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LES
ARCHITECTES
PAR LEURS ŒUVRES
ConBEIL. — IMPniUERIB ÉB. CRÉTÉ.
ELIE I3I^A.TJLT
LES
ARCHITECTES
PAR LEURS ŒUVRES
Ouvrage rédigé sur les manuscrits
de feu Al. DU BOIS (de l'École polytechique)
ARi^IIITKCTE DU (lOUVERNEMENT
III
CLASSIQUES ET ROMANTIQUES
L'ÉCLECTISME PREND LA PLACE DU
STYLE ABSENT
L'ARCHITECTURE DE FER
PARIS
LIBRAIRIE RENOUARD
H. LAURENS, ÉDITEUR
G, HUE DE TOUBNON, G
i,/7/°*
A LA MÉMOIRE
DE MA CHÈRE ET DÉVOUÉE COLLABORATRICE
CHAPITRE I
La forme classique est celle de loiis les édifices élevés en Franco pendant la
première période du xix" siècle. — Le Roinantismo en arclii lecture provoque
le retour à l'étude des édifices qui précédèrent la Renaissance. — Création du
Comité des arts et monuments. — Restauration des cathédrales et des
châteaux des xn", xin", xiv= et sv= siècles.
L'Europe élait depuis près de dix ans sous les armes lorsque
commença le xix" siècle. En France, la Vendée avait été paci-
fiée; mais les ouvertures de paix faites par Bonaparte devenu
premier consul aux gouvernements anglais et autrichien avaient
été rejetées par Pitt et Thugurt. Une deuxième coalition de
l'Europe contre notre pays se préparait et, pendant quatorze
années encore, la guerre commencée, au nom de l'humanité,
par la France se défendant contre l'invasion étrangère, allait
être continuée par l'empire pour satisfaire l'ambition d'un
homme.
Ce quart de siècle fut stérile pour l'art, on le comprend sans
peine. De plus, la Révolution française, provoquée par la haine
du passé, détruisit stupidement tout ce qui lui rappelait ce passé,
et le nombre fut incalculable des chefs-d'œuvre artistiques qui
disparurent alors au souftlc de la fureur populaire. Quelques
architectes, hommes de cœur autant qu'artistes, dont nous
rappellerons les noms au cours de notre étude sur l'architecture
contemporaine, essayèrent bien de soustraire à la destruction
quelques-uns de ces chefs-d'œuvre, mais combien est grand le
nombre de ceux dont nous avons à déplorer la perte irré-
parable I
Et ce ne fut pas seulement au mobilier royal et au mobilier
des édifices religieux que s'attaquèrent ainsi les démolisseurs
de 93, les édifices eux-mêmes subirent, par toute l'Europe, de
douloureuses mutilations dont la trace subsistera longtemps
encore.
III. 1
2 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Cependant, tels qae les ravages du temps et des révolulions
les ont laissés, on a pu les classer suivant les époques auxquel es
ils appartiennent et étudier ainsi les ditîérenls styles d archi-
tecture qui se sont succédé à travers les âges. Contentons-nou^
de rappeler ici que si les architectes du xvm" siècle avaient
oublié de plus en plus de puiser leurs inspirations aux sources
de l'antiquité, ainsi que l'avaient fait les maîtres des deux siècles
précédents, c'est que leur but raisonné était de créer une archi-
tecture vraiment française, une architecture plus humaine, s.
l'on peut s'exprimer ainsi. Malheureusement, celle ère de sagesse
dura peu ; les successeurs de BofTrand et de De Cotte ne se con-
lentèrent plus de faire disparaître les savantes ordonnances de
pilastres et de colonnes et d'assouplir une ornementation qui
ne répondait plus aux exigences du temps ; imporlanl de
l'Italie les exagérations de l'école borrominienne, ils tom-
bèrent dans les fantaisies du rococo, qu'ils auraient poussées
aux dernières limites si les réformateurs n'avaient pas trouvé des
adversaires redoutables dans ces artistes qui ont nom Soufflot,
Gabriel, Louis, etc., restés fidèles, en face de ces folies, aux saines
traditions architecturales.
On sait que la victoire resta aux classiques ; mais ce serait
une erreur d'attribuer à la Révolution française cet excès de
sévérité qui bannit pendant près de cinquante ans l'ampleur et
la grâce du slyle français, pour les remplacer par la monotonie
de la ligne froide et compassée.
ce Avec Peyre le Jeune el son école, dit M. Rivoalen (1), avait
déjà commencé fcncaissemefit de plans et de façades d'où dis-
paraissent toute expression originale, toute silhouette. 11 suffit
d'avoir eu sous les yeux un volume de projets ayant valu a leurs
auteurs les suffrages de l'Académie, « Grands prix », à la fin du
dernier siècle, pour être édifié sur l'idéal rec/lligne, quadrilatéral
et cw%)/e de cette école...
« Les plans de ces classiques sont enchâssés, leurs taçades
mises en boite. Là-dessus, on pose, en des points principaux,
le portique type, à quatre ou six colonnes corinthiennes, et l'on
se croit ainsi en voie de devenir citoyens dignes d'Athènes ou
de Uome »
(1) L'architecture moderne à l'Exposition universelle de <889.
CHAPITRE I 3
Il est vrai que la l'éaction dans ce sens s'exagéra encore,
après la Révolution, lorsque le peintre David, inspirateur sou-
verain des arts plastiques en France, entreprit de ressusciter,
jusque dans le mobilier et le costume, l'antiquité païenne. Alors,
nos archilectes finirent d'oublier qu'avant les folies du style
rocaille il avait existé un slyle français né de l'étude des grandes
œuvres de l'antiquité tempérée par l'esthélique particulière à
notre pays.
En 1800, Bonaparte, profitant du moment d'accalmie qui,
malheureusement, devait être suivi par la reprise des hostilités
en Autriche et en Italie, avait mis au concours, dès le mois de
mai de cette même année, le projet d'un monument à élever
à la mémoire des soldats morts pour la patrie et un autre pour
une colonne monumentale à la gloire de l'armée française. La
première place dans ces deux concours avait été donnée à un
architecte lyonnais, nommé Barthélémy Vignon, élève, à Paris,
de David Leroy, puis dessinaleur dans l'alelier de Poyet, qui lui
confia l'inspection de l'église Saint-Sauveur restée inachevée.
Vignon était d'ailleurs déjà connu tant comme ayant participé
avec succès à un concours ouvert en 1795 pour l'érection des
tribunaux de paix de la ville de Paris que par les travaux d'em-
bellissement qu'il avait exécutés au château de Neuilly et au
palais de l'Elysée, à la demande du prince Murât. En 1801,
Vignon était encore une fois vainqueur dans un concours ouvert
pour l'élude d'un monument à « Marspacifère ». Enfin, remarqué
parla femme du premier consul, il avait exécuté divers travaux
à sa résidence de la Malmaison, lorsqu'on 1 806, Bonaparte décida
la transformation de l'église de la Madeleine, commencée, comme
nous l'avons dit, par Contant d'Ivi-y etCouture(l), en un « Temple
de la (Gloire » dédié à la Grande Armée. Le programme de ce
concours, daté du camp de Posen (2 décembre 1806), avait été
rédigé par l'empereur lui-même, dans des termes qui résument
bien fidèlement les idées de grandeur qui hantaient alors le cer-
veau du maître de la France. <( A l'intérieur, seront inscrits
sur des tables de marbre les noms de tous les hommes, par corps
d'armée et par régimeni, qui ont assisté aux batailles d'Ulm,
d'Auslerlitz et d'Iéna et, sur des tables d'or massif, les noms de
11) Voir second volume, page 176.
4 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
tous ceux qui sont morts sur les champs do balaille. Sur des
tables d'argent sera gravée la récapilulalion, par département,
des soldais que chaque département a fournis à la Grande Armée.
Autour de la salie seront disposés des bas-reliefs où seront re-
présentés les colonels de chacun des régiments de la Grande
Armée avec leurs noms. Ces bas-reliefs seront faits de manière
que les colonels soient groupés autour de leurs généraux de
division et de brigade, par corps d'armée. Les statues en marbre
des maréchaux qui ont commandé des corps ou qui ont fait
partie de la Grande Armée seront placées dans l'intérieur de la
salle... » Cent vingt-sept architectes se présentèrent à ce con-
cours et le projet adopté par l'Académie des Be.aux-Arts fut celui
de Claude-Etienne Beaumont, élève de Dumont et de David
Leroy. I\é en IT.-i? à lîesançon, Beaumont, qui avait été l'inspec-
teur de Coulure pendant la conslraclion de la Madeleine, pour
se venger de la révocation dont l'avait frappé cet architecte,
avait publié un mémoire, sous le nom de l'architecte Dulin, con-
tenant des critiques fort étendues contre l'œuvre de Couture et
accompagné ce mémoire d'un contre-projet, celui qui fut désigné
en J800 par l'Académie. Du reste, Beaumont avait, en 1801,
approprié le Palais-Boyal pour recevoir le Tribunal et était ar-
chitecte du Pahxis de Justice, du Temple, des Sourds-.Muets et
de la maison des Sœurs de la Charité au moment de sa mort
arrivée en 181 1.
Mais revenons à Vignon. L'empereur avait reçu comra\mica-
tiou à Tilsitt, où il se trouvait alors, de tous les projets des con-
currents à la transformation de l'église de la Madeleine. Cédant
peut-être un peu à l'influence de Joséphine, il désapprouva le
choix de l'Académie et décida que le projet de Vignon serait
exécuté. Vignon s'était mis à l'œuvre, lorsque survinrent les
événements de 1814-1815. L'ordonnance royale du 14 février
1816 rendit l'édifice à sa première destination, mais sans dé-
posséder l'architecte, qui continua les travaux jusqu'en 1828,
époque à laquelle ils furent repris par l'architecte Huvé. Néan-
moins, Vignon ne mourut a Paris que le 26 juillet 1846.
Un autre Vignon, prénommé Pierre, qu'il ne faut pas con-
fondre avec celui dont on vient de lire la biographie, avait été
chargé, en exécution du décret de l'Assemblée constituante
du 15 septembre 1792, des travaux de transformation du palais
CHAPITRE I. 5
des Tuileries lorsqu'il fut décidé que la Convenlion y tiendrait
ses séfinces. Auteur, en 1801, d'un projet de salle d'Opéra sur
les terrains de l'ancien couvent des Filles-du-Calvaire, c'est
aussi Pierre Vignon qui fit le projet du monument commémo-
ratif élevé en 1816 à Louis XVI sur les terrains de la Viile-
l'Évêque. Nous n'avons d'ailleurs aucun renseignement sur la
naissance et la mort de cet architecte cité dans le Dictionnaire
général des artistes (1).
La période de l'Empire vit encore s'élever, ou plulùl com-
mencer deux édifices consacrés à la gloire de l'empereur : ce
sont l'arc de triomphe de l'Étoile et l'arc de triomphe du Car-
rousel qu'on a considérés, à juste litre, comme offrant le résumé
le plus complet des qualités et des défauts de l'architecture im-
périale.
C'est en vertu d'un décret du 18 février 1800 que fui com-
mencé, le 15 août suivant, par les architectes Chalgrin et Ray-
mond, dont nous avons esquissé la biographie dans le volume
précédent, l'arc de triomphe de l'Étoile. Disons tout de suite
que le projet de Raymond avait été préféré à celui de Chalgrin,
mais que l'association qui lui fut imposée avec ce dernier ne
tarda pas à amener une sorte de lutle entre les deux archi-
tectes et que Raymond, d'une santé délicate et las de discus-
sions qui l'altéraioni encore, donna sa démission au commen-
cement de l'année 1810. Chalgrin, resté seul, fit abandonner
l'exécution commencée el'c'est son projet qui fut définitivement
exécuté.
L'empereur avait voulu un monument gigantesque comme les
faits d'armes dont il devait rappeler le souvenir, et, en effet, la
hauteur et la largeur de l'arc de triomphe de l'Étoile (49 mètres
et 4i mètres) dépassent de 28 mètres et de 20 mètres la hau-
teur et la largeur de l'arc de Constantin à Rome, le plus haut de
tous les arcs antiques connus. Un contre-projet présenté
quelques années après l'établissement des fondations par un
architecte du nom de P.-F-.L. Dubois ne fut pas adopté, de
sorte que Chalgrin put continuer le monument sur ses plans
jusqu'à sa mort arrivée, nous l'avons dit, le 21 janvier 18H.
A ce moment, l'arc de triomphe s'élevait à la hauteur de 5", 40.
(I) Bi'llier de la Chavi'înene et Louis Auvray, Paris, 1885.
6 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
De 1811 à 1813, les travaux furent conduilspar L, Goust, l'élève
et l'inspecteur de Chalgrin, qui suivit fidèlement le plan de son
maître. Nous ne savons encore de lui qu'une chose, c'est qu'il
obtint le second prix d'arcliiteclure en 1788. A ce moment (1813)
la construction avait atteint la hauteur de l'imposte du grand
arc. La famille des Bourbons ayant été ramenée sur le trône
de France, Louis XVIH se vil contraint d'envoyer une armée
française en Espagne pour y rétablir Ferdinand VII chassé par
ses propres sujets. L'expédition se termina par la prise du Tro-
cadéro, et une ordonnance royale du 9 octobre 1823 décida
que l'arc de triomphe de l'Étoile serait terminé en mémoire de
ce fait d'armes. Goust fut alors rappelé, mais on lui adjoignit un
élève d'Antoine Peyre, Jean-Nicolas Huyot. Gousl, n'ayant plus
que le second rang, se relira en 1829, laissant Ihiyot diriger
seul la construction.
Iluyot était né à Paris le 25 décembre 1780. Grand prix d'ar-
chitecture en 1807, il séjourna six ans en Kalie et, de là, visita
la Grèce, la Turquie, l'Asie et l'Egypte. A Constanlinople, il eut
occasion de modifier le palais de l'ambassadeur de France et de
jeter les fondements de l'hôpital français. Ses travaux d'ar-
chéologie en Egypte ont une importance considérable, ainsi que
ceux qu'il fit successivement dans l'Asie Mineure el en Grèce.
La plus grande partie des restes des édifices anciens de ces
contrées ont été relevés par lui; aussi r.\cadémie avait-elle cru
devoir le récompenser en le nommant à la cliaire d'histoire de
l'architecture et membre de sa compagnie. Mais la révolution
de 1830 arrêta encore une fois l'édification de l'arc de triomphe
ainsi que celle du calvaire du mont Valérien dont les matériaux
servii'onl, en 1840, à la construction du fort qu'on y voit aujour-
d'hui. Huyot mourut à Paris le 2 août 1840, laissant plusieurs
projets, notamment ceux de l'église Saint-Cbarles (devenue Sainte-
Clotildo), d'un nouveau Palais de Justice et d'une nouvelle Préfec-
ture de police, projets refails par d'autres architectes et exécutés
depuis.
Ce fut BloucI, dont nous donnons ci-après la biographie,
qui eut l'honneur d'achever l'arc de triomphe en 1830. 11 mo-
difia l'atlique projeté au moyen de la suppression des statues
qui devaient le surmonter^ mais il le couronna d'une galerie
composée de tètes de méduses réunies par un ornement courant
CHAPITRE I. 7
formé de boucliers antiques. La décoration dos pilastres de
l'allique et de l'imposte du grand arc est aussi de Blouet. Nous
terminerons l'iiislorique de ce monument en signalant seulement
au lecteurl'auteur de l'un des nombreux projets exposés, Jacques
Thierry, né à Paris en 17o0, où il moui'ut en 1832, professeur
pendant quarante-six ans à l'école gratuite de dessin. Elève de
Blondel et de Hadel, il a formé lui-même plusieurs artistes dis-
tingués, mais n'a point laissé à Paris d'édillce susceptible d'être
mentionné. Nous savons seulement qu'il apporta une grande in-
telligence à la restauration du palais d'Ârcy à Bagneux et au
dessin de la fontaine de la place Giiillon qui fut exécutée plus
tard sur les plans de Yisconti.
Nous avons dit que dans tons les temps et dans tons les pays
les négociants, agents du commerce et spéculateurs avaient créé
des lieux de réunion, et nous avons décrit sommairement, dans
le cours de cet ouvrage, les Bourses de Londres, d'Anvers, etc.
« Les négociants de Paris, à l'origine, se réunissaient au Palais
de Justice, an-dessous de la galerie Dauphine, près de la Con-
ciergerie, dans un lieu qu'on appelait Place du Change. Un
arrêt du 21 septembre 1724 établit* une lîourse » rue Vi vienne,
dansl'ancicn hôtel de Nevers, qui touchait à l'hôtel Mazariti. Cette
Bourse fut successivement transférée dans l'église des Petits-
Pères en 17!»o, au Palais-Royal (galerie de Virginie), en tS09,
dans un bâtiment situé sur le terrain des tilles Saint-Thomas
en 1818 et elle le fut, en 1826, au lieu où elle est actuellement. »
Napoléon ordonna la construction de la nouvelle Bourse, dont
la première pieri'c fut posée en 1808; l'architecte choisi était
Alexandre-Théodore Brongniart, né à Paris en 1739, un vé-
téran de rarchitecture, architecte du roi et du duc d'Orléans et
membre de l'ancienne Académie. Les principaux travaux de
Brongniart avaient été, avant la Bourse, la salle du tliéàlre
Lonvois détruite en 181o, le petit palais dn duc d'Orléans, une
quantité d'hôtels, parmi lesquels nous nous contenterons de
citer celui des Archives de l'ordre de Saint-Lazare, rue de Pro-
vence, de MademoiseUe de Condé, abbesse de Remiremont, rue
Monsieur, et de Madame de Monlesson, rue de la Chaussée-
d'Antin, l'hôtel de Monaco ou de Matignon, pour la princesse
Adélaïde, rue de Vareunes, les écuries du comte de Provence, le
nouveau couvent des Capucins (aujourd'hui Lycée Bonaparte).
8 LES ARCHITECTES PAR LEURS œUVRES.
Brongiliart avait été également cliargé de riiislallation du cime-
tière de l'Est, dit du Pèie-Lacliaise, et mourut le 16 juin 1813,
alors que les travaux de construction de la Bourse étaient
encore fort peu avancés. 11 s'agit de lui donner un successeur,
qui fut Éloi La Barre, né k Ourscamp (Oise), le 17 avril 1766.
Élève de Baymond, La Barre ne se gêna pas pour modifier le
plan de son prédécesseur, autorisé, du reste, à ces change-
ments par les exigences de l'institution qu'il dotait d'un pa-
lais; c'est ainsi qu'il donna plus d'élévation à l'édifice, et qu'il
remplaça par le style corinthien le style ionien adopté par
l'auteur du projet. La Bourse put être enfin livrée aux spécula-
tions en 1827, sous réserve du premier étage destiné aux au-
diences du tribunal de commerce. Les autres travaux de La
Barre sont une salle de spectacle, à Boulogne-sur-Mer, incen-
diée en 1854, et la colonne monumentale qui devait consacrer
le souvenir de la fameuse descente en Angleterre; les travaux,
interrompus plusieurs fois, ne purent être terminés qu'en 1841,
huit ans après la mort de La Barre, arrivée le 20 mai 1833;
l'architecte était alors chevalier de la Légion d'honneur,
membre du Conseil des bâtiments civils et de l'Institut.
Deux autres admirateurs de l'antiquité païenne suivirent les
inspirations de David, qui d'ailleurs les avait présentés à la
femme du futur César, Percier et Fontaine, élèves de Peyre.
C'est dans l'atelier de ce maître que Pierre-François-Léo-
nard Fontaine, né à Pontoise le 20 septembre 1762, fit la
connaissance de Charles Percier, plus jeune que lui de deux
ans, puisqu'il naquit à Paris le 22 août 1764. Fontaine, second
grand prix d'architecture en 1783, alors que i'ercier avait
obtenu le premier grand prix en 1786, obtint la faveur de rejoin-
dre son ami à Bome comme pensionnaire de l'Académie; mais
à leur retour à Paris, dans le courant de l'année 1792, ils trou-
vèrent la France en pleine révolution et Fontaine dut prendre
le parti d'émigrer à Londres. Là, il utilisa son talent en faisant
des dessins de meubles et de papiers peints et la décoration de
quelques appartements, en donnant à toutes ses œuvres le cachet
gréco-romain que nous retrouverons plus tard imprimé aux
édifices importants dont il fut l'architecte avec la collaboration
de Percier. Le bonheur voulut pourtant qu'il ne tardât pas à être
rappelé à Paris pour remplacer Paris, directeur des décorations
A. P. VIGNON
CHAPITRE I. 9
de l'Opéra. Dès ce moment, Fontaine et Percier commencè-
rent une association que la mort seule put interrompre. C'est
ainsi qu'ils restaurèrent l'hôtel de M. de Chauvelin à Pari et
les châteaux de la Malmaison, de Saint-CIoiid, de Compiègne,
de Versailles, de Fontainebleau, de l'Elysée, du Louvre et des
Tuileries; les résidences souveraines de Laeken, d'Anvers, de
Briilli, de Mayeuce, de Strasbourg, de Rome, do Florence,
de Venise. C'est à eux que l'on doit également le dégagement
du château des Tuileries, le percement delà rue de Rivoli, la fon-
taine de Desaix, place Dauphine, le grand escalier du musée du
Louvre, aujourd'hui détruit. Mais l'œuvre la plus considérable
qu'aient exécutée les deux artistes, est assurément l'arc de
triomphe du Carrousel, reproducticn fidèle, il est vrai, des arcs
anciens, mais éludié jusque dans ses moindresdéiails et auquel
les colonnes en marbre rose du vieux château de Moudon don-
nent une pointe de coloration qui atténue heureusement la froi-
deur de l'œuvre.
Le plus vaste plan (inexécuté) qui ait occupé l'esprit de Fon-
taine et de Percier, pendant une partie de leur vie, est celui
d'une somplueuse résidence que Napoléon se proposa de faire
élever, à Lyon d'abord et à Paris ensuite, sur les hauteurs de
Chaillot. Percier, dont la santé était déjà altérée, renonça, en
1814, à la partie active de sa profession; Fontaine, alors devenu
architecte de Louis XVIll, acheva seul les travaux commencés
sous l'Empire parles deux amis, puis éleva seul, de 1815 à 1826,
la chapelle expiatoire de la rue d'Anjou. Architecte de Charles X,
Fontaine décora la galerie du Louvre dans laquelle ont été
placées les collections d'antiquités égyptiennes et grecques;
architecte du duc d'Orléans, il éleva au Palais-Royal la galerie
dite d'Orléiuis; architecte de Louis-Philippe, il construisit la
cage du grand escalier d'honneur des Tuileries. En province,
parmi les travaux qui occupèrent son activité et dont il serait
diflicile de donner la liste, mentionnons seulement l'Hôtel-Dieu
de Ponloise, commencé en 1823 et achevé en 1827.
Percier, membre de l'Institut depuis 1811 et du Conseil des
bâtiments civils, officier de la Légion d'honneur, mourut à Paris
e 5 septembre 1838. Fontaine mourut dans la même ville le
10 octobre 1853, fait par Louis-Philiiipc commandeur de la
Légion d'honneur, chevalier de l'ordre de Saint-Michel et meni-
10 LES AEGHITKCTES PAR LEURS OEUVRES.
bre de l'Instidil, comme son collahoraknir Percicr. Les deux
artis(es, auteurs ensemble de pUisieurs ouvrages qui se trouvent
dans toutes les bibliothèques, trouvèrent de vaillants collabora-
teurs dans Alexandre Dufour et dans Louis-Martin Berthault,
dont le talent sul disposer, eu se conformant au goùl de l'épo-
que, les jardins et les parcs des résidences impériales. Dufour,
né en 1760, condisciple de Percier et Fontaine à l'.Vcadémie,
inspecteur, puis architecte du palais de Versailles, de 1810
à 1831, dirigea les travaux « exécutés en prolongement du bou-
levard de rimpcralrice à la rencoulre du chemin de Trianon »,
ainsi que la création du nouveau jardin du roi. Dufour fut Tar-
chitecte de l'entrée du château de Savigny-sur-Orge et mourut
chevalier de la Légion d'honneur le 1" février 1835. Berthault,
né à Paris en 1771, commença par transformer les jardins de
la Malmaison, do Compiègne, de Saint-Leu-Taverny, de Pont-
Chartrain; il dessina ensuite ceux de la Jonchère, de Clichy, du
Raincy, etc. ; puis, à Home, celui du Monte Pincio, autrefois
occupe par les jardins de Salluste. Berthault, qui aurait cons-
truit le palais du roi de Rome si la dynastie de Napoléon avait
survécu au César français, mourut architecte du roi et che-
valier de la Légion d'honneur en août 1823.
A côté des quatre ou cinq artistes qui résument dans leurs
travaux l'architecture du premier empire, nous allons men-
tionner maintenant quelques artistes de valeur dont les œuvres,
pour lu plupart, n'ont pas survécu à leurs auteurs. D'abord,
Lecomte, qui était architecte des Tuileries lors de l'événe-
ment du 3 nivôse, éleva avec Gisors l'échafaudage destiné à la
transformation de la salle où dmait siéger le conseil des Cinq-
Cents au Palais-Bourbon, et eut pour successeurs Percier et
Fontaine; Auguste Hubert, élève de Peyre le Jeune, grand prix
d'architecture en I78i, qui, de 1793 à 1795, fut ordonnateur
des fêles nationales avec le peintre David et exécuta, sous le pre-
mier Empire, divers travaux de restauration dans l'église de la
Sorbonne ; Courtépée, qui, lauréat, à jdusieurs reprises, do
l'Académie en 1802 et 1807, est mentionné honorablement pour
son projet de « Temple de la Gloire » et fut chargé, en 1808, de
l'appropriation de l'hôtel de Rohan au service de l'Imprimerie
impériale; Antoine-Laurent-Thomas Vaudoyer, né à Paris le
21 décembre 1730, mort le 27 mai 18i0, éi;alement élève de
CHAPITRE I. 11
I*cyre el grand prix d'arcJiitectiire en 1783. Lorsqu'on 1793 un
décret de la Convention eut supprimé l'Académie des beaux-
arts, Vaudoyer, aidé dans ses généreuses intentions par David
Leroy, résolut de créer une école particulière dans laquelle les
jeunes Français se destinant à la profession d'architecte pussent
du moins puiser l'enseignement des principes de leur art. Les
deux amis obtinrent d'ouvrir leur atelier dans une des salles du
Louvre et, sur leurs maigres émoluments de professeurs, pré-
levèrent une somme destinée à former des prix pour les élèves
les plus sludieux et les plus intelligents de leur classe. Lors-
qu'en 1795 l'Institut fut établi et que les études des diiïérentes
sections de l'Académie des beaux-arts eurent été réorganisées,
Vaudoyer y reprit ses fonctions de secrétaire. C'est lui qui fut
cliargé, en 1804, de l'installation cle l'Institut au palais des
Quatre-Nations. En 1806, Vaudoyer prit part au concours
établi pour élever un « Temple à la Gloire » et son projet
obtint le second prix ; il fui ensuite appelé à fournir les plans
d'une École des beaux-arts qui devait èlre élevée sur le quai
d'Orsay; mais l'emplacement de la fulure école ayant été des-
tiné au ministère des ad'aires élrangères, son projet ne fut pas
exécuté. Vaudoyer fut d'ailleurs cliargé de travaux importants à
Paris : notamment l'agrandissement des bâtiments du Collège de
France, la restauration de l'église de la Sorbonne, de l'Observa-
toire, du marcbé des Carmes, de l'ancienne bibliothèque Sainte-
Geneviève, etc. En province, Vaudoyer aussi restaura le cliàleau de
la Grange pour le général La Fayette dont il était l'ami ; il a signé
trois notices publiées en 180G-18I2 et 1830 sur la Madeleine,
sur le théàlrc de Marcellus à Rome (dont il exposa une restaura-
tion) et sur le clidtcau de Madrid.
Julien-David Leroy, dont le nom a déjà été plusieurs fois
prononcé, était un vieillard lorsqu'il résolut, avec Vaudoyer, de
sauver d'une ruine presque fatale l'architecture française, en
substituant ses leçons particulières à celles de l'Académie dis-
parue dans la tourmente révolutionnaire. Fils du célèbre hor-
loger Leroy, il était né à Paris en 1728, avait étudié l'architecture
dans les ateliers de .Jossenay et Loriot, avait obtenu le grand
prix en 17o0 et était professeur de l'Académie depuis 1774
lorsque celle-ci fut supprimée. Le professorat auquel David
Leroy consacra toute sa vie ne lui permit pas d'élever quelque
12 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
œuvre archifectiirale importante, mais les archéologues con-
naissent de lui ses écrits : Ruines de la Grèce (1767), Histoire
de la disposition des Temples chrétiens depuis Constantin le
Grand jusqii''ànoits (1764), La Marine des aticiens peuples ex-
pliquée (1777), etc. Après la mort de David Leroy, arrivée le
27 janvier 1803, une médaille fut frappée en son honneur au
moyen d'une souscription ouverte entre tous ses élèves, parmi
lesquels figurent les noms de Yignon, Percier, Lebas, Debray,
Bonnevie, Joly, etc.
Un architecte contemporain de Vaudoyer, Jacques-Charles
Bonnard, né à Paris le 30 janvier 176.3 et élève de Henard, avait
remporté, en 1788, le premier grand prix, concurremment avec
Tardieu. Chargé de restaurer le palais des Tuileries pour le
rendre habitable, lorsque Tiouis XVI fut ramené de Versailles à
Paris, Bonnard se mit à l'œuvre; mais les événements de 1792
suspendirent les travaux et l'architecte crut devoir émigrer. Il
ne revint en France que sous l'Empire; succédant alors à Benard
comme architecte du ministère des affaires étrangères, Bonnard
dut faire, en 1810, le plan d'un nouvel hôtel destiné à loger les
services de ce ministère et l'emplacement choisi fut le quai
d'Orsay ; mais l'empire tomba, le gouvernement de la Bestauration
manqua de fonds et ce ne fut, comme on le verra plus tard,
qu'en 1833 que Lacornée put commencer l'édifice projeté. Celui-ci
reçut d'ailleurs une destination nouvelle et devint le palais de la
Cour des comptes et du conseil d'État. Bonnard ne fut pas plus
heureux avec son projet d'Hôtel des postes qu'il commença
d'exécuter en 1811 et dut abandonner en 1822; il mourut cà
Bordeaux, membre de l'Institut, le 28 octobre 1818.
Jean Trepsat, qui n'a attaché son nom qu'à la construction de
la fontaine (aujourd'hui disparue) de l'Esplanade des Invalides,
dut à un accident la faveur dont il jouit auprès de Napoléon I"
et sa nomination d'architecte des Invalides. Un des éclats de la
machine infernale qui éclata le 3 nivôse sur le passage du premier
consul lui brisa une des cuisses et cette blessure en nécessita
l'amputation. Nous ajouterons seulement que Trepsat était
encore architecte des Invalides ainsi que des palais de Versailles
et de Trianon au moment de sa mort arrivée en 181.o. Men-
tionnons également un élève de Percier et Fontaine, Etienne-
Germain Bastard, né en 1786, qui semble avoir mis la dernière
CHAPITRE I. 13
main à la conslruclion de la halle au Vieux-Linge de Molinos,
mais était plus connu comme architecte des villas élevées à la fin
de l'Empire.
Deux membres de l'hislilul d'Egypte, architectes, mais connus
surtout par leurs remarquables travaux archéologiques, appar-
tiennent aussi à la période impériale: Jean- Constantin Protain,
né à Paris le 6 janvier 1769, élève de Chalgrin et second grand
prix en 1793, parcourut l'Italie, la Grèce, la Turquie; attaché à
son retour en France, en 1794, à l'Ecole des mines, en qualité
de professeur, il était nommé en 1798 membre de la Commission
des arts instituée lors de rex|)édition d'EgypIe et fut chargé de
la mise en état de défense d'Alexandrie. De 1799 jusqu'à l'assas-
sinat de l\léber(l-i juin 1800), archilecte comme lui et son ami,
aux côtés duquel il fut dangereusement blessé, Prolain recueillit
un nombre considérable de documents relatifs aux monuments
et aux costumes de l'ancienne Egypte. A son retour en France,
Protain mit en ordre tous ces documents, consignés dans l'ou-
vrage sur ce pays publié par ordre du gouvernement français.
Pendant quelques années, à partir de 1806, il dirigea l'atelier des
décorations de l'Académie de musique duquel sont sortis les
décors de la Vestale, des Bardes, de Don Juan, etc. Conlrôleur
des bâtiments de Versailles, Prolain mourut à Paris le 24 dé-
cembre 1837, laissant le projet du monument à élever à
Strasbourg à la mémoire de Kléber, et celui d'un édifice destiné
à l'exposition de l'Industrie sur la place de la Concorde, dont
le centre était marqué par l'obélisque de Louqsor qui y fut érigé,
en effet, à cette même place quelques années plus tard.
Un autre architecte, Charles Norry, né à Bercy en \ 75G, élève
de Rossel et Douilly, admis au nombre des savants qui suivaient
l'armée française en Egypte, publia à son retour en France, en
(1799) : Relation de F expédition d'Egypte suivie de la dcsrripl/oii
de plusieurs monuments de cette contrée. On a aussi de lui
le plan d'un lazaret projeté à Alexandrie sur l'emplacement
appelé le Cap des Figuiers et qui n'a pas été exécuté. Norry,
après avoir fait une partie dos dessins du grand ouvrage sur
l'Egypte, mourut à Paris, le 16 novembre 1832, chevalier delà
Légion d'honneur et de Saint-Louis, membre de l'Institut
d'Egypte, inspecteur général du Conseil des bâtiments civils.
Au moment où les architectes français de la période du premier
14 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
empire essayèrent d'ouvrir à rarcliiteclure une voie nouvelle,
les tradilions du xviu" siècle avaient à peu près complètement
disparu, et il faut bien dire que pas un des essais de ces véri-
tables artistes n'atteignit la perfection des œuvres créées par
les artistes de la Renaissance. La forme extérieure des édi-
fices qu'ils élevèrent ne s'éloigna guère d'aillein^s, nous l'avons
dit, de celle adoptée par l'école de Peyre, et nous constaterons
encore dans ceux construits pendant la Restauration une cer-
taine absence d'expression et de mouvement. Comme à la Ma-
deleine et à rOdéon, on chcrcberait Vainement à la Bourse,
à la Cour des comptes, à Saint-Vincent-de-Paul, l'elîet pitto-
resque et l'expression; ni l'une ni l'autre n'exista dans l'ima-
gination des créateurs, pas plus que dans leurs créations, et cet
(( encaissement des édifices », suivant l'expression pittoresque
de M. Rivoalen, persistera même jusqu'à l'avènement du second
Empire. Mais ce qu'on ne peut nier, c'est qu'à l'abri de cette
enveloppe clirysalidale pour ainsi dire, s'est opéré, par l'étude
soutenue du plan, le travail de transformation intérieure ([ui a
marqué, d'une façon incontestable, le progrès de l'arehitccture
contemporaine.
Un artiste de la Restauration a tenté cependant de sortir du
cadre tracé par ses devancieie du premier Empire, Alavoine,
l'architecledu monument connu sous le nom de <( l'Elépbantde la
Bastille ». Ce fut par suite de la nomination de Célerier comme
arcliitectc de l'église abbatiale de Saint-Denis, que Jean-An-
toine Alavoine fut appelé à diriger l'érection de cette fontaiae,
dont le projet avait été approuvé en 1810. Né en 1776, élève de
Faivre et Tliibault, très matliématicien, .Vlavoine avait donc à ce
moment trente-cinq ans; mais au lieu de suivre le plan de Céle-
rier, le nouvel arcbitecte conçut le projet étrange exposé au
Salon de 1814 et qui consistait en une vasque circulaire en
marbre formant socle sur lequel reposait la grille d'enceinte
du monument. Dans cette vasque s'élevait un élépliant co-
lossal portant une tour de 20 mètres de hauteur. L'éléphant
et la tour devaient être en bronze et enrichis d'ornements.
A cette même date, Alavoine avait fait exécuter la voiite au-
dessus du canal, les caveaux et en général toutes les substruc-
lions qui devaient recevoir la vasque, ainsi que le modèle de
l'éléphant, grandeur d'exécution, construit en charpente et en
CHAPITRE I. 13
plaire par le sculpteur Brideau. Mais, après les évèuemenls de
181 i,la forme du monument fut remise en question et Alavoine ne
composa pas moins, pour remplacer son « Eléphant», de dix-sept
projets qui furent tous successivement approuvés et abandonnés,
de façon qu'aucun d'eux n'avait été définitivement adopté lors-
que éclata la révolution de 1830. Ces travaux préparatoires va-
lurent d'ailleurs à Alavoine, en 1823, la croix de la Légion d'hon-
neur. Le gouvernement de Louis-Philippe voulant honorer les
morts de Juillet par l'érection d'une colonne commémorative, ce
fut l'emplacement de la fontaine « à l'Eléphant » qu'on lui
donna et Alavoine qu'on chargea du projet; mais la colonne s'éle-
vait à peine au-dessus des fondations lorsque son auteur vint à
mourir, le 14 novembre 1831, laissant à Duc le soin de
l'achever.
On doit à Alavoine les piédestaux du Lion de Saint-Marc, du
pont de la Concorde, depuis disparus et celui de la place dos Vic-
toires sur lequel se trouve la statue de Louis XIV, ainsi que les
bains Montesquieu qu'il serait difficile de reconnaître dans ce
qui eu reste aujourd'hui. Alavoine, qui fut l'un des précurseurs
de nos architectes modernes dans l'emploi delà fonte et du fer,
n'hésita pas à donner libre carrière à ses désirs d'innovation, en
matière de construction, loisqu'il fut chargé de la reconstruc-
tion des fièches de la cathédrale de Séez et de la cathédrale
de Rouen. Laissant à d'autres le soin d'apprécier la valeur des
tentatives d'Alavoine, nous allons passer en revue les édifices
religieux élevés, tant à Paris que dans les départements, d'a-
près les principes enseignés par l'école de Peyre, pendant la
première période du xix° siècle.
L'architecte de Saint-Yincent-de-Paul fut Jean-Baptiste Le
Père, né à Paris le 1" décembre 17G1. Poussé par une véritable
vocation. Le Père partait à l'âge de vingt-six ans pour Saint-Do-
mingue, oii il exécuta quelques travaux pour les colons de cette
île. En 1796, dans le but de continuer les éludes artistiques qu'il
avait commencées, il visita l'Asie Mineure et la Turquie et re-
vint à Paris au moment même oii l'on créait la Commission
d'Egypte. Son |)assé lui permit d'être nommé immédiatement
membre de celle commission, qui le chargea de relever les li-
mites de l'ancien canal de Suez et de dresser un projet pour le
rétablissement de ce canal. Le mémoire rédieé à celte occasion
16 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
par Le Père ne fixait qu'à dix-sepl millions le cliiiïre des travaux à
exécuter pour rendre possible la navigation dans toute l'étendue
de l'ancien canal. 11 est inutile d'ajouter que les événements ne
permirent pas de donner suite au projet de la commission. Le
Père, revenu en France, fut nommé architecte delà Malmaison et
ensuite fut chargé, avecGondouin, d'élever au centre de la place
Vendôme une colonne à la gloire de Napoléon et de la Grande
Armée, celle que nous connaissons. Ce travail terminé en 1805,
alors que Le Père était architecle du château de Saint-Cloud de-
puis quelques années déjà, l'empereur lui demanda le projet d'un
obélisque en granit de France à élever sur le terre-plein du Ponl-
Neuf. Le Père se mit au travail et il avait déjà établi les fonda-
lions du piédestal sur lequel repose aujourd'hui la statue
équestre de Henri IV, lorsque arrivèrent le désastre de \^'aterloo
et la Restauration.
Le Père semble être resié l'arcliitecte du château de Fontai-
nebleau jusqu'en 1S30, ce qui ne Tturipccha pas, en 182i, de po-
ser la première pierre de l'église Saint-Yincent-de-Paul, qui est
son œuvre principale. Mallieureusemenl, le créateur n'en vit pas
l'achèvement et mourut le 16 juillet 1844, laissant pour succes-
seur et exécuteur fidèle de son plan, Ilitlorff, son gendre, dont
nous allons parler.
Notre-Dame-de-Lorette eut |)our architecte un élève de Vau-
doyer et de Percier, Louis-Hippolyte Lebas, né à Paris le
31 mars 1 782. Second prix de Rome en 1 800, il passa plusieursan-
nées en Italie, qu'il quitta définitivement en 181 1 . Chargé d'abord
de l'inspeelion des travaux de la Bourse et de la Chapelle expia-
toire, et auteur deplusicut^ projels parmi lesquels nous citerons
celui d'un des grands cimetières que le préfet de la Seine voulait
établir autour de Paris, d'une fontaine à élever sur la place de
la Bourse (1819) et d'un monument (exécuté) à la mémoire de
La moignon et de Malesherbes dans la salle des Pas-Perdus
au Palais de Justice, Lebas avait remporté un grand nombre de
succès académiques lorsqu'il fut chargé, en 1824, d'élever, dans
le style de Sainte-AIarie-Majeure de Rome, l'église Nolre-Dame-
de-Loiette qu'il eut le bonheur d'achever. On lui confia ensuite
laconslruclion de la prison des Jeunes Détenus, rue delà Roquette
(1820), lu restauration de la salle des séances de l'Académie de
médecine (1832), l'installation des salles de séances de l'Acadé-
CHARLES PERCIER
CHAPITRE I. n
mie française et de l'Académie des beaux-arts ainsi que de la
bibliollièque du palais de l'kislitut ; on lui doit aussi le tombeau
du compositeur llalévy. Lebas mourut à Paris, professeur à
l'École des beaux-arts, membre de l'Institut, le 12 juin 1867.
Il a laissé une relation fort intéressante d'un voyage arcbéolo-
gique qu'il fit pendant les années 1843 cl 1844, en Grèce et dans
l'Asie Mineure, par ordre du gouvernement français, et fut le
collaborateur de Debret lors de lu publication, restée incom-
plète, des œuvres de Vignole, commencée en 1827.
Un architecte qui attacha son nom à des édifices religieux
moins connus que les précédents est Etienne-Hippolyte Godde,
né à Breteuil (Oise) le 26 décembre 1781. Élève de Lagardelte,
il dut à ses succès d'école la protection du préfet de la Seine,
qui le nomma, dès 1803, architecte inspecteur de la deuxième
<i section » des travaux, puis de rilùtel de Ville. Il est vrai d'ajouter
qu'on lui adjoignit bienlùt, comme collaborateur, Lesueur, déjà
connu par des travaux académiques et dos publications artisti-
ques assez goi'ités de ses contemporains, et c'est alors que Godde
fut chargé de constructions ou de restaurations d'églises à Paris
ou dans les départements, restaurations si nombreuses que ses
camarades d'atelier lui donnèrent le surnom de « Godde-Église ».
Notre collaborateur lui attribue (1) la construction de l'église
Bonne-^iouvelle (1828) et de Saint-Denis du Saint-Sacrement
au Marais (1835), la reprise en sous-œuvre de Saint-Pierre de
Chaillot (1822), la construction de la chapelle du cimetière du
Père-Lachaise dont il relit aussi l'entrée, en y plaçant, ainsi
qu'il a été dit dans le volume précédent, les anciennes portes du
cimetière de Saint-Sulpice, puis celle du nouveau séminaire de
ce nom, le presbytère de Saint-Nicolas et la sacristie de Saint-
Étienne-du-Mont. Dans le département de la Somme, Godde fut
l'architecte de l'église de Boves. Parmi les nombreuses restau-
rations qu'on lui doit, nous citerons celle de la Cathédrale
d'.\miens, celle de l'église de Corbie et celles des églises de
Paris dont les noms suivent : Sainte-Elisabeth, Saint-Germain-
des-Prés, Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux , Saint-Eustache ,
Sainl-Merri, Saint-Philippc-du-Houle, Saint-Laurent. C'est éga-
lement sur les dessins de Godde que furent élevés les tombeaux
(1) Lance attribue seulement à Godde la sacristie de Notre-Danie-de-Bonne-
Nouvelle.
III. 2
18 LES AROHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
des familles Pérignon el Frochol au cimetière de l'Est et les
sept grands grands hôtels du nouveau quartier de Tivoli. Enfin,
la construction, en 1848, de l'abattoir à porcs, près de la
carrière des Fourneaux (aujourd'hui disparu), fut dirigée par lui.
Godde mourut à Paris le 7 décembre 1867, chevalier de la
Légion d'honneur et laissant un atlas de 300 dessins, plans, coupes
el élévations de toutes les églises de Paris, atlas conservé aux
archives municipales, mais qui a sans doute péri dans l'épou-
vantable incendie de 1871. Nous ne pouvons citer aucune œuvre
du fils d'Etienne Godde, arcliilecle comme son père, mais mort
prématurément le 7 février 1833.
Autour de Paris, on élève des églises cà Bercy, à Saint-Ger-
main-en-Laye, à Noisy-le-Sec, à Vincennes : architectes, Châtil-
lon, Moulier et Malpièce, Guénepin et Lesueur.
Le plus connu de ces Irois artistes est assurément Guénepin
(Auguste- Jean-Marie), né à Paris le 17 juin 1780 et mort dans
cette ville le 5 mars 1842. Disons d'ailleurs que la notoriété qui
s'est attachée au nom de cet architecte ne lui est point venue
de l'édifice religieux, œuvre assez médiocre, que nous venons de
signaler. Élève de Peyre, sous la direction duquel il restaura
le chàleau de Rueil, il obtint le premier prix d'architecture en
1805 et par conséquent le droit d'étudier en Italie, pendant cinq
ans, les chefs-d'œuvre do l'antiquité ; mais Guénepin ne mar-
chait qu'avec des béquilles et dut se borner à une étude très
consciencieuse des restes antiques dont Home était encore par-
semée de son temps. Nommé à son retour inspecteur des travaux
de l'abattoir de Montmartre qu'on construisait alors, il fut en-
suite chargé de la restauration de l'église Saint-Germain-des-
Prés et du séminaire de Saint-Sulpice. On lui doit également le
maîlre autel de Saint-Thomas-d'Aquin et la reproduction du
« monument chorégique » de Lysicrate élevé dans le parc de
Saint-Cloud et que les Allemands ont démoli pierre par pierre,
pendant la funeste guerre de 1 870, pour le transporter dans leur
pays, une chapelle dans l'île Saint-Denis et une chapelle à l'en-
trée de la ville de Saint-Denis, Comme professeur, Guénepin eut
un atelier très fréquenté et c'est son enseignement surtout qui
lui valut, en 1833, le fauteuil académique, puis, en 1835, la
croix de la Légion d'honneur. Il est mort laissant un grand
nombre de projets : notamment ceux de l'église NoIre-Dame-de-
CHAPITRE I. 19
Lorelle t-levt^e, nous l'avons vu, piir Lebas, de l'abattoii- de Sau-
mur et des dessins pour servir à la décoration des cliapelles de
Notre-Dame de Paris.
L'église de Bercy fut l'œuvre, en 1823, de André-Marie Châ-
tillon, né le 7 décembre 1782, à Paris où il est mort le 11 sep-
tembre 1859. Élève de Percier et grand piix d'arcliilecture en
1809, après avoir obtenu déjà deux seconds prix en 1803 et
1804, Cliâtillon n'est guère connu que par la consiruction de
cet édifice et la restauration de l'église Saint-Maurice à Lille
(1827-1828). Nous ne parlerons pas, et pour cause, du marché
des Patriarches qu'il construisit en 1830, ce qui n'empêcha pas
Chàtillon d'être archiiecle-voyer de la ville de Paris, architecte
du palais de laLégion d'honneur etl'un des fondateurs, en 18i5,
avec Garnaud, de la Société centrale des architectes. 11 eut du
reste, comme architecte de l'église de Bercy, un collaborateur
qui eut moins de notoriété encore que son maître, Jean-Baptiste-
Auguste Bastière, né à Bordeaux en 1792, auteur d'un projet
de palais de justice et de prisons pour la ville de Lille qui ne fut
pas exéculé, et architecte de la majeure partie des maisons de
la rue Bourg-l'Abbé.
C'est à la collaboration des archilecles A.-J. Moutier et
Alexandre-Jacques Malpièce qu'est due l'église paroissiale de
Saint-Germain-en-Laye, édifice de 1824. Moutier, sur lequel
nous ne possédons aucun renseignement biographique, avait
commencé* h élever, place Louvois, sur ses dessins, mais en
collaboration avec Alalpièce, le monument destiné h remplacer
l'ancien Opéra, après l'assassinat du duc de Berry, lorsque la
Révolution de 1830 vint interrompre leurs travaux. Le monu-
ment projclc fui remplacé par la fontaine de Visconli qu'on y
voit aujourd'hui. A Cherbourg, Moutier construisit la maison
d'arrêt et laissa une monographie ornée de dessins du palais
Farnèse, monographie publiée en collaboration avec Quanlinct
(de 1824 à 1827). Quant à Malpièce, né à Paris, le 27 février
1789, élève de Hurtault, il n'est connu, en dehors de la colla-
boration que nous venons d'indiquer, que par un projet de res-
tauration du château de Villers-Cotterets (1842) et une étude
du château féodal de Coucy.
L'architecte de l'église paroissiale de Vincennes, construite
de 1826 à 1830, fut également chargé, en 18i0, conjoinlemeni
20 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
avec Godde, dont nous venons de donner la biogi-apliio, de la
restauration de rilùlel de Ville de Paris; il s'appelait Cicéron-
Jean-Baptiste Lesueur et était né à Clairefontainc (Seine-el-
Oisej, le 5 octobre 1794. Élève de Percier et de Famin, il avait
remporté en 1810 le second grand prix et en 1819 le premier
grand prix d'architecture; il publia en collaboration avec le
peintre Alaux et avec Félix Callet deux ouvrages dans lesquels
il résumait les études qu'il avait faites pendant son séjour en
Italie, études qu'il n'eut guère l'occasion d'appliquer, sinon dans
la construction de quelques maisons ou châteaux à Paris et en
province ou dans celle du Conservatoire de musique de Genève
commencé en 1854 par Félix Callet et qu'il termina en 1857. De
1835 à 1850, il fut chargé avec Godde de l'agrandissement de
rilùlel de Yitle de Paris dont il dirigea seul les travaux de 1830
à 1852; il les continua conjointement avec Victor Ballard de
1852 à 1854. Lesueur mourut à Paris, le 19 décembre 1883,
chevalier de la Légion d'honneur, commissaire-voyer de la ville
de Paris, professeur de théorie à l'Ecole des beaux-arts depuis
1852 et membre de l'Institut depuis 1846.
Le premier temple Israélite de la capitale date également de la
Restauration; c'est celui de la rueNoIre-Dame-de-INazareth qui
fut élevé, de 1819 à 1820, par Sendrié et Jacob Silveyra, ce
dei'nier né à Bordeaux en 1783. Les bâtiments d'exploitation des
Messageries générales de l'époque sont également dus à la colla-
boration de ces deux architectes. Nous ne possédons "ciucuu rÇn-
seignementbiographique sur Sendrié; quanta Silveyra, il acheva
l'hôtel de l'ambassade d'Angleterre (faubourg Saint-llonoré) et
le château de Bagatelle au bois de Boulogne, construisit les
écuries de lord Seymour, à Sablonville, etc., et mourut h une
époque que nous ne pourrions indiquer. Dans les départements,
à quelques lieues de Paris, à Dreux (Eure-et-Loir), Louise-Marie-
Adélaïde deBourbon-PenIhièvre, mère de Louis-Philippe I", avait
fait construire, avant sa mort arrivée en 1821, sur l'emplace-
ment d'une collégiale de Saint-Etienne, la chapelle sépulcrale
des princes d'Orléans. L'édifice se compose d'une rotonde d'un
diamètre de 12"", 50 surmontée d'une coupole percée d'une lan-
terne et précédée de quatre vestibules. Les tombeaux des mem-
bres de la famille d'Orléans sont dans une crypte construite
au-dessous de la chapelle; architecte : Cramailler sur lequel
CHAPITRE I. 21
les dociimoiils Ijiograpliiques nous manquent absolumenl.
La reslauralion de la chapelle du palais de l'archevêché ù
Reims el des cathédrales de Nevers, de Sens, d'Aulun, d'Albi,
ainsi que des vilraux de la métropole de Besancon furent confiés,
à partir de 183 i, à un élève d'Alavoine, Charles Devieuz dit
Robelin, \u' à Nevers en 1787. Architecte en chef de l'École
d'Alfort jus(|u'en 1850, Robelin, qu'il ne faut pas confondre avec
l'architecle-ingénieurdumême nom que l'on chargea, conjointe-
ment avec Abeille (Voir ce nom dans le précédent volume), de la
construction delà majeure partie de la ville de Rennes, après l'in-
cendie de 1 720, est morl récemment à Neuilly, laissant un projet
de restauration de la calhédrale de Tours qui n'a pas été exécuté.
Le fils do Jean Rondelet, l'architecte, après Soufïlot, du Pan-
théon, élève de son père et de J.-N.-L. Durand, Antoine-Jean-
Baptiste Rondelet, naquit à Paris le 10 novembre 1785. Il
surveilla, dans sa jeunesse, la construction de cet édifice el
continua les travaux de reslauralion alors exécutés à la cathé-
drale de Reims, travaux qui furent terminés en 1813. Son projet
d'achèvement du Louvre ne fut pas accepté par le gouverne-
ment, qui lui confia le dépôt des marbres, et il est mort à Paris,
le 5 décembre 1803.
A Boissons, Antoine-Emile Gencourt, né dans celte ville
en 1795, élève de Mazois el de Godde, restaure la façade de la
cathédrale et achève les abattoirs de Soissons. Il élève l'aile droite
du séminaire, plusieurs fontaines publiques el restaure la salle de
spectacle de colle ville. Hors de Soissons, il construit le beffroi
de l'église Sainl-Ired de Braisne, puis une partie du chàleau de
Beauzancy et meurt à une époque que nous ne pouvons préciser.
Letomb, archilecle du Pas-de-Calais, termine en 1833 l'ab-
baliale de Sainl-Waasl en construclion depuis 1755. Cet édifice,
sans archilecture extérieure, est précédé d'un escalier de
quaranle-luiil marches; il se compose de trois nefs dont une
seule, celle du milieu, possède une voûte en berceau. Toute
l'ornementalion est empruntée au style corinlhien, comme dans
la plupart des édifices de l'époque. Monlreuil doit également
sa halle à Lelomb.
H. Grégoire, né près de Maubeuge en 1791, devint archi-
tecte de la Seine-Inférieure après des éludes sérieuses faites à
Paris, de 1800 à 1811.
22 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
A IJoueii, il Icrmiiia riiospice des aliénés commencé par
Jouannin, puis fui chargé de la l'eslaiiralion du Palais de Justice,
de lu nef et des fausses voûtes de l'église Saint-Etienne à Fécamp ;
mais son œuvre principale fut le nouveau portail occidental de
l'église Sainl-Ouen de Rouen qui n'avait jamais été fait. Gré-
goire, auteur du piédestal de la statue de Pierre Corneille,
inaugurée le 19 octobre 1834, coopéra jusqu'à sa mort à la
collection des archives des monuments historiques.
Un autre architecte normand, Charles-Auguste Barre, né
à Rouen le 29 mars 1807, est sorti des ateliers de Vaudoyer et
de Lebas. On lui contia un grand nombre de restaurations
et de constructions que nous nous contenterons d'énumérer :
la restauration des églises d'Auffay et de Sahurs, la chapelle des
Saints-Anges à Rouen, l'église du couvent d'Ernemont, la mairie
et la justice de paix du Gi'and'Couronne, le château du Champ-
Campullcy, la restauration du château de lîelbeuf et plusieurs
monuments funèbres dans le cimetière de Rouen. Président*de
la Société d'émulation du commerce et de l'industrie et président
de la Société régionale des architectes de la Seine-Inférieure,
qu'il avait fondée, Rarre mourut au Grand'Couronne le IG sep-
lembre 1887.
A Rresl, Auguste Pouliquen, né dans la même ville en J794,
élève d'Alavoine, a érigé une chapelle funéraire au cimetière,
el une halle aux grains et aux toiles ayant 1000 mètres de sur-
face. On lui doit un projet de tribunal et de marché pour Rrest,
de palais de justice pour Ouimper et plusieurs autres projels
mis la plupart à exécution, tels que des églises paroissiales, des
flèches, des reprises en sous-œuvre très hardies et un recueil
inédit des « Monuments d'architecture Sarrazine el Muuresçue les
plus remaïquables du pays ».
Dans le midi de la Fi-ance, nous n'avons vraiment à citer
qu'un seul architecte lyonnais de cette époque : Marie-Antoine
Chenavard, né le 4 mars 1787. Élève de Barthélémy Vignon,
Chenavard construisit, en 1 837, l'église Saint-Etienne de Roanne,
le transept, les trois nefs et la façade de la cathédrale de Belley
el l'église d'Oyonnax, dans le département de l'Ain , en 1 83*9 ; enlin,
Sainl-^'incent de Reins (Rhône) en 1842; il fut aussi chargé de
la restauration de l'ancien hôtel de la préfecture de Lyon. Précé-
demment, Chenavard qui, en 1817, avait vu primer son projet
CHAriTRE I. 23
de monuniont à élever aux victimes du siège de Lyon, avait été
chargé (de 1826 à 1832) de la restauration de la partie du (irand-
Théàtre de Lyon faisant face au côté est de l'Hôtel de Ville, con-
jointement avec PoUet, et celle du cloître gothique de Saint-
Vincent à Chalon-sur-Saône. Décoré en 1862, professeur à
l'École des beaux-arts de Lyon depuis 1823, Chenavard prit sa
retraite en 1860, mais ne mourut qu'en 1874, laissant un grand
nombre d'ouvrages parmi lesquels nous citerons ceux dont voici
les titres : Sw ie goût dans les arts (1831). — Lyon antique res-
tai(rée{\^'60). — Relation d'un voyage dans le Levant /ait en 18i3
et 18ii (1869), ainsi que plusieurs recueils décompositions archi-
tecturales. Le collaborateur de Chenavard au Grand-Théâtre de
Lyon, Jean Pollet, était né dans cette ville, en 1796. Après avoir
construit une chapelle à Campvert près Lyon en 1825, il restaura
en 1830 l'église d'Ainay, éditla dans la primatiale Saint-Jean de
Lyon les chapelles de la Vierge et du Sacré-Cœur en 1834, et
mourut le 28 juin 1839, léguant à la ville une magnifique col-
lection de tableaux anciens. Un élève de Chenavard et de
H. Labrouste, Antoine Couchaut, né à Genève de parents français,
le 15 avril 1813, donna le dessin de la nouvelle façade de l'église
Saint-Pierre, à Lyon. Cet architecte construisit aussi dans le dé-
partement de la Loire l'église de Saint-Paul-en-Jarret et mourut
à Lyon le 20 juin 1849, laissant un ouvrage ayant pour litre :
Choix d'églises byzantines en Grèce. Vers la même époque (1836),
un architecte dont nous ne connaissons que le nom, Tréput,
éleva l'église de Saint-Évremond dans le département de la Loire.
Plus à l'est, dans la Haute-Savoie, Prosper Dunant, né à
Lathuileen 1790, mort le 2 juillet 1878, élevait dans ce dépar-
tement les églises de Pavages et de Taxinges et donnait le dessin
des châsses de saint Franroi* de Sales et de sainte Chantai qui
existent dans l'église actuelle de la Visitation.
A Marseille, Pascal-Xavier Coste, élève de Penchaud et de
Labadie, né dans cette ville le 28 novembre 1787, fut, à sa sortie
de l'Ecole, nommé architecte deMehemet-Ali, vice-roi d'Egypte,
pour lequel il reconstruisit la forteresse d'Abouldr et traça le
plan du canal d'El Mahmoudiéh. De retour en France, Coste
s'associa à Vincent Barrai itour la construction de l'église pa-
roissiale de Saint-Lazare (1833-1837). Nous ne connaissons pas
d'autres univres importantes de Barrai, qui était né le 8 mai 1800
24 LES ARCHITECTES PAR LEUKS OEUVRES.
et mourut à Marseille le 9 mai's 18o4, architecte diocésain du
déparlement des Bouches-du-Rliône. Quant à Coste, il eut le
bonheur, après de nombreuses vicissitudes, de voir adopté par
la chambre de commerce de Marseille le projet de construction
de la Bourse dont celte ville est dolée depuis 1852. Attaché avec
M. Flandin à l'ambassade de Fr^ince en Perse, membre corres-
pondant de rinslitut depuis 18o4 et officier de la Légion d'hon-
neur, Coste mourut à Marseille le i février 1879.
C'est à un ingénieur devenu architecte dans les dernières
années de sa vie qu'Albi doit la prison, le grand séminaire,
l'aménagement de la nouvelle préfecture sur les Lices et la grande
voie qui fait communiquer la préfeclure avec la cathédrale.
Mariés. Jean-François, dit du Vergniet, était néen l758àAlbi,
ville pour laquelle il conserva toujours un profond attachement
et où il mourut en 1851, chevalier de la Légion d'honneur. Nous
avons dit qu'il fut d'abord ingénieur. En cette qualité il cons-
truisit le pont sur la Sésia, qui appartenait alors à la France, et
commença de nombreuses améliorations dans le Cantal, dont il
fut nommé ingénieur en 1812 ou 1813. Mais ce qui mérite à
Maries une place dans noire ouvrage, plus justement encore,
à notre avis, que les travaux divers ci-dessus mentionnés, c'est
la conduite courageuse qu'il tint à une époque où l'attache-
ment aux souvenirs du passé ëlait suspect et pouvait envoyer
un citoyen à l'échafaud : c'est, en effet, à lui qu'on doit la conser-
vation de Sainle-Cécile d'Albi, vendue comme bien -national et
dont la desiruclion était déjà arrêtée.
Nous ne pouvons résister au désir de citer la lettre qu'il écri-
vit à Roland, alors minisire de l'intérieur, le 5 novembre 1792,
lettre qui sauva ce remarquable édifice de la destruction :
<( ^lonsieur le ministre, je m'empcesse de vous avertir que la
haclie de la destruction est prête à frapper la belle cathédrale
d'Albi, qui est un des plus magnifiques monuments que l'a piété
des hommes ait élevés dans le moyen âge à la gloire de l'Etre
Suprême
« Déjà les funestes formalités sont remplies pour les démolir
et pour livrer ces précieux débris au plus offrant.
" Je les mets. Monsieur le minisire, ainsi que l'édifice
imposant qui les renferme, sous votre protection tulélaire,
puisque vous avez eu la générosité de joindre au titre de
p. F. L. FONTAINE
CHAPITRE I. 25
votre autorité, celui de conservateur des monumonts publics.
« Si nous nous arrogeons ainsi le droit d'anéantir les monu-
ments que nous devons au génie, à la munificence et à la piété
respectable de nos anciens, quel droit pouvons-nous avoir nous-
mêmes à la stabilité de ceux que les événements mémorables des
temps présents vont inspirer et faire surgir?
« Je vous prie donc, Monsieur le mmistre, d'inlerposer votre
autorité pour empêcher qu'il ne soit porté aucune atteinte à la
cathédrale d'Albi, qui est si digne d'être conservée par la subli-
mité de sa destination et par la majesté que les arts lui ont
imprimée en y étalant la magnificence de leurs productions.
« J'ai l'honneur d'être.... etc. »
Roland fit suspendre l'exécution de la décision prise et Sainte-
Cécile d'Albi nous fut conservée.
C'est également vers cette époque que fut décidée la restau-
ration des éditices romains appelés la « Maison Carrée » de Nîmes
et l'Amphithéâtre. Celui qui futchargéde cette restitution n'était
cependant point un architecte, mais uu ingénieur des ponts et
chaussées en retraite, Charles-Etienne Durand, né à Montpel-
lier le 29 novembre 1702. Auteur également des temples de
Clavisson et de Vanvert, Durand mourut à Nîmes le 2(3 août 1840,
après avoir publié sous le titre de : Description des monumenls
antiques du midi de la France, une série de documents archéo-
logiques de la plus haute importance.
A Bordeaux, un seul architecte religieux à mentionner, Armand
Corcelles, tils d'un charpentier, né à Bordeaux en 17G."i où il est
mort le 3 ovril 1843. Corcelles fut l'auteur du temple protestant
rue Notre-Dame, aux Chartrons, et de la synagogue inaugurée le
14 mai 1812, édifice singulier, d'une construction bizarre, in-
cendié en 1873. A côté de ces deux édifices religieux, Corcelles
a laissé le château (?) de la Bégorce à Margaux, ainsi que l'ancien
établissement des Montagnes russes de Bordeaux (1833) ; c'est
tout ce que nous en pouvons dire.
Dans l'ebt, c'est Maximilien Painchaux, né à Besançon en
1796, qui restaure l'église de Sainle-.AIadeleine dans celte ville et
en achève le portail. 11 construit également, dje 1824 à 1829,
quelques églises communales du département du Doubs, entre
autres celle de Fresne, restaure en 1829 la métropole de Besançon
et en 1830 le palais épiscopal.
26 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Ce fut un fécond conslructcnr que rarcliilccle Joseph-
Théodore Oudet, 110 à Paris en 1794, élève de Convers, qui
nommé, en 1825, architecte du département de la Meuse, éleva
en douze années : le grand séminaire de Verdun, un hôpital
militaire à Saint«-Micliel, la chapelle de la prison départementale,
8 églises, 7 presbytères, 2 cimetières, 4 mairies, .1 pressoir
communiai, 6 fontaines, 8 lavoirs publics, 2 abreuvoirs,
11 ponts, 1 colonne commémorative, à Rupt, 3 portails, parmi
lesquels celui de Murvaux, etc. Du reste, contrôleur des bâtiments
delà Couronne et ancien architecte-ingénieur du duc dOrléans,
membre correspondant de la Commission des monuments his-
toriques, ancien inspecteur du dépôt de mendicité de Villers-
Cotterets, Oudet trouva encore le temps de publier des articles
remarqués sur l'architecture, et les beaux-arts en général.
L'église Saint-Vincent de Metz, église des xiii" el xiv° siècles,
qui, après l'incendie de 1711, avait subi déjà de nombreuses
vicissitudes, convertie en étable pendant la Terreur et en hôpi-
tal en 1814, avait perdu son portail depuis 1756, lorsque les
architectes Louis Barletet Lhuillier, chargés, sous la Restau-
ration, de le relever, enrent l'idée étrange d'accoler à cet édifice
de pur style ogival un portailcompositeàlrois étages à l'imitation,
prétendirent-ils, de celui de l'église Saint-Gervais à Paris. Celte
méprise architecturale, qui a sauvé leurs noms de l'oubli, ne les
a point signalés comme hommes de génie à la postérité.
Nous en dirons autant du palais cpiscopal de Metzélevé en 1816
par l'architecte Dérobe père, dont nous ne connaissons que le nom.
Mais nous sommes arrivés à l'époque oii s'accomplit la révo-
hition littéraire et artistique qu'on a baptisée du nom de Roman-
tiswo. Deux mots sur cette révolution. C'est par l'imitation des
modèles grecs el romains que les grands écrivains du xvii' siècle,
■comme les grands architectes du xvi% avaient créé une
littérature et une architecture nationales. C'était comme
une sorte de tradition de famille que la France de race la-
tine avait perdue pendant plusieurs siècles et qu'avait su
retrouver le génie de ces écrivains ou de ces artistes; el», non
seulement la France, mais l'Europe presque tout entière avait
accepté leurs œuvres comme des types d'une perfection qui
•devait être immuable. Vers la fin du xviif siècle, certains archi-
CHAPITRE I. 27
lecles même, en haine des divagations de l'école italienne, avaient
enchéri snr l'espèce de culte professé par les grands maîtres
de la Renaissance et réduit l'art architectural à une copie pâle
et servile des produits de l'architecture gréco-romaine.. Mais la
Restauration qui succéda à 1' [empire, vit disparaître les derniers
adeptes de celte école créée par Peyre le jeune et dont Fontaine
et Percier furent les représentants les plus autorisés ; h l'étranger
d'ahord et hientôt en France, des esprits de bonne foi s'insur-
gèrent contre la tyrannie de ces classiques et prétendirent créer,
en dehors des règles qu'ils imposaient, des œuvres conformes à
un idéal << que chaque homme porte en soi ». En littérature,
quelques-uns allèrent même plus loin et nièrent la nécessité
de la règle; inutile d'ajouter que ceux qui n'étaient pas sou-
tenus par la force de leur génie tombèrent et se brisèrent dans
leur chute. Les architectes, pins sages que les littérateurs, se
contentèrent de remonter aux sources mêmes de l'art et réso-
lurent de demander leurs inspirations et leurs modèles aux
artistes eux-mêmes des temps passés, sans s'inquiéter ni de
leur origine ni de leur esthétique, pour les appliquer ensuite au
gré de leur tempérament personnel. Nous allons voir ce que
cette révolution artistique a produit en architecture.
S'inspirant de ces idées répandues dans le public par une nou-
velle génération d'écrivains et d'artistes, le gouvernement de 1 830
voulut se mettre à la tète de l'œuvre commencée par les collec-
tionneurs historiques dos wii' et wiii" siècles et ajouter aux
connaissances humaines une branche nouvelle qu'on peut ap-
peler : la philosophie de l'art. Le 31 décembre 1833, M. Guizol,
ministre de l'instruction publique, proposa au roi la création d'une
commission chargée de diriger « le grand travail d'une publication
générale de tous les matériaux importants et encore inédits sur
l'histoire de notre patrie » et, deux ans après (le 10 janvier 1835),
celle d'un comité chargé de concourir, sous la présidence du
ministre, à la publication des monuments inédits des sciences et
des arts considérés dans leurs rapports avec l'histoire générale
de la France. Or, on sait combien la France, malgré les ruines
qui y ont été amoncelées par le temps ou par la main des
hommes, possède encore de richesses architecturales : églises,
forteresses, châteaux, hôtels de ville, etc. ; aussi comprit-on
bientôt la nécessité de la création d'un comité spécial des arts
28 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
et monuments. C'est au minisire de rinstruction publique de
Salvandy que revient l'honneur de l'avoir créé, à la date
du 18 décembre 1837. Ce comité était chargé, aux termes de
l'arrêté ^d'organisation, article 2 : « de publier tous les docu-
ments inédits relatifs à l'iiisloire des arts chez les Français ; de
faire connaître tous les monuments d'art en France, dans tous
les genres: monuments religieux, militaires et civils; de faire
dessiner et graver, pour les conserver à l'avenir, les œuvres,
remarquables d'architecture, de peinture, de sculpture en pierre,
en marbre et en bois ; de donner des instructions sur la conser-
vation matérielle des ruines, statues, tours, chapelles, cathé-
drales qui intéressent la religion, l'art ou l'histoire; de faire des
recherches sur l'histoire de la musique à toutes les époques du
moyen âge; enfln de préparer les matériaux pour une histoire
complète de l'art en France ».
Les premières publications du comité frappèrent de surprise
et d'admiration en même temps l'esprit des jeunes artistes
de l'époque.
Il ne faut pas oublier qu'alors les chemins de fer n'existaient
pas, que la gravure ou la lithographie n'avait pu reproduire
qu'imparfaitement les grandes masses des cathédrales du moyen
âge et des édifices de la Renaissance. Lorsque les travaux du
comité eurent mis sous les yeux de nos architectes, dessinés dans
toute leur vérité et leur perfection, les détails le plus souvent
merveilleux do grâce et de fini des édifices religieux ou civils
des siècles antérieurs au règne de Louis XIV, ce fut pour eux
une révélation. Ils s'étonnèrent, ils eurent honte de l'ignorance
dans laquelle ils étaient restés plongés, de lant de chefs-d'œuvre
dont la vue ouvrait une nouvelle carrière à leur génie empri-
sonné par l'enseignement académique de l'époque. La créatio-n
du <i Comité des arts et monuments » porta le dernier coup h l'ar-
chitecture classique, dont beaucoup de bons es[irits avaient déjà
compris le vide et l'insuffisance.
Une pléiade d'hommes intelligents se proposèrent de donner
une nouvelle vie à ces formes qui avaient séduit nos pères, aux-
quels elles paraissaient être l'expression artistique la plus com-
plète de la foi religieuse. A la tète du mouvement se mirent
Lassus, Viollet-le-Duc, Gau, et ce mouvement ne s'est point
encore arrêté.
CHAPITRE I. 29
Jean-Baptiste-Antoine Lassus l'Iait n«^ à Paris le 19 mars
1807. Élève de Lehas (l'al)ortl et plus lard de H. Labrouste, il
était entré en 1828 à l'École des beaux-arts; mais renseigne-
ment qu'on y donnait ne pouvait satisfaire son esprit chercheur
et curieux de nouveautés; aussi Fabandonna-t-il bientôt pour se
livrer à l'étude de l'archéologie monumentale et, en 1833, il
offrait au public le premier résultat de cette étude en exposant
au Salon une reslilution du pavillon central des Tuileries,
d'après les plans connus de Philibert de l'Orme. Un projet de
restauration de la Sainte-Chapelle, exposé au Salon de 1835,
était récompensé par une médaille de seconde classe, et bientôt
suivi d'un projet de restauration du réfectoire de Saint-Mariin-
des-Champs. Aussi Lassus était-il nommé, en 1837, avec Gréle-
rin pour collaborateur, architecte de l'église Saint-Séverin, sur
la façade de laquelle il appliquait comme preuve de son intelli-
gence et de son savoir la porte de l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs
qu'on venait de démolir. Inspecteur, en 1838, des travaux de
restauration de Saint-Germain-l'Auxerrois et, en 1845, de celle
de Notre-Dame de Paris, il dutlaisser à VioUet-le-Duc, son colla-
borateur, l'honneur d'achever les travaux. La restauration de
la Sainte-Chapelle, commencée dès 1839 par Duban dont il était
l'inspecteur, est, du moins, l'œuvre de Lassus qui fut appelé à
lui succéder en 1849. C'est à lui, en effet, qu'on doit l'isolement
de l'édifice du côté sud et la construction de la flèche centrale,
une merveille d'orfèvrerie. En province, Lassus employa sa pro-
fonde connaissance de l'architecture du moyen âge à la restau-
ration des cathédrales de Chartres et du .Mans, et à la recons-
truction de la nef de la cathédrale de Moulins dont le chœur seul
existait. Successeur, en 18i3, de Piel, architecte de l'église Saint-
Nicolas de Nantes, il fut également, dix ans après, celui de l'église
Saint-Pierre de Dijon. La restauration de Notre-Dame de Châ-
lons-sur-Marne et celle de l'église Saint-Aignan (Loir-et-Cher),
la construction de l'église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, de
1854 à 1859, le dôme de la chapelle du couvent de la Visitation
à Paris, des travaux dans le couvent de la Visitation à Monte-
reau et dans le couvent des Oiseaux à Paris, n'empêchèrent pas
Lassus d'être l'architecte de quelques constructions particulières,
parmi lesquelles nous citerons l'hôtel SollykolV, avenue Mon-
taigne (1848). Il avait préparé avec un soin jaloux une monogra-
30 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
phie de la cathédrale de Chartres et une restilulioii de l'album
de Viliars de Honnecourt, mais il no put les achever et mourut
à Yichyle 15 juillet 1857.
Dans des proportions plus modestes, un contemporain de Las-
sus fut un des initiateurs du mouvement artistique qui remit en
honneur en France rarchilecinre ogivale; il s'appelait Louis-
Alexandre Piel et était né à Lisieux le 20 août 1802. Religieux
do l'ordre des Dominicains, il avait étudié avec passion les églises
du moyen âge et obtenu, par ses relations, l'aulorisation de
construire une église sous le vocable de Saint-Nicolas, à Nantes ;
mais il eut à lutter longtemps contre les préjugés de l'école avant
défaire triompher ses idées, et Saint-Nicolas était à peine com-
mencée lorsqu'il mourut à Bosco (Piémont) le 29 décembre 1841.
laissant des annotations de l'ouvrage de Vilruve et une relation
fort intéressante de ses recherches sur l'architecture allemande.
Ce fut Lassus, comme nous venons de le dire, qui se montra le
fidèle exécuteur testamentaire de Piel.
L'architecte de Sainle-Clotilde ne dut lui-même qu'à la vo-
lonté formelle du chef de l'Etat opposée à la mauvaise volonté
duConseildesbâtimentscivils et de l'Académie des beaux-arts (1),
de pouvoir réaliser le projet qu'il avait conçu d'élever, au
xix" siècle, à côté de Notre-Dame, un édifice religieux de si vie
ogival. Cet architecte, originaire de Cologne où il était né le
l.'ijuin 1790, mais naturalisé Français, s'appelait Frantz Chris-
tian Gau et avait travaillé dans l'atelier de Debret et Lebas au
projet du mausolée impérial de Saint-Denis que les événements
de 1815 ne permirent pas de réaliser. En 1815, il se rendit en
Italie, où il releva et publia les plans du Vatican ; puis, séduit par
les propositions que lui fit un certain baron de SacU, il passa la
mer et arriva en Egypte avec l'intention de continuer le travail
commencé par la commission qui avait accompagné Bonaparte
lors de son expédition dans ce pays ; mais, à peine arrivé à
Alexandrie, il se vit abandonné à ses propres ressources el, de
plus, en butte aux persécutions du consul anglais, alors résidant
en Egypte. Gau triompha pourtant de tous les obstacles, grâce
au consul de France, M. Drovetti, el à la munificence d'un méde-
cin allemand, M. Dankaert. Tl dessina tous les monuments com-
{i) LWcadéiiiie soutenail le projet de temple grec présenté par Hiiyol.
CHAPITRE I. 31
pris entre la première et la seconde cataracle et publia le résultat
de ses recherches sous le titre de : Ant'Kjuilês de la Nidiie ou
Monuments inédits des bords du Nil entre la première et la se-
conde cataracte (Paris, Didot, 1821). Gaii revint en France par
la Syrie, oii il fit de nombreux dessins qui n'ont pas, du reste, été
publiés, mais qui figurèrent au Salon.de 182i,et par l'Italie, où
les ruines de Pompéi lui offrirent l'occasion de nombreux tra-
vaux. Ce sont eux qui sont venus augmenter de près de moitié
le recueil commencé par Mazois.
A son retour en France, Gau, dont la réputation était établie,
fut chargé de la restauration de Saint-Julien-le-Pauvre (1821),
de la construction du presbytère de Saint-Séverin (1827), de
celle du corps de garde de la Bastille, de la prison de la Ro-
quette (1833), de la chapelle protestante de la rue Chauchal,
ancien bâtiment de la douane, etc. Mais la construction la plus
importautc de Gau et qui occupa les dernières années de sa
vie, fut certainement celle de l'église de Sainte-Clolilde, dont les
travaux commencèrent en novembre 1846. Malheureusement, il
n'en put exécuter que le gros œuvre, une maladie grave qui se
déclara presque aussitôt l'obligeant à prendre un adjoint d'abord
et bientôt un successeur. Th. Ballu. Gau mourut à Paris le
31 décembre 1833, chevalier de la Légion d'honneur et membre
de plusieurs académies..
Un sous-inspecteur de l'église de Sainte-Clotilde, Max Ber-
thelin, né à Troyes le 1 8 juin 1811, futtil taché par la Compagnie
du chemin de fer de l'Est à la direction de ses travaux d'art.
Élève de Labrouste, mais plus particulièrement dessinateur et
décorateur, Berthelin a exposé de très nombreux dessins, no-
tamment ceux de plusieurs églises du département de l'Aube et
de la tour Saint-Jacques-la-Boucherie avant sa restauration. 11
fit aussi de nombreux projets qui ne semblent pas avoir été
exécutés. Nous ignorons la date de sa mort.
Tous les artistes dont nous venons de donner les biographies,
à partir de Lassus, consacrèrent leur talent et leur vie à la ré-
surrection de l'architecture ogivale oubliée en France depuis
deux siècles; mais l'homme qui affirma par ses écrits le culte
de ses contemporains pour les souvenirs laissés par les artistes
du moyen âge et qui résuma, pour ainsi dire, en un corps de
doctrines, l'histoire des procédés de construction et les règles
32 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRAS.
observés par les architectes de celle grande époque, fut cerlai-
nemenl Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc , « dit l'Aine » ,
pour ne pas le confondre avec son frère Etienne, peintre de talent.
Viollel-le-Dnc naquit à Paris le 27 janvier 1814. Élève de Leclère,
de 1831 à 1839, il parcourut Fllalie et la Sicile, étudiant l'an-
tiquité romaine, comme tout bon élève architecte devait le faire
à cette époque, pour mériter les faveurs de l'adminislralion.
A son retour, nommé auditeur au conseil des bâtiments civils,
il fut choisi par Lassus eomme inspecteur des travaux qu'il ,
exécutait alors à la Sainte-Chapelle. En 1840, la Commission
des monuments historiques le chargea de la restauration de
l'église abbatiale de Vézelay; puis, devenu archilecle diocésain
des déparlements de l'Aude, des Ardennes, de la Marne (arron-
dissement de Reims), de la Seine et de la Somme, il exécuta
d'importants travaux dans les églises de Montréal (Aude), de
Semur, de Saint-Pierre, de Saint-Nazaire, de Carcassonne,
d'Amiens et de Reiras, ainsi que la construction des mairies de
Saint-Anlonin et de Narbonne. En 1843, il déposa un projet
tendant à la restauration de iXotre-Dame de Paris; cette res-
tauration fut, en effet, confiée à Lassus, son aîné, mais on lui
donna celle de l'église abbatiale de Saint-Denis qui lui lit le
plus grand honneur et à la suite de laquelle il fut nommé,
en 1853, inspecteur général des édifices diocésains.
Après la mort de Lassus arrivée en 1857, Viollet-le-Duc fut
naturellement désigné pour continuer l'anivre de restauration
de la métropole de Paris, et c'est lui qui fut l'architecte de la
flèche qui couronne le transept de Notre-Dame. En 1858, sur
l'ordre de Napoléon 111, il se livra à une restauration complète
du château de Pierrefonds, qui était bien due à l'auteur de
YEi^sai sur f architecture miUlaire du moyen âge (publié en
1854). On peut citer enlln de Viollet-le-Duc le tombeau du duc
de Morny élevé en 1867 au Père-Lachaise. Les nombreux tra-
vaux qu'il exécuta comme architecte ne l'empêchèrent pas de
composer, tant était grcfnde son activité, cette œuvre considé-
rable connue sous le titre de : Diet'mmaire raisonné de Var-
• cliitecture française du xi' au xyi' sièr/e (publié de 1853 à 1858)
et qui ne comprend pas moins de dix volumes, et cette autre,
le : Dictionnaire du mobilier français de l'époque carlovin-
gienne à la Renaissance^ paru en dix volumes également, à
« .%:
^ ?;-'-!#
,-#^
K-
K ^
j^.
J. B. LEPERE
CHAPITRE I. 3J
la même époque. Viollet-le-Duc publia encore, pendant les dix
années qui suivirent, deux volumes sous le lilre : Enlretiens
sur r architecture, et voulut bicH écrire le texte du mémoire
ébauché par F. Denis et le docteur Cliarnay sur les Cités et
les Ruines américaines, ainsi qu'un grand nombre d'articles
recueillis par diverses revues.
Cet infatigable travailleur, grand architecte et littérateur
remarquable, n'arriva jamais à l'Institut. Professeur depuis 1863
à l'École des beaux-arts et commandeur de la Légion d'hon-
neur depuis 1869, il s'éleignit à Lausanne le 17 sejitembre 1879.
. Les architectes de province suivirent de loin le mouvement
anti-académique qui avait à sa tète les architectes parisiens.
Pierre-Joseph Calcine, né à Lille le 14 septembre 1818, res-
taure, en l8i.T, la lour de l'église de Carvin et l'église Saint-
Druon et construit celle de Wazemmes-lès-Lille, consacrée à
saint Pierre et saint Paul, remarquable par sa décoration em-
pruntée au style byzantin, une chapelle des maristes h Beau-
camps et le casino de Lille. Auleur d'une brochure intitulée De
rinfluciice de la photographie sur l'avenir du dessin (Lille, 1833),
il décéda le 10 février 1859.
A Arras (Pas-de-Calais), Joseph Traxler, né à Amiens le
1" nivôse an IV, membre de la Société d'encouragement pour
l'industrie nationale, couvrit Arras de constructions jusqu'à sa
mort arrivée à Paris en 18o6; mais la restauration du beffroi de
l'hôtel de ville d'Arras et la construction de l'église paroissiale
de Saint-Nicolas-en-Cité ainsi que de la chapelle de la Vierge,
dans la cathédrale, lui assignent un rang honorable parmi les
artistes qui ont provoqué la résurrection de l'architecture ogi-
vale en France. Arras lui doit, d'ailleurs, une s;ille de concerts,
l'amphithéâtre de l'école de médecine, une école primaire, la
halle aux poissons elle nouveau quartier autour de celte halle,
plus un grand nombre de maisons, d'usines, etc.
En Normandie, trois architectes, Boutiguy, Barthelemi et Le-
normand sont aussi désignés comme des restaurateurs d'églises;
Boutigny, né au Crand-Quevilly (Seine-Inférieure), architecte de
la ville d'Elbeuf et membre de la commission des bâtiments civils
de ce même déparlement, fut chargé, en 1851 , de la restauration
complète de l'église et du presbytère de Saint-Patrice à Rouen.
Dans la même ville, c'est h un Rouennais, Eugène-Jacques
m. 3
34 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Barthelemi, né le 13 octobre 1799, qu'est due la construction
de la nouvelle flèche de Saint-Maclou (I). Architecte diocésain,
Barthelemi construisit dans le département de la Seine-Infé-
rieure un grand nombre d'édifices religieux, notamment l'église
Notre-Dame-de-Bon-Secours, dans le style ogival primitif à
lancettes, — commencé en 18i0, l'édifice fut terminé en 1842, —
les églises de Sotteville-lès-Rouen, de l'Immaculée-Conception
d'Elbeuf, de Goderville, de Saint-Jacques-sur-Darnetal, de Ma-
romme, d'Oissel, de Saint-Aubin-jouxte-BouUeng, l'église du
monastère de la Providence à Rouen, la chapelle du petit
séminaire et celle de la Délivrande près Caen, etc. Barthelemi*
mourut à Rouen le 10 mai 1882, laissant un fils architecte
comme lui, que nous retrouverons en temps et lieu.
Louis Lenormand, élève d'IIuvé, était né à Versailles en 1 801.
Après avoir exposé en 1841, au musée du Louvre, un projet de
restauration de l'église Saint-Jacques de Dieppe et en 185o, au
palais des Champs-Elysées, l'église de Saint-Amand-Montrond
(Cher) pour les archives des monuments historiques, il fut
chargé de construire, de 1844 à 1849, au PoUet, près de Dieppe,
l'église paroissiale el, en 1851, une autre église dans le Morvan.
Il est mort le 11 janvier 1802.
A Cherbourg, Louis-Pierre-Charles Le Sauvage, né à Cou-
tances (Manche) en 1775 et mort à Cherbourg le 9 juin 1858,
donne les dessins du portail et de la tour carrée de la cathé-
drale; on lui doit aussi la grande halle inaugurée en 1833.
Dans l'est, c'est Jean- Charles-Léon Danjoy qui propage le
mouvement architectural commencé parLassus et VioUet-le-Duc.
Né à Avensac (Gers) le 31 mai 1800, et élève de Huyol, il était
attaché à la Commission des monuments historiques dès 1840 et
exécutait de nombreux travaux théoriques, parmi lesquels un
projet derestauration de la «Basse œuvre» deBeauvais, qui fut fort
remarqué. Chargé, en 1843, de la restauration de la cathédrale
de Meaux, illa poursuivit sans interruption jusqu'à sa mort ; on
lui confia ensuite celle des cathédrales de Bordeaux et de Metz,
de la collégiale de Braine, de l'église Sainl-Pierre à Toucques,
de la rathédrale de Lisieux ; enfin, nommé, en 1852, architecte du
(1) La place formée devant l'église Saint-Maclou porle, depuis 1888, le nom
de place Barthelemi.
CHAPITIîE I.
diocèse de Coutances, il y commença la consiruction du grand
séminaire, que la mort ne lui permit pas d'achever. Le tom-
beau du prince Demidoff au cimetière du Père-Lachaise eut
aussi pour archilecte f^anjoy et mérite une mention. Auleur
de nombreux projets, parmi lesquels nous cilei'ons ceux de la
restauration de Notre-Dame de Paris, du tombeau de Napo-
léon l" et d'un château d'eau à Marseille, Danjoy mourut à
Paris le 4 septembre 1862.
Marchant sur les traces de Danjoy, l'arcbitecte Deny, dont
nous regrettons de ne connaître que le nom, se til remarquer,
dès 1841, dans la restauration du portail de l'église ogivale
Sainte-Ségolène à Metz. Architecte de l'église de Decazeville
dans l'Aveyron, Antoine-Martin Garnaud, né à Paris le 30 no-
vembre 1796, élève de Le Père et de N'audoyer, avait remporté
le premier grand prix en 1817, âgé de vingt-un ans seulement;
mais les occasions lui manquèrent de laisser une œuvre digne
de lui, quoique pourtant, en 1826, il eût obtenu le premier
prix au concours ouvert pour l'érection d'un théâtre à Lyon et
fût classé le troisième parmi les artistes qui présentèrent les
plans du nouvel Opéra à Paris, en 1860. — Inspecteur des tra-
vaux de l'église Saint-Vincenf-de-Paul dont nous avons dit que
Le Père avait été l'architecte, Garnaud mourut dans la ville oîi
il était né, le 19 décembre 1861, après avoir signé seulement le
tombeau de l'ex-roi de Hollande, Louis Bonaparte, dans l'église
de Saint-Leu, un lombeau pour la famille Iléricavit de Tburg,
ceux du statuaire Pradier et de la princesse Bibesco au Père-
Lachaise et les quatre piédestaux de fontedu pont du Carrousel
à Paris. Mais on trouva dans ses cartons de nombreux projets,
parmi lesquels nous citerons un projet de fontaine à Moïse qui
devait être alimentée par le puits de Grenelle, un projet d'achè-
vement du Louvre, et un projet de fontaine à Clémence Isaure.
11 a publié en 1857 un ouvrage ayant pour titre : Études (l\/i-
cliUecture chrétienne. Chevalier de la Légion d'honneur de-
puis 18;j8, il fut l'un des fondateurs de la Société centrale des
architectes en 1841.
ClFAriTRE II
Applicalioii du style classique aux restaurations des grands édifices d'ulilité
publique. — Parmi les constructions d'ffdifices nouveaux à Paris, il y a lieu de
signaler des théâtres, des mairies et des marchés. — L'éclairage par le gaz
et les transports par chemins de fer donnent naissance à une architecture
nouvelle répondant à des besoins nouveaux.
Les édificeri civils datant du commencement du siècle sont peu
nombreux, en Franco; ceux que nécessitent l'accroissement
continu de la population des grandes villes et les règles de l'hy-
giène publique sont à peu près les seids qu'on ait élevés, de
1815 à 1843. Nous no ferons d'exception que pour quelques
théâtres qui datent de ce temps et pour ces constructions^ sans
précédent que lit naître le grand événement de l'époque, l'inven-
tion des chemins de fer. Cela dit, rappelons par quelques mots
les restaurations apportées aux palais et aux grands édifices
publics de la capitale. D'abord, celle du Luxembourg, com-
mencée d'ailleurs par Chalgrin, que continue un élève de Percier,
second grand prix en i 806, et premier grand prix eu 181 1 , Jean-
Louis Provost, né à Paris le 27 octobre 1781. C'est en 1820 que
ProvosL fut nommé architecte de cet édifice en remplacement de
Baraguey. En 1831 , membre honoraire du Conseil des bâtiments
civils, il était, en 1832, architecte du théâtre de l'Odéon et des
Sourds-Muets, et, en 1834, de l'Odéon seulement. C'est vers celte
époque que le gouvernement résolut, pour cause d'agrandisse-
ments nécessaires, de modifier le Luxembourg, c'est-à-dire d'al-
térer l'œuvre de De Brosse. Provost s'y refusa, donna sa démis-
sion et fut alors remplacé par Alphonse-Henri de Gisors. Il res-
taura divers hôtels à Paris : ceux de Montebello et de Galhffet,
et fut l'architecte du tombeau du maréchal Lefèvre. Chevalier de
la Légion d'ilonneur depuis 1838, Provost mourut probablement
vers 1850.
CHAPITRE II. 37
Né à Paris le 26 mai 1785 el ayanl échoué aux examens de
l'École polyleciinique, Jean-Marie-Dieudonné Biet, plus coniui
des archilectes, ses con(em[toraias, comme ayant collaboré à
l'ouvrage publié, de 1836 à 1850, sous le litre : Choix d'édifices
publics, etc., étudia l'arcliitecture dans l'alelier de Percier ; en
1824, il éleva l'escaliermonumenlal de la bibliothèque de l'Insti-
tut et, de 1832 à 183i, il accrut l'Observatoire d'un cabinet d'ex-
périences, puis remonta pierre par pierre dans les Champs-
Elysées un ancien pavillon de chasse de François V qui tombai!
en ruines à Moret près Fontainebleau; Biet, chevalier de la
Légion d'honneur, inspecteur dos bâtiments civils, mouiut à
Paris en 1856.
Louis-Nicolas-Marie Destouches, né à Paris le 8 mai 1788,
élève de Peyre, Vaudoyer el Percier, obtint le grand prix d'ar-
chitecture en 181 i et fut, h son retour en France, nommé suc-
cessivement inspecteur de l'église Saint-Pierre du Gros-Caillou,
puis architecte (1823) de l'École vétérinaire d'AIfort, du i^luséum
d'histoire naturelle et du Panthéon. Au concours ouvert en 1829
pour les embellissements de la place de la Concorde, Destouches
n'obtint que la seconde place, quoique son projet ait été préféré
par bon nombre de juges compétents; nommé cependant che-
valier de la Légion d'honneur, il se contenta d'être l'architecte
do nombreuses maisons à Paris, où il mourut en 1851.
Alphonse-Henri de Gisors, lils probablement de Jacques-
Pierre de Gisors, breveté élève de Rome le 4 septembre 1779,
mais sur lequel nous ne ^possédons pas de renseignements bio-
graphiques, naquit le 3 septembre 1796 à Paris. Élève de
Percier et de Guy de Gisors son oncle, il remporta, en 1823,
concurremment avec Grisart, le second grand prix. De ce mo-
ment jusqu'en 1840, il construisit ou acheva de construire,
à Ajaccio, l'hôtel de la Préfecture, la clinique de la Faculté de
Paris (1838) (œuvre de Gondouin en I780i, ramphilhéûtre de
l'Observatoire (1840), l'École normale supérieure (184 1-1 847); il
fut chargé également des travaux d'agrandissement exécutés au
ministère de l'instruction publique, à la Cour de cassation, etc.
Nommé architecte du Luxembourg en 1834, en remplacement,
nous venons de le dire, de Provost qui avait refusé de cons-
truire des additions dont le résultai devait être de dénaturer
l'œuvre de De Brosse, il y éleva la salle provisoire des séances
33 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
judiciaires, pais la nouvelle salle des séances de la Ciiambre
dos pairs ; il modifia le dessin des parterres, el c'est à celle occa-
sion qu'il déplaça el réédifia la fontaine Médicis, à laquelle il dut
faire une façade nouvelle sur la rue de Médicis, attendu que
celle fontaine était adossée, dans le principe, à l'hôtel du maré-
chal Marillac ; il restaura aussi le cloître et la chapelle, fit un
nouvel escalier d'iionneur, et fui l'organisateur du musée des
artistes vivants, dit musée du Luxembourg. Gisors mourut à Paris
le 17 août 18G0, officier de la Légion d'honneur, membre de l'Ins-
titut depuis 1854, ainsi que du Conseil général des bâtiments ci vils.
Guy de Gisors, l'oncle de Alphonse-Henri, s'appelait Alexan-
dre-Jean-Baptiste, était né à Paris le 20 septembre 1762,
et avait été le compagnon d'études de Percier el de Fontaine,
dans les ateliers de Sevestre et Chalgrin. Inspecteur de la salle
du conseil des Cinq-Cents, au Palais-Bourbon, puis architecte du
Palais législatif et des archives de la République, il se distingua
dans le concours ouvert en 1807 pour la transformation do
l'église de la Madeleine, et obtint la place de pi'ésidenl du Con-
seil des bâtiments, dépendant du ministère de l'intérieur. Chargé,
à ce litre, de la construction de l'église de Saint-Vincent, à
Màcon, de l'abattoir de Grenelle, terminé de 1811 à 1812 par
Turmeaux et Ai. Du Bois, il fut nommé membre du Comité con-
sultatif des bâtiments de la Couronne, du jury d'architecture
près l'École des beaux-arls, et chevalier de la Légion d'honneur
(G mai 1821). Guy de Gisors est mort le IG mai 1835, auteur de
divers projets, parmi lesquels nous devons citer, à titre de
document caractéristique du temps où il vivait, celui de l'érec-
tion d'une bibliothèque (1799), puis d'un opéra (1800), sur ce
même emplacement de la Madeleine, et de Thermes (dits de
Napoléon), sur la terre-plein du Pont-Neuf (1804).
La construction de la nouvelle salle des dépuléséchut en 1833
à Jules-Jean-Baptiste de Joly, né à Montpellier le 24 novembre
1788, el mort dans la même ville le 3 février 1805.
Élève de Delespino, et second grand prix en 1808, de Joly
avait déjà dirigé les travaux d'agrandissement, de réparation et
d'installalion des ministères de l'intérieur, des affaires étran-
gères, de l'instruction publique el des cultes. Il s'était également
chargé de l'édification des salles ou plutôt « des abris honteux »
destinés aux exposants de l'industrie, de 1823 à 1826. Décoré
CHAPITUE II. • 39
en 1826, puis nommé architecte en cluT du l*;ilais-Boiirl)on
après 1833, il dut construire dans la cour de ce palais la salle
provisoire des députés après la révolution de 1848 et réparer les
bâtiments de la iManutenlion du quai de Billy, après l'incendie
de 1855. De Joly a laissé un fils, architecte comme lui, Edmond-
Jean-Baptiste-Théodore-René, né à Paris le 7 avril 1824. A sa
sortie de l'École des heaux-arls, M. de Joly fut nommé archi-
lecte diocésain de Maine-el-Loire, puis architecte du Corps
législatif. C'est hii qui fut chargé de l'installation de la salle du
Congrès au palais de Versailles, pour recevoir les députés et
les sénateurs réunis à l'effet de nommer un nouveau président
de la République. Officier de la Légion d'honneur depuis 1872,
il est demeuré architecte du Palais-Bourbon jusqu'au moment de
sa mort, arrivée le 23 septembre dernier.
Le gouvernement de la Restauration, moins centralisateur que
l'Empire, dut assurer les services des difîérents miuistères qui
avaient été l'objet d'une division nouvelle. Les travaux d'appro-
priation de la plupart d'entre eux, de 1817 à 182G, furent confiés
à un élève de Percier, François-Hippolyte Destailleur, né à
Paris le 22 mars 1787. Destailleur, qui avait voyagé en Italie,
était déjà connu par différents travaux qu'il avait exécutés en
province, tels que la construction de la petite église de Caulin-
court, la restauration du château de ce nom, la construction des
châteaux de Frémigny et de Dienville en Champagne. Le gou-
vernement eut aussi la pensée d'élever un nouvel Hôtel des postes
à proximité du palais des Tuileries et choisit, à cet eiîet, un
emplacement compris entre les rues de Rivoli, de Castiglione et
du Mont-Thabor; la construction en fut confiée, de 1826 à 1831 , à
Destailleur, mais l'édifice, une fois construit, fut alTecté au mi-
nistère des finances (celui qui a été réduit en cendres en 1870).
Cvi'é chevalier de la Légion d'honneur à cette occasion. Destail-
leur surveilla l'exécution de l'hôpital de Saint-Mandé, comme
successeur d'un architecte dont le nom seul nous est connu,
Percier (I), qui en avait donné le plan, puis en 1833, il fut nommé
architecte de la Monnaie. En dehors des travaux que nous ve-
nons de mentionner, Dcstailleur fut l'architecte d'un nombre
(1) Nous n'avons rien Irouvû, dans les biographies île Charles Percier, qui
nous autorise à lui atlribuer cet édifice.
40 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
considérable d'hùlels et do maisons, tanl en France qu'à l'é-
Iranger, parmi lesquels nous nous contenlerons de citer celui
qui porte le numéi'O 5b delà Wilhelmslrass à Berlin, et l'hôtel
du baron Delmas, avenue de Marigny <i Paris. De 1845 à 1846,
Destailleur fut absorbé par l'édification du passage Joufi'roy,
qu'il construisitavec la collaboration de Romain de Bourges, son
gendre, et mourut à Paris le 15 février 1852.
A Tours, le grand séminaire et le musée, édifiés de 1824 à
1825, sont l'œuvre de Bernard-Mathias Guérin, né à Paris vers
1790. Après avoir commencé la peinture cliez David, il étudia
l'architecture dans l'atelier de Percier et était inspecteur, vers
1814, des travaux de construction du grand établissement ther-
mal de BagnoUes-les-Bains (Orne), ce qui ne l'empècba pas de
présenter, en collaboration avec Huvé, un projet de théâtre pour
la ville de Tours, construit en 1825 et détruit depuis par un in-
cendie; nommé architecte de la ville de Tours et de la cathé-
drale, il occupa cette situation jusqu'en 1837 et mourut le
30juillet 1839, laissant (probablement) un fils, Charles-Étienne-
Gustave, né à Bagnolles-les-Bains en 1814, élève de Huvé,
archilecle diocésain du département d'Indre-et-Loire et membre
de la Commission des monuments historiques. Guérin fils a sans
doute consiruil plusieurs maisons et hôtels particuliers, soit à
Tours soit dans les environs, mais s'est surtout fait remarquer
par l'étude qu'il a laissée d'un vitrail de la cathédrale de Tours
représentant la légende de saint Eustache.
Un des inspecteurs de Destailleur, alors qu'il élevait les bâti-
ments du ministère des finances, fut Paul-Marie Letarouilly,
devenu architecte en chef du Collège de France (1831 à 1842),
qui lui doit l'aclièvemenl de sa façade sur la place Cambrai, les
pavillons qui bordent la rue Sainl-Jacques et le portique ménagé
pour communiquer d'une cour à l'autre. Mais cet architecte, né
à Coutances le 8 octobre 1795, élève aussi de Percier, et mort
à Paris en octobre 1855, doit être déjà connu de nos lecteurs
par le grand ouvrage auquel il consacra la plus grande partie
de sa vie et à l'occasion duquel il fut décoré; cet ouvrage a pour
titre : Édifices de Borne moderne, et comprend 3 volumes
grand in-folio ornés de trois cent cinquante-cinq planches gra-
vées, ainsi que le plan de Rome. La mort de Letarouilly l'empêcha
de publier un autre ouvrage sur le Vatican, qu'il avait commencé.
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C. A. CHENAVARD
GHAPITRK II. 41
D'abord eniployci des postes et lélégraphes, Louis Moreau
avait été nommé arçliilecte d'arrondissement et avait dans ses
attributions l'entretien delà Cliambre des députés, du ministère
do l'intérieur et du commerce, de l'Esplanade des Invalides.
C'est sans doute en cette qualité qu'il lit construire les bara-
quements disposés pour recevoir les produits envoyés à notre
Exposition nationale sur la place de la Concorde en 1834 et
en 1848. Moreau disparut en 1860 après avoir construit dans
les Champs-Elysées l'hôtel de M""" Le lion, bien remanié depuis.
Ce sont seulement des restaurations que nous pouvons mettre
au compte de Julien-François Clément, né en 1768 à l^u-is, oîi
il mourut le 14 mars 183o : restauration avec Le Père de la
salle Louvois, rue Richelieu, on ISOl, de la Comédie-Française,
en 1813, enfin, de la maison de la Légion d'honneur de Saiat-
Denis dont il exécuta la chapelle et le grand dortoir. Nous en
dirons autant de l'élève de Percier et Fontaine, Jules-Frédéric
Bouchât, qui, pourtant, avait obtenu le second grand prix ou 1822.
En elVet, Bouchot, né en 1799 à Paris où il est mort le 16 jan-
vier 1860, après trois années d'études en Italie, dut se résigner
toute sa vie au rôle d'inspecteur : inspecteur des travaux de la
Bibliothèque royale en 1829, des bâtiments de la Cour de cas-
sation en 1834, du tombeau de Napoléon de 18i2 à 1853. Comme
dessinateur et graveur, il exposa des dessins qui lui valurent
une médaille d'or et, comme chef des travaux graphiques à
l'École centrale, il a composé pour ses élèves deux traités élé-
mentaires, l'un de dessin linéaire, l'autre de perspective.
Plus heureux que les précédents, un architecte borde-
lais, Jacques Lacornée, né le 19 avril 1779 (1), et élève de
lionnard dont il était l'inspecteur, devint, à la mort de son
maître, architecte en chef de ce ministère des finances devenu
le palais du conseil d'État et de la Cour des comptes, qu'il
eut le bonheur d'achever en 1838. En 1845, Lacornée commen-
çait la construction des bâtiments destinés à remplacer l'an-
cien hôlel Berlin, 20, rue Neuve-des-Capucines, où était installé
provisoirement le ministère des affaires étrangères. L'emplace-
ment choisi était l'angle du quai d'Orsay et de l'Esplanade des
Invalides, mais l'importance des travaux ne permit pas à Lacornée
(1) Le 22 septembre 1782, suivant certains liiofiraplies.
42 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de voir son œuvre achevée; du reste, inspecteur général des
établissements appartenant à la régie des contributions indi-
rectes, Lacornée a exécuté des travaux dans presque tous ces
établissements: à Lille, au Havre, à Bordeaux, k Toulouse, à
Lyon et à Strasbourg. Second grand prix en 1810, officier de la
Légion d'honneur en 18o4, Lacornée est mort à P.iris deux ans
après, en 1856.
Une ordonnance royale du 22 mai 1842 avait alTecté l'an-
cien liûtol Fleury, rue des Saints-Pères, œuvre d'Antoine,
ainsi que nous l'avons dit, à l'École des ponts et chaussées ;
mais l'importance des services de cet établissement nécessita la
construction d'annexés considérables et d'une nouvelle façade
de l'école sur la rue de lUniversité. Ce fut Pierre-Joseph Gar-
re^, né à Paris le 24 février 1802, grand |)rix d'architecture
en 1830, qui fut chargé des travaux, dont l'exécution (achevée
en 1846) donna satisfaction aux besoins de cet enseignement
supérieur. On doit aussi la restauration des églises de More! et
de Donnomario à Garrez, qui mourut en novembre 1832.
C'est un architecte roueunais, Auguste Lejeune, élève de
Lebas et Dcbret, qui commença h Paris, en 1850, sous l'inspi-
ration du président Gencpvois, l'hùtel des commissaires-priseurs,
rue DrouoI, terminé par Levasseur après la mort de cet archi-
tecte arrivée en 1852, mais auquel M. Paliart a fait postérieure-
ment de nombreuses additions. Lejeune, architecte aussi, pour
l'entretien, de la cathédrale de Montpellier, était surtout connu
des Roueunais pour avoir donné le plan du nouveau Jardin des
plantes de Rouen et des constructions qui y furent élevées.
Pendant la première partie du siècle, Paris s'enrichit de
théâtres : celui des Nouveautés, devenu le Vaudeville de la place
de la Bourse, celui de l'Ambigu-Comique, celui du Gymnase,
celui de l'Opéra. Les communes suburbaines, ainsi que quelques
grandes villes qui n'eu avaient pas encore, sont dotées égale-
ment de théâtres. Nous allons faire successivement connaître au
lecteur les architectes de ces divers établissements; mais nous
leur signalerons auparavant un élève de Ledoux, qui appartient
plutôt par ses travaux au siècle passé. 11 s'appelait Jean-Nicolas
Sobre, et est connu comme l'architecte du théâtre des Jeunes
Ai-tistes(délruit depuis longtemps), ainsi que de la « maison Ba-
lave » de la rue Saint-Denis qu'il avait construite en collaboration
CHAPITRE II. 43
avec Happe (disparue également). Nous ne parlerons pas des pro-
jets d'obélisques, de temples et de monuments commémoratifs
créés par l'imagination de Sobre et qui ne furent pas exécutés.
L'architecte du Vaudeville et de l'Opéra fut François Debret,
né à l'aris le 21 juin 1777, membre de l'Institut. Elève de Per-
cicr, lauréal du concours ouvert par le gouvernement en 1797
pour l'embellissement des Champs-Elysées, il l'ut pris par la
conscription en 1798. Envoyé à Brest comme artilleur de la
marine, il profita de ses loisirs pour y élever une petite salle de
spectacle. Inspecteur ensuite de Percier et Fontaine, lorsqu'ils
exéculèreiit les travaux du sacre de Napoléon P'' à Notre-Dame,
il partit bientôt, sur le conseil de ses maîtres, pour l'Italie avec
l'intention de relever tous les travaux auxquels Vignole avait atta-
ché son nom. Il s'associa dans cette recherche le futur architecte
deNolre-Damo-de-Lorette, Lebaset lesdeux jeunes artistes com-
mencèrentla publication des œuvres de l'architecte italien; mais des
travaux importants les attendaient à leur retour en France. Nous
avons dit ce qu'avait produit Lebas, Debret fut nommé archi-
tecte de Notre-Dame, puis de l'église de Saint-Denis (1813], en
remplacement de Célerier. Il y exécuta des travaux considé-
rables jusqu'en 1846, époque à laquelle on lui donna pour suc-
cesseur VioUel-le-Duc, ce qui ne l'empêcha pas de restaurer,
en 1818, le théâtre de la Porte-Saint-Martin et en 1819 la salle
Louvois où on jouait l'opéra. Mais son œuvre principale est la
construction de la nouvelle salle de l'Opéra de la rue Lepelletier
destinée à remplacer cette salle Louvois dont nous venons de
parler et dont la démolition avait été ordonnée après l'assassinat
du duc de Berry. Commencé le 14 août 1820, l'Opéra, qui avait
coûté 8,376,000 francs, était terminé l'année suivante, grâce
au concours dévoué des collaboi-ateurs de Debret : Duban,
Grillon et l'auteur du présent ouvrage. Le succès obtenu par
rarchitecte le fit charger l'année suivante (1822) de la construc-
tion du théâtre des Nouveautés de la place de la Bourse et de
l'édifice destiné à l'École des beaux-arts sur l'emplacement de
l'église et du cloître des Petils-Augustins. Debret en avait déjà
construit la plus grande partie lorsqu'on l'obligea à abandonner
l'œuvre commencée parce qu'il ne voulait rien céder des droits
que lui donnait son passé. Architecte de nombreuses demeures
particulières tant à Paris qu'aux environs de Paris, membre de
44 LES ARCHITECTES PAR LEURS (EUVRES.
la Légion d'honneur et de rinslilut dos architectes britan-
niques, Debret est mort à Saint-Cloud, le 19 février 18b0.
Il eut comme collaborateur à Saint-Denis Marie Ménager,
architecte du dépôt de mendicité et, depuis, de la manufacture
de porcelaine de Sèvres. Du reste, nous ne possédons que ces
seules indicalious sur la vie et les O'uvres de Ménager. Un autre
Mesnager, prénommé Jean-François-Julien, décédé architecte
des prisons du département de la Seine, fut chargé de la cons-
truction du dépôt de mendicité de Villers-Cotterets et érigea la
statue de Louis XIU sur la place Royale, ainsi que les fontaines
qui ornent celle place. II élail né à Paris le 24 mars 1783, était
élève de Delagardelte et avait, on 1800, partagé avec Valot le
premier grand 'prix. La récompense de ce succès académi-
que semble avoir été, pour Mesnager, la construction de l'an-
cien marché à fourrages de la rue La Fayette (devenu le temple
protestant de la rue Chauchal), du marché au charbon de bois
de la rue de la Roquette et du Grenier d'abondance (détruit par
l'incendie en 1871). Mesnager est mort le 9 août 1864.
L'architecte du Ihéàtre de rAmbigu-Comique fui un élève de
Bélanger, déjà connu pour avoir restauré la salle Favart; il se
nommait Jean-François-Joseph Lecointe et était né à Abbeville
le 21 juillet 1783. Nommé inspecteur des travaux exécutés par
son maître à la halle aux blés et à l'un des abattoirs de Paris,
il fut associé à Hillorff lorsque celui-ci organisa les cérémonies
funèbres du duc de Berry, du prince de Condé et de Louis XVIII.
Mais on confia à Lecointe une œuvre absolument diiïérente de
celles dans lesquelles il avait pu, jusque-là, mettre à profit les
enseignements de l'Ecole. La réforme pénitentiaire avait été
mise à l'ordre du jour par les travaux de M. de Beaumont et de
Tocqueville sur les pénilenciors américains, et le gouvernement,
avant de prendre une détermination quelconque, voulut se ren-
seigner sur les moyens pratiques d'inlroduire cette réforme en
France. Blouet comme architecte et M. Demetz comme magis-
trat, furent chargés d'aller aux États-Unis recueillir les notions
propres à faciliter en France l'établissement de nouveaux péni-
tenciers. .\près un séjour de quatre mois en Amérique, Blouet
et M. Demetz rentrèrent en France munis d'une abondante
récolle de matériaux de toute nature dont le résumé fut publié
parle ministère de l'inlériour. C'est alors, sur les plans des archi-
CHAPITRE II. io
tectes Lecointc et Gilbert, que fut construite en France (1841) la
première prison cellulaire : celle de la Nouvelle-Force (aujour-
d'hui de .Mazas), et l'architecte a trouvé de nombreux imitateurs.
Deshôlels, des tombeaux et les écuries royales du Roule, depuis
ongiemps détruites, complètent l'œuvre de Lecoinle, qui mourut
à Versailles le 9 avril 18o8.
Le collaborateur de Lecoinle à Mazas était un ancien polytech-
nicien que sa vocation pour l'architecture conduisit dans l'ate-
lier de Vignon, chargé, comme on l'a dit, de la construction
de la Madeleine, Emile-Jacques Gilbert, né à Paris, le 4 sep-
tembre 1793.
Les progrès de son instruction furent assez rapides pour qu'il
obtint en 1820 le second prix, puis, en 1822, le premier grand
prix d'architecture. C'est au retour de son voyage en Italie que
le gouvernement lui confia l'érection de l'École vétérinaire d'Al-
fort, puis, en 1840, de l'asile de Charenton. En 1856, il collabora
avec Bruzard, alors architecte en chef delà Préfecture de police,
au plan de la nouvelle Préfecture destinée à remplacer les bàli-
ments dans lesquels se tenait la Cour d'appel. Après la mort de
Bruzard il se donna comme collaborateur Dubois et IJiet qui,
de 1857 à 1809, restaurèrent et' agrandirent avec lui l'ancien
Palais de Justice.
On doit encore à cet artiste la nouvelle .Morgue, l'aclièvemeul
du dépôt de mendicité de Villers-Cotterets et les nouveaux
bâtiments de l'hospice de Bicêlre. Nommé membre de l'Institut
le 26 novembre 1853, en remplacement de Fontaine, inspecteur
général des bâtiments civils en 1863, décoré, en 1845, de la
croix de chevalier de la Légion d'honneur dont il devint officier
en 1800, correspondant de l'Institut royal des architectes bri-
tanniques et de l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg,
l'un des fondateurs de la Société cenh'ale des architectes de
France, Gilbert est mort à Paris, le 31 octobre 1874.
Puisque nous nous occupons ici des maisons de détention,
n'oublions pas de dire que peu d'années après la construction de
la prison de Mazas disparaissait la prison pour dettes établie,
en 1826, rue de Clichy, sur l'emplacement de l'hôtel du baron
Saillard, par l'architecte Lemarié, dont le nom seul nous est
connu. Nous savons cependant que Lemarié construisit depuis
l'hôtel de ville de Quimper en 1829 et la chapelle de Notre-Dame-
46 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
des-Flamnies, à Belleviie, au lieu même de la catastrophe arrivée
le 8 mai 1842 sur le cliemiii de fer de Paris à Versailles. Cet
architecte ne figure plus sur les annuaires à partir de 1830.
Revenant aux théâtres de Paris, nous signalons celui du Gym-
nase-Dramatique appelé primitivement théâtre de Madame, qui
date de 1820 et eut pour arcliitecles Auguste Rougevin, Hur-
taull et Louis Régnier, marquis de Guerchy. Ce dernier, né
vers 1780, s'était déjà occupé de la restauration du Vaudeville,
rue de Chartres, incendié en 1828. Collaborateur de Huvé dans
la construction du nouveau théâtre de l'Opéra-Comique (salle
Ventadour), de Guerchy était achilecte de l'Hôtel des Invalides
et du ministère de la marine, lorsqu'il mourut du choléra, à Paris,
le 7 mai 1832. Nous ne savons de Rougevin qu'une chose, c'est que,
nomméarchitecte des Invalides en 1832, il conserva ces fonctions
jusqu'en 1859 et mourut en 1877 âgé de quatre-vingt-cinq ans.
Le Théâtre-Lyrique du boulevard du Temple, commencé
en 1846 et inauguré le 20 février 1847, a été compris dans l'ex-
propriation décrétée en 1865; il était l'œuvre, ainsi que la salle
des concerts de la rue Tailbout, de Pierre-Anne de Dreux, né
à Paris le 28 mai 1788 et mort dans la môme ville en 1849.
Élève de Percier et de Fontain'e, premier prix de Rome en 1815,
il visita l'Italie, l'Istrie, la Grèce, l'Asie Mineure, et publia le
résultat de ses recherches architecturales dans ces pays. Auteur
d'une chapelle et du presbytère de Saint-François-d'Assise à
Paris ainsi que de maisons et de châteaux importants en pro-
vince, de Dreux mourui, laissant plusieurs projets, notamment
celui d'un monument à Casimir Perier, non exécuté.
Une plaque de marbre scellée sur la façade de l'ancien théâtre de
la Gaîté du boulevard du Temple, également compris dans l'expro-
priation de 18G5, portaitcequisuit :Théatrede la. Gaîté incendié
LE 21 FÉVRIER 1835 ET'RÉÉDIFIÉ LA MÊME ANNÉE, BoUCLOT ARCHI-
TECTE; nous ne savons rien, ni de la vie, ni des autres œuvres de
Bouclot, rien non plus sur AUaux, architecte, en 1831, du théâtre
des Folies-Dramatiques du même boulevard, aussi dispaïu.
Le théâtre du Cirque-Olympique, bâti le 31 mars 1827 (égale-
ment boulevard du Temple et également détruit), avait eu pour
architecte Benoît-Alexandre Bourla, né à Paris en 1792, qu
s'occupa spécialement de la construction des théâtres, parmi
lesquels on peut citer ceux de Joigny, de Limoges, de Tournay,
CHAPITRE II. 47
de Villenoiive-le-Roi, la salle de concert de l'hôtel Laffilte, etc. On
doit également à Bourla la mairie de Villeneuve-le-Uoi, un grand
nombre de salles de bal el de fêles à Paris et des villas en pro-
vince. Ses projets de buanderie publique pour le Xll° arron-
dissement et de théâtres incombustibles au Havre et Alger n'ont
pas été exécutés. La date de la mort de P>ourla nous est inconnue.
C'est à Jean-Baptiste-Auguste Labadye, né à Paris en 1777,
élève de Delespine et lauréat du prix départemental de 1802,
que fut confiée l'érection (1817-1823) du théâtre du Havre et
la décoration (non exécutée) de la place en avant de ce
théâtre. Créateur du passage Vendôme à Paris, Labadye fut
chargé de la restauration du clocher de l'église Saint-Martin à
Hartleur et de la fontaine du bassin d'Ingouville, et mourut le
31 décembre 1850, chevalier de la Légion d'honneur. La salie
de spectacle du Havre était ouverte, nous venons de le dire,
depuis 1823, lorsqu'un incendie en détruisit Pinlérieuren 1842.
Charles-Théodore Charpentier, né à Paris le 22 sep-
tembre 1797, connu déjà par ses resiaurations aux Ihéàlres de
rOpéra-Comique et des Italiens (1836), en entreprit la restau-
ration. Après un séjour en Russie de huit années pendant les-
quelles il exécuta des travaux dont nous ne connaissons pas
l'importance, Cliarpentier avait été, à son retour en France,
l'archilocte du théâtre d'Avignon (1840), du passage de la place
de la Madeleine, de la maison du Pont de Fer, des hôtels de Valry
et d'Adolphe Thiers (ce dernier démoli pendant la Commune).
Décorateur de plusieurs salles en style Renaissance aux Tuile-
ries et aussi de plusieurs établissemenls publics, Charpentier,
chevalier de la Légion d'honneur depuis 1847, est mort en 18o7.
Un contemporain de Charpenlier, élève de Delespine, Camille
Piron, fit élever en 1835 le théâtre de la République, depuis
Beaumarchais (qui disparaît en ce moment); c'est tout ce que
nous savons de lui.
A ajouter enfin à tous ces noms celui de Baraguey, archi-
tecte du Luxembourg, auquel échut, après l'incendie de 1818,
la mission de restaurer le théâtre de l'Odéon et qui fut, nous
l'avons dit plus haut, le prédécesseur de ProvosI, comme archi-
tecte de ces deux édifices.
Si nous inscrivons ici le nom de Jean-Jacques Marie Huvé,
fils de Jean-François (Voir volume précédent), c'est (ju'il donna le
48 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES-
plan de lasfalle Venladour mise au concours vers 1830 et celui de
la salle de spectacle de Tours. Huvé consacra d'ailleurs presque
toute sa vie à l'entrelieii des édifices hospitaliers de Paris. INé à
Versailles le 28 avril 1773, il étudia son art dans ralelicr de Per-
cier. Dès 1808, il était sous-inspecteur des travaux du c Temple
de la Gloire », et c'est lui qui, après la mort de Yignon arrivée
en 1828, devint l'architecte en clief de cet édifice. A cette date,
il était déjà, d'ailleurs, architecte de l'administration des hos-
pices, puisqu'il avait été l'un des quatre clioisis pour succéder
à Viel chargé decetimportant service, après samort, en 1817. Les
principaux établissements hospitaliers confiés à Huvé étaient :
laSalpêtrière, l'hospice de La Rochefoucauld, l'hôpital Necker,
riiùpital des Enfants malades, l'hôpital Beaujon, l'hôpital de la
Pitié, les Incurables femmes, l'Iiospice des iMénages et enfin
l'Hôtel-Dieu, au sujet duquel il fit un projet qui dégageait en-
tièrement les abords de Notre-Dame.
Dans le même temps, Huvé construisait le marciié aux • vaches
grasses » et le nouveau château de Saint-Ouen, édifice de style
italien, destiné à remplacer celui démoli en 1816, dans lequel
Louis XVIII avait signé la Charte constitutionnelle. En 1823,
archilecto de Compiègne, en 1827, de l'.Adminislration des postes,
il construisit encore l'hospice Marie-Thérèse et mourut à Paris
le 22 novembre 1852, laissant un projet d'hôpital général pour
la ville de Cherbourg et divers projets pour l'embellissement de
Versailles, sa ville natale. Huvé était membre de l'Institut
depuis 18oy et officier de la Légion d'honneur.
C'est également vers celte époque que les communes subur-
baines (annexées depuis le second empire à F*aris) voulurent avoir
leurs théâtres, édifices qui n'ont, pour la plupart, rien d'archi-
tectural, mais qui furent élevés presque tous par Haudebourt,
à l'exception du théâtre de Batignolles-Monceaux, construit
en 1838, sur les dessins d'Azémar mort au mois de mars 1864,
arciiitecte aussi du Tattersal français en 1862 ; du petit théâtre
Montparnasse, construit rue de la Gaîté par Pierre-Modeste
Gence, né à Panilleux (Eure) le 1 5 juin 1816, auteur de nombreux
projets, parmi lesquels celui d'une église à Levalluis-Perret ;
enfin du tbé;"itre Saint-Marcel (1), construit en 1838 par Allard
(I) Détruit el reniplacf' par celui de l'avenue des Gobelins.
LASSUS
CHAPITRE II. 49
ol Edouard Liissy, ce dernier, auleiir, en I8't7, d'un projet de
reslauralion de l'église de Riicil, et qui nous esl, pour le surplus,
inconnu. Louis-Pierre Haudebourt, né à Paris le 4 octobre 1788.
élève de Percier, avait parcouru l'Italie el résumé ses études
en publiant deux ouvrages parus de 1822 à 1838. Outre les
théâtres de Belleville el de .Montmartre (1826), il éleva celui
de Saint-Cloud, une école rue Saint-Laurent et mourut le
20 avril 18i9.
Lorsque Debret dut donner sa démission d'arcbitecte de
l'École des beaux-arts, à la suite d'intrigues qui firent dans le
temps un certain bruit, il fut remplacé par son élève et inspec-
teur (qui était en même temps son beau-frère), Félix-Jacques
Duban, grand prix d'architecture de 1823, auquel on doit hi
façade de l'édifice sur le quai Voltaire (1834) ; architecte en 1840
de la Sainte-Chapelle, il en abandonna, en 18i9, la restaura-
lion pour se donner tout entier aux travaux du Louvre. 11 y a
fait exécuter l'achèvement de la galerie du bord de l'eau, de la
galerie d'Apollon, du salon Carré et delà salle des Sept Cheminées ;
mais il renonça en 1854 à sa situation et fut nommé membre
de rinstilutet inspecteur général des bâtiments civils. Du reste,
Duban faisait marcher de front avec les travaux qu'il exécutait
à Paris des restaurations importantes aux châteaux de Dam-
pierre et de Blois, auxquels il a consacré les vingt-cinq dernières
années de sa vie. Commandeur de la Légion d'honneur, il mou-
rut à Bordeaux, le 6 octobre 1870, laissant un grand nombre de
projets, parmi lesquels figure celui de la reconstruction du châ-
teau de Chantilly, que les événements de 1848 empècbèrent
d'exécuter.
L'architecte Paul Lelong, né en 1801, mort à Paris en sep-
tembre 1846, fut chargé du percement de la rue de la Banque
et de la construclion de tous les édifices publics qui la bordent :
l'Hôtel de l'enregistrement et du timbre, la caserne des gardes
de Paris dite des Petits-Pères et la mairie du IP arrondisse-
ment; il ne put d'ailleurs achèverions ces travaux, continués
par les architectes Grisarl, V. Ballard et A. Girard, cl com-
mença le bazar de l'Industrie qui avait entrée sur la rue et
sur le boulevard Montmartre. Lelong étant mort, nous ve-
nons de le dire, sans avoir terminé la mairie du IP ai'ron-
dissemenl. cet édifice fut achevé par Alphonse -François-
50
LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Joseph Girard, qui avait élé son coUaboraleur. Né càAlonligny
iS -el-0.) le 3 sci.tembre 180G, Girard, élève de Vaudoyer el
Lebas, avait remporté en 18301e deuxième grand prix. Cbargé,
en 1846 de la construction de la mairie du IP arrondisse-
ment de Paris (aujourd'hui du IX'), Girard avait terminé son
travail en 1832 et fut, à partir de celte date, nommé inspecteur
oénéral des travaux à elVcctuer pour la réunion du Louvre aux
Tuileries, fondions qu'il conserva jusqu'en 1870. Chevaher de
la Légion d'honneur en 18(30, il est mort en 1872.
La mairie du V" arrondissement ^Panthéon) est l'œuvre de
Jean-François-Jean-Baptiste Guénepin, neveu et élevé d'Au-
oustc Guénei.in dont nous avons donné plus haut la biogra-
phie Né à Noli, près Montenolle (Italie), le 25 juillet 1807,
premier grand prix en 1837, décoré en 1848, à l'occasion de la.
construction de cette mairie, membre du jury de l'Ecole des
beaux-arts, Guénepin consacra à l'enseignement les dernières
années de sa vie, qui se termina en 1888. Son successeur à la
mairie du Panthéon fut Hittorff quien dirigea les travaux depuis
1848 et l'ouvrit au public en 1851. Nous reviendrons sur cet
architecte à l'occasion de la gare du Nord à Paris, et nous pas-
sons immédiatement à la mairie du VP arrondissement (Sainl-
^Lilpice). La première pierre en fut posée le 20 juin 1 847, et elle
était terminée le 14 juillet 1849, malgré la révolution qui coûta
son trône au roi Louis-Philippe. Les architectes de cet édifice
étaient un élève de Guénepin, Paul Frédéric le Vicomte,
né à Paris en 1806, et Philippe-Laurent Rolland, qui avaient
soumis le projet de cet édifice à l'administration dès 1833.
La mairie de Vincennes date également de cette époque et l'ar-
chitecte en fut Jacques-Jean Clerget, élève de Baltard père, né à
Dijon le 30 novembre 1808. Grand prix de Uomeen 1836, Glerget
étudia l'antiquité romaine en Italie et reçut, à son retour en
France, la mission de recueillir les marbres provenant du temple
de Diane à Magnésie. Ce fut pour lui l'occasion d'un voyage
dans l'Asie Mineure, la Turquie et la Grèce, d'où il rapporta
de précieux documents exposés au Salon de 1842; nomme
en 1848 architecte du palais de Saint-Cloud et décoré en 1855,
officier de la Légion d'honneur depuis 1868, Clerget est mort
à Paris, le 30 août 1877.
La première pierre de la mairie de Bercy fut posée le 3 avril
CHAPIÏRK II. ru
1813; le plan en était dû à im (Mévo de (lliàlillon, Lecointe et
HiltorlV, Jean-Baptiste-Philippe Cannissié, né à Landnn (au-
jourd'luii Prusse Rhénane), le 17 janviei- 179!), et qui était déjà
connu comme ayant concouru à la construction du marché des
PatMarches et du marché aux fburraf:;es. Cannissié avait, en
outre, beaucoup participé aux expositions et on avait rem-iirqué
de lui, notamment, une planche pour l'ouvrage d'IlittorlV et
Zanth, Y Architecture antique de la Sicile, un projet pour le tom-
beau de Napoléon P"', un autre pour l'embellissement de la
place de la Concorde et l'érection au centre de cette place de
l'obélisque de Louqsor, enfin (1837), un projet de palais pour
l'exposition des beaux-arts aux Cliamps-Elysées. Mais tout l'œu-
vre de Cannissié se réduirait, avec la mairie que nous venons
de citer, au monument élevé à l'architecte Gallois, en 18 il , dans
le cimetière de Bercy, et à la construction de plusieurs maisons
à Paris ainsi que d'un château dans le département de la Sarlhe,
si, en qualité d'architecte de la ville de Lille, il n'avait pendant
vingt années contribué à tous les grands travaux d'utilité exécutés
dans cette ville, notamment l'agrandissement et la décoration de
l'église Saint-Maurice, dont la (lèche est son œuvre. Cannissié fut
aussi l'architecte du monument élevé à Lille, en 1827, à la mé-
moire du duc deBerry, mais ce monument fut détruit après 1830.
Les gouvernements de l'Empire, de la Restauration et de
Louis-Philippe négligèrent quelque peu un service qui pourtant
mérite toute l'attention de l'adminislration, surtout dans les
grandes villes où les maladies épidémicjues, grâce à l'agglomé-
ration de la population, peuvent engendrer des désastres effroya-
bles, ainsi que cela s'est produit lors de l'apparition du choiera,
en 1832. Nous n'aurons donc à mentionner, pendant une pé-
riode de cinquante années, qu'un fort petit nombre d'architectes
d'édifices hospitaliers. Le premier en date est Nicolas-Marie
Clavereau, né à Paris en 1755 ou 1757 et décédé à Arras le
10 février 1816. Auteur de l'école clinique de la rue des Saints-
Pi-res et de l'hôpital d'Arras, architecte de l'hôpital delà Charité
et architecte adjoint des hospices civils de Paris, Clavereau a cons-
truit, en 1803,1e portail ou plutôt le porche de l'Hôtel-Dieu qui
a disparu avec tous lesanciens bâtiments de cet hôpital en 1874.
Un élève de Percier, Martin-Pierre Gauthier, né à Troyes
le 9 janvier 1790 et grand prix d'architecture, en 1810, com-
32 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
menç. par être chargé, à son retour de Rome de l'agrandis-
rement de l'hospice de Bicôlre et de la rostaurat.on de la cha-
rade Vincennes (1823). U donna ensuite les plans de Ihos-
p d s Orphelins à Paris (rue Denfert), et de l'éco e mumcpale
de a rue d Fleurus, de 1831 à 1838, ainsi que celu. du bureau
des nourrices de la rue Saint-Denis. Entre temps, .1 conslrui-
ait 1' "le de Bonneval (Aube), celle de Saint-Chr.stophe de
Double (Gironde) l'hospice Brezin ou de la Reconnaissance a
m^rS ite de Versailles, sur les dessins de Delam.oy et
de nait les^monuments de Fénelon à Cambra, et dj. DuGueschn
' M nde ainsi que la chaire à prêcher de l'éghse baml-Gerva s
ma 'œ wrelaplus importante de Gauthier lut sans contredit,
n "pitll dn CloUaint-Lazare, "dit d'abord de ^^^^l^
dev nu hôpital de Lariboisière, qu'il commenç^ en 18.0. Cha. ,é
d la ons ruction de la halle aux grains et de l'hospice baint-
N colas à Troyes, il ne put malheureusement exercer la surv il-
Lce que lui imposaU cette construction, et des ma .çons s e...
suivirent, dont la réparation coûta plus de 200 000 hanc
ndamn'é à payer cette somme et incapable de se ^^^^^^
Ihier fut incarcéré dans la prison pour dettes et y momut le
19 mai 18o5. Il était alors chevalier de la Légion d honneur et
membre de l'Institut depuis le 23 avril 1 8i2.
Cest seulement enl827 que commença la construction de
l'Insmnt des jeunes aveugles de Paris, décidée par les ordon-
née s des 24 décembre 1817 et 20 mai 1818, ou plutôt 1 appr -
Ta on à son établissement des bâtiments du séminaire Saïut-
F mT ne Saint-Victor, et c'est à Pierre-Nicolas-François
PhZpon-Delacroix, né à Paris le 8 septembre 178i, qu en lut
COI iTe 'exécution. Du reste, l'œuvre de Phil.ppon a reçu un
ut destination depuis le transfert de l'Institut au boulevard
e hm ides (1843), et cet architecte est beaucoup plus connu
co ruction de l'asile des aliénés de Neucl.rUel en Suisse
J^^ qu'il avait fait précéder d'études très consciencieuse .
^1 chi ecïe aussi du maJché Saint-Quentin de la rue de Chabi. ,
Philippon est mort officier de la Légion d honneur en 180...
ArXtecte de l'asile des aliénés de Saint-Maur.ce-Charenton,
ce futLeroux, dont nous ne connaissons que le nom, qui y jn-
i^la le quartier des femmes en 1823. 11 a disparu en 18.0 et
nous ignorons la date de sa mort.
CHAPITRE II. 53
Nous avons fait rhisloiro, au commencement de ce volume, de
la Bourse de Paris. L'instilution de la Banque de France comme
établi.ssement d'utilité publique, nécessita la création d'un
ensemble de constructions destiné à recevoir les services de cet
élablissement. A son origine (qui remonte au 22 avril ISOG), elle
était installée dansl'liôtel qui forme l'encoignure droite de la rue
d'Âboukir et de la place des Victoires. A cette époque, les bâti-
ments actuels de la Banque étaient occupés par l'Imprimerie na-
tionale. C'est l'architecte François-Jacques Delannoy, élève
d'Antoine, qui fut chargé, après 1811, de les disposer pour
leur destination nouvelle; mais on y retrouve encore le bel hôtel
I)àti en 1020 par Mansart pour le duc de La Vrillière et qu'occn-
pùreiU dans la suite le comte de Toulouse et le duc de Penthiè-
vre. Delannoy était né à Paris le 24 octobre 17oo; grand prix
d'architecture en 1799, il étudia pendant trois années en Italie
les œuvres de l'antiquité romaine et grecque, et fut, à son retour,
attaché comme inspecteur aux travaux du Palais de Justice.
Architecte du théâtre de l'Opéra, il fut chargé en cette qualité
de la restauration du magasin de décors; architecte aussi du
Conservatoire de musique, c'est lui qui éleva la salle de concerts
de cet établissement; architecte enlin de l'Ecole polytechnique,
du Temple (1812j, où il fit la façade du ministère des cultes
qu'on y avait transporté et dont il ne reste plus trace, de la Bi-
bliothèque royale, du Théâtre Italien, de l'hôtel Yaucanson,
des portes Saint-Denis et Saint-lMartin, il trouva néanmoins
le temps de faire un grand nombre de projets, notamment pour
l'église de la Madeleine, pour l'agrandissement de la Biblio-
thèque royale, pour la restauration du palais de justice de
Dijon et l'érection' de l'hôtel de la Préfecture à Bar-le-Duc. Il
nt ég'alement les plans de l'hospice Brezin à Petit-l'Étang,
ainsi que nous l'avons dit (1833). En 1807, Delannoy avait été
chargé de la construction du « grenier de réserve », mais les
travaux interrompus ne furent repris qu'après 1814. Parmi
les constructions particulières de Delannoy, quoiqu'il ait élevé
plusieurs grands hôtels à Paris, nous ne citerons que celle du
passage qui conduit de la rue Vivienne à la rue Neuve-des-
Pelits-Champs. Delannoy, décoré en 1831, mourut à Sèvres le
27 juillet 183o, laissant un fils, Marie-Antoine, né à Paris le
28 juin IBtiO, grand prix d'architecture en 1828, qui s'était lait
5i LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
connaîlre par des éludes archilecloniques exécutées en Italie, en
Allemagne et en Algérie, mais qui renonça presque aussitôt
à la carrière artistique et mourut en 1860, sans avoir rien
produil.
Larcliilecte chargé de continuer la conslrnclion du « grenier
de réserve », s'appelait Augustin-Nicolas Caristie. Né à Avallon
(Yonne), le 6 décembre 1783, Caristie, lils cl petit-fils d'archi-
tectes, avait d'abord été attaché on quahté de conducteur à la
construction du pont de l'Archevêché, à Lyon (1807). Entré dans
râtelier de l'ercier, puis dans celui de Vaudoyer, il fut inspec-
teur des travaux de la Bourse à Paris, de la construction du
Palais de Justice, de la caserne de gendarmerie et de la prison
à Reims. En 1813, il obtenait le premier gi^nd prix et publiait,
à son retour de Rome, en 1819, un état des découvertes faites à
la suite de fouilles opérées dans l'ancien Forum de 1809 à 1819.
Aussi fut-il, en 1823, chargé de la restauration de l'arc antique
d'Orange (restauration achevée en 1829) et, en 1824, choisi pour
éditier à Quiberon un monument aux victimes de Einsurrection
vendéenne de l'an IV. Nommé, en 1827, inspecteur général des
bâtiments civils, en 1835, membre du jury d'archilecture à
l'Ecole des beaux-arts, en 1840, membre de l'Institut, en 1848,
vice-président de la Commission des monuments historiques,
Caristie est mort ol'rici(M' de la Légion d'honneur, le o décembre
18G2. Mais Caristie n'avait pu achever l'interminable « grenier
de réserve », dont les travaux furent confiés, après lui, à Charles-
Pierre Gourlier, beaucoup plus connu par son ouvrage inlitulé :
Choix d'édifices piiblirs, etc., qui se trouve dans toutes les biblio-
thèques d'architectes. Né le V6 mai 1786, à Paris, où il est
mort le 16 février 18o7, Gourlier avait été élève d'Alavoine
et de HuYot,et attaché' comme inspecteur à la conslruclion"de la
Bourse, puis à la restauration de la porte Saint-Martin. Sa vie a
d'ailleurs été consacrée presque tout entière à l'enseignement
de l'architecture pratique qu'il protèssa, pendant près de vingt
ans, à l'Ecole des beaux-arts et à l'École des arts et manufac-
tures, ainsi qu'à la publication de ses ouvrages, concernant tous
la profession d'architecte.
Après Gourlier, Adolphe-Marie-François Jay, attaché à la
construction de ce <( grenier de réserve » réduit en cendres pen-
dant les troubles de 1871, le termina enfin eu 1848. Né à Lyon,
CHAPITRE II. 5-»
le 13 juillet 1789, élève de Percier el do Uondelet, il fui
nommé, en 1825, professeur de consiruclion à l'Ecole des
beaux-arts et occupa cette chaire jusqu'en 1803. On lui doit la
reconstruction du dôme de l'église Saint-Quiriace à Provins.
En qualité d'architecte de la ville de Paris, pour la section
des Aballoirs, de l'Entrepôt, du Père-Lachaise et des barrières
de Paris, il a achevé les barrières de Cliarenton et de Ménilmon-
tanl, de la Hoquette, Poissonnière, lîochechouart et de Sèvres
(projetée par Molinos père), ainsi que les deux colonnes de la bar-
rière du Trône, el esl mort à Paris le 7 décembre 1 871 , chevalier
de la Légion d'honneur, laissant une nouvelle édition en deux
volumes de Y Ai'chitecUire de Bullet.
On complète, sous la Restauration et la monarciiie de Juillet,
l'établissement des marchés destinés à ralimentalion de la popu-
lation parisienne, l'enseignement primaire, et aussi les lieux de
casernement des troupes, dont la présence était devenue néces-
saire dans ces temps troublés.
Hubert Rohault de Fleury, né cà Paris en 1777, élève de
Durand, premier prix d'architecture en 1802, avait concouru à
son retour de Home, en 1807, pour la transformation de la Made-
leine en « Temple de la Gloire, » mais sa vie tout entière a été
consacrée h. des constructions de marchés : celui au beurre et
celui au poisson; de casernes : celles des sapeurs-pompiers de la
rue de la Paix (démolie en 1 863) et des gardes de Paris, rue Mouf-
felard (182i à 1830), ainsi qu'à des restaurations aux hôpitaux
Saint-Louis, de la Charité, Beaujon, Incurables, des Orphelins
et de Sainle-Périne. Une œuvre importante de Rohault de
Fleury, fut le percement et la création du passage du Saumon;
mais il ne put vraiment donner carrière à ses goûts artistiques
que comme architecte de quelques hôtels et châteaux, et mourut
à Paris, membre du Conseil des bâtiments civils, inspecteur
général et chevalier de la Légion d'honneur, en 1846. Un de ses
collaborateurs pour les travaux qu'il exécuta dans les hospices
de Paris, fut Augustin Malary, né à Nantes, élève de Leroy, qui
avait obtenu une mention honorable dans le concours ouvert
pour l'édification du « Temple de la Gloire ». Après de fortes
éludes el une visite aux édifices de l'Ualie, Malary fut chargé
de diriger les travaux de l'abattoir du Roule et donna les plans
de l'abattoir construit à Nanles, de 182i h 1830. Nous ne savons
50 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
rien de plus sur la vie et les œuvres de .Alalary, qui avail
commencé un grand travail, non publié, sur rarcliitecle Vignole,
|)endant qu'il exerçait les fondions d'architecte divisionnaire de
luPréfecture de police (1837 à 1851), et qui disparaît vers 1854,
époque probable de sa mort.
Louis Bruyère, né à Lyon le 19 mars 1758, ingénieur en
cliof, en 180i, professeur h. l'École des ponts et chaussées et
directeur des travaux de la ville de Paris en 18 10, n'appartient
qu'à ce titre à notre ouvrage. Ce fut lui qui surveilla, en etfet,
Texéculion des marchés du Temple, Sainl-Honoré, de la volaille,
Saint-Germain et de l'entrepôt des vins, exécutés sous l'Empire.
11 mourut à Paris, le 31 décembre 1831.
Les architectes de ces marchés furent d'abord Happe (dont
nous ne connaissons le nom que par l'ouvrage de Kralï't), qui
construisit, de 1809 à 1812, le marché à la volaille et au gibier
sur l'emplacement du couvent des Grands-Augustins, et les
abattoirs Popincourl et de Ménilmontant, ce dernier en collabo-
ration avec Cousin ; puis, Jean-Baptiste Blondel, de la famille de
l'auteur delà porte Saint-Denis, qui éleva, avec la collaboration
de Delannoy, le marché du Temple, puis, avec celle de Lusson,
le marché Saint-Germain (181 5) et mourut à Paris en mars 1825;
François-Tranquille Gauche, qui acheva, en 1829, le marché
des Carmes commencé en 1813 par Antoine Vaudoyer, fut le
collaborateur de Gisors dans la construclion de l'abattoir de
Grenelle et construisit l'Kntrepôt des vins, de 1813 à 1819. Né
à Choisy-le-Roi le 2 janvier 1706 et élève de de Wailly, Gauche
avait obtenu le second grand prix en 1789. D'abord suppléant
de l'architecte Louis Durand, professeur à l'Ecole polytechnique,
puis membre du Conseil des bâtiments civils, il dirigea les tra-
vaux d'appropriation (181 5) de l'ancien hôtel Bazancourt à sa nou-
velle destination (celle de prison pour délits politiques), et de
la maison des .leunes aveugles de la rue Saint-Viclor, après Phi-
lippon. On doit également à Gauche le palais de justice de Cas-
telnaudary et plusieurs monuments funéraires au Père-Lachaise
exécutés de 1811 à 1814. Cet architecte mourutà Paris en 1846,
chevalier de la Légion d'honneur et laissant une étude impor-
tante sur la restauration de l'église Noire-Dame de Tonnerre.
Le marché du Château-d'Eau eut pour archilecle Petit; l'a-
balloir de Montmartre, commencé par Bellauger en 1810, est
VIOLLET LE DUC
CHAPITRE II. 57
achevé en 1816 par J.-F. Poidevin, auteur du cliàleau de
Bagatelle ; Guénepin, dont nous avons donné la biographie, et
l'auleurdu présent ouvrage, travaillent à celui de Grenelle com-
mencé par Gisors et achevé par Turmeaux, celui du Roule par
Louis-François Petit-Radel, né à Paris le 22 juillet 1740,
mort le 7 novembre 1818. Élève de de Wailly, inspecteur des
bâtiments civils, Petit-Radel est connu comme architecte de
l'ancien hôtel du Trésor public et surtout par son recueil
intitulé : Ruines d' architecture. Enfin l'abattoir rue de Yillejuif,
construit de 1810 à 1815, eut pour architecte Leloir. Quelques-
uns de ces abattoirs ont d'ailleurs disparu.
Deux découvertes, faites au commencement du xix° siècle,
devaient produire une véritable révolution dans les habitudes,
le commerce et l'industrie de l'ancienne Europe; nous voulons
parler de l'éclairage par le gaz et du transport des voyageurs et
des marchandises par les chemins de fer.
Déjà, en 1785, un ingénieur français, Philippe Lebon, avait
trouvé le principe théorique de l'éclairage au gaz produit par
la combustion de la houille et, en 1812, Londres avait adopté,
pour plusieurs de ses quartiers, ce mode d'éclairage. Nicolas-
Alexandre Du Bois, né en 1785, à Paris, élève de l'École po-
lytechnique et, au sortir de C(îlfe école, de Debret et Lebas, fut
le premier qui dota Paris, vers 1822, d'une usine à gaz susceptible
de fournir l'éclairage d'une partie de la capitale. Sur le modèle
de la Société Pauwels, huit autres sociétés n'avaient pas tardé
à se former, dont la fusion a eu pour résultat, comme on sait,
l'établissement de la Compagnie parisienne d'éclairage par le gaz.
Du Bois, qui avait été professeur à l'École militaire, pendant
trois années, avait les connaissances nécessaires à la conception
et à l'exécution d'un pareil travail. Nommé, en 181 1, architecte
de l'abattoir que l'on construisait alors à Montmartre, il prit
part, en 1815, en qualité d'officier du génie, à la défense de
Paris, puis, en 1816, fut attaché aux travaux de construction de
l'abattoir de Grenelle. Au commencement de 1822, il était
envoyé par le gouvernement à Londres avec mission d'étudier
les conditions de sécurité adoptées dans les théâtres de cette
ville, et concourait avec son maître Debret à l'édification de la
nouvelle salle de l'Opéra, rue Lepelletier. C'est pendant ce
voyage qu'il étudia également la construction des gazomètres
38 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
alors établis en Angleterre. Parmi les nombreux Iravaux par-
ticuliers de Du Bois, nous citerons seulement l'usine pour
l'éclairage et la distribution des eaux à Calais, le tombeau qu'il
se fît élever au cimetière du Père-Lachaise et le percement de
la rue de Navarin et de la cité Ménars au Gros-Caillou. Alexan-
dre Du Bois est mort architecte du gouvernement, commissaire-
voyer de première classe, le 6 novembre 1866, après avoir
réuni la plus grande partie des documents contenus dans le
présent ouvrage.
L'invention des chemins de fer avait été appliquée dès 1829
entre Saint-Étienne et Lyon pour la traction des voitures char-
gées de houille, mais la France fui devancée dans l'élablissement
des chemins de fer à grande vitesse par l'Angleterre d'abord,
par la Belgique ensuite, et ce ne fut qu'en 1842 que fut promul-
guée la loi concernant leur création en France. Le nouveau
mode do transport des marchandises et des voyageurs nécessitait
naturellement la création de cenires considérables destinés tant
à la réception des voyageurs qu'au remiscTge du matériel d'ex-
ploitation et des marchandises provenant du trafic; quelques
architectes ont su faire de vérilables œuvres des gares qu'on
dut alors construire dans les ])rincipales villes de France et parli-
culièremenl à Paris, et ce que nous disons des architectes fran-
çais peut èlre dit également des architectes étrangers.
En France, Heynaud et llittortî, dont nous allons parler, ont
attaché leur nom à la construction de la gare du Nord, Du-
quesney à celle de l'Est, Flachat h celle de Saint-Germain, Callet
à celle d'Orléans, Cendrier à celle de Lyon, Lenoir à celle.de
rOuest-.Monlpa niasse.
Jacques-Ignace Hittorff, né à Cologne le 20 août 1792, était
entré dans l'alelier de Bellanger en 1810 et commença par
exécuter, conjointement avec Lecointe, la partie décorative
dans les cérémonies funèbres à l'occasion de la mort du prince
de Condé, du duc de Berry et de Louis XV'III, ainsi que dans
les cérémonies du sacre de Charles X à Reims et du baptême du
duc de Bordeaux, à Paris; il fut également le collaborateur
de Lecointe lors de la construction du théâtre de l'Ambigu. Les
travaux exécutés par Hittorff, à partir de celte date, sont tels
qu'on a peine à croire qu'un homme seul ait pu suffire à la
création de tant d'œuvres d'une nature si ditTérente. Elles
CHAPITRE II. 59
exislonl toutes encore; il nous siiflira de les citer : de 1824 à
1844, l'église de SainL-Vincenl-de-l*aul (en collaboration avec Le
Père), la restauration d'une porte de l'église Sainl-Remi à
Reims; de 1833 à 1840, les embellissements de la place de la
Concorde et des Champs-Elysées; de 1838 à 1839, la rotonde
du panorama Langlois dans les Cliamps-Élysées; de 1839 à 18iO,
le cirque des Champs-Elysées; de 1844 ta 1846, la caserne des
sapeurs-pompiers établie dans l'ancien couvent des Bernardins;
le tombeau de la comtesse i'otocka et celui des familles Le Père
et HiltorlT au cimetière du Nord; de 1848 à 1851,1a mairie du
Panthéon, faisant pendant à l'Ecole de droit (Voir biographie de
Guénepin); de 1852 à 1854, le cirque du boulevard du Temple
et l'école communale de la rue des Prêtres-Saint-Germain-
l'Auxerrois; en 1856, la maison Eugène-Napoléon fondée pour
l'éducation de trois cents jeunes tilles pauvres; le projet des
hôtels qui bordent le rond-point de l'Arc-de-Triomphe-de-
l'Étoile ; le grand hôtel du Louvre (en collaboration avec Armand,
Pellechet et Rohault de Fleury); de 1857 à 1859, la mairie du
Louvre et le presbytère de Saint-Germain-l'Auxerrois; de 1859
à 1860, le presbytère de Sainl-Vincent-de-Paul; de 1816 à 1865,
le théâtre de la Gaîté (en collaboration avec Cusin). HiltorlT est
mort le 25 mars 1867, officier de la Légion d'honneur, membre
de l'Institut et des Académies de Milan, de Berlin, de Munich, etc.
II a laissé le projet d'une salle de spectacle et d'une salle de
musée pour sa ville natale et écrit, soit seul, soit en collabo-
ration, de nombreux ouvrages, notices et brochures concernant
l'architecture et l'archéologie.
François-Léon Reynaud était né à Lyon le I"' novem-
bre 1803, et ingénieur en chef des ponts et chaussées depuis 1830,
lorsqu'il fut chargé de l'installation de la gare du chemin de fer
du Nord. C'est tout ce que nous avons à dire sur le collabora-
teur d'IIittoriV, accidentellement architecte.
François -Alexandre Duquesney était né en 1800, et élève
de Percier, inspecteur des travaux de restauration de la Sor-
bonne et architecte des premiers bâtiments de l'École des mines;
il mourut tout jeune encore en 1849. La gare du chemin de
fer de l'Est, remarqualile par son fronton surmonté par la statue
colossale de la ville de Strasbourg, commencée par lui en 1847,
fut achevée par Bellanger, dont nous ne connaissons que le nom.
60 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
C'est un ingénieur, Eugène Flachat, né, d'après Vapereau,
le 16 avril 1802, qui construisit la petite gare du chemin de
fer de Saint-Germain, sur la place de l'Europe, vers 1844,
gare qu'on transporta depuis rue Saint-Lazare, et qui vient
d'être démolie. Flachal, préoccupé, un des premiers, de la
création des chemins de fer français, s'était associé avec son
frère Stéphane Flachat, Lamé et Clapeyron, et avait élaboré avec
eux le projet du chemin de fer de Saint-Germain. En 1844, il
créa le chemin de fer atmosphérique du Pecq, puis plus tard
construisit le chemin de fer du Midi. Fort connu dans le monde
de la science, il avait néanmoins pris part au concours ouvert
pour la construction des Halles centrales et avait été chargé,
en 1858, de la consolidation de la tour centrale de l'église de
Bayeux. Il est mort officier de la Légion d'honneur, ingénieur en
chef des chemins de fer de l'Ouest, le IG juillet 1873, à Arcachon.
Ce fut à un élève de Provost et d'Achille Leclère, Alfred
Armand, né à Paris le 8 octojjre 1805, que revint la mission de
construire la gare Saint-Lazare, tant dans sa partie sur la rue
Saint-Lazare que dans celle en retour sur la rue d'Amsterdam,
en 1841-1842; il avait d'ailleurs déjà construit les gares de Ver-
sailles rive droite(1839), de Sainl-Cloud (1840), de Rouen (1845),
de Saint-Germain (1846-47). Lorsque, en 1845, à la suite de
justes réclamations formulées par la Société centrale des ar-
chitectes, le ministère des travaux publics adjoignit des archi-
tectes aux ingénieurs pour l'exécution de tous les travaux d'art
des lignes de chemins de fer entreprises sous le l'égime de la loi
spéciale de 1842, Armand fut appelé à diriger toutes les cons-
tructions que fit exécuter, en dehors de Paris, la Compagnie
des chemins de fer du Nord; de 1846 à 1851, il construisit pour
cotte compagnie de nombreuses gares dans les départements et,
parmi elles, celles d'Amiens, d'Arras, de Lille, de Calais, de
Saint-Quentin et de Douai, ainsi que les vastes gar.es et ateliers
de La Chapelle-Saint-Denis. C'est à la fin de ces travaux que,
en 1847, M. Armand fut nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur. Cet architecte eut ensuite à agrandir la partie de la gare
qu'il avait construite rue Saint-Lazare pour les chemins de fer
de l'Ouest, ce qu'il fit de 1851 à 1853.
Transigeant avec notre programme, nous citerons seulement
deux constructions d'intérêt privé élevées par Armand : l'hôtel
CHAPITRE II. Ci
du Louvre et le Grand Hùlel, dont l'iinporlance et l'anirnagc-
nienl étaient alors sans précédent en France. Membre fondateur
de la Société centrale des archilecles, memljre correspondant
de l'Institut des architectes britanniques, officier de la Légion
d'honneur, Armand est mort à Paris à une date que nous ne
pouvons préciser.
Nous avons dit (jue la construction des gares principales du
chemin de fer de Paris à Orléans et de Paris à Lyon fui confiée
à deux architectes, Callet et Cendrier. Félix-Emmanuel Callet,
né à Paris en 1791, élève de Delespine, avait remporté le pre-
mier grand prix en 1819. 11 commença sa carrière en publiant
avec Lesueur un ouvrage ayant pour titre : Architecture ita-
lienne^ dans lequel sont relevés et dessinés tous les édifices de
l'Italie moderne ; c'est alors qu'il construisit l'ancien hôtel des
commissaircs-priseursde la place delà Bourse, occupé depuis par
la Chambre de commerce, et la première gare du chemin de fer
d'Orléans (reconstruite depuis), ainsi que plusieurs gares de ce
réseau. Callet fut le collaborateur de Baltard pendant la construc-
tion des Halles centrales, et des monuments funéraires assez
importants, tels que ceux du maréchal Clauzel et de Delacroix,
sont signés de lui. Il mourut à Paris le 2 août 1854.
François-Alexis Cendrier, architecte en chef du chemin de
1er de Paris à Orléans d'abord, et ensuite de celui de Paris à Lyon,
éleva la gare de Lyon à Paris et aussi celle de Lyon-Perrache et
les principales gares du réseau de Paris-Lyon. Né à Paris le
10 février 1803, élève de Vaudoyer, second prix d'architecture
en 1827, décoré en IBol, il est mort à une date ignorée de nous.
L'érection de la gare du chemin de fer de l'Ouest-ÎMontpar-
nasse est postérieure à celle des gares qui précèdent. C'est, en
effet, de 1852 à 1853 seulement, qu'un architecte lyonnais,
Victor-Benoist Lenoir, né en 1805, élève d'Achille Leclère, fut
chargé de la construction des bâtiments qui la constituent. I
avait été d'abord inspecteur des travaux exécutés à la colonne
de la Bastille, dont il sera parlé plus loin, puis nommé architecte
du chemin de fer de l'Ouest, du Grand Central et des Ardennes.
11 fit néanmoins élever quelques constructions particulières et
mourut le (i mai 18G3, membre du Conseil des bâtiments civils.
Les bâtiments de la Douane, dans lesquels il serait difficile
de trouver une œuvre d'art, sont dus pourtant à la collabora-
62 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
tion de deux arcliilectes de lalenl, Gréterin, iiiori fort jeune
(quarante-cinq ans), le 28 décembre 1852, el Edme-Jean-Louis
Grillon, né à Paris en 1786, qui fui d'abord chargéde la con-
slruction du monument qu'on devait élever à Louis XVI sur la
place de ce nom (aujourd'hui place de la Concorde) à Paris;
mais la révolution de 1830 fit suspendre les travaux, et les
fondations jetées par Grillon reçurent, en 1836, le piédestal de
l'obélisque. Grillon, collaborateur de l'ouvrage intitulé : Choix
d édifices publics, etc., inspecteur général des bàlimenls civils,
mourut à Dieppe le 23 août 1854.
Maximilien-Alexandre-Léopold Lion, né à Paris le 30 no-
vembre iSIl et mort le 19 juillet 1843, fut aussi, pendant sa
courte carrière, le collaboi'aleur de Grillon. Il avait d'ailleurs
élevé la maison de charité de la rue des Récollets el restauré le
portail de l'église de Civray (Vienne).
Bien que nous ayons pris pour règle d'éliminer de notre
ouvrage les archilecles qui n'ont pas attaché leur nom à la
consiruclion de quelque édifice public, il y en a cependant parmi
ceux-là dont la notoriété s'impose à ce point que le lecteur con-
sidérera il leur omission comme un oubli grave. Achille-François-
René Leclére ou Le Clére, né à Paris le 29 octobre 1 785, premier
grand prix en 1808, a consacré toute sa vie à la restauration de
châteaux, villas ou maisons parliculières; à peine pourrions-nous
considérer comme monuments publics les tombeaux de Casimir
Perier, du général Gobert et de Chérubini ; mais Leclère était
membre de l'inslitul depuis 1831, décoré depuis 1832, inspecteur
général des bàlimenls civils depuis 1839 et secrétaire archiviste
de l'École des beaux-arts depuis 1847. De plus, il avait formé
un atelier d'oii sont sortis les architectes les plus remarquables,
pour la plupart, de notre époque, et a continué l'enseignement de
l'architecture jusqu'à sa mort, arrivée le 23 décembre. 1853. A
tous ces titres, il méritait bien une place à côlé de ceux de ses
élèves dont nous esquissons la biographie.
Nous eu dirons autant du jjaron Achille-Victor Heurteloup,
né à Paris le 31 juillet 1802 et mort le 2 juillet 1846, en ajou-
tant seulement qu'il fut le collaborateur de l'ingénieur Lebas
lorsqu'il érigea l'obélisque de la place de la Concorde.
Destournelle, connu surtout par les recueils d'architecture
qu'il a publiés, seul ou avec Vaudoyer père, fut l'auteur, en 1824,
CHAIMTHE II. • (13
de la fontaine dile de la Paix élevée devant le mai'clié Sainl-
Germain.
Quant à Charles-Marie-Auguste Frœlicher, h Antoine Ta-
vernier et à Prosper Deschamps, nous ne les nuMiliunnouri ici
que parce qu'ils sont architectes, l'un de la grande galerie du
Commerce, boulevard lîonne-iN'ouvelle, conslruile avec Grisarl
en 1828, le second des anciennes galeries Boufflers, boulevard
des Italiens, et le troisième du passage Verdeau.
Deux autres passages bien connus des Parisiens Turent ou-
verts à la même époque par deux archifecles différenls: la
galerie Colbert (i826'i entre la rue Vivienne et la rue Neuve-des-
Petifs-Champs, par Jean Billaud, né à Marans (Charente-Infé-
rieure), architecte, à l'élranger, d'une salle de spectacle et, à
Paris, de plusieurs établissements industriels; le passage Choi-
seul et le passage Saucède (aujourd'hui disparu dans la percée
du boulevard Sébaslopol) furent également créés pendant la Res-
tauration par un architecte, élève de Percier, qui jouit alors d'une
certaine notoriété, François Mazois, né à LorienI' en 1783,
mort le 31 décembre 1826, otficier de la Légion d'honneur.
Bien que les gouvernements de la Restauration et de Louis-
Philippe se soient moins préoccupés que celui de la République
de la quesllon de l'enseignement primaire, il faut reconnaître
que cependant on augmenta, à Paris du moins, le nombre des
écoles destinées aux enfants du peuple. L'érection des édifices de
celle classe nous fournit l'occasion de ciler à nouveau Mazois
qui restaura le palais de l'archevêché à Reims h l'occasion du
sacre de Charles X et, en Italie, le palais de Porlici près de Na-
ples, le palais de notre ambassadeur à Rome et l'église de la
Trinité-des-Monts dans la même ville, fut inspecteur des bâti-
ments civils et auteur d'un ouvrage estimé sur les ruines de
Pompéi et d'IIerculanum que termina l'archilecle Gran. Nous
citerons également Maingot, né le 11 août 1779, mort le
30 avril 1850, architecte, en 1832, de l'école mutuelle de la rue
Elisabeth et Durand-Billon, architecte, en 1844, de l'école com-
munale de la rue de Charonne.
Parmi les embellissements de la capitale, en dehors de l'Arc
de Triomphe, de l'Obélisque, de la colonne commémorative de la
place Vendôme et du monument de Juillet dont nous parlons
plus loin, nous n'avons guère à mentionner que les fontaines,
64 • LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
élevées place du Marclié-aux-Chevaux, à la pointe Sainle-Eiis-
lache,au parvis Notre-Dame, place de l'École, 'rue de Vaugirard,
à l'angle de la rue du I{egard, place du Châtelet, place de l'Ar-
chevêché, et la fontaine Cuvier, rue Saint- Victor, adossée à la
grille du Jardin des Plantes. De toutes ces fontaines, dont,
croyons-nous, les trois dernières seules existent encore, les ar-
chitectes furent François-Joseph Bralle, né à Paris en 1750,
mort vers 1S,'J2, architecte du théâtre d'Amiens de 1773 à 1779,
et Alphonse Vigoureux, né à Aix-la-Chapelle en 1802, mort
inspecteur du bâtiment des Sourds-Muets, à une époque que
nous ne pouvons préciser.
A. J. B. GUY DE GISORS
CHAPITRI- III
Piemière application, eti France, du système cellulaire aux maisons de correc-
tion. — Les fortifications de Paris. — Construction dans les départements
de mairies, de palais de justice, de marchés et d'abattoirs. — Les architectes
diocésains sont obligés de suivre, dans les restaurations des édifices religieux,
la direction du Comité des arts et monuments.
Les châteaux royaux des environs de Paris, assez négligés
{tendant la période révolutionnaire, durent être l'objet de répa-
rations importantes contîées d'abord, comme on l'a vu, à Per-
cier, Fontaine et Le Père. Après eux, Blouet, Hurlaiilt ol Nepveu
furent les grands restaurateurs de Versailles, de Fontainebleau,
de Saint-Cloud, etc.
Maximilien-Joseph Hurtault, né à Huningue le 8 juin 1765,
fut élève de Miqiie et de Percier; employé d'abord comme sim-
ple appareilleur aux constructions du Petit Ti-ianon, puis dessi-
nateur de Marie-Antoinette, il fut, pendant la Révolution,
employé dans l'administration de l'artillerie à Paris. Lors de la
formation de l'École polytechnique, nommé professeur adjoint,
il obtint, eu quittant celte école, l'iuspection des travaux exécutés
d'abord aux salles de réunion des Conseils des Anciens et des
Cinq-Cents, puis au château des Tuileries, oîi l'on construisit
alors une salle de spectacle et une cliapelle. Grâce à la protec-
tion de Percier et Fontaine, il put suivre les concours de l'Aca-
démie et obtenir le second grand prix, en 1797 (sous le nom
de Heurlauli). Après deux ans de séjour en Italie, Hurlault était
nommé architecte du palais de Fontainebleau. Il y restaura la
galerie de biane, construisit le pavillon de l'Étang et la fontaine
de Diane et traça divers jardins dépendant du palais; à Saint-
Cloud, ce fut également lui qui fit le tracé du jardin du duc de
Bordeaux. L'hôtel do ville de Bressuire, le marché et le petit
. m. 3
66 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Ihéâlrc de Joigny sonl égaleinenl dus à Hiii-taiilt, qui mourut
à Paris le 2 mai 1824, membre de l'hislitut et du Conseil des
bâliments civils.
Guillaume-Abel Blouet, né à Passy le 6 octobre 1795, fui, à
partir de 1848, arcliitecte du palais de Fontainebleau et y fit
exécuter d'importantes restaurations, lelles que celles de la façade
sur la cour du Cbeval-Blanc, celles delà bibliothèque, des
anciens bains, du pavillon de Sully, etc. D'ailleurs, élève de
Delespine el grand prix d'architecture de 1821, il avait attaché
son nom à l'Arc de Triomphe, ainsi qu'il a déjà été dit lorsqu'on
a fait l'historique de ce monument, qu'il eut l'honneur de ter-
miner en 183(J. Mais Blouet, qui en 1828 avait accompagné l'ex-
pédition française en Morée, comme directeur de la section d'archi-
tecture et de sculpture de l'expédition, reçut, vers la fin de 1836,
une mission qui lui offrit un nouveau sujet de recherches. On
se rappelle ce que nous avons dit des études entreprises par lui
sur les établissements pénitentiaires des Etats-Unis el de la mise
en œuvre qui les suivit, lors delà construction, par Lecointe, de
la prison cellulaire de iMazas; nous n'y reviendrons donc pas.
Ajoutons seulement que Blouet fut récompensé de ce travail
extraordinaire par le titre d'inspecteur général des prisons de
France et la mission de constituer (ce qu'il fit avec l'aide de
Haron-Romain et d'Hector Horeau) un programme complet des
conditions de construction de toutes les maisons d'arrêt et de
justice en France. Cet ouvrage fut publié en 1841 par les soins
du ministère de l'intérieur ; l'architecte eut d'ailleurs l'occa-
sion de mettre à exécution l'ensemble des réformes qu'il avait
proposées, lorsqu'il éleva la colonie pénitentiaire de Mettray.
Enfin, pendant les années 1837, 1838 et 1839, Blouel, chargé
de la décoration de nos principaux monuments, à l'occasion des
fêtes de Juillet, avait soumis au roi Louis-Philippe la proposi-
tion de couronner l'Arc de Triomphe par une statue colossale
de Napoléon 1", projet qui ne fut pas exécuté. Nous ne parlerons
pas des nombreux monuments funéraires élevés par lui au I^èrc-
Lachaise, et nous terminerons la biographie de Blouet en énon-
çant les titres et distinctions qu'il obtint successivement pendant
sa trop courte carrière : professeur de théorie d'architecture à
l'Académie des beaux-arts, chevalier de la Légion d'honneur,
membre de rinstitul des architectes britanniques, membre du
GHAPITllE [II. 67
jury d'archiloclLiro, président de la Société centrale des archi-
tectes et enfin membre de l'Inslilut, trois ans avant sa mort
arrivée le 17 mai 18o3 (1).
A peine installé aux Tuileries, Louis-Philippe conçut le projet
de transformer le palais do. Versailles en un musée consacré à
toutes les gloires de la France, et trouva un intelligent exécuteur
de SCS volontés dans nn élève do Percier et Fontaine, Eugène-
Charles-Frédéric Nepveu. ^•é le 14 juillet 1777 et fils d'archi-
tecte, Aepveu, après un séjour en Italie, était, dès 1807, inspec-
teur d'Hurtault; en 1821 il fut nommé architecte du château de
Rambouillet; puis, pendant qnehpie temps, il restaura les châ-
teaux de Maintenon et de Neauphle. La restauration de la galerie
Louis XIII et de la salle de spectacle ainsi que de la salle des Ba-
ladles, au château de Versailles, précédalinaugurationdu musée,
qui eut heu le 12 juin 1837, à l'occasion du mariage du duc d'Or-
léans; l'établissement du musée de Versailles fut suivi de la res-
tauration du Grand ïrianonel de la transformation de la salle du
jeu de paume de Compiègne en salle de spectacle. Chevalier de la
Légion dhonneur, Nepveu mourut à Versailles le 1" octobre 1802.
Nous n'avons pu sortir de Paris sans franchir l'en-
ceinte fortitiée dont les travaux furent commencés en 1841.
OEuvre d'ingénieur et non point d'architecte, les fortifications
de Pans touchent par tant de points à l'histoire architecturale
de la capitale de la France, qu'on nous pardonnera de donner le
nom de l'homme grâce aux etforts duquel elles ont été élevées;
il s'appelait Nelzir Allard et élait né à Parlhenay (Deux-Sèvres),
le 27 octobre 1798. Sorti de l'École polytechnique dans le génie,
capitaine en 1823, attaché à la première expédition d'Afrique
en 1830, il seconda, à son relour en France, le général Valazé
dans l'exécution du premier plan des fortifications de Paris
soumis aux Chambres par ce général. On sait que la politique
avait fait abandonner en 1833, après deux années de discussions
stériles, le projet d'une enceinte continue avec forts détachés;
disons qu'elles furent reprises, grâce aux démonstrations
d'AlIard, et qu'il a dirigé en grande partie les travaux immenses
(I) La récompense purement honorilifiue, clans Torigine, dite pri.x départe-
mental, est maintenant accompagnée de la remise au lauréat d'une somme de
mille francs représentée par une rente perpétuelle qu'a fondée la veuve d'Abei
Hlouet, en exéciifion d'un vœu e.^primé par cet architecle.
68 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
ordonnas en exécution de la loi du 3 avril 1841, qui ouvriL au
ministère un crédit de 140 millions. Sans parler des autres tra-
vaux effectués par AUard comme ingénieur, nous achevons cette
notice en ajoutant que, conseiller d'Élat, membre du comité de
la guerre et de la marine, élu député en 1847, puis en 1870,
grand officier de la Légion d'honneur depuis le G août 1860, le
général xVllard est mort à Fassy le 2o octobre 1877
Nous allons maintenant dire quelques mots des architectes
qui ont allaché leur nom aux édifices publics d'une certaine
importance élevés en France dans les départements pendant la
première moitié du.xix" siècle. Nous nous contenterons de les
classer par région, en mettant, autant qu'il nous sera possible,
un certain ordre dans les dates d'érection de ces édifices. Aux
portes de Paris, à Versailles, les bâtiments de la prison, en colla-
boration avec Duclos dont nous allons parler, et du trihunal de
commerce sont élevés par Augustin Goy, né à Melun en 1784
et mort à Versailles le 8 octobre 1838, architecte du départe-
ment de Seine-et-Oise. Il fut nommé, en 1827, architecte de la
maison centrale de Poissy, dont il fit la chapelle; et dans celle
même ville de Poissy, il installa le marché aux bestiaux qui pen-
dant cinquante ans pourvut à rapprovisionncmenl des abattoirs
de la capitale. François-Marie Alexis Collet, dit Duclos, le
collaborateur de Goy, était né le 5 mai 17GI à Versailles et
y mourut le 3 avril 1830, architecte du dépàrlement. A ce
moment, la prison de Versailles n'était pas terminée et Goy,
frappé de paralysie, était devenu incapable de surveiller les tra-
vaux ; c'est alors qu'on lui adjoignit Pierre-Jean-Baptiste
Douchain (auquel Versailles doit aussi un ab'atloir, les nou-
veaux bàlimenls du palais de justice) (1838j, qui termina la
prison en 1844; il a aussi exécuté la chapelle du petit séminaire
et la nouvelle décoration des chapelles de la cathédrale. Nous
n'avons pu nous procurer les dates de naissance et de mort de
Douchain.
Dans le centre, à Melun, restauration d'une salle de spectacle,
construction d'un aballoir et de l'hôtel de ville, de 1833 à 1836,
par Jean-Jacques Gilson, architecte de la ville de Melun, mort
à Paris le 19 juin 1849. Mais, dans le même temps, on travaillait
activement à la maison cenirale bien connue de celle ville, com-
mencée en 1812, sur les plans de Nicolas-Nicaise Solente, né en
CHAPITRE III. C9
1787 OU 1788 el mortàMelun le '^Omars 1831 . La conslriiction de
cette maison centrale, qui peut contenir l,OoO détenus (hommes),
était alors (1846) dirigée par un second prix de Rome de 1843,
Pierre-Joseph Dupont, sur lequel nous ne possédons aucun ren-
seignemenl Ijiograpliique, puis les travaux furent continués par
Ernest Maugeon, mort au l'iossis on juillet 1809, qui mérita, par
ce travail, d'èlre chargé de l'appropriation de l'ancien château
de Gaillon à la maison centrale actuelle. Nous ajouterons deux
noms à ceux de ces architectes, leurs travaux entrant dans la
même catégorie : ceux de Ménard, auteur de la maison d'arrêt
de Vcrvins (1831 à 1833) et de Charles-Henri Landon, né à
Paris en 1791, élève de Percier et |)rcmiei- grand prix d'archi-
tecture en 1814, architecte de la maison de détention de Cler-
mont (Oise). A son retour de Rome, Landon avait élé nommé,
en 1827, architecte du déparlement de l'Oise et chargé de la
construction de l' Hôtel-Dieu de Beauvais, qui fut achevé vers
1832, du théâtre et de la porte de ville du côlé de Clermont.
Ajoutons-y la construction du séminaire, de l'ahattoir de Sentis,
de la ferme modèle de Jouy-sous-Chelles, etc.
Le palais de justice, la halle, l'ahattoir et la hihliolhèque de
la ville d'Orléans eurent pour architecte un Orléanais, élève de
Delagardette et Labarre : François-Narcisse Pagot, né le
31 août 1780, premier grand prix en 18U3. Pagot y éleva ensuite
l'hospice des aliénés, dont la duchesse de Berry posa la première
pierre en 1824, un lemple prolestant en 1836 et le jardin bota-
nique, de 1836 à 1841. L'achèvement de l'église de Sainle-
Cri)ix et de son portail en 1829, la restauration de la cathédrale
de Bourges en 1828 et celle de l'église deCléry, la construction de
l'hospice dePatay, du dépôt de mendicité eldel'église deGiensont
aussi des œuvres de Pagot, qui mourut à Orléans le 4 dé-
cembre 18i4.
Kn suivant le cours de la Loire, nous rencontrons à Blois plu-
sieurs édifices du commencement du siècle et qui eurent tous
pour auteur Pierre-Jean-Alexandre Pinault, né à Orléans le
4 décembre 1 777, élève de Delagardelle, Labarre et Bellanger ; ce
sont: l'hôtel delà l'réfecture, l'hospice des aliénés, un hôpital,
un séminaire, le couvent des Carmélites, la caserne de gendar-
merie, les cimetières, la poissonnerie et la halle aux légumes.
11 y éleva également la maison des Sœurs de la Providence,
70 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
le couvent des Carmélites el la chapelle de l'hospice. En dehors
de lUois, F'inault, après avoir fait exécuter plusieurs travaux au
château de Chambord, une prison et la mairie à Uomorantin,
un temple protestant à Aulnay et le château de Talleyrand à
Valençay, mourut le 7 novembre 1800, laissant un |irojet d'agran-
dissement de l'hcMcl de ville, qui fut exécuté par La Morandière.
A Châlelleraull, la manufacture d'armes, depuis augmentée et
modifiée par le génie mililaire, eut pour premier architecte
Auguste-Joseph Pellechet, né en 1780, décédé le 8 juin 1874,
membre honoraire du conseil des bâtiments civils, chevalier de
la Légion d'honneur.
Nous avons parlé dans le volume précédent de la création par
Jeanson de l'établissement thermal de Vichy. En 1820, la répu-
tation toujours croissante des eaux nécessila des additions qui fu-
rentl'objet d'un concours entreles architectes français; les plans
adoptés furent ceux d'Agnéty et de Rose-Beauvais; ils consis-
taientdansun ensemble de constructions juxtaposées à la galerie
de Jeanson et formant avec elle un quadrilatère de 76 mètres
sur 57 mètres. La nouvelle galerie répétant celle du nord a seule
un premier étage el est percée de 17 arcades en pierre de taille;
les travaux, commencés en 1821, étaient terminés eu 1829. Fran-
çois-Xavier Agnéty, né à Moulins le 19 octobre 1792 et décédé
le 20 décembre 1845, était architecte du département de l'Allier
après avoir été élève d'Alavoine, et avait élevé dans sa ville
natale, eu 1821, l'hôtel de ville, pastiche heureux des palais
italiens de la Renaissance. De 1828 à 1837, le grand séminaire
de Moulins, sans aucune décoralion extérieure ni intérieure, est
le résultat d'une étude consciencieuse du programme imposé à
l'artiste. La cour d'assises du département de l'Allier complète
l'œuvre d'Agnéty. Rose-Beauvais, architecte aussi du déparle-
ment de l'Allier, ne nous est connu que par sa collaboration à
l'élablissemont de Vichy, el nous ignorons absolument, malgré
toutes nos recherches, les autres anivres qu'il a pu laisser.
A Clcrmont-Ferrand, c'est un élève de Percier, Guillaume-
Thérèse-Antoine Degeorge, né le 13 décembre 1787, dans
cette ville, qui achève le palais de justice et la maison d'arrêt,
de 1829 à 183o, puis à Riom, la maison centrale, el y dirige la
construction d'un château d'eau. Le palais de justice de Tulle,
édifice également du commencement du siècle, est construit sur
CIIAPITIIE III. 71
le plan de A. de Gisors par an archilecle parisien, Jacques-
Dominique Lanck, né le 5 mai 1786 el décédé à Tulle le 2,"i eep-
tenibre 185G, sans avoir fait, à notre connaissance, d'autre édi-
fice d'une certaine importance.
Un arcliilecte du département de l'Aveyron, vers 1820, res-
taure à Rodez la cathédrale, la préfecture, le palais de justice
et l'église de Conques, un des plus remarquables spécimens de
l'époque romane; c'est Étienne-Joseph Boissonade^ qui, né à
Sainl-Geniez dans l'Aveyron, le 29 décembre 1797, est mort
chevalier de la Légion d'honneur, le 22 avril 1862. Élève de
Durand, professeur à l'École polytechnique, Boissonade cons-
truisit aussi l'asile des aliénés à Rodez et y restaura l'école
normale ainsi que le palais de justice de Milhau. Les palais de
justice et les prisons de Sainte-Alïrique, de Yillefranche et
d'Espalion, ainsi que l'hospice de Milhau et l'abattoir de Saint-
Geniez, sont également des œuvres de Boissonade.
Notre énumération des architectes de l'est de la France com-
mencera naturellement par le nom de Jean-Baptiste Kléber,
connu de nos lecteurs comme l'un des meilleurs généraux de la
République. Tout le monde sait que. né à Strasbourg en 1734,
lieutenant de Bonaparte en Egypte et abandonné par lui dans ce
pays, il y mourut assassiné le 14 juin 1800; mais ce qu'on ignore
généralement, c'est que Kléber étudia d'abord l'architecture
sous Chalgrin, puis fut admis, sur sa demande, à l'école militaire
de .Munich de laquelle il sortit avec le grade de sous-lieutenanf.
Ce n'est que, désespérant de se faire une carrière dans l'armée
bavaroise, qu'il revint en France, où ses anciennes relations lui
obtinrent la place d'inspecteur des bâtiments publics à Belfort.
el c'est de ce moment (1783), jusqu'au jour où il s'engagea (1792)
comme simple grenadier dans le 4° bataillon du département du
Haut-Rhin, que Kléber exécuta, en qualité d'architecte, diverses
constructions qui existent encore aujourd'hui : l'hôpital de Thann,
la maison des chanoinessos de Massevaux et le château de
Granvillars, l'église de Schwartz, l'hospice de la ville de Thun,
l'église du couvent de Lurh. .\joutons-y d'importantes réparations
au château de Florimond (Alsace), dont il transforma une salle en
musée, un pavillon dans les jardins du prince deMoutbéliard, etc.
Alors que Aix-la-Chapelle, à la suite dos conquêtes du premier
Empire, était devenue ville française et chef-lieu du département
12 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de la lioor, un liôlel de préfeciiire y fui construit (de 1800 ta
1814), par Louis-Ambroise Dubut, architecte parisien, élève
de Lcdoux. Né en ITG'J, il avait remporté le grand prix d'ar-
chitecture en 1797; il construisit depuis, en France, l'écluse
d'Anglure dans le déparlement de l'Aube, la maison centrale
d'Ensisheim (Alsace), les dépôts de mendicité de Caen et de Saiut-
Dizier, la halle de cette dernière ville, et créa l'établissement
thermal de Bourbonne-les-Bains, sans compter les constructions
militaires qu'il fit en Russie, après 1814, pour les empereurs
Alexandre et Nicolas.
A Sirasbourg, le grand théâtre de l'avenue de lîroglie avait été
commencé en 1 804, sur les plans de l'ingénieur Rabin, et la cons-
truction atteignait déjà le fronton, lorsqu'on remai'qua des
défauts graves qui ne permettaient pas de la poursuivre sans
danger. C'est alors que Jean Villot, né à Strasbourg en 1787,
proposa en 1810 un nouveau plan, duquel est sortie la salle de
spectacle dont on se sert aujourd'hui. Classique par excellence,
Villot a élevé à Strasbourg une halle, des hôtels, des maisons,
et mourut en 18i4.
Dans ce même département du Bas-Rhin, pendant la période
qui s'écoula de 1825 à 1845, nous mentionnerons encore deux
architectes: A.-I.-J. Pries, dont nous ignorons les dates de nais-
sance et de mort, qui avait été d'ailleurs lauréat en 1825 (second
grand prix), et Gustave Klotz, né le 30 novembre 1810 à Stras-
bourg, qui avait étudié l'architecture dans l'atelier de Labrouste.
Nommé architecte du département, en 1834, Klotz fut chargé
de la restauration de la partie orientale de la Façade de la cathé-
drale de Strasbourg, où il mourut le 26 janvier 1880. Il attacha
d'ailleurs son nom, avec Frics, à la construction de nombreux
édifices alsaciens, lesquels sont, dans cette ville, la synagogue
et des écoles communales, puis le nouveau quartier de Mulhouse
ouvert, de 1826 à 1828, par les deux architectes en collaboration.
Une restauration importante de l'hôtel de ville doit être attri-
buée à Fries seul, et la halle de Schlestadt, ouverte le 27 mars
1845, est l'œuvie de Klotz.
xV AltkircU, restauration de l'église, en 1844, par un Alsacien,
Louis-Michel Boltz, connu déjà par les projets qu'il avait ex-
posés depuis 1839.
A Melz, on commence, en 1827, et on termine, en 1832, tous
M* Alaux pin
A. CARISTIE
CHAPITRE III. 73
les bâtiments qui composaient notre École d'application, sous la
direction des ingénieurs-arcliitecles Bonneton, Pernel, Ducamp
et De Ligneville. En 1832, est ouverte au public la halle aux
légumes surla place d'Austerlilz, dont la surfacecouverteprésente
3,900 mètres carrés: arcliilecto Vandernoot, dont nous con-
naissons seulement le nom. Toujours à Metz, en 1833, l'architecte
Jaunez père termine le grand marché couvert de la place de la
Cathédrale; à Nancy, à la même époque, construction de
casernes et d'une maison de correction, par un architecte nan-
céien, élève d'Achille Leclère, Charles-François Châtelain,
né le 13 septembre 1802, architecte du département de la
Meurihe, de 182o à ISio. Organisateur des fêtes données h
Nancy en l'honneur de Charles X et de Louis-Philippe, Châtelain
dirigea la restauration du palais ducal et la construction de la
gare de Nancy et fut décoré en 1866 à la suite de ces travaux.
A Besançon, nous avons à signaler les noms de deux architec-
les, Pierre Marnotte, élève de Poyet, Leclère et Penchaud, né à
Dijon le 20 août 17U7,quia fait élever, sur ses dessins, les églises
de Saint-François et d'Avonne, ainsi que la halle au blé de Besan-
çon, et restaura avec bonheur l'arc de triomphe romain connu
des antiquaires sous le nom de Porta Nigra. Archéologue distin-
gué, Pierre Marnotte a doté les collections de son pays de frag-
ments fort importants de sculpture et d'architecture romaines. Le
second de ces architecles, Jean-Baptiste Martin, sur la vie du-
quel nous n'avons pu obtenir aucun renseignement, est signalé
comme ayant construit, au commencement du siècle, deux
églises et des mairies dans le département du Doubs, un pont
sur l'Ognon, le théâtre de Dole (Jura), et pour avoir doté
Besançon d'une rue nouvelle qu'il a construite presque eu entier.
A quelques lieues de Dôle, à Mont-sous-Vaudrey, en 1836,
s'élève, sous la direction de l'architeele Bezand tils, de Dole, la
mairie, qui est à la fois halle, école, caserne, elc.
Les édifices construits dans le même temps à Lons-le-Saunier :
le palais de justice, le grand séminaire, la caserne de gendar-
merie et la prison, sont assurément plus importants, mais on y
voit la main de l'ingénieur plutôt que celle de l'architecte ; nous
en dirons autant de la fontaine monumentale élevée surla place
du Marché. C'est qu'Augustin-Christin Robert, l'auteur de ces
œuvres, né à Gray le 25 janvier 1790^ avait d'abord été attaché
■74 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
à radminisiraiion des ponis et chaussées et, à ce tilre, avait
établi, avant d'èlre architecte, un certain nombre de ponts et de
routes dans le Jura. Travailleur infatigable du reste, il a construit
ensuite, dans ce pays de montagnes, des églises, des mairies et
des presbytères, et est morl encore jeune, le 9 novembre 1846.
A signaler seulement en Bourgogne, l'asile d'aliénés établi dans
rancienne Cliarlrense de Dijon (1840 à 1842): architecte Paul
Petit, qui construisait en même temps la halle de Beanne; le clià-
teaud'eau de Dijon, touroctogone et ajourée, inauguréele 28 juillet
18il, architecte Emile Sagot; le château historique de Velars-
sur-Ouches : architecte Jacques Caumont, élève de l'école de
Dijon, né dans celte ville en 1785, et, puisque nous avons parlé
de l'école de Dijon, nous ne quitterons pas la Bourgogne sans
rappeler le nom d'un archilecle qui lui consacra toute sa vie,
Jean-Baptiste-Philibert Moitte, né à Dijon en 1754, d'une
famille d'artistes et mort dans la même ville le 18 octohre 1808.
Le premier en date des architectes lyonnais et qui fut le pre-
mier maître de tous ceux dont nous allons indiquer les travaux
fut certainement Claude-Ennemond-Balthasar Cochet, qui
reçut de son [lère les premièi'es leçons; né à Lyon le 6 jan-
vier 1760, élève ensuite, à Paris, de Dubourg et de Brongniart,
il put, grâce à certains succès académiques, faire le voyage de
Rome en 1783. Rentré en France après avoir obtenu, en 1786,
la plus haute récompense décernée aux jeunes architectes par
l'académie de Parme, il concourt avec succès à un projet de
temple décadaire, est reçu membre de l'académie de Lyon
en 1800, transforme l'ancienne église des Jésuites en une salle
de séances pour l'assemblée des Etats cisalpins, restaure l'hôtel
de ville, construit la loge maçonnique (1804) et le monument
funèbre élevé dans la plaine des Brolteaux aux victimes du siège
de Lyon. Nommé, en 1814, professeur d'archilectureàl'écoledes
beaux-aris de Lyon, Cochet remplit ses fonctions jusqu'en 1824
et meurt membre correspondant de l'Institut, le 14 mars 1835.
l'n de ses élèves et de ses successeurs à l'école de Lyon,
Joseph-Jean-Pascal Gay, Lyonnais aussi, né le 14 avril 1775,
lut chai-gé de la construction de la halle au blé, du musée Saint-
i'ierre, de la restauration de l'église Saint-Jusl et, en collabo-
rai ion avecEnnemondHôtelard, de l'édification de la caserne de
gendarmerie de Lyon (1828-1830). Gay avait, déplus, dessiné un
CHAPITRE III. 75
grand nombre de projets : nolammenl ceux d'une cliapelle sépul-
ci'ale exécutée pour la famille de Montmélas et du jartiin botani-
que d'Avignon avec musée d'iiisloire naturelle, ainsi qu'un projet
de décoration de la grande salle de l'hôtel de ville àLyon,projels
que sa morl, arrivée le 16 mai 1832, l'empêcha d'exécuter (1).
llôlelard, donl nous ne connaissons pasles autres travaux, était
né à Grenoble le 4 février 1784 et est mort le 21 décembre 1867.
La prison de Perrache, k Lyon, le palais de justice sur le quai
de la Saône et le grenier à sel, construit en 1828, eurent pour
architecte un Parisien, Louis-Pierre Baltard, néleOjuillet 1764,
et qui, dans sajeunesse, avait travaillé comme dessinateur aux
projets que faisaient alors Ledoux et Bellanger dans le but
« d'embellir Paris d. Après un séjour de quelques années en Ita-
lie, grâce à la pension que lui fil le ministre, baron de Breteuil,
il succéda en 1792 eu qualilé de décorateur de l'Opéra à Paris
qui venait d'émigrer; mais bientôt obligé lui-même, parles évé-
nements, à quitter cette situation, il se fit attacher, en 179.3, au
corps du génie, puis à l'École polytechnique (1796) en qualité
de professeur d'architecture. Successivement architecte du Pan-
théon, des prisons de Paris et de Bicètre et de plusieurs halles
et marchés, il fil construire les chapelles dans les prisons de
Sainte-Pélagie et de Saint-Lazare, concourut pour le ])rojet du
« Temple de la Gloire » et obtint enfin, en 1818, la chaire de
professeur à l'École des beaux-arts. Hors de Paris et de Lyon,
il concourut avec Lajitoin, en 1824, à la construction des prisons
de Draguiguan et mourut le 22 janvier 1846, laissant plusieurs
recueils de vues et de plans, notamment ceux qui illustrent
l'ouvrage pn!ilié par la commission d'Egypte.
Un auli-.' Baltard, Parisien également, prénommé Prosper
(qu'il ne l'auL pas confondre avec Victor dont il était le parent, et
auquel nous consacrons plus loin une page importante), naquit
en 1796 et se contenta d'être l'inspecteur de tous les travaux
qui furent exécutés, de 1811 à 1818, par Louis-Pierre et par Per-
cier et Fontaine aux Tuileries et au Louvre. Il est mort le
19 avril 1862.
(1) Gny, cliargi', à l'orcasum an sacre de .Xapoléon, Je restaurer le sceptre
dit de Charlemagne et conservé, à ce titre, dans le trésor de Saint-Denis,
reconnut que ce prétendu sceptre était simplement un liâton de chantre du
xiv= siècle. Il n'en servit ]ias moins, restauré, au sacre de l'empereur.
76 LES ARCHITECTES PAR LEURS CEUVRES.
Nommé en 1831 archilecte do la ville de Lyon, René Dardel,
né dans cette ville le 8 octobre 1796, élève de Iluyot, ne cessa
presque jusqu'à sa mort, arrivée le 2o septembre 1871, à Cou-
drieu (Hliône), de travailler pour sa ville natale. Elle lui doit, en
etTet, la restauration (1832) du palais des beaux-arts, la construc-
tion de l'entrepôt des liquides (1835), le marché de la Martinière
(1836^, la transformation intérieure dn Grand-Théâtre (1842),
l'établissement de la fontaine Saint-Jean (1843), la restauration
de l'hôtel de ville (de 1846 à 1854), le percement de la rue delà
République (1853), la construction du palais du commerce et de
la Bourse, dont la première pierre a été posée le 25 mars 1856.
Auteur d'un projet d'église pour le faubourg de Perrache, Dardel
est mort officier de la Légion d'honneur à une date que nous ne
pourrions préciser. Dardel avait été précédé dans tous ces tra-
vaux de restauration par Louis-Cécile Flachéron, né à Lyon
le 9 mai 1772 et décédé architecte en chef de la ville le 12 mars
1835. C'est tout ce que nous savons de lui.
Non loin de Lyon, à Saint-Etienne, devenu depuis chef-lieu
du déparlement de la Loire, Dalgabio commence la série des
édifices nécessités par l'importance qu'acquiert déjà celle ville
manufacturière. Jean-Michel Dalgabio, né à Riva (Italie), le
15 septembre 1788, mais naturalisé Français, y élève la « condi-
tion » des soies, le palais de justice, l'hôtel de ville (renfermant
un conservatoire des arts et métiers, un musée et une école
gratuite de dessin), une caserne de gendarmerie, une halle, un
abattoir, les bureaux de l'octroi, etc.; il y restaure aussi les
églises Sainte-Marie et Saint- Thomas et donne le dessin d'un
monument élevé à Feurs (Loire) aux victimes de la Révolution.
Dalgabio mourut à Lyon le 31 décembre 1852, laissant divers
projets, théâtre, hôpital, marché, qu'il n'a pas exécutés.
A signaler dans la Haute-Garonne, d'imporlanls travaux au
commencement du siècle. Nous ne parlerons de Pierre-Léonard
Laurecisque, élève d'A. Leclère, né à Paris en 1797 et mort le
29 juin" 1860, que pour rappeler qu'il avait obtenu, à la suite
d'un concours, le droit d'élever à Toulouse le palais de justice,
la prison et la caserne de gendarmerie; car Laurecisque, appelé
à Constanlinople par l'ambassadeur de France auquel on voulait
élever une résidence digne de noire pays, ne donna pas suite à
son projet. Il préféra se rendre en Turquie, où il laissa d'ailleurs,
CHAPITRE III. 77
outre le palais de l'ambassade, la fontaine de Top-Hané, pastiche
réussi de la belle architecture arabe. Toulouse se contenta alors
d'une restauration de l'ancien tribunal, et elle fut confiée à un
architecte toulousain, Antoine Laforgue, né en 1782 et devenu,
en 1822, architecte du département de la Haute-Garonne. Nous
ne citerons de Laforgue, à Toulouse, outre cette restauration,
que la construction do l'église et du couvent de la Visitation;
mais, hors du chef-lieu, il restaura à Muret la sous-préfecture
et construisit le tribunal et la halle au blé, puis les églises de
Cierp et d'Argut-Dessus. Enfin, on lui doit les premiers bâti-
ments de l'établissement thermal de Bagnères-de-Luchon. Nous
ignorons la date de la mort de Laforgue. Marie-Joseph-Urbain
Vitry, né à Toulouse le 2 juillet 1802, et mort dans la même
ville le 27 septembre 1863, reiHil la mission de construire les
édifices que la désertion dcLaurecisque avait dû faire ajourner.
C'est en 183'J que la caserne de gendarmerie s'éleva sur les nou-
veaux plans et sous la direction de Vitry, auquel Toulouse devait
déjà les fontaines de la place de la Trinité et de la place du Puy
(1826), l'abattoir (1828), le nouveau cimetière (1830), la barrière
du pont des Minimes (1832), la barrière du pont Saint-Sauveur
(I83i) et le monument commémoratif de la place La Fayette.
Vitry fut ensuite chargé, en 1844, de la construction de l'obser-
vatoire, du théâtre des Variétés et de l'Ecole de médecine;
enfin, lorsqu'il l'ut décidé, en 18b8, d'ouvrir à Toulouse une
exposition des beaux-arts, ce fut à Vitry qu'on en contia l'orga-
nisation. Il est mort chevalier de la Légion d'honneur, inspec-
teur de l'école dos beaux-arts de Toulouse, secrétaire perpé-
tuel de l'académie des inscriptions ol belles-lettres de la même
ville et membre do plusieurs sociétés artistiques et archéologiques
de Franco.
C'est en 1840 seulement que Toulouse songea à se donner
une Bourse de commerce; les architoctos de cet édifice (car ils
sont deux) s'appellent Jean-Antoine Raynaud, né à Toulouse
le 13 juillet 1 785, architecte du château d'eau, de 1821 à 1828,
et Jean- Joseph-Noël Bonnal, né également à Toulouse, le 24 dé-
cembre 180."). Bonnal avait été chargé de la restauration du
théâtre en 18i7 el de celle de l'église Saint-Martin du Touch
l'année suivante. L'un des premiers, parmi les architectes du
midi de la France, il suivit le mouvement artistique à la tôle du-
78 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
quel s'i'laient placés Lassas et Gau, el moiu'iit à Toulouse le
21 mars 1&80. Sou collaborateur Raynaud l'avait précédé depuis
lougtenips dans la tombe, puisqu'il était décédé le 2G janvier
1854.
Montpellier vit s'élever, au commencement du siècle, la
nouvelle façade de son Ecole de médecine, qui eut pour architecte
Claude-Mathieu de Lagardette, né vers 177U, élève de David
Leroy, grand prix en 1791 et architecte aussi de l'école de chirur-
gie de Toulon. De Lagardette, qui mourut en 180i, est surtout
connu |)ar l'ouvrage ayant pour titre les Ruines de Pxstum^
déjà cilé dans le volume précédeni, et par son Essai sur la
restauration des piliers du Panthéon. 11 présida, dit Lance, à
l'érection de la Sainte Montagne de la place du Martroi qu'Or-
léans, comme la plupart des grandes villes de France, voulut
posséder en souvenir de la Révolution et qui a disparu depuis
longtemps. Le musée Fabre el l'école de dessin de Montpellier
sont également de cette époque et eurent pour arcliitecle Jean-
Joseph Boue, élève de Percier et Fontaine, né à Salelles (Aude),
le 25 avril 1784. Montpellier lui doit aussi la nouvelle façade
de l'église Saint-Mathieu; Lodève et Beaucaire, leurs hôtels de
ville. Boue mourut à .Montpellier, professeur d'architecture,
le 27 octobre 1868.
Un élève de Boue, qui entra ensuite dans l'atelier de Debret,
grâce aune bourse municipale, Charles Abric, né à Montpellier
en 1799, continua l'édification de Montpellier. Titulaire d'ime
mention honorable obtenue au concours de 1828, Abric crut
devoir fortifier, par un séjour de quelques années en Italie, ses
connaissances d'architecte. Revenu à iMontpellier en 1830 et
nommé presque aussitôt architecte en chef de cette ville, il com-
mença la série de ses travaux par la reconstruction presque
entière de la maison centrale; les prisons départementales de
Montpellier, de Béziers, de Saint-Pons furent également réédi-
fiées par lui, d'après les principes énoncés dans le mémoire
d'Abel Blouet. Le palais de justice, assemblage incohérent de
bâtiments mal reliés entre eux, fut entièrement rebâti dans des
proportions monumentales et telles qu'il constitue un des édifices
les plus remarquables de la province. La Faculté de médecine
était dépourvue do salles convenables pour recevoir ses belles
collections; Abric érigea, [)Our les contenir, une galerie ou con-
GIIAPITIJE III. "9
servaloire doiil les tlisposilions grandioses pcuvenl rivaliser avec
celles des plus beaux élablissements de ce genre. Pour compléter
la nomenclature des œuvres d'Abric, nous citerons l'école nor-
male d'institutrices, l'hôtel de la succursale de la Banque de
France ; le temple de l'Église réformée de Ganges en style romiin.
Condamné, jeune encore, par la maladie, à renoncer h sa car-
rière, Abric est mort en 1871.
A Valence (Drôme), nous menlionnerons, en passant, la cour
d'assises et le triijunal civil élevés, de 1824 à 1827, par Joseph
Chambord, architecte du département de la Drôme, qui donna
également les plans- du séminaire de Valence. Dans toutes ces
constructions, l'architecte a fait usage d'arcades couvertes
entourant des cours intérieures; à Orange et à Carpentras (Vau-
cluse), on se contente de restaurations et d'additions aux palais
de justice, mais l'architecte Alexandre- Juste Frary , né à
Paris en 1779, obtient la conslruclion du théâtre d'Avignon,
construction qu'il termina en 1834. Nous verrons tout h l'heure
combien peu dura l'œuvre de Frary. Élève de Percier, de Bar-
thélémy et de Vignon, Frary avait concouru pour le projet du
<( Temple de la Gloire », pour celui du monument du général
Desaix et pour celui d'un monument historique où Louis XVill
figurait entre saint Louis et Henri IV. Frary abandonna d'ailleurs
de bonne heure le département deVauclusepour revenir à Paris,
oîi il exécuta des travaux particuliers etoii il mourut le 20 mai 1834,
membre dçla Société des antiquaires de France; Frary consigna
d'ailleurs les souvenirs de son passage dans le Comtat-Venaissin
dans deux ouvrages intéressants publiés l'année de sa mort. C'est à
l'architecte Léon Feuchére, né vers 1800, qui était élève de Deles-
pine, et décorateur à l'Opéra depuis 1829, qu'échut la mission de
reconstruire, de 18i6àl847,le théàtred'A vignon, œuvrede Frary,
qui venait de s'écrouler. Il donna aussi les plans du théâtre de
Toulon vers la mème^époque ; mais ses plans furent modifiés par
Charpentier. (Voir plus haut la biographie de cet architecte.) En
1849, architecte du département du Gard, F'euchère éleva enfin
l'hôtel do la préfecture de Nimes, où il est mort le 4 janvier 1857,
chevalier de la Légion d'honneur. Joseph-Prosper Rénaux, ar-
chitecte seulement de l'hôtel de ville d'Avignon et d'une église de
syle ogival élevée à Bollène(Vaucluse), était plutôt un antiquaire;
mais nous ne pouvons oublier les travaux importants aux(|ucls
80 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
il consacra presque toute sa vie, dans le but de reconslituer tous
les t'difices élevés par les Romains pondant leur séjour dans le
midi de la Gaule. Né à Mais en 1794 et d'abord ingénieur des
ponisel clianssées,il se prit d'une véritable ardeur pour la science
archéologique, éveillée en lui par la découverte qu'il fit des
traces d'un cirque et d'une ancienne salle de jeux publics deve-
nue souterraine par la construction du château des Papes, auquel
elle servait de crypte. En 1826, il restaurait, sous les ordres de
Caristie, l'arc de triomphe d'Orange, puis découvrait les restes
d'un aulre arc de triomphe enfoui dans les constructions du
palais épiscopal deCarpenIras, ceux de l'arc de Cavaillon, d'un
théâtre, de thermes et d'un aqueduc (i832-t840). Nommé le 14
avril 1843 membre correspondant du Comité des monuments
historiques, il procéda au déblaiement du théâtre romain d'Arles
et enfin à la restauration du cloître de Sainte-Trophime dans la
même ville ; inutile d'ajouter qu'il augmenta considérablement
les richesses du musée de la ville d'Avignon, où il mourut le
Il août 18;j3.
Michel-Robert Penchaud, qui, daus un espace de trente
années, couvrit d'édifices Marseille elle département des Bouches-
du-Rhône, était né à Poitiers le 2i décembre 1772 et avait aidé
d'abord son père dans la construction des châtfaux de V^errière
et de Dissais, que celui-ci élevait alors en Poitou. Après avoir
étudié dans l'atelier de Percier, il était nommé, en 1803, archi-
tecte de la ville de Marseille, puis, peu après, du déparfemenl des
Bouches-du-Rhône. Marseille lui doit: le jardin botanique elle
pont qui lui est conligu (1803-1810), les fontaines de la place
Royale et de la place Montyon, la caserne de gendarmerie, le
temple prolestant, le grand hospice construit sur la rade, l'arc
de triomphe élevé aux vainqueurs du Trocadéro, le pavillon
d'entrée du lycée, la Porte Majeure, des agrandissements exé
cutés au lazaret, la chapelle du Port-Dieudonné, l'église Saint-
Remy, la maison d'arrêt (1813-1831), enfin tous les travaux de
voirie faits à Marseille de 1803 à 1830. Hors de celte ville, Pen-
chaud fut l'architecte du palais de justice de Di'aguignan(1824),
de la fa(;ade du dépôt de mendicité d'Aix,dela maison de dépôt
d'Orgon, du palais de la Cour d'Aix (1822-1823), de l'abattoir
de Tarascon. Penchaud allait exécuter le projet terminé d'un
établissement "d'aliénés, lorsqu'il fut mis brusquement à la
d'aprûs une pUoLogrophie de C.ji).'i
AL. DU BOIS
CHAPITRE m. 81
relniite en 1832 et mournl ;i l'aris le 22 décemlire de la même
année.
A Toulon, un simple édifice à signaler, ciuoiqu'il ne soil pas
œuvre d'archilecte, mais plutôt d'ingénieur: c'est l'embryon de
riiôpilal de Saint-Mandricr (considérablement augmenté depuis).
11 se composait à ce moment de deux pavillons parallèles cons-
truits en 18 19, perpendiculaires à l'bùpital primitif, et d'une
cbapelle présentant nnc coupole soutenue par seize colonnes
d'ordre corinthien, autour de laquelle régnait une galerie cou-
verte décorée de vingt-quatre colonnes d'ordre dorique. Ce bâti-
ment rappelait, comme on le voit, par sa forme, le temple du
Soleil à Home. L'ingénieur Rocourt de Charleville et Benard
ou Bernard, inspecteur général des tra\tuix hydrauliques, ont
attaché leurs noms h ces construclions; nous n'en pouvons pas
dire plus.
Un architecte du département du Var, de 1820 à 1856, a cou-
vert ce département d'édifices portant tous le caractère archi-
tectural de l'époque à laquelle ils furent élevés; il s'appelait
Esprit-Bernard Lantoin, était né, en 1 787, à Aix-en-Provence et
était élève de Coste. Architecte, en 1823, du nouveau palais épisco-
pal et de l'hospice de Fréjus, de 1823 à 1851 , de la prison dépar-
tementale, en collaboration avec Ballard père, du théâtre et de
l'hôtel de la préfecture en 1848, il éleva, hors de Draguignan, l'é-
glise duNans, les mairies de Saint-Rapliaél et de Lorgnes en 1838,
le palais de justice, la prison et la caserne de gendarmerie de Bri-
gnoles en 1839, le palais de jusiice, la prison et la caserne de
gendarmerie de Toulon en 18i2, le palais de justice, la prison
et la caserne de gendarmerie de Grasse, et restaura en 18iO la
basilique de Saint-Alaximin (arrondissement de Brignoles).
Obligé de céder, en 184G, ses fonctions d'architecte diocésain <à
l'architecte Lejeunc, de Paris, il n'en continua pas moins, en
1850, la restauration d'une œuvre intéressante du xu" siècle, le
cloître de l'ancienne abbaye du Thorouet à Draguignan, qui lui
devait déjà l'église du couvent de Sainte-Marthe en 1842 et celle
du couvent du Bon-Pasieur élevée en 1844. Enfin, il construisit,
en 1854, l'église paroissiale des Arcs et mourut à Draguignan
en 1856.
Moins favorisé que le déparlement du Var, celui des l'yré-
nées-Orienlales ne présente qu'un édifice construit pendant cette
m. 6
82 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
période, le lliéàlie de Perpignan, élevé en 1013 : arehilecte,
Toreilles, sur lequel nous ne possédons aucun renseignement.
Le palais de justice de Privas, ainsi que le grand séminaire de
Viviers, exécutés en 1826 sur les plans d'un élève de Delespine,
Amable Macquet, né à Paris en 1790, sont les seuls édifices
importants à signaler dans TArdèclie; mais I\l acquêt fut aussi
chargé de la restauration de la cathédrale de Dijon, de la con-
struction de la maison d'arrêt de Beaune (1830), du séminaire de
Langres, de 1836 à 1846, et d'une chapelle aux Herbiers (Vendée) ;
la date de la mort de cet architecte nous est inconnue.
Dans la Lozère, à Mende, un seul édifice public est à signaler,
le palais de justice de l'architecte Boivin, dont nous ne connais-
sons que le nom.
Gustave-Bernard Bouriére, né à Ferrussac (Tarn-et-Ga-
ronne), le 10 janvier 1807, est l'architecte de presque tous les
édifices construits à Agen et dans le département du Lot-et-
Garonne, de 1830 à 1850 : à Agen, l'abattoir, le temple protes-
tant, la prison départementale et l'asile des vieillards (en colla-
boration avec L. Payen), la caserne de gendarmerie, le grand
séminaire déjà commencé; hors d'Agen, l'hôpital de Villeneuve-
sur-Lol, le temple de Nérac (en collaboration avec Baltard
père), etc. Bouriére est mort en septembre 1867.
L'hôtel de ville de Gaillac, qui renferme le tribunal et le col-
lège, ainsi que la halle de Castres, datent de 1833 à 1837 et eu-
rent pour architecte Le Brun désigné seulement sous le nom de
Le Brun jeune ; la prison et la caserne de gendarmerie de Car-
cassonne ne suffiraient pas à donner à Sargine Champagne, né
dans cette ville en 1795, une place dans noire ouvrage, s'il n'a-
vait également attaché son nom à la restauration du porche ogival
de la cathédrale de Carcassonne, à une époque où l'étude des édifi-
ces religieux du moyen âge était absolument bannie de l'enseigne-
ment architectural; aussi regrettons-nous de ne pouvoir donner
aucun autre renseignement biographique sur cet architecte.
Charles-Victor Malo, né à Brest (Drôme), en 1799 et mort
architecte du département du Loi le 7 novembre 1862, avait
étudié l'architecture à l'école des arts et métiers de Chàlons, ce
qui ne l'empêcha pas d'être chargé de la construction de l'Iiôlel
de ville et du théâtre de Cahors, d'aspect assez monumental, de
la maison d'arrêt et d'un séminaire.
CHAPITRE III. 83
L'arcliitecle auquel le déparlemenl des Basses-Pyréaées doil
la plupart des édiiices, plus ou moins importants, élevés de 1817
à 1837, s'appelait Jean Latapie, éiait né à Jurançon, le 2 mai
178i-, et élait élève de Percier. Restauraleur de l'hùlel de ville de
Pau, en collaboration avec Famin, il y construisit le marché, la
halle, le grenier public ainsi que l'église Saint-Louis, place
Royale, un lazaret de terre à Urdos, de 1817 à 1822, un lazaret
maritime à Rayonne en 1823, un hôtel de ville et des halles pour
la ville de Nay,et mourut le 12 avril 1837, laissant un projet d'é-
glise et de théâtre pour la ville de Pau.
Parmi les architectes assez nombreux que vit naître le pays
bordelais de 1780 à 1815, trois seulement se dislinguèrent par
des œuvres importantes. Au premier rang, Pierre-Alexan-
dre Poitevin, qui, néàRordeaux le 24 février 1782, dut vivre
pendant sa première jeunesse du produit de ses leçons comme
professeur de dessin. Protégé par la famille de Marcelius, qui
avait reconnu son tempérament d'artiste, il put entrer culin, en
1809, dans l'atelier de Percier, et c'est là qu'il acquit les con-
naissances nécessaires à la profession d'architecte. Au sortir de
cet atelier, il fut nommé architecte du département de Lot-et-
Garonne, qui lui doil le palais dejusIiced'Agen, le palais de justice,
les prisons et l'hôtel de ville de Marnîande. Nommé alors archi-
tecte du département de la Gironde, il est chargé, en 1820, de
la transformation de l'abbaye d'Eysses en maison centrale, puis,
à Cadillac, de la transformation du château d'Epernon en une
prison de femmes et de la construction de l'hospice des aliénés,
de l'étahlissement du presbytère de Langon (1823) et du lazaret
de Trompeloup près Pauliac, sur la Gironde (1825). Ses travaux
à Bordeaux sont les suivants : restauration des églises Saint-
André et Saint-Nicolas, érection de portails pour les églises
Saint-Seurin et Saint-Eloi, érection des colonnes rostrales de la
»
place des Quinconces tt du monument de l'archevêque Daviau
dans la cathédrale. Poitevin est mort à Bordeaux le 7 avril 1859,
auteur d'un Abrégé de llnsloire des arls publié en 1848.
Les deux Burguet s'occupèrent surtout des services hospita-
liers de Bordeaux : à Jean Burguet, né dans celle ville en 1783,
où il mourut le 17 mars 1848, on doit l'hôpilal général Saint-
André, sur la place d'Armes, et des agrandissements considéra-
bles à riiôpital Saint-Jean; il fut également l'archilocle du
84 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
templo anglican et do la salle de concert dite salle Franklin.
Charles-Bernard Burguet, son neveu et son élève, né le 10 dé-
cembre 1821, vint étudier l'architecture dans l'atelier de Lebas ;
nommé, en 1848, architecte de la chambre de commerce et des
hospices et, en 1851, de la ville de Bordeaux, il consiruisit le
marché au bétail, le grand marché, le marché « des grands
hommes », appropria l'ancien collège des jésuites aux besoins du
nouveau lycée, puis fut chargé de nombreuses restaurations à
l'église Saint-Michel, au Grand-Théâtre, à l'hôtel de ville, à
l'hôpital de Saint-André, etc. ; président de la Société des arclii-
tectes de Bordeaux, qu'il avait fondée, il est mort dans cette ville
le 9 mars 1879.
Un des principaux édifices de Bordeaux, le palais de justice,
fut construit, en 184î, sur les plans de Joseph-Adolphe de
Thiac, né à Bordeaux le 4 juillet 1800, fils d'un autre architecle
bordelais, Pierre-Jean-Baptiste, élève de Louis, qui pendant
vingt ans jouit auprès de ses compatriotes d'une certaine noto-
riété, mais n'a laissé aucune œuvre susceptible d'êlre mentionnée
ici. Elève de son père d'abord, puis de Vaudoyor et Lebas,
.loseph de Thiac compléta ses études en Italie, de 1824 à 1828.
Revenu à Bordeaux, il fut nommé, en 1830, architecte du dépar-
tement de la Gironde et y construisit aussi la prison, l'hôtel de
la posie et l'iuslitulion des sourdes-muettes. De Thiac, chevalier
de la Légion d'honneur depuis 1846, est mort au Bouscat le 24
décembre 186.5. Jean- Jules Mondet, élève de Labbé et Danjoy,
naquit à Bordeaux le 28 novembre 1834. Depuis 1859, il exé-
cuta dans le Bordelais au moins cinquante églises ou clochers
et plusieurs châteaux. Parmi ses principaux travaux nous cite-
rons : l'église de Costets en Dorthe (1863-64), l'agrandissement
de l'église catholique de Bazas et la restauration de la porte du
Groquet à Bazas (1804), la restauration de l'église Notre-Dame
d'Ureste (ancienne abbatiale) (1871-72); à Bordeaux, l'église
NoIre-Dame-de-Lorette (1873) et le presbytère de Sainte-Eulalie;
les restauration générale et reconslilulion partielle de l'église
Saint-Riesse (1880) et l'église du Sacré-Cœur (1884), les églises
de Sainte-Hélène et des Audenge. Le Lot-et-Garonne lui doit la
restauralion de l'église de Gouland, la construction de l'église de
Puymiclos et de Noire-Dame de Tonneins. En 1883-1886, il fil
la restauration générale et l'appropriation de l'ancienne abbaye
CHAPITRE III. 85
du Rivet, à Auvos. Alondet a conslriiit de plus, à Nîmes, l'église de
Saint-Baiidile, inaugurée le 28 octobre 1877, qui apparlient au
style ogival de la fin du xiii° siècle, légèrement modilié, avec
une abside carrée et deux llèches élancées qui ilauquenl le
grand portail. Son projet aélé, de plus, classé le premier au con-
cours pour l'érection de la cathédrale de Buenos-Ayres (1882),
mais nous ignorons s'il a été exécuté.
Deux autres architectes bordelais de la même époque ont té-
moigné, dans les constructions particulières qu'ils ont élevées,
de leur goût artistique cl de leurs connaissances, cesonl : Pierre
Clochar, né à lîordeaux en 1774, plutôt dessinateur qu'arclii-
tccte; Gabriel-Joseph Durand, né à Bordeaux en 1792, élève
de Bonfiu fils, qui a élevé en 1852 l'abattoir général de cette
ville et celui de Libonrne.
Le déparlement de la Charente cul le bonheur de trouver dans
son architecte départemental, Ahadie, .à une époque où tout
était à créer, un artiste capable de comprendre et de diriger le
travail de transformation nécessité par les besoins du service
politique et administratif qu'on y créait.
Paul Abadie, né le 22 juillet d783, à Bordeaux, y commenç:a
ses éludes d'architecture dans l'atelier de Bonfin et les continua
dans celui de Percier et Fontaine; attaché comme inspecteur à
la construction de l'escalier du Louvre exécuté par ces deux
architectes, puis successivement au ministère des finances
(ex-hôtel des Postes), rue de Bivoli, et aux travaux qu'exécutait
alors Bonnard comme architecte en chef des manufactures de
tabac, c'est en 1818 qu'Abadie vint se fixer à Angoulêine. Il y a
laissé : le palais de justice inauguré en 1828, sur la place du
Mûrier, l'hôtel de la préfecture près le rempart de l'est, ter-
miné en 1832, le portail néo-grec de l'église Saint-André, église
romane du xi" siècle, la façade dans le même goût du Dépôt des
minutes des notaires, installé dans le palais roman des comtes de
Taillefer,les abattoirs, une partie des prisons,les halles, le lycée que
termina son fils, et enfin l'église Saint-Jacques du faubourg de
Lhoumeau, au portique dorique, avec clocher dansle sentimenlita-
lien, achevée en 1840; l'hospice général, édifice du xvi" siècle, lui
doitaussi des agrandissements notables exéculésdc 1826 à 1828.
Hors d'Angoulème, Abadie fui l'architecte de la sons-i>rél'ec-
lure et du imlais de justice de Bull'ec ainsi que des prisons de
86 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Ruffec et de Confoleiis. Il mourut le 3 décembre 18G8,à Bor-
deaux, où il s'était retiré depuis quelques années, membre
correspondant de l'Institut, chevalier de la Légion d'honneur
depuis 1836, et laissant un fils appelé comme lui Paul, et
architecte comme lui, dont nous retracerons la vie lorsque
nous ferons l'histoire de l'architecture en France pendant la
deuxième moitié de notre siècle.
Dans la Charente-Inférieure, à Rochefort, nous n'avons à
citer que la construction d'un édifice important, l'église i)arois-
siale de Sainl-Louis, élevée en 1835 par un arcliitecte bordelais,
Jean-Félix Garde, né le 29 juillet 1779, mort à Rochefort le
22 juin 1853, architecte aussi du collège communal (1828 à 1830)
et de la halle de cette ville (1851).
L'architecte du département des Deux-Sèvres, Pierre-Théo-
phile Segrétain, né à Niort en 1798, avait élé nommé, à sa
sortie de l'École polytechnique, professeur de stéréotomie à
celle des ponts et chaussées; mais il avait eu toujours un goût
très prononcé pour l'architecture, et alors se fit nommer
architecte de son déparlement; il y éleva plusieurs édifices
importants, noiammcnt riiôtel de la préfecture de Niort, de
1828 à 1832, le palais de justice, une église à Chef-Boutonne
et un temple protestant. On lui attribue encore la restauration de
la plupart des édifices religieux du département des Deux-Sèvres.
Segrétain mourut à Niort en novembre 18G4, laissant un projet
de prison ])our celle ville, projet approuvé par le ministère au
moment de sa morl.
A Nantes, pendant les premières années delà période dont nous
faisons l'histoire, les architectes ne manquent pas ; ce qui manque,
c'est la valeur arlistique des édifices qu'ils y ontélevés; que dire,
en effet, du pelit palais de la Société des beaux-arts bàli par
François-Léonard Scheult, second du nom, né à Nantes le
11 avril 1771 et mort le 1" mars 1840, beaucoup plus connu par
les clulteanx qu'il fit élevor en Anjou et en Touraine ; de l'abattoir
commencé le 10 avril 1826 par Jean-François Demolon, né en
1790,crécédéle 22 octobre 1856 à Nantes, alors même qu'on sait
que le coût de cet abattoir s'est élevé à 830,000 francs; de Ma-
thurin Pécot et de Pierre Pécot, nés à Nozay, élèves de (Jueslel,
auteurs du passage de la Basse Grande Rue à Nantes, de Burond
et de Durand-Gasselin, constructeurs, en 1843, du passage
CHAPITRE III. 87
Pommerayo, quoiqu'ils aient raclielé avec intelligence une nola-
ble différence de niveau existant entre les deux moiliés du pas-
sage? I^a serre du jardin des plantes et le couvent des Carmélites
furent commencés par Félix-François Ogée, né cà Nantes le
11 mai 1790, et qui avail élé élève de l'Ecole polytechnique et
directeur de l'artillerie à Nantes avant d'en être nommé (on
1817) l'archilecle-voyer. Ogée plaça d'ailleurs la bibliollièque
communale au premier étage de la halle aux blés et enrichit l'hôlel
de ville d'un pont de fer dit l'Arche Sèche, placé sous la salle
de bal; il y fit encore les bâtiments de l'usine à gaz; à Paim-
bœuf. le collège, unlavoir et des quais ; puis une petite église dans
le style des basiliques à la Cbapelle-Basse-Mer. Mort à Paris le
25 février 1837, il laissait un iils, Emile -Paul- Adolphe Ogée,
comme lui architecte-voyer de la ville de Nantes et professeur
de dessin à l'école des sciences, dont nous ne connaissons pas
les œuvres. Né le 18 janvier 1826 à Nantes, Emile y mourut le
H oclobre 1879.
Un élève de Duban, Henri-Théodore Driollet, né à Paris le
23 janvier iBOo, mort le 12 novtmiM'e 1863, qui avait été l'ins-
pecteur des travaux de décoration de la cathédrale de iîeims or-
donnés en 1825 à l'occasion du sacre de Charles X, fut désigné
comme architecte diocésain de la Loire-inférieure, du Morbihan
et de la Charente-Inférieure; mais il ne prit pas possession de
ses fonctions et fut nommé architecte de la ville de Nantes; il
y dirigea la construction dos serres du jardin des plantes en
1843, de l'escalier de Sainte-Anne en 1851, du temple protes-
tant delà rue de Gigant en 1855, la décoration de la salle de
Felire, la restauration du musée, l'établissement de la place
Royale; on lui doit encore un marché au poisson, le belTioi de
l'église de Sainte-Croix, une fontaine et des lavoirs publics, etc.
Enfin, il fui, à la mort de Lassus, chargé de la resiauralion de
l'église Saint-Nicolas.
Avant que t>lienantais, dont nous allons faire la biographie,
eût construit, conjointement avec Saint-Félix Scheult, le nouveau
palais de justice de Nantes, en 1853, le service judiciaire était
installé, depuis 1834, dans les bàtimenis de l'ancien hôlel de la
Monnaie qu'avait consiruit, do 1821 à 1825, un archilecte envoyé
de Paris, nommé Colomb Gengembre ou Gingembre, que
nous ne connaissons pas aulromonl. Ce fui en 18ii qu'à l'exlré-
«8 LES AHGHITEGTES PAR LEURS OEUVRES.
niil6 de la rue La Fayelle fut commencé ce nouveau palais de
juslice. Joseph-Fleury Chenantais, l'un de ses archilectes, na-
quit à Nantes le 6 oclobre ISOO; élève de Garnaud, il fut nommé
chevalier de la Légion d'iionneur en I80G. Outre le palais de
juslice, dont nous pouvons citer le portique formé d'une double
colonnade soutenant une frise sur laquelle pose un groupe
signé de Sur, un arlisie nantais, Nantes doit à Chenantais l'église
NoIre-Dame-de-Bon-Port, dont la coupole rappelle les églises
de Gènes, la salle destinée aux exposilions de peinture et à l'au-
dition des concerts, le théâtre de la Renaissance, la prison, la
manufacture des tabacs, les gares de Tours à Nantes, et sur-
tout le très bel hôpital dont l'inauguration a eu lieu le
21 novembre 18G3; ce bâtiment, qui peut recevoir 1,100 ma-
lades, a coûté 2,200,000 francs. Chenantais est mort président
de la Société des architecles de Nantes et jeune encore, le
1" novembre 1808.
Le-coliaborateur de Chenantais dans la plupart des travaux
que nous venons de citer, Saint-Félix Scheult, était d'une
famille d'artistes, parmi lesquels François-Léonard, doni on a lu
le nom quelques lignes plus haut.
Archilecle en 1827 du département de la Loire-inférieure,
il y a construit i'église de Sainl-l'^lienne de Mouthic, la chapelle
Saint-Donatien à Nantes, plusieurs hôtels également dans
cette ville, et fit une restauration importante à la cathédrale.
Nous ignorons d'ailleurs les dates de naissance et de mort de
Scheult.
Avant d'être l'architecte du palais de justice et de riiôtel de
ville de Chàlellerault, Jacques Diilin, né à Lyon le 13 juillet
1806, s'était déjà fait connaiire par la construction de Sainl-
François-de-Sales, à Lyon, et d'une église à Villeurbanne,
département de l'Isère; de plus, il avait obtenu des mentions
honorables pour ses projels de mairie de la Guillotière et de la
halle de Besançon. Après l'érection de ces deux importants
édifices, Dulin obtint la restauration du palais de justice de
Poiliers, construction du xiii'' siècle. Le déparlemonl des Deux-
Sèvres lui doit aussi la chapelle de Gagemont à Melle; Dulin,
qui a construit dans la région un assez grand nombre d'bôlelset
de cliâleaux, est mort à une date que nous ne pouvons préciser.
L'église de la Daguenière date de 1823 et eut pour archi-
J, I. HITTORFF
CHAPITRE III. 89
locte François, donl nous no connaissons que le nom ; à moins
qu'il ne s'agisse de l'arcliilecte Villers, prénommé François, car
la plupart des édifices de Maine-el-Loire construits <à cette
époque pour répondre aux besoins de l'administration départe-
mentale sont dus à un élève de Delespine, Jacques-Louis-
François Villers, né à Paris le 7 février 1791 ; il fut, en etrct,
l'architecte de l'hôlel de ville et du tribunal de commerce de
Cholet, ainsi que d'une fontaine dans cette petite ville, du palais
de justice de Sanmur et d'une halle à Chemillé, dont le premier
étage est consacré aux services de la justice de paix et de la
mairie. Villers fut également l'architecte de la colonne élevée,
en 1823, à Saint-Florent-le-Vieil en l'honneur de la duchesse
d'Angoulême, et il est mort architecte de la ville d'Angers,
laissant un certain nombre de projets qui ne paraissent pas
avoir été exécutés.
Petits-lils du peintre Antoine Vestier, membre de l'ancienne
Académie, Phidias et Archimède Vestier (ce dernier, ancien
élève de l'Ecole polytechnique et commissaire-voyer de la ville
de Paris, mort en 1862) concoururent à l'érection de la gare
de Tours et de toutes les gares de Paris à Tours par Vendôme,
d'Orléans à Tours, de Nantes à Brest, etc. Phidias Vestier, né à
Berny (Seine), le 27 octobre 179G, avait été élève de l'École des
beaux-arts, inspocleur des monuments historiques du déparle-
ment dIndre-el-Loire et est mort chevalier de la Légion d'hon-
neur en 1874.
C'est vers ISoO que Charles Jacquemin Belisle, alors archi-
tecte du département d'Indre-el-Loire, né en 1815, éleva, avec
l'aide de son fils, le palais de jusiice de Tours, qui comprenait
une caserne de gendarmerie el une maison d'arrêt suivaul le
système cellulaire. Architecte aussi de l'hôtel Dussausoy et des
vastes ateliers de l'imprimerie Mame de Tours, il est mort dans
celle ville en 1809.
La ville du Mans voit s'élever, de 1828 à 1836, l'asile dépar-
temental d'aliénés; en 1842, son théâtre municipal sur la place
des .lacobins et, sur l'emplacement de l'ancien hôtel do Tessé,
le palais de l'évèque. L'architeclc de ces édifices s'appelait De la
Ruel, c'est tout ce que nous pouvons affirmer.
\a\ fidèle Bretagne ne fut pas négligée, naturellement, par le
gouvernement de la Beslauralion. A Bonnes, de 182o à 1843,
90 LES AHGHITKCTES PAR LEURS OEUVRES.
s'élève la maison d'arrèl, et la calliéilrale, dont l'étal était dé-
plorable, reçoit une restauration intelligente et respectueuse, ce
qu'on obtenait difficilement des architectes de celte époque.
L'homme auquel elle fut confiée, arcliilecte diocésain du dépar-
tement, était Louis-Guy-Marie-Rose Richelot, né à Rennes
le 27 juillet 1786. En celte qualité, il a construit le palais de jus-
tice et la sous-préfecture de Sainl-Malo, le palais de justice de
Montfort et celui de Redon, et a dirigé la restauration du châ-
teau de Vitré; il a élevé, également, plusieurs grands hôtels à
Rennes, où il mourut le 29 décembre 1855, laissant à l'architecte
Langlois le soin de continuer la restauration de la basilique qu'il
avait si bien commencée.
Charles-Isidore-Eustache Millardet, né en 1800, élève de
Debret, éleva, de 1820 à 18o2, le tliéàtre de Rennes et le cliâ-
teau d'eau destiné à alimenter les fontaines dont il était l'auteur
sur la promenade qui conduit à cet édifice ; Rennes lui doit en-
core l'entrée et la chapelle du cimetière, le pont de Berlin,
l'escalier de la Molle et la galerie Méret. Nommé ensuite ar-
chitecte à Valenciennes, le 1" mai 18'(7, Millardet y mourut
peu après, le 15 juillet, professeur à l'académie de cette
ville.
Le palais de l'Université de Rennes eut pour architecte Vin-
cent-Marie BouUé, né à Vannes, le 24 floréal an XI. Élève de
l'École des beaux-arts, RouUé s'était déjà fait connaître à Li-
moges, oii il a élevé plusieurs constructions dont nous ignorons
l'importance ; comme architecte en chef de Rennes, il eut à
construire l'abattoir, la balle au poisson et les bureaux de l'oc-
troi ; puis se relira à Sainl-Rrieuc, où il est mort en 1804.
A Sainl-Rrieuc, c'est Louis-Maurice-René Lorin, né le
20 juillet 1781 et mort dans la même ville le 5 décembre 1846,
qui élève, en 1835, l'hôtel de la Préfecture et l'église Saint-
Michel; le tribunal de Loudéac est de ce môme architecte.
La ville de Lorient, que sa situation appelait à devenir une
ville maritime de premier ordre, vit s'élever, au commencement
du xix° siècle, un assez grand nombre d'édifices importants.
L'architecte qui eut la direction des travaux, à partir de 1808,
s'appelait Pierre-Marie de Lussault et était né à Paris le
H février 1785; d'abord employé comme dessinateur aux cons-
tructions navales du port, Lussault construisit, en 1808, la porte
CHAPITRE III. 91
de l'arsenal maritime. Devenu architecle de la ville de Lorient,
il débuta en 181 1 par Térection de la fontaine de la place Saint-
Louis; de 1820 à 1828, il restaura l'église Saint-Louis en même
temps qu'il restaurait la mairie de Port-Louis et élevait à Lorient
(1821-1823) la maison d'arrêt projetée en 1817; en 1821, le
marché à la viande; de 182i à 1828, le collège communal; en
1826, le lazaret Saint-.Micliei, l'octroi et l'abattoir qui ne tar-
dera pas à disparaître; en 1829, les monuments à la mémoire de
Bisson à Lorient et de Georges de Cadoudal à Auray ; de 1833
à 1834, la halle au pain, dont le premier étage a été occupé par
l'école primaire et converti depuis (1878) en musée avec école de
dessin. De Lussault, qui était fds d'un architecte, lauréat de
1772, mais dont ne nous connaissons pas les œuvres, est mort
Lorient le 12 septembre 18G0. Beaucoup plus modeste fut la part
de notoriété recueillie par Auguste-Louis-Édouard Bouillon,
dont l'ouvrage sur les Principes de la conslruction des écoles
primaires fut pourtant adopté comme un guide sûr, en 1833,
par le ministre de l'instruction publique. Né à Paris en 1803,
mort à Périgueux en 1861, Bouillon n'a produit, pendant son
assez longue carrière, qu'une école normale primaire à Bourbon-
Vendée (la Roche-sur-Yon) et une école supérieure annexe. 11
mourut à Périgueux en 1864.
L'hospice des aliénés de la Loire-Inférieure, dont Jouannin
fut l'architecte, de 1820 à 1827, occupe les bâtiments de l'an-
cienne abbaye de Saint-Yon,et fut continué par Grégoire; nous
n'en savons pas davantage.
La Normandie ne fut pas non plus négligée par le gouverne-
ment de la Restauration ; à Rouen même, un élève de Percier et
Fontaine, Charles-Félix Maillet du Boullay, né à la Bouille, en
179S, fut nommé, jeune encore, architecte en chef de la capi-
tale de la Normandie et exécuta d'abord des restaurations im-
porlantes à l'église Saint-Ouen, à l'hôtel de ville et à la chapelle
du cimetière principal ; puis, il fut chargé de l'érection de l'église
Saint-Paul sur l'emplacement de l'édilice primitif du xi' siècle,
dont il conserva cependant les absides, qui servent aujourd'hui
de sacrislie, un bâtiment pour les douanes et des abattoirs.
Maillet du Boullay, fort connu à Paris, quoique architecte de pro-
vince, fit élever plusieurs hôtels, notamment l'hôtel de Coigny
elle château de Vaudremer, cl mourui le 20 mars 1878.
9i LES ARCHITECTES PAR LEURS (EUVRES.
L'li(Mel des douanes, mis au concours en 183i, enl pour archi-
tecte un enfaiil de la Normandie, Charles-Edouard Isabelle, né
au Havre le 24 février 1800. Elève d'Achille Leclère, Isabelle
élait déjà connu par une étude remarquable faite par lui, pendant
son séjour en Italie, sur les Edifices circulaires et les coupoles
des grandes églises de la péninsule, publiée de 1824 à 1828.
Chargé ensuite de l'érection du théâtre de Béziers, de la restau-
ration des écoles d'arts et métiers de Chàlons ot d'Angers, de
l'établissement thermal de Vichy, il revint à Rouen faire le
piédestal delà statue de Boieldieu (1839), puis, à l'aris, fut l'ar-
chitecte des tombeaux de Geoffroy Saint-Hilaire et de David
d'Angers (1857). Nommé officier de la Légion d'honneur en
1802, il est mort en 1879.
Au delà de Rouen, au Havre, c'est un ingénieur sorti de
l'Ecole polytechnique et de l'Ecole des ponts et chaussées qui se
fait l'architecte d'une salle do bal de Sainte-Marie-de-Graville et
restaure l'église Saint-François, puis s'en va construire la salle
de spectacle de Dieppe ; il est vrai que Pierre-François Fris-
sard, né le 27 juillet 1787, à Paris, oîi il est mort le 2 septembre
1854, inspecteur général des ponts et chaussées, a sans doute
vu dans ces travaux une distraction digne de son intelligence,
appelée à résoudre les plus graves problèmes. Nous laissons
d'ailleurs à ceux qui écriront la biographie de nos ingénieurs
le soin de donner celle de l'ingénieur Frissard. Architecte de
la ville de Caen et professeur à l'école d'architecture de cette
ville, Emile Guy, né à Paris le 21 mars 1795, éleva à Caen,
en 1832, les abattoirs et, en 1838, le Ihéâlre de la ville; des ad-
ditions considérables au lycée et la reprise en sous-œuvre de
l'un des piliers de la tour dans l'église Saint-Pierre de Caen
complètent, avec l'érection du théâtre de Sainl-Quenlin, la liste
des travaux de cet architecte, qui fut fait chevalier de la Légion
d'honneur en 1842 et est mort le 4 juillet 18GG.
C'est aux deux architectes Haron-Romain père et tlls qu'est
due la maison centrale de Reauiieu, établie sur l'emplacement de
l'ancienne maladrerie, près de Caen. Haron-Romain père, né à
Bernayen 1701, second grand prix en 1788,mouriil le 13 janvier
1822, laissant non seulement son projet de maison centrale, mais
encore un projet d'hôpital pour la ville de Caen; Haron-Romain
fils, né à Bernay le 15 août 1796, sortait de l'Ecole polytechni-
CHAPITRE III. 93
que lorsqu'il fut appelé ii cxéculcr le projet de son père (1823-
1844); architecte ensuite de la préfecture du Calvados et du
temple protestant, Haron-Romain fils fut chargé de la restaura-
tion de la cathédrale de Bayeux (continuée par AI. Uuprich-
Roberl). En 1840, sur l'ordre du ministre de l'intérieur, il rédi-
gea, de concert avec Bleuet et Iloreau, une série d'instructions
relatives à la construction des maisons d'arrêt, et fut nommé, en
1830, architecte diocésain d'Alger. 11 est mort à Caen le 22 avril
186G, laissant un projet de monument au Poussin et un projet
de séminaire pour Alger. La maison d'arrêt de Cherbourg eut
pour architecte, en 1823,Moutier, qui avait été chargé d'élever
le monument à la mémoire du duc de Berry, à Paris (182G-1 829);
mais la révolution de 1830 l'a fait disparaître et il a élé rem-
placé par la fontaine actuelle, (puvre de Hiltorff.
Gustave-Napoléon Doisnard, né à Lisieux en 1806, eut,
comme arrhilecte du département de la Manche, la mission
d'élever la majeure partie des édifices que réclamait la nouvelle
organisation départementale, savoir : le tribunal civil de Mor-
tain (1834), l'hôtel de la sous-préfecture d'Avranches (1842), la
sous-préfecture et la caserne de gendarmerie de Mortain, même
année, l'hôtel de ville, le collège et un dépôt d'étalons à Saint-
Lô (1846) ; en 1848, Doisnard avait exposé un projet de restaura-
lion de l'église du Mont-Saiut-Michel ; il est mort à Saint-Lô le
8 août 18o2.
Les ressources des déparlements du nord ont toujours facililé
la construction dans cette région des édifices religieux ou civils
dont la nécessité était reconnue, et les archilecles y sont rela-
tivement plus nombreux que dans les autres parties de la
France .
Nous commencerons la nomenclature de ceux qui ont cons-
truit H Lille |ieu(lan[ la première moitié du xix° siècle, par Victor-
Louis-Henri Leplus, né à Lille en 1789, décédé en 18ol ,
architecte du département du Nord; Lille lui doit son palais de
justice (1837), ses prisons et le hùtiment des archives départe-
mentales du Nord inauguré le 26 août 18i4, remarquable par sa
façade en bossage décorée dans sa partie supérieure des mé-
daillons des divers souverains de Lille jusqu'à Louis XIV et par sa
porte d'entrée que surmontent les médaillons de Froissard et de
Commines. Mais c'est Charles-César Benvignat qui, de 1830 à
94 LES ARCHITECTES PAR LEURS (EUVRES.
.1803, fut le plus brillani représcnlant de l'école lilloise, à laquelle
il a donné son enseignement jusqu'à sa mort. Né à Boulogne-
sur-Mer le 24 décembre 1806, élève de Chàtillon et lauréat de
l'Académie d'architecture de Lille, Beuvignat a attaché son nom
à la plupart des édifices importants élevés pendant une période
de soixante-dix années dans la région du Nord. En 1842, il
restaure le Grand-Théâtre construit par Lequeux en 1785, la
Bourse, monument de la domination espagnole dalant de 1052;
en 1845, il éli've la colonne commémorative du siège de Lille
de 1792; en 1848,1a halle au blé et au sucre; en 1849,1a façade
de l'hôtel de ville, de style Renaissance ; les deux bâtiments en
retour (dans lesquels les architectes ont su conserver la salle du
Conclave et l'escalier dépendant de l'ancien palais de Philippt; le
Bon élevé en 1430) sont l'œuvre de MM. Contamine et Mourcou,
que nous relrouvei'ons plus loin. L'édifice contieni, outre les
salles deslinées aux services municipaux, des musées et la biblio-
thèque publique ; de 1833 à 18i7, Beuvignat bâiit le lycée sur
l'emplacement d'une ancienne église de BécoUets ; en 1854, la
Faculté des sciences et l'École de médecine. Le nombre des
églises que cet architecte édifia ou restaura dans le département
est considérable : nous citerons celles de Saint-Vincent-de-Paul,
de Saint-Martin d'Esquermes, de Baisieux,une partie de l'église
de Loos à Lille, celle de la Madeleine-lez-Lille (remplacée depuis),
ainsi que celle de Saint-André-lez-Lille ; de plus, il restaura l'an-
cienne église d'Esquermes, aujourd'hui couvent des Sœurs cla-
risses, et la façade de la cathédrale de Tournai; Beuvignat fut
également l'architecle d'hôlels à Lille et de châteaux dans le
déparlement du Nord et mourut en 1877.
Louis Verly, fils et collaborateur d'un archilecle français dont
l'œuvre presque tout entière consiste dans des édifices civils
élevés en Belgique et en Hollande alors qu'elles étaient provinces
françaises, n'a construit en France que la manufacture des tabacs
de Lille, Thôlel de ville et l'église de Cysoiug. Né à Lille le 20
juin 1794, il est mort à une date que nous ignorons (V^oir Archi-
tecture belge).
La salle de spectacle de la ville de Cambrai et la bibliothèque
datent de 1831-1833 et eurent pour architecte Louis -André de
Baralle, né en 1804, à Valenciennes, mort le 28 avril 1872.
De Baralle, architecle diocésain, a construit, en celte qualité,
CHAPITRE III. 'Jo
l'église d'Ilaussy (Nord), consaci-ôe en 1852, et l'liù[)ilal Saint-
Julien de Cambrai.
L'église Notre-Dame (1844-1847), édifice néo-grec de style
corinthien, l'hôtel de ville de Roubaix, élevé en 1840, et Notre-
Dame de Tourcoing, édifice égalemeni de style néo-grec, eurent
pour architecte Achille-Joseph Dewarlez, né à Lille en 1797,
décédé en 1871. La colonne, d'ordre dorique, commencée en 1804,
à Boulogne-sur-Mer, par Labarre dont nous avons donné la bio-
graphie (Voyez Bourse de Paris), est achevée en 1845 par son
inspecteur Guillaume Henry, sur lequel nous ne possédons aucun
renseignement.
Nous n'en possédons pas beaucoup plus sur Jean-Baptiste
Bernard, architecte lillois, élève de Chatillon,i-eslaurateur de la
maison du xv" siècle dite maison Mire à Valenciennes, auteur
de la chapelle Notre-Dame de Quemniappes, arrondissement
d'Arras, de la chapelle Saint-Koch et de la maison d'école à
Crespin (Nord).
Le tribunal et les [irisons de Doullens qui datent de 1819 sont,
avec les « Bergeries » du château de Chambord (1817), les seules
œuvres connues d'un homme issu d'une famille d'artisles et
artiste lui-même, Jean-Jacques Tardieu, né à Paris en 1762,
élève de David Leroy, premier grand prix d'architecture en 1788.
Nommé rapporteur du Conseil des bâtiments civils, Tardieu
conserva cette fonction jusqu'à sa mort, arrivée en janvier 1833.
Après avoir élé quel(|ue temps architecte de la ville de
Mayence, François-Auguste Cheussey, Hié à Sarrelouis le 31
juillet 1781 , fut nommé architecte du département de la Somme ;
il y a construit, en 1824, la bibliothèque communale, l'école des
frères devenue école supérieure de filles et les bureaux d'octroi
des portes de Noyon el delà Hotoie. Plus tard, la restauration
de la cathédrale d'Amiens lui fut confiée, ainsi que laconstruclion
de l'église Saint-Jacques, de l'abatloir el du pont Saint-Michel,
de l'église Saint-Maurice au faubourg de Ham, de l'école et de
la salle d'asile Saint-Jacques. Cheussey, membre de la Société
des antiquaires de Picardie et chevalier de la Légion d'honneur,
est mort le 13 juillet 1857.
Le département des Ardennes vit s'élever égalemeni, pendant
la période dont nous nous occupons, quelques édifices publics :
des églises à Haules-Uivières, à Anvilliers, à Fécherut, à Ilarc
96 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
àiMouzon, qui eurent toutes pour arcliitecte uii élève d'Alavoine.
d'IIuyot et de Guénepin, Amédée-Joseph Delarue, né à Lille
en 1790. Parmi les édifices civils élevés par Delarue, mention-
nons les hôtels de ville de Mézières, de Sedan, de lloci'oy et le
palais de justice de cette dernière ville, les casernes de gendar-
merie de Mézières et de Pauvre, les maisons d'arrêt de Vouziers
et de Mézières et la maison de correction de Relhel (1842) ; de
plus, il restaura le palais de justice de Hethel, ainsi que Técole
des frères de Sedan, le couvent de Véry-les-Moines, et fut l'archi-
lecte des filatures de Neuflise. Delarue est mort à Amiens
vers 1863.
Peu d'édifices publics en Champagne pendant cette première
partie du xix° siècle : cependant Arcis-sur-Aube, devenu chet-
lieu d'arrondissement, a besoin d"uu tribunal, d'une maison
d'arrêt et d'une caserne de gendarmerie formant un bâtiment
unique, relevé dans le Choir it édifices publics de Gourlier au nom
de l'architecte Vaudé, qui l'édifie en 1825. C'est d'ailleurs tout
ce que nous savons de lui.
ÂB£L BLOUET
CHAPITRE IV
Il s'élève, en Angleterre, à côté de l'école classique, une école néo-grecque qui
n'a produit ni architectes, ni œuvres architecturales. — Vers 1840, révo-
lulioii radicale dans l'architecture religieuse. — Tentative impuissante d'éc/ec-
tisme par Ch. Barrj et adoption définitive par les architectes anglais, dans
presque toutes leurs constructions importantes, civiles comme religieuses,
de l'ancien style ogival anglais accommodé aux besoins de la société mo-
derne.
En Anglelerre comme en France, l'architecture classique eut
une période brillante dont le palais de Somerset, œuvre de l'ar-
cliitecteCliamljcrs, marque le point culminant. Mais cette période
dura peu. Los récenles découvertes faites à Athènes et dans
toute la Grèce par les archéologues anglais Jamos Stuart et
Nicolas Revetl, au lieu de servir aux architectes, leurs compa-
triotes, comme d'une base et d'un critérium qui leur permît de
juger les erreurs commise* parles artistes gréco-romains de la
période impériale, n'eurent d'autre résultat que de substituer
aux anciens modèles qui avaient été jusque-là les modèles clas-
siques éprouvés par l'expérience des maîtres italiens, français
et anglais, des modèles nouveaux, mais d'une application impos-
sible dans leur ensemble. Ce qu'il y avait à en tirer c'était l'har-
monie des proportions, la logique des agencements, les dispo-
sitions de la décoration. Les architectes anglais préférèrent
combiner entre eux des fragments entiers de temples grecs et en
falwiquer des églises et des théâtres aussi bien que des magasins
et des prisons. Tous les édifices religieux ou civils de l'Angle-
terre, depuis le commencement du xix° siècle jusqu'au moment
où Charles Barry revintàla Renaissance italienne (en la modifiant
conformément aux nécessités du climat et du tempérament an-
glais), sont, à vérilablement parler, des amalgames plus ou moins
rationnels de fragments grecs, à l'exclusion de toute idée ori-
ginale appartenant aux architectes qui les ont construits,
m. 7
98 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
Nous devrons pcul-être faire exception pour John Shaw, donl
le père avait éié chargé, en 1803, de travaux considérahles au
Clirist's Hospilal, dont il fut nommé inspecteur [survoyor] en 181 G.
Ces travaux consistèrent, de 1820 à 1822, dans la reconstruc-
tion de rinfirmoric et du côté sud-ouest des bâtiments et, de
1825 à 1829, dans l'éroclion du hall ainsi que des écoles de
grammaire et de mathématique. C'est dans le style ogival des
Tudor qu'il commença la réfection de ce grand édifice, et lors-
qu'on 1831 il recul la mission de construire l'église Sainl-Duns-
lan in Ihe West, Shaw fil un véritable elïori pour rappeler dans
sa façade les traditions du slyle ogival. On peut se demander,
par exemple, pourquoi il a appliqué indifiéi-emment le style
Tudor à côté de l'ogival primaire, et aussi pourquoi il a choisi
comme plan un octogone inscrit dans un carré ? Shaw, qui
était né à KenI, le 10 mars 1776, avait été d'abord pendant
quelques années l'élève de Gwilt. Successivement employé aux
évaluations des terrains de Londres qui furent, de son lemps,
couverts de constructions, et architecte de la Compagnie d'assu-
rances contre l'incendie le Phœnix, il mourut à Ramsgate le
30 juillet 1832.
A la même époque, mais sous une inspiration différente,
s'élèvent également les églises Saint-Peter à Walworth(1823-2o),
Trinity-Church à Marylebone et Saint-Jean à Belhnal-Green,
œuvres d'un architecte anglais déjà connu du lecteur auquel
nous l'avons présenté, quand nous avons dit quelques mots de
laScala regia: John Soane. Né le 10 septembre 1733, près de
Reading, et fils d'un maître maçon, Soane travailla dans les ate-
liers de Dance et de Holland jusqu'en 1776; il élait donc encore
élève lorsqu'il obtint (1772) la médaille d'argent de l'Académie
des beaux-aris, à laquelle succéda la médaille d"or donnée à
Soane en 1776. Envoyé à Rome par la proteclion de Chambers,
il était revenu à Londres en 1780 et dessinait, de 1783 à 1788,
quatre volumes de planches publiés sous le titre de : Sketches
of architecture, et quarante-sept aulres planches grand in-folio :
Plans of buildings executed in several comities. Inspecteur des
bâtiments delà Banque, ainsi que nous l'avons ditprécédemmeni,
puis des palais de Saint-James et du Parlement, il fut, à partir
de 1793, chargé de toutes les constructions nouvelles à élever
dans l'enceinte de Westminster, succéda, en 1807, à S. Wyatt,
CHAPITRE IV. Ô9
comme architecte de l'hôpital de Clielsea et écrivit vers celte
époque son hvre : On the causes of the présent inferïor stale of
architecture in Enyland^ qui souleva les protestations d'un grand
nombre de ses confrères, mais ne l'ompôclia pas d'être nommé
(1813) grand-maître des francs-maçons d'Angleterre. Soane
mourut le 20 janvier 1837, après avoir consiruit plus de soixante
édifices, palais ou maisons pour des compagnies, banques, so-
ciétés, etc., et réuni une magnifique collection d'antiquités qui
fut achetée GO 000 livres par le gouvernement anglais, en 1833.
Hardwick, l'architecte de l'église Sainte-Marylebone, élevée
sur l'emplacement de l'ancienne église Saint-Jean, en 1813,
n'hésita pas à procéder, par l'agencement de fragments grecs, à
la consirucfion d'un temple chrétien; le portique de Sainte-
Marylebone est liexastyle, surélevé de six marches, cou-
ronné d'un fronton et d'une tour décorée de colonnes de slyle
corinthien composite ; des cariatides supportent les retom-
bées du petit dôme qui termine la tour. L'édifice présente
d'ailleurs un parallélogramme au-dessus duquel règne une ba-
lustrade en pierre d'un caraclère lourd et mesquin tout à la fois.
Commencé le .'i juillet 1813, il fut terminé le 4 février 1817.
Thomas Hardwick, né en 1752, mort le 16 janvier 1829, était
un élève de \V. Chambers. Ayant obtenu, en 1768, la médaille
d'argent de l'Académie, il fit à Rome une restauration impor-
tante du Colysée. De 1787 à 1790, bien aniéricurcment, on le
voit, à l'église de Marylebone, il avait déjà été l'arcliitecte de
Sainte-Marie-Vierge à Wansted en Essex; en 1788, il faisait à
l'église Saint-Paul de Covent-Garden, violemment attaquée
par le feu eu 1795, des réparations importantes au milieu
desquelles il conserva, autant que possible, l'archileclure de
l'auteur Inigo .lones. En 1790, il éleva la cbapelle de S' John,
en 1792, la chapelle et le cimetière de la paroisse Saint-James
de Weslminsler et, en 1790, il répara l'ancienne église de S'-
Barthelemy-le-Grand, West Smithfield, qui menaçait ruine,
après des études qui eurent l'approbation de la Société des anti-
quaires de Londres. 11 continua ses travaux en 1 802, par la prison
du comté d(î G.ilway, puis,en 1809, par le « worldiouse » Saint-
Pancras, en 1814, par la chapelle et le cimetière de S' John's
Wood; de 1813 à 1817, parla chapelle de Newroad, à laquelle
il accola un portique corinthien. Architecte de l'hôpital S' Bar-
100 LES ARCHITECTES PAR LlîURS OEUVRES.
thelemy de Wefel Sniillifield en 1803 el de la petite église de
S' Barthélémy the less, il est nommé en 1820, architecte {Clerk
of Wor/i'.$) de Hampton Court, par George III.
Contemporain de Shaw et, comme lui, restaurateur du style
ogival, Henri Hakewill, né le 4 octobre 1771, fils d'un entre-
preneur nommé John, fut d'abord peintre de portraits et déco-
raleur. Ses premières œuvres d architecture, des maisons par-
ticulières, datent de 1801. En 1809, il fui nommé archilecle des
écoles et des trustées (commissaires) de Rugby, dont il fit la
chapelle en style ogival. Architecte aussi des Radcliffe trustées à
Oxford, on le voit remanier l'observatoire et l'infirmerie. Four
les bcnchers (anciens?) de Middle Temple, à Londres, il dessina
le mobilier de leur bibliothèque en 1822 et la lanterne qui dé-
core le toit de leur hall, ainsi que les appartements exécutés par
James Savage en 1831: — A Wolverton, il dessine des églises
de style ogival, toujours, ainsi que celle de Saint-Pierre d'Ealon
square à laquelle fut pourtant préféré un édifice de forme
grecque. Commencée le 4 septembre 1824, elle était ter-
minée le 20 juillet 1827; mais, détruite par un incendie en
1836, elle fut reconstruite par le fils d'Hakewill, l'année sui-
vante, sur les dessins originaux de ce dernier, qui décéda le
13 mars 1830.
Un autre fils de John, prénommé James, né le 25 novembre
1778, préféra tout d'abord les études artistiques à l'exercice de
la profession de son père. Il se fit connaître, dès 1813, par un
projet pour un monument commémoratif de la campagne
de 1812 (retraite de Russie). De 1816 à 1817, il visita le conti-
nent et publia, en anglais : Histoire de Windsor et de ses environs;
Voyage pittoresque en Italie (1818); Yoyaeje pittoresque dans Ftle
de la Jamaïque (1820); Plans des abattoirs de Paris (1828) ; Es-
sai sur les vrais caractères de t architecture au temps d'Elisabeth
(1835). En 1836, il présenta un plan général de reconstruction
de la salle du Parlement et est mort seulement le 28 mai 1863.
— L'un de ses fils, Arthur William, né en 1826, mort le 19 juin
1856, fut élève de D. Burlon et de Carislie à Paris; membre de la
Société d'architecture, il éleva quelques édifices particuliers et
n'est connu que par un certain nombre d'écrits sur l'architecture.
L'église Saint-Pancrace, construction de briques revêtues de
ciment de Portiand, estpourtant une imitation voulue de VErech-
CHAPITRE IV. 101
toion d'Athènes, avec poiiiqiie hexastyle, chapiteaux et ornements
de terre cuite. C'est sur ce fac-similé de temple grec commencé
le 7 mai 1819 et terminé le 7 mai 1822 que les architectes frères
William Inwood et H. W. Inwood ont planté une tour octogone
qui a la prétention de rappeler la Tour des Vents. Nous igno-
rons s'ils sont revenus plus tard, comme la plupart de leurs
compatriotes, à l'imitation des édifices religieux du moyen âge.
L'n des inspecteurs de Nash, de 1793 à 1797, John Adey
Repton, fils aîné de Humphry Repton qui se donnait la quali-
ticalion de « Landscape gardener » (jardinier paysagiste), était
né à Londres le 29 mars 1775 et avait été élève de Wilkins.
Occupé à des restaurations ci Cobdham Hall, il trouva le temps
d'écrire de nombreuses pages de critique d'art et de faire des
dessins pour Y Anmial Polito Repnsitonj. Il prit part au concours
pour la construction des bâtiments qui devaient occuper le
l'arliamenl square et obtint le premier prix dans ce concours,
comme il obtint le second, alors qu'il s'agit d'élever le New
llospital de Rethléem à Lambelh. Consulté à plusieurs reprises
par les gouvernements de Hollande et de Prusse désireux de
transformer les villes d'Utrecht et de Francfort, John Repton
mourut ta Springfield le 20 novembre I(S60, précédé dans la mort
par son jeune frère George Stanley Repton, élève et colla-
borateur de Nash lorsque celui-ci éleva le théâtre de Haymarket.
Ce fut aussi George qui posa, le 15 mai 1819, la première pierre
de Saint-Philippe Chapel, consacrée le 4 juillet de l'année sui-
vante. Nous y retrouvons d'ailleurs le portique grec avec enta-
blement et fronton et un clocher en pierre, imitation maladroite
du monument de Lysicrate. Nous savons seulement que George
mourut en 1858.
Charles Robert Cockerell, malgré la réputation considérable
que lui lircul ses œuvres nombreuses d'architecture, ne put pas
échapper à la contagion lorsqu'il fut nommé l'architecte de la
Chapelle Saint-George, Hannover square. Le portique, là encore,
pour être une contrefaçon anglaise du temple de « Minerve
armée », n'en a pas moins un aspect mesquin que ne relèvent
pas les deux petites tourelles carrées dont il est fianqué et le
dôme écrasé par une lanterne disproportionnée qui sert de toi-
ture à l'édifice.
Cockerell, né le 27 avril 1788 h Londres, était fils d'un archi-
102 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
lecle du nom de Samuel Pépys; il explora dans sa jeunesse la
Grèce entière et rapporta en Angleterre des études très sin-
cères de tous les édifices grecs qu'il avait eus sous les yeux.
Sa première pensée, à son retour, fut de les restituer dans leur
état primitif et on ne doit pas s'élonner, après cela, qu'il ait été
dominé pendant toute sa vie par les souvenirs des travaux qui
en occupèrent la première partie. Du reste, malheureusement,
l'occasion ne lui manqua pas de faire revivre, dans les édifices
de son pays, ceux dont il n'avait vu que les ruines. L'Angleterre
lui doit en effet la chapelle d'Harrow (1819), l'Inslilut philoso-
pliique de Bristol, le collège de Lampeler (1822), la nouvelle
Bibliothèque de Cambridge, la nouvelle Banque de Manchester
commencée en 1845 et finie le 23 juin 18i7, la succursale de la
Banque à Liverpool (1848), l'hôpital Seckford, à Woodbridge
(1853), des hôtels et le dessin d'une église protestante à Athènes.
Cockerell, depuis longtemps architecte de Westminster et de
l'église Saint-Paul, mourut à Londres en 1803, professeur d'ar-
chitecture, membre de l'Académie royale des beaux-arts et
membre correspondant de l'Institut. Il a laissé de nombreuses
publications sur la Grèce, sur les églises du pays de Galles, une
monogra[)liie de la cathédrale de Lincoln, une biographie de
l'architecte Wickeham, etc. N'oublions pas de dire, après Pugin,
que Cockerell eut un collaborateur dans la construction d'IIan-
nover Chapel, James John, dontnous ne connaissons quele nom.
John Nash, dont nous donnons plus loin la biographie, dans
les églises de Langham place et d'Ail Soûls a également
sacrifié, quoique dans des proportions plus réservées, à l'en-
gouement de ses contemporains pour les temples grecs; le por-
tique périptère circulaire de ce dernier édifice est soutenu par
douze colonnes d'ordre ionique et la tour, à deux étages assez
simples, est terminée par une pyramide octogonale très effilée,
c'est tout ce que nous en dirons.
Encore deux contrefaçons du temple grec, l'église de l'hô-
pital Sainte-Catherine dans Regent's Park, œuvre, en 1820, de
A. Pointer, et la petite église de Tous-les-Sainls, construite, de
1821 à 1823, sur les dessins de Charles Hollis. Partout l'édifice
règne le plein cintre accolé aux colonnes d'ordre ionique ou
corinthien indilVéremment. Nous ne connaissons ni les autres
œuvres, ni la biographie d'IIollis.
CHAPITRE IV. 103
De Saint-Luc, Robert street, de Chelsea, commencée à Londres
lo 18 octobre 1820 et consacrée le 18 octobre 1824, l'architecte
James Savage a, par exception, voulut faire un pastiche de
certains munsters allemands ou flamands des xiv" et xv° siècles.
La tour de l'édifice, qui en est la partie principale, de 142 pieds
anglais, comprend quatre étages de style ogival anglais et repose
sur quatre arcades également ogivales d'une ornementation
sobre et dont l'exécution est bien traitée. A l'église de Tot-
tenham qui date de 1830, l'architecte préféra adapter le style
grec. Pas de style bien accusé dans les églises Saint-.James, Spa
road (1827-1829), ni dans Sainte-Marie at Hill, Eastcheap, et
dans la maison du Hecteur. Hors de Loudres, il suffit de citer
de lui Bull and Mouth in?}, aujourd'hui Queeu's Hôtel, et l'église
de Sainle-Marie à Ilford, l'église de Saint-Thomas et les écoles
du comté d'Essex, Sainte-Marie Spead Lamland en Berkshire,
le presbytère à Broxbourne , le Baptist Collège à Stepney
Green, etc. Savage, né le 10 avril 1 779 àllackney, avait été admis
comme étudiant à l'Académie royale des arts et, en cette qua-
lité, avait obtenu, en 1800, un second et, en 1805, un premier prix,
mais pendant dix années il se livra à la construction des ponts
de Richmond sur laLiffey et de Tempsford sur la rivière d'Ouse.
En 1830, il succéda à Hakewill comme architecte de la Société
de Middle Temple, il déplaça l'entrée nord et le betTroi (1830-1 832),
commença Saint-Michel, Burley street, et, de 1836 à 1838, déplaça
le clocher et refit le plancher de la sonnerie ainsi que la char-
penle des cloches dans la cathédrale de Lincoln. Il dessina l'é-
glise Saint-Paul Addlestone près Chertsey, commença la répa-
ration de Temple Church, continuée par Smirke et Burton, et
mourut, membre del'» .architectural Society» à Saint-Luc, Chel-
sea, le 7 mai 1832.
Un élève de Chambers, Willey Reveley, qui avait beaucoup
voyagé en Italie, en France, en Grèce et en Egvple, produisit
de 1791 à 1798, comme résultat de ses éludes classiques, l'église
de Tous-les-Saints à Soulhampton, pasliche de l'architecture
grecque comme tous les édifices de cette époque. Ce qui vaut
mieux que cette œuvre de Reveley, c'est la préface remarquable
qu'il écrivit en tête du troisième volume de Stuart et Revett sur
les Antiquités d'Athènes (1794) et un volume de dessins d'or-
nement paru en 1801. Il fut aussi l'architecle des bains pu-
104 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
blics de Canterbury ainsi que des docks flotlanls sur la Tamise,
et mourut le 6 juillet 1799.
La Chapelle catholique, à Londres, date de 1817 à 1820 et
eut pour architecte Ne\Yman , qui affecte les formes chères
aux classiques ; l'édifice se compose d'une nef, de deux ailes et
d'un sanctuaire terminé en segment d'ellipse; ce sont des piliers
carrés qui soutiennent les arcades en plein cintre et un dôme
très bas remplace le clocber absent. Le portique est représenté
par quatre pilastres et deux colonnes d'ordre corinthien sup-
portant un entablement avec fronton décoré d'un bas-relief
dans lequel le sculpteur a représenté la Foi et la Piété suppor-
tant la croix. John Newman naquit en 1786 à Londres; em-
ployé jusqu'à l'âge de trente ans dans l'établissement formé sous
le nom de Bridge House Est aie, inspecteur de Smirke lors de la
construction du théâtre de Covent-Garden (1809) et de 1823 à
1829 à celle du General post office, il fut aussi archilecte du
Cirque de Finsbury, large de 125 pieds anglais sur 98 pieds, de
l'école d'Islington, puis, de 1834 à 1838, de l'école des Aveugles
indigents, du cirque Saint-George à Soulhwark et du groupe
de maisons formant Duke street. Depuis 1815, Newman était
membre de la commission de surveillance des égouts [sewers)
pour les comtés de Surrey et de Kent et de la commission de
viabilité de Southvvark, architecte des domaines du comle de
Somers. Architecte honoraire de la Société royale Literary,
l'un des fondateurs de l'Institut royal des architectes britan-
niques (1848), Newman mourut, le 3 janvier 1859, àPassyprès
Paris, où il s'était retiré depuis 1851, laissant une curieuse col-
lection d'antiquités romaines qui a été acquise depuis par le
British Muséum.
Un dernier édifice religieux de Londres, dont la première pierre
a été posée en 1823, mais qui cependant n'a été inauguré que
vingt ans plus tard, est l'église Saint-Jean, Waterloo road, dont
l'architecle s'appelle Bedford; c'est tout ce que nous en savons.
Au moment où, grâce aux travaux et aux études de Cockerell
et de Penrose, la conslruclion des temples grecs ne semblait plus
avoir de secrets pour les architectes anglais, il se fit en Angle-
terre, comme en France d'ailleurs, un retour vers le culte des
traditions du moyen âge, et on y vit une véritable renaissance
du style gothique comme on avait vu, au xvi" siècle, une renais-
d'après un portrait du Musée de M;-
M. R. PENCHAUD
CHAPITRE IV. 105
sance du style gréco-romain ; mais elle n'y fut point contre-ba-
lancée, comme en France, parles sages conseils d'un éclectisme
raisonné. Ce fut en Angleterre pour le style golhique un véri-
table engouement qui dure encore aujourd'hui. « Des milliers
d'églises autrefois abandonnées à la décrépitude, ont été restau-
rées à l'aide de souscriptions pul)liques, écrit M. Lawrence Har-
vey; de même aussi, des milliers d'églises neuves en slyle moyen
âge ont été bâties pendant le règne de notre souveraine la reine
Victoria. Jamais à aucune époque la bâtisse ecclésiastique n'a
pris une pareille extension comme pendant les cinquante années
qui viennent de s'écouler. »
Le grand prêtre de l'architecture gotliique fut un nommé
Pugin (1812-1852), fils d'un fabricant d'ornements d'églises,
originaire de Lausanne en Suisse. « Pugin, après un long
voyage d'études, publia un ouvrage remarquable sur l'arciii-
lecture de la Normandie ; la beauté de ses dessins, l'exactitude
de ses relevés, la chaleur de son plaidoyer et surtout l'à-propos
de sa publication attirèrent une foule d'adhérents enthousiastes
soit dans le public, soit parmi les jeunes architectes. Comme
poésie du dessin, rien n'égale, à mon avis, les croquis de voyage
de Pugin, mais ses compositions d'architecture ne sont pas à la
hauteur de ses dessins.... »
Pugin (Augustin WelbyNorthmore), né à Londres en 1811,
avait étudié sous son père, Auguste Pugin, Français d'origine et
architecte à Londres, dont nous ferons la biographie, fort courte
d'ailleurs, lorsque nous passerons en revue les édifices civils qui
y ont été élevés pendant les premières années du siècle (1).
Tout jeune encore, il avait accompagné son père dans le voyage
fait par celui-ci et dont le résultat fut la publication, de 1825 à
1828, d'un ouvrage ayant pour litre : Spécimens of the archi-
tectural antirjidiies of ÏSorinartdij. De plus, comme il était habile
dessinateur, il fut attaché à l'atelier de décoration du théâtre
Royal et du théâtre de Covent-Garden ; c'est à cette époque
(de 1825 à 1835) qu'il écrivit trois ouvrages estimés sur « le Mo-
bilier des édifices du xv° siècle et les Ouvrages d'art de cette
époque, en fer, bronze, argent et or ». Mais ce ne fut qu'à partir
(1) On voit que nous ne sommes pas d'accord avec M. L. Harvey relativement
aux renseignements biographiques qu'il a recueillis sur Pugin fils, mais nous
avons des raisons pour croire les nôtres très exacts.
106 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de 1841 que Pugin, converti à la religion catliolique, voua son
zèle et son génie à la construclion des éditices religieux consi-
dérables en nombre et en importance dont il couvrit, pour
ainsi dire, le sol de l'Angleterre protestante. Nous nous conten-
terons de citer, sans indiquer la valeur les édifices dont nous
donnons la nomenclature : l'église, l'école et le couvent attenant
à la résidence de Lord Shreswbury, h Alton-Towers, la cathé-
drale Sainte-Marie à Derby, les églises de Sainte-Marie à Be-
verly, de Sainte-Marie à Wymeswold, de Danesfield Bucks, de
Saint-Chad à Birmingham, de Saint-Wilfrid à Manchester, de
Liverpool, d'Oxford, de Cambridge, de Reading, de Northamplon,
de ^^'ool^vich, de Sainl-Barnabé à Nottingham; les couvents
d'Edge-lIill et des Sœurs de la Merci, à Londres, à Birmingham
et à Liverpool; les collèges de Rugby et de Radclilïe, la nef de
l'église de Cheadle, les églises de Saint-Edouard près Ware, de
Saint-Martin à Buckingham, de Saint-Barnabe à Leicester; le
prieuré de Saint-Grégoire à Downside près Balh; les églises de
Kenilworth, de Slockton-on-Tees, de Newcastle-upon-Tyne, de
Preston, de Ushaw, de Keighlley en Yurksbire, de Sheepshear,
de\A'arwick-Trenl, de Breewood, d'IIammersmilh, dePontefract,
de Fulham. On doit encore à Pugin une église dédiée à saint
George à Londres, la cathédrale de Killarny, les églises d'En-
niscorty et de Saint-George à Southwark, ainsi que les écoles qui
en dépendent ; les maisons de charité de Sibthorpes et de
Lincoln, etc. L'église catholique de Saint-George in Fields (1848),
qui peut contenir 3,000 personnes, est surtout remarquable
par son clocher dont la hauteur atteint 320 pieds anglais.
Le dessin de l'école de Saint-George in Fields, dont la première
pierre fut posée le 14 novembre 1844, et qui n'ofîrerien deremar-
quable, au point de vue archiiectonique, était l'œuvre des archi-
tectes Worth et Frith dont nous ne connaissons que les noms.
Pugin mourut, jeune encore, à Ramsgate en 1852, laissant
plusieurs mémoires accompctgnés de planches qu'il avait trouvé
le temps d'écrire au milieu de ses immenses travaux.
A la vérité, quelques architectes anglais à peine connus pré-
cédèrent Pugin dans sa tentative de résurrection de l'architec-
ture religieuse du moyen Age : Poster qui, en 1829, élevait déjà
une église de style ogival à Liverpool; Tattersall, qui pour-
tant avait fait, en Italie, une élude approfondie de l'antiquité
CHAPITRE IV. 107
gréco-romaine et conslruisaif, en 1839, la chapelle gothique de
nunkinfield; Alexander Stevens, qui donnait, de 1840 à 18i3,le
dessin des églises ogivales (style perpendiculaire) de Surbilon,
cointr de Surrey, de Herm llill, de Notting Hill, de Ramsgale,etc. ;
John Rochad, qui, dans la première ôgUsa libre érigée à Glascow,
West Regent's street, en 1843, s'inspirait du style dans lequel a
élé édifiée la cathédrale anglo-normande de cette ville; Edward
Hakewill, parent de ceux dont nous avons, plus haut, présenté la
biographie, qui, en 1845, adoptait les formes données aux
édifices religieux anglais des xiif et xiv' siècles, lorsqu'il élevait
l'église de Ilackney dédiée à saint Jean de Jérusalem; Thomas
Cundy, auquel Pimlico (comté de \\'ar\vick) doit l'église ogivale
de Saint-Michel dont le style est celui du xiv' siècle. L'année
suivante, en 1843, Cundy élevait à Paddington l'église de la
Sainte-Trinité, édifice de valeur, dans le style perpendiculaire,
à trois nefs, couronné d'une flèche octogone de deux cent dix-
neuf pieds anglais; en 1849, il posait la dernière pierre du
collège Saint-Barnabe de cette même ville de Pimlico et l'église
de ce collège qui futconsacrée en 1850, puis, en 1833, il y com-
mençait l'église Saint-Gabriel, édifice de style ogival comme
les précédents. Disons enfin que, vers le môme temps, en 1847,
Charles Parker élevait également à Surbilon l'église catholique
avec nef et bas-côtés surmontée d'une tour carrée de 78 pieds
anglais de hauteur et y annexait une école commune aux garçons
et aux filles de cette localité.
Richard Tattersall, le seul dont nous possédons la biogra-
phie, était né en 1813 à Baithley, en Lancashire; ses autres œu-
vres furent l'église de Saint-Paul à Staleybridge, Cheshire, dans
le style de la (iu du xviii" siècle, construite de 1832 à 1833, la
banque de .Manchester et Salford (1838), les chapelles_des Unita-
i-iens à Dukinfield et à Stockpod, Saint-Barnabe, Bodney street,
à Londres, le presbytère Saint-Luc à Cheetham; il restaura,
de 1842 à 1844, l'église d'Asthon et une chapelle dans la collégiale
de Manchester et prit pour collaborateur T. Dickson qui termina
les derniers travaux de Tattersall, après sa mort arrivée vers
décembre 1844.
Arthur Ashpitel, né en 1807, à Ilackney, était l'aîné des
six enfants d'un architecte de Clapton, inspecteur d'Alexander
puis de James Savage : arcbitecte à Londres à la suite d'études
108 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
fort sérieuses, il attacha son nom aux églises Saint-Barnabe
d'IIoraerton et Saint-Jean de Blackeath ainsi qu'au monument
de Wellington (démoli aujourd'hui et transporté sur la côte de
Dorsel). Ces trois édifices, qui datent de 1847 à 1832, sont conçus
dans le style ogival anglais dit « perpendiculaire » et, pendant
cette période, notre architecte se signalait par des études remar-
quables sur les cathédrales anglaises de Chesler, Worcestcr,
Manchester, Lincoln, les abbayes de Repton, Newstead, etc. Ce
qui ne l'empêcha pas d'élever, suivant des principes plus con-
formes aux besoins de la société moderne, des bains et des lavoirs
à Lambelh, Maidstone, Kidderminster, Bilslon, etc., des dortoirs
et une infirmerie à l'asile des orphelins de Clapton, à Fhôpilal
ophtalmique de Maidstone et enfin des ponts et des maisons
particulières dans la construction desquels Aslipitel essaya avec
succès l'usage de la charpente en fer. A partir de 1853, il alla
se fixer à Rome où il écrivit deux études accompagnées de
dessins sur « la Rome ancienne et la Rome moderne » {Rome
as it was and Rome as it is) et un Traité d'architecture pu-
blié à Edimbourg en 1867. Nommé vice-président de l'Institut
des architectes britanniques en 1862, Ashpilel est mort en 1869.
C'est dans le style anglo-normand appartenant à la période de
Guillaume le Conquérant, que l'architecte J.-D. Hopkins préféra
construire l'église d'Argyle square à Londres, dont la première
pierre fut posée le 27 juin 1843; les deux tours de 70 pieds an-
glais de hauteur étaient terminées en 1844, mais nous ignorons
malheureusement les autres œuvres de Hopkins.
Thomas AUom, né à Londres en 180i, élève de Francis God-
win, surtout dessinateur, a laissé cependant trois œuvres d'ar-
chitecture religieuse, dans le voisinage de Londres : l'église
du Christ h Heighbury et les églises de Kensington-Park et de
Notting-llill, toutes trois de style ogival; l'Angleterre lui doit
aussi l'asile Cambridge à Kensinglon sur la Tamise (1832), l'hôtel-
station du Great-Eastern railway à Ilarwich'el l'établissement de
la Compagnie d'assurance London-Lancashire. Membre, un des
premiers, de l'Institut royal des architectes britanniques, Tho-
mas Allom a un fils. M' Arthur Thomas, né à Londres en 1830,
membre comme son père de l'Institut des architectes britan-
niques depuis 1869, connu par la construction du grand marché
de Kins's street et de la station dite Lord's Crickel-Ground.
CHAPITRE IV. 109
Nous avons fail plus haut la Ijiograpliie do Thomas Ilardwick.
Deux autres architectes de ce nom, P. C. Hardwick et Robert,
ont construit ensemble, de 1843 à 18o0, dans le style ogival du
xv° siècle, la chapelle Wychtîe à Birmingham. L'œuvre person-
nelle de P. C. Hardwick comprend l'église catholique romaine
de Limerik, de slyle ogival, en forme de croix laline, et l'embar-
cadère d'Euslon pour le North-Weslern Railway (1849); celle
de Robert Hardwick, la bibliothèque et le réfectoire du collège
de Lincoln-in-FicIds, construction de style ogival Tudor dont la
première pierre fut posée le 21 avril 1843.
Parmi les nombreux travaux confiés à W. Gough, après sa
restauration intelligente de Saint-Pancras, vieil édifice anglo-
normand, nous citerons l'église Saint-Marc, à Tollinglon-Park,
consacrée en l8o4 ; une autre église Saint-Marc élevée à Holloway,
en 1853, et dont le plan cruciforme comprend une nef principale,
un transept et un chœur; l'église Saint-Mathieu, Lower road,
à Islington, dans le style d'Elisabeth, dont la première pierre a
été posée au mois de mai 18.51 ; malheureusement nous ne pos-
sédons sur Gough aucun renseignement biographique.
Edward Blore, dont nous regrettons de ne pas mieux con-
naître la biographie, fut aussi un des artistes qui concoururent
les premiers en Angleterre à la résurrection intelligente des tra-
ditions architecturales du moyen âge. Outre la restauration,
exécutée en 1848 dans le style d'Edouard HI, du chœur de l'ab-
baye de Westminster, il fut chargé, k la même époque, de celle
du palais de Buckingham auquel il fit des additions importan-
tes; il restaura également l'ancien palais de Lambeth, résidence
aujourd'hui de l'archevêque de Cantorbéry, et fut l'architecte
de la chapelle du collège de Marlborough ainsi que de la villa
Egerton à Wolesley (1840-1846). Blore adopta aussi pour la con-
struction de ces deux derniers édifices le style ogival des Tudor.
C'est également le pasliched'un édifice ogival anglais de 1300
que "William Butterfield voulut élever lorsqu'il construisit, en
1850, à Londres, son église de Tous-les-Saints, mais il s'y mêla
certainement le souvenir que l'artiste avait conservé des grandes
cathédrales d'Italie; seulement la brique noire et rouge par
assises alternées y remplace le marbre des églises de Sienne et
de Milan. La fièche unique de l'édifice, dont la hauteur est de
227 pieds anglais, ne manque pas d'une certaine hardiesse. Cette
110 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
construction avait été précédée de celle du collège S' Augustin
àCanlcrbury. Nous ignorons d'ailleurs les dates de naissance et
de mort de Bultertleld.
Nous en dirons autant pour J. W. Dankes et Hamilton, les
architectes de l'église S'-André construite à Londres dans Wells
street, de 1840 à 18i7, édifice de style ogival perpendiculaire,
et de l'église du Christ à Hampstead, consacrée en 1852; pour
William Ordish et John Johnson, arciiitectesde S' Paul, Camp-
den square h Londres, élevée également dans le style ogival en
1848; pour Benjamin Ferrey, architecte, en 1844, de l'église
de S' Giles in Fields, édifice de style anglo-normand, de l'église
de Kensington (1851), pour laquelle il a adopté l'ogival Tudor,
de l'église S" Mary de Thunbridge et de l'église S'-Jean d'Angel-
Town près Brixton (1853), de l'église d'Enshangen, diocèse de
Peterborough, si yle anglo-normand (1854). Mais l'œuvre la plus
considérable de Ferrey est sans coniredit l'établissement scolaire
de S'-Etienne de Westminster et l'église attenant à celte école
fondée, en 1847, par la fille du représentant Burdett. Ferrey a
laissé un ouvrage estimé publié en 1841 sous le titre de : An-
tiqinties of the priorey Christs Church.
La chapelle S'-Jean-Bapliste de Bloomsbury (18i8) et l'église
paroissiale de Charlecote (1853), pastiches gothiques comme les
précédents édifices, n'offrent rien de bien remarquable ; elles
sont l'œuvre d'un architecte de Westminster, Jesse Gibson, né
à Hackney, Middlesex, qui mourut archilecle-voyer de la divi-
sion Est de Londres, le 24 juin 1828, à l'âge de quatre-vingt-un
ans. Rien à dire non plus de la chapelle de la Congrégation à
Plymouth, élevée en 1848 par l'architecte Wightwick, ni de la
nouvelle synagogue de Margaret slreel, élevée en 1849 par
un élève de Smirke, l'architecte D.Mocatta, dont nous ne con-
naissons que les noms.
Lewis Vulliamy, médaille d'or de l'Académie en 1815, fut
aussi un archilecle d'édifices religieux. Londres lui doit : (1829)
S'-Barnabé, (1830-31) S'-Jean de Richmond, (1830) Christ's
Church, Woburn square, (1831-33) Highgale New Church,
(1835) S' James, Church Clapham, (1839) S' James, Curtainroad,
(1846-49) l'église de Tous-les-Saints et des restaurations àla cathé-
drale de Rochester, (1851-52) S'" Marguerite d'IsleworthetTéglise
paroissiale de S' Barthélémy à Sydenham. Citons de lui, comme
CHAPITRE IV. 111
édifices civils, la Law. Institulioii, Chancery lane, une aile do l'a-
sile de Harrow road, (l8'iG) la façade de la « Royalliistilution »,
(1840-41) le Lock Hospital. Viilliamy mourut le 4 janvier 1871.
Thomas Leverton Donaldson jouit en Angleterre d'une noto-
liélé relative, autant comme archéologue que comme architecte,
quoique cependant il ail hoaucoup construit pendant sa longue
existence. Né à Londres le 19 octobre 179o, et fils de James
Donaldson, architecte et s/^rreyor de dislricl, il commença ses
éludes à l'Académie royale de Londres et voyagea en Italie et en
Grèce. Nommé, à son retoiu- en Angleterre, surveyor du district
de South-Kensington, il construisit, vers 1825, l'église de la
S''-ïrinilé h. Brompton, ensuite la hibliothèque, les laboratoires
et la grande salle du collège de l'Université de Londres el, en
collaboration avec l'archilectc A. Grunning (un inconnu pour
nous), riiôpital allemand de Dalston. En 1880, Donaldson i*6con-
slruisit Scottish-Corporation-IIall dans Crane-Court, à Londres,
où il mourut le 1" août 1885, après avoir été professeur d'archi-
tecture au collège de l'Université de Londres de 1841 à 1864,
fondateur de l'Inslilul royal des archilecles britanniques et l'un
des dix associés étrangers de l'Institut de France.
Mentionnons encore, comme étant de la première partie de
notre siècle, l'église des Jésuites de Liverpool édifiée en 1848 el
la nouvelle chapelle catholique de Farm slreet, Grosvenor
square, inaugurée en juillet 1849, la chapelle S' George à Edger
Boston (1836), l'oratoire et la hibliothèque de Brompton ter-
minés seulement en 18.54 et l'église de S'John's \\'ood, S' James
street. Tous ces édifices, construits suivant les traditions du
moyen âge, eurent pour architecte Scoles, considéré comme un
des meilleurs praticiens catholiques par les protestants les plus
fanatiques de l'Angleterre. Joseph John Scoles, né en 1798 à
Londres, visita, de 1822 à 1826, tout le continent ainsi que la
Sicile, l'Egyple et la Syrie, fil une relation fort intéressante de
son voyage et rapporta un plan de l'église du S'-Sépulcre qui sou-
leva de nombreuses contestations. Revenu en Angleterre en 1831,
il commença par dessiner, pour Great Yarmouth, l'église de
S'-Pierre, plus une chapelle à Southtown et S'-George à Edybaston ;
en 1832, S'-Pierre au collège Stonyhurst; en 1834, S'-Ignaceà
Preston, des églises à Colchester et à Newport; en 1842 à Car-
dignan, S' John Islington. En 18ii, il commença, près de Balh,
112 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Il ne grande église demeurée inachevée, et d'autres à Bangus ou à
Lydiate, près Liverpool; de 1846 à 1849, l'église derinimaculée-
Conception à Harni slreet; une église à GrealYarmouth en 18o0;
en 1862, S''-Hélène en Lancashire; le London oratory^ rési-
dence temporaire des religieux de S' Philippe à Bromplon road et
de vastes écoles à Drury-Lane. Secrétaire, pendant dix ans, de
rinstilul royal des architectes britanniques, il devint leur prési-
dent peu avani sa mort arrivée le 29 décembre 1863.
Raphaël Brandon, né vers 1810, élève de l'Académie de
Londres, fort connu par les publications qu'il Ht en collaboration
avec Arthur, son frère, sur les édifices anglais du moyen âge
et sur les églises de Paris, élève, de 1845 à 1849, avec l'assistance
de ce même frère, l'église de Laversiock Green, dans le style
Tudor, avec celle de Robert Ritchie, l'église catholique de
Gorcfon square, très décorée à l'intérieur de marbres et de pein-
tures et pour laquelle, néanmoins, les architectes avaient adopté
les formes anglo-normandes. L'église de Portswood est également
de Raphaël Brandon seul.
Né à Londres en février 1798, William Tite commençaàse faire
connaître par la reconstruction du chevet de S' Dunstan, dans
cette ville, et obtint an concours l'église des Écossais de Regent's
square (1827) Il éleva ensuite Golden Cross dans le Strand, en
collaboration avec Cockerell (1837-38), puis la Banque de Lon-
dres et de Westminster. Choisi au concours en 1840, comme
architecte de la Bourse, il prit Trottman comme collaboraleur
et se lança alors dans la construction des gares de chemins de
fer. On lui doit notamment la gare terminus du Soulh-\A'estern,
celles de la ligne de Londres au Havre, celles du Calédonian
and Scotish-railway (1859). Membre du jury d'évaluation des
terrains acquis par des compagnies anglaises, président de la
Société d'architecture (1838), puis de l'Instilut des architectes
britanniques (1861-1870), ilen reçut la médaille d'or en 1856 et
mourut, président de la Camden Society, le 20 avril 1873.
C'est (à une association d'architectes, MM. Starkey et Cuffley,
qu'est due l'église presbytérienne de Manchester, Grosvenor
square, élevée en 1849. Nous ne citons que pour mémoire l'église
presbylérienne de Birmingham, de l'architecle Boitham, édifice
également de 1849, qui ne présente rien de bien remarquable.
Lloyd Hesketh Bamford, né le 9 août 1788, mort à Londres
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1
JOHN SOANE
CHAPITRE IV. 113
en 1862, qui avait construit, en 1849, l'élablissement de charité
de S' Clément Danes à Holborn, en lui appliquant le style ogival,
élève aussi, vers la même époque, l'église S' Thomas à Charter-
Ilouse, pastiche, comme les châteaux dont il fut l'archilecte, de
l'arcliifecture du temps d'Edouard 1°'. L'architecte H. Clut-
ton's a|>plique également, en 1848, au collège de Camaitlien,
dans le pays de Galles, et aux écoles de Reigate, les formes de
l'architecture du moyen âge anglais, puis, naturellement, à l'église
S'-Jean-l'Evangélisle de GreutStanmore, consacrée le 16juinl8o0.
Du reste, architecte chargé de l'entretien du palais de White-
Hall, Clutton's, qui avait étudié spécialement notre architecture
civile, publia, en 1853, un résumé de cette étude sous le titre :
Rcmctrks Lvilh illustrations on the domestic Architecture of France.
La chapelle de l'hôpital de la Conception à Brompton, élevée
de 1849 à 1850 et l'église de Hartlepool, vaste construction en
forme de croix latine couronnée d'une tour ayant 100 pieds
anglais de hauteur, eurent pour architecte E. B. Lamb, qui
adopta, pour leur construction, l'architecture anglaise du temps
de Henri III. C'est également dans le même style que John Tar-
ring, surnommé le G. Scott des Dissidents, édifie, de 1848 à
1849, la chapelle de Horbury à Notting Hall et que Pearson,
de Oswestry, élève les églises de Llanymyneck (1844), de la
S'^-Trinilé à Westminster (1849) et la petite église de Landscove
dédiée à saint Martin et consacrée le 27 septembre 1851. ïar-
ring, né en 1806, à Holbeton près Plymouth, était tilsd'un char-
pentier et élève de l'Académie royale. Ses autres travaux sont :
les églises d'Akelay Brucks (1849), la chapelle de Belhnal Green,
l'église des Presbytériens à Cork, S' John's Hill Wandsworth,
pour les Wesleyens, l'église des Baplisles, Victoria road, Lei-
cesler; puis les églises des CongréganistesàLucou, Bedfordshire
(1852), à Capdam (1851-52), à Blackburu, h ïavistock (1850),
Bedfurd-Chapel à Islington. 11 modernisa la chapelle Whiletield
à Rotterdam, dessina de nombreuses résidences, des parcs et
des villas, et mourut le 27 décembre 1875 à S' Anderei, Torquay.
L'association de l'architecte Flockton et de son tils a produit,
à SliefTield, l'église du Christ inaugurée en 1850; à la même
date se terminait l'église S'°-Anne, dans l'île d'Alderney, com-
mencée le 24 septembre 1847 par l'architecte Scott, dont nous
allons parler.
m. 8
114 LES AUCIHTEGTES PAR LEURS COUVRES.
En dehors des Ihéàlres et des élablissements d'enseignement
ou de commerce, Londres n'a guère vu s'élever, pendant la pre-
mière moitié de noire siècle, que trois ou quatre édifices qui ne
résument plus les tendances d'une école nationale d'architec-
iure, mais seulement les idées propres et le génie parliculier
des architectes qui en ont donné les plans, dessiné les grandes
lignes et conçu la décoration.
Le Brilish Muséum, de Robert Smirke, dont la première
pierre fut posée en 1823 sur l'emplacement de l'ancien hôtel de
Montaigu déjà transformé en muséum [National Muséum of
Antiqulties^ Literature and Arts] depuis 1759, a sa façade prin-
cipale sur Great Russel street. Celte façade se compose d'un
péristyle surmonté d'un fronton et de deux avant-corps trop
rapprochés, elle présente une colonnade de quarante-quatre
colonnes de 14 mètres de haut et de plus d'un mètre et demi de
diamètre à la base, se développant sur une étendue de 110 mè-
tres de longueur. Douze marches conduisent au portique sou-
tenu par huit colonnes cannelées, d'ordre ionique comme le
reste de l'édifice, et décoré aux deux extrémités du perron de
deux groupes monumentaux. Ce musée est à la fois, on le sait,
une exposition d'oiijcts d'art et d'antiquités, un cabinet d'his-
toire naturelle et une bibliothèque contenant des imprimés, des
manuscrits et des gravures. En face du grand escalier, large de
plus de 5 mètres, orné de vases, de balustres et de peintures,
s'ouvre cette bibliothèque précédée des statues de Dante et de
Shakespeare.
Les bâtiments de la Poste aux lettres auxquels on tété annexés, en
1873, celui destiné aux services du télégraphe, un des plus grands
édifices publics de Londres, sont également l'œuvre de Smirke,
qui les commença en 1823 et les livra au service des postes le
23 septembre 1829. Situé à la jonction des rues de Cheapside et
de Newgate, le Post Office présente une façade d'environ 100 mè-
tres, décorée de colonnes d'ordre ionique avec pavillon cen-
tral orné d'un fronton et un pavillon à chaque angle : c'est
la construction grecque de l'époque, appliquée indifféremment
aux édifices religieux, aux bourses de commerce ou aux
marchés. On doit encore à Smirke l'hôtel des Monnaies cons-
truit vers 1811, dans le même style que le précédent, et la Poi'i-
tentïanj de Milbank élevée de 1816 à 1822, édifice en briques
CHAPITRE IV. 115
qui sert de prison; elle est à trois étages, comprend six cours
pentagones et un hàtiaienl central hexagonal qui renferme la
chapelle.
Les autres œuvres de R. Sniirke sont celles dont l'énuméra-
lion suit: les églises Sainte-Marie et les école? de Bryanston
square, Sainle-Anne àWendsworth(comtédeSurrey), Saint-Jean
à Clialham (comté de Kent), Saint-Nicolas llood (Kent), Saint-
George de Tildeslay (Lancasliire), Saint-George Branlon Ilill
à Brislol, Saint-IMiilippe à Manchester, d'aulrcs églises à Wor-
cestshire, à Wesl Ilacluiey, à Askham ; à York, restauration du
chœur de la cathédrale après l'incendie de 1828 et de la chapelle
royale de While-hall, restauration de Belgrave Chapel, cons-
truction à Londres de la chapelle de Grosvenor square, du Collège
des médecins, du Collège Royal, des cours de justice à Lincoln,
de la façade de riiôpilal Saint-Thomas et de la salle provisoire
des séances du Parlement après l'incendie de 1834; à Oxford,
restauration du théâtre de Schelcroman (1838) ; enfin, à Dublin
Smirke dessine le monument de Wellington qui n'a jamais été
lerminé, il achève la prison régionale à Shresbury, dessine l'hô-
pital ophtalmique à Moorfiels et le portique de Mansion House.
Il est lemps, pour compléter celte biographie de l'architecte
de Covent-Garden, de dire qu'il était né en 1781, fils d'un artiste
appelé comme lui Robert et que, membre de l'Institut des archi-
tectes britanniques depuis 1853, il est mort le 18 avril 1867.
Un élève de Smirke, Henry Ashton, né en 1801, mort à Lon-
dres en mars 1872, fut le collaborateur de Jetîry Wyattville,
membre de l'Académie royale, alors chargé des travaux consi-
dérables qu'on exécutait au château de Windsor, et termina les
dépendances de ce palais. Architecte de Westminster improve-
ment coiiiiuission, édifice privé à l'angle de Victoria slreet, il fit le
projet du palais que le roi de Hollande, Guillaume II, voulait
ériger à La Haye, et fut reçu membre de rinstij.ul royal des
architectes britanniques. Mais l'auivre la plus importante de cet
architecte fut le théâtre de Covent-Garden qu'il reconstruisit
après l'incendie de 1808. Nous disons : fut, car, ainsi qu'on
le verra plus tard, il a disparu dans un nouvel incendie sur-
venu quarante-huit ans après. La première pierre en fut posée
le 31 décembre 1808 parle prince de Galles et l'édifice fut ouvert
au public le 18 septembre 1809, par la tragédie de Macbclh.
116 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Le temple de Minerve à Alhèues avait certainement inspiré
l'architecte : un beau portique de quatre colonnes doriques sans
bases, reposant sur un perron élevé et couronnées d'un fronton,
précédait l'entrée des loges et occupait le milieu de la façade
sur Bow street.' Le surplus de cette façade flanquée de deux
pavillons, aux deux extrémités, était décoré de bas-reliefs rappe-
lant l'histoire du théâtre anglais, dans laquelle Shakespeare et
Milton tenaient, naturellement, la première place. La décoration
de la salle, jaune et blanc, répondait à l'ornementation de
l'arcbilecture générale.
Charles Barry, que ses compatriotes considèrent comme le
plus grand architecte anglais du siècle, n'était pas tenu au res-
pect d'un plan tracé d'avance, lorsqu'il édifia le nouveau palais
du Parlement. Aussi put-il donner carrière à son génie personnel
et ce vaste édifice est bien l'expression des tendances éclectiques
que, malheureusement, Barry n'a pu faire prévaloir dans son
pays. Né à Londres le 23 mai 1795, Barry parcourait, de 1817
à 1820, la France, l'Italie et l'Asie Mineure, recueillant les ma-
tériaux qui devaient compléter son éducation artistique. Cepen-
dant, rentré à Londres en 1820, c'est par des édifices de style
gothique qu'il débuta : la chapelle militaire et l'Athenœum de
Manchester; puis il construisit des écoles à Birmingham; à Lon-
dres, le club des Étrangers (1832), le club de la Béforme (1838)
et le collège des Chirurgiens; enfin, c'est en 1837, après l'in-
cendie du 16 octobre 1834 qui réduisit en cendres les anciennes
Chambres, que Barry reçut la mission de construire le nouveau
Parlement, édifice considérable dans lequel les deux corps consti-
tués de l'Angleterre, la Chambre des Lords et celle des Com-
munes, ont leur salle de séance et les bâtiments nécessaires aux
services de chacune d'elles.
La façade du monument se déploie le long de la rivière sur
une étendue de plus de 300 mètres et est coupée de distance en
distance par des tours, dont les principales sont la Tour de
Victoria et la Tour de l'Horloge. Les salles de Saint-Slephen, de
Victoria et la crypte do Saint-Stephen, qui sert de chapelle pour
les membres de la Chambre des Communes, sont décorées de
sculptures et de peintures à fresque. On pénètre dans le palais
par le portique de la Chambre des Pairs fermé par de belles
portes de bronze et d'où l'on passe dans la salle des séances,
CHAPITRE ÎV. 117
OÙ Barry a déployé toutes les richesses de rornementation. Celle
de la Chambre des Communes est beaucoup plus modeste.
A mentionner encore, comme œuvres de Barry, les deux fon-
taines qui ornent la place de Trafalgar, les écuries de lord
StratTord, la galerie nationale de Bridgewater, l'église Saint-
Paul à Derby. Barry, mortà Londres le 14 mai 1860, eut l'hon-
neur d'être inhumé dans la nef de l'abbaye de Westminster.
Le nouveau palais du Parlement n'était pas achevé au mo-
ment de la mort de Charles Barry et l'honneur de l'inauguration
revint à son troisième fils, Edward Midleton, né le 7 juin 1830,
à Londres, où il mourut le 27 juillet 1880. Oulre sa collaboration
à ce grand édifice, Edward concourut, en 1804, à l'agrandisse-
ment de l'hôpital de Londres et ajouta une nouvelle salle au Musée
national de peinture de Trafalgar square [National Gallery) dont
la façade se compose d'un portique flanqué de pavillons,
derrière lequel on aperçoit une sorte de dôme en plomb d'un
ellef assez disgracieux. Nous devons également rappeler les
travaux qu'il exécula au château de Trenlham, résidence du
duc de Sutherland, et au collège God's Gifl, à Dulwich (comté
de Surrey), dont la première pierre fut posée le 26 juin 1866.
Mais son œuvre principale fut la reconstruction, en 1837, du
théâtre de Covent-Garden de Smirke, incendié en 1856. La
nouvelle salle a les mêmes dimensions que la Scala de Milan ;
à la façade large de 38 mètres est accolé un portique dont le
rez-de-chaussée en bossage permet l'approche des voilures
jusqu'au vestibule du théâtre; ce portique, qui règne à la hauteur
du premier étage, est supporté par des colonnes de 20 mètres
de hauteur et est orné de statues et de bas-reliefs de Flaxman,
heureusement sauvés lors de l'incendie. Les escaliers et les
dégagements sont très spacieux et la salle peut contenir deux
mille personnes.
Le premier théâtre de Drury-Lane, ouvert en 179i par She-
ridan, était l'œuvre d'un architecte nommé Henry HoUand, qui
n'a rien de commun, d'ailleurs, avec l'homme d'État anglais de
ce nom. Né vers 1 746, Holland s'était déjà fait connaître, de 1788
à 1790, par des additions au château de Carlton-House apparte-
nant au prince de Galles, additions qui consistaient principale-
ment dans un portique d'ordre corinthien destiné à servir de
passage aux carrosses. On voit que c'était un classique. 11 res-
118 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
taiira aussi clans lo même style, en 179i-, le lliéàtre de Covenl-
Garden, brûlé depuis, en 1808 et, vers 1803, il fut rarchitccte du
pavillon de Brighton, altéré depuis par Nash. Comme architecte
de constructions particulières, Dallaway lui reproche d'avoir
adopté un style trop fleuri [loo floiid a atyle for street architecture).
Que dirait le critique anglais des maisons belges et, allemandes
élevées de notre temps, en bordure des voies publiques, à
Berlin, à Vienne et à Bruxelles? Le dernier ouvrage de Hollandfut
la salle d'assemblée devenue !'« Athénée » à Glascow, terminée
en 1807. Longtemps architecte delà Compagnie des Indes orien-
tales, fonctions dans lesquelles il avait succédé à Cockerell, il
mourut le 17 juin 1806.
En 1810, une société par actions se forma dans le but de
réédifier le théâtre de Drury-Lane détruit de fond en comble
par un incendie, le 24 février 1809.
Benjamin-Dean Wyatt, fils et élève de James Wyalt dont nous
avons parlé dans le volume précédent, né en 1 775 et désigné comme
l'architecte du nouvel édifice, prétendit prendre pour modèle le
plan du Grand-Théàlre à Bordeaux. La nouvelle salle, commen-
cée en 1810, fut ouverte au public en octobre 1812 ; mais des mo-
difications importantes y furent exécutées, de 1822 à 1823, sur les
dessins de Samuel Beazley dont nous parlons ci-après. Aujour-
d'hui le théâtre de Drury-Lane est un vaste parallélogramme de
131 pieds anglais sur 93, auquel on a trouvé bon d'accoler un
misé'rable porche à toit plat, surmonté d'une statue de Shakes-
peare. La façade présente d'ailleurs trois larges fenêtres en plein
cintre avec deux avant-corps presque sans saillie, à chaque extré-
mité. Au premier étage, ils sont percés d'une large baie, en plein
cintre également, au-dessus d'une sorte de niche sans profondeur
et sans décoration. La façade sur Vinegar- Yards ou Woburn-
Court, correspond dans son ensemble à l'architecture du côté de
la façade principale que nous venons d'esquisser, mais on y a
annexé le nouveau foyer des acteurs, les écuries, etc., etc. C'est
de ce'côté que se trouvent les entrées du parterre et des galeries
supérieures. Le ton général de la salle est fauve, tous les orne-
ments sont dorés et, dans quelques parties, rehaussés de rouge.
Du reste, comme dans le théâtre de Covent-Gardcn, les plus
grandes précautions ont été prises contre l'incendie.
Les autres travaux de Benjamin Wyatt sont le palais du duc
• CHAPITRE IV. 119
de Sutherland, de stylo dorique, conslruit en 182o, avec la
collaboration de Philippe Wyatt son frère, el avec la même col-
laboration, en 1827, sur rem|)lacement duCrockford Clubliouse,
un grand bâtiment de style corintliien d'assez mauvais goût. De
1828 à ^829,^^'yatt restaura. Aspley-IIouse, le palais du duc de
Wellington et il essaya de relever, au moyen d'un portique
tétrastyle, l'aspect misérable de l'édifice conslruit, en 1828, pour
le héros de Waterloo, par les Adanis. En résumé, les deux frères
furent des classiques et luUèrent toute leur vie contre l'intro-
duction du style appelé romantique en Angleterre. Pliilippe
mourut en 1836, son frère lui a survécu sans que nous puissions
préciser la date de sa mort.
Un fils de Samuel Wyatt, Jeffry Wyatt, surnommé Wyatt-
ville, fut aussi architecte et naquit en 177G, probablement à
Burton-upon-Trent oii il fit ses premières études ; il les compléta
dans l'atelier de ses oncles qu'il avait accompagnés en Italie.
De 1821 à.l82i, il construisit le Sydney-Sussex-CoUege. En 1824,
il reçut de George IV l'ordre de restaurer le château de Wind-
sor, ou plutôt d'y faire des additions importantes, notamment
celle de la chapelle terminée seulement en 1854 avec la collabo-
ration de Ashton, ainsi qu'on l'a dit précédemment. C'est à l'oc-
casion de ce travail que le roi l'autorisa à changer son nom en
celui de Wyattville qui permet de ne pas le confondre avec les
deux artistes précédents. Il y ajouta la construction du château
de Meiningen, d'une quantité de maisons particulières el mou-
rul le 18 février 1840.
Un quatrième Wyatt, prénommé James, sixième fils de Benja-
min, né le 3 août 1746 et mort le 5 septembre 1813 est surtout
connupouravoirélevé,en 1 795, le collègodelaMadeleineà Oxford.
L'arcliitecte appelé Samuel Beazley, dont le nom a déjà été
prononcé, a attaché son nom à la construction, en 1816, du
Lyceum théâtre, qui, incendié en 1830, fut réédifié par lui en
quatre ans, de 1831 à 1834 ; puis il restaura avec une véritable
habileté le Ihéàlre Saint-James de la rue Royale, ouvert en
1835. On sait que ce théâtre, de style Louis XIV, appliqué
pour la première fuis à un édifice anglais de ce genre, est le
Tliéàlre-Français de Londres, auquel Beazley ajouta des portiques
sur Little Bussel slreel. Il fut également l'architecte du petit
théàlre de Bishop's Gale slreel, ainsi que des théâtres de Dublin
120 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
(1821) et de Birmingham consumé par un incendie. Commenc(^e
par Beazley le 6 janvier 1820, la reconslruction de ce dernier
était achevée le 14 août suivant (sauf pourtant la façade que
l'archilecle Saunders avait élevée en 1780 et que le feu avait épar-
gnée). La façade du tiiéâlre Adelphi (1841), le Solio théâtre de
Londres (1884), St. James tlieatre, également à Londres, le
théâtre de Leicester (1836) et le théâtre de la Ville (de Londres)
(1837), sont aussi de Beazley, qui donna en outre les plans d'une
salle de spectacle en Belgique; enfin la C" du South-Eastern
raiiway lui doit la majeure partie des bâtiments érigés pour le
service de l'exploitation. Il est temps de dire que Samuel Beaz-
ley, né à Londres en 178G, d'abord romancier et auteur dra-
matique, avait laissé près de cent pièces de théâtre à sa mort
arrivée à Tonbridge-Castle (Kent) le 12 octobre 1851.
Son oncle Charles Beazley, élève de Taylor, beaucoup moins
connu, fut surtout un architecte d'édifices religieux. Architecte
pendant cinquante ans de la paroisse SainIs-Jacques-et-Jean de
Clerkenwell, il fit la tour et le chœur de l'église de Faversham,
imitation réussie de la tour Saint-Dunslan, de Londres, et un arc
de triomphe à Maidstone, puis mourut le 6 janvier 1829, âgé
de soixante-trois ans.
Citons seulement la salle égyptienne de Piccadilly, élevée par
BuUock en 1812 et qui n'a de remarquable que son entrée en
forme de pylône égyptien. Le musée de géologie de Piccadilly,
élevé en 1848 par James Pennethorne, né en juin 1801, à
Worcester, est une bâtisse de style italien, d'une longueur de
51 mètres environ, contenant, outre les galeries de collections,
une bibliothèque de 1 1 mètres de long sur 7 mètres de hauteur.
Pennethorne vint à Londres en 1820 et étudia dans l'atelier
de son oncle J. Nash. Entré au service du gouvernement en 1840,
il construisit, outre le Geological muséum^ de 1847 à 1850, la
première partie du Dépôt des archives et la seconde partie, de
1863 à 1871. Le nouveau Secrétariat de la librairie, le déplace-
ment de la colonnade du « Quadrant », l'aile ouest du bureau de
Tartillerie h Pall-.Mall et, de 1852 h. 1856, l'aile ouest de So-
merset-House, sont aussi de cet architecte. Démissionnaire en
1870, après d'assez importants travaux au palais de Buckingham
et à la « National Gallery » (la partie médiane de cette galerie), il
fut nommé membre de l'Académie de Saint-Luc, de la Société des
A. WELBY PUGIN
CHAPITRE IV. 121
archilectes d'Amsterdam et médaille d'or de l'Inslidit britan-
nique en I860; il mourut le 1" septembre 1871, à l'âge de
soixante-dix ans.
Le Diorama de Londres eut pour architectes, en 1823, Morgan
et Auguste Pugin, père d'Auguslin Welby dont on a lu, quel-
ques lignes plus haut, la biographie. Pugin était né en Normandie
eu 1769 ; venu fort jeune en Angleterre, il fut employé par des
architectes et des éditeurs de Londres à la composition d'un
grand nombre de dessins publiés de 1813 à 182(3 ; il est surtout
connu par ses : « Antiquités architecturales de la Normandie ».
La façade du Diorama est à trois étages, présente au premier
étage sept fenêtres dont le cintre repose sur des pilastres d'or-
dre dorique; au deuxième étage, les fenêtres sont carrées et sur-
montées d'un étage en attique percé de sept mezzanines. Le
rez-de-chaussée établi sur un perron de quelques marches est
orné de six colonnes engagées et, à chaque extrémité, de deux
colonnes accouplées d'ordre dorique. On pénètre dans le Dio-
rama par trois portes pleines et le vestibule est éclairé par quatre
fenêtres percées dans l'espace laissé libre enire chacune des
portes. Pugin, plutôt archéologue qu'archilecle, écrivit, du
reste, beaucoup sur les antiquités de l'Angleterre, et mourut à
Bloomsbury le 19 décembre 1832.
Le Cotisée, œuvre de l'architecte Decimus Burton, date de
1822 et consiste en un polygone à seize côtés, dont trois sont
occupés par un portique hexastyle d'ordre dorique pur, élevé
sur un haut perron. Cependant on comprend que l'artiste a été
plutôt inspiré par le Panthéon de Rome que par les édifices de la
Grèce. On lui doit aussi la porte dite Hyde Park Corner à Picca-
dilly, élégante colonnade ornée de bas-reliefs copiés sur ceux du
Parlhénon et présentant trois voies carrossables par lesquelles
on pénètre dans le parc; il fut enfin l'architecte des châteaux de
Clarence et de Cornwall-Terrace.
L'architecte de l'Opéra Ilouse s'appelait MichaelNovosielski,
Polonais d'origine, né vers 1747, mort prématurément à Hams-
gate le 8 avril 1795. Aussi ses autres œuvres consislent-elles
seulement en quelques maisons à Londres et une place à
Brompton qui n'a jamais été achevée.
L'Opéra fut modifié en 18IG parles deux architectes Nash et
Repton. John Nash, né en 17o2, probablement à Cardignan (South
122 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Wales) avait été d'abord élève de son père et de Robert Taylor ;
mais ce fut une visite de l'arcbilecte Cockerell à Caermarket,
oîi il s'élail relire, qui décida Nasli à se livrer entièrement à l'ar-
cliitecture pour laquelle il avait toujours eu, d'ailleurS;, de grandes
dispositions naturelles. On lui confia, dès lors, la construction
de plusieurs maisons et cbâieaux; puis nommé, en 1815, ins-
pecteur des bâtiments de la couronne, il donna, à ce titre, les
plans de Regent's Paik et de Regent's slreet (1823), et ceux du
Uegent's Canal destiné à relier le canal de « grande jonction » à
la Tamise. Il construisit aussi, de 1812 à 1820, les églises que
nous avons décrites en traitant des édifices religieux de Londres.
Dans Saint-James Park, il se borna à recouvrir de pierre les
murailles de briques de l'ancien palais de Ruckingham et à res-
taurer la façade postérieure de l'édifice, la seule qui puisse être
vue du public (1825 à 1830) ; dans Green's Park, il éleva l'arc
de triomphe qui servit un instant de piédestal à la stupéfiante
statue équestre de Wellington.
L'Opéra House, ou, comme on l'appelle plus communément, le
théàtrede llay-Market, de IVovosielski, remanié par Nash et Rep-
ion, était orné d'un portique d'ordre corinthien dontl'enlablement
et le fronton élaient supportés par six colonnes. Sous le portique,
cinq grandes baies en plein cintre éclairaient le foyer. Au-des-
sus du fronton se trouvait un large parallélogramme en retraite
percé d'une série d'œils-de-bœuf qui s'ouvraient sur la galerie
supérieure. Un atlique terminait la façade. Tout cela a disparu
dans l'incendie de 1862. Hors de Londres, nous citerons de
Nash le pavillon chinois élevé par lui en 1^8, à Rrighton, pour
le régent, pavillon vendu (1850) par la reine et qui sert aujour-
d'hui de casino à la ville, ainsi que l'église élevée à Penge près
Sydenham, sous le vocable de saint Jean, en collaboration avec
Round cité à cette occasion. Nash se retira, vers 1831, dans la
résidence qu'il avait fait élever dans l'île de Wight et qui porte le
nom de East Cowes Casile. C'est là qu'il mourut le 13 mai 1835,
à l'Age de quatre-vingt-trois ans. Avant d'être connu par les
principaux ouvrages que nous venons d'énumérer, Nash avait
été l'archilecle, en 1793, de la prison royale de Cardignan et de
celle d'Hereford en 1798; puis il donna les plans du cabinet du
prince de Galles (1800;, de la façade ouest de la maison du
chapitre, à la cathédrale Saint-David (1808), du château de Ra-
CHAPITRE IV. 123
vensworth Durham, de style gothique, ot fui l'auteur du pro-
gramme des fêles organisées par W. Congrève pour cékMjrer
le rétablissement de la paix(l"aoùt 1814). Nash, auquel manqua
toujours la connaissance des principes de la profession d'archi-
tecte, fut un véritable artiste dans l'arrangement des masses, et
son énergie valut à la cité de Londres des améliorations aux-
quelles jusqu'à lui nul architecte n'avait songé.
Le Cirque fondé par Aslley sous le nom d'Amphithéâtre est
aujourd'hui un bâtiment octogonal reconstruit en 1843 par l'ar-
chiti^cle Usher.
L'Institut scientitlque de Londres fut logé en 1805 dans une
maison particulière du quartier de Moorfields et ce fut l'archi-
tecte William Brook qu'on chargea des appropriations néces-'
saires. Londres possède aujourd'hui, ainsi que nous le verrons,
un hôtel de l'Université adossé à Burlington House.
L^n hôpital appelé Fever Hospilal, qui fut construit, en 18i8,
par les soins de la Compagnie du chemin de fer de Londres, eut
pour architecte Charles Fowler, dont nous ne connaissons pas
les autres œuvres.
Nous en dirons autant de W. Webb, architecte delà « mai-
son de retraite destinée aux imprimeurs» construite en 1819,
à Tottenham, comté de Middlesex, et de James Wild, archi-
tecte, la même année, des Ecoles Saint-Martin's in tiie Fields à
Londres.
Un élève de Soane, John Sanders, mort après 1821, médaille
d'or de l'Académie des arts en 1788, fut surtout un architecte
militaire, car on lui doit l'Asile royal militaire de King's road à
Chelsea (1801-1803), des casernes (1805), le collège royal mili-
taire de Bagshot (Sanhurst Collège), etc.
Les établissements commerciaux publics de Londres sont assez
nombreux : la Douane [Citstom House) d'abord, dont la première
pierre fut posée le l^'août 1813, pour remplacer les bâiimenis
élevés après l'incendie de 16GG et incendiés de nouveau en 1714.
L'architecte en fut David Laing, dont nous avons déjà parlé
comme auteur de l'église Saint-Dunslan. La vieille Bourse de
Londres, à laquelle l'archilecle George Smith avait fait d'im-
portantes restauralions, fut détruite par un incendie en 1838.
Un concours fut ouvert pour sa reconstruction et, en 1839, la
première place à ce concours fut donnée à l'architecte anglais
124 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
Mee et à un architecte de Hambourg nommé Châteauneuf. Néan-
moins les travaux du nouvel édifice furent confiés à un élève
de Soane, qui s'était déjà fait connaître par des dessins clas-
siques exécutés à la suite de voyages en Italie; aussi est-ce
un édifice classique que la nouvelle Bourse de Londres. Nous
avons dit plus haut que ^^'. Tite posa la première pierre
de la nouvelle Bourse des marchands [Royal Exchange) qu'il
ne faut pas confondre avec la Bourse des fonds publics [Stock
Exchmifje); ajoutons ici que le plan de la Bourse est un triangle
tronqué dont la l)ase constitue nalurellemenl la façade. Elle est
décorée par un péristyle à colonnes d'ordre corinthien, et sur-
montée d'un fronton orné défigures allégoriques; cette façade
*a une longueur totale d'environ 94 mètres. La Bourse jiux char-
bons [Coal Exchangé) date de 1849; c'est aussi un édifice
classique, ayant la forme d'une rotonde précédée d'une façade
d'environ 37 mètres. Elle eut pour architecte J. B. Bunning,
qui élevait plus tard (1852), la prison cellulaire de llalloway
dont la conslriictiona coûté 100.000 livres sterling.
Dans l'espace d'une année et pour le même prix, C. Nesham
entreprenait la construction des magasins à thé situés au nord-
ouest des Docks de Londres, qui n'ont d'ailleurs aucune valeur
architecturale. Nous n'en dirons pas autant de la Bourse aux
blés d'ipswich, inaugurée en 1830, et dont l'architecte fut H.
Woolnought, dont le nom seul nous est connu, malheureusement.
La douane, dont la première pierre fut posée en 1810, est la
principale œuvre de James Walter, architecte aussi, en 1819,
de Stepney New churcli et en 1820, de Saint-Paufs church,
édifices sur lesquels nous n'avons aucun renseignement.
Quant à George Smith, né le 28 septembre 1783, à Alden-
liam (Hersfordshire), il avait été élève de James Wyalt, d'Alexan-
der et de Beazley. Après avoir dessiné, avant 1808, la Wesleyan
chapel, Jewin street, il fut l'architecte, de 1820 à 1823, delà nou-
velle lour de pierre et de la porte d'entrée de l'ancienne Bourse,
refaisant d'ailleurs la sculpture de tout l'édifice et y ajoutant trois
larges escaliers de pierre. De Smith sont encore : les églises
Saint-Pierre et Saint-Paul à Mitcham, l'église d'Hornsey (excepté
la tour), celle de Saint-Michel dans le parc de Blackheath, la
Bourse aux grains (1827), l'église Saint-Thomas, en collaboration
avec Barnes dont il sera parlé plus tard (1838), Saint-George's
CHAPITRE IV. 125
Wesleyan Cliapel, Back roacl, l'église de Kilred (1841-1842),
le collège deGresliain, Bosinghall street. Il mourut, surveyor des
administrateurs du collège de Morden, le 5 janvier 1869.
Un autre architecte du nom de Smith, prénommé John et
dont nous ne connaissons pas les liens de parenté avec George,
naquit en 1781 à Aberdeen dont il fut l'archilecle, avec la charge
de surintendant des travaux qu'il conserva jusqu'à sa mort ar-
rivée en juillet ou août 1851. En 1830, il donna les plans de
l'église de Saint-Clément et dessina la façade de Saint-Nicolas,
en 1820, la maison de justice, en 1828, il lit des additions à
l'hôpital Cordons, en 1841 , il tit les plans des écoles de Belmont
street, de 1828 à 1831, ceux de la prison, fit des additions au
pont sur la Dee et au Collège royal, aux Archives, aux Trades
liall. Enfin, en 1847, il restaura le château de Balmoral, rési-
dence de la reine Victoria. La halle des Poissonniers [Fishmon-
(jcrsHall), qui se développe moitié sur Thamos street, moitié en
face de la rivière, a les proportions d'un véritable palais et eut
pour architecte, en 1827, Henry Robert.
A côté des noms qu'on vient de lire, nous sommes bien obligés
de citer ceux d'architectes qui, sans avoir à leur actif l'érection
d'aucun édifice public, ont cependant obtenu à Londres la répu-
tation de constructeurs et d'artistes et qui ont déployé dans la
construction des clubs, des passages et des hôtels particu-
liers, beaucoup plus nombreux à Londres qu'à Paris, une réputa-
tion méritée. Voici d'abord Sydney Smirke, né en 1781, mort
le 18 avril 1867, l'architecte du New Couservative Club-IIouse,
élevé dans James street, avec la collaborai ion de Basevi; l'édifice,
lype du classique pur, est orné de pilastres, de colonnes corin-
thiennes et fianqué de pavillons d'angle ornés comme la façade,
architecte aussi du NewCarllonClub-House (1849), pastiche delà
bibliothèque de Venise, de l'Uniled University-Club, du passage do
la Nouvelle Bourse, oli Smirke a essayé de rappeler le style de la
llenaissance anglaise qui est celui des construclionsenvironnanles.
Enfin, Smirke fit, en 1838, des additions importantes à l'hôpilal
de Bethléem, continua l'œuvre de son frère Robert, le « Brilish
Muséum» (1835 à 1857), etmourutle8 décembre 1877, à l'âge de
soixante-dix-huil ans. Quant à Basevi, il donna le dessin du Mu-
séum de Fitz \\illiani. à Cambridge (1837), du château de Bel-
grave square, célèbre par le séjour qu'y fit le duc de Bordeaux,
126 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES-
et mourut jeune encore, en I8i5, en tombant d'un écliafaudage.
Voici ensuite Thomas Âllason, né en 1790, élève d'Attkinson et
mort en 1852. Elevé dans le culte de l'art grec, il publia, en 1820,
un mémoire sur les colonnes des temples d'Albènes; habile
décorateur de jardins, il créa ceux d'Alton Towers, résidence du
comte de Shrewsbury, il érigeâtes bâtiments de la Compagnie
d'assurances contre l'incendie l'Alliance et mourut Commissaire
du conseil des égouts de Londres. A citer encore l'Army and
Navy Club dans Pull .Mail, imitation de l'hôtel de ville de Bruxel-
les, et la London and Country Bank, des architectes Smith et
Parnell (1847-1851). Tout ce que ngus savons de ces deux ar-
chitectes, c'est que Parnell est mort à Bade en 1805. Le Corn
Exchange, Chambers Seetting lane, la British foreign Bible So-
ciety, le musée et la bibliotlièque de l'hôpital Saint-Bartbélcmy
eurent pour architecte Edward J'anson, né à Londres le 25 juil-
let 1812. Nommé surveyor à son retour d'un long voyage, pen-
dant lequel il visita l'Europe presque entière, J'anson était mem-
bre de l'Institut des architectes britanniques au moment de sa
mort arrivée à Londres le 2 février 1888. De Isaac Ware, nous
n'avons à citer que la grande caserne des Horse Guards et une
restauration de l'ancien palais de lord Burlington dans Piccadilly.
Ware publia une édition nouvelle de Palladio avant sa mort dont
la date nous est inconnue.
Nous dirons quelques mots en temps et lieu des monuments
commémoratifs érigés à Londres pendant la dernière moitié
du siècle. Pendant les premières années dont nous passons la
revue, à côté de Wellington, l'écrivain Lord Byron eut seul
les honneurs d'un tombeau public, le Cenalophyum, dont l'ar-
chitecte se nommait Trendall, c'est tout ce que nous en savons,
et nous terminerons ce trop court abrégé de l'histoire archi-
tecturale de Londres, en rappelant le nom d'un homme qui fut
plutôt ingénieur qu'architecte, celui de Brunel, l'auteur du tun-
nel sous la Tamise. Marc Isambart Brunel était né à Ilaque-
ville, en Normandie, le 25 février 1769; émigré de l'rance, à
l'époque de la Bévolution, il travailla puissamment à New-York
qui lui confia les fonctions de directeur de l'arsenal et de la
fonderie de canons. Venu en Angleterre, il s'y livra à de nom-
breuses découvertes scientifiques dont nous n'avons pas à nous
occuper ici et y mourut le 12 novembre 1844.
CHAPITRE IV. 127
Isambart Kingdom Brunel, fils do ^larc, né à Portsmouth
en l.S()(), ti( son ('diicalion en France el fut le collaboraleur de
son père. Ingénieur allaclié à la construclion de presque tous
les chemins de fer construits en Angleterre de 1830 à 18o0, il
est cependant l'auteur du plan d'un hôpital à Renkioi sur le
détroit des Dardanelles et mourut en septembre 1859 à bord
du navire monstre le Léviathan^ qui était son œuvre.
Nicholas Revett ou Rivett, né vers 1721 à Brandeston Hall,
comté de SLiiïolk, élève de Beneliale, à Rome, en 1742, éleva
surtout des façades d'églises pleines des souvenirs du séjour
qu'il avait fait en Italie avec James Stuart : notamment celle
d'Ayol Sainte-Laurence -en Herlfordshire (1778-1779) et le
(i temple de Flora ». Revett, plus connu d'ailleurs par l'ouvrage
qu'il publia avec Charles Stuart, de 1769 à 1797, sous le titre :
AntiquHies of lonia, mourut en juin 1804.
En retraçant les biographies des architectes anglais, auteurs
d'édifices religieux élevés à Londres au commencement de ce
siècle, nous avons dû parfois franchir les murs de la capitale
de l'Angleterre et mentionner des églises de province construites
par eux. Nous continuons notre nomenclature, qui sera le plus
souvent sèche et aride, les édifices désignés nous étant, pour
la plupart, inconnus.
James Peacok, né vers 1733 ou 1738, mort le 22 février
1SI4, n'a à son actif comme édifice religieux, en dehors de sa
collaboration au Stock Exchange, que la construction (ou peut-
être la restauralioni de l'église Saint-Etienne de Walbrook,
comme David Stephenson, de Newcastlc-upon-Tyne, que la
reconstruction de l'église de Tous-les-Saints de cette ville (1786-
1796) et une réparation peu importante à l'église Saint-Nicolas.
Cependant le théâtre de Newcastle et le pont sur laTyne, qui sont
aussi son œuvre, avaient valu la charge d'architecte du duc de
Northumberland à Stephenson dont la mort nous est inconnue.
Un restaurateur iutelligent de nombreuses petites églises de
villages et de bourgs fut assurément Robert Howard Shout.
fils d'un ingénieur, né le ."i juillet 1823, mort le 13 mars 1882.
Elève de ^^'illiam Tresse, il se distingua surtout par la construc-
lion de l'église d'Evershol. 11 fut également l'architecte de
presbytères et d'écoles dans Chislebourg, Somerset, et des bàli-
128 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
menls de la ferme d'Horsiiiglon, Somerset, sa dernière omvre.
Ce fut également un architecte reslaurateur que Thomas
Plowman, mort en 1828, médaillé, en 1822, de la Société des
Ijcaux-arts de Londres, connu surtout pour avoir refait les
stalles du chœur à Sainte-Marie d'Oxford ol une tour à l'église
de Cliurchill.
Thomas Rickman, mort le 4 janvier 1841, baronnet, mem-
bre de l'Institut des architectes britanniques, honoré d'un tom-
beau qui lui fut élevé par ses amis et élèves dans l'église Saint-
George de Birmingham (sa première œuvre), fut l'un des plus
féconds architectes d'édifices religieux de l'Angleterre. Né le
8 juin 1776, il exerçait la profession de médecin, comme l'auteur
de la colonnade du Louvre, mais consacrait tous ses loisirs à
visiter les édifices religieux et les abbayes de la vieille Angleterre.
La passion de l'architecture l'emporta si loin qu'un jour il laissa
le scalpel et le bistouri pour la règle et le compas et travailla
avec une telle ardeur, secondé d'ailleurs par un goût sûr et une
imagination remarquable, que nous le trouvons, en 1819, profes-
seur d'architecture à l'Académie royale de Liverpool et chargé
tant de la restauration de l'église Sainte-Marie, à Barnsley, que
des plans de la nouvelle église Saint-George à Birmingham.
De 1812 à 1838, il publia, en recueil, son cours d'architecture
ainsi que l'ouvrage ayant pour titre : An attempt to discriminate
the style ofEngland architecture from the Conquest toRe formation.
Cet ouvrage, ainsi que son appendice qui résumait tous les prin-
cipes de l'architecture anglaise, eut d'innombrables éditions;
mais ses travaux littéraires n'empêchèrent pas Uickman de
consacrer la plus grande partie de sa vie à des œuvres archi-
tecturales, ainsi qu'on en pourra juger par la longue liste que
nous en donnons : en 1819, église de Runcorn et Saint-George à
Barnsley; de 1819 à 1821, Sainte-Marie à Birkenhead; de 1819
à 1822, Saint-George à Birmingham; de 1820 à 1824, Saint-
Georges à Charley; en 1822, Christ-Cburch-Spa à Gloucesler et
Saint-Barnabe à Erdington; de 1822 à 1826, Saint-Pierre à
Hampton-Lucy; de 1823 à 1825, Saint-Pierre et Saint-Paul à
Preston; de 1824 à 1825, Saint-David à Glascow; en 1825,
l'église d'Ombersley; de 1825 à 1827, trois églises pour Black-
burn et Saint-Pierre de Birmingham (d'ordre dorique); de 1826
à 1828, des chapelles à Walh et à Carlisle; de 1826 à 1829,
-^
Danco del.
ROBERT SMIRKE
CllAI'lTRE IV. 129
Saint-Thomas à Birmingham, pasticlie grec d'ordre ionique; de
1820 à 1829, les deux tours de l'église de Coventry, pastiche
grec; de 1827 à 1829, l'église d'Oulton; de 1827 à 1830, la nou-
velle chapelle de l'ainjjerton; en 1828, l'église de Wiiitc-le-
Woods; en 1829, une chapelle à Saint-Nicolas de Bristol; en
1830, à C-arlisle, l'église du Christ (anglo-normande) et l'église
de la Trinité (style perpendiculaire); en 1833, une chapelle
catholique à Redditch, l'église de Stretton-on-Dunsmore et
l'église de Tous-les-Saints (style anglo-normand) à Birmingham ;
de 1833 à 1835, à Bristol, l'église Saint-Mathieu et un asile pour
les aveugles; en 183o, l'église de Longhboroug; en 1838^, des
églises à Seltle, en Yorksliire, à Horsley, à Clevedon, à Ilales, à
Owen ; la même année, l'église de l'évéque Hyder, à Birmingham,
construite dans la forme des édifices du règne d'Elisabeth ; l'église
Saint-Jude à Liverpool et l'église de Lowerhardress à Canterbury.
Comme édifices civils nous ne citerons de Bicknian (quoiqu'il ait
pris part à plusieurs concours) que des additions au collège
Saint-Jean de Cambridge.
Si nous ajoutons à la nomenclature qui précède les trois églises
dont un élève de Beaziey, Williams Rogers, fut l'archilecte,
nous en aurons fini avec les édifices religiaux élevés en Angle-
terre pendant la première moitié de notre siècle. Ces trois églises
sont celles de Saint-Michel, New-Park road, qui date de 1842,
celle de Tous-les-Saints à Lambetli-Lower, construite de 18i5
à 1846, et celle de Saint-Paul avec les écoles qui l'entourent,
bâtie de 18.51 à 1857. Rogers, qui fut aussi l'architecte de la nou-
velle infirmerie de Lambeth-Workhouse, mourut vers 1857.
Après avoir donné la biographie des architectes anglais qui ont
élevé à Londres des édifices civils d'une certaine importance pour
la plupart, nous allons jeter un coup d'œil sur les constructions de
celle nature élevées, pendant la première période de notre
siècle, dans les diverses parties de l'Angleterre. Nous y consta-
terons, d'ailleurs, comme â Londres, l'abandon radical, à partir
de l'année 1830, du style classique employé presque exclusive-
ment jusque-là et son remplacement par les formes ogivales du
moyen âge appliquées d'une façon étrange, mais donnant (ou
devant donner) satisfaction aux besoins créés par la société
moderne. Des collèges, des hôpitaux, des bourses de commerce,
beaucoup de châteaux et non point, comme en France, des
m. 9
130 LES AHGllITEGTKS PAR LEURS OEUVRES.
hôtels de ville ou des musées, tels sont les édifices confiés à l'ima-
ginalion des architectes anglais de province à celle époque.
James Stuart, né à Londres en 1713, est beaucoup plus connu
par le volume qu'il écrivit sur XOhèlnquc (TAïKjusle pendant
le séjour qu'il fil à Home de concert avec le peintre Pars et
l'architecte Hevell. 11 était alors artiste peintre et c'était dans
le but d'étudier les grands peintres italiens, français et hollan-
dais qu'il avait quitté l'Angleterre. Mais avec ses deux compa-
gnons, il visita ensuite la Grèce, Venise et Pola, mesurant tous
les édifices de celle région et, à son retour dans sa patrie, il
publia le premier volume des AntiquHés cï Athènes dont le
spectacle décida de sa vocation d'architecte. Et de fail, Stuart,
de 1764 jusqu'à sa mort arrivée le 2 février 1788, donna une
couleur grecque à toutes ses œuvres arcliiteclurales, rééditant
le temple de Junon, le monument choragique de Lysicrate, la
Porte d'Adrien, etc.; telle est la chapelle de l'hôpital de Green-
Nvich, réédifiée après l'incendie de 1779 qui la consuma entière-
ment. James Paine (dont on trouve le nom écrit Payne par cer-
tains auteurs anglais), né en 1725, commença également à se
faire connaître de ses compatriotes par un ouvrage considérable
publié de 1758 à 1763, sous le titre : Plans, etc., of ISoblemens
and Gentleinen's houses exccuted in varions coiinties, cl son bio-
graphe ajoute que << si ces plans étaient commodément disposés
et la construction était excellente, l'architecture de ces palais et
villas n'était qu'une maigre imitation de l'architecture italienne ».
Gwilt lui accorde pourtant sur Robert Adams (dont on a lu la
biographie dans le volume précédent), «unecertaine supériorité
de goût dans les détails et plus de recherche dans les parties
délicates de la décoration )>. Elève de l'Académie de Saint-
Martin's Lane, Paine fut d'abord commis de l'architecte de
l'hôpital de Greenwicli, puis obtint le litre d'arcliitecte « pour»
le roi, litre qu'il conserva jusqu'en 1782, et fui nommé, en 170.'),
présidenl de la Société des artistes de la Grande-Bretagne. Il
embellit de nombreuses collections la maison qu'il habitait dans
Salisbury streel, mais pourtant se retira en France, et c'est dans
ce pays qu'il mourut en novembre 1789, laissant un fils nommé
James comme lui, connu seulement par des études faites à
Rome el un dessin pour le monument élevé au comie de Clia-
iham en 1781.
CHAPITRE IV. 131
William Wilkins, né le 31 août 1778, à Saint-Gilcs de Nor-
wicli, morl le ill aoiil 1839 à Londres, membre de rAcadémie
royale et magisterartiwn du Collège de Cajus, en 1 837, commença
ses études d'archileclure par des recherches importantes sur les
aniiquités grecques de Syracuse, de Girgenli, de Psestum et de
iMalle, qu'il consigna dans un ouvrage publié à son retour sous
le titre: A/itiqtiiiies- of Magita Grœcia (Londres, 1804). Aussi
fut-il un sincère admirateur de l'archileclurc grecque et essaya-
t-il de communiquer à ses concitoyens ses préférences, que com-
battirent alors les adeptes du style romantique. En 1806, il
dessinait Harlebury collège, Heresfordshire ; en 1807, le chœur
de Great Yarmoulh church et l'entrée dorique de Kingstone
Room à Bath. Traducteur de Vitruve, Wilkins, dans ses leçons
à l'Académie royale, professa le style classique et, ne se conten-
tant pas de l'enseignement théorique, il profita de l'occasion
que lui olVroit la construction du collège Downing à Cambridge
(1800-181 !), du King's Collège (1818), du Corpus Christi Collège
(18231 cl de la nouvelle cour du Trinity Collège (1821), pour
affirmer ses tendances. Cependant l'University Club-House de
Londres, dont la première pierre fut posée en 1822 et pour le
plan duquel il eut un collaborateur, l'architecte P. Gaudy, est
une imiialion non dissimulée du temple de Minerve Poliade et
du Pandroseum. Lorsque l'ancien Collège de l'Université fut
fermé, on adopta pour le nouvel édifice le plan de \\'ilkins et
la première pierre en fut posée en 182o. Les contemporains de
\\ilkins admirèrent le portique de douze colonnes corinthiennes
qui précède cet édifice et sa coupole octogone; mais ce que
l'on considéra comme une merveille d'arciiitecture fut la
Nalional Gallery, qui occupe tout le fond de Trafalgar square.
On doit aussi à Wilkins une traduction anglaise de Vitruve,
parue à Londres en 1812, et un ouvrage sur les architectures
grecque et romaine ayant pour titre: Prceclusioiien anhiteclonïrx
or E.ssays on .^uhjcts connerleil wit/i Grwcian and Roman archi-
terliire [Lonàra^, 1837).
A Oxford, nous n'avons à citer pendant celle période qu'une
reconstruction du collège de la Madeleine (1822-1830), pour le
quell'architecte Joseph Parkinson, né en 1783, mort en 1855,
crut devoir employer le style golliique qui fut aussi celui des
maisons particulières dont il fut l'architecte.
132 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Il est inutile de dire que, comme le collège de Downing, la
façade de l'hôpital de Bedlam, commencée en 1812 et terminée
en 1815, par James Lewis, brille par la surabondance des
colonnes et des frontons, qu'elle est ornée d'un portique d'ordre
ionique surmonté de statues et qu'il en est de même des bâti-
ments du Christ'sHospital, servant aujourd'hui d'école de gram-
maire, dont Lewis a donné les dessins; qu'enfin les constructions
élevées, de 1820 à 1822, par George Evans, sur les dessins de
l'architecte Garbett, au collège S'-Marie-Madeleine Ilall, pré-
sentent le même style que les deux précédentes. Il n'en est plus
de même des établissements universitaires construits à Oxford
par l'architecte de Cuddeston, George Edmond Street,
de 1833 à 1853; par John Hayward, qui donna, en 1849,1e
plan du collège de Pembroke, construit par Buckler, en colla-
boration avec son fils, sous la dénomination de collège Magda-
lène, de 1849 h 1850; du collège de Lancashire dont la cons-
truction fut obtenue au concours par les architectes Irwin et
Chester et était terminée, en 1843, après trois années de travail.
A citer encore le collège diocésain d'Exeter, qui eut pour ar-
chitecte John Hayward, nommé plus haut, et le collège de la
Reine à Cork, édifié en 1848 par Thomas Deane; les écoles de
Liverpool inaugurées en 1846, architecte J. A. Picton ; l'école
de commerce de Longborongli (1848-1850), architectes Morris
et Hebson; l'école normale de Walworth (1850-1852), architecte
H. Jarvis. En 1844, William Chadwick construit à Northlleet
les nouvelles maisons de charité au centre desquelles s'élève une
vaste chapelle assez bien imilée des édifices primitifs de
l'Angleterre. Dans la construction du collège de Cirencerlen,
résultat d'un concours, J. W. Dankes et Hamillon, dont il a
déjà été parlé, ont encore exagéré le caractère d'édifice religieux
donné à ce pastiche du style Tudor par l'adjonction d'une tour
élevée de 80 pieds anglais qui sert à l'enseignement de la
météorologie et de l'astronomie. Du reste en 1841 , llamiltou trouve
le moyen d'appliquer ce style à la porte du nouveau cimetière de
Glascow et c'est aussi du gothique que son associé Dankes applique,
en 1840, à la construction de l'hôpital d'Highgate {t/ie New Small
Pox and Vaccination Hospital) et, en 1850, à la maison de
retraite de Croydon, le Free-Masons Hospital.
Nous faisons un retour au style classique avec Louisdale
CHAPITRE IV. 133
Elms Harvey, architecle du tribunal de Liverpool commencé
en 1838 ; les deux principales façades de l'édifice sont ornées de
portiques à colonnes, au nombre de huit, avec frontons, et les
murs latéraux de l'édifice sont flanqués de piédestaux sur les-
quels s'élèvent des statues allégoriques. Harvey, mort en 1847,
n'eut pas le temps d'achever son œuvre, à laquelle l'archilecte
d'Hannover-Chapel, Charles Cockerell, mit la dernière main.
J. M. Clark est chargé, en 1843, à la suite d'un concours, de
la construction de la douane d'Ipswich qu'il termine en 1845;
en 1848, David Cousin, surintendant des bâtiments civils à
Edimbourg, élève la Bourse au blé de cette ville; la Bourse au blé
de Norlhamplon, inaugurée en 1851, est due à la collaboration
de" George Alexander et de Hall; elle sert d'ailleurs à des
réunions de tous genres. Alexander, né en 1810, élève de Ca-
ristie, développa d'abord son goût pour l'archéologie dans un
voyage de quatre années, pendant lesquelles il parcourut toute
l'Europe et une partie de l'Asie Mineure et de l'Egypte. Archi-
tecte d'un assez grand nombre d'édifices privés, il est mort
membre de l'Institut royal des architectes britanniques, de la
Société des antiquaires, etc. En 1848, John Smith construit les
bâtiments de la Caisse d'épargne de Cambridge et J. E. Gregan,
à Manchester, la maison de banque de MM. Heywood etC°, que
nous citons à cause de son importance; un architecte de Devon-
porl, A.Norman, donne, en 1850, la forme classique au marché
d'Ashburton; enfin des restaurations importantes au palais
d'Osborn, dans l'île de Wight, sont confiées, en 18io, à Thomas
Cubitt, tandis que la Société des antiquaires de Newcastle charge
l'architecle Dobson de la transformation en musée de la chapelle
normande de l'ancien château dont le donjon sert de prison (le
surplus des constructions étant occupé aujourd'hui par la cour
de justice, construite en 1810).
Vers le même temps, l'architecte George Saunders dessi-
nait la façade de pierre du théâtre de Birmingham, épar-
gnée par l'incendie de 1820, était chargé en 1804 de l'édifi-
calion, au British Muséum, de la Towaley Gallery (remplacée
en 1851 par la Lycian Gallery) et en 1822 de réparations impor-
tantes au théâtre Sheldonian d'Oxford. Saunders, né en 1762,
mort à Londres en juillet 1839, a laissé divers ouvrages, parmi
lesquels Wren cl son temps, publié, en anglais, à Londres, en
134 LES ARCHITKGTIÎS PAR LEURS OEUVRES.
1852 seulement, el Observations sur les origines de l'architecture
gothique, ce dernier ouvrage imprimé, aussi en anglais, en 1814.
Un contemporain de Saunders, puisqu'il naquit le 20 juillet
1763 à Prestonkirli, East Lothian, Peter Nicholson, s'est plus
fait connaître par ses écrits que par ses œuvres d'arcliiteclure :
le cliàteau de Corby et Castleton Ilouse. Fils d'un charpentier et
ayant appris rarcliitecture à Londres, tout en travaillant de son
métier, il dessine des plans pour le Carpentcr's Guide (1792) et
jette un pont de bois sur la Clyde, à Glasgow (1808), qui lui doit
un certain nombre de maisons, Carlton place et des additions
au collège. Il est reçu architecte du comté de Cumberland et
adjoint à Smirke, chargé de la construction du nouveau palais
de justice. C'est en 1810 que Nicholson, revenu à Londres, pu-
blia en deux volumes V Architectural dictionarg, qui lui valut la
médaille d'or de la Société des arls et, k partir de ce moment,
après un voyage en France exécuté en 1820, il consacra sa vie à
la rédaction de divers ouvrages d'architecture dont voici les
titres : Traité de perspective et de dessin isométrique (1837), Guide
to railway masonry (1839), el de nombreux articles dans VEdin-
btiri/hEncgclopœdia. Nicholson est mort à Carliste, le 18jiiin 18i4.
William Adams Nicholson, également lils de charpentier,
fort probablement parent de Peter qui dessina l'église de
Glandford Bridge à Wragby et celle de Kirmond, puis restaura
S' Peler at (ioows, naquit le 8 août 1803, à Soulhwall, dans le
Noilinghamshire. Parmi les châteaux dont il fut l'architecte,
nous citerons seulement : Worsborough Hall, le cliàleau de
Bayon,larésidencedeIIan,Yorkshire. A Lincoln, il n'a laissé que
la Wesley Chapel, dont la toiture à large pente est cilée par ses
contemporains, l'Union Workhouse (1837), et la Bourse aux
grains (18i7). Nicholson mourut à Boston, le 8 avril 1853.
L'archilecle officiel d'Edimbourg, de 1810 à 1840, fut Robert
Reid, né à Lowood en 1776. Déjà, en 1806, il avait fait le plan
de la Banque d'Ecosse (depuis agrandie par IJ. Bricej, eu 1808, la
nouvelle cour de justice et l'asile des fous augmenté par le môme
architecte. De 1811 à 1814, il construit l'église Saint-George,
en 1820, la douane de Leith, le collège de Saint-Sauveur et fait
des additions au collège de Sainle-^LTrio d'Edimbourg. Tl fut jus-
qu'eu 1840 (époque àlaquelle fut abolie cette fonction), grand-maiire
des bàtimenis du roi el moui'ut le 20 mars 1856, à Edimbourg.
CHAPITRE IV. 135
A Cambritlgo, quelques travaux fails aux cours de justice et aux
salles d'audience par Joliu Woody Papwortli, uous fournissent
roccasion de dire quelques mois d'un architecte anglais qui fut,
eu son temps, très discuté, quoiqu'il ait en réalité fort peu pro-
duit : c'esIJohnPapworth, élève doChambers, auquel, verstSIa,
on alla jusqu'à donner le surnom de Btionarotd. Né à Maryle-
l)one, le 24 janvier 1775, il élait le second fils d'un stucateur de
mérite prénommé John, ainsi que notre architecte. Quoiqu'il
eût commencé sa carrière comme partisan déclaré de l'école ita-
lienne, il prit, parmi ses contemporains, grâce à ses esquisses
délicates et à ses dessins très fins, la place d'un professeur de
style gréco-romain. N'était-ce, comme l'ont prétendu certains
de ses critiques, qu'un arrangeur habile, ainsi qu'il l'a prouvé
dans la construction des maisons et des villas qu'il fil pour la
noblesse anglaise? Toujours est-il qu'en 1820, à la suite d'une
restauration assez bien conçue du palais de Camstadt, le roi
(luillaume de Wurtemberg l'appela près de lui en lui donnant
le titre d'architecte du roi. Papworth publia d'ailleurs, en anglais,
un nombre considérable d'ouvrages parmi lesquels : Causes de
1(1 pourriture sèche des bâtiments (4 volumes, Londres, 1803),
|)uis un Essai des principes du dessin darchileclure, in-folio,
Londres, 1826. Il aida puissamment à la formation de l'Institut
des architectes britanniques dont il fut l'un des douze premiers
membres, puis l'un des vice-présidents. Il se démit cependant de
,£es fonctions vers 1846, et mourut le 16 juin 1 8 i7, âgé de soixante-
douze ans. John Woody, l'un des deux fils qu'il laissa, né à
Londres le i mars 1820, fut surtout architecte de maisons par-
ticulières, reçut un grand nombre de médailles et concourut avec
son père à l'érection du monument de Th. Hardy dans le cime-
tière de Buuhill Fields. .Architecte de V Albert Institution et des
cours de justice ainsi que des salles d'audience de (Cambridge,. lohn
Woody mourut à cinquante et un ans, le 6 juillet t870. Un autre
fils de John Dtionarotti, prénommé George, fut également ar-
chitecte. Né à Londres comme son père et son frère, le 7 mai
1781, membre en 1833 de la c Ilibernian Academy », il éleva la
chapelle des Carmélites de Dublin, la maison des fous de Kilkeny
(1 8 i9- 1 851 ), l'école des Orphelins fraucs-maçons ( ! 8.j2), elmourut
à Dublin le 14 mars 18.">o. Il fut aidé dans la plupart de ses tra-
vaux {lar sou fils aîné John Thomas, né à Dublin eu 1809, mort
136 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
à Paris le 6 octobre 1841, connu presque exclusivement comme
auteur du monument élevé dans le cimetière de Glasnevin au
célèbre avocat et patriote irlandais, Jobn Philpot Curran.
De Mattew Digby Wyatt (Irère de Thomas, ci-après désigné),
né le 28 janvier 1820, mort le 21 mai 1877, plutôt écrivain
qu'arcliitecle, nous mentionnerons cependant le dessin de l'arc
de triomphe qu'on se proposa d'élever à Chatham près des
casernes de Bromplon.en l'honneur des officiers et ingénieurs du
Corps Royal. Digby a laissé d'ailleurs plusieurs ouvrages estimés
et un rapport sur l'Exposition fram^aise de 1849.
De la même famille encore, Thomas Henri Wyatt, fils aîné
de Mattew de Longhlin, né le 9 mai 1807, mort le j août 1880,
commença l'architecture d'abord à Londres, dans l'atelier du pro-
fesseur C. R. Cockerell dont nous avons donné plus haut la bio-
graphie, puis se perfectionna par l'étude des œuvres italiennes du
moyen âge et de la Renaissance. En 1842, il construisit, avec
D. Brandon, le tribunal de comté à Cambridge, réminiscence
de la basilique de Palladio, à Vicence. Brandon fut aussi le col-
laborateur de Wyatt dans la construction de l'église de la
Vierge de Wilton, près Salisbury, en 1846, lorsque fut
exécutée par cet architecte la restauration de l'Institut des
ingénieurs civils et, en 1849, celle de l'église de East-Wooday.
La construction de l'école qui s'y trouve annexée, imitation
des constructions religieuses anglo-normandes, est de Tiio-
mas Henry seul; mais les deux architectes élevèrent en colla-,
boration l'église de la Trinité sur le Mont Haverstock. De 1848
à 1849, Wyatt fait des additions à l'hôpital de Middiesex, à
Londres et à la Chambre des Communes, en élevant notamment
la partie dite Speaker s, puis il donne les dessins de l'École
militaire de \\'oolwich.
Nous mentionnerons seulement l'architecte Wood Head de
Doncaster, qui posa le 9 octobre 1827 la première pierre de
celte église terminée en 1832. Quant à John Burgess Watson,
né en 1803, élève d'Artkinson, ce fut un classique grec et c'est
dansée style qu'il éleva, en 1828, l'église de Staines, Middiesex,
en 1838, Hook's church et l'église d'Iiolmwood près Kingston.
A ajouter à ses travaux un cottage, élevé dans le parc de Saint-
James, pour la Société ornilhologique et la Banque nationale
provinciale dans Bishop's gâte slreet. Excellent dessinateur de
^/0^^
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'///// ^»i^Sife-Ss§s=gà#4>;
Nargeot. ac.
CH. BARRY
CHAPITRE IV. 137
jardins, il concourut en 183(3, lorsqu'il s'agit de construire le
nouveau Parlement et mourut le 10 avril 1881, membre de
l'Institut des archilectes britanniques.
Outre leurs réparations aux cathédrales de Lismore et d'Emly
près Limerick, deux frères, élèves de John Nash qui les recom-
manda à lord GorI, devenu leur protecteur, ont couvert d'édi-
(ices religieux les comtés de Limerick et de Cork, en Irlande;
ils s'appelîiient William James Pain el George Richard Pain
et étaient fils d'un inspecteur d'architecture. Le premier, né
vers 1779, à Isleworlh-in-Surrey, fut nommé architecte du
conseil des revenus, board of first fruits, pour la province de
Munster, avec son frère pour associé, celui-ci né à Londres vers
1793. L'Irlande leur doit les églises de Buttevaux, Middleton el
Carrigaline, spécimen assez remarquable du gothique moderne
anglais, puis beaucoup de châteaux : ceux de Milchelstown,
Strancally, Dromaland, Convamore, Blackrocke; de 1817 à
1821,1a prison régionale à Limerick ; en 1 8 1 8 , la prison régionale,
à Cork; en 1825, l'église de la Sainte-Trinité à Cork; en 1826,
le County Club house; en 1828, la façade dans le style grec de
Christ church el celle de Sainte-Marie également à Cork ; en
1830, l'église Caslle Hyde; en 1831,1a chapelle des Indépendants
de style italien et le pont de Baels à Limerick; en 1832, le cou-
vent des capucins, édifice auquel les deux frères donnèrent
la forme gothique et qui ne fut achevé que vers 1860; en 1834,
l'église de Sainte-Marie Shandon ; en 1835, les tribunaux de
ville et de comté; en 1837, la chapelle Saint-Luc; en 1836,
Sainl-Palrick, ornée d'un portique d'ordre corinthien; de 1839
à 1843, les ponts de ïiiomond sur le Channon à Limerick et
d'Athlunkard, puis une porte d'ordre ionique à Lota, près Cork.
Il ne nous reste plus qu'à signaler l'année de la mort de George
(1838), qui fui pendant toule sa vie le fidèle collaborateur de son
frère, décédé depuis, à une date que nous ne connaissons pas.'
L'Irlande trouva encore un architecte dévoué dans Archibald
Simpson, né en 1790 à Aberdeen, car elle lui doit: la chapelle
Saint-André (1817); l'hôtel de la Société de médecine (1818);
l'asile des fous (1819); le County buildings, devenu salle de con-
certs (1820); le collège Marischall, de style gothique (1837);
l'infirmerie royale, de style italien (1838); un marché (1841); la
Banque de l'Ecosse du Nord dont l'architecture rappelle les
I i;il aulrc arrhitorlp iiliin.l.NS l.iM.pli Wnllaml, n.;- le S nui 1793, Ti Mi.llol,on ,i:.irk), c-l.-'V.- .lo l;n«,lc-ii.
à Dublin, un ^1. ^ |u,l,. ,,i.Im[,, I, , ,,,I, ,;,-!, .,„, ,„nissioiin(^s pour llHando, rommcMi.u 11:11 r.hli. r U
prison du l'ai II i, lu 1.,, l.M _ I, 1 -,> jusqu'au G mars 1800, date de sa nuirt. il riiii~liiii-il
plus decc-nl r_ , , . I ,ini |i;. -, ! ' M , . , i l.-U cl So Bail) inêuc. de Derbv, di' ilalKindilni, .!.•
Bundon: en l-r. ^nnl \ n ,1 1 . 1 1 ,.il, ,11 1-,- -m, (.Jean, ;iUnicric;et enfin delSGlà isi..:, d resUuire
linWrieur de la ealliédrale d,- l.oiid len . ,
138 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
études classiques que fil, l'auteur (1843); l'asile des Orphelins
(18i4); le groupe des trois églises lijjres de Bolmont street
(1846). De plus, il fut l'archilecte de la salle de mécanique, de
l'ancien hôtel des postes, de l'Atlienœum, de la Banque régionale,
de la Banque des Assurances du Nord, des églises libres d'Old-
macher, des écoles de Bell?, etc. A Elgin, il construisit une église
à laquelle il donna, ainsi qu'à l'institut Anderson, les formes
grecques, et une quantité de maisons en Ecosse, ^armi les-
quelles le château de Gordon. Simpson mourut jeune encore^
le 3 mars 1847.
En Irlande, également, travailla Jacob Owen qui fut, de 1832
à 1856, l'ingénieur architecte de la Compagnie Irish boanh of
Works de Dublin et qui, en cette qualité, dessina l'asile dos
fous criminels à Dundrum, près Dublin, la prison de Montjoy,
les quatre cours de justice, les Queens Inas (auberges de la
reine), des écoles, etc. Né en 1778, Owen mourut à South Sea,
près Portsmoulh, en 1870.
Le principal architecte des bâtiments destinés à l'exploitation
des nombreux chemins de fer qui sillonnent l'Angleterre, fut,
avec W. Tile dont on a lu la biographie, Louis Cubitt. On lui doit
en etfet : la station de Soulliwark, bâtie dans le style des palais
italiens, le grand viaduc de Folkestone de dix-neuf aixlies, les sta-
tions du Greal-Northern Railwayetdu chemin de fer d'Ashford à
Canterbury. Après Cubitt, Sancton Wood, né vers 1814 et élève
de S. Smirke, fut aussi un constructeur de gares. Lauréat au
concours ouvert pour la construction des gares de Blackburn et
d'ipswich (1843 à 1846), il filles plans de celles de la Compagnie
l'Eastern Union, de la gare terminus de Shoreditch, de toutes les
stations entre Dublin et Cork; en 18o0 il fut nommé architecte
de la ligne de jonction de Limerick et du chemin de fer de
Rugby h Hamford et Pétersboroug. Wood se livra tout entier
ensuite à la construction des maisons particulières (il en bâtit, à
Londres seulement, environ une centaine) et mourutleSavril 1886.
Lorsque nous aurons cité le monument érigé au poète
Robert Burns à Ayrshire, en 1820, par l'architecte écossais
Thomas Hamilton (peut-être le même que l'architecte de
S'-André de Londres), celui de Waller Scott, érigé par la ville
d'Edimbourg, de 18iO à 1844, sur les dessins de l'Ecossais Kemp,
mort prématurément, ainsi que la colonne commémorative du
CHAPITIiK IV. 139
duc de Leicester à Holkham en ISi.'i, arcliitocte Dornthorm,
nous on aurons fini avec les édifices élevés dans la province
anglaise pendant les cinquante premières années de notre siècle.
Si nous donnons une place ici, malgré le titre de notre ou-
vrage, aux deux Richardson, George et Charles James, c'est
pai'ce qu'ils ont joui en Angleterre, grâce à leurs nombreux
écrits sur l'architecture, d'une véritable notoriété. James, mort
vers 1872, avait été élève de Soane et devint professeur de des-
sin architectural à Somerset Ilouse; mais il n'a laissé qu'une
maison dans les jardins de Kensington Palace et quelques hùlels
dans Ilyde-Park! Quant à (leorge, il étudia en France et en
Italie, de 1760 à 1763, fut récompensé en 1765 par la Société
des arts et écrivit un ouvrage sur VOrneinentalion des pla-
fonds. Il construisit d'ailleurs à Slapleford, en 1783, une petite
église démolie en 1793.
Nous en dirons autant de Peter Frédéric Robinson, né en
1770, mort à Boulogne-sur-Mer en 18iO. Élève de Ilolland, et
devenu vice-président de l'Institut des architectes britanniques
(I83o-1839), il a continué le VUniviiis britaiiniciis, etc.
Nous ne pouvons, non plus, nous dispenser d'accorder quel-
ques lignes cà James Fergusson, cet Écossais, né à Ayr le 22 jan-
vier 1808, qui contribua si puissamment par ses écrits, publiés
de 1815 à 1868, à faire connaître l'architecture des Hindous,
presque complètement ignorée avant lui. Il fut d'ailleurs adjoint
à II. Layard lors de l'érection de la salle assyrienne du Crystal
palace, dont il dirigea tout l'aménagement de 1856 à 1858.
Mais, à ses éludes remarquables sur les arcbitectures hindoue,
assyrienne et grecque, Fergusson eut peut-être le tort de faire
succéder une monographie du temple disparu de Jérusalem et
do la mosquée d'Omar. Son nouvel ouvrage souleva de graves
piilémiques dont le résultat fut la constiliition d'une société par-
ticulière chargée de rechercher sur place tous les documents
relatifs à ces édifices. On voit qu'à l'occasion les Anglais savent
faire des sacrifices. Le dernier ouvrage de Fergusson publié en
1871 : Histoire abrégée de farclùleclure^ en trois volumes in-12,
lui valut la médaille d'or de l'Institut royal des architectes
bi'ilanniques, et il était l'un des membres de celte sociélé lors-
qu'il mourut le 9 janvier 1886.
CHAPITRE V
Coup d'œil rétrospectif sur les évolutions dans le passé de l'architecture alle-
mande. — En Autriche, les architectes italiens ou français du xvui" siècle ont
fait école et leurs successeurs restent fidèles, pendant les quarante premières
années du siècle suivant, aux principes classiques. — Un des souverains de la
Bavière, admirateur passionné de l'antiquité grecque, trouve dans von Klenze
un exécuteur habile de ses volontés, mais cet artiste a eu peu d'imitateurs
dans l'Allemagne du Sud où l'éclectisme devient la règle en architecture. —
Le style classique continue à dominer pendant la première moitié du siècle
sur les bords du Rhin et en Prusse. — Schinkel introduit dans l'Allemagne
du Nord ce que nous appellerons le classique allemand, par opposilion au
classique français ou italien.
Nous avons incliqué, en faisant la biographie des architectes
alleniands pendant la période de la Renaissance et les deux
siècles qui la suivirent, les caractères généraux de l'architecture
d'outre- Rhin, de l'année 1530 aux derniers jours dti xviir siècle.
Le lecteur a pu voir que, dans l'Allemagne du Nord, la province
de Saxe, une des premières, entra dans la voie de la Renais-
sance, tandis que la région qui s'étend le long des bords du Rhin,
couverte d'édifices de toute nature pendant la période ogivale, est
demeurée fort pauvre en édifices du nouveau style, et que s'ils ont
été inspirés par les productions italiennes et françaises de l'épo-
que, ils présentent néanmoins un caractère propre qu'on ne sau-
rait méconnaître. Dans l'Allemagne centrale, c'est-à-dire dans
la région formée par le Hanovre, le Brandebourg et le duché de
Brunswick, c'est assurément à Hanovre que les architectes du
xvi' siècle ont créé les spécimens les plus voisins, par leur
architecture, de ceux que nous ont laissés les maîtres de la
Renaissance française et de la Renaissance italienne; mais on
a vu également qu'ils n'ont guère appliqué le style nouveau
qu'aux hôtels de ville, aux maisons particulières et à certains
édifices d'utilité publique; l'architecture religieuse dans celte
CHAPIÏHE V. 141
rt''gion, aussi bien que dans le Nord el les provinces rhénanes,
continuant d'être presque exclusivement ogivale.
Le lecteur a pu voir égalemeni que l'Allemagne du Sud (en y
comprenant la Bavière, le Tyrol, la Carinthie, elc), dut surtout
h des miiilres italiens la phn)arl de ses consiructions civiles du
\vi" siècle et que ceux-ci leur im[)rimèrent, pres(iue sans altt^-
ralion, les caractères de la Renaissance italienne. Toutefois, la
bourgeoisie ne prit que peu de part à ce grand mouvement ar-
tislique, à la tête duquel se mirent les nobles autrichiens et
bavarois et, de même, le style ogival resta celui des rares édifices
religieux de. l'Allemagne du Sud, jusqu'au jour oîi les jésuites,
vers la (indu siècle, firent entrer, en les exagérant, les principes
du « rococo » italien dans la conslruclion de leurs chapelles et
de leurs églises.
L'usage de la nef unique terminée par une coupole, et de la
façade à plusieurs étages ornée de balcons, se généralise dans
l'Allemagne du Sud, depuis l'édificalion du dôme de Salzbourg
par Solari (I61i à 1635). L'architecture de Fischer d'Erlach
marque, il est vrai, le commencement d'une évolution vers les
principes de l'architecture française classique, mais il a été facile
de constater que l'ornementation des palais construits par cet
artisle rappelle encore les exagérationsde l'école borrominienne.
C'est au milieu de la lutte entre les deux influences française
et italienne que s'achève, pour l'architecliire sud-allemande, le
xviii" siècle.
« A l'époque monumentale de l'Autriche, à la fin du xvii" siè-
cle et au xviif siècle, dit M. H. Semper(l), succéda, au commen-
cement de ce siècle, une période d'une extrême aridité où la
seule nécessilé et l'économie bureaucratique donnèrent la direc-
tion à l'archileclurequi n'avait plus rien à faire avec l'art. Seul,
ritalien l'ietro de Nobili créa, dans le Burgthor, une espèce de
propylée d'un style dorique lourd et froid, construction qui
affecte l'apparence monumentale de ce genre pseudo-classique
alors à la mode à Paris comme ailleurs. Mais les autres édifices
publics el privés, érigés en ce temps, à Vienne comme dans les
autres villes de l'Autriche, n'ont pas même le mérite de feindre
ou d'imiter une espèce de caractère monumental; ce ne sont
(1) Encyclopédie de l'architecture et de la construction, vol. II, page 172
142 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
que de rudes conslructious militaires. Le représeiilant principal
de celle manière de bâtir sans arl ni goût, c'était le professeur
à l'Académie, M. Sprengcr, l'auteur de constructions banales
comme la Monnaie, la Douane, l'Ecole polyleclinique, etc. Au
même genre de constructions triviales appartient encore la vieille
Banque nationale de Moreau. C'est senlement vers 1840 qu'un
nouveau mouvement archi tectonique, en Autriche, commence
timidement à mettre fin à cet état pitoyable. C'est l'école roman-
tique, éclectique et historique qui, en Autriche comme partout
ailleurs, commence à apparaître, quoique un peu plus lard que
dans les autres pays. Ce sont surtout les styles de^ différentes
époques du moyen âge : le byzantin, le roman, le gothique et
même le moresque, qu'on étudie et qu'on imite maintenant en
essayant de les accommoder aux besoins modernes. »
Le lecteur verra ce qu'il devra retenir de l'opinion de M. H.
Semper; pour nous il nous suHira de rester dans notre rôle de
biographe des architectes de l'Allemagne du Sud jiendant les
premières années du siècle, en commençant par Pietro de Nobili,
un Italien, ainsi que son nom l'indique, qui était né à Campestro
(Tessin) en 1774, élève de Rome et qui, naturellement, avait pris
pour ses maîtres Vilruve, Yignole et Palladio; on ne doit donc
point s'étonner de rencontrer dans toutes les œuvres de cet
artiste le caractère classique, tel qu'on le comprenait alors, aussi
bien en France et en Italie qu'en Allemagne. Ce sont d'abord la
Burgthor, espèce de propylée à trois passages pour les voitures
et deux pour les piétons, construite en avant du château impérial
(1821); ensuite le « Monument de Thésée », pastiche du temple de
Thésée à Athènes, et le Musée de sculpture, dans le VoJksgarten,
qui renferme le chef-d'œuvre de Canova (le Combat de Thésée avec
le Centaure), tous ces ouvrages sont à Vienne ainsi que le Pont du
canal. On doit également à Nobili le phare élevé en 1804 sur la
pointe de Salvore près Trieste. Cet architecte mourut à Vienne
en 1854, membre du Conseil des bâtiments impériaux et de l'A-
cadémie d'architecture qui prit un grand essor sous sa direction.
Outre un travail qu'il laissa sur les fouilles opérées dans les
terrains de Pola et d'Aquileja, il avait écrit un ouvrage intitulé :
Progetli di inonumenti architettonici imaginati ncl trionfo degli
Alleati (nel 1814, Trieste, in-4°). D'autres biographes attribuent
le temple de Thésée à Ludwig de Remy, auteur des plans du
CHAPITRE V. 143
jardin qui eiilouce le château impérial, ainsi que des deux serres
attenant au chàleau et qui renferment le salon dit « Salon des
fleurs ». On doit aussi à de Remy (dont nous ignorons les dates
de naissance et de mort), les plans du palais archiépiscopal de
Grani (Hongrie), ainsi que ceux de l'église et de la maison des
Chanoines.
Ce fut un élève de Nobili, Wilhem-Paul-Édouard Sprenger,
né le 20 août 1798 à Sagan, qui fui rarchitecle, en 183o, de la
Monnaie et, en 1836^ de la Douane centrale, à Vienne. Il dressa le
plan qui servit à la construction d'une partie du clocher de la
calhédrale et. en 1844, il fut nommé directeur des Sociétés ccn-
I raies des chemins de fer hongrois, ce qui ne l'empêcha pas d'être
rarchitecle du Palais du gouvernement, de 1844 à 1846. Celle
môme année 1840, Sprenger dressait les plans de l'Exposition
nalionale de Vienne et prenail part, en 1850, au concours ouvert
à l'occasion de l'Exposition universelle de Londres; il mourut à
Mcnne, le 29 octobre 1854.
L'Inslilut polytechnique de Vienne, consiruction contempo-
raine des précédentes et d'une architecture plus que médiocre,
est l'œuvre d'un ingénieur, architecte à celle occasion : Joseph
Schemerl. chevalier de Leyterbach, né en 1757 à Laybach,
mort en 1837, à Vienne.
Charles de Moreau, malgré son nom français, était natif de
Vienne. Après avoir étudié l'architecture à Paris, il revint dans
sa pairie et commença par construire pour le prince Nicolas
Esterhazy la façade (sur les jardins) du château d'Eisensladt en
Hongrie; en 1806, il éleva, dans l'enceinle du parc, un petit tem-
ple à la mémoire de la princesse Marie Lichtenslein; puis, en
1822, à Vienne, la vieille Banquenalionale. Tous ces édifices d'une
architecture sèche et froide valurent cependant à de INIoreau les
titres de conseiller extraordinaire, de membre de l'Académie
de Vienne, de chevalier de la Légion d'honneur. Nous ignorons
à quelle époque mourut Charles de Moreau.
Deux architectes d'édifices religieux élevés à Vienne dans la
première moitié du xix" siècle essayèrent d'échapper au joug de
l'école classique ; il est vrai qu'au moment oîi ils furent chargés
de les édifier, la révolution artistique que nous avons signalée
en commcn<:ant ce volume avait eu déjà son écho en Allemagne.
C'est ainsi que Karl Rôsner, né à Vienne en 1804, mort en 1869,
144 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
adopta le style roman lorsqu'il eut à construire, vers 1840,
l'église Saint-Jean. Il s'était déjà fait connaître d'ailleurs par
une restauration intelligente des tours de Saint-Etienne. Elève
et grand prix de l'Académie de Vienne, il avait séjourné quel-
ques années en Italie et y avait fait de fortes études classiques;
cependant c'est également en style roman qu'il conçut la chapelle
de l'Arsenal, à Vienne, l'église de Carolinenllial près Prague, et
la cathédrale do Dikovas, en Slavonie.
Jean-Georges Muller, qui était Suisse, puisqu'il naquit à
Mosnaug, canton de Saint-Gall, le 15 septembre 1822 et fut élève
deRubli,de Saint-Gall, avant d'être celui de Ziebland,de Munich,
construisit l'éghse de Aetlerchenfeld (ou des Sept Refuges) à
Vienne, dans un style moitié lombard, moitié gothique, qui
indique d'ailleurs un effort considérable de l'esprit chez cet
artiste mort le 2 mai 1849, à Vienne, avant l'achèvement de son
œuvre. Les architectes Th. Noch et Van der NuU, avec la col-
laboration du peintre Fuhrich, la complétèrent de 1.852 à 1855.
Aux environs de Vienne, il nous faut citer, comme architectes
d'édifices d'une certaine valeur : Grueber, Ducatliet Joendl. De
Ducatti qui dirigea les divers travaux exécutés k Trente (Tyrol),
do 1800 à 1830, nous ne citerons que le théâtre de cette ville.
Johann Joendl, né le 3 novembre 1782, à Prague, élève de
l'Académie de cotte ville, fut surtout l'architecte de l'aristocratie
de la Bohême qui lui doit le château de Katschina construit
pour le prince de Chotek, ainsi que le tombeau de cette famille
élevé à Nachoff et le château de Tachowitz, avec le mausolée du
comte Wratislaw. Bernhard Grueber, mort à Munich le 12
octobre 1882, était né à Donauworth on 1806, En 1830, il avait
été inspecteur de Ohlmiiller son maître, lorsque celui-ci cons-
truisait l'église dite Auk'trche à Munich et, en 1833, il était
déjà professeur d'architecture à l'École polytechnique. A la
suite d'un séjour de trois années qu'il fit en Italie, de 1834
à 1837, il construisit (1812) pour le prince Hugo Salm la salle
des fêtes du palais que celui-ci possédait à Prague. Deux ans
après Grueber était nommé professeur à l'Académie de Prague
qu'il ne quitta qu'en 1874, et inaugurait la série des nombreux
édifices que lui doit la Bohême parla construction (1846) de l'é-
glise de Teschen. 11 fut ensuite architecte de l'église du cimetière
de Saint-Jean et du palais des barons d'Achrenlhal à Prague;
Osias Humphry pinx
JAMES WYATT
chai'ithe V. lio
on 1850, il consiruisil la belle église gothique de Sainte-Marie à
Toiirnau ; de 1853 à 1855,1e magnifique château deBlatna elle
caveau funéraire des chevaliers de Eirnitz à Politschau ; en
1850-1857, il éleva la façade méridionale de l'hôtel de ville de
Prague et le château de Gross-Skal; il donna les plans du châ-
teau de Worlick et de Sichrow, ainsi que ceux des piliers du
pont de fer à Teschen. Dans ses dernières années, il dirigeait
la restauration du dôme de Kuttemberg et l'érection du socle
gigantesque destiné au monument du maréchal Hadelzky à
Prague. Grueber connaissait mieux que personne l'archileclure
de la Bohème et publia toutes ses leçons sur cette architecture
de 1856 à 1871 ; il a laissé également une élude sur l'architec-
ture bavaroise pendant les xiu" et xiv^ siècles -(Munich, 1836).
A ces noms nous n'ajouterons que ceux de Christian Stadler,
architecte, en 1807, de l'hôlel de ville de Gratz, de Joseph
Hild, qui étudia l'architecture h Home et construisit, de 1832
à 1837, la cathédrale d'Erlau en style gréco-romain, et de
Mathias Bernatz, frère de Martin, peintre à Vienne, né en 1800,
élève de l'Hcolc polytechnique de Vienne et auteur d'une caserne
à Spire. Architecte du roi, il était, à l'époque de sa mort qui
nous est inconnue, inspecteur royal à Deggendorf.
Avant d'aborder l'histoire des architectes bavarois, nos con-
temporains, qu'on nous permette de revenir sur la biographie
des Quaglio, famille d'artistes italiens émigrés à Munich à la fin
du siècle précédent et qui ont laissé en Allemagne des œuvres
nombreuses dont quelques-unes ne sont pas sans mérite. Nous
avons dit que Lorenz était l'auteur de l'hôtel de ville de Lanin-
gen, du théâtre et de la salle de lalledoulede Manheim et de l'an-
cien théâtre de Francfort. Son fils Giovanni Maria, quoique qua-
lifié d'architecte par Nagler, n'est guère connu que comme peintre
de décors au théâtre de Munich, fonction dans laquelle il succéda,
en 1793, à Antonio Pluchetti. Du reste, né à Laino en 1702 et
mort a Munich en 1813, il fut surtout professeur de construc-
tions militaires, fit partie de l'Académie militaire de Munich et
devint ingénieur supérieur du gouvernement bavarois, avec le
grade de colonel de la garde nationale royale. Giuseppe Quaglio,
fils de Domenico, peintre d'histoire, né également à Laino en
1747, fut d'abord élève de son oncle Lorenz. Son goût pour la
décoration architecturale le fit entrer en qualité de peintre aux
III. 10
146 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
tliéâlres de Manlicim, puis ensuile de Francfort, Schwetzin-
gen, Liuhvisbourg, Spire et Municli oîi il terminales travaux de
son frère, Giulio, architecte du théâtre de la Cour dans l'an-
cienne Reitschule. Les nombreux dessins de Giuseppe, à la
gouache (et même à l'huile) dénotent une véritable imagination
de l'artiste qui mourut à Munich en t828.
Giulio, né aussi à Lainoen 17G4, visita Alilan, Venise, Gênes,
etc., et fut appelé pour remplir les fondions d'arcbitecle de la
Cour, à Manheim, en 1789; il exerça les mêmes fonctions à Mu-
nich lorsque Lorenz eut donné sa démission et continua ses tra-
vaux (inconnus) jusqu'à la date de sa mort arrivée en 1801.
Contemporain des Ouaglio était Derigoyen, dont nous ne
connaissons que le nom, qui érige, en 1811, devant le jardin
botanique de Munich, une sorte de propylée, à l'imitation de
celui de Nobili.
L'église protestante de la capitale de la Bavière fut bâtie sur
la place Karlsfhor, de 1827 à 1832 et eut pour archilecte un
artiste de Buchron, Johann Népomuck Pertsch, né en 1780,
qui visita l'Allemagne et l'Italie (notamment Venise), oii il fut l'ar-
chitecte de plusieurs villas. A son retour, passant par Triesle,il
y donna les plans d'une église grecque qui fut alors très remar-
quée. Conseiller supérieur de la section d'architeclure, il fut
également, de 1820 à 1825, l'architecte de la prison située dans
un des quartiers de cette ville, édifice où se reconnaissent les
fortes études faites par Pertsch en Italie et à Augsbourg, l'archi-
tecte de la Bourse commencée en 1829, puis mourut en 1835.
Un Français, Jean Métivier, né à Bennes en 1781, est appelé
en 1811 à Munich, où il reçoit Tordre de construire les bains de
Hombourg dont le Kursaal passa, à ce moment, pour le plus
beau de toute l'Allemagne. Métivier avait fait ses études à Paris
et toutes les constructions qu'il éleva à Mifnich portent naturel-
lement l'empreinte de l'enseignement classique qu'il y avait reçu.
Ce sont : la synagogue, près la porle de l'Isaar (1 824-1 82G), l'hôtel
du ministère d'Élal, l'hôtel du ministère de la guerre et celui du
baron de Bayersdorf ; la décoration du palais du prince Charles
et de l'église protestante élevée par Pertsch à Ratisbonne; il exé-
cuta, pour le prince de Thurn et Taxis, de 1828 à 1831, des
écuries et un manège; enfin, il dirigea l'érection du mo-
nument du roi Maximilien à Munich. Membre de la commis-
CHAPITRE V. 1-47
sion royale, avec le titre d'archilecte de la cour et de conseiller
royal, Mélivier mourut à une époque que nous ne pouvons pré-
*ciser, laissant deux ouvrages d'arcliilccturc publiés à .Municli.
Peu connues sont les œuvres de Nicolas Schedel von Greifen-
stein, né en 1732 àWaidhaus, mort en 1810, directeur des Ira-
vaux publics à Munich; cependant, on peut citer de cetarchilecte
le séminaire avec sa chapelle, la porte .Maximilien avec le pont
qui la précède, l'école Feuertag, rhôpiial hors la porte Sondling,
le prcsbylère de l'école du faubourg Ru, l'université àLandshut.
Nous en dirons autant de celles de Geisreider, architecte, en
1 SOI, de l'église élevée sur la colline de Lilienberg, et de Johann
Ulrich Himbsel, né en 1787 à Neukirchen, élève, à Munich, de
Fischer qui l'emmena avec lui à Paris. 11 suivit dans cotte ville
les cours d'architecture jusqu'en 1810, époque à laquelle le roi
Maximilien le rappela à Munich et lui accorda la place d'inspec-
teur des constructions royales. Munich lui doit ses nouvelles
écoles et différentes habitations privées. Il dirigea, en 1824, les
fêtes pour le jubilé de Maximilien et écrivit quelques pages aux-
quelles il donna le tilre de Magasin d archllecture . La date de
la mort d'Ilimtisel nous est inconnue.
Friedrich Sckell, né le 13 septembre 17o0 à Nassau, mort en
1820 à Munich, étudia en France et en Angleterre l'art de des-
siner les jardins et tous les édifices qui en dépendent. Appelé
comme directeur de jardins à Munich, en 1804, il arrangea les
jardins de Nymphenbourg, le Jardin anglais à Munich, le parc
de Shônfeld à Biederstein, etc., et bâtit les villas, pavillons,
serres, ponis, etc., qui en dépendent.
Nous arrivons enfin à des artistes dont les œuvres peuvent
être considérées comme de véritables spécimens de l'école bava-
roise : les deux Gartner et leurs élèves, von Klenze et Zicbland;
mais auparavant, disons un mot du chevalier Heinrich Karl von
Fische, auteur du théâtre Royal do Munich qui, construit de 1817
iï 1818, péril presque entièrement quelques années après (1823).
Né le 19 septembre 1782, à Manlieim, et élève de l'Académie de
Vienne, von Fische, outre le théâtre Royal, éleva la façade du
ministère de l'intérieur, l'hôpital général situé hors la ville, la
salle des -Vntiques à l'Académie et un palais dans le style de la
Renaissance italienne, sur les ordres du prince Charles de Ba-
vière (1811-1818). Von Fische restaura aussi le palais de plai-
148 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
sance du roi de Bavière et on lui doit l'une des rares églises
construites en Bavière pendant celte péiiode : celle de Saint-
Jacob près Munich ; il mourut, conseiller du roi, le dl février*
1820.
Johann Andréas Gartner, le père, né vers 17i3 h Dresde, était
tîls du chef de l'atelier des modèles à la manufacture des porce-
laines de Saxe. Il commença à se faire connaître en construisant,
en Pologne, une villa pour le comte de Miniiscck ; de là, il alla à
Vienne, puis à Berlin, puis à Paris où il resta neuf ans. Rappelé
à Coblentz par le grand électeur pour terminer le palais de la
Résidence, il fut créé par lui grand maître de l'artillerie ; mais il
quitta, en 1804, ces fonctions pour entrer au service du roi de
Bavière, en qualité de « directeur des bâtiments royaux ». vV Mu-
nich, il disposa la salle à manger et la salle de Mars de la rési-
dence, une salle de redoute et un théâtre. A Wurzbourg il
construisit aussi un Ihéàlre et restaura l'église Saint-Michel, dis-
posa lasalle d'opérations à l'hôpital Julius, fit dresseV l'obélisque
de la place du Marché, et éleva le cliàlcau de Schônborn à Gai-
bach. Andréas Gartner mourut en 182G ; mais il laissait un fils,
Friedrich, qui fut certainement l'un des plus illustres arlistesde
cette période de l'architecture bavaroise.
Friedrich Gartner était né à Coblentz le 10 décembre 1792,
Après avoir étudié quelque temps à l'Académie des beaux-aris
à Paris, et pendant trois ans dans l'atelier deFontaine etPercier,
il parcourut l'Italie de 1 81 i à 1 81 8. lievenu à Munich, il commença
ses travaux par la basilique de Saint-Louis qui est certainement
une de ses œuvres les plus importantes. La première pierre de l'é-
difice fut posée le 22 août 1829^ mais il ne fut consacré qu'en 1843.
Après la porte de la Victoire, ow Sicgestho)\ imitalionen calcaire
blanc de l'arc de triomphe de Constantin, la nouvelle biblio-
thèque [Ludwigsltall), et l'institut des aveugles, vinrent : le
palais de l'Université (1835 à 1840), le couvent Sainte-Anne
(1830 à 1839), l'Institut des demoiselles nobles (1837 à 1840), le
l3àtimenl de l'administration des salines (1838 à 1842). Le cime-
tière de Munich est aussi l'œuvre de F. Gartner ainsi que la res-
tauration de la porte de l'Isaar, suivie de celle des cathédrales de
Bambergct de Spire (1845) et de laconstruclion du château royal
d'Athènes dans un style pseudo-byzantin. C'est aussi à ses
souvenirs de l'architecture byzantine que s'adressa Gartner,
CHAPITRE V. 149
lorsqu'il construisit la Ludwigskirche en forme de croix latine,
d'une longueur de 09 mètres, d'une largeur de 45 mètres et
d'une hauteur de 33 mètres, flanquée de deux tours carrées
hautes de 06 mètres et terminées par une pyramide octogone.
Ce véritable artiste n'eut pas, du reste, le temps d'achever plu-
sieurs des travaux qu'il avait commencés : le temple de la Liberté
près Kelheim terminé par Klenze, la maison pompéienne de
Aschaffenbourg, le palais gothique de Wittelsbachet les galeries
de Kissingen, mais on peut dire qu'il exerça une influence con-
sidérable sur l'école de Munich. Honoré de l'amitié du roi qui
l'anoblit, Gartner mourut le 23 avril 1847, professeur d'archi-
tecture à l'Académie, directeur des manufactures de porcelaines
et vitraux et laissa, outre son Cours d' archïleclure qu'il publia,
deux ouvrages : Recherches sur la peinture murale chez les
anciens et Recueil cle_ vues des monuments grecs de la Si-
cile.
Le S/egesthor, lui aussi, était inachevé lorsque mourut Gart-
ner et ce fut un de ses élèves qui l'acheva, comme il acbcva
le palais \Mllelsbach, Edouard Metzger, né à Pappenlieim
en 1807. Metzger fut aussi l'architecte du mausolée royal et de
la Chambre des députes bavarois ; nous ignorons d'ailleurs la date
de sa mort.
Johann Erlacher, né en 1807, à Munich, fut élève de l'Aca-
démie de colle ville et avait étudié l'architecture grecque en
Syrie oîi'il laissa quelques ouvrages qui furent plutôt des œu-
vres d'ingénieur que d'architecte : un phare et un mole ; mais,
en 1830, pendant une absence de Gartner qui avait accompagné
en (^irèce le roi de Bavière, il acheva, sur les plans de cet artiste
ainsi qu'il a été dit, le château royal d'Athènes.
Deux autres élèves de Gartner furent aussi ses collaborateurs.
D'abord Karl Friedrich Andréas Klumpp, né en ISI l, à Mu-
nich, qui étailen même temps son neveu, dont les ouvrages person-
nels sont: une aile du palais de l'Académie, l'écurie archiépisco-
pale, l'école latine au cloître des Carmes, la grande caserne de
cavalerie, le bàlinient de la cour d'appel, les cloîtres des sœurs
enseignantes et de la congrégation du lion Pasteur; tous ces
travaux à Munich. Ensuite, Edouard von Riedel qui prit une
part considérable à la constructiiui du palais royal d'.Mliènes
où il séjourna jus(pren 18o0. Né on 1812, il appartint jus-
130 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
qu'en 1841 à l'intendance des bâtiments royaux de Bavière el il
en occupa la direction après la mort de Klenze (1864). Le plus
important de ses ouvrages est assurément le Musée national,
élevé sur la place Maximilien, l'ancienne » Pinacothèque », vaste
bâtiment du style des palais romains, long de 06 mètres el haut
de 27 mètres, isolé, à l'extrémité de la ville, à l'abri de l'in-
cendie cl de la poussière, a ayant la forme allongée qui convient à
une galerie, mais terminé à chaque bout par deux ailes, ce qui
lui donne quatre façades et, à tous les points de vue, un aspect
vraiment monumental ». Riedel mourut le 24 août 1885, laissant
un projet, celui du châleau de Hohenschwangan. Klumpp mourut
la même année au mois de mai, après avoir, en outre, été l'archi-
tecte de vingt et une églises catholiques, de quatre églises protes-
tantes, de la grande brasserie de M'eihenslephan et d'un pont sur
risaar. A coté de Friedrich Gartner, un élève de Lespiliez, Franz
Thurn, né à Giesing près Munich, en 1763, sut se faire une
place assez considérable comme architecte. Dessinateur de la
Cour, à parlir de 1786, il était nommé, en 1790, architecte près
delà direction des bâtiments delà guerre et élevait, en ce même
temps, despavillons dans les jardins « chinois » du palais. En 1799,
nommé architecte supérieur près la Haute commission des bâti-
ments royaux, il éleva l'asile des fous de Giesing ; en 1803, sur
l'ordre du grand électeur, il entreprit la décoration de la place
où se trouve le couvent des Capucins et l'orna d^,' fontaines et
de statues; il transforma le couvent des Augustins en s'îille d'ins-
truction pour la justice et fut aussi l'architecte du ministère des
affaires étrangères ainsi que de l'Observatoire près de Bosgen-
hausen, pour la construction duquel il eut deux collaborateurs,
Reichenbach et Soldner, que nous ne connaissons pas autre-
ment. Mais son œuvre la plus imporlante est la façade du
palais du bâtiment de la Monnaie dont Gartner avait peut-être
donné les plans. Thurn mourut à Munich eu 1844.
Une grande partie de la vie des deux architectes dont la
biographie va suivre fut consacrée à l'édification de deux cons-
tructions religieuses importantes de Munich : l'église du faubourg
d'Au, Sainte-Mariahilfkirche, et la Basilica, église paroissiale de
Saiut-Boniface. La première fut commencée par Joseph-Daniel
Ohlmûller, né à Bamberg en 1791 ; la première pierre en fut
posée le 28 novembre 1831 et l'édifice était consacré le
CHAPITRE V. • 151
25 août 1839 ; mais k mort de l'architecte arrivée quelques mois
avant ne lui permit pas d'assister à cette consécration de son
œuvre qui l'ut achevée par Ziebland, dont nous allons parler. C'est
certainement le pasiiche le mieux réussi que possède la Bavière
des églises ogivales du moyen âge : long de 70 mèlres, large de
2i mètres avec 28", 60 de hauteur, l'édifice, construit moitié en
briques, moitié en pierres, possède trois nefs et à la croisée du
transept s'élève une tour de 84 mètres de hauteur terminée par
une pyramide à jour octogonale. Ohlmiiller trouva le temps
d'élever à Oberwillelsbach le « Monument national » de la Ba-
vière et de publier un recueil de monuments funèbres (1824-1 839).
Georges Friedrich Ziebland, né à Batisbonne le 7 fé-
vrier 1800, élève de Quaglio, de Fischer et de Gartner, étudia
spécialement, en 1827, les basiliques de Borne et de Bavenne.
Aussi, à son retour à Munich, ce fut lui qu'on chargea de la cons-
truction de la « Basilica » (1835 à 1850), et de la chapelle Bibing,
ainsi que du bâtiment des perceptions et du cadastre, réminis-
cence, des constructions romanes. La Basilica, édifice à cinq
nefs, de 37 mètres de largeur, a été construite en briques, sur
les modèles des basiliques romaines, de 1825 au 24 novem-
bre 1850. La façade se compose d'un péristyle ouvert formé de
neufarcades supportées par huit colonnes de calcaire blanc. Celles
de la nef, au nombre de 64, sont monolithes et de marbre gris
de 7°", 50 de hauteur. La grande nef n'est pas voûtée et laisse
voir la charpente sculptée et dorée d'un etîet saisissant. Ziebland
termina, avant sa mort arrivée le 24 juillet 1873, à Munich, le
château de Hohenschwangan, sur les plans de von Riedel.
L'avènement au trône de Bavière du roi Louis, passionné
pour les beaux-arts, marqua pour les artistes et notamment pour
les architectes, le commencement d'une ère de prospérité qui ne
s'acheva qu'à l'abdication de ce souverain, c'est-à-dire en 1848.
Le plus fécond de la pléiade d'artistes qui surgit en Bavière, pen-
dant cette trop courte période, fut assurément Léo von Klenze.
Né près Hildesheim, le 22 février 1784 et entré, dès l'âge de
seize ans, à l'Académie d'arcliitccture de Berlin, il en sortit à
dix-neuf pour visiter les monuments de l'Angleterre, de l'Italie
et de la France où il travailla, en 1803, dans les ateliers de
Percier et de Durand. Étant à Gènes, il trouva un prolecteur
dans le propriétaire d'un palais dont il avait fait la restauration
152 • LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
et qui était devenu l'intendant général de Jérôme, roi de West-
phalie. Klenze fut nommé (1808) directeur des bàlimenls l'oyaux
à Cassel et conserva ces fondions de 1808 à 1813. En 1815, il
devenait architecte de la cour de Bavière : aussitôt arrivé à Mu-
nich il commençait, en 1816, la « Glyplotheca» dont nous allons
dire quelques mois ; puis, en 1819, il élevait dans le style italien
(moderne), le palais du duc de Leuchtenberg, à la suite duquel
travail on le nommait directeur de tous les bàliments royaux en
Bavière. L'érection de l'Odéon et de la porte du Hofgarten (jar-
din do la Cour) l'occupa jusqu'en 1822, époque à laquelle il
construisit les écuries royales. En 1823, il rédifiait, mais d'a-
près le projet de Fischer, le théâtre de la Cour détruit peu avant
par un incendie ; en 1824, il bâtissait le palais du ministère de
la guerre et le lliéàtre anatomique ; puis en 1826 l'aile méridio-
nale de la résidence, le nouveau Kœnigsbau dont la façade,
selon le vœu du roi, rappela celle du palais Pilti à Florence.
« Lorsque le roi Louis chargea Klenze de lui construire un
nouveau palais, il lui déclara qu'il lui interdisait expressémii'nl de
se servir, pour l'orner, de rideaux, de tapis, de tenlures, de dra-
peries, ni de tout autre objet d'ameublement et, ne faisant grâce
qu'aux meubles les plus indispensables, il ne mit à la disposi-
tion de l'architecte que les marbres ou les stucs, les peintures
ou les sculptures. Von Klenze a résolu avec talent le problème
difficile qui lui était posé. Mais ce palais, tout rempli d'objets
d'art, ne ressemble pas à une demeure humaine; comme l'a dit
avec raison l'auleuide Y Arien Allemagne^ l'art y a étouffé la vie. »
Cette même année 1826, l'archilecte commençait la « Pinaco-
theca » qu'il termina en 1838, ainsi que le palais du duc Maxi-
milien; l'église de la Cour [AllerheUigen-Hofkirche) dans le
slyle byzantin du xvi' siècle, mais sans coupole. Enfin, le 31 oc-
tobre 1830, fut posée la première pierre d'un temple dédié à
toutes les gloires de la patrie allemande, la « Walhalla », située à
trois milles de Ratisbonne. Cet édifice inauguré en 18i2 u doit
être rangé, dit M. de Fortoul, parmi les plus remarquables,
élevés en Europe dans ces derniers temps ». A l'extérieur, celte
acropole des morts rappelle l'ordonnance et le style du Par-
thénon; au dedans, c'est une réminiscence du temple d'Agrigente
consacré à Jupiter Olympien. Dans le même temps, Klenze cons-
truisit la salle des fêles à la résidence royale de Munich,
Dance. del.
N. REVETT
CHAPITRE V. *33
en 1833, il érigea l'obf^lisqiie de bronze élevé à la mémoire des
Bavarois morts en Russie pendant la campagne de 1812 et, de
1835 à 183G, les bâtiments de la Poste. Il consacra dix ans, de
1843 à 1853, à la Halle de la gloire {Riihmeshallc), portique de
colonnes doriques en marbre formant trois côtés d'un carré,
au milieu duquel s'élève la statue colossale de la Bavière, de
Scinvantbaler. Des consoles, placées contre le mur de fond de
ce portique, supportent les bustes en marbre,de tous les Bavarois
qui se sont distingués à des titres divers. Malheureusement, il
manque, comme fond, le ciel bleu et les montagnes de la Grèce à
cet éditice de pur style grec surmonté d'un acrotère léger comme
une dentelle.
Le musée de sculpture de Munich {Ghjptollœca) éclairé unique-
ment par le toit, n'a de remarquable que son péristyle d'ordre
ionique avec fronton ; le musée de peinture [Pinacotheca), qui
contient aussi d'autres collections, est un vaste bâtiment du style
des palais romains, eu forme de galerie terminée à chaque extré-
mité par deux ailes. Le monument sépulcral du duc de Leuch-
lenberg, le tombeau de la princesse Joseplia-Maximiliana, le
monument de Maximilien-Joseph, en face de la place Royale,
l'entrepôt, dans le style des palais vénitiens, et le pont Louis sur
risaar sont aussi des œuvres .de Klen/.e, alors comblé d'hon-
neurs et de dignités. Et pourtant, froissé de voir Gartner choisi
comme architecte des édifices qui allaient *orner la nouvelle
Athènes, Klenze n'hésita pas à quitter la Bavière pour se rendre
en Russie (où il avait été appelé d'ailleurs pour terminer l'église
Saint-Isaac). Il y élève un musée (1851), mais revient mourir dans
sa patrie, à Munich, le 20 janvier 1864.
Klenze, malgré ses immenses travaux, trouva le temps de
publier, de son vivant, plusieurs ouvrages sur l'architecture :
Les plus beaux restes de Porneinenlation grecque — Desrri/jlion
de la Glijjitotliètjue — Remarques ap//oris(/ques recueiUies dans un
voyage en Grèce, etc.
On comprend, du reste, que l'architecte de tant d'oeuvres exé-
cutées presque toutes dans le môme temps, dut avoir des colla-
borateurs: nous citerons parmi eux Haring (sans autre désigna-
lion) qui prit part à la construction du ministère de la guerre à
Municli. Simon Mayr, né dans le Tyrol le 26 octobre 1779, mort
à Muuicli le 20 octobre 1840, qui avait la direction technique des
134 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
travaux de Klenze, mais fui aussi rarciiilecle des bains de Kreulz
et de l'hôpital de Kempten ; Franz Xavier Joseph Eichbeim, né
en 1800, à Nymplienbourg, près Munich. Ce dernier, élève de
l'Académie de Munich, fut attaché à l'intendance des bfdimenls
de la cour, dès 182i; c'esl en celte qualité qu'il prit part à la re-
conslruclion de la cour de la Piuacotheca, à la construction de
la résidence royale et du palais du duc Maximilien de Bavière.
Depuis 1829, inspecteur de la commission royale des bâtiments
à Munich et professeur à l'École d'architecture depuis 1839,
Eichbeim est peut-être encore vivant.
xVutour de Munich, à Neusladt, Johann Michel Voit, né à
Ausbach, le 13 décembre 1771, élève de l'Académie de Berlin,
essaye d'échapper à la tyrannie du classique dans la construc-
tion (1841-1844) des églises de Wilgartswiesen et de Elstein,
ainsi que dupetit hôtel de ville d'Annweiler, etmeurtàAugsbourg
le 30 octobre 1846, laissant un fils architecte comme lui et que
nous retrouverons dans la seconde période architecturale du
xix" siècle.
Élève de l'Académie de Munich, Johann Gottfried Gutensohn
séjourna en Italie de 1819 à 1827 et y publia avec Knapp
l'ouvrage intitulé : Denkmàle der Chnstlichen Religion oderSamm-
lung der altesten Kirchen oder Basilïken (Rome, 1842) et, en
collaboration avec Thiirmer, une collection de monuments et
d'ornements des S'v" et xvi' siècles de Rome. A son retour en
Allemagne, il construisit le Kursaal ou casino de Rrticknau, un
des plus riches d'Allemagne, et, en 1844, s'établit à Prague, où
sans doute il est mort, à une date inconnue de nous.
Élèves aussi de l'Académie de Munich furent Schierlinger,
Schmiedtner et Solger. Franz Schierlinger, né à Eibelstadt, en
1790, fil d'abord son droit à l'Université de Wurzbourg et ne
tarda pas à laisser cette étude pour celle de l'archilectare; mais
nommé, en 1818, au grade d'ingénieur royal, par le roi de Bavière,
il suivit la carrière des ponts et chaussées et ne nous est connu
que comme architecte du château de plaisance de Schweinfurt.
Léonhardt Schmiedtner, né en 1 802, élève de Fischer à Munich,
se rendil, en 1822, en Russie et en Pologne où il obtint, de la
protection du grand-duc, l'exécution de plusieurs travaux que
nous ne connaissons pas. Plus tard, il bâtit à Weilheim, l'église
de l'hôpital du Saint-Esprit. Schmiedtner passionné pour un
CHAPITRE V. 135
certain « roman grec » a élevé à Nuremberg, dans ce style, le
théâtre et y restaura plusieurs anciennes maisons. En 1845, il
fut nommé inspecteur à Landsluit; mais nous ignorons la date
de sa mort aussi bien que celle de Bernhard Solger, né en
1812, à Rcnlwiensdorf en jîavière, élève de Gartner, qui fui,
particulièrement, un restaurateur du style ogival en Allemagne.
Solger a construit à Nuremberg l'hôpital, la banque, l'école de
commerce, le nouveau moulin de Catherine, la porte Sainle-
Marie, la morgue au cimetière de Saint-Roch, l'église profestanle
à Stein. 11 est aussi l'autour des mausolées du prince de Thurn
et Taxis à Ralisbonne et des comtes Puckler à Farnbach.
A cette période appartient encore Karl Friedrich Wiebeking,
né àWollin, en Poméranie, en l'année 1762, et créé chevalier
par le roi de Bavière en 1817. Non pas que le chevalier Wiebe-
king, qui élait un ingénieur remarquable, ait laissé beaucoup
d'uHivres comme architecte, puisqu'on ne cite de lui que la
maison de correction de Kaiserslautern (1822); mais nous som-
mes heureux de rendre, au cours de notre récit, un hommage
mérité à l'écrivain consciencieux dans les ouvrages duquel nous
avons si largement puisé. Outre les sept volumes ayant pour
tilre: T Architecture civile, publiée en 1828, Wiebeking a encore
écrit en français : Traité contenant une partie essentielle de In
science de construire les ponts (1 7 planches) ; — Mémoire contenant
les améliorations du port de Venise; — Mémoire sur F état de
rurchilecture ciDile dans le moyen d(je\ — Analyse descriptive,
historique et raisonnée des monuments de l'antiquité, etc. (atlas
contenant 38 cartes) ; — Hydrographie et topographie de la plus
grande partie navigable du Rhin, etc. Wiebeking est mort le
29 mai 1842, laissant un fils, également ingénieur, dont nous
n'avons pas à nous occuper ici.
Voisin du royaume de Bavière, le Wurtemberg compta aussi
un certain nombre d'architectes dont les travaux furent exécutés
pendant la première moitié de ce siècle. Nicolas Friedrich von
Thouret, né en 1767 à Stuttgart, fut élève de Karll, puis voyagea
en Italie où il étudia à la fois les chefs-d'œuvre de l'architecture
et delà peinture. Ason retour, il fut nommé architecte de la cour
à Stullgart où il restaura l'intérieur du nouveau château construit
en 1756. Gu'the, qui était son ami, lui demanda un château près
Weimar et lui donna ainsi l'occasion de construire le théâtre de
136 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
cette ville, la plus considéral)le de ses œuvres. A Stuttgart, il fut
un instant en butte à l'envie et dut se retirer devant l'architecte
Salucci; mais on lui rendit bientôt l'estime à laquelle il avait
droit et il fut nommé clievalier de l'ordre civil de Wurtemberg
ainsi que président de l'École des beaux-arts de Stuttgart. Cette
ville lui doit encore la rue Royale et la nouvelle avenue ainsi que
riiôpital Catherine; il éleva à Sulzrain, près Canstadt, une fon-
taine (1826) et à Weill une maison de plaisance pour le roi de
^^'urtemberg; enfin, en 1838, il fit le piédestal de la statue de
Schiller, œuvre de Thorwaldsen, et mourut en ISio. Ce Giovanni
de Salucci dont on vient de lire le nom était probablement de
.Ahmtoue, où il s'était déjà fait connaître par des additions à
l'église Saint-Sébastien-et-Saint-Ândré. Nous le trouvons élevant
à Stuttgart, vers 182o, le grand hôpital, la chapelle funéraire
sur le Rolhenberg hla. mémoire de Guillaume I" de Wurtemberg
et de sa femme, sœuir de l'empereur Nicolas de Russie, dont les
tombeaux sont placés dans lacrypte de cette église. Salucci érigea
aussi sur le Rosenslein, près Canstadt, un palais de plaisance
pour le roi ; mais on perd sa trace à partir du moment où il quitta
le Wurtemberg en 1841, membre de l'Académie de Stuttgart.
Georges Gottlieb Barth, né le 21 juin 1777, à Stuttgart, fit ses
études d'architecture à Berlin d'abord, puis à Paris et à Rome.
C'était un classique ; aussi ne faut-il pas chercher dans les édifices
qu'il construisit à Stuttgart autre chose que ce que présentent la
plupart des œuvres architecturales de son époque : le palais du Par-
lement, celui des Archives, édifice d'une grande noblesse, le musée
des beaux-arts. La grande salle de l'Université de Tubingen fui
égalementl'œuvredeBarth qui mourut à Stuttgart le 3janvierl 8 't8.
Ouoiquc connu surtout comme écrivain d'architecture, Karl
Marcel Heigelin, né le 9 juin 1798, fut élève de F. Fischer, à
Stuttgart et ensuite de Moller, à Darmsiadt. Nommé professeur
à l'Université de Tubingen en 1823, puis à Stuttgart en 1829,
il fut l'architecte de l'église de Berg, près Stuttgart , et de la cathé-
drale de Rottenbourg. 11 a donné une monographie de cette der-
nière, un livre intitulé : Instruction siii' f ancienne arcliitecturc
et un Manuel (ï arrhitecture économique.
Karl Ludwig Wilhelm Zanth, né le 6 août 1796 à Breslau,
mort le 7 octobre 1857, avait étudié l'architecture à Paris; aussi
avait-il écrit, en 1827, avec l'architecte français Hitlorff, un ou-
CHAPITRE V. 137
vrage sur l'Architecture antique de la Sicile. 11 bâtit, en 1834,
pour le baron Palolsay, en Hongrie, un village avec château et
(î'glise; puis, en 1839, le Ihéàlre doCanstacU; puis, chargé par
le roi (iuillanme de Wuricmbergde lui construire une villa près
de Slutlgart, il fil sans doute appel aux souvenirs de son voyage
en Sicile, lorsqu'il construisit le palais de la « Willielma'), n'ad-
mettant dans sa construction que les formes de l'architecture
mauresque, mais en les appropriant toutefois â un climat bien
différent de celui où se trouvaient ses modèles.
De 1839 à 18i0, c'est .M. Jorg Eberlein, élève de Ileidclofl,
né le 13 avril 1809, à Leinden en Franconie, qui est chargé de
la décoration intérieure de l'église collégiale de Stuttgart. De
1840 à 1842, il travaille à la forteresse de Cobourg et, de 1842
à 18i4, au château de Lichtcnslein. Après avoir collaboré à la
construclion du château de HolienzoUern, avec Stuler, M. Eber-
lein restaura le dôme d'Erfurt, le cloître d'Ascliaffenbourg,
puis il bâtit Saint-Emeran et deux églises protestantes à Nurem-
berg, où il est professeur d'architecture gothique.
Avant d'être professeur à l'École polytechnique de Stuttgart,
Gustave Adolphe Breymann, né en 1807, à Blankenbourg et
élève de l'Académie de Berlin, avait construit des gares de che-
mins de fer sur la ligne de Ïsarkœ-Sélo à Saint-Pétersbourg. 11
fut ensuite l'architecte de l'IuMel des postes à Hambourg et de
la synagogue à Slutlgart, où il est mort en 1859, laissant un
ouvrage assez apprécié sur les constructions. Quant à J. C. Zeller,
aussi architecte de Slullgarl, il n'est connu que par les palais et
villas qu'il construisit dans cette ville ou dans ses environs et
par l'ouvrage qu'il publia en 1846 sous le titre •.Monuments
particuliers de Stuttgart; aussi ignorons-nous les dates de sa
naissance et de sa mort.
Le lecteur n'a point oublié les noms de Chiaveri, de Krubsa-
cius, de Giesel, etc., qui couvrirent Dresde d'édifices pendant
que s'écoulait le xviii" siècle ; il ne sera donc pas étonné de la
rareté des onivres archileclurales et des arlistes saxons, pendant
les cinquante premières années du siècle suivant. Du reste, les
crises politiques qui agitèrent le royaume de Saxe, de 180(i à
1815, puis encore en 1830, auraient suffi pour y arrêter l'essor
artistique constaté pendant le siècle précédent. Aussi faut-il
attendre la période de calme qui suivit la révolution de 1830,
158 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
pour rencontrer quelque œuvre arcliiteclurale susceptible d'une
mention telle que, par exemple, la terrasse de Brûlil, à Dresde,
ainsi que l'escalier monumental qui y conduit, dont l'auteur fut
Gottlob Friedrich Thormeyer, élève de Hôlzer, né à Dresde
en 1773, mort 'en 1842, après avoir construit les bains de
Tliarand et de Radeberg.
Gottefried Semper, qui appartient plulnl par ses œuvres à
la deuxième moitié de notre siècle, entreprit de populariser
l'emploi de la polychromie en architecture. Né à Hambourg
le 29 novembre 1803, il étudia dans sa ville natale et à Alloua;
puis suivit les cours de mathématiques à l'université de Gœt-
tingue. Voulant se livrer à l'architecture, il entra dans un atelier
à Vienne, puis à Paris où il resta pendant trois années, après
lesquelles il visita successivement l'Italie, la Sicile et la Grèce.
De retour à Dresde, il y fut nommé, en 1834, professeur à l'A-
cadémie et chargé de la décoration du cabinet des antiques au
musée royal, trouvant là une occasion excellente d'appliquer
ses procédés de polychromie. De 1837 à 1838, il fut l'architecte
de la nouvelle synagogue et de l'hôpital des femmes, à Dresde ;
dans la construction du premier de ces édifices, il n'hésita pas
à faire emploi d'un style mélangé de byzantin et de mauresque
qui a été imité depuis par la plupart des architectes de synago-
gues. En 1843, après l'iru^endie de Hambourg, il concourut pour
la construction delà nouvelle église Saint-Nicolas; mais, quoi-
que il eut obtenu le premier prix à ce concours, ce fut à l'ar-
chitecte anglais Scott que l'on confia l'exécution de l'œuvre et
Semper se vengea de ce jugement en défendant son projet dans
un opuscule intitulé : De la construction des églises évangéli-
rjues, qui dénote chez l'écrivain une instruction réelle alliée
à une grande élévation de sentiments. D'un esprit fort libéral,
d'ailleurs, Semper ayant pris part à l'insurrection de Dresde
(1848), dut s'exiler après la défaite de son parti. Il se rendit en
Angleterre, puis passa, en 1856, à Zurich, oîi il fut nommé profes-
seurde construcUon à l'Ecole polytechnique fédérale ; mais rappelé
à Dresde en 18(i9, pour reconstruire le théâtre dévoré cette
même année par un incendie, il appliqua à cette construction
terminée en 1877, les formes de la Renaissance. Enfin, à Vienne,
oîi il résidait depuis 1871, il fit un plan grandiose pour l'agran-
dissement du Palais impérial comprenant les deux Musées de la
CHAPITRE y. 159
Cour et un Ihéâlre {Durgtheatcr), édifices dont nous aurons
à reparler lorsque nous ferons la biographie de Ilasenauer, le
collaboraleur de Semper. Ce véritable artiste est mort à Uome, le
lo mai 1879, après avoir écrit plusieurs livres eslimés, « l'Indus-
trie, la Science et Y XvU [Ueber Industrio , WïssenschaftundKxnst);
Brunswick, 18o2; «les Quatre éléments de l'architecture » {Ueber
die vier Elemente der Daukunst); Ibid., 1851; «le Style dans les
arts » [der Stil in den Tcchnisclicn iind tecklonischen Kiimteiû]
Francfort, 1860-1863, etc.
Joseph Thiirmer, dont nous avons prononcé le nom, en
donnant la biographie de Gutensohn, fut surtout un écrivain
et un .professeur distingué. Né à Munich en 1790 et élève de
Fischer, il avait obtenu, en 1847, le grand prix d'archileclure
et fit ainsi le voyage de Rome où il fut le collaborateur de
Gulensohn dans les circonstances que nous avons indiquées. De
Rome, il alla avec Iluebsch et Steger en Grèce; mais ne donna
pas suite à son projet de publier un ouvrage sur les monuments
d'Athènes et revint s'installera Dresde. L'Académie de celte ville
le choisit pour son directeur en 1827; il y fut l'architecte de
plusieurs maisons particulières et d'un édifice sans importance,
le corps de garde (Kœnigswarhé) bâti à l'ouest du château de
Dresde ; il mourut en 1833 dans un voyage qu'il l;t à Munich.
Ce fut un architecte du nom de Nicolaï qu'on chargea de ter-
miner, après la mort de Semper, le musée de Dresde. Ce Nico-
laï fut le maître de Moritz Hœnel, dont Tune des premières
eouvres fut le clocher de l'église dite église des Trois Rois(Z*re//i«?-
nigskirche). Hœnel construisit ensuite, toujours à Dresde, la Ma-
ternité et transforma la cour dile « des écuries » du musée du
Johannœiiin. Il fut également le constructeur ou le restaurateur de
la plus grande partie des châteaux de la Saxe. Mort à Dresde,
le 3 janvier 1880, Hœnel appréciait et appliqua souvent, avec
bonheur, k ses œuvres les formes de la Renaissance allemande.
Quant à Oscar Mothes, élève de Semper, né à Leipzig, le 27 dé-
cembre 1818, ce fut surlout un archilecte d'églises. On compte
comme devant lui èlre atlribuées celle? de : Lutchena, Krosto-
witz, Lemsel, Neukircher, Carlsbad, et les châteaux de Gross-
chocher, Schônfels, Liebau, Altenheim, Schweinsburg, Gand-
litz. Il fut aussi le restaurateur de ceux de Wiesenburg et de
Droïslig, mais nous ignorons la date de sa mort.
100 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
A Leipzig même, quelques t'difices, en petit nombre, à relever
pendant cette période : la nouvelle Bourse de la librairie, près de
l'église Saint-Nicolas, dont la grande salle a servi aux exposi-
tions régionales de l'industrie et des arts qui eut pour auteur, en
1834, Qentebrûch, sur lequel nous n'avons aucun renseigne-
ment biographique, el la salle de concert [Geumndhaus), que
construisit Jean Friedrich Karl Dauthe, né' en 1749, à Gross-
hoclier, mort en 1816 (salle qui passe encore aujourd'hui pour
un modèle d'acoustique), la loge des francs-maçons et la Bourse
de commerce, ainsi que la gare bavaroise de Leipzig, œuvres
d'Edouard Poetzch, né dans celte ville, en 1803, élève de l'Aca-
démie des beaux-arts de Leipzig (1818-1823) et de colle de
Dresde (1824-1825).
Dans le duché de Saxe-Weimar, nous n'avons à citer que
l'auteur de la « Maison romaine », pastiche de temple ionique
bâti dans un parc appartenant au grand-duc, aux environs
de la ville de Weimar, par un architecte hambourgeois nommé
Arends 'ou Ahrens, décédé en 1808 après avoir élevé plu-
sieurs habitations privées, et un architecle du nom de Coudray,
dit aussi le chevalier Coudray, auleur de maisons rurales prises
comme modèles dans plusieurs parties de l'Allemagne. Un de ses
biographes ajoute seulement qu'il donna les dessins du Pciita-
zonii/in Whnaric/ise, gravé par Schwerdtgewirth et publié
en 182o.
Martins, dont nous ne connaissons aussi que le nom, né en
1812, mort le 18 octobre 188o, avait étudié avec passion le
moyen âge allemand ; aussi donna-t-il la forme ogivale qu'il affec-
tionnait à presque toutes les constructions dont il futl'architecle
à Gorlitz : la caserne, l'hospice central, le château de Landes-
krone, etc. C'est à lui que la ville de Gorlilz doit en partie son
aspect monumental.
Ce fut aussi un admirateur du style ogival, que l'architecte
Théodor Xruger, qui, né le 16 mars 1818, à Schwerin, avait
étudié l'architecture, de 1838 à 1839, à Vienne et à Berlin; c'est
dans cet esprit qu'il restaura, en 1848, l'église de Bœbel et environ
quarante autres temples parmi lesquels nous citerons seulement
les églises de Schwerin, de Giistrow, de Hohenviechenl, de Gru-
benhagen, il construisit aussi Saint-Paul à Schwerin et trente
autres édifices religieux : les églises de Dietrichshagen, de
n^
(i"apres Reynolds
JAMES PAINE
CHAPITHE V. Itil
Minzon, de Graii/.iii, de liurgrade, de Baniin, etc. Krugor esl
morl le 27 septembre 1885.
Le palais de la résidence ducale de Saxe-Cobourg-Gollia, ainsi
que la salle de spectacle, sont dus à un Français, André-Marie
Renié, né en 1789, qui l'ut élève de Vaudoyer et de Percier.
Second grand prix d'archileclure en 1811, il avait été nommé
inspecteur des travaux du Temple, de l'hôtel du ministère des
Finances; c'est alors qu'il entreprit laconslruclion des bâtiments
de l'Ecole polytechnique à Paris, dont on connaît sans doute
l'entrée mesquine et sans goût; ce qui ne l'empêcha pas de
restaurer le palais du duc do Saxe-Meiningen. Renié mourut
chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre ducal de Saxe,
le G septembre 1853.
Architecte et peintre, Karl Ottmer naquit à Urunswick en
1800, fît ses premières études dans son pays natal et vint les
terminer à Berlin, où, en 1822, il obtint plusieurs succès dans les
concours, notamment dans celui ouvert pour la construction
d'un nouveau tiiéàtre, construction dont on le chargea. L'édifice
fut commencé on août 1824. Quelque temps après, on confia à
cet artiste l'édification d'une « académie de chant » ainsi que celle
d'une salle de concert, achevée en 1827. Ces travaux terminés,
Ottmer crut qu'il pourrait encore ajouter à ses connaissances par
un voyage en Italie. Ses pérégrinations achevées, il fut appelé à
Dresde pour donner les plans d'un nouveau théâtre; mais l'exé-
cution de ce projet fut différée. De retour dans son pays natal,
Ottmer obtint le titre d'architecte de la Cour et, lors de l'incendio
de la résidence priucière de Brunswick, le duc Guillaume le
chargea de la reconstruction do ce château ainsi que de celle du
théâtre qui en dépend. La première pierre de cet édifice fut
posée en mai 1820 et l'achèvement total eut lieu en 1836.
Ottmer a aussi consiruit à Wolfenbuttel le nouveau théâtre du
palais du duc de Brunswick et publia, en 1830, un ouvrage sur
« La consiruclion dos Ihéâlres '>.
Georges-Adolphe Demmler, né le 22 décembre 180i à
Gusirow, dans le grand-duché de Mecklembourg, et mort le
2 janvier 1886, dans la même ville, fut élève de Schinkel à l'A-
cadémie de Berlin, de 1819 à 1823. Ildevint, en 1837, architecte
de la Cour et, en cette qualité, il fit les plans dos principales
constructions alors érigées à Schwerin : le théâtre (1836), les
m. U
102 LES AHCIIITECÏES PAU LEURS OEUVRES.
écuries grand-ducales (1839), l'arsenal de Schwerin (1840), les
portes de la ville (1841), le palais grand-ducal à Schwerin (1845).
Pendant les travaux de ce palais, Demmler éleva la chapelle
funéraire de la famille grand-ducale, mais ayant pris une part
active à la révolution de 1848, comme Semper, il dut abandon-
ner son pays et ce fut Sliiler qui termina son œuvre, non sans
y introduire des changements dont la plupart ne furent pas
heureux.
A Cassel, un seul nom à citer : celui de l'architecte français
Auguste-Henri-Victor Grandjean de Montigny, né à Paris le
la juillet 1770. Élève de Delannoy et de Percier, il obtint lo
premier grand prix d'architecture en 1799 et partit, en 1802,
pour Rome, où il séjourna plusieurs années. En 1810, il eut la
chance d'èlre appelé à Cassel par Jérôme, roi de Westphalie, qui
le nomma son premier architecte, en 1812, après la construction
de la salle des États. D'autres édifices furent élevés dans celle
ville par Grandjean : une porte monumentale pour les écuries
royales, des fontaines publiques et un théâtre ; de plus, il réédifia
presque en totalité le palais du roi. Lorsque snrvinrent les évé-
nements de 1814 à 1813, Grandjean quitta l'Europe et vint s'éta-
blir à Rio de Janeiro où il construisit la Bourse, le Palais des
beaux-arts (1826), de nombreuses villas et des habitations par-
ticulières. En 1829, à l'occasion du mariage de Don Pedro, il
fut chargé de la décoration de la place du Palais et reçut la
rosette d'officier de l'ordre de la Rose* puis mourut à Rio de
Janeiro en 1850, après avoir publié : « Recueil des plus beaux
tombeaux exécutés en Italie pendant les xv" et xvi° siècles »
(Paris, 1813); 24 volumes, et « A rclii lecture de la Toscane », etc.,
en collaboration avec Famin (Paris, 1813). Ajoutons pourtant que
le palais des Chambres à Cassel eut pour architecte un élève
de Jussow, Jules-Eugéne Rùhl, né à Cassel en 1796, et qui
mourut directeur des bâtiments de la Cour à une époque que
nous ne pouvons indiquer. Nous n'avons trouvé aucun rensei-
gnement sur Brumeis, architecte du palais de l'Électeur à
Cassel.
L'école de Hanovre est restée jusqu'à ces dernières années
une école gothique qui a imprimé à cette ville un caractère
ton! particulier dont les principaux représentants sont : Conrad-
Wilhelm Hase, Opplcr et Luer.
CHAPITRE V. 103
Le style golhique presque dominant dans celte contrée pour
rarehiteclure en général n'est guère en usage dans le reste de
l'Allemagne que pour les éditlcos religieux, mais là, dans ce do-
maine, il règne en souverain incontestable.
Dans le Hanovre, nous commencerons la série des architectes
des premières années du siècle par Jorg Ludwig Laves, né à
l'slau le 18 décembre 1789, mort à Hanovre le 30 avril 1864.
Élève des écoles de Cassel et de Gœltingue, il est l'auteur du
portail du cbàteau de Hanovre, de slylc corinthien, et celui du
tbéàlre, édifice sans grande valeur, consiruit de 1845 à 1852. H
a refait aussi l'intérieur du palais de la liésidence et on lui doit
le Monument de Waterloo, colonne de bronze de 54 mètres,
surmontée de la statue de la Victoire, élevée à la mémoire de
800 Hanovriens tués dans cette bataille.
Vient ensuite Ernest Ebeling, né à Hanovre en 1804, élève
de Wittig et de Weinbreunor, à Carlsrulie. Après avoir étudié
en Italie, Ebeling rentra, en 1829, dans sa ville natale où il
déploya une grande activité comme professeur et architecte.
C'est lui qui s'efforça d'acclimater dans son pays l'architecture
des palais florentins et, plus tard, le style gotliique anglais. Ha-
novre lui doit l'école polytechnique dans le slyle du palais
liicciardi à Florence, l'arsenal, l'école des Cadets, le parlement
provincial et plusieurs constructions privées.
Les dépendances de l'Université de Gœttingue, l'Observatoire,
les serres cbaudes du jardin botanique, le manège, deux nou-
velles salles de la Bibliothèque, l'école vétérinaire et une église
sont aussi de celle époque et eurent pour architecte Justin
MùUer, né en 1783, mort en 1824 (sans autres renseigne-
ments).
On construisit assez activement sur les bords du Rliin, grâce à
la présence, dans cette contrée, de l'artiste dont le principal mé-
rite fut de fonder, à Carlsruhe, une école de laquelle sont
sortis plusieurs arcbitectes de valeur : Huebsch, Moller,
Kisenlolir, etc. ; Friedrich Weinbrenner, né dans celte ville
le 9 novembre 1706, mais qui étudia rarcliiteclureà Home. Nous
le trouvons, en 1797, à Strasbourg, architecte dos monuments éle-
vés aux généraux Desaix et Beaupuis ; de là, il se rend à Carlsrulie
où il est nommé bientôt directeur général des édifices publics et
chargé, en cette qualité, de la consiruction delà plus grande parlio
164 LES ARCHITECTES PAU LEUllS œUVRKS.
(le ceux qu'on y voit mainlenanl, à l'exception de l'ancien théâtre
détruit par un incendie en 1847. Ce sont : l'église catholique,
l'église protestante avec son péristyle de douze colonnes corin-
thiennes, l'hôtel de ville, le palais des Chambres, la synagogue,
le palais de la Chancellerie, le laboratoire, deux des entrées de
la ville, le palais de la Margrave de Ilochberg et celui de la prin-
cesse Frédéric, la grande orangerie, la fontaine publique. A
Baden-Baden, ^^'cinbrenner fut rarcliilecte du casino, du théâtre,
du Salon de conversation et de la Halle des antiquités; à Kehl.
de la caserne et de la porte du Rhin; à Leipsig, du théâtre; à
Scherzheim, de l'église. Il construisit aussi des maisons de cam-
pagne iiMainaUjprès de Strasbourg, ainsi qu'àCalharinenthalet à
Reitlerbeck, à côté de Carisruhe, les bains de Ilub, de Langen-
steinbach et de Sergertheim. Weinbrenner mourut à Carisruhe
le l"mars 1826 après être resté classique pendant toute sa vie
consacrée à combatire la tiansformation de l'archileclure alle-
mande.
Le premier élève de Weinbrenner, Heinrich Huebsch, né à
Weinsheim le 9 février 1795, et élevé, par conséquent, dans le
culte de l'architecture rlassique, se prit, au sortir de l'école,
d'une passion subile pour les idées de la Renaissance. Cependant,
deux voyages qu'il fit en Italie, de 1817 à 1819 d'abord et
ensuite de 1822 h 1824, refroidirent son enthousiasme et, en
1824, lorsqu'il fut nommé professeur à l'institut Staedlel (de
Francfort-sur-le-Mein), son retour aux principes classiques était
définitif. Mais il varia encore dans ses tendances et emprunta au
style roman l'arcliileclure delà plupart de ses œuvres. C'est en
ell'et dans une sorte de roman qu'il a habillé à Carisruhe le minis-
tère des finances et l'école des filles (1828-1830), l'école poly-
technique (1832-1836), le musée (1837-18io), le théâtre de la
Cour (1847-1853), les haras et le pénitencier [Ziichthaus) bâti
d'après le système cellulaire (1845), les édifices du jardin des
plantes, la douane elle port àMannhein; à Baden-Baden, le
pavillon des sources [Trink/ialie), les églises de Zaisenhausen,
d'Epfenbach, de Stagen, de Mulhausen près Pforzheim, de
Bulach près Carisruhe (1837), de Rottweil, do Bauschlolt, de
Waitzen, de Durrheim. On attribue à Huebsch (1828 à 1838) la
reconstruction (avec les matériaux de l'ancienne église de Then-
nenbach) de l'église prolcslante de Freiburg. On doit également
CHAPITRK V. 165
i(Miir cûinple à lliiebscli d'une magnitiqiie roslaui-alioa de la
laçade de la calliédrale de Spire qu'il exécuta peu avant sa
mort arrivée à Carlsruhe le 3 avril 1863.
Klèrc aussi de Weiubrenncr, Friedrich Theodor Fischer,
né le 8 septembre 1803, à Carlsruhe, crut devoir compléter ses
éludes dans les ateliers de lluot et de Gau, à l'aris. Sa ville na-
tale lui doit l'agrandissement de l'école polytechnique et le
lycée; à Frihourg, il éleva l'école de médecine, l'amphithéâtre
d'anatoniie et la clinique de la Maternité ; l'hôtel de ville de
Tauberhischofsheim, plus de trente églises catholiques ou proles-
lautes, ainsi que des hôpitaux dans le grand-duché de Bade.
Fischer est mort en décembre 1867.
Quoiqu'il n'ait pas laissé à proprement parler d'œuvre archi-
tecturale importante, Jacob Friedrich Eisenlohr, né à Lôrrach,
dans le grand-duché de lîade, le 23 novembre 1805, mort à
Carlsruhe le 27 février 1834, fut considéré en son temps comme
un artiste de valeur. Nommé, en 1823, professeur à l'école poly-
technique de Carlsruhe, il fut chargé de la construction des
gares et stations qui dépendent du chemin de fer hadois, parti-
culièrement sur la rive droite, de Mannheim à Bàle. Nos voisins
ont baptisé le style de ces bâtiments, mélange de byzantin, de
gothique et de romain, du nom de style néogermanique, quoique
l'on n'y puisse trouver rien d'allemand. Eisenlohr a publié divers
ouvrages: « les Monuments du moyen âge dans le sud-ouest do
l'Allemagne; — l'Architecture de bois dans la Forêt-Noire », et
a laissé de nombreux projets.
Nommons encore Johann Zaïs, architecte de Wurtemberg,
inspecteur des constructions en 1815, auteur du Kursaal de
Wiesbaden, mort en 1820, et continuons notre visite des bords
du Hhin, en citant le nom de Craemer, inspecteur des travaux
publics, chargé en 1844 de la restauration de l'église d'Aix-la-
CJiapelle. Architecte du nouveau Ihéàlre de cette ville qu'il
commença en 1822 et termina en 1824, en le faisant pré-
céder d'un portail ionique octostyle, il fut aussi celui de la
fontaine Elise, élevée avec la collaboration de Rœssler (i).
(1) Ici se iilurail. la liioyrapliie tlo J.-Clainle de I.assaiix, ou Las^aiilx, aichilecte
de Cobleiitz, que nous avons fait figurer par erreur dans le volume précédent.
>é en 1781, de I.assaux n'est mort qu'en 1848 el ses œuvres datent de notre
siècle.
ICr. LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
^é en 1788, Friedrich Adolph Ahlert apparlenait au corps
des ingénieurs des pouls et chaussées de IVusse,lorsqu'en 1821 ,
il fut chargé, avec le lilre d'inspecteur royal d'architecture, de
faire les recherches nécessaires pour commencer la reslaurntion,
devenue indispensable, de la caihédrale de Cologne. On sait
qu'en effet, convertie en magasins à fourrages par les armées
victorieuses de la République française, puis réduite par l'Em-
pire à l'état d'église paroissiale, la cathédrale de Cologne, sans
enlretien depuis plusieurs années, commençail à passer à l'état
de ruine. Ahlert succédait à l'architecte Schinkel et se trou-
vait placé sous la direction supérieure du conseiller intime
Frank. Dès l'année suivante (1822), et grâce au subside de
200,000 francs intelligemment mis à la disposition d'y\hlert,
la toiture, les voûtes des basses-nefs, les fenêtres, les murs du
transept méridional, furent repris et complèlement reslaurés
par lui, de 1824 à 1829. Mais il y avait lieu de reconstruire en
entier les contreforts qui soutiennent la voûte du chœur, et,
en 1833, au moment de sa mort, l'architecte n'en avait encore
achevé que quatre, du côté méridional.
Pendant qu'Alilert était absorbé par la restauration de la ca-
thédrale de Cologne, Johann Peter Weyer, qui avait étudié
l'architecture àParis, construisait dans cette ville la Cour d'appel,
l'entrepôt et la nouvelle école; il se construisit aussi une galerie
de tableaux qui fut considérée comme une des curiosités de la
ville, et mourut à Cologne en 1864. L'architecte du théâtre fut,
en 1823, Mathias Biercher, né dans cette ville en 1797, élève
de l'école de Berlin, mais qui avait parcouru, en étudiant, la
France et les Pays-Bas. On confia aussi à Biercher le palais du
gouvernement et la restauration de l'ancienne abbaye cister-
cienne d'Allenberg ainsi que du château royal de Briihl près de
Cologne (1830); mais la date de sa mort nous est restée in-
connue.
Joseph Felten, élève, lui aussi, de l'académie de Berlin, né à
Cologne en 1797 et mort le 20 avril 1880, se contenta d'abord
d'être le collaboraleur de Stiilcr au palais du prince Charles de
Prusse, à Berlin; mais il s'établit, vers 1831, à Cologne qui lui
doit le musée Walltraf-Richartz, le conservatoire de musique, le
casino et de nombreuses maisons ou villas.
De cette première période du siècle sont encore ; F. M. Has-
CHAIMTUl!; V. It.-J
semer, collaboraleur du pcinlrc Vcil lorsqu'il décora l'Instilul
de Fiancforl-sur-le-Mein et auleur de la cluipelle funéraire des
])riiices de Hesse dans le cinielière de celte ville, où il l'ut
nommé, en 1836, professeur de dessin. Né à Darmsiadt, il
mourut en 1800, laissant un ouvrage sur « L'ornementalion des
mosquées et des basiliques ilaliennes » ; Philippe Lerch, aussi de
Darmsiadt, oti il étudia l'architecture, puis, devenu architecte du
grand-duc à son retour d'Italie où il dessina, en 1828, l'église
Saint-Paul de Rome (depuis à peu près détruite par un incendie),
arcliilecle du palais de la Uésidence à Darmstadl; Franz Heger,
né à Worms le 5 janvier 1792, mort à Darmstadl le 2 mai 1837,
élève de Weinbrenner et de Moller doni nous allons parler, ar-
chilccte du grand-duc et auleur, en 1821, dans sa ville nalale,
de deux casernes qu'on cila dans son temps comme des modèles.
Du reste, il écrivit, en allemand, un ouvrage intilulé : « Athènes
et ses monuments », à la suite d'un voyage qu'il fil en Grèce
vers 1817.
Jorg Moller, de l'alelier duquel sortirent plusieurs des archi-
tectes de la Bavière rhénane, était né à Diepholz (Hanovre), le
21 janvier 1784 et fui élève de Weinbrenner; mais, lui aussi,
compléta ses éludes par un voyage en Italie. Nommé, à son
retour, architecte du grand-duc de Hesse, il préluda aux nom-
breux travaux qu'il exécuta par la construction (182i) de l'église
catholique de Darmsiadt qui, quoique bâtie en briques, doit à
sa forme (une rotonde de 41 mèlres de hauteur soutenue par des
colonnes de 16 mèlres), une réputation méritée, et par la nou-
velle chancellerie (1826); puis vinrent l'église catholique de
Densheim (1830), le théâtre de Mayence (1833) et la coupole de
l'ég'ise orientale, le palais de la Résidence àWiesbaden. Moller
construisit aussi le viaduc d'OEsthale, près d'Aix-la-Chapelle,
et mourut à Darmstadl le 13 mars 1852, après avoir écrit
plusieurs ouvrages dont voici les litres en rranc:ais : 1° « Monu-
ments de l'archilecture allemande » (Darmsiadt, 1815, 2 vol.);
2" « Documents relatifs à la doctrine des consiruclions »
(Darmstadl, 1835-1843, 6 part., in-folio). Entui, on lui doit
la découverte du dessin original de la cathédrale de Cologne
qu'il publia en 9 jilanches in-folio, avec texie, de 1816 à 1837.
Rudolph Wiegmann avait aussi éliidié l'architcclure dans
l'alelier de Moller avanl d'aller visiler l'ilalie. Né le 4 ;î,vril 180i,
10« LES AHCIHITECITES PAU LEURS OEUVRES.
à Adensen, près de Hanovre, il devint professeur d'archileclure
à Diisseldorf en 1839, et y construisit la cliapellc de Lohauser;
mais son œuvre principale est la reslauration de l'c^glise Saint
Salvator de Duisbourg, de 1847 à 1832, restauration qui lui
fournit l'occasion de comprendre les beautés de rarcliiteclure
ogivale et qu'il eut le temps d'achever, puisqu'il mourut
le 17 avril 1862.
A Dusseldorf, deux arcliilectes se partagent les travaux
d'arcliileclure exécutés de 1800 à 18o0: Peter Joseph Krahe,
né à Manlieim en 1758, mort en 1840, professeur de perspec-
tive à l'académie de Dusseldorf, commence par i-elever les ruines
de Pompéi et d'Herculanum pour l'ouvrage de d'Agincourt, puis
exécute des constructions importantes pour le duc Cliarles-Guil-
laume-Ferdinand de Brunswick . Auteur des monuments érigés sur
les bords du Rhin aux généraux Hoche et Marceau, Kialie fut
aussi l'architecte du roi Charles X, exilé. Karl Albrecht Krûger,
né le 23 février 1803 à l'otsdam et élève de l'académie de lier-
lin, fui nommé, en 1 832, architecte du gouveiiiement, à Dussel-
dorf. C'est en celle qualilé qu'il reslaura le dôme de Xanten et
bâtit les hôlels des postes de Grefeld, de Vasbacb et de Dussel-
dorf; puis, dans cette dernière ville, une aile de l'académie, ainsi
que le tribunal et les tribunaux d'Essen et de Wesel. Kriiger
est mort le 19 juillet 1878.
De larchilecte Johann Schrumpf, nous ne savons qu'une
chose: c'est que directeur des constructions pour le duché de
Nassau, c'est lui qui érigea, en 1824, dans la cathédrale de
Speyer, le monument pour l'empereur Ad. de Nassau. A. de
Châteauneuf , élève de Weinbrenner et Ludolf, qui ne nous sont
connus (pie par Wiebeking, furent lous deux professeurs d'archi-
ture à Hambourg et donnèrent dans cette ville une certaine
impulsion au style classique, en modiiiani, vers 1826, la Bourse
de Hambourg construite par le Français Baméo, ainsi que nous
l'avons dit dans le volume précédent. Huant à Daniel Ramée, fils
de celui-ci, né à Hambourg le 16 mai 1816, dont nous ignorons
la morl, il accompagna son père aux États-Unis et en Belgique
et s'attacha particulièrement à l'étude de l'archileclure ogivale,
de telle sorte que, d'abord membre de la Commission française
des monuments historiques, il fut bienlôt chargé par le minis-
tère de l'inlérieur de la reslauration des cathédrales de Novon,
GOTTFRIED SEMPER
CHAPITRIÎ V. 169
de Senlis et de Beauvais, des abbayes Sainl-Uicquier et Sainl-
Wiilfrand, d'Abbeville, des égh'ses du Rut, de Saint-Leu d'Es-
serand, de Roy et de Tracy, près Roueu. Ramée a beaucoup
écrit sur rarchilecture; nous nous contenterons de citer les
ouvrages suivants composés par lui : « Manuel général de l'hisloire
de l'arcbitecture chez tous les peuples, » etc. (2 vol., Paris, 1843);
(( Histoire de rarcliitecture en France depuis les Romains jus-
qu'au xvi° siècle » (Paris, 1845); « Introduction au moyen âge
monumental et arcbéologique » (in-fol., 1842); des monogra-
phies de cathédrales de toutes les parties de l'Europe et des
arlicles nombreux dans les revues françaises et anglaises, etc.
F. G. J. Forsmann, né en 1795, et Karl Wimmel, né à Berlin
en 1786, ont été des collaborateurs assidus : c'est à leur colla-
boration que sont dus les portes de Berlin et de Lubeck à Ham-
bourg, le grand hôpital du Saint-Esprit (1825 à 1827), la maison
de détention et, sur le plan de Schinkel, le théâtre avec un rez-
de-chaussée garni de boutiques et des foyers d'une dimension
respectable, la nouvelle Bourse (I8i2), le gymnase et la biblio-
thèque (1837-1839). Wimmel, établi depuis 1818 à Hambourg
dont il releva le plan après l'incendie de 1842, y est mort en 1845.
Pour Forsmann, il étudia l'architecture dans tous les édifices de
l'Allemagne, de la France et de rit»Iie, fut inspecteur des Ira-
vaux de cette ville de 1827 à 1872 et y mourut le 17 mars 1878.
La principale œuvre de Karl Johann Ludecke, né en 1826 à
Slettin, élève de l'académie de Berlin et de W. Stier etStiiler, est
la nouvelle Bourse de Breslau, sur la place Bliicher ; mais on lui
doit aussi les hôtels de ville de Striegau et de Leobschiitz, les
châteaux de Koppitz près Grottkau, de Oberwitz près Oppeln, de.
Becliau près Neisse. Nous ignorons s'il est encore vivant. Les
noms de Paul von Kùhnel et de Pack sont associés lorsque l'on
cite Saint-Lambert, la cathédrale d'Oldenbourg, dont Kiilmel lit
le projet, mais dont il put à peine commencer la construction,
étant mort en 1824. Ce fut Pack, son neveu, élève de l'académie
de Vienne, qui fut chargé de l'exécution des travaux en 1828;
c'esttout ce que nous savons de lui. Enfin, unélève de Ungewiller,
E. Hildebrand, élève, vers la même époque, les gymnases de
Flensbourg et de Husum, édifices de briques avec réminiscences
du style ogival, et continue la publication de l'ouvrage de son
maître sur <( Les Eglises des villes et villages ».
170 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
C'est en esclave soumis aux règles classiques, que Johann
Gottlieb Schlotzer fit, en 1817, à Berlin, la restauration de la
H 0 f/i ire h e{ég\ise de la Cour), construile, nous l'avons dit dans le
volume précédent, par Boumann père. Sclilotzer était d'ailleurs,
en 1795, professeur à l'académie de Berlin et, en 1810, meml)re
de cette même académie. Classique également, Heinrich Gentz,
mort en 1811, qui commença en 1800, en lui appliquant une
façade dorique, l'hôtel des Monnaies de Berlin (détruit). Pro-
fesseur d'architecture et inspecteur général des bâtiments de
Prusse, puis secrétaire de l'académie de Berlin, Gentz fut éga-
lement l'architecle de la cliapelle funéraire de Cliarlotlenbourg
et d'un escalier monumental à la résidence du grand-duc de
Weimar. Quant à Augustus SoUer, né à Erfurtle 14 mars 1805,
mort le o novembre 1853, Berlin lui doit la Nouvelle église catho-
lique, œuvre considérable qu'il éleva , en 1 850. dans le style classi-
que, quoiqu'il ait adopté ensuite le style ogival dans la construc-
tion de l'église de IMiechowitz. en Silésie.
Mais l'artiste qui, pendant un quart de siècle, fut considéré
comme le souverain maître en archilecture dans les Elats prus-
siens, est assurément Karl Friedrich Schinkel,néà Neu Ruppiu
dans la Marche de Brandebourg en 1781. Schinkel avait eu pour
maître Friedrich Gilly, né Uii-mème à Berlin, le 16 février 1771 ,
mort à Carlsbad le 3 août 1800 et que l'on peut considérer
comme le véritable introducteur en Allemagne du style classique
grec; mais sa mort prématurée ne lui permit pas de mettre h
exécution les nombreux projets qu'il avait conçus, notamment
des théâtres de Steltin et de Kcenigsberg, ainsi que du monument
à la mémoire de Frédéric le Grand, projet dont la vue décida,
disent les biographes, la vocation de Schinkel. Il est à regretter
que ce dernier, doué d'une incontestable originalilé, ait préféré
le plus souvent s'en tenir à une imitation non déguisée d'édi-
fices qui semblent un contresens sous le ciel de l'Allemagne
et dans un milieu moderne. Quoi qu'il en soit, la nomenclature
des œuvres de Schinkel édifiera le lecteur sur la puissance de
production et la fécondité de l'architecte prussien.
Commencé en 1825 et terminé en 1830 par Moser et Hesse
dans le style du moyen âge, l'église érigée sur le marcbé
Werder est cependant une exception aux tendances architec-
turales de l'artiste. Long de 60 mètres et d'une hauteur
CHAPITUK V. 171
de 29 mèlres, rédilice est lermiiié par un demi-hexaftoneet cou-
ronné par deux tours de 48 mèlres de hauteur. En même temps
Scliinkel surveillait la construction du Muséum dans le Z,«.y///r/rto«,
en face du château. C'est un carré de 92 mètres de longueur et
de 59 mètres de profondeur, pour l'édilication duquel l'artiste
eut à lutter contre l'inconsistance du terrain, autrefois occupé par
un bras delà Sprée. L'escalier, large de 30 mètres, qui conduit
au vestibule et le vestibule lui-même, supporté par dix-huit
colonnes, ont été conçus dans un certain sentiment de nohlesse.
Le pont du Château ((|ui jusqu'en 1822 s'appelait le pont des
Chiens), d'une longueur déplus de 50 mèlres, date également de
celle époque; il avait été précédé par le Corps de garde du roi,
placé dans l'alignement de l'arsenal, d'après le modèle d'un
ancien castrum romain précédé d'un portique de six colonnes
doriques.
Le théâtre royal, situé sur la place des Gens-d'Armes, fut cons-
truit de 1819 à 1820. Nous ne parlerons ni du péristyle de cette
salle ionique hexasiyle, ni de son escalier de vingt-huit marches;
nous dirons seulement que le passage des voitures sous cel
escalier les abrite contre la pluie et le vent et que le parterre
se trouve au second étage du théâtre. Le monument élevé sur
le mont de la Croix [Kreuzberg), aux environs de Berlin, à la
mémoire des soldats moris pendant les guerres de l'Empire,
se compose principalement d'un obélisque en fer reposant sur
un soubassement orné de onze niches, dont chacune abrite un
génie ailé. IMus lard, en 1835, Schinkel élevait l'observatoire de
Berlin, d'après le programme de Humbolt, et l'école du génie
et de l'artillerie, entre le château royal et le pont. Mais ce
n'esl pas seulement à Berlin que Schinkel a laissé des œuvres.
En 1823, il donnait le dessin du casino de Fotsdam et le plan
du théâtre de Lambourg (élevé de 1825 à 1827 par Wimmer),
ainsi que celui de l'observatoire de Bonn; il élevait à Polsdam,
en 1837, en collaboration avec Persius, l'église Saint-Nicolas en
face du château (moins la coupole qui est due aux architectes
Stuler et Prufer) ; puis il donnait les plans des châteaux de Babels-
berget de Glienicke (ce dernier résidence d'été du prince Charles
de Prusse), construits par le même Persius dont nous allons donner
la biographie. Ajoutons-y le monument du général Scharnhorst,
nue fontaine à Aix-la-Chapelle, la vénerie du prince lUid/iwil, le
»"2 LES AHGHITECTES PAR LEUUS OEUVRES.
château de Krzescovie pour le comte Potocky, des modifications
ù l'intérieur du palais des Sciences de Berlin et au cliùleau de
Charlotteiibourg. Schinkel, créé chevalier par le roi Guillaume,
directeur général des bâtiments de Prusse et correspondant de
rinslilut de France, est mort eu 1841.
Nous rappelons ici, pour mémoire, qu'un arcliitecle né à
Boiui le 29 septembre 1789, mais de parents français, Pierre
Joseph Lenné, dessina les parcs de Babelsberg et de Cliarlotten-
bourg (1820-1850), créa le pavillon de Hardenberg à Polsdam,
ainsi que la Colonie Russe (1830), à Berlin le parc appelé
a Tliiergarten », l'école d'iiorliculture et celle d'arcliilecture
naturelle. Lenné lit aussi le |)lan d'un canal au sud de Berlin et
la prison de Cobleulz qu'il assainit. Nous ajouterons qu'il est
mort en 1 865 et que son nom a été donné à une des places de
Berlin.
Schadow ainsi que F^ersius achevèrent les créai ions de Schinkel
dont ils étaient les élèves. Albert Dietrich Schadow, né à Berlin
en 1797, devint arcliitecle de la cour à Potsdam, à son retour
d'Italie, en 1835 et il y bâtit l'église de Nikelskoy; en 1839, il
était architecte du châleau royal à Berlin et, en 1841, construi-
sait, dans le style italien, la villa de la princesse Leignitz. Quoi
qu'il soit mort seulement le 7 septembre 1869, Schadow n'a plus
construit depuis 1843 que pour des parliculiers. C'est principale-
ment à Sans-Souci que se trouvent les œuvres de Ludwig
Persius, né à Berlin eu I80i, mort à Bome en 1845, architecte
du roi Frédéric-Guillaume IV. Citons les habitaiions des jardi-
niers de Sans-Souci, l'église de Sacrow, la fontaine monumen-
tale et la nouvelle église de la.Paix, construite de 1845 à 1852 h
l'entrée du parc de Sans-Souci et inspirée à l'architecte par la
basilique Saint-Clément de Bome. Persius ajouta des ailes au
châleau de Sans-Souci et en dessina les jardins; on lui doit
aussi le fameux moulin en slyle mauresque el la villa Schouingen
près Potsdam. Nous avons déjà dit qu'il continua le châleau de
Babelsberg, sur le plan de Schinkel son maître; nous ajouterons
seulement que cette construction est un spécimen très complet
des châteaux de style gothique élevés par les Anglais depuis
cinquante années.
La galerie des peintres vivants, la Bourse et l'église Saint-
Mathieu à Beilin oui eu pour archilecle Augustus Stûler, né
CHAPITRE V. 173
en 1799, auleur aussi de la Bourse de Francfort el du château
du grand-duc de Mecklembourg-Schwc^rin. Stiiler fut appelé à
Saint-Pélersbourg où il construisit, avec Strassof, le nouveau
Palais d'hiver. Architecte du roi, membre du Sénat et de
l'Académie des beaux-arts de Berlin, conseiller supérieur pour
les monumonls, il est mort ù Berlin en 1865, membre corres-
pondant de l'Académie royale de Bruxelles et de plusieurs
sociétés savantes.
Le palais de l'Universilé, l'école des beaux-aris et le musée
des arts industriels de Berlin sont les œuvres d'un élève de
Bœllicher, Martin Karl Philippe Gropius, né à Berlin le
11 août 1824. Au sorlir de l'académie de celte ville il voyagea
en France, en Ilalie, en Angleterre el en Grèce, puis devint
professeur d'architecture à la même académie; on lui doit le*
palais Friedenlhal, la villa Bleiclirœder, à Charlollenbourg, et
un grand nombre d'aulrcs constructions privées dans le'goût
classique de Scbinkel : liôpilaux, élablissemenls d'aliénés, etc.,
qu'il éleva jusqu'à sa mort arrivée en 1880.
Le palais de l'académie et la nouvelle église de la Garnison,
h Berlin, eurent pour archilecle Martin Friedrich Rabe, né h
Stendahl en 1 77o. Rabe, qui élait élève de Daniel Gilly, fut occupé
de 1801 à 1804 à la construction du cbàleau de Weimar. Profes-
seur à l'académie des beaux-arts de Berlin depuis 1810, il est
mort dans cette ville en 185G.
Élève aussi de Gilly, Karl Ferdinand Langhaus, né le 14 jan-
vier 1781, à Breslau, s'était déjà fait connaître par des Iravaux
considérables, lorsqu'il fut chargé, en 1843. par le roi Frédéric-
Guillaume IV de la construction de l'Opéra de Berlin incendié le
18 août de celle même année. Il avait élevé, notamment en 1819,
le monument de Bluclier à Breslau et, en 1824, la Bourse de
cette même ville; puis, de 1834 à 1836, le palais du prince Wil-
helm à Berlin. E^rigé en quatorze mois sur les fondements de
l'ancienne salle, l'Opéra, dans son ensemble, a la forme d'un
temple grec; la façade principale se compose d'une colonnade
corinthienne hexastyle supportant un fronton couronné par une
statue d'Apollon el orné de bas-reliefs de Bilschel ; un autre fron-
ton termine la façade opposée à la façade principale. On di( que
la distribution de l'Opéra de Berlin peut soutenir la comparaison
avec celle des principales salles de spectacle de F Europe. Lang-
174 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Iiaus reconslriiisil t-galement les théâtres de Dossau et de Bres-
lau et donna les plans de ceux de Leignitz. de Stetlin et par-
ticulièrement de Leipzig qui est un des plus beaux de l'Allemagne.
Ce dernier édifice, composé de trois bâtiments, a sa façade
sur l'Augustœum Flatz, précédée d'un avant-corps à trois ouver-
tures avec un premier étage orné de pilastres et de colonnes
de style corinthien; les façades latérales sont ornées de deux
frontons; une loggia de six colonnes corinthiennes avec fronton
et baignée par le lac des Cygnes s'étend de chaque côté de la
salle; elle est le rendez-vous des spectateurs pendant les entr'actes.
Langhaus est mort h Berlin le 23 novembre 18G9.
VViebeking attribue à un architecte allemand du nom de
Bourmann, la construction du Conservatoire de musique de
lierlin et du théâtre situé dans le faubourg de Kœnigstadl. Nous
n'avons trouvé aucun document qui détruisit ou contirniât le
renseignement donné par Wiebeking.
La notoriété de Karl Scheppig est duc surtout h sa collabo-
ration, avec Schinkel, àla restauration de l'église de Jérusalem,
à Berlin, en 1830 ; il était né dans cette ville le 18 janvier 1803,
et fut l'un des élèves les plus fidèles de Schinkel, puis son
collaborateur. Grand prix d'architecture en 1831, il parlait
en 1832 pour l'Italie et y étudiait avec ardeur les restes de l'ar-
chitecture romaine. Mais, à son retour en Allemagne, choisi
par le prince de Schwarzenbourg pour la reconstruction de son
château de Sondershausen, il passa presque toute sa vie au
service du prince, dans une localité où il ne pouvait guère exercer
ses talents et mourut le 22 février 1885.
Elève aussi de l'Académie des beaux-arts de Berlin et de
Schinkel, Johann Heinrich Strack, né à Buckebourg le 24 juil-
let 1805, débuta comme collaborateur de son maître dans la
<lécoration des appartements du prince héritier Frédéric-Guil-
laume IV; puis, de 1828 à 1832, par la reconstruction des palais
des princes Charles et Albert. Dans sa jeunesse, Slrack s'était
occupé de publications d'architecture et avait fait de nombreux
projets pour les manufactures royales de porcelaine et les fon-
deries de fer. En 1839, nommé professeur d'archileclure à l'a-
cadémie des beaux-arts de Berlin, puis architecte du prince de
Prusse (devenu Guillaume L'), il termina, en cette qualité, la rési-
dence de Babelsberg à laquelle avaient travaillé, nous l'avons
CHAPITllE V. 175
dit, Schinkel el Persius. Le jardin d'iiiver annext^ au palais
royal de Berlin est égalemeiil l'œuvre de Strack, mais sa pre-
mière œuvre architecturale est la galerie Raczynski; il continua,
de 1846 à 1830, par l'érection de l'église Saint-Pierre, de 1853
à 1856, par celle de l'église Saint-André et de 1856 à 1858 par
celle du palais du prince héritier. Tous ces travaux à Berlin.
Nous ne parlerons pas des constructions particulières de Strack
qui témoignent de sa fécondité et de la variété de son talent;
nous ne devons pas oublier pourtant qu'il est l'auteur de la co-
lonne de la Victoire sur la place Royale de Berlin et de plusieurs
autres monuments comniémoralifs. Strack eut une grande in-
fluence comme maître, et continua la tradition de l'enseignement
de Schinkel jusqu'à sa mort arrivée à Berlin le 13 juin 188(1.
Beau-frère et élève de Schinkel, mort en 1 858, Wilhelm Berger
fut son collaborateur, lors de la construction du théâtre royal,
de 1818 à 1821 et, peut-être aussi, du corps de garde, de 1816
à 1818. Nous le retrouvons, en 1855, à Haidhausen, architecte
d'une église sur un plan ogival qu'il n'eut pas le temps d'achever.
Comme le précédent, l'architecte Bûrde, élève de Schinkel, col-
labora à la plupart des édifices exécutés à Berlin sur le plan
du maître et notamment au Muséum ; il fut seul l'architecte
du palais du prince Adalbert, sur la place de Leipzig, à Berlin,
mais nous n'avons aucun renseignement sur la naissance et la
mort de Biirde.
Une des rues principales de Berlin, la \\ilhelmstrasse, est
presque tout entière l'œuvre de Gustave Vorherr, né à Kreu-
deustadt près Ausbach, le 19 octobre 1778. Après avoir fait ses
études d'architecture à Berlin, Vorherr vint les compléter à
Paris; puis, dans ses voyages en France, en Angleterre, en Hol-
lande et en Suisse, il puisa des connaissances qu'il mit plus tard
en pratique dans son pays ; architecte du prince d'Orange, il
commença par l'édification du château Gortz Scblitz, de 1803
à 1806; puis, en 1809, arcliitecte impérial à Fulda, il construisit
un grand nombre d'églises, d'écoles et de maisons particulières.
Nommé inspecteur à Munich, en 1810, il donna le plan du nou-
veau cimetière de cette ville, dont le fond est composé de quatre-
vingt-treize arcades placées en demi-cercle; un toit réunit ce por-
tique aux murs de clôture et, au centre de cet ensemble, s'élève
la salle où sont provisoirement déposés les morts, pour éviter
nn LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
le danger des inliuinalions précipitées. Aiileur d'un ouvrage
relatif à la « Direction à donner h rarchilecture publique en
Bavière », Vorlierr mourut le 1" octobre 1818.
L'académie des arts et métiers de Berlin et le gymnase
royal (niillaume sont les œuvres d'un arcliilecte berlinois, Adol-
phe Lohse, né le 30 août 1807. De 1838 à 1840, il éleva le
palais du commandant général à Francfort-sur-l'Oder et, de 1850
à 18o5, la résidence d'été du prince Albert de Prusse îx Findlate
près Dresde, une des plus somptueuses de l'Allemagne. Lohse
fut aussi chargé de la restauration intérieure des églises Sainte-
Sophie et de laTrinilé,à Berlin, où il mourut le 15 janvier 1807.
Nous terminerons cette esquisse biographique des architectes
du nord de l'Allemagne, pendant les premières années du
siècle, en mentionnantes noms de trois ou quatre artistes qui,
s'ils ne laissèrent pas derrière eux d'œuvres architecturales
susceptibles d'attirer l'atlenlion de l'homme de la profession
ou du touriste, n'en ont pas moins exercé, par leurs ouvrages
écrits, une intluence considérable sur l'architecture de leur
temps. Ce sont: Gustave Wilhem Stier, qui, de 1823 à 1825,
parcourut l'Italie et la Sicile avec les architectes Hittorff et
Zanth et résuma ses études sur les » Habitations particulières
des Grecs et des Romains » à l'assemblée des architectes
de 1842; il y présenta aussi une restauration du Laurentinum
de Pline qui provoqua de nombreuses discussions. En 1841,
membre de l'académie des arts de Berlin dont il é[ait professeur
et, en 1843, de l'inslitut archéologique de Home, Stier a laissé
des plans que leur fantaisie, plus apparente que réelle, fit rejeter
par les classiques de son temps. Ludwig Théodore Liman, né
en 1788, élève de Percier et professeur à l'académie de Berlin,
mourut malheureusement trop lot pour l'art (1 i décembre 1820)
à Alexandrie (Egypte), où son gouvernement l'avait envoyé avec
une mission scientifique ; plus heureux, Karl Freiherr Haller,
né à Nuremberg, accompagna le baron de Slackelsberg et le che-
valier Brondsted dans leur voyage en Grèce où, aux trois archéo-
logues se réunirent bientôt les Anglais Cockerell et Forsler.Dela
collaboration de ces savants résulta pour l'Europe une véritable
révélation de l'art grec enfoui avec les ruines d'Egine et de Car-
Ihaca. Plus modeste, Ludwig Friedrich Catel, né en 1776 à
Berlin, où il mourut en 181 9, se contenta d'écrire quelques opus-
F VON GARTNER
GHAPITIU': V. 177
Cilles sur << l'amélioralion des théâtres, l'architeclure militaire,
la construction des églises protestantes, le ciiautrage à vapeur
d'eau, etc. "Cependant, comme il fonda à Berlin une fabrique de
mosaïques qui eut une certaine renommée de 180i à 1806, et fut
le créateur, en 1814, delà Société des artistes de Berlin, comme,
d'un autre côté, on lui doit un château en Pologne (1808) et la
restauration du château de Brunswick (1809), Catel avait sa place
marquée dans notre ouvrage.
12
CIIAIMTKE VI
Création à Saint-Pétersboury d'une Académie des beaux-arts avec des professeurs
français. — Caractères classiques de tous les édifices russes du commencement
du xix=' siècle. — Influence de l'empereur Nicolas sur les destinées de Tarchi-
lecture en Russie. ■ — Adoption officielle du st3'le byzantin dans la construc-
tion des édifices religieux russes. — Eu Pologne, l'architecture reste classique
et française. — La Suède et la Norvège voient s'élever seulement quelques
édifices d'utilité publique; mais de l'université de Copenhague sortent de
véritables artistes qui laissent en Danemark et, même hors du Danemark, des
u'uvres architecturales considérables.
A l'influence italienne qui avait produit l'Assomption de
Moscou succéda, au xviii" siècle, nous l'avons dit, l'influence
française représentée par Leblond, Yallin de la Mothe, Aniou-
dru, etc. Mais une académie s'était fondée, en 1724, à Saint-
Pétersbourg, sous le litre d' c< .Académie impériale des Sciences »,
puis, quelques années plus lard, en 1704, une « Académie des
Beaux- Arts » dont les règlements étaient une copie des statuts de
noire Académie d'alors. On commence à enseigner l'architecture
aux jeunes Russes; aussi ne devrons-nous pas nous étonner de voir
s'élever, en Russie, dès le commencement du siècle suivant, des
édifices créés par des architectes nés dans ce pays : Kokerino"W,
par exemple, qui acheva le palais des Beaux-Arts ou l'institul,
construit dans le quartier Basiliefskoi Ostrof, par Yallin de
la Molhe, vaste édifice formé de quatre avant-corps et compre-
nant un théâtre, une salle d'antiques et des logements pour les
professeurs; les deux Michailow, André et Mathieu, le second
architecte (1825) du Ihéàtre l'etrowslvi à Moscou et de l'église
Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg (église en forme de croix
grecque précédée d'un portique octostyle) et d'une partie des
bâtiments en arrière de l'inslilul ; le premier, second prix
d'architecture de l'académie des arts en 1797, dont on ne cile
CHAPITHH V(. 179
aucun édifice public, mais qui fut presque jusqu'à sa morl pro-
fesseur d'architecture à cette académie.
Andrei Nikophorowitch Woronichin ou Waronchin, né
en i 760, fut d'abord serf du comte Strogonow, qui, reconnaissant
ses apliludes remarquables pour le dessin, le fil étudier à l'Aca-
démie de Moscou. Aussitôt après avoir terminé ses études, sous la
direction de Bazhenow et de Kazakow,le jeune Ivan, protégé par
l'empereur Paul I" (1790), concevait le plan d'une église métro-
politaine élevée à Saint-Pétersbourg et dépassant, en étendue,
toutes celles qui existaient alors dans l'Extrême Nord de l'Europe ;
on posait, en effet, en 1801, la première pierre de « la Mère de
Dieu de Kasan ». Pour la construction do cet édifice, l'arcbitecte
s'inspira, dit-on, de Sainl-Pierre de Rome. Toujours est-il qu'il
occupe une superficie de 14 000 mètres, que Irois portiques com-
posés de cinquante colonnes de style corinthien d'environ
13 mètres de hauteur ornent sa façade principale et les entrées
des transepts, à la croisée desquels s'élève, à une hauteur de
42 mètres, une coupole hardie de 15 mètres d'ouverture. L'édi-
fice eut d'ailleurs besoin d'une restauration en 1830, mais Woro-
nichin, créé conseiller d'Etat, était mort le 5 mars 1814 après
avoir restauré la terrasse du palais Strelna et fait la colonnade
des jardms Petorliof.
Ce fut aussi un architecte d'églises que Stackenschneider,
Allemand sans doute, mais élève de l'académie de Saint-Péters-
bourg, qui fut chargé, en 1837, de l'érection du palais Cololma,
puis du palais d'élé du duc de Leuchtenberg ; malheureusement,
les renseignements biographiques sur cet artiste nous font com-
plètement défaut.
La Bourse de la capitale, commencée en 1806, mais dont la
construction, interrompue par les expéditions de Napoléon, ne
se termina qu'en 1816, eut pour architecle un Français réfugié
qui s'appelait Thomas de Thomon, né en 1756 à Paris, où il
s'était déjà fait connaître. Bâti sur le bord de la Neva, l'édi-
fice est précédé d'un vaste péristyle à deux rangs de colonnes,
surmonté d'un groupe de grande dimension. Fait architecte
de l'empereur de lUissie, de Thomon dessina la place qui s'étend
devant la Bourse, place flanquée à chacune de ses extrémités
de deux colonnes rostrales rappelant celles de la place des
QuinconcesdeBordeaux.il fut aussi (1803) l'architecte du Grand
180 LES AHCHITliCTKS PAU LEURS ŒUVRES.
Théùlre de Saint-Pétersbourg, après le premier incendie qui
dévora cet édifice bail sons Catherine II par un étranger appelé
Maddoks' et mourut dans cette \ille en 1814.
En 1821 , c'est le lliéâtre de Moscou qu'élève l'archilecte'Bové,
dont nous ne connaissons que le nom, théâtre précédé d'un pé-
ristyle de huit colonnes d'ordre ionique, mais qui fut brûlé en
1854. Albert Cavos, membre de l'Académie des beaux-arts de
Saint-Pétersbourg, fut chargé de sa reconstruction, en y ap-
portant toules les améliorai ions signalées dans les princi-
pales salles de spectacle de l'Europe. L'édifice fut inauguré le
i" septembre 1857, lorsdu couronnement de l'empereur Alexan-
dre II, qui, à celle occasion, décora l'artiste. Saint-Pétersbourg
lui doit également le théâtre Impérial, le grand cirque, l'hôlel
des postes. Cavos fut aussi l'architecte du théàlre de la Cour à
Peterhof, de celui de CaminierstrolT et d'une chapelle russe à
Paris. Il est mort à une date ignorée de nous, laissant un
<( Traité de la Construction des Hiéâtres ». Architecte de la Cour,
Brenna, dont l'origine nous est inconnue, fut chargé de trans-
former en théâtre la bibliothèque impériale. En 1802, il termina
l'église d'isaac commencée par un architecte allemand nommé
Stengel, fut appelé au conseil d'État en 1814 et mourut, lais-
sant de nombreux projets fort bien dessinés, à une époque que
nous ne pouvons préciser.
Le théâtre Alexandra de Saint-Pétersbourg fut l'œuvre d'un
architecte nommé Rossi, auteur également du palais Michel et
d'une partie de la bibliolhèque impériale en façade sur le square
Alexandra. Ces divers Iravaux furent exécutés par Rossi de 1810
à 1830, c'est tout ce que nous savons. Le théàlre Michel date de
1833 et eut pour architecte Alexander Brulloff, professeur à
l'académie des beaux-aris de Saint-Pélersbourg, membre de
l'Institut des architectes britanniques, un peu plus tard colla-
borateur d'Ivan Strassoff, architecte du nouveau Palais d'hiver
terminé en 1839. Sirassoff fut un des artistes russes les plus
distingués. Élève de l'Académie de Saint-Pétersbourg, il par-
courut, pour se perfectionner dans son art, l'Italie et la France.
Il reçut la croix de Stanislas et une somme de 50 000 roubles.
On donne aussi à SirassofT comme collaborateur^ nous l'avons
dit, l'archilecte prussien Augustus Stiiler. Ce que nous savons,
c'est que, consiruit en 1756, sous le règne de Catherine, le
ClIAPITHE VI. 181
Pillais d'hiver avnil clé coinplèlomenl délriiit par un incendie,
en 1837 et que l'empereur accorda seulement six mois à l'ar-
chitecle ou aux architectes pour eu opérer la reconstruction,
alors qu'on était en pleine saison d'hiver.
Le nouvel édifice, à quatre étages, fut le produit d'une archi-
tecture bizarre, très chargée d'ornements, de moulures et de
marbres, quoique la brique entre, pour la plus grande partie,
dans sa construction. L'intérieur en est d'une richesse inouïe.
L'entrée principale ou « l'erron des ambassadeurs », sur les
bords de la Neva, conduit par un escalier de marbre blanc aux
appartemenis d'apparat. La salle du trône, toute en marbre
blanc également, celle des l'eld-maréchaux, la galerie Romanoiî
et la galerie Alexandre renfermant des toiles d'Horace Vernet,
de Peter Hess, de Willwald, etc., peuvent êlre citées parmi les
plus belles de l'Europe et l'on doit y ajouter les salles pom-
péiennes où se voient de merveilleuses mosaïques, ainsi que le
jardin d'hiver de l'impératrice.
Un Français Antoine-François Mauduit, né à Paris le
10aoûtl77o, d'abord secrétaire et bibliothécaire de l'Académie
de France à Rome, auteur d'un projet de bibliothèque ayant la
forme circulaire (1835) (adoptée depuis par Labrouste), fut nommé
architecte de l'empereur Alexandre et avait tracé le plan de la
ville de Saint-Pétersbourg vers 1808. Après un voyage en Italie
et en Grèce, pendant les années 1811, 1812 et 1813, il rentra
dans la capitale de la Russie en 1814. En 1817, il restaura le
Grand Théâtre briilé en 1810, puis fut l'un des fondateurs du
comité des constructions de la ville, imitation de notre conseil
dos bâtiments civils, et mourut le 17 décembre 1834, laissant un
projet pour la réunion du Louvre aux Tuile ries (Paris, Didot, 1846).
Auguste Ricard, créé comte de Montferrand par l'empereur
Alexandre II, était également Français. ÎNé à Chaillot, près Paris,
le 1*4 janvier 1786 et élève de Percier et Fontaine, il fut d'abord
inspecteur des travaux de l'église de la Madeleine à Paris, puis
fut incorporé dans les gardes d'honneur de 1813 à 1814. Ayant
obtenu, en 1816, du prince Wolkensky, ministre de l'empereur
de Russie, des lettres de recommandation, il partit pour Saint-
Pétersbourg et fut presque aussitôt chargé de quelques travaux
particuliers, entre antres d'un palais pour le prince LabanofC,
palais qui, plus tard, fut acquis par la Couronne pour y installer
182 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
le ministère de la guerre. Mais un concours ayanl été ouverl,
en 1820, pour la restauration et l'agrandissement de Sainl-Isaac-
le-Dalmate, le projet de Ricard de Monlferrand fut adopté et on
travailla sur ses plans depuis 1829 jusqu'en 1839, année de l'é-
rection de la croix qui surmonte le dùnie. Les fondemenls de
l'édilice avaient été jetés sous Catherine II, en 1768 (peut-être
sur les plans d'Amoudru qui se trouvait à cette date en Pologne),
puis les travaux avaient été interrompus à diverses reprises.
L'église Saint-Isaac, longue de 94 mètres et large de 31 mè-
tres, est en forme de croix grecque. Quatre portiques formés
de douze colonnes monolithes, en granit rouge de Finlande,
soutenant un fronton dont les has-reliefs sont des sculpteurs
Lemaire et Viiali, terminent les quatre bras de la croix. Le dôme, ■
avec ses fenêtres en arcade, rappelle un peu celui de Saint-
Pierre de Rome et sa base porte vingt-quatre colonnes corin-
thiennes de granit au-dessus desquelles règne une galerie ornée
d'une balustrade en bronze que décorent vingt-quatre statues
d'anges; la coupole qui s'élève à une hauteur de 118 mètres au-
dessus du sol et la lanterne sont couvertes de lamelles en cuivre
doré. A l'intérieur, on a essayé de réunir toutes les richesses
que peut produire la Russie, en marbres et en métaux précieux;
aussi y travaillait-on encore en 1830.
La Russie doit aussi à notre architecte la colonne commémo-
ralivc élevée par Nicolas à la gloire d'Alexandre I" (colonne
monolithe de 32 mètres de haut, érigt'-e le 30 août 1832, devant
le Palais d'hiver, mais qui ne fut inaugurée qu'en 1834), le pié-
destal de la statue de Nicolas dont la première pierre fut posée
en 1832 et qui fut inaugurée le 2o juin 1859, et l'hôtel Demi-
doff, h Saint-Pétersbourg. Hors de la capitale, de Montferrand
reconstruisit le palais Katerinoff sur la baie de Cronstadl et
suréleva le grand clocher du Kremlin, à Moscou. Enfin, après
l'incendie de 1837, il fut chargé de la restauration du Pelais
d'hiver, sans doute avec la collaboration de Jean Langenegger,
né en 1818 à Gaïs, dans le canton d'Appenzell (Suisse), élève du
professeur d'architecture Allher de Wald. Ricard de Monlfer-
rand, nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Sainl-
Pétershourg, conseiller d'État, général-major, décoré des ordres
de Sainl-Wladimir, de l'.-Vigle rouge de Prusse, commandeur de
l'ordre de ^^'asa de Suède et chevalier de la Légion d'hon-
CHAIMTHE YI. 183
iieur de France, moiiiuL après avoir publié des monographies
de l'église Sainl-Isaac el du monument élevé à l'empereur
Alexandre I" (Saint-Pétersbourg, 1820, el Paris, 1836).
Ce fut encore un Français, PaulJacot,néà Paris en 1Ï98, qui,
élève de Debrel et de Lebas el première médaille d'arcbileclure
de l'École des beaux-arts, exerça en Russie, de 1821 à 1840, les
fondions d'architecte de l'Empereur. A Saint-Pétersbourg, il
construisit « l'Inslilut des voies el communications », la chapelle
qui dépend de ce bâtiment, la « Salle de la noblesse », une église
hollandaise; en 1852, l'église méiropolilaine de Varsovie et
enfin un cirque (aujourd'hui détruil). 11 produisit un projet,
non adoplé, pour l'érection de l'Opéra de la rue Lepellelier ;i
Paris el mourut à une date qui nous est inconnue.
Au contraire, étaient Russes d'origine, Rusco, Sacharow et
Soboltchikow qui, de 1810 à 1822, eurent la charge d'édilier
et d'aménager la bibliolhèque impériale à Saint-Pétersbourg.
De Rusco nous ne savons qu'une chose, c'est qu'il donna, en 1810,
les plans de l'édifice et commença la construclion de la partie
à l'angle de la Sadovoya et de la Perspective Newski. Sacharow
lui succéda de 1811 à 1813, comme architecte de l'édifice, mais
il était déjà connu pour avoir modifié les bûtimenls commen-
cés en 170o de l'Amirauté, édifice donl la façade n'a pas moins de
428 mètres de longueur, non compris les deux ailes qui s'étendent
vers la Neva. Soboltchikow chargé, en 1831, de l'achèvement de
la bibliothèque impériale, n'hésita pas à visiter les principaux
édifices de celle nature élevés en Europe ; on lui doit la nouvelle
salle de lecture inaugurée le 2i novembre 1862.
Personne n'ignore quelle fut l'influence des idées allemandes
sur la cour de Russie pendant le dernier règne; aussi, n'étonnerons-
nous pas le lecteur en lui disant que la pluparl des grands bâti-
ments destinés en Russie à des services publics, que les théâtres, les
châteaux de la noblesse, etc., ont eu pour architectes des ar-
chitectes allemands dont nous avons cité les travaux, au cours
de la biographie que nous en avons faite dans le chapitre précé-
dent ; nous avons omis cependant Ludwig Bohnstedt qui, né à
Slralsund le 27 octobre 1822, élève de l'académie de Berlin en
1839, fui appelé comme professeur de l'académie de Sainl-Pé-
tersbourg, après avoir visité la France et l'Italie. Dans la capi-
tale de la Russie, il restaura le palais chinois d'Oranienbourg.
18i LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
coiislruisit le cloître de la Résurrection, l'hôtel de ville, le pa-
lais Chauveau-Narisclikin et le palais Jussiipofl'; Riga lui doit
aussi son théâtre. En 1854, Ronlisledt qnilta cependant la Rus-
sie poiu' se fixer définitivement à Gotha, où nous le retrouvons
en 1872, concourant pour le projet de palais du Parlement à
Berlin et obtenant une des premières places à ce concours.
N'oublions pas, avant de terminer ce trop court abrégé de
l'histoire de l'architecture en Russie, la salle de spectacle de
Tifiis qu'éleva, en 18ol, le prince Grégoire Gagarine qui fut
alors vérilablement un architecte possédani, au moins, une
connaissance approfondie de l'architecture mauresque de laquelle
il s'inspira et le palais de l'Exposition de l'industrie ouvert à
Saint-Pétersbourg le 5 mai 1870. C'est là plutôt une construc-
tion nouvelle qu'une transformai ion exécutée par les archi-
lecles Grolhman et Fontan; car s'ils ont dû respecter les bâti-
ments de l'ancien grenier à sel, la façade, eu style Renaissance,
qu'ils y ont ajoutée, partagée en cinq grandes voûtes que
supportent huit colonnes corinthiennes et les deux ailes qui la
complètent, ont fait du laid et sale entrepôt un véritable palais
digne de recevoir, d'une façon permanente, les œuvres exposées
par les artistes et les industriels russes. N'oublions pas non
plus le monument commémoratif élevé à Novogorod, en 1862,
par l'architecte russe Mikeschine, lors de la célébration du
millénaire de la fondation de l'iMiipire russe.
Hors de Saint-Pétersbourg, nous n'aurons que peu d'œuvres
architecturales à citer, pendant les premièi*es années du siècle :
à Tsarkoë-Selo, une église dont la première pierre fut posée,
en 1S2.-Î, par deux architectes italiens, les frères Âdamini,
cités seulement à celle occasion; l'église du Sauveur à Mos-
cou, dont la construction dura douze années et qui eut pour
architecte un Allemand, Constantin Thon, élève de l'académie
de Saint-Pétersbourg. Pensionnaire de l'empereur de Russie à
Rome, il y releva plusieurs des édifices romains, notamment le
temple de la Fortune de Préneste, et fut, à son retour (en 1828),
nommé membre de l'académie, professeur et architecte de la
Cour. Passionné pour le slyle romano-byzantin,Thon trouva dans
l'empereur Nicolas un puissant protecteur de ses idées architec-
turales, à ce point qu'en 1841, le souverain donnal'ordre que ce
style fût, autant que possible, celui de tous les édifices religieux
L. VON KLENZE
CHAPITRE VI. 183
qui s'élèveraicnl, dans l'avenir, en Russie el c'est, d'ailleurs, celui
que l'archilecle adopla pour la conslruclion de l'église du Sau-
veur de Moscou. 11 reçut aussi l'ordre de relever tonles les an-
ciennes églises de la Russie el ce recueil remarquable fut offert
en 184.T, par le Izar à la reine d'Angleterre. Ici, nous perdons de
vue l'archilecle Thon dont il nous est impossible de préciser la
mort. Wiebeking cite un architecte russe, du nom de Wittberg,
comme auteur d'un temple élevé, pendant la période qui nous
occupe, sur une colline près de Moscou ; mais sans nous donner
aucun détail sur la vie de cet artiste. Il est aussi concis relative-
ment à celle de Carbonier qu'il qualifie de général du corps des
ingénieurs des voies de communication de Russie, auquel il altri-
bue la construction, à Moscou, en 1817, d'une salle de 167 mèlres
de long sur liO mètres de large, destinée aux exercices militaires
et dont la façade est décorée dans le style dorique.
A Odessa, c'est un Français, élève d'Achille Leclère, François
Schaal, qui est l'architecte du lycée Richelieu el de la lianqiie
impériale, puis du lazaret el de la ville neuve de Kertch, en Cri-
mée, élevés sous le règne d'Alexandre I". Quant à l'église Saint-
Michel de celte ville, construite en 1835, elle est due à un ar-
tiste italien nommé Torricelli sur lequel les biographes sont
absolument muets. Celte onivre, assez remarquable d'ailleurs,
offre quelques rapports avec Notre-Dame de Kasan. L'église
métropolitaine de Kisclienef, en Bessaral)ie, est l'œuvre d'un
architecte allemand né à Mannheim en 1772, Peter Speeth,
élève de Weber de Francfort, qui fut d'abord l'archilecle du
prince de Leiningen, puis du grand-duc de Wurzbourg pour
lequel il exécuta la prison cilée comme une œuvre bien conçue
par ses contemporains et qui est mort en I8:]l.
Pour linir, nous nous contenterons de citer, faute de docu-
ments, les noms des architectes russes Jefinow, élève, en 1822,
de l'académie de Saint-I'élersbourg dont les travaux nous sont
restés inconnus, et Ivan Tschernick, qui fil des études à l'école
militaire de Saint-Pétersbourg el fut, en 1833, l'architecte du
château Atamanisch.
Mais les souverains de la jeune Russie, il faut le dire, ne se
coulentèrenlpas d'assurer, par le concours des architectes russes
el étrangers, la splendeur de leur nouvelle capitale; la malheu-
reuse Pologne eut aussi, à défaut de libertés, sa part des libéra-
186 LES ARCHITECTES PAR LEUItS OEUVRES.
lités d'Alexandre I", de Nicolas et d'Alexandre II; aussi, pendant
les premières années de notre siècle, voit-on Varsovie se couvrir
d't'difices dont quelques-uns furent de véritables œuvres d'ar-
chitecture; nous allons essayer d'en faire conuailrc les auteurs.
Le premier en date est un Italien, Antonio Corrazi, de Flo-
rence, qui avait déjà élevé dans celle ville deux théâtres au
moment où il entra au service de la Russie. A Varsovie,, il cons-
truisit : 1° le palais du gouvernement (1813); 2° le palais du
Trésor public; 3° le palais de la Société litléraire érigé de 1822
à 1823; 4° le Ihéàlre sur l'emplacement du marché couvert
nommé Mariavii ; 5° l'asile des enfants trouvés (1824); 6° un
asile pour les pauvres, etc. Tout ce que nous savons, c'est que,
en 1826, Corazzi quilla la Russie pour s'installer à Vienne, oîi il
est mort à une date de nous inconnue.
Deux ailes furent ajoutées an palais du gouvernement par
Spilefski, architecte polonais déjà connu par les travaux qu'il
avait exécutés, à Varsovie, au palais de l'Université, élevé au mi-
lieu du xvi° siècle par l'ordre de Sigismond III, roi de Pologne.
Ces travaux consistaient dans l'addition d'un portique corin-
thien au bâtiment du milieu et de deux pavillons avec portique
ionique : Varsovie lui doit aussi l'Académie des beaux-arts,
la maison des sourds-muets et l'église des Carmélites; enfin, de
1822 à 1823, Spilefski restaura l'église des Dominicains à la-
quelle il ajouta une tour.
L'hôtel des Monnaies de Varsovie fut commencé, en 1818, par
l'archilecte russe Lessel, auteur, en 1812, du palais du comie
Zamoïski; mais le premier de ces deux édifices n'était pas achevé
au moment de la mort de Lessel et ce fut le Polonais Aigner
qui eut l'honneur de le terminer. Une des premières œuvres de
celui-ci est le « temple de la Sibylle » en Gallicie ; puis on le voit
dirigeani, en 1808, la construction du monument que la légion du
général Zajanseck fit élever à Napoléon I" aux environs de Kalisz,
et, en 1810, ceux du monument à la mémoire de Copernick.
A Varsovie, Aigner construisit encore la caserne, dite « la Grande
garde », alors une des plus belles de toute l'Europe, et le grand
observatoire, élevé hors de la ville. On lui doit aussi les plans
de l'entrepôt des marchandises dont la façade principale est
ornée, au rez-de-chaussée, de vingt-deux colonnes d'ordre dorique
de près de 7 mètres de hauteur couronnées d'un brl cnlablomeni
CHAPITRE YI. 187
et supportant doux étages de bureaux réservés aux marchands.
L'église Saint-Alexandre lui fournil une plus belle occasion en-
core d'appliquer les règles contenues dans ses ouvrages. Cet
édifice, précédé d'un double portique composé de six colonnes
corinthiennes de 12 mètres de haut et dont les colonnes divisant
les nefs à l'intérieur ont plus de 9 mètres, est surmonté d'une
coupole de 22 mètres de diamètre et fait le plus grand honneur
à son auteur. Aigner fit enfin élever la façade de l'église des
Bernardins et l'église Sainl-Honoré; malheureusement la mort
vint le surprendre au milieu de ses travaux et il dut laisser
inachevé le palais royal Namielniska à Varsovie, vaste édifice
dont la façade principale, de plus de 50 mètres de longueur, se
compose, dans la partie centrale, d'arcades au rez-de-chaussée
surmontées de colonnes corinthiennes de deux étages de hauteur
et, à droite cl à gauche, d'avant-corps décorés au rez-de-chaussée
de colonnes toscanes supportant un balcon. Disons, en terminant,
qu'Aigner a laissé une « Histoire générale de l'architecture »
et un « Vocabulaire », écrit en allemand, des termes usuels de
cet art.
L'école du génie de Varsovie date de 1818 et eut pour archi-
tecte le Polonais Zawatsky, un inconnu; enfin l'institut impé-
rial deNowa Alexandri,quipeut contenir doux cents élèves, est le
résultat de la transformation du château de Pulawcz, ancienne ha-
bitation de la famille Czarloryski, par un architecte du nom de
Gorecki, un autre inconnu.
La Suède avait trouvé des architectes remarquables à la fin du
siècle dernier dans les Tessin et les Adelcranz. Il restait donc
peu de grands édifices à élever à Stockholm, lorsque commença
notre siècle. Aussi, désormais, ne ferons-nous plus à proprement
parler, que glaner dans l'histoire de l'architeclure de ce pays.
Seuls, quelques architectes méritent une simple mention : Blom
d'abord, architecte de la poste, de la caserne de la garde ù
cheval et de la caserne de la garde à pied (qui n'est autre que
l'ancien château Friedricshof remanié), puis, près de Stockholm,
le château de plaisance de Rosendahl ; ensuite, G. H. Gjorwel
ou Gorwel,néen l76G,qui construisit, en 1817, à Slockliolm, le
nouvel hôpital de la garnison et fut l'architecte du château de
Saftsholm, ainsi que de la villa de la reine à llaga; Per Axer
188 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
Nystrbm, né à Stockholm en 1793, qui commença par diriger
l'étaiemenl de l'une des galeries du palais royal dont il fallait
efîecluer la reconslruclion. Après avoir visité l'Italie et la France
qu'il habita de 1819 h lS2i, travaillant dans l'alelier de Lebas,
ilretourna, en 1825, àStockholm, oîi il se fit connaître par l'érec-
tion d'un certain nombre de maisons particulières pour la no-
blesse; il fut ensuite chargé d'élever les tombeaux de Gustave II
à L'psala et d'Ausgar à Bjorkee. Nommé, en 1836, professeur à
l'académie des beaux-arts de Stockholm, puis architecte en chef
de cette ville, il y est mort le 3 janvier 1869. L'architecte 'du
château de Haga était aussi Suédois et s'appelait Tempelmann,
c'est tout ce que nous savons de lui. Sans importance est ce châ-
teau, composé d'un corps de logis principal à deux étages au-
dessus d'un rez-de-chaussée et de deux ailes, de cinq arcades cha-
cune, couverte d'un toit en terrasse qui communique avec le
premier éloge.
C. Fr. Sundvall consiruisil, en 1840, dans le style anglo-
normand, la bibliothèque d'IJpsala, ainsi que la villa de Burins-
tan. Cet architecte n'élait-il pas plutôt Anglais que Danois? Les
rares renseignements biographiques que nous possédons ne
nous ont rien appris à ce sujet.
Nous sommes plus heureux avec Friedrich Wilhem Scho-
lander, mort en 1881. Né à Stockholm, le 23 juin 1816, il étudia
pendant dix ans l'architeclure et, en 1841, fut nommé pension-
naire de l'académie de Stockholm. Venu à Paris, il entra dans
l'atelier de Lebas et, à son retour dans sa patrie, en 1847, il re-
çut le titre de membre de l'académie de Stockholm et de profes-
seur d'architecture de cette académie. De 1831 à 1833, il fut
directeur des écoles des beaux-aris de la Suède. Secrétaire
perpétuel de l'académie de 1838 à 1881, en 1849, architecte
de l'académie des sciences, il devint, de 1848 h 1871, archi-
tecte du roi et des châteaux royaux. Parmi les œuvres de
Scholander, nous citerons la synngogue de Stockholm, cons-
Iruclion d'un grand caractère, la chapelle du château Abricksdal,
spécimen remarquable de la Renaissance hollandaise, l'école
technique supérieure à Stockholm, douze églises en province,
des hôpilaux, des écoles, des maisons privées, des restaurations
de monuments, de châteaux et d'églises, des fontaines, etc.
Comme architecte du roi, il eut occasion d'arranger sept grandes
CHAIMTRE VI. 189
décoralioiis do fcles poiii' le palais et les églises, pour des
coiironnemenls, des obsèques l'oyales, elc.
Eu Norvège, rarchilechire publique est aux mains des Alle-
mands depuis le commencement de notre siècle; du moins trois
architectes allemands se partagent la construction des édifices
publics de la Norvège.
Frantz Wilhelm Schiertz, né à Leipzig en 1813, élève de
Dabi, est connu pour ses travaux sur l'architecture en bois des
pays Scandinaves; il transporta* pour le compte de Frédéric-
Guillaume IV' de Prusse, l'église de Vang en Norvège et la re-
bâtit en Silésie. Établi à Bergen, en Norvège, il y a bâti la
Bourse, la prison et i'hôlel de ville.
D. Hanno, né à Hambourg le 15 décembre 1826, était élève
de Fersenfeld et de Cliàleauneuf. Il fut appelé en Norvège pour y
diriger les travaux de l'église de la Trinité, à Christiania, com-
mencée par son maître, de Châteauneuf. De 1855 à 1862, en col-
laboration avec Schirmer, il exécuta plusieurs édifices religieux
et profanes, entre autres lagarede la première ligne de chemins
de fer norvégiens [Eiswoldbahn) ; la prison de Christiania, la
Bourse et l'école industrielle de Drontheim; on lui doit aussi la
reslauralion de l'ancienne église de Aker. A l'expiration de «son
association avec Schirmer, Hanno construisit à Gronland, fau-
bourg de Ciirisliauia, l'église, l'école communale, la police et la
caserne des pompiers; à Christiania même, le bureau central de
stalislique, le musée d'art industriel, le casino militaire, etc.,
et mourut le 12 décembre 1882, à Christiania, laissant, outre
ses travaux d'architectures, de nombreux ouvrages de peinture
et de sculpture.
C'est, au coniraire, depuis le commencement de noire siècle
jusqu'à nos jours, que Copenhague a vu s'élever la plupart des
édifices publics qui en ont fait vraiment la capitale du Dane-
mark et nous devons dire qu'elle n'a guère emprunté d'archi-
tectes à l'étranger, trouvant dans l'intelligence artistique dû
peuple danois les ressources suffisantes pour arriver à la réalisa-
lion de conceptions arcbileclurales considérables, ainsi que nous
allons le voir. L'Université de Copenhague est l'œuvre (de 1821 à
1836) de Peter Mailing, né le 22 décembre 1781 dans cette
ville, élève de l'académie de Copenhague. II en fut nommé pro-
190 LES AHCHITEGTES PAli LEURS OEUVRES.
fesseur, en 1817, à son relour d'un voyage de quai re années qu'il
avait fail en Italie, relevant avec ardeur les restes des édifices
aniiques. Après l'incendie qui détruisit l'église de Saint-Nicolas
de Copenhague, il en transforma la tour en observatoire, puis,
de 1822 à 1828, il fut l'architecte de l'académie de Sorô
qui datait de 1747 et mourut à Copenhague le 3 mai 1865.
Gustave-Friedrich Hetsch était Allemand, né à Stuttgart le
28 septembre 1788. Après avoir étudié l'architeclure à Paris,
dans les ateliers de Debrel et Cebas, il commença par être ins-
pecteur des travaux du Panthéon à Paris, puis fît le voyage de
Rome considéré à celte époque comme le complément de toutes
les études artistiques. De Rome, il se rendit à Copenhague, se fit
naturaliser Danois en 1822 et fut nommé d'abord professeur à
l'académie des beaux-arts, puis, en 1829, à l'institut polytech-
nique. Ses principales œuvres sont : à Copenhague, la nouvelle
synagogue et l'église catholique, le palais de l'Université, l'église
de Fredericia, celle de Hadersleben et une partie du palais royal
de Christiansburg. Membre des académies de Stockholm et de
Munich et correspondant de l'Institut des architectes britan-
niques, Hetsch est mort à Copenhague en 18Gi après avoir écrit
plusieurs ouvrages parmi lesquels nous citerons : « Modèles
pour les artisans » (Copenhague, 1839-1843), << Sur l'enseigne-
ment du dessin » (1847, in-8°), « Guide pour l'élude de la
perspective» (1839-18oli.
Jean-Daniel Herhold, né le 13 mars 1818, était Danois et
élève de l'académie do Copenhague. Après un voyage en Suisse
et en Italie accompli pendant les années 1852 à 1854, il cons-
truisit dans sa ville natale la bibliothèque de l'Université, « la
Maison des étudiantsK , la nouvelle gare et la Banque nationale.
Hors de Copenhague on lui doit l'église de Korsor et la villa Raf-
fenberg.
Danois aussi est Ferdinand Meldahl, né le 16 mars 1827 à
Copenhague, qui, d'abord élève de l'académie de cette ville, par-
courut l'Europe de 1851 à 1856. Copenhague lui doit l'institut
des aveugles (1858) et l'école de marine (1865). Meldahl est aussi
l'architecte de l'hôtel de ville de Friedericia (1859) et du château
de Friederiksborg qu'il reconstruisit en 1865. Le nouveau
théâtre est l'œuvre d'un architecte danois également, c'est à
Ove Petersen, né à Copenhague le 15 janvier 1830, qu'en fut
CHAPITRE VI. • 191
confiée la coiislriiction, à la suite lI'iiii concours. Elève de l'aca-
démie de Copenhague, Pelersen compléta son éducation par un
voyage en France, en Ilalie et en Allemagne. A son retour à
Copenhague, en 1862, nommé inspecteur, il a construit le o refuge
des ouvriers », la manufacture des tabacs, les églises de Strynô
et Vixnas et plusieurs châteaux (1874), en collaboration avec
Dahlerup, un inconnu.
Michel Gottlieb Bindesbôll, né le 5 septembre 1800 à Le-
diije, en Danemark, fut élève de l'académie de Copenhague, de
1824 à 1833, et voyagea surtout en Grèce. Aussi est-ce sous l'in-
fluence de ses souvenirs qu'il fit un édifice grec du musée de
Thorwaldsen élevé par lui de 1839 à 1847. Le Danemark doit
encore à Bindesbôll, mort à Copenhague le 14 juillet 185G, l'éta-
blissement de bains de Klampenborg, l'hospice des aliénés à
Aarhus, une église gothique à Hobro, des hôtels de ville à This-
ted, à Siège et à Nestved.
Le muséum d'histoire naturelle de Copenhague est du au
frère aîné de Théophile de Ilansen dont il sera longuement
question dans l'histoire architecturale de Vienne moderne.
D. Christian Hansen, né en 1804 à Copenhague, fut, d'ail-
leuis, comme son frère, un partisan enthousiaste de l'architec-
ture des Grecs. Aussi, après avoir fait ses études à l'académie de
Copenhague, se dirigea-t-il vers Athènes où il se fit tout d'abord
une réputation par une restauration remarquable du temple de
Niké Apléros, ce qui lui valut la mission de construire l'Univer-
sité d'Athènes. Ce travail terminé, il éleva le grand hôpital mari-
lime de Trieste et revint à Copenhague oîi l'académie le reçut
comme l'un de ses plus savants professeurs ; mais Hansen, en
1846, préféra aller se fixer à Vienne où il est mort en 1883.
C'est parce qu'il construisit la synagogue d'Altona que nous
mentionnons ici le nom de Obe Jurger Schmidt, né d'ailleurs à
Copenhague, le 18 juillet 1797, puisqu'il accomplit toute sa car-
rière d'artiste hors de sa patrie. En effet, élève de l'académie de
Copenhague, de 1815 à 1818, il est surtout connu par un ouvrage
considérable qu'il publia sur les ruines d'ilerculanum et de Pom-
péi.ll mourut le 27 février 1848, à Hambourg, où il construisit
un grand nombre de maisons particulières et l'église anglaise de
celle ville.
Benjamin Schlick, également Danois et élève de l'académie
192 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de Copenhague, n'a pas laissé d'œuvre dans son pays. Envoyé
comme pensionnaire royal à Paris, il y travailla jusqu'en 1820,
époque ù laquelle il revint dans sa ville natale où il fut reçu
membre de l'académie; mais il y resta fort peu de temps et pré-
féra revenir à Paris où il exposa un projet de transformation de
la Chambre des Pairs, en s'inspirant des Thermes de Caracalla;
projet dont la révolution de 1830 ne permit pas l'exécution.
Alors Schlick n'hésita pas à suivre en exil le roi Charles X, à la
personne duquel il s'était attaché. De Carlsruhe où il restaura le
théâtre, il se rendit à Rome où il fit la décoration du théâtre du
duc de Torlonia. Comme Schmidt, il étudia avec passion les
ruines d'Herculanum et de Pompéi et restaura la colonnade du
Palazzo vecchio à Florence. Schlick est mort chambellan du duc
de Lucca à une date que nous ne pouvons préciser.
AUG. VOIT
CIIAriTHE Vil
Résultats, au point de vue architectural, Je l'incorporation de la Belgique à la
France sous la République et l'Empire. — Pendant le temps de cette incor-
poration, l'architectui'e classique française est la règle en Belgique. —
Devenus maîtres de leurs destinées et archéologues distingués, les Belges ont
créé une véritable architecture nationale dont les caractères se manifestent
surtout dans les constructions privées fort nombreuses de ce siècle. — Les
architectes hollandais accusent une certaine préférence pour la Renaissance
hollandaise des xvi" et svii= siècles.
Le 22 août 1792, l'armée prussienne, alliée aux soldais de
François II, envahissait la France en prenant Longwy, et la
France répondait à cette violation de son territoire par la vic-
toire de Valmy d'abord, puis par celle de Jemmapes. Or, Jem-
mapes est en territoire belge, à 25 kilomètres environ de la fron-
tière française, et c'est ainsi que la Belgique, resserrée entre la
France et l'Allemagne, redevint encore une fois un champ de
bataille. Que de perles irréparables pour l'art pendant celte
douloureuse période !
Cependant l'incorporation de la Belgique à la Bépublique fran-
çaise, de l>9o à 181 i, ne fut pas sans profil pour elle et lorsque,
le 2o septembre 1830, elle secoua le joug de la Hollande à laquelle
elle avait été violemment annexée en 1814, le sentiment artis-
tique 1res remarquable de nos voisins du nord en contact, pen-
dant près de vingt années, avec l'esprit français, accueillit sans
conteste les idées artistiques qui eurent cours en France pen-
dant cette période. C'est dire que l'archileclure des édifices qu'on
éleva en Belgique pendant la première partie du dix-neuvième
siècle prit ses modèles chez les classiques dont Peyre jeune,
Percier et Fontaine, Huot, etc., furent dans noire pays les
grands prêtres respectés. Mais une nouvelle école ne tarda pas à
s'y fonder dont les disciples se firent un devoir de protesier
contre l'abus commis par l'école classique du ratissé, du poli,
III. 13
194 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
du plal ù outrance. Us ont jugé qu'il n'élail pas rationnel de
traiter la construction d'un édifice de 20, de 50, de 100 mètres
de façade comme Messonier et Slévens traitent leurs toiles
merveilleuses, et ils ont pris le parti de souligner largement les
grandes lignes et la décoration de leurs constructions. Dans ce
sens, on peut dire que les Belges modernes sont en possession
d'une arcliileclure nationale dont les créations font bonne figure
à côlé des œuvres admirables que les maîtres des siècles passés
ont léguées à cet intéressant pays. Après ce que nous avons dit,
on ne s'étonnera pas de rencontrer quelques Français parmi les
arcliitecles auxquels on confia la construction d'édifices publics,
en Uelgique, pendant la période de l'occupation française. C'est
ainsi que le théâtre Uoyal, la prison (1813) destinée à cinq cents
prisoiniiers des deux sexes, et le manège (1810) à Bruxelles,
sont dus à un élève de Delespine, Eloi-Joseph Bonnevie, né à
JMontlouis, près Paris, en 178J, qui éleva ces deux derniers édi-
fices en collaboration avec Damesme dont on a lu la biographie
dans le volume précédent. 11 fit aussi le projet d'un arc de
triomphe à la Paix élevé, en 1822, près de l'une des portes
du parc. Bonnevie n'en construisit pas moins à Paris la
maison des Sœurs de la rue du Bac, le tombeau de Damesme
au Père-la-Chaise et laissa à sa mort divers projets parmi
lesquels nous citerons un projet d'arc de triomphe à la gloire
des armées françaises (1810), un projet de fontaine à Cérès(1812),
un autre projet de fontaine pour le parc royal de Bruxelles
(18221, un projet de théâtre pour Paris (1831 '.
Un autre Français, François Verly, né à Lille en 1700, fut
chargé, sous la Bépublique et l'Empire, des travaux publics à
exécuter dans la Belgique annexée; il construisit à Bruxelles le
Palais de Justice, la serre du prince d'Orange; à Anvers, la pré-
fecture, le musée, le lycée, le palais de justice et les prisons; il
restaura l'hôtel de ville d'Anvers et fut nommé architecte de
l'Empereur pour avoir édifié l'arc de triomphe sous lequel passa
Napoléon, à son entrée dans Anvers. En France, il édifia seule-
ment le séminaire de Saint-Louis à Arras. Verly mourut eu
1822, professeur honoraire de l'académie de Belgique, litre con-
servé par son neveu Charles Verly, et laissant un fils nommé
Louis dont la biographie figure dans l'hisloire de l'architecture
français^ contemporaine.
CHAPITRE VII. 193
Au conlrairc. un arcliilecte belge, Guillain-Joseph Henry, ik';
à Dinanl le 20 mars 1754, mort ù Bruxelles le 3 lévrier 1820,
après avoir édifié, diyis celle ville, l'aile du palais royal sur le parc
el un théàlre avec une orangerie au chàleau de Laeken, sur l'ordre
de Napoléon, ainsi que l'entrée du parc, à Enghies, fui en France,
à Nanles, l'arcliilecle du lliéàlre el de l'iiospicc des Knfanls-
Trouvés; àValenciennes, d'un marché. Henry étail, au moment
de sa morl, archilecle du roi Guillaume I" des Pays-Bas.
Jean-Baptiste Vilquin, né à Tournay le 24 juin 1789, archi-
lecle de la ville de Bruxelles, termina en 1816, en collaboration
avec Werry, sur lequel les renseignements biographiques nous
ont manqué, la prison dont nous avons parlé en faisant la bio-
graphie de Bonnevie. Il y a construit également la place de la
Monnaie, la porte Guillaume et riiùpital à ïirlemonl.
Charles "Van der Straeten, qui, de 1810 à sa mort arrivée
à Ixelles, en 183'/, partagea avec Suys riionneur de conslruire,
à cette époque, presque tous les édifices publics de Bruxelles,
naquit dans celle ville le 14 juin 1771. Sa première œuvre fut, en
1810, le monument de Waterloo. En 1817, il donnait le plan du
chàleau l'oyal de Tervueren et, en 1818, celui de la Ghambrc
des Étals généraux (Cliambre des députés) au centre de la rue de
la Loi, vis-à-vis le palais du roi, dans lequel les États généraux
purent se réunir le 18 octobre 1818. Ce palais ayant été in-
cendié en 1820, Van der Straeten dut refaire son œuvre. La façade
de l'édifice est décorée de huit colonnes cannelées supportant
un fronton triangulaire orné d'un bas-relief de Godecharles
et deux escaliers de marbre rouge conduisent aux salles de réu-
nion des sénateurs et des députés belges. «En 1820, van der
Straeten élevait le palais du roi auquel Suys ajouta, en 1827, un
portique corinthien ; la même année la façade de l'ancienne
Monnaie; en 1823, le palais du prince d'Orange; en 1829,1a salle
de concert de la << Table lionde » h Louvain. Observons, pour ter-
miner, que le château de Tervueren, achevé en 1822, fut détruit
par un incendie en 1879 et que la Chambre des députés,
incendiée également en 1883, a dû être restaurée par .M. Beyaert.
Jean Tilman Suys, né à Oslende en 1 783. avait fait ses études
à Paris dans l'atelier de Percier el Fontaine et obtenu le pre-
mier grand prix en 1812. Après un séjour de quatre années en
Italie, il vint à Bruxelles et, en 181 7, élevait le poi'liquo do l'ancien
lUG LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
palais de jiislice, en 1820, la porte d'Anvers el, en 1827, le porli-
que du palais du Hoi commencé en 1820, ainsi que nous venons de
le dire, réglise Sainl-Joseph, le pavillon Cazaux, les belles serres
du jardin botanique, le cliàlean de Mariemont. Suys est mort le
17 juillet 18G1 au château de Munkcn-lès-Bruges, arcliilecle ho-
noraire du roi des Belges, président de la commission des mo-
numents historiques, membre de l'Institut de France et laissant
une étude très appréciée sur le palais Massimi et le Panthéon
de Rome. Son fils, iM. Léon Suys, marcha sur les traces de
son père; il fut en effet l'architecte de la nouvelle Bourse de
Bruxelles commencée en 18G8 et terminée en 1874 et de l'éta-
blissement des bains de Spa inauguré en juillet 18G8; il eut
d'ailleurs comme collaborateur pour son dernier travail M. Fran-
çois, inspecteur général des mines à Paris, et mourut en 1887.
En 1821 , un architecte, nommé Roget, pose la première pierre
du marché aux poissons de Bruxelles el, en 1829, du musée de
l'Industrie aujourd'hui Bibliothèque royale. Yersle même temps,
de 1824 à 182r), Henry-Louis-François Partoes, né à Bruxelles
le 24 août 1790, construit, dans celte ville, l'hospice destiné aux
infirmes et aux incurables des deux sexes (contenant tous les ser-
vices qu'on a annexés depuis en France et ailleurs aux établisse-
ments de celte nature); en 1829, il relève l'hospice de Pacheco,
de 1838à 1843, il ëlèverbôpital Saint-Jean. Auparavant, membre
de la Commission des monumenis historiques, il avait travaillé
aux anciennes postes de Bruxelles. Parloes mourut dans cette
ville chevalier de l'ordre de Léopold, le 2 octobre 18i3, lais-
sant un fils architecte comme lui, inspecteur de l'hôpital Saint-
Pierre de Bruxelles, qui est mort également.
Un élève de Suys, Jean-Pierre Cluysenaar, né à Kampen en
1800, mort à Bruxelles le 10 février 1880, est surtout connu
comme ayant été l'architecte, en 1843, de la Cité d'Anvers, vaste
construction avec magnifiques passages, et des galeries Saint-
Hubert à Bruxelles, universellement admirées, dont le roi
Léopold posait la première pierre en 1846 et qu'il inaugurait le
20 juin de l'année suivante. Cette ville lui doit encore le nou-
veau marché couvert de la Madeleine (1847), puis, dans le parc,
le pavillon de musique, décagone de 10 mètres de diamètre et de
5'",o0 de hauteur, tout en fer, et une salle de concert (1841) dite
(( la Crando Harmonie ». Le nombre des hôtels que Cluysenaar
CHAPITRE Vil. 197
a t'ievôs il briixelles est considéraljle ainsi que celui des villas
bàlies à Alsouiberg, Colemberg', Ueclo, etc. ; il en est de même
des stations et maisons de garde élevées par lui pour les compa-
gnies des chemins de fer de Dendre-et-Waes, d'Alh à Lackeren
et de Bruxelles à Gand par Alost. Ajoutons-y des hôtels à Liège
et nous n'aurons pas terminé la nomenclature des œuvres de cet
artiste dont la fécondité fut vraiment remarquable. Il laissa
plusieurs élèves de talent, parmi lesquels Adolphe Slater, né
en 1827, mort à Bruxelles le 20 janvier 1855, connu seulement
comme architecte de l'hôlel Schepper dans celle ville et, à
Anvers, de docks importants.
De la même époque, ou à peu près, sont les œuvres d'Auguste
Payen, architecte de la ville de Bruxelles, auteur de {ilusieurs
des portes de la ville et de la grande écluse ainsi que de l'abat-
toir (1830). Payen y a encore élevé, en 1839, une chapelle, puis les
gares d'Oslende (1847), de Gand, de Verviers, de l'épinster, de
Courtray, la maison communale de Lemmick-Sainl-Quen-
tin, elc.
Architecte du roi Léopold H, M. Alphonse Balat est né à Na-
mur. Il est l'architecte du Palais des bcaux-aris, à Bruxelles, où
il agrandit le palais du Boi et construisit l'iiôlel de Jonglie, le pa-
lais d'Assche et la salle des fêtes du Cercle arlisliquc (18oi). La
Belgique lui doit également la restauration du château de Mir-
wa'rt, la construction du château de Prestes, la reconstruction
des châteaux royaux de Laeken et de Ciergnon; eniln, la déco-
ration du marché de la Madeleine, pour les fêtes de 1848, lui a
permis de donner carrière à la délicatesse de son goût artis-
tique. M. Balat est, depuis 1851 , chevalier de l'ordre de Léopold.
Parmi les architectes d'églises qui se sont fait un nom en Bel-
gique pendant la première moitié du siècle nous citerons : Cools
sur lequel nous ne possédons aucun renseignement, sinon qu'il
est l'auteur, de 1830 à 1833, d'une cbapelle pour les Dames
delacharitéà Bruges; De Man, qui bâtit, en 1851,1a chapelle
évangélique de la rue Belliard,à Bruxelles; Joseph Dumont, né
ta Dusscldorf en septembre 1811, qui se lixa fort jeune en Belgi-
que et auquel furent confiées les restaurations des églises Saint-
Hubert de Luxembourg et de Saint-Martin à Ypres de Tongres,
édifices de style ogival, ainsi que de l'hôtel de ville de Léau.
Dumont fut aussi l'architecle des églises de Moll (1844), de
198 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
Suyen, de Saint-Boiiiface crixelles et de Noire-Dame de Bouil-
lon (1850), ce qui ne l'enipècha pas de consiruire une salle de
bal et plusieurs maisons particulières à Bruxelles (1851) et de
nombreuses prisons cellulaires, tant dans la capilale de la Bel-
gique qu'à Charleroi, Dinant, etc. Avant sa mort arrivée à
Bruxelles en 1859, Dumont avait commencé le palais de justice
de Yervicrs.
Mentionnons aussi M. Félix Schoy, né à Bruxelles le
17 janvier 1838, mort le 4 novembre 1885, qui a atlaché son
nom à la reslauralion de l'église du Sablon à Bruxelles; le
P, Meganck, de la Compagnie de Jésus, qui a construit, aussi
à Bruxelles, l'église Saint-Micbel ; M. Emmanuel Gels, chargé
de la restauration de la calliédrale de Naniur, déjà connu pour
avoir dessiné, en 1851, les confessionnaux des SS.-Jean-et-
Étiennc, aux Minimes de Bruxelles; Van Overstraeten-Roe-
landt, mort à Gand en 1849, architecte de l'église Sainle-Marie
de Bruxelles, composition hardie qui fait déplorer la mort pré-
maturée de cet artisle.
M. Henri Joseph-François Beyaert, né à Courtrai le 29 juillet
1823, a eu une carrière des mieux remplies et l'occasion ne lui
a pas manqué d'allacher son nom, comme Yau der Siraelen et
Suys, à des édifices publics considérables. Auteur, en 1851-1852,
du premier Kursaal d'Oslende, puis en 1800, en collaboration
avec M. W. Janssens, de l'hôlel de la Banque nationale à
Bruxelles, il donna le dessin de la fonlaine de Brouckère (1865-
1866) el, de 1868 à 1871, fut chargé de la restauration de la
porte de Hal et de sa transformation en un musée d'armures,
puis de celle du palais de la Nalion (Chambre des députés et Sé-
nat), après l'incendie du 6 décembre 18M. La Belgique doit
encore à M. Beyaert l'iiùpital militaire de Bruges, le château de
Faulx et l'église des Tombes, commune de Mozet (Namur), l'é-
cole primaire et l'orphelinat de Soignies, le local de la Société
du Concert Noble à Bruxelles, la station, l'entrepôt et la douane
à Tournai, la succursale de la Banque à Anvers et, en collabo-
ration avec M. Fr. Baeckelmans, la nouvelle église Saint-Jean à
Borgcrhout-lès-Anvers. Nous ne parlerons pas des constructions
particulières, tant à Bruxelles qu'à Namur et à Mons, dues au
talent de noire architecte qui remporta la première prime au
concours ouvert pour l'édification des maisons en façade sur les
(- H A PITRE Vil. IWt
nouveaux Ijoulevarcis ; nous incnlionnerons seulement, parmi ses
œuvres importantes en cours d'exéculion, le nouvel liùlel du
ministère des Chemins de fer et l'hùtel de la Caisse d't'pargne,
h Bruxelles. M. Beyaerl, conseiller communal de cette ville, est,
depuis 1887, commandeur de l'ordre de Léopold.
Lorsque Joseph Poelaert mourut, le 3 novembre 1879, il lais-
sait derrière lui des ouivres architecturales dont on peut contes-
ter la perfection, mais qui prouvent la puissance de conception de
Tarlisle, comme la décoration qu'il lit de riiùtel de ville de
Bruxelles, lors des fêtes qu'on y donna à l'occasion de la majo-
rité du duc de Brabani, prouva la sùrelé de son goût. Le
palais de justice de Bruxelles est assurément une des construc-
tions colossales de l'époque, mais on ne pourra le juger que lors-
(ju'il aura élé complètement aciievé. Poelaert fut aussi l'archi-
tecte du théâtre delà Monnaie (I8ol h 1853), de la colonne du
Congrès, dont la première pierre fui posée le 25 septembre 185U,
et des hôtels qui entourent la place où elle a été élevée (1854),
de plusieurs groupes scolaires à Bruxelles et enfin de l'église
de Laeken édifiée pour servir de sépulture aux souverains de
Belgique. Ajoutons, pour terminer, qu'il était depuis 1853 che-
valier de l'ordre de Léopold.
M. Gédéon Bordiau, architecle du chàleau de Kœnigslein
pour la duchesse de Nassau, qui entreprit la construction des bâ-
timents destinés à l'Exposition nationale de Bruxelles (1880) sur
l'emplacement occupé autrefois par le Champ de Mars, à l'e.x-
Irémilé de la rue de la Loi, fut également l'architecte des bâ-
timents et de l'Exposition universelle d'Anvers (1885).
A côté de ces grands architectes dont la Belgique moderne a
droit d'être fière, il nous reste à citer M. Louis Spaak, auteur
de l'entrepôt de Bruxelles à la suite du concours ouvert en
18i2; M. Van der Anweraa, architecte des abattoirs de Saint-
Josse-len-Voode (1851) et de l'hôpital de Nevraumont (1857),
dans la même ville; l'archilecle allemand Schusterqui bâtit le
château royal d'Aidennes; Alexandre de Craëne, membre de
la commission des monumenis, chevalier de l'ordre de Léo-
pold, né le 7 octobre 1797 à Tournai où il est mort le 13 fé-
vrier 1859; M. Meyers, major du génie militaire, architecle de
la caserne du relit-Cliàteau h Bruxellcs(18i8), et .M. Wynand
Janssens, arcliitecle des bains et lavoirs publics de la rue des
200 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Tanneurs, à Bruxelles (1852); Guillaume Geeîs, plutôt statuaire,
né à Anvers le 10 septembre 1806, mort en 1883, auquel on doit
le monument (les Martyrs de rindépendance nationale, élevé à
Bruxelles en 1831, et la chaire de la cathédrale de Liège; puis
Hector Goffart, né à Bruxelles où il mourut, en 1869, qui fut
aussi échevin des travaux publics de cette ville, auteur du mo-
nument élevé à André Vésale; puis des architectes de gares:
M. V. Cousin, architecte de la gare de Louvière en 1847;
M. J. Coppens, chevalier de l'ordre de Léopold, architecte des
gares de Bruxelles-Nord, de 1840 à 1860, et Sud (1868) et de la
gare de Bruges, archilecles en pleine possession de leur talent,
ainsi que M. Emile Janlet, architecte d'un réel talent, dont tous
les visiteurs de l'Exposition universelle de Paris (1878) ont pu
apprécier la valeur, en contemplant la façade de la section belge.
Né à Laust, province d'Anvers, en 1774, Jean-Joseph Smach-
ten occupe ici une place qui lui revenait moins comme construc-
teur d'édifices que comme maître des architectes illustres dont
nous venons de donner la biographie. Après avoir étudié son art
à Paris, de 1810 à 1812, il fut inspecteur du palais de la Nation,
alors en construction (1819), puis fut sous-archilecle dn palais
du prince d'Orange et il mourut à Bruxelles le 4 décembre 1854
laissant un « Traité de perspective » et un « Traité théorique
et pratique de la construction des escaliers », tous deux très
estimés.
Les architectes belges ont continué à Anvers l'œuvre com-
mencée par Vcrly, ainsi que nous venons de le dire. C'est d'abord
Pierre-Bruno Bourla, architecte français, sans doute parent
de Benoit-Alexandre, né à Paris le 19 décembre 1783, élève
de l'académie de Tournai, qui appropria, de 1821, à 1822,
l'abbaye de Saint-Bernard, près d'Anvers, à l'usage d'une maison
de correction pour 2 000 détenus; de 1829 h 1834, il consiruisit
le grand théâtre d'Anvers, édifice isolé do toutes parts dont la
partie antérieure ressort en un hémicycle richement décoré,
percé au rez-de-chaussée de baies servant à la descente à couvert
des voitures et au-dessus duquel se trouve le foyer du public.
Grande médaille d'architecture en 1835 et nommé archilecle de
la ville d'Anvers, Bourla y a construit beaucoup de maisons par-
ticulières et y est mort, en 1866, membre de l'Académie royale
des beaux-aris et décoré de l'ordre de Léopold depuis 18i0.
K. F. SCHINKEL
CHAPITRE VII. 201
Un élève de Boiirla et de Uoclandl, M. Ferdinand Berckmans,
né à Anvers le 3 août 1803, dut à son savoir d'archéologue
d'être nommé arcliitecle de la province d'Anvers et, en 1841,
professeur à l'Académie royale de cette ville. On lui doit, en cfl'el,
l'église paroissiale de Borgerhont, réminiscence remarquable
des églises du moyen âge (1840), l'hôtel communal de DulVel, les
églises de Brassehull, de Grohbendouck dont il fit la tour, et la
chapelle du Sacré-Cœur à NoIrc-Dame d'Anvers, etc. C'est aussi
nommer des arciiéologues distingués que mentionner M. Fran-
çois-André Durlet, l'auleur des slalles de la cathédrale d'An-
vers, décoré de l'ordre de Léopold, professeur à l'xVcadémie
d'Anvers et correspondant de la Commission des monuments
historiques ; M. Gife, membre de la même Commission, archi-
tecte de l'église Saint-Joseph d'Anvers, qui a attaché son nom
à la restauration de la caliiédrale d'Anvers et de l'église Notre-
Dame d'Aerschot; M. Josse Schadde, architecte de la province
d'Anvers, professeur à l'Académie des beaux-arts de celle ville,
qui a reconstruit la Bourse d'Anvers, de 18G9 à 1872, et la gare
de Bruges, de 1879 à 1883. On a confié à M. Schadde l'cdifica-
lion de nombreux châteaux, parmi lesquels nous citerons ceux
de Wonmen (1861), Sterrebeek (1803), Aerirycke (1808), Cruy-
beeke (1878), Ordange (1879), Brusthem (1880).
Nous avons déjà cité le nom d'un collaborateur de M. Bcyaerl,
Louis Baeckelmans; le moment est venu de dire que Louis
Baeckelmans était né à Anvers le 27 février 1835 et que sa ville
natale lui doit son nouveau palais de justice, construit dans le
style Louis XIII. La belle église Saint-Amand, au Stduyvenberg,
eut également pour architecte Baeckelmans qui est mort à An-
vers, le 8 novembre 1871 , après avoir obtenu le premier prix au
concours ouvert pour l'érection du palais de justice de Bruxelles.
Nous finirons la biographie des architectes anversois en ci-
tant les noms de Pauwels ijui construisit les portes monumen-
tales de la ville, et de Demarbais qui éleva la galerie zoolo-
gique au Jardin botanique d'Anvers, ne possédant sur ces deux
architectes aucun renseignement biographique.
A Liège, peu d'édifices importants datant de nos jours : l'ius-
lallalion de l'Uuiversilé dans le couvent des jésuites anglais de
cette ville donna lieu à la construction de la salle acad(''mique
sur l'emplacement même de raucienne chapelle (1822), et ce
202 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
travail fut exécuté par Jean-Noël Chevron, né à Liège le 5 oc-
tobre 1790, auquel on doit aussi des, travaux exécutés dans l'an-
cien palais des princes-évèques de Liège el la construction d'uue
maison thermale à Spa; le théâtre de la ville élevé sur l'empla-
cement d'un ancien couvent de dominicains, de 1818 h 1820, par
Auguste Duckers, né à Liège le 13 décembre 1792, mort à une
date que nous ne pouvons préciser; la resiauralion du palais des
princes-évèques, par J.-C. Delsaux, architecle de la province el
du palais de Liège, membre correspondant de l'Inslitut des ar-
chitectes brilanniques et auteur d'une monographie de l'église
Sainl-Jacques de Liège ; les serres du Jardin botanique de Liège,
la fontaine du marché, le Casino (1838), l'Athénée (1841): archi-
tecte J.-E. Rémont; le grand passage couvert qui forme une des
jiromenades fréquentées de la ville : architecte L.-D. Lemon-
nier, décoré de l'ordre de Léopold en 1842 et auteur d'un cer-
tain nombre de gares ; pour finir, nous citerons Vierset-Godin,
architecte de châteaux, à cause de son intéressante monogra-
phie de l'église Noire-Dame à lluy, écrite en collaboration avec
Ed. Lavalleye, professeur d'archéologie à l'Académie des beaux-
arts de Liège.
Presque tous les édifices de quelque importance élevés à Gand
pendant notre siècle datent de la première période que nous
terminerons en 1852; ce sont les suivants : la porte de Courirai,
élevée en 1808 par Jean-Baptiste Pisson, né le 21 mars 1763
à Gand où il mourut le 13 décembre 1818 ; le monument de Wa-
terloo et l'hôtel de Meulenaëre élevé en 1809 par le même archi-
tecte qui mérita, par son talent, d'être créé membre de l'insti-
tut de France: l'école du génie civil, avec sa façade de huit
colonnes corinthiennes et sa salle de promotion circulaire (dont
le plafond est soutenu par dix-huit colonnes du même ordre)
commencée en 1819 et terminée en 1826; le Casino, qui date
de 1829, ainsi que l'orangerie du jardin botanique; la porte de
Gand, élevée en 1835, le Grand Théâtre, dont l'inauguralion eut
lieu la même année; la maison de correction, immense octo-
gone divisé en huit triangles aboutissant à une cour centrale, et
le Palais de Justice, édifice considérable, construit de 1836 à
1846, le Palais de l'Université ouvert en 1848, sont les œuvres
de Louis Roelandt, né à Meuport le 31 janvier 1786. Élève de
l'académie de Gand, il y obtint le premier prix qui lui permit
CHAPITRE Vil. 203
tl"aller compléler son éducalion aiiisliqiic dans l'alelier de Per-
cier. Après nne excursion en Italie, lloelandf, installé dans sa
ville natale, se lit lout d'abord remarquer au concours, ouvert
pour l'éreclion du monument à élever aux héros de la bataille
navale de Trafalgar et de celle de Waterloo, concours où Pisson
obtint la première place, nous venons de le dire.
Hoelandt a été l'archilecle, hors de Gand, d'édifices publics
fort nombreux parmi lesquels nous citerons : la maison d'arrêt
militaire d'Alost(1824),la maison des Étals de Ninove (182i), le
grand "entrepôl d'Anvers (1829), l'église Saint-Mari in à Honse
(1830), deux hôpitaux (1823-1838), l'éghse de Destelberghe
(1840), l'église paroissiale de la ville Saint-Nicolas (?). Enfin il
fut chargé, en 1842, de la restauration de l'hôtel de ville
d'Audenaerde, spécimen remarquable de l'architecture fla-
mande et de l'hôtel de ville de Gand. Nommé professeur
d'architeclurc de l'Académie de Gand, membre de la commis-
sion des monumenis historiques, il était, au moment de sa mori,
membre de l'Académie royale de Belgique, membre corres-
pondanl de l'Institut des architectes britanniques et chevalier
de l'ordre de Léopold.
Moins longue est la liste des œuvres publiques de Pierre-Jean
De Broë, né à Gand le 21 décembre 1701, dont nous ne cite-
rons que l'octroi de Gand construit en 1809^ la porte de Cour-
Irav et la caserne de cavalerie; celle aussi des oeuvres de Jacques
Goetgehuber, né en 1700 à Gand où iTmourut en 1825, auteur
de la bibliothèque m.unicipale, et de François-Joseph, fils de
Jacques, né également à Gand le 20 février 1788, élève de son
père et de De Broë, deuxième grand prix de l'Académie de Gand
en 1825-, puis professeur d'architecture à celte Académie, auquel
sa ville natale doit son hôtel des Postes, sur la place d'Armes et
un ouvrage assez important sur les monuments des* Pays-Bas
(Gand, 1822); celle aussi des œuvres de Wolters, dont le nom
seul est indiqué comme celui de l'architecte du palais épiscopal
de Gand en 1842.
A Bruges, nous n'aurons à citer comme œuvres de la première
période du siècle que le marché aux poissons érigé en 1823 par
Calloigne, un inconnu; la restauration de la chapelle de Lan-
chades, dans la cathédrale, chapelle qui renferme le tombeau
de Charles le Hardi, duc de Boui-gogne et la construction du châ-
204 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
teaii de Sainl-André, près Bruges, pour le baron de Pcelaerl,
dont les portes d'entrée, en forme d'arcs de triomphe, donnent
imc idée exacte du goût de l'époque à laquelle il fut construit
(181 G) par Van Gardegom ou Gierdegom, né le 12 octobre
1700, arcliitecle aussi de la boucherie de Mons en 1837. Le
théâtre de Bruges, qui date de 18GG, est l'œuvre d'un archi-
tecte bruxellois, Gustave Saintenoy, né le 0 février 1832 et
mort le 17 janvier 1892, avec le titre d'architecte du comte
de Flandre. Gendre de Cluysenaar, il laissa, outre le théâtre de
Bruges, des œuvres remarquables parmi lesquelles le piilais du
comle de Flandre, à Bruxelles^ le château royal des Amerois,
des groupes scolaires et la banque Cassel à Bruxelles. Il est
mort avant d'avoir vu achever sa dernière œuvre, l'hôiel pro-
vincial du Limbourg, que termine en ce moment M. Paul
Saintenoy, son fils, professeur à l'Académie des beaux-arts de
Bruxelles.
C'est à un Hollandais, Fr.-Jean Bouwens, élève de l'Acadé-
mie des beaux-arts de Bruxelles, nommé architecte, à la suite
d'un concours, de la ville de iMalines, que fut confiée la restau-
ration de la. tour Sainl-Rombaud (1831), la juxtaposition à l'an-
cienne halle (aujourd'hui l'hôiel de ville), des bâtiments destinés
à l'académie de dessin, l'abattoir public (l8o4) et tout le quar-
tier neuf de la place d'Egmonl. A Charles Drossaert est dû l'hô-
pilal civil, construit en 1854, et l'église de Boom (18bG). Le
théâtre de la ville fut Iràti, de 18 il à 1843;, par Charles Sury
dont la biographie nous est d'ailleurs inconnue; enfin, Joseph
Hubert, élève de l'École des beaux arts et de l'École des aris et
méliers de France, a attaché récemment son nom à plusieurs
édifices élevés à Mons, parmi lesquels l'école normale, le tir na-
tional et l'hùpital. Il est aussi chargé de la reslauralion de l'église
abbaliale-de Sainle-^\'audru, dans cette même ville.
Mais des villes moins importantes de la Belgique ont été do-
tées, pendant ce siècle, de construclious, que nous nous conten-
terons d'énumérer lorsque nous connaîtrons le nom de leur au-
teur : le tribunal civil de Louvain élevé en 1839 par Van Aren-
berg ; l'hôtel de ville de Namur, architecte Blanpain ; l'église
Saintc-Gerirude et une école à Nivelles ainsi qu'une église à Pont-
de-Celles, archilecle Carlier; àla cathédrale, aubelfroi et àl'abat-
loir de Tournai des restaurations importantes fureni faites dans
CHAPITRI'] vil. • . 205
les premières années du siècle par r;irchilecle Bruno Renard,
né dans celle ville le 30 décembre 1781 el oîi il eut à élever une
salle de concert au Parc (1820), la fabrique de lapis, la bouche-
rie (1832), les établissements miniers de Hornu, près de Mons.
lienard, qui était membre de la commission des monuments his-
loriques depuis 1835 organisa, en 1827, les écoles de dessin de
cette ville.
A menlionner encore : une caserne voûtée d'infanterie à l'é-
preuve des bombes, élevée à Ypres, de 1820 à 1821 , par l'arclii-
\cctc Lobey: lliôtel communal de Nimy qui eut pour architecte
Charfes Neute, né à Saint-Josse-ten-Noodè le 17 mars 1846,
mort il liruxelles le 1" avril 1866; le palais de justice de Charle-
roi, construit sur les plans d'un Français, Albert Ballu, en 1879;
une prison par FrançoisDerre, né àBruges, mort à Paris en 1890;
la fontaine du Poulion, ù rétablissement thermal de Spa, arclii-
lecte, en 1853, Henri Raeymackers. Et, puisque nous sommes
à Spa, mentionnons l'église de cette ville élevée en 1880 par
Eugène Carpentier, né à Courlrai le 20 mars 1819, mort à
Peld'il le 10 mars 1886, architecte aussi des églises de Thol-
Icnbeck (1870-1872), d'Antoing, près Tournai (1871-1872) et
du Châtelet. On lui doit aussi la restauration de la Collégiale
do Huy (1876), du beffroi et de la balle aux draps de Tournai,
(lu château de Hubens à Elewyt (1883) el la conslrnction de
l'Hôtel continenlal à Bruxelles.
Ce fut à un archilecte anglais, 'William John Green, que Léo-
pold II confia la construction de la villa royale à Ostonde, â l'ex-
Irémité de la longue promenade api)elée la Digue, chalet tout en
bois, sur une plate-forme de béton aggloméré, venu d'Angle-
terre.
Notre liisloire de l'architecture contemporaine en Belgique
ne serait pas complète si nous passions sous silence les noms
de quelques artistes d'un grand avenii-, si on en juge par les
travaux qu'ils ont déjà exécutés : M.M. Jean Baes, architecte
du Théâtre fiamand de Bruxelles; Ernest Acker ol Jules Brun-
faut, auteurs de fort jolies construclions privées; V. Dumortier,
architecte du palais de jusiice de Nivelles et de groupes sco-
laires il Bruxelles; "W. Rhùnen, archilecte du Cirque de
Bruxelles et, dans la môme ville, de VÉden-Thcfilre, dont le type
s'csl r(''|>aiiilu diius loute rEur(q)e; Edni. Legraive, nrchifocle
20G . LES ARCHITECTES PAH LEURS (lEUVRES.
de noniljreux groupes scolaires, des liallos d'Ixelles, elc. ;
Ch. Licot, qui représente avec Ernest Hendrickx, le regrellé
arcliilecle de l'Université de Bruxelles, l'école de Viollet-le-Duc
en Belgique, et enfin, parmi les plus éminents, Jules Van Ysen-
dyck, arcliilecle des hôtels communaux de Cureghera et de
Schaerbeck, des halles de St-Josse-ten-Noode el d'un groupe
scolaire à Auderleclil.
L'occasion manqua à la Hollande, pendant l'Empire, de pou-
voir puiser, grâce à des relations plus intimes et prolongées avec
la France, l'enseignement classique donné par notre Éco4e dos
Beaux-Arts; la scission qui s'opéra entre la Belgique et la Hol-
lande, après la Révolution de 1830, rapprocha les Hollandais des
Allemands el on peut dire, sans trop se tromper, que l'architec-
ture hollandaise contemporaine est un compromis entre la Re-
naissance allemande et le slyle des édifices des Pays-Bas élevés
au temps de Danckers Yan Ry, de Van Campen, etc. Nous trouve-
rons cependant en Hollande, mais en petit nombre, des oeuvres
oii les arlistes ont essayé de rappeler les grandes lignes du clas-
sique de la fin du siècle dernier et, si grande a été l'innuence
de l'école française à cette époque, que Warnsinck, Zochcr et
Eberson crurent devoir venir étudier dans les aleliers des pre-
miers architectes français du temps.
Ainsi égalemenljean de Greef, néà Dordrecht en 17 43, mort
à Amsterdam en 1835, lit bieii'ses premières études de dessin
et d'arcliileclure sous la direclion de Schouman et de Jacobus
van Dalen, mais il les compléta par un séjour dans les ateliers
de Paris et en Italie. En 1819, il fut nommé professeur de des-
sin et d'architecture à l'Ecole du génie et de l'arlillerie de Helfl,
mais son existence fut presque entièrement consacrée à la cons-
truction ou à la restauration des châteaux de la famille royale
et de la noblesse. C'est ainsi qu'il acheva le château de plai-
sance de Soestdyck, le château royal de la Haye et dirigea la
conslruclion du palais du prince hérédilaire.
Quoique Christian Kramm soit plutôt connu en France comme
peintre et par son ouvrage sur les arlistes hollandais : De levens
en iverlcen der Iiollandschc en vlaamsche Kunstschilders, etc.,
publié à Amsterdam en 185G, il a laissé en Hollande, comme
arcliilecte, un certain nombre d'œuvres que nous devons énumé-
GHAPITHK Vil. 207
ror. Né iï l'Iroclil, le 18 avril 1797, il rliidia d'abord la peinlure
dans l'alclier de P.-C. \\'oiidei" et lil plusieurs porlrails en mi-
nialurc, à l'iiuile el quelques tableaux de genre; mais bienlùl
le goût de rarcliileclure s'éveilla en lui et après des études qu'il
dut faire h peu près seul, il entreprit la conslruclion d'une ca-
serne à Utreclit. Ce fut son premier ouvrage et l'intelligence
dont il fit preuve dans ce travail fut telle que le gouvernement
soUicila sa parlicipalion aux travaux qu'il entreprenait à celle
époque. Kn 18:d3, on lui demanda un plan pour la reconstruc-
tion de la calliédrale et de la tour d'Utreclil ; peu après, il éleva,
dans cette ville, rilùlel du gouvernement; appelé à y restaurer
l'hôpital, il apporta dans son travail un système de construction
qui favorisait notablement le traitement et la gnérison des ma-
lades. 11 éleva ensuile la Cour de Justice sur son ancien empla-
cement et commença la restauration de l'ancienne abbaye de
Saint-l'aul qui fut suivie de celle de l'église Sainte-Catherine,
dans la même ville, dont on avait dû abattre l'un des piliers à
moitié détruit par un ouragan en 183(3. On lui doit aussi la nou-
velle église en forme de croix laline, et le presbytère de ilarme-
len, la nouvelle église avec tour de Sœsterberg, entre Utrecht et
Amersfoort, dans le slyle ogival, et une dernière église dans le
même style à llamersveld, prèsd'AmersfoorI, puis un presbytère ;\
lloogland; il donna aussi le plan de l'église de Enschedé, étude
remarquable de slyle (ogival également). Enfin, les constructions
particulières qu'il fit à Ulrecht, à Leyde, à Rotterdam, sont 1res
nombreuses ainsi que les châteaux qu'il éleva parmi lesquels
nous citerons celui du baron de Heekcreen, près de Werkliove.
Après avoir parcouru, dans le but de s'instruire encore, l'An-
gleterre, la France, la Belgique et une partie de l'Allemagne,
Kramm avait obicnu, en 1820, la place de directeur de la section
d'architecture d'Utreclil; il fut reçu membre de l'Académie
royale d'Amsterdam et nommé, en 1839, architecte de celte
province; on lui doit aussi le plan d'un monument à la mé-
moire de Jacob Cals. Kramm est mort à une dale de nous
inconnue.
Si le principal titre de JohannesVanStraaten à la reconnais-
sance de ses concitoyens est la fondation de la Société d'encou-
ragement à l'archileclurc [3Jaa(sckapp?J toi hccoi'JeriiKj der
liouichiinsl), société ayant égalemeni pour but la défense des
208 LES ARCHITKCTKS PAR LEURS ŒUVRES.
inlérèls des arcliiloclcs hollandais, nous lui donnons surtout une
place dans notre ouvrfige parce qu'il a laissé, dans son pays,
des œuvres architecturales de valeur. Tels sont les bâtiments
dans lesquels fut logé le musée de lecture d'Amsterdam, recons-
truit plus tard par M. Gossclialk, l'église du Semeur, en colla-
boration avec W.-J.-J. OfTenberg et l'église de Moïse-et-Aaron,
d'après le plan de T. -F. Suys, toutes deux à Amsterdam, ainsi
que la nouvelle Bourse du commerce sur le Dam, dans la même
ville, dont les fondations étaient d'ailleurs déjà exécutées.
Le nombre des hôtels et des maisons de commerce élevés par
Van Straaten est considérable, c'est tout ce que nous en pouvons
dire ici; considérables aussi les ouvrages qu'il a publiés sur
l'architecture; nous en citerons quelques-uns: « flans et coupes
de quelques édifices )) , etc., llaarlem, 1805; « l'Archileclure ci-
vile, etc., » Amsterdam, 1814; « le Yignole des artisans », Ams-
terdam, 1825; « Dessins d'architecture antique et moderne,
d'après les temples grecs, romains, orientaux, etc. », son ou-
vrage principal, commencé en 1828 et fini en 1832. Van Straa-
ten est mort membre de l'Académie des beaux-arts d'Amster-
dam, le 20 février IS.'iS.
Membre aussi de l'Académie l'oyale dont il fut nommé direc-
teur en 1833, L.-M.-G. Tétarvan Elven était né à Amsterdam
le 30 janvier 1803 et avait étudié rarcbiteclure à l'Académie
d'Anvers, à partir de 1818. A son retour dans les Pays-Bas,
Tétar van Elven fut nommé, en 1823, inspecteur des eaux et,
en 1829, conservateur du canal de Pommereuil à Antoing,
dans le Ilainaut. Après les événements de 1830, il préféra servir
la Hollande et occupa un emploi dans l'administration des eaux
jusqu'à sa nomination, en 1832, d'architecte de la ville et de
directeur de la section d'architecture à l'école municipale de
dessin de Harderwyk. Ces travaux d'architecture se bornent ex-
clusivement à Amsterdam oîi il construisit, en outre, la salle de
concert de l'Odéon dont il fit la décoration intérieure dans le
goût classique le plus pur et l'aménagement d'une ancienne salle
destinée à des expositions de tableaux dans le local de la Société
Arli et amicit'm. L'église des Anabaptistes et celle de « l'Arbre des
catholiques » à Amsterdam sont également de notre architecte.
Au concours ouvert pour l'Exposition universelle de Londres, de
1851, le projet de ïéinr van Elven fut classé parmi les seize
A. RICARD DE MONTFERRAND
CIIAIMTIil'; VII. 'iO'J
|)romiors. Il est moi! flievalier de rordrc du Lion mVMhuulnis
en I8S;i,
Isaac Warnsinck osl né à Amsleidam le 22 mars ISI 1. Elève
d'abord de Jeansen oL de J. van Greef, il visita, eii 1 HiJi, Paris cl
Londres, puis cnlreprit, en 1838, un voyage de longue durée on
llalie, en France et en Allemagne. 11 se fixa alors à Amsterdam
et le gouvernement lui confia bientôt la mission d'aller étudier
le système de détention cellulaire mis en pratique à l'entonville.
près de Londres. A son retour en Hollande, on lui confia, en lui
donnant pour collaborateur J.-G. Van Gendt, la construction de
la maison d'arrêt et de justice d'AmsIerdam qui fut commencée
en 184."). Ajoutons-y la reconsiruclion de l'église Sainl-Jean ;i
Gorincliem et nous aurons clos la lisle des travaux publics de
Warnsinck qui, d'ailleurs, fut l'arcliilecte d'un grand nombre
de cliilteaux, de maisons de campagne, d'usines dont les plans
rappellent pour la plupart les fortes études faites par leur auteur
sur des cbefs-d'œuvre de la Renaissance italienne. Nous igno-
rons la dale de sa mort.
Né à Chéribon (Indes orienlales) le 8 janvier 1801 , Willem Ni-
colaas Rose fut un admiraleur de Scliinkel et de Hdlticlier.
Après avoir fait ses éludes à l'Ecole militaire, il commença sa
carrière, en 1822, comme officier du génie et fut nommé cheva-
lier de l'ordre militaire de Guillaume à cause de sa belle conduite
au siège de Maeslricht, en 1838. En 1839, nommé direcleur des
travaux publics à Hollerdam et en même temps professeur à
l'Académie des beaux-arts et sciences techniques de celle
ville, il a construit au Cooisingel (allée Cool) le grand hôpital
dont les dispositions répondaient à tous les besoins de l'époque.
Ingénieur en 18i)a delà ville de Rotterdam, puis, en 18.'i8, archi-
tecte du gouvernement hollandais, il essaya, dans cette situa-
tion, d'appliquer l'emploi du fer aux constructions civiles, no-
tamment dans les façades et à l'intérieur du ministère de la
guerre et du palais du Haut Conseil d'Etal \lioofien RnadderNeder-
landen). Son biograjjlie, tout en déclarant que les innovations de
Rose eurent peu de succès, ne peut sempéclier de louer leur har-
diesse, pour le temps. .Membre de la Société pour la propagation
de rarcbiteclure. Rose mourut à La Haye en 1877, laissant une
publication remarquable sous le titre : «laTliéoric de l'ornement».
Arend Roodenburg, né à La Haye le 2!> janvier 1804 et mort
m. l-i
210 LES AUCllITEGTES PAR LEURS OEUVRES-
à une époque iuconmie de nous, élail élève de l'arclulectc an-
glais Adanis. Nommé surveillant général des bàlimenls et pro-
fesseur d'arcliileclure à l'Académie de La Haye, en 1826, il fut
l'architecte de la fondiîrie de canons en 1841 et, construisit, égale-
ment, à La Haye, l'asile pour les vieillards israélites ainsi que la
synagogue (1814), enfin une église protestante à Kralingen.
Un élève de Roodenburg, Antonie Willem 'Van Dam, né à
La Haye le 2 janvier 1815, continua ses études d'architecture
dans l'atelier de 11. Labrouste, à Paris. Après leur achèvement,
il revint à ISotterdam et, à la suite de succès obtenus dans les
concours de l'académie de dessin de La Haye et de l'académie
des beaux-arts d'Amsterdam, il fut nommé membre de celte der-
nière avec le privilège d'une pension de quatre années pendant
lesquelles il visita l'Italie et la Grèce. C'est pendant ce voyage
qu'il se lia avec Hansen, l'archilecle autrichien dout on lira plus
loin la biographie. Sa première œuvre importante date de 184j
à 1848; c'est l'église prolestante dite Zuidcrkerk, à Hotterdam,
édifice de style ogival, de forme octogonale avec deux portails
principaux situés diagonalemenl. 11 fut ensuite l'architecte de
l'église (protestante) Irène kerk, puis de la façade de l'ancien
théâtre, de la grande serre chaude du Jardin /oologique, puis,
en collaboration avec M. C. Muysken, du cercle des membres de
la société de ce jardin, sans compter un nombre considérable de
constructions particulières, toutes ces œuvres à Rotterdam, hors
<le laquelle il a construit l'hôtel de ville de Gorinchem. Profes-
seur pendant trente-cinq années à l'académie des beaux-arts de
Rollerdam,un des fondateurs de la Société pour la propagation de
l'architecture en Hollande, membre honoraire de dilférentes so-
ciétés savantes et chevalier de l'ordre de la Couronne de Chêne,
M. Van Dam habite La Haye depuis le mois de mai de cette année.
M. Willem Springer fut d'abord élève, puis membre de
l'académie royale des beaux-arts (aujourd'hui disparue)
d'Amsterdam où il naquit le 8 mai 1815. Architecte de celle
ville, de 1858 à 1891, il est aujourd'hui membre du Conseil des
bâtiments. Eu collaboration avec M. de Greef, dont nous donnons
ci-après la biographie, il a dessiné un grand nombre de bàlimenls
destinés aux divers services municipaux d'Amsterdam : bureaux
de police, casernes, postes-vigies pour pompiers, soixante écoles
primaires nouvelles auxquelles il faut en ajouter trente -huit
ClIAPITHE Vil. 211
îuilres rebâties pour une somme de 8,2;i(),0(l() fivincs. Dans
d'autres travaux encore, M. Springer a eu pour collaborateur
M. de Greef, notamment le tiiéàlre de la ville construit en 1872
et qu'un incendie a malheureusement détruit le 20 février 1890,
un cimetière et le grand laboratoire de l'Université avec
son fils M. Jan Springer; il fut l'architecte de l'école de na-
vigation [Kweekschool voor zeevaarl) d'Amsterdam, puis, avec
M. Klinkhamer la fabrique de poudres de guerre, près de
Muiden, sur l'emplacement de celle détruite en 1888 par une
explosion ; mais il a eu l'honneur de construire seul le magni-
fique gymnase d'Amsterdam, dont la façade, de style classique,
est toute en pierre de taille. M. Jan Springer, outre qu'il fut
le collaborateur de son père à l'école de navigation, exécute aussi,
avec lui et avec la collaboration de M. A. L. Van Gendt, la re-
construction du nouveau théâtre d'Amsterdam sur l'emplace-
ment de l'ancien, incendié ainsi que nous venons de le dire.
Quant à M. Van Gendt il est déjà connu par des constructions
particulières importantes, notamment une galerie voisine du Pa-
lais de l'Industrie et le restaurant Hiche à Amsterdam.
M. Bastiaan Jansz de Greef, né à La Haye, le 9 février 1818,
reçut les premières notions d'architecture de son père, l'archi-
tecte Jan de Greef, et compléta son éducation artistique à l'aca-
démie des beaux-arts d'Amsterdam. Nous avons dit plus haut
qu'il fut presque toujours le collaborateur de ^I! \\'illem Sprin-
ger; pour compléter sa biographie, nous ajouterons qu'archi-
tecte, de 1856 à 1890, de la ville d'Amsterdam qui lui doit ses
sept remarquables cités ouvrières, il a été pensionné de la ville
en 1890, nommé chevalier de l'ordre du Lion néerlandais et. of-
ficier de la Couronne de Chêne.
!\L Jehan Frederick Metzelaar est né à Rotterdam, le 21 juil-
let 1818. Elève de l'académie des beaux-arts et sciences tech-
niques de cette ville, il y fut ensuite professeur pour la section
d'architecture de 1839à 18."J0, puis pour l'histoire de l'architec-
ture de 1800 à 1868. Médaillé à plusieurs reprises et notam-
ment à notre Exposition universelle de 1867, il est chevalier de
l'ordre du Lion néerlandais et de l'ordre de Wasa de Suède.
Ingénieur-architecte du ministère de la justice néerlandais,
de 1870 à 1880, il aconslruitla prison de Lecuwarden, les prisons
cellulaires de Groningen, de La Haye. d'Arnhem et de Breda, les
^il2 LES ARCHITEGTES PAR LEURS OEUVRES.
palais ou cours de justice de Tiel, d'IIilversum, d'Alphcn, d'A-
peldoorn, de Geldermaisen, etc. M. Metzelaar est membre ho-
noraire de la « Société pour la propagation de l'architecture ».
Mais l'architecte qui occupe encore à notre époque, en
Hollande, la place qu'avaient conquise en France Lassus et Yiollet-
le-Duc, les initiateurs des architectes du siècle aux beautés et à
la puissance depuis longtemps méconnues de Fart ogival, est
assurément M. Petrus Josephus Hubertus Cuypers, né à Roer-
monde le 10 mai 1827. 11 fit son éducation artistique à l'aca-
démie d'.\nvers où il remporta le prix d'excellence; mais il la
compléta par un séjour de quelques années en France et en
Allemagne. Architecte surtout d'édifices religieux dont la cons-
truction, due à une science autant qu'à un génie incontestables,
lui a mérité une notoriété considérable en dehors des limites de
son pays, M. Cuypers n'a pas construit moins de 83 églises
catholiques parmi lesquelles (pour ne citer que les plus impor-
tantes), cinq à Amsterdam, une à La Haye (Saint-Jacob), une à
Delft (Saint-Hippolyle), une à Hilversum, une à Sneek, une à
Bréda, une à Leeuwarden. 11 a été aussi le restaurateur de Notre-
Dame de Roermonde, de Saint-Servais et de Notre-Dame à
Maesiricht, de la cathédrale de Bréda, de la cathédrale de Mainz
et du vieux château de Haar, dont la décoration intérieure,
les vitraux et même le mobilier ont été composés sur ses dessins.
Mais à côté de ses œuvres religieuses, deux édifices civils
auraient suffi à assurer à M. Cuypers la réputation de grand
architecte : le musée d'État [lii/h Muséum) et la gare centrale
des chemins de fer, tous deux à Amsterdam, souvent reproduits
par la photographie ou le dessin. M. Cuypers est chevalier de
l'ordre de Grégoire-le-Grand, de la Couronne de Chêne, du Lion
néerlandais et grand officier de l'ordre d'Isabelle-la-Catholique,
a remporté des médaillesd'orauxdiverses expositions de Londres,
de Paris, de Vienne, de Munich, de Berlin, etc. Membre hono-
raire de la Société centrale d'architecture de Belgique, profes-
seur à l'école normale et à l'école des arts industriels d'Ams-
terdam, il est membre correspondant de l'Institut des architectes
britaniques, de l'Institut des architectes d'Anvers, de l'Institut
des architectes de New- York et de Philadelphie, de l'Institut
de France, de l'Académie d'archéologie de Belgique, de la So-
ciété des arts industriels de Municli, (hi Musée impérial d'art
ciiArriiii' VII. 213
el d'iiuliislrie do Vienne. Il l'ail partie de lu C.ouiniiïisiun des mo-
numents historiques des Pays-Bas, et est conseiller honoraire
de la Société centrale des architectes de Paris ainsi que de la
Société régionale des arcliilecles de Lille.
iM. Hendrik Pétrus Berlage, né à Amsterdam le 21 lé-
vrier l8o(i, très connu par ses conslriiclions privées en Hol-
lande et à Berlin' est élève de l'école polytechnique de^ Zurich.
Lauréat de la plupart des concours auxquels ila pris pari (Bourse
dWmsterdam (1884), façade de la cathédrale de .Milan, etc.), il
n'a pu obtenir jusqu'ici que la construction d'un édilice public,
le grand << sanatorium », près des bois de Baarn, en collaboration
avec iNL Théodor Sanders. Celui-ci, né également à Amsterdam,
le 27 novembre IS'i7, et élève de l'école polytechnique de
Délit, en est sorti diplômé architecte et ingénieur. Collaborateur
de M. Berlage, lors de la construction du « sanatorium », ainsi que
nous venons de le dire, el signataire avec lui du projet présenté
au concours de la nouvelle Bourse, il a élevé le Panoptlrinii
d'Amsterdam el un grand panorama à Copenhague.
Né le lo juillet 18.J7 à Maasluis, M. Daniel Elisa Cornelis
Knuttel est sorti de l'école polytechnique de Delll, où il avait
été élève de E. Gugel, professeur d'architecture, avec le double
brevet d'ingénieur et d'architecte (:1880j. De 1882 à 1883 il fui
attaché iv la conslruclion des bâtiments établis le long de la
ligne ferrée de l'État hollandais. De 1885 à 1892, archilecte de
la ville de Leyde, il fut, en juillet 1892, nommé archilecle
du ministère du Waterstaat , à la ITaye, où il a construit aussi des
maisons et des écoles, puis les gares de Zwaluwe et de Waal-
wyck, à Leyde, le bàliment des archives (en style ogival), le
Siadsf/ehoorsaal, avec une grande et belle salle de concerl, dans
le style de la Renaissance, etc.; il y a aussi restauré l'un des
édifices, les plus anciens des Pays-Bas, le Burcht, à Leyde.
Ici se place la biographie de l'un des archilecles hollandais
réputés pour leur aciivilé et leur remarquable intelligence :
Cornelis Outshoorn, né en 1812, décédé en 187.). La Compa-
gnie des chemins de fer hollandais, dont il clail ingénieur de-
puis 1855, lui dut les stations originaires (remplacées depuis) de
La Haye, d'Amsterdam, etc., constructions auxquelles, partisan
du classique, Oulshoorn avait essayé de donner un certain ca-
ractère archiieclural; c'est également dans ces idées ([u'ilconcnil,
iil4 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
tout en fer (l85o-1864), le Palais de riiidiislrie d'AmsIerdam,
destiné aux diverses expositions nationales de la Hollande.
De 1854 à 185G, il a construit le bureau des postes de cette
ville (qui va disparaître) ^el le musée Fodor; puis, à Amsterdam
encore (1864-1867) l'iiôlel Amstel, vaste consiruction en b'riques
et pierres de faille dans le style de la Renaissance française ainsi
que riiôjel de la Société littéraire à La Haye (1869-1870), éga-
lement souvenir de la Renaissance, remarquable par ses pro-
portions. Le Palais de l'Induslrie long de 126 mètres, orné d'une
coupole de forme elliptique longue de 21 mètres, à une hauteur
de 57 mètres au-dessus du sol, se compose d'une nef centrale
donnant accès à quatre salles latérales moins élevées qu'elle et
forme un ensemble imposant. Ajoutons que l'édifice est construit
sur pilotis et que l'arcbitecle eut de nombreuses difficultés à
vaincre pour en établir les fondations.
Jan-David Zocher, fils d'un architecte, né à Haarlem le
12 février 1790 et élève de Lebas, à Paris, est connu plutôt par
ses nombreux dessins d'archilecture et comme créateur du parc
royal de Soestdijk, qu'il exCcuta sur les plans de son père. Il
avait conçu le projet d'une nouvelle « Rourse des marchands » à
Amsterdam qu'il réalisa de 1841 à 1845 et mourut en 1871.
En 1849, le Yachl-Club des Pays-Ras ayant ouvert un concours
pour la censiruction de l'iiùlel de ses membres à Rotterdam,
c'est le projet de M. Abraham Nicolaas Godefroy, né à Amster-
dam le 12 août 1822, qui fut primé et exécuté; l'édifice, inau-
guré le 30 juin 1851, présente tout le conforlable intérieur
désirable. On doit encore à cet architecle la nouvelle église
wallonne d'Amsterdam (1855) qu'il fut d'ailleurs obligé de re-
construire, après un incendie arrivé en 1852; en 1856, les
bureaux de la grande Société de commerce néerlandaise; de 1856
à 1863, la ferme modèle deM.Yan Amersfoort, dans le Polder du
lac de Haarlem, le grand liôpilal pour les accouchées (Amster-
dam, 1868), ci, dans la même ville, la maison des orphelins de la
Diaconie proleslanle. Membre du conseil de l'académie royale
des beaux-arts jusqu'à sa suppression, membre honoraire de la
Société pour la propagation de l'architecture, M. Godefroyoccupe
les loisirs de sa verte vieillesse à relever les anciennes construc-
tions de la Renaissance néerlandaise disparues ou existant encore
auiourd'bui sur le sol de la Hollande.
CHAPITRE VII. 213
Quoique Lucas Hermann Eberson n'uit a( taché son nom à
l'érection d'aucun des édifices publics de la Hollande, la belle salle
despeclacle et lesplendide salon-foyer qu'il installa, en lS76,dans
l'aile gauche du chàleau deLoo, suffiraient pour lui assurer une
place dans notre ouvrage. Du i-esle, il s'est toujours inspiré des
principes classiques de l'école française, tout en conservant son
originalité. Né le 23 mars 1822, 'i Arnliem, où il est mort le
30 novembre 1889, il partit, à l'âge de vingt ans, pour Anvers où
il commença ses éludes d'architecture. En 1844, il venait à Paris,
entrait dans l'alelier de Grisarl et, pendant sept années, demeu-
rait le collaborateur de J. Gailhabaud qui écrivait alors son ou-
vrage, « l'Architecture du xi" au xvii" siècle » ; puis, après quel-
que temps passé dans l'atelier de Lacornée, s'élablissait à
Arnhem en 1851. Il fut surtout l'architecte de la haute aristo-
cratie néerlandaise; il bàtii pour elle un gr;ind nombre de châ-
teaux et déniaisons de campagne, entre autres le château de Kor^
tenberg, près de Renkum, plus tard restauré et agrandi pour le
roi Guillaume 111. maintenant connu sous le nom de Oranje-
JNassauoord; il fut l'urcliitecte du comte de Cbambord pour la
restauration et l'arrangement intérieur du château de Brorabeek,
près d'Arnhem. Ses plus remarquables reslaurations sont celles
des châteaux de Beverwaard, près d'Utrecht, Middachten et Bil-
joen, près de Velp, Bosendaal, aussi près de Velp, Engelenburg
à Brummen, les châteaux de Benswonde, den Berg, à Buurlloo,
à Erde, de Bingerden, etc. Enfin, Eberson restaura pour le roi
le château de Colmar-Berg, dans le grand-duché du Luxem-
bourg, et mourut arcliilecle en chef du roi de Hollande, che-
valier de l'oidre de la Couronne de Chêne, du Lion d'Or de
Nassau, de l'ordre du Mérite de Waldeck-Pyrmont, etc.
C'est à un architecte bavarois, M. Eugène GugeL né le
16 mars 1832, à Bergzabcrn, en Bavière, que revient l'honneur
d'avoir conçu le plan de l'Université d'Utrecht dans le style
de la Renaissance hollandaise, malgré les eiïorts de la section
des beaux-arts près le ministère de l'intérieur de Hollande,
avec la collaboration, il est vrai, de l'archilecle Nieuwenhuis,
dont nous donnons ci-après la biographie. Elève de l'école po-
lytechnique et de l'Académie des beaux-arts de Munich où il
étudia l'architecture dans l'atelier de Langei I8o()-I8o0j, M. Gii-
gel fut chargé, de \S'.^1 à ISoO. de la conslruclioii de la plu-
210 LKS AHCllITKCTKS PAU LEl US (iKi; VUES.
pari (les gares sur la ligne de Hosenlieini à Innsbriick, puis
d'un palais d'élé à Feldafling, près le lac de Starnberg, sur
le projet de l'archilecle Voit; mais la mort de Maximilien lit ar-
rêter les travaux et le roi Louis II de Bavière consola l'arclii-
tecle en lui faisqnt faire quelques agrandissements à son cliàteaii
de Herg, également sur les bords du lac. Kn t<S(Ji, il tut nommé
professeur à l'école polyleclmique de Dclft, seciion d'architec-
ture; il agrandit celle école qu'il dotn, en 1874, d'un labora-
toire de physique, puis reconstruisit la tour de la nouvelle
église de Delfl, déiruite par un incendie (avec la collaboration
de M. Cuypers); mais ses œuvres les plus importantes sont, sans
contredit, le Palais des arts et des sciences de La Haye (1876)
et le club des étudiants de l'Université de Leyde. Depuis long-
temps naturalisé Hollandais, M. le professeur (iugel est officier
de l'ordre d'Urange-Nassau, chevalier du Lion néerlandais et
membre honoraire de nombreuses sociétés d'architeclure.
M. Ferdinand Jacob Nieuwenhuis, collaborateur de M. Gu-
gel pour la construction de l'Université d'Utrecht, naquit, le
9 août 18i8, à\\'oerden. Élève de l'école polytechnique de Delft
et de l'académie d'architecture de Berlin, il fut pendant quelque
temps l'adjoint de AI. (Iugel à l'école dont il avait été l'élève, puis,
pendant dix-huit années, professeur de l'histoire de l'architecture
à l'école des sciences techniques de Botterdam. Directeur, depuis
deux années des travaux publics à UtrechI, il y a restauré le
chœur de la catlrédrale et refait de notables parties de l'église
Saint-Jacob, puis il a conçu la création de la Bourse qui sert en
même temps de marché aux fruits, des églises, des écoles, des
maisons de campagne, dans la province d'Ulrechl. Delft lui doit
le laboratoire de physique et le club des étudianis à l'école poly-
technique; à La Haye il restaura les locaux nécessaires à la
réunion des États généraux ainsi que le palais du ministère du
NN'aterstaat. M. Nieuwenhuis, membre de plusieurs sociétés sa-
vantes, est chevalier do l'ordre d'Orange-Nassau depuis le mois
de mai de cette année.
Destiné à être toute sa vie distillateur et marchand de vins,
Hermann Jan van den Brink dut au hasard la révélation de sa
véritable vocation. Faisant reconstruire, à Botterdam où il était
né le 14 mars 1816, sa maison principale de commerce, il ren-
voya son architecte dont il était mécontent et dressa de nou-
CLUYSENAAR
CllAPITItF. VII. 217
vciuiv plans dont il snr\cillii rc\é(Milion ; mais ce ne fui qu'en
i8o4 qu'abandonnant délinilivement sa première carrière il se
mil à étudier sérieusement les principes de rarchiteclure, el nous
devons dire que ses progrès, d'une étonnante rapidité, lui per-
mirent d'accueillir la proposition que lui fit l'archevêque d'U-
trcclit de donner son appréciation sur deux projets de séminaire
qu'il se proposait de construire dans celle ville. Ils semblèrent
défectueux à van den Brink et son projet personnel fut accueilli
par le prélat qui, plus tard, lui conlia la restauration de la ca-
thédrale d'Utrecht, accomplie par lui avec un réel talent. Depuis
18.Ï7, il construisit beaucoup d'églises catholiques, l'hôpital
Saint-Jean-de-Dieu à La Haye, le nouveau cimetière à Hotter-
dam, les séminaires d'Hageveld, l'iiùlel du Grand Club (en
collaboration avec l'aiThilecle Gossclialk ) , sur le Dam, à
Amsterdam, et un grand château gothique (^démoli) à Stouten-
burg, près d'Amersfoort. Archile(;te de la remarquable maison
hollandaise qui figura dans la » rue des Nations» à l'Exposition
inlernalionale de 1878, van den Brink, membre de l'académie
royale des beaux-arls à Amsterdam, est mort le 17 mai 1883.
Né à Amsterdam le 13 aviil 1838, Isaac Gosschalk fut un
des premiers arcbitecles hollandais qui s'inspirèrent des formes
do la Renaissance néerlandaise et, à peu d'exceptions près,
toutes ses créations ont été conçues dans le style des xvi" et
xvii' siècles, en briques, mais relevées par une foule de motifs
décoratifs d'un effet le plus souvent gracieux. Parmi elles nous
citerons : deux usines de la Compagnie continentale du gaz à
Amsterdam, l'hôpilal et l'Iiospice des vieillards Israélites, une
grande école pour la communauté Israélite également, et plu-
sieurs maisons particulières à Amsterdam. Mais son œuvre prin-
cipale avec le grand Club, dans la construction duquel il fut le
collaborateur de van den Brink, est le Panorama d'Amsterdam.
En sa qualité de membre de l'ancienne Commission des monu-
ments historiques des Pays-Bas, Gossclialk a concouru à la
restauration de riiùlel de ville de lleusden, de la porte dite Wa-
terpoort à Sneek, de l'Iiôtel de ville de Gouda, des églises pro-
testantes de Kampen, de Geerlruidenberg, etc. Il est en ce
moment l'arcliitecle de la gare du chemin de fer de l'État à Gro-
ningue et on n'a pas oublié, en Hollande, combien il se montra dé-
corateur lorsqu'il fut cliarfiédc l'exéculion du vaisseau de guerre
2J8 LES ARCHITECTES PAU LEIHS OEUVRES.
dil (t Galjool » qui figuraaux fêtes données, en 1887, an roi Guil-
laume m, parla \'illc d'Amslerdam.
Les œuvres archilecturales affectées à un service public de
M. Léliman sont peu nombreuses : l'Iiôpilal appelé Ziekenver-
pleging (^i une école pour la classe ouvrière à Amsterdam, puis
l'église de Metiray ; mais les efforts de cet arcliiteciedans le but
d'améliorer les habitalionselles établissemenlsd'instruction des-
tinés à la classe ouvrière qui lui ont valu une médaille en 1800, et
ceux qu'il a accomplis pour la propagation de l'arclii lecture en Hol-
lande nous faisaient un devoir d'inscrire ici son nom parmi ceux
des arcliitectes les plus recommandables de ce pays. Du reste,
M. Johannes Hermanus Léliman, né le 20 juin 1820 à Amster-
dam, lauréat, en 1850, de l'académie des beaux-arts oîi il fit ses
premières études, puis élève de II. Labrouste à Paris, de 1852
ù, 18.53, a obtenu en 1800 la grande médaille d'or de la Société
centrale des arcliitectes de France dont il est membre correspon-
dant, en 1870, la médaille d'argent de la Société libre des beaux-
arts de Paris et fut quatre fois couronné par la Société pour la
propagation de l'arcbitecture d'Amsterdam sur le développement
de laquelle il eut une influence considérable. Il est cbevalier des
ordres de la Coceiçnd et du Cbrist du Portugal.
M. Constantin Muysken, né le 19 octobre 1843 à Ilillegom,
est le représentant le plus distingué, en Hollande, des artistes qui
ont conservé le culte des grands maîtres de la Renaissance.
Élève de l'école polytechnique de Delft et de celle de Hanovre,
puis ayant complété ses éludes à Vienne et en Halie, il a installé
la section néerlandaise aux expositions internationales de Vienne
en 1873 et de Philadelphie en 1870. Comme édifice public dû à
cet arcbilecte, nous n'avons à citer que l'église protestante de
Iloorn construite dans le style de la Renaissance des xvi' et
xvu° siècles, mais fort nombreuses sont ses œuvres particulières :
hôtels, châteaux, maisons de campagne toutes marquées d'une
originalité remarquable, outre le cercle de Rotterdam construit,
nous l'avons dil, avec la collaboration de M. van Dam. M. Muys-
ken est président de la Société pour la propagation de l'archi-
leclure en Hollande, chevalier de l'ordre du Lion néerlandais,
chevalier de l'ordre de François-Joseph d'Autriche, conseiller
de la Société des architectes du département du Nord.
Trois jeunes architectes qui se sont fait déjà connaiire par des
CHAPITRE YII. 219
liavaiix imporlanls viennent prendre place, en Hollande, à la
snile de leurs aînés : ce sont MM. de Kruyff, Peters et Cuypers.
M. Jacques Roland de Kruyff, né à Harlem en 1844, élève de
l'école polytechnique de Deiri,puis de l'école des aris industriels à
Vienne, perfectionna ses éludes d'architecture en Italie. Archi-
lecle de l'Exposition des arts industriels à Amsterdam en 1877,
il esl, depuis 1881, directeur de l'école installée dans les bâti-
ments du musée à Amsterdam pour l'étude des arts industriels,
il a obtenu au concours l'exécution du monument élevé au doc-
leur Sarphali. Vice-président de la Société pour la propagation
de l'architecture en Hollande, il est officier de la Couronne
de Chêne et chevalier de l'ordre de François-Joseph d'Autriche.
M. Cornélis Hendrik Peters, né à Groningue le I" janvier
1847, étudia rarchilecture dans les ateliers de Brennissen-
Troost, à Sneek, et de P.-J.-H. Cuypers, à Amsterdam. Depuis
1876, architecte du gouvernement hollandais, il a dirigé à La
Haye de 1876 à 1883, la construclion du ministère de la Justice,
la créalion la plus monumentale de la Hollande à notre époque,
après le musée d'Amsterdam et l'hôlel des posles et télégra-
phes. Hors de La Haye il a été chargé de l'édification de nom-
breux bureaux de poste et notamment de celui d'Amsterdam
dont la première pierre sera posée incessamment. Sa restaura-
tion, de 1889 à 1891, de l'ancienne consiruclion de IL de Key-
ser, occupée par la Compagnie des Indes orientales, a fait le
plus grand honneur à M. Peters, qui est commandeur de l'ordre
d'Isabelle-la-Catholique.
M. Willem Cornélis Metzelaar, né le 9 août 1848 à Rotterdam,
reçut les premières leçons d'architecture de son père. Sorli de
l'école polytechnique de Delft avec le brevet d'ingénieur et d'ar-
chitecte, il exerça d'abord sa profession dans la ville de Deven-
ter; mais, depuis dix ans, il a succédé à son père, comme ar-
chilecle du ministère de la Jusiice, à La Haye. En cetle qualité
il a bâti une école de l'Etat à Avereest, la prison cellulaire de
Nieuwer-Amstel, près d'Amsterdam, les tribunaux d'IIaarlem et
de Zulphen, ce dernier accompagné d'une prison.
Né à Rotterdam le 14 février 1800 et élève de M. Gugol dont il
suivit les cours à l'école polytechnique de Dclfl, M. Johannes
Dzn. Verheul s'est déjà fait connaître comme architecle du
nouveau théâtre de noilerdam qu'il exécuta, à la suite d'un
220 LKS AHGHITEC/i'ES PAR LEURS UEIVRES.
concours, de 1885 à I8S7. La façade de l'édifice, de slyle He-
naissaiice, en briques cL pierres de laille, est d'un grand efîel,
malgré la sobriété de sa décoralion; les aménagemenls et déga-
gements delà salie ont été exécutés avec le plus grand soin;
aussi l'exposition de cette œuvre a-t-elle valu à son auteur, à Pa-
ris, en 1889, une médaille d'argent. C'est aussi à la suite d'un
concours, que M. Verheul a construit la grande église d'Apel-
doorn et, en 1 889, la salle de concert de Doi"dreclit, avec des salles
de réunion pour la société dite Kuntsmin.
M. Joseph Théodoor Jan Cuypers est né le 10 juin 18(il à
Ruremonde. Ancien élève do l'école polytechnique de Delfl, il a
suivi les cours de l'école des arts industriels d'Amsterdam où il
est architecte. Chargé de restaurations à l'hôtel de ville de
Francker (édifice du xvi' siècle), à Notre-Dame de Maestricht
(xii° siècle) et à Saint-Pléchelme d'Oldenzual (.\ii' et xv° siècles),
il est l'architecte des églises catholiques de Nés. de Sas Yan Cent
et de Haamsdonksveer dans la construction desquelles il a suivi
le style dont son père, M. P.-J.-II. Cuypers, est le représentant le
plus éminent. Il a été nommé, en 1888, chevalier de l'ordre de
Saiiit-Grégoire-le-Grand.
M. Nicolaas Molénaar, né le 30 juillet 1 850 à Sneek, est surtout
un architecte d'églises. Élève de Cuypers jusqu'en 1878, il fut
employé de 1878 à 1880 au ministère de l'intérieur, section des
bâtiments. Les principaux édifices religieux dont il est l'archi-
tecte sont : l'église Saint-Ignace à Rotterdam avec son presby-
tère (1890-92); dans la même ville et h la même époque, l'église
de rimmaculée-Conception; de 1890 à 1891, l'église de Wœr-
den ; il a également restauré et agrandi le château de << Cloeze »,
près de Lochum, et est l'architecte d'un nombre considérable
d'écoles et de maisons particulières.
Élève d'un ingénieur civil, M. II. Linze, puis ensuite, à An-
vers, de l'architecte P. Dens dont il fréquenta l'atelier jusqu'en
1864, M. Adrianus Cyriacus Bleys est né, le 29 mars 1842,
à Hoorn (Hollande du Nord). Architecte d'abord dans son pays
natal, de 1864 à 1880, il est, depuis cette dernière date, établi
à Amsterdam. C'est surtout un architecte d'édifices religieux,
(luoiqu'il ait construit une villa et un hôtel de ville à Obdam ;
on lui doit enelTet les églises catholiques de Heer Hugo Waard, de
Gouda, de lloorn, de Saint-Nicolas et Saiute-Élisabcth cl le grand
CHAPITHK VII. 2-21
cimelière de Saiiile-Barbe à Amslerdam, une église à Obdam,
Sainl-Joseph à Soest; puis, dans l'évèché de llaarlem, celles
de Ketliel el Pynacker, des hôtels de ville et des maisons dans
les provinces d'L trecht et de Hollande.
Élève de son oncle, mais imprimant à ses œuvres un caractère
absolument original ,M . Eduard G. H. H. Cuypers est né le 1 8 avril
1859, à Roermond; il a surtout appliqué à ses constructions,
faites la plupart pour des particuliers, le style de la Renaissance
hollandaise ; cependant la station de Bois-le-Duc, pour la Compa-
gnie des chemins de fer de l'Ktat, est un spécimen de la transition
qui s'est effectuée entre l'ogival et la Renaissance hollandaise.
M. Abraham Salm, fils de l'arcliilecte G.-B. Salm, est né à
Amsterdam le 20 mars 1837 et. a fréquenté de nombreux ateliers
ainsi que l'École des beaux-arts de Paris. Amslerdam lui doit les
bâtiments de l'Institut des jeunes aveugles dont la construction
lui a valu la médaille d'or de Saint-Stanislas; il est également
l'architecte d'une synagogue, de divers bâtiments de l'Exposition
et d'un magnilicpie hôtel à Amsterdam dont l'architecture est
empruntée au si vie de la Renaissance française.
M. Christiaan Bernard Posthumus Meyjes, né à Eemnes-
Buiten.le II juin J8o8, élève aussi de M. Gugel à l'école polytech-
nique de Delft et de l'architecte W. Springer, est également un
partisan de la Renaissance hollandaise. C'est dans ce style qu'il
a conçu l'hôtel de la Société des chemins de fer hollandais à
.Amsterdam, ainsi que la station de Delft, un orphelinat de gar-
çons el le cercle pour les gens du peuple, dit 0ns huis, etc. Dans
sa restauration de la façade septentrionale de !'« Église nouvelle »
à .\msterdam, édifice de style ogival, M. Meyjes a prouvé qu'il
joignait l'érudition au talent. Architecte de la section néerlan-
daise à l'Exposition universelle de 1S89, il fut nommé, à cette
occasion, officier de l'Instruction publique.
Avant de terminer la biographie des architectes lioliandais de
notre siècle, nous mentionnerons le nom de Gérardus Hendrick
Grauss, né à Middelburg, en 1828, qui fut professeur à l'école
de dessin de sa ville natale, puis devenu architecte municipal
de Middelburg, y éleva une salle de concerts; enfin celui de Jan
Kraner, auteur du monument élevé à La Haye à la mémoire du
roi (ùiillaume II, en 1853, déclarant d'ailleurs que nous ne pos-
sédons aucun l'enseignement bidgrapliique sur cet arlisl(>.
CHAPITRE VIII
L'architecture officielle a, pour ainsi dire, disparu de l'Angleterre et, en même
temps, s'est produit l'abandon définitif du classique et des formes de la
Renaissance. — Le goût anglais, privé d'une direction supérieure, adopte en
architecture un éclectisme irrélléchi, corrigé par une préférence décidée des
architectes pour l'ogival anglo-normand et le style Tudor. — L'esprit de
controverse, conséquence du protestantisme, multiplie, à Londres et surtout
dans les comtés, les temples et les chapelles.
Nous avertissons le lecteur que la tentative de Ch. Barry de
créer, avec tous les éléments rassemblés par son génie, une
architecture nationale anglaise moderne, ne fut suivie d'aucune
autre et que, désormais, les édifices élevés sur le sol de l'Angle-
terre ne sont plus que des mélanges étranges et sans goût du
style ogival anglo-normand à toutes les époques, quelle que soit
d'ailleurs la nature des éditices auxquels il est appliqué par
l'architecte anglais. Et peut-il en être autrement alors que nous
savons qu'il n'y a point, en yVngleterre, d'écoles nationales ou
publiques où s'enseigne l'art de bâtir? C'est, en effet, par un
stage chez un architecte exerçant, sa profession, que l'élève
architecte acquiert les connaissances théoriques et pratiques qui
lui sont nécessaires. Point d'enseignement officiel dirigeant,
comme en France, l'esprit du jeune artiste incapable de faire uu
choix parmi- les produits si divers de l'art architectural qu'il a
pu contempler et même étudier avant son entrée à l'Ecole, de
lutter contre des tendances personnelles qui seraient susceptibles
de le jeter dans une voie déplorai)le, si l'autorité du maître ne
venait, à temps, l'avertir qu'il fait fausse route et lui inculquer
les règles de l'esthétique la plus conforme à la production du
beau reconnu tel par les plus grands artistes ou critiques d'art.
La création, en 1834, de l'Institut des architectes britanni-
ques fondé, dit le règlement. « pour faciliter l'acquisition des
CHAIMTMK VIII. 223
connaissances arcliileckirales, ainsi que l'avancemenl des dill'é-
rentes branches de la science qui ont rapport à l'architecture,
et pour établir une certaine uniforniilé et honorabilité [respec-
lalnlily) dans l'exercice de la profession d'architecte », n'a pu
évidemment que suppléer d'une façon très imparfaite à l'absence
de l'enseignement ofliciel. Les moyens employés par cette hono-
rable société sont des expositions fréquentes de projets exécutés,
tant sur des sujets proposés par elle avec distribution de récom-
penses à ceux de ces projets qui ont réuni les suffrages de la
commission d'examen, que sur des projets d'édifices civils ou
religieux commandés par des associations ou de riches particu-
liers qui n'hésitent pas, en Angleterre, à consacrer à leur exécu-
tion un demi-million et même davantage. Le succès obtenu par
le concurrent plus heureux ou mieux inspiré peut bien servir de
guide au jeune architecte appelé à exécuter une œuvre analogue
à l'œuvre primée, mais elle le laisse sans défense dans tous les
autres cas, puisqu'il n'est point en possession de connaissances
fondées sur l'observation de règles ab.solues enseignées par
l'École, Du reste, il est juste d'ajouter qu'à l'origine, du moins,
les architectes anglais, membres de l'Académie royale (consi-
dérés en haut lieu comme les maîtres de l'art architectural
contemporain), avaient refusé leur nomination de membres de
l'Institut des architectes britanniques dont ils redoutaient les
tendances révolutionnaires (I).
Sous le bénélice de ces observations, nous reprenons la bio-
graphie des architectes anglais au point où nous l'avons laissée
dans le chapitre IV. A Londres, peu d'éditices religieux, et
parmi eux moins encore dignes d'une mention. Signalons au pas-
sage l'église de Saint-Jean-de-Jérusalem, élevée en 18&6, atte-
nante à l'hôpital de ce nom, et véritable exception aux habitudes
des architectes anglais rappelés plus haut, puisque la façade de
l'église, de style ionique dans les basses -œuvres, prend, en
s'élevant, le caractère corinthien. En forme de parallélogramme,
(I) In niaking tliis observation, il is pioper lo remnik (liât tlie architecfs at-
tachée! to the Royal Academy hâve not yet joiiied us, but as they bave allexpressed
llie same frienJly feeliiig ami a disposition to i'orward our iiitoresls, tlie day,
it niay be hoped, is not far distant, whoreiu they niay consider it nol incompa-
tible with their duties as Royal Acadeniiciaiis, to add tlieir distingiiisbed names
to ouilist. [JnmiMÛom uf Ihe Iiisliltile of brilish (irchitprls. S. 18:io-30.)
2-2i LES ARCHITECTES PAU LEIIHS («OUVRES.
elle piésenle deux légers retraits à la place des transepts à la
croisée desquels s'élève une coupole de 37 pieds anglais au-
dessus du niveau de la voûte. Arcliitccle : Goddie dont nous
n'avons pas trouvé la biograpliie. Le même architecte, en col-
laboration avec Schild, éleva l'église catholique Sainte-Mary,
précédée d'un large porche dans le style de la première partie
du xiii' siècle. Dans le quartier pauvre de .Mary-le-Bone, il
se trouva un architecte anglais, B. Francis, pour transformer
(janvier 1853) un théâtre en une église, l'église Saint-Mathieu,
dont il refit la façade en conservant les formes destinées à l'édi-
fice primitif. PS'ous mentionnons enfin l'église Saint-Mark
(d'Albert road), consacrée le 27 avril 1853, qui eut pour archi-
tecte Thomas Little, qui ne nous est pas autrement connu;
et celles de Ramsgate et de Farborough, éfevées de 1843 ù 1844
par John Hargrave Stevens, fils du député Stevens, mort
le 6 juin ISoT, et parent d'Alexander que nous avons déjà
rencontré.
Élève de \\ ilkins, Stevens fut d'abord inspecteur du Métro-
politain de Londres. Un lui doit encore (1844) les églises Sainte-
Marie à Maria-Hill et Saint-Jean à Ladbroke-Grove (1844-45),
celle de Surbiton, près de Kingston, sur la Tamise, et de nom-
breuses constructions particulières.
C'est un autre Stevens prénommé Isaac-Henri, de Derby, où
il était né en 1810, qui construisit l'église de London-Road et de
nombreuses églises dans les comtés, parmi lesquelles Trinily-
Church à Nottingham (1850), Saint-Paul à Hustahll, Saint-
Alkmunds et Saint-Michel à Derby; ensuite des églises de vil-
lages à Mackworth-Allestréa, à Mickleover et à Atlow. Il fut
aussi l'architecte, en 1858, de la chapelle commémorative
[mémorial) de l'école de Hepton et de divers bâtiments dans cette
école, d'une aile de l'infirmerie à Nightingale, dans le Derby-
shire, de marchés, de maisons particulières, et mourut à Holly-
Banks, le 30 avril 187G.
George VuUiamy, né à Londres en 1817, élève de Barry,
avait succédé en 1843 à l'architecte Marable dans les travaux du
Métropolitain. 11 commença par entreprendre la construction
de toutes les maisons du côté sud de Queen-Victoria street et de
plusieurs postes-vigies pour les pompiers de Londres; mais son
(l'uvre principale est l'église du Chrisl's C.lmrcli, de AN'oburn-
TILMAN. F. SUYS
CllAPlTHI'] VI H. 225
S(|iiare, de style gothique, terminée en 1833, puis l'école de
Droit (the Law institution) située Chanccry Lanc, l'église de
'Queenhill et la tour commémoralive du comte d'Ellesmore. Il
restaura ensuite le transept nord de la cathédrale de Rochester,
éleva l'église de Tous-les-SaintsàEnnesmore-Garden, futrarchi-
lecte du piédestal de « l'aiguille de Cléopàtre ».
C'est après un incendie qui le consuma en nlars 18b0 que
l'Opéra royal italien de Covent-Garden l'ulrééditié par l'un des fils
de Charles Barry, Edward Middleton Barry, sur lequel nous ne
possédons pas de renseigaements biographiques. Disons seule-
ment que l'architecte a introduit dans sa construction une partie
nouvelle, le Floral-Hall, et qu'il a gagné en hauteur ce qu'il per-
dait en superficie, en donnant huit étages au nouveau théâtre.
La reconstruction du théâtre de Her-lMajesty's sur Haymarket,
détruit aussi de fond en comble par un incendie le 6 décembre
18G7, fut confiée à l'architecte Charles Lee, qui s'associa son
fils. La première pierre de l'édifice fut posée- cette même année
1867, et il fut terminé l'année suivante.
Les théâtres de Londres sont mieuv partagés. Samuel
Simpson, de Tottenham-Court-Uoad, architecte d'Holborn, élève
en 1868 et pendant les années suivantes, le (Jueen's-Theatre,
le théâtre royal Alfred, celui de la Gaiety dans le Slrand, et le
petit théâtre du Globe à Lyons-Inn, avec façade sur Newcastle-
Street. En 1865, c'est un architecte français nommé Paraire,
sur lequel nous ne possédons aucun renseignement biogra-
phique, qui construit le théâtre Britannia.
On décida, en 1875, la construction du nouvel Opéra de
Londres. Plus considérable encore que le théâtre de Covent-Gar-
den, il est complètem(înt isolé et sa faça'de principale donne sur le
square qui touche au quai de la Tamise. Il se compose d'un corps
de bâtiment déforme rectangulaire dont la façade s'élève sur trois
plans successifs: un péristyle, le foyeretune terrasse flanquée de
deux pavillons. En avant de la toiture de la scène, une cou-
pole assez élevée surmonte la partie occupée par la salle. L'édi-
fice est accompagné de deux longues galeries en forme de
portiques s'avançant de chaque côté de la façade, destinées à la
circulation des équipages qui amènent les spectateurs au pied
de l'escalier. Architectes : .MM. Fowler el Mapleson. Enfin
nous mentionnerons une restaui'alion du théâtre de Windsor
m. i;i
22G LliS ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
exéculée eu I8(j8 par M. Somers Clarke, auteur du plau de
l'église Sainl-Luc dans le comté de Lancastre dont la première
pierre fut posée le 21 mai 1800.
Le théâtre Adelplii fut construit vers cette époque par un
membre de la famille des Wyatt, Tliomas Henry, de Longliliu-
llouse, également arcliilecte des casernes de cavalerie de
Londres. Associé de David Brandon de 1838 à 18ol, cet archi-
tecte donne les plans des cours d'assises de Winchester, Devise,
L'slv, lirécon et Cambridge. Il est également l'architecte des
hôpitaux de Malte, de Norfolk, de Norwich, de l'asile des
aliénés à Willshire et à Buckingham et enfin de la Bourse de
Liverpool. On lui doit aussi les églises de Wiltshire, la chapelle
funéraire de Bemerton, les églises d'Orsetshire, de Cambrid-
geshire, l'église de la garnison à \\'ol\vich, des restaurations à
la cathédrale deLlando^Tet au monastère de \¥einorne. Après
tous ces travaux, ^^'yalt mourut le 5 août 1888, âgé de
soixante-treize ans.
Le Panthéon, dans Oxford street, eut, nous l'avons dit, pour
architecte Soane. Son inspecteur était à ce moment George
Maddox, né à iMonmouth en 1760, qui construisit, à partir de
1820, Clarence-House, résidence de Frédéric, duc d'York, mais
sur les plans de Benjamin Wyatt, et une partie de Strentham-
Court, dans le comté de Worcester. Ce fervent partisan du style
gréco-anglais l'enseigna à ses nombreux élèves, parmi lesquels
furent Hosking, Parker Decimus-Iiurton, et mourut à Londres
le 7 octobre 1843.
Les bâtiments de la Banque royale situés dans le quartier de
Westminster datent de 1854. C'est un pastiche assez simple des
palais italiens, qui eut pour architecte Henry Baker.
Nombreux sont les hôpitaux de Londres élevés pendant la
dernière période du siècle. Nous mentionnerons l'asile fondé
par les orfèvres et les joailliers à Maner-Iload-Soutli-Hacknay
par William P. Griffith en 180 4 ; le grand hôpital des conva-
lescents de Wolton-on-Thamcs, de la même époque, qui eut
pour architecte Joseph F. A. Clarke , de Strafford-Place,
architecte aussi de l'église de Cockermouth (1853) et du nouveau
collège de Culham, comté d'Oxford (1852); l'hôpital Saint-Mark
dont la première pierre fut posée en 1852 sous la direction
de John Wallen ; l'hôpital dit Beihlmm hoyiiial Aox\i Sydney
CHAIMTHE VIII. 227
Smirke, frère de IJobert, refit presque entièrement le dôme
central de 1838 ù 1868. Smirke, né en 1779, médaille d'or de
la royale Academy, avait fait le voyage d'Italie en 1820 et fut
chargé, à son retour, de la restauration de tout le côté sud-
ouest de la cathédrale d'York. De 1855 à 1857, il établit la salle
de lecture circulaire au British IMuscum, ainsi que les galeries
romaine, assyrienne et la Xuntiun Boom; puis en 1857, les
nouvelles galeries de l'Académie royale à Burlington-llouse.
Inspecteur de l'hôpital de Bridwal-Blackfriars, il y exécuta de
nombreux travaux, obtint en 1860 la médaille d'or de l'Institut
des architectes britanniques et mourut le 8 décembre 1877,
laissant plusieurs ouvrages dont le premier, ayant pour litre :
« Réflexions sur l'amélioration par l'architecture du côté ouest
de Londres », Suggestions for the arclnlectural improvement of
tlie western part of London, fut publié en 1834. Enfin on doit
l'Hôpital protestant français de Victoria-Park, inauguré en
1866, à l'architecte Robert Lewis Roumieu, né en 1824 à
Londres, élève deB. Wyatt. Dessinateur des parcs de Tollington
et de Islington, en 1848, dans cette dernière ville il restaura
Saint-Pancrace et, en 1863, donna les plans de l'église Saint-
Michel, puis ceux des écoles et églises du district Sainl-Jude.
11 fut l'architecte de l'église de Begent-square et mourut le
28 juin 1877, inspecteur de l'hôpital français.
George Edmond Street, né le 20 juin 1824 à Woodford,
Essex, élève de 0. Quarter, puis de G. Scott, appartenait par sa
nature au moyen âge; « esprit mystique et alambiqué, il dota
sa patrie de monuments originaux mais déplacés à cette épo-
que ». Nommé en 1852 architecte diocésain d'Oxford, puis, en
1856, de Londres, d'York, de Bipon, de Winchester, il restaura
le transept sud de la cathédrale d'York, Saint-Pierre à Norwich,
la nef de la cathédrale de Bristol, Christ-Churche à Dublin,
Saint-James Tiie Less Wesminster, AU Saints à Maidenhead,
Ail Saints à Clifton, Of Great Span, Sainte-Marie-Madeleine à
Paddington, SS. Philippe-el-Jacques à Oxford, Saint-Jean à
Bournemouth. On lui doit encore l'intérieur des Gardes dans le
Birdcage Walk, le séminaire de Guddesdon, le couvent Sainte-
Marguerite East-Ginstead. Son (tnivrc principale est le bâtiment
des cours de justice de Londres dont il fut nommé l'architecte
en 1868. Il concourut aussi pour réredion de la cathédrale de
2i8 LES ARGIHTKGÏES PAH LEURS OEUVRES.
Lille (France), du Foroign el lodia office, de la Galerie nalionale
et de la cathédrale d'Edimbourg. Hors de l'Angielerre, il a cons-
truit des églises anglaises à Rome, Genève, Lausanne, Vevey et
Murren, \i\. Mnnorial rhurch à Constanlinople, des églises amé-
ricaines à Rome et à Paris. Auteur de nombreux articles criti-
ques sur l'architecture, Street mourut le 18 décembre 1881 et
fut enterré à l'abljaye de Westminster.
George Gilbert Scott, né en 1811, membre de l'Académie
royale, ancien président de l'Institut des architectes britan-
niques, fut aussi un adepte du style gothique, mais n'en fut pas
moins un architecte moderne par l'esprit. Londres lui doit une
restauration intelligente de la cathédi'ale Saint-David, et dans
l'abbaye de \Vestminsler, celle du tombeau de la reine Phi-
lippa en 1852, puis dans un autre ordre d'idées, les bâtiments
des ministères de Whitehall. En 1841, il élevait le monu-
ment à la mémoire du prince Albert [Albert mémorial) à
Oxford, à Glascow, les bâtiments de l'Université ; en 18G9,
l'intérieur de la chapelle de Saint-John's-college à Cam-
bridge dont l'abside est carrée et éclairée par une large baie
(conime la plupart des églises anglaises du xiv° siècle), l'église
Sainte-Marie à Edimbourg, dans le style ogival anglais de cette
même époque, et l'église du Christ dans le comté de Middl-
essex (1832). De plus, il restaura, en 1800, la cathédrale de
Lichtleld et l'église de Caythorpe, dans le comté de Lincoln.
Précédemment, associé ù. William B. Moffat, il avait élevé,
en 1845, dans le style du xiv° siècle, la petite église de Swindon
à laquelle sont annexées des écoles, en 1844 dans le style du xiii"
celle de Tottenham, puis, la même année, sur l'emplacement de
celle brûlée en 1841, l'église Saint-Giles à Camberwell. Hors de
l'Angielerre, également associé îi Moffat, il présenta au con-
cours ouvert pour la reconstruction de l'église Saint-Nicolas de
Hambourg détruite par un incendie le 5 mai 1842, un projet
(jui fut primé et dont l'exécution sur le Flapfenmurkct leur fut
confiée, malgré toute l'opposition dont furent capables les archi-
tectes allemands. La première pierre de l'édifice fut posée
le 24 septembre 1840, mais ce ne fut que trois ans après qu'on
l'inaugura. La forme de l'édifice (de style ogival) est celle de la
croix latine à trois nefs, sa longueur est d'environ 100 mètres
et sa plus grande largeur de 73 mètres, la tour qui la surmonte
chapithk viii. 22»
excède en hauteur la (lèclie de Strasbourg; rornementalion inté-
rieure en est fort riche. Gilbert Scolt est mort le 27 mars 1878.
Avant G. G. Scoot, James Thomson, né le 22 avril 1801, mort
le 10 mai 1883, avait donné les plans (1838) du Royal Institut-
polytcchnic de lîegent-Slreet et du Ihéâtre qui y fut annexé
en 1848. Plus tard, il construisit le Strand, le Polygraphic-llall
et la chapelle russe de Welbeck-Slreet (1803). Enlin, en 1876,
il fit des additions considérables à l'hôpital de Charing-Cross.
Moiïat, dont nous venons de parler, fut seul l'architecte de
l'asile des idiots à Earlswood-Common dans le comté de Surrey
et semble avoir construit le palais du gouvernement à Calcutta.
C'est tout ce que nous savons de lui.
Le Panopticon, édifice destiné à l'enseignement théorique
et appliqué des sciences industrielles, dans Leicester-square,
a pour architectes en 18b3 MM. Finden et Lewis; le nouveau
collège central technique de Soutii-Kcnsington, consacré aussi
au développement technique joint à un enseignement secondaire
spécialauquelest annexé un muséum d'histoire naturelle, a pour
architecte en 1884 Alfred Waterhouse, qui avait construit
précédemment, en 1807, en style gothique, le collège Owens
à Manchester. Les dispositions générales du collège Soulh-
Kensington rappellent le palais de l'Université à Gènes. Water-
house fut aussi, dans la même ville, l'architecte du Town Hall
(Hôtel de Ville) auquel il adapta également le style ogival et
qu'il termina en 1877. C'est un vaste triangle dont la façade
est surmontée d'une tour élevée ornée de clochetons. Un large
portail donne accès dans l'intérieur et un vasle escalier con-
duit à la grande salle du l"' étage dont les murs sont ornés de
fresques. La cour d'assises de Manchester, œuvre également de
Waterhouse, rappelle beaucoup l'architecture du Town Hall,
« et voilà comment, dit M. Harvey, il est devenu un architecte
éminemment gothique. Du reste, il s'en est bien vengé en
pliant le gothique à se ranger, tout comme cette personne bien
élevée qu'on appelle la classique. » M. Waterhouse, membre
associé des Académies de Vienne, de Milan, de Bruxelles, est
membre de l'Académie royale d'Angleterre et obtint un grand
prix à l'Exposition universelle de 1807.
Un architecte de tribunaux et dos bâtiments occupés par la
police métropolitaine fut Charles Reeves, né on 18l."> à For-
230 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
dinbridge, Hampsliire. Élève de Liiter et de Voisez avec lequel
il donna le dessin, dans le style du xiv" siècle, de l'église de
Coalbrokdale en Staffordshire en 18o2, il fut architecte de la
police de Londres depuis 1843 et dessina à ce litre quarante-
quatre stations de police. Dans quarante-sept des principales
villes d'Angleterre, Bradl'ord, Newcastle, Bolton, Derby, Walsall,
Bristol, Sunderland, etc., il a construit des tribunaux. Il fut
également l'architecte de la maison des << Fils de missionnaires »
à Ighbury et fut médaillé pour services extraordinaires aux
Expositions universelles de Londres de 1851 et de 18G2. Reeves
fut un des rares partisans de la Renaissance jusqu'à sa mor
arrivée le 6 décembre 1866.
William Fuller Pocok, né en 1779 à Londres et tils d'un
entrepreneur, est connu comme architecte de la caserne de
la milice Bunhill Row à Londres; en 1827, il avait restauré le
prieuré de Hoursey, et construisit, en 1840, l'église Wesleyan-
Centenary Hall, Christ Church, à Virginia Water, les écoles
d'Aldenham, le monument de Jean, duc de Bedfort. Membre de
l'Institut des architectes britanniques pour lesquels il écrivit
divers opuscules, Pocok mourut le 29 octobre 1849.
Nous citerons ici deux architectes qui firent plutôt œuvre
d'ingénieur : Aitchison et Darbishire. George Aitchison,
né à Londres en 1825, tils^d'un architecte et élève de l'Académie
royale des beaux-arts, passa quatre années, tanten France qu'en
Italie, de 1853 à 1856, pour compléter son éducation artistique.
Mais il n'eut guère l'occasion de la mettre à profit, ayant succédé
à son père, dès 1858, dans la place d'architecte de la Compagnie
des docks Sainte-Catherine et d'inspecteur du district de Wool-
wich. Dans cet ordre de travaux, nous signalerons les entrepôts
pour le chanvre, le pétrole et le tabac érigés dans les docks Vic-
toria pour la Compagnie des docks London et Sainte-Catherine
et les bureaux des Conservateurs de la Tamise. Outre de nom-
breuses constructions particulières, Aitchison a installé des
bains à Woolwich, des écoles communales àBarnel; membre de
l'Institut des architectes britanniques depuis 1862, il a publié
divers articles dans les Mémoires de cette société et dans VArc/ii-
tectural dictionary auquel nous avons fait divers emprunts.
Nous ignorons la date de sa mort. Le marché de Colombia
square, dans Bethnal-Green, traité par H. A. Darbishire. son
CHAPITllK Mil. 231
arcliilecle, dans le style oj^ival, n'a que le loil île ressembler
moins à un marche qu'à une église, tout en briques jaunes avec
moulures en terre cuite, et se compose de quatre corps de bâti-
ments à arcades entourant un vasle quadrilatère de 4,000 pieds
anglais de superficie.
Architectes de chemins de fer, Owen, Barnes, Uigby ont essayé
de donner aux gares qu'ils ont construites un certain caractère
monumental ; mais il est inutile d'ajouter qu'entraînés par le
goût de leur époque pour le style ogival, ils ont fait ressembler
la plupart de ces édifices à des églises du moyen âge qu'un
Français est tout étonné de rencontrer avec une pareille destina-
tion. A John et à Charles Rigby, Londres doit la slation du
chemin de fer de Blackwell (1853j, à Frederick Barnes, auteur
aussi du tombeau du duc de Northumberlanddans l'église Saint-
Paul à Alarvvick (1852), on doit les stations du chemin de fer de
Norwick à Ipsvvich. On sait que l'Angleterre a précédé les autres
nations européennes dans la voie des expositions internatio-
nales ; celle de 1851 a laissé comme souvenir le Cristal Palace,
vaste cage de verre dont le caractère particulier est son toit cir-
culaire, qui a depuis été transportéàSydenliam, près de Londres.
L'architecte en fut l'ingénieur Russel Scott, aidé d'ailleurs
dans son travail par un architecte paysagiste nommé Joseph
Paxton, né le 3 août 1803 à Milton-Bryanl, comlé de Bedford,
mort à Sydenham le 8 juin 18G5, d'abord jardinier et protégé
■du duc de Chiswich. Depuis, Paxiou fut l'architecte du village
d'Edenson, de M. de Rothschild, lorsqu'il fit construire son
château de Ferrières (France), et lit des additions à celui que
possède M. A. de Rothschild à Montmore, canton de Bucking-
ham, dessina un nombre considérable de parcs à Liverpool, à
Glascovv, etc. Membre de la Chambre des communes, Paxton
proposa un chemin de fer métropolitain, sous une galerie de
30 mètres de largeur, au centre de laquelle on aurait établi
une roule pour les piétons ; mais ce projet n'a pas été
exécuté. Lorsque le Cristal Palace fut transporté à Sydenham
pour servir de iMusée d'art et d'histoire naturelle, la déco-
ration de la cour grecque et de la cour de l'Alhambra fut
confiée à Owen Jones, né, vers 1809, dans le pays de Galles
et qui avait rapporté de ses nombreux voyages en Espagne
et en Orient un goût décidé pour la peinture polychrome; c'est
233 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
loul co que nous savons de lui. Quant à Uussel Scoll, nous le
retrouvons architecte du palais international de Vienne ouvert
en mai 1873. 11 se composait, au centre d'une rotonde sur-
montée d'une coupole de 102 mètres de diamètre et reposant
sur 50 colonnes en fer forgé d'environ 17 mètres de hauteur;
h droite et à gauche de la grande entrée étaient les pavillons
de l'empereur et du jury, constructions en pierres et briques;
(Milin bordant le Danube, la galerie des machines en style
Louis XIII et le palais des Beaux-Arts. OEuvre d'ingénieur,
ainsi qu'on le voit, et de laquelle l'art de l'architecte, comme
nous le comprenons, était absolument exclu. On doit aussi
à H. Scott le monument du prince Albert, l'hôtel et la gare de
Saint-Pancrace et le ministère des Affaires étrangères. Termi-
nons en disant qu'un des concurrents sérieux de lUissel Scott
fut un architecte de Dublin, appelé Thomas Turner, qui
s'était fait connaître comme auteur du Palinhousc, la grande
serre aux palmiers des jardins de Kiew.
L'Exposition de J862 fut établie dans le domaine de Ken-
sington-Gore, au sud de Ilyde-park et l'architecte en fut encore
cette fois un ingénieur : le capitaine Fowke. .Xous lisons dans
un article publié à cette époque par un journal d'art (français)
les réflexions suivantes : « On fait un kilomètre autour d'une
grande muraille en maçonnerie qui ressemble à un péniten-
cier et dans laquelle on trouve avec peine des ouvertures. L'ar-
chitecture de cristal consiste dans deux dômes en verre situés
aux deux extrémités du bâtiment, et qui ont l'air de deux im-
menses couvercles en loile métallique posés sur des plats pour
empêcher les mouches d'entrer. 11 ne faut donc pas s'arrêter à
l'extérieur du biltiment ; on n'y trouvera pas matière à admi-
ration. Pour trancher le mot, c'est très laid. Ces dômes, dont
la hauteur est de 70 mètres, ont, outre l'inconvénient de ne
pas être beaux, celui de donner une chaleur trop intense dans
l'intérieur de l'édifice. » Le capitaine Fowke mourut trois années
seulement après l'Exposition, en 1805.
Nous en aurons fini avec les architectes londoniens quand
nous aurons mentionné William Jones, architecte du « Uane-
lagh », sur les bords de la Tamise, qui fut pendant quelques
années le lieu de réunion delà grande société anglaise; Edward
Robert Robson, qui a consli'uit, on 1883, llnstilul des aqua-
J. VAN STRAATEN
r.IlAlMTItH VIII. 233
rcllisles dans Piccadilly ; Frédéric Marrable, qui éleva, en 1 864,
le club Giierrick; Samuel Angell, né à Londres en 1800, mort
le 2 novembre 18G(i, auteur du CioLliNvorker's Hall (siège de
la corporation des fabricants de draps), dans Mincing-Lanc.
Ceux dont les noms suivent nous sont connus seulement comme
auteurs de monuments élevés à d'illustres Anglais pendant la
dernière période du siècle ou d'écrivains dont les œuvres ne
furent pas sans influence sur le développement de l'arcbitectuni
en Angleterre. Ce sont : Patrick Macdowell, né le 12 août 179!»
à Belfast (Irlande), mort en 18o0, auteur, après concours, (hi
monument funéraire élevé au major Cartwrigbt; Maclarin,
dont nous ne connaissons que le nom, auteur en 1853, du
monument à la mémoire de Robert Peel; M. A. J. Imbert, qui
éleva en 1854 le tombeau du prince Albert, et Heffer ([ui obtint
au concours l'exécution du monument commémoratif élevé à
la mémoire de ce prince. Il consiste en une tour haute de
Oo pieds anglais, sur une des faces de laquelle est une fontaine
et dont la porte est surmontée d'une niche dans laquelle on a
placé la statue du prince. Railton, architecte du monument
élevé à la mémoire de Nelson, place de Trafalgar, est plutôt
connu par l'ouvrage qu'il publia en 1828 sous le titre : The
iH'wli/ disrnvered t'-niple of Cadachio iii tlte island of Cor fou :
George Taylor, né à Londres en 1780, membre de l'Institut
des architectes britanniques, a laissé les ouvrages suivants avec
Edward Crésy : {" Architeclural Antuinhies of Home : 1" Desifiis
for Shop-fronts and I)oor-C uses; Frédéric Mackensie, qui écrivit
avec Pugin : Spécimen of gothic airhiteclurc, etc. [i) vol. in-4"),
.S'' Stephcns Westm'uisler (1844), I vol., et Tlie palure of
West/iimster, etc., in fol. (1847); Thomas Hope, né en 1774,
mort le .'} février i8lî5, auquel nous avons fait des emprunts
de son livre intitulé : Hislorical Essay on arcldlcctwe, publié
en 183o et qui fut aussi l'auteur de l'ouvrage : Household
Ftirnilure, !80."j, in-fol., et d'un Lssai sur 1' ■■ arciiilcrlurc
lies théàlrcs ».
CHAPITRE IX
Causes du nombre considérable des édifices religieux élevés en Angleterre,
hors de Londres, pendant la seconde période du siècle. — Leur valeur archi-
tecturale. — Les Anglais appliquent indifTéremment les formes ogivales, en
les dénaturant, à leurs hôpitaux, collèges, établissements d'instruction ou de
plaisir.
Les divers comtés de l'Angleterre ont vu s'élever pendant la
seconde période de xix" siècle nn nombre considérable d'édi-
fices destinés à des usages publics, mais dus le plus souvent à
la munificence des riches propriétaires de domaines dépendant
de ces comtés. On comprend, dès lors, que l'arcbitecte, tenu,
sous peine de se voir retirer un travail parfois lucratif, de s'in-
cliner devant la volonté d'un maître, n'a pu donner libre car-
rière à ses tendances et à ses goûts personnels. Aussi nous
bornerons-nous à l'énoncé de l'édifice construit, en indiquant
seulement, lorsque nous le saurons, le style adopté par l'arclii-
te«te dans sa construction. Contrairement à ce qui a lieu en
France, où l'architecture religieuse ne semble plus vivre que
d'une vie officielle, le protestantisme, en Angleterre, entretient
l'esprit particularisle de ses fidèles et, morcelant à l'infini leurs
sentiments faits de doute et de libre examen, donne, chaque jour,
naissance à une multitude de sectes qui, toutes, obtiennent de
leurs adhérents les capitaux nécessaires à l'édification de leurs
temples ou de leurs chapelles. Aussi le nombre des édifices reli-
gieux s'est-il considérablement accru chez nos voisins, en ces
derniers temps. Naturellement, les architectes de ces temples
et de ces chapelles prennent leurs inspirations chez ceux dont
la bonne volonté financière les subventionne, s'inquiétant fort
peu, d'ailleurs, de l'incohérence d'œuvres dont ils n'ont ])as été
les maîtres.
Sous le bénéfice de cette observation qui devait précéder
CHAPITRE IX. 23.-)
une énuméralion sèclic cl rapide, nous allons indiquer les
noms des architectes anglais nos contemporains qui ont exécuté
leurs œuvres hors de la capitale de l'Angleterre.
Employé d'abord k la construction de la prison de Maidstonc,
John Whichcord, né en 1 790 à Devizes, puis élève d'Alexander,
fut reçu surveyor pour le comte de Kent. Il y donna les plans
de « Union house » à Bletchingley en 18i2, de l'église Bliudley
Ileath, de la Sainte-Trinité et de Saint-I'hilip]ie, de l'asile des
fous et de la bourse aux blés, à Kent. Il lit aussi d'autres travaux
particuliers à IMaidstone, puis associé avec Walker en 1842, il
donna les plans de la nouvelle église à Platt, près Wrotham,
en 1847, puis, associé de son fils, ceux de l'église West-Wick-
ham et enfin, avec Blandfort, il construisit la prison du comté
de Kent à Canterbury et mourut le 10 juin 1800. Son fils, ap-
pelé comme lui John, né le 1 1 novembre 182.3 à Maidstone, com-
mença par parcourii-, de 1846 à 18o0, l'Italie, la Grèce, la Tur-
quie, la Syrie, les bords de l'Euphrate, la France, l'Allemagne et
le Danemark. Associé d'Alispitel jusqu'en 18."j8, il attacha son
nom à la construction de l'église Sainte-Marie et du presbytère à
Shortlands, près Brommly Kent. Il donna également le dessin
des nouvelles dispositions intérieures du Parlement à Cape
Town. Présiilent de l'Institut des architectes britanniques de
1 879 à 1881 , il a signé avec A sh pi tel divers ouvrages, dont quatre
volumes sur les Jt^iliquités de Maidstone et est mort le 9 jan-
vier 1885.
John Gray Weightman, né en 1801 à Bawtry, Yorkshire,
élève de C.-B. Cockerell et de Barry, fut surtout un architecte
d'églises. Associé, à partir de 1838, àllakficld, il commença par
publier de nombreux dessins d'édifices religieux datant des
xiv°, xv° cl xvi" siècles, et à se faire connaître par la res-
tauration de la nef et de la tour du monastère de Howden, qui,
commencée en 184.5, ne fut terminée qu'en 1854. Ensuite, il
donne les plans de la cathédrale Saint-Jean à Salford (1844-48),
de Saint-Chads church, à Londres il 84.5-48), de Sainte-Marie
Mulbery street, de Sainte-Marie à Sheflicld (1840-50) et d'églises
à Manchester. Il construisit, pour le duc de Norfolk, des marchés
et plusieurs habitations privées dans le North W'ales et mourut
en 1872, à South Collingham, dans le Nottinghamshire, lais-
sant un ouvrage publié en anglais en 1859, sous le titre: Série
23G LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
d'exemples d'architecUirc cirik cl re/lgiei/se d'après des dessins
d'arrh'ilertes modernes.
Charles Wilson, né le 10 juin 1810, élève deD. Hamilton, com-
mença la pratique de l'arcliileciure eu conslruisant des édilices
religieux et c'est de la même façon qu'il termina sa carrière.
Les églises bâties ou dessinées par lui sont celles de: Hutclien-
son Town street, celle de Stralhburg et de Calderwood street,
(1856), en style italien, Frce cluirch Collège à Rutlierglen
(1843), Rotbesay Free cburcb (1847), Elders cburch, Melrose
Free cburcb Collège, Free cburcb et le Grand Hôtel à Oban et
l'église paroissiale d'Eastwoode, non acbevée. De 1842 à 1843,
il avait construit l'asile des fous de Oartnoral et, en 184o,
Windsor -terrace dans Great ^^'estern road, l'académie de
Glascow (aujourd'bui baute école des églises libres de Saint-
Pierre et de Saint-Étienne), la Banque royale de Bucbanan
street (1834), la Faculté des bommes d'affaires, etc. Président
de la Société des arcbitectes de Glascow, Wilson y mourut le
V) février 1 803.
Henri Jones Underwood, élève de U. Smirke, a fait d'abord,
en 1833, le plan de Saint-Jean-Baptiste Summertown, agrandi
en 1854 par G. E. Street, en 1830, Saint-Paul en Jéricho avec
J. Johnston, les églises Saint-Marc et Saint-Nicolas à Little-
more, l'église de Littleworth, en Berkshire. Underwood se sui-
cida le 22 mars 1852, laissant le plan d'uTTe prison et d'un
asile pour cette dernière ville.
Samuel Sanders Teulon, né en mars 1812 à Greenwicli,
mort le 2 mai 1 873, fut l'architecte d'un grand nombre d'églises,
parmi lesquelles nous citerons seulement Saint-Etienne d'Hamp-
slcad (18701 et le monument de ïyndale (1800).
William Railton, élève de Inwood, mort le 13 octobre 1877,
lit d'abord un long voyage en Grèce et, à son retour à Londres,
en 1827, publia une étude remarquable sur un temple décou-
vert à Corfou. En 1843, nous le retrouvons édifiant l'église Saint-
Léonard et S' Bartholomew llie less avec des écoles, et restau-
rant le couvent de Ripon en Yorkshirc, spécimen du pur style
normand. En 1840, il construit Hischolme-Ilall pour l'évoque de
Lincoln, on 1849, l'église de la Trinité à iMoxlon et l'église de
.Meanwood. Il fui de plus arcliitecle des Ecrlesiasùeal commis-
s'tonners, de 1838 à 1818.
i;ilAlMTI{K l.\. 237
John Rochead, né en 181 i, à Edimbourg, élève de Brycc,
premier prix au concours ouvert en 1845 pour l'érection d'une
calhédrale à Belfast, fut architecte de l'église libre de Saint-
Jean, des églises de Park et de West-End, de l'église presby-
térienne de John street, de la chapelle des Unitaristes et de
l'église libre Sainte-Marie à Edimbourg; tous ces édifices en
style ogival de diverses époques, llochead fut aussi l'architecte
de la Banque d'Ecosse, du monument de \N'allace à Abbey-
Croig et du théâtre Adelphi à Glascow, et mourut à Edimbourg
le 7 "avril 1S78.
R. C. Carpenter, dont Slater termina les œuvres, ainsi
qu'on le dira tout à l'Iieure, commença les collèges de Lancing
et de- HurspierpoinI, hit l'architecte de l'église Marie-Made-
leine dans Munster street (Regent's park) en 1852, restaura,
en 1854, l'église Saint-Nicolas de Brighton, donna le dessin
du monument à élever, dans cette église, à la mémoire du duc
de \\'ellinglon et mourut en 1855.
Un élève de B. C. Carpenter, William Slater, né en 1818,
à Dasclbeck (Northamptonshirei hit d'abord le collaborateur de
^^'. Smith lorsque celui-ci restaura les églises d'Islipp, de
Stanwich et de Brixworth. A la mort de Carpenter, il acheva
le parc de Bedsgebury, les collèges de Lancing et de Hurspier-
point, ainsi que les églises d'Earlshalton et Sompting, puis hit
l'architecte de la cathédrale de Chichester dont il restaura le
chœur, ainsi que celui de l'abbaye de Sherborne. Les nouvelles
églises dont il donna les plans sont en nombre considérable:
nous citerons les principales : celles d'Edimbourg, Belfast,
Bray, Dunkeld, S. Kitts, Devise, Harpenden. De 1857 à 18G0,
il fut l'architecte de la nouvelle cathédrale de Kilmore, en
18.')8, restaura celle de Limerick et exécuta la reconstruction
de la tour centrale de cette église, ainsi que celle du Prieuré de
Saiut-Barihelémy à Smilhiield. Associé, à partir de 1803, avec
Herbert Carpenter, Slater procéda à l'érection d'églises à
Bootlc, Uutrington, Dunfries, Belfast, Lawford, Southeud, Mil-
ton, Burnwash-walk. Parmi les édifices civils de Slater nous
mentionnerons seulement le nouveau collège Saint-Schades à
Denstone. Au moment de sa mort arrivée le 17 décembre 1872,
il travaillait au |ilaii de la cathédrale d'Honoliilu.
Edmund Woodthorpe, né en 1812, mort le 2() novembre
238 LES ARClUTF.nTES PAU LEURS OEL'VRES.
1887, n'ost connu que comme surccyor de l'église paroissiale de
Saint-Giies Criplegate et de la Compagnie du « Metropolitan
Freschold lands », à Barnes.
Nous continuerons celte nomenclature par B. Francis New-
man et John Johnson, l'archilecle de Sainl-Paul, Campden-
Srjuare, à l'association desquels est due l'église Saint-André
d'Islington, édifice ogival en l'orme de croix latine commencé
en 1852 et fini en 1854. Johnson l'ut ensuite, seul, l'archi-
tecte de l'église Saint-Edouard à Rumford (comté d'Essex),
inaugurée en 1850. Celle de Sainte-Mary à Spring-Grove,
consacrée en décembre 185G, eut pour architecte John Taylor;
l'église catholique de Leeds est un vaste édifice construit de
1857 à 1859 par Wardell ; la petite église de Leverhridge, près
Holton, a été élevée enlièremenl en terre cuite par M. A.Sharpe,
auteur d'une autre église du mémo genre aux environs de Man-
chester. Quant à Edmund Sharpe, né le 31 octobre 1809 à
Knutsford et mort à Milan le 8 mai 1877, élève de Richman, il
construisit plus de trente églises dans le nord de l'Angleterre,
notamment l'église paroissiale du Wigan; il publia également,
en 1847 : Architectural Parallèle et treize ou quatorze autres ou-
vrages (1845-1880).
]Mentionnons à la suite: la nouvelle église de Saint-Seiriel à
Holyhead; architecte en 1853, Verelst, de Liverpool; les églises
de Kyre Harbour (1849-50) et de Saint-Nicolas de Skensham,
dans le comté de Sussex, élevées par l'architecte Teulon ; l'église
Saint-Michel élevée en 1853, à Cherry-Burton, dans le comté
d'York, par Horace Johnes; l'église Sainte-Marguerite, près
d'Altringliam, consacrée le 13 juin 1855 et élevée dans le
style perpendiculaire par William Hawley, de Manchester; la
nouvelle église de Saint-Jean, élevée en 18i5, à LowestolT, par
J. L. Clémence; les églises de Sainte-Marie à Wresham et
à Dynevor-Castle, qui eurent pour architecte Kyre Penson,
d'Owestry, mort le 22 mai 188G, à l'âge de soixante-dix ans ;
l'église paroissiale de Migdsiown, comté d'Aberdeen, construite
aux frais de l'archilecle lui-même. Benjamin Hall; celle des
iudépendants à Glascow, de style ogival, avec une tour sur-
montée d'une flèche d'une respectable hauteur, élevée en 1852
parEmmett; celle de Botlishara dans le comté de Cambridge,
lerminée en 1852 par l'architecte Hankins de Londres, celle de
ClIAlMTliE IX. 239
Sainl-Tlionias à Newporl dont In prcniitre pierre fui po«'''c
en 1854 et qui eut pour architecle S.N. Dawkins, celle d'Harls-
liill clans le comte de Warwick, de si y le anglo-normand, coni-
niencéo en 1848 par Thomas Larkins Walker, membre de
rinslilut des architectes britanniques, auteur aussi de léglise de
Tous-los-Saints ù Londres (1838-39), de l'église d'Attlebo-
roug (1839), de Saint-Philippe (nouveau) à Belhnal-Green (1840-
42) et de l'hôpital de Dedworth (1841). Walker écrivit encore
plusieurs ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Essay on
arcidtectwnl pmctice, 8 vol. 1841, restaura l'église d'ilkeston
et émigra en Chine où il mourut à Hong-Kong le 10 octobre 1860.
Citons toujours: l'église de Saint-Marc Cartham (Irlande), qui
eut pour architecte J. J. Carthy en 1868; celle de Saint-Jean
d'Islington, destyleanglo-normand, dont l'architecte fut Scholes;
l'église de (irange, à laquelle T. D. Barry a attaché son nom
en 1853; celle de Saint-Chrysostome à Everton, construite dans
le style anglo-noi-mand et terminée eu 1853 par un architecte
de Liverpool, Brown Raffles; celle de Saint-Pierre à Manchester
due, eu 1860, à la collaboration d'Isaac Holden et de son tils;
celle de Sandford, près d'.\bingdon, élevée en style anglo-nor-
mand, par l'architecte Clascy, sur l'emplacement d'une an-
cienne abbaye; l'église du Christ à lligbbury (1848) et les églises
de Kensinglon-Park et de Notling-Ilall, toutes trois dans le voi-
sinage de Londres, qui eurent pour architecte Thomas Allom,
né à Londres en 1804.
Sur cet artiste seul, nous possédons quelques renseignements
biographiques; ainsi, nous savons qu'il fut élève de Francis
Godwin, qu'il commença par avoir certains succès pour ses des-
sins d'architecture, succès qui l'engagèrent à faire un voyage en
Turquie d'où il rapporta des vues prises à Constantinople, sur le
Bosphore et dans l'Asie Mineure, depuis publiées en trois
volumes. Thomas Allom fut également l'architecte de l'asile
Cambridge, situé à Kingston sur la Tamise et conçu en 1852
sur le modèle de noire h(jlel des Invalides, ainsi que de l'hôtel et
station du Great Eastern railway à Ilarwich et des bureaux
de la Compagnie d'assurances London-Landcashire. Membre de
l'Institut des arcliitecles britanniques dont il fut l'un des fonda-
teurs, il a laissé un lils, Arthur-Thomas Allom, déjà connu
du lecleur.
■i'iO Li:s Af{CllITEi;TJ:S PAK LKUliS OEL'VltES.
L'église S'" Mary près de lîromplon el l'église de Brackcll,
sous le vocable de la Sainte-Trinilé, aclievée dans le slyle du
xvi° siècle, en mars 1851, l'église S" IMary of Ware près
d'Heriford (1847), l'église S' Jude a South-Kensington, la
reslauralion de l'église S" Mary Hedcliff à Bristol, sont, avec
l'Institut des aveugles d'Edgbaston près Birmingliam ouvert
en juillet, 1853, les œuvres de valeur d'un architecte beau-
coup plus connu dans le monde des arts comme auteur d'écrits
considérables sur l'architecture, dont nous citerons les prin-
cipaux: l/ic Chiirches of London (1838-1839), Union Magazine,
the Civil engineer, t/ie Architects' Journal, Histori/ in vains, les
Eglises de la Belgique, etc., et qui, pendant quarante ans, fut le
directeur du journal le Builder, l'une des revues les plus
complètes de l'architecture. Il s'appelait George Godwin, était
né le 29 janvier 1815 à Brompton, fut élève de son père et
mourut le 27 janvier 1888 à Cromwell place, membre de la
Société des antiquaires, membre de l'Inslilut royal des ar-
chitectes britanniques et membre du jury de IKxposilion
de 1851.
On doit à John Walters, né en 1782, mort le 4 octobre 1821,
la nouvelle église de Turner slreet, Stepney, près l'hôpital de
Londres (1819), Saint-Paul Shadwell, High street (1818-1821),
l'église Sainte-Marie Ilaggerslon, et à son fils Edward, né à
Londres en décembre 1808, l'église de Grunbyrow (I8i2) et
Baptist Chapel, Oxford road, la nouvelle chapelle des Indépen-
dants avec ses écoles, Cavendish street (1847), les gares du
Midland railway entre Ambergate et Manchester, etc. Ed.
Walters se retira en ISBo, mais mourut seulement en 1872.
Thomas Syedman Whitewell dessine, en 1820-1821, la
bibliothèque publique à Coventry, élève en 1827 le Brunswick
Théâtre, (loodmanslields, ouvert le 25 février 1828, écrit un
ouvrage salyrique intitulé Tlie modem Go/h, et meurt en
juin 1840.
Ajoutons à celte nomenclature, les édifices religieux suivants,
la plupart sans valeur architecturale : l'église Saint-James de
Kidbrooke inaugurée en 1867, dans laquelle les architectes asso-
ciés, M.M. Newmann et Billing, ont essayé un compromis entre
les caractères des diiVéj'entes époques du style ogival, notamment
eu la complétant par une voûte de bois apparent; la chapelle
BENJAMIN WYAH
CIIAl'riltK l\. 241
élevée la même aiiiii'O, dans le collèf'e do Cliflon ù IJristol, par
les architectes Charles Hansom el llls, imitation du style ogival
anglais de la première 6jjo(jue cl la petite église de Saint-Ma-
ihieu, h Clapton, comté de \liddlessex, pastiche de l'architecture
<iu xiii" siècle, due à M. F. T. Dollman qui la termina en 1869.
Donnons enfin une mention à rarcliilccle George Leg, chargé,
en 1852, *de la restauration el de l'agrandissement de l'église
Sainte-Marie de Barnos, comté de Surrey, et de la restauration
du château de Burigny qui date du règne d'Elisabeth.
Les édifices civils élevés dans les divers comtés de l'Angle-
terre, pendant la dernière période du siècle, ne semblent pas
très nombreux et consistent surtout en écoles, collèges et hos-
pices. Cependant on compte parmi eux quelques hôtels de ville
et aussi des bâtiments qui ont servi aux diverses expositions
régionales de l'Angleterre.
Frédéric Peck, né à Cambridge vers 1828, mort le 22 mars
1875, obtint le premier prix au concours ouvert pour la cons-
truction du « Guildhall » de Cambridge ; il fut ensuite l'archi-
tecte, en 18o9, de l'asile de la société royale Albert Cambridge,
de l'Albert Collège (classes moyennes) à Framlingliam, et,
vers 1800, de la chapelle des « baplistes », King-street, et de
l'église Saint-Paul de Cambridge; il construisit enfin la prison
communale de Lincoln et le collège communal de Sufîolk. Dans
cette même ville de Lincoln, en 1852, le collège de l'hôpital
royal est dû à la collaboralion de Thomas Bellamy, Hardy et
Giles, auteurs de lamaison de ville de Crimsvy. Le collège de la
Heine à Belfast, dans lequel se trouvent un musée et une biblio-
thèque, fui élevé vers cette même époque, dans le slyle per-
jjendiculaire, par Charles Lanyon.
La première pierre de l'école d'IIarrow est posée le
20 juin 1851, par les frères W. G. et E. Haberson auxquels on
doit également l'école de Frien et l'église de ce village (1853).
A Londres, ces architectes ont fait de nombreuses additions à
l'école philologique de Ncw-road.
Lane Gnseley el William Frédéric Ordish, auteurs de la
chapelle Saint-Jean-Baptiste à Shrivcnbam Buclvs(t85l), élèvent,
en 1853, l'école de charité pour les enfants pauvres des voya-
geurs de commerce.
Le nouveau collège de méderine cl de sci(Mices praliques de
III. 10
■2^2 LKS AHCIIITECTES PAU LlîUllS ÛEUVHES.
Newcastle-upon-Tyne esl commencé en 18(31 par John Vam-
burg; l'école des arts et métiers de Wolverhampton en 1803,
par rarcliilecte Edward Banks, et en 1869 Joseph Peacock
termine à Perlh, Ecosse, l'église, l'école et le presbytère Saint-
André, pendant que Thomas Dean et Benjamin Woodward,
irlandais d'origine, son associé, ouvrent au puljlic le musée,
ainsi que le laboratoire de physique et de chimie d'OxfcTrd (1854).
Us avaient d'ailleurs déjà construit le Queen's Collège à Cork,
l'asile des fous de Killarney, à Dublin et la nouvelle biblio-
thèque du Trinity collège. Nous ignorons la date de la mort
de Dean; Woodward décéda en juin 1861 ; il n'était âgé que de
quarante-six ans.
L'école normale de Wesleyan, souvenir de l'architecture du
xvi'siècle, a pour architectes, en 1850, Bath dont nous donnons
ci-après la biographie, et James Wilson, ce dernierchargé aussi
(1852), de la restauration de l'église Saint-André à Buckland,
dans le comté de Kent (église anglo-normande); en 1853, à
Nûllingham, l'école des Bhie-Coal est élevée dans le style Tudor
par T. C. Hine, architecte également de la Bourse au blé de la
même ville. De même style est encore l'école d'Ipswich élevée,
de 1851, à 1852 par l'architecte Flaury ; celle de la ville de
Loulh date également de cette époque et eut pour architecte
Bellamy, nommé plus haut, avec la collaboration de M.)I. Hardy
et Pearson, et celle de la ville de Lancaster E. J. Palcy; celle
de Middlesbrough date seulement de 1868 et eut pour architecte
C. J. Adams; eulin VAUinncc Dmik do Liverpool, édifiée
en 1869, est due à MM. Lucy et Littler, qui, par extraordi-
naire, y ont appliqué le style de la Renaissance italienne.
James Pritchett, né à Saint-Pierre de Pembroke le 14 octo-
bre 1788, fut d'abord l'associé de Watson. 11 dessina l'école
S' Pelers, à York et une salle de réunion pour la banque, puis, en
1838, l'église S' James,ii MelshaniMillset, en 1859, l'égliseS'Mi-
colas avec l'école y attenant, àDurhani. Mais ses travaux les plus
importants furent, sans conlredil, l'hôpital deLady llenleys et, à
Wakehead, l'asile des fous, l'un des pins grands de l'époque. Il
construisit aussi les tribunaux et la prison à Beverley et fut
assez longtemps l'architecte privé du comte Filz-\\'illiam de
Wanlworih.
Herbert Williams, né en 1812, élève d'.Angell, construit a
OHAPITMR IX. 2'.;i
parlir de 1842 les t'-coles do Briglilon avec cliapelle, dispensaire,
asile pour les orplieliiics, etc. M ajoute en 1852 deux écoles à
l'hôpital du comté de Sussex, est nommé, en 1855, Siimei/or de
la Compagnie des drapiers, élève de 1855 à 1858 l'école des or-
phelins de Landloff et de Denbig, et modernise avec G. Scott, de
1858 à 1860, l'église S' Miciiel Cornhill, pour la compagnie des
merciers. Williams est mort le 5 octobre 1872.
Williams Georges Barnes, élève de G. Smith, né en 1817,
fut un grand constructeur, pour cette même compagnie des mer-
ciers dont il était si/i'vei/or^ ainsi que pour la compagnie des
tonneliers. 11 fut aussi swrei/or de district pour Plunstead et
Eltham et mourut le 23 juin 1887, à soixante-dix ans.
Georges Tappen, plus connu par ses Observations sur rarchi-
tecture en France et en Italie (ouvrage publié en 1806), refit en
1812 la façade de l'asile des aveugles S' George road et rebâtit
en 1831 l'asile royal de Calédonie. Il est mort en 1830, le
1" mars, à l'âge de cinquante-neuf ans. L'hôpital S' Clair de
Wanlworth, pastiche assez remarquable du styleTndor«t qui
appartient à la « compagnie des poissonniers », ont pour archi-
tecte, en 1851, Richard Suter, et l'hospice S' Pancrace d'High-
gate, plus récent, fut élevé en 1869 par les architectes Giles et
Biren.
Deux hôtels de ville seulement à citer maintenant, pendant
cette période : celui de Burslem commencé en 1854 par G.
T. Robinson, et celui de Birmingham dû à la collaboration
de llansom et d'Edward Welch. Ce dernier, né à Overlon,
comté de Frinlshire, en 180(J, mort le 3 août 1868, fut aussi
l'architecte de l'église S' Jean de Liverpool, de la prison du
comté de Beaumaris, d'une église à Huit, d'un dispensaire à
York, du collège William-King et de quelques égtises dans
l'île de Man. Très affecté des pertes qu'il avait subies à l'oc-
casion de la construction de l'hôtel de ville de Birmingham, il
se chargea seul de la construction de l'hôpital du Nord à Liver-
pool, de quelques églises aux environs, de l'hôtel Keiry à Bil-
kenhead, etc.
L'architecte William Henry Playfair, né à Londres en juil-
let 1789, élève de son oncle l'ia^iairet de W. Stark deClascow,
exerça sa profession surtout en Ecosse. De 1817 à 182i, il élève
dans cette ville l'entrée et la loge de Ih'riot's linspilal et achève
24i LES ARCHITECTHS PAR LEURS OEUVRES.
les bâlinienls de rUnivorsité; en 181'J, il conslruit labiblio-
llièqiie des avocats; en 1820, le monument dédié à Playfair;
de 1822 à 1836, les bâlimenis de l'inslitiit royal (en style
classique grec dorique) ; de 1822 à 1826, le monument na-
tional de Calton Hill, d'après un dessin de Cockerell, l'église
S' Etienne (dorique hexagone) 1830; le collège des chirurgiens
et le muséum (1830); le monument de Dugal Stewart (1842-48) ;
le Donaldson Hospital (en style Tudor), sa meilleure œuvre (1 846-
18o0); Free churcli Collège (en style Tudor), enfin, de 1850 à
1854, la Galerie Nationale, placée à côté de l'Institut royal, atfec-
tanf , comme lui, la forme d'un temple grec, mais avec emploi de
l'ordre ionique. Playfair est mort le 19 mars 1857, âgé de
soixante-sept ans.
Charles Verelst, élève de \\. Abraham, créateur de la Société
d'archéologie et d'architecture de Liverpool, a laissé des œuvres
assez diverses comme genres, entre autres l'église S' Jean Gran-
glane, l'église S' Pierre, près Manchester et mourut le 15 dé-
cembre 1859, à Birkenkead, après avoir écrit des « Remarques
sur les bâtiments ruraux ».
William Beck conslruit en 1853 la Bourse an blé à Iffins,
à Needl et établit à Chippenliam, en 1870, le grand marché aux
fromages.
Quelques salles de concert, en petit nombre, figurent parmi
les constructions élevées dans les comtés pendant la seconde
période du siècle, Telles sont : la salle S' George destinée à des
fêles et à des concerts, à Bradford, qui eut ])Our arcliitectes, en
1853, deux architectes de la localité Lockwood et Manson ; le
" Town-Ilall » de Hull, élégante consiruclion de style italien, sur-
monté d'une llèclie ornée d'une façade en pierre et de balcons,
arcliitecte iM. Brodrick, également auteur de l'Institut royal
qui renferme une bibliothèque et un musée d'antiquités lo-
cales; <( le Colslon-Hall », salle de concert immense construite
à Bristol, en 1809, par MM. Poster et Wood John, fils probable-
ment de John Wood dit Bath, né dans le Yorkshire en 1717,
qui agrandit sa ville natale et y créa le premier établissement
thermal et l'Iiôpilal qui y est annexé. Wood tils s'est contenté
d'achever la Gay street et le cirque, sur les dessins de son père
et est mort le 18 juin 1882.
Un autre Wood prénommé John Turtle, né le 13 février 1821
et élève de Kendall, s'en vinlconslruire quelques maisons à Lon-
dres après un voyage en llalie, puis fut engagé par la compagnie
du railway Aidin-Résident à Smyrne pour laquelle il construisit
l'église protestante de Boudjali. Mais ce n'est pas à ce tilre que
nous le faisons figurer ici. Directeur des fouilles faites à Éplièse
en 1863, il découvril, eu 1869, les restes d'un temple considéra-
ble bâti sous Auguste et dont toutes les sculptures ont été trans-
portées au Brilisli Muséum. Il a d'ailleurs publié sa découverte
sous le titre de : D'iscovcries at EpJiesus including the site, and
rcmains of the Great temple et est mort le 2o mars 1890.
La ville de Dublin, capitale de l'Irlande, eut sou Exposition
eu 1853, comme l'avait eue la capitale de l'AnglcIerre, œuvre
d'ingénieur plutôt que d'arcliilectc. Les bâtiments de celle expo-
sition qui servent de palais de l'Industrie permanent, furent
construits par John Benson, auquel on devait déjà le bâtiment
destiné à l'Exposition des arts et manufactures de Londres (1852).
Pour la consiruclion de ce dernier édifice il avait eu pour col-
laborateur M. Deane, déjà connu du lecteur comme arcliilecle du
musée d'Oxford. Le palais de l'Exposition des chefs-d'œuvre
de la peinture à Manchester, vaste parallélogramme de 214
nièlres de longueur, sans architecture, vient d'être construit
par M. Salomons, dont nous ne connaissons que le nom.
Pour finir, nous devons mentionner l'érection du monument
commémoralif de Leicesler, tour gothique ornée de statues,
élevée en 1869 par l'architecte Joseph Goddard et la restaura-
lion en 1852 de la Croix de Leighton Bozzard érigée en 1850, sous
le rèfifne d'Edouard III.
CHAPITRE X
I.'iircliiLeclure aulrichieniie entre, vers l'année )8b7, dans une période d'aclivilé
qui dure encore aujourd'hui. Mais les architectes de Vienne moderne ont sur-
tout pour ohjectif ,1a combinaison savante, parfois heureuse, d'éléments em-
pruntés à des styles étrangers le plus souvent les uns aux autres. — Toutefois,
le style ogival semble exclusivement réservé à la construction des édifices
religieux. — Les architectes modernes de l'Allemagne du Nord ont adopté de
préférence, depuis une vingtaine d'années, dans leurs créations les plus im-
portantes, les formes de la Renaissance allemande.
Pendant la première période du siècle, les archilecles de
l'Allemagne sont demeurés moins fidèles peut-être que ceux
des nations voisines au culte du classique. Aussi n'y avons-
nous pas rencontré, comme en France, par exemple, deux
écoles rivales : l'une qui persistait à n'admettre pour idéal que
les formes rigides et géométriques imposées aux achitectes de
la fin du siècle précédent, comme une protestation contre les
fantaisies et les aberrations du rococo, l'autre qui prétendait
donner une vie nouvelle à l'arcliitecture ogivale oubliée pendant
trois siècles. Alors que les Anglais la mettaient même à la mode
cl l'appliquaient indilTéremment, depuis une quarantaine d'an-
nées, à toutes leurs constructions publiques ou privées, civiles
ou religieuses, alors que l'école de Munich prit comme type du
beau arcliiteclural une sorte de pseudo-grec inventé par des
archéologues admirateurs des ruines d'Athènes et de Rome, les
Allemands du Nord sont remontés moins haut dans le passé,
pour choisir entre les diverses esthétiques qui s'offraient à
eux, chez eux et ils semblent avoir porté leurs préférences sur
cette Renaissance allemande, un peu lourde de formes, trop
surchargée dans son ornementation, mais répondant plus qu'au-
cune architecture aux aspirations du génie allemand. Toujours
cst-il que, parti do Rerlin il y a une vingtaine d'années, le
CHAPITRE X. 2i7
mouvement a gagné presque loiile la région voisine de la
Prusse. 11 n'a point empêché d'ailleurs les arcliilectes de l'aulre
côté du lihin, nos conlemporains, d'étudier, avec tonte l'ardeur
et tout le soin dont ils sont capables, la grande époque de l'art
ogival et de prouver à l'occasion, ainsi que l'ont fait les archi-
tectes de la cathédrale de Cologne, la profondeur de leur science
archéologique.
A Vienne, c'est une véritable ère monumentale qui date de
la résolution prise le 20 décembre 18."}7 par François-Joseph l",
de faire démolir l'enceinte intérieure de sa capitale. " Dans
son rescrit, dit M. Semper, l'empereur décida que la vente des
terrains devenus disponibles par cette démolition devait fournir
les ressources nécessaires pour la construction de plusieurs
édifices publics et militaires dont les premiers devaient être
placés précisément en bordure sur les deux côtés d'un boule-
vard remplaçant l'ancienne enceinte. »
11 résulte de l'examen qu'on peut faire aujourd'iiui de cet
ensemble de constructions monumentales dues à une généra-
lion de véritables artistes, la plupart encore vivants, qu'elles
sont le produit d'un éclectisme raisonné, chaque architecte ayant,
pour ainsi dire, marqué son œuvre du sceau de ses préférences
particulières, et c'est ainsi que le style ogival, la Renaissance
allemande aussi bien que les autres Renaissances et le style
classique, sont représentés dans cette série d'édifices grandioses
qui ont fait de Vienne l'une des plus belles capitales du monde.
Mais l'originalité fait défaut dans ces édifices nouveaux, et il ne
faut pas la chercher davantage dans les « bâtisses colossales »
d'où le goût est, le plus souvent, absent, que la spéculation a
accolées aux œuvres des maîtres. De son côté, Rerlin, capitale
du nouvel em|>irc allemand, encore que la majeure partie des
milliards de notre rançon soient enfouis dans les casemates
de ses forteresses ou aient fondu dans les creusets de ses fon-
deries de canons, a trouvé, depuis 1870, des spéculateurs et des
bâtisseurs de maisons à loyer, tout comme à Vienne, mais jus-
qu'à ce jour le gouvernement est resté étranger à cette fièvre
de construction qui menace les spéculateurs et les particuliers
d'une crise douloureuse comme le krach de 18(i.3.
Le premier de la série des arcliilectes viennois qui ont trans-
formé la capilalc de l'empire est assurément le baron Heinrich
2.'<« Li:S ARCHITECTES PAR LEURS (EUVRES.
von Ferstel auquel Vienne doit Y Eglise votive, édilicc de style
ogival et l'un des plus importants de notre époque, commencée
en 1830, terminée en 1879. Elle comprend une nef centrale et
deux bas-côtés. Autour du chœur rayonnent sept chapelles
absidales. Deux tours terminées par des flèches en pierre cou-
ronnent la façade principale percée de trois portes de dimen-
sions égales ; à la croisée des transepts s'élève nue flèche de
métal; les colonnettes en faisceaux de la nef s'élèvent jusqu'aux
voûtes peintes azur et or. On doit, enfin, une mention spéciale
aux vitraux et aux grilles en fer forgé. Ferstel avait alors vingt-
sept ans, et c'est au concours qu'il avait obtenu le droit d'en être
l'architecte. Né à Vienne le 7 juillet 1828, il fit ses premières
études à l'université et au << polytechnikum » de sa ville natale.
Sa première œuvre fut le cliàteaudu comte d'IIostiz élevé en 1852;
puis il prit part au concours ouvert pour construire une cathé-
drale àMexico ety futnommé lepremier. Lorsdelacréation delà
Ringstrasse (les boulevards de Vienne), Ferstel fut chargé de
l'édification de plusieurs palais, entre autres de celui de l'archi-
duc Louis-Victor, sur la place Schwarzenberg, de ceux de
MM. von Wertheim et von Ofenheim, et du palais Lichtenstein. à
la Hossau. A partir de 1860, nommé professeur au " poly-
technikum », il a construit à Vienne le laboratoire de ciiimie et
réuni dans un vaste palais tous les services de l'Université.
L'édifice contient, en eiïet, sur une superficie de 26,000 mètres,
huit cours, des salles de fêles, des bibliothèques, les Facultés de
droit, de médecine, de théologie et de philosophie, la salle des
archives, des musées, des salles de cours, etc. Commencé en
1873, ce palais vient d'être terminé. Fondé en 1803 par l'em-
pereur François-Joseph I" pour développer et encourager l'ap-
plication des nouvelles découvertes scientifiques et des meilleures
notions artistiques à l'industrie et aux arts industriels, le musée
de l'Art industriel fut transporté, en 1872, dans le vaste édifice
de briques inspiré par la Renaissance italienne à Ferstel,
qui l'a construit dans le llubcn Ring. Comme édifices parti-
culiers de Vienne qui méritent une mention et dont il fut l'ar-
chitecte, nous citerons la Rancpie nationale et la maison l'ollack
sur le quai François-Joseph, luidn, hors de Vienne, Ferstel éleva
l'église catholique de Schônau et l'église protestante de Brunn,
toutes deux de si vie ogival, la villa de l'archiduc Charlcs-Loui.«
G. GILBERT SCOTT
cil A PITRE X. 2'i0
Il lîeichenau et le palais du Lloyd aiilrichien, à Trieste, puis
mourut au mois de juillet 1883.
Un élève de Nobile, Léopold Ernst, né à Vienne en 1808, est
surtout connu comme peintre d'architecture. Il jouit cependant
d'une certaine réputation pour avoir collaboré avec Schmidt à la
restauration de la cathédrale Saint-Etienne dont il a conçu les très
remarquables pignons; nous connaissons la date de la mort de
Ernst arrivée à Vienne en 1862. Friedrich Schmidt, dont nous
venons de prononcer le nom, était né à Frickenhofen, en
Wurtemberg, le 22 octobre 1820. Professeur d'architecture à
l'Académie de Milan, lorsque cette ville était sous la domination
autrichienne, il fut appelé à Vienne en 18o9 et exerça les mêmes
fonctions à l'Académie des Beaux-Arts de cette ville. Architecte
de l'église des Lazaristes, édifice de style gothique dont le clocher
n'a pas moins de 72 mètres de hauteur (1865), il est celui de la
Weissgerbev Kirche (église des Mégissiers), achevée en 1873,
Funfhaiisen Kirche (également inspirée à son auteur par les
édifices de stvle ogival), achevée en 187i, et de l'église paroissiale
de Brigittenau. Schmidt construisit aussi le gymnase acadé-
mique impérial, à Vienne, et la gare du Nord-Ouest, puis fut
enfin appelé à donner les plans de l'hôtel de ville commencé le
25 mai 1872, qu'il termina en 1883. « Bâti sur une place rectan-
gulaire de 154 mètres de longueur sur 124 de large, le nouveau
monument contient à l'intérieur une grande cour centrale de
7!» mètres sur 35, accompagnée de 6 cours latérales. Ces cours
sont entourées de portiques et de galeries qui assurent une cir-
culatioa facile et l'indépendance absolue des services. Sur la
façade principale, qui rappelle habilement les grandes divisions
intérieures, se trouvent placées les salles de fêtes. Une galerie
ogivale, très éclairée, formant avant-corps, tend son treillis de
doubles arcatures découpées en avant de ces salles. L'n rez-de-
chaussée en portiques, surmonte d'un entresol bas, sert de sou-
bassement à cette longue galerie ouverte. Au milieu de la façade
cl en saillie sur tout l'édifice, un beffroi élève sa llèche de
pierre ajourée à une hauteur de 187 mètres. r>e chaque côté,
deux légers clochetons de moindre importance servent d'accom-
pagnement à la tour centrale et tranchent très heureusement
de lignes verticales celte longue façade couronnée de statues,
li'effet d'ensemble est excellent. >■ iM. Paul Sédillo. /'.\rr/ii/rr/ifrr
2.'K) LES AHCniTKCTES l'Ali LEl'RS (KUVRES.
moderne à Vienne). Nous achèverons la biographie de cet artisie
de grand talent en disant qu'il est mort à Vienne le 2 janvier de
l'année 1891.
Un élève de Ernsl, M. Joseph Erwin Lippert, clievalier de
Granberg, né en 1826, à Arad, eu Hongrie, après avoir étudié
à l'académie de Vienne, fit d'abord un voyage en Norvège pour
étudier les constructions en bois du moyen âge. Architecte d'é-
difices religieux, de 1857 à 1862, il est chargé de la restauration
de l'église de Raab, en 1864, du dôme de Presbourg, et enfin
vient à Vienne où il construit les églises des Chevaliers Teutons
et de Sainte-Elisabeth (de 1866 à 1868). On doit aussi à M. Lip-
pert les églises d'Olmiitz, de Kremsier, de \Vellchrad-\Mctzko-
wicz, etc., ainsi que les " propylées » du dôme de Grau. Chris-
tian Friedrich Ludwig Forster, né à Bayreuth, en 1797,
mort en IHU.'J. fit ses études à l'académie de Munich et dans
l'atelier de Nobile. Quoiqu'il eût été trois années professeur à
l'académie des Beaux-Arts de Vienne, il était plutôt connu
comme auteur d'une suite de dessins pour l'ornementation in-
térieure et extérieure des édifices ainsi que par la publica-
tion du journal d'architecture, la Dauzeltinig, dans lequel il
avait, en 1844, publié un projet d'agrandissement de la ville
de Vienne, lorsqu'il fut chargé de la construction de la synagogue
de la Leopoldstadt, édifice tout en briques crues et présentant
un heureux mélange de style chrétien et mauresque appli-
qué aux besoins de notre temps. Architecte de l'église protes-
tante du faubourg Gunpendorf et de la villa Pereira, à'Alten-
berg, à partir de 1849, il construisit avec la collaboration de
Hansen, son beau-fils, dont nous donnons ci-après la biogra-
phie, l'arsenal de Vienne, le pont Elisabeth, la maison Hoyos.
Hors de Vienne, il fut l'architecte de la villa ou plutôt du vil-
lage Maiier, de la synagogue de Buda-Pesth, du casino et des
écoles réaies de Briinn, d'églises en liohème, en Moravie, en
Hongrie, etc.
Forster Ludwig laissait un fils, M. E. von Forster, qui a
suivi la carrière de son père et est honorablement connu comme
architecte de nombreuses maisons à loyer dans le quartier de
la Bourse, maisons d'un style Renaissance mixte et d'un aspect
très séduisant; mais il nous appartient surtout comme architecte
du Ringiheatcr (Opéra-Comique de Vienne), ouvert en 1874, qui
CIIAIMTItK X* 2.S1
fut (iéiriiil, liiiit années après seulement, dans un terrible in-
cendie dont beaucoup ont conservé le souvenir.
Auteur également de l'un des théâtres de Vienne, le théâtre
Rahnoud, M. Franz Sitte, élève de Ferstel, est né le 8 juil-
let 1818, à \\'eisskirchen, en Bohème. On lui doit un spécimen
de la Renaissance allemande (modernej dans l'église des « mechi-
taristes» de Vienne.
L'Opéra de Vienne est l'œuvre de deux artistes aujourd'hui
disparus, Edouard van derNuU qui s'est suicidé le 3 avril 1868,
et Augustus de Siccardsburg, mort peu après son collabora-
teur, le M juin I8(j8. Van der NuU était né à Vienne, en 1812,
et de Siccardsburg en 1813. Leurœuvre principale, commencée
en 1861, se compose d'un avant-corps fortement en saillie avec
deux ailes en retraite. Le derrière du monument reproduit
symétriquement la disposition de la façade dont le style est
celui des derniers temps de la Renaissance. La salle, dont la
décoration est blanc et or, a été ouverte au public en 1869. Le
nouvel Arsenal, pour la construction duquel ces deux architectes
eurent Hansen comme collaborateur, lient de la forteresse et de
l'arsenal. Commencé en 1853, il se compose de quatre pavillons
reliés ensemble par une ligne ininterrompue de bâtiments com-
prenant des salles d'exposition d'armes rares et historiques,
dune manufacture darmes. d'une fonderie de canons, d'une
infirmerie avec chapelle et d'une caserne pouvant être habitée
par 2,500 hommes. Van der Null et Siccardsburg furent égale-
ment les architectes du Sophienbad, à Vienne, du palais Larisch
voijid et de nombreuses maisons à loyer.
Le théâtre de la Ville, terminé depuis 1872, est l'œuvre de
deux architectes, MM. Hermann Helmer, né à Marbourg le
13 juillet 184!», et Ferdinand Felloer. sur lequel nous ne
possédons aucun renseignement biographique. Ces artistes
ont aussi élevé en collaboration les théâtres de Karlsbad, de
Hrune, de Potis, d'Odessa, de Zurich, puis l'observatoire de
Wahring, le palais de la duchesse de Castries, bon nombre
d'établissements privés et enfin le marché couvertdeVienne ou-
vert en 1871 ainsi que le musée de pédagogie (1870-1871). —
Seul, M. Fellner a construit l'asile des aliénés de Vienne dans
le faubourg de Michelberg.
Le palais de justice de Vienne, construit de 1870 à 1880, eul
232 LKS AUCIUTEGTES PAU LEURS OEUVRES.
pour arcliilecle M. Alexander Wielemans, né à Vienne en
1843, dont les maîtres lurent Van der Null et Siccarsburg d'a-
bord, ensuite Friedrich Schmidt. Sorti des ateliers en 1874, il
commença par se distinguer dans le concours ouvert pour l'éta-
blissement du cimetière central, puis il fut successivement
l'architecte du casino de Ischl, de l'hôtel de ville de Grossenham
et de la salle de concerts de Prague.
Enfin nous arrivons à Théophil Hansen dont le nom a déjà
été plusieurs fois prononcé au cours de ce chapitre. M. Hansen
est Danois, étant né à Copenhague le 18 juillet 1813. 11 fut
élève de l'École des Beaux-arts de sa ville natale et il en suivit
les cours jusqu'à l'âge de vingt-quatre ans. De là, il partit pour
l'étranger et visita successivement l'Allemagne, l'Halie et la
Grèce. Arrivé à Athènes, il se vit offrir la charge de professeur
à l'école technique et y laissa plusieurs onivres de valeur :
l'Observatoire astronomique, le palais Demétrios et plusieurs
autres édifices. Mais, s'étant établi en 1846 à Vienne qu'il habite
encore aujourd'hui, il s'associa d'abord à l'architecte Forster;
de cette collaboration sont sorties : l'église évangélique de
Gumpendorf (1849), la villa du baron Pereira à Altenberg et
la synagogue. De 1849 à 1854, il commença, en collaboration
avec Forster devenu son beau-père, la construction de l'Arsenal
auquel ont également travaillé lîosner, van der Null et Siccars-
burg. En 1858, il élevait l'école et le presbytère de la commu-
nauté des Grecs non unis, puis le cimetière des protestants avec
la chapelle mortuaire qui s'y trouve et adoptait dans la cons-
truction de ces divers édifices le style byzantin avec un mélange
souvent heureux de polycliromie; puis vinrent le palais Klein
àHriinn, le palais Eppstein, l'hùtel de la Société philharmonique
(1807-1870), le palais du Parlement Cisleithanien destiné aux
deux Chambres des seigneurs et des députés (1874-1885), la
Bourse (1873), dans laquelle il eut Tielz pour collaborateur,
mais dont il modifia le plan après la mort de celui-ci, le
palais de l'archiduc Guillaume, remarquable par sa façade
d'ordre ionique et son avant-corps portant au-dessus de
renlablement une suite de statues représentant des chevaliers
de l'Ordre teutonique; sur la place Schiller, la nouvelle acadé-
mie des Beaux-Arts de style Uenaissance mélangé de classique. —
Tous ces édifices sont à Vienne; mais M. Hansen a encore trouve
CHAPITRE X. 2o.i
le temps d'élever (1800) à Alhènes, l'académie des Sciences
dans le style grec classique, style qu'il a presque exclusive-
ment adopté pour la construction des édifices particuliers.
Nous citerons encore, avant de sortir de Vienne, l'institut
géographique de M. Pichler, l'hôpital israélite de M. Stassy
et l'institut pathologique du Rudolfspilal, du chevalier Lud-
wig von Zettl, auteur aussi des bâtiments provisoires du
Parlement élevés en deux mois et qui ont servi vingt années. Né
en 1823, le ciievalier von Zettl, architecte au ministère de
l'Intérieur, construisit de nombreuses maisons particulières à
Vienne et à Salzbourg, l'hospice des aliénés à Ofen et mourut à
Vienae le t4 avril 1871.
Méritenlégalementune mention les Halles centrales de M. Ga-
briel Karl, inaugurées le 20 novembre 1865, vaste construction
en fer et maçonnerie entre la Langen strasse et la Zasten strasse
dont la façade comprend un avant-corps de deux étages réservé
à l'administration; le cimetière central, œuvre de deux archi-
tectes, MiM. liluntschli et Mylius, de Francfort, entouré de ma-
gnifiques arcades et au centre duquel s'élève une chapelle sur-
montée d'une coupole et d'une croix grecque.
M. Alfred Frédéric Bluntschli, né le 29 janvier 1842 à
Zurich, avait commencé ses études dans l'atelier de Semper, vint
les continuer à Paris dans celui de Questel. Architecte du cime-
tière central de Vienne il fut aussi celui de l'hôpital de Cons-
tance dans le grand-duché de Bade, et à Francfort de l'hôpital
Clément, de l'hospice des Sœurs, de l'hôtel de Francfort et de
nombreuses maisons; Zurich, où il s'est fixé il y a quelques
années, lui doit l'école et le laboratoire de physique et chimie,
les villas Bleuler et Weymann, etc., etc.
On comprend que l'exemple donné par l'empereur ne pou-
vait manquer d'être suivi par les grands seigneurs de l'empire :
aussi allons-nous énumérer maintenant un certain nombre
d'architectes autrichiens dont la carrière a presque été exclusi-
vement consacrée à l'édification de palais et de châteaux, tant à
Vienne que dans les environs. — Nous commencerons par
Karl Tietz dont nous avons déjà associe le nom à celui de
llansen, comme architecte de la Bourse de Vienne. Né le
^o janvier 1831 à Jastrow, en Prusse, d'une origine plus que
modeste, il arriva d'abord, à force de constance et d'énergie, à
2oi LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
se faire une situation à Berlin. Pourtant, en 1852, il alla se fixera
Vienne et il débuta en Autriche par la construction du casino
des bains de TûfTer, en Styrie ; depuis il a été l'architecte du pa-
lais des comtes Schlick et Pallfy, de la grande brasserie Faber
à Liesing et du Grand Hôtel à Vienne. En 1865, il construisit le
casino de Vosslar, deux immeubles importants sur la place
Uodolphe, un château en Bohème et la grande brasserie de
Laybach. Le développement de la capitale de l'empire a aussi
procuré à Tietz l'occasion de construire plus de quarante
immeubles pour des particuliers avant sa mort arrivée à Vienne
en 1875.
Collaborateur aussi du plus illustre peut-être des architectes
autrichiens, Semper, M. le baron R. Karl von Hasenauer était ne
à Vienne en 1833 et avait été élève du collège Karolinium, à
Brunswich, puis de l'académie des Beaux-Arts de Vienne, de
1850 à 1855. Nous avons dit que c'était lui qui avait terminé
les deux musées de la Cour et le Burgtheater inachevés au mo-
ment de la mort de Semper et s'était chargé principalement de la
décoration et de l'arrangement intérieur de la salle ; nous ajou-
terons simplement qu'il a récemment achevé la villa de l'impé-
ratrice d'Autriche au .Jardin des Plantes à Lainz et était l'archi-
tecte des maisons Péreira, ainsi que du bazar y attenant, à Vienne.
Le chevalier Giovanni Romane, un Italien, architecte privé
du prince de .Metternicli, est l'auteur du « casino des Nobles »
à Vienne, dont la façade mérite une mention particulière, du
palais CoUoredo, et, en collaboration avec Weber, des palais
Henckel Donnesmark et Zettl, c'est tout ce que nous en savons;
le « casino des Autistes » eut pour architecte, de 1865 à 1869,
Friedrich Augustus Stache, né à Vienne le 30 juin 1814, élève
de l'académie de cette ville, primé en 1854 pour son projet
d'agrandissement de Vienne; il eut d'ailleurs comme colla-
borateur le collaborateur de Bomano, on vient de le dire,
Augustus Weber, élève de Siccarsburg et de van der Null.
Le palais du duc de Nassau, à Vienne est construit depuis 1871
par Alois Wurm qui y naquit en 1843 et fut élève à la fois de
l'Institut polytechnique et de van der Null et Siccarsburg. Auteur
aussi, en 1868, du palais Wasserburger, près du parc, à Vienne,
il obtint le second prix dans le concours ouvert pour la construc-
tion de l'hôtel de ville. De 1869 à 1871, il exerça en Bussie sa
CHAPITRE \.« 255
profession, mais est revenu ù Vienne où il s'est fait une riche
clienlèle. Mentionnons enfin, comme établissements d'utilité
publique, la « Pédagogie » ou école bourgeoise élevée en 1870-
1871 et le Marché Couvert, inspiré des Halles Centrales de
Paris, ouvert en 1871' — architecte Haussmann, dont le nom
seul nous est connu.
La création des chemins de fer autrichiens devait nécessaire-
ment, à Vienne comme à Paris, donner naissance à de véritables
édifices; nous nous contenterons de citer ici : la gare du Nord
(le M. Hoffmann, la remarquable gare du Sud de M. Hottich,
dont nous regrettons de ne pas pouvoir donner la biograpliie à
nos lecteurs, la gare du chemin de fer Elisabeth de M. Patzelt,
la gare du chemin de fer François-Joseph de MM. Uhlmann et
Baricius.
Hors de Vienne, les grandes comme les petites villes ne suivent
que de fort loin l'élan que nous venons de constater dans la
capitale de l'empire autrichien; il s'y élève seulement quelques
édifices publics susceptibles d'être mentionnés : voici le théâtre
national de Prague qui, mis au concours en 18G5, fut confié
à un enfant du pays, M. Joseph Ziteck, né en 1822, élève de
l'académie de Vienne. L'éditlce, dont la première pierre fut
posée le 10, mai 18(39 et dont la façade regarde Ferdinand
slrasse, est inspiré par les œuvres de la Henaissance italienne du
xvi° siècle, et fait le plus grand honneur à noire architecte
auquel l'on doit d ailleurs le uuisée de ^^'eimar et la colonnade
de Karlsbad.
Un autre enfantde Prague, Hermann Bergmann, né en 1816,
élève de Nobile, n'a donné à sa ville natale, où son enseignement
est très suivi, qu'une « salle de prières » ; mais il a construit le
monument commémoratif d'Ofen, l'église paroissiale de Brun-
nelt en Tyrol, pastiche des édifices romans du sud de l'Autriche,
l'église Sainte-Elisabeth à Vienne, de style gothique, les portes
de ville àHohenmauth, en Bohème, et termina la bibliothèque
de Cracovie.
De Prague [lussi était Joseph Kranner, né le 1.3 juin 1801
et mort le 20 octobre 1871, à Vienne. Élève de l'école poly-
technique de Prague, de 1822 à 1820, il voyagea en France et
en Italie, puis termina ses études à l'académie de Vienne, mais,
en 1828, se fixa à Prague. Il s'était déjà fait connaître alors par
25G LES AUCHITKCTES PAR LEUHS ŒUVIIES.
le caveau sépulcral de la famille de iMelternicli, élevé en 1 826 dans
le couvent des Cistériens à Plass. De 1836 à 1844, il construit à
Prague l'asile des aveugles, puis, de 1845 à 1851, la fontaine
monumentale dite de l'empereur François premier, formant un
bassin gothique, entouré de vingt-quatre 'statues, que surmonte
un obélisque de fonte de 23 mètres de hauteur, et le monument
de la défense de Temeswar. De 1851 à 1853^ Kranner élevait
sous les ordres de Ferstel, l'Église votive de Vienne dont il avait
fait un projet non accepté; enfin en 1861, il était nommé archi-
tecte de la cathédrale de l'rague et méritait, par sa reconstitution
savante de l'un des plus remarquables édifices du pays allemand,
les éloges de tous ceux qui s'intéressent à leur conservation. Le
grand autel qu'il a dessiné est accepté comme un chef-
d'œuvre.
L'hôpital de la « Maternité » de Prague, de style ogival, est
aussi de cette époque et eut pour architecte M. Joseph Hloaka,
né à Prestic en 1831, architecte aussi de la résidence épisco-
pale de C/.ernovvitz en Bucovine. Heinrich Koch, né le 17 sep-
tembre 1837, élève des académies de Vienne et de Berlin, est l'un
des architectes qui ont le plus contribué à faire de Pesth une
ville moderne. Pesth lui doit, en etTet, son théâtre -national, son
hôtel des Postes, sa bibliothèque, les instituts physiologique et
anatomique de l'Université, les palais \\'odianer et Szapary,
l'hôtel llungaria, les quatre maisons de « l'Octogone » dans la
rue Andrassy, des pavillons dans le jardin zoologique, etc. Hors
de Pesth, Koch fut l'architecte des théâtres de Debreczin et de
Arad et mourut le 12 mai 1889. Connu comme auteur d'un
projet pour la construction d'une académie hongroise à Pesth,
M. Emerich Henczelmann est aussi celui du portail de l'église
de Bereghszasz et de l'escalier de la cathédrale de Funfkirchen.
Ybi, dont nous ne connaissons que le nom, élève en style roman
l'église de Foth près Pesth, pour le comte Kairoli. Architecte de
la caisse d'épargne à Innsbrnck, M. Maurice Hintrager est né
en 1831 à Schurkau en Bohème et a étudié l'architecture à
l'Académie de Vienne, c'est tout ce que nous savons de lui,
ignorants également de la biographie de M. Hermann Keim,
l'auteur de la fort belle chapelle funéraire du prince de ïhurn
et Taxis dans le cloître Sainl-Kmeran de Batisbonne dont il a
essayé de rappeler le style.
SCHMIDT
GIIAPIÏHH \. ïo';
Ouanl à rardiilecle tlu cliAleau de Miramar, près Triesle,
(■onstruit pour riiiforluné archiduc Maximilien exécuté au
Mexique, il s'appelait Anton Hauser, était né à Gralz en 1822
(ou 1824) et est mort le 0 juillet 1870, après avoir élevé, outre
le château de Miramar, l'aqueduc de Pola.
Nous avons déjà prononcé le nom de Mylius comme étant
celui de l'un des créateurs du cimetière central de Vienne;
Karl Jonas Mylius, naquit à Francfort en 1839 et fut l'élève de
Semper au « polyechnikum » de Zurich. En 1806, il commença à
se faire connaître comme architecte, h Francfort, de la biblio-
thèque du musée Sene Kenberg et associé ù M. Bluntschli, il
donnâtes plans de la gare centrale de cette ville. Naturellement,
Mylius et Bluntschli ont été les architectes de palais, de villas
et de maisons particulières à Francfort et aux environs de celte
ville; nous citerons parmi les plus considérables la Banque de
Manheim, le palais (ioldschmidt, rue Impériale à Francfort,
l'hôtel de Frankfort, le groupe de maisons de la llasengasse,
la villa Flinsch et plusieurs villas à Olfenbach. Lorsque Blunts-
chli eut été appelé à Zurich pour succéder à Semper, Mylius
continua les travaux commencés avec l'arcliitecte Neher, sur
lequel nous ne possédons aucuns renseignements biographiques
et mourut à Francfort, le 27 avril 188!i.
A côté des architectes Mylius et Bluntschli auxquels Francfort
doit la plupart des grandes constructions modernes qui ont
embelli la ville, il convient de citer M. Adolph Heinrich
Barnitz, enfant de Vrancfort comme Mylius, qui avait déjà
construit le théâtre de Carlsruhe avant de faire l'indispensable
voyage d'Italie (1 853-1 85.'j). A son retour à Francfort, il com-
mença ses travaux par une intelligente restauration du théâtre
de sa ville natale et fut ensuite l'architecte de la halle, de l'école
Saint-Pierre et de la grande salle de la société polytechnique
(18o9-1860); architecte aussi de la villa Beiss, de la ferme
modèle de Luisenhof, à Bonnheim, du château de Sasshansen,
près |{iesa, il a obtenu des prix aux concours ouverts pour
l'édification de l'hôpital et de la Bourse de Francfort.
L'architecte actuel de la cathédrale de Cologne et de la cathé-
drale de Strasbourg est M. Dœflin, originaire de la liesse rhé-
nane, auquel sa profonde connaissance de l'architecture ogivale
mérita ce poste important. Elève de Franz Schmil/, il a res-
111. n
2oH LKS ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES
liiiiré et consiriiil une quaiililé d'édilices religieux : l'église de
FranKenau, le dôme de Fritzlar, les églises de Dorlmund, de
Burbach et de Friedenau, puis les clialeaux de Holienfinow et
de Boyizenbourg et la chapelle du cimetière à Gresswald,
riKjtel de ville de l'renzlau, etc. En 1878. M. Dœllin s'est fixé à
Berlin où le gouvernement l'allacha comme architecte au dépar-
tement des postes et télégraphes et c'est en celle qualité qu'il
a construit les hôtels des postes à Cologne, à Aix-la-Chapelle, à
Flenzbourg, à Marienbourg, etc.
M. Jorg Frentzen est également célèbre en .Ulemagne par
le grand nombre de succès qu'il a remportés dans les concours
publics. Né à Aix-la-Chapelle en octobre 1854, il fut élève
de l'école polytechnique de cette ville et de Ewerbeck qui y
occupa la chaire d'architecture depuis 1884 jusqu'à sa mort
arrivée en 1889. On lui doit déjà la gare centrale de Cologne et
le monument commémoratit d'Albert Durer ; il a été dans ces
deux villes l'architecte de maisons et d'hôtels, ainsi que d'une
salle de concert à Aix-la-Chapelle et il sera probablement celui
du théâtre de la Cour à AN'iesbaden.
Johann Richter, né à Coblentz le 1" avril 1842 et mort à
lionn le Jt décembre 1889, n'a guère eu, on le voit, le temps de
beaucoup produire ; il a laissé cependant de véritables œuvres :
à Bonn, l'église Saint-Bemigius entièrement reconstruite, ainsi
que le cloître qui en dépend, l'église catholique à Kessenich et le
couvenl archiépiscopal, la gare de Neuss et plusieurs construc-
tions de' bois « charmantes » sur la ligne (le Bonn Enskirchen.
M. Franz Schmitz, le professeur de M. Dœllin, a consacré
une partie de son existence à la restauration de la cathédrale
de Cologne dont il a publié une monographie des plus intéres-
santes; il est cependant l'architecte de la belle église des «. Trois-
JNIages » à Sachsenhausen, près Francfort. Ses prédécesseurs
à la cathédrale de Cologne sont d'ailleurs nombreux. M. Vin-
cent Statz, né à Cologne en 1819, travailla depuis 1841 à
l'achèvement de ce grand édifice ; ce qui ne l'a pas empêché
de construire près de quarante églises dans le diocèse de Co-
logne seulement, puis à Aix-la-Chapelle, à Kevelear, à Bhein-
brohl, à Crefeld, à Niedermending, à Kelz, à llolzweiler, etc.
Sont aussi de M. Statz : l'église paroissiale de Dessau, celle
de Linz et la colonne de la Vierge, à Cologne. Mais l'artiste
CIIAPITHE X, 2:>9
qui, le premiiT, eut le bonheur et le lOiiraf^e ù la fois de
s'attacher à celte œuvre d'achèvement de la grande basilique
dont la démolition avait élé, un instant, décidée, fut Ernest
Friedrich Zwirner nommé, par Frédéric-Guillaume IV, archi-
tecte de la cathédrale de Cologne. Né à Jacobswald, eu Silésie,
le 28 février 1802, élève de l'académie de Berlin et de Schinkel,
il se voua cependant à l'étude de cette architecture du moyen
âge oubliée et méprisée alors. Depuis l'année 1833 jusqu'à sa
mort arrivée ù Cologne le 22 septembre 1861, Zwirner ne
passa pas un jour sans apporter une pierre à l'édifice dont il
avait entrepris la résurrection. On lui donna d'ailleurs comme
adjoint, en 185o, Karl Edouard Richardt Voigtel, qui de-
meura seul maître de l'œuvre après 1802. Cologne doit
h Zwirner sa nouvelle synagogue et il a aussi attaché son
nom à la construction du château de Herdringer, pour le prince
de Furstenberg (1828-1852) et à celle de l'église Sainte-Apolli-
naire à Remayen, près Bonn (1852).
Quant à M. Voigtel, né le 31 mai 1829, à Magdebourg et
élève de l'académie de Berlin, ses travaux à la cathédrale de
Cologne portent sur la réfeclion du toit, aujourd'hui en fer,
l'achèvement des fenêtres, une partie de la tour septentrionale
et la mise en état de la place qui entoure l'édifice.
C'est également en travaillant sur le chantier de la grande ca-
thédrale que Hilger Hertel devint l'un des archéologues les
plus estimés de l'Allemagne. Né en 1829, mort le 28 janvier
1890, il fut l'architecte de cinquante-six églises dans la seule
province de ^\'estpilalie. Nous ne citerons que les principales :
celles d'Altenberg, de Borkhorst, d'Olfen, d'Ochtrup, d'Heessen;
les chapelles de Darfeld et de Bladenhorst, la tour de l'église de
Kevelear; une église à Cincinnati (Amérique), une autre à
Stockholm, le bâtiment de l'académie à Munster, elc.
Depuis 1853, l'architecte de Cologne est M. Julius Raschdorff,
né en 1823, à Pless, élève de l'académie de Berlin de 1844 à
1847. L'anivre principale de cet architecte est la restauration
bien entendue de l'hôtel de ville de Cologne et celle de plu-
sieurs églises anciennes. Il y a d'ailleurs construit le musée
Wallraf-Richartz, le nouveau théâtre, de 1871 à 1872, l'école
des arts et métiers. Hors de Cologne, il a élevé le gymnase de
Uielcfcld de 1876 à 1878 et la Chamhro provinciale de Dussel-
260 LES ARCHITECTES PAH LEUHS Œl VUES.
dorf. M. Raschdorfî est, depuis 1879, professeur à l'Académie
de Berlin.
Enfin, pendant que nous sommes à Cologne, mentionnons le
nom de Heinrich Wiethase, élève de Ungewitter, qui collabora
à la restauration de lau Salle Gurzenich» et y construisit, en style
ogival, le cloître des Ursulines. A \Viesbaden, Hoffmann, né
dans cette ville en 1807, mort le 3 janvier 1889, a laissé plusieurs
édifices élevés de 1844 à 1871 : l'église catholique (1844-1849)
remaniée par l'auteur de 1863 à 18G6, la chapelle russe (18oo;,
la salle de marbre de l'hôtel de Nassau (1864), la synagogue
(1869), le casino militaire (1871) et l'ancienne école; M. Karl
Boos s'y est fait aussi une répulalion par la conslri'.ction de la
nouvelle église réformée (18o3-l868), édificede briques pourtant,
mais surmonté de cinq tours de style ogival et de trois nefs, précé-
dée d'un portail décoré des statues de saint Pierre et de saint
Paul. Le palais ducal de Wiesbaden est dû à Richard Gorz, né à
Bleidenstadt, le 6 mars 1811, mais le projet en avait été donné
par Moller. Plus tard l'architecte construisit les « Colonnades »
et le palais de justice de Wiesbaden, ainsi que la Landesôan/c.
11 mourut le 26 novembre 1880, à Wiesbaden, après avoir pu-
blié divers ouvrages sur les monuments historiques de l'Alle-
magne. Le théâtre de Bade est dû à un Français, Charles-Antoine
Couteau, né à Magny-Ie-IIongre (Seine-et-Marne), en 1824, et
élève de Dulin que nous ne connaissons pas autrement.
Carlsruhe peut présenter cinq architectes dont les œuvres
ont été signalées par les contemporains. Le plus ancien qui s'ap-
pelait Jacques Hochstetter, né en 1812 à Durlach, était élève
de l'école polyteclinique de Carlsruhe et de Ikiebsch, alors pro-
fesseur à cet établissement. Dès 1842, il parcourut l'Italie et la
Grèce aux frais de son gouvernement; de retour dans sa patrie,
il a été l'architecte du monument commémoratif de Manheim
et de la villa Van der Hôven, de l'église de Môrsch, de la maison
Munz à Carlsruhe, de casernes à Gottesau, Durlach et Fribourg.
On doit encore à Hochstetter la reconstruction de l'hôtel de
ville de Durlach et un livre sur <' l'Architecture en bois de la
Suisse » ; il est mort à Carlsruhe, le 26 avril 1880. Après lui,
nous citerons Heinrich Leonhard, né à Sulzbach, le 17 octobre
1813, mort le 18 juillet 1879 à Carlsruhe, où il était directeur
des travaux. C'çst en celle qualité qu'il a élevé, depuis 1868,
CHAPITRE X. -2(il
l'établissement de bains de Badenweiler, le nonvean gymnase
et le palais de justice à Carlsrnhe. Elève aussi de Huebscb et de
Eisenlolir, il fut pendant un temps attacbé à la restauration de
la cathédrale de Constance. L'école normale des instituteurs, le
gymnase et le /(«//central de gymnastique, ainsi que les écoles
supérieures de Carlsruiie et de Fribourg, l'institut physiolo-
gique et le laboratoire de cliimie de lUniversité de Heidelberg
onlpour architecte M. Heinrich Lang, né enl824, à Neckarge-
mïmd, près Heidelberg. Elève du « polyteclinikum» deCarlsruhe,
des professeurs Iluebsch et Eisenlohr, M. Lang a perfectionné
ses études d'architecture en visitant les éditlces de la France,
de l'Angleterre et de l'ilalie. L'architecte de l'hôpital et de
l'église catholique, Adalbert Kerler, né à Carlsruhe, le 10 no-
vembre 1841, est mort prématurément le 28 mars 1888. Élève
des écoles de Carlsruhe et de Berlin, il s'était déjà fait connaître
par les serres des universités de Fribourg et d'Heidelberg et a
été l'architecte de nombreuses maisons particulières, parmi les-
quelles nous citerons la villa Scbon à \\'orms, deux hôtels,
boulevard Hohenzollern, à Cologne, et le château Happel-Kodeck,
à Aix-la-Cliapelle.
A Darmsiadt, à Hesse, à Cassel, à Weimar, peu d'architectes
et peu d'édilices pendant la deuxième période du siècle.
M. Ludwig Wegland, né en 1818 à Biskenau dans la liesse et
qui avait étudié à DarmstadI, y construit, en 18oi,un hôtel pour
le baron de Ilausen, de 18o6 à 1869, le casino militaire, la
maison des Sœurs de charité, la caserne d'artillerie, de 180f5
à 1870, le manège à \\'ensheim, un château, de 1873 à 1876.
Hano von Delm Rothfels, mort à Cassel en 1885, y élève, de
1872 à 1878, la nouvelle galerie de tableaux, imitation de la
Pinacothèque de Munich. Augustus Rebentisch, un Manovrien,
né le la avril 1846, mort le 29 janvier 1890 à Gôttingen, était
élève de Hase et Luer, professeurs à Hanovre, dont nous don-
nons ci-après la biographie; mais quoiqu'il ait beaucoup con-
struit à Cassel qui lui doit son caractère de ville moderne,
nous ne saurions citer de lui un édifice public. A \\'eimar
enfin, un seul édifice se construit de 1864 à 1868 : le nouveau
Musée. — Architecte, M. Stegmann, dont nous ne connaissons
que le nom.
En tète des architectes contemporains de Hanovre se place
262 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
un élève de Gartner, M. Conrad Wilhelm Hase, né ù Einbeck,
le 2 octobre 1818. Après avoir étudié dans sa ville natale,
puis à Munich et parcouru l'Italie, la France, l'Allemagne et
les Pays-Bas, rapportant de ses voyages une connaissance
profonde des édilices du moyen âge, M. Hase fut nommé pro-
fesseur d'architecture à Hanovre (I8i9). Aussi fut-il chargé
tout d'abord de la restauration de l'église des SS.-Godehard
et Michel à Hildesheim, puis de l'église Saint-Nicolas à Lune-
bourg et de l'hôtel de ville de Hanovre. 11 appliqua également
ses idées à la construction des édifices nouveaux qu'il éleva à
Hanovre: le Musée des arts et des sciences (1856), l'église de
Saint-Sauveur, la façade du gymnase AnJreaniim à Hildesheim,
le château de Marienbourg â Nordstenruren. Wilhelm Luer,
né à Gosslar 28 décembre 183i, mort à Hanovre en juin 1878,
a été aussi un restaurateur habile d'églises du moyen âge et,
pourtant, ce n'est point par là qu'il s'est acquis en Allemagne
une certaine réputation, c'est comme constructeur d'aquariums.
On lui doit, en effet, celui du jardin zoologique de Hanovre,
puis ceux de Berlin, de Cologne et de Mulhouse. — N'est-ce
pas le cas de dire : A quoi tient la gloire!
Edwin Œls Oppler, qui avait puisé, dans ses entretiens avec
Yiollel-le-t)uc dont il fut l'élève, l'amour des vieilles cathédrales
et des châteaux gothiques, a trouvé, plus heureux que Luer,
l'occasion de manifester ses préférences archilectoniques. Né
le 18 juin 1831 et d'abord élève de l'école polytechnique de
Hanovre et de Hase il étudia, nous venons de le dire, l'archi-
tecture à Paris. A peine rentré définitivement, en 1859, dans
son pays natal, il fut .chargé de plusieurs constructions de
châteaux et de villas : celui de Solms à Baden-Baden, celui
de Halberg près Saarbruck, un établissement thermal à Gie-
bersdorf près Waldenbourg : inutile d'ajouter que toutes ces
constructions sont un reflet du goût particulier de M. Oppler
pour le style ogival. Dans l'édification de la synagogue de
Hanovre qui lui fut confiée en 1868 et qu'il acheva en 1870,
l'artiste, rompant avec les errements habituels, a préféré s'ins-
pirer de la synagogue de Worms, vieil édifice de 1050, présen-
tant les caractères du style de transition romano byzantin. Le
fait est qu'avec son abside, son entrée flanquée de tourelles
octogonales terminées par des clochetons, ses fenêtres gémi-
ClIAl'lTUE X. 2(33
nées en plein cind'e et sa coupole octogone de \',i mètres de
diamètre, la synagogne de Oppler ressemble assez peu à celles
qui l'ont précédée. Telle qu'elle est, elle a été adoptée par ceux
qui lui ont ensuite demandé les synagogues de Breslau (aussi
ornée d'une coupole!, de Schweidnitz, de llameln et de Bleiclie-
rode. Dans la décoration intérieure, du château de Marienbourg
pour la reine iMarie de Hanovre qu'il acheva avant sa mort
arrivée le 5 septembre 1880, à Hanovre, Oppler est revenu au
style gothique dans toute sa maguilicencc.
C'est dans un genre plus modeste de constructions que Franz
Ewerbeck a dû se faire un nom ; il a édilié des gares de chemin
de ter : celles de Hanovre, de Bentheim et de Gildehaus.
Pourtant, né le lo avril 1839 à Brake, élève de l'école polytech-
nique de Hanovre et du professeur Hase, il avait publié sur la
Renaissance dans les Pays-Bas un ouvrage qui fit un certain
bruit lors de son apparition et ses succès dans les concours
publics furent nombreux. Il est mort le 17 juillet 1889 à Aix-
la-Chapelle, professeur, depuis 1870, à l'école polytechnique
dont il avait été l'élève.
Un professeur deGiessen, M. Hugo von Ritgen, a restauré (?)
la Wartbourg : voici l'impression que nous avait laissée notre
visite à cet édifice en 1887 : » La Wartbourg ne présente aucun
intérêt au point de vue architectural; construction moitié cou-
vent, moitié château, elle se compose de deux bâtiments carrés
à deux étages reliés ensemble par une sorte de pavillon qui
supporte un clocher mesquin (1). >i Espérons que M. de Uitgen a
été plus heureux dans sa restauration de la « Salle des cheva-
liers » du château de Beisenberg près de Sterzing, et dans la
restauration du château de Elz, dans la vallée de la Moselle.
M. Augustus Hartel, né à Cologne le 20 février 1844, élève
de Franz Schmidt, mort prématurément le 18 février 1890, pré-
décesseur de Dœfiin à la cathédrale de Strasbourg, est un cons-
tructeur d'églises élevées un peu partout en Allemagne : celles
de la Paix à Crefeld, de Blumenthal, de Viersen, de Mulheim,
l'église Saint-Sauveur àBochum, l'église Saint-Pierre à Leipzig,
le Palais de l'Exposition de Halle élevé en 188!, l'église de la
garnison et la bibliothè(iue de Strasbourg, en collaboration
(1; Vcinpii'c allemand a vol d'uiseau.
21)4 LKS AHCIIITECTES PAU LKUHS OEUVRES.
avec M. Skgôld Neckelmann, Danois, né en 1830, élève do
Hansen à Vienne, architecte du musée des arts et métiers à
Stuttgard.
C'est la synagogue de Leipzig qu'a construite un élève de
Semper, M. Otto Simonson, né à Dresde en 1829. Cette cons-
truclion date de 1853 à 1854; postérieurement, M. Simonson est
parti pour la Russie et a exécuté, pour le compte du gouverne-
ment russe, plusieurs édilices, notamment à Titlis.
Nous voici arrivés à un artiste qui conquit la situation d'un
maître en Allemagne : Jorg Hermann Nicolaï, né à Torgau, le
10 janvier 1811 i voir page 159). Klève de l'Académie de Dresde
puis de Gartner à Munich, puis enlin d'HiltorlT à l*aris, on le
trouve occupé, en 1842, à des agrandissements à la Résidence, à
Cobourg. Après la mort du duc souverain, il est l'architecte du
palais d'hiver du prince de Hesse, à Francfort. Enfin, en 1850,
il est appelé à Dresde à prendre la succession de Semper; sa
première œuvre, dans cette ville, l'ut un chiUcau avec chapelle
([ue l'ambassadeur de Saxe à Munich, M. de Fabrice, fit bâtir
dans son domaine de ^^'oldo eu Mecklcmbourg; de 1851 à 1852,
il est l'archilccle de plusieurs hôtels à Dresde; de 1855 à 1857,
il reconstruit et agrandit le palais Krubsacius pour le duc
Georges de Saxe, puis élève, à Dresde toujours, plusieurs bâti-
ments militaires et des édifices privés. Nicolaï mourutdans celte
ville le 10 juillet 1881, laissant les dessins de divers monu-
ments comménioralifs, dont le principal est celui de Luther,
('levé à Worms. Contemporain de Nicolaï, Christian Friedrich
Arnold, né à Draybach, en Saxe, le 12 février 1823, fut élève
de Semper à l'Académie des beaux arts de Dresde qui lui
accorda le premier prix d'architecture en 1830; aussi visita-t-il
pendant deux années l'Italie, la France et la Belgique, y re-
cueillant de nombreux matériaux. A son retour à Dresde, on
le nomma professeur d'architecture à l'académie de cette ville.
Ses principales œuvres sont la restauration de l'église Sainte-
Sophie à Dresde, la construction (pour partie) du dôme de
Meissen et de plusieurs églises de villages (1838-1860) ainsi
que du château Saudray sur les bords de l'Elbe. Arnold a publié
une monograpiiie du palais ducal à Urbino.
La restauration de l'ancien » munster » d'Ulm a occupésérieu-
soment plusieurs architectes. Parmi eux, nous citerons Schen cl
ferstf:i.
CHAPITUE X. 265
Beycr. Ludwig Schen, qui était né le l"aoiit 1830 à Kunzelsau
en \\'urtemberg et était élève de Egle à Stuttgart, fut d'abord
attaché àla restauration de l'église Noire-Dame d'Rslingen; puis,
en 1871, nommé arcliilecte du << munster » d'Ulm. Pendant les
rares loisirs que lui laissa ce grand travail, il transforma en
musée d'antiquités la maison Neubroon d'Ulm et y fut l'andii-
lecte de nombreuses maisons particulières. Il est mort dans
celte ville le 7 novembre 1880, sans avoir pu achever son œuvre
qui est passée aux mains de M. Âugustus Beyer, né, comme
Schen, à Kunzelsau. le '.iO avril 183i et, comme lui, élève de
Egle. Professeur d'architecturo' à Stuttgart, de 1858 à 1872,
M. Beyer a élevé, dans cette ville, l'hùtel Marquart (1874-1876),
le nouveau cimetière, l'école Olgaslift (1876-1878), la Banque
impériale (1877-1878) en collaboration avec Egle. De 1868
jusqu'aujourd'hui, M. Beyer s'est occupé de la restauration
du cloître de Bebenhausen, comme depuis 1881, de celle du
« munster » d'L'lm. On lui doit aussi l'achèvement de l'église
Saint-Kilian à Heilbroon, cl la restauration de la cathédrale
de Berne (Suissei.
Mentionnons à llantzig, à la date de 188o, la construction
d'un nouvel hôtel de ville, pastiche de l'architecture Louis XllI,
avec deux pavillons en saillie, un petit beffroi et un pavillon
central delrois étages, avec perron. Architecte M. Robert Seel,
sur lequel nous ne possédons aucun renseignementbiographique.
L'architecture publique, quelque peu délaissée en ^^'urtem-
berg au commencement du siècle, vit s'ouvrir une ère brillante
avec Ileideloff dont le grand talent fut mis à contribution par
la Saxe et par la Bavière pendant près de quarante années.
Karl Alexander von Heideloff, qui est mort à Ilassfurlh le
28 septembre l86o, était né à Stuttgart le 22 février 1788;
tils d'artiste, il reçut, dès sa première jeunesse, d'excellents
principes et continua ses études à l'académie de sa ville natale.
Ses succès comme élève furent assez brillants pour que le roi
Frédéric de Wurtemberg donnât au jeune homme le soin de lui
dessiner tous les costumes du pays et Ileideloff profila de cette
occasion pour en étudier à fond les édifices de la période ogivale.
Cependant, en 1816, il s'établit en Saxe et bàlil, à Cobourg
en 1826, le chrdeau de Beinhardsbrun puis, eu 1837, la « salle
des Chevaliers >■ pour le duc l^rnest. Plus lard, le roi Louis de
260 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVKES.
Bavière l'appela a Nuremberg en qualité de conservateur des
monuments historiques et il lit les restaurations vraiment
remanjuables des églises Saint-Jacques, Saint-Laurent et Saiul-
Sebald, du portail de N.-D. de Nuremberg ainsi que de la
« chapelle des Chevaliers » à llassfurth, de la cathédrale de
Bamberg (1888-1837), de la S/ifs/àrcheàe Stuttgart (18i8) édifice
du xv' siècle dont la tour est restée inachevée, etc. Les œuvres
nouvelles de HeidelofT sont les suivantes : l'église de Sonnenberg,
la chapelle du château de Bheinslein près Bingen, la chapelle
funéraire de Meiningen, la maison Plattner et la fontaine
d'Albert Diirer à Nuremberg, le tombeau du dernier prince de
Bamberg et le monument du général Byslrœm, à Kissingen. Fort
nombreuses aussi sont ses restaurations d'anciens châteaux :
Bandsberg, Altenstein, etc. il fut aussi l'architecte des châteaux
de Bosenbourg, près Bonn et de Lichtenstein, pour le comte
(iuillaume de Wurtemberg. Malgré tant de travaux, Heideloff
trouva encore le temps d'écrire sur son art plusieurs ouvrages
dont nous citerons les principaux : Die Lehre von den Sàu-
lenordnumfjcn (Traité des ordres d'arcliiteclure), Nurem-
berg, 1827; Der kleine Vignola. (Le petit Vignole), ibid. 1832;
Die nrcldlectonischen Glieder, etc. (Les membres architectoni-
ques), 2 vol. ilMd. 1838; Der kleine Grieche (Le petit Grec);
Der kle'm Bi/zatitiner {Le. petit Byzantin), ibid. 1838; Der chris-
tliclie Altar, etc. (Étude sur l'autel chrétien), ibid. 1838 ; Architec-
tonische EntwUrfe (Essais architectoniques), ibid. 1850; Nurem-
berg s Bandmkmale der Vorzeit (Les anciens monuments de
Nuremberg), ibid. 1838-1843, etc., etc.
Johann Michaël Knapp, né à Stuttgart en 1793 et qui
étudia l'architecture à Bonie, se fit aussi connaître par l'ou-
vrage important qu'il écrivit, en collaboration avec Gulensohn,
sur les basiliques chrétiennes du iv' au viii° siècle, sous le titre :
Denkmale des chrisiUchen Religion, etc. (Stuttgart, Tubingen et
Rome, 1822 à 1827, in-fol., figures). Appelé en 1841 à Stuttgart
comme architecte du roi Guillaume, il bâtit le palais de « l'Ad-
judance » et, en 1846, sur la place du château, il éleva la
colonne de granit de 1 1 mètres appelée le JubiUemn, en mémoire
du vingt-cinquième anniversaire de l'avènement de ce souverain.
11 commença aussi le Konigsbau, colonnade avec grande salle,
boutiques et passage couvert; mais sa mort, arrivée en 1836, ne
CHAPITRE X. 267
lui permit pas de l'achever el c'est Leins, dont nous allons parler,
qui le termina.
Christian Friedrich Leins, né à Stuttgart en 1814, élève de
Heigelin el Lautli, d'abord el plus lard de Labrouste, à Paris,
débuta par l'iiôtel de l'ambassade de Russie, puis éleva la rési-
dence d'été du pi'ince royal à Berg, près Slullgart. Alais il fut
surtout un architecte d'édifices religieux dont le principal est
l'église de Saint-Jean à Stuttgart; les autres sont celles de
Mœhringen, de Vaihingen, de Bregenz, de Natlheim el de Bibe-
rach. S'il fut un partisan du style ogival pour la conslruclion
des édifices religieux, il n'hésita pas à appliquer les formes de
la Renaissance aux édifices civils qu'il fui chargé d'élever; par
exemple, au « Konigsbau » que nous avons cité dans la biographie
du précédent architecte, à l'école de Hall, au palais du prince
de Weiniar, à Stuttgarl. Leins fut professeur, depuis 1858, à
l'école polytechnique de celte dernière ville, jusqu'à sa mort
arrivée en 1892.
L'église Notre-Dame de Slultgarl, un des édifices religieux
du siècle très estimé par les Allemands, eut pour achilecte
Joseph von Egle, né en 18 18 à Dellmensingen, en Wurtemberg,
récompensé d'une première médaille à cette occasion, à l'Ex-
posilion de Munich de 1876. Élève de Strack et de Bollicher, à
Vienne el à Berlin, il restaura les églises Noire-Dame d'Esslin-
gen et Weil, le chapitre de Rottenburg el contribua à la res-
tauration du « Munster » d'Ulm. A Slullgart, il a élevé, comme
édifices civils, l'école des industries du bâtiment (I8G0-1S64| el
de nombreuses constructions privées ; mais son œuvre principale
est i< le polylechnikum » commejicéen I8G0, qu'il acheva en 1 80i.
L'église << de la garnison » à Stuttgart, terminée en 1878 et
l'église de la Paix [Friedenskircho), à Stockach, faubourg de
Stuttgart, sont les œuvres de Conrad Dollinger né à Biberach,
cnWurlemberg, le 22 juin 1840, depuis 1870 professeur au «po-
lylechnikum » de Slullgart. Cet architecte, qui fit ses études en
Allemagne el à Paris ,de 1862 à 1867, a commencé par élever
l'hôtel-casino de Friedrichshafen cl l'obélisque de Biberach,
puis il a restauré l'hôtel de ville de Tubingcn. On dit que M. Dol-
linger est très connu >< par ses spirituelles Esquisses d'archi-
tecture 1).
Adolf Wolff, né on 1832 à Esslingen, mort à Stuttgart le
2G8 Li:S ARCHITECTES PAU LEURS ŒUVRES.
29 mars 1885, fut élève du « polyleclinikum » de Slullgarl. Colla-
horateur de lîreymaiin lorsque celui-ci éleva la synagogue de
celle ville, il fut ensuite chargé, après la mort de son collabo-
rateur, de l'édificalion de nombreux temples Israélites; ainsi
les synagogues de Nuremberg, d'Clm, d'Heilbronn, de Carlsbad,
sont de lui. Il fit ensuite la gare de Stuttgart, de 1863 à 1867;
puis nommé, en 1873, architecte de la \ille, il contribua plus
qu'aucun de ses prédécesseurs à son embellissement. Stuttgart
lui doit des écoles, le gymnase Charles, le nouveau pavillon de
l'hôpital Catherine, le palais de l'Industrie [Gcwcrbcliallc), l'é-
glise de Ileslache et de nombreuses constructions particulières.
L'église et l'école de Berg, ainsi que l'église de Lofenau,
eurent pour architecte Ludwig Friedrich Gaab, né en 1800 à
Tubingen, décédé à Stuttgart le 23 août 1809. Élève de Gross
et Fischer ù Stuttgart, il perfectionna ses éludes en visitant la
France et l'Italie; puis, à son retour, fut chargé delà restaura-
tion du théâtre de la Cour, de la construction du palais du prince
liéréditaire et d'une caserne, tous ces édifices à Stuttgart.
Sorti de l'atelier d'Isabelle, à Paris, qu'il avait fréquenté, de
1829 à 1831, pour entrer dans celui de Giirlner, à Munich, Karl
Friedrich Beisbarth, né à Stuttgart en 1809, compléta ses
études par un voyage en Italie. Attaché au musée des beaux-
arls de Stuttgart, de 1840 à 1841, il prit ensuite part à la trans-
formation de l'ancien château de plaisance en lliéàlre de la
Cour. 11 a laissé deux œuvres importantes : le palais Bolinenberg
et la villa Single, à Stuttgart, dans lesquels il s'est efforcé de
rappeler le style de la Renaissance italienne; puis il attacha son
nom à la publication d'un ouvrtige sur l'architecture du moyen
Age en Souabe, et mourut à une date qui ne nous est pas
indiquée.
L'hôtel des Postes, la nouvelle aile du « polytechnikum », la
Banque hypothécaire de Stuttgart, furent construits par un
professeur d'architecture à l'école de cette ville, Alexander
Trilschler; la gare est signée de Jorg Morlok, élève de l'école
de Stuttgart, architecte et ingénieur des ponts et cliaussées, né
le 20 janvier 1815 à Dàzingen. Trilschler est aussi l'auteur delà
« Colonie » des employés de chemin de fer dans cette ville, ce
qui ne l'a pas empêché de construire les églises de Wildbad, de
Tuttlingen et de Zanchcim. •
CHAPITIIE X. •2&J
D'abord élève de Leins à Stultgard, G. Adolph Gnauth, né
dans celte même ville en 1840, termina ses études en Italie.
Quoique professeur, de 1870 à 1872, à l'école polytechnique de
Stuttgart, et depuis 1876, à l'école des arts et métiers de
Nuremberg, où il est mort prématurément en 1884, Gnauth n'a
guère construit que le palais de la Vereinsbank, la villa Siegle
et le palais Conradi (nous ne parlons pas des maisons dont il a
donné les plans à Manheini, Munich, Pesth et même New-York) ;
mais il a remis en honneur, dans ses diverses constructions,
le procédé du sr/raf/îlo (1), dont l'usage était presque perdu en
Allemagne aussi bien qu'en France, et, à ce titre, il méritait
une mention particulière dans notre ouvrage.
L'iiopilal catholique à Stuttgart eut pour archilecte M. Robert
Reinhardt, né en 18i3 à Ravensberg, élève de l'école d'archi-
tecture et de Leins, de 1802 à 1866. Architecte également de
« l'Harmonie » d'Heilbronn, de la villa Hosenau et de nombreux
hôtels et villas, il est professeur à l'école polytechnique de Slutt-
gart depuis 1872. Archilecte d'écoles dans la même ville,
M. Emile Otto Tafel est né en 1838 à OEhringen, en Wurtem-
berg. Élève de Leins et d'Egle, de 1864 à 1867, il continua ses
études d'architecture à Paris d'abord, puis en Italie, de 1867 à
1868. Architecte de la villa Spitthofer, dans les jardins de Sal-
luste à Home, puis de l'ancien cloître des Dominicains de
Constance qu'il a transformé en hôtel, il a élevé de nombreuses
constructions particulières à Stuttgart, Esslingen, Ulm, etc. Le
D' Wilhelm Baumer, né le 18 avril 1829 à Havensburg, élève
d'abord de l'école polytechnique de Stuttgart, puis de l'école
des beaux-arts de Paris depuis 1854, fut nommé, dans sa ville
natale, en 1858, professeur à l'école dont il avait été l'élève.
Architecte privé du roi de ^^'urtemberg, de 1861 à 1805, il a
élevé la « Halle de Damas » dans le palais de la Wilhelma. En
1870, M. Baumer est allé résider à Vienne, où il a construit la
gare du Nord-Ouest et le palais Haber. A Klagenfurth, c'est un
hospice d'aliénés et un pensionnat qu'il élève; il a déjà |»uh!ié
(1) Le motSgraffito vienldu verbe italien syvaffiare, égratigiier et le procédé est
le suivant : La surface à décorer (frises ou panneaux de façade) est recouverte
d'un enduit noir, quelquefois rouge ou vert foncé, puis crépie en blanc. l>
blanc, enlevé avec une pointe, laisse reparaître l'enduit teinté et donne l'illusion
d'un dessin au trait.
270 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
siii' rai'cliitccUire divers ouvrages très eslimés. L'Iiospice des
enfanls et les écoles communales de SluUgart sont de M. Cari
Walter, qui collabora avec NN'agner à la construction du casino
du Musée; JM. Henrich Wagner, né en 1834, à Stuttgart, où il
commença ses études d'architecture qu'il finit dans l'atelier de
Questel à Paris, est lui-même l'auteur d'une fontaine monumen-
tale, de l'église anglaise à Stuttgaii, ainsi que des hôtels de la
duchesse d'Urach et du comte de Linden. Il est, en ce moment,
professeur à l'école polytechnique de Darmstadt.
Nous devons une mention, pendant que nous sommes encore
à Stuttgart, à Î\IM. Stahl et Lambert, dont la collaboration a
produit, en 1891, le musée national de Berne. M. Éduart Sthal,
né à Francfort, en 1849, élève de Leins, concourt encore avec
son collaborateur M. Lambert, à l'érection du palais de la reine
Olgar de Wurtemberg qui s'élève en ce moment, à Stuttgart,
sur la place du château, destiné à conserver le souvenir du
règne de son époux, le roi Charles I", en 1891, à l'érection du
Musée national à Berne. M. André Lambert, né à Genève en
1851, élève de Leins à Stuttgart d'abord, puis de l'architecte
Coquart, compléta ses études par le séjour qu'il fit en Italie.
De 1878 à 1883, établi d'abord architecte à Neuchâtel en Suisse
avant de s'associer avec M. Stahl, il y éleva, de 1879 à 1880, en
collaboration avec E. Colomb, l'hôtel de ville de Cernier et le
collège de Dombresson (1880-1881). Il a publié en collaboration
avec Alf. Ilychner 1' » Architecture en Suisse aux différentes
époques », et une monographie de San Biagio à Montepulciano,
puis avec M. Stahl, « Motifs d'architecture allemande de 1500 à
1800 » ; — « Le Meuble » ; — « L' Architecture moderne », etc.
Mentionnons, en passant, les noms de M. Buttch, architecte
de la nouvelle église de Furstenberg (Strelitz), de l'église du
château de Neustrelitz (1855-1859) dont la façade néo-gothique
est assez remarquable et dont l'intérieur est luxueusement
décoré, disent ses contemporains. Quant à M. Ludwig Wachen-
husen, un élève de Stïiler et de Stier, il collabora à la construc-
tion du château de Schwerin et éleva, de 1850 à 1862, la grande
caserne de cavalerie sur le mont Ostorf. C'est tout ce que nous
savons de lui.
Après la moisson brillante faite par Klenze, les architectes
bavarois n'eurent plus qu'à glaner : aussi la seconde période
CHAPITRE X. 2"1
du siècle qui s'achève esl-elle, pour .Munich, relalivemcnt pau-
vre en œuvres architeclurales. Cependant, on peut encore en
mentionner quelques-unes d'une incontestable valeur, i\ com-
mencer par l'école polytechnique, dont l'architecte a vraiment
rompu avec le style pseudo-c;rec mis à la mode par ses prédé-
cesseurs. Il s'appelait Godefroi de Neureuther et était né le
22 janvier 1811, à ÎMaulieim. A sa sortie de l'académie de
Munich, il fut d'abord employé par les compagnies de che-
mins de fer bavarois et attira sur lui l'attention par l'érection
des gares de Wurzbourg et d'Aschaffenbourg auxquelles il
appliqua, autant qu'il lui fut possible, les formes de la Renais-
sance italienne. Le palais de l'académie des beaux-arts de
.Munich, qu'il construisit ensuite, acheva sa réputation et il est
mort dans cette ville le 12 avril 1887, en possession du premier
rang parmi les architectes de l'.Mlemagne moderne. Ce sont
deux de ses élèves : MM. J. Graff et W. Fischer, qui donnèrent
le plan delà gare de Munich ; nous ignorons d'ailleurs les autres
œuvres de ces architectes.
Friedrich Burklein, né le 30 mars 1813 à Burk, après avoir
rollaboré, en 1839, avec Gartner à l'éditicalion du jialais royal
d'Athènes, débuta, en 18'iO, par l'hôlel de ville de Furth. Mais,
à la suite de la construction de la gare de Munich, pastiche de
style roman qu'il acheva en 1849, il fut jugé digne du profes-
sorat. L'hôtel des monnaies et l'hôtel des postes ainsi que tous
les édifices publics de la rue Maximilien à Munich furent
alors confiés à Burklein et ces œuvres pseudo-romanes, d'un
goût souvent douteux, ne sont point faites pour assurer la célé-
brité à leur auteur qui n'eut pas, le plus souvent, le courage
de résister aux caprices du souverain vis-à-vis duquel il aurait
dû conserver son indépendance. Burklein a construit hors de
Munich, de 18oG à 18o9, l'église protestante de Passau et mou-
rut à Werneck le 4 décembre 1872.
La manufacture de peinture sur verre et la nouvelle Pina-
cothèque sont l'œuvre d'un élève de Gartner, Augustus Voit,
probablement lils de Joiiann Michel, né à Wasserlriidingen le
17 février 1801, qui termina ses études architectoniques par
un voyage en Italie et en France. Partisan de l'architecture
byzantine, il construisit, en 18o4, la palais de l'Exposition des
arts et de l'industrie de Munich, en collaboration avec Clamer-
272 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
Klett; puis, en 1800, il reslaura le château de Hambacli. Le
nombre des églises, des synagogues et des hôtels de ville
qu'éleva Voit, dans la Bavière rhénane, est considérable; il est
mort à Munich le 12 décembre 1870, laissant un lils, architecte
comme lui et portant aussi le prénom d'Augustus, qui fut le
collaborateur de son père lorsque celui-ci construisit l'église
paroissiale de Weissenhorn et le château de Feldaffm (près du
lac de Starnberg); c'est tout ce que nous savons de lui.
Nous ne possédons aucun renseignement biographique sur
l'architecte de la Getricdelialle, halle aux grains de Munich,
commencée en 18ol et terminée le lij septembre 18.')3; nous
savons seulement qu'il s'appelait Muiïat. L'auteur du musée
Reisinger et de l'hôtel des Dettes publiques élevé en 1866, fort
apprécié par ses contemporains de l'Allemagne, est M. Karl
Leimbach, né à Aschaiïenbourg en 1818. Restaurateur surtout
d'édifices religieux, cet architecte a construit, en style roman,
les églises de Reichenhall et de Paling, dans la Haute-Bavière.
Chargé aussi de restaurations de la même nature, M. Johann
Margraff est l'architecte des églises de Sainte-Croix à Gmùnd,
de Schellenberg en Bavière, de Frankenstein en Silésie et de la
chapelle de Gasteigbevg à Munich. Né en 1830, à Altmunsler
en Bavière et élève de L. Lange à Munich, M. Margraff est
professeur, depuis 1800, à l'école d'architecture de cette ville.
Ce Ludwig Lange, dont l'atelier a été si fréquenté, était né
à Darmsladt le 22 mars 1808 et était élève lui-même de Lerch
et de Mollor. Après avoir travaillé en Grèce et en Italie, il se
fixa, en 1839, à Munich et fut nommé professeur à l'Académie
de cette ville en 1847. Il n'y laissa pas d'œuvres ; mais on lui
doit la villa du roi Max à Berchtesgaden, une église à Moscou
et une à Halberstadt, le » stand » d'innsbruck, le musée municipal
H Leipzig et enlin le musée d'Athènes sur lequel nous revien-
drons. L. Lange mourut à Munich le 31 mars 1868, après avoir
fait, nous l'avons dit, de nombreux élèves, parmi lesquels nous
citerons son fils, Emile-Joseph Bùhlmann, Albert Schmidt,
Margraff, etc.
M. Emile Lange ne se contenta pas, d'ailleurs, des leçons de
son père et entra dans l'atelier de Questel, à Paris. Après avoir
parcouru la France, l'Ilalie et l'Allemagne, il fut nommé, en
1808, professeur de l'école des arts et métiers do Munich,
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CHAPITRE X. iTA
qu'il venait de construire. Il est aussi l'arcliitecte de l'école
industrielle et de divers hôtels et villas.
Celui de l'hôtel de ville de Munich est un Autrichien, M. Jorg
Hauberisser, né à Gratz, le 19 mars 1841. Il fut élève de l'école
technique de Gratz jusqu'en 1862, de l'académie des beaux-arts
de Munich, de l'académie d'architecture de Berlin et enfin de
l'école des beaux-arts de Vienne, sous la direction de Schmidt,
de 18G2 à 1866. Pour la construction de cet hôtel de ville,
commencé en 1867, fini en 1877, il a adopté la forme ogivale
ainsi que pour l'hôtel de ville de Kaiifbeuren. Il a reconstruit
celui de Landshut, élevé celui de Kaiilbeuren, le musée de
Kaulbach à Munich et bâti nombre de maisons et d'hôtels dans
cette ville, ainsi qu'un château à Hio de Janeiro : celui de Santa
Fé. Depuis 1876, M. Hauberisser est professeur d'architecture
à l'académie de Munich. La décoration de l'hôtel de ville de
M. Hauberisser est due à Lorenz Gedon, né à Munich le
12 novembre 1843, mort le 27 décembre 1883. Plutôt sculpteur
ornemaniste qu'architecte, il se fit connaître surtout par la
décoration du Salon des arts allemands et de tous les pavillons
allemands, aux diverses expositionsnationales ou internationales
ouvertes de 1876 à 1883. C'est lui qui a transformé en musée
l'église Saint-Paul de Munich.
M. Albert Schmidt, l'architecte de la synagogue de Munich,
est né en 1841 à Sonneberg en Thuringe; élève, nous l'avons
dit, de L. Lange, il a fait beaucoup d'hôtels et de châteaux,
parmi lesquels celui de Frauensce. Professeur aussi à l'école
d'architecture est !\I. Friedrich Thiersch, né à Marbourg le
18 avril 18o2, élève de Leins, à l'école de Stuttgart. On doit
déjà à ce jeune artiste le palais de justice de Munich, une fon-
taine monumentale érigée à Lindau en 1884, le monument
commémoratif de \\'(jrlh et une savante restauration de l'hôtel
de ville do Lindau; enfin, si M. Thiersch n'est pas l'architecte
du palais du Parlement à Berlin, il n'en a pas moins obtenu
la première place au concours ouvert pour la construction de
cet édifice, ex icqito avec M. W'allot.
Jusqu'en 1869, M, Heinrich Hûgel avait été attaché à la
construction des gares de l'Est-Bavière, dont la plus importante
est celle de Eger, lorsqu'on l'a chargé d'élever l'arsenal de
Munich. Partisan de la Renaissance allemande, il a bâti, donnant
m. 18
~2:'t LES AliCHITECÏKS PAU LEURS OEUVRES.
un libre essor ù ses préférences, la villa Kustermann, au lac de
Slarnberg, riiôlel du baron Scliack à Municb et a restauré le
palais Kranier à ?suremberg. Nous ne pouvons dire qu'un mot
de F.-J. Denzinger dont nous ne connaissons ni la vie ni les
œuvres : c'est que sa restauration de la catbédrale de Kalisbonne
peut être considérée comme une des plus importantes et des
mieux réussies de toutes celles qui ont été exécutées en Alle-
magne. Le chevalier Joseph von Schmadl, de Munich, est un
architecte de chàleauv et d'Iiolols parmi lesquels nous nous
contenterons de citer l'hôlel Gcrmania à Carlsruhe, le château
de Ilorneck, à Graz et celui de Seebourg, sur les bords du lac
de Constance.
Si Hambourg a aujourd'hui, grâce à l'activité déployée par
sa municipalité et ses architectes, l'aspect d'une ville de pre-
mier ordre, ce n'est pas à ses édifices publics modernes qu'elle
doit cet aspect, à part l'hôpital Schroder qui date de 1832, la
synagogue de 1857, ainsi que l'orphelinat Israélite, le nouvel
asile (1866), la chapelle funéraire du baron de Schroder, œuvres
d'Albert Rosengarten, né en 1809 à Cassel pour laquelle il fit
sa première œu\re, une synagogue. Récompensé pour son projet
de Résidence d'été du souverain, il vint cependant à Paris se
perfectionner dans l'atelier de H. Labrouste et s'est fixé, en
1842, à Hambourg, où le grand incendie arrivé vers celte époque
lui fournil une carrière des mieux remplies.
Nous en dirons autant de Friedrich Stammann, né à Ham-
bourg le 15 août 1799 qui s'y fixa en 1828, après un long
voyage complétant les études qu'il avait faites successivement à
Copenhague et à Vienne. C'est dans ce voyage qu'il éleva le
monument de Anherrn, au village Suadiz en Rohême. 11 est mort
à Hambourg le 11 mars 1871. Le musée des beaux-arts de
Hambourg date de 1 863-1 869 et eut pour architecte AI . Hermann
Philipp Hude. Né à Lubeck le 2 juin 1830, il fut d'abord l'élève
de Stiiler à'I'académie de Berlin (1850-1857), puis partit pour
visiter la Hollande, l'Angleterre et la France. Associé à
Berlin avec Julius Hennike, il y bâtit plusieurs hôtels remar-
quables, la villa Markwald, au Thiergarten, l'hôtel Kaiserhof,
l'hôtel Central ( 1872-1 875 1, précédés, de 1863 à 1869, par l'abat-
toir de Buda-Pestli. Le musée des beaux-arts fut terminé par
M. Eduart Hallier, élève des écoles de Berlin et de Carlsruhe,
r.IIAI'ITRI-: X. 275
né eu 183ij. Col arcliilecte se fixa à Hambourg en 1800, après
avoir parcouru la Belgique, la France et l'Italie; il a droit à une
menlion dans nôtre ouvrage comme architecte, en collaboration
avec M. H. Fuschen, de riiôlel de ville de (iluckstadt (1 872-1 87;i).
C'est un élève de l'académie de .Munich, professeur Burk-
lein, qui, de 1847 à 1880, a été l'architecte de presque tous
les édifices un peu importants de Brème, M. Heinrich Mùller,
né le 2 février 1819, d'abord dessinateur dans l'atelier de Chù-
teauneuf, à Hambourg. Citons : l'église (ogivale) deOberneuland
près Brème (1860), la nouvelle Bourse (1804), l'église Saint-
Rambert (1871), le casino du musée, la « salle du Dôme », la
loge maçonnique (1880); puis, hors de Brème, la Bourse de
Kouigsbcrg.
VAuffusteinn iVOUenhonr^ dalG de 1805 et fut aussi cons-
truit par un architecte de Brème, Klingenberg, dont nous ne
possédons que le nom. Architecte de la même ville, un enfant
d'Oldenbourg, M. Jorg Osthoff, né en 1844, élève des écoles
polytechniques de Carlsruhe et de Hanovre, après avoir com-
mencé par les travaux d'art sur les lignes ferrées alle-
mandes, s'est fait une spécialité delà construction des bâtiments
d'approvisionnement et des abattoirs. Depuis douze ans, il a
élevé plus de cinquante abattoirs et plus de vingt marchés.
C'est à Karl Schmidt, né le 23 mars 1836 àPutbus, élève de
l'académie de Berlin, que la ville de Breslau doit la plupart de
ses édifices modernes. Il a élevé, en effet, l'hôpital Sainte-Tri-
nité à Breslau (1807), le théâtre, les constructions du jardin
zoologique, puis l'église des Apôtres à Leignilz, le Belvé-
dère près Breslau, le monument commémoratif à Putbus et
nombre de châteaux en Silésie. Schmidt est mort à Breslau le
12 avril 1888.
Le grand développement architectural de Berlin, dû surtout
aux œuvres de Schinkel, s'était pour ainsi dire arrêté et n'a
repris que pendant les vingt dernières années. Les noms mar-
quants du second tiers de notre siècle sont ceux de Persius, de
Knoblauch, de Shack, de Hitzig, de Schadow et de Sliiler. C'est
dire que cette période n'a vraiment pas produit d'œuvres de pre-
mière importance.
C'est surtout depuis 1870, et grâce à l'énorme effort fait par la
ville de Berlin pour devenir la véritable capitale d'un grand eni-
ii't» LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
pire, qu'il faut compter avec les crt^alions de l'arclii lecture mo-
derne dans l'Allemagne du Nord.
A ce moment di^jà, à la Renaissance italienne, avait succédé la
Renaissance allemande, aux formes plus rudes, aux silhouettes
plus mouveniftntées; mais, libre de tous liens, amie de l'im-
prévu et du pittoresque, elle dégénéra très vite en une confu-
sion de formes et nne exagération de décrochements; la moin-
dre maison ne pouvait se passer d'une ou plusieurs tourelles, de
pignons dentelés ou envolulés; enfin ce fut une vraie débauche
(|ui cessa bientôt, et on dut chercher du nouveau dans le style
du siècle dernier, dans le Louis XIV ou baroque et plus encore
dans le rococo ou Louis XV. Mais les œuvres de valeur élevées
pendant ces deux périodes par des architectes allemands se dis-
tinguaient de celles de leurs contemporains français par un as-
pect plus libre et plus décoratif, poussé souvent jusqu'à l'exubé-
rance. Elles ont naturellement exercé une influence funeste sur
des artistes préparés aux exagérations par la pratique de la Re-
naissance allemande, de telle sorte que le style rococo est aussi
rapidement tombé dans l'excès, ou philùl il y est entré de plaiii-
pied et s'y est mû librement.
Ces styles adoptés, par caprice, n'ont qu'une floraison courte,
il leur manque le long développement de l'enfance pour pouvoir
supporter la vie d'homme. C'en est déjà presque fait du style
baroque et on cherche actuellement à Rerlin à reprendre
quelque modération dans les formes de l'époque Louis XIV.
Les observations précédentes s'entendent pour les habitations
particulières qui donnent le caractère dominant à une ville; les
édilices publics sont moins soumis aux caprices de la mode; ils
sont généralement le fruit d'une étude prolongée et ils passent
par le crible de l'administration.
Berlin possède, comme d'autres capitales, des édifices d'un
caractère absolument moderne, diclé par les exigences d'un pro-
gramme nouveau ; l'emploi du fer, des grandes surfaces vitrées,
ont donné lieu ici à des solutions fort originales dans un grand
nombre de gares, de magasins, d'iiôtels, de restaurants, de mu-
sées et d'écoles.
Un des grands travaux modernes de Rerlin a été la construc-
tion de la nouvelle école polytechnique à Charlottenburg, par
Lucae, terminée par RaschdorlV; l'arcliitecte s'est inspiré, pour
r.HAriTHK X. 277
la construire, des souvenirs de la Renaissance. D'impoiianles
églises ont aussi él6 •'^levées ces dernières années en style roman
et gothique, mais l'œuvre capitale est celle du Parlement, pa-
lais immense, en construction depuis plusieurs années et a|)-
|)rocliant maintenant de sa fin. L'arcliilecle en est M. Wallot,
lauréat d"un concours ouvert, il y a dix ans. à l'occasion de
cet édifice.
Le style est romain, les intérieurs se ressentent quelque peu
de l'influence de la Renaissance allemande. L'extérieur est in-
conlesfablemeiit d'un caractère très monumental.
Maintenant que le palais du Parlement touche à sa fin, deux
autres monuments de grande importance sont en vue et vont
sans doute être commencés sous peu. Ce sont : un monument
national érigé à la gloire de l'empereur Guillaume I", t'ondateui-
de l'empire allemand. Ce monument, mis au concours il y a
quelques années, n'est pas encore tout à fait arrêté; il a un
caractère architectural dominant avec colonnades et arcs de
triomphe, le tout tenu dans l'esprit de l'arcliitecture romaine.
L'autre est un dôme pour Rerlin.
Rasclidorll' a été chargé par l'empereur Guillaume II de l'éla-
lioralion du plan et de l'exécution de cette grande œuvre. Ce
])lan rappelant les grandes basiliques à coupole est confus ; il
manque de grand parti, n'accuse pas suffisamment la partie cen-
trale et se compose, au fond, de trois églises d'une importance à
jieu prés égale; les élévations ne sont pas lisibles dans le plan,
elles n'ont, du reste, pas de caractère propre, mais rappellent une
infinité de motifs connus: de la Salule à Venise, de Saint-Paul
de Londres et d'autres monuments, le tout traité d'une fac^'on peu
magistrale.
En somme, on pont résumer son appréciation sur l'architec-
ture moderne en Allemagne eu disant que, pas plus que dans
d'autres pays, elle n'a trouvé une forme nette et qui lui soif pro-
pre, elle cherche toujours, puisant plus ou moins ati hasard dans
la réserve des siècles passés et n'a trouvé d'expression que
pour les édifices répondant à des programmes absolument
nouveaux, ce qui esl déjà.un grand pas de fait.
Ludwig Ferdinand Hesse était élève de Schinkel et né
en 1795 à Relgard, en Poméranie. Après avoir conduit, sous
la direction de son maître, les travaux de l'église que Schinkel
278 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
conslriiisait (de 182j à 1828) sur le marché du Werder, il fut
rarchilccle de la « Nouvelle Charité », de l'école vétérinaire et
de rhùpilal Sainte-Elisabeth, à Berlin. Il fut aussi l'architecte
des deux théâtres royaux, depuis 1832, et du palais royal depuis
la mort de Stiiler. Hors Berlin, il construisit l'orangerie à
Potsdam (1856), le château de Pfingslberg et mourut à Berlin
le 8 mai 1870. Theodor Stein, né le 18. juillet 1802, à Plock,
termina l'hôpital Sainte-Elisabeth et construisit un certain
nombre d'églises ou de temples connus seulement de ceux qui
les fréquentent : les églises du Cloître, Werder et Louise à
Berlin, celle du Bon-Berger à Aix-la-Chapelle, l'église protes-
tante d'Enpen, la gare centrale de Steltin, etc. Stein mourut le
13 novembre 1876, à Magdebourg.
Friedrich Augustus Stuler, aussi élève de Schinkel, né le
28 janvier 1800 à Mïiiiliiausen en Thuringe, mort le 18 mars
1805 à Berlin, travailla, sous la direction de son maître, à la
construction du palais du prince Charles; puis, de 1829 à 1830,
il fit un voyage d'études en Italie. Devenu, à son retour, archi-
tecte de Frédéric-Guillaume lY, il fit preiive d'une incroyable
fécondité et chacune des trente-cinq années de son existence est
marquée par une œuvre importante. Berlin lui doit : le nou-
veau Musée (dont le dôme est resté inachevé), les églises de
Saint-Mathieu, de Saint-Jacques et de Saint-Marc ; Francfort,
sa Bourse de commerce de style byzantin; Stockholm, son
Musée national ; Konigsberg, son Université ; Pesth, son Aca-
démie composée d'une façade Benaissance décorée de six sta-
tues représentant les six sections de l'académie. Au premier
étage de l'édifice se trouve la grande salle des séances solen-
nelles et au second, la magnifique galerie du comte Esterhazy;
il a construit à I*erleberg l'hôtel de ville, puis des châteaux :
ceux de Stolzenfels, de Hohenzollern, agrandi les châteaux de
Breslau et de Ermansdorf; élevé des cliniques, des écoles, etc.
In troisième élève de Schinkel est Edouard Knoblauch, qui
mourut le 29 mai 1805 à Berlin où il était né le 25 septembre
1801. Architecte du palais de l'ambassade russe et de plu-
.sieurs hôtels élégants à Berlin, Knoblauch est surtout connu
comme étant celui de la synagogue de Berlin qu'il a construite
en 1805. Le terrain sur lequel est bâti l'édifice étant très irré-
gulier, l'artiste a eu à vaincre diverses difficultés. De
CHAPITRE X. 279
slyle romano-byzanlin, il présenic une façade flanquée de
cliaque côté de deux tours carrées de lo mèlres que sur-
monte une coupole dorée. Un grand dôme également doré dé-
passe la liauteur des tourelles. On pénètre par un vestibule et
nne espèce de rotonde, ornée d'un jet d'eau au centre, dans la
grande nef que séparent deux rangées de colonnes en fer d'en-
viron 2S mètres de liauteur. On voit que l'un des premiers, en
Allemagne, Knoblaucli n'hésita pas à faire entrer le mêlai dans
la construction d'édifices autres que les gares de chemin de fer
ou les usines et ateliers.
Jorg Friedrich Hitzig fut l'un des derniers élèves do
Sohinkel. lorsqu'il entra à l'académie d'architecture de Berlin.
Né dans cette ville, le 8 avril 1811, il vint achever ses études
architecturales à Paris, puis se décida à parcourir l'Italie, la
Grèce, la Turquie et l'Egypte, il s'établit tout d'abord à Trieste,
où il construisit le palais Uevoltella; mais, peu après, il reve-
nait à Berlin et contribuait, par l'édification de nombreuses ha-
bitations privées, à donner à la capitale de l'Empire allemand
une physionomie un peu plus moderne. C'est alors qu'il fut
chargé de la construction des grands édifices publics que nous
allons énumérer : la Bourse, la Banque impériale, un projet
pour l'école polytechnique, etc. Berlin même lui doit la recons-
truction de son arsenal, avec la collaboration de Stuve. Hitzig
est mort le 11 octobre avant la fin de ses travaux. Ce fut
Otto Raschdorîf qui termina l'école polytechnique dans l'au-
tomne de 1884. Cet architecte s'occupa alors de la construc-
lion des laboratoires et l'inauguration de l'édifice entier eut
lieu le 2 novembre 1884. Cette même année 1884, le 24 mai, il
posait la première pierre de la nouvelle église anglaise de Saint-
George dans le parc de iMonbijou. L'édifice, qui est une rémi-
niscence de l'ogival secondaire, avec porche et clocher, a été
terminé le 21 novembre 1885. Élevée sur la route de Berlin à
Charlotlenbourg, la haute école technique, construite à l'italienne
avec terrasses et balustrades, présente trois avant-corps d'une
assez grande profondeur, qui laissent entre eux des cours inté-
rieures. Il est précédé par une troisième cour ornée de bassins et
de massifs. Au premier étage de l'avant-corps central, l'éternelle
colonnade dorique ou corinthienne dessine une loggia sans pro-
fondeur, l'ne haute txvWle ferme l'établissement.
i280 LES AHCHITEC/rES TAR LEURS ÛETYRES.
IM. Gustave Moller, né le 22 mars 1820 à Krfiirl, morl à
Berlin le 31 août 1881, fui lont^lenips le directeur de la manii-
facUirc de porcelaines de la Prusse. Comme arcliitecle, il a re-
conslriiit le ministère d'État et la banque de Prusse, depuis
démolis et remplacés par Hilzig, comme il est dit plus haut, il
a élevé l'église de Saint-Luc dans la Bernburgstrasse, de 18o9 à
1861 , et riiospice-école des enfants abandonnés, de 1863 à 180o.
xV Cantian, mort à Berlin en avril 1806, arcbitecte du roi
Frédéric-Guillaume IV, on doit la disposition de la place de la
Belle-Alliance telle qu'elle existe encore aujourd'bui et une église
il .Marienbourg, et à Friedrich Albrecht Cramer, né le 22 avril
1824 à Wiesbaden, la prison pour dettes, l'amphithéâtre d'a-
natomie, le laboratoire de chimie, à Berlin. Depuis 1868,
architecte à Wiesbaden, Cremer est également l'auteur de la
tour de Willielm à Dillenbourg et de la restauration du dôme
de Limbourg.
Un élève de Knoblaucb, Edouard Titz, né en 1820, à Uei-
chemberg, en Bohème et mort à Berlin le 22 janvier 1890,
semble avoir eu pour spécialité l'architecture de théâtres. On
pourra en juger par l'énumération de ceux qu'il a construits à
Berlin seulement : en I8o0, le théâtre Friedrich Willielmstatter,
qui peut contenir 5,000 spectateurs; en 18.j1, le théâtre KroU;
de 18o7 à 18o9, le théâtre Victoria; de 1863 à 1864, le théâtre
Wallner, baptisé du nom de son directeur; en 1860, le théâtre
de l'Alhambra. Hors de Berlin, il fut l'architecte des théâtres
de Gotha, de Zittau, de Gorlitz, de Chemnitz, de Guber et de
Bernburg. Grâce à sa fécondité, Titz a encore attaché son nom
à la construction (hi château du comte Schwerin, du château
Schonborn à Oshomeck, du casino de Kotbus, du café Français
de Berlin, et d'une foule d'hôtels et de villas. Karl Schwatlo,
né à llemrsdof, dans la Prusse orientale, le 19 juin 1831, fut le
grand constructeur des postes de tout l'empire allemand; c'est
à lui que sont dus, en effet, l'Hôtel général des postes à la
Leipziger-Sirasse, à Berlin, et le bureau de TOranienbourg-
Strasse de cette ville; les bureaux de Brème, de Danzig, de
Mcrsebourg, de Mayence. Ce qui ne l'a pas empêché de cons-
truire à Konigsberg le palais de la Chambre provinciale, le
casino de Zoppot, et un grand nombre de constructions privées,
h Berlin. Schwatlo est morl le 23 décembre 1884, professeur
cil A PITRE X. 281
il l'école polvlecliniquo ilc Berlin et laissant plnsienrs ouvrages
d'architeclnre pratique.
Richard Lucae, né le 12 avril 1829, à Berlin, mort le 20 no-
vemijre 1H77, était professeur à l'académie de cette ville dont
il fut d'abord l'élève; on lui doit le théâtre municipal, à Franc-
fort, le palais Borsig, à Berlin, ainsi que le plan de l'Ecole po-
lytechnique de celte ville.
Heino Schmieden, né en 183.j, commença par construire,
de 1800 à IStCi, le château de Hunegg, en Suisse, puis s'associa
en 18GG, avec Martin Gropius, de Berlin, mort le 13 décem-
bre 1886; c'est avec sa collaboration qu'il éleva le grand hôpital
de la ville de Berlin, à Friedrichshain, et le musée des arts cl
métiers, puis l'univer^té de Kiel et plus de vingt-cinq hôpitaux
et hospices d'aliénés. Le Gewandhaus, salle de concert de Leipzig,
ayantété l'objet d'un concours ouvert le 20 mars 188G, Schmie-
den et Gropius furent chargés de l'exécution qu'a continuée seul
.M. Schmieden, ainsi que le musée des arts et métiers. Le « Gewand-
haus » comprend une grande et une petite salle éclairées de
chaque côté par douze fenêtres et est précédé d'un avant-corps
percé de trois entrées d'une architecture assez simple. Citons
encore, quoique nous manquions absolument de renseignements
biographiques les concernant, l'arcliitecle Ploch (jui a com-
mencé, en 1880, la nouvelle Douane de Berlin, achevée en 1883;
l'architecte Volmaener, auteur de la Chancellerie de justice,
l'architecte \\aesemann, auteur de l'hôtel de ville de Berlin;
l'architecte Hartung qui construisit en 1887, en lui donnant la
forme d'une tour du moyen âge, le réservoir des eaux de la
ville.
C'est dans les ateliers de Gropius, de Lucœ et do Ilitzig, que
M. Paul Wallot vint achever les études architecturales qu'il
avilit commencées à l'école polytechnique de Hanovre et à l'uni-
versité de Giessen. Né le 2(j juin 1841, à Oppenheim-an-Rhein,
M. Wallot était établi, de 18G8 à 1882, à Francfort et s'y était
fait un nom par les succès qu'il remporta dans les concours ou-
vers à l'occasion de la construction du cimetière de l'église
paroissiale de Dresde, de la gare de Francfort, du pont Saint-
Etienne, à Vienne, et du monument national à Niederwald.
En 1884, on jugea le concours ouvert à Berlin à l'efTet de cons-
truire le palais du Parlement, cl M, \Nallot. ayant obtenu ex
282 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
:iHpio avec M. Friedrich Tliierscli, le premier rang dans ce con-
cours, fut chargé de l'exéciilion.
M. Gustave Ebe, né à Halberstadt en 1834, élève de l'acadé-
mie de Berlin, compléta ses éludes par un voyage en Italie et
en France et se fit d'abord connaître par des additions à l'hôtel
de ville de Magdebourg dont plus tard il construisit le gymnase
à la suite d'un concours. C'est en collaboration avec M. Julius
Benda qu'il a exécuté la villa Kaufmann et la villa Bunsen,
ainsi que divers hôtels à Berlin et le château Miécho^\itz dans la
llaute-Silésie. M. Benda est né en 1838, à Bauden, en Silésie
et est élève des académies de Munich et de Berlin. Comme son
collaborateur, il a parcouru en étudiant, l'Allemagne, la Suisse
et l'Italie et a partagé avec lui les récompenses délivrées aux
deux architectes, aux expositions de Vienne et de Munich.
De l'associalion de MM. Ende et Bockmann, est né le Musée
ethnologique de Berlin. C'est un grand bâtiment à trois étages,
avec mezzanines à toiture plate, précédé d'un large vestibule
voûté; l'entresol est éclairé par des fenêtres carrées; celles du
premier étage sont en plein cintre, séparées l'une de l'autre
par un large pilastre corinthien s'arrêtant sous la corniche que
couronne une balustrade à l'italienne. Les deux architectes ont
littéralement parsemé de leurs œuvres l'Allemagne du Nord :
maisons de banque, maisons de produits, châteaux, cafés, etc.,
que, lidèles observateurs de notre programme, nous devons pas-
ser sous silence. Mais nous dirons qu'ils sont les architectes des
(juelques édifices publics élevés au Japon, notamment du palais
du Parlement, àTokio, qui vient d'être détruit par un incendie.
Il nous reste à ajouter que M. Hermann Gustave Ludwig Ende
est né le 4 mars 1830, à Landsberg, est membre de plusieurs
académies et professeur à celle de Berlin, que M. Wilhelm
Bockmann est né le 29 janvier 1832, à Elberfeld, et est mciji-
bre aussi de plusieurs académies. Elèves tous deux de l'école de
Berlin, ils ont obtenu tous deux une bourse qui leur a permis
de faire un voyage d'études de deux années, pendant lesquelles
ils ont parcouru l'Italie, la Grèce, la Turquie, la Hollande, la
France et l'Angleterre, recueillant partout, sur leur passage,
des documents précieux qu'ils mettent en nnivre aujourd'hui.
C'est aussi une association, celle de M. Wilhelm Cremer, né
le 2o décembre 1845, à Coloe;no. et de M. Richard Wolfenstein,
CIIAPITUK X. 283
qui a produit, à la suite d'un concours, le bâtiment de l'expo-
sition des Arts industriels, à Gorlitz, le club de la Potsdanier-
strasse, à Berlin, les britimcnts du Tir fédéral inauguré dairs
celte ville en 1890. Nous ne parlons pas, pour la raison indiquée
plus haut, des constructions particulières de MM. Cremer et
Wolfenstcin; de même, nous citerons seulement de M. Johann
Eduart Jacobsthal, né en 1839, à Stargard, en Prusse, élève
de Stiilcr et professeur d'architecture à l'académie de Berlin,
la banque de l'Empire, à Breslau (I87."i), le palais de justice de
la même ville (187.Ï-I877), et la gare de Metz (1874-1878); de
M. Schulz, de Posen, l'école des arts et métiers de cette der-
nière ville, dont la fondation avait été décidée depuis 1838, mais
qui n'a été élevée qu'en 1806, grâce encore à la générosité du
député M. Berger, qui a fait les frais de cette construction,
souvenir des palais de la Renaissance italienne.
(IIAPITHK XI
Pendant louLe la première moitié du xix° siècle on n'élève, en Suisse, ni édillccs
relieieux, ni éJilices civils. — Un mouvement architectural très marqué s'est
produit vers 18o0 et ne s'est pas arrêté depuis. — Création du Pohjlechiiikum de
Zurich. — Les architectes suisses, dans leurs conceptions architecturales, em-
pruntent encore les idées des écoles française ou allemande dont ils ont adopté
l'enseignement, suivant qu'ils sont originaires de cantons voisins de la France
ou voisins de l'Allemaf'ne.
Le sol de laSui:?so, formé en grande partie par les Alpes cen-
trales, était resté presque isolé au centre de l'Eiiropc, et n'était
guère fréquenté, pendant les siècles précédents, que par les voya-
geurs de commerce chargés surtout d'y importer les produits
que la stérilité de cette région ne permettait pas de fpurnir h
ses liabilanls. Aussi, jusqu'à la Révolution française, n'y voit-on
guère s'élever que des églises et des liôpilaux. De 1798, époque
à laquelle les Français, profilant de l'étal d'insurrection du pays
de Yaud contre Berne, entrèrent dans cette ville en libérateurs,
jusqu'au traité de Paris qui reconnut la neutralité des Suisses
et leur garantit l'inviolabilité de leur territoire, il ne put être
question pour les cités principales de la République helvétique
de prendre part au mouvement archileclural qui s'était déjà des-
siné dans les pays voisins, la France et l'Allemagne. Les trou-
bles qui accompagnèrent la Révolulion de 1830 eurent aussi
leur contre-coup en Suisse et ce n'est guère qu'après la disso-
lution, en 1848, du Sonderbuml, ligue formée, comme on sait,
par certains cantons contre les décisions de la Diète générale,
que la paix s'établit en Suisse d'une façon définitive.
La découverte des chemins de fer et les travaux prodigieux
qui permirent de rendre accessibles des localités jusqu'alors
presque inconnues, eurent pour conséquence de donner, dans
ces localités, une notable impulsion à la construction d'édi-
CHAPITRK XI. 285
lices répondant à des besoins nouveaux. 11 en fut surtout ainsi
en Suisse. C'est alors que des salles de réunion pour les délé-
gjués des cantons, des musées, des écoles s'élevèrent à Genève, à
Berne, à Bàle, à Zurich, en même temps que les étrangers, sé-
duils par l'aspect pittoresque de la région, y affluèrent par le
nord, l'est et le midi. Naturellement, les architectes suisses, à
défaut d'un enseignement théorique et pratique qu'ils ne pou-
vaient trouver chez eux, durent venir le demander aux maîtres
des pays.voisins; ilen est résulté qu'ilsont suivi deux courants ab-
solument différenlsdans leur esthétique: l'architecture classique
ou Renaissance dans les cantons limitrophes de la France, l'ar-
chitecture allemande et ogivale dans ceux qui ont des relations
plus fréquentes avec l'Allemagne. Nous devons ajouter d'ailleurs
que le Poli/technikum de Zurich, devenu sous la direction de
Semper un important établissement d'enseignement des beaux-
arts en général, a produit déjà des élèves remarquables et qu'un
bon nombre des architectes suisses de noire temps n'ont point
été chercher ailleurs les connaissances nécessaires à l'exercice
de leur profession.
Nous procéderons à l'énumération, par canton, des édifices
publics élevés en Suisse pendant le xix" siècle, en commençant
par le canton de Berne, chef-lieu de la Confédération helvétique.
De 1824, époque à laquelle futélevé, par l'architecte Schenk,
le pavillon qui remplaça la barrière d'Aarberg, dile aussi
Porte de Golatienmalt, jusqu'au jour où on décida de moder-
niser la vieille ville de Berne, vers 18o0, nous ne rencontrons
aucun édifice qui mérite d'être signalé, si ce n'est l'ancien palais
fédéral iBundesnithaus), qui fut élevé, de 18o2 à 18o4, par l'ar-
chitecte Studer. Nous ne connaissons d'ailleurs que la date de
la mort de cet artiste, arrivée en 1860.
Celui du nouveau palais fédéral faisant face à l'ancien et lais-
sant entre les deux une place pour le palais projeté des Chambres
suisses est le professeur Auer qui l'a achevé tout récemment et
doit prochainement commencer l'édifice dont on lui a confié la
construction. Le palais fédéral est une construction classique
précédée d'un square orné d'une fontaine au-dessus de laquelle
se dresse une statue représentant la ville de Berne ; il se com-
pose d'un avant corps de trois élages, dont le rez-de-chaussée
présente cinq arcades. Il est (lan(jué de deux bâtiments fort sim-
286 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES. -
pies et terminés par deux ailes percées de nombreuses ouvertures.
Un architecte bernois, Albert Jahn, né le 16 juin 1841 et
qui avait été élève d'Hébler, était revenu dans son pays natal
pour y occuper la situation d'un directeur de compagnie d'en-
treprise de travaux publics ; on voulut bien lui confier l'édifica-
tion du musée d'histoire naturelle et de la banque hypothécaire
du canton de Berne, mais Jahn mourut peu après l'érection do
ces deux œuvres, en juin 1886.
Ce fut un collaborateur de IM. Garnier^ l'architecte de l'Opéra
de Paris, qui éleva, en 1876, le musée des beaux-arts à Berne,
à la suite d'un concours, M. Edouard Stettler, né à Berne,
en 1840, élève de l'architecte franf^ais Ouestel et inspecteur des
travaux de cette ville depuis 1867. Expert pour la Confédéra-
tion et membre du jury international de l'Exposition universelle
de 1878, il fut ensuite chargé de l'érection du gymnase, à Berne
(1879-81), et d'un autre gymnase dans la même ville, dont les
travaux durèrent de 1882 à 1883. Depuis 1887, M. Stettler est
l'architecte d'une société constituée pour la construction de
maisons et de villas dans le canton de Berne.
C'est l'architecte allemand Beyer, nous l'avons dit, qui exé-
cuta les travaux de restauration reconnus nécessaires à la cathé-
drale de Berne, à laquelle on travaille encore en ce moment.
L'architecte chargé de la restauration de la cathédrale de
Lausanne, après l'incendie de 182"i, travail terminé en 1836,
s'appelait Perregaux et son travail consista dans le relève-
ment de la pyramide surmontant la tour du côté droit. C'est
tout ce que nous pouvons dire de lui. De Perregaux, nous
franchissons un espace de quarante années avant d'arriver aux
travaux exécutés par M. Benjamin Recordon, né à Vevey,
canton de Yaud, en 1845. l»e 186.) à 1868, élève du « polytech-
nikum » de Zurich, M. Uecordon passa ensuite quelques années
dans l'atelier de Semper pour se perfectionner dans l'étude de sa
profession, collaborant aux œuvres diverses du maître et notam-
ment au plan du nouveau théâtre de Dresde. Chargé, à la suite
d'un concours, de la construction de l'école de filles de Vevey,
construction à laquelle il consacra doux années^ c'est également
à la suite d'un concours où 85 projets avaient été présentés,
qu'il fut nommé l'architecte du palais de justice de Lausanne
inauguré en 1886. M. Becordon était, depuis 1881. professeur
CIIAPITRH \1. 28"
(rai'chilecliire à l'université de Lausanne, cl, en 1890, il était aj»-
pelé par le Conseil fédéral à la chaire de construclion établie
près l'école polytechnique fédérale. Il a été lauréat dans de
nombreux concours d'architecture et membre du jury dans les
concours ouverts à Berne, à Zurich, à Genève, etc.
Si peu nombreuses qu'aient été les constructions de Genève
affectées à des services publics avant ces dernières années, nous
n'en devons pas moins mentionner comme étant de notre siècle
le clocher du temple de Plainpalais, la fontaine de Beauregard,
l'ancienne porte de la Rive et la porte du cimetière de Plain-
palais. Ces divers travaux furent exécutés par un architecte ge-
nevois, moins connu peut-être dans son pays natal qu'en Amé-
rique où il passa la plus grande partie de son existence :
Jean-Pierre Guillebaud, né le 2 décembre 180.j, décédé le
2 mai 1SN8. Après avoir fait ses études d'arciiiteclure en France,
Guillebaud avait longtemps voyagé avant de rentrer en Suisse,
où il a laissé aussi quelques constructions particulières, notam-
ment les maisons de la Rive.
Cela dit, nous commençons la nomenclature des architectes
assez nombreux qui ont doté d'édifices publics la ville de Genève,
pendant la période contemporaine, par un Français, M. Auguste
Bouvier, né à Villiers-Sainl-l*aul, élève de Le Normand et d'Isa-
belle, auteur de l'hôpital cantonal de Genève, en 1853, à la
suite d'un concours ouvert pour la construclion de cet édifice.
(Sans autres renseignements.)
C'est .M. Henri "Vauchez, Genevois, qui est l'architecte du
musée Ualh, édifice orné d'un portique soutenu par six colonnes
corinthiennes et renfermant trois salles éclairées par le haut, des-
tinées à recevoir des œuvres de sculpture. .M. Vauchez est éga-
lement l'architecte de la maison pénitentiaire de Genève et avait
obtenu, en 1839, le second prix au concours ouvert par le roi de
Sardaigne pour l'érection d'une maison centrale. Si l'architecte
du conservatoire de musique de Genève fut un Français, Cicéron
Lesueur, dont nous donnerons la biographie en temps et lieu,
celui du Ihéàlre est originaire de la Suisse. .Mais M. Jacques-
Elisée Goss, né à Genève, le 23 avril 1839 et qui fut élève de l'ar-
chitecte Lesoufaché, à Paris, ne fut pas seulement architecte du
théâtre de Genève construit de 1874 à 1879. En 1875, il élevait
le Grand hôtel nalional, quai du Léman, en 187(1, le cercle des
288 LES AUGllITEGTES PAR LEUltS OEUVRES.
Amis de rinslruction comprenant une salle de spectacle et il
organisait l'installiilion du Crédit Lyonnais à (lenève; en 1881,
il construisait le panorama du boulevard de Plainpalais el, en
1891, une fabrique d'horlogerie; le nombre des constructions
particulières de Genève dues à M. Goss est considérable.
Nombreuses aussi sont les constructions privées de M. Rever-
din, tant dans celle ville el aux environs qu'en Italie, notamment
à San Uemo. Collaborateur de M. Gouy, dans l'exécution de l'é-
cole de médecine de Genève, M. Emile Reverdin est né dans
celle ville le 20 mai 1835 et fut élève de l'Ecole des beaux-arls
de Paris, de 18GG à 1871.
M. Albert Gouy, dont le nom vient d'être prononcé, naquit
en 1842 à Genève, el fut élève de cette même école. Après
avoir terminé ses études d'architecture dans les ateliers de
Lebas et Ginain, à Paris, il revint dans son pays natal qui lui
doit, outre l'école de médecine de Genève, le Splendide hôtel et
l'église de Carouge-Vézennes. IM. Gouy est aussi l'arcliitecle de
l'Asile évangélique d'Aix-les-Bains.
L'École des arts industriels et l'Ecole de chimie de Genève
sonl dues à deux architectes, M. Bourrit, de Genève, décédé
en 1890, el Simier, architecte à Zurich, sur lesquels nous n'a-
vons pu nous procurer aucun renseignement biographique.
Élève aussi de notre École des beaux-arls, de 1826 à 1832,
Louis Brocher, né à Carouge, près Genève, le 21 août 1808,
commença de sérieuses éludes sur l'architecture anglaise dont
il s'inspira lorsqu'il eut à construire pour des sociétés religieuses
des chapelleset des lieux de prière. Parmi ceux-là sonl le tem-
ple des Eaux-Vives avec son clocher penlagonal, la chapelle de
la Pelisserie el la salle delà Réformalion. Chargé en 1842, à la
suite d'un concours, de transformer en un hôtel des postes le
marché couvert de Bel-Air, il fit également les plans du château
réédifié de l'Aile, à Vevey. Architecte très considéré de sa clien-
tèle particulière, Brocher est mort à Genève, le 11 février 1834.
Né en mars 1824, à Vevey, et lils d'un cliarpenlier, M. Jean
Franel fut élevé de Lefuel, alors qu'il était l'architecte des Tui-
leries. De retour en Suisse, vers 18b3, il s'y livra d'abord à l'ar-
chitecture privée jusqu'au jour où il fut chargé de la construction
des gares du chemin de fer Ouesl-Suisse. 11 éleva ensuite (de 1862
à 1863) le Grand hôtel cl celui des Trois-Couronnes à Vevey; puis,
HANSEN
CHAPITRE XI. 289
de 18G4 à 1860, l'hôtel Bcaurivage et l'école de la Sure. Nommé
en 1868, au concours, arcliilecte des bâtiments de l'université,
avec M. Gindroz, il en dressa les plans (1867/, et Gindroz se
chargea de l'exécution (1868-1874). Il fui aussi l'auteur du plan
de l'école de Grullli (1871-1873). Enfin, en mai 187.j, il obtenait
au concours le droit de doter Genève d'une École d'horlogerie,
terminée en 1876. Cependant les exécuteurs testamentaires du
duc de Brunswick, décédé, comme on sait, après avoir institué
la ville de Genève pour sa légataire universelle, avaient demandé
un projet de monument commémoratif à Franel, qui s'inspira,
pour l'établir, des deux mausolées de Vérone, en ayant soin de
placer la statue équestre en avant du monument et une couronne
au sommet de la pyramide ; mais l'architecte dut céder aux
injonctions qui lui furent faites de surmonter cette pyramide de la
statue équestre du duc et consentit à signer cet édicule bizarre
par sa forme et ses proportions. Elle est en marbre rouge de Vérone
elles statues sont signées des sculpteurs français Gain et Millet.
Franel, qui remplit, pendant longtemps, les fonctions de pré-
sident de la Société des ingénieurs et des architectes suisses, fut
nommé membre adjoint de l'Institut de France et mourut le
29 décembre 1885, ayant dirigé les plans, nous n'avons pas be-
soin de le dire, de nombreuses constructions particulières.
Quoique Jean-Daniel Blavignac ait été surtout un archéo-
logue plulùt qu'un architecte, la restauration qu'il lit à la cathé-
drale Saint-Pierre et la construction de l'église du Sacré-Cœur
lui avaient assuré une place dans celte histoire abrégée des archi-
tectes suisses. Ajoutons qu'il est né à Genève le 16 mai 1817 et
qu'il est mort h. Plainpalais le 21 février 1876; laissant plusieurs
ouvrages sur 1' « Histoire de l'architecture en Suisse et ses anti-
quités », particulièrement celles de Genève.
Mais un architecte suisse dont la carrière est, pour ainsi dire,
à peine commencée et qui cependant a déjà allaclié son nom k
la construction d'édifices considérables est assurément M. John
Camoletti, né à Cartigny, canton de Genève, le 3 mai 1848.
Après d'excellentes études commencées dans cette ville en 1863,
continuées à Marseille et terminées à Paris, de 1865 à 1871,
dans les ateliers de Lesoufaché et Tronquois, M. Camoletli fut
chargé, dès 1876, d'établir, pour le compte de la Confé-
dération, les casernes de Genève dont le coût s'éleva à environ
III. 1!»
290 LES AUCHITECTES PAU LEURS CEUVUES.
1,700,000 francs. C'élail un beau début auquel succédèrent di-
verses constructions de quartiers tout entiers de 1878 à 1883; il
fut ensuite l'architecte de l'Asile de la vieillesse à Cinière (1885),
du nouveau cimetière de Genève, comprenant porte, cha-;
pelle, etc. (1883); travaux suivis de la création du nouveau parc
de Pregny etd'importantes restaurations au château de M. A. de
Rolhscliild (1889), d'une salle de concert pour le consul d'Angle-
terre à Genève et, enfin, couronnés par la construction du nouvel
Hôtel des postes de Genève, qui coûtera environ 1 ,600,000 francs.
M. Camolelti, qui a pris part à presque tous les concours ouverts
dans son pays pour l'érection d'édifices importants, a obtenu dix
récompenses, ce qui ne l'a pas empêché de suffire également à
une clientèle de choix.
Si nous avons réservé ici une place à un vieillard qui s'est
surtout fait connaître par des constructions particulières, M. Col-
lart,.c'est parce que c'est le maître le plus estimé de la vieille école
suisse et que, depuis 1807, il est membre du Conseil d'Etat (ge-
nevois) et chargé du déparlement des travaux publics. .M. Joseph-
Paul CoUart, né à Genève le IG septembre 1810, après avoir
étudié l'architecture à noire École des beaux-arts, de 1833 à
1837, fut appelé, en 1847, à la direction des travaux par la ville
de Genève et fit exécuter en cette qualité le quai du Mont-Blanc
sur la rive droite du Rhône; il était archilecle, ta partir de 1852,
(le plusieurs édifices particuliers à Genève et à P]vian, puis d'une
école secondaire de filles, lorsque lui fut confiée l'élude du
programme imposé aux concurrents à l'exéculion des bàlimenls
de l'Université obtenue, on l'a dit, par MM. Franel et Gindroz.
ANeuchâtel, toate la période des vingt-cinq dernières années
est presque entièrement occupée par un seul architecte originaire
de celte ville, M. Léo Châtelain, né le 12 mai 1839. Élève de l'é-
cole polytechnique de Carlsruhe, puis de la Dau-Akademie de Ber-
lin, M. Châtelain finit ses études dansl'alelier deCendrié,àParis.
De 1867 à 1869, en collaboration avec M. Sladier, de Zurich,
dont nous allons parler, il restaure la collégiale (1) de Neuchàlel,
construit l'hôtel de Chaumont (1867-68), la villa succursale de
l'hospice de Pedsarsin (1867-69), l'orphelinat de Belmont (1867-
69), l'hôpital de Pleurin (1867-69), la flèche du temple de Mô-
(I) ViolIet-le-Duc a donné d'utiles conseils à l'arcliilecle clnugé de celle
restauration.
CHAPITRE XI. 291
(iei's, une chapello avecréfecloire à l'insliliit morave deMonlmi-
rail( 1870-71), puis ilreslaure le cloître de la collégiale (1873-74),
consiruit l'hôpital de Cervet dansle Val de Travers (1876-79), et
une villa près Neuchâtel (1881-82). La même année, M. Châte-
lain était chargé d'édifier, sur le bord du lac, le Musée des beaux-
arls, auquel il ajouta deux ailes pleines, terminées par deux pa-
villons dans le style Louis XIH, de 1883 à 1884. 11 est encore
l'architecte de nombreuses constructions particulières, mais nous
ignorons si c'est à lui qu'est due la nouvelle salle du Conseil, h
Neuchâtel.
Ferdinand Stadler, né en 1 81 3, à Zurich, mais élève de Huebsch
et de Moller, à Darmstadl, lauréat de nombreux concours, put
ainsi visiter l'Italie, l'Espagne et même l'Orient. Collaborateur
de M. Châtelain, nous venons de le dire, il donna le plan de
Sainte-Elisabeth à Bâle et d'une église à Na/arelh. Partisan dé-
claré du style ogival, il fut l'architecte de nombreux édifices re-
ligieux élevés à Lucerne, Claris, Aarau, etc. , et mourut à Zurich
en 1870. Nagler mentionne un autre architecte suisse, du même
nom, prénommé Augustus, né à Zurich en 1816 et qui faisait
ses études d'architecture à Munich, vers 1838. Médaillé par l'a-
cadémie de Berlin en 1840, Augustus Stadler aurait concouru
pour l'éreclion de la nouvelle Bourse de Berlin dont Stiiler
obtint la construction, ainsi que nous l'avons dit. C'est tout ce
<jue nous savons sur cet architecte.
Nous n'en connaissons pas beaucoup plus sur les travaux en
Suisse d'un architecte français, élève de Vaudoyer et de Lebas,
Pierre-Charles Dusillon, qui prit part au concours ouvert pour
l'érection de Sainte-Elisabeth de Berne; nons savons seulement
qu'en outre de ses travaux en France et notamment à Mulhouse,
il a construit en Suisse plusieurs châteaux, entre autres celui de
la Schadau près du lac de Thun, où il est mort vers 1860.
Zurich compte encore d'autres architectes : Léonhard Zeug-
heer, né dans cette ville en 1812, auteur de la nouvelle école de
\Vinlerthur,'de l'église de Neumunster, de l'institut des aveugles
et de l'institut des sourds-muets, ainsi que de l'hôpilal, dans lii
construclion duquel il eut pour collaborateur Gustave Weg-
madz, un classique comme lui. Celui-ci, qui termina l'hôpital et
l'école annexe dont il avait obtenu l'édification au concours en
18i2, élaitné à Zurich en 1812. D'abord simple maçon au service
29-2 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
de l'enlrepreneur qui constriiisail le ministère des finances h
Carlsruhe (1831), il obtint son admission, à force de persévérance,
à l'école polytechnique de celte ville et en peu de temps devint
l'élève le plus distingué de Iluebsch, qui lui confiait, en 1834, la
construction de la serre du jardin botanique de Heidelberg. Mais
l'année suivante, désirant compléter ses connaissances architec-
turales, il entra dans l'atelier de Gartner. Nous ignorons les
autres œuvres de Wegmardz ainsi que la date de sa mort.
J.-J. Breitinger était un contemporain des deux précédents,
puisqu'il naquit en 1814. Élève de Paris et de Berlin, il fut l'ar-
chitecte de la chapelle du Dôme, à Zurich, de l'hôtel delaBernina,
à Samaden, de la banque de Lichtensteig, de l'église prolestante
de Siebnen, de l'école centrale de Zofingue. Sa dernière œuvre
fut la gare de Romanshorn et il mourut à Weesen (Suisse) le
i;i mars 1880.
Henri Ernst est né à Neflenbach, canton de Zurich, le
1" avril 1846. Élève de l'école polytechnique de sa ville natale,
il travailla avec Semper au plan et à la construction du théâtre
de la Cour à Dresde. Lauréat avec Alexandre Koch, au concours
ouvert pour la construction de-l'liôpital des Enfants-Malades ri
Zurich, dont le projet obtint la plus haute récompense à l'exposi-
tion de Philadelphie en 1878, collaborateur encore de Koch dans
la construction de la banque de Baden et de l'école Linlh-Escher,
Ernst s'est fait dans son pays une certaine réputation par le nom-
bre considérable des constructions particulières qu'il y éleya,
notamment du côté du lac. L'hôpital catholique de Zurich, cons-
truit en 1874, eut pour archilecte un Français, élève de Conslant-
Dufeux, M. Félix Narjoux, c'est tout ce que nous savons.
Nous n'avons à signaler à Soleure quedoux architectes, suisses
d'origine: run,M.Frolicher, qui a construit, en 1833, le gymnase
d'enseignement supérieur, comprenant une bibliothèque et un
musée d'histoire naturelle et d'archéologie dont la façade est
ornée de bustes et de statues dus à un élève de Hude, le sculpteur
Ignel ; l'autre M. Ryehner, qui bâtit, en 1853, le collège des filles
(ou des Téreaux)oii viennent étudier chaque jour sept à huit cents
élèves et oîi l'enseignement du dessin est donné dans de vastes
salles réservées sous les combles. Le collège des garçons (ou du
Bas) comprend un laboratoire et une salle de gymnastique très
complète.
CHAPITRE XI. ^ 2'J3
De Christophe Riggenbach, né à Bàlo en 1810, nous n'a-
vons que peu de choses à dire. Élève de MoUor à D;irmstadt, et
revenu à Bàle après avoir parcouru l'Allemagne, la France et
l'Italie, il se vit confier par sa ville nalale la restauration de la
cathédrale et de l'église Sainle-Élisabeth et y mourut en 1803.
J.-J. Stehlin, fils d'un architecte, né à Bàle en 1820, s'est
pris d'une véritable passion pour l'architecture ; il compléta ses
études commencées chez son père, par un séjour dans l'atelier de
Labrouste à Paris, puis d'un aulre architecte à Berlin et visita
successivement rAUemagne, l'Angleterre et l'Italie. A son re-
tour à Btde en 1850, on le chargea de la construction de l'hô-
tel de la poste, puis, bientôt après, du palais de jusiice, de l'hô-
pilal, du théâtre, de la salle de musique. Il y éleva aussi les
casernes, des écoles, la Kitml/ia/le, la BernouHkum et nombre
d'habilalions privées ; mais il a abandonné complètement l'ar-
chitecture, en 1880^ à la suite d'un malheur de famille.
A l'imitation des architecles anglais et américains, deux
architecles de Bàle, MM. Vischer et Fueler, se sont associés
depuis 1872 pour exécuter dans cette ville un certain nombre
de travaux importants : l'école de Seevogel et l'école primaire,
la chapelle de la Fngelgasse, la fondation Blasi et l'hôpital des
Femmes. Ils ont également été les architectes de la plupart des
maisons occupées par les employés du chemin de fer Central-
Suisse, et on leur doit la restauration de deux anciennes abbayes
de Bàle: celle de la Clef et celle des Forgerons. M. Edouard
Vischer, né à Bàle le 2!) septembre 1843, est établi dans cette
ville depuis 1809. Élève de l'école polytechnique de Zurich et de
l'académie de Berlin, il vint à Paris compléter ses études d'ar-
chiteclure dans l'atelier de M. Coquart et de là passa en Ilalie
et en Grèce, dont il étudia avec fruit les monuments anciens.
M. Edouard Fueter est né à Berne le 6 février 1845 : élève
aussi de l'école polytechnique de Zurich et à Berlin, de
MM. Ende et Bockmann ; il a obtenu, conjointement avec son
associé, un premier prix au concours ouvert pour la construc-
tion de l'hôtel de ville de Saint-Gall et un troisième prix lors du
concours ouvert pour celle du palais du Parlement à Berlin.
CHAPITRE XIl
Lue ère vérilablement monumentale s'ouvre, en France, avec le second Empire
et se continue sous la République. ■ — Le nouveau Louvre, le nouvel Hôtel de
"Ville, les nouvelles mairies, les nouveaux hôpitaux, etc. Tous ces édifices sont
le produit d'un éclectisme ingénieux et raisonné, mais non l'expression d'une
architecture nouvelle. — Les architectes d'édifices religieux, à Paris, délaissent,
de plus en plus, le style ogival et adoptent, de préférence, les formes romanes
ou romano-byzanlines. — Les Halles centrales. — Les Expositions. — L'ar-
chitecture de fer.
Avec le premier Empire s't'lait accentué, en France, l'abandon
des traditions de la Renaissance italienne dont le génie de nos
grands architectes des xvi° et xvif siècles avait opéré la trans-
formation, juste assez pour composer, avec les éléments italiens,
une architecture vraiment française. La grande préoccupation
des architectes de la période impériale avait été de donner la vie
aux souvenirs de l'ancienne Rome; aussi, fut-ce le temps de la
Uoraison à outrance des portiques à colonnes doriques, ioni-
ques ou corinthiennes, des frontons sculptés et des arcs de
triomphe. Les architectes de la Restauration se contentèrent de
suivre l'exemple de leurs prédécesseurs et, d'ailleurs, l'occasion
leur fut rarement donnée, pendant cette courte période, d'élever
des édiflces nouveaux d'une certaine importance.
La monarchie de Juillet ayant procédé à une organisation nou-
velle de la France politique, administrative et judiciaire, il en
résulta pour Paris et les départements la nécessité de procéder
à une quanlilé considérable de constructions nouvehes et nous
avons essayé de présenter au lecteur les arcbitecles qui attachè-
rent leurs noms à l'édification des palais minisiériels, des hôlels
de préfecture et de sous-préfecture, des mairies, des prisons,
des palais de justice, des halles et marchés qui se sont élevés
sur le sol de la France pendant le règne de Louis-Pliilippe. Mais,
il nous faut le dire, obligés le plus souvent de répondre aux
CHAPITRE XII. 29a
exigences de programmes imposés par l'autorité, ces artistes,
quel qu'ail été, d'ailleurs, leur mérite, ne troilvèrent guère le
moyen de se livrer à l'essor de leur génie personnel. Leur seul
souci dut cire de répondre, pour les distributions intérieures,
aux besoins eu vue desquels ils exécutaient leur œuvre, aussi les
l'açades des édifices de cette période furent-elles presque toutes
sacrifiées et les éléments de leur composition presque toujours
empruntés au style classique qui avait été légué au gouverne-
ment de Juillet par la Restauration, comme la Restauration elle-
même l'avait reçu du gouvernement impérial.
L'arcliiteclure des édifices religieux de ces trois époques; Em-
pire, Restauration et gouvernement de Juillet, flotta enirc des
styles divers. «Au commencement du siècle, dit .M. Planât (1),
ce ne furent que temples et basiliques, copiés sur les modèles de
l'antiquité ou des premiers âges chrétiens. La ferveur roman-
tique nous valut nombre d'édifices élevés dans le goût go-
thique, copies maladroites à l'origine, mais qui devinrent plus
correctes avec le progrès des études archéologiques. Le style
gothique opposait malheureusement les plus graves obstacles
à l'architecte moderne qu'on chargeait d'élever un édifice
religieux. Si la copie était fidèle, authentique, le pastiche était
correct, mais restait un pastiche sans grand intérêt. Que l'ar-
chitecte voulût, au contraire, échapper à la scrupuleuse ob-
servance des modèles du temps, faire œuvre personnnelle, il
était inévitable que ses essais d'innovation passeraient pour des
incorrections archéologiques. » M. Planât continue en rappelant
le rôle important de la sculpture dans l'architecture des basili-
ques du moyen âge et il conclut en disant : « Aussi toutes les
tentatives de reproductions gothiques dans l'arcbitecture reli-
gieuse moderne et quelle que soit la conscience qu'on y ait ap-
portée, n'ont-elles produit qu'une impression de froideur, de
pauvreté désespérantes. Les lignes, les profils, les proportions
peuvent être fidèlement observés et reproduits, le pastiche peut
être exact, mais le charme est toujours absent. "
A cette période assez terne pendant laquelle les arcbilectes,
tant en France qu'à l'étranger, créèrent néanmoins un très
grand nombre d'œuvres utiles, succéda, chez presque tous les
(Ij Encyrhpédie de la'chifedure et de la consiruction, \'ol. l", fuse. 2, page '612.
SOI» LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
peuples de l'Europe, à des dates différenlos, il est vrai, une ère
plus brillante et', pour ainsi dire, monumentale. En Angleterre,
elle ne fut pas do longue dur(5c : commencée avec Cli. Barry,
elle se termina presque avec lui, quoiqu'on ait pu prétendre
qu'il est le chef de l'école éclectique à laquelle tous les architectes
anglais d'aujourd'hui se vantent d'appartenir. El, à ce propos, on
a dû remarquer que si la dernière moitié de notre siècle a vu
naître, en Angleterre, de rares édifices civils destinés presque à
un usage public, en échange l'architecture religieuse, soutenue
par le particularisme propre au caractère anglais, y est repré-
sentée par un nombre considérable d'églises ou de chapelles dont
les auteurs ont manifesté leurs tendances éclectiques, parfois
jusqu'au ridicule, et que, dans celles-ci comme dans ceux-là, il
est inutile de chercher la trace absente d'une œuvre de génie.
En Autriche, la période monumentale date, nous l'avons vu,
de 1873, époque à laquelle seulement commença l'exécution de
tous les édifices publics qui devaient orner la Ringstrasse, à
Vienne, la période précédente, de 1 857 à \ 873, ayant été presque
entièrement abandonnée à la spéculation immobilière qui
aboutit au krach formidable de 1873. C'est, en effet, dans l'inter-
valle de temps écoulé depuis cette année jusqu'à nos jours, que
Vienne a vu s'élever l'Église volive, le nouvel Hôtel de Ville, le
palais du Parlement Cisleithanien, le palais de l'Université, la
Bourse, le Burgtheater, etc. C'est à partir de 1870 seulement que
l'Allemagne du Nord, jusque-la presque pauvre, vit affluer dans
les coffi'es de ses gouvernanis les milliards de la France, par un
de ces coups de fortune qui n'arrivent pas deux fois dans la vie
d'un peuple. Ces richesses inattendues permirent de renouveler
un certain nombre d'édifices publics qui, certes, n'étaient plus en
rapport avec les visées orgueilleuses de l'Empire allemand de-
venu, pour un temps, l'arbitre des destinées de l'Europe. L'église
Saint-Thomas de Berlin, la nouvelle Monnaie, le palais du Par-
lement et Iiors de Berlin la synagogue de Munich, le casino des
libraires à Leipsig, etc., donnent la mesure du génie des archi-
tectes allemands depuis la date sus-indiquée jusqu'au jour où
nous écrivons ces lignes.
C'est à l'avènement du second Empire que l'architecture prit,
en France, un nouvel essor. La simplicité des façades élevées
sous la Restauration et le gouvernement de Juillet ne pouvait
CHAPITRE XII. 29T
convenir h un gouvernemenl qui voulait vivre surtout de mani-
l'eslations extérieures. Aussi tous les édifices publics ou privés
de la période impériale sont-ils surchargés d'une ornementation
Tort riche, souvent exagérée et de mauvais goût. Il est vrai de
dire que l'architecture française chei'chait sa voie (qu'elle n'a
pas encore trouvée) et les créations architecturales jusqu'à la fin
du siècle ne seroni, probablement, que ce qu'elles sont aujour-
d'hui, des composés de tous les membres des architectures pré-
cédeutes sans dislinction d'origine. On a trouvé un mot pour
baptiser l'école ofi l'on enseigne la pratique de ce mélange quelque
peu élrange au premier abord ; on l'a appelée l'éco/e éclectique. Au
demeurant, de grandes œuvres ont été exécutées qui font honneur
aux artistes qui les ont conçues : le Louvre, les églises de la Tri-
nité, delà Croix, de Saint-Ambroise, de Saint-François-Xavier,
de Saiut-Augusiin, le Palais de Justice, la Sorbonne, l'Opéra,
et plusieurs théâtres, l'Hôtel de Ville, des musées, etc., h Paris;
la cathédrale et le Palais de Longchamp, à Marseille, etc. Mais
il faut dire aussi qu'un élément nouveau est venu s'ajouter aux
matériaux qui étaient entrés jusque-hà dans la construction de
nos grands édifices : le fer qui permet aujourd'hui de couvrir
des espaces énormes saus point d'appui iutermédiaire. Utilisé
dans l'édification de la coupole de la Halle au blé, puis dans celle
de la bibliothèque Sainte-Geneviève et de la Bibliothèque natio-
nale, le fer devient le principal élément de la construction des
Halles centrales, de l'église Saint-Augusliu, de l'église Saint-
Eugène et plus récemment des bâtiments destinés aux exposi-
I ions universelles de 1878 et de 1889. Si, des édifices publics, nous
descendions aux coustruclions privées et à l'architecture domes-
tique, nous nous trouverions en face d'une transformation com-
plète de l'ancien programme : la maison à loyer où chaque
étage présente un ou plusieurs logements complets va succéder
à l'ancien hôtel où une seule famille pouvait vivre à l'aise. Mais
restant fidèle à notre programme, nous négligerons ce côlé, fort
important d'ailleurs, de l'architeclure contemporaine, pour nous
en tenir à l'énnmération des édifices publics élevés en France
depuis l'avènement du second Empire ainsi que de leurs au-
teurs. Nous adopterons, comme au chapitre I" de ce troisième
volume, la division entre Paris et les départements, avertis-
sant le lecteur qu'il roirouvora plus d'une fois dans noire
298 LES ARCIIITKCTKS PAR LEIRS ŒUVRES.
seconde partie, des noms d'archilccles déjà connus de lui.
Le grand souci des rois Louis XVllI et Louis-Pliilippe avait
été la réunion du Louvre aux Tuileries. C'est qu'en effet, le vaste
espace (occupé aujourd'hui par la cour du Carrousel et un square
entouré de grilles) qui séparait le château des Tuileries des bâti-
ments entourant la cour du Louvre était resté, sous leur règne, un
immonde cloaque au milieu duquel se dressaient des échafaudages
tombant en pourriture et un embryon de constructions depuis
longtemps abandonnées. Auparavant déjà, en 1802, Napoléon
avait songé à cette réunion du Louvre aux Tuileries et Fontaine et
Percier lui avaient soumis un projet qui, conformément à la volonlé
du souverain, devait comprendre deux arcs de triomphe « à chaque
extrémité de l'espace du milieu, l'un à la Paix, l'autre à la Gloire »
et ils en commencèrent l'exéculion j)ar l'arc de triomphe <> à
la gloire do la grande armée », celui qu'on voit aujourd'hui
sur la place du Carrousel. En 1808, on reprit le projet de réu-
nion et on discuta l'opportunité d'une galerie transversale (faisant
face aux Tuileries) qui, élevée à la hauteur d'un premier étage
seulement, aurait été couverte en terrasse. Mais il rencontra de
nombreuses oppositions à la Cour et l'empereur finit par dire:
<i Ce qui est grand est beau el je ne saurais me décider à parta-
ger en deux un espace dontle principal avantageest la grandeur. »
Le projet de Percier et Fonlaine pour l'instant abandonné,
d'autres lui succédèrent, en très grand nombre (Voir chapitre I"
de ce volume) pendant la Restauration el le gouvernement de
Juillet, mais il était réservé à Napoléon IIl de voir l'achèvement
de cet énorme travail dont trois souverains avaient, avant lui,
rêvé inutilement l'exécution. Les architectes (car ils sont deux)
qui ont attaché leur nom à cette œuvr«^ considérable sont Vis-
contielLefuel. Louis Tullius Joachim Visconti, fils d'un savant
archéologue italien, Ennio Quirino, qui était venu se réfugier en
France avec sa famille en 1798, à lasuile d'événements politiques,
naquit à Rome le 1 1 février 1791. Naturalisé Français en 1799,
il entra dans l'atelier de Percier d'abord, puis, en 1808, à l'École
des beaux-arts de laquelle il sorlil en 1817 après avoir rem-
porté cinq médailles, le prix départemental et, en 1814,1e second
grand prix d'architecture. Malgré ses excellentes études, Visconti
dut débuter dans la carrière qu'il allait parcourir (1820) par
les fonctions modestes de condiicleur de Iravaux à l'entrepôt
CHAPITRE XII. 299
(les vins, alors on consiriiclion. Sous-inspeclcur, on 1822, h
i'ngeiice des travaux du minislère des finances, il fui nommé
inspecteur, sous les ordres de Destiiilleur, puis architecte voyer
des troisième et huitième arrondissements de Paris. A ce
dernier titre, il éleva, en 1824, la fontaine du carrefour Gaillon.
Devenu, en 1823, architecte delà Bihliotlièque du roi, il fit de
la restauration et de raménagement de cet établissement un
des rêves de sa vie d'artiste : plus de vingt-neuf projets qu'il
traça attestent sa persévérance h cet égard. En 1842, le 1" avril,
on lui confiait la mission d'élever le mausolée de Napoléon I" el,
pour conserver au dôme des Invalides sa pureté primitive,
Visconti n'hésita pas à placer le tombeau de l'Empereur, consis-
tant en un bloc de porphyre de Finlande, dans une sorte de
crypte mystérieuse. Visconti se trouva naturellement désigné au
choix du prince Louis-Napoléon, lorsque, peu de temps après le
coup d'État, le 12 mars 1852, fut signé le décret qui ordonnait la
réunion du Louvre aux Tuileries. Enfermé dans un délai de
cinq années qu'on lui avait imposé, il se mit au travail avec tant
d'ardeur qu'en 18o3 toutes les fondations étaient achevées, les
consiruclions faisant suite au vieux Louvre élevées à la moitié de
leur hauteur et celles longeant la rue de Rivoli jusqu'au faite, mais
Visconti, accablé sous ce labeur énorme, mourut subitement le
27 décembre 1853. A ce moment, il était officier de la Légion
d'honneur, membre de l'Académie des beaux-arts depuis le mois
d'août de cette même anni^ et président de la Société centrale
des architectes. Outre la fontaine de la place Gaillon, on lui doit
aussi les fontaines Molière, Louvois et Saint-Sulpice sur les
places de ce nom, les tombeaux des maréchaux Lauriston,
Gouvion-Saint-Cyr, Suchel, Soult, etc., la maison de M"° Mars,
rue de la Tour-des-Dames, l'hôtel Pontalba, faubourg Saint-
Honoré, et beaucoup d'autres. Doué d'un talent de décorateur
hors ligne, il présida, à partir de 1836, à l'organisation de toutes
les fêtes publiques et c'est lui qui dirigea, le la décembre 18i0,
tous les travaux de décoration nécessités par la rentrée des
cendres de Napoléon I".
Le successeur de Visconti comme architecte du Louvre s'ap-
pelait Martin Hector Lefuel et était né à Versailles le 14 dé-
cembre 1810. Elève de son père et de Iluyot, il fut admis à l'É-
cole des beaux-arts en 1829, remporta le second prix d'archi-
300 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
lecture en 1833 et le premier grand prix en 1839. Pendant son
séjour à Home, il s'était fait remarquer par ses restaurations des
temples de la Piclé, de l'Espérance et de Junon Matuta. A son
retour à Paris, en 1845, Lefuel fut nommé inspecteur des travaux
de la Chambre des députés, en 1848, arcliitecle du château de
Meudon,en 1852, delà manufacture de Sèvres, puis, en 1853, en
remplacement d'ALel Blouel, architecte du château de Fontai-
nebleau oi!i il construisit la salle de spectacle de l'aile droite.
C'est à ce moment qu'il fut chargé de la succession de Visconli.
Celui-ci avait cherché à raccorder autant que possible le style des
édifices nouveaux avec les œuvres de Pierre Lescot, de Méte-
zeau, de J.-A. Gabriel. Lefuel eut l'idée (heureuse) de dissimu-
ler le raccordement du second élage avec le comble de la galerie
du bord de l'eau, en respectant, lorsqu'il éleva la façade du
quai, la décoration du pavillon qui conlient le grand salon carré.
Le 14 août 1857, on procédait à l'inauguration des deux
palais réunis et Lefuel était récompensé de ses labeurs par le titre
d'architecte de l'Empereur, d'officier de la Légion d'honneur
et sa réception àl'lnstilut. Mais l'œuvre de Yisconti et de Lefuel
était restée inachevée dans la pensée de Napoléon 111 ; aussi, de
1860 à 1870, Lefuel a-t-il construit entièrement, sur ses dessins,
la partie de la galerie du bord de l'eau réunissant le pavillon
Lesdiguières au pavillon de Flore, reprenant de fond en comble
le pavillon de Flore et édifiant la nouvelle salle des Etats qui
fait saillie sur la place du Carrousel "et à laquelle manque encore
un pendant à construire, le long de la rue de Rivoli. De 1871 à
1876 il reprenait le pavillon de Marsan et la nouvelle galerie de
jonction avec les arcades du pavillon de Uohan, mais son œuvre
architecturale la plus remarquable est l'escalier (avec le vestibule)
de la bibliothèque du Louvre. On doit aussi le tombeau du mu-
sicien Aubert à Lefuel qui mourut à Paris le 31 décembre 1880,
commandeur de la Légion d'honneur, membre de l'Inslilul et
inspecteur général des bâlimenls civils.
Pour compléter l'historique du Louvre et des Tuileries, pen-
dant notre siècle, nous rappelons le nom d'un architecte d'Amiens
sur lequel nous ne possédons aucun renseignement biographique :
Firmin Bourgeois, qui fut inspecteur des bâtiments delà cou-
ronne à Versailles, à Saint-Cloud et à Compicgne, puis fut archi-
tecte au palais des Tuileries de 18i9 h 18")3 et lit excculer, en
CHAPITRE XII. 301
celle qualité, l'orangerie sur la terrasse du bord de l'eau.
Nous avons donné l'hislorique abrégé de la consiruclion des
divers ministères; nous la conlinuons par celle du ministère do
l'agricullure et du commerce dont l'arcbitecte fut, de 1861 h
1867, M. Antoine Isidore Eugène Godebœuî. Né à Compiègne
le 31 juillet 1809, il fui élève de Blouetet doLeclerc etobtiut le
second grand pri.v: d'arcliiteclure eu 1836. Sous-inspecteur, puis
inspecteur, d'oclobre 1842 au l" avril 1852, des travaux du
Palais de Justice, en 1857, il construisait l'hôtel de la Caisse
des dépôts et consignations du quai d'Orsay (1). De 1860 à
1861, nommé arcbitecte divisionnaire de la ville de Paris,
il éleva, de 1860 h 1865, les postes-casernes des forlifica-
tions et commençait on 1861 le ministère de l'agriculture, rue
Sainl-Domiuique-Saint-Germain, ainsi que nous venons de le
dire; en 1865, le marché de Passy et le temple protestant
de Grenelle; en 1866, des écoles h Auteuil, de 1868 à 1879, les
nouveaux bâtiments de l'École des ponts et chaussées, en même
temps qu'il surveillait l'exécution de la mairie du seizième
arrondissement. Le tombeau de Qualremère de Quincy, ainsi
que le château de Chamarande, eurent également M. Gode-
bœuf pour architecte. Il est membre du conseil des bâtiments
civils depuis 1867, a reçu la médaille d'or pour sa restauration
du Palais de Compiègne et a été décoré de la Légiou d'honneur
en 1858.
La façade de ce même ministère de l'agriculture et du com-
merce sur la rue de Varennes, composée d'un bâtiment princi-
pal à deux étages éclairés chacun de quatre fenêtres et de deux
pavillons eu saillie aux deux extrémités, percés d'une porte et
d'une fenêtre à meneaux, dans le style Louis XIII, eut pour ar-
chitecte M. Brune.
L'architecle de la nouvelle façade du ministère de la guerre
sur le boulevard Saint-tîermain est M. Louis Jules Bouchot
né à Paris le 12 août 1817 et élève de Gisors. M. Pouchot a
véritablement remplacé par de nouvelles consiructions l'ancien
dépôt de la guerre, et l'hôlel du maréchal Soult avec les
jardins dont les arbres avaient été abattus, il y a quelques an-
(1) Nous voyons par nos noies que l'édince incendié pendant les troubles
de 1871 a été reconstruit par un architecte du nom de Eudes, sur lequel nous
ne possédons aucun renseignement biographique.
302 LHS AHCHITl'CTHS 1>AR LEURS OEUVRES.
Ji(.''es, pour livrer passage au lioulevard SainL-Genuaiu. Deriière
la grande et magistrale façade élevée par rarcliitecte, en bor-
dure de ce boulevard, se trouvent aujourd'bui les archives et la
bibliothèque du ministère, ainsi que le dépôt des fortifications.
Composée d'un avanl-corps central et de deux pavillons extrêmes,
celle façade a un véritable caractère d'originalité dû à la présence
de la (< tour de l'Horloge » haute de 29 mètres, du haut de laquelle
on embrasse le magnifique panorama de Paris et dans laquelle
se trouve un réservoir contenant vingl-cinq mille litres d'eau.
Jean-Baptiste Marie Pigny, né à Monllignon, le 14 fé-
vrier 1821, et mori le 13 juillet 1881, officier de la Légion d'hon-
neur, procéda, en sa qualité d'architecte du ministère de l'inté-
rieur, à la translation d'une partie des bureaux dans l'établisse-
ment de la place Beauvau et dirigea l'assainissement en même
temps que la construction du nouveau quartier de la Jolielte à
Marseille; c'est tout ce que nous avons pu apprendre de lui.
Après la réunion du Louvre aux Tuileries, l'édifice civil le
plus considérable de la période impériale fut assurément le Palais
de Justice de Paris, comprenant les bàlimenls de la Cour de Cas-
sation, et qui eut pour architecte Louis Joseph Duc, né à Paris le
23 octobre 1802. Élève de Chàtillon, Duc avait obtenu, en 182G,
le grand prix d'architecture et parcouru, en compagnie d'Henri
LaLrouste dont nous allons parler, la Grande Grèce et la Sicile.
A son retour d'Italie, il avait été nommé inspecteur des travaux
d'érection (qui avait été confiée à Alavoine) du monument commé-
moralif connu sous le nom de Colonne de Juillet, et le termina
en juillet 1840, mais en apportant au plan primitif d'assez nom-
breuses modifications que l'on peut attribuer peut-être à Lenoir,
son collaborateur; donc chargé, après l'exécution de ce travail, de
la restauration du Palais de Justice, avec Dommey, ce n'est, que
deux ans plus lard, après avoir modifié les plans demandés à Huyot,
qu'il put commencer ses travaux. L'ancienne cour des comptes fut
transformée par Duc, en hôtel du préfet de police, puis, en 1845,
il édifiait, sur le boulevard du Palais, la façade se reliant avec la
cour de Mai. Les bâtiments des chambres de police correction-
nelle étaient terminés en 1854 et un peu plus tard les si.v cham-
bres du Tribunal civil élevées au-dessus des « cuisines de saint
Louis ». En même temps les deux architectes (Duc et Dommey)
restauraient le pignon de la salle des Pas Perdus construite par
CIIAPITIÎE XH. 303
Do Brosse ^Voir volume III et l'Iiorloge de Germain Pilon. Mais
c'est de 1857 h 1868 que furent exéculés par Duc les grands et
remarquables travaux de la monumentale façade du Palais sur la
place Daupliine,son escalier, le grand vestibule et les salles nou-
velles des assises. De 1861 ù 1872, Duc termina celle de la Cour
de Cassation située sur le quai de l'Horloge entre la rue Bonbec
et la rue de Harlay qui avait élé commencée par l'arcliilecle
Louis Lenormant, puis il relia entre elles par un bâtiment plus
en rapport avec leur style les tours d'Argent et Bonbec. Enlin,en
1866, il avait reconslruil, en la modifiant, la galerie Saint-Louis.
La supériorité incontestée de cette grande œuvre valut h son
auteur le prix de 100 000 francs fondé par l'empereur Na-
poléon III, mais il en consacra généreusement une partie à la
fondation d'un prix destine à encourager les études architecloni-
ques. Après l'incendie de 1871, Duc fut cliargé de la restauration
très sérieuse qui s'imposait et quia élé continuée après sa mort
par M. Daumet. La façade du lycée Condorcet sur la rue du
Havre, le lycée de Vanves et le tombeau de l'architecte Duban
sont également des œuvres de Duc. Chevalier de la Légion d'hon-
neur depuis 1840, commandeur de l'ordre en 1870, nommé
membre de rinslilut le l.j octobre 1876, Duc est mort à Paris, le
29 janvier 1879.
Soncollajjoraleur au Palais de Justice, mort lui-même en 1876,
chevalier de la Légion d'honneur, Etienne Théodore Dommey,
était né k Altona (Danemark), le 22 mars 1801, de parents fran-
çais. D'abord élève de Semper, puis de notre École des
beaux-arts, il obtint un troisième grand prix en 1820 et fut,
conjoinlemenl avec Heuzey de l'École d'Athènes, cliargé de
diriger les fouilles faites en Thessalie pour le compte du gouver-
nement français. C'est en 18iO qu'il fut adjoint à Duc dans la
restauration et l'achèvement du Palais de Justice de Paris et,
quoi qu'il ait été son zélé collaborateur, il ne fut point son suc-
cesseur après 1871. Ce fut M. Daumet, né à Paris le 3 octobre 1826,
d'ailleurs premier prix de Rome en 1835 et qui s'ctail fait con-
naître par ses restaurations du Parlhénon et de l'Acropole
d'Athènes. M. Jean Jérôme Honoré Daumet, nommé inspec-
teur, en 1823, des travaux de l'église Notre-Dame de Lorette,
a été l'archilecle, au concours, ilu Palais de Justice do Lille, en
1827, et des abattoirs de Bouen.
304 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
Moins heureux que les précédents, Jacques Martin Tétaz,
né à Paris le 6 mars 1818, élève de lluyol et Lebas et premier
rand prix en 1843, auteur de différents projets remarquables,
dut se contenter, jusqu'à sa mort arrivée à Hueil le IG octobre
1865, de construire sur le quai d'Orsay, à Paris, les écuries de
rempereur. Il avait pourtant envoyé, outre ses éludes de Rome,
de nombreux projets dont quelques-uns promettaient un artiste
de génie.
La construction du Palais de la Légion d'honnneur, aprîis les
désastres de 1870-71 , fut confiée, en 1872, à un architecte sexagé-
naire qui avait déjà exécuté des travaux à ce palais trente ans au-
paravant, François Athanase Mortier, né à Paris le 17 fé-
vrier 1808, élève de Garnaud et de l'Ecole des beaux-arts.
Mortier, archiiecle en second des chemins de fer de Saint-Ger-
main et de Versailles (rive droite), avait obtenu au concours
avec Ferrouil la construction du palais de justice de Nantes et
celle du collège de Brest. Admis à la Société centrale et cheva-
lier de la Légion d'honneur, il est mort le 2 mars 1891 .
La réunion de l'hôtel de Cluny aux Thermes fut exécutée en
1833; c'est-à-dire dans la première période du siècle; mais l'ar-
chitecte choisi pour accomplir ce travail appartient vraiment, par
les fonctions qu'il a remplies jusqu'à sa mort de secrétaire perpé-
luelàl'École des beaux-arts, à la seconde période de notre siècle;
c'est Alexandre Albert Lenoir, fils d'Alexandre dont on a lu
plus haut la biographie et qui naquit à Paris le 2 octobre 1801 .
Élève de Debret et de l'École des beaux-arts en 1820, médaillé
par la section d'architecture, il fit le voyage d'Italie en 1830 cl
y étudia principalement les édifices grecs et byzantins. Membre
du comité des monuments historiques, décoré en mai 18oo,
membre de l'Institut en 18(39, Lenoir est mort à Paris le 17 fé-
vrier 1891, après avoir écrit un nombre considérable de bro-
chures intéressantes dont l'une intitulée « Études d'architec-
ture en France » est signée de lui et de M. Léon Vaudoyer.
La famille des Robaultde Fleury a fourni plusieurs architecles,
dont le premier, prénommé Hubert, est déjà connu du lecteur.
Celui-ci avait laissé un fils : Charles, né à Paris le 22 septem-
bre 1801 et qui entra, en 1820, à l'École polytechnique; mais
sa vocation le poussant vers l'architecture, il acheva d'abord
avec son père la construction du passage du Saumon. En 1830,
K. A. HEIDELOFF
CHAPITRE XII. 305
il élait nommé architecte du Muséum d'hisloire naturelle de
Paris et élevait, on celte qualité, plusieurs édifices importants,
notamment les grandes serres du Jardin des Piaules. Il fil à
cette occasion plusieurs voyages en Angleterre et en Belgique;
il y étudia les divers systèmes de" chauffage et de ventilation
employés et l'ensemble de ses études fut résumé par lui dans
plusieurs articles qu'il écrivit pour la « Revue générale de l'ar-
chileclure ». Architectede l'ancien Opéra jusqu'en 18G1, deThip-
podrome de M. Arnaud (incendié), de la Chamhie des notaires
(1858), il mourut membre de l'Institut des architectes ijritan-
niques et officier de la Légion d'honneur, le 12 août 187o,
laissant un fils, M. Georges Rohault de Fleury, né à Paris le
23 décembre 1835, dont il fut le professeur. M. (Georges a
beaucoup vécu en Italie et, depuis le salon de 1863, a exposé
de nombreuses éludes sur l'architeclure antique, mais nous ne
connaissons pas les œuvres architecturales auxquelles il a pu
attacher son nom.
M. Jules Louis André, né à Paris en 1819, élève de Huyot
et deLebas, remporta en 1843 le second grand prix et, en 1847,
le premier grand prix d'architecture sur un projet de muséum
d'histoire naturelle; aussi à sou retour d'Italie, fut-il nommé
d'emblée inspecteur des travaux du Muséum d'hisloire natu-
relle de Paris qui lui doit plusieurs constructions supplémen-
taires; la nouvelle galerie de zoologie, la » serre des palmiers »
inaugurée le 25 juillet 1889 et la nouvelle « ménagerie des rep-
tiles ». Inspecteur des trav<iux de la Bibliothèque impériale,
puis architecte diocésain du département de la Corse, profes-
seur d'architecture à l'Ecole des beaux-arts el chevalier de la
Légion d'honneur, M. André est membre de l'Instilut depuis
le i"' mars 1884.
Archilecte du musée ethnographique au ministère de l'ins-
truction publique, architecte de la commission royale d'Angle-
terre à l'Exposilion universelle de 1867^ et du musée de l'art
rétrospectif à l'Exposition universelle de 1878, M. Charles
Auguste Terrier, né à Bosoy le 13 mars 1841, a également
construit, place d'Iéna, le musée Guimet inauguré le 20 novem-
bre 1889. Il est officier d'Académie depuis 1880 et membre
de la Société centrale depuis cette époque.
Les grands édifices destinés à l'instruclion publique furent
ni. 20
306 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
également l'objet de la sollicilude du gouvernemenl impérial et
avant tous, il convient de citer les deux plus importantes bi-
bliothèques de la capitale : la bibliothèque Sainte-Geneviève et
la Bibliothèque nationale. L'ancienne bibliothèque de la place
du Panthéon exigeait de nombreux travaux qui furent imposés à
Pierre François Henri Labrouste, né à Paris le 1 1 mars 1801.
Élève de Vaudoyer et de Lebas, il remporta en 1821 le second
grand prix et, en 1824, le premier grand prix d'architecture.
Quand il eut terminé son séjour en Italie, il obtint la place
d'inspecteur des travaux de l'École des beaux-arts dont l'arclii-
lecte était alors Duban ; puis, en 1840, il aida Visconti dans la
décoration, à lui confiée, de la ville de Paris à l'occasion des
funérailles de Napoléon l". Enfin, il fallut songer à réédifier la
bibliothèque Sainte-Geneviève sur un autre emplacement et l'on
peut juger, en visitant l'œuvre d'Henri Labrouste, de l'impor-
tance du travail et du grand talent de l'auteur. A la suite de la
bibliothèque achevée en 1850, il construisit le collège prépara-
toire Sainte-Barbe à Fontenay-aux-Roses et, en 1834, le grand
séminaire de Rennes; puis il s'occupa de la restauration de
l'ancien palais Mazarin devenu la Bibliothèque nationale, et de
l'adjonction de nouveaux bâtiments à cet établissement (1855-
1875). Dans ce travail, il succédait àVisconti et c'est alors qu'il
conçut la grande salle de lecture inaugurée le 15 juin 1868.
Labrouste, architecte du diocèse de Rennes, membre du Conseil
des bâtiments civils, médaillé à l'Exposition universelle de 1855,
et officier de la Légion d'honneur, depuis 1852, était président
de la Société centrale des architectes, inspecteur général des
édilices diocésains, memhre des Académies de Londres, New-
York, La Haye, Lisbonne et Madrid; il a succédé à Hitlorff, comme
membre de l'Institut, le 23 novembre 18G7 et est mort à Fon-
tainebleau le 24 juin 1875, précédé par son frère aîné François
Marie Théodore Labrouste. Né à Paris le 21 mars 1799, élève
de Lebas et de Vaudoyer, celui-ci remporta en 1827 le premier
grand prix d'architecture que son frère avait obtenu trois ans
auparavant et il envoya de Rome des études remarquables,
notamment sur le temple de Yesla à Tivoli et le temple d'Her-
cule à Corée. Le 8 août 1840, il construisit avec son frère Henri
les bâtiments du collège Sainte-Barbe à Paris. Il fut chai'gé, en
1844, de quelques travaux au Muséum d'histoire naturelle et à la
CHAPITRE XII. 307
Bibliothèque de l'Arsenal. Il remplaça Gau en 1843, comme ar-
chitecte en chef des hôpitaux et hospices de Paris et, en cette
qualité, il reconstruisit l'hospice Dubois, les bâtiments de l'Assis-
tance publique, l'hospice des incurables d'Ivry avec Billion,
l'hospice dit <^ des Ménages », l'hospice des « Villas » à Issy
et mourut dans les premiers jours de décembre 1885.
Le successeur de Henri Labrouste dans les travaux de la
Biljliothèque nationale qui ne sont point encore achevés, fut
M. Jean Louis Pascal, né à Paris le 4 juin 1837. Élève de
Queslel et entré à l'Ecole des beaux-arts, en 1858, M. Pascal
est premier grand prix d'architecture de 1866; mais la recons-
Iruction des bâtiments de la Bibliothèque en façade sur la rue
Colbert ne l'ont point tellement absorbé jusqu'ici qu'il n'ait pu
attacher son nom à des édifices d'une notable importance;
tels sont: le Palais législatif élevé par lui à la Haye en 1866, et
la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Bordeaux
inaugurée en 1880; ajoulons-y la décoration de la chapelle de
la Vierge dans la cathédrale de la Rochelle, le monument à la
mémoire d'Henri Regnault, avec M. Coquart, dans la cour de
l'École des beaux-arts (1880)^ celui de Michelet (1879), celui de
Rose Anaïs à Fécamp, et divers hôtels parmi lesquels celui du
peintre Bouguereau. M. Pascal est décoré depuis le 15 février
1880.
C'est un élève de H. Labrouste, M. Louis Ernest Lheureux,
né à Fontaiaebleau, qui a construit, en 1885, la nouvelle Ijiblio-
thèque de l'Ecole de droit, c'est tout ce que nous avons pu
savoir de lui.
Un des principes des gouvernements républicains a toujours
été la diffusion parmi les masses de l'enseignement à tous les
degrés et la France républicaine n'y a point manqué. Aussi,
considérable est le nombre des lycées, des collèges et des écoles
qu'on y a élevés depuis une vingtaine d'anaées. Nous avons indi-
qué les travaux effectués au Conservatoire des arts et métiers
par Debret; les autres écoles spéciales furent également.l'objet
de la sollicitude du gouvernement.
En premier lieu l'École des beaux-arts dont l'agrandissement
a été confié à M. Georges Ernest Coquart, né à Paris, le 9 juin
\8'M*. Elève de Lebas, il remporta le deuxième grand prix
en 1853 et le premier grand prix en 1858. Membre de l'Institut
308 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
depuis le 19 mai 1888 et chevalier de la Légion d'honneur,
M. Coquart a un alelier très suivi et est connu du public par
le monument élevé aux généraux Lecomle et Clément Thomas,
au cimetière de l'Est.
L'architecte de l'École des mines élevée, vers 1863, sur le bou-
levard Saint-Michel, est un minéralogiste distingué qui s'appelle
M. Théodore Henry Valiez, né à Valenciennes, le 20 janvier
1813. Elève d'Aubert-Parent, architecte de cette ville, et de
Lebas à Paiis, il fut inspecteur de Duban et de Duc, alors que
ce dernier construisait le ministère des travaux publics, et d'Henri
Labrouste, lors de la translation et de l'installation provisoire de
la bibliothèque Sainte-Geneviève. M. Valiez avait succédé à
Duquesnay comme architecte de l'École des mines et fît long-
temps partie de la Société centrale ; il est chevalier de la Légion
d'honneur depuis 1864.
La nouvelle École de médecine en façade sur le boulevard
Saint-Germain et la Clinique d'accouchement, avenue de l'Obser-
vatoire, furent construites vers 1890, par M. Ginain, que nous
retrouverons comme architecte de l'église Notre-Dame- des-
Champs. Quant à l'École supérieure de pharmacie qui s'étend en
bordure de l'avenue de l'Observatoire, elle a eu pour architecte
M. Laisné, architecte également du lycée Janson de Sailly. L'École
de pharmacie se compose d'un grand corps de bâtiments paral-
lèle à l'avenue et de deux ailes perpendiculaires, d'une archi-
tecture très sobre de décoralion, comme il convient à un éta-
blissement d'enseignement. Nous donnerons la biographie de
M. Laisné lorsque nous ferons l'historique des édifices religieux
élevés à Paris de notre temps.
Le collège municipal Chaptal est l'œuvre de M. Eugène Train,
architecte aussi du lycée Voltaire, dont l'entrée se trouve
avenue de la République, à Paris, et nous pouvons dire que
l'architecte a introduit dans ce dernier établissement scolaire
un système lout à fait nouveau de couloirs éclairés et ven-
tilés qui facilitent la circulation dans toutes ses parties. Né à
Toul, élève de Lay et de Questel, il commença en juillet 1869
le collège Chaptal, dont l'inauguration eut lieu en 1878. La
dépense totale de l'édifice en pierre, brique et fer, auquel
l'architecte a conservé leur apparence naturelle ainsi qu'aux
colonnes, poutres et linteaux, s'est élevée à la somme de
CHAPITRE XII. 309
3,100,000 francs. Du reste, dans la construction du lycée
Voltaire, M. Train a usé des mêmes procédés qui lui onl
permis une décoration susceptible de modifier heureusement
l'aspect généralement triste des édifices de cette nature. On
lui doit enfin l'asile de la rue Portails et le dessin d'un autel
en orfèvrerie qui se voit dans l'église Saint-Augustin.
Le collège municipal Rollin fut commencé également en 1869,
mais les travaux interrompus pendant la guerre ne furent repris
qu'en 1871 et l'édifice fut inauguré en 1879. Il eut pour archi-
tecte Napoléon Alexandre Roger, né à Paris le 5 mars 1806,
élève de llurtault et Moulier, médaillé de l'Ecole des beaux-aris,
architecte de la Ville de Paris de 1833 à 1872. Roger fut médaillé
aux expositions internationales de Vienne et de Paris et est mort ,
chevalier de la Légion d'honneur, le 21 décembre 1883.
Le dépôt des phares et celui de l'Ecole des ponts et chaussées,
avenue d'iéna, furent construits, vers 1851 ,par Alphonse Joseph
Hugé, né à Paris, le 7 juin 1820. Membre du Conseil d'archi-
tecture, membre de la Société centrale et chevalier de la
Légion d'honneur, Hugé est mort en 1887.
M. A. de Baudot, déjà connu par la construction de l'église
de Ramijouillet, commencée (dans le style ogival), le 14 avril
1808, et de l'église de Privas en 1879, de la Rochemeller (Nièvre),
de Sambin (Loir-et-Cher), de Saint-Flovier (Indre-el-Loire), et de
la flèche de la cathédrale, à Clermont-Ferrand, a donné les plans
du lycée Lakanal à Sceaux et du lycée de Tulle (Corrèze). Il a
restauré le château de Blois, la chapelle de ViHcennes, la cathé-
drale du Puy, l'église Saint-Laumer, les bains et la fontaine de
Louis XIII à Blois, les églises de Brèves, d'Aubozine, de Beau-
lieu, d'Arnac-Pompadour (Corrèze) et de PreuUy (Indre-et-
Loire), etc., etc. M. de Baudot est architecte du gouvernement,
inspecteur général des travaux diocésains, membre de la Com-
mission des monuments historiques et de celle des lycées et col-
lèges. Professeur du cours d'architecture ouvert au Trocadéro
depuis six ans, M. de Baudot a donné plusieurs articles à la
(i Gazette » et à « l'Encyclopédie de l'architecluro i.
M. Paul Emile Goût, né à Paris, le 1" mars 1852, directeur
de celle pul)licalion et des parties qui s'y rattachent, critique
d'art distingué, a construit, en 1889, le lycée Racine, rue du
Rocher, remarquable par l'emploi du fer qu'y a introduit l'ar-
^10 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
chitecte. Nous retrouverons M. Paul Goût, architecte diocésain,
à l'occasion de ses nombreux travaux à Soissons, en Bretagne,
dans le Lot, etc.
M. Emile Vaudremer dont nous aurons également occasion
de reparler, lorsque nous présenterons au lecteur les édifices re-
ligieux élevés à Paris pendant cette seconde période, fut l'architecte
de deuxlycées déjeunes filles; du lycée Buffon, rue du Banelagh
— et du lycée Molière, puis d'un lycée à Montauban, fondé sur
les mêmes principes que ceux construits par lui à Paris.
L"Ecole professionnelle des aveugles, à Paris, fut construite
par M. Paul Blondel, né à Paris, le 6 janvier 1847, grand prix
de Rome de 1876; il a déjà exécuté de nombreux travaux à
Mulhouse; un dispensaire, deux hôtels, le diaconat, la bibliothè-
que — la Caisse d'épargne de Mayenne et un dispensaire à Paris.
M. Blondel, officier d'Académie et chevalier de la Légion
d'honneur, décoré de l'ordre de Charles 111 d'Espagne, pro-
fesseur d'architecture et ancien auditeur au Conseil des bâti-
ments civils, fait partie de la Société centrale depuis 1884.
Parmi les architectes des nombreuses écoles communales
ou municipales de Paris, nous citerons Sulpice Alexandre
Eugène Chat, décédé le 19 décembre 1879, à rage de soixante
et un ans, qui a restauré et agrandi en 1869, au moyen de
constructions nouvelles en façade sur la rue Turbigo, l'école
municipale Turgot construite primitivement rue du Vert-Bois et
achevé la mairie du IIP arrondissemenl.
René Demimurd, entré à l'École centrale des arts et manu-
factures en 18.00 et sorti de cette école en 18.58, embrassa
ensuite la profession d'architecte et devint élève de l'Ecole des
beaux-arts. Architecte de la nouvelle Ecole centrale (couvrant
toute la surface de l'ancien marché Saint-Martin), de la Société
des ingénieurs civils, cité Rougemont et de l'école municipale
rue d'Argenleuil, il est mort subitement à Paris, le 7 janvier
1881, laissantà un ancien élève, comme lui, de l'École centrale,
M. Denfer, le soin d'exéculer (en deux années) le projet de
reconstruction de cet établissement. Citons encore : M. Hédin,
auquel on doit le groupe scolaire de la rue Barbanègre (1875);
M. Louis Pierre Hérard, né à Vaugirard, le 21 janvier 1815,
auquel on doit l'établissement scolaire du boulevard des Aman-
diers, inauguré en 1867; M. C.-G. Huillard, né à Paris, élève
CHAPITRE XII. 311
de Baltard, auteur du groupe scolaire de la rne aux Ours et de la
nouvelle salle des mariaj^es dans la mairie tlu deuxième arron-
dissement, rue de la Banque (1878); M. Antoine Léon Léthorel,
né à Paris, le 23 décembre 1842, connu déjà par plusieurs
tombeaux au cimetière de l'Est, qui construisit le groupe scolaire
d'Aubervilliers (1879); Auguste Edouard Villain, né à Paris, le
21 janvier 1829, mortle 19 août 1876, élève de Gilberlaînéet Viel,
qui avait obtenu le second grand prix en 18.")0; il est l'auteur de
l'école municipale Colbert, rue de Chàleau-Landon en 1868,
de la salle du catéchisme et de la nouvelle cba|icile de la
Vierge à Sainl-Yincent-de-Paul; M. Paul Amédée Vibert, ar-
chitecte, eu 1874, de l'école du boulevard Péreire ; Louis
Achille Lucas, chargé de la construction du groupe scolaire de
la rue de Tolbiac, alors qu'il était déjà architecte honoraire de
la ville de Paris. En effet, Lucas, né le 12 février 181 1, à Paris,
après avoir étudié l'archileclure à TEcole des beaux-arts, sous
la direction de Guénepin, entra, en 1833, dans le service des
travaux de la préfecture du département de la Seine et fut
nommé, en 1866, architecte du dix-huitième arrondissement.
Inspecteur pendant sa longue carrière, de la plupart des Ira-
vaux exécutés de sou temps, Achille Lucas fut chargé, de 1856
à 1881 , d'installer les services postaux dans les principales gares
de Erance; membre de la Société centrale des architectes, il
reçut d'elle, en 1881, la médaille d'or et mourut à Paris, le
2 mars 1889.
La vieille Sorbonne, avec ses bâtiments délabrés, faisait tache,
on le comprend, au milieu de tous ces établissements neufs ou
remis à neuf qui dépendaient du ministère de l'instruction pu-
blique. Aussi, songea-t-on, en 1884, à utiliser l'emplacement
destiné depuis longtemps à notre premier édifice scolaire et on
chargea de la construction, à la suite d'un concours, un jeune
architecte né à Paris le 27 mai 1 833, M. Henri Paul Nénot. 11 est
vrai que, élève de MM. Lequeux, Questelet Pascal, il avait obtenu
le premier grand prix d'architecture en 1877, après avoir été
classé le premier au concours ouvert en 1875 pour la construc-
tion d'une école normale à Huy (Belgique) et le second au
concours public Thouat Boncy, qu'il avait oi)tenu une médaille
au salon de 1880, la médaille de la Société centrale en 1881
et le premier prix au concours ouvert pour l'érection, à Bome,
312 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
d'un monument à Victor-Emmanuel. Les bâtiments de la nou-
velle Sorbonne ont été inaugurés le 5 août 1889 et M. Nénot,
chevalier de la Légion d'honneur, ne lardera pas à attacher son
nom à d'autres travaux aussi considérables.
L'Observatoire actuel du parc de Montsouris n'est autre que
ce palais du Bey de Tunis appelé « Le Bardo », qui figura à
l'Exposition universelle de 1867. Il a eu pour architecte iM. Louis
Etienne Alfred Chapon, né à Paris le 22 décembre 1834, élève
d'Harmniit et architecte également des bureaux de l'hôtel de la
Compagnie de Suez M. Chapon est chevalier de la Légion d'hon-
neur depuis 1889.
La Banque de France se trouvant à l'étroit dans l'ancien hô-
tel de La Vrillière, chargea de la réfection des bâtiments en
façade sur la rue des Bons-Enfants et la rue Croix-des-Petits-
Champs, l'architecte Gabriel Crétin, né à Monlmélian (Savoie),
le 22 août 1812, mais naturalisé Français en 1844; elle le char-
gea également de la construction des bâtiments de ses succur-
sales à Lyon, Bordeaux, Grenoble, Nimes et Toulouse. Élève de
Vaudoyer, Lebas et Labrouste, il fut presque aussitôt attaché
à la Compagnie de l'Ouest et fil, en cette qualité, les gares de
la ligne d'Argenteuil et celle de Brest avec M. Lesieur. Nommé
ensuite architecte du diocèse de Bayeux en 1862, il travailla
quelque temps, à ce titre, à la restauration de la tour de la cathé-
drale et mourut à Paris en 1883, chevalier de la Légion d'hon-
neur depuis 1863.
Il en arriva de même pour le service des postes qui, depuis un
siècle, avait dû se contenter du local tout à fait insuffisant de
la rue J.-J. -Rousseau. On se rappelle que la direction générale
occupa des baraquements installés sur la place du Carrousel
pendant les travaux de construction du nouvel Hôtel des postes
qui nécessitèrent la disparition d'une partie des anciens bâti-
ments et qui furent confiés h M. Julien Guadet, né à Paris, le
25 décembre 1834, second grand prix en 1860 et premier grand
prix en 1864, créé chevalier de la Légion d'honneur en 1878.
Commencé en 1880, le nouvel Hôtel a été inauguré en 1886 et
a coûté neuf millions de francs.
Assez nombreux sont les théâtres élevés à Paris depuis le se-
cond. Empire jusqu'à nos jours. Nous commencerons par l'Opéra
(Académie nationale de musique), quoiqu'il ne soit paslo premier
CHAPITRE XII. 313
en date, puisqu'il remplace rancion Opéra de la rue Lepellotier
incendié en d8(J0. l'n concours fut ouvori en 18G1 pour la cons-
Iruclion du nouvel édilice sur remplacement où il se trouve au-
jourd'liui. Parmi les projels présentés, l'empereur choisit celui
d'un architecte parisien, M. Jean Louis Charles Garnier, né le
6 novembre 1825, élève de Lebas et de l'École des beaux-arts,
qui, d'ailleurs, avait obtenu le premier grand prix d'architecture
en 18't8. Ajoutons que pendant son séjour en Italie, M. Garnier
avait essayé la restauration polychrome de divers édifices anti-
ques et envoyé diverses vues de Napl'es et de Sicile qui furent
assez remarquées au salon de 1867. A son retour en France, il
fut attaché à la restauration de la Tour Saint-Jacques que diri-
geait alors T. Ballu.
Tout a été dit sur l'Opéra de Paris par les critiques d'art du
monde entier. Nous nous contenterons donc d'apprendre au lec-
teur que M. Garnier est membre de l'Institut depuis le
14 mars 1875 et commandeur de la Légion d'honneur, qu'il a
construit, outre l'Opéra commencé en 1803 et lerminéseulement
en 1875, après une longue suspension des travaux (conséquence
de nos désastres), le casino et l'établissement des jeux à Monte-
Carlo, ainsi que le nouvel Observatoire de Nice, situé sur le
Mont Gros, à 5 kilomètres de cette ville. La reconstitution des
habitations humaines à l'Exposition de 1889, est la dernière
œuvre que nous connaissions de M. Garnier.
Architecte du ministère de la guerre, ainsi qu'il a été dit plus
haut et architecte en chef de la Compagnie des chemins de fer
de Paris à la Méditerranée pour laquelle il a construit, en 1864,
la gare de Nice. M. Bouchot trouve encore ici sa place, à cause de
l'importante restauration qu'il fit au théâtre del'Odéonen 1876.
En restaurant l'Odéon, il y a' installé la galerie des portraits qui
décorent le pallier du grand escalier et celle des bustes du foyer
dont fit hommage le directeur d'alors, M. F. Duqnesnel (1).
(1) Huit grandes toiles composent la décoration principale du grand foyer : ces
portraits représentent Berton dans ia conjuration d'Amboise, par M. A. D. Yvon ;
Delaunay, par M. Dupain ; Samson, par M. Feyen-Pen in ; Beauvalel, par M. Clairin ;
Lafonlaine (Ruy-Blas), par M. Mongino; Bocage (Beaux Messieurs de Bois-Doré),
par M. Giraud; enfin GeoPTroy, par M. Carolus Duran. Dans la galerie qui suit
le grand foyer furent placés les bustes de Picard, par Julien ; d'Alexandre Duval,
par Allouard; d'Emile Augier et de Théophile Gautier, par Carrier-Rt-lleiise;
d'Alexandre Dumas iièro, par Chapu; de Victor Hugo, par SclumiowcrU; de Bal-
314 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Un vérilable conslriicteur de théâtres fut Jean Gabriel
Antoine Davioud, né le 20 octobre 182'( à Paris où il est mori
en 1881, oflicier de la Légion d'honneur. Élève de Jay, et second
grand prix d'arcliilecture en 1849, il commença à se faire con-
naître par l'érection de la fontaine Sainl-Michel plaquée, suivant
le programme, contre le mur de la maison faisant l'angle du
boulevard et de la place Saint-Michel et par le déplacement, ainsi
que la restauration, des fontaines des Innocents et de la place
du Chàtelet, pour laquelle il fit un piédestal nouveau. L'ancienne
fontaine aux lions du OluUeau-d'Eau aujourd'hui disparue, était
également l'œuvre de Davioud. En 1851, il collaborait avec
Bailly à l'installation des tribunes du champ de courses du bois
de Boulogne, présentait les projets relatifs aux embellissements
de cette promenade, de celle du bois de Vincennes et du squaTe
Saint-Marlin, projets en grande partie exécutés, et donnait éga-
lement les dessins de la grille du parc Monceau; il commença
la série des théâtres aux([uels il a attaché son nom par la
construction de celui d'Étampes, à la demande d'une société
d'habitante de celte ville, et continua par l'Hippodrome de
l'avenue de l'Impératrice ouvert en 1856, puis, termina par les
deux Ihéâlres de la place du Chàtelet élevés en 1801 et 1862.
Très endommagés par l'incendie, au temps de la Commune, ils
ont été restaurés, après 1871, par M. J. Bouvard dont on lira
plus loin la biographie. Lorsqu'il fut question des travaux pro-
jetés à l'occasion de notre Exposition universelle de 1878, on
voulut utiliser les hauteurs du Trocadéro sur lesquelles, on se le
rappelle. Fontaine et Percier devaient élever le palais du roi de
Rome, projet que la chute de l'empire fit abandonner; c'est à
MM. Davioud et Bourdais que fut alors confiée la mission d'y
construire le vaste édifice qu'on y voit aujourd'hui et qui est
occupé, en grande partie, par les Musées ethnographique et ar-
chéologique.
M. Jules Bourdais est né à Brest le 6 avril 1835 et ingénieur
diplômé de l'École centrale des arts et manufactures. Il fut
zac, par M. Emile Hébert; puis ceux de Murger, Casimir Delavigne, Alfred de
Vigny, Louis Bouilhet et Ponsard. Dans ce même foyer, quatre panneaux sym-
boliques où figurent les portraits de Sarah Bernard, par Parût, de Marie Lau-
rent, par J. Auberl, d'Anlonine, par Dupain, de Jane Essler, par Collin; puis les
portraits de Mademoiselle Georges, par Courtat, d'après une esquisse de Gérard
et de Marie Dorval, par H. Lazerge.
CHAPITRE XII. ' 313
néanmoins choisi pour être l'archilecle de l'arrondissement de
Brest et construisit à ce titre diverses églises et des écoles dans
le déparlement du Finistère. Architecte aussi du département
de Tarn-el-Garonne il > a élevé la préfecture de Monlauban.
Officier de la Légion d'honneur, M. Bourdais est membre de la
Société centrale depuis 1872.
Un autre architecte de théâtres fut Auguste Joseph Magne,
décédé à Eau-Bonne le 10 juillet 1885, ofticier de la Légion
d'honneur, membre de la Société centrale. Né à Étampes le 2 avril
1816, Magne, élève de Debret et de Guénepin, avait remporté, en
1838, le second grand prix d'architecture. Inspecteur division-
naire de la voirie et inspecteur honoraire du service d'architec-
ture de la ville de Paris, il construisit, en cette qualité : en 1859,
l'église Saint-Bernard, la chapelle Saint-Denis, rue d'Alger et
les marchés Nicole dans le Y° arrondissement, du Gros-Caillou
(1873-75), le marché aux chevaux (1875), le marché de l'Ave-
Maria et celui des Martyrs (1876-1878), le marché de la Chapelle
(1884) (marchés s'éloignant tous du type classique adopté pour
les édifices de cette nature), le tombeau de Théodore Barrière,
au cimetière de l'Est et le monument des gardes nationaux tués
il Bu/.cnval. Déjà, il avait entrepris la construction du théâtre
du Vaudeville (1872) à l'angle du boulevard de la Madeleine et
delà Chaussée-d'Antin dont la décoration extérieure est due au
ciseau de M. E. Hébert. Puis, après l'incendie de 1867, il réédi-
fiail, sur la place du Ralliement, le théâtre d'Angers qui fut ter-
miné le 1" novembre 1871.
En province, les travaux de Magne sont considérables, ce sont,
outre le théâtre d'Angers : à Étampes, la maison cellulaire, une
maison de refuge pour la vieillesse et la sous-préfecture ; il y res-
taura en outre l'hôtel de ville, l'église Notre-Dame et le châ-
teau de Rouville (1859-62], à Saint-Illide (Cantal), la jolie cha-
pelle d'Albart en style roman-auvergnat avec assises alternées
de pierres blanches et noires (1874-1885), la mairie et un groupe
scolaire à Eau bonne (Seine-el-Oise) (1883 à 1884). Le nombre
des projets faits par Magne est considérable; nous citerons celui
destiné aux grandes halles de Paris (1843), celui pour un hôpital
de convalescents à Passy, celui pour un musée d'industrie dans
l'île Louviers (1845), un projet d'abattoir pour la ville de Sainl-
Germain-en-Laye(1847), le projet d'une église pour la place de
316 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
l'Europe (1848), u» projet d'hôtel des invalides civils (1849), un
projet de palais pour l'exposilion des produits de l'industrie
(1864), etc. De M. Lucien Magne, son fils, nous ne connaissons
que la reslauralion d'un édifice du xy" siècle exécutée en 1878
et l'église Saint-Marlin de Montmorency.
Le théâtre dit de la Gaîlé, sur le square des Arts-et-Métiers,
date également du second Empire et il eut pour architecte
M. Alphonse Adolphe Cusin, né le 6 mai 1820 k Melun. Inspec-
teurvoyer en 18i7, puis conmiissaire-voyer en 1872, retraité en
1879, commissaire-voyer principal honoraire et membre de la
Commission supérieure de voirie, M. Cusin est aussi l'auteur d'un
édifice communal, boulevard de. Sébastopol. Disons seulement,
à propos du théâtre de la Gaîté, que l'archilecte, en réunissant
dans le même ensemble architectural la façade du tiicâtre et
celle des deux maisons qui lui sont contiguës, a donné à l'édi-
fice une ampleur qui en augmente de beaucoup l'importance.
Le théâtre de la Porte Saint-.AIarlin, incendié pendant la Com-
mune, fut reconsiruit par de la Chardonnière, un inconnu.
L'incendie dont nous venons de parler avait également atteint
le restaurant tenu par Deffieux, à l'angle du boulevard Saint-
Martin et de la rue de Bondy. C'est sur l'emplacement de ce res-
taurant que M. Charles de Lalande, petit-fils du célèbre astro-
nome, a élevé le théâtre de la licnaissance inauguré en 1873.
Le terrain, de forme irrégulière, n'ayant qu'une surface très faible
(516 mètres environ), l'architecte a placé le rez-de-chaussée de
la salle à la hauteur du premier étage et le foyer di^ public à
l'entresol. L'édifice a élé construit dans un espace de 283 jours.
Le théâtre des Nouveautés, sans façade sur le boulevard des
Italiens, est également de M. de Lalande, ainsi que le théâtre
de Cherbourg inauguré le 28janvier 1882. N'oublions pas non
plus l'hôtel Donau de Vienne qui est également de cet architecte.
Le théâtre du Prince-Impérial(aujourd'hui du Château-d'Eau)
a eu pour architecte, en 1866, M. Julien Louis Brevet, né à
Nantes le 10 mars 1836, dont nous ignorons les autres œuvres.
A côté de ces théâtres d'une certaine importance, nous cite-
rons encore la salle des Folies-Dramatiques construite en 1802,
sur la rue de Bondy, par un architecte nommé Chevey, sur
lequel nous ne possédons aucun renseignement ; mais ce
théâtre ne devait être considéré par l'architecte que comme une
CHAPITRE XII. 317
construction provisoire. Le théâtre de la Comédie parisienne, avec
façade loul en terre cuite et faïence_, sur le boulevard de Stras-
bourg, est dû à M. Marcel Deslignères. La salle de concert de la
Scala élevée en 1875 et qui présente celte particularilé qu'elle
est surmontée dune coupole vitrée mobile, que l'on peut retirer
pendant l'été, ainsi que le nouveau Cirque de la rue Saint-
llonoré construit sur l'emplacement de raucieu liai Valentino,
eurent, tous deux, pour architecte M. Aimé Sauffroy, né à Paris,
élève de Renaud, architecte aussi de l'hôtel bien connu du jour-
nal le Figaro dont il a donné les plans en 1874 et de l'église de
Levallois-Perret construite par lui en 1870, avec la collaboration
de M. Vionnois. Le café-conc(M-t de l'Eldorado, sur le boulevard
de Strasbourg, est de Charles Duval, né à Beauvais en 1800
et fils d'un entrepreneur, qui acquit, à force de persévé-
rance, les connaissances nécessaires à un architecte. Après
avoir élevé à Maisons-Lafitte plusieurs habitations particu-
lières, il fut chargé par le vice-roi d'Egypte de la construction
d'un kiosque en fer destiné à orner ses jardins, à Alexandrie. 11
donna les plans du château de la Jonchère (près de Brie-Comte-
Uoberlj, de l'hôtel Aleurou aux Champs-Elysées, de l'hôtel Van-
Eeckhout àPassy, del'hôlel de la grande tragédienne Rachel dans
le quartier de Tivoli. Duval a laissé un l'ecueilde ses constructions
intitulé : Maiso7is de ville et de campagne , et un fils Charles-Alphonse
Duval qui n'a jusqu'à ce jour produit aucun édifice important.
Au premier rang des établissements municipaux élevés à
Paris, pendant la dernière période du siècle, doit figurer,
nalurellement, l'Hôtel de Ville de Paris, incendié pendant les
désastres de 1870-71 et construit à nouveau, sur le même em-
placement, de 1874 à 1883, par MM. T. Ballu et Deperthes.
L'œuvre de ces architectes est connue du monde entier, aussi
bien que l'Opéra de M. Garnier et, d'ailleurs, nous nous
sommes fait un devoir de nous abstenir de toute critique, en par-
lant des œuvres de nos contemporains, réduisant notre article
sur chacun d'eux à une biographie sommaire d'après les ren-
seignements que nous possédons. Donc, Théodore Ballu, mort à
Paris, le 22 mai 1885, architecte divisionnaire de la ville de
Paris, inspecteur général de ses travaux, inspecteur général des
monuments diocésains, commandeur de l'ordre de la Légion
d'honneur et membre de l'Institut, depuis 1872, était né à Paris,
318 LES ARCHITECTES PAR LEURS (EUVllES.
le 8 juin 1817. Élève de Lebas, il obtint le premiei" grand prix
d'architecture, en 1840 et revint de Rome, chargé d'études très
remarquables qu'il avait faites pendant son séjour en Kalîe,
notamment sur le théâtre de Marcellus, éludes qu'il ne put pas,
malheureusement, achever, grâce à la mauvaise volonté des
possesseurs du palais Orsini, bâii sur l'emplacement de cet
antique édifice. De Rome, Baliu partit pour Athènes, où il re-
levâYErec/itéion ; mais c'est à Rome, en 1845, que furent exposés
les dessins relatifs à ce dernier travail. A son retour à Paris, en
1847, il fut nommé inspecteur des travaux de la ville. Adjoint à
Gau, arcbilecte alors de l'église Sainle-Clotilde, il succéda à ce
dernier, mort en 1850. Peu après, il fut chargé de la restaura-
lion de la Tour Saint-Jacques; de 1861 h 18G7, il éleva, en lui
donnant le caraclère des œuvres de la Renaissance, l'église de
la Trinité; de 1863 à 1808, l'église Saint-Ambroise, dans le style
roman du xn° siècle, avec deux clochers d'une hauteur de
08 mètres; de 1807 à 1875, rue Saint-Maur, l'église Saint-
Josepb, conçue dans le plus pur roman. On lui doit également
le dessin de la tour qui sépare la mairie du I" arrondissement
de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois (Hittorff avait proposé un
clocher) et le temple protestant de la rue Roquépine.
T. Ballu a laissé un fils, M. Albert Ballu, architecte comme
lui, né le 1" juin 1849 à Paris, officier d'Académie et chevalier
de la Légion d'honneur. D'abord inspecteur des travaux de
reconslruclion de l'Hôtel de Ville, sous les ordres de son père,
il acheva le palais de jusiice de Charleroi (édifice de 1777)
à l'occasion duquel il a obtenu le prix Duc et construit celui de
Bukarest ^Roumanie) en cours d'exécution (prix Duc pour la
seconde fois). On lui doit l'achèvement de la cathédrale d'Alger,
façade et parties antérieures, le tombeau de la famille Alveur à
Buenos-.\yres et la construction — en cours d'exécution — d'un
casino à Riskra, etc. Les restaurations de monuments histo-
riques elfecluées par M. A. Ballu sont fort nombreuses; nous
citerons : dans la Charente-Inférieure, celle de l'église d'Esnonde,
œuvre considérable dont l'exécution, dans le temps, aurait
coûté environ 100,000 francs, celle de l'église de Saint-Eniaux,
dépense 50,000 francs; celle de l'église de Chadenacde Talmour
et du château de Pons, la construction d'une sacristie à l'église
de Lamballe (Côtes-du-Nord) 50,000 francs, la restauration de
CHAPITRE XII. 319
la tour de Solidor à Sainl-ServanI, de l'église de Dol (Ille-et-
Vilaine). Comme architecte diocésain d'Âix, d'Ajaccio et d'Alger,
il a exécuté le couronnement de la tour de la cathédrale d'Aix,
restauré les églises de Saint-Florent, d'Aveyno, de Murale, de
Valle di Campolcro (Corse), et tous les monuments historiques
de l'Algérie, notamment la basilique de ïebessa, le temple de
Minerve, etc. et dirigé les fouilles de Timgad. M. A. Ballu s'est
aussi fait remarquer par les pavillons de la République Argen-
tine et de l'Algérie à l'Exposition universelle de 1889. Il prépare,
en ce moment, un ouvrage sur la basilique de Tebessa (Paris,
Leroux, éditeur).
Le lecteur trouvera plus loin la biographie de .M. Deperlhes,
architecte de l'église Sainte-Anne d'.Vuray.
Un élève de Labrouste, Félix Langlois, décédé le 29 jan-
vier 1889, avait collaboré comme inspecteur à la construction
du bâtiment annexe de l'Hôtel de Ville et, en 1860, à celle des
îiouvelles barrières de Paris. Architecte du chemin de fer des
Ardennes et, en 1863, des magasins généraux de Bercy, il fut
celui de presque tous les châteaux ou grands hôtels élevés, de son
temps, à Paris ou dans les environs : le château de Louray,
près Alençon, celui de Gouvieux, près Chantilly, la restauration
du château des Vaux de Cernay, etc. Le bâtiment annexe des
archives municipales eut pour architecte, en 1877, Félix
Roguet, né à Chalon-sur-Saône, élève de Painchaux et de
Lenoir, c'est tout ce que nous savons de lui.
En faisant l'historique de la construction de la mairie du
VI° arrondissement, nous avons oublié de dire que l'un des
architectes, Le Vicomte, était né à Paris en 1810, avait étudié
l'architecture dans l'atelier de Guénepin et était mort en 1881,
membre de la Société centrale et inspecteur-voyer divisionnaire
des travaux de la ville de Paris.
La mairie du IV' arrondissement eut pour architecte de 1866
à 1872, Antoine Nicolas Bailly, né à Paris le 6 juin 1810 et
qui s'était déjà fait connaître par la construction du Tribunal de
comm.erce, à l'angle du quai et du boulevard du Palais, édifice
commencé en 1860 et terminé en 1865; puis, par la nouvelle
façade du lycée Saint-Louis, sur le boulevard Saint-Michel,
élevée de 1861 à 1863, puis enfin, nous l'avons dit, par les
tribunes de courses au bois de Boulogne élevées avec la colla-
320 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
boration de Davioud. Les travaux publics de Bailly, hors de
Paris, sont la construction de la tour de la cathédrale de Valence,
de la cathédrale de Digne et la restauration, à Bourges, tant de
la cathédrale que de la maison de Jacques Cœur. Il nous resie
à dire que Bailly, mort à Paris, le 2 janvier 1892, président delà
Société des peintres, sculpteurs et architectes, avait été élève de
Debret, architecte du gouvernement et divisionnaire de la ville
de Paris, architecte diocésain des départements du Cher, de
l'Indre, de la Drômeet des Basses-Alpes, qu'il élait commandeur
de la Légion d'honneur et membre de l'Institut depuis 1875.
Au concours ouvert en 1889, pour la reconsiruction de la
mairie du X° arrondissement, le plan classé le premier a été
celui de M. Jean Eugène Rouyer, né h Neuville-au-Pont (Marne)
le 23 novembre 1827. Élève de V. Baltard et de l'École des beaux-
arts et médaillé à plusieurs reprises, il parcourut la France
pendant trente années, mesurant et dessinant tous ses édifices
historiques. Toutes ses éludes et ses excursions ont fait l'objet
d'une publication en trois volumes, très appréciée sous le titre :
Uar( architectural en France. Les constructions de M. Rouyer,
outre la mairie du X' arrondissement (architecture française
du xvi° siècle), sont les suivantes : La mairie de Neuville-
au-Pont, l'Hôtel- Dieu de Châleau- Thierry, l'hospice des
Vieux-Marins à Boulogne-sur-Mer dont le coût s'est élevé à
1 500 000 francs. Il a été primé dans plusieurs concours, notam-
ment celui pour l'hôtel de la préfeclure de Lille et celui pour
i'Hôtel de Ville de Paris, mais ces projels n'ont pas élé exécutés.
C'est M. Achille Pierre Antoine Hermant, né à Paris le
6 décembre 1823, élève de Blouet et de l'École des beaux-arts,
qui fut l'architecte de la mairie du VHP arrondissement, édifice
d'une architecture sévère en forme de fer à cheval avec simple
clocheton. Mais M. HermanI ne doit point à cette oeuvre seule
la juste notoriété dont il jouit. Ln concours ayant été ouvert en
1874 pour l'établissement de la maison de répression de Nan-
terre, c'est lui qui obtint le premier prix et exécuta l'édifice sur
une superficie de 125,000 mètres carrés. Celte prison comnjencée
en 1875 comprend une chapelle catholique et des temples pro-
testant et israélite. En 1876, il élevait le groupe scolaire de la
rue de Pnébla, avait la seconde place au concours ouvert pour
la construction de l'hôtel de ville de Nantérre et dessinait.
J
VISCONTI
CIIAPITIIE XII. 321
en 1885, la nouvelle façade, sur la place Monge, de la caserne
de la garde républicaine. M. Hermant, médaille d'or à l'Expo-
silion universelle de 1878, chevalier de la Légion d'honneur de-
puis 1889, est membre honoraire de l'Institut des architectes
britanniques et a élé successivement secrétaire, vice-président
puis président de la Société centrale des architectes de France.
La mairie du XX° arrondissement, élevée de 1874 à 1 878, a été
construite sur les dessins de M. Claude-Léon Salleron, né à
Paris le 29 décembre 1820, élève de Duban el de l'École des
beaux-arts, aujourd'hui chevalier de la Légion d'honneur,
architecte honoraire et membre du Conseil d'architecture.
M. Salleron, auteur de cette mairie, a aussi donné les plans,
comme architecte en chef des écoles de la ville de Paris, des
groupes scolaires de la rue Ribelette, de la rue Fessard, du
boulevard de Belleville, de la rue Blanche, de l'asile rue du
Jourdain et de l'École normale d'Auteuil.
M. Antoine François Gancel, né à Lyon le 1" août 1811,
élève de Iluyot, est l'archilecte de la mairie du XP arrondisse-
ment élevée en 1867. De 1842 à 1844, M. Gancel, aujourd'hui
architecte honoraire, fut attaché soit comme sous-inspecteur,
soit comme inspecteur à la reconstruction du marché Beauvau
et aux travaux de construction d'un groupe scolaire, rue des
Bernardins.
Celle du XV' arrondissement a eu pour architecte M. Devrez
dont lenom seul nous est connu. Quant aux mairies des XVI%
XVll" et XVIIP arrondissements, elles sont l'œuvre d'archi-
tectes dont nous présenterons les biographies en temps et lieu.
M. Antoine Julien Hénard, né à Fontainebleau le 11 jan-
vier 1812, mort à Paris le 27 septembre 1887, est l'architecte
de la mairie du XIP arrondissement, avenue Daumesnil et rue
de Charenton. Élève* de Huyot et de Lebas il obtint le second
grand prix en IS.'H; architecte de la ville de Paris et membre
du conseil des bâtiments civils, il était été créé chevalier de la
Légion d'honneur en 18G7. Ses autres travaux à Paris sont les
groupes scolaires rue du Fauconnier et rue Bignon, la caserne
de pompiers rue d'Alésia et la caserne des pompiers boulevard
de Port-Royal qui présente toutes les araélioraiions fournies par
la science (1884-87). On doit encore ci Hénard plusieurs monu-
ments funéraires remarquables.
m. 21
322 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
Le plan de la mairie cluXIlT arrondissement qu'on achève en
ce moment fut donné par Paul-Emile Bonnet, né à Paris le
12 mai 1828. Premier grand prix d'architecture en 1854, il entra
dans le service d'architecture de la ville de Paris en 1860, fui
l'inspecteur de Duc pendant la construction du Palais de Justice
et nommé divisionnaire en 1863. Il estmoit en juin 1881, archi-
tecte de la XP section.
La mairie du XIV' arrondissement, commencée en 1882, ter-
minée en 1889, a eu pour architecte M. Emile Auburtin, né à
Metz le 30 avril 1838. Entré dans le service d'architecture de la
ville vers 1863, il est architecte en chef delà HP section depuis
avril 1891. Il a reçu la médaille d'honneur de la Société centrale
au congrès de 1890.
Nous avons fait dans le volume précédent l'historique des
transformations exécutées à l'hôtel Carnavalet jusqu'au com-
mencement de ce siècle. On sait que la ville de Pari-; l'a acquis
pour en faire un musée municipal historique : l'architecte
chargé delà restauration et de l'appropriation de l'édifice à sa
nouvelle destination fut François Marie Péron, né à Paris le
1 1 juin 1810, second grand prix d'architecture en 1839. Mais nous
ignoronss'ilesl encorevivant; il a eu pour successeur M. Bouvard.
Théodore Labrouste, frère de l'auteur de la bibliothèque
Sainte-Geneviève, dont la biographie a été donnée en même
temps que celle de Henri Labrouste, remplaça Gau, en 18i5,
comme architecte en chef des hôpitaux et hospices de Paris.
En cette qualité il a reconstruit la maison Dubois et construit
les bâtiments de l'assistance publique et l'hospice des Incurables
à Ivry. Élève de Vaudoyer et de Lebas il avait obtenu le grand
prix d'architecture en 1827. En dehors des travaux que nous
venons de signaler, il collabora avec son frère Henry à l'édifica-
tion de l'institution Sainte-Barbe, à Paris, et restaura la biblio-
thèque de l'Arsenal.
Il eut lui-même un collaborateur à la maison Dubois, ce
collaborateur se nommait Louis Ponthieu, était né à Saint-
Gobain en 1823 et, élève de Bouchot, avait obtenu le second
prix d'architecture en 1846. Aussi est-ce lui que l'on choisit
pour créer ce magnifique établissement nommé Sainte-Périne,
rue du Point-du-Jour, à Auteuil, qui peut servir assurément de
modèle aux établissements similaires. Ponthieu, architecte de
CHAPITBE XII. 323
la plupaii des maisons du boulevard Malesherbes à Paris et
df l\in des nouveaux quartiers de Marseille, est mort à Paris le
18 mars 1879.
Ce sont surtout des restaurations et des agrandissements
d'établissements hospitaliers que l'on confia à Paul Marie
Gallois, né en 1830, mort à Paris le 9 mars 1889; ainsi il exé-
cuta en qualité d'architecte inspecteur de l'assistance publique
et d'architecte divisionnaire, en 1875, ragrandissemcnt de la
Maternité et de l'hospice des Enfants assistés. On lui confia
aussi la construction de l'hôpital Pascal, des baraquements à
Aubervilliers et l'installation du quartier spécial des enfants
idiots et épileptiques à Bicêtre, inslallalion que la mort ne lui
a pas permis de terminer. Paris doit aussi à Gallois la petite
église des Marais-Sainl-Martin terminée en 1855. Très érudil,
(îallois a laissé une éfude sur l'enlrée du châlean d'Anet et sur
la chapelle sépulcrale deslinée à recevoir le tombeau de Diane
de Poitiers; mais il fut assisté dans celte lâche par un archéo-
logue de talent, Victor Parmentier, qui s'était fait connaître par
une très belle et très savante restitution de l'ancien château
de Madrid au bois de Boulogne. Péron et Parmentier n'avaient
pas achevé leur travail lorsque le second mourut en 1870 et fut
remplacé par C. B. Laisné. Nous ignorons si Péron est mort.
Les établissements hospitaliers furent également l'objet de la
sollicitude du gouvernement impérial deuxième du nom et du
gouvernement delà République: l'Hôtel-Dieu et l'hôpital Tenon,
l'hospice des Ménages, la maison municipale de santé, etc., sont
tous des édifices de la seconde période du siècle. Nous avons
dit dans le premier chapitre que l'ancien Hôtel-Dieu avait dis-
paru déhnitivement en 1874. Mais ce fut en 1867 que Napoléon III
ordonna sa démolition et son remplacement par un édifice
nouveau construit en tout point d'après les données de la science
et de l'hygiène. L'architecte chargé de cet important travail fut
M. Arthur Stanislas Diet, né àAmboise Ie5 avril 1827. Premier
grand prix en 1853, M. Diet avait terminé à ce moment le
musée Napoléon. Décoré en 18G7 il fut également chargé d'élever
l'hôtel de la préfecture de police en 1878; malheureusement les
exigences de ce service n'onl pas encore permis de terminer
son œuvre à l'architecte, membre de l'Inslitiit depuis le 13 dé-
cembre 188i.
324 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
L'hôpital Tenon situé à Ménilmontanl est l'onivre d'un archi-
tecte, mort, âgé de 49 ans, en 1882, Marie Etienne Bilio»,
architecte de l'assistance publique, membre de la Société cen-
trale et chevalier de la Légion d'honneur. Récompensé d'une
médaille à l'Exposition universelle de 1878, il avait la surveil-
lance du service d'architecture dans les asiles nationaux de
Vincennes et du Vésinet. C'est en 1862 que M. Gustave Léon
Vera, né à Paris le 7 mars 18ol, construisit à Issy le nouvel
hospice dit « des Ménages » destiné à remplacer celui de la rue
de Sèvres et dont la dépense s'est élevée à 4,446,605 francs.
La famille de Rothschild a fait élever sur les plans de Jules
Denis Thierry, né à Paris en 1794 et mort dans la même ville
le 20 novembre 1803, l'hospice Israélite de la rue de Picpus
terminé le 26 mai 1852. Il fut également, et à la même date,
l'architecte de la synagogue de la rue Nolre-Dame-de-Nazareth.
Si nous mentionnons ici l'hôpital JN'athaniel de Rothschild,
c'est parce que son auteur, M. Maurice Emile Lavezzari, né à
Bourainville (Pas-de-Calais) le 11 septembre 1859, élève de
Thumeloup, est également l'architecte d'un établissement hos-
pitalier considérable, hors Paris : l'hôpital de Berck-sur-Mer,
réservé aux enfants scrofuleux, inauguré en juillet 1869.
A côté des écoles il a fallu, comme toujours, placer les caser-
nes. Parmi les architectes voués à cette peu artistique besogne
citons : Pierre Victor Cailliat, connu surtout de ses contem-
porains par ses ouvrages dont nous rappellerons les titres tout
à l'heure. Toujours est-il que nommé, en 1861, architecte de la
ville de Paris et attaché au service des IIP et VF arron-
dissements, il dirigea, presque en même temps, les travaux
de la mairie du IIP arrondissement sur le square du Temple
et ceux de la caserne de la Cité, ainsi que des bâtiments
en façade sur le boulevard du Palais, destinés aux états-majors
de la garde républicaine et des sapeurs-pompiers, dans lesquels
l'architecte a essayé de rappeler l'architecture militaire floren-
tine (1867). Ces travaux furent suivis de la réédificalion du
portail de l'église des Barnabites et de la construction du pres-
bytère de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. On doit aussi à
Cailliat le groupe scolaire de la rue Berthollet. INé à Paris le
1" septembre 1801, et mort dans celte ville le 12 janvier 1881,
il était chevalier de la Légion d'honneur et a signé les ouvrages
CHAPITRE XII. 323
dont voici les tilres : Parallèle des maisons de Paris, in-folio,
125 planches, 1830 ù 1850; Histoire yniiiiicipale de l'Hôtel de
Ville, Paris, in-folio, 1846; V Église Saint-Eiistache, 1850; la
Sainte-Chapelle de Paris après les restaurations- commencées
par M. Duban, etc., 1 vol. in-folio; Parallèle des maisons de
Paris, seconde période, de 1850 à 1860, 2 vol. in-folio.
La caserne des pompiers de la rue de Chaligny el surtout
celle du boulevard Diderot avec gymnase, campanillc, aver-
tisseur, etc., avaient été mises au concours, parla ville de Paris ;
l'archilecte qui obtint la première place à ce concours et, par
conséquent, à l'exécution des travaux est M. Charles Georges
Roussi, né à Paris le 2 août 1847, auteur également de' l'école
des fillef, rue de Montmorency, d'un groupe scolaire à Puleaux
(1880), ainsi que du monument à la mémoire de Hossini, en
1870. M. Roussi, élève de Guénepin et de l'École des beaux-
arts, fait partie du comité du journal (< l'Architecture » , publié
sous les auspices de la Société centrale dont il est membre.
Les marchés d'approvisionnement qui, comme ceux de Paris,
par exemple, ont pour objet d'assurer l'alimentation de plus de
2 millions d'individus, doivent être construits suivant certaines
conditions dont la nécessité est absolue. Ils doivent êlre éclairés
et ventilés d'une façon complèle, la propreté et l'hygiène y sont
indispensables; eau en abondance, égouts nombreux et siphonés,
circulation aisée des acheteurs, surveillance facile des vendeurs
et des marchandises, toutes obligations auxquelles ne répon-
daient guère les anciennes halles du moyen âge et que les
architectes du siècle précédent n'avaienl réalisées que d'une
façon imparfaite.
De plus, Paris manquait d'un marché central où l'on pût
réunir tous les produits alimeulaires arrivant des régions éloi-
gnées de la capitale: poissons, gibiers, primeurs, et où l'on pût
en etfectuer la vente en gros. Il y avait bien sur l'emplacement
occupé aujourd'hui par l'un des pavillons une construction
massive, élevée en 1850 par V. Ballard, en collaboration avec
l'archilecte Callet et qu'on appelait par dérision : «. le Fort de la
halle »; mais celte consiruclion, outre qu'elle était absolument
défectueuse sous le rapport de l'éclairage et de la ventilation,
était tout à fait insuflisante. Le gouvernement impérial décida
donc, le 12 juin 1853, qu'un nouveau projet de halle serait
326 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
étudié et que l'exécution suivrait immédiatement son approba-
tion. C'est alors que Hector Horeau, né à Versailles le 4 octo-
bre 1801, élève de Nepveu et de l'École des beaux-arts, présenta
celui qu'il -avait conçu dès 1845 et dans lequel prédominait
l'emploi du fer; mais Horeau, auteur de vastes et ingénieuses
conceptions où se trouvaient en germe la plupart des idées
qu'on a appliquées depuis, se vit mettre à l'écart, de même
qu'il avait été déjà évincé au concours, ouvert en 1850,
pour les bâtiments de l'Exposition universelle de Londres.
Et pourtant, il avait été classé le premier sur deux cent qua-
rante-cinq concurrents venus de tous les pays, et, comme si la
malechance devait le poursuivre jusqu'à sa mort, arrivée en
septembre 1872, pendant l'insurrection de 1871 il firt chargé
par les insurgés d'assurer le service de salubrité de la ville de
Paris. A la rentrée des troupes, il fut arrêté pour usurpation de
fonctions et incarcéré pendant quelques mois.
L'architecte chargé de l'édification des nouvelles halles de
Paris fut précisément celui qui avait construit le pavillon dont
il a été question ci-dessus, Victor Baltard, né à Paris le 1 9 juin
1805, fds de Louis Pierre Baltard, architecte et peinti-e. Après
avoir étudié d'abord la peinture, il s'était consacré entièrement
à l'étude de l'architecture et obtenait le premier grand prix en
1833. Inspecteur des travaux de l'École normale que construi-
sait alors de Gisors, puis inspecteur de l'École des beaux-arts
de la ville de Paris, il construisit les chapelles du catéchisme de
Saint-Philippe-du-Roule et de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, puis
restaura la façade de Sain l-Élienne-du-Mont et l'intérieur de Sain t-
Euslache et surveilla les peintures murales de Sainl-Germain-
des-Prés ainsi que l'établissement de l'orgue, de la chaire à
prêcher et du maître-autel. En 1846, il remplaça Paul Lelong
comme architecte de l'hôtel du Timbre et de la mairie du IP arron-
dissement ; en 1848, il dirigea tous les travaux intérieurs de
l'Hôtel de Ville. Il fut, enfin, l'ordonnateur de toutes les fêtes de
l'empire. L'administration, qui avait à choisir entre deux projets
soumis par Baltard pour l'exécution des halles centrales, l'un
conservant le pavillon précédemment construit, l'autre tout en ter
et fonte, adopta le second. » Le fer et la fonte avaient si bien servi
l'architecte des balles, écrit M. Paul Sédille, qu'il crut trouver
en eux les éléments nécessaires à la construction du dôme de
CHAPITRE XII. 3-27
l'église Saint-Augusfin, de 1800 à 1868. S'il n'a pas ét(^ donné à
Victor Baliard d'atteindre entièrement le but qu'il se proposait,
l'association du fer et de la pierre comme base d'un nouvel art
monumenlal, il a du moins l'honneur d'avoir tenté une voie nou-
velle, qu'à l'avenir seul il apparlienl de déclarer sans issue ou de
révéler ouverte sur des horizons nouveaux. » On doit aussi à
Baltard la reconstruction de l'abside de Saint-Leu, sur le bou-
levard de Sébastopol, de 18oî à 1860, et la réfection du campa-
nille de l'Hôtel de Ville, en remplacement de celui de 1008. Ce
campanille de 25 mètres de hauteur fut élevé en 1866. Le
nombre des tombeaux exécutés par Baltard est considérable,
citons à Paris, ceux de : Pierre Baltard, de Ingres, de H. Flan-
drin, de Cousin, de Forster, de Lefébure-Wely, et le projet du
monument à ^\^' Affre. Baltard a continué, après son père, la
publication des « Grands prix d'architecture ■», commencée par
Destournelle ; on lui doit aussi la description remarqua])le de la
Villa Médicis, de la galerie de Diane à Fontainebleau, une mo-
nographie des halles centrales et de nombreuses brochures sur
Farchitecture. Victor Baltard est mort à Paris le 13 janvier 1874,
officier de la Légion d'honneur et membre de l'inslitut depuis 1803.
Près des halles centrales se trouvait l'ancienne halle au blé
de Legrand et Molinos; elle a été transformée en bourse de com-
merce inauguré le 24 septembre 1889, architecte M. H.Blondel,
auteur, en 1867, du Cercle agricole, boulevard Saint-Germain.
Léopold Camille Cernesson, né à Juvilly (Yonne) le 21 janvier
1831, élève de Constaut-Dul'enx, entra dans le service municipal
d'architecture en 18o4 et dirigea, de 1869 à 1877, les travaux
d'appropriation de l'entrepôt de Bercy. Nommé, le 22 janvier
1877, architecte des bâtiments scolaires, il donna sa démission
et fut élu conseiller municipal de Paris dans le XVF arrondis-
sement en 1878. Trois fois président du conseil, il donna sa dé-
mission pour se présenter à la dépulalion et fut élu député de la
Côte-d'Or, en 1888, qu'il représenta jusqu'à sa mort arrivée le
19 juin 1889 ; à ce moment, il était chevalier de la Légion d'hon-
neur, Cernesson a publié une grammaire élémentaire du dessin.
C'est M. L.-J. Janvier, né à Dreux, élève de Vaudoyer, qui
dirigea, en 1809, la construction du marché aux bestiaux à la
Villetle et fut créé à cette occasion chevalier de la Légion
d'honneur. Le marché aux chevaux date de 1870 et eut pour
328 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
arcliitecle M. Charles Edouard Ziégler donl le nom seul nous
est connu. M.*" Jules Charles Annette de Mérindol, né à Milan
en 1818, membre de la commission des monuments historiques
et architecte diocésain près du ministère des cultes, fut d'abord
atlaché aux restaurations des édifices classés par la commission
des monuments historiques, parmi lesquels nous citerons : celles
(le porluil) de la cathédrale Saint-Pierre à Poitiers et du palais
des comtes de Poitiers. 11 construisit ensuite, de 1863 à 1865,
le nouveau marché du Temple et le marché Saint-Honoré et fut
fait chevalier de la Légion d'honneur en 1868.
En mentionnant dans le chapitre II du présent volume
(pages 60 et suivantes) les grandes gares de Paris, de Lyon, de
Marseille, etc., construites pendant la première période du
siècle, nous avons fait la biographie de l'architecte ou des archi-
tectes qui leur donnèrent tous un certain caractère monumental.
Mais le service delà ligne de l'Ouest se trouvant à l'étroit, dans
les bâtiments élevés en 1841-1842, confia à un élève de Vau-
doyer et de Labrouste, M. Juste Lisch, son architecte en chef,
né à Alençon (Orne), la mission d'établir des constructions nou-
velles en façade sur la rue Saint-Lazare et la rue de Rome,
constructions dont l'inauguration a eu lieu le 8 avril 1892.
M. Lisch était déjà connu par son plan de l'Ecole commerciale
de l'avenue Trudaine, (1863) par sa restauration de l'entrée du
port de la Rochelle (1864), et par celle de l'hôtel de ville de
cette cité (1879-1880). Il a exposé de nombreux projets, mais
nous ne savons pas s'ils ont tous été exécutés.
A côté des édifices publics dont nous venons de signaler la
construction à Paris, de 18o0 au jour où nous écrivons, nous
devons signaler les travaux faits par un homme dont la réputa-
tion a été européenne et qui, s'il ne fut pas architecte, a louché
à l'architecture par tant de points, qu'il ne nous serait pas
permis d'omettre son nom : nous voulons parler de Jean
Charles Adolphe Alphand. Né à Grenoble le 26 octobre 1817
et élève de l'École polytechnique en l83o, il en sortit en 1837 et
fut classé dans les ponts et chaussées. Nous ne parlerons pas, et
pour cause, de ce qu'a produit Alphand pendant sa carrière d'in-
génieur, mais nous rappellerons qu'il fut appelé à Paris en 18o4
et reçut le litre d'administrateur en chef des promenades et
plantations de la ville de Paris, qu'il publia un magnifique ou-
CHAPITRE XII. 329
vrage en deux volumes sur le Bois de Boulogne et les autres
parcs (Paris, Rothschild, lS8o), qu'il élail commandeur de la
Légion d'honneur, décoré de presque tous les ordres étrangers
et qu'il est mort le 6 décembre 1891, inspecteur général de
première classe des ponis et chaussées.
Voici maintenant, pour finir, les noms de plusieurs architectes
auteurs de monuments funéraires élevés aux victimes de la
guerre de 1(S70-187! : M. Farque et Derecq (monument élevé
sur le champ de balailh^ du liourgcl). Gustave Benjamin
Alexandre Bourgeret, né le 18 septembre 1813 à Rennes
(monument commémoralif du combat de Saint-Cast iCôtes-du-
Nord). Nous ajouterons à tous ces noms celui de M. Boileau
qui, avec la collaboration du scidpteur Aube, a conçu et exé-
cuté le monument érigé dans le Carrousel à la mémoire de
Léon Gambetta.
■ Les édifices religieux élevés à Paris par le second Empire et le
gouvernementde la République ont une importance considérable,
tant au point de vue do l'étendue des constructions, que parce"
qu'ils ont été l'expression de certaines tendances architecturales
impossibles à réaliser par l'architecte d'édifices civils dont le
plan est tracé d'avance et imposé à l'artiste. Nous avons signalé
la tentative de Victor Baltard, le grand vulgai'isateur de la cons-
truction métallique (essayée d'ailleurs avant lui par Bélanger)
lorsqu'il construisit l'église Saint-Augustin dans un style romano-
byzantin qui en permettait quelque peu l'emploi; dans l'église
Saint-Eugène, la tentative a été poussée plus loin encore et il
faut bien dire que l'œuvre del'ai^hitecte Louis Auguste Boileau,
né à Paris le 25 mars 1812 et ancien menuisier, n'est point l'aile
pour encourager dans la voie qu'il a suivie les architectes français
d'édifices religieux. Le succès obtenu par le butfet d'orgue de
Saint-Germain-l'Auxerrois, ainsi que le jubé de Saint-Pierre
d'Aire-sur-la-Lys sortis de cesateliers, avait engagéTabbéCoquand
à lui faire terminer les travaux de l'église Saint-Eugène que diri-
geait Lusson, au plan duquel il apporta des changements consi-
dérables; l'édifice fut terminé en vingt mois (1855). Il faut
joindre à celte œuvre de Boileau l'église Saint-Michel de Bali-
gnoUes inaugurée le 19 septembre 1859. Boileau a publié deux
brochures : « Esquisse scénographique et historique de Saint-
Pierre-du-Lys » et « l'Art religieux et monumental ».
330 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Adrien Louis Lusson. né à La Flèche le 4 aoûl 1790, morl
à Home le 9 février 1864, fui élève de Percierel Fonlaine et oblint
plusieurs médailles cà l'École des beaux-arts. Kn qualité de sous-
inspecleur des ti'avaux publics, il fut attaché à la construction du
marché Sainl-Germain (1812), puis nommé inspecteur en 1819.
A son retour d'un séjour en Italie, il exposa de nombreux projets
et publia, de 1830 à 1834 : « Souvenirs d'un voyage à Munich »,
« Embellissement de la place Louis XVI ». « Essais sur les cons-
tructions rurales », << Spécimens d'architecture gothique »,
« iMonumenls antiques el modernes de la Sicile », etc. Lusson a
construit la halle de décbargement, rueChauchat, dont partie est
devenue le temple protestant, la cité Morel Vindé, boulevard de
la .Madeleine ; puis, en 1861 , après avoir abandonné à Boileau la
construction de l'église Saint-Eugène, il commença, sur un
plan romano-byzantin, l'église Saint-François-Xavier, boulevard
des Invalides, achevée par Uchard. Ses travaux en province
sont : riiùpital de Xéris, la fontaine Albert à Nevers, la décora-
'tion du théâtre de la Flèche et celle de la chapelle du château
de Conflans, Lusson a laissé de noiubreux projets et légué ses
cartons à la ville du Mans.
Toussaint François Joseph Huchard était né à Paris. Élève
de Delannoy et de Guénepin, il avait obtenu, en 1838, le premier
grand prix sur un projet de cathédrale et envoyé do Rome de
très sérieuses études. Cependant, comme travaux d'utililé pu-
blique nous ne lui connaissons, avant l'achèvement de l'église
Saint-François-Xavier (1878), qu'un asile élevé à Paris, en 1858,
rue do l'Église du Gros-Caillou*et la transformation de l'hôtel
Forbin-Janson, rue Grenelle-Saint-Germain, en mairie du Palais-
Bourbon (mairie du VIP arrondissement) (1863). Du reste, quand
il est mort dans sa ville natale, le 17 février 1891, Huchard était
membre du Comité d'architecture, architecte honoraire el
chevalier de la Légion d'honneur.
L'église Notre-Dame-des-Champs, boulevard Montparnasse,
inaugurée le 1" novembre lS76,oul pour architecte un membre
de l'Institut, M. Paul René Léon Ginain. Le corps central est
à pignon répondant à la grande nef, flanquée de deux bas-côtés
sur lesquels s'ouvrent des portos. Le clocher, à deux étages, est
placé à gauche de l'église et près du chœur; il est séparé du
reste de l'édifice el forme ainsi un campanille à la manière ita-
CHAPITRE XII. 3;il
lienne. Les bas-C(Més sonl séparés de la grande nef par deux
arcades en plein rinire, supportées sur des piliers et des co-
lonnes engagées. C'est encore, on le voit, une église romane et
nous en trouverons d'autres. AI. Ginain qui la termina, en 1875,
est né à Paris le 5 octobre 1825; élève de Lebas, il a obtenu
le premier grand prix d'arcliiteclnre en 1852 et a été l'archi-
tecte de l'école de la rue Saint-Benoît. Classé le premier au
concours pour la construction du grand Opéra par le jury chargé
de l'examen, sous la présidence du ministère d'Etal, il se vit
cependant évincer (nous avons dit comment) par M. Garnier qui
n'était arrivé que le cinquième à ce concours. Il est vrai qu'on
a confié à M. Ginain la construction de la façade de la nouvelle
École de médecine sur le boulevard Saint-Germain achevée en
1890, ainsi que de la Clinique d'accouchemeni, avenue de l'Ob-
servatoire. M. Ginain, officier de la Légion d'honneur, est membre
de l'inslitut depuis le 12 mars 1881.
Église romane, aussi, celle deA^iIre-Damc-de-la-Croix àMénil-
montant dont l'architecte est M. Louis Jean Antoine Héret, né
à Paris le 2 septembre 1821, élève de Lebas et de l'École des
beaux-arts; il a construit, outre cette église importante, une
école de filles avec asile, une maison de secom's rue Darboy et
rue Saint-iMaur-du-Temple, ainsi que divers monuments funé-
raires dans les cimetières de Paris. Auteur à Paris et en province
d'un grand nombre de consiruclions particulières, maisons de
loyer, ateliers, hôtels ou châteaux, il est architecte honoraire de
la ville de Paris, médaillé à l'Exposition universelle de 1878 et
archiviste de la Société centrale des architectes.
Simon Claude Constant-Dufeux naquit le 5*3anvier 1801 à
Paris, où il est mort le 26 juillet 1871 . Entré à l'École des beaux-
arts en 1801, il avait obtenu le grand prix d'arcbitecture,
en 1829. En 1845, il fut nommé professeur de perspective à
l'École des beaux-arts et occupa cette chaire jusqu'à la fin de sa
vie. Comme architecte du Panthéon, il y dirigea pendant plu-
sieurs années, depuis 1850, des travaux intérieurs de décorations
ou de restaui-ations et éleva la petite façade de l'école de dessin,
rue de l'École-de-Médecine. En 1805, il fut chargé de faire
une façade à l'église Saint-Laurent, l'ancienne ayant dû dispa-
raître dans le tracé du boulevard de Strasbourg. Étudiée avec
tout le soin qu'apportait Constant-Dufeux à ses conceptions,
332 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
cette façade est un vérilable bijou d'archéologie. Ayant succédé
en 1860 à de Gisors, en qualité d'architecte du palais du
Luxembourg, il dirigeait en même temps lareslauration de l'église
de Valence (Drôme). Il a signé plusieurs tombeaux remarqua-
bles, entre autres celui de l'amiral Dumont d'Urville au cimetière
Montparnasse, du comte Brueys à Uzès et un grand hôtel, rue de
Vendôme. Chargé en 1852, par le ministère des travaux publics,
d'étudier un projet d'hôlel pour les invalides civils, il ne vit
point ce projet exécuté, mais fut nommé chevalier, puis offi-
cier de la Légion d'honneur.
Commencée en 1850 et flnie en 18(53, l'église Notre-Dame de
Clignancourt eut pour archilecte Paul Eugène Lequeux, né à
Paris le 10 août 1806, mort au Monl-Saint-Michel le 2 juil-
let 1873, chevalier de la Légion d'honneur. Élève de Guénepinet
de Baltard père, Lequeux obtint le premier grand prix d'archi-
tecture en 1834, après avoir été médaillé pendant son séjour à
l'Ecole. Aussi lors de sa sortie, fut-il nommé architecte du dépar-
tement de la Seine, et spécialement de l'arrondissement de
Saint-Denis. Ses principales œuvres sont, hors de Paris : le
portail de l'église de Saint-Ouen (1840), la mairie et les écoles
de la Chapelle-Saint-Denis (1844), la restauration de la tour de
l'église d'Aubervilliers (1844), un abattoir pour la ville de Saint-
Denis (1845), l'église de Villelaneuse et la mairie de Puleaux
(1856), une école à Clichy-la-Garenne, l'église de Pierrefilte, la
restauration de l'église de Colombes (1846), l'hôtel de la sous-
préfecture à Saint-Denis et des casernes de gendarmerie (1863-
1865); enfin, l'asile pour les fous de Ville-Évrard (1865-1869).
Dans Paris, tn doit à Lequeux (1835-1836), la mairie de
Monlmartre (qui vient d'être abandonnée), l'église de la Villelte,
Saint-Jacques-Saint-Christophe, dont la première pierre a été
posée en mai 1840 et qui fut terminée en 1844; l'église Saint-
Ferdinand des Ternes (1844-1847), la mairie des Balignolles
(1847-1849), la mairie de Courbevoie (1859-1860), puis Notre-
Dame de Clignancourl, son auivre la plus importanle.
Au concours de 1872 pour l'éreclion d'une église votive sur
les hauteurs de Montmartre, la première place fnt donnée à Paul
Abadie, né à Paris le 18 novembre 1812, fils d'un architecte
bordelais, du même nom, dont on a lu plus haut la biographie.
Elève d'Achille Leclère, il fut nommé inspecteur des travaux
CHAPITRE XII. 333
qu'on exécutait à Notre-Dame de Paris en 1848, et, en 1874, ar-
ciiitecte diocésain d'Angoulême, de Périgueux et de La Roclielle.
En cette qualité, il exécuta des restaurations à la catliédrale
d'Angoulême, à Saint-Front de Périgueux et à Saint-Michel de
Bordeaux dont il refît la tourel la flèche; puis, construisit dans
cette même ville Saint-Ferdinand et Sainte-Marie de la Bastide;
il .fut aussi l'architecte de Saint-Martial et de Saint-Ausone à
Angoulèrae, des églises des Barris, à Périgueux, de Mussidan,
de Faux, de Bergerac, de Bassens, de Langoiran, de Valaysac,
de Bégadan, A Paris, architecte, en 1866, de l'inslilution des
Jeunes Aveugles, membre de la Commission des monuments
historiques, en 1871 , inspecteur général des Sdifices diocésains,
x\badie avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur, en
1856, officier en 1869, membre de l'Institut en 1875 et mourut
à Chalou le 2 août 188i, laissant inachevée l'église du Sacré-
Cœur de Montmartre, dont les travaux furent confiés à Daumel,
d'abord, ensuite à Laisné, dont on va lire ensuite la biographie.
Nous avons donné plus haut celle de l'un des succes-
seurs d'Abadie comme architecte de l'éghse du Sacré-Cœur,
M. Dauniet ; l'architecte de l'édifice fut ensuite Charles Jean
Laisné, né à Fontenay-sous-Bois en 1819, élève do Iluvé et de
Lenormand, second grand prix d'architecture en 1844. Comme
coopérateur à la oUection des archives des monuments Chislori-
ques, il a publié des dessins relatifs à l'abbaye d'Ourscamp
(Oise), de Notre-Dame d'Étampes(Seine-et-Oise), de Saint-Pierre
de Caen, etc., qui lui valurent une médaille au Salon de 1852.
Nommé professeur à l'École des beaux-arts en 1863, il fut décoré
en 1864 et exécuta les travaux du pont du Gard en collaboration
avec Queslel, à Notre-Dame de Dijon et à la cathédrale de Sens;
architecte de la cathédrale de Gap, conçue dans le sentiment des
anciennes églises romanes en 1886, il procéda aussi à l'installa-
tion de l'école normale de Cluny (Saône-et-Loire), ainsi que des
lycées de Cognac et de Guéret. Nous avons dit plus haut qu'il fui
l'architecte à Paris de la nouvelle École de pharmacie et du
lycée Janson-de-Sailly. Nous rappelons également ici pour
mémoire que les églises de la Trinité, de Saint-Ambroise et de
Saint-Joseph eurent pour architecte Ballu père.
Les églises Saint-Pierre de Montrouge (remarquable par l'ab-
sence des voûtes que l'architecte a remplacées par des charpentes
334 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
appareilles divisées en caissons peints et dorés) et iSoIre-Dame
d'Auteuil qui se rattache franchement au style roman inter-
prété librement par l'artiste, furent construites, de 1860 à 18G8,
par iM. Joseph Emile Auguste Vaudremer, né à Paris le G fé-
vrier 1829, que nous avons déjà présenté au lecteur comme
architecte des lycées Bnffon et Molière à Paris. Élève de Blouet
et de l'Ecole des beaux-arts en 1847. M. Vaudremer a obtenu le
premier grand prix en 1854, a été décoréen 1867 et est membre
de l'Institut depuis le 22 mars 1879. Architecte sectionnaire de la
ville de Paris, il y a construit, outre les édilices que nous venons
de citer, la maison d'arrêt de la l'ue de la Santé (1865) et res-
tauré, dans le même temps, la façade latérale de Saint-Ger-
raain-l'Auxerrois; il dirigea la construction du temple protestant
de la rue Julien-Lacroix et le groupe scolaire de la rue d'Alésia.
Eu province, M. Vaudremer a élevé à Beauvais le palais épis-
copal situé en face de la cathédrale, édifice bàli sur pilotis qui a
coûté près de 300,000 francs, et le lycée de Monlauban conçu
dans le même sentiment que ses lycées de Paris.
Un édifice religieux (jui rappelle les constructions du Nord et
se compose d'une nef unique ogivale flanquée de chapelles déta-
chées est l'église de la Sainte-Famille, rue de Charonne, élevée en
1880 par M. Coulomb, dont nous ne pouvons donner que le nom.
Deux pères jésuites ont fourni les plans, vers 1880, de
l'église du Jésus attenant à la maison mère de la rue de Sèvres,
numéro 35, les PP. Martin et Tournesac, Le P. Martin était
d'ailleurs déjà connu comme auteur du tombeau de sainte Gene-
vièveplacéàSaint-Élienne-du-Mont, délicat réseau debronze doré
orné de feuillages qui dissimule, sans le cacher, le sarcophage où
sainte Geneviève fut inhumée.
La chapelle des Baptistes de la rue de Lille ouverte en 1873
et le temple évangélicjue de l'Étoile conçu dans le style ogival
fleuri, inauguré en 1874, sont les œuvres d'un architecte
étranger, M. Hansen.
Né à Paris en 1834, M. Alfred Aldrophe, élève de Bélanger et
de l'École spéciale de dessin, fui d'aijord attaché aux travaux d'ar-
chitecture du chemin de fer de l'Est. En 1855, il était chargé du
service de l'installation de l'Exposilion universelle de Paris, puis,
en 1862, nommé architecte de la commission près l'Exposition
universelle de Londres. Sous-inspecteur, dès 1855, des travaux
CHAPITRE XII. 333
f'ails alors par Ballard aux bàlimenls annexes de l'Hôlol de Ville
et architecte des nouvelles barrières, sous la direction de M. Jay,
il fut nommé, en 1800, inspecteur de première classe. C'est en
l8Go que M. Aldrophe a commencé la construction du Temple
cousistorial israélile de la rue de la Victoire dont le style semble
inspiré par l'architecture romano-byzantine des édifices du moyen
âge dans les pays rhénans. L'édifice a été inauguré en 1874, et
M. Aldrophe a également construit, dans le même style, la syna-
gogue de Versailles inaugurée le 22 septembre 188(3; enfin il a
attaché son nom à la chapelle sépulcrale d'Adolphe Tliiers au
cimetière de l'Est (1887). Il est officier de la Légion d'honneur et
membre de plusieurs ordres étrangers.
La synagogue de la rue des Tournelles, inaugurée le \o sep-
tembre 1875, ressemble assez à celle de la rue de la Victoire.
La façade principale en est à deux étages de pilastres, percés de
fenêtres et surmontés d'un fronton demi-circulaire avec rosace
au contre. Elle a pour arcbitecle AI. Marcellin Emmanuel Var-
collier, né à Paris le 10 février 18i9, élève de Ballard auteur
aussi de la nouvelle mairie de Montmartre qui vient d'être inau-
gurée.
Pour terminer ce que nous avions à faire connaître des édi-
fices religieux élevés à Paris pendant la seconde période du
xix° siècle, disons que l'architecte Pierre Louis Armand
Etienne Pollet, né à Paris le 16 novembre 1831, a installé dans
un local précédemment occupé par l'institution HioUe, boule-
vard Saint-Michel, une mosquée à l'usage des élèves de l'école
égyptienne dont le plan et la décoration ont été relevés dans un
des numéros de la « Revue de l'Architecture » (année 1876).
Fidèles à notre programme, si nous rappelons ici les noms de
Pierre Manguin, né le 12 février 18i.j, mort en 1870, élève de
Lebas et de l'Ecole des beaux-arts, c'est parce qu'il a organisé les
cérémonies ordonnées en mémoire des victimes de Juin 1848, et
qu'attaché à la commission des monuments historiques il a exé-
cuté la restauration de l'église de la Ferté-Bernard (Sarlhe) et de
la crypte de l'église Saint-Laurent à Grenoble. Nous en dirons au-
tant de M. Nicolas Crépinet, né à Paris le 16 octobre 1827. Pos-
sesseur d'une clientèle de choix pour laquelle il a élevé à Matirid
l'hùtel du Crédit espagnol (1858) et l'hùtel des Boches-Noires à
Tiouville, il avait été attaché aux travaux dutoinbeau de Napo-
336 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
léon en 1859 et a élevé aux Invalides le (ombeau du roi Joseph.
A mentionner seulement M. Varé, architecte paysagiste,
parce qu'il fut le collaborateur d'Alpband, lorsque celui-ci fut
chargé de dessiner le bois de Boulogne ainsi que nos autres
promenades publiques, et encore Antoine Marneux, élève de
l'École des beaux-arls en 1816, mort h Beauvais en 1845, au-
quel on doit l'ornementation de la Madeleine, de Saint-Vincent-
de-Paul, des monuments de Juillet, à Paris et de Boulogne-sur-
Mer, de l'Arc de Triomphe de Marseille, puis parce qu'il fut
l'auteur du grand escalier (ancien) de l'Hôtel de Ville et de
quelques parties de cet édifice.
Imaginez quelques baraques en bois occupées par quelques
exposants (101) et rangées autour d'un Temple (?) à l'Industrie
dans un coin du Champ-de-Mars, tel fut l'aspect de la première
Exposition tiationale fra7içaise, ouverte en 1798. En 1801 et en
1802, sous le ministère de Chaptal, des portiques (en bois tou-
jours) fureni installés dans la cour du Louvre. L'idée avait fait peu
de chemin, mais on commençait cependant à en discuter la
valeur, et en 180G, le gouvernement organisa, sur l'esplanade
des Invalides, une quatrième exposition industrielle, qui com-
prenait 124 baraques en bois. Malheureusement les guerres
de l'Empire et les désastres qui vinrent clore la période impé-
riale, ne permirent pas de constater quels avaient pu être les
progrès de notre industrie depuis 1806, et c'est en 1819 seu-
lement, que fut reprise cette idée d'une exposition simultanée
de tous les produits industriels de la France. Les expositions
de 1819 el de 1823 s'ouvrirent dans les salles du Louvre; puis,
quatre ans après, c'est dans la cour même du Louvre que les
industriels groupèrent les œuvres dues à leur travail, tandis
qu'une exposition des œuvres de peinture et de sculpture des
artistes de l'époque avait lieu dans les salles du premier étage.
Le résultat obtenu, relativement satisfaisant, engagea le gou-
vernement à favoriser ces sortes d'exhibitions qui demeurèrent
d'ailleurs nationales et, en 1834, les étrangers purent contem-
pler pendant quelques semaines l'Kxposition sous la forme de
quatre baraquements élevés sur un soubassement en maçon-
nerie, aux quatre angles de la place de la Concorde. En 1839,
c'est-à-dire cinq ans après, nouvelle exposition dans le grand
' I
/■
Massard del.
LEFUEL
CHAPITRE XII. M7
carré des Champs-Elysées, puis cinq ans après, en 1844 cl
enlin en 1849, on consacra presque un million à celle mani-
festation de l'art et de l'industrie français.
Nous avons dans notre deuxième chapiire mentionné le nom
de J.B.de Joly comme élant celui de l'architecle des expositions
de 1823 et de 1826; l'architecte qui fut chargé d'installer les
quatre dernières s'appelait Moreau, ainsi que nous l'avons in-
diqué également. Enfin, l'édifice élevé par les archilectes Viel
et Cendrier dans le carré Alarigny, aux Champs-Elysées, à l'oc-
casion de l'exposilion de 1855, fut un véritable palais, destiné
aux expositions annuelles des œuvres d'art... et d'une foule
d'autres.
Jean Marie Victor Viel était né à Paris le 31 décembre 1796
et était élève de Yaudoyeret de Lebas; il est mort le 7 mai 1863,
sans laisser d'autre ouvrage connu. Quant à Cendrier, nous
avons donné sa biographie, en faisant connaître les principaux
architectes lyonnais. Mais dans l'intervalle qui s'était écoulé
entre Tannée 1849 et l'année 18oo, l'Angleterre avait mis à
exécution une idée éclose, dit-on, dans un cerveau français,
celle de faire appel non plus seulement à ses propres industriels,
mais aux industriels du monde entier, afin de réunir les pro-
duits les plus divers dans un même local, de les comparer entre
eux et de faire profiter l'industrie nationale des améliorations
de forme ou de fond constatées par les membres des jurys.
C'est ainsi qu'en 1850, l'architecte de jardins l'axton, cons-
tructeur de plusieurs grandes serres en fer et en verre, proposa
à l'Angleterre le « Palais de Cristal». Nous avons dit, en faisant
la biographie de cet architecte, que sa proposition avait été
acceptée et que son œuvre, démontée pièce par pièce, se trouve
aujourd'hui hors de Londres, à Sydenham, et a été transformée
en musée d'art et d'histoire naturelle. Dans la construction du
Palais de l'Industrie de 1855, les archilectes n'ont pris de l'in-
génieur anglais que les immenses berceaux vitrés pour couvrir
leur hall central el les bas-côtés, le surplus de la construction est
en moellons et en pierres de taille. Mais alors (pas plus que de
nos jours, d'ailleurs), on ne s'est préoccupé des moyens propres
à aérer et à tempérer la chaleur éloud'iinte d'aussi vastes édifices.
Les Expositions de 1807 et de 1878 au Champ-de-Mars et au
Trocadéro curent lieu toutes les deux dans un palais de fer et de
III. 22
338 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
lùle, à l'exception loiilelbis de la galerie des bcaux-aiis dont les
murs élaient en maçonnerie, essenliellement circulaire avec un
jardin comme point central, jardin aulonr duquel rayonnaient
toutes les galeries de l'Exposition, et il iaul dire que l'elTet pers-
pectif de ces galeries l'emporlail de beaucoup, sous le rapport
du pittoresque, sur l'etret des galeries en ligne droite. L'exécu-
teur de ce plan original était M. Kranlz, ingénieur en chef, qui
voudra bien nous permettre de ne pas nous occuper de lui dans
un ouvrage réservé aux seuls architectes. De l'Exposition de
1878 nous sont restés le palais du Trocadéro qui est l'œuvre
commune, nous l'avons dii, de Davioud et de M. Bourdais,
dont nous avons donné la biographie et le pavillon de la Ville de
Paris démonté et réédifié dans les Champs-Elysées où on peut le
voir aujourd'hui, dont l'architecte fut M. Joseph Antoine Bou-
vard, né à Saint-Jean-de-Bournay (Isère) le 19 février 1840,
élève de Conslaut-Dufeux et de l'École des beaux-arts.
M. Bouvard entra dans le service d'architecture de la ville
en tSGi comme conducteur des travaux de l'église Saint-Lau-
rent; successivement sous-inspecteur, inspecteur et archilecte
du service municipal, il fut chargé de la section de l'adminis-
tration centrale en juin 1871. Il est aujourd'hui membre du
conseil des bâtimenis civils, inspecteur général du service
d'architeclure de la ville de Paris, depuis juillet 1892, officier
d'académie, officier de la Légion d'honneur et grand officier de
divers ordres étrangers. Architecte, nous venons de le dire, du
pavillon de la Ville de Paris à l'Exposition de 1878, M. Bouvard,
qui organisa l'exposition de la Ville à Vienne en 1873, fut celui
du palais central à l'Exposition universelle de 1889. Ses prin-
cipaux travaux à Paris sont des groupes scolaires, la caserne
de la garde républicaine, rue Schomberg, le bâtiment des
archives de la Seine, des stations pour les voitures d'ambu-
lance, des refuges de nuit, des établissements municipaux de
désinfection et la Bourse du lra\ail. Il fut aussi chargé de l'achè-
vement de l'hôtel Carnavalet.
L'architecte du palais du Cliamp-di'-Mais fui M. Léopold
Amédée Hardy, né à Paris le 7 mars 1839, élève de l'École des
beaux-arts, auteur de l'église souterraine de Lourdes. Membre
de la Société centrale depuis 1871, M. Hardy est officier de la
Légion d'honneur.
CHAPITRE XII. 339
Les renseignements biographiques nous font défaut sur
M. Paul Sédille, auquel fui conliée l'ornemenlalion des pavil-
lons réservés aux beaux-arls et qui mérite aussi d'avoir sa place
dans cet article. On ne doit pas oublier non plus la rue des
Nations, qui offrait un spécimen des palais ou hahilalions d'une
arcliiteclure conforme au type adopté pour la majeure parlie des
constructions civiles et domestiques de ciiaque pays; mais nous
avons d'ailleurs nommé, lorsque nous avons pu le faire, les
arcliilectes étrangers auteurs de ces remarquables spécimens.
L'expérience de la consiruclion tout en fer avait été fournie
par l'Exposition de 1878; dans celle de 1889 on essaya d'un com-
promis grâce auquel la rigidité du fer serait atténuée par l'em-
ploi d'une matière se prêtant, sans difficulté, aux exigences de
la décoration peinte et de la statuaire. Ainsi, on a pu substituer
au caractère utilitairiî des constructions élevées jusque-là pour
recevoir les produits du génie humain et de la science humaine,
une œuvre véritablement architecturale obtenue par une réunion
d'éléments à laquelle n'avaient jamais songé les architectes du
passé. Mais laissons la parole à un artiste de talent, critique
autorisé et homme d'esprit, M. Rivoalen, qui a effleuré, sinon
abordé de front, cette grave question de l'architecture de fer
dans son étude sur l'Exposition de 1889 : « Ce n'est pas une
évolution, c'est une révolution. En 18G7 et 1878, on était déjà
entré dans la voie indépendante ; mais les ingénieurs seuls
s'étaient aventurés. En comparant les palais du Champ-de-Mars
à la Madeleine, à la Sainte-Chapelle, à Versailles, à l'Opéra, on
ne découvrira aucune similitude entre ces constructions et l'Ex-
position. La colonne et le pilastre ont disparu. Leur entablement
est remplacé par un couronnement à silliouelle mouvementée,
les fenéires, aux proportions despoliquement disposées, sont
devenues des verrières aussi larges que cela est nécessaire. Les
portes se sont transformées en vastes baies; l'extérieur laisse
deviner la destination de l'intérieur, le plâtre ni la brique ne
dissimulent plus, sous un décor mensonger, le métal qui, vainqueur
d'un préjugé imbécile, reçoit la consécralion officielle de l'art
monumental. Les remplissages ne sont plus alourdis par des en-
duits, mais décorés par des terres cuites, laissant suivre de l'œil
les lignes de l'ossature générale, tout en rompant l'uniformité
des surfaces métalliques et coupant la rigidité de la perspective.
340 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
« La galerie des machines avec sa fanlaslique portée de 1 15 mè-
tres, sans tirants, son envolement audacieux, ses proportions
grandioses, n'est pas une œuvre d'art; mais elle montre la voie
à suivre dans les constructions qui exigeront un vaisseau de
grande proportion excédant celle de la maison d'habita-
tion, etc. »
On se rappelle les pavillons les plus saillants de cette mer-
veilleuse Exposition. Los architectes en furent M. Bouvard (voir
sa biographie ci-dessus) auquel on devait la galerie centrale avec
son diimc liardi et sa porte monumentale, M. Charles-Louis-
Ferdinand Dutert, né à Dreux le 21 octobre I84o, premier grand
prix d'architecture en 1809, architecte du « palais des beaux-
arts », et M. Jean Formigé, né au Bouscat (Gironde), le
24 juillet. 1845, architecte du «palais des arts lihéraux ». Élève
de M. Laine et de l'Ecole des beaux-arts, il a obtenu le prix
Duc en 1876, a restauré plusieurs monuments historiques
dans le Poitou, l'Anjou, etc. M. Formigé, lauréat de plusieurs
concours publics, est officier d'académie et officier de la Légion
d'honneur.
Avant de clore, qu'on nous permette de mentionner les noms
de deux Fram^'ais, celui de M. Salle, architecte du pavillon de
Nice à l'Exposition de 1889, et celui de M. Paul Lorain, qui a
construit le pavillon d'honneur de la commission française
à l'Exposition d'Amsterdam en 1883. Nous avons d'ailleurs fait
connaître les noms des architectes belges et hollandais qui ont
pris part à celle dernière exposition, ainsi qu'aux expositions
de Londres, de Vienne et de Turin (25 avril 1880). On trou-
vera également au chapitre concernant les architectes des
Étals-Unis d'Amérique les noms de tous ceux qui ont élevé les
différents pavillons de l'Exposition qui vientdes'ouvrir à Chicago;
mais nous n'avons pu nous procurer aucun renseignement sur
les architectes des Expositions de Sydney, de Melbourne et de
Buenos-Ayres (1881).
CHAPITRE xm
Les départemenls suivent le mouvement architectural qui a pris naissance à
Paris, à l'avènement du second Empire. — Les architectes de province con-
courent, avec les architectes diocésains, à la reslauration des édifices de la
période ogivale. — Hôtels de ville des communes suburbaines. — Cathé-
drales à Moulins, Marseille, Nancy. — • Le palais de Longchamps à Marseille. —
Construction de préfectures, musées, mairies et théâtres dans les principales
villes de France.
La fièvre de conslruclion qui s'élait emparée du gouverne-
ment de l'empereur Napoléon III gagna les départements, imi-
tateurs de Paris; mais, les architectes diocésains et les membres
de l'Institut ayant le privilège de diriger les travaux de presque
tous les édifices appartenant à l'Etat, nous ne trouverons guère
maintenant que des arcliitectectes chargés par les communes de
la conslruclion ou de la reslauration des édifices municipaux ;
disons immédiatement toutefois, qu'il s'en trouve, parmi ces der-
niers, de considérables comme importance et d'une grande
valeur architecturale.
Tout autour de la capitale, dans les départemenls de la Seine
et de Seine-et-Oise, des églises, des mairies et des écoles s'élè-
vent, sous l'Empire comme sous la République et de plus, des
asiles pour les vieillards, les incurables ou les fous, élablisse-
menls auxquels de grands espaces sont nécessaires et qui ne
pouvaient trouver place dans l'enceinte de Paris.
Parmi ces établissements, ceux de Vincennes el du V'csinet
furent confiés à Jean Baptiste Gabriel Eugène Laval, né à
Villefranche (Hhùne) le 23 février 1818, qui avait commencé ses
études d'architecture à Lyon et vint les eompléler à Paris dans
l'atelier de Labrouste. Un séjour de quelques années en Ilalie
lui parut nécessaire et il résida principalement à Rome, à
Naples, à Venise et à Florence. A son retour en France, il me-
sura et dessina les |)rincipaux édifices tant anciens que modernes
342 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de Viviers, d'Arles, d'Orange el de Nimes. Atlaché à la Com-
mission des monuments liisloriques, en 1S48, il fnl, en cette
qualité, chargé de la restauration des églises de Sylvacanes
(Aveyron), de Sainte-Marthe à Tarascon, do Saint-Théodoric à
Uzes, de Saint-Bertrand-de-Comminges, de Saint-Just à Valca-
brère (Haute-Garonne) et du château de Beaucaire; puis, lors
de l'organisation du service des édifices diocésains, il fut nommé
architecte diocésain de Nîmes et de Viviers. En 1852, lorsqu'il
s'agit d'élever des hospices spéciaux ])Our les convalescents, le
choix de l'administration tomba sur Laval qui fut chargé de
construire, de 1S52 à 1857, l'asile de Vincennes et, de 1866 à
1869, celui du Vésinet. Memhre de la commission des lycées, il
fut l'architecle, en 1861, du lycée de Toulon et du collège de
Nîmes. En 1865, la ville de Bordeaux lui confia la consiruclion
de l'hôpital général, son œuvre la plus considérable, qui a été
terminée sur ses plans par AI. Labbé, architecte du département
de la Gironde. Architecte du département du Gard, il y a cons-
truit le palais de justice de la ville d'Alais et plusieurs églises de
campagne; puis hors de P'rance, l'hôtel de la Banque à Bilbao
(Espagne) et la villa Dubochet à Clarens sur le lac de Genève.
Laval est mort à Paris, chevalier de la Légion d'honneur, le
21 février 1869, laissant une quantité considérable d'études et
de projets^ qui presque tous ont été exposés aux Salons an-
nuels.
L'asile des aliénés de Vauchise(Seine-el-Oise), élevé de 1866 à 68,
eut pour architecte Denis Lebouteux, né à Paris le 6 août 1819.
Élève de Huyot et de Lebas, il avait obtenu en 1849 le premier
grand prix; de retour en France, après le séjour réglementaire
en Italie et en Grèce, il fut nommé inspecteur des travaux pu-
blics el décoré en 1873. C'est tout ce que nous savons de lui.
Parmi les églises dont furent dotées les communes des envi-
rons de Paris, celle de Saint-Gralien est due à M. Léon Ohnet,
né à Paris le 26 mai 1813, mort dans la même ville le 1" juil-
let 1874, adjoint au maire du W arrondissement et chevalier
de la Légion d'honneur. Celle d'Enghien-les-Bains à Antoine
Gaétan Guerinot, né à Boulogne-sur-Mer le 7 juillet 1830,
décédé à Paris en décembre 1891. Médaillé aux Expositions
de 1876 et de 1878, membre de la Société centrale et che-
valier de la Légion d'honneur, Guerinot fui aussi l'arcbilecte
CHAPITRE XIII. 343
des églises de Loye Bellol (Haule-Manie) de MonlbL'liard, de
la préfecture de la Vienne et de l'hôtel de ville de Poitiers.
L'église de Bougival eut pour architecte M. Louis Alfred
Perrot, architecte parisien; celle du Vésinet (essai peu réussi
de la construction en béton aggloméré) M. Louis Charles
Boileau, né à Paris le 20 octobre I 8;î7 et celle de Sainl-Leu-Ta-
verny, élevée en 1801, Paul Joseph Eugène Lacroix, né à Paris
le 19 mars 1814, élève deConstant-Dufeux. Au retour d'un voyage
qu'il fit en Italie pour compléter ses études, on lui confia d'a-
bord la restauration de l'église de Saint-Quentin, mais peu de
temps après, il fut chargé par Napoléon lui-même (son parrain,
croyons-nous), de travaux importants à l'Elysée dont il releva la
chapelle (1852), puis nommé inspecteur adjoint des Tuileries et
des travaux de la Couronne, il construisit la crypte et éleva le
tombeau de J. Bonaparle à Saint-Leu. Lacroix est mort en 1872,
après avoir restauré l'église de Vitry-sur-Seine. Celle de Vin-
cennes eut pour architecte J. J. Clerget, dont on a lu plus haut
la biographie. Celles de Gonesse (Seine-et-Oise) et de Neuilly-
sur-.Marne furent élevées par un même architecte, J. B. Duval,
élève de Duban, né à Paris à une épotiue que nous ne pouvons
préciser. Le plan de celle de Neuilly-sur-Seine fut di'essé par
M. André, de Lyon, qui en posa la première pierre en juin 1882 ;
mais le travail fut terminé en septembre 1885, sous la direction
de MM. Dutocq et Simonnet, architectes de la ville.
Les mairies des principales communes voisines de Paris sont
également de la seconde période de notre siècle : celle d'Arpa-
jon, architecte, en 1870, Jules Laroche, sur lequel nous ne
possédons aucun renseignement; celle de Vincennes qui fut
édifiée sur les plans de M. Eugène Calinaud, né à Paris en 1 8 i3 ;
celle d'Arcueil-Cachan, qui eut pour architecte le collabora-
teur de M. Bouvard à l'Exposition universelle: M. Jean Baptiste
Ulysse Gravigny, né à Paris le 28 octobre 18i'i, élève d(>
Con.-tant-ltuft'ux et de l'Ecole des beaux-arts. Entré dans le
service d'architecture de la ville de Paris, dont il fut successi-
vement sous-inspecteur et inspecteur, il remplit aujourd'hui les
fonctions d'architecte de l'administration centrale. Du reste,
lauréat de plusieurs concours publiés, M. Gravigny est officier
de l'inslruclion publique, chevalier de la Légion d'honneur et
décoré de plusicui's ordres étrangers. La mairie de Suresnes,
314 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
inaugurée le 1" décembre 1889, a pour auteur M. Jean Bréas-
son, né à Lyon le 24 juillet 1848, auteur aussi de l'école
(riiislilulrices d'Auxerre et du palais de juslice de Meaux;
l'archilecle de celle de l'anliii inaugurée en 188(5, assez vasie
construction dans le style de la Renaissance modifiée sous
Louis XllI, est M. Raulin.
Nous ne dirons rien de M. Guélorget qui a terminé seulement
l'édilice; M. Gustave Laurent Raulin est né à Paris le 22 fé-
vrier 1837. Elève do l'Ecole des beaux-arts, M. Raulin avait
eu dix-neuf médailles avant de quitter cet établissement; puis,
avait obtenu la grande médaille d'émulation, le prix Blouel elle
prix Deschaumes. Nommé successivement inspecteur du service
des édifices diocésains (cathédrale de Moulins), attaché à la
construction de l'Opéra, inspecteur du service d'architecture
aux Expositions universelles de 1867 et de 1878, inspecteur à
la reconstruction de la << galerie dorée » et à l'installation de
l'imprimerie des billets de la Banque de France; il est l'archi-
tecte des groupes scolaires d'Ivry-sur-Seine et du pavillon de
l'alimentation à l'Exposition de 1889. Admis en 1879 à la Société
cenlrale dont il a été l'archiviste, M. Raulin est chevalier de la
Légion d'honneur.
C'est à M. Charles Nizet, né à Brienne (Aube) en 18il, élève
de Vestier, inspecleurdes travaux de l'entrepôt de Bercy avant
Cernesson, qu'est dû l'asile des vieillards d'Arcueil (1886).
iVI. Nizet, architecte diocésain de l'Isère, a été chargé, en outre,
de nombreuses restaurations do châteaux et d'églises en Nor-
mandie, en Touraine, dans l'Aube, dans Seine-el-Oise, etc.
En 1868, M. Landin, architecte à l'entretien des palais de
Saint-Cloud et de Meudon qui n'existent plus aujourd'hui,
construit la nouvelle manufacture de porcelaine de Sèvres. 11 n'a,
du reste, été trouvé sur lui aucun renseignement biographique
La ville de Chartres voit également, pendant la seconde période
du siècle, s'élever deux édifices d'une certaine importance : le
nouvel hospice dû à M. Ernest Modeste Le Poiltevin, archi-
tecte de Versailles, né le 15 mars IS27, qui l'a élevé en 1857, et
le nouveau Ihéàtre, œuvre de M. Alfred Isidore Piébourg, né
à (Chartres le 3 janvier 1815.
Nous avons déjà montréque le département du Nord, grâce au
fonctionnement intelligent de la Société régionale des architectes
CHAPITRE XIII. 345
de ce pays, avait produit d'assez nombreux édifices pendant la
période précédente ; celle qui suit n'en présente pas beaucoup
moins. Ainsi M. Henry Emile Boudin, né à Baiileul en l8ol,
fut l'archilecte des églises Saiiit-André-lez-Lille, de Wallon-
Cappel, de Saint-Maurice-lez-Lille, dont il reconstruisit le
clocher, il refil une parlie de l'église de Lomme et augmenta
considérablement l'église de Canleleu-lez-Lille. Au même lieu,
Henry Camille Tierce, né à Lille en 1832, décédé prématuré-
ment eii 1800, exécula des travaux à l'église et aux hospices de
la Bassée (Nord). M. Emile Joseph Vanderberghe, né à Lille
en 1827, professeur d'architecture aux écoles académiques de
Lille, membre de la commission départementale et officier d'a-
cadémie, a exécuté dans cette ville les travaux ci-après : le bu-
reau de la Charilé et l'ouvroir pour les sœurs de la Sagesse,
ainsi que le couvent des sœurs Clarisses et la banque de la Société
du crédit du Nord, le marché Saint-Nicolas, la presbytère Saint-
Étienne, la cité Napoléon ; de plus, des bâtiments pour le Crédit
du Nord et le pensionnat des dames deSaint-Maur àlaMadeleine-
Icz-Lille, le presbytère de Salomé, l'école et la mairie de Fiers,
l'école et la mairie de Perenchis (Nord). Le petit lycée de la rue
Saint-Jacques à Lille eut pour architecle un simple lauréat des
écoles académiques de Lille, Désiré Théophile Sauvage, né à
Douai en 182i, décédé à Lille eu 188.j. J. B. l'liili|)pe Cannissié,
déjà connu du lecteur, décédé à Lille en 1877, fut médaillé
de l'École des beaux-arts, inspecteur en chef et associé de
l'architecte Chàtillon, lors de la construction de l'église et
de la mairie de Bercy, près Paris; il fut lauréat du con-
cours ouvert pour la construction du palais de justice de
Lille exécuté, pourtant, nous l'avons dit, par V. Leplus.
Nommé architecte de la ville de Lille, il y exécuta, de 1851 à
1868, les travaux dont suit la nomenclature : à Lille, l'entrée et
Is pavillon du cimelière de l'Est, l'asile Saint-Michel, l'asile
Vanackère, de plus il a continué les travaux"(1874) de l'église
Saint-Maurice commencés par Chàtillon, y ajoutant des sacris-
ties, il en a refait la façade principale, la tour et les trois tra-
vées contiguës, puis restauré le reste de l'édifice qui est à cinq
nefs et appartient, par ses parties les plus anciennes, au xiv" siè-
cle ; il a restauré également le pont dit Napoléon et la partie en
bois du clocher de l'église Saint-Étienne à Lille. Cannissié a
346 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
laissé un fils prénommé Henri qui, né en 1843, est sorti ar-
chitecte de l'École des beau\-arls et a été l'inspecteur des tra-
vaux que son père exécutait à l'église Saint-Maurice, c'est tout
ce que nous savons de lui.
M. Carlois François Joseph Batteur, né à Lille en 184i, lau-
réat des écoles de Lille, et pensionnaire de la ville à Home, est
officierde l'instruction publique, depuis 1889; ilesU'architecte de
la Faculté mixte de médecine et de pharmacie deLille, du nou-
veau <( Conditionnement » des laines et des textiles à Tourcoing et
du lycée d'euseignemeni secondaire spécial de cette même ville.
M. Louis Henri Contamine, né à Lille, en 1818, lauréat
des écoles académiques de Lille, fut d'abord l'inspecteur de
M. Benvignat dont on a lu la biographie. Nommé professeur
d'architecture à ces écoles, en 18G3, il s'associa à M. Mourcou.
La collaboration de ces deux architectes a produit rachèvemenl
(le riiùlel de ville de Lille, la communauté des filles de l'En-
fant Jésus, l'hospice et la flèche de l'église Saiul-Amand à Bail-
lent, le cimetière du Sud à Lille, et le palais Rameau, bel
édifice construit en 1879 et spécialement atTeclé à des expo-
sitions d'horticulture, comprenant un hall et deux serres mo-
numentales. La façade, composée de deux hautes tours coiffées
de dômes, a un certain caractère. Le marché aux pois-
sons de Roubaix a été construit par M. Contamine seul.
M. Augustin Hubert Mourcou est également Lillois. Né
en 1823 et lauréat des écoles académiques de Lille, il obtint
le prix iMonlhyon pour le chauffage et la ventilation de l'iiù-
pital Sainte-Eugénie de Lille. Architecte des hospices de cette
ville, il a construit, outre les édifices dus à sa collaboration
avec M. Contamine et l'asile de Bailleul, avec M. Marteau, l'hô-
pilal Sainte-Eugénie, la maison de santé et l'hospice des Vieux
Ménages, tous à Lille.
Architecte du département du Nord et chevalier de la Légion
d'honneur, M. Charles Alexandre Marteau estnéàLille en 181 4.
<Jn lui doit la préfecture, l'iiislilut industriel et commercial du
Nord, l'église de Salomé, l'église de Gondecourt, la raffinerie des
poudres et salpêtres de Lille ; à Dieppe la manufacture des tabacs.
L'église du Sacré-Cœur et l'hùlel des commissaires-priseurs
de Lille ont eu pour architecte M. Jules Louis Batigny, né
à Yalenciennes eu 1838, lauréat de l'École des beaux -arts.
CHAPITRE Xm. 347
Architecte du gouvernement depuis 1881, et chargé de la con-
struction de l'Ecole des aris ot métiers de Lille (en cours d'exé-
cution), M. Batigny a encore élevé hors de Lille : la façade de
l'hôtel de ville de Valenciennes, la mairie de Donchy, le col-
lège Saint-Vast à Bélhune, la gendarmerie de Blanc-Misseron,
l'église du Sacré-Cœur à N'alenciennes, Notre-Uame-du-Saint-
Cordon et la décoration des chapelles. De plus, il a procédé à la
construction des autels et du hutTel des orgues.
La synagogue de Lille (en construction), a pour architecte
M. Albert Hannotin, né h Floze (Ardennes), en 1843, qui est
également l'auteur du laboratoire agricole de M.J. Despretz à
Cappeile, et d'un château à Boubaix. L'église Saint-Michel de
Lille, objet d'un concours, ouvert en 1868, a été confiée à
M. Coisel sur lequel nous ne possédons aucun renseignement.
Nous n'avons pas pu davantage nous procurer la biographie de
MM. Bérard et Delraas, architectes nommés du palais des
beaux-arts de Lille. Auteur, également à la suite d'un concours,
de l'hôtel de ville de Tourcoing, M. Léon Rohart, né à Tré-
lazé (Maine-et-Loire), élève de Couslanl-Dufeux, est aussi connu
de ses confrères par ses projets d'une préfecture pour Lille,
d'un théâtre pour Tours, d'un monument national à Genève ;
mais nous ignorons s'il en a exécuté quelqu'un.
M. Louis Marie Cordonnier, architecte, en ce moment, de
la mairie de la Madeleine-lez-Lille, est né à Haubourdin
en 1834. Ancien élève de l'École des beaux-arts, lauréat au
concours international ouvert pour la construction de la nou-
velle Bourse d'Amsterdam, il fut l'architecte de l'hôtel de ville
de Loos, puis des églises de Merville, de Coudry (Nord), de Ga-
lon ne-sur-la-Lys (Pas-de-Galais), i)uis il relit le clocher de l'église
Saint-André à Lille.
L'église de Loos (transept et clueur) et l'église de Bouvines
sont l'anivre d'un Lillois, né en 1820, M. Auguste Hyacinthe
Normand, c'est tout ce que nous savons de lui.
A Gamhrai, nous n'avons à citer que l'Iiôtrl de ville et les tribu-
naux construits, de 1807 ù 1808, par .M.M. Guillaume et Renaud.
La ville de Tourcoing a vu s'élever pendant la dernière
période du siècle deux églises : celle du Sacré-Cœur, architecte
Louis Croin, né dans celte ville, en 1843, auteur aussi de plu-
sieui's écoles dans la contrée, et celle de Nolre-Dame-de-Lourdes,
348 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
qui eut pour auteur M. Louis Leroux, né eu 1836 à Saint-Denis,
près Blois, arcliilecte de l'académie de musique à Tourcoing, et
qui acheva l'intérieur de l'hôtel de ville. MM. Croïn et Leroux
sont tous deux membres de la Société des archilectes du Nord.
A Valenciennes, c'est Casimir Pétiaux, né à Raismes (Nord)
le 19 novembre 1807, mort à Paris le 29 mars 1883, qui
élève les académies de peinture et de musique, après avoir
« essayé » la restauration du beffroi de l'hôtel de ville, qui
s'écroula pendant ces travaux (1837). Elève de Pareut et Lebas,
il fut aussi l'auteur du piédestal de la statue de Froissard. Dans
le reste du département du Nord, nous signalerons les travaux
considérables exécutés ])ar Charles Leroy, né à Lille en 1816,
décédé en 1879, lauréat des écoles académiques, chevalier de
Saint-Grégoire-le-(irand. Ce sont : une partie de l'église de
Croix, près Roubaix (le transept et le chœur eurent pour arclii-
lecte M. Alphonse Dubuisson), les églises de Fives-Lille, de
Warlaing, d'Aucliy, de Sin, d'Avelin, d'Aniche, de Thumesnil,
de Lesquin, de Willems, de Thivencelles, d'Halluin, de Péren-
cliies, de Bois-Grenier, de la chapelle d'Armentières, d'Eswars,
d'Esquerchin, de Saint-Marlin-au-Laert, de ïilques, de Ques-
noy-sur-l)eule, de Wambrechies, de Beaucamps, d'Illies, la
chapelle du pensionnai de Marc-en-Barœul, puis des restaura-
tions à l'église Saint-Christophe de Tourcoing et à l'église
Saint-Martin de Roubaix. L'église Saint-Omer-du-Haul-Pont
(Pas-de-Calais), celles de Notre-Dame-de-Consolation et des
Jésuites à Lille, sont également de Leroy, mais son œuvre capi-
tale (non achevée malheureusement), est l'église de Nolre-Dame-
de-la-Treille de Lille, pour laquelle concoururent presque tous
les architectes de l'Europe.
Un élève de Viollet-le-Duc, M. Edouard Jules Corroyer,
né à Amiens le 12 septembre 1833, fut chargé de restaurations
et de constructions d'édifices religieux par le Comité des mo-
numents historiques, notamment à la cathédrale de Soissons ;
puis de 1864 à, 1869, à la crypte dans l'église Notre-Dame
de Ham, ainsi qu'aux églises de Nesle et d'Athies (Somme).
De 1863 à 1870, il procéda à la construction des églises de
Vougy, de Villiers et de Saint-Cyr-les-Vignes (Loire), à celle
d'un château à Bourg, dans le département de l'Ain, et à la
restauralion du château de Chamarande (Loire). M. Corroyer,
CHAPITRE Mil. 349
architecle du Comptoir d'escomple de Paris et qui fut membre
de la Société centrale, en 1870, ap|iartient, comme on le voit, à
Paris plus qu'à la province; titulaire de nombreuses récom-
prenses obtenues dans des concours publics, il est clievalier de
la Légion d'bonneur.
Deux architectes encore sont à mentionner comme ayant
laissé des œuvres dans le déparlement de la Somme, Parent et
Hicquier. M. Henri Joseph Auber Parent, né à Yalenciennes
le 14 avril 1819, élève de :^on iièrc el de Frolicher, est larclii-
tecte du musée iN'apoléon, construit à Amiens en J8o7. Il est
d'ailleurs chevalier de la Légion d'Iionneur et a été médaillé
au congrès des architectes de 1877, pour ses nombreuses cons-
tructions d hôtels à Paris. Son frère, M. François Clément
Joseph Parent, né également à Yalenciennes le 9 janvier 1823,
et également élève de Frolicher, a construit des couvents en
province, à Reims notamment, mais est surtout connu comme
architecte de l'hôtel Basilewski, qui a|)partient aujourd'hui à
l'ox-reine d'Espagne, Isabelle.
Charles Emile Ricquier, né à Amiens, élève de Renaud, est
l'architecte d"un groupe scolaire et de l'hôtel de ville de Moreuil
(Somme) 1I88O), et a restauré le tombeau de N. Delannoy à
Amiens 1I88I1.
La plus grande partie des travaux publics exécutés dans le dépar-
tement du Pas-de-Calais, pendant notre siècle, euient pour archi-
tecles MM. Pichon, Épellet, Debayser et Leroux. Louis Joseph
Noël Pichon, architecle en chef de la ville de Boulogue-sur-
Mer, né à Guines (Pas-de-Calais), le 20 juin 1827, y a construit
la mairie de Guines el celle de Marquise, les églises de Sangatte,
de Perques et de Cafliers, l'hôtel des pompiers, le presbytère
de iNotre-Dame, la station d'agriculture et le laboratoiie de
chimie agricole à Boulogne-sur-Mer.
Les principaux ouvrages d'Epellet (prénoms et date de nais-
sance inconnus), décédé à Arras en 1889, sont : l'agrandisse-
men de l'hôtel de la préfecture du Pas-de-Calais et de la sous-
préfecture de Boulogne-siu^-Mer, des restaurations importantes
aux palais de justice d'Arras et de Sainl-Omer, à la cathédrale
d'Arras et l'asile des aliénés de Saint-Venant, puis la cons-
truction de la maison cenlrale d'Arras, de l'hôtel de la sous-
préfecture de Bélhune, du palais de justice de Boulogne-
350 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
sur-Mer, et de renlrepôl des tabacs à Montreuil-siir-Mer.
Nombreux aussi sont lestravaux de M. Jean Alfred Leroux, au-
teur de la nouvelle balle aux poissons de Boulogne-sur-.Mer, inau-
gurée le 10 août 1860 et du groupe scolaire du Val-Saint-Martin
dans la même ville (1886). M. Leroux, né à Paris le 18 février
1829, fut élève de l'École des beaux-arts et obtint dilVérentes
médailles d'or, d'argent et de bronze, notamment pour la cons-
truction de l'abattoir de Lons-le-Saunicr (1876) et de l'asile des
vieillards à Cognac. Archilecle de la section française à l'Expo-
sition universelle de Vienne de 1873, il fut décoré par François-
Josepli d'Aulricbe; puis, à l'Exposiliou de Barcelone (1888), il
fut nommé chevalier de l'ordre de Charles III d'Espagne et reçut
une médaille de bronze à l'Exposition universelle de 1889.
M. Leroux, qui commença sa carrière comme sous-inspecteur
de l'École polytechnique pendant les années 1849 et 1850, de-
vint inspecteur des travaux du Louvre de 18.58 à 1860; puis
inspecteur de la préfecture de la Seine de 1860 à 1876. A ce
litre, il est l'architecte de l'école de l'avenue Duquesne, du
groupe scolaire de la rue Jomard à la Villetle, de l'école de
garçons de la rue Milton (1889) à Paris; puis il a décoré la façade
du Petit Journal [ISai), et fit les aménagements et la décoration
de l'Hippodrome (1876). Nous ne parlons pas, bien entendu,
des nombreuses constructions particulières dont M. Leroux est
l'auteur. Les ijiogra|)lies sont nuicis sur les commencements de
Jean Baptiste Albert Debayser, né à Lille le 20 juin 1804,
mort àBoulogne-sur-Mer le 18 décembre 1886; nous savons seu-
lement qu'il y construisit l'église Saint-Pierre en 1830, l'hôtel de
ville en 1834, l'église Saint-Vincent-de-Paul en 1862, le théâtre
municipal en 1860 et l'établissement des bains de mer en 1861.
Ces architectes avaient été précédés par Charles Alexandre
Grigny, lîls d'un entrepreneur, né à Arras le 8 avril 1815; la
première onivre de Grigny fut la chapelle des Bénédictines du
Saint-Sacremenl d'Arras qu'il construisit, à peine âgé de vingt
ans, et la flèche de la Sainle-Chandelle pour Noire-Dame des
Ursulines, enfin Notre-Dame-du-Sainl-Cordon, inaugurée en
1864, dans la même ville. A Valenciennes, il construisit Notre-
Dame et la chapelle du Saint-Sacrement; cà Douai, Sainl-Jacques,
puis les églises de Suilly-en-Oslervendre (Pas-de-Calais), de Gan-
dœupré, de Majengarbe, d'Ourlon dans le Pas-de-Calais, de
CHAPITRE XIII. 351
Vendhut et de Saint-(îralien (Somme), l'église de Terieiix près
Nivelles, etc. Clievalier de la Légion d'honneur en 1867, Grigny
construisit encore l'église Notre-Dame de (lenève, inaugurée
le 4 octobre l8o7. Ce travailleur infatigable, chevalier de la
Légion d'honneur, membre de la Commission des monuments
historiques du Pas-de-Calais, est mort néanmoins pauvre et
aveugle, le 14 novembre 1807.
Dans les Ardennes un seul édifice à relever : la synagogue de
l'avenue Philippoléau à Sedan, inaugurée le 25 août 1880. Cet
édifice de style romano-bv/anlin, d'une décoration 1res sobre,
eut pour architecte M. Alfred Mazuel, né à Mézières, le 14 oc-
tobre 1830, auteur également de l'abattoir de Sedan et de l'é-
cole Sainl-Vincent-de-Paul, de l'école maternelle de Floing,
de l'école de Poniu-Saint-Remy et de l'école mixte de la
Nouvelle-à-Mairc, tous ces édifices dans les Ardennes; puis
M. Pierre-Charles Cherrier, né à Yalenciennes, le 7 septem-
bre 1S2'J, architecle de l'église du Mont-d'Origny, d'un asile de
vieillards à Chevresis-Monceau et de l'orphelinat Cordier, à
Saint-Quentin, de l'hùlel de ville de Hani, du marché couvert
et d'un groupe scolaire à Thauny, des églises de Frise, de
Vaux-Eclusier, etc. (Somme).
La ville de Reims a eu le bonheur de trouver un érudil en
même temps qu'un artiste supérieur dans le lils de Pierre
Louis Gosset, né à Soissons en 1802, mort à Reims en 187o,
membre correspondant de l'Inslitut, auteur de rachèvenient du
plan de cette ville, qui remplit brillamment sa longue carrière de
1827 à 1875, en couvrant de constructions particulières, d'usines
et de manutentions à vins de Champagne toute la région au-
tour de Reims; de plus, comme architecte de l'hospice des alié-
nés, du couvent de la Visitation, de la loge des francs-maçons,
Gosset père a toujours maintenu, autant qu'il le pouvait, la
construction à la hauteur qu'elle devrait toujours avoir. Son fils,
prénommé Alphonse, es! né à Reims le 9 mai 1835. Élève de son
père etde M. (Juestel, il est entré àl'Ecole des beaux-arts en 1856,
et s'est surtout fait connaître comme architecte du théâtre de
Reims dont il obtint la construction, étant premier lauréat du con-
cours ouvert en 1866. Ses autres travaux sont : les églises de Bcr-
méricourl (1861) et de Thil (1867) (Marne), le temple protestant
wesleyien (1876), la chapelle des Pelites-Sœurs des pauvres à
332 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES-
Reims (1879) et des restaurations à différentes églises du dépar-
temenl. Les autres édifices civils qu'il a construits sont: l'iiôtel
de la Chambre de commerce, comprenant l'hôlel des postes et
télégraphes et la Bourse (1880), des mairies et des groupes sco-
laires à Crobeny (Aisne), à la Neuvilletle près Reims, à Tinqiieux
et Louvois (Marne), des écoles libres à Reims (1880), l'orphelinat
Saint-Joseph (1882), l'hospice des Petites-Sœurs des pauvres à
Reims, qui avait été commencé par M. Gosset père. M. Alphonse
Gosset, qui fui aussi l'architecte d'un nombre considérable de châ-
teaux, de villas, d'hôtels à Reims et à Epernay, ainsi que de mai-
sons particulières et d'usines, a publié divers ouvrages relatifs à
l'archilecture dont voici les tilres : Hygiène des logements collec-
tifs [WQ\mi=<. 1879) ; Principes de construction des bâtiments ruraux,
pour V Encyclopédie de rarchilectiire[l87Q) ; Conditions ctinspections
pour les ateliers du travail des laines ; Traité de la cons/ruction des
théâtres (Paris, 1886); Emlution historique de t ardûtec.ture chré-
tienne (Paris, 1887j; Aperçu sur les théâtres antiques (Reims,
1887); Les anciennes églises et les mosquées de Constantinople,
conférence de la Société centrale des architectes (1887); Les
coupoles d'Orient et d'Occident (1889). M. A. Gosset, lauréat de
la Société centrale en 1878, médaille d'or ù l'Exposition de
1878, est officier d'Académie depuis 1889.
D'abord, inspecteur des travaux de restauration de Noire-Dame
de Châlons-sur-iMarne, M. Casimir Adolphe Connin, né h Vil-
laux-les-Buissons (Calvados), a fait des additions à 1 institution
des Jeunes Aveugles, dans la Marne, en sa qualité d'inspecteur
des bâtiments civils de ce département. On doit encore à cet
architecte un château dans le Rhône, un autre château à Saint-
Rémy-sur-Clore ; enfin, il a collaboré à la construction de la rue
de la République à Marseille et a été l'un des créateurs du
chemin de fer des Dombes. Nous ajoutons ici que Viollet-
le-Duc, architecte diocésain du Doubs et de la Haute-Saône, a
construit (1866) l'église de Fays-Billot (Haute-Marne) et divers
tombeaux.
Des restaurations considérables aux églises de Reims, de Sou-
vigny, de Saint-.Meneux, d'Etreuil, de Provins, de Paray-le-Mo-
nial, de Lisieux, de Boulogne-sur-Seine, furent confiées, vers
1849, à M. Eugène Louis Millet, né à Paris en 1819. Élève, de-
puis 1837, de Labrouste et de l'École des beaux-aris, il fut ad-
J. L. DUC
CHAPITRE XIII. 353
joint, en 1847, à Viollot-le-Duc dans le service d'arcliilecture
des monuments historiques et passa, en 1818, architecte dio-
césain de Troyes et de Châlons-sur-Marne. Nommé, en 18oo,
architecte du ciiàteau de Saint-Germain, il étail chargé, en
18o7 , de l'agrandissement de la cathédrale de Moulins,
qui ne comprenait qu'une abside de la fin du xv' siècle.
M. Millet, après avoir modifié les fondations faites par Lassus,
qui en avait été primitivement chargé, éleva, dans le style ogi-
val du xiii° siècle, la nef, les collatéraux et les leurs sur-
montées de flèches, tels qu'on les voit aujourd'hui. M. Millet,
qui a construit, en 1808, l'église paroissiale de .Maisons-Lafitle
et l'hospice Grefl'ullie à Levallois-Perrel, est officier de la Légion
d'honneur depuis 1807.
Architecte du département de l'Aube, Ferdinand Edmond
Garrel, né à Sedan le 22 mai 1823, décédé le 7 janvier 1867, a
allaclié son nom à la construction de l'église d'Essoyes, d'un
temple protestant à Troyes, de la prison et de la gendarmerie à
Bar-sur-Seine, de la prison à Arcis-sur-.-^uhe, de la caserne de
gendarmerie à Nogent-sur-Soine, des hôtels de ville de Brienne
et Méry-sur-Seine. Mais l'hôtel de ville de Nogeut-sur-Seine.
élevé en 1880, eut pour architectes M. Charles Wable, né à
Paris, élève de Questel et Pascal, et M. Zobel, son collahoia-
teur. A la même date, M. Wable construisait l'école Benoît à
risle (Vaucluse) et peut-être dos édifices d'utilité publique en
Algérie (1878), qui nous sont inconnus.
Dans l'Oise, des travaux nombreux sont exécutés par
M. Aymar Verdier, né à Tours, élève de H. Labrouste. Ce sont :
des reslauralions à la cathédrale de Noyon, ainsi qu'aux églises
de Saint-.Marlin-aux-Bois et de Plailly, la construction des
églises de Baron et de Beaumont el, à Paiis, du nionaslère de
l'Assomption à Auteuil (1869). Archéologue distingué, M. Ver-
dier a présenté, de 1840 à 18i8, des éludes sur l'abbaye de
Saint-Leu d'EsseranI, sur le chàleau de Pierrefonds, sur le
cloître des chanoines dans la cathédrale de Bouen, sur des
maisons du xir siècle à Cluny, etc., et a |iul)lié en collabo-
ration avec Catlois un ouvrage en quatre volumes, rArc/ntectnre
civile et (Inmcstique au inoijen âge (Paris, 18.52). Il est décoré de-
puis 1860.
C'est un élève de Vaudoyer, qui, depuis quelques années,
in. 23
3S4 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
semble chargé des li\avaux publics de ce même département :
M. Paul Woillez, de Roubaix. 11 a, en effet, construit, en 1880,
une salle de concert à Beauvais, en 1881, une école à Saint-
Merri, et, on 1882, des églises à Villers-sous-Bonnières, à Com-
piègne, etc.
Nommé, en 1864, architecle du palais de Compiègne, M. Ga-
briel Auguste Anselet, né à Paiis le 21 décembre 1829, ^
exécula la salle destinée aux spectacles de la cour de Napo-
léon III, en s'inspirant certainement de celle du château de
Versailles. Élève de Lequeux et de V. Baltard, iM. Anselet ob-
tint, en 1851, le premier grand prix d'architecture et, pendani
son séjour à Rome, y exécula un projet de restauration de le
voie Appienne qui, exposé en 1807, valut à son autour la croi>
de la Légion d'honneur. Nommé inspecteur des travaux des Ar-
chives, puis, en 18o8, des châteaux de Pau et de Biarritz, i
reconstruisit la façade du premier, qui se composait d'un granc
mur avec porte bâtarde. Il aménagea ces deux résidences, afir
d'y recevoir les souverains, et construisit pour l'impéralrice Eu-
génie le château d'Artéaga, près de Bilbao (Espagne). Nous n(
connaissons pas les travaux de cet architecle depuis 1870.
A Mehin, nous signalerons le nouveau collège, inauguré h
5 août 188o — architecle M. Touzet, qui a également construit,
à Rouen, le marché Saint-Marc et le marché aux besliaux.
L'bùlel de ville d'Orléans fut restauré en 1852 par Etienne
Albert Delton, né à Paris le 3 mai 1800, élève de Delaunoy
et de l'École des beaux-arts, décédé en février 1802. Orléans lu
doit également le piédestal de la statue équestre de Jeanne
d'Arc (1854). Il restaura aussi l'église de Cléry (Loiret) et fil
pour la Commission des monuments historiques plusieurs dessins
d'anciennes églises de ce département, dont il fut récompense
par une médaille de troisième classe.
Arcliilf.ctes du département du Cher, Barthélémy Juillien.
né à Bourges le 27 février 1797, et Gabriel Emile Bussiére.
né à Orléans le 5 mai 1818, devaient trouver placi' dans iiohc
chapitre 111. Le premier, mort le 30 mars 1878, a consti-uit f
Bourges, de 1832 a 1830, la halle aux blés et le petit séminaire
et le second, collaborateur de Juillien, son beau-père, fut l'ar
chitecle du tliéâlre de la ville de Bourges.
Les édifices publics deNevers,à l'exception d'un marché par
CHAPITRE XIII. 355
rarcliitecle-voyer de la ville, M. Nicolas Pot-Seurrat, de Cla-
uiecy, ontélé élevés pendant la période dont nous nons sommes
oecupés dans le chapitre précédent, par Pierre Hippolyte
Pailliard, né en 1808 à Clamecy. Architecte dn déparlement et
de la ville de Nevers, il a, en ell'et, construit : la prison de
Nevers, le couvent des Sœurs, la halle, le lycée; il a agrandi
l'hôtel de ville, puis construit les palais de justice de Cosne et
de Channy et est mort à Nevers on 18()().
A Moulins, c'est Hippolyte Durand, né à Paris en 1801,
élève de Vaudoyer et deLehas, médaillé en 1830, architecte diocé-
sain de Pau et des Basses-Pyrénées, qui fut choisi pour con-
struire la villa Eugénie à Biarritz, mais c'est à lui que Moulins
doit sa salle de spectacle élevée en 1842. Durand avait beau-
coup exposé, notamment l'état de l'église Sainl-Menoux dans le
Bourhonnais, celui d'une porte antique à Heims dite la » porte
de Mars », la monographie de iN.-D.-de-l'Épine à Chàlons-sur-
Marne. Il a publié avec M. A. de Girardot, secrétaire général de
la préfecture du Cher, un ouvrage ayant pour titre : la Cathé-
drale de Bourges, et il a été décoré en 1875. Nous n'en savons
pas davantage.
Le Casino de Vichy, le type du genre, a été achevé en 1865
par M. Badger, sur lequel nous ne possédons aucun renseigne-
ment biogra|iliique.
Dans le Puy-de-Dôme, les grands architectes de l'époque
sont les Ledru père et fils, qui ont attaché leurs noms à presque
tous les édifices un peu importants. Louis Charles François
Ledru, né à Paris le 7 octobre 1778, décédé à Clermont le
l() septembre 18G1, fut le fondateur de la station thermale du
Moiit-Dore. En 1822, il est l'architecte, à Clermont-Ferrand, de
l'hôtel de ville comprenant le tribunal et la prison, d'un abat-
toir et de deux marchés. L'évèché du Puy (Haute-Loire), la
maison d'arrêt de justice de la ville de Saint-Flour ainsi que la
gendarmerie, le tribunal de Thiers (Puy-de-Dôme), le palais de
justice d'Aurillac (Cantal), une église à Rivcsols, l'établissement
thermal de Cliaudesaigues, sont également de François Ledru.
Agis Léon Ledru tils, né à Clermont le 31 mai 1810, était élève
de lluyot et deLidias et avait obtenu le second grand prix d'ar-
chitecture en 1844. Arcliilecte du Mont-Dore et de la succursale
de la Banque de France, architecte de la cour d'assises, de la
3oG LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
cour d'appel et de la maison centrale de Hiom, lanrt'at de
l'Exposition universelle de Londres en 1830, de l'exposition de
Limoges en 1838 ; membre de la Sociélé centrale des archi-
tectes depuis 1847; directeur de TÉcole régionale des beanx-
arts de Clermonl-Ferrand ; officier de l'inslruction publique et
chevalier de la Légion d'honneur (1879), Léon Ledru a laissé
après lui une quantité d'œuvres dont le détail suit : les églises
des communes de Tortebesse, Laps, Chaplu/.at,Lempdes, Sauret,
Desserve, Aix, Lafayelte, Salle-des-Youx, Blot, l'église Sainl-
Pardoux, Montmorin, Saint-Maurice, Sainl-Sandoux, Sainl-
Gencst-du-Relz; les halles de Combrondes, Rochefort, Murols;
des maisons d'école et groupes scolaires : Le Cheix de la Mou-
tade, Charbonnière-les-Vieilles, Moissat, Cellule, Eslendeuil,
Pragonlin, Yronde et Baron, Saint-Sylvestre, Dursol, Cliapluzat,
Ternant, Fayct, Mirefieurs, Aurières, puis les ])resbytères de
Saurel, Besserve, Aurières, Gerzat et Mézel. Il fut aussi l'ar-
cliilecte de l'établissement des vapeurs au Mont-Dore (1846), de
rétablissement thermal de Royal, de l'établissement thermal de
la Bourboule, des usines de Bourdon, des hôtels des succursales
de la Banque de France à Clermont-Ferrand, a Aubusson et
à Aurillac, et il mourut trésorier-payeur général du départe-
ment du PuY-de-l>ùnie le 3 orloltrc 1883.
Louis Antoine Marie Camille Ledru Gaultier de Biauzat,
né à Clermont le 7 juillet 18'i3 et élève de M. André, ainsi que
de l'École centrale, était h la fois architecte et ingénieur des
arts el manufactures. D'abord inspecteur des travaux d'agran-
dissement de la clinique de l'Ecole de médecine à Paris, il fut
ensuite nommé architecte de l'établissement thermal du Mont-
Dore et vint s'établir à Clermont. Il y a construit le marché
Renonx et des écoles, et a achevé le petit lycée ; on lui doit aussi
le casino du Mont-Dore, puis la halle, la mairie et la justice de
paix de Manzat, puis des églises h Murols, à Marcillat, à Beau-
mont-Randan, aux Ancizes, à Vilrac et les maisons d'école d'Au-
bières, de Sallèdes, de Murols, de Nohanent, de Tortebesse, de
Bromont-!a-Motlie, de Saint-.\ndré-le-Coq, etc. Louis Ledru
de BiauzaI est décédé à la Bourboule le 19 septembre 1886.
Hugues Imbert, né le 3 juillet 1807, fut l'architecte de l'église
Sainte-Eutrope, de l'académie, de la chapelle de l'hôpital
général et de l'école de médecine à Clermonl-Ferrand, ainsi
CHAPITRE XIII. 357
que de l'église paroissiale Sainl-Jean fi Ambert. Disons pour
finir que la Sainte-Chapelle de Riom dale de 1855, et fut cou-
slruite |)ar un enfant de Clermont, M. Jean Emile Baptiste
Mallay, qui aclieva, si nous ne nous Irompons pas, la icstauru-
tion de N.-D.-du-Port à Clermont-Ferrand.
Le déparlemenl de la Corrèze, le pays des maçons, ne pré-
sente qu'un architecte : Pierre Joseph Chabrol, né à Limoges
le l" février 1812, qui fut d'abord, à sa sortie de l'École des beaux-
arts, attaché an service d'architecture du Palais-Uoyal et y con-
struisit, en 1851, dans la grande cour, le palais de l'Exposition
de 1852, puis restaura le Palais-Royal lui-même destiné à la
résidence de Jérôme-Napoléon et de son Ois. il fut décoré à celte
occasion et chargé de la reconstruction du Théâtre-Français à
Paris ; c'est à lui qu'on doit la grande salle voûtée qui sert de
vestibule. L'École vétérinaire de Lyon tombant en ruint's, Cha-
brol fut chargé delà réédifier, ainsi que celle de Limoges. De 1857
à 1860, il donne des plans d'églises, d'écoies ainsi que de la
salle d'asile de la Grand'Combe (Gard) ; mais son ouvrage
principal est assurément le grand séminaire de Tulle. 11 est mort
à Paris le 9 mars IS75.
Charles Auguste Questel, né à Paris le 18 septembre 1807,
fut successivement élève de Peyre, de Blouot et de Duban. Il
fut, de 1862 à 1867, architecte de l'hôtel de la préfecture à Gre-
noble, mais, dès 1835, il avait concouru pour la construction de
Sainl-Paul de Nîmes et avait obtenu le premier prix sur trente
concurrents. L'édifice, de style roman, achevé par lui en 1850,
en même temps que la fonlaine de l'Esplanade dont Pradier
sculpta les statues, il donna le dessin du mattre-autel de l'église
Saint-Marlin-d'Ainay à Lyon (1858). Le 21 octobre 1861, on
inaugurait à Gisors l'hospice et l'église qui en dépend construits
tous deux par Ouestel sur l'emplacement d'un ancien couvent
d'Ursulines, |)uis on ra|)pelait l'archilecte k Paris pour élever,
de 1863 à 186!>, l'asile des aliénés dit de Sainte-Anne. De 1862
à 1807, il élait chargé de la construction de l'hôtel de la pré-
fecture et du musée-bibliothèque de Grenoble. Architecte du
palais de Versailles ainsi que de l'Institut agronomique de cette
ville, il fui nommé membre de la commission des monuments
historiques et, en celle ([ualilé, dut étudi(;r les projcis de restau-
ration de l'amphithéàlre d'Arles, ainsi (pie celle du pont du
338 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Gard, en collaboration avec M. Laine, vers 1855. De Qiiestel
a exécuté en artiste les restaurations de l'église Sainte-Marie
(Bouches-du-Rhône), de l'église Saint-Gilles (Gard), de Saint-
Paul de Tournus (Saône-el-Loire), de l'abbaye de Thorouet(Yar),
et trois cliàteaux dans la Drôme. 11 csl aussi l'arcbitecte du mo-
nument élevé à saint Louis à Aigues-Mortes (1849). Membre de
l'Institut et décoré, Questel est mori le 30 janvier 1888.
Ajoutons à ce nom celui deM. Antonin Durand, élève de M. Dau-
mer, né à Camplong (Hérault), qui a construit à Grenoble, à la
suite d'un concours, une église dédiée à saint Bruno, comme
il a obtenu la construclion de l'école et de l'asile de Boulogne-
sur-Seinc, en 1875.
A côté des arcliitectes Questel et Durand dont nous avons
parlé plus haut, on nous signale le nom de Barat comme celui
de l'architecte de l'école de dessin à Grenoble, sans autre indi-
cation.
Dans la Drôme, c'est un élève de Levicomte, Henri Léon
Bulot, né à Fontainebleau le 19 juin 1820, décédé en juillet 1889,
membre de la Sociélé centrale, qui élève la prison de Valence,
l'hôtel de ville ainsi que le palais de justice de Montélimar.
Architecte également des déparlements de la Creuse et de Seine-
et-Marne, il construit des écoles dans le premier et achève dans
l'autre la préfecture et le palais de justice; à Digne, c'est le
lycée que construit un architecte parisien, M. Alexandre Jacob,
né le 7 décembre 1834, sans doute auteur d'autres travaux pu-
blics que nous ne connaissons pas.
Nous arrivons à Lyon, mais nous notons, en passant, l'église
de Vidalon, édifice d'une seule nef, dans le style ogival du
xui" siècle, inaugurée en 1877, œuvre d'un architecte d'Annonay,
M. Pierre Borione, dont nous ignorons la biographie, puis la
nouvelle mairie de Chambéry ainsi que le nouveau théâtre qui
ont eu pour architecte Bernard Pellegrini, né en 1819 à Venue
(Savoie), ancien élève de l'Ecole des l)eaux-arls, archilecte de
l'établissement thermal d'Aix-les-Bains et de la ville de Cham-
béry oîi il a laissé de nombreuses constructions et où il est
mort en 186i.
Lyon, ville ancienne, possédait depuis longtemps au complet
ses édifices municipaux : hôtel de ville, théâtre, bourse de
commerce, musées, etc. ; nous avons indiqué les consiructions
CHAPITRE XIII. 359
nouvelles el les modilicalious apporlées aux anciennes, au fur et
à mesure qu'elles se produisaient. Nous en dirons autant des
édifices religieux, assez nombreux à Lyon. Parmi les édifices
publics élevés pour le compte de l'Etat ou du département, pen-
dant la période dont nous nous occupons, nous ne voyons
guère à mentionner que l'hôtel de la préfecture, dont l'architecte
est iM. Louvier, et celui du théâtre des Célestins, M. André.
M. Antoine Georges Louvier, né à Lyon le 23 mai 1814,
élève de Lebas, fut pendant trente-trois ans architecte du dépar-
tement du Rhône. Aussi, tout en étant professeur d'architecture
îd'Écoledes beaux-arts de Lyon, a-t-il élevé dans le département,
avant l'hôtel de préfecture et le bâtiment des archives dé-
partementales, un grand nombre d'édiliees très imporlants en-
core : le dépôt de mendicité d'Albigny (Hhône), l'école normale
des instituteurs à Viliefranche, deux casernes de gardiens de la
paix à Lyon, l'asile des aliénés de Brou (pour 1300 malades)
(1875), six églises, des écoles etdeux presbytères. Il a, de plus,
à Lyon, agrandi le palais de juslice et la maison d'arrêt, ainsi
que la maison de correction, et ajoulé des bâtiments à la caserne
de gendarmerie de Viliefranche. Membre correspondant de
l'Institut, M. Louvier a été médaillé à l'Exposition universelle
de 1878.
Claude Anthelme Benoit, né à Lyon en 1794, fit ses études
d'architeclure à l'académie de dessin de cette ville. Inspecteur
des travaux (1812-1824), puis attaché à Chenavard, de 1824 à
1830, il fonda, en 1830, avec ce dernier, la Société académique
d'architeclure. Membre du conseil des bâtiments civils du Uhône,
il reçut en 18601a croix de la Légion d'honneur. Cependant ses
travaux se bornent à une restauration de l'église d'Ainay, à la
construction du clocher et du portail de l'église Saint-Nizier, à
celle du dôme de l'église Saint-François. Hors de Lyon, Benoit
éleva quelques châteaux et mourut dans cette ville en 1876.
Les églises de Vaise, de Saiut-.^ndré et de Saint-Bernard, ainsi
que le marché couvert des Cordeliers, le grand séminaire, le
pensionnat des Chartreux, celui du Sacré-Cœur, une aile du
Palais des arts, le petit lycée à Saint-Bambert, curent pour ar-
chitecte Antoine Desjardins, né à Lyon le 31 juillet 1814, élève
de Duban. Nommé architecte diocésain de Lyon et architecte en
chef de la ville, il fut chargé, en 18o9, delà restauration del'hô-
360 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
tel de ville de Lyon, dont il a publié une monogrnpliie, de celle
aussi du Uiéàtre desCélestins et du Mont-de-Piété. Hors de Lyon,
il fut l'archilecte des églises dont suit la nomenclature : les égli-
ses de MaiMiand, de Pierre-Bénite, de Villechenève, de Valsonne,
d'Anse, de Fleurie, de Saint-André de Tarare, de Brouilly, de
Firminy (Loire), de Noire-Dame de Roanne; il y ajoula les res-
laurations des églises d'Ambierle, de Bourg-Argental, de Salles,
de Saint-Georges de Reneins, de Belleville, de Jargnioux, et
celle de la chapelle du cliàleau de Cliàlillon d'Azergnes (Rhône).
Desjardins, qui a ajouté d'intéressants dessins à la Collection des
archives de la Commission des monumeni s historiques, est mort en
septembre 1803, chevalier de la Légion d'honneur depuis 1858.
C'est un des élèves de Desjardins, M. Abraham Hirsch, de Lyon,
qui a construit dans cette ville la synugogue en 18(18, et c'est
M. Edouard André, dont on a lu la biographie comme architecte
de l'hôtel de ville de Neuilly, qui a reconstruit, en 1879,1e théâtre
des (Jéleslins réparé par son maître quelques années avant.
Pierre Bossan, né à Lyon le 13 juillet 1814, mort en 1888,
suit les cours des écoles de Lyon et vient compléter ses études
d'architecture dans l'atelier de Labrouste, dessine un autel elle
trône épiscopal de la cathédrale Saint-Jean et commence l'église
Saint-Georges ainsi que son presbytère, puis élève les églises de
Couson, d'Ars, de la Louvesc et le monastère de la Trappe des
Dombes. Mais il n'achève ni ce dernier édilîce ni l'église Saint-
Georges, qui furent terminés par un de ses élèves, M. Franchet,
architecte de l'église de l'Immaculée-Conception, sur lequel nous
ne possédons pas de renseignements.
Quant à Claude Emile Perret de la Menue, qui jouit aussi à
Lyon d'une grande notoriété, il ne nous a pas été plus possible de
nous procurer la liste de ses travaux. Nos renseignements doivent
se borner à faire savoir qu'il était né à Saint-Symphorien-sur-
Loire le 20 juillet 1810 et qu'il mourut le 5 juin 1889 à Lyon,
architecte honoraire de l'hospice de Lyon, et président de la
Société régionale des architectes lyonnais. Nous ne pouvonster-
miner celte liste trop courte sans nommer M. Chatron qui a
construit, en 1872, le Palais de l'Exposition universelle lyonnaise
sur le quai des BroLteaux à l'entrée du parc de la Tête d'Or.
Signalons en passant à Avignon le théâtre, chef-d'œuvre du
classique à portique orné de colonnes, œuvre de l'ingénieur De
CHAPITRE XIII. 361
Bondon, un inconnu pour nous, et l'asile des alién(_^s de .Mont-dc-
Vergues près Avignon, construit en I8G8 par M. Paul Lenoir,
né à Paris le 7 avril 1826, élève de Pliilippon et d'Isabelle.
Avant d'aiîorder les grands travaux exécutés à Marseille de 18o0
à ce jour, qu'il nous soit permis de mentionner l'ingénieur-archi-
tecte Bernard, inspecleur général des Iravaux hydrauliques,
qui a succédé à M. Recourt de Charleville dans l'agrandis-
sement del'liôpilal Saint-.Vlandrier, et un élève d' Henri Espéran-
dieu, et son inspecteur à l'Ecole des beaux-arts de .Marseille,
M. Gaudensi Stanislas Allan, né à Toulon le 7 février 1841,
auquel sa ville natale doit l'école Uouvière, le Musée-bibliothè-
que, le nouveau Mont-de-Fiéléet le monument du Centenaire de
la Hévolution Irançaise, grande fontaine qui décore la place de
la Liberté à Toulon, inaugurée en 1890. A Saint-Nazaire-du-Var,
il a construit le groupe scolaire et, à Marseille, le collège de la
rue Saint-Sébastien, les docks du port Sud, l'asile Etienne Za-
firopoulo, l'école supérieure du commerce, en cours d'exécution,
et une centaine d'hôtels et de maisons parmi lesquelles la banque
Hobin-lUondel. xM. Allan a obtenu des médailles dans un grand
nombre de concours publics.
Deux noms d'architectes marseillais hrillent d'un éclat égal
à celui des Viollet-le-Duc, des Labrouste, des Ballu, des Bal-
lard, etc., ceux de L. Vaudoyer, d'Espérandieu et de Coste (1),
dont nous compléterons ici la biographie en disant que cet
archilecte, qui avait publié deux volumes de « IN'otes de voyage »,
est mort à Marseille le 8 février 1879, membre de l'académie et
de la Société de statistique de .Marseille, correspondant del'lns-
tilut de France et associé étranger de l'Institut des archilecles
britanniques.
Né à Paris le 7 juin 1803, Léon Vaudoyer, élève de son père
et de Lebas, avait remporté le deuxième grand prix d'architec-
ture en 1824 elle premier en 1820. Nous avions oublié de dire
que Vaudoyer père était mort membre de l'Institut, secrétaire
archivisle de la section d'architecture à l'Ecole des beaux-aris,
membre du conseil des bàlimenls civilset delTnstitut des archi-
tectes britanniques, que lors de l'installation de l'Institutau palais
des Quatre-Nations, en 180i, c'est lui qui avait conçu la salle
(1) Certains biographes font naître Coste lo II mars 1797.
3J2 LES ARCHITECTKS PAR LEURS OEUVRES.
des séances actuelle, enfin, que ses travaux à l'Observatoire
avaient été le dessin delà grille et du pavillon d'entrée, ainsi que
la clôture de l'avant-cour et l'érection d'une pyramide servant
au tracé de la d méridienne ».
En règle avec Antoine Laurent Thomas Vaudoyer, nous repre-
nons la biographie de son fils au point où nous l'avons laissée.
Nommé à son retour d'Ilalie inspecleur des constructions à l'iiô-
tel du quai d'Orsay, Léon Vaudoyer coopéra à la CoUeclion des
archives de la commission des monuments historiques et obtint
une menlion lors du concours ouvert pour l'érection de l'Opéra
de la rue Lepelletier. En 1843, il appropria aux services du Con-
servatoire des arts et métiers le prieuré de Saint-Martin des
Champs; enfin, en i8o2, il était chargé de la construction delà
cathédrale de Marseille, dont la première pierre fut posée le
26 septembre de cette année; mais la mort le surprit (le 9 fé-
vrier 1872) avant l'achèvement de cette œuvre considérable, et ce
fut, ainsi que nous allons le voir, son élève Espérandieu qui eut
l'honneur de la mener à bonne fin. L. Vaudoyer a laissé d'ailleurs
d'assez longues études et signé des tombeaux de personnages
célèbres : celui du général Foy (dessiné en 1826 par son père),
celui du chanteur Nourrit, son tombeau de famille (1847), le
tombeau du Poussin dans l'église San Lorenzo in Lucina, à
Rome. 11 était, au moment de sa mort, officier de la Légion
d'honneur et membre de l'Iustilut de F'rance depuis le 1" fé-
vrier 1868.
Henri Jacques Espérandieu, l'élève de Vaudoyer, puis son
successeur à la cathédrale de Marseille, à partir de 1873, naquit
à Nîmes le 15 juillet 1829. D'abord inspecteur de Questel pour
les travaux de l'église Saint-Paul et delà fontaine monumentale
à Nîmes, il fut nommé, en 1839, inspecteur de Vaudoyer, de-
venu architecte en chef de ce monument, et commença la série
des nombreuses œuvres que lui doit Marseille : le monument de
rimmaculée-Conception érigé en 1837 àl'exlrémité du boulevard
Nord, le nouvel Observatoire, commencé en 1863, l'école des
beaux-arts et la bibliothèque de la ville (1862-1869), le nouveau
musée construit dans le style de la Renaissance, l'église Notre-
Dame de la Garde terminée en 1 865, enfin, le palais de Longchamp,
vaste hémicycle composé d'une haute galerie à pavillon central
et fianquée à chaque extrémité par un pavillon carré. Contre ce
CHAPITRE XIII. 363
palais devenu le musée, rarcliilcctc,s'inspiranl de l'ancien projet
de BarUioldi, a adossé le cliâleau d'eau qui reçoilles eaux delà
Durance el a formé ainsi un ensemble architectural d'une grande
majesté, consistant en une sorte d'arc de triompiie qui domine
la chute d'eau. Espérandieu est mort à Marseille le H novem-
bre 1874.
François Augustin Martin, né le 27 août 1817 et décédé à
Marseille le 31 octobre 1877, fut l'architecte du palais de justice
inauguré le 4 novembre 1862, édifice à deux façades, l'une sur
le cours de la République, l'autre sur la rue Grignan, et acheva
rhôtel de la préfecture en 1867. Enfin nous citerons l'auteur dos
bains de mer Catalans (dont la réputation est grande à Marseille),
qui furent élevés par Jean Baptiste Bordes, né le 9 octobre
1826, à Orgon (Bouches-du-llhnno) cl mort à Paris en avril 1878.
En remontant vers le Nord, nous Irouvons comme architectes
d'édifices publics M. Louis Raymond Delor, né à Toulouse en
1812, élève de l'école des beaux-arts de celte ville et élève pen-
dant six ans de Garnaud : M. Delor, architecte pendant trente-
cinq ans des établissements hospitaliers de Toulouse, a élevé le
dôme de Ibospicc d'Agramet de riiôto! des Frèies à Hevel; puis
Jean Pierre Alexandre Laffon, né à Toulouse le 21 juin 1819,
mort dans cette ville le 2 décembre 1882, duquel nous n'avons
à citer qu'une œuvre : l'école vétérinaire, construite de 1832 à
1834. Le nouveau musée, édifice de briques (dont le rez-de-
chaussée est éclairé latéralement, tandis que le premiei' étage
reçoit le jour d'un plafond lumineux), est dû à M. Darcy, sans
autre indication, architecte aussi de la gare actuelle de Vichy;
nous n'avons d'ailleurs aucun renseignement biographique sur
ces deux architectes.
Nous sommes un peu plus heureux avec Jacques Esquié, né
à Toulouse le 29 octobre 1817, membre de l'école dos beaux-
arts en 1839, architecte de l'asile des aliénés de iJraqueville
(Haute-Garonne), el qui restaura les églises de Valcabrère et de
Vénerque (Haute-Garonne).
Le 17 janvier 1875, on consacrait le chœur de la calliédrale
de Montpellier, édifice du xiv° siècle dont la consiruction avait
été interrompue par les guerres du xvi" siècle. 11 ne se composait
que de son porche et de la nef d'Urbain V flanquée de chapelles.
Les travaux d'achèvement delà cathédrale deMonIpellier furent
3G4 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
exécutés par Henri Antoine Revoil. né le 19 juin 1822 à Aix,
décédé à Cette en 1863, au(|uel on doit le lombeau de M^' Coste,
à Nîmes, élevé avec la collaboration de M. Collin. Attaché à la
Commission des monuments historiques et correspondant du
ministère de l'inslruclion publique, Revoil a exposé un grand
nombre de dessins d'édifices classés par la commission el a laissé
un ouvrage ayant pour titre : Architcclure romane du Midi de la
France, etc. 1 vol. in-folio.
Le palais de justice de Montpellier, antérieur à l'époque dont
nous nous occupons dans ce cliapitre, mais que nous avions
omis, csl dû à un architecte du département du Gard, nommé
Gaston Bourdon, qui conserva ces fonctions jusqu'en 1849,
époque à laquelle il fut remplacé par M. Léon Feuclièrc qui,
sans doute, a achevé l'édifice.
A mentionner encore dans celte région de la France le théâtre
de lAIontpellier inauguré le 1" octobre 1888, édifice de stylo Re-
naissance — architectes: MM. Bernard Cassien et Sassua, que
nous ne connaissons pas autrement, et l'église N.-D. de Prouille
(Aude), avec clocher monumental et tribune extérieure pour les
bénédictions épiscopa/es , inaugurée en 1889. Architectes :
MM. Charles et Eugène Saint-Père, également inconnus de
nous.
Dans le Sud-Ouest, c'est un élève de M. Laisné, M. Emile
Gabriel Doyére, né à Paris, qui éleva, en 1877, l'église du
Saint-Esprit à Bayonne, après avoir construit le château d'Au-
bry-en-Esnés (Orne), et restauré celui d'Alençon. C'est aussi
François Dominique Geufroy, né le 3 octobre 1823 à Elbeuf-
sur-Andelles, décédé à Cherbourg le 23 juillet 1874, qui construit
à Bayonne (1868) l'hôpital Saint-Léon qui lui valut la croix de
la Légion d'honneur. Geufroy, d'abord architecte de Cherbourg,
avait construit dans cette ville l'hospice civil dont la première
pierre fut posée le 20 novembre 18o9, l'église Saint-Clément
et les flèches de l'église N.-D. du Vieu, des marchés, des
écoles, etc. 11 y restaura aussi l'église de la Trinité et est l'au-
teur de la colonne monumentale inaugurée le 24 juillet 1858.
Nous n'avons (]ue peu ou point de renseignements sur les tra-
vaux de Claude Tiffon, né à Bar-sur-Aube le 4 décembre 1798,
mort on 1868, chevalier de la Légion d'honneur, architecte du
département des Basses-Pyrénées el président de la Société aca-
CHAPITriK XllI. 3C3
dt''mique de ce dépaiiemenl, ni surDelabarre de Bay, arcliilecle,
en 1876, de l'église paroissiale de Lourdes, ni sur Jean Jacques
Latour, né à Tarbes le 5 août 1812, décédé le 14 seplembre
•18G8, arcbilccte du musée de la ville de Tarbes dans le jardin
Massey.
Le département de la Gironde vît naître pendant la seconde
moilié du siècle des architectes, hommes de talent, auxquels la
rareté et le peu d'importance des édifices à construire ne permi-
rent pas toujours de le faire valoir.
L'aîné de tous, Victor Pierre Mialhe. né à Bordeaux le
22 juillet 1802, élève de l'oitevin, est mort dans sa ville natale
le o octobre 1871. D'abord inspecteur des travaux exécutés au
lazaret de Trompeloup et plus tard du palais de justice de Bor-
deaux, il devint le collaborateur de Thiac et obtint en 1843 sa
nomination de membre de la Commission des monuments hislo-
riques et d'architecte diocésain. A ce lilre, il refit la rosace de
la cathédrale et y exécuta d'autres travaux importants; puis
restaura l'église de Saint-Emilion et construisit plusieurs hôtels
et châteaux dans la Gironde.
Contemporain de Mialhe, Jean Baptiste Lafargue, né à Ai-
margues (Gard) le 7 janvier 1801 , mori à Bordeaux le 30 novem-
bre 1866, est seulement connu pour avoir élevé les deux pavillons
Thévenard et Chaîne à chaque exlrémilé de la grille du jardiu
public, à Bordeaux. Aidé de ses deux fds, Jules, né dans cette
ville le 16 janvier 1825 et mort en 1881, et Paul, né le 9 mars
1812 et mort en 1876, tous deux sortis de l'atelier de Constant-
Dufeux, il fonda la Société des architectes de la Gironde et
construisit dans le Médoc un nombre considérable de châteaux.
L'architecte du nouveau Théâtre-Français à Bordeaux, détruit
par un incendie en 1854, et du nouveau théâtre Louil, après l'in-
cendie de 1888, fut Eugène Lamarle, né eu 1808 dans celle
ville où il est mort le 13 février 1880. Élève de Burguet dont nous
allons donner la biographie, il était aussi ingénieur et fut chargé,
à ce titre, de la construction de divers ponts dans le pays borde-
lais, notamment celui de Conihures sur la Garonne ; on peut
encore citer, parmi ses travaux, l'école protestante de Clairac,
le clocher de Gensac et l'église de Bouridevs, dans les Landes.
Pour compléter la biographie de Cli. B. iîurguet (page 81)
disons qu'il construisit les serres du jardin des planifs, les mar-
366 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
chés des Grands-Hommes et de la place de Lerme, l'école et la
faculté de droit, la caserne des pompiers, le dépositoire du ci-
metière de la Chartreuse, les presbytères de Saint-Nicolas et de
Saint-Michel, les clochers de Saint-Marlial et de Saint-Paul, les
galeries du musée dans le jardin de l'hôtel de ville et qu'il fut
chargé de l'installation provisoire des facultés de médecine et
de pharmacie dans l'ancienne caserne Saint-Raphaël. Hors
Bordeaux on lui doit la sous-préfecture de Bayonnc. La muni-
cipalilé de Bordeaux a donné le nom de Burguet à la rue qui
longe du côté de l'esl, l'hôpilal Saint-André.
Le successeur de Ch. B. Burguet comme architecte de la
Chambre de commerce, etc., s'appelait M. Pierre Charles
Brun, né à Bordeaux en 1825, qui s'était acquis une répulation
méritée comme auteur de l'église Saint-Louis, auxChartrons, re-
marquable imitation des édifices religieux du xui" siècle. Elève
de Poitevin et à Paris de Uchard et de l'École des beaux-arts,
M. Brun a construit le grand entrepôt de la Chambre de com-
merce au cours du Médoc et la halle métallique près du bassin
à flot de Bacaban. II fut aussi l'architecte des églises de Gradi-
gnan, de Monségur d'Avenson, et de nombreux hôtels ou châ-
teaux; il est membre de la Commission des bâtiments civils.
Pierre Auguste L'Abbé, né à Bordeaux le o juin 1823, fut
élève de DuphuI, puis continua ses études dans l'atelier de
Blouet et à l'Ecole des beaux-arts à Paris. Revenu à Bordeaux
en 18i6, il était nommé, en 1848, inspecteur, en 1855, archi-
tecte du déparlement de la (iirondc et, en 1862, architecte
diocésain. Ses principaux travaux à Bordeaux furent : le bâli-
menl des archives départemenlales commencé en 1861 et ter-
miné en 1866, la chapelle du grand séminaire, l'achèvement de
l'asile des sourdes et muelles et de l'hospice de De Pelligrin.
Hors de Bordeaux, il a construit le clocher de l'église Saint-
Jean-Bapliste à Libourne, les églises de Bourg, de Beulin et
de Sainle-F'oy-la-Grande, les hôtels de ville de Pauillac et de
Sainte-Foy, la maison curiale de Cadillac; il agrandit le lazaret
de Trompeloup et restaura les restes de l'abbaye de la Sauve
ainsi que de l'église Saint-André et de l'église de la Bivière.
Dans les départements voisins, on peut citer de lui les églises
de Royan, de la Roche-Chalais et d'Eymet. Membre de la Com-
mission des monuments historiques de la Gironde, de la Société
CHAPITRE XIII. 3G7
centrale et président, en 1872 et 1873, de la Société des archi-
tectes de Bordeaux, L'Abbé est mort dans cette ville le l"" juin
1881.
M. Jean Jacques Valleton, né à Bergerac le 1" mai 1841,
fut élève de Paul Abadie, dont il surveilla les constructions à
Bordeaux ; c'est ainsi qu'il restaura l'église Sainte-Croix, le
clocher de Saint-Micliel, l'église Saint-Ferdinand. Venu se fixer
à Bordeaux en 18G4, il fut, de 1874 à 1883, membre de la Com-
mission des monuments historiques de la Gironde et son vice-
président depuis 1881 , architecte du département de la Gironde
(12 juin 1881), des bâtiments civils du ministère des beaux-
arts (18 juillet 1881), do l'asile public d'aliénés de Cadillac
(7 mars 1883). Parmi ses plus importants travaux nous citerons : la
maison de santé de Longchamps (1867-68), le pensionnat et la
chapelle des Dames de la Béunion, rue de la Croix-Blanche
(18i9), le pensionnat des Sœurs Saint- Joseph de Cluny, bou-
levard de Bouscat (1873), le groupe scolaire de Bourg (1882),
l'école normale d'institutrices (1884), son hôtel rue Emile-
Fourcand (1884), la maison dite au Chat, rue Sainl-Étienne,
l'école primaire de Saint-Seurin-de-Bourg, le château de Mau-
pas à Tonneins (1885), l'église de Montferrand (1886), le nouvel
asile pour les femmes aliénées au château Picon (1887-89) et
plusieurs constructions particulières. 31. Valleton est officier
d'académie depuis ISSi.
iM. Jean ÉdouardBonnore, architecte, néàLcsparre (Gironde),
le 19 octobre 1820, fut élève de Jules Bouchet à Paris sous le
patronage de Visconti et s'est fixé à Lesparre en 1852. Archi-
tecte de l'arrondissement et de la ville de Lesparre, du lazaret
de Trompeloup, il a été membre correspondant de la Commis-
sion des monuments historiques de la Gironde et a fait édifier
ou restaurer dans les arrondissements de Lesparre, de Blaye
et de Libourne vingt-quatre églises dont dix-huit neuves ; ce
sont : celles de Lesparre, Carcans, Vendays, Saint-Vivien (les
nefs, l'abside et le clocher de ce monument historique de
première classe viennent d'être reconstruits sous la direction de
M. Bonnore aux frais de l'État), de Verdon, Talais, Grayan,
Naujac, Ordonnac, Potensac, Saint-Girons, Pugnac, Saugon,
Donnezac, Saint-Andromy, Saint-Caprais, iNéac, Saint-Chris-
toly-de-Médoc. Nous pourrions énumérer plus de vingt mairies,
368 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
écoles ou presbylères et un grand nombre de maisons bourgeoises
ou châteaux élevés par M. Bonnore, nous nous contenterons de
citer encore le portail de l'entrée du cimetière de Saint Estèphe
et les plans d'un nouveau lazaret projeté à Padarnac.
.M. Michel Louis Garros est né à Ikirsac (Gironde) en 1833.
Elève de l'Ecole des Leaux-arls de Paris et de Conslaut-Dufeux,
il travailla d'abord comme inspecteur de Lacroix aux travaux
de restauration du palais de l'Elysée, puis s'établit à Bordeaux
en 1860. Ses premiers travaux furent les fontaines du marché
Royal et de la place Fondaudège. Il a construit ensuite de
nombreux châteaux et plusieurs habitations urbaines impor-
tantes, puis a exécuté un grand nombre de restaurations et
d'installations agricoles et industrielles qui lui ont valu la
grande médaille au Congrès des architectes français de 1887.
Pierre Charles Durand, né à Bordeaux le 30 mai 1824, est
l'auteur dans cette ville de la nouvelle synagogue de la rue
Labirat, inaugurée le o septembre 1882, souvenir, comme tous
les édifices de ce genre, de l'arcbiteclure byzantine, de l'hôtel
des Facultés, construit de 1880 à 1885, et de la bibliothèque
municipale élevée de 1887 à 1889. Hors de Bordeaux, Durand a
créé l'établissement des OEiifs et les Néothermes de Caulerets
(1866-1878). Décoré eu 1886, l'un des fondateurs ds la Société
des architectes bordelais et président de l'Académie de Bor-
deaux : il l'st mort dans cette ville le 23 janvier 1891.
Théodore Michel Jules Henry Duphot fut un élève de
Chenavard et de l'École de Lyon, puis il compléta ses éludes
arcbileclurales à I^aris, dans l'atelier de Debret. Fixé à Bordeaux
depuis 183.3, il y commença une carrière brillamment pour-
suivie pendant cinquante-sept ans. Ses principaux travaux sont :
l'hôtel de la caisse d'épargne à Bordeaux, inauguré eu 1847, les
églises de Cauderan, de Porlets, de Virolade, de Langou, lare-
construction de l'intérieur de la nef et du clocher de celle de
Verdclais et un assez grand noml)re d'habitations particulières.
Membre corresjiondant de l'académie d'architecture de Lyon,
membre de la Commission des monuments historiques, puis
président de la Société des architectes bordelais, il fut élu, le
31 mars 1884, membre corres|)ondant de l'Institut. Duphot était
né h Bordeaux le 1" décembre 1810.
Gustave Alaux, également Bordelais, né le 29 novembre 1816,
H. LABROUSTE
CHAPITRE XIII. 369
fut élève de Poilevin, de H. Dii|ihol dont nous venons de donner
la biographie, et de G.-J. Durand. D'abord ins|)ecleur de Tliiac
pour la construclion du palais de justice de Bordeaux et ami
de VioUet-le-Duc, il employa presque toute sa vie à des restaura-
tions d'édifices religieux dans la Gironde ou les départements
voisins. Citons les églises d'Arcachon, de Saint-Ciers-la-Lande,
de Mérignac, de Soussans, de Salles, de Bon-Enconire, d'Ai-
guillon, de Buglose, de Mortagne, de la Brède (1860) et le
clocher de Sainte-Eulalie à Bordeaux, etc. M. Alaux est archi-
tecte de la Banque de France et membre de la commission des
monuments historiques de la Gironde.
B. Léo Courau, né à Bordeaux en avril 1823 (1), mort subite-
ment le 9 mai 1886. était élève de l'Ecole des arts et manufac-
tures. 11 étudia d'abord la construction maritime, puis l'archi-
tecture, et ne tarda pas à prendre rang parmi les architectes
bordelais les plus distingués. 11 commença par faire percer les
boulevards qui entourent Bordeaux et établir la plus grande
partie du réseau des égouts, le clocher de Saint-Émilion (Gironde),
et continua par l'addition des bas-côtés à l'église d'Eslissac, le
lavoir public de Saint Christoly, le clocher de Langon, l'église
de Périssac, la chapelle du Sacré-Cœur dans la basilique Saint-
Seurin de Bordeaux, la chapelle et une partie de l'hospice des
Petites-Sœurs des pauvres; il eut la réputation d'un homme de
bien dans la plus large acception du mot.
Dans le déparlement du Lot, un seul édifice à signaler : le
palais de justice de Figeac qui eut pour architecte M. Jean
Baptiste Victor Tourrette, né à Montpezat (Ardèche) le i 1 fé-
vrier 1823 et doiil nous ne connaissons pas les autres œuvres.
lAI. Marius Faget est né à Cauderan le 21 septembre 1834,
a dirigé la création de la Faculté de droit, de la Faculté de mé-
decine, de l'Observatoire, de l'école supérieure de filles, de
l'école du commerce et de l'industrie; on a de lui comme
œuvres complètes, à Bordeaux, l'église Saint-Augustin et le
théâtre des Folios-Bordelaises, le lycée inauguré en 1880 et
une partie du musée-bibliothèque où se trouvent réunis dix-huit
à vingt mille volumes.
Léon Drouyn, né à Bordeaux le 9 juillet 1833, étudia l'ar-
(t) Auvray dit : 1818.
111. 24
370 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
chileclure à l'École des beaux-arts el dans l'atelier de Queslel;
mais il ne nous appartient que comme architecte de l'église de
Bieujac et comme restaurateur de celle d'Escandes, quoiqu'il
ait construit un grand nombre d'habitations particulières
importantes.
M. Alphonse Blaquière, pelit-fds de Laclolte, est né à Bor-
deaux le 14 avril 1829. 11 est élève de Huchard et a construit
l'abbaye de Soulac en 1871, divers hôtels à Bordeaux, ainsi que
des cliàleaux dans la Gironde et, en 1882, le portail moresque
du casiuo à Arcacbon. C'est tout ce que nous savons de lui.
Un autre architecte bordelais, nommé Berges, ne nous est
connu que comme architecte d'une exposition de la Société
philomalhique de Bordeaux, destinée à recevoir les produits de
l'industrie française el coloniale (1).
Nous terminerons la biographie des architectes bordelais par
un mot sur l'architecte paysagiste Emile Victor Lecocq, quoi-
qu'il soit né à Paris le 9 avril 1831 et qu'il y soit mort le 8 mars
1865, parce que Bordeaux lui doit son œuvre principale : la
transformation du domaine Cutler en jardin d'acclimatation.
Lecocq, élève de Tiiouin, éiait inspecteur des plantations de la
ville de Paris sous le gouvernement de Juillet.
Nous le répéterons pour Tenlève qui, né près d'Agen
le 28 décembre 1824 et ingénieur en chef des ponts et chaus-
sées, exécuta des restaurations à la tour el au phare de
Cordouan.
Pendant la seconde période du siècle, l'archilecte du Lot-et-
Garonne fut M. J. J. -Albert Courau, né à Bordeaux le 7 juil-
let 1843, frère de l'archilecte bordelais Léo Courau dont nous
venons de parler, élève de P. Courau el de Louis Garros.
Fixé à Agen depuis 1879, après un séjour à Marmande
de 1872 à 1879, il a, en sa qualité de contrôleur des construc-
tions scolaires du département, élevé les écoles de Miramonl,
Clairac, Lavardoc, Casiel-Jaloux, puis le clocher de l'église
de Lompion, les abattoirs de Nérac el de Miramonl et l'église
de Magnac (Gers), et a restauré l'église de ViUercal. Lauréat
(1) En donnant la biograpliie de G. Bouiière (page 82), nous avons omis de
dire' qu'il étudia l'architecture dans l'atelier de MM. Constantin et Picaux, à Pa-
ris et, à partir de 18oi, fut architecte en chef du chemin de fer du Midi, sur le-
quel il construisit quatorze stations.
CHAPITRE XIII. 371
de diverses exposilions, M. Courau est le fondateur de la So-
ciélé régionale des architectes du Sud-Uuest, avec Toulouse
pour siège social.
L'architecte de l'iiôtcl de ville de Limoges, qui acheva le « Ca-
pitole » de Toulouse, est AL Alfred Charles Leclerc, né à Paris
le 10 décembre 1843; il obiint le premier grand prix en 1868
et fut, à son retour d'Italie, nommé architecte des palais de
Versailles et de Trianou et membre du Conseil des bàlimenls
civils; il fait partie de la Société centrale et est chevalier de
la Légion d'honneur. Nous avons dit plus haut que la préfec-
ture de la Vienne, l'hôtel de ville et le musée de Poitiers eurent
pour architecte M. Guérinot.
Dans la Vendée, c'est un élève de Just Lisch, M. Victor
Auguste Loué, né à Napoléon-Vendée le 31 août 1836, qui cons-
truisit le marché couvert de celte ville (1864); il a dressé plusieurs
projets de restauration, notamment de l'abbaye de Fontenelle
delà chapelle de Ménigoutte(18G9), el de Léglise Saiut-Pierre-
Airvault (Deux-Sèvres) ; il a été chargé de la restauration de l'é-
glise de Deuil-sous-Montmorency , et nous supposons qu'il a
construit l'hospice de la Chaize-Levicomte.
Le marché des Sables-d'Olonne est aussi de cette époque et
eul pour arcliilecle M. Michelin, sur les autres travaux duquel
nous n'avons pu être renseignés.
A Nantes, pendant la seconde période du siècle, on travaille
activement, mais qu'on nous permette de réparer un oubli
commis dans l'historique de la première période, en mentionnant
ici le nom d'Etienne Jean Baptiste Blond, né à Nantes
en 1780, mort dans cette ville le 30 décembre 1863. Ses travaux
sont, à Nantes, la chapelle de Saint-François, la tour de Taunay,
l'École d'hydrographie et l'Observai oire (1828); de plus il res-
taura la vieille église de Saint-Similion et édifia plusieurs châ-
teaux dans le département. François Léon Liberge, né à
Nantes en 1800 et décédé dans cette même ville le 22 juil-
let 1860, commence en 1841 l'église Saint-Clément de Nantes,
livrée au culte en 1857; cet édifice, imitation des églises du
xiii" siècle, fut achevé, pour la façade des portes et la tour, par
Faucheur, dont nous allons parler. Liberge a encore construit
hors de Nantes diverses églises; enire autres celles du Loroux-
Boltereau et d'Oudon dans la Loire-luférieure, et celle de
372 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Champtoceaux dans Maine-et-Loire. Henry Félix Jean Fau-
cheur, le conlinuateur de Liberge, élail né à Bordeaux le
12 août 1821 et mourut à Nantes le 13 juin 18G5. Élève de
Buron et de Durand-Gasselin, il continua ses études à l'Ecole
des beaux-arts. Outre la façade de l'église Saint-ClémenI, nous
devons citer de lui la cbapelle de Toutes-Joies, également à
Nantes; l'église paroissiale de Sainle-Même, l'église de la
maison mère des Sœurs de la Sagesse à Sainl-Laurent-sur-Sèvres
(Vendée), etc.
M. Théodore Jacques Nau, fds d'architecte, né à Nantes le
5 février IBOo, se prépara, par des séjours à Paris et à Rome,
à continuer la carrière de son père et revint à Nantes en 1831.
Cinq ans après, en 1836, M. Nau futchargé de construire le chœur
de Féglise paroissiale de Sainte-Croix (1840), œuvre nouvelle
dont le style ogival fit sensation; le portail de l'église de Saint-
Jacques (1851) du xii" siècle attesta de nouveau, au point de
vue parfait de sa restauration, le talent sobre et sûr de l'ar-
tiste. Il faut en dire autant de l'église des Minimes dont il a fait,
en 1849, la chapelle de l'Immaculée-Conception. La chapelle de
M. de Grandville au Port-Saint-Père, celle de la famille
Duboueix, à Clisson, l'église de la Madeleine à Nantes, celles
des Touches, de Saint-Malo de Guersac, de Saint-Jean de la
Poterie, de Saint-Philbert, la jolie paroissiale romane de Sainl-
Molf, démontrent la fécondité de son génie varié et artis-
tique. Le 30 octobre 1849, appelé aux fonctions d'architecte
diocésain, il continua en celte qualité les travaux du chœur
de la cathédrale. La reconstruction du grand séminaire de
Nantes est oeuvre à part où l'on remarque surtout le cloître
et la chapelle. Le 10 juillet 1839, M. Nau avait été nommé
architecte des hospices; il fit un projet, mais ne prit pas part
au concours de 1851. En 1843, lorsque, le 9 août, la Société
archéologique de Nantes fut fondée par le congrès de la Société
française qui se tenait à Angers, M. Nau fui nommé président,
fonclion qu'il exerça pendant seize années, dirigeant les travaux,
stimulant le zèle des sociétaires, apportant, à chacune des séances
l'ample contingent de sa science.
Gustave Benjamin Alexandre Le Prévost de Bourgeret,
président de la Société des architectes de Nanies, membre de la
CHAPITRE XIII. 373
Commissioa dépai'lemciitale des bàtimenls civils et correspon-
dant de l'Inslitut, naquit à Hennés le 13 septembre 1813 et
mourut à Nantes le 28 octobre 1882. Elève de Garnaud et de
Lebas, il quitta l'école en 183i, titulaire de nombreux médailles.
Après plusieurs voyages en Italie et en Grèce, il fut nommé
architecte du déparlement de la Loire-Inférieure, où il restaura
la préfecture de Nantes, la tour historique d'Oudon et cons-
truisit les sous-préfectures d'Ancenis et de Paimbœuf. A ces
travaux on doit ajouter la façade du musée d'histoire naturelle
et l'hôtel de la caisse d'épargne à Nantes, les églises Saint-Clair-
lès-Nantes, de Couëron et de Vue dans le département ; le maître-
autel et la flèche de l'église Saint-Nicolas de Nantes exécutés
d'après les dessins de Lassus, la chapelle de Bonne-Garde, près
Saint-Jacques à Nantes, etc. Médaille d'or de la Société centrale
des architectes en 1870, pour ses travaux d'architecture privée,
de Bourgerel a laissé une collection considérable de dessins qui
ont été publiés.
Deux frères, MM. Ludovic François et Marie Julien Michel
Douillard, tous deux ex esquo seconds grands prix d'architec-
ture en 1832, sont les architectes de l'hôpital général Saint-
Jacques et du palais de justice de Nantes. Ils ont également
construit tous deux, en 18G7, l'école Albert-le-Grand à Arcueil.
Il nous reste à dire que le premier, élève de Lebas, est né à
Nantes en 1823 et que le second, élève de Moret et Blouet, est
né dans la même ville en 1829.
Nous mentionnerons ici les architectes du passage Pom-
meraye(1843) dont Nantes est Her : ce sont MM. Durand-Gas-
selin et Jean-Baptiste Buron, b^ dernier décédé à Nantes le
2i décembre 1881.
L'architecte du théâtre de Saumur, inauguré en 186(3, est
M. Joly-Leterme, qui nous est d'ailleurs inconnu. Ce théâtre,
de style classique, renferme également une salle de concert.
A Angers, nous citeions seulement les études intéressantes
de Léon Charles Compagnon, élève de Labrouste, né à Aire
(Pas-de-Calais), à une date que nous ignorons, et les travaux con-
sidérables d'Edouard Moll, né à Angeis, le 2.3 novembre 1797,
mort le 2 juin 1876. Élève de Debret, Moll fut d'abord son ins-
pecteur à l'École des beaux-aris et à l'abbaye de Saint-Denis,
mais jugea utile à son éducation de faire le voyage d'Italie; à son
retour en 1827, il s'établit à Paris et obtint, au concours, le droit
374 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
de construire, à Angers, avec M. Ramoussel, architecte d'Angers,
l'abattoir, l'iiospice général Sainte-Marie, l'hôpital civil et mili-
taire, l'école de médecine. A Laval, il fut Farchitecle deriiopital
civil, à Mayenne, du palais de justiceet d'un hôpital. Ilaconstruit
aussi des églises à Craon et à Pré-en-Pail (Mayenne), à Château-
Gonthier un aballoir, des écoles congréganistes à Épernay, etc.
L'hôtel rue Saint-Germain-des-Prés à Paris, qui sert de siège à
la Société d'encouragement pour l'industrie, inauguré en 1852,
est également l'œuvre de Moll, qui fut décoré en 1866.
Les œuvres de Ferdinand Lachése, né à Paris le 30 mai 1803,
mort à Angei's le 18 octobre 1872, architecte du départemeni
de Maine-et-Loire, sont : le marché de la Poissonnerie (1833) et
la prison cellulaire à Angers, l'église Saint-Pierre Montlémarl,
l'asile d'aliénés de Sainte-Gemme, ainsi que la restauration de
la préfecture.
C'est un élève de Duban, Julien Alphonse Bottrel, né
vers 1818, mort en 1870, qui donna le plan du théâtre construit
sur la place du Ralliement à Angers, après l'incendie qui con-
suma l'ancienne salle le 4 décembre 1863. Les travaux furent
commencés en 1869, mais la mort ne permit pas à Bottrel de les
achever et il fut remplacé par l'architecte du Vaudeville de Paris,
Magne, qui l'ouvrit au public le H novembre 1871.
Incendié également, le théâtre de Tours a été récemment
reconstruit (inauguration du 23 novembre 1889). M. Stanislas
Loison, architecte de l'édifice, est né à Paris le 4 septembre 1849
et a été inspecteur des travaux des théâtres de la Renaissance et
des Nouveautés, cà Paris, ainsi que du théâtre municipal de
Cherbourg.
M. Eugène Landron, néàSaint-Calais(Sarthe), avoulu donner
à la balle aux grains de sa ville natale un aspect presque
monumental, où les tourelles engagées aux quatre angles du
bâtiment sont rachetées par les bas-côtés qui forment une galerie
intérieure, la nef ([ui s'élève dans toute la hauteur du grand
comble étant coupée par un balcon suspendu sur lequel s'ouvrent
vingt-quaire portes correspondantes. Il a également élevé le
château de la Gaudinière.
Plus à l'ouest encore, Antoine Brossard, né à la Rochelle
en 1800, mort en 1883, élève de Delespine, fut nommé, après
plusieurs succès académiques, architecte du département de la
GHAPITRK XIII. 373
Charente-Inférieure. 11 a conslrnit, en 1824, l'asile d'aliénés
Lafond près la Rochelle, le grand séminaire à la IJochelle, ainsi
((u'un Ivcée, la maison d'arrêt à Rochefort, un séminaire el la
prison municipale àSainles(1830-l832), un hospice à Sainl-Jean-
d'Angély. Dans cette même ville, la mairie, la justice de paix,
ainsi qu'un temple protestant sont l'œuvre de Boucasse, plutôt
ingénieur qu'architecte puisqu'il fut chargé de la construction de
plusieurs ponts dans le déparlement.
On accorde ici une place modeste à un élève de Duban,
Cyprien Antoine Stillière, né à Paris, nous ne savons à quelle
époque, comme architecte d'une maison d'école, d'une fontaine
et d'un lavoir a Saint-Uenys (Deux-Sèvres). C'est tout ce que
nous savons de lui.
La ville de Saintes trouve un architecte instruit en même
temps qu'actif et fécond dans Lucien Tyrtée van Cléemputte,
né le lo mai t79o à Paris. Elève de son père et de Percier, il
remporta le premier grand prix d'architecture en 1816, il
construisit le monument de Lebrun, duc de Plaisance, au cime-
tière du Père-Lachaise (1833) et fit divers projets, entre autres
celui d'un palais pour les expositions de l'industrie. Inspecteur
des travaux de l'église Sainte-Clotilde et de la Cour des comptes,
dont il construit le bâtiment des archives en 1849, il élève
à Dourdan une halle aux grains (1833-1837), le palais de justice
et la caserne de gendarmerie de Saintes et meurt en août 1871,
chevalier de la Légion d'honneur, après avoir collaboré à l'ou-
vrage de Forbin et Hackerblac sur les monuments de la Sicile.
Le théâtre d'Angoulème a pour architecte, en 1870, M. An-
toine Soudée, né à Dreux le 14 février 1839. Élève de
l'École des beaux-arts, puis inspecteur chargé du X'^ arrondis-
sement de Paris, il fut nommé, le 1" janvier 1876, inspectein-
des édifices départementaux. En sa qualité d'architecte de la
deuxième section des édifices de Paris, il a construit la caserne
des pompiers de la rue du Château-Landon et un groupe sco-
laire rue Louis-Blanc (1876-1879), l'école maternelle de la rue
(le l'Aqueduc (1880) et a surélevé l'inlirmerie de la prison Saint-
Lazare. Aujourd'hui, M. Soudée est attaché aux travaux qu'on
exécute à la mairie du XIII'' arrondissement commencés en 1885
et à la construction d'une école rue Saint-Bernard. Médaillé à
l'Exposition universelle de 1878, il a été fait officier d'académie
376 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
lors de rinauguralion du niomimcnt élevé à ^^'ladimi^ Gagneur,
à Poliguy (Jura).
A Limoges, c'est François Alexandre Adolphe Regnault,
architecte de cette ville, mort en 1875, âgé de soixante-dix ans,
qui construit, eu 1848, le marché couvert, la caserne d'infan-
terie et le collège; le département de la Haute-Yienne lui
doit également plusieurs restaurations importantes. Quant à
l'hôtel de ville élevé en 1878, il est l'œuvre de AI. Leclerc, ainsi
que nous l'avons dit plus haut.
Le palais de justice de Périgueux, le théâtre, le grand sémi-
naire et nn marché couvert sont les œuvres de Louis Catoire,
né à Paris vers 1806, élève de Percier et Fontaine, qui fut
architecte du département de la Dordogne de 1827 à 1841 et
mourut à Paris le 20 novemhre 1864.
La Bretagne et la Normandie eurent aussi des artistes de ta-
lent pour exécuier les édifices puhlics ou municipaux élevés
depuis quarante ans dans cette région. En Bretagne, M.Joseph
François Etienne Bigot, né à Quimper le 2\ décembre 1807,
achève dans sa ville natale l'église Saint-Mathieu et construit
les deux tours et les huit clochetons qui la couronnent ; il a été
classé le premier au concours pour l'érection du musée, mais
nous ignorons s'il l'a exécuté.
La construction de la maison centrale de Rennes ,qui eut lieu en
1878, échut à un premier grand prix de 1846, membre de l'Insti-
tut, M. Alfred Nicolas Normand, né à Paris le 1" juin 1822,
élève de Normand et de Jay.M. Normand, inspecteur général des
prisons, architecte expert, décoré de la Légion d'honneur, était
déjà connu comme auteur de l'hôtel de Païva et de la maison
« pompéienne » (qn'on vient de démolir), construite pour le prince
Napoléon, avenue Montaigne; il a été également chargé de l'é-
dificalion de l'hospice de Saint-Germain-en-Laye (^1880); il a
été censeur et vice-président delà Société centrale.
M. Léopold Joseph Ridel, né à Nantes le 17 février 1852,
déjà connu par la construction de l'asile des aliénés du Mor-
bihan et par la restauration de la chapelle de l'hospice Saint-
Louis, éleva le musée de Laval dans lequel on reconnaît l'in-
fluence des éludes sérieuses faites par l'architecte.
Nous ne mentionnerons le nom de l'architecte de Fougères
Lehérissé qu'à cause de sa tin tragique : on sait qu'il mourui
CHAPITRE XIII. 377
en 1865, précipilé d'un écliafaudage mal installé sur lequel il
vérifiait les travaux en cours d'exécution à l'église Sainl-Léo-
nard de cette ville.
A Fiers, c'est un archéologue distingué, aujourd'hui professeur
à l'École spéciale de dessin, M. Victor Marie Charles Ruprich-
Robert, né à Paris le 18 février 1820, élève de Constant-
Dufeux, qui est chargé de la construction de l'église exécutée
de 1858 à 1864. En 1839, il élève l'église d'Athis (Orne), inspirée
des édifices romans, puis les églises de Fresnes-Carailly, de Brel-
teville-l'Orgueilleuse, de Mortain, de Saint-Marlory, de Dinan
(Côtes-du-Nord) et la chapelle du petit séminaire de Séez. 11 fut
aussi chargé de restaurations importantes au château d'Amhoise,
aux églises de la Trinité de Caen (ancienne Abhaye aux Dames),
et d'OuisIreham, à la tour d'Oudou et à la tour de Saint-Loup à
Bayeux, mais la restauration de celte dernière a dû être
confiée en dernier lieu à des ingénieurs, sous la direction de
M. Flachat. La chapelle funéraire de Berghes-Saint-Winock
mérite aussi d'être mentionnée ici ; les études faites par
M. Ruprich-Robert pour la Commission des monuments histo-
riques sont considérables.
M. Gustave Auvray, né à Laize-la-Ville (Calvados) en 1823,
vint faire ses études d'architecture à l'aris dans l'atelier de
M. Léon Vaudoyer et entra à l'École des beaux-arts en 1842: il
participa utilement, dès cette époque, à d'intéressants travaux,
tant sous la direction de M. Ruprich-Robert, lors de la restau-
ration de l'église de la Trinité de Caen, que sous la direction de
M. Guy qui, comme architecte en chef de la ville, eut à apporter
de considérables agrandissements aux salles des réunions publi-
ques et à celles de la bibliothèque et du musée renfermées dans
les bâtiments de l'hôtel de ville. En 1861, M. Auvray, qui fut
appelé à succéder à M. Guy, termina ces derniers travaux et, de-
puis cette époque, eut à en exécuter directement quelques autres
d'une réelle importance, notamment une partie des serres du
jardin botanique de Caen, auxquelles il ajouta un pavillon d'ha-
bitation pour la direction de l'établissement (1873) et une école
d'équitation et de dressage. Il nous faut citer encore, comme
étant de lui, un séminaire à Villiers-le-Sec (Calvados), une
chapelle pour les religieuses de la Miséricorde et la restaura-
tion de l'église Saint-Pierre à Caen. Mais l'édilice le |ilus impoi-
378 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
lant dû à M. Auvray est l'ensemble de vastes bàlinients qu'il
érigea, de 1861 à 1865, pour les bains et lavoirs publics de
cette ville.
Trois ou quatre arcliitecles continuent, en Normandie, l'œuvre
dos Barre, des Barthélémy, etc. D'abord M.Eugène Barthélémy
fils qui achève, de 1882 à 1881^, la flèche de la cathédrale de
Rouen par l'addition de clochetons en fer el cuivre repoussé et
consacre ses connaissances d'archéologue à la reconslitulion
des édifices du moyen âge si nombreux en Normandie.
M. Louis Charles Sauvageot, né à Santonay (Côte-d'Or),
architecte de la ville de Rouen, membre de la Commission des
monuments historiques, doit sa réputation à la construction
de l'église Sainl-Hilaire de Rouen qu'il a commencée en 1876
el finie en 1879, s'inspirant des édifices religieux de la fin du
xii" siècle, à l'époque de la transition entre la période romane et
la période ogivale de l'art français. L'église Saint - Hilaire
présente 50 mètres de longueur sur 31 mètres de largeur au
transept et une hauteur de 11 mètres sous la voûte; le clocher
entièrement en pierre de taille est placé sur la croisée à peu près
au centre de l'église. En 1877, M. Sauvageot éleva le nouveau
théâtre des Arts où il a employé, naturellement, tous les moyens
connus pour combattre l'incendie; on lui doit aussi (1876), la
restauration d'un château dans la Haute-Marne et le piédestal
des monuments élevés à la mémoire de l'abbé Cochet, l'archéo-
logue, du poète Bouilhet et de Jeanne d'Arc.
M. Lucien Lefort, né à Sens, élève de Lance et d'André, que
nous retrouverons comme architecte à Saigon (Cochinchine), est
l'auteur de l'école normale de Rouen. C'est tout ce que nous
savons de lui.
Nous avons omis de dire, en rappelant les titres de Louis Le-
normand, architecte de l'église Saint-Jacques de Dieppe, qu'il a
construit aussi l'église du Pollet, près Dieppe (1889), le château
de Meillant (1849) et qu'en sa qualité d'architecte de la Cour de
cassation, il en commença, en 1860, les nouveaux bâtiments qui
furent achevés par Duc. L'hôtel de ville d'Elbeuf, élevé en 1867,
est dû à un architecte parisien, Emile Anger, élève de Vaudoyer,
dont nous ne connaissons pas les autres œuvres, quoiqu'il ait
exposé de nombreux et remarquables dessins.
Le Cercle du commerce d'Elbeuf (1866), de style Louis XIII,
CHAPITRE XIII. 379
est dû aux frères Laquerrière Constant, né le 21 novembre
1820, et Stanislas, né le i'.i sepleaibre 1836.
Henry van Cléemputte, archilecle du déparlemeni de l'Aisne,
est né à Paris en 1792; il est l'anleur du tribunal de première
inslance élevé à Sainl-Lô (Manche) en 1823 et, de 1824
à 1828, du tribunal de Valogncs, du dépôt des étalons de
Saint-Lô, de l'hôtel de ville el de la prison de Coutances, de l'ora-
loire à l'évèché de cette ville, du tribunal de commerce de Gran-
ville, d'un hospice à Périers, d'une prison à Mortain, d'une
église el d'une caserne dans la baie du mont Saint-Michel, d'une
salle de spectacle à Yalognes et d'un lazaret à Saint-Vaast-la-
Hougue. Nous ignorons la date de la mort de cet architecte el
nous ne connaissons pas ses autres œuvres.
C'est Adolphe Azémar, que nous avons signalé (page 48) comme
architecte du petit théâtre de Balignolles, qui a construit la
mairie, une école, un gymnase et le presbytère de Trouville.
Louis Jean Le Maître, né à Montivilliers, près le Havre, le
28 février 1815, mort au Havre le 12 janvier 1891, est l'archi-
tecte de la Bourse de cette ville, doni la première pierre fut posée
en 1878. C'est un bel édifice de style Renaissance, formant un
quadrilatère d'une superficie de 4000 mètres el présenlanl, au
saillant du portique nord, un développement que ne présente
aucune Bourse en France. L'hôtel de ville du Havre, dont la pre-
mière pierre fut posée le 2 septembre 1855, l'abatloir public, l'é-
glise Saint-Nicolas de l'Iiure, l'hôlel de la sous-préfecture eurent
pour architecle Charles Fortuné Louis Brunet-Debaines,né à
Vannes (Morbihan), le 1 9 décembre 1801 . Élève de Vaudoyer et de
Lebas, il devint architecte de l'arrondissement du Havre et,
en cette qualité, éleva, en 1845, le musée-bibliothèque sur l'em-
placement d'un ancien hôtel de ville ou logis dit roi dont la façade
e?t composée de deux ordres superposés, ionique et corinthien,
surmontés d'une balustrade portant des statues, ainsi qu'une cité
pour le personnel de l'administration des douanes. On lui doit aussi,
à Paris, la chapelle du couvent des Oiseaux de la rue de Sèvres,
celle du couvent de Sainte-Clotilde, rue de lleuilly, à Vaugirard,
le collège de l'abbé Poiloup à Graville, la restauration de l'église
romane de Sainte-Honorine. Brunet-Debaines est mort à Paris
le 25 avril 1862, laissant quelques brochures sur l'architecture.
Claude François Brunet-Debaines, frère du précédent, né
380 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES-
;i Vannes le 24 janvier 1799, fut quelque temps l'associé de son
frère dans celte ville^ mais il partit pour le Chili et fut chargé
de travaux importants par le gouvernement chilien jusqu'à sa
mort, arrivée à Santiago en 1855. Auteur de nombreux projets
qui ne paraissent pas avoir été exécutés et médaillé dans plu-
sieurs concours, Claude-François a été honoré de la croix de
chevalier de la Légion d'honneur.
Le lycée du Havre, inauguré en 186G et dont la construction
a coûté 1,930,000 francs, a eu pour architecte M. Brien, sur la
vie et les œuvres duquel il nous a été impossible d'obtenir des
renseignements. Quant au palais de justice érigé en 1874 et
dont le plan avait été l'objet d'un concours, il est l'œuvre de
.M. Bourdais dont on a lu plus haut la biographie.
L'hôpital de Bellème fut élevé vers 1859 par Jean François
Emile de Guéroust, né à Mortagne le 14 juin 1814, mort com-
missaire voyer à Paris le 21 août 1861, élève de Guenepin et de
l'Ecole des beaux-arts (sans autre indication).
Les parties supérieures de l'église N.-D. de Morlagne ayant
été incendiées, l'archittcte chargé de la restauration fut
AL Jules Reboul, auteur d'un monument élevé à Lunéville aux
victimes de la guerre de 1870. Succédant à Cramailler, Pierre
Léonard Lefranc, élève de Percier et Fontaine, né à DoUen-
court (Aube) le 2 avril 1807, acheva la chapelle du château de
Dreux, destinée à la sépulture de la famille d'Orléans, en ajoutant
une chapelle absidale et deux chapelles à droite et à gauche du
porche. La crypte reçut également de notables augmentations
et tout le travail était terminé en 1847. On doit aussi à Lefranc,
qui avait été décoré en 1837, le monument élevé à Alexandre
Alleur, dans l'hôtel de ville de Saint-Omer.
A citer encore la nouvelle église de Montfort-le-RoIrou, élevée
en 1858 par l'arclutecte Tessier, un inconnu pour nous; celle de
Vetheuil (Seine-et-Oise), réminiscence remarquable des édifices
gothiques de cette contrée : architecte Alphonse Durand, né à
Mantes le 17 avril 1813, élève de Ileurteloup et de Molinos, archi-
tecte diocésain de la Haute-.Marne, de la Manche et de Saône-et-
Loire. Durand a coopéré à la Commission des archives des mo-
numents historiques; ses autres œuvres sont, en collaboration
avec Guérinot, la préfecture de Poitiers (1865), puis la restaura-
lion de la cathédrale de Mantes (1854-1856), celle de la cathé-
CHAPITRE XIII. 381
drale de Langres (1857), celle de N.-D. de Vernon (Eure), dont
il relit l'abside, celle de N.-D. du Grand-Andely, etc. Médaillé
en 1837 et décoré en 1800, Durand est mort à Mantes en 1882.
La construction de riiôpital de Yernon lui confiée à un élève
de H. Labrouste, M. Joseph Edouard Delbrouck, né à Reims le
12juin 1 819, etce travail lui exécuté pendanllesannéesl8o8 1859.
Nous avons rappelé plus haut les œuvres de l'architecte
Henry Van Cléempulte, dans la Manche; disons maintenani
qu'on doit dans le même déparlenieni, à Alexandre Nicolas
Théberge, mort à Avranches en 1800, à l'âge de cinquante-
deux ans, élève de l'École des beaux-aris : l'église de Saint-
Hilaire, celle de Refîuvielle, le portail à Saint-Brice-en-Cogles
et l'église de Champs. Il restaura aussi l'église Sainte-Croix à
Sainl-Lô; construisit l'hôtel de ville et les halles de Brecey, res-
taura le Mont-Saint-Michel, eta laissé inachevés l'hôtel de ville
de Villedieu qui eût été son clief-d'ouivre, les tours et la flèche
de Saint-IIilaire el le château de lioclier.
A l'exception de l'église Sainle-Epvre de Nancy, la région de
l'Est ne vit s'élever que peu d'édifices imporlanls pendant les
quarante dernières années. La chapelle de l'école de la Tous-
saint à Strasbourg fut construite, de I8i5 à 1840, par un archi-
tecte du chemin de fer de FEst, M. J.-A. Weyer, dont le nom
ne nous est connu qu'en raison de celte circonstance; c'est éga-
lement vers celle époque qu'Alphonse Amédée Lejeune, né
à Nanteuil-le-Haudoin (Oise) le 0 août 1808, élève d'Alavoine,
effectue la restauralion et l'achèvement du château de Saverne,
destiné à servir de résidence à des veuves de fonctionnaires,
puis reconstruit l'église de Dannemarie, ancien département du
tlaul-Riiin. il fut l'architecle du palais de la Légion d'honneur
de 1838 à 1871, médaillé à l'Exposilion nniverselle de 1807, che-
valier de la Légion d'honneur en 1851 et membre de la Sociélé
centrale jusqa'cà sa mort.
En 1807, Johann von Soolen couslruit l'église ogivale de
Logelbach près Colmar, c'est ton! ce que nous savons de lui.
En 18ie, M. Charles Alexandre François Morin, né le
3 décembre 1810, élève de Hugo el archilecte du département
du Bas-Rhin, élève le théâtre de llagueneau et est fait chevalier
de la Légion d'honneur en 1865.
Mais le véritable archilecte de l'Alsace pendant celte période
382 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
fut M. Emile Bœswilwald, qui, né le 2 mars 1815 à Strasbourg,
vint faire ses études d'arcliiteclure dans l'atelier de H. La-
brouste, à partir de 1837. Nommé, en 1845, inspecteur des tra-
vaux de Notre-Dame, puis en 1847, architecte de la cathédrale
de Luçon, architecte diocésain pour les villes de Soissons, de
Luçon, Bayonne, Orléans, Laon, Chartres et le Mans, il fut chargé
aussi des restaurations à effectuer dans les départements de la
Meuse, de la Haute-Marne et de l'Alsace ; il reconslruisil l'école
centrale rabbinique à Metz, les églises de Guebwiller, de Neuville,
de Niederhaslash (Haut et Bas-Rhin), de Montiéreuder (Haute-
Marne), et restaura le palais des ducs de Lorraine à Nancy; on
lui doit encore la i-estauration de l'abbaye de Niedermnnster
en 1847, en 1854, la chapelle privée de l'Empereur en style
mozarabe et l'église Sainl-Vaast, à Soissons en 1856. M. Bœs-
wilwald, qui est chevalier de la Légion d'honneur depuis 1853,
a coopéré à la Collection des archives de la Commission des mo-
numents historiques.
A Épinal, M. Léon Charles Grillot, né le 9 novembre 1827
dans cette ville, y construisit l'hôlel de la préfecture ; à Nancy,
il décora l'église des Cordeliers; il éleva à Plombières (Vosges),
l'établissement thermal (1844), à Remiremont, la maison d'arrêt
cellulaire^ puis l'église de Plombières.
Un magnifique édifice moderne, souvenir de ceux auxquels
on appliqua l'ogival flamboyant, l'église Saint-Epvre de Nancy,
eut pour architecte un enfant du pays, M. Prosper Morey, élève
d'Achille Leclerc. 11 est vrai que M. Morey avait obtenu le pre-
mier grand prix en 1831 et avait fait, pendant son séjour à
Rome, des reslaui-ations fort remarquées ; cette église, dont la
première pierre fui posée en juillet 1863, estaujourd'hui terminée;
nous ignorons, malheureusement, les autres œuvres de M. Morey.
Pigeory et Amé ont eu la chance de construire la plupart des
édifices du département de l'Yonne. Félix Pigeory, né à Paris
vers 1812, élève de Lebas, fut d'abord inspecteur des travaux
de la ville et restaura l'église de Saint- Florentin; il a exposé
divers projets qui n'ont point été exécutés et a publié un livre
ayant pour litre : les Monuments de Paris. 11 mourut le 5 décem-
bre 1873 après avoir fondé la «. Revue des beaux-arts ». M. Emile
Amé, né à Avallon vers 1820, fut nommé, jeune encore, con-
ducteur des travaux du canal de Bourgogne. S'étant ensuite
CHAPITRE XIII. 383
adonné à l'arcliileclure, il entra dans le service des monu-
ments liistoriques et l'ut l'inspecteur de Viollet-le-Duc lors
de la restauration de l'église de Vé/elay. Cet édifice terminé,
il rééditia l'église et la tlèclie de Chablis, puis fut l'architecte
de groupes scolaires à Aillan-sur-Thoson et du couvent des
Trappistes de Carré-les-Tombes. Nommé depuis, successivement,
architecte du Morbihan et du département du Cantal, M. Amé
est correspondant du ministère de l'instruction publique et a
publié, en 18o9, un volume enrichi de 90 planches, sous le titre :
les Carrelages émaillés du moyen âye et de la Renaissance .
L'aile orientale du palais des Etats àDijon, pour faire pendant
à la partie occidentale, œuvre de Gabriel, fut construite par un
architecte dijonnais, Louis Belin, né le 24 octobre 1806, mort le
31 octobre 1884, déjà mentionné page 74. Professeur d'archi-
tecture à l'école des beaux-arts de Dijon, de 1848 à 1882, il fut
aussi l'architecte de la << maison suspendue », de l'hùtel de la
Cloche, place d'Arcy, etc.; mais l'architecte des hospices de cette
ville s'appelait Paul Petit, né en 1793, mort en 1884. Membre
de la Société centrale, Paul Petit fut également attaché à la
restauration de la cathédrale de Dijon; nous ne savons rien de
plus sur cet architecte.
C'est aussi uuDijonnais, élève de Lebas et de Cinain, M.Félix
'Viennois, qui fut, à Dijon, l'architecte de la Bourse, de la halle
aux grains et du tribunal de commerce, place d'Arcy. En 1873,
il érigea, sur la place de Gray, le monument aux défenseurs de
Dijon pendant la guerre de 1870 et reconstruisit le palais de
justice, de 1875 à 1881.
Dans la Côte-d'Or également, c'est P. Degré, sur lequel nous
n'avons aucun renseignement, qui construit, vers 1881, l'église
Sainle-Marie-sur-Ouche.PIns considérable est l'œuvre deNicolas
Henry Monniot, né àLanglay (Côte-d'Or), le 25 juin 181 i. Elève
de Gueuepin, il construisit, en 1845, la mairie de Grancey et fut
aussi l'architecte, soit comme auteur, soit comme restaurateur,
de cinquante et une églises catholiques, de trente-deux presby-
tères, de soixante-huit maisons d'écoles, d'im hospice et de
plusieurs ponts.
Un mot seulement sur la restauration ellecluée, en 1873, de
l'église d'Illiat-en-Bresse(Ain), édifice du .\i' siècle, pour dire que
l'architecte qui en fut chargé se nommait Sainte-Marie Perrin,
384 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
un inconnu pour nous, et nous terminerons la nomenclature
des travaux de notre architecture contemporaine par quelques
lignes sur des arlistes d'une incontestable valeur qui n'ont
pas, cependant, attaché leurs noms à un édifice important:
Hector Horeau d'abord, inscrit déjà dans la biographie de
Baltard, l'architecte des Halles Centrales, qui, né à Versailles
le 4 octobre dSOl, mourut à Paris dans les premiers jours de
septembre 1872; puis Adolphe Etienne Lance, né à Littry
(Calvados) le 3 août 1813, mort à Paris en 1874, chevalier de
la Légion d'honneur. Élève de Visconti et de Blouet, il fut
attaché à l'administration des bâtiments civils au sortir de leurs
ateliers. Nommé inspecteur d'abord (1850) de VioUet-le-Duc,
alors chargé de la restauration de l'église abbatiale de Saint-
Denis, il devint, en 1857, architecte diocésain et, en cette qualité,
reçut la mission de restaurer la cathédrale de Sens et divers édi-
fices diocésains à Soissons. Devenu, en 1861, membre de la Com-
mission des lycées et écoles, il fut l'architecte du lycée de Mont-
de-Marsan et du grand séminaire de Sens (reconstruction). Mem-
bre du comité des travaux historiques, Lance a publié, de 1847 à
1852, denombreux articlesdans « l'Encyclopédied'architeclure»;
un mémoire sur le Diplôme cCarchitecte — Compte-rendu de
l'Exposition unieerselle de 1855 — Excursion en 'Italie. Paris,
in-8°, 1859; Dictionnaire des architectes français, in-8°, 1872.
Pierre Trémaux, né à Chardey (Saône-et-Loire), le 20 juil-
let 1818, entré à l'École en 1840 et élève de Lebas, obtenait,
en 1845, le second grand prix ex tequo avec C. Aug. Laine, et
faisait eu Afi'ique et en Asie des explorations très étendues
qui lui fournirent des sujets d'études du plus vif intérêt. Aussi,
abandonnant le côté pratique de la profession qu'il avait em-
brassée, il consacra la plus grande partie de sa vie à mettre en
ordre les notes par lui recueillies, qui ont fait l'objet d'une suite
d'ouvrages très estimés dont nous allons rappeler les titres :
Voyage en Ethiopie, au Soudan-Oriental et dans la Nigritie; —
Parallèle des Édifices anciens et modernes du continent africain ;
— Explorations archéologicjiies en Asie Mineure, avec atlas et
planches.
M. Charles Chipiez, né à Ecully (Rhône), élève de Conslant-
Dufeux, de VioUet-le-Duc et de Danjoy, prit part d'abord,
mais sans beaucoup de succès, à divers concours (Bourse du
V. BALTARD
CHAPITRE XIII. 385
Havre, hôtel de ville de Roanne, etc.). Possesseur d'une clien-
tèle nombreuse et choisie, il n'en a pas moins consacré ses
loisirs à une œuvre considérable, l'Art dans l'antiquité, dont le
créateur est M. Perrot, directeur de l'Ecole normale supé-
rieure, et dans laquelle nous avons largement puisé. M. Chipiez
a été récompensé, du reste, de son travail de bénédictin par la
croix d'officier de l'Instruction publique et d'officier de la Lé-
gion d'honneur.
M. Emile Trélat, né à Paris le 6 mars 1821, n'est point sorti
de l'École des beaux-arts. Élève de l'École centrale, il fut nommé
néanmoins architecte du département de Seine-et-Marne; mais
abandoima sa situation pour fonder, en 1865, l'Ecole spéciale
d'architecture de laquelle sont sortis des constructeurs de pre-
mier ordre. Nous rappellerons pour mémoire que M. Trélat,
comme M. Chipiez (qui collabora du reste avec lui au projet du
Silellenum dans l'étal de Majorique], prit part à divers concours
(l'achèvement du Louvre et sa réunion aux Tuileries, la maison
de répression de Nanlerre, une mairie pour un arrondissement
de Paris, etc.). Professeur de construction au Conservatoire des
arts et métiers et chargé de l'enseignement de la mécanique
appliquée à l'architecture dans l'école qu'il a fondée en 1865
Creconnue d'utilité publique par décret impérial du 1 1 juin 1870),
M. Trélat a élé nommé chevalier de la Légion d'honneur en
1855 et député de Paris en 1891 ; il a publié, de plus, en 1860
une brochure ayant pour titre : le Théâtre et l' Arrhitectiire .
L'enseignement de l'École spéciale d'architecture comprend :
i° Dix-huit chaires, qui ont été créées de toutes pièces par des
professeurs spéciaux ;
2° Trois ateliers d'architectes ayant à leur tôle six profes-
seurs ou professeurs adjoints;
3° Une salle de dessin ayant à sa tète un professeur et deux
professeurs adjoinis;
4° Des jurys organisés jugeant régulièrement tous les mois
les œuvres des élèves maintenus en concours incessant, sur des
programmes émanant de la direction de l'École ;
3° Des expositions et des épreuves publiques, soit pour l'ad-
mission à l'École sur les programmes réglementaires, soit pour
la délivrance des diplômes que l'École décerne à ses anciens
élèves, à l'issue des éludes.
III. 25
386 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Les études de l'Ecole durent trois années. Elles se répartissent
sur trois classes dans lesquelles les élèves passent successive-
ment par concours. A la lin de la troisième année d'études, les
élèves qui ont satisfait à toutes les épreuves réglementaires de
l'enseignement sont admis à un concours général.
Le concours a pour but la participation au classement de
sortie et l'obtention du diplôme que le conseil de l'Ecole décerne
à ceux de ses élèves qui lui paraissent posséder les ressources et
l'esprit de l'enseignement ; entin l'École spéciale d'architecture
ne reconnaît que ceux de ses élèves qui ont satisfait au concours
de sortie.
CHAPITUE X[V
Les architectes italiens du xis° siècle abandonnent les fantaisies de l'école
borroniinienne pour les rigidités du style classique. — La réalisation de l'unité
de l'Italie provoque un mouvement architeclural relativement assez prononcé
dans le sens de l'éclectisme. — L'Espagne moderne, sans besoin d'édifices
nouveaux, se contente de remplacer les anciens, civils ou religieux, hors de
service; mais ses architectes n'ont pas produit d'œuvres jusqu'ici.
Succédant aux architecles de la Renaissance qui furent sa
gloire et son orgueil, l'Italie avait vu naître une autre pléiade
d'artistes qui ne voulurent pas se contenter d'être les élèves et
les imitateurs de ces grands génies; toutefois, s'ils se trompèrent
dans leur recherche de formes architecUirales nouvelles et de
procédés nouveaux de construction, on ne doit pas moins leur
savoir gré des convictions ardentes qu'ils mirent au service d'une
cause condamnée d'avance. Les critiques, compatriotes de Bor-
romini, n'ont point épargné son extravagante originalité; mais
ils n'ont pu nier cette originalité même, et il leur faut bien
avouer aujourd'hui qu'il fut le dernier représentant, en Italie,
de celte race d'architectes de génie que les autres nations lui
envièrent pendant lout un siècle.
L'école de Borromini ayant exagéré jusqu'à l'absurde l'origi-
nalité du maître, la fin du xviii" siècle vit se produire dans ce
pays une réaction qui devait falalemcnt se produire en cette cir-
constance. Déjà, vers 1720, apparaissait une archileclure nouvelle,
fondée sur des règles sévères et ennemie déclarée de la fantaisie
([ui avait été pendant cinquante années la règle des architecles
ilaliens. Fuga, Piermarini, Luigi Cagnola furent de vrais classi-
ques et l'ont bien prouvé par leurs œuvres (voir volume II); mais
nous croyons pouvoir dire que l'introduction, à la suite des con-
quêtes de la Hépublique française et de l'Empire, dans la pénin-
sule italique, des idées françaises (qui étaient alors en architec-
ture la |)assion de l'art romain et grec, dont Peyre le jeune,
388 LES ARCHITKGTES PAR LEURS OEUVRES.
Percier et Fontaine avaient rêvé la résurrection), a contribué à
la persistance de la préférence qu'accordèrent les arcliilectes
italiens au classique, pendant les premières années du siècle, et
c'est depuis peu de temps seulement qu'ils se sont enhardis à bien
faire, sans être les serviles imitateurs de Vilruve, de Vignola et
de Palladio.
C'est par un architecte au nom bien français, quoiqu'il soit né
à Rome en 1700, que nous commencerons l'histoire monumen-
tale de l'Italie, pendant le présent siècle. Giuseppe Valadier,
qui était fils d'un fondeur statuaire assez connu de ses contem-
porains pour que le Pape, en personne, intervînt entre le père
et le fils qui discutaient sur l'opportunité de laisser le jeune Vala-
dier embrasser la carrière de l'archileclure, remporta en 1773
le grand prix de l'académie de Saint-Luc. Auteur de la façade
de l'église des Sainis-Apôtres (1827), construite par Fonlana,
des deux horloges placées aux deux extrémités de la façade de
Saint-Pierre de Home et de la décoration de la place en avant
delaPortadelPopolo, hors de laquelle il construisit une villa pour
le prince Poniatowski, ce fut lui qui exécuta les plans qu'avait
conçus Napoléon, en enlevant du Campo Vaccino les ruines des
Thermes de Titus et duColysée. Il restaura les colonnes du temple
de Ju|)iter, l'arc de triomphe de Titus, puis établit la promenade
sur le monte Pincio (1820); il restaura également à Home, à la
même époque, l'église S. Lorenzo in Damaso; il dessina la
façade de l'église S. Pantaleon et fit la coupole de l'église
d'Urbino. Décoré de la Légion d'honneur par Louis XVlll, et
membre des académies de Rome, de Turin, etc., Valadier, créé
chevalier, mourut à Rome en 1839, laissant un ouvrage publié
dans cette ville en 1810, sous le titre do : Racrolta de le phi
insigne fabriche di Borna. Un autre Valadier, prénommé Louis,
fut membre de l'académie de Naples, architecte de la cour de
Naples, donna des inspirations pour la construction de Saint-
François-de-Paul.
M. Suvée était directeur de l'Académie française à Rome lors-
qu'on dut y installer les élèves de l'École française, qui occu-
paient précédemment le palais de Nevers (1803). Auguste-Victor
Grandjean, alors pensionnaire (il avait obtenu un premier grand
prix en 1799), dressa les plans des travaux à effectuer et ce fut l'ar-
chitecte italien Ottaviani qui les exécuta, de sorte que l'installa-
CHAPITRE XIV. 389
tiondéfiiiilive de l'École eut lieu le 1" novembre 1804. Nous igno-
rons d'ailleurs les dates de mort et de naissance de ces artistes.
Un mot seulement sur Luigi Mirri, né à Forli en 1747, qui
vint à Rome pour étudier l'architecture dans l'atelier de Giansi-
moni ; il éleva en 1818 laMadonnadelFusco, ainsi que les palais
Orcelli et Romagnoli. Il entreprit également de déblayer une
grande partie des Thermes de Titus et publia le résullat de ses
travaux dans deux volumes imprimés en 1876.
Rafaël Sterne se vit confier en 1817 par le pape Pie VII la
construction de la nouvelle aile du musée du V^atican, dite le
« Braccio Nuovo » , décorée de colonnes et de mosaïques antiques,
ouverte en 1822. Les dates de naissance et de mort de Sterne
nous sont inconnues.
La basilique de Saint- l\iul linrs ir.s imirs avait été détruite
par un incendie en 1823, après que son portail eût été restauré
par un élève de Fontana, Alexandre Specchi, auquel on devait
déjtà le palais des Jésuites dans le Corso; trois arciiilecles furent
alors chargés de la réédification de l'édifice : Pietro Bosio,
Pietro Camporése et Pasquale Belli, qui se mirent au travail.
De Bosio et de Camporése nous ne savons rien et pas beaucoup
plus de Belli, si ce n'est que de 1820 à 1822, il travaillait au
palais du Belvédère, et qu'il mourut en 1833. Après la mort de
Belli, Léon XII nomma directeur unique de la construction le
chevalier Luigi Poletti, de Modènc, mort en 1870. L'édifice
inauguré en 1804 reproduit les dispositions présentes et les
proportions de la basilique primitive. Divisé en cinq nefs par
quatre-vingts colonnes corinthiennes de granit, à base et chapi-
teau de marbre blanc, il présente une façade principale percée
de sept portes et, derrière la tribune du cha'ur, un haut clocher
de style lombard s'élève au-dessus de l'ahside.
Aide-architecte des travaux de reconstruction de Saint-Paul
depuis 1837 et nommé architecte en chef en 1869, Virgilio
Vespignani naquit en 1808 et mourut en 1822. Bome lui doit
le plan de l'église du Sacré-Cœur, dans le Castro Prœtorio, dont
la première pierre fut posée le 18 août 1879. Ses travaux avant
1870 avaient été les portes Solai'ia, Pia, San Pancrazio.- il tra-
vailla également à la restuuration de Saint-Jean de Lafran, que
son fils continua après lui, à la basilique libérienne de Saint-
Pierre et au Campo Yerano, le [)lus grand cimetière de Bome.
390 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
M. Vici André Busiri csl né à Home en 1817. Tout jeune, il
étudia la peinlure, mais bientôt s'adonna à l'architecture dans
les ateliers de Tortolini, Seneri, Cavalieri et Folclii. Ses études
aclievées, il se mit au service de Pie IX qui le chargea de plu-
sieurs travaux importants : le percement du quartier Mastaï, au
Trastévère, et la fontaine isolée, la maison canonicale, la restau-
ration et la décoration de la basilique Sainte-Agnès, hors la porte
Pia, la restilulion dans le style original de la chapelle de Saint-
Thomas, à la Minerve, et de l'abbaye de (irotlai'errata. M. Busiri
érigeait en outre les deux collèges américains, dont l'un sert
actuellement à l'usage du ministère de l'instruclion publique.
Il érigea plus tard les pénitenciers de Velletri, Frascati et Tivoli,
et donna des projets relativement à la reconstruction de Saint-
Jean de Latran, dont quelques-uns ont été exécutés depuis.
M. Busiri dirigea aussi la reconstruction du presbytère et de
Notre-Dame délia Quercia, près Vilerbe, un des monuments les
plus complets de la Renaissance italienne. Lauréat du concours
ouvert à Turin pour la conslruclion d'un grand hospice qu'il
exécute, il est architecte du Valican, membre de plusieurs aca-
démies et notamment de l'académie de Saint-Luc, où il occupa
jiendant quelque temps la chaire de l'archilecture. Il est égale-
ment l'auteur dans la villa Penfidi, à Rome, du monument élevé
à la mémoire des Français, pendant le siège de Rome en 1849.
Né à Spoleto en IS17, Giovanni Montiroli était tout jeune
encore lorsqu'il se rendit à Rome pour étudier l'architecture à
l'académie de Saint-Luc. Il n'avait pas encore achevé ses cours
que l'architecte Canina, dont on va lire la biographie, lui offrit
une place dans son atelier et en fil son plus dévoué collabora-
teur. Fort de ses études sur l'art antique, il put accepter l'oflre
que lui fit son maître de restaurer dans le style classique le
château d'Alnwink, propriété du duc de Northumberland en
Angleterre, où il resta pendant douze années. De retour en
Italie, Montiroli commença, en 1858, une élude sérieuse
de la restauration de Sainte-Marie-des-.\nges, puis, en 1872, il
imagina de modifier les Thermes de Dioctétien transformés, on
le sait, en édifice religieux par Michel-Ange; il concourut
également pour le projet du monument à élever à Vicior-
Fmmanuel. Membre de plusieurs académies, il emploie active-
ment sa verte vieillesse.
CHAPITRE XIV. 391
Élève d'Alvino à Rouie, Antonio Cipolla, né àlNaples en 1823,
mourut à Home en 1872. Ses Iravaiix, outre un édifice à.
Frascali qui ne nous est pas désigné, consistent dans un projet
de façade pour la cathédrale de Florence et dans l'exécution du
véritable palais destiné à loger la Banque nationale italienne,
qu'il acheva en 1863. A Rome, Cipolla a construit, en 1870, les
écuries royales et, en 1871, dirigea la décoration des apparte-
ments royaux dans le Quirinal. On lui doit aussi la jolie chapelle
de style renaissance de la place Saint-Silveslre.
M. Francesco Azzuri, ancien président de l'académie de
Saint-Luc et président actuel de la Société des amis de l'archi-
tecture à Rome, est né dans cette ville en 1831 et fut d'abord
élève, à l'université, des professeurs San Rartolo et Seveni,
puis se perfectionna dans son art par plusieurs voyages eu
Europe. Jeune encore il se fit remarquer parla construction du
Théâtre dramatique, œuvre classique, et dans celle du palais de
la République de Saint-Marin, pour la construction duquel il
adopta la forme ogivale. Cependant c'est dans l'édification des
bâtiments hospitaliers que M. Azzuri a acquis la notoriété dont
il jouit en Italie. Ceux qu'il a élevés à Rome sont des modèles
du genre. Du reste, les maisons, les villas, les tombeaux dont il
a été l'architecte portent tous la marque d'un talent développé
par les plus sérieuses études.
Luigi Canina, le maître de Montiroli et de beaucoup d'autres
architectes contemporains, fut plutôt un archéologue qu'un
architecte. Il commença par (Consigner ses recherches sur les
édifices de Rome dans un ouvrage ayant pour litre : Uarchi-
tettura antica^ etc., accompagné d'un plan topographique très
exact de la Ville éternelle. Le succès de cet ouvrage de Canina
engagea le gouvernement romain à le charger (1810) des fouilles
de l'ancien Tusculum, puis ensuite des « Voies », puis enfin(18o0)
de celles du Forum : ces fouilles amenèrent la découverte du
plan de la basilique Irsilia. Protégé par la reine de Sardaigne, il
fut nommé par elle professeur d'architecture à l'Académie de
Turin et put ainsi, sans souci du lendemain, publier les ouvrages
que nous indiquons ci-après. Mais disons auparavant que
Canina était né à Casale le 24 octobre 179.'j et qu'il est mort à
Florence le 17 avril 1855, chevalier de l'ordre de l'Eperon,
membre de plusieurs académies et correspondant de l'inslilul
392 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de France. S'il n'a attaché son nom qu'à l'entrée de la villa
Borghèse, il a signé un grand nombre d'ouvrages parmi lesquels
nous citerons : Bicerrlie suif arcldlettiira più propria dei tempi
cristiani, etc.; (1843); Gli edifizj di Roma antica (2 vol., 1854);
Storia e topofirafia di Roma antica (2 vol., 1831); Descrizione
deU antica Tusculo (1841); V antica cïtta di Ycii (1847); Supple-
mento éd. agguinle ail opéra del Desgodetz, etc. (2 vol., 1849-
1852); t Antica Etruria marittima (2 vol., 1847-1850); l'Archl-
tetti/ra domestica; La piima parte délia Via Appia: Délie
basilichc rrislia/ic, etc.
M. Pio Piacentini naquit à Home le 15 septembre 1846, il
fréquenta l'atelier de Vespignani dont on n'a pas oublié la bio-
graphie et eut l'honneur d'être l'architecte du palais destiné à
l'e.xposition des beaux-arts, inauguré le 21 janvier 1883. Ce
palais de style classique a attiré sur lui les regards de toute
l'Italie et est, assurément, l'édifice le plus important de la Home
moderne. Du reste, M. Piacentini a vu classer parmi les pre-
miers son projet pour le monument national de Victor-Emmanuel.
Après le palais de l'Exposition, nous devons citer le palais do
justice de Rome, vaste ensemble de constructions qui n'est pas en-
core achevée, mais dont on peut juger, dès maintenant, la
grande valeur archilecturale. L'auteur de cet éditîce est M. Gu-
glielmo Calderini, né à Pérouse on il fit ses premières études et
où il édifia une grande maison ouvrière avec des bains publics.
Il avait [jris part à presque tous les concours ouverts en Italie
lorsqu'en 1887, il vit classé le premier son projet pour la cons-
truction du palais de justice.
Nous ne parlerons que pour mémoire du ministère de la
guerre de M. le colonel du génie Garavaglio, auquel a succédé
un autre colonel, M. de la Penna, ainsi que du ministère des
finances, œuvre de l'ingénieur Canevari, qui n ont que de fort
lointains rapports avec l'architecture.
En faisant l'historique de la façade de la cathédrale de Milan
(vol. H, page 234), nous avons donné les noms de Pollak (écrit par
erreur PoUaer) et d'Amati comme étant ceux des successeurs de
Pellegrino Tibaldi et de Fraucesco Costelli.
C'est, en effet, un Viennois, élève de l'architecte italien Pier-
marini, qui, de 1790 à 1805, continue les travaux commencés à
la cathédrale de Milan. Léopold Pollak avait acquis une cer-
CHAPITRE XIV. 393
taine répulation comme arcliitecte de la façade du sanctuaire
de la Vierge de lîho el du palais de la Villa royale, pour
le comle Ludovico Beigiojoso (1790), mais pourtant le plan
qu'il présenta en iSOo ne fut pas adopté et il mourut le 13 mars
1806.
Carlo Amati commença en 1806 la construction en marbre
blanc du loit de la cathédrale, restaura diverses parties de la
façade el présenta un projet comprenant deux clochers à placer
aux deux côtés de cette façade. On lui doit aussi un projet
pour terminer la cathédrale de Pavie, et Milan lui doit l'église
Saint-Cliarles-Borromée en forme de rotonde, élevée pour rem-
placer l'ancienne église des Servîtes. Il a laissé divers ouvrages :
Antichita di Milano (Milan, 1831), Mémoires sur les colonnes an-
tiques (Milan, 1831).
Luigi Canonica, son contemporain puisqu'il naquit en 1764,
éleva à Miiun en 180o, sous la domination française, un immense
amphithéàlie dit VArena, de 326 mètres sur 125 mètres et
pouvant contenir 30,000 spectateurs. On pouvait en quelques
heures l'inonder, et c'est ainsi qu'en 1807 Napoléon y assista à
des régates fort bien organisées. La porla VercelUna, élevée
en 1803 à l'occasion de l'entrée de Napoléon dans Milan, eut
également pour architecte Canonica. Du reste, outre l'amphi-
théâtre que nous venons de mentionner, les palais de Milan et de
Monza ainsi qu'un nombre considérable d'édifices dans l'Italie
du nord ont été construits par lui. Canonica est mort, membre
de l'Académie de Milan, en 1844, après avoir eu d'ailleurs, d'a-
près Wiebeking, un collaborateur dévoué dans l'architecle
Bettoli dont on cite seulement le nom.
Un autre classique fut Felice Pizagalli, Milanais connu pour
avoir achevé, en 1830, l'église de S. Ponlivolo. Nous n'en con-
naissons pas davantage sur la vie de cet artiste.
Une autre arène ou amphithéâtre fut construit à Manloue
en 1819 et ouvert au public en 1821 par un architecte de Forli
nommé Giuseppe Cantoni sur lecpiel nous n'avons d'ailleurs
aucun renseignement.
L'architecte de la l'orle orientale de Milan, œuvre de 1827,
qui consiste en deux pavillons carrés d'ordri! dorique ornés de
statues et de bas-reliefs, lui Rodolfo Nantini, de Milan, qui
avait fait à Rome ses études d'archilecture. Professeur au lycée
39-4 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
impérial de Brescia dont il avait dessiné le cimetière monu-
mental avec un phare et médaille d'or au Salon de t8;jo, il se
fit encore connaître par la construction de plusieurs maisons
parliculières et des tombeaux, notamment celui de la famille
Ronomini sur la roule de Brescia à Vérone, édicule de style go-
lliiqne très pur. Nous ignorons d'ailleurs les dates de naissance
et de mort de cet architecle.
Le cimetière monumental de Milan qui fut l'objet d'un con-
cours ouvert par la municipalité en 1860 a été confié au lauréat
de ce concours, M. Carlo Maciachini, né à Induno Olona, dans
le Milanais, en 1817. D'abord simple charpentier dans son pays
natal, puis élève sculpteur sur bois dans l'atelier de Gregori, de
Pavie, il vint à Milan avec l'intention d'v étudier l'architecture,
ce qu'il fit sans le secours d'aucun maître, et il est aujourd'hui
classé comme l'un des premiers artistes de l'Italie. 11 fut, en
effet, l'architecte de la coupole de la cathédrale de Pavie et delà
coupole de l'église du « Calcio », puis de la façade de l'église du
« Carminé »,à Milan, et d'un grand nombre d'églises moins im-
portantes. Créateur de l'école milanaise des arts industriels, il
donne encore à celte œuvre tous ses soins, malgré son âge qui
lui assure le droit de prendre un repos bien mérité.
Non moins considérable est l'œuvre de M. Giovanni Ceruti,
né à Valpiana (Piémont) en 1842, mais qui étudia l'architeciure
à Milan même, aux cours de l'école polytechnique. Architecte,
dans cette ville, du bâtiment de l'Exposition nationale de 1881,
édifice de style vénelo-bvzantin, svelte et léger, à la façade
polychrome, aux arcades gracieuses (pie supportent de délicates
colonneltes, il érigea ensuite la fontaine d'Aqui dite << la Bol-
lente » et le Muséum municipal d'histoire naturelle qui est le
premier des édifices de ce genre en Italie. La chapelle funéraire
élevée par Ceruti à la famille du duc Visconti di Modrone
mérite aussi d'être citée.
La Porta Nuova de Milan est l'œuvre de Giuseppe Zanoia,
qu'il éleva en 1813 sur le modèle de l'arc de triomphe romain.
Zanoia était né en 1752 à Omégna (lac Majeur) ou à Gênes. Il
est certain que, dans sa jeunesse, il se destina à l'état ecclésias-
tique, mais que les connaissances en architecture qu'il possédait
déjà permirent de l'attacher comme professeur à l'académie des
beaux-arts de Milan, dont il devint le secrétaire. Auteur de
CHAPITRE XIV. 395
divers ouvrages litléraires, Zanoiu nioiiriil à Oini''gna, le 16 oc-
tobre 1817.
Le Milanais Achille Sfondrini fut un architecte de théâtres.
iNé en 1836, il embrassa la profession d'architecte en 1862,
construisait en 1870 le théâtre de Salô et, en 1872, restaurait
le théâtre (larcano à Milan. En 1880 était inauguré à Rome le
théâtre Conslanzi dont rarchiteclure lui tit le plus grand hon-
neur : il exécuta également le théâtre d'Alexandrie (Égyptej.
M. Sfondrini est membre de plusieurs sociétés savantes.
D'origine lombarde, Ange Colla avait été un compagnon de
Garibaldi, en 1848; ce fut surtout un restaurateur d'édifices
anciens parmi lesquels nous citerons : un des côtés de l'église du
Monastère Majeur, de l'intérieur de Saint-Jean aile Case Rosse;
celle de la petite église de San Calinero, en style lombard, et
de Saint-Jean in Conra du même style, et celle du palais
'c Golico » de Plaisance, bijou architeclonique du moyen âge
italien; eidni, le jdan du palais Marino, résidence de la munici-
palité milanaise. Nous avons à citer également ses projets de la
façade du palais Marino, deSainte-Marie-des-Grâces, du château
de Porla-Giovia et delà façade de la basilique milanaise, projets
qui, pourtant, ne furent pas acceptés. Colla construisit d'ailleurs
un grand nombre d'édifices particuliers dont nous n'avons pas
à nous occuper ici et mourut à Milan en 1892.
Plus jeunes que les précédents, quoiqu'ils jouissent déjà d'une
certaine notoriété, sont les architectes milanais MM. Lucca
Beltrami et Giuseppe Brentano. Le premier naquit à Milan
en 1853. D'abord élève de l'école polytechnique et de l'a-
cadémie des beaux-arts de sa ville natale, il suivit ensuite
les cours de l'École des beaux-arts de Paris, puis fut quel-
que temps sous-inspecteur des travaux de l'Hôtel de Ville.
De retour dans sa patrie, il fut nommé professeur adjoint
d'architecture à l'académie de Milan et prit part à plusieurs
concours, notamment à celui ouvert pour la réfection de la
cathédrale. 11 est l'architecte du palais de l'exposition perma-
nente de cette ville et de la synagogue, hispecteur régional et
choisi par ses concitoyens pour les représenter à la Chambre
des députés, M. Beltrami a écrit sur l'architecture plusieurs
ouvrages estimés dont nous ne connaissons pas les titres. Quant
à M. Brentano, également né à Milan, le 14 avril 1862, et élève
396 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
de l'école polytechnique, ainsi que de Tacadémie des beaux-arts
de son pays, il avait obtenu le premier prix (40,000 fr.) lors du
concours i)our la façade de la cathédrale; malheurcusenienl, une
mort prématurée (arrivée le 31 décembre 1889) est venue
anéantir toutes les espérances qu'on avait pu fonder sur son
jeune talent.
Mais l'œuvre architecturale la plus coni[jlète du siècle que
puisse montrer avec lierlé la ville de Milan est, assurément, la ga-
lerie Victor-Emmanuel, sur la place du Dôme. En forme de croix
latine d'une longueur de 195 mètres et d'une largeur de 14", 50,
ce passage (car c'est un passage) présente, au point d'intersection,
une coupole d'une hauteur de 50 mètres et des vasistas espacés
de façon à assurer la ventilation de toules les parties de l'édifice.
C'est à la suite d'un concours (pie Giuseppe Mengoni. né à
Bologne, posa en 1805 la première pierre de lu galerie Victor-
Emmanuel qui lui assura une noloriélé européenne mais dont il
ne vit pas l'achèvement, ayant été précipité d'un échafaudage
mal établi, le 30 décembre 1867, à la veille de l'inauguration.
Mengoni fut également l'archilecte des bâtiments de la caisse
d'épargne de Bologne et d'un marché couvert à Florence.
Comme Milan, la ville de Florence compte un certain nombre
d'architectes de talent parmi ceux que le siècle a vu naître. Mais
la situation de capitale du nouveau royaume d'Italie qu'elle con-
serva quelques années, avant 1870, ne semble pas avoir exigé la
création d'édifices civils nouveaux. Quoiqu'il en soit, nousen com-
mencerons la liste par Niccola Matas, l'architecte de la façade de
l'église Santa Croce, à Florence, d'après, disent quelques auteurs,
un dessin de Cronaca reirouvé par lui dans la galerie des Offices;
celte façade fut achevée en 1803; il n'en est pas moins vrai que
les projets de Matas pour le cimetière de San Miniato al Monte
et pour la façade de Sainte-Marie-des-Fleurs prouvèrent, dans
leur temps, la valeur de cet architecte. Il nous reste à dire
que né à Aucone le 6 décembre 1798, il est mort à Florence
en 1872.
Mariano Falcini, qui naquit le 10 mai 1804 à Campi Bisenzio,
près Florence, fit ses premières études d'architeclure à l'aca-
démie des beaux-arts de cette ville et put les continuer à Borne,
comme pensionnaire du gouvernement italien. A son retour à
Florence, nommé architecte adjoint des bâtiments royaux, il a
CHAPITRE XIV. 397
pris sa relraile avec le titre d'ingénieur en chef du génie civil.
Ses principaux travaux sont : l'appropriation de l'ancien Hôtel
des monnaies (Zecca) en bureau des Postes, l'élablissement du
cimetière de San Minialo al Monte, la construction de la syna-
gogue, en collaboration avec Vincent Micheli et Marco, la dé-
coration de la ville, lors de la réception à Florence de Victor-
Emmanuel et à l'occasion des fêles du centenaire de Dante;
hors de Florence, une fontaine monumentale à Pralo (Toscane),
le théâtre et la restauration de l'église Sainte-Marguerite à Cor-
tone, l'hospice de Pietra Santa, le théâtre de Campi Bisenzio,
l'établissement thermal de San Venere avec le casino qui en fait
partie. Falcini est mort en 1885, laissant un grand nombre de
dessins de monuments romains.
Emilie de Fabris, né en 1808, mort en 1883, n'a pas vu la
fin du travail considérable qu'il avait commencé en 1875, dix
ans après l'acceptation de son projet; il s'agissait de remplacer
la façade élevée au xviif siècle, de Santa ÎNIaria dei Fiori; on
doit encore à Fabris le tombeau élevé au Tasse.dans l'église Saint-
Onufre, à Rome; c'est tout ce que nous avons pu savoir de lai.
Plus complète sera la biographie de M. Giuseppe Poggi,
l'auteur de la célèbre Viale dei Coiii (allée des Coteaux . Né à
Florence en 1810, il a d'abord été chargé des travaux exécutés
pour prévenir les inondations de l'Arno et de ses affluents, de
la démolition de l'enceinte nord de Florence, de la construction
des jardins qui entourent ce côté de la ville, de la « Viale dei
Colli », de l'égout collecteur tant de l'ancienne que de la nou-
velle Florence, du Champ de Mars, de la loggia de Michel-.Ange
et des ri^mpesdi' l'ancienne porte San Nicolo (le monument qui
réunit les chefs-d'œuvre de Buonarroti); l'aménagement de la
place San Nicolo et de la place de Porta alla Croce, dite aujour-
d'hui « Beccaria», les bàtimentsde la place Cavour ; enfin la déco-
ration proposée pour la place Victor-Emmanuel au Cascine. Et
ensuite la restauration de plusieurs palais tlorentins ; celle du pla-
fond de l'église dell' Annunziata, ainsi que le projet de son clocher
en cours d'exécution. Hors de Florence il fut l'architecte des bains
de Casciano et fit des études pour la transformation de la place
Saint-Ciiarles, à Turin, en Panthéon des hommes illustres.
M. Poggi, octogénaire, a conservé toute son activité et toute
son énergie.
398 LES ARCHITECTES PAR LEDRS OEUVRES.
Giuseppe Castellazzi, né à Vérone en 1836, fnl élève de
runiversilé de Parme el de l'académie des beaux-arts de Venise
dont il a élé le dernier pensionnaire à Rome. 11 publia le résultat
de ses voyages artistiques sous le titre de B/cordi di arrhilet-
tiira orientale et exerça, à son retour, sa profession à Venise
où il restaura l'escalier du palais Contarini dal Bovolo. Nommé
en 1874 professeur d'architeclure à l'académie de Florence, il
restaura la Logr/etta del Bigallo, sur la place du Dôme à Flo-
rence, ainsi que l'église de S. Trinita. Mais il mourut subile-
ment en 1888, sans avoir pu achever celte restaurai ion.
C'est H Florence, sa ville natale, que M. Giuseppe Boccini
naquit en 18 iO et fit ses études d'architecture. Ses travaux à
Florence sont : le cimetière évangélique commencé en 1877,
l'église épiscopale américaine et plusieurs tombeaux, puis, hors
de Florence, la caisse d'é|)argne d'Imola, commencée en 1879.
Le collaborateur de Falcini, lors de l'érection de la synagogue
de Florence, M. Vincente Micheli, est tloreulin. Professeur
d'architecture à l'académie de Florence à laquelle il soumit un
projet d'agrandissement remarquable des hôpitaux de la ville,
il est l'arcbitecte du Ponte Nuovo de Pise, du théâtre de Car-
rare el du pont de Santa Croce, sur l'Arno, etc.
M. Félix Francolini est né à Florence le 9 juin 1809 et fut
élève de l'académie des beaux-arts de celte ville, où il resta
jusqu'à l'année 1831, y enseignant l'architecture comme pro-
fesseur adjoint. Il cultiva avec succès la gravure sur cuivre ;
secrétaire de l'académie florentine des beaux-arts, il en fut élu
président après le décès d'Fmilio Fabris. Les travaux qui furent
confiés à M. Francolini sont très nombreux; ici nous nous bor-
nerons à citer parmi les plus importants : l'élablissement des
abal loirs publics et le marché aux bestiaux de Rifredi, aux envi-
rons de Florence.
Après avoir passé en revue les arlisles conlemporains des
cités les plus importantes du Nord de l'Italie (nous donnerons
une place à part à la ville de Turin), descendons vers le sud et
examinons quelles furent les œuvres architecturales que Naples
a vu s'élever depuis le commencement du siècle. C'esl dans celle
ville que l'école de Borromini avait fait le plus de prosélytes;
aussi tous les édifices du xyiii" siècle y portent la marque des
exagérations les plus insensées de l'archilecture fantaisiste du
CHAPITRE XIV. 399
maîlre ; c'est donc dans celte ville que la lutte contre le clas-
sique dut être plus violente que partout ailleurs, et nous devons
dire que la victoire resta aux classi(|ues, aidés d'ailleurs par les
architectes français que Miirat, devenu roi par la volonlé de
iNapoléon I", y avait appelés.
Tel fut Mazois dont nous complétons ici la biographie
(V. page 63). Né le 12 octobre 1783 et élève de Percier, il se
trouvait à Home en compngnie de son ami Achille Leclerc qui
venait d'obtenir le grand prix d'archilecture, lorsqu'il fut ap-
pelé à Naples par Mural qui avait décidé la restauration du
palais royal de Porlici. De 1809 à 1811, Mazois releva les ruines
de Pompéi alors découvertes et celles de Pa^stum, et recueillit
alors tous les documents destinés à l'ouvrage qu'il publia en
partie en 1813 (1). Puis, en 1813, il restaura, à Home, l'église
de la Trinilé-du-Mont. Auteur également de l'ouvrage inti-
tulé : le Palais de Scaurus 1 vol. in-8", Paris, 1822, et
Mémoire sur les emhelUssements de Paris depuis 1800 et cheva-
lier de la Légion d'honneur, membre de l'Institut et du Conseil
des bâtiments civils, il est mort à Paris le 31 décembre 1826,
avant d'avoir terminé une étude sur les Ruines de Pœstum
et de Pouzzoles, qui devait faire suite aux Rtdncs de Pompéi et.
d'Hercutanum.
Tel fut aussi Etienne Chérubin Lecomte, né en 1 766, qui
vint à iNaples, ses études architeclurales terminées, et y décora
le Palais-Hoyal pendant qu'il élevai! le ministère des finances.
Il eut pour successeurs de ses travaux les frères Galli, dit son
biographe.
Louis Gasse, élève de Labnrre, fit un séj\uir à Naples de
1809 à 1815, avec son frère Etienne et, avec sa collabora-
lion, construisit la Bourse, les palais des ministères et y traça
la promenade de Villa-Reale. Ce dernier, sur la biographie
duquel nous ne possédons aucun renseignemeni, outre sa
collaboralion avec Louis, construisit l'observatoire de Capo di
Monte.
Quoique les œuvres d'un caractère public d'Henry Alvino
soient peu considérables, nous n'en devons pas moins inscrire
son nom au même titre que ceux qui précèdent, son enseigne-
(1) Le surplMS n'a paru qu'après la moiL dt: l'aiiloiir, par les soins ilo l'arcii'-
lecte Gau.
400 LES ARCHITECTES l'AR LEURS OEUVRES.
ment au collège miliUiire de Naplos, puis à riiistilut des beaux-
arls de celte ville, ayanl exercé une grande influence sur la
jeune école des architecles de loute la région méridionale de
l'Italie. Ses iravanx furent t\ Naples le quartier de la cavalerie,
et le palais Beniicci, à Castellamare. Lors du concours ouvert
pour la construction de la façade de Sainte-Marie-des-Fleurs
de Florence, le projet présenté par lui fui fort remarqué, mais
il fut néanmoins rejeté parce que l'auteur ne s'était pas suffisam-
ment plié aux exigences du programme. M. Alvino ne se tint
pas pour battu et se moqua du jury dans une brocluire intitulée
Gli Orbi (les aveugles), titre d'ailleurs suffisant pour expliquer
le ton du libelle. A signaler également l'éloge qu'il fit en 187.5 de
son collègue Cipolla. .Membre lionoraire des académies de Milan,
de Florence, de Bologne, d'Urbino, de Përouse et de l'académie
des sciences et belles-lettres de Naples, il mourut à Rome le
7 juin 1876, mais ses dépouilles mortelles ont été transportées à
Naples, sa patrie d'adoption.
Le 1 béàtre Saint-Charles de Naples ayanl été incendié en 181 6,
la reconstruction de l'édifice fut confiée à un arcliitecte toscan
venu à Naples pour y exercer sa profession; Antonio Niccolini,
c'était son nom, termina le travail le 12 janvier 1817. 11 fut
également l'arcliitecte de la villa Floridiana et du château de
la villa Regina Isabella (1809). Auteur d'un ouvrage ayant pour
titre AIrunc idée sulla risonanza del trealrn Na/ioii, membre de
l'académie de Naples en 1822 et de l'académiede Vienneen 1830,
Niccolini est mort à une date que nous ne pouvons préciser.
Dupays cite encore (1) le chevalier Blanchi comme ayant com-
mencé à Naples, en 1816, l'église Saint-François-de-Paul,
remarquable par son vestibule composé de douze colonnes
ioniques et flanqué de deux portiques soutenus par quarante
quatre colonnes d'ordre dorique.
A l'autre extrémité de 1 Italie, Venise semble un peu aban-
donnée ; peut-être les documents nous ont-ils manqué, toujours
est-il que nous n'avons relevé qu'un seul nom d'architecte
susceptible d'être présenté à nos lecteurs. Giovanni Meduna
était né à Venise en 1810. Il apprit l'architecture en fréquen-
tant les ateliers des entrepreneurs de travaux publics de son
(i) Itinéraire en Italie, page '611.
après une photographie de Mieckzowski
G. GARNIER
CHAPITRE XIV. 401
pays natal et présenta un projet lors de la construction d'un
théâtre à Vienne (qui ne fut jamais exécuté) etd'uneéglise à Nice.
Architecte de la compagnie des chemins de fer Lombardo-
Vénitiens, il était parvenu à la première classe de son grade
lorsqu'en 183G il fut nommé architecte de la basilique de Saint-
Marc où il exécuta divers travaux; à Venise, il restaura les
églises de Saint-Silvestre et de Casciano et reconstruisit la
façade de l'hôpital civil (ancienne Scuola dl S. Blarco)^ il éleva
des églises à Carpanedo, à San Dona de Piave, à Fossalsa de
Piave et, à Rovigo,la synagogue ; mais c'est surtout comme archi-
tecte de théâtres que se lit connaître Meduna : ainsi il rééditîa
avec son frère le théâtre délia Fenice après l'incendie qui le
détruisit en 1830, il fut l'architecte des théâtres de Ravenne
et de Spalalro; puis restaura et transforma les théâtres de
Vérone, de Vicence et de Rovigo. Enfin, parmi les travaux de
Meduna à Lonigo et Padoue, citons les écuries du comte Papa-
dopoli.
Gènes compte plusieurs architectes : celui de l'église San Ma-
rine comprenaut trois nefs avec un péristyle hexastyle s'appelait
Antonio Serra : c'était, on le voit, un classique; il appliquâtes
principes qu'il avait adoptés à presque toutes ses constructions,
et mourut en 1843.
Le chevalier C. Barbarino attacha son nom à la construction
de l'ancienne façade de l'église San Ciro, à l'autel de l'église de la
Madonnadel Remedio ainsi qu'à celui élevé dans lacliapelle del
Sacramento du Dôme; puis il bâtit le théâtre Carlo Felice ouvert
le 7 avril 1828 et construisit la grande salle du palais di Marini,
la villa di Franchi et fit à Gênes de nombreuses améliorations.
César Parodi fut à la fois ingénieur et architecte et entra
d'abord dans la carrière de l'enseignement ; c'est ainsi qu'ayant
passé heureusement son examen pour l'agrégation des sciences
physiques et mathématiques à l'université génoise, il fut chargé
d'abord du cours de géométrie descriptive; puis, en 1833, du
cours d'architecture et de construction. Mais la chaire qu'il occu-
pait ayant été supprimée, il refusa d'accepter celle qu'on lui
offrait à l'institut technique supérieur de Milan et à l'école qu'on
se proposait de fonder, à ce moment, à Ferrare dans le but de
former des ingénieurs hydrauliciens. Il renonça définitivement à
l'enseignement théorique par l'école et ouvrit un atelier ofi se
m. 26
402 LES ARCIllTKCTES PAR LEt'RS OEUVRES.
firent recevoir nombre de jennes ingénienrs lombards, vénitiens,
romains que L'S évènemenis politiques chassèrent alors de leur
résidence, pendant que plusieurs compagnies de chemins de fer
italiens se rattachaient comme ingénieur. De 1873 à 1883,
M. Parodi a signé des œuvres vraiment architecturales : des
hôpilaux et des maisons ouvrières parmi lesquelles celles qu'il
a construites à Gênes peuvent servir de type à toutes les cons-
tructions de celte nature ; l'hôpital de Saint -Raphaël à la
Coronata près de Gênes (qui n'a pas encore été inauguré) et
celui de Saint-André-Apôtre ne sont pas seulement dos établisse-
ments dans lesquels se Irouvent réunies toutes les améliorations
réclamées par les lois de l'hygiène, ce sont de véritables édifices
où l'architectui'e remplit un rôle considérable. Nous devons dire
d'ailleurs que l'Italie doit le dernier de ces hôpitaux à la géné-
rosité de la duchesse de Galliera. M. Parodi n'a jamais été un
écrivain et on ne peut guère citer de lui que le véritable plai-
doyer qu'il écrivit en faveur du projet d'amélioration du port de
Gênes, projet adopté d'ailleurs par le gouvernement et exécuté,
grâce au don de vingt millions fait parle duc de Galliera. Chargé
de plusieurs fonctions publiques et grand-officier de l'ordre
des SS.-\Iaurice-et- Lazare, M. Parodi réside à Gênes, estimé
et honoré de tous ses concitoyens.
Vérone doit à l'architecte J. Barbieri, d'après Dupays, son
cimetière qui date de IS.io, remarquable par sa structure qui
consiste en un quadrilatère entouré de portiques de tous les
côtés avec des murs d'une épaisseur telle que les bières peu-
vent y être logées sans faire saillie sur les galeries oi!i circulent
les cortèges et les visiteurs.
Giacomo Franco, qui est architecte du » dôme » de Lonigoprès
de Vicence, édilice qui rappelle le style lombard des églises de
Vérone, et de la synagogue de Vérone qui n'a d'ailleurs jamais
été achevée, n'a point passé par les écoles. Né à Vérone le
H février 1818 el dessinateur par vocation, il apprit l'architec-
ture chez un ingénieur architecte de ses amis et commença par
travailler pour l'ouvrage de M. J. Gailhabaud, « l'Architecture
du \' au xviii" siècle », puis pour la publication de Verdier, qui
n'eut pas de succès. On lui doit également « l'Ossuaire de Cus-
tozza», monument élevé sur la colline de Belle-Vue de 1875 à
1879 en souvenir des deux batailles livrées par les troupes
CHAPITHE XIV. 403
italiennes aux Auti icliions en ISo'i et en I86G. Ingénieur allaché
àradminisiralion des cliemins de fer d'Italie, M. Franco fiil aussi
professeur d'archileclure à l'école des beaux-arts de Venise et
a l'ait partie de plusieurs commissions artistiques instituées par
le gouvernement ilalien.
Élève de l'université de Padoue et de l'académie des beaux-
arts de Venise où il fut nommé professeur adjoint d'arcliitectnre
en 1856, puis, en 1860, professeur d'architecture à l'académie
des beaux-arts de Milan, M. Camillo Boito est né à Home le
30 septembre 1836. Ses principaux travaux sont : les écoles élé-
mentaires et les musées de Padoue construits dans un style du
moyen âge assez personnel^ le cimetière de Gallarate et les
écoles élémentaires de Milan, ainsi que plusieurs constructions
particulières; mais M. Boito est surtout un critique d'art remar-
quable et s'est fait, comme tel, une situation considérable en
Italie.
Caregaro Antonio Négrin, né à Vicence en 1821, est l'un
des architectes italiens dont la carrière a rencontré les plus nom-
breuses occasions de se produire. Si chacune de ses œuvres n'a
pas une importance considérable, leur réunion forme un bagage
que peu d'arcliitectes contemporains pourraient présenter; nous
n'en citerons, pourcelte raison, que quelques-unesdanslaVénétie,
à Vicence, à Padoue, etc. A Vicence, il fut l'architecte de la « nou"
velleSchio », le quai'tier ouvrier de cette ville; à San Orso, l'église,
lavilla, les jardins; à Longa, l'église paroissiale; à Padoue, le jar-
din public; h Sainte-Sophie et à Sainl-Boniface, la mairie et les
écoles ; à Hive de Trente, le théâtre; à Voghera, l'école élémen-
taire des garçons sont de lui; il éleva tous les bâtiments de la
place d'Arzignano (Vénétie) et ceux de l'établissement de bains
de Recoaro près de Vicence, etc. M. Négrin s'est fait en Italie
une ré|)utation comme architecte paysagiste.
Annibal Forcellini naquit en 1827 à ïrévise, où il exerça la
profession d'ingénieur du génie civil depuis 18o5; en 1856 il se
fixa à Venise, mais ce ne fut qu'en 1873 qu'il passa à la dii-eclion
des bâtiments delaville. Al'architecte ingénieur on doit larestan-
ration du palais ducal de Venise. Son nom est lié aussi à l'éta-
blissement du cimetière de celle ville qni abandonna son projet
adopté pondant la construction, cl à celui de l'hùpilal des fous
dans l'île de Saint-Clément dans lequel Forcellini n'eut que le
404 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
r(Me d'un collaboraloiir. Il niourul à Trévise le 27 août 1891.
Giovanni Selva professa rarchitectiire à l'académie de Venise
après avoir fait ses études à Home; devenu surintendant des bâ-
limenls et jardins publics, il construisit , vers 1820, l'église de
Possagno, village dans les environs de Venise. Cet édifice, dont
les plans furent, suivant quelques auteurs, donnés par le sculp-
teur Canova dont les restes sont inhumés en cet endroit, est orné
d'un porlique percé de trois entrées. Une monographie en a été
publiée sous le titre : Du temple iF Antoine Canova et de la ville de
Possagno.
Ajoutons à ce qui vient d'être dit que Cusi, architecte italien
et classique, a construit à Côme le nouveau théâtre précédé d'un
portique hexasiyle corinthien et que Pietro Pestagalli, architecte
milanais, a élevé à Novare, en 1833, l'école des aris et métiers
fondée par la comtesse Bellini. 11 était du reste déjà connu par la
construction du toit, en marbre blanc, de la cathédrale de No-
vare, il décora en 1817 la chapelle souterraine de Borommeo et
érigea dans cette ville le maître autel de l'église San Fedele, il
restaura aussi dans l'église San Marco la chapelle délia Madonna.
Archilecle de la ville d'Ivrée, à la sortie de la vallée d'Aoste,
Carlo Ponzio Vaglia éleva l'hôpital de la ville et mourut
en 1832; nous ne connaissons pas autrement cet architecte.
Nous sommes plus heureux avec Arborio Edoardo Mella, né à
Verceil en 1808, fils du comte Emmanuel qui était ingénieur.
Ses études scolaires achevées en 1827, Mella apprii l'architecture
sans maître, et cependant ce fut àlui que l'on confia la restaura-
tion du « dôme » de Casale, puis celle des églises d'Acqui et de Vin-
limille, des collégiales d'Alba, de Saluées, de Chieri, des églises
de Saint-François à Verceil, de Mirabello, de Monlicelli d'On-
gina, de San Ilario à Casale-Monferrato, d'Arcisate, de Rossi-
gnano, de Ville-Neuve d'Asti, de Fubine di Govone, la construc-
tion des églises de ïorgoron et de Gresson de Maranzana, de
S. Zita, du Sacré-Cœur et de Saint-Jean-Évangélisle,à Turin, etc.
En Norvège, à Berghen,on nous signale aussi une église construite
sur les plans de Mella. Passionné pour l'archiiecture du moyen
Cige, Mella publia, en 1857, un ouvrage sur celte architecture.
Créateur dans son pays natal d'une école de beaux-arts et
membre de plusieurs académies, il est mort à Verceil le 1 8 jan-
vier 188 i.
CHAPITRE XIV. 405
La ville de Turin, abandonnée aujourd'hui pour Rome par les
princes de la maison de Savoie dont elle fut le berceau, s'ef-
força de se maintenir à la hauteur de son rôle de capitale jus-
qu'au jour de l'annexion de Home au nouveau royaume d'Italie.
Nous aurons cependant à citer peu d'édifices religieux de ce
siècle; après avoir rappelé que Ferdinand Bonsignori éleva,
de 1797 à 1818, l'église de Gran Madré de Dio, nous aurons à
citer la chapelle de Saint-Joachim, dans l'église de la Santis-
sima Annunziata, qui eut pourarchitecfe Carlo Rondoni, archi-
tecte du roi de Sardaigne en 1819, restaurateur du château
royal de Montcalieri et du château de Hivoli, auteur de divers
opuscules sur l'arcliileclure.
M. Carlo Ceppi, originaire de Turin, nous appartient comme
archilecle de l'église Saint-Jean de Turin et de Notre-Dame de
la Neuja à la Spezzia. Possesseur d'une clientèle particulière
choisie, il a en llalie la réputalion d'un véritable artiste. Restau-
rateur du campanile de l'église Santa Croce à Turin, du
palais de Carignan à Racconigi et du théâlre de celte ville,
Giovanni Battisto Borra fut surtout un architecte d'hôtels et
de villas. On lui doit les dessins qui accompagnaient l'ouvrage
publié en Angleterre, à la fin du dernier siècle, sur les Ruines
de Palmyre et de Bolbec. Ce fut Giuseppe Talucci qui mil la
dernière main à l'église Saint-Philippe de Néri de Turin et donna
le dessin du portail latéral sur la rue de l'Académie (1836).
Professeur à l'université de Turin, Talucci est l'architecte du
Palais de l'université qu'il éleva en 1823, ainsi que d'un hôpital
d'incurables fondé par le prêtre Barrucci. Nous ignorons d'ail-
leurs la date de sa naissance et s'il est encore vivant.
Parmi les édifices civils datant de notre siècle, Turin compte
un théâtre assez élégant et qui peut contenir 1600 spectateurs,
le théâlre Scribe, destiné (autrefois) à la représentation de
pièces françaises : architecte, en 18o9, M. Giuseppe Bollati
dont le nom seul nous est connu. La Mole Antonclimna, com-
mencée en 1803 pour être synagogue, a été consacrée, comme
souvenir national, à Viclor-Emmanuel. L'édifice couronné d'une
coupole d'aspect étrange, d'une hauteur de 165 mètres, est
l'œuvre d'Alessandro Antonelli, né en 1798 el mort en 1888,
auquel on doil aussi la coupole de San Gaudenzio de Novara,
sœur, par la forme, de la « Mole Ântonelliana », mais moins
406 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
élevée, puisque l'édifice n'alleint que 121 mèlres de hauleur.
Mentionnons enfin le palais provisoire qui reçut à Turin les
membres du premier Parlement italien el dont les architectes
furent MM. Amedeo Peyron et Paolo Camotto, sur lesquels les
renseignements biographiques nous manquent absolument .
En Sicile, c'est un élève de David Leroy, le Français Dufourny,
né à Paris le 5 mars 1754, qui commence le siècle, comme
architecte. Parti pour l'Italie en 1782, il y resta treize années,
dont trois en Sicile. Palerme lui doit son école de botanique et
son observatoire ; il y donna aussi les dessins de la pépinière
établie dans le domaine royal « délia Morgana ». Membre de
l'Institut de France dès le premier temps de sa créai ion, il
succéda à David Leroy comme professeur à l'école royale d'ar-
chitecture et publia le « Rapport sur les beaux-arts » présenté
à l'empereur par la quatrième classe de l'Institut. Dufourny est
mort en 1818, laissant de nombreux dessins et une quantité
considérable de fragments d'architecture antique qui figurent
aujourd'hui dans les collections de noire Ecole des beaux-
arts.
Mario Musemucci était né à Calane en 1778 el mourut
en 1852. En 1820, il fut nommé ingénieur des ponts et chaussées
de la province de Catane, en 1829, professeur d'architecture
civile à l'Université, el, en 1830, membre de la commission
des antiquités et beaux-arts de celle ville. Il fut enfin choisi,
en 1845, pour représenter la Sicile au congrès des savants
italiens rassemblés à Naples. Ses seules œuvres exécutées sont
la prison provinciale de Catane et le cloître du couvent des
Bénédictins de cette ville. Parmi les projets qu'il a laissés et
auxquels le malheur des temps n'a pas permis de donner suite,
nous citerons la façade de l'église de ce couvent, la réunion de
l'hospice des Pauvres à celui des Orphelins, le tribunal et l'in-
tendance de Catane. Musemucci a beaucoup écrit : on a réuni,
à Catane, de 1845 à 1851, les plus importantes de ses disser-
tations sous le titre : Opère arclieolof/klie ed avtistkhe di Mario
Bliisemucci^ 2 vol. in-8°. Un monument lui a été élevé dans
l'église Santa .\gata la Yetere de Catane par l'architecte Patti,
dont le nom seul nous est parvenu par suite de celte circon-
stance.
Giovanni Battista Filippi Basile naquit à Palerme en 1825
CHAPITRE XIV. 407
et fit ses études à l'iiniversité de sa ville natale. Venu à Rome
pour foiiitier ses connaissances en matliémaliqiies et en archi-
teclure, il suivit quelque temps les cours de Tortolini, de Venta-
roli et de Cavalieri, ainsi que de Sarti et de Poletti à l'Académie
de Saint-Luc. Do retour à Palerme, il prit part au mouvement
révolutionnaire qui devait amener l'indépendance de l'Italie et,
en 18G0, était élu professeur d'architecture à l'Université.
Chargé ensuite de l'enseignement de cette science à l'école
d'application ouverte aux ingénieurs, il devint, peu après, direc-
teur de l'école. En 18G4, la municipalité de Palerme ayant
ouvert un concours pour la construction d'un théâtre, Basile
vit son projet classé le premier et obtint le privilège de la
construction de l'un des plus beaux théâtres de l'Europe, cons-
truction qui n'est pas encore terminée aujourd'hui. Mais, outre
le théâtre « Massimo » qui a étendu sa réputation hors des limites
de la Sicile, Basile était déjà connu en France par sa façade de
maison italienne à l'Exposition uuiverselle de 1878; il a attaché,
du reste, son nom au théâtre de Girgenli, au cimetière de Mon-
reale et de Mistretta, an théâtre de Militello, etc. Alembre de
plusieurs académies et président du collège des ingénieurs de
Palerme depuis sa fondation, il y est mort le 16 juin 1891, lais-
sant un fils, Ernesto Basile, né à Palerme en 1837 etdéjcà connu
par le monument de Calatilini et par l'érection du palais destiné
à l'exposition nationah; de Palerme (1891-1892).
Hors de l'ilalie, à Trieste, c'est un Italien, Domenico Corti,
qui a construit l'Ilùtel-Dieu, hospice dont la construction a coûté
700,000 florins. Nous ne savons pas autre chose.
Les architectes espagnols de ce siècle n'ont pas trouvé sans
doute l'occasion de produire des œuvres d'une cei'taine impor-
tance, quoique nous ayons relevé dans les grandes villes de l'Es-
pagne des édifices dont les auteurs avaient droit certainement
à une place dans notre ouvrage : A Madrid, le palais des députés,
inauguré en 18o0, le théâtre Royal (opéra), commencé en 1818
et inauguré en 18a0; le théâtre espagnol de la plaza Santa
Anna, construit au commencement de ce siècle, le théâtre de
las Variedadès, calle Mugdalene; le théâtre de la Comédia, qui
date de 1873, le cirque de la pla/.a del Rey, la Zarzuela de la
calle de Jovellanos, le Ihéâlre d'Apollo, le théâtre de la Prin-
cesse, l'Alhambra di' la calle de la Liijcrtad, la Fahrica de
408 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
monédas (hôtel des monnaies), l'approprialion d'une c'-glise à
la salle du Sénal, sont des œuvres du xix' siècle.
L'alcazar de Tolède, devenu l'école militaire, a été reconstruit
en partie, après un incendie qui l'a consumé en 1887, l'hôtel de
ville de Murcie, celui de Burgos, celui de Tafalla, celui de Ma-
taro. L'église paroissiale d'Alcala de Ghishert, à trois nefs avec
une façade percée de trois portails, la cathédrale de Lérida et
des IhéfUres dans presque toutes les grandes cités espagnoles, à
commencer par le théâtre du Licéo, de Barcelone, datent
également d'une cinquantaine d'années. Mais les architectes
contemporains auxquels nous nous sommes adressés, par excès
de modestie ou par négligence, ne nous ont envoyé aucun docu-
ment et la liste des biographies des architectes espagnols se
trouve ainsi considérablement réduite, ù notre grand regret; nous
devions en avertir le lecteur.
Quoiqu'il ne soit pas à proprement parler de notre siècle,
puisque, né le 27 février 1719 à Madrid, il y mourut le 21 jan-
vier 1772, nous devons mentionner ici les œuvres d'Alexandre
Gonzales Velasquez, fils d'un sculpteur qui commença par être
peintre et étudia ensuite l'architecture dans l'atelier de Bona-
via. C'est sous les ordres et sur les indications de ce maître qu'il
éleva l'église San Antonio à Aranjuez; puis il commença par la
réfection de l'église du couvent de Valleca, à Madrid, et la cons-
truction de celle du couvent de Justinian à Cuença. Quoique
exemptes des fautes qu'on remarque dans toutes les œuvres de
l'école de Churriguerra, celles que nous venons de citer de Gon-
zales ont moins d'importance que l'enseignement donné par cet
arcliitecte comme membre, puis comme vice-président de l'aca-
démie de San Fernando, enseignement auquel il consacra les
vingt dernières années de sa vie.
Tomas Domingo, né à Cervera, en Catalogne, fut d'abord
tailleur de pierres et maçon. Venu à Madrid, il apprit l'arclii-
teclure à l'académie de San Fernando, fut nommé professeur
d'architecture à l'école de dessin de Grenade en 1819. 11 dessina
nombre de tabernacles, de retables, les églises paroissiales de
Alboludici,de Solao, de Montillama, l'église de Loja, un ermitage
à Granadilla, finit l'église de Cadix et répara ou construisit des
ponts et des chaussées de la province.
Plutôt ingénieur qu'arcliitecte, Alejandro Milan s'est fait
CHAPITRE XIV. 409
connaître parla réparation du pont romain d'Alcantara, sur le
Tagc, dont on connaît Fauteur, C.-L. Lacer (voir volume l") ;
mais il en a respecté le plan primitif, remplaçant seulement par
le lion de Caslille l'aigle sculpté sur l'arc de triomphe élevé au
milieu du pont.
Citons encore : le couvent d'Atoclia, iiMadrid, fondé en lo23,
rebâti sous Ferdinand VII, de 1803 à 1833, par Isidro Velas-
quez; le palais épiscopal de Logrono, construit en 185o par
M. Francesco Henriquez-Ferrer, né à Grenade, élève de Maestro
de San Juan, et le bâtiment destiné à l'exposition des beaux-arts
élevé à Madrid en 18G7 par M. Indo, plutôt ingénieur qu'archi-
tecte. Un Français, Couvrechef, né à Mathieu, près Caen, d'a-
bord tailleur de pierres, avait fait péniblement ses études d'archi-
tecture à notre Ecole des beaux-arts. Devenu cependant architecte
des bâtiments de la Couronne, il fut envoyé en 1857 par l'impé-
ratrice Eugénie en Biscaye, avec la mission d'y restaurer le chà-
tecu d'Artéaga et y mourut pendant l'exécution des travaux.
M. Ortès ou Ortiz Villajos a posé en I8G5 la première pierre
de l'église de Buen Succeso, à Madrid, inaugurée le 25 mars
18G8, ainsi que l'hôpital qui y est attenant. Nous ne connaissons
pas les autres œuvres de Villajos.
Annibal Alvarez y Buquel, fils d'un sculpteur, était né en
1810 à Home où son père était retenu par d'importants travaux
Il puisa dans la copie des monuments antiques le goût qu'i.
montra ensuite pour l'architecture et compléta ses études dans
l'atelier d'isidro Velasquez. Après un séjour de trois années
en Italie, il revint en Espagne en 1839 et fut alors nommé
membre de l'académie de San Fernando dont il fut bientôt l'un
des professeurs les plus distingués. Alvarez fut successivement
architecte en chef du Sénat et du ministère de la Gobernacion,
vice-président delà Junte consultative, de la police urbaine et des
édifices publics. Comme membre de la Junte consultative des
prisons, il fournit au gouvernement espagnol un projet de
pénitencier très étudié qui, s'il ne fut pas exécuté, n'en a pas
moins été fort estimé des hommes compétents de l'époque.
Chargé, en 1840, de présenter un projet d'asile d'aliénés et ceux
de quatre hospices à ériger à Madrid, il ne put exécuter que l'hos-
pice de la Princesse, et encore les travaux de construction de cet
édifice furent-ils notablement réduits par le manque de fonds.
410 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Auteur aussi du moiuimenl funéraire thi marquis de Espeja,
dans le cimetière de Saint-Louis, et de la Banque de Fomento,
Alvarez est mort à Madrid le 5 avril 1870.
Le Portugal nous fournit également peu de noms d'architectes
contemporains.
Professeur suppléant d'architecture à Tacadémie de Lisbonne,
en 1843, M. Pereira Santos, né vers 1800, bibliothécaire de
l'académie de Lisbonne, et Joseph da Costa Sequeira, con-
temporain de Sanlos, concoururent inutilement au projet de-
mandé pour l'érection du théâtre du Rorio et de lu nuinici|»alité.
Plus heureux que les précédents, Joachim Possidonio Nar-
cisse da Silva, dirigeâtes constructions nouvelles du palais de
Las Nécrxs/(Ja(lcs,en 1846, auquel on pourra reprociier une cer-
taine exagération de décoration.
Nommé architecte de l'Infanlado, Manoel da Sousa fut chargé
de l'éreclion de ce palais en 1827 ; il est, en outre, l'architecle
de plusieurs édifices publics dont nous ne pouvons donner l'énu-
mération. Francesco da Sousa, chevalier de l'ordre du Chris!,
élève de son père, lui succéda dans l'exécution des travaux faits
par lui au Patriarchal et au palais des Trois Ordres mihtaires;
il est mort à Lisbonne en 1814, à l'âge de soixante ans. Un der-
nier membre de la famille des Sousa, professeur à l'académie
royale, Francesco Sousa, fut l'architecte de l'église du Palriar-
chat et ciiargé de l'exécution de plusieurs constructions puliliques :
nous ignorons la date de sa mort. Enfin, nous ne pouvons quit-
ter l'Espagne sans dire quelques mots d'un architecte espagnol
bien connu de ses contemporains, Dom Francisco Daniel Mo-
lina, auteur, en 1831, à Barcelone, d'une fontaine monumen-
tale élevée à la mémoire d'un conseiller à la cour de Barcelone.
CHAPITRE XV
Les Anglais, premiers ninitres de rAmérique du Nord, y inlrodiiiseut les prin-
cipes de rarohitecUire anj;laise ; mais la reconnaissance du gouvernement des
Étals-Unis d'Amérique, parles naiions européennes marque, dans ce pays, le
commencement d'une évolution vers le style classique. — La forme classique
est, en effet, celle des édifices les plus inqjorlants des États-Unis élevés aus-
sitôt après la Dichiration d'indépendance. — CEuvres gigantesques des archi-
tectes américains depuis cette époque. — Leurs tendances vers Vcctectifinc,
— Les artistes américains à l'Exposition de Chicago.
Si on ne Irouve guère dans les régions centrale et occidentale
de celte nation si puissante, malgré sa jeunesse, qui a pris
le nom de Mépuhlique des Étals-Unis d'Amérique, que quelques
vestiges informes des constructions dues à des races depuis
longtemps disparues, on rencontre du moins en Floride, au
Te.xas, dans le Nouveau-Mexique et en Californie, un certain
nombre d'édifices, en assez bon état de conservation, qui furent
élevés par les Espagnols. Plusieurs de ces chapelles ou églises
de « mission », ont une valeur architecturale réelle; mais il n'a
pas été possible d'en connaître les auteurs, sans doute moines
ou prêtres, compagnons des conquérants. Au nord des Etats-
Unis, au Canada, çà et là, le long des frontières septentrionales
de la République américaine, ou en descendant la vallée du
Mississipi, il subsiste encore des traces de constructions élevées
par les premiers pionniers français, qui, bien qu'intéressantes
au point de vue archéologique et historique, ne peuvent élre
considérées comme des œuvres d'architecture. Dans le reste du
pays, surtout sur le littoral oriental, existent, en assez grand
nombre, des constructions de genre très simple, sans aucun
caractère, purement maisons d'habitation, élevées par les pre-
miers pionniers venus d'Angleterre.
Lorsque les Anglais, en quête de nouvelles sources de ri-
chesses, eurent acquis la certitude que l'Amérique (du Nord)
était pour eux une véritable mine d'or à exploiter, ils ne se
412 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
conlentèrent plus d'y arriver seuls, en aventuriers; ils amenèrent
avec eux leurs familles liabiluéos au confort anglais. Mais tout
t^'tait à faire dans celle nouvelle Angleterre : t'glises, édifices
nécessaires aux réunions politiques des émigrés et à l'adminis-
tration des cités qui s'élevaient comme par enchantement, habi-
tations privées aussi, pour ceux qui désiraient autre chose que
la masure du paysan ou de l'ouvrier. Naturellement, ils s'adres-
sèrent aux architectes de leur pays et, comme il ne leur était pas
possible de se procurer immédiatement, sur les lieux mêmes, les
matériaux nécessaires aux constructions qu'ils avaient projetées,
c'est la mère patrie qui, dans l'origine, leur expédia à la fois
architectes, plans, matériaux, décorations, etc., et les rares
ouvriers du pays n'eurent qu'à mettre en place les éléments de
ces constructions. 11 en résulte que l'art architectural des États-
Unis, pendant cette première période, est exactement le reflet
de rarchitecture anglaise pendant la période correspondante;
puis, comme, à une certaine époque, des rapports de commerce
et d'amitié vinrent à s'établir entre la France et la grande colonie
anglaise, on commença à faire des emprunts à l'architeclure
française, et c'est ainsi qu'on retrouve des traces évidentes des
styles Louis XIV et Louis XV dans la structure de certaines
maisons importantes de la Virginie. L'appui donné par Louis XVI
et le gouvernement de la République française aux colons amé-
ricains décidés à se soustraire au joug de l'Angleterre leur
permit de se constituer en nalion indépendante et la « Déclara-
tion d'indépendance » des États-Unis brisa les liens artistiques,
aussi bien que les liens politiques, qui rattachaient la colonie
américaine à son ancienne métropole.
Les chefs de famille qui avaient transporté d'Angleterre en
Amérique leur luxe et leurs coutumes étant morts et leurs suc-
cesseurs n'ayant plus que de rares relations avec leur pays
d'origine d'où ils avaient tiré, ainsi que nous venons de le dire,
tous les éléments des constructions élevées jusque-là en Amé-
rique, celles qui durent y être établies, à partir de ce moment,
pendant une assez longue période de temps, furent les œuvres
d'entrepreneurs bâtissant au mépris de tous les principes de
l'art architectural et rarement d'architoclos véritablement dignes
de ce nom. La création de relations postales et de transports
rapides par bateaux à vapeur vint peu à peu modifier cet état de
CHAPITRE XV. 413
choses, eL celle seconde période de rarchileclarc américaine ne
se Icrniine vraiment qu'à l'Exposition du Centenaire de Phila-
delphie en 1876. Pendant cette période, le nombre des architectes
instruits avait considérablement augmenté, les dessins et les
plans sortis de leurs ateliers avaient beaucoup gagné en élégance
et en clarté, à l'Institut technologique de Boston on avait ouvert
une classe d'architecture. L'exemple donné par cette ville avait
été suivi par plusieurs anlres,de façon que, au moment de celle
Exposition, il y avait, établies sur le territoire desElats-Unis,bien
outillées et très intelligemment dirigées, nne douzaine d'écoles
où les futurs architectes pouvaient acquérir toutes les connais-
sances nécessaires à l'exercice de leur profession. A l'heure où
nous écrivons ces lignes, le nombre des élèves architectes aux
États-Unis s'élève à quatre ou cinq cents et, depuis vingt-cinq
années, il en est sorti environ deux cents de l'Ecole des beaux-arts
de Paris dont les cours sont suivis avec la plus grande assiduité
par ceux de ces élèves qui considèrent notre enseignement
architectural comme le complément indispensable des études
commencées par eux dans les universités ou les écoles techniques
américaines. Aussi la jeune génération des arcliilcctes, aux Etals-
Unis d" Amérique, a-t-elle produit cl produil-elle, tous les jours, des
œuvres originales portant nettement l'empreinte du tempérament
particulier à la race à laquelle ils appartiennent mais dignes d'at-
tirer, parleurs qualités ai'chitecturales, l'attention de leurs con-
frères du monde entier. C'est à ce titre que nous leur avons
consacré, ainsi qu'à leurs prédécesseurs, quelques pages de notre
livre. Nous avertissons au surplus le lecteur de ne pas se méprendre
sur la nature des sociétés ou associations fort nombreuses formées
entre deux ou même plusieurs architectes, contrairement à ce qui
se passe en France : chacun des deux artistes se livrant exclusi-
vement h un travail toujours le même, les éludes du cabinet plus
méditées et plus mûries, la surveillance des chantiers plus sé-
rieuse et plus complète sont prolitables aux clients de l'associa-
tion plus qu'aux associés eux-mêmes. L'exemple donné par les
architectes américains ne serait peut-être pointmauvais à suivre.
Deux architectes (anglais) auteurs d'édifices à Hhodc-Island
et à Boston, avant la déclaration d'indépendance, nous ont paru
seuls mériter une mention ; ce sont : Richard Munday sur lequel,
après de longues recherches, oun'apasdécouvertaulre chose que
-414 LES ARCHITKCTES PAR LEURS OEUVRES.
ceci, c'est qu'il élail l'arcliilectc de la maison du Gouvernement
[state Iioiise) à (Newpoii) lUiodc-lsland, qu'il avait construite
en 1742, et de la maison Ayraull élevée par lui, au même lieu,
en 1739, et qu'il était architecte consultant de l'église de la
Trinité, aussi à Nowport. Munday est mort probablement vers
le milieu du xviii° siècle.
Un autre architecle, également de Nowport, qui fut en pos-
session d'une notoriété plus grande, Peter Harrison, était
venu d'Angleterre où il avait travaillé dans l'atelier de Yan-
brugb, sous la direction duquel il avait exécuté la construction
de Blenlieim Palace. Harrison arriva en Amérique avec le
peintre John Smibert en 1728. Il dessina King's chapel com-
mencée en 1749 à Boston, la bibliothèque de Redwood, à New-
porl ,(Rhode-Island) (1 748-50), et l'bùtel de villedeNewporl (1 700),
la synagogue (I7G2) et la maison Malbone (depuis détruite par
un incendie), toujours h Ne\v|)ort. Ensuite, Harrison se retira à
New-Haven (Connecticul), où il devint receveur des douanes et
où il mourut un peu après 1 7G2.
Thomas Jefferson, né en 1743, mort en 1826, auteur de la
<i Déclaration d'hidépendance », troisième président de la
Itépublique des Etals-Unis et son ministre plénipotentiaire en
France en 178o, était un amateur enthousiasie d'architecture.
C'est lui qui choisit le dessin pour la Chambre de l'Etat de
Richmond (1785-1792), pastiche non dissimulé de la Maison
carrée de Nîmes, mais les bâtiments de l'université de Virginie, à
Charloltesville. achevés en 1825, et sa propre maison à Monli-
cello, dans l'Etat de Virginie également, furent construits sur ses
propres dessins, ainsi que la maison dite de Farmingson, à
Charlottesville. Le caractère de son architecture est le classique,
que Jefferson adopta sans doute pendant son séjour en F'rance
et, grâce à l'influence dont il a disposé dans son pays, la préfé-
rence des architectes américains pour ce style s'est maintenue
pendant de longues années après la mort de Jefferson.
trcst aussi aidé des conseils de ce grand citoyen que Pierre-
Charles L'Enfant iraça le plan de la ville de Washington
en 1791, et on peut juger du talent de l'architecle par les
larges avenues, les parcs et les squares dont il a embelli la
capitale des États-Unis. L'Enfant était né en France en 1755;
engagé à tilre provisoire de lieutenant, dans un des corps
CHAPITRE XV. 415
do l'armée franraisp, il viiil en Amérique avocLa Fayelte on 1777.
Ayanl rejoint le gros dos li-oupes fédérales dans l'anlomiie de
celle année i777, comme altaclic au génie, il fui fait capitaine
en 1778 et blessé grièvement au siège de Savannaii. Il servit
onsnile sous le commandement direct de Washington qui fit
de lui son ami. Elevé au rang de major en 1783 et ingénieur
du fort .Mifflin Tannée suivante, il se vit offrir, en 1812, la place
de professeur du génie à l'Académie militaire de Wesl-Point, à
New-York, mais il la refusa. Il a donné à Pliiladclpliie le des-
sin du palais du » l'inancier de la Hévolulion », Robert Morris, qui
n'a jamais été achevé; il fut également l'architecte du Palais
fédéral (aujourd'hui détruit) à New-York, régla la mise en
scène du cérémonial adopté lors de l'inslallalion du premier
président dos États-Unis en 1789 et mourut dans le comté du
Prince-George (Maryland), le 14 juin 182o.
Descendant de huguenots, Benjamin-Henri Latrobe était
né dans le Yorkshire (Angleterre), le l" mai 17Gi, mais avait
fait ses premières études à l'université de Lei|)sig. Il entra en
1785 au service de la Prusse comme cornette de hussards ; mais
après avoir pris part à deux combats sérieux dans l'un desquels
il fut blessé, il donna sadémissionel revinlen Angleterre en 1786.
(l'est alors qu'il entra dans l'atelier de l'arcbilecle S. P. Coc-
kerell d'où, après deux années de sérieuses études, il commença
à pratiquer l'architecture et fut immédiatement reçu surveyor
dans les services publics de la ville de Londres. Mais quittant
l'Angloterre en 1790, il vint s'établir aux Etats-Unis et demeura
qiudque temps à Uichmond (Virginie), où il construisit le péni-
tencier et quelques maisons particulières. De là, il passa à Phi-
ladelphie ou 1798 et y donna les plans de la banque de Pon-
sylvanie, de la ban(iue des Etats-Unis et dos anciens bâtiments
de l'Académie des beaux-arts. 11 y construisit aussi tous les
ouvrages concernant la distribution des eaux de Schuylkili,
l'église catholique romaine el la Bourse do Baltimore (Maryland).
11 fut ensuite engagé dans les travaux considérables que néces-
sitait la construction du canal James Biver el Appomato.v, du
canal (Uiosapeake et Delaware, du canal Dismal Swamp et, jus-
qu'à sa mort, il chercha les moyens de procurer de l'eau à la
ville de la Nouvelle-Orléans. Pendant cette période, il fut l'as-
socié de Robert Fulton, lors de la création par celui-ci d'une
416 LES ARCHITECTES PAR LEURS (EUVRES.
ligne de paquebots à vapeur à travers l'océan Atlantique ; mais
son œuvre la plus importante fut assurément l'édification du
Capilole à Wasiiington, auquel il travailla de l'année 1803 à
l'année 1817. Le plan original de l'édifice est assurément de
Latrobe et Charles lUilfinch n'y a fait que des additions. Nous
ne parlons pas, bien entendu, du dôme qui y fut ajouté dans la
suite par T. U. Walter. Latrobe mourut à la Nouvelle-Orléans,
le 3 septembre 1820.
Charles Bulfinch, dont nous venons de prononcer le nom
comme le continuateur de Latrobe, de 1818 à 1827, au Capitule
de Washington, était Américain, puisqu'il était né à Boston
le 8 août 1703. Fils d'un médecin, il prit ses grades à l'Univer-
sité d'Harvard en 1781, mais il fit ses éludes d'architecture en
Europe avant de commencer l'exercice de sa profession à
Boston en 1786. 11 y construisit le premier théâtre (1793), des
églises et des écoles, des maisons et des ateliers ; puis la
Chambre de l'État (1793-98), l'hôpital général de IMassacliu-
setts (1818-21), ainsi que l'ancien tribunal et fit des additions
au Faneuil-IIall. En dehors de Boston, les travaux de Bulfinch
sont: l'asile des fous de Mac-Lean à Somerville, le tribunal, le
(( hall universitaire » du collège Harvard à Cambridge, le tribunal
à ^^'orcester et l'église des Unilariens à Lancasier. 11 fut aussi
l'architecte de laChambre de l'Étatdu Maine, à Augusta (1829-32),
et de plusieurs prisons et pénitenciers dans plusieurs parties de
la contrée. Bulfinch mourut à Boston le 13 avril 18ii. John Mac
Comb, qui était fils d'Écossais, comme son nom l'indique, est né
à New-York le 17 octobre 1763. Son principal ouvrage fut
l'hôtel de ville de New-York qu'il construisit entre 1803 et 1813,
mais il fut aussi l'architecte de l'église Saint-Jean et des églises
de Murray street et de Bleecker street. New-York lui doit éga-
lement la salle Washington et la façade de l'ancien palais du
Gouvernement. Mac Comb donna les plans de beaucoup d'autres
constructions publiques et privées, à New-York, à Philadelphie
ou dans quelques autres villes de l'Est des États-Unis et mou-
rut à New-York le 25 mai 1833.
Ce fut John Trumbull, le peintre américain, qui, étant à Lon-
dres, proposa à l'architecte anglais George Hadfield de l'accom-
pagner aux États-Unis dans le but de surveiller l'érection du
« Capilole » de Washington en 1794 ou 1793. Hadfield, fils d'un
TH. BALLU
CHAPITRE XV. 417
aubergiste, avait étudié àrAcadémie royale de Londres, en avait
reçu la médaille d'or en 1784 et obtenu une bourse de voyage
en 1790. Il s'était rendu alors en Italie où, en collaboration avec
Colonna, il essaya une restauration du temple de Palestrinadont
les divers dessins fontaujourd'luii partie de la collection de l'Ins-
titut royal des arcliitecles britanniques. Il fil en Amérique le
plan de riiôlel de ville (aujourd'hui palais de justice du district),
de la Banque des États-Unis, à Washington, du mausolée de la
famille van Ness, dans le cimetière de Oak Hill à Georgetown
(district de Colombie), et du palais Arlington sui" la rive du
Potomac en Virginie; ce dernier édifice, construit en 1802 par
G. W. P. Custis, fils adoplif de Washington, ensuite habité par
le général Robert Lee, est maintenant compris dans l'enceinte
du cimetière national d'Arlington. Hadfield mourut en 1826.
Les deux Carry Long ont exécuté surtout leurs œuvres dans la
ville de Baltimore. R. Carry Long, le père, était né en 1772
dans le .Maryland, oii il mourut en 1833. Mais de tous ses tra-
vaux à Baltimore : l'église Saint-Paul, le théâtre de Holiday
street, l'hôtel de ville, l'église Saint-Pierre, la bibliothèque de
Baltimore, le dernier seul subsiste encore aujourd'hui, ainsi que
l'institut Patapsco dans la ville d'Ellicott (Maryland). R. Carry
Long, le fils, né en 1810 et mort en 1849, a attaché son nom à
l'église de Nalchez (Mississipi), au bâtiment des archives de Bal-
timore et à l'asile des sourds-muels de Staunlon (Virginie).
Plutôt ingénieur qu'architecle, Ithiel Town naquit en 1784
à Thompson iConneclicul) et re(;ul les premièies notions de l'ar-
chileclure dans l'atelier de Andrew J. Davis, de New- York. Les
principaux ouvrages d'architecture de Town furent : la Chambre
d'État et l'église de la Trinité à New-Haven (Conneclicnt),
l'hôtel de ville et l'église du Christ à Hartford, dans le même
État. Parmi ses œuvres comme ingénieur, nous ne cite-
rons que le pont qu'il jeta sur James River près de Richmond
(Virginie). Town mourut à New-Haven, le 13 juin 1844, après
avoir publié un livre intitulé : School House arcidteclure.
Né dans le comté de Kilkenny (Irlande), James Hoban étudia
l'architecture à Dublin, nous ne savons auprès de quel archi-
tecte, et émigra en 1780 aux États-Unis où il se fixa à Char-
leston, dans la Caroline du Sud. C'est lui qui fut choisi, en 1792,
pour élever la maison du Président de la Confédération, connue
m. 27
ils LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
SOUS le nom de <c Miiisoii Blanche » et qui eucore aujourd'hui sert
de demeure au représentant du pouvoir exécutif. Il fut atlaclié
ensuite pendant quelques années aux travaux du ('.apitoie à
Washingon et est mort dans cette dernière ville en 1831 .
Alexander Parris étant appienti charpenlier à Pembroke
(Massacliuselts), employait ses moments perdus à étudier l'arclii-
tecture. Il travailla comme ouvrier pendant quelques années, à
Pembroke et ailleurs, puis vint enfin s'élahlir à Boston en 1812
et s'y livra à la pratique de l'architecture avec un véritable
succès; on en peut juger par ses œuvres principales : l'église
Saint-Paul et le marché Quincy à Boston, l'arsenal à Watertown
et l'hôpital de la marine à Chelsea, tous deux dans l'État de
Massachusetts. En 1830, il abandonna l'architecture et se fit
recevoir ingénieur-constructeur du ministère de la marine des
États-Unis, à Charlestown, où il demeura jusqu'à sa mort, arrivée
en 1852.
C'est de cette dernière ville qu'était natif un élève de Latrobe,
Robert Mills, né le 12 août 1781, mort à Washington le
3 mars IS.oo. 11 donna les plans du ('apitoie à Harrisburg (Pen-
sylvanie), ajouta des ailes à la salle de l'Indépendance à Phila-
delphie et jela un pont d'une seule arche sur la rivière de
Schuylkill; il fut également l'architecte des bâtiments du
trésor (1836-41), et de ceux du Post-Office des Etats-Unis ainsi
que du Bureau des brevets; tous ces édifices à Washinglon.
On doit également à Mills le dessin de l'obélisque destiné au
monument de \^'ashington, à Baltimore, ainsi que des hô|)i-
taux et des bureaux de douanes en grand nombre. Il fut archi-
tecte-ingénieur de la Caroline du Sud en 182(J et en 1830 du
gouvernement des États-Unis.
Un architecte de Boston d'une grande notoriété. Benjamin
Asher, fut plus connu par les ouvrages qu'il écrivit sur les
règles de la profession que par les constructions qu'il a laissées.
On peu! citer cependant de lui la Banque de l'Union à Newport
(Hliode-Island) et la Banque de Sull'olk, à Boston. Voici les litres
des ouvrages dont il fut l'auteur et que le lecleur comprendra
sans traduction : T/ie american Builder's Companioii, 1806; the
Ihidiments of architecture', the Practice of architecture; the
Builders Guide and the Archilect or praetlcai house car-
pcnter{{MQ).
CHAPITRE W. 419
William Strickland, qui était né à Philadelphie, en 1787,
lui d'aburd dans sa jouiiesse peintre de paysage et graveur, puis
se sentant une vocation décidée pour rarchilecture, il entra dans
l'atelier de Lalrobe et commença à se faire connaître en cons-
truisant la loge des francs-maçons, à Philadelphie. Depuis, il fut
l'architecte, dans cette même ville, de la banque des Etats-Unis
(1824), de l'hôtel des Monnaies, de l'Asile maritime, de la
douane, de la Bourse des marchands, de l'église épiscopale de
Saint-Etienne, des théâtres d'Arcli street et de Chestnut sireet.
Il fut aussi ingénieur de chemins de fer et construisit la jetée du
Delaware. Son dernier ouvrage et celui qui lui acquit le plus de
réputation, fut la Chambre d'État de Nasliville (Tennessee) (1845-
1857), qui ne fut achevée qu'après sa mort. Un vote de la Légis-
lature décréta que ses restes seraient enterrés dans une crypte
qui se trouve sous l'édifice. Strickland a publié, en 1826, Reports
on Canals aud liaihvai/s, et avec Gill et Campbell, Public Wor/is
of the. United Statex; Londres, 18 il.
L'observatoire de Washington eut pour architecte un ingé-
nieur en chef du bureau de la marine, George F. de Franck
la Roche, né en 1791. Cet architecte, auteur de plusieurs
autres édifices publics ou privés, est mort à Washington le
17 mai 18GI.
John Haviland était né eu Angleterre, près de Taunton, le
15 décembre 1792 et avait fait ses études d'architecture dans
l'atelier de James Elmes. Après un séjour d'une année dans le
corps impérial des ingénieurs russes, il s'embarqua pour l'Amé-
rique en 1816 et s'installa à Philadelphie où il ouvrit avec iïugh
Bridport, un cours de dessin pour les jeunes architectes. Il
avait construit d'ailleurs la prison de ville de New-York appelée
par le peuple << la Tombe » (vers 1834-1837), le pénitencier Est
de Philadelphie, le pénitencier de Pittsburgh (Pensylvanie), et
les pénitenciers d'État de Rhode-Island, de New-Jersey et de
Missouri. Du reste, on dit que Haviland introduisit le premier
dans les États d'Amérique les systèmes cellulaires composés,
comme on sait, de couloirs venant tous se réunir en un centre
commun. Il fut aussi l'architecte de l'hùpital naval du gouverne-
ment à Norfolk (Virginie), de l'asile pour les sourds-muets à Phila-
delphie, de l'hôtel de la Monnaie pour les États-Unis à Phila-
delphie et de l'asile des fous à Ilarrisburg (Pensylvanie). Haviland
420 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
a publié en collaboration avec Hugh Bridport, en anglais, le
Manuel du constructeur (Baltimore, 1818), et mourut h. Pliila-
delpbie le 28 mars 1852.
Au contraire, Ammi Burnham Young était Américain, puis-
qu'il était né en 1799 à Lebanon (New-Hampshirc). Fils d'un
charpentier, il commença par suivre la profession de son père,
tout en étudiant l'arcbilecture dans les livres et en recevant de
modestes leçons d'Alexander l'arris. Après avoir élevé un nom-
bre assez considérable de petites maisons dans le New-Hamp-
sliire, Young fut choisi comme architecte de la Chambre de
l'État à Montpellier (Vermont), édifice qui reçut des additions en
1837 et fut presque entièrement détruit par le feu environ vingt
ans après. Venu à Boston la même année, il commença par
donner le plan de la douane de cette ville, édifice de granit, en
style dorique, qui demanda dix années de travail et coûta
un million de dollars. Vers 1852, Young revint à Washington où
il fut nommé architecte, chef de service pour le département de
la Trésorerie, et dans cet emploi, il eut à donner des plans d'un
grand nombre d'édifices publics, tels que : bureaux de douanes,
palais de justice, bureaux de poste, hôpitaux de la marine, etc.,
élevés dans toutes les parties des Etals-Unis. Le plus fréquem-
ment, Young adopta le style classique; cependant l'église épis-
copale méthodisie de Bromfield street à Boston et le tribunal
civil de Lowell (Massachusetts), dont il fut l'architecte en 1849,
sont tous deux des imitations de l'architecture ogivale normande.
Il mourut à Washington en 1874, après avoir construit un
grand nombre d'écoles, d'usines et de maisons particulières à
Boston.
C'est en parcourant les Étals-Unis, et se trouvant à Mobile
comme tâcheron, que IsaïahRogers prit part au concours ouvert
pour l'édification d'un Ihéàti-e dans cette ville et vit ses plans
adoptés. Né le 17 août 1800, à Marshfield (Massachusetts), il
avait simplement fait son apprentissage de charpentier-construc-
teur ; mais, ayant une vocation décidée pour l'architecture, il
consacrait tous ses loisirs à l'étude de cette profession. Revenu à
Boston en 1822, il y fut, fort peu de temps d'ailleurs, le colla-
borateur de Solomon Willard. Ses œuvres principales, à Boston,
sont : la Bourse des marchands, la maison Trémont et l'ancien
théâtre Trémont. A New- York, c'est aussi la Bourse des mar-
CHAPITRE XV. 421
chands (aujourd'hui bureau de la douane) et la maison xVstor
qu'il éleva. A la Nouvelle-Orléans, il fui rarchilecle de l'hôtel
Saint-Charles et il restaura le Capilole des États d'Ohio. Attaché
pendant la dernière partie de son existence au département de
la Trésorerie pour les Etals-Unis, Kogers est mort à Cincinnati
(Ohio) le 10 avril 1861).
Solomon Willard, dont nous venons de prononcer le nom
comme celui de l'associé de Rogers, était né à Petersham (Mas-
sachusetts), le 26 juin 1783, et commença, lui aussi, par
apprendre le métier de charpentier; mais il ne tarda pas cà se
faire une véritable réputation comme sculpteur sur pierre et sur
bois, em[)lovant d'ailleurs son talent à la décoration des édifices.
C'est lui qui futl'architecte du monument de Bunker-Ilillà Char-
leslown (aujourd'hui Boston, Massachusetts)(1825-43), de la Ban-
que des Étals-Unis et du tribunal à Boston, du tribunal à Déham
(Massachusetts) et de la maison de ville à Quincy (Massachusetts). Il
dessina plusieurs des monuments élevés enl'honneurdes citoyens
les plus éminenls des États-Unis et fut l'auteur de plusieurs
inventions très ingénieuses ; c'est ainsi qu'il apporta des amélio-
rations dans la taille de la pierre et commença à faire usage du
granit dans la construction des édifices et dans le pavage. Il
mourut à Quincy le 27 février 1862 et on a de lui des mémoires
rédigés par William W. \\'hoildon (Boston, 1865).
L'architecte de l'asile des fous à Northampton (Massachu-
setts), du tribunal de Plymouth et de la prison d'État de Cliar-
lestown (partie de Boston), s'appelait Jonathan Preston et était
né à Beverley (Massachusetts), en 1801 ; ce fut lui qui éleva aussi
avec son fils, dont le nom ne nous est pas indiqué, les bâtiments
de la Société d'histoire naturelle de Boston et Rogers house,
institut de technologie du Massaciiusetts, à Boston. Preston fut
le collaborateur d'Edwards C. Cabot, dans la construction du
théâtre de cette ville, qui eut lieu en 18oi et y mourut en 1888.
Richard Upjohn naquit en Angleterre, à Shaftesbury, le
22 janvier 1802 et avait fait son apprentissage chez un ébéniste
qui était en même temps constructeur, mais il ne fit ses études
d'archilecture que dans l'alelier d'Alexander Parris, à Boston,
où il était entré vers 1829. il fut l'architecte de l'église Saint-
Jean, à Bangor (Maine), une de ses premières œuvres; de l'église
de la Trinité complétée en 1846, des églises Saint-Thomas, de
422 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
l'Ascension et de la Sainte-Communion, ainsi que de la chapelle
de la Trinité, tous ces édifices à New-York. Il donna aussi les
plans de Grâce church, de Christ church, de l'église dos Pèle-
rins à Brooklyn (New- York), ainsi que des brdiments de la Tri-
nité el de la « banque du marché aux blés» , à New-York uième.
Cette église de la Trinité est considérée comme le chef-d'œuvie
d'Upjohn, mais il donna aussi les plans d'une quantité d'édifices
religieux, parmi lesquels nous citerons : dansles Etats de l'Est,
la cathédrale de Bangor même, l'église S' Paula (Baltimore), et la
chapelle du collège Bowdoin, à Brunswick même. Outre les édi-
fices qu'on vient d'énumérer, Upjohn construisit aussi quelques
fabriques, beaucoup d'hôtels de ville et de salles d'asseuililées
cantonales, des tomheaux et des monuments commémoralifs,
ainsi que la bibliothèque de l'université deBrown, à Providence
(Bhode-Island), édifices de caractère ecclésiastique avec une cer-
taine tendance au style ogival. Il fut le premier président de
l'Institut des architectes américains, situation qu'il occupa avec
honneur de 1857 à 1876, et membre honoraire del'Iustilut des
architectes britanniques. 11 mourut à Garissons (New-York), le
16 août 1878.
Le lecteur se rappelle le nom d'Ithiel Town, l'auteur de l'ou-
vrage School House archUeclure. En 1829, Town forma un éta-
blissement pour l'enseignement de l'architecture pratique et le
tracé des jardins anglais, et s'associa à un de ses confrères,
Andrew Jackson Davis, né à New-York le 24 juillet 1803,
fils d'un éditeur de cette ville. C'est avec le peintre John Trum-
buU qu'il étudia le dessin el l'architecture; aussi ouvrit-il,
eu 1826, un établissement pour l'exécution des dessins d'archi-
tecture et d'illustrations pour un certain nombre d'ouvrages,
auxquels il ajouta des lithographies et les esquisses des prin-
cipaux édifices de Boston et New-York qui ont été publiés dans
la suite. Ses œuvres principales comme arcbitecle, et dans
lesquelles il se montra également dessinateur paysagiste, sont
l'université de Michigan, Arm Aj-bor, dans le même État, et le
parc de Llewellyn, dans le New-Jersey. On lui doit aussi les
plans de l'ancien Capitole des États de Connecticut, d'Indiana
et de la Caroliue du Nord, de l'asile des aliénés, dans l'île de
Blackwell (New-York), de celui de Baleigh (Caroline du Nord),
de l'université dans la ville de New-York et d'une infinité d'autres
CHAPITRE XV. -'r23
«5di(ices publics et privés. Davis, qui vient de mourir à Llewellyn
Park, le \i janvier 1892, était l'un des fondateurs de l'Institut
des architocles américains et fut le secrétaire de la société qui
est devenue, de notre temps, l'Académie nationale de dessin.
M. William Warren Boyington naquit à SoulhwicU (Massa-
cluiselts), le 22 juillet 1818. Son père, John Boyington, était
maître maçon, mais construisant sur ses propres plans. Tout en
faisant son apprentissage chez un charpentier, le jeune Boying-
ton suivait les cours d'architecture du professeur Slow, de New-
York et de Chauncy Shepherd, du Massachusetts. C'est vers I8i8
qu'il commença l'exercice de sa profession et, parmi ses premiers
travaux, nous mentionnerons la chambre de commerce de Chi-
cago (en style gothique moderne), qui coûta 1,700,000 dollars,
leshàtimentsdelaCompagnie royale d'assurances (en style roman)
dont la construction s'éleva à 750,000 dollars, l'hôlel du Grand-
Pacifique (en style italien), tous à Chicago; l'hôtel Windsor
(Henaissance italienne), coût 800,000 dollars, à Montréal (Ca-
nada) ; à Chicago, la distribution et le réservoir des eaux
auquel M. Boyington donna la forme d'un château gothique ;
la gare du chemin de fer de la compagnie « l'Union », pour
Chicago, Rook-Island et le Pacifique ; celles des compagnies du
chemin de fer du Sud-Ouest, pour Lake-Shore et Michigan ; la
gare du chemin de fer Nord-Ouest, à Chicago ; les docks du che-
min de fer de l'Union pour Cincinnati, Grand-Columbus et Ohio
qui ont quatorze étages et ont coûté un million de dollars ; enfin,
les bâtiments, à Chicago (Exposition universelle de 1893), de
l'État de l'Illinois, qui ont coûté 2.')0,000 dollars.
Né à Lyme (New-Hampshire), en 1801 et mort à Boston en
1890, William Washburn commença par être enirepreneur,
mais, peu à peu, il laissa la consfruclion pour se donner tout
entier à rarcliileclure. C'est surtout h Boston qu'il pratiqua sa
nouvelle profession et il y dressa les plans d'un grand nombre
d'édifices publics et de maisons particulières, parmi lesquels
beaucoup de vieux hôtels, tels que la maison Bcvère, la maison
Américaine, etc., puis Tremont Temple (un Hall public) et la
salle de ville à Charlestnwn (maintenant, nous l'avons déjà dit,
annexée à Boston), ^^'asllburn fut aussi l'archiiecle de l'hôlel
de la C.inquième Avenue, h New-York.
John M. Van Osdel était, lui, fils d'un architecte et, malgré
424 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
son nom hollandais, né à Baltimore (Alaryland), le 31 juillet 1811.
Il apprit la pratique en même temps que la lliéorie de la cons-
truction, en travaillant comme ouvrier charpentier à quelques-
uns des bâtiments dont son père était l'architecte et, plus tard,
il s'établit comme entrepreneur [coiitractor) dans la ville de
New- York. Mais, en 1830, les circonstances l'amenèrent à
Chicago qui était alors une petite ville de fondation récente
et, où il ouvrit le premier cabinet d'architecte qui y eût été
fondé. Après cinq années à peine de séjour dans celte ville, il
était honoré de tous et recherché entre tous ceux qui y exer-
çaient la profession. La période la plus active de sa carrière,
fut celle qui s'écoula entre sa soixante et sa soixante-dixième
année, Chicago ayant dû être rebâti en entier, après sa destruc-
tion tolale par le feu en 1871. Naturellement, ce fut à la
construction des maisons de commerce que Van Osdel con-
sacra la plus grande partie de son talent et de sa vie; cepen-
dant, parmi ses nombreuses conslruclions, quelques-unes
eurent presque le caractère d'édifices publics, par exemple
ces immenses citées ouvrières : la « Palmer House » et la
« Tremonl House » à Chicago, ainsi que les bâtiments de
l'Oriental cl les bàliments des universités à Champaigne, on Illi-
nois, et à Litlle-Rock (Arkansas). Van Osdel est mort à Chicago
à la fin de décembre 1891.
Comme les précédents, M. Stephen Decatur Button, né à
Preston (Connecticut), le 3 juin 1813, avait appris le métier de
charpentier, avant d'être le commis d'un architecte de la ville
de New- York. Il a donné les plans d'une multitude de banques,
d'hôtels, de gares de chemins de fer, d'écoles, de prisons,
d'hôpitaux, de maisons de charité, dans toutes les villes des
États-Unis; mais ses œuvres principales furent la Banque d'Élat
à Montgomery, le collège agronomique d'agriculture du gou-
vernement à Auburn, tous deux État d'Alabama, le tribunal et
la maison des fous à Geltysburg (Pensylvanie), le théâtre de
Chesniit sireet, l'institut du Jardin du printemps et quelques
églises à Philadelphie, l'asile des aliénés de l'État de Delaware,
la salle de ville et sept églises à Camden (New-Jersey). M. Button
exerce encore aujourd'hui la profession d'architecte.
Thomas Ustich Walter était né à Philadelphie, le 4 sep-
tembre 1804, et ayant choisi, dès sa jeunesse, la carrière de
CHAPITRE XV. 425
l'arcliilcotiire, était entré dans l'atelier de Stricldand, dont on a lu
])lus liant la biojiraphie. Il commença la pratique de son art en
1830 et eut à construire, pour son début, la prison de comté de
Philadelphie, commencée en 1831. Deux ans après, il remportait
le premier prix dans le concours ouvert pour l'érection du
collège Girard, à Philadelphie, qu'il exécuta avec un rare bon-
heur. En 18ol, il propose un plan pour l'agrandissement du
Capilole à Washington; ce plan est adopté et les travaux, com-
prenant le magnifique dôme qu'il ajouta à la construction pri-
mitive, étaient achevés en 1807, attachant éternellement le
nom de l'architecte aux deux plus brillants spécimens de l'ar-
cliitecture classique que puisse offrir l'Amérique. On sait que
la nouvelle Cliambre des représentants passe pour une des plus
vastes du monde, ayant 47 mètres de longueur sur 32 mètres
de large et 13 mètres de hauteur. A Washington encore, Walter
donna le plan des agrandissements à faire au Trésor, aux
bureaux des brevets d'invention, aux bureaux de postes et à
l'hùpital du Gouvernement pour les aliénés. Parmi ses autres
travaux, nous citerons la salle Saint-George à Philadelphie et
la digue de l'Aguayra pour le gouvernement de Venezuela. De
plus, il fut l'associé de Mac .\rthur dans la construction de la
nouvelle salle de ville à Philadelphie. Walter était professeur
d'architecture à l'Institut Franklin, dans cette dernière cité, et
second président de l'Institut des architectes américains,
fonction qu'il conserva jusqu'au moment de sa mort, arrivée
à Philadelphie le 30 octobre 1887. Waitei- avait pris ses grades
de docteur à l'Université d'Harvard en 1837.
John Rudolph Niernsee était né à Vienne (Autriche), en
181 i. Fils d'un général au service de l'Autriche, il avait appris
l'architecture dans les ateliers de Kranner, de Prague, et de
Schinkel, de Berlin, avant de venir aux Etats-Unis, ce qu'il fit
en 1837. Là, il fut engagé par le gouvernement comme ingénieur
civil cl se donna tout entier alors à la pratique de l'architecture ;
il fut chargé par l'État de la Caroline du Sud d'ériger la nou-
velle maison d'État à Colombia, mais la construction n'en était
pas encore achevée lorsque éclata la guerre civile qui la
suspendit complètement, et ce qui en existait déjà fut brûlé
par les troupes du général Sherman en 18Go. Plusieurs années
après, on pria Niernsee de faire une réédification de son œuvre,
426 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
lorsque la mort vint le frapper le 7 juin 1888. 11 élait
architecte consultant de l'hôpital John llopkins à Baltimore
(Maryland) et de l'asile des orphelins de couleur fondé par le
même Hopkins; ce fut lui qui dressa les plans de l'hôpital des
aliénés du Maryland, du cUih des marchands, de la Bourse aux
blés et de l'Académie de musique, tous ces édifices dans la même
ville de Baltimore. Il servit dans l'armée des Confédérés pen-
dant la guerre civile, fut membre correspondant de l'Institut
des architectes et ingénieurs autrichiens et, en 1868, nommé
commissaire des États-Unis près l'exposition universelle de
Vienne. Après la mort de Niernsee, son fils Franck, archi-
tecte et ingénieur, donna les plans de l'Opéra à la Lyncbburg
(Virginie) et à Chester dans la Caroline du Sud; après avoir
exécuté tous les travaux de distribution des eaux dans la
ville de Colombia, il a reçu la mission d'achever la maison
d'Étal pour la Caroline du Sud.
James Kenwick est né h New-York même, en 1818, et ce
fui son père, qui était professeur de mécanique, de chimie et
do philosophie naturelle au collège de Colombie dans celte
ville, qui lui donna les premières notions de mathématiques. Il
commença à exercer sa profession en 1841 et fui membre des
associations Renwick et Sands, — Renwick, Auchnilz et Sands,
— Renwick, Aspinwall et Renwick. Il fut l'architecte du conseil
des commissaires pour les maisons d'assistance publique et de
correction de la ville de New-York. Parmi ses œuvres principales,
on peut citer l'église de Grâce, slyle gothique priniilif anglais,
ayant coulé 200,000 dollars, à New-York, la cathédrale catho-
lique romaine de S' Patrik (ogival surbaissé, ayant coîilé
2,500,000 dollars), à Poughkeepsie, le collège de filles de Vassar
(slyle Renaissance, ayant coûté 250,000 dollars), à New-York,
riiôpilal de la Charité (style Renaissance, ayant coûté 200,000
dollars), dans l'île de Blackwell, l'asile des aliénés (style anglais
golliique, ayant coûté 400,000 dollars), dans l'île de Ward à
New-York; le workhouse de la ville de New-York (style go-
thique, ayant coûté 250,000 dollars); l'institution Smithsoninn
(slyle byzantin, ayant coulé 300,000 dollars), à Washington
(district de Colombie), la galerie des arts de Corcoran (style
Renaissance, ayant coûté 250,000 dollars) à Washinglon; la
Bourse des fonds publics (Renaissance, coùl : 250,000 dollars)
CHAPITRE XV. 'i^?
ode lliéàlre de Buotlnslyle Renaissance, coùl : o.")0,000 dollars),
ces deux t^difices à Ncw-Voi-k; l'Iiôpilal dos enfants tronvos
(style Renaissance, ayant coiilé 250,000 dollars) dans l'île de
lîandall, également pour la ville de New-York.
Quoiqu'il soit né dans le comté de Chesler (l'ensylvanie) le
7 mars 1815, Samuel Sloan résida la plus grande partie de
sa vie à l'l]iladel|)liie, où il fut l'arcliilecle de l'hôpilal des fous
de Blookley, de la Loge maçonnique et de la Banque nationale
de commerce, puis nous le trouvons architecte de l'asile public
des aliénés et du Capitule à Montgommery (Alabama). Sloan qui
construisit aussi beaucoup d'hôpitaux, d'asiles et de maisons
particulières aux États-Unis, puis le palais du Gouverneur dans
la Caroline du Nord, est mort à Haleigh (Caroline du Nord),
le 19 juillet 1884, après avoir publié : Y Architecture modèle
(I80O-I8.5I), VArchitecliire des villes et des faubourgs (1859),
Architecture et construction (1859), \ Architecture des intérieurs
et des dessins pour des bâtiments de fermes (1801). 11 fut direc-
teur de \a. Revue de t architecture, commencée en 1869.
Les deux Hatfield, R. G. et Olivier P., très occupés dans la
ville de New-York et très estimés de leurs confrères, à cause de
leur caractère personnel, furent plutôt dos entrepreneurs que de
véritables architectes. H. G. llallield était né à Élizabeth (New-
Jersey) en 1815 et, comme il avait été charpentier dans sa
jeunesse, son attention, pendant toute sa carrière d'architecte,
fut plutôt portée sur le choix et l'emploi des matériaux de
construction; il en est résulté que toutes ses constructions (et il
en a érigé un bon nombre à New-York), sont beaucoup plus re-
marquables par leur solidité que par leurs qualités artistiques.
.\Lus il élait si versé dans la science de la construction, qu'il se
lit une situation exceptionnelle parmi ses confrères qui n'hési-
taient pas, en tonte circonstance, à lui demander ses avis. Parmi
los dessins et les plans qu'il a signés, il y a lieu de citer celui du
grand comble dos magasins du Grand Central railway à New-
York. Il fut un des fondateurs de l'Institut des architecles amé-
ricains et en resta le trésorier, jusqu'à sa mort. Haltleld l'aîné
est mort à Brooklyn (État de New- York), en février 1879, laissant
deux ouvrages : le Charpentier de la maison américaine et Théo-
rie des forces obliques, qui sont deux livres d'une réelle valeur.
Olivier llallield, né vers 1819 et mort à New-York, en
428 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
avril 1891, fui pendant toute sa vie l'associé de son frère aine,
et tous les travaux qu'il fit sont à New-York. Comme l\. G. Hat-
field, auquel il succéda en qualité de trésorier de l'Institut des
architectes américains, il dut l'autorité dont il jouissait beau-
coup plus à la noblesse de son caractère qu'à son talent pro-
fessionnel.
Gridley James Fox Bryant, né à Boston en 181G, fui, au
contraire, un des artistes les plus éminents des Étals-Unis,
comme son père, Gridley Bryant, en fut l'un des premiers ingé-
nieurs. Élève d'Alexandre Parris, il se lança dans les affaires
fort jeune encore el, pendant une vie fort longue et fort occu-
pée, puisqu'il n'a cessé de vivre qu'en 1892, il a été l'auteur ou
l'inspecteur d'un nombre énorme de travaux. Les plus remar-
quables auxquels on doit donner nne menlion spéciale sont :
l'hôtel de ville (1865), et l'église d'Arlinglon streel à Boston
(avec la collaboration toutefois d'Arthur Gilman), l'hôpital de
la ville, la prison de Charles streel, l'ancienne gare de Colony,
le Parker bouse (liôlel de voyageurs) et le greffe des contrats
de construction pour le comlé de Suffolk. A Boston, il a con-
struit le Block Stale streel, le bureau des postes et plusieurs
autres édilices du gouvernement, puis de nombreuses églises,
des écoles et des maisons particulières.
Aux noms de Latrobe et de Walter, les deuK architectes du
Capitule de Washington, il est jusle de joindre celui d'un ingé-
nieur-architecte auquel fut confiée, en 1851, la surveillance
suprême des travaux d'édification du dôme en fer conçu par
Waller et de deux ailes ajoutées au corps de bàlimenl primi-
tif. Il s'appelait Montgomery Cunningham Meigs et était né
à Augusta (Géorgie), le 3 mai 1816. Fils d'un docteur éminent, il
fit ses études à l'université de Pensylvanie et à l'académie mili-
laire des États-tJnis. 11 rejoignit le corps des ingénieurs en 1837
et y fut occupé à des travaux d'art jusqu'en 1832, époque à
laquelle il vint à Washington, où il fut chargé de dresser les
plans et d'établir la construction de l'aqueduc du Polomac
(le fameux pont Cabin John, qui présente les arches les plus
vastes du monde, fait partie de cet aqueduc). Outre ses travaux
au Capitole, Washington doit à Meigs les annexes du bureau
central des postes. Il servit, en qualité de quartior-maître
général, pendant la guerre civile, mais abandonna l'armée
CHAPITHE XV. -i^g
définilivoment en 1 882. Architecle du bureau des pensions achevé
en 1887 et du nouveau Muséum national, à Washington (1876),
il fut nommé membre du conseil établi près du département
de la guerre pour la préparalion des plans des constructions
alTérentfs à ce déparlement, et il mourut le 2 janvier 1892.
Edward C. Cabot est né à Boston (Massacbuselts) en 1818.
Sa grande notoriété vient surtout de ce que pendant sa très lon-
gue carrière il a été regardé par tous ses confrères comme le
doyen de la profession en même temps que le conseiller aimable
et adoré de tous les jeunes architectes.
Un témoignage de celte profonde estime est son élection à la
présidence de la Société des architectes de Boston, qu'il a con-
servée depuis sa fondation en 18G7,elsa nomination de membre
de toutes les commissions en matière d'art qui se sont formées
dans celle ville. Et pourtant, M. Cabot fut obligé, alors qu'il
n'y avait point d'écoles d'architecture dans le pays et fort peu
d'arcbilectes, d'étudier son art dans les livres, et de compléter
son éducation imparfaite par un voyage en Europe. C'est à
Boston qu'il s'établit en 1846 et, parmi ses travaux les plus iui-
portants, il y a lieu de citer 1' <( Albeneum » elle théâtre, ainsi que
le dispensaire Ysatier pour les maladies d'yeux et d'oreilles du
Massachusetts, à Boston. Son association avec M. Fr. W.
Chandler a produit la plus grande partie du bàliment de l'hôpital
John Hopkims à Baltimore (Maryland).
Un de ses élevés, fils d'un jurisconsulte, M. William P. P.
Longfellow, né à Portland (Maine) le 25 octobre 1836, fut quel-
que temps architecte du département des finances, aux Etats-
Unis, et est professeur adjoint de dessin d'archilecture à l'In-
stitut technologique du Massachusetts, mais il consacre presque
tous ses instants à la critique d'art dans le journal American
Archilect and BuildJnfj News et prépare aujourd'hui une vaste
encyclopédie d'architecture, de telle sorte qu'il a abandonné
complètement l'exercice de sa profession.
Detlef Lienau était un Allemand, né à Uelersen, dans le
Holstein, en 1818, mais qui avait fait ses éludes d'architecture
à la fois en Allemagne et à Paris, où il demeura quelque temps
dans l'atelier de Labrouste. Vers 1848, il commença à prati-
quer l'architecture dans son pays, mais après deux années de
séjour en Allemagne, il vint s'établir aux Élals-Unis, dans la
■430 LES AHCIIITECTES PAU LEURS OEUVRES.
ville de New-York, où il demeura jusqu'à sa rnorl, anivéo le
28 août 1887. Ses principales œuvres aux États-Unis sont : la
salle Sainte-Marie à Burlington (New-Jersey), l'Acadéinie dos
sciences et arts Telfair à Savannah (Géorgie), Grâce cliurcli dans
la ville de Jersey et le Panorama à New-York. 11 fut aussi l'ar-
cliitecte de maisons parliculières importantes dans ces deux
villes ainsi que dans la ville de Newporl (Hliode-Island).
Hammatt Billings (Mail né à Boston, en 1819, et dans sa jeu-
nesse élait graveur sur bois ; il étudia rarcliitecture avec Ammé
B. Young. Ses principaux travaux ont été les premiers bàtimenis
de l'Association charitable des mécaniciens du Massachusetts,
l'église Mélhodisle de Tremont street, la seconde église des Uni-
tariens et le hall des Old Fellows, tous ces édifices dans sa ville
natale, et la plus grande partie des constructions du ^^'ellesley
collège, achevé en 1875, à Wellesley (Massachusetts). Il dessina
également le buffet du grand orgue (un des plus complets du
monde entier) qui se trouvait autrefois dans le Music hall, à
Boslon, le monument des Pèlerins, à Plymoutli, et le monument
de Standish, à Duxbury (Massachusetts). Auteur d'illustrations
très appréciées des éditeurs des Etats-Unis, il mourut à New-
York, le 14 novembre 1874.
Ce n'est pas la nécessité de prendre une profession lucrative,
qui fit do John H. Sturgis un architecte distingué; fils d'un ri-
che banquier américain, résident à Londres, il s'adonna au tra-
vail avec énergie et, dans son association avec Charles Brigham,
il donna les plans d'un nombre considérable d'édifices très
coûteux et très remarqués et de plus de cent maisons parliculières
ou d'hôtels à loyers élevés à Boston, où il avait son cabinet, ainsi
que dans les villes des environs. Les plus importants des édi-
fices publics dont il fut l'architecte sont le Musée des beaux-
arts, le club de l'association « des jeunes chrétiens » et l'église de
l'A vent, à Boston, puis les tribunaux de Chicago. Le style vers
lequel se portèrent les préférences de Sturgis est l'ogival anglais
moderne, qui lui était plus familier, grâce d'abord aux éludes
qu'il avait faites, puis à ses relations suivies avec les architectes
anglais. 11 est mort d'ailleurs en .\ngleterre, où il s'était rendu,
pour raisons de sanlé, à S'-Leonard-on-Sea, en février 1888.
Les parents de M. Napoléon Le Brun, Français d'origine,
ainsi que l'indique leur nom, avaient émigré aux Etats-Unis à la
CHAPITHI-: XV. S31
lin du siècle dernier el le jeune Napoléon, né ù IMiilculelpliic
(Pcnsylvanie),le 2 janvier 1821, avait étudié l'architecture dans
l'alelierde Thomas U. Walter. De 1842 à 1846, il fut absorbé
par des travaux particuliers; mais, de 1840 à 1 86 i, nous le voyons
occupéàlaconstruclion delà cathédrale de Philadelphie, de style
roman, sous le vocable des SS. Pierre et Paul, puis de l'Aca-
démie de musique, dans la môme ville, qui coula 350,000 dol-
lars (1855-1859), de la Loge franc-maçonique de New-York, en
style Renaissance, qui coûta 1,500,000 dollars (1870-1874),
des bâtiments delà compagnie métropolilaine d'assurances sur
la vie, dans la même ville. Ce dernier édifice, imitation des palais
de la Renaissance ilalienne, fut construit de 1890 à 1892 et la
somme dépensée à sa construclion dépassa 2 millions de dol-
lars. M. Le Brun qui s'est associé depuis quelque temps ses deux
fils : Pierre L. et Michel L. Le Brun, est membre de l'Institut
des architectes américains et, depuis neuf années, fait partie du
bureau de cet institut.
Français également d'origine était A. -H. Piequenard, décédé
à Springlield (Illinois), le 22 novembre 1876, à l'âge d'environ
cinquante ans, dont il passa la moitié aux États-Unis. Il a atta-
ché son nom à l'église Saint-Louis (Missouri), à laquelle il tra-
vailla; mais ses œuvres capitales sont le Capifole d'État, à Des
Moines (lowa), et celui de Sprinfield (Illinois), dans la construc-
tion duquel il eut un associé^ M. J. C. Cochrane, dont nous par-
lerons tout à l'heure,
Arthur Gilman était né à Newburyport (Massachusetts), le
5 novembre 1821 et avait fait ses premières études au Trinily
Collège d'Hartford (Connecticut). Dès 1844 il se faisait connaître
par la publicalion, dans la revue Nord-Ainérirjiie, d'un article
sur l'archileclure américaine, dans lequel il faisait une charge à
fond contre le dassïque grec alors en granti honneur aux Etats-
Unis et prédisait sa déchéance procbaine comme conséquence
du mouvement qui se produisait en faveur d'un retour à rarclii-
tecture ogivale. Cet article attira l'altenlion, tant aux États-Unis
qu'en Europe où il avait été traduit eu plusieurs langues et, peu
après, Gilman fut invité à faire difVérenI es conférences sur ce su-
jet, à l'Institut Lowel, à Boston; après quoi il alla perfectionner
ses éludes à l'étranger. Dès son retour, à Boston d'abord et à
New-York ensuite, il se trouva à la tète de travaux fort impor-
432 LES ARCHITECTES PAK LEURS OEUVRES.
tants; c'est ainsi que dans la première de ces deux villes, il éleva
les bureaux de la Société d'assurances sur la vie '< l'Équitable » ,
pendant qu'avec la collaboration de J. F. Bryaul, il était l'ar-
chitecte de l'hôtel de ville et de l'église d'Arlington street; à
New-York il élevait aussi pour la société que nous venons de dé-
signer, mais avecla collaboration d'Edward H. Kendall, une très
importante construction et, dans le même État de New- York, à
Cliflon (Slaten-Island), une église. Nous ne terminerons pas la
biographie de Gilman sans rappeler son plaidoyer éloquent pour
rattacher à Boston le district de « Back Bay », dont la réunion
a eu pour résultat considérable la création de l'avenue de Com-
monwealtli. Ajoutons qu'il mourut à Syracuse (Etal de New-
York), le 11 juillet 1882.
Le nouvel hôtel de ville de Philadelphie commencé en 1874,
l'un de ceux pour lesquels on a le plus dépensé aux États-Unis,
et qui n'a pas demandé moins de vingt années de construction,
est l'œuvre d'un architecle écossais d'origine, venu en Améri-
que à peine âgé de dix ans : John Mac Arthur, né à Blodenoch,
le 13 mai 1823. Il était apprenti charpentier, mais pendant ses
loisirs, il dessinait et étudiait les principes de l'architecture et
devint le contre-maître de son oncle, alors chargé de la cons-
truction de l'hôpital de Pensylvanie, à Philadelphie. Aussi en
1848, était-il nommé architecle et inspecteur des travaux de la
nouvelle Maison de refuge de Philadelphie. C'est à la suite d'un
concours qu'il obtint d'en élever l'hôtel de ville, ainsi qu'on
vient de le dire, puis l'hôtel des Postes; mais il refusa l'emploi
d'architecte inspecteur pour le gouvernement des États-Unis
d'Amérique. Il préféra se livrer à de nombreux travaux, parmi
lesquels nous devons mentionner les hôpitaux maritimes de
Philadelphie, d'Annapolis (Maryland) et de Mare Island (Cali-
fornie), l'asile général des aliénés à Danville et à Waren
(Pensylvanie), le Collège La Fayette à Easton, dans le même État,
les hôtels Lafayelle, Girard et de la Colonnade, à Philadelphie,
les bureaux de la Dette publique, la première Banque nationale,
la Salle des Assemblées et l'église des Presbytériens de Broad
street, puis les diverses maisons de George W. Cliilds, tant dans
cette ville que dans les environs et il mourut en janvier 1890.
Edwin May, qui mourut à .lacksonville (Floride) le 27 fé-
vrier 1880, âgé d'environ cinquante-six ans, avait pratiqué acli-
L. VAUDOYER
rjlAlMTIlK .\V. 433
vcmenl la profession d'archilec^lu pondanl viiigl, ans à Indiana-
polis. Dans cet Étal, il a construit presque tous les tribunaux,
loules les prisons et des établissements publics, parmi lesquels
il y a lieu de mentionner particulièrement la Northern Prison
(1858) et le nouvel hospice des aliénés (1880); mais la plus im-
porlanle des œuvres de May fut le nouveau Capilolc d'indiana-
polis, dont les travaux étaient commencés au moment de sa
mort.
Bohémien de naissance, puisqu'il naquit à Prague, vers 1823,
Leopold Eidlitz reçut les premières notions de Tarchitecture
dans les écoles polytechniques de Prague et de Vienne. \(i\\n aux
États-Unis, on ne sait à quelle époque, il ne s'attacha pas parti-
culièrement à une région. C'est ainsi qu'à New- York, on cite de
lui la Banque d'Épargne, le Dry Dock et le Temple Emmanuel,
tandis que, associé avec H. H. llichardson dans l'exécution
de la Chambre fie l'État de New-York, à Albany, il fut l'architecte
de la Chambre des représentants et de ses annexes.
On doit à son fils Cyrus L "W. Eidlitz, également architecte,
la bibliolhèque publique de Bullalo, le Racquet-CIub à New-
York et l'hôtel du téléphone dans la même ville.
Quoique portant un nom qui lui assigne une origine française,
M. William Le Baron Jenney est né à l'airhaven (Massachu-
setts) le 2o septembre 1832, d'un armateur, mais il fit toutes ses
études comme ingénieur et architecte cà l'École centrale des aris
et manufactures de Paris et en sortit avec son diplôme en 1856.
A son retour en Amérique, il fut attaché comme ingénieur en
chef à la Compagnie du chemin de fer deTehuanlepec, établi sur
l'isthme de ce nom, puis, arrivant la guerre de Sécession, il fut
nommé aide de camp, chargé du service du génie dans l'élat-
niajor du général U. Crant. C'est ainsi qu'il prit part aux sièges
du fort Henry, du fort Donelson et à la bataille de Corinthe.
Ensuite, il servit dans l'état-major du général Sherman : il était
chef du corps du génie, dans la cinquième armée, au siège de
Wicksburg et rejoignit avec ce grade l'armée du Tennessee, La
guerre terminée, il quitta l'armée avec le grade de major du
génie. Comme archilectc, il a doté Chicago (Illinois) d'un cerlain
nombre d'édifices importants : l'église dile : Grâce episcopal
chur(-h, le club de la Ligue de l'Union, les bâlimenls de la
<t Home assurance », la maison Leilcr, assurément un des plus
III 28
434 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
grands magasins du monde, puisqu'il couvre une superficie
de 40 i pieds (américains) sur 14i et qu'on y compte huit
étoges. M, Le Baron .lenney fut l'un des dix architectes invités
à dessiner les Ijùlinienls de l'Exposition de la Colombie, à
Chicago, et on lui a confié le pavillon de rhorlicullure. Il se
prétend d'ailleurs, avec raison, l'inventeur de ce mode de cons-
truction connu en Amérique sous le nom de Méthode de Chl-
caijo et qui consiste à l'aire porler le poids de l'édifice entier
sur des colonnes placées étage par étage.
M. J. A. Wrydagh est Belge, étant né à Louvain vers 1833
et ayant l'ait ses études d'architecture à l'école des beaux-arts
de cette ville. La date de son ariivée aux États-Unis n'est pas
connue, mais il y arriva sans doule vers 18G0. Il est l'auteur de
l'Opéra et d'une église proleslante allemande à Terre-Haute,
des bàliments de l'université Asbury à Greencastle, dans l'Etat
d'Indiana; c'est lout ce que nous savons.
Fils d'un constructeur, M. Âddison Hutton est né dans le
comté de Westmoreland (Pensylvanie), le 28 novembre 1834.
Élève d'abord de l'architecte Samuel Sloan, il ne larda pas
(1864) à former avec lui une association qui a produit la biblio-
thèque Bidgway Branch, de Philadelphie, bàliment de style
dorique qui coûta 600,000 dollars, l'église commémoralive
Parker, dans le sentiment du gothique anglais contemporain, à
South Bethléem (Pensylvanie) et les bàlimenis de la Société des
jeunes chréliens à Philadelphie, imités de la Renaissance fran-
çaise; on doit encore à M. Hutton quelques parties du col-
lège d'Havcrford dans la « Lehigh uuiversily », la bibliothèque,
le gymnase, le laboratoire, etc.
Emlen T. Penchard Littell, né vers 1836 à Philadelphie,
mori à New-York en mars 1891, se voua à l'architecture reli-
gieuse, apportant dans l'étude de ses plans une inlelligence supé-
rieure et une connaissance parfaite de son art, qui lui ont
souvent été enviées par ses confrères. 11 a construit aux États-
Unis un nombre prodigieux d'églises el de chapelles, mais le
plus souvent dans de petites localités. Cependant on peut citer
de lui, comme œuvres très im|iorlantes, l'église de l'Incarnation,
dans l'avenue lAIadison à New-York, et le marché Jell'erson dans
la même ville, puis, à Philadelphie, l'église Saint-Jacques.
Jacob Wrey Mould naquit à Chislehurst, Angleterre,
CHAPlTltK XV. 4:$3
Cil 1825, cnlni dans l'atelier de John Owcn, rédigea avec lui
la remarquable « Grammaire de l'Ornement » et fut son colla-
borateur à l'Alhambra. Émigré aux États-Unis vers 1853, il fut
chargé, aussitôt son arrivée, de dessiner les pavillons du parc
Central, à New-York, qui venait d'être créé. Nommé architecte
en chef, il abandonna sa situation pour aller à Lima où de
très fructueux travaux lui avaient été promis. Mais l'enlreprise
échoua et il revint aux Elals-L'nis. Il a laissé à Boston l'église
de la Sainle-Trinité et celle de Tous-les-Saints et y est mort
le 14 juin 188(3.
Anglais aussi, Frederick Clarke Withers avait vingt-quatre
ans lorsqu'il arriva aux Élats-Unis en 1852, puisqu'il élait né à
Shepton-Mollet iSomerselshire) le 4 février 1828, et avait élé
élève, à Londres, de Thomas Henri Wyatl. Ayant commencé à
exercer la profession d'architecte en 1855, il forma, avec Fre-
derick Law Ohmsted et Calvert Yaux, une associaliou qui dura
de 1863 à 1871. Architecte au département de l'assistance
publique et des maisons de correction à New-York, il cons-
truisit l'Institut des sourds-muels de Colombie, à Washington
(district de Colombie! en style ogival anglais, dont la dépense a
été de 250,000 dollars, l'hôpilal de l'État de la rivière d'IIudson
à Poughkeepsie (Élat de New-York), qui coula 000,000 dollars,
le tribunal de Jefferson Market avec la prison, dans le même
style que l'Institut des sourds-muels (coût : 350,000 dollars) pour
la ville de New-York, le monument Astor Reredos, l'église de la
Trinité, en style ogival perpendiculaire, dans la même ville, et
la chapelle du Bon-Pasteur, imitée des églises anglo-normandes,
dans l'île de Blackwell, aussi à New-York. M. Withers a écrit
en 1873 un ouvrage sur V Architecture relic/icuse et a été
secrétaire de l'Institut des architectes américains.
Henry ou plutôt Heinrich Fernbach était Allemand, né
en 1828 à Breslau et élève de l'académie de Berlin; mais il
émigra aux États-Unis en 1855 et, avec le temps, finit par faire
un architecte de valeur. On a de lui, en Amérique, l'orphelinat
Israélite, les bâtiments du journal le « Staats Zeilung » et la
banque d'épargne allemande, tous ces édifices à New-York.
Fernbach est mort subitement dans son cabinet en novem-
bre 1883.
C'était aussi un étranger que l'architecte David Jardine,
«(i I.ES AHCIUTECTES PAR LEURS OEUVRES.
né en Écosso, à W'iiithoni, le 25 jiiillol I8J0, el qui est niorl
dans Ici ville de ^'e^v-Yol•k en juin 1892. Fils d'un archilecle,
il pri^léra couiir le monde et vint s'clablir aux États-Unis,
à New-York, à poine àg(^ de vingt ans. En collaboration avec
son fi'èie John Jardine, il fui l'architecte des édifices dont suit
l'énuméralion, lous dans la ville de New-York : l'église des
Presbytériens, en ogival primaire, qui coûta 150,000 dollars,
le Uaplist Home pour la vieillesse, consiruclion en gothique mo-
derne ù la façon des Anglais, la synagogue Rodolf Scliolom
(Mooriahj le Collège médical de l'université, en ISenaissancc
italienne (moderne), un liôlcl de voyageurs, l'iiôlel Vilbroham,
en style roman, dont la dépense s'est élevée à 35,000 dollars,
le bâtiment de l'Alpine, en roman également, qui a coulé
300,000 dollars.
Membre correspondanlderAcadémie des bcaux-aris, de la So-
ciété centrale de.s architectes français, del'hislitut des architectes
britanniques, de laSociétédesingénieurset archilectesautrichiens
h Vienne, de l'Académie de Saint-Luc à Rome, chevalier de la Lé-
gion d'honneur et récemment président de la Société des archi-
tectes américains, M. Richard Morris Hunt est né àBrallebow
(Vermont) le 31 octobre 1828. Elève, à Paris, de l'Ecole des beaux-
arls et del'arcliitecle Lefuel, ilfutl'inspecteur de ce dernierpen-
dant les travaux de laréunion du Louvre aux Tuileries. A son re-
tour en Amérique, M, Hunt entra dans la carrière en 1855 et,
grâce fà sa situation, rencontrades occasions superbes de réunir un
grandnombrede Iravaux. Parmi eux.labibliothèque LenonàNcw-
York, le monument de Yorktown, le piédestal de la statue de
la Liljerté du scul|)leur Harlholdi, les bâtiments de l'adminis-
tration de l'Exposition universelle de Chicago, outre une quan-
tité de maisons de commerce et d'iiabilations privées. Estimé de
lous ses confrères, M. Hunt a été nommé membre du jury à
l'Exposition du Centenaire de 1870, après avoir fait partie du
jury de l'Exposition de Paris, en 1807.
Eils d'un genlilliomme quiavail pris une pari aciive au mou-
vemenldontle résuUatfutrémancipaliondes nègres, M.Charles
Follen Mac Kim est né dans le comté de Chester (Pensylvanie)
le 24 août 18i7. Élève de l'École des beaux-arts de Paris, il
commença sa profession aux Étals-Unis en 1872 et est le doyen
de la société Mac Kim, Mcad et W'Iiite qui a couvert le pays de
CIlAPITIiK W. 437
conslniclioiis importantes, mais ses œuvres les plus considérabU'S
sont : le palais de l'Agriculture à l'Exposition universelle de
Chicago et la bibliothèque publique de Boston dont la dépense
s'est élevée à deux millions de dollars. Personnellement, M. Mac
Kim jouit d'une très grande autorité auprès des jeunes archi-
tectes pour lesquels il a fondé deux bourses de voyage riche-
ment dotées; aussi ses décisions sont-elles généralement res-
pectées au Déparlement (?) du collège de Colombie, à New-
York.
Un arcliitecle d'édifices religieux est M. Richard M. Upjohn,
fils d'un architecte anglais, né à Shaflcsbury, le 7 mars
1828, qui avait étudié son art dans l'atelier de son père,
lequel arriva aux Étals-Unis en 1829. Ses œuvres les plus im-
portantes sont : l'église presbytérienne de New-York, l'église de
Sainl-Pierre d'Albany, dans la même ville, l'église de la Con-
grégation centrale à Boston (Massachusetts), celle de Saint-Paul
à Brooklyn (New-York), l'église de la Trinité h New-Uochelle et
encore le Palais du gouvernement à Hartford (Connecticul)
qui a coûté un demi-million de dollars.
M. Elijah E. Myers, filsd'un fermier, commença par travailler
comme charpentier et menuisier, tout en faisant de sérieuses
éludes pour devenir architecte. Né à Philadelphie le 20 dé-
cembre 1830, il y ouvrit son cabinet en 18o7; mais arriva la
guerre de Sécession pendant laquelle il servit avec le grade de
colonel du génie. M. Myers a construit un nombre considé-
rable d'édifices publics : la Chambre d'État à Austin (Texas),
la Chambre d'État à Lansing (Michigan), la Chambre d'État à
Denwer (Colorado), le Capitule de l'LUah qui coûta un million de
dollars, le Capitule de l'Idaho, l'hôtel de ville de Hiclimond
dont la dépense de construction s'est élevée à un million et
demi de dollars, l'hôtel de ville de Grand-Bapide (Michigan),
puis plus de soixante édifices religieux et de cinquante tribunaux,
plus, enfin, six asiles d'aliénés dont le plus remarquable est celui
de Pontiac (Michigan) qui a coûté 1 million de dollars.
E. Townsend Mix, né à New-llaven (Connecticuti en 1831,
entra à l'âge de dix-sept ans dans l'atelier de Stone l'aîné, un
des architectes les plus en vue de ce temps, exerçant dans la
Nouvelle-Angleterre [Netv-Engkmd), et y demeura sept années.
En 1855, il vint à Chicago et enira dans celui de W. W. Bovins-
4.W LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
ton, mais, Tannée snivante, il se retirait à Milwaiikee (\\'isconsin)
et y ouvrait un cabinet à son propre nom. Dans cette région, il
acquit la réputation d'un habile praticien et la conserva jusqu'à
sa mort arrivée à Minneapolis, dans le Minnesota, le 23 sep-
tembre 1800. Ses œuvres principales sont : le Capilole de Topeka
(Kansas), Temple Court, les bâtiments du « Globe » et ceux du
Mont-de-Piélé à Minneapolis, la Chambre de commerce à Ply-
mouth, les églises Saint-Paul et de la Grande-Avenue, la
maison Plankugton et la Maison de retraite des soldats à
Milwaukee (Wisconsin),où il construisit aussi la galerie artistique
deLeylon,sur les dessins de l'architecte anglais \\illiam Audsley.
Le frère du premier maître de E. T. Mix, iM. Alfred Stone,
est né à East Machias (Maine), en 1834 et a étudié l'architec-
ture dans les ateliers de Arthur Gilman, d'Edwin Lee Brown et
d'autres archilectos encore. En 1804, il devint membre de la
société Stone, Carpenler et Stone, Carpenter et Wilson. Nous
citerons parmi ses œuvres les plus imporlanles : à Provi-
dence (Pihode-Islandi, le tribunal de comté, la prison de l'Élat
de Rhode-lsland à Crauslon, ainsi que les bâlimenls de Tas-
sislance publique, ceux de la Sociélé des jeunes cliréliens,
à Providence, ainsi que le gymnase universitaire Brown, qui
a coulé 140,000 dollars. M. Stone est, au moment où nous
écrivons ces lignes, président de l'Instilul des architectes amé-
ricains.
L'un des Américains qui a le plus contribué à faire con-
naître au delà de l'Océan les œuvres de nos architectes fran-
çais esl, sans conlredil, M. Henri van Brunt, qui a traduit les
Entretiens sur F Architecture de Yiollet-le-Duc, a écrit de nom-
breux articles sur la matière dans la revue « Atlanlic Montlilv »,
dans le « Century Magazine » et dans plusieurs autres publications
traitant de la science archi tectonique. Né à Boslon le 5 sep-
tembre 1832 el ayant achevé ses cours à l'université d'Harvard
(Cambridge), il devint l'élève d'abord d'un architecle anglais
établi à Boston, M. George Snell, puis de M. Hichard M. Ilunt,
de New-York. Il commença à exercer sa profession en 1865 et
fonda bientôt une société sous la raison sociale Ware et van
Brunt, puis van Brunt et Howe. Le Mémorial Hall de l'univer-
sité d'Harvard, consiruction ogivale à la manière anglaise, qui
a coiité 4oO,000 dollars, à Cambridge (Massachusetls), le dock
CHAPITRE \V. ^'^^
du clieniin de for à W'orcester, même Élal, la première église
de Boston, l'école épiscopale de lliéologic de Cambridge et
l'église Sainl-Étienne à Lyon (Massacluiselts), sont des édifices
sortis de l'atelier \\'are et van Rrunt. L'association de ^L Bruni
avec Frank M. Howe a produit la bibliothèque de l'université
deMichigan, à Lansing, dans cet Etat ; la bibliollièque publique
de Cambridge (Massachusetts), les docks du chemin de fer h
Ogden (Utah), el à Chayenne (Wyomingl, les bâtiments de
l'exposition d'électricité dans la construction desquels l'archi-
tecte s'est inspiré de la Renaissance italienne, l'un des princi-
paux pavillons de l'Llat de Colombie à l'Exposition internatio-
nale de Chicago, ainsi que des pavillons annexes h cette
exposition et une foule de constructions moins im|)ortantes.
L'associé de M. van Brunt, M.William Robert Ware, est mi
à Cambridge (Massachusetts), le 27 mai 1832. Fils d'un clcr-
gymau, il accjuit les premières notions d'architecture à l'école
scientifique Lawrence de Cambridge, puis fut successivement
élève de Edward C. Cabot, architecte à Boston, et de Bicliard van
Hunt, architecte à New-York. 11 commença la pratique de l'ar-
chitecture pour son compte en 1800, mais, de 1803 à 1881, il
fut, ainsi qu'on l'a dit, l'associé de M. van Brunt, et la so-
ciété fut fondée sous la raison sociale Ware et van Brunt
de Boston. Auteur d'un ouvrage intitulé Pcrspec/ire moderne
avec texte et plans, il fut professeur, de ISGo à 1881, à l'école
technologique du Massachusetts à Boston; nommé en 1881, il
est encore aujourd'hui professeur de la classe des mines an
collège de Colombie, ville de New-York. Nous avons indiqué
dans la précédente biographie, ses ouvrages à Cambridge, en
collaboration avec M. van Brunt; la première église de Boston,
la gare des voyageurs delTnionc'i Worcester (Massacluiselts) et
l'Ecole américaine d'archéologie, à .Uhènes, sont les œuvres
personnelles de M. ^^'are.
Élève de l'architecte John Priest, M. Henry Martin Congdon
est né à Brooklyn (État de New-York) le 10 mai IS3i. Il est
l'auteur des édifices suivants construits depuis l'année 1859 : la
maison Merey, à laquelle il a donné les formes ogivales i-tqui
coûta 250,000 dollars, à Inwood, l'église Saint-André, ville de
New-York, deux églises dites Slaukis Church, l'une à German-
town (Pensylvaniei dont la dépense s'est élevée à 7o,000 dollars,
440 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVIIES.
l'auh'e à Libanon (Pensylvanie), qui coula 100,000 dollars,
C-lifisl Cluircli à Danville (Virginie), Christ Cluirclià l'ortsmoiilh
(New-IIanipshire) et la calliédrale de Topeka dans le Kansas,
consirnite en 1889.
Quoique les deux frères Sims aient élé (eus les deux archi-
tecles, leur biographe ne nous dit pas qu'ils se sont associés
pour produire les œuvres dont nous allons donner la nomen-
clature; c'est donc bien deux biographies indépendantes que
nous avons à présenter au lecteur. Henry Augustus Sims, né à
IMiiladelphie en 1832 et mort le 10 juillet 1875, fit ses premières
études dans sa ville natale; puis, ayant le brevet d'ingénieur civil,
il joignit à sa profession celle d'architecte el, à ce titre, fit quelques
constructions au Canada qu'il habita d'abord. Revenu à Phila-
delphie en 1860, il fut l'archilecle de la Maison de charité du
comté de Monigommery (Pensylvanie), du tribunal de Hagerslown
(iMaryland), delà seconde église des Presbytériens à Philadelphie
et de plusieurs autres édifices religieux, ainsi que de nombreuses
résidences privées. Longtemps chargé, comme secrétaire, de la
correspondance étrangère de l'Institut des architectes améri-
cains, il a donné le plan général de l'Exposition du Centenaire
ouverte à Philadelphie en 1878.
Sims Junior, prénommé James Peacox, était né à Philadel-
phie en 1849, fit ses premières éludes à l'université de Pensyl-
vanie et reçut de son frère les premières leçons d'architecture.
Tout ce que nous pouvons en dire, c'est que les églises, les
hôtels et les habitations privées qu'il consiruisit furent presque
tous élevés à Philadelphie ou dans les environs et qu'il mourut
dans celle ville le 20 mars 1882.
La vieille église Sud de Boston, la première église «. univer-
selle » de Lynn (Massachusetts), la chapelle, la bibliothèque et
l'académie Phillips à Andover dans le même État, sont les œu-
vres de M. Cummings (^Charles Amos). Né à Boston en 1833,
il étudia l'architecture avec G. J. F. Bryant et compléta ses
études en Europe. Les nombreux hôpitaux, les écoles, leshôlels,
les théâtres, les maisons de commerce et les résidences particu-
lières dont il fut l'archilecle, surtout à Boston ou dans les
environs, portent tous le caractère d'une sorte de slyle ogival
tlorenlin qu'il fut le premier à adopter aux Étals-Unis.
M. Jeremiah O'Rourke, né à iHiblin (Irlande), le 6 février
CllAI'lTIU': W. •'•''!
1833, arriva aux Élats-lJnis en 1850, mais c'esl dans les t^coles
publiques de dessin de Dublin qu'il avait, acquis les éléments de
son instruction professionnelle. Aussi commença-t-il, dès 1850,
ses premiers travaux d'arcliitcclure. Parmi eux, il y a lieu de
citer le collège de Selon-Hall h Soutli Orange (New Jersey),
l'église de Saint-Paul-Apôtre à New-York, l'église delà Sainte-
Croix à Harrison, l'hôpital Saint-Michel à Newark, l'église Saint-
Jean à Orange et le monastère des dominicains, aussi à .Newark.
Pour la construction de tous ces édifices situés dans le New-
Jersey, l'architecte a emprunté les formes du style ogival qu'il
alfectionne parliculièrement.
M. Henri Walker Hartwell est né à Boston (Massachusetts)
le 4 septembre 1833. Fils d'un peintre de portraits, il fut l'élève
de Hammalt et de Joseph E. iJillings. Associé jusqu'à ce jour
de M. Hichardson sous la raison sociale Hartwell et Richardson,
il a construit, au nom de l'association, la jetée de Borden qui a
coûté 400.000 dollars et l'église Centrale, ces deux ouvrages à
Fall Hiver (Massachusetts), l'école normale d'art, le Temple spi-
rituel et l'hôtel des Jeunes Compagnons dont la dépense s'est
élevée à 530,000 dollars; ces trois derniers édifices à Boston.
L'architecte dont nous allons relater en quelques lignes la
biographie occupe une place dans notre ouvrage, moins à cause
de sa valeur comme artiste qu'à cause de la situation politique
imporiante qu'il eut aux Elats-IInis. Il s'appelait A. H. Mullet
et était né en 183i. Mis à la télé de l'un des bureaux les ])lus
importants du déparlement de la Trésorerie des Etats-Unis, il
fui chargé de la surveillance et de l'entretien de tous les bâti-
ments du gouvernement, et on peut dire qu'il développa cette
importante branche de service avec une extraordinaire habileté,
lorsqu'on pense que, sous son administration, les opérations
architecturales exécutées entraînaient une dépense de trois à
quatre millions de dollars par année, dépense nécessitée par
l'obligation où le gouvernement s'est trouvé d'élever, dans un
temps relativement court, une quantité d'édifices destinés à son
service dans chacune des grandes villes des Etals-Unis. C'est
sous la direction de Mullet que furent préparés tons les plans
des bureaux de poste établis à New-York, à Chicago, à Boston,
à Cincinnati, ainsi que dans les villes moins considérables, dans
certains bourgs même des Étals-Unis. Les plans du ministère
-142 LES ARCHITECTES PAU LEURS OECVRES.
d'Etat (guerre et marine), à Washintglon, avaient é\é également
élablis sous sa surveillance lorsqu'il se suicida, le 20oclobre 1890.
Henry Hudson Holly, né à New- York vers 1834, fut l'archi-
tecie de nombreuses églises et de plusieurs liôlels de ville, c'est
lui qui dressa les plans de l'inslilut mililaire de \irginie à
Lexington (Virginie), de l'université du Sud à Sewance (Ten-
nessee) et de la chapelle commémoralive de Saint-Luc càSlamford
(Connecticut). 11 mourut à New-York le 5 septembre 1892,
auteur de deux ouvrages ayant pour titre, l'un : Biaisons de
campagne et l'autre : Archiiecture religieuse.
\1\\ des vice-présidenis de rin-^litul dos archiiecles améri-
cains, M. James W. Mac Laughlin, a altacbé son nom à plu-
sieurs des édifices importants des Etals-Unis; nous citerons : le
tribunal du comté de Wayne à Ricbmond (Indiana) qui ne coûta
pas moins de 400,000 dollars, le Muséum d'art et l'Académie
des beaux-arls à Cincinnali, la bibliothèque publique et le tri-
bunal du comté d'Hamillon icoùl 000,000 dollars), tous deux
dans la même ville. iM. .Mac Langblin est né à Cincinnati (Ohio),
le 1" novembre 1834, a appris l'archilecture dans l'alelier de
James K. Wilson et a commencé sa carrière vers 18oo.
C'était plutôt un arcbilecle d'hôlels et de maisons à loyers
que celui de l'immense bâtisse appelée « la maison Berskshire »,
l'une des premières do ce genre qu'on ait construite à New-
York. Cari Pfeiffer, Allemand do naissance, né dans le
Brunswick, en 1834, arriva aux États-Unis vers 1850, possesseur
du double brevet d'ingénieur el d'arcliilecte et, après une expé-
lience acquise par jilusieur^ années de travail dans les Élats de
l'Ouest, il vint s'élablir on 1864 à New'-York, où il se fit une
situation fort lionorable parmi les arcliilectes de l'Amérique, à
telle preuve qu'il a été nommé, l'un des premiers, membre de
l'Institut des archiiecles de ce pays. L'une des œuvres les plus
importantes de Pfeiffer et qui lui ont fait le plus d'honneur est
assurément la vaste église dos Presbytériens de la Cinquième
avenue, connue aujourd'hui sous la désignation de : église du
D' Hall, donl l'acoustique et les dispositions intérieures sont
telles, que l'hygiéniste, capitaine Douglas Dalton (un .Anglais et
par conséquent un juge prévenu, dit sou biographei, a déclaré
que cette église était « la mieux chauffée et la mieux ventilée de
Ions les édifices religieux de l'Europe ». .\ mentionner aussi,
cil A p mil': XV.
u:\
comme œuvres de PfeilTer, réglise du Messie dans la Trente-
quafrième rue, l'école d'équilalion de la Cinquième avenue et
riiôpital Roowelt, à New-York (''gaiement. Il ne nous reste plus
qu'à fairo savoir au lecleur que Pfeiffer est mort dans un
voyage qu'il fit dans le Sud des États-Unis, au printemps de
1888, et que tous ses plans d'habitations particulières ont été
réunis en un atlas publié sous le litre : American immsions and
cottages.
M. Samuel Haiinaford, associé de M. Anderson pour la
construction de tous les bureaux de douane et de poste à Cin-
cinnati, de 1874 à 1885, était né dans le Devonsliire en Angle-
terre, vers 183o. 11 émigra aux États-Unis on 1844, fit ses études
d'arcliiteclure dans l'atelier de J. il. Ilamilton et commença en
1858 à exercer la profession d'architecte. Ses œuvres les plus
importantes à Cincinnati sont l'hôtel de ville, dans les formes
du style roman, auquel on a dû consacrer 1,250,000 dollars,
une salle de concerts, les bâtiments de l'Exposition, la maison
de charité (Workhouse), qui en a coûté 500,000, le Grand Hôtel
et la Loge des Vieux Frères {0/d Fellows temjile), ordre des indé-
pendants.
Le plus ancien des membies de l'association foi'mée sous
la raison sociale Gardner, Pyne et Gardner, M. Eugène
C. Gardner, s'est fait connaître surtout par certaines publica-
tions : les Hahitations et la manière de les établir, les Habitations
illustrées, Intérieurs dWuibitations, le Sens commun et la construc-
tion des églises, les Maisons quon élèvera dans l'avenir, Ecoles de
villes et de campagnes, etc. Gardner est né à Ashfield (Massa-
chusetts) le 28 mars 183G et a étudié l'architecture dans l'ate-
lier de M. Washburn, architecte à Springfield, dans cet État.
On peut citer de lui les habitations de M. J. H. Appleton, de
l'honorable sir Ryron Weslon et de M. J. A. Crone, dont cha-
cune à coûté de 50,000 à 60,000 dollars, puis l'hôpital de
Springfield, l'hôpital H. W. Grady, à Atlanta (Géorgie) et l'hô-
pital William Backus à Norwich (Conneclicut) dont la dépense
s'est élevée à 125,000 dollars.
Voici un architecte américain qui, quoique élevé à Vienne et
ayant reçu l'enseignement (allemand) du professeur Beale, a
donné ses préférences au roman français et à la Renaissance
française. Il est vrai que ^L Josiah Cleveland Cady, néà Provi-
444 LES ARCHITECTI'S PAU LEURS OEUVRES.
(lencc (IJliodoIsIandi, le 31 (lécoml)rc 1838, avait aussi jiasst^
en dernier lieu, par l'atelier de son compalrioLe Ale.\ander
J. Davis, arcliilecte de Nev.-York. Ses Iravaux les plus remar-
qués sonl : le Muséum d'iiistoire naliirelle (en slyle roman) qui
coûta presque 800,000 dollars, l'iiùpilal des presbytériens (style
italien) dont lecoûtaalteinl un million, l'Opéra delà ville, imita-
tion de la Renaissance française, pour lequel on a dépensé
1,700,000 dollars, el la banque nationale Gallatin (arcbitecture
française), tous ces édifices à New-York; de lui sont aussi les
briliments du collège Yale à New-Haven (Conneclicnt), dans lequel
M. Cadv a également imilé notre arcliiteclure.
M.William 'Wheeler Smith, né à New-York en 1838, puisa
ses connaissances comme architecte dans l'atelier d'un archi-
tecte de cette ville, James Henwick, et au collège de l'université
à Londres. Mentionnons parmi ses œuvres : l'église collégiale
protestante allemande dans la Muarante-huitième rue et la
Cinquième avenue, le grand magasin de MM. W. Ej. Sloane, rue
Broadway et (Juatre-vingl-dix -neuvième rue, le collège des méde-
cins et chirurgiens, l'hôpital d'accouchement Sloane et la cli-
nique Vander Bill construits dans la Cinquante-neuvième rue el
dans la Dixième avenue, ainsi que la clinique opératoire de
William J. Syms et l'hôpital Roosewelt également à New-York.
M. Peter Bonnet Wight est aussi un Américain de New-
York où il est né le t " août 1838; mais, lui, fit loute son édu-
cation aux Étals-Unis, au collège de celle ville d'abord et ensuite
dans l'atelier de l'artiste Paul Peter Duggan. 11 commença par
publier une monographie de l'Académie nationale de dessin avec
des illulrations en photographie, puis des brochures ayant pour
litre: Rapports de l'architecture avec les assurances ei Phases du
développement des beaux-arts en Amérique. Ses œuvres les plus
importantes sont : l'Académie nationale de dessin à New-York
aciievée en 1863, l'école (Yale) des beaux-arts achevée en 1807
à New-Haven (Conneclicut), la bibliothèque de Brooklyn (Etat de
New-York), la résidence de M. Blackford à Chicago, les écuries
de la compagnie américaine l'Express à New-York (1862).
.M. Wight a été secrétaire de l'Institut des architectes américains
pendant les années 1870-71 cl président de la Société régionale
des arcliilecles de Chicago en 1872.
Fils d'un inventeur, .M. Stephen Decatur Hatch, né à Swan-
CHAPITRE XV. ''«
Ion i^Nornon) le 10 février IH3U, put loiil de suite obLenir la
situalioii d'un inspecteur de consiruclions, ce qui ne rempêcliu
pas d'étudier l'arcliilecture dans l'atelier de John 13. Sneck, de
New-York. Il commença à exercer la profession en 18Go cl,
ayant été nommé architecte au département de la guerre des
Etats-Unis, fut chargé de la construction de tous les postes mi-
litaires à NcAY-York. Architecte des commissaires de Quarantine
(Etat de New-York), il lit pour enx des constructions s'élevant à
303,000 dollars. Pour des particuliers, il éleva l'hôlel Mnrray llill
dont le prix s'éleva àl million iiOO, 000 dollars, lainaisonGilsey(en
style Renaissance) qui a coûté 450,000 dollars, l'institution de
VLnion dune sacings (caisse d'épargne), imitalion des édifices
français construits sous le second Empire, la maison ù loyers de
iJurlinglon, la maison lîoreel (coût : 300,000 dollars), la caisse
d'épargne de Manhattan (de style roman), qui coûta le même prix,
tous ces hàlimenls à New-York ; puis l'université Fiske à
Nashville (Tennessee) et le séminaire Drew à Morristowne.
Architecte à Philadelphie, où il construisit la Loge des francs-
maçons pour laquelle on ne dépensa pas moins de trois millions
de dollars, l'Académie des sciences naturelles, et la résidence de
William H. Kemble qui coûta 300,000 dollars, les nouveaux
bâtiments du collège (iirard (coùl : 750,000 dollars), les
magasins de MM. llood Bonbright et C'% dont le coût a été de
250,000 dollars, les bâtiments de l'Épargne immobilière de
l'Ouest et la Banque des piivilèges du Nord (Bank of Norihcrn
liberties), .M. James H. Windrim est né à Philadelphie (Pen-
sylvaniei, le 4 juillet !8iO. Api'és avoir occupé, de 1889 à 1890,
la situation d'architecte inspecteur au déparlement du Ti'ésor,
M. Windrim est aujourd'hui directeur des travaux publics de
l'État de Pensylvanie, à Philadelphie.
M. William H. Wilcox est né à Batli, Angleterre, en 1840,
mais fut ti-ansporté tout enfant aux États-Unis. Élève pendant
trois années de Frédéric Diaper, il se perfectionna par un
voyage de deux années à travers l'Europe et vint se fixer à
Brooklyn vers 1800. Architecte ins|)ecteur du bureau des jjostes
et du bureau des douanes des États-Unis à Saint-Paul (.Minne-
sota) il a beaucoup construit dans cet Etal, notamment les écoles
Boshop-NN'hipple, k Karibault etrhô|)ital de la ville à Saint-Paul,
à Peoria dans l'illinois, il est l'arcbilecle du tribunal à Lincoln
446 LES ARCHITECTES PAR LEURS ŒUVRES.
iNebraskn), de l'hùlel de ville à SealLle (Washingloni et, dans la
même ville, derunivcrsilé qui a coulé environ un million; nous
ne parlons pas des églises, des écoles et des résidences très im-
porlantes dont M. Wilcox est l'archilecle dans tous les Etats
de rOuest, mais nous ne pouvons laisser ignorer qu'il estl'éditeur
de la « Revue d'horlicullure », qu'il est rédacteur des articles
sur l'architecture donnés par le o Crayon », deux publications qui
s'impriment à New-York, et qu'il écrit dans beaucoup de revues
et de journaux.
M. Paul Johann Pelz est Allemand, puisqu'il est né à Setten-
dorf, en Silésie, le 18 novembre 1841. Comme M. Wilcox, venu
très jeune aux États-Unis (en 1858), il étudia l'architeclure à
New-YorU dans l'atelier de Detlef Lienau jusqu'en 1869, époque
à laquelle il s'associa avec M. Smith Meyer, de Washington (dis-
trict de Colombie). C'est là qu'il a exécuté presque tous ses
travaux d'architecture : les bâtiments du collège de Georgetown,
en style roman, et la bibliothèque du Congrès, souvenir de la
Henaissance italienne, qui a coûté G millions 500,000 dollars.
Sont également de lui, Thùpital militaire et maritime des États-
Unis à Hotsprings (Arkansas), l'hôlel Chamberlin, de style clas-
sique, à la forteresse Monroë (Virginie), la bibliothèque pu-
blique et la salle de musique de Carnegie à Alleghany
(Pensylvanie), en style roman, dont la dépense s'est élevée à
300,000 dollars.
Un architecte américain dont la vie fut assez agitée et qui
pourtant était un véritable artiste, autant que conteur aima-
ble et écrivain érudit, fut Henri Hobson Richardson, qui est
considéré ù juste tilre comme le premier des architectes amé-
l'icains contemporains. Il était né dans la paroisse Saint-James
(Louisiane), le 29 septembre 1838. Après avoir fini ses études
au collège Harvard en 1859, il vint à Paris et entra dans l'ate-
lier de M. xVndré; mais la guerre de Sécession empêchant alors
presque toutes relations entre la France et les États-Unis, le
jeune Uichardson, pour se procurer des ressources, fut obligé
de << faire la place » pendant le jour, tout en poursuivant ses
éludes d'architecture pendant la nuil. A ce moment de sa vie,
se plaça un incident qui aurait pu avoir pour lui des suites fâ-
cheuses : il se fit prendre dans une émeute à la sortie du cours
de Viollet-le-Duc. Toujours est-il qu'après avoir séjourné à Paris
ClIAPITliE XV. 44i
jusqu'en oclobre I8tJ5^ il revinl en Amérique et consentit avec
C D. Cambrill une association qui dura onze ans, durant les-
quels furent élevés les édifices suivants: Téglise de la Trinilé
(1872-77), et l'église de Bratlle-Squarc (1870) à Boslon, le pre-
mier des édifices auxquels Hicliardson donna le caractère roman
pour lequel il avait une allcclinn loule particulière. En 1870, il
était choisi avec Léopold Eidlilz pour modifier le projet du
Capitule à construire à Aibany (New-York), pour lequel ou
avait dépensé plus d'argent que pour aucun autre édifice de la
contrée. En 1874, il revinl à Brooklyn, près Boslon, et jus-
qu'à sa mort arrivée le 27 avril 1880, il fut activement em-
ployé à la conslrucliou d'édifices publics aussi importants par
leur étendue que parles sommes qui leur furent affectées. Nous
citerons parmi eux l'hôtel de ville d'Albany (New-York) (1880),
l'école de droil à Cambridge (Massachusetts) (18811, la biblio-
thèque de Billings à Burlington (Vermont) (1883), le palais de
justice et la prison à Pillsburgh (Pensylvanie) (1884), la Cham-
bre de commerce de Cincinnati (Ohio) (1885) et les bibliothèques
publiques de ^Yoburn, Massachusetts (1877), de North Easton
(1877), de Quincy et de Malden (1883), villes également du
Massachusetts. Outre ces édifices publics, à raison desquels nous
devions à Uicliardson une large place dans notre ouvrage, il a
élé l'architecte d'un grand nombre d'hôtels, de maisons de
commerce et de gares de chemins de fer. Sa vie a été racontée
tout au long dans le remarquable ouvrage de MM. Schuyler et
van Bensselaer, les premiers critiques d'architecture des Etals-
Unis.
l'his rapide sera la biographie de M. Frank Furness. Né à
Philadelphie le 10 novembre 1840, élève de liichard M. llunl,
il fui membre de la société Furness, Evans et C" et, à ce titre,
devint l'architecte d'édifices importants à Philadelphie, sa
ville natale : l'académie des beaux-arts, la maison de correc-
lion qui coûta un million de dollars, l'hôlel de la compagnie
d'assurance sur la vie /a Confiance qui coûta un demi-million, la
synagogue, l'hôpital du collège médical Jcfferson et la biblio-
thèque de l'université de Pensylvanie.
M. Charles Coolidge Haight est né à New-York le 17 mars
1841 et fil ses études au collège de Colombie, dans celle ville.
Ses principaux ouvrages sont : le nouveau collège de Colombie,
4i8 LES ARCHITECTF.S PAU LEURS OEUVRES.
riiùpilal Cancer, rorphelinat Leake et \\'aUs, le ïhéâlre améri-
cain, le séminaire général de lliéologie ainsi que le club Down-
lown, tous à New-York, la caihédrale de Saint-Luc, à Portiand
(Maine) el les résidences de MM. Have-Meyer, Hoadly, Edward
Michel, Charles Kneeland, etc.
Né à Malden (Massachusells), le 27 octobre 1841, M. James
G. Hill étudia l'architecture dans l'atelier de L. 13rown et de
C. J. F. Bryant à Boston. 11 a été, de 1876 à 1880, architecte ins-
pecteur au déparlement de la Trésorerie aux États-Unis el, en
celte qualilé, a élevé plusieurs édifices dont voici la nomenclature:
le bureau des postes et la douane d'Albany, le tribunal de Balli-
more (Maryland) dont la dépense s'éleva à deux miUions de dol-
lars, le bureau de la navigation des Etats-Unis à New-York, les
bureaux de la gravure et de l'imprimerie, les bfdimenls de la
compagnie la Confiance (prêt), ious ces édifices à ^^'ashinglon,
Président de la Société régionale des architecles américains
de New-York (1884, 1889), vice-président de la Société améri-
caine des beaux-art (1890-92), président aussi de la commission
de rinstilut archéologique d'Amérique (1891-92), et président,
la même année, de l'Inslilut des architectes américains, M. Ed-
ward Haie Kendall construisit à New- York, dans le style de la
Renaissance française, 1' « Equitable Building » dont la dépense
s'est élevée h 1, .'500,000 dollars, dans le même style le
« Washington Building » pour lequel fut dépensée une somme
égale, les bâtiments de vente de la « Bègle mélhodisle », ce der-
nier édifice construit dans le style delà Renaissance italienne, el
de nombreux hôlels particuliers. Il nous reste à ajouter que
M. Kendall est né à Boston en 1842, mais qu'il fut élevé en
France, à Paris, jusqu'en 1858 ou 1859, que revenu aux États-
Unis, il resta dans l'atelier de Bryant et Gilmans, architectes à
Boston, de 18G0 à 1868, et qu'en 1869, il a formé avec son
maître M. Gilman, une société sous la raison sociale Cilmau et
Kendall.
M. William Gibbons Preston, fils de l'architecte Jonalban
Preslon, est né à Boston le 29 août 1842. Apiès avoir fait ses
premières éludes d'architeclure avec son père, il vint les com-
pléter à Paris dans l'atelier de M. L. Douillard, puis en 1862,
devint l'associé de son père. Les œuvres les plus importantes de
cet archilecle sont presque toutes à Boston : les usines d'élec-
é'; V'-'V.'S'ij-t;;.
d après un bu3le du Musée de Milan
LUIGI CANONICA
CHAPITRE XV. ii'J
liicité pour la Compagnie du cliemin de fer de Wesl-End slree(,
à Boston el à Cambridge (Massacluisetls), l'hôlel de la sociélé de
cliarilé des mécaniciens du ^lassacliuseUs, le premier inslilutdo
technologie, les bâtiments de la société d'histoire naturelle, en
collaboration avec M. Preslon père. C'est aussi à cette colla-
boration qu'est due l'érection de l'institut technologique de
Boston, une école pour les enfants arriérés à Waltham (Massa-
chusetts), l'hôtel de Soto qui a coûté 30,000 dollars, la Bourse
au coton et le tribunal de Chatliam à Savannali (Géorgie).
A Boston, M. Preston a été, de plus, l'architecte de constructions
pai'ticulières considérables, parmi lesquelles nous mentionne-
rons celles de la compagnie d'assurance internationale /a Con-
fiance, la maison Mason et la maison John Hancock.
M. Francis H. Kimbell, de Kennebunk (Maine), est un archi-
tecte de théâtres. Depuis 1873, époque à laquelle il commença
à pratiquer l'architecture, il a construit le théâtre du Casino
(style arabe , le théâtre Harrigan istyle italien , le théâtre de la
cinquième .Vvenue (même style), tous à New-York; de plus le
Montaukclub (dans le style des palais vénitiens) et l'église ogivale
des Baptistes, à Brooklyn.
Né en Allemagne en 1841, le 30 mars, M. Heinrich E. Koch
peut être considéré comme Américain, puisqu'il vint aux États-
Unis l'année suivante el servit dans l'élal-major du général
Slieridan, comme major du service topographique, pendant la
guerre de Sécession. Parmi ses plus importants travaux, nous
citerons l'asile des aliénés à Oahkoak (Wisconsin), les bâtiments
de l'université de Madison (id.), une caserne près Milwaukeo,
l'hôtel de ville el l'asile des aliénés de celte cité.
.\llemand aussi est M. Eduart Ernest Rath, fils d'un pré-
sident de cour d'appel, né à Dillenbuurg, dans le duché de
Nassau, le 15 juillet 1844, et élève de l'école polytechnique de
Cassel. Il perfectionna ses éludes comme architecte dans l'atelier
de VioUet-le-Duc el arriva aux Étals-Unis en 1866. Il a construit
un peu partout, à Berlin, à Vienne, à Madrid, à Victoria, à Mel-
bourne, mais on ne cite de lui aucun édifice public.
M. Robert Sylvain Peabody est fils d'un clergyman et est né
à New-Kedford (Massachusettsi le 22 février 1843. Élève de
M.M. Ware et Van Bruni, ainsi que de l'école des beaux-arts, il
s'est installé à Boston en 1870 el a formé une association avec
m. 29
rM LES AUCHITECÏES PAU LEURS OEUVRES.
iM. J. Stearns, La société Peabody-Stearns compte parmi ses
travaux importants la gare du chemin de fer de Providence, la
grande Bourse, les bureaux de la compagnie la New-York, à
Boston, des bâtiments pour « l'Harvard university » à Cambridge
(Massachusetts), le musée des beaux-arts à Saint-Louis (Mis-
souri) et un nombre considérable d'églises et d'habitations par-
ticulières. Sa dernière œuvre est la Galerie des machines à
l'Exposition universelle de Chicago (1893).
INous ne mentionnerons M. Bruce Price, fils do jurisconsulte,
né à Cumberland (Maryland) le 12 décembre 18io, que parce
qu'il a construit, en soixante joui's, l'hôtel de Long Brandi, dans
le New-Jersey, rendez-vous des baigneurs américains, et parce
que, avant chaque saison d'hiver, cet établissement (nous ne
savons s'il est en pierre, bois ou fer) est transporté stir des rou-
leaux ù cent mètres de la mer.
Fils de jurisconsulte également est M. Théophile Parsons
Chandler, né ù Boston le 7 septembre 1841 et qui fréquenta les
ateliers d"archileclure de l'ancien et du nouveau monde. Les
édifices publics dont il est l'auteur sont l'église swedenborgienne
de Philadelphie, l'église des Presbytériens à Fox Chase et le
tribunal de Wilmington (Delaware).
Premier président de l'Association des architectes de l'Ouest,
M.Daniel Hudson Burnham sera plus connu comme « chef de
conslruclion » h l'Exposition universelle de Chicago, car il a été
véritablement l'organisateur de toute la construction des édifices
qui couvrent le « Fair Ground » dont le coût s'élèvera ù
environ cinquante millions de dollars (plus de 2o0 millions de
francs). On peut d'ailleurs ciler de lui : la Loge maçonnique,
l'ancien institut des Arts et l'arsenal du premier régiment, h
Chicago, la chambre de commerce à Kansas (Missouri) et diverses
gares de chemins de fer. Il nous reste à dire que M. Burnliam,
(ils d'un négociant, est né à Henderson (New-York) le 4 sep-
tembre 18i6 et étudia l'architecture dans les ateliers de ses
confrères de Chicago, 11 est l'associé de J. W. Boot depuis 1873.
]M. Leroy SunderlandBuffington, fils d'un entrepreneur, est né
à Cincinnati le 22 novembre 1847 et s'est contenté d'acquérir les
connaissances nécessaires à la profession d'architecte daas l'ate-
lier d'un praticien de sa ville natale, mais son esprit actif et entre-
prenant lui procura bientôt un grand nombre de travaux impor-
CHAPITRE XV. 'lai
lants, parmi lesquels nous citerons : ki (Miambre d'État à Saint-
Paul (Minnesota), la Chambre d'Elat de IJismark (Dakola
Nord), etc. Inventeur de la charpente eu fer brevetée aux États-
Unis et qui a élé employée dans la construction de presque toutes
les maisons de Chicago, il s'est vu d'ailleurs conlesler son in-
vention et plaide eu ce moment contre ses contradicteurs.
L'État d'Oliio a trouvé son architecte dans iM. Levi T. Sco-
field, né dans cette région, à Cleveland, le 9 novembre 1842.
Fils d'un constructeur, il fit ses études professionnelles en 186ij
et est devenu l'inspecteur général de tous les travaux faits pour
le compte du gouvernement des Étals-Unis à Cleveland. Parmi
eux, nous mentionnons la maison de Charité de Cleveland, l'hô-
pital des aliénés d'Athènes (coût : un million de dollars), celui de
Colombus qui a coûté deux millions, l'orphelinat des soldais el
marins à Xénia, le pénitencier de la Caroline du Nord, dont la
dépense s'est élevée à 1 ,500,000 dollars, la maison de correction
de l'État d'Ohio, qui a coûté 1,336,000 dollars, le monument
élevé aux soldais et marins à Cleveland et le monument de l'État
d'Ohio destiné à rExposilion de Chicago.
M. William Appleton Potter est né à Scheneclady (New-
York), le 8 décembre 18i2. 11 a étudié l'architecture dans l'ate-
lier de son frère, M. Edward T. Potter et a commencé ses
travaux en 1869, mais comme membre de la société Potter
el Roberlson. Pendant quelques années et jusqu'en 1876, il a
été architecte inspecteur du département de la Trésorerie aux
Élals-Unis et a construit, à ce litre, les tribunaux et les bureaux
de poste d'Evansville (Indiana) (coût : 300,000 dollars), de
Nashville (Tennessee) (coût : 500,000 dollars), de Covinglon
(Kenlucky)(cont: 350,000 dollars), de Fall River (Massachusetts)
(coût : 500,000 dollars). A New-York, il a élevé le collège de pé-
dagogie, auquel il a donné les formes gothiques, le séminaire
de l'Union théologique, également de style gothique, l'église
Saint-.]eau à Slamford (Conueclicut), la Christ-church à Pough-
keepsie (État de New-York), de foi-me gothique comme les pré-
cédents, l'église de la Sainte-Trinité, essai de slyle roman, à
Harlem, l'église luthérienne Saint-Jacques, de style roman
comme le précédent édifice, la chapelle Sainte-.\gnès, Commen-
cement hall, Princeton collège, également de slyle roman.
.M. Edward Potier a été l'architecte de l'église d'Harvard à
43-2 Ll'S ARCHlTIiCTES PAR LEURS OEUVRES.
JJrookline (Massachiisells), de rogliso du Bon-Pasleur à Hariford
(Conneclicul) et de l'iiùpilal pour les blessés et mutilés à New-
York. 11 est également l'auteur d'un projet fort inléressant sur
les conditions hygiéniques à observer pour la « réunion du
plus grand nombre possible de personnes dans un lieu douné ».
L'Allemand Herman J. Schwartzmann fui plulùl un ingé-
nieur qu'un architecte, quoiqu'il ait attaché son nom à un cer-
tain nombre de vastes conslructions, telles que le « \\'oman's pa-
villion )) et la Cbambre de l'État de Pensylvanie. Né à Munich
en 1843 et fils d'un peintre en décors assez connu que favorisa
le patronage du roi Louis de Bavière, Schwarizmann fut élevé à
l'école royale militaire et, muni de son brevet d'officier, entra
dans l'armée où il servit comme officier d'artillerie pendant la
guerre de 186G, entre l'Autriche et la Prusse. Cette guerre ter-
minée rapidement, ainsi que chacun sait, par la bataille de
Sadowa, Schwartzmann vint s'élablir aux États-Unis (1867) et prit
à Philadelphie les fonctions d'ingénieur chargé de dresser les
plans de Farraount Park dans cette ville; ensuite, il fut nommé
ingénieur en chef de l'Exposition du Centenaire, pour laquelle il
dessina le « hall » de l'horticulture et le Mémorial hall, restés
seuls debout sur l'emplacement de celte Exposition. Revenu à
New-York, en 1878, Schwartzmann y construisit le Liederkranz
club, el mourut dans celte ville le 25 septembre 1891 .
M. Dankmar Adler, lui aussi, est un Allemand, né à Ingsfeld
dans la Saxe, le 3 juillet 1844; il n'avait que dix ans lorsqu'il
vint aux Etals-Unis et eut pour professeurs Julins Melchers,
John Schaefer et Willard Smith, de Détroit (Michigan). Membre
de la société établie d'abord nous le nom de Kinney et Adler,
puis de Burling et Adler, puis d'Adler et Sullivan, il fut
nommé président de la Société régionale des archilectes de l'Ouest
et secrétaire de l'inslilut des architectes américains. Ses ou-
vrages les plus importants à Cbicago sont l'église Block des mé-
thodistes, les bâtiments de la » Tribune », le temple de Sinaï,
une salle de concert {Central tni/sic hall), l'Opéra de Schiller,
elles bâtiments de la Iransporlation à W'ohlsfair en 1893.
Fils d'un constructeur, Charles L. Carson, né à Baltimore
vers 1849 et mort en décembre 1891 dans la même ville, où il
exerça surtout sa ])rofession d'archilecle, y a bâti beaucoup
d'églises, puis la bibliothèque libre Enoch PratI, la Loge des
eu API TUE XV. «"î
francs-maçons, le cinl) du Phénix fl nn assez grand nombi'c do
maisons de commerce. .V Knoxville, dans le Tennessee, il allaclia
son nom au bàliment de l'Université, an « sanatorium » de
Thomas U'ilsnn el à linstilut de Mac Denough, dans le Maryland.
Robert Henderson Robertson, fils d'un propriétaire, né
le 29 avril 18i9, étudia rarchiteclure dans les ateliers d'Henri
Sims, de Philadelphie, dont ou a lu la biographie, et de George B.
Post et C'% ainsi qu'il a été dit ci-dessus ; puis forma une associa-
tion, vers 1872, avec W, .V. Pottcr. Nous pouvons mentionner
parmi les ouvrages les plus importants de Hohertson, tous à
New- York : l'église méthodiste épiscopale de l'avenue Madison,
de style romau, l'église épiscopale Saint-James, l'église du
Saint-Esprit, l'église Saiut-Luc, de style roman, l'Académie de
médecine, ainsi qu'un nombre considérable de maisons do com-
merce et d'habitations particulières.
La société J. H. AFac Gelfatriclv et fils s'occupa presque
exclusivement de l'architecture théâtrale, et on peut dire qu'on
lui doit la plupart des salles de spectacle élevées aux États-Unis
pendant les quinze ou vingt dernières années. Eu voici la no-
menclature, abrégée assurément : les théâtres de Broodway
et de Standard à New-York, le théâtre national à ^^'asllington,
l'Opéra métropolitain à Saint-Paul (Minnesota), le théâtre Tré-
mont à Boston, le théâtre Duquesne à Pittsburg (Pensylvanie),
le (Irand Opéra et plusieurs autres salles à Saint-Louis (Missouri).
Ajoutons ([ne le membre le plus considéré de l'association fut
J. Morgan Mac Gelfatrick, qui avait passé de longues années
en Europe et en Amérique à étudier cette branche de l'archi-
tecture dont il connaissait tous les secrets et est mort à Saint-
Louis (Missouri),;! l'âge d'environ quarante ans, en 1891.
Tous les travaux publics exécutés pour le comple du gouver-
nement des Etats-L'nis dans les Etats extrêmes de l'Ouest, l'ont
été par un architecte d'origine anglaise, M. Walther John Cuth-
bertson, né à Londres le 2 septembre ISoO, qui vint, eu 1870, aux
Etals-Unis. 11 avait fait ses premières études dans les écoles el les
collèges de l'université à Londres et dans les écoles des sciences
et arls de South-Kensington. Depuis 1885, membre des so-
ciétés formées sous la raison sociale Uurlett et Cuthberison et
Mooser et Uulhberson, il a été l'archilecte du tribunal de Los
Angeles, auquel il a cru devoir donuiM' la forme romane, le
•'•3i LES AHCIIITEGTKS PAR LEURS OEUVRES.
Ilicûlrc de Macdonougli (de slyle Renaissance) à Oakiand,
la résidence de William Croker à San Francisco, la banque
de l'Etat de Californie, de style roman, à Sacramenlo, etc.
C'est ù New-York qu'un compatriote de M. Cuthbertson a
jusqu'ici exécuté toutes ses œuvres architecturales; il s'appelle
.M. Robert Williams Gibson et est né à Aveley (comté d'Essex),
le 17 novembre 1834. Fils d'un entrepreneur, il fit son éducation
professionnelle à l'académie royale des arts de Londres et une
bourse de voyage qu'il y obtint lui permit de faire une excur-
sion à travers l'Espagne, dont il publia une relation dans
r<( American arcbitect ». Il émigra aux Étals-Unis en 1881 et fixa
sa résidence à Albany (Élat de New- York), dont il dessina la
cathédrale dans ce style pseudo-gothique adopté par ses con-
temporains de l'Angleterre et pour laquelle on a dépensé jus-
qu'ici 200,000 dollars. Il quitta alors Albany pour New-York
où ses conceptions, édifices religieux pour la plupart, ont été
accueillies avec faveur, telles que l'église commémoralive de
Randall (Rhode-d'Island), dans le style de la Renaissance ita-
lienne, à New-York, l'église Saint-Michel, à laquelle il a adaplé
une sorte de roman italien, l'église collégiale réformée dans le
style de la Renaissance allemande, également à New-York, la
clinique de New-York pour les maladies des oreilles et des yeux,
qui a coûté 250,000 dollars, et une foule de constructions desti-
nées au commerce.
M. William Sçhickel est né à \A'iesbaden en janvier 1850 et
vint aux Etals-Unis en 1870. Élève de William Rogler, de
Wiesbaden, il voyagea en France, en Italie et en Allemagne
pour compléter ses études. Membre le plus ancien (aujourd'hui)
de la société formée entre William Sçhickel et C'°, il a cons-
truit l'église de mission des Rédemptionnistes dans le style
roman, à Boston, l'église de la Très-Sainte-Trinité, imitation du
style ogival, à Brooklyn; à New-York, le <i Home Isabella» , édifice
dans le goût de la Renaissance, la résidence de R. L. Stuarl,
dans le même style, Cinquième avenue et Soixante-huilième rue,
tous ces édifices à New-York, rbùpital Saint-Pierre, de slyle
roman, à Brooklyn, l'église Saint-Louis, imitation assez réussie
des édifices gothiques et qui coûta 500,000 dollars, à Butfalo,
le séminaire Saint-Joseph pour le diocèse de New-York à Yon-
kern, l'académie du Sacré-Cœur doutle coût est de 600,000dol-
C.HAIMTllE W. 'loo
lars, dans la même ville, des écuries pour les frères Slei-n,
Vingl-Iroisiènie rue (ii >i'ew-York toujours), et le Lakewood liolel
h Lakewood (New-Jerseyi.
John Wellborn Root, qui naquit en Géorgie le 10 janvier
18..)0 cl mourut à C.liicago le 1 o janvier 1891 , lit tout pour
mériter l'estime de ces concitoyens et être regardé par eux
comme un des premiers artistes de son temps. C'est à Chicago,
où l'incendie de 1871 ne laissa guère que des ruines, que Root
trouva l'occasion do dépenser toutes les ressources de son
esprit fécond et de sa science professionnelle. Associé à D. II.
Burnliam, il conquit, par dix-luiit années de succès, le droit
de reconstruire un grand nombre de somptueuses et larges
habitations élevées dans un délai dont jamais architecte amé-
ricain n'aurait pu se contenter, car tous les édifices signés de la
société ont été dessinés par lui et comprennent surtout des
bureaux, des magasins, des banques, des docks, etc., dont l'ar-
ciiitecture a appelé sur Chicago les regards du monde entier ;
mais à côté de ces conslntctions particulières. Root en a élevé
dans cette ville qui sont de véritables édifices publics : le club
du Calumet, l'hôpital Saint-Luc, l'institut des Arts, l'église de
Covenant, la Loge maçonnique qui possède vingt étages, le
Wooman's temple, l'arsenal du premier régiment, etc. Pour la ville
de Kansas dans le Missouri, Root a donné les plans de la Bourse,
de l'hôtel des Jeunes chétiens associés et de l'hôtel Midland.
On lui doit aussi les gares du chemin de fer pour la ville do
Desmoines (lowa), de Kansas (Missouri), de Clinton (lowa), de
Fort Scott (Kansas), de Galesburg et deOttumwa (lowa), puis en-
core de vastes hôtels ù Guaymas, à Mexico, et à Las Vegas (Nou-
veau-Mexique). Malgré cette prodigieuse quantité de travaux à
concevoir d'abord et à exécuter ensuite. Root trouva le temps
d'être, jusqu'à l'époque do sa mort, secrétaire de l'instilul des
architectes américains et architecte consultant de lu direclion
de l'Exposition inlernalionale colombienne qui lui doit le plan
d'après lequel ont été groupés tous les bâtiments de celle expo-
sition.
La société formée enire MM. George Tilden et Arthur
Rotch, ce dernier fils de négociant et né à Boston le 13 mai ISiiO,
a produit les églises du .Messie, de l'Ascension, du Sainl-Lsprit
à Boston et le musée du \^'ellcslev collège (Massachusetts). Ile
-ion LES ARCHITECTES PAU LEURS ŒUVRES.
plus, avec l'aide de plusieurs membres de sa famille, M. Rolch
a créé une bourse de voyage qui permet aux élèves architectes
des États-Unis de faire deux années d'études en Europe.
M. William Théodore Emile De Lemos, fils d'un fermier,
naquit dans le Scblewig-IIolstein le 13 juin 18b0, fil ses études à
la||« Bau-Akademie » de Berlin et vint aux États-Unis en 1881.
Associé de M. Cordes, à New- York, il a consiruit avec lui l'Kden-
musée, le club Arion, les bureaux du journal le « Nortb-ïimes »
à Chatlanooga, etc. Augustus Wilhelm Cordes est Allemand
comme son associé, puisqu'il est né à Hambourg, en février 1 850,
et que, comme lui, il a fait ses éludes à la « Bau-Akademie ».
Archilecle pour les compagnies de chemin de fer du lac Erié
et de l'Ouest, JM. Bradford L. Gilbert est né à W'alerlown
(New-York) en mars 1853. On lui doit les grandes gares de Saint-
Paul, de rillinois ot les bâtiments de l'administration centrale
de la compagnie « New-York à la rivière d'Hudson ».
M. Stanford White, fils d'un homme de lettres de New-York,
naquit le 9 novembre 1853 et compléla son éducation artistique,
commencée par l'architecte Richardson, en parcourant l'Europe
pendant plusieurs années. A son retour en Amérique, en 1880, il
est devenu membre de l'association Mac Kimet Mead et a acquis,
comme dessinateur, une haute réputation. Les travaux auxquels
a été associé plus particulièrement M. White sont le bâtiment
des archives de Washington, le jardin de Madison-square, le
Melropolitan-chib, les bureaux du « New-York Herald » h New-
York, ainsi qu'un certain nombre de monuments élevés en col-
laboration avec le sculpteur Saint-Gaudens.
iM. Alexander Wadsworth Longfellow, fils d'un ingénieur
civil, né à Deering (État du l\Iaine) le 18 août 1854, a étudié
l'architecture à l'institut technologique du Massachusetts, puis
dans les ateliers de MM. Vaudremer et Raulin à Paris; membre
delà société Longfellow, Alden et Harlow, il a signé de la si-
gnature sociale : l'hôtel de ville de Cambrigde, le club Duquesne
à Pittsburgb et la bibliothèque Carnegie dans la même ville.
M. Edmund March Wheelwright, fils d'un manufacturier,
né à Roosbury (.Massachusetts) esl né le 14 septembre 1854.
Ses principaux travaux sont l'hôpital de Long-Island^ le havre
de Boston, les écoles d'Agassiz et de Mounl-Vernon, elc.
M. Charles A. Rich, de la société Lemb et Rich, est né à
CHAI'ITHK XV. 407
Beverley iMass.) en 1855. Fils d'un clergyman, il a exécuté la
j)lus grande parlic de ses travaux à New-Vork : l'institut Pratt de
Brooklyn, les écoles Berkeley, les bureaux de la compagnie
d'assurances contre l'incendie la c< (lermania », etc.
Les œuvres principales de M. George R. Maun, né h Syra-
cuse (Indiana) le 28 juillet 1830, en collaboration avec M. Eckel,
son associé, sont : le nouvel hôtel de ville (deux millions de dollars)
et l'institut Saint-Vincent à Saint-Louis (Missouri), le tribunal et
le bureau de conciliation à lowa, les magasins du chemin de fer
l'Union,- ù Saint- Joseph (Missouri également).
Deux frères, MM. Allen Hartzel Stem et l. II. Stem, — le pre-
mier né à Van Wert (Ohio), le 2'J janvier 1856, — ont construit
ensemble la Chambre d'État de Héléna (Montana), l'hôtel de la
Colonnade à Saint-Paul et la salle de conférences (Minnesota), le
collège médical pour l'université du même Élat, etc.
A mentionner l'asile des orphelins de Troy (New-York), dans
le style Tudor, œuvre de M. Herbert Langford Waren, fds
d'un clergyman, né en Angleterre, à Manchester, le 29 mars 1857,
qui commença dans son pays natal ses études d'architecture et
les compléta à l'institut technologique du Massachusetts.
Fils d'un négociant et né à Boston, le 9 janvier 1857, M. Charles
Howard Walker se prépara à la pratique de son art en se fai-
sant recevoir membre do 1' « expédition arcliéologique », puis
devint professeur à l'institut technologique du Massachusetts et
au musée des beaux-arts de Boston : il est l'architecte de la bi-
bliothèque d'Omaha (Nebraska), de l'église de Mount-Vernon,
c'est tout ce que nous savons.
M. Henri Yves Cobb s'est vu confier, quoique fort jeune encore,
(puisqu'il est né à Brooklyn le 19 août 1859), un groupe de tra-
vaux fort importants : l'université de Chicago qui a coûté huit mil-
lions de dollars, imitation des édifices néogothiques de l'An-
gleterre, et la bibliothèque de Newbury dans la même ville, pour
laquelle l'archilecle a adopte le style roman, etc. Il est aussi
l'auteur du « Pavillon des Pêcheries », l'un des plus originaux
qui se peuvent voir à l'Exposition universelle de Chicago.
Né également en 1859, le 19 octobre, dans l'État deNew-York,
M. Arthur Page Brown a été successivement architecte dans
cette ville el à San-Francisco, depuis 1 885. On lui doit : le musée
artistique du collège de Princeton (New-Jersey), l'église de la
458 LES ARCHITKr/rKS PAR LEURS OEUVRES.
Trinilé à San-Francisco ; enfin, il est l'anleiir du palais afToclé
à l'État de Californie à l'Exposition de Chicago.
M. George Lewis Heins, né à Philadelphie (Pensylvanie),le
2i mai I8G0, a suilout consacré son talent à la construction
d'édifices religieux. Elève de l'institut technologique du Massa-
chusetts, il fait aujourd'hui partie de la société lleins et La
Farge, de New-York. 11 est l'architecte de l'église de la Récon-
ciliation, à Brooklyn, du Bieniieureux-Sacrentient, à Providence
(Hhode-Island), de la cathédrale de Saint-Jean-le-Diviu à New-
York, dont la première pierre a été posée le 27 décembre der-
nier et dont la construction coûtera au moins douze millions
de dollars (plus de 60 millions de francs).
Fils du président du séminaire de l'Union lliéologique de
New-York, M. Thomas Hastings est bien l'architecte de l'église
presbytérienne de Saint-.Vngustin (Floride) et de l'église de la
Congrégation à Providence (Hhode-Island), mais il construit aussi
volontiers des hôtels et des maisons de commerce, notamment
à New-York. Né dans celte ville, le 11 mars 1860, il a fait ses
éludes architecturales à Paris, dans l'atelier de M. André et ù
notre École des beaux-arts.
Nous accordons ici la place qu'elle mérite à « une » architecte
américaine qui, après Sabine de Sleinbach et Proper/.ia de
Hossi, ne craint pas de monter sur les échafaudages et de salir
ses ajustements féminins au contact des maçons et des fumistes.
C'est M"' Minerva Parker Nichols, née Parker, qui, pourtant,
est tille d'un jurisconsulte et non d'un architecte. Née à Péoria
(Illinois), le 14 mai 1862, elle a fait ses études techniques à
l'institut Franklin de Philadelphie; naturellement, dit son bio-
graphe, les travaux que l'on confie à ces pionniers du sexe faible
(female pinneevs) ne peuvent pas être hors de proportion avec
leur tempérament de femme, cependant on peut citer, comme
(l'uvre remarquable de M"" Nichols, le Club des femmes à Phi-
ladelphie, dont la dépense a excédé 50,000 dollars, et le club du
Centenaire à AVilraington (Delaware), qui a coûté à peu près
autant.
L'étranger qui visitera à l'Exposition universelle de Chicago,
dans le courant de cette année 1893, le palais des Beaux-Arts,
le pavillon des Forêts, le Péristyle, la gare de TExposilion, saura
que l'auteur de ces diverses édifices est .M. Charles B. Atwood,
CHAPITRE XV. ^to'-i
né en 1848 cl élève des archilecics de Boston 11 esl vrai qne
jusqu'ici, par une falalilé fâcheuse, il n'a été donné presque
aucune suite aux projets fort nombreux pour lesquels il a con-
couru; aussi ne pouvons-nous citer de lui que l'iiôtel de ville de
ilolyetls (Massachusetts). Le pavillon des lAlines et Minerais est
d'un architecte fort connu des négociants et industriels du
Nord-Ouest, pour lesquels il a élevé nombre de maisons et
d'usines, M. Solon S. Beman, né vers I80O, sans indication
de lieu de naissance; celui de la Salle des concerts de la même
Exposition est de M. Francis Whitehouse, né vers 18o0, archi-
tecte d'habitations privées à Chicago.
Fils d'un ingénieur civil, M. Joseph Miller Wilson naquit
à Phœnixville (Pensylvanie) le 30 juin 1838. Il est plutôt ingé-
nieur lui-même qu'architecte, aussi lui doit-on (avec la collabora-
tion d'Henry Pellil) la « Galerie des machines » h l'Exposition
du Centenaire à l'iiiladelphie en 1876. Arcbilecle de plusieurs
compagnies de chemins de fer, il a donné les plans de la gare de
Philadelphie; le Drcvel Institut, ainsi que l'hôpital des Presbyté-
riens, l'asile des aliénés à Norriston (Pensylvanie) et l'école
indusirielle Saint-François de Sales à Eddinglon (même Étal)
sont également de M. Wilson.
Si nous rappelons ici le nom de .M. Karl Fehmer, lils d'archi-
tecte, né à Dargun (Mecklembourg-Sclnvérin), en 1838, c'est
uniquement parce qu'il a construit l'institut de technologie du
Massachusetts, M. Fehmer étant surtout l'architecte du com-
merce et de l'industrie à Boston.
Né à la Nouvelle-Orléans le 11) janvier 1833, M. William A.
Fréret, fils d'architecte, ouvrit son propre atelier en 18bS et
fut [iresque immédiatement appelé au poste d'ingénieur du gou-
vernement pour l'Etat de la Louisiane. Nous mentionnerons de
lui la Chambre d'État de Bàton-Rouge, le palais de l'Université
de la Louisiane, les maisons de charité de ïouro (Nouvelle-
Orléans^.
.M. George B. Post, né à New-York le la décembre 1837,
fit ses études d'architecture dans l'atelier de B. M. Hunt et,
aussitôt entré dans la carrière, eut l'occasion d'exécuter des
travaux de valeur, principalement à New-York : la Bourse au
coton, le Bourse des produits, l'hôtel du journal /he Wor/d, celui
du journal //u,' Times, cic. 11 fut aussi l'architecte heureux du mil-
400
LES ARCHITECTES PAR LEURS CEUVRES.
lionnaire Vanderbilt, mais il devra surloul sa r(^'piilalion au Pa-
lais des manufaclures el des arts libéraux à l'Exposiliou univer-
selle de Cliicago.
ClIAPITIiE XVI
Les archileclcs européens aux colonies. — Les Anglais et les Hollandais dans
l'Inde. — Les Français en Afrique. — Les édifices modernes de la (irèce el de
la Turquie.
Un ami de la France, L. Dussieux, écrivit en 1856, sous le
lilre les Artistes français à Félranger, un ouvrage destiné, dans
sa pensée, à démontrer, par le grand nombre des artistes fran-
çais qui couvrirent de leurs créations le sol de la vieille Europe,
comment rinlluence de la France artiste avait égalé, sinon
surpassé, pendant plusieurs siècles, son influence en littérature,
en philosophie, dans le domaine des sciences ou dans celui du
droit.
S'il est vrai que la France tint toujours le premier rang
dans cette marche incessante des peuples modernes à la conquête
de la civilisation (réserve faite Lien entendu pour cette période
glorieuse du xvi" siècle où les artistes de la Henaissance ita-
lienne dominèrent de toute la hauteur de leur génie ceux de
l'Europe entière), nous ne faisons aucune difficulté de recon-
naître que, depuis le commencement de noire siècle, chaque
gouvernement civilisé qui a, de gré ou de force, importé dans
le pays à coloniser, moins civilisé que le sien, ses usages et
ses besoins, n'a point été chercher, en dehors de lui, les
ressources susceptibles de donner satisfaction à ces besoins, à
ces habitudes. C'est ainsi que l'Angleterre maîtresse des Indes,
que l'Espagne conquérante de l'.Xmérique du Sud, que les Fran-
çais victorieux des Arabes en Algérie, que les Hollandais pos-
sesseurs de vastes comptoirs dans les Indes Néerlandaises, etc.,
ont dû songer tout d'abord à s'y faire bâtir des maisons pour
leurs gouverneurs et leurs employés, des casernes et des hôpi-
taux pour leurs soldats, des temples pour l'exercice de leur
religion. Sans compter que ceilaines relations d'amitié entre
■40-2 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
iialions dans l'Europe elle-même, aussi bien que l'Iiabihide de-
venue générale des k expositions internationales », ont autorisé
les artistes de chaque pays à venir planter, hors de leur pays,
le drapeau de l'art national à l'ombre du drapeau qui flolle au-
dessus du palais de leur ambassadeur.
Le présent chapitre est donc consacré à la biographie (le plus
souvent, hélas! incomplète) de quelques architectes européens qui
n'ont pas craint de s'expatrier, un plus ou moins longtemps,
pour aller créer au loin des édifices susceptibles de rappeler un
peu, par leur aspect, la patrie absente à leurs compatriotes, tout
eu donnant aux habitants eux-mêmes la mesure du génie artis-
tique des civilisateurs.
Dans les Indes, tout manquait aux vainqueurs : temples, hôpi-
taux, palais. Nous avons rappelé plus haut que le palais du gou-
vernement à Calcutta avait eu pour architecte Motïïit; le grand
hôpital de celte ville, commencé en lîSiS el terminé en 1853,
fut construit par l'architecte anglais Burn,dont nous ne connais-
sons pas les autres œuvres, et l'église d'Umbalad, une des plus
belles de l'Inde, est due à un ingénieur du Bengale, G. J. Atkinson.
Dans les Indes occidentales, l'Anglais 'William R. Forbes,
major du génie à Calcutta, en même temps qu'architecte, pose,
le 8 octobre 1839, la première pierre de la cathédrale Saint-
Paul de celte ville, édifice indo-chrélien, mais pi-ésenlanl dans
ses grandes lignes l'aspect des cathédrales ogivales du moyen
âge. En forme de croix latine el complété par une tour ornée
d'une flèche ayant, en tout, 9o mètres de hauteur, cet édifice,
quoique destiné seulement à huit cents personnes, a véritable-
ment un caractère monumental. C'est aussi une église de style
ogival que J. M. Derick a construite, en 1845, à Colabah, en
mémoire des Anglais qui succombèrent dans l'expédition contre
les Afghans. Ogivale également, avec un grand luxe d'orne-
ments, est l'église protestante élevée, en 1852, dans le Punjab
par l'architecte Harley Maxwell. Arrivé aux Indes en simple
touriste, IM. "William Emerson se vit offrir la construction des
marchés publics de Bombay. D'Universilé musulmane de
AUahabad, tout en marbre blanc, prouve les études sérieuses
que l'archilecle avait faites des anciens monuments de l'Inde;
l'hôpital de Bravnagar avec ses portiques remplis d'ombre et
de fraîcheur, complète l'œuvre d'Emerson aux Indes. De retour
CHAPITRE XVI. 403
en Anglelerre, il a coiislriiil l'église de Brighlon, a va son
projet adopté au concours ouvert pour la construction d'une
cathédrale àLiverpool, projet empreint d'une grande hardiesse
et d'une certaine originalité, et enfin a été médaillé lors du
concours ouvert pour le monument de Viclor-Emmanuel à
Uome.
Nous avons rencontré, en faisant l'hisloire de l'archileclure aux
Etats-Unis, un certain nombre d'architectes anglais et fran(;ais,
auteurs des premiers édifices élevés dans ce pays. Qu'il nous
suffise de dire ici que l'architecte de la nouvelle cathédrale
de .Montréal (Canada), élevée en 1861, fut un Anglais nommé
F. "Wills.
Anglais était aussi l'architecle qui restaura, vers 1864, le
palais de Dolraa-Baghtchc, dont le décorateur fut notre compa-
triote Seclian. Cet architecte se nommait Elson. C'est, du reste,
tout ce que nous savons de lui. En Egypte, l'Anglais J. W. Wild
éleva, dans un style pseudo-moresque, la première église protes-
tante d'Alexandrie, sous la condition imposée par le sultan
qu'elle serait entourée d'un mur d'enceinte.
.Nous n'étonnerons pas le lecteur en l'avertissant que les bâ-
timents de l'Exposition internationale de Porto de 186o sont
dus également à un architecte anglais, F. "W. Scheilds, et qu'en
Australie, ce sont .MM. Reed et Barnes, Anglais de naissance,
<pii ont été chargés de la construction du palais de l'Exposition
internationale de Melbourne, ouvert le 1" octobre 1880. Nous
ne dirons rien de cet édifice, qui ressemble à tous ceux qui
reçoivent la même destination, sinon qu'il était couronné an
centre d'un immense dùme à base octogone, dominant de
4 mètres l'édifice le plus élevé de la ville. Le dessin de la nouvelle
cathédrale de Saint-l'atrick à Melbourne, élevée de 18o8 à 1868,
sort de l'atelier des Anglais "Wardel et C'% architectes de l'hôtel
de ville en 1868. Celle de (irafton, dans le même pays, est
construite également par deux Anglais, MM. SlateretCarpenter,
en 1869. Quelle que soit la prédilection des architectes anglais
pour le style ogival qu'ils adaptent un peu, à tort et à travers,
à toutes leurs uuivres, un architecte anglais cependant, M. Levi
Goodrich, a dessiné en style classique le palais de justice de
San José (Californie), édifice h deux étages surmonté d'un dôme
et précédé d'un péristyle supporté par des colonnes d'ordre
404 LES ARCHITECTES PAU LEURS OEUVRES.
corinthien. A Uedfoni, près Sidncy, nous citerons la gare mor-
tuaire, à cause des sept chapelles qui Tenlourent, destinées aux
(lifTércnts cultes (18G9) ; auteur : rarcliiteclc anglais James
Barnett.
Aux Indes Néerlandaises, nous n'avons à relever qu'un seul
nom d'architecte Jiollandais ayant attaché son nom à une cons-
truction importante, celui de C. F. Deelemans, qui éleva, en
1855, à Batavia, le bâtiment de l'exposition des produits de
l'agriculture et de l'industrie de cette colonie.
Les essais de colonisation de la France aux Indes, qui avaient
commencé avec le xvi" siècle, ne furent pas sans résultat, puis-
qu'au moment où Dupleix était gouverneur général de la Com-
pagnie il avait étendu la domination de la France dans l'Hiu-
doustan depuis les rives de la Krisclina au Nord jusqu'au cap
Comorin au Sud, c'est-à-dire sur une étendue d'environ
200 lieues de littoral ; mais par la paix de Paris signée en 1763,
la France renonça à tous ses établissements dans l'Inde, et la
faible portion de territoire hindou qui lui fut concédée en 1810
nclui apaspermisd'y créer des œuvres architecturales de valeur.
C'est dans le Nord de l'Afrique surtout, à l'Egypte, à l'Al-
gérie, puis plus récemment à la Tunisie, que les Français
ont voulu appliquer les idées de colonisation abandonnées dans
les Indes, et principalement en Algérie se trouvent des édifices
publics considérables élevés par des architectes français. Ce
sont d'abord, à Alger même, le Palais du gouvernement, la ca-
thédrale, la nouvelle mosquée sur la place du Gouvernement
dont l'entretien est conlié à M. Rattier qui a dirigé, sous les
ordres de M. Paul Gion, architecte de la ville de Paris, chevalier
de la Légion d'honneur, l'exécution du nouveau Palais de justice.
La cathédrale a été terminée, ainsi qu'on l'a vu, par !\l. A. Ballu,
qui est l'architecte de l'archevêché, le plus beau des palais
d'Alger, et de Notre-Dame d'Afrique.
Enfin, sur la môme place du Gouvernement, l'architecte
Giochain a élevé le pavillon de l'Exposition des beaux-arts
inauguré le \''' février 1880; l'édifice est en parfait harmonie
avec ceux qui l'entourent.
Le théâtre d'Alger date de 1853, il fut construit par Pon-
sardetpar Chasseriau, archileclesdu département des Bouches-
du-Hhùne.
GONZALEZ VELASQUEZ
ClIAPITRl!: XVI 465
Géronime Viala de Sorbier, né le 1 1 mars 1817 à la Flèche,
morl à Marseille vers 1880, élève de Labrouste, fut nommé
architecte on chef du département d'Oran et décoré de la Lé-
gion d'honneur le 15 septembre 18G0; il a concouru en cette
qualité à l'érection du plus grand nombre des édifices publics
qu'on rencontre dans le département d'Oran, notamment la ca-
thédrale de Saint-Louis et la banque d'Algérie au chef-lieu
même de ce département.
A Blidah, l'église commencée en novembre 1804 est l'œuvre
d'un architecte déjà connu à Paris par des écoles, des salles
d'asile, des bains publics, etc. Cet architecte se nommait Ni-
colas Alexandre Gentilhomme et était né en 1796 à Jassey
(Haute-Loire), mais nous ignorons la date de sa mort. Le grand
séminaire de Kouba, sur le Sahel algérien, à quelques lieues
d'Alger, eut pour architectes 1\L\L P. H. Féraud cl Fromageau,
sur lesquels nous ne possédons aucun renseignement. Les
monuments anciens de l'Algérie qui tendent chaque jour à dis-
paraître ont été relevés par l'architecte parisien Ravoisier et
publiés sous le titre : « Exploration de l'Algérie pendant les
années 1841 et 1842 ». Il a, du reste, fait d'assez grands travaux
en Algérie, à Constantine, à IMillianah, à Bône, etc.
Dans notre colonie de la Guadeloupe, à la Poinie-à-PiIre, il n'y
a lieu de signaler que le tiiéàtre élevé en 1831 par Lemonier
de la Croix qui fut rarciiilcclc-voyer de l'île jusqu'en 1840.
Eu Tunisie, Charles Joseph Jourdain, né à Paris en 1808,
fut chargé, en 1840, d'élever à Byrsa une chapelle avec
des dépendances consistant en logement de gardien et salle
d'attente pour les visiteurs. Cette chapelle, inaugurée en 1843,
et destinée à consacrer le souvenir du séjour et de la mort
de saint Louis sur la terre d'Afrique, est aujourd'hui comprise
dans l'enceinte de la cathédrale de Carthage. Inauguré le 15 mai
1890, l'édifice, réminiscence de style byzantin très simple à
l'extérieur, détache ses coupoles sur le ciel bleu d'Afrique; mais
l'intérieur en est d'une grande richesse, « les peintures vives du
plafond viennent mourir dans la splendeur des marbres rares,
et deux cents colonnes précieuses soutiennent les galeries inté-
rieures ». L'auteur de cette œuvre originale est M. J.Jourdain,
officier du Nichan Iftikar et chevalier de la Légion d'honneur.
La fondation de l'École polytechnique du Caire (Egypte) est due
m. 30
4G(J LES ARCHITECTES l'Ail LEURS OEUVRES.
à l'ingénieur français Charles Joseph Lambert-bey,morl en 18G3,
après avoir été employé par Mehemet-Ali à l'établissement du
harrage du Nil; le palais de Gabary, résidence du vice-roi
d'Egypte, près d'Alexandrie, eut pour architecte, en 1859, le
Français Edouard Schmitz, néàNancy, élève de son père; c'est
tout ce que nous savons de lui. Nous en finirons avec ceux de
nos compatriotes qui ont laissé des œuvres en Egypte, en signa-
lant l'architecte Cordier, auquel Alexandrie doit ses fontaines
publiques, inaugurées en 1860.
Après l'expédition brillante de 1800, la France a obtenu pour
ses missionnaires le privilège rare de bâtir sur le sol de la
Chine des édifices religieux. C'est ainsi qu'une cathédrale s'éleva
dans la capitale de l'empire du Milieu à quelques pas du palais
de l'empereur. Mais l'emplacement où elle se trouvait ayant été
jugé nécessaire à l'établissement du palais de la reine mère,
l'empereur demanda et obtint sa destruction en se chargeant
lui-même des frais d'érection du nouvel édifice. La cathédrale
actuelle de Pékin, dédiée au Sauveur et inaugurée le 8 décembre
1888, a eu pour architecte un missionnaire lazariste, le P. Fa-
vier, qui, devant la défense de compléter son œuvre par des
clochers, a cru devoir s'inspirer des basiliques italiennes de
Sienne et d'Orvieto. De même, à Canton, sur l'emplacement
du palais du vice-roi, détruit pendant la guerre, a été élevée une
cathédrale de style gothique à trois nefs, avec clocher de
60 mètres. La première pierre de l'édifice fut posée le 8 dé-
cembre 1863 et l'architecte en a été M. Adrien Humbert, de
Nancy.
Les artistes français ont partagé quelque temps avec les
artistes grecs la mission de construire à Constantinople des
édifices publics, sur le refus des architectes turcs qui se ju-
geaient incapables de pareille entreprise. Nous avons vu, dans
l'un des chapitres précédents, que Laurecisquese transporta surle
Bosphore pour y reconstruire l'hôtel de l'ambassadeur de
France, laissant comme souvenir de son passage à Constanti-
nople un bijou d'architecture, la fontaine de Top-Hané; voici
MM. Gaspard et Joseph Fossati, qui entreprennent, en 1849,
la restauration difficile de la mosquée de Sainte-Sophie, res-
tauration qui fut terminée après deux ans de travail ; ce sont
eux aussi qui furent les architectes du palais de l'ambassadeur
CHAPITRE XVI. -467
de Russie, et du collège siliié près de la place Bab-IIuni-
mayoum. Le sullaii tint MM. Fossati eu haute estime, ce qui
n'empêcha pas que le palais de marbre que Ton voit en face de
Scutari, sur le Bosphore, fut construit, sur Tordre d'AbduI-
Medjid, par un architecte arménien appelé Ballyan, dont nous ne
connaissons que le nom.
Un architecte anglais nommé William James Smith fut
envoyé en 1845 à Constantinople, où il demeura jusqu'en 1848,
élevant le palais de l'ambassadeur d'Angleterre, un kiosque dans
le jardin du sultan, un hôpital pour la cavalerie et des casernes,
une écolo de médecine dans le faubourg de Péra, une école
d'équilation et le jardin d'hiver de Dolma-Bagtché. Revenu,
vers 1864, en Angleterre, où il restaura quelques églises, Smith
ne tarda pas à se retirer, mais mourut à Florence après 1874.
Un autre Smith prénommé Thomas, né en 1799, d'abord sur-
veillant pour le comté d'Hertford, reconstruisit la prison, l'asile
des aliénés, etc., etc. En Irlande, il fit les plans de l'hôpital de
Louthe, et en 1849 l'église de Clophill, Bedlbrdshire. Avec la
collaboration de son fils Thomas Taylor, il a dessiné à Nice
l'English-lIôtel et l'église protestante anglaise (1803), puis des
églises anglaises à Cannes, à Stuttgart et à Naples. A Cannes, il
a élevé le château de Sainte-Ursule pour lord Londesboroug et
est mort le 1" octobre 187,5.
L'université, à Constantinople, située près du jardin du Serai'
et de Sainte-Sophie, est aussi un édifice de notre temps; son
architecture ne manque pas de grandeur, mais est déplacée au
miheu des édifices qui l'entourent. La Sublime- Porte [Bab-AH),
palais du Ministère des aflaires étrangères, présente un ensem-
ble assez imposant. La porte du palais est ornée de pilastres de
marbre ioniques, surmontée d'emblèmes militaires et d'une
inscription en langue turque. Seul, un toit en saillie lui restitue
un peu le caractère oriental. Le ministère de la guerre [Séras-
/ciérat], occupe une vaste enceinte dans laquelle s'élèvent des
bâtiments sans intérêt. Vers le milieu se dresse la haute tour
dite du Séi-askiérat, au sommet de laquelle est constamment
une vigie destinée à signaler les incendies.
Ces trois édifices ont été assurément construits par des archi-
tectes européens, mais nous regrettons de ne pouvoir donner, ne
les connaissant pas, leurs noms au lecteur.
468 LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
Nous ignorons également ceux des arcliitecles de la mosquée
du sullan Selim, construile sur le modèle de Sainte-Sophie el qui
a conservé, par conséquent, la forme de la croix grecque
dominée par une immense coupole, ainsi que de la mosquée de
Buyeck-Djamin, remarquable par la petitesse de son dôme et
l'élégance de la galerie qui Tentoure : ces deux édifices élevés à
Scutari, au commencement du siècle. Enfin l'Empire turc eut
aussi son palais de l'Exposition, en 18G3 et, cette fois, ce fut un
architecte français. M. Bourgeois (sans autre désignation), qui
en donna le plan conçu dans le style de Mahomet 11.
La plupart des édifices dont a été doté le nouveau royaume
de Grèce eurent pour architectes des Allemands cités dans un
chapitre précédent, à l'exception pourtant des deux suivants :
r Edouard Schaubert, né en 1800, à Laubau, en Silésie,
élève des écoles de lîerlin et de Breslau, qui se rendit en Grèce
en 1830 où il devint architecte du gouvernement grec et auquel
Athènes doit une église et son observatoire; 2° Ernest Ziller, né
àOber Hôflossnitz (Saxe), connu pour ses fouilles en Grèce, qui, de
1872 à 1873, construisit àPatras,àZante d'abord et à Athènes en-
suite, des théâtres dans le style de la Renaissance. Après avoir
ajouté que Schaubert s'estreliré à Home, où sans doute il est mort,
nous n'avonsàcitcr qu'un seul contemporain Français ayant laissé
dans ce pays une œuvre architecturale un peu importante : c'est
François Louis Florimond Boulanger, né à Denain (Nord) le
2U novembre 1807. Élève de lluyol el de Leclerc, il partagea avec
Clergel, en 1830, le grand prix d'architecture el fil un fruc-
tueux voyage d'instruction en Italie. Peu de temps après son
retour à Paris, il était appelé à Athènes pour y construire la
cathédrale et la place ornée de portiques qui entoure cet édifice.
L'œuvre de Boulanger est assurément d'une exécution remar-
quable. Athènes lui doit aussi un théâtre, ainsi que le palais
du Corps législatif; mais nous ignorons la date du décès de cet
architecte. A Jérusalem, c'est en mars 1808 qu'un architecte
grec, Cameano-Calfa, fut chargé de rétablir le dùme et la cou-
pole de l'église du Saint-Sépulcre; depuis cette époque, il ne sem-
ble pas qu'il y ait d'autre construction h y signaler que celle d'un
architecte français nommé Lecomte, qui éleva, sur le mont
des Oliviers, un petit cloître exposé en 1871, pendant qu'à Bio-
.taneiro (Brésil^. M. Paul Bernard édifiait, avec la collaboration de
CIIAPITRK XVI. 469
rarcliilccte brésilien F. P. A. Camilhoa, le moniinicnl commémo-
ratif de l'expéditioa du Paraguay, colonne monumenlale sur un
soubassement à effets d'eau. Au Pérou, c'est aussi un Français,
élève de Labrouste, Etienne Maximilien Mimey, né à Paris le
23 février 1826, qui de 1850 à 1802 consiruit le palais du gou-
verneur de Lima, le pénitencier et l'égliso paroissiale de Tacna.
Nous ignorons d'ailleurs s'il a exécuté son projet de mausolée pour
les victimes de l'incendie de l'église de Santiago exposé en 1802.
C'est un Italien, Francesco Tamburini, né à Pise où il fit ses
premières études qui a élevé la plupart des édifices publics de
Buenos-Ayres (République Argentiuej à partir de 188i : le palais
de justice, le bureau de police, le tbéàtre Colon, le palais du
Congrès national, le palais du gouvernement, l'hôpital militaire,
la bibliothèque, des écoles, etc. Possesseur d'une grande for-
tune, il est mort à Buenos-Ayres au moment où il allait pou-
voir revenir dans son pays natal.
Nous avons réservé une place dans ce dernier chapitre à un
artiste français de valeur, qui a fait à l'étranger toute sa car-
rière architecturale : Jean Thomas Thibault, né ;\ Monlier-en-
Der le 20 novembre 17o7 et mort à Paris le 7 juin 1820.
Élève de Boulé et de Paris, il construisit à New-York la Bourse
(ancienne) et la Hollande lui doit la restauration du palais royal
de la Haye et de l'hôtel de ville d'Amsterdam. Il fut nommé
membre de l'Institut en 1819.
A Paris, c'est un architecte anglais, M. E. Samson, qui a cons-
truit, en 1889, l'église protestante anglaise delà rue des Bassins,
dans le style roman.
Le lecteur sait que, conformément à un ukase impérial, les
édifices religieux russes ne peuvent être construits que suivant
certaines données et dans un style unique, le style byzantin ;
c'est sans doute à cette circonstance que les trois seules églises
russes que nous connaissions en France : celle de la rue Daru
à Paris, celle de Nice et la chapelle du cimetière de Menton,
sont dues à trois ou plutôt à quatre architectes russes.
L'église russe de Paris fut élevée, de 1859 à 1801, par
M. Strohm sur les dessins de Kouzmin, mort à soixante ans,
conseiller de l'empire de Russie, professeur d'architecture à
l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, chevalier de
la Légion d'honneur et décoré de plusieurs ordres. Tout le
i^O LES ARCHITECTES PAR LEURS OEUVRES.
monde connaît cet étrange et charmant édifice aux coupoles
dorées, aux fresques archaïques. C'est M, Griin, aussi professeur
à l'Académie de Saint-Pélersbourg, qui fut l'architecte de la
chapelle élevé à Nice en 1868 (inauguration du 26 mars), en mé-
moire du Czaréwitch mort dans cette ville. Mais M. Griin avait
déjà construit, de 1863 à 1866, l'église russe de Genève, vaste
carré dont la partie centrale, surmontée de cinq coupoles de cui-
vre doré, est bien connue des touristes. A Menton, c'est M. Ni-
colas Yourassoff qui a donné le dessin de la chapelle russe,
élevée dans le cimetière, édicule de style byzantin moscovite,
précédé d'un porche que soutiennent deux colonnes dans la
composition desquelles l'artiste a introduit des réminiscences
de l'art hindou.
Par contre, aux étrangers italiens, français ou allemands
auxquels sont dus les principaux édifices de la Russie, nous
avons à ajouter Antonio Rainaldi, né à Rome, qui fut l'archi-
tecte de rem]>ereur à Saint-Pétersbourg de 1762 à 1796 et
travailla, en cette qualité, à l'église Saint-Isaac, dessina la place
de Strelna, construisit le palais de Marbre de 1770 à 1785,
palais réédifié, on l'a dit, en 1847, et l'arc de triomphe du
comte Orioff, de 1816 à 1818. Hors de Saint-Pétersbourg,
Rainaldi fut l'architecte du beffroi de la tour de Serge à Troilza,
près Moscou (1769), de la place des Tzars et de la place de
Gatschina à Moscou (1771-1774). Quand à l'Italien Rrenna, nous
avons négligé de dire (p. 180), qu'on le donne aussi comme
l'auteur du palais Michel, élevé de 1796 à 1801, sur l'empla-
cement du palais de la Fonlaka, de l'obélisque de granit et de
la caserne achevée par Rossi.
TABLE DES MATIERES
DU TOME TROISIÈME
CHAPITRE I
La forme classique est celle de tous les édifices élevés en France pendant
la première période du xix" siècle. — Le romantisme en architecture
provoque le retour à l'étude des édifices qui précédèrent la Renaissance.
— Création du Comité des arts et monuments. — Restauration des
cathédrales et des châteaux des xn°, xni", xiv^: et xv" siècles
CHAPITRE H
Application du style classique aux restaurations des grands édifices
d'utilité publique. — Parmi les constructions d'édifices nouveauxà Paris,
il y a lieu de signaler des théâtres, des mairies et des marchés. —
L'éclairage par le gaz et les transports par chemins de fer donnent
naissance à une architecture nouvelle répondant à des besoins nou-
veaux 30
CHAPITRE III
Piemière application, en France, du système cellulaire aux maisons de
correction. — Les fortifications de Paris. — Construction, dans les dé-
partements, de mairies, de palais de justice, de marchés et d'abattoirs.
— Les architectes diocésains sont obligés de suivre, dans les restaura-
tions des édifices religieux, la direction du Comité des arts et monu-
ments
CHAPITRE IV
Il s'élève, en Angleterre, à côté de l'école classique, une école néo-grecque
qui n'a produit ni architectes, ni œuvres architecturales. — Vers 1840,
révolution radicale dans l'architocture religieuse. — Tentative impuis-
472 TABLE DES MATIÈRES.
sa.n\.ed' (éclectisme par Ch. Barry et adoption définitive par les architectes
anglais, dans presque toutes leurs constructions importantes, civiles
comme religieuses, de l'ancien style ogival anglais accommodé aux
besoins de la société moderne 97
CHAPITRE ^
Coup d'œil rétrospectif sur les évolutions dans le passé de l'architecture
allemande. — En Autriche, les architectes italiens ou français du xvni"
siècle ont fait école et leurs successeurs restent fidèles, pendant les qua-
rante premières années du siècle suivant, aux principes classiques. —
Un des souverains de la Bavière, admirateur passionné de l'antiquité
grecque, trouve dans von Klenze un exécuteur habile de ses volontés,
mais cet artiste 'a peu d'imitateurs dans l'Allemagne du Sud où
l'éclectisme devient la règle en architecture. — Le style classique con-
tinue à dominer pendant la première moitié du siècle sur les bords du
Rhin et en Prusse. — Schinkol introduit dans l'Allemagne du Nord ce
que nous appellerons le " classique allemand », par opposition au clas-
sique français ou italien 140
CHAPITRE VI
Création à Saint-Pétersbourg d'une Académie des beaux-arts avec des pro-
fesseurs français. — Caractères classiques de tous les édifices russes du
commencement du xix^ siècle. — Influence de l'empereur Nicolas sur
les destinées de l'architecture en Russie. — Adoption officielle du style
byzantin dans la construction des édifices religieux russes. — Eu
Pologne, l'architecture reste classique et française. — La Suède et la
Norvège voient s'élever seulement quelques édifices d'utilité publique;
mais de l'université de Copenhague sortent de véritables artistes qui
laissent en Danemark et, même hors du Danemark, des œuvres aniii-
lecturales considérables 178
CHAPITRE VU
Résultats, au point de vue architectural, de l'incorporation de la Belgique
à la France sous la République et l'Empire. — Pendant le temps de
cette incorporation, l'architecture classique française est la règle en
Belgique. ■ — Devenus maîtres de leurs destinées et archéologues distin-
gués, les Belges ont créé une véritable architecture nationale dont les
caractères se manifestent surtout dans les constructions privées fort
nombreuses de ce siècle. — Les architectes hollandais accusent une cer-
taine préférence pour la Renaissance hollandaise des xvi" et xvii« siècles.
CHAPITRE VIH
L'architecture officielle a, pour ainsi dire, disparu de l'Angleterre et, en
même temps, s'est produit l'abandon définitif du classique et des
formes de la Renaissance. — Le goût anglais, privé d'une direction
TABLE DES MATIÈRES. 473
supérieure, adopte en architecture un éclectisme irréfléchi, corrigé par
une préférence décidée des architectes pour l'ogival anglo-normand et
le style Tudor 222
CHAPITRE IX
L'esprit de controverse, conséquence du protestantisme, multiplie, à
Londres et surtout dans les comtés, les temples et les chapelles. — Leur
valeur architecturale. — Les Anglais appliquent indifféremment les
formes ogivales, en les dénaturant, à leurs hôpitaux, collèges, établis-
sements d'instruction ou de plaisir 234
CHAPITRE X
L'architecture autrichienne entre, vers l'année 18o7, dans une période d'ac-
tivité qui dure encore aujourd'hui. Mais les architectes de Vienne moderne
ont surtout pour objectif la combinaison savante, parfois heureuse,
d'éléments empruntés à des styles étrangers le plus souvent les uns aux
autres. — Toutefois, le style ogival semble exclusivement réservé à la
construction des édifices religieux. — Les architectes modernes de
l'Allemagne du Nord ont adopté de préférence, depuis une vingtaine
d'années, dans leurs créations les plus importantes, les formes de la
Renaissance allemande 240
CHAPITRE XI
Pendant toute la première moitié du xiî« siècle on n'élève, en Suisse, ni
édifices religieux, ni édidces civils. — Un mouvement architectural très
marqué s'est produit vers 1830 et ne s'est pas arrêté depuis. — Création
du Polytechnikum de Zurich. — Les architectes suisses, dans leurs con-
ceptions architecturales, empruntent encore les idées des écoles fran-
çaises ou allemandes dont ils ont adopté renseignement, suivantqu'ils sont
originaires de cantons voisins de la France ou voisins de l'Allemagne. . . 284
CHAPITRE XII
Une ère véritablement monumentale s'ouvre, en France, avec le second
Empire et se continue sous la République. — Le nouveau Louvre, le
nouvel Hôtel de Ville, les nouvelles mairies, les nouveaux hôpitaux, etc.
Tous ces édifices sont le produit d'un éclectisme ingénieux et raisonné,
mais non l'expression d'une architecture nouvelle. — Les architectes
d'édifices religieux, à Paris, délaissent, de plus en plus, le style ogival et
adoptent, de préférence, les formes romanes ou romano-byzantines. —
Les Halles centrales. — Les Expositions et l'architecture de fer 284
CHAPITRE XIH
Les départements suivent le mouvement architectural qui a pris nais-
sance à Paris, à l'avènement du second Empire. — Les architectes de
474 TABLE DES MATIÈRES.
province concourent, avec les architectes diocésains, à la restauration
des édifices de la période ogivale. — Hôtels de ville des communes
suburbaines. — Cathédrales à Moulins, Marseille, Nancy. — Le palais de
Longchamps à Marseille. — Construction de préfectures, musées, mairies
et théâtres dans les principales villes de France .... 341
CHAPITRE XIV
Les architectes italiens du xix'' siècle abandonnent les fantaisies de
l'école borrominienne pour les rigidités du style classique. — La réalisa-
tion de l'unité de l'Italie provoque un mouvement architectural relative-
ment assez prononcé dans le sens de l'éclectisme. — L'Espagne moderne,
sans besoin d'édifices nouveaux, se contente de remplacer les anciens,
civils ou religieux, hors de service; mais ses architectes n'ont pas pro-
duit d'oeuvres jusqu'ici 381
C APITRE XV
Les Anglais, premiers maîtres de l'Amérique du Nord, y introduisent les
principes de l'architecture anglaise ; mais la reconnaissance du gouver-
nement des États-L'nis d'Amérique par les nations européennes marque,
dans ce pays, le commencement d'une évolution vers le style classique.
— La forme classique est, en effet, celle des édifices les plus importants
des Etats-Unis élevés aussitôt après la Déclaration d'indépendance. —
Œuvres gigantesques des architectes américains depuis cette époque.
— Leurs tendances vers l'éclectisme. — Les artistes américains à l'E.tpo-
sition de Chicago 411
CHAPITRE XVI
Les architectes européens au.v colonies. — Les Anglais et les Hollandais
dans l'Inde. — Les Français en Afrique. — Les édifices modernes de
la Grèce et de la Turquie 461
FIN DE LA TABLE DES MATIERES.
INDEX ALPHABÉTIQUE
DU TROISIEME VOLUME
NOMS
AnCHITBCTES.
Abadie (Paul)
Adadie
Abric
ACKER
Adamim
Adams
Adler
Agnéty
Ahlert
A:gner
AlTCHINSON
Alavoine
Alaux
Aldrophe
Alexander
Allan
Allard
Allard-Nelzir ,
Allason
Allom (Thomas) ...
Allom (Arthur) .
Alphaxd
Alvarez Buqdel . . .
Alvino
Amati
Ame
André (Jules-Louis)
André (Edouard). ..
Angell
Anger
Anselet
Antonelli
L ÉDIFICE
L été constr
Belgique.
Russie.
Angleterre.
Amérique.
France.
Allemagne.
Russie.
Angleterre.
France
Angleterre.
France.
Angleterre.
France.
Espagne.
Italie.
de l'architecte.
France.
1820
—
1819
Angleterre.
1800
France.
»
—
1829
Italie.
1708
1783
1812
1799
1844
1792
1788
182o
1776
1816
1834
1841
1798
1790
1804
1830
1817
1810
DATE
3 hi mort
l'iircllilecte
ou .le la
nslruction
4-1868
+1884
+1871
XIX' siècle.
1825
1869
V.
4-1843
4-1833
XIX' siècle.
4-1831
V.
1851
V.
1838
4-1877
V.
4-1891
4-1870
4-1876
1806
V.
V.
1879-1883
4-1866
1867
V.
4-1888
205
184
242
452
70
166
186
230
14
369
334
133
361
48
67
126
108
108-239
328
409
399
393
382
305
343-360
233
378
354
403
476
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
1BCBITECTE3.
Arends
Armand
Arnold
ASHER
ASHPITEL
ASHTON
Arthur (Voir Mac Arthur
Atwood
auburtin
Al'er
AUVRAY
AZEMAB
AZURRI
Badger
Baeckelmans
Baes
Baili-Y
Baker
Balat
Ballu (Théodore)
Ballu (Albert)
Baltard (Louis-Pierre) . .
Baltard (Prosper)
Baltard ( Victor)
Balyan
Bamford
Banks
Baragley
Baralle (de)
Babbarino
Bardiéri
Baricius
Barlet
Barnes (Frédéric)
Barnes (William)
Barnes
Barnett
Barnitz
i éto construit.
.Allemagne.
France.
Allemagne.
Amérique.
Anffleterre.
Amérique.
France.
Suisse.
France.
Italie.
France.
Belgique.
France.
Angleterre.
Belgique.
France.
France el Belgique
Turquie.
Angleterre.
France.
Italie.
Allemagne.
France.
Angleterre.
Australie.
Allemagne.
naissance
do l'arctiitecle.
180d
1823
1807
1801
1848
1838
1823
1831
183S
1810
1817
1849
1704
17Ï1G
180o
1804
de i'arctiitecte
+ 1808
1838-1860
1806-1840
-+-1869
-t-1872
V.
V.
xis" siècle.
V.
+1864
V.
1863
+1871
xix" siècle.
-fl892
1834
1848-1834
+ 1883
V.
+1846
+ 1862
+1874
+ 1862
1863
1818
+1872
1828
1833
xix= siècle.
Vers 1816
1832
+1887
1880
1869
1833-1860
160
60
264
418
107
113
458
322
285
377
48
391
333
201
203
319
226
197
317
203-318
326
467
112
242
47
94
401
402
233
26
231
243
464
464
237
INDEX ALPHABETIQUE.
477
NOMS
PAYS
l'édificb
a CM lonsiruil.
date
de la
(le laichitecle.
DATE
de la mort
de larrliilecle
ou de la
cnnslruction
de l'edilice.
dages.
France.
Angleterre.
Allemagne.
France.
Angleterre.
Italie.
France.
Angleterre.
France.
Allemagne.
France.
( Voir Rose
Beauvais.)
Angleterre.
Allemagne.
France.
Angleterre.
France.
Ilalic.
Amérique.
France.
Allenjagne.
France.
Angleterre.
France.
Belgique
Allemagne.
France.
1800
1807
1795
1777
1709
1825
1857
1786
1792
1838
1844
1829
1757
1786
1706
1809
1806
1815
1855
Vers 1850
1838
1794
180G
1803
+ 18.54
4-1887
4-1860
1856
1853
+ 1848
4-1882
1882
4-1843
4-1891
1850
V.
V.
IS6I-I879
V.
4-1811
4-1851
4-1829
1853
1823
+ 1884
-j-1869
1852
Après 1847
4-1833
V.
1819
4-1876
1853
4-1877
XIX"' siècle.
V.
4-1858
XIX» siècle.
23
22
116
239
156
34
378
125
406
407
12
19
242
346
346
309
269
119
120
244
104
268
389
89
241
59
389
395
459
81
282
359
245
93
347
201
175
370
Barry (Edw. Middleton ) . .
B\RRY (T h.). ....
Barthélémy (Eug. Jacques).
Barthélémy (Eugène)
Basevi
Basile (Ernesto)
Beaumont
Beazelev
Beazeley (Charles)
Beck
Bellamy
Bellanger
Be.man
Benard (ou Bernard)
Benvignat
Bf.rard et Delmas
Berges
478
INDEX ALPHABP]TIQUE.
NOMS
PAYS
l'édifice
a été construit.
DATE
de la
(le l'architocle.
DATE
de la mort
de l'architecte
ou de la
constriictioQ
de lï-difice.
PAGES.
Allemagne.
Hollande.
Brésil.
France.
Allemagne.
France.
Belgique.
Allemagne.
France.
Italie.
Allemagne.
France.
,\nièiique.
Danemark.
Angleterre.
Belgique.
France.
Hollande.
Suède.
France.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Italie.
Allemagne.
France.
Russie.
France.
Angleterre.
Italie.
France.
1816
I806
1 800
1771
1811
1823
1834
1797
1783
1807
1819
1820
1833
1800
1829
1817
1842
1780
1847
1795
1842
1840
1832
1815
1822
1812
1837
1797
1836
xix'> siècle.
1820
+1823
V.
V.
1836
1816
-fl856
1826
+ 1874
-1-1880
4-1882
+1830
1809
xix'= siècle.
V.
+ 1876
V.
XIX" siècle.
+1863
+1825
V.
1889
1840-1840
+ 1853
V.
V.
V.
V.
+ 1859
+1862
1849
V.
xix= siècle.
213
468-469
95
145
10
31
198
265
73
400
166
37
370
63
430
430
324
191
243
204
370
289
220
187
371
56
310
327
109
66
253
398
282
382
183
329
343
71
112
403
82
Bernard et Camilhoa
Bernard (J.-B.)
Berthelin
BlET
BlLLINGS (H.)
Blanpain
Blavignac
Bléys
BoCKMANN
BoiLEAU (Louis-Auguste)..
BoiLEAU (Louis-Charles)..
BoiTIIAM
BOITO
INDEX ALPHABÉTIQUE.
479
BOLLATI
BOLTZ
BONNAL
BONNARD
Bonnet
bonnevie
BONNORE
Boos
Bordes
BORDIAU
BORIONE
BORRA
BOSSAN
BOTTREL
BOUCHET
Bouchot
BOLCLOT
Boudin
BouÉ
Bouillon
Boulanger
BOULLÉ (V.-M.)
Bourdais
Bourdon
Bourgeois
Bourgeois
bourièrk
BouRLA (Benoit)
BouRLA (Pierre-Bruno
bourmann
Bourru
boutigny
Bouvard
BOUWENS
Bouvier
BovÉ
boyington
Bralle
Brandon (Artliur). . . .
Brandon (Bap.)
Bréasson
Breitinger
Italie.
France.
Bruxelles el France.
France.
Allemagne.
France.
Belgique.
France.
Italie.
France.
Grèce.
Fiance.
Turquie.
Belgique.
Allemagne.
Suisse.
France.
Belgique.
Suisse.
Russie.
Amérique.
France.
Angleterre.
France.
Suisse.
DATK
de la
de raichitwl,.
1805
1763
1828
1783
1820
1820
1814
1818
17'J9
1817
1831
178i
1803
1807
An XI
183. H
1807
17'J2
1783
1818
17o0
1810
1848
1814
OATK
de la mort
de l'architecte
ou de la
constriicliim
de ledilice.
1830-1803
1839
+1880
+1818
+ 1881
V.
1833-1808
+1878
1880
1877
xix° siècle.
+ 1888
+ 1870
+ 1800
V.
1833
V.
+ 1808
+ 1804
+ 1804
1849
1849-1833
1803
+ 1867
+1860
xi.v^ siècle.
+ 1890
1831
V.
1831-1834
1833
1821
Vers 1832
1843-1849
V.
+ 1880
403
72
12
322
194
307
260
363
199
338
403
300
374
41
301
40
345
78
91
468
90
314
364
300
468
82
40
200
174
288
33
:i:is
204
287
180
423
64
112
112
344
292
480
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
ARCHITECTE
Hrenna
RiiENTANO
Rrevet
Brey.mann
RniEiN
Brocher
Brodrick
BrONGiNIART
Brook
Brossaru
Brown
Brulloff
Brumeis
Brun (P.-C.)
Brune
Brunel (Marc-Isambart) . .
Brunel (Isambart - King-
dom)
Brunet Debaisnes (Charl.).
Bru.net Debaisnes (Claude),
Brcnfaut
Bruyère
Bkyant
BUCKLER
BCFFINGTO.N
BULFINCH
BULLOCK
BULOT
Bi
N'ING.
BÙRDE
BuRGUET (Charles)
BuRGUET (Jean) . .
RURKLEIN
BURN
BURNHAM
BURON
BURTON
RUSIHI
BUSSIÈRE
BUTTCH
BuTTERFIELD
BUTTON
Russie.
Italie.
France.
Allemagne.
France.
Suisse.
Angleterre.
France.
Angleterre.
France.
Amérique.
Russie.
Allemagne.
France.
Ancleterre.
France.
Relgique.
France.
Amérique.
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
France.
Angleterre.
Allemagne.
France.
Allemagne.
Hindoustan
Amérique.
France.
Angleterre.
Italie.
France.
Allemagne.
Angleterre.
Amérique.
DATE
rio la
lie l'archileclc.
1802
1836
1807
1808
1739
1800
18o9
»
1823
1700
1806
1801
179!)
1758
1816
1847
1763
1820
1821
1783
1813
1845
1817
1818
de l'architecte
1796-1802
+1889
V.
+ 1839
.ix'^ siècle.
+1834
IX'' siècle.
+1813
1803
+ 1883
V.
1833
xix'- siècle.
V.
XIX'' siècle.
+ 1844
+ 1839
+ 1862
+1833
XIX'' siècle.
+ 1831
+ 1892
1849-1830
V.
+1844
1812
+ 1889
1849
xix'" siècle.
+1879
+ 1848
+ 1872
1848-33
V.
+ 1881
1822
133-1839
1830
V.
180
393
316
137
380
288
244
7
123
374
437
180
162
366
301
127
379
379
203
36
428
132
430
416
120
338
124
83
271
462
430
373
121
390
334
270
109
424
INDEX ALPHABÉTIQUlî.
481
Cabot
Cady
Caldf.rini
Calinaud
Callet
Calliat
Calloigne
Caloine
Caméano-Calfa
Camilhoa
Camolf.tti
Campûrrse el Bosio. .
Canina
Cannissié
Canonica
CaN'TIAN
Cantomi
Carbonier
Caristie
Carlier
Carpenter (Herbert).
Carpe.nter (R. g.). • .
Cabpk.ntif.r
Carry Long
Carry Long
Carson
Carthy
Cassie.n et Sassua. . .
Castellazzi
Catël
Catoire
Cauuont
Cavos
Cels
Cendrier
Ceppi
Cer.nesson
Céruti
Chabrol
DATE
delà
de l'architecte.
G
Amérique.
Italie.
France.
Belgique.
France.
Syrie.
Brésil.
Suisse.
Italie.
France.
Italie.
Allemagne.
Italie.
Russie.
France.
Belgique.
Angleterre.
Bek'ique.
Amérique.
Angleterre.
France.
Italie.
Allemagne.
France.
Russie.
Belgique.
France.
Italie.
France.
Italie.
France.
1818
1838
1 S43
1791
ISOl
1818
1848
179:;
1799
1704
1783
1819
1772
1810
Vers 1849
1836
1776
1806
1785
1803
1812
de l'architecle
V.
+ 18o4
+ 1881
1821-1823
+ I8j9
1808
»
V.
xix° siècle.
H-18ob
+ 1877
+ 1844
+ 1806
1821
1817
+ 1862
xix^ siècle.
1863
+1855
+ 1886
+ 1835
+1849
+ 1891
1868
1888
+1888
+ 1819
+1864
1857
1851
xix° siècle.
1870
V.
+ 1875
429
443
392
343
61
324
203
33
468
468
289
389
391
.'il
393
280
393
185
54
204
237
237
205
417
417
452
239
364
398
176
376
74
180
198
61
405
327
394
357
31
482
INDEX ALPHABETKJUK.
de larchil.rto.
DATE
de la mort
de rarcliileclc
Chadwick
Chambord
Champagne
ClIANDLER
Chapon'
CHARDÛNNifenE {dE La).
Charpentier
Chat
Chateauneuf (de)
Châtelain
Châtelain
Chatillon
Chatron
Chenantais
Chenavard
Cherrier
Cfiester
Ciieussey
Chevey
Chevron
Chipiez
ClPOLLA
Clamer-Klett
Clark
Clarke (Joseph)
Clarke (Sommers) . . .
Clascy
Clavereau
Clémence (J.-L.)
Clément
Clerget
Clinton
Clochar
Clhtton's
Cll'ysenaar
CùIÎB
Cochet
Cockerell..
CoisEL
Coll \ ,
COLI.ART
Collet dit Duclos. ...
AngleleiTC,
France.
Amér'iqiip.
France.
Allemagne.
Suisse.
France.
Angleterre.
France.
Belgique.
France.
Italie.
Allemagne.
Angleterre.
France.
Angleterre.
France.
—
1808
Aniéi ique.
183.H
France.
\-'i
Angle (erre.
).
lîelgique.
ISUO
Amérique.
I80IJ
France.
1760
.Angleterre.
1788
France.
»
Italie.
Suisse.
1810
France.
1784
1812
1795
1841
18.34
1797
1818
1839
1802
1782
1809
1787
1829
1781
1790
1823
1 8 i4
1824-1827
1871
-f 18b7
+ 1879
1839
V.
+ 1839
1872
+1808
+ 1874
V.
1843
+ 1837
18G2
}is« siècle.
+1872
XIX' siècle.
1843
18.32-1833
18GS
SIX' siècle.
-flSlO
1843
+1833
+ 1877
V.
1848-1830
+ 1880
V.
+ 1833
+1803
1 808
+ 1892
V.
+ 1838
INDEX ALPHABETKJUE
483
NOMS
PAYS
;i l'ié construit.
DATE
de la
naissance
de l'ardiitL-cle.
DATE
de la mort
de rarchitectc
ou de la
construction
de rédifice.
PAGES.
Amérique.
France.
Amérique.
France.
Belgique.
France.
Russie.
France'.
Amérique.
Épypte.
France.
Italie.
Portugal.
France.
Allemagne.
France.
Belgique.
Angleterre.
Allemagne.
Espagne.
Allemagne.
Belgi(|ue.
France.
.Vllemagne.
France.
.\ngleterre.
Amérique.
Angleterre.
17ti3
1834
1829
1801
1818
1831
1705
1850
1854
1835
Vers 1800
1787
1813
1823
1843
1824
1707
1824
1845
1827
1812
1843
„
1833
+1853
xis" siècle.
V.
+ 1871
V.
1830-1833
1810-1860
V.
1813-1824
+1843
V.
1860
V.
V.
xis= siècle.
-fl840
1825
1880
-1-1880
V.
1802-1808
1847
1848
+1857
1822-1844
+ 18.^9
Vers 1820
V.
+1883
V.
xix= siècle,
1845
1849
V.
1845-1850
410
373
43!)
352
331
340
197
200
307
180
25
456
466
347
348
407
410
23
23
160
334
369
370
10
200
133
200
409
165
199
20
280
282
335
312
347
138
133
112
4iO
107
Contamine
Costa Sequeira (da)
COL-DRAY (de)
CouRAU (J.-B.-Léo)
bert)
Couteau
Cremer (Friedrich)
Cremer (Wilhelni)
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
ABCHITECTES.
Cusi
CUSIN
CUSTIS
CUTHBERTSON
CuYPERs (Petrus J.)
CuYPERs (Theodoor)
CuYPERS (Eduart).. .
Dalgabio
Danjoy
Dankes
Darbishire
Darcy
Dardel (René)
Daumet
Dauthe
Davis
Davioud
Dawkins
Dean
Debayser
Debret
De Broe
De Craene
De Dredx
Deelemans
Decîeorge
Dégbé
Delabarre de Bay
Delacroix
Delannoy (Franc. -Jacques)
Delannoy (Marie-Antoine).
Delarue
Deldrouck
Delm-Rothfels
Delob
Delsaux
Delton
De Man ,
Demabbais
Italie.
France.
Amérique.
Hollande.
D
France.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Amérique.
France.
Angleterre.
France.
Belgique.
France.
Indes néerl.
France.
de rarchitecte.
Allemagne.
France.
Belgique.
France.
Belgique.
18;i9
1861
I7R8
17%
1826
1740
180.3
1824
1804
1777
1701
1797
1788
1787
1784
17.00
1800
1790
1819
1812
1806
Je l'arcliitecte
ou de la
construction
de l'édiOce.
XIX* siècle.
xix" siècle.
1802
V.
V.
V.
V.
+1852
+1862
1846-1847
xix« siècle,
xix" siècle.
+1871
V.
+ 1810
+ 1892
4-1881
18.Ï4
1848
+1880
+ 18.00
+1859
+ 1849
1835
1881
1876
+1863
+1833
+1800
+Vers 1863
V.
+1885
V.
xix= siècle.
+1862
1851
xix° siècle.
404
310
417
433
212
220
221
76
34
110
230
363
76
303
160
422
314
238
242
330
43
203
199
46
464
70
383
365
52
33
33
96
381
201
363
202
334
197
201
INDEX ALPHABÉTIQUE.
485
Demiulid
Deuuler
Deuolon
Deny
Denzinger
Depkrthes
Derick
Derigoyen.
Dérobe
Derre
Deschamps
DESJARDIiNS
Deslignières
Destailleurs
Destouche
DeSTOURiNELLE ,
DEVIEUX dit RoBELIiN
Devrez
Dewarlez
DlET
DOBSON
Dœflin
doisnard
DoLLliNGER
Dollman
Domingo
DOMMEY
Donaldson
DORNTHORa
DOUCHAIN ,
DOUILLARD (M. -F.). . ,
DOUILLARD (M.-J.). . ,
DOYÈRE
Driûlet
Drossaert
Drouy.x
DUBAN
Dubois (P.-F.-L.)....
Du Bois
DUBUT
Duc
DUCATTI
France.
Allemagne.
France.
Allemagne.
France.
Hindoustan.
Allemagne.
France.
Belgique.
France.
Angleterre.
Allemagne.
France.
Allemagne.
Angleterre.
Espagne.
France.
Angleterre.
France.
Belgique.
France.
Allemagne.
DATK
delà
naissance
de l'arcliitecte.
1806
1804
1790
1814
1787
1788
1797
1827
1806
1840
1801
1793
1823
1829
1805
183:i
I78o
1769
1802
DATE
de la mort
de l'architcete
ou de la
construftioa
de i'édiûce.
+ 1881
+1886
4-18o6
1841
XIX' siècle.
1867
184.3
1811
1816
+ 1890
1828
+1863
xix" siècle.
+ 1832
Vers 1831
1824
+1890
x]x' siècle.
+1871
V.
1845
1878
+1832
1869
1819
+1876
4-1883
1845
1838
V.
V.
1877
1863
1854-1856
+ 1870
+ 1811
+ I86G
+ 1879
1816-1830
310
161
86
33
274
318
462
146
20
203
63
339
317
39
37
62
21
321
93
323
133
237
93
268
241
408
303
111
139
68
373
373
364
87
204
369
49
302
144
486
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
ARCHITECTES.
DUCKKRS
DUFOUR
DUFOURNY
DULIN
DUMÛNT
DUMORTIER
DUNANT
Dl'PHOT
Dupont
duquesney.
Durand (Alphonse)
Durand (Antonin)
Durand (Charles-Élienne).
Durand (Gabriel-Joseph)..
Durand (Hippolyle)
Durand (Pierre-C.)
Durand-Billon
Durand-Gasselin
Durlet
Di;SILLON
Dutert
DUVAL
DUVAL (J.-B.)
Ebe
Ebeling
Eberlein
Eberson
Egle (von)
ElCHBEIM
EiDLiTZ (Cyrus)
ElDLITZ (L.)
ElSENLOHR
Elson
Emerson
Emmett
EiNUE
El'ELLET
EltLACHER
EiiNsr (Léopold)
liel-iqiio.
France.
Italie.
France.
Belgique.
France.
Belgique.
Suisse.
France.
HATE
de lii
E
Allemagne.
Hollande.
Allemagne.
Amérique.
Allemagne.
Turquie.
Hindousian.
Angleterre.
Allemagne.
France.
Allemagne.
1792
1700
17:;4
1800
1811
1790
1810
1800
1813
1702
1792
1801
1824
1810
ISio
1800
1834
1804
1809
1822
1818
1800
Vers 1823
1805
1830
1807
1808
DATE
de ht mort
do l'architecte
ou de lit
construction
de l'édifice.
1X10-1830
+ 1835
+ 1818
+ 1859
xix' siècle.
+1878
1846
+ 1849
+ 1882
1875
+ 1840
+ 1891
1844
1843
+ Vers 1860
V.
XIX'' siècle.
+1889
XIX"" siècle.
+1854
1804
1850
1852
V.
+1889
+1802
202
10
400
88
197
20b
23
368
69
59
380
358
25
85
355
308
63
373
201
291
340
317
343
282
163
157
215
267
154
433
433
105
403
462
238
282
349
149
249
INDEX ALPTIAnETKJUE.
487
Ernst (Henri)
ESPÉRANDIEU .
ESQUIÉ
Evans
ewerbeck . . . ,
EïRE
Fabris
Faget
Falcini
Famin
Faucheur
FAVIER{le P.)
Fehmer
Fellner
Felten
Fkraud et Fromageau . .
Fergusson
Fernbach
Ferrey
Ferstel (Heinricli (von)
Feuchère
FiNDEN et Lewis
FiscHE (von)
Fischer (Friedrich). . . .
Flachat
Flacheron
Flaury
Flockton
Fontaine
Forbes
Forcellini
forsmann
FoRMlGÉ
FoRSTKR (E. von)
Forster (I,ud\vig)
FossATi (C. et .1.)
Poster
Fowke
Fowler (Charles)
Suisse.
France.
.\ngleterre.
Allemagne.
Amérique.
Italie.
France.
Italie.
France.
Chine.
Amérique.
Allemagne.
Algérie.
Angleterre.
Amérifjue.
.Angleterre.
•Allemagne.
France.
.Angleterre.
.Ulemagne.
France.
Angleterre.
Franco.
Ilindoustan.
Italie.
.Allemagne.
France.
Allemagne.
Turquie.
AiiKlolerre.
1840
1829
1817
18.39
1858
1808
18.34
1804
1821
1838
1797
1808
1828
Ve
1828
rs 1800
1782
1803
1802
1772
1762
1827
1705
I8iï
1797
de lan-hitccte
ou ,1e la
c'oii>trii((i.m
.le re.lilice.
■■t-1802
+ 1874
1820-1822
+1889
V.
+ 1883
V.
+I88:.i
1817-1822
+1805
1888
V.
1870
-(-1880
XIX.'' siècle.
+1886
+1883
1844-1854
+1883
+1857
1853
+ 1820
+1867
+ 1873
+ 1835
1852
1850
+ 1853
18.39
+ 1891
+ 1878
V.
1874
+ 1863
1849
1839
1862
1848
292
362
303
132
263
397
369
396
83
372
466
459
139
43:;
110
248
79
229
147
105
60
76
242
113
8
462
403
169
340
250
250
400
244
232
123
488
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
AnCHITBCTES.
Francis (B.)
Franck-la-Roche (ue
Franco
François
Francolini
Franel
Frary
Frentzen
Freret
Friès
Fhissard
Frith
Frolicuer
Frœlicher
Fueter
Furness
FUSCHEN
Gaab
Gaoahine
Gallois
Gancel
Garbett
Garde
Gardegou ou Girdegom
Gardner
Gahnaud
Garnier
Garrel
Garrez
Garros
Gartner (Andréas)...
Gartner (Friedrich)..
Gasse (Etienne)
Gasse (Louis)
Gasselin
Gau
Gauche
Gaudy
DATE
de la
nuissance
de rarcliiloctc
Angleterre.
Amérique.
Italie.
France.
Italie.
Suisse.
France.
Allemagne.
Amérique.
France.
Angleterre.
Suisse.
France.
Suisse.
Amérique.
Allemagne.
G
Allemagne.
Hussie.
France.
Angleterre.
France.
Belgique.
Amérique.
France.
Allemagne.
Italie.
Fiance.
17'.)';
1791
1818
ISO'.i
18-24
1779
1854
1833
1787
184o
1840
1830
1811
1779
1760
1836
1796
1825
1823
1802
1833
1743
1792
date
de la mort
de l'architecte
l8o3
+ 1861
V.
+ 1834
V.
1823-1845
+ 1854
1844
1833
1828
V.
V.
1872-1875
+ 1869
1870
-fl889
1820-1822
+1853
V.
+ 1861
V.
+1867
+1852
V.
+ 1826
+1847
1809-1815
1809-1815
1843
-fl853
+ 1846
1822
INDEX ALPHABÉTIQUE.
■489
NOMS
AHCUITECTES.
GauthieriG!
Gay
Gedon
Geefs
Geisreider
Gencf.
Gen'court
GentebrOch
Gentilhomme
GEiNTZ
Geufroy.. .
Gibson
GiBSON
Gife
Gilbert
Gilbert
GlLLY
GiLMAN
GiLSON ,
GiNAIN ,
Gingembre
GlOCHAIN
GlON
Girard
GisoRS (Jacques-Pierre de)
GisoRs (Henri- Alphonse
Guy de)
GisoRS (Alexandre, Jean
Baptiste, Guy dk)
Gjôrvell
Gnauth
Goddard
Godde
Gûddie
Godebœlf
godei'rgy
GODWIN
Goetghuber (Jacques)
GoETGHUBER (François-Jo-
seph)
GOFFART
Go.nzales (Velasquez)
: été construit.
France.
Allemagne.
Belgique.
Allemagne.
France.
Allemagne.
Algérie.
Allemagne.
France.
Amérique.
Angleterre.
Belgique.
France.
Amérique.
Allemagne.
Amérique.
France.
Algérie.
France.
Danemark.
Allemagne.
Angleterre.
France.
Angleterre.
France.
Hollande.
Angleterre.
Belgique.
Espagne.
DATE
de la
naissance
de l'architecte.
1790
1773
184.3
1806
1816
1793
1796
1823
18:;4
1747
1793
18o3
1771
1821
182.3
1796
1702
1766
1840
1781
1809
1822
1813
1700
1788
1719
DATE
de la mort
de l'architecte
ou de la
construction
de rédilic.\
+ 1833
+ 1832
+ 1883
+1883
1501
+1834
1834
+ 1811
+1874
V.
+1828
1861
+1874
V.
+ 1800
+1882
+ 1849
V.
1821-1823
1880
xis" siècle
+ 1872
1779
+1806
+ 1833
+1884
1809
+ 1807
1806
V.
V.
+ 1888
+1823
+1869
+ 1772
273
200
147
48
21
100
403
170
304
434
110
201
43
430
170
431
68
330
87
404
404
aO
37
38
187
200
301
214
240
203
203
200
408
490
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Goodrich
GORF.CKl
GÔRZ
Goss
GOSSCHALK
GossET (Alphonse)
GossET (P. -Louis)
GOUGH
GOURLIER
GOUST
Goût
GOL'Y
GOY
Graaf et Fischer
Grandjean
Gra.xdjean de MoNTlG.Ny..
Grauss
GrA VIGNY
Grekf (Jean de)
Greef (Jansz de)
Gree.n
Ghégan
Grégoire (H.)
Gréterin
Grifenstein
Griffith
Grigny
Grillon
Grillot
Gropius (Karl-MaitinK. . .
Gropius (Martin)
Grothman et Fontan
Grueber
GrUiNNLNG
GUADET
GuÉNEPiN (Auguste-Jean-
Marie
GuÉNEPiN (J.-Fr.-J.-B.) . . . ,
Glérin (Bernard)
GuÉRiN (Charles)
Guérinot
GuÉROUST
Califoniie.
Pologne.
Allemagne.
Suisse.
Hollande.
France.
Angleterre.
France.
Suisse.
France.
Allemagne.
Italie.
Allemagne.
Hollande.
France.
Hollande.
Belgicjue.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Kussie.
Allemagne.
Angleterre.
France.
18U
1839
1833
1802
1786
18;i2
1842
1776
1828
1844
1743
1818
1791
1807
17.H2
1780
1827
1824
1806
1834
1780
1X07
1790
1814
1830
1814
DATE
de la mort
le l'arcliitecte
XIX"' siècle.
-1-1880
V.
V.
V.
-MS7o
18ol-18o4
-|-18o7
1811-1829
V.
V.
+ 1838
sii" siècle.
XIX' siècle.
+ 1850
V.
V.
+ 1830
V.
Apres 1850
1848
Vers 1834
+1832
+ 1810
1864
+1867
+ 1834
V.
+ 1880
-1-1886
xix'= siècle.
+ 1882
1823
V.
+ 1842
+ 1888
+ 1S39
+ 1801
4-1861
464
187
260
287
217
351
331
109
34
6
309
288
68
271
388
162
221
343
206
211
203
133
21
62
147
220
330
62
382
173
281
184
144
111
312
18
30
40
40
341
380
INDEX ALPHABÉTinUE.
■m
Glcel
guill.un (j.-h.) .
Guillaume
guillebaud
gutensohn
Guy
HaBERSOiN
Hadfield
Haight
Hakewill (E.'l
Hakewill (H.)
Hakewill (J.)
Hall . .
Hâller
Hallier
Hamilto.n
Hasiilton (Th.)
Hankins
Hanxaford
HaNiNO
Hannotin
Hansen
Hansen
Hansen
Hansom
Happe
HaRDWICK
Hahdwick (P.-C). . .
Hardwick (Robert)..
Hardy
Haruy et GiLEs
Haring
Haron-Romaln (père)
Hakon-Romain (fils).
Harrison
Hartel
Hartuisg
Hartwell
Harvey
HATE
du la
Hollande.
Belgique.
France.
Suisse.
Allemagne.
France.
H
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
Allemagne.
Angleterre.
Amérique.
Suède.
France.
.\llemagne.
Danemark.
Angleterre.
France.
Angleterre.
Franco.
Angleterre.
.\lleniagne.
France.
.Amérique.
Allemagne.
Amérique.
Angleterre.
1832
n-6i
1805
1841
1771
1778
183b
Vers 1835
1826
1843
1S13
1804
1839
1701
1796
1844
1833
ic l'iinliiteclc
ou lie la
coustructiou
de rédilice.
V.
+ 1820
1867-1868
+ 1888
1827-1844
+ 1866
1851-1853
+ 1826
V.
1845
+ 1830
+1863
1851
xix^' siècle.
V.
1846-1847
1820
1852
V.
-fl882
V.
+ 187 1
+ 1890
+ 1883
1869
1809-1812
+1829
1849
1843
V.
1852
1824
+ 1822
-t-1866
+ 1762
+1890
1887
V.
-f-1847
215
193
3 47
241
416
447
107
100
100
133-238
176
274
110
138
238
443
189
347
354
252
191
241
56
99
109
109
338
241
153
92
92
414
263
281
441
133
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
ARCHITECTES.
ILVSE
HaSEN.\UER (VOiN) . . .
H.iSSEMER
Masti.xgs
Hatch
H.\TFIELD (0.)
llATFIELD (R.-G.)....
IIauberisser
IIai'oedourt
Il AUSER
L'SSMANN
Haviland
Hawley
Hayward
Head
Heuso.n
Hedi.n
Heffer
Hecer
Heideloff (von). . .
Heigelin
IlEINS
Helmer
HÉNARD
Henczelmann
Hendriks
Hennick
Henriquez-Ferrer .
Henry (Guillaume)
Hérard
Heret
iiérholu
Hermant
Hertel
Hesse
Hetsch
Heurteloup
HlLD
HlLDEBRAND
HlLL
HiaBSEL
HiNE
PAYS
a élu construil.
DATE
delà
Je l'architecte.
DATE
de la mort
de l'architecte
ou de la
constructioQ
de l'édifice.
PAGES.
.\lleniapne.
1818
V.
262
_
iS33
V.
254
—
»
+ 18G0
166
Amérique.
1860
V.
458
_
1839
V.
444
—
1819
+1891
427
—
1815
+ 1879
427
Allemagne.
1841
V.
273
France.
1788
+ 1849
49
Alleniat,'ne.
1823
+ 1870
257
—
,.
1871
255
Amériiiue.
1792
+ 1852
419
Angleterre.
11
1855
238
_
,.
1849
132
—
»
1827-1832
136
_
1848-1850
132
France.
..
1875
310
Angleterre.
,1
1854
233
Allemagne.
1792
+ 1837
167
—
1788
+1805
265
—
1798
,.
156
Amérique.
1860
V.
458
Allemagne.
1849
V.
251
France.
1812
+1S87
321
Allemagne.
xis' siècle.
256
Belgique.
..
XIX"-' siècle.
206
Allemagne.
»
1872-187S
274
Espagne.
..
1855
409
France.
»
1845
95
_
1815
>,
310
—
1821
V.
331
Danemark.
1818
»
190
France.
1823
V.
320
Allemagne.
1829
+1890
259
_
1795
+1876
277
Danemark.
1788
+1864
190
France.
1802
+1846
62
Allemagne.
„
1832-1837
145
—
„
xix« siècle.
169
Amérique.
1841
V.
448
Allemagne.
1787
..
147
Angleterre.
1853
242
INDEX ALPHABÉTIQUE.
493
HlXTRAGKR
HmSCH
HiTTORF
HlTZlG
Hloaka
HOBAN
HOCHSTETTER. . . .
Hœnel
Hoffmann
HOLDEN
HOLLAND
HOLLIS
HOLLY
HOPE
HOPKINS
HOREAU
HOTELARD
HOTTISCU
HOWE
Hubert
Hubert (Joseph).
Hl'chard
HUDE
HUEB.SCH
HUGÉ
HÙGEL
HuiLLAItD
HUUBERT
HUNT
HURTAULT
HUTTON
HUVÉ
HUYOT
I.MDERT
Imbert (M.-A.-J.)
Indo
Inwood (William
Lnwood (H.-W.l.
PAYS
DATE
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de Farchilecto
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PAGES.
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V.
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1 808
300
—
1702
+ 18G7
58
Allenia;;ne.
1811
+ 1881
279
—
1831
2:i6
.\ nié ri que.
+ 1831
417
Allemagne.
1812
4-1880
260
—
+1880
i;;9
—
1807
+1889
260
Anf^leterre.
»
1860
230
—
1746
+ 1806
117
—
,.
1821-1823
102
.Amérique.
1834
+ 1892
442
Angleterre.
1774
+ 1833
233
—
1853-1844
108
France.
1801
+ 1872
326
—
1784
+ 1867
74
Allemagne.
»
xix= siècle.
2:iii
Amérique.
1832
439
France.
"
1793-170.H
10
Belgique.
.>
xis'' siècle.
204
France.
"
+ 1891
330
Allemagne.
1830
V.
274
—
170o
+ 1863
104
France.
1820
+1887
309
.Ulemagne.
..
1809
273
France.
1878
310
Chine.
..
1863
466
Amérique.
1828
V.
436
France.
1705
+ 1824
60
Amérique.
1834
V.
434
France.
1773
+ lSo2
47
—
1780
+1840
6
France.
Angleterre.
Espagne.
Angleterre.
1834
1867
1819-1822
1819-1822
336
■J33
409
101
101
INDEX ALPHAJiKTKjUE.
NOMS
PAYS
a Hé construit.
D.\TE
du la
do rarchitectc.
DATE
de la mort
do l'arohileclc
ou lie la
coijsfriictiDa
de rédifice.
PAGES.
132
92
358
283
183
89
286
200
73
199
126
327
433
436
132
54
414
185
144
102
238
MO
38
39
373
232
22
463
334
253
256
138
448
420
261
436
449
An^^leterre.
France.
J
France.
Allemagne.
Russie.
Fiance.
Suisse.
Belgique.
France.
Belgique.
Angleterre.
France.
Amérique.
Angleterre.
France.
Amérique.
Russie.
Allemagne.
Angleterre.
Fr.mce.
Algérie.
France.
K
Allemagne.
Angleterre.
Amérique.
Allemagne.
Amérique.
1807
1800
1834
1839
1798
1815
1841
1812
1830
1 789
1743
1782
1788
1824
1808
1797
1842
1818
1841
1847
1 843
+ 1879
V.
V.
+ 1869
+ 1S86
1878
1833
1852
+1888
1869
+1892
XTx= siècle.
1850-1852
+1871
+1826
1822
xix° siècle.
1853
1848
+ 1865
+ 1892
1866
xix'' siècle.
1811
+ 1878
1863
xis' siècle.
1840-1844
V.
+ 1888
1873
isabklle
Jacob
Jacobsthal
Jacqueuin-Belisle
Jannez
J\Y
JùLY (Edmond de)
JOLÎANiMN
Ke.nwick
KlMBELL
lNDi:\ ALPllAUininlK
493
Klkbeh
Klenze (von).. . .
IvLINGE.NIÎERli. . . .
Klotz
Klumpp
Kn'.\pp
Knoblalxh
Knuttel
KOCH
KocH (Ileinrich).
kokerinow
Krahe
Kramm
Kbaner
Kran.ner
Kruger (Theodoi
Kruger (Karl). . .
Kruyff
KUHNIX
Labadye
La Barre
Labbé
L'Abbé (Pierre-Augusle
Labrouste (Henri)
Labrouste (Théodore).. .
Lachèse '
Lacornée
Lacroix
Lafargue (Jules)
Lafargue (J.-B.)
Lafargue (Paul)
Laffo.n
Laforgue
Lagardette
Laing
Laisné
Lalande (de)
Lamarle
France.
Allenia"iie.
France,
Alleniasne.
Hollande.
Allemagne.
Amérique.
Russie.
Allemagne.
Hollande.
Allemagne.
Hollande.
Allemagne.
Franc
DATE
de la
Angleterre.
France.
1784
1810
ISU
1793
1801
1857
1837
1841
17o8
1797
1801
1818
1803
1844
1777
1760
182o
1801
1799
1803
1779
1814
182o
1801
1842
1810
1782
î'Ts 1770
1819
1808
DATE
de la moil
rarcliitecte
-1-1800
4-1804
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-t-l880
-1-1883
-1-1830
-t-l8G3
V.
+ 1889
V.
SIX'' siècle.
+ 1840
1833
+ 1871
+1878
+ 1883
V.
+1824
-1-1 830
+ 1833
1803
+1881
+ 1873
+ 1 88.3
+ 1872
+ 1830
+1872
+1881
+ 1860
-1-1876
+ 1882
+ 180t
1714
V.
1873
+ 1880
149
206
278
213
2.30
449
178
108
206
221
233
100
168
219
109
47
8
342
300
300
306-322
37 4
41
343
363
363
363
363
77
78
123
333
316
363
496
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
PAYS
l'êdikice
a été coustfuit.
date
de la
de l'architecle
DATE
de la mort
de rarchilecte
r>u de la
construction
de rédiflce.
DAGES.
Lamb
Angleterre.
Allemagne.
France.
Allemagne.
Allfmagiie el Crke.
Russie.
Amérique.
Allemagne.
Fiance.
Angleterre.
France.
Amérique.
V. Mac-Lau-
ghlin.
France.
Allemagne.
France.
Amérique.
France.
Amérique.
France.
1808
1831
1813
1786
1791
1824
1808
1818
1837
1781
1733
17IS7
1820
1836
1807
1784
1812
1764
1797
1818
1789
1832
1782
1819
1821
1843
1783
1831
1783
1849
V.
+ 1874
+ 1856
1868
xix' siècle.
V.
1868
+1868
+ 1869
+1808
+1889
+ 1836
1832
1870
1828-1842
+1837
+ 1837
+ 186S
+1820
+1860
+1869
+ 1864
V.
+ 1807
V.
1833-1837
V.
xix= siècle.
xix° siècle.
V.
+1833
+ 1863
+1838
113
270
384
71
344
69
374
261
272
272
182
453
173
173
319
81
241
379
379
343
89
29
83
365
413
76
341
103
324
433
16
342
82
430
431
431
371
62
370
44
liAMBERT
Lance
La.nck
Lan'g
Lange (Emile)
Lange (Ludwigl
Langenegger
Langford-Warren
LANGHAUs(Karl Ferdinand).
Langhaus (Karl (lotthard).
Langlois
Lantoin
Lanyon
Laouerrière (Constant) . . .
Laquerrière (Stanislas) . . .
Laroche
La Ruel (de)
Lassus
Latapie
Latol'r
Latrobe
Laughli.n
Laurecisque
Laval
Lavés
Lavezzari
Ledabon-Jenney
Lebas
Lebouteux
Le BnuN
Le Brun (N.)
Le liRUN (M.)
Le Brun (Pierre)
Leclerc (Charles- Alfred)..
Leclère (Achille)
Lecocq
Lecûinte
1
INDEX ALPHABÉTIQUE.
497.
NOMS
PAYS
LÉDIFICB
■d été construit.
DATE
de la
de l'architecte.
DATE
de la mort
de rarohitecto
ou de la
construction
de rèdilice.
1
PAGES.
France.
Italie.
.Syrie.
Franco.
Angleterre.
France.
Angleterre.
Belgique.
France.
Allemagne.
France.
Hollande.
France.
Algérie.
Belgique.
Amérique.
Allemagne.
France.
Allemagne.
France.
Allemagne.
France.
17(30
1816
1778
1845
1807
1810
1818
1814
1808
1826
1801
1815
1850
1755
1789
1801
1826
1803
1801
1813
1701
1789
1827
1813
1 806
1829
1836
1728
1816
1795
1871
+1885
+1861
+ 1886
1867
xix« siècle.
V.
+ 1880
1832
XIX' siècle.
+1865
V.
+1892
i8:;o
V.
+ 1846
+ 1891
+Vers 1830
1831-1840
1842
V.
+ 1825
+1865
+1891
V.
+ 1863
+ 1862
+ 1879
-f 1844
+1851
V.
+ 1882
+ 1873
1828
1823
V.
V.
+ 1803
+ 1879
10
399
468
353
335
356
223
378
380
299
241
205
377
272
267
381
42
218
49
379
45
465
202
456
414
172
304
361
61
34
260
15
93
344
372
332
167
52
350
348
H
348
Lecomïe
Lecomtr
Ledru (Agis-Léon)
Ledru (Ch.-L.-F.)
Legraive
Lejeune (Alp.-Am.)
Lejeune (Auguste)
Lelong
Lemarié
Lemonier
Lemonnier
Lemos (de).. :
Le.noir (Alexandre-Albert).
Lenoir (Vicier)
Lenormand
I-eonii\rd
LepRÉVOST de i!0UR(;ERET. .
Lerch
Leroux (Jean-Alfred). , , . .
Leroux (Louis) ,
Leroy (Julien-David)
Leroy (Charles)
32
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
PAYS
l'édifice
a i-té conslLuit.
DATE
.le la
de i'ari-llitecli-.
DATE
de la mori
de rairhitecle
va >le la
constnictiou
de l'cdili.f.
PAGES.
France.
Russie.
France.
Californie.
Anjjleterre.
France.
Belgique.
Amérique.
Allemagne.
France.
Allemagne.
l'rance.
Améri(iue.
Angleterre.
Belgique.
Angleterre.
Allemagne.
F'rance.
Amérique.
France.
Allemagne.
France.
Allemagne.
France.
1775
1794
1795
1842
1810
1800
1818
1788
1811
1826
Vers 1836
1807
1849
1810
1772
1836
1854
1781
1836
1814
1829
1811
1826
1834
1785
1790
+ 1858
1812
+1883
+ 1855
V.
1833
Vers 1852
+ 1881
xix'= siècle.
1815
1885
1816
+1860
xix= siècle.
+ 1887
+ 1820
+1843
1863-1892
+ 1891
1853
1869
1820-1821
1853
+ 1867
V.
+1849
+ 1835
V.
V.
1883
41846
V.
V.
+ 1877
+ 1889
1826
+1878
+ 1864
+1864
1847
34
186
20
40
311
21
42
50
464
132
307
26
371
206
429
176
62
250
328
434
224
252
205
244
176
374
417
417
429
456
340
90
371
359
281
311
169
168
262
90
330
49
l.ETARÛUILLY
Lf.thouel
Lewis
LlE.NALI
LlNUN
LluN
LiTTKLL
LiTTLE
Lobby
LOCKWOOD
LOHSE
LoiSON
LoNUFELLOw (William)
LoNOFELLOw (Alexaiidep) . .
LUDECKE
LUSSAULT
LussoN
Lussv. ... ....
INDEX ALPHABETIQUE.
499
NOMS
PAYS
,1 été cuustruit.
DATE
delà
Ji- l'architecle.
date
de hi mnrt
de lairhilecte
ou lie 1.1
eonstruction
de l'édifice.
PAGES.
Mac-Artiiur
M
Amérique.
Angleterre.
Italie.
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
Amérique.
France.
Angleterre.
France.
R(p. Arge.line.
France.
Norwège.
France.
Angleterre.
Allemagne.
France.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Italie.
Frince et Itassie.
France.
Amérique.
i Hindonstan.
Amérique.
1823
1799
1817
1820
1S34
1790
1760
1816
1793
1779
1781
1799
1789
1813
1830
1738
1797
1814
1817
1812
1798
1775
1836
Vers lb24
+ 1890
+ 1836
V.
1847
+ 1891
V.
1833
V.
+ 1843
+ 1883
1878
1889
+ 1878
+ 1830
1837-1831
1833
+ 1863
+1862
+ 1870
1833
1873
V.
1831
+1843
1864
V.
1880
\iy- siècle.
+1877
+ 1883
+ 1872
+ 1834
+ 1869
V.
1832
+1880
432
233
394
233
433
436
233
412
82
226
314
316
409
91
63
33
337
189
82
19
333
244
272
24
3:J6
73
233
346
334
73
363
160
396
181
69
437
462
432
Mac-Laugiilin
Macqdet
Maillet du Boulla y
Malo
Mapleson et Fowler
Margraff
Mariés du Vergniet
Martin et Tuurnesag
M\RTIN (B.)
Martin (F. -A.)
Maun
Mvy
500
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Mayr
Mazois
Mazuel (Alfred)
Meduna
Meganck (le P.).. . .
Meigs
Meldahl
Mella
Ménager
MÉNARD
Mengoni
MÉRINDOL (de)
Mesnager
métivier
Metzelaar (Johan) .
Metzelaar (Willem)
Metzger
Meyers
Meyjes
MiALHE
MiCHAILOW
MlCHELI
MlCUELIN
MiDDLETON
MiKESCHINE
MiRHAiLov (André) .
Milan
MlLLARDEI
Millet
Mills
MlMEY
MlRRl
Mis
MOCATTA
MOFFAT
MOITTE
MûLÉNAAR
Molina
MOLL
MOLLER (Joig)
MoLLER (Gusiave)
MONDET
PAYS
a été construit.
DATE
de la
de l'architecte.
DATE
de la mort
de l'architecte
ou de la
coQstruction
de l'édifice.
PAGES.
Allcmai-'UP.
1770
+ 1840
133
FiaDce el llalie.
1783
+1826
63 et 390
France.
1830
V.
331
Italie.
1810
..
400
Belfîique.
„
xis' siècle.
198
Amérique.
18IG
+1802
428
Danemark.
1827
))
190
Italie.
1808
+1884
404
France.
>,
18a0
44
—
1831-1833
69
Italie.
+ 1867
396
France.
1818
V.
328
—
1783
+1834
44
Allemagne.
1781
»
146
Hollande.
1818
V.
211
—
1848
V.
219
.Allemagne.
1807
).
149
Belgique.
»
+ 1848
199
Hollande.
18o8
V.
221
France.
180-2
+ 1871
363
Russie.
,1
1823
178
Italie.
„
xi.x' siècle.
398
France.
„
xix' siècle.
37)
Angleterre.
1830
+1880
117
Russie.
>,
1862
184
_
XIX" siècle.
178
Espagne.
,.
xix" siècle.
408
France.
1800
+1847
90
—
1819
V.
332
Amérique.
1781
+ 1833
418
Pérou.
1826
)>
469
Italie.
1747
,.
389
Amérique.
1831
+ 1890
437
Angleterre.
,,
1849
110
—
.,
1843
228
France.
I7;i4
+ 1808
74
Hollande.
18.S0
V.
220
Espagne.
»
1851
410
France.
1707
+1876
373
Allemagne.
1784
+ 1852
167
—
1826
+1881
280
France.
1834
"
84
INDEX ALPHABÉTIQUE.
501
MONNIOT
MONTIHOLI
MOREAU
MoREAU (Louis)
MOREAU (de)
MOREY
Morgan
MORIN
MORLOR
Morris
Mortier
Motbes
MOULD
MOURCOC
MOUTIER
MCFFAT
MuLLER (Heinrich)
MuLLER (Johan)
MuLLER (Justin)
MULLET
MUNDAY
MUSEMECCI
MUYSKEN
Myers
Mylius
Nantini
Narjoox
Nash
Nau
Neckelman.n
NÉGRIN
Neher
NÉNOT
Nepveu (Charles-Frédéri
Neshau
Neureltuer
Neute
Newmann (.lolm)
France.
Italie.
France.
Allemagne.
France.
.\nyleterre.
France.
Allemagne.
Angleterre.
France.
-Vllemagne.
Aniéri(iue.
France.
Allemagne.
Amérique.
Italie.
Hollande.
Amérique.
Allemagne.
N
Italie.
Suisse
Angleterre.
France.
Allemagne.
Italie.
Allemagne.
France.
Angleterre.
,\llemagnc.
Belgique.
Angleterre.
DATE
de la
1814
1817
1810
1815
1808
1818
1823
1823
1819
1822
1783
1834
1778
1843
18.30
1830
1752
1805
1850
1821
1853
1777
1811
1 840
1780
DATE
de la mort
le l'aicliiteote
ou de la
construction
de rédilice.
1823-1826
1834-1860
1762-1822
1863
1823
V.
1848-1850
-)-189l
V.
V.
1824-1830
1851-1853
-1-1840
-H- 1824
-I-180O
1739-1742
1852
V.
V.
-hl883
1855
1874
-1835
xix' siècle.
V.
4-1862
xix" siècle.
4-1887
4-1886
-1-1859
383
300
330
41
143
382
121
381
268
132
304
150
434
346
10-03
272
275
144
163
441
413
406
218
437
303
202
121
372
264
403
311
07
124
271
205
104-238
S02
INDEX ALPHABETIQUE.
Nkwmanx (Francis et Bil-
ling)
NlCCOLl.NI
NicaoLsoM (Peter)
NicuoLSON (W.-Adam) . . . .
NiCOLAÏ
NlERiNSEE
NiEUWENHUIS
NlZET
NûBILI (de)
NOCH
Norman
Normand (Auguste)
Normand (Alfred)
NORRY
NOVOSIKLSRI
Nystrôm
Alleniayiio.
Italie.
Ansleterre.
Ogke (Félix-François).
Oi;ÉE(Émile-Paul)....
OllLMÛLLER
Oh.net
Onseley
Oppler
Oruish
Ordish (Frédéric)
Û'ROUBKE
Ortis-Villajos
Osdei
OSTHOFF
Ottayiani
Ottmer
OUDET
OUTSHOORN
OwKN (Jacob)
OwEiN (John)
Allemagne.
Améri(iue.
Hollande.
France.
Allemagne.
Angleterre.
France.
Angleterre.
Suède.
o
France.
Allemagne.
France.
Angleterre.
Allemagne.
Angleterre.
Amérique.
Espagne.
Amérique.
Allemagne.
Italie.
Allemagne.
France.
Hollande.
Angleterre.
1763
1803
1811
1814
1848
1841
1774
1826
1822
17o6
Vers 1747
1793
18o2-18b4
1817
+1844
+ 18o3
4-1881
1888
V.
V.
+ 1834
1852-1855
1850
V.
V.
+ 1832
+1793
+1869
238-240
400
134
134
139-264
425
216
344
142
144
133
376
347
13
121
187
1790
+1837
87
1826
+1879
87
1791
-(-1839
150
1813
4-1874
342
>,
1831
241
1831
-1-1880
262
»
1848
110
„
1831
241
1833
V.
440
»
i 865- 1868
409
1811
+ 1891
423
1844
V.
273
»
1804
440
1800
»
161
1794
,>
26
1812
-1-1875
213
1778
+1870
138
Vers 1809
,.
231
Pack Allemagne. ]
Pagot France.
1828
-fl844
169
69
INDEX ALPHABÉTIQUE.
503
Paillard
Pain (W. -James)
Pain (G. -Richard)
Painchaux
Paine (James)
Pai.ne (James II)
Palcy
Papworth (J. Buonarotti)..
Papworth (J. Woody)
Papworth (George)
Papworth (John Thomas)..
Paraire
Parent (J.-Aubert)
Parent (Fiançois-ClémenI)
Parker
Parker (M°"=1
Parkinson
Pahneli
Parodi
Parris
Partoes
Pascal
Patzelt
Pauwels
Paxton
Payen
Peabody
Peacock (James)
Pkacock (Joseph)
Pearson
Peck
Pécot (Malhurin)
PÉcoT (Pierre)
Pellechet
Pellegrini
Pelz
Penchauu
Pennethorne
Penson (Kyre)
Percier
PÉRON
Perregals
France.
Angleterre.
France.
Angleterre.
de l'architecte.
France.
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
Italie.
Amérique.
Belgique.
France.
Allemagne.
Belgique.
Angleterre.
Belgique.
Amérique.
Angleterre.
France.
,\mérique.
France.
.\ngleterre.
France.
Suisse.
1S08
1779
1793
I79<)
172.5
1773
1820
1781
1809
1819
1823
1790
1837
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Vers 173.>
Vers 1828
1789
1S19
1841
1872
1801
1816
1764
1810
-I-I8G6
+1838
+ 1789
1781
1832
-1-1847
+1870
-i-lS3o
-f-1841
1860
V.
V.
1847
V.
+1833
1863
1833-1883
+1832
+1843
V.
SIS" siècle.
xis" siècle.
+1863
1836-1830
V.
-M814
1869
1844-1851
+ 1873
XIX" siècle,
xix" siècle.
+ 1874
-fl864
V.
+1832
+ 1871
+ 1886
+ 1838
1836
3o3
137
137
23
130
130
242
133
133
133
133
223
349
349
107
438
131
126
401
418
196
307
233
201
231
197
449
127
242
113
241
86
86
70
338
446
80
120
238
8
322
286
504
INDEX ALPHABÉTIQUE.
NOMS
DES ARCHITECTES.
Perret de la M^;.^uE. . .
Perrot
Persius
Pertsch
Pestagalli
Peters
Petersen
Petiaux
Petit
Petit (Paul)
Petit-Hadel
Peyron et Camûtto . . . .
Pfeiffer
Philippon
PlACENTLM
PlCHI.ER
PicaoN
PlCTON
PlÉBOURG
PlEL
PlEQUENARD
PiGEÛRY
PiGNY . .
PiNAULT
PlRON
PlSSON
PlZAGALLl
Playfair
Plock
Plowuan
POCOCK
POELAERT
POETZCH
POGGl
poidevi.n
Pointer ,
Poitevin
Poletti
POLLAK
Pollet
Pollet (P.-L.)
PoNSARD et Chassériau
été cnnstruit.
France.
Allemagne.
Italie.
Hollande.
Danemark.
France.
llalie.
Amérique.
France.
Italie.
Allemagne.
France.
Angleterre.
France.
Amérique.
France.
Belgique.
Italie.
Angleterre.
Allemagne.
Angleterre.
Belgique.
Allemagne.
Italie.
France.
Angleterre.
France.
llalie.
France.
Ali-érie.
de rarchilecte.
1804
1780
1847
18;j0
1807
1793
1740
1834
1784
1846
1827
1815
1802
Vers 1826
1812
1821
1777
1763
1780
1770
1817
1803
1810
1796
1831
DATE
de la mort
de l'airhitecte
+ 1889
XIX' siècle.
+1845
+1833
1833
V.
+1883
SIX" siècle.
+1884
+1818
xix" siècle.
+1888
+ 1865
xix'' siècle.
V.
1846
V.
+1841
+1876
+1873
+1881
+1860
1835
+1818
1830
+ 1857
1880-1883
+1828
+ 1849
+ 1879
V.
1816
1826
+ 1859
+ 1870
+ 1806
-1-1839
1853
INDEX ALPHABETKJUE.
SOa
PONTHIEU
POST
Pot-Sel'rrat
POTTER (\V.)
POTTER (E.)
POL'LIQUEN
Preston (W.)
Preston (Jonathan
Price
Pritchett
Protain
Provost
PuGiN (Auguste).. .
PUGIN (A.-W.-N.).
QuAGLio (Giovanni -Maria)
QuAGLio (Giuseppe)
QuAGLio (Giulio)
QUESTEL
Rare
Raeymakers
Raffles
Railton
Railton (W.)
Rainaldi
Ramée
Raschdorff (Julius)
Raschdorff (Otto)
Rath. .,
Rattier
Rauli.n
Ravoisier
Raynaud
Raynaud (Jean- Antoine). .
Rebe.ntiscu
Reuoul
Recordon
Fiance.
Amérique.
France.
Amérique.
F'rance.
Amérique.
.\ngleterre.
France.
Angleterre.
.Vllemacne.
France.
R
Allemagne.
Belgique.
Angleterre.
Russie.
Fraice el Allemagjie.
Allemagne.
Amérique.
Algérie.
France.
Algérie.
France.
Allemagne.
France.
Suisse.
de larchilecle.
iH■2■^
1S.37
1842
1801
184o
1788
1709
1781
1769
1811
1762
1747
1764
1807
1816
1823
1844
1837
1803
1787
1840
1845
de l'archilecte
ou de la
ooEislrurtion
de l'éJilice
+ 1879
V.
xix' siècle.
V.
xix'^ siècle.
V.
.xix" siècle.
+1888
V.
+ 1837
+ 1850
+ 1832
+ 1852
+ 1813
+ 1828
+ 1801
+1888
I +1856
18o3
1853
1828
+1877
1762-1810
V.
1884
V.
XIX" siècle.
V.
1841-1842
1854
+ 1800
SIX" siècle.
V.
322
4o9
355
451
431
22
448
421
450
242
13
36
121
105
145
145
146
337
173
205
239
233
236
470
168
239
279
449
4G4
344
40a
59
261
380
ri06
INDEX ALPHABETIQUE.
Reed el Barnes
Rkeves
Regnault
REr.NlER DE GUERCHV
Reid
Reinhardt
Reuont (J.-E.)
Remy (de)
Renard (Bruno)
Renaud
Rénaux
Renié
Repton (John)
Reptun (Stanley)
Reveley
Reverdin
Revett
Revuil
Reynaud
Rhunen
RlliiNEN
Ricard de Montferrand. .
RiCH
RlCHARDSON
RicHAiiDsoN (James)
RlCHARDSON (George)
RlCHELOT
RlCHTER
RlCKMAN
RlCQUlER
RlDEL
RiEUEL (Von)
RiGiiY (John et Charles)..
RlGGENBACH
RiTCHIE
RlTl'.EN (von)
RoBEItT
Robert (Augustin)
Robert (HenryJ
ROBERTSON ,
RoBlNSON (P. -F.)
ROBINSON (G. -T.)
il éU- construit.
Australie.
Angleterre.
France.
Angleterre.
Allemagne.
Belgique.
AUeiTiagne.
Belgique.
France.
Allemagne.
Angleterre
Suisse.
Angleterre.
France.
Belgique.
Russie.
Amérique.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Angleterre.
Suisse.
Angleterre.
Allemagne.
Angleterre.
France.
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
1815
1803
Vers 1780
1776
1843
1794
1789
1833
1721
18-22
1803
1786
1855
1838
1786
1842
1776
1832
1812
1810
1849
1776
DATK
g lu mort
liinhileite
1880
+ 1866
+1875
4-1832
+1836
V.
1838-1841
XIX" siècle.
1867-1868
+1833
+ 1835
+ 1860
+1858
+1799
V.
+1804
4 1863
XIX" siècle.
XIX' siècle.
V.
+1886
Vers 1872
1783
+ 1855
+1889
+ 1841
1880
V.
+ 1883
1853
+1863
1845-1849
1887
1843-1850
1846
1827
+1891
+ 1840
1834
463
229
376
46
134
269
202
142
205
347
79
161
101
101
103
288
127
364
59
125
205
181
456
446
139
139
190
258
128
349
376
149
231
293
112
263
109
73
123
453
139
243
INDEX ALPHABETIQUE.
507
DATE
de la mort
de rai'chitecte
ou de la
coiistruetion
de l'ediiire.
RODSON
KOCHAD
ROCHEAD
ROCOLRT DE ChaRLF.VILLE. .
ROELANDT
ROESN'EB
roejsler
Roger
ROGERS
ROGERS
Roi;rt
ROGLET
ROHART
RoHAULT deFlklry (Cliarl.)
ROHAULT DE FlEURY (GeOFg.)
RouaultdeFlecry (Hub.) .
Rolland
ROMA.NO
Rondelet
RONDONI
ROODENBUHG
RooT
Rose
Rose-Beauvais
rosengarten
ROSNER
ROSSI
ROTCH
RoTHFELs (Von deii)
ROUGEVIN
ROUMIEU
Roussi
ROUYER
RiJHL
Rlprich-Robert
Ryehner
Sacharow et Rusco.
Sagot
Ani-'leterre.
France.
Belgique.
Allemagne.
France.
Angleterre.
Amérique.
Belgique.
France.
Allemagne.
France.
Italie.
Hollande.
Américiue.
Hollande.
France.
Allemagne.
Russie.
Amérique.
Allemagne.
France.
Angleterre.
France.
Allemagne.
France.
Suisse.
Russie.
France.
1814
1786
1804
ISOO
1800
1801
183o
1777
1785
1804
18o0
1801
1809
1804
1824
1847
1827
17%
1820
I88:t
1843
1878
1819
+1869
xix= siècle.
+ 1883
+ 18o7
+ 1S69
1821-1829
+ 1877
xix' siècle.
+1873
V.
+ 1846
1833
xis" siècle.
+ 1863
1819
+1891
+ 1877
XIX'' siècle.
+1869
1810-1830
V.
1873-1876
+1877
+1877
V.
V.
18.H3
1810-1822
1841
232
107
236
81
202
143
165
309
129
.'i20
190
319
347
304
305
35
50
254
yi
405
209
455
209
70
274
143
180
455
261
40
227
325
320
162
377
292
508
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Saint-Père (Charles et Eu-
gène)
Sainte-Marie (Perrin)..
Saintenoy
Salle
Salleron
Salm
Salomons
Salucci
Samson
Sanders
Sanders
Santos
Sauffroy
Saunders
Sauvage
Sauvageot
Savage
Schaal.
Schadde
Schadow
Schaubert
Schedel
schields
Schemerl
SCHEN
SCHENK ,
SCHEPPIG
SCHEOLT (F.-L.)
SCHEULT
SCHIERLINGER
SCHIERTZ
SCHICKEL
SCHILD
SCHINKEL
SCHIRMER
SCHLICK.
SCHLOTZER
SCHMACHTEN
SCHMÀDL (von)
SCHMIDT
ScuMiDT (Albert)
a ett' construit.
DATE
delà
de l'architecte.
France.
Belgique.
France.
Hollande.
Angleterre.
Allemagne
Fiance.
Angleterre.
Hollande.
Portugal.
France.
Angleterre.
France.
.Angleterre.
liussie.
Belgique.
Allemagne.
Grèce.
Allemagne.
Portugal.
Allemagne.
Suisse.
Allemagne.
France.
Allemagne.
Suède.
Amérique.
Angleterre.
Allemagne.
Suède.
Danemark.
Allemagne.
Belgique.
Allemagne.
Danemark.
Allemagne.
183-2
1820
1857
1847
1762
1824
1779
1797
1800
1732
1757
1830
1803
1771
1790
1813
1830
1781
1774
1797
1841
DATE
de la
nort
de l'architecte
ou de la
construction
de l'édifice.
1889
1873
4-1892
1889
V.
V.
1890
1823-1841
1889
Après 1821
V.
1843
1873
+1839
H-1883
1876-1879
-+-1832
-xis' siècle.
1861-1883
-M869
-f-1810
1865
-1-1837
-i-1880
1824
+1883
+ 1840
1827
XIX'' siècle.
+1841
1855-1862
1820
1793-1817
+1834
xix"' siècle.
-i-1848
V.
364
383
204
340
321
221
243
156
469
123
213
410
317
133
343
378
103
185
201
172
468
147
463
143
265
285
174
86
88
154
189
434
224
170
189
191
170
200
274
191
273
INDEX ALPHABETIOUE.
309
ScHMiDT (Friedrich).
ScHMiDT (Karl)
SCHMIEDEN
SCHMIEDTXER
SCHMITZ
SCHMITZ
SCHOLANDER
SCHOLES
SCHOY
SCHRUMPF
SCHULZ
SCHUSTER
SCHWARZMANN
SCHWATLO
SCKELL
SCOFIELD
SCOLES
Scott (j( Gilbert)...
Scott (Hiissel)
Sédille
Seel
Segretain
Selva
Semper
Se.ndrié
Serra
Sfondri.ni
Sharpe (A.)
Sharpe (E.)
Shaw
Shout
Siccarsburg
SlLVA (da)
Silveyra
Simler
SiMONSON
Simpson (Arch.)
Simpson (Samuel) . . .
SiMs (A. et Peacox;. .
Sitte
Slater
Slater
été construit.
.\llemni;iie.
Egypte.
Suède.
Angleterre.
Belgique.
Allemagne.
Belgique.
.Vmériquo.
.\llemagne.
Amérique.
Angleterre.
France.
Allemagne.
France.
Italie.
Allemagne.
Fiance.
Italie.
Angleterre.
Allemagne.
Portugal.
France.
Suisse.
Allemagne.
-Angleterre.
Aaitirique.
.Allemagne.
Belgique.
Angleterre.
date
lie 1,1
1826
1836
1833
1802
1843
1831
-HoO
1842
1798
1811
1798
1803
1830
1809
1776
1823
1813
178o
1829
1790
»
1832
1818
1827
1818
DATE
de la mort
le l'architecte
+ 1891
-4-1888
xix« siècle.
18o9
+1881
XIX' siècle.
+ 1885
1806-1824
1874-1878
18o7
+1891
+1884
+1820
V.
+18G3
+1878
1831
xix" siècle.
188.Ï
+ 1804
1820
+1879
1819-1820
+ 1845
V.
Vers 1859
+ 1877
+1832
+1882
+ 1808
1840
xix'^ siècle.
V.
+1847
1868
+1875
+1853
+1872
281
154
258
466
188
239
198
168
283
199
452
280
147
431
111
228
231
339
263
86
404
158
20
401
395
238
238
231
410
20
288
264
137
225
440
231
197
237
SIO
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Slater et Carpenteii
Sloan ,
S.MiRKE (Robert)
Smihke (Sydney)
Smith (W)
Smith (George)
Smith (John)
Smith et Thomas
Smith (W.-J.)
Smith et Parnell . . . .
SuANE
Sobre
sobolchikow
Solemte
SOLGER
SOLLEH
Soolen (Von)
Soudée
SousA (Manoel da).. . .
SousA (Francesco da).
SousA (Francesco). . .
Spaak
Specchi
Speeth
Spilefski
Sprengkr
SprIiNGER
Springeh (Will.)
Spri.nger (Jan)
Stache
StACKENSCHiNEIDER ....
Stadler (Christian)
Stauler (Augustus)
Stadler (Ferdinand) . ,
Stadmann
Stahl
Starkey
SjASSY
Statz
Stearn
Stegmann
Stehlin
Australie.
Amérique.
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
Cannes.
Turquie.
Angleterre.
France.
Russie.
France.
Allemagne.
France.
Portugal.
Belf,'ique.
Italie.
Russie.
Allemagne.
Hollande.
Allemagne.
Russie.
Allemagne.
Suisse.
Allemagne.
Angleterre.
Allemagne.
Amérique.
Allemagne.
Suisse.
naissance
l'art-hitecte.
DATE
II' la morl
l'archilecle
1815
1781
1838
1783
1781
1733
1787
1812
1805
1839
1772
1798
1790
1815
1814
1816
1813
1799
1849
1819
1869
+ 1884
+ 1877
+ 1877
V.
+1869
+ 1851
+1875
1845-1846
1847-1851
+ 1837
iix° siècle.
1810-1822
+ 1831
+1853
1867
V.
1827
+ 1814
xix" siècle.
1842-1843
1823
+ 1831
1822-1823
+1854
+ 1854
\
xix" siècle.
1837
1807
+ 1870
+1871
V.
1849
xix" siècle.
V.
1893
1864-1868
INDEX ALPHABETIQUE.
oli
.NOMS
PAYS
a élé eoustruit.
DATE
delà
do l'architecte.
DATE
de la mort
lie l'architecte
ou de la
construction
de l'é.lilice.
PAGES.
.Ulenuigne.
.Amérique.
lUissie.
Angleterre.
Italie.
Suisse.
.Angleterre.
.Allemagne.
Amérique.
.Allemagne.
Russie.
Angleterre.
Amérique.
France.
Angleterre.
Suisse.
Allemagne.
Amérique.
.Allemagne.
Suède.
Belgique.
.Angleterre.
Belgique.
T
Allemagne.
Italie.
R^p. Argentine.
Angleterre.
France.
Angleterre.
France.
Angleterre.
1802
1853
1840
1810
1834
1805
1824
1824
1787
1713
1790
1800
1783
1838
1702
1806
1860
1780
+ 1876
1814
1780-1796
1822
1840-1843
+ 1870
+ 1857
1823-1825
V.
+1880
xix° siècle.
+ 1881
1833-1853
+ 1881
1S5\)-1861
+ 1788
+ 1800
+1805
+ 1805
+1888
xix" siècle.
1840
1841-1813
1851
+ 1861
1868
V.
1830
1884
+1830
+ 18.33
+ 1875
+1844
1828
1857-1859
278
457
180
127
389
286
107
224
224
176
438
174
180
132
132
227
419
469
130
285
172
278
430
279
188
20 1
213
195
196
200
405
409
243
95
113
107
63
233
238
Steu (X. et J.-H.)
Stengel
Stephe.nso.n
Stevens
Stevens (Isaac)
Steve.ns (John)
Stbassof
Street (G. -Edmond)
Strohm et KouzMiN
Stcler (Friedrich)
SUNDWALL
SURY
SuYs (Léon)
Tafel
Tardieu
Tatter8\ll
Taylor (deorgc)
312
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Tempelmann
Tenlève
Terrier
Tetar von Elven. . . .
Tétaz
TeULOiN
Théberge
Th[ac (Joseph de) ... .
Thiac (Pierre-J.-B.)..
Thibault
Thierry (J.-D.)
Thierry (Jacques). . . .
Thiersch
Thomon (de)
Thomson
Thon
Thormeyer
Tuourei(von)
Thurmer
Thurn
Tierce
TiETZ
TiFFON
TiLDEN et ROTCH
TiTE
TiTZ
ToMAs Domingo
TOREILLES
TORRICELLI
ToURETTE
TOURNESAC
TOUZET
TOWN
Train
Traxler
Trélat
Trémaux
Trendall
Trepsat
Tréput
Tritschler
Trottmann
Suède.
France.
Hollande.
France.
Angleterre.
France .
Amérique.
France.
Allemagne.
Russie,
Angleterre.
Russie.
Allemagne.
France .
.Allemagne.
France.
Amérique.
Angleterre.
Allemagne.
Espagne.
France.
Russie.
France.
Amérique.
France.
Angleterre.
France.
Allemagne.
Angleterre.
1824
1841
1803
1818
1812
1814
1800
17;i7
1794
I7;i0
18o2
17oG
1801
177:i
1707
17 ',10
1763
1832
1831
1798
18bO
1798
1820
1823
1784
An IV
1821
1818
xix" siècle.
V.
V.
+ 1883
-I-186S
+ 1873
+ 1866
+186-;
xvin'" siècle.
+ 1826
+ 1863
+ 1832
V.
+ 1814
+ 1883
1828-1844
+ 1842
+ 1845
+1833
+1844
+ 1860
+ 1873
+1868
+1873
+ 1890
1819
1813
1833
V.
1880
188S
+1844
1869
+ 1836
V.
XIX'' siècle
+ 1813
1826
xix° siècle
1840
INDK.V ALI' II AH Kl' lu LIE
313
TSCHER.NICK ,
TunMEAUX . ,
Turner's . .
UULMA-NN el Baricu;
LrjiiiiN
L'pjon.N
Undebwoui)
USHER
Vaglia
Valadier
Valleton
Vallez
Vamburg
Van AnEiVDERG
Van Brunt
Van Cléeuputk (Henry).. .
Van Cléempute (L.-T.). . . .
Van Dam
Van uen Bruck
Van der Anweraa
Vanderbergue
Van der Nouï
Van der Null
Van der Straeten
Van Elve.n . .'
Van Gent
Van Oster straeten
Van Soolkn
Van Straatrn
Van Ysenuyck
Varcollier
Varé
Vauchez
Vaudé
Vaudoyer (A.-I,.-Tlioniasj
Val'doyer (I.éoii) .' . .
Valdremeh
l' rance.
Aiii^lcLiMie.
u
Alloniagiie.
Amérique.
Angleterre.
V
Italie. 1
Fiance.
Angleterre.
Belgiiiui'.
Amérique.
France.
Hollamle.
Belgique.
France.
Allemagne.
Belgique.
Hollande.
iielgi([ue.
France.
Hollande.
Belgique.
France.
Suisse.
France.
1841
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1831
17?2
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1827
1812
1771
1803
i7;;o
180,3
182!»
DATE
de la mort
de Tarchitecte
183o
18H-I8I2
.XIX" siècle.
-1-1832
+ 1839
V.
V.
1801
1 83'.)
+ 1871
V.
+ 1 883
18131-1830
V.
1832
+1808
+ 1834
+ 1883
xix" siècle.
+ 1810
1807
+1838
XIX" siècle.
V.
xix" siècle.
XIX" siècle.
182;i
+1846
+1872
V.
183
38
232
»
XIX" siècle.
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802
+ 1878
421
828
V.
437
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4-1832
230
»
1843
123
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388
307
308
204
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373
200
210
100
343
73
2.31
lOo
208
211
108
382
207
206
335
330
2H7
OC)
10
301
310-334
■s.i
514
INDEX ALPHABETKJUE.
Velasquez
Velasquez (Isidro)..
VÉRA
Verdier (Aymar). . .
Verest
Verheul
Verly (François). . .
Verly (Louis)
Vespignani
Vestier (Archimède)
Vestier (Phidias) . . ,
ViALA de Sorbier.. . ,
Vibert
ViEL
VlERSET-GoDlN
ViGNON (Barthélémy)
ViGNON (Pierre)
Vigoureux
ViLLAIN
ViLLERs (Jacques).. . .
ViLLOT
ViLQUIN
VIOLLET-LE-DUC
ViONNOIS
VlSCHER
ViSCO.NTI
VlTRY
VOIGTEL
Voit (Augustus)
Voit (J.-Gottfried).. .
Voit (J. -Michel)
VOLMAENER
VORHEHR
VuLLiAMY (George).. .
VULLIAMY (G.-V.) ....
Espagne.
France.
Angleterre.
Hollande.
Belgique.
Italie.
France.
Algérie.
France.
Belgique.
France.
Belgique.
France.
Suisse.
France.
AUcmaiîUt
Angletern:
^N^
Wable f France.
Wache.nhuse.n (! Allemagne.
Waeseua.nn j, —
\Vag?<er f —
DATI!
(le la
.le r.irdlilecl
1831
1800
1760
1794
1808
de l'arcliitecte
1803-1833
1803-1833
V.
1869
+ l8o9
V.
+1822
»
+1802
1790
+ 1874
1817
H-1880
„
1874
1796
+1863
xi^" siècle.
+1846
„
1816
1802
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1829
+1876
1791
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1787
+ 1844
17. s 9
..
tSli
+ 1870
.,
1873-1881
lSi3
V.
1791
+1833
1802
+ 1863
1829
V.
1801
+ 1870
„
1844
1771
+ 1846
..
xi.x= siècle.
177«
+ 1848
1817
»
1834
+1871
1878-1880
1836-1862
1862
V.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
S15
NOMS
aucimtectes.
Walker
Walker Larkins . .
Wallen
Wallot
Walter
Walter
Walter
Walters (Edward)
Walters (John). . .
Wardel
Ware
Ware
Wahen
WaRiNSINCK
Washburn
WaTERHOUSE
Watson
Webb
Weber
Wegland
Wegmardz
Weigtman
Wei.nbre.n.ner
Welch
Webry
Weyer
Weyer
Wheelwrigiit
Whichcord
WflicHCORD (.lohn).
White
Whitehouse
Whitewell
WlEBEKING
Wiegmann
WlELEM.YNS
WlETHASE
WiGHT
WiGHTWICK
WiLCOX
WiLD
WlLU
.Amérique.
-Vngletorre.
Allemagne.
Angleterre.
Amérique.
.\ngleterre.
Aniéri(|ue.
Hollande.
Améri(iue.
Angleterre.
Allemagne.
Suisse.
Angleterre.
Allemagne.
Angleterre.
Belgique.
Allemagne.
F'rance.
.'Amérique.
Angleterre.
Amérique.
Angleterre.
AUemaane.
Amérique.
Angleterre.
Amérique.
Egypte.
.\n"lelerre.
DATE
de la
.lo rai.hiteclo
1S04
1808
1782
iSll
1801
t803
1818
1812
1808
170G
I SOG
18a4
1790
182:î
i8:i:i
1 8:i0
1702
1 804
181-3
I8:i8
1840
DATE
(ie 1.1 mort
■de l'archilecle
ou de lu
e.iiistruction
lie réJilire,
V.
+ 1800
18j2
V.
xix° siècle.
1810
--1-1887
+ 1872
-fl82l
1857-1 859
xix" siècle.
V.
1857
+ 1890
1884
+ 1881
1849
xix° siècle.
V.
+ 1872
+ 182G
+ 1808
1816
+1864
1843-1846
V.
+1800
-1-1885
V.
V.
+ 1840
+1842
•-1-1862
V.
xix"^ siècle.
V.
1849
xix'^ siècle.
1849
437
239
226
281
270
124
424
240
240
238-463
120
439
457
209
423
229
130
123
234
261
291
233
163
243
195
166
381
456
235
235
456
459
240
153
167
252
260
444
110
44.)
463
123
516
INDEX ALPHABÉTIQUE.
WlLKINS
WlLLARD
William
Williams
WiLLS
WlLSON
WiLSûN (James)
WiLSON
WiMMEL
WlNDHia
WlTHERS
WlTTBEnO
WoiLLEZ
WoLFENSTElN
W'OLFF
WOLTEUS
Wooû dit Bath
WooD (John)
WouD Sancton
WOÛD dit TURTLE. . .
WûODDEAD
WOÛDTHORPE
WûODWARD
WOOLNOUGHT
WORÛKICHIN
WuRTH et Frith. . . .
Wrydagh
WURM
Wyatt (Benjamin) .
WYATT(Digby)
Wyatt (James) ....
Wyatt (Pliil.)
Wyatt (Thomas). . .
Wyatt (Th. Henry).
Wyattville
Wynand
Ybi
YOUNG
YOURASSOFF.
PAYS
a tti' construit.
uate
de la
naissance
de l'ai-olùtccte.
HATE
de Li mort
de l'arcliitecte
ou de la
cousti-MCtion
d.' r.'-difi,;e.
PAGES.
Angleterre.
i778
+1839
131
Amérique.
1783
+1862
421
Angleterre.
1825
+I806
100
—
1812
4-1872
242
Canada.
>,
1801
463
Angleterre
1810
+1803
236
—
»
I8:i2
242
Amérique.
1838
459
Allemagne.
1786
-f-l8io
109
Amérique.
1840
V.
445
^
1828
V.
435
Russie.
..
xix« siècle.
185
France.
1882
354
Allemagne.
..
1890
282
—
1832
+I880
207
Belgique.
1.
1842
2U3
Angleterre.
1717
»
244
—
»
-fl882
244
—
Vers 1814
+ 1886
138
—
1821
+1890
244
—
»
1827-1832
130
—
1812
+1887
237
—
..
+1861
242
—
,1
1850
124
Russie.
17()0
+ 1814
179
Angleterre.
..
1844
100
Amérique.
1833
V.
434
Allemagne.
1843
V.
254
Angleterre.
177o
„
118
--
1820
+1877
130
—
1740
+1813
119
—
.,
+ 1836
119
—
1807
+1880
136
—
..
+1888
220
—
1770
+1840
119
Belgique.
1852
199
Allemagne.
Amérique.
France.
1799
xix"= siècle.
+1874
XIX' siècle.
250
420
470
INDEX ALPHABETIQUE.
al7
NOMS
PAYS
où
l'édifice
a été cuustruit.
DATE
de la
do larcliileolo.
DATE
do la mort
de l'architecte
ou de la
coiistruction
de rédifice.
PAUES.
Z\îs
z
.\lloniagne.
Italie.
Allemagne.
lUissie.
Allemagne.
Suisse.
Allemagne.
France.
Grèce.
Allemagne.
Hollande.
Allemagne.
»
1752
1796
1823
1812
1800
1822
1790
1802
4-1820
+ 1817
+ 1837
1818
1846
+ 1871
+ 1873
1876
1872
V.
+ 1871
+ 1861
163
394
136
187
137
233
291
loi
328
468
233
214
239
Zanoia
Zawatsky
Zettl (Von). . .
ZWIRNEH
REPRODUCTIONS PHOTOCOLLOGRAPHIQUES
DE CHÈ.NE ET LONGUET
A PARIS.
8331-91. — CouBEiL. Imprimerie Éd. Cuété.
Si S«^~^ TORONTO.