  de  Heinrich  Wiethase,  élève  de  Ungewitter,  qui  collabora 
à  la  restauration  de  lau  Salle  Gurzenich»  et  y  construisit,  en  style 
ogival,  le  cloître  des  Ursulines.  A  \Viesbaden,  Hoffmann,  né 
dans  cette  ville  en  1807,  mort  le  3  janvier  1889,  a  laissé  plusieurs 
édifices  élevés  de  1844  à  1871  :  l'église  catholique  (1844-1849) 
remaniée  par  l'auteur  de  1863  à  18G6,  la  chapelle  russe  (18oo;, 
la  salle  de  marbre  de  l'hôtel  de  Nassau  (1864),  la  synagogue 
(1869),  le  casino  militaire  (1871)  et  l'ancienne  école;  M.  Karl 
Boos  s'y  est  fait  aussi  une  répulalion  par  la  conslri'.ction  de  la 
nouvelle  église  réformée  (18o3-l868),  édificede  briques  pourtant, 
mais  surmonté  de  cinq  tours  de  style  ogival  et  de  trois  nefs,  précé- 
dée d'un  portail  décoré  des  statues  de  saint  Pierre  et  de  saint 
Paul.  Le  palais  ducal  de  Wiesbaden  est  dû  à  Richard  Gorz,  né  à 
Bleidenstadt,  le  6  mars  1811,  mais  le  projet  en  avait  été  donné 
par  Moller.  Plus  tard  l'architecte  construisit  les  «  Colonnades  » 
et  le  palais  de  justice  de  Wiesbaden,  ainsi  que  la  Landesôan/c. 
11  mourut  le  26  novembre  1880,  à  Wiesbaden,  après  avoir  pu- 
blié divers  ouvrages  sur  les  monuments  historiques  de  l'Alle- 
magne. Le  théâtre  de  Bade  est  dû  à  un  Français,  Charles-Antoine 
Couteau,  né  à  Magny-Ie-IIongre  (Seine-et-Marne),  en  1824,  et 
élève  de  Dulin  que  nous  ne  connaissons  pas  autrement. 

Carlsruhe  peut  présenter  cinq  architectes  dont  les  œuvres 
ont  été  signalées  par  les  contemporains.  Le  plus  ancien  qui  s'ap- 
pelait Jacques  Hochstetter,  né  en  1812  à  Durlach,  était  élève 
de  l'école  polyteclinique  de  Carlsruhe  et  de  Ikiebsch,  alors  pro- 
fesseur à  cet  établissement.  Dès  1842,  il  parcourut  l'Italie  et  la 
Grèce  aux  frais  de  son  gouvernement;  de  retour  dans  sa  patrie, 
il  a  été  l'architecte  du  monument  commémoratif  de  Manheim 
et  de  la  villa  Van  der  Hôven,  de  l'église  de  Môrsch,  de  la  maison 
Munz  à  Carlsruhe,  de  casernes  à  Gottesau,  Durlach  et  Fribourg. 
On  doit  encore  à  Hochstetter  la  reconstruction  de  l'hôtel  de 
ville  de  Durlach  et  un  livre  sur  <'  l'Architecture  en  bois  de  la 
Suisse  »  ;  il  est  mort  à  Carlsruhe,  le  26  avril  1880.  Après  lui, 
nous  citerons  Heinrich  Leonhard,  né  à  Sulzbach,  le  17  octobre 
1813,  mort  le  18  juillet  1879  à  Carlsruhe,  où  il  était  directeur 
des  travaux.  C'çst  en  celle  qualité  qu'il  a  élevé,  depuis  1868, 


CHAPITRE  X.  -2(il 

l'établissement  de  bains  de  Badenweiler,  le  nonvean  gymnase 
et  le  palais  de  justice  à  Carlsrnhe.  Elève  aussi  de  Huebscb  et  de 
Eisenlolir,  il  fut  pendant  un  temps  attacbé  à  la  restauration  de 
la  cathédrale  de  Constance.  L'école  normale  des  instituteurs,  le 
gymnase  et  le  /(«//central  de  gymnastique,  ainsi  que  les  écoles 
supérieures  de  Carlsruiie  et  de  Fribourg,  l'institut  physiolo- 
gique et  le  laboratoire  de  cliimie  de  lUniversité  de  Heidelberg 
onlpour  architecte  M.  Heinrich  Lang,  né  enl824,  à  Neckarge- 
mïmd,  près  Heidelberg.  Elève  du  «  polyteclinikum»  deCarlsruhe, 
des  professeurs  Iluebsch  et  Eisenlohr,  M.  Lang  a  perfectionné 
ses  études  d'architecture  en  visitant  les  éditlces  de  la  France, 
de  l'Angleterre  et  de  l'ilalie.  L'architecte  de  l'hôpital  et  de 
l'église  catholique,  Adalbert  Kerler,  né  à  Carlsruhe,  le  10  no- 
vembre 1841,  est  mort  prématurément  le  28  mars  1888.  Élève 
des  écoles  de  Carlsruhe  et  de  Berlin,  il  s'était  déjà  fait  connaître 
par  les  serres  des  universités  de  Fribourg  et  d'Heidelberg  et  a 
été  l'architecte  de  nombreuses  maisons  particulières,  parmi  les- 
quelles nous  citerons  la  villa  Scbon  à  \\'orms,  deux  hôtels, 
boulevard  Hohenzollern,  à  Cologne,  et  le  château  Happel-Kodeck, 
à  Aix-la-Cliapelle. 

A  Darmsiadt,  à  Hesse,  à  Cassel,  à  Weimar,  peu  d'architectes 
et  peu  d'édilices  pendant  la  deuxième  période  du  siècle. 
M.  Ludwig  Wegland,  né  en  1818  à  Biskenau  dans  la  liesse  et 
qui  avait  étudié  à  DarmstadI,  y  construit,  en  18oi,un  hôtel  pour 
le  baron  de  Ilausen,  de  18o6  à  1869,  le  casino  militaire,  la 
maison  des  Sœurs  de  charité,  la  caserne  d'artillerie,  de  180f5 
à  1870,  le  manège  à  \\'ensheim,  un  château,  de  1873  à  1876. 
Hano  von  Delm  Rothfels,  mort  à  Cassel  en  1885,  y  élève,  de 
1872  à  1878,  la  nouvelle  galerie  de  tableaux,  imitation  de  la 
Pinacothèque  de  Munich.  Augustus  Rebentisch,  un  Manovrien, 
né  le  la  avril  1846,  mort  le  29  janvier  1890  à  Gôttingen,  était 
élève  de  Hase  et  Luer,  professeurs  à  Hanovre,  dont  nous  don- 
nons ci-après  la  biographie;  mais  quoiqu'il  ait  beaucoup  con- 
struit à  Cassel  qui  lui  doit  son  caractère  de  ville  moderne, 
nous  ne  saurions  citer  de  lui  un  édifice  public.  A  \\'eimar 
enfin,  un  seul  édifice  se  construit  de  1864  à  1868  :  le  nouveau 
Musée.  —  Architecte,  M.  Stegmann,  dont  nous  ne  connaissons 
que  le  nom. 

En  tète  des   architectes  contemporains  de  Hanovre  se  place 


262  LES  ARCHITECTES   PAU  LEURS  OEUVRES. 

un  élève  de  Gartner,  M.  Conrad  Wilhelm  Hase,  né  ù  Einbeck, 
le  2  octobre  1818.  Après  avoir  étudié  dans  sa  ville  natale, 
puis  à  Munich  et  parcouru  l'Italie,  la  France,  l'Allemagne  et 
les  Pays-Bas,  rapportant  de  ses  voyages  une  connaissance 
profonde  des  édilices  du  moyen  âge,  M.  Hase  fut  nommé  pro- 
fesseur d'architecture  à  Hanovre  (I8i9).  Aussi  fut-il  chargé 
tout  d'abord  de  la  restauration  de  l'église  des  SS.-Godehard 
et  Michel  à  Hildesheim,  puis  de  l'église  Saint-Nicolas  à  Lune- 
bourg  et  de  l'hôtel  de  ville  de  Hanovre.  11  appliqua  également 
ses  idées  à  la  construction  des  édifices  nouveaux  qu'il  éleva  à 
Hanovre:  le  Musée  des  arts  et  des  sciences  (1856),  l'église  de 
Saint-Sauveur,  la  façade  du  gymnase  AnJreaniim  à  Hildesheim, 
le  château  de  Marienbourg  â  Nordstenruren.  Wilhelm  Luer, 
né  à  Gosslar  28  décembre  183i,  mort  à  Hanovre  en  juin  1878, 
a  été  aussi  un  restaurateur  habile  d'églises  du  moyen  âge  et, 
pourtant,  ce  n'est  point  par  là  qu'il  s'est  acquis  en  Allemagne 
une  certaine  réputation,  c'est  comme  constructeur  d'aquariums. 
On  lui  doit,  en  effet,  celui  du  jardin  zoologique  de  Hanovre, 
puis  ceux  de  Berlin,  de  Cologne  et  de  Mulhouse.  —  N'est-ce 
pas  le  cas  de  dire  :  A  quoi  tient  la  gloire! 

Edwin  Œls  Oppler,  qui  avait  puisé,  dans  ses  entretiens  avec 
Yiollel-le-t)uc  dont  il  fut  l'élève,  l'amour  des  vieilles  cathédrales 
et  des  châteaux  gothiques,  a  trouvé,  plus  heureux  que  Luer, 
l'occasion  de  manifester  ses  préférences  archilectoniques.  Né 
le  18  juin  1831  et  d'abord  élève  de  l'école  polytechnique  de 
Hanovre  et  de  Hase  il  étudia,  nous  venons  de  le  dire,  l'archi- 
tecture à  Paris.  A  peine  rentré  définitivement,  en  1859,  dans 
son  pays  natal,  il  fut  .chargé  de  plusieurs  constructions  de 
châteaux  et  de  villas  :  celui  de  Solms  à  Baden-Baden,  celui 
de  Halberg  près  Saarbruck,  un  établissement  thermal  à  Gie- 
bersdorf  près  Waldenbourg  :  inutile  d'ajouter  que  toutes  ces 
constructions  sont  un  reflet  du  goût  particulier  de  M.  Oppler 
pour  le  style  ogival.  Dans  l'édification  de  la  synagogue  de 
Hanovre  qui  lui  fut  confiée  en  1868  et  qu'il  acheva  en  1870, 
l'artiste,  rompant  avec  les  errements  habituels,  a  préféré  s'ins- 
pirer de  la  synagogue  de  Worms,  vieil  édifice  de  1050,  présen- 
tant les  caractères  du  style  de  transition  romano  byzantin.  Le 
fait  est  qu'avec  son  abside,  son  entrée  flanquée  de  tourelles 
octogonales  terminées   par  des  clochetons,  ses  fenêtres  gémi- 


ClIAl'lTUE  X.  2(33 

nées  en  plein  cind'e  et  sa  coupole  octogone  de  \',i  mètres  de 
diamètre,  la  synagogne  de  Oppler  ressemble  assez  peu  à  celles 
qui  l'ont  précédée.  Telle  qu'elle  est,  elle  a  été  adoptée  par  ceux 
qui  lui  ont  ensuite  demandé  les  synagogues  de  Breslau  (aussi 
ornée  d'une  coupole!,  de  Schweidnitz,  de  llameln  et  de  Bleiclie- 
rode.  Dans  la  décoration  intérieure, du  château  de  Marienbourg 
pour  la  reine  iMarie  de  Hanovre  qu'il  acheva  avant  sa  mort 
arrivée  le  5  septembre  1880,  à  Hanovre,  Oppler  est  revenu  au 
style  gothique  dans  toute  sa  maguilicencc. 

C'est  dans  un  genre  plus  modeste  de  constructions  que  Franz 
Ewerbeck  a  dû  se  faire  un  nom  ;  il  a  édilié  des  gares  de  chemin 
de  ter  :  celles  de  Hanovre,  de  Bentheim  et  de  Gildehaus. 
Pourtant,  né  le  lo  avril  1839  à  Brake,  élève  de  l'école  polytech- 
nique de  Hanovre  et  du  professeur  Hase,  il  avait  publié  sur  la 
Renaissance  dans  les  Pays-Bas  un  ouvrage  qui  fit  un  certain 
bruit  lors  de  son  apparition  et  ses  succès  dans  les  concours 
publics  furent  nombreux.  Il  est  mort  le  17  juillet  1889  à  Aix- 
la-Chapelle,  professeur,  depuis  1870,  à  l'école  polytechnique 
dont  il  avait  été  l'élève. 

Un  professeur  deGiessen,  M.  Hugo  von  Ritgen,  a  restauré  (?) 
la  Wartbourg  :  voici  l'impression  que  nous  avait  laissée  notre 
visite  à  cet  édifice  en  1887  :  »  La  Wartbourg  ne  présente  aucun 
intérêt  au  point  de  vue  architectural;  construction  moitié  cou- 
vent, moitié  château,  elle  se  compose  de  deux  bâtiments  carrés 
à  deux  étages  reliés  ensemble  par  une  sorte  de  pavillon  qui 
supporte  un  clocher  mesquin  (1).  >i  Espérons  que  M.  de  Uitgen  a 
été  plus  heureux  dans  sa  restauration  de  la  «  Salle  des  cheva- 
liers »  du  château  de  Beisenberg  près  de  Sterzing,  et  dans  la 
restauration  du  château  de  Elz,  dans    la  vallée  de    la  Moselle. 

M.  Augustus  Hartel,  né  à  Cologne  le  20  février  1844,  élève 
de  Franz  Schmidt,  mort  prématurément  le  18  février  1890,  pré- 
décesseur de  Dœfiin  à  la  cathédrale  de  Strasbourg,  est  un  cons- 
tructeur d'églises  élevées  un  peu  partout  en  Allemagne  :  celles 
de  la  Paix  à  Crefeld,  de  Blumenthal,  de  Viersen,  de  Mulheim, 
l'église  Saint-Sauveur  àBochum,  l'église  Saint-Pierre  à  Leipzig, 
le  Palais  de  l'Exposition  de  Halle  élevé  en  188!,  l'église  de  la 
garnison  et  la    bibliothè(iue  de    Strasbourg,   en   collaboration 

(1;  Vcinpii'c  allemand  a  vol  d'uiseau. 


21)4  LKS   AHCIIITECTES   PAU  LKUHS  OEUVRES. 

avec  M.  Skgôld  Neckelmann,  Danois,  né  en  1830,  élève  do 
Hansen  à  Vienne,  architecte  du  musée  des  arts  et  métiers  à 
Stuttgard. 

C'est  la  synagogue  de  Leipzig  qu'a  construite  un  élève  de 
Semper,  M.  Otto  Simonson,  né  à  Dresde  en  1829.  Cette  cons- 
truclion  date  de  1853  à  1854;  postérieurement,  M.  Simonson  est 
parti  pour  la  Russie  et  a  exécuté,  pour  le  compte  du  gouverne- 
ment russe,  plusieurs  édilices,  notamment  à  Titlis. 

Nous  voici  arrivés  à  un  artiste  qui  conquit  la  situation  d'un 
maître  en  Allemagne  :  Jorg  Hermann  Nicolaï,  né  à  Torgau,  le 
10  janvier  1811  i  voir  page  159).  Klève  de  l'Académie  de  Dresde 
puis  de  Gartner  à  Munich,  puis  enlin  d'HiltorlT  à  l*aris,  on  le 
trouve  occupé,  en  1842,  à  des  agrandissements  à  la  Résidence,  à 
Cobourg.  Après  la  mort  du  duc  souverain,  il  est  l'architecte  du 
palais  d'hiver  du  prince  de  Hesse,  à  Francfort.  Enfin,  en  1850, 
il  est  appelé  à  Dresde  à  prendre  la  succession  de  Semper;  sa 
première  œuvre,  dans  cette  ville,  l'ut  un  chiUcau  avec  chapelle 
([ue  l'ambassadeur  de  Saxe  à  Munich,  M.  de  Fabrice,  fit  bâtir 
dans  son  domaine  de  ^^'oldo  eu  Mecklcmbourg;  de  1851  à  1852, 
il  est  l'archilccle  de  plusieurs  hôtels  à  Dresde;  de  1855  à  1857, 
il  reconstruit  et  agrandit  le  palais  Krubsacius  pour  le  duc 
Georges  de  Saxe,  puis  élève,  à  Dresde  toujours,  plusieurs  bâti- 
ments militaires  et  des  édifices  privés.  Nicolaï  mourutdans  celte 
ville  le  10  juillet  1881,  laissant  les  dessins  de  divers  monu- 
ments comménioralifs,  dont  le  principal  est  celui  de  Luther, 
('levé  à  Worms.  Contemporain  de  Nicolaï,  Christian  Friedrich 
Arnold,  né  à  Draybach,  en  Saxe,  le  12  février  1823,  fut  élève 
de  Semper  à  l'Académie  des  beaux  arts  de  Dresde  qui  lui 
accorda  le  premier  prix  d'architecture  en  1830;  aussi  visita-t-il 
pendant  deux  années  l'Italie,  la  France  et  la  Belgique,  y  re- 
cueillant de  nombreux  matériaux.  A  son  retour  à  Dresde,  on 
le  nomma  professeur  d'architecture  à  l'académie  de  cette  ville. 
Ses  principales  œuvres  sont  la  restauration  de  l'église  Sainte- 
Sophie  à  Dresde,  la  construction  (pour  partie)  du  dôme  de 
Meissen  et  de  plusieurs  églises  de  villages  (1838-1860)  ainsi 
que  du  château  Saudray  sur  les  bords  de  l'Elbe.  Arnold  a  publié 
une  monograpiiie  du  palais  ducal  à  Urbino. 

La  restauration  de  l'ancien  »  munster  »  d'Ulm  a  occupésérieu- 
soment  plusieurs  architectes.  Parmi  eux,  nous  citerons  Schen  cl 


ferstf:i. 


CHAPITUE  X.  265 

Beycr.  Ludwig  Schen,  qui  était  né  le  l"aoiit  1830  à  Kunzelsau 
en  \\'urtemberg  et  était  élève  de  Egle  à  Stuttgart,  fut  d'abord 
attaché  àla  restauration  de  l'église  Noire-Dame  d'Rslingen;  puis, 
en  1871,  nommé  arcliilecte  du  <<  munster  »  d'Ulm.  Pendant  les 
rares  loisirs  que  lui  laissa  ce  grand  travail,  il  transforma  en 
musée  d'antiquités  la  maison  Neubroon  d'Ulm  et  y  fut  l'andii- 
lecte  de  nombreuses  maisons  particulières.  Il  est  mort  dans 
celte  ville  le  7  novembre  1880,  sans  avoir  pu  achever  son  œuvre 
qui  est  passée  aux  mains  de  M.  Âugustus  Beyer,  né,  comme 
Schen,  à  Kunzelsau.  le  '.iO  avril  183i  et,  comme  lui,  élève  de 
Egle.  Professeur  d'architecturo' à  Stuttgart,  de  1858  à  1872, 
M.  Beyer  a  élevé,  dans  cette  ville,  l'hùtel  Marquart  (1874-1876), 
le  nouveau  cimetière,  l'école  Olgaslift  (1876-1878),  la  Banque 
impériale  (1877-1878)  en  collaboration  avec  Egle.  De  1868 
jusqu'aujourd'hui,  M.  Beyer  s'est  occupé  de  la  restauration 
du  cloître  de  Bebenhausen,  comme  depuis  1881,  de  celle  du 
«  munster  »  d'L'lm.  On  lui  doit  aussi  l'achèvement  de  l'église 
Saint-Kilian  à  Heilbroon,  cl  la  restauration  de  la  cathédrale 
de  Berne  (Suissei. 

Mentionnons  à  llantzig,  à  la  date  de  188o,  la  construction 
d'un  nouvel  hôtel  de  ville,  pastiche  de  l'architecture  Louis  XllI, 
avec  deux  pavillons  en  saillie,  un  petit  beffroi  et  un  pavillon 
central  delrois  étages,  avec  perron.  Architecte  M.  Robert  Seel, 
sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignementbiographique. 

L'architecture  publique,  quelque  peu  délaissée  en  ^^'urtem- 
berg  au  commencement  du  siècle,  vit  s'ouvrir  une  ère  brillante 
avec  Ileideloff  dont  le  grand  talent  fut  mis  à  contribution  par 
la  Saxe  et  par  la  Bavière  pendant  près  de  quarante  années. 
Karl  Alexander  von  Heideloff,  qui  est  mort  à  Ilassfurlh  le 
28  septembre  l86o,  était  né  à  Stuttgart  le  22  février  1788; 
tils  d'artiste,  il  reçut,  dès  sa  première  jeunesse,  d'excellents 
principes  et  continua  ses  études  à  l'académie  de  sa  ville  natale. 
Ses  succès  comme  élève  furent  assez  brillants  pour  que  le  roi 
Frédéric  de  Wurtemberg  donnât  au  jeune  homme  le  soin  de  lui 
dessiner  tous  les  costumes  du  pays  et  Ileideloff  profila  de  cette 
occasion  pour  en  étudier  à  fond  les  édifices  de  la  période  ogivale. 
Cependant,  en  1816,  il  s'établit  en  Saxe  et  bàlil,  à  Cobourg 
en  1826,  le  chrdeau  de  Beinhardsbrun  puis,  eu  1837,  la  «  salle 
des  Chevaliers  >■  pour  le  duc  l^rnest.  Plus  lard,  le  roi  Louis  de 


260  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVKES. 

Bavière  l'appela  a  Nuremberg  en  qualité  de  conservateur  des 
monuments  historiques  et  il  lit  les  restaurations  vraiment 
remanjuables  des  églises  Saint-Jacques,  Saint-Laurent  et  Saiul- 
Sebald,  du  portail  de  N.-D.  de  Nuremberg  ainsi  que  de  la 
«  chapelle  des  Chevaliers  »  à  llassfurth,  de  la  cathédrale  de 
Bamberg  (1888-1837),  de  la  S/ifs/àrcheàe  Stuttgart  (18i8)  édifice 
du  xv'  siècle  dont  la  tour  est  restée  inachevée,  etc.  Les  œuvres 
nouvelles  de  HeidelofT  sont  les  suivantes  :  l'église  de  Sonnenberg, 
la  chapelle  du  château  de  Bheinslein  près  Bingen,  la  chapelle 
funéraire  de  Meiningen,  la  maison  Plattner  et  la  fontaine 
d'Albert  Diirer  à  Nuremberg,  le  tombeau  du  dernier  prince  de 
Bamberg  et  le  monument  du  général  Byslrœm,  à  Kissingen.  Fort 
nombreuses  aussi  sont  ses  restaurations  d'anciens  châteaux  : 
Bandsberg,  Altenstein,  etc.  il  fut  aussi  l'architecte  des  châteaux 
de  Bosenbourg,  près  Bonn  et  de  Lichtenstein,  pour  le  comte 
(iuillaume  de  Wurtemberg.  Malgré  tant  de  travaux,  Heideloff 
trouva  encore  le  temps  d'écrire  sur  son  art  plusieurs  ouvrages 
dont  nous  citerons  les  principaux  :  Die  Lehre  von  den  Sàu- 
lenordnumfjcn  (Traité  des  ordres  d'arcliiteclure),  Nurem- 
berg, 1827;  Der  kleine  Vignola.  (Le  petit  Vignole),  ibid.  1832; 
Die  nrcldlectonischen  Glieder,  etc.  (Les  membres  architectoni- 
ques),  2  vol.  ilMd.  1838;  Der  kleine  Grieche  (Le  petit  Grec); 
Der  kle'm  Bi/zatitiner  {Le.  petit  Byzantin),  ibid.  1838;  Der  chris- 
tliclie  Altar,  etc.  (Étude  sur  l'autel  chrétien),  ibid.  1838  ;  Architec- 
tonische  EntwUrfe  (Essais  architectoniques),  ibid.  1850;  Nurem- 
berg s  Bandmkmale  der  Vorzeit  (Les  anciens  monuments  de 
Nuremberg),  ibid.  1838-1843,  etc.,  etc. 

Johann  Michaël  Knapp,  né  à  Stuttgart  en  1793  et  qui 
étudia  l'architecture  à  Bonie,  se  fit  aussi  connaître  par  l'ou- 
vrage important  qu'il  écrivit,  en  collaboration  avec  Gulensohn, 
sur  les  basiliques  chrétiennes  du  iv'  au  viii°  siècle,  sous  le  titre  : 
Denkmale  des  chrisiUchen  Religion,  etc.  (Stuttgart,  Tubingen  et 
Rome,  1822  à  1827,  in-fol.,  figures).  Appelé  en  1841  à  Stuttgart 
comme  architecte  du  roi  Guillaume,  il  bâtit  le  palais  de  «  l'Ad- 
judance  »  et,  en  1846,  sur  la  place  du  château,  il  éleva  la 
colonne  de  granit  de  1 1  mètres  appelée  le  JubiUemn,  en  mémoire 
du  vingt-cinquième  anniversaire  de  l'avènement  de  ce  souverain. 
11  commença  aussi  le  Konigsbau,  colonnade  avec  grande  salle, 
boutiques  et  passage  couvert;  mais  sa  mort,  arrivée  en  1836,  ne 


CHAPITRE  X.  267 

lui  permit  pas  de  l'achever  el  c'est  Leins,  dont  nous  allons  parler, 
qui  le  termina. 

Christian  Friedrich  Leins,  né  à  Stuttgart  en  1814,  élève  de 
Heigelin  el  Lautli,  d'abord  el  plus  lard  de  Labrouste,  à  Paris, 
débuta  par  l'iiôtel  de  l'ambassade  de  Russie,  puis  éleva  la  rési- 
dence d'été  du  pi'ince  royal  à  Berg,  près  Slullgart.  Alais  il  fut 
surtout  un  architecte  d'édifices  religieux  dont  le  principal  est 
l'église  de  Saint-Jean  à  Stuttgart;  les  autres  sont  celles  de 
Mœhringen,  de  Vaihingen,  de  Bregenz,  de  Natlheim  el  de  Bibe- 
rach.  S'il  fut  un  partisan  du  style  ogival  pour  la  conslruclion 
des  édifices  religieux,  il  n'hésita  pas  à  appliquer  les  formes  de 
la  Renaissance  aux  édifices  civils  qu'il  fui  chargé  d'élever;  par 
exemple,  au  «  Konigsbau  »  que  nous  avons  cité  dans  la  biographie 
du  précédent  architecte,  à  l'école  de  Hall,  au  palais  du  prince 
de  Weiniar,  à  Stuttgarl.  Leins  fut  professeur,  depuis  1858,  à 
l'école  polytechnique  de  celte  dernière  ville,  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  en  1892. 

L'église  Notre-Dame  de  Slultgarl,  un  des  édifices  religieux 
du  siècle  très  estimé  par  les  Allemands,  eut  pour  achilecte 
Joseph  von  Egle,  né  en  18 18  à  Dellmensingen,  en  Wurtemberg, 
récompensé  d'une  première  médaille  à  cette  occasion,  à  l'Ex- 
posilion  de  Munich  de  1876.  Élève  de  Strack  et  de  Bollicher,  à 
Vienne  el  à  Berlin,  il  restaura  les  églises  Noire-Dame  d'Esslin- 
gen  et  Weil,  le  chapitre  de  Rottenburg  el  contribua  à  la  res- 
tauration du  «  Munster  »  d'Ulm.  A  Slullgart,  il  a  élevé,  comme 
édifices  civils,  l'école  des  industries  du  bâtiment  (I8G0-1S64|  el 
de  nombreuses  constructions  privées  ;  mais  son  œuvre  principale 
est  i<  le  polylechnikum  »  commejicéen  I8G0,  qu'il  acheva  en  1 80i. 

L'église  <<  de  la  garnison  »  à  Stuttgart,  terminée  en  1878  et 
l'église  de  la  Paix  [Friedenskircho),  à  Stockach,  faubourg  de 
Stuttgart,  sont  les  œuvres  de  Conrad  Dollinger  né  à  Biberach, 
cnWurlemberg,  le  22  juin  1840,  depuis  1870  professeur  au  «po- 
lylechnikum »  de  Slullgart.  Cet  architecte,  qui  fit  ses  études  en 
Allemagne  el  à  Paris  ,de  1862  à  1867,  a  commencé  par  élever 
l'hôtel-casino  de  Friedrichshafen  cl  l'obélisque  de  Biberach, 
puis  il  a  restauré  l'hôtel  de  ville  de  Tubingcn.  On  dit  que  M.  Dol- 
linger est  très  connu  ><  par  ses  spirituelles  Esquisses  d'archi- 
tecture 1). 

Adolf  Wolff,  né  on    1832  à  Esslingen,  mort  à   Stuttgart  le 


2G8  Li:S   ARCHITECTES   PAU  LEURS   ŒUVRES. 

29  mars  1885,  fut  élève  du  «  polyleclinikum  »  de  Slullgarl.  Colla- 
horateur  de  lîreymaiin  lorsque  celui-ci  éleva  la  synagogue  de 
celle  ville,  il  fut  ensuite  chargé,  après  la  mort  de  son  collabo- 
rateur, de  l'édificalion  de  nombreux  temples  Israélites;  ainsi 
les  synagogues  de  Nuremberg,  d'Clm,  d'Heilbronn,  de  Carlsbad, 
sont  de  lui.  Il  fit  ensuite  la  gare  de  Stuttgart,  de  1863  à  1867; 
puis  nommé,  en  1873,  architecte  de  la  \ille,  il  contribua  plus 
qu'aucun  de  ses  prédécesseurs  à  son  embellissement.  Stuttgart 
lui  doit  des  écoles,  le  gymnase  Charles,  le  nouveau  pavillon  de 
l'hôpital  Catherine,  le  palais  de  l'Industrie  [Gcwcrbcliallc),  l'é- 
glise de  Ileslache  et  de  nombreuses  constructions  particulières. 

L'église  et  l'école  de  Berg,  ainsi  que  l'église  de  Lofenau, 
eurent  pour  architecte  Ludwig  Friedrich  Gaab,  né  en  1800  à 
Tubingen,  décédé  à  Stuttgart  le  23  août  1809.  Élève  de  Gross 
et  Fischer  ù  Stuttgart,  il  perfectionna  ses  éludes  en  visitant  la 
France  et  l'Italie;  puis,  à  son  retour,  fut  chargé  delà  restaura- 
tion du  théâtre  de  la  Cour,  de  la  construction  du  palais  du  prince 
liéréditaire  et  d'une  caserne,  tous  ces  édifices  à  Stuttgart. 

Sorti  de  l'atelier  d'Isabelle,  à  Paris,  qu'il  avait  fréquenté,  de 
1829  à  1831,  pour  entrer  dans  celui  de  Giirlner,  à  Munich,  Karl 
Friedrich  Beisbarth,  né  à  Stuttgart  en  1809,  compléta  ses 
études  par  un  voyage  en  Italie.  Attaché  au  musée  des  beaux- 
arls  de  Stuttgart,  de  1840  à  1841,  il  prit  ensuite  part  à  la  trans- 
formation de  l'ancien  château  de  plaisance  en  lliéàlre  de  la 
Cour.  11  a  laissé  deux  œuvres  importantes  :  le  palais  Bolinenberg 
et  la  villa  Single,  à  Stuttgart,  dans  lesquels  il  s'est  efforcé  de 
rappeler  le  style  de  la  Renaissance  italienne;  puis  il  attacha  son 
nom  à  la  publication  d'un  ouvrtige  sur  l'architecture  du  moyen 
Age  en  Souabe,  et  mourut  à  une  date  qui  ne  nous  est  pas 
indiquée. 

L'hôtel  des  Postes,  la  nouvelle  aile  du  «  polytechnikum  »,  la 
Banque  hypothécaire  de  Stuttgart,  furent  construits  par  un 
professeur  d'architecture  à  l'école  de  cette  ville,  Alexander 
Trilschler;  la  gare  est  signée  de  Jorg  Morlok,  élève  de  l'école 
de  Stuttgart,  architecte  et  ingénieur  des  ponts  et  cliaussées,  né 
le  20  janvier  1815  à  Dàzingen.  Trilschler  est  aussi  l'auteur  delà 
«  Colonie  »  des  employés  de  chemin  de  fer  dans  cette  ville,  ce 
qui  ne  l'a  pas  empêché  de  construire  les  églises  de  Wildbad,  de 
Tuttlingen  et  de  Zanchcim.  • 


CHAPITIIE  X.  •2&J 

D'abord  élève  de  Leins  à  Stultgard,  G.  Adolph  Gnauth,  né 
dans  celte  même  ville  en  1840,  termina  ses  études  en  Italie. 
Quoique  professeur,  de  1870  à  1872,  à  l'école  polytechnique  de 
Stuttgart,  et  depuis  1876,  à  l'école  des  arts  et  métiers  de 
Nuremberg,  où  il  est  mort  prématurément  en  1884,  Gnauth  n'a 
guère  construit  que  le  palais  de  la  Vereinsbank,  la  villa  Siegle 
et  le  palais  Conradi  (nous  ne  parlons  pas  des  maisons  dont  il  a 
donné  les  plans  à  Manheini,  Munich,  Pesth  et  même  New-York)  ; 
mais  il  a  remis  en  honneur,  dans  ses  diverses  constructions, 
le  procédé  du  sr/raf/îlo  (1),  dont  l'usage  était  presque  perdu  en 
Allemagne  aussi  bien  qu'en  France,  et,  à  ce  titre,  il  méritait 
une  mention  particulière  dans  notre  ouvrage. 

L'iiopilal  catholique  à  Stuttgart  eut  pour  archilecte  M.  Robert 
Reinhardt,  né  en  18i3  à  Ravensberg,  élève  de  l'école  d'archi- 
tecture et  de  Leins,  de  1802  à  1866.  Architecte  également  de 
«  l'Harmonie  »  d'Heilbronn,  de  la  villa  Hosenau  et  de  nombreux 
hôtels  et  villas,  il  est  professeur  à  l'école  polytechnique  de  Slutt- 
gart  depuis  1872.  Archilecte  d'écoles  dans  la  même  ville, 
M.  Emile  Otto  Tafel  est  né  en  1838  à  OEhringen,  en  Wurtem- 
berg. Élève  de  Leins  et  d'Egle,  de  1864  à  1867,  il  continua  ses 
études  d'architecture  à  Paris  d'abord,  puis  en  Italie,  de  1867  à 
1868.  Architecte  de  la  villa  Spitthofer,  dans  les  jardins  de  Sal- 
luste  à  Home,  puis  de  l'ancien  cloître  des  Dominicains  de 
Constance  qu'il  a  transformé  en  hôtel,  il  a  élevé  de  nombreuses 
constructions  particulières  à  Stuttgart,  Esslingen,  Ulm,  etc.  Le 
D'  Wilhelm  Baumer,  né  le  18  avril  1829  à  Havensburg,  élève 
d'abord  de  l'école  polytechnique  de  Stuttgart,  puis  de  l'école 
des  beaux-arts  de  Paris  depuis  1854,  fut  nommé,  dans  sa  ville 
natale,  en  1858,  professeur  à  l'école  dont  il  avait  été  l'élève. 
Architecte  privé  du  roi  de  ^^'urtemberg,  de  1861  à  1805,  il  a 
élevé  la  «  Halle  de  Damas  »  dans  le  palais  de  la  Wilhelma.  En 
1870,  M.  Baumer  est  allé  résider  à  Vienne,  où  il  a  construit  la 
gare  du  Nord-Ouest  et  le  palais  Haber.  A  Klagenfurth,  c'est  un 
hospice  d'aliénés  et  un  pensionnat  qu'il  élève;  il  a  déjà  |»uh!ié 

(1)  Le  motSgraffito  vienldu  verbe  italien  syvaffiare,  égratigiier  et  le  procédé  est 
le  suivant  :  La  surface  à  décorer  (frises  ou  panneaux  de  façade)  est  recouverte 
d'un  enduit  noir,  quelquefois  rouge  ou  vert  foncé,  puis  crépie  en  blanc.  l> 
blanc,  enlevé  avec  une  pointe,  laisse  reparaître  l'enduit  teinté  et  donne  l'illusion 
d'un  dessin  au  trait. 


270  LES  ARCHITECTES  PAR   LEURS   OEUVRES. 

siii'  rai'cliitccUire  divers  ouvrages  très  eslimés.  L'Iiospice  des 
enfanls  et  les  écoles  communales  de  SluUgart  sont  de  M.  Cari 
Walter,  qui  collabora  avec  NN'agner  à  la  construction  du  casino 
du  Musée;  JM.  Henrich  Wagner,  né  en  1834,  à  Stuttgart,  où  il 
commença  ses  études  d'architecture  qu'il  finit  dans  l'atelier  de 
Questel  à  Paris,  est  lui-même  l'auteur  d'une  fontaine  monumen- 
tale, de  l'église  anglaise  à  Stuttgaii,  ainsi  que  des  hôtels  de  la 
duchesse  d'Urach  et  du  comte  de  Linden.  Il  est,  en  ce  moment, 
professeur  à  l'école  polytechnique  de  Darmstadt. 

Nous  devons  une  mention,  pendant  que  nous  sommes  encore 
à  Stuttgart,  à  Î\IM.  Stahl  et  Lambert,  dont  la  collaboration  a 
produit,  en  1891,  le  musée  national  de  Berne.  M.  Éduart  Sthal, 
né  à  Francfort,  en  1849,  élève  de  Leins,  concourt  encore  avec 
son  collaborateur  M.  Lambert,  à  l'érection  du  palais  de  la  reine 
Olgar  de  Wurtemberg  qui  s'élève  en  ce  moment,  à  Stuttgart, 
sur  la  place  du  château,  destiné  à  conserver  le  souvenir  du 
règne  de  son  époux,  le  roi  Charles  I",  en  1891,  à  l'érection  du 
Musée  national  à  Berne.  M.  André  Lambert,  né  à  Genève  en 
1851,  élève  de  Leins  à  Stuttgart  d'abord,  puis  de  l'architecte 
Coquart,  compléta  ses  études  par  le  séjour  qu'il  fit  en  Italie. 
De  1878  à  1883,  établi  d'abord  architecte  à  Neuchâtel  en  Suisse 
avant  de  s'associer  avec  M.  Stahl,  il  y  éleva,  de  1879  à  1880,  en 
collaboration  avec  E.  Colomb,  l'hôtel  de  ville  de  Cernier  et  le 
collège  de  Dombresson  (1880-1881).  Il  a  publié  en  collaboration 
avec  Alf.  Ilychner  1'  »  Architecture  en  Suisse  aux  différentes 
époques  »,  et  une  monographie  de  San  Biagio  à  Montepulciano, 
puis  avec  M.  Stahl,  «  Motifs  d'architecture  allemande  de  1500  à 
1800  »  ;  —  «  Le  Meuble  »  ; —  «  L'  Architecture  moderne  »,  etc. 

Mentionnons,  en  passant,  les  noms  de  M.  Buttch,  architecte 
de  la  nouvelle  église  de  Furstenberg  (Strelitz),  de  l'église  du 
château  de  Neustrelitz  (1855-1859)  dont  la  façade  néo-gothique 
est  assez  remarquable  et  dont  l'intérieur  est  luxueusement 
décoré,  disent  ses  contemporains.  Quant  à  M.  Ludwig  Wachen- 
husen,  un  élève  de  Stïiler  et  de  Stier,  il  collabora  à  la  construc- 
tion du  château  de  Schwerin  et  éleva,  de  1850  à  1862,  la  grande 
caserne  de  cavalerie  sur  le  mont  Ostorf.  C'est  tout  ce  que  nous 
savons  de  lui. 

Après  la  moisson  brillante  faite  par  Klenze,  les  architectes 
bavarois  n'eurent  plus  qu'à  glaner  :  aussi  la  seconde  période 


CHAPITRE   X.  2"1 

du  siècle  qui  s'achève  esl-elle,  pour  .Munich,  relalivemcnt  pau- 
vre en  œuvres  architeclurales.  Cependant,  on  peut  encore  en 
mentionner  quelques-unes  d'une  incontestable  valeur,  i\  com- 
mencer par  l'école  polytechnique,  dont  l'architecte  a  vraiment 
rompu  avec  le  style  pseudo-c;rec  mis  à  la  mode  par  ses  prédé- 
cesseurs. Il  s'appelait  Godefroi  de  Neureuther  et  était  né  le 
22  janvier  1811,  à  ÎMaulieim.  A  sa  sortie  de  l'académie  de 
Munich,  il  fut  d'abord  employé  par  les  compagnies  de  che- 
mins de  fer  bavarois  et  attira  sur  lui  l'attention  par  l'érection 
des  gares  de  Wurzbourg  et  d'Aschaffenbourg  auxquelles  il 
appliqua,  autant  qu'il  lui  fut  possible,  les  formes  de  la  Renais- 
sance italienne.  Le  palais  de  l'académie  des  beaux-arts  de 
.Munich,  qu'il  construisit  ensuite,  acheva  sa  réputation  et  il  est 
mort  dans  cette  ville  le  12  avril  1887,  en  possession  du  premier 
rang  parmi  les  architectes  de  l'.Mlemagne  moderne.  Ce  sont 
deux  de  ses  élèves  :  MM.  J.  Graff  et  W.  Fischer,  qui  donnèrent 
le  plan  delà  gare  de  Munich  ;  nous  ignorons  d'ailleurs  les  autres 
œuvres  de  ces  architectes. 

Friedrich  Burklein,  né  le  30  mars  1813  à  Burk,  après  avoir 
rollaboré,  en  1839,  avec  Gartner  à  l'éditicalion  du  jialais  royal 
d'Athènes,  débuta,  en  18'iO,  par  l'hôlel  de  ville  de  Furth.  Mais, 
à  la  suite  de  la  construction  de  la  gare  de  Munich,  pastiche  de 
style  roman  qu'il  acheva  en  1849,  il  fut  jugé  digne  du  profes- 
sorat. L'hôtel  des  monnaies  et  l'hôtel  des  postes  ainsi  que  tous 
les  édifices  publics  de  la  rue  Maximilien  à  Munich  furent 
alors  confiés  à  Burklein  et  ces  œuvres  pseudo-romanes,  d'un 
goût  souvent  douteux,  ne  sont  point  faites  pour  assurer  la  célé- 
brité à  leur  auteur  qui  n'eut  pas,  le  plus  souvent,  le  courage 
de  résister  aux  caprices  du  souverain  vis-à-vis  duquel  il  aurait 
dû  conserver  son  indépendance.  Burklein  a  construit  hors  de 
Munich,  de  18oG  à  18o9,  l'église  protestante  de  Passau  et  mou- 
rut à  Werneck  le  4  décembre   1872. 

La  manufacture  de  peinture  sur  verre  et  la  nouvelle  Pina- 
cothèque sont  l'œuvre  d'un  élève  de  Gartner,  Augustus  Voit, 
probablement  lils  de  Joiiann  Michel,  né  à  Wasserlriidingen  le 
17  février  1801,  qui  termina  ses  études  architectoniques  par 
un  voyage  en  Italie  et  en  France.  Partisan  de  l'architecture 
byzantine,  il  construisit,  en  18o4,  la  palais  de  l'Exposition  des 
arts  et  de  l'industrie  de  Munich,  en  collaboration  avec  Clamer- 


272  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

Klett;  puis,  en  1800,  il  reslaura  le  château  de  Hambacli.  Le 
nombre  des  églises,  des  synagogues  et  des  hôtels  de  ville 
qu'éleva  Voit,  dans  la  Bavière  rhénane,  est  considérable;  il  est 
mort  à  Munich  le  12  décembre  1870,  laissant  un  lils,  architecte 
comme  lui  et  portant  aussi  le  prénom  d'Augustus,  qui  fut  le 
collaborateur  de  son  père  lorsque  celui-ci  construisit  l'église 
paroissiale  de  Weissenhorn  et  le  château  de  Feldaffm  (près  du 
lac  de  Starnberg);  c'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

Nous  ne  possédons  aucun  renseignement  biographique  sur 
l'architecte  de  la  Getricdelialle,  halle  aux  grains  de  Munich, 
commencée  en  18ol  et  terminée  le  lij  septembre  18.')3;  nous 
savons  seulement  qu'il  s'appelait  Muiïat.  L'auteur  du  musée 
Reisinger  et  de  l'hôtel  des  Dettes  publiques  élevé  en  1866,  fort 
apprécié  par  ses  contemporains  de  l'Allemagne,  est  M.  Karl 
Leimbach,  né  à  Aschaiïenbourg  en  1818.  Restaurateur  surtout 
d'édifices  religieux,  cet  architecte  a  construit,  en  style  roman, 
les  églises  de  Reichenhall  et  de  Paling,  dans  la  Haute-Bavière. 
Chargé  aussi  de  restaurations  de  la  même  nature,  M.  Johann 
Margraff  est  l'architecte  des  églises  de  Sainte-Croix  à  Gmùnd, 
de  Schellenberg  en  Bavière,  de  Frankenstein  en  Silésie  et  de  la 
chapelle  de  Gasteigbevg  à  Munich.  Né  en  1830,  à  Altmunsler 
en  Bavière  et  élève  de  L.  Lange  à  Munich,  M.  Margraff  est 
professeur,  depuis  1800,  à  l'école  d'architecture  de  cette  ville. 

Ce  Ludwig  Lange,  dont  l'atelier  a  été  si  fréquenté,  était  né 
à  Darmsladt  le  22  mars  1808  et  était  élève  lui-même  de  Lerch 
et  de  Mollor.  Après  avoir  travaillé  en  Grèce  et  en  Italie,  il  se 
fixa,  en  1839,  à  Munich  et  fut  nommé  professeur  à  l'Académie 
de  cette  ville  en  1847.  Il  n'y  laissa  pas  d'œuvres  ;  mais  on  lui 
doit  la  villa  du  roi  Max  à  Berchtesgaden,  une  église  à  Moscou 
et  une  à  Halberstadt,  le  »  stand  »  d'innsbruck,  le  musée  municipal 
H  Leipzig  et  enlin  le  musée  d'Athènes  sur  lequel  nous  revien- 
drons. L.  Lange  mourut  à  Munich  le  31  mars  1868,  après  avoir 
fait,  nous  l'avons  dit,  de  nombreux  élèves,  parmi  lesquels  nous 
citerons  son  fils,  Emile-Joseph  Bùhlmann,  Albert  Schmidt, 
Margraff,  etc. 

M.  Emile  Lange  ne  se  contenta  pas,  d'ailleurs,  des  leçons  de 
son  père  et  entra  dans  l'atelier  de  Questel,  à  Paris.  Après  avoir 
parcouru  la  France,  l'Ilalie  et  l'Allemagne,  il  fut  nommé,  en 
1808,  professeur    de  l'école  des  arts    et  métiers   do   Munich, 


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CHAPITRE  X.  iTA 

qu'il  venait   de  construire.  Il  est  aussi  l'arcliitecte   de   l'école 
industrielle  et  de  divers  hôtels  et  villas. 

Celui  de  l'hôtel  de  ville  de  Munich  est  un  Autrichien,  M.  Jorg 
Hauberisser,  né  à  Gratz,  le  19  mars  1841.  Il  fut  élève  de  l'école 
technique  de  Gratz  jusqu'en  1862,  de  l'académie  des  beaux-arts 
de  Munich,  de  l'académie  d'architecture  de  Berlin  et  enfin  de 
l'école  des  beaux-arts  de  Vienne,  sous  la  direction  de  Schmidt, 
de  18G2  à  1866.  Pour  la  construction  de  cet  hôtel  de  ville, 
commencé  en  1867,  fini  en  1877,  il  a  adopté  la  forme  ogivale 
ainsi  que  pour  l'hôtel  de  ville  de  Kaiifbeuren.  Il  a  reconstruit 
celui  de  Landshut,  élevé  celui  de  Kaiilbeuren,  le  musée  de 
Kaulbach  à  Munich  et  bâti  nombre  de  maisons  et  d'hôtels  dans 
cette  ville,  ainsi  qu'un  château  à  Hio  de  Janeiro  :  celui  de  Santa 
Fé.  Depuis  1876,  M.  Hauberisser  est  professeur  d'architecture 
à  l'académie  de  Munich.  La  décoration  de  l'hôtel  de  ville  de 
M.  Hauberisser  est  due  à  Lorenz  Gedon,  né  à  Munich  le 
12  novembre  1843,  mort  le  27  décembre  1883.  Plutôt  sculpteur 
ornemaniste  qu'architecte,  il  se  fit  connaître  surtout  par  la 
décoration  du  Salon  des  arts  allemands  et  de  tous  les  pavillons 
allemands,  aux  diverses expositionsnationales  ou  internationales 
ouvertes  de  1876  à  1883.  C'est  lui  qui  a  transformé  en  musée 
l'église  Saint-Paul  de  Munich. 

M.  Albert  Schmidt,  l'architecte  de  la  synagogue  de  Munich, 
est  né  en  1841  à  Sonneberg  en  Thuringe;  élève,  nous  l'avons 
dit,  de  L.  Lange,  il  a  fait  beaucoup  d'hôtels  et  de  châteaux, 
parmi  lesquels  celui  de  Frauensce.  Professeur  aussi  à  l'école 
d'architecture  est  !\I.  Friedrich  Thiersch,  né  à  Marbourg  le 
18  avril  18o2,  élève  de  Leins,  à  l'école  de  Stuttgart.  On  doit 
déjà  à  ce  jeune  artiste  le  palais  de  justice  de  Munich,  une  fon- 
taine monumentale  érigée  à  Lindau  en  1884,  le  monument 
commémoratif  de  \\'(jrlh  et  une  savante  restauration  de  l'hôtel 
de  ville  do  Lindau;  enfin,  si  M.  Thiersch  n'est  pas  l'architecte 
du  palais  du  Parlement  à  Berlin,  il  n'en  a  pas  moins  obtenu 
la  première  place  au  concours  ouvert  pour  la  construction  de 
cet  édifice,  ex  icqito  avec  M.  W'allot. 

Jusqu'en   1869,  M,  Heinrich    Hûgel  avait  été  attaché  à  la 

construction  des  gares  de  l'Est-Bavière,  dont  la  plus  importante 

est  celle  de    Eger,  lorsqu'on  l'a  chargé  d'élever  l'arsenal  de 

Munich.  Partisan  de  la  Renaissance  allemande,  il  a  bâti,  donnant 

m.  18 


~2:'t  LES   AliCHITECÏKS   PAU  LEURS   OEUVRES. 

un  libre  essor  ù  ses  préférences,  la  villa  Kustermann,  au  lac  de 
Slarnberg,  riiôlel  du  baron  Scliack  à  Municb  et  a  restauré  le 
palais  Kranier  à  ?suremberg.  Nous  ne  pouvons  dire  qu'un  mot 
de  F.-J.  Denzinger  dont  nous  ne  connaissons  ni  la  vie  ni  les 
œuvres  :  c'est  que  sa  restauration  de  la  catbédrale  de  Kalisbonne 
peut  être  considérée  comme  une  des  plus  importantes  et  des 
mieux  réussies  de  toutes  celles  qui  ont  été  exécutées  en  Alle- 
magne. Le  chevalier  Joseph  von  Schmadl,  de  Munich,  est  un 
architecte  de  chàleauv  et  d'Iiolols  parmi  lesquels  nous  nous 
contenterons  de  citer  l'hôlel  Gcrmania  à  Carlsruhe,  le  château 
de  Ilorneck,  à  Graz  et  celui  de  Seebourg,  sur  les  bords  du  lac 
de  Constance. 

Si  Hambourg  a  aujourd'hui,  grâce  à  l'activité  déployée  par 
sa  municipalité  et  ses  architectes,  l'aspect  d'une  ville  de  pre- 
mier ordre,  ce  n'est  pas  à  ses  édifices  publics  modernes  qu'elle 
doit  cet  aspect,  à  part  l'hôpital  Schroder  qui  date  de  1832,  la 
synagogue  de  1857,  ainsi  que  l'orphelinat  Israélite,  le  nouvel 
asile  (1866),  la  chapelle  funéraire  du  baron  de  Schroder,  œuvres 
d'Albert  Rosengarten,  né  en  1809  à  Cassel  pour  laquelle  il  fit 
sa  première  œu\re,  une  synagogue.  Récompensé  pour  son  projet 
de  Résidence  d'été  du  souverain,  il  vint  cependant  à  Paris  se 
perfectionner  dans  l'atelier  de  H.  Labrouste  et  s'est  fixé,  en 
1842,  à  Hambourg,  où  le  grand  incendie  arrivé  vers  celte  époque 
lui  fournil  une  carrière  des  mieux  remplies. 

Nous  en  dirons  autant  de  Friedrich  Stammann,  né  à  Ham- 
bourg le  15  août  1799  qui  s'y  fixa  en  1828,  après  un  long 
voyage  complétant  les  études  qu'il  avait  faites  successivement  à 
Copenhague  et  à  Vienne.  C'est  dans  ce  voyage  qu'il  éleva  le 
monument  de  Anherrn,  au  village  Suadiz  en  Rohême.  11  est  mort 
à  Hambourg  le  11  mars  1871.  Le  musée  des  beaux-arts  de 
Hambourg  date  de  1 863-1 869  et  eut  pour  architecte  AI .  Hermann 
Philipp  Hude.  Né  à  Lubeck  le  2  juin  1830,  il  fut  d'abord  l'élève 
de  Stiiler  à'I'académie  de  Berlin  (1850-1857),  puis  partit  pour 
visiter  la  Hollande,  l'Angleterre  et  la  France.  Associé  à 
Berlin  avec  Julius  Hennike,  il  y  bâtit  plusieurs  hôtels  remar- 
quables, la  villa  Markwald,  au  Thiergarten,  l'hôtel  Kaiserhof, 
l'hôtel  Central  (  1872-1 875 1,  précédés,  de  1863  à  1869,  par  l'abat- 
toir de  Buda-Pestli.  Le  musée  des  beaux-arts  fut  terminé  par 
M.  Eduart  Hallier,  élève  des  écoles  de  Berlin  et  de  Carlsruhe, 


r.IIAI'ITRI-:  X.  275 

né  eu  183ij.  Col  arcliilecte  se  fixa  à  Hambourg  en  1800,  après 
avoir  parcouru  la  Belgique,  la  France  et  l'Italie;  il  a  droit  à  une 
menlion  dans  nôtre  ouvrage  comme  architecte,  en  collaboration 
avec  M.  H.  Fuschen,  de  riiôlel  de  ville  de  (iluckstadt  (1 872-1 87;i). 

C'est  un  élève  de  l'académie  de  .Munich,  professeur  Burk- 
lein,  qui,  de  1847  à  1880,  a  été  l'architecte  de  presque  tous 
les  édifices  un  peu  importants  de  Brème,  M.  Heinrich  Mùller, 
né  le  2  février  1819,  d'abord  dessinateur  dans  l'atelier  de  Chù- 
teauneuf,  à  Hambourg.  Citons  :  l'église  (ogivale)  deOberneuland 
près  Brème  (1860),  la  nouvelle  Bourse  (1804),  l'église  Saint- 
Rambert  (1871),  le  casino  du  musée,  la  «  salle  du  Dôme  »,  la 
loge  maçonnique  (1880);  puis,  hors  de  Brème,  la  Bourse  de 
Kouigsbcrg. 

VAuffusteinn  iVOUenhonr^  dalG  de  1805  et  fut  aussi  cons- 
truit par  un  architecte  de  Brème,  Klingenberg,  dont  nous  ne 
possédons  que  le  nom.  Architecte  de  la  même  ville,  un  enfant 
d'Oldenbourg,  M.  Jorg  Osthoff,  né  en  1844,  élève  des  écoles 
polytechniques  de  Carlsruhe  et  de  Hanovre,  après  avoir  com- 
mencé par  les  travaux  d'art  sur  les  lignes  ferrées  alle- 
mandes, s'est  fait  une  spécialité  delà  construction  des  bâtiments 
d'approvisionnement  et  des  abattoirs.  Depuis  douze  ans,  il  a 
élevé  plus  de  cinquante  abattoirs  et  plus  de  vingt  marchés. 

C'est  à  Karl  Schmidt,  né  le  23  mars  1836  àPutbus,  élève  de 
l'académie  de  Berlin,  que  la  ville  de  Breslau  doit  la  plupart  de 
ses  édifices  modernes.  Il  a  élevé,  en  effet,  l'hôpital  Sainte-Tri- 
nité à  Breslau  (1807),  le  théâtre,  les  constructions  du  jardin 
zoologique,  puis  l'église  des  Apôtres  à  Leignilz,  le  Belvé- 
dère près  Breslau,  le  monument  commémoratif  à  Putbus  et 
nombre  de  châteaux  en  Silésie.  Schmidt  est  mort  à  Breslau  le 
12  avril  1888. 

Le  grand  développement  architectural  de  Berlin,  dû  surtout 
aux  œuvres  de  Schinkel,  s'était  pour  ainsi  dire  arrêté  et  n'a 
repris  que  pendant  les  vingt  dernières  années.  Les  noms  mar- 
quants du  second  tiers  de  notre  siècle  sont  ceux  de  Persius,  de 
Knoblauch,  de  Shack,  de  Hitzig,  de  Schadow  et  de  Sliiler.  C'est 
dire  que  cette  période  n'a  vraiment  pas  produit  d'œuvres  de  pre- 
mière importance. 

C'est  surtout  depuis  1870,  et  grâce  à  l'énorme  effort  fait  par  la 
ville  de  Berlin  pour  devenir  la  véritable  capitale  d'un  grand  eni- 


ii't»  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

pire,  qu'il  faut  compter  avec  les  crt^alions  de  l'arclii lecture  mo- 
derne dans  l'Allemagne  du  Nord. 

A  ce  moment  di^jà,  à  la  Renaissance  italienne,  avait  succédé  la 
Renaissance  allemande,  aux  formes  plus  rudes,  aux  silhouettes 
plus  mouveniftntées;  mais,  libre  de  tous  liens,  amie  de  l'im- 
prévu et  du  pittoresque,  elle  dégénéra  très  vite  en  une  confu- 
sion de  formes  et  nne  exagération  de  décrochements;  la  moin- 
dre maison  ne  pouvait  se  passer  d'une  ou  plusieurs  tourelles,  de 
pignons  dentelés  ou  envolulés;  enfin  ce  fut  une  vraie  débauche 
(|ui  cessa  bientôt,  et  on  dut  chercher  du  nouveau  dans  le  style 
du  siècle  dernier,  dans  le  Louis  XIV  ou  baroque  et  plus  encore 
dans  le  rococo  ou  Louis  XV.  Mais  les  œuvres  de  valeur  élevées 
pendant  ces  deux  périodes  par  des  architectes  allemands  se  dis- 
tinguaient de  celles  de  leurs  contemporains  français  par  un  as- 
pect plus  libre  et  plus  décoratif,  poussé  souvent  jusqu'à  l'exubé- 
rance. Elles  ont  naturellement  exercé  une  influence  funeste  sur 
des  artistes  préparés  aux  exagérations  par  la  pratique  de  la  Re- 
naissance allemande,  de  telle  sorte  que  le  style  rococo  est  aussi 
rapidement  tombé  dans  l'excès,  ou  philùl  il  y  est  entré  de  plaiii- 
pied  et  s'y  est  mû  librement. 

Ces  styles  adoptés,  par  caprice,  n'ont  qu'une  floraison  courte, 
il  leur  manque  le  long  développement  de  l'enfance  pour  pouvoir 
supporter  la  vie  d'homme.  C'en  est  déjà  presque  fait  du  style 
baroque  et  on  cherche  actuellement  à  Rerlin  à  reprendre 
quelque  modération  dans  les   formes   de  l'époque  Louis  XIV. 

Les  observations  précédentes  s'entendent  pour  les  habitations 
particulières  qui  donnent  le  caractère  dominant  à  une  ville;  les 
édilices  publics  sont  moins  soumis  aux  caprices  de  la  mode;  ils 
sont  généralement  le  fruit  d'une  étude  prolongée  et  ils  passent 
par  le  crible  de  l'administration. 

Berlin  possède,  comme  d'autres  capitales,  des  édifices  d'un 
caractère  absolument  moderne,  diclé  par  les  exigences  d'un  pro- 
gramme nouveau  ;  l'emploi  du  fer,  des  grandes  surfaces  vitrées, 
ont  donné  lieu  ici  à  des  solutions  fort  originales  dans  un  grand 
nombre  de  gares,  de  magasins,  d'iiôtels,  de  restaurants,  de  mu- 
sées et  d'écoles. 

Un  des  grands  travaux  modernes  de  Rerlin  a  été  la  construc- 
tion de  la  nouvelle  école  polytechnique  à  Charlottenburg,  par 
Lucae,  terminée  par  RaschdorlV;  l'arcliitecte  s'est  inspiré,  pour 


r.HAriTHK  X.  277 

la  construire,  des  souvenirs  de  la  Renaissance.  D'impoiianles 
églises  ont  aussi  él6  •'^levées  ces  dernières  années  en  style  roman 
et  gothique,  mais  l'œuvre  capitale  est  celle  du  Parlement,  pa- 
lais immense,  en  construction  depuis  plusieurs  années  et  a|)- 
|)rocliant  maintenant  de  sa  fin.  L'arcliilecle  en  est  M.  Wallot, 
lauréat  d"un  concours  ouvert,  il  y  a  dix  ans.  à  l'occasion  de 
cet  édifice. 

Le  style  est  romain,  les  intérieurs  se  ressentent  quelque  peu 
de  l'influence  de  la  Renaissance  allemande.  L'extérieur  est  in- 
conlesfablemeiit  d'un  caractère  très  monumental. 

Maintenant  que  le  palais  du  Parlement  touche  à  sa  fin,  deux 
autres  monuments  de  grande  importance  sont  en  vue  et  vont 
sans  doute  être  commencés  sous  peu.  Ce  sont  :  un  monument 
national  érigé  à  la  gloire  de  l'empereur  Guillaume  I",  t'ondateui- 
de  l'empire  allemand.  Ce  monument,  mis  au  concours  il  y  a 
quelques  années,  n'est  pas  encore  tout  à  fait  arrêté;  il  a  un 
caractère  architectural  dominant  avec  colonnades  et  arcs  de 
triomphe,  le  tout  tenu  dans  l'esprit  de  l'arcliitecture  romaine. 
L'autre  est  un  dôme  pour  Rerlin. 

Rasclidorll'  a  été  chargé  par  l'empereur  Guillaume  II  de  l'éla- 
lioralion  du  plan  et  de  l'exécution  de  cette  grande  œuvre.  Ce 
])lan  rappelant  les  grandes  basiliques  à  coupole  est  confus  ;  il 
manque  de  grand  parti,  n'accuse  pas  suffisamment  la  partie  cen- 
trale et  se  compose,  au  fond,  de  trois  églises  d'une  importance  à 
jieu  prés  égale;  les  élévations  ne  sont  pas  lisibles  dans  le  plan, 
elles  n'ont,  du  reste,  pas  de  caractère  propre,  mais  rappellent  une 
infinité  de  motifs  connus:  de  la  Salule  à  Venise,  de  Saint-Paul 
de  Londres  et  d'autres  monuments,  le  tout  traité  d'une  fac^'on  peu 
magistrale. 

En  somme,  on  pont  résumer  son  appréciation  sur  l'architec- 
ture moderne  en  Allemagne  eu  disant  que,  pas  plus  que  dans 
d'autres  pays,  elle  n'a  trouvé  une  forme  nette  et  qui  lui  soif  pro- 
pre, elle  cherche  toujours,  puisant  plus  ou  moins  ati  hasard  dans 
la  réserve  des  siècles  passés  et  n'a  trouvé  d'expression  que 
pour  les  édifices  répondant  à  des  programmes  absolument 
nouveaux,  ce  qui  esl  déjà.un  grand  pas  de  fait. 

Ludwig  Ferdinand  Hesse  était  élève  de  Schinkel  et  né 
en  1795  à  Relgard,  en  Poméranie.  Après  avoir  conduit,  sous 
la  direction  de  son  maître,  les  travaux  de  l'église  que  Schinkel 


278  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

conslriiisait  (de  182j  à  1828)  sur  le  marché  du  Werder,  il  fut 
rarchilccle  de  la  «  Nouvelle  Charité  »,  de  l'école  vétérinaire  et 
de  rhùpilal  Sainte-Elisabeth,  à  Berlin.  Il  fut  aussi  l'architecte 
des  deux  théâtres  royaux,  depuis  1832,  et  du  palais  royal  depuis 
la  mort  de  Stiiler.  Hors  Berlin,  il  construisit  l'orangerie  à 
Potsdam  (1856),  le  château  de  Pfingslberg  et  mourut  à  Berlin 
le  8  mai  1870.  Theodor  Stein,  né  le  18. juillet  1802,  à  Plock, 
termina  l'hôpital  Sainte-Elisabeth  et  construisit  un  certain 
nombre  d'églises  ou  de  temples  connus  seulement  de  ceux  qui 
les  fréquentent  :  les  églises  du  Cloître,  Werder  et  Louise  à 
Berlin,  celle  du  Bon-Berger  à  Aix-la-Chapelle,  l'église  protes- 
tante d'Enpen,  la  gare  centrale  de  Steltin,  etc.  Stein  mourut  le 
13  novembre  1876,  à  Magdebourg. 

Friedrich  Augustus  Stuler,  aussi  élève  de  Schinkel,  né  le 
28  janvier  1800  à  Mïiiiliiausen  en  Thuringe,  mort  le  18  mars 
1805  à  Berlin,  travailla,  sous  la  direction  de  son  maître,  à  la 
construction  du  palais  du  prince  Charles;  puis,  de  1829  à  1830, 
il  fit  un  voyage  d'études  en  Italie.  Devenu,  à  son  retour,  archi- 
tecte de  Frédéric-Guillaume  lY,  il  fit  preiive  d'une  incroyable 
fécondité  et  chacune  des  trente-cinq  années  de  son  existence  est 
marquée  par  une  œuvre  importante.  Berlin  lui  doit  :  le  nou- 
veau Musée  (dont  le  dôme  est  resté  inachevé),  les  églises  de 
Saint-Mathieu,  de  Saint-Jacques  et  de  Saint-Marc  ;  Francfort, 
sa  Bourse  de  commerce  de  style  byzantin;  Stockholm,  son 
Musée  national  ;  Konigsberg,  son  Université  ;  Pesth,  son  Aca- 
démie composée  d'une  façade  Benaissance  décorée  de  six  sta- 
tues représentant  les  six  sections  de  l'académie.  Au  premier 
étage  de  l'édifice  se  trouve  la  grande  salle  des  séances  solen- 
nelles et  au  second,  la  magnifique  galerie  du  comte  Esterhazy; 
il  a  construit  à  I*erleberg  l'hôtel  de  ville,  puis  des  châteaux  : 
ceux  de  Stolzenfels,  de  Hohenzollern,  agrandi  les  châteaux  de 
Breslau  et  de  Ermansdorf;   élevé  des  cliniques,  des  écoles,  etc. 

In  troisième  élève  de  Schinkel  est  Edouard  Knoblauch,  qui 
mourut  le  29  mai  1805  à  Berlin  où  il  était  né  le  25  septembre 
1801.  Architecte  du  palais  de  l'ambassade  russe  et  de  plu- 
.sieurs  hôtels  élégants  à  Berlin,  Knoblauch  est  surtout  connu 
comme  étant  celui  de  la  synagogue  de  Berlin  qu'il  a  construite 
en  1805.  Le  terrain  sur  lequel  est  bâti  l'édifice  étant  très  irré- 
gulier,    l'artiste     a    eu    à     vaincre    diverses     difficultés.    De 


CHAPITRE  X.  279 

slyle  romano-byzanlin,  il  présenic  une  façade  flanquée  de 
cliaque  côté  de  deux  tours  carrées  de  lo  mèlres  que  sur- 
monte une  coupole  dorée.  Un  grand  dôme  également  doré  dé- 
passe la  liauteur  des  tourelles.  On  pénètre  par  un  vestibule  et 
nne  espèce  de  rotonde,  ornée  d'un  jet  d'eau  au  centre,  dans  la 
grande  nef  que  séparent  deux  rangées  de  colonnes  en  fer  d'en- 
viron 2S  mètres  de  liauteur.  On  voit  que  l'un  des  premiers,  en 
Allemagne,  Knoblaucli  n'hésita  pas  à  faire  entrer  le  mêlai  dans 
la  construction  d'édifices  autres  que  les  gares  de  chemin  de  fer 
ou  les  usines  et  ateliers. 

Jorg  Friedrich  Hitzig  fut  l'un  des  derniers  élèves  do 
Sohinkel.  lorsqu'il  entra  à  l'académie  d'architecture  de  Berlin. 
Né  dans  cette  ville,  le  8  avril  1811,  il  vint  achever  ses  études 
architecturales  à  Paris,  puis  se  décida  à  parcourir  l'Italie,  la 
Grèce,  la  Turquie  et  l'Egypte,  il  s'établit  tout  d'abord  à  Trieste, 
où  il  construisit  le  palais  Uevoltella;  mais,  peu  après,  il  reve- 
nait à  Berlin  et  contribuait,  par  l'édification  de  nombreuses  ha- 
bitations privées,  à  donner  à  la  capitale  de  l'Empire  allemand 
une  physionomie  un  peu  plus  moderne.  C'est  alors  qu'il  fut 
chargé  de  la  construction  des  grands  édifices  publics  que  nous 
allons  énumérer  :  la  Bourse,  la  Banque  impériale,  un  projet 
pour  l'école  polytechnique,  etc.  Berlin  même  lui  doit  la  recons- 
truction de  son  arsenal,  avec  la  collaboration  de  Stuve.  Hitzig 
est  mort  le  11  octobre  avant  la  fin  de  ses  travaux.  Ce  fut 
Otto  Raschdorîf  qui  termina  l'école  polytechnique  dans  l'au- 
tomne de  1884.  Cet  architecte  s'occupa  alors  de  la  construc- 
lion  des  laboratoires  et  l'inauguration  de  l'édifice  entier  eut 
lieu  le  2  novembre  1884.  Cette  même  année  1884,  le  24  mai,  il 
posait  la  première  pierre  de  la  nouvelle  église  anglaise  de  Saint- 
George  dans  le  parc  de  iMonbijou.  L'édifice,  qui  est  une  rémi- 
niscence de  l'ogival  secondaire,  avec  porche  et  clocher,  a  été 
terminé  le  21  novembre  1885.  Élevée  sur  la  route  de  Berlin  à 
Charlotlenbourg,  la  haute  école  technique,  construite  à  l'italienne 
avec  terrasses  et  balustrades,  présente  trois  avant-corps  d'une 
assez  grande  profondeur,  qui  laissent  entre  eux  des  cours  inté- 
rieures. Il  est  précédé  par  une  troisième  cour  ornée  de  bassins  et 
de  massifs.  Au  premier  étage  de  l'avant-corps  central,  l'éternelle 
colonnade  dorique  ou  corinthienne  dessine  une  loggia  sans  pro- 
fondeur, l'ne  haute  txvWle  ferme  l'établissement. 


i280  LES   AHCHITEC/rES   TAR  LEURS   ÛETYRES. 

IM.  Gustave  Moller,  né  le  22  mars  1820  à  Krfiirl,  morl  à 
Berlin  le  31  août  1881,  fui  lont^lenips  le  directeur  de  la  manii- 
facUirc  de  porcelaines  de  la  Prusse.  Comme  arcliitecle,  il  a  re- 
conslriiit  le  ministère  d'État  et  la  banque  de  Prusse,  depuis 
démolis  et  remplacés  par  Hilzig,  comme  il  est  dit  plus  haut,  il 
a  élevé  l'église  de  Saint-Luc  dans  la  Bernburgstrasse,  de  18o9  à 
1861 ,  et  riiospice-école  des  enfants  abandonnés,  de  1863  à  180o. 

xV  Cantian,  mort  à  Berlin  en  avril  1806,  arcbitecte  du  roi 
Frédéric-Guillaume  IV,  on  doit  la  disposition  de  la  place  de  la 
Belle-Alliance  telle  qu'elle  existe  encore  aujourd'bui  et  une  église 
il  .Marienbourg,  et  à  Friedrich  Albrecht  Cramer,  né  le  22  avril 
1824  à  Wiesbaden,  la  prison  pour  dettes,  l'amphithéâtre  d'a- 
natomie,  le  laboratoire  de  chimie,  à  Berlin.  Depuis  1868, 
architecte  à  Wiesbaden,  Cremer  est  également  l'auteur  de  la 
tour  de  Willielm  à  Dillenbourg  et  de  la  restauration  du  dôme 
de  Limbourg. 

Un  élève  de  Knoblaucb,  Edouard  Titz,  né  en  1820,  à  Uei- 
chemberg,  en  Bohème  et  mort  à  Berlin  le  22  janvier  1890, 
semble  avoir  eu  pour  spécialité  l'architecture  de  théâtres.  On 
pourra  en  juger  par  l'énumération  de  ceux  qu'il  a  construits  à 
Berlin  seulement  :  en  I8o0,  le  théâtre  Friedrich  Willielmstatter, 
qui  peut  contenir  5,000  spectateurs;  en  18.j1,  le  théâtre  KroU; 
de  18o7  à  18o9,  le  théâtre  Victoria;  de  1863  à  1864,  le  théâtre 
Wallner,  baptisé  du  nom  de  son  directeur;  en  1860,  le  théâtre 
de  l'Alhambra.  Hors  de  Berlin,  il  fut  l'architecte  des  théâtres 
de  Gotha,  de  Zittau,  de  Gorlitz,  de  Chemnitz,  de  Guber  et  de 
Bernburg.  Grâce  à  sa  fécondité,  Titz  a  encore  attaché  son  nom 
à  la  construction  (hi  château  du  comte  Schwerin,  du  château 
Schonborn  à  Oshomeck,  du  casino  de  Kotbus,  du  café  Français 
de  Berlin,  et  d'une  foule  d'hôtels  et  de  villas.  Karl  Schwatlo, 
né  à  llemrsdof,  dans  la  Prusse  orientale,  le  19  juin  1831,  fut  le 
grand  constructeur  des  postes  de  tout  l'empire  allemand;  c'est 
à  lui  que  sont  dus,  en  effet,  l'Hôtel  général  des  postes  à  la 
Leipziger-Sirasse,  à  Berlin,  et  le  bureau  de  TOranienbourg- 
Strasse  de  cette  ville;  les  bureaux  de  Brème,  de  Danzig,  de 
Mcrsebourg,  de  Mayence.  Ce  qui  ne  l'a  pas  empêché  de  cons- 
truire à  Konigsberg  le  palais  de  la  Chambre  provinciale,  le 
casino  de  Zoppot,  et  un  grand  nombre  de  constructions  privées, 
h  Berlin.  Schwatlo  est  morl  le  23  décembre  1884,  professeur 


cil  A  PITRE  X.  281 

il  l'école  polvlecliniquo  ilc  Berlin  et  laissant  plnsienrs  ouvrages 
d'architeclnre  pratique. 

Richard  Lucae,  né  le  12  avril  1829,  à  Berlin,  mort  le  20  no- 
vemijre  1H77,  était  professeur  à  l'académie  de  cette  ville  dont 
il  fut  d'abord  l'élève;  on  lui  doit  le  théâtre  municipal,  à  Franc- 
fort, le  palais  Borsig,  à  Berlin,  ainsi  que  le  plan  de  l'Ecole  po- 
lytechnique de  celte  ville. 

Heino  Schmieden,  né  en  183.j,  commença  par  construire, 
de  1800  à  IStCi,  le  château  de  Hunegg,  en  Suisse,  puis  s'associa 
en  18GG,  avec  Martin  Gropius,  de  Berlin,  mort  le  13  décem- 
bre 1886;  c'est  avec  sa  collaboration  qu'il  éleva  le  grand  hôpital 
de  la  ville  de  Berlin,  à  Friedrichshain,  et  le  musée  des  arts  cl 
métiers,  puis  l'univer^té  de  Kiel  et  plus  de  vingt-cinq  hôpitaux 
et  hospices  d'aliénés.  Le  Gewandhaus,  salle  de  concert  de  Leipzig, 
ayantété  l'objet  d'un  concours  ouvert  le  20  mars  188G,  Schmie- 
den et  Gropius  furent  chargés  de  l'exécution  qu'a  continuée  seul 
.M.  Schmieden,  ainsi  que  le  musée  des  arts  et  métiers.  Le  «  Gewand- 
haus »  comprend  une  grande  et  une  petite  salle  éclairées  de 
chaque  côté  par  douze  fenêtres  et  est  précédé  d'un  avant-corps 
percé  de  trois  entrées  d'une  architecture  assez  simple.  Citons 
encore,  quoique  nous  manquions  absolument  de  renseignements 
biographiques  les  concernant,  l'arcliitecle  Ploch  (jui  a  com- 
mencé, en  1880,  la  nouvelle  Douane  de  Berlin,  achevée  en  1883; 
l'architecte  Volmaener,  auteur  de  la  Chancellerie  de  justice, 
l'architecte  \\aesemann,  auteur  de  l'hôtel  de  ville  de  Berlin; 
l'architecte  Hartung  qui  construisit  en  1887,  en  lui  donnant  la 
forme  d'une  tour  du  moyen  âge,  le  réservoir  des  eaux  de  la 
ville. 

C'est  dans  les  ateliers  de  Gropius,  de  Lucœ  et  do  Ilitzig,  que 
M.  Paul  Wallot  vint  achever  les  études  architecturales  qu'il 
avilit  commencées  à  l'école  polytechnique  de  Hanovre  et  à  l'uni- 
versité de  Giessen.  Né  le  2(j  juin  1841,  à  Oppenheim-an-Rhein, 
M.  Wallot  était  établi,  de  18G8  à  1882,  à  Francfort  et  s'y  était 
fait  un  nom  par  les  succès  qu'il  remporta  dans  les  concours  ou- 
vers  à  l'occasion  de  la  construction  du  cimetière  de  l'église 
paroissiale  de  Dresde,  de  la  gare  de  Francfort,  du  pont  Saint- 
Etienne,  à  Vienne,  et  du  monument  national  à  Niederwald. 
En  1884,  on  jugea  le  concours  ouvert  à  Berlin  à  l'efTet  de  cons- 
truire le  palais  du  Parlement,  cl  M,  \Nallot.  ayant  obtenu  ex 


282  LES   ARCHITECTES  PAU   LEURS   OEUVRES. 

:iHpio  avec  M.  Friedrich  Tliierscli,  le  premier  rang  dans  ce  con- 
cours, fut  chargé  de  l'exéciilion. 

M.  Gustave  Ebe,  né  à  Halberstadt  en  1834,  élève  de  l'acadé- 
mie de  Berlin,  compléta  ses  éludes  par  un  voyage  en  Italie  et 
en  France  et  se  fit  d'abord  connaître  par  des  additions  à  l'hôtel 
de  ville  de  Magdebourg  dont  plus  tard  il  construisit  le  gymnase 
à  la  suite  d'un  concours.  C'est  en  collaboration  avec  M.  Julius 
Benda  qu'il  a  exécuté  la  villa  Kaufmann  et  la  villa  Bunsen, 
ainsi  que  divers  hôtels  à  Berlin  et  le  château  Miécho^\itz  dans  la 
llaute-Silésie.  M.  Benda  est  né  en  1838,  à  Bauden,  en  Silésie 
et  est  élève  des  académies  de  Munich  et  de  Berlin.  Comme  son 
collaborateur,  il  a  parcouru  en  étudiant,  l'Allemagne,  la  Suisse 
et  l'Italie  et  a  partagé  avec  lui  les  récompenses  délivrées  aux 
deux  architectes,  aux  expositions  de  Vienne  et  de  Munich. 

De  l'associalion  de  MM.  Ende  et  Bockmann,  est  né  le  Musée 
ethnologique  de  Berlin.  C'est  un  grand  bâtiment  à  trois  étages, 
avec  mezzanines  à  toiture  plate,  précédé  d'un  large  vestibule 
voûté;  l'entresol  est  éclairé  par  des  fenêtres  carrées;  celles  du 
premier  étage  sont  en  plein  cintre,  séparées  l'une  de  l'autre 
par  un  large  pilastre  corinthien  s'arrêtant  sous  la  corniche  que 
couronne  une  balustrade  à  l'italienne.  Les  deux  architectes  ont 
littéralement  parsemé  de  leurs  œuvres  l'Allemagne  du  Nord  : 
maisons  de  banque,  maisons  de  produits,  châteaux,  cafés,  etc., 
que,  lidèles  observateurs  de  notre  programme,  nous  devons  pas- 
ser sous  silence.  Mais  nous  dirons  qu'ils  sont  les  architectes  des 
(juelques  édifices  publics  élevés  au  Japon,  notamment  du  palais 
du  Parlement,  àTokio,  qui  vient  d'être  détruit  par  un  incendie. 
Il  nous  reste  à  ajouter  que  M.  Hermann  Gustave  Ludwig  Ende 
est  né  le  4  mars  1830,  à  Landsberg,  est  membre  de  plusieurs 
académies  et  professeur  à  celle  de  Berlin,  que  M.  Wilhelm 
Bockmann  est  né  le  29  janvier  1832,  à  Elberfeld,  et  est  mciji- 
bre  aussi  de  plusieurs  académies.  Elèves  tous  deux  de  l'école  de 
Berlin,  ils  ont  obtenu  tous  deux  une  bourse  qui  leur  a  permis 
de  faire  un  voyage  d'études  de  deux  années,  pendant  lesquelles 
ils  ont  parcouru  l'Italie,  la  Grèce,  la  Turquie,  la  Hollande,  la 
France  et  l'Angleterre,  recueillant  partout,  sur  leur  passage, 
des  documents  précieux  qu'ils  mettent  en  nnivre  aujourd'hui. 

C'est  aussi  une  association,  celle  de  M.  Wilhelm  Cremer,  né 
le  2o  décembre  1845,  à  Coloe;no.  et  de  M.  Richard  Wolfenstein, 


CIIAPITUK  X.  283 

qui  a  produit,  à  la  suite  d'un  concours,  le  bâtiment  de  l'expo- 
sition des  Arts  industriels,  à  Gorlitz,  le  club  de  la  Potsdanier- 
strasse,  à  Berlin,  les  britimcnts  du  Tir  fédéral  inauguré  dairs 
celte  ville  en  1890.  Nous  ne  parlons  pas,  pour  la  raison  indiquée 
plus  haut,  des  constructions  particulières  de  MM.  Cremer  et 
Wolfenstcin;  de  même,  nous  citerons  seulement  de  M.  Johann 
Eduart  Jacobsthal,  né  en  1839,  à  Stargard,  en  Prusse,  élève 
de  Stiilcr  et  professeur  d'architecture  à  l'académie  de  Berlin, 
la  banque  de  l'Empire,  à  Breslau  (I87."i),  le  palais  de  justice  de 
la  même  ville  (187.Ï-I877),  et  la  gare  de  Metz  (1874-1878);  de 
M.  Schulz,  de  Posen,  l'école  des  arts  et  métiers  de  cette  der- 
nière ville,  dont  la  fondation  avait  été  décidée  depuis  1838,  mais 
qui  n'a  été  élevée  qu'en  1806,  grâce  encore  à  la  générosité  du 
député  M.  Berger,  qui  a  fait  les  frais  de  cette  construction, 
souvenir  des  palais  de  la  Renaissance  italienne. 


(IIAPITHK  XI 


Pendant  louLe  la  première  moitié  du  xix°  siècle  on  n'élève,  en  Suisse,  ni  édillccs 
relieieux,  ni  éJilices  civils.  —  Un  mouvement  architectural  très  marqué  s'est 
produit  vers  18o0  et  ne  s'est  pas  arrêté  depuis. — Création  du  Pohjlechiiikum  de 
Zurich.  —  Les  architectes  suisses,  dans  leurs  conceptions  architecturales,  em- 
pruntent encore  les  idées  des  écoles  française  ou  allemande  dont  ils  ont  adopté 
l'enseignement,  suivant  qu'ils  sont  originaires  de  cantons  voisins  de  la  France 
ou  voisins  de  l'Allemaf'ne. 


Le  sol  de  laSui:?so,  formé  en  grande  partie  par  les  Alpes  cen- 
trales, était  resté  presque  isolé  au  centre  de  l'Eiiropc,  et  n'était 
guère  fréquenté,  pendant  les  siècles  précédents,  que  par  les  voya- 
geurs de  commerce  chargés  surtout  d'y  importer  les  produits 
que  la  stérilité  de  cette  région  ne  permettait  pas  de  fpurnir  h 
ses  liabilanls.  Aussi,  jusqu'à  la  Révolution  française,  n'y  voit-on 
guère  s'élever  que  des  églises  et  des  liôpilaux.  De  1798,  époque 
à  laquelle  les  Français,  profilant  de  l'étal  d'insurrection  du  pays 
de  Yaud  contre  Berne,  entrèrent  dans  cette  ville  en  libérateurs, 
jusqu'au  traité  de  Paris  qui  reconnut  la  neutralité  des  Suisses 
et  leur  garantit  l'inviolabilité  de  leur  territoire,  il  ne  put  être 
question  pour  les  cités  principales  de  la  République  helvétique 
de  prendre  part  au  mouvement  archileclural  qui  s'était  déjà  des- 
siné dans  les  pays  voisins,  la  France  et  l'Allemagne.  Les  trou- 
bles qui  accompagnèrent  la  Révolulion  de  1830  eurent  aussi 
leur  contre-coup  en  Suisse  et  ce  n'est  guère  qu'après  la  disso- 
lution, en  1848,  du  Sonderbuml,  ligue  formée,  comme  on  sait, 
par  certains  cantons  contre  les  décisions  de  la  Diète  générale, 
que  la  paix  s'établit  en  Suisse  d'une  façon  définitive. 

La  découverte  des  chemins  de  fer  et  les  travaux  prodigieux 
qui  permirent  de  rendre  accessibles  des  localités  jusqu'alors 
presque  inconnues,  eurent  pour  conséquence  de  donner,  dans 
ces  localités,  une  notable  impulsion  à  la  construction   d'édi- 


CHAPITRK  XI.  285 

lices  répondant  à  des  besoins  nouveaux.  11  en  fut  surtout  ainsi 
en  Suisse.  C'est  alors  que  des  salles  de  réunion  pour  les  délé- 
gjués  des  cantons,  des  musées,  des  écoles  s'élevèrent  à  Genève,  à 
Berne,  à  Bàle,  à  Zurich,  en  même  temps  que  les  étrangers,  sé- 
duils  par  l'aspect  pittoresque  de  la  région,  y  affluèrent  par  le 
nord,  l'est  et  le  midi.  Naturellement,  les  architectes  suisses,  à 
défaut  d'un  enseignement  théorique  et  pratique  qu'ils  ne  pou- 
vaient trouver  chez  eux,  durent  venir  le  demander  aux  maîtres 
des  pays.voisins;  ilen  est  résulté  qu'ilsont  suivi  deux  courants  ab- 
solument différenlsdans  leur  esthétique:  l'architecture  classique 
ou  Renaissance  dans  les  cantons  limitrophes  de  la  France,  l'ar- 
chitecture allemande  et  ogivale  dans  ceux  qui  ont  des  relations 
plus  fréquentes  avec  l'Allemagne.  Nous  devons  ajouter  d'ailleurs 
que  le  Poli/technikum  de  Zurich,  devenu  sous  la  direction  de 
Semper  un  important  établissement  d'enseignement  des  beaux- 
arts  en  général,  a  produit  déjà  des  élèves  remarquables  et  qu'un 
bon  nombre  des  architectes  suisses  de  noire  temps  n'ont  point 
été  chercher  ailleurs  les  connaissances  nécessaires  à  l'exercice 
de  leur  profession. 

Nous  procéderons  à  l'énumération,  par  canton,  des  édifices 
publics  élevés  en  Suisse  pendant  le  xix"  siècle,  en  commençant 
par  le  canton  de  Berne,  chef-lieu  de  la  Confédération  helvétique. 

De  1824,  époque  à  laquelle  futélevé,  par  l'architecte  Schenk, 
le  pavillon  qui  remplaça  la  barrière  d'Aarberg,  dile  aussi 
Porte  de  Golatienmalt,  jusqu'au  jour  où  on  décida  de  moder- 
niser la  vieille  ville  de  Berne,  vers  18o0,  nous  ne  rencontrons 
aucun  édifice  qui  mérite  d'être  signalé,  si  ce  n'est  l'ancien  palais 
fédéral  iBundesnithaus),  qui  fut  élevé,  de  18o2  à  18o4,  par  l'ar- 
chitecte Studer.  Nous  ne  connaissons  d'ailleurs  que  la  date  de 
la  mort  de  cet  artiste,  arrivée  en  1860. 

Celui  du  nouveau  palais  fédéral  faisant  face  à  l'ancien  et  lais- 
sant entre  les  deux  une  place  pour  le  palais  projeté  des  Chambres 
suisses  est  le  professeur  Auer  qui  l'a  achevé  tout  récemment  et 
doit  prochainement  commencer  l'édifice  dont  on  lui  a  confié  la 
construction.  Le  palais  fédéral  est  une  construction  classique 
précédée  d'un  square  orné  d'une  fontaine  au-dessus  de  laquelle 
se  dresse  une  statue  représentant  la  ville  de  Berne  ;  il  se  com- 
pose d'un  avant  corps  de  trois  élages,  dont  le  rez-de-chaussée 
présente  cinq  arcades.  Il  est  (lan(jué  de  deux  bâtiments  fort  sim- 


286  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES.     - 

pies  et  terminés  par  deux  ailes  percées  de  nombreuses  ouvertures. 

Un  architecte  bernois,  Albert  Jahn,  né  le  16  juin  1841  et 
qui  avait  été  élève  d'Hébler,  était  revenu  dans  son  pays  natal 
pour  y  occuper  la  situation  d'un  directeur  de  compagnie  d'en- 
treprise de  travaux  publics  ;  on  voulut  bien  lui  confier  l'édifica- 
tion du  musée  d'histoire  naturelle  et  de  la  banque  hypothécaire 
du  canton  de  Berne,  mais  Jahn  mourut  peu  après  l'érection  do 
ces  deux  œuvres,  en  juin  1886. 

Ce  fut  un  collaborateur  de  IM.  Garnier^  l'architecte  de  l'Opéra 
de  Paris,  qui  éleva,  en  1876,  le  musée  des  beaux-arts  à  Berne, 
à  la  suite  d'un  concours,  M.  Edouard  Stettler,  né  à  Berne, 
en  1840,  élève  de  l'architecte  franf^ais  Ouestel  et  inspecteur  des 
travaux  de  cette  ville  depuis  1867.  Expert  pour  la  Confédéra- 
tion et  membre  du  jury  international  de  l'Exposition  universelle 
de  1878,  il  fut  ensuite  chargé  de  l'érection  du  gymnase,  à  Berne 
(1879-81),  et  d'un  autre  gymnase  dans  la  même  ville,  dont  les 
travaux  durèrent  de  1882  à  1883.  Depuis  1887,  M.  Stettler  est 
l'architecte  d'une  société  constituée  pour  la  construction  de 
maisons  et  de  villas  dans  le  canton  de  Berne. 

C'est  l'architecte  allemand  Beyer,  nous  l'avons  dit,  qui  exé- 
cuta les  travaux  de  restauration  reconnus  nécessaires  à  la  cathé- 
drale de  Berne,  à  laquelle  on  travaille  encore  en  ce  moment. 
L'architecte  chargé  de  la  restauration  de  la  cathédrale  de 
Lausanne,  après  l'incendie  de  182"i,  travail  terminé  en  1836, 
s'appelait  Perregaux  et  son  travail  consista  dans  le  relève- 
ment de  la  pyramide  surmontant  la  tour  du  côté  droit.  C'est 
tout  ce  que  nous  pouvons  dire  de  lui.  De  Perregaux,  nous 
franchissons  un  espace  de  quarante  années  avant  d'arriver  aux 
travaux  exécutés  par  M.  Benjamin  Recordon,  né  à  Vevey, 
canton  de  Yaud,  en  1845.  l»e  186.)  à  1868,  élève  du  «  polytech- 
nikum  »  de  Zurich,  M.  Uecordon  passa  ensuite  quelques  années 
dans  l'atelier  de  Semper  pour  se  perfectionner  dans  l'étude  de  sa 
profession,  collaborant  aux  œuvres  diverses  du  maître  et  notam- 
ment au  plan  du  nouveau  théâtre  de  Dresde.  Chargé,  à  la  suite 
d'un  concours,  de  la  construction  de  l'école  de  filles  de  Vevey, 
construction  à  laquelle  il  consacra  doux  années^  c'est  également 
à  la  suite  d'un  concours  où  85  projets  avaient  été  présentés, 
qu'il  fut  nommé  l'architecte  du  palais  de  justice  de  Lausanne 
inauguré  en  1886.  M.  Becordon  était,  depuis  1881.  professeur 


CIIAPITRH   \1.  28" 

(rai'chilecliire  à  l'université  de  Lausanne,  cl,  en  1890,  il  était  aj»- 
pelé  par  le  Conseil  fédéral  à  la  chaire  de  construclion  établie 
près  l'école  polytechnique  fédérale.  Il  a  été  lauréat  dans  de 
nombreux  concours  d'architecture  et  membre  du  jury  dans  les 
concours  ouverts  à  Berne,  à  Zurich,  à  Genève,  etc. 

Si  peu  nombreuses  qu'aient  été  les  constructions  de  Genève 
affectées  à  des  services  publics  avant  ces  dernières  années,  nous 
n'en  devons  pas  moins  mentionner  comme  étant  de  notre  siècle 
le  clocher  du  temple  de  Plainpalais,  la  fontaine  de  Beauregard, 
l'ancienne  porte  de  la  Rive  et  la  porte  du  cimetière  de  Plain- 
palais. Ces  divers  travaux  furent  exécutés  par  un  architecte  ge- 
nevois, moins  connu  peut-être  dans  son  pays  natal  qu'en  Amé- 
rique où  il  passa  la  plus  grande  partie  de  son  existence  : 
Jean-Pierre  Guillebaud,  né  le  2  décembre  180.j,  décédé  le 
2  mai  1SN8.  Après  avoir  fait  ses  études  d'arciiiteclure  en  France, 
Guillebaud  avait  longtemps  voyagé  avant  de  rentrer  en  Suisse, 
où  il  a  laissé  aussi  quelques  constructions  particulières,  notam- 
ment les  maisons  de  la  Rive. 

Cela  dit,  nous  commençons  la  nomenclature  des  architectes 
assez  nombreux  qui  ont  doté  d'édifices  publics  la  ville  de  Genève, 
pendant  la  période  contemporaine,  par  un  Français,  M.  Auguste 
Bouvier,  né  à  Villiers-Sainl-l*aul,  élève  de  Le  Normand  et  d'Isa- 
belle, auteur  de  l'hôpital  cantonal  de  Genève,  en  1853,  à  la 
suite  d'un  concours  ouvert  pour  la  construclion  de  cet  édifice. 
(Sans  autres  renseignements.) 

C'est  .M.  Henri  "Vauchez,  Genevois,  qui  est  l'architecte  du 
musée  Ualh,  édifice  orné  d'un  portique  soutenu  par  six  colonnes 
corinthiennes  et  renfermant  trois  salles  éclairées  par  le  haut,  des- 
tinées à  recevoir  des  œuvres  de  sculpture.  .M.  Vauchez  est  éga- 
lement l'architecte  de  la  maison  pénitentiaire  de  Genève  et  avait 
obtenu,  en  1839,  le  second  prix  au  concours  ouvert  par  le  roi  de 
Sardaigne  pour  l'érection  d'une  maison  centrale.  Si  l'architecte 
du  conservatoire  de  musique  de  Genève  fut  un  Français,  Cicéron 
Lesueur,  dont  nous  donnerons  la  biographie  en  temps  et  lieu, 
celui  du  Ihéàlre  est  originaire  de  la  Suisse.  .Mais  M.  Jacques- 
Elisée  Goss,  né  à  Genève,  le  23  avril  1839  et  qui  fut  élève  de  l'ar- 
chitecte Lesoufaché,  à  Paris,  ne  fut  pas  seulement  architecte  du 
théâtre  de  Genève  construit  de  1874  à  1879.  En  1875,  il  élevait 
le  Grand  hôtel  nalional,  quai  du  Léman,  en  187(1,  le  cercle  des 


288  LES   AUGllITEGTES  PAR  LEUltS  OEUVRES. 

Amis  de  rinslruction  comprenant  une  salle  de  spectacle  et  il 
organisait  l'installiilion  du  Crédit  Lyonnais  à  (lenève;  en  1881, 
il  construisait  le  panorama  du  boulevard  de  Plainpalais  el,  en 
1891,  une  fabrique  d'horlogerie;  le  nombre  des  constructions 
particulières  de  Genève  dues  à  M.  Goss  est  considérable. 

Nombreuses  aussi  sont  les  constructions  privées  de  M.  Rever- 
din,  tant  dans  celle  ville  el  aux  environs  qu'en  Italie,  notamment 
à  San  Uemo.  Collaborateur  de  M.  Gouy,  dans  l'exécution  de  l'é- 
cole de  médecine  de  Genève,  M.  Emile  Reverdin  est  né  dans 
celle  ville  le  20  mai  1835  et  fut  élève  de  l'Ecole  des  beaux-arls 
de  Paris,  de  18GG  à  1871. 

M.  Albert  Gouy,  dont  le  nom  vient  d'être  prononcé,  naquit 
en  1842  à  Genève,  el  fut  élève  de  cette  même  école.  Après 
avoir  terminé  ses  études  d'architecture  dans  les  ateliers  de 
Lebas  et  Ginain,  à  Paris,  il  revint  dans  son  pays  natal  qui  lui 
doit,  outre  l'école  de  médecine  de  Genève,  le  Splendide  hôtel  et 
l'église  de  Carouge-Vézennes.  IM.  Gouy  est  aussi  l'arcliitecle  de 
l'Asile  évangélique  d'Aix-les-Bains. 

L'École  des  arts  industriels  et  l'Ecole  de  chimie  de  Genève 
sonl  dues  à  deux  architectes,  M.  Bourrit,  de  Genève,  décédé 
en  1890,  el  Simier,  architecte  à  Zurich,  sur  lesquels  nous  n'a- 
vons pu  nous  procurer  aucun  renseignement  biographique. 

Élève  aussi  de  notre  École  des  beaux-arls,  de  1826  à  1832, 
Louis  Brocher,  né  à  Carouge,  près  Genève,  le  21  août  1808, 
commença  de  sérieuses  éludes  sur  l'architecture  anglaise  dont 
il  s'inspira  lorsqu'il  eut  à  construire  pour  des  sociétés  religieuses 
des  chapelleset  des  lieux  de  prière.  Parmi  ceux-là  sonl  le  tem- 
ple des  Eaux-Vives  avec  son  clocher  penlagonal,  la  chapelle  de 
la  Pelisserie  el  la  salle  delà  Réformalion.  Chargé  en  1842,  à  la 
suite  d'un  concours,  de  transformer  en  un  hôtel  des  postes  le 
marché  couvert  de  Bel-Air,  il  fit  également  les  plans  du  château 
réédifié  de  l'Aile,  à  Vevey.  Architecte  très  considéré  de  sa  clien- 
tèle particulière,  Brocher  est  mort  à  Genève,  le  11  février  1834. 
Né  en  mars  1824,  à  Vevey,  et  lils  d'un  cliarpenlier,  M.  Jean 
Franel  fut  élevé  de  Lefuel,  alors  qu'il  était  l'architecte  des  Tui- 
leries. De  retour  en  Suisse,  vers  18b3,  il  s'y  livra  d'abord  à  l'ar- 
chitecture privée  jusqu'au  jour  où  il  fut  chargé  de  la  construction 
des  gares  du  chemin  de  fer  Ouesl-Suisse.  11  éleva  ensuite  (de  1862 
à  1863)  le  Grand  hôtel  cl  celui  des  Trois-Couronnes  à  Vevey;  puis, 


HANSEN 


CHAPITRE    XI.  289 

de  18G4  à  1860,  l'hôtel  Bcaurivage  et  l'école  de  la  Sure.  Nommé 
en  1868,  au  concours,  arcliilecte  des  bâtiments  de  l'université, 
avec  M.  Gindroz,  il  en  dressa  les  plans  (1867/,  et  Gindroz  se 
chargea  de  l'exécution  (1868-1874).  Il  fui  aussi  l'auteur  du  plan 
de  l'école  de  Grullli  (1871-1873).  Enfin,  en  mai  187.j,  il  obtenait 
au  concours  le  droit  de  doter  Genève  d'une  École  d'horlogerie, 
terminée  en  1876.  Cependant  les  exécuteurs  testamentaires  du 
duc  de  Brunswick,  décédé,  comme  on  sait,  après  avoir  institué 
la  ville  de  Genève  pour  sa  légataire  universelle,  avaient  demandé 
un  projet  de  monument  commémoratif  à  Franel,  qui  s'inspira, 
pour  l'établir,  des  deux  mausolées  de  Vérone,  en  ayant  soin  de 
placer  la  statue  équestre  en  avant  du  monument  et  une  couronne 
au  sommet  de  la  pyramide  ;  mais  l'architecte  dut  céder  aux 
injonctions  qui  lui  furent  faites  de  surmonter  cette  pyramide  de  la 
statue  équestre  du  duc  et  consentit  à  signer  cet  édicule  bizarre 
par  sa  forme  et  ses  proportions.  Elle  est  en  marbre  rouge  de  Vérone 
elles  statues  sont  signées  des  sculpteurs  français  Gain  et  Millet. 
Franel,  qui  remplit,  pendant  longtemps,  les  fonctions  de  pré- 
sident de  la  Société  des  ingénieurs  et  des  architectes  suisses,  fut 
nommé  membre  adjoint  de  l'Institut  de  France  et  mourut  le 
29  décembre  1885,  ayant  dirigé  les  plans,  nous  n'avons  pas  be- 
soin de  le  dire,  de  nombreuses  constructions  particulières. 

Quoique  Jean-Daniel  Blavignac  ait  été  surtout  un  archéo- 
logue plulùt  qu'un  architecte,  la  restauration  qu'il  lit  à  la  cathé- 
drale Saint-Pierre  et  la  construction  de  l'église  du  Sacré-Cœur 
lui  avaient  assuré  une  place  dans  celte  histoire  abrégée  des  archi- 
tectes suisses.  Ajoutons  qu'il  est  né  à  Genève  le  16  mai  1817  et 
qu'il  est  mort  h.  Plainpalais  le  21  février  1876;  laissant  plusieurs 
ouvrages  sur  1'  «  Histoire  de  l'architecture  en  Suisse  et  ses  anti- 
quités »,  particulièrement  celles  de  Genève. 

Mais  un  architecte  suisse  dont  la  carrière  est,  pour  ainsi  dire, 
à  peine  commencée  et  qui  cependant  a  déjà  allaclié  son  nom  k 
la  construction  d'édifices  considérables  est  assurément  M.  John 
Camoletti,  né  à  Cartigny,  canton  de  Genève,  le  3  mai  1848. 
Après  d'excellentes  études  commencées  dans  cette  ville  en  1863, 
continuées  à  Marseille  et  terminées  à  Paris,  de  1865  à  1871, 
dans  les  ateliers  de  Lesoufaché  et  Tronquois,  M.  Camoletli  fut 
chargé,  dès  1876,  d'établir,  pour  le  compte  de  la  Confé- 
dération, les  casernes  de  Genève  dont  le  coût  s'éleva  à  environ 

III.  1!» 


290  LES  AUCHITECTES   PAU  LEURS   CEUVUES. 

1,700,000  francs.  C'élail  un  beau  début  auquel  succédèrent  di- 
verses constructions  de  quartiers  tout  entiers  de  1878  à  1883;  il 
fut  ensuite  l'architecte  de  l'Asile  de  la  vieillesse  à  Cinière  (1885), 
du  nouveau  cimetière  de  Genève,  comprenant  porte,  cha-; 
pelle,  etc.  (1883);  travaux  suivis  de  la  création  du  nouveau  parc 
de  Pregny  etd'importantes  restaurations  au  château  de  M.  A.  de 
Rolhscliild  (1889),  d'une  salle  de  concert  pour  le  consul  d'Angle- 
terre à  Genève  et,  enfin,  couronnés  par  la  construction  du  nouvel 
Hôtel  des  postes  de  Genève,  qui  coûtera  environ  1 ,600,000  francs. 
M.  Camolelti,  qui  a  pris  part  à  presque  tous  les  concours  ouverts 
dans  son  pays  pour  l'érection  d'édifices  importants,  a  obtenu  dix 
récompenses,  ce  qui  ne  l'a  pas  empêché  de  suffire  également  à 
une  clientèle  de  choix. 

Si  nous  avons  réservé  ici  une  place  à  un  vieillard  qui  s'est 
surtout  fait  connaître  par  des  constructions  particulières,  M.  Col- 
lart,.c'est  parce  que  c'est  le  maître  le  plus  estimé  de  la  vieille  école 
suisse  et  que,  depuis  1807,  il  est  membre  du  Conseil  d'Etat  (ge- 
nevois) et  chargé  du  déparlement  des  travaux  publics.  .M.  Joseph- 
Paul  CoUart,  né  à  Genève  le  IG  septembre  1810,  après  avoir 
étudié  l'architecture  à  noire  École  des  beaux-arts,  de  1833  à 
1837,  fut  appelé,  en  1847,  à  la  direction  des  travaux  par  la  ville 
de  Genève  et  fit  exécuter  en  cette  qualité  le  quai  du  Mont-Blanc 
sur  la  rive  droite  du  Rhône;  il  était  archilecle,  ta  partir  de  1852, 
(le  plusieurs  édifices  particuliers  à  Genève  et  à  P]vian,  puis  d'une 
école  secondaire  de  filles,  lorsque  lui  fut  confiée  l'élude  du 
programme  imposé  aux  concurrents  à  l'exéculion  des  bàlimenls 
de  l'Université  obtenue,  on  l'a  dit,  par  MM.  Franel  et  Gindroz. 

ANeuchâtel,  toate  la  période  des  vingt-cinq  dernières  années 
est  presque  entièrement  occupée  par  un  seul  architecte  originaire 
de  celte  ville,  M.  Léo  Châtelain,  né  le  12  mai  1839.  Élève  de  l'é- 
cole polytechnique  de  Carlsruhe,  puis  de  la  Dau-Akademie  de  Ber- 
lin, M.  Châtelain  finit  ses  études  dansl'alelier  deCendrié,àParis. 
De  1867  à  1869,  en  collaboration  avec  M.  Sladier,  de  Zurich, 
dont  nous  allons  parler,  il  restaure  la  collégiale  (1)  de  Neuchàlel, 
construit  l'hôtel  de  Chaumont  (1867-68),  la  villa  succursale  de 
l'hospice  de  Pedsarsin  (1867-69),  l'orphelinat  de  Belmont  (1867- 
69),  l'hôpital  de  Pleurin  (1867-69),  la  flèche  du  temple  de  Mô- 

(I)  ViolIet-le-Duc  a  donné  d'utiles  conseils  à  l'arcliilecle  clnugé  de  celle 
restauration. 


CHAPITRE  XI.  291 

(iei's,  une  chapello  avecréfecloire  à  l'insliliit  morave  deMonlmi- 
rail(  1870-71),  puis  ilreslaure  le  cloître  de  la  collégiale  (1873-74), 
consiruit  l'hôpital  de  Cervet  dansle  Val  de  Travers  (1876-79),  et 
une  villa  près  Neuchâtel  (1881-82).  La  même  année,  M.  Châte- 
lain était  chargé  d'édifier,  sur  le  bord  du  lac,  le  Musée  des  beaux- 
arls,  auquel  il  ajouta  deux  ailes  pleines,  terminées  par  deux  pa- 
villons dans  le  style  Louis  XIH,  de  1883  à  1884.  11  est  encore 
l'architecte  de  nombreuses  constructions  particulières,  mais  nous 
ignorons  si  c'est  à  lui  qu'est  due  la  nouvelle  salle  du  Conseil,  h 
Neuchâtel. 

Ferdinand  Stadler,  né  en  1 81 3,  à  Zurich,  mais  élève  de  Huebsch 
et  de  Moller,  à  Darmstadl,  lauréat  de  nombreux  concours,  put 
ainsi  visiter  l'Italie,  l'Espagne  et  même  l'Orient.  Collaborateur 
de  M.  Châtelain,  nous  venons  de  le  dire,  il  donna  le  plan  de 
Sainte-Elisabeth  à  Bâle  et  d'une  église  à  Na/arelh.  Partisan  dé- 
claré du  style  ogival,  il  fut  l'architecte  de  nombreux  édifices  re- 
ligieux élevés  à  Lucerne,  Claris,  Aarau,  etc. ,  et  mourut  à  Zurich 
en  1870.  Nagler  mentionne  un  autre  architecte  suisse,  du  même 
nom,  prénommé  Augustus,  né  à  Zurich  en  1816  et  qui  faisait 
ses  études  d'architecture  à  Munich,  vers  1838.  Médaillé  par  l'a- 
cadémie de  Berlin  en  1840,  Augustus  Stadler  aurait  concouru 
pour  l'éreclion  de  la  nouvelle  Bourse  de  Berlin  dont  Stiiler 
obtint  la  construction,  ainsi  que  nous  l'avons  dit.  C'est  tout  ce 
<jue  nous  savons  sur  cet  architecte. 

Nous  n'en  connaissons  pas  beaucoup  plus  sur  les  travaux  en 
Suisse  d'un  architecte  français,  élève  de  Vaudoyer  et  de  Lebas, 
Pierre-Charles  Dusillon,  qui  prit  part  au  concours  ouvert  pour 
l'érection  de  Sainte-Elisabeth  de  Berne;  nons  savons  seulement 
qu'en  outre  de  ses  travaux  en  France  et  notamment  à  Mulhouse, 
il  a  construit  en  Suisse  plusieurs  châteaux,  entre  autres  celui  de 
la  Schadau  près  du  lac  de  Thun,  où  il  est  mort  vers  1860. 

Zurich  compte  encore  d'autres  architectes  :  Léonhard  Zeug- 
heer,  né  dans  cette  ville  en  1812,  auteur  de  la  nouvelle  école  de 
\Vinlerthur,'de  l'église  de  Neumunster,  de  l'institut  des  aveugles 
et  de  l'institut  des  sourds-muets,  ainsi  que  de  l'hôpilal,  dans  lii 
construclion  duquel  il  eut  pour  collaborateur  Gustave  Weg- 
madz,  un  classique  comme  lui.  Celui-ci,  qui  termina  l'hôpital  et 
l'école  annexe  dont  il  avait  obtenu  l'édification  au  concours  en 
18i2,  élaitné  à  Zurich  en  1812.  D'abord  simple  maçon  au  service 


29-2  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  ŒUVRES. 

de  l'enlrepreneur  qui  constriiisail  le  ministère  des  finances  h 
Carlsruhe  (1831),  il  obtint  son  admission,  à  force  de  persévérance, 
à  l'école  polytechnique  de  celte  ville  et  en  peu  de  temps  devint 
l'élève  le  plus  distingué  de  Iluebsch,  qui  lui  confiait,  en  1834,  la 
construction  de  la  serre  du  jardin  botanique  de  Heidelberg.  Mais 
l'année  suivante,  désirant  compléter  ses  connaissances  architec- 
turales, il  entra  dans  l'atelier  de  Gartner.  Nous  ignorons  les 
autres  œuvres  de  Wegmardz  ainsi  que  la  date  de  sa  mort. 

J.-J.  Breitinger  était  un  contemporain  des  deux  précédents, 
puisqu'il  naquit  en  1814.  Élève  de  Paris  et  de  Berlin,  il  fut  l'ar- 
chitecte de  la  chapelle  du  Dôme,  à  Zurich,  de  l'hôtel  delaBernina, 
à  Samaden,  de  la  banque  de  Lichtensteig,  de  l'église  prolestante 
de  Siebnen,  de  l'école  centrale  de  Zofingue.  Sa  dernière  œuvre 
fut  la  gare  de  Romanshorn  et  il  mourut  à  Weesen  (Suisse)  le 
i;i  mars  1880. 

Henri  Ernst  est  né  à  Neflenbach,  canton  de  Zurich,  le 
1"  avril  1846.  Élève  de  l'école  polytechnique  de  sa  ville  natale, 
il  travailla  avec  Semper  au  plan  et  à  la  construction  du  théâtre 
de  la  Cour  à  Dresde.  Lauréat  avec  Alexandre  Koch,  au  concours 
ouvert  pour  la  construction  de-l'liôpital  des  Enfants-Malades  ri 
Zurich,  dont  le  projet  obtint  la  plus  haute  récompense  à  l'exposi- 
tion de  Philadelphie  en  1878,  collaborateur  encore  de  Koch  dans 
la  construction  de  la  banque  de  Baden  et  de  l'école  Linlh-Escher, 
Ernst  s'est  fait  dans  son  pays  une  certaine  réputation  par  le  nom- 
bre considérable  des  constructions  particulières  qu'il  y  éleya, 
notamment  du  côté  du  lac.  L'hôpital  catholique  de  Zurich,  cons- 
truit en  1874,  eut  pour  archilecte  un  Français,  élève  de  Conslant- 
Dufeux,  M.  Félix  Narjoux,  c'est  tout  ce  que  nous  savons. 

Nous  n'avons  à  signaler  à  Soleure  quedoux  architectes,  suisses 
d'origine:  run,M.Frolicher,  qui  a  construit, en  1833, le  gymnase 
d'enseignement  supérieur,  comprenant  une  bibliothèque  et  un 
musée  d'histoire  naturelle  et  d'archéologie  dont  la  façade  est 
ornée  de  bustes  et  de  statues  dus  à  un  élève  de  Hude,  le  sculpteur 
Ignel  ;  l'autre  M.  Ryehner,  qui  bâtit,  en  1853,  le  collège  des  filles 
(ou  des  Téreaux)oii  viennent  étudier  chaque  jour  sept  à  huit  cents 
élèves  et  oîi  l'enseignement  du  dessin  est  donné  dans  de  vastes 
salles  réservées  sous  les  combles.  Le  collège  des  garçons  (ou  du 
Bas)  comprend  un  laboratoire  et  une  salle  de  gymnastique  très 
complète. 


CHAPITRE  XI.  ^  2'J3 

De  Christophe  Riggenbach,  né  à  Bàlo  en  1810,  nous  n'a- 
vons que  peu  de  choses  à  dire.  Élève  de  MoUor  à  D;irmstadt,  et 
revenu  à  Bàle  après  avoir  parcouru  l'Allemagne,  la  France  et 
l'Italie,  il  se  vit  confier  par  sa  ville  nalale  la  restauration  de  la 
cathédrale  et  de  l'église  Sainle-Élisabeth  et  y  mourut  en  1803. 

J.-J.  Stehlin,  fils  d'un  architecte,  né  à  Bàle  en  1820,  s'est 
pris  d'une  véritable  passion  pour  l'architecture  ;  il  compléta  ses 
études  commencées  chez  son  père,  par  un  séjour  dans  l'atelier  de 
Labrouste  à  Paris,  puis  d'un  aulre  architecte  à  Berlin  et  visita 
successivement  rAUemagne,  l'Angleterre  et  l'Italie.  A  son  re- 
tour à  Btde  en  1850,  on  le  chargea  de  la  construction  de  l'hô- 
tel de  la  poste,  puis,  bientôt  après,  du  palais  de  jusiice,  de  l'hô- 
pilal,  du  théâtre,  de  la  salle  de  musique.  Il  y  éleva  aussi  les 
casernes,  des  écoles,  la  Kitml/ia/le,  la  BernouHkum  et  nombre 
d'habilalions  privées  ;  mais  il  a  abandonné  complètement  l'ar- 
chitecture, en  1880^  à  la  suite  d'un  malheur  de  famille. 

A  l'imitation  des  architecles  anglais  et  américains,  deux 
architecles  de  Bàle,  MM.  Vischer  et  Fueler,  se  sont  associés 
depuis  1872  pour  exécuter  dans  cette  ville  un  certain  nombre 
de  travaux  importants  :  l'école  de  Seevogel  et  l'école  primaire, 
la  chapelle  de  la  Fngelgasse,  la  fondation  Blasi  et  l'hôpital  des 
Femmes.  Ils  ont  également  été  les  architectes  de  la  plupart  des 
maisons  occupées  par  les  employés  du  chemin  de  fer  Central- 
Suisse,  et  on  leur  doit  la  restauration  de  deux  anciennes  abbayes 
de  Bàle:  celle  de  la  Clef  et  celle  des  Forgerons.  M.  Edouard 
Vischer,  né  à  Bàle  le  2!)  septembre  1843,  est  établi  dans  cette 
ville  depuis  1809.  Élève  de  l'école  polytechnique  de  Zurich  et  de 
l'académie  de  Berlin,  il  vint  à  Paris  compléter  ses  études  d'ar- 
chiteclure  dans  l'atelier  de  M.  Coquart  et  de  là  passa  en  Ilalie 
et  en  Grèce,  dont  il  étudia  avec  fruit  les  monuments  anciens. 
M.  Edouard  Fueter  est  né  à  Berne  le  6  février  1845  :  élève 
aussi  de  l'école  polytechnique  de  Zurich  et  à  Berlin,  de 
MM.  Ende  et  Bockmann  ;  il  a  obtenu,  conjointement  avec  son 
associé,  un  premier  prix  au  concours  ouvert  pour  la  construc- 
tion de  l'hôtel  de  ville  de  Saint-Gall  et  un  troisième  prix  lors  du 
concours  ouvert  pour  celle  du  palais  du  Parlement  à  Berlin. 


CHAPITRE   XIl 

Lue  ère  vérilablement  monumentale  s'ouvre,  en  France,  avec  le  second  Empire 
et  se  continue  sous  la  République.  ■ —  Le  nouveau  Louvre,  le  nouvel  Hôtel  de 
"Ville,  les  nouvelles  mairies,  les  nouveaux  hôpitaux,  etc.  Tous  ces  édifices  sont 
le  produit  d'un  éclectisme  ingénieux  et  raisonné,  mais  non  l'expression  d'une 
architecture  nouvelle.  —  Les  architectes  d'édifices  religieux,  à  Paris,  délaissent, 
de  plus  en  plus,  le  style  ogival  et  adoptent,  de  préférence,  les  formes  romanes 
ou  romano-byzanlines.  —  Les  Halles  centrales.  —  Les  Expositions.  —  L'ar- 
chitecture de  fer. 


Avec  le  premier  Empire  s't'lait  accentué,  en  France,  l'abandon 
des  traditions  de  la  Renaissance  italienne  dont  le  génie  de  nos 
grands  architectes  des  xvi°  et  xvif  siècles  avait  opéré  la  trans- 
formation, juste  assez  pour  composer,  avec  les  éléments  italiens, 
une  architecture  vraiment  française.  La  grande  préoccupation 
des  architectes  de  la  période  impériale  avait  été  de  donner  la  vie 
aux  souvenirs  de  l'ancienne  Rome;  aussi,  fut-ce  le  temps  de  la 
Uoraison  à  outrance  des  portiques  à  colonnes  doriques,  ioni- 
ques ou  corinthiennes,  des  frontons  sculptés  et  des  arcs  de 
triomphe.  Les  architectes  de  la  Restauration  se  contentèrent  de 
suivre  l'exemple  de  leurs  prédécesseurs  et,  d'ailleurs,  l'occasion 
leur  fut  rarement  donnée,  pendant  cette  courte  période,  d'élever 
des  édiflces  nouveaux  d'une  certaine  importance. 

La  monarchie  de  Juillet  ayant  procédé  à  une  organisation  nou- 
velle de  la  France  politique,  administrative  et  judiciaire,  il  en 
résulta  pour  Paris  et  les  départements  la  nécessité  de  procéder 
à  une  quanlilé  considérable  de  constructions  nouvehes  et  nous 
avons  essayé  de  présenter  au  lecteur  les  arcbitecles  qui  attachè- 
rent leurs  noms  à  l'édification  des  palais  minisiériels,  des  hôlels 
de  préfecture  et  de  sous-préfecture,  des  mairies,  des  prisons, 
des  palais  de  justice,  des  halles  et  marchés  qui  se  sont  élevés 
sur  le  sol  de  la  France  pendant  le  règne  de  Louis-Pliilippe.  Mais, 
il  nous  faut  le  dire,  obligés  le  plus  souvent  de  répondre  aux 


CHAPITRE  XII.  29a 

exigences  de  programmes  imposés  par  l'autorité,  ces  artistes, 
quel  qu'ail  été,  d'ailleurs,  leur  mérite,  ne  troilvèrent  guère  le 
moyen  de  se  livrer  à  l'essor  de  leur  génie  personnel.  Leur  seul 
souci  dut  cire  de  répondre,  pour  les  distributions  intérieures, 
aux  besoins  eu  vue  desquels  ils  exécutaient  leur  œuvre,  aussi  les 
l'açades  des  édifices  de  cette  période  furent-elles  presque  toutes 
sacrifiées  et  les  éléments  de  leur  composition  presque  toujours 
empruntés  au  style  classique  qui  avait  été  légué  au  gouverne- 
ment de  Juillet  par  la  Restauration,  comme  la  Restauration  elle- 
même  l'avait  reçu  du  gouvernement  impérial. 

L'arcliiteclure  des  édifices  religieux  de  ces  trois  époques;  Em- 
pire, Restauration  et  gouvernement  de  Juillet,  flotta  enirc  des 
styles  divers.  «Au  commencement  du  siècle,  dit  .M.  Planât  (1), 
ce  ne  furent  que  temples  et  basiliques,  copiés  sur  les  modèles  de 
l'antiquité  ou  des  premiers  âges  chrétiens.  La  ferveur  roman- 
tique nous  valut  nombre  d'édifices  élevés  dans  le  goût  go- 
thique, copies  maladroites  à  l'origine,  mais  qui  devinrent  plus 
correctes  avec  le  progrès  des  études  archéologiques.  Le  style 
gothique  opposait  malheureusement  les  plus  graves  obstacles 
à  l'architecte  moderne  qu'on  chargeait  d'élever  un  édifice 
religieux.  Si  la  copie  était  fidèle,  authentique,  le  pastiche  était 
correct,  mais  restait  un  pastiche  sans  grand  intérêt.  Que  l'ar- 
chitecte voulût,  au  contraire,  échapper  à  la  scrupuleuse  ob- 
servance des  modèles  du  temps,  faire  œuvre  personnnelle,  il 
était  inévitable  que  ses  essais  d'innovation  passeraient  pour  des 
incorrections  archéologiques.  »  M.  Planât  continue  en  rappelant 
le  rôle  important  de  la  sculpture  dans  l'architecture  des  basili- 
ques du  moyen  âge  et  il  conclut  en  disant  :  «  Aussi  toutes  les 
tentatives  de  reproductions  gothiques  dans  l'arcbitecture  reli- 
gieuse moderne  et  quelle  que  soit  la  conscience  qu'on  y  ait  ap- 
portée, n'ont-elles  produit  qu'une  impression  de  froideur,  de 
pauvreté  désespérantes.  Les  lignes,  les  profils,  les  proportions 
peuvent  être  fidèlement  observés  et  reproduits,  le  pastiche  peut 
être  exact,  mais  le  charme  est  toujours  absent.  " 

A  cette  période  assez  terne  pendant  laquelle  les  arcbilectes, 
tant  en  France  qu'à  l'étranger,  créèrent  néanmoins  un  très 
grand  nombre  d'œuvres  utiles,  succéda,  chez  presque  tous  les 

(Ij  Encyrhpédie  de  la'chifedure  et  de  la  consiruction,  \'ol.  l",  fuse.  2,  page  '612. 


SOI»  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS  OEUVRES. 

peuples  de  l'Europe,  à  des  dates  différenlos,  il  est  vrai,  une  ère 
plus  brillante  et',  pour  ainsi  dire,  monumentale.  En  Angleterre, 
elle  ne  fut  pas  do  longue  dur(5c  :  commencée  avec  Cli.  Barry, 
elle  se  termina  presque  avec  lui,  quoiqu'on  ait  pu  prétendre 
qu'il  est  le  chef  de  l'école  éclectique  à  laquelle  tous  les  architectes 
anglais  d'aujourd'hui  se  vantent  d'appartenir.  El,  à  ce  propos,  on 
a  dû  remarquer  que  si  la  dernière  moitié  de  notre  siècle  a  vu 
naître,  en  Angleterre,  de  rares  édifices  civils  destinés  presque  à 
un  usage  public,  en  échange  l'architecture  religieuse,  soutenue 
par  le  particularisme  propre  au  caractère  anglais,  y  est  repré- 
sentée par  un  nombre  considérable  d'églises  ou  de  chapelles  dont 
les  auteurs  ont  manifesté  leurs  tendances  éclectiques,  parfois 
jusqu'au  ridicule,  et  que,  dans  celles-ci  comme  dans  ceux-là,  il 
est  inutile  de  chercher  la  trace  absente  d'une  œuvre  de  génie. 

En  Autriche,  la  période  monumentale  date,  nous  l'avons  vu, 
de  1873,  époque  à  laquelle  seulement  commença  l'exécution  de 
tous  les  édifices  publics  qui  devaient  orner  la  Ringstrasse,  à 
Vienne,  la  période  précédente,  de  1 857  à  \  873,  ayant  été  presque 
entièrement  abandonnée  à  la  spéculation  immobilière  qui 
aboutit  au  krach  formidable  de  1873.  C'est,  en  effet,  dans  l'inter- 
valle de  temps  écoulé  depuis  cette  année  jusqu'à  nos  jours,  que 
Vienne  a  vu  s'élever  l'Église  volive,  le  nouvel  Hôtel  de  Ville,  le 
palais  du  Parlement  Cisleithanien,  le  palais  de  l'Université,  la 
Bourse,  le  Burgtheater,  etc.  C'est  à  partir  de  1870  seulement  que 
l'Allemagne  du  Nord,  jusque-la  presque  pauvre,  vit  affluer  dans 
les  coffi'es  de  ses  gouvernanis  les  milliards  de  la  France,  par  un 
de  ces  coups  de  fortune  qui  n'arrivent  pas  deux  fois  dans  la  vie 
d'un  peuple.  Ces  richesses  inattendues  permirent  de  renouveler 
un  certain  nombre  d'édifices  publics  qui,  certes,  n'étaient  plus  en 
rapport  avec  les  visées  orgueilleuses  de  l'Empire  allemand  de- 
venu, pour  un  temps,  l'arbitre  des  destinées  de  l'Europe.  L'église 
Saint-Thomas  de  Berlin,  la  nouvelle  Monnaie,  le  palais  du  Par- 
lement et  Iiors  de  Berlin  la  synagogue  de  Munich,  le  casino  des 
libraires  à  Leipsig,  etc.,  donnent  la  mesure  du  génie  des  archi- 
tectes allemands  depuis  la  date  sus-indiquée  jusqu'au  jour  où 
nous  écrivons  ces  lignes. 

C'est  à  l'avènement  du  second  Empire  que  l'architecture  prit, 
en  France,  un  nouvel  essor.  La  simplicité  des  façades  élevées 
sous  la  Restauration  et  le  gouvernement  de  Juillet  ne  pouvait 


CHAPITRE  XII.  29T 

convenir  h  un  gouvernemenl  qui  voulait  vivre  surtout  de  mani- 
l'eslations  extérieures.  Aussi  tous  les  édifices  publics  ou  privés 
de  la  période  impériale  sont-ils  surchargés  d'une  ornementation 
Tort  riche,  souvent  exagérée  et  de  mauvais  goût.  Il  est  vrai  de 
dire  que  l'architecture  française  chei'chait  sa  voie  (qu'elle  n'a 
pas  encore  trouvée)  et  les  créations  architecturales  jusqu'à  la  fin 
du  siècle  ne  seroni,  probablement,  que  ce  qu'elles  sont  aujour- 
d'hui, des  composés  de  tous  les  membres  des  architectures  pré- 
cédeutes  sans  dislinction  d'origine.  On  a  trouvé  un  mot  pour 
baptiser  l'école  ofi  l'on  enseigne  la  pratique  de  ce  mélange  quelque 
peu  élrange  au  premier  abord  ;  on  l'a  appelée  l'éco/e  éclectique.  Au 
demeurant,  de  grandes  œuvres  ont  été  exécutées  qui  font  honneur 
aux  artistes  qui  les  ont  conçues  :  le  Louvre,  les  églises  de  la  Tri- 
nité, delà  Croix,  de  Saint-Ambroise,  de  Saint-François-Xavier, 
de  Saiut-Augusiin,  le  Palais  de  Justice,  la  Sorbonne,  l'Opéra, 
et  plusieurs  théâtres,  l'Hôtel  de  Ville,  des  musées,  etc.,  h  Paris; 
la  cathédrale  et  le  Palais  de  Longchamp,  à  Marseille,  etc.  Mais 
il  faut  dire  aussi  qu'un  élément  nouveau  est  venu  s'ajouter  aux 
matériaux  qui  étaient  entrés  jusque-hà  dans  la  construction  de 
nos  grands  édifices  :  le  fer  qui  permet  aujourd'hui  de  couvrir 
des  espaces  énormes  saus  point  d'appui  iutermédiaire.  Utilisé 
dans  l'édification  de  la  coupole  de  la  Halle  au  blé,  puis  dans  celle 
de  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève  et  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, le  fer  devient  le  principal  élément  de  la  construction  des 
Halles  centrales,  de  l'église  Saint-Augusliu,  de  l'église  Saint- 
Eugène  et  plus  récemment  des  bâtiments  destinés  aux  exposi- 
I  ions  universelles  de  1878  et  de  1889.  Si,  des  édifices  publics,  nous 
descendions  aux  coustruclions  privées  et  à  l'architecture  domes- 
tique, nous  nous  trouverions  en  face  d'une  transformation  com- 
plète de  l'ancien  programme  :  la  maison  à  loyer  où  chaque 
étage  présente  un  ou  plusieurs  logements  complets  va  succéder 
à  l'ancien  hôtel  où  une  seule  famille  pouvait  vivre  à  l'aise.  Mais 
restant  fidèle  à  notre  programme,  nous  négligerons  ce  côlé,  fort 
important  d'ailleurs,  de  l'architeclure  contemporaine,  pour  nous 
en  tenir  à  l'énnmération  des  édifices  publics  élevés  en  France 
depuis  l'avènement  du  second  Empire  ainsi  que  de  leurs  au- 
teurs. Nous  adopterons,  comme  au  chapitre  I"  de  ce  troisième 
volume,  la  division  entre  Paris  et  les  départements,  avertis- 
sant le   lecteur    qu'il  roirouvora   plus  d'une   fois    dans    noire 


298  LES   ARCIIITKCTKS   PAR   LEIRS   ŒUVRES. 

seconde  partie,  des  noms  d'archilccles  déjà  connus  de  lui. 
Le  grand  souci  des  rois  Louis  XVllI  et  Louis-Pliilippe  avait 
été  la  réunion  du  Louvre  aux  Tuileries.  C'est  qu'en  effet,  le  vaste 
espace  (occupé  aujourd'hui  par  la  cour  du  Carrousel  et  un  square 
entouré  de  grilles)  qui  séparait  le  château  des  Tuileries  des  bâti- 
ments entourant  la  cour  du  Louvre  était  resté,  sous  leur  règne,  un 
immonde  cloaque  au  milieu  duquel  se  dressaient  des  échafaudages 
tombant  en  pourriture  et  un  embryon  de  constructions  depuis 
longtemps  abandonnées.  Auparavant  déjà,  en  1802,  Napoléon 
avait  songé  à  cette  réunion  du  Louvre  aux  Tuileries  et  Fontaine  et 
Percier  lui  avaient  soumis  un  projet  qui,  conformément  à  la  volonlé 
du  souverain,  devait  comprendre  deux  arcs  de  triomphe  «  à  chaque 
extrémité  de  l'espace  du  milieu,  l'un  à  la  Paix,  l'autre  à  la  Gloire  » 
et  ils  en  commencèrent  l'exéculion  j)ar  l'arc  de  triomphe  <>  à 
la  gloire  do  la  grande  armée  »,  celui  qu'on  voit  aujourd'hui 
sur  la  place  du  Carrousel.  En  1808,  on  reprit  le  projet  de  réu- 
nion et  on  discuta  l'opportunité  d'une  galerie  transversale  (faisant 
face  aux  Tuileries)  qui,  élevée  à  la  hauteur  d'un  premier  étage 
seulement,  aurait  été  couverte  en  terrasse.  Mais  il  rencontra  de 
nombreuses  oppositions  à  la  Cour  et  l'empereur  finit  par  dire: 
<i  Ce  qui  est  grand  est  beau  el  je  ne  saurais  me  décider  à  parta- 
ger en  deux  un  espace  dontle  principal  avantageest  la  grandeur.  » 
Le  projet  de  Percier  et  Fonlaine  pour  l'instant  abandonné, 
d'autres  lui  succédèrent,  en  très  grand  nombre  (Voir  chapitre  I" 
de  ce  volume)  pendant  la  Restauration  el  le  gouvernement  de 
Juillet,  mais  il  était  réservé  à  Napoléon  IIl  de  voir  l'achèvement 
de  cet  énorme  travail  dont  trois  souverains  avaient,  avant  lui, 
rêvé  inutilement  l'exécution.  Les  architectes  (car  ils  sont  deux) 
qui  ont  attaché  leur  nom  à  cette  œuvr«^  considérable  sont  Vis- 
contielLefuel.  Louis  Tullius  Joachim  Visconti,  fils  d'un  savant 
archéologue  italien,  Ennio  Quirino,  qui  était  venu  se  réfugier  en 
France  avec  sa  famille  en  1798,  à  lasuile  d'événements  politiques, 
naquit  à  Rome  le  1 1  février  1791.  Naturalisé  Français  en  1799, 
il  entra  dans  l'atelier  de  Percier  d'abord,  puis,  en  1808,  à  l'École 
des  beaux-arts  de  laquelle  il  sorlil  en  1817  après  avoir  rem- 
porté cinq  médailles,  le  prix  départemental  et,  en  1814,1e  second 
grand  prix  d'architecture.  Malgré  ses  excellentes  études,  Visconti 
dut  débuter  dans  la  carrière  qu'il  allait  parcourir  (1820)  par 
les  fonctions  modestes  de  condiicleur  de  Iravaux  à  l'entrepôt 


CHAPITRE  XII.  299 

(les  vins,  alors  on  consiriiclion.  Sous-inspeclcur,  on  1822,  h 
i'ngeiice  des  travaux  du  minislère  des  finances,  il  fui  nommé 
inspecteur,  sous  les  ordres  de  Destiiilleur,  puis  architecte  voyer 
des  troisième  et  huitième  arrondissements  de  Paris.  A  ce 
dernier  titre,  il  éleva,  en  1824,  la  fontaine  du  carrefour  Gaillon. 
Devenu,  en  1823,  architecte  delà  Bihliotlièque  du  roi,  il  fit  de 
la  restauration  et  de  raménagement  de  cet  établissement  un 
des  rêves  de  sa  vie  d'artiste  :  plus  de  vingt-neuf  projets  qu'il 
traça  attestent  sa  persévérance  h  cet  égard.  En  1842,  le  1"  avril, 
on  lui  confiait  la  mission  d'élever  le  mausolée  de  Napoléon  I"  el, 
pour  conserver  au  dôme  des  Invalides  sa  pureté  primitive, 
Visconti  n'hésita  pas  à  placer  le  tombeau  de  l'Empereur,  consis- 
tant en  un  bloc  de  porphyre  de  Finlande,  dans  une  sorte  de 
crypte  mystérieuse.  Visconti  se  trouva  naturellement  désigné  au 
choix  du  prince  Louis-Napoléon,  lorsque,  peu  de  temps  après  le 
coup  d'État,  le  12  mars  1852,  fut  signé  le  décret  qui  ordonnait  la 
réunion  du  Louvre  aux  Tuileries.  Enfermé  dans  un  délai  de 
cinq  années  qu'on  lui  avait  imposé,  il  se  mit  au  travail  avec  tant 
d'ardeur  qu'en  18o3  toutes  les  fondations  étaient  achevées,  les 
consiruclions  faisant  suite  au  vieux  Louvre  élevées  à  la  moitié  de 
leur  hauteur  et  celles  longeant  la  rue  de  Rivoli  jusqu'au  faite,  mais 
Visconti,  accablé  sous  ce  labeur  énorme,  mourut  subitement  le 
27  décembre  1853.  A  ce  moment,  il  était  officier  de  la  Légion 
d'honneur,  membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  depuis  le  mois 
d'août  de  cette  même  anni^  et  président  de  la  Société  centrale 
des  architectes.  Outre  la  fontaine  de  la  place  Gaillon,  on  lui  doit 
aussi  les  fontaines  Molière,  Louvois  et  Saint-Sulpice  sur  les 
places  de  ce  nom,  les  tombeaux  des  maréchaux  Lauriston, 
Gouvion-Saint-Cyr,  Suchel,  Soult,  etc.,  la  maison  de  M"°  Mars, 
rue  de  la  Tour-des-Dames,  l'hôtel  Pontalba,  faubourg  Saint- 
Honoré,  et  beaucoup  d'autres.  Doué  d'un  talent  de  décorateur 
hors  ligne,  il  présida,  à  partir  de  1836,  à  l'organisation  de  toutes 
les  fêtes  publiques  et  c'est  lui  qui  dirigea,  le  la  décembre  18i0, 
tous  les  travaux  de  décoration  nécessités  par  la  rentrée  des 
cendres  de  Napoléon  I". 

Le  successeur  de  Visconti  comme  architecte  du  Louvre  s'ap- 
pelait Martin  Hector  Lefuel  et  était  né  à  Versailles  le  14  dé- 
cembre 1810.  Elève  de  son  père  et  de  Iluyot,  il  fut  admis  à  l'É- 
cole des  beaux-arts  en  1829,  remporta  le  second  prix  d'archi- 


300  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  ŒUVRES. 

lecture  en  1833  et  le  premier  grand  prix  en  1839.  Pendant  son 
séjour  à  Home,  il  s'était  fait  remarquer  par  ses  restaurations  des 
temples  de  la  Piclé,  de  l'Espérance  et  de  Junon  Matuta.  A  son 
retour  à  Paris,  en  1845,  Lefuel  fut  nommé  inspecteur  des  travaux 
de  la  Chambre  des  députés,  en  1848,  arcliitecle  du  château  de 
Meudon,en  1852,  delà  manufacture  de  Sèvres, puis,  en  1853,  en 
remplacement  d'ALel  Blouel,  architecte  du  château  de  Fontai- 
nebleau oi!i  il  construisit  la  salle  de  spectacle  de  l'aile  droite. 
C'est  à  ce  moment  qu'il  fut  chargé  de  la  succession  de  Visconli. 
Celui-ci  avait  cherché  à  raccorder  autant  que  possible  le  style  des 
édifices  nouveaux  avec  les  œuvres  de  Pierre  Lescot,  de  Méte- 
zeau,  de  J.-A.  Gabriel.  Lefuel  eut  l'idée  (heureuse)  de  dissimu- 
ler le  raccordement  du  second  élage  avec  le  comble  de  la  galerie 
du  bord  de  l'eau,  en  respectant,  lorsqu'il  éleva  la  façade  du 
quai,  la  décoration  du  pavillon  qui  conlient  le  grand  salon  carré. 

Le  14  août  1857,  on  procédait  à  l'inauguration  des  deux 
palais  réunis  et  Lefuel  était  récompensé  de  ses  labeurs  par  le  titre 
d'architecte  de  l'Empereur,  d'officier  de  la  Légion  d'honneur 
et  sa  réception  àl'lnstilut.  Mais  l'œuvre  de  Yisconti  et  de  Lefuel 
était  restée  inachevée  dans  la  pensée  de  Napoléon  111  ;  aussi,  de 
1860  à  1870,  Lefuel  a-t-il  construit  entièrement,  sur  ses  dessins, 
la  partie  de  la  galerie  du  bord  de  l'eau  réunissant  le  pavillon 
Lesdiguières  au  pavillon  de  Flore,  reprenant  de  fond  en  comble 
le  pavillon  de  Flore  et  édifiant  la  nouvelle  salle  des  Etats  qui 
fait  saillie  sur  la  place  du  Carrousel  "et  à  laquelle  manque  encore 
un  pendant  à  construire,  le  long  de  la  rue  de  Rivoli.  De  1871  à 
1876  il  reprenait  le  pavillon  de  Marsan  et  la  nouvelle  galerie  de 
jonction  avec  les  arcades  du  pavillon  de  Uohan,  mais  son  œuvre 
architecturale  la  plus  remarquable  est  l'escalier  (avec  le  vestibule) 
de  la  bibliothèque  du  Louvre.  On  doit  aussi  le  tombeau  du  mu- 
sicien Aubert  à  Lefuel  qui  mourut  à  Paris  le  31  décembre  1880, 
commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  membre  de  l'Inslilul  et 
inspecteur  général  des  bâlimenls  civils. 

Pour  compléter  l'historique  du  Louvre  et  des  Tuileries,  pen- 
dant notre  siècle,  nous  rappelons  le  nom  d'un  architecte  d'Amiens 
sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignement  biographique  : 
Firmin  Bourgeois,  qui  fut  inspecteur  des  bâtiments  delà  cou- 
ronne à  Versailles,  à  Saint-Cloud  et  à  Compicgne,  puis  fut  archi- 
tecte au  palais  des  Tuileries  de  18i9  h  18")3  et  lit  excculer,  en 


CHAPITRE   XII.  301 

celle   qualité,  l'orangerie   sur  la   terrasse   du  bord  de  l'eau. 

Nous  avons  donné  l'hislorique  abrégé  de  la  consiruclion  des 
divers  ministères;  nous  la  conlinuons  par  celle  du  ministère  do 
l'agricullure  et  du  commerce  dont  l'arcbitecte  fut,  de  1861  h 
1867,  M.  Antoine  Isidore  Eugène  Godebœuî.  Né  à  Compiègne 
le  31  juillet  1809,  il  fui  élève  de  Blouetet  doLeclerc  etobtiut  le 
second  grand  pri.v:  d'arcliiteclure  eu  1836.  Sous-inspecteur,  puis 
inspecteur,  d'oclobre  1842  au  l"  avril  1852,  des  travaux  du 
Palais  de  Justice,  en  1857,  il  construisait  l'hôtel  de  la  Caisse 
des  dépôts  et  consignations  du  quai  d'Orsay  (1).  De  1860  à 
1861,  nommé  arcbitecte  divisionnaire  de  la  ville  de  Paris, 
il  éleva,  de  1860  h  1865,  les  postes-casernes  des  forlifica- 
tions  et  commençait  on  1861  le  ministère  de  l'agriculture,  rue 
Sainl-Domiuique-Saint-Germain,  ainsi  que  nous  venons  de  le 
dire;  en  1865,  le  marché  de  Passy  et  le  temple  protestant 
de  Grenelle;  en  1866,  des  écoles  h  Auteuil,  de  1868  à  1879,  les 
nouveaux  bâtiments  de  l'École  des  ponts  et  chaussées,  en  même 
temps  qu'il  surveillait  l'exécution  de  la  mairie  du  seizième 
arrondissement.  Le  tombeau  de  Qualremère  de  Quincy,  ainsi 
que  le  château  de  Chamarande,  eurent  également  M.  Gode- 
bœuf  pour  architecte.  Il  est  membre  du  conseil  des  bâtiments 
civils  depuis  1867,  a  reçu  la  médaille  d'or  pour  sa  restauration 
du  Palais  de  Compiègne  et  a  été  décoré  de  la  Légiou  d'honneur 
en  1858. 

La  façade  de  ce  même  ministère  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce sur  la  rue  de  Varennes,  composée  d'un  bâtiment  princi- 
pal à  deux  étages  éclairés  chacun  de  quatre  fenêtres  et  de  deux 
pavillons  eu  saillie  aux  deux  extrémités,  percés  d'une  porte  et 
d'une  fenêtre  à  meneaux,  dans  le  style  Louis  XIII,  eut  pour  ar- 
chitecte M.  Brune. 

L'architecle  de  la  nouvelle  façade  du  ministère  de  la  guerre 
sur  le  boulevard  Saint-tîermain  est  M.  Louis  Jules  Bouchot 
né  à  Paris  le  12  août  1817  et  élève  de  Gisors.  M.  Pouchot  a 
véritablement  remplacé  par  de  nouvelles  consiructions  l'ancien 
dépôt  de  la  guerre,  et  l'hôlel  du  maréchal  Soult  avec  les 
jardins  dont  les  arbres  avaient  été  abattus,  il  y  a  quelques  an- 

(1)  Nous  voyons  par  nos  noies  que  l'édince  incendié  pendant  les  troubles 
de  1871  a  été  reconstruit  par  un  architecte  du  nom  de  Eudes,  sur  lequel  nous 
ne  possédons  aucun  renseignement  biographique. 


302  LHS   AHCHITl'CTHS   1>AR   LEURS   OEUVRES. 

Ji(.''es,  pour  livrer  passage  au  lioulevard  SainL-Genuaiu.  Deriière 
la  grande  et  magistrale  façade  élevée  par  rarcliitecte,  en  bor- 
dure de  ce  boulevard,  se  trouvent  aujourd'bui  les  archives  et  la 
bibliothèque  du  ministère,  ainsi  que  le  dépôt  des  fortifications. 
Composée  d'un  avanl-corps  central  et  de  deux  pavillons  extrêmes, 
celle  façade  a  un  véritable  caractère  d'originalité  dû  à  la  présence 
de  la  (<  tour  de  l'Horloge  »  haute  de  29  mètres,  du  haut  de  laquelle 
on  embrasse  le  magnifique  panorama  de  Paris  et  dans  laquelle 
se  trouve  un  réservoir  contenant  vingl-cinq  mille  litres  d'eau. 
Jean-Baptiste  Marie  Pigny,  né  à  Monllignon,  le  14  fé- 
vrier 1821,  et  mori  le  13  juillet  1881,  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, procéda,  en  sa  qualité  d'architecte  du  ministère  de  l'inté- 
rieur, à  la  translation  d'une  partie  des  bureaux  dans  l'établisse- 
ment de  la  place  Beauvau  et  dirigea  l'assainissement  en  même 
temps  que  la  construction  du  nouveau  quartier  de  la  Jolielte  à 
Marseille;  c'est  tout  ce  que  nous  avons  pu  apprendre  de  lui. 

Après  la  réunion  du  Louvre  aux  Tuileries,  l'édifice  civil  le 
plus  considérable  de  la  période  impériale  fut  assurément  le  Palais 
de  Justice  de  Paris,  comprenant  les  bàlimenls  de  la  Cour  de  Cas- 
sation, et  qui  eut  pour  architecte  Louis  Joseph  Duc,  né  à  Paris  le 
23  octobre  1802.  Élève  de  Chàtillon,  Duc  avait  obtenu,  en  182G, 
le  grand  prix  d'architecture  et  parcouru,  en  compagnie  d'Henri 
LaLrouste  dont  nous  allons  parler,  la  Grande  Grèce  et  la  Sicile. 
A  son  retour  d'Italie,  il  avait  été  nommé  inspecteur  des  travaux 
d'érection  (qui  avait  été  confiée  à  Alavoine)  du  monument  commé- 
moralif  connu  sous  le  nom  de  Colonne  de  Juillet,  et  le  termina 
en  juillet  1840,  mais  en  apportant  au  plan  primitif  d'assez  nom- 
breuses modifications  que  l'on  peut  attribuer  peut-être  à  Lenoir, 
son  collaborateur;  donc  chargé,  après  l'exécution  de  ce  travail,  de 
la  restauration  du  Palais  de  Justice,  avec  Dommey,  ce  n'est,  que 
deux  ans  plus  lard,  après  avoir  modifié  les  plans  demandés  à  Huyot, 
qu'il  put  commencer  ses  travaux.  L'ancienne  cour  des  comptes  fut 
transformée  par  Duc,  en  hôtel  du  préfet  de  police,  puis,  en  1845, 
il  édifiait,  sur  le  boulevard  du  Palais,  la  façade  se  reliant  avec  la 
cour  de  Mai.  Les  bâtiments  des  chambres  de  police  correction- 
nelle étaient  terminés  en  1854  et  un  peu  plus  tard  les  si.v  cham- 
bres du  Tribunal  civil  élevées  au-dessus  des  «  cuisines  de  saint 
Louis  ».  En  même  temps  les  deux  architectes  (Duc  et  Dommey) 
restauraient  le  pignon  de  la  salle  des  Pas  Perdus  construite  par 


CIIAPITIÎE   XH.  303 

Do  Brosse  ^Voir  volume  III  et  l'Iiorloge  de  Germain  Pilon.  Mais 
c'est  de  1857  h  1868  que  furent  exéculés  par  Duc  les  grands  et 
remarquables  travaux  de  la  monumentale  façade  du  Palais  sur  la 
place  Daupliine,son  escalier,  le  grand  vestibule  et  les  salles  nou- 
velles des  assises.  De  1861  ù  1872,  Duc  termina  celle  de  la  Cour 
de  Cassation  située  sur  le  quai  de  l'Horloge  entre  la  rue  Bonbec 
et  la  rue  de  Harlay  qui  avait  élé  commencée  par  l'arcliilecle 
Louis  Lenormant,  puis  il  relia  entre  elles  par  un  bâtiment  plus 
en  rapport  avec  leur  style  les  tours  d'Argent  et  Bonbec.  Enlin,en 
1866,  il  avait  reconslruil,  en  la  modifiant,  la  galerie  Saint-Louis. 
La  supériorité  incontestée  de  cette  grande  œuvre  valut  h  son 
auteur  le  prix  de  100  000  francs  fondé  par  l'empereur  Na- 
poléon III,  mais  il  en  consacra  généreusement  une  partie  à  la 
fondation  d'un  prix  destine  à  encourager  les  études  architecloni- 
ques.  Après  l'incendie  de  1871,  Duc  fut  cliargé  de  la  restauration 
très  sérieuse  qui  s'imposait  et  quia  élé  continuée  après  sa  mort 
par  M.  Daumet.  La  façade  du  lycée  Condorcet  sur  la  rue  du 
Havre,  le  lycée  de  Vanves  et  le  tombeau  de  l'architecte  Duban 
sont  également  des  œuvres  de  Duc.  Chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur depuis  1840,  commandeur  de  l'ordre  en  1870,  nommé 
membre  de  rinslilut  le  l.j  octobre  1876,  Duc  est  mort  à  Paris,  le 
29  janvier  1879. 

Soncollajjoraleur  au  Palais  de  Justice,  mort  lui-même  en  1876, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  Etienne  Théodore  Dommey, 
était  né  k  Altona  (Danemark),  le  22  mars  1801,  de  parents  fran- 
çais. D'abord  élève  de  Semper,  puis  de  notre  École  des 
beaux-arts,  il  obtint  un  troisième  grand  prix  en  1820  et  fut, 
conjoinlemenl  avec  Heuzey  de  l'École  d'Athènes,  cliargé  de 
diriger  les  fouilles  faites  en  Thessalie  pour  le  compte  du  gouver- 
nement français.  C'est  en  18iO  qu'il  fut  adjoint  à  Duc  dans  la 
restauration  et  l'achèvement  du  Palais  de  Justice  de  Paris  et, 
quoi  qu'il  ait  été  son  zélé  collaborateur,  il  ne  fut  point  son  suc- 
cesseur après  1871.  Ce  fut  M.  Daumet,  né  à  Paris  le  3  octobre  1826, 
d'ailleurs  premier  prix  de  Rome  en  1835  et  qui  s'ctail  fait  con- 
naître par  ses  restaurations  du  Parlhénon  et  de  l'Acropole 
d'Athènes.  M.  Jean  Jérôme  Honoré  Daumet,  nommé  inspec- 
teur, en  1823,  des  travaux  de  l'église  Notre-Dame  de  Lorette, 
a  été  l'archilecle,  au  concours,  ilu  Palais  de  Justice  do  Lille,  en 
1827,  et  des  abattoirs  de  Bouen. 


304  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVRES. 

Moins  heureux  que  les  précédents,  Jacques  Martin  Tétaz, 
né  à  Paris  le  6  mars  1818,  élève  de  lluyol  et  Lebas  et  premier 
rand  prix  en  1843,  auteur  de  différents  projets  remarquables, 
dut  se  contenter,  jusqu'à  sa  mort  arrivée  à  Hueil  le  IG  octobre 
1865,  de  construire  sur  le  quai  d'Orsay,  à  Paris,  les  écuries  de 
rempereur.  Il  avait  pourtant  envoyé,  outre  ses  éludes  de  Rome, 
de  nombreux  projets  dont  quelques-uns  promettaient  un  artiste 
de  génie. 

La  construction  du  Palais  de  la  Légion  d'honnneur,  aprîis  les 
désastres  de  1870-71 ,  fut  confiée,  en  1872,  à  un  architecte  sexagé- 
naire qui  avait  déjà  exécuté  des  travaux  à  ce  palais  trente  ans  au- 
paravant, François  Athanase  Mortier,  né  à  Paris  le  17  fé- 
vrier 1808,  élève  de  Garnaud  et  de  l'Ecole  des  beaux-arts. 
Mortier,  archiiecle  en  second  des  chemins  de  fer  de  Saint-Ger- 
main et  de  Versailles  (rive  droite),  avait  obtenu  au  concours 
avec  Ferrouil  la  construction  du  palais  de  justice  de  Nantes  et 
celle  du  collège  de  Brest.  Admis  à  la  Société  centrale  et  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  il  est  mort  le  2  mars  1891 . 

La  réunion  de  l'hôtel  de  Cluny  aux  Thermes  fut  exécutée  en 
1833;  c'est-à-dire  dans  la  première  période  du  siècle;  mais  l'ar- 
chitecte choisi  pour  accomplir  ce  travail  appartient  vraiment,  par 
les  fonctions  qu'il  a  remplies  jusqu'à  sa  mort  de  secrétaire  perpé- 
luelàl'École  des  beaux-arts,  à  la  seconde  période  de  notre  siècle; 
c'est  Alexandre  Albert  Lenoir,  fils  d'Alexandre  dont  on  a  lu 
plus  haut  la  biographie  et  qui  naquit  à  Paris  le  2  octobre  1801 . 
Élève  de  Debret  et  de  l'École  des  beaux-arts  en  1820,  médaillé 
par  la  section  d'architecture,  il  fit  le  voyage  d'Italie  en  1830  cl 
y  étudia  principalement  les  édifices  grecs  et  byzantins.  Membre 
du  comité  des  monuments  historiques,  décoré  en  mai  18oo, 
membre  de  l'Institut  en  18(39,  Lenoir  est  mort  à  Paris  le  17  fé- 
vrier 1891,  après  avoir  écrit  un  nombre  considérable  de  bro- 
chures intéressantes  dont  l'une  intitulée  «  Études  d'architec- 
ture en  France  »  est  signée  de  lui  et  de  M.  Léon  Vaudoyer. 

La  famille  des  Robaultde  Fleury  a  fourni  plusieurs  architecles, 
dont  le  premier,  prénommé  Hubert,  est  déjà  connu  du  lecteur. 
Celui-ci  avait  laissé  un  fils  :  Charles,  né  à  Paris  le  22  septem- 
bre 1801  et  qui  entra,  en  1820,  à  l'École  polytechnique;  mais 
sa  vocation  le  poussant  vers  l'architecture,  il  acheva  d'abord 
avec  son  père  la  construction  du  passage  du  Saumon.  En  1830, 


K.  A.  HEIDELOFF 


CHAPITRE  XII.  305 

il  élait  nommé  architecte  du  Muséum  d'hisloire  naturelle  de 
Paris  et  élevait,  on  celte  qualité,  plusieurs  édifices  importants, 
notamment  les  grandes  serres  du  Jardin  des  Piaules.  Il  fil  à 
cette  occasion  plusieurs  voyages  en  Angleterre  et  en  Belgique; 
il  y  étudia  les  divers  systèmes  de"  chauffage  et  de  ventilation 
employés  et  l'ensemble  de  ses  études  fut  résumé  par  lui  dans 
plusieurs  articles  qu'il  écrivit  pour  la  «  Revue  générale  de  l'ar- 
chileclure  ».  Architectede  l'ancien  Opéra  jusqu'en  18G1,  deThip- 
podrome  de  M.  Arnaud  (incendié),  de  la  Chamhie  des  notaires 
(1858),  il  mourut  membre  de  l'Institut  des  architectes  ijritan- 
niques  et  officier  de  la  Légion  d'honneur,  le  12  août  187o, 
laissant  un  fils,  M.  Georges  Rohault  de  Fleury,  né  à  Paris  le 
23  décembre  1835,  dont  il  fut  le  professeur.  M.  (Georges  a 
beaucoup  vécu  en  Italie  et,  depuis  le  salon  de  1863,  a  exposé 
de  nombreuses  éludes  sur  l'architeclure  antique,  mais  nous  ne 
connaissons  pas  les  œuvres  architecturales  auxquelles  il  a  pu 
attacher  son  nom. 

M.  Jules  Louis  André,  né  à  Paris  en  1819,  élève  de  Huyot 
et  deLebas,  remporta  en  1843  le  second  grand  prix  et,  en  1847, 
le  premier  grand  prix  d'architecture  sur  un  projet  de  muséum 
d'histoire  naturelle;  aussi  à  sou  retour  d'Italie,  fut-il  nommé 
d'emblée  inspecteur  des  travaux  du  Muséum  d'hisloire  natu- 
relle de  Paris  qui  lui  doit  plusieurs  constructions  supplémen- 
taires; la  nouvelle  galerie  de  zoologie,  la  »  serre  des  palmiers  » 
inaugurée  le  25  juillet  1889  et  la  nouvelle  «  ménagerie  des  rep- 
tiles ».  Inspecteur  des  trav<iux  de  la  Bibliothèque  impériale, 
puis  architecte  diocésain  du  département  de  la  Corse,  profes- 
seur d'architecture  à  l'Ecole  des  beaux-arts  el  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  M.  André  est  membre  de  l'Instilut  depuis 
le  i"'  mars  1884. 

Archilecte  du  musée  ethnographique  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  architecte  de  la  commission  royale  d'Angle- 
terre à  l'Exposilion  universelle  de  1867^  et  du  musée  de  l'art 
rétrospectif  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  M.  Charles 
Auguste  Terrier,  né  à  Bosoy  le  13  mars  1841,  a  également 
construit,  place  d'Iéna,  le  musée  Guimet  inauguré  le  20  novem- 
bre 1889.  Il  est  officier  d'Académie  depuis  1880  et  membre 
de  la  Société  centrale  depuis  cette  époque. 

Les  grands  édifices  destinés  à  l'instruclion  publique  furent 
ni.  20 


306  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

également  l'objet  de  la  sollicilude  du  gouvernemenl  impérial  et 
avant  tous,  il  convient  de  citer  les  deux  plus  importantes  bi- 
bliothèques de  la  capitale  :  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève  et 
la  Bibliothèque  nationale.  L'ancienne  bibliothèque  de  la  place 
du  Panthéon  exigeait  de  nombreux  travaux  qui  furent  imposés  à 
Pierre  François  Henri  Labrouste,  né  à  Paris  le  1 1  mars  1801. 
Élève  de  Vaudoyer  et  de  Lebas,  il  remporta  en  1821  le  second 
grand  prix  et,  en  1824,  le  premier  grand  prix  d'architecture. 
Quand  il  eut  terminé  son  séjour  en  Italie,  il  obtint  la  place 
d'inspecteur  des  travaux  de  l'École  des  beaux-arts  dont  l'arclii- 
lecte  était  alors  Duban  ;  puis,  en  1840,  il  aida  Visconti  dans  la 
décoration,  à  lui  confiée,  de  la  ville  de  Paris  à  l'occasion  des 
funérailles  de  Napoléon  l".  Enfin,  il  fallut  songer  à  réédifier  la 
bibliothèque  Sainte-Geneviève  sur  un  autre  emplacement  et  l'on 
peut  juger,  en  visitant  l'œuvre  d'Henri  Labrouste,  de  l'impor- 
tance du  travail  et  du  grand  talent  de  l'auteur.  A  la  suite  de  la 
bibliothèque  achevée  en  1850,  il  construisit  le  collège  prépara- 
toire Sainte-Barbe  à  Fontenay-aux-Roses  et,  en  1834,  le  grand 
séminaire  de  Rennes;  puis  il  s'occupa  de  la  restauration  de 
l'ancien  palais  Mazarin  devenu  la  Bibliothèque  nationale,  et  de 
l'adjonction  de  nouveaux  bâtiments  à  cet  établissement  (1855- 
1875).  Dans  ce  travail,  il  succédait  àVisconti  et  c'est  alors  qu'il 
conçut  la  grande  salle  de  lecture  inaugurée  le  15  juin  1868. 
Labrouste,  architecte  du  diocèse  de  Rennes,  membre  du  Conseil 
des  bâtiments  civils,  médaillé  à  l'Exposition  universelle  de  1855, 
et  officier  de  la  Légion  d'honneur,  depuis  1852,  était  président 
de  la  Société  centrale  des  architectes,  inspecteur  général  des 
édilices  diocésains,  memhre  des  Académies  de  Londres,  New- 
York,  La  Haye,  Lisbonne  et  Madrid;  il  a  succédé  à  Hitlorff,  comme 
membre  de  l'Institut,  le  23  novembre  18G7  et  est  mort  à  Fon- 
tainebleau le  24  juin  1875,  précédé  par  son  frère  aîné  François 
Marie  Théodore  Labrouste.  Né  à  Paris  le  21  mars  1799,  élève 
de  Lebas  et  de  Vaudoyer,  celui-ci  remporta  en  1827  le  premier 
grand  prix  d'architecture  que  son  frère  avait  obtenu  trois  ans 
auparavant  et  il  envoya  de  Rome  des  études  remarquables, 
notamment  sur  le  temple  de  Yesla  à  Tivoli  et  le  temple  d'Her- 
cule à  Corée.  Le  8  août  1840,  il  construisit  avec  son  frère  Henri 
les  bâtiments  du  collège  Sainte-Barbe  à  Paris.  Il  fut  chai'gé,  en 
1844,  de  quelques  travaux  au  Muséum  d'histoire  naturelle  et  à  la 


CHAPITRE  XII.  307 

Bibliothèque  de  l'Arsenal.  Il  remplaça  Gau  en  1843,  comme  ar- 
chitecte en  chef  des  hôpitaux  et  hospices  de  Paris  et,  en  cette 
qualité,  il  reconstruisit  l'hospice  Dubois,  les  bâtiments  de  l'Assis- 
tance publique,  l'hospice  des  incurables  d'Ivry  avec  Billion, 
l'hospice  dit  <^  des  Ménages  »,  l'hospice  des  «  Villas  »  à  Issy 
et  mourut  dans  les  premiers  jours  de  décembre  1885. 

Le  successeur  de  Henri  Labrouste  dans  les  travaux  de  la 
Biljliothèque  nationale  qui  ne  sont  point  encore  achevés,  fut 
M.  Jean  Louis  Pascal,  né  à  Paris  le  4  juin  1837.  Élève  de 
Queslel  et  entré  à  l'Ecole  des  beaux-arts,  en  1858,  M.  Pascal 
est  premier  grand  prix  d'architecture  de  1866;  mais  la  recons- 
Iruction  des  bâtiments  de  la  Bibliothèque  en  façade  sur  la  rue 
Colbert  ne  l'ont  point  tellement  absorbé  jusqu'ici  qu'il  n'ait  pu 
attacher  son  nom  à  des  édifices  d'une  notable  importance; 
tels  sont:  le  Palais  législatif  élevé  par  lui  à  la  Haye  en  1866,  et 
la  Faculté  mixte  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Bordeaux 
inaugurée  en  1880;  ajoulons-y  la  décoration  de  la  chapelle  de 
la  Vierge  dans  la  cathédrale  de  la  Rochelle,  le  monument  à  la 
mémoire  d'Henri  Regnault,  avec  M.  Coquart,  dans  la  cour  de 
l'École  des  beaux-arts  (1880)^  celui  de  Michelet  (1879),  celui  de 
Rose  Anaïs  à  Fécamp,  et  divers  hôtels  parmi  lesquels  celui  du 
peintre  Bouguereau.  M.  Pascal  est  décoré  depuis  le  15  février 
1880. 

C'est  un  élève  de  H.  Labrouste,  M.  Louis  Ernest  Lheureux, 
né  à  Fontaiaebleau,  qui  a  construit,  en  1885,  la  nouvelle  Ijiblio- 
thèque  de  l'Ecole  de  droit,  c'est  tout  ce  que  nous  avons  pu 
savoir  de  lui. 

Un  des  principes  des  gouvernements  républicains  a  toujours 
été  la  diffusion  parmi  les  masses  de  l'enseignement  à  tous  les 
degrés  et  la  France  républicaine  n'y  a  point  manqué.  Aussi, 
considérable  est  le  nombre  des  lycées,  des  collèges  et  des  écoles 
qu'on  y  a  élevés  depuis  une  vingtaine  d'anaées.  Nous  avons  indi- 
qué les  travaux  effectués  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers 
par  Debret;  les  autres  écoles  spéciales  furent  également.l'objet 
de  la  sollicitude  du  gouvernement. 

En  premier  lieu  l'École  des  beaux-arts  dont  l'agrandissement 
a  été  confié  à  M.  Georges  Ernest  Coquart,  né  à  Paris,  le  9  juin 
\8'M*.  Elève  de  Lebas,  il  remporta  le  deuxième  grand  prix 
en  1853  et  le  premier  grand  prix  en  1858.  Membre  de  l'Institut 


308  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

depuis  le  19  mai  1888  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
M.  Coquart  a  un  alelier  très  suivi  et  est  connu  du  public  par 
le  monument  élevé  aux  généraux  Lecomle  et  Clément  Thomas, 
au  cimetière  de  l'Est. 

L'architecte  de  l'École  des  mines  élevée,  vers  1863,  sur  le  bou- 
levard Saint-Michel,  est  un  minéralogiste  distingué  qui  s'appelle 
M.  Théodore  Henry  Valiez,  né  à  Valenciennes,  le  20  janvier 
1813.  Elève  d'Aubert-Parent,  architecte  de  cette  ville,  et  de 
Lebas  à  Paiis,  il  fut  inspecteur  de  Duban  et  de  Duc,  alors  que 
ce  dernier  construisait  le  ministère  des  travaux  publics,  et  d'Henri 
Labrouste,  lors  de  la  translation  et  de  l'installation  provisoire  de 
la  bibliothèque  Sainte-Geneviève.  M.  Valiez  avait  succédé  à 
Duquesnay  comme  architecte  de  l'École  des  mines  et  fît  long- 
temps partie  de  la  Société  centrale  ;  il  est  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  depuis   1864. 

La  nouvelle  École  de  médecine  en  façade  sur  le  boulevard 
Saint-Germain  et  la  Clinique  d'accouchement,  avenue  de  l'Obser- 
vatoire, furent  construites  vers  1890,  par  M.  Ginain,  que  nous 
retrouverons  comme  architecte  de  l'église  Notre-Dame- des- 
Champs.  Quant  à  l'École  supérieure  de  pharmacie  qui  s'étend  en 
bordure  de  l'avenue  de  l'Observatoire,  elle  a  eu  pour  architecte 
M.  Laisné,  architecte  également  du  lycée  Janson  de  Sailly.  L'École 
de  pharmacie  se  compose  d'un  grand  corps  de  bâtiments  paral- 
lèle à  l'avenue  et  de  deux  ailes  perpendiculaires,  d'une  archi- 
tecture très  sobre  de  décoralion,  comme  il  convient  à  un  éta- 
blissement d'enseignement.  Nous  donnerons  la  biographie  de 
M.  Laisné  lorsque  nous  ferons  l'historique  des  édifices  religieux 
élevés  à  Paris  de  notre  temps. 

Le  collège  municipal  Chaptal  est  l'œuvre  de  M.  Eugène  Train, 
architecte  aussi  du  lycée  Voltaire,  dont  l'entrée  se  trouve 
avenue  de  la  République,  à  Paris,  et  nous  pouvons  dire  que 
l'architecte  a  introduit  dans  ce  dernier  établissement  scolaire 
un  système  lout  à  fait  nouveau  de  couloirs  éclairés  et  ven- 
tilés qui  facilitent  la  circulation  dans  toutes  ses  parties.  Né  à 
Toul,  élève  de  Lay  et  de  Questel,  il  commença  en  juillet  1869 
le  collège  Chaptal,  dont  l'inauguration  eut  lieu  en  1878.  La 
dépense  totale  de  l'édifice  en  pierre,  brique  et  fer,  auquel 
l'architecte  a  conservé  leur  apparence  naturelle  ainsi  qu'aux 
colonnes,    poutres   et    linteaux,   s'est  élevée   à    la   somme   de 


CHAPITRE  XII.  309 

3,100,000  francs.  Du  reste,  dans  la  construction  du  lycée 
Voltaire,  M.  Train  a  usé  des  mêmes  procédés  qui  lui  onl 
permis  une  décoration  susceptible  de  modifier  heureusement 
l'aspect  généralement  triste  des  édifices  de  cette  nature.  On 
lui  doit  enfin  l'asile  de  la  rue  Portails  et  le  dessin  d'un  autel 
en  orfèvrerie  qui  se  voit  dans  l'église  Saint-Augustin. 

Le  collège  municipal  Rollin  fut  commencé  également  en  1869, 
mais  les  travaux  interrompus  pendant  la  guerre  ne  furent  repris 
qu'en  1871  et  l'édifice  fut  inauguré  en  1879.  Il  eut  pour  archi- 
tecte Napoléon  Alexandre  Roger,  né  à  Paris  le  5  mars  1806, 
élève  de  llurtault  et  Moulier,  médaillé  de  l'Ecole  des  beaux-aris, 
architecte  de  la  Ville  de  Paris  de  1833  à  1872.  Roger  fut  médaillé 
aux  expositions  internationales  de  Vienne  et  de  Paris  et  est  mort , 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  le  21  décembre  1883. 

Le  dépôt  des  phares  et  celui  de  l'Ecole  des  ponts  et  chaussées, 
avenue  d'iéna,  furent  construits,  vers  1851  ,par  Alphonse  Joseph 
Hugé,  né  à  Paris,  le  7  juin  1820.  Membre  du  Conseil  d'archi- 
tecture, membre  de  la  Société  centrale  et  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  Hugé  est  mort  en  1887. 

M.  A.  de  Baudot,  déjà  connu  par  la  construction  de  l'église 
de  Ramijouillet,  commencée  (dans  le  style  ogival),  le  14  avril 
1808,  et  de  l'église  de  Privas  en  1879,  de  la  Rochemeller  (Nièvre), 
de  Sambin  (Loir-et-Cher),  de  Saint-Flovier  (Indre-el-Loire),  et  de 
la  flèche  de  la  cathédrale,  à  Clermont-Ferrand,  a  donné  les  plans 
du  lycée  Lakanal  à  Sceaux  et  du  lycée  de  Tulle  (Corrèze).  Il  a 
restauré  le  château  de  Blois,  la  chapelle  de  ViHcennes,  la  cathé- 
drale du  Puy,  l'église  Saint-Laumer,  les  bains  et  la  fontaine  de 
Louis  XIII  à  Blois,  les  églises  de  Brèves,  d'Aubozine,  de  Beau- 
lieu,  d'Arnac-Pompadour  (Corrèze)  et  de  PreuUy  (Indre-et- 
Loire),  etc.,  etc.  M.  de  Baudot  est  architecte  du  gouvernement, 
inspecteur  général  des  travaux  diocésains,  membre  de  la  Com- 
mission des  monuments  historiques  et  de  celle  des  lycées  et  col- 
lèges. Professeur  du  cours  d'architecture  ouvert  au  Trocadéro 
depuis  six  ans,  M.  de  Baudot  a  donné  plusieurs  articles  à  la 
(i  Gazette  »  et  à  «  l'Encyclopédie  de  l'architecluro  i. 

M.  Paul  Emile  Goût,  né  à  Paris,  le  1"  mars  1852,  directeur 
de  celle  pul)licalion  et  des  parties  qui  s'y  rattachent,  critique 
d'art  distingué,  a  construit,  en  1889,  le  lycée  Racine,  rue  du 
Rocher,  remarquable  par  l'emploi  du  fer  qu'y  a  introduit  l'ar- 


^10  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

chitecte.  Nous  retrouverons  M.  Paul  Goût,  architecte  diocésain, 
à  l'occasion  de  ses  nombreux  travaux  à  Soissons,  en  Bretagne, 
dans  le  Lot,  etc. 

M.  Emile  Vaudremer  dont  nous  aurons  également  occasion 
de  reparler,  lorsque  nous  présenterons  au  lecteur  les  édifices  re- 
ligieux élevés  à  Paris  pendant  cette  seconde  période,  fut  l'architecte 
de  deuxlycées  déjeunes  filles;  du  lycée  Buffon,  rue  du  Banelagh 
—  et  du  lycée  Molière,  puis  d'un  lycée  à  Montauban,  fondé  sur 
les  mêmes  principes  que  ceux  construits  par  lui  à  Paris. 

L"Ecole  professionnelle  des  aveugles,  à  Paris,  fut  construite 
par  M.  Paul  Blondel,  né  à  Paris,  le  6  janvier  1847,  grand  prix 
de  Rome  de  1876;  il  a  déjà  exécuté  de  nombreux  travaux  à 
Mulhouse;  un  dispensaire,  deux  hôtels,  le  diaconat,  la  bibliothè- 
que —  la  Caisse  d'épargne  de  Mayenne  et  un  dispensaire  à  Paris. 
M.  Blondel,  officier  d'Académie  et  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  décoré  de  l'ordre  de  Charles  111  d'Espagne,  pro- 
fesseur d'architecture  et  ancien  auditeur  au  Conseil  des  bâti- 
ments civils,  fait  partie  de  la  Société  centrale  depuis  1884. 

Parmi  les  architectes  des  nombreuses  écoles  communales 
ou  municipales  de  Paris,  nous  citerons  Sulpice  Alexandre 
Eugène  Chat,  décédé  le  19  décembre  1879,  à  rage  de  soixante 
et  un  ans,  qui  a  restauré  et  agrandi  en  1869,  au  moyen  de 
constructions  nouvelles  en  façade  sur  la  rue  Turbigo,  l'école 
municipale  Turgot  construite  primitivement  rue  du  Vert-Bois  et 
achevé  la  mairie  du  IIP  arrondissemenl. 

René  Demimurd,  entré  à  l'École  centrale  des  arts  et  manu- 
factures en  18.00  et  sorti  de  cette  école  en  18.58,  embrassa 
ensuite  la  profession  d'architecte  et  devint  élève  de  l'Ecole  des 
beaux-arts.  Architecte  de  la  nouvelle  Ecole  centrale  (couvrant 
toute  la  surface  de  l'ancien  marché  Saint-Martin),  de  la  Société 
des  ingénieurs  civils,  cité  Rougemont  et  de  l'école  municipale 
rue  d'Argenleuil,  il  est  mort  subitement  à  Paris,  le  7  janvier 
1881,  laissantà  un  ancien  élève,  comme  lui,  de  l'École  centrale, 
M.  Denfer,  le  soin  d'exéculer  (en  deux  années)  le  projet  de 
reconstruction  de  cet  établissement.  Citons  encore  :  M.  Hédin, 
auquel  on  doit  le  groupe  scolaire  de  la  rue  Barbanègre  (1875); 
M.  Louis  Pierre  Hérard,  né  à  Vaugirard,  le  21  janvier  1815, 
auquel  on  doit  l'établissement  scolaire  du  boulevard  des  Aman- 
diers, inauguré  en  1867;  M.  C.-G.  Huillard,  né  à  Paris,  élève 


CHAPITRE  XII.  311 

de  Baltard,  auteur  du  groupe  scolaire  de  la  rne  aux  Ours  et  de  la 
nouvelle  salle  des  mariaj^es  dans  la  mairie  tlu  deuxième  arron- 
dissement, rue  de  la  Banque  (1878);  M.  Antoine  Léon  Léthorel, 
né  à  Paris,  le  23  décembre  1842,  connu  déjà  par  plusieurs 
tombeaux  au  cimetière  de  l'Est,  qui  construisit  le  groupe  scolaire 
d'Aubervilliers  (1879);  Auguste  Edouard  Villain,  né  à  Paris,  le 
21  janvier  1829,  mortle  19  août  1876,  élève  de  Gilberlaînéet  Viel, 
qui  avait  obtenu  le  second  grand  prix  en  18.")0;  il  est  l'auteur  de 
l'école  municipale  Colbert,  rue  de  Chàleau-Landon  en  1868, 
de  la  salle  du  catéchisme  et  de  la  nouvelle  cba|icile  de  la 
Vierge  à  Sainl-Yincent-de-Paul;  M.  Paul  Amédée  Vibert,  ar- 
chitecte, eu  1874,  de  l'école  du  boulevard  Péreire  ;  Louis 
Achille  Lucas,  chargé  de  la  construction  du  groupe  scolaire  de 
la  rue  de  Tolbiac,  alors  qu'il  était  déjà  architecte  honoraire  de 
la  ville  de  Paris.  En  effet,  Lucas,  né  le  12  février  181 1,  à  Paris, 
après  avoir  étudié  l'archileclure  à  TEcole  des  beaux-arts,  sous 
la  direction  de  Guénepin,  entra,  en  1833,  dans  le  service  des 
travaux  de  la  préfecture  du  département  de  la  Seine  et  fut 
nommé,  en  1866,  architecte  du  dix-huitième  arrondissement. 
Inspecteur  pendant  sa  longue  carrière,  de  la  plupart  des  Ira- 
vaux  exécutés  de  sou  temps,  Achille  Lucas  fut  chargé,  de  1856 
à  1881 ,  d'installer  les  services  postaux  dans  les  principales  gares 
de  Erance;  membre  de  la  Société  centrale  des  architectes,  il 
reçut  d'elle,  en  1881,  la  médaille  d'or  et  mourut  à  Paris,  le 
2  mars  1889. 

La  vieille  Sorbonne,  avec  ses  bâtiments  délabrés,  faisait  tache, 
on  le  comprend,  au  milieu  de  tous  ces  établissements  neufs  ou 
remis  à  neuf  qui  dépendaient  du  ministère  de  l'instruction  pu- 
blique. Aussi,  songea-t-on,  en  1884,  à  utiliser  l'emplacement 
destiné  depuis  longtemps  à  notre  premier  édifice  scolaire  et  on 
chargea  de  la  construction,  à  la  suite  d'un  concours,  un  jeune 
architecte  né  à  Paris  le  27  mai  1 833,  M.  Henri  Paul  Nénot.  11  est 
vrai  que,  élève  de  MM.  Lequeux,  Questelet  Pascal,  il  avait  obtenu 
le  premier  grand  prix  d'architecture  en  1877,  après  avoir  été 
classé  le  premier  au  concours  ouvert  en  1875  pour  la  construc- 
tion d'une  école  normale  à  Huy  (Belgique)  et  le  second  au 
concours  public  Thouat  Boncy,  qu'il  avait  oi)tenu  une  médaille 
au  salon  de  1880,  la  médaille  de  la  Société  centrale  en  1881 
et  le  premier  prix  au  concours  ouvert  pour  l'érection,  à  Bome, 


312  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

d'un  monument  à  Victor-Emmanuel.  Les  bâtiments  de  la  nou- 
velle Sorbonne  ont  été  inaugurés  le  5  août  1889  et  M.  Nénot, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  ne  lardera  pas  à  attacher  son 
nom  à  d'autres  travaux  aussi  considérables. 

L'Observatoire  actuel  du  parc  de  Montsouris  n'est  autre  que 
ce  palais  du  Bey  de  Tunis  appelé  «  Le  Bardo  »,  qui  figura  à 
l'Exposition  universelle  de  1867.  Il  a  eu  pour  architecte  iM.  Louis 
Etienne  Alfred  Chapon,  né  à  Paris  le  22  décembre  1834,  élève 
d'Harmniit  et  architecte  également  des  bureaux  de  l'hôtel  de  la 
Compagnie  de  Suez  M.  Chapon  est  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur depuis  1889. 

La  Banque  de  France  se  trouvant  à  l'étroit  dans  l'ancien  hô- 
tel de  La  Vrillière,  chargea  de  la  réfection  des  bâtiments  en 
façade  sur  la  rue  des  Bons-Enfants  et  la  rue  Croix-des-Petits- 
Champs,  l'architecte  Gabriel  Crétin,  né  à  Monlmélian  (Savoie), 
le  22  août  1812,  mais  naturalisé  Français  en  1844;  elle  le  char- 
gea également  de  la  construction  des  bâtiments  de  ses  succur- 
sales à  Lyon,  Bordeaux,  Grenoble,  Nimes  et  Toulouse.  Élève  de 
Vaudoyer,  Lebas  et  Labrouste,  il  fut  presque  aussitôt  attaché 
à  la  Compagnie  de  l'Ouest  et  fil,  en  cette  qualité,  les  gares  de 
la  ligne  d'Argenteuil  et  celle  de  Brest  avec  M.  Lesieur.  Nommé 
ensuite  architecte  du  diocèse  de  Bayeux  en  1862,  il  travailla 
quelque  temps,  à  ce  titre,  à  la  restauration  de  la  tour  de  la  cathé- 
drale et  mourut  à  Paris  en  1883,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur depuis  1863. 

Il  en  arriva  de  même  pour  le  service  des  postes  qui,  depuis  un 
siècle,  avait  dû  se  contenter  du  local  tout  à  fait  insuffisant  de 
la  rue  J.-J. -Rousseau.  On  se  rappelle  que  la  direction  générale 
occupa  des  baraquements  installés  sur  la  place  du  Carrousel 
pendant  les  travaux  de  construction  du  nouvel  Hôtel  des  postes 
qui  nécessitèrent  la  disparition  d'une  partie  des  anciens  bâti- 
ments et  qui  furent  confiés  h  M.  Julien  Guadet,  né  à  Paris,  le 
25  décembre  1834,  second  grand  prix  en  1860  et  premier  grand 
prix  en  1864,  créé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1878. 
Commencé  en  1880,  le  nouvel  Hôtel  a  été  inauguré  en  1886  et 
a  coûté  neuf  millions  de  francs. 

Assez  nombreux  sont  les  théâtres  élevés  à  Paris  depuis  le  se- 
cond. Empire  jusqu'à  nos  jours.  Nous  commencerons  par  l'Opéra 
(Académie  nationale  de  musique),  quoiqu'il  ne  soit  paslo  premier 


CHAPITRE  XII.  313 

en  date,  puisqu'il  remplace  rancion  Opéra  de  la  rue  Lepellotier 
incendié  en  d8(J0.  l'n  concours  fut  ouvori  en  18G1  pour  la  cons- 
Iruclion  du  nouvel  édilice  sur  remplacement  où  il  se  trouve  au- 
jourd'liui.  Parmi  les  projels  présentés,  l'empereur  choisit  celui 
d'un  architecte  parisien,  M.  Jean  Louis  Charles  Garnier,  né  le 
6  novembre  1825,  élève  de  Lebas  et  de  l'École  des  beaux-arts, 
qui,  d'ailleurs,  avait  obtenu  le  premier  grand  prix  d'architecture 
en  18't8.  Ajoutons  que  pendant  son  séjour  en  Italie,  M.  Garnier 
avait  essayé  la  restauration  polychrome  de  divers  édifices  anti- 
ques et  envoyé  diverses  vues  de  Napl'es  et  de  Sicile  qui  furent 
assez  remarquées  au  salon  de  1867.  A  son  retour  en  France,  il 
fut  attaché  à  la  restauration  de  la  Tour  Saint-Jacques  que  diri- 
geait alors  T.  Ballu. 

Tout  a  été  dit  sur  l'Opéra  de  Paris  par  les  critiques  d'art  du 
monde  entier.  Nous  nous  contenterons  donc  d'apprendre  au  lec- 
teur que  M.  Garnier  est  membre  de  l'Institut  depuis  le 
14  mars  1875  et  commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  qu'il  a 
construit,  outre  l'Opéra  commencé  en  1803  et  lerminéseulement 
en  1875,  après  une  longue  suspension  des  travaux  (conséquence 
de  nos  désastres),  le  casino  et  l'établissement  des  jeux  à  Monte- 
Carlo,  ainsi  que  le  nouvel  Observatoire  de  Nice,  situé  sur  le 
Mont  Gros,  à  5  kilomètres  de  cette  ville.  La  reconstitution  des 
habitations  humaines  à  l'Exposition  de  1889,  est  la  dernière 
œuvre  que  nous  connaissions  de  M.  Garnier. 

Architecte  du  ministère  de  la  guerre,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus 
haut  et  architecte  en  chef  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer 
de  Paris  à  la  Méditerranée  pour  laquelle  il  a  construit,  en  1864, 
la  gare  de  Nice.  M.  Bouchot  trouve  encore  ici  sa  place,  à  cause  de 
l'importante  restauration  qu'il  fit  au  théâtre  del'Odéonen  1876. 
En  restaurant  l'Odéon,  il  y  a' installé  la  galerie  des  portraits  qui 
décorent  le  pallier  du  grand  escalier  et  celle  des  bustes  du  foyer 
dont  fit  hommage  le  directeur  d'alors,  M.  F.  Duqnesnel  (1). 

(1)  Huit  grandes  toiles  composent  la  décoration  principale  du  grand  foyer  :  ces 
portraits  représentent  Berton  dans  ia  conjuration  d'Amboise,  par  M.  A.  D.  Yvon  ; 
Delaunay,  par  M.  Dupain  ;  Samson,  par  M.  Feyen-Pen  in  ;  Beauvalel,  par  M.  Clairin  ; 
Lafonlaine  (Ruy-Blas),  par  M.  Mongino;  Bocage  (Beaux  Messieurs  de  Bois-Doré), 
par  M.  Giraud;  enfin  GeoPTroy,  par  M.  Carolus  Duran.  Dans  la  galerie  qui  suit 
le  grand  foyer  furent  placés  les  bustes  de  Picard,  par  Julien  ;  d'Alexandre  Duval, 
par  Allouard;  d'Emile  Augier  et  de  Théophile  Gautier,  par  Carrier-Rt-lleiise; 
d'Alexandre  Dumas  iièro,  par  Chapu;  de  Victor  Hugo,  par  SclumiowcrU;  de  Bal- 


314  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

Un  vérilable  conslriicteur  de  théâtres  fut  Jean  Gabriel 
Antoine  Davioud,  né  le  20  octobre  182'(  à  Paris  où  il  est  mori 
en  1881,  oflicier  de  la  Légion  d'honneur.  Élève  de  Jay,  et  second 
grand  prix  d'arcliilecture  en  1849,  il  commença  à  se  faire  con- 
naître par  l'érection  de  la  fontaine  Sainl-Michel  plaquée,  suivant 
le  programme,  contre  le  mur  de  la  maison  faisant  l'angle  du 
boulevard  et  de  la  place  Saint-Michel  et  par  le  déplacement,  ainsi 
que  la  restauration,  des  fontaines  des  Innocents  et  de  la  place 
du  Chàtelet,  pour  laquelle  il  fit  un  piédestal  nouveau.  L'ancienne 
fontaine  aux  lions  du  OluUeau-d'Eau  aujourd'hui  disparue,  était 
également  l'œuvre  de  Davioud.  En  1851,  il  collaborait  avec 
Bailly  à  l'installation  des  tribunes  du  champ  de  courses  du  bois 
de  Boulogne,  présentait  les  projets  relatifs  aux  embellissements 
de  cette  promenade,  de  celle  du  bois  de  Vincennes  et  du  squaTe 
Saint-Marlin,  projets  en  grande  partie  exécutés,  et  donnait  éga- 
lement les  dessins  de  la  grille  du  parc  Monceau;  il  commença 
la  série  des  théâtres  aux([uels  il  a  attaché  son  nom  par  la 
construction  de  celui  d'Étampes,  à  la  demande  d'une  société 
d'habitante  de  celte  ville,  et  continua  par  l'Hippodrome  de 
l'avenue  de  l'Impératrice  ouvert  en  1856,  puis,  termina  par  les 
deux  Ihéâlres  de  la  place  du  Chàtelet  élevés  en  1801  et  1862. 
Très  endommagés  par  l'incendie,  au  temps  de  la  Commune,  ils 
ont  été  restaurés,  après  1871,  par  M.  J.  Bouvard  dont  on  lira 
plus  loin  la  biographie.  Lorsqu'il  fut  question  des  travaux  pro- 
jetés à  l'occasion  de  notre  Exposition  universelle  de  1878,  on 
voulut  utiliser  les  hauteurs  du  Trocadéro  sur  lesquelles,  on  se  le 
rappelle.  Fontaine  et  Percier  devaient  élever  le  palais  du  roi  de 
Rome,  projet  que  la  chute  de  l'empire  fit  abandonner;  c'est  à 
MM.  Davioud  et  Bourdais  que  fut  alors  confiée  la  mission  d'y 
construire  le  vaste  édifice  qu'on  y  voit  aujourd'hui  et  qui  est 
occupé,  en  grande  partie,  par  les  Musées  ethnographique  et  ar- 
chéologique. 

M.  Jules  Bourdais  est  né  à  Brest  le  6  avril  1835  et  ingénieur 
diplômé   de   l'École  centrale  des  arts   et  manufactures.  Il  fut 

zac,  par  M.  Emile  Hébert;  puis  ceux  de  Murger,  Casimir  Delavigne,  Alfred  de 
Vigny,  Louis  Bouilhet  et  Ponsard.  Dans  ce  même  foyer,  quatre  panneaux  sym- 
boliques où  figurent  les  portraits  de  Sarah  Bernard,  par  Parût,  de  Marie  Lau- 
rent, par  J.  Auberl,  d'Anlonine,  par  Dupain,  de  Jane  Essler,  par  Collin;  puis  les 
portraits  de  Mademoiselle  Georges,  par  Courtat,  d'après  une  esquisse  de  Gérard 
et  de  Marie  Dorval,  par  H.  Lazerge. 


CHAPITRE  XII.  '  313 

néanmoins  choisi  pour  être  l'archilecle  de  l'arrondissement  de 
Brest  et  construisit  à  ce  titre  diverses  églises  et  des  écoles  dans 
le  déparlement  du  Finistère.  Architecte  aussi  du  département 
de  Tarn-el-Garonne  il  >  a  élevé  la  préfecture  de  Monlauban. 
Officier  de  la  Légion  d'honneur,  M.  Bourdais  est  membre  de  la 
Société  centrale  depuis  1872. 

Un  autre  architecte  de  théâtres  fut  Auguste  Joseph  Magne, 
décédé  à  Eau-Bonne  le  10  juillet  1885,  ofticier  de  la  Légion 
d'honneur,  membre  de  la  Société  centrale.  Né  à  Étampes  le  2  avril 
1816,  Magne,  élève  de  Debret  et  de  Guénepin,  avait  remporté,  en 
1838,  le  second  grand  prix  d'architecture.  Inspecteur  division- 
naire de  la  voirie  et  inspecteur  honoraire  du  service  d'architec- 
ture de  la  ville  de  Paris,  il  construisit,  en  cette  qualité  :  en  1859, 
l'église  Saint-Bernard,  la  chapelle  Saint-Denis,  rue  d'Alger  et 
les  marchés  Nicole  dans  le  Y°  arrondissement,  du  Gros-Caillou 
(1873-75),  le  marché  aux  chevaux  (1875),  le  marché  de  l'Ave- 
Maria  et  celui  des  Martyrs  (1876-1878),  le  marché  de  la  Chapelle 
(1884)  (marchés  s'éloignant  tous  du  type  classique  adopté  pour 
les  édifices  de  cette  nature),  le  tombeau  de  Théodore  Barrière, 
au  cimetière  de  l'Est  et  le  monument  des  gardes  nationaux  tués 
il  Bu/.cnval.  Déjà,  il  avait  entrepris  la  construction  du  théâtre 
du  Vaudeville  (1872)  à  l'angle  du  boulevard  de  la  Madeleine  et 
delà  Chaussée-d'Antin  dont  la  décoration  extérieure  est  due  au 
ciseau  de  M.  E.  Hébert.  Puis,  après  l'incendie  de  1867,  il  réédi- 
fiail,  sur  la  place  du  Ralliement,  le  théâtre  d'Angers  qui  fut  ter- 
miné le  1"  novembre  1871. 

En  province,  les  travaux  de  Magne  sont  considérables,  ce  sont, 
outre  le  théâtre  d'Angers  :  à  Étampes,  la  maison  cellulaire,  une 
maison  de  refuge  pour  la  vieillesse  et  la  sous-préfecture  ;  il  y  res- 
taura en  outre  l'hôtel  de  ville,  l'église  Notre-Dame  et  le  châ- 
teau de  Rouville  (1859-62],  à  Saint-Illide  (Cantal),  la  jolie  cha- 
pelle d'Albart  en  style  roman-auvergnat  avec  assises  alternées 
de  pierres  blanches  et  noires  (1874-1885),  la  mairie  et  un  groupe 
scolaire  à  Eau  bonne  (Seine-el-Oise)  (1883  à  1884).  Le  nombre 
des  projets  faits  par  Magne  est  considérable;  nous  citerons  celui 
destiné  aux  grandes  halles  de  Paris (1843),  celui  pour  un  hôpital 
de  convalescents  à  Passy,  celui  pour  un  musée  d'industrie  dans 
l'île  Louviers  (1845),  un  projet  d'abattoir  pour  la  ville  de  Sainl- 
Germain-en-Laye(1847),  le  projet  d'une  église  pour  la  place  de 


316  LES   ARCHITECTES    PAR    LEURS    OEUVRES. 

l'Europe  (1848),  u»  projet  d'hôtel  des  invalides  civils  (1849),  un 
projet  de  palais  pour  l'exposilion  des  produits  de  l'industrie 
(1864),  etc.  De  M.  Lucien  Magne,  son  fils,  nous  ne  connaissons 
que  la  reslauralion  d'un  édifice  du  xy"  siècle  exécutée  en  1878 
et  l'église  Saint-Marlin  de  Montmorency. 

Le  théâtre  dit  de  la  Gaîlé,  sur  le  square  des  Arts-et-Métiers, 
date  également  du  second  Empire  et  il  eut  pour  architecte 
M.  Alphonse  Adolphe  Cusin,  né  le  6  mai  1820  k  Melun.  Inspec- 
teurvoyer  en  18i7,  puis  conmiissaire-voyer  en  1872,  retraité  en 
1879,  commissaire-voyer  principal  honoraire  et  membre  de  la 
Commission  supérieure  de  voirie,  M.  Cusin  est  aussi  l'auteur  d'un 
édifice  communal,  boulevard  de.  Sébastopol.  Disons  seulement, 
à  propos  du  théâtre  de  la  Gaîté,  que  l'archilecte,  en  réunissant 
dans  le  même  ensemble  architectural  la  façade  du  tiicâtre  et 
celle  des  deux  maisons  qui  lui  sont  contiguës,  a  donné  à  l'édi- 
fice une  ampleur  qui  en  augmente  de  beaucoup  l'importance. 

Le  théâtre  de  la  Porte  Saint-.AIarlin,  incendié  pendant  la  Com- 
mune, fut  reconsiruit  par  de  la  Chardonnière,  un  inconnu. 

L'incendie  dont  nous  venons  de  parler  avait  également  atteint 
le  restaurant  tenu  par  Deffieux,  à  l'angle  du  boulevard  Saint- 
Martin  et  de  la  rue  de  Bondy.  C'est  sur  l'emplacement  de  ce  res- 
taurant que  M.  Charles  de  Lalande,  petit-fils  du  célèbre  astro- 
nome, a  élevé  le  théâtre  de  la  licnaissance  inauguré  en  1873. 
Le  terrain,  de  forme  irrégulière,  n'ayant  qu'une  surface  très  faible 
(516  mètres  environ),  l'architecte  a  placé  le  rez-de-chaussée  de 
la  salle  à  la  hauteur  du  premier  étage  et  le  foyer  di^  public  à 
l'entresol.  L'édifice  a  élé  construit  dans  un  espace  de  283  jours. 
Le  théâtre  des  Nouveautés,  sans  façade  sur  le  boulevard  des 
Italiens,  est  également  de  M.  de  Lalande,  ainsi  que  le  théâtre 
de  Cherbourg  inauguré  le  28janvier  1882.  N'oublions  pas  non 
plus  l'hôtel  Donau  de  Vienne  qui  est  également  de  cet  architecte. 

Le  théâtre  du  Prince-Impérial(aujourd'hui  du  Château-d'Eau) 
a  eu  pour  architecte,  en  1866,  M.  Julien  Louis  Brevet,  né  à 
Nantes  le  10  mars  1836,  dont  nous  ignorons  les  autres  œuvres. 

A  côté  de  ces  théâtres  d'une  certaine  importance,  nous  cite- 
rons encore  la  salle  des  Folies-Dramatiques  construite  en  1802, 
sur  la  rue  de  Bondy,  par  un  architecte  nommé  Chevey,  sur 
lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignement  ;  mais  ce 
théâtre  ne  devait  être  considéré  par  l'architecte  que  comme  une 


CHAPITRE  XII.  317 

construction  provisoire.  Le  théâtre  de  la  Comédie  parisienne,  avec 
façade  loul  en  terre  cuite  et  faïence_,  sur  le  boulevard  de  Stras- 
bourg, est  dû  à  M.  Marcel  Deslignères.  La  salle  de  concert  de  la 
Scala  élevée  en  1875  et  qui  présente  celte  particularilé  qu'elle 
est  surmontée  dune  coupole  vitrée  mobile,  que  l'on  peut  retirer 
pendant  l'été,  ainsi  que  le  nouveau  Cirque  de  la  rue  Saint- 
llonoré  construit  sur  l'emplacement  de  raucieu  liai  Valentino, 
eurent,  tous  deux,  pour  architecte  M.  Aimé  Sauffroy,  né  à  Paris, 
élève  de  Renaud,  architecte  aussi  de  l'hôtel  bien  connu  du  jour- 
nal le  Figaro  dont  il  a  donné  les  plans  en  1874  et  de  l'église  de 
Levallois-Perret  construite  par  lui  en  1870,  avec  la  collaboration 
de  M.  Vionnois.  Le  café-conc(M-t  de  l'Eldorado,  sur  le  boulevard 
de  Strasbourg,  est  de  Charles  Duval,  né  à  Beauvais  en  1800 
et  fils  d'un  entrepreneur,  qui  acquit,  à  force  de  persévé- 
rance, les  connaissances  nécessaires  à  un  architecte.  Après 
avoir  élevé  à  Maisons-Lafitte  plusieurs  habitations  particu- 
lières, il  fut  chargé  par  le  vice-roi  d'Egypte  de  la  construction 
d'un  kiosque  en  fer  destiné  à  orner  ses  jardins,  à  Alexandrie.  11 
donna  les  plans  du  château  de  la  Jonchère  (près  de  Brie-Comte- 
Uoberlj,  de  l'hôtel  Aleurou  aux  Champs-Elysées,  de  l'hôtel  Van- 
Eeckhout  àPassy,  del'hôlel  de  la  grande  tragédienne  Rachel  dans 
le  quartier  de  Tivoli.  Duval  a  laissé  un  l'ecueilde  ses  constructions 
intitulé  :  Maiso7is  de  ville  et  de  campagne ,  et  un  fils  Charles-Alphonse 
Duval  qui  n'a  jusqu'à  ce  jour  produit  aucun  édifice  important. 
Au  premier  rang  des  établissements  municipaux  élevés  à 
Paris,  pendant  la  dernière  période  du  siècle,  doit  figurer, 
nalurellement,  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris,  incendié  pendant  les 
désastres  de  1870-71  et  construit  à  nouveau,  sur  le  même  em- 
placement, de  1874  à  1883,  par  MM.  T.  Ballu  et  Deperthes. 
L'œuvre  de  ces  architectes  est  connue  du  monde  entier,  aussi 
bien  que  l'Opéra  de  M.  Garnier  et,  d'ailleurs,  nous  nous 
sommes  fait  un  devoir  de  nous  abstenir  de  toute  critique,  en  par- 
lant des  œuvres  de  nos  contemporains,  réduisant  notre  article 
sur  chacun  d'eux  à  une  biographie  sommaire  d'après  les  ren- 
seignements que  nous  possédons.  Donc,  Théodore  Ballu,  mort  à 
Paris,  le  22  mai  1885,  architecte  divisionnaire  de  la  ville  de 
Paris,  inspecteur  général  de  ses  travaux,  inspecteur  général  des 
monuments  diocésains,  commandeur  de  l'ordre  de  la  Légion 
d'honneur  et  membre  de  l'Institut,  depuis  1872,  était  né  à  Paris, 


318  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   (EUVllES. 

le  8  juin  1817.  Élève  de  Lebas,  il  obtint  le  premiei"  grand  prix 
d'architecture,  en  1840  et  revint  de  Rome,  chargé  d'études  très 
remarquables  qu'il  avait  faites  pendant  son  séjour  en  Kalîe, 
notamment  sur  le  théâtre  de  Marcellus,  éludes  qu'il  ne  put  pas, 
malheureusement,  achever,  grâce  à  la  mauvaise  volonté  des 
possesseurs  du  palais  Orsini,  bâii  sur  l'emplacement  de  cet 
antique  édifice.  De  Rome,  Baliu  partit  pour  Athènes,  où  il  re- 
levâYErec/itéion  ;  mais  c'est  à  Rome, en  1845,  que  furent  exposés 
les  dessins  relatifs  à  ce  dernier  travail.  A  son  retour  à  Paris,  en 
1847,  il  fut  nommé  inspecteur  des  travaux  de  la  ville.  Adjoint  à 
Gau,  arcbilecte  alors  de  l'église  Sainle-Clotilde,  il  succéda  à  ce 
dernier,  mort  en  1850.  Peu  après,  il  fut  chargé  de  la  restaura- 
lion  de  la  Tour  Saint-Jacques;  de  1861  h  18G7,  il  éleva,  en  lui 
donnant  le  caraclère  des  œuvres  de  la  Renaissance,  l'église  de 
la  Trinité;  de  1863  à  1808,  l'église  Saint-Ambroise,  dans  le  style 
roman  du  xn°  siècle,  avec  deux  clochers  d'une  hauteur  de 
08  mètres;  de  1807  à  1875,  rue  Saint-Maur,  l'église  Saint- 
Josepb,  conçue  dans  le  plus  pur  roman.  On  lui  doit  également 
le  dessin  de  la  tour  qui  sépare  la  mairie  du  I"  arrondissement 
de  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois  (Hittorff  avait  proposé  un 
clocher)  et  le  temple  protestant  de  la  rue  Roquépine. 

T.  Ballu  a  laissé  un  fils,  M.  Albert  Ballu,  architecte  comme 
lui,  né  le  1"  juin  1849  à  Paris,  officier  d'Académie  et  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur.  D'abord  inspecteur  des  travaux  de 
reconslruclion  de  l'Hôtel  de  Ville,  sous  les  ordres  de  son  père, 
il  acheva  le  palais  de  jusiice  de  Charleroi  (édifice  de  1777) 
à  l'occasion  duquel  il  a  obtenu  le  prix  Duc  et  construit  celui  de 
Bukarest  ^Roumanie)  en  cours  d'exécution  (prix  Duc  pour  la 
seconde  fois).  On  lui  doit  l'achèvement  de  la  cathédrale  d'Alger, 
façade  et  parties  antérieures,  le  tombeau  de  la  famille  Alveur  à 
Buenos-.\yres  et  la  construction — en  cours  d'exécution — d'un 
casino  à  Riskra,  etc.  Les  restaurations  de  monuments  histo- 
riques elfecluées  par  M.  A.  Ballu  sont  fort  nombreuses;  nous 
citerons  :  dans  la  Charente-Inférieure,  celle  de  l'église  d'Esnonde, 
œuvre  considérable  dont  l'exécution,  dans  le  temps,  aurait 
coûté  environ  100,000  francs,  celle  de  l'église  de  Saint-Eniaux, 
dépense  50,000  francs;  celle  de  l'église  de  Chadenacde  Talmour 
et  du  château  de  Pons,  la  construction  d'une  sacristie  à  l'église 
de  Lamballe  (Côtes-du-Nord)  50,000  francs,  la  restauration  de 


CHAPITRE  XII.  319 

la  tour  de  Solidor  à  Sainl-ServanI,  de  l'église  de  Dol  (Ille-et- 
Vilaine).  Comme  architecte  diocésain  d'Âix,  d'Ajaccio  et  d'Alger, 
il  a  exécuté  le  couronnement  de  la  tour  de  la  cathédrale  d'Aix, 
restauré  les  églises  de  Saint-Florent,  d'Aveyno,  de  Murale,  de 
Valle  di  Campolcro  (Corse),  et  tous  les  monuments  historiques 
de  l'Algérie,  notamment  la  basilique  de  ïebessa,  le  temple  de 
Minerve,  etc.  et  dirigé  les  fouilles  de  Timgad.  M.  A.  Ballu  s'est 
aussi  fait  remarquer  par  les  pavillons  de  la  République  Argen- 
tine et  de  l'Algérie  à  l'Exposition  universelle  de  1889.  Il  prépare, 
en  ce  moment,  un  ouvrage  sur  la  basilique  de  Tebessa  (Paris, 
Leroux,  éditeur). 

Le  lecteur  trouvera  plus  loin  la  biographie  de  .M.  Deperlhes, 
architecte  de  l'église  Sainte-Anne  d'.Vuray. 

Un  élève  de  Labrouste,  Félix  Langlois,  décédé  le  29  jan- 
vier 1889,  avait  collaboré  comme  inspecteur  à  la  construction 
du  bâtiment  annexe  de  l'Hôtel  de  Ville  et,  en  1860,  à  celle  des 
îiouvelles  barrières  de  Paris.  Architecte  du  chemin  de  fer  des 
Ardennes  et,  en  1863,  des  magasins  généraux  de  Bercy,  il  fut 
celui  de  presque  tous  les  châteaux  ou  grands  hôtels  élevés,  de  son 
temps,  à  Paris  ou  dans  les  environs  :  le  château  de  Louray, 
près  Alençon,  celui  de  Gouvieux,  près  Chantilly,  la  restauration 
du  château  des  Vaux  de  Cernay,  etc.  Le  bâtiment  annexe  des 
archives  municipales  eut  pour  architecte,  en  1877,  Félix 
Roguet,  né  à  Chalon-sur-Saône,  élève  de  Painchaux  et  de 
Lenoir,  c'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

En  faisant  l'historique  de  la  construction  de  la  mairie  du 
VI°  arrondissement,  nous  avons  oublié  de  dire  que  l'un  des 
architectes,  Le  Vicomte,  était  né  à  Paris  en  1810,  avait  étudié 
l'architecture  dans  l'atelier  de  Guénepin  et  était  mort  en  1881, 
membre  de  la  Société  centrale  et  inspecteur-voyer  divisionnaire 
des  travaux  de  la  ville  de  Paris. 

La  mairie  du  IV'  arrondissement  eut  pour  architecte  de  1866 
à  1872,  Antoine  Nicolas  Bailly,  né  à  Paris  le  6  juin  1810  et 
qui  s'était  déjà  fait  connaître  par  la  construction  du  Tribunal  de 
comm.erce,  à  l'angle  du  quai  et  du  boulevard  du  Palais,  édifice 
commencé  en  1860  et  terminé  en  1865;  puis,  par  la  nouvelle 
façade  du  lycée  Saint-Louis,  sur  le  boulevard  Saint-Michel, 
élevée  de  1861  à  1863,  puis  enfin,  nous  l'avons  dit,  par  les 
tribunes  de  courses  au  bois  de  Boulogne  élevées  avec  la  colla- 


320  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  ŒUVRES. 

boration  de  Davioud.  Les  travaux  publics  de  Bailly,  hors  de 
Paris,  sont  la  construction  de  la  tour  de  la  cathédrale  de  Valence, 
de  la  cathédrale  de  Digne  et  la  restauration,  à  Bourges,  tant  de 
la  cathédrale  que  de  la  maison  de  Jacques  Cœur.  Il  nous  resie 
à  dire  que  Bailly,  mort  à  Paris,  le  2  janvier  1892, président  delà 
Société  des  peintres,  sculpteurs  et  architectes,  avait  été  élève  de 
Debret,  architecte  du  gouvernement  et  divisionnaire  de  la  ville 
de  Paris,  architecte  diocésain  des  départements  du  Cher,  de 
l'Indre,  de  la  Drômeet  des  Basses-Alpes,  qu'il  élait  commandeur 
de  la  Légion  d'honneur  et  membre  de  l'Institut  depuis  1875. 

Au  concours  ouvert  en  1889,  pour  la  reconsiruction  de  la 
mairie  du  X°  arrondissement,  le  plan  classé  le  premier  a  été 
celui  de  M.  Jean  Eugène  Rouyer,  né  h  Neuville-au-Pont  (Marne) 
le  23  novembre  1827.  Élève  de  V.  Baltard  et  de  l'École  des  beaux- 
arts  et  médaillé  à  plusieurs  reprises,  il  parcourut  la  France 
pendant  trente  années,  mesurant  et  dessinant  tous  ses  édifices 
historiques.  Toutes  ses  éludes  et  ses  excursions  ont  fait  l'objet 
d'une  publication  en  trois  volumes,  très  appréciée  sous  le  titre  : 
Uar(  architectural  en  France.  Les  constructions  de  M.  Rouyer, 
outre  la  mairie  du  X'  arrondissement  (architecture  française 
du  xvi°  siècle),  sont  les  suivantes  :  La  mairie  de  Neuville- 
au-Pont,  l'Hôtel- Dieu  de  Châleau- Thierry,  l'hospice  des 
Vieux-Marins  à  Boulogne-sur-Mer  dont  le  coût  s'est  élevé  à 
1  500  000  francs.  Il  a  été  primé  dans  plusieurs  concours,  notam- 
ment celui  pour  l'hôtel  de  la  préfeclure  de  Lille  et  celui  pour 
i'Hôtel  de  Ville  de  Paris,  mais  ces  projels  n'ont  pas  élé  exécutés. 

C'est  M.  Achille  Pierre  Antoine  Hermant,  né  à  Paris  le 
6  décembre  1823,  élève  de  Blouet  et  de  l'École  des  beaux-arts, 
qui  fut  l'architecte  de  la  mairie  du  VHP  arrondissement,  édifice 
d'une  architecture  sévère  en  forme  de  fer  à  cheval  avec  simple 
clocheton.  Mais  M.  HermanI  ne  doit  point  à  cette  oeuvre  seule 
la  juste  notoriété  dont  il  jouit.  Ln  concours  ayant  été  ouvert  en 
1874  pour  l'établissement  de  la  maison  de  répression  de  Nan- 
terre,  c'est  lui  qui  obtint  le  premier  prix  et  exécuta  l'édifice  sur 
une  superficie  de  125,000  mètres  carrés.  Celte  prison  comnjencée 
en  1875  comprend  une  chapelle  catholique  et  des  temples  pro- 
testant et  israélite.  En  1876,  il  élevait  le  groupe  scolaire  de  la 
rue  de  Pnébla,  avait  la  seconde  place  au  concours  ouvert  pour 
la  construction  de  l'hôtel  de  ville   de    Nantérre   et  dessinait. 


J 


VISCONTI 


CIIAPITIIE  XII.  321 

en  1885,  la  nouvelle  façade,  sur  la  place  Monge,  de  la  caserne 
de  la  garde  républicaine.  M.  Hermant,  médaille  d'or  à  l'Expo- 
silion  universelle  de  1878,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  de- 
puis 1889,  est  membre  honoraire  de  l'Institut  des  architectes 
britanniques  et  a  élé  successivement  secrétaire,  vice-président 
puis  président  de  la  Société  centrale  des  architectes  de  France. 

La  mairie  du  XX°  arrondissement,  élevée  de  1874  à  1 878,  a  été 
construite  sur  les  dessins  de  M.  Claude-Léon  Salleron,  né  à 
Paris  le  29  décembre  1820,  élève  de  Duban  el  de  l'École  des 
beaux-arts,  aujourd'hui  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
architecte  honoraire  et  membre  du  Conseil  d'architecture. 
M.  Salleron,  auteur  de  cette  mairie,  a  aussi  donné  les  plans, 
comme  architecte  en  chef  des  écoles  de  la  ville  de  Paris,  des 
groupes  scolaires  de  la  rue  Ribelette,  de  la  rue  Fessard,  du 
boulevard  de  Belleville,  de  la  rue  Blanche,  de  l'asile  rue  du 
Jourdain  et  de  l'École  normale  d'Auteuil. 

M.  Antoine  François  Gancel,  né  à  Lyon  le  1"  août  1811, 
élève  de  Iluyot,  est  l'archilecte  de  la  mairie  du  XP  arrondisse- 
ment élevée  en  1867.  De  1842  à  1844,  M.  Gancel,  aujourd'hui 
architecte  honoraire,  fut  attaché  soit  comme  sous-inspecteur, 
soit  comme  inspecteur  à  la  reconstruction  du  marché  Beauvau 
et  aux  travaux  de  construction  d'un  groupe  scolaire,  rue  des 
Bernardins. 

Celle  du  XV'  arrondissement  a  eu  pour  architecte  M.  Devrez 
dont  lenom  seul  nous  est  connu.  Quant  aux  mairies  des  XVI% 
XVll"  et  XVIIP  arrondissements,  elles  sont  l'œuvre  d'archi- 
tectes dont  nous  présenterons  les  biographies  en  temps  et  lieu. 

M.  Antoine  Julien  Hénard,  né  à  Fontainebleau  le  11  jan- 
vier 1812,  mort  à  Paris  le  27  septembre  1887,  est  l'architecte 
de  la  mairie  du  XIP  arrondissement,  avenue  Daumesnil  et  rue 
de  Charenton.  Élève*  de  Huyot  et  de  Lebas  il  obtint  le  second 
grand  prix  en  IS.'H;  architecte  de  la  ville  de  Paris  et  membre 
du  conseil  des  bâtiments  civils,  il  était  été  créé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  en  18G7.  Ses  autres  travaux  à  Paris  sont  les 
groupes  scolaires  rue  du  Fauconnier  et  rue  Bignon,  la  caserne 
de  pompiers  rue  d'Alésia  et  la  caserne  des  pompiers  boulevard 
de  Port-Royal  qui  présente  toutes  les  araélioraiions  fournies  par 
la  science  (1884-87).  On  doit  encore  ci  Hénard  plusieurs  monu- 
ments funéraires  remarquables. 

m.  21 


322  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   ŒUVRES. 

Le  plan  de  la  mairie  cluXIlT  arrondissement  qu'on  achève  en 
ce  moment  fut  donné  par  Paul-Emile  Bonnet,  né  à  Paris  le 
12  mai  1828.  Premier  grand  prix  d'architecture  en  1854,  il  entra 
dans  le  service  d'architecture  de  la  ville  de  Paris  en  1860,  fui 
l'inspecteur  de  Duc  pendant  la  construction  du  Palais  de  Justice 
et  nommé  divisionnaire  en  1863.  Il  estmoit  en  juin  1881,  archi- 
tecte de  la  XP  section. 

La  mairie  du  XIV'  arrondissement,  commencée  en  1882,  ter- 
minée en  1889,  a  eu  pour  architecte  M.  Emile  Auburtin,  né  à 
Metz  le  30  avril  1838.  Entré  dans  le  service  d'architecture  de  la 
ville  vers  1863,  il  est  architecte  en  chef  delà  HP  section  depuis 
avril  1891.  Il  a  reçu  la  médaille  d'honneur  de  la  Société  centrale 
au  congrès  de  1890. 

Nous  avons  fait  dans  le  volume  précédent  l'historique  des 
transformations  exécutées  à  l'hôtel  Carnavalet  jusqu'au  com- 
mencement de  ce  siècle.  On  sait  que  la  ville  de  Pari-;  l'a  acquis 
pour  en  faire  un  musée  municipal  historique  :  l'architecte 
chargé  delà  restauration  et  de  l'appropriation  de  l'édifice  à  sa 
nouvelle  destination  fut  François  Marie  Péron,  né  à  Paris  le 
1 1  juin  1810, second  grand  prix  d'architecture  en  1839.  Mais  nous 
ignoronss'ilesl  encorevivant;  il  a  eu  pour  successeur  M.  Bouvard. 

Théodore  Labrouste,  frère  de  l'auteur  de  la  bibliothèque 
Sainte-Geneviève,  dont  la  biographie  a  été  donnée  en  même 
temps  que  celle  de  Henri  Labrouste,  remplaça  Gau,  en  18i5, 
comme  architecte  en  chef  des  hôpitaux  et  hospices  de  Paris. 
En  cette  qualité  il  a  reconstruit  la  maison  Dubois  et  construit 
les  bâtiments  de  l'assistance  publique  et  l'hospice  des  Incurables 
à  Ivry.  Élève  de  Vaudoyer  et  de  Lebas  il  avait  obtenu  le  grand 
prix  d'architecture  en  1827.  En  dehors  des  travaux  que  nous 
venons  de  signaler,  il  collabora  avec  son  frère  Henry  à  l'édifica- 
tion de  l'institution  Sainte-Barbe,  à  Paris,  et  restaura  la  biblio- 
thèque de  l'Arsenal. 

Il  eut  lui-même  un  collaborateur  à  la  maison  Dubois,  ce 
collaborateur  se  nommait  Louis  Ponthieu,  était  né  à  Saint- 
Gobain  en  1823  et,  élève  de  Bouchot,  avait  obtenu  le  second 
prix  d'architecture  en  1846.  Aussi  est-ce  lui  que  l'on  choisit 
pour  créer  ce  magnifique  établissement  nommé  Sainte-Périne, 
rue  du  Point-du-Jour,  à  Auteuil,  qui  peut  servir  assurément  de 
modèle  aux  établissements  similaires.  Ponthieu,  architecte  de 


CHAPITBE  XII.  323 

la  plupaii  des  maisons  du  boulevard  Malesherbes  à  Paris  et 
df  l\in  des  nouveaux  quartiers  de  Marseille,  est  mort  à  Paris  le 
18  mars  1879. 

Ce  sont  surtout  des  restaurations  et  des  agrandissements 
d'établissements  hospitaliers  que  l'on  confia  à  Paul  Marie 
Gallois,  né  en  1830,  mort  à  Paris  le  9  mars  1889;  ainsi  il  exé- 
cuta en  qualité  d'architecte  inspecteur  de  l'assistance  publique 
et  d'architecte  divisionnaire,  en  1875,  ragrandissemcnt  de  la 
Maternité  et  de  l'hospice  des  Enfants  assistés.  On  lui  confia 
aussi  la  construction  de  l'hôpital  Pascal,  des  baraquements  à 
Aubervilliers  et  l'installation  du  quartier  spécial  des  enfants 
idiots  et  épileptiques  à  Bicêtre,  inslallalion  que  la  mort  ne  lui 
a  pas  permis  de  terminer.  Paris  doit  aussi  à  Gallois  la  petite 
église  des  Marais-Sainl-Martin  terminée  en  1855.  Très  érudil, 
(îallois  a  laissé  une  éfude  sur  l'enlrée  du  châlean  d'Anet  et  sur 
la  chapelle  sépulcrale  deslinée  à  recevoir  le  tombeau  de  Diane 
de  Poitiers;  mais  il  fut  assisté  dans  celte  lâche  par  un  archéo- 
logue de  talent,  Victor  Parmentier,  qui  s'était  fait  connaître  par 
une  très  belle  et  très  savante  restitution  de  l'ancien  château 
de  Madrid  au  bois  de  Boulogne.  Péron  et  Parmentier  n'avaient 
pas  achevé  leur  travail  lorsque  le  second  mourut  en  1870  et  fut 
remplacé  par  C.  B.  Laisné.  Nous  ignorons  si  Péron  est  mort. 

Les  établissements  hospitaliers  furent  également  l'objet  de  la 
sollicitude  du  gouvernement  impérial  deuxième  du  nom  et  du 
gouvernement  delà  République:  l'Hôtel-Dieu  et  l'hôpital  Tenon, 
l'hospice  des  Ménages,  la  maison  municipale  de  santé,  etc.,  sont 
tous  des  édifices  de  la  seconde  période  du  siècle.  Nous  avons 
dit  dans  le  premier  chapitre  que  l'ancien  Hôtel-Dieu  avait  dis- 
paru déhnitivement  en  1874.  Mais  ce  fut  en  1867  que  Napoléon  III 
ordonna  sa  démolition  et  son  remplacement  par  un  édifice 
nouveau  construit  en  tout  point  d'après  les  données  de  la  science 
et  de  l'hygiène.  L'architecte  chargé  de  cet  important  travail  fut 
M.  Arthur  Stanislas  Diet,  né  àAmboise  Ie5  avril  1827.  Premier 
grand  prix  en  1853,  M.  Diet  avait  terminé  à  ce  moment  le 
musée  Napoléon.  Décoré  en  18G7  il  fut  également  chargé  d'élever 
l'hôtel  de  la  préfecture  de  police  en  1878;  malheureusement  les 
exigences  de  ce  service  n'onl  pas  encore  permis  de  terminer 
son  œuvre  à  l'architecte,  membre  de  l'Inslitiit  depuis  le  13  dé- 
cembre 188i. 


324  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

L'hôpital  Tenon  situé  à  Ménilmontanl  est  l'onivre  d'un  archi- 
tecte, mort,  âgé  de  49  ans,  en  1882,  Marie  Etienne  Bilio», 
architecte  de  l'assistance  publique,  membre  de  la  Société  cen- 
trale et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Récompensé  d'une 
médaille  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  il  avait  la  surveil- 
lance du  service  d'architecture  dans  les  asiles  nationaux  de 
Vincennes  et  du  Vésinet.  C'est  en  1862  que  M.  Gustave  Léon 
Vera,  né  à  Paris  le  7  mars  18ol,  construisit  à  Issy  le  nouvel 
hospice  dit  «  des  Ménages  »  destiné  à  remplacer  celui  de  la  rue 
de  Sèvres  et  dont  la  dépense  s'est   élevée  à  4,446,605  francs. 

La  famille  de  Rothschild  a  fait  élever  sur  les  plans  de  Jules 
Denis  Thierry,  né  à  Paris  en  1794  et  mort  dans  la  même  ville 
le  20  novembre  1803,  l'hospice  Israélite  de  la  rue  de  Picpus 
terminé  le  26  mai  1852.  Il  fut  également,  et  à  la  même  date, 
l'architecte  de  la  synagogue  de  la  rue  Nolre-Dame-de-Nazareth. 

Si  nous  mentionnons  ici  l'hôpital  JN'athaniel  de  Rothschild, 
c'est  parce  que  son  auteur,  M.  Maurice  Emile  Lavezzari,  né  à 
Bourainville  (Pas-de-Calais)  le  11  septembre  1859,  élève  de 
Thumeloup,  est  également  l'architecte  d'un  établissement  hos- 
pitalier considérable,  hors  Paris  :  l'hôpital  de  Berck-sur-Mer, 
réservé  aux  enfants  scrofuleux,  inauguré  en  juillet  1869. 

A  côté  des  écoles  il  a  fallu,  comme  toujours,  placer  les  caser- 
nes. Parmi  les  architectes  voués  à  cette  peu  artistique  besogne 
citons  :  Pierre  Victor  Cailliat,  connu  surtout  de  ses  contem- 
porains par  ses  ouvrages  dont  nous  rappellerons  les  titres  tout 
à  l'heure.  Toujours  est-il  que  nommé,  en  1861,  architecte  de  la 
ville  de  Paris  et  attaché  au  service  des  IIP  et  VF  arron- 
dissements, il  dirigea,  presque  en  même  temps,  les  travaux 
de  la  mairie  du  IIP  arrondissement  sur  le  square  du  Temple 
et  ceux  de  la  caserne  de  la  Cité,  ainsi  que  des  bâtiments 
en  façade  sur  le  boulevard  du  Palais,  destinés  aux  états-majors 
de  la  garde  républicaine  et  des  sapeurs-pompiers,  dans  lesquels 
l'architecte  a  essayé  de  rappeler  l'architecture  militaire  floren- 
tine (1867).  Ces  travaux  furent  suivis  de  la  réédificalion  du 
portail  de  l'église  des  Barnabites  et  de  la  construction  du  pres- 
bytère de  l'église  Saint-Nicolas-du-Chardonnet.  On  doit  aussi  à 
Cailliat  le  groupe  scolaire  de  la  rue  Berthollet.  INé  à  Paris  le 
1"  septembre  1801,  et  mort  dans  celte  ville  le  12  janvier  1881, 
il  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  a  signé  les  ouvrages 


CHAPITRE  XII.  323 

dont  voici  les  tilres  :  Parallèle  des  maisons  de  Paris,  in-folio, 
125  planches,  1830  ù  1850;  Histoire  yniiiiicipale  de  l'Hôtel  de 
Ville,  Paris,  in-folio,  1846;  V Église  Saint-Eiistache,  1850;  la 
Sainte-Chapelle  de  Paris  après  les  restaurations-  commencées 
par  M.  Duban,  etc.,  1  vol.  in-folio;  Parallèle  des  maisons  de 
Paris,  seconde  période,  de  1850  à  1860,  2  vol.  in-folio. 

La  caserne  des  pompiers  de  la  rue  de  Chaligny  el  surtout 
celle  du  boulevard  Diderot  avec  gymnase,  campanillc,  aver- 
tisseur, etc.,  avaient  été  mises  au  concours,  parla  ville  de  Paris  ; 
l'archilecte  qui  obtint  la  première  place  à  ce  concours  et,  par 
conséquent,  à  l'exécution  des  travaux  est  M.  Charles  Georges 
Roussi,  né  à  Paris  le  2  août  1847,  auteur  également  de'  l'école 
des  fillef,  rue  de  Montmorency,  d'un  groupe  scolaire  à  Puleaux 
(1880),  ainsi  que  du  monument  à  la  mémoire  de  Hossini,  en 
1870.  M.  Roussi,  élève  de  Guénepin  et  de  l'École  des  beaux- 
arts,  fait  partie  du  comité  du  journal  (<  l'Architecture  »  ,  publié 
sous  les  auspices   de  la  Société  centrale  dont  il  est  membre. 

Les  marchés  d'approvisionnement  qui,  comme  ceux  de  Paris, 
par  exemple,  ont  pour  objet  d'assurer  l'alimentation  de  plus  de 
2  millions  d'individus,  doivent  être  construits  suivant  certaines 
conditions  dont  la  nécessité  est  absolue.  Ils  doivent  êlre  éclairés 
et  ventilés  d'une  façon  complèle,  la  propreté  et  l'hygiène  y  sont 
indispensables;  eau  en  abondance,  égouts  nombreux  et  siphonés, 
circulation  aisée  des  acheteurs,  surveillance  facile  des  vendeurs 
et  des  marchandises,  toutes  obligations  auxquelles  ne  répon- 
daient guère  les  anciennes  halles  du  moyen  âge  et  que  les 
architectes  du  siècle  précédent  n'avaienl  réalisées  que  d'une 
façon  imparfaite. 

De  plus,  Paris  manquait  d'un  marché  central  où  l'on  pût 
réunir  tous  les  produits  alimeulaires  arrivant  des  régions  éloi- 
gnées de  la  capitale:  poissons,  gibiers,  primeurs,  et  où  l'on  pût 
en  etfectuer  la  vente  en  gros.  Il  y  avait  bien  sur  l'emplacement 
occupé  aujourd'hui  par  l'un  des  pavillons  une  construction 
massive,  élevée  en  1850  par  V.  Ballard,  en  collaboration  avec 
l'archilecte  Callet  et  qu'on  appelait  par  dérision  :  «.  le  Fort  de  la 
halle  »;  mais  celte  consiruclion,  outre  qu'elle  était  absolument 
défectueuse  sous  le  rapport  de  l'éclairage  et  de  la  ventilation, 
était  tout  à  fait  insuflisante.  Le  gouvernement  impérial  décida 
donc,  le   12  juin  1853,  qu'un  nouveau   projet  de   halle   serait 


326  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

étudié  et  que  l'exécution  suivrait  immédiatement  son  approba- 
tion. C'est  alors  que  Hector  Horeau,  né  à  Versailles  le  4  octo- 
bre 1801,  élève  de  Nepveu  et  de  l'École  des  beaux-arts,  présenta 
celui  qu'il  -avait  conçu  dès  1845  et  dans  lequel  prédominait 
l'emploi  du  fer;  mais  Horeau,  auteur  de  vastes  et  ingénieuses 
conceptions  où  se  trouvaient  en  germe  la  plupart  des  idées 
qu'on  a  appliquées  depuis,  se  vit  mettre  à  l'écart,  de  même 
qu'il  avait  été  déjà  évincé  au  concours,  ouvert  en  1850, 
pour  les  bâtiments  de  l'Exposition  universelle  de  Londres. 
Et  pourtant,  il  avait  été  classé  le  premier  sur  deux  cent  qua- 
rante-cinq concurrents  venus  de  tous  les  pays,  et,  comme  si  la 
malechance  devait  le  poursuivre  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en 
septembre  1872,  pendant  l'insurrection  de  1871  il  firt  chargé 
par  les  insurgés  d'assurer  le  service  de  salubrité  de  la  ville  de 
Paris.  A  la  rentrée  des  troupes,  il  fut  arrêté  pour  usurpation  de 
fonctions  et  incarcéré  pendant  quelques  mois. 

L'architecte  chargé  de  l'édification  des  nouvelles  halles  de 
Paris  fut  précisément  celui  qui  avait  construit  le  pavillon  dont 
il  a  été  question  ci-dessus,  Victor  Baltard,  né  à  Paris  le  1 9  juin 
1805,  fds  de  Louis  Pierre  Baltard,  architecte  et  peinti-e.  Après 
avoir  étudié  d'abord  la  peinture,  il  s'était  consacré  entièrement 
à  l'étude  de  l'architecture  et  obtenait  le  premier  grand  prix  en 
1833.  Inspecteur  des  travaux  de  l'École  normale  que  construi- 
sait alors  de  Gisors,  puis  inspecteur  de  l'École  des  beaux-arts 
de  la  ville  de  Paris,  il  construisit  les  chapelles  du  catéchisme  de 
Saint-Philippe-du-Roule  et  de  Saint-Jacques-du-Haut-Pas,  puis 
restaura  la  façade  de  Sain  l-Élienne-du-Mont  et  l'intérieur  de  Sain t- 
Euslache  et  surveilla  les  peintures  murales  de  Sainl-Germain- 
des-Prés  ainsi  que  l'établissement  de  l'orgue,  de  la  chaire  à 
prêcher  et  du  maître-autel.  En  1846,  il  remplaça  Paul  Lelong 
comme  architecte  de  l'hôtel  du  Timbre  et  de  la  mairie  du  IP  arron- 
dissement ;  en  1848,  il  dirigea  tous  les  travaux  intérieurs  de 
l'Hôtel  de  Ville.  Il  fut,  enfin,  l'ordonnateur  de  toutes  les  fêtes  de 
l'empire.  L'administration,  qui  avait  à  choisir  entre  deux  projets 
soumis  par  Baltard  pour  l'exécution  des  halles  centrales,  l'un 
conservant  le  pavillon  précédemment  construit,  l'autre  tout  en  ter 
et  fonte,  adopta  le  second.  »  Le  fer  et  la  fonte  avaient  si  bien  servi 
l'architecte  des  balles,  écrit  M.  Paul  Sédille,  qu'il  crut  trouver 
en  eux  les  éléments  nécessaires  à  la  construction  du  dôme  de 


CHAPITRE  XII.  3-27 

l'église  Saint-Augusfin,  de  1800  à  1868.  S'il  n'a  pas  ét(^  donné  à 
Victor  Baliard  d'atteindre  entièrement  le  but  qu'il  se  proposait, 
l'association  du  fer  et  de  la  pierre  comme  base  d'un  nouvel  art 
monumenlal,  il  a  du  moins  l'honneur  d'avoir  tenté  une  voie  nou- 
velle, qu'à  l'avenir  seul  il  apparlienl  de  déclarer  sans  issue  ou  de 
révéler  ouverte  sur  des  horizons  nouveaux.  »  On  doit  aussi  à 
Baltard  la  reconstruction  de  l'abside  de  Saint-Leu,  sur  le  bou- 
levard de  Sébastopol,  de  18oî  à  1860,  et  la  réfection  du  campa- 
nille  de  l'Hôtel  de  Ville,  en  remplacement  de  celui  de  1008.  Ce 
campanille  de  25  mètres  de  hauteur  fut  élevé  en  1866.  Le 
nombre  des  tombeaux  exécutés  par  Baltard  est  considérable, 
citons  à  Paris,  ceux  de  :  Pierre  Baltard,  de  Ingres,  de  H.  Flan- 
drin,  de  Cousin,  de  Forster,  de  Lefébure-Wely,  et  le  projet  du 
monument  à  ^\^'  Affre.  Baltard  a  continué,  après  son  père,  la 
publication  des  «  Grands  prix  d'architecture  ■»,  commencée  par 
Destournelle  ;  on  lui  doit  aussi  la  description  remarqua])le  de  la 
Villa  Médicis,  de  la  galerie  de  Diane  à  Fontainebleau,  une  mo- 
nographie des  halles  centrales  et  de  nombreuses  brochures  sur 
Farchitecture.  Victor  Baltard  est  mort  à  Paris  le  13  janvier  1874, 
officier  de  la  Légion  d'honneur  et  membre  de  l'inslitut  depuis  1803. 
Près  des  halles  centrales  se  trouvait  l'ancienne  halle  au  blé 
de  Legrand  et  Molinos;  elle  a  été  transformée  en  bourse  de  com- 
merce inauguré  le  24  septembre  1889,  architecte  M.  H.Blondel, 
auteur,  en  1867,  du  Cercle  agricole,  boulevard  Saint-Germain. 
Léopold  Camille  Cernesson,  né  à  Juvilly  (Yonne)  le  21  janvier 
1831,  élève  de  Constaut-Dul'enx,  entra  dans  le  service  municipal 
d'architecture  en  18o4  et  dirigea,  de  1869  à  1877,  les  travaux 
d'appropriation  de  l'entrepôt  de  Bercy.  Nommé,  le  22  janvier 
1877,  architecte  des  bâtiments  scolaires,  il  donna  sa  démission 
et  fut  élu  conseiller  municipal  de  Paris  dans  le  XVF  arrondis- 
sement en  1878.  Trois  fois  président  du  conseil,  il  donna  sa  dé- 
mission pour  se  présenter  à  la  dépulalion  et  fut  élu  député  de  la 
Côte-d'Or,  en  1888,  qu'il  représenta  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le 
19  juin  1889  ;  à  ce  moment,  il  était  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, Cernesson  a  publié  une  grammaire  élémentaire  du  dessin. 
C'est  M.  L.-J.  Janvier,  né  à  Dreux,  élève  de  Vaudoyer,  qui 
dirigea,  en  1809,  la  construction  du  marché  aux  bestiaux  à  la 
Villetle  et  fut  créé  à  cette  occasion  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  Le  marché  aux  chevaux  date  de  1870  et   eut    pour 


328  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

arcliitecle  M.  Charles  Edouard  Ziégler  donl  le  nom  seul  nous 
est  connu.  M.*" Jules  Charles  Annette  de  Mérindol,  né  à  Milan 
en  1818,  membre  de  la  commission  des  monuments  historiques 
et  architecte  diocésain  près  du  ministère  des  cultes,  fut  d'abord 
atlaché  aux  restaurations  des  édifices  classés  par  la  commission 
des  monuments  historiques,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  celles 
(le  porluil)  de  la  cathédrale  Saint-Pierre  à  Poitiers  et  du  palais 
des  comtes  de  Poitiers.  11  construisit  ensuite,  de  1863  à  1865, 
le  nouveau  marché  du  Temple  et  le  marché  Saint-Honoré  et  fut 
fait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1868. 

En  mentionnant  dans  le  chapitre  II  du  présent  volume 
(pages  60  et  suivantes)  les  grandes  gares  de  Paris,  de  Lyon,  de 
Marseille,  etc.,  construites  pendant  la  première  période  du 
siècle,  nous  avons  fait  la  biographie  de  l'architecte  ou  des  archi- 
tectes qui  leur  donnèrent  tous  un  certain  caractère  monumental. 
Mais  le  service  delà  ligne  de  l'Ouest  se  trouvant  à  l'étroit,  dans 
les  bâtiments  élevés  en  1841-1842,  confia  à  un  élève  de  Vau- 
doyer  et  de  Labrouste,  M.  Juste  Lisch,  son  architecte  en  chef, 
né  à  Alençon  (Orne),  la  mission  d'établir  des  constructions  nou- 
velles en  façade  sur  la  rue  Saint-Lazare  et  la  rue  de  Rome, 
constructions  dont  l'inauguration  a  eu  lieu  le  8  avril  1892. 
M.  Lisch  était  déjà  connu  par  son  plan  de  l'Ecole  commerciale 
de  l'avenue  Trudaine,  (1863)  par  sa  restauration  de  l'entrée  du 
port  de  la  Rochelle  (1864),  et  par  celle  de  l'hôtel  de  ville  de 
cette  cité  (1879-1880).  Il  a  exposé  de  nombreux  projets,  mais 
nous  ne  savons  pas  s'ils  ont  tous  été  exécutés. 

A  côté  des  édifices  publics  dont  nous  venons  de  signaler  la 
construction  à  Paris,  de  18o0  au  jour  où  nous  écrivons,  nous 
devons  signaler  les  travaux  faits  par  un  homme  dont  la  réputa- 
tion a  été  européenne  et  qui,  s'il  ne  fut  pas  architecte,  a  louché 
à  l'architecture  par  tant  de  points,  qu'il  ne  nous  serait  pas 
permis  d'omettre  son  nom  :  nous  voulons  parler  de  Jean 
Charles  Adolphe  Alphand.  Né  à  Grenoble  le  26  octobre  1817 
et  élève  de  l'École  polytechnique  en  l83o,  il  en  sortit  en  1837  et 
fut  classé  dans  les  ponts  et  chaussées.  Nous  ne  parlerons  pas,  et 
pour  cause,  de  ce  qu'a  produit  Alphand  pendant  sa  carrière  d'in- 
génieur, mais  nous  rappellerons  qu'il  fut  appelé  à  Paris  en  18o4 
et  reçut  le  litre  d'administrateur  en  chef  des  promenades  et 
plantations  de  la  ville  de  Paris,  qu'il  publia  un  magnifique  ou- 


CHAPITRE  XII.  329 

vrage  en  deux  volumes  sur  le  Bois  de  Boulogne  et  les  autres 
parcs  (Paris,  Rothschild,  lS8o),  qu'il  élail  commandeur  de  la 
Légion  d'honneur,  décoré  de  presque  tous  les  ordres  étrangers 
et  qu'il  est  mort  le  6  décembre  1891,  inspecteur  général  de 
première  classe  des  ponis  et  chaussées. 

Voici  maintenant,  pour  finir,  les  noms  de  plusieurs  architectes 
auteurs  de  monuments  funéraires  élevés  aux  victimes  de  la 
guerre  de  1(S70-187!  :  M.  Farque  et  Derecq  (monument  élevé 
sur  le  champ  de  balailh^  du  liourgcl).  Gustave  Benjamin 
Alexandre  Bourgeret,  né  le  18  septembre  1813  à  Rennes 
(monument  commémoralif  du  combat  de  Saint-Cast  iCôtes-du- 
Nord).  Nous  ajouterons  à  tous  ces  noms  celui  de  M.  Boileau 
qui,  avec  la  collaboration  du  scidpteur  Aube,  a  conçu  et  exé- 
cuté le  monument  érigé  dans  le  Carrousel  à  la  mémoire  de 
Léon  Gambetta. 

■  Les  édifices  religieux  élevés  à  Paris  par  le  second  Empire  et  le 
gouvernementde  la  République  ont  une  importance  considérable, 
tant  au  point  de  vue  do  l'étendue  des  constructions,  que  parce" 
qu'ils  ont  été  l'expression  de  certaines  tendances  architecturales 
impossibles  à  réaliser  par  l'architecte  d'édifices  civils  dont  le 
plan  est  tracé  d'avance  et  imposé  à  l'artiste.  Nous  avons  signalé 
la  tentative  de  Victor  Baltard,  le  grand  vulgai'isateur  de  la  cons- 
truction métallique  (essayée  d'ailleurs  avant  lui  par  Bélanger) 
lorsqu'il  construisit  l'église  Saint-Augustin  dans  un  style  romano- 
byzantin  qui  en  permettait  quelque  peu  l'emploi;  dans  l'église 
Saint-Eugène,  la  tentative  a  été  poussée  plus  loin  encore  et  il 
faut  bien  dire  que  l'œuvre  del'ai^hitecte  Louis  Auguste  Boileau, 
né  à  Paris  le  25  mars  1812  et  ancien  menuisier,  n'est  point  l'aile 
pour  encourager  dans  la  voie  qu'il  a  suivie  les  architectes  français 
d'édifices  religieux.  Le  succès  obtenu  par  le  butfet  d'orgue  de 
Saint-Germain-l'Auxerrois,  ainsi  que  le  jubé  de  Saint-Pierre 
d'Aire-sur-la-Lys  sortis  de  cesateliers,  avait  engagéTabbéCoquand 
à  lui  faire  terminer  les  travaux  de  l'église  Saint-Eugène  que  diri- 
geait Lusson,  au  plan  duquel  il  apporta  des  changements  consi- 
dérables; l'édifice  fut  terminé  en  vingt  mois  (1855).  Il  faut 
joindre  à  celte  œuvre  de  Boileau  l'église  Saint-Michel  de  Bali- 
gnoUes  inaugurée  le  19  septembre  1859.  Boileau  a  publié  deux 
brochures  :  «  Esquisse  scénographique  et  historique  de  Saint- 
Pierre-du-Lys  »  et  «  l'Art  religieux  et  monumental  ». 


330  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Adrien  Louis  Lusson.  né  à  La  Flèche  le  4  aoûl  1790,  morl 
à  Home  le  9  février  1864,  fui  élève  de  Percierel  Fonlaine  et  oblint 
plusieurs  médailles  cà  l'École  des  beaux-arts.  Kn  qualité  de  sous- 
inspecleur  des  ti'avaux  publics,  il  fut  attaché  à  la  construction  du 
marché  Sainl-Germain  (1812),  puis  nommé  inspecteur  en  1819. 
A  son  retour  d'un  séjour  en  Italie,  il  exposa  de  nombreux  projets 
et  publia,  de  1830  à  1834  :  «  Souvenirs  d'un  voyage  à  Munich  », 
«  Embellissement  de  la  place  Louis  XVI  ».  «  Essais  sur  les  cons- 
tructions rurales  »,  <<  Spécimens  d'architecture  gothique  », 
«  iMonumenls  antiques  el  modernes  de  la  Sicile  »,  etc.  Lusson  a 
construit  la  halle  de  décbargement,  rueChauchat,  dont  partie  est 
devenue  le  temple  protestant,  la  cité  Morel  Vindé,  boulevard  de 
la  .Madeleine  ;  puis,  en  1861 ,  après  avoir  abandonné  à  Boileau  la 
construction  de  l'église  Saint-Eugène,  il  commença,  sur  un 
plan  romano-byzantin,  l'église  Saint-François-Xavier,  boulevard 
des  Invalides,  achevée  par  Uchard.  Ses  travaux  en  province 
sont  :  riiùpital  de  Xéris,  la  fontaine  Albert  à  Nevers,  la  décora- 
'tion  du  théâtre  de  la  Flèche  et  celle  de  la  chapelle  du  château 
de  Conflans,  Lusson  a  laissé  de  noiubreux  projets  et  légué  ses 
cartons  à  la  ville  du  Mans. 

Toussaint  François  Joseph  Huchard  était  né  à  Paris.  Élève 
de  Delannoy  et  de  Guénepin,  il  avait  obtenu,  en  1838,  le  premier 
grand  prix  sur  un  projet  de  cathédrale  et  envoyé  do  Rome  de 
très  sérieuses  études.  Cependant,  comme  travaux  d'utililé  pu- 
blique nous  ne  lui  connaissons,  avant  l'achèvement  de  l'église 
Saint-François-Xavier  (1878),  qu'un  asile  élevé  à  Paris,  en  1858, 
rue  do  l'Église  du  Gros-Caillou*et  la  transformation  de  l'hôtel 
Forbin-Janson,  rue  Grenelle-Saint-Germain, en  mairie  du  Palais- 
Bourbon  (mairie  du  VIP  arrondissement)  (1863).  Du  reste,  quand 
il  est  mort  dans  sa  ville  natale,  le  17  février  1891,  Huchard  était 
membre  du  Comité  d'architecture,  architecte  honoraire  el 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

L'église  Notre-Dame-des-Champs,  boulevard  Montparnasse, 
inaugurée  le  1"  novembre  lS76,oul  pour  architecte  un  membre 
de  l'Institut,  M.  Paul  René  Léon  Ginain.  Le  corps  central  est 
à  pignon  répondant  à  la  grande  nef,  flanquée  de  deux  bas-côtés 
sur  lesquels  s'ouvrent  des  portos.  Le  clocher,  à  deux  étages,  est 
placé  à  gauche  de  l'église  et  près  du  chœur;  il  est  séparé  du 
reste  de  l'édifice  el  forme  ainsi  un  campanille  à  la  manière  ita- 


CHAPITRE  XII.  3;il 

lienne.  Les  bas-C(Més  sonl  séparés  de  la  grande  nef  par  deux 
arcades  en  plein  rinire,  supportées  sur  des  piliers  et  des  co- 
lonnes engagées.  C'est  encore,  on  le  voit,  une  église  romane  et 
nous  en  trouverons  d'autres.  AI.  Ginain  qui  la  termina,  en  1875, 
est  né  à  Paris  le  5  octobre  1825;  élève  de  Lebas,  il  a  obtenu 
le  premier  grand  prix  d'arcliiteclnre  en  1852  et  a  été  l'archi- 
tecte de  l'école  de  la  rue  Saint-Benoît.  Classé  le  premier  au 
concours  pour  la  construction  du  grand  Opéra  par  le  jury  chargé 
de  l'examen,  sous  la  présidence  du  ministère  d'Etal,  il  se  vit 
cependant  évincer  (nous  avons  dit  comment)  par  M.  Garnier  qui 
n'était  arrivé  que  le  cinquième  à  ce  concours.  Il  est  vrai  qu'on 
a  confié  à  M.  Ginain  la  construction  de  la  façade  de  la  nouvelle 
École  de  médecine  sur  le  boulevard  Saint-Germain  achevée  en 
1890,  ainsi  que  de  la  Clinique  d'accouchemeni,  avenue  de  l'Ob- 
servatoire. M.  Ginain,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  est  membre 
de  l'inslitut  depuis  le  12  mars  1881. 

Église  romane,  aussi,  celle  deA^iIre-Damc-de-la-Croix  àMénil- 
montant  dont  l'architecte  est  M.  Louis  Jean  Antoine  Héret,  né 
à  Paris  le  2  septembre  1821,  élève  de  Lebas  et  de  l'École  des 
beaux-arts;  il  a  construit,  outre  cette  église  importante,  une 
école  de  filles  avec  asile,  une  maison  de  secom's  rue  Darboy  et 
rue  Saint-iMaur-du-Temple,  ainsi  que  divers  monuments  funé- 
raires dans  les  cimetières  de  Paris.  Auteur  à  Paris  et  en  province 
d'un  grand  nombre  de  consiruclions  particulières,  maisons  de 
loyer,  ateliers,  hôtels  ou  châteaux,  il  est  architecte  honoraire  de 
la  ville  de  Paris,  médaillé  à  l'Exposition  universelle  de  1878  et 
archiviste  de  la  Société  centrale  des  architectes. 

Simon  Claude  Constant-Dufeux  naquit  le  5*3anvier  1801  à 
Paris,  où  il  est  mort  le  26  juillet  1871 .  Entré  à  l'École  des  beaux- 
arts  en  1801,  il  avait  obtenu  le  grand  prix  d'arcbitecture, 
en  1829.  En  1845,  il  fut  nommé  professeur  de  perspective  à 
l'École  des  beaux-arts  et  occupa  cette  chaire  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie.  Comme  architecte  du  Panthéon,  il  y  dirigea  pendant  plu- 
sieurs années,  depuis  1850,  des  travaux  intérieurs  de  décorations 
ou  de  restaui-ations  et  éleva  la  petite  façade  de  l'école  de  dessin, 
rue  de  l'École-de-Médecine.  En  1805,  il  fut  chargé  de  faire 
une  façade  à  l'église  Saint-Laurent,  l'ancienne  ayant  dû  dispa- 
raître dans  le  tracé  du  boulevard  de  Strasbourg.  Étudiée  avec 
tout  le  soin  qu'apportait  Constant-Dufeux  à  ses  conceptions, 


332  LES   ARCHITECTES   PAR   LEURS   OEUVRES. 

cette  façade  est  un  vérilable  bijou  d'archéologie.  Ayant  succédé 
en  1860  à  de  Gisors,  en  qualité  d'architecte  du  palais  du 
Luxembourg,  il  dirigeait  en  même  temps  lareslauration  de  l'église 
de  Valence  (Drôme).  Il  a  signé  plusieurs  tombeaux  remarqua- 
bles, entre  autres  celui  de  l'amiral  Dumont  d'Urville  au  cimetière 
Montparnasse,  du  comte  Brueys  à  Uzès  et  un  grand  hôtel,  rue  de 
Vendôme.  Chargé  en  1852,  par  le  ministère  des  travaux  publics, 
d'étudier  un  projet  d'hôlel  pour  les  invalides  civils,  il  ne  vit 
point  ce  projet  exécuté,  mais  fut  nommé  chevalier,  puis  offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur. 

Commencée  en  1850  et  flnie  en  18(53,  l'église  Notre-Dame  de 
Clignancourt  eut  pour  archilecte  Paul  Eugène  Lequeux,  né  à 
Paris  le  10  août  1806,  mort  au  Monl-Saint-Michel  le  2  juil- 
let 1873,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Élève  de  Guénepinet 
de  Baltard  père,  Lequeux  obtint  le  premier  grand  prix  d'archi- 
tecture en  1834,  après  avoir  été  médaillé  pendant  son  séjour  à 
l'Ecole.  Aussi  lors  de  sa  sortie,  fut-il  nommé  architecte  du  dépar- 
tement de  la  Seine,  et  spécialement  de  l'arrondissement  de 
Saint-Denis.  Ses  principales  œuvres  sont,  hors  de  Paris  :  le 
portail  de  l'église  de  Saint-Ouen  (1840),  la  mairie  et  les  écoles 
de  la  Chapelle-Saint-Denis  (1844),  la  restauration  de  la  tour  de 
l'église  d'Aubervilliers  (1844),  un  abattoir  pour  la  ville  de  Saint- 
Denis  (1845),  l'église  de  Villelaneuse  et  la  mairie  de  Puleaux 
(1856),  une  école  à  Clichy-la-Garenne,  l'église  de  Pierrefilte,  la 
restauration  de  l'église  de  Colombes  (1846),  l'hôtel  de  la  sous- 
préfecture  à  Saint-Denis  et  des  casernes  de  gendarmerie  (1863- 
1865);  enfin,  l'asile  pour  les  fous  de  Ville-Évrard  (1865-1869). 
Dans  Paris,  tn  doit  à  Lequeux  (1835-1836),  la  mairie  de 
Monlmartre  (qui  vient  d'être  abandonnée),  l'église  de  la  Villelte, 
Saint-Jacques-Saint-Christophe,  dont  la  première  pierre  a  été 
posée  en  mai  1840  et  qui  fut  terminée  en  1844;  l'église  Saint- 
Ferdinand  des  Ternes  (1844-1847),  la  mairie  des  Balignolles 
(1847-1849),  la  mairie  de  Courbevoie  (1859-1860),  puis  Notre- 
Dame  de  Clignancourl,  son  auivre  la  plus  importanle. 

Au  concours  de  1872  pour  l'éreclion  d'une  église  votive  sur 
les  hauteurs  de  Montmartre,  la  première  place  fnt  donnée  à  Paul 
Abadie,  né  à  Paris  le  18  novembre  1812,  fils  d'un  architecte 
bordelais,  du  même  nom,  dont  on  a  lu  plus  haut  la  biographie. 
Elève  d'Achille  Leclère,  il  fut  nommé  inspecteur  des  travaux 


CHAPITRE  XII.  333 

qu'on  exécutait  à  Notre-Dame  de  Paris  en  1848,  et,  en  1874,  ar- 
ciiitecte  diocésain  d'Angoulême,  de  Périgueux  et  de  La  Roclielle. 
En  cette  qualité,  il  exécuta  des  restaurations  à  la  catliédrale 
d'Angoulême,  à  Saint-Front  de  Périgueux  et  à  Saint-Michel  de 
Bordeaux  dont  il  refît  la  tourel  la  flèche;  puis,  construisit  dans 
cette  même  ville  Saint-Ferdinand  et  Sainte-Marie  de  la  Bastide; 
il  .fut  aussi  l'architecte  de  Saint-Martial  et  de  Saint-Ausone  à 
Angoulèrae,  des  églises  des  Barris,  à  Périgueux,  de  Mussidan, 
de  Faux,  de  Bergerac,  de  Bassens,  de  Langoiran,  de  Valaysac, 
de  Bégadan,  A  Paris,  architecte,  en  1866,  de  l'inslilution  des 
Jeunes  Aveugles,  membre  de  la  Commission  des  monuments 
historiques,  en  1871 ,  inspecteur  général  des  Sdifices  diocésains, 
x\badie  avait  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  en 
1856,  officier  en  1869,  membre  de  l'Institut  en  1875  et  mourut 
à  Chalou  le  2  août  188i,  laissant  inachevée  l'église  du  Sacré- 
Cœur  de  Montmartre,  dont  les  travaux  furent  confiés  à  Daumel, 
d'abord,  ensuite  à  Laisné,  dont  on  va  lire  ensuite  la  biographie. 

Nous  avons  donné  plus  haut  celle  de  l'un  des  succes- 
seurs d'Abadie  comme  architecte  de  l'éghse  du  Sacré-Cœur, 
M.  Dauniet  ;  l'architecte  de  l'édifice  fut  ensuite  Charles  Jean 
Laisné,  né  à  Fontenay-sous-Bois  en  1819,  élève  do  Iluvé  et  de 
Lenormand,  second  grand  prix  d'architecture  en  1844.  Comme 
coopérateur  à  la  oUection  des  archives  des  monuments  Chislori- 
ques,  il  a  publié  des  dessins  relatifs  à  l'abbaye  d'Ourscamp 
(Oise),  de  Notre-Dame  d'Étampes(Seine-et-Oise),  de  Saint-Pierre 
de  Caen,  etc.,  qui  lui  valurent  une  médaille  au  Salon  de  1852. 
Nommé  professeur  à  l'École  des  beaux-arts  en  1863,  il  fut  décoré 
en  1864  et  exécuta  les  travaux  du  pont  du  Gard  en  collaboration 
avec  Queslel,  à  Notre-Dame  de  Dijon  et  à  la  cathédrale  de  Sens; 
architecte  de  la  cathédrale  de  Gap,  conçue  dans  le  sentiment  des 
anciennes  églises  romanes  en  1886,  il  procéda  aussi  à  l'installa- 
tion de  l'école  normale  de  Cluny  (Saône-et-Loire),  ainsi  que  des 
lycées  de  Cognac  et  de  Guéret.  Nous  avons  dit  plus  haut  qu'il  fui 
l'architecte  à  Paris  de  la  nouvelle  École  de  pharmacie  et  du 
lycée  Janson-de-Sailly.  Nous  rappelons  également  ici  pour 
mémoire  que  les  églises  de  la  Trinité,  de  Saint-Ambroise  et  de 
Saint-Joseph  eurent  pour  architecte  Ballu  père. 

Les  églises  Saint-Pierre  de  Montrouge  (remarquable  par  l'ab- 
sence des  voûtes  que  l'architecte  a  remplacées  par  des  charpentes 


334  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

appareilles  divisées  en  caissons  peints  et  dorés)  et  iSoIre-Dame 
d'Auteuil  qui  se  rattache  franchement  au  style  roman  inter- 
prété librement  par  l'artiste,  furent  construites,  de  1860  à  18G8, 
par  iM.  Joseph  Emile  Auguste  Vaudremer,  né  à  Paris  le  G  fé- 
vrier 1829,  que  nous  avons  déjà  présenté  au  lecteur  comme 
architecte  des  lycées  Bnffon  et  Molière  à  Paris.  Élève  de  Blouet 
et  de  l'Ecole  des  beaux-arts  en  1847.  M.  Vaudremer  a  obtenu  le 
premier  grand  prix  en  1854,  a  été  décoréen  1867  et  est  membre 
de  l'Institut  depuis  le  22  mars  1879.  Architecte  sectionnaire  de  la 
ville  de  Paris,  il  y  a  construit,  outre  les  édilices  que  nous  venons 
de  citer,  la  maison  d'arrêt  de  la  l'ue  de  la  Santé  (1865)  et  res- 
tauré, dans  le  même  temps,  la  façade  latérale  de  Saint-Ger- 
raain-l'Auxerrois;  il  dirigea  la  construction  du  temple  protestant 
de  la  rue  Julien-Lacroix  et  le  groupe  scolaire  de  la  rue  d'Alésia. 
Eu  province,  M.  Vaudremer  a  élevé  à  Beauvais  le  palais  épis- 
copal  situé  en  face  de  la  cathédrale,  édifice  bàli  sur  pilotis  qui  a 
coûté  près  de  300,000  francs,  et  le  lycée  de  Monlauban  conçu 
dans  le  même  sentiment  que  ses  lycées  de  Paris. 

Un  édifice  religieux  (jui  rappelle  les  constructions  du  Nord  et 
se  compose  d'une  nef  unique  ogivale  flanquée  de  chapelles  déta- 
chées est  l'église  de  la  Sainte-Famille,  rue  de  Charonne,  élevée  en 
1880  par  M.  Coulomb,  dont  nous  ne  pouvons  donner  que  le  nom. 

Deux  pères  jésuites  ont  fourni  les  plans,  vers  1880,  de 
l'église  du  Jésus  attenant  à  la  maison  mère  de  la  rue  de  Sèvres, 
numéro  35,  les  PP.  Martin  et  Tournesac,  Le  P.  Martin  était 
d'ailleurs  déjà  connu  comme  auteur  du  tombeau  de  sainte  Gene- 
vièveplacéàSaint-Élienne-du-Mont,  délicat  réseau  debronze  doré 
orné  de  feuillages  qui  dissimule,  sans  le  cacher,  le  sarcophage  où 
sainte  Geneviève  fut  inhumée. 

La  chapelle  des  Baptistes  de  la  rue  de  Lille  ouverte  en  1873 
et  le  temple  évangélicjue  de  l'Étoile  conçu  dans  le  style  ogival 
fleuri,  inauguré  en  1874,  sont  les  œuvres  d'un  architecte 
étranger,  M.  Hansen. 

Né  à  Paris  en  1834,  M.  Alfred  Aldrophe,  élève  de  Bélanger  et 
de  l'École  spéciale  de  dessin,  fui  d'aijord  attaché  aux  travaux  d'ar- 
chitecture du  chemin  de  fer  de  l'Est.  En  1855,  il  était  chargé  du 
service  de  l'installation  de  l'Exposilion  universelle  de  Paris,  puis, 
en  1862,  nommé  architecte  de  la  commission  près  l'Exposition 
universelle  de  Londres.  Sous-inspecteur,  dès  1855,  des  travaux 


CHAPITRE  XII.  333 

f'ails  alors  par  Ballard  aux  bàlimenls  annexes  de  l'Hôlol  de  Ville 
et  architecte  des  nouvelles  barrières,  sous  la  direction  de  M.  Jay, 
il  fut  nommé,  en  1800,  inspecteur  de  première  classe.  C'est  en 
l8Go  que  M.  Aldrophe  a  commencé  la  construction  du  Temple 
cousistorial  israélile  de  la  rue  de  la  Victoire  dont  le  style  semble 
inspiré  par  l'architecture  romano-byzantine  des  édifices  du  moyen 
âge  dans  les  pays  rhénans.  L'édifice  a  été  inauguré  en  1874,  et 
M.  Aldrophe  a  également  construit,  dans  le  même  style,  la  syna- 
gogue de  Versailles  inaugurée  le  22  septembre  188(3;  enfin  il  a 
attaché  son  nom  à  la  chapelle  sépulcrale  d'Adolphe  Tliiers  au 
cimetière  de  l'Est  (1887).  Il  est  officier  de  la  Légion  d'honneur  et 
membre  de  plusieurs  ordres  étrangers. 

La  synagogue  de  la  rue  des  Tournelles,  inaugurée  le  \o  sep- 
tembre 1875,  ressemble  assez  à  celle  de  la  rue  de  la  Victoire. 
La  façade  principale  en  est  à  deux  étages  de  pilastres,  percés  de 
fenêtres  et  surmontés  d'un  fronton  demi-circulaire  avec  rosace 
au  contre.  Elle  a  pour  arcbitecle  AI.  Marcellin  Emmanuel  Var- 
collier,  né  à  Paris  le  10  février  18i9,  élève  de  Ballard  auteur 
aussi  de  la  nouvelle  mairie  de  Montmartre  qui  vient  d'être  inau- 
gurée. 

Pour  terminer  ce  que  nous  avions  à  faire  connaître  des  édi- 
fices religieux  élevés  à  Paris  pendant  la  seconde  période  du 
xix°  siècle,  disons  que  l'architecte  Pierre  Louis  Armand 
Etienne  Pollet,  né  à  Paris  le  16  novembre  1831,  a  installé  dans 
un  local  précédemment  occupé  par  l'institution  HioUe,  boule- 
vard Saint-Michel,  une  mosquée  à  l'usage  des  élèves  de  l'école 
égyptienne  dont  le  plan  et  la  décoration  ont  été  relevés  dans  un 
des  numéros  de  la  «  Revue  de  l'Architecture  »  (année  1876). 

Fidèles  à  notre  programme,  si  nous  rappelons  ici  les  noms  de 
Pierre  Manguin,  né  le  12  février  18i.j,  mort  en  1870,  élève  de 
Lebas  et  de  l'Ecole  des  beaux-arts,  c'est  parce  qu'il  a  organisé  les 
cérémonies  ordonnées  en  mémoire  des  victimes  de  Juin  1848,  et 
qu'attaché  à  la  commission  des  monuments  historiques  il  a  exé- 
cuté la  restauration  de  l'église  de  la  Ferté-Bernard  (Sarlhe)  et  de 
la  crypte  de  l'église  Saint-Laurent  à  Grenoble.  Nous  en  dirons  au- 
tant de  M.  Nicolas  Crépinet,  né  à  Paris  le  16  octobre  1827.  Pos- 
sesseur d'une  clientèle  de  choix  pour  laquelle  il  a  élevé  à  Matirid 
l'hùtel  du  Crédit  espagnol  (1858)  et  l'hùtel  des  Boches-Noires  à 
Tiouville,  il  avait  été  attaché  aux  travaux  dutoinbeau  de  Napo- 


336  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS    ŒUVRES. 

léon  en  1859  et  a  élevé  aux  Invalides  le  (ombeau  du  roi  Joseph. 
A  mentionner  seulement  M.  Varé,  architecte  paysagiste, 
parce  qu'il  fut  le  collaborateur  d'Alpband,  lorsque  celui-ci  fut 
chargé  de  dessiner  le  bois  de  Boulogne  ainsi  que  nos  autres 
promenades  publiques,  et  encore  Antoine  Marneux,  élève  de 
l'École  des  beaux-arls  en  1816,  mort  h  Beauvais  en  1845,  au- 
quel on  doit  l'ornementation  de  la  Madeleine,  de  Saint-Vincent- 
de-Paul,  des  monuments  de  Juillet,  à  Paris  et  de  Boulogne-sur- 
Mer,  de  l'Arc  de  Triomphe  de  Marseille,  puis  parce  qu'il  fut 
l'auteur  du  grand  escalier  (ancien)  de  l'Hôtel  de  Ville  et  de 
quelques  parties  de  cet  édifice. 

Imaginez  quelques  baraques  en  bois  occupées  par  quelques 
exposants  (101)  et  rangées  autour  d'un  Temple  (?)  à  l'Industrie 
dans  un  coin  du  Champ-de-Mars,  tel  fut  l'aspect  de  la  première 
Exposition  tiationale  fra7içaise,  ouverte  en  1798.  En  1801  et  en 
1802,  sous  le  ministère  de  Chaptal,  des  portiques  (en  bois  tou- 
jours) fureni  installés  dans  la  cour  du  Louvre.  L'idée  avait  fait  peu 
de  chemin,  mais  on  commençait  cependant  à  en  discuter  la 
valeur,  et  en  180G,  le  gouvernement  organisa,  sur  l'esplanade 
des  Invalides,  une  quatrième  exposition  industrielle,  qui  com- 
prenait 124  baraques  en  bois.  Malheureusement  les  guerres 
de  l'Empire  et  les  désastres  qui  vinrent  clore  la  période  impé- 
riale, ne  permirent  pas  de  constater  quels  avaient  pu  être  les 
progrès  de  notre  industrie  depuis  1806,  et  c'est  en  1819  seu- 
lement, que  fut  reprise  cette  idée  d'une  exposition  simultanée 
de  tous  les  produits  industriels  de  la  France.  Les  expositions 
de  1819  el  de  1823  s'ouvrirent  dans  les  salles  du  Louvre;  puis, 
quatre  ans  après,  c'est  dans  la  cour  même  du  Louvre  que  les 
industriels  groupèrent  les  œuvres  dues  à  leur  travail,  tandis 
qu'une  exposition  des  œuvres  de  peinture  et  de  sculpture  des 
artistes  de  l'époque  avait  lieu  dans  les  salles  du  premier  étage. 
Le  résultat  obtenu,  relativement  satisfaisant,  engagea  le  gou- 
vernement à  favoriser  ces  sortes  d'exhibitions  qui  demeurèrent 
d'ailleurs  nationales  et,  en  1834,  les  étrangers  purent  contem- 
pler pendant  quelques  semaines  l'Kxposition  sous  la  forme  de 
quatre  baraquements  élevés  sur  un  soubassement  en  maçon- 
nerie, aux  quatre  angles  de  la  place  de  la  Concorde.  En  1839, 
c'est-à-dire  cinq  ans  après,  nouvelle  exposition  dans  le  grand 


'     I 


/■ 


Massard    del. 


LEFUEL 


CHAPITRE  XII.  M7 

carré  des  Champs-Elysées,  puis  cinq  ans  après,  en  1844  cl 
enlin  en  1849,  on  consacra  presque  un  million  à  celle  mani- 
festation de  l'art  et  de  l'industrie  français. 

Nous  avons  dans  notre  deuxième  chapiire  mentionné  le  nom 
de  J.B.de  Joly  comme  élant  celui  de  l'architecle  des  expositions 
de  1823  et  de  1826;  l'architecte  qui  fut  chargé  d'installer  les 
quatre  dernières  s'appelait  Moreau,  ainsi  que  nous  l'avons  in- 
diqué également.  Enfin,  l'édifice  élevé  par  les  archilectes  Viel 
et  Cendrier  dans  le  carré  Alarigny,  aux  Champs-Elysées,  à  l'oc- 
casion de  l'exposilion  de  1855,  fut  un  véritable  palais,  destiné 
aux  expositions  annuelles  des  œuvres  d'art...  et  d'une  foule 
d'autres. 

Jean  Marie  Victor  Viel  était  né  à  Paris  le  31  décembre  1796 
et  était  élève  de  Yaudoyeret  de  Lebas;  il  est  mort  le  7  mai  1863, 
sans  laisser  d'autre  ouvrage  connu.  Quant  à  Cendrier,  nous 
avons  donné  sa  biographie,  en  faisant  connaître  les  principaux 
architectes  lyonnais.  Mais  dans  l'intervalle  qui  s'était  écoulé 
entre  Tannée  1849  et  l'année  18oo,  l'Angleterre  avait  mis  à 
exécution  une  idée  éclose,  dit-on,  dans  un  cerveau  français, 
celle  de  faire  appel  non  plus  seulement  à  ses  propres  industriels, 
mais  aux  industriels  du  monde  entier,  afin  de  réunir  les  pro- 
duits les  plus  divers  dans  un  même  local,  de  les  comparer  entre 
eux  et  de  faire  profiter  l'industrie  nationale  des  améliorations 
de  forme  ou  de  fond  constatées  par  les  membres  des  jurys. 

C'est  ainsi  qu'en  1850,  l'architecte  de  jardins  l'axton,  cons- 
tructeur de  plusieurs  grandes  serres  en  fer  et  en  verre,  proposa 
à  l'Angleterre  le  «  Palais  de  Cristal».  Nous  avons  dit,  en  faisant 
la  biographie  de  cet  architecte,  que  sa  proposition  avait  été 
acceptée  et  que  son  œuvre,  démontée  pièce  par  pièce,  se  trouve 
aujourd'hui  hors  de  Londres,  à  Sydenham,  et  a  été  transformée 
en  musée  d'art  et  d'histoire  naturelle.  Dans  la  construction  du 
Palais  de  l'Industrie  de  1855,  les  archilectes  n'ont  pris  de  l'in- 
génieur anglais  que  les  immenses  berceaux  vitrés  pour  couvrir 
leur  hall  central  el  les  bas-côtés,  le  surplus  de  la  construction  est 
en  moellons  et  en  pierres  de  taille.  Mais  alors  (pas  plus  que  de 
nos  jours,  d'ailleurs),  on  ne  s'est  préoccupé  des  moyens  propres 
à  aérer  et  à  tempérer  la  chaleur  éloud'iinte  d'aussi  vastes  édifices. 

Les  Expositions  de  1807  et  de  1878  au  Champ-de-Mars  et  au 
Trocadéro  curent  lieu  toutes  les  deux  dans  un  palais  de  fer  et  de 
III.  22 


338  LES    ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

lùle,  à  l'exception  loiilelbis  de  la  galerie  des  bcaux-aiis  dont  les 
murs  élaient  en  maçonnerie,  essenliellement  circulaire  avec  un 
jardin  comme  point  central,  jardin  aulonr  duquel  rayonnaient 
toutes  les  galeries  de  l'Exposition,  et  il  iaul  dire  que  l'elTet  pers- 
pectif de  ces  galeries  l'emporlail  de  beaucoup,  sous  le  rapport 
du  pittoresque,  sur  l'etret  des  galeries  en  ligne  droite.  L'exécu- 
teur de  ce  plan  original  était  M.  Kranlz,  ingénieur  en  chef,  qui 
voudra  bien  nous  permettre  de  ne  pas  nous  occuper  de  lui  dans 
un  ouvrage  réservé  aux  seuls  architectes.  De  l'Exposition  de 
1878  nous  sont  restés  le  palais  du  Trocadéro  qui  est  l'œuvre 
commune,  nous  l'avons  dii,  de  Davioud  et  de  M.  Bourdais, 
dont  nous  avons  donné  la  biographie  et  le  pavillon  de  la  Ville  de 
Paris  démonté  et  réédifié  dans  les  Champs-Elysées  où  on  peut  le 
voir  aujourd'hui,  dont  l'architecte  fut  M.  Joseph  Antoine  Bou- 
vard, né  à  Saint-Jean-de-Bournay  (Isère)  le  19  février  1840, 
élève  de  Conslaut-Dufeux  et  de  l'École  des  beaux-arts. 

M.  Bouvard  entra  dans  le  service  d'architecture  de  la  ville 
en  tSGi  comme  conducteur  des  travaux  de  l'église  Saint-Lau- 
rent; successivement  sous-inspecteur,  inspecteur  et  archilecte 
du  service  municipal,  il  fut  chargé  de  la  section  de  l'adminis- 
tration centrale  en  juin  1871.  Il  est  aujourd'hui  membre  du 
conseil  des  bâtimenis  civils,  inspecteur  général  du  service 
d'architeclure  de  la  ville  de  Paris,  depuis  juillet  1892,  officier 
d'académie,  officier  de  la  Légion  d'honneur  et  grand  officier  de 
divers  ordres  étrangers.  Architecte,  nous  venons  de  le  dire,  du 
pavillon  de  la  Ville  de  Paris  à  l'Exposition  de  1878,  M.  Bouvard, 
qui  organisa  l'exposition  de  la  Ville  à  Vienne  en  1873,  fut  celui 
du  palais  central  à  l'Exposition  universelle  de  1889.  Ses  prin- 
cipaux travaux  à  Paris  sont  des  groupes  scolaires,  la  caserne 
de  la  garde  républicaine,  rue  Schomberg,  le  bâtiment  des 
archives  de  la  Seine,  des  stations  pour  les  voitures  d'ambu- 
lance, des  refuges  de  nuit,  des  établissements  municipaux  de 
désinfection  et  la  Bourse  du  lra\ail.  Il  fut  aussi  chargé  de  l'achè- 
vement de  l'hôtel  Carnavalet. 

L'architecte  du  palais  du  Cliamp-di'-Mais  fui  M.  Léopold 
Amédée  Hardy,  né  à  Paris  le  7  mars  1839,  élève  de  l'École  des 
beaux-arts,  auteur  de  l'église  souterraine  de  Lourdes.  Membre 
de  la  Société  centrale  depuis  1871,  M.  Hardy  est  officier  de  la 
Légion  d'honneur. 


CHAPITRE   XII.  339 

Les  renseignements  biographiques  nous  font  défaut  sur 
M.  Paul  Sédille,  auquel  fui  conliée  l'ornemenlalion  des  pavil- 
lons réservés  aux  beaux-arls  et  qui  mérite  aussi  d'avoir  sa  place 
dans  cet  article.  On  ne  doit  pas  oublier  non  plus  la  rue  des 
Nations,  qui  offrait  un  spécimen  des  palais  ou  hahilalions  d'une 
arcliiteclure  conforme  au  type  adopté  pour  la  majeure  parlie  des 
constructions  civiles  et  domestiques  de  ciiaque  pays;  mais  nous 
avons  d'ailleurs  nommé,  lorsque  nous  avons  pu  le  faire,  les 
arcliilectes  étrangers  auteurs  de  ces  remarquables  spécimens. 

L'expérience  de  la  consiruclion  tout  en  fer  avait  été  fournie 
par  l'Exposition  de  1878;  dans  celle  de  1889  on  essaya  d'un  com- 
promis grâce  auquel  la  rigidité  du  fer  serait  atténuée  par  l'em- 
ploi d'une  matière  se  prêtant,  sans  difficulté,  aux  exigences  de 
la  décoration  peinte  et  de  la  statuaire.  Ainsi,  on  a  pu  substituer 
au  caractère  utilitairiî  des  constructions  élevées  jusque-là  pour 
recevoir  les  produits  du  génie  humain  et  de  la  science  humaine, 
une  œuvre  véritablement  architecturale  obtenue  par  une  réunion 
d'éléments  à  laquelle  n'avaient  jamais  songé  les  architectes  du 
passé.  Mais  laissons  la  parole  à  un  artiste  de  talent,  critique 
autorisé  et  homme  d'esprit,  M.  Rivoalen,  qui  a  effleuré,  sinon 
abordé  de  front,  cette  grave  question  de  l'architecture  de  fer 
dans  son  étude  sur  l'Exposition  de  1889  :  «  Ce  n'est  pas  une 
évolution,  c'est  une  révolution.  En  18G7  et  1878,  on  était  déjà 
entré  dans  la  voie  indépendante  ;  mais  les  ingénieurs  seuls 
s'étaient  aventurés.  En  comparant  les  palais  du  Champ-de-Mars 
à  la  Madeleine,  à  la  Sainte-Chapelle,  à  Versailles,  à  l'Opéra,  on 
ne  découvrira  aucune  similitude  entre  ces  constructions  et  l'Ex- 
position. La  colonne  et  le  pilastre  ont  disparu.  Leur  entablement 
est  remplacé  par  un  couronnement  à  silliouelle  mouvementée, 
les  fenéires,  aux  proportions  despoliquement  disposées,  sont 
devenues  des  verrières  aussi  larges  que  cela  est  nécessaire.  Les 
portes  se  sont  transformées  en  vastes  baies;  l'extérieur  laisse 
deviner  la  destination  de  l'intérieur,  le  plâtre  ni  la  brique  ne 
dissimulent  plus,  sous  un  décor  mensonger,  le  métal  qui,  vainqueur 
d'un  préjugé  imbécile,  reçoit  la  consécralion  officielle  de  l'art 
monumental.  Les  remplissages  ne  sont  plus  alourdis  par  des  en- 
duits, mais  décorés  par  des  terres  cuites,  laissant  suivre  de  l'œil 
les  lignes  de  l'ossature  générale,  tout  en  rompant  l'uniformité 
des  surfaces  métalliques  et  coupant  la  rigidité  de  la  perspective. 


340  LES   ARCHITECTES  PAU  LEURS   OEUVRES. 

«  La  galerie  des  machines  avec  sa  fanlaslique  portée  de  1 15  mè- 
tres, sans  tirants,  son  envolement  audacieux,  ses  proportions 
grandioses,  n'est  pas  une  œuvre  d'art;  mais  elle  montre  la  voie 
à  suivre  dans  les  constructions  qui  exigeront  un  vaisseau  de 
grande  proportion  excédant  celle  de  la  maison  d'habita- 
tion, etc.  » 

On  se  rappelle  les  pavillons  les  plus  saillants  de  cette  mer- 
veilleuse Exposition.  Los  architectes  en  furent  M.  Bouvard  (voir 
sa  biographie  ci-dessus)  auquel  on  devait  la  galerie  centrale  avec 
son  diimc  liardi  et  sa  porte  monumentale,  M.  Charles-Louis- 
Ferdinand  Dutert,  né  à  Dreux  le  21  octobre  I84o,  premier  grand 
prix  d'architecture  en  1809,  architecte  du  «  palais  des  beaux- 
arts  »,  et  M.  Jean  Formigé,  né  au  Bouscat  (Gironde),  le 
24  juillet. 1845,  architecte  du  «palais  des  arts  lihéraux  ».  Élève 
de  M.  Laine  et  de  l'Ecole  des  beaux-arts,  il  a  obtenu  le  prix 
Duc  en  1876,  a  restauré  plusieurs  monuments  historiques 
dans  le  Poitou,  l'Anjou,  etc.  M.  Formigé,  lauréat  de  plusieurs 
concours  publics,  est  officier  d'académie  et  officier  de  la  Légion 
d'honneur. 

Avant  de  clore,  qu'on  nous  permette  de  mentionner  les  noms 
de  deux  Fram^'ais,  celui  de  M.  Salle,  architecte  du  pavillon  de 
Nice  à  l'Exposition  de  1889,  et  celui  de  M.  Paul  Lorain,  qui  a 
construit  le  pavillon  d'honneur  de  la  commission  française 
à  l'Exposition  d'Amsterdam  en  1883.  Nous  avons  d'ailleurs  fait 
connaître  les  noms  des  architectes  belges  et  hollandais  qui  ont 
pris  part  à  celle  dernière  exposition,  ainsi  qu'aux  expositions 
de  Londres,  de  Vienne  et  de  Turin  (25  avril  1880).  On  trou- 
vera également  au  chapitre  concernant  les  architectes  des 
Étals-Unis  d'Amérique  les  noms  de  tous  ceux  qui  ont  élevé  les 
différents  pavillons  de  l'Exposition  qui  vientdes'ouvrir  à  Chicago; 
mais  nous  n'avons  pu  nous  procurer  aucun  renseignement  sur 
les  architectes  des  Expositions  de  Sydney,  de  Melbourne  et  de 
Buenos-Ayres  (1881). 


CHAPITRE  xm 

Les  départemenls  suivent  le  mouvement  architectural  qui  a  pris  naissance  à 
Paris,  à  l'avènement  du  second  Empire.  —  Les  architectes  de  province  con- 
courent, avec  les  architectes  diocésains,  à  la  reslauration  des  édifices  de  la 
période  ogivale.  —  Hôtels  de  ville  des  communes  suburbaines.  —  Cathé- 
drales à  Moulins,  Marseille,  Nancy. — •  Le  palais  de  Longchamps  à  Marseille. — 
Construction  de  préfectures,  musées,  mairies  et  théâtres  dans  les  principales 
villes  de  France. 


La  fièvre  de  conslruclion  qui  s'élait  emparée  du  gouverne- 
ment de  l'empereur  Napoléon  III  gagna  les  départements,  imi- 
tateurs de  Paris;  mais,  les  architectes  diocésains  et  les  membres 
de  l'Institut  ayant  le  privilège  de  diriger  les  travaux  de  presque 
tous  les  édifices  appartenant  à  l'Etat,  nous  ne  trouverons  guère 
maintenant  que  des  arcliitectectes  chargés  par  les  communes  de 
la  conslruclion  ou  de  la  reslauration  des  édifices  municipaux  ; 
disons  immédiatement  toutefois,  qu'il  s'en  trouve,  parmi  ces  der- 
niers, de  considérables  comme  importance  et  d'une  grande 
valeur  architecturale. 

Tout  autour  de  la  capitale,  dans  les  départemenls  de  la  Seine 
et  de  Seine-et-Oise,  des  églises,  des  mairies  et  des  écoles  s'élè- 
vent, sous  l'Empire  comme  sous  la  République  et  de  plus,  des 
asiles  pour  les  vieillards,  les  incurables  ou  les  fous,  élablisse- 
menls  auxquels  de  grands  espaces  sont  nécessaires  et  qui  ne 
pouvaient  trouver  place  dans  l'enceinte  de  Paris. 

Parmi  ces  établissements,  ceux  de  Vincennes  el  du  V'csinet 
furent  confiés  à  Jean  Baptiste  Gabriel  Eugène  Laval,  né  à 
Villefranche  (Hhùne)  le  23  février  1818,  qui  avait  commencé  ses 
études  d'architecture  à  Lyon  et  vint  les  eompléler  à  Paris  dans 
l'atelier  de  Labrouste.  Un  séjour  de  quelques  années  en  Ilalie 
lui  parut  nécessaire  et  il  résida  principalement  à  Rome,  à 
Naples,  à  Venise  et  à  Florence.  A  son  retour  en  France,  il  me- 
sura et  dessina  les  |)rincipaux  édifices  tant  anciens  que  modernes 


342  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

de  Viviers,  d'Arles,  d'Orange  el  de  Nimes.  Atlaché  à  la  Com- 
mission des  monuments  liisloriques,  en  1S48,  il  fnl,  en  cette 
qualité,  chargé  de  la  restauration  des  églises  de  Sylvacanes 
(Aveyron),  de  Sainte-Marthe  à  Tarascon,  do  Saint-Théodoric  à 
Uzes,  de  Saint-Bertrand-de-Comminges,  de  Saint-Just  à  Valca- 
brère  (Haute-Garonne)  et  du  château  de  Beaucaire;  puis,  lors 
de  l'organisation  du  service  des  édifices  diocésains,  il  fut  nommé 
architecte  diocésain  de  Nîmes  et  de  Viviers.  En  1852,  lorsqu'il 
s'agit  d'élever  des  hospices  spéciaux  ])Our  les  convalescents,  le 
choix  de  l'administration  tomba  sur  Laval  qui  fut  chargé  de 
construire,  de  1S52  à  1857,  l'asile  de  Vincennes  et,  de  1866  à 
1869,  celui  du  Vésinet.  Memhre  de  la  commission  des  lycées,  il 
fut  l'architecle,  en  1861,  du  lycée  de  Toulon  et  du  collège  de 
Nîmes.  En  1865,  la  ville  de  Bordeaux  lui  confia  la  consiruclion 
de  l'hôpital  général,  son  œuvre  la  plus  considérable,  qui  a  été 
terminée  sur  ses  plans  par  AI.  Labbé,  architecte  du  département 
de  la  Gironde.  Architecte  du  département  du  Gard,  il  y  a  cons- 
truit le  palais  de  justice  de  la  ville  d'Alais  et  plusieurs  églises  de 
campagne;  puis  hors  de  P'rance,  l'hôtel  de  la  Banque  à  Bilbao 
(Espagne)  et  la  villa  Dubochet  à  Clarens  sur  le  lac  de  Genève. 
Laval  est  mort  à  Paris,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  le 
21  février  1869,  laissant  une  quantité  considérable  d'études  et 
de  projets^  qui  presque  tous  ont  été  exposés  aux  Salons  an- 
nuels. 

L'asile  des  aliénés  de  Vauchise(Seine-el-Oise),  élevé  de  1866  à  68, 
eut  pour  architecte  Denis  Lebouteux,  né  à  Paris  le  6  août  1819. 
Élève  de  Huyot  et  de  Lebas,  il  avait  obtenu  en  1849  le  premier 
grand  prix;  de  retour  en  France,  après  le  séjour  réglementaire 
en  Italie  et  en  Grèce,  il  fut  nommé  inspecteur  des  travaux  pu- 
blics el  décoré  en  1873.  C'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

Parmi  les  églises  dont  furent  dotées  les  communes  des  envi- 
rons de  Paris,  celle  de  Saint-Gralien  est  due  à  M.  Léon  Ohnet, 
né  à  Paris  le  26  mai  1813,  mort  dans  la  même  ville  le  1"  juil- 
let 1874,  adjoint  au  maire  du  W  arrondissement  et  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur.  Celle  d'Enghien-les-Bains  à  Antoine 
Gaétan  Guerinot,  né  à  Boulogne-sur-Mer  le  7  juillet  1830, 
décédé  à  Paris  en  décembre  1891.  Médaillé  aux  Expositions 
de  1876  et  de  1878,  membre  de  la  Société  centrale  et  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur,  Guerinot   fui    aussi  l'arcbilecte 


CHAPITRE  XIII.  343 

des  églises  de  Loye  Bellol  (Haule-Manie)  de  MonlbL'liard,  de 
la  préfecture  de  la  Vienne  et  de  l'hôtel  de  ville  de  Poitiers. 

L'église  de  Bougival  eut  pour  architecte  M.  Louis  Alfred 
Perrot,  architecte  parisien;  celle  du  Vésinet  (essai  peu  réussi 
de  la  construction  en  béton  aggloméré)  M.  Louis  Charles 
Boileau,  né  à  Paris  le  20  octobre  I  8;î7  et  celle  de  Sainl-Leu-Ta- 
verny,  élevée  en  1801,  Paul  Joseph  Eugène  Lacroix,  né  à  Paris 
le  19  mars  1814,  élève  deConstant-Dufeux.  Au  retour  d'un  voyage 
qu'il  fit  en  Italie  pour  compléter  ses  études,  on  lui  confia  d'a- 
bord la  restauration  de  l'église  de  Saint-Quentin,  mais  peu  de 
temps  après,  il  fut  chargé  par  Napoléon  lui-même  (son  parrain, 
croyons-nous),  de  travaux  importants  à  l'Elysée  dont  il  releva  la 
chapelle  (1852),  puis  nommé  inspecteur  adjoint  des  Tuileries  et 
des  travaux  de  la  Couronne,  il  construisit  la  crypte  et  éleva  le 
tombeau  de  J.  Bonaparle  à  Saint-Leu.  Lacroix  est  mort  en  1872, 
après  avoir  restauré  l'église  de  Vitry-sur-Seine.  Celle  de  Vin- 
cennes  eut  pour  architecte  J.  J.  Clerget,  dont  on  a  lu  plus  haut 
la  biographie.  Celles  de  Gonesse  (Seine-et-Oise)  et  de  Neuilly- 
sur-.Marne  furent  élevées  par  un  même  architecte,  J.  B.  Duval, 
élève  de  Duban,  né  à  Paris  à  une  épotiue  que  nous  ne  pouvons 
préciser.  Le  plan  de  celle  de  Neuilly-sur-Seine  fut  di'essé  par 
M.  André,  de  Lyon,  qui  en  posa  la  première  pierre  en  juin  1882  ; 
mais  le  travail  fut  terminé  en  septembre  1885,  sous  la  direction 
de  MM.  Dutocq  et  Simonnet,  architectes  de  la  ville. 

Les  mairies  des  principales  communes  voisines  de  Paris  sont 
également  de  la  seconde  période  de  notre  siècle  :  celle  d'Arpa- 
jon,  architecte,  en  1870,  Jules  Laroche,  sur  lequel  nous  ne 
possédons  aucun  renseignement;  celle  de  Vincennes  qui  fut 
édifiée  sur  les  plans  de  M.  Eugène  Calinaud,  né  à  Paris  en  1 8  i3  ; 
celle  d'Arcueil-Cachan,  qui  eut  pour  architecte  le  collabora- 
teur de  M.  Bouvard  à  l'Exposition  universelle:  M.  Jean  Baptiste 
Ulysse  Gravigny,  né  à  Paris  le  28  octobre  18i'i,  élève  d(> 
Con.-tant-ltuft'ux  et  de  l'Ecole  des  beaux-arts.  Entré  dans  le 
service  d'architecture  de  la  ville  de  Paris,  dont  il  fut  successi- 
vement sous-inspecteur  et  inspecteur,  il  remplit  aujourd'hui  les 
fonctions  d'architecte  de  l'administration  centrale.  Du  reste, 
lauréat  de  plusieurs  concours  publiés,  M.  Gravigny  est  officier 
de  l'inslruclion  publique,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et 
décoré  de  plusicui's  ordres  étrangers.  La  mairie  de  Suresnes, 


314  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

inaugurée  le  1"  décembre  1889,  a  pour  auteur  M.  Jean  Bréas- 
son,  né  à  Lyon  le  24  juillet  1848,  auteur  aussi  de  l'école 
(riiislilulrices  d'Auxerre  et  du  palais  de  juslice  de  Meaux; 
l'archilecle  de  celle  de  l'anliii  inaugurée  en  188(5,  assez  vasie 
construction  dans  le  style  de  la  Renaissance  modifiée  sous 
Louis  XllI,  est  M.  Raulin. 

Nous  ne  dirons  rien  de  M.  Guélorget  qui  a  terminé  seulement 
l'édilice;  M.  Gustave  Laurent  Raulin  est  né  à  Paris  le  22  fé- 
vrier 1837.  Elève  do  l'Ecole  des  beaux-arts,  M.  Raulin  avait 
eu  dix-neuf  médailles  avant  de  quitter  cet  établissement;  puis, 
avait  obtenu  la  grande  médaille  d'émulation,  le  prix  Blouel  elle 
prix  Deschaumes.  Nommé  successivement  inspecteur  du  service 
des  édifices  diocésains  (cathédrale  de  Moulins),  attaché  à  la 
construction  de  l'Opéra,  inspecteur  du  service  d'architecture 
aux  Expositions  universelles  de  1867  et  de  1878,  inspecteur  à 
la  reconstruction  de  la  <<  galerie  dorée  »  et  à  l'installation  de 
l'imprimerie  des  billets  de  la  Banque  de  France;  il  est  l'archi- 
tecte des  groupes  scolaires  d'Ivry-sur-Seine  et  du  pavillon  de 
l'alimentation  à  l'Exposition  de  1889.  Admis  en  1879  à  la  Société 
cenlrale  dont  il  a  été  l'archiviste,  M.  Raulin  est  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur. 

C'est  à  M.  Charles  Nizet,  né  à  Brienne  (Aube)  en  18il,  élève 
de  Vestier,  inspecleurdes  travaux  de  l'entrepôt  de  Bercy  avant 
Cernesson,  qu'est  dû  l'asile  des  vieillards  d'Arcueil  (1886). 
iVI.  Nizet,  architecte  diocésain  de  l'Isère,  a  été  chargé,  en  outre, 
de  nombreuses  restaurations  do  châteaux  et  d'églises  en  Nor- 
mandie, en  Touraine,  dans  l'Aube,  dans  Seine-el-Oise,  etc. 

En  1868,  M.  Landin,  architecte  à  l'entretien  des  palais  de 
Saint-Cloud  et  de  Meudon  qui  n'existent  plus  aujourd'hui, 
construit  la  nouvelle  manufacture  de  porcelaine  de  Sèvres.  11  n'a, 
du  reste,  été  trouvé  sur  lui  aucun  renseignement  biographique 
La  ville  de  Chartres  voit  également,  pendant  la  seconde  période 
du  siècle,  s'élever  deux  édifices  d'une  certaine  importance  :  le 
nouvel  hospice  dû  à  M.  Ernest  Modeste  Le  Poiltevin,  archi- 
tecte de  Versailles,  né  le  15  mars  IS27,  qui  l'a  élevé  en  1857,  et 
le  nouveau  Ihéàtre,  œuvre  de  M.  Alfred  Isidore  Piébourg,  né 
à  (Chartres  le  3  janvier  1815. 

Nous  avons  déjà  montréque  le  département  du  Nord,  grâce  au 
fonctionnement  intelligent  de  la  Société  régionale  des  architectes 


CHAPITRE  XIII.  345 

de  ce  pays,  avait  produit  d'assez  nombreux  édifices  pendant  la 
période  précédente  ;  celle  qui  suit  n'en  présente  pas  beaucoup 
moins.  Ainsi  M.  Henry  Emile  Boudin,  né  à  Baiileul  en  l8ol, 
fut  l'archilecte  des  églises  Saiiit-André-lez-Lille,  de  Wallon- 
Cappel,  de  Saint-Maurice-lez-Lille,  dont  il  reconstruisit  le 
clocher,  il  refil  une  parlie  de  l'église  de  Lomme  et  augmenta 
considérablement  l'église  de  Canleleu-lez-Lille.  Au  même  lieu, 
Henry  Camille  Tierce,  né  à  Lille  en  1832,  décédé  prématuré- 
ment eii  1800,  exécula  des  travaux  à  l'église  et  aux  hospices  de 
la  Bassée  (Nord).  M.  Emile  Joseph  Vanderberghe,  né  à  Lille 
en  1827,  professeur  d'architecture  aux  écoles  académiques  de 
Lille,  membre  de  la  commission  départementale  et  officier  d'a- 
cadémie, a  exécuté  dans  cette  ville  les  travaux  ci-après  :  le  bu- 
reau de  la  Charilé  et  l'ouvroir  pour  les  sœurs  de  la  Sagesse, 
ainsi  que  le  couvent  des  sœurs  Clarisses  et  la  banque  de  la  Société 
du  crédit  du  Nord,  le  marché  Saint-Nicolas,  la  presbytère  Saint- 
Étienne,  la  cité  Napoléon  ;  de  plus,  des  bâtiments  pour  le  Crédit 
du  Nord  et  le  pensionnat  des  dames  deSaint-Maur  àlaMadeleine- 
Icz-Lille,  le  presbytère  de  Salomé,  l'école  et  la  mairie  de  Fiers, 
l'école  et  la  mairie  de  Perenchis  (Nord).  Le  petit  lycée  de  la  rue 
Saint-Jacques  à  Lille  eut  pour  architecle  un  simple  lauréat  des 
écoles  académiques  de  Lille,  Désiré  Théophile  Sauvage,  né  à 
Douai  en  182i,  décédé  à  Lille  eu  188.j.  J.  B.  l'liili|)pe  Cannissié, 
déjà  connu  du  lecteur,  décédé  à  Lille  en  1877,  fut  médaillé 
de  l'École  des  beaux-arts,  inspecteur  en  chef  et  associé  de 
l'architecte  Chàtillon,  lors  de  la  construction  de  l'église  et 
de  la  mairie  de  Bercy,  près  Paris;  il  fut  lauréat  du  con- 
cours ouvert  pour  la  construction  du  palais  de  justice  de 
Lille  exécuté,  pourtant,  nous  l'avons  dit,  par  V.  Leplus. 
Nommé  architecte  de  la  ville  de  Lille,  il  y  exécuta,  de  1851  à 
1868,  les  travaux  dont  suit  la  nomenclature  :  à  Lille,  l'entrée  et 
Is  pavillon  du  cimelière  de  l'Est,  l'asile  Saint-Michel,  l'asile 
Vanackère,  de  plus  il  a  continué  les  travaux"(1874)  de  l'église 
Saint-Maurice  commencés  par  Chàtillon,  y  ajoutant  des  sacris- 
ties, il  en  a  refait  la  façade  principale,  la  tour  et  les  trois  tra- 
vées contiguës,  puis  restauré  le  reste  de  l'édifice  qui  est  à  cinq 
nefs  et  appartient,  par  ses  parties  les  plus  anciennes,  au  xiv"  siè- 
cle ;  il  a  restauré  également  le  pont  dit  Napoléon  et  la  partie  en 
bois  du  clocher  de  l'église  Saint-Étienne  à   Lille.    Cannissié  a 


346  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

laissé  un  fils  prénommé  Henri  qui,  né  en  1843,  est  sorti  ar- 
chitecte de  l'École  des  beau\-arls  et  a  été  l'inspecteur  des  tra- 
vaux que  son  père  exécutait  à  l'église  Saint-Maurice,  c'est  tout 
ce  que  nous  savons  de  lui. 

M.  Carlois  François  Joseph  Batteur,  né  à  Lille  en  184i,  lau- 
réat des  écoles  de  Lille,  et  pensionnaire  de  la  ville  à  Home,  est 
officierde  l'instruction  publique,  depuis  1889;  ilesU'architecte  de 
la  Faculté  mixte  de  médecine  et  de  pharmacie  deLille,  du  nou- 
veau <(  Conditionnement  »  des  laines  et  des  textiles  à  Tourcoing  et 
du  lycée  d'euseignemeni  secondaire  spécial  de  cette  même  ville. 

M.  Louis  Henri  Contamine,  né  à  Lille,  en  1818,  lauréat 
des  écoles  académiques  de  Lille,  fut  d'abord  l'inspecteur  de 
M.  Benvignat  dont  on  a  lu  la  biographie.  Nommé  professeur 
d'architecture  à  ces  écoles,  en  18G3,  il  s'associa  à  M.  Mourcou. 
La  collaboration  de  ces  deux  architectes  a  produit  rachèvemenl 
(le  riiùlel  de  ville  de  Lille,  la  communauté  des  filles  de  l'En- 
fant Jésus,  l'hospice  et  la  flèche  de  l'église  Saiul-Amand  à  Bail- 
lent, le  cimetière  du  Sud  à  Lille,  et  le  palais  Rameau,  bel 
édifice  construit  en  1879  et  spécialement  atTeclé  à  des  expo- 
sitions d'horticulture,  comprenant  un  hall  et  deux  serres  mo- 
numentales. La  façade,  composée  de  deux  hautes  tours  coiffées 
de  dômes,  a  un  certain  caractère.  Le  marché  aux  pois- 
sons de  Roubaix  a  été  construit  par  M.  Contamine  seul. 
M.  Augustin  Hubert  Mourcou  est  également  Lillois.  Né 
en  1823  et  lauréat  des  écoles  académiques  de  Lille,  il  obtint 
le  prix  iMonlhyon  pour  le  chauffage  et  la  ventilation  de  l'iiù- 
pital  Sainte-Eugénie  de  Lille.  Architecte  des  hospices  de  cette 
ville,  il  a  construit,  outre  les  édifices  dus  à  sa  collaboration 
avec  M.  Contamine  et  l'asile  de  Bailleul,  avec  M.  Marteau,  l'hô- 
pilal  Sainte-Eugénie,  la  maison  de  santé  et  l'hospice  des  Vieux 
Ménages,  tous  à  Lille. 

Architecte  du  département  du  Nord  et  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  M.  Charles  Alexandre  Marteau  estnéàLille  en  181 4. 
<Jn  lui  doit  la  préfecture,  l'iiislilut  industriel  et  commercial  du 
Nord,  l'église  de  Salomé,  l'église  de  Gondecourt,  la  raffinerie  des 
poudres  et  salpêtres  de  Lille  ;  à  Dieppe  la  manufacture  des  tabacs. 

L'église  du  Sacré-Cœur  et  l'hùlel  des  commissaires-priseurs 
de  Lille  ont  eu  pour  architecte  M.  Jules  Louis  Batigny,  né 
à  Yalenciennes    eu    1838,  lauréat  de   l'École  des   beaux -arts. 


CHAPITRE   Xm.  347 

Architecte  du  gouvernement  depuis  1881,  et  chargé  de  la  con- 
struction de  l'Ecole  des  aris  ot  métiers  de  Lille  (en  cours  d'exé- 
cution), M.  Batigny  a  encore  élevé  hors  de  Lille  :  la  façade  de 
l'hôtel  de  ville  de  Valenciennes,  la  mairie  de  Donchy,  le  col- 
lège Saint-Vast  à  Bélhune,  la  gendarmerie  de  Blanc-Misseron, 
l'église  du  Sacré-Cœur  à  N'alenciennes,  Notre-Uame-du-Saint- 
Cordon  et  la  décoration  des  chapelles.  De  plus,  il  a  procédé  à  la 
construction  des  autels  et  du  hutTel  des  orgues. 

La  synagogue  de  Lille  (en  construction),  a  pour  architecte 
M.  Albert  Hannotin,  né  h  Floze  (Ardennes),  en  1843,  qui  est 
également  l'auteur  du  laboratoire  agricole  de  M.J.  Despretz  à 
Cappeile,  et  d'un  château  à  Boubaix.  L'église  Saint-Michel  de 
Lille,  objet  d'un  concours,  ouvert  en  1868,  a  été  confiée  à 
M.  Coisel  sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseignement. 
Nous  n'avons  pas  pu  davantage  nous  procurer  la  biographie  de 
MM.  Bérard  et  Delraas,  architectes  nommés  du  palais  des 
beaux-arts  de  Lille.  Auteur,  également  à  la  suite  d'un  concours, 
de  l'hôtel  de  ville  de  Tourcoing,  M.  Léon  Rohart,  né  à  Tré- 
lazé  (Maine-et-Loire),  élève  de  Couslanl-Dufeux,  est  aussi  connu 
de  ses  confrères  par  ses  projets  d'une  préfecture  pour  Lille, 
d'un  théâtre  pour  Tours,  d'un  monument  national  à  Genève  ; 
mais  nous  ignorons  s'il  en  a  exécuté  quelqu'un. 

M.  Louis  Marie  Cordonnier,  architecte,  en  ce  moment,  de 
la  mairie  de  la  Madeleine-lez-Lille,  est  né  à  Haubourdin 
en  1834.  Ancien  élève  de  l'École  des  beaux-arts,  lauréat  au 
concours  international  ouvert  pour  la  construction  de  la  nou- 
velle Bourse  d'Amsterdam,  il  fut  l'architecte  de  l'hôtel  de  ville 
de  Loos,  puis  des  églises  de  Merville,  de  Coudry  (Nord),  de  Ga- 
lon ne-sur-la-Lys  (Pas-de-Galais),  i)uis  il  relit  le  clocher  de  l'église 
Saint-André  à  Lille. 

L'église  de  Loos  (transept  et  clueur)  et  l'église  de  Bouvines 
sont  l'anivre  d'un  Lillois,  né  en  1820,  M.  Auguste  Hyacinthe 
Normand,  c'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

A  Gamhrai,  nous  n'avons  à  citer  que  l'Iiôtrl  de  ville  et  les  tribu- 
naux construits,  de  1807  ù  1808,  par  .M.M.  Guillaume  et  Renaud. 

La  ville  de  Tourcoing  a  vu  s'élever  pendant  la  dernière 
période  du  siècle  deux  églises  :  celle  du  Sacré-Cœur,  architecte 
Louis  Croin,  né  dans  celte  ville,  en  1843,  auteur  aussi  de  plu- 
sieui's  écoles  dans  la  contrée,  et  celle  de  Nolre-Dame-de-Lourdes, 


348  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

qui  eut  pour  auteur  M.  Louis  Leroux,  né  eu  1836  à  Saint-Denis, 
près  Blois,  arcliilecte  de  l'académie  de  musique  à  Tourcoing,  et 
qui  acheva  l'intérieur  de  l'hôtel  de  ville.  MM.  Croïn  et  Leroux 
sont  tous  deux  membres  de  la  Société  des  archilectes  du  Nord. 

A  Valenciennes,  c'est  Casimir  Pétiaux,  né  à  Raismes  (Nord) 
le  19  novembre  1807,  mort  à  Paris  le  29  mars  1883,  qui 
élève  les  académies  de  peinture  et  de  musique,  après  avoir 
«  essayé  »  la  restauration  du  beffroi  de  l'hôtel  de  ville,  qui 
s'écroula  pendant  ces  travaux  (1837).  Elève  de  Pareut  et  Lebas, 
il  fut  aussi  l'auteur  du  piédestal  de  la  statue  de  Froissard.  Dans 
le  reste  du  département  du  Nord,  nous  signalerons  les  travaux 
considérables  exécutés  ])ar  Charles  Leroy,  né  à  Lille  en  1816, 
décédé  en  1879,  lauréat  des  écoles  académiques,  chevalier  de 
Saint-Grégoire-le-(irand.  Ce  sont  :  une  partie  de  l'église  de 
Croix,  près  Roubaix  (le  transept  et  le  chœur  eurent  pour  arclii- 
lecte M.  Alphonse  Dubuisson),  les  églises  de  Fives-Lille,  de 
Warlaing,  d'Aucliy,  de  Sin,  d'Avelin,  d'Aniche,  de  Thumesnil, 
de  Lesquin,  de  Willems,  de  Thivencelles,  d'Halluin,  de  Péren- 
cliies,  de  Bois-Grenier,  de  la  chapelle  d'Armentières,  d'Eswars, 
d'Esquerchin,  de  Saint-Marlin-au-Laert,  de  ïilques,  de  Ques- 
noy-sur-l)eule,  de  Wambrechies,  de  Beaucamps,  d'Illies,  la 
chapelle  du  pensionnai  de  Marc-en-Barœul,  puis  des  restaura- 
tions à  l'église  Saint-Christophe  de  Tourcoing  et  à  l'église 
Saint-Martin  de  Roubaix.  L'église  Saint-Omer-du-Haul-Pont 
(Pas-de-Calais),  celles  de  Notre-Dame-de-Consolation  et  des 
Jésuites  à  Lille,  sont  également  de  Leroy,  mais  son  œuvre  capi- 
tale (non  achevée  malheureusement),  est  l'église  de  Nolre-Dame- 
de-la-Treille  de  Lille,  pour  laquelle  concoururent  presque  tous 
les  architectes  de  l'Europe. 

Un  élève  de  Viollet-le-Duc,  M.  Edouard  Jules  Corroyer, 
né  à  Amiens  le  12  septembre  1833,  fut  chargé  de  restaurations 
et  de  constructions  d'édifices  religieux  par  le  Comité  des  mo- 
numents historiques,  notamment  à  la  cathédrale  de  Soissons  ; 
puis  de  1864  à, 1869,  à  la  crypte  dans  l'église  Notre-Dame 
de  Ham,  ainsi  qu'aux  églises  de  Nesle  et  d'Athies  (Somme). 
De  1863  à  1870,  il  procéda  à  la  construction  des  églises  de 
Vougy,  de  Villiers  et  de  Saint-Cyr-les-Vignes  (Loire),  à  celle 
d'un  château  à  Bourg,  dans  le  département  de  l'Ain,  et  à  la 
restauralion  du  château  de  Chamarande  (Loire).  M.  Corroyer, 


CHAPITRE  Mil.  349 

architecle  du  Comptoir  d'escomple  de  Paris  et  qui  fut  membre 
de  la  Société  centrale,  en  1870,  ap|iartient,  comme  on  le  voit,  à 
Paris  plus  qu'à  la  province;  titulaire  de  nombreuses  récom- 
prenses  obtenues  dans  des  concours  publics,  il  est  clievalier  de 
la  Légion  d'bonneur. 

Deux  architectes  encore  sont  à  mentionner  comme  ayant 
laissé  des  œuvres  dans  le  déparlement  de  la  Somme,  Parent  et 
Hicquier.  M.  Henri  Joseph  Auber  Parent,  né  à  Yalenciennes 
le  14  avril  1819,  élève  de  :^on  iièrc  el  de  Frolicher,  est  larclii- 
tecte  du  musée  iN'apoléon,  construit  à  Amiens  en  J8o7.  Il  est 
d'ailleurs  chevalier  de  la  Légion  d'Iionneur  et  a  été  médaillé 
au  congrès  des  architectes  de  1877,  pour  ses  nombreuses  cons- 
tructions d  hôtels  à  Paris.  Son  frère,  M.  François  Clément 
Joseph  Parent,  né  également  à  Yalenciennes  le  9  janvier  1823, 
et  également  élève  de  Frolicher,  a  construit  des  couvents  en 
province,  à  Reims  notamment,  mais  est  surtout  connu  comme 
architecte  de  l'hôtel  Basilewski,  qui  a|)partient  aujourd'hui  à 
l'ox-reine  d'Espagne,  Isabelle. 

Charles  Emile  Ricquier,  né  à  Amiens,  élève  de  Renaud,  est 
l'architecte  d"un  groupe  scolaire  et  de  l'hôtel  de  ville  de  Moreuil 
(Somme)  1I88O),  et  a  restauré  le  tombeau  de  N.  Delannoy  à 
Amiens  1I88I1. 

La  plus  grande  partie  des  travaux  publics  exécutés  dans  le  dépar- 
tement du  Pas-de-Calais,  pendant  notre  siècle,  euient  pour  archi- 
tecles  MM.  Pichon,  Épellet,  Debayser  et  Leroux.  Louis  Joseph 
Noël  Pichon,  architecle  en  chef  de  la  ville  de  Boulogue-sur- 
Mer,  né  à  Guines  (Pas-de-Calais),  le  20  juin  1827,  y  a  construit 
la  mairie  de  Guines  el  celle  de  Marquise,  les  églises  de  Sangatte, 
de  Perques  et  de  Cafliers,  l'hôtel  des  pompiers,  le  presbytère 
de  iNotre-Dame,  la  station  d'agriculture  et  le  laboratoiie  de 
chimie  agricole  à  Boulogne-sur-Mer. 

Les  principaux  ouvrages  d'Epellet  (prénoms  et  date  de  nais- 
sance inconnus),  décédé  à  Arras  en  1889,  sont  :  l'agrandisse- 
men  de  l'hôtel  de  la  préfecture  du  Pas-de-Calais  et  de  la  sous- 
préfecture  de  Boulogne-siu^-Mer,  des  restaurations  importantes 
aux  palais  de  justice  d'Arras  et  de  Sainl-Omer,  à  la  cathédrale 
d'Arras  et  l'asile  des  aliénés  de  Saint-Venant,  puis  la  cons- 
truction de  la  maison  cenlrale  d'Arras,  de  l'hôtel  de  la  sous- 
préfecture    de  Bélhune,    du   palais    de    justice    de     Boulogne- 


350  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

sur-Mer,  et  de  renlrepôl  des  tabacs  à  Montreuil-siir-Mer. 
Nombreux  aussi  sont  lestravaux  de  M.  Jean  Alfred  Leroux,  au- 
teur de  la  nouvelle  balle  aux  poissons  de  Boulogne-sur-.Mer,  inau- 
gurée le  10  août  1860  et  du  groupe  scolaire  du  Val-Saint-Martin 
dans  la  même  ville  (1886).  M.  Leroux,  né  à  Paris  le  18  février 
1829,  fut  élève  de  l'École  des  beaux-arts  et  obtint  dilVérentes 
médailles  d'or,  d'argent  et  de  bronze,  notamment  pour  la  cons- 
truction de  l'abattoir  de  Lons-le-Saunicr  (1876)  et  de  l'asile  des 
vieillards  à  Cognac.  Archilecle  de  la  section  française  à  l'Expo- 
sition universelle  de  Vienne  de  1873,  il  fut  décoré  par  François- 
Josepli  d'Aulricbe;  puis,  à  l'Exposiliou  de  Barcelone  (1888),  il 
fut  nommé  chevalier  de  l'ordre  de  Charles  III  d'Espagne  et  reçut 
une  médaille  de  bronze  à  l'Exposition  universelle  de  1889. 
M.  Leroux,  qui  commença  sa  carrière  comme  sous-inspecteur 
de  l'École  polytechnique  pendant  les  années  1849  et  1850,  de- 
vint inspecteur  des  travaux  du  Louvre  de  18.58  à  1860;  puis 
inspecteur  de  la  préfecture  de  la  Seine  de  1860  à  1876.  A  ce 
litre,  il  est  l'architecte  de  l'école  de  l'avenue  Duquesne,  du 
groupe  scolaire  de  la  rue  Jomard  à  la  Villetle,  de  l'école  de 
garçons  de  la  rue  Milton  (1889)  à  Paris;  puis  il  a  décoré  la  façade 
du  Petit  Journal [ISai),  et  fit  les  aménagements  et  la  décoration 
de  l'Hippodrome  (1876).  Nous  ne  parlons  pas,  bien  entendu, 
des  nombreuses  constructions  particulières  dont  M.  Leroux  est 
l'auteur.  Les  ijiogra|)lies  sont  nuicis  sur  les  commencements  de 
Jean  Baptiste  Albert  Debayser,  né  à  Lille  le  20  juin  1804, 
mort  àBoulogne-sur-Mer  le  18  décembre  1886;  nous  savons  seu- 
lement qu'il  y  construisit  l'église  Saint-Pierre  en  1830,  l'hôtel  de 
ville  en  1834,  l'église  Saint-Vincent-de-Paul  en  1862,  le  théâtre 
municipal  en  1860  et  l'établissement  des  bains  de  mer  en  1861. 
Ces  architectes  avaient  été  précédés  par  Charles  Alexandre 
Grigny,  lîls  d'un  entrepreneur,  né  à  Arras  le  8  avril  1815;  la 
première  onivre  de  Grigny  fut  la  chapelle  des  Bénédictines  du 
Saint-Sacremenl  d'Arras  qu'il  construisit,  à  peine  âgé  de  vingt 
ans,  et  la  flèche  de  la  Sainle-Chandelle  pour  Noire-Dame  des 
Ursulines,  enfin  Notre-Dame-du-Sainl-Cordon,  inaugurée  en 
1864,  dans  la  même  ville.  A  Valenciennes,  il  construisit  Notre- 
Dame  et  la  chapelle  du  Saint-Sacrement;  cà  Douai,  Sainl-Jacques, 
puis  les  églises  de  Suilly-en-Oslervendre  (Pas-de-Calais),  de  Gan- 
dœupré,    de    Majengarbe,   d'Ourlon   dans  le    Pas-de-Calais,  de 


CHAPITRE  XIII.  351 

Vendhut  et  de  Saint-(îralien  (Somme),  l'église  de  Terieiix  près 
Nivelles,  etc.  Clievalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1867,  Grigny 
construisit  encore  l'église  Notre-Dame  de  (lenève,  inaugurée 
le  4  octobre  l8o7.  Ce  travailleur  infatigable,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  membre  de  la  Commission  des  monuments 
historiques  du  Pas-de-Calais,  est  mort  néanmoins  pauvre  et 
aveugle,  le  14  novembre  1807. 

Dans  les  Ardennes  un  seul  édifice  à  relever  :  la  synagogue  de 
l'avenue  Philippoléau  à  Sedan,  inaugurée  le  25  août  1880.  Cet 
édifice  de  style  romano-bv/anlin,  d'une  décoration  1res  sobre, 
eut  pour  architecte  M.  Alfred  Mazuel,  né  à  Mézières,  le  14  oc- 
tobre 1830,  auteur  également  de  l'abattoir  de  Sedan  et  de  l'é- 
cole Sainl-Vincent-de-Paul,  de  l'école  maternelle  de  Floing, 
de  l'école  de  Poniu-Saint-Remy  et  de  l'école  mixte  de  la 
Nouvelle-à-Mairc,  tous  ces  édifices  dans  les  Ardennes;  puis 
M.  Pierre-Charles  Cherrier,  né  à  Yalenciennes,  le  7  septem- 
bre 1S2'J,  architecle  de  l'église  du  Mont-d'Origny,  d'un  asile  de 
vieillards  à  Chevresis-Monceau  et  de  l'orphelinat  Cordier,  à 
Saint-Quentin,  de  l'hùlel  de  ville  de  Hani,  du  marché  couvert 
et  d'un  groupe  scolaire  à  Thauny,  des  églises  de  Frise,  de 
Vaux-Eclusier,  etc.  (Somme). 

La  ville  de  Reims  a  eu  le  bonheur  de  trouver  un  érudil  en 
même  temps  qu'un  artiste  supérieur  dans  le  lils  de  Pierre 
Louis  Gosset,  né  à  Soissons  en  1802,  mort  à  Reims  en  187o, 
membre  correspondant  de  l'Inslitut,  auteur  de  rachèvenient  du 
plan  de  cette  ville,  qui  remplit  brillamment  sa  longue  carrière  de 
1827  à  1875,  en  couvrant  de  constructions  particulières,  d'usines 
et  de  manutentions  à  vins  de  Champagne  toute  la  région  au- 
tour de  Reims;  de  plus,  comme  architecte  de  l'hospice  des  alié- 
nés, du  couvent  de  la  Visitation,  de  la  loge  des  francs-maçons, 
Gosset  père  a  toujours  maintenu,  autant  qu'il  le  pouvait,  la 
construction  à  la  hauteur  qu'elle  devrait  toujours  avoir.  Son  fils, 
prénommé  Alphonse,  es!  né  à  Reims  le  9  mai  1835.  Élève  de  son 
père  etde  M.  (Juestel,  il  est  entré  àl'Ecole  des  beaux-arts  en  1856, 
et  s'est  surtout  fait  connaître  comme  architecte  du  théâtre  de 
Reims  dont  il  obtint  la  construction,  étant  premier  lauréat  du  con- 
cours ouvert  en  1866.  Ses  autres  travaux  sont  :  les  églises  de  Bcr- 
méricourl  (1861)  et  de  Thil  (1867)  (Marne),  le  temple  protestant 
wesleyien  (1876),  la  chapelle  des  Pelites-Sœurs  des  pauvres  à 


332  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS  ŒUVRES- 

Reims  (1879)  et  des  restaurations  à  différentes  églises  du  dépar- 
temenl.  Les  autres  édifices  civils  qu'il  a  construits  sont:  l'iiôtel 
de  la  Chambre  de  commerce,  comprenant  l'hôlel  des  postes  et 
télégraphes  et  la  Bourse  (1880),  des  mairies  et  des  groupes  sco- 
laires à  Crobeny  (Aisne),  à  la  Neuvilletle  près  Reims,  à  Tinqiieux 
et  Louvois  (Marne),  des  écoles  libres  à  Reims  (1880),  l'orphelinat 
Saint-Joseph  (1882),  l'hospice  des  Petites-Sœurs  des  pauvres  à 
Reims,  qui  avait  été  commencé  par  M.  Gosset  père.  M.  Alphonse 
Gosset,  qui  fui  aussi  l'architecte  d'un  nombre  considérable  de  châ- 
teaux, de  villas,  d'hôtels  à  Reims  et  à  Epernay,  ainsi  que  de  mai- 
sons particulières  et  d'usines,  a  publié  divers  ouvrages  relatifs  à 
l'archilecture  dont  voici  les  tilres  :  Hygiène  des  logements  collec- 
tifs [WQ\mi=<.  1879)  ;  Principes  de  construction  des  bâtiments  ruraux, 
pour  V  Encyclopédie  de  rarchilectiire[l87Q)  ;  Conditions  ctinspections 
pour  les  ateliers  du  travail  des  laines  ;  Traité  de  la  cons/ruction  des 
théâtres  (Paris,  1886);  Emlution  historique  de  t ardûtec.ture  chré- 
tienne (Paris,  1887j;  Aperçu  sur  les  théâtres  antiques  (Reims, 
1887);  Les  anciennes  églises  et  les  mosquées  de  Constantinople, 
conférence  de  la  Société  centrale  des  architectes  (1887);  Les 
coupoles  d'Orient  et  d'Occident  (1889).  M.  A.  Gosset,  lauréat  de 
la  Société  centrale  en  1878,  médaille  d'or  ù  l'Exposition  de 
1878,  est  officier  d'Académie  depuis  1889. 

D'abord,  inspecteur  des  travaux  de  restauration  de  Noire-Dame 
de  Châlons-sur-iMarne,  M.  Casimir  Adolphe  Connin,  né  h  Vil- 
laux-les-Buissons  (Calvados),  a  fait  des  additions  à  1  institution 
des  Jeunes  Aveugles,  dans  la  Marne,  en  sa  qualité  d'inspecteur 
des  bâtiments  civils  de  ce  département.  On  doit  encore  à  cet 
architecte  un  château  dans  le  Rhône,  un  autre  château  à  Saint- 
Rémy-sur-Clore  ;  enfin,  il  a  collaboré  à  la  construction  de  la  rue 
de  la  République  à  Marseille  et  a  été  l'un  des  créateurs  du 
chemin  de  fer  des  Dombes.  Nous  ajoutons  ici  que  Viollet- 
le-Duc,  architecte  diocésain  du  Doubs  et  de  la  Haute-Saône,  a 
construit  (1866)  l'église  de  Fays-Billot  (Haute-Marne)  et  divers 
tombeaux. 

Des  restaurations  considérables  aux  églises  de  Reims,  de  Sou- 
vigny,  de  Saint-.Meneux,  d'Etreuil,  de  Provins,  de  Paray-le-Mo- 
nial,  de  Lisieux,  de  Boulogne-sur-Seine,  furent  confiées,  vers 
1849,  à  M.  Eugène  Louis  Millet,  né  à  Paris  en  1819.  Élève,  de- 
puis 1837,  de  Labrouste  et  de  l'École  des  beaux-aris,  il  fut  ad- 


J.    L.   DUC 


CHAPITRE   XIII.  353 

joint,  en  1847,  à  Viollot-le-Duc  dans  le  service  d'arcliilecture 
des  monuments  historiques  et  passa,  en  1818,  architecte  dio- 
césain de  Troyes  et  de  Châlons-sur-Marne.  Nommé,  en  18oo, 
architecte  du  ciiàteau  de  Saint-Germain,  il  étail  chargé,  en 
18o7  ,  de  l'agrandissement  de  la  cathédrale  de  Moulins, 
qui  ne  comprenait  qu'une  abside  de  la  fin  du  xv'  siècle. 
M.  Millet,  après  avoir  modifié  les  fondations  faites  par  Lassus, 
qui  en  avait  été  primitivement  chargé,  éleva,  dans  le  style  ogi- 
val du  xiii°  siècle,  la  nef,  les  collatéraux  et  les  leurs  sur- 
montées de  flèches,  tels  qu'on  les  voit  aujourd'hui.  M.  Millet, 
qui  a  construit,  en  1808,  l'église  paroissiale  de  .Maisons-Lafitle 
et  l'hospice  Grefl'ullie  à  Levallois-Perrel,  est  officier  de  la  Légion 
d'honneur  depuis  1807. 

Architecte  du  département  de  l'Aube,  Ferdinand  Edmond 
Garrel,  né  à  Sedan  le  22  mai  1823,  décédé  le  7  janvier  1867,  a 
allaclié  son  nom  à  la  construction  de  l'église  d'Essoyes,  d'un 
temple  protestant  à  Troyes,  de  la  prison  et  de  la  gendarmerie  à 
Bar-sur-Seine,  de  la  prison  à  Arcis-sur-.-^uhe,  de  la  caserne  de 
gendarmerie  à  Nogent-sur-Soine,  des  hôtels  de  ville  de  Brienne 
et  Méry-sur-Seine.  Mais  l'hôtel  de  ville  de  Nogeut-sur-Seine. 
élevé  en  1880,  eut  pour  architectes  M.  Charles  Wable,  né  à 
Paris,  élève  de  Questel  et  Pascal,  et  M.  Zobel,  son  collahoia- 
teur.  A  la  même  date,  M.  Wable  construisait  l'école  Benoît  à 
risle  (Vaucluse)  et  peut-être  dos  édifices  d'utilité  publique  en 
Algérie  (1878),  qui  nous  sont  inconnus. 

Dans  l'Oise,  des  travaux  nombreux  sont  exécutés  par 
M.  Aymar  Verdier,  né  à  Tours,  élève  de  H.  Labrouste.  Ce  sont  : 
des  reslauralions  à  la  cathédrale  de  Noyon,  ainsi  qu'aux  églises 
de  Saint-.Marlin-aux-Bois  et  de  Plailly,  la  construction  des 
églises  de  Baron  et  de  Beaumont  el,  à  Paiis,  du  nionaslère  de 
l'Assomption  à  Auteuil  (1869).  Archéologue  distingué,  M.  Ver- 
dier a  présenté,  de  1840  à  18i8,  des  éludes  sur  l'abbaye  de 
Saint-Leu  d'EsseranI,  sur  le  chàleau  de  Pierrefonds,  sur  le 
cloître  des  chanoines  dans  la  cathédrale  de  Bouen,  sur  des 
maisons  du  xir  siècle  à  Cluny,  etc.,  et  a  |iul)lié  en  collabo- 
ration avec  Catlois  un  ouvrage  en  quatre  volumes,  rArc/ntectnre 
civile  et  (Inmcstique  au  inoijen  âge  (Paris,  18.52).  Il  est  décoré  de- 
puis 1860. 

C'est  un  élève  de  Vaudoyer,  qui,  depuis  quelques  années, 
in.  23 


3S4  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

semble  chargé  des  li\avaux  publics  de  ce  même  département  : 
M.  Paul  Woillez,  de  Roubaix.  11  a,  en  effet,  construit,  en  1880, 
une  salle  de  concert  à  Beauvais,  en  1881,  une  école  à  Saint- 
Merri,  et,  on  1882,  des  églises  à  Villers-sous-Bonnières,  à  Com- 
piègne,  etc. 

Nommé,  en  1864,  architecle  du  palais  de  Compiègne,  M.  Ga- 
briel Auguste  Anselet,  né  à  Paiis  le  21  décembre  1829,  ^ 
exécula  la  salle  destinée  aux  spectacles  de  la  cour  de  Napo- 
léon III,  en  s'inspirant  certainement  de  celle  du  château  de 
Versailles.  Élève  de  Lequeux  et  de  V.  Baltard,  iM.  Anselet  ob- 
tint, en  1851,  le  premier  grand  prix  d'architecture  et,  pendani 
son  séjour  à  Rome,  y  exécula  un  projet  de  restauration  de  le 
voie  Appienne  qui,  exposé  en  1807,  valut  à  son  autour  la  croi> 
de  la  Légion  d'honneur.  Nommé  inspecteur  des  travaux  des  Ar- 
chives, puis,  en  18o8,  des  châteaux  de  Pau  et  de  Biarritz,  i 
reconstruisit  la  façade  du  premier,  qui  se  composait  d'un  granc 
mur  avec  porte  bâtarde.  Il  aménagea  ces  deux  résidences,  afir 
d'y  recevoir  les  souverains,  et  construisit  pour  l'impéralrice  Eu- 
génie le  château  d'Artéaga,  près  de  Bilbao  (Espagne).  Nous  n( 
connaissons  pas  les  travaux  de  cet  architecle  depuis  1870. 

A  Mehin,  nous  signalerons  le  nouveau  collège,  inauguré  h 
5  août  188o  —  architecle  M.  Touzet,  qui  a  également  construit, 
à  Rouen,  le  marché  Saint-Marc  et  le  marché  aux  besliaux. 

L'bùlel  de  ville  d'Orléans  fut  restauré  en  1852  par  Etienne 
Albert  Delton,  né  à  Paris  le  3  mai  1800,  élève  de  Delaunoy 
et  de  l'École  des  beaux-arts,  décédé  en  février  1802.  Orléans  lu 
doit  également  le  piédestal  de  la  statue  équestre  de  Jeanne 
d'Arc  (1854).  Il  restaura  aussi  l'église  de  Cléry  (Loiret)  et  fil 
pour  la  Commission  des  monuments  historiques  plusieurs  dessins 
d'anciennes  églises  de  ce  département,  dont  il  fut  récompense 
par  une  médaille  de  troisième  classe. 

Arcliilf.ctes  du  département  du  Cher,  Barthélémy  Juillien. 
né  à  Bourges  le  27  février  1797,  et  Gabriel  Emile  Bussiére. 
né  à  Orléans  le  5  mai  1818,  devaient  trouver  placi'  dans  iiohc 
chapitre  111.  Le  premier,  mort  le  30  mars  1878,  a  consti-uit  f 
Bourges,  de  1832  a  1830,  la  halle  aux  blés  et  le  petit  séminaire 
et  le  second,  collaborateur  de  Juillien,  son  beau-père,  fut  l'ar 
chitecle  du  tliéâlre  de  la  ville  de  Bourges. 

Les  édifices  publics  deNevers,à  l'exception  d'un  marché  par 


CHAPITRE  XIII.  355 

rarcliitecle-voyer  de  la  ville,  M.  Nicolas  Pot-Seurrat,  de  Cla- 
uiecy,  ontélé  élevés  pendant  la  période  dont  nous  nons  sommes 
oecupés  dans  le  chapitre  précédent,  par  Pierre  Hippolyte 
Pailliard,  né  en  1808  à  Clamecy.  Architecte  dn  déparlement  et 
de  la  ville  de  Nevers,  il  a,  en  ell'et,  construit  :  la  prison  de 
Nevers,  le  couvent  des  Sœurs,  la  halle,  le  lycée;  il  a  agrandi 
l'hôtel  de  ville,  puis  construit  les  palais  de  justice  de  Cosne  et 
de  Channy  et  est  mort  à  Nevers  on  18()(). 

A  Moulins,  c'est  Hippolyte  Durand,  né  à  Paris  en  1801, 
élève  de  Vaudoyer  et  deLehas,  médaillé  en  1830,  architecte  diocé- 
sain de  Pau  et  des  Basses-Pyrénées,  qui  fut  choisi  pour  con- 
struire la  villa  Eugénie  à  Biarritz,  mais  c'est  à  lui  que  Moulins 
doit  sa  salle  de  spectacle  élevée  en  1842.  Durand  avait  beau- 
coup exposé,  notamment  l'état  de  l'église  Sainl-Menoux  dans  le 
Bourhonnais,  celui  d'une  porte  antique  à  Heims  dite  la  »  porte 
de  Mars  »,  la  monographie  de  iN.-D.-de-l'Épine  à  Chàlons-sur- 
Marne.  Il  a  publié  avec  M.  A.  de  Girardot,  secrétaire  général  de 
la  préfecture  du  Cher,  un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  la  Cathé- 
drale de  Bourges,  et  il  a  été  décoré  en  1875.  Nous  n'en  savons 
pas  davantage. 

Le  Casino  de  Vichy,  le  type  du  genre,  a  été  achevé  en  1865 
par  M.  Badger,  sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun  renseigne- 
ment biogra|iliique. 

Dans  le  Puy-de-Dôme,  les  grands  architectes  de  l'époque 
sont  les  Ledru  père  et  fils,  qui  ont  attaché  leurs  noms  à  presque 
tous  les  édifices  un  peu  importants.  Louis  Charles  François 
Ledru,  né  à  Paris  le  7  octobre  1778,  décédé  à  Clermont  le 
l()  septembre  18G1,  fut  le  fondateur  de  la  station  thermale  du 
Moiit-Dore.  En  1822,  il  est  l'architecte,  à  Clermont-Ferrand,  de 
l'hôtel  de  ville  comprenant  le  tribunal  et  la  prison,  d'un  abat- 
toir et  de  deux  marchés.  L'évèché  du  Puy  (Haute-Loire),  la 
maison  d'arrêt  de  justice  de  la  ville  de  Saint-Flour  ainsi  que  la 
gendarmerie,  le  tribunal  de  Thiers  (Puy-de-Dôme),  le  palais  de 
justice  d'Aurillac  (Cantal),  une  église  à  Rivcsols,  l'établissement 
thermal  de  Cliaudesaigues,  sont  également  de  François  Ledru. 

Agis  Léon  Ledru  tils,  né  à  Clermont  le  31  mai  1810,  était  élève 
de  lluyot  et  deLidias  et  avait  obtenu  le  second  grand  prix  d'ar- 
chitecture en  1844.  Arcliilecte  du  Mont-Dore  et  de  la  succursale 
de  la  Banque  de  France,  architecte  de  la  cour  d'assises,  de  la 


3oG  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

cour  d'appel  et  de  la  maison  centrale  de  Hiom,  lanrt'at  de 
l'Exposition  universelle  de  Londres  en  1830,  de  l'exposition  de 
Limoges  en  1838  ;  membre  de  la  Sociélé  centrale  des  archi- 
tectes depuis  1847;  directeur  de  TÉcole  régionale  des  beanx- 
arts  de  Clermonl-Ferrand  ;  officier  de  l'inslruction  publique  et 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  (1879),  Léon  Ledru  a  laissé 
après  lui  une  quantité  d'œuvres  dont  le  détail  suit  :  les  églises 
des  communes  de  Tortebesse,  Laps,  Chaplu/.at,Lempdes,  Sauret, 
Desserve,  Aix,  Lafayelte,  Salle-des-Youx,  Blot,  l'église  Sainl- 
Pardoux,  Montmorin,  Saint-Maurice,  Sainl-Sandoux,  Sainl- 
Gencst-du-Relz;  les  halles  de  Combrondes,  Rochefort,  Murols; 
des  maisons  d'école  et  groupes  scolaires  :  Le  Cheix  de  la  Mou- 
tade,  Charbonnière-les-Vieilles,  Moissat,  Cellule,  Eslendeuil, 
Pragonlin,  Yronde  et  Baron,  Saint-Sylvestre,  Dursol,  Cliapluzat, 
Ternant,  Fayct,  Mirefieurs,  Aurières,  puis  les  ])resbytères  de 
Saurel,  Besserve,  Aurières,  Gerzat  et  Mézel.  Il  fut  aussi  l'ar- 
cliilecte  de  l'établissement  des  vapeurs  au  Mont-Dore  (1846),  de 
rétablissement  thermal  de  Royal,  de  l'établissement  thermal  de 
la  Bourboule,  des  usines  de  Bourdon,  des  hôtels  des  succursales 
de  la  Banque  de  France  à  Clermont-Ferrand,  a  Aubusson  et 
à  Aurillac,  et  il  mourut  trésorier-payeur  général  du  départe- 
ment du  PuY-de-l>ùnie  le  3  orloltrc  1883. 

Louis  Antoine  Marie  Camille  Ledru  Gaultier  de  Biauzat, 
né  à  Clermont  le  7  juillet  18'i3  et  élève  de  M.  André,  ainsi  que 
de  l'École  centrale,  était  h  la  fois  architecte  et  ingénieur  des 
arts  el  manufactures.  D'abord  inspecteur  des  travaux  d'agran- 
dissement de  la  clinique  de  l'Ecole  de  médecine  à  Paris,  il  fut 
ensuite  nommé  architecte  de  l'établissement  thermal  du  Mont- 
Dore  et  vint  s'établir  à  Clermont.  Il  y  a  construit  le  marché 
Renonx  et  des  écoles,  et  a  achevé  le  petit  lycée  ;  on  lui  doit  aussi 
le  casino  du  Mont-Dore,  puis  la  halle,  la  mairie  et  la  justice  de 
paix  de  Manzat,  puis  des  églises  h  Murols,  à  Marcillat,  à  Beau- 
mont-Randan,  aux  Ancizes,  à  Vilrac  et  les  maisons  d'école  d'Au- 
bières,  de  Sallèdes,  de  Murols,  de  Nohanent,  de  Tortebesse,  de 
Bromont-!a-Motlie,  de  Saint-.\ndré-le-Coq,  etc.  Louis  Ledru 
de  BiauzaI  est  décédé  à  la  Bourboule  le  19  septembre  1886. 

Hugues  Imbert,  né  le  3  juillet  1807,  fut  l'architecte  de  l'église 
Sainte-Eutrope,  de  l'académie,  de  la  chapelle  de  l'hôpital 
général  et  de  l'école  de  médecine   à  Clermonl-Ferrand,  ainsi 


CHAPITRE  XIII.  357 

que  de  l'église  paroissiale  Sainl-Jean  fi  Ambert.  Disons  pour 
finir  que  la  Sainte-Chapelle  de  Riom  dale  de  1855,  et  fut  cou- 
slruite  |)ar  un  enfant  de  Clermont,  M.  Jean  Emile  Baptiste 
Mallay,  qui  aclieva,  si  nous  ne  nous  Irompons  pas,  la  icstauru- 
tion  de  N.-D.-du-Port  à  Clermont-Ferrand. 

Le  déparlemenl  de  la  Corrèze,  le  pays  des  maçons,  ne  pré- 
sente qu'un  architecte  :  Pierre  Joseph  Chabrol,  né  à  Limoges 
le  l"  février  1812,  qui  fut  d'abord,  à  sa  sortie  de  l'École  des  beaux- 
arts,  attaché  an  service  d'architecture  du  Palais-Uoyal  et  y  con- 
struisit, en  1851,  dans  la  grande  cour,  le  palais  de  l'Exposition 
de  1852,  puis  restaura  le  Palais-Royal  lui-même  destiné  à  la 
résidence  de  Jérôme-Napoléon  et  de  son  Ois.  il  fut  décoré  à  celte 
occasion  et  chargé  de  la  reconstruction  du  Théâtre-Français  à 
Paris  ;  c'est  à  lui  qu'on  doit  la  grande  salle  voûtée  qui  sert  de 
vestibule.  L'École  vétérinaire  de  Lyon  tombant  en  ruint's,  Cha- 
brol fut  chargé  delà  réédifier,  ainsi  que  celle  de  Limoges.  De  1857 
à  1860,  il  donne  des  plans  d'églises,  d'écoies  ainsi  que  de  la 
salle  d'asile  de  la  Grand'Combe  (Gard)  ;  mais  son  ouvrage 
principal  est  assurément  le  grand  séminaire  de  Tulle.  11  est  mort 
à  Paris  le  9  mars  IS75. 

Charles  Auguste  Questel,  né  à  Paris  le  18  septembre  1807, 
fut  successivement  élève  de  Peyre,  de  Blouot  et  de  Duban.  Il 
fut,  de  1862  à  1867,  architecte  de  l'hôtel  de  la  préfecture  à  Gre- 
noble, mais,  dès  1835,  il  avait  concouru  pour  la  construction  de 
Sainl-Paul  de  Nîmes  et  avait  obtenu  le  premier  prix  sur  trente 
concurrents.  L'édifice,  de  style  roman,  achevé  par  lui  en  1850, 
en  même  temps  que  la  fonlaine  de  l'Esplanade  dont  Pradier 
sculpta  les  statues,  il  donna  le  dessin  du  mattre-autel  de  l'église 
Saint-Marlin-d'Ainay  à  Lyon  (1858).  Le  21  octobre  1861,  on 
inaugurait  à  Gisors  l'hospice  et  l'église  qui  en  dépend  construits 
tous  deux  par  Ouestel  sur  l'emplacement  d'un  ancien  couvent 
d'Ursulines,  |)uis  on  ra|)pelait  l'archilecte  k  Paris  pour  élever, 
de  1863  à  186!>,  l'asile  des  aliénés  dit  de  Sainte-Anne.  De  1862 
à  1807,  il  élait  chargé  de  la  construction  de  l'hôtel  de  la  pré- 
fecture et  du  musée-bibliothèque  de  Grenoble.  Architecte  du 
palais  de  Versailles  ainsi  que  de  l'Institut  agronomique  de  cette 
ville,  il  fui  nommé  membre  de  la  commission  des  monuments 
historiques  et,  en  celle  ([ualilé,  dut  étudi(;r  les  projcis  de  restau- 
ration  de  l'amphithéàlre  d'Arles,  ainsi  (pie  celle  du  pont  du 


338  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Gard,  en  collaboration  avec  M.  Laine,  vers  1855.  De  Qiiestel 
a  exécuté  en  artiste  les  restaurations  de  l'église  Sainte-Marie 
(Bouches-du-Rhône),  de  l'église  Saint-Gilles  (Gard),  de  Saint- 
Paul  de  Tournus  (Saône-el-Loire),  de  l'abbaye  de  Thorouet(Yar), 
et  trois  cliàteaux  dans  la  Drôme.  11  csl  aussi  l'arcbitecte  du  mo- 
nument élevé  à  saint  Louis  à  Aigues-Mortes  (1849).  Membre  de 
l'Institut    et    décoré,    Questel    est    mori    le  30   janvier    1888. 

Ajoutons  à  ce  nom  celui  deM.  Antonin  Durand,  élève  de  M.  Dau- 
mer,  né  à  Camplong  (Hérault),  qui  a  construit  à  Grenoble,  à  la 
suite  d'un  concours,  une  église  dédiée  à  saint  Bruno,  comme 
il  a  obtenu  la  construclion  de  l'école  et  de  l'asile  de  Boulogne- 
sur-Seinc,  en  1875. 

A  côté  des  arcliitectes  Questel  et  Durand  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  on  nous  signale  le  nom  de  Barat  comme  celui 
de  l'architecte  de  l'école  de  dessin  à  Grenoble,  sans  autre  indi- 
cation. 

Dans  la  Drôme,  c'est  un  élève  de  Levicomte,  Henri  Léon 
Bulot,  né  à  Fontainebleau  le  19  juin  1820,  décédé  en  juillet  1889, 
membre  de  la  Sociélé  centrale,  qui  élève  la  prison  de  Valence, 
l'hôtel  de  ville  ainsi  que  le  palais  de  justice  de  Montélimar. 
Architecte  également  des  déparlements  de  la  Creuse  et  de  Seine- 
et-Marne,  il  construit  des  écoles  dans  le  premier  et  achève  dans 
l'autre  la  préfecture  et  le  palais  de  justice;  à  Digne,  c'est  le 
lycée  que  construit  un  architecte  parisien,  M.  Alexandre  Jacob, 
né  le  7  décembre  1834,  sans  doute  auteur  d'autres  travaux  pu- 
blics que  nous  ne  connaissons  pas. 

Nous  arrivons  à  Lyon,  mais  nous  notons,  en  passant,  l'église 
de  Vidalon,  édifice  d'une  seule  nef,  dans  le  style  ogival  du 
xui"  siècle,  inaugurée  en  1877, œuvre  d'un  architecte  d'Annonay, 
M.  Pierre  Borione,  dont  nous  ignorons  la  biographie,  puis  la 
nouvelle  mairie  de  Chambéry  ainsi  que  le  nouveau  théâtre  qui 
ont  eu  pour  architecte  Bernard  Pellegrini,  né  en  1819  à  Venue 
(Savoie),  ancien  élève  de  l'Ecole  des  l)eaux-arls,  archilecte  de 
l'établissement  thermal  d'Aix-les-Bains  et  de  la  ville  de  Cham- 
béry oîi  il  a  laissé  de  nombreuses  constructions  et  où  il  est 
mort  en  186i. 

Lyon,  ville  ancienne,  possédait  depuis  longtemps  au  complet 
ses  édifices  municipaux  :  hôtel  de  ville,  théâtre,  bourse  de 
commerce,  musées,  etc.  ;  nous  avons  indiqué  les  consiructions 


CHAPITRE  XIII.  359 

nouvelles  el  les  modilicalious  apporlées  aux  anciennes,  au  fur  et 
à  mesure  qu'elles  se  produisaient.  Nous  en  dirons  autant  des 
édifices  religieux,  assez  nombreux  à  Lyon.  Parmi  les  édifices 
publics  élevés  pour  le  compte  de  l'Etat  ou  du  département,  pen- 
dant la  période  dont  nous  nous  occupons,  nous  ne  voyons 
guère  à  mentionner  que  l'hôtel  de  la  préfecture,  dont  l'architecte 
est  iM.  Louvier,  et  celui  du  théâtre  des  Célestins,  M.  André. 

M.  Antoine  Georges  Louvier,  né  à  Lyon  le  23  mai  1814, 
élève  de  Lebas,  fut  pendant  trente-trois  ans  architecte  du  dépar- 
tement du  Rhône.  Aussi,  tout  en  étant  professeur  d'architecture 
îd'Écoledes  beaux-arts  de  Lyon,  a-t-il  élevé  dans  le  département, 
avant  l'hôtel  de  préfecture  et  le  bâtiment  des  archives  dé- 
partementales, un  grand  nombre  d'édiliees  très  imporlants  en- 
core :  le  dépôt  de  mendicité  d'Albigny  (Hhône),  l'école  normale 
des  instituteurs  à  Viliefranche,  deux  casernes  de  gardiens  de  la 
paix  à  Lyon,  l'asile  des  aliénés  de  Brou  (pour  1300  malades) 
(1875),  six  églises,  des  écoles  etdeux  presbytères.  Il  a,  de  plus, 
à  Lyon,  agrandi  le  palais  de  juslice  et  la  maison  d'arrêt,  ainsi 
que  la  maison  de  correction,  et  ajoulé  des  bâtiments  à  la  caserne 
de  gendarmerie  de  Viliefranche.  Membre  correspondant  de 
l'Institut,  M.  Louvier  a  été  médaillé  à  l'Exposition  universelle 
de  1878. 

Claude  Anthelme  Benoit,  né  à  Lyon  en  1794,  fit  ses  études 
d'architeclure  à  l'académie  de  dessin  de  cette  ville.  Inspecteur 
des  travaux  (1812-1824),  puis  attaché  à  Chenavard,  de  1824  à 
1830,  il  fonda,  en  1830,  avec  ce  dernier,  la  Société  académique 
d'architeclure.  Membre  du  conseil  des  bâtiments  civils  du  Uhône, 
il  reçut  en  18601a  croix  de  la  Légion  d'honneur.  Cependant  ses 
travaux  se  bornent  à  une  restauration  de  l'église  d'Ainay,  à  la 
construction  du  clocher  et  du  portail  de  l'église  Saint-Nizier,  à 
celle  du  dôme  de  l'église  Saint-François.  Hors  de  Lyon,  Benoit 
éleva  quelques  châteaux  et  mourut  dans  cette  ville  en  1876. 

Les  églises  de  Vaise,  de  Saiut-.^ndré  et  de  Saint-Bernard,  ainsi 
que  le  marché  couvert  des  Cordeliers,  le  grand  séminaire,  le 
pensionnat  des  Chartreux,  celui  du  Sacré-Cœur,  une  aile  du 
Palais  des  arts,  le  petit  lycée  à  Saint-Bambert,  curent  pour  ar- 
chitecte Antoine  Desjardins,  né  à  Lyon  le  31  juillet  1814,  élève 
de  Duban.  Nommé  architecte  diocésain  de  Lyon  et  architecte  en 
chef  de  la  ville,  il  fut  chargé,  en  18o9,  delà  restauration  del'hô- 


360  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

tel  de  ville  de  Lyon,  dont  il  a  publié  une  monogrnpliie,  de  celle 
aussi  du  Uiéàtre  desCélestins  et  du  Mont-de-Piété.  Hors  de  Lyon, 
il  fut  l'archilecte  des  églises  dont  suit  la  nomenclature  :  les  égli- 
ses de  MaiMiand,  de  Pierre-Bénite,  de  Villechenève,  de  Valsonne, 
d'Anse,  de  Fleurie,  de  Saint-André  de  Tarare,  de  Brouilly,  de 
Firminy  (Loire),  de  Noire-Dame  de  Roanne;  il  y  ajoula  les  res- 
laurations  des  églises  d'Ambierle,  de  Bourg-Argental,  de  Salles, 
de  Saint-Georges  de  Reneins,  de  Belleville,  de  Jargnioux,  et 
celle  de  la  chapelle  du  cliàleau  de  Cliàlillon  d'Azergnes  (Rhône). 
Desjardins,  qui  a  ajouté  d'intéressants  dessins  à  la  Collection  des 
archives  de  la  Commission  des  monumeni s  historiques,  est  mort  en 
septembre  1803,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1858. 
C'est  un  des  élèves  de  Desjardins,  M.  Abraham  Hirsch,  de  Lyon, 
qui  a  construit  dans  cette  ville  la  synugogue  en  18(18,  et  c'est 
M.  Edouard  André,  dont  on  a  lu  la  biographie  comme  architecte 
de  l'hôtel  de  ville  de  Neuilly,  qui  a  reconstruit,  en  1879,1e  théâtre 
des  (Jéleslins  réparé    par  son  maître    quelques    années  avant. 

Pierre  Bossan,  né  à  Lyon  le  13  juillet  1814,  mort  en  1888, 
suit  les  cours  des  écoles  de  Lyon  et  vient  compléter  ses  études 
d'architecture  dans  l'atelier  de  Labrouste,  dessine  un  autel  elle 
trône  épiscopal  de  la  cathédrale  Saint-Jean  et  commence  l'église 
Saint-Georges  ainsi  que  son  presbytère,  puis  élève  les  églises  de 
Couson,  d'Ars,  de  la  Louvesc  et  le  monastère  de  la  Trappe  des 
Dombes.  Mais  il  n'achève  ni  ce  dernier  édilîce  ni  l'église  Saint- 
Georges,  qui  furent  terminés  par  un  de  ses  élèves,  M.  Franchet, 
architecte  de  l'église  de  l'Immaculée-Conception,  sur  lequel  nous 
ne  possédons  pas  de  renseignements. 

Quant  à  Claude  Emile  Perret  de  la  Menue,  qui  jouit  aussi  à 
Lyon  d'une  grande  notoriété,  il  ne  nous  a  pas  été  plus  possible  de 
nous  procurer  la  liste  de  ses  travaux.  Nos  renseignements  doivent 
se  borner  à  faire  savoir  qu'il  était  né  à  Saint-Symphorien-sur- 
Loire  le  20  juillet  1810  et  qu'il  mourut  le  5  juin  1889  à  Lyon, 
architecte  honoraire  de  l'hospice  de  Lyon,  et  président  de  la 
Société  régionale  des  architectes  lyonnais.  Nous  ne  pouvonster- 
miner  celte  liste  trop  courte  sans  nommer  M.  Chatron  qui  a 
construit,  en  1872,  le  Palais  de  l'Exposition  universelle  lyonnaise 
sur  le  quai  des  BroLteaux  à  l'entrée  du  parc  de  la  Tête  d'Or. 

Signalons  en  passant  à  Avignon  le  théâtre,  chef-d'œuvre  du 
classique  à  portique  orné  de  colonnes,  œuvre  de  l'ingénieur  De 


CHAPITRE  XIII.  361 

Bondon,  un  inconnu  pour  nous,  et  l'asile  des  alién(_^s  de  .Mont-dc- 
Vergues  près  Avignon,  construit  en  I8G8  par  M.  Paul  Lenoir, 
né  à  Paris  le  7  avril  1826,  élève  de  Pliilippon  et  d'Isabelle. 

Avant  d'aiîorder  les  grands  travaux  exécutés  à  Marseille  de  18o0 
à  ce  jour,  qu'il  nous  soit  permis  de  mentionner  l'ingénieur-archi- 
tecte  Bernard,  inspecleur  général  des  Iravaux  hydrauliques, 
qui  a  succédé  à  M.  Recourt  de  Charleville  dans  l'agrandis- 
sement del'liôpilal  Saint-.Vlandrier,  et  un  élève  d' Henri  Espéran- 
dieu,  et  son  inspecteur  à  l'Ecole  des  beaux-arts  de  .Marseille, 
M.  Gaudensi  Stanislas  Allan,  né  à  Toulon  le  7  février  1841, 
auquel  sa  ville  natale  doit  l'école  Uouvière,  le  Musée-bibliothè- 
que, le  nouveau  Mont-de-Fiéléet  le  monument  du  Centenaire  de 
la  Hévolution  Irançaise,  grande  fontaine  qui  décore  la  place  de 
la  Liberté  à  Toulon,  inaugurée  en  1890.  A  Saint-Nazaire-du-Var, 
il  a  construit  le  groupe  scolaire  et,  à  Marseille,  le  collège  de  la 
rue  Saint-Sébastien,  les  docks  du  port  Sud,  l'asile  Etienne  Za- 
firopoulo,  l'école  supérieure  du  commerce,  en  cours  d'exécution, 
et  une  centaine  d'hôtels  et  de  maisons  parmi  lesquelles  la  banque 
Hobin-lUondel.  xM.  Allan  a  obtenu  des  médailles  dans  un  grand 
nombre  de  concours  publics. 

Deux  noms  d'architectes  marseillais  hrillent  d'un  éclat  égal 
à  celui  des  Viollet-le-Duc,  des  Labrouste,  des  Ballu,  des  Bal- 
lard,  etc.,  ceux  de  L.  Vaudoyer,  d'Espérandieu  et  de  Coste  (1), 
dont  nous  compléterons  ici  la  biographie  en  disant  que  cet 
archilecte,  qui  avait  publié  deux  volumes  de  «  IN'otes  de  voyage  », 
est  mort  à  Marseille  le  8  février  1879,  membre  de  l'académie  et 
de  la  Société  de  statistique  de  .Marseille,  correspondant  del'lns- 
tilut  de  France  et  associé  étranger  de  l'Institut  des  archilecles 
britanniques. 

Né  à  Paris  le  7  juin  1803,  Léon  Vaudoyer,  élève  de  son  père 
et  de  Lebas,  avait  remporté  le  deuxième  grand  prix  d'architec- 
ture en  1824  elle  premier  en  1820.  Nous  avions  oublié  de  dire 
que  Vaudoyer  père  était  mort  membre  de  l'Institut,  secrétaire 
archivisle  de  la  section  d'architecture  à  l'Ecole  des  beaux-aris, 
membre  du  conseil  des  bàlimenls  civilset  delTnstitut  des  archi- 
tectes britanniques,  que  lors  de  l'installation  de  l'Institutau  palais 
des  Quatre-Nations,  en   180i,  c'est  lui  qui  avait  conçu  la  salle 

(1)  Certains  biographes  font  naître  Coste  lo  II  mars  1797. 


3J2  LES   ARCHITECTKS  PAR  LEURS   OEUVRES. 

des  séances  actuelle,  enfin,  que  ses  travaux  à  l'Observatoire 
avaient  été  le  dessin  delà  grille  et  du  pavillon  d'entrée,  ainsi  que 
la  clôture  de  l'avant-cour  et  l'érection  d'une  pyramide  servant 
au  tracé  de  la  d  méridienne  ». 

En  règle  avec  Antoine  Laurent  Thomas  Vaudoyer,  nous  repre- 
nons la  biographie  de  son  fils  au  point  où  nous  l'avons  laissée. 
Nommé  à  son  retour  d'Ilalie  inspecleur  des  constructions  à  l'iiô- 
tel  du  quai  d'Orsay,  Léon  Vaudoyer  coopéra  à  la  CoUeclion  des 
archives  de  la  commission  des  monuments  historiques  et  obtint 
une  menlion  lors  du  concours  ouvert  pour  l'érection  de  l'Opéra 
de  la  rue  Lepelletier.  En  1843,  il  appropria  aux  services  du  Con- 
servatoire des  arts  et  métiers  le  prieuré  de  Saint-Martin  des 
Champs;  enfin,  en  i8o2,  il  était  chargé  de  la  construction  delà 
cathédrale  de  Marseille,  dont  la  première  pierre  fut  posée  le 
26  septembre  de  cette  année;  mais  la  mort  le  surprit  (le  9  fé- 
vrier 1872)  avant  l'achèvement  de  cette  œuvre  considérable,  et  ce 
fut,  ainsi  que  nous  allons  le  voir,  son  élève  Espérandieu  qui  eut 
l'honneur  de  la  mener  à  bonne  fin.  L.  Vaudoyer  a  laissé  d'ailleurs 
d'assez  longues  études  et  signé  des  tombeaux  de  personnages 
célèbres  :  celui  du  général  Foy  (dessiné  en  1826  par  son  père), 
celui  du  chanteur  Nourrit,  son  tombeau  de  famille  (1847),  le 
tombeau  du  Poussin  dans  l'église  San  Lorenzo  in  Lucina,  à 
Rome.  11  était,  au  moment  de  sa  mort,  officier  de  la  Légion 
d'honneur  et  membre  de  l'Iustilut  de  F'rance  depuis  le  1"  fé- 
vrier 1868. 

Henri  Jacques  Espérandieu,  l'élève  de  Vaudoyer,  puis  son 
successeur  à  la  cathédrale  de  Marseille,  à  partir  de  1873,  naquit 
à  Nîmes  le  15  juillet  1829.  D'abord  inspecteur  de  Questel  pour 
les  travaux  de  l'église  Saint-Paul  et  delà  fontaine  monumentale 
à  Nîmes,  il  fut  nommé,  en  1839,  inspecteur  de  Vaudoyer,  de- 
venu architecte  en  chef  de  ce  monument,  et  commença  la  série 
des  nombreuses  œuvres  que  lui  doit  Marseille  :  le  monument  de 
rimmaculée-Conception  érigé  en  1837  àl'exlrémité  du  boulevard 
Nord,  le  nouvel  Observatoire,  commencé  en  1863,  l'école  des 
beaux-arts  et  la  bibliothèque  de  la  ville  (1862-1869),  le  nouveau 
musée  construit  dans  le  style  de  la  Renaissance,  l'église  Notre- 
Dame  de  la  Garde  terminée  en  1 865,  enfin,  le  palais  de  Longchamp, 
vaste  hémicycle  composé  d'une  haute  galerie  à  pavillon  central 
et  fianquée  à  chaque  extrémité  par  un  pavillon  carré.  Contre  ce 


CHAPITRE  XIII.  363 

palais  devenu  le  musée,  rarcliilcctc,s'inspiranl  de  l'ancien  projet 
de  BarUioldi,  a  adossé  le  cliâleau  d'eau  qui  reçoilles  eaux  delà 
Durance  el  a  formé  ainsi  un  ensemble  architectural  d'une  grande 
majesté,  consistant  en  une  sorte  d'arc  de  triompiie  qui  domine 
la  chute  d'eau.  Espérandieu  est  mort  à  Marseille  le  H  novem- 
bre 1874. 

François  Augustin  Martin,  né  le  27  août  1817  et  décédé  à 
Marseille  le  31  octobre  1877,  fut  l'architecte  du  palais  de  justice 
inauguré  le  4  novembre  1862,  édifice  à  deux  façades,  l'une  sur 
le  cours  de  la  République,  l'autre  sur  la  rue  Grignan,  et  acheva 
rhôtel  de  la  préfecture  en  1867.  Enfin  nous  citerons  l'auteur  dos 
bains  de  mer  Catalans  (dont  la  réputation  est  grande  à  Marseille), 
qui  furent  élevés  par  Jean  Baptiste  Bordes,  né  le  9  octobre 
1826,  à  Orgon  (Bouches-du-llhnno)  cl  mort  à  Paris  en  avril  1878. 

En  remontant  vers  le  Nord,  nous  Irouvons  comme  architectes 
d'édifices  publics  M.  Louis  Raymond  Delor,  né  à  Toulouse  en 
1812,  élève  de  l'école  des  beaux-arts  de  celte  ville  et  élève  pen- 
dant six  ans  de  Garnaud  :  M.  Delor,  architecte  pendant  trente- 
cinq  ans  des  établissements  hospitaliers  de  Toulouse,  a  élevé  le 
dôme  de  Ibospicc  d'Agramet  de  riiôto!  des  Frèies  à  Hevel;  puis 
Jean  Pierre  Alexandre  Laffon,  né  à  Toulouse  le  21  juin  1819, 
mort  dans  cette  ville  le  2  décembre  1882,  duquel  nous  n'avons 
à  citer  qu'une  œuvre  :  l'école  vétérinaire,  construite  de  1832  à 
1834.  Le  nouveau  musée,  édifice  de  briques  (dont  le  rez-de- 
chaussée  est  éclairé  latéralement,  tandis  que  le  premiei'  étage 
reçoit  le  jour  d'un  plafond  lumineux),  est  dû  à  M.  Darcy,  sans 
autre  indication,  architecte  aussi  de  la  gare  actuelle  de  Vichy; 
nous  n'avons  d'ailleurs  aucun  renseignement  biographique  sur 
ces  deux  architectes. 

Nous  sommes  un  peu  plus  heureux  avec  Jacques  Esquié,  né 
à  Toulouse  le  29  octobre  1817,  membre  de  l'école  dos  beaux- 
arts  en  1839,  architecte  de  l'asile  des  aliénés  de  iJraqueville 
(Haute-Garonne),  el  qui  restaura  les  églises  de  Valcabrère  et  de 
Vénerque  (Haute-Garonne). 

Le  17  janvier  1875,  on  consacrait  le  chœur  de  la  calliédrale 
de  Montpellier,  édifice  du  xiv°  siècle  dont  la  consiruction  avait 
été  interrompue  par  les  guerres  du  xvi"  siècle.  11  ne  se  composait 
que  de  son  porche  et  de  la  nef  d'Urbain  V  flanquée  de  chapelles. 
Les  travaux  d'achèvement  delà  cathédrale  deMonIpellier  furent 


3G4  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

exécutés  par  Henri  Antoine  Revoil.  né  le  19  juin  1822  à  Aix, 
décédé  à  Cette  en  1863,  au(|uel  on  doit  le  lombeau  de  M^'  Coste, 
à  Nîmes,  élevé  avec  la  collaboration  de  M.  Collin.  Attaché  à  la 
Commission  des  monuments  historiques  et  correspondant  du 
ministère  de  l'inslruclion  publique,  Revoil  a  exposé  un  grand 
nombre  de  dessins  d'édifices  classés  par  la  commission  el  a  laissé 
un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  Architcclure  romane  du  Midi  de  la 
France,  etc.  1  vol.  in-folio. 

Le  palais  de  justice  de  Montpellier, antérieur  à  l'époque  dont 
nous  nous  occupons  dans  ce  cliapitre,  mais  que  nous  avions 
omis,  csl  dû  à  un  architecte  du  département  du  Gard,  nommé 
Gaston  Bourdon,  qui  conserva  ces  fonctions  jusqu'en  1849, 
époque  à  laquelle  il  fut  remplacé  par  M.  Léon  Feuclièrc  qui, 
sans  doute,  a  achevé  l'édifice. 

A  mentionner  encore  dans  celte  région  de  la  France  le  théâtre 
de  lAIontpellier  inauguré  le  1"  octobre  1888,  édifice  de  stylo  Re- 
naissance —  architectes:  MM.  Bernard  Cassien  et  Sassua,  que 
nous  ne  connaissons  pas  autrement,  et  l'église  N.-D.  de  Prouille 
(Aude),  avec  clocher  monumental  et  tribune  extérieure  pour  les 
bénédictions  épiscopa/es ,  inaugurée  en  1889.  Architectes  : 
MM.  Charles  et  Eugène  Saint-Père,  également  inconnus  de 
nous. 

Dans  le  Sud-Ouest,  c'est  un  élève  de  M.  Laisné,  M.  Emile 
Gabriel  Doyére,  né  à  Paris,  qui  éleva,  en  1877,  l'église  du 
Saint-Esprit  à  Bayonne,  après  avoir  construit  le  château  d'Au- 
bry-en-Esnés  (Orne),  et  restauré  celui  d'Alençon.  C'est  aussi 
François  Dominique  Geufroy,  né  le  3  octobre  1823  à  Elbeuf- 
sur-Andelles,  décédé  à  Cherbourg  le  23  juillet  1874,  qui  construit 
à  Bayonne  (1868)  l'hôpital  Saint-Léon  qui  lui  valut  la  croix  de 
la  Légion  d'honneur.  Geufroy,  d'abord  architecte  de  Cherbourg, 
avait  construit  dans  cette  ville  l'hospice  civil  dont  la  première 
pierre  fut  posée  le  20  novembre  18o9,  l'église  Saint-Clément 
et  les  flèches  de  l'église  N.-D.  du  Vieu,  des  marchés,  des 
écoles,  etc.  11  y  restaura  aussi  l'église  de  la  Trinité  et  est  l'au- 
teur de  la  colonne  monumentale  inaugurée  le  24  juillet  1858. 

Nous  n'avons  (]ue  peu  ou  point  de  renseignements  sur  les  tra- 
vaux de  Claude  Tiffon,  né  à  Bar-sur-Aube  le  4  décembre  1798, 
mort  on  1868,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  architecte  du 
département  des  Basses-Pyrénées  el  président  de  la  Société  aca- 


CHAPITriK   XllI.  3C3 

dt''mique  de  ce  dépaiiemenl,  ni  surDelabarre  de  Bay,  arcliilecle, 
en  1876,  de  l'église  paroissiale  de  Lourdes,  ni  sur  Jean  Jacques 
Latour,  né  à  Tarbes  le  5  août  1812,  décédé  le  14  seplembre 
•18G8,  arcbilccte  du  musée  de  la  ville  de  Tarbes  dans  le  jardin 
Massey. 

Le  département  de  la  Gironde  vît  naître  pendant  la  seconde 
moilié  du  siècle  des  architectes,  hommes  de  talent,  auxquels  la 
rareté  et  le  peu  d'importance  des  édifices  à  construire  ne  permi- 
rent pas  toujours  de  le  faire  valoir. 

L'aîné  de  tous,  Victor  Pierre  Mialhe.  né  à  Bordeaux  le 
22  juillet  1802,  élève  de  l'oitevin,  est  mort  dans  sa  ville  natale 
le  o  octobre  1871.  D'abord  inspecteur  des  travaux  exécutés  au 
lazaret  de  Trompeloup  et  plus  tard  du  palais  de  justice  de  Bor- 
deaux, il  devint  le  collaborateur  de  Thiac  et  obtint  en  1843  sa 
nomination  de  membre  de  la  Commission  des  monuments  hislo- 
riques  et  d'architecte  diocésain.  A  ce  lilre,  il  refit  la  rosace  de 
la  cathédrale  et  y  exécuta  d'autres  travaux  importants;  puis 
restaura  l'église  de  Saint-Emilion  et  construisit  plusieurs  hôtels 
et  châteaux  dans  la  Gironde. 

Contemporain  de  Mialhe,  Jean  Baptiste  Lafargue,  né  à  Ai- 
margues  (Gard)  le  7  janvier  1801 ,  mori  à  Bordeaux  le  30  novem- 
bre 1866,  est  seulement  connu  pour  avoir  élevé  les  deux  pavillons 
Thévenard  et  Chaîne  à  chaque  exlrémilé  de  la  grille  du  jardiu 
public,  à  Bordeaux.  Aidé  de  ses  deux  fds,  Jules,  né  dans  cette 
ville  le  16  janvier  1825  et  mort  en  1881,  et  Paul,  né  le  9  mars 
1812  et  mort  en  1876,  tous  deux  sortis  de  l'atelier  de  Constant- 
Dufeux,  il  fonda  la  Société  des  architectes  de  la  Gironde  et 
construisit  dans  le  Médoc  un  nombre  considérable  de  châteaux. 

L'architecte  du  nouveau  Théâtre-Français  à  Bordeaux,  détruit 
par  un  incendie  en  1854,  et  du  nouveau  théâtre  Louil,  après  l'in- 
cendie de  1888,  fut  Eugène  Lamarle,  né  eu  1808  dans  celle 
ville  où  il  est  mort  le  13  février  1880.  Élève  de  Burguet  dont  nous 
allons  donner  la  biographie,  il  était  aussi  ingénieur  et  fut  chargé, 
à  ce  titre,  de  la  construction  de  divers  ponts  dans  le  pays  borde- 
lais, notamment  celui  de  Conihures  sur  la  Garonne  ;  on  peut 
encore  citer,  parmi  ses  travaux,  l'école  protestante  de  Clairac, 
le  clocher  de  Gensac  et  l'église  de  Bouridevs,  dans  les  Landes. 

Pour  compléter  la  biographie  de  Cli.  B.  iîurguet  (page  81) 
disons  qu'il  construisit  les  serres  du  jardin  des  planifs,  les  mar- 


366  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

chés  des  Grands-Hommes  et  de  la  place  de  Lerme,  l'école  et  la 
faculté  de  droit,  la  caserne  des  pompiers,  le  dépositoire  du  ci- 
metière de  la  Chartreuse,  les  presbytères  de  Saint-Nicolas  et  de 
Saint-Michel,  les  clochers  de  Saint-Marlial  et  de  Saint-Paul,  les 
galeries  du  musée  dans  le  jardin  de  l'hôtel  de  ville  et  qu'il  fut 
chargé  de  l'installation  provisoire  des  facultés  de  médecine  et 
de  pharmacie  dans  l'ancienne  caserne  Saint-Raphaël.  Hors 
Bordeaux  on  lui  doit  la  sous-préfecture  de  Bayonnc.  La  muni- 
cipalilé  de  Bordeaux  a  donné  le  nom  de  Burguet  à  la  rue  qui 
longe  du  côté  de  l'esl,  l'hôpilal  Saint-André. 

Le  successeur  de  Ch.  B.  Burguet  comme  architecte  de  la 
Chambre  de  commerce,  etc.,  s'appelait  M.  Pierre  Charles 
Brun,  né  à  Bordeaux  en  1825,  qui  s'était  acquis  une  répulation 
méritée  comme  auteur  de  l'église  Saint-Louis,  auxChartrons,  re- 
marquable imitation  des  édifices  religieux  du  xui"  siècle.  Elève 
de  Poitevin  et  à  Paris  de  Uchard  et  de  l'École  des  beaux-arts, 
M.  Brun  a  construit  le  grand  entrepôt  de  la  Chambre  de  com- 
merce au  cours  du  Médoc  et  la  halle  métallique  près  du  bassin 
à  flot  de  Bacaban.  II  fut  aussi  l'architecte  des  églises  de  Gradi- 
gnan,  de  Monségur  d'Avenson,  et  de  nombreux  hôtels  ou  châ- 
teaux; il  est  membre  de  la  Commission  des  bâtiments  civils. 

Pierre  Auguste  L'Abbé,  né  à  Bordeaux  le  o  juin  1823,  fut 
élève  de  DuphuI,  puis  continua  ses  études  dans  l'atelier  de 
Blouet  et  à  l'Ecole  des  beaux-arts  à  Paris.  Revenu  à  Bordeaux 
en  18i6,  il  était  nommé,  en  1848,  inspecteur,  en  1855,  archi- 
tecte du  déparlement  de  la  (iirondc  et,  en  1862,  architecte 
diocésain.  Ses  principaux  travaux  à  Bordeaux  furent  :  le  bâli- 
menl  des  archives  départemenlales  commencé  en  1861  et  ter- 
miné en  1866,  la  chapelle  du  grand  séminaire,  l'achèvement  de 
l'asile  des  sourdes  et  muelles  et  de  l'hospice  de  De  Pelligrin. 
Hors  de  Bordeaux,  il  a  construit  le  clocher  de  l'église  Saint- 
Jean-Bapliste  à  Libourne,  les  églises  de  Bourg,  de  Beulin  et 
de  Sainle-F'oy-la-Grande,  les  hôtels  de  ville  de  Pauillac  et  de 
Sainte-Foy,  la  maison  curiale  de  Cadillac;  il  agrandit  le  lazaret 
de  Trompeloup  et  restaura  les  restes  de  l'abbaye  de  la  Sauve 
ainsi  que  de  l'église  Saint-André  et  de  l'église  de  la  Bivière. 
Dans  les  départements  voisins,  on  peut  citer  de  lui  les  églises 
de  Royan,  de  la  Roche-Chalais  et  d'Eymet.  Membre  de  la  Com- 
mission des  monuments  historiques  de  la  Gironde,  de  la  Société 


CHAPITRE  XIII.  3G7 

centrale  et  président,  en  1872  et  1873,  de  la  Société  des  archi- 
tectes de  Bordeaux,  L'Abbé  est  mort  dans  cette  ville  le  l""  juin 
1881. 

M.  Jean  Jacques  Valleton,  né  à  Bergerac  le  1"  mai  1841, 
fut  élève  de  Paul  Abadie,  dont  il  surveilla  les  constructions  à 
Bordeaux  ;  c'est  ainsi  qu'il  restaura  l'église  Sainte-Croix,  le 
clocher  de  Saint-Micliel,  l'église  Saint-Ferdinand.  Venu  se  fixer 
à  Bordeaux  en  18G4,  il  fut,  de  1874  à  1883,  membre  de  la  Com- 
mission des  monuments  historiques  de  la  Gironde  et  son  vice- 
président  depuis  1881 ,  architecte  du  département  de  la  Gironde 
(12  juin  1881),  des  bâtiments  civils  du  ministère  des  beaux- 
arts  (18  juillet  1881),  do  l'asile  public  d'aliénés  de  Cadillac 
(7  mars  1883).  Parmi  ses  plus  importants  travaux  nous  citerons  :  la 
maison  de  santé  de  Longchamps  (1867-68),  le  pensionnat  et  la 
chapelle  des  Dames  de  la  Béunion,  rue  de  la  Croix-Blanche 
(18i9),  le  pensionnat  des  Sœurs  Saint-  Joseph  de  Cluny,  bou- 
levard de  Bouscat  (1873),  le  groupe  scolaire  de  Bourg  (1882), 
l'école  normale  d'institutrices  (1884),  son  hôtel  rue  Emile- 
Fourcand  (1884),  la  maison  dite  au  Chat,  rue  Sainl-Étienne, 
l'école  primaire  de  Saint-Seurin-de-Bourg,  le  château  de  Mau- 
pas  à  Tonneins  (1885),  l'église  de  Montferrand  (1886), le  nouvel 
asile  pour  les  femmes  aliénées  au  château  Picon  (1887-89)  et 
plusieurs  constructions  particulières.  31.  Valleton  est  officier 
d'académie  depuis  ISSi. 

iM.  Jean  ÉdouardBonnore,  architecte,  néàLcsparre  (Gironde), 
le  19  octobre  1820,  fut  élève  de  Jules  Bouchet  à  Paris  sous  le 
patronage  de  Visconti  et  s'est  fixé  à  Lesparre  en  1852.  Archi- 
tecte de  l'arrondissement  et  de  la  ville  de  Lesparre,  du  lazaret 
de  Trompeloup,  il  a  été  membre  correspondant  de  la  Commis- 
sion des  monuments  historiques  de  la  Gironde  et  a  fait  édifier 
ou  restaurer  dans  les  arrondissements  de  Lesparre,  de  Blaye 
et  de  Libourne  vingt-quatre  églises  dont  dix-huit  neuves  ;  ce 
sont  :  celles  de  Lesparre,  Carcans,  Vendays,  Saint-Vivien  (les 
nefs,  l'abside  et  le  clocher  de  ce  monument  historique  de 
première  classe  viennent  d'être  reconstruits  sous  la  direction  de 
M.  Bonnore  aux  frais  de  l'État),  de  Verdon,  Talais,  Grayan, 
Naujac,  Ordonnac,  Potensac,  Saint-Girons,  Pugnac,  Saugon, 
Donnezac,  Saint-Andromy,  Saint-Caprais,  iNéac,  Saint-Chris- 
toly-de-Médoc.  Nous  pourrions  énumérer  plus  de  vingt  mairies, 


368  LES   ARCHITECTES   PAR   LEURS   OEUVRES. 

écoles  ou  presbylères  et  un  grand  nombre  de  maisons  bourgeoises 
ou  châteaux  élevés  par  M.  Bonnore,  nous  nous  contenterons  de 
citer  encore  le  portail  de  l'entrée  du  cimetière  de  Saint  Estèphe 
et  les  plans  d'un  nouveau  lazaret  projeté  à  Padarnac. 

.M.  Michel  Louis  Garros  est  né  à  Ikirsac  (Gironde)  en  1833. 
Elève  de  l'Ecole  des  Leaux-arls  de  Paris  et  de  Conslaut-Dufeux, 
il  travailla  d'abord  comme  inspecteur  de  Lacroix  aux  travaux 
de  restauration  du  palais  de  l'Elysée,  puis  s'établit  à  Bordeaux 
en  1860.  Ses  premiers  travaux  furent  les  fontaines  du  marché 
Royal  et  de  la  place  Fondaudège.  Il  a  construit  ensuite  de 
nombreux  châteaux  et  plusieurs  habitations  urbaines  impor- 
tantes, puis  a  exécuté  un  grand  nombre  de  restaurations  et 
d'installations  agricoles  et  industrielles  qui  lui  ont  valu  la 
grande  médaille  au  Congrès  des  architectes  français  de  1887. 

Pierre  Charles  Durand,  né  à  Bordeaux  le  30  mai  1824,  est 
l'auteur  dans  cette  ville  de  la  nouvelle  synagogue  de  la  rue 
Labirat,  inaugurée  le  o  septembre  1882,  souvenir,  comme  tous 
les  édifices  de  ce  genre,  de  l'arcbiteclure  byzantine,  de  l'hôtel 
des  Facultés,  construit  de  1880  à  1885,  et  de  la  bibliothèque 
municipale  élevée  de  1887  à  1889.  Hors  de  Bordeaux,  Durand  a 
créé  l'établissement  des  OEiifs  et  les  Néothermes  de  Caulerets 
(1866-1878).  Décoré  eu  1886,  l'un  des  fondateurs  ds  la  Société 
des  architectes  bordelais  et  président  de  l'Académie  de  Bor- 
deaux :  il  l'st  mort  dans  cette  ville  le  23  janvier  1891. 

Théodore  Michel  Jules  Henry  Duphot  fut  un  élève  de 
Chenavard  et  de  l'École  de  Lyon,  puis  il  compléta  ses  éludes 
arcbileclurales  à  I^aris,  dans  l'atelier  de  Debret.  Fixé  à  Bordeaux 
depuis  183.3,  il  y  commença  une  carrière  brillamment  pour- 
suivie pendant  cinquante-sept  ans.  Ses  principaux  travaux  sont  : 
l'hôtel  de  la  caisse  d'épargne  à  Bordeaux,  inauguré  eu  1847,  les 
églises  de  Cauderan,  de  Porlets,  de  Virolade,  de  Langou,  lare- 
construction  de  l'intérieur  de  la  nef  et  du  clocher  de  celle  de 
Verdclais  et  un  assez  grand  noml)re  d'habitations  particulières. 
Membre  corresjiondant  de  l'académie  d'architecture  de  Lyon, 
membre  de  la  Commission  des  monuments  historiques,  puis 
président  de  la  Société  des  architectes  bordelais,  il  fut  élu,  le 
31  mars  1884,  membre  corres|)ondant  de  l'Institut.  Duphot  était 
né  h  Bordeaux  le  1"  décembre  1810. 

Gustave  Alaux,  également  Bordelais,  né  le  29  novembre  1816, 


H.    LABROUSTE 


CHAPITRE  XIII.  369 

fut  élève  de  Poilevin,  de  H.  Dii|ihol  dont  nous  venons  de  donner 
la  biographie,  et  de  G.-J.  Durand.  D'abord  ins|)ecleur  de  Tliiac 
pour  la  construclion  du  palais  de  justice  de  Bordeaux  et  ami 
de  VioUet-le-Duc,  il  employa  presque  toute  sa  vie  à  des  restaura- 
tions d'édifices  religieux  dans  la  Gironde  ou  les  départements 
voisins.  Citons  les  églises  d'Arcachon,  de  Saint-Ciers-la-Lande, 
de  Mérignac,  de  Soussans,  de  Salles,  de  Bon-Enconire,  d'Ai- 
guillon, de  Buglose,  de  Mortagne,  de  la  Brède  (1860)  et  le 
clocher  de  Sainte-Eulalie  à  Bordeaux,  etc.  M.  Alaux  est  archi- 
tecte de  la  Banque  de  France  et  membre  de  la  commission  des 
monuments  historiques  de  la  Gironde. 

B.  Léo  Courau,  né  à  Bordeaux  en  avril  1823  (1),  mort  subite- 
ment le  9  mai  1886.  était  élève  de  l'Ecole  des  arts  et  manufac- 
tures. 11  étudia  d'abord  la  construction  maritime,  puis  l'archi- 
tecture, et  ne  tarda  pas  à  prendre  rang  parmi  les  architectes 
bordelais  les  plus  distingués.  11  commença  par  faire  percer  les 
boulevards  qui  entourent  Bordeaux  et  établir  la  plus  grande 
partie  du  réseau  des  égouts,  le  clocher  de  Saint-Émilion  (Gironde), 
et  continua  par  l'addition  des  bas-côtés  à  l'église  d'Eslissac,  le 
lavoir  public  de  Saint  Christoly,  le  clocher  de  Langon,  l'église 
de  Périssac,  la  chapelle  du  Sacré-Cœur  dans  la  basilique  Saint- 
Seurin  de  Bordeaux,  la  chapelle  et  une  partie  de  l'hospice  des 
Petites-Sœurs  des  pauvres;  il  eut  la  réputation  d'un  homme  de 
bien  dans  la  plus  large  acception  du  mot. 

Dans  le  déparlement  du  Lot,  un  seul  édifice  à  signaler  :  le 
palais  de  justice  de  Figeac  qui  eut  pour  architecte  M.  Jean 
Baptiste  Victor  Tourrette,  né  à  Montpezat  (Ardèche)  le  i  1  fé- 
vrier 1823  et  doiil  nous  ne  connaissons  pas  les  autres  œuvres. 

lAI.  Marius  Faget  est  né  à  Cauderan  le  21  septembre  1834, 
a  dirigé  la  création  de  la  Faculté  de  droit,  de  la  Faculté  de  mé- 
decine, de  l'Observatoire,  de  l'école  supérieure  de  filles,  de 
l'école  du  commerce  et  de  l'industrie;  on  a  de  lui  comme 
œuvres  complètes,  à  Bordeaux,  l'église  Saint-Augustin  et  le 
théâtre  des  Folios-Bordelaises,  le  lycée  inauguré  en  1880  et 
une  partie  du  musée-bibliothèque  où  se  trouvent  réunis  dix-huit 
à  vingt  mille  volumes. 

Léon  Drouyn,  né  à  Bordeaux  le  9  juillet   1833,  étudia  l'ar- 

(t)  Auvray  dit  :   1818. 

111.  24 


370  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

chileclure  à  l'École  des  beaux-arts  el  dans  l'atelier  de  Queslel; 
mais  il  ne  nous  appartient  que  comme  architecte  de  l'église  de 
Bieujac  et  comme  restaurateur  de  celle  d'Escandes,  quoiqu'il 
ait  construit  un  grand  nombre  d'habitations  particulières 
importantes. 

M.  Alphonse  Blaquière,  pelit-fds  de  Laclolte,  est  né  à  Bor- 
deaux le  14  avril  1829.  11  est  élève  de  Huchard  et  a  construit 
l'abbaye  de  Soulac  en  1871,  divers  hôtels  à  Bordeaux,  ainsi  que 
des  cliàleaux  dans  la  Gironde  et,  en  1882,  le  portail  moresque 
du  casiuo  à  Arcacbon.  C'est  tout  ce  que  nous  savons  de  lui. 

Un  autre  architecte  bordelais,  nommé  Berges,  ne  nous  est 
connu  que  comme  architecte  d'une  exposition  de  la  Société 
philomalhique  de  Bordeaux,  destinée  à  recevoir  les  produits  de 
l'industrie  française  el  coloniale  (1). 

Nous  terminerons  la  biographie  des  architectes  bordelais  par 
un  mot  sur  l'architecte  paysagiste  Emile  Victor  Lecocq,  quoi- 
qu'il soit  né  à  Paris  le  9  avril  1831  et  qu'il  y  soit  mort  le  8  mars 
1865,  parce  que  Bordeaux  lui  doit  son  œuvre  principale  :  la 
transformation  du  domaine  Cutler  en  jardin  d'acclimatation. 
Lecocq,  élève  de  Tiiouin,  éiait  inspecteur  des  plantations  de  la 
ville  de  Paris  sous  le  gouvernement  de  Juillet. 

Nous  le  répéterons  pour  Tenlève  qui,  né  près  d'Agen 
le  28  décembre  1824  et  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaus- 
sées, exécuta  des  restaurations  à  la  tour  el  au  phare  de 
Cordouan. 

Pendant  la  seconde  période  du  siècle,  l'archilecte  du  Lot-et- 
Garonne  fut  M.  J.  J. -Albert  Courau,  né  à  Bordeaux  le  7  juil- 
let 1843,  frère  de  l'archilecte  bordelais  Léo  Courau  dont  nous 
venons  de  parler,  élève  de  P.  Courau  el  de  Louis  Garros. 
Fixé  à  Agen  depuis  1879,  après  un  séjour  à  Marmande 
de  1872  à  1879,  il  a,  en  sa  qualité  de  contrôleur  des  construc- 
tions scolaires  du  département,  élevé  les  écoles  de  Miramonl, 
Clairac,  Lavardoc,  Casiel-Jaloux,  puis  le  clocher  de  l'église 
de  Lompion,  les  abattoirs  de  Nérac  el  de  Miramonl  et  l'église 
de  Magnac  (Gers),  et  a  restauré   l'église  de  ViUercal.   Lauréat 

(1)  En  donnant  la  biograpliie  de  G.  Bouiière  (page  82),  nous  avons  omis  de 
dire' qu'il  étudia  l'architecture  dans  l'atelier  de  MM.  Constantin  et  Picaux,  à  Pa- 
ris et,  à  partir  de  18oi,  fut  architecte  en  chef  du  chemin  de  fer  du  Midi,  sur  le- 
quel il  construisit  quatorze  stations. 


CHAPITRE  XIII.  371 

de  diverses  exposilions,  M.  Courau  est  le  fondateur  de  la  So- 
ciélé  régionale  des  architectes  du  Sud-Uuest,  avec  Toulouse 
pour  siège  social. 

L'architecte  de  l'iiôtcl  de  ville  de  Limoges,  qui  acheva  le  «  Ca- 
pitole  »  de  Toulouse,  est  AL  Alfred  Charles  Leclerc,  né  à  Paris 
le  10  décembre  1843;  il  obiint  le  premier  grand  prix  en  1868 
et  fut,  à  son  retour  d'Italie,  nommé  architecte  des  palais  de 
Versailles  et  de  Trianou  et  membre  du  Conseil  des  bàlimenls 
civils;  il  fait  partie  de  la  Société  centrale  et  est  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur.  Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  préfec- 
ture de  la  Vienne,  l'hôtel  de  ville  et  le  musée  de  Poitiers  eurent 
pour  architecte  M.  Guérinot. 

Dans  la  Vendée,  c'est  un  élève  de  Just  Lisch,  M.  Victor 
Auguste  Loué,  né  à  Napoléon-Vendée  le  31  août  1836,  qui  cons- 
truisit le  marché  couvert  de  celte  ville  (1864);  il  a  dressé  plusieurs 
projets  de  restauration,  notamment  de  l'abbaye  de  Fontenelle 
delà  chapelle  de  Ménigoutte(18G9),  el  de  Léglise  Saiut-Pierre- 
Airvault  (Deux-Sèvres)  ;  il  a  été  chargé  de  la  restauration  de  l'é- 
glise de  Deuil-sous-Montmorency ,  et  nous  supposons  qu'il  a 
construit  l'hospice  de  la  Chaize-Levicomte. 

Le  marché  des  Sables-d'Olonne  est  aussi  de  cette  époque  et 
eul  pour  arcliilecle  M.  Michelin,  sur  les  autres  travaux  duquel 
nous  n'avons  pu  être  renseignés. 

A  Nantes,  pendant  la  seconde  période  du  siècle,  on  travaille 
activement,  mais  qu'on  nous  permette  de  réparer  un  oubli 
commis  dans  l'historique  de  la  première  période,  en  mentionnant 
ici  le  nom  d'Etienne  Jean  Baptiste  Blond,  né  à  Nantes 
en  1780,  mort  dans  cette  ville  le  30  décembre  1863.  Ses  travaux 
sont,  à  Nantes,  la  chapelle  de  Saint-François,  la  tour  de  Taunay, 
l'École  d'hydrographie  et  l'Observai oire  (1828);  de  plus  il  res- 
taura la  vieille  église  de  Saint-Similion  et  édifia  plusieurs  châ- 
teaux dans  le  département.  François  Léon  Liberge,  né  à 
Nantes  en  1800  et  décédé  dans  cette  même  ville  le  22  juil- 
let 1860,  commence  en  1841  l'église  Saint-Clément  de  Nantes, 
livrée  au  culte  en  1857;  cet  édifice,  imitation  des  églises  du 
xiii"  siècle,  fut  achevé,  pour  la  façade  des  portes  et  la  tour,  par 
Faucheur,  dont  nous  allons  parler.  Liberge  a  encore  construit 
hors  de  Nantes  diverses  églises;  enire  autres  celles  du  Loroux- 
Boltereau    et  d'Oudon    dans   la  Loire-luférieure,    et   celle    de 


372  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

Champtoceaux  dans  Maine-et-Loire.  Henry  Félix  Jean  Fau- 
cheur, le  conlinuateur  de  Liberge,  élail  né  à  Bordeaux  le 
12  août  1821  et  mourut  à  Nantes  le  13  juin  18G5.  Élève  de 
Buron  et  de  Durand-Gasselin,  il  continua  ses  études  à  l'Ecole 
des  beaux-arts.  Outre  la  façade  de  l'église  Saint-ClémenI,  nous 
devons  citer  de  lui  la  cbapelle  de  Toutes-Joies,  également  à 
Nantes;  l'église  paroissiale  de  Sainle-Même,  l'église  de  la 
maison  mère  des  Sœurs  de  la  Sagesse  à  Sainl-Laurent-sur-Sèvres 
(Vendée),  etc. 

M.  Théodore  Jacques  Nau,  fds  d'architecte,  né  à  Nantes  le 
5  février  IBOo,  se  prépara,  par  des  séjours  à  Paris  et  à  Rome, 
à  continuer  la  carrière  de  son  père  et  revint  à  Nantes  en  1831. 
Cinq  ans  après,  en  1836,  M.  Nau  futchargé  de  construire  le  chœur 
de  Féglise  paroissiale  de  Sainte-Croix  (1840),  œuvre  nouvelle 
dont  le  style  ogival  fit  sensation;  le  portail  de  l'église  de  Saint- 
Jacques  (1851)  du  xii"  siècle  attesta  de  nouveau,  au  point  de 
vue  parfait  de  sa  restauration,  le  talent  sobre  et  sûr  de  l'ar- 
tiste. Il  faut  en  dire  autant  de  l'église  des  Minimes  dont  il  a  fait, 
en  1849,  la  chapelle  de  l'Immaculée-Conception.  La  chapelle  de 
M.  de  Grandville  au  Port-Saint-Père,  celle  de  la  famille 
Duboueix,  à  Clisson,  l'église  de  la  Madeleine  à  Nantes,  celles 
des  Touches,  de  Saint-Malo  de  Guersac,  de  Saint-Jean  de  la 
Poterie,  de  Saint-Philbert,  la  jolie  paroissiale  romane  de  Sainl- 
Molf,  démontrent  la  fécondité  de  son  génie  varié  et  artis- 
tique. Le  30  octobre  1849,  appelé  aux  fonctions  d'architecte 
diocésain,  il  continua  en  celte  qualité  les  travaux  du  chœur 
de  la  cathédrale.  La  reconstruction  du  grand  séminaire  de 
Nantes  est  oeuvre  à  part  où  l'on  remarque  surtout  le  cloître 
et  la  chapelle.  Le  10  juillet  1839,  M.  Nau  avait  été  nommé 
architecte  des  hospices;  il  fit  un  projet,  mais  ne  prit  pas  part 
au  concours  de  1851.  En  1843,  lorsque,  le  9  août,  la  Société 
archéologique  de  Nantes  fut  fondée  par  le  congrès  de  la  Société 
française  qui  se  tenait  à  Angers,  M.  Nau  fui  nommé  président, 
fonclion  qu'il  exerça  pendant  seize  années,  dirigeant  les  travaux, 
stimulant  le  zèle  des  sociétaires,  apportant,  à  chacune  des  séances 
l'ample  contingent  de  sa  science. 

Gustave  Benjamin  Alexandre  Le  Prévost  de  Bourgeret, 
président  de  la  Société  des  architectes  de  Nanies,  membre  de  la 


CHAPITRE  XIII.  373 

Commissioa  dépai'lemciitale  des  bàtimenls  civils  et  correspon- 
dant de  l'Inslitut,  naquit  à  Hennés  le  13  septembre  1813  et 
mourut  à  Nantes  le  28  octobre  1882.  Elève  de  Garnaud  et  de 
Lebas,  il  quitta  l'école  en  183i,  titulaire  de  nombreux  médailles. 
Après  plusieurs  voyages  en  Italie  et  en  Grèce,  il  fut  nommé 
architecte  du  déparlement  de  la  Loire-Inférieure,  où  il  restaura 
la  préfecture  de  Nantes,  la  tour  historique  d'Oudon  et  cons- 
truisit les  sous-préfectures  d'Ancenis  et  de  Paimbœuf.  A  ces 
travaux  on  doit  ajouter  la  façade  du  musée  d'histoire  naturelle 
et  l'hôtel  de  la  caisse  d'épargne  à  Nantes,  les  églises  Saint-Clair- 
lès-Nantes,  de  Couëron  et  de  Vue  dans  le  département  ;  le  maître- 
autel  et  la  flèche  de  l'église  Saint-Nicolas  de  Nantes  exécutés 
d'après  les  dessins  de  Lassus,  la  chapelle  de  Bonne-Garde,  près 
Saint-Jacques  à  Nantes,  etc.  Médaille  d'or  de  la  Société  centrale 
des  architectes  en  1870,  pour  ses  travaux  d'architecture  privée, 
de  Bourgerel  a  laissé  une  collection  considérable  de  dessins  qui 
ont  été  publiés. 

Deux  frères,  MM.  Ludovic  François  et  Marie  Julien  Michel 
Douillard,  tous  deux  ex  esquo  seconds  grands  prix  d'architec- 
ture en  1832,  sont  les  architectes  de  l'hôpital  général  Saint- 
Jacques  et  du  palais  de  justice  de  Nantes.  Ils  ont  également 
construit  tous  deux,  en  18G7,  l'école  Albert-le-Grand  à  Arcueil. 
Il  nous  reste  à  dire  que  le  premier,  élève  de  Lebas,  est  né  à 
Nantes  en  1823  et  que  le  second,  élève  de  Moret  et  Blouet,  est 
né  dans  la  même  ville  en  1829. 

Nous  mentionnerons  ici  les  architectes  du  passage  Pom- 
meraye(1843)  dont  Nantes  est  Her  :  ce  sont  MM.  Durand-Gas- 
selin  et  Jean-Baptiste  Buron,  b^  dernier  décédé  à  Nantes  le 
2i  décembre  1881. 

L'architecte  du  théâtre  de  Saumur,  inauguré  en  186(3,  est 
M.  Joly-Leterme,  qui  nous  est  d'ailleurs  inconnu.  Ce  théâtre, 
de  style  classique,  renferme  également  une  salle  de  concert. 

A  Angers,  nous  citeions  seulement  les  études  intéressantes 
de  Léon  Charles  Compagnon,  élève  de  Labrouste,  né  à  Aire 
(Pas-de-Calais),  à  une  date  que  nous  ignorons,  et  les  travaux  con- 
sidérables d'Edouard  Moll,  né  à  Angeis,  le  2.3  novembre  1797, 
mort  le  2  juin  1876.  Élève  de  Debret,  Moll  fut  d'abord  son  ins- 
pecteur à  l'École  des  beaux-aris  et  à  l'abbaye  de  Saint-Denis, 
mais  jugea  utile  à  son  éducation  de  faire  le  voyage  d'Italie;  à  son 
retour  en  1827,  il  s'établit  à  Paris  et  obtint,  au  concours,  le  droit 


374  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   ŒUVRES. 

de  construire,  à  Angers,  avec  M.  Ramoussel,  architecte  d'Angers, 
l'abattoir,  l'iiospice  général  Sainte-Marie,  l'hôpital  civil  et  mili- 
taire, l'école  de  médecine.  A  Laval,  il  fut  Farchitecle  deriiopital 
civil,  à  Mayenne,  du  palais  de  justiceet d'un  hôpital.  Ilaconstruit 
aussi  des  églises  à  Craon  et  à  Pré-en-Pail  (Mayenne),  à  Château- 
Gonthier  un  aballoir,  des  écoles  congréganistes  à  Épernay,  etc. 
L'hôtel  rue  Saint-Germain-des-Prés  à  Paris,  qui  sert  de  siège  à 
la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie,  inauguré  en  1852, 
est  également  l'œuvre  de  Moll,  qui  fut  décoré  en  1866. 

Les  œuvres  de  Ferdinand  Lachése,  né  à  Paris  le  30  mai  1803, 
mort  à  Angei's  le  18  octobre  1872,  architecte  du  départemeni 
de  Maine-et-Loire,  sont  :  le  marché  de  la  Poissonnerie  (1833)  et 
la  prison  cellulaire  à  Angers,  l'église  Saint-Pierre  Montlémarl, 
l'asile  d'aliénés  de  Sainte-Gemme,  ainsi  que  la  restauration  de 
la  préfecture. 

C'est  un  élève  de  Duban,  Julien  Alphonse  Bottrel,  né 
vers  1818,  mort  en  1870,  qui  donna  le  plan  du  théâtre  construit 
sur  la  place  du  Ralliement  à  Angers,  après  l'incendie  qui  con- 
suma l'ancienne  salle  le  4  décembre  1863.  Les  travaux  furent 
commencés  en  1869,  mais  la  mort  ne  permit  pas  à  Bottrel  de  les 
achever  et  il  fut  remplacé  par  l'architecte  du  Vaudeville  de  Paris, 
Magne,  qui  l'ouvrit  au  public  le  H  novembre  1871. 

Incendié  également,  le  théâtre  de  Tours  a  été  récemment 
reconstruit  (inauguration  du  23  novembre  1889).  M.  Stanislas 
Loison,  architecte  de  l'édifice,  est  né  à  Paris  le  4  septembre  1849 
et  a  été  inspecteur  des  travaux  des  théâtres  de  la  Renaissance  et 
des  Nouveautés,  cà  Paris,  ainsi  que  du  théâtre  municipal  de 
Cherbourg. 

M. Eugène Landron,  néàSaint-Calais(Sarthe),  avoulu  donner 
à  la  balle  aux  grains  de  sa  ville  natale  un  aspect  presque 
monumental,  où  les  tourelles  engagées  aux  quatre  angles  du 
bâtiment  sont  rachetées  par  les  bas-côtés  qui  forment  une  galerie 
intérieure,  la  nef  ([ui  s'élève  dans  toute  la  hauteur  du  grand 
comble  étant  coupée  par  un  balcon  suspendu  sur  lequel  s'ouvrent 
vingt-quaire  portes  correspondantes.  Il  a  également  élevé  le 
château  de  la  Gaudinière. 

Plus  à  l'ouest  encore,  Antoine  Brossard,  né  à  la  Rochelle 
en  1800,  mort  en  1883,  élève  de  Delespine,  fut  nommé,  après 
plusieurs  succès  académiques,  architecte  du  département  de  la 


GHAPITRK  XIII.  373 

Charente-Inférieure.  11  a  conslrnit,  en  1824,  l'asile  d'aliénés 
Lafond  près  la  Rochelle,  le  grand  séminaire  à  la  IJochelle,  ainsi 
((u'un  Ivcée,  la  maison  d'arrêt  à  Rochefort,  un  séminaire  el  la 
prison  municipale  àSainles(1830-l832),  un  hospice  à  Sainl-Jean- 
d'Angély.  Dans  cette  même  ville,  la  mairie,  la  justice  de  paix, 
ainsi  qu'un  temple  protestant  sont  l'œuvre  de  Boucasse,  plutôt 
ingénieur  qu'architecte  puisqu'il  fut  chargé  de  la  construction  de 
plusieurs  ponts  dans  le  déparlement. 

On  accorde  ici  une  place  modeste  à  un  élève  de  Duban, 
Cyprien  Antoine  Stillière,  né  à  Paris,  nous  ne  savons  à  quelle 
époque,  comme  architecte  d'une  maison  d'école,  d'une  fontaine 
et  d'un  lavoir  a  Saint-Uenys  (Deux-Sèvres).  C'est  tout  ce  que 
nous  savons  de  lui. 

La  ville  de  Saintes  trouve  un  architecte  instruit  en  même 
temps  qu'actif  et  fécond  dans  Lucien  Tyrtée  van  Cléemputte, 
né  le  lo  mai  t79o  à  Paris.  Elève  de  son  père  et  de  Percier,  il 
remporta  le  premier  grand  prix  d'architecture  en  1816,  il 
construisit  le  monument  de  Lebrun,  duc  de  Plaisance,  au  cime- 
tière du  Père-Lachaise  (1833)  et  fit  divers  projets,  entre  autres 
celui  d'un  palais  pour  les  expositions  de  l'industrie.  Inspecteur 
des  travaux  de  l'église  Sainte-Clotilde  et  de  la  Cour  des  comptes, 
dont  il  construit  le  bâtiment  des  archives  en  1849,  il  élève 
à  Dourdan  une  halle  aux  grains  (1833-1837),  le  palais  de  justice 
et  la  caserne  de  gendarmerie  de  Saintes  et  meurt  en  août  1871, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  après  avoir  collaboré  à  l'ou- 
vrage de  Forbin  et  Hackerblac  sur  les  monuments  de  la  Sicile. 

Le  théâtre  d'Angoulème  a  pour  architecte,  en  1870,  M.  An- 
toine Soudée,  né  à  Dreux  le  14  février  1839.  Élève  de 
l'École  des  beaux-arts,  puis  inspecteur  chargé  du  X'^  arrondis- 
sement de  Paris,  il  fut  nommé,  le  1"  janvier  1876,  inspectein- 
des  édifices  départementaux.  En  sa  qualité  d'architecte  de  la 
deuxième  section  des  édifices  de  Paris,  il  a  construit  la  caserne 
des  pompiers  de  la  rue  du  Château-Landon  et  un  groupe  sco- 
laire rue  Louis-Blanc  (1876-1879),  l'école  maternelle  de  la  rue 
(le  l'Aqueduc  (1880)  et  a  surélevé  l'inlirmerie  de  la  prison  Saint- 
Lazare.  Aujourd'hui,  M.  Soudée  est  attaché  aux  travaux  qu'on 
exécute  à  la  mairie  du  XIII''  arrondissement  commencés  en  1885 
et  à  la  construction  d'une  école  rue  Saint-Bernard.  Médaillé  à 
l'Exposition  universelle  de  1878,  il  a  été  fait  officier  d'académie 


376  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

lors  de  rinauguralion  du  niomimcnt  élevé  à  ^^'ladimi^  Gagneur, 
à  Poliguy  (Jura). 

A  Limoges,  c'est  François  Alexandre  Adolphe  Regnault, 
architecte  de  cette  ville,  mort  en  1875,  âgé  de  soixante-dix  ans, 
qui  construit,  eu  1848,  le  marché  couvert,  la  caserne  d'infan- 
terie et  le  collège;  le  département  de  la  Haute-Yienne  lui 
doit  également  plusieurs  restaurations  importantes.  Quant  à 
l'hôtel  de  ville  élevé  en  1878,  il  est  l'œuvre  de  AI.  Leclerc,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  plus  haut. 

Le  palais  de  justice  de  Périgueux,  le  théâtre,  le  grand  sémi- 
naire et  nn  marché  couvert  sont  les  œuvres  de  Louis  Catoire, 
né  à  Paris  vers  1806,  élève  de  Percier  et  Fontaine,  qui  fut 
architecte  du  département  de  la  Dordogne  de  1827  à  1841  et 
mourut  à  Paris  le  20  novemhre  1864. 

La  Bretagne  et  la  Normandie  eurent  aussi  des  artistes  de  ta- 
lent pour  exécuier  les  édifices  puhlics  ou  municipaux  élevés 
depuis  quarante  ans  dans  cette  région.  En  Bretagne,  M.Joseph 
François  Etienne  Bigot,  né  à  Quimper  le  2\  décembre  1807, 
achève  dans  sa  ville  natale  l'église  Saint-Mathieu  et  construit 
les  deux  tours  et  les  huit  clochetons  qui  la  couronnent  ;  il  a  été 
classé  le  premier  au  concours  pour  l'érection  du  musée,  mais 
nous  ignorons  s'il  l'a  exécuté. 

La  construction  de  la  maison  centrale  de  Rennes  ,qui  eut  lieu  en 
1878,  échut  à  un  premier  grand  prix  de  1846,  membre  de  l'Insti- 
tut, M.  Alfred  Nicolas  Normand,  né  à  Paris  le  1"  juin  1822, 
élève  de  Normand  et  de  Jay.M.  Normand,  inspecteur  général  des 
prisons,  architecte  expert,  décoré  de  la  Légion  d'honneur,  était 
déjà  connu  comme  auteur  de  l'hôtel  de  Païva  et  de  la  maison 
«  pompéienne  »  (qn'on  vient  de  démolir),  construite  pour  le  prince 
Napoléon,  avenue  Montaigne;  il  a  été  également  chargé  de  l'é- 
dificalion  de  l'hospice  de  Saint-Germain-en-Laye  (^1880);  il  a 
été  censeur  et  vice-président  delà  Société  centrale. 

M.  Léopold  Joseph  Ridel,  né  à  Nantes  le  17  février  1852, 
déjà  connu  par  la  construction  de  l'asile  des  aliénés  du  Mor- 
bihan et  par  la  restauration  de  la  chapelle  de  l'hospice  Saint- 
Louis,  éleva  le  musée  de  Laval  dans  lequel  on  reconnaît  l'in- 
fluence des  éludes  sérieuses  faites  par  l'architecte. 

Nous  ne  mentionnerons  le  nom  de  l'architecte  de  Fougères 
Lehérissé  qu'à  cause  de  sa  tin  tragique  :  on  sait  qu'il  mourui 


CHAPITRE  XIII.  377 

en  1865,  précipilé  d'un  écliafaudage  mal  installé  sur  lequel  il 
vérifiait  les  travaux  en  cours  d'exécution  à  l'église  Sainl-Léo- 
nard  de  cette  ville. 

A  Fiers,  c'est  un  archéologue  distingué,  aujourd'hui  professeur 
à  l'École  spéciale  de  dessin,  M.  Victor  Marie  Charles  Ruprich- 
Robert,  né  à  Paris  le  18  février  1820,  élève  de  Constant- 
Dufeux,  qui  est  chargé  de  la  construction  de  l'église  exécutée 
de  1858  à  1864.  En  1839,  il  élève  l'église  d'Athis  (Orne),  inspirée 
des  édifices  romans,  puis  les  églises  de  Fresnes-Carailly,  de  Brel- 
teville-l'Orgueilleuse,  de  Mortain,  de  Saint-Marlory,  de  Dinan 
(Côtes-du-Nord)  et  la  chapelle  du  petit  séminaire  de  Séez.  11  fut 
aussi  chargé  de  restaurations  importantes  au  château  d'Amhoise, 
aux  églises  de  la  Trinité  de  Caen  (ancienne  Abhaye  aux  Dames), 
et  d'OuisIreham,  à  la  tour  d'Oudou  et  à  la  tour  de  Saint-Loup  à 
Bayeux,  mais  la  restauration  de  celte  dernière  a  dû  être 
confiée  en  dernier  lieu  à  des  ingénieurs,  sous  la  direction  de 
M.  Flachat.  La  chapelle  funéraire  de  Berghes-Saint-Winock 
mérite  aussi  d'être  mentionnée  ici  ;  les  études  faites  par 
M.  Ruprich-Robert  pour  la  Commission  des  monuments  histo- 
riques sont  considérables. 

M.  Gustave  Auvray,  né  à  Laize-la-Ville  (Calvados)  en  1823, 
vint  faire  ses  études  d'architecture  à  l'aris  dans  l'atelier  de 
M.  Léon  Vaudoyer  et  entra  à  l'École  des  beaux-arts  en  1842:  il 
participa  utilement,  dès  cette  époque,  à  d'intéressants  travaux, 
tant  sous  la  direction  de  M.  Ruprich-Robert,  lors  de  la  restau- 
ration de  l'église  de  la  Trinité  de  Caen,  que  sous  la  direction  de 
M.  Guy  qui,  comme  architecte  en  chef  de  la  ville,  eut  à  apporter 
de  considérables  agrandissements  aux  salles  des  réunions  publi- 
ques et  à  celles  de  la  bibliothèque  et  du  musée  renfermées  dans 
les  bâtiments  de  l'hôtel  de  ville.  En  1861,  M.  Auvray,  qui  fut 
appelé  à  succéder  à  M.  Guy,  termina  ces  derniers  travaux  et,  de- 
puis cette  époque,  eut  à  en  exécuter  directement  quelques  autres 
d'une  réelle  importance,  notamment  une  partie  des  serres  du 
jardin  botanique  de  Caen,  auxquelles  il  ajouta  un  pavillon  d'ha- 
bitation pour  la  direction  de  l'établissement  (1873)  et  une  école 
d'équitation  et  de  dressage.  Il  nous  faut  citer  encore,  comme 
étant  de  lui,  un  séminaire  à  Villiers-le-Sec  (Calvados),  une 
chapelle  pour  les  religieuses  de  la  Miséricorde  et  la  restaura- 
tion de  l'église  Saint-Pierre  à  Caen.  Mais  l'édilice  le  |ilus  impoi- 


378  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

lant  dû  à  M.  Auvray  est  l'ensemble  de  vastes  bàlinients  qu'il 
érigea,  de  1861  à  1865,  pour  les  bains  et  lavoirs  publics  de 
cette  ville. 

Trois  ou  quatre  arcliitecles  continuent,  en  Normandie,  l'œuvre 
dos  Barre,  des  Barthélémy,  etc.  D'abord  M.Eugène  Barthélémy 
fils  qui  achève,  de  1882  à  1881^,  la  flèche  de  la  cathédrale  de 
Rouen  par  l'addition  de  clochetons  en  fer  el  cuivre  repoussé  et 
consacre  ses  connaissances  d'archéologue  à  la  reconslitulion 
des  édifices  du  moyen  âge  si  nombreux  en  Normandie. 

M.  Louis  Charles  Sauvageot,  né  à  Santonay  (Côte-d'Or), 
architecte  de  la  ville  de  Rouen,  membre  de  la  Commission  des 
monuments  historiques,  doit  sa  réputation  à  la  construction 
de  l'église  Sainl-Hilaire  de  Rouen  qu'il  a  commencée  en  1876 
el  finie  en  1879,  s'inspirant  des  édifices  religieux  de  la  fin  du 
xii"  siècle,  à  l'époque  de  la  transition  entre  la  période  romane  et 
la  période  ogivale  de  l'art  français.  L'église  Saint  -  Hilaire 
présente  50  mètres  de  longueur  sur  31  mètres  de  largeur  au 
transept  et  une  hauteur  de  11  mètres  sous  la  voûte;  le  clocher 
entièrement  en  pierre  de  taille  est  placé  sur  la  croisée  à  peu  près 
au  centre  de  l'église.  En  1877,  M.  Sauvageot  éleva  le  nouveau 
théâtre  des  Arts  où  il  a  employé,  naturellement,  tous  les  moyens 
connus  pour  combattre  l'incendie;  on  lui  doit  aussi  (1876),  la 
restauration  d'un  château  dans  la  Haute-Marne  et  le  piédestal 
des  monuments  élevés  à  la  mémoire  de  l'abbé  Cochet,  l'archéo- 
logue, du  poète  Bouilhet  et  de  Jeanne  d'Arc. 

M.  Lucien  Lefort,  né  à  Sens,  élève  de  Lance  et  d'André,  que 
nous  retrouverons  comme  architecte  à  Saigon  (Cochinchine),  est 
l'auteur  de  l'école  normale  de  Rouen.  C'est  tout  ce  que  nous 
savons  de  lui. 

Nous  avons  omis  de  dire,  en  rappelant  les  titres  de  Louis  Le- 
normand,  architecte  de  l'église  Saint-Jacques  de  Dieppe,  qu'il  a 
construit  aussi  l'église  du  Pollet,  près  Dieppe  (1889),  le  château 
de  Meillant  (1849)  et  qu'en  sa  qualité  d'architecte  de  la  Cour  de 
cassation,  il  en  commença,  en  1860,  les  nouveaux  bâtiments  qui 
furent  achevés  par  Duc.  L'hôtel  de  ville  d'Elbeuf,  élevé  en  1867, 
est  dû  à  un  architecte  parisien,  Emile  Anger,  élève  de  Vaudoyer, 
dont  nous  ne  connaissons  pas  les  autres  œuvres,  quoiqu'il  ait 
exposé  de  nombreux  et  remarquables  dessins. 

Le  Cercle  du  commerce  d'Elbeuf  (1866),  de  style  Louis  XIII, 


CHAPITRE  XIII.  379 

est  dû  aux  frères  Laquerrière  Constant,  né  le  21  novembre 
1820,  et  Stanislas,  né  le  i'.i  sepleaibre  1836. 

Henry  van  Cléemputte,  archilecle  du  déparlemeni  de  l'Aisne, 
est  né  à  Paris  en  1792;  il  est  l'anleur  du  tribunal  de  première 
inslance  élevé  à  Sainl-Lô  (Manche)  en  1823  et,  de  1824 
à  1828,  du  tribunal  de  Valogncs,  du  dépôt  des  étalons  de 
Saint-Lô,  de  l'hôtel  de  ville  el  de  la  prison  de  Coutances,  de  l'ora- 
loire  à  l'évèché  de  cette  ville,  du  tribunal  de  commerce  de  Gran- 
ville,  d'un  hospice  à  Périers,  d'une  prison  à  Mortain,  d'une 
église  el  d'une  caserne  dans  la  baie  du  mont  Saint-Michel,  d'une 
salle  de  spectacle  à  Yalognes  et  d'un  lazaret  à  Saint-Vaast-la- 
Hougue.  Nous  ignorons  la  date  de  la  mort  de  cet  architecte  el 
nous  ne   connaissons  pas  ses  autres  œuvres. 

C'est  Adolphe  Azémar,  que  nous  avons  signalé  (page  48)  comme 
architecte  du  petit  théâtre  de  Balignolles,  qui  a  construit  la 
mairie,  une  école,  un  gymnase  et  le  presbytère  de  Trouville. 

Louis  Jean  Le  Maître,  né  à  Montivilliers,  près  le  Havre,  le 
28  février  1815,  mort  au  Havre  le  12  janvier  1891,  est  l'archi- 
tecte de  la  Bourse  de  cette  ville,  doni  la  première  pierre  fut  posée 
en  1878.  C'est  un  bel  édifice  de  style  Renaissance,  formant  un 
quadrilatère  d'une  superficie  de  4000  mètres  el  présenlanl,  au 
saillant  du  portique  nord,  un  développement  que  ne  présente 
aucune  Bourse  en  France.  L'hôtel  de  ville  du  Havre,  dont  la  pre- 
mière pierre  fut  posée  le  2  septembre  1855,  l'abatloir  public,  l'é- 
glise Saint-Nicolas  de  l'Iiure,  l'hôlel  de  la  sous-préfecture  eurent 
pour  architecle  Charles  Fortuné  Louis  Brunet-Debaines,né  à 
Vannes  (Morbihan),  le  1 9  décembre  1801 .  Élève  de  Vaudoyer  et  de 
Lebas,  il  devint  architecte  de  l'arrondissement  du  Havre  et, 
en  cette  qualité,  éleva,  en  1845,  le  musée-bibliothèque  sur  l'em- 
placement d'un  ancien  hôtel  de  ville  ou  logis  dit  roi  dont  la  façade 
e?t  composée  de  deux  ordres  superposés,  ionique  et  corinthien, 
surmontés  d'une  balustrade  portant  des  statues,  ainsi  qu'une  cité 
pour  le  personnel  de  l'administration  des  douanes.  On  lui  doit  aussi, 
à  Paris,  la  chapelle  du  couvent  des  Oiseaux  de  la  rue  de  Sèvres, 
celle  du  couvent  de  Sainte-Clotilde,  rue  de  lleuilly,  à  Vaugirard, 
le  collège  de  l'abbé  Poiloup  à  Graville,  la  restauration  de  l'église 
romane  de  Sainte-Honorine.  Brunet-Debaines  est  mort  à  Paris 
le  25  avril  1862,  laissant  quelques  brochures  sur  l'architecture. 

Claude  François  Brunet-Debaines,  frère  du  précédent,  né 


380  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES- 

;i  Vannes  le  24  janvier  1799,  fut  quelque  temps  l'associé  de  son 
frère  dans  celte  ville^  mais  il  partit  pour  le  Chili  et  fut  chargé 
de  travaux  importants  par  le  gouvernement  chilien  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  à  Santiago  en  1855.  Auteur  de  nombreux  projets 
qui  ne  paraissent  pas  avoir  été  exécutés  et  médaillé  dans  plu- 
sieurs concours,  Claude-François  a  été  honoré  de  la  croix  de 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Le  lycée  du  Havre,  inauguré  en  186G  et  dont  la  construction 
a  coûté  1,930,000  francs,  a  eu  pour  architecte  M.  Brien,  sur  la 
vie  et  les  œuvres  duquel  il  nous  a  été  impossible  d'obtenir  des 
renseignements.  Quant  au  palais  de  justice  érigé  en  1874  et 
dont  le  plan  avait  été  l'objet  d'un  concours,  il  est  l'œuvre  de 
.M.   Bourdais  dont  on  a  lu  plus  haut  la  biographie. 

L'hôpital  de  Bellème  fut  élevé  vers  1859  par  Jean  François 
Emile  de  Guéroust,  né  à  Mortagne  le  14  juin  1814,  mort  com- 
missaire voyer  à  Paris  le  21  août  1861,  élève  de  Guenepin  et  de 
l'Ecole  des  beaux-arts  (sans  autre  indication). 

Les  parties  supérieures  de  l'église  N.-D.  de  Morlagne  ayant 
été  incendiées,  l'archittcte  chargé  de  la  restauration  fut 
AL  Jules  Reboul,  auteur  d'un  monument  élevé  à  Lunéville  aux 
victimes  de  la  guerre  de  1870.  Succédant  à  Cramailler,  Pierre 
Léonard  Lefranc,  élève  de  Percier  et  Fontaine,  né  à  DoUen- 
court  (Aube)  le  2  avril  1807,  acheva  la  chapelle  du  château  de 
Dreux,  destinée  à  la  sépulture  de  la  famille  d'Orléans,  en  ajoutant 
une  chapelle  absidale  et  deux  chapelles  à  droite  et  à  gauche  du 
porche.  La  crypte  reçut  également  de  notables  augmentations 
et  tout  le  travail  était  terminé  en  1847.  On  doit  aussi  à  Lefranc, 
qui  avait  été  décoré  en  1837,  le  monument  élevé  à  Alexandre 
Alleur,  dans  l'hôtel  de  ville  de  Saint-Omer. 

A  citer  encore  la  nouvelle  église  de  Montfort-le-RoIrou,  élevée 
en  1858  par  l'arclutecte  Tessier,  un  inconnu  pour  nous;  celle  de 
Vetheuil  (Seine-et-Oise),  réminiscence  remarquable  des  édifices 
gothiques  de  cette  contrée  :  architecte  Alphonse  Durand,  né  à 
Mantes  le  17  avril  1813,  élève  de  Ileurteloup  et  de  Molinos,  archi- 
tecte diocésain  de  la  Haute-.Marne,  de  la  Manche  et  de  Saône-et- 
Loire.  Durand  a  coopéré  à  la  Commission  des  archives  des  mo- 
numents historiques;  ses  autres  œuvres  sont,  en  collaboration 
avec  Guérinot,  la  préfecture  de  Poitiers  (1865),  puis  la  restaura- 
lion  de  la  cathédrale  de  Mantes  (1854-1856),  celle  de  la  cathé- 


CHAPITRE  XIII.  381 

drale  de  Langres  (1857),  celle  de  N.-D.  de  Vernon  (Eure),  dont 
il  relit  l'abside,  celle  de  N.-D.  du  Grand-Andely,  etc.  Médaillé 
en  1837  et  décoré  en  1800,  Durand  est  mort  à  Mantes  en  1882. 

La  construction  de  riiôpital  de  Yernon  lui  confiée  à  un  élève 
de  H.  Labrouste,  M.  Joseph  Edouard  Delbrouck,  né  à  Reims  le 
12juin  1 819, etce travail  lui  exécuté pendanllesannéesl8o8  1859. 

Nous  avons  rappelé  plus  haut  les  œuvres  de  l'architecte 
Henry  Van  Cléempulte,  dans  la  Manche;  disons  maintenani 
qu'on  doit  dans  le  même  déparlenieni,  à  Alexandre  Nicolas 
Théberge,  mort  à  Avranches  en  1800,  à  l'âge  de  cinquante- 
deux  ans,  élève  de  l'École  des  beaux-aris  :  l'église  de  Saint- 
Hilaire,  celle  de  Refîuvielle,  le  portail  à  Saint-Brice-en-Cogles 
et  l'église  de  Champs.  Il  restaura  aussi  l'église  Sainte-Croix  à 
Sainl-Lô;  construisit  l'hôtel  de  ville  et  les  halles  de  Brecey,  res- 
taura le  Mont-Saint-Michel,  eta  laissé  inachevés  l'hôtel  de  ville 
de  Villedieu  qui  eût  été  son  clief-d'ouivre,  les  tours  et  la  flèche 
de  Saint-IIilaire  el  le  château  de  lioclier. 

A  l'exception  de  l'église  Sainle-Epvre  de  Nancy,  la  région  de 
l'Est  ne  vit  s'élever  que  peu  d'édifices  imporlanls  pendant  les 
quarante  dernières  années.  La  chapelle  de  l'école  de  la  Tous- 
saint à  Strasbourg  fut  construite,  de  I8i5  à  1840,  par  un  archi- 
tecte du  chemin  de  fer  de  FEst,  M.  J.-A.  Weyer,  dont  le  nom 
ne  nous  est  connu  qu'en  raison  de  celte  circonstance;  c'est  éga- 
lement vers  celle  époque  qu'Alphonse  Amédée  Lejeune,  né 
à  Nanteuil-le-Haudoin  (Oise)  le  0  août  1808,  élève  d'Alavoine, 
effectue  la  restauralion  et  l'achèvement  du  château  de  Saverne, 
destiné  à  servir  de  résidence  à  des  veuves  de  fonctionnaires, 
puis  reconstruit  l'église  de  Dannemarie,  ancien  département  du 
tlaul-Riiin.  il  fut  l'architecle  du  palais  de  la  Légion  d'honneur 
de  1838  à  1871,  médaillé  à  l'Exposilion  nniverselle  de  1807,  che- 
valier de  la  Légion  d'honneur  en  1851  et  membre  de  la  Sociélé 
centrale  jusqa'cà  sa  mort. 

En  1807,  Johann  von  Soolen  couslruit  l'église  ogivale  de 
Logelbach  près  Colmar,  c'est  ton!  ce  que  nous  savons  de  lui. 

En  18ie,  M.  Charles  Alexandre  François  Morin,  né  le 
3  décembre  1810,  élève  de  Hugo  el  archilecte  du  département 
du  Bas-Rhin,  élève  le  théâtre  de  llagueneau  et  est  fait  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur  en  1865. 

Mais  le  véritable  archilecte  de  l'Alsace  pendant  celte  période 


382  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

fut  M.  Emile  Bœswilwald,  qui,  né  le  2  mars  1815  à  Strasbourg, 
vint  faire  ses  études  d'arcliiteclure  dans  l'atelier  de  H.  La- 
brouste, à  partir  de  1837.  Nommé,  en  1845,  inspecteur  des  tra- 
vaux de  Notre-Dame,  puis  en  1847,  architecte  de  la  cathédrale 
de  Luçon,  architecte  diocésain  pour  les  villes  de  Soissons,  de 
Luçon,  Bayonne,  Orléans,  Laon,  Chartres  et  le  Mans,  il  fut  chargé 
aussi  des  restaurations  à  effectuer  dans  les  départements  de  la 
Meuse,  de  la  Haute-Marne  et  de  l'Alsace  ;  il  reconslruisil  l'école 
centrale  rabbinique  à  Metz,  les  églises  de  Guebwiller,  de  Neuville, 
de  Niederhaslash  (Haut  et  Bas-Rhin),  de  Montiéreuder  (Haute- 
Marne),  et  restaura  le  palais  des  ducs  de  Lorraine  à  Nancy;  on 
lui  doit  encore  la  i-estauration  de  l'abbaye  de  Niedermnnster 
en  1847,  en  1854,  la  chapelle  privée  de  l'Empereur  en  style 
mozarabe  et  l'église  Sainl-Vaast,  à  Soissons  en  1856.  M.  Bœs- 
wilwald, qui  est  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  depuis  1853, 
a  coopéré  à  la  Collection  des  archives  de  la  Commission  des  mo- 
numents historiques. 

A  Épinal,  M.  Léon  Charles  Grillot,  né  le  9  novembre  1827 
dans  cette  ville,  y  construisit  l'hôlel  de  la  préfecture  ;  à  Nancy, 
il  décora  l'église  des  Cordeliers;  il  éleva  à  Plombières  (Vosges), 
l'établissement  thermal  (1844),  à  Remiremont,  la  maison  d'arrêt 
cellulaire^  puis  l'église  de  Plombières. 

Un  magnifique  édifice  moderne,  souvenir  de  ceux  auxquels 
on  appliqua  l'ogival  flamboyant,  l'église  Saint-Epvre  de  Nancy, 
eut  pour  architecte  un  enfant  du  pays,  M.  Prosper  Morey,  élève 
d'Achille  Leclerc.  11  est  vrai  que  M.  Morey  avait  obtenu  le  pre- 
mier grand  prix  en  1831  et  avait  fait,  pendant  son  séjour  à 
Rome,  des  reslaui-ations  fort  remarquées  ;  cette  église,  dont  la 
première  pierre  fui  posée  en  juillet  1863,  estaujourd'hui  terminée; 
nous  ignorons,  malheureusement,  les  autres  œuvres  de  M.  Morey. 

Pigeory  et  Amé  ont  eu  la  chance  de  construire  la  plupart  des 
édifices  du  département  de  l'Yonne.  Félix  Pigeory,  né  à  Paris 
vers  1812,  élève  de  Lebas,  fut  d'abord  inspecteur  des  travaux 
de  la  ville  et  restaura  l'église  de  Saint-  Florentin;  il  a  exposé 
divers  projets  qui  n'ont  point  été  exécutés  et  a  publié  un  livre 
ayant  pour  litre  :  les  Monuments  de  Paris.  11  mourut  le  5  décem- 
bre 1873  après  avoir  fondé  la  «.  Revue  des  beaux-arts  ».  M.  Emile 
Amé,  né  à  Avallon  vers  1820,  fut  nommé,  jeune  encore,  con- 
ducteur des  travaux   du   canal  de  Bourgogne.   S'étant  ensuite 


CHAPITRE  XIII.  383 

adonné  à  l'arcliileclure,  il  entra  dans  le  service  des  monu- 
ments liistoriques  et  l'ut  l'inspecteur  de  Viollet-le-Duc  lors 
de  la  restauration  de  l'église  de  Vé/elay.  Cet  édifice  terminé, 
il  rééditia  l'église  et  la  tlèclie  de  Chablis,  puis  fut  l'architecte 
de  groupes  scolaires  à  Aillan-sur-Thoson  et  du  couvent  des 
Trappistes  de  Carré-les-Tombes.  Nommé  depuis,  successivement, 
architecte  du  Morbihan  et  du  département  du  Cantal,  M.  Amé 
est  correspondant  du  ministère  de  l'instruction  publique  et  a 
publié,  en  18o9,  un  volume  enrichi  de  90  planches,  sous  le  titre  : 
les  Carrelages  émaillés  du  moyen  âye  et  de  la  Renaissance . 

L'aile  orientale  du  palais  des  Etats àDijon,  pour  faire  pendant 
à  la  partie  occidentale,  œuvre  de  Gabriel,  fut  construite  par  un 
architecte  dijonnais,  Louis  Belin,  né  le  24  octobre  1806,  mort  le 
31  octobre  1884,  déjà  mentionné  page  74.  Professeur  d'archi- 
tecture à  l'école  des  beaux-arts  de  Dijon,  de  1848  à  1882,  il  fut 
aussi  l'architecte  de  la  <<  maison  suspendue  »,  de  l'hùtel  de  la 
Cloche,  place  d'Arcy,  etc.;  mais  l'architecte  des  hospices  de  cette 
ville  s'appelait  Paul  Petit,  né  en  1793,  mort  en  1884.  Membre 
de  la  Société  centrale,  Paul  Petit  fut  également  attaché  à  la 
restauration  de  la  cathédrale  de  Dijon;  nous  ne  savons  rien  de 
plus  sur  cet  architecte. 

C'est  aussi  uuDijonnais,  élève  de  Lebas  et  de  Cinain,  M.Félix 
'Viennois,  qui  fut,  à  Dijon,  l'architecte  de  la  Bourse,  de  la  halle 
aux  grains  et  du  tribunal  de  commerce,  place  d'Arcy.  En  1873, 
il  érigea,  sur  la  place  de  Gray,  le  monument  aux  défenseurs  de 
Dijon  pendant  la  guerre  de  1870  et  reconstruisit  le  palais  de 
justice,  de  1875  à  1881. 

Dans  la  Côte-d'Or  également,  c'est  P.  Degré,  sur  lequel  nous 
n'avons  aucun  renseignement,  qui  construit,  vers  1881,  l'église 
Sainle-Marie-sur-Ouche.PIns  considérable  est  l'œuvre  deNicolas 
Henry  Monniot,  né  àLanglay  (Côte-d'Or),  le  25  juin  181  i.  Elève 
de  Gueuepin,  il  construisit,  en  1845,  la  mairie  de  Grancey  et  fut 
aussi  l'architecte,  soit  comme  auteur,  soit  comme  restaurateur, 
de  cinquante  et  une  églises  catholiques,  de  trente-deux  presby- 
tères, de  soixante-huit  maisons  d'écoles,  d'im  hospice  et  de 
plusieurs  ponts. 

Un  mot  seulement  sur  la  restauration  ellecluée,  en  1873,  de 
l'église  d'Illiat-en-Bresse(Ain),  édifice  du  .\i' siècle,  pour  dire  que 
l'architecte  qui  en  fut  chargé  se  nommait  Sainte-Marie  Perrin, 


384  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVRES. 

un  inconnu  pour  nous,  et  nous  terminerons  la  nomenclature 
des  travaux  de  notre  architecture  contemporaine  par  quelques 
lignes  sur  des  arlistes  d'une  incontestable  valeur  qui  n'ont 
pas,  cependant,  attaché  leurs  noms  à  un  édifice  important: 
Hector  Horeau  d'abord,  inscrit  déjà  dans  la  biographie  de 
Baltard,  l'architecte  des  Halles  Centrales,  qui,  né  à  Versailles 
le  4  octobre  dSOl,  mourut  à  Paris  dans  les  premiers  jours  de 
septembre  1872;  puis  Adolphe  Etienne  Lance,  né  à  Littry 
(Calvados)  le  3  août  1813,  mort  à  Paris  en  1874,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur.  Élève  de  Visconti  et  de  Blouet,  il  fut 
attaché  à  l'administration  des  bâtiments  civils  au  sortir  de  leurs 
ateliers.  Nommé  inspecteur  d'abord  (1850)  de  VioUet-le-Duc, 
alors  chargé  de  la  restauration  de  l'église  abbatiale  de  Saint- 
Denis,  il  devint,  en  1857,  architecte  diocésain  et,  en  cette  qualité, 
reçut  la  mission  de  restaurer  la  cathédrale  de  Sens  et  divers  édi- 
fices diocésains  à  Soissons.  Devenu,  en  1861,  membre  de  la  Com- 
mission des  lycées  et  écoles,  il  fut  l'architecte  du  lycée  de  Mont- 
de-Marsan  et  du  grand  séminaire  de  Sens  (reconstruction).  Mem- 
bre du  comité  des  travaux  historiques,  Lance  a  publié,  de  1847  à 
1852,  denombreux  articlesdans  «  l'Encyclopédied'architeclure»; 
un  mémoire  sur  le  Diplôme  cCarchitecte  —  Compte-rendu  de 
l'Exposition  unieerselle  de  1855  —  Excursion  en  'Italie.  Paris, 
in-8°,  1859;  Dictionnaire  des  architectes  français,  in-8°,  1872. 
Pierre  Trémaux,  né  à  Chardey  (Saône-et-Loire),  le  20  juil- 
let 1818,  entré  à  l'École  en  1840  et  élève  de  Lebas,  obtenait, 
en  1845,  le  second  grand  prix  ex  tequo  avec  C.  Aug.  Laine,  et 
faisait  eu  Afi'ique  et  en  Asie  des  explorations  très  étendues 
qui  lui  fournirent  des  sujets  d'études  du  plus  vif  intérêt.  Aussi, 
abandonnant  le  côté  pratique  de  la  profession  qu'il  avait  em- 
brassée, il  consacra  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  à  mettre  en 
ordre  les  notes  par  lui  recueillies,  qui  ont  fait  l'objet  d'une  suite 
d'ouvrages  très  estimés  dont  nous  allons  rappeler  les  titres  : 
Voyage  en  Ethiopie,  au  Soudan-Oriental  et  dans  la  Nigritie;  — 
Parallèle  des  Édifices  anciens  et  modernes  du  continent  africain  ; 
—  Explorations  archéologicjiies  en  Asie  Mineure,  avec  atlas  et 
planches. 

M.  Charles  Chipiez,  né  à  Ecully  (Rhône),  élève  de  Conslant- 
Dufeux,  de  VioUet-le-Duc  et  de  Danjoy,  prit  part  d'abord, 
mais  sans  beaucoup  de  succès,  à  divers  concours  (Bourse  du 


V.    BALTARD 


CHAPITRE  XIII.  385 

Havre,  hôtel  de  ville  de  Roanne,  etc.).  Possesseur  d'une  clien- 
tèle nombreuse  et  choisie,  il  n'en  a  pas  moins  consacré  ses 
loisirs  à  une  œuvre  considérable,  l'Art  dans  l'antiquité,  dont  le 
créateur  est  M.  Perrot,  directeur  de  l'Ecole  normale  supé- 
rieure, et  dans  laquelle  nous  avons  largement  puisé.  M.  Chipiez 
a  été  récompensé,  du  reste,  de  son  travail  de  bénédictin  par  la 
croix  d'officier  de  l'Instruction  publique  et  d'officier  de  la  Lé- 
gion d'honneur. 

M.  Emile  Trélat,  né  à  Paris  le  6  mars  1821,  n'est  point  sorti 
de  l'École  des  beaux-arts.  Élève  de  l'École  centrale,  il  fut  nommé 
néanmoins  architecte  du  département  de  Seine-et-Marne;  mais 
abandoima  sa  situation  pour  fonder,  en  1865,  l'Ecole  spéciale 
d'architecture  de  laquelle  sont  sortis  des  constructeurs  de  pre- 
mier ordre.  Nous  rappellerons  pour  mémoire  que  M.  Trélat, 
comme  M.  Chipiez  (qui  collabora  du  reste  avec  lui  au  projet  du 
Silellenum  dans  l'étal  de  Majorique],  prit  part  à  divers  concours 
(l'achèvement  du  Louvre  et  sa  réunion  aux  Tuileries,  la  maison 
de  répression  de  Nanlerre,  une  mairie  pour  un  arrondissement 
de  Paris,  etc.).  Professeur  de  construction  au  Conservatoire  des 
arts  et  métiers  et  chargé  de  l'enseignement  de  la  mécanique 
appliquée  à  l'architecture  dans  l'école  qu'il  a  fondée  en  1865 
Creconnue  d'utilité  publique  par  décret  impérial  du  1 1  juin  1870), 
M.  Trélat  a  élé  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en 
1855  et  député  de  Paris  en  1891  ;  il  a  publié,  de  plus,  en  1860 
une  brochure  ayant  pour  titre  :  le  Théâtre  et  l' Arrhitectiire . 
L'enseignement  de   l'École   spéciale  d'architecture  comprend  : 

i°  Dix-huit  chaires,  qui  ont  été  créées  de  toutes  pièces  par  des 
professeurs  spéciaux  ; 

2°  Trois  ateliers  d'architectes  ayant  à  leur  tôle  six  profes- 
seurs ou  professeurs  adjoints; 

3°  Une  salle  de  dessin  ayant  à  sa  tète  un  professeur  et  deux 
professeurs  adjoinis; 

4°  Des  jurys  organisés  jugeant  régulièrement  tous  les  mois 
les  œuvres  des  élèves  maintenus  en  concours  incessant,  sur  des 
programmes  émanant  de  la  direction  de  l'École  ; 

3°  Des  expositions  et  des  épreuves  publiques,  soit  pour  l'ad- 
mission à  l'École  sur  les  programmes  réglementaires,  soit  pour 
la  délivrance  des  diplômes  que  l'École  décerne  à  ses  anciens 
élèves,  à  l'issue  des  éludes. 

III.  25 


386  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES. 

Les  études  de  l'Ecole  durent  trois  années.  Elles  se  répartissent 
sur  trois  classes  dans  lesquelles  les  élèves  passent  successive- 
ment par  concours.  A  la  lin  de  la  troisième  année  d'études,  les 
élèves  qui  ont  satisfait  à  toutes  les  épreuves  réglementaires  de 
l'enseignement  sont  admis  à  un  concours  général. 

Le  concours  a  pour  but  la  participation  au  classement  de 
sortie  et  l'obtention  du  diplôme  que  le  conseil  de  l'Ecole  décerne 
à  ceux  de  ses  élèves  qui  lui  paraissent  posséder  les  ressources  et 
l'esprit  de  l'enseignement  ;  entin  l'École  spéciale  d'architecture 
ne  reconnaît  que  ceux  de  ses  élèves  qui  ont  satisfait  au  concours 
de  sortie. 


CHAPITUE   X[V 


Les  architectes  italiens  du  xis°  siècle  abandonnent  les  fantaisies  de  l'école 
borroniinienne  pour  les  rigidités  du  style  classique.  —  La  réalisation  de  l'unité 
de  l'Italie  provoque  un  mouvement  architeclural  relativement  assez  prononcé 
dans  le  sens  de  l'éclectisme.  —  L'Espagne  moderne,  sans  besoin  d'édifices 
nouveaux,  se  contente  de  remplacer  les  anciens,  civils  ou  religieux,  hors  de 
service;  mais  ses  architectes  n'ont  pas  produit  d'œuvres  jusqu'ici. 

Succédant  aux  architecles  de  la  Renaissance  qui  furent  sa 
gloire  et  son  orgueil,  l'Italie  avait  vu  naître  une  autre  pléiade 
d'artistes  qui  ne  voulurent  pas  se  contenter  d'être  les  élèves  et 
les  imitateurs  de  ces  grands  génies;  toutefois,  s'ils  se  trompèrent 
dans  leur  recherche  de  formes  architecUirales  nouvelles  et  de 
procédés  nouveaux  de  construction,  on  ne  doit  pas  moins  leur 
savoir  gré  des  convictions  ardentes  qu'ils  mirent  au  service  d'une 
cause  condamnée  d'avance.  Les  critiques,  compatriotes  de  Bor- 
romini,  n'ont  point  épargné  son  extravagante  originalité;  mais 
ils  n'ont  pu  nier  cette  originalité  même,  et  il  leur  faut  bien 
avouer  aujourd'hui  qu'il  fut  le  dernier  représentant,  en  Italie, 
de  celte  race  d'architectes  de  génie  que  les  autres  nations  lui 
envièrent  pendant  lout  un  siècle. 

L'école  de  Borromini  ayant  exagéré  jusqu'à  l'absurde  l'origi- 
nalité du  maître,  la  fin  du  xviii"  siècle  vit  se  produire  dans  ce 
pays  une  réaction  qui  devait  falalemcnt  se  produire  en  cette  cir- 
constance. Déjà,  vers  1720,  apparaissait  une  archileclure  nouvelle, 
fondée  sur  des  règles  sévères  et  ennemie  déclarée  de  la  fantaisie 
([ui  avait  été  pendant  cinquante  années  la  règle  des  architecles 
ilaliens.  Fuga,  Piermarini,  Luigi  Cagnola  furent  de  vrais  classi- 
ques  et  l'ont  bien  prouvé  par  leurs  œuvres  (voir  volume  II);  mais 
nous  croyons  pouvoir  dire  que  l'introduction,  à  la  suite  des  con- 
quêtes de  la  Hépublique  française  et  de  l'Empire,  dans  la  pénin- 
sule italique,  des  idées  françaises  (qui  étaient  alors  en  architec- 
ture la  |)assion  de  l'art  romain  et  grec,  dont  Peyre  le  jeune, 


388  LES   ARCHITKGTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

Percier  et  Fontaine  avaient  rêvé  la  résurrection),  a  contribué  à 
la  persistance  de  la  préférence  qu'accordèrent  les  arcliilectes 
italiens  au  classique,  pendant  les  premières  années  du  siècle,  et 
c'est  depuis  peu  de  temps  seulement  qu'ils  se  sont  enhardis  à  bien 
faire,  sans  être  les  serviles  imitateurs  de  Vilruve,  de  Vignola  et 
de  Palladio. 

C'est  par  un  architecte  au  nom  bien  français,  quoiqu'il  soit  né 
à  Rome  en  1700,  que  nous  commencerons  l'histoire  monumen- 
tale de  l'Italie,  pendant  le  présent  siècle.  Giuseppe  Valadier, 
qui  était  fils  d'un  fondeur  statuaire  assez  connu  de  ses  contem- 
porains pour  que  le  Pape,  en  personne,  intervînt  entre  le  père 
et  le  fils  qui  discutaient  sur  l'opportunité  de  laisser  le  jeune  Vala- 
dier embrasser  la  carrière  de  l'archileclure,  remporta  en  1773 
le  grand  prix  de  l'académie  de  Saint-Luc.  Auteur  de  la  façade 
de  l'église  des  Sainis-Apôtres  (1827),  construite  par  Fonlana, 
des  deux  horloges  placées  aux  deux  extrémités  de  la  façade  de 
Saint-Pierre  de  Home  et  de  la  décoration  de  la  place  en  avant 
delaPortadelPopolo,  hors  de  laquelle  il  construisit  une  villa  pour 
le  prince  Poniatowski,  ce  fut  lui  qui  exécuta  les  plans  qu'avait 
conçus  Napoléon,  en  enlevant  du  Campo  Vaccino  les  ruines  des 
Thermes  de  Titus  et  duColysée.  Il  restaura  les  colonnes  du  temple 
de  Ju|)iter,  l'arc  de  triomphe  de  Titus,  puis  établit  la  promenade 
sur  le  monte  Pincio  (1820);  il  restaura  également  à  Home,  à  la 
même  époque,  l'église  S.  Lorenzo  in  Damaso;  il  dessina  la 
façade  de  l'église  S.  Pantaleon  et  fit  la  coupole  de  l'église 
d'Urbino.  Décoré  de  la  Légion  d'honneur  par  Louis  XVlll,  et 
membre  des  académies  de  Rome,  de  Turin,  etc.,  Valadier,  créé 
chevalier,  mourut  à  Rome  en  1839,  laissant  un  ouvrage  publié 
dans  cette  ville  en  1810,  sous  le  titre  do  :  Racrolta  de  le  phi 
insigne  fabriche  di  Borna.  Un  autre  Valadier,  prénommé  Louis, 
fut  membre  de  l'académie  de  Naples,  architecte  de  la  cour  de 
Naples,  donna  des  inspirations  pour  la  construction  de  Saint- 
François-de-Paul. 

M.  Suvée  était  directeur  de  l'Académie  française  à  Rome  lors- 
qu'on dut  y  installer  les  élèves  de  l'École  française,  qui  occu- 
paient précédemment  le  palais  de  Nevers  (1803).  Auguste-Victor 
Grandjean,  alors  pensionnaire  (il  avait  obtenu  un  premier  grand 
prix  en  1799),  dressa  les  plans  des  travaux  à  effectuer  et  ce  fut  l'ar- 
chitecte italien  Ottaviani  qui  les  exécuta,  de  sorte  que  l'installa- 


CHAPITRE  XIV.  389 

tiondéfiiiilive  de  l'École  eut  lieu  le  1"  novembre  1804.  Nous  igno- 
rons d'ailleurs  les  dates  de  mort  et  de  naissance  de  ces  artistes. 

Un  mot  seulement  sur  Luigi  Mirri,  né  à  Forli  en  1747,  qui 
vint  à  Rome  pour  étudier  l'architecture  dans  l'atelier  de  Giansi- 
moni  ;  il  éleva  en  1818  laMadonnadelFusco,  ainsi  que  les  palais 
Orcelli  et  Romagnoli.  Il  entreprit  également  de  déblayer  une 
grande  partie  des  Thermes  de  Titus  et  publia  le  résullat  de  ses 
travaux  dans  deux  volumes  imprimés  en  1876. 

Rafaël  Sterne  se  vit  confier  en  1817  par  le  pape  Pie  VII  la 
construction  de  la  nouvelle  aile  du  musée  du  V^atican,  dite  le 
«  Braccio  Nuovo  » ,  décorée  de  colonnes  et  de  mosaïques  antiques, 
ouverte  en  1822.  Les  dates  de  naissance  et  de  mort  de  Sterne 
nous  sont  inconnues. 

La  basilique  de  Saint- l\iul  linrs  ir.s  imirs  avait  été  détruite 
par  un  incendie  en  1823,  après  que  son  portail  eût  été  restauré 
par  un  élève  de  Fontana,  Alexandre  Specchi,  auquel  on  devait 
déjtà  le  palais  des  Jésuites  dans  le  Corso;  trois  arciiilecles  furent 
alors  chargés  de  la  réédification  de  l'édifice  :  Pietro  Bosio, 
Pietro  Camporése  et  Pasquale  Belli,  qui  se  mirent  au  travail. 
De  Bosio  et  de  Camporése  nous  ne  savons  rien  et  pas  beaucoup 
plus  de  Belli,  si  ce  n'est  que  de  1820  à  1822,  il  travaillait  au 
palais  du  Belvédère,  et  qu'il  mourut  en  1833.  Après  la  mort  de 
Belli,  Léon  XII  nomma  directeur  unique  de  la  construction  le 
chevalier  Luigi  Poletti,  de  Modènc,  mort  en  1870.  L'édifice 
inauguré  en  1804  reproduit  les  dispositions  présentes  et  les 
proportions  de  la  basilique  primitive.  Divisé  en  cinq  nefs  par 
quatre-vingts  colonnes  corinthiennes  de  granit,  à  base  et  chapi- 
teau de  marbre  blanc,  il  présente  une  façade  principale  percée 
de  sept  portes  et,  derrière  la  tribune  du  cha'ur,  un  haut  clocher 
de  style  lombard  s'élève  au-dessus  de  l'ahside. 

Aide-architecte  des  travaux  de  reconstruction  de  Saint-Paul 
depuis  1837  et  nommé  architecte  en  chef  en  1869,  Virgilio 
Vespignani  naquit  en  1808  et  mourut  en  1822.  Bome  lui  doit 
le  plan  de  l'église  du  Sacré-Cœur,  dans  le  Castro  Prœtorio,  dont 
la  première  pierre  fut  posée  le  18  août  1879.  Ses  travaux  avant 
1870  avaient  été  les  portes  Solai'ia,  Pia,  San  Pancrazio.-  il  tra- 
vailla également  à  la  restuuration  de  Saint-Jean  de  Lafran,  que 
son  fils  continua  après  lui,  à  la  basilique  libérienne  de  Saint- 
Pierre  et  au  Campo  Yerano,  le  [)lus  grand  cimetière  de  Bome. 


390  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

M.  Vici  André  Busiri  csl  né  à  Home  en  1817.  Tout  jeune,  il 
étudia  la  peinlure,  mais  bientôt  s'adonna  à  l'architecture  dans 
les  ateliers  de  Tortolini,  Seneri,  Cavalieri  et  Folclii.  Ses  études 
aclievées,  il  se  mit  au  service  de  Pie  IX  qui  le  chargea  de  plu- 
sieurs travaux  importants  :  le  percement  du  quartier  Mastaï,  au 
Trastévère,  et  la  fontaine  isolée,  la  maison  canonicale,  la  restau- 
ration et  la  décoration  de  la  basilique  Sainte-Agnès,  hors  la  porte 
Pia,  la  restilulion  dans  le  style  original  de  la  chapelle  de  Saint- 
Thomas,  à  la  Minerve,  et  de  l'abbaye  de  (irotlai'errata.  M.  Busiri 
érigeait  en  outre  les  deux  collèges  américains,  dont  l'un  sert 
actuellement  à  l'usage  du  ministère  de  l'instruclion  publique. 
Il  érigea  plus  tard  les  pénitenciers  de  Velletri,  Frascati  et  Tivoli, 
et  donna  des  projets  relativement  à  la  reconstruction  de  Saint- 
Jean  de  Latran,  dont  quelques-uns  ont  été  exécutés  depuis. 
M.  Busiri  dirigea  aussi  la  reconstruction  du  presbytère  et  de 
Notre-Dame  délia  Quercia,  près  Vilerbe,  un  des  monuments  les 
plus  complets  de  la  Renaissance  italienne.  Lauréat  du  concours 
ouvert  à  Turin  pour  la  conslruclion  d'un  grand  hospice  qu'il 
exécute,  il  est  architecte  du  Valican,  membre  de  plusieurs  aca- 
démies et  notamment  de  l'académie  de  Saint-Luc,  où  il  occupa 
jiendant  quelque  temps  la  chaire  de  l'archilecture.  Il  est  égale- 
ment l'auteur  dans  la  villa  Penfidi,  à  Rome,  du  monument  élevé 
à  la  mémoire  des  Français,  pendant  le  siège  de  Rome  en  1849. 

Né  à  Spoleto  en  IS17,  Giovanni  Montiroli  était  tout  jeune 
encore  lorsqu'il  se  rendit  à  Rome  pour  étudier  l'architecture  à 
l'académie  de  Saint-Luc.  Il  n'avait  pas  encore  achevé  ses  cours 
que  l'architecte  Canina,  dont  on  va  lire  la  biographie,  lui  offrit 
une  place  dans  son  atelier  et  en  fil  son  plus  dévoué  collabora- 
teur. Fort  de  ses  études  sur  l'art  antique,  il  put  accepter  l'oflre 
que  lui  fit  son  maître  de  restaurer  dans  le  style  classique  le 
château  d'Alnwink,  propriété  du  duc  de  Northumberland  en 
Angleterre,  où  il  resta  pendant  douze  années.  De  retour  en 
Italie,  Montiroli  commença,  en  1858,  une  élude  sérieuse 
de  la  restauration  de  Sainte-Marie-des-.\nges,  puis,  en  1872,  il 
imagina  de  modifier  les  Thermes  de  Dioctétien  transformés,  on 
le  sait,  en  édifice  religieux  par  Michel-Ange;  il  concourut 
également  pour  le  projet  du  monument  à  élever  à  Vicior- 
Fmmanuel.  Membre  de  plusieurs  académies,  il  emploie  active- 
ment sa  verte  vieillesse. 


CHAPITRE  XIV.  391 

Élève  d'Alvino  à  Rouie,  Antonio  Cipolla,  né  àlNaples  en  1823, 
mourut  à  Home  en  1872.  Ses  Iravaiix,  outre  un  édifice  à. 
Frascali  qui  ne  nous  est  pas  désigné,  consistent  dans  un  projet 
de  façade  pour  la  cathédrale  de  Florence  et  dans  l'exécution  du 
véritable  palais  destiné  à  loger  la  Banque  nationale  italienne, 
qu'il  acheva  en  1863.  A  Rome,  Cipolla  a  construit,  en  1870,  les 
écuries  royales  et,  en  1871,  dirigea  la  décoration  des  apparte- 
ments royaux  dans  le  Quirinal.  On  lui  doit  aussi  la  jolie  chapelle 
de  style  renaissance  de  la  place  Saint-Silveslre. 

M.  Francesco  Azzuri,  ancien  président  de  l'académie  de 
Saint-Luc  et  président  actuel  de  la  Société  des  amis  de  l'archi- 
tecture à  Rome,  est  né  dans  cette  ville  en  1831  et  fut  d'abord 
élève,  à  l'université,  des  professeurs  San  Rartolo  et  Seveni, 
puis  se  perfectionna  dans  son  art  par  plusieurs  voyages  eu 
Europe.  Jeune  encore  il  se  fit  remarquer  parla  construction  du 
Théâtre  dramatique,  œuvre  classique,  et  dans  celle  du  palais  de 
la  République  de  Saint-Marin,  pour  la  construction  duquel  il 
adopta  la  forme  ogivale.  Cependant  c'est  dans  l'édification  des 
bâtiments  hospitaliers  que  M.  Azzuri  a  acquis  la  notoriété  dont 
il  jouit  en  Italie.  Ceux  qu'il  a  élevés  à  Rome  sont  des  modèles 
du  genre.  Du  reste,  les  maisons,  les  villas,  les  tombeaux  dont  il 
a  été  l'architecte  portent  tous  la  marque  d'un  talent  développé 
par  les  plus  sérieuses  études. 

Luigi  Canina,  le  maître  de  Montiroli  et  de  beaucoup  d'autres 
architectes  contemporains,  fut  plutôt  un  archéologue  qu'un 
architecte.  Il  commença  par  (Consigner  ses  recherches  sur  les 
édifices  de  Rome  dans  un  ouvrage  ayant  pour  litre  :  Uarchi- 
tettura  antica^  etc.,  accompagné  d'un  plan  topographique  très 
exact  de  la  Ville  éternelle.  Le  succès  de  cet  ouvrage  de  Canina 
engagea  le  gouvernement  romain  à  le  charger  (1810)  des  fouilles 
de  l'ancien  Tusculum,  puis  ensuite  des  «  Voies  »,  puis  enfin(18o0) 
de  celles  du  Forum  :  ces  fouilles  amenèrent  la  découverte  du 
plan  de  la  basilique  Irsilia.  Protégé  par  la  reine  de  Sardaigne,  il 
fut  nommé  par  elle  professeur  d'architecture  à  l'Académie  de 
Turin  et  put  ainsi,  sans  souci  du  lendemain,  publier  les  ouvrages 
que  nous  indiquons  ci-après.  Mais  disons  auparavant  que 
Canina  était  né  à  Casale  le  24  octobre  179.'j  et  qu'il  est  mort  à 
Florence  le  17  avril  1855,  chevalier  de  l'ordre  de  l'Eperon, 
membre  de  plusieurs  académies  et  correspondant  de  l'inslilul 


392  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

de  France.  S'il  n'a  attaché  son  nom  qu'à  l'entrée  de  la  villa 
Borghèse,  il  a  signé  un  grand  nombre  d'ouvrages  parmi  lesquels 
nous  citerons  :  Bicerrlie  suif  arcldlettiira  più  propria  dei  tempi 
cristiani,  etc.;  (1843);  Gli  edifizj  di  Roma  antica  (2  vol.,  1854); 
Storia  e  topofirafia  di  Roma  antica  (2  vol.,  1831);  Descrizione 
deU  antica  Tusculo  (1841);  V antica  cïtta  di  Ycii  (1847);  Supple- 
mento  éd.  agguinle  ail  opéra  del  Desgodetz,  etc.  (2  vol.,  1849- 
1852);  t Antica  Etruria  marittima  (2  vol.,  1847-1850);  l'Archl- 
tetti/ra  domestica;  La  piima  parte  délia  Via  Appia:  Délie 
basilichc  rrislia/ic,  etc. 

M.  Pio  Piacentini  naquit  à  Home  le  15  septembre  1846,  il 
fréquenta  l'atelier  de  Vespignani  dont  on  n'a  pas  oublié  la  bio- 
graphie et  eut  l'honneur  d'être  l'architecte  du  palais  destiné  à 
l'e.xposition  des  beaux-arts,  inauguré  le  21  janvier  1883.  Ce 
palais  de  style  classique  a  attiré  sur  lui  les  regards  de  toute 
l'Italie  et  est,  assurément,  l'édifice  le  plus  important  de  la  Home 
moderne.  Du  reste,  M.  Piacentini  a  vu  classer  parmi  les  pre- 
miers son  projet  pour  le  monument  national  de  Victor-Emmanuel. 

Après  le  palais  de  l'Exposition,  nous  devons  citer  le  palais  do 
justice  de  Rome,  vaste  ensemble  de  constructions  qui  n'est  pas  en- 
core achevée,  mais  dont  on  peut  juger,  dès  maintenant,  la 
grande  valeur  archilecturale.  L'auteur  de  cet  éditîce  est  M.  Gu- 
glielmo  Calderini,  né  à  Pérouse  on  il  fit  ses  premières  études  et 
où  il  édifia  une  grande  maison  ouvrière  avec  des  bains  publics. 
Il  avait  [jris  part  à  presque  tous  les  concours  ouverts  en  Italie 
lorsqu'en  1887,  il  vit  classé  le  premier  son  projet  pour  la  cons- 
truction du  palais  de  justice. 

Nous  ne  parlerons  que  pour  mémoire  du  ministère  de  la 
guerre  de  M.  le  colonel  du  génie  Garavaglio,  auquel  a  succédé 
un  autre  colonel,  M.  de  la  Penna,  ainsi  que  du  ministère  des 
finances,  œuvre  de  l'ingénieur  Canevari,  qui  n  ont  que  de  fort 
lointains  rapports  avec  l'architecture. 

En  faisant  l'historique  de  la  façade  de  la  cathédrale  de  Milan 
(vol.  H,  page  234),  nous  avons  donné  les  noms  de  Pollak  (écrit  par 
erreur  PoUaer)  et  d'Amati  comme  étant  ceux  des  successeurs  de 
Pellegrino  Tibaldi  et  de  Fraucesco  Costelli. 

C'est,  en  effet,  un  Viennois,  élève  de  l'architecte  italien  Pier- 
marini,  qui,  de  1790  à  1805,  continue  les  travaux  commencés  à 
la  cathédrale  de  Milan.  Léopold  Pollak  avait  acquis  une  cer- 


CHAPITRE   XIV.  393 

taine  répulation  comme  arcliitecte  de  la  façade  du  sanctuaire 
de  la  Vierge  de  lîho  el  du  palais  de  la  Villa  royale,  pour 
le  comle  Ludovico  Beigiojoso  (1790),  mais  pourtant  le  plan 
qu'il  présenta  en  iSOo  ne  fut  pas  adopté  et  il  mourut  le  13  mars 
1806. 

Carlo  Amati  commença  en  1806  la  construction  en  marbre 
blanc  du  loit  de  la  cathédrale,  restaura  diverses  parties  de  la 
façade  el  présenta  un  projet  comprenant  deux  clochers  à  placer 
aux  deux  côtés  de  cette  façade.  On  lui  doit  aussi  un  projet 
pour  terminer  la  cathédrale  de  Pavie,  et  Milan  lui  doit  l'église 
Saint-Cliarles-Borromée  en  forme  de  rotonde,  élevée  pour  rem- 
placer l'ancienne  église  des  Servîtes.  Il  a  laissé  divers  ouvrages  : 
Antichita  di  Milano  (Milan,  1831),  Mémoires  sur  les  colonnes  an- 
tiques (Milan,  1831). 

Luigi  Canonica,  son  contemporain  puisqu'il  naquit  en  1764, 
éleva  à  Miiun  en  180o,  sous  la  domination  française,  un  immense 
amphithéàlie  dit  VArena,  de  326  mètres  sur  125  mètres  et 
pouvant  contenir  30,000  spectateurs.  On  pouvait  en  quelques 
heures  l'inonder,  et  c'est  ainsi  qu'en  1807  Napoléon  y  assista  à 
des  régates  fort  bien  organisées.  La  porla  VercelUna,  élevée 
en  1803  à  l'occasion  de  l'entrée  de  Napoléon  dans  Milan,  eut 
également  pour  architecte  Canonica.  Du  reste,  outre  l'amphi- 
théâtre que  nous  venons  de  mentionner,  les  palais  de  Milan  et  de 
Monza  ainsi  qu'un  nombre  considérable  d'édifices  dans  l'Italie 
du  nord  ont  été  construits  par  lui.  Canonica  est  mort,  membre 
de  l'Académie  de  Milan,  en  1844,  après  avoir  eu  d'ailleurs,  d'a- 
près Wiebeking,  un  collaborateur  dévoué  dans  l'architecle 
Bettoli  dont  on  cite  seulement  le  nom. 

Un  autre  classique  fut  Felice  Pizagalli,  Milanais  connu  pour 
avoir  achevé,  en  1830,  l'église  de  S.  Ponlivolo.  Nous  n'en  con- 
naissons pas  davantage  sur  la  vie  de  cet  artiste. 

Une  autre  arène  ou  amphithéâtre  fut  construit  à  Manloue 
en  1819  et  ouvert  au  public  en  1821  par  un  architecte  de  Forli 
nommé  Giuseppe  Cantoni  sur  lecpiel  nous  n'avons  d'ailleurs 
aucun  renseignement. 

L'architecte  de  la  l'orle  orientale  de  Milan,  œuvre  de  1827, 
qui  consiste  en  deux  pavillons  carrés  d'ordri!  dorique  ornés  de 
statues  et  de  bas-reliefs,  lui  Rodolfo  Nantini,  de  Milan,  qui 
avait  fait  à  Rome  ses  études  d'archilecture.  Professeur  au  lycée 


39-4  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

impérial  de  Brescia  dont  il  avait  dessiné  le  cimetière  monu- 
mental avec  un  phare  et  médaille  d'or  au  Salon  de  t8;jo,  il  se 
fit  encore  connaître  par  la  construction  de  plusieurs  maisons 
parliculières  et  des  tombeaux,  notamment  celui  de  la  famille 
Ronomini  sur  la  roule  de  Brescia  à  Vérone,  édicule  de  style  go- 
lliiqne  très  pur.  Nous  ignorons  d'ailleurs  les  dates  de  naissance 
et  de  mort  de  cet  architecle. 

Le  cimetière  monumental  de  Milan  qui  fut  l'objet  d'un  con- 
cours ouvert  par  la  municipalité  en  1860  a  été  confié  au  lauréat 
de  ce  concours,  M.  Carlo  Maciachini,  né  à  Induno  Olona,  dans 
le  Milanais,  en  1817.  D'abord  simple  charpentier  dans  son  pays 
natal,  puis  élève  sculpteur  sur  bois  dans  l'atelier  de  Gregori,  de 
Pavie,  il  vint  à  Milan  avec  l'intention  d'v  étudier  l'architecture, 
ce  qu'il  fit  sans  le  secours  d'aucun  maître,  et  il  est  aujourd'hui 
classé  comme  l'un  des  premiers  artistes  de  l'Italie.  11  fut,  en 
effet,  l'architecte  de  la  coupole  de  la  cathédrale  de  Pavie  et  delà 
coupole  de  l'église  du  «  Calcio  »,  puis  de  la  façade  de  l'église  du 
«  Carminé  »,à  Milan,  et  d'un  grand  nombre  d'églises  moins  im- 
portantes. Créateur  de  l'école  milanaise  des  arts  industriels,  il 
donne  encore  à  celte  œuvre  tous  ses  soins,  malgré  son  âge  qui 
lui  assure  le  droit  de  prendre  un  repos  bien  mérité. 

Non  moins  considérable  est  l'œuvre  de  M.  Giovanni  Ceruti, 
né  à  Valpiana  (Piémont)  en  1842,  mais  qui  étudia  l'architeciure 
à  Milan  même,  aux  cours  de  l'école  polytechnique.  Architecte, 
dans  cette  ville,  du  bâtiment  de  l'Exposition  nationale  de  1881, 
édifice  de  style  vénelo-bvzantin,  svelte  et  léger,  à  la  façade 
polychrome,  aux  arcades  gracieuses  (pie  supportent  de  délicates 
colonneltes,  il  érigea  ensuite  la  fontaine  d'Aqui  dite  <<  la  Bol- 
lente  »  et  le  Muséum  municipal  d'histoire  naturelle  qui  est  le 
premier  des  édifices  de  ce  genre  en  Italie.  La  chapelle  funéraire 
élevée  par  Ceruti  à  la  famille  du  duc  Visconti  di  Modrone 
mérite  aussi  d'être  citée. 

La  Porta  Nuova  de  Milan  est  l'œuvre  de  Giuseppe  Zanoia, 
qu'il  éleva  en  1813  sur  le  modèle  de  l'arc  de  triomphe  romain. 
Zanoia  était  né  en  1752  à  Omégna  (lac  Majeur)  ou  à  Gênes.  Il 
est  certain  que,  dans  sa  jeunesse,  il  se  destina  à  l'état  ecclésias- 
tique, mais  que  les  connaissances  en  architecture  qu'il  possédait 
déjà  permirent  de  l'attacher  comme  professeur  à  l'académie  des 
beaux-arts  de  Milan,    dont  il  devint  le   secrétaire.   Auteur  de 


CHAPITRE  XIV.  395 

divers  ouvrages  litléraires,  Zanoiu  nioiiriil  à  Oini''gna,  le  16  oc- 
tobre 1817. 

Le  Milanais  Achille  Sfondrini  fut  un  architecte  de  théâtres. 
iNé  en  1836,  il  embrassa  la  profession  d'architecte  en  1862, 
construisait  en  1870  le  théâtre  de  Salô  et,  en  1872,  restaurait 
le  théâtre  (larcano  à  Milan.  En  1880  était  inauguré  à  Rome  le 
théâtre  Conslanzi  dont  rarchiteclure  lui  tit  le  plus  grand  hon- 
neur :  il  exécuta  également  le  théâtre  d'Alexandrie  (Égyptej. 
M.  Sfondrini  est  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes. 

D'origine  lombarde,  Ange  Colla  avait  été  un  compagnon  de 
Garibaldi,  en  1848;  ce  fut  surtout  un  restaurateur  d'édifices 
anciens  parmi  lesquels  nous  citerons  :  un  des  côtés  de  l'église  du 
Monastère  Majeur,  de  l'intérieur  de  Saint-Jean  aile  Case  Rosse; 
celle  de  la  petite  église  de  San  Calinero,  en  style  lombard,  et 
de  Saint-Jean  in  Conra  du  même  style,  et  celle  du  palais 
'c  Golico  »  de  Plaisance,  bijou  architeclonique  du  moyen  âge 
italien;  eidni,  le  jdan  du  palais  Marino,  résidence  de  la  munici- 
palité milanaise.  Nous  avons  à  citer  également  ses  projets  de  la 
façade  du  palais  Marino,  deSainte-Marie-des-Grâces,  du  château 
de  Porla-Giovia  et  delà  façade  de  la  basilique  milanaise,  projets 
qui,  pourtant,  ne  furent  pas  acceptés.  Colla  construisit  d'ailleurs 
un  grand  nombre  d'édifices  particuliers  dont  nous  n'avons  pas 
à  nous  occuper  ici  et  mourut  à  Milan  en  1892. 

Plus  jeunes  que  les  précédents,  quoiqu'ils  jouissent  déjà  d'une 
certaine  notoriété,  sont  les  architectes  milanais  MM.  Lucca 
Beltrami  et  Giuseppe  Brentano.  Le  premier  naquit  à  Milan 
en  1853.  D'abord  élève  de  l'école  polytechnique  et  de  l'a- 
cadémie des  beaux-arts  de  sa  ville  natale,  il  suivit  ensuite 
les  cours  de  l'École  des  beaux-arts  de  Paris,  puis  fut  quel- 
que temps  sous-inspecteur  des  travaux  de  l'Hôtel  de  Ville. 
De  retour  dans  sa  patrie,  il  fut  nommé  professeur  adjoint 
d'architecture  à  l'académie  de  Milan  et  prit  part  à  plusieurs 
concours,  notamment  à  celui  ouvert  pour  la  réfection  de  la 
cathédrale.  11  est  l'architecte  du  palais  de  l'exposition  perma- 
nente de  cette  ville  et  de  la  synagogue,  hispecteur  régional  et 
choisi  par  ses  concitoyens  pour  les  représenter  à  la  Chambre 
des  députés,  M.  Beltrami  a  écrit  sur  l'architecture  plusieurs 
ouvrages  estimés  dont  nous  ne  connaissons  pas  les  titres.  Quant 
à  M.  Brentano,  également  né  à  Milan,  le  14  avril  1862,  et  élève 


396  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

de  l'école  polytechnique,  ainsi  que  de  Tacadémie  des  beaux-arts 
de  son  pays,  il  avait  obtenu  le  premier  prix  (40,000  fr.)  lors  du 
concours  i)our  la  façade  de  la  cathédrale;  malheurcusenienl,  une 
mort  prématurée  (arrivée  le  31  décembre  1889)  est  venue 
anéantir  toutes  les  espérances  qu'on  avait  pu  fonder  sur  son 
jeune  talent. 

Mais  l'œuvre  architecturale  la  plus  coni[jlète  du  siècle  que 
puisse  montrer  avec  lierlé  la  ville  de  Milan  est,  assurément,  la  ga- 
lerie Victor-Emmanuel,  sur  la  place  du  Dôme.  En  forme  de  croix 
latine  d'une  longueur  de  195  mètres  et  d'une  largeur  de  14", 50, 
ce  passage  (car  c'est  un  passage)  présente,  au  point  d'intersection, 
une  coupole  d'une  hauteur  de  50  mètres  et  des  vasistas  espacés 
de  façon  à  assurer  la  ventilation  de  toules  les  parties  de  l'édifice. 
C'est  à  la  suite  d'un  concours  (pie  Giuseppe  Mengoni.  né  à 
Bologne,  posa  en  1805  la  première  pierre  de  lu  galerie  Victor- 
Emmanuel  qui  lui  assura  une  noloriélé  européenne  mais  dont  il 
ne  vit  pas  l'achèvement,  ayant  été  précipité  d'un  échafaudage 
mal  établi,  le  30  décembre  1867,  à  la  veille  de  l'inauguration. 
Mengoni  fut  également  l'archilecte  des  bâtiments  de  la  caisse 
d'épargne  de  Bologne  et  d'un  marché  couvert  à  Florence. 

Comme  Milan,  la  ville  de  Florence  compte  un  certain  nombre 
d'architectes  de  talent  parmi  ceux  que  le  siècle  a  vu  naître.  Mais 
la  situation  de  capitale  du  nouveau  royaume  d'Italie  qu'elle  con- 
serva quelques  années,  avant  1870,  ne  semble  pas  avoir  exigé  la 
création  d'édifices  civils  nouveaux.  Quoiqu'il  en  soit,  nousen  com- 
mencerons la  liste  par  Niccola  Matas,  l'architecte  de  la  façade  de 
l'église  Santa  Croce,  à  Florence,  d'après,  disent  quelques  auteurs, 
un  dessin  de  Cronaca  reirouvé  par  lui  dans  la  galerie  des  Offices; 
celte  façade  fut  achevée  en  1803;  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
les  projets  de  Matas  pour  le  cimetière  de  San  Miniato  al  Monte 
et  pour  la  façade  de  Sainte-Marie-des-Fleurs  prouvèrent,  dans 
leur  temps,  la  valeur  de  cet  architecte.  Il  nous  reste  à  dire 
que  né  à  Aucone  le  6  décembre  1798,  il  est  mort  à  Florence 
en  1872. 

Mariano  Falcini,  qui  naquit  le  10  mai  1804  à  Campi  Bisenzio, 
près  Florence,  fit  ses  premières  études  d'architeclure  à  l'aca- 
démie des  beaux-arts  de  cette  ville  et  put  les  continuer  à  Borne, 
comme  pensionnaire  du  gouvernement  italien.  A  son  retour  à 
Florence,  nommé  architecte  adjoint  des  bâtiments  royaux,  il  a 


CHAPITRE  XIV.  397 

pris  sa  relraile  avec  le  titre  d'ingénieur  en  chef  du  génie  civil. 
Ses  principaux  travaux  sont  :  l'appropriation  de  l'ancien  Hôtel 
des  monnaies  (Zecca)  en  bureau  des  Postes,  l'élablissement  du 
cimetière  de  San  Minialo  al  Monte,  la  construction  de  la  syna- 
gogue, en  collaboration  avec  Vincent  Micheli  et  Marco,  la  dé- 
coration de  la  ville,  lors  de  la  réception  à  Florence  de  Victor- 
Emmanuel  et  à  l'occasion  des  fêles  du  centenaire  de  Dante; 
hors  de  Florence,  une  fontaine  monumentale  à  Pralo  (Toscane), 
le  théâtre  et  la  restauration  de  l'église  Sainte-Marguerite  à  Cor- 
tone,  l'hospice  de  Pietra  Santa,  le  théâtre  de  Campi  Bisenzio, 
l'établissement  thermal  de  San  Venere  avec  le  casino  qui  en  fait 
partie.  Falcini  est  mort  en  1885,  laissant  un  grand  nombre  de 
dessins  de  monuments  romains. 

Emilie  de  Fabris,  né  en  1808,  mort  en  1883,  n'a  pas  vu  la 
fin  du  travail  considérable  qu'il  avait  commencé  en  1875,  dix 
ans  après  l'acceptation  de  son  projet;  il  s'agissait  de  remplacer 
la  façade  élevée  au  xviif  siècle,  de  Santa  ÎNIaria  dei  Fiori;  on 
doit  encore  à  Fabris  le  tombeau  élevé  au  Tasse.dans  l'église  Saint- 
Onufre,  à  Rome;  c'est  tout  ce  que  nous  avons  pu  savoir  de  lai. 

Plus  complète  sera  la  biographie  de  M.  Giuseppe  Poggi, 
l'auteur  de  la  célèbre  Viale  dei  Coiii  (allée  des  Coteaux  .  Né  à 
Florence  en  1810,  il  a  d'abord  été  chargé  des  travaux  exécutés 
pour  prévenir  les  inondations  de  l'Arno  et  de  ses  affluents,  de 
la  démolition  de  l'enceinte  nord  de  Florence,  de  la  construction 
des  jardins  qui  entourent  ce  côté  de  la  ville,  de  la  «  Viale  dei 
Colli  »,  de  l'égout  collecteur  tant  de  l'ancienne  que  de  la  nou- 
velle Florence,  du  Champ  de  Mars,  de  la  loggia  de  Michel-.Ange 
et  des  ri^mpesdi'  l'ancienne  porte  San  Nicolo  (le  monument  qui 
réunit  les  chefs-d'œuvre  de  Buonarroti);  l'aménagement  de  la 
place  San  Nicolo  et  de  la  place  de  Porta  alla  Croce,  dite  aujour- 
d'hui «  Beccaria»,  les  bàtimentsde  la  place  Cavour  ;  enfin  la  déco- 
ration proposée  pour  la  place  Victor-Emmanuel  au  Cascine.  Et 
ensuite  la  restauration  de  plusieurs  palais  tlorentins  ;  celle  du  pla- 
fond de  l'église  dell'  Annunziata,  ainsi  que  le  projet  de  son  clocher 
en  cours  d'exécution.  Hors  de  Florence  il  fut  l'architecte  des  bains 
de  Casciano  et  fit  des  études  pour  la  transformation  de  la  place 
Saint-Ciiarles,  à  Turin,  en  Panthéon  des  hommes  illustres. 
M.  Poggi,  octogénaire,  a  conservé  toute  son  activité  et  toute 
son  énergie. 


398  LES   ARCHITECTES   PAR  LEDRS   OEUVRES. 

Giuseppe  Castellazzi,  né  à  Vérone  en  1836,  fnl  élève  de 
runiversilé  de  Parme  el  de  l'académie  des  beaux-arts  de  Venise 
dont  il  a  élé  le  dernier  pensionnaire  à  Rome.  11  publia  le  résultat 
de  ses  voyages  artistiques  sous  le  titre  de  B/cordi  di  arrhilet- 
tiira  orientale  et  exerça,  à  son  retour,  sa  profession  à  Venise 
où  il  restaura  l'escalier  du  palais  Contarini  dal  Bovolo.  Nommé 
en  1874  professeur  d'architeclure  à  l'académie  de  Florence,  il 
restaura  la  Logr/etta  del  Bigallo,  sur  la  place  du  Dôme  à  Flo- 
rence, ainsi  que  l'église  de  S.  Trinita.  Mais  il  mourut  subile- 
ment  en  1888,  sans  avoir  pu  achever  celte  restaurai  ion. 

C'est  H  Florence,  sa  ville  natale,  que  M.  Giuseppe  Boccini 
naquit  en  18 iO  et  fit  ses  études  d'architecture.  Ses  travaux  à 
Florence  sont  :  le  cimetière  évangélique  commencé  en  1877, 
l'église  épiscopale  américaine  et  plusieurs  tombeaux,  puis,  hors 
de  Florence,  la  caisse  d'é|)argne  d'Imola,  commencée  en  1879. 

Le  collaborateur  de  Falcini,  lors  de  l'érection  de  la  synagogue 
de  Florence,  M.  Vincente  Micheli,  est  tloreulin.  Professeur 
d'architecture  à  l'académie  de  Florence  à  laquelle  il  soumit  un 
projet  d'agrandissement  remarquable  des  hôpitaux  de  la  ville, 
il  est  l'arcbitecte  du  Ponte  Nuovo  de  Pise,  du  théâtre  de  Car- 
rare el  du  pont  de  Santa  Croce,  sur  l'Arno,  etc. 

M.  Félix  Francolini  est  né  à  Florence  le  9  juin  1809  et  fut 
élève  de  l'académie  des  beaux-arts  de  celte  ville,  où  il  resta 
jusqu'à  l'année  1831,  y  enseignant  l'architecture  comme  pro- 
fesseur adjoint.  Il  cultiva  avec  succès  la  gravure  sur  cuivre  ; 
secrétaire  de  l'académie  florentine  des  beaux-arts,  il  en  fut  élu 
président  après  le  décès  d'Fmilio  Fabris.  Les  travaux  qui  furent 
confiés  à  M.  Francolini  sont  très  nombreux;  ici  nous  nous  bor- 
nerons à  citer  parmi  les  plus  importants  :  l'élablissement  des 
abal loirs  publics  et  le  marché  aux  bestiaux  de  Rifredi,  aux  envi- 
rons de  Florence. 

Après  avoir  passé  en  revue  les  arlisles  conlemporains  des 
cités  les  plus  importantes  du  Nord  de  l'Italie  (nous  donnerons 
une  place  à  part  à  la  ville  de  Turin),  descendons  vers  le  sud  et 
examinons  quelles  furent  les  œuvres  architecturales  que  Naples 
a  vu  s'élever  depuis  le  commencement  du  siècle.  C'esl  dans  celle 
ville  que  l'école  de  Borromini  avait  fait  le  plus  de  prosélytes; 
aussi  tous  les  édifices  du  xyiii"  siècle  y  portent  la  marque  des 
exagérations  les  plus  insensées  de  l'archilecture  fantaisiste  du 


CHAPITRE   XIV.  399 

maîlre  ;  c'est  donc  dans  celte  ville  que  la  lutte  contre  le  clas- 
sique dut  être  plus  violente  que  partout  ailleurs,  et  nous  devons 
dire  que  la  victoire  resta  aux  classi(|ues,  aidés  d'ailleurs  par  les 
architectes  français  que  Miirat,  devenu  roi  par  la  volonlé  de 
iNapoléon  I",  y  avait  appelés. 

Tel  fut  Mazois  dont  nous  complétons  ici  la  biographie 
(V.  page  63).  Né  le  12  octobre  1783  et  élève  de  Percier,  il  se 
trouvait  à  Home  en  compngnie  de  son  ami  Achille  Leclerc  qui 
venait  d'obtenir  le  grand  prix  d'archilecture,  lorsqu'il  fut  ap- 
pelé à  Naples  par  Mural  qui  avait  décidé  la  restauration  du 
palais  royal  de  Porlici.  De  1809  à  1811,  Mazois  releva  les  ruines 
de  Pompéi  alors  découvertes  et  celles  de  Pa^stum,  et  recueillit 
alors  tous  les  documents  destinés  à  l'ouvrage  qu'il  publia  en 
partie  en  1813  (1).  Puis,  en  1813,  il  restaura,  à  Home,  l'église 
de  la  Trinilé-du-Mont.  Auteur  également  de  l'ouvrage  inti- 
tulé :  le  Palais  de  Scaurus  1  vol.  in-8",  Paris,  1822,  et 
Mémoire  sur  les  emhelUssements  de  Paris  depuis  1800  et  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  membre  de  l'Institut  et  du  Conseil 
des  bâtiments  civils,  il  est  mort  à  Paris  le  31  décembre  1826, 
avant  d'avoir  terminé  une  étude  sur  les  Ruines  de  Pœstum 
et  de  Pouzzoles,  qui  devait  faire  suite  aux  Rtdncs  de  Pompéi  et. 
d'Hercutanum. 

Tel  fut  aussi  Etienne  Chérubin  Lecomte,  né  en  1 766,  qui 
vint  à  iNaples,  ses  études  architeclurales  terminées,  et  y  décora 
le  Palais-Hoyal  pendant  qu'il  élevai!  le  ministère  des  finances. 
Il  eut  pour  successeurs  de  ses  travaux  les  frères  Galli,  dit  son 
biographe. 

Louis  Gasse,  élève  de  Labnrre,  fit  un  séj\uir  à  Naples  de 
1809  à  1815,  avec  son  frère  Etienne  et,  avec  sa  collabora- 
lion,  construisit  la  Bourse,  les  palais  des  ministères  et  y  traça 
la  promenade  de  Villa-Reale.  Ce  dernier,  sur  la  biographie 
duquel  nous  ne  possédons  aucun  renseignemeni,  outre  sa 
collaboralion  avec  Louis,  construisit  l'observatoire  de  Capo  di 
Monte. 

Quoique  les  œuvres  d'un  caractère  public  d'Henry  Alvino 
soient  peu  considérables,  nous  n'en  devons  pas  moins  inscrire 
son  nom  au  même  titre  que  ceux  qui  précèdent,  son  enseigne- 

(1)  Le  surplMS  n'a  paru  qu'après  la  moiL  dt:  l'aiiloiir,  par  les  soins  ilo  l'arcii'- 
lecte  Gau. 


400  LES    ARCHITECTES   l'AR  LEURS    OEUVRES. 

ment  au  collège  miliUiire  de  Naplos,  puis  à  riiistilut  des  beaux- 
arls  de  celte  ville,  ayanl  exercé  une  grande  influence  sur  la 
jeune  école  des  architecles  de  loute  la  région  méridionale  de 
l'Italie.  Ses  iravanx  furent  t\  Naples  le  quartier  de  la  cavalerie, 
et  le  palais  Beniicci,  à  Castellamare.  Lors  du  concours  ouvert 
pour  la  construction  de  la  façade  de  Sainte-Marie-des-Fleurs 
de  Florence,  le  projet  présenté  par  lui  fui  fort  remarqué,  mais 
il  fut  néanmoins  rejeté  parce  que  l'auteur  ne  s'était  pas  suffisam- 
ment plié  aux  exigences  du  programme.  M.  Alvino  ne  se  tint 
pas  pour  battu  et  se  moqua  du  jury  dans  une  brocluire  intitulée 
Gli  Orbi  (les  aveugles),  titre  d'ailleurs  suffisant  pour  expliquer 
le  ton  du  libelle.  A  signaler  également  l'éloge  qu'il  fit  en  187.5  de 
son  collègue  Cipolla.  .Membre  lionoraire  des  académies  de  Milan, 
de  Florence,  de  Bologne,  d'Urbino,  de  Përouse  et  de  l'académie 
des  sciences  et  belles-lettres  de  Naples,  il  mourut  à  Rome  le 
7  juin  1876,  mais  ses  dépouilles  mortelles  ont  été  transportées  à 
Naples,  sa  patrie  d'adoption. 

Le  1  béàtre  Saint-Charles  de  Naples  ayanl  été  incendié  en  181 6, 
la  reconstruction  de  l'édifice  fut  confiée  à  un  arcliitecte  toscan 
venu  à  Naples  pour  y  exercer  sa  profession;  Antonio  Niccolini, 
c'était  son  nom,  termina  le  travail  le  12  janvier  1817.  11  fut 
également  l'arcliitecte  de  la  villa  Floridiana  et  du  château  de 
la  villa  Regina  Isabella  (1809).  Auteur  d'un  ouvrage  ayant  pour 
titre  AIrunc  idée  sulla  risonanza  del  trealrn  Na/ioii,  membre  de 
l'académie  de  Naples  en  1822  et  de  l'académiede  Vienneen  1830, 
Niccolini  est  mort  à  une  date  que  nous  ne  pouvons  préciser. 
Dupays  cite  encore  (1)  le  chevalier  Blanchi  comme  ayant  com- 
mencé à  Naples,  en  1816,  l'église  Saint-François-de-Paul, 
remarquable  par  son  vestibule  composé  de  douze  colonnes 
ioniques  et  flanqué  de  deux  portiques  soutenus  par  quarante 
quatre  colonnes  d'ordre  dorique. 

A  l'autre  extrémité  de  1  Italie,  Venise  semble  un  peu  aban- 
donnée ;  peut-être  les  documents  nous  ont-ils  manqué,  toujours 
est-il  que  nous  n'avons  relevé  qu'un  seul  nom  d'architecte 
susceptible  d'être  présenté  à  nos  lecteurs.  Giovanni  Meduna 
était  né  à  Venise  en  1810.  Il  apprit  l'architecture  en  fréquen- 
tant les  ateliers  des  entrepreneurs  de  travaux  publics  de  son 

(i)  Itinéraire  en  Italie,  page  '611. 


après  une  photographie  de  Mieckzowski 


G.    GARNIER 


CHAPITRE  XIV.  401 

pays  natal  et  présenta  un  projet  lors  de  la  construction  d'un 
théâtre  à  Vienne  (qui  ne  fut  jamais  exécuté)  etd'uneéglise  à  Nice. 
Architecte  de  la  compagnie  des  chemins  de  fer  Lombardo- 
Vénitiens,  il  était  parvenu  à  la  première  classe  de  son  grade 
lorsqu'en  183G  il  fut  nommé  architecte  de  la  basilique  de  Saint- 
Marc  où  il  exécuta  divers  travaux;  à  Venise,  il  restaura  les 
églises  de  Saint-Silvestre  et  de  Casciano  et  reconstruisit  la 
façade  de  l'hôpital  civil  (ancienne  Scuola  dl  S.  Blarco)^  il  éleva 
des  églises  à  Carpanedo,  à  San  Dona  de  Piave,  à  Fossalsa  de 
Piave  et,  à  Rovigo,la  synagogue  ;  mais  c'est  surtout  comme  archi- 
tecte de  théâtres  que  se  lit  connaître  Meduna  :  ainsi  il  rééditîa 
avec  son  frère  le  théâtre  délia  Fenice  après  l'incendie  qui  le 
détruisit  en  1830,  il  fut  l'architecte  des  théâtres  de  Ravenne 
et  de  Spalalro;  puis  restaura  et  transforma  les  théâtres  de 
Vérone,  de  Vicence  et  de  Rovigo.  Enfin,  parmi  les  travaux  de 
Meduna  à  Lonigo  et  Padoue,  citons  les  écuries  du  comte  Papa- 
dopoli. 

Gènes  compte  plusieurs  architectes  :  celui  de  l'église  San  Ma- 
rine comprenaut  trois  nefs  avec  un  péristyle  hexastyle  s'appelait 
Antonio  Serra  :  c'était,  on  le  voit,  un  classique;  il  appliquâtes 
principes  qu'il  avait  adoptés  à  presque  toutes  ses  constructions, 
et  mourut  en  1843. 

Le  chevalier  C.  Barbarino  attacha  son  nom  à  la  construction 
de  l'ancienne  façade  de  l'église  San  Ciro,  à  l'autel  de  l'église  de  la 
Madonnadel  Remedio  ainsi  qu'à  celui  élevé  dans  lacliapelle  del 
Sacramento  du  Dôme;  puis  il  bâtit  le  théâtre  Carlo  Felice  ouvert 
le  7  avril  1828  et  construisit  la  grande  salle  du  palais  di  Marini, 
la  villa  di  Franchi  et  fit  à  Gênes  de  nombreuses  améliorations. 

César  Parodi  fut  à  la  fois  ingénieur  et  architecte  et  entra 
d'abord  dans  la  carrière  de  l'enseignement  ;  c'est  ainsi  qu'ayant 
passé  heureusement  son  examen  pour  l'agrégation  des  sciences 
physiques  et  mathématiques  à  l'université  génoise,  il  fut  chargé 
d'abord  du  cours  de  géométrie  descriptive;  puis,  en  1833,  du 
cours  d'architecture  et  de  construction.  Mais  la  chaire  qu'il  occu- 
pait ayant  été  supprimée,  il  refusa  d'accepter  celle  qu'on  lui 
offrait  à  l'institut  technique  supérieur  de  Milan  et  à  l'école  qu'on 
se  proposait  de  fonder,  à  ce  moment,  à  Ferrare  dans  le  but  de 
former  des  ingénieurs  hydrauliciens.  Il  renonça  définitivement  à 
l'enseignement  théorique  par  l'école  et  ouvrit  un  atelier  ofi  se 
m.  26 


402  LES   ARCIllTKCTES  PAR  LEt'RS   OEUVRES. 

firent  recevoir  nombre  de  jennes  ingénienrs  lombards,  vénitiens, 
romains  que  L'S  évènemenis  politiques  chassèrent  alors  de  leur 
résidence,  pendant  que  plusieurs  compagnies  de  chemins  de  fer 
italiens  se  rattachaient  comme  ingénieur.  De  1873  à  1883, 
M.  Parodi  a  signé  des  œuvres  vraiment  architecturales  :  des 
hôpilaux  et  des  maisons  ouvrières  parmi  lesquelles  celles  qu'il 
a  construites  à  Gênes  peuvent  servir  de  type  à  toutes  les  cons- 
tructions de  celte  nature  ;  l'hôpital  de  Saint -Raphaël  à  la 
Coronata  près  de  Gênes  (qui  n'a  pas  encore  été  inauguré)  et 
celui  de  Saint-André-Apôtre  ne  sont  pas  seulement  dos  établisse- 
ments dans  lesquels  se  Irouvent  réunies  toutes  les  améliorations 
réclamées  par  les  lois  de  l'hygiène,  ce  sont  de  véritables  édifices 
où  l'architectui'e  remplit  un  rôle  considérable.  Nous  devons  dire 
d'ailleurs  que  l'Italie  doit  le  dernier  de  ces  hôpitaux  à  la  géné- 
rosité de  la  duchesse  de  Galliera.  M.  Parodi  n'a  jamais  été  un 
écrivain  et  on  ne  peut  guère  citer  de  lui  que  le  véritable  plai- 
doyer qu'il  écrivit  en  faveur  du  projet  d'amélioration  du  port  de 
Gênes,  projet  adopté  d'ailleurs  par  le  gouvernement  et  exécuté, 
grâce  au  don  de  vingt  millions  fait  parle  duc  de  Galliera.  Chargé 
de  plusieurs  fonctions  publiques  et  grand-officier  de  l'ordre 
des  SS.-\Iaurice-et- Lazare,  M.  Parodi  réside  à  Gênes,  estimé 
et  honoré  de  tous  ses  concitoyens. 

Vérone  doit  à  l'architecte  J.  Barbieri,  d'après  Dupays,  son 
cimetière  qui  date  de  IS.io,  remarquable  par  sa  structure  qui 
consiste  en  un  quadrilatère  entouré  de  portiques  de  tous  les 
côtés  avec  des  murs  d'une  épaisseur  telle  que  les  bières  peu- 
vent y  être  logées  sans  faire  saillie  sur  les  galeries  oi!i  circulent 
les  cortèges  et  les  visiteurs. 

Giacomo  Franco, qui  est  architecte  du  »  dôme  »  de  Lonigoprès 
de  Vicence,  édilice  qui  rappelle  le  style  lombard  des  églises  de 
Vérone,  et  de  la  synagogue  de  Vérone  qui  n'a  d'ailleurs  jamais 
été  achevée,  n'a  point  passé  par  les  écoles.  Né  à  Vérone  le 
H  février  1818  el  dessinateur  par  vocation,  il  apprit  l'architec- 
ture chez  un  ingénieur  architecte  de  ses  amis  et  commença  par 
travailler  pour  l'ouvrage  de  M.  J.  Gailhabaud,  «  l'Architecture 
du  \'  au  xviii"  siècle  »,  puis  pour  la  publication  de  Verdier,  qui 
n'eut  pas  de  succès.  On  lui  doit  également  «  l'Ossuaire  de  Cus- 
tozza»,  monument  élevé  sur  la  colline  de  Belle-Vue  de  1875  à 
1879   en   souvenir   des  deux   batailles  livrées  par  les  troupes 


CHAPITHE  XIV.  403 

italiennes  aux  Auti  icliions  en  ISo'i  et  en  I86G.  Ingénieur  allaché 
àradminisiralion  des  cliemins  de  fer  d'Italie,  M.  Franco  fiil  aussi 
professeur  d'archileclure  à  l'école  des  beaux-arts  de  Venise  et 
a  l'ait  partie  de  plusieurs  commissions  artistiques  instituées  par 
le  gouvernement  ilalien. 

Élève  de  l'université  de  Padoue  et  de  l'académie  des  beaux- 
arts  de  Venise  où  il  fut  nommé  professeur  adjoint  d'arcliitectnre 
en  1856,  puis,  en  1860,  professeur  d'architecture  à  l'académie 
des  beaux-arts  de  Milan,  M.  Camillo  Boito  est  né  à  Home  le 
30  septembre  1836.  Ses  principaux  travaux  sont  :  les  écoles  élé- 
mentaires et  les  musées  de  Padoue  construits  dans  un  style  du 
moyen  âge  assez  personnel^  le  cimetière  de  Gallarate  et  les 
écoles  élémentaires  de  Milan,  ainsi  que  plusieurs  constructions 
particulières;  mais  M.  Boito  est  surtout  un  critique  d'art  remar- 
quable et  s'est  fait,  comme  tel,  une  situation  considérable  en 
Italie. 

Caregaro  Antonio  Négrin,  né  à  Vicence  en  1821,  est  l'un 
des  architectes  italiens  dont  la  carrière  a  rencontré  les  plus  nom- 
breuses occasions  de  se  produire.  Si  chacune  de  ses  œuvres  n'a 
pas  une  importance  considérable,  leur  réunion  forme  un  bagage 
que  peu  d'arcliitectes  contemporains  pourraient  présenter;  nous 
n'en  citerons,  pourcelte  raison, que quelques-unesdanslaVénétie, 
à  Vicence,  à  Padoue,  etc.  A  Vicence,  il  fut  l'architecte  de  la  «  nou" 
velleSchio  »,  le  quai'tier  ouvrier  de  cette  ville;  à  San  Orso,  l'église, 
lavilla,  les  jardins;  à  Longa,  l'église  paroissiale;  à  Padoue,  le  jar- 
din public;  h  Sainte-Sophie  et  à  Sainl-Boniface,  la  mairie  et  les 
écoles  ;  à  Hive  de  Trente,  le  théâtre;  à  Voghera,  l'école  élémen- 
taire des  garçons  sont  de  lui;  il  éleva  tous  les  bâtiments  de  la 
place  d'Arzignano  (Vénétie)  et  ceux  de  l'établissement  de  bains 
de  Recoaro  près  de  Vicence,  etc.  M.  Négrin  s'est  fait  en  Italie 
une  ré|)utation  comme  architecte  paysagiste. 

Annibal  Forcellini  naquit  en  1827  à  ïrévise,  où  il  exerça  la 
profession  d'ingénieur  du  génie  civil  depuis  18o5;  en  1856  il  se 
fixa  à  Venise,  mais  ce  ne  fut  qu'en  1873  qu'il  passa  à  la  dii-eclion 
des  bâtiments  delaville.  Al'architecte  ingénieur  on  doit  larestan- 
ration  du  palais  ducal  de  Venise.  Son  nom  est  lié  aussi  à  l'éta- 
blissement du  cimetière  de  celle  ville  qni  abandonna  son  projet 
adopté  pondant  la  construction,  cl  à  celui  de  l'hùpilal  des  fous 
dans  l'île  de  Saint-Clément  dans  lequel  Forcellini  n'eut  que  le 


404  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

r(Me  d'un  collaboraloiir.  Il  niourul  à  Trévise  le  27  août  1891. 

Giovanni  Selva  professa  rarchitectiire  à  l'académie  de  Venise 
après  avoir  fait  ses  études  à  Home;  devenu  surintendant  des  bâ- 
limenls  et  jardins  publics,  il  construisit ,  vers  1820,  l'église  de 
Possagno,  village  dans  les  environs  de  Venise.  Cet  édifice,  dont 
les  plans  furent,  suivant  quelques  auteurs,  donnés  par  le  sculp- 
teur Canova  dont  les  restes  sont  inhumés  en  cet  endroit,  est  orné 
d'un  porlique  percé  de  trois  entrées.  Une  monographie  en  a  été 
publiée  sous  le  titre  :  Du  temple  iF Antoine  Canova  et  de  la  ville  de 
Possagno. 

Ajoutons  à  ce  qui  vient  d'être  dit  que  Cusi,  architecte  italien 
et  classique,  a  construit  à  Côme  le  nouveau  théâtre  précédé  d'un 
portique  hexasiyle  corinthien  et  que  Pietro  Pestagalli,  architecte 
milanais,  a  élevé  à  Novare,  en  1833,  l'école  des  aris  et  métiers 
fondée  par  la  comtesse  Bellini.  11  était  du  reste  déjà  connu  par  la 
construction  du  toit,  en  marbre  blanc,  de  la  cathédrale  de  No- 
vare, il  décora  en  1817  la  chapelle  souterraine  de  Borommeo  et 
érigea  dans  cette  ville  le  maître  autel  de  l'église  San  Fedele,  il 
restaura  aussi  dans  l'église  San  Marco  la  chapelle  délia  Madonna. 

Archilecle  de  la  ville  d'Ivrée,  à  la  sortie  de  la  vallée  d'Aoste, 
Carlo  Ponzio  Vaglia  éleva  l'hôpital  de  la  ville  et  mourut 
en  1832;  nous  ne  connaissons  pas  autrement  cet  architecte. 
Nous  sommes  plus  heureux  avec  Arborio  Edoardo  Mella,  né  à 
Verceil  en  1808,  fils  du  comte  Emmanuel  qui  était  ingénieur. 
Ses  études  scolaires  achevées  en  1827,  Mella  apprii  l'architecture 
sans  maître,  et  cependant  ce  fut  àlui  que  l'on  confia  la  restaura- 
tion du  «  dôme  »  de  Casale,  puis  celle  des  églises  d'Acqui  et  de  Vin- 
limille,  des  collégiales  d'Alba,  de  Saluées,  de  Chieri,  des  églises 
de  Saint-François  à  Verceil,  de  Mirabello,  de  Monlicelli  d'On- 
gina,  de  San  Ilario  à  Casale-Monferrato,  d'Arcisate,  de  Rossi- 
gnano,  de  Ville-Neuve  d'Asti,  de  Fubine  di  Govone,  la  construc- 
tion des  églises  de  ïorgoron  et  de  Gresson  de  Maranzana,  de 
S.  Zita,  du  Sacré-Cœur  et  de  Saint-Jean-Évangélisle,à  Turin,  etc. 
En  Norvège,  à  Berghen,on  nous  signale  aussi  une  église  construite 
sur  les  plans  de  Mella.  Passionné  pour  l'archiiecture  du  moyen 
Cige,  Mella  publia,  en  1857,  un  ouvrage  sur  celte  architecture. 
Créateur  dans  son  pays  natal  d'une  école  de  beaux-arts  et 
membre  de  plusieurs  académies,  il  est  mort  à  Verceil  le  1 8  jan- 
vier 188  i. 


CHAPITRE  XIV.  405 

La  ville  de  Turin,  abandonnée  aujourd'hui  pour  Rome  par  les 
princes  de  la  maison  de  Savoie  dont  elle  fut  le  berceau,  s'ef- 
força de  se  maintenir  à  la  hauteur  de  son  rôle  de  capitale  jus- 
qu'au jour  de  l'annexion  de  Home  au  nouveau  royaume  d'Italie. 

Nous  aurons  cependant  à  citer  peu  d'édifices  religieux  de  ce 
siècle;  après  avoir  rappelé  que  Ferdinand  Bonsignori  éleva, 
de  1797  à  1818,  l'église  de  Gran  Madré  de  Dio,  nous  aurons  à 
citer  la  chapelle  de  Saint-Joachim,  dans  l'église  de  la  Santis- 
sima  Annunziata,  qui  eut  pourarchitecfe  Carlo  Rondoni,  archi- 
tecte du  roi  de  Sardaigne  en  1819,  restaurateur  du  château 
royal  de  Montcalieri  et  du  château  de  Hivoli,  auteur  de  divers 
opuscules  sur  l'arcliileclure. 

M.  Carlo  Ceppi,  originaire  de  Turin,  nous  appartient  comme 
archilecle  de  l'église  Saint-Jean  de  Turin  et  de  Notre-Dame  de 
la  Neuja  à  la  Spezzia.  Possesseur  d'une  clientèle  particulière 
choisie,  il  a  en  llalie  la  réputalion  d'un  véritable  artiste.  Restau- 
rateur du  campanile  de  l'église  Santa  Croce  à  Turin,  du 
palais  de  Carignan  à  Racconigi  et  du  théâlre  de  celte  ville, 
Giovanni  Battisto  Borra  fut  surtout  un  architecte  d'hôtels  et 
de  villas.  On  lui  doit  les  dessins  qui  accompagnaient  l'ouvrage 
publié  en  Angleterre,  à  la  fin  du  dernier  siècle,  sur  les  Ruines 
de  Palmyre  et  de  Bolbec.  Ce  fut  Giuseppe  Talucci  qui  mil  la 
dernière  main  à  l'église  Saint-Philippe  de  Néri  de  Turin  et  donna 
le  dessin  du  portail  latéral  sur  la  rue  de  l'Académie  (1836). 
Professeur  à  l'université  de  Turin,  Talucci  est  l'architecte  du 
Palais  de  l'université  qu'il  éleva  en  1823,  ainsi  que  d'un  hôpital 
d'incurables  fondé  par  le  prêtre  Barrucci.  Nous  ignorons  d'ail- 
leurs la  date  de  sa  naissance  et  s'il  est  encore  vivant. 

Parmi  les  édifices  civils  datant  de  notre  siècle,  Turin  compte 
un  théâtre  assez  élégant  et  qui  peut  contenir  1600  spectateurs, 
le  théâlre  Scribe,  destiné  (autrefois)  à  la  représentation  de 
pièces  françaises  :  architecte,  en  18o9,  M.  Giuseppe  Bollati 
dont  le  nom  seul  nous  est  connu.  La  Mole  Antonclimna,  com- 
mencée en  1803  pour  être  synagogue,  a  été  consacrée,  comme 
souvenir  national,  à  Viclor-Emmanuel.  L'édifice  couronné  d'une 
coupole  d'aspect  étrange,  d'une  hauteur  de  165  mètres,  est 
l'œuvre  d'Alessandro  Antonelli,  né  en  1798  el  mort  en  1888, 
auquel  on  doil  aussi  la  coupole  de  San  Gaudenzio  de  Novara, 
sœur,  par  la  forme,  de  la  «  Mole  Ântonelliana  »,  mais  moins 


406  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

élevée,    puisque  l'édifice  n'alleint  que   121  mèlres  de  hauleur. 

Mentionnons  enfin  le  palais  provisoire  qui  reçut  à  Turin  les 
membres  du  premier  Parlement  italien  el  dont  les  architectes 
furent  MM.  Amedeo  Peyron  et  Paolo  Camotto,  sur  lesquels  les 
renseignements  biographiques  nous  manquent  absolument . 

En  Sicile,  c'est  un  élève  de  David  Leroy,  le  Français  Dufourny, 
né  à  Paris  le  5  mars  1754,  qui  commence  le  siècle,  comme 
architecte.  Parti  pour  l'Italie  en  1782,  il  y  resta  treize  années, 
dont  trois  en  Sicile.  Palerme  lui  doit  son  école  de  botanique  et 
son  observatoire  ;  il  y  donna  aussi  les  dessins  de  la  pépinière 
établie  dans  le  domaine  royal  «  délia  Morgana  ».  Membre  de 
l'Institut  de  France  dès  le  premier  temps  de  sa  créai  ion,  il 
succéda  à  David  Leroy  comme  professeur  à  l'école  royale  d'ar- 
chitecture et  publia  le  «  Rapport  sur  les  beaux-arts  »  présenté 
à  l'empereur  par  la  quatrième  classe  de  l'Institut.  Dufourny  est 
mort  en  1818,  laissant  de  nombreux  dessins  et  une  quantité 
considérable  de  fragments  d'architecture  antique  qui  figurent 
aujourd'hui  dans  les  collections  de  noire  Ecole  des  beaux- 
arts. 

Mario  Musemucci  était  né  à  Calane  en  1778  el  mourut 
en  1852.  En  1820,  il  fut  nommé  ingénieur  des  ponts  et  chaussées 
de  la  province  de  Catane,  en  1829,  professeur  d'architecture 
civile  à  l'Université,  el,  en  1830,  membre  de  la  commission 
des  antiquités  et  beaux-arts  de  celle  ville.  Il  fut  enfin  choisi, 
en  1845,  pour  représenter  la  Sicile  au  congrès  des  savants 
italiens  rassemblés  à  Naples.  Ses  seules  œuvres  exécutées  sont 
la  prison  provinciale  de  Catane  et  le  cloître  du  couvent  des 
Bénédictins  de  cette  ville.  Parmi  les  projets  qu'il  a  laissés  et 
auxquels  le  malheur  des  temps  n'a  pas  permis  de  donner  suite, 
nous  citerons  la  façade  de  l'église  de  ce  couvent,  la  réunion  de 
l'hospice  des  Pauvres  à  celui  des  Orphelins,  le  tribunal  et  l'in- 
tendance de  Catane.  Musemucci  a  beaucoup  écrit  :  on  a  réuni, 
à  Catane,  de  1845  à  1851,  les  plus  importantes  de  ses  disser- 
tations sous  le  titre  :  Opère  arclieolof/klie  ed  avtistkhe  di  Mario 
Bliisemucci^  2  vol.  in-8°.  Un  monument  lui  a  été  élevé  dans 
l'église  Santa  .\gata  la  Yetere  de  Catane  par  l'architecte  Patti, 
dont  le  nom  seul  nous  est  parvenu  par  suite  de  celte  circon- 
stance. 

Giovanni  Battista  Filippi  Basile  naquit  à  Palerme  en  1825 


CHAPITRE  XIV.  407 

et  fit  ses  études  à  l'iiniversité  de  sa  ville  natale.  Venu  à  Rome 
pour  foiiitier  ses  connaissances  en  matliémaliqiies  et  en  archi- 
teclure,  il  suivit  quelque  temps  les  cours  de  Tortolini,  de  Venta- 
roli  et  de  Cavalieri,  ainsi  que  de  Sarti  et  de  Poletti  à  l'Académie 
de  Saint-Luc.  Do  retour  à  Palerme,  il  prit  part  au  mouvement 
révolutionnaire  qui  devait  amener  l'indépendance  de  l'Italie  et, 
en  18G0,  était  élu  professeur  d'architecture  à  l'Université. 
Chargé  ensuite  de  l'enseignement  de  cette  science  à  l'école 
d'application  ouverte  aux  ingénieurs,  il  devint,  peu  après,  direc- 
teur de  l'école.  En  18G4,  la  municipalité  de  Palerme  ayant 
ouvert  un  concours  pour  la  construction  d'un  théâtre,  Basile 
vit  son  projet  classé  le  premier  et  obtint  le  privilège  de  la 
construction  de  l'un  des  plus  beaux  théâtres  de  l'Europe,  cons- 
truction qui  n'est  pas  encore  terminée  aujourd'hui.  Mais,  outre 
le  théâtre  «  Massimo  »  qui  a  étendu  sa  réputation  hors  des  limites 
de  la  Sicile,  Basile  était  déjà  connu  en  France  par  sa  façade  de 
maison  italienne  à  l'Exposition  uuiverselle  de  1878;  il  a  attaché, 
du  reste,  son  nom  au  théâtre  de  Girgenli,  au  cimetière  de  Mon- 
reale  et  de  Mistretta,  an  théâtre  de  Militello,  etc.  Alembre  de 
plusieurs  académies  et  président  du  collège  des  ingénieurs  de 
Palerme  depuis  sa  fondation,  il  y  est  mort  le  16  juin  1891,  lais- 
sant un  fils,  Ernesto  Basile,  né  à  Palerme  en  1837  etdéjcà  connu 
par  le  monument  de  Calatilini  et  par  l'érection  du  palais  destiné 
à  l'exposition  nationah;  de  Palerme  (1891-1892). 

Hors  de  l'ilalie,  à  Trieste,  c'est  un  Italien, Domenico  Corti, 
qui  a  construit  l'Ilùtel-Dieu,  hospice  dont  la  construction  a  coûté 
700,000  florins.  Nous  ne  savons  pas  autre  chose. 

Les  architectes  espagnols  de  ce  siècle  n'ont  pas  trouvé  sans 
doute  l'occasion  de  produire  des  œuvres  d'une  cei'taine  impor- 
tance, quoique  nous  ayons  relevé  dans  les  grandes  villes  de  l'Es- 
pagne des  édifices  dont  les  auteurs  avaient  droit  certainement 
à  une  place  dans  notre  ouvrage  :  A  Madrid,  le  palais  des  députés, 
inauguré  en  18o0,  le  théâtre  Royal  (opéra),  commencé  en  1818 
et  inauguré  en  18a0;  le  théâtre  espagnol  de  la  plaza  Santa 
Anna,  construit  au  commencement  de  ce  siècle,  le  théâtre  de 
las  Variedadès,  calle  Mugdalene;  le  théâtre  de  la  Comédia,  qui 
date  de  1873,  le  cirque  de  la  pla/.a  del  Rey,  la  Zarzuela  de  la 
calle  de  Jovellanos,  le  Ihéâlre  d'Apollo,  le  théâtre  de  la  Prin- 
cesse,   l'Alhambra    di'    la    calle   de  la    Liijcrtad,  la   Fahrica  de 


408  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

monédas  (hôtel  des  monnaies),  l'approprialion  d'une  c'-glise  à 
la  salle  du  Sénal,  sont  des  œuvres  du  xix'  siècle. 

L'alcazar  de  Tolède,  devenu  l'école  militaire,  a  été  reconstruit 
en  partie,  après  un  incendie  qui  l'a  consumé  en  1887,  l'hôtel  de 
ville  de  Murcie,  celui  de  Burgos,  celui  de  Tafalla,  celui  de  Ma- 
taro.  L'église  paroissiale  d'Alcala  de  Ghishert,  à  trois  nefs  avec 
une  façade  percée  de  trois  portails,  la  cathédrale  de  Lérida  et 
des  IhéfUres  dans  presque  toutes  les  grandes  cités  espagnoles,  à 
commencer  par  le  théâtre  du  Licéo,  de  Barcelone,  datent 
également  d'une  cinquantaine  d'années.  Mais  les  architectes 
contemporains  auxquels  nous  nous  sommes  adressés,  par  excès 
de  modestie  ou  par  négligence,  ne  nous  ont  envoyé  aucun  docu- 
ment et  la  liste  des  biographies  des  architectes  espagnols  se 
trouve  ainsi  considérablement  réduite,  ù  notre  grand  regret;  nous 
devions  en  avertir  le  lecteur. 

Quoiqu'il  ne  soit  pas  à  proprement  parler  de  notre  siècle, 
puisque,  né  le  27  février  1719  à  Madrid,  il  y  mourut  le  21  jan- 
vier 1772,  nous  devons  mentionner  ici  les  œuvres  d'Alexandre 
Gonzales  Velasquez,  fils  d'un  sculpteur  qui  commença  par  être 
peintre  et  étudia  ensuite  l'architecture  dans  l'atelier  de  Bona- 
via.  C'est  sous  les  ordres  et  sur  les  indications  de  ce  maître  qu'il 
éleva  l'église  San  Antonio  à  Aranjuez;  puis  il  commença  par  la 
réfection  de  l'église  du  couvent  de  Valleca,  à  Madrid,  et  la  cons- 
truction de  celle  du  couvent  de  Justinian  à  Cuença.  Quoique 
exemptes  des  fautes  qu'on  remarque  dans  toutes  les  œuvres  de 
l'école  de  Churriguerra,  celles  que  nous  venons  de  citer  de  Gon- 
zales ont  moins  d'importance  que  l'enseignement  donné  par  cet 
arcliitecte  comme  membre,  puis  comme  vice-président  de  l'aca- 
démie de  San  Fernando,  enseignement  auquel  il  consacra  les 
vingt  dernières  années  de  sa  vie. 

Tomas  Domingo,  né  à  Cervera,  en  Catalogne,  fut  d'abord 
tailleur  de  pierres  et  maçon.  Venu  à  Madrid,  il  apprit  l'arclii- 
teclure  à  l'académie  de  San  Fernando,  fut  nommé  professeur 
d'architecture  à  l'école  de  dessin  de  Grenade  en  1819.  11  dessina 
nombre  de  tabernacles,  de  retables,  les  églises  paroissiales  de 
Alboludici,de  Solao,  de  Montillama, l'église  de  Loja,  un  ermitage 
à  Granadilla,  finit  l'église  de  Cadix  et  répara  ou  construisit  des 
ponts  et  des  chaussées  de  la  province. 

Plutôt  ingénieur  qu'arcliitecte,   Alejandro   Milan  s'est  fait 


CHAPITRE  XIV.  409 

connaître  parla  réparation  du  pont  romain  d'Alcantara,  sur  le 
Tagc,  dont  on  connaît  Fauteur,  C.-L.  Lacer  (voir  volume  l")  ; 
mais  il  en  a  respecté  le  plan  primitif,  remplaçant  seulement  par 
le  lion  de  Caslille  l'aigle  sculpté  sur  l'arc  de  triomphe  élevé  au 
milieu  du  pont. 

Citons  encore  :  le  couvent  d'Atoclia,  iiMadrid,  fondé  en  lo23, 
rebâti  sous  Ferdinand  VII,  de  1803  à  1833,  par  Isidro  Velas- 
quez;  le  palais  épiscopal  de  Logrono,  construit  en  185o  par 
M.  Francesco  Henriquez-Ferrer,  né  à  Grenade,  élève  de  Maestro 
de  San  Juan,  et  le  bâtiment  destiné  à  l'exposition  des  beaux-arts 
élevé  à  Madrid  en  18G7  par  M.  Indo,  plutôt  ingénieur  qu'archi- 
tecte. Un  Français,  Couvrechef,  né  à  Mathieu,  près  Caen,  d'a- 
bord tailleur  de  pierres,  avait  fait  péniblement  ses  études  d'archi- 
tecture à  notre  Ecole  des  beaux-arts.  Devenu  cependant  architecte 
des  bâtiments  de  la  Couronne,  il  fut  envoyé  en  1857  par  l'impé- 
ratrice Eugénie  en  Biscaye,  avec  la  mission  d'y  restaurer  le  chà- 
tecu  d'Artéaga  et  y  mourut  pendant  l'exécution  des  travaux. 

M.  Ortès  ou  Ortiz  Villajos  a  posé  en  I8G5  la  première  pierre 
de  l'église  de  Buen  Succeso,  à  Madrid,  inaugurée  le  25  mars 
18G8,  ainsi  que  l'hôpital  qui  y  est  attenant.  Nous  ne  connaissons 
pas  les  autres  œuvres  de  Villajos. 

Annibal  Alvarez  y  Buquel,  fils  d'un  sculpteur,  était  né  en 
1810  à  Home  où  son  père  était  retenu  par  d'importants  travaux 
Il  puisa  dans  la  copie  des  monuments  antiques  le  goût  qu'i. 
montra  ensuite  pour  l'architecture  et  compléta  ses  études  dans 
l'atelier  d'isidro  Velasquez.  Après  un  séjour  de  trois  années 
en  Italie,  il  revint  en  Espagne  en  1839  et  fut  alors  nommé 
membre  de  l'académie  de  San  Fernando  dont  il  fut  bientôt  l'un 
des  professeurs  les  plus  distingués.  Alvarez  fut  successivement 
architecte  en  chef  du  Sénat  et  du  ministère  de  la  Gobernacion, 
vice-président  delà  Junte  consultative,  de  la  police  urbaine  et  des 
édifices  publics.  Comme  membre  de  la  Junte  consultative  des 
prisons,  il  fournit  au  gouvernement  espagnol  un  projet  de 
pénitencier  très  étudié  qui,  s'il  ne  fut  pas  exécuté,  n'en  a  pas 
moins  été  fort  estimé  des  hommes  compétents  de  l'époque. 
Chargé,  en  1840,  de  présenter  un  projet  d'asile  d'aliénés  et  ceux 
de  quatre  hospices  à  ériger  à  Madrid,  il  ne  put  exécuter  que  l'hos- 
pice de  la  Princesse,  et  encore  les  travaux  de  construction  de  cet 
édifice  furent-ils  notablement  réduits  par  le  manque  de  fonds. 


410  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Auteur  aussi  du  moiuimenl  funéraire  thi  marquis  de  Espeja, 
dans  le  cimetière  de  Saint-Louis,  et  de  la  Banque  de  Fomento, 
Alvarez  est  mort  à  Madrid  le  5  avril  1870. 

Le  Portugal  nous  fournit  également  peu  de  noms  d'architectes 
contemporains. 

Professeur  suppléant  d'architecture  à  Tacadémie  de  Lisbonne, 
en  1843,  M.  Pereira  Santos,  né  vers  1800,  bibliothécaire  de 
l'académie  de  Lisbonne,  et  Joseph  da  Costa  Sequeira,  con- 
temporain de  Sanlos,  concoururent  inutilement  au  projet  de- 
mandé pour  l'érection  du  théâtre  du  Rorio  et  de  lu  nuinici|»alité. 

Plus  heureux  que  les  précédents,  Joachim  Possidonio  Nar- 
cisse da  Silva,  dirigeâtes  constructions  nouvelles  du  palais  de 
Las  Nécrxs/(Ja(lcs,en  1846,  auquel  on  pourra  reprociier  une  cer- 
taine exagération  de  décoration. 

Nommé  architecte  de  l'Infanlado,  Manoel  da  Sousa  fut  chargé 
de  l'éreclion  de  ce  palais  en  1827  ;  il  est,  en  outre,  l'architecle 
de  plusieurs  édifices  publics  dont  nous  ne  pouvons  donner  l'énu- 
mération.  Francesco  da  Sousa,  chevalier  de  l'ordre  du  Chris!, 
élève  de  son  père,  lui  succéda  dans  l'exécution  des  travaux  faits 
par  lui  au  Patriarchal  et  au  palais  des  Trois  Ordres  mihtaires; 
il  est  mort  à  Lisbonne  en  1814,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Un  der- 
nier membre  de  la  famille  des  Sousa,  professeur  à  l'académie 
royale,  Francesco  Sousa,  fut  l'architecte  de  l'église  du  Palriar- 
chat  et  ciiargé  de  l'exécution  de  plusieurs  constructions  puliliques  : 
nous  ignorons  la  date  de  sa  mort.  Enfin,  nous  ne  pouvons  quit- 
ter l'Espagne  sans  dire  quelques  mots  d'un  architecte  espagnol 
bien  connu  de  ses  contemporains,  Dom  Francisco  Daniel  Mo- 
lina,  auteur,  en  1831,  à  Barcelone,  d'une  fontaine  monumen- 
tale élevée  à  la  mémoire  d'un  conseiller  à  la  cour  de  Barcelone. 


CHAPITRE  XV 

Les  Anglais,  premiers  ninitres  de  rAmérique  du  Nord,  y  inlrodiiiseut  les  prin- 
cipes de  rarohitecUire  anj;laise  ;  mais  la  reconnaissance  du  gouvernement  des 
Étals-Unis  d'Amérique,  parles  naiions  européennes  marque,  dans  ce  pays,  le 
commencement  d'une  évolution  vers  le  style  classique.  —  La  forme  classique 
est,  en  effet,  celle  des  édifices  les  plus  inqjorlants  des  États-Unis  élevés  aus- 
sitôt après  la  Dichiration  d'indépendance.  —  CEuvres  gigantesques  des  archi- 
tectes américains  depuis  cette  époque.  —  Leurs  tendances  vers  Vcctectifinc, 
—  Les  artistes  américains  à  l'Exposition  de  Chicago. 


Si  on  ne  Irouve  guère  dans  les  régions  centrale  et  occidentale 
de  celte  nation  si  puissante,  malgré  sa  jeunesse,  qui  a  pris 
le  nom  de  Mépuhlique  des  Étals-Unis  d'Amérique,  que  quelques 
vestiges  informes  des  constructions  dues  à  des  races  depuis 
longtemps  disparues,  on  rencontre  du  moins  en  Floride,  au 
Te.xas,  dans  le  Nouveau-Mexique  et  en  Californie,  un  certain 
nombre  d'édifices,  en  assez  bon  état  de  conservation,  qui  furent 
élevés  par  les  Espagnols.  Plusieurs  de  ces  chapelles  ou  églises 
de  «  mission  »,  ont  une  valeur  architecturale  réelle;  mais  il  n'a 
pas  été  possible  d'en  connaître  les  auteurs,  sans  doute  moines 
ou  prêtres,  compagnons  des  conquérants.  Au  nord  des  Etats- 
Unis,  au  Canada,  çà  et  là,  le  long  des  frontières  septentrionales 
de  la  République  américaine,  ou  en  descendant  la  vallée  du 
Mississipi,  il  subsiste  encore  des  traces  de  constructions  élevées 
par  les  premiers  pionniers  français,  qui,  bien  qu'intéressantes 
au  point  de  vue  archéologique  et  historique,  ne  peuvent  élre 
considérées  comme  des  œuvres  d'architecture.  Dans  le  reste  du 
pays,  surtout  sur  le  littoral  oriental,  existent,  en  assez  grand 
nombre,  des  constructions  de  genre  très  simple,  sans  aucun 
caractère,  purement  maisons  d'habitation,  élevées  par  les  pre- 
miers pionniers  venus  d'Angleterre. 

Lorsque  les  Anglais,  en  quête  de  nouvelles  sources  de  ri- 
chesses, eurent  acquis  la  certitude  que  l'Amérique  (du  Nord) 
était  pour  eux  une  véritable  mine  d'or  à  exploiter,  ils  ne   se 


412  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

conlentèrent  plus  d'y  arriver  seuls,  en  aventuriers;  ils  amenèrent 
avec  eux  leurs  familles  liabiluéos  au  confort  anglais.  Mais  tout 
t^'tait  à  faire  dans  celle  nouvelle  Angleterre  :  t'glises,  édifices 
nécessaires  aux  réunions  politiques  des  émigrés  et  à  l'adminis- 
tration des  cités  qui  s'élevaient  comme  par  enchantement,  habi- 
tations privées  aussi,  pour  ceux  qui  désiraient  autre  chose  que 
la  masure  du  paysan  ou  de  l'ouvrier.  Naturellement,  ils  s'adres- 
sèrent aux  architectes  de  leur  pays  et,  comme  il  ne  leur  était  pas 
possible  de  se  procurer  immédiatement,  sur  les  lieux  mêmes,  les 
matériaux  nécessaires  aux  constructions  qu'ils  avaient  projetées, 
c'est  la  mère  patrie  qui,  dans  l'origine,  leur  expédia  à  la  fois 
architectes,   plans,   matériaux,   décorations,  etc.,  et   les  rares 
ouvriers  du  pays  n'eurent  qu'à  mettre  en  place  les  éléments  de 
ces  constructions.  11  en  résulte  que  l'art  architectural  des  États- 
Unis,  pendant  cette  première  période,  est  exactement  le  reflet 
de  rarchitecture  anglaise  pendant  la  période  correspondante; 
puis,  comme,  à  une  certaine  époque,  des  rapports  de  commerce 
et  d'amitié  vinrent  à  s'établir  entre  la  France  et  la  grande  colonie 
anglaise,  on  commença  à  faire  des  emprunts  à  l'architeclure 
française,  et  c'est  ainsi  qu'on  retrouve  des  traces  évidentes  des 
styles  Louis  XIV  et  Louis  XV  dans  la  structure  de  certaines 
maisons  importantes  de  la  Virginie.  L'appui  donné  par  Louis  XVI 
et  le  gouvernement  de  la  République  française  aux  colons  amé- 
ricains décidés  à  se  soustraire  au  joug  de  l'Angleterre  leur 
permit  de  se  constituer  en  nalion  indépendante  et  la  «  Déclara- 
tion d'indépendance  »  des  États-Unis  brisa  les  liens  artistiques, 
aussi  bien  que  les  liens  politiques,  qui  rattachaient  la  colonie 
américaine  à  son  ancienne  métropole. 

Les  chefs  de  famille  qui  avaient  transporté  d'Angleterre  en 
Amérique  leur  luxe  et  leurs  coutumes  étant  morts  et  leurs  suc- 
cesseurs n'ayant  plus  que  de  rares  relations  avec  leur  pays 
d'origine  d'où  ils  avaient  tiré,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire, 
tous  les  éléments  des  constructions  élevées  jusque-là  en  Amé- 
rique, celles  qui  durent  y  être  établies,  à  partir  de  ce  moment, 
pendant  une  assez  longue  période  de  temps,  furent  les  œuvres 
d'entrepreneurs  bâtissant  au  mépris  de  tous  les  principes  de 
l'art  architectural  et  rarement  d'architoclos  véritablement  dignes 
de  ce  nom.  La  création  de  relations  postales  et  de  transports 
rapides  par  bateaux  à  vapeur  vint  peu  à  peu  modifier  cet  état  de 


CHAPITRE   XV.  413 

choses,  eL  celle  seconde  période  de  rarchileclarc  américaine  ne 
se  Icrniine  vraiment  qu'à  l'Exposition  du  Centenaire  de  Phila- 
delphie en  1876.  Pendant  cette  période,  le  nombre  des  architectes 
instruits  avait  considérablement  augmenté,   les  dessins  et  les 
plans  sortis  de  leurs  ateliers  avaient  beaucoup  gagné  en  élégance 
et  en  clarté,  à  l'Institut  technologique  de  Boston  on  avait  ouvert 
une  classe  d'architecture.  L'exemple  donné  par  cette  ville  avait 
été  suivi  par  plusieurs  anlres,de  façon  que,  au  moment  de  celle 
Exposition,  il  y  avait,  établies  sur  le  territoire  desElats-Unis,bien 
outillées  et  très  intelligemment  dirigées,  nne  douzaine  d'écoles 
où  les  futurs  architectes  pouvaient  acquérir  toutes  les  connais- 
sances nécessaires  à  l'exercice  de  leur  profession.  A  l'heure  où 
nous  écrivons  ces  lignes,  le  nombre  des  élèves  architectes  aux 
États-Unis  s'élève  à  quatre  ou  cinq  cents  et,  depuis  vingt-cinq 
années,  il  en  est  sorti  environ  deux  cents  de  l'Ecole  des  beaux-arts 
de  Paris  dont  les  cours  sont  suivis  avec  la  plus  grande  assiduité 
par  ceux  de   ces  élèves  qui   considèrent  notre   enseignement 
architectural  comme  le  complément  indispensable  des  études 
commencées  par  eux  dans  les  universités  ou  les  écoles  techniques 
américaines.  Aussi  la  jeune  génération  des  arcliilcctes,  aux  Etals- 
Unis  d"  Amérique,  a-t-elle  produit  cl  produil-elle,  tous  les  jours,  des 
œuvres  originales  portant  nettement  l'empreinte  du  tempérament 
particulier  à  la  race  à  laquelle  ils  appartiennent  mais  dignes  d'at- 
tirer, parleurs  qualités  ai'chitecturales,  l'attention  de  leurs  con- 
frères du   monde  entier.  C'est  à  ce  titre  que  nous  leur  avons 
consacré,  ainsi  qu'à  leurs  prédécesseurs,  quelques  pages  de  notre 
livre.  Nous  avertissons  au  surplus  le  lecteur  de  ne  pas  se  méprendre 
sur  la  nature  des  sociétés  ou  associations  fort  nombreuses  formées 
entre  deux  ou  même  plusieurs  architectes,  contrairement  à  ce  qui 
se  passe  en  France  :  chacun  des  deux  artistes  se  livrant  exclusi- 
vement h  un  travail  toujours  le  même,  les  éludes  du  cabinet  plus 
méditées  et  plus  mûries,  la  surveillance  des  chantiers  plus  sé- 
rieuse et  plus  complète  sont  prolitables  aux  clients  de  l'associa- 
tion plus  qu'aux  associés  eux-mêmes.  L'exemple  donné  par  les 
architectes  américains  ne  serait  peut-être  pointmauvais  à  suivre. 
Deux  architectes  (anglais)  auteurs  d'édifices  à  Hhodc-Island 
et  à  Boston,  avant  la  déclaration  d'indépendance,  nous  ont  paru 
seuls  mériter  une  mention  ;  ce  sont  :  Richard  Munday  sur  lequel, 
après  de  longues  recherches, oun'apasdécouvertaulre  chose  que 


-414  LES   ARCHITKCTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

ceci,  c'est  qu'il  élail  l'arcliilectc  de  la  maison  du  Gouvernement 
[state  Iioiise)  à  (Newpoii)  lUiodc-lsland,  qu'il  avait  construite 
en  1742,  et  de  la  maison  Ayraull  élevée  par  lui,  au  même  lieu, 
en  1739,  et  qu'il  était  architecte  consultant  de  l'église  de  la 
Trinité,  aussi  à  Nowport.  Munday  est  mort  probablement  vers 
le  milieu  du  xviii°  siècle. 

Un  autre  architecle,  également  de  Nowport,  qui  fut  en  pos- 
session d'une  notoriété  plus  grande,  Peter  Harrison,  était 
venu  d'Angleterre  où  il  avait  travaillé  dans  l'atelier  de  Yan- 
brugb,  sous  la  direction  duquel  il  avait  exécuté  la  construction 
de  Blenlieim  Palace.  Harrison  arriva  en  Amérique  avec  le 
peintre  John  Smibert  en  1728.  Il  dessina  King's  chapel  com- 
mencée en  1749  à  Boston,  la  bibliothèque  de  Redwood,  à  New- 
porl  ,(Rhode-Island)  (1 748-50), et  l'bùtel  de  villedeNewporl  (1 700), 
la  synagogue  (I7G2)  et  la  maison  Malbone  (depuis  détruite  par 
un  incendie),  toujours  h  Ne\v|)ort.  Ensuite,  Harrison  se  retira  à 
New-Haven  (Connecticul),  où  il  devint  receveur  des  douanes  et 
où  il  mourut  un  peu  après  1  7G2. 

Thomas  Jefferson,  né  en  1743,  mort  en  1826,  auteur  de  la 
<i  Déclaration  d'hidépendance  »,  troisième  président  de  la 
Itépublique  des  Etals-Unis  et  son  ministre  plénipotentiaire  en 
France  en  178o,  était  un  amateur  enthousiasie  d'architecture. 
C'est  lui  qui  choisit  le  dessin  pour  la  Chambre  de  l'Etat  de 
Richmond  (1785-1792),  pastiche  non  dissimulé  de  la  Maison 
carrée  de  Nîmes,  mais  les  bâtiments  de  l'université  de  Virginie,  à 
Charloltesville.  achevés  en  1825,  et  sa  propre  maison  à  Monli- 
cello,  dans  l'Etat  de  Virginie  également,  furent  construits  sur  ses 
propres  dessins,  ainsi  que  la  maison  dite  de  Farmingson,  à 
Charlottesville.  Le  caractère  de  son  architecture  est  le  classique, 
que  Jefferson  adopta  sans  doute  pendant  son  séjour  en  F'rance 
et,  grâce  à  l'influence  dont  il  a  disposé  dans  son  pays,  la  préfé- 
rence des  architectes  américains  pour  ce  style  s'est  maintenue 
pendant  de  longues  années  après  la  mort  de  Jefferson. 

trcst  aussi  aidé  des  conseils  de  ce  grand  citoyen  que  Pierre- 
Charles  L'Enfant  iraça  le  plan  de  la  ville  de  Washington 
en  1791,  et  on  peut  juger  du  talent  de  l'architecle  par  les 
larges  avenues,  les  parcs  et  les  squares  dont  il  a  embelli  la 
capitale  des  États-Unis.  L'Enfant  était  né  en  France  en  1755; 
engagé    à    tilre  provisoire  de  lieutenant,  dans    un   des  corps 


CHAPITRE   XV.  415 

do  l'armée  franraisp,  il  viiil  en  Amérique  avocLa  Fayelte  on  1777. 
Ayanl  rejoint  le  gros  dos  li-oupes  fédérales  dans  l'anlomiie  de 
celle  année  i777,  comme  altaclic  au  génie,  il  fui  fait  capitaine 
en  1778  et  blessé  grièvement  au  siège  de  Savannaii.  Il  servit 
onsnile  sous  le  commandement  direct  de  Washington  qui  fit 
de  lui  son  ami.  Elevé  au  rang  de  major  en  1783  et  ingénieur 
du  fort  .Mifflin  Tannée  suivante,  il  se  vit  offrir,  en  1812,  la  place 
de  professeur  du  génie  à  l'Académie  militaire  de  Wesl-Point,  à 
New-York,  mais  il  la  refusa.  Il  a  donné  à  Pliiladclpliie  le  des- 
sin du  palais  du  »  l'inancier  de  la  Hévolulion  »,  Robert  Morris,  qui 
n'a  jamais  été  achevé;  il  fut  également  l'architecte  du  Palais 
fédéral  (aujourd'hui  détruit)  à  New-York,  régla  la  mise  en 
scène  du  cérémonial  adopté  lors  de  l'inslallalion  du  premier 
président  dos  États-Unis  en  1789  et  mourut  dans  le  comté  du 
Prince-George  (Maryland),  le  14  juin  182o. 

Descendant  de  huguenots,  Benjamin-Henri  Latrobe  était 
né  dans  le  Yorkshire  (Angleterre),  le  l"  mai  17Gi,  mais  avait 
fait  ses  premières  études  à  l'université  de  Lei|)sig.  Il  entra  en 
1785  au  service  de  la  Prusse  comme  cornette  de  hussards  ;  mais 
après  avoir  pris  part  à  deux  combats  sérieux  dans  l'un  desquels 
il  fut  blessé, il  donna  sadémissionel  revinlen  Angleterre  en  1786. 
(l'est  alors  qu'il  entra  dans  l'atelier  de  l'arcbilecle  S.  P.  Coc- 
kerell  d'où,  après  deux  années  de  sérieuses  études,  il  commença 
à  pratiquer  l'architecture  et  fut  immédiatement  reçu  surveyor 
dans  les  services  publics  de  la  ville  de  Londres.  Mais  quittant 
l'Angloterre  en  1790,  il  vint  s'établir  aux  Etats-Unis  et  demeura 
qiudque  temps  à  Uichmond  (Virginie),  où  il  construisit  le  péni- 
tencier et  quelques  maisons  particulières.  De  là,  il  passa  à  Phi- 
ladelphie ou  1798  et  y  donna  les  plans  de  la  banque  de  Pon- 
sylvanie,  de  la  ban(iue  des  Etats-Unis  et  dos  anciens  bâtiments 
de  l'Académie  des  beaux-arts.  11  y  construisit  aussi  tous  les 
ouvrages  concernant  la  distribution  des  eaux  de  Schuylkili, 
l'église  catholique  romaine  el  la  Bourse  do  Baltimore  (Maryland). 
11  fut  ensuite  engagé  dans  les  travaux  considérables  que  néces- 
sitait la  construction  du  canal  James  Biver  el  Appomato.v,  du 
canal  (Uiosapeake  et  Delaware,  du  canal  Dismal  Swamp  et,  jus- 
qu'à sa  mort,  il  chercha  les  moyens  de  procurer  de  l'eau  à  la 
ville  de  la  Nouvelle-Orléans.  Pendant  cette  période,  il  fut  l'as- 
socié de  Robert  Fulton,  lors  de  la  création  par  celui-ci  d'une 


416  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   (EUVRES. 

ligne  de  paquebots  à  vapeur  à  travers  l'océan  Atlantique  ;  mais 
son  œuvre  la  plus  importante  fut  assurément  l'édification  du 
Capilole  à  Wasiiington,  auquel  il  travailla  de  l'année  1803  à 
l'année  1817.  Le  plan  original  de  l'édifice  est  assurément  de 
Latrobe  et  Charles  lUilfinch  n'y  a  fait  que  des  additions.  Nous 
ne  parlons  pas,  bien  entendu,  du  dôme  qui  y  fut  ajouté  dans  la 
suite  par  T.  U.  Walter.  Latrobe  mourut  à  la  Nouvelle-Orléans, 
le  3  septembre  1820. 

Charles  Bulfinch,  dont  nous  venons  de  prononcer  le  nom 
comme  le  continuateur  de  Latrobe,  de  1818  à  1827,  au  Capitule 
de  Washington,  était  Américain,  puisqu'il  était  né  à  Boston 
le  8  août  1703.  Fils  d'un  médecin,  il  prit  ses  grades  à  l'Univer- 
sité d'Harvard  en  1781,  mais  il  fit  ses  éludes  d'architecture  en 
Europe  avant  de  commencer  l'exercice  de  sa  profession  à 
Boston  en  1786.  11  y  construisit  le  premier  théâtre  (1793),  des 
églises  et  des  écoles,  des  maisons  et  des  ateliers  ;  puis  la 
Chambre  de  l'État  (1793-98),  l'hôpital  général  de  IMassacliu- 
setts  (1818-21),  ainsi  que  l'ancien  tribunal  et  fit  des  additions 
au  Faneuil-IIall.  En  dehors  de  Boston,  les  travaux  de  Bulfinch 
sont:  l'asile  des  fous  de  Mac-Lean  à  Somerville,  le  tribunal,  le 
((  hall  universitaire  »  du  collège  Harvard  à  Cambridge,  le  tribunal 
à  ^^'orcester  et  l'église  des  Unilariens  à  Lancasier.  11  fut  aussi 
l'architecte  de  laChambre  de  l'Étatdu  Maine,  à Augusta  (1829-32), 
et  de  plusieurs  prisons  et  pénitenciers  dans  plusieurs  parties  de 
la  contrée.  Bulfinch  mourut  à  Boston  le  13  avril  18ii.  John  Mac 
Comb,  qui  était  fils  d'Écossais,  comme  son  nom  l'indique,  est  né 
à  New-York  le  17  octobre  1763.  Son  principal  ouvrage  fut 
l'hôtel  de  ville  de  New-York  qu'il  construisit  entre  1803  et  1813, 
mais  il  fut  aussi  l'architecte  de  l'église  Saint-Jean  et  des  églises 
de  Murray  street  et  de  Bleecker  street.  New-York  lui  doit  éga- 
lement la  salle  Washington  et  la  façade  de  l'ancien  palais  du 
Gouvernement.  Mac  Comb  donna  les  plans  de  beaucoup  d'autres 
constructions  publiques  et  privées,  à  New-York,  à  Philadelphie 
ou  dans  quelques  autres  villes  de  l'Est  des  États-Unis  et  mou- 
rut à  New-York  le  25  mai  1833. 

Ce  fut  John  Trumbull,  le  peintre  américain,  qui,  étant  à  Lon- 
dres, proposa  à  l'architecte  anglais  George  Hadfield  de  l'accom- 
pagner aux  États-Unis  dans  le  but  de  surveiller  l'érection  du 
«  Capilole  »  de  Washington  en  1794  ou  1793.  Hadfield,  fils  d'un 


TH.   BALLU 


CHAPITRE  XV.  417 

aubergiste,  avait  étudié  àrAcadémie  royale  de  Londres,  en  avait 
reçu  la  médaille  d'or  en  1784  et  obtenu  une  bourse  de  voyage 
en  1790.  Il  s'était  rendu  alors  en  Italie  où,  en  collaboration  avec 
Colonna,  il  essaya  une  restauration  du  temple  de  Palestrinadont 
les  divers  dessins  fontaujourd'luii  partie  de  la  collection  de  l'Ins- 
titut royal  des  arcliitecles  britanniques.  Il  fil  en  Amérique  le 
plan  de  riiôlel  de  ville  (aujourd'hui  palais  de  justice  du  district), 
de  la  Banque  des  États-Unis,  à  Washington,  du  mausolée  de  la 
famille  van  Ness,  dans  le  cimetière  de  Oak  Hill  à  Georgetown 
(district  de  Colombie),  et  du  palais  Arlington  sui"  la  rive  du 
Potomac  en  Virginie;  ce  dernier  édifice,  construit  en  1802  par 
G.  W.  P.  Custis,  fils  adoplif  de  Washington,  ensuite  habité  par 
le  général  Robert  Lee,  est  maintenant  compris  dans  l'enceinte 
du  cimetière  national  d'Arlington.  Hadfield  mourut  en  1826. 

Les  deux  Carry  Long  ont  exécuté  surtout  leurs  œuvres  dans  la 
ville  de  Baltimore.  R.  Carry  Long,  le  père,  était  né  en  1772 
dans  le  .Maryland,  oii  il  mourut  en  1833.  Mais  de  tous  ses  tra- 
vaux à  Baltimore  :  l'église  Saint-Paul,  le  théâtre  de  Holiday 
street,  l'hôtel  de  ville,  l'église  Saint-Pierre,  la  bibliothèque  de 
Baltimore,  le  dernier  seul  subsiste  encore  aujourd'hui,  ainsi  que 
l'institut  Patapsco  dans  la  ville  d'Ellicott  (Maryland).  R.  Carry 
Long,  le  fils,  né  en  1810  et  mort  en  1849,  a  attaché  son  nom  à 
l'église  de  Nalchez  (Mississipi),  au  bâtiment  des  archives  de  Bal- 
timore et  à  l'asile  des  sourds-muels  de  Staunlon  (Virginie). 

Plutôt  ingénieur  qu'architecle,  Ithiel  Town  naquit  en  1784 
à  Thompson  iConneclicul)  et  re(;ul  les  premièies  notions  de  l'ar- 
chileclure  dans  l'atelier  de  Andrew  J.  Davis,  de  New- York.  Les 
principaux  ouvrages  d'architecture  de  Town  furent  :  la  Chambre 
d'État  et  l'église  de  la  Trinité  à  New-Haven  (Conneclicnt), 
l'hôtel  de  ville  et  l'église  du  Christ  à  Hartford,  dans  le  même 
État.  Parmi  ses  œuvres  comme  ingénieur,  nous  ne  cite- 
rons que  le  pont  qu'il  jeta  sur  James  River  près  de  Richmond 
(Virginie).  Town  mourut  à  New-Haven,  le  13  juin  1844,  après 
avoir  publié  un  livre  intitulé  :  School  House  arcidteclure. 

Né  dans  le  comté  de  Kilkenny  (Irlande),  James  Hoban  étudia 
l'architecture  à  Dublin,  nous  ne  savons  auprès  de  quel  archi- 
tecte, et  émigra  en  1780  aux  États-Unis  où  il  se  fixa  à  Char- 
leston,  dans  la  Caroline  du  Sud.  C'est  lui  qui  fut  choisi,  en  1792, 
pour  élever  la  maison  du  Président  de  la  Confédération,  connue 
m.  27 


ils  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

SOUS  le  nom  de  <c  Miiisoii  Blanche  »  et  qui  eucore  aujourd'hui  sert 
de  demeure  au  représentant  du  pouvoir  exécutif.  Il  fut  atlaclié 
ensuite  pendant  quelques  années  aux  travaux  du  ('.apitoie  à 
Washingon  et  est  mort  dans  cette  dernière  ville  en  1831 . 

Alexander  Parris  étant  appienti  charpenlier  à  Pembroke 
(Massacliuselts),  employait  ses  moments  perdus  à  étudier  l'arclii- 
tecture.  Il  travailla  comme  ouvrier  pendant  quelques  années,  à 
Pembroke  et  ailleurs,  puis  vint  enfin  s'élahlir  à  Boston  en  1812 
et  s'y  livra  à  la  pratique  de  l'architecture  avec  un  véritable 
succès;  on  en  peut  juger  par  ses  œuvres  principales  :  l'église 
Saint-Paul  et  le  marché  Quincy  à  Boston,  l'arsenal  à  Watertown 
et  l'hôpital  de  la  marine  à  Chelsea,  tous  deux  dans  l'État  de 
Massachusetts.  En  1830,  il  abandonna  l'architecture  et  se  fit 
recevoir  ingénieur-constructeur  du  ministère  de  la  marine  des 
États-Unis,  à  Charlestown,  où  il  demeura  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1852. 

C'est  de  cette  dernière  ville  qu'était  natif  un  élève  de  Latrobe, 
Robert  Mills,  né  le  12  août  1781,  mort  à  Washington  le 
3  mars  IS.oo.  11  donna  les  plans  du  ('apitoie  à  Harrisburg  (Pen- 
sylvanie),  ajouta  des  ailes  à  la  salle  de  l'Indépendance  à  Phila- 
delphie et  jela  un  pont  d'une  seule  arche  sur  la  rivière  de 
Schuylkill;  il  fut  également  l'architecte  des  bâtiments  du 
trésor  (1836-41),  et  de  ceux  du  Post-Office  des  Etats-Unis  ainsi 
que  du  Bureau  des  brevets;  tous  ces  édifices  à  Washinglon. 
On  doit  également  à  Mills  le  dessin  de  l'obélisque  destiné  au 
monument  de  \^'ashington,  à  Baltimore,  ainsi  que  des  hô|)i- 
taux  et  des  bureaux  de  douanes  en  grand  nombre.  Il  fut  archi- 
tecte-ingénieur de  la  Caroline  du  Sud  en  182(J  et  en  1830  du 
gouvernement  des  États-Unis. 

Un  architecte  de  Boston  d'une  grande  notoriété.  Benjamin 
Asher,  fut  plus  connu  par  les  ouvrages  qu'il  écrivit  sur  les 
règles  de  la  profession  que  par  les  constructions  qu'il  a  laissées. 
On  peu!  citer  cependant  de  lui  la  Banque  de  l'Union  à  Newport 
(Hliode-Island)  et  la  Banque  de  Sull'olk,  à  Boston.  Voici  les  litres 
des  ouvrages  dont  il  fut  l'auteur  et  que  le  lecleur  comprendra 
sans  traduction  :  T/ie  american  Builder's  Companioii,  1806;  the 
Ihidiments  of  architecture',  the  Practice  of  architecture;  the 
Builders  Guide  and  the  Archilect  or  praetlcai  house  car- 
pcnter{{MQ). 


CHAPITRE   W.  419 

William  Strickland,  qui  était  né  à  Philadelphie,  en  1787, 
lui  d'aburd  dans  sa  jouiiesse  peintre  de  paysage  et  graveur,  puis 
se  sentant  une  vocation  décidée  pour  rarchilecture,  il  entra  dans 
l'atelier  de  Lalrobe  et  commença  à  se  faire  connaître  en  cons- 
truisant la  loge  des  francs-maçons,  à  Philadelphie.  Depuis,  il  fut 
l'architecte,  dans  cette  même  ville,  de  la  banque  des  Etats-Unis 
(1824),  de  l'hôtel  des  Monnaies,  de  l'Asile  maritime,  de  la 
douane,  de  la  Bourse  des  marchands,  de  l'église  épiscopale  de 
Saint-Etienne,  des  théâtres  d'Arcli  street  et  de  Chestnut  sireet. 
Il  fut  aussi  ingénieur  de  chemins  de  fer  et  construisit  la  jetée  du 
Delaware.  Son  dernier  ouvrage  et  celui  qui  lui  acquit  le  plus  de 
réputation,  fut  la  Chambre  d'État  de  Nasliville  (Tennessee)  (1845- 
1857),  qui  ne  fut  achevée  qu'après  sa  mort.  Un  vote  de  la  Légis- 
lature décréta  que  ses  restes  seraient  enterrés  dans  une  crypte 
qui  se  trouve  sous  l'édifice.  Strickland  a  publié,  en  1826,  Reports 
on  Canals  aud  liaihvai/s,  et  avec  Gill  et  Campbell,  Public  Wor/is 
of  the.  United  Statex;  Londres,  18  il. 

L'observatoire  de  Washington  eut  pour  architecte  un  ingé- 
nieur en  chef  du  bureau  de  la  marine,  George  F.  de  Franck 
la  Roche,  né  en  1791.  Cet  architecte,  auteur  de  plusieurs 
autres  édifices  publics  ou  privés,  est  mort  à  Washington  le 
17  mai  18GI. 

John  Haviland  était  né  eu  Angleterre,  près  de  Taunton,  le 
15  décembre  1792  et  avait  fait  ses  études  d'architecture  dans 
l'atelier  de  James  Elmes.  Après  un  séjour  d'une  année  dans  le 
corps  impérial  des  ingénieurs  russes,  il  s'embarqua  pour  l'Amé- 
rique en  1816  et  s'installa  à  Philadelphie  où  il  ouvrit  avec  iïugh 
Bridport,  un  cours  de  dessin  pour  les  jeunes  architectes.  Il 
avait  construit  d'ailleurs  la  prison  de  ville  de  New-York  appelée 
par  le  peuple  <<  la  Tombe  »  (vers  1834-1837),  le  pénitencier  Est 
de  Philadelphie,  le  pénitencier  de  Pittsburgh  (Pensylvanie),  et 
les  pénitenciers  d'État  de  Rhode-Island,  de  New-Jersey  et  de 
Missouri.  Du  reste,  on  dit  que  Haviland  introduisit  le  premier 
dans  les  États  d'Amérique  les  systèmes  cellulaires  composés, 
comme  on  sait,  de  couloirs  venant  tous  se  réunir  en  un  centre 
commun.  Il  fut  aussi  l'architecte  de  l'hùpital  naval  du  gouverne- 
ment à  Norfolk  (Virginie),  de  l'asile  pour  les  sourds-muets  à  Phila- 
delphie, de  l'hôtel  de  la  Monnaie  pour  les  États-Unis  à  Phila- 
delphie et  de  l'asile  des  fous  à  Ilarrisburg  (Pensylvanie).  Haviland 


420  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS    ŒUVRES. 

a  publié  en  collaboration  avec  Hugh  Bridport,  en  anglais,  le 
Manuel  du  constructeur  (Baltimore,  1818),  et  mourut  h.  Pliila- 
delpbie  le  28  mars  1852. 

Au  contraire,  Ammi  Burnham  Young  était  Américain,  puis- 
qu'il était  né  en  1799  à  Lebanon  (New-Hampshirc).  Fils  d'un 
charpentier,  il  commença  par  suivre  la  profession  de  son  père, 
tout  en  étudiant  l'arcbilecture  dans  les  livres  et  en  recevant  de 
modestes  leçons  d'Alexander  l'arris.  Après  avoir  élevé  un  nom- 
bre assez  considérable  de  petites  maisons  dans  le  New-Hamp- 
sliire,  Young  fut  choisi  comme  architecte  de  la  Chambre  de 
l'État  à  Montpellier  (Vermont),  édifice  qui  reçut  des  additions  en 
1837  et  fut  presque  entièrement  détruit  par  le  feu  environ  vingt 
ans  après.  Venu  à  Boston  la  même  année,  il  commença  par 
donner  le  plan  de  la  douane  de  cette  ville,  édifice  de  granit,  en 
style  dorique,  qui  demanda  dix  années  de  travail  et  coûta 
un  million  de  dollars.  Vers  1852,  Young  revint  à  Washington  où 
il  fut  nommé  architecte,  chef  de  service  pour  le  département  de 
la  Trésorerie,  et  dans  cet  emploi, il  eut  à  donner  des  plans  d'un 
grand  nombre  d'édifices  publics,  tels  que  :  bureaux  de  douanes, 
palais  de  justice,  bureaux  de  poste,  hôpitaux  de  la  marine,  etc., 
élevés  dans  toutes  les  parties  des  Etals-Unis.  Le  plus  fréquem- 
ment, Young  adopta  le  style  classique;  cependant  l'église  épis- 
copale  méthodisie  de  Bromfield  street  à  Boston  et  le  tribunal 
civil  de  Lowell  (Massachusetts),  dont  il  fut  l'architecte  en  1849, 
sont  tous  deux  des  imitations  de  l'architecture  ogivale  normande. 
Il  mourut  à  Washington  en  1874,  après  avoir  construit  un 
grand  nombre  d'écoles,  d'usines  et  de  maisons  particulières  à 
Boston. 

C'est  en  parcourant  les  Étals-Unis,  et  se  trouvant  à  Mobile 
comme  tâcheron,  que  IsaïahRogers  prit  part  au  concours  ouvert 
pour  l'édification  d'un  Ihéàti-e  dans  cette  ville  et  vit  ses  plans 
adoptés.  Né  le  17  août  1800,  à  Marshfield  (Massachusetts),  il 
avait  simplement  fait  son  apprentissage  de  charpentier-construc- 
teur ;  mais,  ayant  une  vocation  décidée  pour  l'architecture,  il 
consacrait  tous  ses  loisirs  à  l'étude  de  cette  profession.  Revenu  à 
Boston  en  1822,  il  y  fut,  fort  peu  de  temps  d'ailleurs,  le  colla- 
borateur de  Solomon  Willard.  Ses  œuvres  principales,  à  Boston, 
sont  :  la  Bourse  des  marchands,  la  maison  Trémont  et  l'ancien 
théâtre  Trémont.  A  New- York,  c'est  aussi  la  Bourse  des  mar- 


CHAPITRE  XV.  421 

chands  (aujourd'hui  bureau  de  la  douane)  et  la  maison  xVstor 
qu'il  éleva.  A  la  Nouvelle-Orléans,  il  fui  rarchilecle  de  l'hôtel 
Saint-Charles  et  il  restaura  le  Capilole  des  États  d'Ohio.  Attaché 
pendant  la  dernière  partie  de  son  existence  au  département  de 
la  Trésorerie  pour  les  Etals-Unis,  Kogers  est  mort  à  Cincinnati 
(Ohio)  le  10  avril  1861). 

Solomon  Willard,  dont  nous  venons  de  prononcer  le  nom 
comme  celui  de  l'associé  de  Rogers,  était  né  à  Petersham  (Mas- 
sachusetts), le  26  juin  1783,  et  commença,  lui  aussi,  par 
apprendre  le  métier  de  charpentier;  mais  il  ne  tarda  pas  cà  se 
faire  une  véritable  réputation  comme  sculpteur  sur  pierre  et  sur 
bois,  em[)lovant  d'ailleurs  son  talent  à  la  décoration  des  édifices. 
C'est  lui  qui  futl'architecte  du  monument  de  Bunker-Ilillà  Char- 
leslown (aujourd'hui Boston,  Massachusetts)(1825-43),  de  la  Ban- 
que des  Étals-Unis  et  du  tribunal  à  Boston,  du  tribunal  à  Déham 
(Massachusetts)  et  de  la  maison  de  ville  à  Quincy  (Massachusetts).  Il 
dessina  plusieurs  des  monuments  élevés  enl'honneurdes  citoyens 
les  plus  éminenls  des  États-Unis  et  fut  l'auteur  de  plusieurs 
inventions  très  ingénieuses  ;  c'est  ainsi  qu'il  apporta  des  amélio- 
rations dans  la  taille  de  la  pierre  et  commença  à  faire  usage  du 
granit  dans  la  construction  des  édifices  et  dans  le  pavage.  Il 
mourut  à  Quincy  le  27  février  1862  et  on  a  de  lui  des  mémoires 
rédigés  par  William  W.  \\'hoildon  (Boston,  1865). 

L'architecte  de  l'asile  des  fous  à  Northampton  (Massachu- 
setts), du  tribunal  de  Plymouth  et  de  la  prison  d'État  de  Cliar- 
lestown  (partie  de  Boston),  s'appelait  Jonathan  Preston  et  était 
né  à  Beverley  (Massachusetts),  en  1801  ;  ce  fut  lui  qui  éleva  aussi 
avec  son  fils,  dont  le  nom  ne  nous  est  pas  indiqué,  les  bâtiments 
de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Boston  et  Rogers  house, 
institut  de  technologie  du  Massaciiusetts,  à  Boston.  Preston  fut 
le  collaborateur  d'Edwards  C.  Cabot,  dans  la  construction  du 
théâtre  de  cette  ville,  qui  eut  lieu  en  18oi  et  y  mourut  en  1888. 

Richard  Upjohn  naquit  en  Angleterre,  à  Shaftesbury,  le 
22  janvier  1802  et  avait  fait  son  apprentissage  chez  un  ébéniste 
qui  était  en  même  temps  constructeur,  mais  il  ne  fit  ses  études 
d'archilecture  que  dans  l'alelier  d'Alexander  Parris,  à  Boston, 
où  il  était  entré  vers  1829.  il  fut  l'architecte  de  l'église  Saint- 
Jean,  à  Bangor  (Maine),  une  de  ses  premières  œuvres;  de  l'église 
de  la  Trinité  complétée  en  1846,  des  églises  Saint-Thomas,  de 


422  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

l'Ascension  et  de  la  Sainte-Communion,  ainsi  que  de  la  chapelle 
de  la  Trinité,  tous  ces  édifices  à  New-York.  Il  donna  aussi  les 
plans  de  Grâce  church,  de  Christ  church,  de  l'église  dos  Pèle- 
rins à  Brooklyn  (New- York),  ainsi  que  des  brdiments  de  la  Tri- 
nité el  de  la  «  banque  du  marché  aux  blés» ,  à  New-York  uième. 
Cette  église  de  la  Trinité  est  considérée  comme  le  chef-d'œuvie 
d'Upjohn,  mais  il  donna  aussi  les  plans  d'une  quantité  d'édifices 
religieux,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  dansles  Etats  de  l'Est, 
la  cathédrale  de  Bangor  même,  l'église  S'  Paula  (Baltimore),  et  la 
chapelle  du  collège  Bowdoin,  à  Brunswick  même.  Outre  les  édi- 
fices qu'on  vient  d'énumérer,  Upjohn  construisit  aussi  quelques 
fabriques,  beaucoup  d'hôtels  de  ville  et  de  salles  d'asseuililées 
cantonales,  des  tomheaux  et  des  monuments  commémoralifs, 
ainsi  que  la  bibliothèque  de  l'université  deBrown,  à  Providence 
(Bhode-Island),  édifices  de  caractère  ecclésiastique  avec  une  cer- 
taine tendance  au  style  ogival.  Il  fut  le  premier  président  de 
l'Institut  des  architectes  américains,  situation  qu'il  occupa  avec 
honneur  de  1857  à  1876,  et  membre  honoraire  del'Iustilut  des 
architectes  britanniques.  11  mourut  à  Garissons  (New-York),  le 
16  août  1878. 

Le  lecteur  se  rappelle  le  nom  d'Ithiel  Town,  l'auteur  de  l'ou- 
vrage School  House  archUeclure.  En  1829,  Town  forma  un  éta- 
blissement pour  l'enseignement  de  l'architecture  pratique  et  le 
tracé  des  jardins  anglais,  et  s'associa  à  un  de  ses  confrères, 
Andrew  Jackson  Davis,  né  à  New-York  le  24  juillet  1803, 
fils  d'un  éditeur  de  cette  ville.  C'est  avec  le  peintre  John  Trum- 
buU  qu'il  étudia  le  dessin  el  l'architecture;  aussi  ouvrit-il, 
eu  1826,  un  établissement  pour  l'exécution  des  dessins  d'archi- 
tecture et  d'illustrations  pour  un  certain  nombre  d'ouvrages, 
auxquels  il  ajouta  des  lithographies  et  les  esquisses  des  prin- 
cipaux édifices  de  Boston  et  New-York  qui  ont  été  publiés  dans 
la  suite.  Ses  œuvres  principales  comme  arcbitecle,  et  dans 
lesquelles  il  se  montra  également  dessinateur  paysagiste,  sont 
l'université  de  Michigan,  Arm  Aj-bor,  dans  le  même  État,  et  le 
parc  de  Llewellyn,  dans  le  New-Jersey.  On  lui  doit  aussi  les 
plans  de  l'ancien  Capitole  des  États  de  Connecticut,  d'Indiana 
et  de  la  Caroliue  du  Nord,  de  l'asile  des  aliénés,  dans  l'île  de 
Blackwell  (New-York),  de  celui  de  Baleigh  (Caroline  du  Nord), 
de  l'université  dans  la  ville  de  New-York  et  d'une  infinité  d'autres 


CHAPITRE  XV.  -'r23 

«5di(ices  publics  et  privés.  Davis,  qui  vient  de  mourir  à  Llewellyn 
Park,  le  \i  janvier  1892,  était  l'un  des  fondateurs  de  l'Institut 
des  architocles  américains  et  fut  le  secrétaire  de  la  société  qui 
est  devenue,  de  notre  temps,  l'Académie  nationale  de  dessin. 

M.  William  Warren  Boyington  naquit  à  SoulhwicU  (Massa- 
cluiselts),  le  22  juillet  1818.  Son  père,  John  Boyington,  était 
maître  maçon,  mais  construisant  sur  ses  propres  plans.  Tout  en 
faisant  son  apprentissage  chez  un  charpentier,  le  jeune  Boying- 
ton suivait  les  cours  d'architecture  du  professeur  Slow,  de  New- 
York  et  de  Chauncy  Shepherd,  du  Massachusetts.  C'est  vers  I8i8 
qu'il  commença  l'exercice  de  sa  profession  et,  parmi  ses  premiers 
travaux,  nous  mentionnerons  la  chambre  de  commerce  de  Chi- 
cago (en  style  gothique  moderne),  qui  coûta  1,700,000  dollars, 
leshàtimentsdelaCompagnie  royale  d'assurances  (en  style  roman) 
dont  la  construction  s'éleva  à  750,000  dollars,  l'hôlel  du  Grand- 
Pacifique  (en  style  italien),  tous  à  Chicago;  l'hôtel  Windsor 
(Henaissance  italienne),  coût  800,000  dollars,  à  Montréal  (Ca- 
nada) ;  à  Chicago,  la  distribution  et  le  réservoir  des  eaux 
auquel  M.  Boyington  donna  la  forme  d'un  château  gothique  ; 
la  gare  du  chemin  de  fer  de  la  compagnie  «  l'Union  »,  pour 
Chicago,  Rook-Island  et  le  Pacifique  ;  celles  des  compagnies  du 
chemin  de  fer  du  Sud-Ouest,  pour  Lake-Shore  et  Michigan  ;  la 
gare  du  chemin  de  fer  Nord-Ouest,  à  Chicago  ;  les  docks  du  che- 
min de  fer  de  l'Union  pour  Cincinnati,  Grand-Columbus  et  Ohio 
qui  ont  quatorze  étages  et  ont  coûté  un  million  de  dollars  ;  enfin, 
les  bâtiments,  à  Chicago  (Exposition  universelle  de  1893),  de 
l'État  de  l'Illinois,  qui  ont  coûté  2.')0,000  dollars. 

Né  à  Lyme  (New-Hampshire),  en  1801  et  mort  à  Boston  en 
1890,  William  Washburn  commença  par  être  enirepreneur, 
mais,  peu  à  peu,  il  laissa  la  consfruclion  pour  se  donner  tout 
entier  à  rarcliileclure.  C'est  surtout  h  Boston  qu'il  pratiqua  sa 
nouvelle  profession  et  il  y  dressa  les  plans  d'un  grand  nombre 
d'édifices  publics  et  de  maisons  particulières,  parmi  lesquels 
beaucoup  de  vieux  hôtels,  tels  que  la  maison  Bcvère,  la  maison 
Américaine,  etc.,  puis  Tremont  Temple  (un  Hall  public)  et  la 
salle  de  ville  à  Charlestnwn  (maintenant,  nous  l'avons  déjà  dit, 
annexée  à  Boston),  ^^'asllburn  fut  aussi  l'archiiecle  de  l'hôlel 
de  la  C.inquième  Avenue,  h  New-York. 

John  M.  Van  Osdel  était,  lui,  fils  d'un  architecte  et,  malgré 


424  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   ŒUVRES. 

son  nom  hollandais,  né  à  Baltimore  (Alaryland),  le  31  juillet  1811. 
Il  apprit  la  pratique  en  même  temps  que  la  lliéorie  de  la  cons- 
truction, en  travaillant  comme  ouvrier  charpentier  à  quelques- 
uns  des  bâtiments  dont  son  père  était  l'architecte  et,  plus  tard, 
il  s'établit  comme  entrepreneur  [coiitractor)  dans  la  ville  de 
New- York.  Mais,  en  1830,  les  circonstances  l'amenèrent  à 
Chicago  qui  était  alors  une  petite  ville  de  fondation  récente 
et,  où  il  ouvrit  le  premier  cabinet  d'architecte  qui  y  eût  été 
fondé.  Après  cinq  années  à  peine  de  séjour  dans  celte  ville,  il 
était  honoré  de  tous  et  recherché  entre  tous  ceux  qui  y  exer- 
çaient la  profession.  La  période  la  plus  active  de  sa  carrière, 
fut  celle  qui  s'écoula  entre  sa  soixante  et  sa  soixante-dixième 
année,  Chicago  ayant  dû  être  rebâti  en  entier,  après  sa  destruc- 
tion tolale  par  le  feu  en  1871.  Naturellement,  ce  fut  à  la 
construction  des  maisons  de  commerce  que  Van  Osdel  con- 
sacra la  plus  grande  partie  de  son  talent  et  de  sa  vie;  cepen- 
dant, parmi  ses  nombreuses  conslruclions,  quelques-unes 
eurent  presque  le  caractère  d'édifices  publics,  par  exemple 
ces  immenses  citées  ouvrières  :  la  «  Palmer  House  »  et  la 
«  Tremonl  House  »  à  Chicago,  ainsi  que  les  bâtiments  de 
l'Oriental  cl  les  bàliments  des  universités  à  Champaigne,  on  Illi- 
nois, et  à  Litlle-Rock  (Arkansas).  Van  Osdel  est  mort  à  Chicago 
à  la  fin  de  décembre  1891. 

Comme  les  précédents,  M.  Stephen  Decatur  Button,  né  à 
Preston  (Connecticut),  le  3  juin  1813,  avait  appris  le  métier  de 
charpentier,  avant  d'être  le  commis  d'un  architecte  de  la  ville 
de  New- York.  Il  a  donné  les  plans  d'une  multitude  de  banques, 
d'hôtels,  de  gares  de  chemins  de  fer,  d'écoles,  de  prisons, 
d'hôpitaux,  de  maisons  de  charité,  dans  toutes  les  villes  des 
États-Unis;  mais  ses  œuvres  principales  furent  la  Banque  d'Élat 
à  Montgomery,  le  collège  agronomique  d'agriculture  du  gou- 
vernement à  Auburn,  tous  deux  État  d'Alabama,  le  tribunal  et 
la  maison  des  fous  à  Geltysburg  (Pensylvanie),  le  théâtre  de 
Chesniit  sireet,  l'institut  du  Jardin  du  printemps  et  quelques 
églises  à  Philadelphie,  l'asile  des  aliénés  de  l'État  de  Delaware, 
la  salle  de  ville  et  sept  églises  à  Camden  (New-Jersey).  M.  Button 
exerce  encore  aujourd'hui  la  profession  d'architecte. 

Thomas  Ustich  Walter  était  né  à  Philadelphie,  le  4  sep- 
tembre 1804,  et  ayant  choisi,   dès  sa  jeunesse,  la   carrière  de 


CHAPITRE  XV.  425 

l'arcliilcotiire,  était  entré  dans  l'atelier  de  Stricldand,  dont  on  a  lu 
])lus  liant  la  biojiraphie.  Il  commença  la  pratique  de  son  art  en 
1830  et  eut  à  construire,  pour  son  début,  la  prison  de  comté  de 
Philadelphie,  commencée  en  1831.  Deux  ans  après,  il  remportait 
le  premier  prix  dans  le  concours  ouvert  pour  l'érection  du 
collège  Girard,  à  Philadelphie,  qu'il  exécuta  avec  un  rare  bon- 
heur. En  18ol,  il  propose  un  plan  pour  l'agrandissement  du 
Capilole  à  Washington;  ce  plan  est  adopté  et  les  travaux,  com- 
prenant le  magnifique  dôme  qu'il  ajouta  à  la  construction  pri- 
mitive, étaient  achevés  en  1807,  attachant  éternellement  le 
nom  de  l'architecte  aux  deux  plus  brillants  spécimens  de  l'ar- 
cliitecture  classique  que  puisse  offrir  l'Amérique.  On  sait  que 
la  nouvelle  Cliambre  des  représentants  passe  pour  une  des  plus 
vastes  du  monde,  ayant  47  mètres  de  longueur  sur  32  mètres 
de  large  et  13  mètres  de  hauteur.  A  Washington  encore,  Walter 
donna  le  plan  des  agrandissements  à  faire  au  Trésor,  aux 
bureaux  des  brevets  d'invention,  aux  bureaux  de  postes  et  à 
l'hùpital  du  Gouvernement  pour  les  aliénés.  Parmi  ses  autres 
travaux,  nous  citerons  la  salle  Saint-George  à  Philadelphie  et 
la  digue  de  l'Aguayra  pour  le  gouvernement  de  Venezuela.  De 
plus,  il  fut  l'associé  de  Mac  .\rthur  dans  la  construction  de  la 
nouvelle  salle  de  ville  à  Philadelphie.  Walter  était  professeur 
d'architecture  à  l'Institut  Franklin,  dans  cette  dernière  cité,  et 
second  président  de  l'Institut  des  architectes  américains, 
fonction  qu'il  conserva  jusqu'au  moment  de  sa  mort,  arrivée 
à  Philadelphie  le  30  octobre  1887.  Waitei-  avait  pris  ses  grades 
de  docteur  à  l'Université  d'Harvard  en  1837. 

John  Rudolph  Niernsee  était  né  à  Vienne  (Autriche),  en 
181  i.  Fils  d'un  général  au  service  de  l'Autriche,  il  avait  appris 
l'architecture  dans  les  ateliers  de  Kranner,  de  Prague,  et  de 
Schinkel,  de  Berlin,  avant  de  venir  aux  Etats-Unis,  ce  qu'il  fit 
en  1837.  Là,  il  fut  engagé  par  le  gouvernement  comme  ingénieur 
civil  cl  se  donna  tout  entier  alors  à  la  pratique  de  l'architecture  ; 
il  fut  chargé  par  l'État  de  la  Caroline  du  Sud  d'ériger  la  nou- 
velle maison  d'État  à  Colombia,  mais  la  construction  n'en  était 
pas  encore  achevée  lorsque  éclata  la  guerre  civile  qui  la 
suspendit  complètement,  et  ce  qui  en  existait  déjà  fut  brûlé 
par  les  troupes  du  général  Sherman  en  18Go.  Plusieurs  années 
après,  on  pria  Niernsee  de  faire  une  réédification  de  son  œuvre, 


426  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  OEUVRES. 

lorsque  la  mort  vint  le  frapper  le  7  juin  1888.  11  élait 
architecte  consultant  de  l'hôpital  John  llopkins  à  Baltimore 
(Maryland)  et  de  l'asile  des  orphelins  de  couleur  fondé  par  le 
même  Hopkins;  ce  fut  lui  qui  dressa  les  plans  de  l'hôpital  des 
aliénés  du  Maryland,  du  cUih  des  marchands,  de  la  Bourse  aux 
blés  et  de  l'Académie  de  musique,  tous  ces  édifices  dans  la  même 
ville  de  Baltimore.  Il  servit  dans  l'armée  des  Confédérés  pen- 
dant la  guerre  civile,  fut  membre  correspondant  de  l'Institut 
des  architectes  et  ingénieurs  autrichiens  et,  en  1868,  nommé 
commissaire  des  États-Unis  près  l'exposition  universelle  de 
Vienne.  Après  la  mort  de  Niernsee,  son  fils  Franck,  archi- 
tecte et  ingénieur,  donna  les  plans  de  l'Opéra  à  la  Lyncbburg 
(Virginie)  et  à  Chester  dans  la  Caroline  du  Sud;  après  avoir 
exécuté  tous  les  travaux  de  distribution  des  eaux  dans  la 
ville  de  Colombia,  il  a  reçu  la  mission  d'achever  la  maison 
d'Étal  pour  la  Caroline  du  Sud. 

James  Kenwick  est  né  h  New-York  même,  en  1818,  et  ce 
fui  son  père,  qui  était  professeur  de  mécanique,  de  chimie  et 
do  philosophie  naturelle  au  collège  de  Colombie  dans  celte 
ville,  qui  lui  donna  les  premières  notions  de  mathématiques.  Il 
commença  à  exercer  sa  profession  en  1841  et  fui  membre  des 
associations  Renwick  et  Sands,  —  Renwick,  Auchnilz  et  Sands, 
—  Renwick,  Aspinwall  et  Renwick.  Il  fut  l'architecte  du  conseil 
des  commissaires  pour  les  maisons  d'assistance  publique  et  de 
correction  de  la  ville  de  New-York.  Parmi  ses  œuvres  principales, 
on  peut  citer  l'église  de  Grâce,  slyle  gothique  priniilif  anglais, 
ayant  coulé  200,000  dollars,  à  New-York,  la  cathédrale  catho- 
lique romaine  de  S'  Patrik  (ogival  surbaissé,  ayant  coîilé 
2,500,000  dollars),  à  Poughkeepsie,  le  collège  de  filles  de  Vassar 
(slyle  Renaissance,  ayant  coûté  250,000  dollars),  à  New-York, 
riiôpilal  de  la  Charité  (style  Renaissance,  ayant  coûté  200,000 
dollars),  dans  l'île  de  Blackwell,  l'asile  des  aliénés  (style  anglais 
golliique,  ayant  coûté  400,000  dollars),  dans  l'île  de  Ward  à 
New-York;  le  workhouse  de  la  ville  de  New-York  (style  go- 
thique, ayant  coûté  250,000  dollars);  l'institution  Smithsoninn 
(slyle  byzantin,  ayant  coulé  300,000  dollars),  à  Washington 
(district  de  Colombie),  la  galerie  des  arts  de  Corcoran  (style 
Renaissance,  ayant  coûté  250,000  dollars)  à  Washinglon;  la 
Bourse  des  fonds  publics  (Renaissance,  coùl  :  250,000  dollars) 


CHAPITRE  XV.  'i^? 

ode  lliéàlre  de  Buotlnslyle  Renaissance,  coùl  :  o.")0,000  dollars), 
ces  deux  t^difices  à  Ncw-Voi-k;  l'Iiôpilal  dos  enfants  tronvos 
(style  Renaissance,  ayant  coiilé  250,000  dollars)  dans  l'île  de 
lîandall,  également  pour  la  ville  de  New-York. 

Quoiqu'il  soit  né  dans  le  comté  de  Chesler  (l'ensylvanie)  le 
7  mars  1815,  Samuel  Sloan  résida  la  plus  grande  partie  de 
sa  vie  à  l'l]iladel|)liie,  où  il  fut  l'arcliilecle  de  l'hôpilal  des  fous 
de  Blookley,  de  la  Loge  maçonnique  et  de  la  Banque  nationale 
de  commerce,  puis  nous  le  trouvons  architecte  de  l'asile  public 
des  aliénés  et  du  Capitule  à  Montgommery  (Alabama).  Sloan  qui 
construisit  aussi  beaucoup  d'hôpitaux,  d'asiles  et  de  maisons 
particulières  aux  États-Unis,  puis  le  palais  du  Gouverneur  dans 
la  Caroline  du  Nord,  est  mort  à  Haleigh  (Caroline  du  Nord), 
le  19  juillet  1884,  après  avoir  publié  :  Y  Architecture  modèle 
(I80O-I8.5I),  VArchitecliire  des  villes  et  des  faubourgs  (1859), 
Architecture  et  construction  (1859),  \ Architecture  des  intérieurs 
et  des  dessins  pour  des  bâtiments  de  fermes  (1801).  11  fut  direc- 
teur de  \a.  Revue  de  t architecture,  commencée  en  1869. 

Les  deux  Hatfield,  R.  G.  et  Olivier  P.,  très  occupés  dans  la 
ville  de  New-York  et  très  estimés  de  leurs  confrères,  à  cause  de 
leur  caractère  personnel,  furent  plutôt  dos  entrepreneurs  que  de 
véritables  architectes.  H.  G.  llallield  était  né  à  Élizabeth  (New- 
Jersey)  en  1815  et,  comme  il  avait  été  charpentier  dans  sa 
jeunesse,  son  attention,  pendant  toute  sa  carrière  d'architecte, 
fut  plutôt  portée  sur  le  choix  et  l'emploi  des  matériaux  de 
construction;  il  en  est  résulté  que  toutes  ses  constructions  (et  il 
en  a  érigé  un  bon  nombre  à  New-York),  sont  beaucoup  plus  re- 
marquables par  leur  solidité  que  par  leurs  qualités  artistiques. 
.\Lus  il  élait  si  versé  dans  la  science  de  la  construction,  qu'il  se 
lit  une  situation  exceptionnelle  parmi  ses  confrères  qui  n'hési- 
taient pas,  en  tonte  circonstance,  à  lui  demander  ses  avis.  Parmi 
los  dessins  et  les  plans  qu'il  a  signés,  il  y  a  lieu  de  citer  celui  du 
grand  comble  dos  magasins  du  Grand  Central  railway  à  New- 
York.  Il  fut  un  des  fondateurs  de  l'Institut  des  architecles  amé- 
ricains et  en  resta  le  trésorier,  jusqu'à  sa  mort.  Haltleld  l'aîné 
est  mort  à  Brooklyn  (État  de  New- York),  en  février  1879,  laissant 
deux  ouvrages  :  le  Charpentier  de  la  maison  américaine  et  Théo- 
rie des  forces  obliques,  qui  sont  deux  livres  d'une  réelle  valeur. 
Olivier    llallield,    né    vers    1819    et    mort    à    New-York,    en 


428  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS   ŒUVRES. 

avril  1891,  fui  pendant  toute  sa  vie  l'associé  de  son  frère  aine, 
et  tous  les  travaux  qu'il  fit  sont  à  New-York.  Comme  l\.  G.  Hat- 
field,  auquel  il  succéda  en  qualité  de  trésorier  de  l'Institut  des 
architectes  américains,  il  dut  l'autorité  dont  il  jouissait  beau- 
coup plus  à  la  noblesse  de  son  caractère  qu'à  son  talent  pro- 
fessionnel. 

Gridley  James  Fox  Bryant,  né  à  Boston  en  181G,  fui,  au 
contraire,  un  des  artistes  les  plus  éminents  des  Étals-Unis, 
comme  son  père,  Gridley  Bryant,  en  fut  l'un  des  premiers  ingé- 
nieurs. Élève  d'Alexandre  Parris,  il  se  lança  dans  les  affaires 
fort  jeune  encore  el,  pendant  une  vie  fort  longue  et  fort  occu- 
pée, puisqu'il  n'a  cessé  de  vivre  qu'en  1892,  il  a  été  l'auteur  ou 
l'inspecteur  d'un  nombre  énorme  de  travaux.  Les  plus  remar- 
quables auxquels  on  doit  donner  nne  menlion  spéciale  sont  : 
l'hôtel  de  ville  (1865),  et  l'église  d'Arlinglon  streel  à  Boston 
(avec  la  collaboration  toutefois  d'Arthur  Gilman),  l'hôpital  de 
la  ville,  la  prison  de  Charles  streel,  l'ancienne  gare  de  Colony, 
le  Parker  bouse  (liôlel  de  voyageurs)  et  le  greffe  des  contrats 
de  construction  pour  le  comlé  de  Suffolk.  A  Boston,  il  a  con- 
struit le  Block  Stale  streel,  le  bureau  des  postes  et  plusieurs 
autres  édilices  du  gouvernement,  puis  de  nombreuses  églises, 
des  écoles  et  des  maisons  particulières. 

Aux  noms  de  Latrobe  et  de  Walter,  les  deuK  architectes  du 
Capitule  de  Washington,  il  est  jusle  de  joindre  celui  d'un  ingé- 
nieur-architecte auquel  fut  confiée,  en  1851,  la  surveillance 
suprême  des  travaux  d'édification  du  dôme  en  fer  conçu  par 
Waller  et  de  deux  ailes  ajoutées  au  corps  de  bàlimenl  primi- 
tif. Il  s'appelait  Montgomery  Cunningham  Meigs  et  était  né 
à  Augusta  (Géorgie),  le  3  mai  1816.  Fils  d'un  docteur  éminent,  il 
fit  ses  études  à  l'université  de  Pensylvanie  et  à  l'académie  mili- 
laire  des  États-tJnis.  11  rejoignit  le  corps  des  ingénieurs  en  1837 
et  y  fut  occupé  à  des  travaux  d'art  jusqu'en  1832,  époque  à 
laquelle  il  vint  à  Washington,  où  il  fut  chargé  de  dresser  les 
plans  et  d'établir  la  construction  de  l'aqueduc  du  Polomac 
(le  fameux  pont  Cabin  John,  qui  présente  les  arches  les  plus 
vastes  du  monde,  fait  partie  de  cet  aqueduc).  Outre  ses  travaux 
au  Capitole,  Washington  doit  à  Meigs  les  annexes  du  bureau 
central  des  postes.  Il  servit,  en  qualité  de  quartior-maître 
général,    pendant  la   guerre    civile,   mais    abandonna   l'armée 


CHAPITHE  XV.  -i^g 

définilivoment  en  1 882.  Architecle  du  bureau  des  pensions  achevé 
en  1887  et  du  nouveau  Muséum  national,  à  Washington  (1876), 
il  fut  nommé  membre  du  conseil  établi  près  du  département 
de  la  guerre  pour  la  préparalion  des  plans  des  constructions 
alTérentfs  à  ce  déparlement,  et  il  mourut  le  2  janvier  1892. 

Edward  C.  Cabot  est  né  à  Boston  (Massacbuselts)  en  1818. 
Sa  grande  notoriété  vient  surtout  de  ce  que  pendant  sa  très  lon- 
gue carrière  il  a  été  regardé  par  tous  ses  confrères  comme  le 
doyen  de  la  profession  en  même  temps  que  le  conseiller  aimable 
et  adoré  de  tous  les  jeunes  architectes. 

Un  témoignage  de  celte  profonde  estime  est  son  élection  à  la 
présidence  de  la  Société  des  architectes  de  Boston,  qu'il  a  con- 
servée depuis  sa  fondation  en  18G7,elsa  nomination  de  membre 
de  toutes  les  commissions  en  matière  d'art  qui  se  sont  formées 
dans  celle  ville.  Et  pourtant,  M.  Cabot  fut  obligé,  alors  qu'il 
n'y  avait  point  d'écoles  d'architecture  dans  le  pays  et  fort  peu 
d'arcbilectes,  d'étudier  son  art  dans  les  livres,  et  de  compléter 
son  éducation  imparfaite  par  un  voyage  en  Europe.  C'est  à 
Boston  qu'il  s'établit  en  1846  et,  parmi  ses  travaux  les  plus  iui- 
portants,  il  y  a  lieu  de  citer  1'  <(  Albeneum  »  elle  théâtre,  ainsi  que 
le  dispensaire  Ysatier  pour  les  maladies  d'yeux  et  d'oreilles  du 
Massachusetts,  à  Boston.  Son  association  avec  M.  Fr.  W. 
Chandler  a  produit  la  plus  grande  partie  du  bàliment  de  l'hôpital 
John  Hopkims  à  Baltimore  (Maryland). 

Un  de  ses  élevés,  fils  d'un  jurisconsulte,  M.  William  P.  P. 
Longfellow,  né  à  Portland  (Maine)  le  25  octobre  1836,  fut  quel- 
que temps  architecte  du  département  des  finances,  aux  Etats- 
Unis,  et  est  professeur  adjoint  de  dessin  d'archilecture  à  l'In- 
stitut technologique  du  Massachusetts,  mais  il  consacre  presque 
tous  ses  instants  à  la  critique  d'art  dans  le  journal  American 
Archilect  and  BuildJnfj  News  et  prépare  aujourd'hui  une  vaste 
encyclopédie  d'architecture,  de  telle  sorte  qu'il  a  abandonné 
complètement  l'exercice  de  sa  profession. 

Detlef  Lienau  était  un  Allemand,  né  à  Uelersen,  dans  le 
Holstein,  en  1818,  mais  qui  avait  fait  ses  éludes  d'architecture 
à  la  fois  en  Allemagne  et  à  Paris,  où  il  demeura  quelque  temps 
dans  l'atelier  de  Labrouste.  Vers  1848,  il  commença  à  prati- 
quer l'architecture  dans  son  pays,  mais  après  deux  années  de 
séjour  en  Allemagne,  il  vint  s'établir  aux  Élals-Unis,  dans  la 


■430  LES   AHCIIITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

ville  de  New-York,  où  il  demeura  jusqu'à  sa  rnorl,  anivéo  le 
28  août  1887.  Ses  principales  œuvres  aux  États-Unis  sont  :  la 
salle  Sainte-Marie  à  Burlington  (New-Jersey),  l'Acadéinie  dos 
sciences  et  arts  Telfair  à  Savannah  (Géorgie),  Grâce  cliurcli  dans 
la  ville  de  Jersey  et  le  Panorama  à  New-York.  11  fut  aussi  l'ar- 
cliitecte  de  maisons  parliculières  importantes  dans  ces  deux 
villes  ainsi  que  dans  la  ville  de  Newporl  (Hliode-Island). 

Hammatt  Billings  (Mail  né  à  Boston,  en  1819,  et  dans  sa  jeu- 
nesse élait  graveur  sur  bois  ;  il  étudia  rarcliitecture  avec  Ammé 
B.  Young.  Ses  principaux  travaux  ont  été  les  premiers  bàtimenis 
de  l'Association  charitable  des  mécaniciens  du  Massachusetts, 
l'église  Mélhodisle  de  Tremont  street,  la  seconde  église  des  Uni- 
tariens  et  le  hall  des  Old  Fellows,  tous  ces  édifices  dans  sa  ville 
natale,  et  la  plus  grande  partie  des  constructions  du  ^^'ellesley 
collège,  achevé  en  1875,  à  Wellesley  (Massachusetts).  Il  dessina 
également  le  buffet  du  grand  orgue  (un  des  plus  complets  du 
monde  entier)  qui  se  trouvait  autrefois  dans  le  Music  hall,  à 
Boslon,  le  monument  des  Pèlerins,  à  Plymoutli,  et  le  monument 
de  Standish,  à  Duxbury  (Massachusetts).  Auteur  d'illustrations 
très  appréciées  des  éditeurs  des  Etats-Unis,  il  mourut  à  New- 
York,  le  14  novembre  1874. 

Ce  n'est  pas  la  nécessité  de  prendre  une  profession  lucrative, 
qui  fit  do  John  H.  Sturgis  un  architecte  distingué;  fils  d'un  ri- 
che banquier  américain,  résident  à  Londres,  il  s'adonna  au  tra- 
vail avec  énergie  et,  dans  son  association  avec  Charles  Brigham, 
il  donna  les  plans  d'un  nombre  considérable  d'édifices  très 
coûteux  et  très  remarqués  et  de  plus  de  cent  maisons  parliculières 
ou  d'hôtels  à  loyers  élevés  à  Boston,  où  il  avait  son  cabinet,  ainsi 
que  dans  les  villes  des  environs.  Les  plus  importants  des  édi- 
fices publics  dont  il  fut  l'architecte  sont  le  Musée  des  beaux- 
arts,  le  club  de  l'association  «  des  jeunes  chrétiens  »  et  l'église  de 
l'A  vent,  à  Boston,  puis  les  tribunaux  de  Chicago.  Le  style  vers 
lequel  se  portèrent  les  préférences  de  Sturgis  est  l'ogival  anglais 
moderne,  qui  lui  était  plus  familier,  grâce  d'abord  aux  éludes 
qu'il  avait  faites,  puis  à  ses  relations  suivies  avec  les  architectes 
anglais.  11  est  mort  d'ailleurs  en  .\ngleterre,  où  il  s'était  rendu, 
pour   raisons  de  sanlé,  à  S'-Leonard-on-Sea,  en  février    1888. 

Les  parents  de  M.  Napoléon  Le  Brun,  Français  d'origine, 
ainsi  que  l'indique  leur  nom,  avaient  émigré  aux  Etats-Unis  à  la 


CHAPITHI-:   XV.  S31 

lin  du  siècle  dernier  el  le  jeune  Napoléon,  né  ù  IMiilculelpliic 
(Pcnsylvanie),le  2  janvier  1821,  avait  étudié  l'architecture  dans 
l'alelierde  Thomas  U.  Walter.  De  1842  à  1846,  il  fut  absorbé 
par  des  travaux  particuliers;  mais,  de  1840  à  1 86  i,  nous  le  voyons 
occupéàlaconstruclion  delà  cathédrale  de  Philadelphie,  de  style 
roman,  sous  le  vocable  des  SS.  Pierre  et  Paul,  puis  de  l'Aca- 
démie de  musique,  dans  la  môme  ville,  qui  coula  350,000  dol- 
lars (1855-1859),  de  la  Loge  franc-maçonique  de  New-York,  en 
style  Renaissance,  qui  coûta  1,500,000  dollars  (1870-1874), 
des  bâtiments  delà  compagnie  métropolilaine  d'assurances  sur 
la  vie,  dans  la  même  ville.  Ce  dernier  édifice,  imitation  des  palais 
de  la  Renaissance  ilalienne,  fut  construit  de  1890  à  1892  et  la 
somme  dépensée  à  sa  construclion  dépassa  2  millions  de  dol- 
lars. M.  Le  Brun  qui  s'est  associé  depuis  quelque  temps  ses  deux 
fils  :  Pierre  L.  et  Michel  L.  Le  Brun,  est  membre  de  l'Institut 
des  architectes  américains  et,  depuis  neuf  années,  fait  partie  du 
bureau  de  cet  institut. 

Français  également  d'origine  était  A. -H.  Piequenard,  décédé 
à  Springlield  (Illinois),  le  22  novembre  1876,  à  l'âge  d'environ 
cinquante  ans,  dont  il  passa  la  moitié  aux  États-Unis.  Il  a  atta- 
ché son  nom  à  l'église  Saint-Louis  (Missouri),  à  laquelle  il  tra- 
vailla; mais  ses  œuvres  capitales  sont  le  Capifole  d'État,  à  Des 
Moines  (lowa),  et  celui  de  Sprinfield  (Illinois),  dans  la  construc- 
tion duquel  il  eut  un  associé^  M.  J.  C.  Cochrane,  dont  nous  par- 
lerons tout  à  l'heure, 

Arthur  Gilman  était  né  à  Newburyport  (Massachusetts),  le 
5  novembre  1821  et  avait  fait  ses  premières  études  au  Trinily 
Collège  d'Hartford  (Connecticut).  Dès  1844  il  se  faisait  connaître 
par  la  publicalion,  dans  la  revue  Nord-Ainérirjiie,  d'un  article 
sur  l'archileclure  américaine,  dans  lequel  il  faisait  une  charge  à 
fond  contre  le  dassïque  grec  alors  en  granti  honneur  aux  Etats- 
Unis  et  prédisait  sa  déchéance  procbaine  comme  conséquence 
du  mouvement  qui  se  produisait  en  faveur  d'un  retour  à  rarclii- 
tecture  ogivale.  Cet  article  attira  l'altenlion,  tant  aux  États-Unis 
qu'en  Europe  où  il  avait  été  traduit  eu  plusieurs  langues  et,  peu 
après,  Gilman  fut  invité  à  faire  difVérenI es  conférences  sur  ce  su- 
jet, à  l'Institut  Lowel,  à  Boston;  après  quoi  il  alla  perfectionner 
ses  éludes  à  l'étranger.  Dès  son  retour,  à  Boston  d'abord  et  à 
New-York  ensuite,  il  se  trouva  à  la  tète  de  travaux  fort  impor- 


432  LES   ARCHITECTES  PAK  LEURS   OEUVRES. 

tants;  c'est  ainsi  que  dans  la  première  de  ces  deux  villes,  il  éleva 
les  bureaux  de  la  Société  d'assurances  sur  la  vie  '<  l'Équitable  »  , 
pendant  qu'avec  la  collaboration  de  J.  F.  Bryaul,  il  était  l'ar- 
chitecte de  l'hôtel  de  ville  et  de  l'église  d'Arlington  street;  à 
New-York  il  élevait  aussi  pour  la  société  que  nous  venons  de  dé- 
signer, mais  avecla  collaboration  d'Edward  H.  Kendall,  une  très 
importante  construction  et,  dans  le  même  État  de  New- York,  à 
Cliflon  (Slaten-Island),  une  église.  Nous  ne  terminerons  pas  la 
biographie  de  Gilman  sans  rappeler  son  plaidoyer  éloquent  pour 
rattacher  à  Boston  le  district  de  «  Back  Bay  »,  dont  la  réunion 
a  eu  pour  résultat  considérable  la  création  de  l'avenue  de  Com- 
monwealtli.  Ajoutons  qu'il  mourut  à  Syracuse  (Etal  de  New- 
York),  le  11  juillet  1882. 

Le  nouvel  hôtel  de  ville  de  Philadelphie  commencé  en  1874, 
l'un  de  ceux  pour  lesquels  on  a  le  plus  dépensé  aux  États-Unis, 
et  qui  n'a  pas  demandé  moins  de  vingt  années  de  construction, 
est  l'œuvre  d'un  architecle  écossais  d'origine,  venu  en  Améri- 
que à  peine  âgé  de  dix  ans  :  John  Mac  Arthur,  né  à  Blodenoch, 
le  13  mai  1823.  Il  était  apprenti  charpentier,  mais  pendant  ses 
loisirs,  il  dessinait  et  étudiait  les  principes  de  l'architecture  et 
devint  le  contre-maître  de  son  oncle,  alors  chargé  de  la  cons- 
truction de  l'hôpital  de  Pensylvanie,  à  Philadelphie.  Aussi  en 
1848,  était-il  nommé  architecle  et  inspecteur  des  travaux  de  la 
nouvelle  Maison  de  refuge  de  Philadelphie.  C'est  à  la  suite  d'un 
concours  qu'il  obtint  d'en  élever  l'hôtel  de  ville,  ainsi  qu'on 
vient  de  le  dire,  puis  l'hôtel  des  Postes;  mais  il  refusa  l'emploi 
d'architecte  inspecteur  pour  le  gouvernement  des  États-Unis 
d'Amérique.  Il  préféra  se  livrer  à  de  nombreux  travaux,  parmi 
lesquels  nous  devons  mentionner  les  hôpitaux  maritimes  de 
Philadelphie,  d'Annapolis  (Maryland)  et  de  Mare  Island  (Cali- 
fornie), l'asile  général  des  aliénés  à  Danville  et  à  Waren 
(Pensylvanie),  le  Collège  La  Fayette  à  Easton,  dans  le  même  État, 
les  hôtels  Lafayelle,  Girard  et  de  la  Colonnade,  à  Philadelphie, 
les  bureaux  de  la  Dette  publique,  la  première  Banque  nationale, 
la  Salle  des  Assemblées  et  l'église  des  Presbytériens  de  Broad 
street,  puis  les  diverses  maisons  de  George  W.  Cliilds,  tant  dans 
cette  ville  que  dans  les  environs  et  il  mourut  en  janvier  1890. 

Edwin  May,  qui  mourut  à  .lacksonville  (Floride)  le  27  fé- 
vrier 1880,  âgé  d'environ  cinquante-six  ans,  avait  pratiqué  acli- 


L.   VAUDOYER 


rjlAlMTIlK   .\V.  433 

vcmenl  la  profession  d'archilec^lu  pondanl  viiigl,  ans  à  Indiana- 
polis.  Dans  cet  Étal,  il  a  construit  presque  tous  les  tribunaux, 
loules  les  prisons  et  des  établissements  publics,  parmi  lesquels 
il  y  a  lieu  de  mentionner  particulièrement  la  Northern  Prison 
(1858)  et  le  nouvel  hospice  des  aliénés  (1880);  mais  la  plus  im- 
porlanle  des  œuvres  de  May  fut  le  nouveau  Capilolc  d'indiana- 
polis,  dont  les  travaux  étaient  commencés  au  moment  de  sa 
mort. 

Bohémien  de  naissance,  puisqu'il  naquit  à  Prague,  vers  1823, 
Leopold  Eidlitz  reçut  les  premières  notions  de  Tarchitecture 
dans  les  écoles  polytechniques  de  Prague  et  de  Vienne.  \(i\\n  aux 
États-Unis,  on  ne  sait  à  quelle  époque,  il  ne  s'attacha  pas  parti- 
culièrement à  une  région.  C'est  ainsi  qu'à  New- York,  on  cite  de 
lui  la  Banque  d'Épargne,  le  Dry  Dock  et  le  Temple  Emmanuel, 
tandis  que,  associé  avec  H.  H.  llichardson  dans  l'exécution 
de  la  Chambre  fie  l'État  de  New-York,  à  Albany,  il  fut  l'architecte 
de  la  Chambre  des  représentants  et  de  ses  annexes. 

On  doit  à  son  fils  Cyrus  L  "W.  Eidlitz,  également  architecte, 
la  bibliolhèque  publique  de  Bullalo,  le  Racquet-CIub  à  New- 
York  et  l'hôtel  du  téléphone  dans  la  même  ville. 

Quoique  portant  un  nom  qui  lui  assigne  une  origine  française, 
M.  William  Le  Baron  Jenney  est  né  à  l'airhaven  (Massachu- 
setts) le  2o  septembre  1832,  d'un  armateur,  mais  il  fit  toutes  ses 
études  comme  ingénieur  et  architecte  cà  l'École  centrale  des  aris 
et  manufactures  de  Paris  et  en  sortit  avec  son  diplôme  en  1856. 
A  son  retour  en  Amérique,  il  fut  attaché  comme  ingénieur  en 
chef  à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  deTehuanlepec,  établi  sur 
l'isthme  de  ce  nom,  puis,  arrivant  la  guerre  de  Sécession,  il  fut 
nommé  aide  de  camp,  chargé  du  service  du  génie  dans  l'élat- 
niajor  du  général  U.  Crant.  C'est  ainsi  qu'il  prit  part  aux  sièges 
du  fort  Henry,  du  fort  Donelson  et  à  la  bataille  de  Corinthe. 
Ensuite,  il  servit  dans  l'état-major  du  général  Sherman  :  il  était 
chef  du  corps  du  génie,  dans  la  cinquième  armée,  au  siège  de 
Wicksburg  et  rejoignit  avec  ce  grade  l'armée  du  Tennessee,  La 
guerre  terminée,  il  quitta  l'armée  avec  le  grade  de  major  du 
génie.  Comme  archilectc,  il  a  doté  Chicago  (Illinois)  d'un  cerlain 
nombre  d'édifices  importants  :  l'église  dile  :  Grâce  episcopal 
chur(-h,  le  club  de  la  Ligue  de  l'Union,  les  bâlimenls  de  la 
<t  Home  assurance  »,  la  maison  Leilcr,  assurément  un  des  plus 
III  28 


434  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS  OEUVRES. 

grands  magasins  du  monde,  puisqu'il  couvre  une  superficie 
de  40 i  pieds  (américains)  sur  14i  et  qu'on  y  compte  huit 
étoges.  M,  Le  Baron  .lenney  fut  l'un  des  dix  architectes  invités 
à  dessiner  les  Ijùlinienls  de  l'Exposition  de  la  Colombie,  à 
Chicago,  et  on  lui  a  confié  le  pavillon  de  rhorlicullure.  Il  se 
prétend  d'ailleurs,  avec  raison,  l'inventeur  de  ce  mode  de  cons- 
truction connu  en  Amérique  sous  le  nom  de  Méthode  de  Chl- 
caijo  et  qui  consiste  à  l'aire  porler  le  poids  de  l'édifice  entier 
sur  des  colonnes  placées  étage  par  étage. 

M.  J.  A.  Wrydagh  est  Belge,  étant  né  à  Louvain  vers  1833 
et  ayant  l'ait  ses  études  d'architecture  à  l'école  des  beaux-arts 
de  cette  ville.  La  date  de  son  ariivée  aux  États-Unis  n'est  pas 
connue,  mais  il  y  arriva  sans  doule  vers  18G0.  Il  est  l'auteur  de 
l'Opéra  et  d'une  église  proleslante  allemande  à  Terre-Haute, 
des  bàliments  de  l'université  Asbury  à  Greencastle,  dans  l'Etat 
d'Indiana;  c'est  lout  ce  que  nous  savons. 

Fils  d'un  constructeur,  M.  Âddison  Hutton  est  né  dans  le 
comté  de  Westmoreland  (Pensylvanie),  le  28  novembre  1834. 
Élève  d'abord  de  l'architecte  Samuel  Sloan,  il  ne  larda  pas 
(1864)  à  former  avec  lui  une  association  qui  a  produit  la  biblio- 
thèque Bidgway  Branch,  de  Philadelphie,  bàliment  de  style 
dorique  qui  coûta  600,000  dollars,  l'église  commémoralive 
Parker,  dans  le  sentiment  du  gothique  anglais  contemporain,  à 
South  Bethléem  (Pensylvanie)  et  les  bàlimenis  de  la  Société  des 
jeunes  chréliens  à  Philadelphie,  imités  de  la  Renaissance  fran- 
çaise; on  doit  encore  à  M.  Hutton  quelques  parties  du  col- 
lège d'Havcrford  dans  la  «  Lehigh  uuiversily  »,  la  bibliothèque, 
le  gymnase,  le  laboratoire,  etc. 

Emlen  T.  Penchard  Littell,  né  vers  1836  à  Philadelphie, 
mori  à  New-York  en  mars  1891,  se  voua  à  l'architecture  reli- 
gieuse, apportant  dans  l'étude  de  ses  plans  une  inlelligence  supé- 
rieure et  une  connaissance  parfaite  de  son  art,  qui  lui  ont 
souvent  été  enviées  par  ses  confrères.  11  a  construit  aux  États- 
Unis  un  nombre  prodigieux  d'églises  el  de  chapelles,  mais  le 
plus  souvent  dans  de  petites  localités.  Cependant  on  peut  citer 
de  lui,  comme  œuvres  très  im|iorlantes,  l'église  de  l'Incarnation, 
dans  l'avenue  lAIadison  à  New-York,  et  le  marché  Jell'erson  dans 
la  même  ville,  puis,  à  Philadelphie,  l'église  Saint-Jacques. 

Jacob    Wrey    Mould    naquit    à   Chislehurst,     Angleterre, 


CHAPlTltK   XV.  4:$3 

Cil  1825,  cnlni  dans  l'atelier  de  John  Owcn,  rédigea  avec  lui 
la  remarquable  «  Grammaire  de  l'Ornement  »  et  fut  son  colla- 
borateur à  l'Alhambra.  Émigré  aux  États-Unis  vers  1853,  il  fut 
chargé,  aussitôt  son  arrivée,  de  dessiner  les  pavillons  du  parc 
Central,  à  New-York,  qui  venait  d'être  créé.  Nommé  architecte 
en  chef,  il  abandonna  sa  situation  pour  aller  à  Lima  où  de 
très  fructueux  travaux  lui  avaient  été  promis.  Mais  l'enlreprise 
échoua  et  il  revint  aux  Elals-L'nis.  Il  a  laissé  à  Boston  l'église 
de  la  Sainle-Trinité  et  celle  de  Tous-les-Saints  et  y  est  mort 
le  14  juin  188(3. 

Anglais  aussi,  Frederick  Clarke  Withers  avait  vingt-quatre 
ans  lorsqu'il  arriva  aux  Élats-Unis  en  1852,  puisqu'il  élait  né  à 
Shepton-Mollet  iSomerselshire)  le  4  février  1828,  et  avait  élé 
élève,  à  Londres,  de  Thomas  Henri  Wyatl.  Ayant  commencé  à 
exercer  la  profession  d'architecte  en  1855,  il  forma,  avec  Fre- 
derick Law  Ohmsted  et  Calvert  Yaux,  une  associaliou  qui  dura 
de  1863  à  1871.  Architecte  au  département  de  l'assistance 
publique  et  des  maisons  de  correction  à  New-York,  il  cons- 
truisit l'Institut  des  sourds-muels  de  Colombie,  à  Washington 
(district  de  Colombie!  en  style  ogival  anglais,  dont  la  dépense  a 
été  de  250,000  dollars,  l'hôpilal  de  l'État  de  la  rivière  d'IIudson 
à  Poughkeepsie  (Élat  de  New-York),  qui  coula  000,000  dollars, 
le  tribunal  de  Jefferson  Market  avec  la  prison,  dans  le  même 
style  que  l'Institut  des  sourds-muels  (coût  :  350,000  dollars)  pour 
la  ville  de  New-York,  le  monument  Astor  Reredos,  l'église  de  la 
Trinité,  en  style  ogival  perpendiculaire,  dans  la  même  ville,  et 
la  chapelle  du  Bon-Pasteur,  imitée  des  églises  anglo-normandes, 
dans  l'île  de  Blackwell,  aussi  à  New-York.  M.  Withers  a  écrit 
en  1873  un  ouvrage  sur  V Architecture  relic/icuse  et  a  été 
secrétaire  de  l'Institut  des  architectes  américains. 

Henry  ou  plutôt  Heinrich  Fernbach  était  Allemand,  né 
en  1828  à  Breslau  et  élève  de  l'académie  de  Berlin;  mais  il 
émigra  aux  États-Unis  en  1855  et,  avec  le  temps,  finit  par  faire 
un  architecte  de  valeur.  On  a  de  lui,  en  Amérique,  l'orphelinat 
Israélite,  les  bâtiments  du  journal  le  «  Staats  Zeilung  »  et  la 
banque  d'épargne  allemande,  tous  ces  édifices  à  New-York. 
Fernbach  est  mort  subitement  dans  son  cabinet  en  novem- 
bre 1883. 

C'était  aussi   un  étranger   que  l'architecte  David  Jardine, 


«(i  I.ES   AHCIUTECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

né  en  Écosso,  à  W'iiithoni,  le  25  jiiillol  I8J0,  el  qui  est  niorl 
dans  Ici  ville  de  ^'e^v-Yol•k  en  juin  1892.  Fils  d'un  archilecle, 
il  pri^léra  couiir  le  monde  et  vint  s'clablir  aux  États-Unis, 
à  New-York,  à  poine  àg(^  de  vingt  ans.  En  collaboration  avec 
son  fi'èie  John  Jardine,  il  fui  l'architecte  des  édifices  dont  suit 
l'énuméralion,  lous  dans  la  ville  de  New-York  :  l'église  des 
Presbytériens,  en  ogival  primaire,  qui  coûta  150,000  dollars, 
le  Uaplist  Home  pour  la  vieillesse,  consiruclion  en  gothique  mo- 
derne ù  la  façon  des  Anglais,  la  synagogue  Rodolf  Scliolom 
(Mooriahj  le  Collège  médical  de  l'université,  en  ISenaissancc 
italienne  (moderne),  un  liôlcl  de  voyageurs,  l'iiôlel  Vilbroham, 
en  style  roman,  dont  la  dépense  s'est  élevée  à  35,000  dollars, 
le  bâtiment  de  l'Alpine,  en  roman  également,  qui  a  coulé 
300,000  dollars. 

Membre  correspondanlderAcadémie  des  bcaux-aris,  de  la  So- 
ciété centrale  de.s  architectes  français,  del'hislitut  des  architectes 
britanniques,  de  laSociétédesingénieurset  archilectesautrichiens 
h  Vienne,  de  l'Académie  de  Saint-Luc  à  Rome,  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'honneur  et  récemment  président  de  la  Société  des  archi- 
tectes américains,  M.  Richard  Morris  Hunt  est  né  àBrallebow 
(Vermont)  le  31  octobre  1828.  Elève,  à  Paris,  de  l'Ecole  des  beaux- 
arls  et  del'arcliitecle  Lefuel,  ilfutl'inspecteur  de  ce  dernierpen- 
dant  les  travaux  de  laréunion  du  Louvre  aux  Tuileries.  A  son  re- 
tour en  Amérique,  M,  Hunt  entra  dans  la  carrière  en  1855  et, 
grâce  fà sa  situation,  rencontrades  occasions  superbes  de  réunir  un 
grandnombrede  Iravaux.  Parmi  eux.labibliothèque  LenonàNcw- 
York,  le  monument  de  Yorktown,  le  piédestal  de  la  statue  de 
la  Liljerté  du  scul|)leur  Harlholdi,  les  bâtiments  de  l'adminis- 
tration de  l'Exposition  universelle  de  Chicago,  outre  une  quan- 
tité de  maisons  de  commerce  et  d'iiabilations  privées.  Estimé  de 
lous  ses  confrères,  M.  Hunt  a  été  nommé  membre  du  jury  à 
l'Exposition  du  Centenaire  de  1870,  après  avoir  fait  partie  du 
jury  de  l'Exposition  de  Paris,  en  1807. 

Eils  d'un  genlilliomme  quiavail  pris  une  pari  aciive  au  mou- 
vemenldontle  résuUatfutrémancipaliondes  nègres,  M.Charles 
Follen  Mac  Kim  est  né  dans  le  comté  de  Chester  (Pensylvanie) 
le  24  août  18i7.  Élève  de  l'École  des  beaux-arts  de  Paris,  il 
commença  sa  profession  aux  Étals-Unis  en  1872  et  est  le  doyen 
de  la  société  Mac  Kim,  Mcad  et  W'Iiite  qui  a  couvert  le  pays  de 


CIlAPITIiK   W.  437 

conslniclioiis  importantes,  mais  ses  œuvres  les  plus  considérabU'S 
sont  :  le  palais  de  l'Agriculture  à  l'Exposition  universelle  de 
Chicago  et  la  bibliothèque  publique  de  Boston  dont  la  dépense 
s'est  élevée  à  deux  millions  de  dollars.  Personnellement,  M.  Mac 
Kim  jouit  d'une  très  grande  autorité  auprès  des  jeunes  archi- 
tectes pour  lesquels  il  a  fondé  deux  bourses  de  voyage  riche- 
ment dotées;  aussi  ses  décisions  sont-elles  généralement  res- 
pectées au  Déparlement  (?)  du  collège  de  Colombie,  à  New- 
York. 

Un  arcliitecle  d'édifices  religieux  est  M.  Richard  M.  Upjohn, 
fils  d'un  architecte  anglais,  né  à  Shaflcsbury,  le  7  mars 
1828,  qui  avait  étudié  son  art  dans  l'atelier  de  son  père, 
lequel  arriva  aux  Étals-Unis  en  1829.  Ses  œuvres  les  plus  im- 
portantes sont  :  l'église  presbytérienne  de  New-York,  l'église  de 
Sainl-Pierre  d'Albany,  dans  la  même  ville,  l'église  de  la  Con- 
grégation centrale  à  Boston  (Massachusetts),  celle  de  Saint-Paul 
à  Brooklyn  (New-York),  l'église  de  la  Trinité  h  New-Uochelle  et 
encore  le  Palais  du  gouvernement  à  Hartford  (Connecticul) 
qui  a  coûté  un  demi-million  de  dollars. 

M.  Elijah  E.  Myers,  filsd'un  fermier,  commença  par  travailler 
comme  charpentier  et  menuisier,  tout  en  faisant  de  sérieuses 
éludes  pour  devenir  architecte.  Né  à  Philadelphie  le  20  dé- 
cembre 1830,  il  y  ouvrit  son  cabinet  en  18o7;  mais  arriva  la 
guerre  de  Sécession  pendant  laquelle  il  servit  avec  le  grade  de 
colonel  du  génie.  M.  Myers  a  construit  un  nombre  considé- 
rable d'édifices  publics  :  la  Chambre  d'État  à  Austin  (Texas), 
la  Chambre  d'État  à  Lansing  (Michigan),  la  Chambre  d'État  à 
Denwer  (Colorado),  le  Capitule  de  l'LUah  qui  coûta  un  million  de 
dollars,  le  Capitule  de  l'Idaho,  l'hôtel  de  ville  de  Hiclimond 
dont  la  dépense  de  construction  s'est  élevée  à  un  million  et 
demi  de  dollars,  l'hôtel  de  ville  de  Grand-Bapide  (Michigan), 
puis  plus  de  soixante  édifices  religieux  et  de  cinquante  tribunaux, 
plus,  enfin,  six  asiles  d'aliénés  dont  le  plus  remarquable  est  celui 
de  Pontiac  (Michigan)  qui  a  coûté  1  million  de  dollars. 

E.  Townsend  Mix,  né  à  New-llaven  (Connecticuti  en  1831, 
entra  à  l'âge  de  dix-sept  ans  dans  l'atelier  de  Stone  l'aîné,  un 
des  architectes  les  plus  en  vue  de  ce  temps,  exerçant  dans  la 
Nouvelle-Angleterre  [Netv-Engkmd),  et  y  demeura  sept  années. 
En  1855,  il  vint  à  Chicago  et  enira  dans  celui  de  W.  W.  Bovins- 


4.W  LES  ARCHITECTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

ton,  mais,  Tannée  snivante,  il  se  retirait  à  Milwaiikee  (\\'isconsin) 
et  y  ouvrait  un  cabinet  à  son  propre  nom.  Dans  cette  région,  il 
acquit  la  réputation  d'un  habile  praticien  et  la  conserva  jusqu'à 
sa  mort  arrivée  à  Minneapolis,  dans  le  Minnesota,  le  23  sep- 
tembre 1800.  Ses  œuvres  principales  sont  :  le  Capilole  de  Topeka 
(Kansas),  Temple  Court,  les  bâtiments  du  «  Globe  »  et  ceux  du 
Mont-de-Piélé  à  Minneapolis,  la  Chambre  de  commerce  à  Ply- 
mouth,  les  églises  Saint-Paul  et  de  la  Grande-Avenue,  la 
maison  Plankugton  et  la  Maison  de  retraite  des  soldats  à 
Milwaukee  (Wisconsin),où  il  construisit  aussi  la  galerie  artistique 
deLeylon,sur  les  dessins  de  l'architecte  anglais  \\illiam  Audsley. 

Le  frère  du  premier  maître  de  E.  T.  Mix,  iM.  Alfred  Stone, 
est  né  à  East  Machias  (Maine),  en  1834  et  a  étudié  l'architec- 
ture dans  les  ateliers  de  Arthur  Gilman,  d'Edwin  Lee  Brown  et 
d'autres  archilectos  encore.  En  1804,  il  devint  membre  de  la 
société  Stone,  Carpenler  et  Stone,  Carpenter  et  Wilson.  Nous 
citerons  parmi  ses  œuvres  les  plus  imporlanles  :  à  Provi- 
dence (Pihode-Islandi,  le  tribunal  de  comté,  la  prison  de  l'Élat 
de  Rhode-lsland  à  Crauslon,  ainsi  que  les  bâlimenls  de  Tas- 
sislance  publique,  ceux  de  la  Sociélé  des  jeunes  cliréliens, 
à  Providence,  ainsi  que  le  gymnase  universitaire  Brown,  qui 
a  coulé  140,000  dollars.  M.  Stone  est,  au  moment  où  nous 
écrivons  ces  lignes,  président  de  l'Instilul  des  architectes  amé- 
ricains. 

L'un  des  Américains  qui  a  le  plus  contribué  à  faire  con- 
naître au  delà  de  l'Océan  les  œuvres  de  nos  architectes  fran- 
çais esl,  sans  conlredil,  M.  Henri  van  Brunt,  qui  a  traduit  les 
Entretiens  sur  F  Architecture  de  Yiollet-le-Duc,  a  écrit  de  nom- 
breux articles  sur  la  matière  dans  la  revue  «  Atlanlic  Montlilv  », 
dans  le  «  Century  Magazine  »  et  dans  plusieurs  autres  publications 
traitant  de  la  science  archi tectonique.  Né  à  Boslon  le  5  sep- 
tembre 1832  el  ayant  achevé  ses  cours  à  l'université  d'Harvard 
(Cambridge),  il  devint  l'élève  d'abord  d'un  architecle  anglais 
établi  à  Boston,  M.  George  Snell,  puis  de  M.  Hichard  M.  Ilunt, 
de  New-York.  Il  commença  à  exercer  sa  profession  en  1865  et 
fonda  bientôt  une  société  sous  la  raison  sociale  Ware  et  van 
Brunt,  puis  van  Brunt  et  Howe.  Le  Mémorial  Hall  de  l'univer- 
sité d'Harvard,  consiruction  ogivale  à  la  manière  anglaise,  qui 
a  coiité  4oO,000  dollars,  à  Cambridge  (Massachusetls),  le  dock 


CHAPITRE   \V.  ^'^^ 

du  clieniin  de  for  à  W'orcester,  même  Élal,  la  première  église 
de  Boston,  l'école  épiscopale  de  lliéologic  de  Cambridge  et 
l'église  Sainl-Étienne  à  Lyon  (Massacluiselts),  sont  des  édifices 
sortis  de  l'atelier  \\'are  et  van  Rrunt.  L'association  de  ^L  Bruni 
avec  Frank  M.  Howe  a  produit  la  bibliothèque  de  l'université 
deMichigan,  à  Lansing,  dans  cet  Etat  ;  la  bibliollièque  publique 
de  Cambridge  (Massachusetts),  les  docks  du  chemin  de  fer  h 
Ogden  (Utah),  el  à  Chayenne  (Wyomingl,  les  bâtiments  de 
l'exposition  d'électricité  dans  la  construction  desquels  l'archi- 
tecte s'est  inspiré  de  la  Renaissance  italienne,  l'un  des  princi- 
paux pavillons  de  l'Llat  de  Colombie  à  l'Exposition  internatio- 
nale de  Chicago,  ainsi  que  des  pavillons  annexes  h  cette 
exposition  et  une  foule  de  constructions  moins  im|)ortantes. 

L'associé  de  M.  van  Brunt,  M.William  Robert  Ware,  est  mi 
à  Cambridge  (Massachusetts),  le  27  mai  1832.  Fils  d'un  clcr- 
gymau,  il  accjuit  les  premières  notions  d'architecture  à  l'école 
scientifique  Lawrence  de  Cambridge,  puis  fut  successivement 
élève  de  Edward  C.  Cabot,  architecte  à  Boston,  et  de  Bicliard  van 
Hunt,  architecte  à  New-York.  11  commença  la  pratique  de  l'ar- 
chitecture pour  son  compte  en  1800,  mais,  de  1803  à  1881,  il 
fut,  ainsi  qu'on  l'a  dit,  l'associé  de  M.  van  Brunt,  et  la  so- 
ciété fut  fondée  sous  la  raison  sociale  Ware  et  van  Brunt 
de  Boston.  Auteur  d'un  ouvrage  intitulé  Pcrspec/ire  moderne 
avec  texte  et  plans,  il  fut  professeur,  de  ISGo  à  1881,  à  l'école 
technologique  du  Massachusetts  à  Boston;  nommé  en  1881,  il 
est  encore  aujourd'hui  professeur  de  la  classe  des  mines  an 
collège  de  Colombie,  ville  de  New-York.  Nous  avons  indiqué 
dans  la  précédente  biographie, ses  ouvrages  à  Cambridge,  en 
collaboration  avec  M.  van  Brunt;  la  première  église  de  Boston, 
la  gare  des  voyageurs  delTnionc'i  Worcester  (Massacluiselts)  et 
l'Ecole  américaine  d'archéologie,  à  .Uhènes,  sont  les  œuvres 
personnelles  de  M.  ^^'are. 

Élève  de  l'architecte  John  Priest,  M.  Henry  Martin  Congdon 
est  né  à  Brooklyn  (État  de  New-York)  le  10  mai  IS3i.  Il  est 
l'auteur  des  édifices  suivants  construits  depuis  l'année  1859  :  la 
maison  Merey,  à  laquelle  il  a  donné  les  formes  ogivales  i-tqui 
coûta  250,000  dollars,  à  Inwood,  l'église  Saint-André,  ville  de 
New-York,  deux  églises  dites  Slaukis  Church,  l'une  à  German- 
town  (Pensylvaniei  dont  la  dépense  s'est  élevée  à  7o,000  dollars, 


440  LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVIIES. 

l'auh'e  à  Libanon  (Pensylvanie),  qui  coula  100,000  dollars, 
C-lifisl  Cluircli  à  Danville  (Virginie),  Christ  Cluirclià  l'ortsmoiilh 
(New-IIanipshire)  et  la  calliédrale  de  Topeka  dans  le  Kansas, 
consirnite  en  1889. 

Quoique  les  deux  frères  Sims  aient  élé  (eus  les  deux  archi- 
tecles,  leur  biographe  ne  nous  dit  pas  qu'ils  se  sont  associés 
pour  produire  les  œuvres  dont  nous  allons  donner  la  nomen- 
clature; c'est  donc  bien  deux  biographies  indépendantes  que 
nous  avons  à  présenter  au  lecteur.  Henry  Augustus  Sims,  né  à 
IMiiladelphie  en  1832  et  mort  le  10  juillet  1875,  fit  ses  premières 
études  dans  sa  ville  natale;  puis,  ayant  le  brevet  d'ingénieur  civil, 
il  joignit  à  sa  profession  celle  d'architecte  el,  à  ce  titre,  fit  quelques 
constructions  au  Canada  qu'il  habita  d'abord.  Revenu  à  Phila- 
delphie en  1860,  il  fut  l'archilecle  de  la  Maison  de  charité  du 
comté  de  Monigommery  (Pensylvanie),  du  tribunal  de  Hagerslown 
(iMaryland),  delà  seconde  église  des  Presbytériens  à  Philadelphie 
et  de  plusieurs  autres  édifices  religieux,  ainsi  que  de  nombreuses 
résidences  privées.  Longtemps  chargé,  comme  secrétaire,  de  la 
correspondance  étrangère  de  l'Institut  des  architectes  améri- 
cains, il  a  donné  le  plan  général  de  l'Exposition  du  Centenaire 
ouverte  à  Philadelphie  en  1878. 

Sims  Junior,  prénommé  James  Peacox,  était  né  à  Philadel- 
phie en  1849,  fit  ses  premières  éludes  à  l'université  de  Pensyl- 
vanie et  reçut  de  son  frère  les  premières  leçons  d'architecture. 
Tout  ce  que  nous  pouvons  en  dire,  c'est  que  les  églises,  les 
hôtels  et  les  habitations  privées  qu'il  consiruisit  furent  presque 
tous  élevés  à  Philadelphie  ou  dans  les  environs  et  qu'il  mourut 
dans  celle  ville  le  20  mars  1882. 

La  vieille  église  Sud  de  Boston,  la  première  église  «.  univer- 
selle »  de  Lynn  (Massachusetts),  la  chapelle,  la  bibliothèque  et 
l'académie  Phillips  à  Andover  dans  le  même  État,  sont  les  œu- 
vres de  M.  Cummings  (^Charles  Amos).  Né  à  Boston  en  1833, 
il  étudia  l'architecture  avec  G.  J.  F.  Bryant  et  compléta  ses 
études  en  Europe.  Les  nombreux  hôpitaux,  les  écoles,  leshôlels, 
les  théâtres,  les  maisons  de  commerce  et  les  résidences  particu- 
lières dont  il  fut  l'archilecle,  surtout  à  Boston  ou  dans  les 
environs,  portent  tous  le  caractère  d'une  sorte  de  slyle  ogival 
tlorenlin  qu'il  fut  le  premier  à  adopter  aux  Étals-Unis. 

M.  Jeremiah  O'Rourke,  né  à  iHiblin  (Irlande),  le   6  février 


CllAI'lTIU':  W.  •'•''! 

1833,  arriva  aux  Élats-lJnis  en  1850,  mais  c'esl  dans  les  t^coles 
publiques  de  dessin  de  Dublin  qu'il  avait,  acquis  les  éléments  de 
son  instruction  professionnelle.  Aussi  commença-t-il,  dès  1850, 
ses  premiers  travaux  d'arcliitcclure.  Parmi  eux,  il  y  a  lieu  de 
citer  le  collège  de  Selon-Hall  h  Soutli  Orange  (New  Jersey), 
l'église  de  Saint-Paul-Apôtre  à  New-York,  l'église  delà  Sainte- 
Croix  à  Harrison,  l'hôpital  Saint-Michel  à  Newark,  l'église  Saint- 
Jean  à  Orange  et  le  monastère  des  dominicains,  aussi  à  .Newark. 
Pour  la  construction  de  tous  ces  édifices  situés  dans  le  New- 
Jersey,  l'architecte  a  emprunté  les  formes  du  style  ogival  qu'il 
alfectionne  parliculièrement. 

M.  Henri  Walker  Hartwell  est  né  à  Boston  (Massachusetts) 
le  4  septembre  1833.  Fils  d'un  peintre  de  portraits,  il  fut  l'élève 
de  Hammalt  et  de  Joseph  E.  iJillings.  Associé  jusqu'à  ce  jour 
de  M.  Hichardson  sous  la  raison  sociale  Hartwell  et  Richardson, 
il  a  construit,  au  nom  de  l'association,  la  jetée  de  Borden  qui  a 
coûté  400.000  dollars  et  l'église  Centrale,  ces  deux  ouvrages  à 
Fall  Hiver  (Massachusetts),  l'école  normale  d'art,  le  Temple  spi- 
rituel et  l'hôtel  des  Jeunes  Compagnons  dont  la  dépense  s'est 
élevée  à  530,000  dollars;  ces  trois  derniers  édifices  à  Boston. 

L'architecte  dont  nous  allons  relater  en  quelques  lignes  la 
biographie  occupe  une  place  dans  notre  ouvrage,  moins  à  cause 
de  sa  valeur  comme  artiste  qu'à  cause  de  la  situation  politique 
imporiante  qu'il  eut  aux  Elats-IInis.  Il  s'appelait  A.  H.  Mullet 
et  était  né  en  183i.  Mis  à  la  télé  de  l'un  des  bureaux  les  ])lus 
importants  du  déparlement  de  la  Trésorerie  des  Etats-Unis,  il 
fui  chargé  de  la  surveillance  et  de  l'entretien  de  tous  les  bâti- 
ments du  gouvernement,  et  on  peut  dire  qu'il  développa  cette 
importante  branche  de  service  avec  une  extraordinaire  habileté, 
lorsqu'on  pense  que,  sous  son  administration,  les  opérations 
architecturales  exécutées  entraînaient  une  dépense  de  trois  à 
quatre  millions  de  dollars  par  année,  dépense  nécessitée  par 
l'obligation  où  le  gouvernement  s'est  trouvé  d'élever,  dans  un 
temps  relativement  court,  une  quantité  d'édifices  destinés  à  son 
service  dans  chacune  des  grandes  villes  des  Etals-Unis.  C'est 
sous  la  direction  de  Mullet  que  furent  préparés  tons  les  plans 
des  bureaux  de  poste  établis  à  New-York,  à  Chicago,  à  Boston, 
à  Cincinnati,  ainsi  que  dans  les  villes  moins  considérables,  dans 
certains  bourgs  même  des  Étals-Unis.   Les  plans  du  ministère 


-142  LES   ARCHITECTES   PAU   LEURS   OECVRES. 

d'Etat  (guerre  et  marine),  à  Washintglon,  avaient  é\é  également 
élablis  sous  sa  surveillance  lorsqu'il  se  suicida, le  20oclobre  1890. 

Henry  Hudson  Holly,  né  à  New- York  vers  1834,  fut  l'archi- 
tecie  de  nombreuses  églises  et  de  plusieurs  liôlels  de  ville,  c'est 
lui  qui  dressa  les  plans  de  l'inslilut  mililaire  de  \irginie  à 
Lexington  (Virginie),  de  l'université  du  Sud  à  Sewance  (Ten- 
nessee) et  de  la  chapelle  commémoralive  de  Saint-Luc  càSlamford 
(Connecticut).  11  mourut  à  New-York  le  5  septembre  1892, 
auteur  de  deux  ouvrages  ayant  pour  titre,  l'un  :  Biaisons  de 
campagne  et  l'autre  :  Archiiecture  religieuse. 

\1\\  des  vice-présidenis  de  rin-^litul  dos  archiiecles  améri- 
cains, M.  James  W.  Mac  Laughlin,  a  altacbé  son  nom  à  plu- 
sieurs des  édifices  importants  des  Etals-Unis;  nous  citerons  :  le 
tribunal  du  comté  de  Wayne  à  Ricbmond  (Indiana)  qui  ne  coûta 
pas  moins  de  400,000  dollars,  le  Muséum  d'art  et  l'Académie 
des  beaux-arls  à  Cincinnali,  la  bibliothèque  publique  et  le  tri- 
bunal du  comté  d'Hamillon  icoùl  000,000  dollars),  tous  deux 
dans  la  même  ville.  iM.  .Mac  Langblin  est  né  à  Cincinnati  (Ohio), 
le  1"  novembre  1834,  a  appris  l'archilecture  dans  l'alelier  de 
James  K.  Wilson  et  a  commencé  sa  carrière  vers  18oo. 

C'était  plutôt  un  arcbilecle  d'hôlels  et  de  maisons  à  loyers 
que  celui  de  l'immense  bâtisse  appelée  «  la  maison  Berskshire  », 
l'une  des  premières  do  ce  genre  qu'on  ait  construite  à  New- 
York.  Cari  Pfeiffer,  Allemand  do  naissance,  né  dans  le 
Brunswick,  en  1834,  arriva  aux  États-Unis  vers  1850,  possesseur 
du  double  brevet  d'ingénieur  el  d'arcliilecte  et,  après  une  expé- 
lience  acquise  par  jilusieur^  années  de  travail  dans  les  Élats  de 
l'Ouest,  il  vint  s'élablir  on  1864  à  New'-York,  où  il  se  fit  une 
situation  fort  lionorable  parmi  les  arcliilectes  de  l'Amérique,  à 
telle  preuve  qu'il  a  été  nommé,  l'un  des  premiers,  membre  de 
l'Institut  des  archiiecles  de  ce  pays.  L'une  des  œuvres  les  plus 
importantes  de  Pfeiffer  et  qui  lui  ont  fait  le  plus  d'honneur  est 
assurément  la  vaste  église  dos  Presbytériens  de  la  Cinquième 
avenue,  connue  aujourd'hui  sous  la  désignation  de  :  église  du 
D'  Hall,  donl  l'acoustique  et  les  dispositions  intérieures  sont 
telles,  que  l'hygiéniste,  capitaine  Douglas  Dalton  (un  .Anglais  et 
par  conséquent  un  juge  prévenu,  dit  sou  biographei,  a  déclaré 
que  cette  église  était  «  la  mieux  chauffée  et  la  mieux  ventilée  de 
Ions  les  édifices  religieux  de  l'Europe  ».  .\  mentionner  aussi, 


cil  A p mil':  XV. 


u:\ 


comme  œuvres  de  PfeilTer,  réglise  du  Messie  dans  la  Trente- 
quafrième  rue,  l'école  d'équilalion  de  la  Cinquième  avenue  et 
riiôpital  Roowelt,  à  New-York  (''gaiement.  Il  ne  nous  reste  plus 
qu'à  fairo  savoir  au  lecleur  que  Pfeiffer  est  mort  dans  un 
voyage  qu'il  fit  dans  le  Sud  des  États-Unis,  au  printemps  de 
1888,  et  que  tous  ses  plans  d'habitations  particulières  ont  été 
réunis  en  un  atlas  publié  sous  le  litre  :  American  immsions  and 
cottages. 

M.  Samuel  Haiinaford,  associé  de  M.  Anderson  pour  la 
construction  de  tous  les  bureaux  de  douane  et  de  poste  à  Cin- 
cinnati, de  1874  à  1885,  était  né  dans  le  Devonsliire  en  Angle- 
terre, vers  183o.  11  émigra  aux  États-Unis  on  1844,  fit  ses  études 
d'arcliiteclure  dans  l'atelier  de  J.  il.  Ilamilton  et  commença  en 
1858  à  exercer  la  profession  d'architecte.  Ses  œuvres  les  plus 
importantes  à  Cincinnati  sont  l'hôtel  de  ville,  dans  les  formes 
du  style  roman,  auquel  on  a  dû  consacrer  1,250,000  dollars, 
une  salle  de  concerts,  les  bâtiments  de  l'Exposition,  la  maison 
de  charité  (Workhouse),  qui  en  a  coûté  500,000,  le  Grand  Hôtel 
et  la  Loge  des  Vieux  Frères  {0/d  Fellows  temjile),  ordre  des  indé- 
pendants. 

Le  plus  ancien  des  membies  de  l'association  foi'mée  sous 
la  raison  sociale  Gardner,  Pyne  et  Gardner,  M.  Eugène 
C.  Gardner,  s'est  fait  connaître  surtout  par  certaines  publica- 
tions :  les  Hahitations  et  la  manière  de  les  établir,  les  Habitations 
illustrées,  Intérieurs  dWuibitations,  le  Sens  commun  et  la  construc- 
tion des  églises,  les  Maisons  quon  élèvera  dans  l'avenir,  Ecoles  de 
villes  et  de  campagnes,  etc.  Gardner  est  né  à  Ashfield  (Massa- 
chusetts) le  28  mars  183G  et  a  étudié  l'architecture  dans  l'ate- 
lier de  M.  Washburn,  architecte  à  Springfield,  dans  cet  État. 
On  peut  citer  de  lui  les  habitations  de  M.  J.  H.  Appleton,  de 
l'honorable  sir  Ryron  Weslon  et  de  M.  J.  A.  Crone,  dont  cha- 
cune à  coûté  de  50,000  à  60,000  dollars,  puis  l'hôpital  de 
Springfield,  l'hôpital  H.  W.  Grady,  à  Atlanta  (Géorgie)  et  l'hô- 
pital William  Backus  à  Norwich  (Conneclicut)  dont  la  dépense 
s'est  élevée  à  125,000  dollars. 

Voici  un  architecte  américain  qui,  quoique  élevé  à  Vienne  et 
ayant  reçu  l'enseignement  (allemand)  du  professeur  Beale,  a 
donné  ses  préférences  au  roman  français  et  à  la  Renaissance 
française.  Il  est  vrai  que  ^L  Josiah  Cleveland  Cady,  néà  Provi- 


444  LES   ARCHITECTI'S   PAU  LEURS   OEUVRES. 

(lencc  (IJliodoIsIandi,  le  31  (lécoml)rc  1838,  avait  aussi  jiasst^ 
en  dernier  lieu,  par  l'atelier  de  son  compalrioLe  Ale.\ander 
J.  Davis,  arcliilecte  de  Nev.-York.  Ses  Iravaux  les  plus  remar- 
qués sonl  :  le  Muséum  d'iiistoire  naliirelle  (en  slyle  roman)  qui 
coûta  presque  800,000  dollars,  l'iiùpilal  des  presbytériens  (style 
italien)  dont  lecoûtaalteinl  un  million,  l'Opéra  delà  ville,  imita- 
tion de  la  Renaissance  française,  pour  lequel  on  a  dépensé 
1,700,000  dollars,  el  la  banque  nationale  Gallatin  (arcbitecture 
française),  tous  ces  édifices  à  New-York;  de  lui  sont  aussi  les 
briliments  du  collège  Yale  à  New-Haven  (Conneclicnt),  dans  lequel 
M.  Cadv  a  également  imilé  notre  arcliiteclure. 

M.William  'Wheeler  Smith,  né  à  New-York  en  1838,  puisa 
ses  connaissances  comme  architecte  dans  l'atelier  d'un  archi- 
tecte de  cette  ville,  James  Henwick,  et  au  collège  de  l'université 
à  Londres.  Mentionnons  parmi  ses  œuvres  :  l'église  collégiale 
protestante  allemande  dans  la  Muarante-huitième  rue  et  la 
Cinquième  avenue,  le  grand  magasin  de  MM.  W.  Ej.  Sloane,  rue 
Broadway  et  (Juatre-vingl-dix -neuvième  rue,  le  collège  des  méde- 
cins et  chirurgiens,  l'hôpital  d'accouchement  Sloane  et  la  cli- 
nique Vander  Bill  construits  dans  la  Cinquante-neuvième  rue  el 
dans  la  Dixième  avenue,  ainsi  que  la  clinique  opératoire  de 
William  J.  Syms  et  l'hôpital  Roosewelt  également  à  New-York. 

M.  Peter  Bonnet  Wight  est  aussi  un  Américain  de  New- 
York  où  il  est  né  le  t  "  août  1838;  mais,  lui,  fit  loute  son  édu- 
cation aux  Étals-Unis,  au  collège  de  celle  ville  d'abord  et  ensuite 
dans  l'atelier  de  l'artiste  Paul  Peter  Duggan.  11  commença  par 
publier  une  monographie  de  l'Académie  nationale  de  dessin  avec 
des  illulrations  en  photographie,  puis  des  brochures  ayant  pour 
litre:  Rapports  de  l'architecture  avec  les  assurances  ei  Phases  du 
développement  des  beaux-arts  en  Amérique.  Ses  œuvres  les  plus 
importantes  sont  :  l'Académie  nationale  de  dessin  à  New-York 
aciievée  en  1863,  l'école  (Yale)  des  beaux-arts  achevée  en  1807 
à  New-Haven  (Conneclicut),  la  bibliothèque  de  Brooklyn  (Etat  de 
New-York),  la  résidence  de  M.  Blackford  à  Chicago,  les  écuries 
de  la  compagnie  américaine  l'Express  à  New-York  (1862). 
.M.  Wight  a  été  secrétaire  de  l'Institut  des  architectes  américains 
pendant  les  années  1870-71  cl  président  de  la  Société  régionale 
des  arcliilecles  de  Chicago  en  1872. 

Fils  d'un  inventeur,  .M.  Stephen  Decatur  Hatch,  né  à  Swan- 


CHAPITRE  XV.  ''« 

Ion  i^Nornon)  le  10  février  IH3U,  put  loiil  de  suite  obLenir  la 
situalioii  d'un  inspecteur  de  consiruclions,  ce  qui  ne  rempêcliu 
pas  d'étudier  l'arcliilecture  dans  l'atelier  de  John  13.  Sneck,  de 
New-York.  Il  commença  à  exercer  la  profession  en  18Go  cl, 
ayant  été  nommé  architecte  au  département  de  la  guerre  des 
Etats-Unis,  fut  chargé  de  la  construction  de  tous  les  postes  mi- 
litaires à  NcAY-York.  Architecte  des  commissaires  de  Quarantine 
(Etat  de  New-York),  il  lit  pour  enx  des  constructions  s'élevant  à 
303,000  dollars.  Pour  des  particuliers,  il  éleva  l'hôlel  Mnrray  llill 
dont  le  prix  s'éleva  àl  million  iiOO, 000  dollars,  lainaisonGilsey(en 
style  Renaissance)  qui  a  coûté  450,000  dollars,  l'institution  de 
VLnion  dune  sacings  (caisse  d'épargne),  imitalion  des  édifices 
français  construits  sous  le  second  Empire,  la  maison  ù  loyers  de 
iJurlinglon,  la  maison  lîoreel  (coût  :  300,000  dollars),  la  caisse 
d'épargne  de  Manhattan  (de  style  roman),  qui  coûta  le  même  prix, 
tous  ces  hàlimenls  à  New-York  ;  puis  l'université  Fiske  à 
Nashville   (Tennessee)   et   le   séminaire   Drew   à    Morristowne. 

Architecte  à  Philadelphie,  où  il  construisit  la  Loge  des  francs- 
maçons  pour  laquelle  on  ne  dépensa  pas  moins  de  trois  millions 
de  dollars,  l'Académie  des  sciences  naturelles,  et  la  résidence  de 
William  H.  Kemble  qui  coûta  300,000  dollars,  les  nouveaux 
bâtiments  du  collège  (iirard  (coùl  :  750,000  dollars),  les 
magasins  de  MM.  llood  Bonbright  et  C'%  dont  le  coût  a  été  de 
250,000  dollars,  les  bâtiments  de  l'Épargne  immobilière  de 
l'Ouest  et  la  Banque  des  piivilèges  du  Nord  (Bank  of  Norihcrn 
liberties),  .M.  James  H.  Windrim  est  né  à  Philadelphie  (Pen- 
sylvaniei,  le  4  juillet  !8iO.  Api'és  avoir  occupé,  de  1889  à  1890, 
la  situation  d'architecte  inspecteur  au  déparlement  du  Ti'ésor, 
M.  Windrim  est  aujourd'hui  directeur  des  travaux  publics  de 
l'État  de  Pensylvanie,  à  Philadelphie. 

M.  William  H.  Wilcox  est  né  à  Batli,  Angleterre,  en  1840, 
mais  fut  ti-ansporté  tout  enfant  aux  États-Unis.  Élève  pendant 
trois  années  de  Frédéric  Diaper,  il  se  perfectionna  par  un 
voyage  de  deux  années  à  travers  l'Europe  et  vint  se  fixer  à 
Brooklyn  vers  1800.  Architecte  ins|)ecteur  du  bureau  des  jjostes 
et  du  bureau  des  douanes  des  États-Unis  à  Saint-Paul  (.Minne- 
sota) il  a  beaucoup  construit  dans  cet  Etal,  notamment  les  écoles 
Boshop-NN'hipple,  k  Karibault  etrhô|)ital  de  la  ville  à  Saint-Paul, 
à  Peoria  dans  l'illinois,  il  est  l'arcbilecle  du  tribunal  à  Lincoln 


446  LES   ARCHITECTES  PAR  LEURS  ŒUVRES. 

iNebraskn),  de  l'hùlel  de  ville  à  SealLle  (Washingloni  et,  dans  la 
même  ville,  derunivcrsilé  qui  a  coulé  environ  un  million;  nous 
ne  parlons  pas  des  églises,  des  écoles  et  des  résidences  très  im- 
porlantes  dont  M.  Wilcox  est  l'archilecle  dans  tous  les  Etats 
de  rOuest,  mais  nous  ne  pouvons  laisser  ignorer  qu'il  estl'éditeur 
de  la  «  Revue  d'horlicullure  »,  qu'il  est  rédacteur  des  articles 
sur  l'architecture  donnés  par  le  o  Crayon  »,  deux  publications  qui 
s'impriment  à  New-York,  et  qu'il  écrit  dans  beaucoup  de  revues 
et  de  journaux. 

M.  Paul  Johann  Pelz  est  Allemand,  puisqu'il  est  né  à  Setten- 
dorf,  en  Silésie,  le  18  novembre  1841.  Comme  M.  Wilcox,  venu 
très  jeune  aux  États-Unis  (en  1858),  il  étudia  l'architeclure  à 
New-YorU  dans  l'atelier  de  Detlef  Lienau  jusqu'en  1869,  époque 
à  laquelle  il  s'associa  avec  M.  Smith  Meyer,  de  Washington  (dis- 
trict de  Colombie).  C'est  là  qu'il  a  exécuté  presque  tous  ses 
travaux  d'architecture  :  les  bâtiments  du  collège  de  Georgetown, 
en  style  roman,  et  la  bibliothèque  du  Congrès,  souvenir  de  la 
Henaissance  italienne,  qui  a  coûté  G  millions  500,000  dollars. 
Sont  également  de  lui,  Thùpital  militaire  et  maritime  des  États- 
Unis  à  Hotsprings  (Arkansas),  l'hôlel  Chamberlin,  de  style  clas- 
sique, à  la  forteresse  Monroë  (Virginie),  la  bibliothèque  pu- 
blique et  la  salle  de  musique  de  Carnegie  à  Alleghany 
(Pensylvanie),  en  style  roman,  dont  la  dépense  s'est  élevée  à 
300,000  dollars. 

Un  architecte  américain  dont  la  vie  fut  assez  agitée  et  qui 
pourtant  était  un  véritable  artiste,  autant  que  conteur  aima- 
ble et  écrivain  érudit,  fut  Henri  Hobson  Richardson,  qui  est 
considéré  ù  juste  tilre  comme  le  premier  des  architectes  amé- 
l'icains  contemporains.  Il  était  né  dans  la  paroisse  Saint-James 
(Louisiane),  le  29  septembre  1838.  Après  avoir  fini  ses  études 
au  collège  Harvard  en  1859,  il  vint  à  Paris  et  entra  dans  l'ate- 
lier de  M.  xVndré;  mais  la  guerre  de  Sécession  empêchant  alors 
presque  toutes  relations  entre  la  France  et  les  États-Unis,  le 
jeune  Uichardson,  pour  se  procurer  des  ressources,  fut  obligé 
de  <<  faire  la  place  »  pendant  le  jour,  tout  en  poursuivant  ses 
éludes  d'architecture  pendant  la  nuil.  A  ce  moment  de  sa  vie, 
se  plaça  un  incident  qui  aurait  pu  avoir  pour  lui  des  suites  fâ- 
cheuses :  il  se  fit  prendre  dans  une  émeute  à  la  sortie  du  cours 
de  Viollet-le-Duc.  Toujours  est-il  qu'après  avoir  séjourné  à  Paris 


ClIAPITliE   XV.  44i 

jusqu'en  oclobre  I8tJ5^  il  revinl  en  Amérique  et  consentit  avec 
C  D.  Cambrill  une  association  qui  dura  onze  ans,  durant  les- 
quels furent  élevés  les  édifices  suivants:  Téglise  de  la  Trinilé 
(1872-77),  et  l'église  de  Bratlle-Squarc  (1870)  à  Boslon,  le  pre- 
mier des  édifices  auxquels  Hicliardson  donna  le  caractère  roman 
pour  lequel  il  avait  une  allcclinn  loule  particulière.  En  1870,  il 
était  choisi  avec  Léopold  Eidlilz  pour  modifier  le  projet  du 
Capitule  à  construire  à  Aibany  (New-York),  pour  lequel  ou 
avait  dépensé  plus  d'argent  que  pour  aucun  autre  édifice  de  la 
contrée.  En  1874,  il  revinl  à  Brooklyn,  près  Boslon,  et  jus- 
qu'à sa  mort  arrivée  le  27  avril  1880,  il  fut  activement  em- 
ployé à  la  conslrucliou  d'édifices  publics  aussi  importants  par 
leur  étendue  que  parles  sommes  qui  leur  furent  affectées.  Nous 
citerons  parmi  eux  l'hôtel  de  ville  d'Albany  (New-York)  (1880), 
l'école  de  droil  à  Cambridge  (Massachusetts)  (18811,  la  biblio- 
thèque de  Billings  à  Burlington  (Vermont)  (1883),  le  palais  de 
justice  et  la  prison  à  Pillsburgh  (Pensylvanie)  (1884),  la  Cham- 
bre de  commerce  de  Cincinnati  (Ohio)  (1885)  et  les  bibliothèques 
publiques  de  ^Yoburn,  Massachusetts  (1877),  de  North  Easton 
(1877),  de  Quincy  et  de  Malden  (1883),  villes  également  du 
Massachusetts.  Outre  ces  édifices  publics,  à  raison  desquels  nous 
devions  à  Uicliardson  une  large  place  dans  notre  ouvrage,  il  a 
élé  l'architecte  d'un  grand  nombre  d'hôtels,  de  maisons  de 
commerce  et  de  gares  de  chemins  de  fer.  Sa  vie  a  été  racontée 
tout  au  long  dans  le  remarquable  ouvrage  de  MM.  Schuyler  et 
van  Bensselaer,  les  premiers  critiques  d'architecture  des  Etals- 
Unis. 

l'his  rapide  sera  la  biographie  de  M.  Frank  Furness.  Né  à 
Philadelphie  le  10  novembre  1840,  élève  de  liichard  M.  llunl, 
il  fui  membre  de  la  société  Furness,  Evans  et  C"  et,  à  ce  titre, 
devint  l'architecte  d'édifices  importants  à  Philadelphie,  sa 
ville  natale  :  l'académie  des  beaux-arts,  la  maison  de  correc- 
lion  qui  coûta  un  million  de  dollars,  l'hôlel  de  la  compagnie 
d'assurance  sur  la  vie  /a  Confiance  qui  coûta  un  demi-million,  la 
synagogue,  l'hôpital  du  collège  médical  Jcfferson  et  la  biblio- 
thèque de  l'université  de  Pensylvanie. 

M.  Charles  Coolidge  Haight  est  né  à  New-York  le  17  mars 
1841  et  fil  ses  études  au  collège  de  Colombie,  dans  celle  ville. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  le  nouveau  collège  de  Colombie, 


4i8  LES   ARCHITECTF.S  PAU  LEURS  OEUVRES. 

riiùpilal  Cancer,  rorphelinat  Leake  et  \\'aUs,  le  ïhéâlre  améri- 
cain, le  séminaire  général  de  lliéologie  ainsi  que  le  club  Down- 
lown,  tous  à  New-York,  la  caihédrale  de  Saint-Luc,  à  Portiand 
(Maine)  el  les  résidences  de  MM.  Have-Meyer,  Hoadly,  Edward 
Michel,  Charles  Kneeland,  etc. 

Né  à  Malden  (Massachusells),  le  27  octobre  1841,  M.  James 
G.  Hill  étudia  l'architecture  dans  l'atelier  de  L.  13rown  et  de 
C.  J.  F.  Bryant  à  Boston.  11  a  été,  de  1876  à  1880,  architecte  ins- 
pecteur au  déparlement  de  la  Trésorerie  aux  États-Unis  el,  en 
celte  qualilé,  a  élevé  plusieurs  édifices  dont  voici  la  nomenclature: 
le  bureau  des  postes  et  la  douane  d'Albany,  le  tribunal  de  Balli- 
more  (Maryland)  dont  la  dépense  s'éleva  à  deux  miUions  de  dol- 
lars, le  bureau  de  la  navigation  des  Etats-Unis  à  New-York,  les 
bureaux  de  la  gravure  et  de  l'imprimerie,  les  bfdimenls  de  la 
compagnie  la  Confiance  (prêt),  ious  ces  édifices  à  ^^'ashinglon, 
Président  de  la  Société  régionale  des  architecles  américains 
de  New-York  (1884,  1889),  vice-président  de  la  Société  améri- 
caine des  beaux-art  (1890-92),  président  aussi  de  la  commission 
de  rinstilut  archéologique  d'Amérique  (1891-92),  et  président, 
la  même  année,  de  l'Inslilut  des  architectes  américains,  M.  Ed- 
ward Haie  Kendall  construisit  à  New- York,  dans  le  style  de  la 
Renaissance  française,  1'  «  Equitable  Building  »  dont  la  dépense 
s'est  élevée  h  1, .'500,000  dollars,  dans  le  même  style  le 
«  Washington  Building  »  pour  lequel  fut  dépensée  une  somme 
égale,  les  bâtiments  de  vente  de  la  «  Bègle  mélhodisle  »,  ce  der- 
nier édifice  construit  dans  le  style  delà  Renaissance  italienne,  el 
de  nombreux  hôlels  particuliers.  Il  nous  reste  à  ajouter  que 
M.  Kendall  est  né  à  Boston  en  1842,  mais  qu'il  fut  élevé  en 
France,  à  Paris,  jusqu'en  1858  ou  1859,  que  revenu  aux  États- 
Unis,  il  resta  dans  l'atelier  de  Bryant  et  Gilmans,  architectes  à 
Boston,  de  18G0  à  1868,  et  qu'en  1869,  il  a  formé  avec  son 
maître  M.  Gilman,  une  société  sous  la  raison  sociale  Cilmau  et 
Kendall. 

M.  William  Gibbons  Preston,  fils  de  l'architecte  Jonalban 
Preslon,  est  né  à  Boston  le  29  août  1842.  Apiès  avoir  fait  ses 
premières  éludes  d'architeclure  avec  son  père,  il  vint  les  com- 
pléter à  Paris  dans  l'atelier  de  M.  L.  Douillard,  puis  en  1862, 
devint  l'associé  de  son  père.  Les  œuvres  les  plus  importantes  de 
cet  archilecle  sont   presque  toutes  à  Boston  :  les  usines  d'élec- 


é';  V'-'V.'S'ij-t;;. 


d  après  un  bu3le  du  Musée  de  Milan 


LUIGI  CANONICA 


CHAPITRE  XV.  ii'J 

liicité  pour  la  Compagnie  du  cliemin  de  fer  de  Wesl-End  slree(, 
à  Boston  el  à  Cambridge  (Massacluisetls),  l'hôlel  de  la  sociélé  de 
cliarilé  des  mécaniciens  du  ^lassacliuseUs,  le  premier  inslilutdo 
technologie,  les  bâtiments  de  la  société  d'histoire  naturelle,  en 
collaboration  avec  M.  Preslon  père.  C'est  aussi  à  cette  colla- 
boration qu'est  due  l'érection  de  l'institut  technologique  de 
Boston,  une  école  pour  les  enfants  arriérés  à  Waltham  (Massa- 
chusetts), l'hôtel  de  Soto  qui  a  coûté  30,000  dollars,  la  Bourse 
au  coton  et  le  tribunal  de  Chatliam  à  Savannali  (Géorgie). 
A  Boston,  M.  Preston  a  été,  de  plus, l'architecte  de  constructions 
pai'ticulières  considérables,  parmi  lesquelles  nous  mentionne- 
rons celles  de  la  compagnie  d'assurance  internationale  /a  Con- 
fiance, la  maison  Mason  et  la  maison  John  Hancock. 

M.  Francis  H.  Kimbell,  de  Kennebunk  (Maine),  est  un  archi- 
tecte de  théâtres.  Depuis  1873,  époque  à  laquelle  il  commença 
à  pratiquer  l'architecture,  il  a  construit  le  théâtre  du  Casino 
(style  arabe  ,  le  théâtre  Harrigan  istyle  italien  ,  le  théâtre  de  la 
cinquième  .Vvenue  (même  style),  tous  à  New-York;  de  plus  le 
Montaukclub  (dans  le  style  des  palais  vénitiens)  et  l'église  ogivale 
des  Baptistes,  à  Brooklyn. 

Né  en  Allemagne  en  1841,  le  30  mars,  M.  Heinrich  E.  Koch 
peut  être  considéré  comme  Américain,  puisqu'il  vint  aux  États- 
Unis  l'année  suivante  el  servit  dans  l'élal-major  du  général 
Slieridan,  comme  major  du  service  topographique,  pendant  la 
guerre  de  Sécession.  Parmi  ses  plus  importants  travaux,  nous 
citerons  l'asile  des  aliénés  à  Oahkoak  (Wisconsin),  les  bâtiments 
de  l'université  de  Madison  (id.),  une  caserne  près  Milwaukeo, 
l'hôtel  de  ville  el  l'asile  des  aliénés  de  celte  cité. 

.\llemand  aussi  est  M.  Eduart  Ernest  Rath,  fils  d'un  pré- 
sident de  cour  d'appel,  né  à  Dillenbuurg,  dans  le  duché  de 
Nassau,  le  15  juillet  1844,  et  élève  de  l'école  polytechnique  de 
Cassel.  Il  perfectionna  ses  éludes  comme  architecte  dans  l'atelier 
de  VioUet-le-Duc  el  arriva  aux  Étals-Unis  en  1866.  Il  a  construit 
un  peu  partout,  à  Berlin,  à  Vienne,  à  Madrid,  à  Victoria,  à  Mel- 
bourne, mais  on  ne  cite  de  lui  aucun  édifice  public. 

M.  Robert  Sylvain  Peabody  est  fils  d'un  clergyman  et  est  né 

à  New-Kedford  (Massachusettsi   le  22  février    1843.  Élève  de 

M.M.  Ware  et  Van  Bruni,  ainsi  que  de  l'école  des  beaux-arts,  il 

s'est  installé  à  Boston  en  1870  el  a  formé  une  association  avec 

m.  29 


rM  LES  AUCHITECÏES  PAU  LEURS   OEUVRES. 

iM.  J.  Stearns,  La  société  Peabody-Stearns  compte  parmi  ses 
travaux  importants  la  gare  du  chemin  de  fer  de  Providence,  la 
grande  Bourse,  les  bureaux  de  la  compagnie  la  New-York,  à 
Boston,  des  bâtiments  pour  «  l'Harvard  university  »  à  Cambridge 
(Massachusetts),  le  musée  des  beaux-arts  à  Saint-Louis  (Mis- 
souri) et  un  nombre  considérable  d'églises  et  d'habitations  par- 
ticulières. Sa  dernière  œuvre  est  la  Galerie  des  machines  à 
l'Exposition  universelle  de  Chicago  (1893). 

INous  ne  mentionnerons  M.  Bruce  Price,  fils  do  jurisconsulte, 
né  à  Cumberland  (Maryland)  le  12  décembre  18io,  que  parce 
qu'il  a  construit,  en  soixante  joui's,  l'hôtel  de  Long  Brandi,  dans 
le  New-Jersey,  rendez-vous  des  baigneurs  américains,  et  parce 
que,  avant  chaque  saison  d'hiver,  cet  établissement  (nous  ne 
savons  s'il  est  en  pierre,  bois  ou  fer)  est  transporté  stir  des  rou- 
leaux ù  cent  mètres  de  la  mer. 

Fils  de  jurisconsulte  également  est  M.  Théophile  Parsons 
Chandler,  né  ù  Boston  le  7  septembre  1841  et  qui  fréquenta  les 
ateliers  d"archileclure  de  l'ancien  et  du  nouveau  monde.  Les 
édifices  publics  dont  il  est  l'auteur  sont  l'église  swedenborgienne 
de  Philadelphie,  l'église  des  Presbytériens  à  Fox  Chase  et  le 
tribunal  de  Wilmington  (Delaware). 

Premier  président  de  l'Association  des  architectes  de  l'Ouest, 
M.Daniel  Hudson  Burnham  sera  plus  connu  comme  «  chef  de 
conslruclion  »  h  l'Exposition  universelle  de  Chicago,  car  il  a  été 
véritablement  l'organisateur  de  toute  la  construction  des  édifices 
qui  couvrent  le  «  Fair  Ground  »  dont  le  coût  s'élèvera  ù 
environ  cinquante  millions  de  dollars  (plus  de  2o0  millions  de 
francs).  On  peut  d'ailleurs  ciler  de  lui  :  la  Loge  maçonnique, 
l'ancien  institut  des  Arts  et  l'arsenal  du  premier  régiment,  h 
Chicago,  la  chambre  de  commerce  à  Kansas  (Missouri)  et  diverses 
gares  de  chemins  de  fer.  Il  nous  reste  à  dire  que  M.  Burnliam, 
(ils  d'un  négociant,  est  né  à  Henderson  (New-York)  le  4  sep- 
tembre 18i6  et  étudia  l'architecture  dans  les  ateliers  de  ses 
confrères  de  Chicago,  11  est  l'associé  de  J.  W.  Boot  depuis  1873. 

]M.  Leroy  SunderlandBuffington,  fils  d'un  entrepreneur,  est  né 
à  Cincinnati  le  22  novembre  1847  et  s'est  contenté  d'acquérir  les 
connaissances  nécessaires  à  la  profession  d'architecte  daas  l'ate- 
lier d'un  praticien  de  sa  ville  natale,  mais  son  esprit  actif  et  entre- 
prenant lui  procura  bientôt  un  grand  nombre  de  travaux  impor- 


CHAPITRE   XV.  'lai 

lants,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  ki  (Miambre  d'État  à  Saint- 
Paul  (Minnesota),  la  Chambre  d'Elat  de  IJismark  (Dakola 
Nord),  etc.  Inventeur  de  la  charpente  eu  fer  brevetée  aux  États- 
Unis  et  qui  a  élé  employée  dans  la  construction  de  presque  toutes 
les  maisons  de  Chicago,  il  s'est  vu  d'ailleurs  conlesler  son  in- 
vention et  plaide  eu  ce  moment  contre  ses  contradicteurs. 

L'État  d'Oliio  a  trouvé  son  architecte  dans  iM.  Levi  T.  Sco- 
field,  né  dans  cette  région,  à  Cleveland,  le  9  novembre  1842. 
Fils  d'un  constructeur,  il  fit  ses  études  professionnelles  en  186ij 
et  est  devenu  l'inspecteur  général  de  tous  les  travaux  faits  pour 
le  compte  du  gouvernement  des  Étals-Unis  à  Cleveland.  Parmi 
eux,  nous  mentionnons  la  maison  de  Charité  de  Cleveland,  l'hô- 
pital des  aliénés  d'Athènes  (coût  :  un  million  de  dollars),  celui  de 
Colombus  qui  a  coûté  deux  millions,  l'orphelinat  des  soldais  el 
marins  à  Xénia,  le  pénitencier  de  la  Caroline  du  Nord,  dont  la 
dépense  s'est  élevée  à  1 ,500,000  dollars,  la  maison  de  correction 
de  l'État  d'Ohio,  qui  a  coûté  1,336,000  dollars,  le  monument 
élevé  aux  soldais  et  marins  à  Cleveland  et  le  monument  de  l'État 
d'Ohio  destiné  à  rExposilion  de  Chicago. 

M.  William  Appleton  Potter  est  né  à  Scheneclady  (New- 
York),  le  8  décembre  18i2.  11  a  étudié  l'architecture  dans  l'ate- 
lier de  son  frère,  M.  Edward  T.  Potter  et  a  commencé  ses 
travaux  en  1869,  mais  comme  membre  de  la  société  Potter 
el  Roberlson.  Pendant  quelques  années  et  jusqu'en  1876,  il  a 
été  architecte  inspecteur  du  département  de  la  Trésorerie  aux 
Élals-Unis  et  a  construit,  à  ce  litre,  les  tribunaux  et  les  bureaux 
de  poste  d'Evansville  (Indiana)  (coût  :  300,000  dollars),  de 
Nashville  (Tennessee)  (coût  :  500,000  dollars),  de  Covinglon 
(Kenlucky)(cont:  350,000  dollars),  de  Fall  River  (Massachusetts) 
(coût  :  500,000  dollars).  A  New-York,  il  a  élevé  le  collège  de  pé- 
dagogie, auquel  il  a  donné  les  formes  gothiques,  le  séminaire 
de  l'Union  théologique,  également  de  style  gothique,  l'église 
Saint-.]eau  à  Slamford  (Conueclicut),  la  Christ-church  à  Pough- 
keepsie  (État  de  New-York),  de  foi-me  gothique  comme  les  pré- 
cédents, l'église  de  la  Sainte-Trinité,  essai  de  slyle  roman,  à 
Harlem,  l'église  luthérienne  Saint-Jacques,  de  style  roman 
comme  le  précédent  édifice,  la  chapelle  Sainte-.\gnès,  Commen- 
cement hall,  Princeton  collège,  également  de  slyle  roman. 
.M.  Edward    Potier  a  été  l'architecte   de  l'église   d'Harvard    à 


43-2  Ll'S   ARCHlTIiCTES  PAR  LEURS   OEUVRES. 

JJrookline  (Massachiisells),  de  rogliso  du  Bon-Pasleur  à  Hariford 
(Conneclicul)  et  de  l'iiùpilal  pour  les  blessés  et  mutilés  à  New- 
York.  11  est  également  l'auteur  d'un  projet  fort  inléressant  sur 
les  conditions  hygiéniques  à  observer  pour  la  «  réunion  du 
plus  grand  nombre  possible  de  personnes  dans  un  lieu  douné  ». 

L'Allemand  Herman  J.  Schwartzmann  fui  plulùl  un  ingé- 
nieur qu'un  architecte,  quoiqu'il  ait  attaché  son  nom  à  un  cer- 
tain nombre  de  vastes  conslructions,  telles  que  le  «  \\'oman's  pa- 
villion  ))  et  la  Cbambre  de  l'État  de  Pensylvanie.  Né  à  Munich 
en  1843  et  fils  d'un  peintre  en  décors  assez  connu  que  favorisa 
le  patronage  du  roi  Louis  de  Bavière,  Schwarizmann  fut  élevé  à 
l'école  royale  militaire  et,  muni  de  son  brevet  d'officier,  entra 
dans  l'armée  où  il  servit  comme  officier  d'artillerie  pendant  la 
guerre  de  186G,  entre  l'Autriche  et  la  Prusse.  Cette  guerre  ter- 
minée rapidement,  ainsi  que  chacun  sait,  par  la  bataille  de 
Sadowa,  Schwartzmann  vint  s'élablir  aux  États-Unis  (1867)  et  prit 
à  Philadelphie  les  fonctions  d'ingénieur  chargé  de  dresser  les 
plans  de  Farraount  Park  dans  cette  ville;  ensuite,  il  fut  nommé 
ingénieur  en  chef  de  l'Exposition  du  Centenaire,  pour  laquelle  il 
dessina  le  «  hall  »  de  l'horticulture  et  le  Mémorial  hall,  restés 
seuls  debout  sur  l'emplacement  de  celte  Exposition.  Revenu  à 
New-York,  en  1878,  Schwartzmann  y  construisit  le  Liederkranz 
club,  el  mourut  dans  celte  ville  le  25  septembre  1891 . 

M.  Dankmar  Adler,  lui  aussi,  est  un  Allemand,  né  à  Ingsfeld 
dans  la  Saxe,  le  3  juillet  1844;  il  n'avait  que  dix  ans  lorsqu'il 
vint  aux  Etals-Unis  et  eut  pour  professeurs  Julins  Melchers, 
John  Schaefer  et  Willard  Smith,  de  Détroit  (Michigan).  Membre 
de  la  société  établie  d'abord  nous  le  nom  de  Kinney  et  Adler, 
puis  de  Burling  et  Adler,  puis  d'Adler  et  Sullivan,  il  fut 
nommé  président  de  la  Société  régionale  des  archilectes  de  l'Ouest 
et  secrétaire  de  l'inslilut  des  architectes  américains.  Ses  ou- 
vrages les  plus  importants  à  Cbicago  sont  l'église  Block  des  mé- 
thodistes, les  bâtiments  de  la  »  Tribune  »,  le  temple  de  Sinaï, 
une  salle  de  concert  {Central  tni/sic  hall),  l'Opéra  de  Schiller, 
elles  bâtiments  de  la  Iransporlation  à  W'ohlsfair  en  1893. 

Fils  d'un  constructeur,  Charles  L.  Carson,  né  à  Baltimore 
vers  1849  et  mort  en  décembre  1891  dans  la  même  ville,  où  il 
exerça  surtout  sa  ])rofession  d'archilecle,  y  a  bâti  beaucoup 
d'églises,  puis  la  bibliothèque  libre  Enoch  PratI,  la  Loge  des 


eu  API  TUE   XV.  «"î 

francs-maçons,  le  cinl)  du  Phénix  fl  nn  assez  grand  nombi'c  do 
maisons  de  commerce.  .V  Knoxville,  dans  le  Tennessee,  il  allaclia 
son  nom  au  bàliment  de  l'Université,  an  «  sanatorium  »  de 
Thomas  U'ilsnn  el  à  linstilut  de  Mac  Denough,  dans  le  Maryland. 

Robert  Henderson  Robertson,  fils  d'un  propriétaire,  né 
le  29  avril  18i9,  étudia  rarchiteclure  dans  les  ateliers  d'Henri 
Sims,  de  Philadelphie,  dont  ou  a  lu  la  biographie,  et  de  George  B. 
Post  et  C'%  ainsi  qu'il  a  été  dit  ci-dessus  ;  puis  forma  une  associa- 
tion, vers  1872,  avec  W,  .V.  Pottcr.  Nous  pouvons  mentionner 
parmi  les  ouvrages  les  plus  importants  de  Hohertson,  tous  à 
New- York  :  l'église  méthodiste  épiscopale  de  l'avenue  Madison, 
de  style  romau,  l'église  épiscopale  Saint-James,  l'église  du 
Saint-Esprit,  l'église  Saiut-Luc,  de  style  roman,  l'Académie  de 
médecine,  ainsi  qu'un  nombre  considérable  de  maisons  do  com- 
merce et  d'habitations  particulières. 

La  société  J.  H.  AFac  Gelfatriclv  et  fils  s'occupa  presque 
exclusivement  de  l'architecture  théâtrale,  et  on  peut  dire  qu'on 
lui  doit  la  plupart  des  salles  de  spectacle  élevées  aux  États-Unis 
pendant  les  quinze  ou  vingt  dernières  années.  Eu  voici  la  no- 
menclature, abrégée  assurément  :  les  théâtres  de  Broodway 
et  de  Standard  à  New-York,  le  théâtre  national  à  ^^'asllington, 
l'Opéra  métropolitain  à  Saint-Paul  (Minnesota),  le  théâtre  Tré- 
mont  à  Boston,  le  théâtre  Duquesne  à  Pittsburg  (Pensylvanie), 
le  (Irand  Opéra  et  plusieurs  autres  salles  à  Saint-Louis  (Missouri). 
Ajoutons  ([ne  le  membre  le  plus  considéré  de  l'association  fut 
J.  Morgan  Mac  Gelfatrick,  qui  avait  passé  de  longues  années 
en  Europe  et  en  Amérique  à  étudier  cette  branche  de  l'archi- 
tecture dont  il  connaissait  tous  les  secrets  et  est  mort  à  Saint- 
Louis  (Missouri),;!  l'âge  d'environ  quarante  ans,  en  1891. 

Tous  les  travaux  publics  exécutés  pour  le  comple  du  gouver- 
nement des  Etats-L'nis  dans  les  Etats  extrêmes  de  l'Ouest,  l'ont 
été  par  un  architecte  d'origine  anglaise,  M.  Walther  John  Cuth- 
bertson,  né  à  Londres  le  2  septembre  ISoO,  qui  vint,  eu  1870,  aux 
Etals-Unis.  11  avait  fait  ses  premières  études  dans  les  écoles  el  les 
collèges  de  l'université  à  Londres  et  dans  les  écoles  des  sciences 
et  arls  de  South-Kensington.  Depuis  1885,  membre  des  so- 
ciétés formées  sous  la  raison  sociale  Uurlett  et  Cuthberison  et 
Mooser  et  Uulhberson,  il  a  été  l'archilecte  du  tribunal  de  Los 
Angeles,  auquel  il  a  cru  devoir  donuiM'  la  forme  romane,   le 


•'•3i  LES  AHCIIITEGTKS  PAR  LEURS  OEUVRES. 

Ilicûlrc   de   Macdonougli  (de    slyle    Renaissance)   à    Oakiand, 
la  résidence    de    William   Croker  à  San  Francisco,  la  banque 
de  l'Etat  de  Californie,  de  style  roman,   à   Sacramenlo,    etc. 
C'est  ù  New-York  qu'un  compatriote  de  M.  Cuthbertson  a 
jusqu'ici  exécuté  toutes  ses  œuvres  architecturales;  il  s'appelle 
.M.  Robert  Williams  Gibson  et  est  né  à  Aveley  (comté  d'Essex), 
le  17  novembre  1834.  Fils  d'un  entrepreneur,  il  fit  son  éducation 
professionnelle  à  l'académie  royale  des  arts  de  Londres  et  une 
bourse  de  voyage  qu'il  y  obtint  lui  permit  de  faire  une  excur- 
sion   à   travers    l'Espagne,   dont  il   publia  une   relation  dans 
r<(  American  arcbitect  ».  Il  émigra  aux  Étals-Unis  en  1881  et  fixa 
sa  résidence  à  Albany   (Élat  de  New- York),  dont  il  dessina  la 
cathédrale  dans  ce  style  pseudo-gothique  adopté  par  ses  con- 
temporains de  l'Angleterre   et  pour  laquelle  on  a  dépensé  jus- 
qu'ici 200,000  dollars.  Il  quitta  alors  Albany  pour    New-York 
où  ses  conceptions,  édifices  religieux  pour  la  plupart,  ont  été 
accueillies  avec   faveur,  telles  que  l'église  commémoralive    de 
Randall  (Rhode-d'Island),  dans  le  style  de  la  Renaissance  ita- 
lienne, à  New-York,  l'église  Saint-Michel,  à  laquelle  il  a  adaplé 
une  sorte  de  roman  italien,  l'église  collégiale  réformée  dans  le 
style  de  la  Renaissance  allemande,  également  à  New-York,  la 
clinique  de  New-York  pour  les  maladies  des  oreilles  et  des  yeux, 
qui  a  coûté  250,000  dollars,  et  une  foule  de  constructions  desti- 
nées au  commerce. 

M.  William  Sçhickel  est  né  à  \A'iesbaden  en  janvier  1850  et 
vint  aux  Etals-Unis  en  1870.  Élève  de  William  Rogler,  de 
Wiesbaden,  il  voyagea  en  France,  en  Italie  et  en  Allemagne 
pour  compléter  ses  études.  Membre  le  plus  ancien  (aujourd'hui) 
de  la  société  formée  entre  William  Sçhickel  et  C'°,  il  a  cons- 
truit l'église  de  mission  des  Rédemptionnistes  dans  le  style 
roman,  à  Boston,  l'église  de  la  Très-Sainte-Trinité,  imitation  du 
style  ogival,  à  Brooklyn;  à  New-York,  le  <i  Home  Isabella»  ,  édifice 
dans  le  goût  de  la  Renaissance,  la  résidence  de  R.  L.  Stuarl, 
dans  le  même  style,  Cinquième  avenue  et  Soixante-huilième  rue, 
tous  ces  édifices  à  New-York,  rbùpital  Saint-Pierre,  de  slyle 
roman,  à  Brooklyn,  l'église  Saint-Louis,  imitation  assez  réussie 
des  édifices  gothiques  et  qui  coûta  500,000  dollars,  à  Butfalo, 
le  séminaire  Saint-Joseph  pour  le  diocèse  de  New-York  à  Yon- 
kern,  l'académie  du  Sacré-Cœur  doutle  coût  est  de  600,000dol- 


C.HAIMTllE    W.  'loo 

lars,  dans  la  même  ville,  des  écuries  pour  les  frères  Slei-n, 
Vingl-Iroisiènie  rue  (ii  >i'ew-York  toujours),  et  le  Lakewood  liolel 
h  Lakewood  (New-Jerseyi. 

John  Wellborn  Root,  qui  naquit  en  Géorgie  le  10  janvier 
18..)0  cl  mourut  à  C.liicago  le  1  o  janvier  1891 ,  lit  tout  pour 
mériter  l'estime  de  ces  concitoyens  et  être  regardé  par  eux 
comme  un  des  premiers  artistes  de  son  temps.  C'est  à  Chicago, 
où  l'incendie  de  1871  ne  laissa  guère  que  des  ruines,  que  Root 
trouva  l'occasion  do  dépenser  toutes  les  ressources  de  son 
esprit  fécond  et  de  sa  science  professionnelle.  Associé  à  D.  II. 
Burnliam,  il  conquit,  par  dix-luiit  années  de  succès,  le  droit 
de  reconstruire  un  grand  nombre  de  somptueuses  et  larges 
habitations  élevées  dans  un  délai  dont  jamais  architecte  amé- 
ricain n'aurait  pu  se  contenter,  car  tous  les  édifices  signés  de  la 
société  ont  été  dessinés  par  lui  et  comprennent  surtout  des 
bureaux,  des  magasins,  des  banques,  des  docks,  etc.,  dont  l'ar- 
ciiitecture  a  appelé  sur  Chicago  les  regards  du  monde  entier  ; 
mais  à  côté  de  ces  conslntctions  particulières.  Root  en  a  élevé 
dans  cette  ville  qui  sont  de  véritables  édifices  publics  :  le  club 
du  Calumet,  l'hôpital  Saint-Luc,  l'institut  des  Arts,  l'église  de 
Covenant,  la  Loge  maçonnique  qui  possède  vingt  étages,  le 
Wooman's  temple,  l'arsenal  du  premier  régiment,  etc.  Pour  la  ville 
de  Kansas  dans  le  Missouri,  Root  a  donné  les  plans  de  la  Bourse, 
de  l'hôtel  des  Jeunes  chétiens  associés  et  de  l'hôtel  Midland. 
On  lui  doit  aussi  les  gares  du  chemin  de  fer  pour  la  ville  do 
Desmoines  (lowa),  de  Kansas  (Missouri),  de  Clinton  (lowa),  de 
Fort  Scott  (Kansas),  de  Galesburg  et  deOttumwa  (lowa),  puis  en- 
core de  vastes  hôtels  ù  Guaymas,  à  Mexico,  et  à  Las  Vegas  (Nou- 
veau-Mexique). Malgré  cette  prodigieuse  quantité  de  travaux  à 
concevoir  d'abord  et  à  exécuter  ensuite.  Root  trouva  le  temps 
d'être,  jusqu'à  l'époque  do  sa  mort,  secrétaire  de  l'instilul  des 
architectes  américains  et  architecte  consultant  de  lu  direclion 
de  l'Exposition  inlernalionale  colombienne  qui  lui  doit  le  plan 
d'après  lequel  ont  été  groupés  tous  les  bâtiments  de  celle  expo- 
sition. 

La  société  formée  enire  MM.  George  Tilden  et  Arthur 
Rotch,  ce  dernier  fils  de  négociant  et  né  à  Boston  le  13  mai  ISiiO, 
a  produit  les  églises  du  .Messie,  de  l'Ascension,  du  Sainl-Lsprit 
à  Boston  et  le  musée  du  \^'ellcslev  collège  (Massachusetts).  Ile 


-ion  LES  ARCHITECTES   PAU  LEURS   ŒUVRES. 

plus,  avec  l'aide  de  plusieurs  membres  de  sa  famille,  M.  Rolch 
a  créé  une  bourse  de  voyage  qui  permet  aux  élèves  architectes 
des  États-Unis  de  faire  deux  années  d'études  en  Europe. 

M.  William  Théodore  Emile  De  Lemos,  fils  d'un  fermier, 
naquit  dans  le  Scblewig-IIolstein  le  13  juin  18b0,  fil  ses  études  à 
la||«  Bau-Akademie  »  de  Berlin  et  vint  aux  États-Unis  en  1881. 
Associé  de  M.  Cordes,  à  New- York,  il  a  consiruit  avec  lui  l'Kden- 
musée,  le  club  Arion,  les  bureaux  du  journal  le  «  Nortb-ïimes  » 
à  Chatlanooga,  etc.  Augustus  Wilhelm  Cordes  est  Allemand 
comme  son  associé,  puisqu'il  est  né  à  Hambourg,  en  février  1 850, 
et  que,  comme  lui,  il  a  fait  ses  éludes  à  la  «  Bau-Akademie  ». 

Archilecle  pour  les  compagnies  de  chemin  de  fer  du  lac  Erié 
et  de  l'Ouest,  JM.  Bradford  L.  Gilbert  est  né  à  W'alerlown 
(New-York)  en  mars  1853.  On  lui  doit  les  grandes  gares  de  Saint- 
Paul,  de  rillinois  ot  les  bâtiments  de  l'administration  centrale 
de  la  compagnie  «  New-York  à  la  rivière  d'Hudson  ». 

M.  Stanford  White,  fils  d'un  homme  de  lettres  de  New-York, 
naquit  le  9  novembre  1853  et  compléla  son  éducation  artistique, 
commencée  par  l'architecte  Richardson,  en  parcourant  l'Europe 
pendant  plusieurs  années.  A  son  retour  en  Amérique,  en  1880,  il 
est  devenu  membre  de  l'association  Mac  Kimet  Mead  et  a  acquis, 
comme  dessinateur,  une  haute  réputation.  Les  travaux  auxquels 
a  été  associé  plus  particulièrement  M.  White  sont  le  bâtiment 
des  archives  de  Washington,  le  jardin  de  Madison-square,  le 
Melropolitan-chib,  les  bureaux  du  «  New-York  Herald  »  h  New- 
York,  ainsi  qu'un  certain  nombre  de  monuments  élevés  en  col- 
laboration avec  le  sculpteur  Saint-Gaudens. 

iM.  Alexander  Wadsworth  Longfellow,  fils  d'un  ingénieur 
civil,  né  à  Deering  (État  du  l\Iaine)  le  18  août  1854,  a  étudié 
l'architecture  à  l'institut  technologique  du  Massachusetts,  puis 
dans  les  ateliers  de  MM.  Vaudremer  et  Raulin  à  Paris;  membre 
delà  société  Longfellow,  Alden  et  Harlow,  il  a  signé  de  la  si- 
gnature sociale  :  l'hôtel  de  ville  de  Cambrigde,  le  club  Duquesne 
à  Pittsburgb  et  la  bibliothèque  Carnegie  dans  la  même  ville. 

M.  Edmund  March  Wheelwright,  fils  d'un  manufacturier, 
né  à  Roosbury  (.Massachusetts)  esl  né  le  14  septembre  1854. 
Ses  principaux  travaux  sont  l'hôpital  de  Long-Island^  le  havre 
de  Boston,  les  écoles  d'Agassiz  et  de  Mounl-Vernon,  elc. 

M.  Charles  A.  Rich,  de  la  société  Lemb  et  Rich,  est  né  à 


CHAI'ITHK  XV.  407 

Beverley  iMass.)  en  1855.  Fils  d'un  clergyman,  il  a  exécuté  la 
j)lus  grande  parlic  de  ses  travaux  à  New-Vork  :  l'institut  Pratt  de 
Brooklyn,  les  écoles  Berkeley,  les  bureaux  de  la  compagnie 
d'assurances  contre  l'incendie  la  c<  (lermania  »,  etc. 

Les  œuvres  principales  de  M.  George  R.  Maun,  né  h  Syra- 
cuse (Indiana)  le  28  juillet  1830,  en  collaboration  avec  M.  Eckel, 
son  associé,  sont  :  le  nouvel  hôtel  de  ville  (deux  millions  de  dollars) 
et  l'institut  Saint-Vincent  à  Saint-Louis  (Missouri),  le  tribunal  et 
le  bureau  de  conciliation  à  lowa,  les  magasins  du  chemin  de  fer 
l'Union,- ù  Saint- Joseph  (Missouri  également). 

Deux  frères,  MM.  Allen  Hartzel  Stem  et  l.  II.  Stem,  —  le  pre- 
mier né  à  Van  Wert  (Ohio),  le  2'J  janvier  1856,  —  ont  construit 
ensemble  la  Chambre  d'État  de  Héléna  (Montana),  l'hôtel  de  la 
Colonnade  à  Saint-Paul  et  la  salle  de  conférences  (Minnesota),  le 
collège  médical  pour  l'université  du  même  Élat,  etc. 

A  mentionner  l'asile  des  orphelins  de  Troy  (New-York),  dans 
le  style  Tudor,  œuvre  de  M.  Herbert  Langford  Waren,  fds 
d'un  clergyman,  né  en  Angleterre,  à  Manchester,  le  29  mars  1857, 
qui  commença  dans  son  pays  natal  ses  études  d'architecture  et 
les  compléta  à  l'institut  technologique  du  Massachusetts. 

Fils  d'un  négociant  et  né  à  Boston,  le  9  janvier  1857,  M.  Charles 
Howard  Walker  se  prépara  à  la  pratique  de  son  art  en  se  fai- 
sant recevoir  membre  do  1'  «  expédition  arcliéologique  »,  puis 
devint  professeur  à  l'institut  technologique  du  Massachusetts  et 
au  musée  des  beaux-arts  de  Boston  :  il  est  l'architecte  de  la  bi- 
bliothèque d'Omaha  (Nebraska),  de  l'église  de  Mount-Vernon, 
c'est  tout  ce  que  nous  savons. 

M.  Henri  Yves  Cobb  s'est  vu  confier,  quoique  fort  jeune  encore, 
(puisqu'il  est  né  à  Brooklyn  le  19  août  1859),  un  groupe  de  tra- 
vaux fort  importants  :  l'université  de  Chicago  qui  a  coûté  huit  mil- 
lions de  dollars,  imitation  des  édifices  néogothiques  de  l'An- 
gleterre, et  la  bibliothèque  de  Newbury  dans  la  même  ville,  pour 
laquelle  l'archilecle  a  adopte  le  style  roman,  etc.  Il  est  aussi 
l'auteur  du  «  Pavillon  des  Pêcheries  »,  l'un  des  plus  originaux 
qui  se  peuvent  voir  à  l'Exposition  universelle  de  Chicago. 

Né  également  en  1859,  le  19  octobre,  dans  l'État  deNew-York, 
M.  Arthur  Page  Brown  a  été  successivement  architecte  dans 
cette  ville  el  à  San-Francisco,  depuis  1 885.  On  lui  doit  :  le  musée 
artistique  du  collège  de  Princeton  (New-Jersey),  l'église    de  la 


458  LES  ARCHITKr/rKS   PAR  LEURS   OEUVRES. 

Trinilé  à  San-Francisco  ;  enfin,  il  est  l'anleiir  du  palais  afToclé 
à  l'État  de  Californie  à  l'Exposition  de  Chicago. 

M.  George  Lewis  Heins,  né  à  Philadelphie  (Pensylvanie),le 
2i  mai  I8G0,  a  suilout  consacré  son  talent  à  la  construction 
d'édifices  religieux.  Elève  de  l'institut  technologique  du  Massa- 
chusetts, il  fait  aujourd'hui  partie  de  la  société  lleins  et  La 
Farge,  de  New-York.  11  est  l'architecte  de  l'église  de  la  Récon- 
ciliation, à  Brooklyn,  du  Bieniieureux-Sacrentient,  à  Providence 
(Hhode-Island),  de  la  cathédrale  de  Saint-Jean-le-Diviu  à  New- 
York,  dont  la  première  pierre  a  été  posée  le  27  décembre  der- 
nier et  dont  la  construction  coûtera  au  moins  douze  millions 
de  dollars  (plus  de  60  millions  de  francs). 

Fils  du  président  du  séminaire  de  l'Union  lliéologique  de 
New-York,  M.  Thomas  Hastings  est  bien  l'architecte  de  l'église 
presbytérienne  de  Saint-.Vngustin  (Floride)  et  de  l'église  de  la 
Congrégation  à  Providence  (Hhode-Island),  mais  il  construit  aussi 
volontiers  des  hôtels  et  des  maisons  de  commerce,  notamment 
à  New-York.  Né  dans  celte  ville,  le  11  mars  1860,  il  a  fait  ses 
éludes  architecturales  à  Paris,  dans  l'atelier  de  M.  André  et  ù 
notre  École  des  beaux-arts. 

Nous  accordons  ici  la  place  qu'elle  mérite  à  «  une  »  architecte 
américaine  qui,  après  Sabine  de  Sleinbach  et  Proper/.ia  de 
Hossi,  ne  craint  pas  de  monter  sur  les  échafaudages  et  de  salir 
ses  ajustements  féminins  au  contact  des  maçons  et  des  fumistes. 
C'est  M"'  Minerva  Parker  Nichols,  née  Parker,  qui,  pourtant, 
est  tille  d'un  jurisconsulte  et  non  d'un  architecte.  Née  à  Péoria 
(Illinois),  le  14  mai  1862,  elle  a  fait  ses  études  techniques  à 
l'institut  Franklin  de  Philadelphie;  naturellement,  dit  son  bio- 
graphe, les  travaux  que  l'on  confie  à  ces  pionniers  du  sexe  faible 
(female  pinneevs)  ne  peuvent  pas  être  hors  de  proportion  avec 
leur  tempérament  de  femme,  cependant  on  peut  citer,  comme 
(l'uvre  remarquable  de  M""  Nichols,  le  Club  des  femmes  à  Phi- 
ladelphie, dont  la  dépense  a  excédé  50,000  dollars,  et  le  club  du 
Centenaire  à  AVilraington  (Delaware),  qui  a  coûté  à  peu  près 
autant. 

L'étranger  qui  visitera  à  l'Exposition  universelle  de  Chicago, 
dans  le  courant  de  cette  année  1893,  le  palais  des  Beaux-Arts, 
le  pavillon  des  Forêts,  le  Péristyle,  la  gare  de  TExposilion,  saura 
que  l'auteur  de  ces  diverses  édifices  est  .M.  Charles  B.  Atwood, 


CHAPITRE  XV.  ^to'-i 

né  en  1848  cl  élève  des  archilecics  de  Boston  11  esl  vrai  qne 
jusqu'ici,  par  une  falalilé  fâcheuse,  il  n'a  été  donné  presque 
aucune  suite  aux  projets  fort  nombreux  pour  lesquels  il  a  con- 
couru; aussi  ne  pouvons-nous  citer  de  lui  que  l'iiôtel  de  ville  de 
ilolyetls  (Massachusetts).  Le  pavillon  des  lAlines  et  Minerais  est 
d'un  architecte  fort  connu  des  négociants  et  industriels  du 
Nord-Ouest,  pour  lesquels  il  a  élevé  nombre  de  maisons  et 
d'usines,  M.  Solon  S.  Beman,  né  vers  I80O,  sans  indication 
de  lieu  de  naissance;  celui  de  la  Salle  des  concerts  de  la  même 
Exposition  est  de  M.  Francis  Whitehouse,  né  vers  18o0,  archi- 
tecte d'habitations  privées  à  Chicago. 

Fils  d'un  ingénieur  civil,  M.  Joseph  Miller  Wilson  naquit 
à  Phœnixville  (Pensylvanie)  le  30  juin  1838.  Il  est  plutôt  ingé- 
nieur lui-même  qu'architecte,  aussi  lui  doit-on  (avec  la  collabora- 
tion d'Henry  Pellil)  la  «  Galerie  des  machines  »  h  l'Exposition 
du  Centenaire  à  l'iiiladelphie  en  1876.  Arcbilecle  de  plusieurs 
compagnies  de  chemins  de  fer,  il  a  donné  les  plans  de  la  gare  de 
Philadelphie;  le  Drcvel  Institut,  ainsi  que  l'hôpital  des  Presbyté- 
riens, l'asile  des  aliénés  à  Norriston  (Pensylvanie)  et  l'école 
indusirielle  Saint-François  de  Sales  à  Eddinglon  (même  Étal) 
sont  également  de  M.  Wilson. 

Si  nous  rappelons  ici  le  nom  de  .M.  Karl  Fehmer,  lils  d'archi- 
tecte, né  à  Dargun  (Mecklembourg-Sclnvérin),  en  1838,  c'est 
uniquement  parce  qu'il  a  construit  l'institut  de  technologie  du 
Massachusetts,  M.  Fehmer  étant  surtout  l'architecte  du  com- 
merce et  de  l'industrie  à  Boston. 

Né  à  la  Nouvelle-Orléans  le  11)  janvier  1833,  M.  William  A. 
Fréret,  fils  d'architecte,  ouvrit  son  propre  atelier  en  18bS  et 
fut  [iresque  immédiatement  appelé  au  poste  d'ingénieur  du  gou- 
vernement pour  l'Etat  de  la  Louisiane.  Nous  mentionnerons  de 
lui  la  Chambre  d'État  de  Bàton-Rouge,  le  palais  de  l'Université 
de  la  Louisiane,  les  maisons  de  charité  de  ïouro  (Nouvelle- 
Orléans^. 

.M.  George  B.  Post,  né  à  New-York  le  la  décembre  1837, 
fit  ses  études  d'architecture  dans  l'atelier  de  B.  M.  Hunt  et, 
aussitôt  entré  dans  la  carrière,  eut  l'occasion  d'exécuter  des 
travaux  de  valeur,  principalement  à  New-York  :  la  Bourse  au 
coton,  le  Bourse  des  produits,  l'hôtel  du  journal  /he  Wor/d,  celui 
du  journal //u,'  Times,  cic.  11  fut  aussi  l'architecte  heureux  du  mil- 


400 


LES   ARCHITECTES   PAR  LEURS   CEUVRES. 


lionnaire  Vanderbilt,  mais  il  devra  surloul  sa  r(^'piilalion  au  Pa- 
lais des  manufaclures  el  des  arts  libéraux  à  l'Exposiliou  univer- 
selle de  Cliicago. 


ClIAPITIiE  XVI 

Les  archileclcs  européens  aux  colonies.  —  Les  Anglais  et  les  Hollandais  dans 
l'Inde.  —  Les  Français  en  Afrique.  —  Les  édifices  modernes  de  la  (irèce  el  de 
la  Turquie. 


Un  ami  de  la  France,  L.  Dussieux,  écrivit  en  1856,  sous  le 
lilre  les  Artistes  français  à  Félranger,  un  ouvrage  destiné,  dans 
sa  pensée,  à  démontrer,  par  le  grand  nombre  des  artistes  fran- 
çais qui  couvrirent  de  leurs  créations  le  sol  de  la  vieille  Europe, 
comment  rinlluence  de  la  France  artiste  avait  égalé,  sinon 
surpassé,  pendant  plusieurs  siècles,  son  influence  en  littérature, 
en  philosophie,  dans  le  domaine  des  sciences  ou  dans  celui  du 
droit. 

S'il  est  vrai  que  la  France  tint  toujours  le  premier  rang 
dans  cette  marche  incessante  des  peuples  modernes  à  la  conquête 
de  la  civilisation  (réserve  faite  Lien  entendu  pour  cette  période 
glorieuse  du  xvi"  siècle  où  les  artistes  de  la  Henaissance  ita- 
lienne dominèrent  de  toute  la  hauteur  de  leur  génie  ceux  de 
l'Europe  entière),  nous  ne  faisons  aucune  difficulté  de  recon- 
naître que,  depuis  le  commencement  de  noire  siècle,  chaque 
gouvernement  civilisé  qui  a,  de  gré  ou  de  force,  importé  dans 
le  pays  à  coloniser,  moins  civilisé  que  le  sien,  ses  usages  et 
ses  besoins,  n'a  point  été  chercher,  en  dehors  de  lui,  les 
ressources  susceptibles  de  donner  satisfaction  à  ces  besoins,  à 
ces  habitudes.  C'est  ainsi  que  l'Angleterre  maîtresse  des  Indes, 
que  l'Espagne  conquérante  de  l'.Xmérique  du  Sud,  que  les  Fran- 
çais victorieux  des  Arabes  en  Algérie,  que  les  Hollandais  pos- 
sesseurs de  vastes  comptoirs  dans  les  Indes  Néerlandaises,  etc., 
ont  dû  songer  tout  d'abord  à  s'y  faire  bâtir  des  maisons  pour 
leurs  gouverneurs  et  leurs  employés,  des  casernes  et  des  hôpi- 
taux pour  leurs  soldats,  des  temples  pour  l'exercice  de  leur 
religion.  Sans  compter  que  ceilaines  relations  d'amitié  entre 


■40-2  LES   ARCHITECTES   PAU   LEURS   OEUVRES. 

iialions  dans  l'Europe  elle-même,  aussi  bien  que  l'Iiabihide  de- 
venue générale  des  k  expositions  internationales  »,  ont  autorisé 
les  artistes  de  chaque  pays  à  venir  planter,  hors  de  leur  pays, 
le  drapeau  de  l'art  national  à  l'ombre  du  drapeau  qui  flolle  au- 
dessus  du  palais  de  leur  ambassadeur. 

Le  présent  chapitre  est  donc  consacré  à  la  biographie  (le  plus 
souvent, hélas!  incomplète)  de  quelques  architectes  européens  qui 
n'ont  pas  craint  de  s'expatrier,  un  plus  ou  moins  longtemps, 
pour  aller  créer  au  loin  des  édifices  susceptibles  de  rappeler  un 
peu,  par  leur  aspect,  la  patrie  absente  à  leurs  compatriotes,  tout 
eu  donnant  aux  habitants  eux-mêmes  la  mesure  du  génie  artis- 
tique des  civilisateurs. 

Dans  les  Indes,  tout  manquait  aux  vainqueurs  :  temples,  hôpi- 
taux, palais.  Nous  avons  rappelé  plus  haut  que  le  palais  du  gou- 
vernement à  Calcutta  avait  eu  pour  architecte  Motïïit;  le  grand 
hôpital  de  celte  ville,  commencé  en  lîSiS  el  terminé  en  1853, 
fut  construit  par  l'architecte  anglais  Burn,dont  nous  ne  connais- 
sons pas  les  autres  œuvres,  et  l'église  d'Umbalad,  une  des  plus 
belles  de  l'Inde,  est  due  à  un  ingénieur  du  Bengale,  G.  J.  Atkinson. 
Dans  les  Indes  occidentales,  l'Anglais  'William  R.  Forbes, 
major  du  génie  à  Calcutta,  en  même  temps  qu'architecte,  pose, 
le  8  octobre  1839,  la  première  pierre  de  la  cathédrale  Saint- 
Paul  de  celte  ville,  édifice  indo-chrélien,  mais  pi-ésenlanl  dans 
ses  grandes  lignes  l'aspect  des  cathédrales  ogivales  du  moyen 
âge.  En  forme  de  croix  latine  el  complété  par  une  tour  ornée 
d'une  flèche  ayant,  en  tout,  9o  mètres  de  hauteur,  cet  édifice, 
quoique  destiné  seulement  à  huit  cents  personnes,  a  véritable- 
ment un  caractère  monumental.  C'est  aussi  une  église  de  style 
ogival  que  J.  M.  Derick  a  construite,  en  1845,  à  Colabah,  en 
mémoire  des  Anglais  qui  succombèrent  dans  l'expédition  contre 
les  Afghans.  Ogivale  également,  avec  un  grand  luxe  d'orne- 
ments, est  l'église  protestante  élevée,  en  1852,  dans  le  Punjab 
par  l'architecte  Harley  Maxwell.  Arrivé  aux  Indes  en  simple 
touriste,  IM.  "William  Emerson  se  vit  offrir  la  construction  des 
marchés  publics  de  Bombay.  D'Universilé  musulmane  de 
AUahabad,  tout  en  marbre  blanc,  prouve  les  études  sérieuses 
que  l'archilecle  avait  faites  des  anciens  monuments  de  l'Inde; 
l'hôpital  de  Bravnagar  avec  ses  portiques  remplis  d'ombre  et 
de  fraîcheur,  complète  l'œuvre  d'Emerson  aux  Indes.  De  retour 


CHAPITRE   XVI.  403 

en  Anglelerre,  il  a  coiislriiil  l'église  de  Brighlon,  a  va  son 
projet  adopté  au  concours  ouvert  pour  la  construction  d'une 
cathédrale  àLiverpool,  projet  empreint  d'une  grande  hardiesse 
et  d'une  certaine  originalité,  et  enfin  a  été  médaillé  lors  du 
concours  ouvert  pour  le  monument  de  Viclor-Emmanuel  à 
Uome. 

Nous  avons  rencontré,  en  faisant  l'hisloire  de  l'archileclure  aux 
Etats-Unis,  un  certain  nombre  d'architectes  anglais  et  fran(;ais, 
auteurs  des  premiers  édifices  élevés  dans  ce  pays.  Qu'il  nous 
suffise  de  dire  ici  que  l'architecte  de  la  nouvelle  cathédrale 
de  .Montréal  (Canada),  élevée  en  1861,  fut  un  Anglais  nommé 
F.  "Wills. 

Anglais  était  aussi  l'architecle  qui  restaura,  vers  1864,  le 
palais  de  Dolraa-Baghtchc,  dont  le  décorateur  fut  notre  compa- 
triote Seclian.  Cet  architecte  se  nommait  Elson.  C'est,  du  reste, 
tout  ce  que  nous  savons  de  lui.  En  Egypte,  l'Anglais  J.  W.  Wild 
éleva,  dans  un  style  pseudo-moresque,  la  première  église  protes- 
tante d'Alexandrie,  sous  la  condition  imposée  par  le  sultan 
qu'elle  serait  entourée  d'un  mur  d'enceinte. 

.Nous  n'étonnerons  pas  le  lecteur  en  l'avertissant  que  les  bâ- 
timents de  l'Exposition  internationale  de  Porto  de  186o  sont 
dus  également  à  un  architecte  anglais,  F.  "W.  Scheilds,  et  qu'en 
Australie,  ce  sont  .MM.  Reed  et  Barnes,  Anglais  de  naissance, 
<pii  ont  été  chargés  de  la  construction  du  palais  de  l'Exposition 
internationale  de  Melbourne,  ouvert  le  1"  octobre  1880.  Nous 
ne  dirons  rien  de  cet  édifice,  qui  ressemble  à  tous  ceux  qui 
reçoivent  la  même  destination,  sinon  qu'il  était  couronné  an 
centre  d'un  immense  dùme  à  base  octogone,  dominant  de 
4  mètres  l'édifice  le  plus  élevé  de  la  ville.  Le  dessin  de  la  nouvelle 
cathédrale  de  Saint-l'atrick  à  Melbourne,  élevée  de  18o8  à  1868, 
sort  de  l'atelier  des  Anglais  "Wardel  et  C'%  architectes  de  l'hôtel 
de  ville  en  1868.  Celle  de  (irafton,  dans  le  même  pays,  est 
construite  également  par  deux  Anglais,  MM.  SlateretCarpenter, 
en  1869.  Quelle  que  soit  la  prédilection  des  architectes  anglais 
pour  le  style  ogival  qu'ils  adaptent  un  peu,  à  tort  et  à  travers, 
à  toutes  leurs  uuivres,  un  architecte  anglais  cependant,  M.  Levi 
Goodrich,  a  dessiné  en  style  classique  le  palais  de  justice  de 
San  José  (Californie),  édifice  h  deux  étages  surmonté  d'un  dôme 
et  précédé   d'un   péristyle  supporté  par   des  colonnes   d'ordre 


404  LES   ARCHITECTES   PAU  LEURS   OEUVRES. 

corinthien.  A  Uedfoni,  près  Sidncy,  nous  citerons  la  gare  mor- 
tuaire, à  cause  des  sept  chapelles  qui  Tenlourent,  destinées  aux 
(lifTércnts  cultes  (18G9)  ;  auteur  :  rarcliiteclc  anglais  James 
Barnett. 

Aux  Indes  Néerlandaises,  nous  n'avons  à  relever  qu'un  seul 
nom  d'architecte  Jiollandais  ayant  attaché  son  nom  à  une  cons- 
truction importante,  celui  de  C.  F.  Deelemans,  qui  éleva,  en 
1855,  à  Batavia,  le  bâtiment  de  l'exposition  des  produits  de 
l'agriculture  et  de  l'industrie  de  cette  colonie. 

Les  essais  de  colonisation  de  la  France  aux  Indes,  qui  avaient 
commencé  avec  le  xvi"  siècle,  ne  furent  pas  sans  résultat,  puis- 
qu'au  moment  où  Dupleix  était  gouverneur  général  de  la  Com- 
pagnie il  avait  étendu  la  domination  de  la  France  dans  l'Hiu- 
doustan  depuis  les  rives  de  la  Krisclina  au  Nord  jusqu'au  cap 
Comorin  au  Sud,  c'est-à-dire  sur  une  étendue  d'environ 
200  lieues  de  littoral  ;  mais  par  la  paix  de  Paris  signée  en  1763, 
la  France  renonça  à  tous  ses  établissements  dans  l'Inde,  et  la 
faible  portion  de  territoire  hindou  qui  lui  fut  concédée  en  1810 
nclui  apaspermisd'y  créer  des  œuvres  architecturales  de  valeur. 

C'est  dans  le  Nord  de  l'Afrique  surtout,  à  l'Egypte,  à  l'Al- 
gérie, puis  plus  récemment  à  la  Tunisie,  que  les  Français 
ont  voulu  appliquer  les  idées  de  colonisation  abandonnées  dans 
les  Indes,  et  principalement  en  Algérie  se  trouvent  des  édifices 
publics  considérables  élevés  par  des  architectes  français.  Ce 
sont  d'abord,  à  Alger  même,  le  Palais  du  gouvernement,  la  ca- 
thédrale, la  nouvelle  mosquée  sur  la  place  du  Gouvernement 
dont  l'entretien  est  conlié  à  M.  Rattier  qui  a  dirigé,  sous  les 
ordres  de  M.  Paul  Gion,  architecte  de  la  ville  de  Paris,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  l'exécution  du  nouveau  Palais  de  justice. 
La  cathédrale  a  été  terminée,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  par  !\l.  A.  Ballu, 
qui  est  l'architecte  de  l'archevêché,  le  plus  beau  des  palais 
d'Alger,  et  de  Notre-Dame  d'Afrique. 

Enfin,  sur  la  môme  place  du  Gouvernement,  l'architecte 
Giochain  a  élevé  le  pavillon  de  l'Exposition  des  beaux-arts 
inauguré  le  \'''  février  1880;  l'édifice  est  en  parfait  harmonie 
avec  ceux  qui  l'entourent. 

Le  théâtre  d'Alger  date  de  1853,  il  fut  construit  par  Pon- 
sardetpar  Chasseriau,  archileclesdu  département  des  Bouches- 
du-Hhùne. 


GONZALEZ    VELASQUEZ 


ClIAPITRl!:   XVI  465 

Géronime  Viala  de  Sorbier,  né  le  1 1  mars  1817  à  la  Flèche, 
morl  à  Marseille  vers  1880,  élève  de  Labrouste,  fut  nommé 
architecte  on  chef  du  département  d'Oran  et  décoré  de  la  Lé- 
gion d'honneur  le  15  septembre  18G0;  il  a  concouru  en  cette 
qualité  à  l'érection  du  plus  grand  nombre  des  édifices  publics 
qu'on  rencontre  dans  le  département  d'Oran,  notamment  la  ca- 
thédrale de  Saint-Louis  et  la  banque  d'Algérie  au  chef-lieu 
même  de  ce  département. 

A  Blidah,  l'église  commencée  en  novembre  1804  est  l'œuvre 
d'un  architecte  déjà  connu  à  Paris  par  des  écoles,  des  salles 
d'asile,  des  bains  publics,  etc.  Cet  architecte  se  nommait  Ni- 
colas Alexandre  Gentilhomme  et  était  né  en  1796  à  Jassey 
(Haute-Loire),  mais  nous  ignorons  la  date  de  sa  mort.  Le  grand 
séminaire  de  Kouba,  sur  le  Sahel  algérien,  à  quelques  lieues 
d'Alger,  eut  pour  architectes  1\L\L  P.  H.  Féraud  cl  Fromageau, 
sur  lesquels  nous  ne  possédons  aucun  renseignement.  Les 
monuments  anciens  de  l'Algérie  qui  tendent  chaque  jour  à  dis- 
paraître ont  été  relevés  par  l'architecte  parisien  Ravoisier  et 
publiés  sous  le  titre  :  «  Exploration  de  l'Algérie  pendant  les 
années  1841  et  1842  ».  Il  a,  du  reste,  fait  d'assez  grands  travaux 
en  Algérie,  à  Constantine,  à  IMillianah,  à  Bône,  etc. 

Dans  notre  colonie  de  la  Guadeloupe,  à  la  Poinie-à-PiIre,  il  n'y 
a  lieu  de  signaler  que  le  tiiéàtre  élevé  en  1831  par  Lemonier 
de  la  Croix  qui  fut  rarciiilcclc-voyer  de  l'île  jusqu'en  1840. 

Eu  Tunisie,  Charles  Joseph  Jourdain,  né  à  Paris  en  1808, 
fut  chargé,  en  1840,  d'élever  à  Byrsa  une  chapelle  avec 
des  dépendances  consistant  en  logement  de  gardien  et  salle 
d'attente  pour  les  visiteurs.  Cette  chapelle,  inaugurée  en  1843, 
et  destinée  à  consacrer  le  souvenir  du  séjour  et  de  la  mort 
de  saint  Louis  sur  la  terre  d'Afrique,  est  aujourd'hui  comprise 
dans  l'enceinte  de  la  cathédrale  de  Carthage.  Inauguré  le  15  mai 
1890,  l'édifice,  réminiscence  de  style  byzantin  très  simple  à 
l'extérieur,  détache  ses  coupoles  sur  le  ciel  bleu  d'Afrique;  mais 
l'intérieur  en  est  d'une  grande  richesse,  «  les  peintures  vives  du 
plafond  viennent  mourir  dans  la  splendeur  des  marbres  rares, 
et  deux  cents  colonnes  précieuses  soutiennent  les  galeries  inté- 
rieures ».  L'auteur  de  cette  œuvre  originale  est  M.  J.Jourdain, 
officier  du  Nichan  Iftikar  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
La  fondation  de  l'École  polytechnique  du  Caire  (Egypte)  est  due 
m.  30 


4G(J  LES   ARCHITECTES   l'Ail  LEURS   OEUVRES. 

à  l'ingénieur  français  Charles  Joseph  Lambert-bey,morl  en  18G3, 
après  avoir  été  employé  par  Mehemet-Ali  à  l'établissement  du 
harrage  du  Nil;  le  palais  de  Gabary,  résidence  du  vice-roi 
d'Egypte,  près  d'Alexandrie,  eut  pour  architecte,  en  1859,  le 
Français  Edouard Schmitz,  néàNancy,  élève  de  son  père;  c'est 
tout  ce  que  nous  savons  de  lui.  Nous  en  finirons  avec  ceux  de 
nos  compatriotes  qui  ont  laissé  des  œuvres  en  Egypte,  en  signa- 
lant l'architecte  Cordier,  auquel  Alexandrie  doit  ses  fontaines 
publiques,  inaugurées  en  1860. 

Après  l'expédition  brillante  de  1800,  la  France  a  obtenu  pour 
ses  missionnaires  le  privilège  rare  de  bâtir  sur  le  sol  de  la 
Chine  des  édifices  religieux.  C'est  ainsi  qu'une  cathédrale  s'éleva 
dans  la  capitale  de  l'empire  du  Milieu  à  quelques  pas  du  palais 
de  l'empereur.  Mais  l'emplacement  où  elle  se  trouvait  ayant  été 
jugé  nécessaire  à  l'établissement  du  palais  de  la  reine  mère, 
l'empereur  demanda  et  obtint  sa  destruction  en  se  chargeant 
lui-même  des  frais  d'érection  du  nouvel  édifice.  La  cathédrale 
actuelle  de  Pékin,  dédiée  au  Sauveur  et  inaugurée  le  8  décembre 
1888,  a  eu  pour  architecte  un  missionnaire  lazariste,  le  P.  Fa- 
vier,  qui,  devant  la  défense  de  compléter  son  œuvre  par  des 
clochers,  a  cru  devoir  s'inspirer  des  basiliques  italiennes  de 
Sienne  et  d'Orvieto.  De  même,  à  Canton,  sur  l'emplacement 
du  palais  du  vice-roi,  détruit  pendant  la  guerre,  a  été  élevée  une 
cathédrale  de  style  gothique  à  trois  nefs,  avec  clocher  de 
60  mètres.  La  première  pierre  de  l'édifice  fut  posée  le  8  dé- 
cembre 1863  et  l'architecte  en  a  été  M.  Adrien  Humbert,  de 
Nancy. 

Les  artistes  français  ont  partagé  quelque  temps  avec  les 
artistes  grecs  la  mission  de  construire  à  Constantinople  des 
édifices  publics,  sur  le  refus  des  architectes  turcs  qui  se  ju- 
geaient incapables  de  pareille  entreprise.  Nous  avons  vu,  dans 
l'un  des  chapitres  précédents,  que  Laurecisquese transporta  surle 
Bosphore  pour  y  reconstruire  l'hôtel  de  l'ambassadeur  de 
France,  laissant  comme  souvenir  de  son  passage  à  Constanti- 
nople un  bijou  d'architecture,  la  fontaine  de  Top-Hané;  voici 
MM.  Gaspard  et  Joseph  Fossati,  qui  entreprennent,  en  1849, 
la  restauration  difficile  de  la  mosquée  de  Sainte-Sophie,  res- 
tauration qui  fut  terminée  après  deux  ans  de  travail  ;  ce  sont 
eux  aussi  qui  furent  les  architectes  du  palais  de  l'ambassadeur 


CHAPITRE  XVI.  -467 

de  Russie,  et  du  collège  siliié  près  de  la  place  Bab-IIuni- 
mayoum.  Le  sullaii  tint  MM.  Fossati  eu  haute  estime,  ce  qui 
n'empêcha  pas  que  le  palais  de  marbre  que  Ton  voit  en  face  de 
Scutari,  sur  le  Bosphore,  fut  construit,  sur  Tordre  d'AbduI- 
Medjid,  par  un  architecte  arménien  appelé  Ballyan,  dont  nous  ne 
connaissons  que  le  nom. 

Un  architecte  anglais  nommé  William  James  Smith  fut 
envoyé  en  1845  à  Constantinople,  où  il  demeura  jusqu'en  1848, 
élevant  le  palais  de  l'ambassadeur  d'Angleterre,  un  kiosque  dans 
le  jardin  du  sultan,  un  hôpital  pour  la  cavalerie  et  des  casernes, 
une  écolo  de  médecine  dans  le  faubourg  de  Péra,  une  école 
d'équilation  et  le  jardin  d'hiver  de  Dolma-Bagtché.  Revenu, 
vers  1864,  en  Angleterre,  où  il  restaura  quelques  églises,  Smith 
ne  tarda  pas  à  se  retirer,  mais  mourut  à  Florence  après  1874. 

Un  autre  Smith  prénommé  Thomas,  né  en  1799,  d'abord  sur- 
veillant pour  le  comté  d'Hertford,  reconstruisit  la  prison,  l'asile 
des  aliénés,  etc.,  etc.  En  Irlande,  il  fit  les  plans  de  l'hôpital  de 
Louthe,  et  en  1849  l'église  de  Clophill,  Bedlbrdshire.  Avec  la 
collaboration  de  son  fils  Thomas  Taylor,  il  a  dessiné  à  Nice 
l'English-lIôtel  et  l'église  protestante  anglaise  (1803),  puis  des 
églises  anglaises  à  Cannes,  à  Stuttgart  et  à  Naples.  A  Cannes,  il 
a  élevé  le  château  de  Sainte-Ursule  pour  lord  Londesboroug  et 
est  mort  le  1"  octobre  187,5. 

L'université,  à  Constantinople,  située  près  du  jardin  du  Serai' 
et  de  Sainte-Sophie,  est  aussi  un  édifice  de  notre  temps;  son 
architecture  ne  manque  pas  de  grandeur,  mais  est  déplacée  au 
miheu  des  édifices  qui  l'entourent.  La  Sublime- Porte  [Bab-AH), 
palais  du  Ministère  des  aflaires  étrangères,  présente  un  ensem- 
ble assez  imposant.  La  porte  du  palais  est  ornée  de  pilastres  de 
marbre  ioniques,  surmontée  d'emblèmes  militaires  et  d'une 
inscription  en  langue  turque.  Seul,  un  toit  en  saillie  lui  restitue 
un  peu  le  caractère  oriental.  Le  ministère  de  la  guerre  [Séras- 
/ciérat],  occupe  une  vaste  enceinte  dans  laquelle  s'élèvent  des 
bâtiments  sans  intérêt.  Vers  le  milieu  se  dresse  la  haute  tour 
dite  du  Séi-askiérat,  au  sommet  de  laquelle  est  constamment 
une  vigie  destinée  à  signaler  les  incendies. 

Ces  trois  édifices  ont  été  assurément  construits  par  des  archi- 
tectes européens,  mais  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner,  ne 
les  connaissant  pas,  leurs  noms  au  lecteur. 


468  LES  ARCHITECTES   PAR   LEURS   OEUVRES. 

Nous  ignorons  également  ceux  des  arcliitecles  de  la  mosquée 
du  sullan  Selim,  construile  sur  le  modèle  de  Sainte-Sophie  el  qui 
a  conservé,  par  conséquent,  la  forme  de  la  croix  grecque 
dominée  par  une  immense  coupole,  ainsi  que  de  la  mosquée  de 
Buyeck-Djamin,  remarquable  par  la  petitesse  de  son  dôme  et 
l'élégance  de  la  galerie  qui  Tentoure  :  ces  deux  édifices  élevés  à 
Scutari,  au  commencement  du  siècle.  Enfin  l'Empire  turc  eut 
aussi  son  palais  de  l'Exposition,  en  18G3  et,  cette  fois,  ce  fut  un 
architecte  français.  M.  Bourgeois  (sans  autre  désignation),  qui 
en  donna  le  plan  conçu  dans  le  style  de  Mahomet  11. 

La  plupart  des  édifices  dont  a  été  doté  le  nouveau  royaume 
de  Grèce  eurent  pour  architectes  des  Allemands  cités  dans  un 
chapitre  précédent,  à  l'exception  pourtant  des  deux  suivants  : 
r  Edouard  Schaubert,  né  en  1800,  à  Laubau,  en  Silésie, 
élève  des  écoles  de  lîerlin  et  de  Breslau,  qui  se  rendit  en  Grèce 
en  1830  où  il  devint  architecte  du  gouvernement  grec  et  auquel 
Athènes  doit  une  église  et  son  observatoire;  2°  Ernest  Ziller,  né 
àOber  Hôflossnitz  (Saxe),  connu  pour  ses  fouilles  en  Grèce,  qui,  de 
1872  à  1873,  construisit  àPatras,àZante  d'abord  et  à  Athènes  en- 
suite, des  théâtres  dans  le  style  de  la  Renaissance.  Après  avoir 
ajouté  que  Schaubert  s'estreliré  à  Home,  où  sans  doute  il  est  mort, 
nous  n'avonsàcitcr  qu'un  seul  contemporain  Français  ayant  laissé 
dans  ce  pays  une  œuvre  architecturale  un  peu  importante  :  c'est 
François  Louis  Florimond  Boulanger,  né  à  Denain  (Nord)  le 
2U  novembre  1807.  Élève  de  lluyol  el  de  Leclerc,  il  partagea  avec 
Clergel,  en  1830,  le  grand  prix  d'architecture  el  fil  un  fruc- 
tueux voyage  d'instruction  en  Italie.  Peu  de  temps  après  son 
retour  à  Paris,  il  était  appelé  à  Athènes  pour  y  construire  la 
cathédrale  et  la  place  ornée  de  portiques  qui  entoure  cet  édifice. 
L'œuvre  de  Boulanger  est  assurément  d'une  exécution  remar- 
quable. Athènes  lui  doit  aussi  un  théâtre,  ainsi  que  le  palais 
du  Corps  législatif;  mais  nous  ignorons  la  date  du  décès  de  cet 
architecte.  A  Jérusalem,  c'est  en  mars  1808  qu'un  architecte 
grec,  Cameano-Calfa,  fut  chargé  de  rétablir  le  dùme  et  la  cou- 
pole de  l'église  du  Saint-Sépulcre;  depuis  cette  époque,  il  ne  sem- 
ble pas  qu'il  y  ait  d'autre  construction  h  y  signaler  que  celle  d'un 
architecte  français  nommé  Lecomte,  qui  éleva,  sur  le  mont 
des  Oliviers,  un  petit  cloître  exposé  en  1871,  pendant  qu'à  Bio- 
.taneiro  (Brésil^.  M.  Paul  Bernard  édifiait,  avec  la  collaboration  de 


CIIAPITRK  XVI.  469 

rarcliilccte  brésilien  F.  P.  A.  Camilhoa,  le  moniinicnl  commémo- 
ratif  de  l'expéditioa  du  Paraguay,  colonne  monumenlale  sur  un 
soubassement  à  effets  d'eau.  Au  Pérou,  c'est  aussi  un  Français, 
élève  de  Labrouste,  Etienne  Maximilien  Mimey,  né  à  Paris  le 
23  février  1826,  qui  de  1850  à  1802  consiruit  le  palais  du  gou- 
verneur de  Lima,  le  pénitencier  et  l'égliso  paroissiale  de  Tacna. 
Nous  ignorons  d'ailleurs  s'il  a  exécuté  son  projet  de  mausolée  pour 
les  victimes  de  l'incendie  de  l'église  de  Santiago  exposé  en  1802. 
C'est  un  Italien,  Francesco  Tamburini,  né  à  Pise  où  il  fit  ses 
premières  études  qui  a  élevé  la  plupart  des  édifices  publics  de 
Buenos-Ayres  (République  Argentiuej  à  partir  de  188i  :  le  palais 
de  justice,  le  bureau  de  police,  le  tbéàtre  Colon,  le  palais  du 
Congrès  national,  le  palais  du  gouvernement,  l'hôpital  militaire, 
la  bibliothèque,  des  écoles,  etc.  Possesseur  d'une  grande  for- 
tune, il  est  mort  à  Buenos-Ayres  au  moment  où  il  allait  pou- 
voir revenir  dans  son  pays  natal. 

Nous  avons  réservé  une  place  dans  ce  dernier  chapitre  à  un 
artiste  français  de  valeur,  qui  a  fait  à  l'étranger  toute  sa  car- 
rière architecturale  :  Jean  Thomas  Thibault,  né  ;\  Monlier-en- 
Der  le  20  novembre  17o7  et  mort  à  Paris  le  7  juin  1820. 
Élève  de  Boulé  et  de  Paris,  il  construisit  à  New-York  la  Bourse 
(ancienne)  et  la  Hollande  lui  doit  la  restauration  du  palais  royal 
de  la  Haye  et  de  l'hôtel  de  ville  d'Amsterdam.  Il  fut  nommé 
membre  de  l'Institut  en  1819. 

A  Paris,  c'est  un  architecte  anglais,  M.  E.  Samson,  qui  a  cons- 
truit, en  1889,  l'église  protestante  anglaise  delà  rue  des  Bassins, 
dans  le  style  roman. 

Le  lecteur  sait  que,  conformément  à  un  ukase  impérial,  les 
édifices  religieux  russes  ne  peuvent  être  construits  que  suivant 
certaines  données  et  dans  un  style  unique,  le  style  byzantin  ; 
c'est  sans  doute  à  cette  circonstance  que  les  trois  seules  églises 
russes  que  nous  connaissions  en  France  :  celle  de  la  rue  Daru 
à  Paris,  celle  de  Nice  et  la  chapelle  du  cimetière  de  Menton, 
sont  dues  à  trois  ou  plutôt  à  quatre  architectes  russes. 

L'église  russe  de  Paris  fut  élevée,  de  1859  à  1801,  par 
M.  Strohm  sur  les  dessins  de  Kouzmin,  mort  à  soixante  ans, 
conseiller  de  l'empire  de  Russie,  professeur  d'architecture  à 
l'Académie  des  beaux-arts  de  Saint-Pétersbourg,  chevalier  de 
la  Légion    d'honneur  et  décoré  de  plusieurs  ordres.  Tout  le 


i^O  LES  ARCHITECTES   PAR  LEURS   OEUVRES. 

monde  connaît  cet  étrange  et  charmant  édifice  aux  coupoles 
dorées,  aux  fresques  archaïques.  C'est  M,  Griin,  aussi  professeur 
à  l'Académie  de  Saint-Pélersbourg,  qui  fut  l'architecte  de  la 
chapelle  élevé  à  Nice  en  1868  (inauguration  du  26  mars),  en  mé- 
moire du  Czaréwitch  mort  dans  cette  ville.  Mais  M.  Griin  avait 
déjà  construit,  de  1863  à  1866,  l'église  russe  de  Genève,  vaste 
carré  dont  la  partie  centrale,  surmontée  de  cinq  coupoles  de  cui- 
vre doré,  est  bien  connue  des  touristes.  A  Menton,  c'est  M.  Ni- 
colas Yourassoff  qui  a  donné  le  dessin  de  la  chapelle  russe, 
élevée  dans  le  cimetière,  édicule  de  style  byzantin  moscovite, 
précédé  d'un  porche  que  soutiennent  deux  colonnes  dans  la 
composition  desquelles  l'artiste  a  introduit  des  réminiscences 
de  l'art  hindou. 

Par  contre,  aux  étrangers  italiens,  français  ou  allemands 
auxquels  sont  dus  les  principaux  édifices  de  la  Russie,  nous 
avons  à  ajouter  Antonio  Rainaldi,  né  à  Rome,  qui  fut  l'archi- 
tecte de  rem]>ereur  à  Saint-Pétersbourg  de  1762  à  1796  et 
travailla,  en  cette  qualité,  à  l'église  Saint-Isaac,  dessina  la  place 
de  Strelna,  construisit  le  palais  de  Marbre  de  1770  à  1785, 
palais  réédifié,  on  l'a  dit,  en  1847,  et  l'arc  de  triomphe  du 
comte  Orioff,  de  1816  à  1818.  Hors  de  Saint-Pétersbourg, 
Rainaldi  fut  l'architecte  du  beffroi  de  la  tour  de  Serge  à  Troilza, 
près  Moscou  (1769),  de  la  place  des  Tzars  et  de  la  place  de 
Gatschina  à  Moscou  (1771-1774).  Quand  à  l'Italien  Rrenna,  nous 
avons  négligé  de  dire  (p.  180),  qu'on  le  donne  aussi  comme 
l'auteur  du  palais  Michel,  élevé  de  1796  à  1801,  sur  l'empla- 
cement du  palais  de  la  Fonlaka,  de  l'obélisque  de  granit  et  de 
la  caserne  achevée  par  Rossi. 


TABLE  DES   MATIERES 

DU    TOME    TROISIÈME 


CHAPITRE  I 


La  forme  classique  est  celle  de  tous  les  édifices  élevés  en  France  pendant 
la  première  période  du  xix"  siècle.  —  Le  romantisme  en  architecture 
provoque  le  retour  à  l'étude  des  édifices  qui  précédèrent  la  Renaissance. 
—  Création  du  Comité  des  arts  et  monuments.  —  Restauration  des 
cathédrales  et  des  châteaux  des  xn°,  xni",  xiv^:  et  xv"  siècles 


CHAPITRE  H 

Application  du  style  classique  aux  restaurations  des  grands  édifices 
d'utilité  publique.  —  Parmi  les  constructions  d'édifices  nouveauxà  Paris, 
il  y  a  lieu  de  signaler  des  théâtres,  des  mairies  et  des  marchés.  — 
L'éclairage  par  le  gaz  et  les  transports  par  chemins  de  fer  donnent 
naissance  à  une  architecture  nouvelle  répondant  à  des  besoins  nou- 
veaux        30 


CHAPITRE  III 

Piemière  application,  en  France,  du  système  cellulaire  aux  maisons  de 
correction.  —  Les  fortifications  de  Paris.  —  Construction,  dans  les  dé- 
partements, de  mairies,  de  palais  de  justice,  de  marchés  et  d'abattoirs. 
—  Les  architectes  diocésains  sont  obligés  de  suivre,  dans  les  restaura- 
tions des  édifices  religieux,  la  direction  du  Comité  des  arts  et  monu- 
ments  


CHAPITRE  IV 

Il  s'élève,  en  Angleterre,  à  côté  de  l'école  classique,  une  école  néo-grecque 
qui  n'a  produit  ni  architectes,  ni  œuvres  architecturales.  —  Vers  1840, 
révolution  radicale  dans  l'architocture  religieuse.  —  Tentative   impuis- 


472  TABLE  DES   MATIÈRES. 

sa.n\.ed' (éclectisme  par  Ch.  Barry  et  adoption  définitive  par  les  architectes 
anglais,  dans  presque  toutes  leurs  constructions  importantes,  civiles 
comme  religieuses,  de  l'ancien  style  ogival  anglais  accommodé  aux 
besoins  de  la  société  moderne 97 


CHAPITRE  ^ 

Coup  d'œil  rétrospectif  sur  les  évolutions  dans  le  passé  de  l'architecture 
allemande.  —  En  Autriche,  les  architectes  italiens  ou  français  du  xvni" 
siècle  ont  fait  école  et  leurs  successeurs  restent  fidèles,  pendant  les  qua- 
rante premières  années  du  siècle  suivant,  aux  principes  classiques.  — 
Un  des  souverains  de  la  Bavière,  admirateur  passionné  de  l'antiquité 
grecque,  trouve  dans  von  Klenze  un  exécuteur  habile  de  ses  volontés, 
mais  cet  artiste  'a  peu  d'imitateurs  dans  l'Allemagne  du  Sud  où 
l'éclectisme  devient  la  règle  en  architecture.  —  Le  style  classique  con- 
tinue à  dominer  pendant  la  première  moitié  du  siècle  sur  les  bords  du 
Rhin  et  en  Prusse.  —  Schinkol  introduit  dans  l'Allemagne  du  Nord  ce 
que  nous  appellerons  le  "  classique  allemand  »,  par  opposition  au  clas- 
sique français  ou  italien 140 

CHAPITRE  VI 

Création  à  Saint-Pétersbourg  d'une  Académie  des  beaux-arts  avec  des  pro- 
fesseurs français.  —  Caractères  classiques  de  tous  les  édifices  russes  du 
commencement  du  xix^  siècle.  —  Influence  de  l'empereur  Nicolas  sur 
les  destinées  de  l'architecture  en  Russie.  —  Adoption  officielle  du  style 
byzantin  dans  la  construction  des  édifices  religieux  russes.  —  Eu 
Pologne,  l'architecture  reste  classique  et  française.  —  La  Suède  et  la 
Norvège  voient  s'élever  seulement  quelques  édifices  d'utilité  publique; 
mais  de  l'université  de  Copenhague  sortent  de  véritables  artistes  qui 
laissent  en  Danemark  et,  même  hors  du  Danemark,  des  œuvres  aniii- 
lecturales  considérables 178 


CHAPITRE  VU 

Résultats,  au  point  de  vue  architectural,  de  l'incorporation  de  la  Belgique 
à  la  France  sous  la  République  et  l'Empire.  —  Pendant  le  temps  de 
cette  incorporation,  l'architecture  classique  française  est  la  règle  en 
Belgique.  ■ —  Devenus  maîtres  de  leurs  destinées  et  archéologues  distin- 
gués, les  Belges  ont  créé  une  véritable  architecture  nationale  dont  les 
caractères  se  manifestent  surtout  dans  les  constructions  privées  fort 
nombreuses  de  ce  siècle.  —  Les  architectes  hollandais  accusent  une  cer- 
taine préférence  pour  la  Renaissance  hollandaise  des  xvi"  et  xvii«  siècles. 


CHAPITRE  VIH 

L'architecture  officielle  a,  pour  ainsi  dire,  disparu  de  l'Angleterre  et,  en 
même  temps,  s'est  produit  l'abandon  définitif  du  classique  et  des 
formes   de  la  Renaissance.   —  Le  goût  anglais,  privé  d'une  direction 


TABLE  DES   MATIÈRES.  473 

supérieure,  adopte  en  architecture  un  éclectisme  irréfléchi,  corrigé  par 
une  préférence  décidée  des  architectes  pour  l'ogival  anglo-normand  et 
le  style  Tudor 222 

CHAPITRE  IX 

L'esprit  de  controverse,  conséquence  du  protestantisme,  multiplie,  à 
Londres  et  surtout  dans  les  comtés,  les  temples  et  les  chapelles.  —  Leur 
valeur  architecturale.  —  Les  Anglais  appliquent  indifféremment  les 
formes  ogivales,  en  les  dénaturant,  à  leurs  hôpitaux,  collèges,  établis- 
sements d'instruction  ou  de  plaisir 234 

CHAPITRE  X 

L'architecture  autrichienne  entre,  vers  l'année  18o7,  dans  une  période  d'ac- 
tivité qui  dure  encore  aujourd'hui.  Mais  les  architectes  de  Vienne  moderne 
ont  surtout  pour  objectif  la  combinaison  savante,  parfois  heureuse, 
d'éléments  empruntés  à  des  styles  étrangers  le  plus  souvent  les  uns  aux 
autres.  —  Toutefois,  le  style  ogival  semble  exclusivement  réservé  à  la 
construction  des  édifices  religieux.  —  Les  architectes  modernes  de 
l'Allemagne  du  Nord  ont  adopté  de  préférence,  depuis  une  vingtaine 
d'années,  dans  leurs  créations  les  plus  importantes,  les  formes  de  la 
Renaissance  allemande 240 

CHAPITRE  XI 

Pendant  toute  la  première  moitié  du  xiî«  siècle  on  n'élève,  en  Suisse,  ni 
édifices  religieux,  ni  édidces  civils.  —  Un  mouvement  architectural  très 
marqué  s'est  produit  vers  1830  et  ne  s'est  pas  arrêté  depuis.  —  Création 
du  Polytechnikum  de  Zurich.  —  Les  architectes  suisses,  dans  leurs  con- 
ceptions architecturales,  empruntent  encore  les  idées  des  écoles  fran- 
çaises ou  allemandes  dont  ils  ont  adopté  renseignement,  suivantqu'ils  sont 
originaires  de  cantons  voisins  de  la  France  ou  voisins  de  l'Allemagne. . .     284 

CHAPITRE  XII 

Une  ère  véritablement  monumentale  s'ouvre,  en  France,  avec  le  second 
Empire  et  se  continue  sous  la  République.  —  Le  nouveau  Louvre,  le 
nouvel  Hôtel  de  Ville,  les  nouvelles  mairies,  les  nouveaux  hôpitaux,  etc. 
Tous  ces  édifices  sont  le  produit  d'un  éclectisme  ingénieux  et  raisonné, 
mais  non  l'expression  d'une  architecture  nouvelle.  —  Les  architectes 
d'édifices  religieux,  à  Paris,  délaissent,  de  plus  en  plus,  le  style  ogival  et 
adoptent,  de  préférence,  les  formes  romanes  ou  romano-byzantines.  — 
Les  Halles  centrales.  —  Les  Expositions  et  l'architecture  de  fer 284 

CHAPITRE   XIH 

Les  départements  suivent  le  mouvement  architectural  qui  a  pris  nais- 
sance à  Paris,  à  l'avènement  du  second  Empire.  —  Les  architectes  de 


474  TABLE  DES   MATIÈRES. 

province  concourent,  avec  les  architectes  diocésains,  à  la  restauration 
des  édifices  de  la  période  ogivale.  —  Hôtels  de  ville  des  communes 
suburbaines.  —  Cathédrales  à  Moulins,  Marseille,  Nancy.  —  Le  palais  de 
Longchamps  à  Marseille.  —  Construction  de  préfectures,  musées,  mairies 
et  théâtres  dans  les  principales  villes  de  France ....     341 

CHAPITRE    XIV 

Les  architectes  italiens  du  xix''  siècle  abandonnent  les  fantaisies  de 
l'école  borrominienne  pour  les  rigidités  du  style  classique.  —  La  réalisa- 
tion de  l'unité  de  l'Italie  provoque  un  mouvement  architectural  relative- 
ment assez  prononcé  dans  le  sens  de  l'éclectisme.  —  L'Espagne  moderne, 
sans  besoin  d'édifices  nouveaux,  se  contente  de  remplacer  les  anciens, 
civils  ou  religieux,  hors  de  service;  mais  ses  architectes  n'ont  pas  pro- 
duit d'oeuvres  jusqu'ici 381 

C   APITRE  XV 

Les  Anglais,  premiers  maîtres  de  l'Amérique  du  Nord,  y  introduisent  les 
principes  de  l'architecture  anglaise  ;  mais  la  reconnaissance  du  gouver- 
nement des  États-L'nis  d'Amérique  par  les  nations  européennes  marque, 
dans  ce  pays,  le  commencement  d'une  évolution  vers  le  style  classique. 

—  La  forme  classique  est,  en  effet,  celle  des  édifices  les  plus  importants 
des  Etats-Unis  élevés  aussitôt  après  la  Déclaration  d'indépendance.  — 
Œuvres  gigantesques  des  architectes  américains  depuis   cette  époque. 

—  Leurs  tendances  vers  l'éclectisme.  —  Les  artistes  américains  à  l'E.tpo- 
sition  de  Chicago 411 

CHAPITRE   XVI 

Les  architectes  européens  au.v  colonies.  —  Les  Anglais  et  les  Hollandais 
dans  l'Inde.  —  Les  Français  en  Afrique.  —  Les  édifices  modernes  de 
la  Grèce  et  de  la  Turquie 461 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIERES. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


DU  TROISIEME  VOLUME 


NOMS 

AnCHITBCTES. 


Abadie  (Paul) 

Adadie 

Abric 

ACKER 

Adamim 

Adams 

Adler 

Agnéty  

Ahlert 

A:gner 

AlTCHINSON 

Alavoine 

Alaux 

Aldrophe  

Alexander 

Allan 

Allard 

Allard-Nelzir , 

Allason  

Allom  (Thomas)  ... 

Allom  (Arthur) . 

Alphaxd 

Alvarez  Buqdel  . . . 

Alvino 

Amati 

Ame 

André  (Jules-Louis) 
André  (Edouard). .. 

Angell 

Anger 

Anselet 

Antonelli 


L  ÉDIFICE 

L  été  constr 


Belgique. 

Russie. 
Angleterre. 
Amérique. 

France. 
Allemagne. 

Russie. 
Angleterre. 

France 


Angleterre. 
France. 


Angleterre. 


France. 

Espagne. 
Italie. 


de  l'architecte. 


France. 

1820 

— 

1819 

Angleterre. 

1800 

France. 

» 

— 

1829 

Italie. 

1708 

1783 
1812 

1799 


1844 
1792 

1788 

182o 
1776 
1816 
1834 

1841 

1798 
1790 
1804 
1830 
1817 
1810 


DATE 
3  hi   mort 
l'iircllilecte 
ou  .le  la 
nslruction 


4-1868 
+1884 
+1871 
XIX'  siècle. 
1825 
1869 
V. 
4-1843 
4-1833 
XIX'  siècle. 

4-1831 

V. 

1851 
V. 

1838 
4-1877 


V. 

4-1891 

4-1870 

4-1876 

1806 

V. 

V. 
1879-1883 
4-1866 
1867 

V. 
4-1888 


205 
184 
242 
452 

70 
166 
186 
230 
14 
369 
334 

133 

361 
48 
67 

126 

108 
108-239 

328 

409 

399 

393 

382 

305 
343-360 

233 

378 

354 

403 


476 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

1BCBITECTE3. 


Arends 

Armand 

Arnold 

ASHER 

ASHPITEL 

ASHTON   

Arthur  (Voir  Mac  Arthur 

Atwood 

auburtin 

Al'er 

AUVRAY 

AZEMAB 

AZURRI 

Badger 

Baeckelmans 

Baes 

Baili-Y 

Baker 

Balat 

Ballu  (Théodore) 

Ballu  (Albert) 

Baltard  (Louis-Pierre) . . 

Baltard  (Prosper) 

Baltard  (  Victor) 

Balyan  

Bamford 

Banks 

Baragley  

Baralle  (de) 

Babbarino 

Bardiéri 

Baricius 

Barlet 

Barnes  (Frédéric) 

Barnes  (William) 

Barnes 

Barnett 

Barnitz 


i  éto  construit. 


.Allemagne. 

France. 
Allemagne. 
Amérique. 
Anffleterre. 


Amérique. 
France. 
Suisse. 
France. 

Italie. 


France. 
Belgique. 

France. 

Angleterre. 

Belgique. 

France. 

France  el  Belgique 


Turquie. 
Angleterre. 

France. 

Italie. 

Allemagne. 
France. 

Angleterre. 

Australie. 
Allemagne. 


naissance 
do  l'arctiitecle. 


180d 
1823 

1807 
1801 

1848 
1838 

1823 

1831 


183S 
1810 


1817 
1849 
1704 
17Ï1G 
180o 


1804 


de   i'arctiitecte 


+  1808 

1838-1860 
1806-1840 
-+-1869 
-t-1872 

V. 
V. 

xis"  siècle. 
V. 
+1864 
V. 


1863 
+1871 
xix"  siècle. 
-fl892 

1834 
1848-1834 
+  1883 

V. 
+1846 
+  1862 
+1874 

+  1862 

1863 

1818 
+1872 

1828 

1833 
xix=  siècle. 
Vers  1816 

1832 
+1887 

1880 

1869 
1833-1860 


160 
60 
264 
418 
107 
113 

458 
322 
285 
377 
48 
391 


333 
201 
203 
319 
226 
197 
317 
203-318 


326 
467 
112 
242 
47 
94 
401 
402 
233 
26 
231 
243 
464 
464 
237 


INDEX   ALPHABETIQUE. 


477 


NOMS 

PAYS 

l'édificb 
a  CM  lonsiruil. 

date 

de  la 
(le   laichitecle. 

DATE 

de  la  mort 

de   larrliilecle 

ou  de  la 

cnnslruction 

de  l'edilice. 

dages. 

France. 
Angleterre. 

Allemagne. 
France. 

Angleterre. 
Italie. 

France. 

Angleterre. 
France. 

Allemagne. 

France. 
(  Voir      Rose 

Beauvais.) 
Angleterre. 

Allemagne. 
France. 

Angleterre. 
France. 
Ilalic. 

Amérique. 

France. 
Allenjagne. 

France. 
Angleterre. 

France. 

Belgique 

Allemagne. 

France. 

1800 
1807 

1795 

1777 
1709 

1825 
1857 
1786 
1792 

1838 
1844 

1829 
1757 

1786 
1706 

1809 
1806 
1815 

1855 
Vers  1850 

1838 
1794 

180G 

1803 

+  18.54 

4-1887 
4-1860 

1856 

1853 
+  1848 
4-1882 

1882 
4-1843 
4-1891 

1850 
V. 
V. 

IS6I-I879 

V. 
4-1811 

4-1851 
4-1829 

1853 

1823 

+  1884 

-j-1869 

1852 

Après  1847 

4-1833 

V. 

1819 

4-1876 
1853 
4-1877 
XIX"'  siècle. 

V. 
4-1858 
XIX»  siècle. 

23 
22 
116 

239 

156 

34 

378 

125 

406 

407 

12 

19 

242 

346 

346 

309 

269 

119 
120 
244 
104 
268 
389 

89 
241 

59 
389 
395 
459 

81 
282 
359 
245 

93 
347 
201 
175 
370 

Barry  (Edw.  Middleton ) . . 
B\RRY  (T   h.).            .... 

Barthélémy  (Eug. Jacques). 

Barthélémy  (Eugène) 

Basevi 

Basile  (Ernesto) 

Beaumont 

Beazelev 

Beazeley  (Charles) 

Beck 

Bellamy 

Bellanger 

Be.man 

Benard  (ou  Bernard) 

Benvignat 

Bf.rard  et  Delmas 

Berges 

478 


INDEX   ALPHABP]TIQUE. 


NOMS 

PAYS 

l'édifice 
a  été  construit. 

DATE 
de  la 

(le  l'architocle. 

DATE 

de  la  mort 

de  l'architecte 

ou  de  la 

constriictioQ 

de  lï-difice. 

PAGES. 

Allemagne. 

Hollande. 

Brésil. 

France. 

Allemagne. 

France. 

Belgique. 

Allemagne. 

France. 

Italie. 

Allemagne. 

France. 

,\nièiique. 

Danemark. 

Angleterre. 

Belgique. 

France. 

Hollande. 
Suède. 
France. 

Angleterre. 

France. 
Allemagne. 

Italie. 
Allemagne. 

France. 

Russie. 

France. 

Angleterre. 
Italie. 
France. 

1816 

I806 

1 800 
1771 
1811 
1823 
1834 

1797 
1783 
1807 

1819 
1820 
1833 
1800 

1829 
1817 
1842 

1780 

1847 

1795 
1842 
1840 
1832 
1815 
1822 
1812 
1837 
1797 

1836 

xix'>  siècle. 
1820 

+1823 

V. 
V. 

1836 
1816 

-fl856 

1826 
+  1874 
-1-1880 
4-1882 
+1830 
1809 
xix'=  siècle. 

V. 
+  1876 

V. 
XIX"  siècle. 
+1863 
+1825 
V. 

1889 
1840-1840 
+  1853 
V. 
V. 
V. 
V. 

+  1859 

+1862 
1849 
V. 
xix=  siècle. 

213 

468-469 

95 
145 

10 

31 
198 
265 

73 
400 
166 

37 
370 

63 
430 
430 
324 
191 
243 
204 
370 
289 
220 
187 
371 

56 
310 
327 
109 

66 
253 
398 
282 
382 
183 
329 
343 

71 
112 
403 

82 

Bernard  et  Camilhoa 

Bernard  (J.-B.) 

Berthelin 

BlET 

BlLLINGS  (H.) 

Blanpain 

Blavignac 

Bléys 

BoCKMANN 

BoiLEAU  (Louis-Auguste).. 
BoiLEAU  (Louis-Charles).. 

BoiTIIAM 

BOITO 

INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


479 


BOLLATI 

BOLTZ 

BONNAL 

BONNARD  

Bonnet  

bonnevie 

BONNORE 

Boos 

Bordes 

BORDIAU 

BORIONE 

BORRA  

BOSSAN 

BOTTREL 

BOUCHET 

Bouchot  

BOLCLOT 

Boudin 

BouÉ 

Bouillon 

Boulanger 

BOULLÉ  (V.-M.) 

Bourdais 

Bourdon  

Bourgeois 

Bourgeois 

bourièrk 

BouRLA  (Benoit) 

BouRLA  (Pierre-Bruno 

bourmann 

Bourru 

boutigny 

Bouvard  

BOUWENS 

Bouvier 

BovÉ 

boyington 

Bralle 

Brandon  (Artliur). . . . 

Brandon  (Bap.) 

Bréasson 

Breitinger 


Italie. 
France. 


Bruxelles  el  France. 

France. 
Allemagne. 
France. 
Belgique. 
France. 
Italie. 
France. 


Grèce. 
Fiance. 


Turquie. 


Belgique. 
Allemagne. 

Suisse. 
France. 

Belgique. 

Suisse. 

Russie. 
Amérique. 

France. 
Angleterre. 

France. 
Suisse. 


DATK 
de  la 


de   raichitwl,. 


1805 
1763 

1828 
1783 
1820 

1820 


1814 
1818 
17'J9 
1817 

1831 
178i 
1803 
1807 
An  XI 
183. H 


1807 
17'J2 
1783 


1818 
17o0 

1810 
1848 
1814 


OATK 

de  la  mort 

de  l'architecte 

ou  de  la 

constriicliim 

de  ledilice. 


1830-1803 

1839 
+1880 
+1818 
+  1881 

V. 

1833-1808 
+1878 
1880 
1877 
xix°  siècle. 
+  1888 
+  1870 
+  1800 
V. 
1833 
V. 
+  1808 
+  1804 

+  1804 

1849 
1849-1833 

1803 
+  1867 

+1860 

xi.v^  siècle. 

+  1890 

1831 

V. 

1831-1834 

1833 

1821 

Vers  1832 
1843-1849 

V. 

+  1880 


403 

72 

12 

322 
194 
307 
260 
363 
199 
338 
403 
300 
374 

41 
301 

40 
345 

78 

91 

468 

90 
314 
364 
300 
468 

82 

40 
200 
174 
288 

33 
:i:is 
204 
287 
180 
423 

64 
112 
112 
344 
292 


480 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

ARCHITECTE 


Hrenna   

RiiENTANO 

Rrevet 

Brey.mann 

RniEiN 

Brocher 

Brodrick 

BrONGiNIART 

Brook  

Brossaru 

Brown 

Brulloff 

Brumeis 

Brun  (P.-C.) 

Brune  

Brunel  (Marc-Isambart)  . . 
Brunel    (Isambart  -  King- 

dom) 

Brunet  Debaisnes  (Charl.). 
Bru.net  Debaisnes (Claude), 

Brcnfaut  

Bruyère 

Bkyant  

BUCKLER 

BCFFINGTO.N 

BULFINCH 

BULLOCK 

BULOT  

Bi 


N'ING. 


BÙRDE  

BuRGUET  (Charles) 
BuRGUET  (Jean)  . . 

RURKLEIN 

BURN 

BURNHAM 

BURON  

BURTON 

RUSIHI 

BUSSIÈRE 

BUTTCH 

BuTTERFIELD 

BUTTON 


Russie. 
Italie. 

France. 
Allemagne. 

France. 

Suisse. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 

France. 
Amérique. 

Russie. 
Allemagne. 

France. 

Ancleterre. 


France. 

Relgique. 

France. 
Amérique. 
Angleterre. 
Amérique. 

Angleterre. 

France. 
Angleterre. 
Allemagne. 

France. 

Allemagne. 

Hindoustan 

Amérique. 

France. 

Angleterre. 

Italie. 

France. 
Allemagne. 
Angleterre. 
Amérique. 


DATE 
rio  la 


lie   l'archileclc. 


1802 

1836 
1807 

1808 

1739 

1800 
18o9 

» 
1823 

1700 

1806 
1801 
179!) 

1758 
1816 

1847 
1763 

1820 


1821 
1783 
1813 

1845 


1817 
1818 


de  l'architecte 


1796-1802 
+1889 

V. 
+  1839 
.ix'^  siècle. 
+1834 
IX''  siècle. 
+1813 
1803 
+  1883 
V. 

1833 
xix'-  siècle. 

V. 
XIX''  siècle. 
+  1844 

+  1839 
+  1862 
+1833 
XIX''  siècle. 
+  1831 
+  1892 
1849-1830 

V. 
+1844 
1812 
+  1889 
1849 
xix'"  siècle. 
+1879 
+  1848 
+  1872 
1848-33 

V. 
+  1881 
1822 


133-1839 
1830 
V. 


180 
393 
316 
137 
380 
288 
244 
7 
123 
374 
437 
180 
162 
366 
301 


127 
379 
379 
203 
36 
428 
132 
430 
416 
120 
338 
124 


83 
271 
462 
430 
373 
121 
390 
334 
270 
109 
424 


INDEX   ALPHABÉTIQUlî. 


481 


Cabot 

Cady 

Caldf.rini 

Calinaud 

Callet 

Calliat 

Calloigne 

Caloine 

Caméano-Calfa  

Camilhoa 

Camolf.tti 

Campûrrse  el  Bosio. . 

Canina 

Cannissié 

Canonica 

CaN'TIAN 

Cantomi 

Carbonier 

Caristie 

Carlier 

Carpenter  (Herbert). 
Carpe.nter  (R.  g.).  • . 

Cabpk.ntif.r 

Carry  Long  

Carry  Long 

Carson  

Carthy  

Cassie.n  et  Sassua.  . . 

Castellazzi 

Catël 

Catoire 

Cauuont 

Cavos 

Cels 

Cendrier 

Ceppi 

Cer.nesson 

Céruti 

Chabrol  


DATE 
delà 


de   l'architecte. 


G 


Amérique. 

Italie. 
France. 


Belgique. 
France. 
Syrie. 
Brésil. 
Suisse. 
Italie. 

France. 

Italie. 
Allemagne. 

Italie. 

Russie. 

France. 
Belgique. 
Angleterre. 

Bek'ique. 
Amérique. 


Angleterre. 

France. 

Italie. 

Allemagne. 

France. 

Russie. 
Belgique. 
France. 

Italie. 
France. 

Italie. 
France. 


1818 
1838 

1 S43 
1791 
ISOl 

1818 


1848 

179:; 

1799 
1704 


1783 


1819 

1772 

1810 

Vers  1849 


1836 
1776 
1806 
1785 


1803 


1812 


de  l'architecle 


V. 

+  18o4 
+  1881 
1821-1823 
+  I8j9 

1808 
» 
V. 
xix°  siècle. 
H-18ob 
+  1877 
+  1844 
+  1806 

1821 

1817 
+  1862 
xix^  siècle. 

1863 
+1855 
+  1886 
+  1835 
+1849 
+  1891 

1868 

1888 
+1888 
+  1819 
+1864 

1857 
1851 

xix°  siècle. 
1870 
V. 
+  1875 


429 
443 
392 
343 
61 
324 
203 
33 
468 
468 
289 
389 
391 
.'il 
393 
280 
393 
185 
54 
204 
237 
237 
205 
417 
417 
452 
239 
364 
398 
176 
376 
74 
180 
198 
61 
405 
327 
394 
357 


31 


482 


INDEX  ALPHABETKJUK. 


de  larchil.rto. 


DATE 

de  la  mort 

de   rarcliileclc 


Chadwick 

Chambord  

Champagne 

ClIANDLER 

Chapon' 

CHARDÛNNifenE  {dE  La). 

Charpentier 

Chat 

Chateauneuf  (de) 

Châtelain 

Châtelain 

Chatillon 

Chatron  

Chenantais 

Chenavard 

Cherrier 

Cfiester 

Ciieussey 

Chevey  

Chevron  

Chipiez 

ClPOLLA 

Clamer-Klett 

Clark 

Clarke  (Joseph) 

Clarke  (Sommers)  . . . 

Clascy 

Clavereau  

Clémence  (J.-L.) 

Clément 

Clerget  

Clinton 

Clochar  

Clhtton's 

Cll'ysenaar 

CùIÎB 

Cochet 

Cockerell.. 

CoisEL 

Coll  \ , 

COLI.ART 

Collet  dit  Duclos.  ... 


AngleleiTC, 
France. 

Amér'iqiip. 
France. 


Allemagne. 
Suisse. 
France. 


Angleterre. 
France. 

Belgique. 

France. 

Italie. 

Allemagne. 

Angleterre. 


France. 

Angleterre. 

France. 


— 

1808 

Aniéi  ique. 

183.H 

France. 

\-'i 

Angle  (erre. 

). 

lîelgique. 

ISUO 

Amérique. 

I80IJ 

France. 

1760 

.Angleterre. 

1788 

France. 

» 

Italie. 

Suisse. 

1810 

France. 

1784 

1812 

1795 
1841 
18.34 

1797 
1818 

1839 
1802 
1782 

1809 
1787 
1829 

1781 

1790 

1823 


1  8  i4 
1824-1827 


1871 
-f  18b7 
+  1879 

1839 
V. 

+  1839 

1872 
+1808 
+  1874 
V. 

1843 
+  1837 

18G2 

}is«  siècle. 
+1872 
XIX'  siècle. 

1843 
18.32-1833 

18GS 
SIX'  siècle. 
-flSlO 
1843 
+1833 
+  1877 
V. 

1848-1830 
+  1880 

V. 

+  1833 

+1803 

1 808 

+  1892 

V. 
+  1838 


INDEX   ALPHABETKJUE 


483 


NOMS 

PAYS 

;i  l'ié  construit. 

DATE 

de  la 

naissance 

de  l'ardiitL-cle. 

DATE 

de  la  mort 

de  rarchitectc 

ou  de  la 

construction 

de  rédifice. 

PAGES. 

Amérique. 

France. 
Amérique. 

France. 

Belgique. 

France. 
Russie. 
France'. 
Amérique. 
Épypte. 

France. 

Italie. 

Portugal. 

France. 

Allemagne. 
France. 

Belgique. 
Angleterre. 
Allemagne. 

Espagne. 
Allemagne. 

Belgi(|ue. 

France. 

.Vllemagne. 

France. 
.\ngleterre. 

Amérique. 
Angleterre. 

17ti3 
1834 

1829 
1801 
1818 

1831 

1705 
1850 

1854 
1835 

Vers  1800 
1787 
1813 

1823 
1843 

1824 

1707 

1824 
1845 
1827 
1812 
1843 

„ 
1833 

+1853 
xis"  siècle. 
V. 

+  1871 

V. 
1830-1833 
1810-1860 

V. 
1813-1824 
+1843 

V. 
1860 

V. 

V. 
xis=  siècle. 

-fl840 

1825 

1880 
-1-1880 

V. 

1802-1808 
1847 
1848 

+1857 
1822-1844 

+  18.^9 
Vers  1820 

V. 

+1883 

V. 

xix=  siècle, 

1845 

1849 

V. 

1845-1850 

410 
373 
43!) 
352 
331 
340 
197 
200 
307 
180 
25 
456 
466 
347 
348 
407 
410 
23 
23 
160 
334 
369 

370 
10 
200 
133 
200 
409 
165 
199 
20 
280 
282 
335 
312 
347 
138 
133 
112 
4iO 
107 

Contamine 

Costa  Sequeira  (da) 

COL-DRAY    (de) 

CouRAU  (J.-B.-Léo) 

bert) 

Couteau 

Cremer  (Friedrich) 

Cremer  (Wilhelni) 

INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

ABCHITECTES. 


Cusi 

CUSIN 

CUSTIS 

CUTHBERTSON 

CuYPERs  (Petrus  J.) 
CuYPERs  (Theodoor) 
CuYPERS  (Eduart).. . 


Dalgabio 

Danjoy 

Dankes  

Darbishire 

Darcy 

Dardel  (René) 

Daumet 

Dauthe 

Davis 

Davioud 

Dawkins 

Dean 

Debayser 

Debret 

De  Broe 

De  Craene 

De  Dredx 

Deelemans  

Decîeorge 

Dégbé 

Delabarre  de  Bay 

Delacroix 

Delannoy  (Franc. -Jacques) 
Delannoy  (Marie-Antoine). 

Delarue 

Deldrouck 

Delm-Rothfels 

Delob 

Delsaux 

Delton 

De  Man , 

Demabbais 


Italie. 

France. 

Amérique. 

Hollande. 


D 

France. 

Angleterre. 

France. 


Allemagne. 
Amérique. 

France. 
Angleterre. 

France. 

Belgique. 

France. 

Indes  néerl. 

France. 


de  rarchitecte. 


Allemagne. 

France. 

Belgique. 

France. 

Belgique. 


18;i9 
1861 


I7R8 


17% 
1826 
1740 
180.3 
1824 


1804 
1777 
1701 
1797 
1788 

1787 


1784 
17.00 
1800 
1790 
1819 

1812 

1806 


Je   l'arcliitecte 

ou  de  la 

construction 

de  l'édiOce. 


XIX*  siècle. 

xix"  siècle. 

1802 

V. 

V. 

V. 

V. 


+1852 
+1862 
1846-1847 
xix«  siècle, 
xix"  siècle. 
+1871 
V. 
+  1810 
+  1892 
4-1881 
18.Ï4 
1848 
+1880 
+  18.00 

+1859 

+  1849 

1835 

1881 
1876 
+1863 
+1833 
+1800 
+Vers   1863 
V. 
+1885 
V. 
xix=  siècle. 
+1862 
1851 
xix°  siècle. 


404 
310 
417 
433 
212 
220 
221 


76 

34 

110 

230 

363 

76 

303 

160 

422 

314 

238 

242 

330 

43 

203 

199 

46 

464 

70 

383 

365 

52 

33 

33 

96 

381 

201 

363 

202 

334 

197 

201 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


485 


Demiulid 

Deuuler  

Deuolon  

Deny 

Denzinger 

Depkrthes 

Derick 

Derigoyen.    

Dérobe  

Derre  

Deschamps 

DESJARDIiNS 

Deslignières 

Destailleurs 

Destouche 

DeSTOURiNELLE , 

DEVIEUX   dit  RoBELIiN 

Devrez 

Dewarlez 

DlET 

DOBSON 

Dœflin 

doisnard 

DoLLliNGER 

Dollman 

Domingo 

DOMMEY 

Donaldson 

DORNTHORa 

DOUCHAIN , 

DOUILLARD  (M. -F.).  .  , 
DOUILLARD  (M.-J.).  .  , 
DOYÈRE 

Driûlet 

Drossaert 

Drouy.x 

DUBAN 

Dubois  (P.-F.-L.).... 

Du  Bois 

DUBUT 

Duc 

DUCATTI 


France. 

Allemagne. 

France. 

Allemagne. 

France. 
Hindoustan. 
Allemagne. 

France. 

Belgique. 

France. 


Angleterre. 
Allemagne. 

France. 
Allemagne. 
Angleterre. 

Espagne. 

France. 
Angleterre. 

France. 


Belgique. 
France. 


Allemagne. 


DATK 

delà 

naissance 

de  l'arcliitecte. 


1806 
1804 
1790 


1814 


1787 
1788 


1797 
1827 


1806 
1840 


1801 
1793 


1823 
1829 


1805 
183:i 


I78o 
1769 

1802 


DATE 

de  la  mort 

de  l'architcete 

ou  de  la 

construftioa 

de  i'édiûce. 


+  1881 
+1886 
4-18o6 

1841 
XIX'  siècle. 

1867 

184.3 

1811 

1816 
+  1890 

1828 
+1863 
xix"  siècle. 
+  1832 
Vers  1831 

1824 
+1890 
x]x'  siècle. 
+1871 
V. 

1845 

1878 
+1832 

1869 

1819 
+1876 
4-1883 

1845 

1838 
V. 
V. 

1877 

1863 
1854-1856 

+  1870 
+  1811 
+  I86G 

+  1879 
1816-1830 


310 
161 

86 

33 
274 
318 
462 
146 

20 
203 

63 
339 
317 

39 

37 

62 

21 
321 

93 
323 
133 
237 

93 
268 
241 
408 
303 
111 
139 

68 
373 
373 
364 

87 
204 
369 

49 


302 
144 


486 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

ARCHITECTES. 


DUCKKRS 

DUFOUR 

DUFOURNY 

DULIN 

DUMÛNT 

DUMORTIER 

DUNANT 

Dl'PHOT 

Dupont 

duquesney. 

Durand  (Alphonse) 

Durand  (Antonin) 

Durand  (Charles-Élienne). 
Durand  (Gabriel-Joseph).. 

Durand  (Hippolyle) 

Durand  (Pierre-C.) 

Durand-Billon 

Durand-Gasselin 

Durlet 

Di;SILLON 

Dutert 

DUVAL 

DUVAL  (J.-B.) 

Ebe 

Ebeling 

Eberlein 

Eberson 

Egle  (von) 

ElCHBEIM 

EiDLiTZ  (Cyrus) 

ElDLITZ  (L.)   

ElSENLOHR 

Elson 

Emerson 

Emmett 

EiNUE 

El'ELLET 

EltLACHER 

EiiNsr  (Léopold) 


liel-iqiio. 

France. 
Italie. 

France. 
Belgique. 

France. 


Belgique. 
Suisse. 
France. 


HATE 
de  lii 


E 


Allemagne. 


Hollande. 
Allemagne. 

Amérique. 

Allemagne. 

Turquie. 
Hindousian. 
Angleterre. 
Allemagne. 

France. 
Allemagne. 


1792 
1700 
17:;4 
1800 
1811 

1790 
1810 

1800 
1813 

1702 
1792 
1801 
1824 


1810 


ISio 
1800 


1834 
1804 
1809 
1822 
1818 
1800 

Vers  1823 
1805 


1830 


1807 
1808 


DATE 

de  ht  mort 

do  l'architecte 

ou  de  lit 

construction 

de  l'édifice. 


1X10-1830 
+  1835 
+  1818 

+  1859 
xix'  siècle. 
+1878 

1846 
+  1849 
+  1882 

1875 
+  1840 


+  1891 
1844 
1843 

+  Vers  1860 
V. 

XIX''  siècle. 


+1889 


XIX""  siècle. 

+1854 

1804 

1850 

1852 
V. 
+1889 


+1802 


202 

10 

400 

88 

197 

20b 

23 

368 

69 

59 

380 

358 

25 

85 

355 

308 

63 

373 

201 

291 

340 

317 

343 


282 
163 
157 
215 
267 
154 
433 
433 
105 
403 
462 
238 
282 
349 
149 
249 


INDEX   ALPTIAnETKJUE. 


487 


Ernst  (Henri) 

ESPÉRANDIEU  . 
ESQUIÉ 

Evans 

ewerbeck  .  .  .  , 

EïRE 


Fabris 

Faget 

Falcini 

Famin 

Faucheur 

FAVIER{le  P.) 

Fehmer 

Fellner 

Felten 

Fkraud  et  Fromageau  . . 

Fergusson 

Fernbach 

Ferrey 

Ferstel  (Heinricli  (von) 

Feuchère 

FiNDEN  et  Lewis 

FiscHE  (von) 

Fischer  (Friedrich). . . . 

Flachat 

Flacheron 

Flaury 

Flockton 

Fontaine 

Forbes 

Forcellini 

forsmann 

FoRMlGÉ 

FoRSTKR  (E.  von) 

Forster  (I,ud\vig) 

FossATi  (C.  et  .1.) 

Poster 

Fowke 

Fowler  (Charles) 


Suisse. 
France. 

.\ngleterre. 
Allemagne. 
Amérique. 


Italie. 
France. 

Italie. 
France. 

Chine. 
Amérique. 
Allemagne. 

Algérie. 
Angleterre. 
Amérifjue. 
.Angleterre. 
•Allemagne. 

France. 
.Angleterre. 
.Ulemagne. 


France. 
Angleterre. 

Franco. 
Ilindoustan. 

Italie. 
.Allemagne. 

France. 
Allemagne. 

Turquie. 
AiiKlolerre. 


1840 
1829 
1817 

18.39 
1858 


1808 
18.34 
1804 

1821 

1838 

1797 

1808 
1828 


Ve 


1828 
rs  1800 

1782 
1803 
1802 
1772 


1762 

1827 
1705 
I8iï 

1797 


de    lan-hitccte 

ou  ,1e  la 
c'oii>trii((i.m 
.le  re.lilice. 


■■t-1802 

+  1874 

1820-1822 
+1889 
V. 


+  1883 
V. 

+I88:.i 

1817-1822 
+1805 

1888 
V. 

1870 
-(-1880 
XIX.''  siècle. 
+1886 
+1883 
1844-1854 
+1883 
+1857 

1853 
+  1820 
+1867 
+  1873 
+  1835 

1852 

1850 
+  1853 

18.39 
+  1891 
+  1878 
V. 

1874 
+  1863 

1849 

1839 

1862 

1848 


292 

362 
303 
132 
263 


397 
369 
396 
83 
372 
466 
459 


139 

43:; 

110 
248 
79 
229 
147 
105 
60 
76 
242 
113 
8 
462 
403 
169 
340 
250 
250 
400 
244 
232 
123 


488 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

AnCHITBCTES. 


Francis  (B.) 

Franck-la-Roche  (ue 

Franco 

François 

Francolini 

Franel 

Frary 

Frentzen 

Freret 

Friès 

Fhissard 

Frith 

Frolicuer 

Frœlicher 

Fueter 

Furness 

FUSCHEN 


Gaab 

Gaoahine 

Gallois 

Gancel 

Garbett 

Garde 

Gardegou  ou  Girdegom 

Gardner  

Gahnaud 

Garnier 

Garrel 

Garrez 

Garros 

Gartner  (Andréas)... 
Gartner  (Friedrich).. 

Gasse  (Etienne) 

Gasse  (Louis) 

Gasselin 

Gau 

Gauche 

Gaudy 


DATE 
de  la 

nuissance 
de  rarcliiloctc 


Angleterre. 

Amérique. 

Italie. 

France. 
Italie. 

Suisse. 

France. 
Allemagne. 
Amérique. 

France. 

Angleterre. 

Suisse. 
France. 

Suisse. 
Amérique. 
Allemagne. 


G 

Allemagne. 
Hussie. 
France. 

Angleterre. 

France. 

Belgique. 
Amérique. 

France. 


Allemagne. 
Italie. 
Fiance. 


17'.)'; 
1791 
1818 

ISO'.i 
18-24 
1779 
1854 
1833 

1787 


184o 
1840 


1830 
1811 

1779 
1760 
1836 
1796 
1825 
1823 
1802 
1833 
1743 
1792 


date 

de  la  mort 
de  l'architecte 


l8o3 
+  1861 


V. 

+  1834 

V. 

1823-1845 

+  1854 

1844 

1833 

1828 

V. 

V. 

1872-1875 


+  1869 

1870 

-fl889 

1820-1822 
+1853 

V. 

+  1861 
V. 
+1867 
+1852 

V. 
+  1826 
+1847 
1809-1815 
1809-1815 

1843 
-fl853 
+  1846 

1822 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


■489 


NOMS 

AHCUITECTES. 


GauthieriG! 

Gay 

Gedon  

Geefs 

Geisreider 

Gencf. 

Gen'court 

GentebrOch 

Gentilhomme 

GEiNTZ 

Geufroy..  .    

Gibson  

GiBSON 

Gife 

Gilbert  

Gilbert  

GlLLY 

GiLMAN 

GiLSON , 

GiNAIN , 

Gingembre 

GlOCHAIN  

GlON 

Girard 

GisoRS  (Jacques-Pierre  de) 
GisoRs    (Henri- Alphonse 

Guy  de) 

GisoRS   (Alexandre,   Jean 

Baptiste,  Guy  dk) 

Gjôrvell 

Gnauth  

Goddard 

Godde 

Gûddie 

Godebœlf 

godei'rgy 

GODWIN 

Goetghuber  (Jacques) 

GoETGHUBER   (François-Jo- 
seph) 

GOFFART 

Go.nzales  (Velasquez) 


:  été  construit. 


France. 

Allemagne. 

Belgique. 
Allemagne. 

France. 

Allemagne. 

Algérie. 
Allemagne. 

France. 

Amérique. 

Angleterre. 

Belgique. 

France. 
Amérique. 
Allemagne. 
Amérique. 

France. 


Algérie. 
France. 


Danemark. 
Allemagne. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 
France. 
Hollande. 
Angleterre. 
Belgique. 


Espagne. 


DATE 

de  la 

naissance 

de  l'architecte. 


1790 
1773 
184.3 
1806 

1816 
1793 

1796 

1823 
18:;4 
1747 

1793 
18o3 
1771 
1821 

182.3 


1796 

1702 
1766 
1840 

1781 

1809 
1822 
1813 
1700 

1788 

1719 


DATE 

de  la  mort 

de  l'architecte 

ou  de  la 
construction 
de  rédilic.\ 


+  1833 

+  1832 

+  1883 

+1883 

1501 

+1834 
1834 

+  1811 
+1874 

V. 
+1828 

1861 
+1874 

V. 
+  1800 
+1882 
+  1849 

V. 
1821-1823 

1880 
xis"  siècle 
+  1872 

1779 

+1806 

+  1833 

+1884 

1809 

+  1807 

1806 

V. 

V. 

+  1888 

+1823 


+1869 
+  1772 


273 
200 
147 

48 

21 
100 
403 
170 
304 
434 
110 
201 

43 
430 
170 
431 

68 
330 

87 
404 
404 

aO 

37 


38 
187 
200 


301 
214 

240 
203 

203 
200 
408 


490 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Goodrich 

GORF.CKl 

GÔRZ 

Goss 

GOSSCHALK 

GossET  (Alphonse) 

GossET  (P. -Louis) 

GOUGH 

GOURLIER 

GOUST 

Goût 

GOL'Y 

GOY 

Graaf  et  Fischer 

Grandjean 

Gra.xdjean  de  MoNTlG.Ny.. 
Grauss 

GrA  VIGNY 

Grekf  (Jean  de) 

Greef  (Jansz  de) 

Gree.n 

Ghégan 

Grégoire  (H.) 

Gréterin 

Grifenstein 

Griffith 

Grigny 

Grillon 

Grillot 

Gropius  (Karl-MaitinK. . . 

Gropius  (Martin) 

Grothman  et  Fontan 

Grueber 

GrUiNNLNG 

GUADET 

GuÉNEPiN    (Auguste-Jean- 

Marie 

GuÉNEPiN  (J.-Fr.-J.-B.)  . . . , 

Glérin  (Bernard) 

GuÉRiN  (Charles) 

Guérinot 

GuÉROUST 


Califoniie. 

Pologne. 

Allemagne. 

Suisse. 

Hollande. 

France. 

Angleterre. 
France. 


Suisse. 

France. 

Allemagne. 

Italie. 

Allemagne. 

Hollande. 

France. 

Hollande. 

Belgicjue. 

Angleterre. 

France. 

Allemagne. 

Angleterre. 

France. 


Allemagne. 

Kussie. 
Allemagne. 
Angleterre. 

France. 


18U 

1839 


1833 
1802 


1786 


18;i2 
1842 


1776 
1828 
1844 
1743 
1818 


1791 
1807 
17.H2 


1780 
1827 
1824 


1806 

1834 

1780 
1X07 
1790 
1814 
1830 
1814 


DATE 

de  la  mort 
le  l'arcliitecte 


XIX"'  siècle. 

-1-1880 
V. 
V. 
V. 
-MS7o 
18ol-18o4 
-|-18o7 
1811-1829 
V. 
V. 
+  1838 
sii"  siècle. 
XIX'  siècle. 
+  1850 
V. 
V. 
+  1830 
V. 
Apres  1850 

1848 
Vers  1834 
+1832 
+  1810 
1864 
+1867 
+  1834 

V. 
+  1880 
-1-1886 
xix'=  siècle. 
+  1882 
1823 
V. 

+  1842 
+  1888 
+  1S39 

+  1801 
4-1861 


464 
187 
260 
287 
217 
351 
331 
109 
34 
6 
309 
288 
68 
271 
388 
162 
221 
343 
206 
211 
203 
133 
21 
62 
147 
220 
330 
62 
382 
173 
281 
184 
144 
111 
312 

18 

30 

40 

40 
341 
380 


INDEX   ALPHABÉTinUE. 


■m 


Glcel 

guill.un  (j.-h.)  . 

Guillaume 

guillebaud 

gutensohn 

Guy 


HaBERSOiN 

Hadfield 

Haight 

Hakewill  (E.'l 

Hakewill  (H.) 

Hakewill  (J.) 

Hall .  . 

Hâller 

Hallier 

Hamilto.n 

Hasiilton  (Th.) 

Hankins 

Hanxaford 

HaNiNO 

Hannotin 

Hansen 

Hansen 

Hansen 

Hansom 

Happe 

HaRDWICK 

Hahdwick  (P.-C).  . . 
Hardwick  (Robert).. 

Hardy  

Haruy  et  GiLEs 

Haring 

Haron-Romaln  (père) 
Hakon-Romain  (fils). 

Harrison 

Hartel 

Hartuisg 

Hartwell 

Harvey  


HATE 
du  la 


Hollande. 
Belgique. 

France. 

Suisse. 
Allemagne. 

France. 

H 

Angleterre. 
Amérique. 

Angleterre. 


Allemagne. 
Angleterre. 


Amérique. 
Suède. 
France. 

.\llemagne. 
Danemark. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 


Franco. 
Angleterre. 
.\lleniagne. 

France. 

.Amérique. 
Allemagne. 

Amérique. 
Angleterre. 


1832 
n-6i 


1805 


1841 


1771 

1778 


183b 


Vers  1835 
1826 
1843 

1S13 

1804 


1839 


1701 
1796 


1844 
1833 


ic  l'iinliiteclc 

ou  lie  la 

coustructiou 

de  rédilice. 


V. 

+  1820 
1867-1868 
+  1888 
1827-1844 
+  1866 


1851-1853 
+  1826 
V. 
1845 
+  1830 
+1863 
1851 
xix^'  siècle. 

V. 

1846-1847 

1820 

1852 

V. 

-fl882 

V. 
+  187 1 
+  1890 
+  1883 
1869 
1809-1812 
+1829 
1849 
1843 
V. 
1852 
1824 
+  1822 
-t-1866 
+  1762 
+1890 
1887 
V. 
-f-1847 


215 
193 
3  47 


241 

416 
447 
107 
100 
100 
133-238 
176 
274 
110 
138 
238 
443 
189 
347 
354 
252 
191 
241 

56 

99 
109 
109 
338 
241 
153 

92 

92 
414 
263 
281 
441 
133 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

ARCHITECTES. 


ILVSE 

HaSEN.\UER  (VOiN)  . . . 
H.iSSEMER 

Masti.xgs 

Hatch 

H.\TFIELD   (0.) 

llATFIELD  (R.-G.).... 

IIauberisser 

IIai'oedourt 

Il  AUSER 

L'SSMANN 

Haviland 

Hawley 

Hayward 

Head 

Heuso.n 

Hedi.n 

Heffer 

Hecer 

Heideloff  (von).  . . 
Heigelin 

IlEINS 

Helmer 

HÉNARD 

Henczelmann 

Hendriks 

Hennick 

Henriquez-Ferrer  . 
Henry  (Guillaume) 

Hérard 

Heret 

iiérholu 

Hermant 

Hertel 

Hesse 

Hetsch 

Heurteloup 

HlLD 

HlLDEBRAND 

HlLL 

HiaBSEL 

HiNE 


PAYS 

a  élu  construil. 

DATE 
delà 

Je  l'architecte. 

DATE 

de  la   mort 

de  l'architecte 

ou  de  la 

constructioQ 

de  l'édifice. 

PAGES. 

.\lleniapne. 

1818 

V. 

262 

_ 

iS33 

V. 

254 

— 

» 

+  18G0 

166 

Amérique. 

1860 

V. 

458 

_ 

1839 

V. 

444 

— 

1819 

+1891 

427 

— 

1815 

+  1879 

427 

Allemagne. 

1841 

V. 

273 

France. 

1788 

+  1849 

49 

Alleniat,'ne. 

1823 

+  1870 

257 

— 

,. 

1871 

255 

Amériiiue. 

1792 

+  1852 

419 

Angleterre. 

11 

1855 

238 

_ 

,. 

1849 

132 

— 

» 

1827-1832 

136 

_ 

1848-1850 

132 

France. 

.. 

1875 

310 

Angleterre. 

,1 

1854 

233 

Allemagne. 

1792 

+  1837 

167 

— 

1788 

+1805 

265 

— 

1798 

,. 

156 

Amérique. 

1860 

V. 

458 

Allemagne. 

1849 

V. 

251 

France. 

1812 

+1S87 

321 

Allemagne. 

xis'  siècle. 

256 

Belgique. 

.. 

XIX"-'  siècle. 

206 

Allemagne. 

» 

1872-187S 

274 

Espagne. 

.. 

1855 

409 

France. 

» 

1845 

95 

_ 

1815 

>, 

310 

— 

1821 

V. 

331 

Danemark. 

1818 

» 

190 

France. 

1823 

V. 

320 

Allemagne. 

1829 

+1890 

259 

_ 

1795 

+1876 

277 

Danemark. 

1788 

+1864 

190 

France. 

1802 

+1846 

62 

Allemagne. 

„ 

1832-1837 

145 

— 

„ 

xix«  siècle. 

169 

Amérique. 

1841 

V. 

448 

Allemagne. 

1787 

.. 

147 

Angleterre. 

1853 

242 

INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


493 


HlXTRAGKR 

HmSCH 

HiTTORF 

HlTZlG 

Hloaka 

HOBAN 

HOCHSTETTER.  .  .  . 

Hœnel 

Hoffmann 

HOLDEN 

HOLLAND 

HOLLIS 

HOLLY 

HOPE 

HOPKINS 

HOREAU 

HOTELARD 

HOTTISCU 

HOWE 

Hubert 

Hubert  (Joseph). 

Hl'chard 

HUDE 

HUEB.SCH 

HUGÉ 

HÙGEL 

HuiLLAItD 

HUUBERT 

HUNT 

HURTAULT 

HUTTON 

HUVÉ 

HUYOT 

I.MDERT 

Imbert  (M.-A.-J.) 

Indo 

Inwood  (William 
Lnwood  (H.-W.l. 


PAYS 

DATE 

DATE 

.."" 

<lo  la 

de   Farchilecto 
ou  de  la 

PAGES. 

a  .'■té  onsti-iiit. 

lie    Farchitecte. 

COQstlurlioil 
de  Fedifice. 

Alleniaf,'iie. 

1  8;!  1 

V. 

2b  6 

Fiance. 

.1 

1 808 

300 

— 

1702 

+  18G7 

58 

Allenia;;ne. 

1811 

+  1881 

279 

— 

1831 

2:i6 

.\  nié  ri  que. 

+  1831 

417 

Allemagne. 

1812 

4-1880 

260 

— 

+1880 

i;;9 

— 

1807 

+1889 

260 

Anf^leterre. 

» 

1860 

230 

— 

1746 

+  1806 

117 

— 

,. 

1821-1823 

102 

.Amérique. 

1834 

+  1892 

442 

Angleterre. 

1774 

+  1833 

233 

— 

1853-1844 

108 

France. 

1801 

+  1872 

326 

— 

1784 

+  1867 

74 

Allemagne. 

» 

xix=  siècle. 

2:iii 

Amérique. 

1832 

439 

France. 

" 

1793-170.H 

10 

Belgique. 

.> 

xis''  siècle. 

204 

France. 

" 

+  1891 

330 

Allemagne. 

1830 

V. 

274 

— 

170o 

+  1863 

104 

France. 

1820 

+1887 

309 

.Ulemagne. 

.. 

1809 

273 

France. 

1878 

310 

Chine. 

.. 

1863 

466 

Amérique. 

1828 

V. 

436 

France. 

1705 

+  1824 

60 

Amérique. 

1834 

V. 

434 

France. 

1773 

+  lSo2 

47 

— 

1780 

+1840 

6 

France. 

Angleterre. 

Espagne. 
Angleterre. 


1834 

1867 
1819-1822 
1819-1822 


336 
■J33 
409 
101 
101 


INDEX   ALPHAJiKTKjUE. 


NOMS 

PAYS 

a  Hé  construit. 

D.\TE 
du  la 

do  rarchitectc. 

DATE 

de  la  mort 

do   l'arohileclc 

ou  lie   la 

coijsfriictiDa 

de  rédifice. 

PAGES. 

132 

92 

358 
283 
183 

89 
286 
200 

73 
199 
126 
327 
433 
436 
132 

54 
414 
185 
144 
102 
238 
MO 

38 

39 
373 
232 

22 
463 
334 

253 
256 
138 
448 
420 
261 
436 
449 

An^^leterre. 
France. 

J 

France. 
Allemagne. 

Russie. 

Fiance. 

Suisse. 
Belgique. 

France. 

Belgique. 

Angleterre. 

France. 
Amérique. 

Angleterre. 

France. 
Amérique. 

Russie. 
Allemagne. 
Angleterre. 

Fr.mce. 

Algérie. 
France. 

K 

Allemagne. 

Angleterre. 
Amérique. 

Allemagne. 
Amérique. 

1807 
1800 

1834 
1839 
1798 
1815 
1841 

1812 

1830 

1 789 
1743 

1782 

1788 
1824 

1808 
1797 

1842 

1818 
1841 
1847 

1  843 

+  1879 

V. 
V. 

+  1869 
+  1S86 

1878 

1833 

1852 
+1888 

1869 
+1892 
XTx=  siècle. 
1850-1852 
+1871 
+1826 

1822 
xix°  siècle. 

1853 

1848 
+  1865 
+  1892 

1866 

xix''  siècle. 
1811 

+  1878 

1863 

xis'  siècle. 

1840-1844 

V. 

+  1888 

1873 

isabklle  

Jacob  

Jacobsthal  

Jacqueuin-Belisle 

Jannez 

J\Y 

JùLY  (Edmond  de) 

JOLÎANiMN 

Ke.nwick 

KlMBELL 

lNDi:\   ALPllAUininlK 


493 


Klkbeh 

Klenze  (von)..  .  . 

IvLINGE.NIÎERli.  .  .  . 

Klotz 

Klumpp 

Kn'.\pp 

Knoblalxh 

Knuttel 

KOCH 

KocH  (Ileinrich). 

kokerinow 

Krahe 

Kramm 

Kbaner  

Kran.ner 

Kruger  (Theodoi 
Kruger  (Karl). . . 
Kruyff 

KUHNIX 


Labadye  

La  Barre 

Labbé 

L'Abbé  (Pierre-Augusle 

Labrouste  (Henri) 

Labrouste  (Théodore).. . 

Lachèse ' 

Lacornée 

Lacroix 

Lafargue  (Jules) 

Lafargue  (J.-B.) 

Lafargue  (Paul) 

Laffo.n 

Laforgue 

Lagardette 

Laing 

Laisné 

Lalande  (de) 

Lamarle 


France. 
Allenia"iie. 


France, 
Alleniasne. 


Hollande. 
Allemagne. 
Amérique. 

Russie. 
Allemagne. 

Hollande. 

Allemagne. 


Hollande. 
Allemagne. 


Franc 


DATE 
de  la 


Angleterre. 
France. 


1784 

1810 
ISU 
1793 
1801 
1857 
1837 
1841 

17o8 
1797 
1801 

1818 
1803 
1844 


1777 
1760 

182o 
1801 
1799 
1803 
1779 
1814 
182o 
1801 
1842 
1810 
1782 
î'Ts   1770 

1819 

1808 


DATE 
de  la  moil 
rarcliitecte 


-1-1800 
4-1804 

i8o:; 

-t-l880 
-1-1883 
-1-1830 
-t-l8G3 

V. 
+  1889 

V. 
SIX''  siècle. 
+  1840 

1833 

+  1871 
+1878 
+  1883 

V. 
+1824 


-1-1 830 
+  1833 
1803 
+1881 
+  1873 
+ 1 88.3 
+  1872 
+  1830 
+1872 
+1881 
+  1860 
-1-1876 
+  1882 

+  180t 
1714 
V. 
1873 

+  1880 


149 
206 
278 
213 
2.30 
449 
178 
108 
206 
221 
233 
100 
168 
219 
109 


47 
8 
342 
300 
300 
306-322 
37  4 

41 
343 
363 
363 
363 
363 

77 

78 
123 
333 
316 
363 


496 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

PAYS 

l'êdikice 
a  été  coustfuit. 

date 

de  la 
de   l'architecle 

DATE 

de  la  mort 

de  rarchilecte 

r>u  de  la 
construction 
de  rédiflce. 

DAGES. 

Lamb 

Angleterre. 

Allemagne. 

France. 

Allemagne. 

Allfmagiie  el  Crke. 

Russie. 

Amérique. 

Allemagne. 

Fiance. 

Angleterre. 
France. 

Amérique. 
V.   Mac-Lau- 
ghlin. 
France. 

Allemagne. 

France. 
Amérique. 

France. 

Amérique. 
France. 

1808 

1831 
1813 
1786 

1791 

1824 

1808 
1818 
1837 
1781 
1733 

17IS7 

1820 
1836 

1807 
1784 
1812 
1764 

1797 
1818 
1789 

1832 
1782 
1819 

1821 

1843 
1783 
1831 
1783 

1849 
V. 

+  1874 

+  1856 

1868 

xix'  siècle. 
V. 

1868 
+1868 

+  1869 
+1808 
+1889 
+  1836 
1832 

1870 
1828-1842 
+1837 
+  1837 
+  186S 
+1820 

+1860 
+1869 
+  1864 
V. 

+  1807 

V. 
1833-1837 

V. 
xix=  siècle. 
xix°  siècle. 

V. 
+1833 
+  1863 
+1838 

113 

270 

384 

71 

344 

69 

374 

261 

272 

272 

182 

453 

173 

173 

319 

81 

241 

379 

379 

343 

89 

29 

83 

365 

413 

76 

341 

103 

324 

433 

16 

342 

82 
430 
431 
431 
371 

62 
370 

44 

liAMBERT 

Lance 

La.nck 

Lan'g 

Lange  (Emile) 

Lange  (Ludwigl 

Langenegger 

Langford-Warren 

LANGHAUs(Karl  Ferdinand). 
Langhaus  (Karl  (lotthard). 
Langlois 

Lantoin 

Lanyon  

Laouerrière  (Constant)  . . . 
Laquerrière  (Stanislas) . . . 
Laroche 

La  Ruel  (de) 

Lassus 

Latapie 

Latol'r 

Latrobe 

Laughli.n 

Laurecisque 

Laval 

Lavés 

Lavezzari 

Ledabon-Jenney 

Lebas 

Lebouteux 

Le  BnuN 

Le  Brun  (N.) 

Le  liRUN  (M.) 

Le  Brun  (Pierre) 

Leclerc  (Charles- Alfred).. 
Leclère  (Achille) 

Lecocq 

Lecûinte 

1 

INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


497. 


NOMS 

PAYS 

LÉDIFICB 

■d  été  construit. 

DATE 
de  la 

de  l'architecte. 

DATE 

de  la  mort 

de  rarohitecto 

ou  de  la 

construction 

de  rèdilice. 

1 
PAGES. 

France. 

Italie. 

.Syrie. 
Franco. 

Angleterre. 
France. 

Angleterre. 

Belgique. 

France. 

Allemagne. 

France. 

Hollande. 
France. 

Algérie. 
Belgique. 
Amérique. 

Allemagne. 
France. 

Allemagne. 
France. 

Allemagne. 
France. 

17(30 

1816 
1778 
1845 

1807 
1810 

1818 
1814 
1808 

1826 
1801 
1815 

1850 
1755 
1789 
1801 
1826 
1803 
1801 
1813 
1701 
1789 
1827 
1813 
1 806 

1829 
1836 
1728 
1816 

1795 

1871 

+1885 

+1861 

+  1886 

1867 

xix«  siècle. 

V. 
+  1880 
1832 
XIX'  siècle. 
+1865 

V. 
+1892 

i8:;o 

V. 

+  1846 
+  1891 
+Vers   1830 
1831-1840 
1842 

V. 
+  1825 
+1865 
+1891 

V. 
+  1863 
+  1862 
+  1879 
-f  1844 
+1851 

V. 

+  1882 

+  1873 

1828 

1823 

V. 

V. 
+  1803 
+  1879 

10 
399 
468 
353 
335 
356 
223 
378 
380 
299 
241 
205 
377 
272 
267 
381 

42 
218 

49 
379 

45 
465 
202 
456 
414 
172 
304 
361 

61 

34 
260 

15 

93 
344 
372 
332 
167 

52 
350 
348 

H 
348 

Lecomïe 

Lecomtr 

Ledru  (Agis-Léon) 

Ledru  (Ch.-L.-F.) 

Legraive 

Lejeune  (Alp.-Am.) 

Lejeune  (Auguste) 

Lelong 

Lemarié 

Lemonier 

Lemonnier 

Lemos  (de)..  : 

Le.noir  (Alexandre-Albert). 

Lenoir  (Vicier) 

Lenormand  

I-eonii\rd 

LepRÉVOST  de   i!0UR(;ERET.  . 

Lerch 

Leroux  (Jean-Alfred). , , . . 
Leroux  (Louis) , 

Leroy  (Julien-David) 

Leroy  (Charles) 

32 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

PAYS 

l'édifice 
a  i-té  conslLuit. 

DATE 
.le  la 

de  i'ari-llitecli-. 

DATE 

de  la  mori 

de   rairhitecle 

va  >le  la 

constnictiou 

de  l'cdili.f. 

PAGES. 

France. 
Russie. 
France. 

Californie. 

Anjjleterre. 

France. 

Belgique. 
Amérique. 
Allemagne. 

France. 
Allemagne. 

l'rance. 
Améri(iue. 
Angleterre. 

Belgique. 
Angleterre. 
Allemagne. 

F'rance. 
Amérique. 

France. 

Allemagne. 

France. 
Allemagne. 

France. 

1775 

1794 
1795 
1842 

1810 

1800 

1818 
1788 
1811 
1826 

Vers  1836 

1807 
1849 
1810 
1772 
1836 
1854 

1781 
1836 
1814 
1829 
1811 
1826 

1834 
1785 
1790 

+  1858 
1812 

+1883 
+  1855 
V. 

1833 
Vers  1852 
+  1881 
xix'=  siècle. 

1815 

1885 

1816 
+1860 
xix=  siècle. 
+  1887 
+  1820 
+1843 

1863-1892 

+  1891 

1853 

1869 

1820-1821 

1853 
+  1867 

V. 
+1849 
+  1835 
V. 
V. 
1883 
41846 
V. 
V. 
+  1877 
+  1889 

1826 

+1878 

+  1864 

+1864 

1847 

34 

186 

20 

40 

311 

21 

42 

50 

464 

132 

307 

26 

371 

206 

429 

176 

62 

250 

328 

434 

224 

252 

205 

244 

176 

374 

417 

417 

429 

456 

340 

90 

371 

359 

281 

311 

169 

168 

262 

90 

330 

49 

l.ETARÛUILLY 

Lf.thouel 

Lewis 

LlE.NALI 

LlNUN 

LluN 

LiTTKLL 

LiTTLE  

Lobby  

LOCKWOOD 

LOHSE 

LoiSON 

LoNUFELLOw  (William) 

LoNOFELLOw  (Alexaiidep) . . 

LUDECKE 

LUSSAULT 

LussoN 

Lussv. ...                  .... 

INDEX  ALPHABETIQUE. 


499 


NOMS 

PAYS 

,1  été  cuustruit. 

DATE 
delà 

Ji-  l'architecle. 

date 

de  hi  mnrt 

de   lairhilecte 

ou  lie  1.1 

eonstruction 

de  l'édifice. 

PAGES. 

Mac-Artiiur 

M 

Amérique. 
Angleterre. 

Italie. 
Angleterre. 
Amérique. 

Angleterre. 
Amérique. 

France. 
Angleterre. 

France. 

R(p.  Arge.line. 
France. 

Norwège. 
France. 

Angleterre. 

Allemagne. 
France. 

Angleterre. 
France. 

Allemagne. 

Italie. 
Frince  et  Itassie. 

France. 

Amérique. 

i  Hindonstan. 

Amérique. 

1823 
1799 

1817 

1820 

1S34 
1790 
1760 
1816 

1793 
1779 

1781 
1799 
1789 
1813 

1830 
1738 

1797 

1814 

1817 
1812 
1798 
1775 

1836 

Vers  lb24 

+  1890 
+  1836 
V. 

1847 
+  1891 
V. 

1833 
V. 

+  1843 
+  1883 

1878 

1889 
+  1878 
+  1830 
1837-1831 

1833 
+  1863 
+1862 

+  1870 

1833 

1873 
V. 

1831 
+1843 

1864 
V. 

1880 
\iy-  siècle. 
+1877 
+  1883 
+  1872 
+  1834 
+  1869 
V. 

1832 
+1880 

432 

233 

394 

233 

433 

436 

233 

412 

82 

226 

314 

316 

409 

91 

63 

33 

337 

189 

82 

19 

333 

244 

272 

24 
3:J6 

73 
233 
346 
334 

73 
363 
160 
396 
181 

69 
437 
462 
432 

Mac-Laugiilin 

Macqdet 

Maillet  du  Boulla y 

Malo 

Mapleson  et  Fowler 

Margraff 

Mariés  du  Vergniet 

Martin  et  Tuurnesag 

M\RTIN  (B.) 

Martin  (F. -A.) 

Maun 

Mvy 

500 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


Mayr 

Mazois 

Mazuel  (Alfred) 

Meduna 

Meganck  (le  P.).. . . 

Meigs 

Meldahl 

Mella 

Ménager 

MÉNARD 

Mengoni 

MÉRINDOL  (de) 

Mesnager 

métivier 

Metzelaar  (Johan)  . 
Metzelaar  (Willem) 

Metzger 

Meyers  

Meyjes 

MiALHE 

MiCHAILOW 

MlCHELI 

MlCUELIN 

MiDDLETON 

MiKESCHINE 

MiRHAiLov  (André)  . 
Milan 

MlLLARDEI  

Millet 

Mills 

MlMEY 

MlRRl 

Mis 

MOCATTA 

MOFFAT 

MOITTE 

MûLÉNAAR 

Molina 

MOLL 

MOLLER  (Joig) 

MoLLER  (Gusiave) 

MONDET 


PAYS 

a  été  construit. 

DATE 
de  la 

de  l'architecte. 

DATE 

de  la  mort 

de  l'architecte 

ou  de  la 

coQstruction 

de  l'édifice. 

PAGES. 

Allcmai-'UP. 

1770 

+  1840 

133 

FiaDce  el  llalie. 

1783 

+1826 

63  et  390 

France. 

1830 

V. 

331 

Italie. 

1810 

.. 

400 

Belfîique. 

„ 

xis'  siècle. 

198 

Amérique. 

18IG 

+1802 

428 

Danemark. 

1827 

)) 

190 

Italie. 

1808 

+1884 

404 

France. 

>, 

18a0 

44 

— 

1831-1833 

69 

Italie. 

+  1867 

396 

France. 

1818 

V. 

328 

— 

1783 

+1834 

44 

Allemagne. 

1781 

» 

146 

Hollande. 

1818 

V. 

211 

— 

1848 

V. 

219 

.Allemagne. 

1807 

). 

149 

Belgique. 

» 

+  1848 

199 

Hollande. 

18o8 

V. 

221 

France. 

180-2 

+  1871 

363 

Russie. 

,1 

1823 

178 

Italie. 

„ 

xi.x'  siècle. 

398 

France. 

„ 

xix'  siècle. 

37) 

Angleterre. 

1830 

+1880 

117 

Russie. 

>, 

1862 

184 

_ 

XIX"  siècle. 

178 

Espagne. 

,. 

xix"  siècle. 

408 

France. 

1800 

+1847 

90 

— 

1819 

V. 

332 

Amérique. 

1781 

+  1833 

418 

Pérou. 

1826 

)> 

469 

Italie. 

1747 

,. 

389 

Amérique. 

1831 

+  1890 

437 

Angleterre. 

,, 

1849 

110 

— 

., 

1843 

228 

France. 

I7;i4 

+  1808 

74 

Hollande. 

18.S0 

V. 

220 

Espagne. 

» 

1851 

410 

France. 

1707 

+1876 

373 

Allemagne. 

1784 

+  1852 

167 

— 

1826 

+1881 

280 

France. 

1834 

" 

84 

INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


501 


MONNIOT 

MONTIHOLI 

MOREAU 

MoREAU  (Louis) 

MOREAU    (de) 

MOREY 

Morgan 

MORIN 

MORLOR 

Morris 

Mortier 

Motbes 

MOULD 

MOURCOC 

MOUTIER 

MCFFAT 

MuLLER  (Heinrich) 

MuLLER  (Johan) 

MuLLER  (Justin) 

MULLET 

MUNDAY 

MUSEMECCI 

MUYSKEN 

Myers 

Mylius 

Nantini 

Narjoox 

Nash 

Nau 

Neckelman.n 

NÉGRIN 

Neher 

NÉNOT 

Nepveu  (Charles-Frédéri 

Neshau 

Neureltuer 

Neute 

Newmann  (.lolm) 


France. 

Italie. 
France. 

Allemagne. 

France. 
.\nyleterre. 

France. 
Allemagne. 
Angleterre. 

France. 
-Vllemagne. 
Aniéri(iue. 

France. 

Allemagne. 


Amérique. 

Italie. 
Hollande. 
Amérique. 
Allemagne. 

N 

Italie. 

Suisse 

Angleterre. 

France. 
Allemagne. 

Italie. 

Allemagne. 

France. 

Angleterre. 

,\llemagnc. 

Belgique. 

Angleterre. 


DATE 
de  la 


1814 

1817 


1810 
1815 

1808 
1818 
1823 
1823 


1819 
1822 
1783 
1834 

1778 
1843 
18.30 
1830 


1752 
1805 
1850 
1821 

1853 
1777 

1811 
1 840 
1780 


DATE 
de  la  mort 
le  l'aicliiteote 

ou  de  la 
construction 
de  rédilice. 


1823-1826 
1834-1860 
1762-1822 

1863 

1823 
V. 

1848-1850 
-)-189l 

V. 
V. 

1824-1830 
1851-1853 

-1-1840 
-H- 1824 
-I-180O 
1739-1742 
1852 

V. 

V. 
-hl883 


1855 
1874 
-1835 


xix'  siècle. 
V. 

4-1862 
xix"  siècle. 

4-1887 

4-1886 

-1-1859 


383 
300 
330 
41 
143 
382 
121 
381 
268 
132 
304 
150 
434 
346 
10-03 
272 
275 
144 
163 
441 
413 
406 
218 
437 


303 
202 
121 
372 
264 
403 

311 
07 
124 
271 
205 
104-238 


S02 


INDEX   ALPHABETIQUE. 


Nkwmanx  (Francis   et  Bil- 

ling) 

NlCCOLl.NI 

NicaoLsoM  (Peter) 

NicuoLSON  (W.-Adam)  . . . . 
NiCOLAÏ 

NlERiNSEE 

NiEUWENHUIS 

NlZET 

NûBILI  (de) 

NOCH 

Norman  

Normand  (Auguste) 

Normand  (Alfred) 

NORRY 

NOVOSIKLSRI 

Nystrôm 


Alleniayiio. 

Italie. 
Ansleterre. 


Ogke  (Félix-François). 
Oi;ÉE(Émile-Paul).... 

OllLMÛLLER 

Oh.net 

Onseley 

Oppler 

Oruish 

Ordish  (Frédéric) 

Û'ROUBKE 

Ortis-Villajos 

Osdei 

OSTHOFF 

Ottayiani 

Ottmer 

OUDET 

OUTSHOORN   

OwKN  (Jacob) 

OwEiN  (John) 


Allemagne. 

Améri(iue. 

Hollande. 

France. 

Allemagne. 

Angleterre. 
France. 


Angleterre. 
Suède. 

o 

France. 

Allemagne. 

France. 
Angleterre. 
Allemagne. 
Angleterre. 

Amérique. 

Espagne. 

Amérique. 

Allemagne. 

Italie. 

Allemagne. 

France. 

Hollande. 

Angleterre. 


1763 
1803 
1811 
1814 
1848 
1841 
1774 


1826 
1822 
17o6 
Vers  1747 
1793 


18o2-18b4 

1817 
+1844 
+  18o3 
4-1881 
1888 
V. 
V. 
+  1834 
1852-1855 
1850 
V. 
V. 
+  1832 
+1793 
+1869 


238-240 

400 

134 

134 
139-264 

425 

216 

344 

142 

144 

133 

376 

347 
13 

121 

187 


1790 

+1837 

87 

1826 

+1879 

87 

1791 

-(-1839 

150 

1813 

4-1874 

342 

>, 

1831 

241 

1831 

-1-1880 

262 

» 

1848 

110 

„ 

1831 

241 

1833 

V. 

440 

» 

i 865- 1868 

409 

1811 

+  1891 

423 

1844 

V. 

273 

» 

1804 

440 

1800 

» 

161 

1794 

,> 

26 

1812 

-1-1875 

213 

1778 

+1870 

138 

Vers  1809 

,. 

231 

Pack Allemagne.  ] 

Pagot France. 


1828 
-fl844 


169 
69 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


503 


Paillard 

Pain  (W. -James) 

Pain  (G. -Richard) 

Painchaux 

Paine  (James) 

Pai.ne  (James  II) 

Palcy 

Papworth  (J.  Buonarotti).. 

Papworth  (J.  Woody) 

Papworth  (George) 

Papworth  (John  Thomas).. 

Paraire 

Parent  (J.-Aubert) 

Parent  (Fiançois-ClémenI) 

Parker 

Parker  (M°"=1 

Parkinson 

Pahneli 

Parodi 

Parris 

Partoes 

Pascal 

Patzelt 

Pauwels 

Paxton 

Payen 

Peabody 

Peacock  (James) 

Pkacock  (Joseph) 

Pearson 

Peck 

Pécot  (Malhurin) 

PÉcoT  (Pierre) 

Pellechet 

Pellegrini 

Pelz 

Penchauu  

Pennethorne 

Penson  (Kyre) 

Percier 

PÉRON 

Perregals  


France. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 


de  l'architecte. 


France. 

Angleterre. 
Amérique. 

Angleterre. 

Italie. 
Amérique. 

Belgique. 

France. 

Allemagne. 

Belgique. 
Angleterre. 

Belgique. 
Amérique. 
Angleterre. 


France. 


,\mérique. 

France. 
.\ngleterre. 

France. 

Suisse. 


1S08 
1779 
1793 
I79<) 
172.5 


1773 
1820 
1781 
1809 

1819 
1823 


1790 
1837 


)84o 
Vers  173.> 


Vers  1828 


1789 
1S19 
1841 
1872 
1801 
1816 
1764 
1810 


-I-I8G6 

+1838 

+  1789 
1781 
1832 
-1-1847 
+1870 
-i-lS3o 
-f-1841 
1860 
V. 
V. 
1847 
V. 
+1833 
1863 
1833-1883 
+1832 
+1843 
V. 
SIS"  siècle. 
xis"  siècle. 
+1863 
1836-1830 

V. 
-M814 
1869 
1844-1851 
+  1873 
XIX"  siècle, 
xix"  siècle. 
+  1874 
-fl864 

V. 
+1832 
+  1871 
+  1886 
+  1838 

1836 


3o3 

137 

137 

23 

130 

130 

242 

133 

133 

133 

133 

223 

349 

349 

107 

438 

131 

126 

401 

418 

196 

307 

233 

201 

231 

197 

449 

127 

242 

113 

241 

86 

86 

70 

338 

446 

80 

120 

238 

8 

322 

286 


504 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


NOMS 

DES    ARCHITECTES. 


Perret  de  la  M^;.^uE. . . 

Perrot 

Persius 

Pertsch 

Pestagalli 

Peters 

Petersen 

Petiaux 

Petit 

Petit  (Paul) 

Petit-Hadel 

Peyron  et  Camûtto  . . .  . 

Pfeiffer 

Philippon 

PlACENTLM 

PlCHI.ER 

PicaoN 

PlCTON 

PlÉBOURG 

PlEL 

PlEQUENARD 

PiGEÛRY 

PiGNY .  . 

PiNAULT 

PlRON 

PlSSON 

PlZAGALLl 

Playfair 

Plock 

Plowuan 

POCOCK 

POELAERT 

POETZCH 

POGGl 

poidevi.n 

Pointer , 

Poitevin 

Poletti 

POLLAK 

Pollet 

Pollet  (P.-L.) 

PoNSARD  et  Chassériau 


été  cnnstruit. 


France. 

Allemagne. 

Italie. 

Hollande. 

Danemark. 

France. 


llalie. 

Amérique. 

France. 

Italie. 

Allemagne. 

France. 

Angleterre. 

France. 

Amérique. 
France. 


Belgique. 

Italie. 

Angleterre. 

Allemagne. 

Angleterre. 

Belgique. 

Allemagne. 

Italie. 

France. 

Angleterre. 

France. 

llalie. 

France. 

Ali-érie. 


de  rarchilecte. 


1804 

1780 

1847 
18;j0 
1807 

1793 
1740 

1834 
1784 
1846 

1827 

1815 
1802 
Vers  1826 
1812 
1821 
1777 

1763 

1780 


1770 
1817 
1803 
1810 


1796 
1831 


DATE 

de  la  mort 

de  l'airhitecte 


+  1889 

XIX'  siècle. 

+1845 

+1833 

1833 

V. 

+1883 
SIX"  siècle. 

+1884 

+1818 
xix"  siècle. 

+1888 

+  1865 

xix''  siècle. 
V. 

1846 
V. 
+1841 
+1876 
+1873 
+1881 
+1860 

1835 
+1818 

1830 
+  1857 
1880-1883 
+1828 
+  1849 
+  1879 

V. 

1816 

1826 
+  1859 
+  1870 
+  1806 
-1-1839 

1853 


INDEX   ALPHABETKJUE. 


SOa 


PONTHIEU 

POST 

Pot-Sel'rrat 

POTTER    (\V.) 

POTTER  (E.) 

POL'LIQUEN 

Preston  (W.) 

Preston  (Jonathan 

Price 

Pritchett 

Protain 

Provost 

PuGiN  (Auguste).. . 
PUGIN   (A.-W.-N.). 


QuAGLio  (Giovanni -Maria) 

QuAGLio  (Giuseppe) 

QuAGLio  (Giulio) 

QUESTEL 

Rare 

Raeymakers  

Raffles 

Railton 

Railton  (W.) 

Rainaldi 

Ramée 

Raschdorff  (Julius) 

Raschdorff  (Otto) 

Rath.  ., 

Rattier 

Rauli.n 

Ravoisier 

Raynaud 

Raynaud  (Jean- Antoine). . 

Rebe.ntiscu 

Reuoul 

Recordon  


Fiance. 
Amérique. 

France. 
Amérique. 

F'rance. 
Amérique. 


.\ngleterre. 
France. 


Angleterre. 


.Vllemacne. 


France. 

R 

Allemagne. 
Belgique. 
Angleterre. 


Russie. 

Fraice  el  Allemagjie. 

Allemagne. 

Amérique. 
Algérie. 
France. 
Algérie. 
France. 

Allemagne. 
France. 
Suisse. 


de  larchilecle. 


iH■2■^ 

1S.37 


1842 

1801 
184o 
1788 
1709 
1781 
1769 
1811 


1762 
1747 

1764 
1807 


1816 
1823 

1844 

1837 

1803 
1787 
1840 

1845 


de  l'archilecte 

ou  de  la 

ooEislrurtion 

de  l'éJilice 


+  1879 

V. 
xix'  siècle. 

V. 
xix'^  siècle. 

V. 
.xix"  siècle. 
+1888 

V. 

+  1837 
+  1850 
+  1832 
+  1852 


+  1813 

+  1828 
+  1801 
+1888 


I  +1856 

18o3 

1853 

1828 

+1877 

1762-1810 

V. 

1884 

V. 

XIX"  siècle. 

V. 
1841-1842 

1854 
+  1800 
SIX"  siècle. 
V. 


322 

4o9 

355 

451 

431 

22 

448 

421 

450 

242 

13 

36 

121 

105 


145 
145 
146 
337 


173 

205 
239 
233 
236 
470 
168 
239 
279 
449 
4G4 
344 
40a 
59 

261 
380 


ri06 


INDEX   ALPHABETIQUE. 


Reed  el  Barnes 

Rkeves 

Regnault 

REr.NlER  DE  GUERCHV 

Reid 

Reinhardt 

Reuont  (J.-E.) 

Remy  (de) 

Renard  (Bruno) 

Renaud  

Rénaux  

Renié 

Repton  (John) 

Reptun  (Stanley) 

Reveley 

Reverdin 

Revett 

Revuil 

Reynaud 

Rhunen 

RlliiNEN 

Ricard  de  Montferrand.  . 
RiCH 

RlCHARDSON 

RicHAiiDsoN  (James) 

RlCHARDSON  (George) 

RlCHELOT 

RlCHTER 

RlCKMAN 

RlCQUlER 

RlDEL 

RiEUEL  (Von) 

RiGiiY  (John  et  Charles).. 

RlGGENBACH 

RiTCHIE 

RlTl'.EN   (von) 

RoBEItT 

Robert  (Augustin) 

Robert  (HenryJ 

ROBERTSON , 

RoBlNSON  (P. -F.) 

ROBINSON  (G. -T.) 


il  éU-  construit. 


Australie. 

Angleterre. 

France. 

Angleterre. 
Allemagne. 

Belgique. 
AUeiTiagne. 

Belgique. 

France. 

Allemagne. 
Angleterre 


Suisse. 

Angleterre. 

France. 

Belgique. 

Russie. 
Amérique. 

Angleterre. 

France. 
Allemagne. 
Angleterre. 

France. 

Allemagne. 
Angleterre. 

Suisse. 
Angleterre. 
Allemagne. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 
Amérique. 
Angleterre. 


1815 
1803 
Vers  1780 
1776 
1843 


1794 
1789 


1833 
1721 
18-22 
1803 


1786 
1855 
1838 


1786 
1842 
1776 

1832 
1812 

1810 


1849 
1776 


DATK 
g  lu   mort 
liinhileite 


1880 
+  1866 

+1875 
4-1832 
+1836 

V. 
1838-1841 
XIX"  siècle. 

1867-1868 
+1833 
+  1835 
+  1860 
+1858 
+1799 
V. 
+1804 
4  1863 

XIX"  siècle. 
XIX'  siècle. 

V. 

+1886 
Vers  1872 

1783 
+  1855 
+1889 
+  1841 

1880 
V. 
+  1883 

1853 
+1863 
1845-1849 

1887 
1843-1850 

1846 

1827 
+1891 
+  1840 

1834 


463 
229 
376 

46 
134 
269 
202 
142 
205 
347 

79 
161 
101 
101 
103 
288 
127 
364 

59 
125 
205 
181 
456 
446 
139 
139 
190 
258 
128 
349 
376 
149 
231 
293 
112 
263 
109 

73 
123 
453 
139 
243 


INDEX   ALPHABETIQUE. 


507 


DATE 

de  la  mort 

de  rai'chitecte 

ou  de  la 
coiistruetion 
de  l'ediiire. 


RODSON 

KOCHAD 

ROCHEAD 

ROCOLRT  DE  ChaRLF.VILLE.  . 

ROELANDT 

ROESN'EB 

roejsler 

Roger 

ROGERS 

ROGERS 

Roi;rt 

ROGLET 

ROHART 

RoHAULT  deFlklry  (Cliarl.) 

ROHAULT  DE  FlEURY  (GeOFg.) 

RouaultdeFlecry  (Hub.) . 
Rolland 

ROMA.NO 

Rondelet 

RONDONI 

ROODENBUHG  

RooT 

Rose 

Rose-Beauvais 

rosengarten 

ROSNER 

ROSSI 

ROTCH 

RoTHFELs  (Von  deii) 

ROUGEVIN 

ROUMIEU 

Roussi 

ROUYER 

RiJHL 

Rlprich-Robert 

Ryehner 


Sacharow  et  Rusco. 
Sagot 


Ani-'leterre. 


France. 
Belgique. 
Allemagne. 

France. 

Angleterre. 

Amérique. 

Belgique. 

France. 


Allemagne. 

France. 

Italie. 

Hollande. 

Américiue. 

Hollande. 

France. 

Allemagne. 

Russie. 
Amérique. 
Allemagne. 

France. 
Angleterre. 

France. 

Allemagne. 
France. 
Suisse. 


Russie. 
France. 


1814 


1786 
1804 


ISOO 
1800 


1801 
183o 
1777 


1785 

1804 
18o0 
1801 

1809 
1804 


1824 
1847 
1827 
17% 
1820 


I88:t 
1843 
1878 
1819 

+1869 
xix=  siècle. 

+  1883 

+  18o7 

+  1S69 

1821-1829 

+  1877 
xix'  siècle. 

+1873 
V. 

+  1846 

1833 

xis"  siècle. 

+  1863 
1819 

+1891 
+  1877 
XIX''  siècle. 

+1869 
1810-1830 

V. 
1873-1876 

+1877 
+1877 
V. 


V. 

18.H3 


1810-1822 
1841 


232 
107 
236 
81 
202 
143 
165 
309 
129 
.'i20 
190 
319 
347 
304 
305 
35 
50 
254 

yi 

405 
209 
455 
209 

70 
274 
143 
180 
455 
261 

40 
227 
325 
320 
162 
377 
292 


508 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Saint-Père  (Charles  et  Eu- 
gène)   

Sainte-Marie  (Perrin).. 

Saintenoy 

Salle 

Salleron 

Salm 

Salomons 

Salucci 

Samson 

Sanders 

Sanders 

Santos 

Sauffroy 

Saunders 

Sauvage 

Sauvageot 

Savage 

Schaal. 

Schadde 

Schadow 

Schaubert 

Schedel 

schields 

Schemerl 

SCHEN 

SCHENK , 

SCHEPPIG 

SCHEOLT    (F.-L.) 

SCHEULT 

SCHIERLINGER 

SCHIERTZ 

SCHICKEL 

SCHILD 

SCHINKEL 

SCHIRMER 

SCHLICK. 

SCHLOTZER 

SCHMACHTEN 

SCHMÀDL  (von) 

SCHMIDT 

ScuMiDT  (Albert) 


a  ett'  construit. 


DATE 
delà 


de  l'architecte. 


France. 

Belgique. 
France. 

Hollande. 
Angleterre. 
Allemagne 

Fiance. 

Angleterre. 

Hollande. 

Portugal. 

France. 

Angleterre. 

France. 

.Angleterre. 

liussie. 

Belgique. 

Allemagne. 

Grèce. 
Allemagne. 
Portugal. 
Allemagne. 

Suisse. 

Allemagne. 

France. 

Allemagne. 

Suède. 
Amérique. 
Angleterre. 
Allemagne. 

Suède. 
Danemark. 
Allemagne. 
Belgique. 
Allemagne. 
Danemark. 
Allemagne. 


183-2 


1820 
1857 


1847 


1762 
1824 


1779 


1797 
1800 
1732 

1757 
1830 

1803 
1771 

1790 
1813 

1830 

1781 


1774 


1797 
1841 


DATE 


de  la 


nort 


de  l'architecte 

ou  de  la 

construction 

de  l'édifice. 


1889 

1873 

4-1892 

1889 

V. 

V. 

1890 

1823-1841 

1889 

Après  1821 

V. 

1843 
1873 
+1839 
H-1883 
1876-1879 
-+-1832 
-xis'  siècle. 
1861-1883 
-M869 

-f-1810 

1865 
-1-1837 
-i-1880 

1824 
+1883 
+  1840 

1827 


XIX''  siècle. 
+1841 
1855-1862 

1820 
1793-1817 
+1834 
xix"'  siècle. 
-i-1848 
V. 


364 
383 
204 
340 
321 
221 
243 
156 
469 
123 
213 
410 
317 
133 
343 
378 
103 
185 
201 
172 
468 
147 
463 
143 
265 
285 
174 
86 
88 
154 
189 
434 
224 
170 
189 
191 
170 
200 
274 
191 
273 


INDEX   ALPHABETIOUE. 


309 


ScHMiDT  (Friedrich). 
ScHMiDT  (Karl) 

SCHMIEDEN 

SCHMIEDTXER 

SCHMITZ 

SCHMITZ 

SCHOLANDER 

SCHOLES 

SCHOY 

SCHRUMPF 

SCHULZ 

SCHUSTER 

SCHWARZMANN 

SCHWATLO 

SCKELL 

SCOFIELD 

SCOLES 

Scott  (j(  Gilbert)... 

Scott  (Hiissel) 

Sédille  

Seel 

Segretain  

Selva 

Semper 

Se.ndrié 

Serra 

Sfondri.ni 

Sharpe  (A.) 

Sharpe  (E.) 

Shaw 

Shout 

Siccarsburg 

SlLVA  (da) 

Silveyra 

Simler 

SiMONSON 

Simpson  (Arch.) 

Simpson  (Samuel)  . . . 
SiMs  (A.  et  Peacox;.  . 

Sitte 

Slater 

Slater 


été  construit. 


.\llemni;iie. 


Egypte. 

Suède. 

Angleterre. 

Belgique. 

Allemagne. 

Belgique. 
.Vmériquo. 
.\llemagne. 

Amérique. 
Angleterre. 


France. 
Allemagne. 
France. 
Italie. 
Allemagne. 
Fiance. 
Italie. 

Angleterre. 


Allemagne. 
Portugal. 

France. 

Suisse. 
Allemagne. 
-Angleterre. 

Aaitirique. 

.Allemagne. 

Belgique. 

Angleterre. 


date 

lie  1,1 


1826 
1836 
1833 
1802 


1843 
1831 
-HoO 
1842 
1798 
1811 


1798 
1803 

1830 

1809 
1776 
1823 
1813 

178o 

1829 
1790 

» 
1832 
1818 
1827 
1818 


DATE 
de  la  mort 
le  l'architecte 


+  1891 
-4-1888 


xix«  siècle. 

18o9 
+1881 
XIX'  siècle. 
+  1885 
1806-1824 
1874-1878 

18o7 
+1891 
+1884 
+1820 

V. 
+18G3 
+1878 

1831 
xix"  siècle. 

188.Ï 
+  1804 

1820 
+1879 
1819-1820 
+  1845 

V. 
Vers  1859 
+  1877 
+1832 
+1882 
+  1808 

1840 

xix'^  siècle. 

V. 
+1847 
1868 
+1875 

+1853 
+1872 


281 
154 
258 
466 
188 
239 
198 
168 
283 
199 
452 
280 
147 
431 
111 
228 
231 
339 
263 

86 
404 
158 

20 
401 
395 
238 
238 


231 
410 
20 
288 
264 
137 
225 
440 
231 
197 
237 


SIO 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


Slater  et  Carpenteii 

Sloan , 

S.MiRKE  (Robert) 

Smihke  (Sydney) 

Smith  (W) 

Smith  (George) 

Smith  (John) 

Smith  et  Thomas 

Smith  (W.-J.) 

Smith  et  Parnell  .  .  . . 

SuANE 

Sobre 

sobolchikow 

Solemte 

SOLGER 

SOLLEH 

Soolen  (Von) 

Soudée 

SousA  (Manoel  da).. . . 
SousA  (Francesco  da). 
SousA  (Francesco). . . 

Spaak 

Specchi 

Speeth 

Spilefski 

Sprengkr 

SprIiNGER 

Springeh  (Will.) 

Spri.nger  (Jan) 

Stache 

StACKENSCHiNEIDER  .... 

Stadler  (Christian) 

Stauler  (Augustus) 

Stadler  (Ferdinand)  . , 

Stadmann  

Stahl 

Starkey 

SjASSY 

Statz 

Stearn 

Stegmann 

Stehlin 


Australie. 
Amérique. 
Angleterre. 

Amérique. 
Angleterre. 

Cannes. 

Turquie. 

Angleterre. 

France. 

Russie. 

France. 

Allemagne. 

France. 

Portugal. 


Belf,'ique. 
Italie. 
Russie. 

Allemagne. 

Hollande. 

Allemagne. 

Russie. 
Allemagne. 

Suisse. 

Allemagne. 

Angleterre. 
Allemagne. 

Amérique. 

Allemagne. 

Suisse. 


naissance 
l'art-hitecte. 


DATE 
II'  la  morl 
l'archilecle 


1815 
1781 

1838 
1783 
1781 


1733 


1787 
1812 

1805 

1839 


1772 

1798 
1790 
1815 

1814 


1816 
1813 
1799 
1849 


1819 


1869 
+  1884 
+  1877 
+  1877 

V. 
+1869 
+  1851 
+1875 
1845-1846 
1847-1851 
+  1837 
iix°  siècle. 
1810-1822 
+  1831 

+1853 

1867 

V. 

1827 

+  1814 

xix"  siècle. 

1842-1843 

1823 
+  1831 
1822-1823 
+1854 
+  1854 
\ 
xix"  siècle. 

1837 
1807 

+  1870 

+1871 

V. 

1849 

xix"  siècle. 

V. 

1893 

1864-1868 


INDEX  ALPHABETIQUE. 


oli 


.NOMS 

PAYS 
a  élé  eoustruit. 

DATE 
delà 

do   l'architecte. 

DATE 

de  la  mort 

lie  l'architecte 

ou  de  la 

construction 

de  l'é.lilice. 

PAGES. 

.Ulenuigne. 
.Amérique. 

lUissie. 
Angleterre. 

Italie. 

Suisse. 
.Angleterre. 

.Allemagne. 
Amérique. 
.Allemagne. 

Russie. 
Angleterre. 

Amérique. 

France. 
Angleterre. 

Suisse. 
Allemagne. 

Amérique. 

.Allemagne. 

Suède. 

Belgique. 
.Angleterre. 

Belgique. 

T 

Allemagne. 

Italie. 
R^p.  Argentine. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 

France. 
Angleterre. 

1802 
1853 

1840 
1810 

1834 
1805 

1824 

1824 

1787 

1713 

1790 
1800 

1783 

1838 

1702 
1806 
1860 

1780 

+  1876 

1814 

1780-1796 

1822 

1840-1843 
+  1870 
+  1857 
1823-1825 

V. 
+1880 
xix°  siècle. 
+  1881 
1833-1853 
+  1881 

1S5\)-1861 
+  1788 
+  1800 
+1805 
+  1805 
+1888 
xix"  siècle. 

1840 
1841-1813 

1851 
+  1861 

1868 

V. 

1830 

1884 
+1830 
+  18.33 
+  1875 
+1844 

1828 

1857-1859 

278 
457 
180 
127 
389 
286 
107 
224 
224 
176 
438 
174 
180 
132 
132 
227 
419 
469 
130 
285 
172 
278 
430 
279 
188 
20 1 
213 
195 
196 

200 
405 
409 
243 

95 
113 
107 

63 
233 
238 

Steu  (X.  et  J.-H.) 

Stengel 

Stephe.nso.n 

Stevens 

Stevens  (Isaac) 

Steve.ns  (John) 

Stbassof 

Street  (G. -Edmond) 

Strohm  et  KouzMiN 

Stcler  (Friedrich) 

SUNDWALL 

SURY 

SuYs  (Léon) 

Tafel 

Tardieu 

Tatter8\ll 

Taylor  (deorgc) 

312 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Tempelmann 

Tenlève 

Terrier 

Tetar  von  Elven.   . . . 

Tétaz 

TeULOiN 

Théberge 

Th[ac  (Joseph  de)  ... . 
Thiac  (Pierre-J.-B.).. 

Thibault 

Thierry  (J.-D.) 

Thierry  (Jacques). . . . 

Thiersch 

Thomon  (de) 

Thomson 

Thon 

Thormeyer  

Tuourei(von) 

Thurmer 

Thurn  

Tierce  

TiETZ  

TiFFON 

TiLDEN  et  ROTCH 

TiTE 

TiTZ 

ToMAs  Domingo 

TOREILLES 

TORRICELLI 

ToURETTE 

TOURNESAC 

TOUZET 

TOWN 

Train 

Traxler 

Trélat 

Trémaux  

Trendall 

Trepsat 

Tréput 

Tritschler 

Trottmann 


Suède. 
France. 

Hollande. 

France. 

Angleterre. 

France . 


Amérique. 
France. 

Allemagne. 

Russie, 
Angleterre. 

Russie. 
Allemagne. 


France . 
.Allemagne. 

France. 

Amérique. 

Angleterre. 

Allemagne. 

Espagne. 

France. 

Russie. 

France. 


Amérique. 
France. 


Angleterre. 
France. 


Allemagne. 
Angleterre. 


1824 
1841 
1803 
1818 
1812 
1814 
1800 

17;i7 
1794 

I7;i0 

18o2 
17oG 
1801 

177:i 
1707 
17 ',10 
1763 
1832 
1831 
1798 
18bO 
1798 
1820 


1823 


1784 

An  IV 

1821 
1818 


xix"  siècle. 
V. 
V. 

+  1883 
-I-186S 
+  1873 
+  1866 
+186-; 
xvin'"  siècle. 
+  1826 
+  1863 
+  1832 

V. 
+  1814 
+  1883 
1828-1844 
+  1842 
+  1845 
+1833 
+1844 
+  1860 
+  1873 
+1868 

+1873 
+  1890 

1819 

1813 

1833 
V. 

1880 

188S 
+1844 

1869 
+  1836 
V. 

XIX''  siècle 
+  1813 

1826 
xix°  siècle 

1840 


INDK.V   ALI' II  AH  Kl' lu  LIE 


313 


TSCHER.NICK  , 
TunMEAUX  .  , 

Turner's  .  . 


UULMA-NN  el  Baricu; 

LrjiiiiN 

L'pjon.N 

Undebwoui) 

USHER 


Vaglia 

Valadier 

Valleton 

Vallez 

Vamburg  

Van  AnEiVDERG 

Van  Brunt 

Van  Cléeuputk  (Henry).. . 
Van  Cléempute  (L.-T.).  . . . 

Van  Dam  

Van  uen  Bruck 

Van  der  Anweraa 

Vanderbergue  

Van  der  Nouï 

Van  der  Null 

Van  der  Straeten 

Van  Elve.n  . .' 

Van  Gent 

Van  Oster straeten 

Van  Soolkn 

Van  Straatrn 

Van  Ysenuyck 

Varcollier 

Varé 

Vauchez 

Vaudé 

Vaudoyer  (A.-I,.-Tlioniasj 

Val'doyer  (I.éoii) .' .  . 

Valdremeh  


l' rance. 
Aiii^lcLiMie. 

u 

Alloniagiie. 
Amérique. 

Angleterre. 


V 

Italie.       1 

Fiance. 

Angleterre. 

Belgiiiui'. 

Amérique. 

France. 

Hollamle. 

Belgique. 
France. 

Allemagne. 
Belgique. 
Hollande. 

iielgi([ue. 

France. 
Hollande. 
Belgique. 

France. 

Suisse. 
France. 


1841 
I8i:t 


1831 
17?2 

179:; 
isi:; 
isii; 

1827 

1812 

1771 
1803 


i7;;o 

180,3 
182!» 


DATE 

de  la  mort 

de  Tarchitecte 


183o 
18H-I8I2 
.XIX"  siècle. 


-1-1832 
+  1839 

V. 

V. 

1801 
1 83'.) 


+  1871 
V. 
+ 1 883 
18131-1830 
V. 
1832 
+1808 
+  1834 
+  1883 
xix"  siècle. 
+  1810 
1807 
+1838 
XIX"  siècle. 

V. 

xix"  siècle. 

XIX"  siècle. 

182;i 

+1846 

+1872 

V. 


183 

38 

232 


» 

XIX"  siècle. 

2ao 

802 

+  1878 

421 

828 

V. 

437 

.- 

4-1832 

230 

» 

1843 

123 

404 
388 
307 
308 

204 
438 
370 
373 
200 
210 
100 
343 

73 
2.31 
lOo 
208 
211 
108 
382 
207 
206 
335 
330 
2H7 

OC) 

10 

301 

310-334 


■s.i 


514 


INDEX   ALPHABETKJUE. 


Velasquez 

Velasquez  (Isidro).. 

VÉRA 

Verdier  (Aymar). . . 

Verest 

Verheul 

Verly  (François). . . 

Verly  (Louis) 

Vespignani 

Vestier  (Archimède) 
Vestier  (Phidias)  . .  , 
ViALA  de  Sorbier..  . , 
Vibert  

ViEL 

VlERSET-GoDlN 

ViGNON  (Barthélémy) 

ViGNON  (Pierre) 

Vigoureux 

ViLLAIN  

ViLLERs  (Jacques).. .  . 

ViLLOT 

ViLQUIN 

VIOLLET-LE-DUC 

ViONNOIS 

VlSCHER 

ViSCO.NTI 

VlTRY 

VOIGTEL 

Voit  (Augustus) 

Voit  (J.-Gottfried).. . 

Voit  (J. -Michel) 

VOLMAENER 

VORHEHR 

VuLLiAMY  (George).. . 

VULLIAMY  (G.-V.)  .... 


Espagne. 

France. 

Angleterre. 
Hollande. 
Belgique. 

Italie. 
France. 

Algérie. 
France. 

Belgique. 
France. 


Belgique. 
France. 

Suisse. 
France. 

AUcmaiîUt 


Angletern: 


^N^ 


Wable f      France. 

Wache.nhuse.n (!  Allemagne. 

Waeseua.nn j,  — 

\Vag?<er f  — 


DATI! 
(le  la 

.le    r.irdlilecl 


1831 


1800 
1760 
1794 
1808 


de  l'arcliitecte 


1803-1833 

1803-1833 

V. 

1869 

+  l8o9 

V. 
+1822 


» 

+1802 

1790 

+  1874 

1817 

H-1880 

„ 

1874 

1796 

+1863 

xi^"  siècle. 

+1846 

„ 

1816 

1802 

,1 

1829 

+1876 

1791 

11 

1787 

+  1844 

17. s  9 

.. 

tSli 

+  1870 

., 

1873-1881 

lSi3 

V. 

1791 

+1833 

1802 

+  1863 

1829 

V. 

1801 

+  1870 

„ 

1844 

1771 

+  1846 

.. 

xi.x=  siècle. 

177« 

+  1848 

1817 

» 

1834 


+1871 


1878-1880 

1836-1862 

1862 

V. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


S15 


NOMS 
aucimtectes. 


Walker 

Walker  Larkins  . . 

Wallen 

Wallot 

Walter 

Walter 

Walter 

Walters  (Edward) 
Walters  (John). . . 

Wardel 

Ware 

Ware 

Wahen 

WaRiNSINCK 

Washburn 

WaTERHOUSE 

Watson 

Webb 

Weber 

Wegland 

Wegmardz 

Weigtman 

Wei.nbre.n.ner 

Welch 

Webry 

Weyer 

Weyer 

Wheelwrigiit 

Whichcord 

WflicHCORD  (.lohn). 

White 

Whitehouse 

Whitewell 

WlEBEKING 

Wiegmann 

WlELEM.YNS 

WlETHASE 

WiGHT 

WiGHTWICK 

WiLCOX 

WiLD 

WlLU 


.Amérique. 
-Vngletorre. 

Allemagne. 

Angleterre. 
Amérique. 
.\ngleterre. 


Aniéri(|ue. 

Hollande. 
Améri(iue. 
Angleterre. 


Allemagne. 

Suisse. 
Angleterre. 
Allemagne. 
Angleterre. 
Belgique. 
Allemagne. 

F'rance. 
.'Amérique. 
Angleterre. 

Amérique. 

Angleterre. 
AUemaane. 


Amérique. 
Angleterre. 

Amérique. 

Egypte. 
.\n"lelerre. 


DATE 

de  la 


.lo    rai.hiteclo 


1S04 

1808 
1782 


iSll 
1801 


t803 


1818 
1812 
1808 
170G 
I SOG 


18a4 
1790 
182:î 

i8:i:i 
1 8:i0 

1702 
1 804 
181-3 

I8:i8 

1840 


DATE 

(ie  1.1  mort 

■de  l'archilecle 

ou  de  lu 

e.iiistruction 
lie  réJilire, 


V. 

+  1800 
18j2 
V. 
xix°  siècle. 

1810 
--1-1887 
+  1872 
-fl82l 
1857-1 859 
xix"  siècle. 
V. 
1857 

+  1890 

1884 

+  1881 

1849 

xix°  siècle. 

V. 

+  1872 
+  182G 
+  1808 
1816 
+1864 
1843-1846 

V. 
+1800 
-1-1885 

V. 

V. 
+  1840 
+1842 
•-1-1862 

V. 
xix"^  siècle. 

V. 
1849 

xix'^  siècle. 
1849 


437 
239 
226 
281 
270 
124 
424 
240 
240 
238-463 
120 
439 
457 
209 
423 
229 
130 
123 
234 
261 
291 
233 
163 
243 
195 
166 
381 
456 
235 
235 
456 
459 
240 
153 
167 
252 
260 
444 
110 
44.) 
463 
123 


516 


INDEX   ALPHABÉTIQUE. 


WlLKINS 

WlLLARD 

William 

Williams 

WiLLS 

WlLSON 

WiLSûN  (James) 

WiLSON 

WiMMEL 

WlNDHia 

WlTHERS 

WlTTBEnO 

WoiLLEZ 

WoLFENSTElN 

W'OLFF 

WOLTEUS 

Wooû  dit  Bath 

WooD  (John) 

WouD  Sancton 

WOÛD  dit  TURTLE.  .  . 

WûODDEAD 

WOÛDTHORPE 

WûODWARD 

WOOLNOUGHT 

WORÛKICHIN 

WuRTH  et  Frith.  .  .  . 

Wrydagh 

WURM 

Wyatt  (Benjamin)  . 

WYATT(Digby) 

Wyatt  (James)  .... 

Wyatt  (Pliil.) 

Wyatt  (Thomas). . . 
Wyatt  (Th.  Henry). 

Wyattville 

Wynand 


Ybi 

YOUNG  

YOURASSOFF. 


PAYS 
a  tti'  construit. 

uate 

de  la 

naissance 

de    l'ai-olùtccte. 

HATE 

de  Li   mort 

de    l'arcliitecte 

ou  de    la 

cousti-MCtion 

d.'  r.'-difi,;e. 

PAGES. 

Angleterre. 

i778 

+1839 

131 

Amérique. 

1783 

+1862 

421 

Angleterre. 

1825 

+I806 

100 

— 

1812 

4-1872 

242 

Canada. 

>, 

1801 

463 

Angleterre 

1810 

+1803 

236 

— 

» 

I8:i2 

242 

Amérique. 

1838 

459 

Allemagne. 

1786 

-f-l8io 

109 

Amérique. 

1840 

V. 

445 

^ 

1828 

V. 

435 

Russie. 

.. 

xix«  siècle. 

185 

France. 

1882 

354 

Allemagne. 

.. 

1890 

282 

— 

1832 

+I880 

207 

Belgique. 

1. 

1842 

2U3 

Angleterre. 

1717 

» 

244 

— 

» 

-fl882 

244 

— 

Vers  1814 

+  1886 

138 

— 

1821 

+1890 

244 

— 

» 

1827-1832 

130 

— 

1812 

+1887 

237 

— 

.. 

+1861 

242 

— 

,1 

1850 

124 

Russie. 

17()0 

+  1814 

179 

Angleterre. 

.. 

1844 

100 

Amérique. 

1833 

V. 

434 

Allemagne. 

1843 

V. 

254 

Angleterre. 

177o 

„ 

118 

-- 

1820 

+1877 

130 

— 

1740 

+1813 

119 

— 

., 

+  1836 

119 

— 

1807 

+1880 

136 

— 

.. 

+1888 

220 

— 

1770 

+1840 

119 

Belgique. 

1852 

199 

Allemagne. 

Amérique. 

France. 


1799 


xix"=  siècle. 
+1874 
XIX'  siècle. 


250 
420 
470 


INDEX     ALPHABETIQUE. 


al7 


NOMS 

PAYS 
où 

l'édifice 

a  été  cuustruit. 

DATE 
de  la 

do   larcliileolo. 

DATE 

do  la  mort 

de  l'architecte 

ou  de  la 

coiistruction 

de  rédifice. 

PAUES. 

Z\îs 

z 

.\lloniagne. 

Italie. 
Allemagne. 

lUissie. 
Allemagne. 

Suisse. 
Allemagne. 
France. 
Grèce. 
Allemagne. 
Hollande. 
Allemagne. 

» 

1752 
1796 

1823 
1812 
1800 

1822 
1790 
1802 

4-1820 
+  1817 
+  1837 
1818 
1846 
+  1871 

+  1873 

1876 

1872 

V. 

+  1871 

+  1861 

163 
394 
136 
187 
137 
233 
291 
loi 
328 
468 
233 
214 
239 

Zanoia 

Zawatsky 

Zettl  (Von). .  .    

ZWIRNEH 

REPRODUCTIONS  PHOTOCOLLOGRAPHIQUES 

DE  CHÈ.NE  ET  LONGUET 

A  PARIS. 


8331-91.  —  CouBEiL.  Imprimerie  Éd.  Cuété. 


Si  S«^~^    TORONTO.