Skip to main content

Full text of "Archives"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


-TN 


ARCHIVES 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE 


DU 


CANTON  DE  FRIBOURG 


TOME  VII 


FRIBOURG 

IMPRIMERIE    FKAONI^.RE    FRERES 

1903 


••    •••..••*«'•.♦■.  ^ 


1Q03 


TABLE  DES  MATIÈRES 


'Statats  de  la  société  d'histoire  du  canton  de  Fribourg 1 

Liste  des  membras  de  la  société 5 

Liste  des  sociétés  d'histoire  avec  lesquelles  la  nôtre  échange  ses  publi- 
cations       12 

Rapport  annuel  du  président  présenté  à  l'assemblée  générale  du  26 

janvier  1899 15 

Rapport  annuel  du  président  présenté  à  l'assemblée  générale  du  25 

janvier  1900 19 

Les  médecins  juifs  à  Fribourg,  dans  les  siècles  passés,  par  le  D'  Ânt. 

Favre 25 

La  contribution  du  19  germinal  an  VI  (8  avril  1798)  publiée  par 

Max  de  Diesbach 37 

Les  armes  à  feu  dans  le  passé,  à  Fribourg  en   Suisse,  par  Charles 

Stajessi 97 

Population  du   canton  de  Fribourg  en   1811   et  son   développement 

pendant  le  19"  siècle,  par  le  D'  F.  Buom berger 145 

Etudes  de  toponymie  romande.  Pays  fribourgeois  et  districts  vaudois 

d'Âvenches  et  de  Payerne,  par  Jean  Stadelmann 247 

Les  visites  pastorales  dans  le  diocèse  de  Lausanne  depuis  la  fin  du 

16*'  siècle  jusque  vers   le   milieu   du  19"'  siècle,   par  le  D' 

Ch  arles  Holder 405 


^^tf^'^'^^r^ 


STATUTS 


DE   LA 


SOCIÉTÉ    D'HISTOIRE 


DU  CANTON  DE  FRIBOURG 


-KM- 


Abt.  !•'. 

La  Société,  fondée  en  1840  sous  la  dénominatiOD  de  Société 
d'histoire  du  canton  de  Fribourg,  a  pour  but  de  grouper  les  amis 
de  l'histoire  habitant  le  canton. 

Elle  s'occupe  plus  spécialement  de  ce  qui  intéressse  l'histoire 
du  canton  de  Fribourg. 

Elle  cherche,  par  tous  les  moyens  en  son  pouvoir,  à  sauver 
de  la  destruction  et  de  l'oubli  les  monuments  historiques  et  les 
trouvailles  archéologiques  faites  dans  le  canton. 

Elle  publie  : 

a)  Ses  Archives  contenant  des  mémoires  et  documents  ; 

b)  Le  Recueil  diplomatique  ; 

c)  Eventuellement  d'autres  ouvrages  historiques. 

Abt.  2. 

La  Société  entretient  des  relations  avec  les  autres  Sociétés 
historiques  de  la  Suisse  et  des  pays  voisins,  et  spécialement  avec 
la  Société  allemande  de  Fribourg  ;  elle  fait  avec  elles  un  échange 
de  renseignements  et  de  matériaux. 

Abt.  3. 
La  Société  a  son  siège  à  Fribourg.  Sa  durée  est  illimitée. 

Abt.  4. 

La  Société  se  compose  de  membres  actifs  et  de  membres 
honoraires. 


.u 


..s.  Tous  les 

:cc-président  et 

né  raie.  Les  autres 

il:?. 


Société.  II  pourvoit  à  la 
.»aux  qui  devront  y  figurer 
adjoindre  des  membres  pour 

xQy  de  sa  gestion  à  l'assemblée 

:iT.   12. 

crçoit  les  cotisations  et  se  charge  de 

sostion  de  la  caisse.  Il  soumet  chaque 

..lité  et  les  présente  à  l'assemblée  générale. 

Art.  13. 
.  r  ressources  : 

ibution  d'entrée  de  2  francs  ; 
ribution  annuelle  de  3  francs  payée  par  tous  les 
s  actifs  ; 
absides  de  l'Etat  et  les  dons  éventuels. 

Art.  14. 

iotaires  ne  sont  tenus  à  aucune  responsabilité  person- 
uux  engagements  de  la  Société,  lesquels  sont  unique- 
tntis  par  les  biens  de  celle-ci. 

Art.  15. 
es  ouvrages  historiques,  propriété  de  la  Société,  seront  remis 
ibliothèque  cantonale  de  Fribourg. 

Art.  16. 
Toute  proposition  tendant  à  la  revision  totale  ou  partielle  des 
latuts,  soit  à  la  dissolution  de  la  Société,  devra  être  soumise  à 
l'examen  du  comité  et  mentionnée  spécialement  à  l'ordre  du  jour 
de  la  séance,  lors  de  la  convocation  des  membres. 


—    2    — 

Abt.  5. 

Pour  devenir  membre  actif,  il  faut  être  présenté  par  un 
sociétaire,  se  faire  inscrire  auprès  du  comité  et  payer  la  finance 
d'entrée.  Les  réceptions  se  font  par  l'assemblée  des  sociétaires.  Si 
la  demande  en  est  faite,  la  votation  peut  avoir  lieu  au  bulletin 
secret. 

Abt.  6. 

La  qualité  de  membre  de  la  Société  se  perd  par  la  démission 
qui  peut  être  donnée  en  tout  temps  et  doit  être  adressée  par  écrit 
au  président,  par  le  refus  de  l'abonnement,  par  décès  ou  par 
l'exclusion  prononcée  par  le  comité,  sous  réserve  de  recours  à  l'as- 
semblée générale. 

Abt.  7. 

La  Société  peut  conférer,  sur  la  présentation  du  comité,  le 
titre  de  membre  honoraire  à  des  historiens  suisses  ou  étrangers 
qui  sont  connus  par  des  travaux  importants  ou  services  rendus. 

Abt.  8. 

La  Société  se  réunit,  dans  la  règle,  une  fois  par  mois  en  hiver 
et  une  fois  en  été.  L'assemblée  générale  a  lieu,  chaque  année,  dans 
le  courant  du  mois  de  janvier. 

Abt.  9. 

Les  convocations  sont  faites  par  cartes  envoyées  à  chaque 
sociétaire. 

Toutes  les  décisions  et  votations  sont  valablement  prises  à  la 
majorité  des  membres  présents  à  la  séance. 

Abt.  10. 

La  Société  est  dirigée  et  administrée  par  un  comité  de  trois 
membres  nommés  au  scrutin  secret  par  les  membres  actifs,  dans 
l'assemblée  générale. 

Le  comité  est  autorisé  à  faire  tous  les  actes  qui  se  rapportent 
au  but  de  la  Société  ;  il  donne  son  préavis  sur  les  propositions  qui 
sont  faites  à  la  Société. 

La  Société  est  valablement  engagée  vis-vis  des  tiers  par  la 
signature  collective  du  président  et  par  celle  du  secrétaire.  Le 
vice-président  signe  en  cas  d'empêchement  du  président. 


—     4    — 

Abt.  17. 

En  cas  de  dissolution,  Tactif  de  la  Société  devra  être  affecté, 
par  l'assemblée  générale,  à  un  but  d'utilité  publique. 

Abt.  18. 
La  Société  est  inscrite  au  registre  du  commerce. 

Art.  19. 

Tous  les  règlements  antérieurs  aux   présents  statuts  sont 
abrogés. 

Ainsi  fait  et  adopté  par  la  Société  d'histoire  du  canton  de 
Fribourg  dans  son  assemblée  générale  du  13  janvier  1898. 

Le  Président^ 
Max  de  DIESBACH. 

Le  Secrétaire-Caissier  y 
François  DUCREST. 


-><•>*■ 


LISTE  DES  MEMBRES 


DE   LA 


SOCIÉTÉ    D^HISTOIRE 


DU  CANTON  DE  FRIB0UR6 


MAI  1900 


Comité 

J^ésident  :  M.  Max  de  Diesbach,  à  Villars-les- Joncs. 
Vice-président  :  M.  Joseph  Schneuwly,  archiviste  d'Etat. 
Secrétaire-caissier  :  M.  François  Ducrest,  professeur  au  collège. 

Membres  honoraires 

MM.  Date  d'entrée  dans  la  Société 

Bovet,  Alfred;  à  Valcntigney  (Doubs)  10  novembre  1892 

D' de  Fellenberg,  Edmond,  Berne  10  mai  1900 

D'  Kaiser,  J.,  archiviste  de  la  Confédération, 

Berne  10  mai  1900 

de  Montet,  Albert,  secrétaire  de  la  Société  d'his- 
toire de  la  Suisse  romande,  Chardonne 
(Vaud)  17  juillet       1884 

D'  de  Mulinen,  W.-Frédéric,  professeur  à  l'U- 
niversité, Berne  10  mai  1900 

Pingaud,  Léonce,  professeur  à  la  faculté  des 

lettres,  Besançon  12  juillet       1888 

Python,  Georges,  conseiller  d'Etat,  directeur 

de  l'instruction  publique,  Fribourg  10  mai  1900 

Stammler  (Mgr),  Jacques,  rév.  curé  catholique 

romain,  Berne  10  mai  1900 

D*  Tftrler,  Henri,  archiviste  de  l'Etat  de  Berne     10  mai  1900 


—     6     — 

Membres  actifs 

MM.  Date  d'entrée  dans  la  Société 

1  D»  Alex,  Pierre,  rév.  curé,  Bulle  20  décembre  1889 

2  d'AmmaDi  Alfred,  inspecteur,  Fribourg        23  janvier      1868 

3  Auderset,  Albert,  rédacteur,  Fribourg  28  octobre     1897 

4  Ayer,  François,  contrôleur  des  hypothè- 

ques, Romont  30  juin  1887 

5  Barras,  Auguste,  député,  Bulle  6  juillet  1899 

6  Barras,  Paul,  inspecteur  forestier,  Bulle  5  juillet  1894 

7  Berset,  Maurice,  avocat,  Bulle  5  juillet  1894 

8  Berthier,  Joachim  (le  R.  P.),  professeur 

à  l'Université,  Fribourg  18  décembre  1890 

9  Berthoud,  Alfred,  artiste-peintre,  Meyriez      7  juillet        1898 

10  BioUey,  Charles,  député,  Môtier  7  juillet        1898 

11  Birbaum,  Joseph,  juge  cantonal,  Fribourg    18  février      1876 

12  Bise,  Emile,  président  du  tribunal  de  la 

Sarine,  Fribourg  25  novembre  1880 

13  Bise,  Elie,  rév.  curé,  Vuisternens-en-Ogoz  10  mai           1894 

14  Blanc,  Edouard,  notaire,  Fribourg  15  mars         1900 

15  Bouchardy,  Louis,  rév.  curé,  Villars-le- 

Terroir  (Vaud)  10  février       1898 

16  Bourqui,  Alexis,    officier  de  Tétat-civil, 

Fribourg  17  juin  1858 

17  Bovet,  Alexandre,  contrôleur  des  hypo- 

thèques, Gruyères 

18  Broillet,  Frédéric,  architecte,  Fribourg 

19  Brulhart,  Fridolin,  rév.  curé,  Font 

20  D'  Biichi,  Albert,  profes.  à  l'Université, 

Fribourg 

21  Buchs,  Henri,  employé  à  la  fabrique,  Mon- 

tilier 

22  de Buman, Louis, receveur  J.-S, Fribourg    21  février 

23  Buomberger,  Ferdinand,  professeur  statis- 

ticien, Fribourg 

24  Castella,  François,  rév.  curé,  Romont 

25  Chatton,  Isidore,  notaire,  Romont 

26  Clément,  Philippe,  syndic,  Romont 

27  Comte,  Louis,  Romont 


6  juillet 

1899 

9  juillet 

1896 

1 1  janvier 

1894 

20  décembre  1889 

7  juillet 

1898 

21  février 

1889 

28  octobre 

1897 

30  juin 

1887 

30  juin 

1887 

30  juin 

1887 

2  juUlet 

1891 

—     7    — 


MM.  Date 

28  CoDUS,  Jules,  rév.  chanoine,  Fribourg 

29  Currat,  Léonard,  très  rév.  chancelier  de 

révêché,  Fribourg 

30  Déforel,  Fortuné,  rév.  curé,  Avry-d.-Pont 

31  Demierre,  Eugène,  Romont 

32  Demierre,  Paul,  Romont 

33  Dérungs,  Antoine,  professeur  au  collège, 

Fribourg 

34  Deschenaux,  Georges,  rév.  curé,  La-Joux 

35  Desonnaz,  Albert,  rédacteur,  Fribourg 

36  Dessibourg,  Jules,  directeur,  Hauterive 

37  Dévaud,  Jean,  directeur,  la  Fille-Dieu 

38  Dévaud,  Joseph,  rév.  curé,  Aumont 

39  de  Diesbach,  Max,  président  de  la  Société, 

Villars-les-Joncs 

40  D'  Dinichert,  Robert,  médecin,  Morat 

41  Donzallaz,  Auguste,  agent  de  la  Banque 

d'Etat,  Romont 

42  Dubois,  Frédéric,  secrétaire  au  bureau  des 

monuments  historiques,  Lausanne 

43  Ducrest,  François,  professeur  au  collège, 

Fribourg 

44  Dupasquier,  Alfred,  surveillant  au  collège, 

Fribourg 

45  Dupraz,  Emmanuel,  rév.  curé,  Echallens 

(Vaud) 

46  Dupraz,  Emmanuel,  avocat,  Romont 

47  Dupraz,  François,  négociant,  Rue 

48  Dupraz,  Paul,  négociant,  Rue 

49  Egger^  Charles,  avocat,  Fribourg 

50  Eggis,  Adolphe,  banquier,  Fribourg 

51  Ellgass,  Bonaventure,  Estavayer 

52  Emery,  Jules,  vérificateur  des  comptes, 

Fribourg 

53  Epars,  Louis,  pasteur,  Meyriez 

54  D'  Favre,  Antonin,  médecin,  Fribourg 

55  Favre,  Emile,  buraliste  postal,  Romont 

56  Favre, Julien,  aumônier-profes., Hauterive 


d'entrée  dans  la  Société 

10  juin  1897 

15  novembre  1888 

6  juillet  1899 
30  juin  1887 
30  juin  1887 

7  juillet  1898 
15  mars  1900 
14  décembre  1899 
30  janvier  1896 
30  juin  1887 

6  juillet  1899 

28  janvier  1875 

7  juillet  1898 


30  juin 


1887 


2  décembre  1897 


11  janvier      1894 


10  mai 


1900 


14  décembre  1899 
4  juillet  1895 
14  novembre  1895 
14  novembre  1895 
14  janvier  1897 
28  octobre  1897 
14  juillet        1889 

9  juillet  1896 
14  décembre  1899 
13  décembre  1894 

2  juillet  1891 
16  mars         1899 


—    8    — 
MM.  Date  d'entrée  dans  la  Société 

57  Ferber,  Ernest,  au  château  de  Rue  14  novembre  1895 

58  Fleury  (le  R.  P.  Bernard),  religieux  Cor- 

delier,  Fribourg  25  octobre     1894 

59  Forney,  Léon,  géomètre,  Romont  2  juillet       1891 

60  Fragnière,  Etienne,  rédacteur,  Fribourg  2  février      1873 

61  D'  Fragnière,  Joseph,  directeur  au  Sémi- 

naire, Fribourg  19  novembre  1891 

62  Gapany,  Alfred,  rév.  curé,  Montet  (Broyé)  9  juillet       1896 

63  Genoud,  Joseph,  professeur  au  collège, 

Fribourg  26  mai           1898 

64  de  Girard,  Eugène,  professeur  à  l'Univer- 

sité, Genève  2  juillet       1891 

65  Gottofrey,  Vincent,  conseiller    national, 

Fribourg  20  janvier      1887 

66  de  Gottrau,  Ernest,  notaire,  Fribourg  22  janvier      1880 

67  de  Gottrau,  Joseph,  ingénieur,  Bulle  5  juillet        1894 

68  D'Gobet,  Louis,  préfet  du  collège,  Fribourg  10  février      1898 

69  Grand,  Louis,  conseiller  national,  Romont  30  juin           1887 

70  Gremaud,  Albert,  rév.  curé,  Remaufens  26  mars         1896 

71  Gremaud,  Amédée,  ingénieur,  Fribourg  17  mai           1877 

72  Gumy  (le  R.  P.  Justin),  religieux  Capucin, 

Fribourg  15  mars         1900 

73  Gutknecht,  Jean,  instituteur,  Morat  15  novembre  1888 

74  D'  Hauptmann,  Félix,  professeur  agrégé 

à  rUniversité,  Fribourg  13  février      1895 

75  D'  Holder,  Charles,  bibliothécaire  et  pro- 

fesseur à  rUniversité,  Fribourg  23  novembre  1893 

76  D' Hess,  Jean- Jacques,  professeur  à  rUni- 

versité, Fribourg  14  janvier      1892 

77  Horner,  Raphaël,  professeur  à  l'Univer- 

sité, Fribourg  13  juillet        1871 

78  Jœger,  Philippe,  ancien  profes.,  Fribourg  24  novembre  1859 

79  D'  Kirsch,  Jean-Pierre  (Mgr),  professeur 

à  l'Université,  Fribourg  15  décembre  1892 

80  Labastrou,  Hubert,  libraire,  Fribourg  22  avril          1880 

81  de  Lenzbourg,  Charles,  Fribourg  15  décembre  1887 

82  L'Eplattenier,  Philippe,  institut,  Meyriez  7  juillet        1898 

83  Magnin,  Alphonse,  avocat,  Bulle  6  juillet       1899 


~    9     — 


MM.  Date 

84  de  Maillardoz,  Albert,  Fribourg 

85  Mandonnet  (le  R.  P.),  professeur  à  TUni- 

versîté,  Fribourg 

86  Mettraux,  Philémon,  vétérinaire,  Bulle 

87  Michaud,  Adrien,  receveur  d'Etat,  Morat 

88  de  Montenach,  Georges,  Fribourg 

89  Morel,  Camille,  chancelier  de  l'Université, 

90  MouUet,  Amédée,  rév.  curé,  Vuadens 

91  Millier,  Samuel,  conseil,  communal,  Morat 

92  Nicolet,  Pierre,  rév.  curé,  Mézières 

93  Nicolet,  Pierre,  prép.  aux  poursuites,  Morat 

94  Oberson,  François,  inspecteur  scol.,  Bulle 

95  Page^  Philippe,  rév.  chapelain,  Cottens 

96  Pasquier,  Joseph,  préposé  aux  poursuites, 

97  Péquignot,  Emile,  rév.  curé,  Barberêche 

98  Pernet,  César^  Romont 

99  Perriard,  Ambroise,  rév.  chanoine,  Frib. 

100  Perrottet,  Alexandre,  rév.  curé,  Riaz 

101  Perroud,  Jules,  secrétaire  de  préfecture 

Romont 

102  Perroud,  Théophile,  syndic,  Rue 

103  Porcelet,  Louis,  pharmacien,  Estavayer 

104  Porchel,  François,  rév.  chapelain,  Villars- 

les-Joncs 

105  Poudret,  Fernand,  propriétaire  au  Lœ- 

wenberg,  près  Morat 

106  Progin,  Maurice,  rédacteur.  Bulle 

107  Quartenoud,  Jean,  rév.  chanoine,  Fribourg 

108  de  Rœmy,  Charles,  rév.  curé,  Bourguillon 

109  de  Rœmy,  Tobie^  sous-archiviste  d'Etat, 

Fribourg 

110  Reichlen,  Alfred,  député.  Bulle 

111  Reichlen,  Charles,  aumônier,  Marsens 

112  Reichlen,  François,  employé  à  la  Banque 

d'Etat,  Fribourg 

113  Reichlen,  Joseph,  artiste-peintre,  Fribourg 

114  D' Reinhardt,  Henri,  professeur  à  l'Uni- 

versité, Fribourg 


d'entrée  dans  la  Société 
9  mars  1893 

10  février      1898 

2  juillet        1891 

7  juillet        1898 

15  décembre  1887 

28  octobre     1897 

6  juillet  1899 
17  novembre  1898 
28  juin  1860 

7  juillet        1898 

1899 
1899 
1894 
1884 
1891 
1878 
1899 


6  juillet 

4  mai 

5  juillet 
24  avril 

2  juillet 
31  janvier 

6  juillet 


2  juillet       1891 

14  novembre  1895 

4  juillet        1889 

20  janvier      1887 

25  janvier      1900 

5  juillet        1894 

15  novembre  1888 
29  octobre     1874 

14  janvier      1892 
10  mai  1900 

6  juillet        1899 

17  juin  1880 

21  juillet        1870 

14  novembre  1889 


—    10    — 

MM.  Date  d'entrée  dans  la  Société 

115  Remy,  Léon,  Bulle  7  mars         1864 

116  Repond,  Pierre,  rév.  chanoine,  Romont  30  juin           1887 

117  Rœssler,  Hermann,  rév.  curé,  Morat  7  juillet        1898 

118  Ruédin,  Charles,  abbé,  Marsens  16  novembre  1882 

119  de  Saint-Gilles,  Hervé,  Givisiez  25  octobre     1894 

120  de  Schaller,  Romain,  architecte,  Fribourg  15  décembre  1887 

121  Schneuwly,  Joseph,  archiviste  d'Etat,  Frib.  24  novembre  1859 

122  D'  Schnûrer,  Gustave,  professeur  à  l'Uni- 

versité, Fribourg  6  février  1890 

123  Schorderet,  Auguste,  étudiant,  Fribourg  10  mai  1900 

124  Schorderet,  Xavier,  notaire,  Fribourg  9  juillet  1896 

125  Schwartz,  Raymond,  préfet  du  Lac,  Morat  6  juillet  1899 

126  D'  Speiser,  Frédéric,  professeur  à  l'Uni- 

versité, Fribourg  5  juillet        1894 

127  Stajessi,  Charles,  inspecteur  des  arsenaux, 

Fribourg 

128  Stajessi,  Emile,  notaire,  Romont 

129  Stajessi,  Ernest,  libraire,  Romont 

130  Sterroz,  Joseph,  ancien  professeur,   La 

Tour-de-Trême 

131  Taillandier,  Léon,  rév,  curé,  Grolley 

132  de  Techtermann,  Arthur,  colonel,  Fribourg 

133  de  Techtermann,  Louis,  ingénieur  agricole, 

Fribourg  10  mai  1900 

134  de  Techtermann,  Max,  conservateur  du 

Musée,  Fribourg  18  mai  1876 

135  Théraulaz,  Emmanuel,  rév.  coadjuteur, 

Fribourg 

136  Thierrin,  Dominique  (Mgr),  rév.   curé, 

Promasens 

137  D'  Vermot,  Georges,  supérieur  du  Sémi- 

naire, Fribourg 

138  D'  Wattelet,  Hans,  avocat,  Morat 

139  de  Week,  Albéric,  banquier,  Fribourg 

140  de  Week,  Albert,  abbé,  à  la  Fille-Dieu 

141  de  Week,  Joseph,  inspecteur  forestier, 

Fribourg 

142  de  Week,  Louis,  président  du  tribunal  de 

la  Singine,  Fribourg 


27  avril 

1882 

30  juin 

1887 

30  juin 

1887 

2  février 

1855 

16  juillet 

1885 

7  juin 

1866 

7  juillet 

1898 

6  mai 

1875 

7  juillet 

29  octobre 

30  janvier 
30  juin 

1898 
1874 
1896 
1887 

30  juin 

1887 

25  octobre 

1894 

—    11   — 

MM.  Date  d'entrée  dans  la  Société 

143  WegmûIIer,  Walther,  pharmacien,  Morat  7  juillet       1898 

144  D""  Weissenbach,  Louis,  médecin,  Fribourg  30  juin           1887 

145  Weitzel,  Alfred,  secrétaire,  Fribourg  15  novembre  1883 

146  Wicht,  Joseph,  rév.  chapelain,  Posât  25  novembre  1869 

147  Willenegger,  Fritz,  notaire,  Morat  7  juillet       1898 

148  Wuilleret,  François,  rév.  curé,  Ependes  17  novembre  1898 

149  D'  Zemp,  Joseph,  professeur  à  l'Univer- 

sité, Fribourg  6  juillet        1899 

150  de  Zurich,  Ernest,  colonel,  PéroUes  24  mars         1887 

Membres  externes 

1  jSlbischer,  Philippe,  professeur,  à  Reims  16  juillet       1874 

2  Blanchet,   Adolphe,  abbé,    en  Franche- 

Comté  21  novembre  1872 

3  de  Castella,  Hubert,  à  Munich  15  décembre  1887 

4  Collomb  (le  R.  P.  Joachim-Marie),  religieux 

Dominicain,  à  Paris  2  juillet        1891 

5  Cuony,  Albert,  secrétaire  des  chemins  de 

fer  J.-S.,  à  Lausanne  1  mai           1851 

6  Folly,  Max,  à  San-Remo  7  juillet       1898 

7  Gremaud  (le  R.  P.  Berthold),  religieux 

Capucin,  à  Saint-Maurice  (Valais)  16  mai           1895 

8  Hyrvoix,  Albert,  à  Paris  20  janvier      1887 

9  Rossier,  Charles,  chef  de  gare,  à  Renens 

(Vaud)  30  juin           1887 

10  Singy,  Ernest,  étudiant,  Rome  6  juillet        1899 

11  D' Weymann,  Charles,  professeur,  Munich  20  décembre  1889 


Liste  des  Sociétés  dUoire 

avec  lesquelles  la  nôtre  échange  ses  publications 


I.     Sociétés  suisses 

1  Société  allemande  d'histoire  du  canton  de  Fribourg. 

2  Société  générale  suisse  d'histoire.  Adresse  :  Bibliothèque  de  la 

ville  de  Berne. 

3  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève.  Adresse  :  1,  rue 

de  l'Evêché,  Genève. 

4  Société  d'histoire  des  cinq  cantons  :  Lucerne,  Uri,  Schwytz, 

Unterwalden  et  Zoug.  Président  :  D""  J.-L.  Brandstetter,  à 
Lucerne. 

5  Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande.  Président:  B.  van 

Muyden,  Lausanne. 

6  Société  d'histoire  du  canton  de  Berne.  Adresse  ;  Oberlehrer 

Sterchi,  bibliothécaire  et  caissier,  à  Berne. 

7  Société  d'histoire  du  canton  de  Bâle.  Président  :  Chr.  Bernouilli, 

bibliothécaire,  à  Bâle. 

8  Société  d'histoire  du  canton  de  Schaffhouse.  Président  :  Pasteur 

Bâchtold,  à  Schaffhouse. 

9  Société  d'histoire  du  canton  de  Glaris.  Président  :  D'  Dinner,  à 

Glaris. 

10  Société  d'histoire  du  canton  de  Thurgovie.  Président  :  D""  Jean 

Meyer,  à  Frauenfeld. 

11  Société  d'histoire  du  canton  d'Argovie.  Pi'ésident:  Professeur 

Hunziker,  à  Aarau. 

12  Société  d'histoire  du  canton  de  St-Gall.  Président  :  D'  Bermann 

Wartmann,  à  St-Gall. 

13  Société  d'histoire  du  canton  de  Soleure. 

14  Société  d'histoire  du  canton  de  Schwytz.  Président  :  J.-B.  Kâlin, 

directeur  à  la  chancellerie,  à  Schwytz. 

15  Société  des  antiquaires  de  Zurich.  Adresse  :  Bibliothèque  de  la 

ville  de  Zurich. 


—     13     — 

16  Musée  national,  Zurich. 

IT.BolIetino  storico  délia  Svizzera  Italiana.  Rédacteur:  Emilie 
Motta,  bibliothécaire  de  la  Trivulziana,  à  Milan. 

18  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Neuchâtel 

19  Société  jurassienne  d'Emulation.  Président:  Baliman,  avocat, 

Porrentruy, 

20  Institut  national  genevois. 

21  Société  helvétique  de  Saint-Maurice,  Valais. 

22  Bibliothèque  fédérale,  Berne. 

23  Archives  fédérales,  Berne. 

24  Biirger-Bibliothek.  Eidgen.   Sammelstelle  fiir  Helvetica,  Lu- 

cerne. 

II.     Sociétés  étrangères 

1  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Besançon. 

2  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Savoie,  Cham- 

béry. 

3  Smithsonian  Institution  Washington. 

4  Musée  national  germanique  à  Nuremberg. 

5  Société  d'histoire  de  la  ville  de  Nuremberg. 

6  Société  géographique  de  Vienne. 

7  Ferdinandeum  d'Innsbruck. 

8  Députation  royale  d'histoire,  Turin. 

9  Société  belfortaine  d'Emulation,  Belfort. 

10  Vogesen-club,  Strasbourg. 

11  Badische  historische  Commission,  Karlsruhe. 

12  Historisch-philosophischer  Verein,  Heidelberg. 

13  Académie  royale  des  lettres,  histoire  et  antiquités,  à  Stockholm. 

14  Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  des  diocèses  de  Valence,  etc., 

à  Romans. 

15  Société  d'histoire,  d'archéologie  et  de  littérature  de  l'arrondis- 

sement de  Beaune  (Côte-d'Or). 

16  Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie,  Chambéry. 

17  Société  des  Bollandistes,  Bruxelles. 

18  Kônigliche  offentliche  Bibliothek,  Stuttgart. 


-X>KX- 


Rapport  annuel  du  Président 

présenté  à  l'assemblée  générale  du  26  janvier  1899 


Messieurs, 

En  conformité  de  Tart.  11  des  nouveaux  statuts,  j'ai  rhonneur 
de  vous  adresser,  pour  la  première  fois,  mon  rapport  général  sur 
la  marche  de  la  société. 

Douce  consolation  si  le  travail  a  été  intense,  puissant  stimulant 
si  l'activité  a  laissé  à  désirer,  Tusage  d'établir  un  bilan  à  la  fin  de 
Tannée  est  d'une  grande  utilité,  c'est  un  préservatif  contre  l'en- 
gourdissement si  fatal  à  toute  société. 

Examinons  d'abord  notre  effectif.  II  se  compose  de  137  mem- 
bres actifs,  de  7  sociétaires  domiciliés  hors  du  pays  et  ne  payant 
pas  de  cotisation,  et  de  3  membres  honoraires.  Nous  avons  perdu 
12  membres,  dont  4  par  suite  de  décès  et  8  par  démission  ou  départ  ; 
d'un  autre  côté,  nous  avons  fait  21  recrues;  l'augmentation  est 
donc  de  9  sociétaires.  Le  nombre  assez  considérable  de  démissions 
est  un  fait  exceptionnel,  provenant  du  départ  de  quelques  profes- 
seurs de  l'Université. 

La  mort  nous  a  enlevé  Mgr  Favre,  MM.  Paul  ^by,  Gustave 
Comte  et  Victor  Forney. 

Mgr  Favre,  prévôt  de  la  collégiale  de  Saint-Nicolas,  s'est  rendu 
utile  à  l'instruction  publique  en  remplissant  avec  zèle  et  dévoue- 
ment, pendant  plusieurs  années,  les  fonctions  de  directeur  des 
écoles  de  la  ville  de  Fribourg  ;  puis  il  siégea  dans  la  commission 
cantonale  des  études,  jusqu'au  moment  où  l'affaiblissement  de  sa 
santé  le  força  à  prendre  sa  retraite. 

Magistrat  et  banquier,  M.  Paul  ^by  n'était  pas  de  la  trempe 
de  ces  hommes  d'Etat  chez  lesquels  la  politique  a  tué  le  sens  des 
arts  et  des  sciences  ;  il  s'intéressait  à  nos  travaux  et  il  était  un 
lecteur  assidu  de  nos  Archives. 

M.  Victor  Forney,  de  Bomont,  homme  aimable  et  cultivé, 
assistait  parfois  à  nos  séances. 


—     16     — 

M.  Gustave  Comte  n'avait  assurément  rien  de  banal  ;  sa  phy- 
sionomie, sa  conversation,  sa  manière  de  parler,  faisaient  de  suite 
remarquer  en  lui  l*homme  d*esprit.  le  caractère  indépendant,  porté 
vers  les  œuvres  de  Tintelligence.  Voici  dans  quelles  circonstances 
il  rendit  à  la  société  un  service  signalé  :  Pendant  bien  des  années, 
notre  effectif  était  restreint,  le  nombre  des  membres  n'arrivait  pas 
à  la  cinquantaine;  les  réunions  d'été,  en  dehors  de  la  ville  de 
Fribourg,  étaient  inconnues.  En  1885,  on  décida  de  s'assembler  à 
Bonn,  dans  le  courant  de  la  belle  saison;  cet  essai  ayant  assez  bien 
réussi,  il  fut  continué  en  1887,  et  Bomont  fut  choisi  comme  but  de 
la  course.  En  vue  de  l'organisation  de  la  séance,  je  m'adressai  à 
M.  Comte,  notre  seul  membre  romontois;  celui-ci  fit  bien  les  choses; 
il  recruta,  entre  autres,  30  candidats.  Cette  assemblée  nous  ouvrit 
une  nouvelle  voie;  le  nombre  des  sociétaires,  considérablement 
augmenté,  n'a  cessé  de  progresser  et  les  réunions  d'été  sont  deve- 
nues une  institution  très  appréciée  de  tous. 

En  1898,  les  assemblées  et  réunions  ont  eu  lieu  régulièrement. 
Le  13  janvier,  vous  avez  étudié  et  adopté  les  nouveaux  statuts  qui 
ont  permis  d'inscrire  la  société  au  registre  du  commerce.  Ensuite 
vous  avez  complété  votre  comité  en  appelant  M.  l'archiviste 
Schneuwly  à  la  vice-présidence  et  M.  le  professeur  Ducrest  au 
secrétariat.  Puis  la  société  s'est  réunie  le  10  février,  le  24  mars  et 
le  26  mai.  Le  7  juillet,  course  à  Morat,  séance  à  l'hôtel-de-ville 
banquet,  puis  visite  du  musée  et  des  fortifications.  Un  temps  splen- 
dide,  une  assistance  nombreuse,  la  présence  de  nos  amis  de  Berne, 
la  réception  cordiale  de  la  part  des  autorités  et  des  collègues 
moratois  ont  contribué  à  l'agrément  de  cette  journée.  Enfin,  le  17 
novembre  et  le  22  décembre,  nous  avons  repris  la  série  des  réu- 
nions d'hiver. 

Ces  sept  séances  ont  été  assez  bien  remplies  par  des  commu- 
nications et  des  discussions  se  rapportant  à  l'histoire  du  canton. 

Une  subvention  de  20  francs  a  été  accordée  au  comité  des 
conférences  publiques  et  un  subside  de  100  francs  au  groupe  chargé 
de  représenter  le  canton  de  Fribourg  lors  de  la  fête  du  centenaire 
de  la  bataille  de  Neuenegg.  J'ai  eu  Thonneur  d'assister,  au  nom  de 
la  société,  à  cette  touchante  commémoraison. 

Il  n'est,  en  général,  pas  dans  nos  principes  d'éparpiller  nos 
modestes  ressources  par  l'allocation  de  subventions  si  souvent 
réclamées  ;  mais  ici  une  participation  s'imposait  ;  il  s'agissait  de 


n 


^ 

^ 


î^ler  le  souvenir  des  valeureux  Fribourgeois  qui  sauvèrent 
l'honneur  du  drapeau  à  un  moment  oii  tant  de  lâchetë  et  de  tra- 
hison compromettait  le  renom  de  l'antique  probité  suisse. 

La  Direction  des  travaux  publics  nous  a  consultés  dans  la 
question  relative  à  la  conservation  d'une  partie  des  remparts  me- 
nacés par  les  agraudissementa  de  la  ville.  Espérons  que  les  eSorts 
tentés,  de  concert  avec  la  société  allemande  d'histoire  et  la  société 
dea  Amis  des  Beaux-Arts,  sauveront  de  la  destruction  ces  intéres- 
sants vestiges  des  fortifications  du  vi«ux  Fribourg, 

De  notre  côté,  nous  avons  fait  des  démarches  auprès  de 
l'Evéché  et  du  Conseil  d'Etat  en  vue  d'empêcher  ou  d'entraver  la 
vente  à  l'étranger  d'antiquités  appartenant  aux  paroisses,  aux 
communes  et  aux  corporations.  Nous  avons  pris  l'initiative  de 
recommander  au  Conseil  d'Etat  l'acquisition  de  la  bibliothèque  du 
clergé  de  Gruyères  et  la  constitution,  au  musée  cantonal,  d'une 
collection  de  costumes  fribourgeois. 

Je  remercie  les  membres  du  comité,  M.  Schneuwly,  vice-pré- 
eident,  et  M.  Ducrest,  secrétaire,  pour  l'appui  qu'ils  m'ont  prêté 
en  toute  occasion  ;  une  marque  spéciale  de  reconnaissance  revient 
su  secrétaire  pour  la  rédaction  si  attrayante  du  compte-vendu  des 
séances. 

Nous  avions  l'intention  de  faire  paraître,  dans  le  courant  de 
1898,  la  3'"*  livraison  du  VI""  volume  des  Archives.  La  première 
partie  comprenant  ia  Chronique  scandaleuse  de  François-Ignace  de 
Castelta  (événements  de  1781  et  1782)  est  imprimée  depuis  plu- 
sieurs mois,  mais  une  circonstance  indépendante  de  la  volonté  de 
Mgr  Kirsch,  auteur  de  la  seconde  partie,  a  retardé  cette  publication. 
Ce  travail,  qui  a  trait  aux  sépultures  burgondes,  est  maintenant 
sons  presse  et  le  volume  vous  sera  distribué  très  prochainement. 

Le  nombre  des  sociétés  avec  lesquelles  nous  échangeons  nos 
pablicationa  a  été  augmenté.  Nous  sommes  entrés  en  relation  avec 
1b  société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Neuchâtel,  la  société  hel- 
vétique de  Saint-Maurice,  la  société  archéologique  de  Beaune  et  la 
société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie. 

Nous  possédons  en  réserve  environ  3000  volumes  du  Recueil 
diplomatique  et  des  Archives,  qui  ont  été  assurés  auprès  de  la 
société  suisse  d'assurance  mobilière. 

Le  travail  doit  être  le  but  principal  de  la  société  d'histoire.  A 
cété  de  ces  réunions  qui  procurent  des  jouissances  intellectuelles, 


—     18     — 

il  est  nécessaire  de  fonder  des  œuvres  utiles,  non  seulement  dans 
le  temps  présent,  mais  encore  pour  les  générations  futures.  Ce  but 
sera  atteint  en  fournissant  aux  chercheurs  des  documents  et  des 
matériaux.  La  publication  du  BecueU  diplomatique  est  arrêtée 
depuis  environ  vingt  ans  ;  il  ne  serait  pas  digne  de  laisser  cette 
entreprise  inachevée  ;  c'est  pourquoi  je  me  permets  de  reprendre 
cette  question  agitée  plus  d'une  fois  dans  nos  séances,  et  je  serais 
heureux  si  Ton  pouvait  aujourd'hui  la  faire  avancer  d'un  pas.  En 
réunissant  nos  forces,  en  subdivisant  le  travail,  nous  pourrons,  sans 
doute,  mener  à  bien  cette  publication  utile  et  méritoire. 

Le  IVésidentj 
Max  de  DIESBACH. 


■*04<X- 


RAPPORT  ANNUEL 

du  Président  de  ta  Société  d'histoire  du  canton  de  Fribourg 

Présenté  à  rassemblée  générale  du  25  janvier  1900 

Messieurs, 

Si  nos  forces  restreintes,  nos  ressources  modestes  ne  nous 
permettent  pas  d'embrasser  de  vastes  horizons  ou  d'entreprendre 
des  travaux  ayant  uue  portée  générale  dans  le  domaine  de  l'histoire, 
le  cbamp  assigné  à  notre  activité  est  cependant  assez  fertile  ;  voyons 
si  nous  avons  su  le  cultiver  pendant  l'année  1899. 

Nous  poursuivons  un  double  but:  réunir  les  amis  de  l'histoire, 
leur  procurer  l'occasion  d'échanger  des  idées,  favoriser  et  stimuler 
leurs  recherches,  puis,  en  second  lieu,  publier  des  documents,  des 
notices  et  des  mémoires. 

Nos  séances  habituelles  d'hiver  ont  eu  lieu  régulièrement  le 
26  janvier,  le  16  mars,  te  4  mai,  le  16  novembre  et  le  14  décembre 
1899;  les  communications  n'ont  pas  fait  défaut  et  les  sujets  les 
plus  divers  ont  été  traités.  Merci  à  nos  dévoués  collaborateurs  ; 
leurs  travaux  animent  nos  réunions  et  sont  la  cause  d'une  bonne 
fréquentatioD  ;  Je  suis  heureux  de  voir  croître  le  nombre  des  parti- 
cipants à  nos  assemblées  ;  c'est  une  preuve  de  la  vitalité  de  la 
société  et  de  l'intérêt  pris  par  les  membres  à  son  développement. 
La  réunion  d'été  a  eu  lieu  à  Bulle  le  6  juillet,  elle  a  été  fort  réussie; 
ut)  nombreux  auditoire,  une  réception  cordiale  de  la  part  des  auto- 
rités et  de  nos  membres  bulloia  anciens  et  nouveaux,  une  séance  bien 
nourrie  tenue  dans  l'ancien  château  des  évêques,  un  banquet  non 
moins  substantiel  à  l'hôtel  des  Alpes,  le  chant  du  *  Ranz  des 
vaches  >  entonné  par  notre  excellent  collègue  Currat,  tel  a  été  le 
bilan  de  cette  petite  fête  célébrée  avec  entrain  au  centre  de  cette 
belle  contrée  de  la  Gruyère. 

Pendant  le  repas,  j'ai  eu  l'honneur  de  remettre,  au  nom  de  la 


—     20     — 

société,  QD  petit  souvenir  à  M.  Tarchiviste  Scbneawlj,  pour  célébrer 
le  quarantième  anniversaire  de  son  entrée  en  fonctions  an  service 
de  TEtat.  Tons  les  membres  se  sont  associés  de  grand  cœur  à  cette 
manifestation  destinée  à  témoigner  à  notre  dévoué  vice-président 
l'expression  de  notre  attachement  et  de  notre  reconnaissance. 

Dans  le  courant  de  Tété  a  para  la  troisième  et  dernière  livraison 
da  tome  YI  des  Archives  ;  différentes  circonstances  indépendantes 
de  la  volonté  des  collaborateurs  en  avaient  retardé  la  publication 
qui  aurait  dû  avoir  lieu  en  1898.  Ce  fascicule  contient  la  relation 
d'un  contemporain  sur  les  événements  de  1781  et  un  travail  sur 
les  antiquités  burgondes.  J'ai  cru  devoir  publier  la  première  notice 
intitulée  :  c  La  chronique  scandaleuse  des  misères  qui  ont  agité  la 
magistrature,  la  bourgeoisie,  les  terres  anciennes  et  la  majeure 
partie  des  baillages  du  canton  de  Fribourg  en  1781  et  1782,  par 
François-Ignace  de  Castella.  >  C'est  une  peinture  assez  exacte  et 
impartiale  des  troubles  survenus  ensuite  du  soulèvement  provoqué 
par  Chenaux  et  ses  partisans.  La  seconde  partie,  c  Le  cimetière 
burgonde  de  Fétigny,  >  est  une  étude  due  à  la  plume  compétente 
de  Mgr  Kirsch,  professeur  à  l'Université.  Les  fouilles  de  Fétigny 
n'ayant  pas  été  faites  sous  la  direction  d'un  archéologue,  l'auteur 
a  eu  beaucoup  de  peine  à  reconstituer  et  à  rassembler  toutes  les 
données  concernant  cette  ancienne  nécropole;  cependant  il  est 
parvenu  à  vaincre  la  difficulté  et  son  travail  donne  une  excellente 
description  des  armes  offensives  et  défensives,  des  parures  et  des 
ornements  découverts  dans  les  tombeaux.  Des  phototypies  repro- 
duisent les  principaux  objets  de  cette  remarquable  collection  con- 
servée au  musée  cantonal.  Ces  illustrations  sont  une  nouveauté 
dans  le  recueil  de  nos  Archives  ;  les  progrès  réalisés  dans  l'art  de 
la  reproduction  nous  permettront  d'user,  à  l'avenir,  de  ce  procédé 
et  de  joindre  des  planches  à  nos  textes  ;  cela  est  d'ailleurs  indis- 
pensable lorsque  l'on  traite  des  sujets  artistiques  ou  archéologi- 
ques ;  une  simple  description  écrite  ne  suffit  pas,  il  faut  présenter 
l'objet  aux  yeux  du  lecteur. 

Ce  volume  a  été  envoyé  aux  sociétés  et  institutions  avec  les- 
quelles nous  échangeons  nos  publications,  au  nombre  desquelles 
figure  maintenant  le  musée  national  suisse  qui  nous  envoie  son 
Indicateur  d'antiquités. 

Les  relations  avec  les  sociétés  d'histoire  suisses  et  étrangères 
ont  été  très  bonnes  :  je  signalerai  spécialement  les  rapports  pleins 


l 


I 


de  cordialité  qui  existent  entre  notre  sociiîté  et  celles  de  Fribourg 
(partie  allemande)  et  de  Berne.  Plusieurs  de  nos  membres  ont 
assiste  à  la  réunion  de  cette  dernière  association  qui  a  eu  lieu  au 
Thalgul  près  de  Wichtracli  et  nos  amis  bernois  sont  venus  nom- 
breux nous  rendre  visite  à  Bulle.  La  société  d'histoire  de  Soleure 
nous  a  fait  don  d'un  très  bel  ouvrage  —  Die  Beteiliijuny  Solothurns 
am  Schtcabeiilricge  —  publié  à  l'occasion  du  quatrième  centenaire 
de  la  guerre  de  Souabe  et  de  la  bataille  de  Dornaclt. 

L'Etat  de  Fribourg  continue  à  nous  prouver  sa  bienveillance 
par  l'allocation  d'un  subside  qui  doit  nous  encourager  au  travail  et 
à  la  publication  d'œuvres  utiles. 

J'adresse  les  meilleurs  remerciements  aux  membres  du  comité, 
MM.  Scbneuwly  et  Ducrest  ;  notre  dévoué  secrétaire  publie  dans 
les  journaux  des  procès- verbaux  très  complets;  ces  intéressantes 
relations  sont  fort  appréciées,  elles  contribuent  à  rendre  notre 
société  populaire  et  à  la  faire  connaître. 

Un  signe  de  prospérité  est  la  notable  augmentation  du  nombre 
des  sociétaires.  Dix-huit  nouveaux  membres  ont  été  reçus  ;  trois 
démissions  et  quatre  décès  sont  à  noter  ;  notre  effectif  est  de  150 
membres  actifs,  6  domiciliés  au  dehors,  a  membres  honoraires,  soit 
an  total  de  161  sociétaires. 

Les  membres  décédés  sont  MM.  Edmond  Brasey,  préposé  aux 
poursuites  à  Estavayer,  Torche,  docteur  en  médecine  et  directeur 
des  écoles  à  Estavayer,  Adolphe  Baudère,  libraire  et  conseiller 
communal  à  Bulle,  et  le  R.  P.  Apollinaire  Deltion. 

M.  Baudère  n'a  pas  fait  longtemps  partie  de  lasociété;  il  avait 
été  reçu  lors  de  la  réunion  de  Bulle.  En  présentant  les  vins  d'hon- 
neur offerts  par  cette  ville,  il  avait  prononcé  quelques  paroles 
pleines  d'à-propos.  mais  la  maladie  le  saisit,  le  soir  même,  et  il 
moarut  peu  de  temps  après. 

Le  décès  du  R.  P.  Apollinaire  cause  un  grand  vide  parmi 
DOUX  ;  on  aimait  à  voir  cette  belle  figure  de  religieux  ;  ses  traits 
fins  respiraient  la  bonté  jointe  à  une  certaine  pointe  de  malice. 

Après  la  biographie  très  complète  publiée  par  M.  Scbneuwly, 
je  m'abstiendrai  de  décrire  son  activité  comme  religieux,  mission- 
naire, prédicateur  et  supérieur  de  maisons  de  son  ordre.  A  côté  de 
€0  fécond  labeur  il  vouait  à  la  science  tous  ses  moments  de  loisir  ; 
il  réorganisa  les  bibliothèques  des  couvents  de  Fribourg,  de  Bulle, 
de  lîomont  et  acquit  dans  la  bibliographie  des  connaissances 


—     22     — 

étendues.  L'héraldique  fut  pendant  plusieurs  années  l'objet  de  ses 
études  ;  il  publia,  en  1865,  avec  la  collaboration  du  colonel  de 
Mandroty  V Armoriai  fribourgeais  qui  est  aujourd'hui  rare  et  re- 
cherché. Cet  ouvrage  n'est  pas  parfait  et  il  fut  exposé  à  de  nom- 
breuses critiques  lors  de  son  apparition  ;  mais  il  faut  tenir  compte 
de  la  difficulté  du  sujet,  dans  un  pays  républicain,  où  cette  matière 
a  toigours  prêté  le  flanc  à  la  fantaisie.  Des  règles  fixes  ne  furent 
jamais  bien  observées  à  Fribourg  et  l'auteur  était  embarrassé 
devant  cette  quantité  d'armoiries,  les  unes  authentiques,  consacrées 
par  l'usage  séculaire  ou  les  diplômes  des  empereurs  et  des  rois, 
d'autres  nées  de  la  féconde  imagination  de  quelque  amateur,  tel 
que  le  conseiller  Gombaz,  qui  fabriquait  des  armoiries  pour  toute 
personne  désireuse  d'en  posséder.  L'arbitraire  dans  l'octroi  de  la 
particule  nobiliaire  qui  règne  dans  cet  armoriai  a  aussi  causé  du 
mécontentement  ;  le  bon  Père  parait  avoir  oublié  qu'il  n'y  a  rien 
de  moins  démocratique  que  l'héraldique  et  le  blason. 

L'ouvrage  principal  du  P.  Apollinaire  est  le  Dictionnaire  his- 
torique et  statistique  des  paroisses  catholiques  du  canton  de  Fribourg. 
Ce  recueil  contient  de  nombreux  documents,  la  liste  des  curés  et 
des  dignitaires  ecclésiastiques  accompagnée  de  notes  biographiques, 
la  description  des  églises,  des  chapelles  et  des  maisons  religieuses, 
rénumération  des  œuvres  d'art,  des  missels,  des  objets  sacrés 
conservés  dans  les  sacristies,  la  relation  des  faits  mémorables  et 
des  légendes  se  rapportant  à  la  vie  religieuse  de  nos  contrées. 
Cette  œuvre  coûta  à  son  auteur  de  nombreuses  courses,  des  re- 
cherches laborieuses  et  le  dépouillement  d'une  quantité  d'actes 
contenus  dans  les  archives  publiques  et  particulières;  aussi  sa 
petite  cellule  était-elle  encombrée  de  parchemins,  d'in-folios,  de 
registres  qu'il  compulsait  avec  zèle.  Le  texte  a  été  trop  développé, 
des  documents  peu  importants  sont  reproduits  in  extenso  ;  il  est 
regrettable  que  l'auteur  n'ait  pas  été  plus  succinct,  cela  lui  aurait 
permis  de  terminer  son  ouvrage,  qui  est  maintenant  interrompu, 
mais  qui  ne  restera  pas  inachevé.  Un  de  nos  collègues,  M.  l'abbé 
Porchel,  se  charge  de  la  continuation  ;  nous  sommes  persuadé  qu'il 
réussira  dans  son  utile  entreprise  ;  il  eût  été  dommage  de  voir 
s'arrêter,  faute  de  collaborateur,  la  publication  de  ce  dictionnaire. 

Le  P.  Apollinaire  était  un  membre  assidu  et  dévoué  de  la 
société  ;  il  fut  reçu  le  17  juin  1858,  le  même  jour  que  MM.  Gremaud, 
Chatton  et  Bourqui.  La  société  subissait  alors  une  crise  fâcheuse  ; 


—     23     — 

elle  se  ressentait  encore  des  événements  politiques  survenus  en 
1847  et  1848,  car  la  lutte  des  partis  n'est  pas  favorable  à  l'étude  ; 
mais  l'arrivée  de  ces  forces  nouvelles  secoua  le  marasme  et  rendit 
la  vie  à  ce  corps  malade  ;  dès  lors  les  réunions  furent  plus  nom- 
breuses et  les  communications  plus  importantes.  Le  P.  Apollinaire 
contribua  pour  une  bonne  part  à  ce  renouveau  en  animant  les 
séances  par  des  lectures  et  des  aperçus  sur  l'histoire  ecclésiastique 
et  civile. 

L'exemple  de  ces  anciens  membres  doit  être,  pour  la  géné- 
ration présente,  un  précieux  stimulant  ;  puissent-ils  trouver  des 
imitateurs  qui  marcheront  sur  leurs  traces  et  contribueront  à 
éclaircir  les  points  encore  obscurs  de  notre  histoire.  Le  travail  est 
notre  but,  en  faisant  mieux  connaître  notre  pays  nous  l'aimerons 
davantage,  nous  puiserons  dans  nos  annales  des  enseignements 
pour  l'avenir  et  nous  nous  rendrons  dignes  de  l'estime  de  tous 
ceux  qui  s'intéressent  au  développement  scientifique  du  canton  de 
Frîbourg. 

Villars-les-Joncs,  le  23  janvier  1900. 

Le  Président  de  la  société, 
Max  de  DIESBACH. 


s/yJMXMA/^-r- 


LES   MÉDECINS  JUIFS 

A  FRIBOURG 

DANS  LES  SIÈCLES  PASSÉS 


PAR 


LE  D'  Ant.  FAVRE 


LES  MÉDECINS  JUIFS  A  FRIBOURG 

DANS  LES  SIÈCLES  PASSÉS 


Il  n'est  pas  Décessaire,  me  semble-t-il,  de  justifier  longuement 
la  présente  étude  consacrée  aux  médecins  juifs  qui  ont  exercé 
autrefois  leur  profession  dans  notre  ville.  Il  suffit  de  rappeler  la 
situation  particulière  qui  était  faite  aux  individus  de  cette  nation 
pendant  les  siècles  passés.  Les  nombreuses  persécutions  infligées  à 
ce  peuple,  les  mesures  exceptionnelles  prises  contre  lui,  les  diffi  • 
cultes  que  l'on  opposait  à  son  admission  sur  le  territoire  de  la 
plupart  des  Etats  chrétiens  contrastent  vivement  avec  les  faveurs 
dont  le  gouvernement  de  Fribourg  ne  cessa  de  combler  les  méde- 
cins juifs.  Non  seulement  ils  étaient  admis  à  la  bourgeoisie  en 
payant  une  finance  moins  élevée  que  leurs  corréligionnaires,  mais 
à  l'un  d'eux  ce  privilège  fut  même  octroyé  gratuitement.  On  les 
dispensait  de  porter  la  marque  des  Juifs.  Lorsqu'une  expulsion  en 
masse  était  ordonnée,  on  faisait  exception  pour  le  médecin  ;  et  le 
gouvernement,  loin  de  tolérer  les  vexations  auxquelles  il  était  en 
butte,  prenait  énergiquement  sa  défense,  poursuivait  et  faisait 
condamner  les  coupables  et  même  l'indemnisait  pour  les  dommages 
subis. 

Quels  furent  les  motifs  de  cette  situation  privilégiée  des  mé- 
decins juifs  ?  Tout  d'abord  la  rareté  des  médecins  dans  notre  pays 
pendant  les  XIV*  et  XV<>  siècles. 

Nous  n'avons  pu  découvrir  qu'un  seul  Fribourgeois  portant  le 
titre  de  médecin  à  cette  époque.  Les  praticiens  indigènes  étaient 
de  simples  chirurgiens-barbiers.  Le  plus  souvent,  le  gouvernement 
appelait  des  médecins  étrangers  qui  séjournaient  quelque  temps 
dans  notre  ville,  mais  ne  s'y  fixaient  pas. 

D'autres  faits  encore  expliquent  la  faveur  et  la  renommée 
dont  jouissaient  les  juifs  exerçant  la  profession  médicale.  Il  est 
incontestable  que  dans  tous  les  temps  ce  peuple  a  produit  un  grand 
nombre  de  praticiens  distingués  et  même  illustres.  Malgré  les 
décrets  de  plusieurs  conciles  qui  interdisaient  aux  chrétiens  d'avoir 


—    28     — 

recours  aux  médecins  juifs,  ceux-ci  conservaient  une  partie  de  leur 
clientèle.  Certains  papes  même  (Clément  VI,  Urbain  V,  Boniface 
VIII,  Boniface  IX)  se  faisaient  soigner  par  eux  ^).  Le  pape  Paul  II 
accorda  aux  médecins  juife  le  privilège  de  porter  le  costume  de 
leurs  confrères  chrétiens  et  les  dispensa  du  signe  des  Juifs,  qui  leur 
avait  été  imposé  par  plusieurs  décrets  et  en  dernier  lieu  par  une 
décision  du  concile  de  Bâle. 

La  supériorité  de  ces  médecins  peut  encore  être  attribuée  à 
la  cause  suivante.  Dans  les  siècles  passés,  l'exercice  de  la  médecine 
était  absolument  distinct  de  la  pratique  de  la  chirurgie.  Or,  un 
assez  grand  nombre  de  Juifs,  qui  s'adonnaient  à  Tart  de  guérir, 
étaient  chirurgiens  en  même  temps  que  médecins. 

Les  renseignements  que  j'ai  pu  recueillir  sur  nos  praticiens 
Israélites  semblent  prouver  également  que  leur  expérience  et  leur 
savoir  méritaient  les  privilèges  dont  ils  jouissaient  à  Fribourg. 

Avaient-ils  fait  des  études  universitaires,  ou  bien  étaient-ils 
des  empiriques  qui  avaient  reçu  leur  instruction  soit  de  leurs 
parents  soit  d'autres  maîtres  de  leur  nation  ?  Malheureusement, 
les  documents  que  j'ai  consultés  ne  me  permettent  pas  de  répondre 
à  cette  question  intéressante. 

Meyer-Âhrens,  dans  son  Histoire  des  médecins  suisses  au  moyen- 
âge  *),  serait  disposé  à  croire  que  les  médecins  juifs  de  Fribourg 
avaient  peut-être  fréquenté  les  universités.  Mais  il  n'apporte  aucune 
preuve  en  faveur  de  cette  opinion. 

Il  est  une  particularité  qui  me  parait  avoir  échappé  jusqu'à 
présent  aux  auteurs  ayant  étudié  ce  sujet.  C'est  que  nos  médecins 
juifs,  suivant  les  traditions  de  leur  nation,  ne  se  contentaient  pas 
d'exercer  la  profession  médicale,  ils  se  livraient  encore  au  métier 
lucratif  de  banquier. 

Les  médecins  juifs,  dont  nous  avons  pu  retrouver  les  traces, 
sont  au  nombre  de  sept,  dont  un  au  XIV*,  cinq  au  XV*  et  un  au 
XVI*  siècle.  La  plupart  ont  séjourné  plusieurs  années  à  Fribourg. 

Les  documents,  dans  lesquels  nous  avons  puisé  les  renseigne- 
ments qui  suivent;  appartiennent  tous  à  nos  archives  cantonales  ; 
ce  sont  : 


')  D*  Landau.  Geschiohte  der  jùdischen  Aerzte.  Bei'lin  1895.  S.  62. 
')  Die  Aerzte  und  das  Medizinalwesen  der  Schweiz  im  Mittelalter. 
Virchows  Archiv.  Bd.  24.  S.  473. 


—     29     — 

Les  comptes  des  trésoriers  (C  T.), 
Les  registres  des  notaires  (Beg.), 
Le  registre  des  Lombards  (Reg.  Lomb.). 
Les  deux  grands  livres  des  bourgeois,  en  papier  et  en  parche- 
min ((r.  L.  des  B.  en  pap.  ou  parch.). 

Les  manuaux  du  petit  Conseil  {Man!). 

Les  comptes  de  la  fabrique  de  St-Nicolas  (6'.  fab,  St-Nic.). 

Les  Stadtsachen. 

Les  Missivaux  (Miss.). 

Jocet  pratiqua  la  chirurgie  à  Fribourg  de  1356  à  1370.  La 
première  mention  de  ce  chirurgien  se  trouve  dans  un  titre  de 
créance  ^)  par  lequel  Jean,  dit  Dagnye  du  Landeron,  déclare 
devoir  21  florins  pour  salaire  du  traitement  de  son  frère  blessé. 
Cet  acte  nous  donne  les  détails  suivants  :  le  blessé  était  presque 
mort  {tanquam  mortuus)  quand  Jocet  Ta  visité  au  Landeron.  Le 
chirurgien  exigea  son  transport  immédiat  à  Fribourg,  et  Jean 
Dagnye  prit  l'engagement  de  ne  pas  ramener  son  frère  à  son  domi- 
cile sans  le  consentement  du  chirurgien. 

Le  paiement  de  la  moitié  des  honoraires  devait  avoir  lieu  le 
samedi  précédant  le  dimanche  OcuU,  que  le  blessé  fût  guéri  ou 
mort,  et  le  reste  de  la  somme  après  guérison  seulement  (1356). 

Dans  un  autre  acte  ^)  notarié,  Jaquemet  dit  Pincet  déclare 
avoir  été  bien  guéri  par  Jocet  comme  celui-ci  le  lui  avait  promis. 

En  1359  ^),  Jean,  dit  Glusty  de  Schwarzenbourg  promet  en 
son  nom  et  au  nom  de  ses  parents  qu'il  ne  recherchera  maître 
Jocet  devant  aucun  tribunal  ecclésiastique  ou  laïque  si  le  dit 
chirurgien  ne  parvient  pas  à  guérir  l'affection  dont  il  souffre  à 
l'œil  droit.  Jocet,  doutant  du  succès  de  son  traitement,  ne  veut  pas 
assumer  la  responsabilité  de  la  perte  de  cet  œil. 

En  1370,  Jocet  va  s'établir  à  Bâle.  De  cette  ville  ^)  il  adresse 
au  gouvernement  de  Fribourg  une  lettre  de  quittance  dans  laquelle 
il  reconnaît  avoir  reçu  régulièrement  le  traitement  annuel  de  10 
livres  laus.  qui  lui  avait  été  attribué,  et  avoir  joui  sans  restriction 


*)  Reg.  Lomb.  fol  13. 

■)  Ibid.  fol.  41. 

•)  Ibid.  fol.  104. 

*)  Recueil  diplomatique,  IV*  vol. ,  p.  72. 


—  so- 
dé tous  les  privilèges  attachés  à  ses  fonctions  de  chirurgien  officiel. 
Il  fait  cadeau  à  la  ville  de  30  florins  d'or^  qu'il  lui  avait  prêtés  pour 
les  édifices  publics.  Il  se  réserve  le  droit  de  disposer  en  toute  liberté 
de  la  maison  qu'il  possède  encore  à  Fribourg.  Cette  maison  était 
située  au  quartier  du  Bourg  près  de  celle  de  Jean  de  Duens  ^). 

Dès  1371,  Jocet  reçoit  des  honoraires  de  la  ville  de  Bâie  *) 
et,  en  1372,  le  conseil  le  nomme  Siadtaret  avec  un  traitement 
annuel  de  25  livres  '). 

Simon  de  Pierra  Chastel  est  banquier  en  même  temps  que  chi- 
rurgien. Car  on  trouve  plusieurs  titres  de  créance  en  sa  faveur 
dans  les  registres  des  notaires  ^). 

En  1403,  il  fut  reçu  bourgeois  avec  assignation  de  sa  bourgoisie 
sur  sa  maison  située  in  vico  fort  animalium  ^)  (rue  Zsehringen 
actuelle). 

Sa  veuve  (1418)  parait  avoir  séjourné  encore  plusieurs  années 
à  Fribourg. 

Ackin  de  Vixou,  médecin  et  chirurgien,  fut  reçu  en  1412  bour- 
geois de  Fribourg  avec  sa  femme,  ses  enfants  et  toute  sa  famille, 
pour  le  terme  de  10  ans,  moyennant  une  finance  annuelle  de  50 
livres  laus.  %  Le  petit  Conseil,  reconnaissant  Thabileté  dont  il  fit 
preuve  aussi  bien  en  médecine  qu'en  chirurgie,  réduisit  cette  contri- 
bution et  se  contenta  de  la  livraison  de  deux  bonnes  arbalètes 
valant  10  florins  d'Allemagne,  et  au  bout  des  dix  ans  renouvela  le 
contrat  pour  le  même  terme  en  lui  décernant  un  témoignage  de 
satisfaction  conçu  dans  les  termes  suivants  ^)  :  <  Voyant  qu'il  a 
persévéré  avec  humilité  dans  l'exercice  de  sa  profession,  qu'il  a 
été  très  habile,  qu'il  a  fait  plusieurs  cures  dignes  d'éloges  et  qu'en- 
tr'autres  il  a  soigné  avec  dévouement  et  affection  aussi  bien  les  riches 


*)  G.  L.  des  B.  en  pap.  fol.  140. 
»)  Fechter.  Bascl  im  XIV.  Jahrhundert,  p.  79.  Note. 
•)  OcA5.  GeschichtederStadt  und  Landschaftt  Basel.  1792.  Bd.   II. 
S.  448.  Note. 

*)  Reg.  16.  fol.  127.  R^,  17.  fol.  132  et  136. 

^)  G.  L.  des  B.  en  pap.  fol.  38. 

•)  C.  T.  N"  23,  25,  29. 

')  Rec.  dipl.  VII.  Vol.,  p.  109. 


—     31     — 

que  les  pauvres  (sic),  nous  espérons  qu'il  continuera  ses  bons 

services et  qu'il  traitera  in  utraque  arte  aussi  bien  les  grands 

que  les  petits,  et  surtout  les  pauvres  avec  dévouement  et  affection 
dans  toute  l'étendue  de  notre  territoire,  à  un  prix  modéré  et  rai- 
sonnable qui  devra  être  payé  par  les  malades  et  qui  devra  varier 
suivant  la  cure  faite  et  aussi  suivant  la  fortune  du  patient.  S'il  ne 
pouvait  pas  s'entendre  à  l'amiable  avec  ses  malades  au  sujet  du 
salaire,  le  différend  serait  soumis  au  Conseil.  Il  ne  pourra  quitter 
Fribourg  pendant  ces  10  ans  sans  le  consentement  de  l'avoyer.  En 
cas  de  guerre,  il  devra  accompagner  nos  troupes  en  personne  ou, 
si  cela  ne  lui  convient  pas,  il  se  fera  remplacer  par  un  des  siens  à 
ses  frais.  Celui  qui  remplira  cet  office  à  l'armée  devra  secourir  les 
blessés  et  être  muni  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  l'exercice 
de  son  art.  » 

En  1423  ^),  en  même  temps  qu'il  paye  sa  redevance  des  deux 
années  précédentes,  il  rembourse  à  la  ville  les  frais  que  celle-ci  a 
supportés  pour  envoyer  à  Zurich  et  à  Constance  des  députations 
chargées  de  défendre  ses  intérêts  dans  un  litige  qui  avait  surgi 
entre  lui  et  un  de  ses  coreligionnaires  nommé  Vivant  ').  La  même 
année,  Âckin  est  rappelé  de  Gruyère  pour  venir  soigner  Jacques 
d'Englisberg  qui  s'était  fracturé  une  jambe  en  se  rendant  à  Berne 
en  députation  officielle.  La  ville  paya  à  d'Englisberg  100  sols  d'in- 
demnité pour  frais  de  traitement  et  autres  dépenses  '). 

Ackin  avait  acheté  0  de  Pierre  Bugnet  la  maison  située  entre 
la  Grande  Abbaye  et  celle  de  Othon  de  Salicet  pour  le  prix  de  300 
livres.  Il  avait  emprunté  cette  somme  au  grand  Hôpital. 

Au  lieu  de  prêter  de  l'argent  comme  la  plupart  des  Juifs 
établis  à  Fribourg,  il  en  empruntait  à  plusieurs  reprises.  Ainsi  il 
mit  en  gages  ^),  pour  garantir  un  de  ces  emprunts,  une  houppe- 
lande de  femme  et  un  pater  noster. 

Ackin  ne  resta  pas  à  Fribourg  jusqu'à  la  fin  de  son  engagement 
comme  physicien,  car,  dès  le  commencement  de  l'année  1424  *),  il 


»)  C.  T.  N-  41. 

')  Bercbtold  (Hist  du  canton  de  Frib.,  T.  I,  p.  246)  confond  avec 
Ackin  un  autre  Juif^  Vivant  de  la  Côte  St-Ândré,  qui  n'était  pas  médecin. 
»)  C.  T.  N-  42. 
*)  Reg.  N*  24,  fol  207. 
•)  Reg.  N*  21,  f.  135. 
*)  Stadtsacben  B,  N*  22. 


—    32     - 

est  établi  à  Casale,  d'où  il  envoie  ses  fils  à  Fribourg  pour  y  vendre 
sa  maison.  Quelques  mois  plus  tard,  par  l'intervention  du  marquis 

de  Montferrat,  il  obtient  du  gouvernement  de  Fribourg  la  libération 

de  tous  ses  engagements  envers  cette  ville. 

Abraham,  fils  de  maitre  Âckin  de  Yanna,  chirurgien^  était  lui- 
même  médecin  et  chirurgien.  Il  succéda'^)  à  Simon  de  Pierra 
Chastel  dans  la  maison  qu'il  avait  achetée  de  sa  veuve.  De  plus,  il 
acquit  du  couvent  de  la  Maigrauge  la  maison  voistne  pour  le  prix 
de  260  livres  (1427). 

En  1423,  il  fut  reçu  bourgeois  ^. 

En  1428,  Abraham  ^)  fut  arrêté  de  nuit  dans  sa  maison,  jeté 
en  prison  à  la  Tour-Rouge,  torturé,  puis  exécuté  par  le  feu  ;  pour 
quel  crime  ?  C'est  ce  que  les  actes  ne  mentionnent  pas.  Mais  il  est 
probable  qu'il  ne  s'agit  pas  de  dettes,  comme  l'affirme  Berchtold  ^). 
Car  les  comptes  des  trésoriers,  d'où  sont  tirés  ces  détails,  disent 
qu'après  la  torture,  il  a  avoué  le  fait  (regiquis  lo  fait).  Abraham 
devait,  il  est  vrai,  800  livres  au  gouvernement.  C'est  pourquoi 
celui-ci  fit  vendre  sa  maison  et  les  titres  de  créances  qui  se  trou- 
vaient en  sa  possession  ^). 

Après  cette  exécution,  le  gouvernement  décida  de  ne  plus 
recevoir  de  Juifs  dans  la  ville  de  Fribourg  ^).  Mais  cette  ordonnance 
ne  fut  pas  observée  bien  longtemps  et  n'empêcha  pas  les  Pribour- 
geois  d'entretenir  des  relations  commerciales  avec  les  Israélites. 
Ainsi,  dès  1429  '^,  un  de  nos  bourgeois  achète  de  Ysaias,  médecin 
juif  habitant  Melligen,  un  cheval  boiteux.  «  Si  plus  tard  le  cheval 
ne  guérit  pas  de  sa  boiterie,  il  pourra  être  rendu  au  vendeur.  »  dit 
le  contrat  de  vente. 

Moins  de  30  ans  après  la  publication  de  l'ordonnance  d'expul- 
sion des  Juifs,  le  petit  Conseil  lui-même  parait  avoir  oublié  ses 
ressentiments,  car  il  écrit,  le  3  janvier  1468,  à  Manassé  de  se 


')  Reg.  N*  295,  fol.  33. 

*)  G.  L.  des  B.  en  parch.,  fol  45. 

•)  C.  T.  N*  52. 

*)  Hist.  du  canton  de  Frib.  I.  vol.  P.  247. 

»)  Reg.  N»  295,  fol.  59. 

•)  Rec.  dipl.  VII  vol,  p.  216. 

')  Reg.  N*  27.  f.  128. 


—     33     — 

rendre  à  Friboarg  pour  soigner  un  conseiller  malade  ^).  Dès  1461, 
ce  médecin  habite  Fribourg  en  permanence.  Car  le  gouvernement 
lui  fournit  un  logement  gratuit  *).  En  1463,  nouvelle  expulsion  des 
Juifs  ')  ;  mais  Manassé  fut  retenu  ad  libitum  viUe,  sans  salaire, 
réserve  faite  pour  un  contrat  ultérieur  ^). 

Vinan  de  la  Tor  (Vibranus  de  Turre),  fils  de  Manassé  de  la 
Tour  de  Peilz  ^),  est  certainement  le  médecin  juif  le  plus  célèbre 
de  Fribourg,  qu'il  habita  pendant  près  de  30  ans. 

Dès  1464,  un  registre  notarial  *)  mentionne  une  somme  de  30 
gros  qui  est  due  à  Vinan  par  le  curé  d'Ependes  Fabri  pour  traite- 
ment médical.  Les  années  suivantes,  nous  trouvons  d'autres  actes 
de  créance  en  sa  faveur,  soit  pour  traitement  médical,  soit  pour  prêts 
d'argent  ^).  En  1470,  le  gouvernement  le  retient  à  Fribourg  pour 
4  ans,  en  lui  offrant  les  privilèges  d'un  bourgeois  et  un  salaire  de 
3  florins  ^).  Cet  engagement  fut  renouvelé  jusqu'en  1486  *).  Vinan 
quitta  alors  notre  ville,  mais  il  y  fut  rappelé  en  1489  ^^)  par  le 
petit  Conseil  qui  paya  les  frais  de  transport  de  ses  bagages  et  éleva 
son  traitement  annuel  tout  d'abord  à  40  et  plus  tard  à  60  livres.  Il 
figure  dans  les  comptes  jusqu'en  1499  "). 

Ce  qui  précède  prouve  déjà  la  haute  estime  dans  laquelle 
notre  gouvernement  tenait  ce  médecin.  Mais  d'autres  faits  le  dé- 
montrent encore  avec  plus  d'évidence.  En  1477  ^''),  en  renouvelant 
son  engagement,  le  Conseil  le  dispense  de  porter  le  signe  des 
Juifs  "). 


')  Miss.  N-  2,  f.  741. 

■)  G.  T.  N**  118  et  121. 

')  G.  T.  N*  122.  A  Jehan  Sallamin  soutier  pour  la  criée  qu'il  fit  quand 
on  congédia  les  Juifs,  2  sols. 

*)  Man.  N*  3,  fol.  78v. 

*)  Peut-être  était-ce  le  médecin  mentionné  plus  haut  ? 

•)  Reg.  N*  44,  fol.  28. 

0  Reg.  N»  66,  fol.  346.  Reg.  N»  40,  IP  p.,  fol.  26  v. 

•j  Man.  N*  4,  fol.  90. 

•)  G.  T.  N-  138  à  166. 
'•)  G.  T.  N*  173. 
")  G.  T.  N*  193. 
»»)  Man.  N'5. 11  avril. 

*')  Ce  signe,  qui  variait  suivant  les  pays^  fut  imposé  aux  Juifs  dans 
notre  ville  en  1403.  11  consistait  en  une  bande  rouge  et  blanche  qu'ils  de- 
vaient porter  sur  leurs  vêtements  (Rec,  dip,  VI,  p.  42). 

a 


—     34     — 

En  1484  0»  le  Conseil  affranchit  des  droits  d'entrée  Vinan, 
son  fils  et  son  ménage. 

On  sait  qu'à  cette  époque  les  Juifs  eurent  beaucoup  à  souffrir 
des  mauvais  traitements  des  Chrétiens.  Notre  médecin  ne  fut  pas 
épargné.  Mais  le  gouvernement  prit  énergiquement  sa  défense. 
Ainsi,  quatre  Fribourgeois  furent  condamnés  à  5  florins  d'amende 
pour  l'avoir  détroussé  près  d'Oron  *). 

Quelques  années  plus  tard  (1477),  les  alliés  se  rendant  à 
Genève  pour  y  quérir  le  Brautschattf,  en  passant  à  Fribourg,  pil- 
lèrent la  maison  de  Vinan.  Le  Conseil  lui  paya  pour  ce  fait  20 
livres  d'indemnité  ^). 

En  1483,  Vinan  se  trouvant  à  Yverdon,  fut  maltraité  par  les 
habitants  de  cette  ville.  Le  Conseil  exigea  que  justice  fut  rendue  à 
notre  médecin,  et  écrivit  dans  ce  but  à  ceux  éP  Tverdon  ^). 

La  renommée  de  Vinan  s'étendait  jusque  dans  les  cantons 
voisins.  Ainsi  Soleure  ^)  s'adresse  au  Conseil  de  Fribourg  pour  lui 
demander  d'envoyer  le  médecin  juif  auprès  de  l'ancien  avoyer 
Hagen  gravement  malade.  Il  était  aussi  fréquemment  appelé  par 
les  Bernois  ^).  Il  avait  des  clients  même  en  Valais  et  dans  le  Pays- 
d'en-Haut  '). 

Vinan  ne  se  contentait  pas  d'exercer  les  professions  de  méde- 
cin et  de  banquier.  Il  était  encore  apothicaire.  Pendant  les  pre- 
mières années  de  son  séjour  à  Fribourg,  il  préparait  lui-même  les 
remèdes  qu'il  prescrivait  à  ses  malades.  Mais  ce  cumul  déplut  au 
gouvernement.  Le  19  mai  1470  ^),  c  le  Conseil  donne  Tordre  au 
Juif  de  se  défaire  de  ses  drogues  et  dorénavant  de  formuler  ses 
recettes  par  écrit  comme  les  autres  médecins  et  de  les  faire  exé- 
cuter par  l'apothicaire,  afin  que  l'on  voie  manifestement  quels  sont 
les  remèdes  qu'il  administre  aux  malades.  » 


')  Man.  N*  7,  fol.  52  v. 
•)  C.  fab.  St-Nic.  N»  2  (1471-72). 
»)  C.  T.  N«  150. 
*)  Man.  N»  7,  fol.  31  v. 
»)  Solothuriu  Wochenblatt fîir  1819,  p.  214. 

*)  G.  Tabler.  Bern  und  die  Juden.  Sep.  Âbdr.  aus  Arch.  des  histor. 
Vereins  des  Kantons  Bern. 

')  Reg.  N*  40.  11  p.,  fol  26  v. 
•)  Man.  N*  4,  fol.  68  v. 


—     85     — 

Encore  à  la  fin  du  XVI*  siècle,  nous  trouvons  à  Fribourg  un 
médecin  juif,  maître  Marx,  qui,  avant  de  quitter  notre  ville,  se  fait 
délivrer  par  le  gouvernement  une  déclaration  ^)  dûment  scellée, 
portant  :  qu'il  a  exercé  la  médecine  à  Fribourg  avec  succès  pendant 
assez  longtemps,  qu'il  a  guéri  un  certain  nombre  de  malades 
réputés  incurables  et  aussi  beaucoup  d'affections  chroniques,  qu'il 
a  donné  beaucoup  de  preuves  de  sa  science  et  de  son  habileté,  et 
qu'aucune  plainte  n'a  été  portée  contre  lui.  18  septembre  1577. 

Dès  lors,  on  ne  découvre  plus  aucune  trace  de  médecins  juifs 
à  Fribourg.  Par  contre,  des  Fribourgeois  ont  embrasssé  la  carrière 
médicale,  et  ont  pris  leurs  grades  dans  les  universités  de  Padoue, 
Montpellier  et  autres  écoles  célèbres  de  cette  époque. 


0  Reg.  N*  194,  fol.  143  v. 


-•xX- 


LA 


CONTRIBUTION  D0 19  CERMML  AN  ÏI 


(8  AVRII.  1798) 


PUBLIEE   PAR 


Max  de   DIBSBACH 


Président  de  la  Société  d'histoire  do  canton  de  Fribourg 


LA 

COITRIBUTION  DU  18  GERMINKL  Kl 


(8  AVRIL  1798) 


Le  centenaire  de  riovasion  française  en  Suisse  et  la  constitu- 
tion de  la  république  helvétique  ont  fait  éclore  une  quantité  de 
travaux  commémoratifs.  Si  les  uns  sont  empreints  d'un  véritable 
souffle  historique  et  de  l'esprit  d*une  saine  critique,  d'autres  ne 
sont  pas  exempts  de  passion,  et  il  est  affligeant  de  voir  qu'après 
un  siècle,  cette  époque  si  néfaste  et  si  humiliante  de  notre  histoire, 
pût  encore  être  regardée  comme  l'aurore  de  jours  meilleurs. 

Ces  articles  louangeurs  me  rappellent  les  vers  magnifiques  du 
poète  Delille  flétrissant  la  conduite  de  ses  compatriotes  pendant  la 
campagne  de  1798.  Le  deuxième  chant  du  poème  c  Malheur  et 
Pitié  >,  si  peu  connu  chez  nous,  devrait  figurer  dans  tout  recueil 
de  littérature  dédié  à  la  jeunesse  suisse. 

Cette  apostrophe,  adressée  au  plus  triste  des  commissaires  du 
Directoire,  est  pleine  d'une  frémissante  indignation  : 

Sur  un  roc  stérile,  affreux,  sauvage. 

De  vos  champs  dévastés  épouvantable  image. 
Du  monstre  Rapinat  gravez  le  nom  cruel, 
Nom  maudit  par  la  terre,  abhorré  par  le  ciel. 
Qu'à  son  funeste  aspect  les  amantes  frémissent  ; 
De  loin,  en  le  voyant,  que  les  mères  gémissent, 
Que  le  passant  troublé  le  lise  avec  horreur  ; 
Que  l'enfant  au  berceau  l'écoute  avec  terreur  ; 
Que  j'entende  la  sœur  lui  demander  son  frère, 
L'orphelin  s'écrier  :  c  Qu'as-tu  fait  de  mon  père  ?  > 
Que  puissent  tour  à  tour  toutes  les  nations 
Y  porter  leur  tribut  de  malédictions  ; 
Et  qu'enfin  sa  mémoire,  en  vengeance  féconde, 
Aille  irriter  la  haine,  et  soulever  le  monde  ! 


—     40     — 

Si  Rapioat  est  regardé  comme  le  type  du  commissaire  avide 
et  âpre  à  la  curée,  il  avait  été  précédé  par  d'autres  agents  politi- 
ques et  financiers  :  les  Mengaud,  les  Mangourit,  les  Lecarlier,  les 
Rouhière,  qui  ne  valaient  pas  mieux  que  lui.  J'aurais  désiré,  il  y  a 
deux  ans,  énumérer  les  impositions  écrasantes  levées  dans  le 
canton  de  Fribourg  par  le  Directoire  français  et  ses  employés, 
mais  je  n'avais  pas  pu  découvrir,  aux  archives  cantonales,  la  liste 
de  ces  contributions  ;  un  heureux  hasard  m'a  fait  tomber  entre  les 
mains  l'original  du  rôle  de  l'imposition  de  deux  millions  de  francs 
frappée,  le  19  germinal  an  VI  (8  avril  1798),  sur  les  patriciens 
fribourgeois.  Ces  pièces  sont  intéressantes,  car  elles  donnent  l'état 
des  anciens  gouvernants,  le  nombre  de  leurs  enfants,  le  chiffre  de 
leur  fortune  ;  elles  fournissent  donc  de  précieux  renseignements  au 
généalogiste,  au  financier  et  au  statisticien  ^). 

Déjà  quelques  jours  auparavant,  peu  après  la  prise  de  Fri- 
bourg, le  général  Pijon  ^)  s'était  occupé  du  tribut  à  prélever  dans 
la  ville  occupée  par  ses  soldats.  Le  9  mars,  le  président  Jean  de 
Montenach  relate  au  sein  du  gouvernement  provisoire  qu'ayant  été 
mandé,  avec  quatre  autres  membres  de  l'ancien  conseil,  auprès  du 
général  Pijon,  celui-ci  exige  une  contribution  de  500,000  livres 
payable  dans  les  vingt-quatre  heures.  Sur  les  représentations  faites, 
cet  ofEicier  accorde  un  terme  pour  acquitter  la  somme  ;  il  accepte 
le  projet  suivant  élaboré  par  le  comité  des  finances  : 


*)  L'arrêté  du  19  germinal  est  publié  dans  Strickler  :  Amtliche 
Sammlung  der  Acten  aus  der  Zeit  der  helvetischen  Republik.  Bern  1886, 
t  I,  p.  610.  Toutefois,  vu  son  importance  et  son  intime  connexion  avec 
notre  sujet,  nous  le  reproduisons  in  extenso  aux  annexes  (N"  lll). 

*)  Jean  Pijon,  général  français,  servit  à  Tarmée  d'Helvétie,  puis  à 
celle  d'Italie.  Il  se  distingua  à  la  bataille  de  Roveredo,  à  la  tête  des  troupes 
légères  de  la  division  Masséna.  En  1799,  il  commandait  une  division  et 
fut  blessé  à  mort  à  l'attaque  malheureuse  de  Vérone  par  le  général  Schérer. 
Son  manque  de  délicatesse  au  sujet  du  bien  d'autrui  avait  enrichi  la  langue 
française  d'un  mot  nouveau  :  empijonner  était,  à  Fribourg,  le  synonyme 
de  voler.  On  trouve  dans  le  manual  de  la  chambre  administrative  la  men- 
tion suivante  :  «  Le  citoyen  Fégoly  demande  une  indemnité  pour  un  cheval 
empijonné.  » 


—     41     — 

300,000  livres,  soit    84,000  écus  bons,  payables  avant  quatre 

heures  du  soir. 
100,000        >  28,000      >     payables  dans  la  huitaine. 

100,000        >  28,000      >     payables  dans  la  quinzaine. 


Total  500,000  livres,  soit  140,000  écus  bons,  payables  par  les  mem- 
bres de  l'ancien  régime  ^). 

Le  gouvernement  provisoire,  considérant  qu'il  sera  impossible 
aux  anciens  gouvernants  de  trouver  immédiatement  les  sommes 
exigées,  autorise  le  comité  des  finances  : 

l^*  A  remettre  au  général  les  espèces  contenues  dans  les  caisses 
publiques,  qui  s'élèvent  à  60,000  écus  ; 

2^  A  ouvrir  un  emprunt  forcé,  spécialement  auprès  des  mem- 
bres de  l'ancien  gouvernement  ; 

3^  A  réaliser  des  créances  ; 

4^  A  rendre  les  membres  de  l'ancien  gouvernement  respon- 
sables du  paiement  et  du  remboursement  de  cette  somme. 

Le  12  mars,  le  versement  du  second  à  compte  rencontrait 
déjà  des  difficultés.  Le  gouvernement  provisoire  décida  de  réunir 
les  contribuables  le  lendemain.  On  leur  intimera,  dit  le  protocole, 
les  menaces  les  plus  fortes,  afin  d'obtenir  le  paiement  de  leur  rede- 
vance en  espèces  monayées  ;  on  les  sommera  de  déclarer,  sur  leur 
honneur,  s'ils  ont  en  caisse  de  l'argent  comptant  pour  une  somme 
dépassant  leur  nécessaire  absolu  ;  en  cas  de  pénurie  du  numéraire, 
ils  pourront  remettre  leur  argenterie. 

En  vue  d'organiser  ces  pillages  partiels  et  de  régulariser  la 
spoliation,  le  citoyen  Lecarlier,  commissaire  du  gouvernement  près 
l'armée  de  la  république  française  en  Suisse,  prit,  sous  date  du  19 
germinal  an  VI  (8  avril  1798),  un  arrêté  mettant  à  la  charge  des 
patriciens  et  oligarques  suisses  une  contribution  de  quinze  millions 
de  francs,  dont  deux  millions  furent  attribués  à  Fribourg.  Les 
chambres  administratives  furent  chargées  de  répartir  entre  les 
différents  contribuables  les  sommes  assignées  à  leur  canton.  Suivant 
les  termes  de  l'arrêté,  cette  imposition  devait  être  un  châtiment 


*)  En  général,  l'écu  bon  équivaut  à  fr.  3,4507  cent,  de  notre  monnaie, 
mais  ici  il  est  compté  à  fr.  3^57  ;  on  a,  sans  doute,  tenu  compte  du  taux  du 
change. 


—     42     — 

poar  les  aristocrates  et  nue  récompense  poar  la  rëpnbliqae  fran- 
çaise qai  remplissait  ainsi  ses  caisses  vidées  par  les  dilapidations. 

Afin  de  dissiper  tonte  crainte,  Lecarlier  accompagna  son  arrêté 
d'ane  proclamation  destinée  à  semer  la  division  entre  les  opprimés 
et  i  iaire  croire  anx  ftopalations  qoe  les  patriciens  seuls  seraient 
frappés  :  «  Une  contribution  va  être  levée  sur  votre  pavs«  disait-il, 

n'en  soyez  point  alarmés L'homme  de  la  nature  et  de  la  liberté, 

le  paisible  cultivateur  ne  sera  point  obligé  de  sacrifier  le  produit 
de  ses  sueurs  pour  acquitter  la  dette  de  Toligarchie;  l'homme 
utile  dont  Tactive  industrie  pourvoit  aux  besoins  de  ses  concitoyens 
ne  sera  point  exposé  à  être  privé  de  son  nécessaire,  tandis  que  la 
dédaigneuse  et  perfide  aristocratie  souriroit  i  sa  détresse  *).  > 

Ces  paroles  trompeuses  ont-elles  été  prises  au  sérieux  ?  Il  y  a 
lieu  d'en  douter.  Dans  tous  les  cas,  les  patriotes  trop  crédules  ont 
été  bien  désillusionnés  plus  tard. 

Il  restait  i  la  chambre  administrative  une  tâche  ardue,  celle 
de  faire  rentrer  cette  contribution  de  deux  millions  de  francs.  Elle 
en  comprit  les  difficultés  :  le  délai  était  court,  la  somme  élevée,  les 
temps  difficiles,  Targeot  extrêmement  rare,  aussi  crut-elle  devoir 
adresser  une  proclamation  i  tous  les  citoyens  les  invitant  à  avancer 
au  trésor  les  espèces  monnayées,  la  vaisselle,  les  bijoux  dont  ils 
pouvaient  disposer  ;  cet  emprunt  devait  être  garanti  par  la  nation 
tout  entière  '). 

Comme  Ton  devait  s'y  attendre,  cet  appel  resta  sans  écho.  Il 
fallut  donc  s'attaquer  directement  aux  contribuables  visés  par  l'ar- 
rêté du  commissaire  français.  Par  circulaire  du  23  avril,  la  chambre 
administrative  donna  l'ordre  à  tous  les  membres  de  la  bourgeoisie 
privilégiée  de  lui  présenter  leurs  titres,  créances,  obligations,  ce- 
dules,  billets  à  ordre,  actions,  pour  les  enregistrer  et  en  prendre 
note  ').  Basée  sur  ces  indications  et  faisant  entrer  les  immeubles 
en  ligne  de  compte,  cette  autorité  procéda  à  une  répartition  indi- 


*)  Strickler  n'a  pas  vu  l'original  de  cette  proclamation.  Il  en  donne 
un  résumé  d'après  le  texte  allemand  (I.  614).  Noud  la  reproduisons  ci-après 
(annexe  IV). 

*)  Proclamation  de  la  chambre  administrative  (annexe  V).  Cette 
décision  de  la  chambre  administrative  fut  annulée  par  les  conseils  légis- 
latifs helvétiques.  Strickler.  Helv.  Republik.  I,  p.  730. 

»)  Circulaire  du  23  avril  1798.  Annexe  VI. 


—     43     — 

vidaelle  de  TimpositiOD.  Elle  institua  dans  le  sein  des  contribuables 
une  commission  destinée  à  servir  d'intermédiaire  entre  ceux-ci  et 
l'administration.  Cette  commission  fut  composée  de  MM.  Ignace  de 
Boccard,  Tobie  de  Buman,  Xavier  de  Fégely,  Jean  de  Montenach 
et  Tobie  de  Bœmy  ;  ce  dernier  remplit  l'office  de  caissier. 

Il  est  aisé  de  penser  combien  la  mission  de  ce  comité  fut  diffi- 
cile. Il  fallait  toute  l'autorité  que  commande  la  confiance  pour 
arriver  à  un  résultat  appréciable.  On  se  trouvait  placé  entre  les 
exigences  françaises  et  les  retards  causés  par  l'énormité  des  som- 
mes demandées  ^). 

Conformément  à  l'arrêté,  la  chambre  administrative  divisa  les 
patriciens  en  trois  classes. 

La  première  comprenait  tous  les  membres  des  conseils  depuis 
les  avoyers  jusqu'aux  simples  membres  des  Deux  Cents  ;  elle 
comptait  184  contribuables  répartis  entre  47  familles  et  taxés  à 
une  somme  totale  de  420,235  écus  bons.  On  n'a  pas  compris  dans 
ce  chiffre  les  individus  exemptés  parce  qu'ils  ne  possédaient  rien 
ou  ne  jouissaient  pas  encore  de  la  fortune  appartenant  à  leurs 
parents. 

Pour  fixer  la  quote-part  de  chacun  on  additionna  les  rentes 
des  biens-fonds  et  des  capitaux  ;  ce  revenu  triplé  formait  la  base 
de  l'imposition  ;  on  ajoutait  à  cette  somme  le  Vi  P^îs  le  Vo  ^^  dit 
revenu.  Ainsi,  Agustin  Kuenlin,  qui  possédait  un  revenu  de  63 
écus,  fut  taxé  de  la  manière  suivante  : 

3X63  189  écus. 

Le  7*  de  63,  en  chiffres  ronds  15     » 

Le  Ve  de  63,  »  10     > 

Total  214  écus, 
chiffre  qui  fut  porté  à   300  écus,  en  vertu  de  l'article  10  de 
l'arrêté. 

Il  est  à  remarquer  que  la  chambre  administrative  fit  un  large 
usage  de  l'article  10,  l'autorisant  à  augmenter  la  quote-part  des 
gouvernants  qui  avaient  été  à  la  tête  du  mouvement  contre-révo- 
lutionnaire ;  ainsi,  l'avoyer  Werro,  homme  peu  fortuné,  vit  sa  taxe 
de  1742  écus  portée  à  3000  écus;  celles  de  François  Amman,  Lau- 


*)   Ant.   Rœmy  de  Bertigny.   Méinoii-es  pour  servir  à   l'histoire  du 
eau  ton  de  Fribourg.  Fri  bourg  1869,  p.  34. 


—     44     — 

rent  Bonr^medit.  Rodolphe  BaoïaB,  AatoîM  CasteDA,  Nicolas- 
Antoine  Càstella.  AIots  ChoUet  Ladislaâ  Diesbuh.  Lureal  Fégely, 
Philippe  Gottrma.  Sîmon-Joseph  Rejnol-i.  Jicqaes-Philippc  Yod- 
denreid  et  Laarent  Vonderweid  forent  haussées  cossidérableiMQt. 
Void  les  noms  des  plus  forts  conthboables  :  Antoine  Castella  *) 
SO.OOO  ëcns  soit  103.521  francs  '..  Nicolas-Antoine  Castella  ^ 
20,000  écos  soit  69.014  franc?.  Pierre-Gispard  Diesbach  «)  11,500 
ëcns  Krit  39,6é2  francs.  Philippe  Gottran.  Jacqaes  Montenadi, 
Philippe  Praroman.  Simon-Joseph  Renold.  Jacqaes-Philippe  Von- 
derweid Tersèrent  chacnn  10,000  écos.  soit  34.507  francs. 

Les  moîa^  imposés  ont  payé  20  écns  :  c'étaient  qaelqnes  pan- 
Très  diables  de  patriciens,  fort  en  peine  de  nouer  les  deu  bouts, 
qui  eurent,  sans  doute.,  bien  des  tracas  aTant  de  trouTer  cette 
somme. 

La  seconde  classe  comprenaft  c  les  épouses  des  membres  du 
gouTernement.  >  En  sus  de  leur  fortune  personnelle,  les  anciens 
magistrats  deTaient  encore  payer  pour  le  bien  de  leurs  femmes. 
Celles-d.  au  nombre  de  72.  contribuèrent  pour  une  somme  de 
55,926  écus.  Le  taux  i  payer  était  le  revenu  annuel,  plus  la  moitié 
de  ce  revenu,  p!as  le  huitième,  plus  le  douzième  du  dit  revenu. 
Ainsi  la  plus  fort  imposée  de  cette  classe,  Julie  née  Diesbach. 
femme  de  Laurent  Fégely.  qui  jouissait  d'une  rente  de  2293  écus, 
paya: 

Le  dit  revenu  2293  écus. 

La  moitié  de  ce  revenu  1146     > 

Le  huitième       >  286     > 

Le  douzième      >  191     > 

Tout  3916  écus  soit  13,512  francs. 
La  troisième  classe  renfermait  toutes  les  personnes  apparte- 

^  Jean-Antoine-Vendelin  de  Castella  de  Villardin  (branche  de  Ber- 
leo»),  fiN  de  Fran«>i^Pit>ïper.  né  en  1765,  membre  du  Grand  Conseil  en 
llfn,  mort  en  1800.  Il  avait  épousé,  la  même  année,  Elisabeth  d'Affry. 
Madame  de  Villardin  eut  un  salon  célèbre  à  Fribourg. 

*;  L'écu  bon  est  compté  à  fr.  3,45. 

*/  Nicola-i-Antoi ne-Xavier  de  Castella  de  Berlens,  tils  de  Nicolas- 
All^iert,  né  en  1767,  membre  du  Grand  Conseil  en  1787,  colonel  du  2*  régi- 
ment Huisse  au  î^^rvic»;  d»3  Napolé»jn,  puis  général,  mort  en  1830. 

V»  Le  comte  /'ra///"o/.<-Pierre-Ga*îpard  de  Diesbach-Torny,  né  en  1739, 
conseiller  d'Etat  eu  1791,  mort  en  1811. 


DÀnt  au  patriciat  qui  ne  rentraient  pas  dans  les  deux  classes  pré- 
cédentes et  ne  remplissaient  aucun  emploi  public  On  y  trouve  des 
ecclésiastiques,  des  militaires,  des  mineurs,  des  veuves  et  des 
demoiselles.  Les  contribuables,  au  nombre  de  110,  figurent  pour 
une  somme  de  91,774  ëcus  ;  ils  étaieut  taxés  sur  le  même  pied  que 
les  femmes  des  gouvernants.  Le  plus  imposé  fut  Philippe  Diesbacli 
de  Steinbrugg  qui  paya  6000  écus  soit  20,704  francs. 

Ce  rôle  donne  une  idée  de  la  fortune  des  patriciens  fribour- 
geois  ;  si  quelques-uns  étaient  riches  et  dans  l'aisance,  d'autres 
avaient  à  peine  de  quoi  vivre,  surtout  en  présence  des  préjugés  de 
l'époque  qui  ne  leur  permettaient  pas  de  se  livrer  au  commerce,  à 
l'industrie  ou  à  l'euploitation  de  quelque  métier.  D'un  autre  côté, 
il  ne  faut  pas  oublier  que  ce  document  se  rapporte  à  un  moment 
de  crise  :  la  baisse  sur  les  valeurs,  la  suspension  du  paiement  de  la 
rente  française,  la  suppression  des  traitements  et  des  pensions  des 
anciens  officiers  au  service  de  France,  les  prévisions  tes  plus  pes- 
simistes au  sujet  du  maintien  des  dîmes  et  des  autres  droits  féo- 
daux avaient  notablement  diminué  les  revenus  de  plusieurs.  D'ail- 
leurs le  loyer  des  domaines  et  des  autres  propriétés  foncières  se 
payait  en  partie  en  nature  à  cette  époque,  redevances  qui  n'en- 
trèrent pas  en  ligne  de  compte,  sauf  le  produit  des  forêts,  Il  est 
hors  de  doute  que  dans  leurs  déclarations  les  particuliers  ont  été 
aussi  réservés  que  possible  ;  le  malheureux  contribuable  était 
enserré  entre  une  double  crainte  :  d'un  côté  celle  du  commissaire 
français  avec  ses  accoiytes  helvétiques,  de  l'autre  celle  de  la  ruine 
imminente  ;  il  est  naturel  et  bien  légitime  qu'il  n'ait  pas  déclaré 
certains  revenus  peu  connus  du  public.  De  plus,  la  valeur  de  l'ar- 
gent était  plus  élevée,  il  y  a  un  siècle,  qu'elle  ne  l'est  de  nos  jours. 
Tous  ces  facteurs  réunis  nous  font  admettre  comme  un  minimum 
la  fortune  du  patriciat  fribourgeoîs  telle  qu'elle  est  indiquée  dans 
la  liste  des  imposés  de  1798. 

Mais  les  commissaires  n'avaient  pas  attendu  la  confection  de 
ce  rôle  pour  percevoir  les  premiers  à-comptes  de  la  contribution. 
Au  début  les  choses  ne  marchèrent  pas  trop  mal,  il  y  avait  de 
l'argent  dans  les  caisses,  de  l'argenterie  sur  les  dressoirs,  des 
bijoux  dans  les  écrins,  tout  cela  dut  prendre  le  chemin  du  bureau 
du  percepteur.  Pins  d'un  contribuable  eut  soin  de  briser  les  objets 
précieux  avant  de  les  remettre,  précaution  assez  justifiée  car  on 
avait  remarqué  que  plusieurs  bijoux  de  prix  étaient  restés  dans  les 


—     46     — 

poches  des  officiers  et  des  agents  financiers,  ce  qui  diminaait  d'au- 
tant la  totalité  des  sommes  versées  par  les  imposés,  solidaires  les 
ans  des  antres. 

Cependant,  après  quelques  versements,  ces  ressources  man- 
quèrent et  les  patriciens  furent  obligés  d*attaquer  leurs  capitaux  ; 
les  terres  n'avaient  aucun  prix,  il  fallait  donc  demander  le  rem- 
boursement des  cédulcs  et  des  obligations  hypothécaires  qu'ils 
avaient  placées  dans  le  pays;  mais  les  gens  du  peuple  étaient  tout 
aussi  dénués  de  ressource  que  leurs  anciens  gouvernants,  de  là  une 
source  de  malaise,  d'instabilité  et  de  découragement  qui  jeta  le 
bouleversement  dans  le  canton.  Le  préfet  national  et  la  chambre 
administrative  s'en  émurent  ;  ils  demandèrent  l'appui  du  directoire 
helvétique  dont  l'intervention  fut  peu  efficace.  Enfin,  cédant  aux 
réclamations  de  toute  la  Suisse,  Rapinat  consentit  à  un  rabais  qui 
s'éleva,  à  Fribourg,  au  7  7s  Vo  ^®  1^  somme  de  2  millions  attribuée 
au  canton  ^). 

La  contribution  fut  acquittée  en  divers  à-comptes.  Il  fut 
versé  : 

300,000  francs  au  général  Pijon  '). 
277,523  à  l'ordonnateur  François  Rouhière. 
1,265,099  par  bordereaux  successifs  et  par  paiements  par- 
tiels imputés  aux  dépenses  d'hôpitaux,  aux 
fournitures  faites  aux  armées  françaises. 
150,000  rabais  7  V2  ^o- 
7,378  divers. 

ToUl  2,000,000  francs. 

Enfin,  le  17  juillet  1799,  la  commission  des  contribuables 
avait  terminé  ses  opérations  ;  elle  se  rendit  en  corps  auprès  de  la 
chambre  administrative  qui  lui  donna  quittance  et  approuva  les 
opérations  effectuées  pendant  sa  délicate  et  pénible  gestion  ^). 


')  Voir  Strickier.  Helv.  Republik,  t.  I,  610,  736,  754,  1033.  II,  109, 
691.  III,  319,  364.  IV,  1105. 

*)  La  contribution  imposée  par  le  général  Pijon  fut  donc  considérée 
comme  un  à-compte  payé  sur  celle  de  Lecarlier. 

*)  Ces  deux  derniers  passages  sont  extraits  des  mémoires  d'Ant.  Rœmy 
(p.  35  et  36)  qui  écrivait  au  vu  des  notes  et  des  comptes  de  son  père,  secré- 
taire de  la  commission  des  contribuables.  Le  protocole  de  la  chambre  admi- 
nlitratlve  ne  fait  pas  mention  de  ce  règlement  de  compte,  mais  il  est  À 


—     47    — 


I. 

Etat  des  fortnnes  et  rentes  des  anciens  gonvernans 

de  Fribourg.  1798  '). 

1.  Charles- Joseph  Werro,  ci -devant  avoyer,  5  enfans. 

2.  Antoine  Techtermann,  ci-devant  avoyer,  point  d'enfant. 

3.  Claude*Joseph  Odet,  4  enfans. 

4.  Ântoine-Procope  Ligertz,  point  d'enfant. 

5.  Pierre-Nicolas  Choliet,  5  enfans. 

6.  Jean-Joseph  Daguet,  2  enfans. 

7.  Jacques-Philippe  Vonderweid,  7  enfans. 

8.  François-Philippe  Reynold,  3  enfans. 

9.  François-Jacques  Chollet,  2  enfans. 

10.  Pierre-Gaspard  Diesbach,  point  d'enfant. 

11.  François-Nicolas  Techtermann,  un  enfant. 

12.  Béat- Louis  Schaller,  12  enfans. 

13.  Frédéric  Montenach,  5  enfans. 


i-emarquer  que  le  procès-verbal,  d'ailleurs  assez  laconique^  n'aura  pas  relaté 
une  opération  qui  était  plutôt  de  la  compétence  du  comité  des  finances  dont 
je  n'ai  pas  trouvé  les  registres.  Avant  le  17  juillet  1799,  la  commission 
des  contribuables  est  souvent  nommée  dans  les  actes  officiels  ;  il  n'en  est 
plus  question  à  partir  de  cette  date,  preuve  qu'elle  avait  terminé  sa  mission. 

Cette  imposition  fut  l'objet  de  fréquentes  délibérations. 

On  peut  consulter  aux  archives  cantonales  : 

Manual  du  gouvernement  provisoire  de  1798.  N'  349b,  f  36,  37,  38, 

39,  46,  49,  73,  76. 

Manual  de  la  chambre  administrative  du  canton  de  Fribourg,  N^  350. 
f~  9, 13,  17,  18,  29.  108.  109,  151, 193,  198,  209,  230.   —  N*  351.  f"  19,  38, 

40,  42,  46,  54,  61,  69,  74,  81,  87,  112,  115,  141,  146,  151,  152,  158,  296, 
303,  306,  316. 

Copie  des  lettres  de  la  chambre  administrative  de  Fribourg.  N*  71. 
r  137,  233. 

Lettres  adressées  à  la  chambre  administrative  les  7,  8, 10, 15  avril,  le 
13  juin  1798. 

^)  Cet  état  est  à  peu  près  identique  avec  le  suivant,  il  est  donc  inutile 
de  le  reproduire  in  extenso.  11  indique  toutefois  l'état  civil  et  le  nombre  des 
enfants  des  anciens  magistrats  ;  ces  données  ne  figurant  pas  dans  l'autre 
rôle,  nous  les  reproduisons  ici. 


—     48     — 

14.  Xavier- AI  oyse  Fëgely,  3  enfans. 

15.  Ignace  Odet,  3  enfans. 

16.  Ignace  Boccard,  3  enfans.' 

17.  Tobie-Rapha'él  Buman,  6  enfans. 
16.  Balthasar  Moller,  6  enfans. 

19.  Rodolphe  Baman,  point  d'enfant. 

20.  Pierre-Nicolas  Chollet,  un  enfant. 

21.  Laurent  Boargknecht,  4  enfans. 

22.  Joseph-Emmannel  Maillardoz,  célibataire. 

23.  Louis  Week,  célibataire. 

24.  Jean-Baptiste  Reynold,  2  enfans. 

25.  Nicolas  Week,  point  d'enfant. 

26.  Emmanuel  Buman,  8  enfans. 

27.  Aloyse  Chollet,  point  d'enfant. 

28.  Charles-Marie  Perret,  point  d'enfant. 

29.  Simon-Tobie  Rœmy,  3  enfans. 

30.  Jofieph  Chollet,  2  enfans. 

31.  Pierre  Chollet,  4  enfans. 

32.  Jean-Nicolas  Fégely,  3  enfans. 

33.  Laurent  Fégely,  2  enfans. 

34.  Pierre  Castella,  célibataire. 

35.  Sébastien  Gady,  3  enfans. 

36.  Laurent-Bernard  Schueler,  2  enfans. 

37.  Philippe-Nicolas  Gottrau,  célibataire. 

38.  Xavier-Victor  Fégely,  6  enfans. 

39.  Jean-Pierre  Reyff,  3  enfans. 

40.  Nicolas-Martin  Gady,  un  enfant. 

41.  Nicolas  Fégely,  célibataire. 

42.  Nicolas-Raphaël  Castella,  célibataire. 

43.  Philippe-Magnus  Castella,  son  frère,  célibataire. 

44.  François  Castella,  son  frère,  célibataire. 

45.  Philippe  Praroman,  célibataire. 

46.  Albert-Biaise  Gottrau,  7  enfans. 

47.  Pierre-Louis  Gottrau,  2  enfans. 

48.  Pierre  Chollet,  célibataire. 

49.  Nicolas- Albert  Castella,  3  enfans. 

50.  Simon-Joseph  Reynold,  célibataire. 

51.  Charles-Nicolas  Reynold,  célibataire. 
62.  Michel  Reyoold,  célibataire. 


—    49     - 

53.  Jean-Nicolas  Reynold,  célibataire. 

54.  François  Reynold,  célibataire. 

55.  Baptiste  Reynold,  célibataire. 

56.  Joseph  Reynold,  marié,  point  d'enfant. 

57.  Albert  Reyff,  célibataire. 

58.  Antoine-Denis  Vonderweid,  célibataire. 

59.  Pierre-Louis  Odet,  5  enfans. 

60.  Jean-Pierre  Odet,  son  fils,  célibataire. 

61.  Albert  Odet,  marié  point  d'enfant. 

62.  François-Pierre  Uffleger,  quatre  enfans. 

63.  64.  Ses  deux  fils  François  et  Nicolas  Uffleger,  pas  mariés. 

65.  Antoine  Progin,  6  enfans. 

66.  Son  fils  Edmond,  célibataire. 

67.  Jean-Joseph  Gasser,  5  enfans. 

68.  Son  fils  Augustin  Gasser,  célibataire. 

69.  Nicolas  Fiwaz,  célibataire. 

70.  Antoine  MuUer,  5  enfans. 

71.  Albert  Muller,  2  enfans. 

72.  Joseph -Alexandre  Muller,  garçon. 

73.  Jean-Georges  Werro,  garçon. 

74.  Tobie-Félicien  Werro,  3  enfans. 

75.  Théodore  Montenach,  4  enfans. 

76.  Simon  Lenzbourg,  4  enfans. 

77.  Louis  Lenzbourg,  son  fils,  garçon. 

78.  Laurent  Vonderweid,  garçon. 

79.  Nicolas-Raymond  Muller,  garçon. 

80.  Henri  Ligertz,  garçon. 

81.  Jean-Nicolas  Montenach,  garçon. 

82.  Jacques  Montenach,  garçon. 

83-87.  Leurs  cinq  neveux  Tobie,  Joseph,  Ignace,  Charles  et  Pierre 
Montenach,  garçons. 

88.  Philippe  Vonderweid,  3  enfans. 

89.  Maurice  Techtermann,  5  enfans. 

90.  Charles-Emmanuel  Gottrau,  1  enfant. 

91.  Claude-Joseph  Montenach,  veuf,  sans  enfant. 

92.  Nicolas  Montenach,  son  frère,  2  enfans. 

93.  94.  Les  frères  Albert  et  Joseph  Fégely,  célibataires. 

95.  Prosper  Amman,  célibataire. 

96.  97.  Charles-Henry  Reyff  et  son  fils  Bruno,  5  enfans. 

4 


—     50     — 

98.  François-IgDace  Amman,  célibataire. 

99.  Antoine  Riemy,  4  enfans. 

100.  Simon-Nicolas  Castella,  célibataire. 

101.  Tobie  Gottrau-Billens,  2  enfans. 

102.  Jean-Jacques  Chollet,  3  enfans. 

103.  Tobie  Castella-Delley,  4  enfans. 

104.  François-Xavier  Landerset,  9  enfans. 

105.  Manrice  Kœmy,  2  enfans. 

106.  Jean-Pierre  Diesbach,  5  enfans. 

107.  Jacques  Fiwaz,  4  enfans. 

108.  Joseph  Grise t,  point  d'enfant. 

109.  Conrad-Nicolas  Odet,  célibataire. 

110-114.    Les  cinq  frères  Charles,  Antoine,  Nicolas,  Pierre  et 
Prosper,  fils  de  Pierre-Nicolas  Chollet,  célibataires. 

115.  François-Pierre  Montenach,  2  enfans. 

116.  Frédéric  Diesbach,  célibataire. 

117.  Philippe-Ladislas  Diesbach,  4  enfans. 

118.  Antoine  Maillardoz,  célibataire. 

119.  Albert  Maillardoz,  son  frère,  un  enfant. 

120.  Joseph-Nicolas  Daguet,  5  enfans. 

121.  Emmanuel  Ratzé,  célibataire. 

122.  Joseph  Gottrau,  point  d'enfant. 

123.  Charles  Gottrau,  son  frère,  marié,  point  d'enfant. 

124.  Jean  Gottrau,  4  enfans. 

125.  Joseph  Alt,  célibataire. 

126.  Emmanuel  Reynold,  célibataire. 

127.  Antoine  Castella,  célibataire. 

128.  Philippe  Fégely,  célibataire. 

129.  Joseph  Vonderweid,  célibataire. 

130.  Emmanuel  Vonderweid,  célibataire. 

131.  Jean  Montenach,  célibataire. 

132.  Joseph  Praroman,  4  enfans. 

133.  Xavier  Fégely,  2  enfans. 

134.  Jean  Gottrau-Hénnens,  célibataire. 

135.  Marie-Philippe  Diesbach -Belleroche,  célibataire. 

136.  Jean- Joseph  Gady,  célibataire. 

137-138.  Les  frères  Joseph  et  Frédéric  Diesbach,  célibataires. 
139.  140.  141.   Les  frères  Nicolas,  Charles  et  Pierre  Schaller, 
célibataires. 


—     51     — 

142.  Laarent-Bernard  Schuler,  marié,  point  d'enfant. 

143.  Nicolas  ChoIIet,  4  enfans. 

144.  Jean-Henry  Reynold,  4  enfans. 

145.  Joseph  Ratzé,  garçon. 

146.  Joseph  Gady,  garçon. 

147.  Nicolas  Boccard -Fuyons,  garçon. 

148.  Nicolas  Amman,  marié,  point  d'enfant. 

149.  Alexandre  Stutz,  garçon. 

150.  Charles  Muller,  garçon. 

151.  Pierre-Claude  Gendre,  marié,  point  d'enfant.  * 

152.  Nicolas  Vonderweid,  2  enfans. 

153.  Jean  Griset,  2  enfans. 

154.  Antoine  Boccard,  3  enfans. 

1 55.  Prothais  Fégely,  point  d'enfant. 

156.  Nicolas  Buman,  garçon. 

157.  Ignace  Lanther,  point  d'enfant. 

158.  Georges  Gastella,  garçon. 

159.  Albert  Week,  garçon. 

160.  Nicolas  Malliard,  2  enfans. 

161.  Joseph  Goltrau,  5  enfans. 

162.  Benoit  Schrôtter,  2  enfans. 

163.  Justin  Appenthel,  célibataire. 

164.  165.  166.  Les  frères  Ignace,  Philippe  et  Joseph  Maillardoz, 

célibataires. 

167.  Louis  Affry,  6  enfans. 

1 68.  Charles  Affry,  son  fils,  garçon. 

169.  Augustin  Kuenlin,  garçon. 

170.  Nicolas  Kuenlin,  son  frère,  garçon. 

171.  Emmanuel  Gottrau-Villariaz,  garçon. 

172.  Pancrace  Gasser»  garçon. 

173.  Népomucène  Chollet,  garçon. 

174.  Antoine  Vonderweid,  garçon. 

175.  Philippe  Philistorff,  garçon. 

176.  Ignace  Buman,  garçon. 

177.  François- Jacques  Muller,  un  enfant. 

178.  Louis  Griset,  célibataire. 

179.  Pierre  Rsemy,  célibataire. 

180.  Louis  Techterman,  un  enfant. 

181.  Jacques  Wuilleret,  2  enfans. 


—     52     — 

182.  Pierre^Loais  Boargkoecht,  point  d'en&Dt. 

183.  Balthasar  Vonderweid,  5  enfuis. 

184.  Nicolas  Landerset,  4  enfans. 

185.  Dagobert  Gady,  garçon. 

186.  Philippe  Gottraa,  2  enfans. 

187.  Joseph  Muller,  3  enfans. 

188.  Hyacinthe  Techtermanni  garçon. 

189.  Joseph  Wild,  garçon. 

190.  Tobie  Montenach,  point  d'enfant. 

191.  Jacques  Daguet,  point  d'enfant 

192.  Constantin  Maillardoz,  célibataire. 

193.  Philippe  6ady,  célibataire. 

194.  Nicolas  Gady,  célibataire. 

195.  Georges  Praroman,  un  enfant 

196.  Pierre  Vonderweid,  un  enfant 

197.  Philippe  Rsemy,  un  enfant 

198.  Nicolas  Castella,  célibataire. 
Pierre  Castella-Delley,  célibataire. 


îl 

=•1 

sS 


I 

.1 


T 

3« 

'- 

' 

si 

mot  Où  IIIMIBJ 

8 

s 

i 

7.  npuorKUOÎPï 

œ 

" 

"    lî 

■iuoq  snaa 

i 

s 

1 

tsp  ardui  np 

si 

s 

noçinquitiDO 

—       J3^ 

^1 

1 

■inoq  snaa 

1 

î 

19»puoiBU9]q 
rap  BiiiflM 

" 

^1 

fl 

■looq  Biraa 

f2 

■BMUBJJ3 

M 

£  a 

w  ïtiinidBo 

^   Il 

s 

11: 

"a 

1 

a 

il 

1 

_L 

S  fi 

s 

3 

J2 
d.2 

% 

il  ■= 

'3-^ 

E? 

o-a 

^  ■  -    " 

2« 

1 

£ 

si 

g 

■S'a 

-S 

la  ; 

15 

B 

îi 

Ist 

1 

go 

al  ■ 

.S 

II' 

3 

°i 

-S 

3  s 

3  n 

S*^ 

:|s 

il- 

s? 

a 
1 

m 

ÎS. 

5 

i 

lit 
"  Va 

m 

Sg5„ 

1 

1 

il 

Il 
i 

ilil 

Ii 
m 

1 

n 

" 

°" 

îl 

g         ^: 


m  ; 

•I  ■ 


■|    Sg§gt 


'^  R  2  3  2  i  s 


êc  ES 

î.|!i. 


"  "'"i  «  |ï  f  "  "  "" 


—     55     — 


00 


CO 


2|! 


00 


CO 


CO 
00 


ce 


(M 


CO 
CO 
G4 


(M 


o 


eo 


CO 


s 


CO 
00 

o 


00 


o 


CO 
CO 


CO 


CO 
CO 


(M 

CO 

eo 


CO 

eo 


ta 


Ci 

00 

COtH 

09 


S 


B 


I 


o 
c    • 

c  a 
c  g 

Ot 
ta  9 

-£ 

0)  ««-I 

S   ® 

m  ^-^ 


C 


—  —  e«  ««-I 

S  §  a  » 

>  O  g  a. 

-  Si  <» 

c  «    .  c 

^3  c8  <«  a 

8  s  Oi   « 
c'«ûj-o 

"  c    iï    €« 


3-2*2 

c 


â5  5b;=î  2 


«3    S 


O) 


iS  9 

^73 


â  -^  5  — 

«s  & 

Sue 

S -S  a 

^■^      __         r»        ^       ^ 

a  gjsiss 

<J        — -  -^   H 

fl  **  "^  n3  ♦s 

C   crj   W3  ^-^  ^ 


a 

o 

a 

o 

73 

a 

p 

a 
o 

(A  fi 


oo 

C3C0O» 

CO 


••a 


"2 


c 


a 

•rH 

a 

o 
-« 

0 


CO 

c 


s 


2- 


kl 


o 
o 

•  ri 

a 

a 


m  Q^ 


oo 


^s 


^Z 


-x  O 
B 


^  ctf  cO 


GO 

•♦-I 


a» 


e«      oeo 


«  cj  »-  a  w  w-^-s  " 

KO  cot^ 


•^   oo   i^ 
«  ^  © 

<i  —1  «©  ^^  ~«  «t 

lO    *^    oo    QO    Ç 

ej  <u  rt  «e  © 
00        003 


ca 

a 

0 

m. 

09 
O 

a 

2 

•*» 

0 

en 


m 


ao 

•Ils 

•   g  p  H 
fli  ^   oo  oJ 

2o  û-^ 

.2  «  ao 
of  05— '  g 

5)3  iT  .2 
s  .2  >  s 

û-^-»  oo  a 

o  è*"2-S 

2   l'O    ^g 

s2S3| 

oo  rt  oo  ^ 

O)  c4  a  cQ  Q 


QO 

8 

a 

c« 

•2 
a 


oo 


oo 

p 

ao 

00 

a 


0 

23.2. 

a 
a 

J3 


a 

C 

a> 

oo 
o 
oo 

<9 

0 

•4-a 

oo 
t3 

a 
o 

ao 
oo 

O 


Ci 

> 

ei 


O 
04 


CQ 


I 


'■aoq  anal 
np«|d[i]  Dp 


innidia 


II 


SSJSE 


Il  s     iisiji 


!  6"1  i  iitfi  siii  pi|  riillî.11  il 


8,=  s-|;âS(5ï-= 

j;   '   -  s.  60 


!.til" 


;ê  = 


igôss 


;.â.=-«|.-|-S=a-s 


hs-sl'l 


—     57     — 


8 

co 


€-3 


lACO 


00 


00 


in 


co 


€0^ 

Odco 
co 


o 


àO 
■^ 
-^ 

G4 


COil 


(M 


00 


co 

co 


CqcO 
OOd 


£2 

eo 


Od 


09 

P 

a> 

0 

•«a 

O 

•«A 
co 
a> 

c 
o 


2 

£ 

C 


o 


^^^ 

£ 

i 

5 

i  î 

'~n 

di 

" 

" 

1  =       5 

; 

«mw  <àc  *:.  » 

.-; 

r-                = 

r< 

■ .  ao  vrsn-Jcj 

mu;  OUÏ 

3 

s   s        r- 

s       5 

ME  J44-naC 

-  f.        s 

S     a 

ww  irjiw.^ 

i:?wrf« 

3 

î  1      i 

i     i 

a 

»  tcv^ij  «aa"-! 

«PK'Mni 

^           r- 

■WPMtnsï 

£ 

g 

s      J 

1 

lïinnriD 

W 

-S 

^ 

_- 

?             s          - 

.     _    - 

V 

i 

1 

I 

I"       1  -  -i 

^      -    1 

1 

ï. 

=        t      ? 

4    - 

1 

1 

■; 

■=      J;       ï             1 

E   ■  = 

» 

^ 

i. 

t 

« 

îlm 

Mi 

i 

% 

i 

^- 

•£  ■  2. ..  H        1^ 

-5  ■  £ 

_ 

s 

s 

1 

3 

1 

■5    f 

"Sir-- 

5 

1 

i-Hlii 

■Jli 

-§ 

= 

? 

1 

-   .  5 ---  =  •= 

S 

sis 

"i 

1 

il 

5Î 

i 

1 

1  "=-.5=.i3S  = 

1 

5 

lïiî 

1 

1 

1 

-T  e  ï  3 

J  •i*îSâs'! 

âs-ss 

ffl 

s 

j;  ■  .  s  X  -x  c  »  ? 

= 

ma 

1 

îil  illllîlUi 
iliîli:lï||i|i 

îllïliJilJiJl*! 

J 

m 

53 

il 

.s 

1 

5 

81  = 

5=^ 

lllllllliîli 

il 

-imm 

!  ~ 

5 

5   S   ««S      « 

P.       S 

s 

i 

—  59  — 


CO 

CO 
CM 


eo 

CO 


CO 

CO 


CO 
CO 


lO 


CO 

rH 

oo 

04 


CO 
CO 


CO 
00 
CO 


CO 
CO 


CO 

CO 


CO 


CO 
CM 
CM 

CO 


00 


CO 


u 


T-l 

CM 


CO 


CO 


en 

^-( 

m 

00 

r- 

CM 

o 

CO 

CO 

^ 

od 

& 

11 

S 

^ 

^ 

tn 

CO 

Od 

-^ 

o 

oa 

CO 

00 

r-t 

^' 

00 

CO 

fH 

CM 

^ 

Od 

CO 

oo 

CO 


CO 


CO 
Od 
CO 


lo 


CO 


CO 
CO 


a  g  2  2  c.g  2L=t^ 


g 

a 
o 


fi 

a 

o 

B 

a 
o 

oo 

a 

a 


S 

o 


5  SbSbtî  Sb'^ 
iQco  r- 

ftOlO   kO 


s  ^s 


'O   0^73  TS'OtS'TSsc   cfl   V}fi 

f-i       OCOOOOt^OOiO 
CO  CO  CO        QO 


^  S 


S-3 


00 

CO 


a> 


a> 


0) 


cj 


(SO 


"I 


sa 


(2.25 


CM 


S      S 

5 

Q 

8  8 

-I-            IN 

in 

•i^     in 

,.„■•'•" 

n        n 

^ 

oo 

c 

S  s 

jno)  ne  ]usf|u 

,o 

M    m 

'««n«j  »p  V,  in 

•/,  np  uorpuofpv 

•VS' 

1    i 

i 

i 

|S 

np  »]dui  np 

^^id^ 

i  ^ 

g 

s 

fi 

»  'P«»l  S"»!'! 

OTp  eiDflH 

m 

■«uoq  Blina 

i 

^ 

is  ïnf|!da3 

i 

s 

9 

Îî 
§    S 
é  S 

1 

g. 

n 

fil 

ii!- 

3 
■S, 

If 

,¥ 

1 

fil 

5 

II 

i" 

ai 

2 

1 

1 
E 
S 

i' 

H 

S 

1 

3  s; 

iïif 

S'i 

"3 

■  1 

-f- 

•a 

s 

=■   m 

;^3ï 

11 

e 

s: 

■s 

.« 

i 

a 

8 
1 

•s 

1 

«'3  i 

s! 
=11 

m 

1! 
1= 

.a 

,  Charles,  son  frère.   Une  maison,  o 
dlme,  en  er^nces,  le  passif  déduit 
propriétés  dont  sa  mère  est  jouissaj 
laison,  V.  de  montagne.  La  totalil 

.  c 

■  a 
È  -1 

■    3 

•S 

il 

S 

s 

-S 
S 

! 

il! 

M 

II 

10,  une  portion  de  v! 
,  Jean.    Une  maison 
lices  balançant  le  pa 
le,  un  vignoble  riÉre 
,  Jean.  Une  maison, 

3 

1 

Gottrau 
Gottrau 

lilll 

portion 
rente  dt 
Celle  de 

lllli 

3SM2S 

i?     s 

T-         f 

r-:      r- 

'^ 

—     61     — 


S 


^ 


s 


CO         fH 


CO 


ce 


00 


^— ( 
CO 


eo 


(M 


CO 


r- 

-^ 


8 

CO 


oo 


s 


CO 
CO 

CO 


CO 


CO 

eo 


05 


Od 
00 


S 


1-1 


^ 

8 


CO 
CO 

eo 


CO 


(N 

eo 


w      p      eo 

tH         ^         CO 


05 


CO 


00 


Od 

CO 


CO 


oo 

eo 


O 


<« 


CO 

:s 

coo       0< 


CO      *      ** 

•-      c 

^      a 
^  'S 

a  -s 


■S 


o 

-Sb 

a 

a> 
O 


a 

o 

a 
a 

c 

o 

CD 

S 


ce: 


.  a 
o 

a 

•pii*  es 

SI 


0) 

S 


go  fi 

Cl» 

£■§ 

•»M    nn 

>| 
«   O 

«^ 

O  c<l 

•^4  ^^ 

♦»  ^ 

t3 


Ou  •    o 

fi  '^ 

O 

fi  00 

a  -^ 

o 


fi 


§1 

•^    S  a 

s  S-2  a 
ts-s  a  z 


§  • 

a  • 

a  . 

M  OO 


00 
« 

fi 

•^^ 

cd 

a 

o 

fi 

D 


a 


fi 
a 

o 

fl 

m 

a 
S 

a 

« 
fi 


eo 

,o 

09 

eo 

fi 


80 


e9 
M 

t3 


S  L  o  ^0 


S5 
O 

a 
a 

J3 


|a 

o 

t«  *-  .^ 
®  ««  2 

fiTS^ 


a 


-2 

"3 

•«a 

cd 

<x> 
fi 

0 
O 

•M 

O 

:a 

fi 

fi 

a 

o 

fi 

fi''^ 
o  2 

eo 

fi  1$ 


o 


a 

8 
0 

fi 

a 
o 

a 

fi 

0 


fi 

a 

fi 

0 
e9 

a 

o 
ta 


eo 
eo 

Oi 


a 


fi 

fi 

a 

o 
la 

fi 

•0) 


fi 

C)0 

ctf 


CO 

.  2 


0 
fij 


o 
o  o 

.  0 
.2  2 


fi     — • 

a  c-^' 

°2-3 

«   oo 

o    9    30 

fi   S  «8 
fi     ^  ûi 

fi  •§  "^ 

w       o 
o  ss  *-• 

=^  <»  2 

•ctf  oo  ^ 

^  9 

kl   o 
cS  eo  ^ 

O  d  b 

P.2S 

.2S 


S)  ®  8 


eo 

0 
O 

S 


0 

1 


o 


fi  '^2 

S      «     5 

"85 

^    *s    **-• 
"8     s     1 

S   g   â 

rt        •'       ® 

0    2® 

2  0 

-^      Q      ce 

î3  a  2?  o 

o  <€  ^4  fi  fi 
>    rt   ?    «>   0 

c^  fi  >  i4  ^ 

§*-§-«§ 

^  ©  «^  *»  oo 

>.  2  ce      © 

J  ©  ^-i  "^ 

rN  a  ©  ©  hJ 

fi  "o  ©    ^  S 


b^ 


a 

S 

fi 
© 


^ 


o 


.2^ 

*0    © 

.S 

^^  g-J  0  o^a^JJc^  ÎÎÏ'Z  ■  M^ 
'm^.^^^'^^-:::^^  S  2?^  S^^  8|î^  o 

0  8)  o  ^  2  o 


>  ^A  ^^  Tl 


"S  SI  « 


sa 


0   4^  -. 

2  |o« 

0   b>   0 


5g 


^  © 

-  '^  o 
^-2-â  S  N  2 
o  o  o  ^ 


a  C'  .J 

o  ©  H 

S0   «« 
c4  ^ 

J^  eo 
0  fi  <« 

*8s 

s  -I 

F^      0      ^ 

t3'T3  ^ 

•»4     gn 

ceǤ 

^*   0   O^ 

^T3   0 
•^  cd  *' 

^«  s' 

J2  0 
©       w 

oo  aia^      ^ 


>      ^ 
©     fi         .. 

aJ.2 


s  u 


^   ^J*  '^   ^   *-^   ^   0<0   ^ 


SSSSSSô^^^S^S 


ipuunjuofev 


■SÎ2 


il    i    I 


3  ï  3  >  ° 


.••Sgis 


8.   I     1 


|-  s-Sa  g-s 
■s^  *  „  »  e  S 


ig         to  t-  se  g 


—     63     — 


00 


CD 


CD 


i 


s 


1^  lie 


CQ 


00 
04 


co 


00 

g; 


C4 

eo 


eo 


S 


oo 


eoeo 
f-H  co 
eo  ~ 

CD 


S    SS    S 


3 


8       ë    S 


i     s  g 


i  §  i 


■■Si   ic 
.1 


IsESil 


Il  fiss|i 

".•"    BI-SSJ3-S  S-:s.î5" 
Il   1S-|^a|S^jj 

?  S  —  Q.  a  -jT  ■-  s  o  ^  o.^  =  *  s  „-. 
|£  _  s  Ils  a-3'g  f£.2.-o  Q.S 


J.s 

11 


=  S  e  5 


SS  «SE^ES  p  S^  S-§.5:r-OK  J00-200û,û,û.  5 
2=    32    =C       S       S    8       BS    "a"»!^ 


i     § 


si        i 


|!8    -    I 


t  8. 


S  a    U    8  8 


■s    t  . 
j    « 

1 3: 


4jS 


■3  BJ-3.5S  .  I 


•iBSIliil 
illlllîgl 


l||St- 


.ja- 


I  '^-sESû*  J 


■".  'îî'i 


s;it=l!l 

iyii!ii 

=  ■-  S-â  c  £  ï  ■- 


IjIî  jj-è'i^-sISêS  g;i,S  Usâà  i^lsîsl^'Ss  j  g 


'faiWM  lap  •;,  )a 
■'  —  uoiumitev  _ 


S      R      S      S  S 


4  ^ 

•a    ^ 

a  I 


;b||  -a.. 


"f aï|s|i 


3=|||-=iS 


5 ai    ''«g 
SI         si 


Il  iii 


n  ^  "  S,     S  "^o 


ûlâ  il! =1  Is  II  iJli  ail  !  Ï.1  lï  l;  I 


—     67    — 


2S 


3 


S 


s 

Ob 


ss 

Ob 


04 


00 
04 


04 


CO 


lO 


00 


00 


ss 


eo 

o 

04 


8 


00 


a 

c 
o 

a 

â 
s» 

•fi 
o« 

fl 

00 

9 
O 

a 

o 

'O 
H 


a>        ««H 


a 
s 

G 


0 


O 

8 


co       — 

s^- a  fila 

§SâUS 

Q  mm*     ^'  ^^ 


Xi 

a 

a 


koooc^ 

O)0Q^ 


« 

no 

a 

«>^ 

— <n 

co  « 


ÎS'S  0  0  0 
0  O    •^ 


kl 

•  •        •   ♦■    Q 

c  ©  _  » 

o  S- rt  o 

•  •      •    —    -T  "    EJ 

3  ®  «S 

♦»    .  o*      5r  «> 

•d  -Se 

a  0      o  »  Q..Z: 


0 


c  o 

0 


9 


S 


0*2  ««  ^  a 
„-2  o  go,  *■  g 

0   ^  û 

45i2's.-S=?§0 

o_.2q2  2 


S'0  «-^ 


•2'2"§.is.g«sasS-~a 


0) 


0 

•S 
•  kl 

0  es 
V  0. 

O 
*»  0 
S   0 

«S 


0 


09 

S 

9 


fi 

c 


£  B--J3 

♦a   o  ««^  «^ 
•  »-«    W    £5 

co  eâ  ^ 
O)  c  ««  ■** 

s  .il  s  2 


9^ 

kl 

I 

kl 

9 

0 

fi 

<«» 

9 
30 

0} 

■« 

C 
.  t^ 

1:1 


%:. 


9 

a  c 


-s- 


I 

o 


o^  O  l'a 

o  c^  c  0  s 

f  ««  X   Q>   0 

Oeo      o 

kO 


00    Q 

fl  Cl* 

*4 

fflco 

^     . 

2  ° 

c»  k  "TS 

kO 


0     1=^ 


28 


co 


■niuq  (n,t3 
wp  tfVSm  np 


13  tii»i!d»3 


il?i'.5ii 


=!"- 

'^^a 


« 


.Si, 


—     69     — 


8 


04 


r-^        00 


00 


2S 


eo 


eo 

S; 


00 


00 


eo 


C4 

kA 


S 

eo 

C4 


s 


Ob 


s 


C4 

eo 


00 


eo 
eo 


eo 


O 

1-1 
lA 


CO 

S 

00 


es  S 


2  2*2.5 

®  a  ^  S 

3    •  S  S  S 

•«73  "S  'O  T3  ^3 

'  ®  2  «>  a> 

o    o   «    o    0) 
S'rJ"*':3'T3 

—  c  •-  a  c  s 
o  25  o  o  o 


J 


0 

â 

P 

m- 

t3 

C 
O 


<t>  3   '*' 

•  C      «s  4)   08 

S-S  g  g 

•  fl  55  o 

•p  =  o  p 

*-  >«  a  s 
J'T'sao 

-tJ   «x-    .-4  — * 

O   «^    0,      ^ 

a»?a  .^^„ 

©O  itS-^  s:  © 

a  .S^-5g5 


a 


© 

o 

c 


O 


o  <M  co 


■3    I  I 
1258  sS~ 


°-3  ■ 
^S  - 


'Il 
il   . 

m 


is  g  S 


■suoci  fiua 
■S..1U  -J  sap 
>n«  lia  imap  np 

-lutH)  «usa 

13  spuo]  nisiq 
SB|)  Oman 


s  J 
J  i 


«  i 


•Il  ^ 


■  s    â 


.?!  .1 


■  Ht  ■ 


■S'-sa.. 

==11  s  i  s  =■ 
.s  -ïisis 

■EQ  3)  g>  "-$ 
si    .S-ÎE.- 


-il  1  Hi  -â  =  5"  s  i  -5  3  i  -  -il  i  |i 


<!^fl5*i:ffl  SraSm  gasœo^-affl  èouoVtj  so 


iS         s         iQ  OQ         H         S         -^ 

u5  g*      r-      iD      00 


M)uiif|tj  'aDiuu 
■•l!P»ap>'/.ia 
'I,  np  wnijuotpt 


s    silj|îfS.-.| 


"2  a-s  », 
2-    ■-■ 


s. . 

111% 


ïts'ï  J-f  i.-j:^-s-sl-5''.|  -  .s  -%  .^  -g' 


—     7S     — 


CD        lO 


^ 


00 


ss 


OOTflA 


Od        COOOOOOb        Ol  OilOCO        t>  "^ 

tfi       ^  ^  Tf  CO        rM  00 1*  ^       ço  co 

«H     lA     ^         tc         00     M  tc 


s 


tnco 

eoç© 


8    S^ 

1-1      eo 


COQOl 


kA 


04 


lA 


^ 


-^  iH 


Ol 


o 


•«> 


0) 

ce 


.   i 

a* 

*    -^    9Î    O 


«•S 


C 
es 


a 
p 

a 
o 

09 

Ci 
S 


0  c  o 


0 


0) 

''^  afs  Ou 

£ts*»  o 
:r'  ««  *  © 

'O  a  2  " 


C«  •© 


>,  55  g  .2  «2  o  ©  H 


3  2«4) 
e«  o     ^ 

o  ©  s 


Sb©  a 

2^  ©  <« 
o  .-^  g 

B    ©   C    ^ 

"**         «Pi*   o 
'rt   3   © 

=  .2.H 


I 

c 
o 

s 

ta 

o 


■14 

« 

c 


*4 
© 

© 

© 
ao 

a 

•© 


•$ 


en 
© 


© 

O 


.p     .C 


03 
<4 


2  '^ 

© 
O} 

â 

«© 


8 
© 

73 
© 

X 

8. 

«© 


© 

© 
•© 

c 


© 

a 

© 

o 

ce 

S 

o 

73 

a 

D 


S 

C 

ce 


c 
c 

«3 

S 

kl 

o 
© 


.  -3)  •©  ûi  ^»^ 
a    ►     ^> 

>i  c  ©  5Ç-C 

^  T!   «0   ©  «25 


00  co  co 


00 

eo 


i 

s  i  s 

S 

3    B          S    S 

" 

r-         T-                      «         ^ 

■'U  '1,  8  moi 

i    8    S 

S 

as     i  s 

■»uoq  inog 

S  ï  i 

^ 

i  s       i  § 

tni  ua  Tcaap  np 

uonnOMIu'^ 

g    -    g 

s  s       s  1 

•op  aiusH 

■luoq  «naa 

ai" 

§ 

g  1       s  s 

13  ir.n7d»o 

- 

-      -■                       " 

1° 

T3 

1 

3 

1 

il 

f 

m 
m 

|-s| 

S 

.1  i 

U. 

i 

3 

"s 
1 

ÉD 

2 

s: 

SS-Î 

I. 

if  s 

a 

■?.= 

" 

i'ri 

D 

2 

iSS 

a- 

■s 

•ss 

n 

-'■SU 

1. 

59  p 

^ 

9 

a 

-s 

3 

l'Ë 

^:;è. 

? 

s 

«°| 

s 

II 

s. 

* 

|--S 

3 

"'ï 

» 

II 

s 

Six. 

Il, 

sssg 

liil 

H 

il 

in 

pi  ^- 
lîï  1 

1 

i 

.-a 

llÏl 

iîii 

i 

il 

■il 
g  s 

'3| 

1 
1 

■É 

5  si  i  ^g 

ill 

ïlïilïilliilîlliJl 

T 

-T      ^                T      -w       -a- 

—     75    — 


00 


S 


(M 


^  CO  CO        rH 


co 


8 


co      ^S 


co 


9  CO  co        rH 
Oikfi        CD 


QOM 

CDO 


CO 

co 


CO        CO*H        lO 


^-«       ^       Q       rH^^H       r»       rH 

o     00     9pr«      co      tn 


0)00 


gS    3 


^        ^-<rH        Q 
00      r-co      iS 


ss 

t* 


iHCO^ 


©il       <^co 

ïfi         co  vHCO         CO 


-^        OO 


O) 


r-co 

04O 


CM     e<]  o  r*QQ  p 

co     ço  r<*  cooqo  w 

p  a»  co^co  ^ 

Od  coeoto  k(b 


S 


a  .u 


Uns 

«  s 


,  a 
'3 

a 


û  ^  s 

.•§•£« 

5,no  -e  ©  -  on 


«1 
0 

a» 

C  53   G   « 


I 

a 


CQ 


09 


-.    S    «« 


®a05oSb"«*s 


s  a-^ 


•  "S  a  »- 


—      -o*bD5        S"^ 


O 

O 


en 


.S 
«   O 

§^ 

O  a 

cW 

W    • 
c  o 

O)    O 


QO 


a 


"2 


"Sx:  etf 


ci 

a 


09 


3   î«   « 
^  a>  ©_« 
O  a  S  — T3  ^- 

»  5  *2  ou.2  *  s 
i  «  9  -'2.2  p 

"**^  5?  eO  gg  co 


**  ©  E  G 


-<u 


•4) 


00  O» 


s 


a  c 

fflp 

s  ^a  a 

rHOQ 


SS.2b 


►  •-  fe  o 

cot;  s  ** 

a  g  o  c  « 
Mô2Î 


'a 
o 
'O 

c 

a 
a 
< 


ë 


...S 


Si* 


s 

no 


a> 

a 

a 
o 

a 


o 

a 


CQ 
no 

•0) 
00 

a 

2 
2 

kl 
cO 


'■a 
<e 

en 

S 

H 

•^ 

O. 
co 

PQ 
I 

a 

s 

0 

a 


n 

f 


o 

a 
« 

a 

• 
00 

O 

a 

«© 

s 


.  ao  o 

a  <e 


'4S 

«a 

•  •-4 

O 

a 


5  "Soi 

a    .^-- 

a    . 

©  o  2 
OO  5  :3 

S§o5p*2  ©.g 

•il  "'•2  5*1  s^gl^ 

n  •»J*  C  S  P  *2 


«1 


co-^ 


i 


vTsaSiR 


È    g      I  S  i  il 


i  la 


1  I 


•■MMn 


z  .  a-  «  2 


|2     = 

si  i 

£î  1 


li 

s.- 


4i vil'  7^»s;ïa    «^2 

^  ^   C   efl   v;  *H         □        "^   E^ 

:=  g    -■¥■3'°  «  S       .  «  =  y 

i-*8-SSg<r2|||.2„-  ■  =  „- 

c-Bciïll'as  ,§  ,a  -I  .  .3s.= 

I  b  lE  I  »<  ^--S  M  ^'S  Ë°M'-^fl"^  r^^l 

■?■§-£  s  =  =(=■=  £  =  =-a  a=  =  H  ^  ïi  2  £  B  S  3-S 


11- 


8 

1. 

ii 


il 

s  ■£ 

—    b 

•5    S. 

I  s 

t  i 


1 1 

il 

i  g 

il 

Ii 

I  « 

21 


g. 


ils 


■-ë|S.    |-5 


«Sa" -a-"       Sg 
:  a  -  as -«  01  ec"* T3  s  3  ,, ■§       2— < 

Il  s-slilli  il  "1*1  1^ 

Il  SS^sl'i--S?i:|  1  =  6  =  11^5  1  3 


Sac      SsS      S»-5      &r-m 
55      (o3i«      pSŒt-       S  !.-;■«' 


ÎSl 


Ssîps^S 


-riUBq  tiua 


£•2  S" 


Jsf 
lUililsJ 


!■=! 


■^c  S  =  =  =-â  S.>  le 

l|iîii|P..p= 

p  5:2(5  Œ  îj  X 


i  s 

m  II 


II 


5ï  '.s-*  il  i 

ilillui 


mS 


—    79    — 


a 


kOQD  co  eo 


OQC^-^COàO 

SOO'^rHàOr* 
eccoc4  CM 


^  o  ^ 


OOdOO 

r-  ioco 

00  Od  Od 


_    050^ 
àOCD 


00 
CO 


co 
r* 
eo 


00  Od 

00  Od 


o       M^COkA 


oOiT?      CO      eoco^&i 


00 


CO  t*  00 


co  00  ^  o 

(M  »-•  àft  ^ 
kOCO 


r- 

in 


o 

00 

co 


coco 

00  04 


51  th 


o        QCOC^rH 


OdO 
t-lC4 


r-r-co 

rHTf  ^ 
(M  tHiC 


9 


OdOd  CO 
"^  O  CO 
cO  ^ 


oo 

00 

oo 


o 

C4 
C4 


coco 


OOQ^OO  rH 

çpooQooxfco 

Oî       Wt^  tH  ^-^ 


99 


•5 


eo 

CJ 


•  ao 

P 

.4? 

•i  .§ 

<>4        .S 

e 

o 

^3 


*4 
es 

S 


s 
S 


'  a 


OQ 


-,  •^    E3    -^ 

•s  •  «  a  rt 
2  S  -^S 

0  o  ao  OQ 


TS*« 


ce.-2x> 


0 
00 


S>ass. 


09 


V 


«    00 

il 
15 


o 


o 


®   P 

«-g 

.5  g 

as 

a  "2 

""^  "^  ~iK  3"^  o 

•S  fl«"sa 

.>  a  a> 


'^:a  «9  «*a  a 


a 

C^  9  e4 

ao    *a^ 


00-55 


a 

cO 
ce  «t^  o 

^  S  a  S'^ 

s  a  fl    ^13  2 

■s  2  °  c  <=>  a 

W)  .a  2  Si! 

aga^co 
^s|s2Ï 

^•^  ^i-'  «5  a* 


o       ..  oj 

»  S  a 


■3 -2*  «^.-.2      S 
o  "^3^  *- 


s  d  3  53 

cQ  eO  çO  eO 
t4  kl  >-i  kl 


4J»    c   «â  4^ 


8Sî8«* 


'  CO  eo 


OvHC^OO 

^ji  ^(ji  ^ji  ^ji 


3 


àO 
■^ 


ae«  ^fl,  a   c  C 

o  «2  0)  c  c  a 

T3  ♦»   oo  flj   O)  © 

H  e'C  !5  =5  =5 


1 

^ 

1 

1 

SS=  1 

s  IS  g  i 

s 

P 

S     • 

S 

a: 

SS 

-;.•;.«.«« 

SSî2     § 

.=1    15    B    1 

* 

isfE  a 

^^, 

■wi-qnui 

igs  g 

||i  si  ï  1 

s 

i 

isll  i 

»t|xio|'«».q 

Si*  1 

||1  Si  1  s 

s 

5 

Êsjî  i 

\ 

^ 

1 

1 

.s 
■s 

■1 
il 

l§ 

.  Il 

'4 

■| 

si 
s| 

II 

■s 

s. 
s 

1 
a 

1 

es 

|i 

lî 

II 

1 
1 

i 

=11 
-1! 

a 

1 

ex 

1 
a 

p 

£ 

s 

î 

3 

TS 

1 

d 

î 

s   -3^ 
IIP 

ii 

il 

il 

S 

1 

i 

s 

il 

il 

1 

S 

é 

Ip 

lit 

fi 

1 
a 
i 
î 

1 

3S 

a. 

il 

1 

||| 

îl 

SS33\ 

lllilll!!^ 

jaJalÉllsl 

11^ 

1-i 
îl 

tu 

Ils. 

lié 

il:- 
III 

ss=s 

="=SK    ss    s 

O 

S 

g  = 

s  s 

—    81     — 


8 


¥ 


lA 


09 

00 


r-o 


coo 


vH04Ô40^Q       r- 


m 


2| 


09 

CO 
00 


eo 


COOI 


S09  COiOOlO        Ol 
^0101090     r* 


co  co 

fHTHCO 


^3 


S 


S     S!$ 


G6COQ 


«OOd 


Ol 


a® 


I  OlCOv-^CO        C4 


«^   4) 


§ 


4  a 


»4 

9 

SP 

> 
o 

00 

8 


P 

OB  •« 

p73 
■S  !S 
o" 

II 
sa|£3 

8  ®  fl  ï 

s.^  s  fl  p 

"^a>  S  ® 
.-2  2  »  fl 


.i§ 


S 

a 

I 


a 
a 

•  o 

•  o 

•8, 


i-»  ce 

'O  a 

-o  o 


0) 

ao 


8^o 


«  a 


^?il 


2  ®  w  g  M)"?  2  ^ 

o  P  S  ^s^o fl 


©    **    Q 

cas 
PU 


a 


o  ® 
P 

a 

O 


«  £  5 

g-gp 
îil 

ili 


..§:s 


ggo^a'^a  .g 


®  p  al 
.»M  'O  .^ 

a-T' 

73 


a  8  o-â«  a°  5  s 


â 


S  P  !:  S  *  •"  -- 


sill  ils  i:i- - 

^*^3«eou^'p.2jcàs    - 
g*^2o«.'2>0uK^g 

scS).:ac."5*rç^tfa 


w  o  "^  © 

>     p  W  Od   «^     ^ 

,        'P^i.*a      , 
^  Q-i;  ***** 

p  to^  a—*  * 

P  ©    L       JH  O 

•s:-a'8ta 

?  a  2  S  ï3  ® 

«       s  2  p  p 
S  es  S£  2  ^ 


© 

09 

P 

8 
© 


© 

c« 

3 

O 

JS 

c« 

P 

S 


© 

a 


© 

73        _ 
.2  e«  © 

«;  *  > 
•2  «g 

aaa'g 

^    (Q    fn    a 


>3 


© 

© 

P 

a 

o 

73 
© 


P 
O 

00 


a 
© 

73 

© 

p 
D 

3 


'p     .2 


© 

00 

© 

p 


© 

a 


"S'P 

'^p 

ci  p 
OiO 

©  a 


^   s 


p  X 

©  p 

.s  © 

JQ'P 

O  e9 

SL-p 

©    - 

ag 

S. 2 

»:a 
i§ 

00 

§^ 


•Ol 

co 

eo2; 

s  p 

8| 


I 


03 
O    © 

'P5 

•©    00 

:^  p 
p*^ 

€9 


II 


© 
© 

a 


© 
-p 

p 

o 


mm 

S. 

© 

P 

p 
o 

a 


O     © 

P    <D 

a 


co 


00 
©   O 

73  "p 


P 

p  S  -.a  p 

«»   «-I   *  XJ   w 


09  a 


a^«« 


00 

co 

© 

'p 

•© 


o 

a 

© 

09 

lU 

0^ 


03 

p 

s 

e9 

a 

03 


© 

'P 

•© 


O 

a 


*© 


SSS^P! 


e 


eo^ 


un 


^KÎz:SO  p-1 

«    ^    ..    »    ^'V  © 
"p  73  "p  'p  2  P§  Q 

'o'o'o'o'Ow^  <J 
P  a  P  P  P's;  a 


6 


ê 

5 

ESÎils 

^ 

lîss  a 

?«  1 

Cd 

X 

15.  § 

gSiiî=; 

£ 

i.J. 

sss  n 

ii 

llï 

•woqtwa 

§S9s!^ 

S 

"i 

.»gs  ^ 

s 

s 

IISO 

g 

2SS 

tuoq  mag 
■innidej 

iSgïïSS 

S 

=  iî.-S 

S 

1â  t[Hia|  lueiq 

isSa 

M              — 

i 

■S 

i  ■  1 

? 

i 

i 

II 

s 

l-l 

J 

f 

5 

Is 

s 

S     • 

I--I 

S 

s 

ï 

ÏP 

■s 

« 

il 

i 

si, 

1! 

si 
•pi 

s 

1 
s 

1 

lll 

ïi-s 
Ssi 

Itiî 

m 

j 
1 

1 

1 

'         i 

5 

iî 

"•s  s 

a 

S 

1 
■S 

D 
1 

J 
1 
sî 

H 

=  "£■& 

S 

¥.  A 

iiii 

4 

1 
s 

i 

s 

llli 

i 

=  3 

22222  £ 
SSSSSÎ 

SE 

1 

llilll 

sisëSt 

Si 

i^m 

EU 

^S-ii 

If 

SS3ffiS= 

s 

OOog 

ssss 

o 

ss 

s 

—     8S    — 


S^CD?!9(       rH§ 


eo 
eo 

09        QOOd        Oi 


CO 


i-H 


m     ^o]     oi     ooo»     od 


CO 


CO 
00 


CQ 

^ 


^ 


CO 


(M        ^ 


90 
00 


eotO       OOQDQ^ 

CD     r*  ^  ®  ^H 


r»oo 


oom 


00 
00 


00  r- 

OOQ 

Odoo 


00 


coeo 


CD 


o 

00 


<5 


lO 


lO 


«g 

tm     9 

a  o 
•2f 


§a 


sa 


•2  «ri 

o  8   4 

no  *^  « 

■s  II 

m 

^  s  4> ^CU 

■€•2  3  :^  S 

*•  O  a  g  _ 
o  o  g  o 


"  s  -.   „-  as  a>  <U     . 


2'. 

-^  a 

<«  a 


«  2  «5  s 

«  2  «  oS}  ce 

s  o^î^S 
fl  2  °  o    ' 


•S 


°^ 


©        • 

a  a  c 
!•- 

S  O   S 

'^   CD     IS 

S      O 

^  ao   ao 
O  52  c« 

.2  aT3 

•^    .  o 

-^  S 
S3  s  a 


a 

•s, 

a 
a 

o 

en 


3  ^  «- 

00 


S     goo 


-     84    — 


III. 


Arrêté  du  19  germinal  an  VI  concernant  la  levée 
d'one  contribation  de  16  millions  de  francs 

en  Helvétie. 


Uberté  EgaUté 

RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE 


Le  Commissaire  du  gouvernement  près  l'armée  de  la  République  française 

en  Suisse 

ConsidéraDt  qu'il  est  de  toute  justice  que  la  République 
française  reçoive  promptement  l'indemnité  des  frais  considérables 
qu'a  occasionnés  l'envoi  en  Suisse  d'une  armée  destinée  à  protéger 
les  amis  de  la  liberté,  et  à  repousser  les  provocations  de  l'oligarchie; 

Considérant  que  cette  indemnité  ne  doit  pas  se  borner  à  l'en- 
tretien de  l'armée  qui  occupe  le  territoire  helvétique  et  qu'elle  doit 
offrir  de  tels  résultats  que  la  responsabilité  dont  avoient  été  chargés 
les  anciens  gouvernans,  ne  soit  pas  illusoire  ; 

Requiert  le  général  en  chef  d'ordonner  ce  qui  suit  : 

Art.  I.  Il  sera  levé  sur  les  cantons  de  Berne,  Fribourg,  Soleure, 
Luceme  et  Zurich,  une  contribution  de  quinze  millions  de  francs, 
valeur  de  France,  et  sur  le  chapitre  de  Luceme,  l'abbaye  de  Saint- 
Urbain,  et  celle  de  Notre  Dame  des  Hermites,  une  contribution 
d'un  million. 

Art.  II.  Cette  contribution  sera  répartie  ainsi  qu'il  suit  : 

Le  canton  de  Berne  paiera  six  millions. 

Celui  de  Fribourg  deux  millions. 

Celui  de  Soleure  deux  millions. 

Celui  de  Lucerne  deux  millions. 

Celui  de  Zurich  trois  millions. 


—    85    — 

Art.  III.  Cette  somme  se  paiera  par  cinquième  ;  savoir  : 

Le  premier  cinquième  dans  les  cinq  jours  de  la  demande  ;  le 
deuxième  cinquième  dans  les  vingt-cinq  jours  suivans;  le  troisième 
cinquième  dans  les  vingt  premiers  jours  du  second  mois;  et  les 
deux  derniers  cinquièmes  dans  les  quarante  jours  suivans,  de  ma- 
nière que  le  paiement  total  soit  effectué  dans  trois  mois. 

Art.  IV.  La  contribution  de  quinze  millions  sera  acquittée  uni- 
quement par  les  anciens  gouvernans,  en  quelque  canton  qu'ils 
demeurent  et  quelque  part  que  soient  situés  leurs  biens,  par  les 
familles  desdits  gouvernans  et  les  trésoriers  des  gouvernemens. 

Art.  V.  On  entend  par  anciens  gouvernans  ceux  qui  à  l'époque 
de  l'entrée  de  l'armée  française  en  Suisse  avoient  droit  de  suffrage 
ou  de  juridiction  dans  aucune  ^)  des  autorités  qui  existoient  alors. 
Tels  que  les  membres  des  conseils,  les  baillifs,  etc. 

Art.  VI.  On  entend  par  famille  des  gouvernans  : 

1)  les  familles  dites  patriciennes  qui  avoient  un  droit  exclusif 
aux  places  du  gouvernement  ; 

2)  les  individus  qui,  encore  existans  et  ayant  été  membres  des 
gouvernemens.  s'en  seroient  retirés  avant  l'époque  de  la 
guerre. 

Art.  VII.  Si,  à  raison  des  facultés  des  contribuables,  il  y  avoit 
inégalité  de  répartition  entre  les  cantons  de  Fribourg,  Soleure, 
Lucerne  et  Zurich,  il  seroit  avisé  aux  moyens  de  parvenir  aune 
répartition  plus  exacte;  mais  aucune  réclamation  ne  pourra  arrêter 
le  paiement  provisoire  des  premier  et  second  termes  sur  le  pied  de 
la  répartition  portée  ci-dessus. 

Art.  VIII.  Dans  le  million  à  répartir  entre  le  chapitre  de  Lu- 
cerne,  l'abbaye  de  St-Urbain  et  celle  de  Notre  Dame  des  Hermites, 
cette  dernière  sera  comprise  pour  cinq  cent  mille  francs,  et  le  sur- 
plus sera  distribué  par  la  Chambre  administrative  de  Lucerne  entre 
le  chapitre  de  ladite  ville  et  l'abbaye  de  St-Urbain. 

Art.  IX.  Les  Chambres  administratives  répartiront,  chacune 
dans  leur  canton,  sur  les  contribuables  de  la  qualité  désignée,  les 
sommes  assignées  à  leurs  cantons  respectifs,  de  telle  manière  que 


*)  Sic  pour  une. 


—     86     — 

nulle  espèce  de  non-valeur  ne  yuhse  eu  diminuer  ie  montant,  et 
que  la  masse  entière  des  contribuables  soit  garante  des  paiements 
partiels  qui  ne  seroient  pas  effectués. 

Art.  X.  Les  Chambres  administratives  auront  égard,  dans  la 
répartition,  au  plus  ou  moins  de  fortune,  en  sorte  que  le  superflu 
soit  toujours  taxé  dans  une  proportion  plus  forte  que  la  médiocrité. 
Elles  pourront  aussi  taxer  jusqu*à  la  concurrence  de  la  totalité  de 
leurs  biens  les  individus  qui  seront  connus  pour  avoir  pris  une  part 
plus  active  à  la  provocation  de  guerre,  mais  toujours  sous  la  garan- 
tie collective  de  tous  les  contribuables,  en  cas  de  non-payement  aux 
époques  indiquées. 

Art.  XI.  Les  Chambres  administratives  auront  égard,  s'il  y  a 
lieu,  au  plus  ou  moins  d'avantage,  que  certains  des  gouvernans 
pourront  avoir  retiré  de  leurs  places. 

Art  XIL  Les  gouvernans  qui  n'étoient  plus  en  place  à  l'époque 
de  la  guerre,  et  les  membres  des  familles  des  gouvernans,  ne  pour- 
ront être  taxés  que  dans  une  proportion  inférieure  de  moitié  à  celle 
qui  sera  adoptée  pour  les  anciens  gouvernans. 

Art.  XIIL  Si  parmi  les  anciens  gouvernans  et  leurs  familles, 
il  se  trouve  des  individus  qui  aient  manifestement  prononcé  leur 
opposition  à  la  domination  oligarchique,  et  qui  par  des  faits  incon- 
testables puissent  prouver  qu'avant  l'époque  de  la  guerre  ils  ont 
servi  la  cause  de  la  liberté,  les  Chambres  administratives  pourront 
les  décharger  de  leur  contingent  à  la  contribution,  mais  toujours 
sans  qu'il  en  résulte  aucune  diminution  de  la  somme  totale. 

Art.  XIV.  S'il  étoit  aussi  reconnu  que  des  individus,  non  com- 
pris dans  la  classe  des  anciens  gouvernans  et  leurs  familles,  ayeut 
secondé  d'une  manière  notoire  les  projets  de  l'oligarchie,  et  qu'ils 
se  soient  rendus  les  complices,  les  Chambres  administratives  pour- 
ront les  comprendre  dans  la  taxe,  mais  sans  qu'en  ce  cas  aucun 
habitant  des  campagnes,  quel  que  soit  sa  profession  ou  son  indus- 
trie, ni  aucun  habitant  des  villes  vivant  du  travail  de  ses  mains, 
puisse  être  taxé,  même  sous  prétexte  qu'égaré  par  l'oligarchie,  il 
auroit  pris  les  armes  et  auroit  marché  sous  les  drapeaux  de  l'ancien 
gouvernement. 

Art.  XV.  Les  fournitures  en  tout  genre,  qui  ont  été  faites  à 
l'armée  française,  d'après  des  réquisitions  légales  et  duement  cons- 


—    87     — 


tatëeSy  seront  imputées  dans  chaque  canton,  sur  la  masse  totale  de 
la  contribution  qui  lui  est  assignée,  et  seront  déduites  au  prorata 
de  leur  montant  sur  les  trois  derniers  cinquièmes. 

Art.  XVI.  Il  ne  sera  fait  aucune  déduction  pour  les  sommes 
trouvées  dans  les  caisses  des  anciens  gouvernemens,  ni  pour  aucune 
espèce  de  fourniture  faite  des  magasins  publics,  ni  pour  les  créances 
connues  sous  le  nom  de  fonds  publics. 

Art.  XVII.  Tous  les  biens  des  contribuables  sont  dès-à-présent 
déclarés  inaliénables  jusqu'à  parfait  paiement  de  la  contribution 
exigée.  Ils  pourront  seulement  être  hypothéqués. 

Art.  XVIII.  A  défaut  de  paiement  au  terme  indiqué,  il  sera 
pris  des  mesures  promptes  et  sévères  contre  chacun  des  contri- 
buables; il  sera  dès-à-présent  pris  douze  otages  dans  le  canton  de 
Berne,  et  huit  dans  celui  de  Soleure. 

Art.  XIX.  Les  otages  du  canton  de  Berne  seront  : 


1.  Watteville,  baillif  de  Vevey, 
baron  de  Belp. 

2.  d'Ërlach,  sénateur. 

3.  Manuel,  sénateur. 

4.  Tscharner,  sénateur 

5.  Fischer,  banneret. 

6.  Grooss,  baillif  de  Kônigsfel- 
den. 


7.  Diesbach,  sénateur. 

8.  Brounner,  baillif  de  Wimmis. 

9.  Wourstemberguer,  sénateur. 

10.  Bonstetten,  baillif  de  Nyon. 

11.  Diesbach,  baron  de  Carouge, 
baillif  de  Frienisberg. 

12.  Mulinen,  avoyer  *). 


Ceux  du  canton  de  Soleure  seront  : 


Brunner,  ex-conseiller. 
François  de  RoU,  ex-capitaine  aux 

gardes  suisses,  etc. 
Besenwald,  déjà  arrêtés. 
Pierre  Glutz ,  ex  -  commandant 

d'artillerie. 
Settier,  ex-conseiller. 
Areker,  > 


Grimm,  ex-major  de  ville. 

Surbeck,  ex-baillif  de  Thierstein. 

Gugger  et  Gerber,  ex-conseillers, 
seront  relâchés  et  pourront 
rentrer  dans  leur  domicile  or- 
dinaire ;  lesdits  otages  seront 
conduits  à  Strasbourg  ou  Hu- 
ningue. 


')  L'avoyer  Albert  de  Mulinen.  M.  le  D'  \V.  F.  de  Mulinen  a  publié 
quelques  notes  sur  sa  captivité.  Erinnerungen  aus  der  Zeit  des  Uebergangs. 
Bern,  1898. 


—    8iB    — 

Art.  XX.  Il  sera,  indépendaminent  des  présentes  dispositions, 
procédé  à  la  yérification  des  caisses  pabliqnes  et  des  créances  dites 
fonds  publics  des  cantons  de  Soleure,  Fribourg,  Luceme  et  Zurich, 
et  statué,  après  la  vérification,  ce  qu'il  appartiendra. 

Art.  XXI.  Il  sera  établi  dans  chaque  cheMieu  de  canton  une 
caisse  particulière  pour  recevoir  la  contribution,  et  le  montant  en 
sera  successivement  versé  dans  la  caisse  du  payeur-général  sur  les 
ordres  du  commissaire-ordonnateur  en  chel 

Fait  à  Berne,  le  dix-neuf  germinal,  an  6  de  la  République 
française  une  et  indivisible.  Lecablieb. 


Le  général  en  chef  de  Tarmée  française  en  Helvétie  ordonne, 
que  les  dispositions  de  Tarrêté  ci-dessus  soient  exécutées  suivant 
leur  forme  et  teneur,  quMl  soit  imprimé  dans  les  deux  langues, 
publié  et  affiché  partout  où  besoin  sera. 

Au  quartier-général  à  Berne,  le  19  germinal,  6°"*  année  de  la 
République.  ScHAUENBUBa. 


Proclamation  du  Commissaire  Lecarlier 
an  sujet  de  la  contribution  de  16  millions  de  francs. 

1  O  g^ermtnal  an  VI  (8  avril  1  708). 


RÉPUBLIQUE  FRANÇAISE 


Le  Commissaire  dit  gouvernement  près  l'armée  de  la  République  française 
en  Suisse. 

Aux  citoyens  de  l'Hetvétie. 


Citoyens, 

Une  coDtributJun  va  être  levée  dans  votre  pays;  u'en  soyez 
point  alarmés.  On  pourra  en  exagérer  le  produit,  en  dénaturer  les 
conséquencos,  en  contester  la  nécessité,  mais  ne  croyez  pas  légère- 
ment aux  inaînuatioDs  astucieuses  qu'on  ne  manquera  pas  d'em- 
ployer pour  faire  prendre  le  change  sur  une  mesure  que  tout  jus- 
tifie et  que  l'intéri^t  de  la  Suisse  comme  celui  de  la  France  réclame. 

Nul  dd  vous  ne  peut  douter  des  dispositions  d'amitié  et  de  bon 
voisinage  qui  animent  le  gouvernement  français  envers  la  nation 
helvétique,  et  nul  de  vous  ne  doute  que  l'ancienne  oligarchie  n'ait 
fait  tous  ses  efforts  pour  placer  la  Suisse  au  rang  des  ennemis  de 
la  grande  nation.  Vains  efforts  il  est  vrai;  mais  néanmoins  il  a  fallu 
les  repousser,  il  a  fallu  déployer  l'appareil  de  la  force  contre  un 
gouvernement  ingrat  el  perfide,  et  certes  on  ne  persuadera  pas  que 
ce  soit  trop  étendre  les  résultats  de  la  victoire  que  d'exiger  des 
vaincus  l'indemnité  des  frais  de  la  guerre.  Cette  indemnité  ne  peut 
s'acquitter  que  de  deux  manières,  ou  par  une  contribution  généra- 


—    90    — 

lement  repartie  snr  tous  les  habitants  de  l*Helvétie,  ou  par  an  pré- 
lèvement sur  les  fortunes,  la  plus  part  considérables,  des  andens 
gouvemanf». 

Il  faut  que  la  Suisse  entière  paie  la  contribution  destinée  i 
Tindemnité  due  à  la  France,  ou  qu*elle  soit  supportée  par  ceux-li 
seuls  qui,  chargés  du  gouvernement,  ont,  par  eux-méme  ou  par 
Tinfluence  des  individus  liés  d'opinion  et  d'intérêt  avec  eux,  pro- 
voqué la  guerre. 

Le  premier  moyen  seroit  injuste  en  lui-même,  et  il  est  en 
opposition  aux  principes  du  gouvernement  français  qui  ne  confond 
jamais  les  erreurs  des  peuples  avec  les  torts  ou  les  crimes  des  gou- 
vernemens.  C'est  donc  au  second  moyen  qu'il  faut  s'attacher. 

C'est  donc  sur  tout  ce  qui  tenoit  à  l'oligarchie  suisse  que  doit 
peser  la  réparation  qu'elle  a  rendue  nécessaire. 

Ainsi  rhomme  de  la  nature  et  de  la  liberté,  le  paisible  culti- 
vateur ne  sera  point  obligé  de  sacrifier  le  produit  de  ses  sueurs 
pour  acquitter  la  dette  de  l'oligarchie;  ainsi  l'homme  utile,  dont 
l'active  industrie  pourvoit  aux  besoins  de  ses  concitoyens,  ne  sera 
point  exposé  à  être  privé  de  son  nécessaire,  tandis  que  la  dédai- 
gneuse et  perfide  aristocratie  souriroit  à  sa  détresse. 

£t  n'est-il  donc  pas  assez  et  trop  malheureux  pour  un  grand 
nombre  de  citoyens  de  la  classe  opprimée  d'avoir  été  égarés  jus- 
qu'au point  de  défendre  au  prix  de  ce  qu'ils  avoient  de  plus  cher 
la  cause  inique  de  leurs  oppresseurs,  sans  qu'il  faille  encore  ajouter 
à  leur  infortune  des  privations  nouvelles  ? 

Citoyens,  si  la  présence  de  l'armée  française  a  pu  donner  lieu 
i  quelques  inquiétudes,  qu'elles  disparoissent,  elle  ne  doit  ni  gêner 
votre  commerce,  ni  ralentir  votre  industrie,  ni  tarir  vos  ressources. 

Si  on  a  désiré  connottre  l'état  des  subsistances  de  plusieurs 
cantons,  si  on  a  fait  un  recensement,  ce  n'est  point  pour  vous  enle- 
ver des  approvisionnemens,  qui  vous  seroient  indispensables,  mais 
uniquement  pour  n'être  point  obligé  de  recourir  à  des  réquisitions 
ruineuses  ou  i  des  mesures  qui,  lorsqu'elles  sont  précipitées,  de- 
viennent presque  toujours  désastreuses;  c'est  sur  les  fonds  prove- 
nant de  la  contribution  imposée  aux  provocateurs  de  la  guerre  et  à 
leurs  adhérens  que  sera  soldée  la  dépense  de  l'armée;  le  proprié- 
taire qui  pourra  fournir  des  denrées  devra  en  être  exactement  payé, 
et  la  circulation  du  numéraire  s'alimentanl  de  tout  ce  qui  sera  né- 
cessaire i  la  consommation  de  l'armée,  il  en  résultera  pour  le  pays 


—    91     — 

an  moyen  de  vivification  bien  capable  de  compenser  quelques  incon- 
véniens  inévitables  dans  les  circonstances  où  vous  vous  trouvez. 

Citoyens,  votre  gouvernement  va  définitivement  s'organiser; 
secondez  sa  marche,  aidez-le  de  votre  force,  et  bientôt  vous  con- 
nottrez  ce  que  peut  la  liberté  pour  un  peuple  qui  en  est  digne. 

A  Berne,  le  dix- neuf  germinal,  an  6  de  la  République  française, 
une  et  indivisible.  Lecarlieb. 


—    92    — 


V. 

Proclamation  de  la  Chambre  administrative 
concernant  la  contribution  des  deux  millions. 

Avril  1798. 


Uberté  Egalité 

Les  Membres  de  la  Chambre  administrative  du  canton  de  Fribourg 

soit  de  Sarine  et  Broyé. 


  leurs  concitoyens, 

Vous  voyez,  chers  concitoyens,  par  la  réquisition  ci-jointe, 
que  le  gouvernement  françois  toujours  juste,  en  demandant  des 
indemnités  pour  les  frais  considérables  avancés  par  la  grande  nation 
en  nous  donnant  la  liberté,  veut  qu'elles  soient  supportées  par  ceux 
qui  sont  les  auteurs  de  la  résistance  opiniâtre  aux  vues  et  bienfaits 
du  Directoire  exécutif  de  France,  par  ceux  qui  avoient,  par  leur 
naissance  ou  autrement,  le  droit  exclusif  de  gouverner  leurs  sem- 
blables, par  ceux  enfin  qui,  ne  vivant  pas  du  travail  de  leurs  mains, 
seroient  reconnus  pour  avoir  secondé  et  travaillé  de  toutes  leurs 
forces  au  profit  de  roligarchie.  Les  biens  et  les  fortunes  de  ces 
différentes  classes  d'individus  sont  plus  que  sufBsants  pour  remplir 
cette  contribution,  si  les  circonstances  et  le  peu  de  délai  pour  payer 
ne  portoient  un  grand  obstacle  à  la  réalisation  du  numéraire.  Il 
seroit  donc  urgent  et  nécessaire  de  trouver  un  moyen  à-la-fois 
prompt  pour  satisfaire  les  citoyens  agens  du  gouvernement  françois, 
et  juste,  sans  que  les  contribuables  indiqués  puissent  espérer  de  se 
soustraire  à  supporter  entièrement  cette  indemnité. 

Ces  moyens,  citoyens,  vous  les  puiserez  dans  vos  cœurs  sensi- 
bles et  votre  amour  pour  la  patrie;  chacun  de  vous  fera  un  effort 


9S 


I 


pour  doDDer  ou  plutôt  avancer  les  sommes  en  or,  argent,  vaisselle, 
bijoux  et  monnoye  dont  il  n'aura  pas  le  plus  pressant  besoin.  Les 
créances  et  les  fortunes  entières  des  gouvernans  et  contribuables 
en  répondront.  Les  intérêts  seront  scrupuleusement  acquittés,  et 
les  remboursements  déterminés  dans  le  plus  bref  délai.  Vous  aurez 
pour  ces  avances  la  garantie  de  la  nation  entière.  Maintenant, 
concitoyens,  réfléchissez,  si,  après  avoir  épuisé  toutes  les  ressources 
actuelles,  pécuniaires,  mobilières  et  crédit  de  tous  les  contribuables, 
ce  qui  malheureusement  n'est  pas  éloigné,  on  ne  pouvoit  parvenir 
à  remplir  qu'une  foible  portion  de  l'indemnité  de  deux  millions,  il 
faudroit  recourrir  aux  moyens  extrêmes. 

Tourroit-on  sans  injustice  leur  refuser  de  poursuivre  et  faire 
payer  à  leurs  débiteurs,  tant  en  capitaux  qu'intérêts,  les  sommes 
qui  leur  sont  dues?  Ne  doivent-ils  pas  en  conscience  venir  aux 
secours  de  leurs  légitimes  créanciers?  Quelle  secousse  et  quelle 
commotion  résulteroient  d'une  pareille  mesure?  Ce  seroit  en  défi- 
nitif les  négocians,  les  cultivateurs  et  les  moius  aisés  des  habitans 
des  campagnes  qui  en  seroient  écrasés. 

Que  les  bons  citoyens  se  montrent,  que  chacun  prouve  son 
zèle  pour  la  pais,  la  tranquillité  et  le  bonheur  commun;  la  patrie 
sera  sauvée.  En  faisant  cette  invitation,  les  membres  de  la  Cham- 
bre administrative  sont  bien  éloignés  de  vouloir  en  façon  quelconque 
atténuer  ou  modifier  la  juste  sévérité  e^iercée  contre  les  anciens 
gouvernans  et  leurs  associés;  ils  n'envisagent  ici  que  le  bien  de 
leur  pays.  Que  ceux  dont  ils  cherchent  à  mériter  la  confiance  s'em- 
pressent de  faire  parvenir  à  Fribourg  leur  offrande  civique,  qui  ne 
sera  que  le  payement  d'une  dette  légitime,  ou  une  avance  dont  le 
remboursement  peu  éloigné  sera  assuré,  tant  en  capital  qu'intérêts, 
sor  les  hypothèques  les  plus  solides.  Les  Romains,  et  les  François 
DOS  libérateurs,  qui  les  ont  surpassé  en  courage  et  en  victoires, 
nous  ont  plus  d'une  fois  donné  l'exemple  de  pareils  dévouemens, 
Salut  et  Fraternité. 


Herrenschwand ,  président.    Chaney,  Wicky,  Blanc.   Kolly, 
administrateurs. 

Chaillet,  secrétaire  général. 


LES  ARMES  A  FEU 

DANS  LE  PASSÉ 


A   FRIBOURG  EN   SUISSE 


»  >ic< 


NOTICE 


PAR 


Charles  Stajessi 


INTRODUCTION 


§  —  Les  archives  de  Fribourg  ont  doDDé  déjà  bien  des  ren- 
seignements intéressants  sur  Tétat  des  armes  à  feu  à  diverses 
époques,  à  partir  du  commencement  du  XY®  siècle.  Notre  intention 
est  de  rassembler  ces  renseignements,  épars  jusqu'à  présent,  de 
les  consigner  ici,  en  les  coordonnant  aussi  bien  que  possible  et  en 
les  rattachant  à  l'histoire  générale  de  Tartillerie.  C'est,  pour 
ainsi  dire^  un  travail  de  restitution  que  nous  avons  entrepris,  mais 
il  présente  encore  bien  des  lacunes.  Des  fragments  importants 
nous  manquent  encore.  Une  exploration  plus  méthodique  des 
archives  de  Fribourg  les  donnera  plus  tard  aux  chercheurs  patients 
et  bien  avisés.  Nous  croyons  à  la  possibilité  de  faire  un  rapport 
complet  et  suivi  sur  le  développement  des  armes  à  feu  à  Fribourg, 
mais  des  raisons  particulières  nous  empêchent  de  pousser  nous- 
même,  jusqu'au  bout,  ce  travail  d'investigation. 

Nous  livrons  donc  aujourd'hui  au  public  toutes  les  notes,  d'un 
intérêt  tout  à  fait  local,  que  nous  avons  recueillies  jusqu'ici  sur  ce 
sujet,  dans  des  documents  essentiellement  fribourgeois. 

§  —  Dans  l'artillerie  fribourgeoise,  nous  n'aurons  pas  à 
exposer  des  innovations  prématurées,  ni  des  monstres  étonnants, 
mais  seulement,  ce  qui  vaut  mieux,  les  idées  et  les  usages  déjà 
généralisés  de  chaque  temps. 

§  —  Nos  documents  ne  sont  pas  encore  assez  nombreux  pour 
que  nous  puissions  diviser  notre  notice  suivant  les  périodes  que 
l'on  admet  dans  le  développement  de  l'artillerie  en  général.  Il  nous 
parait  préférable  de  prendre  pour  jalons,  dans  ce  premier  travail, 
les  dates  des  documents  les  plus  importants  que  nous  possédons, 
soit  les  dates  des  inventaires  de  l'artillerie  de  Fribourg. 

§  —  Les  sources  auxquelles  nous  avons  puisé  sont:  les 
tnvetUaireSj  visites  de  VartiUerie  ou  plans  de  défense  de  la  ville  de 
Fribourg.  Il  nous  a  été  donné  de  consulter,  en  original  : 


—     100     — 

Celui  du  28  mai  1431  (en  allemand),  le  seol  publie  jusqu'ici 

(voir  Becneil  diplomatique  t  YIII,  DXXXI)  ; 
Cenx  des  30  mai  1446  ;  26  juillet  1465  ;  24  juin  1474  (en 

français)  ; 
Une  notice  non  datée,  mais  de  la  fin  da  XV*  siècle  (en  alle- 
mand); 
Cenx  des  8  mai  1503;  6  novembre  1560;  août  1667  (en 

allemand)  ; 
Cenx  de  1689  et  1756, 

Les  Comptes  des  trésoriers:  pour  les  années  1376-1430,  extraits 
manuscrits  de  M.  Weitzel  ;    pour  les  années  1430 
à  1664|  extraits  manuscrits  du  chanoine  Fontaine. 
Ces  derniers,  malheureusement,  sont  plutôt  des  traductions 
et  des  résumés  que  des  extraits  littéraux  ^). 

Les  Livres  cTà  comptes,  ceux-ci  en  original,  de  1490  à  1700. 
§  —  Il  est  difficile  de  dire  exactement  ce  que  désignait,  dans 
rari;illerie,  telle  dénomination  à  telle  époque.  La  difficulté  augmente 
encore  lorsque  cette  dénomination,  déjà  difficile  à  préciser  dans  la 
même  langue,  doit  être  traduite  dans  une  autre  langue,  comme 
c'est  le  cas  ici,  où  nous  avons  affaire  tantôt  à  un  texte  allemand, 
tantôt  à  un  texte  français.  Pour  ces  raisons,  nous  écrirons  toujours 
la  dénomination  telle  qu'elle  se  trouve  dans  le  document  .même, 
que  celui-ci  soit  en  français  ou  non,  et  nous  l'écrirons  toi]\jours  en 
italique. 


*)  Le  petit  chiffre  1  ou  2,  que  nous  plaçons  après  Tindication  de 
Tannée,  signifie  premier  ou  second  semestre  de  cette  année. 


—     101     — 


XIV«  siècle 

§  —  Nous  ne  rechercherons  pas  si  la  poudre  a  été  inventée 
dans  notre  pays,  pas  même  si  notre  pays  a  eu  la  priorité  de  son 
application  à  la  guerre!  Il  est  plus  probable  que  ces  inventions 
diaboliques,  communiquées  aux  chrétiens  par  les  musulmans  ou  les 
chinois,  ont  été  mises  en  usage  ou  plutôt  à  l'essai,  chez  nous,  en 
même  temps  qu'en  France  et  en  Allemagne.  Dans  ces  pays,  Tartil- 
lerie  à  feu  était  encore  à  l'état  d'enfance  avant  la  fin  du  XIV* 
siècle.  Les  engins  à  feu  n'avaient  encore  atteint  ni  la  force,  ni 
l'effet,  ni  la  vitesse  de  service  des  engins  à  fronde  et  des  arbalètes. 
Ils  faisaient  courir  les  plus  grands  dangers  à  ceux  qui  s'en  servaient, 
et  ne  pouvaient  être  employés  utilement  que  dans  certaines  situa- 
tions se  présentant  fort  rarement. 

1400-1431 

§  —  Le  plus  ancien  document  qu'on  ait  trouvé,  constatant 
l'usage  des  armes  à  feu  à  Fribourg,  est  le  contrat  d'engagement 
d'un  maître  du  canon. 

Le  18  janvier  1401,  la  communauté  de  Fribourg  prend  à  son 
service  Hanso  Grefy,  maître  du  canon  (Mchsmeister).  On  le  charge 
de  la  visite  des  «  boetes  et  autres  instruments  >,  et  de  faire 
c  poudre  de  salpêtre  >.  Grefy  ayant  été,  peu  après,  incarcéré  pour 
quelque  méfait,  on  lui  fit  signer  une  nouvelle  promesse,  le  29  mars 
1402.  Il  s'engage  à  enseigner  à  3  ou  4  hommes  de  Fribourg  à  faire 
la  poudre  et  à  tirer  le  canon  (c  scire,  trahere  gallice  lo  canon  vel 
€  in  theutonico  leren  mit  der  biichsen  schiessen.  >)  On  apprend 
par  cet  acte  que  Hanso  Grefy  était  fils  de  Jenny  Grefy,  déjà  bour- 
geois de  Fribourg.  Il  semble  résulter  de  là  que  les  Fribourgeois 
possédaient  des  canons  depuis  un  certain  temps  déjà,  et  qu'ils  se 
préoccupaient  d'en  augmenter  le  nombre  et  d'assurer  leur  service. 

§  —  Les  comptes  de  la  ville  font  mention  de  2  grosses  boites 
qui  se  trouvaient  sur  la  tour  porte  de  Bomont,  en   1403  «  por 

<  garnir  et  ferrar  dues  grosses  bueites  qui  sunt  sur  la  tor  devert 

<  Bomont  pôr  cxx  et  viii  liv.  pesant  de  fer,  vi  liv.  vin  sous.  It  por 

<  XVI  liv.  de  plumb  eis  dites  bueistes  xii  s.  >  La  même  année  on 
garnit  encore  9  autres  boîtes,  total  14  boites. 


—     102     — 

Par  €  ferrer  et  garnir  une  boite  >  on  entendait  la  fixer  au 
moyen  de  liens  en  fer,  à  un  bloc  ou  fût  de  bois,  dans  lequel  elle 
était  enchâssée.  On  dira  plus  tard  «  faire  le  sieche  d'une  boite, 
€  assetar  une  boite  >.  Nous  pensons  que  le  plomb  se  plaçait  entre 
la  culasse  et  le  fond  de  Tencastrement  (heurtoir)  pour  amortir  le 
choc  destructeur  du  recul. 

§  —  On  connaît  Tacte  d*engagement  pour  une  année,  d*un 
nouveau  maître  des  boites  {magister  pixidarum),  Simon  Zinckfeld 
de  Mayence.  Il  est  du  17  juin  1410  et  conçu  a  peu  près  dans  les 
mêmes  termes  que  le  précédent.  Zinckfeld  s'engage  à  servir  fidèle- 
ment, <c  in  jactu  seu  tractu  pixidarum  »,  dans  le  tir  des  boites. 
Mais,  le  18  juillet  de  la  même  année,  on  engage  déjà  un  autre  ou 
un  second  maître  du  canon,  Rodolphe  Metzer  de  Rinegk,  bourgeois 
et  habitant  de  St-6all. 

§  —  Ces  maîtres  avaient  chacun  leur  recette  pour  donner 
plus  de  force  à  la  poudre,  mélange,  dans  des  proportions  variables, 
de  salpêtre,  de  charbon  et  de  soufre.  Tantôt  on  employait  du 
vinaigre  dans  sa  fabrication,  tantôt  on  y  faisait  entrer  divers  ingré- 
dients, tels  que  de  l'ambre  en  poudre,  du  vin  brûlé,  de  l'eau-de- 
vie,  etc. 

§  —  Les  fortifications  de  Fribourg  furent  visitées  en  1428' 
par  le  burggraf  d'Autriche  et  en  1430'  par  deux  seigneurs  de  la 
cour  d'Autriche.  Il  est  probable  que  ces  visites  furent  faites  par 
ordre  du  duc  d'Autriche,  alors  seigneur  de  Fribourg  en  Uchtland. 
Le  procès-verbal  d'une  visite  des  tours  et  remparts,  faite  le  28 
mai  1431  par  Hermann,  le  maître  canonnier  de  Fribourg,  nous  fait 
connaître  l'armement  de  chaque  tour.  Il  était  composé,  en  général, 
de  2  boites,  hiichseny  tirant  des  boulets  de  pierre,  «  stein  >,  et 
d'une  espringale,  springolf. 

§  —  Ce  nom  de  springolf  ne  peut  désigner  ici  une  bouche  à 
feu.  Il  est  dit  :  «  It  ein  springolf  und  ouch  phil  >  (It  une  espringale 
et  aussi  des  carreaux).  Plus  loin,  en  1446,  nous  avons  trouvé  la 
mention  de  noix  d'espingale,  pesant  3  livres  chacune.  Or,  il  n'y  a 
qu'un  engin  à  déclic  qui  peut  avoir  une  noix. 

On  ne  sait  pas  au  juste  en  quoi  consistait  Tespingale.  Cet 
engin  n'était  pas  à  fronde  et  difi'érait  de  l'arbalèle  à  tour.  Mais  les 
passages  relatifs  aux  espingales,  de  documents  que  l'on  a  recueillis 
en  France,  ne  permettent  pas  de  les  prendre  pour  des  bouches  à 
feu,  bien  que,  dans  le  principe  (XIV®  siècle),  des  bouches  à  feu 
fussent  employées  à  lancer  aussi  des  carreaux  ou  flèches. 


-     103     - 

§  —  En  rëcapitolant,  nous  trouvons  qu'il  y  avait,  en  1431^ 
25  boites,  sur  les  fortifications  de  Fribourg.  Il  s'en  trouvait  d'autres 
encore  dans  la  loge  des  bottes  (in  der  hiiten),  mais  on  ne  pouvait 
les  examiner,  en  ce  moment,  à  cause  de  l'encombrement  causé  par 
des  travaux  de  construction. 

Nous  apprenons,  en  effet,  que  la  loge  des  boites,  qui  était 
située  contre  le  rempart,  à  droite  en  sortant  de  la  porte  de  Morat 
(Mauvaise  tour),  était  en  reconstruction  de  1430  à  1434. 

§  —  Ce  document  montre  clairement,  qu'en  1431,  à  Fribourg, 
l'artillerie  à  feu  n'avait  pas  encore  fait  disparaître  les  anciens 
engins  nommés  espringàles.  Les  bombardes  ont  pris  place,  depuis 
bien  des  années  déjà,  sur  les  tours,  à  côté  des  anciens  engins,  mais 
on  sait  que  ceux-ci  conservèrent  longtemps  encore  l'avantage  d'un 
service  plus  rapide,  moins  dangereux  pour  les  servants  et  d'un 
effet  plus  sûr  et  plus  étendu. 

§  —  Nous  ne  possédons  pas  de  renseignements  précis  sur  la 
nature  et  la  construction  des  premières  boites  <  biichsen  >  existant 
i  Fribourg  au  commencement  du  XV®  siècle.  Nous  croyons  que  les 
boites  de  fer  dites  anciennes,  que  nous  retrouvons  dans  les  inven- 
taires de  dates  postérieures,  appartenaient  à  ce  premier  armement. 
(6  €  boites  anciennes  de  fer  >,  inventaire  de  1465  —  8  <  stein- 
bûchsen  oder  bôllerlin  >,  inventaire  de  1503.) 

La  nature  de  leur  métal  (le  fer  ne  pouvant,  comme  le  bronze, 
servir  par  la  refonte  à  la  création  d'un  nouveau  matériel)  a  dû  les 
préserver  d'une  destruction  rapide  et  complète.  C'est  pour  cette 
raison,  du  reste,  que  les  anciennes,  les  premières  pièces  en  fer 
existent  en  assez  grand  nombre  dans  les  musées,  tandis  que  les 
pièces  en  bronze,  qui  leur  ont  succédé  immédiatement,  ont  presque 
complètement  disparu.  Nous  établirons  plus  loin  qu'il  est  résulté 
de  là  des  appréciations  inexactes  sur  l'état  de  l'artillerie  à  l'époque 
des  guerres  de  Bourgogne  (1474  à  1477).  Les  premières  boites 
devaient  avoir  une  volée  large  et  courte,  composée  de  douves  en 
fer  soudées  à  chaud  sur  un  mandrin  et  serrées  par  de  nombreuses 
frottes,  et  une  chambre,  d'un  calibre  bien  moindre,  fixée  solidement 
derrière  la  volée. 

§  —  Les  premières  armes  à  feu  portatives  apparaissent  à 
Fribourg  sous  le  nom  de  canons  à  mains,  handhUchsen,  ou  simple- 
ment sous  le  nom  de  c  canons  >.  En  1409,  la  façon  de  14  canons 
est  payée  au  fondeur  de  cloches  110  sous.  Le  canon  à  mains  était 


—     104    — 

donc  en  bronze.  En  1431,  le  maître  des  bottes,  Hermann,  demande 
que  Ton  dépose  quelques  c  handbiichsen  >  sur  les  fortifications. 
Les  60  handbûchsen,  que  l'on  acheta  la  même  année  à  Nuremberg, 
pesaient  5  livres  chacune,  sans  le  manche.  Nous  verrons  qae  les 
canons  à  mains  seront  toujours  faits  à  ce  même  poids.  Vers  1438, 
ils  prennent  le  nom  de  coulevrines,  puis  reprennent  bientôt  le  nom 
de  canons  à  mains,  lorsque  celui  de  coulevrine  commence  à  être 
appliqué  à  des  pièces  d'artillerie. 

Les  canons  à  mains,  handbiichsen,  couleuvrines,  sont  affûtés 
soit  emmanchés  c  pour  34  manches  de  coluvrines  69  sous  ;  pour 
€  faire  3  trous  à  55  coluvrines  pour  pouvoir  y  mettre  des  man- 
«  ches.  >  L'expression,  €  visser  les  coulevrines  >,  se  retrouve  à 
chaque  instant  dans  les  comptes. 

On  fabriquait  cependant  des  canons  à  mains  de  plus  de  5 
livres,  mais  rarement  (gros  canons  à  main).  On  trouvait  de  même, 
exceptionnellement,  des  canons  à  mains  à  chambres  mobiles.  En 
général.  les  canons  à  mains  se  chargeaient  par  la  bouche. 

Les  premiers  canons  à  mains  étaient  très  courts  et  adaptés 
au  bout  d*un  manche  droit,  en  bois,  comme  une  fusée  au  bout  de 
sa  baguette.  Les  canons  à  mains  qui  suivirent  sons  le  nom  de 
couleuvrines,  devaient  être  plus  longs  et  montés  sur  bois  recourbé. 

1432-1465 

§  —  L*amélioràtion  consistant  à  donner  i  chaque  pièce,  deux 
chambres  ^^kammern.  chasses")  mobiles,  dont  Tune  se  chargeait  pen- 
dant qu\^n  tirait  Tautre,  n'a  dû  venir  que  plus  tard,  en  raison  de 
la  difficulté  d*obtenir  la  solidité  dans  cet  assemblage  i  volonté. 

Nous  remarquons^  en  effet,  que  Tinventaire  de  1431  ne  signale 
pas  des  <  chambres  >  pour  les  bottes  de  cette  époque,  tandis  que 
Texistence  de  chambres  ou  chasses  mobiles  au  nombre  de  deux 
pour  chaque  piiVo,  se  trouve  expressément  constatée  dans  les  in- 
ventaires plus  récents.  Cette  amélioration  fut  facilitée  par  Femploi 
du  bronze.  Ainsi  en  U40^  on  fond  à  Fribourg  5  culasses  de  botte 
en  bronre,  poids  total  201  liv.  Le  musée  de  Morat,  dans  le  canton 
de  Fribourg,  possède  plusieurs  spécimens  de  bouches  i  feu  qui 
font  bien  cvMuprendre  ces  différences  dans  rartillerie  i  son  origine. 
Ce  sont  des  pièces  du  premier  genre,  que  Fribourg  prêta  i  Morat 
en  U>J,  Files  sont  dosiguées  comme  suit  dans  le  document  :  une 


—     105 


i 


I 

I 


bombarde  de  200  liv.  qui  tire  des  pierres  de  15  liv.  fabrication  de 
Nnrnberg  et  une  bombardelle  de  5  liv.  (diamètre  180"°  et  ISO"""). 
En  1434  on  coufectionoait  des  boulets  de  pierre  grands  et  petits  i 
20  s.  la  douz.  (valeur  relative  du  sou,  environ  fr.  1,50). 

§  —  Les  chroniques  des  priucipates  villes  de  la  Suisse  nous 
parlent  avec  complaisance  de  la  grosse  boite  (bauplbitchse)  que 
chacune  de  ces  villes  montrait  avec  orgueil  au  XV"  siècle.  Berne 
avait  sa  Metzio,  Bàle  sa  Rennerin,  Zurich  sa  grosse  pièce  (80  liv. 
de  pierre),  Fribourg  possédait  aussi,  depuis  le  commencement  de  ce 
siècle,  une  pièce  que  t'oa  désignait  tout  spécialement  par  ces  mots: 
la  grosse  boîte  En  1444  il  est  question  de  la  mettre  en  pièces  pour 
faire  servir  son  métal  (elle  était  donc  en  bronze)  à  la  fonte  de  nou- 
velles pièces.  En  145^^  on  répare  le  char  de  la  grosse  boite.  En 
147S'',  on  fait  des  dépenses  pour  affats,  principalement  pour  celui 
de  la  grosse  boite.  Le  boulet  de  pierre,  en  général,  se  paye  10  de- 
niers, mais  celui  de  ta  grande  boite  de  fer,  16  deniers.  De  celte 
dernière  note  il  résulte  qu'il  y  avait  au  moins  deux  grosses  boites, 
l'une  en  bronze  et  l'autre  en  fer. 

Suivant  l'inventaire  de  1465,  il  y  avait,  à  la  loge  des  boîtes,  2 
grosses  boites  gisants  et  le  perce  mur  (die  Schîrmbreckerin)  Peut- 
on  reconnaître  ces  3  pièces  comme  les  grosses  boîtes  dont  il  est  fait 
mention  plus  haut?  Ces  pièces,  ou  d'autres  sous  la  même  désigna- 
tion, furent  conservées  pendant  plus  d'un  siècle.  Nous  retrouvons 
le  perce  mur  dans  l'inventaire  de  1503.  <  Ensuite  la  forte  botte 
<  appelée  le  brise  pierre  (steinbrecher)  ou  le  brise  rempart  (Schirm- 
«  brecher,  en  1474,  thurmbrecber.).  Elle  a,  à  lu  partie  postérieure, 
«  4  crochets  venus  de  fonte  (vierangossen  haken).  Elle  est  d'ailleurs 
«  i  pans  (ist  sust  mit  ecken)  et  porte  en  avant,  3  écus  de  Fribourg 
«  accolés.  > 

En  1560,  il  y  a  encore  3  murbrecher  dont  1  dît  anâen. 

§  —  Le  nom  allemand  de  hakenbUchs&t  n'apparaît  pas  dans  nos 
documents  avant  1440.  Il  signifie  <  canon  à  croc  >.  Cette  arme  est 
plus  longue  et  plus  lourde  que  le  canon  à  main.  A  Fribourg  elle 
pèse  de  24  à  30  liv.  sans  sa  monture  do  bois.  Par  elle,  commence 
l'artillerie  proprement  dite.  Il  est  probable  que  son  nom  lui  vient 
de  ce  que,  dans  le  principe,  elle  avait,  sous  la  volée,  un  crochet  en 
métal  par  lequel  on  pouvait  l'arrêter  à  un  appui  fixe  pour  empêcher 
le  recul.  Le  nom  fut  conservé,  bien  que  le  croc  ait  été  supprimé  ou 
remplacé  plus  tard  par  une  fourchette  d'appui. 


—     106     — 

Les  hakenbUcbsen  sont,  en  gëoëral,  en  bronze.  Dans  la  récapi- 
tulation de  1503,  nous  n*en  trouverons  que  2  en  fer  sur  plus  de  60 
que  Fribourg  possédait  alors.  Elles  se  chargeaient  par  la  bouche. 
Pourtant  sur  27  hakenbiichsen  fondues  en  1442^  deux  sont  des 
boites  à  chambre  mobile  (kammerbUchsen).  Les  hakenbiichsen  sont 
souvent  fixées  sur  des  chevalets  (auf  bock,  bocklin). 

§  —  Plusieurs  hakenbiichsen  réunies  et  fixées  sur  un  même 
plateau,  constituaient  une  argue  ou  orguine  (en  France  on  disait  un 
ribaudequin).  Les  Fribourgeois  possédaient,  en  1465  déjà,  c  3  chars 
€  d'orguines  chacun  à  6  hakenbiichsen  >.  Ce  mot  d'orgues,  mal  inter- 
prété, a  fait  (lire  à  Tun  ou  l'autre  de  nos  historiens,  que  les  Fri- 
bourgeois du  XY®  siècle  traînaient  souvent  avec  eux,  dans  leurs 
expéditions  guerrières,  des  orgues  mélodieuses  en  guise  de  méné- 
triers ou  de  fanfares.  En  1468'  on  préparait  les  c  orguines  >  pour 
accompagner  l'armée  qui  devait  partir  pour  la  Lombardie  ou  pour 
le  siège  de  Waldshut. 

§  —  Des  pièces  d'artillerie  nommées  tarrashUchsen  furent 
employées,  déjà  en  1427  dans  la  guerre  contre  les  Hussites  (Schmidt. 
Le  développement  des  armes  à  feu,  1870).  La  chronique  bernoise  de 
Schilling  est  illustrée  de  dessins  montrant  la  tarrasbiichse  en  marche 
et  en  batterie.  Cette  pièce  est  fixée  sur  un  affût  à  2  roues.  Le  colo- 
nel Favé,  dans  ses  «  études  sur  le  passé  de  l'artillerie,  >'  attribue 
aux  Suisses  le  mérite  de  cette  innovation  qu'il  ne  fait  remonter  qu'à 
1443  seulement.  Or,  nous  lisons  dans  les  comptes  de  Fribourg  pour 
l'année  1438  «  garnir  de  bois  la  tarrasbiichse  que  l'on  doit  conduire 
«  en  Bresse.  >  A  Fribourg,  la  tarrasbiichse  est  une  pièce  de  petit 
calibre,  légère.  Nous  en  trouvons  de  100,  150  jusqu'à  200  liv. 
Comme  la  hakenbiichse,  on  la  charge  au  moyen  de  cornets  ou  avec 
des  gargousses  c  ladungen  en  pappey  >  1465.  Elle  tire  des  c  plom- 
bées (1465)  soit  des  <  klotzen  >  (billots  ?)  de  plomb. 

§  —  Il  n'y  a  rien  de  précis  et  de  fixe  dans  la  désignation  des 
bouches  à  feu  jusqu'au  XVP  siècle.  Ainsi  le  nom  de  veuglaire  a  été 
interprété  de  bien  des  manières  par  les  auteurs  de  notre  temps. 
Tout  ce  qu'on  peut  dire  avec  certitude,  c'est  que  ce  nom  désignait 
une  bouche  à  feu  de  longueur  plus  considérable  que  celle  de  la 
bombarde  (boite,  boite  à  2  chambres),  par  rapport  à  son  calibre. 
Nous  trouvons  ce  nom  en  usage  à  Fribourg  en  1442.  Le  maître 
artilleur  Nicolas  Liebi  et  le  fondeur  de  cloches  Pierre  Follare  fon- 
dirent cette  année  là  27  «  wiglero  >  à  2  chasses,  pesant  en  tout 


—     107     - 

6553  llv.,  soit  eD  moyenne  243  liv.  chaque.  Plus  tard,  nous  trouve- 
rons le  poids  de  687  liv.  pour  un  gros  veuglaire  à  2  chasses.  Ici,  le 
veuglaire  serait  donc  une  pièce  en  bronze  à  chambre  mobile,  se 
chargeant  par  la  culasse.  On  trouve  pourtant  la  désignation  d'un 
Touglaire  entier  de  268  liv.  Par  veuglaire  entier  on  ne  peut  com- 
prendre qu'une  pièce  à  chambre  fixe,  c'est  à  dire  se  chargeant  par 
la  bouche.  Si  ces  poids  se  rapportent  à  des  pièces  d'un  calibre  assez 
grand,  ce  qui  est  très  probable,  l'épaissseur  de  métal  devait  être  bien 
faible  encore. 

^§  —  De  1446  nous  possédons  un  document  intitulé  c  Gy 
«  quontient  par  eskript,  l'artillerie  que  est  sur  chaque  tor  en  la  ville 
€  de  Fribor  ad  30  Mai  1446  >.  Malheureusement,  le  contenu  de  ce 
document  ne  répond  pas  à  son  titre  alléchant.  Il  ne  s'agit,  en  réa- 
lité, que  de  nouvelles  livraisons  de  matériel  faites  aux  gardes  de 
chaque  tour  à  la  veille  d'une  guerre.  En  même  temps  que  des  ar- 
balètes on  délivre  d'autres  armes  de  mains,  telles  que  canons  (kanung) 
coulevrines  (coluvriues)  à  raison  de  3  à  4  par  poste  avec  les  muni- 
tions :  poudre  et  projectiles  (kiotzen)  de  plomb  ou  de  fer  à  raison 
de  60  à  100  coups  par  arme  de  chaque  espèce. 

§  —  Nous  ferons  suivre  ici  toutes  les  notes  que  nous  avons 
sur  l'augmentation  ou  le  renouvellement  de  l'artillerie  de  1431  à 
1465,  soit  dans  l'espace  de  temps  qui  sépare  les  deux  premiers  in- 
ventaires venus  jusqu'à  nous. 

Acquisitions  de  1431  à  1465. 

1431*  60  handbîichsen,  de  Nuremberg. 

1443'  64  handbîichsen,  de  Nuremberg. 

6  handbiichsen  à  chambres,  de  Nuremberg. 

1450«  37  Colovrines. 

1445'  27  hakenbiichsen,  de  Pierre  Follare,  fondeur  de  bronze. 

17  hakenbiichsen,  du  même. 

1450'  12  hakenbiichsen. 

1453'  13  hakenbiichsen,  de  Pierre  Follare,  fondeur. 

1454'     2  hakenbiichsen  en  bronze. 

1445'     3  tarrasbiichsen,  de  Pierre  Follare,  fondeur. 

1454'     1  tarrasbiichsen  de  bronze. 

1445*     1  wigler  (veuglaire)  à  2  chasses,  de  Pierre  Follare,  fondeur. 

2  wîgler  entiers,  de  Pierre  Follare,  fondeur. 

1  gros  wigler,  >  >  > 

1454'     2  vuglaires  à  2  chambres,  de  bronze. 
1448'    1  longue  boite  de  1900  liv.,  bronze,  du  maître  artilleur  Cl 


ï 


—     108    — 

§  —  Le  renoayellement  de  rtrtillerie  fat  entrepris  à  Friboorg 
en  1442.  Dans  les  préparatifs  de  guerre  faits  en  1443  il  entra  Tessai 
des  bottes  qui  étaient  sur  les  tours.  Ces  boites  devaient  être  un 
matériel  bien  primitif.  La  fonte  de  nouvelles  pièces  commença  im- 
médiatement. Le  métal  qui  manquait  (étain  et  cuivre  battu)  vint 
de  Genève. 

§  —  En  1443*  le  conseil  de  Fribourg  appela  un  charpentier 
d'Ulm,  maître  Hans  Reinbold,  pour  la  construction  de  sièges  de 
bcUes.  Ainsi,  la  question  de  Tamélioration  de  l'affiit,  question  diffi- 
cile à  résoudre,  est  à  Tordre  du  jour  à  Fribourg  en  1442.  On  sait 
à  combien  d'efforts,  de  tâtonnements,  les  techniciens  de  tous  les 
pays  durent  se  livrer,  combien  de  temps  il  fallut  pour  parvenir  à 
un  système  d'affût  remplissant  à  la  fois  toutes  les  conditions  néces- 
saires qui  sont  :  le  moyen  de  varier  à  volonté  la  direction  de  la 
bouche  i  feu,  la  solidité  pour  résister  à  Teffet  destructeur  du  recul 
et  la  disposition  d'une  voiture  pour  porter  la  pièce  dans  les  marches. 
Rien  ne  nous  renseigne  sur  les  améliorations  apportées  aux  affûts 
par  le  maître  dTlm  M.  Nous  savons  seulement  qu*en  1445^  de  nom- 
breuses journées  d'ouvriers  furent  faites  sous  sa  direction,  pour 
assetar  boetes  et  faire  des  roues  pour  les  boetes.  Les  inventaires 
de  1465  et  de  1474  ne  donnent  aucun  renseignement  sur  les  affûts. 
A  cette  époque  les  tourillons  de  pointage  n'étaient  pas  encore 
inventés.  La  pièce  de  campagne,  la  tarras  elle-même,  était  fixe  sur 
son  affût  à  2  roues  et.  pour  la  pointer,  il  fallait  enfoncer  plus  ou 
moins  la  flèche  de  cet  affût  dans  la  terre  ou  creuser  la  terre  sous 
les  roues.  Quant  aux  grosses  pièces,  montées  sur  des  chevalets  ou 
simplement  enchâssées  dans  de  gros  blocs,  il  fallait  des  machines 
ou  des  échafaudages  pour  les  diriger  vers  le  but. 

§  —  Une  certaine  activité,  ayant  pour  objet  l'artillerie,  ré- 
gnait à  Fribourg  au  milieu  du  XV*  siècle.  En  1445^  les  maîtres 
artilleurs  de  Berne  venaient  visiter  Tartillerie  fribourgeoise.  En 
1447^  on  défrayait  le  maître  artilleur  d'UIm  qui  était  venu  la  voir. 
Cet  art  n'avait  pas  seulement  des  fervents  dans  le  monde  militaire. 
Nous  voyons  que  le  recteur  des  écoles  de  Fribourg,  Jean  de  Piri, 
rapportait  d^\llemagne  en  1445'  des  modèles  de  canons,  de  chariots 
et  d*autres  machines.  Jean  de  Piri  est  désigné  plus  tard  comme 


')  Haos  Reiubold  fut  chargé  aassi  de  la  construction  de  boulevards 
(bollwerk)  en  bois  en  avant  de  certaines  portes  et  tours  de  la  ville  de  Fribourg- 


—     109     — 


I 


cominissaire  de  l'artillerie  de  la  ville  de  Fribourg.  Il  dirige  la  fonte 
des  pièces  qui  furent  créées  en  assez  grand  nombre  à  cette  époque. 
§  —  Mais  l'effet  de  l'artillerie  était  encore  bien  incertain, 
Voici  comment  la  chronique  anonynne  de  la  guerre  contre  Berne 
parle  de  l'emploi  de  l'artillerie  par  les  deux  partis.  «  Les  Fribour- 
t  geois  conduisent  avec  eux,  dans  leurs  sorties,  des  bouches  à  feu. 
4  Maître  Nicolas  tira  et.  ...  il  ne  fut  fait  aucun  mal.  Ce  leur  côté, 
f  les  Bernois  essayent  de  bombarder  la  ville  depuis  Perolles,  mais 
«  c'est  encore  sans  effet.  Ils  conduisaient  leurs  pièces  sur  des  chars.  > 
Dans  son  passage  à  Fribourg,  en  1462^,  le  prince  Philippe  Monsieur, 
de  la  maison  de  Savoie,  se  fit  montrer  l'artillerie  fribourgeoise. 
Inventaire  de  rartilterte  de  la  ville  de  Fribourg  fait  le  25  juillet  1465. 

Sur  Ips  Kmrs.      A  la  loge.       Tutam. 

Bottes  à  2  cbasees 22  —  22 

Botte  de  Nuremberg 1  '  —  1 

Bottes  anciennes,  de  fer 4  2  6 

Grosses  boîtes  gisant —  2  2 

Perce  mur  (die  schirmbrecherin)    .     .  —  l  1 

Tarrasbiichsen 16  7  23 

Veuglaires  sur  chevalet —  13  13 

Orguines  à  6  hakenbiicbsen  ....  —  3  3 

Hakenbiichsen  sur  chevalets  ....  6  —  6 

Hakenbiichsen 9  20  •)  29 

Gros  canons  à  mains 2  —  2 

Canons  à  mains  ordinaires      ....  —  124  ')  124 

Chars  à  plusieurs  p' conduire  l'artillerie  —  2  2 

Chars  de  pierres  pour  boites      ...  —  11  11 


P 


1466-1  503 

§  —  Les  inventaires  de  1465  et  de  1474  sont  presque  iden- 
tiques. Les  comptes,  du  reste,  ne  mentionnent  aucune  augmentation 
importante  ou  refonte  de  pièces  dans  ce  laps  de  temps.  Pour  l'inven- 
taire de  1474  on  a  suivi,  page  par  page,  la  rédaction  de  l'inventaire 
de  1465.  Ainsi,  dans  l'un  comme  dans  l'autre,  on  ne  donne  les 
marques  des  pièces  que  pour  les  premières  que  l'on  rencontre.  On 
omet  de  les  donner  plus  loin  et  pourtant  chaque  pièce  devait 


D  de  la  Justice  (derriâre  St- 


')  Ces  armes  sont  dépogéea  dans  la  te 
Nicolas,  emplacement  actuel  de  La  po«te). 


-     110    — 

porter  au  moins  une  marqu  qui  se  retrouvait  sur  les  boulets  loi 
appartenant  ou  sur  ses  chambres,  si  la  pièce  était  une  boite  à 
chambre.  Les  boites,  dont  les  marques  sont  dessinées  dans  les 
inventaires  de  14G5  et  de  1474,  se  retrouvent  dans  Tinventaire  de 
IfiOH.  Ce  sont  les  boites  à  deux  chambres,  fig.  7,  9  et  23,  et  les 
tarrasbiichsen,  fig.  29,  30  ou  22,  3  ou  25.  Ce  rapprochement  nous 
confirme  dans  notre  opinion  qu*en  1503,  l'artillerie  de  Fribourg 
était  entièrement  composée  de  pièces  de  construction  antérieure  à 
1405  et  de  pièces  conquises  dans  les  guerres  de  Bourgogne. , 

Bien  que  l'inventaire  de  1503  donne  le  signalement  et  les  mar- 
ques de  toutes  les  pièces,  on  ne  peut  cependant  classer  celles-ci 
suivant  leur  calibre  ou  l'époque  de  leur  construction.  Tout  au  plus 
pouvons-nous  grouper  en  une  série  les  boites  à  deux  chambres 
ayant,  pour  signe  commun,  Técu  fribourgeois  entre  deux  lions. 

Inventaire  de  rartillerie  de  la  ville  de  Fribourg,  fait  le  27  janvier  1474 

(ApnV  fi^to  nativité  St-Jean-Baptiste) 

Sur  les  mun     A  la  loge         Totaux 

Bottes  A  doux  chasses 20  —  20 

BottodoNuromborg  (entière,  marque  VI)  1  —  1 

Bott08  ancionnos  de  fer 3  2  5 

lîrossos  bottes  gisant —  2  2 

Briso  tours  (die  thurmbrecherin)  .    .  —  1  1 

TarrasbUohîîon 15  5  20 

Youglairos  î\  doux  chasses    ....  2  —  2' 

Youglairos 1  14  15. 

Orguinos,  chacune  A  t»  hakenbuchsen .  —  3  3 

Hakonbuchson  sur  chevalet .    ,    .    .  5  —  5 

Uakonbuchsou 19  30  49 

i'anons  :\  mains —  162  *)  162 

Ohars  A  plusieurs  pour  mener  artil- 
lerie       —  2  2 

Kevjïi^l  jrarnis —  5  *)  5 

Kexgel  dejïavnis.  de  fer —  52*)  52 

§  Seul.  r:iivcn:A:ro  de  1474  fait  mention  de  Kejfgd.  Il  y 
a«  A  la  îogx^  des  l\^*::es.  >  K}»:^  ca:s:>  e:  32  Keggel  tant  c  senlement 
en  fev  et  ne  s*^;::  va.*  çar;v,>  >   l\  parait  qu'on  ne  trouTe  pas  de 

■  ■      fc     ■  •         » 


;} 


—    111    — 

mot  romand  pour  designer  cet  engin.  Ce  nom  de  Eeigel  est-il  une 
corruption  du  mot  allemand  «  kugel  j>  qui  fut  adopté  plus  tard 
pour  désigner  le  boulet  de  fer  du  canon,  ou  bien  indique-t-il  la 
forme  de  l'engin,  forme  qui  se  rapprocherait  de  celle  d'une  quille 
de  jeu  (allemand  Eegel)  ?  En  1474,  ce  nom  devait  désigner  un 
projectile  explosif  ou  à  feu  :  bombe,  pétard,  grenade  ou  pot  à  feu. 
Ainsi,  nous  lisons  qu'il  faut  «  garnir,  emplir,  appareiller,  emmancher 
les  keygel  »  (1476).  Pour  les  garnir,  on  employé  divers  ingrédients, 
de  l'huile  de  noix,  par  exemple  (1476).  Leur  préparation  présente 
de  graves  dangers,  puisqu'on  1476  le  maître  artilleur  Ulrich  perdit 
une  main  c  en  faisant  des  keigel  au  service  de  la  ville  >  et  que  l'on 
payait  une  assez  forte  récompense  à  Hans  von  Berris,  «  le  forney, 
€  de  la  garnison  de  Morat,  pour  ses  peines  de  plantar  certains 
«  Keygel.  > 

Mais  il  semble  que  le  même  mot,  ou  un  autre  qui  s'en  rap- 
proche fort,  servait  à  désigner  les  engins  que  nous  appelons  chausse- 
trapes  (en  allemand,  fussisen).  Ainsi,  ce  ne  peut  être  que  des 
chausse-trapes  qu'en  1473'  l'on  fabrique  par  centaines,  par  mil- 
liers, sous  le  nom  de  Keygel. 

Bref,  il  y  a  des  keygel  que  l'on  plante,  d'autres  que  l'on  jette, 
d'autres  enfin  que  l'on  accroche  (1467).  En  1476^,  on  paye  à  Hans 
Botte  le  favre,  pour  225  keygel  qu'il  a  fait  de  son  fer  pour  la  ville, 
la  pièce  à  6  s.,  52  liv.  10  s.  Un  engin,  forgé  en  fer,  qui  coûte  6  fr. 
de  notre  monnaie,  ne  peut  pas  être  une  simple  chausse-trape.  Les 
pétards,  les  pots  à  feu  et  les  grenades,  que  les  historiens  nous 
disent  avoir  été  inventés  au  XVP  siècle  seulement,  auraient-ils  été 
en  usage  chez  nous  en  1471  déjà  ? 

Acquisitions  de  1465  à  1503 

1471*    16  couleuvrines  (de  5  liv.). 

1474*     17  hakenbuchsen  (de  26  liv.). 

1474'    1  veuglaire  à  2  chasses  (de  194  liv.). 

26  hakenbiichsen  (de  30  liv.). 

1476*     1  hakenbuchsen  de  fer  pour  6  s.  8  d. 

3  hakenbiichsen  \  «  i.     ,^ 

1  Tarrasbttchsen  )     PO»r  8  hv.  10  s. 

1  mortey  de  mitaul  (laiton)  de  la  confrérie  de  c  les- 
trillie  >,  poids  267  liv.,  prix  150  liv.  5  s. 


—     112     — 

1  yeuglaire  à  chasses      1 

3  hakenbûcbsen  >    poor  9  li?. 

1  boite  J 

54  canons,  do  Hans  Muller  à  Nuremberg,  à  1  liv.  pièce. 

4  canons  de  Hensly  FoUare,  fondeur  à  Fribourg,  i  2 

li?.  pièce. 
200  canons  de  Hans  Studer  de  Nuremberg  (pour  H. 
Mnller),  poids  5  7'  liv.,  prix  1  Hy.  à  1  Vi  Ùv.  pièce. 

2  boites  serpentines  de  c  cellour  de  Glaris  >  pour  88 

liv. 
1  canon  pour  34  s.,  de  Peter  Hayoz. 

§  —  L'armée  de  Charles- le-Téméraire,  mise  en  déroute  par 
les  Confédérés  le  3  mars  1476,  à  Grandson,  laissa  sur  le  champ  de 
bataille,  suivant  la  chronique  de  Schilling,  420  boites  (b&chsen), 
non  compris  les  armes  à  main  (kleinbiichs).  Dans  ce  nombre,  il  y 
avait  beaucoup  de  grosses  boites  (houptbiichsen)  ;  le  reste,  en 
majeure  partie,  consistait  en  couleuvrines  (slangen)  et  bombardes 
(steinbiichsen).  Ces  pièces  furent  traînées  jusqu'à  Nidau,  où  se  fit 
leur  partage  entre  les  alliés.  Fribourg  en  eut  sa  part,  nous  ne 
pouvons  dire  ce  qu'elle  fut  :  c  1476^  au  sautier  Jean  Giron  envoyé 
€  à  Nidau  pour  amener  les  boites  échues  à  Fribourg  dans  le  par- 
€  tage,  etc.  >  «  Pour  leur  voiture  6  liv.  3  s.  1  d.  »  (soit  environ 
125  fr.  de  notre  monnaie,  pour  une  distance  de  plus  de  12  lieoes 
sans  l'aller). 

«  1476^  pour  30  pierres  de  boite  faites  pour  le  curton  de 
€  Grandson  >  (probablement  pour  le  curton  provenant  du  buUn 
de  Grandson). 

§  —  Suivant  une  lettre  de  l'ambassadeur  milanais  Panigarola, 
témoin  oculaire  de  la  seconde  défaite  de  Charles-le-Téméraire, 
survenue  le  22  juin  1476  à  Morat,  celui-ci  avait  déjà  rassemblé, 
avant  le  17  avril  de  cette  année,  64  pièces  d'artillerie,  soit  4 
grosses  bombardes,  6  courteaux  et  54  serpentines,  couleuvrines, 
etc.,  et  il  comptait  en  recevoir  encore.  Un  autre  témoin,  Molbinger, 
indique,  comme  trophée  de  la  victoire  de  Morat,  70  pièces  dont  4 
grosses,  et  la  chronique  de  Lorraine  63  pièces  en  tout  Ces  relations 
concordent  assez  bien  entre  elles.  Les  Fribourgeois  eurent  aussi 
leur  part  de  ces  trophées.  On  lit  dans  les  comptes  de  l'i^nnée  1476  : 
«  It  à  Hans  Yischer  et  ses  compagnons  charrotons  de  l'hôpital 


113     — 


<  pour  charreyer  les  bottes  de  Romont  ')  à  Berne  et  pour  ramener 
«  notre  part  des  boites  gagniez  devant  Morat  qui  furent  parties  à 

<  Berne  par  les  alliez  IIIl  IJv.  >   (soit  80  fr.  de  notre  monnaie 
pour  un  transport  de  10  lieuea  environ). 

§  —  En  plus  des  pièces  conquises  à  Morat  et  à  Grandson, 
les  arsenaux  de  Berne  et  de  Fribourg  ont  dû  s'enrichir  d'une  partie 
de  l'artillerie  des  places  du  pays  de  Vaud. 

De  toute  cette  artillerie  conquise,  rien  n'a  été  conservé  à 
Fribourg  jusqu'à  nous.  Les  souvenirs  glorieux  qui  s'y  rattachaient 
n'ont  pu  préserver  les  pièces  en  bronze  de  la  refonte,  et  les  autres 
étaient  de  si  peu  de  valeur!  Nous  voulons  croire,  pourtant,  que  ces 
trophées  ont  été  conservés  tous  jusqu'en  1503,  et  que  l'inventaire 
détaillé  de  l'artillerie  de  Fribourg  à  cette  date  (nous  ne  connais- 
BODS  pas  d'autre  document  de  ce  genre  entre  celui-ci  et  celui  de 
1474)  les  comprend  tous. 

g  —  Dans  cet  inventaire  de  1503,  4  pièces  sont  désignées 
expressément  comme  pièces  conquises,  17  autres  peuvent  être 
considérées  à  coup  siir  comme  telles,  en  raison  de  la  qualiâcation 
de  *  bourguignonnes  >  qui  les  signale  dans  cet  inventaire. 

II  existait  donc  à  cette  époque  : 

1  boite  à  chambre  conquise  à  Champvent  (Estavayer  et  Champ- 
vent  furent  pris  en  octobre  1475  par  les  Bernois  et  les  Fribour- 
geois).  Elle  porte  la  marque  du  seigneur  de  Vergy  (fig.  1,  PI,  I). 

1  petite  bombarde  (bôllerli)  conquise  à  Romont  (probablement 
à  la  première  prise  de  Romont  par  les  Bernois  et  les  Fribourgeois 
en  octobre  1475,  avant  le  20).  Elle  est  sur  petites  roues  (auf 
redlinen)  et  porte  la  marque  (fig.  2). 

1  petite  pièce  de  campagne  (strittbiichse)  conquise  à  Estavayer. 
Elle  a  des  oreilles  (?)  (omien)  et  est  marquée  comme  suit  (fig.  3). 

1  TarrishUchse,  sur  2  roues  (uff  ein  Reding)  conquise  à  Vil- 
iarzel.  Elle  porte  la  marque  des  Challant  et  derrière,  vers  la  culasse 
(by  der  ladung),  le  signe  (fig.  4). 

Soit  quatre  pièces  provenant  des  places  du  pays  de  Vaud  et 
bien  désignées  comme  telles  dans  l'inventaire  de  1503. 

§  —  II  est  pourtant  certain  que  d'autres  pièces  encore  furent 
amenées  du  pays  de  Vaud  â  Fribourg  à  la  même  époque. 


')  Probablement,  les  baltes  que  Jat^ques  de  Savoie  avait  réussi  à  em- 
mener jusque-là  avoc  lui  de  Morat,  dans  sa  retraite  heureuse  par  Romont- 


—     114     — 

Ainsi  le  château  d'Illens  ^)  livra  : 

4  couleuvrines  en  fer  et  2  en  bronze  ; 

2  anciennes  boites  courtes  en  fer  ; 

3  hakenbùchsen  et  11  handbûchsen. 

En  1475'  on  paya  <  pour  enchâsser  des  bottes,  entre  autres 
€  celles  qu'on  a  amenées  d'IUens.  > 

Romont  parait  avoir  fourni  aux  Fribourgeois,  une  autre  pièce 
que  la  petite  bombarde.  On  lit  dans  les  comptes  :  c  1476.  It  à 
€  Willi  von  Buch  pour  despens  faits  par  XIIII  compagnons  qui 
€  allarent  qudrir  la  grossa  boite  de  fer  à  Romont.  >  (Ou  bien  s'agit-il 
d'une  grosso  boite  amenée  de  Fribourg  pour  le  siège  de  Romont  ?) 

La  même  année  on  paya  aussi  des  frais  c  por  tirailler  et 
€  percier  dues  boistes  gagnies  à  Yverdon  >  Il  s'agit  probablement 
de  pièces  enclouées  ou  obstruées. 

§  —  Nous  remarquons,  de  plus,  que  le  nombre  des  anciennes 
pièces  do  fer  s'est  accru  d'une  manière  extraordinaire  de  1474  à 
1503.  De  5  à  6  qu'il  était  avant  la  guerre  de  Bourgogne^  il  se 
trouve  porté  à  25  dans  l'inventaire  de  1503.  Cette  augmentation, 
qui  no  consiste,  du  reste,  qu'en  vieilles  pièces  sans  marque  aucune, 
au  nombre  do  19  ou  20,  ne  peut  être  que  partie  dédaignée  du 
butin  des  guerres  do  Bourgogne. 

On  distinguait,  en  1503,  les  pièces  en  fer  suivantes  : 

1  grosso  botte  avec  1  anneau  (celle  de  Romont  ?). 

5  bottes  courtes  (dont  2  dlllens  ?) 

10  bottes  dont  8  dites  aussi  petites  bombardes  (bollerlin)  *). 
5  bottes  à  chambre  dont  2  longues. 

2  coulouvrinos  à  chambre,  dont  1  longue,  ayant 

pordu  chacune  leur  chambre. 
2  coulouvrinos  (1  longue  et  l  petite). 
Kn  tout  25  pièces  en  fer.  dont  10  sur  les  tours  et  15  à  la 
h>go  dos  bottes. 

§  -  i>n  s\Monno.  et  à  bon  droit,  à  la  vue  des  pièces  d'artil- 
lorio  quo  U\h  musoos  do  Morat,  de  NeuvevîIIe  et  de  Paris  (musée 
d^artlllorio.  pièces  provenant  du  château  de  Ste-Urs&nne  en  Suisse) 

'^  UI.Miv  lut  jMis  jxa:  io-i.  Kr.îv'urctvîs  oï  lei^  Bernois  le  2  janvier  1475. 
ViMr  .VïvluNos  .10  \:\  S.\  ;o:o  ,;  !;;>!,  :ri^  .i^^  K::\>urc.  Tome  V,  p.  322. 

•M  ,Mu*M  ailonMv.,'.  V  l\  .U^r  v  s^-  îrA.uiii  ar.;t^uri"hui  en  français  par 
to  \yw\  y\  n^v.|-.oi^\  îra»>  jvuxrrv  r^nts  5vrl:«.uoî  la iêuomination  de  «  mor- 

•  •    •  • 


les  4 
d'Ulens  ? 


—     116     — 

montrent  comme  ayant  été  prises  à  Charles-le-Témëraire.  Il  est 
hors  de  doute  que  ces  pièces  sont  de  dates  plus  anciennes  que 
celles  de  son  règne  (1467-1477).  Quelques-unes  d'entre  celles  en 
fer  doivent  provenir  des  places  ou  des  châteaux  enlevés  à  ce  prince 
on  à  la  Savoie  son  alliée.  Si,  comme  le  rapportent  les  chroniqueurs, 
le  duc  avait  à  la  bataille  de  Grandson  un  si  grand  nombre  de  pièces 
d'artillerie  (plus  de  400),  c'était,  à  n'en  pas  douter,  parce  qu'il 
avait  amené  avec  lui,  en  outre  de  sa  bonne  artillerie,  toutes  les 
bouches  à  feu  anciennes  susceptibles  de  mobilité,  pour  en  armer 
les  châteaux  dont  il  escomptait  d'avance  la  conquête.  Bref,  ce  que 
l'on  nous  montre  à  Morat,  comme  artillerie  de  ce  puissant  prince, 
semble  si  peu  redoutable  qu'on  serait  tenté  d'y  voir  l'artillerie  à 
son  origine. 

§  —  A  notre  connaissance,  il  n'existe  plus  qu'une  seule  pièce 
fondue  sous  le  règne  de  Charles-lo-Téméraire  et  lui  ayant  appar- 
tenu. Elle  se  trouve  au  musée  de  Bâle,  mais  les  auteurs  si  bien 
renseignés  en  général  de  c  l'histoire  des  progrès  do  l'artillerie  > 
en  ont  ignoré  complètement  l'existence.  S'ils  l'avaient  connue,  ils 
auraient  pu  reporter  en  entier  à  1474,  sous  Charles-Ie-Téméraire, 
certains  progrès  attribués  d'abord  à  Charles  VIII  (1495),  mais 
que  l'apparition  d'une  pièce  venue  de  l'île  de  Rhodes  leur  avait 
permis  de  faire  remonter,  partiellement  du  moins,  jusqu'à  Louis  XI, 
en  1478. 

Bien  que  cette  pièce  n'appartienne  pas  à  Fribourg,  nous  lui 
donnerons  ici  une  bonne  place,  parce  qu'elle  fait  bien  comprendre 
le  signalement  des  pièces  du  même  genre  et  de  la  même  prove- 
nance qui  existaient  encore  à  Fribourg,  au  commencement  du 
XVI»  siècle. 

La  pièce  de  Bâle  (PI.  IV)  est  un  canon  tenant  encore  de  la 
bombarde  par  certains  caractères.  En  bronze,  elle  porte,  vers  la 
bouche,  l'inscription  c  Jehann  de  Malines  ma  fayt  lan  1474.  > 
Immédiatement  après  cette  inscription,  on  voit,  sur  la  volée,  un 
écusson  aux  armes  de  Charles-le-Téméraire  accompagné,  à  gauche, 
de  l'insigne  de  la  Toison  d'or,  le  briquet  et  le  fusil  et,  à  droite,  des 
deux  c  0  liés. 

Calibre  de  l'arme  0°»,220,  longueur  1°»,630  ; 

Calibre  de  la  chambre  0°',125,  longueur  0"530  ; 

Longueur  totale  2°',520. 

Cette  pièce  devait  tirer  un  boulet  de  pierre  de  200°^°^  environ 


—     116     — 

de  diamètre,  soit  da  poids  de  20  liv.  environ,  avec  ane  charge  de 
poudre  de  4  V«  Hv.  an  plus  (Is  charge  occupant  les  Vs  àe  la  capa- 
cité de  la  chambre).  . 

Poids  de  la  pièce  (calculé)  environ  2000  liv. 

Les  proportions  intérieures  de  cette  pièce  sont  celles  que  Ton 
donnait,  en  général,  aux  bombardes  en  1427  et  qui  étaient  encore 
en  usage  pour  les  canons  pierriers  en  1609.  Mais  ce  que  cette 
pièce  montre  de  plus  remarquable,  c'est  qu'en  1474,  on  donnait 
déjà  aux  canons,  dos  tourillons  servant  non  seulement  de  support, 
mais  aussi  au  pointage,  puisque  le  bouton  de  culasse  en  forme  de 
tète  de  dragon  à  la  gueule  grande  ouverte,  de  cette  pièce  de  1474, 
est  percé  pour  recevoir  le  bout  d'un  levier  de  pointage. 

§  —  Lorsqu'on  a  connaissance  exacte  de  cette  belle  pièce, 
on  peut  restituer  par  la  pensée  les  pièces  bourguignonnes  disparues, 
mais  dont  l'inventaire  de  1503  donne  assez  bien  le  signalement. 

Il  y  avait  d'abord  : 

1  gros  canon  {Karthon)  bourguignon.  Il  a,  à  l'arrière,  une 
tète  de  dragon  avec  un  anneau.  En  avant,  il  est  tors  (ûss  getrâyet). 
Il  est  monté  sur  un  afiût  à  2  roues  (Reding). 

1  grosse  couleuvrine  bourguignonne.  Elle  est  à  pans  sur  toute 
sa  longueur  et  porte  à  l'arrière,  le  signe  a  1476. 

1  grosse  couleuvrine  bourguignonne,  La  partie  antérieure  est 
cylindrique  et  a  un  bourrelet  à  5  listels  (ein  Bortt  mit  funff 
Reyffen),  la  partie  postérieure,  à  pans,  porte  un  écusson  bourgui- 
gnon avec  un  briquet  (ce  fiirschlag  »  fusil). 

5  demi  couleuvrines  bourguignonnes  ayant  V arrière  à  huit  pans 
et  V avant  cylindrique,  dont  : 

1  petite  avec  un  cordon  (grat),  marquée  à  l'arrière  (fig.  6). 

1  avec  signe  à  la  culasse  et  signe  à  la  bouche  (fig.  6). 

1  avec  un  cordon,  une  marque  près  de  la  lumière  et  une  autre 
à  la  lumière  (fig.  7). 

1  petite  (slangli)  marquée  suivant  fig.  8. 

1  petite  (slangli)  ayant,  sur  la  volée,  un  serpent  et  en  arrière, 
un  écusson  (fig.  9). 

5  demi  couleuvrines,  à  8  pans  sur  toute  leur  longueur,  dont  : 

1  ayant  en  avant,  une  figure  —  à  la  bouche,  un  signe  (fig.  10). 

1  portant  à  la  lumière,  la  marque  fig.  11,  poids  452  liv. 

1  ayant  vers  le  milieu,  2  anneaux  venus  de  fonte  (angegossen), 
—  derrière,  deux  écussons  avec  inscription  et  à  la  lumière,  une 
marque  fig.  12. 


—     117     — 

1  portant  à  la  bouche,  la  marque  fig.  13. 

1  marquée  559  liv.  et  portant  en  avant,  le  signe  fig.  14. 

Inventaire  de  rartillerie  de  la  ville  de  Fribourg  fait  le  8  mai  1 503 

Sur  les  murs       A  la  loge        Totaux 

Bottes  à  2  chambres 25  5  30 

Boite  de  Nuremberg,  marque  VI  .    .  1  —  1 

Bottes  (Steinbiichsen) 4  10  14 

Bottes  à  chambre,  en  fer 2  5  7 

Boites  (Steinbiichsen),  en  fer    .    .    .  7  1  8 

Bottes  (ou  bollerli)          >         .    .     .  —  8  8 

Couleuvrines                  >         .    .    .  1  1  2 

Petite  carthaune  (Karthon),  vieille     .  —  1  1 

Bombarde  (bollerli)  sur  roues  ...  —  1  1 

Perce  mur  (Schirmbrecher) ....  —  1  1 

Tarrisbtichsen 11  2  13 

Bottes  de  bataille  (Strittbiichsen)  .    .  1  4  5 

Bottes  à  verrou  (Biggelbiichsen)    .    .  2  2  4 

Couleuvrine  neuve 1  —  1 

Pièces  conquises 1  3  4 

Pièces  dites  bourguignonnes.    ...  —  13  13 

Orguines,  chacune  à  6  hakenbiichsen .  —  3  3 

Grosse  hakenbuchso —  1  1 

Hakenbiichsen  en  fer 2  —  3 

Hakenbiichsen 55  2  57 

§  —  Dans  les  premiers  temps,  les  pièces  de  campagne  s'em- 
ployaient derrière  des  retranchements  (tarras)  faits  à  la  hâte  sur 
le  champ  de  bataille.  De  là  le  nom  de  pièces  de  retranchement,  en 
allemand  c  Tarrasbûchsen  >  donné  aux  premières  pièces  de  campagne. 
Nous  voyons,  par  Tinventaire  de  1503,  qu'à  cette  époque  l'usage  de 
cette  dénomination  se  restreint  déjà.  Il  y  a  bien  moins  de  pièces 
appelées  c  Tarrasbiichsen  >,  mais,  à  côté  de  celles-ci,  il  y  a  des 
StrittbUchsen,  pièces  de  bataille,  et  des  Riegélbikhsen.  Personne  n'a 
pu  nous  dire  ce  qui  distinguait  les  Riegelbuchsen  des  autres  pièces. 
Le  mot  allemand  c  Riegel  >  signifie  verrou,  barre.  Dans  l'artillerie, 
il  désigne  encore  les  entretoises  des  affûts  en  bois.  Nous  sommes 
tentés  de  croire  qu'à  Fribourg,  au  XVP  siècle,  on  entendait  par 
Riegel buchsen,  des  pièces  mobiles  autour  de  tourillons,  dont  le 


—     118     — 

pointage  s'obtenait  au  moyen  de  cornes  ou  arcs  de  cercle  places 
de  chaque  côté  de  la  culasse  et  percés  d*une  série  de  trous  dans 
lesquels  on  passait  une  tige  de  fer  fixant  l'inclinaison  de  la  pièce. 
Cette  tige  était  la  barre,  le  verrou  Riegel)  ou  bien  le  mouvement 
de  tout  le  système  était  celui  d'un  verrou  (Riegel). 

§  —  Le  nom  de  c  veuglaire  >,  qui  se  lit  encore  dans  l'inven- 
taire de  1474,  n'est  plus  en  usage  à  la  fin  du  XV*  siècle.  Les  pièces 
en  bronze,  s'allongcant  de  plus  en  plus,  étaient  devenues  semblables 
aux  armes  à  feu  portatives.  Cet  aspect  les  fit  appeler  du  même 
nom  couleuvrines,  Slangen.  Les  pièces  que  l'on  nommait  autrefois 
<  veuglaires  >  furent,  à  Fribourg,  classées  dans  les  c  bottes  à  2 
chasses  »,  ou  même  dans  les  <  couleuvrines  >,  suivant  leur  cons- 
truction ou  leurs  proportions.  On  distinguait,  déjà  avant  1500, 
trois  espèces  de  couleuvrines  :  les  grosses  couleuvrines  (Noth- 
scIdangenX  les  couleuvrines  et  les  denii  couleuvrines  {Halbschlangen). 
Ces  dénominations  étaient  devenues  propres  à  des  bouches  à  feu 
en  bronze  longues  et  se  chargeant  par  la  bouche.  Nous  trouvons 
les  poids  de  452,  559  liv.  pour  une  demi  couleuvrine  de  1476-1503. 

§  —  A  la  fin  du  XV®  siècle,  les  progrès  de  la  métallurgie  per- 
mirent de  couler  des  boulets  en  fonte  de  fer.  Il  ne  parait  pas  que 
l'artillerie  de  CharIcs-le-Téméraire  fit  usage  de  boulets  en  fer,  mais 
bien  celle  de  Louis  XI  après  1474.  La  première  mention  certaine 
de  l'usage  des  boulets  en  fonte  de  fer,  à  Fribourg,  se  trouve  à  l'année 
1499.  Pourtant,  nous  croyons  en  trouver  une  un  peu  plus  ancienne, 
1495^  mais  elle  est  vague.  Leur  bonne  fabrication  présentait 
encore  certaines  difficultés,  à  Fribourg.  Jean  Guidolaz  fut  envoyé, 
en  1500S  en  Bourgogne  pour  assister  à  des  fontes  de  boulets  et 
pour  en  rapporter  des  modèles.  Mais  partout,  les  boulets  en 
pierre  et  les  pierres  en  mitraille  furent  utilisés  longtemps  encore; 
comme  de  bons  projectiles  contre  les  hommes  et  les  chevaux. 

1504— 1583 

§  —  Depuis  1503,  nous  ne  trouvons  plus  d'inventaire  de  l'ar- 
tillerie fribourgeoise  jusqu'en  1560  (plan  de  défense  de  1560  con- 
firmé en  1572).  Dans  cet  intervalle  de  temps,  des  changements 
importants  durent  y  être  apportés  car  l'introduction  du  boulet  de 
fer  et  par  suite  Taugmentation  de  la  charge,  rendaient  inutilisables 
une  bonne  partie  des  pièces  figurant  dans  l'inventaire  de  1503. 


-      119     — 

Beaacoap  d*entre  ces  pièces  n'avaient  d'ailleurs  pas  de  tourillons, 
étaient  d'un  pointage  difficile.  On  songea  à  s'en  débarrasser.  Ainsi 
en  mars  1505,  on  décide  en  Conseil,  de  briser  les  2  grosses  boîtes 
et  d'en  affecter  le  métal  à  la  fonte  d'une  cloche  pour  St-Nicolas,  si 
toutefois  le  métal  convient.  Il  paraît  qu'on  revint  de  cette  décision. 
Le  6  mars  1506,  on  décide  de  foudre  un  certain  nombre  de  vieilles 
bottes  jusqu'à  concurrence  de  20  quintaux,  pour  faire  des  poids  de 
un  quintal  jusqu'à  10  liv.  En  1530^  on  jette  à  la  fonte  des  anciennes 
boites  à  chambre. 

§  —  On  présume  que  les  pièces  bourguignonnes  furent  conser- 
vées encore,  en  fort  petit  nombre,  sous  les  noms  de  couleuvrines 
(schlangen,  halbschlangen^  alte  Schiange)  et  de  faucons  (Falhun) 
et  en  plus  grand  nombre,  sous  celui  de  fauconneaux  (FàlkuneUin). 
Nous  voyons,  en  effet,  avant  qu'il  soit  question  de  la  fonte  de  nou- 
velles pièces  de  campagne,  les  Fribourgeois  emmener  dans  leurs 
expéditions,  des  pièces  ainsi  dénommées.  C'est  ainsi  que  en  1515^, 
le  contingent  de  400  hommes  à  envoyer  à  Côme,  devait  être  accom- 
pagné de  3  demi  couleuvrines  et  de  6  hakenbûchsen  ;  qu'en  1540^ 
pour  la  levée  du  siège  de  Rottweyl,  le  contingent  de  600  hommes 
devait  avoir  2  doubles  et  2  simples  faucons.  L'acquisition  de  nou- 
velles pièces  de  campagne,  faucons  ou  doubles  faucons  proprement 
dit,  n'eut  lieu  pourtant  qu'en  1543,  mais  n'anticipons  pas. 

§  —  Le  5  juillet  1526*  Messeigneurs  de  Fribourg  promet- 
tent au  maître  fondeur  Pierre  Fussli,  de  Zurich,  que  lorsqu'ils 
se  décideront  à  fondre  des  canons,  c'est  lui  qui  en  sera  chargé.  Le 
24  octobre  1527  Fussli  est  en  effet,  invité  à  venir  à  Fribourg  avant 
le  carnaval  prochain,  mettre  immédiatement  en  œuvre  de  nouvelles 
pièces.  C'est  probablement  à  cette  occasion,  que  le  gouvernement 
de  Fribourg  établit  une  fonderie  de  canons  à  la  Planche,  au  pied 
du  rocher  à  pic  de  Bourguillon.  Fn  1528*  on  faisait  les  moules  pour 
plusieurs  canons,  mais  dans  les  comptes,  le  nom  de  Fussli  ne  parait 
qu'au  sujet  d'une  unique  et  grosse  pièce  0* 

Fussli  fut  congédié  avec  des  cadeaux,  preuves  de  la  réussite 
de  son  œuvre.  On  lui  permit  d'emporter  le  reste  des  matériaux. 

§  —  Pour  tenir  la  campagne,  on  comptait  en  1542^  qu'il 
fallait  4  faucons,  4  demi  faucons  et  4  doubles  faucons.  C'est  pro- 

*)  Suivant  le  livre  de  famille  des  Fussli,  fondeurs  de  cloches  et  de 
canons,  les  frères  Hans  et  Peter  Fussli  auraient  livré  à  Fribourg,  de  1528  à 
1532,  24  pièces  et  6  douz.  d'hakenbûchsen  (?). 


—     120     — 

bablement  dans  ces  vues,  que  Ton  fit  faire  par  le  mattre  artilleur 
Bénédict,  d'abord  10  pièces  de  campagne,  puis  ensuite  2  faucons  pe- 
sant ceux-ci  402  liv.  en  moyenne.  Ces  12  pièces  doivent  être  les 
mêmes  qui  figurent  dans  l'inventaire  de  1560  sou3  la  dénomination 
de  (4)  doppelfalkun  et  de  (8)  falkunen.  Ces  derniers  devaient  être 
du  calibre  de  3  à  4  liv. 

§  —  Les  12  pièces  neuves  étaient  à  peine  montées  (1543^ — 
1544^)  qu'un  terrible  accident  venait  détruire  la  fonderie  de  canons. 
Le  17  juin  1544,  entre  7  et  8  h.  du  matin,  une  énorme  masse  de 
pierres  se  détachait  avec  un  fracas  épouvantable,  de  la  paroi  de 
rocher  qui  la  surplombait.  Il  y  eut  5  hommes  tués  et  3  maisons 
écrasées  dont  la  fonderie  qui  renfermait  en  ce  moment,  quelques 
pièces  de  grosse  artillerie. 

Acquisitions  de  1504  à  1572  (notices). 

1507*  1  boîte  du  fondeur  de  bottes  de  Berne. 
1528'  moules  pour  les  nouveaux  canons. 

Achat  de  120  quintaux  de  cuivre  et  de  16  d'étain,  puis  de 
plus  de  100  quintaux  de  cuivre  à  Augsbourg. 
1528*    1  grande  pièce  fondue  par  Peter  Fussli  de  Zurich. 
1543*  10  canons,  du  maître  artilleur  Bénédict. 
1544^    2  faucons,  805  liv.,  du  maître  artilleur. 

inventaire  de  Tartlllerle  de  la  ville  de  Fribourg  extrait  du  plan  de  défense 
du  6  novembre  1 560  revu  le  24  septembre  1 572. 

Sur  les  murs.  A  l'arseDsl  *),     Totaux 

Boites  à  chambres 2  —  2 

Boites  à  chambres  (grosses,  vieilles  s.  roues)  2  —  2 

Pièce  ancienne  sur  roues 1  -—  1 

Pièce  en  fer,  blanche  et  noire  ....  1  1  2 

Petites  pièces  en  fer 2  —  2 

Pièce  de  métal  (vieux  genre,  altfrankisch)  1  —  1 

Couleuvrine  ancienne —  1  1 

Pièces,  petites,  sur  roues 6  —  6 

Perce  murs —  2  2 

Perce  murs  ancien —  1  l 

Grandes  couleuvrines  (Nothschlangen)  .  —  2  2 

Couleuvrines —  2  2 


^)  Alors  sous  la  maison  du  conseil  (Rathaus). 


—     121     — 

Sor  les  murs.  A  l'arsenal  *).    Totaux 

Demi  cooleavrines —  2  2 

Doables  faucons  (Falkun) 4  ^)  4  8 

Faucons 8  «)  8  11 

Faaconnaux  (Falkunetlin) 1  28  29 

Doubles  hakenbûchsen 13  23  36 

>                >           non  montés    .    .  —  5  5 

Hakenbiichsen 30  —  30 

Handbûchsen —  6  6 

§  —  L'ambassade  française  au  congrès  de  Fribourg,  pour  le 

renouvellement  de  l'alliance  française,  fut  à  son  arrivée  à  Fribourg 

(11  août  1564)  régalée  d'une  mousquetade  merveilleuse.  Trois  cents 

Ihommes  cachés  dans  le  bois  de  Pérolles  (Pigcritz  under  Romont 

Strass)  annoncèrent  son  approche  par  des  décharges  précipitées. 

Puis,  36  pièces  de  gros  et  de  petit  calibre,  placées  sur  les  hauteurs 

voisines,  se  mirent  à  tirer  aussi  rapidement  que  possible.  Pendant 

la  durée  du  trajet  du  bois  jusqu'à  la  porte  de  Romont,  on  compta 

7  décharges,  ce  dont  tous  ces  messieurs  s'étonnèrent  fort.  Les  tours 

et  les  murs  étaient  aussi  garnis  de  pièces  c  qui  tirèrent  longtemps 

€  excellemment.  > 

§  —  La  chronique  dont  nous  extrayons  cette  relation,  donne 
de  plus,  des  renseignements  intéressants  sur  l'artillerie  de  1560. 
Elle  nous  dit  que  sur  les  36  pièces  sorties  à  cette  occasion,  il  y  avait 
2  grosses  couleuvrines  (Nothschlangen)  de  16  pieds  de  longueur  et 
4  couleuvrines.  Les  autres  pièces  (30)  étaient  des  doubles  faucons 
et  des  fauconneaux.  Plus  tard,  nous  verrons  que  ces  2  grosses  cou- 
leuvrines étaient  du  calibre  de  16  liv.  Elles  avaient  donc  environ 
82  calibres  de  longueur. 

Le  préjugé  en  faveur  des  pièces  longues  qui  s'était  implanté  à 
la  fin  du  XV*  siècle  existait  encore.  On  en  revenait  pourtant  '*)- 


*)  Alors  sous  la  maison  du  conseil  (Rathaus). 

')  Dont  2  à  Romont. 

')  Les  pièces  que  Soleure  commandait  en  1537  à  maître  P.  Fussly,  de 
Zaricb,  ne  devaient  pas  être  si  longues  :  a  2  pièces  (buchsen)  longueur  10 
«  pieds,  calibre  comme  les  grosses  couleuvrines  (nothscblangen),  2  pièces, 
<  longueur  et  calibre  comme  les  couleuvrines  bourguignonnes,  savoir  un 
«demi  pied  de  moins  que  les  premières.  »  Les  couleuvrines  bourguignonnes} 
celles  do  1476  sans  doute,  qui  servent  encore  de  modèle  en  1537  pour  le 
calibre  et  la  longueur,  avaient  donc  9  Vi  pieds  de  longueur.  Où  donc  This- 


—     122     — 

Aucun  de  nos  documents  du  XVI*  siècle  n'indique  le  ctlibre  des 
pièces.  Les  bouches  et  les  boulets  commandés  étaient  à  fondre 
d'après  le  modèle  que  l'on  donnait  Nous  en  sommes  donc  réduits 
à  des  conjectures  sur  le  système  d'artillerie  en  usage  à  Fribourg  à 
cette  époque.  On  remarque  que  Fribourg,  pour  le  développement 
de  son  artillerie^  s'inspirait  encore  des  idées  allemandes.  A  part  2 
à  4  pièces  de  siège  (perce  mur,  grosse  bottes)  les  pièces  qu'elle 
admettait  comme  pièces  de  campagne,  en  1560,  devaient  avoir  ap- 
proximativement les  poids  et  calibres  suivants: 
la  grande  couleuvrine  (Nothschiange)  calibre  16  liv.,  poids  environ 

5600  liv.,  longueur  16  pieds, 
la  couleuvrine  (Schlange)  calibre  8  à  9  liv.,  poids  environ  2500  à 

3000  liv. 
la  demi  couleuvrine  dite  aussi  double  faucon,  calibre  6  à  8  liv., 

poids  environ  2000  à  3000  liv. 
le  faucon  (Fakun)  calibre  3  V«  ^  5  liv.,  poids  600  à  1800  liv. 
le  fauconneau  (Fakunetlin)  tirant  %  jusqu'à  2  liv.  de  plomb,  poids 

270  jusqu'à  1000  liv. 

§  —  Nous  avons  cité  les  noms  des  premiers  maîtres  artilleurs 
de  Fribourg  et  relevé  leurs  engagements.  Pendant  les  guerres  de 
Bourgogne,  le  maître  des  boites  attitré  et  permanent  de  Fribourg 
était  Ulrich  Wanner,  mais  dans  ces  graves  circonstances,  on  lui  avait 
adjoint  plusieurs  autres  maîtres  artilleurs  engagés  pour  la  durée  de 
la  guerre.  Ceux-ci  venaient  de  l'Alsace,  d'UIm,  de  Nuremberg. 
Nous  relevons  les  noms  de  :  Hans  Luck,  maître  des  bottes.  — 
Ulrich  Schlosser.  —  Cristan  Zilnberger.  —  Gabriel  Ducher  ou 
Tuchel  qui,  devant  Morat,  fut  estropié  par  une  botte  qu'il  desservait 
(fut  burla,"  dépura,  perdit  les  mains).  Il  lui  fut  accordé  une  pré- 
bende à  l'hôpital  ;  Stephan  Kugler,  de  Hambourg,  son  adjoint.  — 
Andres  Grosch,  mattre  des  boistes  de  la  garnison  de  Morat.  — 
Claude  von  Bitsch  qui  servit  aussi  à  Morat.  —  Wilhelm  Widerstein, 
engagé  pour  une  année  0^'^'^  -1478).  Le  mattre  artilleur  en 
titre,  Ulrich  Wanner;ou  Wannenmacher,  fut  tué  en  1499  au  siège 
de  Thiengen.  En  1511'  on  trouve  un  mattre  artilleur  du  nom  de 
Gasser,  en  1531*  un  autre,  simple  fondeur  de  canons,  peut  être, 
du  nom  de  Henri  Imgriin.   Le  dernier  mattre  artilleur  paraît 


torien  fribourgeois  Bechtold  a-t-il  lu  que  les  pièces  de  cette  époque  avaient 
50  à  60  pieds  de  longueur  ? 


—     128     — 

ayoir  été  Bénédicht  Msennli  (1543S  1653).  Après  lai,  les  fonctions 
de  maître  artilleur  dégénèrent  en  celles  de  garde  arsenal  (Zeug- 
taart).  Tandis  qne  celles-ci  restent  pendant  tout  le  XVIP  siècle 
dans  la  famille  des  Mœnnli  ou  Mœndly,  les  hautes  fonctions  de  Zeug- 
meister,  maître  de  TaHiïleriej  fonctions  plus  militaires  et  administra- 
tives que  professionnelles,  passent  et  repassent  successivement  et 
rapidement  dans  toutes  les  bonnes  familles  de  la  ville. 

§  —  Au  XVI*  siècle,  Thaquebute  qui  occupait  précédemment 
un  rang  intermédiaire  entre  les  armes  portatives  et  l'artillerie  pro- 
prement dite,  se  présente  sons  deux  formes  bien  distinctes:  au  poids 
de  plus  de  40  Hv.  et  sur  chevalet,  elle  est  conservée  dans  l'artillerie 
et  restera  longtemps  en  faveur  sous  le  nom  de  douhle  haquébute 
(doppelhaken),  tandis  que  considérablement  allégée,  munie  d'une 
crosse  qui  permettait  de  l'appuyer  à  l'épaule  et  pour  faire  feu, 
d'une  batterie  qui  abattait  sur  l'amorce  le  bout  de  la  mèche,  elle 
remplacera  l'ancien  canon  à  main  sous  le  nom  A'arqudmse.  Mais 
pour  être  aussi  portative  et  aussi  facile  à  tirer  à  bras,  celle-ci  ne 
pouvait  lancer  que  de  petits  projectiles  avec  de  faibles  charges  et 
avait  ainsi  peu  d'effet. 

§  — -  A  la  bataille  de  Pavie  (1525)  les  Espagnols  obtinrent  de 
grands  résultats  avec  une  arme  à  feu  de  plus  fort  calibre  et  sup- 
portant une  plus  grande  charge  de  poudre.  Elle  tirait  des  balles  de 
8  Hv.  avec  force,  mais  il  fallait  pour  le  tir,  l'appuyer  sur  une  four- 
chette fichée  en  terre.  L'usage  s'établit  d'appeler  cette  grosse  ar- 
quebuse à  fourchette  t«n  mousquet  On  était  parvenu  à  fabriquer 
le  canon  en  fer  au  lieu  de  bronze,  dans  de  bonnes  conditions  et 
d'une  bonne  longueur. 

Sans  doute,  le  mousquet  dût  entrer  de  bonne  heure  dans  l'ar- 
mement personnel  de  bien  des  Fribourgeoîs,  mais  ce  n'est  qu'en 
1600,  que  nous  trouvons  les  premiers  comptes  d'achat  de  mousquets 
faits  par  le  Gouvernement  de  Fribourg,  qui  commença  alors  à 
amasser  des  armes  de  ce  genre  dans  ses  arsenaux. 

1583-1667 

§  —  Le  gouvernement  de  Fribourg  fait,  en  1583*,  une  grati- 
fication à  Hans  Hâpt,  maître  des  munitions  du  margrave  de  Bran- 
debourg, qui,  pendant  son  séjour  à  Fribourg,  a  enseigné  certaines 
méthodes  très  utiles  pour  le  service  de  Tartillerie.  On  avait  tiré 


—     124    — 

d'abord  60  coups  dans  ses  leçons.  Un  maréchal  de  Scbaffhonse  qui, 
soas  la  direction  de  maître  Hans  Hept,  tira  318  coups  en  se  servant 
de  la  nouvelle  méthode,  reçut  aussi  une  certaine  somme.  En  1584' 
nouveau  don  à  un  homme  de  Schaffhouse  (le  même  probablement 
qu'en  1583)  qui  a  présenté  le  tableau  d'une  forteresse  avec  la 
manière  de  se  servir  utilement  du  canon  pendant  la  nuit.  On  ne 
nous  dit  pas  en  quoi  consistaient  ces  perfectionnements.  Dans 
l'emploi  de  gargousses,  ou  peut-être  même  de  cartouches  com- 
plètes ?  A  cette  époque,  généralement,  on  introduisait  encore  la 
poudre  dans  le  canon  au  moyen  de  pelles  et  le  chargement  prenait 
ainsi  beaucoup  de  temps.  Dans  le  tir  de  nuit,  on  dut  faire  usage, 
sans  doute,  de  boulets  éclairants  ou  incendiaires,  invention  bien 
ancienne  déjà,  mais  qui  venait  précisément  de  faire  sa  réapparition 
dans  des  sièges  (1577,  1580).  Enfin,  on  a  pu  employer  de  nouvelles 
méthodes  de  pointages  (le  pointage  indirect,  par  exemple).  Les 
traités  d'artillerie  qui  furent  imprimés  à  cette  époque  ou  un  peu 
plus  tard  (par  exemple  <  die  Biichsenmeistery  >  de  Dambach  1609) 
nous  montrent  combien  les  maîtres  artilleurs  allemands  étaient 
experts  et  avancés  dans  leur  art. 

§  —  Gustave- Adolphe,  dans  ses  guerres,  employa  une  artil- 
lerie très  nombreuse,  légère  et  très  mobile.  En  1630,  chacun  de 
ses  régiments  d'infanterie  eut  2  canons  de  4  liv.,  ne  pesant  qu'en- 
viron 300  kg.  Suivant  cet  exemple  venant  de  si  haut,  Berne,  sur  la 
proposition  du  colonel  d'Erlach,  fondit  en  1636  de  petites  pièces 
régimentaires  (RegimentsstUchly)  à  atteler  d'un  seul  cheval.  Fri- 
bourg  eut  aussi  ses  petites  pièces  de  régiment,  mais  moins  légères 
et  à  partir  de  1647-1650  seulement.  Les  fondeurs  fribourgeois 
H.  F.  Klôly  et  B.  Reyff  livrèrent  12  pièces  ainsi  dénommées.  Elles 
sont  destinées  aux  3  piquets  ou  élections  (zu  den  dreien  Ausziigen 
keramet  sindt).  Dans  l'inventaire  de  1667,  on  trouve  12  pièces  de 
2  Vs  'i^*  ^'l^s  doivent  être  les  12  petites  pièces  de  régiment 
acquises  en  1650. 

En  1668,  Klôli  livra  encore  4  petites  pièces  de  régiment  de 
2  Va  livres,  du  poids  de  516  liv.  et  de  24  calibres  de  longueur,  ce 
qui  porte  le  nombre  de  ces  pièces  de  2  Va  l^v.  à  16  (voir  inventaire 
de  1689).  Les  affûts  pour  les  4  dernières  pièces  furent  payés  12  liv. 
chacun,  le  6  juillet  1669,  à  maître  Mathys  Bené. 

§  —  Il  est  intéressant,  sinon  utile,  à  plusieurs  points  de  vue, 
de  voir  d'oii  Fribourg  tirait  les  armes,  armes  à  feu  portatives  et  à 


—     125     — 


t  quels  [iris.  Voici  1 
^  sujet  : 

1600 

1610 

1611 

1613 


s  renseiguemenls  que  nous  avons  recueillis  ù  ce 


I 


Fouruisseur  :  Andres  Moser  de... 
Balthasar  Ludesmaim  de  Kanden,  margraviat  de.... 
Maître  Âodres  Ëol),  armurier  de  Montbéliard. 
Flori&D  Costcr,  armurier  et  garde-arsenal  de  Mont* 
béliard. 

1614     -1  Valentiu  Klett  de  Saul  (Suhl  dans  le  comté  de 

1616     /  Henneberg  en  Thuiinge)  et  son  fils  Elienue  Klett. 

Le  mousquet  monté  se  paye  en  général  20  liv,,  soit  4  silber- 
IrODeu.  Avec  tous  les  accessoires  :  moule  à  balte  (model),  lavoir 
(ffischer),  mesurette  (ladung)  et  bandoulier,  il  revient  à  33  liv.  Le 
canon  seul  se  paye  11  liv. 

A  cette  époque,  l'Etat  rachetait  des  particuliers  une  assez 
grande  quantité  de  mousquets  avec  leur  fourniment.  Le  garde- 
arsenal,  armurier  de  l'Etat,  s'essayait  aussi  de  fabriquer  quelques 
mousquets  pour  le  compte  de  l'Etat  (1612  de  Haos  Maindli,  1670 
de  Franz  Mtenlin)  -,  mais  il  ne  pouvait  évidemment  pas  concourir 
avec  les  fabriques  renommées  de  Subi. 

1625,  mai  10.  Contrat  avec  Etienne  Klet  de  Saul.  Le  mousquet 
avec  les  accessoires  déjà  indiqués  et  de  plus  la  fourchette  (gabel) 
ne  coûte  plus  que  4  Vi  sbk.,  soit  23  liv.  Le  calibre  est  descendu  à 
2  loths  (soit  16  à  la  livre). 

§  —  Chose  curieuse,  c'était  son  Emiuencc  l'évéque  de  Lau- 
sanne 0  qui,  en  1614  (mars-juillet),  s'occupait  de  la  fonte  en  Bour- 
gogne, de  boulets  pour  l'artillerie  de  Fribourg.  Le  fer  fui  payé  & 
Claude  Couldrey,  commissaire  de  Monsieur  de  Reche  (?).  Le  fils 
du  garde-arsenal,  le  jeune  Hans  Mœndli,  fut  envoyé  par  deux  fois 
à  Pontarlier  au  sujet  de  celte  fonte. 

Les  boulets  pour  la  grosse  pièce  fondue  en  1625  par  Jacob 
Kugler  furent  tirée  de  la  fonderie  de  Soleure  en  1629',  mais  on 
dut  les  faire  corriger.  On  régla  compte  avec  Jacob  Rothelin  au 
nom  des  héritiers  de  H.  Glutz  et  ensuite  avec  Martin  Glutz  de 
Soleure. 

En  1631*.  on  fit  des  essais  avec  la  grosse  pièce  d'artillerie. 
On  retira  les  boulets  fichés  en  terre.  Le  premier  prix,  dans  ces 


')  Mgr  de  Watteville.  11  était  d'une  famille  d'nrigine  bernois 
f  itablio  en  Bourgogne,  ce  qui  explique  [a.  cuission  douL  il  s'était  chat 


—     126     — 

exercices,  fat  décerné  à  Jacques  Eûoli  (Euenlio),  chaudronnier 
vers  les  Augustins. 

§  —  D'après  les  projets  de  défense  formés  entre  les  Confédérés 
ou  entre  les  cantons  catholiques,  Fribonrg  devait  toqjours  tenir 
prêtes  un  certain  nombre  de  pièces  dites  de  6  liv.  ^).  C'est  pour  ces 
pièces  qu*on  demande,  en  1675  (17  septembre),  à  Michel  Richard 
de  Lauterbrunn,  600  boulets  de  5  Vs  livres.  On  paye  ces  boulets  à 
4  krutzen  ou  4  sols  3  deniers  la  liv. 

Les  boulets  de  divers  calibres  et  de  diverses  provenances, 
amassés  dans  tous  les  temps,  n'étaient  pas  bien  réguliers  ou  ne 
correspondaient  pas  exactement  aux  calibres  de  toutes  les  pièces. 
En  1691  on  se  mit  à  les  c  reparer  >  tous.  Il  s'agissait,  sans  doute, 
de  les  arrondir  complètement  et  de  les  polir  par  un  battage  à 
chaud  dans  des  étampes,  et  aussi  de  régler  c  le  vent  »  soit  le  jeu 
à  leur  laisser*  dans  la  pièce.  Les  calibres  indiqués  dans  les  comptes 
de  la  ((  réparation  ]»  des  boulets,  sont  :  16,  11  (?),  8,  4  Vi»  3, 
2  V«,  74  liv. 

Il  parait  que  les  boulets  de  5  V«  liv ,  fondus  en  1676,  n'a- 
vaient pas  besoin  de  réparation.  Cette  réparation  fat  payée  au 
fondeur  Jacob  Klôli  fondeur  à  raison  de  3  s.  par  boulet  depaia  2  V' 
jusqu'à  8  liv.  de  4  s.  par  boulet  de  16  et  de  2  s.  par  boulet  de  Vi 
de  liv.,  le  plus  petit  en  fer. 

§  —  Le  plan  d'aimement  soit  de  défense  de  la  ville  de  Fri- 
bourg,  élaboré  en  août  1667,  nous  donne  Tétat  de  l'artillerie  dont 
on  disposait  à  cette  époque.  Pour  la  première  fois,  les  calibres  des 
pièces  nous  sont  donnés  par  le  poids  du  boulet,  mais,  chose  cu- 
rieuse, dans  ce  document  on  évite  de  donner  aux  pièces  de  divers 
genres  des  dénominations  comme  autrefois.  Seule,  la  dénomination 
de  €  couleuvrines  >  est  conservée  pour  désigner  les  deux  longues 
pièces  de  18  liv.  que  nous  connaissons  déjà  (elles  étaient  plutôt  du 
calibre  de  16  liv.). 

On  laisse  subsister  l'armement  des  tours  tel  qu'il  était  ancien- 
nement (17  pièces  en  bronze  et  5  en  fer)  et  on  s'occupe  de  la  répar- 


^)  A  teneur  de  l'acte  défensionnal  du  7  mars  1656  de  Baden,  Fribonrg 
devait  fournir  un  premier  contingent  de  4  compagnies  soit  de  800  hommes 
avec  une  pièce  de  6  liv.  Le  second  contingent  devait  être  le  double  et  le 
troisième  contingent  le  quadruple  du  premier.  Il  y  avait  ainsi  7  pièces  de  6 
liv.  à  tenir  prêtes. 


—     127     — 

tition  des  pièces  disponibles.  Les  grosses  pièces  (calibre  32  à  35 
liv.)  seront  placées  aux  portes  des  anciennes  enceintes  devenues 
des  coupures  intérieures:  an  Stalden,  à  la  rue  de  Morat,  à  la 
Grand'-Fontaine,  à  la  petite  place  sous  Thôtel  cantonal  et  aussi 
dans  une  autre  petite  cour  d'oîi  Ton  peut  battre  la  porte  de  Berne, 
le  pont  de  Berne  et  le  Schonenberg.  Du  choix  de  ces  emplacements, 
on  peut  déduire  que  les  pièces  de  très  gros  calibre  devaient  être 
chargées  de  paquets  de  mitraille,  qu'elles  devaient  être  employées 
comme  pierriers  ou  greleuses  et  non  comme  pièces  de  siège. 

Les  longues  pièces  de  16  à  18  liv.  devaient  être  placées  près 
de  la  porte  de  Bourguillon,  d*où  elles  pouvaient  atteindre  tous  les 
points  de  la  ville.  Aux  pièces  de  8  liv.,  placées  l'une  derrière  les 
Capucins,  l'autre  plus  loin,  sur  la  falaise  vers  la  porte  de  Morat 
(actuellement  parc  de  Diesbach),  on  donnait  comme  champ  de  tir, 
les  pentes  du  Schœnenberg  jusqu'à  la  porte  de  Berne. 

Les  pièces  de  6  liv.,  qui  étaient  en  plus  grand  nombre  (18), 
devaient  garnir  les  boulevards  et  l'enceinte  pour  battre  les  avenues 
de  la  ville  et  flanquer  les  murs. 

Dans  ce  plan,  on  se  préoccupe  surtout,  de  rendre  inaccessible 
la  porte  et  le  pont  de  Berne  sur  lesquels  on  fait  croiser  tous  les 
feux  et  de  rendre  intenable  la  Neuveville  en  arrière  de  cette  issue. 
En  outre,  pour  accompagner  la  troupe  dans  la  campagne,  on  dis- 
posait de  12  pièces  de  régiment  du  calibre  de  2  V4  à  2  7t  Uv.  et 
d'une  réserve  de  12  pièces  de  campagne  du  calibre  de  4  liv. 

§  —  Dans  la  seconde  moitié  du  XVI*  siècle  plusieurs  artilleries 
de  TAllemagne  employaient  déjà  de  gros  boulets  creux  et  explosif, 
des  bombes,  dans  les  sièges.  La  pratique  des  bombes  s'introduisit 
en  France  vers  1630.  Pour  lancer  les  bombes,  on  employait  des 
mortiers,  pièces  qui,  par  leur  forme  générale,  ne  différaient  point 
des  bombardes,  à  volée  très  courte,  de  l'origine  de  l'artillerie.  On 
tirait  le  mortier  à  deux  feux,  c'est-à-dire  qu'on  allumait  d'abord 
la  bombe  et  qu*on  mettait  ensuite  le  feu  au  mortier.  En  1634 
l'usage  du  mortier  avait  pris  partout  une  grande  importance. 

A  Fribourg  le  jeune  Klôli  fondit,  en  1643,  un  premier  et 
€  gros  mortier  >  qui  pesait  1180  liv.  Son  calibre  devait  être  d'en- 
viron 30^".  £n  1662  un  nouveau  mortier  fut  fondu  par  Klôli  et 
Beyff.  Dans  le  plan  d'armement  de  1667,  il  n'est  pas  fait  mention 
de  ces  deux  mortiers. 


—     128    — 

Acquisitions  et  fontes,  de  1560  i  1667 

1583    12  doppelhaken,  de  Joseph  Eeigler,  fondear,  de  43  liv. 

pièce. 
1589'  2  &ucoDDaax,  de  Claude  Kugler  fondeur,  de  536  Hy. 

2  faucons,  de  Claude  Kogler  fondeur,  de  1300  IIy. 
1600^  1  doppelhaken,  de  Vitus  Wigel,  sur  la  tour  Henri. 
1603'  5  pétards,   de  Claude  Kugler  fondeur  (payé  246  Iîy. 

8  s.  après  déduction). 
1606'  2  pièces  de  campagne,   de  Jacques  Kugler  fondeur 

(payées  1385  liv.  après  déduction). 
1607     2  doppelhaken,  de  Montbéliard,  coût  13  H?. 
1608*   1  pièce  sur  roues,  de  Jacques  Kugler,  poids  1100  li?., 

coût  1790  liv. 
1612*    1  pièce  (refusée  par  les  Valaisans),  de  Jacques  Kugler, 

poids  870  liv,  coût  1392  liv.  (8  batz  la  liv.). 
1613'  2  doppelhaken,  de  Viit  Wigell. 
1625'  1  grosse  pièce,  de  Jacob  Kugler. 
1635    4  doppelhaken,  de  Jacob  Kugler,  poids  37  liv. 
1643'  1  gros  mortier,  du  jeune  KIole,  poids  1180  liv. 

2  petites  pièces  de  campagne,  du  jeune  KIole,  poids 

350  liv. 
1650    12  petites  pièces  de  régiment,  Hans-Christophe  KIoly 

et  B.  Reyff. 
1662     1  mortier  de  H.-Ch.  Klôly  et  B.  Reyff. 

inventaire  de  l'artillerie  de  Fribourg  tiré  du  plan  de  défense 

d'août  1667 

Pièces  de  32  liv.  en  fer  ou  en  métal  4 

18  liv.  ^)  couleuvrines  2 

8  liv.  2 

6  liv.  18 

3  V«»  4  liv.  13 

2  V4,  2  V»  Hv.  12 

%  de  liv.  6 

Pièces  sur  les  tours  '),  en  métal  17 

Pièces  sur  les  tours,  en  fer  5 


^)  Ces  couleuvrines  étaient  plutôt  du  calibre  16  liv. 
')  Nous  conaptons  sur  les  tours:  1  pièce  de  demi-liv.  ;  environ  11,  de 
trois  quarts  de  liv.  ;  1  de  4  liv.  Le  calibre  des  autres  n'est  pas  indiqué. 


1668— ITOS 

§  —  Dans  une  note  de  1 667,  nous  lisons  :  «  On  ne  sait  que  faire 
<  d'un  mortier  d'un  tel  gros  calibre.  Il  faut  employer  son  métal  à 
«  la  fonte  de  canons  de  campagne.  »  Il  s'agissait  évidemment,  du 
mortier  de  1180  liv.  fondu  en  1643.  Celui  qui  datait  de  1662  eut 
le  même  sort,  car  en  1689  on  ne  possédait  qu'un  seul  mortier  et  i| 
était  neuf  et  tout  nouvellement  monté.  Il  datait  de  1687  et  n'avait 
pas  encore  des  bombes. 

§  —  Pour  tirer  les  petites  bombes  soit  les  «  grenades  » ,  l'un 
des  Meendli  avait  construit,  en  1670^,  un  petit  mortier  ne  pesant  que 
50  liv.  Pour  le  même  u^age,  on  possédait,  en  1669,3  *  instruments  * 
et  2  petits  mortiers.  L'usage  des  grenades  à  main,  connu  depuis 
longtemps  (à  Fribourg  sous  le  nom  de  <  keygel  >  en  1474  ?),  prit 
une  grande  extension  au  XVII"  siècle.  Le  17  septembre  1675,  Fri- 
bourg traite  avec  Michel  Richard,  de  Lauterbrunnen,  pour  la  four- 
niture de  1000  grenades  â  main  de  2  liv.  et  de  1500  de  1  '/a  li^-  ^ 
6  kreutzer  la  pièce.  Le  tourneur  fournit  les  ampoulettes  de  fusée 
i  1  kreutzer  pièce. 

§  —  Nous  remarquons  que  l'inventaire  de  1689  comprend  une 
pièce  neuve  non  encore  montée  Seule  de  son  genre,  elle  est  du 
calibre  de  12  liv.  Dans  nos  comptes,  noua  trouvons  une  note  sous 
1687  qui  a  trait  à  une  pièce  et  à  un  mortier  nouvellement  fondus, 
mais  cette  note  est  un  peu  vague.  En  1691  on  paye  124  liv.  à  maître 
René,  pour  un  affût  neuf  destiné  à  la  nouvelle  pièce.  Enfin  en  1692, 
cette  nouvelle  pièce  est  clairement  dénommée.  On  ferre  l'affût  du 
nouveau  quart  de  canon  (coût  460  liv.). 

Depuis  1620,  ie  demi  canon  d'Espagne,  calibre  24  liv.  et  le 
quart  de  canon  d'Espagne,  calibre  12  liv.,  toutes  deux  de  10  à  11 
pieds  de  longueur,  étaient  devenues  en  France,  les  uniques  pièces  de 
batterie  menées  en  campagne.  Fribourg  voulut  donc,  en  1692,  es- 
sayer de  celle  de  12  liv.,  le  <  quart  de  canon  >. 

Acquisitions  et  fontes  de  1667  à  1689. 

1667 — 16G8    4  petites  pièces  de  régiment,  de  Kloly,  poids  516  liv., 
calibre  2  '/t  liv.,  long.  24  calibres. 
1670'  1  petit  mortier  de  métal,  de  H.  Frnntz  Mœndly,  poids 
50  liv. 


—     130     — 

1685^  1  pièce  des  trois  frères  Klôli,  coût  3560  Uy. 
1687    1  mortier  de  fer  (?)  » 

1687    /  1  pièce     >     (?)  >     remplacée  par 

1689    V  1  quart  de  canon. 

Inventaire  de  rartillerie  de  Fribourg  fait  en  1689. 

Calibre. 

34    liv.  Pièces  en  fer,  ferrures  blanches  2(eisenemitWei88en 

32     »    Perce  murs  (Maurenbrecher)  2  beschlagene). 

16     >     Grosses  couleuvrines(Nothschlangen)  2 
12     >    Pièce  neuve,  non  montée  1 

8     >    Couleuvrines  (Quartierschlangen)  2 

6     >     Canons  (Canunenstiicke)  18 

4     >     Pièces  de  campagne  (Feldstiicke)  12 

2V,>     Pièces  (de  régiment)  16 

Va   >     Fauconnaux  (Falconets)  1 

Vs   >     Emerillon  (scharpffatin)  1 

Mortier  neuf,  nouvellement  monté  1  (sans  bombes) 

Mortier  petit  pour  tirer  grenades  2 

Instrument  pour  tirer  grenades  3 

Pétards  en  métal  avec  vis  (schrauben  ?)  6 

>  >     sans    »  »  6  (denen  die  Stangen 

>  en  fer  1  abgehen). 
Mousquets  de  guerre  (Reismusqueten)  env.  2600  (de  Suhl,  de  Bile). 
Mousquets  de  précision  (Zihlmusqueten)    2300  (avec  fourchette). 
Fusils                                                         1300 

Carabines  70 

Canons  de  mousquet,  non  montés  440 

Nota.  Les  pièces  qui  sont  sur  les  tours  ne  sont  pas  comprises 
dans  cet  inventaire. 

§  —  Un  compte  de  1693  nous  renseigne,  quelque  peu,  sur  les 
affûts  et  voitures  de  guerre.  Il  est  en  faveur  de  Jacob  Millier,  de 
Bserslingen,  dans  le  canton  de  Lucerne,  qui  a  enduit  ou  teint 
(wegen  einbeytzung),  51  affûts  de  canon. 

2  affûts  de  mortier, 
de  plus  22  affûts  des  pièces  qui  sont  sur  les  tours. 

Total  75  affûts. 

26  voitures  de  guerre  (reyssviragen). 

15  >  » 

16  avant  trains  (vonvagen), 


—     131     — 

le  toat  poar  500  liv.  Les  louables  corporations  doivent  être  invitées 
à  rembourser  leur  part  de  ces  frais  à  raison  de  18  chars  de  guerre 
et  8  avant  trains. 

.  § — Les  pièces  d'artillerie  et  les  armes  à  feu  portatives  destinées 
au  contingent  que  Fribourg  devait  fournir  d'après  l'acte  défensian- 
nal  liant  les  cantons  confédérés  ou  les  cantons  catholiques,  étaient 
déposées  dans  un  local  à  part,  sous  l'hôtel  cantonal,  local  qui  prit 
lui-même,  en  raison  de  cette  affectation,  le  nom  de  <  Défensionnal  >  ^). 
Celui-ci  était  tout  nouvellement  organisé  en  1690  et  comprenait 
6  pièces  de  6  liv.,  6  chars  équipés,  1740  mousquets,  535  fusils,  etc. 

§  —  De  1625  jusqu'à  1670,  nous  ne  trouvons  aucun  renseigne- 
ment sur  les  arme  à  feu  portatives  à  Fribourg.  Dans  cet  espace  de 
temps,  la  platine  à  silex  a  été  inventée,  perfectionnée,  puis  enfin 
adoptée  dans  presque  toutes  les  armées.  Berne  a  organisé  une  pre- 
mière compagnie  de  <  fusiliers  >  en  1653.  Vers  1670,  la  bayonnette 
a  été  adoptée  en  France.  La  cartouche  pour  le  fusil  est  d'un  usage 
répandu. 

Fribourg  fait  de  nouvelles  acquisions  de  mousquets  en  1671, 
de  Victor  Beck,  armurier,  à 

1685  \  mai  25,  contrat.  Bottmer  Clément  et  Rossel,  à  Suhl, 

1687  /  fournitures  de  canons  de  mousquet,  fer  trempé,  à  9 
puis  à  7  liv.  pièce,  aussi  de  platines  (Schnapper)  à  1  liv.  10  p. 

Nous  ne  pouvons  pas  déduire  exactement,  des  documents  mis 
i  notre  disposition,  la  date  à  laquelle  le  fusU,  c'est-à-dire  le  mous- 
quet avec  platine  à  percussion  et  silex  (fusil),  fit  son  apparition  à 
Fribourg.  On  sait  qu'en  France,  l'autorisation  d'armer  les  soldats 
de  fusils  (1  sur  4  d'abord,  seulement)  ne  fut  donnée  qu'en  1670. 
Les  platines  que  Fribourg  achetait  en  assez  grand  nombre,  en 
1685—1687,  devaient  être  déjà  des  platines  à  fusils,  car  dans  l'in- 
ventaire de  1687,  en  plus  de  2600  mousquets  de  guerre  (Reis- 
mnsqueten)  et  de  2300  mousquets  de  précision  avec  fourchettes 
(Ziehlmusqueten),  il  y  a  déjà  1300  fusils.  Les  mousquets  de  guerre 
sont  dits  de  Suhl,  de  Bàle,  suivant  la  provenance  de  leur  canon.  Ils 
tirent  des  balles  de  25  grammes  (20  à  24  à  la  liv.),  ainsi  que  les 
fusils. 

§  —  Au  XVIP  siècle,  nous  ne  trouvons  plus  de  «  maître  ar- 
tilleur >  attitré  à  Fribourg,  pour  la  construction  des  canons  et  pour 


*)  1690, 1695  Defensionnalwerck. 


—     132     — 

TinstructioD  des  artilleurs.  Au  dessous  du  <  maître  de  Tartillerie  > 

<  Zeugmeister  >  il  n'y  a  qu'un  garde  arsenal  <  Zeugwart  »  qui 
bientôt  ne  sera  plus  même  un  armurier  de  profession.  C'est  l'époque 
d'ailleurs  où  partout,  l'organisation  de  l'artillerie,  de  professionnelle 
et  corporative  qu'elle  était,  va  devenir  militaire.  Berne  a  déjà  formé, 
en  1667 — 1672,  une  compagnie  d'artillerie  dans  laquelle  des  <  mes- 
sieurs et  bourgeois  de  la  ville  >  remplaceront  les  maîtres  canonniers 
d'autrefois  professionnels  et  cosmopolites,  et  les  simples  canonniers 
seront  des  gens  de  la  campagne  pour  la  plupart,  serruriers,  forge- 
rons, charpentiers.  Fribourg  suivra  cet  exemple,  mais  il  faut  en 
premier  lieu,  un  instructeur  et  des  élèves.  On  fait  donc  venir  à  Fri- 
bourg (1691^)  le  constable  Zelter  (?)  (de  Bâle  semble-t-iP)  c  pour 

<  dresser  24  messieurs  et  bourgeois  dans  la  constablerie  >.  On  lui 
paya  2200  liv.  et  il  fut  hébergé  pendant  4  semaines  à  l'auberge  des 
Maréchaux.  Le  cours  dura  jusqu'au  23  mai.  Les  marqueurs  rap- 
portèrent des  cibles,  67  boulets  qu'on  leur  paya  2  batz  pièce. 

§  —  Nous  nous  plaisons  à  croire  que  cette  école  produisit  de 
bons  constables,  mais  on  ne  s'imaginerait  pas  sous  quel  costume  se 
cachait,  à  Fribourg,  l'un  des  artilleurs  les  plus  émérites  de  la  Suisse 
au  commencement  du  XVIII*  siècle.  C'était  sous  le  froc  des  capu- 
cins. Nous  le  constatons  par  l'extrait  suivant  des  manuaux  du  conseil 
de  Soleure  :  <  nous  croyons  avoir  reconnu  dans  le  R.  P.  Electus 

<  des  capucins  de  Fribourg,  la  personne  versée  dans  l'art  de  la 

<  constablerie  qu'il  nous  faudrait  pour  diriger  notre  arsenal  et  pour 

<  instruire  nos  messieurs  et  bourgeois  qui  ont  quelque  inclination 

<  pour  cet  art  >.  La  prière  de  le  céder  fut  après  bien  des  tergi- 
versations, accueillie  par  le  provincial  des  capucins.  Au  bout  de  2 
ans,  deux  des  élèves  du  père  recevaient  après  de  brillants  examens, 
l'un,  le  brevet  de  capitaine  (Stiickhauptmann)  et  l'autre,  celui  de 
lieutenant  (1707). 

Ou  ne  s'étonnera  plus  de  trouver  ce  talent  d'artilleur  chez  un 
père  capucin,  lorsqu'on  saura  que  celui-ci  portait  le  nom  de  Vanner, 
qui  était  le  nom  du  maître  artilleur  de  Fribourg  lors  des  guerres  de 
Bourgogne.  Le  père  Vanner  appartenait  sans  doute,  à  une  ancienne 
famille  d'artilleurs.  Son  nom  paraît  encore  dans  les  recès  des  diètes 


^)  Il  y  avait  à  cette  époque  déjà,  une  famille  a  Zeltner  »  à  Soleure. 
«  Zeller  »  est  le  nom  d'une  famille  zurichoise.  Des  «  Zetter  »  venant  de 
Mulhouse,  s'établirent  à  Bàle  et  à  Soleure. 


—     188    — 

des  cantons  catholiques  en  1708.  On  rapporte  que  le  <  capucin 
€  Vanner,  natif  de  Fribourg,  qui  a  séjourné  en  Alsace,  s'entend 
€  fort  bien  dans  Tart  de  la  constablerie  >.  On  conseille  de  le  faire 
entrer  si  possible  au  couvent  de  Rapperschwyl,  ville  que  Ton  pro- 
jetait en  ce  moment  de  fortifier. 

1708-1800 

§ —  Rien  ne  nous  indique  qu'il  ait  été  apporté  des  changements 
à  l'artillerie  fribourgeoise  depuis  1689  jusqu'à  1774.  On  en  était 
resté  au  matériel  du  XVII®  siècle.  Le  système  du  lieutenant  général 
de  Vallière,  adopté  en  France  en  1732,  avait  été  un  premier  pas 
fait  dans  la  voie  des  idées  modernes,  mais  il  conservait  les  canons 
loDgs  et  lourds.  Il  comportait  d'ailleurs,  la  série  des  calibres  qui  se 
trouvaient  représentés  à  Fribourg,  16,  12,  8  et  4  liv.  Un  nouveau 
système,  celui  du  lieutenant  général  de  Gribeauval,  avait  été  adopté 
en  1765,  mais  son  usage  venait  seulement,  en  1774,  d'être  consacré, 
pour  ainsi  dire.  Il  devait  se  maintenir  brillamment  jusqu'en  1825. 
C'est  précisément  cette  année  1774,  que  Fribourg  procéda  à  la 
refonte  de  son  artillerie.  Cette  refonte  eut  lieu  à  Strasbourg.  On 
fit  l'acquisition  de  60  à  70  pièces  ^). 

Les  pièces  qui  se  trouvaient  dans  les  châteaux  d'Estavayer, 
de  Gruyères  et  de  Rom  ont  furent  envoyées  aussi  à  la  fonderie  de 
Strasbourg.  Celles  de  Bomont  étaient,  sans  doute,  encore  les  deux 
doubles  faucons  et  les  deux  faucons  qui  s'y  trouvaient  déjà  en 
1560.  En  même  temps  qu'on  faisait  Tacquisition  de  nouveaux 
canons,  on  achetait,  à  St-Etienne  en  Forez,  2222  fusils  (1774). 
Mais  ce  n'est  que  trois  ans  plus  tard,  en  1777,  que  le  fusil  à  silex 
reçut  en  France  toutes  ses  améliorations  et  devint  le  modèle  admis 
depuis  par  toutes  les  nations. 

Nous  ne  possédons  pas  l'inventaire  de  l'artillerie  fribourgeoise 
au  moment  où  on  allait  procéder  à  sa  refonte,  1774.  Le  dernier 
inventaire  remonte  à  1756.  Il  ne  présente  aucune  augmentation 
sur  celui  de  1689  et  il  doit  être  resté  sans  changement  jusqu'à 
1774.  Nous  le  donnons  ici. 


^)  Zurich  fit  aussi  refondre  une  bonne  partie  de  son  artillerie  à  Stras- 
bourg, mais  en  1778-1783  seulement. 


—     134     — 

Inventaire  de  rariillerie  de  Fribevri  en  1756 

Pièces  de  34  liv.^  en  métal 2 

35  liv.,  en  fer  (balbeisen)     ....  1 

16  Uy 2 

12  liv 1 

8  liv 2 

6  liv 18 

4  liv 12 

2  Vt  H? 16 

VJiv 13 

Nota.  Les  vieilles  pièces  en  fer  qui  devaient  exister  encore 
ne  sont  pas  portées  dans  cet  inventaire. 

Fasils,  mousquets  de  guerre  (Kriegsrobr)    .    .        6796 
Mousquet  avec  fourchette  (Gablenrohr)  .    .    .  489 

Carabines  (Granatier  Rohr) 80 

La  poudre  se  trouve  dans  la  tour  de  4  livres,  dans  la  tour  du 
boulevard,  dans  la  tour  Henri  et  dans  la  tour  porte  de  Bourgaillon. 
§  —  Les  derniers  trophées  de  la  guerre  de  Bourgogne  durent 
s'évanouir  dans  cette  fonte  de  1774,  si  toutefois,  ils  avaient  été  épar- 
gnés dans  les  refontes  faites  au  XVI*  siècle,  mais  quelques  pièces 
des  premiers  temps  de  l'artillerie  fribourgeoise  furent  conservées 
à  la  vue  de  bien  des  générations,  soit  à  Tarsenal,  soit  sur  les  tours. 
A  nos  yeux  elles  ne  seraient  pas  les  moins  curieuses.  En  1560,  on 
indique  encore  deux  pièces  en  fer  aux  couleurs  fribourgeoises 
(blanche  et  noire),  deux  anciennes  et  mauvaises  bottes  à  chambre 
sur  roues,  une  ancienne  boite  fondue  dite  <  ait  firanddsch  >,  etc. 
(voir  Tinven taire  de  1560). 

En  1667  on  trouve  encore,  sur  les  tours,  5  pièces  en  fer. 
Elles  ont  été  conservées  là,  sans  doute,  parce  qu'étant  de  petit 
calibre,  elles  tirent  des  projectiles  de  plomb. 

Dans  les  inventaires  suivants,  ces  vieilles  pièces  en  fer  ne  sont 
plus  portées.  Elles  existent  néanmoins  à  l'arsenal.  Elles  y  étaient 
encore  en  1798.  Le  2  mars  de  cette  terrible  année,  au  moment  où 
les  portes  de  la  ville  allaient  être  ouvertes  aux  Français,  les  pay- 
sans allemands,  attroupés  sur  la  place  Notre-Dame  et  furieux 
d'avoir  à  se  retirer  sans  combat,  s'arment  à  l'arsenal  qui  paraissait 
leur  être  abandonné  ;  ils  en  sortirent  même  de  vieux  canons  de  fer 
à  douves,  dit  un  témoin  oculaire.  Hommes  et  femmes  s'attelèrent 


—     135     — 

<  aussi  aux  canons  qui  se  trouvaient  au  parc  et  prirent  position  sur 
les  hauteurs  voisines  de  la  porte  de  Berne.  De  là,  ils  envoyèrent  à 
la  ville,  avant  de  se  disperser,  quelques  boulets  qui  firent  très  peu 
de  mal.  Le  lendemain,  on  voyait  encore  à  la  rampe  du  Stalden, 
un  canon  de  fer  que  les  allemands  avait  entraîné  jusque  là  et  qui 
s'était  affaissé  sur  son  affût  vermoulu.  > 

§  —  «Le  canton  deFribourg  fut  désarmé,  dit  le  même  témoin  ^). 
Quoiqu'on  n'eut  pas  lancé  un  boulet  contre  eux,  les  Français  s'em- 
parèrent de  tous  les  canons  qu'ils  trouvèrent  à  Fribourg,  à  l'ex- 
ception de  quatre  pièces  de  campagne  ;  on  n'en  vit  du  moins  pas 
d'autres  pendant  plusieurs  années.  »  On  assure  que  quelques  pièces 
d'artillerie,  à  l'écusson  de  Fribourg,  furent  transportées  en  Egypte 
dans  le  temps  de  l'expédition  commandée  par  Bonaparte.  Quelqu'un 
prétend  les  avoir  vues  plus  tard,  à  l'arsenal  de  Londres. 

Toutefois,  dans  sa  lettre  au  général  Schauenbourg,  le  général 
Brune  écrit  :  «  Je  n'ai  pris  que  trente  canons  à  Fribourg.  >  Qu'é- 
taient devenus  les  autres  ?  Nous  savons  que  Fribourg  possédait  à 
cette  époque  bien  plus  de  30  canons. 

§  —  De  son  ancienne  artillerie,  Fribourg  n'a  conservé  jusqu'à 
nous  que  trois  pièces.  Ce  sont  trois  pièces  de  la  fonte  de  1774-1775. 
Elles  portent  toutes  sur  la  volée,  dans  un  cartouche,  la  devise 

<  Âmicos  parât,  inimicos  tollit  >  (elle  procure  des  amis  et  délivre 
des  ennemis),  et  sur  le  premier  renfort,  les  armoiries  du  canton  et 
de  la  ville  de  Fribourg  sur  un  trophée  de  drapeaux  et  d'armes.  Â 
l'une  des  pièces  de  8  liv.,  sur  la  plate-bande  de  culasse,  on  lit  :  <  A 

<  Strasbourg  le  12  mai  1774,  par  J.  B**  Dartein  commiss"  des 

<  fontes  de  l'arf^*  de  France  >  et  sur  la  tranche  du  tourillon  de 
droite  :  P.  1818.  La  longueur  de  l'àme  de  ce  canon  est  de  2,13™, 
soit  de  18  calibres,  le  calibre  étant  de  118°^.  Le  poids  de  la  pièce 
est  de  227  fois  celui  du  boulet.  Cette  bouche  est  donc  plus  longue 
et  plus  lourde  que  le  comportait  le  système  Gribauval  à  l'ordon- 
nance en  France,  depuis  1765. 

La  seconde  pièce  de  8  liv.  conservée  est  identique  à  la  pre- 
mière, mais  elle  ne  porte  aucune  inscription  ni  sur  la  plate-bande 
de  culasse  ni  sur  les  tranches  du  tourillon.  Nous  croyons  que  c'est 
une  pièce  fondue  dans  la  première  moitié  de  ce  siècle  sur  le  modèle 
de  la  première  que  nous  venons  de  décrire  '). 


»)  Mémorial  de  Fribourg,  T.  III,  p.  184. 

')  En  1850  on  refondit  une  pièce  de  S  liv.  allongée. 


—     136    — 

La  troisième  pièce  conservée  est  une  jolie  pièce  de  2  Ht., 
portant  sur  la  plate-bande  de  culasse  l'inscription  :  <  Par  J.  B^ 

<  Dartein,  commiss'*  des  fontes  de  l'artil''*  de  France  à  Srasbourg 

<  le  14  7bre  1775  >  et  sur  le  tourillon  de  droite  le  chiffre  P.  401. 

Le  poids  de  la  bouche  est  donc  ici  de  200  fois  celui  du  boulet 
La  longueur  de  Tâme  est  de  l'°43,  soit  de  21  calibres,  le  calibre 
étant  de  67"". 

XIX'  siècle. 

Nous  sommes  arrivés  au  bout  de  notre  tâche  et  nous  pensions 
clore  ici  le  court  aperçu  que  nous  avons  entrepris  de  donner  sur  le 
passé  de  Tartillerie  fribourgeoise.  Mais  pour  terminer,  nous  ajoute- 
rons quelques  notes  concernant  Tartillerie  dans  le  courant  de  notre 
siècle. 

§  —  Le  colonel  Massé  rapporte  dans  son  <  aperçu  historique 
de  Tartillerie  suisse  >,  qu'après  l'invasion  des  Français  les  arsenaux 
des  places  de  guerre  françaises,  voisines  de  la  Suisse,  étaient  remplis 
de  pièces  prises  en  Suisse. 

c  Ensuite  du  traité  de  paix  conclu  entre  la  France  et  la  Suisse, 

<  cette  première  puissance  restitua  toute  l'artillerie  conquise  qui 

<  était  encore  en  état  de  service.  Le  gouvernement  de  la  république 

<  helvétique  s'empressa  de  faire  rentrer  ces  pièces  dans  le  pays. 

<  Un  des  officiers,  chargé  des  opérations  de  la  réception  et  de  l'en- 

<  registrement,  assurait  que  plus  de  1200  bouches  à  feu  étaient 

<  rentrées  et  rassemblées  à  Berne,  oîi  une  administration  unique 

<  et  générale  avait  été  instituée  pour  réorganiser  cette  branche 

<  du  militaire  suisse. 

<  En  1803,  l'acte  de  médiation  ayant  rétabli  le  système  fédéra- 
€  tif,  tous  les  cantons  suisses  se  hâtèrent  de  réclamer  la  restitution 

<  de  leur  artillerie  ;  ils  rentrèrent  ainsi  en  possession  de  la  plupart 

<  des  bouches  à  feu  de  tout  calibre.  > 

Les  pièces  de  Fribourg  embarquées  par  les  Français  dans  leur 
expédition  d'Egypte  ne  revinrent  certainement  pas. 

§  —  Il  existe  une  loi  du  13  décembre  1798  sur  l'organisation 
des  milices  helvétiques.  Pour  l'artillerie,  elle  ne  fait  que  conserver 
provisoirement  ce  qui  existe  encore  en  fait. 

Le  règlement  militaire  général  pour  la  Confédération  de  la 
Suisse  du  22  juin  1804  n'entra  en  vigueur  que  le  6  juin  1807. 


1S7     — 


Isflopte  les  canons  de  8  et  de  4  liv.  et  les  obusiers  de  12  Ut. 
Fribourg  et  Soleure,  en  commun,  fournissaient  une  division  d'ar- 
tillerie de  réserve  de  4  pièces  de  8  liv.  de  position. 

Une  ordonnance  de  1819  prescrit  pour  tous  les  cantons  un 
système  uniforme  d'artillerie  :  canons  de  6  liv.  et  de  3  liv.  et  obu> 
siers  de  24  et  de  12  liv.,  mais  ce  système  fut  long  à  s'introduire 
dans  certains  cantons. 

Le  1"  juin  1823,  Fribourg  possédait  : 
4  canons  de  bronze  de  position  de  6  liv. 
2      »  >  >        de  4  liv. 

33      »  >      de  campagne  de  4  liv. 

8      >  >  >  de  2  liv. 

Total  37  canons. 

2  mortiers  eu  bronze  de  8  pouces. 
6  obusiers  »       de  24  liv.  (6  pouces). 

Total  45  bouches  à  feu. 

Parmi  les  fusils  conservés  à  l'arsenal  on  distinguait  les  fusils 
dits  neufi^,  français,  modèle  1777  corrigé  et  les  fusils  dits  vieux, 
français,  Carrière,  du  Mottard,  etc. 

§  —  En  1827  seulement  on  songe  à  introduire,  à  Fribourg,  le 
système  prescrit  par  l'ordonnance  fédérale  de  1819. 2  pièces  de  4  liv. 
de  campagne  et  7  de  2  liv.  sont  envoyées  à  la  fonderie  de  Stras- 
bourg et  s  leur  place  on  fait  entrer  3  pièces  de  campagne  de  6  liv, 
el  1  obusier  de  12  liv..  longueur  17  à  18  calibres.  En  1833  et  1834 
on  se  défait  encore  de  4  pièces  de  campagne  de  4  liv.  et  on  aug- 
mente peu  à  peu  le  nombre  des  canons  modèle  fédéral  de  6  liv. 

§  —  Voici  l'état  de  l'artillerie  fribourgeoise  au  moment  de  la 
gnerre  du  Sonderbund  (1647)  : 

4  canons  de  bronze  de  position  de  6  liv. 
2       >  >  allongés  de  4  liv. 

1  >  >  allongé   de  2  liv. 
8  canons  de  campagne  de  6  liv. 

12       »  >         de  4  liv. 

Total  27  canons. 

2  mortiers  en  bronze  de  8  pouces. 
6  obusierB  >        de  6  pouces  (24  liv,). 
1      >                >       de  12  liv. 


—     138    — 

Total  36  bouches  à  feu,  nombre  bien  insuffisant  pour  armer  conve- 
nablement une  ligne  de  défense  d'un  si  grand  développement  que 
celai  qui  dût  être  adopté  (9,000»  environ,  3  redoutes,  1 1  batteries 
dont  5  armées  d'avance). 

Le  gouvernement  issu  des  événements  de  1847,  plaça  2  canons 
de  4  liv.  dans  chacun  des  châteaux  de  Morat,  Bulle,  Chàtel  et  Ro- 
mont.  Ces  canons  rentrèrent  à  l'arsenal  de  Fribourg  en  1857. 

§  —  Après  1854  on  continua  à  se  défaire  des  canons  de  cam- 
pagne de  4  liv.  (En  1860  il  n'en  existe  plus  que  6  que  l'on  vend  en 
1864.)  En  1866—67  on  se  défait  également  de  4  obusiers  de  24 
liv.  On  avait  acquis,  en  1864,  un  obusier  de  12  liv.  et  un  autre  du 
même  calibre  en  1860. 

En  1867,  au  moment  oh  aux  canons  lisses,  allaient  se  substiuer 
les  canons  rayés,  puis  bientôt  les  canons  rayés  se  chargeant  par  la 
culasse,  Fribourg  possédait  encore  : 

4  canons  en  bronze  de  position  de  8  liv. 
2      >  >      allongés  de  4  liv. 

1  >  >  »       de  2  liv. 

8      >  >      de  campagne  de  6  liv. 

2  mortiers  de  8  pouces. 

2  obusiers  de  24  liv.,  courts. 

2        >       de  12  liv.,  longs. 
1        >       de  12  liv.,  court. 

Total  22  bouches  à  feu. 

En  octobre  1867  on  livre  7  canons  de  6  liv.  et  2  obusiers  de 
12  liv.  et  on  obtient  6  canons  de  4  liv.  rayés^  modèle  1862/1866. 
La  nouvelle  artillerie  a  ainsi  fait  son  entrée  à  l'arsenal  de  Fribourg. 


P1.1, 

Inventaire  de  1503 

Marques   des  piôcos  couquisos 

F,.,-  ] . 

F,»,  u. 

F-M,     5. 

fia  + 

m 

b) 

il  1 

Mul-quos    des  pièces  boiu'giiitjnoniics 

W  m 

'■■;('■ 

Al 

+ 

II 

Ki„  a 

V',^   10. 

r-'i.,.  1 1 . 

(■,,,,I2 

F,,,  l.i 

Kiif  I+. 

i\}> 

«^V 

Ail 

A 

A 

Inventaire  de  1503 

• 

Marques   des   pièces 

Boites   à    2    cKanibpes 

«A    V    «c-tv  ^ûC'«>uva*oi«>       4*iilve     Vi    €iovid 

Fi«.1 

Fiçj.2. 

Fig.3. 

F.  g.  4-. 

Fig.  n. 

FighO. 

x\\\ 

il! 

4- 

JCIII 

«—*» 

1^ 

OOOO 

4* 

Fuj.  / 

Fi  g.  8.                ^^JJ-  ^• 

1 

Fig.  10.         1 

Fig.   U. 

VII 

m 

DU 

VI)) 

eooqe 

0»     '     -(O 

ô>-i-<» 

H 

ooooooo. 

Boites   à    2    cKanibpes    . 

Fiv^.l2. 

Kg.13. 

Fit,.  J4. 

Fifj.15. 

Fig.16. 

Fii,.17. 

Fjg.18. 

Fiçj.  19. 

Fig.20. 

Vil 

NVIII 

A 

JCI 

Vfl 

t'Il 

«OOOO 

vni 

Il 
oooo 

#ooo 

r.g.2i. 

Fig22. 

Fi}r.2?i. 

Fia.2+y^ 

Fig.^^. 

Fi(j  20. 

Pig.27 

hjy:2« 

Fi9L>9. 

V 

Il) 

Il) 

•i- 

VIII 

Il 

Vlli 

V)l 

Ili 

^v^TW^Pv^^P 

o*o« 

X 

^ 

^ 

oo 

V 

oo 

ooo 

Inventaire  de  1503 

Marques   des  pièces 


PI.  in 


s  teinbùchsen 


Fig.  1. 


X 


Fig.2. 


Pîg.  3 


J(lll 


J(llll 


Pi  g-.  5. 

TXVll 


Ficj.  6. 


VI 


Fig.  7. 


J(ll 


Fig.  8 


N 


1 


Fici.  9 


CMltl^UV 


m 


FiqAO. 


\<H>¥HrtttM^ 


J(1 


Fig.ii. 

+ 


Fi^l2 


Fig.  13 


oo 


b 


OOO 

Oeo 


Strittbùchs  en . 


Riggél - 


Fi  g.  14 


Fig.  15 

D 


^ 


Fig.  16. 


o 

Oo  o 
o  o 


0 


Fig.  17. 


Ki 


?ig.  18 


\)^ 


Fig.  19. 

+ 


T'ig.20. 


tûcKsen 


TarpisbùcKsen  . 


Fig.2 1. 


o  o« 
o  Oo  e 


Fig.  22. 

m 


Fig.  23. 


Fiç).  29. 


I 


Fiy.SO. 

A.  tc\\. 


Fig.24. 

A 


Fig.  51.  j  Fiy.32. 

o  o    o 

OOO 


Fig25. 

c 


o 

00  0 

0 

o 


(UC^ 


Fia.26. 


O  o  O 

oo  O 


Fig.  3  3. 

B 


Rg.27. 

a 


Fig  34. 


Fig.  28. 

/044/t^  VC' 


Inventaire  de  1503 

• 

Marques   des   pièces 

Boites   à    2    cKnnibpes 

cv    V    ^cvt  ^vf»4>uva^vn.>       cMiltc     Vi    €lo^\ù 

Fifl.l 

Fig.2. 

Fig.3. 

Fi  g.  4. 

Fig.   />. 

Fm..O. 

x\\\ 

m 

^ 

JCIII 

<♦— *> 

^ 

OOOO 

4- 

huj.  I 

Fi  g.  8. 

Fi  <j.  9. 

Fig.  10.              Fig.  1 1  . 

VII 

lit 

IIU          vtu 

ooo^o 

«7  "   ^ 

«9-L<» 

H 

•  oooooo« 

Boites   à    12    çKanibpés     , 

F.y.12. 

KglS. 

Fiçj.  14. 

Fi  g.  15. 

Fig.lô. 

Fil,.  17. 

Fig.18. 

Kic,.19. 

Fig.20. 

Vil 

NVIII 

A 

J 

^ 

Ti 

Cl 

4^ 

Vli 

• 

liil 
ooooo 

vni 

ooooo o 

Il 
oooo 

#ooo 

Rg.21. 

Figa2. 

Fi{j25. 

9-24.    Fiffl'ô. 

1 

Ficj2(>. 

Pig.27 

ïuyjH 

Fit}  2  a 

V 

III 

m 

•i- 

VHI 

il 

\^lii 

VII 

il] 

^^'^TlW9w^^V 

oooo 

X 

^ 

^ 

V 

oo 

ooo 

Inventaire  de  1503 

Marques   des  pièces 


Pl.lïï 


S  teinbùchsen . 


Fig.  1. 


X 


Fi  g.  2. 


Kg.  3. 


J(lll 


/OAW 


JCIIII 


Fig-.  5. 

TXVII 


Fi^.  6. 

"1  CM^^teOM/ 


VI 


Fig.  7. 


J(ll 


Fig.  8 


N 


1 


Fici.  9. 


«Mitl^UV 


m 


Fig^^lO. 


icM^ncaAv 


J(1 


Fig.il 

+ 


Fi9^^l2 


Fig-.  13. 


oo 


b 


OOO 

Oeo 


Strittbùchs  en . 


Riggél - 


Fig.l4. 


Fig.  15 

D 


^ 


Fig.  16, 


O 

Oo  o 
o  o 


0 


Fig.  17. 


Pig.  18 


v's/ 


Fig.  1 9. 

+ 


T'ic^.20. 


l>ûcK 


sert . 


TarpisbticKsen  . 


Fig.21. 


o  o« 
o  00  e 


Fig.  22. 

i.  C^i/ 


%.25. 


ffl 


f 


Fig.24. 


U 


Fisr.25. 

4  <C4<%^ 


c 


00  e 

0 

o 


Fia.  26. 


000 
00  O 


Rg.27. 

a 


Fig.  28. 


Fig.  29. 


Fiy.  50. 


Fig.  51 

f     «ZCi'V 
O    O     o 

000 


Fi5j.32. 


Ft(j.33. 


Fig  34. 


TABLE    ANALYTIQUE 


Acquisitions  de  matériel  de  1431  à  1465,  p.  107  —  de  1465  à 
1503,  p.  111,  —  de  1504  à  1572,  p.  120,  —  de  1560  à  1667,  p. 
128,  —  de  1667  à  1689,  p.  129. 

Affûts.  Les  sièges  de  botte,  p.  102,  —  les  chars  de  boites,  p. 
109,  —  de  tarrasbiichse,  p.  106,  —  leur  amélioration,  Hans  Rein- 
bold,  p.  108,  —  RediDg,  p.  113,  —  p.  117,  130. 

Armement  des  tours,  p.  101,  102,  103,  107,  126,  127,  130, 

134. 

Armes  à  feu  portatives,  les  canons  à  mains,  handbûchsen,  p. 
103,  104,  107,  —  les  couleuvrines,  p,  104,  107,  —  les  haken- 
biichsen,  p.  105,  106,  —  les  arquebuses,  p.  123,  —  les  mousquets, 
p.  123,  125,  131,  —  les  fusils,  p.  131,  133,  137. 

Artillerie  à  feu  au  XIV^'  siècle,  p.  101,  —  son  introduction  à 
Fribourg,  p.  101,  —  son  effet,  p.  109,  —  à  Tépoque  des  guerres 
de  Bourgogne,  p.  103,  115,  —  moderne,  p.  133,  —  rayée,  p.  138. 

Boites.  Les  premières  bottes  à  Fribourg,  p.  101,  103.  —  Les 
boites  à  deux  chambres  ou  à  deux  chasses,  p.  104,  110.  —  Les 
grosses  boites,  p.  105.  —  Les  bottes  en  fer,  p.  114,  134.  —  Boites 
gisant,  p.  105. 

Bombardes,  bombardelles,  p.  105, 112, 113, 115, 127. 

Bombes,  p.  127,  129. 

Boulets.  Voir  Projectiles. 

Calibres  des  pièces,  p.  107,  ilO,  121, 122, 126,  133. 

Canons  à  mains,  p.  103;  —  gros  canons  à  mains,  p.  104,  —  à 
croc,  p.  105,  —  bourguignons,  p.  115,  116,  —  demi  canon,  quart 
de  canon,  p.  129. 

Cartouches,  gargousses,  p.  106. 

Chausse-trapes,  p.  m. 

Comptes  des  trésoriers,  p.  100,  —  à  comptes,  p.  100. 

Constables,  constablerie,  p.  132,  133. 


—     141     — 

Couleuvrines,  grosses,  demi,  schlaDgen,  DothschlangeOy  halb- 
scblangen,  p.  104,  112,  116,  118,  121,  122. 

Défensionnal,  p.  126, 131 

Double  haquebute,  doppelhaken,  p.  123, 128. 

Engins  anciens,  p.  101,  103.  —  Espringale,  springholf,  p. 
102,  103. 

Essais,  méthodes,  instruction,  organisation,  p.  108,  123,  125, 

132. 

Faucons,  fauconneaux,  p.  119, 121. 

Fonderie  de  canons,  p.  119,  120,  —  de  Strasbourg,  p.  133, 

137. 

Fondeurs  de  canons.  Pierre  Follare,  p.  106,  107,  —  Hensly 
FoUare,  p.  112,  —  Pierre  Fussly,  p.  119,  120,  121.  note,  —  de 
Berne,  p.  120,  —  Henri  Imgrun,  p.  122,  —[H.  F.  Klôli,  p.  124,  — 
B.  Reyff,  p.  124,  127,  128,  —  Jacob  Kugler,  p.  125,  —  Jacob 
Klôli,  p.  126,  127,  128,  —  Joseph  Keigler,  p.  128,  —  Claude 
Eagler,  p.  128,  —  Hans  Christophe  Kugler,  p.  128,  —  frères 
Klôli,  p.  130. 

Fontes  de  boulets,  p.  118,  —  en  Bourgogne,  p.  125,  —  à 
Scieur e,  p.  125. 

Fontes  de  canons  1409,  p.  103,  —  1440,  p.  104,  —  1444,  p. 

105,  —  1442,  p.  106,  —  1445,  p.  109,  —  1448,  p.  107,  —  1528, 
p.  119,  —  1543,  p.  120,  —  1647,  1668,  p.  124,  —  1643,  {p.  127, 
—  1687,  p.  129,  —  1774,  p.  133,  —  1827,  etc.,  p.  137. 

fiarde  arsenal,  Zeugwart,  p.  123,  —  les  Msennli  ou  Msendly, 
p.  123,  —  de  Montbéliard,  Florian  Coster,  p.  125,  —  Hans  Msendli, 
p.  125,  —  Frantz  Msenlin,  p.  125. 

Grenade,  p.  111, 129. 

Inventaires  de  rartillerie,  p.  99,  —  1431,  p.  103,  —  1446,  p. 

107,-1465,  p.  109,  —  1474,  p.  110,  —  1503,  p.  117,  —  1560, 
p.  120,  —  1667.  p.  128,  —  1689,  p.  130,  —  1756,  p.  134,  —  1823, 
p.  137,  —  1847,  p.  137. 

Keygel,  p.  110, 111. 

Loge  des  boites,  die  HUte,  p.  103. 

Maîtres  artilleurs,  Buchsenmeister,  contrats  d'engagement,  p. 


—     142    — 

101, 102,  —  Hans  Grefy,  p.  101,  —  Simon  Zinckfeld,  p.  102,  - 
Rodolphe  Metzer,  p.  102,  —  Hermann.  p.  102,  104,  —  Nicolas 
Liebi,  p.  106,  —  Claus,  Nicolas,  p.  107,  109,  —  de  Berne,  p.  108, 
—  d'Ulm,  p.  108,  —  Jean  de  Piri,  p.  108,  —  Ulrich,  p.  111,  — 
Ulrich  Wanner  ou  Wannenmacher,  p.  122,  —  Hans  Luck,  p.  122,  — 
Ulrich  Schlosser,  p.  122,  —  Cristan  Zilnberger,  p.  122,  —  Gabriel 
Ducher  ou  Tuchel,  p.  122,  —  Stephan  Kugler,  p.  122,  —  Andres 
Grosch,  p.  122,  —  Claude  von  Bitsch,  p.  122,  —  Wilhelm  Wider- 
stein,  p.  122,  —  Gasser,  p.  122,  —  Henri  ImgrUn,  p.  122,  — 
Benedicht,  p.  120,  —  Benedicht  Msenli,  p.  123,  —  Hans  Hœpt,  p. 
123,  —  Dambach,  p.  124,  —  Zelter,  p.  132,  —  le  père  Vanner,  p. 
132. 

Maître  de  rartillerle,  Zeugmeister,  p.  123. 

Marques  des  pièces,  signes,  p.  110, 113, 116,  pi.  I  à  III. 

Mortiers,  p.  lll,  127, 129, 130, 137. 

Orgue,  orguine,  ribaudequin,  p.  106, 109. 

Perce  murs,  Schirmbrecherin,  Steinbrecher,  Thurmbreoher, 

p.  105,  109. 

Pétards,  p.  111, 130. 

Pièces  bourguignonnes,  p.  115. 

Pièces  conquises,  p.  110, 112  à  116, 119, 134. 

Pièces  conservées,  p.  135. 

Pièces  de  campagne,  p.  113, 117, 119. 

Pièces  de  régiment,  p.  124. 

Pièces  enlevées  par  les  Français,  p.  136, 136. 

Pièces  des  musées,  p.  103,  —  de  Morat,  p.  104,  114,  —  de 
Neuveville,  Paris,  114,  115,  —  de  Bàle,  115,  planche  IV,  —  de 
Fribourg,  p.  135. 

Plans  d'armement,  de  défense,  p.  99,  126, 138. 

Platines  —  à  mèche,  p.  123,  —  à  silex,  p.  131. 

Poids  des  pièces,  p.  104, 105, 106, 116,  122. 135. 

Poudre  à  canon,  son  invention,  p.  101,  —  sa  composition,  p. 
102,  —  dépôts  de.  p.  134. 

Pots  à  feu,  p.  111,118. 


—     143     — 

Projectiles,  boulets  de  pierre,  p.  102,  105,  112,  —  carreaux, 
p.  102,  —  plombées,  p.  106,  107,  —  klotzen,  p.  107,  —  boulets 
de  fer,  p.  107,  111,  118,  124,  125,  126. 

RiegelbOchsen,  pièces  à  verrou,  p.  117. 

Salves  d'artillerie,  p.  121. 

Systèmes  d'artillerie,  p.  110, 121, 126, 129,  —  de  Yallière, 
p,  133,  —  Gribauval,  p.  133,  —  de  1819,  p.  137. 

StrittbOehsen,  pièces  de  bataille,  p.  117. 

TarrasbOchsen,  p.  106, 107, 108, 113, 117. 

Veuglaires,  p.  106, 109,  lis,  —  à  deux  chasses,  p.  107,  — 
entier,  p.  107,  —  «  wigler,  »  p.  107. 

Visites  des  fortifications,  p.  102,  —  de  l'artillerie,  p.  99,  107, 
109. 


*  H  • 


POPULATION 


nu 


CANTON  DE  FRIBOURG 

en  1811 

et  son  développement  pendant  le  19"*"  siècle 

PAR 

le  D'  F.  BUOMBERGER 

DIRECTFX'K   DU   BUREAU   CANTONAL   DE  STATISTIQUE 


AVANT-PROPOS 


La  connaissance  exacte  de  la  composition  physique  et  sociale 
de  la  population  au  commencement  de  notre  siècle  n'est  pas  sans 
importance,  car  on  peut  prouver  mathématiquement  que,  de  tous 
les  temps  de  la  période  historique,  c'est  le  19™®  siècle  qui  a  pré- 
senté la  plus  forte  augmentation  de  population.  Le  développement 
des  voies  de  communication  et  les  progrès  réalisés  au  point  de  vue 
général  du  mode  de  vivre,  ont  été  les  causes  principales  de  cette 
expansion  extraordinaire  du  genre  humain  ^). 

Une  étude  approfondie  de  la  constitution  sociale  de  la  popu- 
lation au  commencement  du  19™''  siècle,  époque  qui  a  été  le  point 
de  départ  de  cette  augmentation,  doit  nécessairement  faire  surgir 
des  faits  assez  intéressants  ;  mais,  pour  ces  temps  déjà  éloignés, 
des  recensements  proprement  dits  sont  choses  fort  rares. 

Notre  recensement  fribourgeois  de  1811,  qui  contient  les 
noms  avec  mention  de  sexe,  d'âge,  d'état  civil  et  de  profession  de 
tontes  les  personnes  demeurant  alors  dans  le  canton,  doit  être  con- 
sidéré comme  l'un  des  plus  anciens  dénombrements  exacts  exécutés 
dans  le  sens  moderne.  A  proprement  parler,  les  résultats  de  cette 
opération  n'ont  jamais  été  utilisés,  et  dans  quelques  cercles  de 
recensement,  l'addition  des  habitants  n'a  même  pas  été  faite. 

Toutes  ces  circonstances  réunies  m'ont  paru  assez  importantes 
pour  me  décider  à  procéder  à  l'élaboration  d'un  matériel  fort  grand 
et  assez  compliqué.  Ce  n'a  pas  été  une  petite  besogne  de  faire  la 
statistique  des  74,000  inscriptions  individuelles  contenues  dans  six 
forts  volumes  in-folio. 


*)  G.  V.  Mayr:  Statistik  u.  Goaeilschaftsleliro.  II.  Bd.   Bevôlkerungs- 
statistik,  Froiburg  i.  B.  1897,  p.  43. 


~     148     — 

Le  travail  ci-après  aurait  pu  être  agrandi  en  y  ajoutant  quel- 
ques chapitres  fort  intéressants  au  point  de  vue  statistique,  mais 
comme  il  parait  dans  une  revue  historique,  j'ai  cru  devoir  m'abs- 
tenir  de  développer  trop  un  tel  sujet  pour  ne  pas  le  charger  encore 
davantage  de  tableaux. 

Par  contre  j'ai  établi  diverses  comparaisons  avec  les  recense- 
ments ultérieurs,  même  au  point  de  vue  de  la  population  des  dif- 
férentes communes,  cela  afin  que  le  lecteur  trouve  ici  réunis  tous 
les  renseignements  désirables  sur  ce  sujet. 

Fribourg,  en  juillet  1901. 

D'  F.  Buomberger* 


INTRODUCTION 


Organisation  et  exécution  du  recensement  de  1811. 

1.  Pièces  officielles  relatives  au  recensement 

Le  premier  document  relatif  au  recensement  de  1811  qui  se 
trouve  aux  archives  cantonales  est  une  lettre  du  département  de 
police  et  militaire  du  canton  de  Fribourg  adressée  au  Petit  Conseil 
(Conseil  d'Etat)  en  date  du  28  février  1811  0-  En  voici  la  teneur  : 

Au  Petit  Conseil 

<  Le  Département  de  la  police  et  militaire,  vu  le  désir  qu'il 
soit  fait  une  répartition  plus  juste  de  la  fourniture  d'hommes  au 
contingent  militaire,  a  trouvé  qu'icelle  ne  pouvoit  être  faite, 
sans  une  connaissance  parfaite  de  la  population  ;  d'un  autre 
côté  le  Département  a  considéré  qu'il  serait  très  utile  et  né- 
cessaire au  Gouvernement,  tant  sous  le  rapport  militaire  que  celui 
de  la  police  de  connoitre  le  véritable  état  de  la  population,  mais 
pour  parvenir  à  ce  but  il  seroit  très  nécessaire  de  donner  à  cha- 
que commune  un  état  imprimé,  qu'ils  n'auroient  besoin  qu'à  rem- 
plir, par  ce  moyen  on  parviendra  à  une  uniformité  et  une 
parfaite  connaissance,  c'est  sous  ce  rapport  que  le  département 
a  l'honneur  de  présenter  au  petit  conseil  le  présent  état  cy-joint 
pour  être  imprimé  et  être  envoyé  en  nombre  suffisant  aux 
communes  par  les  Lieutenants  de  Gouvernement,  il  seroit  bon  de 
donner  aux  communes  un  terme  fixe  pour  faire  cette  opération.» 


0  Correspondances  du  département  militaire  1811  k  1812. 


—     150     — 

Le  Petit  Conseil  adhéra  pleinement  à  la  proposition  émise 
dans  la  précédente  lettre,  ainsi  que  le  témoigne  le  protocole  do  la 
séance  du  4  mars  1811  ^)  et  la  circulaire  qu'il  adresse  aux  lieute- 
nants du  gouvernement. 

Frotocole, 

«  Vu  la  proposition  du  Département  de  la  police  et  militairei 
en  date  du  28''  février  dernier,  tendant  à  faire  dresser  un  état 
général  et  exact  de  la  population  du  Canton  de  Frybourg,  afin 
d'être  à  même  de  faire  une  répartition  plus  juste  de  la  fourniture 
en  hommes,  qui  doit  être  faites  par  chaque  commune  pour  le  con- 
tingent militaire  de  ce  Canton,  ce  qui  présenterait  encore  d'autres 
avantages  sous  plusieurs  rapports.  Vu  aussi  les  modèles  imprimés, 
accompagnant  cette  proposition,  lesquels  rendront  cette  opération 
d'autant  plus  aisée  qu'il  n'y  aura  qu'à  les  remplir. 

Le  Petit  Conseil,  tout  en  approuvant  le  préavis  du  Départe- 
ment prémentionné,  adresse  une  circulaire  aux  Lieutenants  de 
Gouvernement  pour  les  inviter  à  faire  remplir  dans  chaque  commune 
par  une  personne  intelligente,  qu'ils  désigneront  à  cet  effet,  les  ta- 
bleaux imprimés  qui  leur  sont  envoyés  dans  ce  but,  à  prendre 
leur  dimensions  par  l'accélération  de  ce  travail,  de  manière  qu'il 
soit  parachevé  et  remis  au  Petit  Conseil,  au  moins  dans  les  dix 
jours  à  dater  de  la  réception  du  présent  ordre.  Les  personnes 
employées  à  ce  travail  seront  payées  sur  un  pied  raisonnable.  » 

Du  4  mars  1811. 

L'xVvover  et  Petit  Conseil. 

Circulaire  aux  Lieutenans  de  Gauveniement  -). 

«  Désirant  avoir  le  véritable  état  de  la  population  de  ce  canton, 
nous  vous  transmettons  des  tableaux  imprimés,  que  vous  ferez 
remplir  dans  chaque  commune  par  une  personne  intelligente  que 
vous  désignerez  à  cet  effet  et  à  laquelle  on  payera  ses  journées  sur 
un  pied  raisonnable. 

Vous  voudrez  prendre  vos  dimensions  pour  l'accélération  de 


')  Roixistro  des  dcUiWrations  du  Petit  Conseil  du  Ct.  de  Fribourg  1811, 

p.  loa. 

')  Correspondances  du  Petit  Conseil  N*  97,  p.  181. 


—     151     — 

ce  travail,  de  manière  qu'il  soit  parachevé  et  remis  &  nous  au 
moins  dans  les  dix  jours  à  dater  de  la  réception  des  présentes.  » 

A  l'exception  des  formulaires  remplis  et  de  quelques  pièces 
relatives  au  payement  des  agents  recenseurs,  voilà  tous  les  docu- 
ments officiels  concernant  l'organisation  et  l'exécution  de  ce 
recensement. 

2.  But  du  recensement. 

Ainsi  qu'il  ressort  des  pièces  officielles,  le  but  principal  du 
recensement  était  d'établir  une  répartition  plus  exacte  des  troupes 
à  fournir  par  chaque  cercle  et  chaque  commune. 

Il  est  probable  que  l'impulsion  première  venait  du  gouverne- 
ment français  car,  dans  la  même  année,  tous  les  cantons  se  mirent 
en  mesure  de  contrôler  plus  sévèrement  leurs  forces  militaires. 
Cependant,  à  notre  connaissance,  aucun  n'établit  un  dénombrement 
exact  de  la  population,  si  ce  n'est  Fribourg  :  Berne,  par  ex.,  se 
contenta  d'une  appréciation  approximative  par  commune. 

Un  but  semblable,  s'il  eût  été  connu,  aurait  sûrement  nui  à 
l'exactitude  de  l'opération,  aussi  le  gouvernement  eut-il  soin  de 
n'en  faire  aucune  mention  dans  ses  ordonnances  à  ses  lieutenants. 

II  est  en  outre  à  remarquer  que,  si  le  directeur  de  police  n'a 
utilisé  que  le  côté  militaire  du  recensement,  il  ne  poursuivait  pas 
uniquement  ce  but,  mais  désirait  encore  connaître  la  composition 
physique  et  sociale  de  la  population  fribourgeoise.  En  cela  ce  re- 
censement différait  essentiellement  de  ceux  du  moyen-âge  qui 
n'étaient  établis  que  pour  un  but  unique.  Le  fait  qu'il  s'identifiait 
avec  la  pratique  des  recensements  modernes,  ressort  encore  plus 
clairement  de  la  rédaction  des  formulaires. 

3.  Le  formulaire  du  recensement. 

Le  formulaire  employé  pour  ce  dénombrement  est  une  liste 
dans  laquelle  on  inscrit  consécutivement  les  objets  d'observation 
en  réservant  un  espace  suffisant  pour  les  colonnes  correspondant 
aux  indications  individuelles.  Selon  les  exigences  de  la  répartition 
des  langues  dans  le  canton,  ces  listes  étaient  imprimées  en  français 
ou  en  allemand  ;  primitivement  ce  n'était  que  des  feuilles  volantes, 
plus  tard  elles  furent  assemblées  et  reliées  de  manière  à  former 
un  volume  par  arrondissement  militaire. 


—     152    — 


-  1 

1 

lueiniSjH 

eJ!<lin™M!AWS 

ma 

R^Bj  no  uoiuçQ 

ean[aui03 

"    uoisasjojd  no  laig 

-  3  î  B  i  5 

sav 

.f     sXed  no  uo)UB3 

-  iMi|l 

p;ii!ii 

3  =^ 

•la. 

—     153     — 

Au  premier  coup  d'œil  jeté  sur  ce  formulaire,  on  s'aperçoit 
qu'il  contient  quelques  défauts,  mais  pour  éviter  des  répétitions 
fastidieuses,  nous  ne  nous  en  occuperons  qu'en  traitant  des 
résultats. 

4.  Les  agents  recenseurs. 

Conformément  à  l'ordonnance  du  gouvernement,  on  devait 
confier  ce  recensement  à  des  personnes  intelligentes  auxquelles  on 
donnerait  une  gratification  convenable  pour  leur  travail. 

Le  travail  exécuté  démontre  que  le  choix  des  organes  du  re- 
censement a  été  très  heureux  ;  dans  la  plupart  des  villes,  ces  fonc- 
tions furent  confiées  à  des  notaires  et  dans  la  campagne  à  des 
notables,  des  maitres  d'école,  etc.,  en  général  à  des  personnes  con- 
naissant parfaitement  les  sujets  recensés.  Le  travail  de  ces  agents 
recenseurs,  au  nombre  d'environ  300  ^),  était  divisé  d'une  manière 
très  intelligente  et  fort  rationnelle  :  les  grandes  communes  furent 
divisées  en  2,  3  et  4  cercles  de  recensement,  et  les  petites  furent 
réunies  pour  ne  former  qu'un  seul  cercle.  En  moyenne,  un  recen- 
seur comptait  250  personnes  et  recevait  pour  cela  une  gratification 
de  2  francs  suisses,  vieux  taux. 

5.  Coût  du  recensement. 

La  gratification  promise  dans  la  circulaire  aux  Lieutenants  du 
gouvernement  s'est,  paraît-il,  fait  attendre  assez  longtemps,  car 
diverses  plaintes  s'élevèrent  à  ce  sujet  ;  nous  ne  mentionnons  ici 
que  la  lettre  du  Lieutenant  du  gouvernement  de  Fribourg,  sous 
date  du  26  Juillet  1811  %  réclamant  au  Petit  Conseil  la  gratifica- 
tion due  à  ses  recenseurs. 

Enfin,  le  26  septembre  de  la  même  année,  le  Petit  Conseil 
autorisa  le  Département  des  Finances  à  disposer  de  la  somme  de 
600  francs  suisses,  vieux  taux,  pour  être  affectée  au  payement  des 
agents  recenseurs  ^). 


*)  Ce  chiffre  ne  peut  pas  être  fixé  exactement  par  le  fait  que  certains 
agents  recensaient  plusieurs  communes  et  que,  par  le  travail  du  relieur,  ces 
feuilles  ont  été  dispersées  dans  plusieurs  volumes. 

*)  Registre  des  délibérations  du  Petit  Conseil  du  Ct.  de  Fribourg  1811, 
p.  367. 

»)  Idem,  p.  443. 


—     154     — 

Le  livre  des  Rapports  du  Département  des  Finances  nous  a 
conservé  le  mode  de  répartition  de  ce  montant  ^)  ;  cette  opération 
s'est  effectuée  de  la  manière  suivante  : 

c  Le  Petit  Conseil  ayant  fixé  la  somme  de  600  F.  pour  paye- 
ment des  journées  employées  à  dresser  les  états  de  population  du 
Canton,  le  Département  a  décidé  de  transmettre  à  tous  les  Lieute- 
nants de  Gouvernement  (celui  de  Fribourg  excepté,  qui  sera  payé 
comptant)  une  assignation,  sur  leurs  receveurs  respectifs,  basée 
sur  la  repartition  suivante  : 

250    journées  alloué  F.  238,9 

>  >  34,5 

>  »  21 
»  »  50 

>  >  28 

>  >  54 

>  >  27 

>  >  29 

>  >  29  . 

>  >  27 
»  >  60 

>  27 


Arrond'  de  Fribourg 

250    j 

Surpierre 

11  'A 

Chatel 

24 

Bulle 

58 

Rue 

31 

Estavayé 

36 

Gruyères 

31 

Farvagnié 

33 

Corbières 

33 

Montagny 

31 

Morat 

66 

Romont 

31 

635  Va  journées  p.  F.  625,4 
<  Il  est  à  observer  que  les  F.  25,4,  excédents  les  F.  600  al- 
loués par  le  Petit  Conseil  sont  provenus  de  ce  que  les  Lieutenants 
de  Gouvernement  de  Surpierre  et  Estavayé  avoient  déjà  payé  les 
journées  employées  dans  leurs  arrondissements,  le  premier  à  raison 
de  F.  3  et  le  second  à  raison  de  F.  1,50.  Le  Département,  tout  en 
désapprouvant  leur  conduite,  a  bien  voullu  ne  pas  revenir  sur  cette 
affaire,  mais  on  les  préviendra  d'être  sur  leurs  gardes  et  de  ne  plus 
rien  faire  de  semblable  à  l'avenir  sans  autorisation.  » 

6.  Epoque  du  recensement. 

D'après  le  décret  du  gouvernement,  le  recensement  devait 
être  fait  dans  le  terme  de  10  jours  à  partir  de  la  réception  de  la 


^)  Manucil  du  Département  des  Domaines  &  Finances  1810  &  1811, 
p.  219. 


—     155     — 


circulaire  y  relative.  Dans  la  plus  grande  partie  du  canton  le  re- 
censement eut  lieu  dans  le  temps  indiqué^  soit  du  25  mars  au  3 
avril,  mais  dans  18  cercles  de  recensement  Topération  fut  avancce 
ou  retardée  ainsi  qu'il  suit  : 

Mars  le  23  —  3  cercles  avec  une  population  de  1407  âmes 


>       s 

24—4 

» 

> 

>     483 

» 

Avril  1 

4  —  6 

» 

> 

>  1451 

» 

»      1 

5  —  2 

> 

Tf 

>     309 

» 

>      1 

6  —  2 

> 

> 

>     570 

» 

»      > 

8  —  1 

» 

» 

>     395 

> 

Total  :      18  cercles  avec  une  population  de  4615  âmes 

Du  25  mars  au  3  avril,  époque  légale  de  l'opération,  69,594 
personnes  furent  donc  recensées.  La  carte  N®  1  indique  pour  cha- 
que commune  la  date  du  recensement  effectué. 


TABLEAL 

Hésnltats  dn  recensement  de  li 


DISTRICTS 


COMMUNES 


Frrbour 
geoU 
absents 


La  population  d 


l'âge 


Canton  de  Fribourg 


1.  Broyé  .  . 

2.  Giâne.. . 

3.  Ciruyère. 

4.  Saline , . 

5.  Ijic  .... 
0.  Siugîiie. . 
7.  Veveyse. 


1.  Broyc 


Auniont 

Autavaux 

Bolliuii 

Buasy 

CliAbles 

Cliaildon 

Chapelle 

Chàtillon 

Cheiry 

Cheyres 

Cogy 

Delley 

Domdidiei' 

Dompîeire 

Estavayer-le.Lac. . 

Fétigny 

Font 

Forel 

Franejt 

Frasses 

Les  Friques 


1836 

5fiHt; 


3659 
13877 


10852 
5060 


74 
200 
279 

m 

85 
102 
241 
234 
380 
261 
566 
288 
1269 
219 
207 
133 
84 
94 
78 


1819 
illlC 
1)852 
"8(14 
i'Jie 
5349 
Î.339 

S8I9 


1850 
43(3 
■703.5 
8404 
49.58 
5503 
3.5i1 

48.5(1 

13' 
43 


3463 
3960 
4341 
4954 
3446 


5341 
4805 
8033 
0688 
559. 


3613;  6388 
18.37!  2750 


RINCIPAL 

polatioD  dn  25  mars  au  3  avril  1811 


iidence  ordinaire  d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civil 

l'origine 

V«if 

DiToreé 

DU 

BotrgeoJs 
de  11 

fitargeois 
d'une 

Bourgeois 

Etran- 

t 

■■ri< 

ou 
Veuve 

eut  ma 
iieoiiDi 

CODIDIIDC 

dereceo- 

utre 
conmiiDe 

d'autres 
eaulons 

gers 

1 

seneot 

du  eauloi 

l 

23345 

3480 

70 

63191 

6502 

2942 

1574 

Canton  de  Fribourg 

» 

3338 

361 

8407 

867 

167 

228 

1.  Broyé 

►    2665 

448 

4 

7747 

745 

100 

67 

2.  Glane 

:   ii33 

742 

16 

1 2065 

1281 

215 

316 

3.  Gruyère 

4819 

803 

30 

1 1 759 

2870 

825 

754 

4.  Sarine 

f  3482 

389 



8278 

314 

1196 

96 

5i  Lac 

3465 

487 



10336 

86 

382 

48 

6.  Singine 

4543 

250 

4599 

339 

57 

63 

7.  Veveyse 

3238 

361 



8407 

867 

167 

228 

1.  Broyé 

98 

12 

248 

14 

8 

1.  Aumont 

37 

7 

74 

7 

6 

2.  Autavaux 

36 

1 

62 

4 

8 

3.  Bollion 

54 

13 

1 

195 

3 

2 

4.  Bussy 

97, 

10 

— 

241 

11 

10 

17 

5.  Châbles 

34 

4 

98 

11 

1 

1 

6.  Chandon 

*^       1 

32 

— 

83 

■  •  • 

2 



7.  Chapelle 

43 

— 

87 

14 

1 

8.  Châtillon 

se 

9 

— 

223 

15 

3 

9.  Cheiry 

72 

4 

200 

17 

17 



10.  Cheyres 

41 H 

16 

— 

308 

50 

6 

16 

11.  Cugy 

96 

9 

— 

226 

21 

4 

12.  Delley 

4  78 

42 

— 

512 

42 

8 

3 

13.  Domdidier 

96 

3 

— 

277 

8 

3 

14.  Dompierre 

76 

— 

962 

131 

31 

145 

15.  Estavayer-le-Lac 

7*1 

9 

— 

216 

•   •  • 

1 

2 

16.  Fétigny 

^^  1 

64 
43 
34 

10 

— 

193 

11 

2 

1 

17.  Font 

4 

— 

113 

20 

18.  Forel 

3 

77 

7 

19.  Franex 

1 

— 

75 

17 

2 

20.  Frasses 

21.  Les  Friques                         | 

• 

\S 

1 

— 

76 

2 

— 

DISTRICTS 


COMMUNES 


Fribour- 
geoi! 


La  population  d 


l'âge 


22  Gletterens 

23.  Granges-de-Vesin . , 

24.  Léchclles 

25.  Lully 

26.  Maoneos 

27.  Menières 

28.  Montagny-la- Ville.  . 

29.  Moiitagny-les-Monls 

30.  MoDtborget 

31.  MoDtbrelloz 

32.  Montet 

33.  Morens 

34.  Murist 

35.  Navilly 

36.  Portalban 

37.  Praratoud 

38  Prévondavaux 

30.  Rueyres-les-Prds..  . 

40.  Russy 

41.  St-Aubin 

42.  Seiry 

43.  Sévaz 

44.  Surpierre 

45.  Vallon 

4G.  Vesin 

47.  Villeneuve 

48.  La  VouDaiso 

49.  Vuisseos 

2.  Gîâne 

50.  Auborangea 

51.  Berlens 

52.  BillGDS 

53.  BiOBoens 


.11 

inn 

i^ 

121 

SI 

17< 

^ 

M 

It 

7,W 

;is 

155 

;)> 

716 

f.5 

2M 

1! 

91 

■M 

15S 

;13 

18< 

li: 

lOf 

:iii 

I8C 

.11 

762 

34 

112 

It 

6: 

.■>;■ 

11! 

■» 

171 

21 

10! 

9? 

W6 

n 

86 

ï 

62 

■M 

161 

i!7 

17S 

?? 

147 

3» 

171 

'ii 

113 

—     159     — 


dence  ordinaire 

î  d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civU 

l'origine 

1 

Veuf 

fAntti 

nn 

Boorgeois 
deia 

Bourgeois 
d'nie 

Bourgeois 

Etran- 

[ mmrié 

ou 

un 

eoDiDune 

utn 

d'autres 

gers 

Veuve 

JDCODDI 

de  reeeo- 

COBBDDO 

cantons 

■  Il  WHWH 

semeot 

do  cailoD 

ai 

h          4 

141 

19 

22.  Gletterens 

4€ 

i          4 

122 

2 

2 

1 

23.  Granges-ile-Vesin 

46]         2 



154 

19 

ï 

24.  Léchelles 

-14        — 

4 

43 

2 

1 

25.  Lully 

73         U 



252 

•   •   • 

26.  Mannens 

54           9 

129 

21 

o 

27.  Menières 

70           6 

141 

67 

7 

1 

28.  MoDtagny-la-Ville 

114 

•    •   • 



256 

24 

4 

29.  Montagny-les-Monts 

43 

3 

93 

5 

30.  Montborget 

52 

5 



130 

22 



1 

31.  MoDtbrelIoz 

64 

7 

108 

65 

11 

32.  Montet 

26 

3 

98 

1 

1 

33.  Morens 

64 

13 



170 

i 

3 

34.  Murist 

98 

2 

260 

1 

1 

35.  Nuvilly 

38 

5 

110 

2 

36.  Portalbau 

24 

•• 

o 

51 

9 

3 



37.  Praratoud 

42 

1 



93 

15 

11 



38.  Prévondavaux 

30 





76 

43 

1 

1 

39.  Rueyres-les-Prés 

34 

7 



102 

6 

40.  Russy 

144 

■    •  • 



446 

41.  St-Aubin 

33 

4 

-=• 

75 

11 

42.  Seiry 

12 

4 

49 

3 

43.  Sévaz 

52 

o 

153 

13 

1 

44.  Surpierro 

36 

5 



111 

18 

45.  Vallon 

43 

5 



118 

18 

6 

46.  Vesin 

68 

9 

1G6 

•  •   • 

9 

2 

47.  Villeneuve 

51 

5 

99 

10 

4 

48.  La  Vounaise 

63 

•  •   • 

154 

19 

12 

3 

49.  Vuissens 

Î665 

448 

4 

7747 

745 

100 

67 

2.  Olânc 

35 

10 

105 

14 

50.  Auboranges 

24           S 

64 

31 

1 

51.  Berlens 

40 

11 



139 

8 

10 

52.  Billens 

24 

5 



76 

■  •  • 

1 

— 

53.  Bionnens 

—     160     — 


DISTRICTS 


COMMUNES 


Nombre 
des 

Po- 

puiation 

de 

maisons 

rési- 

ha- 

dence 

bitées 

ordi- 
naire 

18 

98 

21 

125 

61 

277 

43 

246 

40 

232 

3? 

186 

13 

75 

20 

114 

i 

49 

14 

68 

37 

199 

9 

60 

19 

131 

9 

42 

28 

148 

20 

102 

62 

338 

10 

58 

32 

179 

11 

61 

14 

65 

o3 

282 

46 

278 

39 

170 

18 

100 

6 

41 

13 

138 

16 

79 

39 

231 

52 

219 

27 

153 

164 

909 

63 

380 

10 

57 

46 

245 

Nombre 

des 

Fribour- 

geois 

absents 

du 
canton 


La  population 


le  sexe 


Mas- 
culin 


F^ 

minin 


rage 


0-U 

ans 


15-59 
ans 


34.  Blessens 

55.  Chapelle-sur-Gillarens 

56.  LeChâtelard 

57.  Châtonnaye 

58.  Chavannes-les-Forts 

59.  Chavannes-sous-Orsonnens. . 

60.  Les  Ecasseys 

61.  Ecublens 

62.  Eschiens 

63.  Esmonts 

64.  Estévenens 

65.  Fuyens 

66.  Gillarens 

67.  Les  Glanes 

68.  Grangettes 

69.  Hennens 

70.  La  Joux 

71.  Lieffrens 

72.  Lussy 

73.  Macconnens 

74.  La  Magne 

75.  Massonnens 

76.  Mézières 

77.  Middes 

78.  Montet 

79.  Morlens 

80.  Mossel 

81.  La  Neyrigue 

82.  Orsonnens 

83.  Prez 

84.  Promasens 

85.  Romont 

86.  Rue 

87.  Le  Saulgy 

88.  Siviriez 


49 

49 

62 

63 

4 

139 

138 

1 

120 

126 

1 

117 

115 

\ 

102 

84 

34 

41 

\ 

5o 

59 

\ 

29 

20 

2 

38 

30 

\ 

94 

105 

27 

33 

63 

68 

23 

19 

\ 

78 

70 

\ 

56 

46 

12 

161 

177 

5 

27 

31 

2 

94 

85 

29 

32 

33 

.   30 

10 

131 

151 

137 

141 

2 

92 

78 

\ 

60 

40 

19 

22 

70 

68 

3 

39 

40 

1 

111 

120 

7 

114 

105 

6 

76 

77 

8 

421 

488 

3 

182 

198 

37 

20 

— 

119 

126 

33 
58 
84 
89 
88 
64 
29 
44 
17 
23 
73 
20 
61 
12 
49 
36 
120 
16 
61 
25 
23 
94 
92 
49 
38 
18 
54 
26 
78 
76 
56 
277 
150 
21 
87 


55 

55 

160 

127 

130 

1U 

42 

60 

27 

40 

108 

34 

60 

26 

81 

54 

176 

35 

96 

31 

34 

154 

164 

99 

51 

21 

70 

51 

129 

118 

76 

523 

195 

34 

138 


—     161 


résidence 

ordinaire 

d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civil 

l'origine 

0«- 

Vaut 

Dinrtj 

Al 

Boorgeois 
delà 

Boirgeois 
d'une 

Bourgeois 

Etran- 

liltire 

Marié 

ou 

(fut  civil 

comnioDe 
1 

UiK 

d'autres 

liere 

Veuve 

ineonnii 

dereeei- 

eonaioDe 

euloos 

gwa  w 

stneot 

do  eutoD 

66 

21 

11 

72 

26 

54.  Blessens 

75 

46 

4 

120 

5 

55.  Chapelle-sur-Gillarens 

m 

98 

8 

239 

37 

1 

56.  Le  Châtelard 

<70 

68 

8 

229 

13 

1 

3 

57.  Châtonnaye 

152 

70 

10 

230 

•   •  • 

2 

58.  Chavannes-les-Forts 

125 

52 

8 

1 

184 

•   •  • 

2 

59.  Chavannes-sous-Orsûnnens 

60.  Les  Ecasseys 

47 

22 

6 

55 

20 

— 

.    78 

31 

5 

98 

8 

8 

61.  Ecublens 

27 

22 

49 

62.  Eschiens 

40 

24 

4 

50 

18 



63.  EsmoDts 

139 

56 

4 

180 

19 

64.  Estévenens 

38 

22 

— 

60 

•   •   • 

65.  Fuyens 

77 

44 

10 

— 

108 

15 

8 

66.  Gillarens 

39 

12 

1 

42 



67.  Les  Glanes 

100 

41 

i 

129 

19 

68.  Grangettes 

58 

40 

4 

94 

1 

7 

69.  Hennens 

499 

118 

21 

— 

3U 

24 

70.  La  Joux 

S9 

28 

1 

46 

12 

71.  Lieffrens 

99 

80 

•  •  • 

160 

12 

7 



72.  Lussy 

39 

30 

2 

51 

10 

73.  Macconnens 

43 

19 

4 

5G 

9 

74.  La  Magne 

180 

81 

21 

237 

40 

4 

1 

75.  Massonnens 

194 

73 

12 

— 

237 

37 

1 

3 

76  Mézières 

86 

73 

12 

142 

17 

H 

77.  Middes 

67 

37 

6 

— 

95 

3 

2 

78.  Montet 

29 

10 

2 

— 

26 

15 

79.  Morlens 

90 

38 

10 

— 

131 

7 

80.  Mossel 

54 

34 

1 

77 

•      •      • 

2 

81.  La  Neyrigue 

150 

68 

12 

1 

157 

54 

20 

82.  Orsonnens 

145 

63 

12 

— 

197 

22 

83.  Prez 

89 

54 

10 

— 

141 

12 

84.  Promasens 

569 

284 

56 

— 

821 

48 

13 

27 

85.  Romont 

839 

116 

35 

— 

341 

28 

6 

5 

86.  Rue 

37 

.     18 

3 

56 

•   •   • 

1 

87.  Le  Saulgy 

178 

64 

3 

— 

316 

27 

2 

— 

88.  Siviriez 

11 


DI5TRICT5 


La  population  i 

l'âge 


COMMUNES 


■u-       Ft- 


I.  Sommeri:;'T 

I.  Tomv-Ie-firaîi'l 

■  I.>!?' 

I.  Vftuderens 

i.  ViIlan;;F;auA 

l.  Villaraliou'l 

I.  Vniaranon 

;.  Villarsirou.l 

'.  Villaria/ 

1.  V'illariniboud 

'.  Villatamriaoi 

100.  Villaz-St-Pierro 

101.  Vuirmarens 

102.  VuisterDeDS-dev.-RomoDt. 

3.  Oruyirc 

101!.  Albuuve 

104.  Avrj-t!cvant-I'«nt 

i.  liolUrnns 

1.  l'rru; 

I.  Ililllii 

lOH.  Cnniiat, 

t.  (;liariiu;y 

I  ('liùtf.l  sNi'Muiilsalvcns  .  .  . 

(!iirlji("Ti;s 

1  \'/..  Crfeijz 

I  i;i.  Ki;liail(!iiH 

IN.  K y 

i.  K^tavjLii tiens 

;.  (iraritlvillari! 

117.  Cril.vf'ii's 

IIH.  (liitilrfi'tis 

1111.  llaiiti'Villii 

lay.  Jftuii 


ls|     108 
170 


148 
82 
100 
142 
174 
175 
202 
128 
230 


113877 

522 
264 

83 
364 
1165 
402 
609 

71 
154 

66 
367 
212 
192 
407 
923 
257 
385 
403 


lot 


S-'i.l, 
1?K 


.11)! 
ISlil 


1911. 
'-' 

i-r.i 

i08| 


83 


76 
17 


ill9 
136 
il 
193 

mï 

Ma 
31S 


3i 

a 
iôj 


'"i 

■57 
81 

27 
73 
.11 
63 
90 


7.'ll     1  1  i\ 


SI 
33 
l?l 
37  f 


.13 
21 
lOS 
47 
5.1 


30» 
l.'il 
39 
ÎOi 
700 
«19 


3U 
138 
ICI 

53G 
Iti 

198 

20il 


ordinaire 

d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

civil 

l'origine 

Veuf 

DiKrw 

"K" 

"ff 

fcirgnB 

Etran- 

ou 

(|»l  ciTil 

immn 

iilre 

jiiitres 

Seri 

/euve 

dtrueD- 

mmt 

unions 

itml 

lu  lUM 

13 

176 

1 

89.  Sommeotier 

18 

— 

t8ô 

(0 

~ 

3 

90.  Torny-le-Orand 

3          - 

98 

8 

( 

( 

91.  Ursy 

9 

(37 

(2 

( 

92.  Vauderens 

1 

26 

(3 

2 

— 

93.  ViUangeaux 

4  4 

— 

U8 

— 

— 

94.  Villaraboud 

3 

— 

8? 

— 

— 

95.  Villaranon 

9 

i 

92 

"i 

( 

— 

96.  Villargiroud 

4 

in 

23 

— 

— 

97,  Villarlaz 

1  2 

— 

(59 

(5 

— 

— 

98.  Villariuboud 

S 

108 

7 

— 

99.  Villarsiviriaux 

S 

— 

<go 

\i 

— 

— 

100.  Villaz-St-Pierre 

9 

(28 

— 

— 

101.  Vuarmarens 

H 

(97 

32 

— 

\ 

102.  Vuislernens-devant-Romont 

-7*2 

iC 

(2063 

(38( 

2(3 

316 

3.  Gi-ujère 

30           — 

303 

(7 

S 

_ 

103.  Albeuve 

1  1 

— 

(98 

44 

(2 

(0 

104.  Avrydeïant-Pont 

8 

— 

61 

22 

_ 

— 

105.  Botterens 

21 

_ 

32( 

38 

4 

( 

106,  Broc 

6o 

? 

(082 

25 

38 

107.  Bulle 

20 

— 

2.32 

40 

(4 

90 

108.  Cerniat 

46 

— 

343 

38 

0 

2 

109.  Charmey 

2 



09 

2 



— 

1 10.  Châtel-sur-Montsalvens 

12 

(32 

21 

— 

( 

111.  CorbiôreB 

3 

60 





— 

112.  Crésuz 

22 

— 

336 

— 

(( 

113.  Echarlens 

8 

— 

210 

"si 

— 

114.  Enaey 

12 

— 

(89 

— 

3 

115.  Estavannens 

26 

— 

340 

00 

( 

116.  Grandvillard 

40 

797 

80 

3 

4( 

117.  Gruyères 

IS 

— . 

210 

4( 

— 

— 

118.  Gumefens 

26 

339 

40 

( 

3 

119.  HauteviUe 

360 

4( 

2 

120.  Jaun 

—     164     — 


DISTRICTS 


COMMUNES 


Nombre 

des 
maisons 

ha- 
bitées 


Po- 
pulation 

de 
rési- 
dence 
ordi- 
naire 


Nombre 

des 

Fribour- 

geois 

absents 

du 
canton 


La  population 


le  sexe 


Mas- 
culin 


Fé- 
minin 


l'âge 


0—14 
ans 


15—59 
ans 


121.  Lessoc 

122.  MarseDS 

123.  Maules 

124.  MoDtbovoD 

125.  Morlon 

12G.  Neirivue 

127.  Pâquier 

128.  Pont-en-Ogoz 

129.  Pont-la- Ville 

130.  Riaz 

131.  La  Roche 

132.  llomanens 

133.  Rueyres-Treyfayes 

134.  Sales 

135.  Sorens 

136.  Tour-de-Trcine . . . 

137.  Vaulruz 

138.  Villarbeney 

139.  Villarvolard 

140.  VilIars-d'Avry . . . . 

141.  Villars-sous-Mont. 

142.  Vuadens 

143.  Vuippens 

4.  Sanne 

144.  Arconciel 

145.  AutafoDd 

146.  Autigny 

147.  Avry-sur-Matran .. 

148.  Belfaux 

149.  Bonnefoiitaine.. . . 

150.  Chénens 

151.  Chésalles 

152.  Chésopelloz 


53 

232 

4 

117 

50 

251 

15 

121 

27 

165 

1 

96 

82 

389 

2 

192 

51 

252 

8 

123 

42 

223 

1» 
i 

H6 

38 

232 

\ 

116 

20 

116 

5 

64 

5(i 

274 

2 

1 46 

104 

578 

33 

261 

134 

773 

Q 

^ 

372 

43 

193 

91 

34 

195 

1 

95 

71 

368 

9 

189 

8- 

408 

15 

201 

1 20 

543 

263 

90 

453 

10 

205 

9 

50 

25 

56 

234 

121 

7 

42 

i'4 

•m  ^ 

24 

94 

2 

53 

144 

780 

7 

387 

35 

186 

8 

93 

2010 

16208 

291 

7804 

oO 

259 

4 

1 29 

9 

75 

40 

50 

314 

2 

161 

34 

189 

■  * 

94 

53 

266 

1 

141 

46 

213 

3 

108 

31 

204 

3 

98 

12 

58 

— 

28 

26 

131 

— 

68 

115 
130 

69 
197 
129 
107 
116 

52 
128 
317 
401 
102 
100 
179 
207 
280 
248 

25 
113 

20 

41 
393 

93 

8404 

130 

35 

153 

95 

125 

1 05 

106 

30 

63 


54 

n 

42 

119 

80 

75 

io 

38 

97 

183 

230 

60 

56 

121 

123 

161 

160 

14 

63 

14 

14 

260 

60 

4954 

90 
27 
108 
51 
85 
69 
66 
17 
37 


145 
135 
104 
220 
139 
127 
133 

70 
154 
326 
454 
117 
120 
210 
227 
332 
343 

30 
146 

24 

65 
440 
113 

9688 

146 

46 

173 

108 

151 

121 

118 

33 

78 


—     165     — 


idence  ordinaire 

:  d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civU 

l'origine 

( 

Veuf 

DiYorcé 

OD 

Bourgeois 
delà 

Bourgeois 
d'nie 

Bourgeois 

Etran- 

1 Marttf 

ou 

vu 

eut  civil 

connuDe 

litre 

d'aotres 

gers 

1 

Veuve 

ineoDDO 

de  ma- 

COBBIIie 

cantons 

( 

semeil 

da  mlit 

71 

18 

_ 

222 

8 

9 

121.  Lessoc 

8f 

17 

233 

•      •      « 

•* 

13 

122.  Marsens 

44 

9 

— 

136 

28 

1 



123.  Maules 

f08 

34 

373 

14 



124.  Montbovon 

84 

16 

— 

220 

21 

5 

6 

125.  Morlon 

68 

16 

210 

11 

1 

1 

126.  Neirivue 

70 

10 

188 

44 



127.  Pâquier 

44 

9 

— 

102 

•   •   • 

12 

2 

128.  Pont-en-Ogoz 

1  lO 

13 

207 

67 

129.  Pont-la-Ville 

198 

31 

305 

44 

19 

10 

130.  Riaz 

2'28 

18 

12 

722 

48 

3 

131.  La  Roche 

53 

12 

155 

37 

1 

132.  Romanens 

48 

7 



174 

20 

1 

133.  Rueyres-Treyfayes. 

115 

18 

270 

83 

11 

9 

134.  Sales 

132 

29 



374 

32 

2 

135.  SoreDS 

180 

28 



362 

166 

2 

13 

136.  Tour-de-Trême 

154 

6 



374 

63 

13 

3 

137.  Vaulruz 

18 

1 

39 

0 

6 

138.  Villarbeney 

80 

10 



182 

43 

3 

6 

139.  Villarvolard 

16 

1 

4? 



140.  Villars-d*Avry 

•^  ^ 

7 

88 

4 

9 

141.  Villars-sous-Mont 

248 

48 

2 

688 

68 

16 

8 

142.  Vuadens 

59 

10 

— 

163 

•       •       • 

10 

13 

143.  Vuippens 

4819 

803 

50 

11739 

2870 

823 

754 

4.  Sarine 

80 

12 

164 

90 

4 

1 

144.  ÂrcoDciel 

16 

75 



145.  Autafond 

107 

15 

305 

•   •   • 

9 

146.  AutigDy 

61 

G 



1 43 

44 

147.  Avry-sur-Matran 

91 

16 

253 

•   •    • 

1 

12 

148.  Belfaux 

69 

12 



104 

43 

G 

149.  BonnefoDtaine 

56 

14 

1 99 

•      •      • 

3 

150.  Chénens 

20 

•• 

;>o 



8 

151.  Chésalles 

50 

6 

122 

■      •      • 

9 

152.  Chésopelloz 

—     166     — 


DISTRICTS 


COMMUNES 


Nombre 

de* 
maleont 

ha- 
bitées 


Po- 
pulation 

de 
rési- 
dence 
ordi- 
naire 


Nombre 

de* 

Friboll^ 

geoli 

absent* 

du 
canton 


La  population  d 


le  sexe 


Mas- 
culin 


Fé- 
minin 


l'&ge 


0—14 

an* 


15—59 
ans 


153.  La  Corbaz 

154.  Corjolens 

155.  Cormagens-Forniangucires. 

156.  Corminbœuf 

157.  Corpataux 

158.  Corserey 

159.  Cottens 

160.  Cuterwil 

161.  Ecuvillens 

162.  Ependes 

163.  Essert 

164.  Estavayer-le-Gibloux 

165.  Farvagny-le- Grand 

166.  Farvaguy-le-Pctit 

167.  Ferpidoz 

168.  Fribourg 

169.  Givisiez 

170.  Granges-Paccot 

171.  Grenilles 

172.  Grolley 

173.  Illens 

174.  Lentiguy 

175.  Lossy 

176.  Lovens 

177.  Magnedens 

178.  Marlv-le-Grand 

179.  Marly-le-Petit 

180.  Matrau 

181.  Montécu 

182.  Montévraz 

183.  Neyruz 

184.  Xierlet-les-Bois 

185.  Noréaz 

186.  Oberricd 

187.  Onnens 


18 

8 
17 
38 
45 
26 
32 
16 
48 
27 
27 
3(i 
45 
19 
12 
829 
21 
22 
I9 
37 

3 
36 
12 
21 
13 
32 
II 
38 

9 

42 
44 

9 
42 

r 

29 


101 

63 
113 
226 
232 
162 
162 
100 
295 
161 
127 
178 
223 

96 

76 
6186 
125 
164 
128 
206 

25 
201 

86 
128 

82 
217 

76 
182 

41 
247 
267 

47 
248 

86 
157 


I 
3 


9 

î 

3 

I 

183 

3 

9 


4 

I 

9 

9 


zi 


lu 


54 
33 
51 

117 

114 
87 
77 
51 

138 
81 
62 
85 

H3 
50 
39 
»792 
64 
80 
66 
96 
16 
99 
44 
67 
39 

106 
39 
85 
22 

1Ô? 

132 
99 

125 
41 
76 


47 

27 

66 

30 

31 

29 

63 

34 

74 

109 

86 

123 

118 

84 

138 

75 

51 

97 

85 

46 

96 

49 

38 

47 

1.57 

105 

166 

80 

52 

96 

65 

50 

67 

93 

53 

107 

MO 

70 

125 

46 

27 

64 

37 

25 

42 

3394 

1579 

3961 

61 

40 

73 

84 

49 

105 

62 

50 

66 

MO 

78 

114 

9 

7 

18 

102 

63 

116 

42 

38 

44 

61 

47 

69 

43 

31 

41 

Ml 

78 

122 

37 

21 

48 

97 

57 

106 

19 

5 

28 

146 

^1» 

154 

135 

112 

141 

25 

12 

26 

123 

91 

131 

45 

29 

49 

81 

58 

78 

—     167     — 


e   ordinaire 

d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

t  civil 

l'origine 

1     Veuf 

Dhorcc 

BourgMis 
de  11 

Boorgeois 
d'Boe 

Bourgeois 

Etran- 

1      ou 
1  Veuve 

vu 

eut  cirii 

iDCODDD 

eoDDilDe 

de  RctD- 

stneit 

lotre 

CODlDiDDe 

do  eiDiûD 

d'autres 

CaDlODS 

gers 

3 

1      -- 

101 

•  «  • 

153.  La  Corbaz 

6 

42 

21 

154.  GorjoIeDS 

4 

— 

iOb 

•       •       • 

8 

1 55.  Cormagens-Formangueires 

6 

— 

203 

7 

14 

156.  Corminbœuf 

12 

226 

•      «      • 

2 

4 

157.  Corpataux 

sa* 

— 

126 

36 

158.  Corserey 

6 

158 

•       •       • 

1 

3 

159.  Cottens 

6 

— 

100 

•      •      • 

160.  Cuterwil 

IS 

293 

•      •       • 

9 

<» 

161.  Ecuvillens 

8 

157 

•       •       • 

2 

2 

162.  Ependes 

G 

93 

34 

163.  Essert 

w           «            * 

171 

4 

2 

1 

164.  Estavayer-le-Gibloux 

1 1 

219 

? 

1 

1 

165.  Farvagny-le- Grand 

t 

— 

86 

9 

1 

166.  Farvagny-le-Petît 

C 

— 

74 

•      •      • 

2 

167.  Ferpicloz 

3S4 

45 

3392 

1601 

582 

611 

168.  Fribourg 

lO 

il6 

•    «   • 

7 

2 

169.  Givisiez 

7 

— 

49 

103 

9 

3 

170.  Granges-Paccot 

1 

— 

121 

•      •      • 

l 

ni.Grenilles 

9 

196 

•      •      • 

10 

172.  Grolley 

3 

20 

5 



173.  Illens 

2 

1 

185 

6 

8 

2 

174.  Lentigny 

2 

86 

•   •  • 

175.  Lossy 

ô 

111 

17 

176.  Lovens 

4 

82 

•      •       • 

177.  Magnedeus 

— 

69 

114 

16 

18 

178.  Marly-le-Grand 

^          •          • 

— 

42 

32 

1 

1 

179.  Marly-le-Petit 

9 

117 

48 

7 

10 

180.  Matran 

3 

— 

40 

1 

181.  Montécu 

^  ^^^ 

40 

132 

60 

7 

48 

182.  Montévraz 

4  3 

209 

58 

183.  Neyruz 

* 

3 

— 

47 

•       •       • 





184.  Nierlet-Ies-Bois 

•1  *? 

24fi 

»            .   .   . 



185.  Noréaz 

G 

41 

3.'i 

1" 

>          i 

186.  Oberried                              1 

2 

lil 

U 

1        11 

1" 

187.  Onnens                               1 

—     168     — 


DISTRICTS 
COMMUNES 

Nombre 

d«« 
maisons 

ha- 
bitées 

Po- 
pulation 
de 
rési- 
dence 
ordi- 
naire 

Nombre 

des 

Fribour- 

geois 

absents 

du 
canton 

La 

population  c 

le  sexe 

l'Age 

iHas- 
cuiin 

Fé- 
minin 

0-14 
■m 

15 -S9 
ans 

60 

188.  Pierrafortscha 

18 
13 
14 
19 
54 
50 
oo 
39 
23 
13 
123 
21 
38 
22 

i 

72 
U 

1831 

26 
20 
49 
23 
30 
21 
41 
23 
13 
30 
13 
43 
17 
27 
26 

146 
119 

72 
162 
304 
285 
231 
184 
114 

50 
666 
117 
249 
111 

52 
358 

65 

9884 

158 
101 
351 
137 
149 

95 
215 
118 

65 
169 
101 
234 

66 
140 
123 

2 
6 
2 
1 
1 

3 

16 
1 

9 

I 
1 

473 

23 

4 

13 
1 

4 
3 

27 

*• 

0 

1 

76 

61 

38 

96 

139 

137 

117 

89 

60 

37 

333 

61 

120 

38 

32 

178 

31 

4926 

78 
35 

172 
67 
71 
50 

105 
65 
37 
94 
47 

123 
31 
62 
50 

70 

58 

34 

66 

165 

148 

114 

95 

54 

33 

313 

56 

129 

53 

20 

180 

34 

4958 

80 
46 

179 
70 
78 
43 

110 
53 
38 
75 
54 

m 

33 

78 

Ti 

39 
45 
31 
55 
69 
98 
76 
48 
35 
11 

354 
38 
91 
44 
13 

127 
33 

3446 

67 
37 
111 
30 
50 
30 
67 
36 
38 
68 
38 
88 
18 
69 
4S 

95 

64 

45 

89 

191 

164 

133 

133 

70 

31 

351 

71 

144 

56 

33 

308 

29 

5592 

78 

9/ 

208 

93 

87 

49 

131 

73 

32 

88 

56 

133 

41 

1       60 

t       71 

189.  Ponthaux 

190.  Posât 

191.  Posieux 

192.  Praroman 

193.  Prez 

194,  Ressens 

195.  Rueyres-St-Laurent 

196.  Sales 

197.  Senèdes 

198.  Trevvaux 

199.  Villarlod 

200.  Villars 

201.  Villarsel-le-Gibloux 

202.  Villarsel-sur-Marly 

203.  Vuisternens-en-Ogoz 

204.  Zénauva 

5.  Lac 
205.  Acriswvl 

206.  Altavilla 

207.  Barberêche 

208.  Buchslen 

209.  Bure 

210.  Chandossel 

211.  Cordast 

212.  Cormérod 

213.  Gorsalettes 

1 

214.  Courcevaud 

215.  CourlevoQ 

216.  CournilleDS 

217.  Courtaman 

218.  CourtepÎD 

219.  CourtioD 

—     169     — 


idence 

:  ordinaire 

i  d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civil 

l'origine 

Veuf 

Divorcé 

01 

Boirteois 
de  11 

Boirgeeis 
d'gge 

Boargeois 

Etran- 

A 

MêM 

ou 

étal  dTil 

eoniiiiiit 

utre 

d'aatres 

gers 

V 

Veuve 

ioeoDiQ 

de  KCtD- 

tnmm 

cantons 

fl  SWHB  V 

sevit 

dl  MDtOD 

2 

42 

2 

27 

110 

8 

1 

188.  Pierrafortscha 

3 

34 

2 

119 

•  •  • 

— 

189.  PoDthaux 

8 

23 

1 

50 

21 

1 

190.  Posât 

4 

42 

6 

157 

•   •  • 

o 

191.  Posieux 

19 

90 

21 

4 

204 

90 

8 

2 

192.  Praroman 

15 

87 

13 

— 

284 

•  •  • 

1 

193.  Prez 

15 

90 

6 

207 

24 

194.  Bossens 

18 

66 

10 

146 

31 

4 

3 

195.  Rueyres-St- Laurent 

0 

39 

5 

— 

114 

•   •  • 

196.  Sales 

16 

20 

4 

— 

44 

6 

197.  Senèdes 

li 

216 

46 

566 

84 

U 

2 

198.  Treyvaux 

8 

35 

4 

M7 

•  •  • 

199.  Villarlod 

13 

66 

•  •  • 

211 

•  •  • 

38 

200.  Villars 

18 

40 

3 

— 

102 

7 

1 

1 

201.  Villarsel-le-Gibloux 

II 

20 

1 

31 

21 

202.  Villarsel-sur-Marly 

19 

116 

13 

— 

381 

73 

4 

203.  Vuisternens-en-Ogoz 

■2 

21 

2 

— 

39 

26 

204.  Zénauva. 

3 

3482 

389 

8278 

314 

1196 

96 

5.  Lac 

3 

56 

9 

139 

16 

3 

205.  Agrîswyl 

10 

38 

3 



63 

10 

28 

206.  Âltavilla 

1 

110 

•  •  • 

^ 

323 

•  •  • 

28 

207.  Barberêche 

19 

68 

•  •  • 

— 

97 

15 

25 

208.  BUchsIen 

10 

64 

5 

— 

85 

16 

48 

209.  Burg 

8 

30 

7 

— 

92 

•  •  • 

2 

1 

210.  Chandossel 

■2 

54 

9 

— 

195 

16 

2 

2 

211.  Cordast 

4 

33 

1 

118 

•   •  • 

— 

212.  Cormérod 

0       22 

3 

65 

•  •   • 

213.  Gorsalettes 

3       71 

S 

— 

108 

26 

34 

i 

214.  Courgevaud 

7       34 

•  •  • 

— 

66 

35 

215.  Courlevon 

r      63 

10 

— 

232 

•   •  • 

1 

1 

216.  Cournillens 

i       28 

— 

64 

•  •  • 

2 

217.  Courtaman 

1/       54 

•  •   • 

— 

135 

•   •  • 

4 

1 

218.  Courtepin 

1 

d6 

4 

117 

•  •  • 

6 



219.  Gourtion 

—     170     — 


DISTRICTS 


COMMUNES 


Nombre 
des 

Po- 
pulation 
d« 

maisons 

r<ti- 

ha- 

dence 

bitées 

ordi- 
naire 

7 

58 

16 

211 

io 

246 

52 

272 

i7 

141 

•• 

45 

M) 

189 

II 

67 

n 

125 

i7a 

822 

lo 

100 

i 

56 

II) 

68 

5(1 

356 

a 

138 

19 

87 

i:\ 

148 

i 

58 

"}^ 

374 

I7;> 

1012 

8:i 

400 

40 

232 

M 

230 

(M 

242 

iiii 

1053 

liT 

694 

IM 

79 

27 

159 

1  Mo 

10852 

1  •>'.> 

856 

U:< 

840 

i9 

279 

i9S 

1926 

Nombre 

des 
Friboui^ 

geois 
absents 
du' 
canton 


La  population  d 


le  sexe 


Mas- 


Fé- 


cuiin  !  minin 


rage 


0-14 

ans 


15—59 
ans 


220.  Coussiberlé 

221.  Grossier 

222.  Friischels 

223.  Galmiz 

224.  Gempenach 

225.  Greng 

22G.  Grossgurmels 

227.  Grossguschcimuth 

228.  Jcuss 

229.  Kerzcrs 

230.  Kloinbosingen. . . , 

231.  Kleingurmcls 

232.  Kleinguschelmuth 

233.  Liebistorf. 

234.  Lurtigen 

235.  Meyriez 

236.  Misery 

237.  Monterschu 

238.  Montilier 

230.  Murten 

240.  Riod 

241.  Salvenacli    

242.  Ulmiz 

243.  Villarepos 

244.  Vuilly-le-Kas 

245.  Vuillv-lc-Ilaul..., 

246.  Wallèubuch 

247.  Wallenried 

().  SingifU' 

248.  Alterswil 

21 0.  Hosingoii 

250.  Bninisrictl 

251.  DiidingeD 


9 
3 


I 

I 

3 
I 

Ui 

:) 


31 
IN 
13 


4 

139 
40 

4 

47 


9 


3K 

IU8 

137 

liO 

71 

24 

93 

3.) 

G2 

4â(» 

51  i 


i(> 
34; 
l-'iS 
73 
431 

i  i 

33 
181 
4(>l 
il  3 
118 
l?3 
\i\ 
'Mi 
349! 
40 
83 


30 

103 

109 

143 

70 

31 

96 

32 

63 

396 

49 

30 

34 

198 

6.) 

44 

71 

25 

193 

o-t  I 

187 

114 

107 

121 

531 

345 

39 

76 


5349  5503 


430| 
4351 

1 36: 
943, 


426 
405 
143 
983 


34 

44 

108 

104 

56 

15 

63 

22 

51 

284 

34 

19 

19 

153 

37 

25 

52 

19 

144 

284 

13) 

97 

81 

70 

415 

341 

31 

54 

3613 

276 
232 
106 


25 

145 

116 

153 

76 

27 

114 

41 

64 

448 

62 

34 

42 

187 

93 

54 

87i 

36 

201 

629 

243 

118 

133 

142 

531 

384 

93 


6288 

510 
524 
151 


6I7i  11721 


—     171     — 


sidence 

ordinaire  d'après: 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civU 

l'origine 

i. 

Veuf 

Nmeé 

Al 

Boirmis 
il«U 

Boirgeoit 
d'ue 

Boorguis 

Etran- 

ira 

Mwié 

ou 
Veuve 

état  dû 
iieoni 

temne 

dema- 

sengt 

utn 
eougge 
da  mtoD 

d'autres 
eagtns 

gers 

36 

17 

•• 

0 

17 

36 

13 

220.  Coussiberlé 

31 

83 

8 

— 

204 

•      •      • 

3 

4 

221.  Gressier 

47 

87 

12 

— 

233 

•      •      • 

13 

222.  Frâschels 

88 

80 

4 

246 

10 

16 

223.  Galmiz 

84 

33 

4 

— 

73 

13 

43 

8 

224.  Gempenach 

30 

14 

1 

— 

1 

4 

36 

4 

225.  Greng 

30 

52 

7 

139 

33 

14 

3 

226.  Grossgurmels 

52 

14 

1 

— 

55 

M 

1 

227.  Grossguschelmuth 

82i      40 

3 

— 

109 

•  •  • 

16 



228.  Jeuss 

■42 

328 

52 

— 

734 

10 

58 

229.  Kerzers 

79 

19 

2 

91 

2 

7 



230.  KleinfcosiDgen 

41 

13 

•  •  • 

47 

4 

5 

231.  Kleingurmels 

44 

20 

4 

60 

7 

1 

232.  Kleinguschelmuth 

!20 

12i 

14 

— 

3)4 

•   •  • 

34 

8 

233.  Liebistorf 

85 

42 

11 

120 

•  •   • 

17 

1 

234.  Lurtigen 

44 

40 

3 

— 

56 

2 

25 

4 

235.  Meyriez 

97 

47 

4 

148 

•   •   • 

236.  Misery 

42 

16 



— 

57 

1 



237.  Monterschu 

130 

144 

•  •  • 

311 

8 

33 

2 

238.  Montilier 

.74 

372 

66 

— 

493 

7 

472 

40 

239.  Murten 

137 

163 

•  •  • 

363 

20 

13 

2 

240.  Ried 

46 

86 

•  •  • 

171 

23 

36 

241.  Salvenach 

31 

99 

•  •  • 

— 

168 

21 

41 

242.  Ulmiz 

43 

90 

9 

— 

224 

•  •  • 

17 

1 

243.  Villarepos 

132 

374 

57 

1048 

2 

3 

244.  Vuilly-le-Bas 

03 

238 

31 

— 

654 

•   •   • 

33 

3 

245.  Vuilly-le-Haut 

51 

25 

3 

— 

71 

1 

4 

3 

246.  Wallenbuch 

03 

42 

12 

148 

6 

— 

247.  Wallenried 

!00 

3165 

487 

— 

10336 

86 

382 

48 

6.  Singine 

84     224 

48 

807 

41 

8 

248.  Alterswil 

61     235 

44 

— 

821 

•   •  • 

19 

249.  BosiDgen 

88       90 

1 

— 

265 

•  •  * 

14 



250.  Brunisried 

» 

576 

82 

— 

1841 

»  •  • 

83 

2 

251.  DûdiDgen 

—     172     — 


DISTRICTS 


COMMUNES 


Nombre 

des 
maitont 

ha- 
bitées 


Po- 
pulation 

de 
rési- 
dence 
ordi- 
naire 


Nombre 

des 
Fribour 

geois 

absents 

du 

canton 


La  population 


le  sexe 


mas- 
culin 


Fé- 
minin 


râgc 


0-14 

ans 


15-59 
ans 


6C 
et 


252.  Giffers 

253.  HeiteDricd 

254.  Oberschrot 

255.  Plaffeyen 

256.  Plasselb 

257.  Rechthalten 

258.  St-Antoni 

259.  St-Sylvester 

2G0.  St-Ursen 

261.  Tafers 

262.  Tentlingen 

263.  Ueberstorf 

264.  Wunncwyl 

265.  Zumholz 

7.   Vevcyse 

266.  Attalens 

267.  Besencens 

268.  BossoneDs 

269.  Bouloz 

270.  Châtel-St-Denis. 

271.  Le  Crêt 

272.  Fiaugères 

273.  Granges 

274.  Grattavache 

275.  Pont 

276.  Porsel 

277.  Progens 

278.  Remaufens 

279.  La  Rougève  . . . 

280.  St-Martin 

281.  Scmsales 


98 

512 

2 

64 

466 

4 

69 

395 



76 

448 

56 

247 



91 

556 

•> 

186 

1092 

73 

398 

107 

667 

1 

68 

411 

31 

177 

4 

131 

801 

6 

78 

594 

4 

32 

187 



950 

5060 

101 

m 

618 

■  • 

27 

126 

32 

184 

4 

29 

167 

4 

274 

1544 

54 

«5 

323 

3 

44 

187 

1 

38 

197 

3 

23 

124 

i 

22 

107 

45 

226 

3 

24 

99 



48 

271 

3 

10 

72 

46 

272 

3 

112 

543 

17 

254 
222 
?95 
220 
123 
275 

—  321 

—  182 
353 
201 

88 
398 
283 

88 

2339 

304 
58 
93 
81 

763 

1 09 
90 
96 
65 
62 

107 
36 

1 33 
34 

1 50 

278 


238 
244 
200 
228 
124 
281 
571 
216 
314 
210 

89 
403 
309 

99 

2521 

314 
68 
91 
86 

781 

154 
97 

101 
59 
43 

119 
43 

138 
38 

\ii 

265 


199 
163 
139 

92 

76 
196 
389 
132 
208 
114 

78 
2i>o 
233 

69 

1837 

232 

39 

76 

72 

574 

lit 

31 

62 

50 

41 

67 

34 

112 

29 

109 

178 


264 
262 
207 
307 
145 
312 
584 
224 
399 
261 

92 
467 
309 

98 

2750 

319 

77 

94 

83 

831 

181 

112 

114 

39 

61 

134 

34 

131 

38 

147 

313: 


—     173     — 


sidence 

ordinaire  d'après  : 

DISTRICTS 
COMMUNES 

l'état  civU 

l'origine 

i- 

Veuf 

Diforte 

M 

Bourgeois 
de  la 

Bourgeois 
d'oDe 

Boargoiis 

Etran- 

ni 

MarW 

ou 

VII 

eut  ciTJI 

COIDfllUDe 

1 

aitre 

d'aitres 

gers 

V«uv« 

IDCODDU 

dertcei- 

conuioiie 

Mita 

seiMDt 

du  (UtOD 

33 

152 

27 

476 

•      •      • 

23 

13 

252.  Giffers 

04 

137 

23 

433 

•      •      • 

26 

1» 

i) 

253.  Heitenried 

85 

407 

3 

— 

394 

»      •      • 

1 

254.  Oberschrot 

98 

H9 

31 

— 

431 

•      •      • 

16 

1 

255.  Plaffeyen 

S6 

88 

3 

225 

3 

14 

5 

256.  Plasselb 

75 

133 

28 

344 

•       •       • 

9 

10 

257.  RechthalteD 

76 

344 

72 

— 

1076 

•       •      • 

13 

3 

258.  St-Antoni 

82 

95 

21 

378 

•      •       • 

20 

259.  St-Sylvester 

01 

166 

■  •   « 

— 

648 

•      •      • 

19 



260.  St-Ursen 

78 

104 

21) 

— 

371 

32 

8 



261.  Tafers 

10 

60 

»• 

i 

167 

•      •      • 

10 

262.  Tentlingen 

91 

272 

38 

— 

745 

•      •       • 

48 

8 

263.  Ueberstorf 

80 

187 

27 

525 

10 

58 

1 

264.  Wiiiinewyl 

30 

36 

1 

— 

187 

•      •      • 



265.  Zumholz 

67 

1543 

250 

4399 

339 

37 

63 

7.   Veveyse 

97 

184 

37 

^__ 

561 

28 

17 

12 

266.  Attalens 

S7 

28 

M 

108 

18 



267.  Besencens 

i2 

34 

8 

— 

183 

a     *     • 

1 

268.  Bossonens 

98 

64 

5 

150 

16 

1 

269.  Bouloz 

16 

464 

64 

— 

1363 

128 

13 

40 

270.  Châtel-St-Denis 

19 

89 

15 

311 

12 

271.  Le  Crêt 

19 

33 

13 

— 

177 

10 

272.  Fiaugères 

K       48 

13 

197 

•       •       • 



273.  Granges 

'4        36 

14 

109 

11 

4 

274.  Grattavache 

17        36 

4 

93 

14 

275.  Pont 

9       68 

9 

202 

24 



276.  Porsel 

3        il 

3 

— 

92 

4 

3 

277.  Progens 

1        ^M 

16 

260 

5 

6 

278.  Remaufens 

»      20 

3 

63 

■      •      • 

9 

279.  La  Rougève 

\        981 

M 

- 

253 

12 

0 

280.  St-Martin 

«76/ 

22 

473 

37 

2 

9 

281.  Semsales 

RÉSULTATS 


A.    Le  territoire  du  canton  de  Friboorg  considéré 

dans  ses  subdivisions  politiques. 

(Voir  Carte  N*  1). 

1.  Arrondissements.  La  division  actuelle  en  sept  districts  : 
Broyé,  Glane,  Gruyère,  Lac,  Sarine,  Singine  et  Veveyse  n'existait 
pas  en  1811.  Le  pays  était  alors  réparti  en  12  arrondissements  ou 
districts  correspondant  en  grande  partie  au  développement  histo- 
rique du  canton  ;  voici  Ténumération  des  districts  avec  rindication 
du  territoire,  dont  ils  ont  été  formés  : 

1.  Fbiboubg  (les  €  anciennes  terres  >  avec  les  bailliages  de 
Planfayon  et  de  Bellegarde  ;  c'est  la  partie  la  plus  ancienne  du 
canton). 

2.  MoNTAGNY  (les  seigneuHes  de  Montagny,  St-Aubin  et  une 
partie  d'Estavayer). 

3.  MoBAT  (le  territoire  autrefois  administré  en  commun  avec 
Berne). 

4.  Fabvagny  (l'ancien  bailliage  de  Pont). 

5.  BoMONT  (le  bailliage  du  même  nom). 

6.  Bulle  (les  anciens  territoires  de  Bulle,  d'Everdes  et  de 
Vaulruz). 

^  ,>.       ^       > (l'ancien  comté  de  Gruyères). 

8.  CORBIÈBBS/'^  •' 

9.  EsTAYAYEB  (prosQuo  intégralement  les  anciennes  seigneu- 
ries d'Estavayer,  Font  et  Cugy). 

10.  SuBPiBBBE  (la  seigneurie  de  ce  nom  avec  Prévondavaux  et 
Vuissens). 

11.  Rue  (bailliage  de  ce  nom  moins  la  commune  de  Semsales). 

12.  Ghatel  (Châtel-St-Denis  avec  les  communes  de  Semsales, 
Attalens  et  Bossonnens). 


—     175     — 

Afin  d'établir  plus  facilement  la  comparaison,  nous  avons  admis 
comme  base  de  notre  travail,  la  division  actuelle  en  sept  districts  ; 
cette  réduction  ne  présentait  pas  de  grandes  difficultés,  attendu 
que  la  subdivision  en  communes  était,  à  peu  de  chose  près,  la 
même  alors  qu'aujourd'hui. 

2.  Communes.  (D'après  le  nombre  des  habitants  et  la  super- 
ficie moyenne). 

Le  canton  se  divise  en  281  communes  politiques,  nombre 
excessivement  grand,  relativement  au  territoire  et  à  la  population, 
puisque  en  1811  il  n'y  avait  en  moyenne  que  264  habitants  par 
commune  et,  sans  la  ville  de  Fribourg,  242  seulement  (en  1888  — 
424  et  380).  Le  canton  de  Fribourg  présentait  alors  comme  au- 
jourd'hui le  plus  grand  morcellement  politique  de  toute  la  Suisse. 

En  1811,  22  7o  ^^^  communes  du  canton  avaient  une  popu- 
lation inférieure  à  100  habitants  ;  la  Sarine  et  la  Glane  possédaient 
les  plus  petites  communes,  tandis  que  la  Veveyse  et  surtout  la 
Singine  présentaient  des  communes  beaucoup  plus  considérables. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  relativement  à  la  population  est  aussi 
applicable  à  l'étendue  du  territoire  des  communes  fribourgeoises, 
bien  que  la  Singine,  la  Gruyère  et  la  Veveyse  soient  des  contrées 
montagneuses.  La  superficie  moyenne  du  territoire  d'une  commune 
est  de  5,6  km'  ;  dans  les  contrées  situées  de  433  m.  à  699  m.  d'al- 
titude, l'étendue  moyenne  de  ce  territoire  est  de  3,9  km^  et  de 
700  à  1032  m.,  elle  est  de  7,3  km*. 

La  population  en  général. 

1 .  Population  de  droit  et  population  de  résidence. 

Le  recensement  de  1811  aurait  dû  établir  la  population  de 
droit  et  celle  de  résidence  ordinaire  ;  c'est  ce  qui  découle  de  l'en- 
tête de  la  colonne  2  du  formulaire  où  l'on  trouve  la  mention  sui- 
vante :  «  On  inscrit  ici  toutes  personnes  et  enfants  quelconques 
demeurant  dans  la  commune  ainsi  que  les  ressortissants  de  la 
commune  qui  sont  absents  du  canton  ». 

Les  agents  recenseurs  devaient  donc  faire  le  dénombrement 
lion-seulement  des  fribourgeois  résidents,  mais  encore  de  tous  ceux 


—     176     — 


qui  étaient  absents  du  canton.  Cette  manière  de  procéder  n'était 
pas  sans  offrir  de  nombreuses  et  sérieuses  difficultés,  sans  parler 
des  erreurs  auxquelles  une  semblable  question  pouvait  donner 
naissance.  D'abord  il  n'était  guère  possible  à  cette  époque,  de  re- 
censer les  personnes  absentes  depuis  fort  longtemps  et  n'ayant 
conservé  aucune  relation  avec  la  commune  d'origine.  Ensuite  le 
formulaire  lui-même  contribuait  à  donner  des  idées  fausses.  En 
effet,  la  colonne  n^  8  dans  laquelle  devait  être  indiqué  le  domicile 
des  absents,  porte  un  double  entête  :  «  service  militaire  >  et  <  ré- 
giment>Xvoir  p.  152).  C'est  ce  qui  arriva  effectivement  dans  la  plu- 
part des  cercles  de  recensement  :  on  se  borna  à  indiquer  seulement 
les  personnes  absentes  pour  cause  de  service  militaire  en  France, 
à  Naples,  etc.,  enfin  dans  les  armées  de  Napoléon. 

Ces  chiffres,  ainsi  compris,  ne  donnent  naturellement  qu'une 
partie  des  ressortissants  de  Fribourg  absents  du  canton  et  dès  lors 
la  population  de  droit  n'est  pas  représentée  d'une  manière  utilisable. 

Le  premier  tableau  ci-dessous  donne  ces  chiffres  et  ceux  de  la 
résidence  ordinaire  pour  les  sept  districts  et  le  second  pour  les 
villes. 


Districts. 

ToUl  des 

Population 

Absents 

*/,  des  absents 

Villes. 

personnes  in- 

de 

du 

rel.  an 

diquées. 

résidence  ord. 

canton. 

total. 

Broyé 

9832 

9669 

163 

1,66 

Glane 

8750 

8659 

91 

1,04 

Grayère 

14202 

13877 

325 

2,29 

Sarine 

16499 

16208 

291 

1,76 

Lac 

10359 

9884 

475 

4,59 

Singine 

10899 

10852 

47 

0,43 

Veveyse 

5161 

5060 

loi 

1.96 

et.  de  Fribourg  75702 

74209 

1493 

1,97 

Fribourg 

6369 

6186 

183 

2,87 

Morat 

1043 

1012 

31 

2,97 

Bulle 

1203 

1165 

38 

3,16 

Gruyère 

946 

923 

23 

2,43 

Estavayer 

1321 

1269 

52 

3,94 

Romont 

917 

909 

8 

0.87 

Rue 

383 

380 

3 

0,78 

Châtel 

1598 

1544 

54 

3,38 

Villes 

13780 

13388 

392 

2,84 

Campagne 

61922 

60821 

1101 

1,78 

—     177     — 

Les  citoyens  fribourgeois  au  service  de  France  sont  donc 
presque  exclusivement  compris  dans  le  pour  cent  des  absents  ;  ce- 
pendant il  y  a  des  restrictions  à  apporter  à  cette  appréciation,  car 
dans  quelques  cercles  on  traita  avec  plus  de  justesse  la  question 
des  absents.  Ainsi  en  fut-il  par  exemple  dans  quelques  communes 
du  Lac  voisines  de  Vaud  et  de  Berne  ;  on  trouve  là  des  indications 
assez  complètes  des  personnes  ayant  transféré  leur  domicile  dans 
l'un  on  l'autre  de  ces  deux  cantons. 

Mais  le  chiffre  qui  est  absolument  juste,  celui  qui  sera  unique- 
ment employé  pour  Télaboration  de  tous  les  tableaux,  est  celui  de 
la  population  de  ré^dence  ordinaire,  comprenant  toutes  les  per- 
sonnes qui  demeuraient  dans  la  commune  et  les  personnes  momen- 
tanément absentes.  Il  est  vrai  que  le  formulaire  ne  fournit  aucune 
indication  relativement  à  ce  dernier  point,  mais  il  est  hors  de 
doute  que  les  personnes  momentanément  absentes  ont  été  recen- 
sées à  l'endroit  de  leur  domicile  habituel,  car  on  trouve  des  men- 
tions spéciales  telles  que  :  «  en  visite  à  Fribourg  »,  etc.  dans  des 
communes  de  la  campagne.  Cette  personne  est  donc  recensée  dans 
la  commune  de  résidence  ordinaire  et  non  à  Fribourg. 

Les  militaires  au  service  étranger  n'ont  point  été  considérés 
comme  momentanément  absents  car,  pour  eux,  cette  absence  était, 
pour  ainsi  dire,  indéfinie. 

Le  chiffre  de  74209  est  bien,  par  conséquent,  celui  de  la  rési- 
dence ordinaire  dans  le  sens  de  nos  recensements  modernes,  ce  qui 
permettra  d'en  tirer  des  comparaisons  avec  les  temps  actuels. 

2.  Etat  de  la  population  en  181 1 
comparé  aux  autres  résultats  de  recensement  du  canton  de  Fribourg. 

A  l'exception  des  recensements  fédéraux  de  1850,  1860,  1870, 
1880  et  1888,  le  canton  de  Fribourg  possède  en  particulier,  des 
dénombrements  de  population  pour  les  années  1785,  1800,  1818, 
1831,  et  1842  ^).  Les  recensements  antérieurs  à  celui  de  1811  ne 
donnent  que  le  chiffre  des  habitants,  sans  autre  spécification  de 


^)  Kuenlin  :  Dictionnaire  géographique,  statistique  et  historique  du 
canton  de  Fribourg.  1  vol.  Fribourg,  1832.  1.  p.  196-197. 

12 


—     178    — 

valeur  statistique  ;  ces  deux  recensements  doivent  être  considérés 
plutôt  comme  de  simples  évaluations  que  comme  des  recensements 
proprement  dits. 

Il  est  assez  difficile  de  fixer  le  degré  d'exactitude  des  recense- 
ments antérieurs  à  1850  ;  quoiqu'il  en  soit,  les  chiffres  ci-après 
donnant  l'augmentation  de  la  population  d'une  manière  très  régu- 
lière et  assez  naturelle,  peuvent  mériter  notre  confiance. 

Les  chififres  des  recensements  antérieurs  à  1850  indiquent  très 
probablement  la  population  de  résidence,  mais  nous  n'en  avons  pas 
la  certitude  absolue  comme  pour  les  recensements  de  1811,  1860 
et  1888  ;  on  pourrait  même  ajouter  celui  de  1850,  quoique  ce  dé- 
nombrement comprenne  aussi  49  réfugiés  politiques  et  37  étrangers 
de  passage.  Par  contre,  les  recensements  de  1870  et  1880  donnent 
le  chififre  de  la  population  de  fait,  c'est-à-dire  la  population  présente 
au  moment  du  recensement. 


Epoque  du 

Total  de  la 

Augmentation 

recensement 

|« 

population. 

En  chiffre  absolu. 

Sur  1000  habitant-s 
par  année  : 

1785 

61,589 

1800 

67,814 

6,225 

6,4 

1811 

74,209 

6,395 

8,2 

1818 

79,462 

5,253 

9,8 

1831 

86,769 

7,307 

6,8 

1842 

95,611 

8,842 

8,9 

1850 

99,891 

4,280 

5,5 

1860 

105,523 

5,632 

5,1 

1870 

110,832 

5,309 

4,6 

1880 

115,400 

4,568 

4,1 

1888 

119,155 

3,755 

4,50 

1785-1886 

t 

— 

57,566 

6,4 

1811- 

-1850 

25,682 

7,7 

1850- 

-1888 

19,264 

4,6') 

1811- 

-1888 

44,946 

6,1 

^)  Ces  deux  chiffres  diffèrent  du  calcul  fait  dans  la  publication  du 
bureau  fédéral  de  statistique  ;  les  résultats  du  recensement  fédéral  du  1*'  dé- 
cembre 1888.  I.  vol.  Berne,  1892,  p.  195. 


—     179     — 

Il  résulte  de  ce  tableau  que  la  population  du  canton  de  Fri- 
bourg  n'a  pas  doublé  pendant  cette  période  de  103  ans  ;  il  aurait 
fallu  pour  cela  une  augmentation  annuelle  de  6,5  au  lieu  de  6,4  sur 
1000  habitants.  Ainsi  le  canton  de  Fribourg,  avec  une  population 
presque  entièrement  agricole,  n'atteint  pas  le  niveau  d'autres  po- 
pulations de  l'Europe  qui  ont  doublé  dans  un  temps  beaucoup  plus 
court  ^). 

L'étude  de  ce  tableau  dans  ses  détails,  fait  surgir  des  points 
de  vue  fort  intéressants  concernant  le  développement  historique 
de  la  population  fribourgeoise. 

La  plus  forte  augmentation  de  population  se  fait  surtout  re- 
marquer dans  la  première  moitié  du  siècle  :  spécialement  dans  les 
années  1800  à  1818  et  1831  à  1842.  L'augmentation  de  la  première 
période  s'explique  en  ce  sens  que  la  population  fribourgeoise  tend 
i  réparer  les  pertes  subies  dans  les  nombreuses  guerres  du  règne 
de  Napoléon  ;  des  faits  analogues  se  produisent  à  la  suite  de  pres- 
que toutes  les  guerres  et  ils  ont  été  numériquement  fixés  pour  la 
population  de  la  France  et  de  l'Allemagne  après  la  guerre  de 
1870  ').  Celle  de  la  seconde  période  est  due  à  la  situation  excep- 
tionnellement favorable  de  l'agriculture  dans  les  années  1830  à 
1840.  Cette  époque  a  été  pour  l'agriculture  la  seule  réellement 
fertile  et  abondante  de  tout  le  lO'^^  siècle  et  il  est  bien  compré- 
hensible que,  pour  un  canton  spécialement  agricole  comme  Fri- 
bourg,  cette  situation  si  heureuse  dut  naturellement  réagir  sur 
l'augmentation  de  la  population. 

Dès  lors  jusqu'à  nos  jours,  les  temps  sont  devenus  pénibles  et 
souvent  durs  pour  l'agriculteur.  Aussi  peut-on  constater  dans  pres- 
que tous  les  districts  agricoles  de  la  Suisse  une  augmentation'  de 
population  proportionellement  très  faible  et  môme  une  diminution. 
Ce  phénomène  se  fait  snrtout  remarquer  dans  les  années  1880  à 
1888.  Il  est  vrai  qu'il  faut  dire  que  Fribourg  pendant  cette  période 
a,  par  exception,  une  situation  un  peu  plus  favorable  que  dans  les 
années  1870  à  1880. 


0  Mayr  :  Statistik  u.   GesellHchaftslohro.  II.  Band.  Rcvôlkerungs- 
fltatistik,  Freiburg  in  B.,  1897,  p.  43. 
*)    Idem,  p.  43,  fip. 


—     180     — 

Mais  la  situation  politique  et  économique  du  pays  n'est  natu- 
rellement pas  l'unique  cause  des  fluctuations  dans  l'augmentation 
de  la  population  ;  il  en  est  d'autres  qui  ne  sauraient  être  passées  sous 
silence,  la  principale  est  certainement  pour  le  canton  de  Fribourg 
l'immigration  des  Bernois  sur  le  territoire  fribourgeois  qui  s'est 
produite  dans  le  district  du  Lac  surtout  pendant  les  années  1840  à 
1860  et  dans  le  district  de  la  Singine  de  1850  à  1860.  De  plus,  les 
chiffres  du  tableau  n^  10  prouvent  indirectement  que  Taugmenta- 
tion  par  naissance  des  étrangers  au  canton,  doit  être  bien  plus 
considérable  que  celle  des  fribourgeois,  c'est  ce  qui  explique  la  si- 
tuation avantageuse  du  canton  dans  les  années, 1880  à  1888  dont 
on  vient  de  faire  mention. 

Dans  le  tableau  suivant  nous  donnons  le  développement 
de  la  population  dans  les  différents  districts.  De  1811  à  1850, 
ce  sont  les  districts  de  la  Sarine,  de  la  Olâne  et  de  la  Veveyse 
qui  présentent  le  plus  fort  développement  de  population  ;  de 
1850  à  1888,  c'est  la  Singine  et  la  Sarine  (ville  de  Fribourg)  et 
enfin  de  1880  à  1888,  la  Broyé  prend  place  à  côté  de  ces  deux 
derniers  districts.  Dans  la  première  période,  l'augmentation  dans 
les  trois  districts  est  due,  sans  doute,  à  une  situation  agricole  plus 
avantageuse  que  dans  le  reste  du  canton  ;  dans  la  seconde  période, 
l'immigration  des  bernois  procure  un  plus  grand  développement  de 
population  dans  la  Singine,  et  l'exode  de  la  population  campagnarde 
vers  la  ville,  constaté  surtout  dans  les  années  1870  à  1888,  produit 
le  même  résultat  dans  la  Sarine  ;  enfin  la  Broyé  doit  à  l'invasion 
étrangère  la  place  qu'elle  occupe  dans  la  dernière  période. 

Si  l'on  considère  séparément  la  population  de  la  campagne  et 
celle  des  villes,  on  voit  ainsi  qu'il  vient  d*être  dit  que  cette  der- 
nière s'est  développée  dans  de  bien  plus  fortes  proportions  que  la 
première.  L'augmentation  annuelle  par  1000  habitants  est  pour 
les  villes  9,4  contre  7,3  de  1811  à  1850  ;  6,4  contre  4,1  de  1850  , 
à  1888,  et  7,9  contre  5,7  pour  toute  la  période  de  1811  à  1888  ; 
la  population  des  villes  s'est  donc  presque  doublée  tandis  que  celle 
de  la  campagne  n'a  augmenté  que  d'un  tiers. 


—     181     — 


2 


OD 


'S 


0^ 


OÙ 

s* 


o 
'S 

s 

o 

ce 


P4 

e 

es        il 


ce   I 

u 

es 

e 

1 

Pi 


B 

^. 

001 

■■■■■ 

e 

5  ^"wi-  001 

tH 

le     ^     «     o     «     c»     4p 

e» 

l» 

1 

•«00'* 

'00 

o 

:0  O  afï  l^  :o  ç£  ao 

1^ 

aO 

B 

E 

^* 

^* 

O 

00 

ig 

olO^OO 
•OOO'^OO 

• 

v4    0»    o    L.    09    a    00 

CO  OÔ  :0  aO  ^i  ao  <>i 

O 

• 

O 

^" 

^" 

^* 

o 

3 

•*"  ^ 

.m 

l» 

o     M        le      <#     91        lO      CD 

eo 

00 

•«00'**'00 

l-- 

ad  oc  ao  X  oc  1^  00 

O) 

l^ 

si 

^" 

^" 

^^ 

00 

lentat 
Ihabi 

o  00 ,-.  00 

•ooo'^'oo 

• 

^    ce     «p     o    o     f    ^ 
•^*  ce  aO  O  »î  "^  O 

« 
O 

0» 

ce 

*" 

'^ 

^^ 

^^ 

o 

fi*' 

•  f^^  00 
•OOO'^OO 

1FN 

• 

•* 

r*    ç    t"-     i«    «    ^    a 
C^  »i  :0  :0  O  l-^  O 

• 

ce 

O    «1 

o 

^" 

1 

o 

o 

•ooo'^oo 

• 

^     lO     or     »     lO     <«     M 
ce  îd  :??  ?0  <?i  :^  i6 

v4 

ce 

e» 

• 

•* 

a 

^* 

^" 

Q 

Q 

B 

®  tf^wt 

.CO 

th    00    lO    c9    0»    ei    c» 

e» 

i" 

«1 

^00'*  00 

:0 

^  ce  aO  l-^  :0  CO  CO 

O 

ce 

e 

c 

^* 

^* 

^e- 

^ 

Q 

a> 

iî^KJ*^ 

■ 

o   m      «     ^    91      le     oc 

•        •                  •             •             •            •             ■ 

00 

• 

00 

# 

O 

•OOO^ 

'00 

l"^ 

OC  X  aO  X  OC  r^  OC 

05 

l^ 

s 

^* 

^* 

SE 

00 
00 
00 

»yo 

o  "^  c^i  ce  o»  **  o 

^. 

•* 

l.  "i 

I/o 

o»  o  Mj.  o  ao  <>l  05 

O 

aO 

c^ 

X  X  ce  C5  -!-  o»  i^ 

O 

ao 

«s 

•*  ce  <*- 1^  :e  X  i^ 

•* 

^ 

-w 

^^ 

— 

—     —    ?>»     ft»     --.    *F- 

f>l 

05 

£ 

o 

00 
00 

^-w 

X  X  aO  -5-  X  O  •* 

ce 

^. 

M 

••          "a 

^j 

•^  •*  -^  aO  O  O  CO 

ce 

CD 

-2 

^-4          9» 

*■«** 

Oi  -^  -^  :0  Oi  :-e  i^ 

ce 

O 

*  a.« 

-^  ce  O  O  •*  r^  i^ 

ce 

5  " 

^    M 

0»   c 

-^3 

'' 

•T^ 

—  —  (>i  «>i  ^-  — 

Oî 

Oi 

00 

X  o  X  -o  «^  OI  •* 
ce  X  X  X  <M  o  ce 
1--  •-.  o»  ^  X  ce  X 

aO 
9i 

ce 

^-1 

ce  ce  c:  :f5  •*  CO  i-^ 

(»l 

X 

•a  « 
M  E 

«A      M) 

"xa 

*" 

•—••?■•—  '^1  •-  •— 

oi 

X 

fc 

o 

CO 

00 

C^ 

i--  -^  ^  o  '>»  ce  •* 
(>-i  ae  o  ce  o  "^  ce 
ce  ce  (Ti  c>i  •*  ao  mj« 

X 

aO 

-î 

CM 

c=> 

ce  CM  X  •*  •^  ae  c^ 

^|B 

ce 

e 

--«j 

■IP"   ••-•!-   G^l   •-•   ^ï- 

Oi 

X 

o 
m 

00 

X  /"-s/^-sO  l"^  CM  Ol 

X 

ce 

'S 

CO 

^  ::r  ^a  -^  ^"^  —  c*^ 

•—  e^i  CO  Mj»  ae  :îTi  *!- 

91 

o 
o 

a 

-^     B 

ot> 

c^  ^  r^  CM  ce  •*  i^ 

Ci 

o 

e 
o. 

*!"    —4     —     ^1    ^^    ^^ 

^^ 

X 

os 

05  Oi  i-^  X  •*  0^  o 

X 

^ 

— • 

o  :0  l-^  o  X  ae  o 

X 

c^ 

S 

00 

C»l 

o  çO  X  »l  X  X  o 

ce 

X 

c^i      sa 

1  — 

05  X  ce  o  C5  o  se 

ce 

o 

es 

^"  •-•            «» 

^" 

CO 

0) 

.^ 

^ 

09 
0) 

s 

O 

«N 

^s 

i3 
CO 

S 

5: 

eu 

a 

f^ 

es 

^ 

•^ 

0 

o 

o 

C 

o 

g 

'  a5     '         '  oî 

1 

'^ 

1 

*4o 

®  ©  ^o)  2    •  o  ►» 

j-i  -^  im  os  ca  ,g  Oi? 

eu 

o 

O 

s^ 

PQO  0(/}H^CO> 

pL, 

pL, 

3 

o 


OQ 

2 

H 
I 

o 
kl 


0) 
a* 

eo 

•4.» 

00 


C9 

*^  S 

Se 

-^  « 

0*a 
•^    « 

o  «A 

■§^ 
es 

es 

^  a 

Si 

ai 

si 

al 

.  ea 


8 


—     184     — 


District  —  Commune 


ru|iHia 

iiun  ao  r 

o«iucnco 

de 

u  aprva 

ic  revenu 

iviiieni 

H-ligneititioi 

)   • 

—  IHiniiiiitiM 

1811 

1850 

1860 

1870 

1880 

1888 

IIIUIIUIIII'JII 

1811    1888 

9669 

13168 

1 3327 

1 3738 

14248 

1 4820 

+    53, 

270 

442 

456 

481 

489 

499 

-    84.8 

87 

120 

129 

144 

145 

158 

-    81., 

74 

U8 

158 

156 

132 

138 

-    86.S 

200 

237 

257 

256 

249 

261 

-    30  6 

279 

359 

322 

294 

306 

314 

-      12.6 

111 

185 

181 

201 

185 

210 

-    89.J 

85 

120 

123 

117 

115 

106 

h    24-7 

102 

157 

183 

171 

186 

164 

h    60.8 

241 

298 

282 

295 

303 

272 

h    ^^9 

234 

381 

363 

369 

399 

146 

+    90-, 

380 

480 

505 

504 

602 

688 

h    81  .j 

251 

315 

295 

281 

297 

309 

h    23.1 

565 

743 

766 

869 

873 

870 

h    54.0 

288 

431 

439 

542 

544 

542 

h    88.Î 

1269 

1323 

1383 

1413 

1478 

1555 

h    22.» 

219 

310 

294 

301 

317 

378 

-j 

h    72., 

207 

233 

262 

227 

222 

231 

h  n.. 

133 

loo 

174 

175 

180 

191 

h    43., 

84 

131 

136 

148 

129 

11o 

-    36.9 

94 

123 

123 

147 

129 

127 

-    35  1 

78 

71 

60 

71 

92 

92 

h  n.» 

160 

251 

257 

268 

261 

288 

h    80.0 

127 

204 

177 

185 

160 

168 

•'-•S 

174 

222 

230 

248 

291 

285 

h    63.8 

50 

58 

61 

96 

69 

64 

h    28  0 

252 

319 

364 

357 

384 

40K 

h    61., 

155 

245 

270 

265 

270 

298 

h    92.8 

216 

280 

288 

279 

305 

321 

\-    48., 

284 

615 

617 

640 

683 

727 

h  1 56.0 

98 

124 

123 

134 

133 

132 

h    34, 

153 

167 

158 

161 

183 

h    «9. 

184 

261 

264 

294 

271 

367 

^— 

h    99.6 

100 

109 

124 

137 

180 

161 

h    61.0 

180 

258 

264 

282 

307 

299 

h    66., 

262 

390 

354 

388 

364 

399 

h    52.S 

112 

141 

136 

155 

164 

153 

h    36., 

1.  Broyé 

1.  Aumont 

2.  Autavaux 

3.  Bollion 

4.  Bussy 

5.  Châbles 

6.  Chandon 

7.  Chapelle 

8.  Châtillon 

9.  Cheiry 

10.  Cheyres 

11.  Cugy 

12.  Delley 

13.  Domdidier 

14.  Dorapierre 

15.  Estavayer-le-Lac 

16.  Fétigny 

17.  Font 

18.  Forel 

19.  Franex 

20.  Frasses 

21.  Les  Friques 

22  Gletterens 

23.  Granges-de-Vesin 

24.  Léchelles 

25.  Lully 

26.  Mannens-Grandsivaz.. . 

27.  Menières 

28.  Montagny-la- Ville 

29.  Montagny-Ies-Monts  . . . 

30.  Montborget 

31.  Montbrelloz 

32.  Montet 

33.  Morens 

34.  Murist 

35.  NuvUly 

36.  Portalbau 


District  —  Commune 


87.  Praratoud 

38  PrévondaTaux 

39.  Roeyres-Ies-Prés 

40.  Russy 

41.  St-Aabio 

42.  Seiry 

43.SëTaz 

44.  Surpierre 

49.  Valion 

46.  Vesin 

47.  VilleDeuTe 

48.  La  VouDaise 

49.  Vuissens 

2.  aiâne 

50.  Aaboranges 

51.  Berlens 

52.  Kiilens 

53.  BioDDena 

54.  BlesseDS 

55.  Ciiapelle-sur-Gillareus . 

56.  Le  Cli&tfllard 

57.  Châtonnaye 

58.  Gbavannes-leB-FortB. . . 

59.  Chavanaess.-OraonneDS 

60.  LesEcasseys 

61.  Ecubleos 

62.  Escbieus 

63.  EsmontB 

64.  Estévenen» 

65.  Foyens 

66.  Gillareas 

67.  Les  Glanes 

68.  Grangettes 

69.  Hennens 

70.  La  Jeux 

71.  LielTrens 

72.  Lussy 

73.  MaccoQnens 


63 
119 
121 
108 
446 
88 
52 
167 
129 
142 
177 
113 
188 


157 
77 
98 
125 
277 
246 
232 
186 
75 
114 
49 
68 
19 
60 
131 
42 
148 
102 
338 
58 
179 
61 


88 
148 
169 
183 
605 
I6i 

6t 
845 
150 
214 
295 
133 
ÏS4 


137 
131 
174 

95 
137 
173 
487 
371 
314 
S53 

80 
139 

82 
118 
If 

96 
152 

76 
190 
102 
421 

90 
226 

92 


79 
145 
212 
207 
553 
I6t 


276 
173 
231 


155 
17) 
173 

87 
<34 
167 
428 
360 
306 
200 

77 
134 

80 
136 
183 
101 


107 
107 
178 


03 
258 
180 
219 
311 
162 
262 


93 
150 
205  - 
204 
004 
108 

iiS 
203 
172 
240 
311 
180 
231 


101 
184 
190 

80 
143 
140 
449 
381 
310 
249 

83 
130 

03 
130 
233 


254 
98 


418 

89 


171 
203 
214 

93 
142 
157 
414 
308 
333 
260 

92 
108 

09 
179 
208 

88 
238 
198 
800 
100 
430 

90 
270 

84 


47.. 
20., 


33.. 


+  11.. 

--  38., 

+  33.. 

+  09., 

+  73., 

+  59., 

+  33., 

+  60., 


16 

179 

209 

80 
133 
133  ■ 
440 
307 
301 
234  - 

89 
192 

09 
175 
208 

85 
259 
100 
198 


40., 
80., 
33.1 


01., 
49., 


30.. 
18., 


+  49., 
+  157., 
+  4.. 
+  il., 
+  97., 
+  138.1 
+  33., 
+  48.. 
+  34.. 
+  93., 
+    39, 


District  —  Commune 


74.  La  Mi| 

75.  MaesoD 

76.  Mdzières 

77.  Middes-Toroy-le-Petit 

78.  Montet 

79.  Morlena 

80.  Mossel 

81.  La  Neyrigue 

82.  Orsonnens 

83.  Prez \ 

84.  Promasena 

85.  Romont 

66.  Rue 

87.  Le  Saulgy 

88.  Siviriez 

89.  Sommentier 

90.  Torny-le-Grand 

91.  Ursy 

92.  Vauderens 

93.  Villangeaux 

94.  Villaraboud 

95.  ViUaranon 

96.  Viilargiroud 

97.  Villariaz 

98.  Villarimboud 

99.  Villarsiviriaux 

100.  Villan-St-rierre 

101.  Vuarmarens 

102.  Vuisternens  d.-Bomont 

3.  Gruyère 

103.  Albeuve 

104.  Avry-devant-Pont 

105.  Botterens 

106.  Broc 

107.  Bulle 

108.  Cerniat 

109.  Charmey 

110.  Ch&tel-s.-Montsalvens. 


282 
278 
170 
100 

41 
138 

79 
231 
219 
1S3 
909 
380 

57 
245 
177 


344 
32Î 
262 
164 

68 
187 
100 
340 
319 
205 
Uôl 
304 

69 
319 
SI2 


1981  2S3 
143 


170 
41 
148 
82 
100 
142 
174 
175 
202 
128 
230 

13877 

522 
264 

83 
364 
1165 
402 
609 

71 


•OS 
63 
247 
96 
144 
201 
278 
179 
318 
183 
314 

I7I62I 

5I£ 
372 
107 
406 
1833 
498 
852 
113 


110 
332 
312 
204 
129 

47 
202 
108 
328 
348 
226 
1630 
446 

72 
34  i 
205 
30' 
161 
300 

il 
315 

94 
151 
229 
322 

m 

303 
181 
311 


101 
406 
337 


207 
1897 
449 
69 
405 
244 
302 


75 
391 
389 
351 
(40 

71 
207 

71 
302 
337 
211 
1856 
443 

78 
4(9 
223 
29 
18 
28 

64 
310 
102 
171 
202 
379 
208 
358 


82 
410 
411 
375 
137 

65 
21: 

70 
307 
354 
24b 
1872 
418 

74 
472 
243 
315 
162 
319 

43 
322 
148 
222 
226 
359 
241 


512 
387 
102 
400 

2086 
320 

1012 
139 


460 

lo; 

106 

433 
2220 

610 
1087 

172 


8  20415 

491 

471 
94 

461 
2472 

608 
1113 

128 


+ 
+  45.. 
+  50., 
+  120, 


21342 

509 

469 

II 

438 
2740 

711 
1150 

144 


+ 
+ 
+ 
+  105., 
+  " 
+  29., 
+  "■ 
+ 
+ 
+  30., 
+  87.. 
+  *■. 
+  I17-. 
+  ". 
+  122, 
+  59., 
+  106., 
+  " 
+ 
+  61., 
+    51.S 

+    53., 


+  77.; 

+  30.1 

+  20., 

+  13.5., 

+ 

+ 

+  102., 


isbict  —  Commune 


Corbières 

Crésnz 

Echarlens 

Enney 

Estavannena 

Grandvillard 

Gruyères 

Gumefens 

Hauteville 

Jaun 

Lessoc 

Marsens 

Hautes 

MontbovoD 

MorloD 

Neirivue 

Pâquier 

Pont-en-Ogez 

Pont-la- Ville 

.  Biaz 

.  La  Boche 

.  Romanens 

.  Raeyres-Treyfayes 

.  Sales 

.  Soreus 

,  Tour-de-Trême . . . 

.  Yaulroz 

.  Viltarbeney 

,  Yillarrolard 

.  Villara-d'Avry .... 
.  VilIars-sous-Mont. 

.  Vuadens 

.  Yuippens 

4.  Sarine 

.  Arconciel 

.  Autafond 

.  Autigny 

,  Avry-sur-Matran . . 


837 
3U 
193 
373 
573 
1073 
883 
800 
373 
66 
6.55 
5G4 
75 
208 
100 
103 


34236 
897 


Slô 
188 
403 
861 
839 

5o: 
109; 

409 
484 
728 
800 
480 
82: 
300 
879 
832 
317 
204 
383 
566 
1150 
303 
819 
420 
723 
087 


1080 
249 


132 
407 
300 
233 
497 

1073 
407 
463 
877 
301 
376 
1 

434 
314 
289 
292 
192 
399 
578 

109 
320 
21 
490 
771 
733 
715 
80 
247 
102 
101 

1201 
831 

26631 

308 
92 
476 
371 


247 
121 
483 
298 
244 
481 

1807 
472 
496 
843 
303 
63i 
80i 
413 
318 
204 
323 
830 
370 
032 

1119 
310 
230 
436 
803 
909 
71 

73 
284 
81 


40., 


+ 
+ 
+ 
+ 
+ 
+  18. 
+  30. 
+  83, 
+  28. 
+  109. 
4-  30. 
+  133. 


+  6., 

+  26., 

+  18., 

+  40,, 

+  98., 

+  33., 

+  3-, 

+  "., 

+  60., 

+  88.. 

+  23., 

+  96., 

-I-  67-, 

-I-  57., 

+  46., 

+  21., 


+  28., 


—     188 


District  —  Commune 


1811 


1850 


1860 


1870 


1880 


1888 


•A 


1811-1888 


148.  Belfaux 

149.  Bonnefontaine 

150.  Chénens 

151.  Chésalles 

152.  Ghésopelloz 

153.  La  Gorbaz 

154.  Corjolens 

155.  Cormagens-Fomangneires'). 

156.  Gorminbœuf 

157.  Corpataux 

158.  Corserey 

159.  Cottens 

160.  Cutei  wil 

161.  Ecuvillens 

162.  Ependes 

163.  Essert 

164.  £stavayer-le-Gibloux . 

165.  Farvagny-le- Grand. . . 

166.  Farvagny-le-Petit 

167.  Ferpicioz 

168.  Fribourg 

169.  Givisiez 

170.  Granges-Paccot 

171.  Grenilles 

172.  Grolley 

173.  Illens 

174.  Lentigny 

175.  Lossy 

176.  Lovens 

177.  Magnedens 

178.  Marly-le-Grand 

179.  Marly-le-Petit 

180.  Matran 

181.  Montécu 

182.  Montévraz 

183.  Neyruz 

184.  Nierlet-les-Bois 


266 
213 
204 

58 
131 
101 

63 
113 
226 
232 
162 
162 
100 
295 
161 
127 
178 
223 

96 

76 
6186 
125 
164 
128 
206 

25 
201 

86 
128 

82 
217 

76 
182 

41 
247 
267 

47 


369 
229 
263 

60 
118 
U7 

64 

335 
331 
172 
268 
105 
443 
277 
166 
244 
343 
150 
118 
9065 
151 
180 
122 
345 

29 
246 
121 
156 

85 
267 
108 
.314 

48 
204 
444 


327 
257 
234 

79 
119 
127 

65 
130 
303 
323 
191 
334 

95 
467 
304 
181 
228 
367 
123 
154 
1 0454 
169 
220 
112 
314 

16 
280 
121 
143 

77 
263 
107 
316 

40 
217 
481 

84 


352 
3f1 
257 

72 
106 
139 

59 
116 
347 
326 
222 
367 

97 
49? 
323 
192 
283 
388 
121 
168 
10581 
145 
265 
103 
327 

18 
317 
110 
128 

88 
304 
100 
329 

47 
275 
427 
117 


411 

297 
280 

72 
120 
154 

77 
140 
388 
344 
212 
377 

77 
467 
323 
176 
279 
393 
114 
163 
11410 
129 
277 
108 
357 

21 
316 
113 
139 

98 
379 
107 
316 

48 
257 
498 
117 


417 
285 
274 

70 
150 
150 

79 
139 
395 
345 
206 
397 

81 
495 
331 
182 
271 
421 
131 
149 
12195 
156 
264 
114 

22 
358 
120 
180 
109 
392 
137 
316 

67 
245 
502 
119 


+ 


56  8 
33, 
34., 
20.7 
14., 
48.0 
25.4 
23.0 
74.8 
48., 
27.Ï 
1 45.1 

19.0 
67.8 
1 05.0 
43.8 
52  î 
88.8 
36.5 
96.1 
97., 
24.8 
61.0 

1 0.0 

72.» 
19  „ 
78., 
39., 
40.e 
32.0 
HO-a 
80.8 
73.0 
63.4 

0.S 

88.0 

133.2 


75 

^)  Formangueires,  commune  jointe  avec  Lossy. dans  la  statistique  fédérale,  l'est 
ici  avec  la  commune  de  Cormagens,  et  ne  peut  pas  en  ôtre  séparée,  par  le  fait  qu'elle 
se  trouvait  réunie  à  cette  commune  dans  le  matériel  de  recensement  sans  aucune  dési- 
gnation. 


District  —  Commune 


1S5,  Norénz 

I8G.  Oberrîed 

187.  Onnens 

188.  Pierraforlscha 

189.  Tonthaus 

190.  Posât 

191.  Posieux 

192.  l'raroinan 

193.  Prez 

194.  Ressens 

195.  Ruoyres-St- Laurent . 

196.  Sales 

197.  Senèdes 

108.  Treyvaux 

199.  Viilarlod 

200.  Villars 

201.  Villarsel-le-Gibloux.. 

202.  Villarsel-sur-Marly.  . 

203.  Vuisternens-eii-Ogoz. 

204.  Zénauva 

5.  Lac 

20.5.  Agriswyl 

206.  Altavilla 

207.  Barbeièche 

208.  BUchslen 

209.  Borg 

210.  Chandossel 

211.  Cordast 

212.  Cormérod 

213.  Coraaieltes 

214.  Courgevaud 

215.  Courlevon 

216.  Cournillens 

217.  Courlaman 

218.  Courtepin 

219.  Courtion 

220.  CousBiberlé 

221.  CresBÎer 


+  100., 
+  8i., 
+  iO., 
+    Îi3„ 

+    109.; 

+  61., 

+  81. 

+  28, 

+  fi"-. 

+  70-, 


+  93. 

+  91. « 

+  73., 

+  64,= 

+  Si-, 


+  3,, 

+  68., 

+  19.. 

+  51-. 

+  54-, 

+ 

+  38-6 

+  194.. 

+  99.„ 

+  26., 

+  103.P 

+  70,, 

+  6H., 

+  20., 

+  7i.„ 


70, 


Commune  —  District 


222.  Friischels 

223.  Galmiz 

224.  Gempenacb 

225.  Greog 

226.  GrosBgurmels  . . . . 

227.  Grossguachelmutii, 

228.  Jeuas 

229.  Kerzers 

230.  KleiubiisiDgeD .  . . . 

231.  KleiDgurmets 

232.  Kleingusclielmutli . 

233.  Liebistorf. 

234.  LurtigeD 

235.  Meyriez 

236.  Misery 

237.  Monterscliu 

238.  Montilier 

239.  Murten 

240.  Ried. 

241.  Salvenach    

242.  Ulmiz 

243.  Villarepos 

244.  Vuilly-Ie-Bas 

245.  Vuilly-le-Haut.... 

246.  Wallenbuch 

247.  Wallenried 

0.  Singitlc 

248.  Ailerswil 

249.  BiJBÎngen 

250.  Briinisried 

251.  Diidingen 

262.  GIITera 

253.  Heitenried 

254.  Oberschrot 

255.  Plafeyen 

256.  Plasselb 

257.  Rechthaiten 

258.  St-AntODi 


246 
272 
141 

45 
189 

67 
125 
822 
100 

56 

68 
356 
138 

87 
148 

58 
374 
1012 
400 
232 


81 
315 
lUi 
193 
11.58 


310 
I' 

120 
174 
103 
408 
1741 
570 
3r,: 


230  .397 


242 
1053 
694 
79 
159 

10852 

856 
840 
279 

1926 
512 
466 
396 
448 
247 
556 

1092 


288 
372 
190 
67 
371 
117 
200 

Mil 
287 
113 
91 
329 
221 
132 
224 
101 
430 

2206 
390 
360 
421 
319 

1114 
059 
83 
270 


269 
.384 
207 

8i 
413 
112 
238 
1110 
299 

86 

90 
344 
199 
189 
199 
11 

493 
2304 
630 
376 
428 
321 
1103 
05: 

83 
230 


293 
422 
213 
102 
126 
127 
316 

1182 
233 
102 
103 
323 
307 
192 
218 
83 
581 

2233 
591 
374 
433 
397 
99i 
088 
63 
274 


14312  1 

1003 

1124 
277 

2692 
506 
705 
333 
920 
291 
808 

1270 


il6 


217360 


1233 

1231 
286 

2710 
579 
693 
564 
687 
300 
903 

1284 


1175 

1338 
326 

2974 
039 
040 
572 
91i 
333 
929 

1456 


311 
401 
190 

79 
424 
127 
224 
1184 
262 

82 

98 
332 
203 
213 
233 

84 
640 
2337 
557 
394 
463 
302 
963 
646 

56 
299 

18224 

1334 
1328 
372 
3253 
749 
081 
381 
1054 
407 
1081 
1046 


+  "■. 
+  34.. 
+  73. 
+  121., 
+  89., 
+  79.. 
+  **-. 
+  102., 

+  »r>.. 

+  44., 

—  6- 
+  47., 
+  1 47., 
+  70-, 
+  44., 
+  71., 
+  130., 
+  39., 
+  69., 
+  100, 
+  24,. 

—  8, 

—  0., 

—  29,, 
+  88-1 


+  40., 

+  46., 

+  47., 

+  133,, 

+  64,. 

+  94,. 

+  30„ 


—     191     — 


Hslriet  —  Commune 


1811 


1850 


1860 


1870 


1880 


1888 


1811-1888 


St-Sylvester 398 

St-Ursen 667 

Tafers 41 1 

Tentlingen 177 

XJeberstorf 801 

Wunnewyl 594 

Zamholz 187 

7.  Veveyse  5060 

Attalens 618 

Besencens 126 

Bossonnens 1 84 

Bouioz 1 67 

Châtel-St-Denis 1 544 

Le  Crêt 323 

Fiaagères 187 

Granges 197 

Grattavache 1 24 

Pont 107 

Porsel' 226 

Progens 991 

Bemaafens 271 

La  Rougève 72 

St-Martin 272 

Semsales 543 


533 
085 
589 
256 
1163 
885 
247 

7132 

8C7 
164 
251 
2J9 
2339 
409 
251 
282 
192 
120 
323 
164 
356 
88 
435 
666 


492 
892 
583 
330 
1263 
998 
233 

7434 

838 
165 
245 
246 
2381 
468 
276 
243 
175 
145 
315 
164 
403 
79 
494 
797 


558 
940 
745 
358 
1 245 
956 
224 

7834 

970 
173 
331 
263 
2316 
448 
293 
304 
166 
150 
358 
247 
433 
79 
461 
842 


602 
977 
776 
441 
1379 
1006 
268 

7764 

1026 
162 
310 
238 

2346 
439 
280 
293 
157 
139 
370 
267 
437 
79 
423 
799 


595 
1004 

909 

443 
1490 
1061 

236 

7790 

1059 
161 
301 
229 

2271 
487 
274 
297 
164 
149 
381 
303 
405 
72 
421 
816 


+     *9-6 

50., 

121.2 

1 50., 
86.0 
78, 
26., 

+   54.0 

71., 
27.« 
63., 
37.1 
47.1 
50.« 

50., 
32., 
39., 
68., 
206.1 

o4.R 
50., 


—     192     — 

3.  La  population  relativement  à  la  superficie  et  à  Taltitude, 

(Tableaux  N*  3, 4,  5  et  6). 
Agglomération  et  densité  de  la  population, 

a.  Agglomération.  —  Il  n'est  pas  possible  de  donner  un  tableau 
exact  de  Tagglomération  de  la  population  fribourgeoise  en  1811; 
même  de  nos  jours  ce  travail  ne  pourrait  pas  être  fait,  faute  d'in- 
dication des  localités  existant  dans  le  canton  avec  le  nombre  de 
leurs  habitants. 

Seul,  le  nombre  des  communes  avec  leur  population  peut 
actuellement!  en  donner  quelques  idées  (voir  tab.  n^  3)  ;  et  encore 
faut-il  apporter  ici  quelques  restrictions.  En  consultant  la  carte 
géographique  du  canton,  on  voit  immédiatement  que  dans  la  Broyé 
et  le  Lac,  la  population  des  communes,  quoique  d'une  importance 
moindre,  peut  plutôt  être  considérée  comme  agglomérée  que  celle 
des  communes  de  la  Singine  ou  de  la  rive  droite  de  la  Sarine,  bien 
que  ces  dernières  soient  numériquement  beaucoup  plus  grandes 
que  les  premières. 

L'analyse  exclusive  du  tableau  3  donne  les  résultats  suivants  : 

—  199  habitants  162  communes  —  57,65  Vo 

200—  499         J>  90         >  32,03  % 

500-  999         >  21  >  7,47  Vo 

1000—1999         >  7  >  2,49% 

2000  habitants  280  communes,  99,64  7o  »▼•  68023  habit,  91,66 7o 
2000  et  plus  1  commune,    0,36  %  av.    6186  habit.,    8,34% 

Voici  du  reste  le  détail  par  district  : 


G?    I 


3 
es 

m 
h 


i 

f 

1 

i 
1 
1 
i 

1 
1 

i 

Î--Ï. 

1    "    1  1  1  1  1  1  1 

^ 

I-I 

- 

1 

1 1 1- 1 1 1 

1 

i-S 

1    1    1  1  1  1  1  1  1 

s 

1   "   1  1  1  1 1  1  1 

l 

i-i 

1    "    1  1  1  1  1  1  1 

'i 

i-l 

•- 

5^ 

-  1-  l-'X- 

1 

»-i 

»q 

■* 

1"  1  1  1  1 

Î-B 

- 

•* 

1  M  I-"  1 

1 

S-fi 

».       ^        1     1"    1     1     1     1 

1 

1-i 

in 

K 

1  1— --- 

4 

s-S 

oc 

K. 

-  1"  1  1"- 

1 

s-s 

S 

S 

-  I* I-"  1 

î 

a-i 

c 

•* 

■.^[»»iôrt«<>»^ 

8 

1-8 

s 

«OOt-ob*)«c 

1 

s  ■*"  s 

§ 

S 

SS-SS""*- 

s'i-s 

s 

s 

;î:"=2s  i" 

g^s 

» 

c^ 

I-*-"-  1  1 

1 
1 

1 

lll 

i 

3S553Ï2 

i 

i 

i 

1 
g 

i 

iili  iil 

—     194     — 

Il  est  admis  de  considérer  comme  population  agglomérée  les 
localités  ayant  plus  de  2000  habitants  ^)y  mais,  pour  le  canton  de 
Fribourg  en  181 1,  cette  limite  ne  correspondrait  pas  du  tout  à 
la  réalité,  si  l'on  n'y  apportait  pas  des  restrictions.  Dans  le  cas 
actuel,  on  ne  doit  pas  considérer  l'étendue,  la  grandeur  des  com- 
munes, mais  bien  plutôt  l'agglomération  des  maisons  dans  un 
cercle  restreint. 

Dans  ce  sens,  les  communes  ayant  plus  de  100  habitants  dans 
la  Broyé  et  le  Lac,  celles  qui  sont  au-dessus  de  300  habitants  dans 
la  Glane,  la  Sarine  et  la  Yeveyse,  ainsi  que  les  communes  d'Âlbeuve, 
Broc,  Bulle,  Estavannens,  Orandvillard,  Gruyères,  Neirivue,  Riaz, 
Tour-de-Trême,  Yillarvolard  et  Yuadens  dans  la  Gruyère  doivent 
être  plutôt  considérées  comme  agglomérées  et  le  reste  comme  dis- 
persées ;  on  aura  ainsi  une  idée  plus  juste  de  la  situation  réelle. 

Au  moyen  de  cette  classification,  on  obtient  les  résultats 
suivants  : 

Agglomérées  :  92  communes,  32,74  Vo  avec  36,372  habit,  49,01  % 
Dispersées  :  189        >  67,26  %     >     37,837      >      50,99  Vo 

Aujourd'hui  encore  nous  trouvons  à  peu  près  les  mêmes  pro- 
portions pour  ce  genre  d'agglomération  qui,  sans  aucun  doute,  a 
son  origine  dans  les  différents  genres  de  colonisation  des  AUemanes 
et  des  Burgondes.  Les  premiers,  comme  on  ne  l'ignore  pas,  se 
fixèrent  sur  la  rive  droite  de  la  Sarine,  tout  en  ayant  quelques 
établissements  isolés  dans  la  partie  française  du  pays. 

b.  Maisons  habitées.  Le  recensement  de  1811  ne  mentionne 
que  les  maisons  habitées  ;  en  comparant  ce  nombre  avec  la  super- 
ficie et  le  chiffre  des  habitants,  on  obtient  une  sorte  de  tableau  de 
la  densité  de  la  population  (voir  tableau  n^  4). 

En  faisant  abstraction  de  la  ville  de  Fribourg  dans  l'établisse- 
ment de  la  comparaison  des  maisons  avec  la  superficie,  on  constate 
que  le  nombre  des  maisons  par  km.'  est  d'autant  plus  grand  que 
l'altitude  est  plus  faible.  Ainsi  à  une  altitude  de  699  m.,  il  y  a  11,6 
maisons  par  km.'  tandis  que  cette  proportion  descend  à  6,8  mai- 
sons pour  une  altitude  supérieure  à  700  m.  Le  chiffre  moyen  des 


*)  Mayr.  a.  a.  O.  p.  55. 


—     195     — 

habitants  par  maison  suit  cette  même  progression  :  dans  les  régions 
montagneuses,  il  est  inférieur  à  celui  fourni  par  les  contrées  basses. 
En  comparant  les  résultats  de  1811  à  ceux  des  recensements 
fédéraux  on  obtient  le  tableau  suivant  : 


Sar  ane  maison 

Années 

Nombre  des  maisons 

Habitants 

il  y  a  des 

habitants 

1811 

13,310 

74,209 

6,58 

1860 

16,659 

105,523 

6,33 

1870 

18,509 

110,832 

6,99 

1880 

18,630 

115,400 

6,19 

1888 

18,557 

119,155 

6,42 

Ct.deFriboarg\1811  12,481 

68,023 

5,45 

sans  la  vilU 

)    / 1888  17,527 

106,960 

6,10 

Ville      ^ 

1811 

829 

6,186 

7,40 

de  Fribourgj 

1888 

1,030 

12,196 

11,84 

En  1850,  le  nombre  des  maisons  n'a  pas  été  fixé,  tandis  qu'en 
1870,  on  a  compté  même  les  chalets,  etc.,  il  serait  donc  nécessaire 
de  hausser  un  peu  le  chiffre  des  habitants  par  maison. 

Les  conclusions  à  tirer  du  tableau  ci-dessus  peuvent  se  résu- 
mer aux  suivantes  :  que  la  construction  des  maisons  n'a  pas  suivi 
la  même  marche  ascendante  que  la  population  et  que,  par  consé- 
quent on  s'entasse  aujourd'hui  dans  les  maisons  bien  plus  qu'autre- 
fois ;  ou  bien  qu'enfin  on  construit  même  à  la  campagne,  des  mai- 
sons plus  grandes  qu'au  commencement  du  siècle.  Dans  tous  les  cas, 
c'est  cette  dernière  alternative  qui  s'est  produite  dans  la  ville  de 
Fribourg,  où  Ton  a  souvent  réuni  en  une  seule  maison  deux  ou 
trois  constructions  distinctes. 

G,  Densité  de  la  population.  Le  bureau  fédéral  de  statistique 
emploie  pour  ses  publications  la  surface  trigonométrique  du  pays 
diminuée  des  lacs  dont  la  superficie  est  supérieure  à  1  km^;  notre 
désir  étant  de  donner  les  détails  par  commune,  il  ne  nous  a  pas  été 
possible  d'admettre  la  même  base  et  nous  lui  avons  substitué  la 
surface  cadastrale. 

Le  chiffre  1561,5  km.^  comprend  tout  le  terrain  du  canton,  à 
l'exception  des  lacs,  étangs,  fleuves,  rivières  et  routes.  En  1811, 
le  canton  de  Fribourg  avait  une  densité  de  population  égale  à  celle 


^ 


s 

li 

B-  S 

21 

s. 


I 
•a  «- 

m  I 

Ql 


lï 

i 

s    SSSSSsS     1     £5 

= 

5  sascpss    1   gg 

il 

i 

—       ocKfOOi^ffit^          1        Mac 
cj       -*«  — r-joaor-                ,^  r- 

i 

74209 

9669 

8659 
13877 
16208 

9884 
10852 

5060 

37429 
36780 

Nombre 

det 
htbilantt 

par 
maison 

i«      iniointeiritôio        |       loio 

Jlfu 

^   _%'„^2-™VV     1    ^-J 

Nombre 

des 
malioni 

IBM 

13310 

1826 
1582 
2686 
2610 
1851 
1805 
950 

6413 
6897 

moyenne 
d'une 

en  km' 

in      m«cj»«^«        1       ror^ 

Nombre 
des 

—       oseo  — ,c-Maoo         1       9i  os 

35    -»-»---      1     ;2 

Su- 
perficie 
de  la  terre 
terme  en 
km' 

—       co'-Doooioo»î       00       mo 
ira       — ---*ai---(N—                loo 

[ 

J 

1 

o 

1 

: 

rr 

S 

.S 
> 

-, 

.  i 

s 

i 

5 

5 
•a 

I 
I 


I 

1 


1 

s 
•S 

î 

s 

Ê 

i 

i 
1 
1 

i 

1 

i 

E 

1 

m 

-55SI^S 

8,4 

10 

1"'  |-  1" 

S  \S 

"        1     I--    I-    1 

SIS 

" 

M-  1  1" 

s  IS 

CO 

1    -*10  -^     1    (N-!- 

s  IS 

s  IS 

Cl 

1   t-  9-1  tO     1    M  ■*- 

s  IS 

s 

1  rt  ao  -iî    1  ■--  <o 

s  IS 

gS 

—  âC^><«     I      1   91 

s  IS 

=0 

I  *"*^  1  1  ^ 

s  la 
1013 

to 

1  I-*  1  1  — 

■* 

1  1"  1  1'  ( 

n-t 

2 

^    1     j^oc    1     , 

s  \a 

■^'1   !*•  1   1 

QT) 

s  IS 

îl 

01  1   !»-«>[   1 

s  IP 

05 

!»     1      1   Oj  rS-i     1      1 

*« 

s  IS 

i; 

'^"    1  Ol-*—    j 

g  IS 

« 

SIS 

^ 

s  IS 

0 

1~  1  1 1^  »•  )  1 

s  IS 

'~ 

"^  1"  1  1  1 

s  Ig 

-1 1-  1 1 1 

i°>a 

1      1   !   1   1   1   1   1 

3 

3 

*eo^«5«  1 

s 

1 

1 

■a 

1 

Π

■1 

C 

1 

1 

' 

1 

1 

> 

—     198     — 

que  le  Tessin  possède  actuellement  et  en  1888,  cette  même  densité 
est  au-dessus  de  la  moyenne  générale  de  la  Suisse. 

En  étudiant  les  détails,  on  s'aperçoit  qu'il  existe  de  grandes 
différences  dans  la  densité  de  la  population  des  diverses  contrées, 
ce  qui  provient  naturellement  de  la  situation  topographique  des 
lieux.  Ainsi  la  Gruyère,  la  Veveyse  et  la  Singine,  districts  monta- 
gneux, ont  la  plus  faible  densité,  tandis  que  la  Sarine,  à  cause  de 
la  ville  de  Fribourg,  et  le  Lac,  occupent  sous  ce  rapport,  la  pre- 
mière place. 

À  répoque  actuelle,  la  classification  des  districts,  à  ce  point  de 
vue,  est  encore  sensiblement  la  même  ;  il  n'y  a  d'exception  à  faire 
qu'en  faveur  de  la  Singine  qui  a  pris  uu  développement  bien  plus 
considérable  par  suite  de  l'immigration  des  Bernois  déjà  si  souvent 
mentionnée. 

En  divisant  la  superficie  selon  l'altitude,  on  arrive  forcément 
au  résultat  suivant  :  la  densité  dans  les  hautes  régions  est  deux 
fois  plus  faible  que  dans  les  pays  de  plaine  ;  à  699  m.  il  y  a  pour 
1811  68  habitants  par  km.^  et  au-dessus  de  700  m.,  36  habitants 
seulement. 

Cependant  en  considérant  le  tableau  n^  4b,  on  trouve  des 
densités  très  faibles  même  dans  une  altitude  inférieure  à  700  m. 
Ainsi  il  y  a  dans  ces  contrées  deux  communes  qui  n'ont  qu'une 
densité  de  19  habitants  par  km.^  et  au-dessous  ;  7  de  20  à  29,  et 
16  de  30  à  39. 

Ce  sont  des  situations  tout  à  fait  exceptionnelles  et  anormales, 
mais  qui  existent  encore  de  nos  jours.  La  cause  de  cette  anomalie 
réside  dans  la  grande  propriété  foncière  qui  ne  nourrit  que  quelques 
fermiers,  de  telle  sorte  qu'il  existe  des  communes  situées  en  pays 
de  plaine  et  possédant  des  terrains  très  fertiles,  qui  se  trouvent 
dans  l'impossibilité  absolue  de  fournir  une  population  plus  dense. 
Dans  ce  cas,  la  descendance  trop  nombreuse  des  quelques  petits 
paysans  qui  végètent  à  côté  de  ces  gros  fermiers,  est  obligée  de 
s'expatrier,  d'émigrer  dans  les  cantons  de  Yaud,  de  Neuchâtel  et 
de  Genève  et  le  plus  souvent  en  France. 

Pour  se  convaincre  de  ce  fait,  il  n'y  a  qu'à  consulter  le 
tableau  n^  5  qui  donne  la  densité  de  la  population  par  com- 
munes. 


—     199    — 


Tableau  N*^  B 

Altitude,  superficie  et  population  de  résidence  des  communes 
Densité  de  population  en  1811  et  1888 


District  —  Commune 


Altitude 
au-des- 

Su- 

Population de 
ritidence  en  : 

Population 
par  km'  en  : 

sus  de 
la  mer 

perficie 

près  de 
réglise 

m 

en 
km' 

1811 

1888 

1811 

1888 

163., 

9669 

14820 

59 

91 

605 

•• 

0.2 

270 

499 

52 

96 

481 

<., 

87 

158 

79 

144 

559 

0.8 

74 

138 

93 

173 

473 

3.» 

200 

261 

57 

75 

575 

O.Q 

279 

314 

72 

81 

529 

3., 

111 

210 

36 

68 

634 

2.0 

85 

106 

43 

53 

515 

1.. 

102 

164 

78 

126 

564 

4., 

241 

272 

56 

63 

458 

4.0 

234 

446 

59 

112 

478 

6.4 

380 

688 

59 

108 

502 

0,fj 

251 

309 

68 

84 

446 

0.7 

565 

870 

65 

100 

478 

4.3 

288 

542 

67 

126 

455 

5.Q 

1269 

1555 

254 

311 

473 

*.o 

219 

378 

55 

95 

470 

2. A 

.  207 

231 

104 

116 

474 

4.4 

133 

191 

30 

43 

586 

1.« 

84 

115 

53 

72 

485 

1., 

94 

127 

49 

67 

475 

0.» 

78 

92 

87 

103 

493 

2.1 

160 

288 

76 

137 

510 

1.1 

127 

168 

115 

153 

555 

5.5 

174 

285 

32 

52 

494 

2., 

50 

64 

19 

24 

636 

4.9 

252 

408 

.    51 

83 

505 

4.8 

155 

298 

36 

69 

568 

4., 

216 

321 

46 

68 

575 

7.5 

284 

727 

38 

97 

1.  Broyé 

1.  Âumont 

2.  Âutavaux 

3.  Boliion 

4.  Bussy 

5.  Châbles 

6.  Chandon 

7.  Chapelle 

8.  Châtlllon 

9.  Cheiry 

10.  Cheyres 

11.  Cugy 

12.  Delley 

13.  Domdidier 

14.  Dompierre 

15.  Estavayer-le-Lac 

16.  Fétigny 

17.  Font 

18.  Forel 

19.  Franex 

20.  Frasses 

21.  Les  Friques 

22.  Gletterens 

23.  Granges-de-Vesin 

24.  Léchelles 

26.  Lully 

26.  Mannens-Grandsivaz.. . 

27.  Ménières 

28.  Montagny-la- Ville 

29.  Montagny-les-Monts  . . . 


■* 


O  g 

M     n 

21 


3 

ta 

es 

h 


2i< 

o  s 

■H   -- 
H   S 

*   1 

^   S 

a  I 
s 


il 

1 

s    SSSSifiS     1     SE 

i 

s    SSSCPSS     1     ss 

il 

i 

s    SZSS?if.S         II 

i 

oi       ai  Oî  r' 00 -*  »i  o                os  o 

i'M 

lô      iri  ui  m  te  1»  <D  ifi       j       lôin 

Nombre 

des 
maison  s 

par 

km< 

J     4„'uf~^»W       1       .J"' 

Nombre 

det 
maisons 

IBII 

5   iiiiiii    i    si 

Grandeur 
moyenne 
d'une 

en  km* 

J     «^cïJrîrf^œ        1       nr? 

Nombre 
des 

munes 

—      o>  M  1- ■■- M  ao  (O        1       9J  ai 

"IIP 

3   siiéiii  i  is 

:0        — -:.-*(N^(»)--                    ifîO 

1 

1 

^2 

c 

■l 

1 

1 
> 

■    1 

1 
° 

• 

a 

i 

1 

1 

1 

i 

l 

i 

4 

1 

1 

s 

-5SSI2^ 

Sïâ 

1" 1-  I-- 

S  IS 

"     1  I--  1-  1 

a  \s 

1   i  ""  1   1  ^"^ 

s  IS 

S 

1  -no-c   1  m^ 

SIS 

^ 

1    W  r»!  Uï      1    (N  (N 

g  IS 

s  IS 

rt 

1  «  ao  -^    1  ^  !0 

g  IS 

S 

—  oco-rt    1     1  *4 

s  la 

ÙC 

j  o,  ^^    1     1  ^ 

3    1  =î 

^    1  j-^  1  I-- 

llc-3 

1  1" 1  1-  1 

1  =  4 

i:; 

-  1   !-«  M 

i  IS 

ira 

'"-  11°"  1   1 

en 

1 

S 

î 

SIS 

"  1   l"°°  1   1 

S  lg 

*       '"    1     n  '*'    1     1 

*N 

S  \s 

i^ 

8IS 

s 

0».-:«-M     1 

S  IS 

s 

r-  iO     f   O  W  (N     1 

SIS 

'-  M'-"  1  1 

S  la 

^^ 

"-  l"|  M 

s  1  * 

*'    -  1  1  -  1  M 

l-J 

i      1  1  M  M  1 

1 

S 

SÏÏ^SSS"  1 

1 
1 

1 

c 

î 

: 
C 

1 

t 

'1 

> 

—    204    — 


District  —  Commune 

AltHude 
au-des- 
sus de 
la  mer 
près  de 

l'église 

m 

Su- 
perficie 
en 
km' 

Population  de 
résidence  en  : 

Population 
par  i(ni*  en  : 

1811 

1888 

1811 

1888 

169.  Givisiez 

644 
620 
681 
626 
698 
725 
630 
770 
712 
622 
627 
618 
768 
875 
695 
685 
650 
802 
728 
746 
656 
676 
681 
775 
647 
710 
760 
716 
758 
772 
804 
654 
753 
730 
810 
803 

3.4 
d.g 

1.8 

4.t 

1.4 

4.8 

2.. 

1.8 
1.. 

O.Q 

2.7 
2.8 

0.8 

O.g 

5.8 

2.1 

6.7 

O.j 

3.. 

4.9 
0.7 

1.« 

6.4 
3.1 

5.. 

0.7 

2., 

1.8 

0.» 

11.2 

2.4 

7.8 

2.1 

1.4 
6.1 
1.. 

125 
164 
128 
206 

25 
201 

86 
128 

82 
217 

76 
182 

41 
247 
267 

47 
248 

86 
157 
146 
119 

72 
162 
304 
285 
231 
184 
114 

50 
666 
117 
249 
111 

52 
358 

65 

156 
264 
114 
355 

22 
358 
120 
180 
109 
392 
137 
316 

67 
245 
502 
119 
496 
159 
221 
224 
249 
116 
294 
391 
456 
394 
218 
176 

82 
971 
173 
481 
213 

90 
588 

81 

37 
43 
71 
49 
18 
42 
43 
71 
63 
72 
28 
65 
51 
75 
46 
22 
37 
29 
44 
30 
32 
38 
25 
98 
51 
63 
62 
63 
100 
59 
49 
34 
53 
37 
59 
41 

46 
69 
63 
80 
16 
75 
60 

100 
84 

131 
51 

113 
84 
74 
87 
57 
74 
53 
61 
46 
67 
61 
46 

126 
81 

lOf) 
75 
98 

164 
87 
72 
66 

101 
64 
96 
51 

170.  Granges-Paccot 

171.  Grenilles 

172.  Grolley 

173.  Illens 

174.  Lentigoy 

175.  Lossv 

176.  Lovens 

177.  Masnedens 

178.  Marly-Ie-Grand 

179.  Marly-le-Petit 

180.  Matran 

181.  Montécu 

182.  Montévraz 

183.  Neyruz 

184.  Nierlet-les-Bois 

185.  Noréaz 

186.  Oberried 

187.  Onnens 

188.  Pierrafortscha 

189.  Ponthaux 

190.  Posât 

191.  Posieux 

192.  Praroman 

193.  Prez 

194.  Rossens 

195.  Rueyres-St-Laurent . . 

196.  Sales 

197.  Senèdes 

198.  Trevvaux 

199.  Villarlod 

200.  Villars 

201.  Villarsel-le-Gibloux... 

202.  Villarsel-sur-Marly. . . 

203.  Vuisternens-en-Ogoz. . 

204.  Zénauva 

I 


District  —  Commune 


5.  Lac 

205.  Agriswyl 

206.  Altavilla 

207.  Barberêche 

208.  Biichslen 

209.  Burg 

210.  Chandossel 

211.  Cordast 

212.  CornuSrod 

213.  Corsalettes 

214.  Courgevaud 

215.  Courlevon 

216.  Cournillens 

217.  Courtamati 

218  Courtepin 

219.  Courtion 

220.  Coussiberlé ...... 

221.  Cressier 

222.  Fraachels 

223.  Galraiz 

224.  Gempenach 

225.  Greng 

226.  Grossgurmels  . . . . 

227.  GrossguBcbelmulh. 

228.  Jeuss 

229.  Kerzera 

230.  KleinbiJsingen. .  . . 

231.  Kleingurmels 

232.  Kleingusctielmutli . 

233.  Liebistorf. 

234.  Lurtigen 

235.  Meyriez 

236.  Misery 

237.  Monterschu 

238.  Montilier. 

239.  Murten 


Altitude 
auHJei- 
su.de 

Su- 
perficie 

Pupuiation  de 
résidence  en  : 

Popuiation 
par  km'  en  : 

près  de 
f<9li.e 

hm' 

1811 

1883 

1811 

1888 

— 

139.. 

9884 

15152 

71 

108 

301 

1., 

I.ÏR 

164 

122 

126 

547 

0,, 

101 

17( 

(12 

18! 

.ï«? 

«., 

351 

41! 

3! 

4- 

SI? 

1  , 

131 

20t 

91 

13! 

515 

!.. 

14! 

231 

7( 

121 

4ll(i 

^.7 

«5 

n: 

56 

102 

606 

3., 

215 

367 

6! 

11> 

6IS 

S. 

Ht 

201 

41 

74 

58C 

(.1 

63 

9( 

5! 

82 

477 

3., 

Kit 

497 

51 

151 

5d£ 

2f 

101 

201 

4! 

96 

68Ï 

4.0 

234 

295 

5! 

74 

S96 

1  , 

66 

134 

.55 

«2 

575 

2, 

141 

23ï 

5( 

85 

584 

2, 

121 

20; 

5! 

97 

585 

<.| 

6» 

7(: 

5;. 

64 

575 

i.t 

211 

36!; 

31 

911 

458 

3,, 

246 

311 

82 

(04 

44» 

3, 

272 

401 

85 

125 

504 

1  7 

141 

(91 

s:! 

112 

445 

0, 

45 

7! 

56 

99 

532 

4, 

ISS 

421 

411 

90 

384 

f.e 

67 

127 

45 

85 

543 

^.7 

125 

224 

74 

132 

454 

il. 

822 

1184 

86 

12: 

534 

2. 

100 

262 

36 

04 

363 

O.n 

,56 

82 

187 

271; 

576 

<  • 

68 

9> 

45 

1)3 

525 

3, 

336 

332 

94 

87 

568 

9, 

138 

20;! 

60 

m 

438 

0,1 

87 

215 

435 

1075 

585 

2,. 

148 

252 

64 

1111 

CIO 

0- 

58 

84 

83 

1211 

437 

0. 

374 

64( 

3740 

640(1 

4G0 

8.. 

1019 

2337 

127 

292 

I 


I 


—     206       — 


District  —  Commune 


Altitude 
au-des- 
sus de 
la  mer 
près  de 

réglise 

m 


Su- 
perficie 
en 
km' 


Population  de 
résidence  en  : 


1811 


1888 


Population 
par  km'  en 


1811 


1888 


240.  Ried 

241.  Salvenach    

242.  Ulmiz 

243.  Villarepos 

244.  Vuilly-le-Bas 

245.  Vuilly-le-Haut 

246.  Wallenbuch 

247.  Wallenried 

Forêt  cantonale  de  Galm 

6.  Singine 

248.  Alterswil 

249.  Bôsingen 

250.  Brûnisrîed 

251.  Dùdingen 

252.  Giffers 

253.  Heitenried 

254.  Oberschrot 

255.  Plaffeyen 

256.  Plasselb 

257.  Rechthalten 

258.  St-Antoni 

259.  St-Sylvester 

260.  St-Ursen 

261.  Tafers 

262.  TentliDgen 

263.  Ueberstorf 

264.  Wunnewyl 

265.  Zumholz 

7.   Veveyse 

266.  Attalens 

267.  Besencens 

268.  Bossonnens 

269.  Bouloz 


516 
564 
495 
495 
437 
437 
542 
550 


760 
562 
877 
595 
767 
771 
880 
851 
858 
880 
735 
849 
704 
653 
732 
658 
623 
847 


MM 

3. 
2. 
3. 

*.i 
5. g 

O.g 

18., 


777 
884 
753 
869 


258.4 

15., 

18.0 

42.e 

5.6 
5.8 

57.8 

17.4 

7., 

16.4 
6.6 

15.» 

8.8 
3.4 

15., 

8.9 

1.8 

132.» 

9.6 

4.0 

O.g 

2., 


400 
232 
230 
242 
1053 
694 
79 
159 


10852 

856 
840 
279 

1926 
512 
466 
395 
448 
247 
5.56 

1092 
398 
667 
411 
177 
801 
594 
187 

5060 

618 
126 
184 
167 


557 
394 
462 
302 
963 
646 
56 
299 


18224 

1334 

1328 

372 

3253 

749 

681 

581 

1054 

407 

1081 

1646 

595 

1004 

909 

443 

1490 

1061 

236 

7790 

1059 
161 
301 
229 


80 
63 
82 
81 
257 
120 
56 
42 


42 

55 

47 
87 
45 
91 
52 
75 
8 
14 
77 
67 
60 
43 
50 
52 
51 
67 
104 

38 

64 
32 
48 
80 


111 
106 
165 
101 
235 
111 
40 
79 


71 

85 

74 

116 

76 

134 

77 

110 

18 

23 

150 

100 

90 

65 

110 

130 

94 

119 

131 

59 

110 
40 
79 

109 


—     207     — 


District  —  Commune 


Altitude 
au-des- 
sus de 
la  mer 
près  de 

régllse 

m 


Su- 
perficie 
en 
km« 


Population  de 
résidence  en  : 


1811 


1888 


Population 
par  km'  en  : 


1811 


1888 


270.  Ghâtel-St-Denis. 

271.  Le  Crêt 

272.  Fiaugères 

273.  Granges 

274.  Grattavache 

275.  Pont 

276.  Porsel 

277.  Progens 

278.  Remaufens 

279.  La  Rougève  . . . 

280.  St-Martin 

281.  Semsales 


822 
920 
858 
758 
808 
747 
824 
877 
801 
831 
830 
872 


47. 

7. 
3. 

2.2 

2.. 
«5.7 

0.7 

5.8 

0.- 

3., 

28., 


1544 
323 
487 
197 
124 
107 
226 

99 
271 

72 
272 
543 


2271 
487 
274 
297 
164 
149 
381 
303 
405 
72 
421 
816 


33 
45 
49 
45 
56 
49 
61 
27 
47 
103 
74 
19 


48 

69 

72 

68 

75 

68 

103 

82 

70 

103 

114 

29 


On  voit  immédiatement  dans  ce  tableau  que,  le  terrain 
montagneux  à  part,  la  population  la  moins  dense  se  trouve  aux 
environs  de  Fribourg,  d'Autafond  à  Russy,  dans  le  Lac  catholique 
et  dans  les  environs  de  Romont  et  de  Bulle  ;  tandis  que  la  plus 
forte  densité,  abstraction  faite  des  villes,  est  constatée  dans  le  Lac 
protestant  et  dans  la  majeure  partie  de  la  Broyé  :  contrées  par 
excellence  de  la  petite  propriété. 

d.  La  population  d'après  l'altitude.  L'altitude  de  760  m.  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer  peut  être  considérée  comme  la  limite 
moyenne  pour  le  canton  de  Fribourg,  car  ce  chiffre  divise  le  total 
de  la  population  en  deux  parties  presque  égales  ;  en  1811  sur  une 
population  totale  de  74,209  habitants,  37,429  vivaient  au-dessous 
de  cette  moyenne  et  36,780  au-dessus  ;  en  1888=61,345  et  57,810. 
Au-dessus  de  1000  m.,  il  n'y  a  que  la  commune  de  Bellegarde  avec 
une  population  de  403  habitants. 

Une  question  assez  intéressante  est  de  rechercher  si  la  popu- 
lation montagnarde  a  augmenté  ou  diminué  depuis  un  siècle.  Au 


—     208     — 


Tableau 

Population  des  districts  d'après  l'altitade 


Canton  —  District 


Nombre  total 


des 

eon- 

Duies 


delà 
jupolatioii 

de 
râideiee 


Altitude  de 
400-499 


m 


eoi- 
DDoes 


piittion 

de 

râideiee 


Altitude  de 
600—599 


m 


eoD- 
■nes 


I»: 
ptltboB 

de 

résideiee 


AKitude  de 
600—699 


m 


Dites 


pifitioB 

de 
râideoee 


Altitude  de 
700-799 


m 


«01- 

Bues 


pouiioii 

de 
riàitm 


Canton  de  Fribourg 

Broyé 

Glane 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


281 

49 
53 
41 
61 
43 
18 
16 


Canton  de  Fribourg 


Broyé . . 
Glane . . 
Gruyère 
Sarine  > . 

Lac 

Singine . 
Veveyse 


74209 

9669 

8659 
13877 
16208 

9884 
1 0832 

5060 


33 

22 


10626 
5285 


13 


5341 


49 

16 
1 

3 

27 
2 


16211 

2614 
114 

6565 
4152 
2766 


58 

10 

11 

1 

30 

3 

3 


10592 

1582 
1731 

274 
4808 

391 
1806 


87 

1 
29 
25 

22 

6 
4 


22789 

188 
3213 
8677 
3835 

3770 
1106 


Sur  100  communes  et  sur 


12.4 

143 

17.4 

219 

20., 

143 

44.» 

547 

32.7 

270 

20.4 

164 

— 

1.9 

13 

20.7 

200 



— 

2.4 

20 

4.9 

405 

49., 

297 

30.» 

540 

62.8 

420 

7.0 

40 

— 

11.1 

255 

16., 

167 

31.0 

307 

2.0 

19 

54., 

602 

61  .„ 

625 

36.1 

236 

OO.g 

347 

23.0 

218 

*)  Voir  l'observation  page  188. 


—    209     — 


N'»  6 


de  la  commune  de  résidence  en  l'année  1811 


AHHudide 

800-899 

m 


■lits 


Hialioi 

de 
réideiee 


44 


40 

10 

6 


7 
M 


12181 


1249 
3791 
1000 


2510 
3631 


AIHtude  de 
900—999 


m 


(OD* 

Bun» 


po- 
pglation 

de 
ftiHtm 


2 
4 


1 


1407 


352 
732 


323 


Altitude  de 
1000-1099 


m 


COD- 
DUltS 


po- 
pulatioD 

de 
residenet 


1 


403 


403 


1000  habitants,  il  y  avait  : 


15.7 

164 

2.» 

19 

0.4 

5 

18.9 

144 

d.g 

41 

84.4 

273 

9.8 

53 

2.4 

29 

9.» 

62 

— 

-i_        - 

j — 

38.9 

23f 



68., 

718 

6.3 

64 

Population  de  résidence  des  communes 
à  une  altitude  de  : 


400-599 

m 


1811 


1888 


26837 

7899 
114 

6o6o 
9493 
2766 


44073 ' 

12050 
192 

12751 

1 4501 

4581 


600-799 

m 


1811 


33381 

1770 
6944 
8951 
8643 
391 
5576 
1106 


1888 


53056  ' 

2770 

11270 

13458 

13784 

651 

9317 

1806 


800-1026 

m 


1811 


13991 


1601 
4926 
1000 

2510 
3954 


1888 


22024 


2402 
7884 
1428 

4326 
5984 


Sur  1000  habitants  : 


302 

370' 

450 

445» 

188 

817 

813 

183 

187 

13 

14 

802 

813 

185 

645 

631 

353 

405 

456 

333 

493 

62 

960 

957 

40 

43 



233 

251 

514 

511 

231 

218 

232 

782 

185 


173 

369 

51 

238 
768 


14 


—     210     — 

premier  abord,  on  serait  enclin  à  croire  que  cette  population  s'est 
ressentie  du  mouvement  des  populations  campagnardes  vers  les 
villes  et  qu'ainsi  il  y  aurait  aussi  diminution  dans  la  population 
montagnarde  au  profit  du  pays  plat. 

Nos  recherches  à  ce  sujet  ont  donné  les  résultats  suivants 
pour  le  canton  de  Fribourg  :  Sur  1000  habitants  demeurant  au- 
dessous  de  700  m.  d'altitude,  il  y  a  une  augmentation  annuelle  de 
6,4  et  pour  le  même  nombre  d'habitants  vivant  au-dessus  de  700 
m.  l'augmentation  est  de  5.8. 

Sur  1000  habitants  demeuraient  dans  une  altitude  de  : 

Année  400-599  600-799  800-1025 

1811  362  450  188 

1888  370  445  185 

Les  contrées  situées  au-dessous  de  600  m.  donnent  donc  une 
variation  annuelle  de  moins  de  7  sur  1000  habitants  ;  mais  ici,  il 
ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  les  contrées  du  Lac,  de  la  Singine  et 
de  la  Broyé  qui  ont  subi  l'invasion  bernoise,  sont  précisément  si- 
tuées à  cette  altitude.  Or,  si  Ton  considère  que  le  chiffre  de  cette 
immigration  monte  à  plus  de  9000,  on  se  convaincra  facilement 
que,  en  faisant  abstraction  de  ce  fait,  les  données  du  tableau  ci- 
dessus  se  trouveraient  complètement  changées.  Sans  avoir  la  pré- 
tention de  vouloir  fixer  exactement  ce  chiffre,  nous  pouvons  présu- 
mer et  même  avoir  la  certitude  que  la  population  montagnarde  en 
elle-même  n'a  pas  diminué  au  profit  des  contrées  de  la  plaine  et 
qu'ainsi,  au  contraire,  il  doit  même  y  avoir  une  augmentation. 


G.  La  population  au  point  de  vue  physique. 

1 .  Le  sexe. 

En  1811,  le  sexe  féminin  était  en  majorité  dans  le  canton  :  il 
n'y  avait  que  97,4  hommes  sur  100  femmes  :  ce  chiffre  a  été  le  plus 
petit  du  19™«  siècle. 

Cependant,  il  faut  considérer  qu'il  y  avait  1493  absents  du 
canton  et  que  presque  tous  étaient  des  hommes  au  service  militaire 


! 
ï 

s 

•a 


3  s 

es  I 

(U  j 

2  I 


O     OScD^MJv; 


—     212     — 

à  l'étranger.  On  peut,  dès  lors,  sans  crainte  de  se  tromper  beau- 
coupy  ajouter  ce  nombre  à  celui  des  hommes  résidant  dans  le  can- 
ton et  Ton  obtient  ainsi  38,093  hommes  et  37,604  femmes,  soit 
101,3  hommes  pour  100  femmes. 

Pendant  la  période  qui  nous  occupe,  les  proportions  en  hom- 
mes et  en  femmes  ne  se  balancèrent  pas  toujours  ;  il  y  eut  presque 
continuellement  des  écarts  plus  ou  moins  grands  entre  les  deux 
sexeS;  ainsi  que  le  démontre  le  petit  tableau  suivant  : 

Sur  1000  femmes  il  y  a  des  hommes  : 


1811 

974  (1013) 

1850 

989 

1860 

998 

1870 

992 

1880 

999 

1888 

994 

Les  données  relatives  à  la  natalité  et  à  la  mortalité  par  sexe, 
à  l'émigration  et  à  l'immigration,  faisant  complètement  défaut,  il 
est  de  toute  impossibilité  de  rechercher  les  causes  qui  ont  influé 
sur  ces  variations. 

Afin  de  connaître  quelles  sont  ces  proportions  pour  la  cam- 
pagne, laissons  de  côté  la  ville  de  Fribourg  ;  nous  obtenons  : 


1811 

988 

1860 

1000 

1860 

1007 

1870 

1007 

1880 

1014 

1888 

1012 

Ainsi  est  démontrée  à  partir  de  1850;  la  prépondérance  du 
sexe  masculin  dans  la  campagne,  tandis  que  la  ville  de  Fribourg 
offre  des  résultats  diamétralement  opposés.  Dès  1850,  l'excès  du 
sexe  masculin  sur  le  sexe  féminin  suit  à  la  campagne  une  progres- 
sion presque  constante  ;  la  variation  résultant  de  la  comparaison 
des  deux  tableaux  ci-dessus  pour  les  années  1860  et  1870  provient 
naturellement  de  la  ville  de  Fribourg. 


—     2J3     — 

Consultons  maintenant  le  tableau  principal  (page  156  et  sa) 
donnant  la  population  d'après  le  sexe  dans  les  différentes  communes 
pour  l'année  161 1,  nous  y  verrons  d'abord  que,  déjà  à  cette  époque 
dans  toutes  les  villes,  même  les  plus  petites,  l'élt^ment  féminin  pré- 
dominait, et  qu'ensuite  la  population  féminine  était  en  majorité 
dans  les  contrées  montagneuses  plutôt  que  dans  les  pays  de  la  plaine. 
Cerniat  fait  ici  exception  en  raison  du  couvent  de  la  Valsaîute  ren- 
fermé dans  son  territoire  et  qui  contenait,  en  plus  des  religieux, 
alors  une  centaine  de  pensionnaires  et  d'élèves  ;  c'est  ce  qui  explique 
l'énorme  prédomioacce  du  sexe  masculin  dans  cette  commune. 

Un  fait  curieux  et  pour  noua  inexplicable  est  la  grande  prédo- 
minance des  hommes  dans  la  haute  Broyé  en  contact  direct  avec  la 
zone  où  le  fait  contraire  se  produit  dans  d'assez  notables  proportions, 


^ 


2.  Age. 

L'élaboration  des  données  relatives  à  l'âge  a  présenté  de 
nombreuses  et  sérieuses  difficultés  qui  n'ont  pu  être  que  partielle- 
ment vaincues.  En  1811,  comme  de  nos  jours  encore,  (là  où  l'on 
ne  demande  pa.s  l'année  de  naissance),  les  personnes  recensées  don- 
naient de  préférence  les  indications  d'âge  en  chiffres  ronds,  en  négli' 
géant  intentionnellement  les  unités.  Un  essai  sur  la  classification 
d'âge  de  la  population  de  la  ville  de  Fribourg  a  donné  des  résultats 
complètement  nuls.  On  obtenait  de  très  fortes  proportions  ponr 
les  dizaines  telles  que  20,  30,  40,  50,  60,  70  ans  et  presque  point 
pour  les  unités  intermédiaires.  En  présence  de  cet  état  de  choses, 
c'élait  peine  perdue  de  faire  cette  élaboration  et  d'établir  des  com- 
binaisons ;  nous  nous  sommes  donc  borné  a  répartir  la  population 
en  trois  classes  d'âge  :  enfants  (0-14),  adultes  (15-59)  et  vieillards 
(60  et  plus).  En  procédant  ainsi,  la  tendance  que  nous  venons  de 
mentionner  perdait  sou  influence  sur  l'exactitude  des  résultats. 


—     214    — 


Tableau 

Division  par  district  de  la  population  totale 

a)  En  chiffres 


Canton  —  District 

O— 14t  ans 

1811 

1860 

1870 

1880 

1888 

Aug.  ou 
diminu- 
tion en 

t811-88 

1811 

Canton  de  Fribourg 
Broyé 

24613 

3462 
2960 
4341 
4954 
3446 
3613 
1837 

29814 

3984 
3587 
5196 
6292 
4459 
4197 
2099 

34340 

4388 
4127 
6012 
7253 
4927 
5096 
2537 

Sur 

37581 

4781 
4429 
6857 
8039 
5049 
5914 
2512 

1000 

40625 

5303 
4679 
7260 
8872 
5398 
6563 
2550 

l 
perso] 

16012 

1841 
1719 
2919 
3918 
1952 
2950 
713 

0  En  c 
nnes  ( 

42487 

5341 
4805 
8023 
9688 
5592 
6288 
2750 

ihiffres 
ie  la 

Glane 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

SiDffine 

Veveyse 

Canton  de  Fribourg 

Broyé 

Glane 

Gruyère  

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


332 

283 

312 

326 

341 

9 

572 

358 

299 

321 

334 

358 

_^_ 

552 

342 

291 

314 

329 

337 

—  5 

555 

313 

286 

312 

336 

340 

27 

578 

306 

260 

286 

300 

317 

11 

598 

349 

309 

333 

335 

356 

7 

566 

333 

271 

315 

337 

360 

27 

579 

363 

283 

323 

324 

327 

—36 

544 

Les  recensements  de  1870  et  1880  comprennent  la  population  de  fait  ; 
de  1850  ne  contient  aucune  distinction  d'après  l'âge.  Dans  les  années  1860  et 
personnes  ne  sont  pas  contenues  dans  les  chiffres  ci-dessus. 


—    215    — 


N"  8 

depuis  1811  à  1888  d'après  l'âge 

absolus 


15—59  ans 

60  ans  et  plus 

Aug.  ou 

Aug.  ou 

■  •        ■ 

1860 

1870 

1880 

1888 

diminu- 
tion m 

1811 

1860 

1870 

1880 

1888 

diminu- 
tion en 

1811-88 

1811-88 

66210 

65302 

66962 

67022 

24535 

7109 

9318 

10594 

10857 

11508 

4399 

8064 

7882 

8026 

7965 

2624 

866 

1267 

1410 

1496 

1552 

686 

7717 

7729 

7746 

7804 

2999 

894 

1025 

1279 

1313 

1381 

487 

11213 

11304 

1 1 522 

12038 

4015 

1513 

1787 

1958 

2033 

2044 

531 

15814 

15689 

16330 

1 6438 

6750 

1566 

2059 

2379 

2446 

2653 

1087 

8716 

8484 

8677 

8314 

2722 

846 

1264 

1381 

1326 

1440 

594 

10055 

9687 

1 0233 

10097 

3809 

951 

1226 

1407 

1424 

1564 

613 

4631 

4527 

4428 

4366 

1616 

473 

690 

780 

819 

874 

401 

relatifs 

population  totale  étaient 


629 

592 

580 

562 

—10 

96 

88 

96 

94 

97 

606 

576 

561 

537 

-15 

90 

95 

103 

105 

105 

626 

589 

0/4 

563 

8 

103 

83 

97 

97 

100 

616 

586 

564 

564 

-H 

109 

98 

102 

100 

96 

655 

620 

609 

588 

—10 

96 

85 

94 

91 

95 

604 

574 

577 

549 

—17 

85 

87 

93 

88 

95 

650 

598 

582 

554 

—25 

88 

79 

87 

81 

86 

624 

577 

571 

561 

17 

• 

93 

93 

100 

105 

112 

1 

15 
3 

13 
1 

10 
2 

19 


ceux  de  1811,  1860  et  1888  la  population  de  résidence  ordinaire.  Le  recensement 
1870  on  trouve  respectivement  181  et  596  personnes  sans  déclaration  d'âge;  ces 


—     216     — 

Le  tableau  suivant  donne,  sous  ce  rapport,  la  comparaison 
entre  le  recensement  de  1811  et  les  recensements  fédéraux  : 

Sur  1000  personnes  de  la  population  totale  étaient  âgées  de  : 

Années  0-14  ans  15-59  ans  60  et  plus 
1811                   332                     572  96 

1860  0  283  629  88 

1870  312  592  96 

1880  326  580  94 

1888  341  562  97 

Ce  qui  étonne  surtout  dans  le  tableau  ci-dessus  c'est  la  res- 
semblance qui  existe  entre  la  répartition  des  classes  d'âge  pour 
1811  et  1888.  Depuis  1850,  grâce  à  une  plus  forte  natalité  et  à 
une  plus  faible  mortalité  infantile,  on  peut  constater  une  augmen- 
tation continuelle  dans  le  nombre  des  enfants,  ce  qui  tout  naturelle- 
ment devait  faire  présumer  qu'au  commencement  du  siècle,  le 
nombre  des  enfants  serait  fort  inférieur  à  ce  qu'il  est  réellement, 
d'après  les  données  du  tableau.  La  cause  de  cet  état  de  choses 
réside  probablement  dans  le  subit  développement  de  la  population 
après  les  années  orageuses  de  la  fin  du  18°^®  et  du  commencement 
du  19""^  siècle,  et  même  aussi  partiellement  dans  l'absence  des  nom- 
breux militaires  au  service  étranger. 

Tous  les  districts  ont  subi  en  ceci  des  variations  identiques, 
en  exceptant  toutefois  les  trois  districts  voisins  du  canton  de  Vaud 
(et  de  la  France  !  !)  :  Broyé,  Glane  et  Veveyse  qui  ont  actuellement 
moins  d'enfants  qu'au  commencement  du  siècle. 

D.  La  population  au  point  de  vue  social. 

1 .  Etat  civil. 

Du  moment  que,  dans  le  chapitre  précédent,  nous  avons  dé- 
montré que  la  répartition  par  classes  d'âge  n'avait  pas  été  possible, 
l'étude  de  la  population  d'après  l'état  civil  perd  beaucoup  de  son 


^)  Pour  1850,  rindication  de  l'âge  manque. 


r 

05    &T 

H  ^ 

S 

l 

â 

L 

■ 

■ 

■ 

—     217     — 

■ 

■ 

^^ 

(S 

m 

|ô 

=  s,  S  !^^  -  S  r^ 

S 

1 

î  s. 

P 

si 

u 

te 

S 

TTTTTTT 

00 

fi 

4296 
3873 
6240 
7.597 
4614 
4818 
2272 

i 

S!  s:  s;  s;  g  s  «    ■ 

1 

s 

m 

4241 
3773 
5813 
7203 
4378 
4689 
2206 

1 

ce 

s 

3860 
3639 
5403 
6604 
4401 
4238 
2290 

r- 

9J  œ  O)  o;  r- 03  ■--       ^H 

s 

eo 

o 

3489 
3080 
4704 
5730 
4016 
3601 
2066 

i 
i 

335   —   262 
308   —   250 
319   —   239 
297   —  237 
352   —  277 
292   —  S32 
303   _   278 

1 

0> 

1    1    1    1     1    1    1 

— 

ir? 

3238 
2665 
4433 
4819 
3482 
3163 
1343 

i 

m 

TO 

3319 
3642 
5168 
8131 

3322 
1713 

s 

£SS;  =  SS^     1 

s 

00 

ôc 

9389 
9184 
1 3834 
18607 

12322 
4980 

s 

to 

s 

640  647 
660   663 
653   649 
687  667 
626  629 
680   687 
650  639 

s 

00 

i 

9133 

8904 
13318 
17897 

9416 
11955 

5039 

s 

00 

8926 

8765 
12674 
17233 

94,33 
11)97 

3080 

i 

—  833   651 

—  682   683 

—  665   636 

—  686   675 

—  638   637 

—  698   684 

—  654   647 

s 

00 

s 

8710 

8425 
12108 
18630 

9823 
10826 

4839 

s 

00 

!0 

1  M  1  1  1  1 

S 

^ 

6070 
3342 
8686 
10336 
60)3 
7200 
3267 

S 

<o  fo  to  to  x>  ta  ■■a         ^H 

1^ 

1 

,  ,     .     1 

'   '      ■ 

ir 

U3> 

si  g  1  s 

il* 

■ 

k 

^g 

218    — 


S 


2  ^ 

5  «0 

0  § 

Q  « 

>  s 


?ES 


00 
00 
00 


00 
00 


00 


00 


■  •  ■— — • 
E  «s 
?E« 


00 


00 


s 


05 


00  00  Oi  ^  00  <H  (W 


CM  00 


O       OOt^sOOOOOOilOl 
CO       ^  ^"  00  CO  "^  **■ 


Oi  ço  co  ^- 
-^  Oî  00 


00 


se     -^  o  Oï  r^  Oi  oo 

aO       9il  ^  CM  M^i  C»|  ^ 


00     aoor^ooosr- 
•*     r^oooço-'î-^r-' 

00   (N  ^  OO  Mil  00  (H 


I  I 


<o  o 


00 
00 


ÇO  CN  If  00  l^  aO  ÇO 

ao  •*  r^  ço  r-  00  00 

aO  00  -^  00  ao  00  Oï 


00 
00 
00 

o 

l>  O  00  ço  ço  0^  ço 

•^  os  -!-  ÇO  o  l^  00 
o  l>  0^1  ÇO  os  00  aC 

00 
00 

o 

o  00  00  -*  -^  ço  ^ 

o  Ci  af3  00  -if  -^  — 

a>  r^  oi  co  O  OS  ao 

00 

Ci 
00 

ÇO  00  00  o  CO  l>  -^ 
os  ao  00  -**  af3  (N  00 
00  i>  ^  o  os  os  -^ 

00 

os 


00  i>  ^-  ço  t^  r-  o;» 

:0  aO  00  os  o  ÇO  00 
00  ÇO  O  00  OS  00  -^ 


OS 

00 

r^ 

aO 


00 
00 


^!-  00  CN  00  o:  r^  o 

ÇO  -**  -^  o  00  00  aO 

00  -^  r^  00  00  **  ©^ 


5^ 


-§ 
d 


o3 


i 

a 

o 

^  S* 

b^   g 

P4 


- 

^  ^^  ^  00  ^  o 

^ 

^  ^  ^^  00  ^  o 

^ 

9il  94  ^  99  99  ^  o 

l> 

^  aO  r^  OS  99  •*  O 
99  «^  «^  ^  99  -«-  ^ 

1  1  1  1 

^ 

1  O  -s-00 

99       aOaOOOOaOOOO 
■^99  <^  99         99 


g 

QC 


OS 

99  r^  t^  o  -^  00  os 

CO  aO  aO  CO  CO  ^  CO 

S 

00  os  ^  00  r^  99  ço 
CO  aO  CO  CO  CO  aO  CO 

99 

aO  r^  •*  •*  -^  ÇO  99 
CO  aO  CO  CO  CO  aO  o 

OS 

aO 

•^  00  os  00  00  ÇO  00 
co  aO  aO  aO  CO  aO  ar^ 

00 
aO 

1 

1 

l>  91  -^  O  os  aO  OS 
00  aO  aO  aO  00  -^  «^ 

os  .2  ® 


pq  O  O  03  »-3  cQ  »> 


g» 


0) 

o  <ce  P  C       „ 
pqOOc«H^co> 


•5b  g 

Q 


a 
o 


0 

eu 

s. 


a 
o 

a 

a 

2 

a 


Ut 

O 

o 

00 

oo 


o 

00 


t-t 

O 

a. 


es 

O 

■"•«A 

t. 

«o 

o 


—     219     — 

importance.  Pour  arriver  à  donner  une  idée  juste  de  la  situation 
sociale,  il  faut  pouvoir  étudier  l'état  civil  combiné  avec  le  sexe  et 
rage. 

Bien  plus,  les  formulaires  contiennent  à  ce  sujet  une  regret- 
table lacune  qui  dégénère  en  vrai  défaut  :  ils  ne  considèrent  que 
les  deux  seules  subdivisions  c  marié  >  et  <c  célibataire  i>,  sans  faire 
aucunement  mention  des  veufs  ou  veuves.  Par  suite  de  cela,  dans 
quelques  cercles,  peu  nombreux  il  est  vrai,  on  ne  mentionna  pas 
le  veufs  ou  veuves  comme  tels,  mais  on  les  inscrivit  comme  mariés 
ou  célibataires. 

Voici  les  résultats  de  1811  comparés  avec  ceux  des  recense- 
ments fédéraux  : 

Sur  1000  personnes  de  la  population  totale  étaient  : 


Innées 

Célibataires 

Mariés 

Veufs 

ou  Veuves 

Divorcés  ou 
inconnus 

1811 

638 

315 

46 

1 

1850 

677 

266 

57 

— 

1860 

671 

253 

59 

17 

1870 

662 

275 

62 

1 

1880 

656 

282 

61 

1 

1888 

657 

283 

59 

1 

Nous  faisons  ici  les  mêmes  remarques  que  celles  que  nous 
avons  présentées  à  l'occasion  de  la  répartition  de  la  population 
d'après  l'âge.  Après  avoir  constaté  dans  le  chapitre  précédent  un 
nombre  d'enfants  aussi  considérable,  on  était  en  droit  d'attendre 
dans  le  cas  actuel,  que  le  chiffre  des  célibataires  aurait  été  bien  plus 
grand  qu'aujourd*hui  et  celui  des  mariés  bien  plus  faible.  Or  cela 
n'est  pas  ;  il  faut  donc  que  la  proportion  des  mariés  ait  été  extra- 
ordinairement  élevée  au  commencement  du  siècle  et  que  la  fré- 
quence du  mariage  à  cet  époque  ait  surpassé  de  beaucoup  celle  du 
milieu  du  19™*  siècle. 

En  effet,  si  l'on  retranche  le  nombre  des  enfants  (0-14  ans) 
du  nombre  des  célibataires,  on  obtient  les  résultats  suivants  : 


Années 

Célibataires 

Mariés 

Veufs  ou.  Veuves 

1811 

458 

471 

70 

1860  0 

541 

353 

82 

1870 

510 

398 

90 

1880 

490 

417 

91 

1888 

480 

429 

89 

-^     220     — 
Sur  1000  personnes  âgées  au-dessus  de  15  ans  il  y  avait  : 

Divorcés  oa 
inconnus 

1 
24 
2 
2 
2 

La  remarque  faite  relativement  à  la  très  grande  fréquence 
des  mariages  au  commencement  du  9®  siècle  est  donc  parfaitement 
juste  et  malgré  que  la  proportion  des  mariés  ait  augmenté  conti- 
nuellement depuis  1860;  elle  est  encore  loin  d'atteindre  celle  de 
1811. 

C'est  surtout  dans  les  districts  de  la  plaine  que  Ton  constate 
la  plus  forte  différence  dans  la  comparaison  du  nombre  des  mariés 
en  1811  et  celui  d'aujourd'hui,  tandis  que  dans  les  districts  de 
montagne,  cet  écart  est  bien  plus  faible. 

On  pourrait  conclure  de  là  que  la  situation  économique  des 
habitants  de  la  montagne  n'est  pas  devenue  plus  mauvaise  et  qu'au 
contraire,  les  habitants  du  Lac  et  de  la  Broyé,  pays  par  excellence 
de  la  culture  du  tabac,  de  la  vigne  et  du  blé,  ont  été  beaucoup 
moins  favorisés  sous  ce  rapport.  (Pour  détails,  voir  tab.  9.) 

2.  Origine. 

Pour  répondre  à  la  question  d'origine,  le  formulaire  ne  contient 
que  l'expression  €  Etranger  >.  Ce  terme  fut  naturellement  fort 
différemment  interprété  et  appliqué. 

Dans  la  plupart  des  cas,  on  considéra  comme  €  étranger  >  tout 
habitant  non-bourgeois  de  la  commune  ;  ce  qui  permettait  de  faire 
les  distinctions  comprises  dans  les  recensements  modernes  telles 
que  €  Bourgeois  de  la  commune  de  résidence.  Bourgeois  d'autres 
communes  du  canton,  Bourgeois  d'autres  cantons  et  étrangers. 

Mais  comme  dans  quelques  cercles,  spécialement  dans  ceux 
de  la  Singine,  on  n'a  considéré  que  les  non-fribourgeois  comme 


^)  Le  recensement  de  1850  ne  contient  pas  la  répartition  d'après  Tàge. 


I 


o  = 


03 

.S 

(1) 

3 

SJ 

s 

a 

H 

€ 

-S 

Js 

1 

"S 

m 

ai 

S"=SS§S 

« 

i 

•s 

2" 

1 

9 

V 

a 

1 

i 

a 

oc 

s 

SlSiSSS 

s 

00 

i 

ffl  ?§  s  3  o  -  M 

s 

s 

-*  9.  00  Ol  os  —  g 

S333is= 

s 

iiiini 

5 

§ 
il 

!0  (-  -*  l"^  C^  (N  T- 

Œ  1—  !0  -*  ■*  5ff  — 

8 

ggS|P|3 

1 

g 

=||||S5 

1 

00  Cl  -^  —  —  an  oo 

|S||g£| 

» 

i 

(O  -*  oc  .-  —  oc  cr; 

g'SgPS^S 

1 

« 

s 

i 

a 

s 

s 

1   1   1   1   1   M 

i 

ce  r- --  c^  g  Oi  se 

1111111 

S 

OJ  30  -»  —  t~  3D  tO 

gïSSSSS 

(O  œ  to  ^  ■«.  ^  00 

OS 

S 

to  w  o  ao  (N  •*  <N 

CTs  00  ■*  —  OO  30  CO 

o 

iigim 

i 

i 

§111111 

s 

sislisi 

1 

£ 

O  30  r^  »l  OO  30  O 

5 

ispisil 

œ 

5 

t-  1-  u-ï  Cï  30  !0  Ci 

!» 

iiigiii 

s 

■à 
1 
1 

é 

1 

■s 

■s 
s 

llll  i 

iilliil 

»  C3  o  CQ -J  M  >■ 

—  222  — 


«te 


e 
S. 

S 


a  sï  -^ 
•  •  • 


00 
00 
00 


00 
00 


00 


00 


OQ 

m 
S 

î 

OQ 


.s 

e 


e 


E  e^ 

?.iS 


00 
00 


00 


00 


s 


05 


<^  O  00  co 
^  <^  CN  «^ 
^  ^  9) 


CO  00 


CM 


I    I    I  I 


o 

00 

en 


M*  ço  •*  l^  l>  os  ÇO 
^  •^  ^  ÇO  O  O  -^ 
Ol  CN  -**  05  CN  ^  ^r* 


00 


O  i^  00  co  O  <rr  O 

30  00  00  co  t^  05  ço 
<N  -î-  00  05  ^    ^ 


00 


o  aO  -^  CN  l>  -!-  00 
00  <^  -^  -^  O  00  iO 
^  Ol  00  o«  O^    ^- 


aO   OOOaOÇOOO*^-^ 

05     or^r^âooooao 

00       ^  <N  ^  00 -«p  ^  ^ 


ia     oor^oooooi^-^ 

00       OOOaO-^r^l>Oi 
00       ^-         Ol  aO  ^r* 


•*       00l>çO**ÇO00aO 
t^       <N  ÇO -^  âO  05 -^  ÇO 

ao     (N      00  r^ 


(N  00  M»  »♦  o  aO  -^  Oa 

ao  ■^O500l>aC-»'00 

ac  ^çOOOO^aOOO^ 

00  ^  00  00  00 


00 
00 
00 

Ci 

aO  M»  t^  aO  *«-  o  ;0 
00  Oa  Oa  05  aO  C>l  -^ 

oi  r^  O  O  i>  ^  Oii 

o  0000-!-00»ïÇO(N 

00  l>OOOOOCiOO^- 

aC  o  00  o  » -^  o  Oï 
aO  00  -^  M^i 


00  OOOl^ifOaC 

00  es  t^  Oi  00  l>  -!-  ^ 

■^  ÇO  l-^  00  -^  00  aO  ©^ 
00  00  00  00 


'S  S. 

CD 

P4 


00  CM  CM^  9il  CD      O 

a 

s. 

o 

a 

9 

•2 

o 

a 
o 


0 

S. 

08 


a 

a 
fi 

S 

a 

8 

S 

o 

en 
a> 

00 


os 

•*  o  "^  aC  •*  ÇO  os 
•^  «^<N  00  -^    «^ 

os 

00  «^  OS  aO  ^r*  aO  ^?- 
^  ^  ^  CO  ^    0^ 

9il 

00  r*  l>  OS  -^  aO  O 

^  ^  ^  ^  ^   oi 

00 

00  0^1  3C  ac  os  t^  -^ 
<N  ^  00      Oï 

00 

00  I>  aO  •*  00  âO  00 

^ 

•*  00  00  t^  O  -^  00 
CN    99  <^  <^    «^ 

OS   O  ÇO  ao  aO  00  r^  O 
Oi      t^  •*  00  OS  OS  OS  (N 


O  r^-ooi^-^ooc^o^ 

0^  çoo<iaor-*-<Nc^ 

aO  Oaor^0?**0-e- 
^  Ol  00  co 


9m 


00  -^  00  aO  o  af3  aO  o 

r^  oooosîoc^çoos 

00  M*  Oi  OO  00  "^  00 

r-         ^  o*  -e- 


os 


r^  o  aO  aO  çO  o*  l> 
o  o  -e-  O)  os  00  aO 
■^  ^  O^  00  ^  co 


o 


os 

00 

t^  r-  ^  ÇO  -^  GM  -9- 

X  aO  aC  •*  ^  00  00 
■^  00  (N 

aO 
00 

00  CO  00  aO  OS  O*  C^ 
ÇO  ÇO  •*>  -^  os  00  (M 
^  99  09 

OS 

O  OS  CO  aO  ^  <^  00 
aO  aO  •*  »»  ÇO  -«^  99 
•^  99  99 

OS 

O 

O  99  ^  00  O  aO  00 
aO  «^  M*  CM  00  OS  99 
^99"^ 

•—  «^  00  00  99  00  00 
00  99  99  00  00  99  <^ 

o 

l>  ^  CO  ^  ^-  aO  ^ 
*-  -^  -^  aO  91  00  -^ 

t' 


o  2P  > 
0(5  .S   ® 


cQOOa}iJS> 


0) 

P  *3  2  h  s  a  ïD 
W  O  O  c/j  H^  oî  î> 


a  ►> 

•as 


o 

00 


rH   es 


^-H 

00 

a 
o 

<[> 

•«■^ 

TS 

** 
a 

iS 

5 

c 

o. 

a 

s. 

4> 

ce 

09 

^^ 

a 

«A 

a 

o 

« 

2 

fi 

fi 

93 

o 

« 

»4 

O. 

t4 

a 

O 

8 

04 

B3 

oo 


—     223     — 


Tableau  N**  11 

Répartition  par  commune  de  la  population  totale  de  1811  à  1888  d'après  Torigine 


District  —  Commune 


Répartition  de  la  population 
de  résidence  en  : 


fribourgeois 


1811 


1888 


etraDg.aocaotoD 


1811 


1888 


Sur  1000  habitants 
étaient  : 


fribourgeois 


1811 


1888 


etrsDg.  au  caolno 


1811 


1888 


Aug- 
mentation 
ou  dimi- 
nution 
des  fri- 
bourgeois 
1811-88 


1.  Broyé 

1.  Aumont 

2.  Autavaux 

3-  Bollion 

4.  Bussy 

5.  Châbles 

6.  Chandon 

7.  Chapelle 

8.  Chàtillon 

9.  Cheiry 

10.  Cheyres 

11.  Cugy 

12.  Delley 

13.  Domdidier 

U.  Dompierre 

15.  Estavayer-Ie-Lac 

16.  Fétigny 

17.  Font 

18.  Forci 

19.  Franex 

20.  Frasses 

21.  Les  Friques 

22  Gletterens 

23.  Granges-de-Vesin 

24.  Léchelles 

25.  Lully 

26.  Mannens-Grandsivaz. . . 

27.  Ménières 

28.  Hontagny-la- Ville 

29.  Montagny-les-Monts  . . . 


9274 

262 

81 

66 

198 

252 

109 

83 

101 

£38 

217 

358 

247 

oo4 

285 

1093 

216 

204 

133 

84 

92 

78 

160 

124 

173 

47 

232 

130 

208 

280 


1 3321 

473 
158 
124 
243 
292 
161 

93 
146 
262 
398 
613 
283 
775 
515 
1240 
345 
217 
181 

83 
101 

70 
277 
160 
273 

5i 
392 
281 
301 
650 


395 

8 
6 
8 
2 

27 
2 
2 
1 
3 

17 

22 
4 

11 

3 

176 

3 

3 


3 
1 
3 

5 
8 
4 


1499 
26 

14 

18 
22 
49 
13 
18 
10 
48 
73 
26 
95 
27 
315 
33 
14 
10 
30 
26 
22 
11 
8 
12 
10 
16 
17 
20 
77 


939 

970 
931 
892 
990 
903 
982 
976 
990 
988 
927 
942 
984 
981 
990 
861 
986 
986 
1000 
1000 
979 
1000 
1000 
976 
994 
940 
1000 
968 
963 
986 


899 

948 
1000 
899 
931 
930 
767 
877 
890 
963 
892 
894 
916 
891 
930 
797 
913 
939 
948 
739 
795 
761 
962 
952 
958 
844 
961 
943 
938 
894 


41 

30 
69 

108 
10 
97 
18 
24 
10 
12 
73 
58 
16 
19 
10 

139 
14 
14 


21 


24 

6 

60 

32 
37 
14 


101 
52 

101 

69 

70 

333 

123 

110 

37 

108 

106 

84 

109 

50 

203 

87 

61 

52 

261 

205 

239 

38 

48 

42 

156 

39 

57 

62 

106 


+ 


60 

22 

69 

7 

59 
27 
215 
99 
100 
25 
35 
48 
68 
90 
40 
64 
73 
47 
52 
261 
184 
239 
38 
24 
36 
96 
39 
25 
25 
92 


District  —  Commune 

Répartition  de  la  populalîon 
de  résidence  en  : 

Sur  1000  habitant* 
étaient  : 

ou  dimi- 
nution 
des  Iri- 
bourgeoil 
1811-88 

rribourir^dis 

•Img, 

1  tînloi 

[ntwtois 

^'Iranj'. 

U  in\':ï 

1811 

1888 

1811:1888 

1311  il  888 

(811  1888 

98 
15? 
173 

98 
177 

m 

112 
60 
10S 
UQ 
108 
446 
86 
52 
166 
129 
136 
166 
109 
173 

8492 

119 
93 

'ï 

276 
249 
S30 

lot 

i9 
68 

(21 
(SO 
31* 

ns 

252 
392 

m 

87 

in 

484 
(73 
583 
(68 
56 
928 
13(1 
918 
96  ( 
163 
237 

I2SÔ* 

(33 
(77 
(97 
63 
(3<l 
(i8 

343 
.137 
2i9 

89 
(82 

67 
(69 

1 
(I 
9 
3 
( 

3 
(( 

9 

= 
( 

6 
(( 

i 
(5 

(67 

( 
10 
1 

( 
i 

9 

9 

8 

11 
3 
53 
23 
47 
7 
6 
6 
23 
91 
3( 
9( 
3 

9 
37 
49 
29 
50 
17 
(4 

(0(0 

(1 

(i 

23 

5 

19 
22 
24 
(2 

(0 
2 
(3 

1000 
993 
940 
980 
983 
996 
(000 
932 
908 
983 
1000 
(000 
1000 
(000 
994 
1000 
938 
938 
903 
920 

981 

1000 
990 
936 
987 
1000 
1000 
996 
984 
99  ( 
989 
(000 
930 
(000 
(000 

917 
984 
856 
837 
843 
982 
96  ( 
933 
847 
898 
848 
905 
98* 
966 
860 
756 
908 
839 
906 
944 

927 

9(6 
989 
943 
733 
963 
935 
937 
940 
934 
953 
(000 
948 
97( 
926 

6C 
20 
(7 

i 

48 

99 

1! 

6 

49 
62 
33 
80 

(9 

i 

(6 
9 
K 

70 

83 
16 
(44 
(43 
(37 
(8 
39 
65 
(53 
(02 
(59 
35 
18 
34 
(40 
214 
92 
(6( 
94 
56 

73 

84 
K 

267 
37 
43 
43 
60 
66 
47 

52 
29 

74 

83 
9 
84 
123 
140 
14 
39 
17 
61 
85 
152 
35 
18 
34 
134 
244 
50 
99 
59 
+  24 

54 

84 
1 
+     7 
254 
37 
45 
39 
44 
67 
36 

+  (8 
29 
74 

31.  Monlbrelloz 

35  Nuvîlly               

36.  Portalban 

38  PrévODdavaux 

39.  Rueyres-les-Prés 

43.  Sévaz 

45  Vallon       

46  Vesin            

2.  Oîâne 

51  BerleDB         

55.  CUapetle-sur-Gillarens . 

58,  Chavannes-les-Forts. . . 

59.  ChavaDDes-s.-OrsonneDS 

63.  Esmonts 

District  —  Commune 


[rb.iw^is 


ïtrang.  au  csnlon 


mentatlofl 
-  ou  dimi- 
nution 


64.  Estëïenens  .  . 

65.  Fuycns 

66.  Gillarens 

67.  Les  Glanes  .  . 

68.  Grangelles  . . 

69.  Henoeos .... 

70.  La  Joux 

71.  LielTreDS .... 

72.  Lussy 

73.  MaccoDnens.. 

74.  La  Magne  . . 
78.  Massonnens.. 

76.  Mézières 

77.  MIdiies 

78.  Montet 

79.  Morlens 

80.  Mosael 

81.  La  Neyrigue . 
62.  OrsoniieQS . . 
83.  Prez 


85.  Romout 

86.  Rue 

87.  Le  Saulgy 

88.  Siviriez 

89.  Semmentier 

90.  Tornyle-Grand.. 

91.  Ursy 

92.  Vaurterens 

93.  Villangeaux 

94.  Villaraboud 

95.  Villaranon 

96.  Villargîroud 

97.  Villariaz 

98.  Villariraboud 

99.  Villarsiviriaux. . . 
100.  Villaz-St-Pierre.. 


123 
ii 

148 


I7Î 
61 
65 


219 
153 
869 
369 
56 
243 

n( 

19! 
106 
169 
39 
148 
Hi 
99 
142 
174 


2(13 
84 
2.34 
06 
1!)6 
131 
447 
98 
221 
93 
S2 
404 
406 
3.-J5 
132 


303 

323 
241 

um 

351 
73 
458 
242 
290 
143 
299 
23 
317 
1.18 
22! 
223 
324 
240 
390 


1000 
1000 
939 
1000 
1000 
931 
1000 
1000 
961 
1000 
1000 
982 
986 
933 
980 
1000 
1000 
97.5 
913 
1  1000 
i  1000 
956 
971 
982 
992 
1)94 
983 
981 
994 
931 
1000 
1000 
990 
1000 
lOOU 
960 
1000 


976 
988 
903 
660 
990 

1000 
987 
875 
888 
969 

1000 
985 
971 
947 
964 
873 
973 

1000 
987 
912 
984 
798 
840 
986 
958 
996 
921 


984 
932 
993 
996 
903 
984 


24 
12 
97 
340 
10 

13 
123 
112 

31 


340 
10 
69 
13 

125 
73 
31 

+     3 

15 

+  12 

16 

127 

27 

+ 

■    74 

89 

16 

158 

131 

+     4 

34 

+     8 

64 

86 

57 

370 

16 


97 

S+  24 
27 


District  —  Commune 


101.  Vuarmarens 

102.  Vuisternena-d.-Romotit 

3.  Oruycre 

103.  Albeuve 

104.  A  vry- devant- Pont 

106.  Bottereos 

106.  Broc 

107.  Bulle 

108.  Cerniat 

109.  Cliarmey 

110.  Châtel-s.-Monlsalïens, 

111.  Corbières 

112.Crésuz 

113.  Echarlens 

114.  Enney 

115.  ËstavanneDS  

116.  Grandvillard 

117.  Gruyères 

118.  Guraefena 

U9.  Hauteville 

120.  Jaun 

121.  Lessoc 

122.  Marsens 

123.  Maules 

124.  Montbovon 

125.  Morlon 

126.  Neirivue 

127.  Le  Pâquîer 

128.  Pont-en-Ogoz 

129.  Pont-la-Ville 

130.  Riaz 

131.  La  Roche 

132.  Romanens 

133.  Rueyres-Treyfayes  . .  . 

134.  Sales 


Répartition  de  la  populalioi 
de  résidence  en  ; 

fn'bijiirgfoii 


128 
ââ9 


Aufl- 

mantatlon 

nullan 


5Î0 
24? 

83 
359 
(082 
298 
691 

7) 
Iô3 

66 
356 
2(2 
(89 
(06 
817 
257 
379 
360 
230 
233 
(64 
389 
S4( 
22) 
232 
102 
274 
349 
770 
192 
(94 
3ao 


593 
458 
98 
432 

205  ( 
673 

(((5 
(44 
232 
(20 
4(0 
284 
243 
46  ( 

((28 
402 
492 
787 
285 
546 
(8> 
375 
317 
247 
3(4 
220 
36>. 
584 

(088 
291 
247 
444 


1000 
996 


1000 
086 
929 
74  ( 
987 

(000 
994 

1000 
970 

(000 
984 
998 
950 

(000 
981 
893 
99  ( 
928 
994 

(000 
936 
99  ( 

(900 
879 

(000 
950 
996 
993 
993 
965 


928 
994 


970 
(000 
939 
992 
969 
953 
996 
958 
935 
979 
992 
934 
94( 
860 
90( 
904 
997 
936 
966 
937 
995 
924 
972 
939 
988 
974 


73 
6 


239 
13 


i+  60 
93 

182 

î+(96 
17 


42 
65 


(6 
(97 


76 
28 
6( 
(2 


1 
47 

(2 
40 
15 
21 

8 

S+  4( 

50 


3+  4( 
55 
34 

J+  78 
5 
26 
24 
56 


District  —  Commune 


135  Sorens 

136.  Tour-de-Trême 

137.  Vaulruz 

138.  Villarbeney 

)39.  Viltaivolard 

140.  VilIars-d'Avry 

141.  Vitlars-sous-MoDt. .  . 

142.  Vuadens 

143.  Vuippens 

4.  Sarine 

144.  ArcoDciel 

145.  Autafond 

146.  Aotigny 

147.  Avry-sur-Matran 

148.  Belfaux 

149.  BoDnefontaine 

150.  Chénens 

161.  Ch&alles 

152.  Chésopetloz 

153.  La  Corbaz 

154.  CorjolenB 

155.  fCormagens-hnjingneirM 

156.  \Los8y 

157.  Cormiobœuf 

158.  Corpataux 

159.  Corserey 

160.  Cottens 

161.  Cuterwil 

162.  Ecuviilens 

163.  Ependes 

164.  Essert 

165.  Estavayer.le-Gibioux 

166.  Farvagny-Ie-GraDd. . 

167.  Farvagny-le-Petit... 

168.  Ferpicioz 

'J  Voir  l'observation  page  1 


Répartition  de  ia  population 
de  réeïdenoe  en  : 


Sur  lOtM  liabilantt 
étaient  ; 


IHi 
cas 

73 
S72 
80 
9i 
H94 
32* 

9Î290I  I 


988 
SOI) 
968 
1000 
938 
988 
989 


305 
189 
853 
207 
199 
50 

las 

101 
03 
105 
86 
213 
226 
162 
158 
100 
293 
157 
12 
175 
221 


iS3 
270 
376 
277 
270 
6» 
1*2 
13* 


33.3 
334 


490 
295 
ISO 
2a7 
416 
131 


1000 
971 

1000 
951 
972 
975 
862 
931 

1000 

1000 


J  938 
I  974 
5  iOOO 
»  97.3 
1  IOOO 
;  993 
B  973 

nooo 

1    983 


813 
970 
746 
90Î 
97S 
985 
91* 
947 
893 
739 

911 

8*8 
968 
903 
980 
931 
990 
891 


—  9901000 
34  974  772 


7 
112 

+ 

+  120 
4 
12 

I  +  53 


30 
264 
98 


60 
187 
1 
254 

49 

î+  10 

î+  52 

^  f  10 

107 

241 

49 


49 
10 
109 


97 

6 
49 

3 
84 

11 
35 
3 

-+  10 
202 


District  —  Commune 


mentation 

nullon 

n  bourgeois 


169.  Fribourg 

170.  Givisiez 

171.  Granges-Paccot 

172.  Grenilles 

173.  Grolley 

174.  lUens 

175.  Lentigay 

176.  Lovens 

177. Magnedena  

178.  Marly  le-Granil 

179.  Marly-je-retit 

180.  Matran 

181.  Montécu 

182.  Montévraz 

183.  Neyruz 

184.  Nierlet-les-Bois 

185.  Noréaz 

186.  Oberried 

187.  Onnens 

188.  Pierrafortscha 

189.  PoDthaux 

190.  Posât 

191.  Posieux 

192.  Praroman 

193.  Prez 

194.  Rosaens 

195.  Bueyres-St-Laurent . 
19G.  Sales 

197.  SenMes 

198.  TreyvauJt 

199.  Villarlod 

200.  Viltars 

201.  Viljarsel-Ie-Oibloux.. 

202.  Vîllarsel-sur-Marly. . 

203.  Vuisternens-en-Ogoz. 

204.  Zénauva 


i993 
116 


183 

^i 
165 

M 
193 
26- 

i~ 
2i8 

79 
139 
137 
119 

71 
I.Î7 
294 
284 


630 
117 
211 
11)9 

3.i.i 
G.i 


162 
114 


332 
179 
1111 
33.'> 
116 
305 
67 
246 
492 
107 
423 
1.59 
185 
159 
223 
115 
262 
370 
407 
390 
209 
133 


i  3739 
64 
102 


.197 
213 


.568 
81 


800 
930 

1  1000 
!  1000 

843 
974 
907 

-  1600 
777 

J  1000 

2  1000 
il  000 

919 
88' 
9.18 
5  1000 
986 
969 
967 
996 

MlOO 
902 

1000 
880 
976 

1000 


■  1000 
)  9S9 
-  1000 


193 

72 
73 

49 
200 


855 
847 
965 

1600 
980 
980 
899 
853 

1000 
8.1" 
710 
896 
991 
891 
946 
893 
990 
939 
869 

1000 


120 
24 


1000 

lotio 

966 
lOOO 


115 
338 
313 

+  •' 

97 

+  04 

23 

6 

73 

+  12 

127 

■j-   58 

+203 

20 

101 

147 

-+  81 

48 

228 

104 

+  5 

78 

21 

103 

10 

3 

131 

+  120 

+  Il 


District  —  Commune 


5,  Lac 

203.  Agriswyl 

206.  Altavilla 

207.  Barberêche 

208.  BUchslen 

209.  Burg 

210.  Chandossel 

211.  Cordast 

212.  Cormérod 

213.  Corsalettes 

214.  Courgevaud 

215.  Courlevon 

216.  CourDilIens 

217.  Courtanian 

218.  Courtepin 

219.  Courtion 

220.  Coussiberlé 

221.  Cressier 

222.  Fràschels 

223.  Galmiz 

224.  Gempenacli 

225.  Greng 

226.  Grossgurmels 

227.  GroBBguschelDlutli, 

228.  JeusB 

229.  Kerzers 

230.  Kleiobosingen 

231.  EleiDgurmels 

232.  Kieicguschelmutb 

233.  Liebistorf. 

234.  Lurtigen 

235.  Meyriez 

236.  Misery 

237.  MonterBchu 

2.38.  Moiitilier 

239.  Muneo 


Réparlilion  de  la  population 
de  réeldence  en  : 


,0  nullon 
-  dea  Iri. 
a  bourgeoll 


13.1 
66 

2.12 
Gt 

133 

in 

43 
204 
233 


314 
120 

58 
148 

58 
319 
300 


U6 
1Î5 
314 
146 
120 
136 
281 
(«6 

17 
i~,6 
134 
280 

Sil 
202 
172 

46 
346 
204 
341 
114 


1S6 
45 
«4 
278 
1.37 
«8 
230 
79 
320 
680 


723 
920 


110 
37 


45 
37 
31 
24 
23 

107 
60 
76 
64 

10S 
33 


970 
964 
931 
741 
967 
947 
941 
638 
111 
910 
985 
872 
929 
930 
911 


207 
347 
9 
30 
36 
49 
239 
33 
33 
39 
362 
889 
90 
15 
M 
71 


336 

153 
153 
343 
6-' 
344 
1.50 
400 
810 
231 
260 
890 
244 
401 
43 
34 
163 


91 
-  12 
16 
116 
156 
182 
216 

20 

144 

238 

+  I' 

42 
306 
119 
104 

84 

29 
291 

91 

38 
+  ™ 
165 
245 
162 
173 
335 
362 
332 

45 
195 
351 


353 
203 


—     230     — 


DMrid —  Commune 


Répartition  d«  la  population 
do  r<*idonco  en  : 


friboirgeois      étriig.  u  eutoD 


1811 


1888 


1811 


1888 


Sur  1000  habitants 
étaient: 


TrilioirgNis 


1811 


1888 


dmg.  u  euln 


1811 


1888 


Aug- 
mofltâUoa 
ou  dimi- 
nution 
de*  M- 
bourgools 
l8lt-88 


240.  Ried 

241.  Salvenach    

242.  Ulmiz 

243.  Villarepos 

244.  Vuilly-le-Bas . . . 

245.  Vuilly-le-Haut . . 

246.  Wallenbuch . . . . 

247.  Wallenried 

6.  Singine 

248.  Altersvil 

249.  Bosingen 

250.  Brûnisried .... 

251.  Dûdingen 

252.  Giffers 

253.  Heitenried 

254.  Oberschrot  — 

255.  Plaffeyen 

256.  Plasselb 

257.  Rechthalten . . . . 

258.  St-Antoni 

259.  St-Sylvester. . . 

260.  St-Ursen 

261.  Tafers 

262.  Tentliugen 

263.  Ueberstorf 

264.  Wunnewyl 

265.  Zumholz 

7.  Veveyse 

266.  Attalens 

267.  Besencens . . . . . 

268.  Bossonnens 

269.  Bouloz 

270.  Ghâtel-St-Denis 


385 
196 
189 
224 
1050 
654 
72 
164 

10422 

848 
821 
265 

1841 
476 
435 
394 
431 
228 
544 

1076 
378 
648 
403 
167 
745 
535 
187 

4938 

589 
126 
183 
166 
1491 


441 

286 
245 
294 
849 
501 
55 
222 

13889 

996 
1009 
307 
2497 
644 
447 
547 
936 
395 
830 
1202 
568 
674 
776 
376 
819 
673 
193 

7398 

976 
159 
286 
222 
2171 


15 

36 

41 

18 

3 

40 

7 

5 

430 

8 

19 
14 
85 
36 
31 

1 

17 
19 
12 
16 
20 
19 

8 

10 
56 
59 


122 

29 

1 

1 

53 


116 
108 
217 

8 
114 
145 

1 
77 

4335 

338 
319 

65 
756 
105 
234 

34 
118 

12 
251 
444 

27 
330 
133 

67 
671 
388 

43 

392 

83 
2 

15 

7 

100 


963 
845 
822 
926 
997 
942 
911 
969 

960 

991 
977 
950 
956 
930 
933 
997 
962 
923 
978 
985 
950 
972 
981 
944 
930 
901 
1000 

976 

953 
1000 
995 
994 
966 


792 
726 
530 
974 
882 
776 
982 
742 

762 

747 
760 
825 
768 
860 
656 
941 
888 
971 
768 
730 
955 
671 
854 
849 
550 
634 
818 

950 

922 
988 
950 
969 
956 


37 

155 

178 

74 

3 

58 

89 

31 

40 

9 

23 
50 
44 
70 
67 

3 
38 
77 
22 
15 
50 
28 
19 
56 
70 
99 


24 

47 

5 

6 

34 


208 
274 
470 

26 
118 
224 

18 
258 

238 

253 
240 
175 
232 
140 
344 

59 
112 

29 
232 
270 

45 
329 
146 
151 
450 
366 
182 

50 

78 
12 
50 
31 
44 


171 
119 
292 

+  48 
115 
166 

+  71 
227 

198 

244 

217 

125 

188 

70 

277 

56 

74 

+  48 

210 

255 

+  5 
301 

127 

95 

380 

267 

182 

26 

31 
12 
45 
25 
10 


—     231     — 


District  —  Commune 


271.  Le  Crêt.... 

272.  Fiaugères. . . 

273.  Granges 

274.  Grattavache. 

275.  Pont 

276.  Porsel 

277.  Progens 

278.  Remaufens . . 

279.  La  Rougève 

280.  St-Martin  . . 

281.  Semsales . . . 


Répartition  de  ia  popuiation 
da  rétidenoe  en  : 


fribourgeois 


1811 


1888 


323 
187 
197 
120 
107 
226 

9(> 
26.") 

63 
267 
53» 


484 
274 
282 
1  .")2 
1 43 
36.") 
231 
399 
66 
*I7 
771 


/trug.  au  eutoD 


18111888 


3 
6 
9 
5 
11 


3 

15 

12 

6 

16 

72 

6 

6 

4 

45 


Sur  tOOO  liabitantt 
étalent  : 


fribonrgeoii 


1811 


1000 

1000 

1000 

968 

1000 

1000 

970 

978 

875 

982 

980 


1888 


994 
1000 
949 
927 
960 
958 
762 
985 
917 
990 
945 


étragg.  u  tuloi 


1811 


1888 


32 


30 
22 
12> 
18 
20 


51 
73 
40 
42 
238 
15 
83 
10 
55 


AHg- 
meirtiMon 
ou  dimi- 
nution 
des  tri- 
iraurgeoia 
1811-88 


6 

51 
41 
40 
42 

208 

■     7 

42 

8 

35 


«  étrangers  >  nous  avons  dû  établir  nos  considérations  sur  la  sub- 
division de  Fribourgeois  et  «  Etrangers  au  canton  >.  En  voici  les 
résultats  : 

Sur  1000  habitants  étaient  : 

Années  Fribourgeois           Etrangers  an  Canton 

1811  939  61 

1850  913  87 

1860  873  127 

1870  859  141 

1880  846  154 

1888  842  168 

Les  Fribourgeois  se  trouvent  donc  dans  un  état  de  diminution 
continuelle  vis-à-vis  des  étrangers  au  canton.  Les  causes  de  cet 
état  de  choses  et  tout  ce  qui  concerne  le  mouvement  de  la  popula- 
tion fribourgeoise  ont  déjà  été  traitées  dans  un  travail  à  part,  ce 
qui  nous  dispense  de  nous  étendre  plus  longuement  sur  ce  sujet  '). 


*)  Voir  mon  petit  travail  :  Déplacement  religieux  et  national  en 
Suisse,  spécialement  dans  le  canton  de  Fribourg.  Fribourg  1899,  p.  14  &  20, 
et  32  £t. 


—     282     — 

Cependant  nons  tenons  à  mettre  en  évidence  quelques  faits 
assez  carieoz  et  intéressants.  Le  district  du  Lac  parait  avoir  eu 
son  contingent  d'étrangers  au  canton  déjà  avant  le  19"*  siècle  ;  il 
n'y  a  rien  là  de  surprenant,  c'était  un  pays  protestant,  administré 
en  commun  par  Berne  et  par  Fribourg  :  les  émigrants  bernois  y 
trouvèrent  donc  un  asile  assuré. 

Par  contre,  ces  mêmes  émigrants  paraissent  éprouver  certaines 
hésitations  à  pénétrer  dans  les  contrées  catholiques  ;  ce  mur  de 
Chine  tomba  définitivement  après  la  guerre  du  Sonderbund  et  alors 
cette  avalanche  de  population  bernoise  pénétra,  comme  un  coin 
solide,  sur  le  territoire  fribourgeois  en  traversant  la  Singine  et  la 
Sarine  et  elle  arriva  bientôt  jusqu'au  lac  de  Neuchàtel. 

Les  cartes  donnent  une  intuition  si  palpable  de  ce  fait  qu'elles 
nous  dispensent  de  tout  commentaire. 


3.  La  profession. 

Tableaux  n-  12*  et  12»>- 

II  est  une  chose  bien  connue  de  tous  les  statisticiens  :  c'est 
que  le  classement  d'une  population  d'après  la  profession  est  exces- 
sivement difficile  et  que  les  résultats  d'un  tel  travail  sont  souvent 
des  moins  satisfaisants  dans  nos  recensements  modernes  ;  il  va 
donc  bien  de  soi  que  cela  est  d'autant  plus  vrai  lorsqu'il  s'agit  d'un 
dénombrement  tel  que  celui  que  nous  traitons  ici,  oii  le  question- 
naire demande  simplement  l'état  ou  la  profession  de  la  personne 
sans  autre  explication  ni  distinction  quelconque. 

Dans  le  recensement  cantonal  de  1811,  la  profession  est  très 
souvent  insuffisamment  délimitée,  à  tel  point  que  dans  la  plupart 
des  cas  elle  n'est  indiquée  que  pour  le  chef  de  famille  et  cependant 
il  arrive  fréquemment  que  ce  dernier  a  des  fils  ftgés  de  vingt  ans 
et  plus.  Heureusement  que  dans  le  cas,  cette  lacune  est  le  fait 
exclusif  des  agriculteurs  ;  nous  n'avons  donc  pas  pu  fixer  le  nom- 
bre des  personnes  exerçant  cette  profession,  puisque  d'après  l'âge 
des  enfants  nous  n'avons  pas  voulu  le  faire  arbitrairement. 

Il  n'est  nullement  nécessaire  de  donner  ici  une  explication  de 
tous  les  termes  généraux  contenus  dans  les  tableaux  suivants  puis- 


233 


qae,  antaot  qae  ]e  malériel  le  permettait,  nous  avons  suivi  simple- 
ment r arrangement  admis  dans  la  statistique  fédérale.  D'un  côté, 
personne  ne  contestera  la  valeur  scientifique  de  cette  publication 
fédérale,  d'un  autre  côté,  il  était  nécessaire  de  suivre  le  schéma 
donné  par  le  bureau  fédéral  de  statistique  pour  établir  des  compa- 
raisons avec  les  temps  actuels. 

Nous  abordons  donc  directement  les  résultats  et  nous  les  trai- 
terons le  plus  brièvement  possible.  Sur  74,209  habitants  qui  for- 
maient la  population  du  cauton  en  1611,  il  y  en  avait  2,786  sans 
profession  ou  d'une  profession  inconnue,  rentiers,  mendiants,  etc., 
ce  qui  fait  le  3.7  7„  de  la  population  totale.  Le  premier  rang  est 
naturellement  ici  occupé  par  le  district  de  la  Sarine  à  cause  de  la 
ville  de  Fribourg  où  l'on  trouve  le  10  V»  de  personnes  de  cette 
catégorie,  puis  viennent  successivement  les  districts  de  la  Veveyse, 
de  la  Gruyère,  de  la  Broyé,  du  Lac,  de  la  Glâne  et  de  la  Singine. 

Par  comparaison  avec  les  temps  actuels,  on  remarque  une 
DOtable  augmentation  des  gens  sans  profession  ;  le  nombre  relatif 
en  a  doublé  depuis  181 1  à  nos  jours.  Le  chitTre  de  1870  qui  est 
encore  plus  élevé  provient  sans  doute  d'indications  insuffisantes. 
Si  l'on  ne  considère  que  le  chiffre  absolu,  les  *  sans  profession  » 
ont  triplé  dans  l'espace  de  78  ans  :  1811^2786,  1888=8876.  Le 
chiffre  de  1811  ne  comprend  presque  exclusivement  que  des  gens 
riches,  ce  qu'on  peut  facilement  constater  par  le  nombre  des  do- 
mestiques; nous  aimons  à  croire  qu'il  en  est  de  même  en  1888  ! 

Ce  cas  admis,  il  est  intéressant  de  voir  que  le  chiffre  de  1811 
à  1888  a  fort  peu  varié  dans  le  district  de  la  Sarine,  relativement 
à  la  population  totale  -,  tandis  que  l'augmentation  est  très  forte 
dans  le  district  de  la  Singine.  11  est  possible  qu'en  1811  des  ren- 
tiers, partageant  comme  de  nos  jours  leur  domicile  entre  la  ville  et 
la  campagne,  ont  indiqué  Fribourg  comme  leur  principal  domicile, 
tandis  qu'aujourd'hui,  en  raison  des  impôts  élevés  de  la  ville,  ils 
préfèrent  indiquer  la  campagne. 

De  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  résulte  qu'aujourd'hui  il  y  a  rela- 
tivement un  plus  petit  nombre  de  personnes  appartenant  à  une 
profession  qu'en  1811  :  926  «V,  contre  962  "/a^,. 

Les  personnes  vivant  d'une  profession  se  répartissent  de  la 
manière  suivante  d'après  les  groupes  professionnels. 


—     234     — 


Tableau 

Population  de  résidenoe  selon  les 


Dittrictt 


Dont: 

Po- 

Per- 

pulation 

sonnel 

do 

tant 

r<*l- 

pro- 

denco 

fettion 

ordi- 

on de 

naire 

prof.  In- 

connue 

74209 

2786 

9669 

212 

8659 

94 

13877 

422 

16208 

1645 

9884 

151 

1 0852 

85 

5060 

177 

Nombre 
total 
des 
per 
sonnet 
vivant 
d'une 
pro- 
fession 


Exploitation 

des  mines 

et  autres  produits 

bruts  du  sol 


Vivant  de 


Exercaat 


ee(t«  professioi 


Nombre 
total  des 

per- 
sonnes 
vivant  de 
l'agricul- 
ture ou 
de  l'élev. 
du  bétail 


Sylviculture, 

diasse 

et  pèche 


YiT&ot  de 


hercut 


cette  probssieii 


et.  de  Frïbourg 


Broyé . . 
Glane  . . 
Gruyère 
Sarine . . 

Lac 

Singine . 
Veveyse. 


71423 

9457 

8565 
13455 
14563 

9733 
10767 

4883 


Sur  1000  habitants  : 


Ct.  de  Fribourg      ^ 


Broyé . . 
Glane . . 
Gruyère 
Sarine . . 

Lac 

Singine. 
Veveyse 


— 

37.8 

21., 

— 

10., 

30  4 

•"— 

101., 

— 

15., 

— 

7.8 

OO.Q 

962.8 

978.1 
989.1 
969.» 
898.S 
984., 
992., 
965.0 


183 

63 

9 

2 

4 

23 

68 

14 


55| 

17 
2 
1 
3 
6 

22 
4 


50117 

6479 
6675 
10116 
8467 
6720 
8036 
3624 


362 

87 
2 

15 
22 
182 
41 
13 


136 

40 
2 
7 
7 
63 
44 
3 


1000  personnes  vivant  d'une 

d'après  les 


*'6 

6.7 
11 

0, 

0.8 

2-4 
6-8 

2.» 


701.7 

685.1 
779.8 
751.8 
581.4 
690.4 
746.8 
742., 


5., 

0, 
l.t 

18.7 
3.8 


Dans  le  nombre  des  personnes  vivant  d*ane  profession,  sont  comprises 


—    235    — 


groupes  professionnels  en  1811 


Industrie 

Industrie 

Industrie 

dA 

da  l'habliiement 

du  b&timent 

Industries 

1IU 

•t  de  la 

et  de 

textiles 

ralimentation 

toilette 

rameublement 

Districts 

Yiraotde 

Eiercut 

VJTtDtde  Eierctnt 

Virait  de  Kiercut 

Yirut  de 

Eierc4gt 

eette  profession 

cette  profession 

Mlle  professioD 

eetto  probssioi 

2127 

748 

3277 

1349 

5255 

1815 

1242 

656 

et.  de  Fribourg 

307 

105 

373 

153 

682 

204 

203 

96 

Broyé 

249 

83 

286 

121 

432 

154 

93 

54 

Glane 

331 

115 

494 

204 

875 

310 

160 

96 

Gruyère 

623 

215 

952 

394 

1220 

426 

354 

177 

Sarine 

185 

73 

457 

174 

637 

224 

256 

124 

Lac 

301 

114 

487 

208 

1058 

374 

137 

87 

SiDgine 

131 

43 

228 

95 

351 

123 

39 

22 

Veveyse 

professlan  connue  se  répartissent  comme  suit 

groupes  prof 

essionnels  : 

29.8 

45, 

73., 

n.4 

et.  de  Fribourg 

32.5 

39.4 

72.1 

21.6 

Broyé 

29.1 

33.4 

50.4 

10.» 

Glane 

24., 

36., 

65.0 

11.» 

Gruyère 

42.8 

65.4 

83.8 

24.8 

Sarine 

19.„ 

47.0 

65.4 

26.8 

Lac 

28.0 

45., 

98.8 

12., 

Singine 

2f 

»-8 

4( 

71 

1.» 

i 

J-o 

Veveyse 

égalemeot  celles  qui  l'exercent. 


—    236     — 


(Suite) 


Population  de  résidence  selon  les 


Districts 


Industrie  de 
produits  chi- 
miques ne 
servant  pas  à 
l'alimentation 


Vit.  de 


Eure. 


cette  professiog 


Métallurgie, 
fal>ricatton 
d'outils,  etc. 


Ylr.de  Exerc. 
eelte  professioi 


Arts 

graphiques. 

Keliure 


Vit.  de  Exerc. 
cette  professioi 


Commerce 


YiT.  de 


Exerc. 


eette  proftssioi 


Transport 


VJT.  de  Exerc. 
eette  pnif.issioi 


Ad- 
ministration 
publique 


Vif.  de 


Exerc. 


eette  prolétsin 


Ct.deFribourg 

Broyé 

Glftne  

Gruyère .  . . 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse . . . 


294 

9 

30 
61 
92 
35 
46 
21 


113 

3 
11 
25 
37 
42 
16 

9 


1991 

326 
238 
344 
547 
210 
196 
130 


679 

103 
67 
114 
199 
73 
76 
47 


75 


65 


5 


27 


1 

24 
2 


2099 

159 
179 
416 
679 
424 
125 
117 


793 

68 

75 

175 

242 

133 

52 

48 


416 

113 

2 

37 

113 

128 
1 

22 


131 

34 

1 

11 

28 

51 

1 

5 


1678 

334 
174 
231 
668 
111 
56 
104 


402 

80 
42 
64 
159 
23 
15 
19 


1000  personnes  vivant  d'une  profession  conntie  se  répartissetU  comme 


Ct,  de  Frihourg 


Broyé . . 
Glftne.  . 
Gruyère 
Sarine . . 

Lac 

Singine. 
Veveyse 


4., 

27., 

1-0 

29.4 

5.8 

23., 

1.0 

34., 

-i— 

16.8 

11., 

00.3 

3.S 

27.8 

0., 

20., 

0., 

20.8 

4.6 

25., 

30., 

2.. 

17., 

6.3 

37., 

4.5 

46., 

7, 

45., 

O,0 

21., 

0.» 

43., 

13., 

11.4 

4. 

18.J 



11., 

0.1 

5.Î 

4.S 

26., 

23., 

4.» 

21.8 

Le  nombre  des  domestiques  est  déjà  compris  dans  celui  des   vivants  d'une    pro- 


—     237     — 


groupes  professionnels  en  1811 


(Suite) 


HygièiM 

et 
médMiiM 


TJT.ie  Ei«rc. 
ecttt  ptfessioi 


Cultes 

et 

enseignement 


TJT.  de 


Exerc. 


cette  profem 


Beaux^rlt 


Vit.  de   Eierç. 
cette  professioD 


Occupations 

pro- 
fessionnelles 
non  détermln. 
(Journaliers) 


YiT.de 


Exerc. 


cette  professioD 


Domestiques 

occupés  aux 

soins  du  ménage 

et  domestiques 

agricoles 


mas- 
ciliD!; 


fé- 
niiiis 


Districts 


424 

53 
38 
96 
136 
56 
28 
17 


111 

12 
12 
21 
42 
13 


1212 

209 
144 
203 
331 
153 
117 
55 


435 

68 
41 
84 
140 
37 
46 
19 


46 


10 
33 


13 


1 
11 

1 


625 

60 
9 

64 
257 
151 

67 

17 


218 

25 
6 
24 
81 
53 
21 
8 


suit  d'après  les  groupes  professionnels  : 


5.9 

17.0 

o.« 

5.. 

22.1 

*.4 

16.8 

7.1 

15.1 

0., 

9.. 

22., 

2.8 

5.8 

I0.7 

2.. 

10., 

0.3 

3.0 

11g 

8. 


8 


6.8 

1.1 

♦•8 

15.5 
6.2 


3., 


1657 

166 
169 
140 
473 
163 
493 
53 


2048 

184 
211 
201 
737 
196 
437 
82 


Sur  1000 
habitants  : 


22 

17 
20 
8 
29 
16 
45 
10 


28 

19 
24 
14 
45 
20 
40 
16 


CanUm  de  Fribourg 

Broyé 

Glane 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


Canton  de  Fribourg 

Broyé 

Glane 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


fession  indiqué  dans  les  rubriques  précédentes. 


—     238     — 


Tableau 

Population  totale  de  chaque  district  répartie  selon  les  classes  professionnelles 


Districts 


Personnes 

sans  profession  ou  de 

profession  inconnue 


1811 


1870 


1888 


Agriculture, 
clMSse,  ptche,  sylvi- 
culture, mines 


1811 


1870 


1888 


Industrie 

1 

1811 

1870 

1888 

1 4261 

24959 

27419 

1900 

2607 

1333 

2592 

2£65 

5728 

3853 

7888 

1785 

3551 

2225 

3337 

900 

1716 

Ct.  de  Frïbourg 

Broyé 

Glftne 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


2786 

212 
94 

422 

1645 

151 

85 

177 


9231 


8876 

955 
728 
1239 
3198 
1062 
1324 
370 


Sur  1000  habitatUs 


Ct.  de  Frïbourg 

Broyé  

Glâne 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


38 

22 
11 
30 
102 
15 
8 
35 


83 


74 

64 
53 
58 
114 
70 
73 
47 


50662 

6629 
6686 
10133 
8493 
6925 
8145 
3651 


65402 


68281 

9849 

9092 
11481 
11082 

9084 
12585 

5108 


1000  personne»  vivant  d^une  pro- 


709 

644 

619 

200 

246 

249 

701 

710 

201 

188 

781 

692 

156 

197 

753 

571 

168 

285 

583 

447 

265 

319 

712 

645 

183 

252 

756 

745 

207 

197 

748 

688 

184 

231 

239     — 


d'après  les  données  des  recensements  de  1 81 1 , 1 870  et  1 888 


Commerce 


1811 


1870 


1888 


Trantpori 


1811 


1870 


1888 


Administration 

publique,  eciencee, 

beaux-arts 


1811 


1870 


1888 


Occupations 

professionnelles 

non  déterminables 

(Journaliers) 


1811 


1870 


1888 


Dlstrioto 


2099 
159 

n9 

416 
679 
424 
125 
117 


5308 


5336 

302 
361 
1203 
2024 
666 
343 
233 


416 
113 

9 

37 

113 

138 

1 

22 


H  35 


3363 

323 
337 
621 
1643 
233 
278 
108 


3360 

396 
336 
340 
1168 
320 
204 
176 


3916 


4248 

433 
436 
696 
I6('>1 
462 
330 
210 


623 

60 
9 

64 
237 
151 

67 

17 


373 


1230 

131 
98 
374 
465 
94 
25 
43 


Ct.deFribourg 

Broyé 

GIftne 

Gruyère 

Satine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


fession  connue,  se  répartissent  comtne  suit  d'après  les  classes  professionnelles  : 


29 

52 

oO 

6 

16 

32 

47 

38 

39 

9 

4 

11 

17 

36 

12 

•   • 

23 

63 

•  • 

33 

6 

10 

SI 

43 

0 

27 

41 

33 

1 

8 

31 

60 

3 

31 

40 

33 

5 

18 

47 

82 

8 

66 

80 

67 

17 

19 

4i 

47 

13 

16 

33 

33 

15 

7 

12 

20 

0 

16 

19 

20 

6 

2 

24 

32 

5 

13 

36 

28 

.  3 

6 

et.  de  Fribourg 

Broyé 

GIftne 

Gruyère 

Sarine 

Lac 

Singine 

Veveyse 


—     240    — 

En  tout  :       Snr  1000  personnes  vivent 


d'une  profession  en  : 

Profession 

1811 

1888 

1811 

1888 

Exploitation  des  mines 

183 

324 

2,5 

2,9 

Agriculture,  élevage  du  bétail  50, 1 1 7 

66,506 

701,7 

603,1 

Sylviculture,  chasse,  pêche 

362 

1,451 

5,1 

13,2 

Industrie  de  ralimentation 

2,127 

4,232 

29  8 

38,4 

>        de  l'habillement 

3,277 

5,524 

45,9 

50,1 

>        du  bâtiment,  etc. 

5,255 

9,382 

73,6 

85,1 

>        textile 

1,242 

3,229 

17,4 

29,3 

>        des  produits  chimiq 

.    294 

597 

4,1 

5,4 

Métallurgie 

1991 

3,919 

27,9 

35,5 

Arts  graphiques,  reliure 

75 

536 

1,0 

4,9 

Commerce 

2,099 

5,536 

29,4 

50,2 

Transport 

416 

3,565 

5,8 

32,3 

Administration  publique 

1,678 

1,583 

23,5 

14,4 

Hygiène  et  médecine 

424 

603 

5,9 

5,5 

Cultes  et  enseignement 

1212 

1,910 

17,0 

17,3 

Autres  sciences 

— 

49 

0,4 

Beaux  arts 

46 

103 

0,6 

0,9 

Journaliers,  etc 

625 

1,230 

8,8 

11,1 

71,423     110,279     1000,0       1000,0 

En  1811,  comme  de  nos  jours,  Tagriculture  occupait  donc  le  rôle 
prépondérant  dans  le  canton  de  Fribourg  ;  mais,  en  regard  des 
autres  occupations,  cette  profession  a  subi  une  diminution  constante 
pendant  toute  celte  période,  comme  d'ailleurs  partout  en  Suisse. 
Le  déplacement  en  défaveur  de  l'agriculture  est,  dans  notre  canton, 
du  10  Vo  ;  ce  chiflfre  se  décompose  comme  suit  :  3  Vo  en  faveur  de 
l'industrie  du  transport,  2  ^/o  au  commerce  et  à  la  sylviculture  ;  les 
industries  de  l'alimentation,  du  bâtiment,  l'industrie  textile  et  la 
métallurgie  reçoivent  chacune  une  augmentation  de  1  7o* 

C'est  un  phénomène  bien  connu  que  les  industries  du  trans- 
port recrutent  leur  personnel  principalement  dans  la  classe  agri- 
cole ;  les  crises  traversées  par  l'agriculture  ont  forcément  eu  pour 
conséquence  de  faire  déserter  cette  profession  pour  passer  aux 
industries  sus-mentionnées  et  procurer  ainsi  leur  augmentation. 

Si  les  chiffres  concernant  l'administration  publique  n'ont  pas 


241 


augmenté,  si  même  les  chiffres  firopôrtionnels  relativement  à  la 
population  ont  (liniiiiué,  il  n'y  a  rien  là  de  bien  surpreoaDt  quand 
on  considère  qu'un  grand  nombre  d'emplois  de  ce  genre  devinrent 
superflus  dans  le  canton  après  la  centralisation  de  1848. 

Par  contre,  on  est  étonné  de  voir  combien  peu  de  personnes 
s'occupent  d'hygiène  et  de  médecine;  notre  canton  est,  actuelle- 
ment encore,  l'un  des  plus  pauvres  en  médecins  et  pouvlant  il 
paraît  qu'en  1811  nos  ancêtres  étaient  mieux  favorisés  que  nous 
sous  ce  rapport. 

Il  eût  été  presque  naturel  de  voir  le  chiffre  de  l'industrie 
textile  beaucoup  plus  grand  en  1811  qu'en  1888  et  beaucoup  de 
personnes  s'y  seraient  attendues  ;  s'il  n'en  est  pas  ainsi,  cela  provient 
probablement  d'un  défaut  d'indication  à  ce  sujet  dans  le  formulairede 
1811  et  aussi  du  fait  que,  dans  les  recensements  actuels,  on  indique, 
mËme  pour  les  femmes,  à  côté  des  travaux  du  ménage  les  occupa- 
tions di!  cette  nature,  comme  par  exemple,  tressage  de  la  paille. 

En  considérant  les  différents  groupes  professionnels  dans  les 
districts,  on  arrive  aux  constatations  suivantes  : 

Les  deux  districts  de  la  Broyé  et  de  la  Singine  occupent  natu- 
TOilement  le  premier  rang  dans  le  premier  groupe  par  le  fait  qu'il 
s'y  trouve  beiiucoup  de  carrières. 

A  cause  de  la  ville  de  l-'ribourg,  le  district  de  la  Sarine  vient 
en  dernier  rang  pour  l'agriculture,  puis,  par  ordre  d'ascendance, 
la  Broyé  et  le  Lac.  En  comparant  les  résultats  pour  ce  groupe  en 
1888  avec  ceux  de  1811,  on  constate  qu'il  y  a  même  un  district, 
celui  de  la  Broyé  où  l'agriculture  est  plus  fortement  représentée 
actuellement  qu'alors  :  71  "/„  contre  70  "/„-  Il  est  très  difficile  d'in- 
diquer sûrement  la  cause  de  ce  phénomène  extraordinaire,  mais 
cela  doit  certainement  provenir  du  recul  de  quelque  branche 
industrielle.  En  effet  ce  district  et  celui  de  la  Singine  sont  les 
seuls  qui  présentent  une  diminution  dans  la  population  in- 
dustrielle. Cela  étant,  il  n'est  nullement  téméraire  d'affirmer 
que  la  cause  principale  doit  résider  dans  le  fait  qu'au  com- 
mencement du  XIX™*  siècle  la  Broyé  était  le  district  par  excel- 
lence de  la  culture  des  céréales  et  qu'ensuite  de  crises  longues 
et  pénibles,  cette  culture  qui  ne  rapportait  que  peu  de  bénéâce, 
fut  en  partie  délaissée  et  remplacée  par  celle  du  tabac  beaucoup 

16' 


—     242     — 


plus  rentable,  de  sorte  que  cette  dernière  prit  d'année  en  année 
une  extension  plus  considérable.  Ensuite  de  ces  modifications,  de 
nombreuses  meuneries  durent  disparaître  et  les  personnes  qui 
s'occupaient  de  cette  industrie  revinrent  probablement  à  l'agri- 
culture. 

Il  se  peut  aussi  que  l'abandon  de  la  culture  du  chanvre  ait 
exercé  une  certaine  influence  sur  cette  question  mais  il  nous  est 
impossible  de  l'afSirmer  ensuite  des  raisons  que  nous  avons  expo- 
sées précédemment  au  sujet  de  l'industrie  textile. 

Tous  les  districts,  à  l'exception  de  la  Broyé,  offrent  une  dimi- 
nution dans  la  classe  agricole  relativement  à  la  population.  Nous 
donnons  ci-dessous  les  changements  survenus  dans  les  quatre  clas- 
ses professionnelles  principales. 

Déplacement  de  la  population  s'occupant  de  : 


Districts 

ragricuiture 

['industrie 

commerce 

transport 

Broyé 

+       9Voo         - 

^'^      00 

— 

h   19  %o       H 

h  nVo« 

Glâne 

—     89               H 

h     41 

— 

-22 

-  27 

Gruyère 

182               H 

-  117 

— 

-  29 

-  28 

Sarine 

—  136 

-     54 

— 

-  35 

-  58 

Lac 

67 

f     69 

-3 

-     3 

Singine 

11 

-     10 

— 

-8 

-  16 

Veveyse 

60 

f-     47 

— 

-     8 

-  10 

Le  district  de  la  Gruyère  attire  en  premier  lieu  notre  atten- 
tion d'abord  parce  qu'il  présente  la  plus  grande  diminution  agricole  : 
—  182  Voo»  ensuite  en  ce  quMI  offre  le  plus  grand  développement 
industriel  pendant  le  XIX™*»  siècle:  +  117  7oo-  En  réalité,  ces 
chiffres  seraient  quelque  peu  atténués  et  modifiés  par  le  fait  que 
nous  avons  déjà  mentionné,  à  savoir  qu'en  1811  on  mentionne 
rarement  les  personnes  occupées  au  tressage  de  la  paille  :  industrie 
qui  devait  être  plus  prospère  alors  que  de  nos  jours. 

Dans  le  district  de  la  Sarine,  le  déplacement  de  la  population 
agricole  s'est  fait  dans  les  mêmes  proportions  en  faveur  de  l'in- 
dustrie et  du  transport,  tandis  que  dans  les  districts  de  la  Glâne  et 
de  la  Veveyse,  c'est  l'industrie  qui  bénéficie  pour  la  plus  grande 
part  de  ce  déplacement. 

Le  fait  que  dans  le  district  du  Lac  la  population  agricole  se 
déplaça  presque  uniquement  en  faveur  de  l'industrie  n'a  rien  qui 
puisse  bien  nous  surprendre  si  nous  considérons  que  le  commerce 


—     243     — 

et  le  transport  étaient  déjà  fortement  représentés  dans  cette  con- 
trée en  1811.  En  outre  Thorlogerie  a  enlevé  un  certain  nombre  de 
bras  à  l'agriculture. 

Si  nous  voulions  poursuivre  nos  investigations  et  entrer  dans 
tous  les  détails,  cela  nous  mènerait  tout  à  fait  trop  loin,  aussi  pré- 
férons-nous laisser  au  lecteur  le  soin  et  le  plaisir  de  tirer  d'ulté- 
rieures conclusions  des  deux  tableaux  que  nous  lui  présentons. 

Nous  donnons  encore,  en  terminant,  le  tableau  de  la  propor- 
tion des  personnes  qui  vivent  de  l'exercice  d'une  profession  à  celle 
des  personnes  qui  l'exercent,  parce  qu'il  est  très  intéressant  de 
voir  si  telle  ou  telle  profession  nourrissait  plus  de  personnes  en 
1811  que  de  nos  jours. 

Nombre  des  personnes  vivant  d*une 
profession  sur  1000  qui 


Groupes  professionnels 

l'exercent  en  : 

Différence 

1811 

1888 

Exploitation  des  mines,  etc. 

333 

274 

— 

59 

Sylviculture,  chasse  et  pêche 

266 

291 

+ 

25 

Industrie  de  l'alimentation 

284 

261 



23 

>        de  l'habillement 

243 

169 



74 

>        du  bâtiment 

290 

275 



15 

»        textile 

189 

140 

49 

>        chimique 

261) 

250 



10 

Métallurgie 

293 

251 

42 

Arts  graphiques 

278 

188 



90 

Commerce 

265 

229 



36 

Transport 

318 

278 



40 

Administration 

416 

296 



120 

Hygiène  et  médecine 

382 

202 



180 

Cultes  et  enseignement 

279 

203 



76 

Beaux  arts 

354 

293 

61 

Occupations  indéterminées 

287 

206 



81 

Moyenne,  sans  l'agriculture    277         224  —     53 

Les  profondes  modifications  que  l'on  remarque  dans  le  tableaa 
ci-dessus,  toutes  défavorables  aux  temps  actuels  à  une  seule  excep- 
tion près,  proviennent  de  deux  sources  principales  :  d'abord  en 
1888  le  nombre  des  enfants  étant  moindre  qu'en  1811,  cela  a  ea 
pour  résultante  de  faire  baisser  le  chiffre  des  personnes  vivant  d'une 
profession  ;  ensuite,  les  grandes  réformes  introduites  dans  l'orga- 
nisation du  travail  par  l'extension  toujours  plus  grande  qu'ont 


—     244     — 

prise  les  fabriques  ont  aussi  contribué  pour  leur  part  à  amener  ce 
résultat. 

La  faible  augmentation  que  l'on  remarque  au  groupe  syl- 
viculture, chasse  et  pèche  est  purement  accidentelle  et,  en  raison 
de  son  peu  d'importance,  ce  chiffre  ne  peut  supporter  une  ap- 
préciation définitive.  Le  plus  grand  écart  se  fait  remarquer  dans  le 
groupe  hygiène  et  médecine  mais  le  chiffre  de  1888  pour  le  canton 
de  Fribourg  (202)  est  tout  à  fait  exceptionnel  et  cela  est  surtout 
vrai  si  on  le  compare  à  la  moyenne  de  la  Suisse  qui  est  de  399. 
Cet  état  de  chose  provient  en  grande  partie  du  fait  quMl  y  a  de 
notre  temps,  chez  nous  en  particulier,  des  religieuses  employées 
dans  les  hôpitaux  ;  cela  fait  hausser  le  chiffre  des  personnes  exer- 
çant une  profession  pour  faire  baisser  la  proportion  de  celles  qui 
en  vivent. 

La  différence  en  moins  donnée  par  le  groupe  administration 
a  pour  origine  probable  la  circonstance  que,  de  notre  temps,  il  y 
a  beaucoup  plus  d'employés  de  bureau  qui  sont  célibataires  ou  ont 
une  petite  famille . 

Si  l'industrie  de  l'habillement  a  subi  un  recul  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe  c'est  qu'il  y  a  de  nos  jours  une  foule  de  cou- 
turières, de  modistes,  etc.,  vivant  isolées,  tandis  qu'en  1811,  c'était 
la  mère  de  famille,  la  femme  de  ménage,  principalement  à  la  cam- 
pagne, qui  confectionnait  elle-même  les  habits  de  la  famille  sans 
8'inscrire  comme  couturière  dans  les  formulaires  de  recensement. 

Nous  nous  arrêtons  de  crainte  de  fatiguer  le  lecteur  en  descen- 
dant dans  trop  de  détails,  du  reste  les  explications  pour  les  autres 
groupes  sont  si  faciles  à  trouver  que  nous  pouvons  considérer  notre 
tâche  comme  terminée  ;  d'ailleurs,  comme  résumé  général,  nous 
tendons  à  croire  qu'on  a  aujourd'hui  un  meilleur  <  standart  of  life  » 
qu'autrefois;  mais  pour  arriver  à  ce  résultat,  il  était  nécessaire 
qu'il  soit  créé  plus  de  spécialités  de  professions  et  une  plus  grande 
division  du  travail,  ce  qui  a  eu  pour  conséquence,  eu  égard  aux 
situations  sociales  d'aujourd'hui,  de  faire  baisser  le  rapport  entre 
les  personnes  vivant  d'une  profession  et  celles  qui  l'exercent. 


-•••- 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Page 

AVANT-PROPOS 147 

INTRODUCTION:  Organisation  et  exéoutlon  du  recensement 149 

1.  Pièces  officielles 149 

2.  But  du  recensement 151 

3.  Formulaire 151 

4.  Les  agents  recenseurs 153 

5.  .Coût  du  recensement 153 

6.  Epoque  du  recensement 154 

RÉSULTATS  DU  RECENSEMENT: 

A.  Le  territoire  dans  ses  subdivisions  politiques 174 

1.  Arrondissements 174 

2.  Communes 175 

B.  La  population  en  général 175 

1.  Population  de  droit  et  de  résidence 175 

2.  Comparaisons  avec  d'autres  recensements 177 

3.  La  population  relativement  à  la  superficie 192 

a.  Agglomération 192 

b.  Les  maisons 194 

c.  La  densité 195 

d.  La  population  d'après  l'altitude 207 

C.  La  population  au  point  de  vue  physique 210 

1.  Le  sexe 210 

2.  L'âge 213 

D.  Lii  population  au  point  de  vue  social 216 

1.  L'état  civil 216 

2.  L'origine 220 

3.  La  profession 232 


,^  -  -••  . 


ï 


< 


^J 


t 


I  I 


I 


>    .       ^ 


•    *.^ 


,  r 


••       I 


i^ 


ÉTUDES 


DE 


TOPONYMIE  ROMANDE 


PAYS  FRIBOURGEOIS  ET  DISTRICTS  VAUDOIS 
D'AVENGHES  ET  DE  PAYERNE 


FAB 


JEAN  STADELMANN 


Dans  les  fouilles  des  chartes,  j'ai  été  généreusement  aidé  par 
l'archiviste  d'Etat  de  Fribourg,  M.  Joseph  Schneuwly. 

A  lui,  le  vénéré  savant,  distingué  autant  par  sa  bonté  que  par 
son  érudition,  je  fais  hommage,  en  preuve  de  reconnaissance  et 
d'affection,  de  tout  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  bon  dans  ce  travail. 

J'adresse  des  remerciements  bien  mérités  à  l'archiviste  d'Etat 
vaudois,  M.  A.  de  Grousaz  et  à  M.  le  professeur  Ducrest,  pour  le 
bienveillant  concours  dont  ils  m'ont  honoré. 


Il  m'iDcombe  en  premier  lieu  d'établir  deux  choses  qui  ser- 
viront de  base  à  mes  investigations  : 

P  L'état  phonétique  actuel  des  noms  de  lieux. 

Ce  n'est  pas  la  notation  française  des  noms  qui  doit  servir  de 
point  de  départ,  c'est  plutôt  la  forme  patoise  telle  qu'elle  nous  est 
donnée  par  la  bouche  des  habitants  de  l'endroit  même.  Le  vocable 
dialectal  a  suivi,  dans  la  tradition,  un  chemin  plus  continu  et  il  a 
moins  été  atteint  par  les  influences  étrangères  que  la  forme  écrite 

Cela  ne  signifie  cependant  pas  que  la  graphie  aujourd'hui  en 
usage  soit  à  négliger.  Elle  représente  la  tradition  écrite,  comme  la 
forme  patoise  représente  la  tradition  orale.  Dans  le  courant  de 
notre  étude  nous  aurons  l'occasion  de  voir  que  dans  la  plupart  des 
cas  la  forme  graphique  actuelle  de  nos  noms  de  lieux  est,  à  peu  de 
chose  près,  celle  que  présentent  déjà  nos  chartes  du  XIII*  et  même 
du  XIP  siècle. 

2^  Les  formes  historiques. 

Il  est  à  regretter  qu'en  Helvétie  Tépoque  de  transition  du 
monde  romain  au  moyen  âge,  n'ait,  à  part  les  inscriptions,  pas  ou 
presque  pas  laissé  de  documents  écrits.  Seul  le  VI*  siècle  nous  a 
transmis  la  charte  de  fondation  du  couvent  d'Agaune  ^)  qui  men- 
tionne quelques  localités  de  la  Suisse  romande.  La  chronique  dite 
de  Frédégaire,  écrite  en  partie  dans  notre  pays,  esquisse  à  grands 
traits  les  événements  de  l'histoire  générale  et  ne  condescend  jamais 
à  jeter  un  regard  sur  l'une  ou  l'autre  de  nos  petites  localités. 

Ce  n'est  qu'à  l'époque  carolingienne  que  réapparaissent  quel- 
ques traces  du  réseau  toponymique  de  la  Suisse  romande. 

A  partir  du  XII*  siècle,  les  sources  deviennent  de  plus  en  plus 
abondantes.  Malheureusement  elles  n'ont  plus  pour  nous  la  même 
valeur  que  celles  des  siècles  précédents.  Pour  remonter  aux  pre- 


^)  Son   authenticité  a  été  contestée.  V.  Jabn,    Geschichte  der  Bur- 
gundionen  II.  295,  297. 


—     260     — 

mières  étapes  de  l'histoire  des  noms  et  de  là  jusqu'à  leur  origine,  il 
noiis  faudrait  des  témoins  plus  anciens. 

Néanmoins  les  formes  données  dans  nos  chartes  postérieures 
à  1100  méritent  d'être  citées,  car  un  certain  nombre  de  phéno- 
mènes linguistiques  ne  se  sont  produits  que  postérieurement  à  cette 
date  et  il  n'est  souvent  pas  sans  intérêt  de  les  suivre  presque  pas 
à  pas  à  travers  plusieurs  siècles. 

Aucune  variante  historique  n'est  à  négliger.  Celles  du  nom  de 
Oudrefinj  pour  ne  citer  qu'un  exemple,  nous  montrent,  comment, 
réunies,  elles  peuvent  se  compléter. 

Un  mot  sur  deux  de  nos  sources  qui  sont  pour  notre  étude 
d'une  importance  capitale  :  le  Cartulaire  du  Chapitre  de  Notre- 
Dame  de  Lausanne  et  le  Livre  des  anciennes  donations  de  Vahhaye 
de  Eauterive. 

C'est  à  juste  titre  que  F.  de  Gingins  appelle  le  Cartulaire 
€  l'un  des  documents  les  plus  authentiques  et  les  plus  vénérables 
de  l'histoire  de  la  Suisse  romande  >  (Introduction  au  Cartulaire, 
MDR  6  p.  VIII).  Ce  précieux  recueil  fournit  à  notre  travail  les 
premières  bases,  les  renseignements  les  plus  importants  et  les  plus 
sûrs. 

On  ferait  erreur  de  penser  que  le  Cartulaire,  ayant  été  com- 
posé dans  la  première  moitié  du  XIII*  siècle,  ne  nous  donne  pour 
les  noms  de  lieux  que  les  formes  employées  à  cette  époque.  Les 
anciennes  chartes  sont  transcrites  à  la  lettre  ;  on  le  déclare  expres- 
sément :  C  prepositus  lausanensis  fedt  scribi  hanc  Cartam  que  se-- 
quitur  sieut  scriptum  invenit  verho  ad  verbum  in  antiquo  Cartulario 
heate  Marie  (f°  9,  MDR  VI  53).  Eoc  judicium  fedt  hic  scribi  C. 
prepositus  lausannensis,.,.  uerbo  ad  uerbum  sicut  inuenit  scriptum 
in  antiquissimis  cartulariis  sancte  marie  lausannensis  (f*  37,  MDR 
VI  171).  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  le  transcripteur  a  plus 
d'une  fois  jugé  opportun  d'ajouter  la  nouvelle  forme  du  nom  à 
l'ancienne  qu'il  venait  de  copier  et  qui  de  son  temps  n'était  plus 
usitée  et  peut-être  même  plus  comprise  : 

in  villa  losingus  id  est  lucens  f^  1  v,  MDR  VI  4. 

in  vUla  Socxingus  id  est  soucens  f^  1  v,  MDR  VI  5  ^). 

^)  L'explication  id  est  soucens  est  écrite  en  marge,  mais  de  la  même 
main.  La  transcription  du  t.  Vi  des  MDR  est  erronée. 


A  plusieurs  endroits  le  titre  de  la  charte  donne  la  forme  du 
nom  du  XIII*  siècle,  tandis  que  dans  ie  corps  du  document  on 
trouve  une  forme  plus  ancienne,  évidemment  contemporaine  de  la 
rédaction  de  l'acte.  C'est  ainsi  qu'un  acte  de  614,  intitulé  Esctep- 
pens,  donne,  dans  le  texte  même,  la  forme  assurément  très  ancienne 
seUpedingus,  f"  56,  MDRVI  239,  et  f"  46,  MDR  240. 

Le  Livre  des  anciennes  donations  de  l'abbaye  de  Hattterive 
(Liber  donationum  Alteripe)  renferme  un  trésor  de  noms  de  per- 
sonnes et  de  noms  de  lieux  des  XII"  et  XIII"  siècles.  Malheu- 
reusement nous  n'avons  de  ce  document  que  des  copies  faites  quel- 
ques siècles  plus  tard  ').  Il  va  sans  dire  que  ces  copies  ne  sauraient 
être  utilisées  pour  établir  des  faits  de  chronologie  phonétique, 
mais  rien  ne  nous  empêche  de  nous  en  servir  pour  les  études  d'éty- 
mologie. 

Il  y  a,  outre  les  formes  historiques  et  la  prononciation  patoise, 
un  troisième  élément  dont  il  faut  tenir  compte  dans  notre  étude, 
les  noms  allemands.  Dans  notre  pays  deux  nationalités  se  touchent. 
De  là  vient  qu'un  grand  nombre  de  nos  localités  portent  un  nom 
allemand  à  côté  du  nom  français.  Ces  noms  allemands  sont,  nous 
le  verrons,  d'un  grand  secours  dans  nos  recherches.  Cependant  il 
convient  de  les  utiliser  avec  précaution.  Outre  les  noms  allemands 
authentiques  et  connus  du  peuple,  il  existe  un  certain  nombre  de 
créations  artificielles,  que  nous  devrons  soigneusement  écarter. 


'J  J.  Gremaud  a  publié  le  Licre  des  donations  d'aprèa  la  copie  de  Cara- 
mentraat,  dans  les  Archires  de  la  société  d'histoire  du  canton  de  Fribourg 
t  V],  C'est  cette  édition  que  je  cite  dans  mon  travail.  —  Depuis,  l'original 
a  été  retrouvé  en  Angleterre,  dans  une  bibliothèque  privée  de  Cheltenhani. 
V.  Neaes  Archio  der  GesellschaJÏ  fur  altère  deutsche  Geschiektskunde 
XXII.  692,  693.  Nonâ  n'avons  pu  en  obtenir  communication. 


—     262     — 


Souroes  où  nous  avons  pnisé  les  anciennes  formes 

de  nos  noms  de  lieux. 

Sources  inédites. 

Aax  archives  d'Etat  de  Fribourg  :  les  plus  anciens  titres  des 
couvents  de  Payerne,  de  Romainmôtier,  de  Hauterive,  de  Hautcrêt, 
d'Humilimont,  de  la  Valsainte,  de  la  Fille-Dieu,  de  la  Part-Dieu, 
de  la  Maigrauge,  etc.  ;  les  principaux  titres  des  fonds  Affaires  de  la 
Ville  et  Anciennes  Terres  ;  les  rôles  d*impôt,  les  comptes  des  Tré- 
soriers, les  plus  anciennes  grosses  féodales,  etc. 

Aux  archives  d'Etat  de  Vaud:  les  plus  anciens  titres  de 
Payerne,  différentes  grosses,  notamment  :  Grosse  pour  l'évêque  de 
Lausanne  rière  Avenches  et  environs,  1336  ;  id.  de  1396  ;  Grosse 
pour  le  comte  de  Savoie  rière  la  chàlellenie  de  Moudon  et  le  mande- 
ment de  Rue,  par  Gorneto,  1403  ;  Balay,  Fieds  nobles  de  Vaud,  1403  ; 
Grosse  pour  le  duc  de  Savoie  rière  le  Vully,  par  Trettorens,  1445. 

A  la  Bibliothèque  cantonale  de  Fribourg  :  la  Collection  diplo- 
matique du  chanoine  Fontaine  ;  Hisely,  Copies  d'actes  des  archives 
du  canton  de  Vaud  ;  une  grosse  d'Estavayer  de  1383. 

M.  Tobie  de  Rœmy,  sous-archiviste  d'Etat  de  Fribourg,  a 
très  aimablement  mis  à  ma  disposition  les  actes  des  archives  de  sa 
famille  concernant  Agy. 

Recueils. 

Mémoires  et  Documents  publiés  par  la  société  d'histoire  de  la 
Suisse  romande,  Lausanne  1838...  ;  Recueil  diplomatique  du  canton 
de  Fribourg,  Fribourg  1839-1877,  8  vol.  ;  Archives  de  la  société 
d'histoire  du  canton  de  Fribourg,  Fribourg  1845...  ;  Mémorial  de 
Fribourg,  Fribourg  1854-1859,  6  vol.  ;  Fontes  rerura  Bernensium, 
Berne  1883...  ;  Hidber,  Diplomata  Helvetica  varia,  Berne  1873  ; 
Historiae  patriae  monumenta,  Chartae  I  et  II,  Turin  1836,  1853  ; 
Hauréau,  Gallia  christiana,  t.  XII,  Paris  1770  et  t.  XV,  Paris  1860  ; 
Aubert,  Trésor  de  l'abbaye  de  St-Maurice  d'Agaune,  Paris  1872, 
Pièces  justificatives  ;  Matile,  Monuments  de  l'histoire  de  Neuchâtel, 
Neuchâtel  1844  et  1848. 


—     263     — 

M.  Ch.  Morel  (Indicateur  d'histoire  suisse  XXXII  (1901),  p. 
416  et  suiv.)  a  identifif^  d'une  façon  très  heureuse  une  série  de  noms 
de  lieux  de  notre  territoire,  qui,  sous  la  forme  défigurée  dans  la- 
quelle ils  ont  été  publiés,  étaient  jusqu'ici  absolument  méconnais- 
sables. 

Cartes. 

Schepf,  Bernatum  Urbis  cum  omni  Ditionis  suae  agro...  Deli- 
neatio  chorographica,  1578  ; 

Techtermann,  Typus  agri  Friburgensis,  1578,  (propriété  delà 
famille  de  Techtermann  de  Bionnens  qui  Ta  généreusement  mise  à 
ma  disposition)  ; 

Von  der  Weid,  Cantonis  Friburgensis  Tabula,  1668  ; 

Plepp;  Nova...  Urbis  et  Âgri  Bernensis  Descriptio  Geographica, 
1638; 

Seutter,  Mappa  Geographica  illustris  Helvetiorum  Reipublicae 
Bernensis  ; 

Mallet,  Carte  de  la  Suisse  romande,  1781  ; 

Le  Canton  de  Fribourg  (carte  géographique  23/26),  1805  ; 

Labastrou,  Carte  du  Canton  de  Fribourg,  1836. 

Il  va  de  soi  que  nous  omettons  ici  les  cartes  qui,  sous  le  rap- 
port de  la  toponymie,  sont  tout-à-fait  inexactes  ou  ne  sont  que  la 
reproduction  d'ouvrages  antérieurs. 


Sources  et  recueils  de  noms  d'hommes. 

Noms  romains. 

De- Vit,  Onomasticon  totius  latinitatis,  Prato  1859-1892, 4 vol.; 
Quicherat,  Vocabulaire  latin-français  des  noms  propres  de  la  langue 
latine,  appendice  au  Dictionnaire  latin-français,  Paris  1857  ; 
Mommsen,  Inscriptiones  Confoederationis  Helveticae  latinae,  dans 
Mittheiïungen  der  antiquarischen  Gesellschaft  in  Zurich^  t.  X  et 
XV  ;  Hagen,  Prodromus  novae  inscriptionum  latinarum  Helveti- 
carum  sylloges,  Berne  1878  ;  Gruter,  Inscriptiones  antiquae  totius 
orbis  Romani,  1603  ;  Corpus  inscriptionum  latinarum  cons.  et  auc- 


—     264     — 

torit.  Acad.  litt.  reg.  Borussicae  editum  ;  Ephemeris  epigraphica, 
Romae  et  Berolini  1872...  ;  Pape,  Worterbuch  der  griechischen 
Eigennamen,  Braunschweig  1875,  1884. 

Noms  germaniques. 

Foerstemann,  Altdeutsches  namenbuch,  t.  I  :  Personennamen, 
Nordhausen  1856  ;  id.  2^*  édition,  Bonn  1900  ;  Libri  Confrater- 
Ditatum  Sancti  Galli,  Augiensis,  Fabariensis,  publiés  par  P.  Piper 
dans  les  Monumenta  Oermaniae  historica,  Berlin  1884  ;  Necrologia 
Germaniae,  publiés  par  Fr.  L.  Baumann  dans  les  Mon.  Germ.  hist,^ 
Berlin  1888,  t.  P'  ;  Goldast,  Rerum  Alamannicarum  scriptores,  éd. 
3%  Senckenberg,  Francofurti  et  Lipsiae  1730,  t.  II,  p.  95-131  :  Ca- 
talogus  nominum  propriorum  quibus  Alamanni  quondam  appellati. 
La  liste  est  divisée  en  quatre  chapitres  :  I  De  nominibus  propriis 
masculinis  in  Alaroannia  Theutonica,  II  De  nominibus  propriis 
masculinis  in  Alamannia  Curiensi  et  Burgundionensi,  III  De  nomi- 
nibus propriis  femininis  in  Alamannia  Teutonica,  IV  De  nominibus 
propriis  femininis  in  Alamannia  Curiensi  et  Burgundionensi. —  Stark, 
Die  Kosenamen  der  Germanen,  dans  Sitssungsherichte  der  phUoso- 
phisch'historischen  Classe  der  Je.  Akademie  der  Wissenschaften, 
t.  52,  Wien  1866  ;  Bezzenberger,  Ueber  die  A-Reihe  der  gotischen 
Sprache,  Gottingen  1874,  p.  7  et  suiv.  ;  Wrede  Die  Sprache  der  Ost- 
goten  in  Italien,  Q.  u.  F.  68,  Strasbourg  1891,  p.  43-160  ;  Wrede, 
Die  Sprache  der  Wandalen,  Q.  u.  F.  59,  Strasbourg  1886,  p.  36-90; 
Longnon,  Polyptique  de  l'abbaye  de  St-Germain  des  Prés,  Paris 
1886-1895,  t.  I,  p.  254-382  :  Les  noms  propres  de  personnes  au 
temps  de  Charlemagne  ;  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Etudes  sur  la 
langue  des  Francs  à  Tépoque  mérovingienne,  Paris  1900,  etc. 

Noms  romains  et  germaniques. 

Egli,  Die  christlichen  Inschriften  der  Schweîz  vom  IV-IX 
Jahrhundert,  dans  Mittheilungen  der  antiquarischen  Gesellschaft 
in  Zurich,  t.  XXIV  ; 

Le  Blant,  Inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule  antérieures  au 
VHP  siècle,  Paris  1856  ; 

Le  Blant,  Nouveau  recueil,  Paris  1892,  (Documents  inédits)  ; 


—     265     — 

Kraus,  Die  christlichea  Inschriften  der  Rheinlande,  Freiburg 
i.  B.  1890  94; 

Âcta  Sanctorum. 


DiGtionnaires  géographiques  et  historiques. 

Perret,  Germain,  Catalogue  des  Baliages,  Paroisses  et  Villages 
du  canton  de  Fribourg,  1775.  Manuscrit  appartenant  au  couvent 
des  RR.  PP.  Cordeliers  de  Fribourg.  Le  Rév.  P.  Bernard  Fleury, 
bibliothécaire  du  couvent,  a  eu  l'obligeance  de  me  le  confier. 

Dictionnaire  géographique  du  canton  de  Fribourg«  dans  les 
JEtrennes  fribourgeoises  des  années  1806,  1807,  1808,  1809  ; 

Euenlin,  Dictionnaire  géographique...  du  canton  de  Fribourg, 
Fribourg  1832  ; 

Répertoire  alphabétique  des  localités  du  canton  de  Vaud,  dans 
V Annuaire  officiel  du  canton  de  Vaud,  Lausanne  1877; 

Martignier  et  de  Crousaz,  Dictionnaire  historique  du  canton 
de  Vaud,  Lausanne  1867  ;  Supplément  par  Brière  et  Favey,  Lau- 
sanne 1886  ; 

Dellion,  Dictionnaire  des  paroisses  du  canton  de  Fribourg, 
Fribourg  1884...; 

Buomberger,  Dictionnaire  des  localités  du  canton  de  Fribourg, 
Fribourg  1897. 

Littérature. 

La  littérature  des  études  de  toponymie  suisse  se  trouve  réunie 
dans  Taperçu  de  M.  Egli,  Der  schweieerische  Anteïl  an  der  geograpk. 
Namenforschung,  et  dans  le  Bépertaire  d'histoire  suisse  de  M. 
Brandstetter,  p.  266-268.  Nous  nous  bornons  ici  à  signaler  parmi 
les  études  plus  récentes,  celles  qui  se  sont  occupées  de  l'un  ou  de 
l'autre  des  noms  faisant  l'objet  du  présent  travail. 

Gatschet,  Ortsetymologische  Forschungen,  Berne  1867  ; 

Studer,  Schweizer  Ortsnamen,  Zurich  1896  ; 

Zimmerli,  Die  deutsch-franzôsische  Sprachgrenze  in  der 
Schweiz,  Bâle  et  Genève  1891,  1895,  1899,  3  vol.  ; 


—     286     — 

Marteaux,  Les  noms  de  propriétés  après  le  V*  siècle;  dans  la 
Bévue  savoisienne  41  (1900)  p.  9-23,  103-116  ; 

Philipon,  De  l'emploi  du  suffixe  burgonde  -inga  dans  la  formation 
des  noms  de  lieux,  Bévue  de  Fhïlologie  française  XI  (1897),  p.  109 
et  suiv.  ; 

Marchot,  Notes  de  toponymie  fribourgeoise,  dans  la  Bévue  de 
la  Suisse  catholique,  1900,  p.  78  à  81,  370  à  372  ; 

Vuarnet,  Essai  d'étymologie,  dans  Mém.  et  Documents  publiés 
par  ï Académie  chablais.,  t.  X,  p.  40  et  suiv. 

L'ouvrage,  cependant,  auquel  je  dois  le  plus,  est  le  précieux 
livre  de  M.  H.  d'Ârbois  de  Jubainville,  BecJ^erches  sur  V origine  de 
la  propriété  foncière  et  des  noms  de  lieux  habités  en  France^  Paris 
1890  ;  voir  le  compte-rendu  qu*en  a  fait  M.  G.  Paris  dans  la  B(h 
mania  XIX,  p.  464  et  suiv. 

Mentionnons  encore  le  petit  livre  de  Hôlscher,  Die  mit  dem 
Suffis  -acum^  -iacum  gèbildeten  franzôsischen  Ortsnamen,  Stras- 
bourg 1890. 


Ouvrages  divers. 

Les  ouvrages  qui  m'ont  été  de  quelque  utilité  dans  ce  tra- 
vail, soit  au  point  de  vue  linguistique,  soit  à  celui  de  l'histoire,  sont 
assez  nombreux  :  je  ne  mentionne  que  les  principaux  : 

Gauchat,  Le  patois  de  Dompierre,  Halle  s.  Saale  1891,  Zeit- 
schrift  fur  romanische  PhilologiCy  XIV  ; 

Girardin,  Le  vocalisme  du  fribourgeois  au  XV*  siècle,  Zeit- 
schrift  fur  romanische  Philologie  XXIV  ; 

Hœfelin,  Les  patois  romans  du  canton  de  Fribourg,  Leipzig 
1879; 

Zimmerli,  Sprachgrenze  (v.  ci-dessus)  II,  tableaux  phonétiques. 

* 

H.  d'Arbois  de  Jubainville,  v.  ci-dessus  ; 
Franz,  Die  lateinisch-romanischen    Elemente    im    Althoch- 
deutschen,  Strasbourg  1884  ; 

Haag,  Die  Latinitat  Fredegars,  Erlangen  1898  ; 


—     257     — 

HenniDg,  Ûber  die  sanctgallischen  Sprachdenkmaler,  Q.  u.  F. 
m,  Strasbourg  1874  ; 

Eluge,  Die  lateinischen  Lehnworte  im  Âligermanischen,  dans 
Paurs  Grundriss  der  germ.  Philologie,  t.  I.  ; 

Kôgel,  Die  altgermaDische  fara  ;  Die  Stellung  des  burgundischen 
innerhalb  der  germaDischen  sprachen ,  Zeitschrift  fur  deutsches 
AUerthum,  37  p.  217  à  231.  HeoDing,  Zur  ûberlieferung  von  fara 
und  'faro,  ibid.  p.  304  à  3 1 7  ; 

Wackernagel,  Sprache  und  Sprachdenkmaler  der  Burgunden, 
dans  Binding,  Geschichte  des  burgundisch-romanischen  Kônig- 
reichs,  Leipzig  1868,  p.  329  à  404; 

Waltemath,  Die  frânkischen  Ëlemente  in  der  franzôsischen 
Sprache,  Paderborn  a.  Miinster  1885. 

Binding,  Geschichte  des  burgundisch-romanischenKônigreichs, 
Leipzig  1868  ; 

Bremer,  Ethnographie  der  germanischen  Stâmme,  dans  PauVs 
Grundriss f  t.  III  ; 

Fustel  de  Coulanges,  L'alleu  et  le  domaine  rural  à  l'époque 
mérovingienne,  Paris  1889  ;  —  L'invasion  germanique  et  la  fin  de 
l'Empire,  Paris  1891  ; 

6ingins-la-Sarraz,  Essai  sur  l'établissement  des  Burgundes 
dans  la  Gaule  et  sur  le  partage  des  terres  entre  eux  et  les  régni« 
coles  ; 

Gremaud,  Origines  fribourgeoises,  dans  Mémorial  de  Fribourg 
1855,  p.  328  à  342; 

Jahn,  Die  Geschichte  der  Burgundionen  und  Burgundiens  bis 
zum  Ende  der  I.  Dynastie,  Halle  1874,  2  vol.  ; 

Meitzen,  Wanderungen,  Anbau  und  Âgrarrecht  der  Vôlker 
nôrdlich  der  Alpen,  t.  I,  1,  Berlin  1895  ; 

Sécretan,  Le  premier  royaume  de  Bourgogne,  dans  MDR, 
t.  XXIV. 


—     268     — 


Abréviations. 

âF  Archives  d'Etat  fribourgeoises 

ÂH  Archives  de  Tabbaye  de  Hauterive  (incorporées  aux  ar- 
chives de  l'Etat  de  Fribourg 

ÂV  Archives  d'Etat  vaudoises 
CIL  Corpus  inscriptionum  latinarum 

CL  Cartulaire  de  Lausanne,  MDR  VI 

Ld  Liber  donationum  Alteripe,  Archives  de  la  société  cThis- 
foire  du  canton  de  Fribourg^  t.  VI 
MDR  Mémoires  et  documents  publiés  par  la  société  d'histoire 
de  la  Suisse  romande 


LES  NOMS  DE  LIEUX  EN  -ACUS 

Les  noms  en  -acus  sont  originairement  des  adjectifs  qui  s'a- 
joutent, en  les  iodlvidualisant,  aux  appellations  de  biens  fonciers, 
fundus,  praedium,  ager,  villa  ;  on  appelait  la  campagne  de  Julius 
fundus  Juliacus  on  praedium  Juliacum,  celle  de  Montanius  prae- 
dium Montaniacum.  De  bonne  heure  le  nom  commun  fundus,  prae- 
dium, etc.,  tombe  et  l'élément  distinctif  restant  seul  prend  les  ca- 
ractères d'un  nom  substantif:  Juliacum  (Jully),  Montaniacum 
(Montagny)  '). 

Tous  les  noms  de  notre  contrée,  qu'ils  soient  formés  de  genti- 
lices  ou  de  cogoomina,  exigent  pour  leur  explication  la  présence 
d'un  -t-  entre  le  nom  de  personne  et  le  suffixe  -acus  :  Oampan-i-acus 
(Champagny).  On  se  demande,  si  ce  -i-  fait  partie  du  nom  ou  s'il 
appartient  au  suffixe,  si,  par  exemple,  Champagny  a  pour  forme 
primitive  Campaniacus,  du  nom  d'homme  Campanius,  ou  Cam- 
pan-iacus,  du  nom  Campanus.  On  serait  tenté  d'attribuer  le  -i- 
au  suffise  dans  les  noms  de  lieux  formés  de  noms  de  personnes  dont 
la  terminaison  ne  contient  pas  de  t-^  par  exemple  de  cognomina  en 
■anus.  Mais  nous  observons  que  dans  les  inscriptions  latines  ces 
mêmes  noms  se  rencontrent  fréquemment  développés  au  moyen 
de  i: 

Campanus        Campanius  gentilice  CIL  V  8185. 

Somanus  Romanius  »        CIL  V,  plusieurs  fois. 

Alpinus  Alpinius  *        CIL  V  7855. 

Rufinus  Mufinius  »        CIL  X  2629. 

Victor  Victoria  CIL  X. 

Severus  Severius       gentilice  CIL  XII,  plusieurs  fois. 


')  Dans  la  charte  de  Fondatioa  du  couvant  d'Agauae  les  noms  de  do- 
maines paraissent  déjà  soub  la  forme  substantive  ;  ou  y  lit:  ...dono... 
ciirtes...  Communiacam...  Luliacum,  Liistriacum,  etc.  (Aubert,  Trésor, 
Pièces  jaatiâcativea,  p.  206). 


—     260     — 

De  plus,  nous  savons  qu'assez  souvent  on  transformait  les 
cognomina  en  gentilices  précisément  en  faisant  entrer  le  -t-  dans 
leur  terminaison  ^).  A  mesure  que  le  droit  de  cité  romaine  se 
généralisait  et  que  les  gentilices  se  multipliaient,  cette  formation 
aura  pris  de  Textension  dans  les  pays  soumis  à  TEmpire. 

Nous  laisserons  donc  de  côté  la  variante  du  suffixe  -iactis,  dont 
l'existence  est  d'ailleurs  contestée,  et  nous  supposerons  dans  tous 
les  cas  où  il  y  a  trace  d'un  -t-,  des  noms  de  personnes  qui  con- 
tiennent ce  son  dans  leur  terminaison. 

Un  assez  grand  nombre  de  noms  de  biens  fonciers  d'origine 
gallo-romaine  formés  au  moyen  d'un  nom  d'homme  et  du  suffijce 
-actis  se  sont  conservés  chez  nous  comme  noms  de  villages,  de 
hameaux  et  de  campagnes.  J'en  donne  ci-après  une  liste  que  je 
crois  complète. 

Ces  noms  ont  dans  le  courant  des  siècles  subi  les  mêmes  trans- 
formations phonétiques  que  tous  les  autres  éléments  de  la  langue 
romane.  La  terminaison  -i-acus  s'est  adoucie  en  -ùagu,  -i-ag,  puis 
en  -t-aj/  qui  a  produit  la  triphtongue  -iei  ;  celle-ci  n'a  pas  tardé  a 
être  réduite  à  -ie  d'où  est  résultée  la  forme  actuelle  -y.  L'existence 
de  la  triphtongue  iei  a  été  mise  en  doute  ;  nous  aurons  l'occasion 
de  la  prouver,  du  moins  pour  notre  pays. 

Agy  (2),  Arcanciel^  Autigny,  Avry  (2),  Bertigny  (2),  Bavigny, 
Champagny,  Chavagny,  Cheiry^  Cressier,  Cugy,  Epagny,  Fan-agny 
(2),  Fétigny,  Gitnsie^j  Henniez  (Taud),  Lentigny,  Lossy,  Lully, 
Ltissy,  Marly  (2),  Meyriejs,  Misery,  Missy  (Vaud),  Montagny  (2), 
Nuviïly,  Princhy,  Pringy,  Rtissy,  Salvagny,  Seiry,  Siviriez,  Sugiez, 
Torny  (2),  Tusy,  Ursy,  Vigny  (2),  Vuilly. 

Bussy  (Fribourg)  doit  être  écarté.  Ce  nom  est  toujours  écrit 
par  -t  là  où  les  noms  en  -acus  présentent  la  diphtongue  -ie  ou  même 
encore  la  triphtongue  -iei. 

1149—1150  Hugo  de  Bussi,  Ld  p.  93,  n°  237  (copie). 

XIP  siècle  Bussi,  MDR  12,  C.  Uautcrêt  154. 

1229  UIdricus  de  Buschi,  Font.  rer.  Bern.  II,  p.  101,  n°  89. 


^)  Hûbner,  Rômiscbo  Epigraphik,  dans  Iwan  Muller*s  Handhtich  der 
klass,  AUertumsicissenschaft  1.  667,  679  ;  Gagnât,  Cours  d'épigraphie  la- 
tine, p.  51. 


—     261     — 

1233  bussi,  AF,  AH  11^  S.,  n^  9. 

1343  btissys,  AF  Grosse  d'Estavayer  n<>  123%  f*»  33,  34. 

1383  finagium  de  bussis  (plus,  fois),  Grosse  d'Estavayer  1383, 

fo  12  V. 
1396  Bussy,  MDR  XXII  245. 
1463  bussy,  Ab\  Grosse  d'Estavayer  n»  116,  f9  210. 
1463  bussi,     >  >  >  »      »    ?  11«». 

1638  Buschi,  Carte  Plepp. 
1668  Btt5y,  Carte  Von  der  Weid. 

Nous  relevons  encore  du  Cartnlaire  de  Lausanne  deux  men- 
tions d'une  localité  vaudoise,  décisives  pour  l'explication  de  Bussy: 
1227  Johannes  do  (=du)  bussi,  MDR  VI,  219. 
1227  Cil  do  bussi j  >  220. 

Estavayer  (Estavayer-le-Lac,  Estavayer-le-Gibloux),  en  allemand 
Stàfis,  doit  également  être  exclu  de  la  liste  des  noms  en  -cicus,  bien 
qu'on  ait  quelquefois  écrit  Stavayacum  et  qu'on  appelle  encore  au- 
jourd'hui les  habitants  de  la  ville  broyarde  Staviacois. 

1158  Stavaiel,  Ld  p.  80,  n<>  204  (copie). 

XII*  et  XIIP  siècles  Stavaid,  JEstavaid,  Ld,  passim. 

1177  Stavail,  Font.  rer.  Bern.  I  458,  n<»  62. 

1220  Estavaie,  >       >         >  II  21. 

1227  Staviolum  sub  Jublor,  MDR  XX,  32. 

1226  Estavaiel-K^la  (=  Estavayer-le-Gibloux),  Font.  rer. 
Bern.  II,  91. 

1265  Estavayacumy  Font.  rer.  Bern.  634,  n^  589. 

XIII«  siècle  Estavaiee,  Estavayel,  MDR  VI  403,  424. 

Forme  patoise  actuelle  Qavayi  et  çhavayi  lu  deibia  (=  Esta- 
vayer-le-Gibloux) ;  dans  la  Gruyère  ^avayi  h  deûbia. 

Mentions  du  nom  allemand  : 

1231  Willelmus  de  Steviols,  Font.  rer.  Bern.  II  119,  n^  110. 

1239-40  Willelmus  de  Staviolo,        »       »      II  198,  n»  189. 

1578  Stàffies,  Carte  Techtermann. 

Aujourd'hui  Stâfis. 

Torry  (campagnes  situées  dans  les  communes  de  Fribourg  et  de 
Granges-Paccot)  doit  également  être  écarté. 
1300  thorel,  AF,  Hautcrôt  n»  27. 

17 


—     262     — 

1322  thord,  AF,  Hautcrèt  d<>  37. 

1431  tarelj  AF,  Stadts.  A  n^  176,  £*>  82  v,  116. 

Od  serait  tenté  de  faire  dériver  Pensier  de  (fundus)  PatiHacus; 
nous  trouvons  le  gentilice  Fantius  dans  CIL  XII  1992.  L'examen 
des  formes  historiques  nous  montre  un  autre  chemin. 

1229  PancieTy  AF,  Gommanderie  n®  2. 

1251  Pancier,  AF,  AH  II**  S.,  n^  20. 

1256  Pancier,  Font.  Coll.  dipl.  II  49. 

1293  Pancyej pancie,  AF,  Hautcrèt  n<>  22. 

1294  villa  et  territorium  de  Pancie,  Font.  Coll.  dipl.  II  293. 
1313  pancier,  AF,  Ane.  Terres  n^  10. 

1334  pande,     »  »  n^'  13. 

1348pa9iae,     >  >  n®  14. 

1413  Panciez,  Rec.  dipl.  VU  34. 

Nom  allemand  : 

1261  BjencierSj  AF,  Commanderie  n^'  7. 

1290  Benciersj  AF,  >  n°  25. 

1442  Bentzers,  AF,  Ane.  Terres  n^  29,  p.  43. 

1668  PenserSj  carte  Von  der  Weid. 

Le  -r  du  nom  roman,  paraissant  de  bonne  heure  et  avec  une 
certaine  persistance,  mais  surtout  le  nom  allemand  prouvent  que 
nous  sommes  ici  en  présence  d'un  autre  suffixe  que  -acus. 

Vivy  ou  Vivier  (châteaux  et  fermes  sur  le  bord  de  la  Sarine)  n'ap- 
partient pas  non  plus  à  la  catégorie  des  noms  que  nous  traitons. 
1153  viuirsy  AF,  Payer  ne  n®  4. 
1173-1180  Viviers,  Font.  rer.  Bern.  I  453. 
XII«  siècle,  Hugo  de  Viuiers,  Ld,  p.  105,  n«  261. 
1203  Ulricus  de  Viviers,  Matile  n«  50. 
1203  Ulricus  de  Vivers,      >      n*»  51. 
1378  Vivier,  Font.  Coll.  dipl.  VI  205. 

1404  Johannes  de  viveis  prope  friburgum,  AF,  Payerne  n<*  19. 
1441  Viviers,  Rec.  dipl.  VIII  183. 
1445  Viuier,  AF,  Impôt  1445. 
1578  Viffers,  Carte  Tech  ter  mann. 
1668  Viuiers,  Carte  Von  der  Weid. 
Le  nom  allemand  est  Vivers;  il  paraît  déjà  en  1153  sous  la 


—     263     — 

forme  de  viuirs.  La  charte  qui  le  mentionne,  bien  que  rédigée  en 
latin,  donne  les  formes  allemandes  des  noms  des  localités  :  viuirs, 
Kerters  (Chiètres). 

Une  maison  isolée  de  la  commune  d'£stavayer-le-Gibloux  porte 
le  nom  Au  Vivier, 

De  même  que  ces  derniers,  MonHlier,  MontiUy,  Au  MantUier 
rattachent  leur  origine  à  des  noms  communs. 

Ce  triage  fait,  nous  allons  passer  en  revue  les  noms  de  notre 
liste;  chacun  d'eux  sera  soumis  à  un  petit  examen  historico-Iin- 
guistique. 

Campagnes  près  de  Fribourg,  dans  la  commune  de  Granges- 
Paccot. 

Agiez  vaudois  est  mentionné  entre  993  et  1040  sous  la  forme 
Aziacus  (Hidber,  UR  I,  n«  1148). 

1228  Ajsie,  AF,  AH  I«  S.,  n*  5. 

1230  azjey  AF,  Hautcrét  n«  2. 

1257  asAe,  >  >         n*>  9. 

1300  agye,  >  >        n*>  27. 

1311  agye^  agicy     >  >         n^  32. 

1340  vêtus  villa  de  AgiejSy  AF,  Coll.  Munat,  f^  107  (copie). 

1398  territorium  de  noua  agieZy  archives  de  la  famille  de 

Raemy  d'Agy. 
1431  lo  vey  agiejs,  AF,  Stadts.  A  n*>  176,  f«  124. 

Prononciation  patoise  actuelle  a^dai. 

Toutes  les  formes  provenant  d'une  main  romane  ne  disent  pas 
autant  que  le  nom  allemand.  Celui-ci  ne  nous  est  connu  que  par  quel- 
ques chartes,  car  il  est  oublié  aujourd'hui  même  de  la  population  de 
langue  allemande  qui  lui  a  préféré  la  forme  française. 

1439  in  villa  et  territorio,  finibus  et  fenagio  de  Agie.  Quod  te- 
nementum  yanninus^faller  de  ébsachen  ab  eodem  petro  morsel  olim 
tenebat.  Archives  de  la  famille  de  Raemy  d'Agy. 

1449-50  Peter  von  Ebsachen,  AF,  Ane.  Terres,  Titres  classés 
(copie).  (Plaintes  adressées  au  duc  Albert  d'Autriche.) 


—     264     — 

1485  dorff  und  dorffiiiarck  vuu  ebsachen.  Archives  de  la  famille 

de  Raemy  d'Agy. 
1492  ébsachen,  Archives  de  la  famille  de  Raemy  d'Agy. 
1497  dorff  uod  dorffmarck  zu  epsachen  der  parrochian   zu 

Ziuizach,  Archives  de  la  famille  de  Raemy  d'Agy. 
1555  Ebsctchen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 
La  terminaison  de  Ehsach^n  est  celle  du  datif  pi.  allemand 
que  prennent  quelquefois  les  noms  en  -ach,  voyez  les  formes  his- 
toriques de  (Arconciel)  Ergenzach,  (Givisiez)  Siebenzach,  etc. 

On  voit  sans  peine  que  a^dzi  et  èbsachÇen)  sont  de  même  ori- 
gine. Les  deux  ramènent  au  primitif  abdyacu  qui  a  visiblement  pour 
base  le  gentilice  Abidius.  Agy  aurait  donc  été  originairement  un 
(fundus)  Ab(i)diacu8. 

Le  nom  de  personne  romain  Abidius  n'est  pas  rare  ;  nous  en 
trouvons  des  exemples  dans  le  CIL  V  4031,  4249,  2187,  3403. 
Abudius  est  représenté  dans  CIL  XII  1303,  1388. 

dy^  pour  avoir  pu  donner  naissance  a  Vs  du  nom  allemand, 
Abdyac>Eb5ach(en),  a  dû  s'être  déjà  fortement  rapproché  du  son 
dz  au  moment  de  la  réception  du  nom  pai-  les  Alamans. 

Agy,  de  même  que  Bertigny,  deux  petites  localités  sises  aux 
portes  de  la  ville  de  Fribourg,  ont  une  origine  bien  plus  reculée 
que  celle-ci.  A  Tépoque  de  la  fondation  du  «  bourg  >  elles  avaient 
déjà  à  peu  près  Tâge  qu'a  aujourd'hui  la  ville. 

ApconcieL 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine,  situé  sur  la  limite 
des  langues  romane  et  allemande. 
En  patois  ark^xyi- 
Nom  allemand  :  Ergenzach. 

1082  castrum  Arcanciacum,  Ld,  original,  v.  Neues  Archiv  der 
Gesellschaft  fur  altère  deutsche  Oeschichtskunde  XXII 
692.  La  copie  de  Carementrant,  utilisée  par  M.  l'abbé 
Gremaud,  a  Arcundacum,  Ld,  p.  28,  n^  72. 

1146-1173  Arcuncieif  Arcuncie,  Ld,  p.  78,  u^  198. 

Vers  1215  Arcunde,  Matile  n°  65. 

1228  Arcuncie,  MDR  VI  24. 


—     265     — 

1251  Arguncie,  Font.  rer.  Bern.  II  344,  n^  319. 

1264-65  Arcantie,        >  >     II  606,  n«  558. 

1270  Arhmtie,  >  >     II  749,  n«  695. 

1270  Arconcye^  Mém.  de  Frib.  1854,  p.  265. 

1285  Arconcye,  Font.  rer.  Bern.  III  388. 

1286-87  Alconcie,  Font.  Coll.  dipl.  II  393. 

1368  Arconcier  castrum,  AF,  Humilimont  R  n<>  3^  (cart.  27). 

1445  Arconcier j  Arconcier,  Arconcie,  Impôt  de  1445,  Stadts.  C. 

1668  Arconcie,  Carte  Von  der  Weid. 

1755  Arcancielj  Perret,  Catalogue  5. 

1805  Arconcie,  Petite  carte  frib. 

1806  Arconciél,  autrefois  Arcondé,  Etrennes  1806,  Dict. 
1836  Arconciél,  Carte  Labastrou. 

Mentions  du  nom  allemand  : 

1236  Uolricus,  dominus  de  Erchunzacho, 

Font,  rer  Bern.  II  164,  n«  152. 

1236  Erchumachy  >  >     II  165,  n«  152. 

1278  Erguncia,  >  >    III 234,  n«  247. 

1449-50  Erchenczagen,  AF,  Ane.  Terres,  Titres  classés  (copie) 
Plaintes  adressées  au  duc  Albert  d'Autriche. 

1555  Ergemachen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1578  Ergenzachen,  Carte  Techtermann. 

1755  Ehrenmchy  Perret,  Catalogue  5. 

La  reconstruction  de  la  forme  romaine  de  ce  nom  n'est  pas 
difficile.  Elle  est  même  déjà  donnée  dans  la  mention  castrum  Ar- 
conciacum  de  Tan  1082.  Arconciacum  est  sans  aucun  doute  un 
ancien  (fundus)  Archontiacus. 

Les  noms  de  personne  Archontus,  Archontius  Archontia,  Ar- 
contins,  Arconciu  ont  été  en  usage  du  temps  des  Romains  et  le  sont 
encore  au  moyen  âge,  v.  De-Vit,  Onomasticon  ;  Le  Blant,  Inscrip- 
tions chrétiennes  de  la  Gaule,  n®  302  ;  Eraus,  Die  christlichen  In- 
schriften  der  Bheinlande,  n®  135  ;  Acta  Sanctorum,  18  juin  et  5 
septembre  ;  Lib.  Confrat.  S.  Galli  (Mon.  Germ.  hist).  III  9^. 

Le  nom  allemand  Ergenzach  corrobore  l'étymologie  que  nous 
venons  d'établir.  Le  changement  de  c  en  ^  dans  Arconciacu  en  Er jr^n- 
zach  n'a  rien  d'irrégulier  ;  qu'on  compare  les  exemples  que  nous 
donnerons  à  propos  du  nom  de  lieu  Crumschen. 


—    266    — 

On  remarque  qu'au  moment  où  les  Alamans  se  sont  établis 
aux  frontières  de  rHelvétie  occidentale,  Archontiacus  avait  déjà 
passé,  en  bouche  latine,  à  Arconcictcu  =  arkontsyacu,  ty  se  trouve 
d'ailleurs  transformé  en  sifflante  déjà  au  milieu  du  V*  siècle. 

La  graphie  étrange  ArconcM  en  usage  depuis  le  milieu  du 
XVIIP  siècle  (v.  le  tableau  des  formes  historiques  ci-dessus)  est 
due  à  des  préoccupations  étymologiques  qui  ont  fait  rapprocher  ce 
nom  de  lieu  de  arc-en-ciel  et  même  de  arca  coeli  (v.  Euenlin,  Dict.  ; 
Dellion,  Dict.).  La  preuve  en  est  que  déjà  en  1665  les  Constitutions 
synodales  de  Tévéque  Strambino  (p.  179)  donnent  à  cette  paroisse 
le  nom  Arcae  Coélù 

Un  bien  situé  dans  la  commune  de  Russy  (Broyé  fribourgeoise) 
porte  le  nom  Arconcier  qui  est  de  même  origine.  En  France  on  a 
de  la  même  source  Arconcey  (Côte  d'Or)  et  ArconstU  (Puy-de- 
Dôme). 

Auti§^ny« 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 

Nom  allemand:  Ottenach(OttenachQi  Autenachf  Euenlin,  Dict.) 

1183  vineae  de  AUiniaco  (Autigny  frib.  ?),  Font.  rer.  Bern  1 473. 

XII*  siècle  Altinieii  Altinie,  Aîtignei,  Ld,  passira. 

1285  AuHgnye^  Font.  rer.  Bern.  III  391. 

1445  AuHgnie,  ÂF,  Impôt  de  1445. 

1668  AuHgnie,  Carte  Von  der  Weid. 

Mentions  du  nom  allemand  : 

1555  Aultennachen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1577  Ottonachen,  Carte  Schepf. 

1578  Otenach,  Carte  Techtermann. 
1638  Ottonachen,  Carte  Plepp. 
XVIIP  siècle  Ottonachen,  Carte  Seutter. 

Forme  primitive  :  (fundus)  Altiniacus. 

Le  nom  d'homme  AUinius  a  certainement  existé  à  côté  du 
cognomen  AlUnus  dont  l'existence  est  attestée  dans  l'Onomasticon 
De-Vit. 


—     267     — 

Avry. 

Avry'devant'Pontf  village  et  commune  du  distr.  de  la  Oruyère. 
Avry^sur'Matran,        >  >  >  Sarine. 

•    En  patois  a^vri. 

Le  nom  a  été  germanisé  en  Afry. 

1145-49  Auri  (plus,  fois),  Mém.  de  Fribourg  1855,  p.  238. 

XIP  siècle  Aurieif  Auri,  Ld  (copie),  passim. 

1285  Auri,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 

1445  Avrye,  ÂF,  Impôt  de  1445. 

1668  Aury  (=Avry-dev.-Pont),  Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

XV®  siècle  Afty  vor  Pont,  AF,  Comptes  des  Trésoriers  176 

^21  Y. 
1578  Aifry,  Carte  Techtermann. 
1638  Aifri,  Carte  Plepp. 

Assez  souvent  on  trouve  notre  localité  mentionnée  sous  le  nom  : 
Aprilis,  Auril,  Ld,  passim. 
Abril,  Hist.  Patr.  Mon.  Chart.  II  1057. 

Encore  en  1668  le  commissaire  général  Von  der  Weid  donne 
à  Avry-sur-Matran  le  nom  Auril,  tandis  qu'Avry-devant-Pont  est 
appelé  dans  sa  carte  du  nom  populaire  Avry  (v.  ci*  haut). 

Auriei,  Auri  et  Avrye  sont  les  produits  réguliers  d'un  nom 
primitif  en  -acus.  De  Auri  on  a  rapproché  le  nom  du  mois  avril 
et,  séduit  par  la  ressemblance  des  deux  vocables,  on  a  écrit  notre 
nom  de  lieu  Auril,  Abril  et  on  Ta  latinisé  Aprilis.  Avril  pour  Avrie 
est  dû  au  même  procédé  que  Arcanciél  pour  Arconcie,  mais  tandis 
que  ce  dernier  nom  a  su  usurper  la  place  de  la  forme  étymologique, 
Avril  a  été  condamné  à  disparaître. 

La  forme  primitive  de  Avry  parait  être  (fundus)  Apriacus. 

Le  gentilice  Aprius  se  rencontre  fréquemment  dans  les  inscrip- 
tions latines  et  même  dans  les  inscriptions  grecques. 

Bepti§^ny. 

1)  Bertigny,  campagnes  près  de  Fribourg,  de  la  commune  de 
Villars. 


—     268     — 

2)  Bertiffny,  domaines  sitaés  dans  la  commune  de  Pont-la- Ville. 

Le  nom  allemand  de  Bertigny  près  de  Fribourg  est  BriUenach. 
Le  même  nom  est  donné  en  1555  à  Bertigny  de  la  commune  de 
Pont  (v.  ci-dessous). 

1162  B.  de  Britinidco,  Ld,  p.  5,  n^*  12  (copie). 
1172  BriHniei,  Ld,  p.  73,  n^  186. 
1373  BriHgnye,  AF,  AH  !•'  S.,  n*  176. 
1402  Britignie,    Font.  Coll.  des  Comptes  I  35. 
1431  britignye,  AF,  Stadts.  A  n«  175,  f*>  50,  109  v. 
1445  Britignye  (c.  de  Pont),  AF,  Impôt  de  1445. 
1445  Britignie  (près  de  Fribourg),  AF,  Impôt  de  1445. 
1668  Bertignie  (près  de  Pont),  Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

1449-50  Britinach  (près  de  Fribourg),  AF,  Ane.  Terres,  Titres 
classés  (copie)  Plaintes  adressées  au  duc  Albert  d'Au- 
triche. 

1555  Brittenach  (près  de  Pont),  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1578  Brittenach  (près  de  Fribourg),  Carte  Techtermann. 

1638  Britenach,  Carte  Plepp. 

Forme  primitive  de  Bertigny    ^    (fundus)  Brittiniacus  (cam- 

Brittenach  j  pagne  de  Brittinius). 

Les  exemples  du  nom  Brittinius  font  défaut.  Cependant  nous 
trouvons  dans  les  inscriptions  le  cognomen  Brittus  CIL  V  5002  et 
le  gentilice  BriUius  CIL  IX,  plusieurs  fois,  XII  3353. 

En  France,  on  a  deux  Bretigney  et  quatre  Bretigny  (H.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville,  p.  201,  202). 

Bovig^ny. 

Biens  ruraux  situés  dans  la  commune  d'Avry-devant-Pont. 

Nous  trouvons  dans  CIL  I  1811  le  gentilice  B(mus({\x\  permet 
de  supposer  Texistence  du  nom  Bovinius, 

Ces  terres  peuvent  avoir  reçu  ce  nom  d'un  propriétaire  plus 
récent. 


„     269     — 

Champag^ny. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac 

Eu  patois  tsâpani. 

Nom  allemand  :  Gempenach. 

962  chempinnacho,  AV,  Payerne  n«  2.  (La  charte  paraît  être 
du  12«  siècle,  v.  Font.  rer.  Bern.  I  277.)  Chempinnach(o)  est  évi- 
demment le  nom  allemand. 

Champagniaco,  MDR  III  672. 

1350  Champagnie,  Font  Coll.  dipl.  IV  503. 

1558  Oampenach,  AF,  Rôle  des  feux  de  la  seigneurie  de 
Morat. 

1668  Oempenach,  Carte  Von  der  Weid. 

Forme  primitive  :  (fundus)  Campaniacus. 

Nous  rencontrons  le  nom  d'homme  Campanius  dans  les  ins- 
criptions helvétiques  (Mommsen,  Inscr.  Confoed.  Helv.  n®  6).  Cam- 
panus  est  égalemeut  connu  comme  coguomen  romain. 

Ce  nom  de  lieu  est  très  fréquent  en  France,  v.  H.  d'Arbois  de 
Jubainville,  La  propriété  foncière,...,  p.  208  à  210. 

Chavag^ny. 

Localité  située  entre  Neyruz  et  Avry-sur-Matran ,  district  de 
la  Sarine. 

En  patois  tsavani. 

1142  Chavanieij  Ld,  p.  3,  n^  6  (copie). 

1173-1178  Chavenie  ou  Chavanie,  Ld,  p.  35,  n*»  86  (copie). 

H.  d'Arbois  de  Jubainville  ^)  suppose  pour  Texplication  des 
noms  analogues  de  France  Cavagnac,  ChavagnaCf  Chevagné^  etc., 
un  gentilice  *Cavanius.  Le  nom  Capaneus  cité  dans  l'Onomasticon 
De- Vit  satisfait  également.  ^Capanius,  bien  que  nous  ne  l'ayons 
rencontré  nulle  part,  pourrait  bien  aussi  avoir  existé. 


^)  La  propriété  foncière....,  p.  475. 


—     270     — 

Cheipy. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
En  patois  tseiri. 

1228  Chirie,  Font.  rer.  Bern.  II  91. 

XIIP  siècle  chiriey  MDR  VI  325,  387. 

1380  ChiriCy  AF,  Grosse  de  Sorpierre  n<>  58,  f«  21. 

1665  Zeiry,  Strambino,  Constit.  synod.  168. 

1668  Cheirier,  Carte  Von  der  Weid. 

tseiri,  si  tous  les  éléments  primitifs  y  sont  représentés,  s'ex- 
plique bien  par  (fundus)  Cariacus.  Le  gentilice  Carius  n*est  pas 
rare  ;  il  parait  plusieurs  fois  dans  CIL  XII  sous  les  formes  Karius, 
Caria. 

Cpessiep. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac. 

En  patois  kr9èi. 

Nom  allemand  :  Orissach. 

Un  village  neuchâtelois  situé  entre  le  lac  de  Neuchâtel  et 
celui  de  Bienne  porte  le  même  nom.  Crissier  est  le  nom  d*un  vil- 
lage du  district  de  Lausanne. 

1172-73  Orissiei,  Ld,  p.  68,  n^  175  (copie). 

1182  Crissie,  AF,  Hauterive,  Tir.  III,  n«  3. 

1228  Crissie,  Font.  rer.  Bern.  II  89. 

1243  Cressier,  Matile  n<>  120. 

1285  Crissye,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 

1445  Orissie,  AF,  Impôt  de  1445. 

Nom  allemand  : 

1175  de  crissaho,  AF,  Riggisberg  n®  1. 

1249  0.  de  Grissacho,  Font.  rer.  Bern.  II  296,  n^  278. 

1555  Orissachen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1578  Orissach,  Carte  Techterraann. 

1668  GHsachy  Carte  Von  der  Weid. 

Un  Orisdacus  est  mentionné  au  VIP  siècle  (H.  d'Arb.  de  Jub., 
Propriété  foncière  p.  222).  Une  forme  identique  se  trouve  en  994 
dans  le  Cart.  d'Ainay,  n<>  173. 


—     271     — 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 

En  patois  kûdjsi. 

Un  village  du  district  vaudois  d'Echallens  porte  le  même  nom. 

1080  CuUzaca,  (Xbieasca,  Font.  rer.  Bern.  I  343. 
1145  Cubizacha  »  »     1 419. 

1179  Cubieacaj  Font.  rer.  Bern.  I  462. 
1228  Cuzzie,  »  >     II 89. 

968  in  villa  Cuzziaco  que  sita  est  in  comitatu  Warasco  in 
pago  Wisliacense  MDR  VI  4  (main  du  XIII*  siècle). 

Les  formes  de  ce  nom  que  les  chartes  nous  ont  transmises» 
sont  du  plus  grand  intérêt.  Elles  nous  permettent  de  rétablir  les 
éléments  primitifs  du  vocable  d'une  façon  à  peu  près  certaine. 

De- Vit,  OnamasHcany  signale  le  nom  Gûpîdïâ  qui,  employé  pour 
désigner  une  propriété,  a  dû  donner  (fundus)  Cupidiacus,  forme  qui 
explique  toutes  les  phases  qu'a  parcourues  le  nom  Cugy. 

*Cupidiacu>Cubizac->*Cubziei>Cuzzie>lriidzî. 

Outre  le  nom  Cupidia  nous  trouvons  le  cognomen  Cupidus 
Cupida  dans  CIL  IX  2381,  6083ii4,  5558. 

Quant  à  ù>ii  voy.  Gauchat,  Pat  de  Dompierre,  §  89  s. 

Epag^ny. 

Village  près  de  Gruyères. 
En  patois  pani. 

XII*  siècle  JEspanieif  Ispanieif  Hispanie,  Espanie,  Ld,  p.  76, 

n«  194  ;  p.  111,  n«  278  ;  p.  105,  n«  261. 
1196  Espagnie,  Font.  rer.  Bern.  I  492,  n«  101. 
1277  Espaignye,  MDR  XXII  67. 
1296  Espagnye,  Mém.  de  Frib.  1855,  p.  93. 
1577  Espagnie,  Carte  Schepf. 
1638  Espagnie,  Carte  Plepp. 

Le  nom  de  lieu  Epagny  est  représenté  aussi  en  France  (v.  H. 
d'Arb.  de  Jub.,  Propriété  foncière  p.  410).  Il  s'explique  aisément 
par  le  gentilice  Spanius. 


—     272     — 

Fapvag^ny. 

Farvagny-U'Orand,  village  et  commune  du  district  de  la 
Sarine. 

Farvagny-le- Petit,  village  et  commune  du  même  district 

En  patois  farvanù 

Nom  allemand  :  Favemach, 

1082  villam  Favemein,  Neues  Ârchiv  f,  a.  d.  Ok.  XXII  692. 
XIP  siècle»  C.  de  Fauamiaco.  Fauamiei,  Fauemie,  Ld,  p.  14, 

n«  34  ;  p.  2,  n^  2  ;  p.  10,  n»  23  ;  p.  76,  n^  193. 
1143  fauemiei,  AF.  AH,  Tir.  I,  n^  4  (original). 
1177  ecclesia  de  fauemi,  Hist.  Patr.  Mon.  Chart.  II  1057. 
1228  Favemie,  Font.  rer.  Bern.  II  91. 
1263  Favamie  lo  pitet.  Font.  Coll.  dipl.  II  122. 
1285  Favamye,  Font.  rer.  Bern.  III  291. 
1315  Farvanie  h  pitet,  Font.  Coll.  dipl.  III  208. 
1342  fauamier,  AF,  AH,  K  nM7. 
1445  Fauamyey  AF,  Impôt  de  1445. 
1482  Favamye  le  grand,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  226. 
1482  Favamye  le  pittet,  >  >     XVI  226. 

1668  Faruagnie,  Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

1555  Fauemachen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 
1578  Fauemach,  Carte  Techtermann. 
1638  Fauemach,  Carte  Plepp. 

Dans  la  chronique  dite  de  Frédégaire  il  est  fait  mention  d'une 
Fauriniaco  uiUa  qu'on  dit  être  Favemay  dans  la  Haute-Saône. 

De- Vit,  Onomasticon,  signale  le  nom  FaJbrinius  qui  explique 
bien  le  Fauriniacus  de  la  chronique  de  Frédégaire,  de  même  que 
notre  Farvagny.  A  comparer,  pour  la  transformation  de  Fabr- 
en  Farv-,  les  noms  de  lieux  Aux  Farvages  (Hauteville,  Fribourg), 
Farvagettaz  (Vuadens,  Fribourg)  et  Faverges  (Vaud),  tous  faits  du 
mot  fàbfica  (forge). 

La  forme  primitive  de  Farvagny  aurait  donc  été  :  fundus 
Fabriniacus. 


—     273     — 

Fétigny. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
En  patois  fdQdfii. 

1143  Festignei,  MDR  XII  C.  Montheron,  p.  6. 

1380  fistignier,  AF,  Fiefs  n.  du  pays  de  Vaud,  n«  135,  f«  51  v. 

1380  fiUgny,        >  >  »  >  f«  49  v. 

1380  fîHgnierj      >  >  >  >  ^  52. 

1577  Fetignie,  Carte  Schepf. 

1755  Fettigny,  Perret,  Catalogue  12. 

Festiniacus  est  formé  du  nom  FesHnius.  L'existence  de  ce 
nom  d'homme  est  attestée  dans  De- Vit,  OnomcLsHcon,  Notons,  par 
surcroît,  deux  exemples  du  cognomen  i^e^nti^,  Festinay  CIL  V  5079, 
XII  286. 

Gi  visiez. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 

En  patois  dg^vdii. 

Nom  allemand  :  Siebenzach. 

1142  Juuinsie,  Ld,  p.  21,  n<»  52  (copie). 

1143  Juuisei,  AF,  AH,  Tir.  1,  n«  4. 
1162  Juuensiei,  Ld,  p.  30,  n<>  74. 
1228  Juvinsie,  Font.  rer.  Bern.  II  91. 
1285  Juvisye,  »  >     III 388. 
1431  Juuisiea,  AF,  Stadts.  A  175,  £<>  125. 
1431  Jvuisye,      >               >  f*>  54. 
1445  Juuisie,  ^F,  Impôt  de  1445. 

1668  Oiuisie,  Carte  Von  der  Weid. 
1805  Oevisier,  Petite  carte  frib. 

Nom  allemand  : 

1497  ziuizach,  Archives  de  la  famille  de  Rœmy  d'Agy. 
1555  Ziffizachenn,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1577  Ziffijsachen,  Carte  Schepf. 

1578  Ziffizachenf  Carte  Techtermann. 


—     274     — 

1638  Ziffieachen,  Carte  Plepp. 
1755  Sïbenzachj  Perret,  Catalogue  6. 

Il  n'y  a  aucun  doute  sur  l'origine  helvéto-romaine  de  ce  nom 
de  lieu  ;  mais  il  est  difficile  de  déterminer  le  nom  du  propriétaire 
dont  il  dérive. 

Il  me  semble  devoir  supposer  un  primitif  Julindiacus,  Le 
développement  parallèle  du  nom  roman  et  du  nom  allemand  serait 
régulier.  A  l'époque  de  la  réception  du  nom  par  les  Alamans,  /  et 
dy  auraient  déjà  eu  chez  les  Romans  un  son  très  voisin  de  de^  d'où 
Ziuizach,  aujourd'hui  Sièbenzach.  En  cela,  notre  vocable  serait  en 
parfait  accord  avec  Agy  Ebsachen  (p.  264). 

Jubindus  ou  Jubindius  semblerait  être  un  nom  celtique,  peut- 
être  helvète. 

/nrx  •  •      • 

Henniez. 

Commune  du  district  vaudois  de  Payerne. 
En  patois  crii, 

1380  Ennyt  (plus,  fois),  AF,  Grosse  de  Surpierre  n®  58,  p.  12. 
1578  JEnny,  Carte  Techtermann. 
1668  Ignie,  Carte  Von  der  Weid. 
1781  Ingniez,  Carte  Mallet. 
XVIII*  siècle  Igny,  Carte  Seutter. 

La  double  nasalité  du  vocable  patois,  marquée  déjà  dans  les  plus 
anciennes  mentions  du  nom,  prouve  que  la  consonne  intervocale  de 
la  forme  primitive  était  un  n  simple.  Cela  nous  amène  à  supposer 
pour  Hennieis  un  nom  d'homme  romain  tel  que  Inius  ou  Einius. 

Nous  rencontrons  dans  YOnomasticon  De- Vit  les  cognomina 
féminins  Bina  et  Ina  qui,  par  le  procédé  connu,  ont  très  bien  pu 
produire  les  formes  de  noms  supposées  ci-dessus. 

Lientig^ny. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 

En  patois  lêtifii. 

Nom  allemand  :  Lentenach, 


—     275     - 

1150-57  Lentiniei,  Ld,  p.  81,  n®  208  (copie). 

XII*  siècle  lAntiniei,  Lentinie,  LenHnie,  Lintiniei^  Ld,  passim. 

1142-58  Lintiniei,  Font.  rer.  Bern.  I  413,  n«  16. 

1254  lAntinie,  »  »     II  386,  d^  361. 

1262  Lintinie,  ÂF,  Pont  148. 

1285  Lintignye,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 

1290  Lintignie,  Font.  Coll.  dipl.  II  237. 

1320  Untignyef  lAntigny^  AF,  Grosse  de  Montagny  n<>  149, 

fo  14  et  18. 
1403  lintignye,  AV,  Balay,  f«  151. 
1445  lentignie,  AF,  Impôt  de  1445. 
1555  LentignieZy  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 
1668  Lentignie,  Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

1578  Lentenachf  Carte  Tech  ter  mann. 
1638  Lentenach,  Carte  Plepp. 

Forme  primitive  :  (fundus)  Lentiniacus. 

Le  gentilice  Lentinius  est  mentionné  dans  VOiwmcisticon  de 
De-Vit. 

En  France  on  trouve  Lentigny  (Loire)  et  Lantignie  (Rhône), 
V.  H.  d'Arb.  de  Jub.,  Propriété  foncière,  p.  362. 

Lossy. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
En  patois  hoi. 

1228  lozchie,  CL  f<»  75,  MDR  VI  338. 

1229  haie,  AF,  AH.  Tir.  VII,  n»  3. 

1267  Lochie,  Font.  rer.  Bern.  II  682,  n«  6206. 
1294  Lotzie,  Font.  Coll.  dipl.  II  279. 
1363  locie,  perrochie  de  Belfo,  AF,  Stadts.  A  n»  61. 
1445  Locyej  AF,  Impôt  de  1445. 

Bien  qu'il  soit  difficile  de  dire  quel  est  le  nom  de  personne 
contenu  dans  Lossy,  il  est  indubitable  que  ce  vocable  est  à  ran- 
ger parmi  les  formations  en  -acus  d'origine  helvéto-romaine.  Les 


—    276     — 

terminaisons  -ie,  -ye,  -y  lepiésuuieut  le  développement  régulier 
de  ce  suffixe. 

Ce  qu'il  y  a  de  particulièrement  intéressant  à  noter  dans  les 
formes  historiques,  ce  sont  les  différents  moyens  de  notation  aux- 
quels les  scribes  ont  eu  recours  pour  rendre  le  son  9  du  nom  popu- 
laire :  0cli,  e,  ch,  tz,  c(i). 

LuUy. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
Nom  d'un  village  vaudois  du  district  de  Morges 
En  patois  yUyi. 

615  Luliacum  (curtis),  Aubert,  Trésor  de  Tabbaye  de  St- 
Maurice  d'Agaune,  Pièces  justificatives,  p.  206  ;  v.  la 

note  de  la  page  249. 

1011  in  comitatu  vuisliacense  et  in  villa  lulliaco,  AF^Romalu- 
môtier  n«  7  (Cartulaire)  f«  6  v.,  MDR  III  428. 

1017  LuUiacum,  Aubert  op.  cit.  215. 

1285  Luhfe,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 

1343  Lulye,  AF,  Grosse  d'Estavayer  n«  123*,  f^  35. 

1403  lulye,  AV,  Balay,  f«  123. 

1403  Mie,     »         >       £<>  293. 

1422  Ltiye,  Rép.  de  la  Grosse  d'Estavayer  n«  124  AF  ;  f*  407 
et  ailleurs  :  lulye,  luly,  lulyez, 

1520  Lulliejs,  AF,  Grosse  d'Estavayer  n<>  105,  f«  11-^13. 

1578  Lullie,  Carte  Techtermann. 

1668  Lullie,  Carte  Von  der  Weid 

Forme  latine  :  (fundus)  Lulliacus. 

Le  tome  IX  du  CIL  contient  de  nombreux  exemples  du  genti- 
lice  LoUius.  Lullus,  cogoomen,  est  mentionné  dans  CIL  XII  6686499. 

Lussy. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 

Nom  d'une  commune  vaudoise  du  district  de  Morges. 

En  patois  imi. 


—     277     — 

1026  in  villa  Luciaco   (=  Lussy  vaudois),   Hisely,    Copies 

d'actes,  Bibl.  cant.  de  Fribourg. 
XII*  siècle  Lussiei,  Luciei,  Lussie,  Ld,  passim. 
1260  Lussye,  MDR  XII,  C.  Hautcrêt  p.  93 
1314  W.  de  Lusye,  Matile  n^'  338. 
1403  lussie,  AV,  Balay,  ^  296. 
1668  Lussie,  Carte  Von  der  Weid. 

Le  gentilice  Luscius,  dont  est  probablement  formé  notre  nom 
de  lieu,  parait,  entre  autres,  dans  CIL  V  2982,  IX  2289. 

Une  série  de  noms  de  localités  semblables  à  celui  que  nous 
traitons,  sont  cités  et  étudiés  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Pro- 
priété foncière^  p.  260,  261. 

Marly. 

Marhf 'le- Grand,  village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
Marly-U' Petit,  *  >  >  > 

En  patois  marii. 

Nom  allemand  Mertenlach. 

1146  Marliei,  Ld,  p.  78  n«  198  (copie). 

1228  MarlUe,  Font.  rer.  Bern.  II  91. 

1270  Mallye,  Mém.  de  Frib.  1854  p.  264  (plus.  fois). 

1285  Mallye,  Font.  rer.  Bern.  III  388. 

1334  marlie  lo  pitet,  AF,  Ane.  Terres  n°  13. 

1445  Marlie  le  grand,  AF,  Impôt  de  1445. 

1445  pittit  marlie,  >         >  > 

Nom  allemand  : 

1466  MerteUach,  Font.  Coll.  dipl.  XV  279. 

1555  MerteUach,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1555  Klein  MerteUach,     >  > 

1577  Mertenlach,  Carte  Schepf. 

1638  Mertenlach,  Carte  Plepp. 

1668  Mertenlach,  Carte  Von  der  Weid. 

18 


—     278     — 

Sans  l'aide  du  nom  allemand,  il  nous  aurait  ëtë  impossible  de 
rétablir  la  forme  primitive  de  Marly.  Heureusement  l'allemand 
nous  a  conservé  des  éléments  que  le  roman  avait  éliminés  longtemps 
avant  l'apparition  du  nom  dans  nos  chartes. 

C'est  évidemment  (fundus)  Martiliacus  qui  a  donné,  d*un  côté, 
en  passant  par  *MartUacu  et  Marîiei,  le  nom  roman  actuel  Marly j 
et  de  l'autre  le  nom  alaman  Mertelach,  écrit  Mertenladi  par  ana- 
logie avec  un  grand  nombre  de  mots  qui,  en  passant  de  l'alaman 
populaire  à  l'allemand,  rétablissent  les  n. 

Nous  rencontrons  les  noms  MarUlia  et  MartUa  dans  le  t.  VIII 
du  CIL,  3655  et  7501. 

Un  MarHli(icum,  nom  de  lieu,  est  mentionné  dans  Bouquet  X 
160^  Fôrstemann,  Ofisnamen.  signale  Martiliacufnf  Mertilacha, 
Mertelach. 

Dans  le  département  de  la  Gironde  Martiliacus  a  fourni  Mar- 
tiUac,  nom  d'une  commune. 

Meyrîez. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac. 

En  patois  meri. 

Nom  allemand  Merlach. 

XIP  siècle  Meriei,  Ld,  p.  31  n°  76. 
1228  Merrie,  Font.  rer.  Bern.  II  89*. 
1239  Merye,  Matile  n^'  111. 
1285  Merie,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 
1298  merie,  AF,  AH,  G  n*»  29. 

Nom  allemand  : 

1551  Merlach,  Haller,  Bern  in  s.  Rathsmanualen  I  10. 

1558  Merlach,  AF,  Morat,  Rôle  des  feux. 

1578  Merlach,  Carte  Techtermann. 

1668  Merlach,  Carte  Von  der  Weid. 

Les  deux  noms,  roman  et  allemand,  sont  certainement  de 
même  origine.  La  différence  de  leur  structure  semble  provenir 
d'une  métathèse  des  deux  liquides  r  et  L 


—     279     — 

Une  forme  telle  que  Miliriacus  aurait,  par  Tassiroilation  de  l 
à  r  ^),  abouti  à  Meriei,  Merrie.  D^autro  part,  Tallemand  Merlach 
pourrait  en  résulter  par  la  voie  d'une  métathèse  :  Miliriacus, 
MçliriacUf  Meriliac,  Merlach, 

Miliriacus  nous  est  connu  comme  nom  de  lieu.  Nous  le  ren- 
controns deux  fois  dans  le  cartulaire  de  Tabbaye  de  Gorze  : 

a®  745  décima  de  Miliriaco,  Mettensia  II  4. 
a®  936  vinea  de  Miliriaco,  >        II  175. 

Misery. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac. 
Nom  allemand  Miserach. 

XII«  siècle  Miserie,  Ld,  p  36,  n*^  89. 

1241  misirie,  AF,  AH,  P'  S.,  n<>  29. 

1287  Miserie,  Font.  Coll.  dipl.  II  273. 

1320  Misirie,  AF,  Grosse  de  Montagny  n*»  141,  f«  78. 

1322  misirie,  AF,  Hautcrêt  n«  37. 

1445  Miserie,  AF,  Impôt  de  1445. 

1668  Misiry,  Carte  Von  der  Weid. 

1781  Meserif  Carte  Mallet. 

1805  Meseri,  Petite  carte  frib. 

Nom  allemand  : 

1578  Miserach,  Carte  Techtermann. 
1638  Miserach,  Carte  Plepp. 

L'origine  'de  Misery  est  sans  aucun  doute  identique  à  celle  de 
Mieérieux,  mentionné  en  994  dans  le  cartulaire  de  Savigny  (n^  437) 
sous  la  forme  Miseriacus,  Un  nom  d'homme  Miserius  doit  avoir 
été  en  usage  chez  les  Romains.  De- Vit,  OnomasHc(m,  mentionne 
Miseria,  nom  d'une  déesse. 


')  Cf.  Longnon  1.  342,  343. 


280 


Missy. 

Village  et  commuDe  du  district  vaudois  de  Payerne. 

En  patois  m^si. 

1148  Missiacum,  AF,  Payerne  n**  2  et  3. 

1158-61  U.  dominus  de  Messi,  Ld,  p.  61,  n""  l6l. 

1183  curia  de  Missiaco,  Font.  rer.  Bern.  I  473,  n«>  78. 

1260  missyey  AV,  Payerne  n*»  12. 

1295  myssie  en  Willie,  AV,  Payerne  n*>  18. 

1343  missiey  AF,  Grosse  d'Estavayer  n°  123%  f°  16. 

Nom  allemand  : 

1449-50  Hanso  von  Missach,  AF,  Ane.  Terres,  Titres  classés 
(copie).  Plaintes  adressées  au  duc  Albert  d'Autriche. 

La  forme  primitive  parait  avoir  été  (fundus)  Missiacus. 
La  racine  miss-  a  été  employée  dans  l'onomastique  romaine. 
De- Vit,  Onomasticon,  mentionne  le  cognomen  Missicitis, 

Montag^ny. 

Deux  villages  et  communes  du  district  de  la  Broyé  s'appellent 
l'un  Mantagny-la-  Ville,  l'autre  Montagny  les- Monts. 

Montagny  vaudois  (district  d'Yverdon)  est  mentionné  en  996 
sous  la  forme  Montaniacum,  Hidber,  UR,  n^  1163. 

XII*  siècle,  Montaniacus,  Montagniacus,  Montaniei,  Montanie, 
Ld,  passim. 

1320  montagnie  U  mUa^  AF,  Grosse  de  Montagny,  P  51. 

1320  montagny Bf  >  >  >  f^  14. 

1403  montagniacum  la  villa,  AV,  Balay,  f®  150. 

1480  Montagnye  le  Mont,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  165. 

1668  Montagnie,  Montagni   Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

1477  Montenach,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  56. 

1578  Montenach  (=  Montagny-la-Ville),  Carte  Techtermann. 

1678  Ober  Montenach  (=  MoDlaguy-lcs-Monts),  > 


—     281     — 

1688  Montenach  (=  Mon tagny-la- Ville),  Carte  Plepp. 
1638  Ober  Montenach  (=  M.-les-Monts)  > 

On  peut  dire  avec  toute  certitude  qu'à  l'époque  helvéto-ro- 
maine  Montagny  était  un  prœdium  Montaniacum;  <  la  propriété  ru- 
rale appartenant  à  Montanius  ». 

Nous  rencontrons  deux  exemples  du  gentilice  Montanius  dans 
CIL,  XII  122  add.,  3904. 

M(mtania,cus  est  également  la  forme  primitive  du  nom  de  deux 
petites  localités  du  district  de  la  Singine: 

1315  NydermuntenachOj  Font.  Coll.  dipl.  III  197. 

1445  Nidermontnachj  AF,  Impôt  de  1445,  par.  de  Tavel 

1445  Ohermontnach,        >         >  >         >  > 

IVuvilly. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 

En  patois  noveyi. 

1242  nuoviUie,  CL  ^  135,  MDR  VI  667. 

1317  Nuvilie,  AF,  AH,  11^  S.  no  96. 

1343  Nuvillye,  AF,  Grosse  d'Estavayer  no  123%  fo  24. 

1665  NuuilU,  Strambino,  Constitution  synod.  168. 

1668  Nuiullie,  Carte  Von  der  Weid. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville  explique  les  noms  de  lieux  analogues 
de  France  par  le  gentilice  Novellius  (Propriété  foncière^  p.  290  à 
292). 

Prînchy. 

Groupe  de  maisons  situées  dans  la  commune  de  Praroman. 

On  peut  supposer  comme  forme  primitive  (fundus)  Principiacus. 

Des  exemples  du  nom  Principius  sont  fournis  par  les  inscrip- 
tions 5420,  5421,  6256,  6257  du  CIL  V. 

Il  y  a  lieu  de  faire  ici  la  même  observation  que  nous  avons 
faite  au  sujet  de  Bovigny, 


—     282     — 


\ 


Village  de  la  commaue  de  Gruyères. 
En  patois  prêdii. 

1115  L.  de  Fringiei,  Font.  rer.  Bern.  I  367,  n^  152. 

1142  U.  de  Fringiei,  MDR  XII,  C.  Montheron  p.  6. 

1178-81  Pringie,  Ld  104  n«  285. 

1220  pringie,  CL  f°  45,  MDR  VI  210. 

1231  U.  de  Prengie,         MDR  XXII  35  (Vid.  de  1259). 

1233  U.  de  Pringie,  >         >       37  (AH). 

1237  PringiCf  (plus,  fois)      >         >       39. 

1238  U.  de  Prangie,  >         >       44  (AH). 
1248  Pringie,  Matile,  n°  132  (I  109) 

1254  U.  de  Prengie,  MDR  XXII  57. 
1290  IVengyCy  Mém.  de  Frib.  1855,  p.  93. 
1578  Pringie,  Carte  Techtermann. 
1638  Pringie,  Carte  Plepp. 

Au  point  de  vue  de  la  phonétique  rien  ne  s'oppose  à  la  déri- 
vation de  ce  nom  de  (fundus)  Primi-acus,  bien  qu'il  ne  soit  pas  pos- 
sible d'exclure  d'autres  noms  qui  remplissent  les  mêmes  conditions. 

Le  gentilice  Primius  paraît  à  plusieurs  reprises  dans  des  ins- 
criptions du  CIL  XII. 

Pringy  est  le  nom  do  trois  communes  de  France,  situées  dans 
les  départements  de  la  Marne,  de  la  Haute-Savoie  et  de  Seine-et 
Marne.  H.  d'Arb.  de  Jub.  IVopriété  foncière,  p.  300. 

Russy. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 

1228  Busie,  CL  £<>  75,  MDR  VI  338. 

1267  Bussie,  Font.  rer.  Bern.  II  682,  n«  620^ 

1272  Bussye,  AF,  AH,  11*^  S.,  n«  36. 

1320  Bussie,  rtissye,  AF,  Grosse  de  Montagny  n®  141,  f^  55' 

et  b8\ 
1403  Bussie,  AV,  Balay,  f^  15r. 


—     283     — 

1678  Bussy,  Carte  Techtermann. 
1668  Russie,  Carte  Von  der  Weid. 

On  peut  rapprocher  de  ce  nom  de  lieu  le  gentilice  assez  répandu 
Boscius.  Quant  à  d>il  voy.  Gauchat,  Le  patois  de  Dampierre,  §  88  5. 

Salvagny. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac. 

En  patois  éovani. 

Nom  allemand  Saîvenach. 

1340  Suaniez,  Font.  rer.  Bern.  VI  521. 
1389  W.  de  Salvagnie,  Rec.  dipl.  V  59. 
1809  Savagny,  Dict.  Etrennes  1809,  p.  90. 

Nom  allemand  : 

1558  SaUffenach,  AF,  Morat,  Rôle  des  feux. 

1578  Saluenach,  Carte  Techtermann. 

1638  Saluanach,  Carte  Plepp. 

1668  Sàlvenach,  Carte  Von  der  Weid. 

Nous  rencontrons  le  même  nom  de  lieu  en  France,  dans  le  dé- 
partement du  Rhône  :  La  Tour-de-Salvagny^  dont  voici  quelques 
anciennes  mentions  : 

980-990  Selvaniacus,  Cart.  d'Ainay,  n*>  183. 
990  villa  SalvaniacuSf  >  n^    77. 

993  Silvaniacus  villa,  >  n*»    72. 

C'est  cette  dernière  forme,  Silvaniacus,  qu'il  faut  considérer 
comme  point  de  départ  de  Salvagny.  Le  nom  d'homme  romain  qui 
s'en  dégage,  est  Silvanius. 


Seîry. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broya. 
En  patois  sçri. 


—     284     — 

XIP  siècle  Seirie,  Ld,  p.  107,  n^  267. 
1276  Série,  AF,  AH,  IF  S.,  n*»  47. 
1317  Serye,  AF,  AH,  IP  S.,  no  96. 
1668  Seirie,  Carte  Von  der  Weid. 

Seiry  semble  remonter  à  (fundus)  Seriacus. 
Seritis  est  gentilice  romain  ;  on  en  trouvera  la  preuve  dans 
CIL  V  8115112. 

Siviricz. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glâue. 
En  patois  Sûvori. 

XII*  siècle  Seurei,  Seuirei,  Seueriacas,  MDR  XII,  C.  Haut- 

crêt,  p.  147,  159,  175. 
XII*  siècle  Siuriei,  Ld,  p.  53,  n°  136. 
1228  Sivrie,  Font.  rer.  Bern.  II  90. 
1247  Siuirie,  MDR  XII,  C.  Hautcrêt,  p.  76. 
1285  Syvrie,  Font.  rer.  Bern.  III  389. 
1403  syvrie,  AV,  Grosse  de  Moudon,  f°  265. 
1403  siurier^  siuirie,  AV,  Balay,  f°  56%  296. 
1578  Siuirier,  Carte  Techtermann. 
1638  Siurier,  Carte  Plepp. 
1668  Siuirier,  Carte  Von  der  Weid. 
1755  Cheverié,  Perret,  Catalogue  15. 

On  ne  supposera  ici  guère  autre  chose  que  (fundus)  Severiacus. 

Le  cognomen  Severus  est  connu.  A  côté  de  celui-ci  existait  le 

gentilice  Severius  dont  on  trouve  plusieurs  exemples  dans  le  CIL  XII. 


Village  du  Vuilly  fribourgeois. 
En  patois  sUds^i. 

Un  acte  de  donation  de  1162  en  faveur  de  Tabbaye  de  Haute- 
rive  mentionne  des  vineae  de  SoUie^  Ld,  p.  12,  n""  31.  L'éditeur  du 


—     286     — 

document  n'a  pas  localisé  ce  nom.  Nous  croyons  ne  pas  nous  trom- 
per en  ridentifiant  avec  Sugiez,  Le  développement  régulier  de 
Solzie  conduit  bien  à  sildzi, 

1445  Sougy,  Bougiez,  AV,  Grosse  du  Vuilly,  l^  14«09,  14«<>10, 

Répertoire. 
1558  Sougie,  AF,  Morat,  Rôle  des  feux. 

1577  Songiez,  Carte  Schepf. 

1578  Bougiez,  Carte  Techtermann. 
1668  Sugi,  Carte  Von  der  Weid. 

Sugiez  doit  très  probablement  être  ramené  à  une  forme  primi- 
tive Soldiacu  qui  aurait  pour  base  un  nom  de  personne  romain  tel 
que  Solidius.  L'inscription  4197  du  CIL  V  nous  fournit  un  exemple 
du  cognomen  Solida. 

Torny. 

Tomy-le-Grand,  village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
Torny  Pittet,  village  de  la  commune  de  Middes,  district  de  la 
Glane. 

766  in  curte  vel  in  agro...  taumiaco  superiore,  Hist.  Patr. 
Mon.  Chart.  II  2. 

1145-49  Tomei  (plus,  fois),  Mém.  de  Frib.  1855,  p.  239. 

1285  Tornie,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 

1320  torny e,  AF,  Grosse  de  Montagny  n°  141,  f°  14. 

1578  Tornie  le  grand,  Carte  Techtermann. 

1578  Tornie  le  petit,         >  > 

1668  Tomier,  Carte  Von  der  Weid. 

1668  Tomier  pitet,       >  > 

La  forme  de  766  ne  laisse  pas  de  doute  sur  le  nom  de  THel- 
véto-Romain  qui  a  possédé  les  terres  de  Torny.  C'est  un  Taurinius 
qui  a  appelé  son  praedium  Tauriniacum. 

Tusy. 

Pont  sur  la  Sarine  et  terres  situées  dans  la  commune  d'Avry- 
devant-Pont. 


—    286    — 

Nous  n'avoDs  pas  rencontre  ce  nom  avant  1490  (AF,  Comptes 
des  Trésoriers  176,  f^'  S"").  A  cette  époque  il  a  déjà  la  forme  actuelle 
Tusy.  Si,  comme  il  est  probable,  il  appartient  à  la  catégorie  des 
noms  en  -acus,  il  s'expliquera  bien  par  les  gentilices  Tutius  ou 
Tusius.  Des  exemples  de  ces  derniers  dans  CIL  XII  3965,  IX 

6078ifla. 

Ursy* 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glftne. 
En  patois  iiéi  et  UrH. 

1190  de  Urseio,  Hidber,  UR,  n°  2626. 

XIP  siècle,  Hoto  de  Ursei,  MDR  XII,  C.  Hautcrêt,  149,  187, 

XIP  siècle,  0.  de  Ursei,  >  >  p.  160. 

1235  ursi,  AF,  Hautcrêt,  n*»  4. 

1403  vrsy,  AV,  Grosse  de  Moudon,  f«  129. 

1578  Ufsy,  Carte  Tech  ter  mann. 

1668  Ursy,  Carte  Von  der  Weid. 

-ei  pour  -ie  se  rencontre  quelquefois  dans  les  anciennes  men- 
tions des  noms  en  -acus.  Il  paraît  donc  que  malgré  les  terminaisons 
peu  communes  de  ses  formes  historiques,  Vrsy  doit  être  ramené  à 
Vrsiacus, 

Le  gentilice  Ursius  n'est  pas  rare  ;  nous  nous  bornons  à  citer 
en  preuve  les  exemples  fournis  par  le  t.  V  du  CIL. 

Vigny. 

1)  Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Léchelles,  district 
de  la  Broyé. 

2)  Id.  dans  la  commune  de  Surpierre,  district  de  la  Broyé. 

Preuves  de  Texistenco  du  gentilice  Vinius  dans  CIL,  X  et  XII. 
Il  faut  appliquer  à  ce  nom  de  lieu  Tobservation  faite  au  sujet 
de  Bùvigny. 


—     287     — 

Vuilly. 

1)  Contrée  située  entre  les  lacs  de  Morat  et  de  Neuchâtel. 
L'ancien  pagus  Wisliacensis  comprenait  tout  le  prolongement 

du  Mont  Vuilly  jusqu'aux  environs  d'Estavayer. 

En  1011  Lully  (fribourgeois)  est  mentionné  comme  situé  in 
comitatu  vuisliacense,  AF,  Romainmôtier  n®  7  (Cartulaire)  f®  6'', 
MDR  III  428. 

2)  VuUly-le-Eaut,  Commune  du  district  du  Lac. 

3)  Vuilly-le-BaSj  »  >  > 

Nom  allemand  Wistenîach. 

961  in  pago  Wisliacense^  Font.  rer.  Bern.  I  276. 
in  pago  Wisliacensey  MDR  VI  4. 

1011  in  tomMBiVi  vuisliacensej  AF,  Romainmôtier  n®  7  (Car- 
tulaire f°  6%  MDR  III  428. 

1228   Willie,  MDR  VI  14. 

1311   Willie,  Matileno  332. 

Nom  allemand  : 

1266  P.  de  Wistellacho,  Font.  rer.  Bern.  II  644. 

Ici  encore  c'est  le  nom  allemand  qui  nous  permet  de  rétablir 
la  forme  primitive  du  nom.  Aucune  des  anciennes  mentions  rele- 
vées des  chartes  de  main  romane  n'a  conservé  l'élément  médial 
atone  que  la  forme  germanique  a  maintenu. 

Wistilîacus,  d'où  nous  avons  d'une  part  ^Wistliacu,  Wislie  et 
puis  Vuilly,  de  l'autre  Wistellach  avec  la  notation  moderne  Wisten- 
îach, est  évidemment  formé  du  nom  de  personne  romain  VisHlius. 
Celui-ci  paraît  sous  sa  forme  féminine  Vistilia  dans  Tacite,  Ann.  II 85. 

Le  passage  de  V  à  W  dans  yistiliacus  Vuilly  n'a  rien  de  sur- 
prenant quand  on  pense  que  le  Vuilly  touche  à  la  limite  des 
langues  et  que  le  v  latin  des  emprunts  de  l'époque  ancienne  était 
rendu  chez  les  Germains  par  w  (Franz,  Die  lat-ronian,  Elemenie 
im  Ahd,  p.  20). 


Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  voir  que  même  en  pays  alaman 
quelques  traces  de  la  colonisation  romaine  se  sont  conservées  dans 
les  noms  de  lieux.  Aux  exemples  que  Dandliker  cite  dans  son  His- 
toire suisse  ^)f  il  faut  ajouter  un  certain  nombre  de  noms  en  -acus. 
Nous  n'en  relevons  ici  que  deux  dont  l'explication  ne  laisse,  nous 
semble-t-il,  rien  à  désirer,  soit  sous  le  rapport  de  la  formation,  soit 
sous  celui  du  développement  en  bouche  alamane. 

Nous  n'ignorons  pas  que  des  étymologies  germaniques  ont  été 
données  à  ces  noms  ;  mais  il  est  souvent  utile,  permis  toujours, 
d'étudier  un  même  objet  à  différents  points  de  vue. 

D'ailleurs  loin  de  nous  la  pensée  d'étendre  l'explication  que 
nous  proposerons  pour  ces  deux  vocables,  à  tous  les  noms  allemands 
en  -ach.  Ce  que  nous  croyons  pouvoir  affirmer,  c'est  seulement, 
qu'à  côté  des  noms  de  lieux  en  -ach  d'origine  germanique,  il  existe, 
dans  la  Suisse  allemande,  des  noms  présentant  cette  même  terminai- 
son et  qui  ont  une  origine  latine. 

Kiissnach. 

Nous  connaissons  trois  villages  qui  portent  le  nom  de  Kiissnach; 
l'un  est  situé  sur  le  bras  Nord-Ouest  du  lac  des  Quatre  Cantons, 
l'autre  sur  les  bords  du  lac  de  Zurich  et  le  troisième  sur  territoire 
badois,  près  de  Waldshut. 

IX®  siècle,  in  chussenacho  (Ct.  de  Schwyz),  Geschichtsfreund 

I  158. 
1179  ecclesia  Chussenacho  (Ct.  de  Schwyz),  Urkundenbuch 

der  Stadt  u.  Landschaft  Ziirich  I  209. 
1188  ecclesia  de  Chussenacho  (Ct.  de  Zurich),  Urkundenbuch 

der  Stadt  u.  Landschaft  Ziirich  I  223. 

Aucune  règle  phonétique  ne  nous  empêche  de  voir  dans  KUss- 
nach  le  produit  d'une  forme  primitive  (fxmdus)  Cossiniacus  ana- 


*)  Geschichte  der  Schweiz  I  87. 


—     289     — 

logue  à  celles  de  Mertenîachj  de  Gempenach  et  de  tant  d'autres 
noms  de  localités  qui  ont  été  originairement  des  désignations  de 
biens  fonciers. 

L'umiaut  o>iu,  dans  les  conditions  données,  est  régulier; 
qu'on  compare,  par  exemple  : 

moneta  Mtïnze 

modius  Muit 

Condemine     Gumenen 

Cossinius,  nom  de  personne  romain,  est  mentionné  dans  le  vo- 
cabulaire des  noms  propres  de  Quicherat. 

Wichtrach. 

1)  Niederwichtrach,  village  et  commune  du  district  de  Konol- 
fingen,  canton  de  Berne. 

2)  Olerwichtrach,  idem. 

1180  Hugo  de  Wichtracho  sacerdos,  Font.  rer.  Bern.  I  465. 
1258  ecclesia  de  Wichtraho,  Font.  rer.  Bern.  II  477. 

Plaçons  Victoriacus,  forme  primitive  de  toute  une  série  de 
noms  de  lieux  français,  dans  la  bouche  du  peuple  alaman  :  il  se 
transformera  régulièrement  en  Wichtrach. 

Victorius  est  gentilice  romain.  H.  d'Arbois  de  Jubainville 
(Propriété  foncière  p.  334, 335)  cite  plusieurs  exemples  de  ce  nom.^) 


Le  fait  de  l'existence  de  noms  en  -acus  dans  la  Suisse  alle- 
mande nous  fournit  une  donnée  chronologique. 

Il  est  certain  que  ces  noms  ont  été  formés  avant  l'immigration 
des  Âlamans,  car  à  partir  de  ce  moment  la  langue  alamane  exer- 
çait dans  le  nouveau  pays  une  domination  exclusive,  lis  ont  donc 
subsisté  au  IV®  siècle. 

Nous  pouvons  appliquer  cette  date  aux  noms  de  lieux  ana- 
logues de  la  Suisse  romande.  Il  parait  même  probable,  vu  la  marche 


*)  A  Kussnach  etWichtrach,  nous  ajouterons  encore,  en  passant,  Rûfe- 
nach  (village  argovien)  et  Rûfenacht  (village  bernois).  11  est  facile  de  re- 
connaître dans  ces  deux  noms,  à  travers  le  primitif  Rufiniacum,  le  nom 
romain  Ri{finu8^  Rufinius» 


—     290     — 

qu'a  dà  suivre  la  colonisation  romaine  dans  rHelvétie,  que  ceux-ci 
sont  antérieurs  aux  noms  demômo  source  que  l'A.laman  a  laissés  sub- 
sister dans  le  pays  conquis.  Il  y  a  cependant  une  réserve  à  faire. 
Nous  ne  pouvons  pas  dire  à  quelle  époque  la  formation  de  noms  de 
lieux  au  moyen  du  suffixe  -ams  a  cessé  dans  la  Suisse  romande, 
restée  latine.  La  limite  chronologique  n'est,  par  conséquent,  pas 
aussi  précise  et  aussi  générale  ici  que  pour  la  Suisse  allemande.  Ce- 
pendant il  est  à  présumer  que  cette  formation  a  été  entravée  ou 
arrêtée  par  l'établissement  des  Burgundes  dans  la  Transjurane  et 
qu'ainsi,  sinon  tous,  au  moins  la  grande  majorité  des  noms  en  -y, 
'ier  du  pays  romand  sont  antérieurs  à  cet  événement. 

A  l'époque  de  l'établissement  des  Burgundes,  des  noms  ger- 
maniques commencent  à  se  former  chez  nous  et  supplantent  même 
les  anciens  noms  latins  ou  celtiques.  Des  restes  de  construction 
prouvent  que  Bionnens,  Bœsingen,  Bossonnens,  Promai^ens,  Vua- 
dens  ont  été  des  domaines  romains.  Comme  tels  ils  ont  eu,  cela  est 
hors  de  doute,  des  noms  romains,  car  le  cadastre  romain  exigeait 
que  toute  propriété  foncière  fût  désignée  par  un  nom.  Aujourd'hui, 
ces  mêmes  localités  portent  des  noms  germaniques.  Elles  ont  donc 
changé  de  noms  à  la  suite  de  l'immigration  du  peuple  germain.  Le 
changement  a  dû  nécessairement  se  produire  avant  que  le  nouveau 
propriétaire  fût  romanisé. 

On  voit  par  là  que  le  Germain  ne  s'est  pas  toujours  contenté 
d'une  simple  tenure  ou  d'un  essart.  Il  a  occupé,  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  la  villa  romaine.  Ce  n'est  qu'ainsi  qu'il  a  pu  im- 
poser son  nom  au  domaine  qui  jusque  là  portait  un  nom  latin. 

Hâtons-nous  d'observer  que  le  changement  de  nom  ne  s'est 
pas  produit  nécessairement  et  d'une  façon  générale.  Si  nous  avons 
des  preuves  du  remplacement  du  nom  romain  par  un  nom  germa- 
nique, nous  en  avons  aussi  de  la  persistance  de  l'ancien  nom. 

Fétigny  a  gardé  son  nom  romain  bien  qu'un  important  éta- 
blissement burgunde  ait  existé  dans  cet  endroit,  comme  il  est  prouvé 
par  des  trouvailles  archéologiques  *)  ;  Lossy  de  même,  où  des  anti- 
quités burgundes  ont  été  découvertes,  ne  nous  est  connu  que  sous 
son  nom  romain. 


*)  V.  Kirsch,  Le  cimetière  de  Fétigny,  Archkes  de  la  Société  d'hist. 
du  canton  de  Frihourg^  t.  VI,  484. 


LES  NOMS  DE  LIEUX  EN  -ENS 


Au  milieu  de  la  population  latine  viennent  s'établir  des  familles 
d'une  nation  germanique.  Loin  de  détruire  l'œuvre  colonisatrice  des 
Romains,  les  Germains  la  continuent.  En  prenant  possession  des  ter- 
res qui  leur  sont  assignées,  ils  imposent  à  celles-ci  leurs  noms.  Comme 
les  Romains  Archontit^s,  Montanius  appelaient  leurs  domaines  fun- 
dus  Archontiacus  (Arconciel)  prœdium  Montaniacum  (Montagny), 
les  Germains  donnèrent  aux  terres  cultivées  par  Gislàhar,  Wal- 
i»ar  *)  les  noms  6r/5ZaAarmflfMfw  (Gillarens),  Jf  àlmaringum  (Vuar- 
marens).  Dans  la  suite,  ces  hommes  d'une  race  étrangère  adoptent 
la  langue  qu'ils  entendent  parler  autour  d'eux.  En  oubliant  leur 
idiome  natif,  ils  perdent  aussi  le  souvenir  de  leur  origine  et  de  leur 
histoire  et  la  nationalité  du  peuple  immigré  finit  par  être  complè- 
tement absorbée  dans  celle  de  la  population  romane  indigène. 

Mais  les  noms  que  ces  Germains  ont  donnés  à  leur  nou- 
velles demeures,  se  sont  maintenus  et  sont  arrivés  jusqu'à  nous. 
Nous  y  reconnaissons  aujourd'hui  les  restes  d'une  langue  perdue 
depuis  un  grand  nombre  de  siècles  et  en  même  temps  les  traces  de 
l'établissement  de  cette  nation  étrangère  qui,  mêlée  aux  Helvéto- 
Romains,  a  donné  naissance  à  notre  peuple  romand. 

Le  suffixe  germanique  -ing,  ajouté  aux  noms  d'homme,  ex- 
prime, pour  la  chose  que  la  nouvelle  appellation  désigne,  un  rap- 
port d'appartenance. 

Les  noms  de  lieux  constitués  de  cette  manière  se  présentent  en 
germanique  toujours  sous  la  forme  du  datif-locatif  pluriel.  Le  signe 
de  ce  cas  était  dans  les  idiomes  gothiques  -am,  dans  les  langues 
germaniques  de  l'Ouest  -um. 


')  Forme  primitive  :  Walamâr. 


—     292      — 

Le  suffixe  -ing  a  ainsi  revêtu  dan?  les  noms  locaux,  chez  les 
Goths  la  forme  -ingatn,  chez  les  Germains  de  TOuest  celle  de 
-ingutn. 

La  dernière  de  ces  deux  formes  aboutit  dans  notre  pays,  de 
dialecte  franco-provençal,  à  f,  écrit  -ens;  la  seconde,  -Ingam,  pro- 
noncée en  latin  vulgaire  çnga,  y  devient  çdz9,  noté  -inges,  -enges, 
-anges. 

Le  burgunde,  la  langue  du  peuple  germain  qui  est  venu  s'éta- 
blir dans  THelvétie  occidentale,  a  été  rapproché  par  Wackernagel 
des  langues  germaniques  de  TOuest.  Â  l'heure  présente,  les  ger- 
manistes sont  plutôt  inclinés  à  le  considérer  comme  une  branche 
de  l'idiome  gothique. 

D'après  cette  dernière  opinion,  les  noms  locaux  formés  par  les 
Burgundes  au  moyen  du  suffixe  -ing  ont  dû  avoir  originairement  la 
forme  -ingam,  devenant  çnga  en  latin  vulgaire  et  en  dialecte  franco - 
provençal  çdis9y  écrit  -inges  -enges  -anges  ^).  C'est  donc  cette  der- 
nière série  de  formes  que  devraient  présenter  les  noms  de  lieux 
d'origine  germanique  des  pays  qui  composaient  le  royaume  de 
Burgundie.  Or  nous  constatons  le  contraire»  Les  noms  offrant  l'une 
des  formes  -inges,  -engesj  -anges  sont  en  très  petit  nombre  dans  ces 
pays,  tandis  que  la  terminaison  -ens  y  est  très  répandue  et  très 
fréquente.  Ainsi,  dans  tout  le  territoire  composé  du  pays  fribour- 
geois  et  des  districts  vaudois  d'Avenches  et  de  Payerne,  on  ne  trouve 
qu'un  seul  nom  en  -anges  ^)  sur  environ  soixante-dix  en  -ens.  Qu'en 
faut'il  conclure  ?  Faut-il  attribuer  la  création  des  noms  en  -ens  à 
une  autre  race  germanique  que  les  Burgundes,  aux  Alamans,  par 
exemple?  La  supposition  pourrait  se  faire  pour  la  contrée  limi- 
trophe du  pays  allemand,  mais  elle  est  inadmissible  pour  les  terri- 
toires qui  ont  formé  le  centre  du  royaume  burgunde  et  qui  pré- 


*)  11  y  a  peut-être  lieu  de  faire  une  réserve.  Ne  serait-il  pas  possible 
que  les  Burgundes  eussent  été  un  peuple  gothique  faisant  exception  à  la  règle 
et  employant  la  terminaison  -um  des  langues  de  TOuest  ? 

')  Auboratujes.  Peut-Otro  faut-il  ajouter  (pratum  dou)  iudeiKjes,  men- 
tionné dans  une  Grosse  d'Estavayer  de  1343  (ÂF,  n°  123*,  f*  5^).  Ces  noms 
sont  plus  nombreux  dans  le  pays  de  Vaud,  dans  le  canton  de  Genève  et 
en  Savoie. 


293 


I 


I 


sentent  la  même  terminaison  de  noms  de  lieux  ').  Ainsi,  nous  som- 
mes presque  forcés  de  reconnaître  la  terminaison  -ens  comme  d'ori- 
gine burgunde,  de  reconnaître,  par  conséquent,  que  la  forme  pri- 
mitive burgunde  a  été  -ingum,  avec  la  marque  du  datif  pluriel  -um 
et  non  pas  -am.  C'est  là  un  fait  de  plus  à  ajouter  à  ceux  que 
Wackernagel  allègue  en  faveur  de  ta  parenté  du  burgunde  avec  les 
idiomes  germaniques  de  l'Ouest. 

M.  PhilipoD,  retenant  comme  forme  burgunde  -inga,  chercbe 
néanmoins  à  en  tirer  la  terminaison  -ens  en  supposant  que  ce  suf- 
fixe a  été  latinisé  à  l'accusatif  ou  à  l'ablatif  pluriel,  -ingos,  -ingis  '). 
Ces  formes  expliqueraient  d'une  manière  toute  naturelle  la  pré- 
sence constante  de  la  finale  -s  dans  tes  noms  de  lieux  de  cette  ca- 
tégorie. Mais  la  supposition  elle-même  nous  parait  peu  vraisem- 
blable. Le  peuple  roman  aurait-il  vraiment  traduit  le  datif  pluriel 
germanique  en  datif,  ou,  d'après  la  supposition  de  M.  Philipon,  en 
accusatif  ou  en  ablatif  latin  ?  On  peut  bien  attribuer  ce  procédé  aux 
écrivains  qui  ont  eu  conscience  de  la  signification  de  la  désinence 
germanique  et  qui  l'ont,  en  effet,  correctement  latinisée  en  -is  dans 
les  chartes.  Mais  te  peuple  roman  lui-même  n'avait  aucune  connais- 
sance de  la  valeur  des  marques  de  flexion  en  usage  dans  la  langue 
barbare  et  recevait  les  vocables  provenant  de  cette  langue  unique- 
ment d'après  leurs  sons.  Un  nom  tel  que  Scariîingum  a  dû  donner 
dans  la  langue  romane  Escarl'^igu,  forme  que  nous  trouvons  effec- 
tivement représentée  dans  ta  mention  escarl'mgus  d'une  charte  du 
IX'  siècle.  Ce  n'est  que  sous  la  plume  de  l'écrivain  connaissant, 
outre  le  latin,  l'idiome  germanique  que  Scarlingum  a  pu  devenir 
Escarling'it  ^)-  La  terminaison  -ingis  est  forme  savante,  la  forme 
populaire  est  -çngu  (écrit  -ingus). 

Il  nous  reste  à  expliquer  les  formes  -inges,  -enges,  -anges  qui 
sont  celles  d'un  petit  nombre  de  nos  noms  de  lieux  romands.  Nous 


')  On  rencoatro  de»  noms  en  -ens,  -ins.  -ans  dod  sieute ment  dans  les 
contrées  de  l'aDclenne  Burgundie  trauBJuraue,  mais  encore  dans  la  Savoie, 
dans  le  Lyonnais,  dans  la  Pranclie-Ckimté. 

■)  Revue  de  Philologie  française,  Kl  (1897),  112  et  113. 

')  Le  «  de  la  terminaison  -ens  est  vraisemblablement  dû  &  la  tradition 
graphique  qui  se  rattache  ft  la  forme  latinisée  -ingis.  -vus  prend  dans  les 
écrits  la  place  de  -ingii  dans  le  courant  du  XI'  siècle. 

19 


—     294     — 

ne  pouvons  pas  recourir  au  gothique  -ingam,  puisque  nous  nous 
sommes  vu  obligé  de  supposer  pour  le  burgunde  la  forme  -ingum. 
Et  pourtant  -enges  et  ses  équivalents  ramènent  nécessairement  à 
une  forme  en  -a. 

Il  ne  nous  parait  pas  impossible  que  quelques-uns  des  noms 
en  -inguCm)^  une  fois  passés  en  latin  vulgaire,  aient  été  d'une  ma- 
nière constante  rapportés  à  un  nom  commun  de  genre  féminin,  tel 
que  viUa  ou  curtis,  et  aient  ainsi  fini  par  en  adopter  le  genre.  Au 
lieu  de  Martharçngu,  du  nom  latino-germanique  Marthari  ^),  on 
aurait  eu  viUa  ou  curtis  Martharçnga,  d'où  régulièrement  Marthe- 
renges,  en  patois  marter^dz9  (nom  d'une  commune  vaudoise  du 
district  de  Moudon). 

Nous  réunissons  ci-après,  dans  leur  ordre  chronologique,  les 
différentes  formes  de  noms  offrant  le  suffixe  -ing^  que  nous  avons 
relevées  dans  les  plus  anciennes  chartes  de  la  Suisse  romande.  Leur 
examen  nous  semble  bien  confirmer  les  considérations  que  nous 
venons  d'émettre. 

515  curtis  Wadingum,  Aubert,  Trésor  p.  206.  Quoi  qu'il  en 

soit  de  l'authenticité  de  cet  acte,  il  est  certainement 

d'une  haute  antiquité. 
814  8clepedingus,  CL,  f<>  56,  MDR  VI  239,  240. 
851  marsinguSj  escarlingus,  unipedingus,  CL,  î^  43,  MDR  VI 

201  à  203. 
929  in  curte  marsingiSy  Hist.  Patr.  Mon.  Chart.  II  iSc,  -is 

est  évidemment  la  traduction  en  latin  du  datif  pluriel 

germanique  -um. 
929  in  curte  uuadengis,  in  fredingis  in  pago  ualdense,  ibid. 
964  in  villa  scubilingis,  CL,  f^  19,  MDR  VI  95. 
1002  in  uilla  que  dicitur  quamingis,  Hist.  Patr.  Mon.  Chart. 

II  84^  ;  mais  à  la  même  année  :  ArlenguSy  Hist.  Patr. 

Mon.  Chart.  II  82. 
1011  in  uilla  boflinges,  Vuolflinges,  hruzinges,  AF,  Cartulaire 

de  Romainmôtier,  f°  5^  Les  Hist.  Patr.  Mon.  (Chart.  II 

104  donnent  les  leçons  inexactes  boslinges  et  hrucingea. 


^)  Quant  à  Torigioe  et  à  remploi  de  l'élément  onomastique  Mart-,  v. 
Longnon  I  269  et  Foerstemann  I  916. 


—     295     — 

Nous  relevons  ces  formes  non  du  diplôme  original,  mais 
d'une  copie  contenue  dans  le  Cartulaire  cité. 
1017  po testas  Uuadengis,  Âubert,  Trésor,  p.  215. 

Dans  le  courant  du  XP  siècle,  le  suffixe  -ing  prend  la  forme 
-ens  ;  au  XIP,  le  changement  est  parfaitement  accompli.  Dès  cette 
époque  nous  ne  trouverons  plus  que  la  graphie  -ens  ou  ses  variantes 
-eins,  -ains,  -ins. 

A  quelle  époque  les  noms  en  -ing  de  la  Suisse  romande  ont-ils 
pris  naissance  ?  Le  peu  que  les  documents  nous  disent  à  ce  propos 
ressort  de  l'exposé  qui  précède.  Nous  y  voyons  que  la  première 
mention  d'un  de  ces  noms,  avec  la  terminaison  encore  germanique, 
se  rencontre  en  515.  Malheureusement,  l'acte  qui  la  donne,  est  dou- 
teux. Pour  les  trois  siècles  qui  suivent,  les  documents  font  défaut 
et  ce  n'est  qu'en  814  que  réapparaît  notre  élément  toponomastique. 
Nous  sommes  donc  assez  mal  renseignés  sur  la  date  de  la  formation 
des  noms  de  lieux  terminés  aujourd'hui  en  -ens;  tout  ce  que  nous 
pouvons  dire  de  certain,  c'est  que  leur  origine  est  antérieure  à  814. 

Une  autre  question  non  moins  importante  qui  se  pose  ici,  est 
celle  de  savoir  à  quelle  époque  ces  noms  de  lieux  germaniques  ont 
été  définitivement  soustraits  à  l'influence  de  l'idiome  germanique 
et  incorporés  au  trésor  onomastique  roman.  Sur  ce  point,  l'histoire 
nous  a  encore  moins  favorisés.  Pas  le  moindre  indice  sur  l'extinction 
d'un  idiome,  sur  le  triomphe  de  l'autre,  ni  dans  les  chartes,  ni  même 
dans  les  chroniques.  Le  changement  s'est  produit  d'une  façon  si 
naturelle  et  si  inaperçue  que  les  contemporains  semblent  ne  pas 
l'avoir  remarqué.  Cependant,  ce  que  nous  chercherions  en  vain  dans 
les  documents,  nous  le  trouvons  dans  quelques-uns  de  ces  noms 
germaniques  eux-mêmes  qu'il  nous  est  possible  de  reconstituer  dans 
leur  forme  primitive,  malgré  les  changements  considérables  que  la 
langue  romane  leur  a  fait  subir.  L'étude  que  nous  ferons  plus  loin 
sur  ce  sujet,  établit  que  les  noms  en  question  n'ont  pas  été  roma- 
nisés  avant  le  VHP  siècle.  Ce  fait  doit  être  noté  ici,  car  il  nous 
fait  savoir  que  les  éléments  contenus  dans  ces  noms  ont  pu  subir, 
avant  de  passer  en  bouche  romane,  les  changements  phonétiques 
connus  sous  le  nom  de  seconde  lautverschiebung  et  que  nous  serons, 
par  conséquent,  en  droit  de  rapprocher  de  nos  noms  de  lieux  non 


—     296     — 

seulement  des  exemples  de  noms  d'homme  offrant  Tétat  phonétique 
primitif,  mais  aussi  de  ceux  dont  les  consonnes  ont  déjà  été  altérées. 

La  valeur  phonique  actuelle  de  -ens  dans  nos  patois  est  -f.  En 
langue  française  on  rend  -ens  dans  le  canton  de  Fribourg  par  -dsy 
dans  le  pays  de  Yaud  par  -a.  On  se  demande  quelle  a  été  la  pro- 
nonciation de  cette  terminaison  aux  XIP  et  XIIP  siècles,  c'est-à- 
dire  à  l'époque  où  nous  rencontrons  les  premiers  exemples  de  la 
nouvelle  forme  du  suffixe.  Voici  un  petit  nombre  de  faits  graphiques 
propres  à  jeter  quelque  lumière  sur  la  question  : 

Le  Livre  des  anciennes  donations  écrit  nos  noms  de  lieux  cons- 
tamment par  -ens;  dans  le  seul  acte  n^  296  nous  rencontrons  les 
formes  singulières  Ynains,  Louam^,  Coiains^  Escuuilan^,  Visternan^. 

Dans  le  pouillé  de  Conon  d'Estavayer  de  1228  nous  trouvons, 
à  côté  de  Berlen^,  Wippen5,  Wistarnen^  et  autres,  les  formes  Wint- 
tarnatn^,  Onleins,  Uoreins,  etc.,  CL,  Font.  rer.  Bern.  II  88-93. 

Le  Cartulaire  de  Hautcrêt  écrit  dans  une  charte  de  1220  Pro- 
masaitô,  Gomoans,  Veyllan^,  MDR  XII  Hautcrêt  58,  59. 

Le  Cartulaire  de  Gruyère  donne  de  même  deux  fois,  en  1350 
et  en  1395,  la  forme  YWans,  MDR  XXII  146,  241  »). 

Dans  les  recueils  de  chartes  que  nous  venons  de  citer  et,  en 
général,  dans  tous  les  documents  de  la  Suisse  romande,  la  forme 
constante  du  suffixe  est  -ens,  les  graphies  qui  en  diffèrent  sont  des 
cas  isolés.  Mais  ce  sont  précisément  ces  écarts  de  la  graphie  ordi- 
naire qui  nous  renseignent  sur  la  valeur  de  la  forme  régulière,  -ems, 
-ains,  -ans  prouvent  que  le  e  de  -ens  est  ouvert  :  ç.  En  ajoutant  à 
cette  donnée  le  fait  qu'au  XII*  siècle  l'absorption  de  la  consonne 
nasale  par  la  voyelle  précédente  est  déjà  complète  (v.  l'art.  Moudon)^ 
nous  parvenons  au  son  f  qui  est  identique  à  celui  que  -ens  a  encore 
à  l'heure  présente  dans  les  dialectes  de  la  population  romande. 

Tous  les  noms  de  lieux  en  -en$,  -ins,  etc.  de  la  Suisse  romande 
sont-ils  d'origine  germanique  ? 

Il  serait  téméraire  de  l'affirmer  sans  réserve. 

Il  est  possible,  comme  le  pense  M.  Ch.  Marteaux  %  que  -ens 


*)  En  1668  Von  der  Weid  écrit  nos  noms  de  lieux  par  -ens,  sauf  Echar- 
/ant,  VarmarMtf  JorussMty  Pro^ln,  Co/yo//ln,  Curnililn. 

*)  Revue  savoisienne  1900,  p.  104  et  105. 


—     297     — 

représente  dnns  certains  c»s  une  terminaison  tatine.  Il  est  possible 
aussi  que  les  GermaiiiB  aient  ajouttî  quelquefois  leur  suffixe  -ing  à 
des  noms  celtiques  ou  romans  préexistants  —  nous  trouverons  même 
un  exemple  certain  de  ce  procédé  dans  le  nom  allemand  de  Payerne 
Feterlingen.  —  Mais  ces  cas  sont  assez  rares  et  nous  pourrons  nous 
convaincre  au  cours  de  notre  étude  que  la  plupart  des  vocables  en 
question  sout  formés  d'éléments  germaniques  et  que  -ens  est  bien 
la  terminaison  caractéristique  des  noms  locaux  en  -ing.  Pour  un 
assez  grand  nombre,  la  chose  est  de  toute  évidence.  Comment 
nierait-on,  par  exemple,  la  provenance  germanique  des  noms  qui 
sont  mentionnés  dans  nos  plus  anciennes  chartes  avec  le  suffixe 
'ingis,  ou  de  ceux  qui  renferment  des  noms  d'homme  en  -old: 
Bremudens,  Magnedens,  Ressudens,  en  -uîf:  Arruffens,  Chanmfens, 
Crumefms,  en  -hari:  Gillarens,  Botierens,  Gletterens,  Vauderens  ; 
ou  encore  de  ceux  dont  l'élément  principal  est  constitué  par  un 
nom  d'homme  qui  nous  est  connu  comme  tel  par  les  documents, 
tels  Echarîms  (Scari!),  ViUardens  (Wilihard),  Echandens  (Scand), 
Vuarmarens  (Walmâr),  Vermottdms  (Warmund),  etc.  ? 

Noms  en  -eus  de  villages,  de  hameaux  et  de  biens  ruraux  du 
territoire  situé  entre  le  lac  de  Neuchâtel  et  les  Alpes  fribourgeoises 
comprenant  le  canton  de  Fribourg  et  les  districts  vaudois  d'Avenches  et 
de  Payerne  : 

Agnens  Ariens  Arruffens  Attalens  Âuhoranges  Basens  (Bœ- 
singen)  Berlens  Besmcena  Biîlens  Bionnens  Blessens  Bossens  Bos- 
sonnens  Botterens  Bremudens  Ckamufcns  Chénens  Cottens  Cuque- 
rens  Dardens  Brognens  Echarlens  Ecublens  Ecuviîlens  Esckiens 
Estavannens  Eslévenens  Fcrîens  Fui/ens  Gillarens  Glefterens 
Guin  Gumefens  Hennens  lllens  Joressant  Lieffrens  Lourtens 
Lovens  Macconnens  Magnedens  Mannens  Marsens  Massonnens  Matt- 
dens  Morens  Morîens  Onnens  Orsonnens  ÎVogens  Promasens  JRe- 
maufens  Ressudens  (VmA)  Itierin  Bomanens  Bossens  (Fribourg) 
Ressens  (Vaud)  Saucens  Sorens  Tinlcrin  Treytorrens  Vattcens 
Vauderens  Fillardens  Vuadens  Vuarmarens  Vuippens  Vuisscns 
Vuistemens- en-Ogos  Vuistemens- devan t-Romont. 

Nous  croyons  devoir  exclure  da  cette  liste  ou  tout  au  moins 
considérer  comme  douteux  les  noms  suivants  : 


—     298     - 

Corjolens,  probablement,  de  même  que  les  deax  noms  suivants, 
un  composé  dont  le  premier  terme  est  le  mot  cor=corHs. 

XI1»«  siècle  Coriolens,  Ld,  p.  20,  n»  48. 

1298  Coriolens,  AF,  AH,  Tir.  V  H  n*>  31. 

1445  CorjoUens,  AF,  Impôt  de  1445. 

1555  Corjolin,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1577  Corioliny  Carte  Schepf. 

1638  Coriolin,  Carte  Plepp. 

1668  Corjollin,  Carte  Von  der  Weid. 

Cormagens. 

XII»«  siècle  Oarmagin,  Ld,  p.  44,  n^  112. 

1294  Cortnarginy  Font.  Coll.  dipl.  II  280. 

1297  Cormagin,  AF,  Commanderie  St-Jean,  n<>  28.  Le  nom 
parait  deux  fois  dans  cet  acte  et  les  deux  fois  un  r  a  été 
intercalé  après  coup  entre  a  et  </,  de  sorte  que  le  vo- 
cable y  revêt  la  forme  corrigée  Cormargin. 

1445  Cormargens^  AF,  Impôt  de  1445. 

1668  CormagenSy  Carte  Von  der  Weid. 

Cournillens. 

1252  Cumillin,  AF,  AH,  Tir.  III,  no  34. 

1312  Cornilins,  Font.  Coll.  dipl.  III  148. 

1340  OumeUin,  Font.  Coll.  dipl.  IV  491. 

1369  Cumilliens,  Font.  Coll.  dipl.  VU  373. 

1445  CumUliens,  AF,  Impôt  de  1445. 

1668  OurnilUn,  Carte  Von  der  Weid. 

Matran. 

1138  Martrens,  Mém.  de  Frib.  1855,  p.  16. 

1148  Martrans,  AF,  Payerne,  n°»  2  et  3. 

1157  MatranSf  Ld,  p.  10,  n<>  24. 

1173  Martrans,  (plus,  fois),  Ld,  p.  85  à  87,  n°  217. 

1228  Martrans,  Font.  rer.  Bern.  II  92. 

1285  Martranz,     >  «      III  388. 

1445  Martrant,  AF,  Impôt  de  1445. 


—    299    — 

1555  Martrand,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 
1578  Matran,  Carte  Techtermann. 
1668  Matrang,  Carte  Von  der  Weid. 


Nonan. 


1173  Nonans,  Ld,  p.  87,  n°  217. 

1301  W.  de  nonanSf  AF,  Stadtsachen  A,  n»  6  (Rec.  dipl.  II 9). 

1445  Nonans,  AF.  Impôt  de  1445. 

1668  Nonensy  Carte  Von  der  Weid. 


Nous  allons  étudier  un  à  un,  dans  leur  ordre  alphabétique,  les 
noms  de  la  liste  ci-dessus. 

On  n'exigera  pas  de  nous  de  donner  une  explication  sûre  de 
tous  les  éléments  de  ce  groupe  nombreux.  Les  difficultés  que  nous 
rencontrerons  sur  notre  chemin  sont  trop  abondantes  et  d'une 
nature  trop  délicate  et  les  témoins  de  l'ancienne  époque  font  trop 
souvent  défaut  pour  qu'il  soit  permis  d'arriver  du  premier  coup  et 
dans  tous  les  cas  à  un  résultat  complet. 

Ce  que  nous  nous  attacherons  à  faire  en  première  ligne  et  pour 
tous  les  noms,  c'est  de  fournir  au  moins  les  données  historiques  et 
linguistiques  préliminaires. 

Ag^nens. 

Hameau  disparu  qui  était  situé  sur  la  route  de  Missy  à  Portal- 
ban;  v.  AF,  Titre  de  St-Aubin  n<>  121,  XVII"*  siècle. 

1085  Asnens,  Hidber,  n?  1429  (copie). 

XII'»^  siècle  Asnens,  Ld,  p.  5  nMl,  p.  60  n^  158,  p.  90  n^  226. 

XIII°»«  siècle  Asnens  et  asneins,  CL,  fo  79,  MDR  VI  346,  347. 

Asnens  doit  probablement  être  ramené  à  un  primitif  Asinçngu, 
qui  contient  le  nom  d'homme  germanique  Asin-  formé  de  la  racine 
ansi.  Nous  trouvons  des  exemples  de  celui-ci  dans  les  noms  de 
lieux  [germaniques,  v.  Fôrstemann  I  2^*  éd.  122  et  Heyne,  Alt- 
niederdeutsche  Eigennamen,  p.  3. 


—     300    — 

Aplens. 

Hameau  de  la  commune  de  Blessens,  district  de  la  Giftne. 
En  patois  :  a^'rlf. 

1002  ArUngus,  Hist.  Pair.  Mon.  Chart.  II  82. 
XIII»*  siècle  arlensy  CL.  f«  72,  MDR  VI  314. 
1251  A.  de  AUens,  MDR  XII  G.  Hautcrêt  278. 
1352  Aliéna,  Gremaud,  Cart.  d.  Promas.  1352. 

L'acte  d'échange  de  biens  entre  un  nommé  Engeron  et  Tabbé 
de  St-Maurice,  passé,  comme  on  présume,  entre  937  et  993  (Hist. 
Patr.  Mon.  Chart.  II  62,  MDR  XXIX  35),  et  qui  présente  la  forme 
Ariens,  ne  peut  pas,  précisément  pour  cette  raison,  être  du  X»* 
siècle.  Si  le  document  est  authentique  —  il  y  a  quelque  raison  d'en 
douter  —  ce  qui  nous  en  est  resté  n'est  assurément  qu'une  copie 
bien  défectueuse  du  XII»*  ou  tout  au  plus  de  la  fin  du  XI»*  siècle; 
ce  n'est  qu'à  cette  époque  que  le  suffixe  -ing  parait  sous  la  forme 
-ens. 

Le  nom  du  Germain,  qui  a  établi  sa  demeure  dans  ces  terres 
de  la  Giftne,  est  facilement  reconnaissable  dans  le  nom  de  lieu  qui 
en  a  été  formé.  C'est  Arl-  contracté  de  AriU.  Nous  trouvons  le 
nom  familier  féminin  Arila  mentionné  dans  le  recueil  de  Forste- 
mann,  qui  le  range  sous  la  racine  ara. 

M.  Rudolf  Kôgel  (Zeitschrift  fur  deutsches  Alterthum  XXXVII 
225)  croit  que  Arlulfus  figurant  dans  les  Lib.  Confrat.  II  367  lO) 
est  le  nom  d'un  Burgunde  et  il  ajoute  que  le  premier  terme,  aW-, 
revient  fréquemment  dans  des  noms  visigots  :  Arlabaldus,  Arle- 
fredus,  ArlildiSy  Arluinus. 

Ce  dernier,  ArluinuSj  parait  trois  fois  dans  le  Cartulaire 
de  Hautcrêt,  MDR  XII  143,  173, 194,  dans  des  actes  du  XII*  siècle. 

Remarquons  que  Ariens  a  été  romanisé  avant  que  a  ait  subi 
Vumlaut  germanique,  autrement  nous  aurions  eu  à  sa  place  Erlens. 

Appuffens. 

Village  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  arûfç. 


—     301     — 

1341  42,  46  Arrufens,  AF,  Fîlle-DIeu  VII  no  5  et  6,  XII  n* 

18  et  19,  XIII  no  62. 
1346  aruffensy  AF,  Fille-Dieu,  Tir.  XII,  n*  12. 
1578  AruffenSf  Carte  Techtermann. 
1638  Aruffens,  Carte  Plepp. 
1755  Arrufens,  Perret,  Catalogue  16. 
1806  Arruffens,  Dict.  Etrennes  1806,  p.  84. 

Les  plus  anciennes  mentions  A^ Arruffens  laissent  encore  facile- 
ment reconnaître  le  nom  du  premier  colon  germain,  Adrulf,  à  qui 
cette  terre  échut  lors  de  rétablissement  du  peuple  étranger  dans 
le  pays  romain. 

Mentions  de  ce  nom  :  Fol.  Irm.  II,  30,  Lib.  Confrat.  II  398o, 
40,8.  V.  Longnon  I  278,  Fôrstemann  I  (2^*  éd.)  183  et  185, 
Waltemathll  et  12. 

En  roman,  Adr-  est  devenu  Arr-  par  assimilation  du  dB,u  r.  Le 
nom  Arrulfus  que  nous  rencontrons  dans  un  acte  de  Tan  1000 
environ,  Cart.  de  Savigny,  n^  519,  parait  être  un  exemple  de  cette 
réduction. 

Disons  encore  en  passant  qu*il  existe  aussi  un  nom  Arulf  que 
Fôrstemann  range  sous  la  racine  Ara  (I  2^*  éd.  135  et  138).  Notre 
pays  le  connaissait  aussi.  V.  Cart.  de  Lausanne,  MDR  VI  170,  203. 

Attalens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Veveyse. 
En  patois  tàl?. 

1068  uilla  AUalenges,  Mém.  de  Frib.  1855,  p.^343. 
1161  Athalens,  MDR  XII  Hautcrêt  30. 

1577  Adalens,  Carte  Schepf. 

1578  Attalens,  Carte  Techtermann. 

1584  Adallens,  AF,  Grosse  de  Châtel-St-Denis  n^  37,  fo  1, 9. 

1638  Adalens,  Carte  Plepp. 

1668  Attallens,  Carte  Von  der  Weid. 

Dellion  (Dict.  I  83)  mentionne  aussi  la  graphie  Thalens,  iden- 
tique à  la  forme  patoise  actuelle. 


—     302     — 

Nons  n'attribuons  aucune  signification  au  c  des  formes  de 
1584  et  1638.  d  n'est  qu'une  particularité  d'ordre  graphique  qu'on 
rencontre  assez  souvent  dans  les  écrits  de  cette  époque. 

Le  nom  d'homme  qui^  à  première  vue,  semble  être  donné  dans 
notre  nom  de  lieu,  Attalus,  doit  être  écarté.  Augmenté  du  suflBxe 
-ing,  il  aurait  produit  plutôt  at(iç  et  ^If  que  tolf. 

Par  contre,  un  développement  en  -2-  du  nom  Abtady  connu 
chez  les  Francs,  aurait  nécessairement  abouti  à  Attalens  :  Abtadi- 
lingu(m)  >  Attaleng-,>  Attalens. 

Abtadf  Apthad^  Aptadius,  Ahtada  sont  mentionnés  dans  le 
recueil  de  Fôrstemann,  I  (2<^®  éd.)  13. 

Aubopang^es. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  lu  bor^dm. 

XII»«  siècle  Arborenges,  MDR  XII  Hautcrêt  13. 

XII»«  siècle  P.  de  Arborenges,  MDR  XII  Hautcrêt  150;  dans 

la  même  charte  (MDR  XII  151):  Th.  de  Alburenges. 
1155  Alburengens,  MDR  XII  Hautcrêt  13. 
1190  Attorengis,  Hidber,  UR  II,  n^  2625. 
1216  AThorenges,  MDR  XII  Hautcrêt  54. 
1238  P.  de  arboreinges,  CL,  f^  135,  MDR  VI  660. 
1273  Auborenges,  MDR  VI  201. 
1370  Auborenges,  Gremaud,  Cart.  de  Promasens,  AF. 
1403  Auborenges^  AV,  Grosse  de  Moudon,  f^  57,  273. 
1555  AuborengeSf  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 
1578  Auborenges,  Carte  Techtermann. 
1638  Aulbrenges,  Carte  Plepp. 
1668  Auborange,  Carte  Von  der  Weid. 
1762  BorengeSy  AF,  Rôle  militaire  de  Rue. 

Auboranges  est  un  des  rares  noms  en  -ing,  qui  présentent  le 
suffixe  germanique  sous  la  forme  -inga. 


—     303     — 


Basens. 

Oross-Bôsingen,  village  et  commune  du  district  de  la  Singine. 
Klein- Bôsingen,      »  »  >      du  Lac. 

En  patois  bçs^. 

1228  Basens^  CL.  Font.  rer.  Bern.  II  92. 

1264  Balsingue  lo  grant,  Bàlsingen  lopitetf  MDR  XII  Haut- 
crêt  96. 

1264-65  duœ  villœ  in  parrochia  de  Besingen  sitœ  scilicet  de 
Bàlsingen  majori  et  de  Bàlsingen  minori.  Font.  rer. 
Bern.  II  605,  n»  658. 

1265  in  villa  que  dicitur  Bàlsingen  maiori,  et  in  villa  que  dici- 
tur  Bàlsingen  minori,  que  sunt  de  parrochia  de  BcU- 
singen,  MDR  XII  Hautcrêt  97. 

1271  P.  de  Besingen,  Font.  Coll.  dipl.  II  95. 

1379  Perrochia  de  besingen,  AF,  Contribution  pour  Nidau, 

Législ.  n®  5. 
1555  Ober  Besingen,  Nieder  Besingen,  ÂF,   Impôt  pour  la 

Gruyère. 
1665  Besingen,  Strambino,  Constit.  synod.  173. 
1668  Besingen,  Niderbesingen,  Carte  Von  der  Weid. 

C'est  par  erreur  que  le  document  de  1265  donne  à  la  paroisse 
de  Bœsingen  le  nom  Bàlsingen  qui  est  celui  d'un  hameau  de  la 
même  paroisse.  Le  rôle  de  la  contribution  pour  Nidau,  de  1379, 
ne  mentionne  qu'une  localité  du  nom  de  bàlsingen,  située  dans  la 
paroisse  de  besingen. 

Basens,  nom  français,  et  Besingen,  nom  allemand,  sont  formés 
tous  deux  du  nom  d'homme  Bas-.  Exemple  du  nom  Baso  dans  le 
Pol.  de  Saint-Germain  des  Prés  XX25  ;  dans  le  même  document 
B(isina  et  Bcisinus,  cf.  Longnon  I  290. 

Besingen  représente  le  développement  régulier  en  bouche 
alamane  de  Basingum.  C'est  la  forme  que  donnent  nos  chartes 
jusqu'au  XVI"*  ou  même  XVII"*  siècle. 


—     304    — 

Berlens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Olâne. 
En  patois  berl^. 

XII»»  siècle  Berlens,  Ld,  p.  12,  n*>  31. 
1228  Berlens,  Font.  rer.  Bern.  II  91. 
1285  BeUens,      >  >     III 392. 

1577  Berlin,  Carte  Schepf, 

1 578  Berlin,  Carte  Techtermann. 

1631  BeUenSf  Rathserkanntnussbuch  n»  27,  f?  13. 

1 638  Berlin,  Carte  Plepp. 

1 668  BerUns,  Carte  Von  der  Weid. 

Berlens  peut  être  formé  des  noms  Beril-  ou  Bertil-  de  Berchtil-, 
V.  Forstemann  I  (2<»»  éd.)  261  ;  BerUa,  Pol.  Irm.  XXI  77; 

Berlio,  env.  1075,  Cart.  de  Savigny,  n*  762;  Berlio,  XII««  s.,  Cart. 

de  Grenoble  XI VC,  XLVIIC,  XLIIIC;  Berlio,  env.  1135,  Cart.  de 

Savigny,  n^  940;  Berlio,  Chartes  du  diocèse  de  Maurienne,  Acad.  de 

Savoie,  Doc.  II  57  ;  Berlio,  MDR  VU  90. 

Bertla,  Longnon  I  292  ;  Bertila,  Mon.  Germ  htst.  Script,  rer. 

Merov.  II  4894o.  Cp.  Bereins^  Pbilipon,  dans  la  Rev.  de  Pbilologie 

franc.  XI  114. 

Besencens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Veveyse. 
En  patois  bdstâs^. 

XII««  siècle  Besencens,  MDR  XII  Hautcrêt  34,  150. 
1403  Besencens,  ÂV,  Grosse  de  Moudon,  f^  216. 
1668  Besances,  Carte  Von  der  Weid. 
1755  Bésançin,  Perret,  Catalogue. 

La  terminaison  -entius,  empruntée  à  Tonomastique  romaine,  a 
été  employée  en  Gaule  dans  l'onomastique  germaine  V.  Longnon  I 
303. 


—     305     — 

Billens. 

Village  et  commane  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  ftalf. 

XII"»  siècle  BiOens,  Ld,  p.  10,  n»  25  (copie). 
XII"«  siècle  Miens,  Ld,  p.  10,  n*>  24. 
1189  J.  de  Billens,  MDR  XXIX  125. 

1227  N.  de  BiUens,  CL,  £<>  38^  MDR  VI  181. 

1228  BUleins,  CL,  Font.  rer.  Bern.  II  90. 

XIII»»  siècle  Bilensy  Ld,  p.  126,  127,  n°  309  (copie). 
1578  Billens,  Carte  Techtermann. 
1668  BiUens,  Carte  Von  der  Weid. 

Le  nom  d'homme  parait  avoir  été  BiHl-,  formé  de  la  racine 
kid.  V.  Fôrstemann  I  (2*>*  éd.)  301. 

Bionnens. 

Commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  byun^. 

1369  byanens,  AF,  Part-Dieu,  L  n<>  14. 
1394  Bionens,  MDR  XXII  238. 
1403  bionens,  AV,  Grosse  de  Moudon,  ^  266\ 
1403  byanens,  AV,  Balay,  f»  1. 

Parmi  les  biens  de  Tabbaye  de  Gorze  portant  des  noms  germa- 
niques tels  que  Rodulfi  viUa,  vtUa  Damincum,  Uuarengisi  viUa,  se 
trouve  au  X"^*  siècle  une  «  villa  que  vocatur  Bionis  curtis  >  (Cart.  de 
Tabbaye  de  Gorze,  Mettensia  II  171,  175  ;  Mon.  Germ.  hist.  Dlpl. 
I  150).  C'est  là  évidemment  le  même  nom  d'homme  qui  reparaît, 
développé  par  -ing,  dans  le  nom  de  la  localité  fribourgeoise. 

Fôrstemann  (I  2^»  éd.  258)  connaît  les  noms  Beono  Beonna 
Beonnu. 


—     306     — 

Blessens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  bieà(, 

1161  Blescens,  MDR  XII  Hautcrêt  16. 
XII»«  siècle  Blessens,  Ld,  p.  101,  n^  260. 
1238  blesseins,  CL,  fo  135,  MDR  VI  660. 
1578  Blessens,  Carte  Techtermann. 

ss  peut  être  résulté  de  Tassimilation  d'une  dentale  à  z  finale, 
thème  fréquemment  employé  dans  la  formation  des  noms  familiers^). 

La  racine  du  nom  d'homme  aurait  été  dans  ce  cas  bled  ou 
blid.  Nous  ne  pouvons  alléguer  ici  Blidizo  que  Fôrstemann  (I  2^* 
éd.  313)  range  sous  l'élément  onomastique  Blîd  (avec  i  long).  Cf. 
Longnon  I  294. 

Bossens. 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Romont. 
En  patois  boè^. 

1147-1157  Boscens,  Ld,  p.  48,  n^  124. 
1244  Bossens,  MDR  VII  43. 

Le  nom  d'homme  semble  être  un  nom  hypocoristique  formé 
des  racines  baudi  (Fôrstemann  I  2'^''  éd.  249)  ou  bod  (ibid.  319) 
et  de  la  finale  -xr-. 

Bossonnens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Veveyse. 
En  patois  boèunç. 


')  V.  Stark,  Die  Koseoamen  der  Grermanen,  p.  305.  Exemples  tirés  de 
chartes  de  la  Suisse  romande  :  Yngezo,  MDR  XII  Hautcrôt  146,  Waldesa^ 
MDR  VI  501. 


—     307     — 

1221  Bossonens,  MDR  XII  Hautcrét  274. 
XIII~«  siècle  bucenens,  CL,  £<>  85  r,  MDR  VI  377. 
1263  bossonens,  ÂF,  Âttalens,  n''  128. 
1291  bossonens,  AF,  AH,  11^  S.  n*»  67. 
1304  bossonens,  AF,  Valsainte  F  n^  1. 
1668  Bossonens,  Carte  Von  der  Weid. 

Peut-être  sommes-nous  ici  en  présence  d'un  nom  composé  de 
l'une  des  racines  déjà  mentionnées  baudi  bod  et  de  son.  (Fôrste- 
mann  I  1116).  Cp.  Engilson,  Irmanson,  etc. 

Boitepens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 
En  patois  boter^. 

1227  Botterens,  MDR  XXII  Gruyère  32. 

1285  Botterens,  Font.  Coll.  dipl.  II  152. 

1403  bothereyn,  AV,  Grosse  de  Moudon,  f<>  233\ 

1403  bosthereyn  (nom  de  famille),  AV,  Grosse  de  Moudon,  ^  231 . 

1668  Boterens,  Carte  Von  der  Weid. 

Le  second  élément  du  nom  d'homme  dont  est  formé  Botterens 
est  sans  aucun  doute  le  mot  hari  si  fréquent  dans  les  noms  germa- 
niques. Reste  à  rendre  compte  du  premier  terme.  Dans  le  vocable 
Bothari,  t  intervocal  ayant  été  conservé,  doit  provenir  de  tt  origi- 
naire ou  d'un  groupe  de  consonnes  dont  la  dernière,  t,  se  serait 
assimilé  la  précédente. 

Pour  le  premier  cas  on  citera  bien  à  propres  le  nom  Botthari 
dont  un  exemple,  de  Tan  694,  est  signalé  chez  Fôrstemann  I,  2"^* 
éd.,  323  ;  pour  le  second,  il  y  a  lieu  de  rappeler  le  nom  Boctharius, 
mentionné  en  695  (Waltemath,  p.  18). 

Si  c'est  Botthari  qui  a  produit  Botterens,  la  forme  qui  a  servi 
de  point  de  départ  au  nom  roman,  a  subi  Tassourdissement  des 
consonnes  médiales  avant  de  passer  en  bouche  romane. 

Le  nom  de  famille  que  nous  avons  mentionné  pour  l'année 
1403,  bosthereyn,  ne  peut  guère  être  pris  en  considération.  Si  le 
8  du  groupe  st  était  étymologique,  il  y  en  aurait  certainement  trace 
dans  les  mentions  du  XIII°^*  siècle. 


—     808     — 


Bpemudens. 

Hameau  de  la  commune  du  Gr6t,  district  de  la  Veveyse. 
En  patois  hr^ûd^. 

1403  villa  de  Bremoudens,  ÂV,  Grosse  de  Moudon,  ^  193   v. 

1403  bermoudens,  ÂV,  Grosse  de  MoudoD,  ^  194  v. 

1555  BremudenSf  ÂF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1567  BremudenSj  ÂF,  Rôle  milit.  du  baill.  de  Rue. 

1569  BremudenSy 

1580  BremudenSy 

1583  Bremudens, 

1587  BremudenSf 

1600  Bremudens, 

1643  Bremudens, 

1685  Bremudens f 

1740  Bremudens, 

1742  Bremudens, 

Bremudens  compte  parmi  les  noms  les  plus  intéressants  de 
cette  classe.  II  renferme  des  renseignements  historiques  précieux 
que  nous  essaierons  plus  loin  de  mettre  à  découvert. 

Le  nom  du  propriétaire  germain  se  lit  aisément  dans  les  for- 
mes intermédiaires  du  vocable.  C'est  Brimold,  antérieurement 
Brimwald.  Brimo  est  mentionné  chez  Fôrstemann  I  (2"^*  éd.)  332, 
333,  le  nom  Brimwald  lui-môme  dans  le  recueil  de  Heyne,  AU- 
niederdeutsche  Eigennamen,  p.  6. 


Chamufens. 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Marsens,  district  de 
la  Gruyère. 

En  patois  isamûfç. 

1554  Chamuffens,  AF,  Grosse  de  Riaz,  f<»  3. 

Nous  dégageons  de  Chamufens  le  nom  d'homme  Camulf.  Le 
premier  élément  de  ce  nom  parait  dans  Chamo,  nom  familier  d'un 
conventuel  de  l'abbaye  d'Ebermtinster,  Lib,  Confrat.  II  233  m. 


Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 

En  patois  tsçn^. 

1143  cheinens  (plus,  fois),  AF,  AH,  Tir.  I,  n"  4  (original). 

1214  E.  de  Ckinins,  MDR  XII  Hautcrêt  52. 

vers  1215  0.  de  Chmeins,  Matlle  n"  65. 

1244  Cheineins,  MDR  XXII  51. 

1285  Cheynens,  Font.  Coll.  dipi,  Il  152. 

1301  Th.  de  Ciieynms,  AF,  Stadts.  A  n"  6  (Rec.  dipl.  II  9). 

1340  Perr.  de  Cheinens,  Font.  rer.  Bern.  VI  518. 

1350  Cheijnms,  Font.  Coll.  dipl.  V  30. 

1403  chieniem,  AV,  Balay,  f"  198. 

1445  Cfimens,  AF,  Impôt  de  1445. 

1577  Zeinin,  Carte  Schepf. 

1668  Chmens,  Carte  Von  der  Weid. 

1781  Chennens,  Carte  Mallet. 

1836  Chennens,  Carte  Labaatrou. 

Ces  deux  dernières  formes  ne  sont  pas  des  graphies  arbitraires. 
Les  deux  n  expriment  la  double  nasalité  qu'offre  la  forme  patoise 
actuelle. 

Chénens  a  eu  anciennement  un  nom  allemand  qui  est  com- 
plètement tombé  dans  l'oubli.  Nous  le  trouvons  mentionné  dans 
un  document  de  1449-50  indiquant  la  délimitation  de  la  seigneurie 
de  Fribourg  :  Geinigen,  AF.  Ane.  Terres,  Titres  classés  (copie)  ; 
l'original  se  trouve  aux  Archives  impériales  de  Vienne  '). 

Rétablissant  chein(eaa)  1143  dans  sa  forme  latin-vulgaire, 
nous  obtenons  le  thème  Corn-.  Si  le  *  de  celui-ci  est  issu  d'une 
gutturale  antérieure,  nous  sommes  ramenés  au  nom  germanique 
Cagan->Cagin  =  Gain  en  latin  vulgaire,  que  Forstemann  (I  2*" 
éd.  357)  mentionne  sous  la  forme  Chagan  à  la  racine  Cag. 

Coin-  explique  aussi  bien  le  nom  roman  que  le  nom  allemand 
Oeinigen.  Le  passage  de  c  à  i^  dans  Cainmgum>Geinigen  est  con- 

')   Comrauûication  de  M.  l'archiviste  d'Etat  J.  Schueuwly. 


—     310     — 

forme  ao  traitement  que  la  gutturale  subit  dans  les  noms  suivants 
et  autres  semblables  : 


^  .       /  fr.  Champagny 

'^  \  ail  Qiempenach 

CapriUa        l 


fr.  ChevriUes 

ail.  Giffers 

n  faut  cependant  observer  que  ces  exemples  sont  d'origine 
latine,  tandis  que  le  vocable  Gain-,  si  réellement  il  doit  6tre  rattaché 
à  CJagan-j  est  germanique. 

Coitens* 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
Un  village  vaudois  du  district  de  Cossonay  porte  le  même  nom. 
Dans  un  acte  de  donation  du  XII°^«  siècle  (Ld.  p.  32,  n^'  79)  il 
est  fait  mention  d'une  localité  CoUens  suhtus  Luciei, 

1173-74  Cottens,  Font.  rer.  Bern.  I  452  n«»  56. 

XII"«  siècle  Cotens,  Ld,  p.  12  n^  31. 

vers  1215  Cotens,  Matile  n<>  65. 

1248  CoUens,  Matile  n»  132. 

1287  Cotteins,  Font.  Coll.  dipl.  II  278. 

1445  CoUin,  AF,  Impôt  de  1445. 

1668  Cottens,  Carte  Von  der  Weid. 

1577  CoUingen,  Carte  Schepf. 

1578  CotHngen,  Carte  Techtermann. 
1638  CoUingen,  Carte  Plepp. 

Le  nom  allemand  CoUingen  ou  a  été  formé  sur  le  nom  roman 
ou  en  a  subi  Tinfluence.  Suivant  le  développement  phonétique  ré- 
gulier il  aurait  dû  devenir  KiiUingen, 

Le  nom  d'homme  CoU-  était  assez  répandu  ;  nous  en  rencon- 
trons des  exemples  aussi  bien  dans  les  inscriptions  latines  que  dans 
les  chartes  d'origine  germanique.  V.  CIL  V  863,  7262,  7296,  7354; 
Fôrstemann  I  (2<*«  éd.)  375. 

Mentionnons  ici  un  nom  de  lieu  dont  Torigine  est  assurément 
identique  à  celle  de  CoUens  fribourgeois  : 

1179  allodium  de  Cotheingis,  Trouillat,  Monuments  de  l'an- 
cien évéché  de  Bâle  I  365. 


—     311     — 

Cuquepens* 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Bulle. 
En  patois  JcMyer^. 

1277  Coquerens  (plusieurs  fois),  MDR  XXII  67. 

1577  Coquirens,  Carte  Schepf. 

1578  Coquenens,  Carte  Techtermann. 
1638  Coquirens,  Carte  Plepp. 

Les  éléments  donnés  font  penser  à  un  nom  germanique  tel 
que  Cottwân.  Nous  avons  déjà  parlé  de  l'élément  onomastique  Cott; 
quant  au  second  terme,  tcânj  il  a  également  été  en  usage  chez  les 
Germains.  V.  Longnon  I  371. 

Dapdens* 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Bulle. 

En  patois  derd^. 

Dardens  peut  correspondre  au  nom  de  lieu  germanique  Ta^ro- 
dingin  (T  de  D)  mentionné  chez  Fôrstemann  I  (2^*  éd.)  403. 

Dpog^nens. 

Groupes  de  maisons  dans  les  communes  de  Sorens  et  de  Siviriez. 
En  patois  dran§. 

1755  DroynenSf  Perret,  Catalogue  38. 

Voici  deux  exemples  du  nom  d'homme  germanique  Drogo,  tirés 
de  chartes  de  notre  pays  même  : 
886ltrogo,  MDR  VI  276. 
905  drogo,         >         97. 

Echaplens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 
Eu  patois  tsçrlff  ou  tsàrlff. 


—    312     — 

851  escarlingus  uilla,  MDR  VI  201. 
1228  EschaUens,  CL,  Font  rer.  Bern.  II  91. 
XIII«  siècle  Escharleins,  CL,  f*>  46,  MDR  VI  211. 
1285  Eschàllens,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 
1668  Echarlans,  Carte  Von  der  Weid. 
1806  Echerlens,  Dict.  Etrennes  1806,  p.  98. 

Le  nom  parait  en  851  avec  la  voyelle  a  inaltérée  et  VunilanU 
ne  se  produit  pas  non  plus  dans  la  suite.  Si  à  une  époque  assez 
récente  on  a  Ech^lens,  ce  passage  de  a  à  e  est  un  phénomène  pure- 
ment roman. 

La  forme  de  851  permet  de  reconnaître  avec  toute  certitude 
le  nom  Scaril  qui  était  celui  du  premier  possesseur  germain  de  la 
plaine  fertile  sise  sur  le  bord  de  la  Sarine. 

Philipon  (Rev.  de  Philologie  franc.  XI  119)  a  donné  cette 
même  explication  au  nom  vaudois  Echallens,  Les  anciennes  men- 
tions qu'il  cite  se  rapportent  à  Echarlens  fribourgeois. 

Ecublens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane  ;  village  et  com- 
mune du  district  vaudois  de  Morges. 

En  patois  ekiïbiÇ. 

964  in  villa  ScuUlingis  in  fine  Runingorum  (Vaud),  CL  f''  19, 

MDR  VI  94,  95. 
1161  N.  de  Escoblens  (Vaud)  MDR  XII  Hautcrôt  18,  et  dans 

le  même  acte  :  W.  de  Iscublens  (Vaud),  p.  19. 
1228  Escuhlens  (Vaud)  MDR  VI  12. 
1403  Escublens,  AV,  Grosse  de  Moudon  f«  109,  110\ 
1578  Escuhlens,  Carte  Techtermann. 
1668  Escuhlens,  Carte  Von  der  Weid. 

C'est  le  nom  d'homme  ScuUl  qui,  augmenté  du  suffixe  -ing,  a 
donné  Scubïlingum,  latinisé  scubUingis  964  ;  de  là  Escuhlens  et 
finalement  Ecuhlens. 

Voici  quelques  exemples  de  ce  nom  : 


—     313 


Scuhilio,  dans  la  Vita  sancH  Paterni  (Je  Venantius  Fortunatus, 
Mon.  Gerni,  hist.  Auct.  anliq"'  IV  334,,,  etc.;  Scupilio,  dans  la 
Vita  sancH  Germant  de  Venantius  Fortunatus,  Mon.  Germ.  hist. 
Auct.  antiq"'  IV  B  12ia  ;  SeopUia,  Mon.  Gerra.  hist.  Script,  rer. 
Merov.  I  705io  ;  Scupilio  ou  Scopiîio,  Mon.  Genn.  hist.  Script,  rer. 
Merov.  III  412,  424,  425  ;  Scupilio,  Le  Bîant,  Inscriptions  chrét. 
de  la  Gaule,  379,  Kraus,  Die  christl.  Inschriften  der  Rheinlande 
83elll7e4;Sct2)i7fHS,Pol.Irm.VI  16.  VIII20,  S'<?Mpi7m,  VI16,etc  ; 
Scubilo(mons),  Urkundenbuch  der  Abtei  St.  Gailen  II 194.  Le  thème 
est  assurément  d'origine  germanique  ;  ce  dernier  exemple  prove- 
nant d'un  pays  alaman  et  le  nom  de  famille  allemand  moderne 
Schûhel  le  prouvent. 


Eciivillens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
En  patois  ekûvitfç. 

1143  Scuuillens,  AF,  AH,  Tir.  I  n°  4  (original). 
XJI'  siècle  Escuuilens,  Ld,  passim  (copie), 
1228  Escuuillens,  MDR  VI  24. 
1445  Escuvilliens,  AF,  Impôt  de  1445. 
1475  Escuvilliens,  AF,  Manual  V  f"  122~. 
1578  Escuuillens,  Carte  Techtermann. 
1668  Escuuilens,  Carte  Von  der  Weid. 


Les  éléments  donnés  dans  smnilMens)  nous  ramènent  à  un 
primitif  Shubikil.  Quelque  étrange  qu'un  nom  de  cette  composition 
puisse  paraître,  il  n'en  a  pas  moins  existé.  Scubiculus  Scuviculus 
est  le  nom  d'un  saint  personnage  que  les  Acta  SS.  (d.  Il"  Octob.) 
placent  au  IP  ou  I"  siècle  de  l'ère  chrétienne,  sur  terre  gauloise. 
On  pourrait  se  défier  de  cette  preuve.  En  voici  une  autre  qui  est 
incontestable  :  Scubieulus,  Pol,  Irm.  VI  46,  VI  56. 

Longnon  (l  258)  range  ce  nom  dans  ta  liste  des  vocables  chré- 
tiens d'origine  romaine,  de  même  que  Scopilius  Scupilia  que  nous 
avons  mentionnés  à  propos  du  nom  de  lieu  Ecublens.  Cependant, 
rien  n'empêche  de  les  attribuer  à   l'idiome  germanique.   Scub- 


~     814     — 

est  un  élément  ODomastique  germain,  nous  l'avons  vu  ;  quant  a 
-icul,  il  semble  bien  n'être  autre  chose  que  la  forme  latinisée  du 
suffixe  germanique  composé  -ikil  ;  v.  Wackernagel,  chez  Binding, 
p.  367. 

Eschiens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  etëy^. 

1245  Eschiens,  MDB  XII  Hautcrét  71. 

1313  Eschiens  (plus,  fois)  AF,  Gremaud,  Gart.  de  Promasens. 

1330  Eschyens  >  >  > 

1403  esdiienSf  AV,  Grosse  de  Moudon,  f^'  109,  114. 

1668  Eschiens,  Carte  Von  der  Weid. 

On  peut,  non  sans  vraisemblance,  rapprocher  de  l'élément 
onomastique  de  Eschiens  le  nom  familier  Scit-  dont  les  Lib.  Con- 
frat.  (III  ISft,  Reichenau)  fournissent  un  exemple  :  Scito. 

Il  n'est  guère  besoin  de  rappeler  que  sc^  des  mots  d'origine 
germanique  a  subi  un  autre  traitement  que  sc^  d'origine  latine,  d  et 
t  placés  entre  deux  voyelles  disparaissent. 

Estavaniiens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 
En  patois  eBavanç, 

1278  Estavanens,  MDR  XXIII  632. 
1494  Estavanens,  MDR  XXIII  133. 
1578  Estauanens,  Carte  Techtermann. 
1668  Estauanens,  Carte  Von  der  Weid. 

Les  éléments  bien  reconnaissables  du  nom  d'homme  renfermé 
dans  Estavannens  sont  Staha-n.  Le  groupe  syncopé  figuré  par  -  a 
probablement  consisté  en  une  dentale  suivie  d'une  voyelle.  Ainsi 
le  nom  complet  a  pu  être  Stabatin-  ou  Stabadin-,  peut-être  aussi 
Stàbanin. 


—     315     — 

m 

Nous  trouvons  parmi  les  noms  germaniques  des  anciens  con- 
ventuels de  xMattsee  celui  de  Stahadoni  (Lib.  Gonfrat.  II  112t7) 
qui  a  été  employé,  ce  fait  même  en  porte  témoignage,  par  des  Ger- 
mains, bien  qu'il  n'ait  aucune  apparence  d'appartenir  à  leur  idiome. 

Estévenens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  ehçvenç,  dans  la  Gruyère  e^çvdn^. 

1403  esteuenens,  AV,  Balay,  f«  293. 

1666  Estevenens,  AF,  Fille-Dieu,  Tir.  IX  n*>  22. 

1668  Esteuenens,  Carte  Von  der  Weid. 

Le  nom  de  personne  Esteven-,  de  Stephanus,  se  rencontre  fré- 
quemment dans  les  chartes  de  la  Suisse  romande.  Estevena,  MDR 
VI  370  ;  Estevenaz,  AF,  Grosse  de  Riaz  1554,  f*»  7^  ;  Estevenin,  di- 
minutif, Matile,  fréq.  ;  esteuinet,  autre  diminutif,  AF,  Payerne  n^  23. 

Feplens. 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Massonnens,  district 
de  la  Glane  ;  village  vaudois  du  district  d'Oron. 

En  patois  ferl^. 

1146-1153  Fetlens,  MDR  XII  Hautcrêt  140. 
1226  G.  de  ferlens,  MDR  538. 
1367  fellens,  AF,  Part-Dieu  H  n»  10. 
1367  Fellens,  AF,  Fille-Dieu  H  n^  10. 
1668  Ferlens,  Carte  Von  der  Weid. 

Le  nom  d'homme  à  qui  Ferlens  doit  son  origine,  parait  être 
Fer-l-,  On  peut  rapprocher  de  celui-ci  le  mot  germanique  fâra  que 
M.  Kôgel  (Zeilschr.  f.  deutsches  Alterthum  XXXVII  217)  dit  avoir 
eu  en  burgunde  la  forme  fera.  Il  faut  cependant  remarquer  que 
l'opinion  de  M.  Kôgel  a  été  combattue  par  un  autre  germaniste, 
M.  Henning,  dans  la  même  revue,  XXXVII   304.  Nous  verrons 


—    316    — 

do  reste  ailleurs  que  la  voyelle  caractéristique  de  la  langue  bor- 
gunde  est  à  et  dod  pas  ê.  Fareins,  nom  de  lieu  burgunde  formé  de 
Far-  (v.  Philipon,  dans  la  Rev.  de  Philologie  franc.  XI  115)  a  cer- 
tainement eu  comme  voyelle  primitive  a. 

Fer-  pour  far-  se  trouve  dans  des  noms  francs,  Longnon  I  306. 

Fer-l-  pourrait  aussi  représenter  un  développement  par  -U  de 
la  racine  onomastique  ferhu  signalée  par  Fôrsteroann,  I  2^*  éd.  503. 
Un  nom  tel  que  Ferhil-  aurait  produit  Ferhilingum  qui  en  bouche 
romaine  serait  devenu  successivement  Fercl^gu,  Ferl^gu,  Ferlms. 

Fuyens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  fûyë. 

XII«  siècle  Fuiens,  Ld,  p.  12  n»  32  (copie). 
1248  fuiensj  AF,  AH,  11^  S.,  n»  59. 
1360  J.  iefuens,  AF,  Part-Dieu  F  no  9. 
1668  Fuens,  Carte  Von  der  Weid. 

L'onomastique  germaine  connaît  l'élément  Fug.  C'est  de  cette 
racine  qu'a  été  formé  le  nom  d'homme  Fugilo  qui  nous  est  conservé 
par  l'inscription  292  du  recueil  de  Kraus,  Die  christl,  Inschriftm 
der  Bheinlande. 

Gillapens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  dzBraië. 

XIP  siècle  Gisrelens,  MDR  XII  Hautcrêt  140. 

1225  Gislarens,  CL,  f^  35,  MDR  VI  160. 

1227  Walcherus  de  Gislarens,  CL,  f»  38%  MDR  VI  181,  Gil- 

larens. 
1273  Gillarens,  MDR  XII  200. 
1380  Gillarens,  AF,  Fiefs  nobles  du  pays  de  Vaud,  n»  135» 

f<>  8,  9\ 


—     317     — 

1403  Oillarens,  AV,  Grosse  de  Moudon,  P  126\ 
1578  Oillarens,  Carte  Techtermann. 
1755  Oylerens,  Perret,  Catalogue  17. 

Le  Dom  du  Germain  qui  a  eu  eu  partage  les  terres  de  Gillarens, 
apparaît  clairement  dans  la  mention  de  1225.  Retranchons  de 
Oislarens  le  suffixe  -ens  ;  l'élément  qui  reste  n'est  autre  que  le  nom 
germanique  bien  connu  Oislar, 

Oislar  est  une  forme  contractée  de  Oislaar  qui,  de  son  côté, 
remonte  à  Oislahari.  La  forme  originaire  du  nom  en  question  est 
GisOhari  ;  v.  Fôrstemann  I  (2^«  éd.)  647  et  653. 

On  sait  que  Oislàharius  a  été  le  nom  d'un  roi  burgunde  de  la 
première  dynastie.  Voici  les  variantes  du  même  nom  citées  par 
Wackernagel  (chez  Binding,  389)  :  gislaarium,  gislarium,  gischaha- 
Wum,  glisclarium. 

Le  vocable  en  question  n'a  pas  été  limité  à  la  nation  burgunde, 
d'autres  peuples  germaniques,  les  Alamans  et  les  Francs  entre 
autres,  l'employaient  également. 

Comparer  à  Gillarens  les  noms  de  lieux  germaniques  ana- 
logues CHsilheringen ,  Kisalheringun  et  autres  semblables,  chez 
Fôrstemann  II  582. 

Il  est  digne  de  remarque  que  la  métathèse  r  -l  pour  l-r  que 
présente  la  forme  patoise  actuelle,  dzBraië,  paratt  déjà  au  XII""* 
siècle,  dans  Qisrelens  (v.  ci-haut)  pour  CHslerens. 

Gleitepens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
En  patois  yeterç. 

XIIP  siècle  lieterins,  CL,  fo  79,  MDR  VI  347. 

1343  lieterens,  AF,  Grosse  d'Estavayer  n<»  123',  f'»  21. 

1343  licterens,  >  >  >     f«  31. 

1343  lyetorens,  >  >  >     f®    6. 

1343  gliderenSy  >  >  >     f®  15. 

1356  lieterens,  AF,  Reg.  notarial  n«  9^  p.  27. 

1400  lieterens,  AV,  Payerne,  n«  382» 


—     318     — 

1403  gletterens,  AV,  Balay,  f^  15r. 

1406  Lieterens,  AF,  Grosse  de  Montagny  n<»  138,  f^  9V. 

1422  glieterens,  AF,  Grosse  d'Estavayer  n**  124. 

1463  lieterens,  AF,  >  >  nM16,  f«  16*^16. 

1520  glecterens  (plus,  fois),  AF,  Grosse  d'Estavayer  n«  105, 

^  17«oi4. 
1539  Gletterens,  AF,  Rue,  n<»  482. 
1668  Gletterens,  Carte  Von  der  Weid. 
1755  Lietterens,  Perret,  Catalogue  20. 

Lieterens  et  ses  variantes  nous  révèlent  un  nom  d'homme  com- 
posé dont  le  second  terme  était  indubitablement  hari.  Quant  à 
l'élément  initial,  on  le  cherchera  le  plus  naturellement  dans  le  mot 
leuht,  en  v.  h.  allemand  lioht,  dont  une  variante  dialectale  est  liahi. 
Mentionnons  ici 'les  noms  Liahto  et  X/aA^grnm  (Heyne,  Altnîeder- 
deutsche  Eigennamen,  p.  18)  et  LeahtoU,  nom  d'un  conventuel 
d'Ottobeuren  (Lib.  Confrat.  II  419i4),  que  Fôrstemann  range  sous 
cette  même  racine  ^). 

De  l'union  des  deux  termes  liaht  et  hari  résulte  le  nom  solen- 
nel Liahthari  qui,  développé  à  l'aide  du  suffixe  ing^  a  pu  donner 
naissance  à  la  désignation  de  lieu  Liahtharingu(m),  d'où  lieterens. 

Comparer  lioht-  >  liet-  à  theod-  >  tié-,  et  à  leud-  >  li-  et  lieU, 
Longnon  I  365  et  347. 

Dans  les  formes  historiques  que  nous  avons  citées,  un  détail 
mérite  d'être  relevé.  Ce  sont  les  moyens  graphiques  auxquels  ont 
recours  les  scribes  pour  rendre  le  l  mouillé.  Dans  les  plus  ancien- 
nes mentions  on  se  contente  d'écrire  li  et  hj.  Cette  graphie  se 
maintient  jusque  dans  la  seconde  moitié  du  XV^  siècle.  A  côté 
d'elle  parait  la  notation  gl,  en  1343  pour  la  première  fois,  puis  en 
1403  et  en  1422.  Au  XVI«  siècle  gl  se  substitue  à  li  et  parvient 
dans  la  suite  à  supplanter  l'ancienne  notation. 

Un  fait  analogue  s'est  produit  dans  le  nom  de  famille  romand 
Liardon.  Une  branche  de  la  famille  vaudoise  portant  ce  nom,  ori- 
ginaire de  Vevey,  qui  est  allée  s'établir  à  Lausanne,  y  porte  à  pré- 


*)  11  convient  de  rappeler  qu'à  côté  de  Icuht  existait  aussi  la  racine 
lihta  employée  également  dans  la  formation  de  noms  de  personnes;  v. 
Fôrstemann  1  2^^  éd.  1056. 


—     319     — 

sent  le  nom  Glardon,  tandis  que  la  branche  restée  dans  le  pays 
d'origine  continue  à  s'appeler  Liardon  ^). 

On  peut  encore  comparer,  pour  la  graphie,  au  nom  de  la 
commune  broyarde  le  nom  de  lieu  Glareins,  plus  anciennement 
Lieransj  Liareins,  Lyarens^  v.  Philipon,  dans  la  Rev.  de  Philologie 
franc.  XI  116. 

Guin. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Singine. 

En  patois  dy?. 

Nom  allemand  DUdingen. 

XII"»«  Siècle  Doens  Duens,  Ld,  passim. 
XIII»«  siècle  Duens,  MDR  VI  24. 
Forme  patoise  actuelle  dy^=Dyens. 

La  forme  que  nous  venons  de  donner  au  nom  selon  sa  valeur 
phonique  actuelle,  a  été  remplacée  dans  l'usage  par  une  graphie 
bien  moins  correcte,  Cruin  *).  L'origine  de  celle-ci  s'explique  fa- 
cilement. Le  français  n'ayant  pas  de  signe  graphique  correspon- 
dant au  son  dy^  on  a  rendu  ou  plutôt  remplacé  ce  dernier  par 
la  consonne  qui  s'en  rapprochait  le  plus,  c'est-à-dire  par  g^  écrit  gu 
à  cause  de  l't  suivant.  Quant  à  -in,  le  son  que  cette  terminaison 
exprime,  est  précisément  celui  que  le  populaire  donne  à  -ens. 

Mentions  du  nom  allemand  : 

1258  Cûnradus  de  Tiudingen,  Font.  rer.  Bern.  II 468  n»  445. 

1287  Tûdingen,  Fout.  Coll.  dipl.  II  276. 

1301  Rod.  de  tûdingen,  k¥,  Stadts.  A  n^  6,  Rec.  dipl.  II  8. 

1461  ThUdingen,  Font.  Coll.  dipl.  XV  116. 

1555  ThUdingen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1578  Tûdingen,  Carte  Techtermann. 

1668  Didingen,  Carte  Von  der  Weid. 

1755  Didingen,  Perret,  Catalogue  5. 


')  Communication  de  M.  l'archiviste  d'Etat  A.  de  Crousaz. 
*)  Nous  trouvons  en  1755  dans  le  catalogue  du  Père  Perret  (p.  5)  la 
notation  Gaing^  corrigée  en  Guiu  par  une  main  contemporaine. 


—     820    — 

Duens  (dy?,  Guin)  et  DUdingen  sont  de  même  origine.  L'un  et 
l'autre  ont*  pour  base  le  nom  d*boinme  germanique  bien  connu 
Dod-  dont  on  rencontre  aussi  la  variante  Dud!-. 

De  Dodingum  on  a  d'une  part,  en  roman,  Dodçngu  ou  Du- 
denguj  puis  par  la  chute  de  la  dentale  intervocale,  Du^  et  Doçwg^ 
d'oii  Duens  et  Doens  et  la  forme  patoise  actuelle  dyf,  rendu  en 
français  par  la  graphie  Chtin  ; 

de  l'autre  : 

en  allemand,  Dudingun  qui,  en  passant  par  Tâdingen,  aboutit  à  la 
forme  moderne  DUdingen, 

Sur  l'origine  du  nom  Dodo  Dudo,  très  répandu  parmi  les  peu- 
ples germaniques,  voyez  Stark,  Die  Kosenamen  der  Germanen 
285-288  et  H.  d'Arbois  de  Jubainville  *90  *d\.  Le  même  nom  est 
cité  aussi  par  Goldast  dans  la  liste  des  noms  employés  in  Aleman- 
nia  Ouriensi  et  Burgundionensiy  Alam.  rer.  Script.  II  114. 

Gumefens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 
En  patois  giimf^. 

1299  U.  de  Gugmufens,  AF,  Humilimont, Varia  n«  3  (Cart.  45). 
1301  P.  de  Gumofens,  AF,  Stadts.  A  n°  6  (Rec.  dipl.  II  8). 
1307  Gumufens,  AF,  Humilimont  C  n«»  129  (Cart.  10). 
1317  Gumofens,  AF,  >         L  n^  14  (Cart.  23). 

1319  U.  de  Gomofens,  Font.  Coll.  dipl.  III  233. 
1403  gumufens,  gomofens,  AV,  Balay,  f®  4. 
1403  gomojfens,  >         >      f^  4,  4\  7\ 

1479  Gumufens,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  123. 

1577  Gumifens^  Carte  Schepf. 

1578  Gumuffens,  Carte  Techtermann. 
1638  Gumifens^  Carte  Plepp. 

1665  Gumuffens^  Strambino,  Constitut.  synod.  172. 
XVIIP  siècle  Gumuffens,  Carte  Seutter. 
1755  GumefenSy  Perret,  Catalogue  44. 
1807  Gumufens,  Dict.  Etrennes  1807  p.  99. 


—    321     — 

Od  reconnatt  sans  peine  dans  les  anciennes  formes  Gutnufens 
Oumuffens  le  nom  d'homme  Gumulf  composé  des  deux  termes 
onomastiques  guma  et  wulf.  Nous  rencontrons  un  exemple  de  ce 
vocable,  revêtant  la  forme  Gomolf,  dans  le  recueil  de  Fôrstemann 
I  2***  éd.  693. 

Hennens* 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  ênf. 

1403  henens,  AV,  Grosse  de  Moudon,  f«  266\ 

1432  ennens,  AF,  Grosse  de  Farvagny  n^  107,  f»  406^. 

1475  henyn,  AF,  Grosse  de  Romont. 

1578  EnenSf  Carte  Techtermann. 

1631  EnenSy  AF,  Rathserkanntnussbuch  n*»  27,  î^  13. 

1653  Ennens,  Dellion,  Dict.  II  152. 

1665  Ennens,  Strambino,  Gonstit.  synod.  170. 

1668  Henens,  Carte  Von  der  Weid. 

1755  Innens,  Perret,  Catalogue  16. 

La  double  nasalité,  exprimée  par  n  et  la  nasalisation  de  la 
voyelle  précédente,  fait  supposer  pour  la  forme  primitive  un  n 
simple  intervocal.  Le  nom  d*homme  a  donc  dû  être  Hin-  ou  In- 
qui  tous  les  deux  sont  mentionnés  comme  éléments  onomastiques 
dans  le  recueil  de  Fôrstemann,  I  2^*  éd.  844,  779. 

lUens. 

Château  seigneurial  et  commune,  district  de  la  Sarine.  Il  y 
avait  aussi  un  château  i'Ilîens  près  d'Oron,  sur  territoire  fribour- 
geois. 

En  patois  erlÇ, 

Nom  allemand  Blingen, 

1157  T.  de  Miens,  MDR  XII  Hautcrêt  15. 
1179  Itlens,  Ld,  p.  87  n«  218. 


—     322     — 

1181  W.  de  Miens,  MDR  XXII  23. 

1190-1200   Ytlens,  Ld,  p.  108  n«  269. 

XII»*  siècle  lUens,  Ld,  p.  42  n«  109. 

1251  Hylleins,  Font.  rer.  Bern.  II  340  n«  315. 

1324-(25)  yllens,  AF,  Rue  n«  20. 

1350   Yllans,  MDR  XXII  146. 

1395   Yllans,     >  >     241. 

1475  Chastel  dirllain,  AF,  Manual  V,  f°  12r. 

1475  grange  dirlens,      >  >     f°  122^ 

1668  iKciw,  Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

1397   YUingen,  MDR  XXII  261. 

1477  lUingen,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  55. 

1578  lllingen,  Carte  Techtermann. 

On  est  d'abord  surpris  de  trouver  a^i  XII°^*  siècle  le  groupe 
tl  dont  la  dentale  aurait  su  résister  si  longtemps  à  rassimilation- 
Mais  quand  on  considère  qu'il  s'agit  ici  d*un  vocable  apporté  par 
les  Germains  et  que  dans  un  nom  de  même  provenance,  scubilingis 
(Ecublens),  la  voyelle  contre-finale  s'est  maintenue  (entre  h  et  l) 
jusqu'en  964,  on  admettra  que  Mens  peut  très  bien  représenter, 
encore  après  le  X""®  siècle,  l'étape  intermédiaire  entre  Itlingum  et 
Ulens, 

Il  est  vrai  que  nous  avons  emprunté  les  deux  formes  présen- 
tant la  dentale  non  assimilée  à  la  liquide  au  Livre  des  anciennes 
donations  de  Hauterive  dont  nous  n'avons  sous  la  main  que  des 
copies  ;  mais  cela  ne  signifie  nullement  qu'elles  ne  soient  pas  au- 
thentiques. Billens  présente  le  môme  groupe  tl  dans  deux  ancien- 
nes formes  dont  Tune  est  tirée  du  même  document,  l'autre  d'une 
charte  originale  de  l'abbaye  de  Hauterive  (v.  ce  nom). 

Dans  Mens  il  faut  évidemment  reconnaître  le  nom  d'homme 
mu,  qui  peut  résulter,  par  durcissement  de  la  dentale,  de  la  ra- 
cine germanique  M-  ou  être  un  développement  germanique  de 
l'élément  onomastique  latin  i^. 


—     323     — 


Jopessant. 


Village  de  la  commune  de  Vuilly-le-Haut,  district  du  Lac. 
En  patois  dmrdsç  ou  dzors^. 

1350  Jeressens,  Matile  n°  530. 

1350  Jeressans,  Matile  n''  530  (même  acte). 

1373  Juriscens,  Matile  n^  706  (plus.  fois). 

1378  Juriscein,  Matile  n°  759. 

1378  Jurisce,  Matile  n<>  762. 

1445  ffirissens,  (plus,  fois),  AV,  Grosse  du  Vuilly,  f<>  17*»6. 

1445  gerissens,        >  >  »  Repert. 

]  558  JorenSf  ÂF,  Morat,  Rôle  des  feux. 

1577  Juressens,  Carte  Schepf. 

1668  Jorussansj  Carte  Von  der  Weid. 

1781  Jorissens,  Carte  Mallet. 

Lieffpens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  yefrç. 

XII*"*  siècle  Uiuianus  de  LeufrenSj  MDR  XII  Hautcrét  161. 

1247  Lifreins,  MDR  XII  Hautcrét  76. 

Euerart  de  Leifres,  MDR  XII  Hautcrét  154. 

1304  liefrens,  AF,  Valsainte  F  n*  1. 

1403  lieffrens,  AV,  Grosse  de  Moudon,  f«>  109. 

1403  Lyeffrens,  >  >        f«  153. 

1755  Lainfrin,  corrigé  en  Leiferens  par  une  main  contempo- 
raine. Perret,  Catalogue  36 

Nous  rencontrons  dans  le  Cartulaire  de  Lausanne,  f^  59,  MDR 
VI  251  et  653  un  vocable  germanique  sous  les  formes  romanes 
liefroit  et  Uefredus  dans  lesquelles  on  reconnaît  aisément  le  nom 
Leudfridy  d'un  usage  fréquent  chez  les  Germains.  Le  premier 
terme  de  ce  nom,  leud-  (v.  leudi  chez  Forstemann  I  2^*  éd.  1030)| 


—     324     — 

est  en  effet  représenté  aujourd'hui  en  français  par  7t-  lé-  liet-^  etc. 
Longnon  I  347).  Comparer  les  noms  suivants  tirés  de  documents 
de  notre  pays  :  Litburga  MDK  I  162,  Littardus  MDR  I  170,  Lie- 
todus  MDR  I  180  (XII'"^'  siècle),  theod-  se  réduit  également,  en 
français,  à  tié  ou  à  ti-  (Longnon  I  365). 

Rapprochons  Liefred  de  Liefrens.  La  ressemblance  est  frap- 
pante. La  forme  originaire  de  Liefred,  Leudfrid,  développée  à 
l'aide  du  suffixe  germanique  -ing,  produit  le  wocMq  Leudfridingum. 
L'assimilation  du  (2  au  /*  et  la  chute  du  d  placé  entre  deux  voyelles 
ont  dû  réduire  Leudfridingum  à  Leuffringu=Liuffrengu  qui  aboutit 
régulièrement  à  Lieffrens. 

Notons  encore,  à  propos  du  nom  Liefroit,  un  fait  qui  intéresse 
l'histoire  linguistique  de  la  Suisse  romande. 

Le  terme  onomastique  frid,  en  latin  vulg.  frçd,  réparait  dans 
la  première  moitié  du  XIII*  siècle  dans  notre  dialecte  franco-pro- 
vençal sous  les  formes  suivantes  : 

'freduSy  forme  latinisée;  Siefredus,  MDR  VI  84,  Syfredus, 

MDR  VI  643,  liefredus,  MDR  VI  653. 
'freih,  Ermenfreih,  MDR  VI  374. 
'frey,    Ermenfrey,         >         363. 
-frCf     hermefre,  >        353. 

'fred,  'fre,  hermenfred  hermenfre,  MDR  VI  360. 

-froit,  liefroit,      MDR  VI  251. 

-/rot,    Ermenfroi,         >       350. 

'frojj   ermenfroj,         >       351. 

La  seconde  de  ces  deux  séries  représente  le  développement 
français  de  c,  tandis  que  la  première  donne  le  son  du  dialecte  indi- 
gène. La  diphtongue  -ot  venant  se  placer  ici  à  côté  de  la  forme  -ei, 
propre  à  l'ancien  dialecte  de  notre  pays,  prouve  qu'au  XIII™* 
siècle  déjà  la  langue  littéraire  (la  langue  d'oil)  commençait  à 
pénétrer  dans  la  Suisse  romande. 

Louptens. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac. 
Nom  allemand  Lurtigen. 


—     326     — 

1558  Lurtingen,  AF,  Morat,  Rôle  des  feui. 

1620  Lurtens,  AF,  Grosse  de  Morat  n"  20,  f°  604. 

16.68  Lurtingen,  Carte  Voo  der  Weid. 

Lovens. 

Yittage  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
En  patois  Içvi^, 

Xll"=  siècle  Ijmens,  Ld,  p.  55  u"  144. 

1229  loaens,  AF.  AH,  Tir,  VII  ti-  3. 

1254  Loveins,  Font.  rer.  Bern,  II  386  n"  361. 

1320  Imens,  kV,  Grosse  de  Montagny  n"  141  f"  15,  23'. 

1403  Imens,  AV,  Balay  i"  IbW 

1678  Louens,  Carte  Techtermann. 

1755  Lauvain,  Perret,  Catalogue  17. 

Loba  est  une  racine  onomastique  sous  laquelle  Furstemann 
{I  2*'  éd.  1061)  mentionne  les  noms  Lopus,  Lobo,  Loba  et  quelques 
composés.  Un  exemple  du  nom  Lobo  nous  est  fourni  aussi  par  un 
acte  de  832  de  l'abbaye  de  Savigny  (Cart.  n"  18).  Il  y  a  Heu  de 
rappeler  ici  également  l'élément  onomastique  Laub;  v.  Fijrstemann 
I  2'^'éd.  1014. 

Comparer  à  Lovens  Tribourgeois  le  nom  franc-comtois  Lou- 
hans,  en  676  viîla  Lovimjo;  v.  l'étude  de  Philipon,  dans  la  Rev.  de 
Philologie  franc.  XI  122. 

Macconnens. 

Village  et  commune  du  dsîtrict  de  la  Glâue. 
En  patois  mahun^. 

1320  Masconens,  AF,  Grosse  de  Montagny  n°  141,  f"  17". 

Masconnens,  Euenliti,  Dict. 

1336  (copie  du  XVI"'  s.)  Macconens,  AF,  Romont  n"  5. 

Antoine  de  Gruyère,  dont  la  femme  était  dame  de  Macconnens, 


326 


est  dit  seigneur  de  Vascognin  dans  une  lettre  du  comte  Michel, 
y.  Hisely,  Hist.  du  comté  de  Gruyère  II  344.  MDR  XXI 

Nous  somuieB  i^videmment  ici  en  présence  de  l'élément  ono- 
mastique Masc  qui  paraft  avoir  été  assez  rare  ;  le  polyptique  de 
l'abbaye  de  Sl-Germain-des-Prés  n'en  fournit  qu'un  exemple  ;  v, 
LongnOQ  I  351. 


Mag;-nedens. 

1°  Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 

2"  Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Villarimboud, 

district  de  la  Glane. 
En  patois  maitdç. 

XII"'  siècle  Manoldms,  Ld,  p.  31  n"  75. 

XIII»'  siècle  Mannidens,   Ld,  p.  123  n»  300. 

1229  manudens  (plus,  fois),  AF,  Commanderie  n"  1. 

1229  Magnoudeins,  AF,  Commanderie  D"  2. 

1263  Magnuidena  (plus,  fois),  AF,  Commanderie  U  123.1 

1281  Magnwdens,  Font.  Coll.  dipl.  II  391, 

1319  Magnudms,     >  .  III  235. 

1555  Magnudms,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1567  Manudins,  AF,  Rôle  milit.  du  baillage  d'IUons. 

1578  Manudens,  Carte  Techterœann. 

1638  Manudetis,  Carte  Plepp. 

1645  JUagniendens,  AF,  Rôle  milit.  du  baillage  d'IUena.   ' 

1727  Magnudens,  AF,  »  .  »  ' 

1755  Magnedens,  Perret,  Catalogue  73. 

1769  Magnedms,  AF,  Corresp.  du  bailli  d'Illens,  22  juillet  1767. 

1785  Magnedens,     »  »  »  l"juin  1786. 

1787  Magnedens,     •  »  >  10  déc.  1787. 

M^Z  Magnedens,     i>  »  u        9  janvier  1793. 

Les  anciennes  formes  de  Magnedens  ne  sauraient  être  pins 
claires.  On  y  lit  avec  toute  certitude  le  vocable  nianold  qui  n'est 
autre  que  le  nom  d'homme  germain  Maginold  placé  en  bouche 
romane. 


~     327     — 

CTiTa^ît  que  ce  nom  est  formé  des  deux  ëlémeots  magan  et 
wald.  Maginold,  MagenoM,  Mei/inold,  etc.  (Fôrslemann  I  2''"  éd. 
1080)  sont  des  transformations  germaniques  de  Maganwald. 

Le  fait  que  dans  noire  nom  de  lieu  Maganwald  a  passé  en 
langue  romane  non  pas  sous  sa  forme  primitive,  mais  sons  celle  de 
Jlfajrinolc^,  produite  par  une  transformation  toute  germanique,  est 
propre  à  fournir  un  renseignement  historique  qu'on  chercherait 
vainement  ailleurs.  Nous  reviendrons  ailleurs  sur  ce  point. 

Manncns. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
En  patois  wiowf . 

1228  Mannens.  Font.  rer.  Bern.  II  83  n"  72. 

1320  Magnens,  AF.  Grosse  de  Montagny  n"  141  f<*  H,  14". 

1578  Mancns,  Carte  Techtermann. 

1668  Manens,  Carte  Von  der  Weid. 

La  base  de  Mannens  parait  avoir  été  le  nom  d'homme  ger- 
manique ^ann- dont  les  exemples  ne  sont  pas  rares;  v.  Forste- 
mann  I  2^"  éd.  1090,  Waltemath  31.  Il  était  aussi  en  usage  chez  les 
Burgundes,  v.  WackerDagel.  Sprachdeokmaler  (Binding  394).  Cf. 
LongDOn  I  350. 

Dans  les  inscriptions  latines  on  rencontre  un  nom  de  même 
nature  :  Mannius,  CIL  V  SllOijB,  7346,  7347. 

Marsens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 

En  patois  mai?. 

851  curtis  marsingus,  CL.  f"  43,  MDR  VI  202. 

929  in  curte  marsingis,  Indictiteur  d'histoire  suisse  1901,  p. 

418  (M.  Ch.  Morel). 
1578  IHarsens,  Carte  Techtermann. 
l  Marcens,  Carte  Vou  der  Weid. 


—     328     — 

L'ëlëment  onomastiqae  Mars-  (Xarsus,  Ephem.  epigr.  Y  835) 
était  aussi  en  osage  chez  les  Germains.  On  sait  qae  Marri  a  été  le 
nom  d'une  peuplade  de  l'ancienne  Germanie.  Marso^  Loogoon  I 
258,  Forstemann  I  2^^  éd.  1098. 

Massonnens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glftne. 
En  patois  maiunê.  Dans  la  Gruyère  mai^n?. 

in  mansaningiSf  Indicateur  éT histoire  suisse  1901,  p.  419  (M. 

Ch.  Morel). 
1177  Massenens,  MDR  XII  Montheron  31. 
XII">*  siècle  Massenens,  Ld,  p.  115  n<»  260  et  passim. 
1226  Massenens,  MDR  XXII  31. 
1344  Uldricus  dictus  Massunens,  AF,  Stadts.  A  n<»  29. 
1471  massonens,  AF,  Grosse  de  Pont-Farvagny  n<*  103  f»  81. 
1668  Massonens,  Carte  Von  der  Weid. 

Maudens. 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Châtel-St-Denis. 
En  patois  mod^, 

1309  maudens  et  modens  promiscuèi  AF^  Grosse  de  Ghfttel- 

St-Denîs  n^  60,  1"  partie,  f^  2,  6,  7  ;  4%  6,  7,  etc. 
1367  maudens  (forme  constante),  AF,  Grosse  de  Chfttel-St- 

^  Denis  n^  60,  2'**  partie,  f^  35  suiv. 
1668  Maudens,  Carte  Von  der  Weid. 

Le  Germain  qui  a  donné  son  nom  à  notre  terre  châteloise, 
s'appelait  Mald-, 

Le  recueil  de  Forstemann  énumère  une  série  de  noms  com- 
posés dont  le  premier  terme  est  la  racine  qui  a  fourni  le  nom  en 
question  (namenbuch  I  2^®  éd.  1085). 


Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
En  patois  mor?. 

XII"'  au  XIII"'  siècle  Moyens,  Ld,  p.  118  d°  290. 

1228  Moreiiis,  Font.  rer.  Bero.  II  89. 

1285  Morens,  »  »       III  391. 

1463  morens,  AF,  Grosse  d'Estavayer  n"  116,  f»  208. 

1578  Morens,  Carte  Techtermann. 

1665  Morin,  Strambino,  Constit,  syood.  168. 

1668  Morens,  Carte  Von  der  Weid. 

l'urstemann  (I  924)  range  les  noms  Maurus  Moro,  etc.,  fré- 
quemment employés  par  les  Germains,  sous  la  racine  Maur-  dans 
laquelle  Loognon  (I  351)  reconnaît  le  nom  romain  Maurus. 

Morlens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glàne. 
En  patois  morif. 

996  uilla  que  dicitur  morlingis,  Hist.  Patr.  Mon.  Chart  II  57. 
nu  Morlens,  MDR  III. 
1278  Maliens,  MDR  XII  Hautcrêt  292. 
1285  Maliens,  Font,  rer,  Bero.  III  389. 
1578  Morlens,  Carte  Techteruiann. 
1668  Morllens,  Carte  Von  der  Weid. 

C'est  encore  de  la  racine  onomastique  Maur-,  mentionnée  à 
propos  de  Morens,  qu'est  sorti  le  nom  Mattril-,  base  du  nom  de  lieu 
qui  nous  occupe. 

Le  développement  de  Maur-  en  Mauril-  peut  être  dû  aussi 
bien  à  l'onomastique  romaine  qu'à  l'onomastique  germanique.  En 
latin  .Maur  produit  Matirilius  ;  empruntée  par  les  Germains,  la 
même  racine  donne  naissance  au  nom  familier  Maurilo  Morilo. 


Maurilio  CIL  XII  1207  ;  Haurilio  (évêque  de  Cahors)  Grég. 
de  Tours,  Mon.  Germ.  hist.  Script,  rer,  Merov.  I  233ii  ;  Mortlo 
Lib.  Contrat.  II  161,^. 

Cp.  Morîange  (en  Savoie),  Marteau:i,  Berne  savoisienne  1900, 
p.  115. 

Onnens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
En  patois  unf. 

1139  Unens,  Ld,  p.  13  n"  33. 

1228  Uneins,  Font.  rer.  Bern.  II  89. 

1229  unens,  AF,  AU,  Tir.  VII  n°  3. 
1578  Onens,  Carte  Techteimann, 
1668  Onens,  Carte  Von  der  Weid. 

Nom  allemand  : 

1755  Onningen,  Perret,  Catalogue  5. 

Nous  pouvons  rapprocher  de  ce  nom  de  lieu  les  noms  d'homme 
Oni,  Ono,  Onniu  que  Forstemann  place  soua  la  racine  Aun,  et 
Uno  qui  parait  avoir  été  en  usage  chez  les  Burgundes,  v.  Wacker- 
nagel,  chez  Binding  371. 

La  forme  allemande  du  nom  devrait  être  Venningen,  Vo  devant 
ici  subir  la  loi  de  Vumîaut. 


Orsonnens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  oSunê  Dans  la  Gruyère  oi»»?. 

1U3  Orsmens,  Mém.  de  Frib.  1855  p.  219. 

1166  Orsenens,  MDR  XII  Hautcrêt  29,  31. 

1178  Orsenens.  Ld,  p.  20  n"  49. 

1180  W.  de  orseneins,  MDR  VI  115. 

II84  Orsenens,  Hidber,  Dipl.  Helv.  var.  74  n°  61. 


—     881     — 

XIII"'  siècle  orsenens,  CL  î"  93. 

1380  ôrsenens,  AF,  Fiefs  nobles  du  pays  deVaud  n"  135,  f"  20. 

1577  Orsonens,  Carte  Schepf. 

1668  Orsonens.  Carte  Von  der  Weid. 

Les  plus  ancieDaes  formes  de  ce  nom  de  lieu  ayant  à  la  se- 
conde syllabe  e  à  la  place  de  o,  il  semble  que  le  nom  du  proprié- 
taire germain  a  été  Orsin-.  Ce  vocable  peut  représenter  le  nom 
latin  Ursinus  ou  résulter  d'une  composition  germanique  dont  le 
premier  terme  aurait  été  l'élément  Urs-  emprunté  à  l'onomastique 
romaine  (y.  Longnon  I  368). 

Ppo§fens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Veveyse. 
En  patois  prudef. 

1324  progin,  AF,  Rue  n»  20. 

1403  villa  deprcgin,  AV,  Grosse  de  Moudon  î°  280. 

1505  Progms,  AF,  Grosse  de  Rue  n"  85  f"  548. 

1512  Frogin,      «  >  n"  82  f"  9^017. 

1555  IVougens,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1668  B-ogin,  Carte  Von  der  Weid. 

1808  Progins,  Dicl.  Etrennes  1808  p.  104. 

La  terminaison  de  ce  vocable  correspond  bien  à  -ingutn,  mais 
le  nom  lui-même  n'a  pas  une  apparence  germanique. 

Proinasens. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  promaèç,  plus  rarement  prumaif. 

XII"  siècle  Protnesens  (plus,  fois),  MDR  XII  Hautcrét  149. 
XII"  siècle  Promaisens,  >  >         151. 

1218  Pi-omasens,  >  >  56. 


332 


1224  promasens,  ÂF,  IlleiiB  n»  84, 

1228  Promaisens,  Font,  rer,  Bero.  II  90. 

1251  Partnesens,  Gremaud,  Cart,  de  Promasens,  année 

1403  pormasens,  ÀV,  Grosse  de  Moudon,  f°  109, 

1403  I^rmasens  pormassens,  AF,  Gr.  de  Moudon,  f"  119  sniv, 

1403  promasens,  >  »        i"  123'. 

1668  Promasens,  Carte  Von  der  Weid. 

1765  Promagéns,  Perret,  Catalogue  17. 

1808  I^'omagens,  Dict.  Etrennes  ]>.  104. 

Nous  avons  deux  preuves  de  l'existence  du  nom  Promas  dont 
la  proveuance  nous  est  d'ailleurs  inconnue  :  1)  Au  milieu  des  noms 
presque  esclusivement  germaniques  des  membres  de  l'antique  cou- 
vent de  S.  Modeste,  à  Bénévent,  nous  trouvons  celui  de  l'romas,  Lib. 
Confrat.  11  329it;  2)  Promasius  est  le  nom  d'un  saint  personnage 
mentionné  dans  les  Petits  Bollaodistes  XVII  520. 

Il  parait  que  le  a  contre-final  de  I^omasens  a  passé  d'abord  à  e 
pour  reprendre  déjà  à  la  fin  du  XII*  siècle  sa  valeur  primitive. 

Nous  sommes  loin  de  partager  l'opinion  de  ceux  qui  identifient 
J^omasens  avec  le  nom  de  l'ancien  vicus  helvète  Bromaijus.  Nous 
ne  contestons  nullement  la  possibilité  que  le  bourg  helvéto-romain 
36  EOit  trouvé  en  ce  lieu,  ni  la  valeur  des  arguments  archéologiques 
qu'on  peut  alléguer  en  faveur  de  cette  opinion,  mais  nous  croyons 
pouvoir  affirmer  qu'un  argument  basé  sur  la  ressemblance  des  deux 
noms,  Sromatfus  et  Promasens,  est  dépourvu  de  valeur. 


I 


Remaufens. 


Village  et  commune  du  district  de  la  Veveyse. 
En  patois  ramçf?. 

XIIP  siècle  romulfens,  CL,  f  85,  MDR  VI  377. 

1309  remoufens,  AF,  Grosse  de  Chitel-St-Denis  n»  i 
partie,  f"  7",  9",  lô"-. 

1309  remofms,  ibid.  ^  1,  3,  etc. 

1367  Renioufens,  AF,  Grosse  de  Châtel-St-Denis  n"  60,  2^  | 
partie,  f"  42  et  passim.  Cette  forme  domine  près 
exclusivement  dans  la  2''"  partie  du  document. 


ISeTMemufms,  ibid.  P  35',  45. 

1367  Bemuff'ens,  ibid.  f"  45",  47,  47'  ;  iBaia  encore  à  la  même 


1367  rentoufens. 

1429  Remoufetis,  AF,  Humilimont  V  n"  141  (Cart.  33). 

1462  TU.  de  Remouff'ens,  Font.  Coll.  dipl.  SV  134. 

1578  Semuff'ens,  Carte  Techtermann. 

1584  Rtmdmouff'ms,  AF,  Grosse  de  Châtel-St-DeDÎs  n"  37,  f"  1. 

1665  Eemaufens,  Straïubino,  Constit.  Bynod.  181. 

1668  Rmuffens,  Carte  Von  der  Wjeid. 

1755  Itemaufens,  Perret,  Catalogue  19. 

1808  Bétnaufens,  Ditt.  Etrmnes  1808  p.  104, 

Nous  fîseroDS  séparément,  pour  les  réunir  ensuite,  les  deux 
termes  du  nom  d'homme  dont  est  formé  Remaufens. 

Le  premier  est  fitcileinent  reconnaissable  dans  la  mentiou  du 
XII"  siècle.  C'est  le  mot  Bom,  le  même  évidemment  que  krom  si- 
gnalé par  FÔLstemaon  comme  racine  onomastique  (1  2*''  éd.  883/ 

Quant  au  second  terme,  il  convient  de  le  dégager  de  la  forme 
qui  parait  le  plus  fréquemment  et  le  plus  régulièrement  et  à  côté 
de  laquelle  les  formes  isolées  doivent  être  considérées  comme  des 
variantes  d'ordre  graphique.  Cette  forme  régulière  est  incontesta- 
blement -om/".  terme  qui  nous  ramène  à  -aï/"  primitif,  ou  étant  dans 
uotre  ancien  dialecte  le  produit  régulier  de  aP""".  Foreteraann  con- 
sidère le  terme  -aïf^  comme  douteux,  tout  eu  signalant  les  noms 
Vestralp,  Olfalf,  Hunalf,  Adalalf  il,  2'"  éd.,  64). 

En  réunissant  les  deux  termes  que  nous  venons  de  voir,  nous 
arrivons  à  Ronialf,  nom  qui  parait  avoir  été  peu  employé.  Com- 
parer Romulfns,  Longnon  I  2C1. 

On  peut  comparer  à  Remaufms  un  autre  nom  local  suisse  qui 
semble  également  présenter  -alf  comme  second  terme  de  nom 
d'homme,  bien  que  les  graphies  ne  soient  pas  identiques.  Voici 
quelques  mentions  historiques  de  ce  nom  : 

XIll"  siècle  castrum  de  Willaufens,  CL,  f  120,  MDR  VI  580. 

1250   Wilîaufeins,  MDR  Vil  48. 

1330  Willafans.  Matile  n°  383. 

1343    WuiUaff'ens  lo  viez,  Matile  n"  465. 


Village  paroissial  du  district  de  Payerne,  canton  de  Vaad. 

En  patois  raSiid^. 

Cette  localité  est  mentionnée,  à  l'année  923,  dans  les  Annales 
Flaviniacenses  et  Lausoncnses  (Mon.  Gerra.  hist.  Script  llï  152)  : 
Hoc  anno  captus  est  Boso  in  villa  Ramsoldingis.  Au  Xni°  siècle, 
Conon  d'Estavayer  rapporte  ce  même  fait  deux  fois,  la  première 
dans  la  chronique  ("jiMnaies  L«MSa«c«sesJ;  Boso  episcopus  Lausa- 
nensis  fuit  comprehcnsus  in  villa  Resoldengis  anno  domini  932°;  la 
seconde  dans  la  chronique  des  évéques  (Gesta  episcoporum  Laus.)  : 
Fuit  autem  (se.  Boso)  comprehensus  in  villa  Ransoifflngis  anno  ab 
incamatione  91S°. 

On  a  dit  que  la  chronique  de  Conon  parait  s'appuyer  sur  les 
Annaies  Flav.  et  Laus.  Eu  effet,  les  deux  formes  Ransoldingis  et 
Eesoldengis  sont  évidemment  calquées  sur  le  Ramsoldingis  des  An- 
nales. Cependant,  la  prononciation  contemporaine  est  déj&  parvenue 
ici  à  s'imposer  en  partie  à  l'écrivain  du  XIII"  siècle.  Le  fait  saute  au 
yeux  quand  on  rapproche  de  Resoldcngis  (pour  Ramsoldingis)  la 
forme  qu'a  le  nom  du  village  hroyard  pn  1228,  Ressudeins  (Pouillé 
du  diocèse  de  Lausanne,  MDR  VI  14). 

Autres  mentions  : 

1184  Ressoudens,  Hidber,  Dipl.  Hetv.  varia  n"  63. 

1184  Resodetis,  »  »  >  n"  64. 

1215  Rasoldens,  CL,  f"  75,  MDR  VI  325. 

XIII"  siècle  in  tine  Resoiaengis,  CL,  f"  79,  MDR  VI  346. 

XIII'  siècle  in  curie  Resoldïngis.  CL,  f"  79,  MDR  VI  347. 

XIII'  siècle  resoldens,  CL,  f"  79,  MDR  VI  347. 

1260  ressudens,  AV,  Payerne  n"  12. 

1291  Rassoudens,  Font.  rer.  Bern.  III  512  et  513  n"  522. 

1400  ressudens.  AV,  Payerne  n"  382. 

1578  Resudens.  Carte  Techtermann. 

Rapportant  un  fait  qu'on  place  entre  les  années  1080  et  1089, 
le  Cartutaire  de  Lausanne  écrit  : 

curia  de  Resuîdens,  Font.  rer.  Bern.  I  344  n'  127. 


I 


~     935     — 

Le  nom  du  Germain  qui  est  wenu  s'établir  dans  cette  belle 
contrée  broyarde,  est  Eamsold.  Ce  nom  se  lit  d'une  façon  directe 
et  sûre  dans  la  mention  que  nous  avons  signalée  en  premier  lieu, 
Ramsoldingis. 

La  racine  onomastique  formant  le  premier  terme  de  Ramsoîd 
reparaît  dans  d'autres  composés,  ainsi,  par  exemple,  dans  le  nom 
Ramsolf,  mentionné  dans  le  recueil  de  Fiirstemann  1  1030.  Le  se- 
cond terme,  -old,  est  une  altération  germanique  bien  connue  de 
l'élément  onomastique  -wald. 

Par  la  présence  de  l'élément  -wald.  le  nom  de  lieu  Eessudetis 
est  apparenté  à  Brenmdens  et  à  Magnedens  et  présente  le  môme 
intérêt  historique  que  ceux-ci. 

Rierin. 

Petite  localité  de  la  commune  de  Lussj. 

1147-1157  Bierens,  Ld,  p.  45,  n"  117. 
1163-liyO  EiermSf  Ld,  p.  49,  n"  125, 
1215  Rierms,  Ld,  p.  117,  n"  289. 


Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 
£d  patois  rsmanê. 

1380  romanetts,  AF,  Fiefs  nobles  du  pays  de  Vaud  n"  135,  f°34\ 
1 403..; fiffwonens,  AV,  Balay,  î"  213. 

On  serait  tenté  de  voir  dans  Romanens  le  nom  latin  Romanus. 
Mais  il  est  bien  plus  probable  que  nous  avons  devant  nous  le  nom 
germanique  Rodnmn.  Celui-ci  est  représenté  dans  le  recueil  de 
Fôrstemaon  1 2'i''éd.  91 1  par  les  formes  Hrodinan  Rodoman Ruodman 
Rotman,  etc.  Les  Lib.  Cmifrat.  en  donnent  également  une  série 
d'exemples  de  provenance  diverse  : 

Forme  primitive  supposée  :  Rodnian-ingwn, 


—    8S6    — 

Rossens. 

Village  et  commaDe  du  district  fribourgeois  de  la  Sarine. 
>  >  >        vaudois  de  Payerne. 

Ed  patois  raS^. 

XII*  siècle  BossenSf  Ld,  p.  19  u^  45. 
1474  Bossens,  Font.  Coll.  dipl.  XV  377. 
1668  Bassin,  Carte  Von  der  Weid. 

Ce  nom  de  lieu  semble  bien  être  formé  d*un  nom  hypocoris- 
tique  dérivé  de  la  racine  rod  (hrod).  Longnon  (I  272)  mentionne 
BocUfo  Boeeo  Boteo  qui  tous  sont  propres  à  expliquer  Bossens. 

Sansonnens. 

Nom  de  famille  fribourgeois. 

Clos  à  Sansonnens,  maison  isolée  dans  la  commune  de  Franex. 

Saucens. 

Groupe  de  maisons  dans  la  commune  de  Bulle. 
En  patois  àuB^. 

Villa  socxingus  id  est  soucens,  CL,  î^  V  ^). 

1145-49  Salcens,  Mém.  de  Frib.  1855,  p.  239. 

1258  Ulricus  de  Souceng,  ÂF,  AH,  L  n^  5.  (Gremaud  a  lu 

Soucens,) 
1426-27  Aymonet  de  SaucenSy  Rec.  dipl.  VII  206. 

On  peut  rapprocher  de  ce  nom  de  lieu  les  noms  hypocoris- 
tiques  Salacho  Salecho  SalUcho  Salocho  Salucho  Salcho  (Lib.  Con- 
frat.),  Sdleco,  MDR  VI  130,  131. 


^)  Ce  passage  a  été  rendu  d'une  façon  incorrecte  par  Téditeur  du  docu- 
ment :  mlla  Sotringes  (id  est  Soutens),  MDR  VI  5. 


Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 

En  patois  Sorç. 

XII"  siècle  Sorens.  AF,  Arch.  du  Collège,  Humilimont  Tir.  A  n"  1 , 

XII"  au  XIII'  siècle  Sorens,  Ld,  p.  135,  n"  320. 

1229  Sorens,  AF,  Commanderie  n"  1, 

1255  Soretis.  AF,  Hiimilimont  G  n"  5. 

1373  Sorens,  Font.  Coll.  dipl.  VI  24. 

1479  Sorens,       »  >  »  XVI  123. 

1578  Sorens,  Carte  Techtermann. 

1668  Sorens,  Carte  von  der  Weid. 

Forstemaun  (I  2'''' ëd,  1301)  relève  du  polyptique  de  l'abbaye 
de  S.  Rémi  les  noms  Saurulf  et  Sorulf  que  cependant  il  range  sous 
la  racine  sarva. 


Village  et  commune  du  district  de  ta  Singine, 
Nom  allemand  Tentlinifen. 

XII'  siècle  Tentenens,  Ld,  p.  96  a"  244. 
1324  Tentenens,  MDR  XXII  92,  93. 
1428  tentenens,  AF,  Reg.  net,  a°  59,  169-. 
1445  Tenterens,  AF,  Impôt  de  1445. 

Nom  allemand  : 

1363  Tintingen,  AF,   Fiefs  Tbierstein.    Traités  et  contrats 

n"  323". 
1466  Tentlingen,  Font.  Coll.  dipl.  XV  279. 
1449-50  Tentîigen,  AF,  Ane,  Terres.  Titres  classés  (copie). 

Plaintes  adressées  au  duc  d'Autricbe. 
1453   Tentlingen,  Font.  Coll.  dipl.  XIV  170. 
1555  Tentlingen,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 
1668  Tentlingen,  Carte  Von  der  Weid. 


338 


La  localité  est  allemande.  Son  nom  allemand  est  vrafaeinbla- 
blement  formé  d'un  nom  J'homme  tel  que  Dindil-  ou  Dandil-.  On 
trouve  des  exem]>les  des  noins  Dindi  Dindo  et  de  noms  semblables 
dans  le  recueil  dy  Forsteinann  1  2''"  éd.  410  et  dans  le  livre  de 
Heyne,  Altniederdeutsclie  Elgennamen  Quant  au  nom  Dandït-,  la  | 
racine  dont  il  est  formé,  dand.  était  d'un  emploi  assez  fréquent, 
comme  le  prouve  la  série  de  noms  Dando  Tanto  Dendi  enregistrés 
par  Forstemann.  qui  mentionne  en  outre  les  deux  formes  dérivées 
Dantlin.  Dentelin  et  Dentlin  (l  l^-'  éd.  403). 

Le  nom  roman  Tinterin,  correspondant  à  Tetitîingen,  a  d&  être 
formé  à  une  époque  oii  le  dialecte  alaman  avait  déjà  fait  subir  aux  i 
vocables  Dindilingum  ou  Dandilingunt  le  durcissement  des  con- 
sonnes d>t  et,  dans  le  second  cas.  en  outre  Vumîaut  a>e. 

Tent-  pour  Tint-  pourrait  ôtre  attribué  à  l'influence  de  la 
forme  romane. 

Treytoi'rens. 

Village  et  commune  du  dîatriet  vaudois  de  Payerne. 
En  patois  tretor^. 

XII"  siècii3  Troiterms,  Ld.  p.  33  n"  80. 

1194  Ulricus  de  Troterens,  Matile  n"  43. 

XIII»  siècle  Trmterains,  Ld,  p.  129  n"  312. 

1230  Girardus  de  troiterens,  CL,  f  65',  MDR  VI  271. 

1251  W.  de  Troutercim,   Font.  rer.  Bern.  II  341  n"  315. 

1380  tretorens,  AP,  Fiefs  nobles  du  pays  de  Vaud  n" 

f"  53'. 
1403  tretorens,  AV,  Balay,  Fiefs  nobles  de  Vaud,  f"  1. 
1668  Treitorens,  Carte  Von  der  Weid. 


Dans  nos  plus  anciens  documents,  la  seconde  partie  de  notre 
nom  de  lieu  se  présente  toujours  sous  la  forme  -tereiis.  Le  terme 
factice  -torrens  parait  avoir  été  introduit  cbex  nous  par  les  com- 
missaires du  duc  de  Savoie,  rédacteurs  des  grasses  féodales,  dont 
les  préoccupations  d'orthographe  et  d'étymologie  ont  laissé  des 
traces  dans  plus  d'un  des  noms  de  lieux  du  pays  de  Vaud. 


nous  basant  Bur  la  forme  régulière  du  XII*  siècle,  Troi- 
terens.  nous  pouvons  établir  avec  assez  de  sûreté  que  le  nom  de 
l'immigré  germain  a  été,  en  bouche  latine,  Troctar,  vocable  qui 
correspond  parfaitement,  en  germaniq^ue,  à  Truhthari.  Nous  trou- 
vons ce  dernier  uum  mentionné  dans  le  recueil  tie  Fùrstemanu  sous 
la  racine  druhti  ').  Cf.  Longnon  I  3O0.  Le  vocable  en  question 
semble  donc  avoir  subi  le  durcissement,  de  la  dentale  initiale  avant 
d'être  reçu  détinitivement  daus  l'idiome  roman.  Nous  avons  tu 
que  dans  Brognens  le  groupe  initial  dr  est  resté  inaltéré. 

Vauceus. 

Groupe  de  maisons  dans  ta  commune  de  Bulle. 

Waîcenges,  Tiré  du  CL  et  identiâé  par  M.  Ch.  More),  Indica- 
teur d'hist  suisse  1901  p.  416,  417. 

XIII'  siècle  Wocens  (aput  Rotam  en  Ogo),  CL  f"  46,  MDR  VI 
217. 

Voucens  Vâucens,  Kuenlin,  Dict. 

Il  s'agit  ici  probablement  du  nom  hjpocoristique  dont  voici 

deux  exemples:  tJuaUko,   IVaîilco  {Reyoe,  Altniederdcutsche  Eigen- 
namen  28,). 

V^audcreiis. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Oiâne. 
En  patois  voderç,  variante  vo'^der^. 

XII"  siècle  Votidenens,  Ld,  p.  117  n"  289. 
»         »      Uualdenens,  Ld,  p.  32  n"  79. 
1256    Wôudunenens,  MDR  XII  Hautcrêt  283. 
1345    Voudenens,  Gremaud,  Cart.  de  Promaaens. 
1380  Voudanens,  AF,  Fiefs  nobles  du  pays  de  Vaud  n"  136, 
f°2\ 


')  Fôrateinann  I  2à'  éd.  428. 


—     340     — 

MBS  rtmimmt,  AT.  Gnmt  6e  Mwrf—  ^  ISft. 
UW  Vmdirmê,  kV.         >  »        ^^V. 

IffTS  Ymâm..  'imaiMc],  CwteTecfctc 
IMS  Vmin  n  i.  ^Cpte  Tm  der  WdJ. 
Xyin-  Hide  FmiU^cw,  Cvte  Seanv . 

Le  BMl  d'bamBC  1fWA«r  e^HqMrait  trèi  Wn  k  1 
■ctMlto  da  MM  de  Hm,  «Mfarf.  Hsii  ceh  m  idfc  pas  ;  >te 
r<cy»eleti>  reade  wmA  nopca  des  fonus  hMarifai 
aeotreot  qw  le  r  daae  vierf  tat  mb  de  a  latdrlear. 
yrtstti^  le  fereOe  pr^cédeale  a'e  pa  être  qae  a  tt  ■• 
stari  aa  Dem  IToUon  doet  an  etemple  est  ncatleaad  dne  b  ra- 
eacd  de  FdntcMao  I  3«-  ^  ISOO.  Mais  le  »  peat  aaan  iiMieliii 
i  I  ce  la  coBanoc  peat  areir  sobi  id  la  névc  éTolatiaa  qae  aeae 
Cf  eai  «beervëe  ea  étadûat  le  bob  de  tiea  TWerm  :  t>m>r.  Daas 

{-ce  CM  le  Bom  de  penoone  qae  aoos  chercbons,  «arait  ixé  WtàM-, 
lageaMOt  de  l'étément  ODomutlqDe  iroU.  Vi>id  nue  preave  de 

'  renpiot  de  ce  Bom  ;    Wal4Ho,  de  l'abbaTe  de  MaiLsee.  Lib.  CoafraL 

nui,,. 

Villarden«. 

13U   Valardena,  MDR  X.U.  Montheroo  74. 
Nom  d'homme  :   HaOtard. 


Village  et  commune  da  district  de  la  Gruyère. 
En  patois  tced^. 

Wadittgum,  Aobert.  Trésor  206. 

929  in  curte  Vuadingis,  Hist.  Patr.  Mon.  Cbart.  II,  col.  43, 
voyez  les  Observations\de  M.  Ch.  Morel,  Indicateur  d'hist. 
suisse  1901,  p.  417  suiv. 
1017  potestas  Uuadengis,  MDR  XXII  215. 
1145-59    Hodens,  MDRXXIX95. 
1276  P.  de  Waddens,  MDR  XII  Hautcrét  115. 


—      341      — 

1403  Wadms,  Vuadens,  AV,  Balay,  f  199,  197\ 

1578  FMadens,  Carte  Techtermann. 

1638  Wadens,  Carte  Plepp. 

1668  Vuadens,  Carte  Von  der  Weid. 

Wadd-  est  un  nom  familier  germanique  très  répandu. 
Comparer  à  Vuadens  le  nom  de  lieu  franc-comtois  Vadans. 
En  allemand  Waddingum  est  devenu  Wettingen. 


V^iiapinai'eiis. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Glane. 
En  patois  irermarç. 

996  uitia  uucdmarengi,  Hîst.  Patr.  Mon.  Chart  II  57, 
1334   Walmarens,  AF,  Hautcrêt  n"  40. 
1403  vuarmaretis,  AV,  Grosse  de  Moudon,  f"  109,  137'. 
1578  Warmarens,  Carte  Techtermann. 
1668   Varmarans,  Carte  Von  der  Weid. 

La  forme  de  996  est  des  plus  claires,  On  y  reconnaît  du  pre- 
mier coup  d'œil  le  nom  germain  Walmilr,  dont  la  forme  primitive 
est  Walamâr. 

Exemples  de  ce  nom:  Uualmariits,  Lib.  Confrat,  I  195n, 
VucdmaH,  ibid.  II  86^,.  Vualmariua  âgure  aussi  dans  les  noms 
usités  in  Alamannia  CurlensI  et  Bunjundiotiensi,  dans  Goidast, 
Alamann.  rer.  Script.  II  119. 

Il  est  à  remarquer  que  le  second  terme  du  nom  d'homme  se 
présente  dans  notre  nom  de  lieu  sous  la  forme  -mdr.  Si,  comme  le 
prétend  M.  R.  Kiigel  (ZeitschHft  fur  deutsckes  Alierihmt  XXXVII 
227,  228),  la  voyelle  caractéristique  du  burgunde  avait  été  réelle- 
ment ê,  nous  devrions  voir  dans  ce  fait  un  indice  que  Vnarmarens 
a  son  origine  dans  une  autre  langue  que  celle  des  Burgundes.  Mais 
l'opinion  de  M.  Kcigel  peut  être  contestée.  Wackernagel  {Binding 
255)  considérait  au  contraire  â  (la  voyelle  qui  est  donnée  dans 
Vuarmarens)  comme  propre  à  l'idiome  burgunde,  en  observant 
avec  raison  que  les  noms  des  dynastes  burgundes  eux-mêmes  ont  â 


342     — 


et  DOD  pas  ê,  d!  I.  A  robaervation  de  M.  Wackernagel  nous  ponTons 
ajouter  UD  fait  non  moins  sigoificatif.  La  forme  -nuïr  que  donne  la  Loi 
des  Burgandes,  ne  reste  pas  isolée  ni  limitée  aux  temps  da  premier 
royaume  ;  elle  cootinue  à  être  employée  comme  particulière  aux 
Burgondespar  les  écrivains  burgundeset  francs  de  l'époque  suivante. 
Ainsi,  dans  les  écrits  de  Grégoire  de  Tours,  le  roi  burgunde  s'appelle 
OoâomzT,  tandis  que  le  nom  du  roi  franc  revêt  la  forme  Chlodoma'- 
dauB  la  chronique  de  Marius  d'Aventicuro  (Mon.  Germ.  hist.  Anct. 
antiq"''Xl),  nous  lisons  :  ■ 

p.  235  a"  524  fro(2em&rus,  à  côté  de  Chîodomtxet  I 

p.  235  a"  534  Godomarus,  à  côté  de  GcitmerCroidesVaodaleaVB 
Dans  la  chronique  dite  de  Frédégaire  le  même  fait  se  repro- 
duit, et  dans  les  Oesta  Francorum  le  nom  burgunde  a  sa  forme  ha- 
bituelle tandis  que  le  nom  franc  se  piésente  sous  la  forme  ChiodA-m 
mirus. 

Vnippcns. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Gruyère. 

En  patois  u-ep5. 

Nom  allemand  Wippingen. 
851  ttuipedingus,  CL,  f"  43,  MDR  VI  202,  cf.  p.  699. 

1228   TïïppeMS,  MDR  VI  23. 

1286   FMipwM,  Font.  rer.  Bern.  UI  391. 

1479   Wippens,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  123. 

1668  Vuipens,  Carte  Von  der  Weid. 

1255  Uoiricus  de  M'ippingen,  Font.  rer.  Bern.  II  40O  n"  378jfl 

1283  R.  de  Wippingen,  Rec.  dipl.  I  119. 

1578  'Wippingen,  Carte  Techtermann. 

Nous  ne  connaissons  pas  de  nom  d'homme  germanique  qui,  ' 
dans  sa  forme  primitive,  puisse  correspondre  à  uu%ped(ingus).  11  faut 
descendre  à  une  époque  où  la  îautverschidmng  est  déjà  accomplie 
pour  trouver  ^iiipato  WitpQt  Wippieo,  Forstemann  1  1282,  1283^1 
1290. 

Le  nom  Witpot-  a  déjà  été  proposé  pour  l'esplicatiou  de  notr 
nom  de  Heu  par  M,  Buck,  dans  VAlemannia  XIII  4. 


Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 
Ed  patois  wçsë. 

XII""  8iècle  Guicms,  Ld,  p.  91  n*  231. 
XIII""  siècle  Vicens,  Ld,  p.  128  n"  312. 
1403  vuicens,  AV,  Balay,  f"  44. 
1462   Vuicens,  Font.  Coll.  dipl.  XV  144. 
1464  Wissens,      »  >      XV  203. 

1464  Vuiscens,    »  >      XV  230. 

1578   Vuissetis,  Carte  TecbtermaDD. 
1668  Vuycens,  Carte  Von  der  Weid. 

Vuissens  renferme  le  nom  d'homme  bien  connu  Wiss-, 

Vuisierncns. 

1)  Vuisterrtens-devattt-Rotnont,  village  et  commune  du  district 
de  la  Glane. 

2)  Vuistemens-en-Ogoe,  village  et  commune  du  district  de  la 
Sarine. 

En  patois  ivUoern^  ou  Uùemç,  dans  la  Glane  uHihem^. 
Nom  allemand  Winterlingcn. 

Vuisternens-devant-Romont  est  aussi  appelé  par  nos  campa- 
gnards ht  gro  wâftemij,  Vuisternens-en-Ogoz  lu  pite  ipûoemç. 

929  in  Wintemingis,  Hist.  Patr.  Mon.  Chart.  Il  col.  43  ;  voy. 

les  Observations  de  M.  Ch.  Morel,  Indicateur  d'histoire 

suisse  1901  p.  416,  417. 
XII""  siècle  Wisterernegus,  MDR  XII  Uautcrêt  146. 
1228  Wistamens,  Font.  rer.  Bern.  II  91. 
1162  Wistemens,  MDR  XXII  15. 
XII—  siècle  Guistemens,  Ld,  p.  18  n"  41,  p.  24  n"  60. 
XII"«  siècle   Wistemetis,  Ld,  p.  35  n°  86,  p.  58  n"  152. 
1228  Winttameins,  Font.  rer.  Bern  II  91. 


—      344      — 

1238  vistamens,  CL,  f»  132".  MDR  VI  6«. 
1285    Vuistamens,  Font.  rer.  Bern.  III  391. 
1324    Wistarnens,  AF,  Rue  n°  20. 
1482   Wuystfirnms,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  226. 
1668   Vuistemens  (les  deus),  Carte  Von  der  Weid. 

Pour  reconstituer  le  nom  d'homme  dont  le  nom  de  lieu 
contient  les  éléments,  altérés  suivant  les  règles  phonétiques  ro- 
manes d'un  côté,  suivant  celles  de  la  langue  alamane  de  l'autre, 
il  faut  étudier  le  nom  roman  et  le  nom  alamau  en  même  temps. 
Les  rapprochant  l'un  de  l'autre,  après  eu  avoir  retrauché  le  suffixe 

nistarn- 

Winterl- 

nous  constatons  qu'ils  doivent  se  compléter  réciproquement  ri 

forme  rom.  Wistarn-  (  „_.    ,     l    . 

t  ,        Tir-  ,    7  1  Jytnstar     forme  commune. 

forme  alam.  Winterl-  \  n 

Nous  rencontrons  dans  VaM.  Sprachschats  de  Graflf  (I  893](l 
un  mot  germanique  loinistar  «  gauche  »,  auquel  nous  n'hésitongj 
pas  à  rattacher  la  forme  primitive  et  commune  originairement  aiu 
deux  langues  Winstar'^. 

Quant  à  la  consonne  finale  de  cette  forme  ancienne,  il  n'est^ 
pas  possible  de  déterminer  si  la  priorité  appartient  au  n  ou  au  I.  Le 
nom  d'homme  peut,  par  conséquent,  avoir  été  soit  M'inistar-tt-,  soit 
Wmistar-Î-  C^inistaril-). 

Pour  le  traitement  du  î  cp,  Tinterin. 

Une  petite  localité  du  district  allemand  de  la  Singine  est  dé<l 
signé  du  même  nom  allemand  : 

1445   Winterlingen,  AF,  Taille  de  1445. 


Notes  sur  quelques  autres  noms  locaux  en  -ens  de  la  Suisse  romande. 


BofRens.  —  1011  hoflinges  (pas  boslinges,  comme  dans  MDBj 
III).  AF,  Cart.  de  Romainmôlier,  f»  b\ 


Burelns.  —  1011  brusinges  in  comitatu  ei]uestrico,  AF,  Gart. 
de  Romainœdtier,  f°  5". 


Echandens.  —  Scand,  uom  g 
recueil  de  ForstemaDo. 


irmanique,  est  mentionné  dans  1 


Châtillens.— lUl  Castelîens,}AT)R  Xll  C&vt.  de  Hautcrëtp.  4. 

1142-1167  Cosfeffins,  »  »  p.  147. 

»  Castellens,  >  >  p.  152. 

1218  Chastdens,  »  »  p.    55. 

1220  Chasleleins,  »  >  p.    57. 

1274  Chastillens,  »  »  p.  109. 

Le  nom  évidemment  hybride  Castilo  se  trouve  quelquefois 
porté  par  des  hommes  de  race  germanique.  Les  lAh.  Confrat.  (Il 
434,0)  mentionnent  Kestilo. 

Daillens. —  La  carte  Dufour  donne  comme  nom  allemand  de  cette 
localité  vaudoiseiJocAsîîJi^cM.  Ce  nom  est-i!  authentique  ou  ne  date- 
t-il  que  de  la  conquête  du  pays  de  Vaud  par  Berne  ?  S'il  est  authen- 
tique, il  doit  remonter  au-delà  du  milieu  du  VII*  siècle,  car  à  cette 
époque  es  du  roman  se  trouve  déjà  transformé  en  ys  (Voy.  Haag, 
Die  LatiniUit  Fredegars,  p.  37  §  53). 

La  forme  primitive  a  dû  être  Dahsilingum,  en  latin  vulgaire 
Dacsçkngu.  Le  nom  d'homme  qui  s'en  dégage  est  Dalisilo(-a). 

Eclépens.  —  Leu  dit  à  propos  de  ce  nom  dans  son  Lexicon  (art. 
( Esclepens)  :  «  ehemals  Sclepedingis  und  Islapadengs,  und  in  der 
ait  Burgundischen  Sprach  Schlapdingen  genannt.  >  De  même  pour 
Ecublens  (art.  Escublens)  :  «  ehemals  in  der  ail  Burgundischen 
Sprach  Schvbelingen.  » 

Lucens,  en  allemand  Lohsigm. 
965  in  villa  losingus  id  est  lucens,  CL,  MDR  VI  3. 
castrum  de  Loucens,  CL,  MDR  VI  44. 
>  Lucens,      »         »      VI  45. 

1133  Locens,  Mém.  de  Frib,  1854  p.  185. 
1217  Ittcens,  CL,  MDR  VI  117. 


1244  Locens,  MDR  VII  45  (plus.  fois). 
1476  Lohsingen,  Font.  Coll.  dipl.  XVI  40, 

On  voit  par  les  anciennes  formes  du  nom  que  le  il  de  la  pre- 
mière syllabe  est  issu  d'un  o  antérieur  qui  a  été  altéré  par  l'influence 
du  »  tonique.  Tout  porto  à  croire  que  le  nom  allemand,  Ldbsingen, 
est  authentique.  Dans  ce  cas,  la  base  du  uom  de  lieu  a  dû  être  un 
nom  d'homme  germanique  de  forme  familière  tel  que  Lobiso.  La 
racine  onomastique  Lob  est  représentée  par  plusieurs  vocables  dans 
le  recueil  de  Forstemann. 

Martherenges.  —  La  forme  primitive  a  été  Martharinga,  et  le 
nom  d'homme  dont  ce  vocable  est  formé,  Marthari.  La  racine  Mart 
a  été,  nous  l'avons  déjà  dit  ailleurs,  en  usage  dans  l'onomastique 
germanique. 

Mollondin.  —  1380  moUonden$,  AF,  Fiefs  nobles  du  pays  de 

Vaud  n"  135,  P  6*«5. 
1380  mollendens,  AF,  Fiefs  nobles  du  pays  de  Vaud  n"  135, 

f-  6=»5-. 
1422  Molmdens,  AF,  Grosse  d'Estavayer  n"  124. 

Thierren».  —  Le  nom  de  l'immigré  germain  semble  avoir  été 
Theodhan. 

Vermondens,  Boudry,  canton  de  Neuchâtel. 

1282   Warmondms,  AF,  Estavayer  n°  102  (plus.  fois). 

1309  Guarmmdins,  Matile,  n"  321. 

La  mention  de  l'an  1282  n'admet  aucun  doute  sur  l'origine  de 
ce  nom  de  lieu.  Warmondens  est  un  nom  en  -ing  dont  la  base  est 
le  nom  d'homme  Warmund.  Les  exemples  de  ce  nom  ne  sont  pas 
rares,  voy.  Longnon,  Pol.  de  l'abbaye  de  St-Germain-des-Prés,  I 
372,  et  Forstemann,  namenhuch  I,  sous  la  rubrique  war. 

Vufflens. —  1011  Vuolflinges,  AF,  Cart.  de  Romainmôtier,  f"  5\ 
Nom  du  Germain  :  Wulfilo(-a). 

Vulllens.  —  Nom  d'homme  :  n'UU-.  Fijrgtemaun,  namettbuch  l, 
rubrique  vilja. 


I 


~     347     — 

Vulllerens.  —  Nom  d'homme  WiUihari.  Forstemann,  namm- 
buch  I,  rubr  ique  vilja. 

Outre  les  vocables  connus  aujourd'hui  comme  noms  de  lieux, 
les  documents  contiennent  un  grand  nombre  de  noms  en  -ens  dont 
une  grande  partie  se  rencontrent  sous  la  forme  de  noms  de  famille. 

Brunens,  Ld.  Nom  d'homme  BrutWj  Fôrstemann,  namenbtich 
I,  2**  éd.,  p.  338. 

Troverens,  CL,  406. 

Ounerens,  Ld.  Nom  d'homme  Ounhari.  Fôrstemann,  namen- 
buch  I,  2*«  éd.,  p.  381. 

Dans  le  canton  de  Neuchâtel,  nous  trouvons,  outre  Vermondens: 

1340  villa  de  Pressens^  Fresens,  Matile  n«  433. 

>  >        Mullens,  MulUns,        >  > 

>  villula  de  Orperens,  >  > 


A  quelle  époque  les  Germains   établis   dans   notre 
pays  ont -ils  été  romanisés  ? 


NouB  pourrions,  sans  grand  risque  d'erreur,  préciser  et  dire 
les  Suryundes  au  lieu  de  les  Germains.  Cependant,  comme  on  a 
parlé  aussi  d'une  immigration  possible  d'Alamans  et  de  Francs  dans 
l'Helvétie  occidentale,  nous  préférons  nous  tenir  sur  un  terrain 
général,  cela  d'autant  plus  que  nous  pouvons  le  faire  sans  préju- 
dice des  conclusions  auxquelles  le  présent  essai  nous  fera  aboutir. 

Les  moyens  dont  nous  nous  servirons  sont  très  restreints  : 
cinq  ou  six  noms  de  petites  localités  des  pays  de  Vaud  et  de  Fri- 
bourg,  voilà  tout. 

Ceux  qui  nous  occupent  en  premier  lieu,  ce  sont  les  noms  de 
Ressttdens,  village  de  la  commune  de  Grandcour,  dans  la  Broyé 
vaudoise,  de  Magnedens,  petite  commune  du  district  fribourgeois 
de  la  Sarine,  et  de  Bremudens,  hameau  de  la  commune  du  Crét, 
dans  le  district  fribourgeois  de  la  Veveyse. 

Nous  avons  analysé  tous  les  trois  dans  la  seconde  partie  de 
notre  travail  et  nous  pouvons  nous  borner  ici  à  donner  un  résumé 
synoptique  des  formes  historiques, 


I 


X'  siècle 


XI"  siècle 
XII»  siècle 
XIII»  siècle 


Ramsoldingis. 
Ransoldingis, 
Resoîdengis, 
Bcsuldens. 

Bessudeins 


XIV*  siècle  Rassoudens 

Rcssuâens. 

XV"  siècle  Ressudens 

XVI"  siècle  Ressudens 

Forme  actuelle     Ressudens 

En  patois  rs&ûd^ 


>      main  du  XIII"  siècle. 

Manoîdens. 
3fantmdens. 
Magnoudeins, 
Magnudetis. 


Magnudens 

Magtiudens 

Magnedens 
mandç 


BretttcntdeHS. 

Bermoudens. 

Bremudens. 

Bremudms. 

br^mûd^. 


S49 


I 


t 


Ce  tableau  noua  montre  que  le  développement  des  trois  noms 
est  identique.  Si  Bremudens  était  mentionné  au  XII"  siècle,  il  au- 
rait certainement  la  forme  Bremoldens,  qui  devrait  être  placée  à 
côté  de  Manoldens.  L'un  et  l'autre,  placés  avant  le  XI'  siècle,  se 
présenteraient,  à  l'instar  de  Samsoldingis,  sous  les  formes  Magnol- 
dingis  et  Brimoldingis. 

Le  premier  de  ces  trois  noms,  Ressudens,  remonte,  on  le  voit, 
à  un  primitif  Ramsoldingum,  te  second,  Magnedens,à.Magn6ldingum, 
et  le  troisième,  Bremudms,  à  Srimoldingum.  (Le  datif  pluriel  ger- 
manique -um  reparait  latinisé  dans  Jîamsoldingls.)  Les  trois  noms 
d'homme  dont  les  noms  de  lieux  sont  formés,  sont  donc  Ramsold, 
Magnold,  de  Maginold,  et  Brimold. 

Le  second  terme  des  trois  noms,  -old,  était  originairement 
■wald.  Les  noms  que  nous  avons  sous  les  yeux  étaient  donc  plus 
anciennement  Eamswaîd,  Maginwald,  de  Maganwald,  et  Brinmald. 

Le  passage  de  -wald  -uald  -oald  à  -old  n'a  pu  s'effectuer 
qu'en  bouche  germanique.  En  roman,  -wald  précédé  de  consonne 
se  réduit  à  -ald,  non  pas  à  -old  ;  /etruanus  devient  */is^*"w>  frid- 
waïiî  Frtdd\du,s,  Grimvtdid  Gritm\dus,  etc. 

Cette  transformation  phonétique  de  -wald  en  -old  s'est  pro- 
duite chez  les  trois  peuples  dont  il  peut  être  question  ici,  Burgun- 
des,  Âlnmans  et  Francs.  Elle  n'a  pas  eu  lieu  avant  la  seconde  moitié 
du  Vlll"  siècle  ;  nous  en  fournirons  la  preuve  tout  à  l'heure. 

Le  lecteur  aura  déjà  entrevu  la  conséquence  qui  découle  de 
ces  faits. 

Nos  trois  noms  de  lieux,  puisqu'ils  remontent  à  la  forme  -olcl, 
sont  restés  soumis  à  l'influence  de  l'idiome  germanique  jusque  dans  la 
seconde  moitié  du  VIII"  siècle. 

Nous  remarquerons  que  ces  noms  de  lieux  ne  sont  pas  limités 
&  un  district  ;  ils  forment  ensemble  une  ligne  qui,  passant  de  la 
Broyé  dans  l'Uechtland,  et  de  là  dans  le  pays  de  Vaud,  traverse 
tout  le  territoire  romand  compris  entre  le  lac  de  Neuchàtel  et  le 
lac  Léman.  Nous  sommes  par  conséquent  eu  droit  de  généraliser 
le  résultat  que  nous  avons  obtenu  et  de  l'appliquer  à  mus  les  noms 
de  la  Suisse  romande  qui  rentrent  dans  la  même  catégorie  '). 


m   dehors  do  la  Suisse. "Une 
'appelle    Trâtuilans,   en  1177 


')  On  peut  consUter  le  mfme  (ait  aussi 
ComiuuDfl  de    l'arrondissement  de  BeKort 


—     050     — 

II  nous  incombe  maintenant  de  prouver  que  le  passage  de 
•maîd  à  -old  ne  s'est  pas  produit  en  germanique  avant  la  seconde 
moitié  du  VIII"  siècle. 

Quant  &  la  langue  des  Alamans,  la  chose  a  déjà  été  prouvée  par 
un  germaniste,  M.  Uenning.  Ce  savant  a  établi  la  suite  chronolo- 
gique des  différentes  formes  des  noms  en  -tvald  paraissant  dans  les 
anciennes  chartes  saint-galloises.  Il  est  arrivé  à  la  conclusion  que, 
jusqu'à  l'année  760,  -tcald  conserve  sa  forme  primitive  et  qu'à 
partir  de  cette  date  la  forme  contractée  -old  domine  presque 
exclusivement  '). 

Nous  suivrons  le  procédé  indiqué  par  Henniog  pour  les  langues 
franque  et  bur^junde. 

Les  noms  francs  qui  suivent  nous  sont  fournis  par  le  recueil 
de  Waltemath'j,  nous  n'avons  eu  qu'à  les  placer  dans  l'ordre  cliro- 
nologique.  A  titre  de  comparaison  nous  ajoutons  à  cette  série  une 
suite  chronologique  de  noms  analogues  que  nous  avons  relevés  du 
cartulaire  de  l'abbaye  de  Gorze. 

696  Ansoaîd,    Waltemalh  13     745  Rigoaldus,  Cart.  de  Gorze    2 


775  ErmmaUus,     . 

20 

775  Rainaudm.           » 

47 

775  ôrlmotdiis,       > 

24 

786  Beriraadus, 

59 

787  Grimalàus,       » 

21 

788  Beroldus,               . 

58 

791  ErmmMm,     • 

20 

796  HtrimoUus,           . 

75 

791  OeroUus,         . 

23 

796  Gisloldus,               > 

75 

791  Adraldtis,         > 

12 

797  Theoioldm,      • 

35 

797  Theudaldus,     » 

36 

797  AiOtOdus, 

11 

Trestoutlens,  Hidbec  UR  n"  1857.  La  forme  -oW  du  second  terme  do  nom 
d'homme  apparaît  nettement  dans  la  mention  du  Xll"  siècle.  —  Dans  le  dio- 
cèse d'ivrée  se  trouve  une  localité  <iui  est  mentionnée  en  1286  sous  la  forme 
GrimoldcHs  (cculeaia)  MDR  XXX  350.  Il  est  imposBihle  de  ne  pas  recon- 
naître ici  le  nom  d'homme  Grimold  venant  de  Grimtealtl. 

')  R.  Henning,  Uebcr  die  sanclgallischvn  Sprachdeiikriitiler  bit  tu/n  i 
Tode  Karla  dcè  Grossen,  Strassburg  1874,  p.  109. 

')  W.  Walteniath,  Die  frânbischen  Elemenfe  in  dcr  franiôsischen  i 
Sprache.  Paderlwrn  und  Mijnstor  1885,  p.  11-37. 


Noms  burgundes  : 

EngebvaU,  WackernagGl  345,  387. 

Hanhavaldus,  Kraus  I  n"  102. 

VI*  ou  VII'  siècle   Nasuaîd,   Egli,  Die  christl.  Inachr.  der 

Schweiz  n"  24. 
env.  VU"  siècle  Nordoalaus,    Egli,  Die  christl.   Inschr,  der 

Schweiz  n"  8. 
VIP  siècle  -oàld,  forme  constante  dans  la  Chronique  dite  de 
Frédégaire. 
Aegioîdus,  Egli  n»  13. 
739  Moroald,  Reg.  genevois  n"  79  p.  25. 
766  Adaloldus,  Hist.  Pair.  Mon.  Chart.  II  2  '). 
Ep.  carol.  Landoalda,  Egli,  n<'  43. 
802  Eadoldus,  Reg.  genevois  n°  82  p.  26. 
849  Frumoldus,  »  »       n"  88  p.  27  '). 

L'examen  des  trois  séries  qui  précèdent  conduit,  à  peu  de 
chose  près,  au  même  résultat  :  dans  les  langues  franque  ')  et  bur- 
gunde,  comme  dans  celle  des  Alamans,  l'élément  onomastique 
-tvaîd  ne  passe  à  -old  que  dans  la  seconde  moitié  du  VIII'  siècle. 


')  Autres  noms  figurant  dans  la  môme  charte  :  Ayroenus,  uillicariua, 
matulphus,  uuandalmnrua.  —  Nous  retrouvons  le  nom  Adaloldus  chez 
nous,  au  Xlir  siècle,  sous  la  forme  AllolUiis,  MDR  VI  324, 

')  Nous  n'avons  pas  d'exemples  pour  notre  pays  de  noms  analogues  du 
Vlll' siècle,  les  chartes  faisant  défaut.  Mais  nous  pouvons  citer  quelques- 
uns  de  l'époque  suivante  : 

(Arlauoldas.  MDR  VI    84 
,„.   .,  ,    (beroldiis.  MDR  VI  344        „.  „  ,  jGiroldiis,  o  345 

IX'siecle^  „,_.._, ,j...     .         „„,,        X.*Biècl6< 


\Reginoldus, 


BerolduB.         n  84 

lA'itoldits,         »  232 

ant  éditeur  du  Polyptiquo  de 
(I  Employé  comme  élément 
Idus  dans  les  documents  de 


'}  Voici  oe  que  dit  à  ce  mfime  sujet  le  sa 
l'abbaye  de  Sa  i  n  t- Germain -des- P  l'es,  I  370 
(ioal  de  noms  composés,  -watd  se  latinise  -c 
l'époque  mérovingienne  ;  -ooldus  se  réduit  ensuite  à  -oldua  ou  ■aldus  dans 
les  textes  de  la  période  carolingienne.  Le  Polyptique  fournit  encore  quel- 
ques rares  exemples  de -oaUifs,  mais  il  emploie  commuuément  les  deux 
form^  basses -ofriifs  et -u/f'iis  ;  on  trouve  même  une  fois  la  variante  ro- 
mane-o/ï.u 

On  reconnaît  dans  -old  la  réduction   germanique,  dans  -ald,  au  con- 
traire, la  réduction  romane  de  wald. 


_     9B2    — 


Il  est  vrai  que,  dans  les  doids  burgundes,  Aegioldus  présentant 
la  forme  -oîd,  paraît  avant  !e  milieu  du  VIII'  siècle,  mais  il  reste 
isolé,  et  ne  change  rien  au  résultat  de  l'ensemble.  Dans  nos  noms 
de  lieux,  nous  l'avons  vu.  -old  se  présente  non  pas  isolément,  mais 
comme  forme  établie  d'une  façon  générale. 

Au  milieu  du  VIII"  siècle,  l'idiome  germanique  était  encore 
vivant  dans  notre  pays,  nous  croyons  l'avoir  prouvé.  Pour  préciser 
davantage  l'époque  de  sa  disparition,  nous  essaierons  de  6ier  le 
terme  où  son  Influence  sur  les  vocables  d'origine  germanique  a 
cessé.  Le  moyen  de  cette  enquête  nous  est  encore  fourni  par  des 
noms  do  lieus  en  -ens.  C'est  aux  noms  des  localités  fribourgeoises 
et  vaudoises  Allerens,  Botierens,  Gletterens,  Vucherens  et  autres 
de  même  formation  que  nous  avons  recours.  Ici  encore  nous  n'a- 
vons à  tenir  compte  que  du  second  terme  des  noms  d'homme  qui 
est  dans  tous  les  noms  en  question  le  mot  kari  si  fréquent  dans 
l'onomastique  germaine. 

Chez  les  trois  peuples  —  Burgundes,  Mamans,  Francs  —  le  o 
de  hari  s'est  adouci  en  c.  Le  changement  se  trouve  accompli  dans  la 
langue  alamane  à  la  iîn  du  VIII»  siècle  (Henning,  p.  110  et  111), 
dans  celle  des  Francs  au  commencement  du  IX"  siècle  {Waltemath, 
p.  47  et  48).  Quant  au  burgunde,  nous  savons  par  les  listes  des 
membres  d'un  couvent  de  Lyon  (Lib.  Confrat.  I  48^  II  540^)  que 
le  e  est  presque  général  dans  le  premier  tiers  du  IX"  siècle,  de  sorte 
que  Vumlaut  doit  être  considéré  comme  remontant  en  burgunde  au 
début  du  IX°  siècle,  c'est-à-dire  à  peu  près  à  la  même  époque 
qu'en  alaman  et  en  franc. 

Or  les  noms  que  nous  avons  cités,  ont  passé  des  Germains  aux 
Romans  avant  que  l'adoucissement  du  a  en  e  se  fût  produit.  La 
preuve  en  est  que  le  a  a  été  conservé  sous  la  forme  de  e  roman  dans 
tous  les  noms  de  lieui  en  question.  Il  n'en  aurait  pas  été  de  même 
du  e  germanique.  Cette  voyelle  aurait  disparu  en  roman  sans  laisser 
de  trace  et  nos  noms  auraient  abouti,  par  ce  fait,  à  une  forme  sen- 
siblement diiîérente  de  celle  qu'ils  ont. 

C'est  dire  que  nos  noms  de  lieux  ont  été  soustraits  à  l'action  des 
lois  phonétiques  germaines  avant  le  début  du  IX'  siècle.  En  d'autres 
termes,  ils  ont  été  romanisés  avant  celte  époque. 

Milieu  du  VIII"  et  début  du  IX"  siècle,  voilà  les  deux  termes 


353 


entre  lesquels  il  faut  placer  l'extioctton  des  restes  de  l'idiome  ger- 
manique et  la  fusion  définitive  des  nationalilés  dans  la  Suisse  ro- 
mande. 

Ce  résultat  ne  manquera  pas  de  surprendre.  On  a  cru  avoir 
prouvé  et  l'on  a  répété  souvent  que  les  Burgundes  établis  dans  les 
Gaules  ont  été  romanisés  au  bout  de  peu  de  générations. 

Si  cela  était,  les  Burgundes  seraient  à  exclure  des  lieux  de  la 
Suisse  romande  qui  portent  des  noms  germaniques  en  -ens  -inges 
•enges -anges^  c'est-à-dire  d'environ  deux  cents  villages  et  hameaux 
du  territoire  de  l'ancienne  Burgundia  transjurana  ! 

La  chose  parait  si  invraisemblable  qu'on  se  demande  s'il  n'y 
aurait  pas  plutôt  lieu  de  revoir  les  preuves  qu'on  a  alléguées  de 
la  prétendue  promptitude  avec  laquelle  les  Burgundes  auraient 
abandonné  leur  langue  nationale. 

En  voici  ta  principale  : 

Procope  appelle  les  Burgundes  Burgusiones,  tandis  qu'il  donne 
aux  Francs  le  nom  de  Germains.  Les  Burgundes,  a-t-on  conclu  de 
là,  n'étaient  donc  plus  des  Germains  au  temps  de  Procope,  ils 
étaient  déjà  romanisés  au  milieu  du  VI*  siècle. 

Peut-on  vraiment,  sans  téme'rité,  tirer  une  conclusion  aussi 
grave  de  la  manière  un  peu  étrange  par  laquelle  l'écrivain  grec  dé- 
signe les  deux  peuples  ? 


NOMS    DIVERS 


-a  est  UD  snffixe  encore  vivant  de  formation  de  noms  locauï, 
surtout  de  noms  de  chalets  et  de  domaines.  II  s'ajoute  le  plus  sou- 
vent à  des  noms  d'hommes. 


Nora  d'homme       Çuarienoud     nom  du  chalet      la  Quattenouâae 

>                Progens 

*             Progenas. 

>                Bïloud 

domaine   BUouâae. 

»                Fkilippon 

chalet       la  Phaiponaz. 

domaine    la  Catherencu. 

»                  Féguely 

chalet      la  Féguelmaz. 

Nom  d'un  hameau  Pélard 

>            Pilanîaz. 

Une  série  de  noms  de  famille  romands  trouvent  leur  explica- 
tion dans  ce  fait  :  PhiliponaB,  CrisHnaz,  HondaUaz,  Donzallae,  etc. 


Basc%in. 

Un  acte  du  XII'  siècle  (  Lib.  don.  Alteripe  p.  77  n"  197)  con- 
tient le  passage  suivant  : 

(  Rodulphus  dnus  d  Arcunciei  dcdit  domui  Alteripe  totnm 
territorium  de  Sancto  Siluestro  siue  de  Baselgin  >. 

Ce  n'est  pas  la  donation  elle-même  qui  nous  intéresse  dans 
cet  acte,  c'est  le  fait  que  la  localité  dont  il  est  question,  porte, 
outre  le  nom  qu'elle  a  conservé  jusqu'à  nos  jours,  St-Silvestre,  un 
autre,  Baselgin,  qui  a  eu  un  sort  bien  dilTérent  de  celui  qu'a  eu  le 
vocable  du  saint,  puisqu'il  est  complètement  oublié  aujourd'hui  et 
qu'il  ne  nous  est  môme  connu  que  par  l'unique  mention  que  nous 
venons  de  voir. 

Que  signifie  Baselgin  ?  quelle  en  est  l'origine  ? 


355 


yons  n'avons  pas  à  chercher  bien  loin.  Le  mot  hastlica,  d'un 
usage  fort  fréquent  chez  les  populations  chrétiennes,  en  subissant 
les  transformations  par  lesquelles  a  passé  notre  langue  indigène,  a 
bien  dû  aboutir,  au  XII°  siècle,  à  baselge.  Ajoutons  à  ce  mot  l'ancien 
suffise  diminutif  -in  et  nous  avons  le  nom  tel  qu'il  nous  est  donné 
dans  le  document  cité,   Baselgin,  signilîant  <  petite  église  ». 

Comparer  le  mot  rhéto-roman  bascîgia  <  église  >,  l'ancien- 
français  baseuge  «  église  *  (Godefroy,  Dict.  de  l'ancienne  langue 
française,  art.  basoche)  et  le  nom  de  lieu  français  Bazeuge  (Haute- 
Vienne). 

Brcillcs. 

Hameau  de  la  commune  de  Barberêche,  district  du  Lac. 
En  allemand  Itrigels, 

1148  curia  de  britilgio,  AF,  Payerne  n"  3. 
1148      .  hritdgio,     >  »       n"  2. 

1578  Brigeîs,  Carte  Tech  termann. 

Les  deux  mentions  du  XIP  siècle,  qui  n'ont  pas  encore  été 
identifiées,  se  rapportent  assurément  au  hameau  fribourgeois 
Breilles.  Le  développement  de  britilgio  en  Breiîles  est  strictement 
conforme  aux  lois  phonétiques  du  parler  roman.  Curia  était  aussi 
employé  au  moyen-âge  au  sens  de  <  bien  rural,  métairie  *. 

Chésopelloz. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
En  patois  tsdiopélo. 

1229  domus  illorum  de  ckissapenlo  (àFribourg),  AF,  Com- 

manderie  n"  2. 
1406  Ckesaupmlo,  AF,  Grosse  de  Montagny  n"  138  f"  116. 
1445  Chesaupello,  AF,  Impôt  de  1445. 
1668  Chesopeïo,  Carte  Von  der  Weid. 
1765  Zejopellog,  Perret,  Catalogue  60. 


356 


CaMl(e)  Pennilo,  signifiant  *  têoement  de  Pennilo  >  '). 

Le  nom  d'homme  Pennil-  est  uo  dérivé  régulier  de  la  racioe   | 
onomastique   Bfn,  v.  Fiirstemann,  namenbuch  I  2'"'  éd.  257  ;   jbid. 
258  :  Reniîo  ;  Lib.  Cotifrat.  :  Penno  (plus,  fois). 

Le  o  final  de  la  forme  romane  epl  voyelle  d'appui. 

Le  mot  casale  qu'on  rencontre  si  souvent  dans  les  documents 
et  qui  est  entré  dans  quelques-uns  de  nos  noms  de  lieux,  signifiait 
«  ferme,  métairie  >.  11  désignait  plus  particulièrement  le  tènement 
servil.  Les  Eist.  Patr.  Mon.  Chan.  Il  90  citent  à  propos  de  ce  mot 
le  passage  suivant  :  Casaîe  unum  intei/rum  et  legaie  cum  domo  su- 
perstante. 

Dans  quelques  actes  casale  se  trouve  traduit  en  allemand  par 
bunda.  Le  sens  de  ce  mot  est  bien  déterminé  dans  le  Schweiz,  Idio- 
tilcon. 

Chcvrillcs. 


Village  et  commune  du  district  de  la  Singine. 
En  patois  tsdvrdfd. 
Nom  allemand  Giffers. 
On  peut  sans  hésitation   accepter  l'étymologie  qui  donne  à  ' 
Chevrilles  pour  origine  le  mot  latin  capriUa  <  étables  à  chèvres  ». 
Nous  nous  bornerons  ici  à  relever  quelques-unes  des  formes  sous 

3  nom  parait  dans  nos  chartes. 
U60-1200  Cliiuriles,  Ld.  p.  25  n"  63. 
1184  CbeurtUs,  Ld,  p.  90  n"  22G. 
1190-1200  ChiuriUes,  Ld,  p,  108  n°  269. 
1324  Chivrillles,  MDR  XXII  92.  Dans  ce  dernier  acte,  p.  93, 

il  est  question  aussi  d'un  pâturage  appelé  Chivrillieta. 

Le  même  vocable,  caprile,  parait  ici  sous  une  forme  di- 

minutive. 
1445  ChiuriUies,  AF,  Impôt  de  1445. 
1755  CheveirUe,  Perret,  Catalogue  4. 
Caprile  a  aussi  fourni  le  nom  de  deux  pâturages  situés  dana  la 
commune  de  Cerniat  :  Grosse  Chevrilles  et  Milieu  Chevrilles. 


')  Développement  :    C/isal   Ponnilo  >  Çasal   Peivih  >  Cficsanpcntû 
Chèsofiellos. 


357 


I 

I 


1409  totus  moas  de  la  Chiurillie,  AF,  Valsainte  B  a"  1. 
1415  mons  seu  joria  de  la  chirwiUie,  AF,  Valsainte  B  n"  2. 
1528  montagnye  de  Chiverhj,  >  »        B  n"  3. 

Le  nom  allemand  de  la  localité  singinoise  est  pour  le  moins 
aussi  intéressant  que  le  nom  roman.  Nous  avons  déjà  dit  qu'il  est 
aujourd'hui  Giffers.  Voici  comment  on  l'écrivait  autrefois  : 

1301  Ulric  de  guifrils,  AF,  Stadts.  A  n°  6. 

1345  Johannes  de  guyfreîs,     >         *        An"  35. 

1577  Giffers,  Carte  Schepf. 

1578  Oifers,  Carte  TechtermB.nD. 
1668  Giffers,  Carte  Von  der  Weid. 

Dans  les  deux  formes  guifrils  et  guyfreîs  de  1301  et  de  1345, 
nous  reconnaissons  encore  clairement  le  vocable  primitif  capril-. 
L'addition  du  s,  par  laquelle  capril  devient  caprils,  est  fréquente 
dans  les  noms  locaux  germaniques.  Le  passage  du  e  initial  latin  à 
g  alaman  est  régulier  pour  notre  contrée,  témoins  Champagny 
Gempmach,  Cmdemine  Giimenen,  etc. 

Dans  caprils  devenant  gifrils  (1301  guifrils)  il  n'y  a  que  le  i 
de  la  syllabe  initiale  qui  surprend;  on  se  serait  attendu  à  e,  produit 
de  a  par  umlaut.  La  présence  d'un  /  à  la  place  du  a  latin  semble 
bien  indiquer  qu'au  moment  de  la  réception  du  vocable  par  les 
Alamans,  lo  a  du  latin  vulgaire  avait  déjà  passé  à  a.  Cette  dernière 
voyelle  aboutit  en  allemand,  dans  les  circonstances  données,  régu- 
lièrement au  son  t. 

D'après  les  calculs  de  Meyer-Liibke  (Gr.  §  648).  k'a  pour  ca  ne 
peut  pas  être  antérieur  au  VU"  siècle.  D'autre  part,  il  est  certain 
qu'au  moment  ou  caprilia  a  passé  en  bouche  germanique,  le  c 
avait  encore,  chez  le  Gallo-Romain,  sa  valeur  gutturale,  puisqu'il  a 
été  rendu  par  une  gutturale  dans  la  langue  de  Tenvabisseur. 


CoFininbœuf. 


Village  et  commune  près  de  Fribourg, 
En  patois  'korm^ha". 


358 


1142  C<^merao,  MDR  XII  MonlberoD  G. 

XII'  siècle  Cormmbo,  Ld,  p.  21  n"  50. 

XII"  siècle  Corminbo,  Ld,  p.  112  n-  279. 

XII'  siècle  Corminbo,  Ld,  p.  113  n-  280. 

XII'  aiÈcle  Cormembu,  Hidber,  Dipl.  Helv.  varia  p.  97. 

1445  Cormettbo",  Impôt  de  1445. 

1665  Cormimbau,  Strambîno,  Constit  synod.  175. 

1668  Cormenbeuf,  Carte  Von  der  Weid. 

1755  Cormainheuf,  Perret,  Catalogue  61. 

Une  curieuse  grapbie  allemaDde  de  ce  nom  nous  est  donDJ'l 
dans  un  document  de  1449-50:  Koiinattbt»v,  AF,  Ane.  Terres," 
Titres  classés  (copie). 

Etymologie  :  cort  Maimbod  «  propriété  rurale  de  Mainbod  | 
(Maimba'uf)  ». 

Maittibod  est  une  forme  réduite  du  nom  germanique  Magan- 
bod.  E](emples  de  cette  forme  :  Mainbodus,  Pol.  Irm.  Maymbodus 
et  Maimbodus,  Cart.  de  Savigny  n"  38. 

Le  terme  fioa!  de  Cùrtmaim\ioA  s'est  développé  régulièrement 
dans  notre  patois  en-ia"  et  s'est  dès  lors  confondu  avec  le  mot  roman 
ba°  venant  de  bove(vi)  *bœuf>.  D'après  pat.  èo^fr.  fiait/" on  a  francisé 
Cormëba°  en  Corminhœuf.  Cette  graphie  correspond  d'ailleurs  par- 
faitement à  la  forme  qu'ont  prise  en  français  les  noms  d'homme  en 
-bod:  .Haginbod  >  Maimbœuf,  Adalbodus>  Aubœuf,  etc.  V.  Waltd-  i 
math  76, 

Courg'evaud. 

Village  et  commune  du  district  du  Lac. 

En  patois  kurdzavu. 

Nom  allemand  Qurwoîf. 

1055  Corgiuul,  cité  p.  Zimmerli,  Sprachgrenze  II  45. 

1142  Curgevolt,  »  » 

1173  CorgivoU,  »  » 

1558  Corgevouh,  AF,  Morat,  Rôle  des  feux. 

Nom  allemand  : 

1578  Curuuolf,  Carte  Techtermunn. 

1668  Cur  Wolff,  Carte  Von  der  Weid. 


Nous  DOus  trouvoDs  ici  de  nouveau  en  présence  d'un  de  ces 
nombreux  noms  locaux  composés  dont  le  premier  terme  est  le  mot 
cort,  cortis  en  latin,  tandis  que  le  second  représente  l'élément  in- 
dividualisant et  exprime  dans  la  plupart  des  cas  le  nom  de  l'ancien 
propriétaire. 

Pour  reconstituer  le  nom  d'homme  qui  est  contenu  dans  le 
composé  h*rdz^u,  nous  suivrons,  comme  nous  l'avons  fait  souvent 
au  cours  de  notre  étude,  un  procédé  à  la  fois  sûr  et  simple  et  qui 
consiste  à  rapprocher  l'ancienne  forme  du  nom  allemand  de  celle  du 
nom  roman  et  à  compléter  l'une  par  l'autre. 

De 
Cor^iMu/ j  Qoyg  dégageons  ainsi,  outre  le  mot  cor=:cortis 
Cur«W/         '=  '""'''''  "'""'f- 

Giwulf  est  un  nom  d'homme  germanique  ;  v.  Forstemann  I 
2*»  ëd.  636. 

Courgevaud  a  donc  été  à  l'origine  cort  Qivmlf,  appellation  qui 
signifiait  >  ferme,  domaine  de  Oitmlf  >. 

Il  est  probable  que  les  formes  romanes  postérieures  à  Cor- 
giuul:  CurgevoU  et  CorgivoU^  du  XII"  siècle,  ont  emprunté  leur  t 
final  aux  nombreux  noms  d'homme  en  -old  -oU. 

La  notation  moderne,  Courgevaud,  n'est  pas  correcte.  C'est 
là  un  des  rares  cas  où  le  sentiment  d'ordinaire  très  juste  des  rap- 
ports  entre  le  dialecte  indigène  et  la  langue  française  a  permis  un 
faux  pas.  Dans  la  transcription  du  phonème  patois  en  notation 
française,  le  u  final  de  kurdzâvu,  qui  est  issu  de  oî,  a  été  confondu 
avec  H  issu  de  au  et  a  été  noté  comme  ce  dernier. 


Petite  ville  du  district  vaudois  d'Avencbes,  située  sur  la  rive 
droite  du  lac  de  Neuch&tel. 

V.  Gatschet,  Ortsetymolog.  t'orscbungen,  p.  II. 

Cudrefin  se  décompose,  comme  Corminhœuf  et  Courgevaud,  en 
cort  (corils)  et  le  nom  d'homme  Ulfm.  Cort-Ulfin,  pour  aboutir  à 
Cudre^nt  a  dû  passer  par  les  transformations  suivantes  : 


360 


Cortnlfin  Cotrulfin   Codrulfin  Coldrufin   Coîdurfin   Cu^ 
Cvdrefin. 

La  première  de  ces  formes  est  représentée,  en  partie  da  ' 
moins,  dans  la  première  des  anciennes  mentions  du  nom  en- 
registrées ci-dessous;  la  seconde  et  la  troisième  sont  reconoaissables 
dans  celle  de  1184,  Codrvfim,  que  nous  rapprocherons,  quant  au 
second  terme,  de  Cordeîfin  1215  et  de  Cudulfn  1228.  Cold-,  de  la  i 
quatrième  étape  de  transformation,  parait  dans  la  mention  de  1 163- 
1200  et  plusieurs  fois  encore  au  XHl"  siècle. 

999  CurUfin,  MDR  XXIX  :i2.  Dans  MDK  I  152  on  a  écrit 

Curte-fîn. 
1184  Codrufim,  MDR  XII  Montheron  41. 
1163-1200  Culdrefin,  Ld,  p.  122  n"  298. 
1214  Cordefin,  Font.  rer.  Bern.  l  515  n"  126. 
vers  1215  Haimo  de  Cordeîfin,  Matile.  n'  65, 

1228  Cudulfin,  Font.  rer.  Beru.  II  89. 

1229  Dldricus  de  cudrufin.  AF,  AH,  Tir.  VII  n°  i 
1246  Codefri»,  MDR  XXIX  389. 

12B9  Uol.  de  Culderphin,  Font.  rer.  Bem.  Il  726  n°  668. 
1270  Uol.  de  Culdurphi,      >  >  II  751  n"  696. 

1270  Uol.  de  Culderfi,  .  »  II  758  n"  702. 

1285  Cudrufin.  »  »  III  391  2-"  col. 

1306  Cudrifin,  Matile,  n"  309. 
1477  Cudnffin,  Font.  Coll.  dipl,  XV  49. 
1668  Cudrefm,  Carte  Von  der  Weid. 

Ce  qu'il  y  a  de  particulièrement  intéressant  à  observer  dans'J 
la  suite  des  changemeuts  que  la  langue  populaire  a  fait  subir  au  ■ 
nom  qui  nous  occupe,  c'est  le  jeu  estrêmement  varié  de  la  doable 
métathèse  de  r  et  l.  Nous  réunissons  ci-apiès  les  principales  for- 
mes qui  permettent  de  suivre  les  déplacements  successifs  et  le 
balancement  des  deux  liquides. 


*Curtuifin 
CurleËD 
Codrufin 


'Curtulfin 
Curlefin 
Cudrnfin 


Cordefin 

CudulfÎD 

Codefrin 

Culderphin 

Cudriifin 


Cuidrefîn 

Cordelfin 

Cudulfin 

Culderphin 

Cudrutin 


Cudrefin 


Vlfin  est  un  nom  d'homme  d'origine  germanique  forme  de  la 
racine  onomastique  «'»//■(¥.  Loognon  T  379,  380).  Nous  ea  trou- 
vons un  exemple  dans  une  inscription  du  VI*  siècle,  dans  Le  Blant, 
Inscriptions  chrétiennes  de  la  Gauîe,  576  E  :  Uîfino  ;  deux  autres 
dans  le  polyptique  de  l'abbaye  de  St-Germain-des-Prés,  IX  267, 
XXI  5i,  IX  28;  Ulfinus  Ulfina,  et  un  quatrième,  plus  récent,  dans 
le  Codex  dipîomaticus  de  Mohr,  206  :  Vlfinus. 

Le  mot  cour,  cor,  de  cortis,  curtis,  est  entré  comme  premier 
membre  dans  la  composition  d'un  assez  grand  nombre  de  noms  de 
Ijeus  de  notre  contrée. 

Cormerod.  Cormoral,  Ld,  p.  266  n"  267. 

1369  Cormorml,  Font.  Coll.  dipt.  VII  373. 

1445  Cormoraul,  AF,  Taille  de  U45. 
Cortaney.      1445  Cortaneir,      i  > 

Guschelmut.  1578  Ci(rseîmu''t,  Carte  Techtermann. 
Courtepin.     1428  Ctirtilpin,  AF,  Reg.  not.  o-  59  p.  170. 

1434  Curtilpin,  Rec,  dipl.  VIII  44. 
COtterwyl.     1428  cuUiurj,  AF,  Reg.  not.  n'=  59  p.  244. 

1436  curtivril,  s  »      n°  29  p.  140. 

1445  Curtivril,  »     Taille  de  1445. 

1555  Cutryui/,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1638  Canner,  Carte  Plepp. 

XVI1I=  s.  Courtrivey,  Carte  Seutter. 


Cormanon. 
Coussiberlé. 
Corpataux. 


,  1558  Cursîbcrle.v,  AF^  Rôle  des  feux  de  Morat. 
1142  Corpasttir,  AF,  AH,  Copie  de  M.  Gremaud. 
11G3-1182  Corpastor,  Ld,  p.  81  n"  207. 

Corpataula,  chalet,  Planfayon. 

Corpatauti      > 


—     262     — 

Cormondes,  en  allemand  Gurmels. 

Voici  quelques  mentions  du  DOm  germanique  : 

XII'  8.  Cono  sacerdos  de  Cormules,  Ld,  p.  91  n"  230. 

1240  Hugo  de  Gurmels,  Font.  rer.  Bcrn.  II  202  n"  191. 

1246  Hugo  dictU9  de  Gurmurs,  Font.  rer.  Bern  II  279  n'  260. 

1250  Burckardus  de  Gurmels,  Font,  rer,  Bern.  II  324  n*  297. 

1253  Burckardus  de  Ourmurs,  Font.  rer.  Bern.  II  362  n"  335. 


Je  ne  puis  affirmer  que  ces  noms,  à  l'exception  du  premier, 
soient  identiques  avec  le  nom  de  lieu  fribourgeois,  mais  il  parait  très 
probable  qu'ils  y  rattachent  leur  origine  lointaine. 

On  reconnaît  facilement  dans  le  premier  élément  de  ConMn- 
des  le  mot  cortis,  «  cour,  ferme  >,  Le  second  terme,  -monde,  doit 
remonter  à  Munda,  nom  hypocoiislique  germain. 

La  forme  primitive  du  nom  de  lieu  aurait  donc  été  cort-.Hunda 
«  ferme  de  Munda  »,  d'où  Cortmunda,  Cormunda,  Cormonde  oi 
Cormondes. 

De  Cortmunda  ou  Cwmunda,  l'allemand  a  fait,  par  l'ad- 
jonction presque  habituelle  d'un  s,  Cormundas,  d'où  Cormunds  et 
Cormuns.  Cette  dernière  forme,  Cormuns,  a  régulièrement  abouti 
à  Gurmels.  Quant  au  c  s'adoucissant  en  g,  comparez  Condemina,  en 
allemand  Bulmenen;  quant  à  tis  devenant  -Is,  on  rappellera  le  ger- 
manique himins  se  transformant  en  himils. 

Les  deux  noms,  français  et  allemand,  sont  donc  identiques 
d'origine. 


I 


Dirlarel. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Singine. 

En  patois  draîarc. 

Nom  allemand  EechthaUen. 


XII'  siècle  Dreitlaris,  Ld,  passim. 
XII' siècle  DreUaris,  Ld,  p.  73  n"  186. 
XII*  siècle  Bechts  CUvus,  Là,  p.  32  n<>  77. 


—     363     — 

XII»  siècle  Drallaris,  AF,  AH,  I  4. 

1228  Dredaris.  Font.  rer.  Bern.  Il  92. 

1238  henrica^  de  drillaris,  CL,  f"  135,  MORVieei. 

1293  Driïaris,  Foot.  Coll.  dipl.  267. 

1324  Drilaris,  MDH  XXII  92. 

1755  Derïarret,  Terret,  Catalogue  4, 

Nom  allemand: 

1250  Eecktkaîion,  Font.  rer.  Bern.  II  324  n"  297. 

1301  Ulr.  de  Recktkalten,  AF,  Stadts.  A  n"  6.  Rec.  dipl.  II,  9. 

1445  Reddhaltm,  AF,  Impôt  de  1445. 

1466  Sechthallen.  Font.  Coll.  dipl.  XV,  279. 

1577  Sechihalden,  Carie  Schepf. 

1668  RechthaUm,  Carte  Von  der  Weid. 

La  forme  citée  en  premier  lieu  nous  donne  la  clef  de  l'étymo- 
logie  du  nom  d'une  apparence  un  peu  étrange  par  lequel  les  Ro- 
mans désignent  ce  village  allemand. 

Dreitlaris  se  décompose  en  dreit  loris.  Dreit  n'est  autre  que 
la  forme  du  XII»  siècle  du  mot  d(i)re€iK,  eu  français  moderne  droit. 
Zaris  est  un  mot  aiicienfi  ançais  dont  les  variantes  et  le  sens  se 
trouvent  indiqués  dans  le  Dictionnaire  de  l'ancienne  langue  fran- 
çaise de  Godefroy,  art.  larris:  <  larris,  laris,  lariz,  lairis,  lairl  s.  m. 
^ande,  hruy^e,  terrain  en  friche,  ordinairement  inégal  et  montueux.» 
Ducange  mentionne  pareillement  larris  et  sa  forme  latinisée  larri- 
eûtni.  Le  sens  de  ce  mot  est,  comme  on  voit,  identique  à  celui  du 
mot  allemand  haîde. 

Rapprochons  maintenant  du  nom  roman  ainsi  expliqué  le  nom 
allemand.  Nous  voyons  aussitôt  que  les  deux  vocables  ne  sont  qu'un 
seul  nom  exprimé  dans  deux  langues  différentes  : 

I         dreit  laris  correspond  parfaitement  à  recht  halde. 

Le  moine  de  Hauterive  qui,  au  XIl"  siècle,  a  latinisé  le  nom  de 
notre  localité  Hectua  Clivus  (voir  ci-dessus)  montre  qu'il  en  a  bien 
saisi  le  sens. 

Halte  pour  halde,  dans  le  nom  allemand,  est  particulier  au 
I  dialecte  alleniand  de  cette  contrée. 


—     364     — 

Quant  aa  passage  de  -ù  A  -é  dans  DreiUaris  devenant  ànlaré, 
OD  peot  comparer  copttium  devenant  dans  nos  patois  tssvé. 

Le  même  mot,  lard,  se  retrouve  dans  le  nom  local  Bois  de 
Laret  par  lequel  on  désigne  une  forêt  et  des  terres  en  pente  si- 
tuées aa-deesas  du  village  d'Ecublens. 

Gatscbet  ')  avait  donné  i.  Dirlaret  pour  forme  primitive  le 
latin  directe  UUtre  qui  se  retrouve  dans  le  livre  de  Studer  ^  et 
même  encore  dans  l'onvrage  récent  de  Zimmerli  ').  Cette  étymo- 
logie  a  le  tort  de  ne  pas  tenir  compte  des  formes  historiques 
du  nom,  uî  même  de  l'accent  de  la  forme  actuelle.  Il  nous  semble 
en  outre  osé  de  ramener  an  nom  roman  à  uae  formation  basée  ^ 
sur  l'ablatif  latin. 

Essert. 


Essert  est  le  nom  d'un  grand  nombre  de  biens  ruraux  du  can- 
ton de  Fribourg.  Le  mot  est  encore  vivant  chee  nous  et  sert  à  dé- 
signer des  biens  communaux. 

Sa  forme  latine  est  exartum,  et  sa  signification  première  <  terre 
défrichée.  ■ 

Nous  trouvons  dans  la  Loi  Gombette  (Lex  Burgund.)  la  pres- 
cription suivante  :  <  Si  quis  tant  Burgundio  quam  Ronianus  in  sUva 
communi  exartum  fecit  aut  fecerit,  aliud  tanlum  spatii  de  silva  ftos- 
piti  Buo  cmsignet,  et  exartum,  quem  fecit,  remota  hospitia  commu- 
nione  ja 


Forman^ueire. 

1294  Frommdeire,  AF,  Ane.  Terres  n"  4  (Sololh.  Wochen- 

blatt  19,  p.  433). 
1363  Fromertderie,  AF,  Ane.  Terres  A  n"  61. 
1431  Fromendeyri,  AF,  >  A  n"  175. 


*)  Ortaetymolog.  Fonchungen  13. 
')  Schwaizer  Ortenamoii  91. 
')  Spracbgrenzell  64. 


Franex. 

1)  Village  et  commune  du  district  de  la  Broyé. 

2)  MaisoD  isolée  dans  la  commuoe  d'AttaleuE,  diiitrict  de  la 
Veveyse. 

En  patois  frane. 

1142  Rodutfus  de  Frasnet,  Là,  p.  27  d"  69, 

1143  Rodulfus  de  Frasnaj,  AF,  AH,  Tir   I  n"  4. 
1242  frasnei,  CL,  f  135,  MDR  VI  667. 

1343  franey.  AF,  Grosse  d'Estavayer  n»  123",  f"  28'. 
1665  Frane,  Strambino,  Constit,  synod.  168.  Doc.  latin. 
1668  Franex,  Carte  Von  der  Weid. 
1755  Frannez,  Perret,  Catalogue  12. 


Fraxinus  a  donne 


Etymologie  :  fraxinetuftn)  «  boia  de  frênes  > 
is  nos  patois  franu  et  fronu. 

Gùmenen. 

1259  Contamina,  Font.  rer.  Bern.  II  493  a"  474 

1284  Contamimm,  Font.  Coll.  dipl.  II  220. 

1283  Guimina,  Mon.  Germ,  hist.  Script.  XVII  I2ôaa. 

1668  Gi'menen,  Carte  Von  der  Weid. 


Gûmenen,  on  le  voit,  n'est  autre  chose  que  la  forme  germa- 
nisée de  Condamina.  Par  ce  mot  on  désignait  ta  terre  seigneuriale, 
celle  qui  était  directement  exploitée  par  le  seigneur  et  qui,  par 
conséquent,  était  exempte  de  churges  (Maigoe  d'Arnis,  Lexicon). 

Dans  le  seul  canton  de  Fribourg  il  y  a,  outre  Gilmenen,  quinze 
domaines  ou  lieux  appelés  Condemine. 

Guiuscben. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarine. 
Ovmschen  est  le  nom  en  usage  chez  les  Allemands  ;  les  Ro- 
l  mands  appellent  la  localité  Belfaux. 


1283  vlWei  Qttmeschon,  Rec.  dipl.  I  119. 

S'agit-il  bien  ici  de  Selfaux  ?  L'archiviste  d'Etat  de 

Fribourg,  M.  J.  Schreuwly,  coDserve  quelque  doute  à  ce 

sujet.  L'original  de  l'acte  est  égaré. 
1555  (rumschmn,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère, 
1578  Guntschen,  Carte  Techtermanu. 
1755  Gumschen,  Perret,  Catalogue  6. 

Le  nom  est  certaiDement  d'origine  romane.  Selon  toute  appa- 
rence il  remonte  au  mot  latin  compasma. 

Le  point  de  départ  des  changements  que  ce  vocable  a  db  subir 
en  langue  alamane.  est  le  déplacement  de  l'accent  de  la  seconde 
sur  la  première  syllabe.  De  là  la  série  suivante  de  transformations  : 

compascua     compasca     aimpsca    gumscke. 

La  dernière  de  ces  former  est  le  nom  de  la  localité  tel  qu'il 
est  prononcé  par  la  population  allemande.  Gumschen  est  la  forme 
écrite  qui  doit  son  n  final  à  l'analogie,  ou,  pour  être  plus  précis,  & 
la  tendance  de  donner  aux  vocables  une  physionomie  conforme  i 
l'allemand  écrit. 

Diefrenhach,  Glossarium  lal.-germ..  mentionne  ager  compaacuus. 
Le  mot  compascuum  se  rencontre,  bien  que  rarement,  dans  nos 
chartes  médiévales. 

L'ét;mologie  que  nous  venons  de  donner  nous  semble  être  des 
plus  nettes.  Malheureusement,  tout  moyen  de  la  confirmer  an  point 
de  vue  historique  fait  défaut, 

Middes. 

1212  Rudolfus  de  Mides,  Matile,  p.  47. 
1218  llsymundus  de  Middes,  MDB  VI  340. 
1228  Heniicus  de  Jftddes,  >         337. 

XIII'  siècle  Migdea,  CL,   MDR  VI  580. 

MontévFRZ. 

1445  Mtmtivrar,  AF,  Taille  de  1445. 


—     367     — 

On  reconnfttt  dans  le  second  mennbre  de  Montivrar  le  nom 
[  d'homme  germanique  Eberhard.  Celui-ci  se  présente  en  pays  ro- 
[  inan  bous  la  forme  Evrard  (v.  CL,  M  DR  VI  403).  IiC  retranche- 
[  ment  des  consonnes  fînales  est  habituel  à  nos  patois. 

Moud  on. 


J^nnôdvnen8(es),  Mommeen,  InscTîpt.  lat.  Confœd.  HeW,  149, 

Mittheil.  X. 
Minnidunum,  Itin.  Antoninî,  Bouquet  I  105. 
Minodum,  Tabula  Feuting. 

Minnodunum  est  un  des  nombreux  noms  de  ville  d'origine  cel- 
■  tique  dont  le  second  élément  est  le  mot  dûno-n  château,  lieu  fortifié. 
Minus  minvo-s  en  celtique  signifie  «petit  >,  V.Fitk,  Vergleichendes 
Wôrtei-bHck  der  indoijerm.  Sprachen,  Gottingen  1890,  p.  205, 

Au  moyen  âge  le  nom  se  présente  le  plus  souvent  sous  la  forme 
Meîdunum  avec  les  variantes  Mildunum  et  Mt/ïdanum.  Le  Livre 
des  donations  de  l'abbaye  de  Hauterive  (XII°  et  XIII*  siècles)  en 
donne  trois  graphies  différentes:  Meîdunum,  Meldun,  Meldon  (p.  54 
I  n"  142,  p.  98  n"  247,  p.  119  n"  293). 

Latraosforma(iande3/e^<iuKumen»id(2ô  (Moudon)  est  conforme 
I  ft  la  phonétique  du  patois  local.  Ce  qui  nécessite  uoe  explication, 
c'est  le  passage  du  nom  helvéto-romain  Minnodunum  â  Meîdunum- 
La  présence  de  deux  consonnes  nasales  dans  les  deux  membres  du 
vocable  a  dû  provoquer  une  dissimilation.  Comme  dans  les  mots 
BonoRià> Boulogne,  gonfanon>gonfalon,  matetwl^maielot,  un  t  s'est 
mis  à  la  place  du  n  dans  le  premier  terme  du  nom  qui  nous  occupe. 
Minnodunutn  s'est  de  ce  fait  transformé  en  Milodunum,  qui,  par  la 
perte  de  la  voyelle  médiale  atoue,  se  réduisit  &  Mildunum.  Meîdu- 
num, la  forme  que  nous  rencontrons  si  fréquemment  dans  les  chartes 
du  moyeo'àge,  n'est  qu'une  variante  graphique  de  Mildunum,  i  bref 
et<'  étant  en  latin  vulgaire  des  sons  équivalents. 

Meîdunum  passe  ensuite  régulièrement,  nous  l'avons  déjà  dit, 
I  A  mOdH. 

Un  fait  digne  d'être  noté  pour  la  chronologie  de  nos  patois  est 
rque  la  forme  populaire  actuelle  parait  déjà  au  XIl*  siècle.  Voici 
[  quelques  mentions  qui  le  prouvent  : 


>  MeUm, 

>  OMtnia  de  JfoUiM, 
»  UcAm  (desx  fois) 
*  Mûldimiiûdom 

Forme  pstoise  actaell«  nada. 


179. 
185. 

186. 
187. 


L'alternance  de  n  et  m  dans  la  finale  des  formes  citées  de 
Voudon  montre  qu'au  KIl'  siècle  la  natale  était  complètemeot  ab- 
sorbée par  la  voyelle  précédente.  Oo  a  donc  pu  employer  indîffé- 
remment  les  graphies  -un  -um  -on  -om  ponr  exprimer  le  o  nasal 

Le  nom  allemand  de  l'ancienne  capitale  du  pays  de  Vand  est 
Milden  qui  remonte  à  la  forme  que  nous  avons  vue,  Vildunum. 
Peut-être  l'idiome  germanique  parlé  dans  le  pays  aprbs  l'iovasioo 
a-t-i)  favorisé  la  dissimilation  qui  a  fait  de  Minnodunum  Mildunum. 
Nous  verrons  ailleurs  qne  Moudon  a  été  un  véritable  centre  d'éta- 
blissements germaniques. 

Muffctban  ^^ 

est  le  nom  allemand  de  la  commune  fiibourgeoise  de  Bmnefantaim 
(en  patois  romnn  BunafàUma).  Oans  le  dialecte  allemand  de  la 
contrée  on  accentue  Mu/fetrin. 


1270  Bunfontana,  Font.  Coll.  dlpl.  11  93. 

1445  -Vonfetan,  AF,  Impôt  de  1445. 

1449  Munfotan  cité  par  Zimmerli,  Sprachgrenze  II  122. 

1476  Montfetan,  >  >  » 

1490  Boffetan,  >  »  • 

1655  Montfftan,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère, 

1668  Muffetm,  Carte  Von  der  Weid. 


I 


Il  ressort  clairement  de  la  série  de  formes  que  nous  venons 
de  citer,  que  le  nom  allemand,  Muffethan,  est  identique,  quanta 
l'origine,  au  nom  roman  Bonnefontaine. 

De  Bonafontana  l'allemand  a  Fait  tout  d'abord  Bunfontan, 


—     369     — 

forme  que  nous  trouvons,  à  la  terminaison  près,  dans  ta  mention 
de  1270.  Mais  comment  a-t-on  passé  de  Bunfontan  à  Munfetan  et 
Muffetan  ? 

Le  composé  Bunfontan  renferme  les  deux  groupes  de  conson- 
nes «/"et  w(,  commençant  tous  les  deux  par  «.  Il  semble  que  le 
besoin  de  dissimilation  a  fait  passer  par  un  mouvement  parallèle  et 
simultané,  la  première  nasale  à  la  partie  initiale  du  vocable  et  la 
seconde  à  la  place  de  la  première.  De  Bunfontan  ou  a  pu  avoir 
ainsi  Bnunfolan  et  de  là,  par  la  réduction  toute  naturelle  de  bn  à 
m  V,  Munfotan,  forme  que  nous  avons  réellement  trouvée  mention- 
née à  l'année  1449.  Le  passage  de  Jdunfotan  à.  Muffetan  Q-a&W^m&at 
n'a  pas  besoin  d'être  expliqué. 

-ola. 

Le  suffixe  -ola  est  d'un  emploi  fréquent  dans  nos  patois.  Voici 
quelques  exemples  de  noms  de  lieux  où  il  se  rencontre  : 

1309  en  la  fayolae,  fayoula,  fayoulae,  faolas,  ÂF,  Grosse 
de  Chàtel-St-Denis  n°  60,  1»  partie,  f"  15,  4",  14,  etc. 

1309  visyrola,  visaroula,  ibid.  f"  13". 

1309  vianola,  ibid.  2''»  partie,  f"  I3^ 

1309  alpem  de  cidrisoules  (aujourd'hui  Ckeresaula,  chalet 
dans  la  commune  de  Châtel-St-Denis),  ibid.  I"  partie, 
f"  1^ 

1367  vissiroula,  ibid.  2'*''  partie,  f"  C3. 

1445  Tiroula,  AF,  Taille  de  1445. 

Fêrolles,  autrefois  Péraules,  est  de  même  formation.  H  parait 
remonter  à  un  primitif  latin  pelrola,  petra  (pierre)  -f  ola;  Gode- 
froy  cite  le  mot  péraule  avec  le  sens  de  grève  ;  notre  nom  de  lieu 
pourrait  avoir  signifié  originairement  carrière.  Je  trouve  en  1403 
la  mention  la  carrière  de  Péraules  (Font  Coll.  dipl.  I  76). 


')  Cp.  le  V.  II.  allemand  stîmmtj  à  côté  du  goth,  sUttUi. 


Payerne. 

Le  nom  Fayeme  vient  visiblement  du  nom  de  personne  ro- 
main l'atemus.  Il  est  donc  très  probable,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  sup- 
posé (v.  Martignier  et  de  Crousaz,  Dict.  hist.  du  canton  de  Vaud, 
art.  Fayerne),  que  Payerne  existait  avant  que  l'évêque  Marius  y 
élevât  les  constructions  dont  il  est  fait  mentioD  dans  le  Cartolaire 
de  Lausanne,  MDR  VI  30. 

L'étymologie  Payerne  <  Patema  se  heurte  cependant  à  une 
petite  difficulté.  Selon  une  règle  phonétique  de  nos  patois,  le  groupe 
final  rn  aurait  dû  disparaître.  Peut-être  l'importance  historique  de 
la  ville  broyarde,  autrefois  r^sitlencti  royale,  a-t-elle  eu  assez  d'in- 
fluence sur  le  langage  du  peuple  pour  préserver  ce  nom  d'une  alté- 
ration qui  l'aurait  par  trop  défiguré. 

Dans  la  langue  des  chartes  notre  ville  est  constamment  appe- 
lée Fatemiacum.  C'est  là  évidemment  une  forme  factice  dont  le 
suffixe  a  été  emprunté  aux  nombreux  noms  de  lieux  en  -acus.  La 
forme  simple  du  nom,  issue  de  Fatemu  et  destinée  à  aboutir  à 
Payerne,  paraît  avoir  été  abandonnée  au  vulgaire.  Elle  se  montre 
très  rarement  dans  les  documents,  surtout  dans  ceux  d'une  époque 
un  peu  reculée.  Les  quelques  mentions  que  nous  pouvons  citer  suf- 
fisent néanmoins  pour  en  attester  l'existence  et  la  continuité. 

XIII'  siècle  Otto  li  Maselers  de  paemo  (à  côté  de  sub  pater- 
niaco),  CL,  f"  135,  MDR  VI  667,  docum.  latin). 

XIII"  siècle  Sancta  Maria  de  Fayemo,  Ld,  p.  126  a"  308  (do- 
cument latin). 

XIV'  siècle  Fayerno,  Font.  Coll.  dipl.  VII  137. 

Forme  patoise  actuelle  patjemu. 

Lors  du  triomphe  de  la  langue  vulgaire  sur  le  latin,  le  nom 
populaire  s'est  imposé  aussi  à  la  plume  et  a  réussi  à  éliminer  corn- 
plètement  la  forme  savante  Fatemiacum. 

Le  nom  allemand  de  la  ville  est  Peterlingen. 
1263  mterlingen,  Chronique  d'ElleuhariI,  Mon.  Germ.  hist 
Script.  XVII  125bb. 


—     371     — 

1476  Peterlingen,  Fout.  Coll.  dipl.  XVI  40,  d'après  une  copie 
de  1556. 

1578  Petterlingen,  Carte  Techtermaiin. 

1638  Petierling&i,  Carte  Plepp. 

Ce  nom  offre  un  curieux  exemple  du  développement  d'un  nom 
romain  par  un  élément  germanique.  Au  nom  Fatemu(s),  provenant 
de  l'époque  romaine,  le  Germain  a  ajouté  le  suffixe  -ing  d'un  em- 
ploi très  fréquent  chez  lui  dans  la  formation  des  noms  locaux.  De 
ce  procédé  est  sorti  le  vocable  Faterningum  qui  s'est  transformé 
conformément  à  la  phonétique  germanique  en  Feterliitgen. 

U  importe  de  remarquer  que  ce  nom  allemand  a  été  formé  à 
une  époque  ou  en  roman  la  dentale  intervocale  Faiernu  subsistait 
encore,  c'est-à-dire  daus  tous  les  cas  avant  la  fin  du  XP  siècle.  Ce 
n'est  dès  lors  pas  aux  événements  qui  se  sont  produits  à  Payerue 
en  1133,  à  la  suite  desquels  ■>  Theotonici  invaluerunt  contra  Roma- 
nos  »  (Font.  rer.  Bern.  I  406  n"  10),  qu'on  doit  attribuer  l'origine 
du  nom  allemand  ;  celle-ci  est  certainement  antérieure  à  cette  date. 
11  n'est  pas  invraisemblable  que  la  formation  de  Faterningum  re- 
monte à  cette  langue  burgunde  qui,  comme  nous  l'avons  vu,  n'avait 
pas  encore  cessé  d'être  parlée  dans  la  TraDsjurane  au  commence- 
ment du  VIII"  siècle. 

Comparer  à  Payeme  <  Fatemu,  :  fundus  paternus,  CIL  X,,  m 
Faterno  villa,  Cartulaîre  de  l'abbaye  de  Gorze  p.  6,  acte  de  754, 
Putemi  villa,  ibid.  p.  24,  acte  de  765,  et  les  nombreux  Patemum 
Fademo  mentionnés  dans  les  chartes  des  Eist.  Fatr.  Mon. 


Posieux. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarlne, 

En  patois  poîû. 

Xli»  siècle  Fosuos,  Là,  p.  69  n"  177. 

1445  Fosioujs,  AF,  Impôt  de  1445. 

1555  Fosieux,  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1577  Fosu,  Carte  Schepf. 

1638  Fosu,  Carte  Plepp. 

1755  Fojux,  Perret,  Catalogue  73. 


372 


A.  Oodet  s  reconoa  dans  ce  oom  ]e  mot  Utio  puteus  (Masée 
oeuchàtelof?  XXII  43).  Nons  poavons  préciser  cette  étymologie  et 
dire  que  c'est  su  dimioatif  du  mat  proposé,  pûtëôlus,  que  Posieux 
doit  ùlre  ramené.  On  peut  comparer  le  développement  phonétique 
de  notre  nom  de  lieu  à  celui  de  Palésieux  riocalité  vaudoise)  qui 
oITre  uD  exemple  da  même  suffixe  diminutif  ; 


Pûtêôla 
Pâlâtiôla 


Poaimx. 
PàUsieux. 


Comparer  m  hco  àido  posieuz  (Avallon)  1445  AV,  Grosse  du 
Vullly,  f»  89'. 


Hameau  de  la  commune  de  Planfayon. 

Rufenen  est  d'origine  romane  ;  it  vient  évidemment  de  rupina. 

Ducange  mentionne  le  mot  rupina  avec  la  signification  îoca 
montana.  Les  Glossae  Isidori  qu'il  cite  sou9  le  même  article,  don- 
nent rupina  au  sens  de  abrupta  montium. 

L'accent  s  dû  se  porter,  eo  allemand,  sur  la  première  syllabe. 

Le  nom  de  famille  valaisan  Zen  Ruffmen  (zen^zu  den)  pro- 
vient de  la  même  source. 


Semsales. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Veveyse. 
Forme  patoise  iâffil^. 

1157  Â'essaies  (Semsales?),  MDR  XII,  Cart.de  Hautcrét  p.  134. 

1160  Setsaîes,  .  »  p.  156. 

1219  Satsalcs,  MDR  VI  336. 

1228  Satsales,        >        16. 

1228  Satsales.        *        27. 

1247  Satsales,  MDR  XII,  Cart.  de  Hautcrét  p.  77. 

1247  villa  de  Satsales,  AF,  Fonds  de  Hauterive,  Tir.  M  n"  17. 

1248  Satsales,  AF,  Ch&tel-St-Denîs  n"  42. 


—     373     — 


» 


1248  Setsales,  AF,  Fonds  de  Hauterive,  Tir.  M  n"  19.  La  cote 
du  tilre  (env.  1400)  a  Satsales. 

1260  Sasales.  MDR  XII,  Cart.  de  Hautcrêt  p.  94. 

1265  Satsales,         »  *  p.  100  et  101. 

1285  Sasales,  Font.  rer.  Bern.  III  389. 

Les  deux  termes  dont  se  compose  ce  nom  de  lieu  sont  sat  et 
saies. 

Sales  n'est  autre  chose  que  te  root  bas-latin  sala  signifiant 
«  maison  ».  Ce  mot  est  d'origine  germanique.  Nous  le  rencontrons 
au  VII' siècle  dans  la  Lex  Alaman.  (titre  83).  Il  a  passé  dans  lu 
langue  des  populations  romanes  à  l'époque  des  invasions. 

Sat  est  la  forme  romande  du  nom  de  nombre  «  sept  ».  On  dit 
encore  dans  le  patois  vivant  iat  et  sat 

Le  sens  originaire  de  Satsales  (Semsales)  est  donc  «  aux  sopt 
maisons  >. 

La  forme  tatiaisée  de  Satsales,  sous  laquelle  la  localité  parait 
souvent  dans  les  actes,  est  Seplem  Salae.  On  la  rencontre  pour  la 
première  fois  en  1177  (Hidber.  UU  n"  2354J. 

Le  mot  sala  a.  fourni  au  pays  fribourgeois  une  dizaine  de  noms 
de  lieux  :  Sales,  Sallas,  Sallettaz,  etc.,  et  à  la  France  plus  de  qua- 
rante noms  de  communes. 

Sept,  comme  premier  terme  de  nom  de  lien,  n'est  pas  isolé. 
Nous  trouvoDS  dans  divers  départements  de  France  S^t-Fonds, 
Sept- Fontaines,  Sept-Forges,  Septvaux,  etc. 

Quant  à  la  date  de  la  naissance  du  nom  jSemsoIes,  on  peut  dire 
sans  hésitation  qu'il  n'est  pas  d'origine  romaine  ;  il  ne  peut  être 
antérieur  aux  temps  des  invasions  germaniques. 


Vil  la  repos. 

En  patois  vaîarpu. 
En  allemand  Ruppertstoil. 
Formes  historiques  du  nom  romand  : 

1 332  vilarrepot  vilarrepo  villarrepo,  AF,  Alte  Landsehaft  n"  12. 
1336   Villarrepo  villar  reppo  viUa  r^os,  AV,  Grosse  d'Aven- 
ches,  f"  7',  10,  7. 


1359  vSarr^to,  AF,  Praromui. 

1396  nUar  Bàpport   viUar  S^pot  riOa  B^poe    ViUanppot, 

AV,  Growe  d'Atenches,  f  12,  19",  26',  38'. 
I41&-I424    nOamififw   cOiarTtpo  v3Ua-  Jiippo  vittar  Reppe, 

AF,  Reg.  not.  d»  22  p.  168,  n»  24  p.  31,  43, 46,  73',  96*. 

Formes  hUtonqaes  du  non)  aUeniftnd  : 

157S  BuopersityU,  Carte  Schepf. 

1578  Bupertstcyl,  Carte  Techtermann. 

XVlil*  siècle  Rupperswyl,  Sentier,  Mappa  geogr. 

Les  éléments  du  ootn  de  notre  localité  sont  le  mot  viRa,  aa 
sens  <  de  domaine,  propriété  rarale  >,  et  le  nom  d'homme  Botpdd. 
De  ces  deux  termes,  les  Komans  ont  formé  le  nom 
YiUa  Rotpold  qui,  selon  les  lois  phonétiques,  a  dû  subir  les 
transformations  suivantes  : 

Vitlarotpold  ViUareppout  ViUarepou. 

La  seconde  de  ces  formes  est  représentée  par  la  forme  histo- 
rique de  1332,  vilarrepot;  la  dernière  correspond  à  la  forme  pa- 
toise  actuelle  du  nom,  valarpu. 

Les  mêmes  éléments,  villa  et  Rotpold,  unis  selon  le  mode  de 
composition  germanique,  ont  produit  le  nom 
Rotpold'S  villa,  d'oii  Rotpoldsicil  Ruoppoltsiiil  et  (l  devenant  r), 
Ruppertsidl. 

A  comparer  Ruotpolàetpuoch.  au  XI*  siècle,  aujourd'hui  Rop- 
perts^c/i  (Fôrstemann,  OrtsDsmen,  p.  778). 

Le  nom  allemand  a  iuSueacé  une  fois,  en  1396,  la  plume  de 
l'écrivain  roman  et  lui  a  fait  écrire  villar  Rippori,  à  câté  de  vUtar 
Rippoa. 

En  décomposant  le  nom,  les  notaires  ont  le  plus  souvent  fait 
do  l'initiale  du  second  terme  la  finale  du  premier  et  ont  ainsi  écrit 
villarroppo  pour  villareppo  --=  villa  reppo. 

La  signification  originaire  de  Villarepos  et  de  RuppertstvU  est, 
comme  on  a  déjà  pu  voir,  <  domaine  de  Rotpold  >. 

Rotpold  est  un  nom  d'homme  germanique  usité  chez  les  Ala- 
maiiH.  Sa  forme  primitive  était  Hrodbald.  A  l'époque  où  te  nom 


roman  de  notre  localité  a  été  formé,  Hrodbàtd  avait  déjà  passé,  en 
boucbe  alamane,  à  Rotpdd.  Exemples  de  ce  nom  :  Ruotpolt,  Ruot- 
polth,  Lib,  Confrat.  I  p.  135  III  I5„- 

De  ces  faits  découlent  les  conclusions  que  voici: 

1)  Le  propriétaire  qui  a  donné  son  nom  aux  terres  de  Villa- 
repos  était  probablement  un  Alaman,  c'est-à-dire  un  membre  de  la 
nation  qui  &  occupé  le  Nord  de  l'Helvétie  et  s'est  avancée  à  l'Ouest 
jusqu'aux  bords  de  la  Sarine. 

2)  La  forme  romane  du  nom  ne  peut  pas  être  antérieure  à  la 
fin  da  VIII'  ou  au  commencement  du  IX*  siècle. 


^Villisburg:  (Avenches). 

<  Alamanni  vastatum  Aventicum  prœvencione  Wibili  cuino- 
mento  et  plurima  parte  Oalliarum,  in  Aetalia  Iransierunt  ».  Chro- 
nique dite  de  Frédégaire  U  40,  éd.  Krusch,  Mon.  Germ.  hist.  Script, 
rer.  Merov.  II  p.  64. 

Ce  passage  est  de  l'auteur  désigné,  dans  le  récent  ouvrage  de 
M.  G.  Schourer  '),  par  À  (Agrestius),  écrivain  qui  a  très  probable- 
ment vécu  dans  la  Burgundie  helvétique,  à  Avenches  même  ou  à 
Genève,  et  dont  l'œuvre  historique  va  jusqu'à  l'an  616/7. 

On  l'a  interprété  comme  suit  : 

Les  Alamans,  après  avoir  dévasté  Avenches  par  «  prtevencio  » 

d'un  nommé  (cui  nomentum)  WibUius passèrent  m  ItaUe.    V, 

Roth,  dans  VIndicateur  d'hist.  suisse  1860  p.  77. 

On  attribue  donc  la  pravencio  &  Wibilius  et  on  place  celui-ci  à 
la  tête  des  envahisseurs. 

C'est  peut-être  dépasser  la  portée  du  texte.  Une  autre  expli- 
cation est  possible. 

Od  peut  comprendre,  d'un  côté,  que  les  Alamans  ont  pris  par 
<  pravencio  *  et  dévasté  Avenches  et,  de  l'autre,  que  Avenches  est 
appdê  aussi  Wibili  (Wibilisburg). 


')  Dif  Verfasaer  der  êog.  Fredegu 
gentia.  tasc.  IX,  Frlboorg  (Suisse)  1900. 


'^Chronik.  Collactanea  FriUur- 


Le  sens  du  passage  entier  serait  dODC  : 

t,es  Alamans.  après  avoir  pris  par  <  pravencio  »  et  dévasté 
Avenches,  qu'on  appelle  autrement  WHili passèrent  en  Italie. 

En  interprétant  ainsi,  nous  avons  pris  cuinomento  au  sens  de 
cognomento,  et  cela  de  bou  droit,  comme  on  va  voir. 

Le  mot  cognomentum  se  rencontre  à  réitérées  fois  dans  la 
chronique  de  Frédégaire.  Voici  les  formes  qu'il  revêt  : 

II  35  p.  58,-  Gaius  assar  cuinomento  Calicola 

II  37  p.  62,3   lïtus  cuinomento  Fius 

II  38  p.  63],  Antunius  cuinomento  CaracaUa 

II  50  p.  71ia  et  90    Wandali  coinomento  Silingt 

IV  90  p.  lôTgo  per  Ararem  ftuvîo  qumnomento  Saoconna. 

On  voit  du  premier  coup  d'œil  que  dans  tous  ces  exemples  gn 
latin  a  déjà  passé  au  û  roman,  noté  ici  in.  V.  Oskar  Uaag,  Die 
Laiinilài  Fredegars,  Erlangen  1898,  p.  34  §  47,  p.  27  §  39,  p.  30 
§42. 

Le  rapprochement  des  formes  que  nous  venons  de  voir,  avec 
le  mot  de  notre  teste,  ne  laisse  aucun  doute  sur  le  sens  de  celui- 
ci.  Cuinomento  est  bien  ici  pour  cognomento. 

Du  reste,  le  second  nom.  Wibili,  que  l'auteur  du  texte  cité 
connaît  à  notre  ancienne  ville  romaine  déj^  avant  617,  est  encore 
bien  reconnaissable  dans  les  anciennes  mentions  de  Witlisburg  : 


1266  Wibilsburg,  AF,  Commanderie  a"  8. 

1302  Wibeîspurg,  Font.  rer.  Bern.  IV  108. 

1458  Wibeîspurg.  Font.  Coll.  dîpl.  XV  1. 

1476  WiUispurg,     >>  »  XVI  39. 

1548  Wifiispurg.  Stumpf,  Chronik,  VIII.  Buch. 

1577  Wiflisburg,  Carte  Schepf. 

1578  Wifiispurg,  Carte  Techtermann. 
1688  Wiflisburg,  Carte  PJepp. 


—     377     - 

Zénauva. 

Village  et  commune  du  district  de  la  Sarioe. 
En  patois  tsma^va. 

1217  Chinoua,  Ld,  p.  118  n»  291. 

1228  Chienoua,  AF,  AH,  V"  S.  n<»  5. 

1393  Chinowa,  Font.  Coll.  dipl.  247. 

1446  Zinowa,  AF,  Impôt  de  1445. 

1555  Tschinouw^  AF,  Impôt  pour  la  Gruyère. 

1755  Zennauve,  Perret,  Catalogue  74. 

Ca(8a)  nova. 

Dans  les  Fowt,  rer.  Bem.  (I  266  n""  50)  il  est  fait  mention, 
sous  la  date  de  993-996,  d'un  Casa  nova  qu'on  n'a  pas  localisé  et 
qui  pourrait  être  identique  à  notre  Zénauva. 


■Qf^S)^ 


APPENDICE 


Liste  des  noms  romains. 


Les  Doms  locaus  peuvent  être  assimilés  aux  ioscriptions  lapi- 
daires ;  ils  sont  depuis  on  grand  nombre  de  siècles  restés  attachés 
aui  mêmes  terres.  Les  noms  d'homme  qu'il  nous  révèlent,  ont  pour 
nous  autant  de  valeur  que  ceux  qui  dous  ont  été  conservés  par  la 
pierre;  ils  nous  rappellent  distinctement  et  presque  familièrement 
les  colonisateurs  et  propriétaires  qui  ont  cultivé  le  sol  de  notre 
pays  à  une  époque  bien  lointaine.  Et  ce  qu'il  y  a  en  eus  de  parti- 
cutiërament  intéressant,  c'est  que,  en  nous  faisant  connaître  ces 
hommes  par  leurs  noms,  ils  indiquent  en  même  temps  très  exacte- 
ment le  coin  du  pays  qui  leur  a  appartenu. 

Nous  n'iadiquone  ici  que  les  noms  qui  se  dégagent  d'une  façon 
indubitable  des  noms  locaux.  Les  noms  d'homme  sont  accompagnés, 
dans  notre  liste,  des  noms  de  lieux  d'où  ils  sont  tirés  et  pour  les- 
quels nous  renvoyons  le  lecteur  à  l'endroit  de  notre  étude  où  ils 
ont  été  examinés. 

Abidius  Agy,  Ebsachen. 

Archontiua  Arconciel,  Ergenzach. 

Altinius  Autigny,  Otteoach, 

Brittinms  Bertigny,  Brittenach. 

Campanius  Champagny,  Gempenacb. 

Spanius  Epagny, 

Festinius  Fétigny  (Festignei). 

LenHnius  Lentigny,  Lentenach. 

Martilius  Marty,  Mertenlach. 

Mmtanius  Montagny,  Montenach. 

Silvanius  ou  Saïvanius   Salvagay,  Salvenach. 


Taurinius      Torny  (Taurniaco). 

Wistiîius  pour   Vistilius  Vuilly,  Wistenlach. 

Cossinius        Kusscach. 

Victorius        Wichtrach. 

(Sulpius         Sucby,  Solpiaco). 

Rufinus  ou  Bufimus  Rùfenach. 

On  peut  ajouter  à  celle  série  les  noms  CujUdius  el  Fubrtnius 
(Cugy  Cubizacha,  Farvaguy  Favernach),  bien  que  leur  lecture  soit 
moins  directe. 


Distribution  des  noms  locaux  en  -y  et  de  ceux  en  -ens  par  districts. 


Oitiricli. 

Nomi 

1  romain* 

Nomi 

germanique! 

en  -1 

-iar, 

•le. 

en  -flr 

Il  -Jnget,  etc. 

Avenches 

_ 

_ 

Broyé 

9 

5 

Payerne 

2 

3 

Sarme 

11 

9 

Lm 

7 

3         J 

Olàoe 

4 

26        i 

VeTeyse 

— 

'        } 

Gruyère 

6 

13 

Singine  (noms  romans) 

— 

3 

Observations  sur  les  cartes. 


I 


Nous  joigQODs  à  cette  étude  deux  cartes  du  territoire  sur  le- 
quel elle  s'étend. 

La  première 
est  celle  qui  a  été  faite  en  1668  par  François-Pierre  Von  der  Weid, 
commissaire  giîne'rai  de  l'Etat  de  Fribourg.  Elle  nous  présente  un 
tableau  riche  et  correct  de  la  toponymie  fribourgeoise  et  vaudoiae 
(en  partie)  du  XVII*  siècle.  A  remarquer^  que  selon  l'ancienoe 
orientation,  le  Sud  est  en  haut.  Cette  carte  a  été  publiée  par 
H.  Léon  Glasson,  dans  les  Etrennes  fribourgeoises  pour  1901. 
M.  Glasson  et  les  éditeurs  des  Etrennes,  MM.  Fragnière  frères, 
ont  bien  voulu  nous  en  permettre  la  réimpression. 

La  seconde 
doit  figurer  la  distribution  géographique  des  noms  de  lieux  à  ter- 
minaison germanique  {-ing,  en  roman  -ens  -mges,  etc.)  dans  le  pays 
romand.  La  densité  des  groupes  de  ces  noms  est  indiquée  par  des 
hachures  plus  ou  moins  accentuées. 

L'esquisse  représente  une  partie  de  l'Helvétie  romaine  à 
l'époque  de  l'invasion  des  Germains,  avec  les  principales  routes  '), 
villes  et  bourgades.  Aux  met  connus  psr  les  inscriptions,  l'Itinéraire 
et  la  Table  de  Peulinger,  nous  ajoutons  Payerne^),  sis  au  contluent 
des  grandes  routes  d'Eburothinum  (Yverdon)  et  d'Avetiticum 
(Avenches). 

La  ligne  pointillée  indique  la  limite  actuelle  des  langues  ro- 
mane (française)  et  allemande  (alamaiie). 

La  grande  masse  des  noms  germaniques  se  trouve  dans  l'an- 
cien pagtts  Valdensis,  qui  comprend,  comme  on  sait,  non  seulement 
le  paya  de  Vaud  actuel,  mais  encore  la  partie  Sud-Ouest  du  terri- 
toire fribourgeois. 

Mirmodunum  (Moudon)  forme  le  centre  d'un  groupe  étendu  et 


')  Les  cout«8  locales  n'y  aoat  pas  portées.  Du  leate,  les  quelques  tron- 
çons que  noua  en  connaisGons,  ne  constituent  certainement  qu'une  bien 
faible  partie  du  r^eau  construit  par  les  oolonisateurs  romains. 

•)  Voyez  p.  370. 


382 


très  dense  d'établissements  de  GermaîDS.  De  là.  la  zone  se  pro- 
longe en  large  bande  à  travers  les  districts  d'Echallens  et  de  Ces- 
sonay  et  va  ensuite  se  rétrécir  entre  le  Jura  et  le  lac  Lémao, 

A  l'Est  de  MoudoD,  ces  noms  descendent,  d'un  côté,  vers  le 
Sud  et  s'arrêtent  sur  le  plateau  veveysan,  à  plus  d'une  iieue  au- 
dessus  du  lac  Léman  ;  de  l'autre,  ils  montent  jusqu'au  point  de 
jonction  de  la  Sarine  et  de  la  Glane,  en  longeant  la  Glane  sur  ses 
deux  rives  et  la  Sarine  (en  pays  d'Ogoz)  sur  le  côté  occidental. 
Entre  ces  deux  rivières,  la  suite  des  établissements  germaniques 
forme  comme  une  ceinture  autour  du  Mont  Gibloux. 

Une  petite  colonie,  bien  éloignée  du  centre,  se  trouve  sur  le 
revers  et  le  prolongement  méridional  du  Mont  Vuilly,  entre  les 
lacs  de  Neuchâtel  et  de  Morat.  Elle  semble  s'élendre  encore  au 
delà  de  la  Broyé,  sur  la  rive  septentrionale  du  lue  de  Neuchâtel. 
Aucun  nom  en  -ens  dans  les  environs  de  la  capitale  helvétique, 
Avcnticum,  aucun  dans  toute  la  contrée  parcourue  par  la  grande 
route  romaine,  de  Payerne  au  lac  de  Morat. 

Vus  à  vol  d'oiseau,  les  établissements  portant  des  noms  ger- 
maniques forment  un  vaste  courant  qui  se  forme  au  pied  de  la  chaîne 
du  Jura,  s'élargit  sur  le  plateau  vaudois  sis  entre  les  lacs  Léman  et 
de  Neuchâtel,  atteint  le  maximum  de  puissance  autour  de  Moudon 
et  s'arrête  brusquement  sur  la  rive  gauche  de  la  Sarine  '). 

On  est  particulièrement  frappé  du  fait  qu'une  large  bande 
blanche  sépare  les  derniers  établissements  à  noms  germaniques  de 
la  limite  des  langues  (marquée  sur  notre  carte  par  la  ligne  poin- 
tillée)  dans  presque  toute  la  largeur  du  pays  romand,  depuis  les 
Alpes  de  la  Gruyère  jusqu'au  lac  de  Morat  et  encore  au  delà  du 
lac  de  Neuchâtel*).  {Les  localité.s  Tentlingen iv  Tinterin.  Bûdingen 
fr,  Guin,  Bôsingen   fr.  Sasens,  Lurtigen   fr.  Lourtens  se  trouvent 


')  Deux  seulBÎnonis  en  -viis  ont  paaaé  la  Sarino,  BotUTniin  et  Esta- 
■is,  tous  deux  dans  la  Gruyèro.  De  mSme  les  cliercherait-on  en  vain 
dans  la  Gruyère  aupéfieure,  dans  la  vallée  do  Charmey  ou  dans  toute  autre 
contrée  muiitagnouse. 

')  Une  branche  peuîfourniedo  noms  germaniques,  partant  également 
du  pays  de  Vaud,  se  glisse  entre  le  Jura  et  le  lac  de  Neuchâtel  pour  s'arrêter, 
elle  aussi,  à  Boudry  <  Vurmondins),  à  une  distance  encore  considérable  du 
domaine  de  la  langue  allemande. 


—     383      — 

déj&sur  le  domaine  de  l'idiome  germanique).  Cette  discontinuité 
semble  bien  indiquer  que  les  noms  germaniques  en  -ens  de  la  Suisse 
romande  ne  viennent  pas  du  Nord,  qu'ils  ne  sont  pas  te  résultat  d'une 
extension  de  la  toponymie  allemande  au  delà  de  la  frontière  sécu- 
laire des  langues,  qu'ils  ne  sont  pas^  en  d'autres  ternies,  l'œuvre 
d'immigrants  de  race  alamane.  Il  parait,  au  contraire,  probable  que 
ces  noms  viennent  de  l'Ouest  ou  du  Sud-Ouest  et  qu'ils  sont  des  traces 
de  l'établissement  du  peuple  burgunde  qui  est  entré  sur  te  sol  helvé- 
tique soit  par  la  route  romaine  du  Jura  soit  par  celle  qui  longe  le 
Léman  '). 

Il  semble  aussi  que  les  immigrants  ont  eu  en  partage,  de  pré- 
férence, la  contrée  boisée  *)  et  moins  cultivée  du  pays,  c'est-à-dire 
le  plateau  qui  s'étend  du  Jura  aux  Alpes  fribourgeoises  et  vau- 


'}  Gardong-notiH  de  l'erreur  de  croire  qu'il  n'y  a  eu  d'établissements 
de  Germaina  quedans  les  localités  où  des  noms  germaniques  en  lont  preuve. 
Les  immigrants  ont  très  probablement  et*  répartis  suc  presque  tout  le  terri- 
toire du  pays  romand.  Il  ne  faut  voir  dans  la  toponymie  germanique  que 
la  preuve  ou  l'indice  d'une  plus  grande  densité  de  colonisation. 

'/  F.  de  Gingins-la-Sarraz  (Essai  aiir  l'élablissement  des  BiirijunHen, 
p.  53)  a  raison,  croyons-nous,  de  donner  i  la  dénomination  géographique 
Vnmi  pour  origine  le  mot  germanique  waW.  Au  point  de  vue  phonétique, 
cette  ëtymologie  est  parfaitemeat  correcte,  le  w  gei'maoique  devant  le groape 
-al  s'est  partout  réduit  an  r  roman  (cp.  Vuiidcreiis).  Quant  au  sens  du  mot, 
il  est  bien  probable  qu'une  assez  grande  partie  du  pai/iis  Valdcnsis  a  été 
couverte  de  forêt  à  l'époque  de  l'arrivée  des  Burgundes.  En  traversant  la 
lone  des  noms  germaniques,  on  croit  reconnaître  encore  aujourd'hui  des  traces 
de  l'aucieD  état.  Ce  qui  étonne,  c'e^t  que  Gingins  attribue,  dans  son  système 
Je  partage  par  quartier»,  toute  cette  contrée  auK  Romains,  eu  refoulant  les 
Bargundos  dans  le  paye  d'Ogoz  et  dans  l'Uecbtland.  —  Cependant,  la 
limite  qu'il  établit  entre  les  deux  races  (v.  la  carte  ajoutée  à  l'ouvrage 
cité),  coïncide  d'une  (agon  frappante  avec  la  limite  des  noms  germanique.-! 
telle  qu'elle  reaiwrt  de  notre  carte. 


1 

TABLE  DES  NOMS  DE  LIEIJX 

V 

indiquant,  outre  la  forme  actuelle,  les  principales  formes  liûtorique 

V 

noms  qui  ont  été  l'objet  d'une  étude  spëdala  dans  le  présent  travail 

^M 

imprimés  en  caracléres  gras. 

1 

Abidtacus(fuadas)264. 

Awuncici  264. 

fl 

Abril  267. 

ArkOQtie~2B5. 

^^1 

Abtadilingum  302. 

Arguncie265. 

^H 

Actalena301. 

Arlengus  294,  300. 

^H 

Aflry  267. 

Ariens  300. 

^H 

Atry  267. 

ArPufTeDs  300,  297. 

^^^^H 

Agiez  263. 

AruRena  301. 

^^^^^H 

Agiez.  lo  vey  263. 

AsDeins  299. 

^^^^^1 

Agiez,  nova  263. 

AsnetïB  299. 

^^^^^^H 

Agiez,  velus  villa  de  263. 

AthalensSOl, 

^^^^H 

Ag-nent.  389. 

Atlaleuges  301. 

^H 

Agry  263,  252. 

AttalensSOl. 

^H 

Alborenges  302. 

Aubupang:«s  302,  293. 

^H 

Alconcie  265. 

Auborenges  302. 

^1 

Allens  300. 

Aulbreuges  302. 

^1 

Allerens352. 

Aultenachen  266. 

^H 

Altioiacus  266. 

Autenach  266. 

^1 

Apriacua  267. 

Autignie  266. 

^H 

Aprilia  267. 

Aiitlgrny  s«e. 

^H 

Avenches  375. 

^H 

Arcae  Coelî  266. 

Aven  ti  eu  m  375. 

^H 

Aroanciel  265. 

Avri  267. 

^H 

ArchoDtiacua  (lundufl)  265,  266. 

Avriei  267. 

^H 

Arconcey  286. 

Avril.267. 

^H 

Arconciaeu  266. 

Avry  ae7. 

^H 

Arconciacom  264. 

Avry-devant-Pont267. 

^^H 

AFcoiici«i  ae-s. 

Avrye  267. 

^^^^^H 

Ar(«Dcier  265. 

Avry-sur-Matran  267. 

^^^^^H 

Avconciez  265. 

Aziacus  263, 

^^^^^H 

Ai«onsat266. 

Azie  263. 

^^^^^H 

Arcontie  2S5. 

Aïje  263, 

J 

^^^^1                                              —     386                               ^H 

■ 

Balsinfçen  303. 

BritinUcBs  268. 

^^^H 

Baselgiii  354, 

Bntiniei  268. 

^^^^^H 

Basens  30»,  382. 

Brittenach  268. 

^^^^^^^1 

Basingum  303. 

Britliniacua268. 

^^^^^H 

Bazeuge  355. 

Bromagoa  332. 

^^^^^H 

Belfaui  365. 

BrucÎDges  294. 

^^^^^H 

Bellena  304. 

Brunens  3-5  ■». 

^^T^H 

Benciera  262. 

Bnizingea  294,  345. 

^^1 

BenUera  232. 

Bucenetis  307. 

^H 

Bereins  304. 

BuiifOQUua  368. 

^^^^^1 

Berlens  SO-t,  396. 

Bur3in8  345. 

^^^^^H 

Berlin  304. 

Baschi  260. 

^^^^^H 

Busai,  do  261. 

^^^^^^1 

Bertignio  268. 

BusaÏB,  de  261. 

^^^^^H 

Bertiffn.v  ZG-l,  2t>4. 

BnSHy  200-S«  1 . 

^^^^^1 

Béaançin  304, 

Byoneos  305. 

^^^^^M 

^^^^^H 

Beaiogen  303. 

Campaniacus  2S9,  269. 

^^^^^H 

BflleDs  30&,  322. 

CariacuB  ((undus)  270. 

^^^^^^H 

BioDis  curtts  dOô. 

Casa  nova  377. 

^^^^^H 

BloiiDena290. 

Castollens  345. 

^^^^^H 

Blonnens  34I&. 

Catberenaz  354. 

^^^^^H 

Bitlenâ  305. 

Cavagnac  269. 

^^^^^H 

Bleacens  306. 

Chao]pagiiiaco269. 

^^^^H 

Blectsens  30«. 

Cbampa^ny  26»,  259 

^M 

Bœsingen  290,  303.  382. 

ChamufeDs  308,  297. 

^H 

Boflleas  344. 

OiaBlelena  ."^45. 

^H 

BoHiagea  294,  344. 

ChâlillwnB  34S. 

^^1 

Bonnefontaine368. 

Cliavagnac  269. 

^^H 

Boranges  302. 

ChavaffDy  S60. 

^^^^^H 

BoBCens  306. 

Chavaniei  2fi9. 

^^^^^^^M 

Boslinges  294,  344, 

Cheinens  309. 

^^^^^H 

BosseDH  300. 

Cbeirier  270. 

^^^^^^^1 

Bossonnens  308,  290. 

Chefry  aïO. 

^^^^^H 

Bosthereyn  307, 

CliempinDaelio  269. 

^^^^^H 

Bolhereyn  307. 

Chi^nens  309. 

^^^^^H 

Bottereii«i30'7,  297.  352,  382. 

Chemaula  369. 

^^^^^^H 

BoviKo.v  a«S. 

CheaaupâQlo  355. 

^^^^^H 

Bpeillea  35S. 

Chésopelloz  3&K. 

^^^^^H 

Bremoudena  308. 

Chevagni^269. 

^^^^^H 

Bpeiuudens  308,297,  335,348, 

Cheverié  284. 

^^^^^H 

Bratigney  268. 

Chevpilies  3S6. 

^^^^^1 

BrigelB  355. 

CheynenB  309. 

^^^^^H 

Britilgio,  de  355. 

Chienova  377. 

1 

—     587    —                                     ^^^^1 

Chiétres  263. 

Coarg-evaad  3S8.                          ^^H 

Chinins  309. 

Canrnillens  £»8.                               ^H 

Chinova  377. 

Courlepiii  361.                                  ^^^^^H 

Chirie  270. 

Courtrivey  361.                              ^^^^^^| 

ChiriMules  369. 

Conssiberlé  361 .                             ^^^^^1 

Chirwillie  357. 

CresBier  270.                      ^^^^^1 

Chiasapenlo  355. 

Crisoiacus  270.                                  ^^^^H 

Chivrilea  356. 

CriHBiei  270.                                            ^^H 

Chivrillie  357.  ' 

Cubiicaca  271.                                           ^^M 

Cbasaenacho,  in  288. 

CudpeBn  3&d,  250.                              ^H 

Cibiïaaca  271. 

Cudrnlin  360.                                                ^H 

Comuuniacum  259. 

CfitlerwyL361.                                              ^^Ê 

Condamine  365. 

CugyZy±.                                     ^M 

Condemiaa  289,  357,  362,  365. 

Cuidreftn  360.                                               ^H 

ContainiDa  365. 

Cultivrj  361.                                                 ^H 

Coquenens  311. 

Cunereni«  3'^7.                                ^H 

Coquerens  311. 

Cupidiacus  ({unduH)271.                          ^H 

Coq«irens311. 

Caquerens  311.                                 ^H 

Cordefln  360. 

Cnrgevolt  358.                                              ^H 

Corgivul  358. 

CurMn  360.                                                 ^H 

Coriolin  298. 

Curnilliens  298.                                            ^H 

Copjoleos  a»8. 

CurDilliD  296.                                                 ■ 

CorjoiliQ  296. 

Curselmu*t361.                                       ^H 

Cormag-ens  2»8. 

Cursiberlex361.                          ^^^^H 

Cormanon  361. 

CarteIlD360.                                ^^^^H 

Corraargin  298. 

^^^^H 

Cormenbo  358. 

^^^^^^1 

Cormenbo"  358. 

Cuzziacua  271.                              ^^^^^^^H 

Cormerod  361. 

^^^^^H 

CopiniDbœuf  357. 

^^^^^^1 

Cormondea  362. 

Dachslingen  345.                         ^^^^^H 

Corraoral  361. 

Dabailiogum  345.                                       ^^H 

Corinules  362. 

Daillens  B^&.                                     ^H 

Cornilina  298. 

Dandiliogum  338.                                      ^H 

Corpastur  361. 

Dapd«Ds311.                                  ^H 

Corpataux  361. 

Didiagen  319.                                             ^H 

Cortaneir  361. 

Diodilingum  338.                           ^^^^^| 

Cortaney  361. 

Dirlapet                                     ^^^^H 

Cortmunda  362. 

DodÎDgum  320.                              ^^^^H 

Cosainiacus  (fundus)  288. 

Doens                                             ^^^^^H 

Cotains296. 

Dorniucuni  305.                            ^^^^^^^| 

Cotheingis,  de  310. 

363.                                 ^^^^H 

CotteasSlO. 

^^^^H 

Cottingcn  310. 

Drilaris  363.                                ■^^^^^H 

^^^^^^^^^^B                                        ^^^^1 

^^^^^^^^^Bf  *  ». 

ErtataittZn.                                  ^M 

Bmlmvmamat»at^.3S             ■ 

^^^^H    Doeoi  319. 

^^^B    Djn>n9. 

Kimêcbm  26»-Z«. 

KcbKlImi  312. 

FaoLu  3».                          ^^^^H 

KoliaiMleiut  S<5K.  297. 

^^^^H 

Krh&rlan*  296, 

Par>ag«,.  aui  272.                 ^^^H 

E<>luirlen«»fll,297. 

Farvaçeitai  272.                      ^^^^H 

Bctiericni  312, 

Farvagvy  ZtZ.              ^^^^H 

Erlf-I^n»  84.Î 

Farragny-Ie-Gwnd  272.            ^^^M 

K<Tiibl<>nH.ti:e,345. 

Farvagny-le-peijt  272.                       ^H 

EfuvIlleDw»!». 

PavarDiacns272.                                 ^^H 

EliwriïKh  885. 

Favarnier  272.                           ^^^^1 

EansDt  321. 

Fa  verges  272.                          ^^^^^^^| 

Enoy  274. 

^^^^^H 

EpaffnySTfl. 

Favernay  272.                         ^^^^H 

RpMchen  S84. 

Faverneiu  272                          ^^^^^H 

KrcbenczBgen  263. 

^^^^H 

Erchunjsach  265. 

Favriniacas  vilU  272.             ^^^^H 

ErgenKBch  264.  . 

FayolaK'36g.                          ^^^^H 

ErgenMcben  265. 

^^^^H 

ErKUncift  266. 

Féguelenaz                               ^^^^H 

F.tlena  300, 

^^^^B 

ExG&rlongu  293. 

^^^^H 

Eacarlingis  2»3. 

^^^^M 

EwarllDRui.  293.  284,312. 

^^^^^H 

EitchalletiB  312. 

FestiniacuH273.                         ^^^^H 

ExcharlelnH  312. 

Pt^tif^ny  'ZTTH,  290.               ^^^H 

EMchi»ii«a]4. 

FJBtigaier  290.                             ^^^^^| 

Eiclepen»  345. 

^^^^H 

EsclepporiB  251. 

^^^^^H 

Evcoblona  312. 

^rmangueire364.                     ^^^^^H 

EHcublenB  312,  345.                                  I 

[i'raDex  SOS.                    ^^^^H 

ExGUvjJaiis  29S.                                         1 

^^^^H 

Escuviliiens  313.                                   F 

redingJB.  In  294.                      ^^^^H 

Expaiiiei  271.                                        F 

tmena                                       ^^^^M 

KftseFl,  3a  ^.                                       F 

nnaam                                      ^^^^^H 

E8tnvaie26].                                             F 

^^^^H 

Esta vaiel  261.                                            F 

uens                                           ^^^^M 

EsUvaiel-la-vila  261.                           F 

^^^^H 

1   F 

^^^^H 

^B9j^^                      —    389                                                ^^^H 

m         «aÎDg  319. 

^^^^^1 

H           Garapeuach  369. 

^^^^^^1 

H          GaiDigea  309. 

iDDens                                              ^^^^^^^H 

■          Gempenach  357,  269. 

^^^^^1 

H        Gevisier  273. 

talapadengs  345.                               ^^^^^^^H 

■         GiSer»  356. 

'^^^^^^1 

■         GUIarens  316,391,297. 

Itlens                                                ^^^^^1 

■         Girisseiis  323. 

■        GisillieriDgeD  317. 

^^^^^^1 

■         Gislaharingum291. 

Jeressens                                           ^^^^H 

Gislarena  316. 

«f  oressant  383.                         ^^^^^H 

Gisrelen?  316. 

Jorussans                                             ^^^^^H 

Givlsiez  273. 

Joruasens                                         -  ^^^^^^^Ê 

Glareina  319. 

^^^^^H 

Clettepens  31-7.352,279. 

Juliacam  (prxdium)  259.               ^^^^^^| 

Glieterens  318. 

(funâuB)  259,                    ^^^^^^| 

Gomoans  296. 

^^^^^1 

GomoSens  320. 

^^^^^^1 

GriiiioldeDs'350. 

^^^^^1 

Grissach  270. 

^^^^^^1 

Grisaacben  270. 

^^^^^1 

Gamenen  365.  289.  357.  362, 

Kisalheringum                                  ^^^^^^| 

Guicens  343. 

Klein-Bâsiiigen  303.                        i(^^^^^H 

Guitrila  357. 

KUssnach  288.                        ^^^^^^| 

Guimina  365. 

Ilûttingea  310,                                   ^^^^^H 

«ainsi»,  382. 

^^^^^^M 

i:,aiitigDie2T5,                                  ^^^^^^| 

GDmescboQ  366. 

Laret                                                  ^^^^^1 

Gumofens  320. 

274,                                  ^^^^^^1 

Gamutons  320. 

I^entigny                                       ^^^^^| 

Gumschen  36S.  265. 

Lentiniacus  (fundn»)  275.                 ^^^^^^^| 

Gurmels  362. 

Leutiniei                                             ^^^^^H 

Gurmurs  362, 

LeudfridiDgum                                   ^^^^^H 

Gross-Bôaingen  303. 

Liahlharingum                                  ^^^^^^Ê 

Guarmoodins  346. 

^^^^^M 

Gurwolf  358, 

LiefTpens  323.                          ^^^^^1 

Guachelmut  361. 

^^^^^1 

^^^^H 

Hennons3£l. 

^^^^M 

Henniez  S74. 

^^^^M 

■         Hi8pasie271. 

Lobsingea                                            ^^^^^H 

^M 

Locens                                                  {^^^^H 

■        Ignie  274, 

Loch  le  275.                                           ^^^H 

■        IlleDsSSfl. 

Locie  275,                                                        ^^B 

Ih^^b 

H 

^^^^^^^                                .-.     390     —                                  ^^^^1 

Usitigu«250,  345- 

Matran  298.                              ^M 

LuHsy  ÏTR,  290. 

Mauden»«  328.                              ^H 

Lutîie  275, 

Meldunum  367.                         ^^^^H 

I^ulians  335, 

Meriei  278.                               ^^^^M 

L,oapteiiH3a4.382 

^^^^H 

levains  296. 

Merlach  278.                            ^^^^^H 

Loveins  325. 

Merteiach  278.                        ^^^^H 

Lovens  3ZS. 

Mertellach  277.                       ^^^^^H 

Lovingo  325- 

Merlenlao-h  277.                      ^^^^^H 

Lozchie  275. 

Mertilaclia  278.                       ^^^^^H 

l.uceiis34B,250. 

^^^H 

Lu  ci  ac  us  277. 

Meypiez  S78.                 ^^^^H 

Luliacun)  259,  276. 

Middes  366,                              ^^^^H 

Lulie  276. 

^^^^H 

Lulliacus  (fondus)  276. 

Mildunum  367.                       ^^^^H 

Lully  ZIB. 

279.                        ^^^^^1 

Lurtigeji  324,382. 

MionJdunuin                           ^^^^^| 

LuBBiei  277. 

Miiii>odunum367.                   ^^^^H 

Lussy  ZT7. 

Minoduiii  367,                          ^^^^^H 

Luslriacum  259- 

^^^^H 

Lyelorens  317. 

Miscriacus  279,                        ^^^^^^H 

,^^^^H 

Mag-nedeod  3£«.  335,348, 297- 

Misopy                                 ^^^H 

Magnoudeina  326. 

279-                              ^^^^^H 

Magnudens  326. 

Missach  280.                             ^^^^H 

ManDCDs  3S7. 

Missiacum  280,                        ^^^^H 

Manoldens  326. 

Mis^iacus  (fuiidua)  380-            ^^^^1 

Marllei  277. 

Missie  280.                                ^^^^1 

Maply  127-7. 

Missy  280.                         ^^^^1 

Marly-le-Gmod  277. 

Mizérieux                                 ,^^^^M 

Marly-le- Petit  277, 

Modem                                     ^^^^H 

MaP8ens3a7. 

Modun                                      ^^^^H 

Mami]gi%in294. 

Molduni  366.                            ^^^^H 

Mardngua  294.  327. 

Molleodens                                ^^^^H 

Marlliarlfiga  346,  294. 

Molleus                                       ^^^^1 

MRPthepeDgres  34B,  294. 

MolloudiN                                  ^^^^1 

Martlllacum  278. 

Monta^ny  280.  259,       ^^^H 

MartiliacuH  (fundus)  378. 

Moi)taguv~1a-Ville  280.            ^^^^H 

Mai-tillac278. 

Montasn>-le9-Monb  260.         ^^^H 

MaccoDoeiis  3SS. 

Moiitaniacum  259,  380.  281.    ^^^^1 

Mascogain  326. 

Monlaniei  280.                           ^^^H 

Mascoiieiia  325. 

MoQleDacb  260,  281.                  ^^^^1 

Massenena  328. 

Montenach,  Ober  2B0,  281.       ^^^H 

lUaHsoDDtiUs  338. 

Monlt^vpaz  366.              ^^^^1 

^^^^HPB               391                            ^^^H 

^P       Montfotan  368. 

Pantiacus  (Fundus)  262.                                    ^H 

■        Montilier  363. 

Parmeaenx  332.                                                ^^Ê 

■        Montilier,  au  263. 

Paterniacum  370.                                 ^^^^^^H 

■        Montilly  263. 

Pateraiugum                                      ^^^^^^^| 

H        Montivrar  366. 

371                                ^^^^^H 

■        Moreina  396. 

Pateraum                                            ^^^^^^^| 

™         Moreos  32». 

PatL'i'cio                                                ^^^^^H 

Morin  329. 

Paternus  (fundus)                               ^^^^H 

Morlange  330. 

Pa.verne  370,  297.                     ^^^^H 

Mopleas  »S». 

^^^^^H 

Moudens  328. 

Pélardaz                                              ^^^^H 

MoudoD  367. 

Penscrs                                               ^^^^^1 

MnETethau  368. 

Pensier  S68.                              ^^^^^1 

Mulleiis  347. 

Péraules  369.                                        ^^^^B 

MulliQS  347. 

Pépolles  368.                                     ^^1 

Miinfotan  368. 

Peterlingen  297,  371.                                     ^^M 

Philiponaz  354.                                   ^^^^^H 

IVidermontaach  281. 

^^^^^1 

NiederBe»inf;eti303. 

^^^^^M 

Niaderwichtrach  289. 

PormasËDB                                          ^^^^^^^H 

Noaaa  29B. 

Posieux  374.                             ^^^^^^| 

Nonens  299. 

P03U                                                                   ^^^^H 

Nuovîllie  281. 

^^^^H 

Nuvilie281. 

Prengie                                                 ^^^^M 

IVuvilly  S81. 

pTimiacQs  (fundus)  282.                                 ^^H 

Nydermuntenatlio281. 

PpinchySSI.                                            ^H 

Principjacus  (fundus)  281.                              ^H 

Ober  Beaingen303. 

Pringiei  282.                                                     ^^H 

Obermontnach  281. 

PpiDg^y  S8S.                                               ^H 

ObarwichCracb  289. 

Progenaz  354.                                                    ^H 

Oud^iih  330. 

Ppo^ens  331 .                                           ^H 

Onningen  330. 

Progin  296.  331.                                                 ^M 

OrpereoB  347. 

Promasaus  296.                                                   ^M 

Oraeneins  330. 

Promaseos  331,  290.                              ^M 

Proniaaens331.                                                  ^H 

Ottenach  266. 

^H 

Ouleins  296. 

i^uarniDgia,  in  294.                              ^^^^H 

Quartenoudaz                                      ^^^^^H 

Paderno  371. 

^^^^^H 

Paerno  370. 

RamsDldingis,                                    ^^^^H 

Pal^ïieiix  372. 

Rausoldingis,  in                                  ^^^^^H 

Pancie  262. 

Raeoldena                                             ^^^^^H 

Pancier  262. 

Ra8soadtiD9                                      ^^^^^^^| 

Paneiez  262. 

Recbthalten  363.                              ^^^^^1 

^^^H                                                          392     —                                  ^^^H 

^^Vakm  çoiMiaL 

SelepcdiflpnSSI.SM. 

K^^SSP"' 

Scnbtlûgii,  in  2W.  3«.  3S, 
S«iiUiinpim  312. 

^^^^V    SeOMU&Hu  333. 

ScvbUo  (DMN»)  313. 

^^^H     ReMldengis,  îo  334- 

ScsTiHena  313. 

^^^H     R(acrad«ns  334. 

SdranUcu  283. 

^m       R<»«ad«iM  33'$,  S9T,  »8 

Rierens  335. 

S«ptem  Salae  373. 

Ri«rin  33S. 

Sept-FoDdi  Sn. 

Rodoianiogum  33&. 

RodQlfl  vilU  305. 

Sept-Forgea  373. 

Romanen»  33S. 

S*plMni  373. 

RorouJ/ens  332. 

Seiry  *83. 

Seriaco»  ((andus)  284. 

Ro«»eiw  333. 

Série  284. 

RoMin  336. 

SesMle3  372. 

RoIpoldisvilU  3T4. 

SeUal»  372.                             ^^^M 

Rûfenach  289. 

Severiacas  284.                     ^^^H 

Rufenacbt  289. 

SevRi  284.                            ^^^^H 

Rufenen  372. 

Siebeouch  273.                    ^^^^^H 

Ruflniacnni  289. 

SilvanUcQsaSS.                       ^^^H 

Rnûtpoldespnoch  374. 

SUiriex  £84.                           ^M 

RupperUiwil  373. 

Sivrie  i&i.                                           ^M 

RuMie  282, 

Sociingos  fôO,  336.                  ^^^H 

Ruiwy  282. 

SoldiscuB  285.                        ^^^^H 

Soizie  284.                              ^^^^H 

»t-Sylve»lre  354. 

Sâlw  373. 

Sotiinges  336.                       ^^^H 

Sallar  373. 

Soacens  250,  336.                  ^^^^H 

SalletUz  373. 

Soagie                                    ^^^^^H 

Sallflenach  283. 

Soaglet  285.                        ^^^^H 

Salva^ny  283. 

SouKDs  336.                          ^^^^H 

Saivaniacus  283. 

StAfflea  S61.                            ^^^^H 

Salvenach  283. 

^^^^H 

SanBonnena  336. 

Stavaiel  261 .                          ^^^^H 

Sagaie!.  373. 

^^^^H 

Satsale»  372. 

^^^^^H 

Sancens  336. 

^^^^^B 

Savagny  283. 

Suviolum  sub  Jablor  261.      ^^^^H 

Scariiingum  293. 

^^^^H 

Scarlingum  293. 

Sng-iez  ItS^.                   ^^^^M 

SchUpdingeD  345. 

^H 

SchUbeliogon  345. 

TarodiDgiD  311.                                 H 

ScIepediDgiB  345. 

Tauriniacam  (praedium)  285.             ^H 

I 


Taurniacas  aupedor  285. 

Vilarrepot  373. 

Tentenens  337. 

Villarepos  37». 

TeotlinRen  337,  382. 

Villar  reppo  373, 

Tbalens  301. 

VillarRipport374. 

Tliierrena  348. 

Vianola  369. 

Thorel  261. 

Visny  286. 

TbiidiDgen  319. 

Vi  liera  262. 

Ttnterin  337,  340,  344,  382. 

VillapdeD»  340,297. 

Tintiageu  337. 

Villarotpoid  374. 

Tiroula  369. 

Vîsaroula  369. 

Tiudingen  319. 

Viasi  roula  389. 

Torel  262. 

Visteroaaa  296. 

Tornie  285. 

Visyrola  369. 

Torny  SSS. 

Viveis  262. 

Torny-le-GranJ  285. 

Vivera  262. 

Torny  Pittet  285. 

Vivier  262. 

Toppy  26 1. 

Vivier,  au  263. 

Treslouden»  350. 

Viviers  262. 

Tretoreos  338. 

Vivirs  262. 

Trétudeus  349. 

VIvy  262. 

Treytorrens  338. 

Voueens  339. 

Troiterena  338. 

Voudanens  339. 

Trovereas  3-17. 

Voudenens  339. 

Tacliinouw  377. 

Vuadens  340,  290. 

Tudenges  292. 

Tùdingen  319. 

Vucherens  352. 

Tasy  285. 

Vutfl4>ns  3^6. 

Vuilly  «87. 

UeoniugeD  330. 

Vuilly-le-Baa  287. 

Uo&iDs29e. 

Voil!y-le-Ham  287. 

UneiD»  330. 

Vuippens  34%. 

Uniacus  286. 

Vuiatiacensis,  comitalup  287 

Upsy  286. 

VulsHens  343. 

VuisterDens  343. 

Vadana  341. 

VullieDs  346. 

Valardena  340. 

Vulliepens  347. 

Varmaraos  298. 

Vuolflingcs  346. 

Vaac<>ns  330. 

Vaud  383. 

■Wadengis294,  295,340. 

Vauderens  339,  283,  297. 

Wadena  340. 

VertuondeDs  U^G,  3B2,  297. 

Wadiugum  294,  340. 

Vermondins  297. 

Walcenges  339- 

Veyllana  296. 

Waldeiiena  339. 

Vietoriaous  289. 

Waliiiarengi341. 

—     394    — 


Walmarens  341. 
WalmariDgum  291. 
WareDgisi  villa  305. 
Warmarens  341. 
Warmondens  346. 
Wettingen  341. 
Wibili  375. 
Wibilisburg  373. 
Wibilsburg  376. 
Wichtrach  289. 
Wiflisbup^  375. 
Willafans  333. 
Willaufeos  333. 
Willie  287. 
Wintarneins  296. 
Wînterlingen  333,  344. 
Winterningis  343. 
Wintharneins  343. 
Wipedingus  294,  342. 
Wippens  296. 


Wippingen  342. 
WisliacenHis,  pagus  287. 
Wissens  343. 
Wistarnens  296,  343. 
Wiâtellach  287. 
Wistenlach  287. 
Wistiliacus  287. 
Wocens  339. 
Wolflinges  294. 

Yllans  2%,  322. 

Zeinin  309. 
Zeiry  270. 
Zejopelloz  355. 
Zénauva  377. 
Ziffîzachen  273. 
Zinowa  377. 
Zivizach  273. 


TABLE  DES  NOMS  D'HOMME 

et  des  racines  onomastiques. 


Abidius  264,  379. 
Àbtad  302. 
Âbtada  302. 
Abudius  264. 
Adalalf  333. 
Adalbodus  358. 
Adaloldus  351. 
Adelaldus  350. 
Adr-  301. 
Adraldus  350. 
Adrulf  301. 
Aegioldus  351. 
-am  333. 
Alloldus  351. 
Al  pin  i us  259. 
Alpinus  259. 
AltiDius  266,  379. 
Altious  266. 
Ansi  299. 
Ansoald  350. 
Antoldus  351. 
Aprius  267. 
ApUdius  302. 
Apthad  302. 
Ara  300,  301. 
Archontia  265. 
Archontius  265,  379. 
Archontus  265. 
Arconciu  265. 
Arcontius  265. 
Aril-  300. 
Ariia  300. 
A  ri-  300. 
Arlabaldus  300. 


Arlavoldus  351 . 
Arlefredus  300. 
Arlildis  300. 
Arluînus  300. 
Arlulfus  300. 
Arr-  301. 
Arrulfus  301. 
Anilf  301. 
Asin-  299. 
Attalus  302. 
Aubœuf  358. 
Aun  330. 
Ayroenus  351. 

Bas-  303. 
Basina  303. 
Basinus  303. 
Baso  303. 
Baudi  306,  307. 
Benilo  356. 
Beonna  305. 
Beonnu  305. 
Beono  305. 
Bercbtil-  304. 
Beril-  304. 
Berila  304. 
Berlio  304. 
Beroldus  350,  351 
Bertil-  304. 
Bertila  304. 
Bertla  304. 
Bertraudus  350. 
Bondallaz  354. 
Bid  305. 


Bitil-  305. 
Bled  306. 
Blid  306. 
Blidizo  306. 
Bod306,  307. 
-bod%8. 
Boctharfus  307. 
Bothari  307. 
Botthari  307. 
Bovinius  268. 
Bovins  268. 
Brimo  308. 
Brinii.M  :(i)S. 
Brimwald  308. 
BrittiDiua26S,  379. 
Brittias  268. 
Brittus  268. 
Bruno  347. 

C&g309. 

Cagan-  309, 

Cagin  309. 

Cajn  309. 

CampaniuB  259,  269,  379. 

Campanud  259,  269. 

Camulf  30S. 

•Capanius  269. 

Caria  270. 

Cariua  270. 

Castilû  345. 

'  CavaniuB  269. 

Chagan  309. 

Chamo  308. 

Chlodonier  342. 

Chlodomirus  342. 

Cossinius  380. 

Cott-  310. 

Cottwân  311. 

Cristtnaz  354. 

Cunhari  347. 

Cupida  271. 

Cupidia  271. 

Cupidiua  380. 

Cupidus  271. 


Dahsil-  345. 
Dandil-  338. 
Dando  338. 
Dantlin  338. 
Dendi  338. 
DeDtelin  338. 
Dindi  338. 
Dindil-  338. 
Dindo  338. 
Dodo  320. 
Donzallaz  %4. 
Drogo  311. 
Druhti  339. 
Dado  320. 

Eberbard  367. 
EngebvaM  351. 
Engilion  307. 
-en  tins  304. 

ErnienalduB  350. 
Ermenoldus  350. 
Eateven-  315. 
Estevena  315. 
Esleveiiaz  315. 
Estevenin  315. 
Estevinet  315. 
Evrard  367. 

Fabrinius272,380. 
Far-  316. 
Fégaely  354. 
Fer- 316. 
Perhil-  316. 
Fei-1-  315. 
Festina  273. 
FostiDÎup  273,  379. 
Festinus  273. 
-fred  324. 
-froit  324. 
Frua]oldus351. 
Fug  316. 
Fugilo  316. 

Gelimcr  342. 
Geroldus  350. 


^^^^^^^H                              397                                                      ^^^^^ 

Gfroldna  351. 

J^^^^H 

Gisilhari  317. 

'^^^^^1 

Gislaar  317. 

i^^^^^H 

Gislahar  291. 

I^ndoalda  351 .                                   ^^^^H 

Gislahari  317, 

Laub  325.                                                        ^^^| 

Gislaharius  317. 

Leahtoid  318.                                                    ^^M 

Gislar  317. 

Lealiniua  275,  379.                                          ^H 

Gisloldua  350. 

Leud-  323.                                                         ^H 

Giwu!f359, 

Leudfrid  323.                                               ^H 

Glaidou  319. 

Leuht'3I8.                                                         ^H 

Gomolf  321. 

Lialit  318.                                                         ^H 

Godomar  342. 

Liahtgriui  318.                                                ^H 

Gfimaldus  350. 

Liahtliai'i  318.                                                  ^H 

Grimold  350. 

Liahto  318.                                                       ^H 

Grimoldus  350. 

LiardunSlS.                                                     ^H 

Grimwald  350. 

Lietredus  323.                                                   ^H 

Guma321. 

Lief  rott  323.                                                      ^H 

Gumuir321 

Lietodu»  324.                                                    ^H 

Libta  318.                                                         ^M 

Hanhavaldas  351. 

Lioht  318.                                                   ^H 

-hari  307,  318,  3ô2. 

Litbiirga'.324.                                                   ^H 

Herimaldus  350. 

Litlardus  324.                                             ^^| 

Hin-  321. 

Lob  346.                                                          ^^1 

Hina  274. 

Loba  325.                                             ^^^^H 

Hiniua  274. 

Lobizo                                                 ^^^^H 

Hrod  336. 

^^^^H 

Hi'odbald  374. 

LolliuB                                               ^^^^^M 

Hrodmau  335. 

LopuB                                                 ^^^^^1 

Hrom  333. 

LulluB                                                ^^^^H 

Hunalf333. 

^^^^^^^1 

-Icul  314. 

Magan                                              ^^^^H 

Id-  322. 

Magaubod  358.                                 ^^^^^H 

^          -Ikil  314. 

Maganwald  327.                                ^^^^H 

^        In-  321. 

Magenold  337.                                   ^^^^^Ê 

■        Ina  274. 

Maginbod  358.                                   ^^^^H 

H        luius  274. 

Maginold                                            ^^^^H 

^U        Irnianson  307. 

Maimbod358.                                           ^^1 

■        It-  322. 

M3irabœuE358.                                               ^^M 

■       Itil-  322. 

MaiDbodua358.                                             ^^H 

H 

Mald-                                                ^^^^^1 

H        Jabindins  274. 

Mann-                                              ^^^^M 

■        Jubiodus  274. 

Mannius                                           ^^^^^^M 

■        Julius  SS9. 

-mil                                              ^H^H 

Man-  un. 

M«r>i  an. 

H«iw>  3ZS. 
Mkraao  928. 

Marthari  294,  BM. 
Marti  It  27)1. 
Martin*  27)1. 
Marti  Uns  sn. 
MaM»S6. 
Matulphua  SAl. 
Maur-  »2». 
Maurll-  »tS. 
Maurllla  RHO. 
Maurll  I  UN  1180. 
Maurllo  H8S. 
Mnurui  tU9. 
Maymbodu»  HM. 
Motftnold  m. 
-tiiArlMl. 
Mltwrla  Ï79. 
Mlwriu*  879. 
MhH-280, 
MUoioltiH  28<). 
MoiitAiiliiH  VM).  881..S7ft. 
Morllo  320.  8IW. 


Moi 


itao. 


Mwialit  !tM. 
MiinilR.'Itl]). 

N(>rtht(tlaiiii3.M. 
N»vi<lliui>  SRI. 

OaïaSM. 
-.iM  S».  3«>-3M. 
Olfair  MS. 
Oui  Mil, 
Onntu  Ssltt. 

IVUnl  S,M 


P«nailo  356. 
P«nDo356. 

Pfailippon3»l. 
Pilloa-1  Soi. 
Primln»  282. 
PriupipiW  281. 
Progeni  354. 
Promaa  332. 
Promaiiiu  332. 

Qnartenood  354. 

Radoldiia351. 
Raioandas  350. 
Ramiold  335. 
Raroiolf  335. 
Regfnoldns  351. 


RodroBD  335. 
Rodoman  335. 
RodEO  336. 
Rom  333. 
Rotnalf  333. 
RornSDius  259. 
RomaiiUB  259,  335. 
Roiiiulfua  333. 
RoacluH  283. 
Rotnian  335. 
Rotpold  3TJ. 
RoUo  336. 
Rouo  336. 
Ruiliiieii  /en  372. 
Rutlmus253.  289.3 
RuHqus  259,  289,  3» 
R«o,iiusn33ô. 
Ruol|x)lt3T5- 
Ruotpoltb  375. 

;  S»Ucbo336. 
Salobo  336. 
SalM-ho  336. 
Salvanius  379. 
336. 


S»ril-  297. 
Sarva  337. 
Sanruif  337. 
Scand  297,  345. 
Scaril-  312. 
Schiibel  313. 
Scit-  314, 
Scito  314. 
Scopilia  313. 
Scopilio  313. 
Scopilius  313. 
Scub-  313. 
Scubiculus  H13. 
Scubil-312. 
Scabilio313. 
Sciipilia313. 
Scupilio  313. 
Scuviculua  313. 
Serius  284. 
Severius259  284. 
Severus  259. 
Silvaiiiua283,379. 
Skubikil-  313. 
Solida  285. 
Solidius  285. 
Son  307. 
Soruif  337. 
Spanius  271,  379. 
Stabadin-  314. 
Stabadoni  315. 
Staba-n3]4. 
StabaaiD  314. 
Stabatin-  314. 
Stephaims  315. 
Sulpius  380. 
Tanto  338. 
Taurinius  285,  380. 
TlieodoIdnH.350. 
TheQdaIdus.350. 
Troctar  329. 
Trogo  311. 
Truhthari  .339. 
Tusius  286. 
Tutius  286. 


UIBd  359. 
UIflna  361. 
Ulflno  361. 
UlflnuB  861. 
Uno330. 
Urs-  331. 
Ursinas  331. 
Ursius  286. 

Vestralp  333. 
Victor  259. 
Victoria  259. 
Viotorius  289  380. 
Vilja  347. 
Viilicariu»  351. 
Vinius  286. 
Vistilia  287. 
VistiliuB  287,  380. 

Wadd-  341. 
Walamar  291,  341. 
-wald  327,335,  349-352. 
Waldan  340. 
Waidesa  306. 
Waldhar  340. 
Walhard  340. 
Waldil-  340. 
Waldilo  340. 
Waliko  339 
Walai4r291,  297,  341. 
WâD  311. 
\VaiidaIjiiarus35I. 
Warriiund297,346. 
Wibilina  375. 
Wilihard  297. 
Willi-  846. 
Willihari  347. 
Winistar  344. 
Winistaril-  344. 
Wiuistarn  344. 
Wippiio  342. 
Wi88-  343, 
Wistilius  380. 
Witipato  342. 


—    400    — 


Witpot  342. 
Wulf321,  361. 
Wulfll-  346. 


Yngozo  306. 

-Z-306. 

Zen  Rufflnen  372. 


INDEX  DES  NOMS  COMMUNS 


suffixes,  etc. 


à  burgunde  341. 

-a  354. 

-acus  259. 

-am  291. 

-anges  292. 

-ans  296. 

-anus  259. 

Ârca  coeli  266. 

Arc-en-ciel  266. 

Baselge  355. 

Baselgia  355. 

Basilica  355. 

Basoche  355. 

Bazeuge  355. 

Bonafontana  368. 

Britilgium  355. 

Bûnda  356. 

Caprile  356. 

Casa  377. 

Casale  356. 

Casa  nova  377. 

Cognomentum  376. 

Compascua  366. 

Compascuus  (ager)  366. 

Cor,  V.  cortis. 

Cortis  358,  359,  361,  362. 

Cour,  V.  Cortis. 

Cainomen1;o375. 

Curia  355. 

Curtis,  V.  cortis. 

Dreit  363. 

Dûnon  367. 

-en 8  292. 

Essert  364. 

Exartum  364. 

Fabrica  272. 

Fàra  315. 

Farvages  272. 


Farvagettaz  272. 
Fora  315. 
Fontana  368. 
Frana  365. 
Fraxinetam  365. 
Fraxinas  365. 
Fronu  365. 
Halde  363. 
Halte  363. 
-i-aous  259. 
-ing291. 
-ingam  292. 
-inges  292. 
-ingis  293. 
-ingos  293. 
-ingum  292. 
-ins  293. 
Laris  363. 
Larricium  363. 
Minus  367 
Min  vos  367. 
Mont  366. 
-oia  369. 
Paiatioiam  372. 
Petra  369. 
Petrola  369. 
Puteolus  872. 
Puteus  372. 
-rn  370. 
Rupina  372. 
Sala  373. 
Sat  373. 
Sept  373 
Septem  373. 
-um  291,  349. 
Villa  374. 
Wald  383. 


-*0*C>4- 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Introduction 249-251 

Sources  et  littérature 252-257 

Abréviations 258 

Les  noms  de  lieux  en  -acus  (-y  «ier  -iez) 259-290 

Observation  sur  l'époque  de  la  formation  des  noms  en  -acus       .  289-290 

Les  noms  de  lieux  en  -ens 291-347 

Le  suffixe  germanique  -ing  dans  la  langue  romane      ....  291-296 
Observation  sur  l'époque  de  la  formation  des  noms  en  -ens   .     .  295 

  quelle  époque  les  Germains  établis  dans  notre  pays  ont-ils 

étéromanisés 348-353 

Noms  divers 354-377 

Appendice  :  Liste  des  noms  romains.  —  Distribution  des  noms 
locaux  en  -y  et  de  ceux  en  -ens  par  districts.  —  Observations 

sur  les  cartes 379-383 

Table  des  noms  de  lieux 385-394 

Table  des  noms  d'homme 395-400 

Index  des  noms  communs,  suffixes,  etc 401 


-Q^^i)fÇ^ 


nu 
fn 


a 


Ml.. 


ïï^'^ 


""^!7in-*«< 


/;. 


AT>< 


'P- 


^Jt'V  ' 


A«« 


LES 


VISITES  PASTORALES 


DANS    LK 


DIOCÈSE  DE  LAUSANNE 

depuis  la  fin  du  1 6®  siècle  jusqu'à  vers  le  milieu  du  1 B^  siècle 

PAR 

le  D'  Ch.  Holder 

professeur  à  l'Université  de  Fri bourg. 


INTRODUCTION 


I 


Les  visites  pastorales,  leur  origiue,  leur  développement  et 
leur  histoire,  ta  manière  dont  elles  furent  faites  dans  les  diffé- 
rents pays  et  dans  les  différentes  époques  sont  un  sujet  digne 
de  l'intérêt  de  l'bistorien  et  du  canoniste.  Leur  importance 
principale  se  trouve  dans  les  données  et  les  renseignements 
qu'elles  fournissent  sur  l'état  religieux  et  moral  d'un  pays,  sur 
l'histoire  des  institutions  religieuses,  du  droit  et  de  la  discipline 
ecclésiastique. 

Les  visites  pastorales  ont  joué  un  rôle  important  dans 
l'histoire  de  l'Eglise  et  la  législation  ecclésiastique  y  a  attaché 
une  grande  importance,  pour  le  progrès  de  l'esprit  religieux  et 
moral  des  fidèles. 

Dès  les  premiers  siècles  de  l'Eglise,  les  évèques,  imitant 
l'exemple  de  Notre  Seigneur  et  des  apôtres  '),  ont  visité  les 
églises  de  leur  diocèse,  pour  fortifier  la  foi  des  fidèles  et  pour 
corriger  les  abus.  Nous  en  avons  plusieurs  exemples  :  S.  Gré- 
goire, évêque  de  Néocésarée  '},  S.  Basile  "),  S.  Athanase  '), 
S.  Chrysostôme  ')  en  Orient,  S.  Augustin  ')  en  Afrique  et  S. 
Martin  ")  dans  les  Gaules. 

La  législation  ecclésiastique  s'occupa,  dès  le  i"'  siècle,  des 
visites  pastorales.    Nous  trouvons  en  Orient,  dès  le  commence- 


')  S.  Mathieu ÎX. 35;  Actes  des  Apûtres  et  EpltresdeS.  Paul,  pasaim. 

■)  S.  Gregor.  Nyaa.  de  vita  beali  Gregorii  {Migne,  PP.  gr.  46  p.  953). 

■)  Sooratea,  bïat,  eccl.  IV.  21. 

')  S.  Athanasiua,  Apol.  c.  Arian.  63  (Mîgne,  PP.  gr.  25  p.  364). 

")  Homil.  2,  1  in  Epist.  ad  Tltum  1.5  (Migne,  PP.  «r.  62  p.  871). 

*)  S.  AagUHt.  epiit.  237  :  n  Viaitandaram  eccleaiarum  ad  meam 
iiii  pertinentium  nocossîtate  projectua  aura  u.  Cfr.  epist.  261  ;  Possido- 
I,  Vita  S.  Augustini  12  (Migne,  PP.  lat-  32,  p.  43). 

V  Sulpicius  Severus,  ep.  1  (ad  Ëagebium)  (Migne.  PP.  iat,  20,  p.  177)  : 
eut  epixcopia  viaitare  ecolettiaa  motii,  eal  u. 


ment  de  ce  siècle,  des  visiteurs  (-i,t('.Sp-T»(,  circuitores)  et  le  caoon 
57  du  synode  de  Laodicée  (seconde  moitié  du  4""  siècle) 
prescrit  '),  que  dans  les  villages  et  à  la  campagne  il  n'est  pas 
permis  d'instituer  des  évéques,  mais  des  visiteurs  ;  les  évèques 
qui  seraient  déjà  institués  ne  peuvent  exercer  leur  juridiction 
qu'avec  le  consentement  d-e  l'évèque  de  la  ville.  II  paraît 
résulter  de  cette  disposition  législative,  qu'en  Orient,  au  moins 
pour  les  grands  diocèses,  il  y  avait  des  visiteurs  qui  devaient 
aider  l'évëque  dans  cette  partie  de  son  administration.  En 
Afrique,  les  synodes  d'Hippone  (393)  et  de  Carihage  (397)  pres- 
crivent, qu'il  doit  se  tenir  chaque  année  un  Concile  général,  ponr 
les  provinces  d'Afrique,  et  qu'à  cette  occasion  toutes  les  pro. 
vinces  doivent  être  visitées  '). 

En  Occident,  les  dispositions  législatives,  relatives  aux 
visites  pastorales  remontent  au  commencement  du  G"'  sîècle< 
Le  synode  de  Tarragone  prescrivit  en  516,  dans  son  huitième 
canon  ")  r  *  Decernimus  ut  antiquie  consuetudinis  ordo  berve- 
tur ,  et  annuis  vicibus  ab  episcopo  diœceses  visitentur.  » 
Donc,  d'après  le  concile  de  Tarragone,  la  visite  pastorale  est 
une  ancienne  coutume  et  elle  doit  se  faire  chaque  année. 
Le  concile  provincial  de  Braga  (572)  nous  permet  de  voir 
comment  les  visites  pastorales  ont  été  faites  dans  l'antiquité 
chrétienne  *)  :  *  Placuit  omnibus  episcopis .  ut  per  singulas 
ecclesias  episcopi  et  per  diœceses  ambulantes  primum,  discu- 
tiant  clericos,  quomodo  ordinem  baptismi  teneant  vel  missarum 
et  qualiter  queeque  officia  in  eccleaia  peragant  ;  siu  autem  minime, 
docere  debect  ignares,  et  hoc  modia  omnibus  prtecipere,  sicut 
antiqui  canones')  jubent,  ut  ante  vigioti  dies  baptismi  ad  purga- 
tionem  exorcismi  concurrant  catechumeui,  in  quibus  viginli  diebus 
omnino  catecbumeni  symbolum,  quod  est  Credo  in  Deum  Patrem 
omnipotentem,  specialiter  doceantur.  Postquam  ergo  in  his  suos 
clericos  discusserint  vel  docuerint  episcopi,  alla  die,  convocata 


• 


')  Hai'Uuiu,  Acta  Conc.  I,  p.  791,  Voir  également  les  can.  8  et  10  dû  1 
synode  d'Antioche  (341),  can.  13  du  synode  d'Aneyre  et  le  can.  6dusynod«  1 
de  Sardique.  Hefele,  Conciliengeschichte  I'.  p.  344-45  et  773, 

')  Harduin  I,  p,  887,  903,  S19,  970  et  sa,  ;  Hefele.  IP  p.  S,  60,  67. 

')  Cône,  Tarragonense  (Hardonin,  I)  p,  1042)  ;  o,  10.  C.  X.  qu,  1. 

')  Harduin  III  p.  386  ;  c.  12,  C,  X,  qu.  1. 

°)  c.  55.  De  consecralione,  Dist,  IV. 


—     409     — 

plebe  ipsins  ecciesie,  doceant.  illos,  ut  errorea  fugiant  fdolontm 
vel  diversa  crimina,  id  est  horaicidium,  aduUeriiim,  perjitriuni, 
falsum  testimonium  et  reliqua  peccata  mortifera,  et  quod  nolunt 
sibi  fîeii,  alleri  ne  faciant,  et  ut  credanl  resurreclionem  omnium 
bominum  et  diem  judicii,  in  quo  unusquisque  secuudum  opeva 
sua  recepturus  sit.  Et  sic  postea  episcopus  de  ecclesia  illa  pro- 
ficiscatur  ad  aliam*.  Ces  dispositions  du  concile  de  Braga  con- 
tiennent  le  plus  ancien  ordo  visitandi  dont  nous  aurons  à  parler 
plus  loin. 

Le  même  concile  donne  de3  prescriptions,  pour  que  les 
charges  occasionnées  par  la  visite  épiscopale  ne  soient  pas  trop 
onéreuses'):  *  Placuit,  ut  iiullus  episcoporum  per  suas  diœceses 
ambulans,  prfeler  lionorem  cathedriE  suœ,  id  est  duos  solides, 
aliquid  aliud  per  ecclesias  tollat,  neque  tertiam  partem  ex  qua- 
cuuque  oblatione  populi  in  ecclesiis  parocbialibus  requirat  ;  sed 
illa  tertia  pars  pro  luminartbus  ecclesiœ  vel  reparatione  serve- 
tur,  et  singulis  annis  episcopo  înde  ratio  fiât.  Nam  si  tertiam 
partem  illam  episcopus  tollat,  lumen  et  sarta  tecta  abstulit 
ecclesiœ.  Similiter  et  parochiales  cl«rici  servili  more  in  aliquibus 
operibus  episcopo  servire  non  coganlur,  quia  scriptum  est '): 
neque  ut  dominantes  in  clero  ».  Le  4"'  synode  de  Tolède 
(633)  renouvela  ')  dans  le  c.  36  les  dispositions  du  synode  de 
Tarrapone,  en  prescrivant,  que  les  visites  pastorales  devaient 
avoir  lieu  chaque  année  ;  le  7""  synode  de  Tolède  (6i6)  *)  cher- 
chait à  diminuer  tes  charges  imposées  au  clergé  et  aux  fidèles 
par  les  visites  pastorales,  et  le  synode  de  Cloveshoe  (747)*) 
vint  à  son  tour  renouveler,  pour  l'Angleterre,  les  dispositions  du 
4°"'  synode  de  Tolède,  relatives  à  la  visite  annuelle. 

De  même  que  pour  l'Espagne,  nous  avons  des  dispositions 
législatives  et  des  renseignements  relatifs  à  la  visite  pastorale 
pour  le  royaume  des  Francs,  l'Angleterre  et  l'Italie  "),  Pendant 

')  Hai-duin  111  p.  38fi  :  c.  1.  C.  X.  ([U-  3. 

•J  I.  Pétri  V.  3. 

')  Harduin  lU  p.  587  ;  c.  tl .  C.  X.  -lU.  1. 

')  H&rduinlll  p.  622. 

^)  Harduin  III  p.  1954. 

'J  Cfr.  Coni;.  Cabilloti.  a.  649  c.  11  :  a  parooliia»  et  moaasleria,  quie 
raos  est  epiacopÎB  fircuire  »  et  les  synodes  el  diètea  de  la  période  (ranqnt 
et  carloviiigieaiie  ;   p.  ex.  Coiicil>  AreLatense  (813)   c.   17,  Codc.  Mogunl. 


—      410 


le  moyen  âge,  ce  sont  souvent  les  archidiacres  qui  foat.  au  nom  ' 
de  l'évéque,  ia  visite  pastorale  ;  le  droit  eccléi^ias tique  da  reste 
autorisait  les    évoques  à  se  faire  remplacer,  pour  la  visite  pas- 
torale, en  cas  de  néces^iité,  par  un  délégué  '). 

Dès  le  IS"'  siècle,  les  conciles  géuéraux  s'occupent  des 
visites  pastorales,  pour  rappeler  aux  évéques  l'obligation  de  faire 
la  visite  pastorale  et  pour  modérer  les  dépenses  onéreuses  qu'on 
y  faisait. 

En  1179  le  pape  Alexandre  III  publia,  au  concile  général  du 
Latran,  la  Constitution  suivante 'j:  *  Cum  Apostolus  se  ac  suoa 
propriis  manibus  decreverit  exhibendos,  ut  locum  prœdicandi 
auferret  pseudoapostolis  et  illïs,  quibus  prffidicabat,  non  eiisteret 
onerosus  :  grave  nimis  et  emendatione  dignum  esse  dignoscitur, 
quod  quidam  prœlalorum  ita  in  procurationibus  graves  suis 
subditis  exsistant,  ut  pro  )iujiismo<U  causa  ipsa  interditm  eccle- 
Biastica  oroamenta  subdili  exponere  compellantur  et  loogi  tem- 
poris  victum  brevis  hora  consumât.  Quocirca  statuiraus,  quod 
archiepiscopi  parochias  visitantes,  pro  diversitate  provtnciarum  et 
facultatibus  ecclesiarum  40  vel  50  evectionum  numerura,  episcopi 
autem  20  vel  30,  Cardinales  ^5  nunquam  excédant,  arcbidiaconi 
5  vel  7,  decani  constituti  su1>  episcopis  duobus  equis  conlent< 
existant.  Nec  cum  canibus  veiialoriis  et  avibus  proficiscantur.  sed  i 
ita  procédant,  ut  non  (\mv  sua  sunt,  sed  quœ  Jesu  Ghrist> 
quferere  vidoantur.  Nec  sumptuosas  epulas  quajrant,  aed  cum 
gratiarum  actione  recipiant,  quod  honeste  ac  compelenter  illî!! 
fuerit  minislratum.  Prohibemus  etiam,  ne  subditos  suos  talliis  et 
exactiouibus  episcopi  gravare  présumant.  Sustinemus  autem  pro 
multis  necessitatibus,  quœ  allquoties  superveaiunt,  ut  si  mani- 
festa ac  ratiODabilis  causa  extiterit,  cum  caritate  moderatum  ab 
eis  valeant  auxilium  postulare.  Cum  enim  dicat  Apostolus  "):  non  i 

(847)  c.  7  ;  Grégoire  de  Toura,  Hist.  ceci.  V.  c.  5  ;  Grégoire  de  Tours.  D«  1 
gloria  eonf.  c.  59.  106;  Avitus  Vionn.  ep.  65  ad  Masira.  :  Beda.  Hist.  eccl- 
III  c.  28  ;  IV,  c.  8  ;  Grégoire  le  Grand,  Dialog,  III  c.  38,  epist.  1  ib.  X.  ep. 
45,  1  ib.  XIII.  ep.  18  etc. 

']  A.  SchrQder,  Die  Ëitlwickluiig  des  Arehidia1<0Dat3  hU  zum  elften  J 
Jahrhundert,  Augsburg  1890;  Hefele,  Aruhidiakonat  (Kirchenlexikon  l'if 
p.  1253  ;  c.  11,  C.  X,  qu.  1  ;  cfr.  Ltincoliotua,  lostitutionea  juris  canontd'  1 
1562,  lib.  1  tit.  13.  De  olficio  arehidiaconi. 

')  Harduii)  VI.  Z,  p.  1675  ;  c.  6.  X.  de  oensibuB  111.  39. 

')  11  ad  Cor.  XII.  14. 


41L 


debent  filij  thesaurizare  parentibus,  sed  parentes  filiiïi,  multum 
loDge  a  patei'na  pietate  videtur,  si  prœposili  subditis  suis  graves 
existant,  quos  in  cunctis  necessitatibus  paatoris  debeut  more 
fovere.  Archidiaconi  vero  sive  decani  nullas  exactiones  sive  lallias 
in  presbytères  seu  clericos  exercere  prœsumant,  Sane  qiiod  de 
preedicto  numéro  evectionis  secuiidum  toierautiam  dictum  est,  ia 
illis  locis  poterit  observari,  in  quibus  ampliores  sunt  reditus  et 
eccJesiasticfe  facultates.  In  pauperioribus  aulem  locis  tantam 
volumus  teneri  mensuram.  ut  ex  accessu  majorum,  minores 
merito  noD  doleant  se  gravari.  Nec  sub  tali  indnlgentia  illi,  qui 
paucioribus  equis  uli  solebant  hactenus,  pluriura  sibi  credant 
potestatem  indultam  >, 

Au  quatrième  concile  du  Latran  (1215),  le  pape  Inno- 
cent III  renouvela  les  dispositions  précédentes,  en  y  faisant  une 
adjonction  ')  :  «  Procurationes,  quoc  ratione  visitationis  debentur 
episcopis  vel  archidiaconis,  vel  quibusiibet  atiis  etiam  Apostolicœ 
gedis  legatis  aut  Nuutiis,  absquu  manifesta  et  necessaria  causa 
nullatenus  exigantur,  nisi  quando  personaliter  officium  visitationis 
impendunt  et  tune  evectionum  et  personarum  mediocritalem 
observent  in  Lateranensi  Concitio  defiuitam,  hoc  adfaibito  mode- 
rauiine  circa  legatos  et  Nuutios  Apostolicœ  Sedis,  ut  cum  opor- 
tuerit  eos  apud  aliqueui  locum  moram  facere  necessariam,  ne 
locus  ille  propter  illos  nimiura  aggravetur,  procurationes  recipiant 
moderatas  ab  aliis  ecclesiis  vel  persouis,  quœ  nondum  fuerant 
de  suis  procurationibus  aggravatie,  ita  quod  numerus  procnratio- 
num  dierum,  quibus  hujusmodi  maram  fecerint,  non  excédât,  et 
cum  aliqua  non  suffecerit  per  seipsam,  du»,  vel  plures  conjun- 
gaatur  in  unam.  Porro  visitationis  officium  exercentes  non  quie- 
rant,  qute  sua  sunt,  sed  quœ  Jesu  Christi  :  prœdicationi  et  cohor- 
tationi,  correctioui  et  reformationi  vacaodo,  ut  fructum  référant, 
qui  non  périt.  Qui  autem  contra  hoc  venire  tentaverit  et  quod 
accepit,  reddat,  et  Ecclesiai,  quara  taliter  aggravavit,  tantumdem 
impendat  >. 

Le  pape  Innocent  IV  régla  en  1252,  par  sa  célèbre  Consti- 
tution Romana*),  les  visites  pastorales  des  archevêques  en  ajou- 
tant :  «  banc  autem  visitandi   formara  àb  universis  etiam  epis- 


')  Harduin  VU.  p.  43  ;  c.  23  X  de  censibua  111.  39. 
')  Conatil.  Ro,im„u  c,  1.  {III.  20)  in  Sexto. 


-     412 


copis  aliisque  prfelatig  ordinariû  jure  suos  subjertos  visitanttbus, 
plene.  ohservari  prœcipimus,  satvis  super  hoc  ratiuuabilibus  et 
approbatis  religiosorum  consuetuilinibus  et  regularibus  iostitutis  >. 
Vu  l'importance  de  cette  Constitulion  pour  la  visite  p&storaie, 
nous  eu  commuDiquoDS  le  texte  : 

«  Statuimus,  ut  quilibet  archiepiscopus.  Ruam  volens  vist- 
tare  provinciam,  prius  ecclesiœ  Buœ  capitulum  ac  civitatem  et 
diœcesim  propriam  plene  visitare  procurée,  nec  sit  solum  erga 
majorum,  sed  etiatn  minorum  ecdeslarum,  nec  circa  clericorum 
tantum,  sed  etiam  populorum  vjsitationem  intentus.  Et  si  com- 
mode vei  abgque  difficultale  accedere  ad  unamquamque  non 
poterit,  de  pluribus  locis  ad  unum  congruum  clericos  et  laicos 
studeat  convocare,  ne  in  illia  visitalio  postpouatur. 

Deinde  liceat  eï  per  totam  provinciam  vel  ejus  partem 
visitationis  officium  exercere,  civitates  et  diœceses,  sufTraganeos 
suos  et  eorum  subditos,  cal  hedralium  et  aliarum  ecclesiaruia 
capitula  et  monasteria,  ecclesias  et  alla  pia  loca,  clericos  et  po- 
pulos libère  visîtando  ac  procurationes  a  locis  tantum  recipere 
visitatis. 

Ex  quo  tameo  aliquam  de  ipsis  diœcesibus  visitare  cœperîtr 
nunquam  postea,  sive  totam,  slve  partem  ejua  visitaverit,  rever- 
tatur  causa  vimitatioDls  ad  illam,  priu^quani  omnes  reliqute  ipsius 
provinciœ  diœceses  in  toto  vel  in  parte  (quas  secure  visitare 
poterit)  et  sua  denuo  fiierint  visitatee.  Quod  si  forte  eadem 
diœcesis  vel  aliqua  ibi  ecclesia  plus  aliis  itidiguerit  visitari,  lune 
aliavum  visitatione  iutermissa,  redeat  ad  eandem,  si  a  ioci  dioece- 
saiio  requisituB  extiterit,  vel  de  omnium  aut  majoris  partis 
episcoporum  ejusdem  provinciie  processerit  consilio  et  assensu  ; 
ad  quod  iîdem  se  pionos  exhibeant,  ne  animarum  profectus  alî- 
quatenus  negligatur.  Si  vero  malitioae  in  bis  difficullatem  adhi- 
buerint,  archiepiscopus  Itcentiam  super  hoc  a  Sede  Apostolica 
pOBtulet  confidenter. 

Postquam  autem  semel  omnes  provinciœ  sute  diœceais  visi- 
taverit, licitum  sit  ei  postea  (prius  tamen  sufTraganeorum  suorum 
requisito  consilio  et  ipsius  definitione  super  hoc  habita  coram 
eis.  quss  in  scriptis  redigi  volumus,  ut  possint  aliis  esse  nota), 
vii^italionem  per  eaodem  reiterare  provinciam,  juxta  modum 
superius  annotatum,  etiamsi  non  interveniat  iu  hoc  suffraga- 
neorum  ipsorum  assensus,  illam  semper  provideotiam  adhibendo, 


-     413 


I 
I 


Ut  in  poBterioribus  visitationibus  illas  cccleïios,  cosquu  cltiiua  cL 
populos  prius  visitet,  qui  non  fueiaot  ab  eu  io  prioribus  visit&ti, 
niai  magis  sit  aliis  visilationis  officiuTu  opportunum. 

Saoe  hujusmodi  impensurus  officium,  proposito  verbo  Dei, 
quasrat  de  vita  et  couversatioiie  miDistrautium  in  ecclesiis  et 
locis  aliis  divino  cultui  depuialis,  ac  cœteris  quœ  ad  officium 
spectant,  absque  coactioue  et  exactione  qualibet  juramenli,  ad 
ipsoruiu  emendationem  per  salubria  mooita,  nuuc  levia,  nuQC 
aspera,  juxta  datam  sibi  a  Deo  prudentiam  diligenter  intendens. 
Quod  si  de  aliquibus  cita  fuerit  iiifamia,  contra  eos  Ordinariis 
ipsorum  {ut  super  his  solenniter  iiiquirant)  denunciet,  si  viderit 
expedire.  Notoria  vero  crimîiia,  qiiœ  examinatioue  non  egeant 
(cuin  super  his  merito  notari  possit  Onlinariorum  negligentia 
eorundem)  libère  corrigat,  pœnam  pro  illis  debitam  infligendo. 

Procurationes  autem  recipiat,  secuiidum  quoil  est  in  cano- 
nibus  ')  constitutum,  Dullam  tamen  pecuiiiam  ipse  vel  atiquis  de 
sua  familia,  occasione  alicujus  ofiîcii  aut  consuetudinis,  seu 
quolibet  alio  modo  earum  noniine,  sed  in  victualibns  expeusas 
tantum  recipiat  moderatas.  Caveat  insuper,  ne  ipse  vel  quis- 
quam  suoruni  aliquod  uiunus,  quodcuuque  sit  et  qualitercunque 
offeralur,  prœsumat  recipere,  ut  non  quœ  sua  sunt  videatur 
quseiere,  sed  qnaj  Jesu  Christi.  Quod  si  fuerit  contra  prae- 
sumptum,  recipiens  maledictionem  incurrat,  a  qua  nunquam 
(nifii  duplum  restituât)  liberetur  ;  volumus  enim  in  his  fratidem 
quamlibet  penitus  evitari  ». 

En  se  basant  sur  la  Constitution  d'Innocent  IV,  le  Pape 
Grégoire  X  ajouta,  lors  du  Concile  général  de  Lyon  (1274),  les 
dispositions  suivantes  ")  :  »  Exigit  perveraorum  audacia,  ul  non 
simus  sola  delictorum  prohibitione  conlenli,  sed  etiam  pœnam 
delinquentibus  imponamus.  Constitutionem  itaque  felicis  recorda- 
tionis  Innocenlii  Papœ  IV,  predecessoris  nostri  editam.  super 
non  recipiendis  in  pecunia  procuiationibus,  ac  super  re- 
ceptione  munerum,  vi^itantibus  eorumque  familiaribus  in- 
terdicla,  quani  multorum  fertur  temeritas  prœterire,  volentes 
inviolabiliter  observari,  eam  decernimus  pœnœ  adjectione  juvan> 
dam.    Statuentea,  ut  universi  et  singuH,    qui    nb   procurationera 


')  Latera 
•)  Hacdui 


e  m  (U79)  c-  4  (Hardouiii  VI,  3  p.  1675). 
Il,  p.  205  II  ;  c,  2.  (in.  20)  in  Seslo. 


414 


Bibi  ratione  visltationfe  debitam  exigere  pecunlam.  vel  etlam  a 
volente  recipere,  vel  alias  constitutionem  ipsatn  recipiendo  mu- 
Dera,  sive  visitationis  offîcio  non  impenso  procurattonem  iu  vie- 
tualibus,  aut  atiquid  aliud  procurationis  occastoiie  violare  prœ- 
Bumpsei'int,  duplum  ejus,  qLod  receperiut,  ecclesiffi,  a  qua  id 
receptuin  fuerit,  intra  meiisem  reddere  leDeactur.  Alioquin 
extunc  patrjarchœ,  archit^piscopi,  episcopî  duplum  ipsum  ultra 
prœdictuin  tempus  restituere  différentes,  ingressum  sibi  Eccle&ise 
sentiaut  Juterdictutn.  Itiferiores  vero  ab  oâicio  et  beneticio  nove- 
rint  se  supensos,  qucui^que  de  duplo  hujusmodi  gravatis  eccle- 
siis  pleDariam  satisfaclionem  impendant,  nulla  eis  in  hoc  dantium 
remissioue,  liberalitate  seu  gralia  valitura. 

Cette  disposition  relative  aux  procurations  fui  modifiée  par 
le  pape  Boniface  VIII,  en  1:298')  :  <  Felicis  recordatioais  Gre- 
gorius  Papa  X,  predecessor  noster.  probibuit  in  Concilio  Lagdu- 
nensi,  ne  aliqui  ob  procurationem  sibi  ratione  viaitationi»  debi- 
tam esigere  pecuniam  prœsumerent,  vel  etiam  recipere  a  volente. 
Verum  quoniam  rerum  esperientJa  nos  iostruxit,  ex  hoc  tam 
personis  visitantibus,  quaui  locis  et  ecclesiis  visitatis  multa  in- 
commodorum  dispendia  provenire.  concedimus  ut  patriarchseï 
arcbiepiscopi,  episcopi  et  alii.  quibus  ex  ofticio  compctit  visitare* 
a  volentibus  ecclesiarum  et  locorum  visilatorum  rectoribus  seu 
personis  pecuniam  licite  recipere  valeant,  pro  sumptibus  mode- 
ratis  faciendrs  in  victualibns,  diebus  quibus  visitationis  oSiciuiD 
personaiiter  exercebunt  ;  adjicientes,  quod  non  liceat  visitant! 
niai  uuam  procurationem  recipere  una  die.  sive  unum  locum 
solum  visitaverit,  sive  plura,  etiamsi  locus  quilibet  visitatus  ab 
illo  sufficeret  ad  procnrationem  integram  persolvendam,  cam 
eidem  sufiicere  debeat,  ut  temporalia  metat  a  locis  personaiiter 
visitatis,  pro  diebus,  quibus  eis  spirilualia  subministrat,  uetera 
vero  in  ejusdem  predeeessoris  constitutione  contenta  io  suo 
volumus  robore  perdurare  ». 

Un  grand  nombre  de  conciles  provinciaux  et  de  synodes 
diocésains  ont  également  édicté  des  dispositions  législatives,  au 
sujet  des  visites  pastorales. 

Le  synode  de  Lillebonne  en  Normandie  (1080)  prescrit  la. 
visite    annuelle  des  livres   liturgiques,  des  vases    sacrés   et  des 


I 


')  CoDBtitutio  Felicis  c.  a  (NI.  21>  ii 


416 


I 


I 


orDementB  de  l'ègliBe  ;  le  synode  de  Szaboles  en  Hongrie  (1092) 

ordonne  aux  évêquea  de  visiter  chaque  couvent;  le  concile  pro- 
vincial de  Rouen  (1190)  défend  aux  archidiacres  d'avoir  pour 
les  visites  pastorales  plus  de  six  ou  sept  chevaux  et  Hxe  les 
prestations  à  faire  par  )e  clergé  à  cette  occasion  ;  le  synode  de 
Parts  (1212  ou  1213)  statue  que  Tarchidiacre  ne  peut  deman- 
der aucune  prestation  à  l'église  qu'il  ne  visite  pas  personnelle- 
ment et  que  les  ëvêques  ne  doivent  pas  molester,  lors  des  vi- 
sites pastorales,  leurs  subordonné»  dans  le  recouvremeui  des 
procurations;  le  synode  d'Oxford  (1222)  di^fend  aux  archidiacres 
d'avoir  un  trop  grand  nombre  de  chevaux  pour  les  visites  pas- 
torales, d'y  inviter  des  étrangers,  et  de  se  faire  payer  les  pro- 
curations par  les  églises  qu'ils  n'ont  pas  visitées;  le  synode  de 
Londres  (1237')  ordonne  aux  archidiacres  de  visiter  souvent  les 
églises  et  leur  défend  de  demander  des  procurations  trop  gran- 
des et  d'omettre  la  visite  contre  le  paiement  d'une  somme 
d'argent  ')  ;  une  ordonnance  analogue  est  édictée  par  le  synode 
de  Breslau  (1248).  Le  synode  d'AIbi  (1254)  défend  d'imposer 
aux  subordonnés,  lors  des  visites  pastorales,  des  charges  oné- 
reuses. Le  visiteur  doit,  au  début  de  sa  visite,  faire  un  ser- 
mon au  clergé  et  au  peuple,  s'informer  ensuite  de  la  conduite 
des  desservants,  visiter  le  mobilier  de  l'église,  surtout  les  cor- 
poraux  et  les  calices,  etc.  Les  procurations  ne  doivent  être 
payées  que  si  le  supérieur  visite  l'église  en  personne  ou  par  un 
remplaçant  capable.  La  suite  du  visiteur  n'a  droit  qu'à  un 
honnête  entretien  et  ne  peut  rien  demander  et  rien  accepterl 
les  dons  sont  absolument  interdits.  La  prescription  du  troi- 
sième concile  du  Latian  doit  être  observée  en  ce  qui  concerne 
le  nombre  des  chevaux;  ce  nombre  doit  être  réduit  pour  la 
visite  à  faire  dans  les  paroisses  pauvres.  Les  visiteurs  ne  doi- 
vent pas  exiger  des  repas  opulents  et  ne  rester  qu'un  jour  dans 
chaque  endroit.  Des  prescriptions  analogues  furent  faites  par  les 
conciles  provinciaux  ou  synodes  de  Nantes  (1264J,  de  Brème 
(1266>,  de  Vienne  en  Autriche  (1267),  Londres  (1268),  Ofen 
(1279),  Londres  (13211,  Marciac  (132C),  Londres  (1342).  Le 
synode  de  Langeais,  dans  la  province  de  Tours  (1278),  ordonne 


')  Cette  dernière  défetiae  se  Ironve  é^leiusnl  dftna  le  o' 

d'Apt  de  l'année  1365.  (Hetole,  Concill"  ' 


.  9  du  synude 


1  procuration*  doiv.'nt  être  payées  en  nature  et  non  en 
argcul,  à  moins  qu'il  exiale  une  coutume  contraire,  ou  que  l'en- 
droit 8oit  tellement  mal  installé  que  l'évéque  ne  peut  pas  y  être 
logé  ;  le  synode  de  Wurzbourg  (1287)  renouvelle  la  disposition 
ancienne,  que  la  visite  doit  avoir  lieu  chaque  année,  ou  au  moins 
tous  les  deux  ans  i  le  synode  d'Apt  (1365j  fait  une  ordonnknce 
dans  le  même  sens,  et  fixe  le  montant  des  émoluments  à  quatre 
florins  au  maximum,  que  les  endroits  visitéi^  pourront  payer  ea 
nature  ou  en  argent  '). 

Le  concile  provincial  de  Reims  (1408)  peut  revendiquer  no 
intérêt    particulier    au    point  de   vue    de    la    visite  pastorale  *). 
Voulant  remédier  aux  nombreux    abus    qui  s'étaient    enracioés 
dans  l'église  de  France,  pendant  le  grand  schisme,  ce  coacile  A 
compris  qu'il  fallait  remettre  en  honneur  la  visite  pastorale,  qui 
doit  être  regardée,   d'après    une  expression  du  célèbre  Gerson. 
qui   y   fit    le   discours   synodal,   comme    «   cardo  lotius  reforma- 
tionis  >.  Aussi  le  concile  édicta-t-il  de  remiirquables  dispositioQs  ' 
au  sujet   de   la   visite    pastorale  :    Le   visiteur   devait    s'inforiner 
quels  étaient  les  vêlements,  la  tonsure  et  la  conduite  des  clercs. 
quels  étaient  les  revenus   et    l'état   de.s    bâtiments,    s'il    y    avait 
une    annexe  dans    la    paroisse,    et   si  elle   mettait  le  curé  dans  j 
l'obligation    de    dire    deux   messes   à   certains  jours,    si   le  curéi 
administrait  bien   \e?  sacrements,    comment    il  se  coQdui&ait    km 
l'égard  des  malades,  s'il  célébrait  toujours  à  jeun,  s'il  ne  mon-T 
trait  pas   l'hostie  au    {leuple  avant  la  consécration,  ce  qui  oel 
convient  pas,  s'il  n'a  pas  célébré  étant  suspendu,  s'il  atoujours'f 
dit  prime  avant  la  messe,  comment  il  confesse,  s'il  tient  l'églisel 
en  état  de  propreté,  s'il  a  des  mœurs  irréprochables  on  s'il  esti 
concubinaire,    s'il    est    joueur  ou   buveur,   etc ,  si  à  Pâques  UJ 
invite    quelques    confrères    {tour    l'aider  à   confesser,    si,  par  si 
faute,    quelqu'un  est  mort  sans  sacrements,   si   à  Pâques,  il  i 
donné  une  absolution  générale.    Le  visiteur  doit  aussi  s'enqnérivj 
de  l'état  des  paroissiens,  de  l'état  des  couvents  et  des  hôpitaux. 
Il  confessera  assidttment,  il    absoudra  dans  les  cas  réservés  ; 


I 
I 


•)Hefele,  Conciliengesehichte  V'.p.  155,  2œ,7ô3,8(J6.  «70,  924,  1057J 
1153  ;  VI,  p.  53  ss.,  86,  96,  102,  110.  183.  191,  249.  610.  626,  676,  717. 

*)  Gousset,  \es  actes  de  la  province  eccl.  de  Reims.  II,  p.  639  et  suivi 
les  :  Hefele  V,  p.  983. 


417 


cela  est  utile,  it  donnera  au  curé  la  permission  d'absoudre  lui- 
même,  dans  certains  cas  réservés  et  qui  se  présentent  fréquem- 
ment. Si  le  curé  ne  parait  pas  assez  intelligent,  on  nommera, 
comme  pi^nitencier,  un  autre  clerc  du  voisinage.  Les  prélats  fe- 
ront des  visite.':  analogues,  dans  leur  propre  curie,  pour  faire 
disparaître  les  abus  qui  pourraient  exister. 

Les  conciles  de  réforme  de  Constance  et  de  Bàle  ne  se 
sont  guère  occupés,  pendant  la  première  moitié  du  lô""  siècle, 
de  la  vî.«ite  pastorale;  nous  trouvons  par  contre,  au  15"*  et  16"* 
siècles,  un  grand  nombre  de  conciles  provinciaux  et  de  synodes 
qui  ont  renouvelé  les  anciennes  dispositions  au  sujet  de  la  visite 
pastorale.  Le  synode  rie  Rouen  (1445)  ')  ordonne  aux  archidiacres 
de  visiter  leurs  districts  personnellement  ou  avec  l'auturisation 
du  pape,  par  des  personnes  compétentes  -,  à  l'occasion  des  visites, 
ils  doivent  instruire  le  peuple;  le  synode  de  Liège  (1445)  veut 
abolir  les  abus  qui  se  produisent,  à  l'occasion  des  visites  pasto- 
rales')  ;  le  synode  de  Holum  en  Irlande  (1433)^)  expose  les 
devoirs  qui  incombent  à  l'évéque,  lor.s  de  la  visite  pastorale  ;  les 
statuts  provinciaux  d'Upsala  (1443-48)  statuent  *)  sur  les  presta- 
tions, lors  des  visites  pastorales,  sur  le  nombre  des  chevaux  et 
leur  entretien  et  décrètent  que  les  canons  ecclésiastiques  et  les 
dispositions  législatives  au  sujet  de  la  visite  pastorale  doivent 
être  observés  ;  le  synode  d'Angers  (1448)  *)  défend  d'exiger  des 
émoluments  trop  grands,  lors  de  la  visite  pastorale,  et  statue 
que  la  procuration  ne  peut  pas  être  exigée  par  le  visiteur  qui 
ne  s'acquitte  pas  consciencieusemeat  de  sa  mission  ;  le  concile 
provincial  de  Cologne  (1462)  ordonne  •)  que  les  évéques  visitent 
en  personne  leurs  diocèses  et  qu'ils  ne  tolèrent  pas  dans  leurs 
églises  des  usages  superstitieux  et  certains  cultes  dont  le  but 
est  de  gagner  de  l'argent  ;  le  synode  de  Londres  (1460)  statue  ') 
que,  lors  de  la  visite  pastorale,  les  évëques  doivent  se  contenter 
d'une    procuration    modique    et  laisser  le   choix  aux   visités  de 


L 


')  Hefele  VllI,  p.  10. 
')  Hefele,  VllI,  p.  11. 
')  Hefele  VIII,  p.  17. 
')  Hefele  VIII,  p,  22  et  2 
')He(ele  Vill,p.38, 
'J  Holele  VIII.  p,  54, 
')  Hefele  VIII.  p.  153. 


—      418     — 


la  payer  en  argent  ou  en  nature.  Si  la  visite  se  fait  par  ua 
délégué  épiscopal,  ce  dernier  ne  peut  recevoir  qu'une  honnête 
sustentation.  Lors  des  visites,  il  faut  bien  examiner  l'état  des 
couvents')  et  des  prieurés  et  demander  compte  de  leur  adminis- 
tration ;  le  concile  de  Braga  fl488)  s'est  occupé  de  la  lettre  du 
pape  aux  évéques  de  Portugal  ')  leur  enjoignant,  entre  autres,  de 
visiter  les  églises;  le  synode  de  Bàle  (1503)  ordonne")  aux 
doyens  de  visiter  chaque  année  les  églises  et  les  chapelles  de 
leur  décanat  ;  le  concile  provincial  de  Petrikau  en  Pologne 
(1510)  décrète  *)  que  l'évéque  doit  punir  les  archidiacres  et  les 
visiteurs  qui  exigent  des  procurations  au  delà  des  limites  fixées 
par  les  canons,  dispositions  que  le  synode  de  Breslau  (1511)  *) 
a  insérées  dans  la  collection  de  ses  statuts  diocésains  ;  le  concile 
provincial  de  Salzhourg  (15U)  ■)  attache  une  grande  impor- 
tance aux  visites  pastorales,  pour  le  progrès  de  la  réforme 
ecclésiastique;  le  concile  provincial  de  Florence  (1517-18)  or- 
donne ')  aux  évéques  de  visiter  leurs  diocèses,  au  moins  tous  les 
trois  ans  ;  le  concile  provincial  de  Lenciez  en  Pologne  (1523) 
ordonne  ^)  que  les  archidiacres  et  les  personnes  tenues  à  visiter 
leurs  districts,  doivent  faire  la  visite  tous  les  trois  ans,  les 
archevêques  doivent  visiter  leurs  provinces,  les  évêques  leurs 
diocèses  en  personne  ou  par  un  délégué  ;  des  décrets  analogues, 
renouvelant  les  anciennes  piescriptluos  du  droit  ecclésiastique  au 
sujet  des  visites  pastorales,  furent  publiés  par  les  synodes  et 
conciles  provinciaux  de  Paris  (1522  et  1528),  de  Cologne  (1536 
et  1649)  et  autres  ■). 

C'est  le  concile  de  Trente  (1545-63)  qui,  pour  les  visites  pas- 
torales comme  pour  la  plupart  des  domaines  de  la  vie  de 
l'Eglise,  a  renouvelé  l'ancienae  discipline  ecclésiastique  et  a  com- 


Cfr.  0.  16.  n  X  de  oHicio  jad.  ord.  1.  31. 

RayDaldus.  Aaiialei*  ad  a.  148S,  n'  7  :  Hcfele  VIII,  p.  29S-93. 

HtiffileVIil,  p.  372. 

HefeleVlII,  p.  543-44. 

HefeleVIlI,  p.  544. 

HefelB  VIII,  p.  550. 

Heteie  VIII,  p.  747. 

Hefele  IX,  p.  321. 

Heteie  IX.  p.  323,  645,  921  :  HarUbeîm,  Concilia  Germanl»,  VI, 


419 


I 


piété  la  légisEation  à  ce  sujet  ').  Comme  les  visites  pastorales 
étaient  dans  beaucoup  de  diocèses,  presque  complètement  tom- 
bées en  désuétude  pendant  les  derniers  siècles  du  moyen  âge,  le 
coDcile  ordonna  que  chaque  évéque  visitât  en  personne,  ou,  en  cas 
d'empêchement  légal,  parson  vicaire  général,  toua  les  ans  au  moins, 
la  plus  grande  partie  de  son  diocèse  et  que,  dans  l'espace  de  deux 
ans,  il  le  vit  en  entier.  Le  but  principal  de  ces  visites  est  le  main- 
tien et  la  pureté  de  la  doctrine,  du  culte  et  de  la  discipline,  les  pro- 
grès de  la  religion  et  des  mœurs  des  paroisses,  et  surtout  l'en- 
quête sur  la  manière  dont  se  conduisent  les  ecclésiastiques  et 
dont  ils  remplissent  leurs  fonctions,  Les  visiteurs  (à  défaut  de 
l'évéque,  les  archidiacres,  doyens  ou  autres  membres  du  clergé 
chargés  par  l'évéque)  sont  en  même  temps  engagés  à  s'acquitter 
de  leur  mission  aussi  vite  que  possible  et  de  la  façon  la  plus 
simple,  pour  n'occasionner  à  personne  des  frais  inutiles  et  il 
leur  est  sévèrement  interdit  d'accepter  quelque  part  que  cesoit 
autre  chose  que  leur  entretien.  Quant  à  ceux  qui  sont  visités, 
il  leur  reste  libre  de  fournir  cet  entretien  en  nature  ou  de 
payer  la  taxe  habituelle.  Dans  les  localités  où  il  n'est  d'usage 
ni  de  fournir  l'entretien,  ni  de  payer  la  taxe,  on  s'en  tiendra  à 
la  tradition. 

La  visite  pastorale  s'étend  aux  <  loca,  res,  munera,  personee;  > 
le  concile  reconnaît  encore  aux  évâques  le  droit  d'étendre, 
d'une  manière  extraordinaire,  leurs  visites,  aussi  souvent  qu'ils 
le  jugeront  nécessaire,  sur  les  chapitres,  les  églises  séculières, 
les  couvents  exempts,  par  rapport  au  ministère  pastoral  exercé 
par  eux  en  dehors  du  couvent,  sur  les  couvents  de  femmes 
exempts,  par  rapport  à  la  clôture,  enfin  sur  les  établissements 
de  malades  et  de  pauvres,  qui  ne  se  trouvent  pas  placés  sous 
la  protection  immédiate  du  souverain  ^). 

Les  dispositions  générales  de  l'ancien  droit  ecclésiastique 
relatives  aux  visites  pastorales  ont  ^té  insérées  dans  le  Corpus 
juris  canonici  ")  -,  elles  ont  été  l'objet  des  commentaires   et   des 


')  Sesaio  XXIV  de  reformalione,  c.  3, 

')  Sess.  VI,  de  reforra.  c,  4  ;  VU,  de  reform.  c.  7.  8:  XIV,  dereform. 
c.  4:XXl,deretorm.c.  8;XXI1.  de  reform.  c.  8  ;  XXIV,  c.  9;  XXV,  de 
regul.  et  mouinlibus  c.  11.  Cfr.  Visite  des  églises  (Dictionoaire  de  la  théa- 
logle  cathol,  VII,  p.  318-19)  ;  Phillipa,  KirchBnrecht.  VII,  1.  p.  221-48. 

■)  c.  9-12.  C.  X,  qu.  1  et  c.  1.  C.  X,  qa.  3  ;  c.  6.  23  X.  de  censihus  111, 


—      420 


explications  îles  glossateuri^  et  des  canonistes  du  moyen  &ge. 
Le  nouveau  droit  ecclésiastique  au  sujet  des  visites  pastorales 
actuellement  en  vigueur  e^t  contenu  dans  les  dispoï^itioDS  dn 
concile  de  Trente  ') 

La  littérature  ecclésiastique  a  produit  une  série  de  traitée  ! 
et  de  travaux  sur  l'institution   de   la  visite  pastorale,  depuis  le  . 
moyen  âge  jusqu'à  nos  jours  -)  ;  nous  en  mentionnerons  briève-  I 
ment  les  principaux  :    Doininicus  de  Sancto  Geminiano  ").  Ma- 
rianus  Socinus  •),  Joh,  Franciscus  de  Panvinis  "),  Albertus  Trot- 
tus  "),  P.  Fuscus '),  Bartlioloiiieo  Gavanio ').  Lorenz  von  Dript"),  i 
Thomassin  '"),  Fr.  Paolo  de  Nicolai  "),  Gaudenziit  de  Janua '*). 
Giuseppe  Crispino  "),   Auerbach  '*),   Phillips  '"),   Rampf  '•)   et  ] 
Melchera  "). 

39;c.  1-8(111.  20)  in  Sexto.  C(r.  Ferraris,  Prompte  bihlioth.  can.  subverbo: 
Vlsitare,  visitatio,  visitator. 

')  Sesaio  XXIV.  De  reform.  c.  3,  etc. 

')  Pour  plus  do  détails  sur  les  anciens  traités,  voir  l'introdaction  de 
mon  travail  :  BeitrSge  zur  Gescbiehte  und  Lileratur  der  KirchenvinilatioD 
im  Mittelall«r.    (lu  Vorbereitung.)  J 

')  TraclalQS  visitationis  (première  moitié  du  15"  siècle)  :  nous  n'w  J 
connaissons  que  le  titre.  Schulte,  Gescb.der  Qnellen  u.  Lit.  deacanomiobuin 
Rechts.  11.  p,  294. 

*)De  visitalionelibri  Xtll  (entre  1430-60)  :  Pbilipps,  Kirchenrecht 
Vil,  1  p.  123  Note  1. 

')  Tractatus  do  visitatioue  epiBCOporum  <147li)  publié  dans  Traotatua 
jur.  universi  XIV,  178.  Ce  traité  repose  en  partie  sur  le  Clypeua  pastoralia  J 
d'Antoine  de  Presbyteris  (1353-80)  imprimé  dans  Tractai,  jur.  univ.  Xlll>  ' 
2,  p,  382  M.  ' 

*)  De  ecclesiaruiu  visitatione,  Ferraris  1476. 

')  De  visitatione  et  regimine  ecclesiarum.  Rom.  1581  et  1616. 

*]  Praxis  visitationis  episcopatis.  Ven.  1634. 

')  Spéculum  archidiaconale,  sive  praxis  offlcil  et  visitationis  archi-  | 
diaconalis,  1676. 

")  Vêtus  et  nova  Ecci.  disciplina,  pars  U.  lib.  111  cap.  77  in  tom.  VI,  1 
p.  533  ss. 

")  DisserWtio  bist.  oan.  de^piseopo  visilatore.  Rom.  1710. 

")  De  visitatione cujuBcunijue  prielati  eccles.    Rom-  1748-1753,2  vol.l 

")  Trattato  délia  visita  pastorale  ne)  quale  si  da  il  niodo  facile  dt] 
visitare  e  di  espère  visitati  e  di  eseguire  i  décret!  délia  visita.  Rom.  1644. 

")  De  visitationum  eccleaiasticarum  progressa  a  primis  temporifaoi 
Dsque  ad  Concillum  Tridentiuum,  Francof.  1862. 

■')  Kircbenrecbt  Vil.  1  (1869)  p.  123  et  sa. 

")  Die  biscbôflicben  Vjsitationen  (Archiv.  f.  katb.  Kircbenreohfl 
vol.  31(1874),  p.  385etBS. 

")  De  oanonioa  ditccesium  viaitatiojie.  Edit.  altéra.  Col.  HWl. 


\ 


—      421       ~ 

A  côté  de  ces  traités  et  de  ces  travaux,  qui  s'occupent  de  la 
visite  pastorale  eu  général,  de  son  importance,  de  son  dévelop- 
pement, de  la  manière  de  faire  fructueusement  la  visite  cano- 
nique, la  littérature  ecclésiastique  nous  a  légué  ce  que  l'on  ap- 
pelle rOrdo  visitandi,  c'eat-à-dire  des  prescriptions  détaillées  sur 
l'ordre  et  la  marche  à  suivre  dans  les  visites  pastorales.  Nous 
avons  déjà  relaté  quelques  prescriptions  conciliaires  relatives  à 
la  manière  de  faire  les  visites  pastorales  '),  Les  synodes  depuis 
la  seconde  moitié  du  moyen  âge  contiennent  des  dispositions 
parfois  très  détaillées  relatives  à  l'Ordo  visitandi  parochias  '). 
Les  dispositions  générales  sur  la  marche  à  suivre  dans  les  visi- 
tes pastorales  ont  été  réuuies  dans  le  Pontificale  romanum  ")  et 
servent,  depuis  la  an  du  moyen  âge,  de  direction  aux  dignitaires 
ecclésiastiques  chargés  des  visites  pastorales  '). 

Quoique  cet  Ordo  visitandi  forme  la  base  pour  la  marche 
à  suivre  dans  la  visite  canonique,  il  s'est  formé  dans  nombre 
de  diocèses  des  Ordines  visitandi  particuliers,  qui,  tout  en  étant 
basés  sur  le  Pontificale  romanum  et  le  concile  de  Trente,  con- 
tiennent cependant  parfois  des  particularités  dignes  d'être  no- 
tées. C'est  le  cas  pour  le  diocèse  de  Lausanne;  l'Ordo  visitandi 
de  ce  diocèse  sera  traité  dans  le  premier  chapitre  de  notre 
travail. 

L'importance  des  visites  pastorales  ^)  pour  l'histoire  ecclé- 

')  Cfr,  plus  haut  le  synode  de  Braga  (572>,  la  Constitutio  Romana 
(1252),  le  syaode  d'Albi  (1252),  etc. 

*)  Voir  pins  haut  le  synode  provincial  de  Reims  (1408),  ensuite  la 
viaitatio  cteri  (1417)  de  l'évéque  Stepban  Bodelier  de  Brandebourg  (Heydier, 
Materialieu  zur  Geachiohtedea  Bischofs  Stephaa  Bodeker  vou  Brandenburg 
aus  HandsohriftengeBammelt'  Ritterakademie  Braadenburg.  1866:  Hlator. 
Jahrbuch  1902,  p.  561  as.),  Syaode  de  Cologne  de  1549  (Hartzbeim,  VI,  p. 
611);  Ordo  visitandi  daus  lediocése  de  Bâle  (1565):  VauCrey,  Histoire  des 
évSquËS  de  B&le  II.  p.  117  ;  ViaitationsordauDgeu,  dans  Jungaitz,  Brealauer 
Visilationsberichte  1.  1902,  p.  11-56. 

')  Pars  lil  :  Ordo  ad  viaitandas  parocliias.  Le  PontiUcaie  roniaoum 
rédigé  dénnitivemeot  en  1485,  a  été  introduit  dans  l'église  d'Oceident  en 
1596  par  le  pape  Clément  VIII.  Voir  Kircfaenlexikon  X'  p- 168  et  suivantes. 

')  Ctr.  Martinucci,  Manuale  sacrar.  csaremon.  lib.  111  c.  12,  Ub.  VI 
c.  37  et  pour  l'ordo  visitandi  dans  tous  ses  détails  Melohers,  I.  c.  p.  31-119. 

')  Voir  pour  la  bibliographie  des  viailea  pastorales  ,  Chevalier, 
Visitas  pasloralea  et  ordinalioiiB  des  évflques  de  Grenoble,  187*.   Notioe 

a? 


—     422 


siastique  d'un  pays.  ')  pour  la  connaissance  dn  droit  et  de  la 
législation  ecclésiastique  d'une  province,')  de  la  culture  religieuse 
et  de  la  vie  morale  d'un  diocèse')  me  paraissait  assez  grande 
pour  pouvoir  consacrer  une  monographie  spéciale  à  cette  insti- 
tution ecclésiastique.  Ce  sont  ces  considération!;  qui  m'ont 
engagé  à  faire  une  étude*)  sur  les  visites  pastorales  du  diocèse 
de  Lausanne.  Mon  but  dans  ce  premier  travail,  était  plutôt  de 
remonter  aux  origines  et  de  donner  une  exposition  sommaire  du 
développement  de  celte  importante  institution  ecclésiastique  jus- 
qu'à la  fin  du  16™*  siècle,  que  de  relever,  analyser  et  discuter 
les  nombreuses  questions  de  détail,  que  nous  présentent  les 
protocotes  des  visites  pastorales. 

Dans  l'étude  qui  va  suivre  nous  donnerons  un  exposé 
analogue  des  visites  pastorales  depuis  la  fin  du  16"'  siècle. 

Les  visites  pastorales  les  plus  impartantes  du  diocèse  de 
Lausanne  sont  celles  du  15»«  siècle  ;  les  protocoles  de  ces  visi- 


prËIiroiaairep.  VI  et  sQivantcs.  Pour  les  publications  plus  récentes  voir 
Dietrich,  Bibliogrspliieder  deutsclien  Zeilsclirifteiiliteralar  b.  v-,  Kirchen- 
vtsitation,  Il  et  suivante  ;  Jordell,  Répertoire  bibliogr.  des  revues  françatiei 
H.  V.  Visite  d'églises,  111;  Foek.BibliograpliiaeherMoiiataberieht  a.  v.Kircben- 
visitation,  VI,  X.  Tout  récemment  ont  paru  :  Estraitdes  procès- ver  baux  du, 
visites  pastorales  de  révftque  de  Meaux  (Revue  Bossuet  1900—1902).  Katier, 
DieKircheninspektionen  derBflchsiach-evangel.-luUier.  Lande!'kirche(Zeit- 
sotarirt  tUr  Kirclieogesctiichte  1902  (XXIII)  p.  376  olsti.  ;  Jungnitr,  Brealauer 
Viaitationsberichte.  1.  Arcbîdiakonat  Bre^lau,  1002. 

']  Voir  p.  ex-  Delisle,  Le  clergé  normand  au  Xlll' siècle  (Bibllotbèqns 
de  l'éoote  des  obartee.  2*'  série  III,  p.  478  et  as.)- 

')  Les  visites  pastorales  oootititueat  une  source  importante  pour  la 
oonnaiesance  du  droit  ecclésiastique  provincial  et  de  la  législation  diocésaine. 
Voir  par  exemple  le  protocole  des  visites  pastorales  de  l'ancien  diocèse  de 
Genève,  1411—13,  1470-71, 1481—83,  1518  {Archives  d'Etat  de  Genève},  ds 
l'ancien  diocèse  de  Lausanne  1416--17. 1453  (Arcbives  de  Lausanne  et  Bibl. 
de  la  ville  de  Berne),  de  l'ancien  diocèse  de  BAle  (Archives  de  Porrantruy 
aux  arcliives  d'Etal  de  Berne),  etc. 

')  Voir  par  exemple  Lingg,  Kulturgescbiclite  der  Erzdi6zeae  Bam- 
berg  anf  Grund  der  Visitationsberichte.  I.  Das  17.  Jahrhundert  1900.  Cel 
auteur  fait  les  divisions  suivantes  :  Kathotizismus  und  Pro lesta nlismua^ 
Klerus,  Kirche  und  Pfarrliaun,  Gotlesdieiist,  Kircbenvermëgen,  Schule. 
Zustande  im  Volke.  Cfr.  également  Llngg,  Ge^chichte  des  Instituts  de; 
Pfacrvisilation  in  Deutschland.  1S88. 

')  Ueber  Kirchen Visitation  uud  VisilationsprotokoUe  in  der  DlSzeae 
Lausanne  bis  Ende  des  16.  Jahrhunderts  (Katliol.  Scfaweizerblatter  1902). 


I 


—     423     — 

tes,  les  plus  anciens  que  nous  possédions,  sont  encore  jusqu'à 
ce  jour  en  grande  partie  inédits.  Elles  feront  l'objet  d'une  étude 
et  d'une  publication  spéciale  qui  ne  tardera  pas  à  paraître. 

Pendant  la  première  moitié  du  16°"  siècle,  période  de  la 
lutte  religieuse,  occasionnée  par  la  réforme,  les  visites  pastorales 
ont,  pour  ainsi  dire,  complètement  cessé  dans  le  diocèse  de  Lau- 
sanne, vu  l'absence  de  l'évoque;  elles  n'ont  été  reprises  que 
dans  la  seconde  moitié  du  16"*  siècle,  à  la  suite  du  Concile  de 
Trente  et  de  la  restauration  des  affaires  ecclésiastiques  par  les 
Nonces  apostoliques  '). 

Cependant,  après  la  réforme,  l'état  du  diocèse  de  Lausanne 
se  trouvait  singulièrement  changé,  car  une  grande  partie  du 
diocèse  avait  embrassé  la  nouvelle  doctrine.  L'ancien  diocèse  com- 
prenait le  territoire  suivant  :  Au  sud,  la  limite  était  formée  par 
le  lac  de  Genève,  de  l'Aubonne  à  la  Veveyse.  Villeneuve  appar- 
tenait encore  au  diocèse  de  Lausanne,  et  de  là  la  ligne  des 
frontières  allait,  par-dessus  les  Alpes  et  l'Obersaanen,  jusqu'à  la 
Grimsel  et  8éi)arait  le  diocèse  de  Lausanne  de  celui  de  Sîon. 
L'Aar  formait  la  limite  orientale  à  partir  de  sa  source  jusqu'au 
Siggerenbach,  près  de  Flumenthal  ;  »ur  la  rive  droite  de  l'Aar 
s'étendait  le  diocèse  de  Constance.  Le  diocèse  comprenait  aussi 
la  ville  de  Soleure  et  une  partie  de  son  territoire,  Berne  et  la 
contrée  de  Berne  située  sur  la  rive  gauche  de  l'Aar,  Bienoe  et 
la  vallée  de  St.-Imier  ;  en  Franche-Comté,  Jogne  et  Longueville, 
les  comtés  de  Neuchâtel  et  de  Vallengin,  le  canton  de  Vaud 
actuel,  le  canton  de  Fribourg,  le  comté  de  Gruyère  et  une  par- 
tie de  rOberland  bernois.  A  la  veille  de  la  réforme  le  diocèse 
comptait  9  décanats  *),  306  paroisses,  9  abbayes,  25  prieurés,  8 
prévôtés,  8  recteurs  des  Hospitaliers,  Après  la  réforme,  soit  à 
la  mort  de  Sébastien  de  Montfaucon  en  1560,  ce  nombre  était 
réduit  ô  86  paroisses,  2  abbayes,  4  prieurés,  2  prévôtés,  1  rec- 
teur des  Hospitaliers;  220  paroisses,  7  abbayes,  21  prieurés,  7 
prévôtés  et  7  recteurs  des  Hospitaliers  avaient  par  conséquent 
passé  à  la  réforme.  En  dehors  du  territoire  fribourgeois  il  res- 


')  Voir  à  ce  sujet  mon  article  (Katbo! .  SchweizerbUlter  1902). 

')  Les  décanals  étaient  les  suivants  :  Lausanne,  Outre- Venoge,  Vevey, 
Neuchàtel,  Ogo2,  Avenchea,  Fribourg,  Berne,  Sl-linier  (Lauaanna  chria- 
tiana  ;  Avnio  de  Montetaloone,  n'  7,  Arcblv«s  de  l'Eveché  =  A.  E.) 


—     424 


tait  lefl  5  paroisses  du  canton  de  Soleure,  quelques  paroisses;! 
du  pays  de  Vaud,  de  la  principauté  de  Neucbàtel  et  les  2  par 
roisses  de  la  Franche-Comté  ')  Par  suite  de  l'érection  d'églises 
filiales,  le  nombre  de  paroisses  augmentait  de  nouveau  à  partir 
de  la  seconde  moitié  du  le""  siècle,  et  en  1625,  sous  l'évêque 
Wattevilie,  on  comptait  environ  120  paroisses  *).  L'évéque  Stram- 
bin,  qui  a  dressé  un  état  du  diocèse  et  qui  a  fait  une  nouvelle 
distribution  des  décanats  ^j,  donne  en  1665  le  nombre  de  131 
paroisses  avec  leurs  filiales  ').  Dans  le  protocole  de  la  visite  faite 
en  1666  '),  l'évéque  Strambin  indique  le  chitTre  135  comme  nombre 
des  paroisses,  et  145  comme  celui  des  chapellentes.  Ces  chiffres 
n'ont  pas  sensiblement  changé  jusqu'à  la  fin  du  16™'  siècle, 
car  l'évéque  Joseph-Nicolas  de  Mootenach  indique  dans  son 
<  Etat  ecclésiastique  du  diocèse  de  Lausanne  >  en  1782');  131 
paroisses,  146  cbapellenies,  et  de  plus  63  vicariats  ;  pour  1850 
on  donne  le  chiffre  de  134  paroisses  dans  le  diocèse  de  Lau- 
sanne ^). 

Les  conditions,  dans  lesquelles  les  visites  pastorales  de- 
vaient se  faire  après  la  réforme,  se  trouvaient  donc  sensiblement 
modifiées.  A  la  place  du  grand  territoire  indiqué  plus  haut, 
l'évéque  n'avait  à  visiter,  en  dehors  du  territoire  fribourgeois, 
dans  le  pays  de  Vaud,  dans  le  comté  de  Neuchâtel,  y  compris 
Soleure  et  la  Franche-Comté,  qu'un  nombre  restreint  de  pa- 
roisses. Cette  circonstance,  et  surtout  la  nouvelle  impulsion  don- 
née par  le  concile  de  Trente  à  la  vie  religieuse,  expliquent  le 
grand  nombre  de  visites  pastorales  dans  le  diocèse  de  Lausanne, 
dont  nous  allons  faire  l'historique. 

Nous  savons  que  c'est  surtout  S.  Chartes  Borromée  qal 
mit  un  zèle  incomparable  à  réaliser  dans  le  Nord  de  l'Italie  et 


i 
I 


*)LauBannachristiana;  Sébast.  de  Mootefalcone,  ir'7etl6.-  Fetsolie- 
rin,  Abhancllungen  des  hîstorisehen  Veceina  des  Kantons  Bern  1,  p.  337  -1 
Greith-Sehmid,  Kirolieuleiikon  VU',  p.  1532. 

')  Statuts  synodalia,  1625.  Inlroduttio. 

*)  Lausanoachristiana:  J.  de  Stram biiio,  n"3. 

')  Ces  dernières  étaient  au  nombre  de  45.  Voir  la  liste  dans  LausaonaJ 
ctaristfaaa  |.  c-  a'  4. 

')  Acta  Visitationis.  n"  14.  fol.  38.  (A.  E,) 

*)  Lausanna  chriatiana  :  Joe,  Nicol.  de  MoDDeuacli.  a"  4  in  fl 

')  Dictionnaire  théologique  XIII,  p.  140, 


pn  Siii)»se '■)  les  décrets  dii  concile  de  Trente  *).  Son  action  s'é- 
tendit à  différentes  parties  de  la  Suisse.  Dès  1567  il  visita  les 
bailliages  des  Suisses  au  pied  du  Gothard,  pour  y  établir  des 
réformes.  11  invita  les  cantons  suisses  à  lui  envoyer  des  témoins 
de  ce  qu'il  ferait,  et  il  eut  bientôt  gagné  les  députés,  qui  fini- 
rent par  ne  s'écarter  ni  de  sa  personne,  ni  de  son  avis.  Plus 
tard  S.  Charles  visita  Dissentis  et  les  cinq  cantons  primitifs  et 
fit  tous  les  efforts  pour  corriger  les  abus  *), 

Ce  qui  nous  intéresse  particulièrement  ici,  c'est  que 
S.  Charles  avait  également  l'intention  de  visiter  le  diocèse  de 
Lausanne,  qui  se  trouvait  à  cette  époque  dans  une  position  pré- 
caire *).  Sébastien  de  Moutfaucon  mourut  en  exil  en  1560-, 
ses  successeurs  sur  le  siège  épiscopal  de  Lausanne,  Claude  Al- 
lardet  (1560-61),  Antoine  Gorrevod  (1562-98)  résidaient  hors  du 
diocèse;  car  tous  les  efforts,  qui  avaient  été  faits  pour  régler  la 
question  de  la  résidence,  étaient  restés  sans  résultat  *).  Les  af- 
faires ecclésiastiques  du  diocèse  étaient  réglées  par  le  Nonce 
Bonomio.  qui  confia  l'administration  du  diocèse  et  l'œuvre  delà 
réforme  à  deux  hommes  éminents,  Pierre  Schneuwly  et  Sébastien 
Werro.  Vu  les  circonstances  particulières,  dans  lesquelles  se 
trouvait  le  diocèse  de  Lausanne,  la  visite  de  S,  Charles  ne 
pouvait  avoir,  pour  le  progrès  de  réforme  catholique  dans  la 
Suisse  romande,  que  des  conséquences  heureuses. 

Le  prévôt  Schneuwly  avait  annoncé  en  15S4  au  NoDce 
Bonomio  la  prochaine  arrivée  de  S.  Charles  à  Fribourg  "),  En 


')  La  visita  di  San  Carlo  nella  Vall«llina,  CliiaveaDa  e  Bellluzona, 
(Protocoles  des  visites  aux  archives  de  l'archev6ché  de  Milan.  9  vols.). 

')  Mayer,  Das  Konzil  von  Trient  und  die  GegearefornialioQ  lu  der 
Sehweiz  1901,  I,  p.  lOB  :  Mémorial  de  Frîbourg,  VI,  p.  397  et  suiv. 

^)  Cameniach,  Carlo  Borromco  und  die  Cegenreforns  im  Veltlin.  Cliur, 
1901  :  J.  G.  Mayer,  Der  hl-  Karl  Borromeo  und  das  Veltlin  (Schweize- 
rische  Rundschau,  1901-1902,  p.  466-473. 

')  Le  prévût  Schneuwly,  dans  sa  lettre  an  Nonce  Paravicini  (4  novem. 
bre  1687),  appelle  l'église  de  Lausanne  e  1er  misera  et  afUicta  Floclesia  Lan- 
xaunensis  simulque  Prihargensis  n,  qui  aurait  besoin  de  secours  n  in  hoc 
rerum  luctuosissimo  et  perturbatissinio  stJitu  ».  Geistl.  Sacben,  n"  327. 

')  Voir  sur  cette  question  mon  travail  :  Beitrflge  zur  Geschichte  der 
Synodalgesetzgebung  der  DiCïeae  Lausanne  im  siebzehnten  Jahrbundert. 
(Katbol.  Schweizerbiatl«r  1901). 

*)  Berthier,  Lettres  de  Bonomio,  p.  125  (Lettre  du  28  juillet  1584). 


426 


Tue  de  cette  visite,  le  Nonce  suspend  la  décision  de  quelques 
affaires,  et  attend  que  le  Cardinal  ait  visité  Fribourg  et  envoyé 
&  Home  sa  relation  au  sujet  des  affaires  à  régler.  Bonomio  ne 
doute  pas  de  la  possibilité  de  cette  visite,  pourvu  que  les  cbefa 
catholiques  de  la  Suisse  y  consentent. 

Le  Nonce  n'est  pas  optimiste  au  sujet  de  la  situation,  dans 
laquelle  se  trouvait  le  pays  ')>  qui  devait  recevoir  la  visite 
du  grand  homme.  La  visite  était  d'autant  plus  nécessaire:  le 
Pape  la  désire,  S.  Charles  est  décidé  d'entreprendre  ce  voyage, 
le  Nonce  la  souhaite  vivement  ;  si  le  projet  n'a  pas  pu  être  exé- 
cuté jusqu'ici,  on  sait  quelle  eu  est  la  cau-e:  les  chefs  catholiques 
de  la  Suisse  craignent  cette  visite  plus  que  les  hérétiques  eux- 
mêmes.  Cependant  si  l'homme  de  Dieu  venait  en  Suisse,  sa 
présence  y  ferait  beaucoup  de  bien  *).  Les  difficultés  ne  firent 
pas  reculer  S.  Charles,  ni  renoncer  à  sa  visite  de  la  Suisse.  Le 
Nonce  écrit  le  3  novembre  au  prévôt  Schneuwly.  que  S,  Charles 
«  certe  omnibus  aliis  occupationibus  sepositis.  in  Helvetiam  essel 
alacriter  advolatui  us,  dum  tamen  satrapœ  consentirent  *.  11 
suffirait,  d'après  le  Nonce,  que  Fribourg  appel&t  S,  Charles, 
quand  même  quelques  chefs  d'autres  cantons  ne  seraient  pas 
d'accord,  pour  qu'il  vint  à  Fribourg  ;  il  en  résulterait  certaine- 
ment  beaucoup  de  bien  pour  la  ville  et  le  canton  *).  Malheu- 
reusement la  mort  prématurée  du  saint  homme,  survenue  le 
3  novembre  1584,  mil  tin  à  ces  projets  de  visites'). 

A  défaut  de  l'évéque  diocésain,  qui  résidait  toujours  en 
dehors  de  son  diocèse,  les  administrateurs  du  diocèse,  le  prévôt 
Pierre  Schneuwly  et  le  chanoine  Sébastien  Werro,  renouvelè- 
rent la  visite  pastorale,  dont  le  Nonce  Bonomio  av&it  doDi 
l'exemple  en  1579;  nous  trouvons,  dès  1580, -plusieurs  Tisile«;| 
pastorales,  faites  par  le  prévôt  Schneuwly  et  ses  collaborateurs') 


I 


')  I  Vereor  lamen  mîMram  istam  provinciam  eancti  ad«o  viri  Ubt 
bus  et  cun  non  adco  dignam  esse  in  conspectn  Dei  ■>.  Lettres  p.  121. 

*)  Lellrea  du  Nonce  Bononiio  au  P.  t^anisius  et  à  Sébutien  Wn 
(K>«t  1&S4>.  Lettm  tle  Bonomio  p.  189  H  306 

'i  Lettres  de  Bonomio  p.  126-27.  (Lettre  du  3  no%-embre  ISM). 

')  Voir  la  lettre  du   nonM  au   prèvât  Scbn«awly.  au  sujet  de  | 
mort  de  S.  Cbarl«9.  Lettres  de  Bonomio,  p.  ISS. 

']  Leur»  lie  Bonomio  p.  75,    117.    lU,    136  :    Manoai  du   i 
du  4  septembre  15&3.  Cfr.  mon  travail  sur  les  \isil«s  jusqu'à  la  t 


l'évèque  Gorrevcd,  se  rendant  A  rinvitalion  du  prévôt  Schneuwly, 
put  même  faire,  en  1592,  un  séjour  prolongé  à  Fribourg  et 
visiter  une  partie  de  son  diocèse  '). 

C'était  le  commencement  de  temps  meilleurs,  car  vers  la 
tin  du  siècle,  grâce  aux  elTorts  de  l'évèque  et  à  la  bonne  volonté 
du  Conseil  de  Fribourg.  la  situation  s'améliore;  les  négociations 
au  sujet  de  la  résidence  de  l'évèque  touchaient  à  leur  fin,  et 
sous  le  ponlificat  de  l'évèque  Jean  Dorotheus  (Doros),  en  1603, 
la  question  fut  réglée  par  une  convention  et  déânitivement  ra- 
tifiée en  IGI5. 

En  vertu  de  cette  convention,  l'évèque  de  Lausanne  put 
établir  sa  résidence  à  Fribourg  et  administrer  en  personne  son 
diocèse. 

Cette  période  est  le  point  de  départ  de  notre  travail. 
Nous  le  poursuivrons  jusqu'à  l'époque,  oii  l'ancien  évêché  de 
Lausanne  fait  place  au  nouvel  évêché  de  Lausanne-Genève,  érigé 
par  l'incorporation  du  canton  actuel  de  Genève  dans  l'ancien 
diocèse  de  Lausanne  (1819). 

Pour  ce  travail  les  sources  ne  font  pas  défaut;  nous  pos- 
sédons à  ce  sujet  des  documents  de  haute  valeur.  Ce  sont,  avant 
tout,  les  Acta  visitationis,  c'est-à-dire  les  protocoles,  qui  out 
été,  en  grande  partie,  rédigés,  séance  tenante,  après  la  visite 
des  églises,  des   paroisses  et    des    institutions  ecclésiastiques  '). 

Une  source  non  moins  importante  sont  les  Recessus,  c'est- 
à-dire  des  documents,  manifestant  les  desiderata  pour  le  dio- 
cèse en  générai  (Uecessus  générales)  ,  pour  une  partie  du 
diocèse,  ou  pour  chaque  église,  paroisse,  couvent  ou  autre  ins- 
titution ecclésiastique  en  particulier  (Recessus  partjculares, 
adnotationes  décrétâtes),  que  l'autorité  ecclésiastique  fît  trans- 
mettre, après  les  visites  pastorales,  au  diocèse  tout  entier  et  à 
chaque  paroisse  respective  ").    Ces  Récès  sont  très   importants 


16-  siècle.    (Kath.   Schwaizerblàtler    1902),    et   Acta    Viailationis, 


■11. 


fol.  l,  notu  marginale  (Archi' 

'I  Manual  du  Conseil  du  30  au 

tévrier  1594. 

')  Archives  de  l'Evèclié  : 

Visitatio  dioscosis,  Carton,  n'  20, 

at  feuilleta,  diviséa  en  15  aectioDB. 

')  Recessus  visitaciotiis.  Carton 


de  l'Eveché). 

iptembre  1593,  7  janvier  et  1< 


Acta  Visitation iï,  n*  11-19,  9  vol,  in  toi.  ; 
contenant  de  nombreux  fasoioales.  cahiers 


'  20.  Comme  lea  Recessus  particu- 


—      428 


pour  la  connaissance  de  IVtat  religieDX  et  moral,  à  une  ^iMK|De 
détennÎD^e,  soit  da  diocèse  en  général,  soit  des  décaoats  ou  des 
paroisses  en  particulier.  Vu  la  grande  étendue,  soit  des  proto- 
coles, soit  des  fiécès  particuliers,  ddus  ne  commaniqnerons  que 
le  texte  des  Récès  généraux. 

Une  troisième  source  sont  les  dispositions  générales  de 
l'autorité  ecclésiastique  'i  relatives  aux  visites  pastorales,  et 
rOrdo  visitandi  *),  ensuite  les  dispositions  de  l'autorité  civile  *), 
qui  faisait  accompagner  l'évêque  par  un  magistrat,  pour  assurer 
la  bonne  marche  et  l'ordre  dans  la  visite  épiscopale,  pour  se 
rendre  compte  également  de  ta  situation  du  pays  et  pour  mettre 
en  exécutioo  les  décisions  prises  d'entente  avec  l'autorité  dio- 
césaioe. 

La  division  la  pins  naturelle  du  travail  est  celle  d'après 
le  pontificat  des  évéques.  Cependant,  avant  d'aborder  les  visites 
elles-mêmes,  nous  traiterons,  dans  un  premier  chapitre,  l'Ordo 
TÎsitandi  et  les  dispositions  relatives  aux  visites  en  général. 


larm  font  corps  avec  les  Acta  Visitation is,  on  les  trouve  ré^alièrement  d&na 
les  protocwles  des  visites.    (Arch.  de  l'Evëché.) 

')  ActaVisitationis  et  Recessns,  passim.  Maouale  curiae  «pisoopalu, 
liber  Mandalonim,  etc. 

*)  Inséra  (irainairemeDl  dans  les  Consti  ta  lions  synodales  du  diooèae. 

*)  Manual  du  Conseil ,    Ratserkanntnussen bûcher .  Mandats  , 
(Archive»  d'Etat). 


I 


L'Ordo  visitandi  et  les  dispoiitlonB  générales  relatives 
k  la  visite  pastorale  dans  le  diocèse  de  Lausanne 
depuis  la  fin  du  IG*""  siècle. 

Le  plus  ancien  Ordo  visitandi  du  diocèse  de  Lausanne, 
dont  nous  ayons  connaissance,  est  celui  rédigé,  en  langue  alle- 
mande, par  le  prévôt  Pierre  Schneuwly,  en  vue  de  la  visite  pas- 
torale de  1579.  Cet  Ordo  est  basé  en  partie  sur  les  riispositions 
du  Concile  de  Trente,  en  partie  sur  des  usages  locaux.  Eu  voici 
summairement  les  dispositions  principales  ')  : 

«  Les  paroisses  seront  groupées  en  différentes  sections,  de 
sorte  que  les  visiteurs,  en  partant  le  lundi  pour  visiter  une  sec- 
tion déterminée,  pourront  être  rentrés  vendredi  soir,  pour  com- 
mencer le  lundi  suivant  une  autre  section. 

Si  possible,  deux  paroisses  devront  être  visitées  par  jour, 
de  sorte  que  la  visite  pastorale  durera  environ  deux  mois. 

Pour  que  la  visite  pastorale  n'occasionne  pas  de  trop 
grands  frais,  le  nombre  des  visiteurs  devra  Ctre  limité. 

Il  parait  cependant  nécessaire,  qu'au  moins  trois,  au  plus 
quatre  ecclésiastiques  prennent  part  à  la  visite  ;  deux  membres 
du  Conseil  avec  le  chancelier  représenteront  le  gouvernement  -, 
le  Conseil  voudra  de  plus  désigner  une  personne  de  service 
(iiberritter  oder  leufer). 

Comme  les  ecclésiastiques  n'ont  pas  de  chevaux,  et  qu'il 
sera  difficile  d'en  obtenir  pour  un  temps  si  long,  ils  se  ren- 
dront k  pieds  aux  endroits  désignes.  Les  membres  du  Conseil 
s'y  rendront  à  cheval,  s'ils  le  jugent  à  propos. 


')  Bonooiii  epistolK  fol.  1  (Archives  d'Etat).  Colleotion  diplomatiiiue 
XX,  fol.  179  (BibliolhÈque  cantonale)  ;  Berlhier,  Leltros  de  Bonomio,  1894. 
p.  215;  Holder,  Kathol.  Sohweizerblâtler.  1903. 


—      4W      - 


Les  frais  de  la  visiie,  à  teneur  du  Concile  île  Trente, 
devront  être  .>JLipportës  par  les  paroisses  visitées  ;  la  manière  de 
faire  la  répartition  des  frais  est  abandonnée  aux  soins  dn 
CoDseil. 

Comme  la  visite  pastorale  est  une  chose  très  grave  et 
très  impottante,  on  ne  demandera  aux  visités  qu'un  honnête  en- 
tretien, afin  qu'on  ne  puisse  pas  être  soupçonné  d'avoir  entre- 
pris la  visile  pour  se  promener  et  pour  faire  bonne  chër& 

L'annonce  de  la  visite  se  fera  dans  les  paroisses,  que  les 
visiteurs  visiteront  pendant  la  semaine,  le  dimanche  précédent; 
on  exposera  le  but  de  la  visite,  pour  que  chacun  puisse  s'y  con- 
former. 

A  la  visite  seront  présents  le  curé  et  les  autres  membres 
du  clergé,  le  baillif,  les  jurés,  les  ailniinislrateurs  de  la  fabrique 
d'église  et  des  autres  fonilations,  les  sages-femmes  et  toutes  les 
personnes,  qui  vomiront  demander  conseil  au  sujet  de  leurs  sf-^f 
faires  spirituelles  et  temporelles. 

L'arrivée  des  visiteurs  sera  annoncée  par  deux  ou  tr<HS 
coupa  de  cloche. 

Ils  seront  reçus  À  l'église,  ou  aura  lieu,  avant  la  visite,  une 
cérémonie  religieuse,  suivie  d'une  petite  exhortation  et  d'oB 
court  exposé  du  but  de  celle  visite,  qui  sera  également  termi- 
née  par  une  cérémonie  religieuse. 

Les  personnes  couvoquées  seront  interrogées  en  commun 
ou  en  particulier  sur  l'état  de  la  paroisse  ;  elles  seront  tenues  de 
répondre  avec  franchise,  sans  rien  cacher  et  sans  rien  exagérer, 
*  sine  ira  et  studio  »,  et  de  prêter  leur  concours  pour  déraci- 
ner le  mal  et  pour  supprimer  les  pratiques  superstitieuses. 
Leurs  cléclaiatious  seront  acceptées  sur  parole,  ou.  en  cas  de' 
nécessité,  sous  la  foi  du  serinent. 

Le  clergé  sera  interrogé  au  sujet  de  l'administralion  des 
sacrements,  de  la  prédication,  du  catéchisme,  des  offices  et  des 
choses  qui  se  rapportent  à  l'administration  de  la  paroisse.  Les 
laïques  devront  dire,  si  le  clergé  s'acquitte  de  ses  devoirs  de  pas- 
teur, et  si  sa  conduite  eH  irréprochable. 

Ces  articles,  qu'on  aura  soin  de  spécifier,  seront  mis  par- 
écrit,  pour  que  rien  ne  suit  oublié  et  pour  qu'aucune  disposl 
tion  nécessaire  ne  soit  omise  ;  ce  qui  se  rapporte  à  l'état  spiri-j 
tuol  de  la  paroisse   sera   noté   par    un    ecclésiastique,   et  ce  qiûl 


I 


—     431      — 

a  trait  aux  afFnires  temporetleB  par  un  membre  talque  parmi 
les  visiteurs. 

La  visite  terminée,  on  délibérera  sur  le  résultat,  on  aura 
soin  de  faire  exécuter  les  décisions  qui  seront  prises  et  de  faire 
observer  les  statuts,  qui  seront  faits  en  vue  du  progrès  de  la 
vie  religieuse  et  morale,  des  offices  et  des  cérémonies  religieuses 
et  d'une  bonne  politique  ecclésiastique  >. 

La  lecture  de  ces  dispositions  nous  transporte  à  l'époque 
carolingienne,  où  la  visite  pastorale  (Send)  a  été  faite,  simulta- 
nément par  les  repré^ientants  de  deux  pouvoirs,  et  où  l'exécu- 
tion des  décisions  a  été  coiiiiée  en  partie  au  pouvoir  séculier'). 
Cet  Ordo  visitandi  a  été  en  vigueur  depuis  la  fin  du  IG"*  siècle 
jusque  dans  le  courant  du  siècle  suivant  ').  11  fut  remplacé  en 
1665  par  l'Ordo  visitandi  de  l'évoque  Strambin.  Ce  dernier,  qui 
est  basé  sur  le  Pontificale  romanum,  a  été  inséré  dans  les 
Constitutions  synodales  de  1665,  comme  mode  à  suivre  pour  les 
visites  pastorales  dans  le  diocèse  ")  : 

«  Pontifex  visitaturus  diœcesim  et  parochias  suas,  cum 
ad  civitatem  seu  oppida  suœ  diœcesis  pervenerît,  pulsanlur  cam- 
pant et  recipilur  processionaliter  extra  portam  urbis  vel  loci. 
ubi  osculala  cruce  ab  episcopo  genufiexo  super  tapete  et  pul- 
vino,  et  quam  ei  atferet  rector  ecclesi^,  indutus  pluviali  albo 
supra  superpelliceiim,  cantatur  Antiphona  Sacerdos  et  Fontifex 
ant  hymnus  Vent  Creator  vel  Te  Deum  laudamus. 

Tum  ofTertur  episcopo  ab  eodem  rectore  aspersorium  aquœ 
benedictffi,  qua  primum  seîpsum,  deinde  aiios  aspergit. 

Reddito  aspersorio,  oITertur  eidem  navîcula,  do  qua  impo- 
nit  incensum  in  thuribnium  cum  benedictione,  ministrantc  navf- 
culam  eodem  rectore,  a  quo  et  incensatur  triplici  ductu. 

Accedit  episcopus  ad  altare  majus,  ubi  orat,  et  rector 
ecclesie  stans  in  cornu  Epistolsc  altaris,  versus  episcopum  dicit  : 

Protecior  noster  cum  versiculis  et  ovatione. 


')  Cfr.  Dove,  Uiileraucliniig  ilher  die  SendjjerichUi  (Zeitsehrift  tUr 
deutscho  RechtswissedschaltXIX,  p,  J2I)  ;  Cfr.  Brun  lier,  Deutsche  Reahts- 
geachielite:  Sohtôder,  Deutsche  Reehtsigeaehiclite  ;  Hauck  ,  Kirclicnj^- 
sohichle  Deulschlands,  eto- 

')  Matinal  Hu  Conseil  4  âeptenibro  1583,  14  jivHl  \hVf>. 

')  CoiistitutioLiOM  aynodales,  t8ft5,  p.  141-47. 


432 


Qua  tiuita,  asceadit  episcopua  ad  altara,  quo  ôsculato  ia  I 
medio,  solemniter  populum  beoedicit. 

Deinde  per  se  aut  per  alium,  proponit  popalo  causas  ad- 
ventua  sui,  ut  sacri  canones  prsBcipiunt  : 

1°  Ad  absolvendas  animas  defunctorum. 

2°  Ut  sciât  et  videat,  qiialiter  Ecclesia  spiritualiter  et  tem- 
poraliter  ipsa  gubernetur. 

3°  Quomodo  se   habeaL  in  ornamentis.  et  quale  servitium 
ibi  impendatur. 

i"  QualJter  ibi  Ecctesise  sacramenta  ministrentur  et  divinaj 
officia  peragantur. 

5°  Qiialis  sit  vila  rainistroium  et   popull,    ut  defectus  cor- 
rigantur  et  emendentur. 

6°  Propter  causas  (quœ  ad  episcopum   dumtaiat  pertinere  1 
noscuntur)  annuntians  plebi,  quod  si  qnis,  in  aliquo  caeu  consî- 
lio  ejus  indiguerit.  paratus  ait  bénigne  audire  et  absolutioDem  | 
impendere. 

7°  Ad  exhibendum  Sacramentum  confirmationi;^,  cujus  solua  ' 
episcopua  ordiiiarius  est  minisler.  | 

Deinde  inducit  diligeater  populum  ad  pœnitentiam,  fitque  j 
populi  confessio  et  absolutio  generalis,  induigentia  datui'  per  f 
Pontîficem. 

Post  hfEC  Episcopus  induitur  pjuviali  violacei  vel  nîgri  ' 
coloris  et  atans  cum  mitra  juxta  allare,  versus  populum,  iocipit 
antiphonam  Si  iniquîtates.  Posiea  cum  capellanis  suis  dicit 
Psaimum  De  Profundis.  Tuin  dicit  tolam  antiphonam.  Qua 
dicta,  deposita  mitra  dicit  Kyrie  eleison,  Poster  noster,  quod 
secrète  completur,  intérim  aspergit  anle  se  aqua  benedicta,  et 
imposito  incenso  iu  thuribulum  cum  benedictione,  ter  iacensat. 
Deinde  dicit  versiculos  et  oratîonem. 

(Prœdicta  dicuntur  tantura  visitante  epjscopo  personaliter  ;  J 
quœ  vero  sequuntur,  commuuia  sunt  episcopo  et  visitatoribus  I 
ioferioribus). 

Deinde  aqua  benedicU,  thuriferario,  duobus  ceroferariis,  I 
cruce  et  clero  prœcedentibusj  cantatur  responsorium  :  Qui  Ltua-  \ 
rwm  resusàtasti  et  ita  procedrtur  ad  cœmeterium,  repetendo  i 
antiphonam  :  Si  iniquitates  et  psaimum  :  De  profundis. 

QuibuB    omnibus  dictis,    cum    fuerint  in   medio  coemeterll,  i 


433 


subsistunt  suo  ordine  et  chorus  cantat  Re6ponsorium  :  Libéra 
me,  etc.  Intérim  episcopus  iniponît  iDceosum,  aspergit  et  in< 
censat.  El  postea  dicil  versiculos  et  orationem. 

Duo  Cantores  dicuDt  :  Requiescant  in  pace,  Amen. 

Et  mox  poDiifex,  elevata  destera.  producit  signum  Crucis 
ab  omui  parte  super  cœnieterium  et  redltur  ad  Ecclesiam  di- 
cente  choro  sine  canlu  psalmum  :  Miserere  mei  Deus.  Quibua 
dictis,  Visiiator  ante  Altare  majus  dicti.  in  medJo  stans,  Kyrie 
eleisM  cum  versiculis  et  oratione. 

His  peractis,  depositis  slola  et  pluvial!  nigris,  et  assumplis 
albis,  incipit  visitationem  ad  SS.  Sacramentum  Eucharistite,  ad 
baptisterium,  inde  ad  sancta  olea,  ad  sacras  reliquias,  altaria, 
capellas  et  sacrosanctas  imagines.  Item  ad  sacristiatn  et  cœme- 
terium  se  confert.  Post  ad  icdes  canonicales,  hospilalia,  confra- 
ternitates  et  a!ia  loca  pia,  etc. 

Poteiit  pDstea  episcopus  coniîrmare  et  beuedicere  orna- 
menta,  (si  quœ  benedicendte  aunt).  Et  depositis  indumentis  eccle- 
siasticis,  confessiones  et  deinde  querelas,  (si  quœ  sunt),  audit. 
Tum  de  conversatione  cleri  et  populi,  ac  qualiter  spiritualia  et 
temporalia  in  ipsa  ecclesia  ministrantur,  item  de  libris  ac  orna- 
mentis  diligenter  de  piano  inquirit. 

Peracta  demura  visitatione  illîus  loci,  cum  discedere  voluent 
pontifex,  in  suo  habitu  communi  accedit  ad  ecclesiam,  et  stans 
ante  altare  in  cornu  Epistolœ,  dicit  Psalmum  :  De  profanais, 
cum  versiculis  et  oratione. 

Post  hœc  discedit,  quo  voluerit. 

L'Ordo  visitandi  de  l'évoque  Strambin  a  été  en  vigueur 
environ  un  siècle  et  demi.  Durant  cette  période,  surtout  pen- 
dant le  18™*  siècle,  de  nombreuses  dispositions  générales  sont 
venues  s'adjoindre  à  cet  Ordo  visitandi.  Avant  d'entreprendre 
la  visite  pastorale,  les  évéques  avaient  soin,  afin  d'eu  assurer 
la  bonne  marche  et  la  réussite,  de  la  préparer  d'avance.  A  cet 
effet,  l'évéque  demandait  au  clergé  un  rapport  sur  l'état  général 
de  la  paroisse,  sur  la  vie  religieuse  et  morale  des  ouailles,  sur 
la  sanctification  du  dimanche,  sur  la  fréquentation  des  offices, 
du  sermon  et  du  catéchisme,  sur  l'observation  du  carême,  sur 
le  vice  dominant,  sur  la  fréquentation  des  auberges,  sur  la  lec- 
ture de  mauvais  livres,  etc.,  pour  savoir  de  quel  côté  il  de- 
vait principalement   diriger   ees  efforts.    11  exigeait    un    exposé 


iU 


écrit  sur  l'état  des  églises,  chapelles,  du  mobilier  et  des  oroe- 
meots  de  l'église,  sur  l'état  du  bénéfice,  des  anniversaires,  des 
fondations,  sur  l'administration  des  biens  ecclésiastiques  et 
des  autres  fonds  ecclésiastiques;  l'évêque  voulait  être  rensei- 
gné sur  ta  marche  des  congi  égalions,  s'il  existe  des  difficultés 
avec  les  paroissieni^,  s'il  y  en  a  parmi  ces  derniers,  qui  retien- 
□ent  des  biens  ecclésiastiques,  etc.  Pour  la  visite  pastorale,  le 
curé  devra  tenir  prêts  les  livres  liturgii|ues.  le  livre  de  baptême, 
de  confirmation,  de  mariage  et  de  décès,  les  titrer  et  les  docu- 
ments concernant  le  bénéfice  et  les  fondations  pieuses  ;  il  ren- 
dra également  compte  des  fonds  qu'il  administre  Les  tîdèle& 
seront  rendus  attentifs  qu'ils  pourront,  lors  de  la  visite,  gagner 
des  indulgences  ;  l'évêque  recevra  en  audience  toute  personne, 
qui  désirera  lui  demander  conseil. 

Nous  avons  vu.  que  les  visites  pastorales  se  faisaient  aussi 
par  des  délégués  de  l'évêque.  Ces  derniers  adressaient  parfois 
des  questions  à  l'évêque,  pour  obtenir  la  solution  de  difficultés 
qui  se  présentaient  dans  le  cours  de  la  visite.  Nous  possé- 
dona  un  de  ces  questionnaires  pour  le  diocèse  de  Lau- 
sanne. Ce  document  n'est  pas  daté,  mais  il  est  postérieur  à 
l'épiscopat  de  Strambiii.  Cet  évéque  avait  introduit  le  Rituel 
romain  dans  le  diocèse  ;  or  dans  te  questionnaiie  on  demande 
Bi,  à  défaut  du  Rituel  mmaiii,  on  peut  se  servir,  dans  un  cas 
particulier,  pour  l'administration  du  Sacrement  de  l'Extrême 
Onction,  d'un  petit  Rituel  du  diocèse  de  Sion.  Nous  avons  donc 
le  terminus  a  quo.  Quelques  questions  du  document  concernent 
le  chant  en  langue  vulgaire  à  l'église,  certaines  coutumes  pen- 
dant la  nuit  de  Noël,  elc.  Comme  nous  trouvons  la  réponse  à 
ces  questions  dans  les  Uecës  généraux  de  l'évêque  Jacques  Du- 
ding  (1707-16)  de  l'année  1712,  il  s'en  suit,  que  ce  document 
doit  être  placé  entre  1684  et  I7I2,  probablement  à  la  fin  du 
n™*  siècle.  Ces  *  Quœstiones  de  abusibus  reformandis  >  sont 
les  suivantes  ')  : 

<  An  in  administratione  Sanctissimœ  Eucbarislite  liceat  uti 
pro  libitu  alienis  cœremoniis,  relictis  Romani  Ritualis. 


')  Annotationea  cirita  dorectua  et  abusus  iit  adminiatratioue  saoramen-  I 
torum  el  in  aliis  Tanctionibus  ecclesiasticia,  tam  in  modo  quam  la  materU.  ' 
Questioues  dû  abusibus  l'eformaadLs  (ReoeasUB,  u*  2j. 


435 


An  in  œdificando  novo  fonte  baptJsmatiît,  imago  f^.  Johan- 
nis  Itaptistic,  Christum  baptizantis,  appoiii  debeat. 

An  sepulchra  mortuorum  esse  possinl  sub  altaribus  aut  ad 
gradua  iltius. 

An  non  debeat  esse  inscriptio  supra  armarium.  ubi  recon- 
duntur  vasa  SS.  oleorum. 

An  debeat  cereus  paschalis  singulis  annis  fieri  novus. 

An  média  pars  iitius  cerei  possit  esse  ex  ligno. 

Quomodo  sint  intigendi  (!)  quinque  grana  incensi  in  eo. 

An  sfnt  admittendi  cerei  ex  ligno  efTabricati  cum  oleo 
urente. 

An  non  intra  ecclesiam  a  lat«re  dextro  sit  coliocandus  (!) 
va»  aquœ  benedictic. 

Ad  ancillfe  parocboruro,  vel  fœminœ  aut  filiffi  sacri&tano- 
rum  campanas  pulsare  possint,  sîve  ad  salutalionem  angelicam, 
sive  ad  vepellandas  lempestates,  etc.  ;  item  januas  ecclesiee  ope- 
rire,  claudere,  vinum  et  aquam  pro  niissa  déferre,  etc.  ;  item 
sacristam  agere,  déferre  vasa  sacra,  etc. 

An  in  ecclosia  laicis  aliquid  promulgare  Jiceat. 

Au  assignetur  aliquis  cantus  ad  beriedicendam  aquam. 

Ubi  lampas  debeat  ardere  anie  altare,  cum   qua  dtstantia. 

Quis  debeat  panem  benedictum  diebusDominicisdistribupre. 

Si  missa  mstutina  noceat    an  tollenda  sit. 

An  liceal  hymnorum  cantum  in  ecciesta  mutare  more  stu- 
diosoruni  (?). 

An  devotioneâ.  introductee  ex  aliquo  zelo  indiscreto  ab  ante- 
cessoribus,  sint  observandœ,  ex  gr.  parocbus,  inter  allas  cserernooias 
banc  instituit,  nempe  in  ipsa  média  nocte  Nativitatis  Domini  pro- 
cesaionem  cum  qaatuor  evaageliis  cantaiidis.  QuEeritur,  an  ejus 
successores  et  ab  ipso  edocti  teneantur  id  prKâtare. 

De  processionibus  et  absoîutionibus.  Dum  fiunt  processionea 
circa  ecclesiam,  an  cum  venerabili  sacramenlo,  item  sine  plu- 
viali  et  cum  quibus  benedictionibus. 

Dum  tiunt  uxtra  parochîam,  an  non  teneautur  sacerdotes 
redire  ad  propriam  ecclesiam  cum  sacris  reliquiis  ;  si  non 
teneantur,  quis  débet  referre  sacras  reiiquias,  etc.,  an  sacrieta- 
nus,  an  SBcristana,  etc. 

In  processionibus  defunctorum,  an  possint  adhiberl  can- 
lioneR,  quai  sapiunt  potins  applausutn  quam  luctum. 


—     436     - 

Dum  cantatur  Responsorium  longum  ;  lAbera  me  Dominé. 
etc.,  an  liceat  adhuc  ilH  adjungere  aliquud  csrmen,  quod  bic 
Bequitur  :  Juita  corpus  spiriLus  Bletit  et  ploravit,  et  his  verbis 
dulcitur(!j  Christum  invocavit.  etc.-,  suDt  octo  taies  versus  cum 
repetitione  prœfati  respoii^orii. 

lo  parochiis.  in  quibus  ex  laudabili  consuetudine  parocbi 
tenentur  adiré  sepulcra  per  anoum,  an  sufficiat  cantare  parteni 
unius  responsorii. 

Ad  exequiie  debeaot  fieri  secundum  ritu  m  Romanum. 

An  recessus  prioria  visitatioais  fuerint  observali,  eliam 
CoDstitutJones  synodales,   etc. 

Ludimagistri,  an  non  teneantur  lidei  profesBionem  émit- 
tere  apud  Ordinarium. 

Ad  eievatîonem  Sanctissimi  Sacramenti,  an  liceat  caotionea 
ab  Ëcclesia  non  approbatas  adbibere.  preesertim  germaaicas  vel 
gallicEB. 

An  qui  non  habet  RHuale  Romanum,  possit  uti  aliquo 
libello  benedictionum  '),  impresso  ad  instantiam  R™'  D.  Episcopi 
Sedunensis,  pro  administramlo  extreiQEC  unctionis  Sacramento,  jn 
quo  adest  forma  adjuncta  de  licentia  111'°'  et  R^"'  D,  Episcopi 
Lansannensis  ». 

C'est  au  sujet  des  dépenses  occasionnées  pav  les  visites 
pastorales,  que  nous  trouvons  surtout  de  nombreuses  dispositions. 
D'après  les   prescriptions  du    droit  ecclésiastique,   les  paroisses 
visitées  devaient  porter,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  ces  dépenses; 
les  évéques  défendent,  qu'où  leur  fasse  de  grandes  réceptions  et 
recommandent  toujours,  qu'elles  se  fassent  avec  la  plus  grande  . 
simplicité;  ils  ne  permettent  que  les  dépenses  strictement  néces- 
saires et  cherchent  à  diminuer   tes  charges   dans  la  mesure  du 
possible.    Les  grands   repas  étaient   prohibés  ;    l'évêque  ne    de- 
mande   pour    lui    qu'un    modeste    entretien,    recommande     aux 
fidèles  de  ne  pas  profiter  de  la  solenuité    de  ia  visite  pastorale  1 
pour  faire  des  excès.  Dans  certains  cas,  c'est  le  curé  de  la  pa-  J 
roisse,    qui  porte   une  partie  des  dépenses  occasionnées  par  la 
réception  de  l'évêque,  par  contre  les  frais  d'entretien  du  repré- 


')  Il  ne  m'eat  pas  possible  de  détermiaer,  quel  e»t  ce  libellas  benedio-  1 
tionuQi.  Dea  recherches  faites  daos  le  diooàse  de  Slon  ont  eu  un  réaoltatJ 
DégaLii. 


437      — 


sentant  du  Conseil  et  de  sa  suite  étaient  à  la  charge  do  gou- 
vernement '). 

Nou»  trouverons  ces  dispositions  en  détail,  quand  nous 
parlerons,  dans  les  chapitres  suivants,  des  difTérentes  visites  pas- 
torales en  particulier.  Pour  avoir  une  idée  du  soin,  avec  le- 
quel les  évëques  faisaient  les  préparatifs,  afin  d'assurer  la  réus- 
site des  visites  pastorales,  nous  communiquons  une  ordonnance 
de  l'évêque  Bernard-Emmanuel  de  Lenzbourg  (1784),  au  sujet 
des  dispositions  à  prendre  pour  le  jour  de  la  visite  pastorale  ')  : 

«  Pour  la  paroisse.  1°  Le  peuple  doit  être  averti  du  jour 
de  l'arrivée  de  Sa  Grandeur  et  être  instruit  de  l'utilité,  de  la 
fin  des  visites  épiscopales.  2°  Les  enfants  doivent  être  instruits 
du  sacrement  de  confirmation,  avoir  atteint  et  accompli  l'âge  de 
18  ans,  déterminé  par  Sa  Grandeur,  être  munis  d'un  billet  de 
M.  le  curé.  3°  On  désirerait  beaucoup  que  l'usage,  introduit 
dans  plusieurs  autres  diocèses,  eût  lieu  dans  celui-ci,  c'est  de 
se  confesser  et  de  recevoir  la  coinoiunion  de  la  main  de  Mou- 
seigneur.  4°  On  tiendra  prêts  les  actes  d'approbation,  de  prê- 
trise des  curés  et  des  vicaires,  les  brevets  des  maîtres  d'école, 
les  institutions  et  témoignages  d'installation  de  MM.  les  curés. 
5°  Les  fondations  des  bénéfices,  leurs  obligations,  devoirs  et 
rentes,  les  usages  des  paroisses  pour  processions,  offices  et  au- 
tres charges,  pour  sonner,  blanchir  les  linges,  réparer  les  au- 
tels. 6°  Les  titres,  documents  vieu.t  et  nouveaux,  les  gains  ou 
pertes,  augmentation  ou  diminution  des  rentes.  7"  Les  livres  à 
double  des  baptêmes,  morts  et  mariages,  des  confirmés.  8°  Le 
nombre  des  communiants  et  des  âmes,  qui  composent  la  pa- 
roisse. 9°  Les  fondations  pieuses  et  anniversaires,  leur  rentier, 
si  on  a  des  obligations  ou  schedules.  Si  la  réduction  des 
messes  est  faite.  Combien  d'obligations  par  année.  10°  Montrer 
les  reliques  de  l'église,  des  chapelles  et  des  confrairies,  leurs 
authentiques.  Il"  Les  confrairies  qui  sont  établies  dans  la  pa- 
roisse, te  bref  d'érection,  leurs  rentes  et  les  devoirs  qui  y  sont 
annexés,  la  reddition  des  comptes.    12°  Les  chapelles,  oratoires, 


')  Recesgus  (Carton  20)  et  Acta  visîtationis,  vol.  11-19  (Archives  de 
l'Evêché). 

')  Archive!!  de  l'Ëvâché  :  Récèsdea  viaites  pastorales  (Carton  20,  n'  1  ; 
AuU  viaiutionia,  a'  18,  fol.  Ul-43, 


lieuK  pieux,  images  de  dévotioD,  de  pèlerinage,  s'il  y  B  des 
troncs  pour  des  oblations.  13°  Les  indulgences,  leur  nombre, 
leur  durée,  le  bref  d'établissement.  14"  La  fabrique  de  l'église, 
des  chapelles,  s'il  y  en  a  une,  leur  compte.  15°  Les  fondations 
pour  les  pauvres,  la  reddition  de  leurs  comptes.  16°  Demander 
B'il  y  a  des  autels  ou  églises  non  consacrées,  les  patrons  des 
églises.  17°  Appeler  les  maîtres  d'école  pour  scavoir  si  leur 
brevet  continue,  si  leur  couduite  est  réglée,  leur  application 
exacte,  si  les  enfants  ont  soin  de  fréquenter  l'école,  s'il  y  en  a 
de  négligens  pour  le  catéchisme  et  quels.  18°  Les  sages -femmes, 
si  elles  sont  instruites,  comment  elles  baptisent,  s'il  n'y  a  pas 
de  plaintes.  19°  Appeler  les  époux  désunis,  les  pécheurs  scan- 
daleux, ceux  qui  n'ont  pas  fait  leurs  pàques.  20°  Déterminer  une 
heure  ou  deux  pour  entendre  tous  ceux,  qui  voudront  parler  à 
Sa  Grandeur.  21.  Fixer  le  quantum,  que  chaque  paroisse  doit 
payer,  défendre  les  vins  étrangers. 

Four  l'Eglise,  l"  Mettre  sur  une  table  tous  les  vases  st- 
crés,  ostensoir,  calices,  et  préparer  les  ornements,  linges,  missels 
et  tout  ce  qui  sert  à  l'autel.  2°  La  tablette  pour  les  anniver- 
saires. 3°  Ou  visite  le  maître  autel  et  puis  les  collatéraux,  les 
fonts  baptismaux,  les  confessionaux,  la  piscine,  les  vases  des 
saintes  huiles,  la  pJxide  pour  le  St.  Sacrement,  la  sacristie,  la 
nef,  le  pavé,  les  bancs,  le  toit,  le  cimetière.  4°  Demander  l'in- 
ventaire  de  tout  cela,  si  on  le  juge  à  propos. 

A  la  maison  de  M.  le  curé,  l"  Demander  s'il  y  a  des  meu- 
bles qui  y  appartiennent,  s'il  y  a  une  bibliothèque  et  si  on  a 
l'inventaire.  2°  Si  les  obligations  sont  toutes  dans  un  coffre  a 
trois  clefs,  si  MM.  les  curés  ne  doivent  rien  aux  bénétîces,  > 

Un  nouvel  Ordo  visitandi  fut  donné  par  l'évêque  Guisolan 
(1812);  l'évoque  t'inséra  également  dans  ses  Constitutions  syno- 
dales, en  le  faisant  précéder  de  quelques  prescriptions  au  sujet 
de  la  préparation  de  la  visite.  Cet  Ordo  est  basé  sur  le  Pontifi- 
cale Romanum  et  sur  les  dispositions  antérieures  des  évéques  de 
Lausanne.  En  voici  le  texte  *)  : 

<  Episcopalis  visitationis  scopus  est  *  sanam  orthodoxam- 
que  doctrinam,   expulsis  hjeresibus,   introducere   vel   conservare, 


I 

I 

I 


')  Décréta  et  Constitutioaea  synodales  '.  pare  111,  S  5-  D^  vÎBÏUtione 

opiacopali,  p.  43-48, 


—     439     — 

boDos  mores  tuerî,  pravos  corrigere,  populum  cohortationibus 
ad  religionein,  pacem  inuocentiaoïque  accendere,  cœteraque 
prout  locuR,  tempus  et  occasio  feret,  ex  viiiitaDlium  prudentia 
coDstiluere  '}  >.  Ex  his  Tridentini  verbis  patet,  a  locorum  paro- 
cbis  visitatioDis  utililatem  non  paruni  pendere.  Quare  acceptum 
Dostrura  de  ineunda  visitatione  mandatum,  illico  populo  sigoilica- 
bunt  illumque,  ut  optatum  esinde  fructum  percipiat,  congruis 
adIiortatioDtbus  conimoDefacieDt. 

Cum  angustius  î^it  visjtantis  tempus,  ut  singula  ejus  objecta 
examinari  queant,  suamm  parochiarum  statum  prœvie  Dobis 
scriptotenus  iraosmiltent  parochi,  in  que  sequentia  singillatim 
indicabimt  :  1°  Quis  t;it  eccleaJEe,  capellarura,  altariiim,  vasorum 
sacrorum,  paramentorum.  liDteaminuai  ac  cœmeterii  status  ? 
2"  Qui  siDt  ecclesia;,  capellarum  et  confraternitatum  redituB, 
quit  0[iera,  ijute  fundatioues,  quot  missi)!  fundatu!,  sitoe  aliquid 
deperditum,  reductionem  exposceus,  dubium  etc.  4"  Num  sint 
in  parocbîa  ludimagisth  placito  nostro  donati,  et  quomodo  suo 
fungantur  oflicio  ;  nain  infantes  ad  catecbesim  et  scholam  dilî- 
genter  railtautur,  5°  An  obstetrices  probe  instructte  de  modo 
baptizandi  et  de  tenore  mandati  sub  26  Maji  1798')  emanati  ; 
li"  Quis  communicanlium  oumerus  ;  qui  parochianorum  mores  ; 
quomodo  se  gérant  circa  festivorum  dierum  sancti&calîonem, 
iioclurnaruni  vigiliarum  et  cauponarum  frequentalionem.  N.  B. 
si  qui  sint  in  parochia  peccatores  publici,  ut  usurarii,  ebriosi, 
adulteri,  concubin aiii,  de  bferesi  vel  irreligiositate  suspecti, 
uxorali  inimice  viveutes,  aut  privata  auctoritate  separatî,  prohi- 
bitoruni  librorum  lectores,  ecclesife  prœceptis  de  confessione  et 
communione  paschali,  de  abstinentia,  missœ  auditione.  aliisve 
inobedientes  etc.,  horum  nomina  uni  episcopo  vel  oretenus  vel 
scripto  patefaciant.  Id  ipsum  observandum  venit,  si  quid  decla- 
randum  incunibat,  quod  parochiie  speciali  dedecori  esse  possit. 
7°  Fuerintne  postremae  visitationis  recessus  executioni  mandati  ? 
8°  Denique,  si  quid  aliud  speciali  inentione  dignum  ipsis  visum 
fuerit,  id  exponeut.  9"  Anniversariaruin  missarum  catalogum  ac 
regiHtrales  baptizatonim,  contirmatorum,  conjugatorum  et  mor- 
tuorum  libros  examinandos   parabunt.    10°  Parochia   prsepositos 


')  Cono.  Trident.  Sws.  XXIV,  de  reform,  c.  3. 
'I  Liber  uiandatorum.  26  maii  1768  (Â.  E.). 


440 


sea  deputatos  monebunt,  ut  in  xdibuB  parochtalibus  compareant, 
epiacopo  interrogaoti  responsuri,  cum  illo  et  parocho  de  corri- 
geodis  abusibus  acturi  ac  querelaa,  s:  quËf  sint,  in  lucem  pro- 
latuH. 

Porro  viaitationis  episcopalie  bic  est  ordo.  Adventanti 
episcopo  obviam  procèdent  parochi,  et  inter  pulsum  campana- 
rum  ad  presbyterium  deducent.  In  ecclesiam  varo  processuro, 
paratur  aote  fores  ecclesiam  faldi'storium  cum  (a]iete  et  pulvi- 
nari.  Egredientem  e  domo  parocbiali,  parochus,  superpelticeo  et 
pluviali  aibo  iiidutus,  stola  bracfaio  imposita,  excipit  et  porrecta 
ad  osculaDdum  cruce  paetorali,  sub  baldachino  iDcedenteni  ad 
portam  ecclesix  deducit,  tuni  tiaviculaiu  epiRcopo  esbibet,  ut 
ÎDcensum  cum  benedictioiie  in  thuribulum  imponat,  deinde  asper- 
sorium  aquœ  benedictic  ei  offert,  qui  primo  seipsum,  deinde 
atios  atiipergit,  tandem,  Iriplici  ductu  inceosato,  mox  hyronum 
Vent  Creator  etc.  incipit  parocbus  et  episcopura  ad  altare  magis 
deducit,  stansque  in  cornu  Epistolfe  versus  episcopum  dicit  : 
Protector  nostcr,  aspice  Deus  cum  versiculis  et  oralione.  Qua 
finita,  ascendit  episcopus  ad  altare  illudque  in  tnedio  ogculatus, 
solemniter  popuium  benedicit.  dein  per  se  vel  per  alium  adven- 
tus  sui  causas  populo  expoiiit,  solitamque  indulgentiara  coocedit. 
Posl  ha^c,  pluviali  violacej  vel  nigri  coloris  indutus  et  stans  cum 
mitra  juxta  altare,  versus  popuium  incipit  antiphonam  Si  ini- 
guitates  etc.  et  p^^almum  De  profundia  etc.  cum  assiatentibus 
sibi  presbyteris  récitât,  quo  goito,  totam  aotiphonam  dicit  Si 
iniguitatea.  Dein.  deposita  mîlra,  dicit  Kyrie  eleison,  Fater  noS' 
ter,  quod  secrelo  prosequeus,  ante  se  aqua  benedicta  aspergit 
et  imposito  prius  incenso  in  thuribulum,  cum  benedictione  ter 
incensat.  Deinde  dictl  Et  ne  nos  inducas  cum  versiculis  et  ora- 
tione. 

Deinde  aqua  benedicta,  thuriferario,  duobus  ceroferarîîs,  ' 
cruce  et  clero  prœcedentibus,  procudens  ad  cœmeterium,  iterum  ■ 
incipit  episcopus  antiphonam  Si  iniquitates  etc.  dein  psalmum 
De  profundis  etc.  reciiui,  quo  absoluto,  repetitur  eadeoi  anti- 
phona.  In  medio  cœmeterii  suo  ordine  subststunt  et  chorus 
cantat  respotisorium  Libéra  we  etc.,  quo  decantato,  episcopus 
dicit  Kyrie  eleison  etc.  Fater  nosler  ;  intérim  imponit  incensum, 
aspergit  et  incensat.  Postea  dicit  Et  ne  nos  inducas  etc.  cum>^ 
versiculis  et  oraliouibus. 


I 


—     441      — 

Mox  pontifex,  elevata  dextra.  producit  sSgnum  crucis  ab 
omDi  parte  super  cœmeterium  et  redit  ad  ecclesiam,  dicente 
choro  sine  cantu  psalmum  Miserere.  Quibus  dictis  visitator 
ante  altare  majus  dicit  io  medio  stans  Kyrie  eleison,  I^Uei- 
noster  cum  versiculis  et  oratione. 

His  perflctis,  catechesim  jubet  haberi,  dein  sacrameotum 
confirmatioDis  confert.  quo  cotlato  benedictionem  citin  augustis- 
simo  SacramcDto  dat,  et  visitato  tabernaculo,  cfelera,  ^uœ  exa- 
minanda  sunt,  visitât,  tum  ad  parochialee  tedes  processionaliter 
reducitur. 

Invisa  atitem  nobis  esse  declaratnus,  oainmoque  odiosa 
splendida  et  aumptuosa  prandia,  talibuE  in  circumstantiis  apponi 
solita,  decretumque  Tridentini  ')  ser'vaii  voJunius  prœcipientis,  nt 
visitanti  prœlato  suisque  itlum  comitantibus,  frugaliter  et  mode- 
rate,  pro  temporis  tantum  necessitate ,  et  non  ultra,  victualia 
mjnistrentur  ». 

Aux  dispositions  générales,  relatées  plus  haut  pour  la  fin 
du  17"""  et  le  IS""  siècle,  nous  pouvons  ajouter  que  les  évoques, 
en  vue  de  la  visite  pastorale,  s'informent  égaloinent  si  on  prati- 
que l'usure,  si  on  travaille  le  dimanche,  si  les  assemblées  com- 
munales ont  lieu  pendant  les  offices,  si  tes  calhotiques  vont  les 
jours  de  précepte  dans  des  endroits  protestants,  si  on  fait  des 
collectes  dans  les  paroisses.  Une  rubrique  constante  dans  les 
questionnaires  adressés  au  clergé,  est  celle  relative  â  l'abas  de 
la  boisson. 

Les  prescriptions  les  plus  récentes  du  diocèse  au  sujet  de 
la  visite  pastorale,  sont  celles  données  par  Mgr  Mermillod. 
Quoique  cela  sorte,  strictement  parlant,  du  cadre  de  notre  tra- 
vail, noua  tenons,  pour  être  complet,  à  les  communiquer  *).  Les 
prescriptions  de  Mgr  Mermillod,  relatives  A  la  préparation  de 
la  visite  pastorale,  sont  les  mêmes  que  celles  de  l'évêque  Gui- 
solan  (1812).  Quant  à  l'Ordo  visitandi,  Mgr  Mermillod  renvoie 
au  Pontificale  Komanum  et  au  Manuale  Rituum  :  «  Quod  spectat 
ad  ordinem  rituumque  servandum  \n  ipsa  visitatione  episcopali, 
omnia  peragantur  ad    normam    Pontificalis  Romani   et  Manualis 


')  Sessio  XXIV,  de  relorni.  c.  3. 

'  Statuta  diœcesaiia  Heu  Constituliones  i<ynodalea,  1S85,  pars  I,  j 
siUtiojii  episcopali,  p,  20  et  25. 


—     442 


Rituum  ')  ».  Mgr  Mermillod  rappelle  également  les  décisions  du 
CoDcile  de  Trente  au  sujet  de  la  réceplion  de  révéque  :  *  Ce- 
terum  parochi  curabunl,  episcopum  modo  et  honore  cumpetenti 
excipere  ;  attamen  in  memoriam  revocare  volumus  decretum 
Tridentini  *)  prœcipientis ,  ut  visitant!  prœlato  suisque  illum 
comitantibus  frugalrter  et  moderale  victuatia  ministrentur  *. 

Mgr  Mermillod  prescrit  aux  doyens  la  visite  annuelle  de 
leurs  décanats  ')  :  <  Volumus  enim,  cum  totius  diœcesis  visitatio 
episcopalis  siogutie  annis  aut  bienniis  fîeri  non  possit.  et  ne 
longiori  temporis  tracto,  quas  sapienter  statuta  sunt,  paulatim 
labantur,  quolannia  liiiri  hujusmodi  visitationcm  pcr  decanos, 
quos  ad  hoc  munus  delegamus,  exceptis  annia,  quibus  ipse  épis- 
copus  per  senietipsum  visitalionetn  instituerit,  quo  tamen  casu 
opportunum  est.  ut  ipse  decanus  viGilationi  parocbiarum  sui  de- 
canatus  adaistat  >. 

La  visite  annuelle  terratni^e,  les  doyens  devront  envoyer  & 
l'évêque  un  rapport  écrit,  qui  comprendra  les  points  suivants  : 
<  QuEecunique  sunt  notatu,  mutatione  et  emendatione  digna, 
prscipue  quoad  functlones  sacra!',  prcedicationem  verbi  divini  et 
catéchèses,  ecclesiarum  statum,  paramentorum  et  rcrum  sacra- 
rum  decentiam  et  nllorem,  habitudines  inter  parochos  ac  ma- 
gistratus,  prsefectos  muoicipii  ac  ludlmagistros,  sedulo  sed  ma- 
gna charilate  investigare.  ut  nobis  exactam  de  bis  orODibus 
relationem  inscripti^  exhibendam,  tempore  synodt  decanalis  quo- 
taDois  celebrandic,  exhibere  valeant.  Ut  vero  istius  modi  rela- 
tiones  una  forma  et  optimo  fructu  fieri  po^isinC,  scriplœ  a  nobis 
quœstiones  ad  singulos  decunos  mittentur,  quibus  sincère  coram 
Deo  ac  aine  ullo  humano  respecta  respondebunt,  postquam 
anusquisque  proprii  decanatus  parochias  singulas  visitaverit  >. 

L'évêque  prescrit  également  au  clergé  la  visite  pastorale 
des  paroisses  *)  :  «  Parochus  congruis  temporibus  vîsitet  omnes  et 
singulas  suie  parochiœ  familias.  Quel  visitatio,  cum  ad  alîos 
etiam  fines  utilieslma  sit,  volumus  ut  siingulis  annis  fiât,  ex- 
ceptis  duntaxat  parochiis  majoribus,  id  est  ultra   bis  mille  ani- 


')  Piller,  Manuale  rituum  éd.  aecuiida,  p.  197. 
')  Sesaio  XXIV,  de  reform.  c.  3. 
')  Statuta  diœceaana,  I.  c.,  p.  25. 
*)  Statuta  diœceaaoa,  I.  c,  p.  28. 


—     448     — 

mas  computantibus,  in  quibus  eadem  visitatio  quovis  biennio 
abso)vetur,  nulla  exceptione  admissa,  nisi  ex  nostra  spécial!  con- 
cessione,  ob  graves  omnino  rationes.  In  visitatione  parochiaB 
omnem  diligentîam  adhibebit  parochus,  non  solum  ut  cognoscat, 
quidquid  necessarium  videbitur  ad  puerorum  institutionem,  cate  • 
chismi  et  scbolœ  frequentationem,  matrirooniorum  validitatero, 
sacramentorum  susceptionem  aliaque  hujusmodi  plura;  sed  etiam, 
ut  in  sua  parochia  mala,  abusus,  scandala,  quantum  id  per 
prudentiam  licuerit,  aut  removeat  aut  prœveniat,  fidem  pro- 
moveat,  ejus  pericula  avertat,  dissensiones  componat,  pacem  pro 
posse  procuret,  bonos  mores  custodiat,  consuetudines  vitiosas 
eradicet,  ac  plebem  sibi  commissam  opportunis  monitis  ad  vitam 
christianam  informet  >. 


CHAPITRE    DEUXIEME 
heu  visitCH  pastorales  de  Jean  Doros  (1600-1607). 

L'évëque  Jean  Doroa  ').  <lès  qu'il  eût  pria  possession,  à  la 
fin  (le  l'année  1601,  de  sa  nouvelle  résidence  à  Fribourg,  com- 
mença son  ministëre  pastoral  par  une  visite  du  diocèf^e  qui  eut 
lieu  en  1602  et  1603.  Cette  visite  est  surtout  importante, 
parce  qu'elle  est  la  première,  faite  dans  des  circonstances  régu- 
lières, par  le  chef  du  diocèse,  après  une  interruption  de  près 
d'un  siècle.  | 

Le  Conseil  de  Fiibourg  favorisa  de  son  mieux  le  projet  ' 
de  l'évCque  ;  pour  ses  visites  et  voyages  eo  dehors  du  territoire 
fribourgeois,  il  lui  délivra  un  sauf-conduit  et  lui  reconnut  le 
*  Burgrecht  >  en  sa  qualité  d'évêque  de  Lausanne  -)  (l'évéquc 
était  d'origine  franc-comtoise).  En  vue  de  la  visite  pastorale 
que  l'évëque  voulut  entreprendre  sur  le  territoire  fribourgeois, 
le  Conseil,  en  1603.  prit  des  dispositions,  pour  en  faciliter 
l'exécution  et  en  assurer  la  réussite.  Il  adres^sa,  le  2  avril  1603, 
une  lettre  à  tous  les  baillifs,  châtelains  et  autres  officiers  des  i 
seigneuries,  terres  et  communes  de  sa  juridiction,  que,  vu  son 
grand  Intérêt,  nous  tenons  à  communiquer  en  substance  ")  : 
«  Ayant  à  présent  reconnu  aux  actes  du  Révéreodissime  évêque 
Jean  Doros  le  soin  paternel  et  singulier,  qu'il  porte  au  bien  et 
avancement  de  l'administration  des  affaires  ecclésiastiques  pour 


')  Voir  sur  son  pontificat  :  Lausanna  sai^ra,  fol.  73.  (Bibl.  cantonale)  ; 
LauHsnna  christiaaa:  Joannex  Daroz,   n°  LXV  ;  Sclimitt,  Mèreioins  hls-  1 
toriques  sur  le  diocèse  de  Lausanne  II.  p.  414-22  ;  Holder.  Une  visite  pasto-  \ 
r&le  du  diocèse  de  Lausanne  en  1603-1603  (Revae  de  la  Suisse  catbolîque  | 
1901). 

'}  Manuel  du  Conseil  du  13   mai  1602;    RatserkarintnussenbUcher  | 
(13  mai  1602)  T.  24,  toi.  110-11  (archives  d'Etat). 

')  RalserkanntDUsaeobUobet  T.  24,  fol.  178. 


445 


le  salut,  des  âmes,  la  restauration  (ïes  suintes  institutions  chré- 
tiennes et  la  correction  des  abus,  qui  par  le  laps  de  temps  se 
seraient  glissés  entre  les  DÔtres  ;  à  quelle  intention  il  a  déjà 
heureusement  commencé,  comme  il  est  maintenant  aussi  sur  le 
départ,  de  visiter  les  églises  et  paroisses  de  notre  ressort, 
nous,  désireus  d'apporter  tout  avancement  k  telle  bonne  œuvre 
et  à  l'exécution  de  tout  ce  que  par  le  Révérendissime  évêque 
sera  ordonné  et  commandé,  nous  avons  par  la  présente  aujour- 
d'hui voulu  et  commandé,  de  recevoir  et  reconnaître  le  dit 
seigneur  évéque  en  tels  révérence,  devoir  et  respect,  comme 
l'ofBco  de  vrais  catholiques  et  de  légitimes  enfants  de  l'Eglise 
le  demande,  et  de  mettre  en  exécution  et  d'accomplir  fidèle- 
ment tout  ce  qui,  suivant  la  nécessité,  sera  avisé,  résolu  et  or- 
donné en  matière  dépendante  _du  régime  spirituel.  Nous  voulons 
aussi,  que  nos  officiers  sévissent  contre  les  réfractaires  et  déso- 
béiïtsants  par  les  châtiments  requis,  pour  réprimer  les  scanda- 
leux exemples  à  l'endroit  des  autres.  Et  combien  nous  nous 
promettons  de  nos  officiers,  baillifs  et  cbittelains,  qu'à  l'endroit 
du  dit  Révérendissime  seigneur  évêque  et  de  sa  compagnie,  ils 
rempliront  les  offices  d'hospitaliers,  en  les  recevant  courtoise- 
ment et  libéralement  en  nos  maisons  et  châteaux.  Ainsi  est 
notre  vouloir  et  intention.  Toutefois  n'étant  pas  raisonnable,  que 
les  dépenses  soient  entièrement  à  la  charge  de  nos  officiers,  ni 
que  le  seigneur  évêque,  outre  la  grande  peine  et  le  travail 
qu'il  assume  pour  le  bien  et  le  soulagement  du  public  et  l'ad- 
ministration des  S,  Sacrements,  en  supporte  les  frais,  nous 
voulons,  que  les  habitants  et  communes  par  une  légère  imposi- 
tion ayent  à  payer  et  à  défrayer  les  dites  dépenses.  Nous  en- 
tendons généralement,  que  partout,  oïi  le  Révérendissime  évêque 
passera  et  séjournera,  il  soit  honoré  et  respecté,  comme  son 
rang  et  sa  qualité  le  demande;  en  quoi  nous  devons  être  di- 
gnes d'êlres  de  vrais  catholiques,  car  l'honneur  sera  pour  la 
gloire  du  Tout-puissant.  > 

La  visite  eut  lieu  en  1602  pour  le  diocèse  en  dehors  de 
Frihourg,  et  en  1603  pour  le  territoire  fribourgeois.  Il  est  à 
regretter,  que  l'évéque  n'ait  pas  laissé  de  protocole  de  cette  vi- 
site, comme  cela  se  faisait  ordinairement  ;  nous  aurions  pu 
suivre  le  cours  de  la  visite,  paroisse  par  paroisse,  et  recueillir 
des  données  intéressantes  sur  l'état  des  paroisses  fribourgeoises, 


—     446     - 


des  paroisses  catholiques  vaudoises,  celles  du  canton  de  Soleure 
et  de  la  seigaeurerie  de  Neuchàtel  au  cotiimencement  du  17™ 
Htëcle  ')  Nous  possédons  cependant,  ce  que  l'on  appelle  le  tlécès 
général  de  la  visite,  c'est-à-ilire  un  mémoire,  dans  lequel  étaient 
consignés  les  difTérents  points,  qui  au  cours  de  la  visite  ont  été 
reconnus  comme  ayant  besoin  de  réforme.  Ce  Récès  cependant 
ne  concerne  que  In  partie  fribourgeoise  du  diocèse. 

A  son  retour,  l'évéque  fit  des  propositions  au  Conaeil,  en 
vue  de  l'exécution  de  ses  décisions,  relatives  à  l'état  religieux  et 
moral  des  endroits  visités;  il  se  plaignit  en  même  temps  de 
Bellegarde,  qui  n'avait  pas  répondu  à  son  appel  ').  Le  Conseil 
fit  droit  aux  rt'tlamalions  de  l'évéque;  il  demanda  des  explica- 
tions au  haillif  île  Bellegarde.  an  sujet  de  l'attitude  de  ses  res- 
sortissants et  lui  intima  l'ordre  de-  citer  les  coupables.  Il  nomma 
en  outre  une  députation,  avec  mission  de  présenter  à  l'évéque, 
an  nom  du  Conseil,  des  remerciements  et  de  demander  par  écrit 
les  articles  mentionnés  plus  haut. 

Le  mémoire  '•').  qui  fut  transmis  aux  députés  du  Conseil, 
signale  les  principaux  abus,  pour  la  correction  desquels  l'évéque 
réclame  l'intervention  du  Conseil  ;  cet  écrit  nous  montre,  avec 
quel  soin  et  quelle  sollicitude  l'évéque  Doros  cherchait  l'avan- 
cement spirituel  de  ses  diocésains. 

Le  mémoire  ')  est  le  suivant  : 
Sommaire  de  ce  que  le  Reverendissime  Evesque   de   Lausanne   a  . 

■jugé  expédient   communiquer    au    Magnifique   et   souverain 

sénat  de  Fribourg  au   retour    de    la  visite    de   son    diocèse 

faicte    sous    le    second    d'apvril   jusques    27    du    dit    mois 

indus  1603. 

Premièrement  toutes  actions  de  grâces  premises,  pour  le 
bon  receuil  et  assistance  receues  par  le  dit  Reverendissime 
Evesque  et  ceux  de  sa  suite,  des  sieurs  bailtifs,   chastelains,  et 


I 


')  Il  nouN  regl«  nepetidarit  un  Récèa  particulier  pour  la  paroisse  da .] 
Berlens  de  1603  (Ârchivea  de  l'Sveché.  Recesaui^.  Carton  20,  n*  3),  qui  e 
plua  antùen  Récès  particulier  que  nous  poasMinn^  pour  le  diocèse- 

■)  Maoual  du  30  avril  1603. 

>)  Archives  d'Etal:  Geiatliche  Saclien.  Evéché  (1600-1610),  3  avrtl'J 
1603.  C(r.  Mémorial  de  Fribourg,  11.  p.  420. 

*)  Revue  de  la  Suisse  catholique  1901.  p.  696-704. 


—     447 


officiera  du  dit  souverain  sénat,  suivant  son  mnadement  exprès. 
11  a  déclaré  le  conlenlement  qu'il  avoit,  commR  de  mesme  il 
s'asseuroit,  l'auroient  les  magnilicqaes  seigoeurs  du  dit  sénat  en 
gênerai  et  particulier,  de  la  dévotion  du  peuple  de  ceste  respu- 
blicque  et  peraeverance  en  notre  saincte  foy  catholique,  aposto- 
lique et  romaine  ;  l'ayant  mesme  te.<moign(f,  tant  assistant  aux 
consécrations  et  bi}nedictions  de  diverses  nouvelles  églises. 
aultels,  et  cemîlieres,  faites  durant  la  dicte  visite,  qu'en  recep- 
vanl  le  sainct  sacrement  de  conlîrmation,  jusquea  an  nombre  de 
plus  de  dix  mil  personnes,  y  accourant  de  toutes  parts,  ex- 
ceptez ceux  (le  Bellegavde,  que  se  seroyent  nionstréz  assez  né- 
gligents, quoy  qu'ils  en  fussent  advertis  de  bonne  heure  comme 
les  aultres.  Oultre  et  par  dessus  environ  aultres  dix  mil,  ja 
confirmes  auparavant,  et  dois  Tadvenemont  du  dit  Reverendis- 
sime  sieur,  tant  en  ce  lieu  de  Fribourg,  d'Kstavahy  le  lac, 
Sainct  Aulbin,  que  Montagny,  et  en  ce  qu'est  de  son  diocèse 
au  canton  de  Saleure  et  seignourie  de  Neufchastel. 

A  esté  ausRy  remonstré  par  ledit  sieur  Révérend issi me. 
que  comme  la  chapelle  bastie  en  lu  bonne  fontaine  près  Wauru, 
ii\}T  les  deniers  receus  des  offerandes,  que  se  souloienl  faire,  lors 
qu'il  y  avoit  un  fort  fréquent  apport,  y  sembleroit  expédient, 
employer  le  surplus  des  dites  offerandes,  s'il  estoit  recongneu 
par  le  compte  que  s'en  rendra,  qu'il  y  eiist  du  surplus,  à  enri- 
chir et  embellir  la  dite  chapelle,  puis  qu'à  présent  elle  est 
consacrée  ;  afin  d'exciter  tant  plus  la  dévotion  du  peuple.  Et 
en  tant  y  n'y  aurolt  aulcung  reliquu  des  dites  oITerandes,  sera 
advisé,  se  sembleroit  expédient  vendre  les  matériaux  du  basli- 
ment  faict  plus  bas  que  la  dite  chapelle,  pour  mettre  à  couvert 
les  pèlerins,  afin  d'employer  le  prix  à  ce  que  des.sus,  ou  bien  y 
pourveoir  d'ailleurs. 

Quelques  particuliers  de  sainct  Martin  de  Vaulx  et  de  la 
paroiche  de  Pontaville,  quoy  que  mariés,  tiennent  des  concubi- 
nes, les  noms  desquels  se  donneront  par  eacript  si  besoing  faict, 
et  admonestés  à  la  part  de  l'esglise  de  se  désister  d'un  crime 
si  grand  ;  voiras  jusques  à  leur  refuser  la  saincte  communion, 
n'y  auroient  voulu  obéir,  ains  l'ung  d'iceux  n'auroit  heu  ver- 
gogne de  mettre  en  avant,  qu'y  luy  avoit  esté  permis.  Et  pour 
ce,  sera  expédient  y  pourveoir  d'ailleurs,  par  l'autorité  du  bras 
séculier. 


A  esté  recongneu  par  la  dite  visite,  que  la  doleaDce  fafcte 
cy  devant  au  dit  sieur  Revereudissime  par  les  seigneurs  commis 
du  dit  sénat,  qu'en  divers  lieux,  la  parole  de  Dieu  n'estoît  ao- 
Doncée  au  peuple  par  ceulx,  qui  desservent  les  paroiches,  pou- 
roit,  entre  aultres  causes,  procéder  de  ce  tjue  plusieurs  d'iceux 
reodent  pensions  aus  chapitre,  clergée.  couvents,  monastères, 
hospitaux  et  aultres,  voyres  pour  actes  non  entieremeot  ecclé- 
siastiques. A  quoy  pour  ce,  aeroit  bon  pourveolr,  afin  que  les 
dites  pensions  qui  se  trouveront  dehuement  approuvées  selon  le 
sainct  Concile  de  Trente  '),  soient  retenues,  et  les  aultres  re- 
vocquées,  pour  par  ce  moyen  attirer  tant  plus  aisément  des 
gens  idoines  pour  desservir  les  paroiches,  quand  ils  se  verront 
dehuement  salariez. 

Se  treuve  auasy  que  par  faulte  de  faire  recongnoistre  les 
censés  et  redevances  des  esglises,  les  revenus  sout  grandemeot 
diminuez.  A  quoy  estant  pourveu  par  le  dit  aieur  (ieveren- 
dissime,  l'exécution  s'en  ensuivra  tant  plutôt,  si  le  magniâcque 
sénat  y  entremet  son  autorité  ;  ordonnant  à  tous  subiects. 
qu'ils  ayent  a  recongnoistre,  ce  qu'ils  doibvent  à  t'eegliHe  sans  i 
difficulté,  et  à  tous  ceux,  qni  scavent  les  biens  et  droicts  qu'ap- 
pertiennent  à  l'esglise,  qu'ils  ayent  à  les  relever,  soit  qu'ils 
soyent  en  estre  aliénez  ou  desmis  par  faulte  d'enseignement. 
Comme  aussy  a  accuser  les  détenteurs  des  biens  de  l'esglise, 
soit  par  voye  de  faict,  ou  par  traictez  et  contracta  non  apprea- 
vez  en  forme  du  dict  sainct  Concile  *,  afin  de  les  reppeter  où  i 
et  contre  qui  li  appertiendra. 

Et  de  mesme  les  collateurs,  soient  ecclesiasticques  ou 
laies,  qu'auroient  aliéné  les  biens  des  chapelles,  ou  aultres  béné- 
fices de  leur  collation,  ou  qui  les  retiennent  et  convertissent  à 
leurs  usages,  afin  qu'ils  en  fassent  restitution,  pour  ne  tutnber 
aux  censures  et  peines  du  dict  sainct  Concile  °),  et  perdre  le  1 
droict,  qu'ils  ont  au  juspatronat  desdicts  bénéfices. 

Et  pour  mesme  raison,  que  las  dictz  collateurs  communJ> 
quent  tous  tillres  aux  chappelains  et  possesseurs  des  dicts  bene-  ' 


')  Sessio  XXIV.  De  reform:itione,  c.  3. 

')  Conoilium  Tridentiam  Sess,  XXII.  De  roformationa,  c,  11. 

')  SeBslo  XXIV.  De  retorniatioiie,  c,  3.  SeaaioXXV.  De  reformationa,^ 


449 


ficcs.  afin  qu'ils  conservetit  tant  mieux  les  droicts  et  revenais 
de  l'esglise,  et  que  congooissant  les  divins  offices  dehuz,  ils  y 
satisfacent  selon  l'intention  des  fondateurs. 

Plusieurs  chappelles  se  ruinent  par  fautte  d'entretien,  de 
quoy  s'excusent  les  nouveaux  possesseurs  et  lenem  en  tiers,  pour 
n'estre  les  dites  ruines  avenues  d«  leur  temps,  comme  seroil 
la  cbappelle  sainct  Claude  de  Bossenens  et  aultres  ;  à  quoy, 
pour  ce  sembleroit  nécessaire  pourveoir  aux  frais  des  collateurs, 
ou  aullres,  qu'en  tirent  commodité  ;  afin  de  puis  après  charger 
les  chappelains  de  l'entretien;  ou  il  n'y  auroit  ruyne  causée 
par  orvale  ou  cas  fortuit. 

Près  le  village  (le  Futigny  y  a  une  chappelle  souh  l'invo- 
cation saincte  Marie  Magdelaine,  rière  la  paroiche  de  Minière, 
ou  le  peuple  va,  comme  en  plusieurs  auitres  lieux,  les  trois 
jours  de  la  sepniaine  saincte,  que  l'on  chante  les  matines  ap- 
pellées  ténèbres,  et  avec  Heaux  et  auitres  engins  frapper  le  pa- 
vement de  la  nef  d'ice!!e  chappelle,  qu'est  de  bois,  avec  telle 
impétuosité,  qu'il  eu  est  tout  rompu,  oultre  l'irrévérence  ;  ce 
qu'auroit  pour  ce  esté  interdit  par  le  dict  sieur  Reverendissime 
et  s'observera  tant  plus  sougneusemeot  telle  interdiction,  si 
plaisoil  au  dict  souverain  sénat  faire  mesme  défense  aux  su- 
bi ects. 

Les  parochiens  de  Domdedier  se  plaignent,  de  ce  que  la 
chappelle  sainct  George,  dépendante  de  la  Cure  de  Donatier,  a 
un  quart  d'heure  du  dict  Domdedier,  riere  l'obéissance  du  dict 
magnificque  sénat,  où  ils  vouioient  aller  en  dévotion,  tumbe  en 
ruine  a  faulte  de  réparation,  combien  que  les  sieurs  de  Berne 
en  tirent  le  revenu. 

Le  mesme  se  faict  de  la  chapelle  sainct  Denys,  dépendent 
de  l'abbaye  de  Payerne,  qu'est  à  un  cop  de  mousquet  près  de 
Mignière,  rière  ce  pays,  et  dont  les  dîcts  sieurs  Beruoys  tirent 
le  revenu,  et  est  quasi  ruinée  du  tout,  tant  s'en  fault,  que  l'on 
y  fasse  les  divins  services  accoustumez.  Idem  d'une  cbappelle 
près  de  Combremont,  et  auitres  semblables.  A  quoy  y  seroit 
bon  pourveoir,  comme  le  dict  souverain  sénat  jugera  convenir. 

Comme  aussy  à  ce  que  ceux  du  village  de  Villeneufve, 
dépendant  anciennement  de  Granges,  avant  qu'ils  se  fussent 
diatraicts  de  nostre  saincle  foy,  reçoipvent  les  saincts  sacre- 
ments en  l'esglise  parochiule  de  Surpierre,  qu'est   une  nouvelle 


450 


surcharge  au  sieur  curé  d'illec.  il'aultant  mesme  que  Ipp  officiers 
du  dict  Granges  reçoipvent  les  dismes  du  dict  Villeneufve,  et 
tous  aultres  droits  parochiauls  dehus  du  passé,  pour  le  seal 
regard  de  radmiDistralioii  des  dicts  saincts  sacrements. 

Les  officiers  de  la  justice  séculière  font  faire  proclama- 
tions et  donner  des  assignations  aux  parties,  les  jours  de  diman- 
ches et  aultres  fesles  aux  esglises.  pour  choses  civiles  et  pro- 
phanes.  Ce  qu'ayant  esté  jugé  par  le  dict  sieur  Heverendissime 
contraire  aux  constitutions  de  l'esglise  et  décrets  du  dict  sainct 
Concile').  Il  prie  le  dict  souverain  sénat  y  donner  aussy  ordre 
de  sa  part,  puisque  la  chose  se  pourroit  faire  aussy  commodé- 
ment hors  les  lieux  saincts,  lorsque  le  peuple  sort  du  divin 
office. 

Ayant  esté  ordonné  aux  curés,  d'enseigner  le  catbechisme, 
aulcungs  desquels  s'excusent,  quf^  l'on  ne  les  vad  ouyr.  semblerojt 
nécessaire  d'ordonner  au  peuple  d"y  assister,  et  aux  pères  et 
mères  d'y  faire  aller  leurs  enfants. 

Comme  aussy  de  ne  les  envoyer  en  lieux  aliénés  de  nostre 
saincte  religion,  pour  estudier,  ou  apprendre  quelque  mestier  ou 
art  mechauicque. 

Et  que  la  licence  que  plusieurs  pregoent,  de  se  marier 
hors  les  lieux  catlioliquea,  soit  réprimée  par  le  moyen  de  quel- 
que griefve  peine,  tant  au  regard  des  parties  que  des  parents, 
pour  les  notoires  incouvenieDts  qu'en  résultent. 

L'infractioD  des  festes,  et  pouvoir  de  dispenser  sur  ce 
pour  cause  raisonnable,  eslaut  tout  notoirement  de  la  seule 
cognoissance  de  la  justice  spirituelle,  qu'elle  luy  soit  délaissée 
avec  l'entière  exécution  des  sentences  et  de  l'adjugé,  afin  que 
aultrement  l'autorité  de  l'esglise  ne  demeure  pas  en  cela  comme 
illusoire  et  sans  efFects. 

Que  les  offeraudes  des  troncs  des  âmes  ne  s'employent  cy 
après,  sans  participation  des  sieurs  curés,  fondés  de  droict  com- 
mung  à  la  perception  de  toute  oblations  que  se  font  rière  leurs 
paroiches,  atin  d'éviter  tous  abus. 

Un  édict  publicque  seroit  fort  salutaire,  par  lequel  seroit 
ordonné  à  tous  d'assister  aux  prédications  et  i.  la  messe,  et  de 


I 
I 

I 


'}  SeBsioXXIl.  Deoretam  d«  observaDdis  et  avitandis  in  celebratioiMa 


pendant    icelles,    ne  se  pourmeDer   ou  entrer  aux  tavernes, 
bonnes   et  grosses    peines  applicables  à  la  fabrique,   et    partie 
au  denimi^iateur,  tant  aux  contrevenants  qu'aux  hostes,  (d'aultant 
que  le  mal  s'est  recongneu  par  ceete  visite),  et  voyres  en  cer- 
taine ville  du  pays. 

Par  la  meame  visite  s'est  trouvé,  que  les  libvres  ecclésias- 
tiques, comme  missels,  bréviaires,  et  manuels  defiaillent  quasi 
par  tout  le  diocèse,  à  quoy  ne  pourroit  estre  remédié  qu'en 
imprimant  des  nouveaux  reduicts,  comme  l'on  espère,  tant  que 
faire  se  pourra,  à  l'usage  de  Borne.  Ce  que  ne  concerne  seule- 
ment les  ecclesiasticques  pour  le  regard  des  bréviaires,  mais 
aussy  les  parochiens,  à  la  charge  desquels  tumbe  la  forniture 
des  missels  et  manuels  nécessaires  pour  l'administration  des 
saincts  sacrements.  Et  comme  la  chose  ne  se  peut  faire  sans 
frais,  que  le  clergé  ne  pouroit  ny  debvroit  entièrement  suppor- 
ter, sera  advisé,  en  cas  la  republicque  ou  quelques  particuliers 
seigneurs  ue  vouidroyent  prendre  le  faict  en  main,  et  advancer 
les  deniers,  de  faire  au  plutost,  que  toutes  communaultes  four- 
nissent promptement  quelque  raisonnable  somme.  Comme  feront 
aussy  les  ecclesiasticques,  de  quoi  l'ung  et  l'aultre  seroient  rem- 
boursés et  payés  en  libvres  nécessaires  aux  parochiens  ou  aux 
ecclesiasticques,  et  le  surplus  en  deniers,  qui  procederoient  de 
la  vente  des  dicts  libvres,  à  prix  que  seroil  taxé  raisonnable- 
ment, de  sorte  que  l'impression  et  relleure  payée,  il  y  eust 
quelque  somme  solde ,  pour  tirer  d'interest  ceulx  qu'auroient 
advancé  leurs  deniers.  A  quoy  jà  le  clergé  du  Canton  de  Sa* 
leure  s'est  submis,  et  l'on  s'asseure  que  les  paroiches  n'y  treu- 
veront  à  redire. 

Reste  encore  un  poinct  bien  principal,  qu'est  touchant  la 
clausure  des  religieuses  d'Estavahy,  et  celles  de  Romont,  à 
l'imitation  de  celles  de  la  Maigroge,  estant  la  chose  si  heureu- 
sement commencée,  que  l'ung  et  l'aultre  des  monastères  y  ont 
(lesia  preste  leur  consentement,  sur  remonstrances  du  dict  sieur 
Iteverendissirae.  Resteroit  quant  à  celles  d'Estavahy,  de  reformer 
quelque  peu  et  a  petits  frais  le  bastiment  en  quelques  endroits, 
et  les  fenestres,  que  donnent  sur  les  rues  et  charrière  public- 
ques,  de  sorte  qu'elles  ne  fussent  à  la  vehue  de  ceulx  du  de- 
dans, ny  dehors,  sinon  pour  y  prendre  jour,  Et  quant  a  celles 
de  Romont,  de  oultre  la  clausure  les  réduire   eu   la  ville,  selon 


462 


que  le  dict  sainct  Concile  l'ordonne  '),  que  se  pourroit  aus57 
faire  commodément  et  â  peu  de  frai»,  par  uo  eschange  de  leur 
monastère  contre  le  bastimeiit  et  pour  prii  de  l'hospita),  qu'est 
au  dict  Romont.  selon  qu'il  seroit  advisé  pour  l'indemnité  des 
deux  maisons  ;  que  serviroit  pour  éviter  les  inconveniens,  que 
peuvent  résulter  â  la  dicte  ville,  par  le  moyen  du  dict  bospilal 
en  temps  de  contagion,  et  de  réduire  en  lieu  de  seurté  les 
dicte»  dames  religieuses,  qu'recepvront  mesme  contentement  en 
leurs  âmes  et  tant  meilleure  réputation,  comme  ont  faict  celles 
de  la  dicte  Maigroge  ;  avec  la  commodité  du  service  divin  qu'es 
auront  les  nobles  et  bourgeois  du  dict  Romont,  oultre  l'obéis- 
sance, que  par  ce  moyen  seroit  rendue  au  dict  sainct  Concile, 
et  à  nostre  sainct  Père  le  Pape,  en  ayant  fort  expressément 
chargé  le  dict  sieur  Reverendissime,  lequel  pour  ce,  prie  fort 
affectueusement  le  dict  Magniticque  sénat  y  vouloir  entendre  an 
plutost,  comme  estant  chose,  qu'a  besoing  de  sa  main  Rouve- 
raine. 

Kt  pour  ce  que  le  dict  Reverendissime  Ëvesque  s'est  ftp- 
perçeu,  que  quelques  ungs  recourent  par  foys  au  dict  magnific- 
que  sénat,  contre  ce  qu'auroit  esté  ordonné  eu  la  justice  spirituelle 
et  de  l'autorité  d'icelie  (soitjudiciatemeut  ou  extrajuiiicialement), 
que  redunde  à  un  manifeste  raespris  de  la  jurisdiction  ecclésiasti- 
que, et  de  l'autorité  du  dict  sieur  Reverendissime;  sur  quoy  le 
dict  magnificque  sénat  auroit  tousiours  prudemment  renvoyé  les 
parties  au  dict  Reverendissime.  Il  prie  que,  pour  éviter  tous 
Inconveniens,  le  mesme  soit  faict  cy  après,  tant  en  sa  présence 
qu'en  son  absence,  attendu  qu'il  laisse  un  vicaire  général  COD- 
gneu  au  dict  souverain  sénat,  avec  charge  en  tel  cas  recquise. 
Et  par  telle  mutuelle  corr«spondance  des  deuU  jurisdictioos, 
Dieu  bénira  et  fera  tant  plus  florir  ceste  respubiicque.  Aia^ 
Boit-il, 

Il  résulte  des  indications,  que  nous  possédons  sur  la  visita 
du  diocèse,  que  fit  l'évêqiie  Doros,  après  sa  nomination  au  siège 
de  Lausanne,  en  1602  et  1603,  qu'elle  s'est  probablement 
étendue  au  diocèse  tout  entier.  Les  paroisses  catholiques  dO" 
pays  de  Vaud  ne  sont  pas  mentionnées  directement,  Il  est  vrai, 
mais  comme  l'évëque  a  visité  le  canton   de  Soleure   et  la  si 


« 


'jSes 


)  XXV.  De  regularibus  eC  moniallbus,  c.  5. 


453 


gneurie  de  Neucbàtel,  il  est  probable,  que  les  paroisses  vaudoises 
n'en  étaient  pas  exclues,  et  c'est  dans  le  but  de  visiter  les  en- 
droits en  dehors  du  territoire  f  ri  bourgeois,  qu'il  a  été,  sans 
doute,  délivré  à  l'évêque,  en  1602,  un  sauf-conduit  par  le  Con- 
seil de  Fribourg.  L'évêque  dit  lui-même  dans  sa  relation  écrite 
au  Conseil  de  Fribourg  sur  sa  visite  de  1603,  qu'il  avait  déjà 
auparavant  conféré,  dans  différentes  parties  de  son  diocèse,  le 
sacrement  de  conârmation  à  environ  dix  mille  personnes  ; 
comme  l'évêque  n'arriva  dans  son  diocèse  que  le  28  novembre 
1601,  cette  première  visite  ne  put  avoir  lieu  que  dans  le  cou- 
rant de  l'année  1602.  Le  sauf-conduit  ayant  été  délivré  «  en 
vue  des  voyages  et  visites  de  l'évêque  »,  le  13  mai  1602,  la 
visite  du  diocèse  en  dehors  du  canton  de  Fribourg  aura  eu  lieu 
après  cette  date.  Les  endroits  fribourgeois  visités  lors  de  ce 
premier  voyage  étaient  Ëstavayer,  St.  Aubin  et  Montagny. 

La  visite  de  1603,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remar- 
quer, était  essentiellement  consacrée  aux  paroisses  du  territoire 
fribourgeois,  et  ce  n'est  que  ces  dernières  que  concerne  natu- 
rellement le  mémoire  de  l'évêque,  adressé  au  Conseil  de  Fri- 
bourg. 

L'évêque  se  déclare  très  satisfait  du  bon  accueil  qui  lui 
a  été  fait,  soit  de  la  part  des  représentants  du  Conseil,  soit  de 
la  population,  Il  loue  l'esprit  religieux  de  la  population  qui  ac- 
courait de  toute  part,  pour  recevoir  le  sacrement  de  confirma- 
tion, et  pour  assister  aux  consécrations  d'églises,  d'autels,  qui 
furent  faites  par  l'évêque  pendant  la  visite  pastorale. 

Les  différents  points  qui  ont  été  soumis  au  Conseil  par 
l'évêque  Doros,  sont  de  nature  différente.  Ils  concernent  la  ju- 
ridiction spirituelle,  la  discipline  ecclésiastique,  la  fréquentation 
des  offices  divins,  des  sermons  et  du  catéchisme,  l'état  des  bé- 
néfices et  l'entretien  des  édifices  religieux. 

La  question  qui  a  donné  le  plus  souvent  lieu  à  des  diffi- 
cultés, était  celle  des  bénéfices.  De  tout  temps  nous  trou- 
vons des  plaintes  des  bénéficiers,  qui  ne  sont  pas  en  jouis- 
sance des  revenus  de  leur  bénéfice,  soit  que  les  patrons  en 
prennent  une  part,  soit  qu'une  part  en  revienne  à  des  cha- 
pitres, couvents  ou  autres  institutions  religieuses  ')■  Contraire- 


*)  Cfr.  Mon  travail «ur  ledroildeproprlétéecclésiastiquedansle  canton 


—     45*     — 

ment  aux  lois  de  l'Eglise,  les  coliateurs  des  bénétices  vendaient 
(les  biens  où  les  dilapidaient  d'une  autre  manière  ;  les  titres 
des  bénétices  étaient  mal  conservés  et,  se  perdaient').  Les  reve- 
nus diminuaient  naturelleoieut  dans  la  même  proportion.  Par 
suite  de  la  mauvaise  administratiou  des  bénéfice?,  beaucoup  d'é- 
glises et  de  chapelles  sont  mal  entretenues  et  menacent  de 
tomber  en  ruines.  L'évéque  Doros  constate  une  fois  de  plus  cet 
état  de  choses,  et  demande  que  le  Conseil  y  porte  remède,  selon 
les  prescriptions  ecclésiastiques,  particulièrement  du  concile  de 
Trente, 

Dans  plusieurs  paroissea,  la  parole  de  Dieu  n'était  pas 
annoncée  au  peuple.  L'évéque  voit  dans  cette  négligence  une 
conséquence  du  mauvais  état  des  bénéfices  ;  cette  manière  de 
voir  de  l'évéque  est  du  reste  confirmée  par  une  supplique  *)  de 
nombreux  ecclésiastiques  au  Conseil,  où  il  est  dit  que  les  ecclé- 
siastiques, qui  ont  bien  étudié,  vont  chercher  ailleurs  de 
meilleurs  bénéfices.  Injonction  fut  faite  aux  curés  de  faire  les 
sermons  et  le  catéchisme  ;  les  fidèles  doivent  y  assister  et  les 
parents  y  envoyer  leurs  enfants.  Défense  est  faite  également 
d'envoyer  les  jeunes  gens  dans  des  endroits  protestants  pour 
étudier  et  pour  apprendre  quelque  métier  ou  art  mécanique. 

L'évéque  demande  un  éflit  public  concernant  la  fréquenta- 
tion des  offices  et  du  sermon  ;  pendant  les  heures  des  offices 
religieux  il  serait  défendu  de  se  promener  ou  d'entrer  dans  les 
auberges,  sous  peine  d'une  forte  amende. 

L'évoque  réclame  l'intervention  du  Conseil  au  sujet  de 
quelques  abus  qui  existent  dans  différents  endroits  :  la  publica- 
tion dans  les  églises,  des  coutumes  irrévérencieuses  pour  le  lieu 
saint,  des  défaillances  graves  contre  la  loi  morale.  Les  mariages 
en  lieux  protestants  sont  défendus,  à  cause  des  grands  inconvé- 
nients qui  en  résultent,  sous  peine  d'une  forte  amende  à  &ire 
payer  tant  aux  conjoints  qu'à  leurs  parents. 

Comme  les  livres  liturgiques  se  trouvaient  en  mauvais  ét&t, 


dePrîl>oai'g(Freiburger  Geschiclitsblâtter  1901j.  Cbap.  III,  Bt^néllces.  p. 
154  et  suiv&ntes. 

')  Cfr.  CoDstilutione»  syiiodalea  eccteaie  LausanneniiLs,  1494.  fol.  21  a, 
32,  etc. 

■;  Livre  àta  mandats  III.  fol,  34  a. 


455 


d&DS  presque  tout  le  diocèse,  l'évêque  propose  de  tes  faire 
réimprimer,  en  se  conformant  autant  que  possible  à  l'usage  de 
Borne. 

Un  point  important  aux  yeux  de  l'évêque,  était  la  clôture 
des  couvents  de  femmes.  Ce  point  en  effet  demanda  la  sollici- 
tude spéciale  de  l'évêque,  car  les  plaintes  à  ce  sujet  sont  fré- 
quentes depuis  le  16"*  siècle,  et  les  efforts  des  réformateurs 
catholiques  n'ont  pas  réussi  à  faire  cesser  les  abus  sur  toute  la 
ligne.  La  relation  de  l'évêque  pour  le  commencement  du 
IT"*  siècle  en  est,  du  reste,  une  nouvelle  preuve.  L'évêque  tient 
à  faire  observer  les  prescriptions  du  concile  de  Trente  au  sujet 
de  la  clôture  ;  il  en  a  obtenu  la  promesse  des  couvents  intéressés 
et  prie  le  Conseil  de  Fribourg  de  lui  prêter  son  concours,  pour 
obtenir  l'esécutton  complète  de  ses  ordonnances. 

Un  point  des  plus  importants,  qui  a  souvent  suscité  des 
difficultés  entre  le  pouvoir  religieux  et  civil,  était  la  juridiction 
ecclésiastique.  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  ailleurs  ■)  que, 
surtout  depuis  le  temps  de  la  réforme,  l'Etat  a  eu  une  grande 
part  aux  affaires  ecclésiastiques,  et  il  a  exercé  peu  à  peu  son 
activité  dans  un  domaine,  et  a  légiféré  sur  des  matières  qui, 
d'après  les  principes  du  droit  de  l'Eglise,  sont  de  la  compé- 
tence de  l'autorité  ecclésiastique.  Les  efforts  faits  par  le  nonce 
Bonomio  et  le  prévôt  Schneuwly,  pour  régler  les  relations  entre 
l'Eglise  et  l'Etat,  d'après  les  prescriptions  du  concile  de  Trente, 
n'ont  pas  eu  un  succès  complet;  l'Etat  s'est  maiotenu,  dans  la 
suite,  en  vertu  d'une  de  ces  traditions  qui  se  forment  facile- 
ment,  au  bénéfice  de  cette  sorte  de  droits.  Ces  anciennes  liber- 
tés et  bonnes  coutumes,  le  Conseil  les  affirme  également  vis-à- 
vis  de  l'évêque  Dores  ;  le  Conseil  désire  en  outre  que  ses  pri- 
vilèges, immunités  et  franchises  soient  maintenues  et  conser- 
vées ').  Nous  trouvons  dans  ta  relation  de  l'évêque  plusieurs 
exemples  de  ces  franchises  :  l'évêque  réclame,  comme  droit  dé- 
pendant de  la  seule  juridiction  spirituelle,  te  droit  de  permettre, 
pour  une  cause  raisonnable,  le  travail  les  dimanches  et  jours  de 
fête.  L'évêque  signale  également  l'abus  de  recourir  au  pouvoir 
civil  contre  les  décisions  du  pouvoir  spirituel  :  c'est  mépriser  ta 


'}  Mélanges  d'hist.  triboargeoise  1"  fasc, 
')  Mémorial  de  Fribourg  VI,  p.  417. 


—     456     — 

juridiction  ecclésiastique  et  l'autorité  épiscopale.  L'évêque  prie 
le  Conseil^  pour  éviter  des  incouvéDieuts^  de  renvoyer  à  l'avenir 
ces  partis  à  l'évéque,  ou,  en  son  absence,  à  son  vicaire  général. 
De  cette  bonne  harmonie  entre  les  deux  pouvoirs^  il  ne  pourra 
résulter  que  du  bien  pour  la  république  de  Fribourg. 


CHAPITRE  TROISIÈME 

Les  visites  pastorales   de   l'évéqae   Jean   de  Watteville 
(1607-1 649). 

Après  le  court  pontificat  de  Jean  Doros,  l'abbë  de  l'ab- 
baye de  la  Charité  en  Franche-Comté,  Jean  de  Watteville  V, 
fut  nommé  en  1607,  par  le  Pape  Paul  V,  évêque  de  Lausanne. 
Ce  n'e»t  qu'en  1613  que  le  nouvel  évëque  prit  possession  de 
son  siège,  et  au  mois  de  mars  de  la  même  année,  Jean  de 
Watteville  fit  son  entrée  à  Fribourg.  Une  grande  tâche  atten- 
dait le  nouveau  pontife  :  la  continuation  de  l'œuvre  de  la  ré- 
forme. Aussitôt  après  avoir  réglé  déËnitivement  la  question  de 
la  résidence  par  la  convention  de  1615,  l'évèque  se  mit  à  l'œu- 
vre et  commença  la  visite  générale  du  diocèse  dans  des  condi- 
tions très  défavorables,  Nous  avons  à  ce  sujet  le  témoignage  de 
l'évéque  de  Watteville  lui-même  ')  :  *  Visitatiouem  generaleœ 
semet  atque  iterum  instituimus,  Deoque  obsecundante  tandem 
conclusimus,  non  sine  tamen  capitis  nostri  discrimine,  propter 
faEereticorum  in  oostram  Sedem  Lausannensem  immane  concep- 
tum  odium  >. 

La  première  visite  pastorale  eut  lieu  en  1615.  Ce  n'est 
qu'incidemment,  que  nous  savons  qu'une  visite  a  eu  lieu  cette 
année.  Le  Conseil  de  Fribourg  se  demande  "),  si  les  frais  d'en- 
tretien pour  les  députés  du  Conseil  qui  accompagnent  l'évéque, 
dans  sa  visite  pastorale,  doivent  être  supportés  par  le  Conseil, 
et  s'il  ne  serait  pas  équitable  de  les  faire  supporter  par  les 
paroisses  visitées  ;  il  est  décidé,  que  le  Conseil  ne  supporterait 
que  les  dépenses  extraordinaires.  La  visite  a  commencé  après  le 
3  février  1615,  et  elle  a  duré  au  delà  du  16  mars  1C15,  car 
une    décision    de    ce  jour,   prise  par  le  Conseil  de  Fribourg  *), 

')Lau8aiina  sacra,  (ot.74:  Lausaiiaa  cbmtîaDa  :  Joannes  do  Wat- 
teville: Sohmitt,  Mémoires  hist.  II.,  p.  423  et  suivantes;  Mauuale  curie 
episcopalb.  1625-1638.  1641,  1645. 

')  Statuts  Bynodalia,  1625,  Introduction. 

')  Manual  du  Conseil,  3  iévriar  1625  :  Vialtatloa  daa  BlschofeR. 

')  Manual  du  16  mars  1635. 


—     458     — 

nous  apprend,  que  la  consécration  d'une  chapelle  doit  être  fên^ 
voyée  à  plus  tard,  vu  que  l'évèque.  la  visite  terminée,  retour- 
nera en  Bourgogne.  Nous  ne  connaissons  pas  la  date  exacte  de 
la  fin  de  la  visite,  mais  nous  savons  par  une  letlre  écrite  au 
Conseil  de  Fribourg,  en  1625,  que  Jean  de  Waiteville  a  publié 
apr^s  la  première  visite  pastorale  des  Uecès  généraux.  Dans 
cette  lettre,  l'évèque  manifeste  le  désir  de  faire  de  nouveau  une 
visile  générale  <  conforme  à  celte,  qu'il  a  faite  il  y  a  dix  ans, 
tant  seulement  pour  voir  si  les  articles  pour  lors  proposés  et 
établis,  se  mettent  et  se  réduisent  en  exécution  >.  Il  est  à  regret- 
ter que  ces  Recès  soient  perdus;  en  tout  cas  nous  n'en  avons 
trouvé  trace,  ni  aux  archives  de  l'évéché,  ni  aux  archives  d'Etat. 
Nous  possédons  par  contre  une  partie  du  protocole  de  la 
seconde  visite  de  1625.  Nous  venons  de  mentionner  la  lettre, 
dans  laquelle  l'évèque  fait  part  au  Conseil  de  son  intention 
d'entreprendre  une  seconde  visite.  A  cette  occasion,  Jean  de 
Watteville  fait  savoir  au  Conseil  qu'il  a  (grandement  besoin  de 
son  aide  el  de  son  assistance  ;  il  le  prie  de  vouloir  entrer  dans 
ses  vues,  et  de  ne  pas  s'opposer  à  la  visite  pastorale,  d'où  il 
résultera  beaucoup  de  bien  au  point  de  vue  spirituel.  Le  Con- 
seil renvoya  -)  sa  décision  à  plus  tard,  et  pria  l'évèque  de  ne 
pas  trop  hâter  l'exécution  de  son  projet,  pour  ne  pas  imposer, 
vu  le  temps  défavorable  et  la  cherté  des  vivres,  de  nouvelles 
charges  aux  ressortissants  du  canton.  L'évèque  condescendit  au 
désir  du  Conseil,  et  se  déclara  disposé  à  renvoyer  la  visite  à 
plus  tard  ;  l'évèque  et  le  Conseil  écrivirent  dans  ce  sens  au 
nonce  à  Lucerne.  Mais  le  uoDce  ne  voulut  pas  reconnaître  les 
raisons  invoquées,  et  ordonna  que  la  visile  se  fit;  il  répondit') 
au  Conseil,  que  l'évèque  est  obligé  de  faire  la  visite  en  vertu 
des  dispositions  du  concile  de  Trente  ;  c'est  le  devoir  de  l'évo- 
que d'introduire  dans  le  clergé  la  discipline  ecclésiastique,  de 
réformer  dans  son  diocèse  les  mauvaises  habitudes  et  de  sup- 
primer les  abus  et  les  scandales.  Cette  lâcbe  ne  peut  pas  être 
remplie  d'une  manière  plus  efficace,  que  par  la  visite  canonique 
de    l'évoque    du    diocèse  ;    le    pouvoir    séculier  voudra  bien  lui 


•)  Manual  du  CoDsoil,  22  avril  1625. 
■)  Manual  du  19  avril  1625. 

')  Archives  d'Etat.  Carrespondance  des  Nonces.  LeMre  du  7  n 


prêter  son  apiiui  et  travailler  pour  la  gloire  île  Dieu  au  pro- 
grès du  bien  spiiituel  et  temporel  de  aan  re^sortmsaiits. 

La  visite  qui  avait  d^jà  été  commeDcée  en  1623,  eut  lieu 
pendant  l'année  1625  ;  Jean  de  Watteville  la  commença  le 
2  juin  1625.  La  partie  du  protocole  qui  nous  reste  ')  ne  con- 
tient des  renseignements  qu'au  sujet  de  quelques  paroisses  du 
canton  de  Fribourg  ;  le  protocole  lui-même  fut  soumis  au  pape 
Urbain  V  et  confirmé,  et  les  dispositions  furent  mises  en  exécution 
par  dérision  épiscopale  du  23  juillet  1626.  La  visite  terminée,  Jean 
de  Watteville  convoqua,  en  1625,  un  synode  diocésain  pour  as- 
surer l'exécution  des  décisions  prises  à  la  suite  de  sa  visite,  et 
il  y  publia  des  Constitutions  synodales.  Ces  statuts  peuvent  nous 
donner  une  idée  assez  exacte  de  l'état  dans  lequel  se  trouvait 
le  diocèse  à  cette  époque,  vu  que  les  statuts  synodaux  devaient 
nécessairement  prendre  en  considération  les  points  qui,  au  cours 
de  la  visite  pastorale,  avaient  été  reconnus  comme  ayant  be- 
soin de  réforme.  Ce  sont  en  premier  lieu  des  questions  de 
juridiction  et  d'immunité,  de  droit  de  propriété  et  de  discipline 
ecclésiastiques,  la  pastoration,  les  oftices,  l'administratiou  des 
sacrements,  la  vie  religieuse  et  morale  des  fidèles,  l'état  et 
l'entretien  des  églises.  Comme  nous  avons  exposé  ailleurs  ') 
en  détails  les  réformes  que  l'évéque  de  Watteville  jugea  néces- 
saires, pour  le  progrès  spirituel  et  la  réforme  du  diocèse,  nous 
nous  contentons  ici  de  les  avoir  mentionnées  sommairement. 

L'œuvre  de  la  réforme  si  heureusement  inaugurée  par 
l'évèque  Jean  de  Watteville,  pendant  la  première  moitié  de  son 
pontificat,  fut  malheureusement  négligée  par  lui  pendant  la  pé- 
riode^) qui  suivit  le  synode  diocésain  de  1635.  Jean  de  Watte- 
ville  se  retira  dans  son  abbaye  de  la  Charité  en  Franche- 
Comté,  ou  il  passa  une  bonne  partie  de  son  temps.  Il  y 
mourut  en  1649.  Un  quart  de  siècle  devait  se  passer,  sans 
qu'une  visite  pastorale,  ce  grand  moyen  de  réforme,  eût  lieu 
dans  le  diocèse  de  Lausanne. 


n  Watteville  (Kalhol. 


')  Recêa.  Carton  20,  n'  4. 

')  Die  Synodalstatnten  des  Biscliofs  Johani 
Stlnveizerblfitter,  1901). 

')  Voir  encore  les  décréta  de  promulgation  du  jubilé  pour  les  t 
1633  et  1634  (Mandata  et  litterx  pastorales  I  (1639-1758).  n*  S). 


CHAPITRE  QUATRIEME 


Le§  vieites  pastorales  de  l'évéqiie  Josse  Knab 
(1652-1658). 

La  mort  de  Jean  de  Watteville  fut  suivie  d'une  longue 
vacance  du  siège  épiscopa)  de  Lausanne  ;  de  graves  difficultés 
s'élevèrent  au  sujet  de  la  noniinution  d'un  successeur.  Ce  n'ent 
qu'en  1652,  que  le  prévôt  de  la  collégiale  de  Lucerne,  Jodocus 
Knab  '),  un  homme  de  grandes  qualités,  fut  nommé  au  siège 
épîECûpal  de  Lausanne;  il  fut  consacré  le  16  février  1654  et  fit 
son  entrée  à  Fribourg  le  15  du  mois  suivant. 

L'évëque  Knab  n'eut  pas  de  peine  à  ue  convaincre  que 
l'état  religieux  du  diocèse  laissait  beaucoup  à  désirer  ;  iiussi  dès 
son  arrivée,  il  eut  soin  de  préparer  une  visite  pastorale  du 
diocèse'),  qui  commença  le  12  avril  1654.  L'évêque  nomma  des 
délégués  pour  les  différentes  parties  du  diocèse  :  le  prévôt  de 
St.  Nicolas,  Henri  de  Ligritz,  et  le  chanoine  Jacques  Schuler. 
curé  de  ville,  visitèrent  les  paroisses  des  anciennes  terres  du 
12  avril  au  3  mai  ")  ;  le  décanat  allemand  fut  visité  par  Chris- 
tophore  Bircher  *);  les  autres  décanats  du  canton  de  fribourg 
et  le  bailliage  d'Echallens  par  Jacques  Schuler,  doyen  du  cha- 
pitre St.  Nicolas  et  le  chanoine  Henri  Fuchs  (Vulpius),  en  par- 
tie par  le  doyen  Schuler  seuM);  les  paroisses  de  la  Bourgo- 
gne   par    le    doyen    Béeherat.    curé    d'Echallens  ").    En    1655 


'}  Mémoires  bistoriquea  11,  ji.  437  et  suivantes;  Lausantia  cliristiana: 
Jod.  Knab:  Lauaanna  sacra  toi.  Il;  Manuale  curie  episcopalie.  1656  et 
Liber  mandatorum  I  (A.  E,). 

')  Voir  le  décret  dans  lea  Aota  Visilationis.  ti°  11  in  fine. 

')  Acta  Viailationia,  a*  11,  foi.  125-168. 

')  Acta  ViBit.  I.  c.  (ol.  198-99, 

')  Acta  Viait.  1.  o.  fol.  1-121. 

*)  Acta  1,  c,  fol.  21-222.  Les  Recèa  particuliers  pour  la  Bourgogne 
portent  la  date  du  20  mai  1654  :  la  visite  a  eu  lieu  le  4  et  ô  mai  16M, 


461 


l'évêque  ordonna,  pour  Ia  décanat  de  la  Gruyère,  une  seconde 
visite  (visitationis  revisio),  dont  furent  chargés  Jean  Cattila 
(Castella)  doyen  et  curé  de  Gruyère,  et  Jean  Python,  prieur 
de  Broc.    Cette  visite  fut  commencée  le  9  avril  1655  '). 

Celte  visite  générale  du  diocèse  a  été  faite  avec  beau- 
coup de  soiu  ;  le  protocole  -)  est  très  entendu  et  contient  des 
renseignements  précieux  pour  la  connaissance  de  l'état  du 
diocèse  de  Lausanne,  au  milieu  du  17™"  siècle. 

Après  la  visite,  l'évêque  rédiga  les  Recès  généraux  sui- 
vants ')  : 

Ctavis  tabernaculi,  ubi  asservatur  Ven.  Sacramentum,  non 
maneat  in  altari.  sed  asservetur  »  parocho  studiose. 

In  eodem  tabernaculo,  non  asservetur  aliud,  quam  venera- 
bile,  proinde  olea  sacra  et  S.  chi'isma,  que  singulis  annis  reno- 
vari  (lebent,  in  alio  loco  bene  custodita,  sub  clave  clausa  asser- 
venlur. 

Studeant  parocbi  de  modo,  ut  circa  Ven.  Sacramentum 
perpetuum  lumen  ardeat. 

Claudant  baptisteria,  et  claves  pênes  parochum  sint. 

Studeant  p&rochi,  debitis  temporibu-^  renovare  baptisma,  ut- 
pote  in  Vigilia  Pasche  et  Pentecostes. 

In  doctrinam  catechissicham  iiingutis  diebus  Domitlicis  sta- 
tuta  hora  habeant  diligenler,  et  ut  parochiani  eidem  diligenter 
intersint .  conticiant  catalogum  omnium  parochianorum  a  7 
usque  ad  là  annos  inclusive,  quilius  a  sœculari  potestate  juan- 
dabilur,  ut  diligenter  doctrine  catechrsmice  intersint  sub  pœna 
applicanda  ad  lumen  coram  Ven.  Sacramentum  alendum,  vel  ad 
alias  ecclesi»!  nécessitâtes, 

Procurent  diligenter,  ut  statutis  boris,  singuliis  diebus,  mane, 
meridie  et  vespere.  signum  ad  salutationem  angelicam  detur, 

Parochi  studeant  manutenere  jura  parrochie. 

Sacerdotes  omnes  magis  satagere  debent  ut  vasa  sacra, 
corporalia,  purificatoria  sint  munda. 


■)  Acta  I.  c.  fol.  223-24. 

*)  Pour  quelques  parojases  {Villa ra-le-Terroir,  Villars-sur-Gléne. 
GhandoD.  Léchellos.  Lentigny,  Oanenti),  nous  possédons  eu  outre  un  eittaît 
'le  protocole,  fait  avec  aoio  par  Henri  de  Ligritz  et  J,  Kûnig,  qui  contient  de 
riohes  annotations  dëerëtales  (Fteoessus,  n"  5). 

')  Receaflus  communia  1654  (Acta  visiutioni)^,  n'  H.  fol,  I62-lt)9), 


462     — 


Bemppr  a^ittt.  cru^t  in  altari  cum  duobiiR  luminibus  sccen- 
hIh,  ot  DOD  exticguaiit,  tii^i  liuita  Missa. 

Parochl  habeanl  libroe,  in  quibus  notentur  b&ptizati,  ma- 
trlmoulu  junctl,  contirmati  et  defuncLi'). 

CoDqueruntiir  parochi,  »e  non  intéresse  compensis  et  ratio- 
nlbuH  botietidorum  eccleBiu!,  sicut  et  confrateinitatuin,  tamen 
jura  (Icbori'iit  occlesie  manutenere. 

Cœmeterla  a  beRiiis  conservent  immunia. 

Cum  parochi  ctuiquerantur  vol  de  gravamiuibus  sibi  îm- 
lioHitlH,  vel  de  debitls  sibi  non  solutis,  opportet  ut  omnia  eliqui- 
tlcnl ,  et  pi'o  juBlitia  promovenda,  nominatim  et  personatiter 
(lUorehiH  ot  articulos  deponendos  contra  illos  in  singulaii  el 
iiidiviilui),  qui  eos  gravant,  vel  illis  débita  Don  solvunt. 

Conqueruntur  parochi,  quad  eleiiiosinec  quas  siiscipieul  tecu- 
turec,  in  ecctesia  pro  animabus  defunctorum  non  impendant,  pro 
Intentione  benefactorum,  qiiod  legata  ecclesie  sibi  attribuant. 

Provideant  etiani  de  sacrario  in  ecclesiis. 

Ut  suU  altari  non  conservenlur  indecentia 

Parochi  non  audiant  confessiones  in  Saciistia,  nec  in  domo, 
Hed  procurent,  ut  habeant  coufessionalia  in  ecclesîis. 

Abatineant  parochi  a  locis  ha^reticiB,  quantum  tïeri  potest 
ot  In  hospiliis  abstinennl  a  nimio  vino,  ut  non  sint  scandala. 

Diebus  festis  non  laborent  sine  licencia,  neque  ad  nuiidinas 
hii-rviicorum  se  transft^ranl,  neglecto  sacro. 

Cum  parochi  dod  habeant  salarium  sufiiciens,  non  teoean- 
tur  celebrare  nisi  pro  salarie  compeleiiti. 

Neiiio  sine  approbatinne  altari  porlatili   celebret. 

Sacramentunt  Baptismi  non  adminïstretur,  nisi  îa  ecdesïa 
paroctiiati. 

Bnna  et  eleniasina\  quft>  danlur  pro  animahns  defuDCtorsiD, 
non  iiitpfndtntur.  nisi  pro  intentione  benoCactoruoi.  cum  m^tici 
uùsreanl  sua  bon»  cum  iltis. 

Sludeant  DD.  PecâDi  in  visiutîonibus  inspicere  altaria, 
atmm  intègre  lapide  constructs  juxta  ranones.  per  intérim  por- 
tatilibus  celebret. 


')  Ctr.  Si^ailw.  Dk  EKtototiwig  dM  KinrbrabtdMr  in  kalbo- 
Ibcbw  DwttMcklawl  Ui  mit  MiM  év  I&.  Mirhandert.  mbti^er  Ibeofo- 
ïiwk*  4«MtU>Artfl  tsa».  ^  a»  a.):  Luapm.  rthnag  «m  Kln^eM- 
»  te  ROnmattM  (SA««U.  KitekMxilBKg  MO.  a*  34>. 


—     46S     — 


I 


Curent  Domini  seculares,  ut  parochi  sua  urbaria  hene 
purgata  et  liquidata  servent,  ac  legata  pia  nova  insérât  secre- 
tarius 

Ubi  parochi  liabent  capellanos,  procurent,  ut  diebus  Domi- 
nicis  et  festis  miesam  rtiversis  dicant  temporibus,  ut  omnes  eam 
audiant. 

Altaria  non  fundata  et  indecentia  nec  consecrala  vel  (lo- 
tentur,  vel  conserventur,  vel  destruantur. 

Visternens  loquenduni  cum  Dominis  secularibus,  ratione 
excessivoium  suinptuum,  qui  fîunt  in  Kalendis. 

Omnes  parochiani,  siogulis  annis,  com murantes  iu  locis 
hœreticis  vicinis  teneantur,  xaltem  juxta  Constitutiones  EccteBisc  ') 
satisfacere  io  Paschate. 

Parochi  omnes  liberam,  coDcedant  facullatem  parochiauis 
CDufitendi  confessario  approbato,  et  ostendant  fidem  confession! 
factiG. 

Evitanduœ  ne  citaliones  juridicte  et  publicationes  ab  oflî- 
ciali  Feciilari  fiant  in  Ecclesia  vel  in  cœmeteriis. 

Lt^gatus  et  fundationes  debito  modo  iusciibanlur,  et  debi- 
lores  formaliter  se  obligent,  et  a  parocho  juxta  intentionem 
fuudationi»  percipiantur  et  non  a  parochianis. 

Anniversaria  singulis  hebdomadibus  publicentur  diebus 
Dominicis. 

Monendi  sacerdotes.  ut  abstiaeant  a  Dundinis,  nec  ibi  se 
vino  iuebriant,  aut  cum  suis  ancillis  illuc  et  illinc  ambulent. 

Monendi  sacerdotes  ut  abstineant  a  medicinis  », 

Ces  dispositions  concernent  les  édifices  religieux  et  l'élat 
du  mobilier  de  l'Eglise  ;  elles  nous  permettent  de  voir,  dans 
quel  état  se  trouvaient  les  églises,  surtout  à  la  campagne.  L'é- 
véque  recommande  au  clergé  le  soin  des  âmes  et  une  pastora- 
tion  assidue  et  consciencieuse,  il  insiste  surtoui,  pour  que  le 
catéchisme  et  l'instruction  religieuse  se  fassent  régulièrement  \ 
le  curé  doit  bien  tenir  les  registres  de  baptême  etc.,  et  fidèle- 
ment administrer  son  bénéfice,  il  <)oit  assister  à  ta  reddition 
des  comptes  et  détendre  et  sauvegarder  les  droits  du  bénéfice. 
L'évéque  exige,  que  les  abus  dans  l'administration  des  biens 
ecclésiastiques  soient    abolis,  et  que  les    fondations  soient  em- 


')  Coiicile  gijiiêral  ilu  Lalian  1216,  eiiap.  21. 


—     464    — 

ploy^eB  selon  l'intention  des  foodateuiR.  Les  pubticationB  con- 
cernant les  affaires  temporelles,  ne  doivent  pas  se  faire  à  l'é- 
glise ni  au  cimetière  ;  il  est  défendu  de  travailler  le  dimanche 
et  de  manquer  l'office,  lea  jours  de  fôte,  pour  fréquenter  les 
foires  des  endroits  protestants.  L'évêque  exige  la  suppression 
des  abus  et  deB  excès  qui  se  commettent  à  certaines  occasions 
et  insii'te  sur  te  devoir  de  faire  ses  Pâques. 

Ces  dispositions  générales  furent  complétées  pour  les  diffé- 
rentes parties  du  diocèse,  ou  pour  des  endroits  déterminés, 
par  des  Recès  particuliers,  que  nous  signalons  également  comme 
une  source  abondante  d'informations  '). 

L'évoque  Knab  ne  se  contenta  pas  de  faire  des  décrets, 
il  eut  également  soin  d'en  faire  assurer  l'exécution.  Dans  ce  but, 
il  dressa  une  liste  des  points,  au  sujet  desquels  il  voulut  s'en- 
tendre avec  le  pouvoir  séculier,  en  vue  d'en  obtenir  l'exécution. 
C'est  un  chapitre  très  intéressant  de  l'histoire  des  relatioDB 
entre  l'Eglise  et  l'Etat  dans  le  diocèse  de  Lausanne  ;  nous 
pouvons  y  voir  le  rôle  du  Conseil  de  Fribourg  dans  le  domaine 
des  affaires  ecclésiastiques.  Des  négociations  doivent  également 
être  entamées  avec  le  chapitre  St  Nicolas  au  sujet  des  parois- 
ses incorporées  au  chapitre.  L'évoque  ajoute  finalement  encore 
une  ordonnance  au  sujet  liu  tribunal  eccléïniastique  et  des  fonc- 
tions du  Consistoire  épiscopal.  En  voici  le  texte  ')  : 

Quid  tradandum  cttm  Dominis  secularibus  : 

I  Procurandum  mnndavit.  ut  omnes  ditigenter  doctrine  cate- 
chislice  intersint  sub  pœna  npplicanda  ad  lumen  coram  Venera- 
bili  Sacramento  alentlum.  vel  ad  alias  Ecclesiif  nécessitâtes. 

Videndum  ut  cogantur  rustici  adniittere  parochos  quando 
redduntur  raiiones  de  bonis  ecclesie,  confraternitatibus  et  aliis 
eleemosinis,  et  inhibendum  ne  illis  abulantur  in  compotationibus 
vel  ad  alios  usus  contra  intentionem   benefactorum  applirando. 

Âdmonendi  Domini  magistratus,  ut  promoveant  justitiam 
pro  debitis  juribus  eccleBiasticorum. 


')Acta  viBitalioiiis  l.c.  fol.  179-201. 

*)  Quid  traotandum  cutn  Daminis  seuukribiH,  cuiti  Duminii  caoo- 
oiciB.  Ad  Dominura  Vicarinm  generalem  (Aota  visîtationis  lfô4  1.  o,  M, 
204  et  HuivBDts). 


465 


Cogendi  rustici  in  Prevondavo,  ut  agnoacant  propriam  paro- 
cbiana  ia  Wissens, 

Tractandum  ratione  prioratus  Setnpsalis.  qaod  ODeratunt  e^t 
pensione  annua  quadraginta  coronaruoi  pro  D.  Decano  Îd  Esche- 
leDs  et  jam  antehac  quadraginta  aliis  coronatÎB  pro  hospitali 
FriburgGDsi,  spectat  autem  ad  venerabile  capitulum  S.  Nicolai 
justa  teaorem  Bulle  Pootiticie. 

Iq  Nfessier  domîDus  loci  admonendus  ut  solvat  jura  paro- 
chialia,  et  esamiDandum  cur  parocbiaui  ibidem  includant  bona 
sua,  parocho  autem  permittere  noliut. 

RatioDe  excessivorum  sumptuum  qui  fiunt  quotanuis  in 
Visterneus  pro  kalendis  vel  distributione  eleemosinarum. 

lo  Corbier  ut  mulieres  ingrediantur  ecclesiam  diebua  festis 
et  DominiciB  pro  audieudo  sacro. 

Esaminandum  quomodo  faciendum,  ut  subditi  commorantes 
in  locis  hiereticie  in  Paschate  debito  satisfaciant,  maxime  in 
Lessoc  et  Albigî. 

Cogantur  parocbiani  in  Griaie  reddere  rationem  parocbo 
fundalionis  parochie. 

Cogendi  DD.  Buman  ut  documenta  et  jura  ecclesie  que 
pênes  se  habent,  parocho  trudant,  cum  redditus  ad  Ipsum  spec- 
tent  tum  etiam  ratione  fundationis   perpetui  Juminis. 

Procurandum,  ne  citaliones  juridicte  et  publicationes  ab 
officiait  seculari  fiant  in  ecclesiia  vel  cœmetenia. 

Cogantur  débiteras  formaliter  se  obligare  ratione  fundatio- 
nis que  a  parocbis,  non  a  parocbianis  perlcipi  debent,  si  fiant 
cum  ouere  parochi. 

Videndum  an  Cfaandon  et  Escelle  non  possînt  redigi  in 
unam  parochiam. 

Cogendus  D.  de  PraromaD  Lausannensis,  ut  mauuteneat 
capellam  in  Ëcclesia  Cheire,  juxta  sententiam  a  magistratu 
jam  latam.  tune  etiam  ratione  decimarum  juvandus  parochus. 

Agendum  ne  domini  prefecti  prohibeant  ruaticis  faculta- 
tem  petere  a  parocbo  pro  laboribua  diebus  teRtis  exercendis. 

Inquirendum  qua  ratione  imposita  sit  pensio  cappellis  in 
Bossonens  sicuti  et  apud  S.  Martinum. 

Loquendum  ratione  Novalium. 

Piobibendum    Quennet.  ne     accipiat    oblaliones    cappelle 


46e    — 


B.  (Jorgonil  In  Nierlet,  eicut  et  parochiants  in  Bjei  ad  S.  Ursum, 
a<l  S.  Wolf^angum.  ad  S.  fïilvcstrum. 

Cogeodi  parocbiani  in  Grisacb,  ut  hooeste  fundent  pro 
[larocho  alendo. 

Provideatur  ut  rustici  in  Valleubuoch  reddant  raiiones  fun- 
(latlorium  \}T0  cappella  dicli  toci. 

l^fficlatur  ut  BËrnenses  manu  t  en  eau  t  ecclesias  in  Besingeo. 

Provideatur  ne  rusticî  in  Tidingeo  impediant  fitodationes 
«t  l^KBta  pro  ornainentis  cbori  et  majoris  altarîs. 

Cogatitur  ruetici  ettam  relinquere  parocho  claves  ecclesie. 
i|Uod  preHertim  in  Marlier  non  fil 

RatioDe  rloctrioa^  chrÎHlianu'  in  pai'ochiis,  iu  quibus  parocbi 
conqneruntur  parochianis  eaudem  non  frequentare. 

Utriim  non  consultum  sit  ut  doctrina  christîana  habeatur 
ad  S.  Joannein  et  ad  S.  Auguatinum  loco  bospitalie,  cum  ex 
bospilali  facile  possit  iri  ad  ecclesiam  B.  Virginia. 

Provideiidum  circa  ludimagistrum  de  aliquo  medio,  cum 
senlo  confectUB  negligat  juventutein. 

OpuH  est  brachio  seculari,  ut  capellanus  ille  olim  ad 
t).  Dionysiuni  jain  citatus  sed  non  compareus  ducalur  Friburgum 
ad  respondendum  quereli»  contra  ipRum  depositis. 

Qualité!'  se  babeat  negotium  controversum  inter  Priorem 
do  Saioct  Sales  et  parochum  de  S.  Martin  de  Voix. 

Circa  Fcclesiam  novam  zur  Hûe  et  rualicos  ratione  paro- 
chlœ. 

Cum  Dominis  can&nicis. 

Ut  procurent,  ut  in  suis  incorporalis  eccieaiis  ardeat  lumen 
corain  Venerabili, 

Circa  doctriunin  cbvislianam  in  ecclesiis  incorporalis  et  pre- 
sertim  in  Tidingon,  ratione  capellie  S.  Wolfgangi,  ubi  datur  fun- 
datus  catechlsmus  et  ratione  capeilte  zur  Scbniitlen. 

Ratione  parochiie  Gonnul,  ubi  parocbus  nescit  linguam 
gallican)  et  negligunlur  parocbîani,  qui  nesciunt  linguam  germa- 
nicani. 

Ut  iniltant  bullas  pro  7  altaribus  renovandas. 

Ad  Dominum    Virarium  generalem,  etc. 

Ilestilutio  censistorii,  ubi  patitur  defectum.  In  quo  Vicariuâ 
prii'est  et  fert  sententiam,  singulis  sepiimanis  habeatur.  Taxant 
non  excédât  ei  pro  una  causa  sotum  una  laxam  extorqueat. 


467 


Juranientum  praistanâum  a  DD.  Vicario,  Fiscali,  etc.,  no- 
tai'jus  etiam  pricstabit  jiirameiilutn. 

Consignanda  Acta  VisitatioTiis  et  recesaus  Decanorum 
Domino  Vicario  ut  redigaatur  ad  acta. 

Consigiianda:  querelœ  depositii!  contra  aliquos  sacerdotes 
D.  FiBcali,  ut  ipsos  citet,  D.  Ofticiati  prîesentet  secundum  jura  et 
canones  puniendos  et  absolvendos. 

Vicarius  omoia  instrumenta  arrelegat  et  subscribat  necnon 
a  t^igillifero  sigillo  ofiicialatus  seu  Vicarii  subsignari  faciat. 

NB.  Taxa  pro  scripturis  et  sigillo  non  excédât  décréta  a 
Concilie  Tridenlino. 

Qui-e  occurrunt  circa  sacerdotes  defunctos  huiusque  usur- 
pata  in  parttculari  charta  invenjuntur  notata. 

Parochi  nescientes  utramque  linguaœ  utantur  subinde  opéra 
PP.  Capucinorum  et  Jesuitaium  qui  utramque  sciunt  >. 

Ces  indications  nous  donnent  une  idée  assez  exacte  des 
relations  entre  le  pouvoir  spirituel  et  temporel  de  celte  époque, 
ainsi  que  des  points  qui  avaient  besoin  de  réforme. 

La  tâche  de  l'ëvëque  ne  fut  pas  facilitée  par  le  cbapitre, 
de  St  Nicolas,  contre  les  empiétements  duquel  l'évéque  eut  à 
défendre  à  différentes  leprises  la  juridiction  épiscopale.  Le  cbapitre 
s'opposa  également  â  la  visite  de  l'évéque  comme  nous  l'apprend 
une  lettre  de  l'évéque  à  l'abbé  d'Hauterive  ')  :  «  Le  pape 
nous  exhorte,  nous  les  évéques  transalpins,  à  visiter  nos 
diocèses  et  à  célébrer  des  synodes  ;  mais  comme  le  pré- 
vôt et  les  chanoines  prétendent  être  exempts  de  l'autorité 
de  l'ordinaire  et  que  je  ne  veux  pas  les  visiter  en  qualité  de 
délégué,  pour  ne  pas  préjudicier  â  mon  droit,  ni  à  celui  de  mes 
successeurs,  puisque  cette  exemption  n'est  pas  encore  prouvée, 
et  comme  le  reste  du  diocèse  a  déjà  été  visité,  je  ne  puis  pas 
célébrer  un  synode  >. 

L'évéque  Knab  mourut  le  4  octobre  de  la  même  année,  en 
1658.  .\près  sa  mort,  tes  prétentions  du  duc  de  Savoie  à  ta  nomi- 
nation du  siège  épiscopal  de  Lausanne  occasionnèrent  une  seconde 
fois  une  longue  vacance  du  siège,  qui  dura  quatre  ans.  Le  vi- 


')  Lettre  du  28  av 
nale)  ;  Mémoires  II,  p.  4 


.  {Correspond  a  a  ce  Hauterive,  Bibl.  caato- 


468 


Caire  général.  Henri  Viilpius,  crut  devoir  entreprendre  entre 
temps  une  visite  pastorale  qui  eut  lieu  en  1660  '). 

Le  20  seplembre  de  ia  même  année  le  Vicaire  général 
présenta  au  Conseil  de  Fribuuvg  un  rapport,  au  aujet  duquel  le 
Conseil  prit  les  décisions  suivantes  '1  :  «  Ayant  noire  très  cher 
orateur  le  K.  Seigneur  Vicaire  géuéral,  dit  le  Conseil,  dans  sa 
dernière  visite  générale  sur  notre  pais  remarqué  et  découvert 
quelques  defTault  et  communiqué  les  noms  pour  y  remédier  de 
bonne  heure  : 

Et  premièrement  le  peu  d'expérience  dans  les  articles  de 
la  foy,  que  les  enfants  de  nos  subjects  ont,  et  d'autant  que  cela 
ne  procède  que  de  la  négligence  des  parents,  lesquels  le  soin 
paternel  doit  obliger  de  faire  instruire  leurs  enfants  dans  [le 
catéchisme]  que  tes  Seigneurs  curés  sont  obligés  de  tenir  tous 
les  dimanches,  nous,  en  rénovation  des  précédents  mandements, 
nous  commandons  d'envoyer  nos  enfans  au  catéchisme  sous 
l'offence  de  10  sols,  que  le  Seigneur  curé  et  les  jurés  devront 
chaque  fois  retirer,  sans  aucune  grâce  des  défaillants,  pour  les 
appliquer  au  maintien  de  l'église. 

Outre  quoi  en  rafraîchissement  de  notre  mandat  du  8  juil- 
let dernièrement  passé,  touchant  les  discours  scandaleux,  pactes 
et  contrats  sur  les  cimetières  pendant  la  sainte  messe  et  le  ser- 
vice de  Dieu,  ne  permettant  aussi  que  l'on  se  transporte  sur 
les  lieux  huguenots,  en  négligeant  la  sainte  messe,  les  fêtes  et 
dimanches.  Comme  aussi  de  travailler  les  fêtes,  comme  plusieurs 
s'y  plaisent  sans  permission,  comme  étant  un  grand  péché  mor- 
tel, lesquels,  cas  advenant  de  contreventions.  nous  seront  r&p- 
portés  comme  infracteurs  des  fêtes,  à  ce  que  les  fractions  tirent 
&  une  peine  condigne  à  leurs  fautes. 

Tiercement,  et  en  rénovation  d'un  de  nos  mandata  naguère 
émané  touchant  les  biens  d'église,  lesquels  ue  peuvent  bonne- 
ment être  laissés  entre  les  mains  des  gouverneurs  d'église, 
crainte  qu'ils  ne  soient  despenséa  et  ainsi  non   deuement  appli- 


')  Nous  D'en  avons  qae  le  protocole  pour  le  dëcanat  d'E^tavayer 
(RecesBus,  N'  6.  6  ^^eptembre  1660). 

*}G«istl.  SacbeD  :  Ev«ché,  1466-1679  (20  septembre  1660)  ;  Maaual 
du  Conseil  du  20  septembre  1660.  Le  manual  ûontient  en  outre  quelques 
dispositioca  spéciales  que  nous  omettons. 


469 


qujs,  si  voulons  que  des  biens  Boit  donné  compte  annuellement 
ftu  Seigtieiir  banneret,  soit  au  baillif.  soit  au  Vassal  ou  a  d'au- 
tres qu'ils  ordonnent  en  priSsence  du  Seigneur  Curé. 

Finalemeot  Bur  le  plaintif  dudit  R.  Seigneur  Vicaire  que 
plusieurs  de  nos  sujets,  aussi  eu  choses  purement  spirituelles  et 
sacramentales,  quoique  cités  en  cour  épiscopale,  ils  u'y  veulent 
cODiparattre,  voulons  qu'en  semblable  cas  ils  s'y  doivent  sister 
sans  occasionner  d'autre  plaintif.  A  quoi  un  chacun  se  sache 
comporter.  Le  21  septembre  1660  ». 

Le  Conseil  de  Fribourg  a  donc  fait  droit  à  la  requête  du 
Vicaire  général  et  a  décidé  d'y  porter  remède,  en  faisant  plu- 
sieurs dispositions  visant  les  abus  signalés  dans  le  rapport  du 
visiteur. 

Le  diocèse  eut  de  nouveau  un  évëque  en  1662;  ce  fut 
Jean-Baptiste  Strambin,  un  homme  plein  de  zèle  pour  la  disci- 
pline ecclésiastique  et  d'une  énergie  et  d'une  fermeté  peu  com- 
munes. Déjà  la  lettre  qu'il  adressa  au  clergé  et  aux  fidèles  du 
diocèse,  le  4  octobre  1662,  nous  fait  voir,  dans  quelle  direction 
l'évéque  Strambin  allait  exercer  son  ministère  episcopal  et  rem- 
plir   ses    fonctions  de  pasteur'):  c  Ingens  ac  vehemens  deslde- 

rium in  vinea  Domini  Juxta  talentum  cœlitus  acceptum   labo- 

randi,  prEesertim  pro  grege  commisse,  cul  nec  consilio  nec 
auxilio  unquam  deerimus,  immo  parati  animam  pro  ovibus  ponere  ». 
Mgr  Strambin  arriva  à  Fribourg  le  8  avril  1663,  où  il  fut 
reçu  avec  beaucoup  d'honneur. 


')  Litlera  paatoralis, 
Strambin,  p.  16-19. 


mpriniée  (ian^  les  CoDstitutiona  synodales  de 


CHAPITRE   CINQUIKME 
Les  TiHftes  pastorales  de  Jean-Baptist«  Strambln 

L'évéque  Strambin  ')  commença,  dès  son  arrivée,  à  se  ren- 
dre compte  de  l'état  du  diocèse.  Au  mois  de  mai  1663  il  en- 
treprit la  visite  pastorale  qui  dura  jusqu'à  la  fin  du  mois  de 
novembre.  L'évéque  fit  une  statistique  des  dëcanals  et  des  pa- 
roisses '),  dressa  une  liste  de  l'état  primitif  du  diocèse  ")  et  le 
parcourut  en  visitant  un  décaiiat  après  l'autre  *),  Au  mois  de 
mai  nous  le  trouvons  dans  le  canton  de  Soleure,  par  où  il  com- 
mença la  visite  '),  le  2  juin  à  Estavayer,  le  26  juin  à  Bulle,  le 
16  août  à  Romont,  le  20  à  Châtel,  le  23  à  Gruyère  et  le 
30  novembre  il  fut  de  retour  à  Fribourg  "),  Pendant  les  petites 
interruptions  qu'il  fit,  l'évéque  visita  les  différents  couvents  et 
maisons  religieuses  ''). 


'}  Mémoires  historiques  II,  p,  444  et  suivantes  :  Lau  sa  Dit  a  Christian  a: 
J.  B.  (le  SCrambino:  Lauaaiina  sacra,  toi.  78;  Maouale  curie  episcopaliij 
1662-65,  1670,  1674-86,  1678-1684. 

')  Receasus,  n'  6  ;  Acla  visitationia.  va!.  13,  fol.  10-S!5. 

')  Status  eccl.  et  episcop,  Laus.  prout  erat  In  suo  primo  statu  (Status 
episcopalis  I),  p.  39-49):  Status  epiacop,  Lau9.  quoad  apiritualia  (!■  c.  II 
p.  19-28). 

')  Liber  Visilationis  a  R.  D.  Joa.  Bapt.  Slrambino  inceplie  et  poracl» 
in  diœc.  Laus.  anno  1663  (Acta  visiUlionis,  vol.  12)  ;  Receasus,  n'  6. 

■)  Lomiawyl  fut  viait^par  le  ioyen  Sohwaller,  de  Beltaux,  qui  aceoiti- 
pagna  sans  doute  l'évequofActa  vol.  12).  Voir  le  protocole  dans  Acta  vol. 
l.'i,  fol.  201-209. 

')  Le  protocole  pour  loa  différents  déeanats  ae  trouve  Acta  visitatiouta, 
vol.  13:  Fribourg  (fol.  26-34),  dccanat  allemand  (fol.  35-49),  décanatd'A- 
venclies  (fol.  49-64),  décanat  de  Betfaux  (fol.  65-76),  décaoal  d'Eslavayer 
fol  77-95),  détanat  de  Bulle  (fol.  96-112),  décanat  de  Romont  (fol.  113-124), 
décanatde  La  Roche,  (St.  Maire)  (fol.  137-144).  décanat  d'Echallens.  (S.  Amé- 
rtûe)  (fol.  145-151).  décanat  d'Eo-Haut,  (S.  Protais)  (fol,  153-73),  décanat  de 
Rue,  (S.  Henri)  (fol.  175  -87),  décanat  de  la  Jnugne  en  Bourgogne,  (S.  Guil- 
laume) (fol,  189)  ;  décanat  de  Neuciiàtel,  (S.  Boniface)  (fol.  193-95). 

')  Entre  le  27  mai  et  le  29  oi-lohw  1663,  AcU  vol,  13.  foi.  3-5. 


471 


Lors  de  cette  visite,  le  commandeur  de  Saint  Jean  à 
Fribourg  et  le  chapitre  St  -  Nicolas  s'opposèrent  à  ce  que 
leurs  églises  fussent  visitées.  L'évêque  en  appela  à  Rome  et 
l'un  et  l'autre  durent  se  soumettre.  Le  droit  des  évoques  de 
visiter  les  commanderies  avait  déjà  été  statué  par  la  bulle  de 
Pie  V  du  12  septembre  1571  '),  de  sorte  que  la  commanderie 
de  S.  Jean  ne  pouvait  pas  se  soustraire  à  la  visite  de  l'évê- 
que. 

Le  chapitre  de  St  Nicolas  se  prévalut  de  son  exemption 
de  la  juridiction  épiscopale  ;  mais  en  vertu  d'une  sentence, 
rendue  par  le  nonce  Borromée  le  13  août  1665  *),  l'évêque 
avait  le  droit  de  visiter,  dans  ses  visites  générales,  l'église  de 
St  Nicolas  ^)  et  les  paroisses  incorporées  au  chapitre  *),  pour  ce 
qui  regarde  le  soin  des  Âmes  et  r&dministration  des  sacrements. 

Les  renseignements  que  l'évêque  recueillit  dans  le  cours 
de  sa  visite  ^}  et  les  annotations  (defectus  et  annotationes  de- 
cretales)  qu'il  fit  insérer  dans  le  protocole  de  la  visite,  sont  pour 
l'histoire  du  diocèse  de  cette  époque  de  ta  plus  haute  impor- 
tance. 

Après  la  visite  de  1663,  l'évêque  Strambin  rédigea  des 
Recès  généraux,  qu'il  promulgua  le  1"  janvier  1664.  En  voici  le 
texte  ')  : 

«  Nos  Joannes  Baptista  de  Strambino  ex  comitibus  S.  Mar- 
tini, Dei  et  apostolicse  sedis  gratia  episcopus  et  cornes  Lausan- 
nensis,  sacrique  Romani  Imperii  princeps,  etc. 

Notum  facimus,  quod  ecclesias  nostre  diœcesis  in  ditione 
Frlburgeasi  visitantes,  ea  quee  in  eis  desiderari  animadvertimus, 
per  bos  générales  Recessus  visitationîs  nostre,  parochis  diœce!^Î9 
nostre  submissis  indicare  voluimus,  ut  defectus  corrigantur  et 
décora  ecclesiarum  conserventur. 


')  Imprimée  daos  tes  ConatitutioDa  aynodalea  de  Strambin,  p.  214  et 
suivantes. 

')  Sutnmarium  B  'i,  Mémoirea  biator.  11.  p.  451. 

')  Statu»  epiacopalis  I,  fol,  43-64. 

')  Voir  la  liste  Status  epiacopalia  1.  fol.  238  aa, 

')  Voir  la  liste  dea  égliaes  et  paroisses  vlaitées  en  1663  (Status  épia- 
copalis  II,  fol.  29-39). 

*)  Receasua  générales  1663  (Recessaa,  n'  6,  Libei- Visitation is  a.  1663, 
vol.  12  In  due). 


^mBM 


•Bai  oadma^a^^nc 

L  M  «M*  al  sMm       -| 


;  a^ribm  scariiiBa  «■«(■•  ■■■  | 


tionem.  els  mandantes,  ne  cum  ancîllis  Buis  ad  nundinas  aut 
emptiones  renim  necessariamin  ad    loca  hferetica    se   conférant. 

Inhibemus  ctiam  presbiteris  compotationes  et  lusus  pubii- 
cos,  Bpecialiter  vero  ebrietaiem,  sicuL  etiam  saltus  publicos  et 
privatos  cum  mulieribu!',  cum  indecens  sit,  eos  qui  divine  minis- 
terio  inserviuut,  simitia  peragere. 

Energumenorum,  nobis  inconsullis,  niitlus  exorcizandus,  nisi 
prius  a  nobis  licentiam  obtinuerit. 

Sacerdotes  etiam  quibus  cura  animarum  incumbit,  quatuor 
distinctes  libre»  habeant,  in  quibus  cum  requisila  diligentia  no- 
mina  baptizatorum.  confirmatorum,  matrimonium  contrabeutium 
et  defunctorum  inscribant. 

Parochi  quoque  procurent,  ut  serta  tecta  ecclesiarum  et 
(loniorum  pastoralium  conserventur  ab  lie,  qui  de  jure  ad  hoc 
lenentur. 

Osuaria  sive  loca  in  quibus  ussa  defunctorum  deponuntur, 
bene  et  débite  conserventur. 

Mandamus  etiam  presbiteris,  ne  in  causis  matrimonialibus 
se  iinmisceant,  tiec  sub  quolibet  quEcsito  pretextu  decisionem 
emitlant  sub  pœnis  arbitrariis  eïs  infligendis,  si  in  similibus 
auctoritati  nostrEG  contrariis  quampiani  decisionem,  etsi  amica- 
bilem,  emittere  priesumpserint, 

Cuilibet  etiam  presbitero  et  parocho  hujus  nostrœ  diœce- 
sis  injungimua,  ne  iillam  dûspensationem  super  bannis  ecclesias- 
licis  sive  denuuiialionibus,  nisi  officii  nostri  sigillo  et  subscrip- 
tione  nostra,  sive  in  abseiitia  nostra  D.  Vicarii  geoeralis  nostri 
eodem  sigillo  nostvo  adhibita  admîLtant. 

Baptisteria  sint  separata,  ut  per  foraroen  feeces  efHuere 
possint  in  piscinain. 

Invigilent  etiam  parochi,  ut  sacram  supellectilem  lotam  et 
mundam  semper  habeant,  ipsi  etiam  Inriditatem  in  vestibus 
fugiant  crinesque  decenter  rescindant  nec  luxum  in  vestibus  et 
gestibus  quicrant  aut  sectentur. 

Medicinam  sacerdotum  nullua  exercere  prœsumat  quavis 
ratione,  nisi  ipso  facto  irregularitatem  incurrere  velit, 

Parochi  etiam  juxta  Uitualo  defunctorum  corpora  bumo 
mandent  et  obsequia  funeris  prœstent,  inhibantes  ipsis,  ne  ad 
beneplacitum  suum  ceremoniis  inusitatis  utantur. 

Expresse  prohibemus  etiam  venationem  omnibus  et  singu- 


—     474     — 

lis  diœcesis  nostr^  presbitcris.  maxime  vero  pulveris  nitrati  et 
catapuUarum  usum  atque  delalioiiem. 

iDliibemus,  ne  missa  seu  Officium  defunctoruni  fiât  diebus 
dominicis  et  festivis,  si  Butem  funus  prsesens  aderit,  cotiformet 
se  parochus  Missali  Romano. 

Mandumus  quoque  parocho,  ut  Rituali  Romano  utatur, 

Ne  error  »equatur  super  dispensationibus  circa  gradiis 
consanguinilatis  aul  aflinitatis,  mandanius  parochis  et  quibusvis 
presbiteria,  etiam  religlosîs  nostra;  diœcei^is  sub  pœna  suspensio- 
nis  a  divinis,  ne  pnesumant  coDJungcre  matrimonialiter  dispeu- 
satoa,  nisi  prius  dispensalio  obtenta  a  nobis  recognita  fuerit, 
juxta  Concilii  Tridentini  dispoKÎMonem  '). 

Inlendimus  ut  decani  rurales  et  parochi  juxta  Bullas  pon- 
tifîciaa  et  décréta  *)  intersiut  ralionibus  quotanuis  reddendis  a 
syndicis  laicis  eeclepîarum  et  BBcellorum  eujusvis  loci  et  paro- 
chiœ  circa  eieemosînas  collectas,  aut  oblationes  quocumque  no- 
mine  Duncupatas,  ut  sciamus  an  débite  appliceiitur  et  ad  volun- 
tatem  offerentium,  et  si  renaerent  prœfati  syndici,  parère  huîc 
mandato,  certiores  fieri  cupimus  pro  opportuniore  remedio, 

Quorum  Uecessuum  et  dîspositionuni  nostrarum  actum  expe- 
diri  et  cuilibet  parocho  nostrœ  diœcesis  trausmitti  curavimus, 
tnandanteB  parochia  et  t^aceidotibus,  ut  se  iisdem  conformeut.  Id 
quorum  fidem  présentes  manu  et  sigillé  nostris  munivimus.  Fri- 
burgî  die  1  januarii  1664,  > 

Nous  remarquons  que  ces  ordonnances  de  l'évêque  concer- 
nent en  premier  lieu  les  devoirs  du  ministère  et  de  la  pastora- 
tion,  le  catéchisme  et  le  sermon. 

Le  clergé  doit  servir  d'exemple  aux  fldèles  par  sa  bonne 
conduite  et  tout  éviter  qui  ne  serait  pas  en  harmonie  avec  la 
dignité  sacerdotale  et  la  charge  de  pasteur. 

Les  curés  doivent  aussi  veiller  sur  le  droit  de  propriété 
ecclésiastique  ;  le  mobilier  de  l'église,  le  cimetière  doivent  être 
en  bon  état,  les  livres  de  baptême,  de  confirmation,  des  ma- 
riages et  des  décès  doivent  être  bien  tenus,  etc. 

Un  second  moyen  de  réforme  fut  pour  Strambin  la  publi- 


')  Sess,  XXIV,  De  reforra.  matrimoDii  c.  4et  5. 

■)  Conc.  Trid.  Sess.  XXII,  de  reform.  c.  6 ,  Seas.  XXIV.  de  retotm. 


475 


cation  de  ses  constitutions  synodales.  Il  entreprît  la  revision 
des  Statuts  synodaux  du  diocèse  en  élaguant  les  dispositions 
surannées  et  en  ajoutant  de  iiouvelles.  Il  les  confirma  et  les 
approuva  de  nouveau,  les  fit  imprimer  et  ordonna  au  clergé  ') 
de  se  les  procurer  et  de  s'en  servir  comme  ligne  de  conduite 
(15  septembre  1665). 

L'année  suivante,  le  25  avril  1666,  Strambin  commença 
sa  seconde  visite  générale  du  diocèse  '),  qui  fut  faite  pendant 
les  années  1666  à  1668*).  Dans  te  protocole  de  la  visite,  Stram- 
bino  nous  donne  les  noms  du  clergé  du  diocèse  *).  la  liste  des 
paroisses  et  le  nombre  des  catholiques  et  des  habitants  du 
diocèsi.'  '].  Les  églises  paroissiales,  d'après  les  indications  de 
l'évêque,  étaient  au  nombre  de  135,  les  chapelles  de  145,  les 
prêtres  de  250,  les  couvents  de  femmes  de  10,  les  couvents 
d'hommes  de  13,  les  «  animœ  communicantes  *  420,822,  les  <  auimffi 
non  communicantes  >  220,652,  les  *  anirnse  in  tota  diacesi  » 
630.584;  le  nombre  des  confirmés  en  1663  était  de  150,G76(!) 
et  lors  de  la  seconde  visite  70,235  (!)  "), 

La  visite  pastorale  couimença  te  25  avril  1666,  par  les 
paroisses  du  canton  de  Soleure  ');  après  Soleure  furent  visités 
à  diiTérentes  époques  et  à  des  intervalles  plus  ou  moins  grandie 


')  Decfetaet  Constitution  es  synodales  1665,  p.  22.  Voir  pour  ]'1uh  de 
(liSlails  mes  n  Beitrâge  zur  Synodalgesetzgebuug  der  Diâzese  Lausanne  im 
siebïelinten  Jahrliundert  (Kathot.  Scliweiierblâlter,  1902  et  1903). 

')  Slalus  episcop.  I,  fol.  17  :  h  Post  impressionem  Constîtutionum 
fiynodalium  îterura  pro  secunda  vica  D.  J.~B,  do  Stranibino  incepit  Buani 
VisiUtionem  a.  1666,  die  25  Api-itis.  » 

^)  Al^t'a  ïisilatioaispeFaoDaliterfactœa.  16â6(Actavigilationis  vol.  14). 

')  Acttt  vol.  14,  fol.  11-31. 

'}  Acta  vol.  U.  fol.  33-38. 

')  Il  est  impossible  que  ces  eliiflfas  soient  exacts.  Lea  indications  se 
contredisent  en  partie  oUes-mêmos.  En  1663  le  nombre  des  paroisses  était 
de  139  et  celui  des  uonlirméa  15,420  (Acta  visit.  vol.  13,  toi.  10  et  as.);  d'a- 
près lo  Status  episcop.  1,  (ol.  336,  le  nombre  des  conHrmés  en  1663  était  de 
15,325,  et  le  nombre  des  paroisses  en  1666  de  135. 

')  Acta  visitetionis,  vol.  14,  toi.  38-48  ;  Status  episcopalis  I.,  fol.  17- 
42  qui  fait^cette  remarque:  a  Tota  civilas  Solodorensis  usque  ad  fluvium 
est  ex  diœcesi  Lausannensi;  supradlcUe  (Solearo,  Oberdorf,  St.  Nicolas. 
Flamenlhal,  Sahach,  Grencben)  omnai  Fueruni.  visitât»  in  anno  1669, 
1673.  1677  b.   C(r.  Si  -11.33. 


-     476     — 

les  autres  dëcanate  du  diocèse  ').  Les   Recès  généraux  de  cette 

visite  furent  publiés  le  4  novembre   1668  ^)  : 

<  Visitantes,  quœ  nevja  in  ea  desiderari  aninia(lvertin)U9, 
hisce  indicare  voluimus,  luni  ut  defectus  corrigantur,  tuui  etiani 
ut  décora  Ecclesiœ  servenlur. 

Et  cuni  nihil  prius  habeamus  quam  ut  augustisstmo  Alta- 
ris  Sacraraento  débita  reverentia  exhibeatur,  volumus  et  injun- 
gimuFi,  ut  coram  eo  lumen  adsit  perpetuum,  quod  parochi  et 
parochiani  procurabunt  et  pro  eo  applicari  poterunt  mulctte 
émergentes  ex  inobservatione  featorum. 

Defuncio  uno  parocho,  decani  et  junioros  parochi  exacte 
procurabunt,  ne  heredes  defuncti  ulla  instrumenta,  scripturas, 
libros,  Consti'uliones  synodales,  présentes  Recessus,  aliaque  simi- 
lia  ad  ecclesiam  pertinentia  asportare  ullo  modo  présumant. 

Virtute  preseulis  decreti  cassamus.  annullauius  et  profa- 
uamus  oninia  et  siiigula  altaria  portatilia,  quibus  non  est  sepul- 
chrum  sanctarum  reliquiarum. 

Sicut  autem  onines  eamdem  fidem  et  Ecclesiam  profitemar, 
ita  in  ejus  approbatis  et  iinperatis  ceremoniis  uniformes  esse 
deccl,  quaie  parochi  non  permltteut  usum  allerius  cantus  quam 
gregoriani.  nec  pio  lîbitu  aliquid  innovabunl. 

Et  ideo  in  procession! bus  et  exequiis  defunctorum  cavebunt 
adhibere  aliquas  prosas  aut  cantiones  ab  Ecclesia  non  usitatas. 
maxime  vero  in  Libéra  me  Domine  non  adhibebunt  carinina  ab 
Ecclesia  non  approbata  et  exequise  fient  juxta  Ritum  roinanum. 

In  elevatione  SS.  Eucharistiit  non  liceat  cantioues  prohi- 
bitas  adhibere  prEesertim  vulgaris  idiomalif^. 

Aqua  benedicta  fiât  singulis  dicbus  Duminicis  prr  anDuin, 
exceptis  Paschatis  et  Pentecostes  propter  abundiiutetn  benedic- 
tam  die  precedeati. 

Non  déférant  pileolum  in  administratione  SS.  Eucharistije 
et  Extremœ  unctionis. 


')  Acta  visitatioais  vol.  14  ;  Estavayer  (toi,  49-62),  Gruyère  ((ol.  63- 
72),  Romont  (fol.  73-82),  Part-Dieu  (fol.  83-94),  décanat  allemand  (fol.  95- 
105),  Avenches  (fol.  106-18),  Belfauï  (fol,  119-28)  ;  Valsainte  (fol.  129-44), 
S.  Maire  (fol.  145-51).  S.  Henri  (fol.  152-58),  S.  Amédée  (fol.  159-65). 
S.  Bonifaee  (fol.  16ft-67),  S,  GuillauQie  en  Bourgogne  (fol.  168-71), 

')  Reoeasua  générales  1668    (Acta  Viaitationis  vol.  14,  fol.  178  et  u.). 


—     477     — 

Venerabile  in  processions  etiam  cira  ecclesiam  non  defe- 
ratur  a  sacerdote  absque  aniictu,  alba,  slola,  pluvi'ali. 

ParocLi  extra  parochiam  processiones  institueiites  non 
remittaot  domum  sanctas  reliqiiias  per  laicos. 

Requisito  tempore  fons  baptismalis  in  Paschate  et  Pente- 
coste  benediclus  fœcundetur  juxta  rubricas. 

Tempore  opportune  decani  coiwocabiint  suos  ecclesiasticos 
pro  executioDe  plenaque  horum  observatione  admonendos,  ut  de 
tonsura  brevique  coma  deferenda  juxta  canones. 

Ne  poslhac  în  cœineterio  crescere  sinant  arbores,  et  si 
quui  adhuc  reperiautur,  omnino  volumus  infra  menseni  ab  inti- 
matione  prœsentium  sub  pœna  cœmeterii  tnterdicti. 

Tebernaculum  interius  panoo  obtegatur,  ciborium  deaoretiir 
et  cupro  reficiatur. 

Rituale  ronianum  habeatur  eoque  utalur  parochus  tn  ad- 
ministrandis  sacra  mentis. 

Fiant  cancelii  ex  Jamioa  ferrea  in  confessionali. 

Catenic  thuribili  fiant  longiores  babeaturque  navicula. 

Arbores  oranîno  evellantur. 

Super  bis  omnibus  invigilabît  D.  decanus.  ut  obscrventur, 
cujus  ideo  i:onscientiain  oneramus  -,  mandamus  omnibus  parochis 
aiiisque  presblteris,  ut  ipsi  hac  in  parte  obtempèrent  In  quorum 
fidem,  etc.  Datiim  Friburgi  die  4  novembris   16t)8   ». 

Ces  prescriptions  concernent  surtout  les  cérémonies  et  les 
oflices  religieux,  l'introduction  du  Rituel  romain  et  du  chant 
grégorien  dans  les  églises,  l'abolition  des  cantiques  en  langue 
vulgaire  aux  offices  et  aux  enterrements  ;  nous  y  trouvons  des 
ordonnances  au  sujet  des  processions,  de  l'entretien  de  ta  lampe 
devant  le  S.  Sacrement,  des  autels,  du  tabernacle  et  du  cime- 
tière. Les  prêtres  doivent  faire  la  tonsure  et  porter  les  che- 
veux courts  ;  à  la  mort  d'un  prêtre  les  héritiers  ne  doivent  pas 
emporter  ce  qui  appartient  à  l'église.  Les  doyens  sont  chargés 
de  l'exécution  de  ces  ordonnances. 

L'année  suivante  l'évéque  retourna  à  Soleure  et  y  visita, 
le  14  juin  1669,  le  couvent  de  la  Visitation;  il  publia  à  celte 
occasion  des  Recès  particuliers  pour  cette  maison  religieuse  qui 
ne  manquent  pas  d'intérêt  '), 


')  Acta  visiUtionJB,  vol.  14,  fol.  lW-86. 


478 


Les  démêlés    graves  que  l'évêque  Strambic    eut  avec    le  ' 
Conseil  au  sujet  de  sa  juridiction  et  avec  le  chapitre  St-Nicolas 
par  rapport  à  l'exemption  ')  lui  firent  ajourner  d'année  en  année 
une  nouvelle  vii<ite  pastorale.  Néanmoins  Strambin  l'entreprit  ea 
1675  et  les  années  suivantes. 

L'évèque  visita,  en  commençant  par  Estavayer,  le  4  août 
167Ô,  les  différents  décanats  d'une  manière  aussi  suivie  que  le 
lui  permettaient  ses  nombreuses  occupations  '). 

Pour  cette  visite  nous  n'avons  pas  seulement  le  protocole 
de  Strambin,  mais  eixore  le  journal  du  délégué  du  Conseil  de 
Fribourg  qui  accompagnait  l'évéque  'J.  En  tête  du  journal  se 
trouve  le  décret  du  Conseil,  par  lequel  Prosper  Python,  bourgmes- 
tre de  Kribourg,  fut  chargé  d'accompagner  l'évêque.  selon  la  cou- 
tume, dans  sa  visite  pastorale  *).  Le  représentant  du  Conseil 
avait  mission  d'empêcher  l'évêque  de  faire  des  innovations  et 
d'imposer  des  charges  aux  ressortissants  du  canton.  Pour  com- 
prendre cette  attitude  du  Conseil,  il  faut  se  rappeler  que  le  ' 
gouvernement  était  en  conflit  avec  le  chef  du  diocèse,  au  sujet  i 
de  la  juridiction  episcopale  et  de  rexem]ition  du  chapitre  que 
le  Conseil  soutenait  contre  révéquc.  Le  journal  est  d'un  haut 
intérêt,  parce  qu'il  nous  fuit  couuailre  les  idées  du  repréi^entant 
du  Conseil  par  rapport  aux  réformes  qne  l'évêque  voulait,  en 
se  basant  sur  le  Concile  de  Trente,  introduire  dans  ta  vie  reli- 
gieuse et  morale  du  clergé  et  des  fidèles,  dans  la  disciplinu  i 
ecclésiastique,  la  liturgie,  etc.  Prosper  Python  lit  au  Conseil  un 
rapport  écrit,  qui  fut  lu  en   séance   du    Conseil  du  21  octobre  | 


')  Mémoires  historitjaeii  II.  p.  ibH  et  m.;  Koenlin,  Der  Bischofl 
Slrambino,  Luzern  1833:  Fontaoît,  Antwort  au(  die  BrocliQre  des  Herrn  * 
Fr.  Kuealin  twtitelt:  Der  Bischof  Stranibiuo.  1834.  Bei-chtold.  Histoire 
canton  de  Fribourg  IJI,  p.  138  ss. 

')  Statua  apiscopaliB  I:  Estavayer  (M.  65-80).  Gruvère  (fol.  81-95).  1 
Romonlttol.  95-106),  Bulle  (loi.  107-22),  décanat  alluuiand  (foi.  123-1565, 
Avenchea  (ti>l.  157-69),  Belfaus  (toi.  170-80)  Valsuinle  (loi.  182-90),  ' 
S.  Prowis  (fol.  191-201),  S.  Maire  (fol.  208-208),  S.  Henri  (fol.  209-18), 
S.  Amédée  {fol.  220-25),  S.  BoDitace  ftol.  286-21)),  S  Guillaume  en  Bour- 
gogne (fol.  230-36). 

■)  Journal  der  biscliofl.  Visite  durch  iiiich  Frantz  Prosper  Python, 
Dnrgermcisteren  Ihr.  fiiratl.  gnaden  geleilsherren.  (C^  manuscrit  appartient  J 
à  M.  Tobiede  Rtemy.  qni  a  eu  la  boulé  de  me  le  communiquer). 

')  Le  jouroal  commence  le  19  novembre  1675. 


479 


1677.  A  la  fÎD  du  rapport,  le  délégué  du  Conseil  expose  som- 
maireiuent,  comment  l'évêque  a  été  reçu  dans  les  paroisses,  sa 
manière  d'agir  vis  h  vis  du  clergé  et  des  lidèles,  la  réception 
que  l'évêque  trouvait  auprès  du  clergé,  les  questions  que  l'évê- 
que posait  et  les  reuseigueinents  qu'il  prenait.  Prosper  Python 
parle  ensuite  de  son  rôle  ;  il  relève  qu'il  s'est  opposé  aux  inno- 
vations ')  de  l'évêque,  qui  paraissait  condescendre  à  ses  désirs, 
et  d'avoir  modéré  autant  que  possible  les  dépenses  de  la  visite 
et  d'avoir  soigneusement  tenu  son  protocole  à  jour.  Le  Conseil 
adressa  à  Prosper  Python  une  lettre  de  remerciements  pour  la 
mis^sion  remplie  et  le  nomma  membre  de  la  commission  chargée 
d'examiner  les  Recès  que  l'évêque  publiera  au  sujet  de  la  der- 
nière visite  (25  octobre  1677), 

Les  Recès  auxquels  il  est  fait  allusion  dans  la  lettre  du 
Conseil  à  Prosper  Pyihon  sont  les  suivants  ')  ;  il  est  à  croire 
qu'ils  n'auront  pas  éveillé  les  susceptibilités  du  Conseil,  car  ils 
sont  ba!<és  en  grande  partie  sur  les  Conslitutions  synodales  de 
1665  dont  ils  renouvellent  quelques  dispositions  : 

«  Nos  Franciscus  Joannes  Baptista,  etc.,  epiacopua  et  cornes 
Lausannensis.  etc. 

Notum  facimns  quod,  quia  visitatio  ex  S.  Concilio  Triden- 
lino  Sess.  24,  de  reform.  c.  3  priecipuum  scopum  habel,  sacrain 
orthodoxam  lioctrinam  et  bonos  mores  tuendi,  cœteraque  prout 
locus,  tompus  et  occaslu  postulat,  ex  prudentia  constituendi,  post 
peractam  visitationem  Ecclesia;  aiino  167ri  pro  debito  nostro 
inatitutam  comperimus,  nonnulla  eniendatioue  digna  et  ejices.'^us 
tolli  debere,  ut  divinus  cultus  restaurari,  nitor  ecclesiaslicorum 
in  moribus  cooservari  et  disciplina,  augeri  ac  simul  populi  pietas 
promoveri  videatur. 

Prohibemus  sacerdotibus  sine  toga  talari  et  rescissis  ca- 
pillis  usque  ad  aures  celebrare  aut  administrare  solemniter 
sacramenta  sub  pœna  suspen^ionis  a  divinis  juxia  decrelum 
super  hoc  emanatum  et  in  sacristiis  affigi  mandatum  '). 


')  Journal,  in  Une:  «  Daruff  H.  BîhuIioIT  meistens  darvon  gestanden 
oder  doch  in  meiner  gegenwarth  dissimuliert,  ob  alsdaa  nach  dcr  vifiLc  er 
in  Beinen  Recesana  etwas  anbefolilen,  kanri  icij  nit  wiUaoïi,  noch  wasjirolo- 
colliert  worden  ». 

')  ReoessuB  générales  1676-77.  (Status  eplscopalis  I.  M.  179  et  asO. 

OConstltutloues  synodales,  cap.  SZ. 


—     480     — 


Cum  ex  rtccreUs  Ecclesiie  et  precedentiutn  visîtfttîonani 
saltem  una  lampas  perpétue  ardere  coram  venorabili  Sacrameoto 
debeat,  idque  in  plerisqiic  ecclesiis  iiegligatur  con  sine  iDtolera- 
bili  irreverentia,  volumus  et  mandamus,  ut  iiitra  meosem  provi- 
deatur  de  luinine  perpetuo  sub  pœna  ainotionis  saoctissimie 
Eucharistifc  et  suspensioiiis  ob  otficio  ipso  facto  incurrendae  res- 
pectu  parochi,  qui  id  GcicDter  aut  culpabiliter  patietur  contra 
prseseDS  mandntum. 

Procurelur  navicula  in  débita  forma  cum  codeari,  ubi 
lion  adest  pro  incensatione,  alias  non  expoiiatur  Venerabile. 

Parochi  fiequenter  pnpulum  erudiant  concione  aut  cate- 
cbtsmo  et  aiiquoties  explicent  decretum  Concilii  Tridentini  de 
sacrilictfl  Misste  et  matrîmonio  '). 

Prohibemus  etiam  omnibus  sacerdotibus  omnem  ebrieta- 
tem,  adeoquc  taberna!^,  lusus  pubitcos  juxta  synodales  sub 
pœna  arbitraria  et  eliam  carceris  respectu  relapsorum  *). 

Parochi  ubslineant  sub  pœna  arbilraria  a  prandiis  qitSB 
fiunt  post  puerperium.  cum  hoc  f^it  contra  decenliam. 

Mis8fe  voiivœ  non   celebrentur  in   dupbcibus,  tota   majorî 
bebdoinada  et  Octavis  pi  ivilegiatis,  ut  Pentecosles.  Paschatis  et  i 
Corpoi-is  Chiisti  et  trium  Regum,  juxta  decretum^)  S.  Sedis  spe- 
cialiler  emanatuni  sub  pœnin  arbilrariis. 

Utantur  biretis  in  oflVciis,  processionibus  et  ad  sacrum  I 
précédentes,  secundum  u^um  Ëcclesite  et  rubricas  extra  prcseri-  { 
tiain  venerabilis  Sacramenti. 

Non    publiceotur    banua    eurum,  qui    aliquo  impeditnento  1 
dignoscuntur    b'guti,    donec  dispeiisationem  n  nobts    recognïtam  , 
exbibuerini,  nec  etiara  eodem  die.  quo  ullimiini  baïuiuni  publicalur, 
licet  impertiri  benedictionem  nuptialem,   excepta  siinimararitate. 

Non  admiltautur  ad  matrimonium  sponsi,  nisi  muniti  iii 
Bct'iptis  expressa  lictentia  parochi  proprii  cum  attesiatione  de  | 
publicatione  bannorum,  aut  de  publicatione  bannorum  facta, 
aut  de  obtenta  a  nobis  super  iIJis  dispensalione,  nec  etiam  ad- 
miltautur a  parochîs  sic  coojuDcti,  nisi  doceant  in  scriptit!,  a 
quo  8Bcerdote  légitime  benedictionem  acceperint. 


')  Constitution  es,  cap.  46. 
')  Constilutiones,  csp  67. 
')  S.  Rit,  Cougreg.  n'  489. 


481 


Non  pi'icsuni»Dt  redores  eccleslarum  alienare,  quoquo 
modo  commulare  aut,  veodere  bona  ecclt;siic  sioe  Dostra  aul 
S.  Sedis  apostolicfe  habita  licentia  sub  pcBiia  niillitatis,  tatn  de 
prtesenti  quam  de  futuro  et  respectu  tranijgreissioiiis  sub  pœoa 
suspensinnis  a  benefîcio  ipso  facto  iucurrendiB  per  très  bddos, 
sub  qua  pœna  obligamus  scientes  revelare,  si  quid  siiuile  factum 
fuerit,  ut  de  remedio  opporluiio  provideatur  '). 

Mandanius  deniquc  observari  non  solum  présentes  Reces- 
8US,  sed  etiam  illos  prsecedentium  visitationum,  quos  pênes  se 
habere  debent  omnes  et  novos  parocho3  procuiare  ab  alits,  si 
illos  non  habeant  a  pruedecessoribus.  > 

La  plupart  de  ces  dispositions  concernent  de  nouveau  le 
clergé ,  sa  conduite ,  le  port  de  la  soutane ,  etc.  L'évêque 
inculque  aux  prêtres  leurs  devoirs  de  pasteurs,  il  leur  recom- 
mande l'instruction  religieuse  de  leurs  ouailles,  surtout  en  ce 
qui  concerne  la  Sainte  Messe  et  le  Sacrement  de  mariage.  Par 
rapport  à  la  publication  des  bans  de  mariage,  il  fait  uue  sage 
disposition  devant  empêcher  les  nombreux  abus  qui  se  com- 
mettaient à  ce  sujet.  Un  point  faible  était  le  peu  de  souci 
qu'on  mettait  à  conserver  les  biens  ecclésiastiques.  L'évéque 
rappelle  au  clergé  le  droit  ecclésiastique  °)  et  les  peines  et  cen- 
sures qu'encourent  ceux  qui  vont  à  rencontre  de  ces  prescrip- 
tions formelles. 

Les  visites  pastorales  nous  font  voir  dans  Strambin  un 
évéque  zélé  et  soucieux  de  la  discipline  ecclésiastique  ;  il  em- 
ploya tous  les  moyens  pour  rendre  le  prêtre  digne  de  sa  haute 
vocation  ;  par  ses  Constitutions  synodales  et  par  divers  décrets 
postérieurs,  il  traça  les  règles  de  la  vie  sacerdotale  et  pasto- 
rale ;  il  excita  te  zèle  du  clergé  à  travailler  à  la  sanctifica- 
tion des  âmes,  lui  recommanda  surtout  l'instruction  des  fidèles 
par  les  sermons  et  les  catéchismes,  ainsi  que  la  répression  des 
abus.  Il  veillait  avec  soin  sur  la  conduite  des  prêtres  et  répri- 
mandait ou  punissait  les  coupables.  Dans  les  visites  11  se  met- 
tait au  courant  de  tout  ce  qui   intéressait  les  paroisses  :  l'état 


')  Voir  à  ce  sujet  mon  travail  ;  Das  kirchl.  Vermiigensrocht  de»  Kan- 
tons  Fi'eiburg,  1902,  p.  184  :  Frciburger  GeiichichtsblHtter  1902,  p.  196. 

')c.  12.  X,  De  robas  tiA-  .u«-boc!Is  III,  13:  in  Sesto  III.  9  :  in 
Cleni.  Ml,  4  ;  Exlravii> 


462 


de  l'église,  des  autels,  des  oroements,  des  fonds  du  bénéfice, 
des  fondatioDS,  des  confréries,  la  conduite  du  curé  et  des  pa- 
roissiens, la  tenue  des  registres,  la  conservation  des  titres  et 
documents  relatifs  à  ta  paroisse.  Partout  où  il  trouvait  de  la 
négligence  ou  des  abus,  il  prenait  les  mesures  nécessaires  pour 
les  faire  disparaître  -,  il  contrôlait  ensuite  l'exécution  de  ces 
sures  el  les  récalcitrants  étaient  cités  à  sa  cour  et  punis  par 
lui-même.  Dans  ces  cas  cependant  il  n'oubliait  pas,  malgré 
rigidité,  sa  qualité  de  père  du  clergé.  Lorsque  le  coupable' 
reconnaissait  sa  faute  et  promettait  de  s'amender,  il  savait  par- 
donner généreusement  'j. 

Malheureusement  les  dernières  années  du  pontificat  de 
i'évèque  Sirambin  furent  également  troublées  par  de  graves  dé- 
mêlés avec  le  Conseil  -,  ces  difficultés  allèrent  en  s'accentuant  et 
en  arrivèrent  au  point  que  Strambin,  à  la  demande  du  Conseil 
et  sur  l'ordre  du  Pape,  dut  quitter,  le  30  octobre  1682,  sou 
diocèse.  11  voulut  encore  une  fois  faire  une  visite  pastorale, 
mais  le  Conseil  s'y  opposa  ").  Quand  I'évèque.  sur  l'ordre  do 
Pape,  voulut,  en  1684,  retourner  dans  son  diocèse,  te  Grand 
Conseil  lui  refusa  l'entrée  du  canton.  Strambin  séjourna  qael* 
que  temps  à  Ëchallens,  alla  en  Bourgogne  pour  visiter  les  pa- 
roisses du  diocèse  où  il  mourut  le  29  juin  1684,  Strambin  est 
sans  doute  l'évéque  qui  a  fait  le  plus  progresser  la  discipline 
(ecclésiastique  au  IT»"  siècle  et  qui  a  répandu  l'esprit  de  la  vraie 
réforme. 


r 

1 


')  Ménioirea  historiques  II,  p.  505. 

*)  lUCserkanntnasMDbilcher  du  12  juin 


CHAPITRE  SIXIEME 

Les  visites  pat^torales  de  l'évoque  Pierre  de  Noiitenach 

(1688-17»7). 

Le  successeur  de  Strambin  ne  fut  nommé  qu'après  de 
longues  négociations  entre  le  Nonce  et  le  Conseil  de  Frlbourg, 
Ces  négociations  avaient  pour  but  d'appiauir  les  iliflicultës  sur- 
venues à  la  an  rie  l'éplscopat  de  SCrambin  entre  les  deux  pou- 
voirs. Un  vicaire  apostolique,  nommé  par  le  Nonce,  administrait 
pendant  4  ans  le  diocèse  '),  jusqu'à  ce  que  Pierre  de  Monle- 
nach  ^),  prévôt  de  St.  Nicolas,  fut  nommé  à  l'évêché  de  Lau- 
sanne, Le  nouvel  évoque  conserva,  en  vertu  d'une  dispense  du 
Saint-Siège,  sa  dignité  de  prévôt  de  Si  Nicolas. 

Pierre  de  Montenach  fut  nommé  le  20  décembre  1688  et 
reçut  la  consécration  le  15  mai  168^  ^>.  Ce  fut  un  prélat  de 
haute  sagesse  et  de  grande  piété,  qui  laissa  auprès  de  ses  con- 
temporains un  souvenir  précieux. 

Dès  le  mois  de  juillet  1689,  l'évêque  commença  ta  visite 
pastorale,  qui  forme  une  suite  presque  non  interrompue  pendant 
tout  son  épiscopat  jusqu'aux  dernières  années  avant  sa  mort  *), 
Pierre  de  Montenach  commença  sa  visite  par  Belfaux,  le  22  juil- 
let 1689. 

Comme  le  Nonce  avait  enjoint  i  l'évêque  de  faire  la  visite 
pastorale  sans  être  accompagné  par  un  délégué  du  gouvernement, 


')  MaiiuaJe  curie  apiscopalis  168J,  1685-86  (A.  E,). 

'I  Mémoires  historiques  11,  p.  5U  et  as.  :  LauH»nna  chriatiana  : 
Pctrua  lia  MonUinacli  ;  Lausanoa  sacra  toi.  79  ;  Fontaine,  Notice  sur  1& 
chaiïibrodeB  acliolarques  p.  75  :  Manuale  curie  epiacopalis,  1688-95,1698- 
1707:  Liber  mandfttorum  11,  1677  et  ss. 

')  Voir  la  lettre  paatornio  annonçant  la  prise  de  possession  du  siège 
épiscopnl  1689  ^Mandata  et  lltt.  past-  (1632-1758).  n'  2). 

')  Acla  Viisitationis  tactad  pot  illuïlr.  Petrum  de  Monlenacli,  epi»ao~ 
puni  Laua.  ac  Ecc!.  Colleg.  S.  Nicolai  Pra>po»itum  infulalniu  a  1689, 1890, 
1691,  1692.  1696,1699,  1700,  1702,  1703.  (Actavisitstionis  vol.  15,  (ol.  1-89). 


—     484 


le  Conseil  protesta  ')  contre  cette  innovation  et  déclara,  qu'il  ne 
sacrifierait  pas  son  ancien  droit  et  désigna  le  conseiller  Mait- 
lard  pour  accompagner  l'evéque.  Celte  décision  fnt  communi- 
quée à  l'evéque.  Nous  ne  savons  pas  si  l'evéque  tit  droit  à  la 
requête  du  gouvernement  ;  en  tout  cas  la  choRe  n'a  [»as  été 
liquidée  déânitivement.  car  en  1696  le  Conseil  revient  à  la 
question  et  décide  'i  que.  si  l'evéque  entreprend  la  visite  sans 
délégué  du  gouvernement  contre  la  tradition  et  l*aDcîeiiDe 
coutume,  il  lui  sera  adressé  par  une  députaiion  du  Conseil 
une  protestation  en  due  forme.  La  députaiion  en  efTet  se  pré- 
Henta  à  l'evéque,  qui  répondit  en  regrettant  de  ne  pas  pouvoir 
se  rendre  au  désir  du  Conseil;  il  aurait  écrit  à  plusieurs  re* 
prises  au  Nonce,  pour  pouvoir  répondre  aux  vœux  du  gouver- 
nement ,  et  â  la  place  de  la  permission  demandée.  lui  serait 
arrivée  une  défense  stricte  de  Rome.  ] 

Cette  réponse  ne  contenta  pas  le  Conseil  ;  il   décida  ')  de  1 
ne  pas  permettre  la  visite  sans  délégué  du  gouvernement.  Dans   n 
le  cas  qu'elle  se  ferait  néanmoins,  le  Conseil  lancerait  un  man- 
dat général,  défendant  à   ses    ressortissants  d'y  assister  et  d'en 
supporter  les  frais. 

L'autorité  ecclésiastique,  parait.il.  a  cédé  finalement  sur  ce  J 
point,  car  plus  tard  nous  trouvons  de  nouveau  le  délégué  du  I 
gouvernement  accompagnant  l'evéque  dans  ses  visites  pastorales.     \ 

Pierre  de  Montenacb  avait,  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  commencé  sa  visite  par  le  décanat  de  Belfaux,  le  22  juîl> 
let  1669  ;  nous  le  trouvons  également,  en  I6S9,  à  Romont, 
Bulte.  Soleure;  les  années  suivantes')  en  Bourgogne  et  dans 
différentes  parties  du  diocèse,  qui  furent  visitées  à  plusieurs 
reprises.  En  1699,  Tévéque  se  trouve  de  nouveau  à  Soleure, 
où  il  publia  d'intéressants  Recès  pour  le  chapitre  de  Soleure  •), 
en  1700  en  Bourgogne  ")  et  les  années  suivantes  dans  les  an-  ] 
très  parties  du  diocèse. 


■)  Manual  du  Conseil  du  2  août  1680. 
■)  Maonal  ia  Conseil  du  20  décembre  1696. 
')  Manual  du  28  février  1697. 
*)  Le  décanat  atlemaDd  fut  visité  par  un  délégu<â  de  l'évoque  le  i 
avril  1690  (Recessus  n'  T). 

')  Acta,  vol.  15,  fol.  79. 

')  Voir  les  Recès  l.  c  .  foi.  80. 


485 


Il  est  à  regretter  que  Pierre  de  MoDteDach  n'ait  pas  pu- 
blié des  Recës  généraux,  eu  tout  cas  nous  n'en  avons  trouvé 
trace,  mais  par  contre  nous  possédons  des  Recës  particuliers 
qui  nous  permettent  de  voir  comment  il  eutendait  ses  devoirs 
de  pasteur  et  d'évéque  ').  A  la  place  des  Recès  généraux  l'ë- 
vëque  publia  des  statuts  et  des  ordonnances  remarquables  au 
sujet  de  la  discipline  ecclésiastique  ;  nous  en  relèverons  les  plus 
importants  *)  : 

<  Licet  pastoralis  nostrœ  sollicitudints  labor  generaliter 
debeat  extendi.  lamen  specialiter  ad  clericos,  quorum  opéra 
lucere  debent  laicis  in  virtutis  exemplura,  igitur  conversatione, 
sermone  et  scientia  commisse  sibi  populo  preeant,  ea  quie  a 
Conciliis,  Canonibus,  Sunimis  Pontificibus  ^)  et  Constitutionibus 
synodalibus  ')  de  clericorum  vita,  honestate,  cultu  doctrinaque 
retinenda  ac  simul  de  tuxu,  comessationibus,  lusibus  ac  quibus- 
ciinque  aciionibus  sibi  indecoris,  necnon  negotiis  secularibus  evi- 
tandis  fîalubriter  sancita  suut,  in  posterum  iisdem  vel  aliîs 
pœnis  nobis  arbitrariis  pro  culpœ  ratione  infligendis  sedulo 
observantes,  omnibus  et  singulia  per  diœcesim  nostrara  clericis 
et  presbyteris  sub  pœna  nobis  arbitraria  prœsentium  série  pio- 
hibemus,  ne  sine  toga,  talari,  corona  convenieatecapillisque  ad 
aures  rescissis  conspiciaotur  *}.  Ne  peregrinum  clericum  sine 
commendatitiis  sui  Ordinarii  litteris  et  huic  nostro  decreto  con- 
forraem,  sive  per  nos  admissum  ad  divina  celebranda,  vel  sacra- 
menta  admioistranda  admittant.  Ne  posthac  ullum  matrimonia- 
liter  conjuDgere  attentent,  quem  non  prœvio  examine  comperiant 
prœcepta  cbristtana,  preces  ac  preecipua  fidei  nostrœ  capita  probe 
teoere  •). 


')  Acta  I.  c.  (ol.  1-89. 

')  Mand&U  et  iitt.  paatoralea  (1633-1758)  n-  2  ;  Mandements  et  man- 
dat» épiscopaux  (1690-1806),  fo!,  21-82  (21  décembre  1690J. 

')  Decr.  Gratiani  D.  XXII,  XXXN,  XXXIV,  etc..  C.  XII,  qu.  1.  C, 
XXr,  qu.  4  :  Décret.  Gregorii  IX,  lîb.  III,  tit.  1-3.  etc.  1,  V,  tit.  24;  Liber 
Seztua,  III,  1.  2  ;  Clément,  1-  III,  t.  1. 

*)  Constitution  es  synodales  eccl.  Laiia.  1494.  fol.  17,  1523.  §  23, 1599, 
cap.  II,  1625.  §  29  et  56,  1665,  cap.  67. 

'}  Cette  ordonaaace  fut  renouvelée  le  16  octobre  1693  (Mandements 
et  mandata,  I.  c.  fol.  24). 

*)  Ctr.  l'ordonnauce  relative  au  même  sujet  dans  Mandements  I.  c. 

ai 


MaDdatnus  clericis  ad  animarum  curam  coDstiLutis,  quate- 
nus  singulis  diebus  Domini,  juveututem  fidei  orthodoxœ  rudi- 
mentii^  instruant  ')  et  desuper  examinent,  alioqui  pro  qualibet 
catecheseos  prietermissione  pecuDian'am  pœnaiu  daturi  piis  eau- 
sis  arbitno  nostro  applicEDdam  '),  Infra  Mis^arum  solemnia  yeï 
ÎD  prono  post  usjtatas  preces  evaDgelica  monita  exponant  popu- 
lumque  verbis  exhortatoriiis  alloqu;inlur,  vel  sacra  conctoDe  feslis 
solemnibiis  pascant.  Talcs  absumaiil  aut  retiocant  ancillas,  quse, 
cum  ob  provectiorem  aetatem,  lum  ob  anteacla!  ac  priesentis  vitae 
inculpalam  conversatiunem  omoem  siaistram  suspicionem  excludant. 
CsËlerum  omnibus  et  singulis  clericis  sub  pœna  arbilrio  iiostro  im- 
ponenda,  tabernis,  cauponis,  popinis  et  hospitiia  ad  conipotandum 
nisi  itineris  gratia,  venationibus  cum  sclopetis,  usu  tabaci  seu  mao- 
dendo  seu  fumando  interdicitnus  ^),  nisi  Dostra  venia,  causa  tuendte 
sanitatia. 

Prœcipimus  insuper  ecclesiaruoi  rectoribus  ut  ecclesias  suaa 
niundaa,  altaria  decenter  ornata,  linteamiua  et  paramenta  prse- 
sertim  vero  corporalia,  patlas  et  purificatoria  uoa  cum  pateoîs 
et  calicibus  nitida  conservent:  uno  verbo  omnia  ngant,  quœ 
statui  et  beneAcio  conformia  a  Canonibus  prœeciibuutur.  Decanis 
mandamus,  quatenus  Mandat!  nostri  executioni  invigilenl  et 
aecus  facientes  nobis  denuncient,  qua  in  re.  si  decani  négli- 
gentes se  exhibuerint,  in  ipsosmet  serio  animadvertetur.  Decimo 
kalendas  Decembris  1690.  > 


')  Renouvelé  le  19  juin  1694  (MandemenU.  1.  c.  Fol.  27). 

')  Cette  peine  fut  rendue  plus  «évëre  par  leg  Statuts  de  1701  (Mande-  1 
ments,  I.  c.  fol.  49)  où  il  est  dit  :  a  Si  parochus  bis  successive  vel  alias  nro  ' 
per  se  aut  per  alium  calecbeaim  habere  neglexerit.  a  diviuis  suspendetnra 

')  Cette  ddfense  fut  renouvelée  en  1698  et  en  1704  (Maudemeute,  1.  c 
fol.  33-33  et  fol.  36).  Les  Statuts  de  1701  ajoutent  les  disposilioua  suîvaDt«s: 
n  Cauponas  seu  hospitia  in  loci?  vel  oppidis  hœreticorum  inlerdicimua  sub 
pœna  suapenaionis  ipso  facto  incuri^nda  ab  omni  ecclesiaatico  nobis  sub- 
jecto,  etiamsi  seruel  lantum  biberet  in  uno  ex  pratdiclis  bospitlis,  excepta 
vera  et  non  flcta  itineris  causa.  Nulli  quoque  ecclesiasticorum  liceai  fre- 
queatare  bospitia  apud  catbolicos,  nisi  priedicta  de  causa,  ijucm  aecuB  fe- 
cÎBse  nobis  inootuerit,  suspensionem  incurret. 

Fumationem  tabaci  nou  niai  in  necesaitate,  in  secreUi  et  iiuinquani  i 
cum  Bfficularibus  tolerainus  et  non  alit«r,  quique  auteni  sacerdos  a  niedSa  I 
nocte  et  anle  sacrum  per-actuui.  tabacuin  maaticafe  prwsumpserit,  ipso  j 
(auto  anspensioneni  a  divinis  incurret  absijuii  alia  declaratiotie,  etiam  per  1 
uaicam  masticationem  u. 


487 


La  formation  du  clergé  ne  faisait  pas  moins  l'objet  de  la  sol- 
licitude de  l'ëvéque,  comme  en  témoigne  l'ordonnauce  suivante  du 
■21  février  1698  ')  :  «  Cum  magna  res  sit  sactidolium,  et  reve- 
renda  contineat  etiam  angelicis  spiritibus  minisleria,  non  solum 
exitnia  pietas,  sed  longum  et  maturum  circa  sublimem  adeo 
vocationem  eitamen  et  consideratio  in  iis  requiritur,  qui  ad 
sacram  banc  aspirant  dignitatem.  Ut  enim  religiosis  cujusmmque 
sint  oi'dinis  annumerari  nemo  prœsumit,  nisi  prœvio  probatîonis 
anno,  nullum  pariter  convenit  sacris  initiari,  nisi  prius  saltem 
per  aliquod  menses,  quœ  sit  sacerilotii  nalura,  qute  obligatlones 
divino  coiijunctEe  siut  ministerio  et  quod  nunquam  satis  dicitur, 
utrum  quis  ad  tremendum  îllum,  a  quo  resilire  non  licet,  voce- 
Eur  statum,  serio  consideraverit.  Hiac  ut  in  posterum  débita 
dispositione  et  reverentia  ad  sacros  ordines  accedatur,  ordina- 
mus  et  per  présentes  irrevocabiliter  statuimus,  ut  nullus  sacvis 
initiari  possit,  nisi  prius  per  duD8  annos  continuos  theologiœ 
morali  non  jnutilera  dederit  operam,  in  cantn  gregoriano  sou 
piano  et  rubricis  breviarii  sit  versatus,  in  Seminario  a  nobis  ap- 
probato  ses  mensibus  integris  commoralus  fuerit  ac  denique 
sacrorura  ordinum  susceptioni  exercitia  spiritualia  prœmiseiit  per 
octo  dies  ]  non  enim  licet  nobis  cuiquam  cito  manus  imponere, 
ue  peccatiâ  communier  m  us  alienis,  ordinando  nimirum,  quod 
absit,  ministros  sacris  altaribus  minus  idoneos  >. 

L'évêque  insiste  sur  robligatton  de  sanctifier  les  dimanches 
L't  les  jours  de  fêtes  -)  el  recommande,  outre  l'assistance  à  la 
Messe,  au  sermon,  aux  vêpres  et  au  catéchisme,  de  visiter  les 
églises  et  de  s'entretenir  de  discours  de  piété.  On  peut  passer 
avec  fruit  et  mérite  ces  dits  jours  en  visitant  les  malades,  en 
les  consolant  et  donnant  quelque  assistance  aux  pères  et  mères 
eu  remontant  et  iuslrulsaut  leurs  familles  ;  ceux  qui  savent 
lire,  en  lisant  aux  autres  quelques  livres  spirituels  et  en  passant 


'}  Mandements  I.  c.  fol.  31-32.  Concernant  le»  conférences  ecclésUati- 
queti,  l'évOque  édiuta  dans  ses  Statuts  de  1701  la  disposition  suivante: 
«  Seities  in  anno  confereutiee  seu  collationea  de  more  consueto  haberî  vo- 
lumiiB  in  singolis  DoalrLc  diœoesia  deca.Datibua  ;  ai  quis  auteni  sacerdos  a 
conferentiis  sui  dietriclus  abfuerit,  taleruoi  impeadet  pauperibus  loci  vel 
parochite  sacerdotts  illias,  qui  absens  fuerit,  per  taauus  Decani  dislribuen- 


')  Ordonnance  du  5  févrî 


.  (Maudementa,  1.  c.  fol.  34-3^). 


48B 


ces  saints  jours  eo  pratiquant  des  bonnes  œuvres,  cotnme  il  ap- 
partient à  des  vrais  chrétiens,  et  non  pas  les  profaner  comme 
des  libertins,  jouant,  buvant,  dansant  et  commettant  d'autres 
insolences.  Sur  lesquels  les  maîtres  et  les  maltresses,  les  pères 
et  mères  auront  som  et  veilleront  sur  leurs  déportements  en 
les  retenant  au  logis,  pour  empêcher  les  visites  nocturnes  et 
scandaleuses,  où  se  commettent  de  grands  désordres,  en  quoi 
s'ils  manquent,  ils  en  rendront  à  Dieu  un  compte  très  rigou- 
reux. L'évéquc  ordonne  qu'à  l'avenir  les  cabaretiers  et  autres 
ne  donneront  point  à  boire  et  â  manger  pendant  la  messe  pa- 
roisijiale,  sermons  et  vêpres  qu'aux  passants  seulement,  qu'oD 
n'ouvrira  point  les  boutiques,  ni  exposera  aucune  marchandise  sur 
les  cimetières,  qu'on  ne  fera  aucune  monte  de  meubles,  ou 
quoi  que  ce  soit.  Tous  ceux  qui  seront  convaincus  d'avoir  man- 
qué à  leur  devoir,  d'avoir  négligé  la  sainte  messe  un  dimanche 
et  jour  de  fête,  à  moins  d'une  cause  juste,  il  leur  sera  imposé  une 
amende  pécuniaire  sans  aucune  grâce  ou  dissimulation  à  chaque 
contravention,  suivant  la  taxe  de^^  Seigneurs  baillifs,  ou  en  leur 
absence,  des  gouverneurs  d'église;  pour  qu'ils  tendent  main  à 
l'observation  des  ordonnances  de  l'Eglise,  en  pourront  garder  le 
tiers  pour  eux  et  les  deux  autres  seront  appliqués  pour  l'église. 
L'évêque  renouvela  encore  en  1705  plusieurs  décrets  dis- 
ciplinaires '),  qu'il  avait  portés  les  années  précédentes.  Il  mou- 
rut le  6  juillet  1707.  Nous  trouvons  un  bel  éloge  de  ce  saint 
prélat,  dans  la  lettre  circulaire  adressée  au  clergé  '),  par  An- 
toine d'Alt,  administrateur  du  diocèse  après  la  mort  de  Pierre 
de  Montenach. 


I 


'}  Statuts  MU  décréta  quEedam  InDovata  die  6  Aprilis  1705  (Mande- 
meute,  1.  c.  fol.  49). 

■)  Mandata  el  litt.  pastorales  (1882-1758),  n'  3. 


CHAPITRE  SEPTIÈME 


Les  visites  pastorales  de  l'évéque  Jacques  Duding 
(1707-1716). 

Jacques  Duding  ')  fut  déjà  nommé  le  1"  août  1707  et  fit 
son  entrée  à  Fribourg,  le  25  novembre  1708  ^).  Le  nouvel  évê- 
que  réunissait  toutes  les  qualités  d'un  grand  et  vertueux  pré- 
lat ;  il  fut  véritablement  tout  le  temps  de  son  épîscopat,  le  bon 
pasteur  du  peuple. 

L'évèque  Duding  commença  son  pontificat  en  renouvelant  ^) 
les  statuts  disciplinaires  publiés  par  son  prédécesseur  et  en  con- 
firmant de  nouveau  les  constitutions  synodales  de  l'évèque 
Strambin  de  1665;  il  entreprit  la  même  année  sa  première 
visite  pafjtorale.  <  Pastoral!  nostri  officio  satisfacere  et  loti 
uobis  commissi  gregi  invigilare  cupientes,  primam  visitationem 
nostram  in  raense  AugUùti  1709,  Solodori  aolemniter  institui- 
mus  »  rapporte  *)  révoque  lui-môme  en  parlant  de  sa  première 
visite.  Elle  commença  le  30  août  à  Soleure  et  dura  pendant  les 
années  1710.  1711  et  1712;  elle  fut  faite  en  partie  par  l'évèque 
lui-même,  en  partie  par  son  vicaire  général.  Le  protocole  de  la 
visite  ")  avec  ses  nombreuses  annotations  nous  montre  le  pas- 
teur zélé  et  vigilant,  qui  cherche  à  faire  progresser  de  son 
mieux    le  bien    spirituel  et  temporel  des    âmes    confiées  à  sa 


')  Mémoires  hislur.  Il,  p.  514  ;  Lau^^anaa  christiaDa  :  Jac.  Duding  ; 
Lausanna  sacra,  fol.  SO. 

')  Voir  la  lettre  paalorale  du  8  mai  1708,  annouçant  au  diocèse  son 
avèoemaDt  au  siège  épiscopal  de  LauaaDne  (Mandata  et  litt.  pai^t,  (16ii2- 
1758),  n"  4). 

'}  Lettre  pastorale  contenant  les  Statuts  diocésains  du  18  mars  1709 
(Mandata  et  lllt.  past.  1.  c,  q'4), 

■}  Acta  visilationis.  vol.  15,  toi.  89. 

■)  AcW  viaitatiODis,  vol,  15,  (ol,  89-218. 


490 


garde.  L'évèque  fit  pour  chaque  paroisse  en  particulier  des 
RecÈs  spéciaux,  qu'il  transmît  aux  curies  respectifs,  pour  en  faire 
observer  les  dispositions.  Il  rédigea  en  outre  les  Recès  géné- 
raux suivants  ')  : 

<  JacobuB  Duding,  Dei  et  apostotici?  sedis  gratia  episcopus 
ac  cornes  Lausannensis,  sacri  romani  imperiiprinceps,  necnoncques* 
tris  ordinis  Sancti  Joannis  Hierosolimitani    commendatarius,  etc. 

Dilectissiinis  nobls  in  Cliristo,  clericis  et  presbiteris  ejus- 
dem  nostrie  diœcesis.  salutem  in  Domino  sempiternam. 

Visltatione  nostra  generali  dïŒcesis  Lausannensis  divina 
providentia  et  S.  Sedis  apostolica;  dispoailione  nobis  concredîtse, 
juxta  formam  apostolicam  a  sauctis  canonibus  prsescriptaœ,  tan- 
dem absotulÂ.  prïoter  specialta  visilationis  décréta  singutanim 
parochîarum  ;am  ad  pastores  missa,  intimo  di^^ciplin»  eccle-sias- 
Ucw  fovenda',  et  ubi  opus  est,  restitnendte,  desiderio  affecti,  at 
in  sancta  Rcclesia  absque  ruga  et  macula,  in  unitate  et  puri- 
tate  tîdei  divina  ministeria  otnniaque  ad  âdelium  afdiBcationem 
et  salutem  peragantur.  statuta  quidam  generalia  pro  tota  diœ- 
ccfi  daiimus  edenda,  quibus  a  nobis  obser?ati  abusus,  qni 
sensim  irrepscrunt,  proscribantor  atque  de  necessariis  ad  diTi~ 
num  cultuni  provideatur 

Id  primis  antecessornm  nostrorum  statata .  Dostraqne 
antea  édita,  coalîrmantes  et  rénovantes  in  Domino  exhortamor, 
et  BUtudamus  omnibus  et  singalis  nosinr  diœcesis  clericis  ei 
SKWilotibus.  ut  qns'  a  S.  Patribu$.  ab  cecomenicis  Concilits, 
BUtme  Tridentino,  sandla  et  a  iMiDru  Sede  apostolica  decisa  ek 
prafscripta  fuemnt.  fideliter  observent,  morom  inte^itate,  virtate 
et  sanctilalt',  ^uavom  «'hristi  odorem  redolente:^  cjeteris  pnela- 
Mâut,  summoque  studio  ei  cura  salnii  aDimamm,  pastores  in- 
TigUare  non  dfslBant,  fidet«squc  in  obedientia  et  -nhjrrtioaçi 
MeU   S.    S«di    apostolkie    snimmbqae    domints    tenpoi 

UaateMitt  ias«p«r,  at  Gradaale  «t   Aattphoaale 
ia  qaaUbet  acdesia  parocUalî  habeatar;  ia  psaDcMdo 
otoerfatar,  la   Tcrsiealenui   medUt,  asterismo  sî^mU}, 
takui  paaselar.  loiam  offidaai  dciote,  ara  vcn  perfaBdaito 
ptacipîtaater  deotaietar.   quod   nt   perfectan   iat. 


I 


■>■» 


—    491 


et  clerlds  omnibus  et  singalis  prGeciplmus  *)  ut  iotra  blennlum 
cBDtum  gregorianum  addiscant,  cfeterisque  ad  ordiues  aut  beoe- 
ficia  aspirautibus  notum  facimus,  itlos  nunquam  imo  ad  primam 
tonsuram  admittendos,  ntsi  prœter  aliam  scientiam  requisitam 
cantus  gregoriant  periliam  babuerînt,  indigni  enim  sanctis  mi- 
nisteriis  judicandi  sunt,  qui  beatam  jubilatioaem  S.  Ecclesiœ 
militantiR  volunt  ignorare.  Ut  autem  sit  recitantium  et  psallen- 
tium,  juxta  pnescriptum  S.  Ëcclesiœ  uniformitas,  volumus,  ut 
omnes  sacenlotes,  diaconi  e(  subdiaconi  hujus  diœcesis,  intra 
sesquiannum  sibi  procurent  breviaria,  in  quibus  adsint  hymui 
reformati,  sauctorumque  officia  recenter  in  Sauctorum  catalo- 
gum  relntorum  ').  In  Antiphona  Regina  Cœli,  a  Paschate  ad 
Trinitatem  nihil  immutetur,  sed  semper  recitetur  aut  cantetur, 
Resurrexit,  non  vero,  cϔoa  ascendit,  aut,  spiritum  niisit. 

Missa  decantanda  ab  Introîtu,  non  vero  a  verau,  vel 
Kyrie  eleison,  in  Choro  incipiatur,  cum  vero  plurea  Missa!  alla 
voce  in  eadem  Ecctesia  sunt  cantanda;.  Integrœ  alta  voce,  a 
Célébrante  et  Choro,  usque  ad  cantandoruni  finem  absolutum 
persolvantur,  neque  posl  Offerton'uin  aut  Prsefationeui,  sacerdos 
submissa  voce  finiat  sacrum,  alta  voce  cœptum ,  ut  alterius 
sacri  sequentis  posait  Chorus  Introttum  incipere,  ante  finem  can- 
tandorum  primi  sacri.  quod  contra  rubricas  factitari  dolentes 
animadvertimus.  Simbolum  seu  Credo  integrum  a  Choro  cante- 
tur, non  autem  in  medio  finiatur,  Prœfatione  a  Célébrante  can- 
tata,  Sancius  a  Choro  cantetur  et  Beneâictus,  post  calicis  ele- 
vationem  decantandum  differatur,  nisi  post  sacra;  hostiEe  eleva- 
tionem.  Ave  verum,  bymnus ,  stropha  vel  aliud  ab  Ecclesia 
approbatum,  latine,  gregoriano  vel  figurato  cantu,  pro  solemnitate 
jucundius  decantari  judicetur,  om  nibus  cantilenis  vulgari  idio- 
mate.  germanica  vel  gallica  lioguanon  approbatis  absolute  inbibitîs. 

Missa  parochialis  et  Vesperse  horis  consuetis  pro  paro- 
chiœ  comraoditate  decantentiir,  nec  possit  anticipari  aut  differri, 
nisi  gravibus  de  necessitatibus.   Quolibet  die   Dominico   vel  fes- 


')  Voir  au  sujet  de  TétudeMu  chant  grégorien  la  circulaire  du  26  juil- 
let 1709.  adressée  aux  ecclésiastiques  et  aux  aspiranUi  à  l'état  ecclésiastique 
du  diocèse.  (Mandements  1  (1640-1758).  Collection  Gremaud,  aux  archives  de 
l'Eveché). 

')  Ce  snpplémeot  au  bréviaire  lut  publié  en  1672  par  l'évêque  Stram- 
bino  (Mémoires  11,  p.  506)  ;  le  Propre  du  diocèse  tut  réimprimé  par  Pierre 
de  MoQlensch  [Mémoires  II,  p.  513). 


«n  — 


Un,  fluiiiM  JtaMtttali  et  pMrMi  Bfldeate,  V«spers  solemol- 
ter  in  tenplo  eaMealw,  n  qnm  aatcn  aÊBd»  pro  vins  sea 
deEDDcUs  occwmat  fmadâU,  «Ke  vd  past  pv-ocbislts  offidt 
peraolTuitor,  sioiU  etîia  fieri  WÊrniamm  pro  effidis  in  capeltis 
sMi  stcellÎ3  faiMUtis.  la  qiifibst  parackiali  ecciesis  foodatio- 
iiiun  liber  a  parocho  sabeigaaiM  kabeatsr  et  fandatlone  adim- 
pkta,  sacerdos  qui  dicta  oaeri  »atâf«cït.  nna  cam  parocho 
eadem  die  sabsïgubH.  Pra  soGta  elemoisina  sacri  fscieodi  dod 
Binas  accipiat&r  qnn  qMd  ia  CoostitntîcDibas  sToodalibas ') 
assignator. 

N'allas  SacerdoB  EaecBtarîB  vd  regoUris  coodona&di  mooiis 
sibi  assumât  tel  exercera  prcsamal  ia  Urbe  Frîbargeiisi  sioe 
nostra  liceotia  et  aatoritate,  aec  alibi  in  tota  dîœcest  absqoe 
illa  Comoiissarii  aut  Deeani,  nec  coram  Venerabîli  exposito,  nisi 
prias  velo  obtrectnm  fnerit,  condo  habeatsr.  Nalluro  aatem 
offidum  decantetsr.  dom  coodo  habetar.  Popinie.  caapoo»  sea 
tabernte.  lasa^  pablid  vel  particuUres  dkaiaatar,  velati  etiAin 
dum  officia  parochialta  celebrantar,  implorato  $aper  htec  a  pa- 
rochis  brachto  sKcnlari  sob  gravibns  pisms  talia  iottlbeote. 
Canes  ab  ecclesiis  arceanlnr,  nec  ullos  saeerdos  ad  templan 
canem  secum  ire  permittaL  Cmces  et  imagines  ecclesiaram 
pictfc  Te)  scnlptie  ne  velb  obt«ganlur  ab  ioilia  qaadragesinue 
contra  Ritualis  Romani  rubricas.  se<l  tantnm  anie  primas  ves- 
pera$  DomiaJca?  ras.:jODi=,  nélt  aatem  qaaotan  âeri  potest,  sint 
cseralei  coloris,  absqoe  cradbiis  Tel  ima^nibos  ad  extra  appa- 
rentibus.  In  officîb  defonctomm  Tel  pompb  faneraliba;.  ne  mor- 
tuoram  capita  vel  imagines  sea  arma  defonctomm  saper  altsrt- 
bus  ponaotur,  cereiâ  tamen  ant  templi  muri.«  lidte  affligendifs 
nec  ima^ses  pict»  vel  scoiptœ  B.  Mariie  Virgi&is  vel  sancto- 
rum  oigrjs  vestibus  induantur. 

Ne  tanta  copia  tnstralis  aqo»?  super  tnmulis  defuoctoram,  ' 
qni  sunt  in  templis  vel  io  eornm  ingressu.  e  piscioa  lastratij 
abandantius  effundatur.  quie  nimia  biiroidiute  ecdesiie  orom*l 
mentis  et  labnlato  aliisqne  nocere  possit,  modica  enim  qnaoU- 1 
tas  cam  fide  et  devotione  pariter  {irodest.  Adituus  îptIs  i 
paoi  quatiendi  administer  seu  templi  cnstos  in  qaalibet  ecdest^l 
h&beatnr,  sumptibas  parocbix,  nisi  aliler  cooTentum  sit,   reti 


*)  CoDïtitatiOBes  Byoodales  1665,  cap,  63. 


—     493     — 


buendus.  Crnces,  Imagines  crucifixi  allorumve  sanctorum  io  pro- 
ces&ionibus  facie  antécédente,  ileferantur,  Sacerdotes  vel  clerici 
superpellicis  induti  et  bireto  texti,  in  plateis  ne  déambulent. 
Sœcularia  mandata  vel  alla  pro  forensibus  et  sfecularibuR  ne- 
gotiis  in  Ecclesia,  nulU  publJcentur,  Fores  ecclesiamm  tam 
siGculai'ium  quam  regularium  immédiate  post  salutationem  nn- 
gelicam  serotioam  claudantur '),  nec  mane  aperiantur  anle  horam 
quartam  in  lestate,  quintam  vero  in  hieme,  excepta  nocle  Nati- 
vitatis  Domini,  in  qua  oblationes  agoorum,  carnium  vel  simi- 
lium  ad  altaria  sacra  vel  in  ecclesiis  ab  indutia  ut  pastores 
fieri  prohibentur, 

Debito  cum  honore  et  summa  cum  veneratione,  prœce- 
dente  face  seu  cereo  in  laterna,  sacrum  Viaticum  ad  segros  (sub 
baJdachino  seu  umbella  si  possit)  deferatur  vélo  serico  albti 
super  bumeris  sacerdotis  appendente,  ciborium  seu  pi^idem  sa- 
cram  in  manibus  sacerdotis  suslinente,  uti  fieri  prfcscribit  ru- 
brica  in  processionibus  et  benedictionibus  fnciendis  cum  Augus- 
tissimo  Sacramento  ;  moneanturque  fidèles  sœpius  et  adborienlur 
eos  pastores,  ut  indulgentias  plurimaï^  comitantibus  conces>:as 
lucrari  non  negligant.  Formam  aiitem  a  Rituali  Romano  Pauli  V 
prsescriptam  in  hoc,  ut  in  aliis  sacramentis  ministrandis  mori- 
bundiaque  juvandis  omnimode  observent,  Si  qui  autem  senes 
aut  imbéciles  corpore  sint  in  grege  pastoribus  concredito, 
Biepius  pro  sua  commoditate  illos  visitent  atque  in  timoré  Dei 
et  pielale  foveaut.  Quoa't  sacra  doctrinœ  pabula  et  catéchèses, 
Statuta  ante  édita  observari  mandainus.  Ludimagîster  a  parocbo 
approbatus  conducatur  in  qualibet  parochia,  qui  juventutem  lit- 
teras  et  pietatem  doceat.  cui  diligenter  pastor  invigilabil,  quo- 
libet mense  scolam  visitans,  necnon  examine  probans  juventu- 
tis  progressum. 

Ceterum  omnes  in  sortem  Domini  vocatos,  iterum  adhor- 
tamur,  ut  ab  omni  specie  mali  abstinentes,  vitam  moresque  sues 
omnes  ita  componere  studeant,  ut  habitu,  gestu,  incessu,  ser- 
mone,  aliisve  omnibus  nil  nisi  grave,  moderatum  ac  religione 
plénum,  prte  se  feranl,  ut  cuuctîs  afferanl  venerationem,  ne 
vita  destruant,  quod  doctrina  tenentur  œdificare.  Quomodo  enim 

'}  Voir  au^jHi  l'ordonna noe  cootru  »  nocturnati  el  iiil«mpestivas  dovo- 
.   tionee  certîs  anoi   temporibus  fieri  solitas  »  particulièremont   pendant  les 
imirs  de  la  Semaine  Sainte   (Mandements  et  mandats  (1690- 


494 


tenebrœ  lucebnnt  aut  Balire  poterit  sal  infaluatum  ?  non  tantum 
ergo  coDscientiam  puram  coram   Deo,   (tivina  tninisteria  exacte 
cum  fide  et  pietate   peiageot,   verum  etiam    coram   bominibas, 
vjtEe  saoctiF  lestimonium    habere  studeant,  ut  in  ipsis  lalci  sus- 
piciant    quod    imitentur    ovesque    sibi    créditas   ad    feltcitatein 
teterna  gloria    cumiilandi  perducant,    quod   omnibus    et   sîngults 
benedictione    nostra    votisque    auguramur.    Mandantes    Commis- 
sariis  et  Decanis  nostrix,   ut  pra>fatorum    executioni  serio  invi- 
gilent.  delinquentes  (si  quis    forte  prœter  spem  nostrain    inve- 
niantur)    ad    nos  déférant,    super  quibus    illorum    conscientiam  i 
oneramus.    In  quorum  omnium   iidem  présentes  manu    propria  1 
Bignatas  et  sigtllo  Dostro  munitas  atque  secretarii  nostri  maou  ^ 
subsignalas  dedimus  >. 

Ces  prescriptions  nous  montrent  encore  le  bon  pasteor. 
L'évéque  s'adresse  en  premier  lieu  au  clergé  qui  doit  donner  le 
bon  exemple  en  observant  les  lois  de  l'Eglise,  les  canons  et  les 
statuts  diocésains  ;  il  doit  veiller  au  salut  des  âmes  et  se  dé- 
vouer  pour  le  bien  spirituel  des  fidèles  et  éviter  tout  ce  qui 
pourrait  avoir  l'ombre  du  mal  Le  clergé  fera  consciencieuse- 
ment le  catéchisme  et  les  instructions;  chaque  paroisse  doit 
avoir  un  instituteur  pour  les  enfants,  le  curé  doit  surveiller  et  i 
visiter  l'école,  etc.  Les  Recès  généraux  contiennent  de  nom-  I 
breuï  détails  au  sujet  des  offices,  des  questions  liturgiques,  dea  1 
messes  fondées,  des  enterrements.  L'évéque  exige  qu'on  intro- 
duise te  chant  grégorien  dans  les  églises  ;  les  chants  en  langue 
vulgaire  sont  prohibés  aux  offices.  Pendant  les  otfices  et  le  ser- 
mon les  établissements  publics  doivent  être  fermée.  Les  abus 
que  signale  l'évéque,  par  exemple  les  publications  dans  les 
églises,  la  coutume  de  conduire  le  soir  de  Noël  des  agneaux 
dans  les  églises  doivent  ôtre  supprimés,  etc. 

En  1716  l'évéque  Duding  voulut  entreprendre  une  secondai 
visite  pa<3tQrale  ')  ;  il  la  commença  en  effet  en  visitant  Soleurel 
le  19  et  le  20  juin  1716,  Cependant  cette  visite  dût  être  in-r 
terrompue  et  peu  après  l'évéque  mourut,  le  20  novembre  1716.1 
Ce  fut  son  neveu  et  successeur  Claude-Antoine  Duding,  qnî  lij 
continua,  après  son  avènement  au  siège  (!piscopal   de  LansanaK 


iacUe  ab  epî^copn  J,  Dudiug  in  Juan 


')  Acta  ftecundie 
1716  (Aeta,  vol.  15.  fol,  2^0). 


CHAPITRE  HUITIEME 


Les  Tiiites  pastorales  de  l'évéque  Claude-Antoine  Dnding 
(1716-1745). 

Claude-Antoine  Duding  ')  fut  noniiné  au  siège  épiscopal 
ie  Lausanne  le  23  décembre  1716  et  consacré  le  â9  Juin  1717  °). 
Ce  prélat  a  un  nom  dans  l'bistoire  du  diocèse  par  ses  travaux 
Ibéotogiques  et  historiques,  par  son  zèle  dans  ses  visites  pasto- 
rales, par  son  énergie  pour  réprimer  les  abus,  sa  prudence 
dans  l'administratiou,  par  la  restauration  des  droits  épiscopaux, 
le  soin  qu'il  mit  aux  enquêtes  du  procès  de  canonisation  du 
P.  Canisius,  par  ses  etforts  pour  l'établissement  d'un  Séminaire. 
Sun  nom  brille  parmi  ceux  des  évëques  les  plus  distingués  du 
diocèse  de  Lausanne. 

L'évéque  ne  tarda  pas  à  entreprendre  une  visite  générale 
du  diocèse.  Elle  fut  commencée  le  5  septembre  1717  et  dura 
pendant  l'année  1718;  quelques  pa.roisscs  furent  encore  visitées 
en  1720  et  1722*).  Malheureusement  les  Recès  généraux  de 
cette  visite  sont  perdus*);  parmi    les  Recès    particuliers    nous 


')  Mémoires  histor.  Il,  p.  516  et  as.  ;  Lausacoa  chrl^tiana  :  Cl.  Ant. 
DudÎDg  ;  Lausanoa  sacra,  fol,  81  ;  Liber  mandalorum  111  (1736-4S)  ;  Meyer, 
Histoire  de  la  eommanderie  de  St.  Jean,  p-  58  et  ss.  ;  EmulalioD,  111,  n'  19 
et  suivants  :  Berchtold.  Histoire  du  canton  de  Fribourg,  lil,  p.  169  et  sui- 

')  Voir  la  lettre  pastorale  de  l'année  1717  (Mandata  et  litt.  past.  I.  c. 
h-  5). 

')  Aota  primiK  et  generalin  visitationis  ab  episcopo  CI.  Ant.  Duding 
factœ  a  1717  et  sq.  (Aota,  vol.  15,  toi.  220-325). 

')  Non»  savons  par  l'évoque  Ini-niamaqu'il  en  fut  publié,  car  l'évéque 
recommande  (Ada  visit.  vol.  16,  fol.  29)  l'observation  «omnium  aliopuin 
quffl  in  niandato  generalis  visitationis  nostr»  de  anno  1717....  pneBCribno- 
tur.  »  Voir  pour  la  discipline  ecclésiastique  :  Mandements  et  mandats  I.  □., 
fol.  Jft-i7,  78s9. 


49« 


rclftvermt  cen  ponr  le  dupttre  de  Solenre  'i  et  poor  la  ooUtf- 
gitle  de  St  NîmIcb  i  Friboarg  '). 

Clande-Aotoine  Dndiiig  ordoDU  une  seconde  Tiâte  pasto> 
raie  pour  1724  ;  commence  le  14  norembre  1734^  elle  &t 
£u'te  eo  partie  pir  l'évéqae  lai-méme,  en  partie  par  s«s  dâé- 
gnés  ').  Comme  l'évéqne  dat  interrompre  U  visite,  il  U  reprit 
l'iDDée  soiraote,  en  1725,  en  ruwoBÇânt  as  dergé  le  28  aan 
1725,  p»r  U  lettre  saiTanle  : 

«  ClauiliuB  Antonius,  Episcopos  Laos.,  etc.  RevereDdis  D. 
Decaoîs  nostrs  dicecesia  salntem. 

Muneri  nostro  pastorali  ulterias  satisfactori,  TîsitaUoDem 
BOttrs  diœ«;e«is  prteseoti  anno  iostituendam  decreTimos.  Hkb- 
dantes  in  hune  fioem  tibi  îi'°  D.  Decano,  al,  admonitis  prias 
R"*  Domitiis  tui  districtas  parochis,  tam  de  vUitatione  Dwtra 
facienda,  quam  observatione  omnium  aliorum,  qu»  in  atlÎDiicto 
mandHto  generalis  visîtationis  nostrœ  de  anno  1717,  pront  etiatn 
in  CunGttlulionibus  bynodalibus  pra-scribuntur  ;  eosdem  adno- 
neas,  qaatenus  Kingulî  parochi  in  uua  cootioue  parochianos  suos 
de  visitatiuue,  conlirmsUoDe  sedulo  instruaut,  &c  pro  bac  tns- 
tructiune  matute  sernionem  cumpoDant,  ad  populum  uoa  vel 
altéra  die  Oomiuica,  ante  visîtalioDem  actualem,  habendum. 

Ut  inquiranl  a  paiochianis,  au  nou  habeant  libros  hsere- 
licoH  vel  de  biïTesi  buspectos  vel  alias  a  jure  prahibitos,  de- 
clarandu  itios,  qui  nimiles  legunt  aut  in  suis  domibus  habent 
vel  Hciuiit  ab  uliis  haberi.  si  non  manifesteut,  post  babitam  haoc 
monitionem  peremptoriam,  ipso  jure  exconnnunicatos,  oisj  ad 
parocbos  sitniles  lihros  sioa  oiora  depoiiant. 

Jubeanl  pariler  in  virtute  sanctic  obedientiiv  quœ  ab 
omnibus  lîdelibus  crga  Sanctam  Matrem  Ecclesiam  catholicam 
eshiberi  débet,  ut  similes  legentes  libros  bœreticos,  vel  ret«a- 
tores  mature  manifestari,  ut  in  visîtatiooe  vel  alias  Seri  possit 
quid  de  jure  videbitur. 

Prtcparent  parocbi   discursum   unius   quadrantis  de    pœni- 


I 


')  Aeta,  vol.  15.  (oj.  311. 
•)  Acta,  vol.  15,  M.316Bt  stiiv. 

')  Acte,  vol.  16,  fol.  1-30,  Voir  le  Recès  pour  Soleore,  fol.  20. 
')  Decratam  pro  viaitatione  hujUH  diœoeiiis  iillerius  instUnenda 
v«rendiFi  D.  Decani-  tranhmÎBBuni  (AcU  VÎBiWtionis,  vol,  16,  ïol. 


497 


tentia  rite  obeunda,  inoocentia  conservanda,  peccatis  fugieadis, 
ad  populum  ipso  die  visiiationis  coram  nobis  habendam. 

Prœterea  doceant  juvenes  ad  catechetiiin  uuius  quadrantis 
in  DOslra  priesetitia  memoriter  recitandam,  cum  tribus  iuterro- 
gantibua  ac  totidem  respondentibiii:  de  quacumque  materia  ad 
libitum  eligenda. 

Mandamus  Dominis  parochis,  ut  populum  moneant  ad 
Sacramuntum  Coufirmationis  miaores  duorum  aunoruui  comple- 
torum  DOD  fore  admittendos. 

Prohibentur  ilerum  serio  explosiones  quœcumque  item 
comraessationes  intempeslivie,  cuui  visitatio  non  débet  fieri,  nec 
habeatur  ad  commese^atioDes,  compotatioues  instituendas,  sed  ad 
renovandum  et  roborandum  spiritum  fidei,  ideo  tiibuantur  ne- 
cessaria  et  liouesia  et  non  superflua  et  prodiga,  ut  juter  alia 
sunt  compositurœ  dulciariœ,  alias  gallice  les  Confitures,  qutc 
certe  ad  nihil  conducuut  nisi  ad  gumptus  inutiles. 

Ne  autem  diutuis  mensce  immoretur,  aliquœ  fruges  una 
cum  carne  tosta  vel  assatis  subministrabuutur.  Prœcipimus 
quoque  omnibus  K'"'  D.  Decanis,  parochis.  capellanis.  vicariis  et 
clericiij  In  sacris  canstitutis,  ut  Proprium  Lausannense  nostra 
auctoritate  de  novo  auctum  et  impressum  ')  (in  proxima  sacro- 
rum  oleorum  distributione)  a  te  R"*"  Decano,  singuti  pro  duo- 
decim  baceis  cum  dimidio  sibi  comparent,  nobis  dein  in  visita- 
tione  ostendenduni.  Datum  Friburgi  Uelvetioruœ  die  28  Martii 
1725  ». 

Cette  lettre  nous  donne  un  esemple,  comment  l'évêque  fit 
des  préparatifs  pour  obtenir  le  meilleur  résultat  possible  par 
la  visite  pastorale.  Le  curé  devait  préparer  ses  paroissiens  par 
des  instructions  ;  il  fera  lui-même  un  sermon  en  présence  du 
chef  du  diocèse.  U  était  surtout  enjoint  au  clergé  de  s'informer 
si  des  livres  défendus  étaient  dans  leurs  paroisses.  L'évêque 
fera  passer  un  examen  à  la  jeunesse  pour  l'instruction  reli- 
gieuse. Toute  dépense  inutile  est  défendue  :  le  but  de  la  visite 
pastorale  n'est  pas  de  faire  une  fête,  mais  de  renouveler  et  de 
fortifier  l'esprit  religieux. 

Cette   visite    dura    pendant    les   années    1725    à   1727'). 


')  Ce  Propre  du  diocèse  fut  publié  eii  1725  (Mémoires  liist.  Il,  | 
■)  Acla  visitaiiooii,  vol.  16,  loi.  31-135. 


4il  C*  «MaHé*  fmÊÊHt  I»  WÊÊtm  H»  «  1TM.  Dum 

emn  de  cette  fWU.  rfp(|n  paUta,  vmt  «llair  éc  la  r^*- 
brfU  iui  heâAmiaa  4e>  «Cras  pMr  les  «miackes  et  les 
jMfS  4e  ft*c  4c  t«ne  rusée,  ■■  rf^kaat  tris  délaiDé'), 
^■i  B»Mtitee  n  diMMt  ia^etut  pov  l'Ustotn  de  U  ti- 
tK|fe  diw  le  diertie  de  l  ■wtifcf  Ucerrospae  i  som  toor, 
cette  tWte  fatrepriiek  15  ni  17Ï5,  ca  pwita  far  de*  dâ^ads 
de  rMvM  ■).  Elle  éiA  avtaat  dielie^ri.  came  le  dU  PdrCqae 
ea  e— eaçeet  celle  aearelk  nâir.  eai  parehees,  qoi  a'eTaieat 
pai  ëld  «fiitdes  depuis  1725,  et  daas  les^eeOes  le  sacreneat  de 
eeeifiliee  s'arut  pas  élé  ataiésé  depois  eelte  époque.  L'aa- 
aeaee  de  la  Tinte  fat  faite  par  l'éTtqae,  le  4  evril  1735,  par  la 
lettre  ratraaie  *)  : 

«  Cleadiu  Aotonisg,  Dei  et  ApostolicK  SedU  gratis  epis- 
eepoi  ec  cmms  LaoBaaneniis,  S.  R.  J.  Princeps,  solii  pootjfidî 
usitteM,  necooD  regalis  moatsterii  S.  VinceBiii  Bisuntini  Abbae 
commeDdatariae,  etc.  1 

Solticitodinis  nostrœ  pastoralis  debîio  ulterios  pro  Tirilms 
Mlûfactori,  nos  boc  hddo  visitatioDem  hujas  diœcesis  ooslr» 
LgunanncDHlii,  io  fllis  locis  duotaxal,  in  quibus  ab  aooo  1725, 
pcrltutrationem  Doodum  fecimas,  per  nos  vel  per  deputatos, 
anxiliaote  Domiao,  iostituro»,  prscipue  vero  ioftinteâ  sacrameQ* 
tali  uDctione  coDârmaturos  (quos  de  omnibus  circa  congruas 
buDC  in  fÎDem  diapoaitioDes  parochi  monebuot,  ac  per  se  sea 
etSam  per  alios  prœaertim  parentes  scitu  necessaria  edoceri  cu- 
rabuuij  hlsce  notum  facimus  ac  declaramus. 

Maodamus  îgitnr  omnibus  beoeSciati^,  quateaussuos  )ibros, 
tiluloa  aliaque  suorum  beneliciorum  documenta  nobis  vel  nostris  J 
deputatis  fideitler  et  accurat«  ostendant. 

Ducani  vero  sui  diatrictus  capellas  et  oratoria  tamprivata.! 
quum  publica  uti  et  dometitica  per  se  vel  per  alios  sacerdotss] 
anle  Dostrum  sdventum  mature  visitent,  ita  ut  de  corum  ornu- 


'}  AcUtorti»!  visilalJoiii«  CAcU.  vol.  16.  fol.  135-215).  Voir  les  Reoèft  | 
pour  Prilwur|{,  p.  141  ol  Huivaulee. 
•)  Acta,  vol.  16.  toi.  183-196. 
')  AoU,  vol.  16,  fol.  215-321. 
')  EteMiiu*  n'  8- 


499 


mentis,  decoro,  situ,  fuDdationibus  et  obligatîonibus  scriptotenus 
in  actu  visitationis  rationem  reddere  possint,  qui  parilev  abusus 
et  incoDvenientias,  si  fotsan  irrepsetint,  itidicabunt,  Omues  eccie- 
siarutn  rectores ,  confralernitatum ,  fabricarum  directores  de 
earumdem  fundalionibiis,  aggregationibus,  regulis,  privilegiis, 
mlNsarum  vel  aliorum  piorum  operum  obligationibus  earum- 
demque  oeconomia  pariter  rationem  reddituri  coinparebunt. 

Illi  omnes,  quorum  interest,  iiubis,  missarum  et  officioruni 
divinorum  négligentes  proul  etiam  piarum  fundationum  occulta- 
tores  amore  pietatis  ac  justitiie  deuunciabuot. 

Prcecipimus  quoque  in  virtute  sauclee  obedienliœ,  ut  omnes 
de  beeresi  suspectes,  sive  librorum  a  nobis  seu  alias  ajurepru-' 
hibitorum  lectores,  detentores,  faulorea,  pubiica  scandala,  tum 
Itersonas  maleficas  seu  de  incantationibus  notas  sortilegas,  si 
quœ,  (quod  Pater  luminum  avertat),  taies  rêvera  exii^terent,  défé- 
rant, quatenus  circa  similia,  etiam  quantum  in  Domino  fîeri  po- 
terit,  aut  necesae  videbitur,  providere  et  oportunum  remedium 
afferre  valeamus. 

Dissensiones  vero  aut  querelas  sive  difficultates  in  scripti3 
bene  ordinalis  succincte  exhibebunt. 

Quat  omnia,  ut  parocbi  populo  sibi  comraisso  ex  cathedra 
vel  in  pronao  edicant,  eumdemque  de  fructu  spiritual!  visitationis 
edoceant,  hisce  similiter  injungimus. 

Explosiones  et  expensas  inutiles  aerio  prohibemus,  cum 
solum  de  prteparandis  victui  necessariis  ac  observari  solitis  in 
hia,  nec  ultra  curandum  sit. 

Quos  aulem  parochos,  seu  quas  parocbias  aut  ecclesias,  et 
quBudo,  personaliter  vel  per  deputatos  visitaudos  seu  visitandaB 
pro  locorum  ac  personarum  coioiQoditate  suscïpiemus,  mature 
prEemoneri  curabimus. 

Circa  ea  vero,  quœ  exemptos  spectant,  SS.  Conciliorum 
décréta  vel  aliunde  declarata  observabimus. 

Ubi  nutem  sunt  ecclesiœ,  capellm  vel  altaria  conaecrauda 
aut  campance  benedicendic,  quantoclus  parocbi  vel  alii,  quibus 
incunibit,  de  his,  utî  etiam  in  quorum  Sanctorum  bonorem  coa- 
secratio  seu  benediclio  fieri  desidcratur,  secretarium  noslrum 
ccrtioretn  reddant.  ut  qutc  sunt  in  his  ac  similibua  prœparanda, 
doceri  possint,  ac  nos  etiam  juxta  illa  cursum  visilationîs  diri- 
gère  possimuii.  Datum  Friburgi  die  4  Aprilis  1735,  » 


^B     gère  pu 

■1 


—      500     — 

En  vue  de  cette  visite  les  curés  devaient  préparer  les  titres 
et  docuiiieuts  conceruaut  leurs  l>éDélices  ;  les  doyen!^  devaient 
visiter  les  chapelles  et  les  oratoires  de  leurs  décanats  et  pré- 
senter un  rapport  écrit  sur  leur  état,  sur  les  fondations  et  les 
abus  qui  pourraient  y  exister  ;  toutes  les  personnes  chargées  de 
l'adniinistratiou  des  biens  ecclésiastiques  rendront  compte  de 
leur  gestion.  Les  personnes  dont  la  conduite  laisserait  à  dé- 
sirer seront  corrigées,  les  dissensions  et  querelles  supprimées 
dans  la  mesure  du  possible,  etc.  Les  curés  avertiront  l'évêque 
s'il  y  a  des  églises,  des  chapelles  ou  des  autels  à  consacrer, 
pour  qu'il  puisse  établir  son  itinéraire  en  conséquence. 

Une  quatrième  visite  ')  fut  entreprise  par  Claude-Antoine 
Duding  au  mois  d'avril  1738;  elle  se  lit  avec  des  interiuptions 
plus  ou  moins  longues  pendant  les  années  1740  à  1744.  Fen- 
dant cette  visite  un  petit  incident  s'est  produit  que  nous  ne 
voulons  pas  passer  sous  silence,  parce  qu'il  nous  révèle  d'inté- 
ressants détails  sur  les  relations  entre  les  deux  pouvoirs  spiri- 
tuel et  temporel.  L'évêque,  en  séjour  à  Plaisance,  allait  se 
diriger  sur  Estavayer,  pour  conférer  le  sacrement  de  confirma 
tioD,  lorsque  son  secrétaire,  arrivant  de  Fribourg,  l'avertit  que 
le  conseil  de  Fribourg  pourrait  trouver  mauvais  que  l'évêque 
fasse  le  voyage  d'Estavayer,  sans  en  avoir  avisé  leurs  Excel- 
lences. L'évêque  chargea  un  de  ses  parents  à  Fribourg  de  se 
présenter  chez  l'avoyer  de  Fribourg  en  lui  communiquant  la 
lettre  suivante  °)  :  <  Je  ne  m'attendais  pas  à  un  scrupule  de 
cette  nature,  comme  si  je  n'avaU  pas  la  liberté  de  faire  mes 
fonctions  pastorales  dans  mon  diocèse,  comme  un  curé  l'a  de 
les  faire  dans  sa  paroisse,  ou  bien  il  faudroit  que  l'on  me 
tinsse  suspect  à  l'Etat,  si  toutes  les  fois  que  je  va  faire  les  fonc- 
tions dans  le  canton,  il  en  faudrait  toujours  aviser  le  conseil 
souverain.  Je  sais  bien  que  si  je  résidais  à  Lausanne  ou  à  So- 
leure  et  que  je  voulusse  veair  à  Fribourg  ou  dans  le  canton 
pour  y  faire  une  visite,  je  devrais  donner  avis,  comme  je  l'ai 
fait  des  autres  souverains  qui  dominent  dans  les  autres  états 


I 
I 


')  Âcta  quart»   visitationia  ab  episcopo  Cl.   A.  Dudiog  iochoatie  | 
meose  ApriliH  1738.  (Âcta,  vol.  17,  Col.  1-&6], 

')  GeiaU.  Saohen.  Evéché  (1680-1803).  Lettre  du  4  septembre  1742 
fAtcbives  d'Etat). 


—     501     — 

du  diocèse,  afin  que  l'on  se  prépare  pour  me  recevoir  avec 
honneur  et  avec  les  cérémonies  accoutumées,  mais  comme  je 
réside  dans  Fribourg,  soit  daus  le  canton,  je  n'ai  pas  coutume 
de  donner  avis,  hormis  quand  il  s'agit  d'une  visite  générale, 
que  je  ne  saurais  entreprendre  pour  le  présent  sur  le  pied  des 
précédentes  pour  des  raisons  que  je  dirai  dans  son  temps,  mais 
aujourd'hui  il  ne  s'agit  pas  de  la  visite,  il  s'agit  tant  seule- 
ment de  l'administration  du  S.  Sacrement  de  confirmation  à 
EsCavayé,  en  y  convoquant  les  enfaels  des  14  paroisses  voisi- 
nes; c'est  une  chose  que  j'ai  dit  plus  d'une  fois  à  divers  sei- 
gneurs (le  l'Etal  et  autres  dans  Frybourg,  cela  a  déjà  été  pu- 
blié aus  dits  Estavayé  et  paroisses  au  temps  de  Pâques  passé, 
afin  que  l'on  fasse  les  préparations  des  enfants  à  ce  sujet  :  le 
tout  a  derechef  été  publié  il  y  a  quelques  semaines  dans  quel 
temps  j'ai  marqué  le  jour  et  l'emiroit  ou  je  ferai  cette  fonc- 
tion là,  que  ce  n'est  pas  une  chose  inconnue  ni  dans  Fribourg, 
ni  dans  le  canton.  Toutefois  ad  melius  esse,  vous  irez,  la  pré- 
sente reçue,  chez  Sun  Excellence  l'avoyer  président  de  ma  part, 
et  vous  lui  ferez  connaître  tout  le  contenu  de  cette  lettre  pour 
qu'il  en  fasse  i'usage  qu'il  trouvera  à  propos.  Il  y  a  10  ans 
passé  que  j'ai  fait  à  peu  près  la  même  chose  à  Estavayé  sans 
autre  cérémonie;  il  est  juste  que  j'en  fasse  de  même  à  pré- 
sent, car  dans  10  ans  le  nombre  des  enfants  s'aggrandit  assez, 
voilà  ce  que  j'ai  à  vous  dire  aujourd'hui  ». 

La  quatrième  visite  pastorale,  commencée  en  1738,  fut 
terminée  le  22  juillet  1744;  nous  n'en  possédons  que  des  recès 
particuliers  et  nous  ne  savons  pas  si  l'évéqne  a  rédigé  des 
recès  généraus. 

Il  nous  reste  cependant  de  cet  évéque  plusieurs  décrets 
disciplinaires  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt. 

Par  décret  du  25  avril  1720  l'évéque  Duding  avait  intro- 
duit les  catéchismes  du  P.  Canisius  dans  le  diocèse,  à  l'esclu- 
sion  de  tout  autre  ')  :  <  Ad  stabiliendam  Deo  pergratam  uni- 
formitatem  In  ils  prseuipue  quœ  ad  doctrinam  christianœ  servandEe 
puritatis  integritatem,  adultorum  perinde  ac  juventutis  inslttu- 
tionem  spectant,  mandamus  ac  districtim  prœcipiendo  omnibus 
ecclesiarum  recloribus,  decanis,  parochis  per   prœsentes  injuogi- 


'J  M&ndetuenbj  e 


,3  (1690-1806>,  fol.  40-41. 


502 


mus,  ut  sibi  catechismum  venerabili»  P.  Pétri  Canisii  tam  par- 
vum  pro  junioribuB  quaui  magnum  pro  aduUis  gallice  et  ger- 
macice  pro  unanimi  couformitate  nostric  diœcesis  paslorali  oostra 
BOllicitudiue  typis  rursus  editum  et  recognitum  compareot,  atque 
hoc  sanœ  doctrinœ  pabulum  clara  metliodo  tidelibus  singulis, 
saltem  diebus  DomiQÎds  prebeant  et  esplauenl.  Ut  aulem  salu- 
tarem  banc  uniformitatem  orthodoxEE  religionis  solidius  induca- 
mus,  prœcipimus  omnibus  et  siagulis  parocbis  ut  in  suo  dis- 
trictu  dispersos  cujuscumque  geaeris  et  alienos  Catecbîsmos 
omni  studio  colliganl,  invocato  etiam  contra  renitentes,  si  opus 
fuerit  brachio,  seculari.  Collectes  reverendis  decauis  tradant  et 
postquam  traditi  fueriot,  ad  nos  transmittantur,  ita  fore  confi- 
dimus,  vos  vestro  munere  seduto  perfuncturos  >.  Ce  décret  fut 
renouvelé  le  9  juillet  1733  ')  ;  en  même  temps  l'évêque  renou- 
velle les  ordres,  donnés  par  le  passé  par  ses  prédécesseurs  et 
lui,  au  sujet  des  livres  hérétiques,  jansénistes,  ou  qui  contien- 
nent des  propositions  suspectes  d'hérésie,  des  libelles  fameux, 
anonymes  tant  imprimés  que  manuscrits  et  également  uu  sujet  de 
ceux  qui  contiennent  des  chansonnettes  indécentes  et  qui  entraînent 
les  esprits  à  la  corruption,  qui  d'ailleurs  sont  déjà  défendus 
sous  peine  d'eucourir  les  censures  statuées  par  l'Eglise  contre 
les  transgresseurs,  avec  ordre  à  tous  ceux,  qu'il  est  dit  dessus, 
de  ramasser  semblables  livres  ou  ouvrages  et  à  ceux  qui  les 
retiennent,  vendent  ou  lisent,  de  les  remettre  à  leurs  curés  on 
confesseurs  et  de  s'en  défaire  promptemeut,  le  tout  boub  Ibb 
mêmes  peines. 

Un  décret  disciplinaire  du  1"  février  1730  ')  a  été  porté 
contre  «  plures  beneficiatos,  quorum  studium  esse  deberet,  prœ- 
dicatione  et  exemplo  familiam  Dei  œdificare,  audaciter  contra 
sanctos  Canones,  Constiiutiones  synodales  ac  contra  nostra  dé- 
créta quodamodo  taberiiarios  agunt  et  vinum  more  caupoDum 
ministrant  : 

Quamvis  per  décréta  nostra  superioribus  annis  édita 
saceidotum  honori  non  minus  quam  sobrtetuti  sufficienter  pro- 
viderimus,  eos  a  tabernarum  fréquentation e  revocando,  quse  iu- 
numerorum  excessuuoi  origo  est,  nihilominus  ut  omnem  dedecoruj 


I 


']  Maodatit  et  litt.  pastorales  (1633-1766).  n'  5. 

')  Mandata  el  litt.  I.  u.  n'a  ;  Mandements  et  maudala,  I,  o.  toi.  47-4 


503 


umbram  et  scandali  occaBionem  a  Clero  nostro  removeamus 
preesenti  statuto,  sub  pœna  cenaDrœ  in  delinquentes  ferendœ, 
ordinamus  et  prohibemus,  ne  beneficiati  et  alii  sub  quocumque 
prœtextu  juvenibus  et  seoibus  vinum  in  suis  œdibus  ad  potan- 
dum  vendant.  Verum  etsi  ipsis  pennissum  vioum  ad  eorum 
usum  comparare,  non  ideo  sibi  licere  arbitrentur,  excepta  ne- 
cessitate,  illud  ex  professe  et  industria  eraere,  ut  negotiando 
turbem  qusestum  acquirant,  cum  a  Sactis  Canonibus  hujusmodi 
comœerciuin  summopere  înterdicalur.  Qaare  cum  v^dde  inde* 
corum  sit  spirituales  viros  mundanis  actioaibus  învoivi,  ideo  in 
virtute  sacrœ  obcdientiii!  omnes  et  singuli  nostrsc  diœcesis  Cle- 
rici  a  SEecularibus  negotlis,  lucri  causa  juxta  canooicas  sanctiones 
abstineant  nec  se  immisceant,  aed  ministerium  ad  quod  vocati 
sunt,  Dec  et  Ecclesiœ  lideliter  ac  decenter  inserviendo  ad- 
impleant.  Ne  autem  hujus  decreti  ignorantia  prœtestetur,  mo- 
nemus  omnes  reverendos  dominos  decanos,  quatenus  serio  invigi- 
lando  pro  stricta  ubservantia  hujus  decreti  eorum  districtus 
presbyteris  siue  mora  quantocius  intiment  aut  intimari  curent  >. 

Une  série  d'ordonnonces  des  années  1734-1744  se  rappor- 
tent aux  publications  dans  les  églises,  à  l'observation  des  lois 
civiles  et  pénales,  au  respect  dû  partout  à  l'autorité  civile, 
aux  revenus  ecclésiastiques,  à  la  conservation  des  litres  des  bé- 
néfices, etc.  '). 

Nous  ne  relèverons  que  quelques  points  du  décret  con- 
cernant la  sanctification  des  dimanches  et  des  jours  de  fêtes, 
qui  présente  un  intérêt  spécial  ')  : 

<  Les  dimanches,  aucune  vente,  aucun  achat  ne  peut  se 
faire  ni  en  public,  ni  en  particulier  sans  transgresser  le  pré- 
cepte, à  la  réserve  cependant  des  choses  qu'on  a  coutume  d'of- 
frir dans  les  églises  et  autres,  qui  servent  à  la  dévotion,  comme 
chapelets,  médailles,  etc.  ;  comme  tnéme  aussi  les  menues  vic- 
tuailles, que  l'on  a  accoutumé  de  vendre  en  tels  jours,  bien  en- 
tendu toutefois,  qu'elles  ne  se  peuvent  vendre  qu'avant  et  après 
leb  grand-messes  de  paroisse. 

Lorsqu'il  est  nécessaire,  que  les  catholiques  fréquentent 
les  foires  chez  les  protestants  les  jours  de  fêtes,  les  curés  per- 


')  Mandata  et  lltl.  paator.  1. 1 
']  Mandement  du  3fl  > 


1*5. 


mettent  à  leurs  paroissiens  respectifs  d'y  aller  vendre  et  ache- 
ter, toutefois  après  qu'ils  ont  entendu  la  Sainte  Messe  ;  et 
lorsqu'il  n'y  a  pas  deux  Messes  dans  une  paroisse,  les  paroisses 
les  plus  voisîues  des  foires  des  protestants  conviennent  avec  les 
curés  pour  que  la  Mes»e  paroissiale  se  célèbre  un  peu  plus  tôt, 
afin  que  ceux  qui  ont  besoin  de  fréquenter  les  dites  foires  chez 
les  dits  protestants  (ne  le  pouvant  par  conséquent  pas  faire 
pour  s'y  divertir  et  donner  dans  la  débauche),  y  puissent  assis- 
ter Bien  entendu  aussi,  que  si  des  particuliers  devaient  néces- 
sairement se  trouver  dans  une  foire  éloignée  des  mêmes  pro- 
testants et  qu'ils  ne  pussent  pas  entendre  la  Messe,  ils  pour- 
ront préalablement  s'adresser  à  leur  curé  pour  être  dispensés 
de  l'entendre,  en  lui  indiquant  la  nécessité  pressante  de  s'y 
rencontrer,  dans  quel  cas,  déclarons,  que  les  curés  les  en  doi- 
vent dispenser. 

Lorsqu'il  y  a  nécessité  de  faire  les  récoltes,  générale  on 
particulière,  les  curés,  à  l'iostance  des  intéressés,  les  dispense- 
rout  aussi,  en  leur  donnant  la  permission  d'y  travailler,  en  se 
rapportant  toujours  à  la  conscience  de  ceux,  qui  allèguent  telle 
nécessité.  Or  par  le  terme  de  récolte  nous  entendons  aussi,  de 
lever  le  chanvre,  couper  les  graines,  qui  risquent  de  périr  par 
la  pourriture  ou  brûlure  et  autres  cas  de  cette  nature,  ce  qus 
l'on  peut  faire  même  les  dimanches,  lorsque  la  perte  est  inévi- 
table et  cela  sans  être  sujet  &  aucune  amende  ou  châtiment, 
selon  que  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  nous  le  fait  entendre 
dans  son  Evangile;  car  quoique  l'Eglise  ne  dispense  en  ries 
par  rapport  aux  dimanches,  elle  déclare  cependant,  ce  qu'il  est 
permis  de  faire  en  ces  jours  pour  le  besoin  et  pour  éviter  une 
perte,  qui  ne  laisse  point  de  ressource  ;  cela  s'entend  â  l'égard 
du  blé,  du  chanvre  et  du  vin  et  non  pour  d'autres  cas,  pour 
lesquels  nous  nous  en  remettons  à  l'usage  et  à  la  prudence. 

A  cette  occat^ion  déclarons  aussi  que  les  curés  doivent 
permettre  en  dispensant,  à  ceux  qui  sont  moyennée,  de  labouref' 
les  terres  aux  fêtes  d'obligation  pour  les  pauvres  ;  et  par  lei 
pauvres  nous  entendons  ceux  qui  ont  peu  de  terres  et  qui 
n'ont  pas  le  moyen  de  garder  un  cheval.  Ils  peuvent  également 
accorder  dispense  pour  labourer  les  terres  dans  les  endroits  les 
plus  hiverneux,  lorsque  la  saison  presse  de  cultiver  et  qu' 
plus  grund  retardement  causerait  dn  dommage. 


I 

e 

•â 


60K 


Les  curés  peuvent,  aussi  dispenser  au  sujet  du  chariage, 
soit  de  la  voiture  des  fromages,  qu'on  appelle  de  Gruyère,  aux 
dites  fâtes  d'obligation  dans  les  saisons  accoutumées,  à  condi- 
tion toutefois,  que  ceux  qui  voitiirent,  ménagent  l'occasion  d'en- 
tendre la  Sainte  Messe  en  passant,  ou  avant  de  partir  des 
endroits  où  ils  les  chargent-,  et  cela  d'aulant  que  cette  voiture 
intéresse  non  seulement  les  biens  des  particuliers,  mais  aussi  du 
public.  Il  suffira  pour  pouvoir  les  voiturer  d'avoir  une  dispense 
soit  permission  des  curés  des  endroits,  oii  ils  les  chargent  et 
d'où  ils  partent,  pour  qu'ils  ne  puissent  ^tre  arrêtés  ou  re- 
cherchés dans  les  endroits,  par  oii  ils  passent.  Il  faut  cepen- 
dant que  ceux  qui  font  voiturer  ou  voiinrent,  en  usent  avec 
rectitude,  discrétion  et  selon  le  besoin  qu'ils  doivent  indiquer 
&ntf  curés,  dont  ils  demandent  dispense.  > 

L'évéque  Claude-Antoine  Duding  mourut  quelques  mois 
après  sa  quatrième  visite  pastorale,  le  16  juin  1745.  Un  con- 
temporain fait  de  l'évéque  défunt  le  portrait  suivant  'j  :  *  Om- 
nibus requisitis  dotibus  eximie  ornatus  gregi  tuendo  per  viginti 
octo  annos  et  ultra  prœfuit,  eam  curam  impendiosc,  cum  labo- 
rem  etiam  desudando  subiisse,  ut  cohoitationibus,  consiliis  in 
sana  doctrina,  exemplo,  devios  ad  saniora  revocaverit,  bonos  in 
sancto  proposito  firmaverit,  hinc  in  adhortando  vel  etiani  in 
reprehendendo  mansuetudinem  adhibuerit,  qui  ut  Scripturarum, 
SS,  TheologiEG  et  Canonum  scientia,  quam  studii  assiduitate, 
ingeniisque  prcestantia  hauserat,  majora  adhuc  in  dies  caperet 
incrementa  ac  pro  rerum  exigentia  et  concursu  fructuose  difFun- 
deretur,  non  in  fréquenter  graves  "vigilias  protraxit  ila  ut  totus 
ipsius  vitœ  cursus,  indefessus  pro  Dei  et  Ecclesios  honore  la- 
boris  amor  entiterit  ;  qui  summis  Pontifictbus  aliisque  principi- 
bus  carus,  illorum  favores  demerendi  gnarus,  ab  ils  etiani  sin- 
gulari  in  pretio  est  habitus  ;  qui  benefaclendo  assuetus,  sibi 
commissis,  omnibus  benevolus,  illustri  exemplo  cunctis  admiran- 
tibus  effuerit,  Quare  sidus  hoc,  aut  nunquam  oriri,  ni  tantum 
profuisset,  aut  diutius  splendere  debuisset  >. 


'}  Litterœ  eDcyclic 
litt.  I.  c.  n*6). 


de  ohitu  D.  Clauil.  Ant.  Duding  (Mandata  et 


CHAPITRE    NEUVIEME 

lies  visites  pastorales  de  l'èvt'que  Jean  Hubert  de  Bocrard 

(1746-1758). 

Nommé  le  25  octobre  1745  et  consacré  le    1"  mai  1746,   i 
te  nouvel  évëque  ')  annonça    qu'il  allait  entreprendre    la  même 
année  une   visite   générale  du  diocèse  et  qu'il  verrait  en  per-   | 
Bonne  chaque  paroisse  en  particulier  \   il   prit  en  vue  de   cette 
visite  les  dispositions  suivantes*):  | 

*  JosephuB  Hnbertus  de  Boccard,  etc.,  dilectis  nobis  in 
Christo  universo  clero,  omnibus  Christi  fîdetibus  nostrœ  diœcesis 
salutem  in  Domino. 

Inter  ea  quEe  ex  SS.  Canonum,  Conciliorum  signanter  ' 
Tridentini  prECPcripto  pastoralis  nostrse  sollicitudinis  exercitium 
expostulant,  cum  maximum  habeftt  momentum,  nt,  quas  fidei 
nostrtc  pastor  pastorum  concredidit  oves,  cognoscamus,  ipEse  noa 
cognoscant  atque  etiam  hune  in  finem  easdem  sedulo  visitemus, 
hisce  Dotnm  facimus,  quod,  ut  priraam  nostram  ac  proinde  gene- 
ralem  visitationem  diœcesis  nostra  decrevimus,  debito  nostro, 
auxiliante  Deo.  satîsfacturi,  onines  et  singulas  parochias  perso- 
naliter  simus  perlustraluri. 

Quare  omnes  ecclesiarum  rectores,  cœterosquo  utriusque 
Bexus  diœcesanos  nostros  serio  requirimus  et  adhortamur,  ut 
mutuis  precibus  ferventer  ad  Deum  suis  adjuvare  nos  satagant, 
quatenus  opus  hoc  ad  majorcm  ejus  glorîam,  animarum  salutem 
UDice  institutum,  ipsius  gratia  cœptum  féliciter  tiniatur 
iïsdem  rectoribus  et  parochis  prsecipimus,  ut  singulis  dominicis  J 
et  festivis  diebus,  ex  quo  prsesentes  receperint,  ad  expositionem  ( 


')  Mémoires  bistor.  Il,  p.  532  :  Lausanna  christiana  :  J.  Hub.  Boo-   ' 
card  :  Lausanna  sacra,  fol.  81  ;  Liber  niandatoruni  IV,  a.  1746  et  as  :  Lettre 
pastorale  du  4  avril  1746. 

')  Littera  pastoralis  1746,  gsds  date  précise.  (Mandata  et  Htler»  pas- 
torales, 163M758,  n' 6), 


venerabilis  Sacrameoti  hymnos  :  Vent  Creator,  etc.,  et  Fange 
Hngua,  etc.,  cum  orationibus  :  Deus,  qui  corda  fideîium, 
et  Deus,  qui  nobis  sub  Sacramento,  etc.,  simul  adorante  populo, 
auxilium  de  Sancto  efflagUaturi,  rtevote  décantent. 

Ut  autem  omnla  rite,  et  secuDdum  ordinem  fiant,  man 
damus  omnibus  beneAciatis ,  quatenus  libros  suos  ac  titulos 
aliaque  suorum  benefîcioruni  documenta  nobis  accurate  et 
liter  ostendaiit. 

Volumus  pariter,  ut  parochi  nobis  prœsentibus  die  visita- 
tionis  nostrœ  sumpta  sibi  materia  ex  Evangelio  Dominicœ  eam- 
dem  visitationem  prœcedentis  aut  subsequ<?ntis  coDCionentur,  ac 
juventutem  catechizando  fîdei  capitibus  instituant. 

Decani  sui  districtus  capellas  et  oratoria  lam  privala, 
quam  publica,  uti  et  domestica,  per  se  vel  alios  idoneos  sacer- 
dotes  prœvic  visilabunt,  nt  de  omnibus  in  adventu  nostro  ra- 
tionem  reddere,  hinc  etiam  qneenam  fors  destrui,  interdici  de- 
beant,  quem  in  finem,  an  cum  redditibus,  et  quibus,  erectsc  et 
erecta  fuerint,  expoiiere  specifice  queant,  nosque  dignoscere  va- 
leamuE. 

Omnes  ecclesiaruin  rectores,  confraternitatum  et  fabrica- 
nim  directores,  de  earumdem  fundationibus,  aggregationibus, 
regulis,  privilegiis,  missarum,  piorum  operum  obligationibus  ac 
earum  cura  pariter  rationeni  reddituri  comparebunt,  missarum 
et  oflSciorum  divinorum  négligentes,  piarum  fundationum  reten- 
tores,  occultatores,  aut  executionem  detractantea,  prout  justitîa 
et  pietas  id  omnino  esigit,  per  illos,  quorum  interest,  denuncia- 
buDtur. 

Quoniam  in  quavis  parochia  visitationis  nostrfe  tempore 
Sacramentum  Confirmationis  sumus  administraturi,  curabunt 
omnino  parochi,  ut  conârmandi  per  ipsos  aut  ludimagistros  probe 
super  débita  ad  recipiendum  hoc  Sacramentum  dispositione, 
ejusque  effectibus  instruantur,  monebuntque  parochianos  suos, 
qualiter  affinitas  spiritualis  inde  contrahatur.  Intimabant  quoque 
de  mandato  nostro,  eos,  qui  nondam  tertium  œtatts  annum  alti> 
gerint,  quique  non  fuerint  ex  ea  parochia,  quam  actu  visita- 
bimus,  Dullatenus  ad  Confirmationem  admittendos,  ne  frustra  et 
repulsnm  passuii  prresententur.  li  autem,  qui  confirmati  volue- 
rint.  secum  habeant  amiculum  lineum  candidum.  quo  pro  Sacrse 
Unctioois  reverentia  frons  obligetur  et  obtegatur. 


-      608     - 

Prtecîpinma  insuper  in  virtuie  s.  ubedjentiœ,  ut  omnes  de 
hœresi  suapectos,  sive  librorum  a  nobis  seu  alias  a  jure  prohî- 
bitorum  lectores,  (ielenloies,  fnutores,  publica  scandais,  perso- 
nas  veneiicas,  de  incantationibus,  sortilegiis  suspectas,  notas,  si 
quie  (quod  Deus  averta')  taies  rêvera  existent,  illi,  quibus  iiioo- 
tesctint,  nobis  déférant,  ut  omnibus  opportunum  remedium  afferre 
valeamUB. 

Quoad  difScultates  vero  parochos  inter  et  parochianos,  si 
quas  proponcndas  habeant,  t-asdem  in  scrîptis  succincte  ac  dis- 
tincte (tebito  ordine  exhibebunt. 

Circa  ea,  quse  exemptos  spectant,  hiece  declaramus,  quod 
SS.  Concitiorum  décréta  simus  ad  omnium  s&tisfactionem  pro 
ofiicio  nostro  observatuii. 

Omnibus  omnino  plurimum  commendamus.  ut  frugalitatem 
ecclesiasticara  observaiido  inanibus  expensis  parcere  studei 

Ubi  ecclesiœ  vel  capellîe  aut  allaria  sunt  consecranda,  vel 
etiam  campante  benedicendte.  in  quorum  sanctorura  honorem 
consecratio,  aul  benedictlo  Beri  desideratur  hoc  casu,  p&rocbl 
vel  alii,  quibus  incumhere  posset,  nos  certiores  leddere  prtevie 
et  mature  curabunt,  ut  quœ  sunt  in  similibus  paranda,  doceri 
Taleant,  nos  autem  congrue  visitationis  nostrœ  cursum  dirigera 
queamus. 

Toto  eo  temporis  intervalle,  quo  in  quavis  parochîa  mora> 
bimur,  si  qui  sinl,  qui  a  nobis  secretiorem  audientiam  petere 
cupiant,  vota  sua  per  se  aut  altos  patefaciant,  ac  proin  eosdem 
privatim  audiemus  ;  unice  etenim  intendimus,  ut  per  auxilium 
gratice  Dei  omnibus  ac  singulis  episcopali  miuisterio  nostro  sa- 
tiefiat. 

Quœ    omnia,  ut  parochi   populo  sibi  commisse  e  pulpito  ' 
iutra    missarum    solemnia    eiiicant  eumque    de  fructu  spirituaH 
visitationis  mature  edoceant,   tandem   etiam  injungimus.    Datum 
Friburgi,  die 1746.  > 

La  visite  ainsi  préparée  par  ces  dispositions  qui  ressem- 
blent beaucoup  à  celles  du  prédécesseur,  fut  commencée  au 
mois  de  juillet  1746  ')  ;  après  une  interruption,  elle  fut  coati- 


')  Aota  primée  visitatioDia  a  Huberto  de  Boccai'd  r 
inceptœ  (Acta,  vol.  17,  fol.  57-176 J. 


naée  l'annëe  suivante,  en  1747,  du  25  juin  au  21  juillet  '). 
L'évêque  devant  interrompre  de  nouveau  sa  visite  en  1747,  il 
la  continua  le  22  septembre  1748  ^).  Il  fut  accompagné  comme 
d'habitude  par  un  délégué  du  Conseil  ;  une  décision  de  cette 
dernière  autorité,  occasionnée  par  une  difficulté  qui  a  surgi 
pendant  la  visite  au  sujet  de  dîmes,  nous  apprend  que  doréna- 
vant le  députation  du  Conseil,  accompagnant  l'évêque,  sera  mu- 
nie d'instructions  spéciales  ").  L'évêque  de  Boccard  rédigea  des 
Recès  généraux  très  détaillés  qu'il  publia  le  23  mars  1750.  En 
voici  le  texte  *)  : 

«  Josephus  Huberlus  de  Boccard,  Dei  et  Sanctœ  Sedis  Apos- 
tolicœ  gratia  Episcopus  ac  Cornes  Lausannensis,  Sanctî  Romani 
Imperii  Princeps.  etc. 

Quemadmodum  in  actu  visitationis  generalis  nostrœ  diœ- 
cesis,  quam  adjuvante  Deo  absolvimus,  ea  deœandavimus,  qua; 
ratio  status  et  situs  personarum.  ecclestarum  ac  locorum  postii- 
labat,  nunc  etiam  Recessus  nostros  générales  ad  omnes  R.  R. 
decanos ,  parochos  aliosque  dicta;  nostrss  diœcesis  beneficiatos 
ad  majorem  Dei  gloriam,  eorumdem  propriam  tediâcatioiiem  et 
animarura  salutem,  prout  promiseramus,  pro  illorum  ontoimoda 
observantia  traosmittendos  esse  dusimus.  Itaque 

1.  Cum  neminem ,  qui  vel  paululum  secum  consi- 
derare  non  detractat,  latere  debeat,  quod  verbi  Dei  prEedicatio 
inter  munia  pastoralia  sit  prfecipuum,  teste  Apostolo"),  qui  fidem 
astruit  ex  auditu,  lu  tide  ergo  erudiendi  audire  nequeunt  sine 
prœdicante.  Unde  idem  genttum  Doctor  ')  preedica  verbum,  quo 
solo  instare  opportune  importune  arguere,  obsecrare,  iocrepare 
valent,  qui  commissam  sibi  plebem  in  fide  firmare  ad  christianos 
mores  instituere  tenentur,  quo  vero  déficiente  verbo  fides  illa 
languet,    emoritur,    unusquisque  in    viam   Buam  rtdelicet  latam 


')  GjQtinuatiû  viaitationis  episc.  faotte  a  D,  Jos.  Huh.  de  Boccard  a. 
1747  (Recessua.  n'  9). 

■)  Proaeontio  viaitationia  a.  1748  (Acta,  vol.  17,  fol.  177-196). 

■)  Maiiual  du  Conseil  du  13  mai  1750. 

')  Recesaua  générales  1750  (Aota  viaitationis,  vol.  17,  (ol.  197-204)  ; 
Mandementa  et  mandata  episcopaux  1690-1806.  Supplément  fol.  1-18  (Bi- 
bliothèque canlonale). 

')  Ep.  ftd.  Rom,  X,  17. 

*)  11  Tim.  IV,  2. 


—     BIO     — 

Bpatiosam  quse  ducit  ad  interltum,  abit  et  f|uam  facillime  dif- 
Suit,  ex  quo  patet,  quod  ii,  qui  oflicium  hnc  negligunt,  in  âis- 
tricto  judicio  rationem  animam  pro  anima  siot  redituri,  fructus 
suos  Don  faciant  et  io  cooscientia  sui  benefîcii  proventus  percî- 
pere  noD  possint,  nam  beneficium  propter  ofiGcîura;  hinc  quflmvis, 
quod  palam  ad  Dostram  peculiarcm  consolationem  falemur  et 
laudamus,  potiores  atque  ettam  plurimi,  qui  pro  muoeria  sui 
debito  concrediti  sibi  populi  curam  gerunt,  dod  tantum  fré- 
quenter, sed  etiam  eruditi.  uti,  dum  dlœcesim  nostram  lustra- 
bamus,  certG  deprehendimus,  cnncionem  habebant,  uti  ii,  qui 
hujusque  tara  laudabiliter  in  hoc  suo  functi  officio  sunt,  quo 
zelo  cœpere  in  vinea  Domîni  Sabaoth  laborare  pergant.  Alil 
vero  pauculi  tardi  et  deeides  hoc  in  puncto  Unti  momenti  ad 
justitiiG  et  sanctae  simulque  strictnc  obligationis  tramitem  addu- 
cantur  et  revocentur  ;  volutnus  et  districte  praecipimus,  ut 
omnes  R^'  parochi  scu  qui  ciirara  suiraarum  habeant  ordinariam 
per  se  ipsos  singulis  mensibus  ad  minimum  semel  non  qualom- 
cunque,  sed  elaboratam  concLODcm  die  Dominica  habeant;  qui 
taoïen  parochi  ob  provectam  omnino  aetatem  aut  morbum  con- 
tînuum  concionari  non  valerent,  id  per  vicarios  iieri  curabunt  ; 
aliis  vero  Dominicis  diebus  cujusvis  mensis  semcl  orationis  men- 
talis  formam  et  methodura  cdocebunt,  materiam  prœlegendo. 
actus  eliciendo,  proferendo,  hujusmodi  orationis  exemplar  sta- 
tuant, quam  quidem  orationem  pastoribus  lit  alius  ecclesiastici 
status  viris  pro  viribus  et  enixissime  commendamus,  qui  eaïu- 
(lem  simititer  aliis  commendabnnt.  Duabus  vero  aliis  Dominicis 
pronum,  ut  vocant,  facient,  aliqua  loca  Epi^tolœ  vel  Evangelii 
occurrentis  solide  et  dilucide  cxplanando.  Intérim  ubi  habentur 
capellani,  ad  fnciendam  concionem,  loco  unius  proni  quandoque 
poteruDt  invitari.  Ubi  mos  est,  ut  majoribus  quibusdam  festivi- 
tatibus  etiam  invitentur  confessarii,  his  quidem  diebus  conciouarî 
poterunt  ipsi,  intérim  absque  dcrogatione  obiigationis  respectu 
parochi  semel  in  mense  ut  superius  edicitur  concionncndi. 
Catechesim  ')  ad  concreditam  juventutem  singulis  omnino  Do- 
minicis instituent,    temporis  circumstantiam  ad  id    muneris   op-    . 


'J  Voir  t  ce  sujet  le  mandetneiit  du  5  février  1750.  dan»  ir>quel  sont  1 

aossi  renouvela  les  oittonnancen  antérieure»  au  sujet  des  maiivaiB  livrM,  J 
des  poèiiej  et  les  mmaus  lascifs,  etc.  (Mandata  et  Mit.  [lastnr.  1.  c.  n'  6). 


811     — 


portunam  adeo  (iUgent,  ut  aduiti  Eeu  cœteri  purochianl  eidem 
interesse  non  graventur.  Methodus  autein  catecheseos  observa- 
bitur  ex  ordine  catechismi  majoris  articulos  tractando,  iisdem 
insistendo,  nec  progredieudo,  donec  dignoscatur,  quod  plerique 
saltem  probe  de  quolibet  articulo  imbuti  sint.  Notandum  hic 
interea  venit,  quod,  qui  ad  primam  communionem  disponuntur, 
ad  illam  nullatenus  debeant  admitti  quantumcunque  aetas  Jnvi- 
tare  videatur,  donec  per  bene  sciant  omnia  scitu  necessaria 
super  niysterio  SS.  Euchaiistia;  et  aiiis,  praeparationegratiaruni 
actione.  Noverint  enim  expericntîa  teste  quod  ii,  qui  semel  ad 
S.  Synasim  sunt  admisst,  puteut  se  sufficienter  instructos,  inde- 
que  ulterius  edoceri  non  curent.  Ut  auteni  omnibus  innotescat, 
quam  serio  conciones  et  catéchèses  ut  supra  praecipiamus, 
staluimus,  ut  qui  secus  fecerit  seu  easdera  omiserit,  praeter 
culpam,  quam  corani  Deo  contrahît,  ipso  facto  pro  prima  vice 
mulctetur  dublione,  duohus  vero  st  fuerit  rccidivus,  quae  muleta 
absque  alia  monitione  in  donio  exercitiorum  hic  Friburgi  depo- 
netur.  Quaie  R^'  decani  decanatus  sui  parochis  iuvigilabunt, 
decanum  vero  cujusque  parochiae  ex  înstitutîoue  sua  senior 
parochus  observabît,  ut  nobis  omnia  quater  per  annum  référât 
in  conscientia, 

2.  Cum  plurimuni  intersit,  ut  haec  quae  hominum  slalum 
concernunt  et  asserunt,  nullatenus  praetennittantur,  niandamus, 
ut  parochi,  cum  ad  baplizaodum  vocantur,  secum  semper  li- 
brum  baptizatorum  in  sacristiam  alTerant,  ubi  statim  post  colln- 
tum  baptismum  debitam  inscriptiouem  facient,  qui  dum  continget 
illegitimos  baptizari,  omnem  pricvîe  curam  adhibebunt,  ut  non 
modo  matris,  sed  et  patris  nomen  resciant,  ubi  vero  nomcn 
supposititium,  si  verum  omnino  h&beri  non  possit,  allegabitur, 
etîam  supposititium  in  inscriptione  dicatur  et  denotetur,  alias 
parochis  prohibemus  post  baptismum  conventum  accedere,  ubi 
ex  hac  occasione  bibitur  et  manducatur. 

3.  Conferentife  seu  collationes  ecclesiasticœ  quater  de 
anco  celebrabantur,  sub  quarum  initio  super  alia  capitula  Cons- 
titutionum  synodaliuni  sedate  legentur.  Instituentur  autem 
alternatim,  id  est  nunc  apud  hune,  tune  apud  alium  respective 
parochum.  incipiendo  apud  eum  ipsum,  qui  prior  desiit,  atten- 
dendo  nun  qtiiilem  ad  bcneâciatum,  sed  ad  benelicium,  niai  forte 
propter  comnioditatem  apud  eundetn  semper  ceuseantur  htibendse. 


—     612 


Intérim  sit  frugale  prandium  aut  taotum  merendagallice  goater, 
quo  laicos  invilart  vetamus, 

4.  Hospitioruni  fréquentation em  ac  etiam  ingressum  pota- 
tîonis  causa  denuo  serio  interdicimus,  eosque  qui  coDtra  hoc 
vetitum  id  facere  prEfsumpserînt,  voiumus  etiam  dublione,  reci- 
divos  duobus  ipso  facto  mulctatos  eundem  in  finem  et  eodem 
prorsus  modo,  quo  est  supra  pr^scriptum  latione  concionum, 
nam  qui  debent  esse  in  omnibus  esemplum  bonorum  operum 
Christi  bonus  odor  opportet  non  modo  non  esse  \iolentos  per- 
cussores,  sed  nec  viaolentos,  ut  non  vituperetur  miDisteriam 
Dostrum. 

5.  Id  requirit  Ëcclesife  Sanctee  Dei,  quœ  est,  ut  castrorum 
acies  ordinata,  unitas,  ut  uniformitas  in  ministerils  ecclesîaslicis 
servetur,  unde  hisce  dicimus  et  priescribimus  sequentia  perpetuo 
observanda. 

Aqua  cum  sale  singulis  diebus  Domiotcis,  in  qualîbet 
ecclesia  parochiali  a  cornu  Kpistolte,  prout  in  fine  Mi^ealis 
pi'iescribitur,  benedicetur.  Porro  cantando  Asperges  indutas 
alba  et  stola  taatum  coloris  diei  conveoienlis  nspergit  absque 
ulla  distinctione,  nisi  ibi  sit  episcopus  aliquis  aut  patronus 
Ecclesia;.  Per  patronum  autem  intelligitur  is,  qui  jus  patronatus 
per  dotationem  aut  fundationeni  obtinet,  quibus  offertur  aqua 
lustralis,  episcopo  quidem  liando  ipsura  aspersorium,  palrono 
vero  duntaxat  e  summitate  porrigeudo,  quod  idem  observari 
volumus  rations  prœfecti  loci.  dum  in  suo  loco  consistit  ac  vi- 
rorum  Ordinis  Senatorii  ;  decantato  autem  integro  Asperges 
parochus  redit  ad  altare,  ibidemque  versiculos.  etc.,  ante  ipsum 
altare  in  medio  cantat. 

Circa  Processiones.  Quaodocunque  fit  processio  cum  relî- 
quiis,  eœ  traduntur  a  diacono,  si  adsit,  celebranti,  si  autem 
non  adsit  diaconus,  celebrans  propter  reverentiam  ipsemet  acc!- 
pit  reliquias,  Singulis  diebus  Dorainicis  fit  processio  defuncto- 
rum,  quando  fit  processio  cum  reliquîis,  ubi  in  usu  est,  a  feeto 
Inventionis  S.  Crucis  fiunt  duœ  processiones,  videlicel  una  cum 
reliquiis  ante  miasam  solemnem,  altéra  pro  defunctis  dicta 
missa  fiuita.  Advertendum  tamen  est,  quod  in  processionibus 
cum  reliquiis  cantari  debeat  hymnus  Patroni  Ecclesite  vel  officio  i 
coDgruens  ;  cum  dictîs  reliquiis  vero  fit  benedictio  per  oratio-  ] 
nem  a  Domo  tua.  De  reliquo  autem  tieri  debent  processiones  et 


513 


actus  devotionis  publicœ,  ut  Duncupant  tum  etiam  administiatio 
Bacramenlorum  ad  pritscriptum  Jlitualis  RomaDi  Paiisîis  aut 
LugduDi  impressi.  Id  festis  vero  solemnibus  quibus  exponitur 
durante  missa  solenmi  SS.  Altaris  sacraineutiiin,  veluti  in  festis 
Nativitatis  D.  N.  J,  C,  Paschae  et  Pectecostes  et  omnium  Sanc- 
torum,  prout  et  in  festis  Titularis  et  Dedtcationis  ecclesiœ, 
fieri  etiam  débet  benedictio  cuin  eodeni  veoerabiti  Sacramento 
aote  portam  majoiem  Ecclesiie  per  orationem  :  benedicat  vos 
omnipotens  Deus,  etc.  preecedentibus  tamen  versiculis  et  res- 
poDsoriis  solitis. 

Cum  festum  Titularis  vel  Dedicallonis  alicujus  capellœ  in- 
cidit  in  diera  domiDicam  in  ecclesia  parochiali,  hoc  die  nulla- 
tenus  officia  consueta  debent  omitti  ;  dum  vero  fit  processio  de 
SS.  Sacramento  dorainicis  confraternitatis  ejusdem  et  non  expo- 
Ditur  sub  misça  solemni,  finita  processione,  benedictio  fit  ad 
altare  per  solitas  orationes.  Quoa.d  pronum,  conciones  seu  ins- 
tructiones,  fieri  debent  immédiate  post  finitum  Evangelium, 
finitoque  prono,  concioue,  ad  populnm  publicari  debent  ea,  qute 
observationea,  charilatem  et  devcitionem  populi  attlngunt  ;  non 
vero  propbana.  Hinc  observabuntur  quEC  super  bis  per  bonté 
memorifc  prœdecessorem  nostrum  epecialiter  fuere  demandata. 

Circa  observât ionem  festorum.  R*"  parocbi  tempore  Eestivo 
pro  conservatione  et  collectione  fructuum  terrEe  suis  parochiania 
ac  etiam  entraneis  eos  colligendi  et  curandi  licentiam  concèdent 
diebus  festis,  prout  jam  aliunde  id  fiei'i  debere  notum  est,  si 
vero  aliquœ  difficultates  super  his  orirentur,  R**"  respective 
decanis  pro  decisione  defFerendœ  erunt.  Prout  jam  in  usu  est 
diebus  festis,  qui  non  nisi  usquedum  finita  sit  Missa  parochialis 
obaervari  debent.  Parocbi  mature  Missam  banc  parocbialem  ce- 
lebrabiiDt  tempore  quo  pratis,  canopis,  agris,  vindemiis  ac  etiam 
piscationibus  taborandum  et  intentendiim  est,  Prieterea  festa,  quic 
nonnisi  a  parocbianls  vel  a  cotnnmuitatibus  fuerunt  introducta, 
declaramus  festa  non  esse  in  sensu  Ecclesiie,  adeO(|ue  ncminem 
diebus  hujusmodi  teneri  interesse  in  missoB  sacrificio  et  ab  ope- 
ribus  servilibus  abstinere.  Cum  clamosa  venatio  et  piscatio  repu- 
tentur  intcr  opéra  servilia  diebus  Dominicis  et  festivis,  nunquam 
sunt  licita,  adeoque  per  parochos  pro  posse  cœrceiida.  Coljectio 
frnctuum  arborum  poterit  diebus  festis  per  aonum  tollerari, 
dummodo  pûpulu°   "  '  tersit  officiis.   Quando  autem  festum 


âu 


SaocU  BaithoIomsEi  die  Dorainica  celebrari  conlingit,  U'"  pnrochi, 
ubi  mos  Dst,  eoiiem  die  priinicias  colligere  aut  velii  rurare, 
nullalenus  ticitum  arbitreotur.  Ventlitiones  et  emptiones  diebiis 
festis  prohibitEc  ita  iotelligaotur,  quod  nullatenus  merces  pos- 
sinl  exponi  vendeadae  aut  emendic  nec  publiée  aut  in  platei!?, 
nec  in  domibus  aut  apertit^  officinis  vulgo  boutiques,  vel  etiam 
qufE  corbulis  panniers,  aui  simiiibus  hinc  inde  circumferuntur. 

Eespecixi  cdebrationis  Misses  prohibe! ur  recipî  retribatio 
pro  celebranda  Mlssa  in  confesï^ioDiiali  oblata.  Prohibetur  itldem 
lieri  collecta  pro  missis  colebratidis  aut  aiiis  operibus  devotionis 
inslitutis  aut  instituendis  in  boDum  publicum,  qute  quEBslum 
Râpèrent,  prout  etiam  rocipi  fundationes  in  perpetuum  absque 
assecuratione  perpetuœ  manutenentiie  prohibitum  declaratur. 
Curari  débet,  ut  quaecuoque  fundatioDes  sive  perpetuae  sive 
non  perpetuae  ad  census  beae  applicenlur,  noteturque  earum 
derivatio,  quatenus,  si  per  temporum  itijurlam  et  calamitatem 
depereant,  de  iisdem  successores  suflicienter  sint  informati, 
poBsintque  earumdem  oneri  satisfacere,  prout  conveniet  respec- 
tive ad  earum  existentiam,  alias  conformabunt  se  recipientes 
Constitulionibus  sjnodalil'UB. 

Fro  fiabitu  clericali  quilibet  sacerdos  in  loco  residentïae 
sola  talari  vulga  soutane  utatur,  prohibitum  de  cetero  est  cum 
colari  clericali  vulgo  gravate  iocedere  ut  cum  sola  inferiori  veste 
caviisole  ut  vocant  comparere,  semper  vero  cum  colari  clericali 
et  ubique  etiam  in  locis  protestantium  mandanlur  omnes  sacer- 
dotes  incedere.  Veste  nigri  coloris  utantur.  In  itinere  vero 
vestis  alterius  coloris  modesti  quidem  ad  praecavendas  tempes- 
tatis  injurias  usus  permittilur.  Prohibetur  usus  semitogae  licet 
talaris  vulgo  juppe,  pro  celebrauda  Missa  utantur  igitur  sacer- 
dotes  toga  Intègre  talari,  tum  sacrum  facturi,  tum  sacramenta 
ailministraturi,  nisi  ratione  aegrotorum  difficultas  ilinerum  aut 
tempeslas  adversa  omniiio  id  impediat,  usus  autem  in  curtis 
coDceditur  itinerantibus. 

In  administratione  sacramenti  Pœnitetitiœ  prohibetur  cod- 
fessioDum  exceptio  io  locis  ad  id  non  destioatis  et  sine  cratî- 
bus  eingulariter  ratione  fœmini  sexuj,  nisi  aliud  surditas  aut 
infirmitas  contitentium  vel  conditio  seu  status  clericalis  ratione 
loci  suadeat,  quae  confessioDum  exceptio  quidem  semper  fieri 
débet  cum  stola  et  superpelliceo.  Parochu^  requisitus  a  persona. 


I 


515      — 


i 


parochiaoa  pro  excipîenda  eonfessione  extra  tempus  divinorum 
officiorum  non  potest  absque  traosgressione  sui  debiti  el  man- 
datorum  sui  superiovis  ordinarii  pœDitcntem  ad  aliud  tempus 
remittere. 

In  excquiis  Missa  defunctorum  imoquam  potesl  celebrari 
diebua  Domioicis  aut  festivis  de  praecepto,  ne  quidem  iis,  quae 
dicuntur  seœifesta,  etiam  si  sit  dies  obitus,  tertius.  ^eptimus, 
trigesinius  aut  aniversarius.  sed  seinper  de  die  deliiît  celebrari, 
adeoqiie  si  dictis  diebus  dcsidereotur  missae  defuuclorum  cele- 
brandae  post  depositionem  defuocti,  celebratio  in  alium  diem 
non  impeditam  differi  débet,  quamvis  missa  de  die  utique  pio 
defuDctis  applicari  possit.  Ex  hoc  aotem  non  débet  differi  aut 
accelerari  tumulatio  contra  tempus  ab  Ecclesia  praescriptum. 
Sepulturae  diebus  Dominicia  aut  feativia  de  inane  fieri  probi- 
bentur  prout  id  iu  quibusdam  parochiis  coDtra  Eccleaiae  cou- 
suetudinem  practicari  ioaudivirous.  Sacerdotes  et  clerici  ultiuias 
morieutium  voluntates  uequaquam  récipient  et  conscribent,  ni^i 
ubi  difficulter  notarius  publicus  potest  advocari,  hoc  autem  tu 
casu  coDformabuQt  se  lis,  quae  jam  praescripstmus,  videlicet 
intra  tempus  praefixum  has  morientium  depositiones  in  cancel- 
laria  vel  notarîo  publico  competenter  consignent.  Ratione  obla- 
tionum,  quae  fîutit  iu  concursu  funebri  et  alias  porrigetur,  ut 
hactenus  usitatum,  manipuli  vel  stola  summitas. 

Çuod  attinel  sacramentum  Matrimonii,  futurorum  publiea- 
tiooes  matrimonioi'um  semper  âeri  debeut  diebus  dominicis  aut 
festivis  iuter  missarum  solemniu  non  quidem  cOntinuis,  sed  in- 
terpoIatiB,  cum  autem  super  iis  conceditur  dispensalio,  se  se 
ejusdem  teuori  alias  claro  conformabunt  parochi,  qui  aliquoties 
par  annum  suos  parochianos  docebunl,  in  quo  cousistaut  et 
uiide  proveniant  gradus  consanguiaitatis  el  afBnitatis,  et  in  qui- 
bu8  absque   dispensatione  contractum    matdmouium  sit  Dullum. 

6.  Ubi  nécessitas  postulaverit  preces  extraordiiiarias  aut 
alia  hujusmodi  bona  opeia  iustiLuendi  ad  petendam  pluviam  aut 
serenilatem  temporis,  arbîtrio  et  discrétion!  paruchorum  relin- 
quimua  hoc  negotium,  nihilominus  anlequam  suscipiatur,  vicini 
parochi  inter  se  ae  confèrent  consilia,  ut  observata  pari  forma- 
litate,  murmura  avertant,  pnrnrthianos  vero  aediâcent,  cauto 
tamen,  ut  cum  de  do  strorum  mandate 

in  praefatum  fioem  "<vl  ex  in- 

tègre exsequantur, 


516 


Hortamur  plurimura  RR.  decanos,  ut  cum  ex  hac  vita 
disceduDt  beDeficiati  6ui  districtus,  statîm  scriptorum,  tUulorum 
et  documeiitoruin  bénéficia  coucernenituni  io  se  curam  sumatit, 
et  ca  JD  tuto  posita  sint,  prout  etiain  decessor  Doster  bonae 
menioriae  jam  praeceperat  ;  si  vero  remotior  sit  decanus,  id 
oneria  in  se  suscipiet  propior  parochus,  de  hoc  tamea  suuni 
decanum  quamprimum  monebit  ei  rationeni  redditurus. 

Quia  eo  animum  intenJitnus.  ut  Coustitutiones  synodales 
revidanlur,  saepius  in  suis  confereoliis  cotloquentur  R.  parochi, 
simulque  coDvenient  si  et  quid  addendum,  mutaadum  aut  espla- 
nanduin  sit  uobisque  desuper  pro  divini  cultus  incremento  eL 
fideliuQi  spirituali  emolumeiito  ad  auni  finem  per  R.  R.  decanos 
sua  cetisa  aperient. 

Deuium  optamus  intime,  ut  beaeficiati  tempus  sibï  con* 
gruum  eligant  ad  obeiinda  semel  lu  anno  exercitia  spiiitualia, 
quatenus  ipimpedite  annos  antiques  recogitare ,  aeternos  in 
mente  habere,  novas  vires  sumere,  interiori  dotnui  dispouere  in 
Domino  valeant  ;  et  nos  hisce  eis  dicimus  ;    In  Domino  valeant. 

Quantum  autem  aemulemur,  ut  haec  nostra  mandata  et 
décréta  illibate  serventur,  palebit  es  eo,  quod  iisdem  simus  ins- 
tiluri  et  iuhaeiîun,  liiuc  miaime  passuri,  ut  impune  violentur. 
Kam  frustra  conduntur  leges,  nisi  observentur,  ne  nos  iacasautD 
et  inutilUer  veliemus  curam  nostnim  impendisse,  ut  prodeant, 
qu£e  prodire  aliter  nolumus,  niai,  ut  L-fficaciter  prosint,  nostrum- 
que  inde  coQsequamur  inteatum.  Quapiopter  bas  nostras  ordj- 
nationes  R.  R.  respective  decani  in  prosima  confereotia  ex 
occasione  distributionis  SS.  Oleorum  promulgabunt  curabuotque, 
ut  incuDctantei'  tôt  earum  fiant  copiœ,  quot  requiruutur,  ut 
omnes  parochi  aliiijue  beDeficiati  uuam  earumdem  pênes  se 
babeaut.  Quo  circa  omnino  suadeudum  quatenus  qurlibet  paro- 
chus librum  conRciat,  in  quo  simîlia  conscribantur,  quo  ipsi  pro 
re  nata  statim,  quod  quœsierint,  reperiant  successoresque  facî- 
lius  de  omnibus  edoceri  queant.  Intérim  omnibus  benedictionem 
nostram  episcopalem  permanenter  imperlimur.  Datum  Friburgi 
die  23  Martii  I7Q0,  > 

Ces  règlements  disciplinaires  s'adressent  surtout  au  clergé. 
Le  premier  soin  de  l'évéque  était  de  recommander  avant  tout 
la  prédication,  l'instruction  religieuse  et  le  catéchisme.  Des 
peines  sévères  furent  statuées  contre  ceux  qui  ne  rempliraient 


I 


517 


pas  leur  devoir.  L'administration  de  la  paroisse  et  le  mÏDistère 
ecclésiastique  feront  l'occupatioo  iirincipale  du  curé  ;  il  aura 
soin  de  faire  les  offices  et  les  autres  cérémonies  religieuses 
d'après  les  prescriptions  liturgiques,  il  tiendra  à  jour  les  regis- 
tres de  l'église,  il  veillera  à  l'observation  des  fêtes  et  à  la 
sanctification  du  dimanche.  Il  se  conformera  aux  lois  de  l'Eglise 
pour  ce  qui  concerne  l'administration  des  sacrements,  surtout  la 
pénitence  et  le  sacrement  de  mariage,  les  fondations  et  les 
messes.  Il  est  défendu  d'introduire  de  nouvelles  fêtes;  lâchasse, 
I»  pêche  et  la  vente  publique  soat  prohibées  le  dimanche.  Le 
clergé  doit  porter  la  soutane,  il  ne  fréquentera  pas  les  auber- 
ges, il  n'assistera  pas  aus  repas  qui  se  font  à  l'occasion  de 
certaines  fêtes.  Quatre  fois  par  an  le  clergé  se  réunira  (sans 
doute  par  décanats)  pour  tenir  des  conférences  ecclésiastiques. 
On  y  fera  la  lecture  des  constitutions  synodales,  la  conférence 
pourra  être  suivie  d'un  repas  frugal.  Le  clergé  n'oubliera  pas 
de  faire  chaque  année  des  exercices  spirituels  pour  reprendre 
de  nouvelles  forces  pour  l'exercice  de  son  ministère.  Comme 
l'évéque  voulut  faire  une  révision  des  constitutions  synodales, 
le  clergé  devait  discuter  la  question  dans  les  conférences  et 
transmettre  par  les  doyens  à  l'évéque  son  avis  au  sujet  des 
changements  qu'il  serait  bon  d'y  faire.  Quand  un  prêtre  meurt, 
le  doyen  ou  le  curé  voisin  doit  prendre  eu  dépôt  les  titres  et 
les  documents  qui  concernent  le  bénéfice. 

L'évéque  recommande  à  son  clergé  d'observer  ces  règle- 
ments ;  les  doyens  sont  chargés  de  les  publier  en  autant  de 
copies  qu'il  y  a  de  prêtres.  De  son  côté  chaque  curé  doit 
avoir  un  registre  ')  dans  lequel  il  inscrit  les  règlements  et  les 
ordonnances  qui  émanent  de  l'autorité  ecclésiastique. 

La  mise  en  pratique  de  quelques  dispositions  du  recès 
de  1750,  particulièrement  de  celles  mentionnées  au  paragraphe 
cinq,  occasionna  quelques  difficultés,  de  sorte  que  l'évéque  se 
vit  obligé  de  donner  le  21  mai  1750  des  explications  et  le 
document  suivant  *)  : 


')  Noas  possédons  an  de  ceis  registre^i,  (Bibliuthèque  canlonale.  Maa- 
dementa  et  mandats  épiscopaux  1690-1806). 

*)  Mandementa  et  mandais  éphcopaux  1690-1806.  ffupplément,  fol. 
I. 


siâ 


*  Supervenit  maûdatum  sequens  ad  majorem  et  clariorem 
explicatioDem  priecedentts. 

Josephus  Hubertus  de  Boccard,  Dei  et  SaDCtœ  Sedis  Apos- 
tolJcœ  gratia  Episcopus  ac  Cornes  Lausanneiisis,  Sancti  Romani 
Imperii  princeps,  etc.,  etc.,  omnibua  RR.  DD.  decaniâ,  parocbis 
aliisque  Ecclesiarum  rectoribus  iiustrœ  diœcesis  salutem  io 
Domino. 

Noveritis,  nobi»  diversjs  e  tocis  relalum  fuisse  quod  ex  eo 
tempore,  quo  Recessus  nostri  générales  ad  vos  perveneruDt, 
quidam  e  vobis  eosdem  qod  recte,  imo  maie  interprétantes,  dum 
alias  in  dubia  a  uobis  resoEutionem  petere  debuissent  (quod 
quidem  aliqui  pro  sua  laudabili  discretione  fecerunt)  juxta  SBD- 
sum  suum  privatum  exsecutiani  maudarunt,  pra^scrtim  circa  ea, 
quœ  articulo  5'°  continentur  ac  etiam  in  specie  ratione  aquœ 
lustralis,  ubi  advertendum  ergu  volumus,  prœceptum  ejusmodi 
non  esse  negativuni  seu  prohibitorium  sed  potius  positivum, 
quo  prjescribimus,  quibus  de  jure  aqua  hsEC  sit  porrigeuda,  uec 
ideo  est  iofeiendum,  aliiti  omnibus  serio  hujus  modi  defTerentiam 
esse  denegandam,  nou  enim  nos,  qui  de  parochorum  nostrorutn 
prudentia  semper  plurimum  in  Domino  confidimus,  omnia  ÎQ 
dictJs  Recessibus,  qui  satis  jam  abuudant,  sigillatim  cl  particu- 
latim  ÎDserenda,  sed  simili  prudentia;  plura  etiam  relinquenda 
censuimus.  Quare  hic  et  uuiic  dicimus,  tum  ad  sapiendas,  tum 
ad  prœcaveudaa  dissentiones  et  quierimouias  aquam  bac  lustra- 
lem,  habita  ratione  distinctionts  et  qualitatis  personarum, 
prorrigi  iisdem  posse,  nec  in  hoc  puocto  scrupulis  et  anxietati- 
bus  ei  prœdictis  indulgendum  esse.  Non  enim  ferre  possumus, 
quod  aliqui  ex  parocbis,  qui,  dum  porrenere  aquam  benedictam 
ei,  oui  do  jure  debetur,  aliis  in  eodera  scomne  (?)  certi  gradus, 
ordinis  et  distinctionis  imprudeoter  non  porrexeriot,  quod  dod 
absque  scandalo  factitatum  iaaudivimus. 

Hœc  protinus   per    HR.    decanos   R.  parochis   communica- 
buiitur,  ut  iisdem   sese  conformare  valeant  ac    iisdem  iDsistant 
qufe  autehac  in  suis  respective  parochiis   cum  œdificatioae  pra-  , 
ticala  fuisse  dignoscunt.  Datum  Friburgi,  21  Mail  1750.  » 

L'évéque  a  donné    dans    son    recès,    comme  nous  l'avooa  | 
vu,  quelques  prescriptions  an  sujet  des  fondations,  des  anniTer- 
saires  et  des  intentions  de    messe.    Celte   question   fut  reprisai 
par  lui  en  1752.  Il  fit  adresser,  le  6  février  1752,  pour  obtenirl 


les  renseignements  nécessaires,  une  circulaire  ')  au  clergé,  de 
laquelle  il  ressort  :  *  licentiam  se  habere  a  Papa  reducendi 
missas  fundationum  ad  certum  nuraerura,  consideratis  conside- 
randis  >  ;  il  demande  au  clergé  (ut  hiec  diminulio  obtineatur, 
nitide,  specifice,  distincte  et  ex  ordine  et  in  conscientia  latino 
idiomate  notanda  sunt  sequentia)  de  répondre  aux  questions 
suivantes  : 

*  Num  bénéficiât!  habeant  portionem  cougruam  quœ  pri- 
ŒOrdiali  sui  beneficii  instrumento  seu  fundationi  et  erectioni 
respondeat,  necne  ? 

Au  et  quomodo  capitale  vel  capitalia  fundationum  missa- 
rum.  qufb  successive  factœ  fuerunt  injuria    temporum   perierint. 

An  et  quot  uiissarum  fundatarum  ignoretur  retributio  aut 
dubia  videatur  aul  uod  proportiouata  oneri  easdem  cclebrandi. 

Au  et  quot  missB3  celebrentur,  quarum  retributio  sit  mo- 
dica,  quarum  fuadatio  uon  fuit  ab  Ordinario  approbata,  de  qua- 
rum retributione  limelur,  ue  brevi  dispereat  et  amplius  non 
percipiatur. 

Hegc  il]  QuadrageFiima  mature  ad  R.  decanum  consigoata 
tiansmittenda  sunt,  ut  R"'"^  Episcopus  pro  sequo  et  bono  domî- 
nurum  beneticiatoiura  convenienti  exoneratione  ad  prœfatam  re- 
ductioneni  procedere  valeat,  Quœ  quidem  plurimum  de  nostra 
convenienti  discretione  confidit  fore,  ut  omoino  eaveamus,  ne 
negotium  boc  in  vulgus  propoletur  sed  secreto  eidem,  prout 
expedit.  adlaboretur  ». 

Les  réponses  à  ces  questions  nous  font  voir,  que  l'état  des 
bénéfices  de  la  campagne  laissait  beaucoup  à  désirer  au  point 
de  vue  de  leur  dotation. 

L'évêque  de  Boccaid  reprit  la  visite  du  diocèse  en  1752'); 
il  fit  une  seconde  visite  pendant  l«s  mois  de  juiliet  à  octobre 
1753  '),  qu'il  continua  pendant  les  années  1755  et  1756  *). 
Nous  ne  possédons  de  cette  seconde  et  dernière  visite  de  Té- 
vèque  que  les  recès  particuliers,  insérés  au  protocole  de  la  vi- 
site. Jean  Hubert  de  Boccard  mourut  le  29  août  1758. 

')  Mandements  et  mandats  épiscopaux  (1690-1806).  Supplément,  Fol. 
19-20. 

')  Acta  viaitationia  vol.  17,  fol.  205-252. 

sassua  a*  9. 

A  visiUtianiB  vul.  17,  loi.  252-271. 


CHAPITRE   DIXIÈME 


htH  visiteM  pastoralo^t  de  l'évéque  Jos.-Nic.  de  Honteiiacli 
(1758-1782). 


Le  long  pontificat  de  cet  évéque  ')  distingaé  a  été  {artile 
en  bous  résultats;  les  qualités  et  les  vertus  de  ce  prélat,  son 
sMe  pour  la  religion,  sa  prudence  dans  la  tractation  des  a&ires, 
sa  science  théologtque.  la  rectitude  de  son  jugemeot  et  son 
affection  paternelle  pour  son  clergé  lui  assureront  une  place 
honorable  dans  les  rangs  des  évfques  de  Lausanne.  Nommé  le 
'i'2  novembre  llbS  h  l'évéché  de  Lausanne,  préconisé  le  16 
mars  1759  '\  Joseph  Nicolas  de  Montenach  ât  son  entrée  à 
Frlhourg  au  commencement  du  mois  d'avril  1759.  Dès  le 
8  aTTil  il  commença  la  première  visite  pastorale  da  diocèse  *) 
qui  fut  coDtinuée  pendant  les  années  1759  et  1760*).  Sa  17S9 
il  publia  égalenteui  des  <  Mooita  ad  coofcssariM  >  *\  qoi  t^soi- 
giWBt  auianl  d«  son  lèle  pastoral  que  de  sa  coouÎHuee  ém 
«MF  hiinaia. 

Aprte  U  visite,  i  la  date  da  19  aars  17S1  B  éfiu  ka 
i«oè«  Bteérau  sslvanta  *),  qai  (orwt  promlgnéa  n  woIê  l'anil 
et  ift  Mtee  «Urée: 


pakna»  ».(&.&};  LiW  BMfalMWB  IV.  (A.  E.). 

*»  Tatv  la  tfaM  ém  MJwto  râilfe  (A«tt    '  'inli  m    nL  H.  M. 


I 


'1  Jus  |rfB>  vbteaiiafa  «  Afr.  J 


■  (Acca.  «li.  17.  M.  sa- 


—    521 


€  Josephus  Nicolaus  de  Montetiach,  Deî  et  Sanctœ  Sedîs 
gralîa  Episcopus  ac  Cornes  LausanneOBiF,  etc. 

Absoluta  tandem,  Deo  auspiciante  et  adjuvante,  prima  dice- 
cesis  noatrte  non  féliciter  minus  quam  consolanter  generali  viBi- 
tatione,  prEeter  ea  quœ  in  ejusdem  decursu,  pro  rerum  exigen- 
tia,  ratione  ac  slatu  ecclesîarnm,  locorum  et  personarum  spe- 
ciatim  ordinaviœus,  aut  etiam  ulterius  ordinare  decrevimus,  per 
hosce  nostros  Receasus  générales  etiam  ea  significanda  et  decla- 
randa  transmittimus,  quot  ab  omnibus  RR.  decanis,  parochis, 
rectoribus  aliisque  nostrœ  diœceais  sacerdotibus  ac  fidelibus  res- 
pective ad  majorem  Dei  gloriam,  Ecclesiœ  utilitaLem  et  pro- 
prîam  proximîque  sanctificationem  sedulo  observari  et  adimpleri 
volumus  districtim  prtecipimus  ac  jnaudamus. 

1.  Quooiam  domum  Dei,  ecclesias  videlîcet,  in  quibus  cum 
hominibus  habitare  non  dedignattir  Altissimus,  nitor  ac  inun- 
dities,  quam  maiime  deceat,  singutis  quindecim  diebus  easdem 
per  eos,  quibus  incumbit  sedulo  everri.  arancarumque  telis  pur- 
gari,  ipsa  vero  altaria  pulvere  aliisque  sordibus  reverenti  dili- 
gentia  etiam  smpius  emundari  volumus  ac  prrecipimus. 

2.  Quatenus  sancta  sancte  tractentur  immaculato  sacrificio 
debitus  honor  ac  reverentia  eshibeatur,  majorque  in  divina  myste- 
ria  pietas  fidelibus  instilletur,  eandem  mundittera  ac  nitorem  in 
linteamînibus  sacrisque  vasis,  qux  peragendo  sacrificio,  asser- 
vando  viatico,  oleîs  aut  recludendis  sanctorum  reliquiia  insar- 
viunt  R'"*  parochis  aliisque  quibus  incumbit,  maximopere  com- 
mendatos  cupimus,  mandantes,  ut  quotannis  sacri  calices  de  foris 
lavent  et  sordibus  expurgentur.  Prœterea  festorum  solemnitates 
divino  ornamentorum  cultu  discerni  volumus  solemoiora  solero- 
nioribus,  alia  aliis  adbibendo. 

3.  Curabunt  etiam  RR.  parochi  unumquodque  altare  tribus 
mappis,  prima  sciticet  ex  tela  cerata,  média  densiore  seu  gros- 
siore  ac  tertia  demum  ex  nitidiore  seu  elegantiore,  eaque  dili- 
genter  obtegi,  prsestoque  alias  haberi,  quec  sordescentium  loco 
substituant. 

4.  Cum  ex  decreto  in  forma  Brevis  felicis  recordationis 
Benedîcti  XIV  Pontificis  maximi  aub  pœna  interdicti  a  sacerdo- 
tibus, excoiiimunicatioDÎs  vero  a  fidelibus  incurrendœ,  prohibeatur, 
ne  sordide  niissarum  retributionea  paciscantur,  bine  nostrœ  dïœ- 
cesis  sacerdotibus,  ue  missarum   fundationes  aut  etiam  retribu- 


—     522 


ttones  manuales,  nisi   jtixta  prffifîxam   io   dlœcesi  nostra  taxam  ' 
rccipianl,  serio  inhiberaus. 

5.  Quoniam  experientia  constat,  anniversarioruni  aliarumqtie 
tnîssarum  fundos  (idque  plerumque  negligentia)  deperire  ;  nos 
earum  conservalioni  prospicere  volentes,  horum  scripturas  et  ti- 
tulos  prsecipimus  recludi  sub  dupiici  aéra,  quarum  unius  clavis 
pênes  decanum  respectivum  remaneat  nec  aliquid  oisi  eo  prse- 
sente  et  ratum  habeute  extrahatur,  nisi  malit  beuelicialus  îa 
suo  ad  beoeficinm  ingressUj  liorum  cautionem  sufficieotem 
prœstare. 

6.  Atinulanius  etJam  et  pro  non  introductis  volumua  haberi 
cas  consuetudines  (quœ  veii  sunt  abusus,  ex  quibus  difficultates 
in  parochiis  oriri  compertum  est),  sisi  eie  prias  a  nobis  fuerint 
approbatœ,  hinc  damoantes  usum  exponeadt  pelvim  pro  reci- 
piendis  in  fideliiim  defunctoruin  sublevamen  eleemosynis,  votumos 
modain  religioite  introductum  eas  intra  missarum  solemnia  col- 
ligendi  diligentev  servari. 

7.  Ânimadvertimus  etiam  maie  consuti  illegitimis,  dum 
nullo  aut  solo  dato  matris  nomine  baptizantur.  Idcirco  patris 
nomen,  statuoi  et  conditionem  in  libro  ad  hoc  destinato  dili- 
genter  annotanda  et  pro  rccusantibus  ad  debilani  in  hoc  obe- 
dientiam  compellendis  ad  baltivos  aut  atios  jocorum  dominos  ; 
imo  etiam  in  horum  defectum  ad  tribnnos  plebis,  quorum 
officijs  est  talibus  invigilare  recurrendum  esse,  prœcipimus  ac 
intendimus. 

8.  Quatenus  etiam  familiarum  statui,  matrimouiorum  digni- 
tati  meliUH  quam  hactenu?  prospiciat  (nullo  saspe  de  contracto 
matrimonio  extante  instiumeoto],  prohibemus  in  virtute  sanctee 
obedientiœ,  ne  utius  sacerdos  cujuscumqiie  gradus  aut  dignitatis, 
nisi  proprius  mariti  parochus  sil,  malrimoaiis  beoedicere  prce- 
sumat  et  in  parochia  duntaxat  sponsj  eadem  benedicenda  con- 
tendimus  et  concedimus. 

9.  Vetamus  etiam  efferri  e  loco  quopiam  defunctorum 
corpora  alibi  sepelienda  (non  persolutis,  quœ  juris  sunt  parocho 
loci  et  sic  elata  terrai  mandari),  nisi  obtento  prius  scriptis  ex- 
presse prœdicti  parochi  consensu  sub  pœna  interdicti  ipso  facto 
incurrendi  interdicimus. 

10.  Mandamua  quatenua  sepultura  fidelium  christiano   ritu  ' 
peragatur  quatuor  cereos  compétentes  a  divitibus,  duos  vero  a 


fi28 


pauperihus  offerri  in  obitus,  septimo,  trigesimo  ac  anniversarto 
obitus  die  accendendos.  Optio  autem  parocbianis  dabitur,  quod 
supererit  retinendi,  eo  quidem  onere,  ut  ecelesiœ  debito  et 
cotnpeteDti  lumiaari  provideant,  aut  sub  eodem  parocho  relin- 
quendi,  si  vero  illi  jam  aliunde  prospertum  eit,  habebit  residuos 
parochus, 

11.  Prœdpimus  R''"'  parochis,  ut  intra  curriculum  Januarii 
proximi  exactum  et  accuratum  hujus  anni  baptismorum,  mortuo- 
rum  et  matrimODionim  catalogum  ad  nos  transmiltaDt  ;  quod 
aimiliter  in  posterum  eodem  mense  singulis  annis  sedulo  priea- 
tabunt,  ut  eadem  in  librutn  in  archiviis  oostris  asservandum 
referantur. 

12.  Noverint  omnes  nos  nulli  R'*"  sacerdoti  io  posterum 
pro  beneficio  animarum  curam  anoexam  habeote  sese  prœsen- 
taodi  facultatem  concessuros,  nisi  prius  per  annum  in  Semioario 
propriœ  iustructioni  studuerit,  aut  per  sîmile  tempus  vicarius 
in  vinea  Domini  laboraverît. 

13.  Tandem  quoniara  nihil  magis  status  clericalis  dedecori, 
sacrorum  mlDistrorum  contemptui  vergit  ac  cauponarum  fre- 
qaeotatio  et  exinde  uascens  ebrietas  ;  hinc  prscdictarum  iogres- 
sum,  Disi  ex  rationabilis  itinens  aut  ministeriî  causa  omuino 
vetamus  et  quidem  sub  pœna  pro  prima  vice  octiduanœ  recol- 
lectionis  in  domo  exercitiorum  ;  pro  secuoda  cjusdem  in  pane 
et  aqua  peragendœ,  interdicti  vero  ipso  facto  incurrendi,  si 
priedictis  non  obstantibus  tertio  relabi  contingat  '). 

Quatenus  autem  fasse  mandata  et  décréta  Qostra  omnibus 
quorum  interest,  melius  inoteacanl,  desideraturosque  plane  sor- 
tiantur  efTectus,  maudamus  ac  injungimus  admodum  R'"'  decanis 
eadem  in  proxima  conferentia  ratione  distributîonis  aanctorum 
Oleorum  habenda  competenter  promulgare,  'otidemque  copias, 
sea  transumpta  fierî,  quot  requirunt,  ut  singuli  e  R'"'  parochis 
aliisqui!  sacerdotibus  sui  districtus  pênes  se  babere  valeant, 
quos  in  Domino  cxhortamur  ut  in  librum,  cum  heec,  tum  alîa 
nostra  mandata  et  statuta  pro  majori  tum  propria  tum  succes- 
sorum  utilitate  ac  commodo  référant,  sicque  pro  re  nata  quid 
agendum  sit  facilius  agooscant, 


')  Cfr.  également  la  c 
(Mandats  el  maDdement?  â; 
(Bibl.  oant.)- 


iilaire  aiiregaée  au  clergé  le  11  décembre  1781 
3i>paux   1690-1806).  Supplément  11,  loi.  11. 


524 


Intérim  ex  perspecto  omnium  et  singuloram  RR.  paro- 
chorum  aUorumque  e  venerabîli  clero  hujus  diœcesis  zelo  ac  io 
DOS  reverentia  sedulam  maudatorum  nostronim  observantiani 
ultro  et  fiflucialiter  pifestolantes  apostolicam  benedictionem  pera- 
manter  imperliraus.  Datum  F'riburgi  Helv.  die  19  martii  1761.» 

Ces  ordonnances  concernent  en  premier  lieu  le  côté  exté- 
rieur de  l'adminiiitratioti  ecclésiastique  :  l'entretien  de  l'église, 
des  vases  sacrés,  des  ornements  et  du  linge  de  l'église-,  elles 
règlent  ensuite  ta  question  des  honoraires  des  messes  et  des 
offrandes  lors  des  enterrements,  il  est  pris  des  précautions 
pour  que  les  fonds  des  fondations  ne  se  perdent  pas.  Les 
recès  contiennent  des  dispositions  très  sages  relatives  au 
baptême  des  enfants  illégitimes  et  à  la  bénédiction  des  maria- 
ges. L'évéque  renouvelle  au  clergé  la  défense  de  fréquenter  les 
auberges  en  statuant  des  peines  sévères  :  il  n'acceptera  plus 
pour  les  bénéfices  avec  charge  d'àmes  que  les  prêtres  ayaot 
passé  une  année  au  séminaire  ou  ayant  déjà  fait  une  année  de 
ministère.  Finalement  il  demande  à  son  clergé  de  lui  envoyer 
chaque  année  les  registres  des  baptêmes,  de  mariages  et  des 
décès  pour  être  déposés  aux  archives  de  l'évëché.  Ces  statuts 
seront  publiés  lors  de  la  distribution  des  saiiites  huiles  et  ins- 
crits, comme  il  a  déjà  été  prescrit  auparavant,  avec  les  autres 
mandements  et  statuts  dans  un  registre  spécial. 

L'évéque  de  Montenach  entreprit  sa  seconde  visite  pasto- 
rale au  mois  d'avril  1766.  Le  protocole  ')  de  cette  visite  est 
assez  sommaire  ;  les  recès  gënéruux  par  contre,  qui  furent  pu- 
bliés le  31  mars  1767,  sont  d'une  certaine  étendue  et  d'un 
grand  intérêt.  En  voici  le  texte  ')  : 

<  Josephus  Nicolaus  de  Montenach,  Dei  et  Sanctce  Sedis 
apostolictc  gratia  epîscopus  ac  cornes  Laiisannensis,  S.  K.  3. 
Princeps,  etc.,  reverendis  decanis,  parocbis  aliisque  e  venerabili 
clero.  ac  omnibus  Christi  fidelibus  hujus  nostrœ  diœcesis  Lau- 
sannensis  salutem  in  Domino  sempiternam 

Recessus    nostros    gène  raies    transmittimus    vobis,  fratres 


4 


')  Acta  visitationiG  1766,  vol.  18,  fol.  6-43]  ;  Mandements  et  mandats 
épiscopaux  (1640-1806).  Sapplâmenl  II,  Fol.  13-lS.  (Bibl.  caot.). 

*)  Acta  vJBÎtationis,    vol.   1S,  fol.  44-49;    Mandements  et  mandata   1 
(1690-1806),  (ol.  195-223  et  supplément  11,  fol.  17-27. 


B35     -~ 


cartsslml,  fliii  ditectisBimi,  média  complectuntur,  qam  juxta 
eorum  et  rerum  exigentiam,  quas  per  decursum  alterius  nos- 
trœ  visitatioDis,  Deo  duce  et  auspice,  féliciter  peractti;  animad- 
vertimus  et  perceplmua,  aptiora  et  tnagis  opportuna  fore  duxi- 
mus  ad  promoveDdum  Dei  cultum,  majoremTe  ecclesiastici 
muneria  dignitalem  et  decorem,  Ëcclesiœ  utililatem,  fidelium 
solalium  et  ealutem,  ministerium  fideliter  adimpleodum.  Unde 
magaa  cum  Jiducia  coufidimus  fore,  ut  unusqutsque  vestrum,  pro 
perspecto  jam  dudum  zelo  a  inoata  in  nos  reverentia,  heec 
décréta  et  mandata  nostra  ad  UDguem,  et  pro  viribus  suis  sit 
observaturus,  et  ad  plenos  effectus  deducturus,  prout  etiam 
commendamus,  sedulamque  horum  omnium  ob^ervantiam  omni- 
bus et  singulis,  quorum  interest,  in  virtute  sancttc  obedientîee 
respective  jubemus,  mandamus  et  prfecipimus, 

1.  Masimam  ad  id  curam  adhibeant  parochi,  ut  lampas 
coram  SS.  Sacraniento  t^ine  intermissione    diu  noctiiquc   ardeat. 

2.  Ut  saltem  serael  in  quolibet  mense  sacrum  ciborium 
puriâcetur  ;  et  sacrée  Ilostiœ,  etiam  illa  quœ  \a  monstrantia  in- 
cluditur,  paviter  consumantur,  et  renoventur. 

3.  Quotiescunque  facienda  est  expositio  SS.  Sacraroenti,  ad 
minimum  quatuor  cerei  honesti  super  altare  ardeant,  quorum 
duo  saltem  de  cera  dealbata  sint. 

4.  Diebus  dominicis  et  festivis,  Missa  parochialis  seu  so- 
lemnis  statuts  hora  exacte  decantetur,  scilicet  in  hyerae  hora 
noua,  in  œstate  vero  hora  octava  \  missa  matutina  ubi  tiabetur 
respective  in  hyeme  média  octava,  vel  hora  septima,  et  in 
festitte  hora  sexta  précise  legatur  ;  hyemem  autem  in  ordine  ad 
faœc  computamus  a  festo  omnium  Sanctorum  usque  ad  Pascha, 
Eestatem  vero  a  Paschate  ad  dictum  usque  festum  Sanctorum 
omnium. 

Singulis  Dominicis  totius  anni  instructio  catechetica  ad 
Dormam  catechismi  in  hac  diœcesi  usitati  et  approbati  in  eccle- 
sia  reguiariter  instituatur  ;  Vespersc  ultra  dominicos  etiam  festi- 
vis diebus,  hora  post  meridiem  pariter  fixa  in  ils  etiam  locis, 
ubi  hic  usus  et  consuetudo  antebac  non  viguit,  pariter  decao- 
tentur;  illas  autem  de  mane  decantari  absolute  interdicimua, 
nisi  pro  majorî  pluralltatis  commodilate  aut  ratlonabili  de  causa 
aliquoties,  sed  rare  iieri  contiogat  ;  diebus  hactenus  semifestivis, 
seu  qui  de  mane  festivabantur,  remauet  obligatio  audiendi  mis- 


526     - 


Batn,  quœ  juxta  locorum  et  circODstantiarum  exigentlam  bors 
magis  opportuData  celebrabitur  ;  de  cetero  libertas,  seu  facultas 
laborandi  relinquitur  et  coDceditur. 

6.  Volumus  insuper  et  mandamus  strictiro  servari  lauda- 
bilem  illum  usum,  quem  quibusdam  in  locis  neglectum  esse  do- 
lenter  advertimus,  colligendi  et  exigendi  shedas  confessiODts  pas- 
chalis  peracttc  testes,  et  in  hoc  puncto  sedulam  parochis  caram 
et  diligentiam  summe  commendamus. 

7.  Quoniam  muftis  argtimeotis  compertum  est,  io  illis  pro- 
cessionibus  ad  longinqua  fieri  solitis  varia  oriri  scandata,  pturi- 
maque  perpetrari,  qu£e  ad  iram  Dei  polius  accendendam  quam 
Hectandam  ejus  misericordiam,  et  ad  eiercitia  retigionis  deri- 
deoda  melius  quam  reverenda  sunt  aptiora,  ejusmodi  supplîca- 
tiones  seu  processiones  omnino  interdictas  et  inhibitas  impos- 
terum  volumus  ;  illas  duntaxat  permittentes,  quae  ratlonabili  de 
causa  iDtra  limites  parochiae,  vel  ad  locum  viciniorem  instî- 
tuuntur,  ex  quo  ad  ecclesiam  proprîam,  et  îd  ordiae  reverti 
supplicantium  cœtus  possit  facile  '). 

8.  Quilibet  parochus,  gemel  ad  miDimum  per  bebdomadam, 
scbolas  quEe  in  districtu  parochiali  babentur,  sedulo  visitabit, 
diligenterque  de  methodo  qua  instituuntur,  de  earum  utilîtate, 
fructu  et  frequentia  inquiret  et  perscrutabitur  ;  decaoi  verO| 
exactœ  hujus  puncti  ohservantiœ  invigilabunt. 

9.  Couferentias  ecclesiasticas  seu  decaoales  ad  minimam 
quater  io  anno  haberi  et  institui  prœcipimus,  in  quibus  quisque 
ad  turnum  juxta  ordinem  sine  confnsione  successive  proponet  et 
discutiet  ihesim  seu  quœstionem  înJuDCtaai  de  casibns  coDscientiœ 
in  officio  pastoraJi  occurrentibus,  seu  de  recta  Sacrauientoram 
admiDistratione,  aut  muuerîs  pastoralis  adimpletîone  servantes 
ordinem,  eaque  omnia  qiiœ  ex  constanti  usu  introducta,  aat 
nostris  antecessorumve  nostrorum  decretis  et  ordiaatïonibus 
prxscripta  sunt.  Quotquot  autem  sine  légitima  causa  ab  eis  ab- 
fuerint,  de  qua  pra^oionendus  sit  decanus,  toties  decem  baceos 
in  muictam  sine  remissione  persolvet  pauperibus  illius  loci,  in 
quo  habita  fueril  conferentia  per  parocbum  distribuendoa  et!. 
dispeDeandos. 


I 


')  Voir  aussi  lea  ordonnaaceB  du  13  juin   1767  et  du  19  avril  17( 
(Mandements  et  mandats).  Supplément  11,  (ol.  28-29. 


10.  Factam  de  hospitiorum  ingressu  înhibitlonem  renova- 
mus  et  de  novo  confirmamus,  etiara  sub  eadein  pœna  suspen- 
sionis  nobis  reservatae,  et  ipso  facto  incurrendœ,  nisi  ratioiie 
miaisterii  pastoralis,  aut  gravi  de  causa  id  fiât,  nec  licitum  sibi 
putent,  domum  ab  itinere  revertentes,  \a  hospitium  domicilio 
suo  mediie  horse  vicinum  ingredi,  sed  talis  ingressus  potius  in 
fraudem  legis  fieri  prscsumitur  ;  Domine  autem  hospitiorum  hac 
JD  parte  comprehendi  volumus  dotnos  illas,  ex  quibus  pendent 
hedera  vini  vendibilis  sigaum,  et  in  quibus  hospites  ad  pernoc- 
tandum  suscipiuntur.  Item  hortos  cauponis  continguos  vei  ab 
iis  dependentes,  et  hortensia  umbracuJa,  seu  nebularia,  vulgo 
les  cabinets. 

11.  Aliquoties  in  anno  parocht  prœcepti  iltius,  quo  subditi 
ad  prœstandam  principi  suo  tum  ecclesiastico,  tum  civili  seu 
politico,  reverentiam,  obedientiam  et  Sdelitatem  obligantur,  na- 
turam,  vim  et  substantiam  tum  in  concionibus,  tum  in  cate- 
chesibus  ex  professo  ovibus  suis  explicare  et  demonstrare  non 
omittant.  Sedulo  etiam  invigilabunt,  ne  libi'i  hecretici,  perniciosi, 
suspect!,  aut  maie  de  religione,  eeu  bonis  moribus  tractantes, 
introducantur,  et  irrepant  quos  autem  ejusmodi  notx  deprehen- 
derint,  secluso  omni  respectu  humano  ociua  igni  tradaot,  vel  ad 
nos  transmittant.  Pari  etiam  sedulitate  curabunt  parochi,  ne  fa- 
muli  aut  anciilœ  ex  suis  respective  parochiis  apud  acatholicos 
famulentur  vel  inserviant,  ue  propter  vile  lucrum  SBternam  ani' 
mœ  suœ  jacturam  patiantur.  Item,  ne  parentes  filios  suos  ludi- 
magistris  diversas  communionis  instruendos  tradant  aut  traos- 
mittant,  crebriusque  inculcent  districtura  parenlibus  subeundum 
fore  judicium,  atque  animam  pro  anima  reddendam,  si  proies 
suas  tanto  salutis  amittendie  periculo  exponant. 

12.  Omnibus  viribus  concntur  parochi  impedire  nocturnas 
compotationes,  excursiones,  conventiculationes,  confabulationes, 
conversationes  et  colloquia  inter  personas  diversi  sexus,  et  sse- 
pius  etiam  contra  ejusmodi  maJa,  pericula  et  damna  pro  suo 
zelo  ex  cathedra  fortiter  invehi,  minasque  divlni  judicii  auribus 
discrète  intonare,  arguere,  obsecrare  in  omni  patientia  et  doc- 
trina  instare,  oportune  et  importune  cum  discretione  non  ne- 
gligant. 

13.  Bis  autem  in  mense  parochi  populum  commiEsum 
sermone    aut    concione    elaborata,    non    tamen    ultra  dimidium 


—     528     — 


horte  protracU  instruant  et  alloquantur  ;  in  aliig  vero  duabus 
clominicia  meditatioDem  iastiluant,  vel  proDura  cum  pstbetbica 
Epistolaî  seu  Evangelii  coDcurrentîs  explicatione  habeaot ,  et 
conjunganl.  Subinde  etiam  haruiu  toco,  in  adversis  priesertim 
tempestatibus,  aut  propter  difficilem  ad  ecclesiam  a  œeridie 
reditum,  catecheticam  instructionem  de  mane  substitui  conce- 
dimus. 

14.  Plurimum  Dobis  placuit  laudabilis  ille  multis  io  locis 
iutroductus  U3US  et  consuetudo,  preces  vespertinas  iu  eccleeia 
vel  sacello  publiée  persolvendi,  et  campaua  signum  agoniœ 
daodi;  atque  ut  ad  banc  salutarem  praiiio  ubique  introduceDdam 
aut  servandam  magis  incitentur,  parocbi  et  fidèles  quadragîuta 
dieti  de  vera  indulgentia  in  forma  ecclesiiB  consueta  ad  dies 
Qostros,  seu  vita  nostra  durante  iu  Domino  elarglmur  et  cou- 
cediiDus  omnibus  Christi  iidelibus,  qui  loties  quoties  huic  ves- 
pertiuo  pietatis  exercitio  dévote  interfueriot,  aut  ad  sonitum 
campaHΠ pro  agonizantibus  ter  Pater  et  Ave  pie  recitaverint. 

15.  Ad  declinandos  seu  tollendos  quos  alicubi  jam  gras- 
SBDtes  adveitimuH  abusus,  piasque  fidellura  voîuntaies  melius 
adimplendas  districtim  mandamus  et  prœcipimus,  ut  ad  singulas 
angarias,  seu  quatuor  aani  teinpora,  parocbi  rationem  îneant  ot 
exigant  collectas  pro  auimabus  defunctorum,  ut  dicitur,  ab  iis 
qui  ejusdem  curam  habent,  oblationes  ad  coDgruam  missarum 
iuditate  legendarum  retributionem  dividant,  tertiamque  earum 
partent  ^acellano  seu  vicario  loci,  ubi  fueiil,  distribuant,  duabus 
aliis  tertiis  sibi  seu  parocbi  reservatis,  et  desuper  justis  de 
cauais  nobis  oppiime  notis  omneni  et  qualemcunque  de  iisdem 
quomodolibet  disponendi  facultatem  laicis  seu  gubernatoribus 
vutgo  dictis  tollimus,  adimimus,  et  si  quœ  coucessa  est,  revo- 
camus. 

16.  QuoDÎam  ex  sublata  fundationum  assecuratione  seu 
assecurandi  facuttate  capitalia  de  quotidiana  deperditione  aut 
diminutione  periclîtantur,  omnibus  parochis  aliisque  benefïciatis 
omnino  prohibemus  et  interdicimus,  ne  utiam  anniversarionim, 
aut  similis  generis  fundationem  ad  perpetuum  admittaut,  sed 
pro  re  nata,  et  illo  duntaxat  tempore  que  per  diligeotem  admi* 
nistrationem  redilus  iinnui  jiercipi  poterunt,  et  quidem  hoc 
etiam  non  minori  stipendio,  qiiam  bactenus  per  nos  aut  aote- 
cessores  nostros  determlualum  fucrit,  scilicet,  ut  fundatio  et 


i 


529 


libet  Missfe  sine  caatu  ad  libitum  quoad  diem  et  locum  sea 
aram  referai  retributionem,  seu  redituiii  decein  batzeoium  pro 
caDtore  seu  cantoribus  ;  Missae  vera  ad  diem  et  locum  fisum, 
aut  extra  parochiam  duodectm  batzeorum  cum  dimidio  ;  Missœ 
denique  cum  cantu  viginti  batzeorum  pro  célébrante,  et  duorum 
insuper  batzeorum  pro  cautore,  iea  caoloribus.  Maadamus  prEe- 
terea,  ut  cujuscunque  fundationis  imposterum  faciendœ  litulus 
seu  testimonium  vel  instrumentum  scriptotenus  ad  dos  vel  suc- 
cessores  nostros  traiismittatur,  quateous  approbatione  uostra 
firmari,  et  in  archiviis  noatris  ad  cautelam  inacribi  posait. 

17.  Quoniam  in  decursu  visitationis  nostric  advertimas, 
non  observatum  fuisse,  quod  de  recludendis  sub  duplici  sera  vel 
clave  beneficii  sui  titulis  prœscripseramiis  ad  sapiendas  et  prœ- 
caveodas  in  administrandis  fundatioQum  capitalibus  iiegligentisc 
et  incuriffi  notas  seu  quœrelaB,  injungimus  et  prœcipimus,  ut 
omnes  et  singuli  parochi  aliique  beneficiati,  speciticam,  distinctam 
et  accuratam  omnium  et  singulorum  beneficii  sui  litulorum  et 
proventuum  annuorum  notam  scriptoteDus  inlra  decursum  anui 
priEseotis  in  commentarios  archivii  uostri  refereudam  et  inseren- 
dam  transmitlant  ;  dumque  accepta:  pecuniœ  ad  ceusus  aunuos 
erunt  de  novo  collocando,  nonnisi  sub  solida  sponsiODe  seu  fide 
jussioue  id  perficiant,  illudque  prœterea  in  scripturis  vel  instru- 
mentis  dîligenter  inseri  et  specifiari  facianl,  undenam  datte  pecu- 
niœ  proveniaut,  et  a  quonaui,  et  sub  quo  onere  sint  datœ  et 
acceptât^,  quatenus  data  occasione  pro  reductione  Missarum, 
seu  onerum  ad  tectam  normam  facienda  sufficiens,  et  justa 
haberi  possit  notitia  et  cognitio. 

18.  Quotannis,  nisi  es  constanti  usu  ad  tricnnium  mo3 
invaluerit,  exactaœ  redditionem  pecuniarum  rerumque  omnium 
ad  confrateroitates  spectantium,  qui  illarum  administrationem 
gerunt,  coram  proprio  respective  parocbo,  qui  qua  rector  earun- 
dera  ejusmodi  rationes  seu  computa  in  librum  ad  id  specialiter 
destinatum,  et  in  archiviis  ecclesiie  asservaudum  inserta  et  ins- 
cripta  subscriptione  manu  propria  approbabit,  ut  status  ex- 
pensarum  et  proveotuum  facilius  dignosci  valeat  ;  quod  idem 
circa  ea,  quœ  ad  fabricas  ccclesiarum  attiuent,  observari  volu- 
mus.  MemineriDt  etiam,  nemini  sub  quocunque  prietextu  lidlum 
esse,  donatiunes,  seu  oblationes  vel  reddîtus,  aut  res  quascunque 
confraternitalum,  vel  ecclesiarum  temerario  ausu   iuvadere,  aut 


530 


sibi  apiiropriare,  ve!  etiani  propria  auctoritatc,  et  sine  specialî 
nuBtra  liceotia  ad  alios  usus,  quam  fueriot  destinati  coovertere; 
quicunque  eniro  horum  alterutrum  attentarint,  pœnas  a  sacrts 
CanoDibu»  conslitutas  se  incurrere  noverit,  qusp  de  quibusconqne 
donatioDibus  vel  oblatioaibus  ad    pias  causas  factis   intelligenda 

SUDt. 

19.  DoleDter  percipimua  id  factuin  fuisse,  ut  quidam  ex 
domo  orationis  negoiiationis  quodammodo  facientes  jus,  specialem 
sibi  locum  sepulturœ  seligendi,  seu  ^camna  erigendi  In  ecclesia, 
imo  etiam  in  ipso  sanctuano,  quoil  unice  sacris  minislris  et  mi- 
uisteriis  reservatum  est,  pecuuia  emeriui  atque  vendiderist, 
taie  commerciuni  decretis  Conciliorum  adeo  coutrarium  peDÏtus 
tollere  volentes,  omoino  înterdicimus  et  prohibemus,  ne  quia 
prieter  fundatores,  scamoum  sibi  aut  sute  famillii!  specialiter 
destinatum  in  ecclesia,  multo  minus  m  ipso  ecclesio'  cboro  erigere 
aut  recludere  possit  ;  interdicitur  pariter  appensio  seu  expositio 
truDci,  aiias  vasis  ad  excipiendas  fideliura  obtationes  destinât!  in 
ecclesiis  aut  capellis  facta  vel  facienda  sine  licentia  nostra  peca- 
liori  in  scriptis  obtenta. 

20.  Summe  commendatur  parocbia  ut  ciraeleria  debîlo  in 
nitore  servata  undequaque  muro  cingantur,  ne  pecora  introire 
valeant,  et  ossa  defunctorum  in  osuario  recluse  reponantur.  ne 
bine  inde  dispersa  relinquantur. 

21.  Parochi  prœterea,  sacellani  aliique  e  ven.  clero  sub 
exordio  mensis  decembris  decanos  respective  moneant,  quotan- 
nîB  de  procurando  directorio  officii  divini,  ne  isti  plura  j'usto 
numéro  sibi  comparantes  superfluis  graventur  expensis  ;  alias 
qui  id  efGcere  neglexerint,  ad  justam  directorii  solutionem  irre- 
uiiscibiliter  rependendam  teneantur,  sive  illud  accipiat,  sive  non. 

In  inscriptionibus,  extractis  vet  testimoniis  baptismorum, 
matrimoniorum  sine  ulla  correctione,  immutatione  aut  imminu- 
tione  methodus  seu  forma  illa  accurate  servetur  ab  omnibus, 
quie  in  syuodalibus  constilulioaibus  prœscribitur,  pra^termissisque 
altioris  styli  pbrasibus  et  ambagibus,  clariores  et  usitatiores  ad- 
hibentur  termini,  et  insuper  ipsa  subscriptio  vel  signatura  im- 
médiate succédât  ipsi  testimonio,  nulle  relicto  spatio  intermedio, 
nequid  ex  malitia  vel  errore  interscribi  possit.  Si  quid  autem 
in  ejusmodi  inscriptiouibus  vel  extractis  immutandum  foret,  ad 
nos  scripto  vel  viva  voce  recurratur,   ul  quod  pro  re   oata  op- 


531     — 


portunum  fuerit,  coacta  etiam,  si  res  exigat,  synodo  dîœcesana 
staluere  et  decernere  valeamus. 

Âtque  ut  prfpDiisRa  melîus  innotescant,  faciliusque  prEcsti- 
teolur,  et  ohaerventur,  prout  in  virtute  sanctœ  obedieDtiœ  ob- 
bervari  jubemiis,  manâanius  et  prœcipimus  de  verbo  ad  verbum 
in  proxima  conferentia  ex  ratione  distributionis  sacrorum  oleo- 
rum  habenda,  legi,  totque  copias  seu  transsumpta  quae  in  li- 
brum  ad  similium  inscriptionem  destiDatum  per  totum  inserantur 
fieri  volumus,  quoi  requiruntur,  ut  iinusquisque  pênes  se  habeat, 
et  omnibus  quorum  interest  i^ufficienter  innotescant  atque  ne  Îq 
oblivionem,  aut  in  non  iisum  devcniant,  decani  sedulo  invigila- 
bunt,  quod  pro  metiori  bono  in  Domino  commeodantes,  et  de 
vestra  pietate  et  /eJo  tiduciatiter  praestolantes  apostolicam  bene- 
dicticnem  permanenter  impertîmui-.  Datum  Friburgi  kaiendis 
Aprilis  1767.  » 

Ces  recès  contiennent  des  dispositions  ît  des  ordonnances 
dignes  d'être  notées,  A  côté  des  recommandations  usuelles  con- 
cernant l'entretien  du  mobilier  de  l'église,  l'évêque  exige  que 
les  oISces  se  fassent  à  des  heures  fixes  i  les  vêpres  auront  lieu 
les  dimanches  et  les  jours  de  fêtes  à  une  heure  de  l'après-midi. 
Il  est  défendu  de  chanter  vêpres  déjà  le  matin,  à  moins  qu'il 
y  ait  des  raisons  suflisautes.  Tous  les  dimanches  se  fera  après- 
midi  une  instruction  catéchétique,  ou,  en  cas  d'empêchement, 
le  matin.  Deux  fois  par  mois  le  curé  fera,  le  dimanche,  un 
sermon  en  règle  et  deux  fols  une  homélie.  II  y  a  obligation 
pour  les  fidèles,  d'entendre  la  nnesse  aux  demi-fêtes,  jours 
auxquels  il  est  cependant  permis  de  travailler.  Gomme  certaines 
processions,  qui  se  font  au  dehors,  ont  donné  lieu  à  des  abus, 
les  processions  lointaines  sont  défendues.  L'évêque  recommande 
beaucoup  l'usage,  qui  existait  dans  certains  endroits,  de  faire  le 
soir,  dans  les  églises  ou  chapelles,  des  prières  au  son  des  clo- 
ches \  il  accorde  une  indulgence  à  ceux  qui  y  prennent  part. 
L'évêque  rappelle  au  clergé  ses  devoirs  :  visite  des  écoles,  con- 
férences décanales,  surtout  l'obligation  de  veiller  au  bien  spiri- 
tuel des  âmes,  qui  lui  sont  confiées.  Ils  auront  soin  de  deman- 
der aux  paroissiens  leurs  billets  de  confession,  d'empêcher  la 
lecture  de  mauvais  livres,  de  ne  pas  tolérer  les  réunions  noc- 
turnes. Ils  chercheront  &  éviter  que  des  personnes  de  leurs 
paroisses  n'aillent  eu  service   chez    des   personnes    de    religion 


5S3 


différente  et  qu'on  ne  confie  pas  l'éducalfon  des  jeunes  gens  à 
des  maîtres  non  catholiques.  Le  clergé  lui-même  donoers  le  bon 
exemple,  en  omettant  de  fréquenter  les  auberges  ;  il  s'acquittera 
consciencieusement  de  aon  devoir,  de  veiller  à  la  conservation 
des  fonds  et  des  fondations  qui  sont  iualiénables  et  de  suppri- 
mer les  abus,  qui  pourront  se  trouver  dans  radministration  des 
biens  ecclésiastiques.  Va  inveutaire  des  titres  et  des  revenus 
annuels  de  chaque  bénéfice  sera  fait  et  envoyé  à  l'évêché,  pour 
y  être  déposé  dans  les  archives.  Les  placements  d'argent  ne 
pourront  se  faire  que  sur  bonne  garantie;  la  reddition  des 
comptes  aura  lieu  chaque  année,  on  tiendra  un  registre  des  re- 
cettes et  des  dépenses.  Les  doyens  veilleront  à  ce  que  tes  re- 
gistres de  baptême,  etc,  soient  en  règle;  il  est  défendu  d'y 
faire  des  changements  sans  l'agrément  de  l'évêché.  Finalement 
l'évoque  défend  d'enterrer  à  l'église  et  d'ériger  des  monuments 
funéraires  dans  le  chœur  de  l'éylise  ;  en  sont  exceptés  cependant 
les  prêtres  et  les  fondateurs  des  égliseij. 

Ces  ordonnances  seront  publiées  et  inscrites  dans  le  re- 
gistre des  mandements  de  chaque  paroisse. 

Les  années  suivantes  l'évêque  revient  dans  des  mande- 
ments spéciaux')  sur  certains  points,  dont  l'observation  laissait 
à  désirer,  entre  autres  la  lecture  de  mauvais  livres,  et  la  clan- 
destinité des  promesses  de  mariage,  etc. 

La  troisième  visite  pastorale  de  l'évêque  de  Montenach 
eut  lieu  en  1773  et  1774.  A  la  date  du  20  mars  1773,  l'évê- 
que annonça  la  visite  par  une  lettre  circulaire  au  clergé,  et  le 
4  juin  1773,  le  Conseil  de  Fribourg  °)  désigna  le  représentant 
du  gouvernement,  devant  accompagner  l'évêque  dans  sa  visite. 
Le  texte  de  la  «  Indictio  visitationis  >  est  le  suivant  ')  : 

<  Josephus  Nicolaus  a  Montenach,  episcopus  Lausannensis, 
etc.  Plurime  reverendis  Dominis  decanis,  parochîs  aliisque  eccle- 
aiarum  rectoribus  nostrae  diœcesis  benedictionem  nostram  et  sa- 
lutem  in  eo,  qui  est  omnium  rera  salus. 

lisdem  vos,   fratres  dilectissimi,  quibus    Âpostolus    Corin- 


')  Voir  mandata  et  litter»  pastorales  II  (1759-1B35),  n'  1    poup  les 

années  1771-73  :  Mandementa  et  mandata  épiscopaux  (1690-1806),  fol.  50-61. 

')  Manoal  du  Conseil  du  i  juin  1773. 

')  Acta  viBitationia,  vol.  18,  (cl.  50-61. 


i 


533 


thioB,  atloquiinur  verbis')  :  etsi  corpore  absentes,  apiritu  tamen 
vobis  tûtique  gregi  noBtro  praeseotes  coutinuo  sumus,  novimus 
quippe  ex  Augustino  :  nos  quidem  propter  nos  esse  cliristianos, 
propter  vos  autem  praepositos,  optime  exinde  conseil  totius  sol- 
licitudinis  qua  ex  mente  SS.  Canonum,  vobis  ovibusque  com- 
misssis  debemus  bonos  mores  tueri,  pravos  corrigere,  discipli- 
nain  ecclesiasticam  fovere,  popiilum  exhortationibus  et  aduionl- 
tionibus  ad  religionem,  innocentiam,  pacem  unionemque  cum 
pastore  conservandam,  acceodere,  totidem  sunt  inunera  a  Deo 
dignitati  nostrae  episcopali  imposita,  quibus  ut  faciamus  satis 
médium  apprime  congruum  atque  a  primaeva  Ecclesiae  iustitu- 
tiooe  traditum,  nobis  suppeditat  renovatque  Tridenlioa  syiiodus, 
dum  diœcesium  sibi  concreditarum  visitationem  episcopis  omni* 
bus  praecipit  et  mandat.  Porro  a  quo  praesens  debituoi  non 
fuimus  assecuti,  septimus  jam  elabilur  annus,  boc  igitur  Deo 
favente,  diœcesim  nostram  perluslrare  sacrosque  visitationum 
fines  adipisci  decrevimus  studebimusque.  Veniemus  autem  ad 
vos,  fralres  carissinii,  ut  patres  ad  dilectos  filios,  bono  vestro 
apirituali  consulere  intendentes,  ut  rainistri  Dei  Sacramentum 
coufirmatioDis  administrantes,  ut  pastores  mitissimi,  non  vos  ar- 
guentes,  sed  comonefaci entes  in  Christo  Jesu,  ut  judices  beni- 
gni,  vestras,  si  quae,  quod  absit,  dentur,  popuJisque  vobis  sub- 
jecti  quœrimonias  bénévole  excipientes  et  amice  componeutes. 
Quare  vos  omnes,  fratres  carissimi.  rogamus  atque  requirimus, 
quatenus  commuDO  votum  et  communem  nobiscum  prosequa- 
mini  orationem,  ut  opus  hoc  ad  raajoreni  Dei  gloriara,  anima- 
rumque  salutem  iostitutum,  féliciter  consumatur,  de  tempore 
autem  adventus  nostri,  de  observandis  circa  Sacramentum  con- 
lïrmatioDis,  nec  non  de  aliis  dispositionibus  ad  salutarem  et  pro- 
ticuam  visitationem  requisitis ,  parocliianos  vestros  doceatis  ; 
alterum  quod  absolute  prohibemus  et  in  virtule  sanctœ  obedien- 
tiic  inhibemus,  est,  ne  in  parandis  prandiis  et  cœnis,  inutiles 
fiant  expensœ  steque  populus  vosque  ipsi  maie  gravemiui.  Volu- 
mus  itaque  et  mandamus  vobis,  fratres  dilectissimi,  ut  solum 
victui  neccssaria  cum  omni  moderamine  cito  et  sine  longa  ex- 
pectatione  prœbeantur,  memores  illius  decretorum  TridËDtinorum 
effati  :  curabunt  visitatores,  ut  uullam   visitatis    molestiam   exbi- 


—     634 


béant,  se<I  christianœ  frugalftatia  et,  modestiîe  exemplum  atque 
ut  cuncta  sint  soif  sapienti  Deo  per  JeRiim  Christum  cui  honor 
et  gtoria  in  stecula  sœcutorum.  Datum  Friburgi,  die  20  martii 
1773. 

La  visite  pastorale  eut  lieu  à  partir  du  25  avril  1773  et  < 
dura  jusqu'en  1774');  parmi  les  recès  particuliers  nous  men- 
tionnerons ceux  du  décanat  de  Bourgogne  ^)  et  de  IVglise  col- 
légiale de  Si  Nicolas  à  Fribourg  ").  Les  recès  gënéraux,  qui  fu- 
rent publiés  après  la  visite,  portent  la  date  du  25  mars  1774 
et  sont  les  suivants  ')  : 

Josephus  Nicolaus  a  Montenacb,  Dei  et  Sanctee  Sedis 
Apostolicœ  gratta,  episcopus  ac  cornes  Lausaunensis,  sancti  Ro- 
mani Imperii  princeps,  etc.  Reverendis  dooiinis  decanis,  paro- 
chis,  ecclesiarum  rectoribus,  sacellanis  totique  clero  nostrœ 
dlœcesis,  salutem  et  benedictionem  nostram. 

Absoluta  est  diœcesis  nobis  concreditœ  perlustratio  cursus- 
que  consummatus.  Jam  ad  vos.  fratres  carissimi,  coavertitur 
sermo  uoster,  vosque  verbis  Spiritus  sancli  adioquimur.  Vidi- 
mus  opéra  vestra  et  charitatem.  novimus  minisleria.  patientiam, 
et  opéra  vestra  novissima  plura  prioribus,  et  ita  novimus.  fra- 
tres domini,  ut  nos  non  seepius  quam  gratins  in  decursu  labo- 
rum  nostrorum  recreaverit  vestra  in  moribus  gravitai,  in  doc- 
trina  pletas,  in  sacramentis  admiDistrandis  solertia.  in  pascendis 
et  regendis  populis  assiduttaa,  quœ  est  enim  nostra  spes  aut 
gaudiuni.  aut  gloria  noslra  ?  Nonne  vos  ante  Dominum  Nostrum 
Jesum  Christum  estis  ?  vos  inquam,  fratres  carissimi,  quoratn 
speciosi  pede9  cvangeliz^intium  pacem,  evangelizantium  bona, 
gr&tias  itaque  cum  Apostolo  agimus  Deo,  semper  meraoriam 
veïtri  facientes.  eo  quod  ministerium  vestrum  honorificetur,  et 
virtutibus  quœ  Tlmolbeo  commendantur  ornati  plerique  vestran 
conspiciantur  et  priediceatur.  At,  fratres  carissimi,  ia  agro  J 
Patriii  familias,  iu  wedio  trilici  apparent  identiilem  zizania,  quee  ( 
inimicQs  homo  superseminat,  et  vinea  quam  Apollo  rigavit,  ^àl  \ 


')  ÂcU  visiUtioDis.  vol    16.  Fol.  51-123- 

')  RecessQs.  n*  10,  11. 

*)  MaudemenU  et  mundata  (1690-1800).  toi.  83-86. 

')  Rec«ssiis  geoâralea  de  anno  1774  (AcU  visiUUouîs,  vol.  U,  | 
1U-3S:    Recessua,    u'  10.   Il;    M&udeineuta   el   uianjats   il690-1806),    blS 
l-!0):  GeisUiclien  Sachen(Arch.  â'Eut)  u*  539. 


535     — 


etiam  labruscas  nostris  curis  et  vestro  subsidio.  fratres  carissimi, 
evetlendas.  Putanda,  fodienda  ac  sepibus  ciicumdanda  uobis 
vobieque  incumbit  hiec  ip^a  vjnea,  nec  ab  opère  desistendum, 
doiiec  exhibeamus  Christo  gloriosam  ecclesiam,  non  habenteiu 
maculam  aut  rugaiu,  sed  ul  sit  saucls  et  imraaculaLa,  huic  tnu- 
neri  et  officiu  facturi  satis,  fratres  carissimi,  et  iolimo  discipliaic 
ecclesiasticie  fovenda  desiderio  adfecti  prœter  specialia,  quse  cui- 
libet  parochiœ  transmittentur  décréta,  generalia  quiedam  staluta 
pro  tota  diœcesi  edenda  duximus.  Vestrum  autem  erit,  fratres 
carissimi,  qui  io  sorte  DoiDiai,  et  ia  parte  sollicltudiuis  uostrœ 
vocati  eslis,  eadem  exequi  et  in  praxim  dedueere,  quod  etiam 
nobis  sperare  licet  utpote  obedientise  innixis  vcstrœ. 

De  antiquis  mandatis.  Antecessorum  nostrorum  mandata 
et  statuta,  iu  quibus  iis  non  fuit  derogatum  per  cootrariam  le- 
gem  aut  consuetudinem  légitime  prfescriptam  nostraque  liacte- 
Dus  édita  confirmantes  et  rénovantes,  ea  vere  observari  et 
executioui  demandari  volumus  ;  frustra  enim  conduiitur  leges,  si 
imputie  violeutur  ;  unde  prEecipimua  omnibus  et  siugulis  paro- 
chis  et  capellanis,  ut  in  domo  presbyterali  liber  asservetur,  cui 
mandata  uostra  pricdecessorumque  nostrorum  itiscribaut,  sibi  ac 
suis  succesEoribus  maximo  emolumento  futurus.  Cuvfc  et  cons- 
cientiœ  RR.  DD.  decanorum  articulum  hune  comittimus,  maa- 
dantea  iisdem  ut  intra  annum  prtesentibus  acceptis  experiantur 
et  no»  edoceant,  an  singuli  libro  prcescripto  mandata  nostra  Jn- 
beruerint,  pœaa  nobis  arbitraria  negligentibus  iiifligenda. 

De  inscriptïonibus  haptizatorum,  conjugatorum  et  mortuo- 
rum.  Untfonnitate  nibii  amabiJius  nec  utilius,  illa  res  ârmantur 
et  stabiliuntur,  quare  tantis  diversitatibus  et  phrasium  multitu- 
dini,  quœ  in  baptismorum,  coajugforum  et  mortuorum  inscriptio- 
nibus  occurruDt,  viam  occlusuri,  exemplar  hic  subnectimus  ab 
omnibus  fideliter  sequendum. 

Suivent  les  formulaires  pour  les  registres  de  baptêmes,  de 
mariages  et  de  décës. 

Quod  ut  facilius  et  exactius  in  praxim  deducatur,  BR.  DD. 
deCBuls  injungimus,  ut  singulis  annis  libros  très  de  baptizatis, 
coDJugatis  et  mortuis  sibi  adferri  a  parochig  sui  districtus  curent 
illosque  perlu^trent  omnia  ad  amussim  redacturl. 

Si  autem  extractum  baptismi,  mortis,  vel  matrimonij  exi- 
gatur,  sequenli  iiielhodu  extrahendum  illud  volumus,  qua  nie- 
thodo  jam  pluiimi  sapientissime  utuntur, 


536 


ETtractum  e  libro  baptizatorum,  roortuorum  tum  conjuga- 
torum  ecclesiœ  parochialis  S"  N".  N.,  loci  N.  N.,  diœcesis  Lau- 
saoDensis,  cantonis  Friburgensis  in  Helvetia,  tune  de  verbo  ad 
verbum  describendus  venit  ipse  actus  baptisnii,  etc.,  prout  registris 
inscriptus  deprehenditur.  Dein  additur  quod  prx.iens  extraclum 
sit  conforme  original!,  a  quo  de  verbo  ad  verbum  fuit  desump- 
tum  ;  testor  infra  scriptus  in  domo  parochiali  dicti  loei  N,  N., 
die  N.  N.,  mensis  N.  N.,  anno  millesimo,  etc. 

N.  B.  1°  Nomea  et  cognonem  parochi  apponenda  eunt 
proxime  ad  ultimam  lineam  ne  aliquid  ex  malitia  interseri  queat. 

2"  Paginfc  singulœ  librorum,  quibus  iiiscribuutur  baptizati, 
mortui  et  conjugati,  notis  arithmeticia  exacte  sunt  coiiBignaiidie, 
quatenus  si  folium  quoddam  evellatur,  fraus  et  dolus  agnoscî  H 
puniri  valeat. 

30  Status  hominum  ac  bona  fortunie  scepius  ab  attestatione 
baptismi,  matrimonii  parenlum  ac  mortis  pendent;  magnam 
ergo  diligentiam  adbiberi  pr^cipimus  in  conticiendo  duplicato  li- 
brorum baptismi,  morlis  ac  matrimonii,  qua  diligentia  fatales 
plerique  casus  prœcaveri  poteruni  ;  quare  mandamus  omnibus  et 
sîngulis  DD.  parochis,  quorum  libri  seu  originale,  seii  exemplar 
n  nostra  visitatione  a  nostro  secrelario  visa  non  acceperunt,  uc 
intra  lapsum  unius  auni,  a  data  priesentium  computandi,  illos 
m  ordinem  redigant,  et  ita  redactos  nobis  exhibeant,  sin  minus 
pœna  nobia  arbilraria  et  înterdicto  punienlur.  Prœterea  cogno- 
mina  baptizatorum  in  margine  librorum  apponi  et  annotari 
mandamus. 

De  sponaalibus  et  matrimonio  :  1°  Eccteaiœ  prœceptis  suua 
honor  habendus  et  quœ  illa  jubet,  exequenda.  Nuilua  ergo  paro- 
cbua  aut  clericua  aliua  matrimonium  e  catliedra  publicare  présu- 
mât, niai  coram  se  facta  fuerint  sponaalia,  vulgo  fiançailles,  vel 
coram  alio  presbytero  factorum  apouaaiiura  certum  et  scriptum 
habeat  indicium,  seu  dein  dispensationem  a  duabua  publicatio- 
nibus  a  nobis  obtinueriot  aponsi  aive  non,  si  autem  aliter  6at 
incurretur  interdictum. 

2"  Jurium  et  priceniiuenliarum  cleti  eecularis  super  ordiues 
monasticos  et  rellgtosos  continuo  memores  et  ii^dem  conservaudia 
intenti,  districtisairae  prohibemus,  sub  pœna  arbitraria  et  irre- 
vocabili,  ne  quisquam  a  RR.  DD.  parochis  llcentiam  imperlJatur 
ullj  individuo  reJigioaorum   benedlctionem    nialrimunialem    cunce- 


II 


637     — 


dendf  ;  sed  ai  estra  propriam  parochiam  conjuge!;  benedicaDtui 
aut  etiam  in  propria  parochia  a  sacerdote  seculari  id  fieri  prje- 
cipimus. 

3°  Nullus  G  clero  seculaii  vel  regulari  ullam  benediclionem 
in  ulla  parochia  et  loco  iiostrœ  dicecesis  quocunque  ex  pretextu 
elargiri  attentet,  nisi  prius  sciipto  vel  oretenus  a  parocho  iIJiuB 
loci  concedatur  hœc  potestas.  Si  dB  exorcisrais,  maleficiis  et 
spiritibus  immundis,  etc.,  agaïur,  nec  clero  sîeculari  nec  regulari 
id  liceat  nisi  obtenta  a  nobis  facuMate. 

De  mis8<B  sacrifidia  et  anniversariorum  stipendiis.  1°  Sa- 
croruni  canonmn  decretis  et  eccl«sraHticœ  decentise  obsecundari 
desideramus  ;  bine  sub  pœna  interdicti  ipso  facto  incuirendi, 
vetamus  et  prohibemus  omnibus  sacerdotibus  secularibus  et  re- 
gularibus,  ne  ceremoniis  ecdesiasticls  iiti  processionibus  inter- 
sint  aliter^  quani  veste  tnlari  et  oblonga  induti.  Nec  aliter  ad 
aram  fuciant  seu  in  parochia  propria  fuerint  seu  extra  illani, 
nisi  iter  conficiant  duarum  leiicarum  distans  a  domicilio  suo.  In 
urbe  vero  FrlTaurgensi  et  aliîs  notrse  dicecesis  oppidis  nuUa  ex 
cau«a  Hcebit  sine  toga  oblonga  celebrare. 

2°  Taxa  omnium  anniversariorum  et  fundationum,  quœ 
sacrum  legeodum  singulis  annis  imiicant.  erit  in  posterura  se- 
qiientis  tenoris  et  praicepti  ;  si  sacrum  decantandum  fuerit,  vi< 
ginti  et  unus  bazeus  ex  censu  annuo  exigelur  pro  célébrante  et 
duo  pro  respondente. 

Si  vigiliie  cum  sacro  decaatentur,  sumuia  capitalis  erit 
60  sBxagînta  coronatorum,  es  cujus  censu  annuo,  quinque  bacei 
concedentur  respondcnli.  Si  missa  legenda  nec  diei  nec  altari 
determinato  sit  préfixa,  summa  capitalis  10  coronatos  ;  si  au- 
tem  diei  aut  altari  inhaereat,  duodecim  coronalos  et  dimidium 
constare  débet. 

Si  autem  matutinum  integrum  cum  laudibus  et  missa  de- 
cantanda  injungantur,  summa  cajntalis  centum  coronatorum  ab 
hieredibus  erit  constituenda,  et  ex  ejus  censu  annuo  oclo  bacei 
tradentur  respondenti.  Insuper  nolandum  voluraus.  oullam  fun- 
dationem  in  perpetuum  esse  acceptandam,  sed  solum  600  anno- 
rum  lempore,  qno  taxa  prirtixa  solvelur,  eoquod  nec  hypolbeca 
nec  asseciiralio  perpétua  ex  ilhistrissimi  magistratus  decreto  exigi 
possit.  Si  ergo  absque  parochi  iiegligentia  aut  incuria  summa 
capitalis  vel  in  toto  vel  in   parte    tlepeidatur    vel  nullum   ulTerat 


538     — 


ci>n!'uin,  rcsKDt  riuixiuc  v<<1  In  toto  vol  in  parte  debilum  exeqaendt 
fuiHlntlonom,  l'ia'tcu-a  exacte  nbservari  volumus,  ut  nulla  fun- 
(latiii  A  IIK.  DI),  parorhis  vel  Bacellanis  recipiatur,  nisi  prius  a 
noblH  auccptata,  lala  el  libris  funilationiiin  ept^copatus  inserta 
fuerit  -,  iimlv  osomplaria  fundatlonuin  faciendarutn  imposterum 
nabis  tran^inittl  omnino  jubciuus. 

Querimonias  piurium  RK.  Dit.  parochorum  audivimos  et 
Mcppiniua,  qui  non  slao  causa  exi^timant  sibi  imponi  jugam  oi- 
niU  (luniui  relaie  ad  modicitatem  reddituum  beneficialium,  dam 
pro  parnclilanls  vivis  et  ilefunclis  applicationem  mieste  singalis 
dirbiiN  dominicls  et  festis  ex  mente  Conslitulionum  Apostoiio- 
runi  fari^To  (cuentur.  Jusia'  nobis  vi?»  sunt  bie  querels,  et  de- 
alderii»  vestris  consulere  voleutes,  fratred  carissimi,  Tobis  noti- 
Aramu!;,  nos  ad  Summum  Papam  nostrum  Clemeotem  X[Y 
scripfiive  pro  obtinenda  ab  hac  lege  saltem  diebus  festlTis  exeap- 
iww  ;  r«(i|H>n»um  romanum  qualocunque  démuni  fntoniB  sil, 
vobi»  traasnittMnns,  iulcrim  in  adimpletione  praecepti  nsqae  aà 
UM  tmpils  vos  Krf^iv  toIbums. 

Dt  tmtfitUis.  UvèibilU  ex  ib  qnae  apparent,  ol  aft, 
Àpostolas,  tetdlflcta  coBspkJaBtar  et  ad  pietatem  intenaa  ex- 
ttrans  dMOr  «t  aitor  maiinvB  cet  iMâUBeotaa.  Nobis  crsi 
■MXhM  tocvmbit  coBKcB^ftda  o«Btt«s  K&.  DD.  psncUs  «t 
xclariari»  rectxribss  taa  lftti«  qaua  refectm  Katcona 
MCf*»  «iH>«U*ct^  (j«si|M  dUipat  mtntns»  per  se  vd  po- 
Mas  ^  4»  jare  tnwatar,  taneaJa.  Qm4  mt  nt«  al 
yaNMMar,  ttluMB.  m  éacui  Mstri  la  sa*  tàtxittm 
!  p«r  aa  TCl  per  aliam  piutHaia» 

H  éewKi  stata  rmrnia/bÊr,  et  a 


I 


nhi  bibliotheca  datiic,  Id  pvaestare  hucusqae  muiti  lergiversati 
Eunt  et  adhuc  tergiversantuc  ;  iterura  ergo  niandaraus  et  jirae- 
cipimus,  ut  in  virtule  sanctae  obedientiae  ac  muleta  arbitraria 
quod  hacteiiuB  fuit  dilatum  diutius  iiod  difTeratur,  sed  fideliter 
mandati  nostri  executio  procuretur. 

Pe  scholis.  Praecipimus  praesentium  tenore  id  virtute 
saoctae  obedientiae,  ut  RIi.  DD.  parochi  Haepius,  id  est  ter  qua- 
terve  in  meose  scholas  suae  parochiae  visitent,  methoduin  do- 
cendi  et  progressum  infantium  iuspiciaot,  et  si  quid  minus  bene 
actum,  emendt-nt  ac  corrigant. 

De  ptiblicationibus  t'n  lentplo.  Domum  Dei  dumum  oratjo- 
nis,  non  commercii,  aec  usibuB  profaiiis  destinatam  nostis  es 
divino  oraculo,  fratiea  dilectissimi,  hioc  noverilis  quoque  vobis 
omnibus  sub  pœua  interdicti  vetitum  esse,  ne  uJlo  sub  praetextu 
in  teinplis  et  ex  cathedra  veritatis  publicetis  et  ecclesiarum 
valvig  adSgl  sinatis  mandata  quae  rem  tempoialem  vet  crimÎDa- 
lem  speclaot.  Quae  vero  in  teœplis  denuncianda  sunt,  numeran- 
lur  '}  : 

1°  Nostra  mandata  episcopatia,  quae  salutem  aniraarum, 
ortodoxam  tidem.  disciplinani  ecclesiusticam  et  junsdictionem 
spiritualem  complectuntur. 

2"  Commeudatitias  litteras  ex  nostra  vel  aaeculari  can- 
cellaria  emanatas  in  favorem  illorum,  qui  incendio  vel  alia  sorte 
adversa  afflicti  sunt. 

3"  Edicta  et  mandata  poleatatura  saecularium,  quae  ad 
coercendoa  abuaus  et  corrigendos  mores  in  lucem  pi'odeuDt,  v. 
gi'.  prohibitiones  de  ingrediendis  caupoois  tempore  offiuiorum 
divinorum.  de  saltationibus  et  nocturnis  cursibus  instituendis, 
de  imporlalione  vini  et  liquorum  in  domos  particulares  noc- 
turno  tempore  et  ejuisdem  generis.  Dum  vero  maudatum  nliquod 
a  principe  saeculaii  proveniens  alterius  specîei  vel  monitum  Do- 
miuonim  Praefectorum  cirta  rea  civiles  publicandum  erit,  si  hoc 
II.  parocho  innotescat,  monebit  popuium  de  futura  hac  publica- 
lione  in  exitu  ab  ol&cio  divino  extra  ecclesiam  facienda. 

De  ingressu  in  ecclesiam  tempore  officiorum  divinorum. 
KR.  DD.   parochis  de  grego  î^ibi  commisse    raLionem    nobiscum 


')  Voir  également  le  mandement  de  1774  ^Mandata  et  littera 
raies  II.  (1758-1835),  p' 1 


540 


reddituris,  opportune  et  impnrtune  est  ob=ecranduni.  inrrppan 
dam.  arguenduiu,  ut  populus  tempore  officiorum  diviDoram  tem 
plum  tDgrediatur  nec  estra  januam  aut  sub  turri  remaneat. 
Quid  enim  aliud  hoc  est,  ntsi  distractionibus  ansam  qtiaerere  el 
saDctis  mysteriis  nec  corpore  nec  spiritu  interesse?  Uiide  eccle- 
siaram  rectonbiis  serio  înjungimus.  ul  a  Domiuis  locorum  Prs- 
fectis  exacta  edicti  publicatio  a  supremo  seoatu,  bac  saper  re, 
emanati  singulis  annis  nostro  Domine  requiratur  constituaturqiie 
vir  probun,  qui  ejus  execiitiODÎ  adiaboret  et  invigilei,  an  siietitium 
et  decentia  in  templo  requisita  servetur,  sin  minus  diiigenter 
id  prtciititutuin  fuerit,  edoceri  cupimua  ut  ad  quos  spectat  res 
deferrl  valeat. 

De  oblatùmibus.  RR.  DD.  Parocbi  jus  babent  certum  et  to 
jure  communi  fundalum,  percipitndi  omnes  et  singuias  obiatiO' 
nés  cujuscunque  generis,  quac  tîunt  in  capellis  et  oratorîî<;  pu* 
blicis  et  in  Iota  parochia  ;  hoc  autem  jus  maxime  certum  et  io- 
tactum  volumus  et  prEecipimus.  Unde  si  quis  jus  aliquod  in 
dictas  oblationes  prc^tendit,  noverit  exhibeiidum  esse  contractum 
seu  conventionem  cum  R.  parocho  iactani  aut  privilegium  scrip- 
tum  et  appi'obatjoiie  episcopali  rohoratum.  Si  vero  privjlegium 
hoc  non  sit  sciiptum,  immemoriali  consuetudine  isaltem  sit  firma- 
tiim  oportet,  aliter  juri  R.  pavochoium  prœjudicari  nequit. 

De  venditionibus  pullicis  diebus  dotninicts  et  feslis  solem- 
nioribus  ').  Sex  dicbus  opus  faciotis,  septimus  erit  vobis  sanctus, 
verbft  Bunt  Exodi.  Addidit  Ecclesîa  alios  festivos  dies  solemniores, 
quosdam  minus  solemnes,  alios  singulos,  tum  domicicos  tum 
festivos  sanctificari  et  ijsdem  honorem  haberi  sub  peccato  prœd- 
piens.  At  tapientissimum  hoc  prteceptum  contemni  saspius  vide- 
mus  non  exiguo  mentis  dolore.  Bona  mobilia  et  immobilia  {lU- 
blice  venalia  bis  diebus  exponuntnr,  et  vis  atia  dies  praeter 
domiuicam  aut  festivam  eligitur  pro  venditionibus  aut  emptio- 
nibus  fundoruni,  îerrarum  et  prœdiorum,  quod  sane  nostrîs  prte- 
decessoi'umque  nostrorum  mandatis  répugnât,  cum  loties  quotiea 
borum  dierum  »anctitas  cum  scandalo  ludi  soleat.  Hune  ut  abu- 
Bum  e  medio  tollamus,  fratrea   domini,  vobis  imponimus,    ut 

')  Cfr.  U  représentation  de  l'évCque  au  Conseil  de  Fribourg  an  snjtl 
dm  miies  publiques,  des  ventes  et  des  acljnts,  lex  jours  cte  fêtes  et  de  dïm 
ches  (Maodemenla  et  mandata  (1690-1S06),  foi.  59-61,  (ol.  73-74)  et  la  iéc 
sion  du  gouvernement  a  ce  sujet  1.  c.  fol.  74-75. 


641 


conclonlbus  vestris  huic  malo  daia  opéra  invehamini,  et  onini 
conatu  illud  e  vestris  parcecii»  eradicare  satagatis,  nec  cuipinm 
si  hac  de  re  coDsulamini  facultatem  concedatis,  nisi  festis  miuo- 
ribus  post  vesperas,  nullo  mudo  tlJebus  domiaicis  aut  festis 
Domitii  Noatri  Jesu  Chrisli,  B,  V.  Maria;,  solemnioribus  apns- 
tolorum  ac  patronorura  et  aliis  duplicibus  !""•  et  2^"  classis. 

De  observantia  îegum  civilium.  Omnem  animam  potestali- 
bus  subljmioi'ibus  subditam,  non  tantutn  propter  iram,  sed  etiam 
propter  conscieDtiam  cum  Apostoto  inteiiditnus  et  volumus,  nec 
magistralua  sEccularis  leges  infringi,  eludi,  aut  illanim  mentem 
aliter  accipi  quam  ex  sensu  verborucn  et  intentione  legislatoria 
impune  permittimus.  Hioc  districtisaime  prohibemus,  ne  in  con- 
feremiis  ecclesiasticis  defendalur  vel  in  sacro  tribunal]  dicatur, 
multo  minus  in  vulgus  spargatur,  kgea,  quœ  prohibent  expor- 
tationem  frumentl,  butiri  et  rerum  comestibiliuin,  defraudationem 
pedagiorum  et  gabellarum,  ablationem  ligaorum  vîridiuni  in  ne- 
moribus  ad  lll'"""  Rcmpublicam  aut  comunitatem  loci  spectantibus, 
etc.,  ejusroodi  Ifges  esse  pure  pœnales  ;  populum  ergo  de  vera 
ciilpa  iheologica,  quœ  a  tratifgressoribus  incurrilur,  data  occa- 
t^ione  edoceri,  et  ab  omnibus  ita  teueri  prtecipimus. 

De  exequiis.  Sapientissimis  etiam  legibus,  juxla  reium  et 
temporum  exigentiam,  derogare  interdum  licet  ;  nemini  orgo 
mirum  videri  débet,  si  quemdam  Ritualis  Romani  articulum  iin- 
mutaudum  censeamus.  Respicit  hic  exequins  defunctorum  :  quare 
gravjssimis  momentis  et  repetitis  Ittustrissimi  Senatus  iustantiiH 
adducli,  vetamus  ac  severe  pro  tota  noslra  diœcesi  prohibemus, 
ne  cadavera  mortuorum  ante  sepuituram  in  templum  introdu- 
cantur,  sed  voiumus,  ut  peractis  ante  fores  ecclesiœ  solitis  pre- 
cibus  mox  tertEG  mandentur,  ac  demum  sacrum  pro  requie  ani- 
marum  in  templo  celebretur. 

Denique  nostros  recessu?;  et  mandata  generalia  verbis  B. 
Pauli  claudere  fas  sit:  Tu  autem,  Ven'"'  Clere,  ei  intimis  medullis 
nobis  care,  vigila,  in  omnibus  labora.  opus  fac  veri  presbiteri, 
vicarii  et  parocbi,  sollicitudine  non  piger,  spiritu  fervens.  Do- 
mino aervjens,  minisLerium  tuum  impie  per  te  Ipsum  quantum 
vires  suppetunt,  populum  tibi  commissum  pasce,  aliéna  opi>ra  et 
preserlim  alla  qmim  quic  a  clero  pscculari  nffurtur  et  libenter 
coucedilur  parum  utere,  nisi  duni  iiecessitiis  suggerir,  ne  adeo 
qui  tecuiu  ruli  "■"    Vel  ab  hoaiiuibu.s,  quibits  liebitor  es, 


542 


et  (lunnim  severî<!sinio  judicio  lua  omissa  subjlciuntur,  probro- 
fiiHtiiinuin  illud  vltnperimn  audias  :  Serve  piger!  ut  quid  abscon- 
clisti  talenliini  tuum  ?  esto  ergo  fidelis  usque  ad  niortem,  et 
prtcsentis  nostra  mandata  custodire  fatagns,  quoil  beoedictiotie 
noiitra  votisque  auguratnur,  mandantes  RK.  DD.  Decaois  et 
Commissariis  nostris,  ut  exacte  eorum  executioni  invigilenl,  prte- 
dicta  omuia  in  proxima  collatione  ecclesiastica  prelegant,  et 
totidi'm  exemptaria  fieri  curent  quot  pro  numéro  membrorum 
reqnirentur  ;  ea  vero  gallico  idiomate  verti  curent,  quse  popD- 
lum  spectaut  et  ex  cathedra  publicari  omnibus  R.  psrochîE 
prttcfpimus.  Gratia  Domini  Nostri  Jesu  Christi  vobiscom  omni- 
bus, fratres  carîssimi,  amen.  Oatum  in  domo  resideotitt  aostrs 
Friburgi  die  26  manii  1774. 

Ces  recès,  qui  constituent  presque  un  véritable  code  d'ad- 
ininistratiou  paroissiale,  nous  révèlent  les  grandes  qnalîtés  ad- 
mînlslraiives  de  IVvéque  et  une  profonde  ronnaissance  des  af- 
faires ecclésiasliqueii.  LVvèque  d^  Montenarb  poursuivit,  après 
la  publicatiiMi  des  recès,  avec  le  zèle  pour  la  itisciplioe  ecclé- 
siastirine  qui  le  distingua,  l'œuvte  de  ta  réforme  en  Teillant  à 
i"cx(k:utioii  de  se>  ordonnances  et  en  édictant,  si  le  besoin  se 
faisait  sentir,  de  nouvelles  liispositioas.  Il  s'informa  auprès  des 
d^canats  au  si^el  de  différentes  questions  de  discipline  eccU- 
siaslique.  chercha  à  connaître  les  abus  et  y  porta  remède  '). 
Il  prit  après  la  visite  pastorale  d^-s  dispositions  pour  diminaer 
les  ctnsee  natrimoniales  *),  rappela  an  clergé  la  Déces^ité  àm 
tntSénncts  ectl^iastiques  et  se^  devoirs  de  pasteurs  '),  pr». 
nnlgna  un  règlement  concernant  les  aspirants  i  l'eut  ecelésius- 
tiqne,  les  éludes  du  rlergi^,  les  examens  de  jaridietion  et  les 
coiféreBces  erclésiasltqnes  *i,  fit  des  statuts  pour  ta  basse 
mardte  des  «études  au  Collège,  surtout  dans  les  classes  sapé- 
lieoras  *\  ponr  la  récitation  de  l'office  à  Si.  Nicolas  *), 
l'obsemlioa  des  fètee»  et  des  jeùaes  '\. 


543 


L'êvdque  exprime  de,=  regrets  de  ne  pas  pouvoir  convo- 
quer un  synode  diocésain,  afin  de  discuter  et  de  régler  un 
grand  nombre  de  questions,  que  lui  ont  suggéré  les  visites  pas- 
torales. Pour  atteindre  néanmoins  son  bul,  il  rédigea  un  mé- 
moire, qu'il  adressa  au  clergé  de  son  diocèse,  en  le  priant  de 
lui  donner,  après  examen  des  points  proposés  dans  les  réunions 
décanales,  son  avis  sur  les  différeoles  questions.  Ces  réponses 
devaient  former,  d'après  l'idée  de  l'évéque,  la  base  de  nouveaux 
rocès  et  peut-être  de  nouvelles  constitutions  diocésaines.  Ce 
mémoire  nous  donne  la  meilleure  idée  de  la  sollicitude  du  chef  du 
diocèse,  et  nous  fait  voir  dans  quel  esprit  il  entendait  travail- 
ler au  progiès  spirituel  et  moral  de  son  diocèse  ')  : 

Dans  le  torrent  des  occupations  et  des  inquiétudes,  qui 
assiègent  la  place  où  la  Providence  nous  a  élevé,  la  plus  douce 
de  nos  satisfactions,  celle  qui  en  allège  un  peu  le  poids,  c'est 
d'avoir  en  vous,  nos  chers  frères,  des  cuopérateurs  et  des  ou- 
vriers dans  la  vigne  du  Seigneur,  qni  réunissent  à  des  lumières 
distinguées  pour  connaître  le  bien  une  volonté  décidée  à  le 
faire  et  à  le  pratiquer  :  c'est  la  certitude  de  trouver,  lorsque 
nous  vous  consultons  sur  les  objets  les  plus  épioeus  de  notre 
rainistcre,  dans  la  sagacité  de  vos  résolutions  et  ta  ferveur  de 
votre  zèle,  des  moyens  propres  à  appuyer  notre  faiblesse,  à 
rassurer  nos  pas,  à  sonder  les  décisions  ausïi  sagement  con- 
certées que  scrupuleusement  obsei'vées.  Nous  venons  aujour- 
d'hui, nos  très  chers  frères,  vous  demander  une  nouvelle  preuve 
de  cette  sagacité  et  solidité  do  jugement,  que  nous  vous  con- 
naissons, et,  en  soumettant  à  votre  examen  des  pointa  essentiels 
à  la  discipline  ecclésiastique,  vous  donner  un  témoignage  aussi 
peu  équivoque  de  notre  confiance,  que  propre  à  manifester  les 
sentiments  qui  vous  animent  pour  la  gloire  de  votre  état  et  le 
bonheur  de  ce  diocèse.  Eh  1  nos  très  chers  frères,  que  du  mo- 
tifs nous  déterminent  à  cette  démarche  ?  nous  la  devons  en 
premier  lieu  à  cet  attachement  inviolable  à  notre  personne,  à 
cette  tendresse  d'amour  que  vous  nous  avez  si  souvent  témoi- 
gnée, à  cette  sollicitude  pour  notre  santé,  qui  a  plus  d'une  fois 
attendri   notre  sensibilité  et  provoq,ué  nos  larmes,  heureux    si 

']  CoDatltuliones  synodales  IV,  n*  4  (12  ni&i  1778j  ;  Mandements  et 
mandais,  I.  c.  p.  225-45. 


—     644     — 

elle  acquitte  la  dette  en  quelque  sorte  de  notre  reconnaissuncc. 
et  si  vous  l'envisagez  comme  uue  etTusion  de  notre  cœur,  qui 
avec  celui  de  l'apétre  se  dilate  pour  vous,  et  vous  dit  :  gloria 
Dostra  eatlB  vos  I 

D'ailleurs,  toutes  choses  présentant  deux  faces,  le  vrai,  le 
bon  côté,  le  juste  point  de  chacune  est  difficile  à  choisir;  ce 
n'est  qu'à  travers  un  tourbillon  de  nuagi^s  que  se  moutre  ce 
milieu  précieuï,  qui  dicte  des  lois  également  éloignées  d'une 
trop  grande  sévérité  qu'elles  abliorrent,  et  d'un  trop  grand  re- 
lAchement  qu'elles  répriment,  et  ce  n'est  souvent  que  de  la  di- 
versité des  idées,  du  choc  des  esprits  que  sort  la  vérité,  qui 
aurait  échappé  à  la  discussion  d'un  seul,  pufëque  ce  n'est  ordi- 
nairement que  par  la  pluralité  des  réflexions,  qui  analysent  et 
épiloguent  une  même  chose,  que  s'étendent  les  peneées  dont 
on  leur  présente  le  germe,  que  se  corrige  ce  qui  leur  semble 
défectueux  et  se  fortifie  ce  qui  leur  paraît  foible  :  aussi  est-ce 
en  vue  de  dissiper  le  voile,  qui  cache  à  nos  foibles  regards  le 
juste  équilibre  des  choses,  qu'est  dû  l'élabliss^cment  des  Synodes 
Diocésains  si  souvent  commandé  par  le  dispositif  des  Canons  et 
des  Conciles  de  l'Eglise,  si  fréquent  dans  les  beaux,  dans  les 
premiers  siècles  du  christianisme,  assemblée  aussi  sainte  dans 
son  (irincipe,  qu'avantageuse  dans  ses  effets,  où,  réunis  par  les 
sentiments  d'une  même  ardeur  et  d'un  même  amour  pour  l'in- 
térêt de  la  religion,  les  pasteurs  du  premier  et  du  second  ordre. 
qui  ont  été  témoins  des  playes  qu'a  souffert  la  discipline  ecclé- 
siastique et  des  accroissements  que  la  pieté  peut  acquérir,  pré- 
parent l'huiie  et  le  vin  pour  la  guérison  de  cela,  et  cherchent 
des  secours  pour  les  progrès  de  celle-ci,  assemblée  dont  nous 
regrettons  bien  sensiblement  le  non  usage  dans  notre  patrie, 
mais  dont  l'impossibilité  se  démontre  par  les  raisous  qui  l'éta- 
blissent '). 

Privés  de  ce  moyen  salutaire,   nous    n'avons    que    la 


')  Dans  le  diocèse  de  Lausanne,  les  synodes  diocénains  cessèrent  é 
[a  seconde  moitié  do  17"  siëcle,  sartout  à  la  suite  des  luttes  entre  le  paaM 
spirituel  et  temporel.  Voir  Manual  RalRerkanntnus8enb(ii;her  et  Mandtld 
bueti  du  1"  juin  1652.  du  7  septembre  1665.  du  9  novembre  1695,  20  déo 
brelliSB.  etc.  (Arc)i.  d'Etat).  Dans  le  IS'*  siècle,  la  décadence  de  cett«  f ni 
tutioD  eoclègiastiqne  devint  presque  générale.  Voir  à  ce  sujet  Schmid, 
Blstumssynode  1850,  p.  158  ut  suivantes,  p.  183  et  suivantes. 


545 


source  de  celui  que  nous  employons  ici.  Parlez-nous  Â  cœur 
ouvert  sur  les  questions  qui  vont  être  proposées  à  votre  dis- 
cussion, pesant  le  pour  et  le  contre;  donnez  à  cet  examen  le 
temps  qui  vous  paraîtra  nécessaire,  et  instruisez-nous  des  fruits 
et  de  lu  conclusion  de  vos  recherches,  assurés,  comme  vous  de- 
vez l'être,  que  cette  relation  de  sentiments  formera  uu  lien  bien 
douK  qui  resserrera  encore  les  nœuds  qui  nous  attachent  déjà 
si  fortement  à  vous  :  nous  le  désirons  et  exigeons  avec  d'uutant 
plus  de  titres,  que  notre  haut  âge  et  uos  infirmités  nous  don- 
nent le  droit  do  vous  dire  à  l'exemple  de  St. -Paul  et  du  Pro- 
phète Royal.  Filioti,  in  omnibus  îaborantes  ministeriuv*  vestrum 
impiété  :  ego  cnim  Jam  delibor  et  tempus  resolulionis  meœ  tn- 
stat:  ingredior  viam  universœ  terra,  vos  vero  confortemini  et 
estote  viri.  Oui,  nous  le  sentons  approcher  cet  instant,  qui  doit 
nous  séparer  de  vous,  de  vousl  qui  fites  tout  ce  que  nous  avons 
de  plus  cher,  et  nous  réunir  à  l'origine  commune  des  faibles  mor- 
tels, à  un  peu  de  cendres  :  le  principe  destructeur  de  notre 
existence  agissant  coutineliement  sur  nous  et  rendant  moins  actives 
les  facultés  de  notre  âme,  nous  comprenons  combien  nous  doivent 
être  avantageux  le  concours  et  la  connaissance  de  vos  idées  et 
de  vos  sentimens,  A  ces  causes,  nous  requérons,  vicaires,  commis- 
saires généraux,  doyens  de  ce  diocèse,  de  vous  communiquer 
soit  en  général,  soit  en  particulier,  les  points  ci-après  désignés, 
de  concerter  avec  vous  pour  les  réponses  que  vous  jugerez  les 
les  plus  analogues  au  bonheur  de  notre  Clergé,  vous  exhortant, 
sollicitant,  d'y  répondre  littéralement,  laissant  d'ailleurs  une 
pleine  liberté  à  un  chacun  de  nous  adresser,  en  attendant,  les 
réponses  générales,  et  même  après,  toutes  les  représentations  qui 
auraient  pu  lui  échapper  ou  survenir  aux  délibérations  déjà  pri- 
ses dans  les  assemblées  décanales, 

1'  Nous  croyons  devoir  faire  une  réimpression  des  consti- 
tutions synodales  de  ce  diocèse,  dont  les  exemplaires  sont  de- 
venus rares,  et  qui,  relativement  aux  ordres  qui  ont  été  émanés 
depuis  la  première  édition,  nous  paraissent  pouvoir  acquérir  une 
plus  grande  utilité  ;  et  au  cas  d'une  nouvelle  impression,  quels 
changements,  quelle  augmentation  ou  diminution  jugez-vous  qu'il 
soit  à  propos  d'y  apporter  et  de  quelles  choses? 

')  Cette  queatioii  a  déjà  été   traitée  pour  oertaines  parties  du  diocèse 
26.  1750  (ConBtitntiones  avnodalea.  IV.  d'  2  et  8). 


')  Cette  queatioii  a  déjà  été   traitée  pour  oer 
n  1726,  1750  (CoiiBlilQtiones  s^Dodalea,  IV,  d>  2  e 


—     546     — 


2°  Nous  avons  remarque  avec  douleur  la  diversfté  des  rîts 
(l'ui^Bge  et  ili;  fuiiclion  ecclû^ios tiques  qui  aut  lieu  liuus   presqui 
toutes  les  paroisses  de  noire  diocèse,  diversité   qui    embarras; 
extrêmement  les  jeunes  ecclésiastiques,  ainsi  que  ceux  qui  iless< 
veut  déjà  depuis  longtemps    des  bënélices,  lorsqu'ils  vont   dai 
une  autre  église  que  lu  leur,  et  qui  les  assujettit  à  une  aéce.-^sité'^ 
houleuse  de  demander  à  un   marguiller  ce  qu'ils  doivent  faire. 
Ne  pourrait-on  pas  faire  une  espèce  de  rituel  joiul  aux  consti- 
tutions, ou  séparémeul,  qui  tixât  cette  incertitude  et  dëtermiuàt 
ce  qu'il  y  aurait  à  faire  dans  chaque  église,  tels   et  telt!   jours 
rie  dimanches  et  de    fé'es?    l'our  remplir   cet    objet   il   fiiudrait 
que  tous   Messieurs  tes   curés  et   chapelains    prissent  la    peine 
de  donner  une  note  des  différents  usages  de  leur  paroisse  et  cha- 
pelle avec  un  indice  de  ceux  qu'ils  voudraient  conserver. 

3°  Rien  ne  nous  affecte  si  vivement  que  l'abandon  que  l'on 
fait  hélas  1  trop  fréquemment  de  son  église  paroissiale  '),  pour  coQrir! 
en  foule  dans  une  autre,  presque  toujours  sous  préteste  de  ga*^ 
gner  des  indulgences,  mais  dans  ta  réalité  pour  des  motifs  qui 
n'étant  que  trop  souvent  jiurement  humains,  pour  ne  pas  dire 
mauvais,  loin  d'opérer  un  changement  de  mœurs,  eu  occasionnent 
ordinairement  la  corruption.  Ne  trouveriez-vous  pas  à  propos  qu'on 
restreignit  toutes  les  indulgences  aux  paroisses  respectives,  de 
SOI  te  qu'il  n'y  eût  que  les  propres  paroissiens  qui  pussent  les 
gagner,  et,  afin  de  prévenir  les  murmures,  en  obtenir  des  plé- 
nières  à  chaque  paroisse  deux  à  trois  fois  par  an,  aux  jours  qu« 
Messieurs  les  curés  croiraient  les  plus  convenables. 

4"  Nous  jugeons  non  seulement  utile,  mais  presque  Déce.s- 
saire,  uce  diminution  des  fêtes')  pour  notre  diocèse.  Quelle  est 
votre  façon  de  penser  sur  cet  article?  quelles  fêtes  et  sur  quel 
pied  jugez-vous  qu'elles  pui^^senl  être  supprimées?  doit-on  con- 
server la  messe? 

5°  Après  la  suppression  d'un  certain  nombre  de  fêtes,  tous 
DOS  vœux  se  tournent  du  câté  de  la  sanctification  de  celles 
seront  conservées  et  des  jours  de  dimanches  ;   pour    y    réui 


']  Voir  au  sujet  de  ta  aanctillcatioa  du  dimanuhe,  leDiandatduH 
décembre  1880  (Mandements  et  mandata  épiscopaux  (]690'1606),  fu|.  ti3. 

')  Voir  Riou  travail  :  Quelques  rtiuseigoemeots  sur  tes  fôtes  religien-r* 
Bes  et  leur  aancliUcalion  à  Fribourg  (Semaine  catholique,  189f 


—     547     — 


quels  moyens  croyez-vous  les  plus  propres?  Comment  pourrait- 
on  par  le  moyen  de  l'autorité  séculière  empêcher  ces  jours-là  la 
fré(iueutatioii  du  cabaret  aux  peraoores  de  l'endroit,  et  à  une 
certaine  distance  de  leur  domidle,  et  surtout  abolir  la  détestable 
coutume  d'y  conduire  les  filles  sans  aucun  égard  à  la  décence 
et  à  ta  modestie.  Ne  coiinaisspz-voua  aucun  remède,  si  ce  n'est 
pour  abolir  ces  excursions  nocturnes,  source  des  dérèglements 
de  la  jeuuesse,  et  ces  veillées  nocturnes  ordinairement  poussées 
si  avant  dans  les  ténèbres,  du  moins  pour  en  diminuer  la  lon- 
gueur et  les  rendre  moins  dangereuses?  Et  comme  nous  avons 
la  satisfaction  d'apprendre  que  l'amour  du  bon  ordre  et  l'em- 
preaseinent  pour  le  salut  des  âmes  a  déjà  engagé  quelques  déca- 
nats  adresser  une  requête  pour  solliciter  l'éloignemeni  de  quel- 
ques-uns des  prédits  désordres,  nous  souhaitons  qu'ils  nous  la 
fassent  parvenir  à  cette  même  occasion,  leur  promettant  bien 
positivement  de  ne  négliger  aucun  soin  pour  sa  réussite. 

6»  En  vue  de  prévenir  bien  des  maux  et  en  particulier  le 
peu  de  sanctification  des  fêles  et  àes  dimanches,  ne  paratt-il  pas 
à  propos  de  ne  plus  permettre  la  célébration  des  mariages  et 
des  noces  que  le  lendemain  de  leur  publication  et  autant  qu'il 
sera  possible  pendant  la  messe?  Que  pensez-vous  des  cliarrivaris 
qui  se  fout  aux  secondes  noces,  conviendrait-il  d'en  abolir  l'usage 
et  d'insister  pour  cela? 

7°  Notre  intention  étant  de  donner  une  modification  à  la 
loi  qui  défend  sub  pœna  suspetmonis  ipso  fado  l'entrée  des  ca- 
barets, et  d'accorder  la  permission  d'y  entrer,  sans  cependant  y 
boire  et  jouer,  ainsi  qu'il  se  pratique  dans  les  diocèses  voisins 
du  nôtre,  et  comme  il  peut  se  reucontrer  des  circonstances  où 
rbounëteté  et  bien  d'autres  raisons  paraltroîent  demander  que 
les  ecclésiastiques  y  piissent  un  verre  de  vin,  nous  requérons  très 
instamment  tous  les  décanats  de  nous  ouviir  leur  manière  de 
penser  sur  le  genre  et  la  nature  des  cas  qui  pourraient  leur 
être  trop  à  charge  s'ils  n'osaient  y  boire;  eu  attendant  nous 
désirons  que  chacun  observe  strictement  notre  défense  actuelle 
qui  a  pour  objet  tous  les  endroits  où  l'on  a  droit  de  vendre 
du  vin  publiquement  dans  la  maison. 

8°  Notre  cher  clergé  ne  désirerait-il  pas  un  changement  de 
bréviaire,  le  Romain  paroissanl  à  plusieurs  moins  instructif  et 
plus  onéreux  que  bien  d'autres,  tels   que   ceux  de  Besançon   et 


548 


de  Paris?   Dans  la  supposition  d'une  affirmative,  on  ferait  an 
W.r  dans  le  diocèse  ces  deux  ouvrages,   atin  que  chacun 
connaissance  et  en  pût  dire  son  sentimenl. 

9°  Nous  nous  proposons  de  faite  quelques  expjicalious  aux 
cas  qui  nous  sont  réservés,  el  d'en  lever  toute  ambigulré  que 
quelques  personnes  croyent  y  apercevoir.  Pour  y  pouvoir  réussir 
d'autant  mieux,  nous  souhaitons  que,  les  ayant  examinés  de  près, 
vous  nous  exposiez  tous  les  doutes  qu'ils  vous  auront  pu  faire 
naître. 

10°  Il  nous  a  été  souvent  rapporté  que  certaines  person- 
nes des  deux  sexes,  peu  soigneuses  de  leur  salut,  négligeaiem 
d'acquitter  ce  que  l'équité  naturelle  demande  d'elles,  pour  la  ré- 
paration des  amusements  et  des  dommages  qu'à  raison  de  pro' 
messes  de  maringe  qu'elles  ne  veulent  point  accomplir,  elles  ont 
causés  aux  personnes  qui  se  sont  fiées  à  elles  de  bonne  foi, 
sans  employer  les  formalités  requises  dans  notre  mandement  de 
1772,  sous  prétexte  que  noua  n'accordons  point  d'action  juridi 
que  à  ceux  ou  celles  qui  les  ont  omises.  Pour  prévenir  ce  vîo 
lement  de  la  justice  commutative,  nous  serions  intentionnés  daj 
faire  un  cas  à  nous  réservé  pour  tous  ceux  et  celles  qui  coa*' 
naissant  avoir  porté  un  tort  réel  par  le  non  accomplissement  de 
leurs  promesses,  refusent  de  satisfaire  à  son  acquittement  d'une 
façon  proportionnée  aux  susdits  torts,  croyez-vous  cette  réserve 
utile  et  nécessaire? 

11,  La  multiplicité  des  incouvéniens,  et  surtout  l'inégalité, 
des  cimetières,  qui  naissent  pour  l'ordinaire  des  prétendus  droits 
que,  dans  certaines  paroisses,  quelques  familles  s'attribuent 
d'être  enterrées  dans  une  place  à  part  et  réservée  pour  elles 
seules,  comme  s'il  n'était  pas  égal  d'être  couvert  de  celte  terre 
ou  d'une  autre,  nous  portent  à  croire,  qu'il  conviendrait  beau- 
coup mieux  d'enterrer  tous  les  morts  les  uns  après  les  autres, 
Qu'en  pensez- voua  ?  prévoyez-vous  des  obstacles  à  ce  futui 
règlement  ? 

12°  Le  défaut  d'exactitude   pour  les  enregistrements    di 
baptêmes  et  des  mariages  a  donné  lieu  à  beaucoup    de  peineS] 
et  de  désagréments,  et  de  pauvres  victimes,  de  malheureux  en^ 
fants,  à  qui  l'on  disputait  leur  état,  se  sont  vus  au  moment  da 
te  perdre  à  raison  du  non    enregistrement  de    leur    baptême 
pour  mettre    à  jamais  une  barrière    à   cette  négligence   (noi 


% 


n'accusons  aucun  de  vous),  ne  jugerez-vous  pas  â  propos  d'or- 
donner les  susdits  enregistrements  an  coin  de  l'autel  ou  à  la 
sacristie,  ainsi  qu'il  est  de  règle  dans  des  diocèses  aux  envi- 
rons du  nôtre  ? 

13°  Nous  avons  vu  avec  déplaisir  que  Mesaieura  les  curés 
oubliassent  la  retraite,  qui  leur  est  proscrite  avant  que  de  pren- 
dre possession  de  leur  bënélîce  ou  du  moins  peu  de  temps 
après,  aux  fins  de  se  préparer  d'autant  mieux  au  redoutable 
fardeau  qui  les  attend  ;  ne  peusez-vous  pas  que  du  rétablisse- 
ment de  cette  loi  et  de  sa  stricte  obligation  il  naitrail  un  dou- 
ble bien  et  pour  Messieurs  les  curés  et  pour  leurs  paroissiens  ? 

14°  Il  est  arrivé  des  inquiétudes  au  sujet  de  certains 
mariages  bénits  hors  de  la  paroisse  des  époux  et  pour  lesquels 
Messieurs  les  curés  n'avaient  donne  que  des  permissions  res- 
treintes à  un  certain  prêtre  ;  l'absence  de  celui-ci  obligeant  les 
fiancés  de  s'adresser  à  d'autres,  il  en  a  résulté  des  anxiétés 
très  fondées  sur  la  validité  de  ces  mariages,  dont  la  bénédic- 
tion s'était  faite  par  des  prêtres  uod  autorisés  à  cela  ;  ne  vous 
parait-il  pas  que  ces  aortes  de  permissions  ne  doivent  plus  être 
limitées  à  un  seul,  mais  seulement  au  clergé  séculier  en  géné- 
ral, à  moins  que  Messieurs  les  curés  respectifs  déclarent  que 
nonobstant  cette  formalité  leur  ioteutio»  est  que  tout  prêtre 
séculier  puisse  licitement  bénir  tels  mariages,  ce  que  nous  de- 
mandons de  connaître? 

15*  Noua  renouvelons  la  défense  de  se  présenter  pour  un 
bénéfice  avant  une  année  de  vicariat.  Nous  désirons  à  ce  sujet 
connaître  par  l'organe  de  Messieurs  les  doyens,  combien  d'an- 
nées chacun  des  vicaires  actuels  a  déjà  travaillé  dans  ia  vigne 
du  Seigneur;  et  comme  il  n'arrive  que  trop  souvent  que  l'éloi- 
guement  des  lieux  est  un  obstacle  à  ce  que  Messieurs  les  vi* 
caires  n'apprennent  les  vacances  des  cures  qu'après  qu'elles 
sont  déjà  remplies,  nous  avons  pris  le  parti  de  n'accorder  de 
Placet  pour  prétendre  à  un  bénéfice  qu'après  le  laps  de  sept 
jours  à  compter  de  la  date  de  la  mort  du  bénéficier. 

16"  Nous  faisons  en  outre  connaître  par  les  présentes  que 
notre  intention  est  qu'à  l'avenir  il  y  ait  chaque  année  un  exa- 
men général  sur  des  matières  de -théologie  qui  seront  désignées 
par  avance,  et  auxquelles  tous  Messieurs  les  vicaires  qui  auront 
achevé  une  année  de  vicariat  et  autres  prêtres  qui,  n'étant  pas 

35 


bénéficiers,  désireront  se  présenter  à  des  bénéfîces,  seront  tenus 
d'assister.  Ce  ne  sera  que  d'après  cet  exameo,  qui  aurs  tieu 
l'année  prochaine  probablement  après  la  quinzaine  de  Pâques, 
que  notre  consentement  sera  accordé  pour  demander  quelque 
Placet.  Se  préaente-t-il  â  votre  esprit  quelques  obstacles  sur 
ces  deux  articles,  que  nous  ne  connaissons  pas  ?  Faites-nous  en 
part? 

17"  Nous  ajoutons  aux  questions  prémises  quelques  avis 
sur  lesquels  nous  sommes  s&rs  que  votre  façon  de  penser  est 
la  même  que  la  nôtre.  Comme  il  nous  semble  que  les  supersti- 
tions, le  fanatisme,  ainsi  que  l'idée  des  possessions  ou  obsessions 
du  démon  ont  pria  une  si  forte  racine  dans  ce  diocèse,  qu'il 
faut  une  attention  esacte  et  suivie  pour  les  arracher,  nous  vous 
recommandons  de  prêcher  et  d'instruire  diligemment  et  sans 
relâche  le  peuple,  de  ce  qui  est  vrayetnent  superstition,  des 
maux  du  fanatisme,  et  des  marques  qui  constatent  une  posses- 
sion et  une  obsession  réelle,  et  surtout  de  ne  pas  autoriser  par 
votre  adhésion  ces  erreurs  et  préventions  populaires,  de  vous  y 
opposer  avec  courage.  Pour  y  réussir,  il  serait  à  souhaiter  que 
chacun  eût  un  bon  auteur  sur  ces  matières. 

16°  En  particulier,  en  certains  districts  de  notre  diocèse, 
un  abus  intolérable  que  nous  regardons  comme  superstitieux 
dans  son  origine  et  funeste  dans  les  suites  qu'il  eatratoe  : 
aous  la  dénomination  de  Grand  Tour,  on  parcourt  dans  l'octave 
de  la  Fête-Dieu,  partie  de  jour,  partie  de  nuit,  sept  à  huit  pa- 
roisses, où  l'ou  fait  autant  de  fois  bénir  du  vin  par  les  curés 
respectifs.  Outre  l'idée  de  superstition  que  présente  cette  pré- 
tendue dévotion,  elle  est  souvent  scandaleuse  par  la  réunion 
des  deux  sexes  qui  la  font  pèle  et  mêle.  Nous  la  défendons  par 
conséquent  bien  strictement  et  faisous  inhibition  sous  peine  de 
péché  à  tous  les  curés  de  bénir  à  ce  sujet  le  vin  qu'on  leur 
offrira,  ordonnons  à  nos  doyens  de  tenir  la  main  à  cette  dé- 
fense et  de  nous  rapporter  les  contrevenants. 

19°  Nous  vous  réitérons  le  précepte  de  l'apôtre;  Jnsta  op- 
portune, importune,  argue,  obsecra,  increpia,  in  omni  patientia  et 
dodrina,  contre  les  nudités  indécentes  de  quelques  personnes  du 
sexe,  contre  les  jeux  pendant  les  offices  divins  et  plusieurs  au- 
tres sujets  de  scandale.  Ceci  s'adresse  surtout  aux  confesseurs, 
qui  peuvent  souvent  mieux  obtenir  la  cessation  de  ces  uaax* 
qu'au  curé  et  un  prédicateur. 


551 


20"  Nous  déclarons,  N.  C.  F.,  que  noua  n'accorderons  plua 
de  brevet  pour  aucun  mattre  d'école,  à  muiiis  qu'avant  l'exa- 
men qu'il  doit  subir  ici  il  ne  soit  muni  d'un  certificat  de  Mon- 
sieur le  curé  respectif  qui  atteste  la  régularité  de  sa  conduite, 
la  sagesse  de  ses  mœurs.  Nous  attendons  en  conséquence  que 
voua  le  délivrerez  cacheté  et  d'après  les  principes  de  votre 
conscience. 

21°  Nous  vous  recommandons,  autant  qu'il  est  possible  et 
que  votre  devoir  le  prescrit,  l'inspection  et  la  vigilance  sur  les 
maîtres  d'école,  sur  leur  assiduité  à  donner  leurs  leçons  et  sur 
la  fréquentation  qu'en  doivent  faire  les  enfants.  S'il  y  a  des  né- 
gligences, gardez-vous  bien  de  nous  les  taire,  et  si  notre  auto- 
rité seule  ne  suffit  pas  pour  les  corriger,  nous  implorerons  celle 
des  préposés  temporels. 

22°  Finalement  nous  aimeriOTis  que  Messieurs  les  doyens 
voulussent,  avant  que  de  nous  adresser  les  résolutions  de  leurs 
décanats,  se  les  communiquer  réciproquement  et  voir  si  leur 
façon  de  penser  est  bien  différente,  et  si  en  s'expliquant  litté- 
ralement, ou  en  s'abouchant,  ils  ne  pourraient  pas  convenir  des 
principaux  articles.  Du  reste,  N.  C.  F.,  en  vous  donnant  du  fond 
de  notre  âme  notre  bénédiction  pastorale,  nous  vous  donnons, 
pour  les  réflexions  et  réponses  demandées,  jusqu'à  l'hiver  pro- 
chain et  même  jusqu'au  temps  de  Pâques,  s'il  le  faut;  nous  pro- 
mettons de  plus  de  ne  rien  décider,  ou  faire  imprimer,  sur  les 
matières  ici  proposées,  que  nous  ne  vous  en  a;ons  de  nouveau 
fait  l'exhibition,  dès  que  le  tout  sera  rédigé  en  due  forme. 

A  la  suite  de  la  publication  de  ce  Mémoire,  de  nombreu- 
ses assemblées  décanales  furent  tenues  pendant  les  années  1776 
et  1779  en  vue  de  discuter  les  questions  proposées,  et  de  nom- 
breux rapports,  contenant  des  renseignements  de  la  plus  haute 
valeur  sur  les  différentes  questions,  arrivèrent  à  l'évêché  '). 
Malheureusement  Joseph -Nicolas  de  Montenach  ne  put  pas  ter- 
miner l'œuvre  commencée,  car.  épuisé  de  travaux  et  d'infirmi- 
tés, il  tomba  dans  une  maladie  de  langueur  ;  il  fut  forcé  d'a- 
bandonner sa  quatrième  visite  pastorale  '),  qu'il  avait  commen- 

')  Voir  les  r&pports  des  iléoaQftts  (Conatitutionea  synodalea,  IV, 
0-  5-26). 

')  Noua  ne  possédons  de  cette  visite  que  tes  recés  conaernaot  lo 
Collège  St-Michel  (Acta  visitationis,  vol.  18,  toi,  133-36). 


—     552     — 

cée  en  1780.  L'évéque  ri*gla  néanmoins  encore  en  1780  et  1781 
la  question  des  fêtes  et  fit  uue  nouvelle  ordonnance  sur  les  pro- 
cessions ').  Peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  chercha  à  rétablir 
la  paix  et  la  tranquillité  dans  la  partie  fribourgeotse  de  son 
diocèse,  fortement  compromise  par  les  troubles  de  la  révolution 
Chenaux  °).  L'évéque  Joseph-Nicolas  de  Montenach  mourut  le 
5  mai  1782,  laissant  des  regrets  universels.  Le  prévôt  de 
St  Nicolas,  Jean-Louis  Techtermann,  dit  de  lui  :  Quse,  quanta 
virtus  in  defuncto  fuerit  antistite,  animo  recogitate  :  (estis  est 
Vesuntio,  qua;  humiliorem  se  nunquam  vidisse  homînem  confessa 
est.  Testis  est  Bruntrulum.  testis  est  Sedunum,  quic  tantsEejus- 
dem  gloriœ  applauserunt.  Testes  denique  sunt  respublicœ  Fribur- 
gensis  et  Solodorana,  qua>  liac  ipsius  virtute  non  magis  stupe- 
factœ  quam  gavisœ  fuerunt  '}.  Et  son  successeur  au  siège  épis- 
copal,  Bernnrd-Emmanuet  de  Lenzbourg,  se  demande  <  comment 
remplacer  le  grand,  le  pieux  prélat,  dont  ce  diocèse  répétera 
toujours  le  nom  avec  attendrissement  et  dont  le  zèle  infatigable, 
les  travaux  apostoliques,  les  intentions  pures,  les  largesses  en- 
vers les  pauvres  seront  constamment  célébrées  sur  la  terre  •)  ». 


')  Mandata  et  litt.  pastorales,  Il  (1769-1835).  n'  1  ;  Maiidateabuch 
(Areh.  d'Etat),  X,  (ol.  566  et  suivants  et  fol.  624,  Voir,  ou  sujet  dea  trou-    ' 
blea  qui  furent  occasionnés  par  la  auppression  de  quelques  fêtes,  Maîllar- 
doi,  Mémorial  de  Fribourg,  111.  p-  5  et  ss. 

'}  Voir  Mandements  du  3  mai,  do  14  nov,  ]781et  du  mois  de  luare  1782 
(Mandata  et  lilt-  past.  1.  c,  o'  1>.  Cfr.  également  mon  article  :  Contri- 
bution a  l'histoire  de  la  révolution  diU  «  de  Cbenaux  n  en  1781  (Ecrenaes 
tri  bourgeoises  1901). 

')  Litt.  encyclicae  de  obltu  D.  Jos.  Nicol.  de  Montenach,    28    mai    I 
1782. 

')  Lettre  pastorale  du  86  juillet  1783, 


CHAPITRE    ONZIEME 


ten  visites  pastorales  de  l'évéque  Bemard-Enunanuel 
de  Lenzboiirg  (1782-1795). 


L'i^vËque  de  Lenzbourg  ■),  l'auteur  dt^  la  Lausanna  christiana 
et  d'autres  collections  et  compilations  historiques,  fut  nommé 
au  siège  épiscopal  de  Lausanne  ie  2  novembre  1782,  et  en  prit 
possession  le  31  août  1783.  Avant  de  prendre  possession  de 
son  évécbé,  il  tit  savoir,  par  une  lettre  paiitorale  du  26  juillet 
1783'),  à  son  clergé  et  aux  fidèles,  dans  quelles  dispositions  il 
allait  administrer  <  ce  bien  aimé  diocèse  de  Lausanne,  cette  vigne 
chérie,  dont  la  culture  va  être  dès  ce  moment  la  fin,  le  mobile, 
le  sujet  de  tous  les  soins,  de  tous  les  travaux  et  de  tous  les 
soupirs,  »  L'évéque  offre  à  son  diocèse  de  grand  cœur  le  sacrifice 
de  son  temps,  de  ses  veilles,  de  ses  fatigues  ;  il  ne  méconnaît 
pas  que,  dans  l'étendue  d'un  diocèse,  dans  l'enceinte  (le  cette 
grande  famille  spirituelle  et  morale,  avec  cette  différence  de  con- 
ditions, d'esprits  et  de  caraclères,  il  doit  en  coûter  de  soins  et 
d'attentions  au  chef  qui  la  régit,  pour  les  réunir  ou  les  conserver 
dans  l'intégrité  d'une  même  foi.  dans  la  dignité  d'un  même  culte, 
pour  maintenir  entre  tous  l'exactitude  de  la  discipline,  ta  pureté 
des  mœurs.  N'est-il  pas  des  esprits  simples  qu'il  faut  instruire 
pour  les  retirer  de  la  superstition,  ou  les  empêcher  d'y  tomber? 
des  esprits  altiers  et  présomptueux,  dont  on  doit  confondre  le 
faux  savoir?  des  âmes  tièdes  et  languissantes,  qu'il  faut  aiguil- 
lonner, dont  il  faut  ranimer  la  ferveur?  Que  de  grands,  que  de 
riches  délicats,  envers  qui  la  prudence  chrétienne  permet,  eiige 


')  Mémoires  iiialoriquea,    II,  p.  537  et  sui 
Bern.-Em.  de  Lenzburg  (adjonccion  d'une 


Lausanni 

main)  ;  La 


')  Mandements,   Il   (1758-1814).    Lettre   i^astor.  du  28  juillet  1783. 


—      564      — 


même  certaiDs  ménagements?  que  de  pauvres  qu'il  faut  t&cher 
de  soulager  et  de  consoler,  ou  savoir  supporter  leurs  murmures? 
Ici  ce  sont  des  âmes  dégradée)),  des  Âmes  égarées  qu'il  faut 
arracher  au  désordre  et  faire  rentrer  dans  les  voies  de  la  justice, 
là  des  âmes  pures  et  droites  qui  réclament  notre  secours  pour 
s'avancer  dans  les  sentiers  «le  la  perfection.  Enfin  notre  minis- 
tère nous  imposant  l'obligation  d'être  la  lumière  du  inonde, 
le  sel  de  la  terre,  le  médecin  des  finies,  nous  n'avons  que  l'alter* 
native,  ou  d'être  constamment  appliqué  à  montrer  le  âambean 
de  la  vérité  à  ceux  qui  sont  dans  les  ténèbres,  ou  d'essuyer  la 
terrible  reproche  d'Kzéchiel ')  :  malheur  à  vous,  pasteurs  indo- 
lents, vous  n'avez  point  consolidé  ce  qui  était  infirme,  vous  n'&vei 
point  guéri  ce  qui  était  malade!  Quand  notre  diocèse  eut-il 
plus  besoin  de  toute  la  vertu,  de  tout  le  zèle  de  ses  pasteurs? 
La  fermentation  agite  la  génération  présente,  la  licence  des 
opinions  produit  la  licence  des  mœurs,  l'esprit  d'audace  s'efforce 
de  tout  renverser:  chacun  veut  régler  les  droits,  les  exercices  de 
la  religion,  comme  les  affaires  politiques  ;  le  caprice  plutôt  qu'une 
vraie  dévotion  dicte  les  actes  de  piété  qu'on  veut  remplir  et  il 
se  refuse  à  ceux  que  l'autorité  lui  prescrit.  De  combien  de  cha- 
grins, de  combien  d'amertumes  ces  brebis  indociles  n'assaisonnent*' 
elles  pas  trop  souvent  ceux  qui  les  conduisent?  Mais  ne  nous' 
laissons  point  abattre;  que  l'amour  pour  le  peuple  doni 
nouvel  essor  au  courage!  Aide^-nous  de  vos  prières,  unissez  vos 
oraisons  aux  nôtres,  atîn  que  l'esprit  de  la  grâce  reste  constam' 
ment  en  nous  et  qu'attentif  à  ne  pas  tromper  votre  attente, 
vous  nous  voyiez  tous  les  jours  de  notre  vie  attaché  au  service 
de  Dieu  et  dévoué  à  vos  besoins.  Demandez  avea  nous  que  [& 
bonté  divine  fortifie  notre  foi,  dilate  notre  charité,  augmente, 
notre  paix  et  nous  rende  tel  que  nous  devons  être  :  utile  à  votre, 
édification,  propre  à  la  charge  qu'elle  nous  a  imposée. 

L'évêque  de  Lenzbourg  ne  se  contenta  pas  d'énoncer  son 
programme,  il  s'empressa  de  l'exécuter,  Au  moi  de  septembre 
1783,  il  commença  la  première  visite  pastorale  *),  qui  dura,  avec 
quelques  interruptions,  jusqu'en  1786.  La  visite  fut  ofticiellemeot 


( 


')  Ezech.  XXIV. 

')  AoCa  priai»  visilationis  septerabri  1783  iiichoato.    (Acta  visita 
tionis.  vol.  18.  fol.  138-288). 


—     666     — 

annoDcee  le  14  avril  1784')  et  entreprise  après  cette  date  dans 
tout  le  diocèse.  L'évéque  prépara  avec  ud  soin  roinutieux  cette 
visite  ;  aux  disposiltons  ordinaires  qui  furent  prises,  il  fut  encore 
^'outé  un  document  à  part  ^).  contenant  la  note  des  objets  que 
le  clergé  doit  tenir  prêts  lors  de  la  visite  pastorale. 

Bernardus  Emmanuel  de  Leozbourg  etc.  Pastoralis  offlcii 
nostri  sollicitudo  postulat  requiruntque  SS.  Caoonum  et  Concilî- 
orum  sancita  ut  quos  fidei  et  euris  suis  cummisit  Dominus,  se- 
dulo  et  statis  temporibus  visitet  atque  eorumdem  vitte,  morum 
doctrinie  et  conservationis  notitiam  adipiscatur  episcopus.  Huic 
muneri  nostro  facturi  satia,  vos  omnes  et  singulos,  fratres  dilec- 
tissimi,  certîores  reddimus  et  prœsentium  tenore  vobis  significa- 
iDus,  fîxo  animo  et  decretaos  esse  hoc  anno,  quaniprimum  iîeri 
poterit,  totius  diœcesia  nostrœ  Lausannensis  visitationem  atque 
de  parochia  ad  parochiam  perlustrationem. 

Quare  cunctos  ecclesiarum  redores  universumque  venera- 
bJlem  clerum  obtestamur  et  obsecramus,  uti  eliam  omnes  cujus- 
cunque  status  diœcesanos  nostros,  quatenus  fervent!  imprimis 
ad  Deum  oratione  nos  adjavent,  ut  opus  hoc  ad  gloriam  suam, 
ecclesiarumque  salutem  instituendum  felici  consumatar  exitu. 

De  die  advenlus  nostri  congruo  tempore  edocealur  popu- 
tus.  Omnes  adultes  spiritus  sancti  sigoaculo  uondum  iusignitoa, 
neCDOn  parvulos,  qui  quintum  œtatis  sufe  anoum  compleverint, 
quique  de  natura,  requisiti?,  effectibus  sacramenti  confirmatio- 
nis  probe  fuerint  instrucli,  ad  illius  coodignam  et  devotam  sus- 
ceptionem  inire  invitamus. 

In  lectionibus  caiecheticis,  in  concionibus,  quidquid  pricdic- 
tum  Fiacramenlum  attinet  populum  sibi  concreditum  edocere  ad- 
laborabunt  R'"  parochi  curabuntqiie  pueris  scbedam  immanuari 
nominis  Baptismi  et  quinque  annorum  testem,  Moneantur  etiam 
parochiani  ut  statum  gratiœ  ad  lucrandus  visitationis  indulgen- 
gentias  necessarium  aul  conservare  aut  acquirere  satagant. 

Séria  est  voluntas  nostra  strictumque  prieceptum  ut  super- 
flue  prœtermittantur  expensic  ac  vanis  multumque  odiosis  par- 


■}  Acta  vi§itatloaiB,  vol.  l!j,  fol.  139-141  ;  Mandata  ot  litters  pas- 
loralea,  II  (1759-1835),  n-  2, 

')  AcU  visitationis,  vol.  18.  fol.  141-143.  Nous  avons  communiqué 
ce  document  plus  haut  dans  le  cliap.  I. 


—     BB6     — 


catur   sumptlbu',  fntendimus  itaque  ac  prsesentibas    déclara  m  ui:, 
a  parochia   qualibet   pro   prandio  aut   cena  plus  non    possa   petî 
quam    quiiique   coronatos    nov<js.      Excipimus   tamen     urbes  et 
oppida,  in  quibus  ratione  majorîs   convivarum  numeri    lasa    fieri  ■ 
non  potest,  sapientiœ  et  prudeuti  R.  D.  parochi,  venerubitis  cleri  ] 
et  Dobilium  civiitm  œconomife  confidimus. 

R.  Dominos  ilecanos    requirimus  et   instanter  rogamus  ut  \ 
capcllas  et  oratoria  qufecuraque  sui  respective  dîstrîclus  visitrot,  | 
nobis  de  eorum  earumque  statu,  defectlbus  et  reparaliODtbus  ra- 
tîonem  suc  terapore  reddiluri. 

Mandamus  et  praicipimus  singulis  R**'"  parochis  aliisque 
presbyteris  ad  quos  spcctat,  ut  paratos  et  e\  integro  scriptos 
habeant  libros  bapttsatorum,  conjtigatorum  et  mortuonim  illo- 
rumque  exemplar  ad  parocbiam  pertinens,  Item  librom  confir- 
matonim,  librum  seu  tabellom  animarum  parochiic  statum  refe-  i 
rentem,  uti  etiam  tabii'llaiu  aniversaiiaruin  fundatioiiura.  ■ 

Parenlur  etiam  institutiunes  Reverendorum  parochoram  etl 
saceJlanorum,  approbatioiies  vicariorum  necnon  tituli,  documenta, 
chyrogcapha  Feu  obligaliones  lum    activie   tum    passivœ  benefici- 
oi'uiD,  quatenus   prœsunt,  litterœ  fundationis  seu  etectioQis  pre- 
becdœ  ecclesiaslicœ  et  singula  scrîpta,  acla,  documenta  ad  bene-J 
ficium  perlinentia.  ■ 

Velint  parifer  respondero  in  future  scrulinio  Reverendi  pa-l 
rocbi  et  alfi  ad  id  vocandi,  an  rite  peicipiant  omiiia  jura,  fruc- 
tus  et  emolumenta  beneticii  ?    quis  sit  status  actualis  beneficii? 
quis  Bdmiuifttrator  et  curam  regens  obligationum  seu  capitalium 
summarum?    An  in  cista  spécial!  et  sub  triplici  vel  duplîci  clavej 
reclusa  sint  chyrographa?  An  cum  debilis  cautelis  mutuœ  denlin 
pecunife?    Qui    debitores?   An  beneiîciati  ipsi  nihil  bénéficie  de^ 
béant?    Ad    missarum  facta  fit  reductio?    An  in  ecclesiis  detu 
onfraternitas?    Quœ  ejus  fundatio,  qusc  regulfc?    Quis    usus  ■ 
obligationes  ?    Qui    ejus   redditus?    Quibus   reddatur  ratio?    Ad 
ecclesîa  gaudeat  aliqua  fabrica?   seu  fandationibus?  quis  rectori 
et  quibus  redditur  ratio?    An  dentur  indulgentiœ  et  quse  ?    Ab-I 
retiquife  et  an  habeatur  earuin  autenticum?    An  fundationes  pro* 
pauperibus?    Qui    reddilua,    quis  reclor?   et  quibus  exbibeantur 
computus?    An    ludiraagisler    habeatur?   an  probus  et    diligens? 
An  infantes  seduli   ad    scholara  et  catechesira?  ad   parochi    bo- 
Icrtes  ad  scholœ  inspectionem?    An  obstetrix  detur  in  | 


B57 


An  bene<iocta  pro  baptismi  collaltone?  Velint  eliam  nobis  în- 
dicare  R.  parochi  aliique,  quorum  erit,  an  nullas  habeant  contra 
parochianos  quEfrimoniarum  causas?  An  Dulla  in  parocbia  schd- 
dalft?  An  nulli  concubinarii,  librorum  prohibitorum  lectorea 
aut  retentores?  Conjugati  invicem  inale  viventes  aut  absqui' 
nostra  aiictoritate  corpore  divisi?  An  nulli  ebriosi.  peccatores 
publici,  aliteque  ejus  modj  personfo  ?  Quibus  ita  exaratis  et  ad 
aniussira  observandis  beneiiictionein  uostram  pa=toraIem  me- 
dullitus  corpore  absentes,  sed  jam  spiritu  présentes  impertimur. 
In  quorum  fidem  etc.     Datum   14  Aprilis  1784. 

Les  recès  pour  l'année  1784  (Je  cette  visite,  qui  avait  pris 
une  granije  importance^  sont  malheureusement  incomplets  ');  nouii 
possédons  cependant  des  recÈs  particuliers  et  diverses  ordon- 
nances pour  les  paroisses  d'Echallens.  Villars-le-Terroir  (4  dé- 
cembre 1784),  de  Villaz  St.-Piene  (7  décembre  1784),  de  Bot- 
tens,  Pully-le-Petit  (Poliez-Pitlet),  Assens,  etc.  (13  décembre 
1784)  et  nous  savons  que  les  chapelles  du  décanat  de  Belfaux 
ont  été  visitées  sur  l'ordre  diî  l'évéque  (1784)') 

Les  recès  pour  l'année  1785  sont  plus  complets^},  nous 
relevons  particulièrement  les  recès  pour  le  comté  de  Bourgogne, 
pour  NeuchAtel,  ceux  du  décanat  d'Estavayer  *),  ceux  de  l'église 
de  St. -Jean  à  Fribourg  (18  février  1785)');  nous  possédons  de 
l'année  1786  les  recès  pour  l'église  collégiale  de  St.-Nicolas 
(6  janvier  1786)"),  pour  le  collège  St.-Michel  ')  et  pour  les  cha- 
pelles et  l'hôpital  de  Fribourg  "), 

La  vigilance  du  pasteur  du  diocèse  continua  à  s'exercer 
également  après  la  visite  pastorale  pour  le  bien  spirituel  des 
fidèles.  L'évêque  de  Lenzbourg  publia  différentes  ordonnances 
relatives  au  baptême  des  enfants,  à  la   discipline  ecclésiastique, 


')  RecessuH  visîtatîonis.   Carton  n'  20.  11,  I    (actea  inDom[)letB,    I 
(al.  1-212  du  protocola  manquent). 

')  ReoeaFus,  1.  c,  11.  I. 

')  RecesBUfl,  1-  c,  11,  I,  fol,  212-273. 

')  Receiaus.  1.  c,  11,  I. 

')  Mandement»  et  irsndnts  (1690-1806)  fol.  86-87  (Bibl,  cant  ) 

*)  ActA  visitationis.  vol.  18,  fol.  278-80;    Mandeuienls  et  mandats 
<lli90-lB06),  fol.  80-82. 

')  Aola  visit.,  1.  o.,  fol.  280. 

■)  Acta  vUit.,  I.  c,  fol.  281  et  sa. 


658 


A  la  lecture  deo  mauvais  llrres,  à  la  fréquentatioa  des  aubergt 
ete ,  etc.  *)■ 

La  seconde  visite  pastorale  de  l'évëque  de  Lenzbourg  i 
lieu  en  1780  et  les  années  suivantes.  Le  conseil  de  Fribourg 
avait  {irié  en  1780  l'évoque  d'ajourner  ia  coosécratioa  de  quel- 
ques ifglises  Jusqu'au  moment  de  la  visite  pastorale,  qaî  habi- 
tuellement se  fait  tous  les  sept  ans,  et  en  1790  it  délégua  an 
représentant  du  gouvernement  inur  accompagner  le  chef  da 
diucèite  dans  sa  visite  *).  La  visite  fat  annoncée  au  diocèse  pu 
lettre  du  I"  septembre  1790')  : 

«  Beroanlus  Emmanuel  de  Lenzburg,  Dei  et  Saoctse  Sedis 
ApostoliciP  gratia,  Episcopus  ac  Cornes  LausauDensis.  S.  R.  l. 
prineeps,  el  abbas  infulatas  Monasi.  B.  M.  V.  de  Altaripa  or- 
dinis  Cisterc.,  etc.,  etc.,  dllectis  Nobis  in  Christo  plarimam  B'^ 
D***  DectBtSf  Parocfais,  «Jiisqoe  ecclefismm  Rectoribos  oostrc 
diCMosis  b«a«dletloieai  nostram  et  s«tatem  in  DonÙDo  sen^ 
larMoa. 

Ex  ^«0  lenipore.  quo  dtoKesim  oobts  coicredhta  visiU- 
vinw,  r«sp«cta  n«)oris  partis  jao  septions  tabitar  aanas,  ns- 
pcGla  Tcro  qtoniiiKUn  iltios  atstridiaH  ni  brevi  etapean  ve) 
Wvrt  iamptana  est  st^esafam.  Sccaaëaa  i^tar  ndpere  lU- 


nw  II  ^1^1  lui  ,iiL<tmwt^^si 

ijiiiilii.  H,  a- 1.  IT.  •-  S:  1 

^  Mmri  4a  CtanB  4a  n  «fa^taK  n»  «  «i  C  j 

^4«fc     la  n.  <j-aiM.«M»i  tm^m-  h-    |  i 


059 


Neceese  non  arbitramur  pluribus  vos  inonere  prfBmltteD- 
dam  esse  sacramentalem  confessionem  omnibus  conârmandis,  qui 
ad  annos  discretioais  pervenere  et  mortalis  culpœ  espaces  eKistuot. 

In  consueto  scrulinio  pro  vestra  quilibet  couscieulia  nobis 
manifestabitis,  si  quœ  publlca  io  vestris  parocbiis  sint  scandala, 
ut  ea  tollaptur  ;  si  quœ  (qiiod  absit)  intev  vos  populosque  vobis 
commissos  quEerimoniœ  deiitur,  ut  amice  componantur  ;  si  quœ 
patiamini  circa  bona  resque  beneficiales  gravamina,  ut  ea  auf- 
feraiitur.  Nobis  pariter  uotum  facielis  quomodo  se  habeant  in 
gregibus  vestris  christiani  motes  et  pietas,  num  serpat  forte 
pravorum  librorum  lectio,  langueat  in  scbolia  juvenlulis  iosti- 
tutio  ?  Dicetis  etiam  si  uiandatum  uoËtrum  de  baptismo  parvu- 
lorum  débite  observetur  ;  ut  opportuno  remedio  occuramus  iia 
omnibus,  in  ([uibus  nostra  vigilantia  et  auctoritas  requiruntur. 

Si  qui  conjuges  sine  légitima  auctoiitate  separati  vivant, 
illos  admonete,  ut  ante  adventum  nostmm  condonatis  muluis 
offensionibus  simul  habitent;  renuentes  autem  nobis  indicate. 

Per  B'''»  D"""  Decanos  lequirimus,  ut,  partera  oneris 
Dostri  in  se  suscipientes,  capellas  et  oratoria  sui  decaoatus  per 
se  (quantum  fieri  poteiit)  visitent,  de  horuni  et  iilarum  statu, 
defectibuij,  réparation ib us,  ornamentorum  sufiïcientis  et  munditia, 
SS.  vasorum  decentia,  etc.,  nobis  scrîptu  rationem  reddiluri  in 
scrutinio,  quod  apuJ  ipsos  babebimus  quando  ipsoium  paro- 
chiam  visitabimus. 

De  die  adventus  nostri  quilibet  R.  D.  Parochus  suo  tem> 
pore  monebitur.  Hoc  interea  dtcere  sufficiat,  nobis  mentem  esse 
prosime  futuro  autumno  omnes  illas  visitare  parochias,  qus 
autunino  anni  1783  visitatm  fueruut. 

Cum  nemini  prosint  nobisqiie  ptures  ob  causas  iavisfe 
sint  sumptuossË  epulœ,  prohibemus,  ne  in  prandiis  cœnisve  pa- 
randis  inutiles  fiant  sumptus  ;  fragalitatem  ergo  omnia  redo- 
leant.  Gratissimum  ita  erit  nobis  submissionis  vestrœ  testimo- 
Dium.  In  quorum  fidem,  etc.  Datuai  Friburgi  die  1"  Sept.  1790. 

La  visite  fut  commencée  après  le  retour  de  l'évéque  de 
Soleure  (5  octobre  1790)  le  6  octobre  par  la  paroisse  d*Ue- 
berstorf  >).  L'évéque  ne  visita  qu'une  partie  du   territoire  M- 


')  Itloerarium  visitationlR  pont.    Bern-  de  Lenzbourg  1790,   1781 
■    c,  D-  11,  11  et  n-  12). 


-     660    — 

bourgeoiii,  ootammetit  le  décanat  de  Belfaux  '),  et  retourna  i 
Fribourg  le  25  octobre  1790;  quelques  paroisses,  entre  autres 
Charnify,  Bellegaide,  Cerniat,  Lessoc,  Monlbovon,  Albeuve, 
Bulle,  RoiDOEit,  ttc,  furent  visitées  l'aunt^,e  suivante.  A  la  d&te 
du  8  juillet  1791  'j  l'évéque  annonça  par  lettre  circulaire  qo'il 
allait  continuer  sa  visite  jiour  le  reste  du  diocèse  et  renouvela 
les  dispositions  prises  à  ce  sujet  l'année  précédente.  Les  recès 
paiticuliers  de  cette  visite'),  qui  sont  datés  Je  1792  et  1793, 
nous  renvoient  à  lUa  protocoles  assez  étendus  *),  qui  sont  mal- 
heureusement perdus.  De  même  nous  ne  trouvons  trace,  ainsi 
que  pour  la  première  visite  pastorale,  de  recès  généraux. 

Le  diocèse  de  Lausanne  ne  fut  pas  à  l'abri  des  idées  ré- 
volutionnaires qui  agitèrent  à  cette  époque  surtout  la  France. 
L'évéque  prévint  se^  diocésains  contre  les  innovations  dange- 
reuses, condamna  la  Coubtllution  civile  du  Clergé  et  réclama 
aux  fidèles  le  secours  de  leurs  prières,  à  la  vue  des  maux  qui 
affligeaient  Téglise  et  des  dangers  qui  menaçaient  la  religion. 

11  n'est  pas  nécessaire,  dit  l'évèque  dans  une  lettre  pasto- 
rale '),  de  vous  dire  quels  sont  ces  maus  et  ces  dangers  ;  il  u'est 
personne  parmi  vous  qui  le»  ignore  et  qui  n'eu  ^uit  siocèreuient 
affligé.  Quand  nous  considérons  avec  les  yeux  de  la  foi  l'affaiblis- 
sement général  des  seiitinu'nts  de  religion,  les  spectacles  de 
destruction,  de  désolation  <|ui  se  succèilent  si  rapidement  depuis 
quelques  années,  nous  tremblons  que  nous  ne  soyons  peut-être 
arrivés  à  ces  jours  malheureux,  prédits  par  St-Joun  dani;  le 
livre  de  ses  Révélations,  chap.  20.  où  il  nous  dit  de  la  manière 
ta  plus  claire  que  le  dragon,  l'ancien  serpent,  qui  est  le  diable 
et  Satan,  après  avoir  persécuté  l'Eglise  dans  les  premiers  siè- 
cles, sera  enchainé  pour  mille  ans  ;  mais  qu'après  que  ces  mille 
ans  seront  accomplis,  il  sera  délié,  qu'il  sortira  de  l'abtme  avec 
une    nouvelle    fureur,    pour    séduire  les   nations  qui    sont    aux 


')  Voir  la  Status  cap«llarum  et  iiratoriorum  in  decanatu  S. 
annn  1790  (Receasua,  I.  c,  n'  II,  II). 

•)  HeccBsus,  I.  i-,.  M-  11,   11;  AeW  \i:'it,.,  \oI.  18.  fol,  293. 

')  Acta  aecuiidee  ïiaitalionîs  1791-93  (AcU,  vol.  18,  fol.  294-32S 
ReoesauH,  1-  c,  n'  12. 

')  Noos  Imurnii»  eité  le  fol.  182  il'un  protocole  (Refiessos  n*  12).fl 

■}  Mandement  du  3  octobre  1792:  Mandements,  11,  (17.58-1814).  \ 


—     561     — 

quatre  coins  de  la  terre,  qa'il  les  rassemblera  pour  combattre 
rontre  les  saints  et  la  cité  bien-aimée  qui  est  l'église  de  Jésus- 
Christ.  Cliaque  jour  semble  lever  île  plus  en  plus  le  voile  qui 
couvrait  les  obscurités  de  cette  prophétie  :  tous  les  événements 
viennent  s'y  placer  comme  d'eux-mêmes,  jamais  l'Eglise  n'eut 
plus  d'ennemis  et  jamais  ils  ne  furent  plus  acharnés  à  la  dé- 
truire, Nous  n'eûmes  donc  jamais  plus  besoin  du  secours  du 
ciel  et  d'être  protégés  par  le  bras  tout  puissant  du  Seigneur. 

L'évéque  demande  aus  fidèles  de  son  diocèse  de  con- 
courir, chacun  »eloD  son  état,  au  rétablissement  des  bonnes 
mœurs. 

Les  peuples  qui  ont  perdu  la  foi  ne  l'ont  ordinaire- 
ment perdue  que  parce  qu'ils  étaient  déjà  corrompus  riaus  les 
mœurs.  Celte  vérité,  que  l'expérience  confirme,  est  conforme 
aux  décrets  et  à  la  conduite  de  Dieu  sur  les  nations  dépravées. 
Les  bonnes  mœurs  sont  donc  le  soutien  et  l'appui  de  la  foi  ; 
le  moyen  de  conserver  la  foi,  c'est  de  vivre  d'une  manière 
conforme  à  la  foi,  c'est-à-dire  de  conformer  sa  conduite  aux 
maximes,  aux  préceptes  de  l'évangile,  à  la  morale  de  Jésus- 
Christ. 

Que  chacun  de  vous  compare  donc  ses  mœars  avec  la  foi, 
et  que  le  fruit  de  cet  examen  soit  d'expier  par  la  pénitence  et 
de  corriger  dans  la  conduite  tout  ce  qui  est  contraire  aux  com- 
mandements de  Dieu  et  à  la  morale  de  l'Evangile. 

Que  les  pères  et  les  mères,  les  chefs  de  famille  redou- 
blent donc  de  vigilance  sur  ceux  qui  leur  sont  soumis  ;  qu'ils 
ne  souffrent  jamais  dans  leurs  maisons  ces  soirées,  ces  veillées 
dangereuses,  la  perte  des  jeunes  gens,  qu'ils  s'appliquent  au 
contraire  à  y  faire  honorer  et  pratiquer  la  religion  et  la  vertu  ; 
que  les  vieillards  donnent  bon  exemple  en  toutes  choses,  que 
les  jeunes  gens  vivent  dans  la  modestie  et  la  chasteté,  que  le 
vice  contraire,  l'impureté,  soit  banni  d'entre  nous  :  ayez-en  la 
plus  grande  horreur,  puisque  c'est  ce  péché-là  surtout  qui  fait 
les  incrédules  et  les  impies  et  qui  attire  sur  les  hommes  les 
plus  terribles  châtiments. 

Encore  une  fois,  quelques  mois  avant  sa  mort,  il  fit  en- 
tendre, dans  un  mandement  '),  sa  voix  de  pasteur,  pour  prému- 


<)  Mandata  et  litterfe  pastorales,  Il  [1759-1335), 


—     562     — 

nir   les   fidèles   de    son   diocèse  contre   la  contagion    de    Tim- 
piété. 

Ce  zélé  prélat  c  in  oratione  assiduos,  in  tradenda  et  pro- 
movenda  divina  lege  totus,  in  mansuetudine  prsecipuus  »  comme 
dit  son  biographe  ^),  mourut  le  14  septembre  1795  <  univers» 
genti  memoriam  vitœ  et  mortis  suœ  ad  exemplum  virtutis  et 
fortitudinis  relinquens  >. 


^)  Litterse  encyciica)  de  obi  tu  Révérend.  D.  Bernardi  Eoi.  de  Lenz- 
burg,  21  octobris  1795  (Mandata  et  iitterœ  pastor.,  1.  c,  n*  3). 


CHAPITRE    DOUXIEME 

Les  visites  pastorales  de  l'évéque  Jean-Baptiste  d'Odet 

(1795-1803). 

L'épiscopat  de  J.-B.  d'Odet  ')  tomba  dans  une  époque  bien 
difficile  :  les  progrès  de  l'irréligion  et  de  la  dépravation  des 
mœurs  sont  la  signature  principale  de  l'époque.  On  cherche,  dit 
le  nouveau  pontife  '),  à  enlever  la  foi  à  tant  de  fidèles,  en 
substituant  à  leurs  vrais  pasteurs  des  ministres  sans  mission. 
C'est  pourquoi  il  est  principalement  du  devoir  du  premier 
pasteur  du  diocèse,  de  veiller  sur  la  pureté  de  la  foi,  d'empê- 
cher qu'aucune  nouvelle  doctrine  ne  la  corrompe,  qu'on  ne 
propose  aucune  règle  de  mœurs  qui  ne  soit  conforme  à  la  mo- 
rale de  l'évangile.  C'est  encore  un  des  plus  essentiels  devoirs 
de  l'évëque  de  ne  donner  à  ses  fidèles  pour  pasteurs  et  directeurs 
dans  la  voie  du  salut  que  des  personnes  capables  de  les  ins- 
truire par  leur  science,  et  de  les  édifier  par  leur  conduite  *). 

Nommé  au  mois  d'octobre  1795,  l'évéque  Odet  ne  put 
commencer  son  ministère  pastoral  «lue  vers  la  fin  de  l'année 
suivante;  le  8  décembre  1796  il  fit  son  entrée  solennelle  à  Fri- 
bourg. 

Malgré  les  temps  défavorables  et  menaçants,  l'évéque 
voulut  néanmoins,  dès  le  commencement  de  son  pontificat,  faire 
la  visite  pastorale.  Elle  fut  annoncée,  le  24  avril  1797,  par  la 
lettre  suivante  *)  : 


')  Mémoires  historiques,  11,  p.  540  s3.  ;  Protocole  de  la  cour  épis- 
oopale,  II,  1796  et  ss. 

*)  Lettre  pastorale  du  S4  octobre  1796  (Mandata  et  litt.  pastorales, 
I.  c.  n*  4;  Mandeineots,  II  (1758-1814). 

')  Lettre  paatorale,  1.  c,  p.  9-10. 

')  Litlera  anuntiatîonis  1797  (Receasus,  n'  13  ;  Acta  viailatlonia, 
vol.  IB,  (ol.  326-27).  Pour  les  frais  de  visite  à  celle  époque,  voir  les  dé- 
clarations des  curés  de  Villaz-St-Pîerre,  Berleaa,  Vill&raboud,  Billena, 
Massonona  (RecesauB,  n°  12). 


564 


«  Dilectis  nobis  in  Christo  R"*'"  DD  decanls.  paroriiis,  Tî- 
cariis,  sacellaDλ  aliiaque  ecclesiarutii  rectoribus  nustree  djœcesis 
salutem  et  benedictiotiem  nostram. 

Cum  primum  Mt  pastoris  munus  vullum  pecoris  sui  agnos- 
cere  suosque  grèges  considerare,  ut  de  Rtatu  ovium  ratione  ha- 
bita, ipsis,  [Ji'out  opoi'tet,  prospicere  possît,  ideo  SS.  EccIesJs» 
décréta  gravissima  episcopos  obstrictos  volueruut  obtigatione 
suas  identidem  diœceses  visitandi. 

Qoid  auteiD  iu  istiusmodi  visitationibus  prœcipue  inteodere 
debeai  episcopuB,  claris  verbis  S.  Trideutina  Sjnodus  exprimit, 
cum  dicit  eorum  bcopura  esse,  sanani  orthodoxamque  doctrinam, 
expulais  hseresibus,  iiiducere,  bonos  mores  tueri,  pravos  corri- 
gere,  populum  exhortationibus  et  ad  m  o  ni  Lion  ib  us  ad  religîonetn. 
pacem  et  innocentiam  accemlere,  ctsteraque  ad  fidelium  fructum 
coiislituere,  prout  tempus,  locus,  et  occasio  feret. 

Huic  ecclesÏEË  prœcepto  et  iiilento  sati^facturi,  prosimam 
vobis,  fratres  carisaimi,  per  bas  litleras  nostrœ  diœcesis  visita- 
tionem  nuntiamus,  cui  incipieDda;  mense  sequenti  flcciogeiuur. 

Quo  certius  pifefatos  visilationis  fines  assequi  possimus,  eo 
instantius  a  vubiâ  requirimus,  ut  nobis,  omui  bumano  seposito 
rctipectu,  edicatis,  quidquid  ad  iltos  obtineados  ertt  uecessarium. 

1°  Circa  ea  quœ  curaiti  aoimai'um  vobis  commissarum  r&s- 
piciunt  :  An  nulla  in  parochia  scaiidala  ?  An  oulli  concubinarîi, 
librorum  prohibitorum  lectores,  retentoies,  bœrelici  ?  Num  con- 
jugati  vel  maie  viventes,  vel  absque  autoritate  nostra  separati  ? 
Num  ebriosi,  filii  parenlibus  inobedieules,  aut  laies  petsonœ 
quœ  reprehendi  debeaut  et  corrigi  ?  Num  ludiraagistri  probi, 
diligentes  et  apptobati  habeaulur  ?  Num  infautes  ad  ^cho)as  et 
cathechesin  assidue  mittantur  ?  Num  obstetiices  probe  tostruclK 
de  modo  baplizandi,  et  prœcipue  de  coulentis  in  mandali  iltus- 
trissimi  et  leverendissimi  praedecessoris  Doslii  sub  dato  25  maii 
1788')?  Num  ejusdem  mandati  doctrinam,  uL  priKceptum  est, 
dûceantur,  qui  matrimonii  statum  arapiectunlur  ? 

2°  Circa  ecclesias  et  capcllas.  Num  in  suSicientia  habeant 
vasa  sacra,  calices,  ornaraenta,  libros,  sacras  vestes,  corporalia 
munda,  ca^teraque  necessaria  ad  functiones  divinas  rite  obeuo- 
das? 


')  Vgir  Mandata  el  littorsB  pastorales,  Il  (1758-1835), 


Qni  statue  benefîcii  ?  Qui  fructus  ?  Num  intègre  sine  mo- 
lestia  percipiantur  7  Quie  sumoiœ  ad  censum  datse  ?  Qui  debi- 
tores  ?  Num  ipsimet  beDeficiati  ?  Quis  titulos  creditarum  pecu- 
niarum  in  manibus  habeat  ?  An  reclus),  sive  in  cisla  peculiari, 
sub  duplici  clave  ? 

An  sit  aliqua  in  parochia  confraternitas  ?  Qui  ejua  reddi- 
tus,  bcrum  usus,  et  quibus  de  iis  reddatur  ratio  ? 

Ad  ecclesia  parocbialis  aut  capellœ  habeant  bona  seu  fun- 
dationes  ad  fabricam,  et  quas?  Quis  rector  horum  bonorum,  et 
cuinam  computus  reddantur  ? 

An  fundationes  pro  pauperibus  ?  Qui  reditua  ?  Quis  rec- 
tor, et  quibus  eoruni  eshibeatur  computus? 

Quo  in  statu  sint  Missfe  fundatœ  ?  Quis  illaa  solvat  ? 

Exhibebunt  etiam  It"  DD.  parochi  libres  baptizalorum, 
mortuorum  et  conjugatorura  intègre  scriptes  et  transscriptos, 
lîbrum  eliam  conûrniatorum. 

Exhibebuntur  insuper  Rdorum  parochorum  etsacelianorum 
institutiones,  vicariorum  approbationes,  et  beueËciorum  chiro- 
grapba  seu  obligaliones  tura  activœ  tura  passivœ. 

Admoduni  Rdos  dnos  decanos  requirimus,  ut  capellas  et 
uratoria  etiam  in  privatis  domibus  erecta  sui  respective  distric- 
tus  visitent,  nosque  de  eorum  statu,  utilitate,  defectibus  et  re- 
paralionibus  débite  et  suo  tempore  edoceant. 

Cum  gravis  sit  inordinatio  tennpus  negotiis  visitationis  des- 
tinatum  epulis  dare.  stricte  prœcipimus  ut  multum  odtosia  par- 
catur  sumptibus  in  praudiis  et  cœnis  paraodis,  quas  omnino 
frugales  esse  volumus. 

De  die  adventus  nostri  congrue  tempore  certior  fiât  po- 
pulus,  prfepareuturque  infantes  per  debitam  instructionem  et 
sacrameotalem  coufessionem,  si  opus  sit. 

Rogaraus  etiam  R''"'  parochos,  ut  vagos  et  peregrinos  in- 
fantes arceant  a  Contirmatione  suscipienda,  nisi  certi  sint  illos 
esse  probe  instructos,  bene  paratos  et  nondum  confirmatos.  In 
quorum  fidem,  etc.  Datum  in  dotao  residentiœ  noslrse  die  24 
aprilis   1797. 

La  visite  eut  lieu  ')  dès  le  mois  de  juin  179"  pendant  les 
mois  de  juillet  et  d'août  ;  elle  fut   reprise  l'année  suivante    au 


')  Episcopalia  ecclesiaruin  e 
i,  d'  13)  :  Acla  visilatiotiia, 


mois  de  juillet  '),  mais  ne  put  être  continuée  à  cause  de  II 
révolution  qui  éclata  de  toutes  parts.  Après  la  visite  de  1797, 
l'évëque  publia,  le  12  janvier  1796,  un  mandement,  dans  lequel 
il  insiste  sur  ta  nécessité  de  la  péuitence  dans  ces  temps  csla- 
miteux  et  prescrit  des  prières  publiques  pour  la  conservation  de 
la  religion.  L'évèque  conjure  les  pères,  mères  et  chefs  de 
famille  d'interdire,  pendant  ce  saint  temps  plus  que  jamais,  à 
leurs  enfants  et  domestiques  toutes  courses  nocturnes,  veillées 
ou  fréquentations  dangereuses  ;  il  demande  instamiaenl  aux 
préposés  civils  et  gens  d'office  de  ue  permetire  ni  bals,  ni 
danses,  ni  mascarades.  La  visite  pastorale,  il  e^t  vrai,  a  douaé 
à  Kévêque  la  douce  consolation  que,  malgré  les  temps  d'incré- 
dulité, il  avait  trouvé  ses  fidèles  si  constamment  attachés  à  la  foi 
de  leurs  pères.  Cependaut  l'évèque  voit  surgir  des  dangers  pour 
la  tranquillité,  la  religion  et  la  paix  de  son  diocèse,  et  trace*) 
au  clergé  et  aux  fidèles  nue  ligue  de  conduite  empreinte  de 
prudence  et  de  sagesse.  Il  déplore  surtout  un  certain  relâche- 
ment dans  la  discipline  ecclésiastique  à  une  époque  si  difficile 
pour  la  foi  et  les  mœurs,  et  cherche  ")  à  faire  cesser  ces  abus. 
Cette  manifestation  de  solliciiude  pastorale  de  l'évèque  ne 
devait  pas  plaire  auji  prétendus  philosophes  du  jour  '),  et  la  Cons- 
titution de  l'évèque  fut  attaquée  d'une  manière  très  indécente. 
<  Selon  eux,  dit  l'évèque,  les  ecclésiastiques  devraient  souiller 
leurs  écrits  et  les  chaires  nième.s  évangéiiques  d'idées  philoso- 
phiques ;  ils  devraient  s'avilir  en  aiTectaiit,  dans  lu  manière  de 
s'habiller,  toutes  les  modes  ridicules  du  siècle.  Selon  eux,  tont 
ce  qui  respire  l'ordre,  la  décence  ecclésiastique,  le  respect  ponr 
les  lois  et  les  canons  de  l'église,  doit  être  impitoyablement  li- 
vré au  ridicule.  Par  contre  l'évèque  témoigne  sa  plus  vive  sa- 
tisfaction à  son  clergé  pour  la  docilité  avec  laquelle  il  s  reço 
la  ligne  de  conduite  tracée  par  le  chef  du  diocèse,  et  de  l'em- 
pressement qu'il  a  témoigné  à  s'y  conformer.  Le  clergé  du  dîo- 


')  Receasus,  n"  13.  CepeuJanl  la  paroisse  du  Landeran  ne  fut  vi- 
sitée que  le  20  septembre  1801  (Reorasus,  n"  14,  IIJ. 

*)  Mandata  et  lit.  pastorales,  I.  c,  n"  4;  Mandements,  U  (1758- 
1814)  :  15  tâvrier  1798,  elo. 

')  Mandatuin  :  10  juillet  1799  ;  Constitulio:  29  mars  1801  (Man- 
data et  litt.  pastor.,  t.  c.  n"  4  ;  Constitutioues  synodales.  VI). 

')  Lettre  du  8  mai  1801  de  [-évt-iue  O.iet  à  son  olergé.  (MaodaU 
et  titt.  paît.,  1,  c,  u'  4.) 


cèse  a  rendu  justice  à  nos  bonnes  ioteotions.  jl  y  a  vu  que 
nous  n'étions  animé  que  de  l'amour  de  l'ordre  et  du  désir  sin- 
cère de  maioteoir  la  discipline  cléricale  et  de  la  rétablir  dana 
les  points  où  elle  avait  éprouvé  quelques  relâchements,  que, 
voulant  rendre  à  l'étal  ecclésiastique  toute  la  coni^idération 
dont  il  a  besoin  pour  faire  le  bien,  nous  ne  nous  contentions 
pas  d'une  vertu  seulement  intérieure,  mais  que  nous  voulions 
qu'elle  se  manifestât  dans  les  paroles,  dans  le  commerce  de  la 
vie  et  même  dans  les  habillements.  > 

Nous  avons  communiqué  plus  haut  les  questions,  que  l'é- 
véque  avait  adressées  au  clergé,  le  24  avril  1797,  en  vue  de  la 
visite  pastorale  à  faire.  Des  rapports  écrits  arrivèrent  en  grand 
nombre  à  l'évéché  '),  contenant  de  précieux  renseignements  sur 
l'état  du  diocèse  à  la  fin  du  18*  siècle.  Les  graves  préoccupa- 
tions des  années  écoulées  avaient  sans  doute  empêché  l'êvêque 
de  rédiger  et  de  publier  les  recès  généraux  de  ses  visites  pas- 
torales. En  luut  cas,  ils  n'ont  été  rédigés  que  dans  le  courant 
de  l'année  1801,  car  il  y  est  mentionné  la  Coustiiution  de  l'êvê- 
que du  29  mars  1801,  dans  laquelle  il  trace  au  clergé  du  dio- 
cèse sa  ligne  de  conduite  vis-à-vis  de  la  Constitution  civile  du 
Clergé,  imposée  par  le  gouvernement  de  la  République  helvéti- 
que ans  prêtres. 

Dans  ces  recès  généraux,  qui  ne  purent  pas  être  promul- 
gués et  exécutés  «  propter  turbas  in  revolutione  civili  exortas  ')  >, 
l'évéque,  après  avoir  relaté  les  derniers  événements,  les  dan- 
gers que  couraient  la  foi  et  les  mœurs,  et  les  dispositions  anté- 
rieures qui  avaient  été  prises  par  lui  en  vue  de  la  situation 
actuelle,  insiste  sur  la  nécessité  de  l'éducation  chrétienne  et  de 
l'instruction  de  la  jeunesse.  Les  recès  sont  les  suivants  ^)  ; 

<  Dilectis  nobis  in  Christo  reverendis  decanis,  plebanis 
prioribus,  parocbis,  vicariis.  sacellanis,  tolique  venerabili  clero 
sœculari  nostrœ  diœcesis,  salutem  in  Domino  sempiternam. 

Recenti  memoria  retinetis,  fratres  diiectissimi  1  in  quan- 
tum ex  tempore  quo  diœcesim  nostram  visitavimus,  religionis 
amittendie  inciderimus  periculum,  nam,  cum  nova  nobis  oblata 
fuit  civilis   Constitutio,  de  avita  fide  actum  fuisset,  nisi  eodem 


')  Archives  de  l'Evêché.  Recessus,  n' 
')  Ao(&  visiUtioDÎs,  vol.  18,  fol.  327. 
')  Recesana  generalei  1801.  (Recesaus, 


566 


Sacramento  et  fidelitatem  promittere  et  impietatis  laqueam  cod- 
cDlcare  Deus  optimus  nobis  dedisset,  sicque  siagulari  beneficio 
prsatitisBet,  ut,  quœ  Csesaris  eraDt,  Csesari  redderemus.  et  quœ 
Dei,  Deo. 

Verum  etsi  scbismatis  hferesisque  scapulum  tam  féliciter 
evaserimus  ut  pro  tanto  beneâcio  nobis  posterisque  nostris  per- 
pétua ÎDCumbat  erga  Deum  gratiludiats  obligatio,  quotidiana 
tamen  et  id  dles  major  sese  nobis  offert  gemendt  matenes  : 
morum  nempe  depravatio  et  corruptela,  antehac  muilum  qui- 
dem  invalescens,  sed  ex  jure  lihertatis  et  tequalitatis  prave  in- 
tellecto  ita  roboiata,  ut,  ruptis  omnium  iegum  repagulis,  tor- 
rentis  instar,  civitates  et  oppida,  pagos  et  villas  pervadat 
vastetque. 

Ut  huic  malo  remedium  affere  possemns  aliquaado,  (non 
enim  opportunum  tune  erat,  cum  mali  de  maie  agendi  libertate 
BÎbi  iosolenter  applauderent,)  muneris  nostri  et  officii  pars  prima 
fuit  (uti  sane  esse  debuit)  ut  vo^;,  fratres  dilectissimi,  quaatura 
io  nobis  esset,  a  noxio  generalis  hujus  mali  influxu  întactos 
gervaremus,  vestra  dein<le  opéra  usuri,  quando  moribus  populî 
corrigendis  aptior  sese  proderet  occasio. 

Hune  in  finem  menae  februario  1798,  imminente  jam 
statua  politici  mutatione,  quasi  de  fuluris  praiscii,  vobis  man- 
davimus,  ut  a  civiljbus  muniis  etiam  oblatis  abstineretis,  atque 
fîdei  cooservationi,  animarum  saluti  et  divins^  vocationis  ves- 
trce  officiis  toti  et  unice  incumberetia,  ac  quoties  alias  ad  vos 
variis  de  causis  litteras  dedimus,  nunquam  omieirous  paterua 
in  iltis  interserere  monita,  quibus  vos  ad  vocalioois  sanctitatem, 
eximiamque  status  vestri  dignitatem  attentes  redderemus  cautio- 
resque  efficeremus  adversus  omnia  illa,  qua;  bonam  vestri  existi- 
mationem  auctoritatemque  vestram  in  animis  lidelium  vel  tan- 
tillum  iramiauere  possent.  Tota  pariter  ad  eumdem  finem  tendit  et 
dirigilur  nostra  Constitutio  die  29  mensis  Martii  anui  1801  édita, 
in  qua  toti  fuimits,  ut  a  vobis  amoveremus  quidquid  vestrum 
quo  pro  animarum  salute  fungimini  ministerium  aut  inutile  aut 
nocivum  efficere  potuisset. 

Sic  enim  arbitrabamur  nos  faciliue,  cum  tempus  ferret, 
grassanti  dépravation!  vel  obicem  ponere,  sive  etiam  medelam 
adhibere  per  vos  posse,  si  talea  esse  studeretis,  ut  populi  vobis 
concrediti    in    conversatione    veslta   et    docLrina   iilhil   uisi   quod 


i 


imitarentur  et  sequerenlur,  invenirent,  verbo,  si  in  Ëcclesia  Dei 
essctis  qualeij  nos  Divinus  Salvator  vocat,  nempe  :  lux  mundi  et 
sal  terrte. 

Primum  quidem  hujus  nostrœ  pro  vobig  curœ  et  vigilantiœ 
fructutn  retuliinua,  cum  eo  ipso  tempore  quo  status  sacerdotalis 
ipsaque  religio  despicatui  habebantur,  quo  vobis  emolumento 
laudique  cessisset  ab  officiis  deflexio.  vos  semper  disciplinée 
ecclesiaslicœ  tenaGGi^,  sacrosani;tje  religion!  addictos,  salutis  ani- 
niarum  cupldos  et  omnes  impice  novitatis  osores  exhibuistis. 
Non  ingratam  quoque  sollicitudinis  nostrEe  mercedem  percepi- 
mus,  cura,  emariata  oostra  prœfata  Coustitutione,  vos  vidlmus, 
spretis  folliculariorum  dicteriis,  vel  potius  latralibus,  non  solum 
auctoritati  nostrœ  reverenfer  assiirgere,  verum  etiam  vos  exac- 
tius  ad  illain  componere,  pauci»  exceptis.  quos  lamen  vel  cor- 
rectos  jam  habemus  vel  brevr  conigeudos  speramus.  Pro  hia 
omnibus  vobis  laudes  dare  griitesque  referre  lequum  est,  quaa 
publico  hocce  testimonio  damus  et  refertmus  tibenterque  lesta* 
raur,  orane  quod  periculosis  hrsce  tempuribus  solatium  habuimus 
ex  vobis  nobis  provenisse. 

Ut  autem  gaudium  nostrum  sit  plénum,  alterum  adhuc  a 
vobis  exspectamiis,  fratres  carisstnti,  sollicitudinis  nostrte  sola- 
tium, istud  nempe  ut  cum  stabilitan]  undique  vîdeumus  pacem 
et  ad  saniora  redire  cœpisse  honiines  principia,  junctis  viribua 
et  indefesse  reforniandis  populi  moribus  incumbatis  ;  quam  re- 
formalioneui  multum  promovendam  putamus,  si  fideliter  obser- 
vavcritis  quœ  in  sequentlbus  articulis  mandamus  et   prEecipimua. 

De  cura  juventutîs  ckristianœ,  Quantopere  necessarium  sit, 
si  mores  reformari.  si  religionem  tutam  atque  florentem  esse 
vetimuB,  juventutîs  christianae  bis  prœsertim  temporibus  assi- 
duam  curam  gerere  et  de  ofHciis  christianis  mature  instrui,  licet 
aperta  res  sit,  evidentius  tamen  colligetis  ex  ipsis  SS.  D.  N.  Pîî 
Papffi  Vît  verbis,  qui  in  suis  litteris  encyclicis  ad  omnes  catho- 
licos  episcopos,  dalis  Venetiis  ex  Monasterio  S.  Georgii  Majoris 
die  15  maii  anno  1800  et  aui  PontiScatus  anno  primo  sic  illos 
alloquitur  :  *  Vniverso  qtàdem  gregi,  in  quo  vos  Spiritus  Sanc- 
tus  posult,  attenilere  vos  oportet,  sed  omnium  maxime  paterni 
amoris,  benevolentÎEeque  vestrœ  vigiUutiam,  studium,  industriam, 
operam,  pueri  sibi  et  adolescentes  deposcuot,  quos  tum  exemplo 
Euo,  tum  sermone  Christus  tam  vebementer  commendavit  ;  quo- 


5711 


rutn  teneris  animis  inficiendis  et  corrit  in  pendis  omoea  contendnnt 
nervoH,  qui  res  privatas  et  ptiblicas  everterc.  divina  et  humaua 
jnra  omnia  peimiscere  siinl  itioliti,  spem  in  eo  maximam  oefaria 
cogitata  perficiendi  collocantes.  Neque  hos  enim  fugit,  mollis 
cerœ  instar  illos  esse,  qui  traclari  facile  et  in  quamtibet  partem 
flecti  et  fringi  possint  :  qiiam  vero  foirnam  semel  susceperint, 
eain,  quara  ictale  progressi  obriuruerint  pertinacîssirae  retineni, 
altamque  respuunt,  ex  quo  tritum  illud  omnium  nermone  e 
divinis  tittcris  provcrbium  :  Adolescens  juxta  viam  suam  etiam 
cam  senuerit,  non  recedei  ah  ea.  Noiite  ergo  commîttere,  veoe- 
rabile8  fialres,  ut  fiiti  hujus  Bœculi  prudentioies  quam  filii  lucis 
in  geneislioDe  sua  sint.  Quil)us  viris  regendi  in  Seminariis  et 
coUegiia  tradanlur  pueri,  quibu»  disciplinis  irabunntur,  qui  deli- 
gaDtur  in  lycœis  mngistri,  qute  scholœ  habeantur,  etiam  atque 
etiam  considerate.  pervestigate  sedulû,  odoramini,  lustrale  om- 
nia, excludite,  arirete  rapaces  lupos,  non  parcenteB  imo  ionocen- 
lium  ngnorum  gregi,  ac  si  quo  forte  irrepserint,  eos  inde  estru- 
dite.  exterminate  protinus,  secundum  potestatem  quam  dédit 
vobis  Dominus  in  ledificationem  >, 

Hoc  comraunis  Patris  et   Pastorio  mooitum  non  solum  ad 
episcopofi  pertinet,    sed  vos    etiam  non   una  sub  con<4ideratioDe 
respicit,  fratrea  dileclissimi,  î«am,  cum  omnibus  scbolin  prosime 
învigilare   non    possimus,    certe  vos   estis   qui   hac  in  parle  vices 
□ostras  agere  debetis.   Sciatis  igitur,  vos  ante  quoscunque   alioa  J 
prEepositos  esse scbolis  parochiaium  vestrarum  invigilandis  et  etiaiit|l 
a  vobis  juventutem  exposcere  illum  paternura   amorem  et  beve*! 
volentîam,    ut  ai  bonum  auiraettir;  illam    vigilantiam,    ne  inter^ 
morum  corruptelas  et  vitia  adolescat;  illud  studium,  ut  in  cateche-  1 
sibus  doctrinam   christianam  juxta  captum  doceatur;  illam  indu- 
striam,    ut  ad  schola'^  familiarcsque  religionis  instructiones   allî- 
ciantur-,  illam  operam    denique,  ut  zelus  parentum  pro  âliorum  ] 
suorum   instructione    magia   magisque   inflammetur  diligentiaque  | 
magistrorum  acuatur. 

Quapropter,  ut  nos  et  vos  muneri  nostro  in  hac  parte  sa-  j 
tisfaciamus.    volumus    et    prEecipimus:    1°  Ut    singuli  Revereodi  J 
parochi  ssepius  et  ad  minus  qualer  in  anno  scholas  vîsiteat    etj 
fréquenter  sive  prîvate,  sive  publiée  parentes  raoneant,  ut  prolei 
suas  diligenter  ad  scholas  mittant.    2"  Ut  nullus  admittatur  mal 
gister,  qui  a  nobis  vel  saltenn  a  reverendissimo  Vicario  gênera] 


in  moribus  et  doctrina  chrîsliana  non  fuerit  approbatus  3°  Sin- 
gulis  diebu?  dominicis,  catecbesis  ad  vesperarum  finem  vel  alio 
opportuno  tempot'e  habeatur.  in  qua  clare,  breviter,  solide  et  ad 
intelligeDiiam  rudium  doctrina  christiana  tradatur  ;  quapropter 
maliira  pr)£cedat  pi'EËparittio,  ne  catecht>ta  ioepta  et  împerti- 
iientia,  iiimis  loiiga  aiit  subiilia  dicat:  frangi  enira  débet  parvu- 
lis  panis,  non  exqui^^itis  ppulis  pa^ci,  4"  Peculiarem  curam  ha- 
bebunt  Revorendi  parochi  puerorum  et  puellarum  mendicantium. 
Cuin  ergo  in  parocbiain  redeiint,  privatia  colloquiis  instruaiitur, 
nam  âebili  ex pe rien ti a  constat,  illos  in  ignorantia  crassissima  viti- 
orumque  sordibus  viveie.  5°  Ut  a  primulis  jam  annis  odium 
peccali  et  virtulis  amor  adolescentium  animis  imprimatur,  omnes 
qui  iiondum  divinœ  Eucharistiœ  participant,  quater  in  anno,  id 
est,  singulis  quatuor  temporibus  anni,  pro  confessionibus  audi- 
antur.  6"  Ilii  vero  qui  ad  communionem  erunt  admitteodi,  per 
Quadragesimam  et  aliquas  jam  prœcedentes  hehdomades  binis  vel 
ternis  instructionibus  singulls  septimanis  habendis,  probe  de  doc- 
trina christiana  prius  imbuantur,  nullique  e  catecbesi  dimittan- 
tur  nisi  elapso  post  primam  Communionem  bieonio.  > 

Ces  recês,  malheureusement,  ne  sont  pas  complets.  Pour 
la  réforme  des  mœurs,  comme  il  ressort  du  préambule,  l'évéque 
voulait  proposer  plui^ieurs  articles,  dont  la  t  cura  juventutis  chri- 
stiana; >  n'est  que  le  premier.  Nous  ne  connaissons  donc  que 
)es  dispositions  que  l'évéque  crut  devoir  prendre  c  in  hac  patte> 
c.  à.  d.  pour  l'instruction  de  la  jeunesse.  Mais  ce  que  les  recès 
ne  disent  pas,  nous  l'apprenons  par  les  mandements  '),  qui  ont 
suivi  de  près  les  rec^^,  et  dans  lesquels  le  pasteur  du  diocèse 
s'élève  contre  ces  nouvelles  sources  de  corruption,  où  l'on  va 
en  foule  et  avec  une  espèce  de  fureur  puiser  des  principes  anti- 
religieux, tout  le  poison  et  le  goût  même  de  l'immoralité.  «  Par 
ces  sources  de  corruption,  dit  l'évéque.  nous  entendons  particuliè- 
remeni  la  comédie,  les  danses  licencieuses  et  la  lecture  des  mau- 
vais livres,  qu'une  morale  relâchée  et  complaisante  ne  concili- 
era jamais  avec  la  sévérité  des  maximes  évangéliques  et  les 
règles  de  la  vie  chrétienne.  Nous  ne  dirons  rien  de  la  manière 
dont  on  passe  les  aaints  jours  de  dimanches  et  de  fêtes:  ce  ne 
sont  presque  plus  pour  un  très  grand  nombre  que  des  jours  de 

')  Leltrea  pâHloralâB  du  18  février  et  ^u  4  septembre  1S02  (Man- 
data et  litt.  paat.,  I.  o.,  n'  i^ 


—      672      — 


plaisir,  de  débauches  et  de  piofanalions.  Environnés  de  pauvres 
et  tle  malheureux,  comme  nous  le  sommes,  on  employé  à  la 
vanité  des  modes  les  plus  Jndécentes,  aux  excès  de  la  table,  à 
payer  chèrement  les  folies  et  les  plaisirs  corrupteurs  des  spec- 
tacles, ca  qui  devrait  servir  à  soulager  la  misère  d'un  grand 
nombre  de  familles,  qui  luttent  chaque  jour  contre  les  horreurs 
de  la  faim  et  les  besoins  prestiatits  de  la  pauvreté.  Tant  d'ini- 
quités prouvent  déjà  assez  que  la  foi  ne  produit  plus  parmi 
nous  les  fruits  de  vertus  dont  s'honoraient  nos  pères,  et  que 
de  jour  en  jour  nous  nous  rendons  plus  dignes  de  la  perdre. 

Que  les  pères  et  mères,  maîtres  et  maîtresses  fassent  donc 
servir  toute  leur  autorité  à  faire  régner  dans  leurs  familles  la 
piété  et  la  vertu  et  à  empêcher  tout  ce  qui  pourrait  y  donner 
atteinte,  principalement  la  lecture  des  mauvais  livres,  les  soirées 
et  toute  société  dangereuse.  Que  les  pasteurs  et  les  ministres 
des  autels  redoublent  d'application  et  de  zèle  pour  instruire  et  ' 
de  vigilance  sur  eux-mêmes  pour  édifier  en  tout.  Que  les  prêtres 
et  les  lévites  pleurent  entre  le  vestitmle  et  l'autel.  Que  tous  en- 
tin  se  réunissent  pour  implorer  la  miséricorde  du  Seigneur  et 
la  mériter  par  une  sincère  conversion.  »  Peu  de  temps  avant  &a 
mort,  l'évêque,  en  traçant  le  tableau  de  l'état  moral  du  diocèse'), 
fait  encore  une  fois  appel  à  l'esprit  de  foi  des  ses  fidèles  pour 
les  engager  à  réformer  leur  vie  et  à  faire  pénitence. 

L'évêque  Jean-Baptiste  Odet  mourut  le  29  juillet  1803,  à 
la  fleur  de  l'Age  (in  summo  aetatis  vigore).  laissant  des  regrets 
universels.  Son  biographe-)  lui  rend  un  beau  témoignage,  en 
résumant  sa  carrière  dans  ces  mots:  *  Vere  explevit  tempera 
multa,  qui  sapientia  sua  effecit,  ut  pax  esset  in  patria  et  in  pace 
religio;  quando  novi  in  dies  ingruebant  turbine.",  avitani  tidem 
sacrosanctamque  religionem  nobis  servavit  et  inviolatam  a  nabis 
ad  posteros  transraittendam  rcliquit.  Curavit  gentem  et  libera- 
vit  eam  a  perditione;  non  recédât  memoria  ejus  et  nomen  ejus 
requiratur  a  generatione  in  générât  ionem,  sapientiam  ejus  eoar- 
rent  gentes  et  laudem  ejus  annunciet  Ecclesia  Lausannensis.» 


')  Lettre  past,  du  16  févriei-  1 


p,  3-5    (Mandata  et   litt.  paat-. 


')  Lilterie  encyclicie  de  obitu   D.  .T.-Bapt.  Odet,   episcop,    Laasan-J 
jieDBis,  9  août  1803  (Mandemeats,  II,  1T5S-1SU). 


CHAPITRE  TREIZIEME 

Les  visites  pastorales  de  l'évéque  Maxime  Guisolan 
(1803-1814). 

Ce  prélat  fut  nommé  au  siège  épiscop&l  '^  'à  septembre 
1801  et  fit  son  entrée  à  Fribourg  le  21  mai  1804').  Lors  de 
la  prise  An  possession  de  son  siège,  il  donna,  dan!!  une  lettre 
pastorale  du  20  juin  1804').  un  aperçu  Rucciuct  de  l'état  riîli- 
gieux  an  commencement  du  IG^'Eiècîe,  Mgr  Guisolan  rend  hom- 
mnge  à  son  prédécesseur  d'avoir  gouverné  le  diocèse  avec  une 
main  sûre,  pendant  les  temps  troublés  et  difEicilcs  de  la  Re'vn- 
liition,  et  d'avoir  gardé  intact  dans  son  diocèse  le  dépôt  de  la 
foi  ;  il  relève  l'altidude  digne  de  tout  éloge  du  clergé  diocésain, 
tant  séculier  que  régulier,  dans  les  grandes  difficultés  de  cette  pé- 
riode dangereuse,  et  il  l'exhorte  à  continuer  à  marcher  dans 
cette  voie  et  à  aider  !e  chef  du  diocèse  pour  conserver  et  ré- 
tablir les  bonnes  mœurs.  Il  prévient  les  fidèles  contre  l'esprit 
novateur  qui,  aous  prétexte  de  réformer  l'Eglise,  cherche  à  rendre 
ridicules  les  institutions  de  l'Eglise,  et  il  leur  rappelle  l'obligation 
dp  régler  leur  vie  d'après  le.s  préceptes  de  l'Evangile  et  d'éviter 
surtout  la  lecture  des  mauvaiii  livres  et  l'abus  toujours  croissant 
de  la  boisson. 

Fidèle  à  son  programme,  Mgr  QuisoUn  fut  pendant  tout 
son  pontificat  plein  de  zèle  pour  la  discipline  ecclésiastique,  qu'il 
cherchait  à  maintenir  ou  relever  par  des  constitutions  synodales 
et  par  ses  visites  pastorales.  Il  alliait  à  la  connaissance  des 
sciences  ecclésiastiques,  surtout  du  droit  ecclésiastique,  une  piété 
profonde,  à  une  morale  sévère  une  grande  charité.  C'est  sous 
Mgr.  Guisolan  que  fut  ouvert  le  Séminaire  diocésain  ;  c'est  lui 
également  qui  institua  les  retraites  annuelles  pour  le  clergé. 


')  Mémoire»  bisloriques,  11,  p.  hi3  et  «uivanleB. 
*)  Mandata  et  litl.  puMralas,  1.  c,  n*  B. 


57i 


Peu  de  temps  après  la  prise  de  possession,  Mgr.  Quisolan 
voulut  entreprendre  une  visite  pastorale  du  diocèse  ei  il  l'an- 
nonça, à  la  date  du  9  juiu  1604,  par  la  circulaire  suivante '). 

c  Maitimus  Guisolan,  ordinis  capucinorum,  Dei  et  SancUe 
sedis  apostolicœ  gratia  episcopus  ac  cornes  Lausanneusis  S.  R.  I. 
princeps  etc.  Dilectîs  nobis  in  Cbristo  reverendis  decanis,  priù- 
oribus,  parochis,  vicariis,  saceilanis  aliisque  diœcesis  nostrse  eccle- 
siarum  rectoribus,  salutem  et  benedictionein  noslratn. 

Cum  propUT  grogem  regeridam  sint  Ecclesiœ  pastores  po- 
siti,  sapienli.«simi  SS.  Canone^  et  maximi'  Tridentiuura  id  mune- 
ris  episcopis  iniposucrunt  ut  oves  sibi  concreditas  statis  tempo- 
ribas  inviserent  ut  sic  propius  earum  saluti^i  pericula,  spiriluales 
morbos  et  indigentias  inspideoles,  tutelam  et  medelam  efGcacîu:^ 
ils  adhibere  possent,  atque  etiam  ut  qui  sacramento  Contirma- 
lionJs  inslgniti  nondum  sunl,  illud  opportunius  suscipere  possiot. 
HuDC  in  finem  proximam  vobis,  filii.  per  ba'i  Htteras  nostrî  diœ- 
cesis visftationem  aDDUutiamus,  quam  proxirae  prosequemur  '). 
Ut  autem  optalum  soitiatur  elTectam,  uobis  R.  Parochi  cfeterîque 
ad  hoc  vocati  nota  facieni,  quEcnam  experiantur  in  cura  anima- 
rum  gravamina,  et  sibi  coRiinissarum  animarum  pericula.  qus  sit 
juventutis  ioslructio,  dociliras  aut  inobedientia,  quicnam  conju- 
gum  (iiscordiEG,  publica  scaudala  et  cetera  omuia  que  vel  eccte- 
sisG  vel  beneficii  sui  bona  aiqiie  suppelectilia  concernunt. 

De  sacramento  Confirmalionis  parochianis  vestris  coiiferendo 
istud  paucis  admunemus,  ut  ad  illad  rite  suscipienditm  preparen- 
lur  pueri  puellieque  per  debitam  instructioDem  el  sacramentalem 
confessionem,  si  septenni»  isint  majorem,  cum  reuiota  nunc  sint 
religionis  pericula,  propter  quœ  infantes  antehnc  indistincte  ad 
dictum  sacramentum  admittebantur  (rogamus  Reverendos  parochos 
ut  qui  saltem  quartiim  annum  non  compleverini,  nobis  non  pre- 
scntentur);  ut  vagos  aique  peregrinos  a  confinnalione  suscipienda 
arcealis  nisi  vobis  certum  bit,  illus  e^se  probe  instructo^,  bene 
paratos  atque  nondum  confirmatos. 

Scandalosam,  parochianis  onerosam,  prandiorum  et  cœnarum 
preparationem    prohibemus,    quapropter    ne    in    malam    partem 


')  ReceasuB,  n°  IS.  Il 
août  1804. 


a  des  circulaires  qui  portent  la  date  du  14  j 
Julio  incipiemus  est  blBé  dans  !e  texte. 


575      — 


sccipiant  R,  D.  Parochi  si,  cum  videbimus  excessuDi  illacn.  rescindi 
jubeamus.  Datum  Friburgi  9  Junii  ')  (14  Augusti)  181)4.  > 

La  visite  comtnetiça  au  mois  de  juillet  1804  et  occupa 
l'évêque  pendant  les  années  1805  et  1806').  Elle  ne  fut  termi- 
née qu'à  la  fin  de  l'année  1806,  car  à  la  date  du  21  novembre 
et  du  1  décembre  1806,  nous  trouvons  encore  la  visite  de  So- 
leure  et  lea  recès  particuliers  pour  cette  ville  '), 

Nous  ne  possédons  pas  de  recès  généraux  de  cette  visite  ; 
l'évëque  avait  adressé  pendant  k'  cours  de  la  visite  et  après 
l'avoir  terminée,  des  lettres  pastorales  et  des  mandements  au 
clergé  et  aux  lîdèlea  de  son  diocèse,  dans  lesquels  il  leur  expo- 
posait  nn  certain  nombre  de  points  qui  avaient  besoin  de  ré- 
forme ^}.  L'évëque  s'élève  surtout  contre  certains  abus  que  la 
dépravation  des  mœurs  a  fait  nattre,  contre  les  désordres  qui 
triomphent  tous  les  jours  des  plus  heureuses  inclinations  pour 
la  vertu,  et  sèment  de  toutes  parts  le  malheur  et  l'iniquité. 

<  Et  d'abord,  continue  le  chef  du  diocè.se  en  s'adressant  à  ses 
diocésains,  nous  ne  pouvons  vous  dissimuler  la  douleur  que  nous 
éprouvons  en  voyant  les  suites  funestes  qu'entraîne  la  fréquentation 
des  cabarets,  surtout  dans  les  endroits  où  les  personnes  du  sexe  ne 
rougissent  pas  d'y  paraître,  et  où  les  sages  lois  de  police  sont  si 
souvent  impunément  violées.  N'est-ce  pas  dans  ces  repaires  de 
la  débauche  que  se  forme  cette  habitude  criminelle  qui  abrutit 
l'homme,  empoisonne  et  abrège  ses  jours,  et  en  fait  un  spec- 
tacle de  scandale  et  d'horreur  ?  N'est-ce  pas  là  où  les  solen- 
nités saintes  sont  le  plus  indignement  profanées,  où  se  préco- 
nisent les  maximes  du  libertinage  et  de  l'impiété,  où  prennent 
leur  source  les  dissension^  domestiques,  les  querelles  et  les 
procès,  où  les  faillites,  les  dicussions,  les  révoltes  se  préparent, 
où  vont  s'engloutir  et  se  perdre  la  fortune,  lea  mœurs  et  ta  foi  ? 
Qu'il  est  triste  de  voir  tant  de  pères  de  famille  prodiguer  en 
ces  lieux  et  souvent  à  des  heures  indues,  l'argent  nécessaire  à 
la  sustentation  de  leur  famille,  abinaer  en  ces  gouffres  de  riches 

■)  Cette  date  est  biRée. 

*)  Visilatio  a  D.  Guisolan  15  ,Iul.  1801  iocepta  fActa  visitationis, 
vol.  18,  (ol.  327-59). 

")  Aota  viBll..  vol.  19,  fol.  7-13. 

')  Voir  leh  mandeoienls  de  1805.  1807  ot  1809  (Mandata  et  lilt. 
pastorales,  ti"  5  ;  Mandements  des  évfiqaes  1758-1814)  (Colleolion  Gremaud). 


propriétés  et  plonger  ainsi  dans  l'indigence  et  la  désolation  aue 
épouse  et  des  enfants  dignes  d'uo  sort  plus  lieureux!  Qu'il  est 
douloureux  de  voir  tant  de  jeunes  gens  enfouir  d&ns  cette  terre 
de  malédiction  des  talents  précieux  qui  auraient  honoré  la  reli- 
gion et  l'Etat,  y  contracter  le  goût  de  la  fainéantise  et  de  la 
débauche,  dilapider  un  salaire  qu'ils  n'ont  point  encore  gagné, 
un  héritage  qui  ne  leur  est  point  échu,  s'abandonner  à  des  ex- 
cès qui  font  rougir  la  religion  et  l'humanité  et  sacrifier  à  l'io- 
digne  passion  du  vin  leur  honneur  et  leur  patrimoine,  leur  vie 
et  leur  âme  !  Mais  surtout  qu'il  est  Kfâig>-ant  de  voir  les  per- 
sonnes niâmes  du  sexe,  qui.  selon  l'avertissement  de  rA.p6tre, 
doivent  se  revêtir  de  modfslie  et  se  distinguer  par  la  retenue 
et  la  pudeur,  entrer  effrontément  dans  les  asiles  de  l'iutempé- 
rauce,  et  quelquefois  même  aux  jours  les  plus  solennels,  s'asso- 
cier eu  sortant  des  lieux  saints  à  quiconque  veut  les  y  conduire, 
se  confondre  avec  une  troupe  de  libertins,  s'asseoir  à  côté  de 
quelques  jeunes  insensés,  qui  souvent  mettent  tout  en  œuvre 
pour  faire  passer  dans  leur  cœur  toute  l'ardi'ur  du  feu  impur 
qui  les  dévore  !  Comment  cette  coutume,  aussi  contraire  à  la  bien- 
séance qu'aux  bonnes  mœurs,  a-t-elle  pu  s'introduire?  Par  quel 
aveuglement  ce  genre  de  scanJnte  est-il  devenu  si  commun,  qu'il 
trouve  tant  d'approbateurs  et  de  complices  ?  Par  quelle  dépra- 
vation peut-on  tolérer  un  désordre  au  milieu  de  nous  que  par- 
tout on  condamne  et  proscrit  ?  N'est-il  pas  notoire  que  tant 
d'assemblées  nocturnes  el  tumultueuses,  accompagnées  des  plos 
criants  désordres,  n'ont  bien  souvent  lieu  que  pour  avoir  été  con- 
certées au  milieu  d'une  boisson'?  N'est-il  pas  notoire  que  pin- 
sieurs  ne  traînent  maintenant  des  jours  d'amertume  et  de  douleur 
dans  l'étal  d'un  mariage  mal  assorti,  que  pour  avoir  pris  impro- 
demment  dans  ces  lieux  de  débauche  de  funestes  engagements? 
Deux  geures  de  déréglementa,  qui  uon  seulement  prouvent  la 
nécessité  indispensable  de  remédier  aux  abus  qui  régnent  par 
rapport  aux  cabarets,  mais  qui  doivent  encore  par  eux-mêmes 
exciter  tout  notre  zèle  et  contre  lesquels  nous  ne  saurions  nous 
dispenser  de  nous  élever  hautement. 

Et  certes,  vous  o'ignoreï  pas  que  les  veillées  nocturnes  et 
généralement  la  fréquentation  trop  libre  des  personnes  de  diffé- 
rent sexe,  sont  un  des  désordres  les  plus  marquants  qui  infectent 
ce  diocèse  et  que  nous  envisageons  avec  raison  comme  la 


—     577 


cipale  source  de  la  dépravation  de  nos  contrées.  C'est  surtout 
dans  ces  assemblées  nocturoes,  dans  ces  eutretieits  secrets  et 
plus  ténébreux  que  tes  ténèbres  même  de  la  nuit,  où  tout  se  ré- 
unit pour  inspirer  le  goût  des  plaisirs  charnels  et  porter  de 
mortelles  atteintes  à  la  pudeur,  oii  tout  conspire  à  faire  de  ces 
veillées  des  occasions  prochaines  de  péché.  Instruits  des  iniquités 
sans  nombre  qu'engendrent  ces  veillées,  pouvons-nous  y  être 
insensibles  ?  Tant  de  maux  ne  doivent-ils  pas  réveiller  notre 
attention  et  ranimer  notre  zèle  ?  Aussi  furent-ils  depuis  long- 
temps l'objet  de  notre  sollicitude,  et  c'est  pour  y  remédier  que 
nous  recommandâmes  à  notre  clergé  de  suivre  à  l'égard  de  ceux 
qui  fréquentent  ou  permettent  ces  veillées  nocturnes,  les  mêmes 
principes  que  la  morale  prescrit  à  l'égard  de  ceux  qui  s'exposent 
aux  occasions  prochaines  du  péché,  ou  qui  ne  les  empêchent 
pas,  pouvant  et  devant  le  faire. 

Nous  n'ignorons  pas  avec  quel  zèle  plusieurs  ecclésiasti- 
ques, soit  séculiers,  soit  réguliers,  ne  cessent  de  combattre  ce 
genre  àc-  scandale.  Approuver  leur  conduite,  soutenir  leurs  ef- 
forts, prémunir  notre  clergé  contre  le  danger  d'une  morale  re- 
lâchée, tel  est  le  but  que  nous  nous  proposons. 

Mais  ce  qui  pénètre  d'amertume  et  de  douleur  ceux  qui 
travaillent  à  votre  sanctiiication,  ce  qui  met  sans  cesse  de  nou- 
veaux obstacles  à  l'efficacité  de  leur  zèle,  c'est  cet  esprit  d'in- 
subordination qui  se  raidit  contre  toute.s  les  mesures  de  l'auto- 
rité paternelle,  ecclésiastique  et  civile,  c'est  l'entêtement  d'une 
jeunesse  indocile  qui  ne  songe  qu'à  donner  un  libre  essor  à  ses 
penchants  vicieux  et  à  vivre  au  gré  de  ses  désirs  ;  c'est  enfin 
la  criminelle  indolenee  des  pères  et  mères  et  autres  supérieurs, 
qui,  témoins  de  ces  désordres,  n'y  opposent  que  des  remon- 
trances infructueuses,  sans  en  venir  jamais  à  certains  moyens 
énergiques  qui  pourraient  facilement  tes  arrêter. 

Pour  atteindre  notre  but  si  intéressant  pour  ta  religion  et 
si  avantageux  à  la  société,  ne  sommes-nous  pas  en  droit  de  ré- 
clamer ici  l'autorité  de  ceux  que  le  choix  du  gouvernement  ou 
les  vœux  de  leurs  concitoyens  ont  appelés  à  remplir  ces  fonc- 
tions importantes,  qui  ont  pour  objet  le  rétablissement  et  le 
maintien  des  bonnes  mœurs  et  la  stricte  obligation  de  faire 
exécuter  les  sages  lois  qui  y  ont  rapport?  Ne  devons-nous 
pas  leur  rappeler   qu'ils  ne  peuvent    fermer    les  yeux  sur    tes 


—     578    — 

transgressions  et  favorïEer  les  coupables  de  quelque  manière 
que  ce  soit,  sans  violer  leur  sermenl,  irahir  la  confiance  publi- 
que, et  se  rendre  coupables  des  maux  qu'ils  pounaieut  et  de- 
vraient empêcher  ? 

Mais  c'est  surtout  des    pères   et  mères,  chefs  de  famille, 
que  dépend  la  réforme  que  nous  demandons  et  que  les  progrès  J 
de  rimmoralité  rendent  indispensable.   C'est  à  eux   à  seconder  I 
nos  vues  et  à  faire  cesser  les  désordres  qui  enfantent  tant  d'ini- 
qui  tés  >. 

L'efTet  de  cet  appel  énergique  adressé  à  ses  diocésains,  ne  i 
fut  pas  sans    résultat  ;    on  constata   dans  ta   suite  une    notable 
diminution  des  abus  visés. 

Mgr.  Guisolan  s'adressa  également  au  clergé  dans  ses 
«  Monila  ad  confessarios  >,  qui  témoignent  tant  de  sa  grande 
sollicitude  pastorale  que  de  son  expérience  dans  les  choses  spiri- 
tuelles *).  renouvela  les  dispositions  de  l'évéque  de  Montenach 
du  18  décembre  1772  au  sujet  des  fiançailles  '),  et  les  statuts  de 
ses   prédécesseurs  au  sujet  de  In  discipline  ecclésiastique  '). 

*  Disciplinam  ecclesiasticam  quod  atlinet,  hisce  innovamus 
et  confirmamus  pia  statula,  décréta  et  mandata  prfedecessorum 
nostrorum,  in  particulari  autem  conslitutionem  Ueverendissimi 
Domini  Joh.  Bapt,  Odet  anno  1801  emanatam. 

Uude,  quoad  vestitum  siccularem,  exhortamur  et  obsecra- 
mus  omnes  in  Domino,  ut  in  loco  sui  domicilii  vel  infra  limites  i 
propriœ  parochise   toga  talari  incedant.   Quod  diebus  festivis  et  ' 
dominicis  non  tantum  exhortamur,  sed  fieri  volumus.  In  specie  | 
autem  istud  prfecipimus  sub  pœna  suspensionis  omnibus  sacer- 
dotibus  in  civitate  Friburgensi  et  Solodorana  degentibus;  ita  ut, 
qui  habitualiter  publice  absque  illa  incedunt,  ipso  facto  ab  ofiî- 
cio    sint    suspensi.    Inhiberons    autem  sub   pœna  arbitraria,  ne 
absque  dicta  toga  missa  celebretur  in  ecclesiis  cujuscumque  civi- 
tatis  et  oppidi  oostric  diœcesis  et  in  quacunque  ecclesia  a   pro- 
prio  domicilio  nonnisi  duabus  horis  distante  ;    unde  vestes  tala- 
res  in  sacristiis,  maxime  in  civitatibus  et  oppidis,  habeantur. 

Cura  autem  vestis  longa  ob  viarum  obstacula  et   anfractus  j 


')  Mandements  (1759-1814).  16  novembre  1809. 
')  Mandement  dn  10  avril  1809,  p.  11-14. 
*)  Manderoeut  do  16  novembre  1809. 


579     — 


sît  multis  incommoda,  vestis  breviorîs  usum  non 
quando  iter  aliquoii.  maxime  extra  fines  domicilii,  erit  instituen- 
dum,  Ea  aulem  vestis  et  totus  ornatus  exterior  ila  sint  décen- 
tes, ut  ubique  et  ab  omnibus  persona  ecclesiastica  dignoscatur 
pro  tali.  Ne  autem  liberum  sit  cuilibet  suo  sensui  conformem 
decentiam  e&ingere  vel  interpretari,  illam  ad  sequeotioi  puocta 
regulari  volumus,  mandaraus  et  prjecipimus  :, 

1"  Omnes  torisura  clericali  suo  ordini  conveniente  seraper 
iusjgniti  appareant  ;  comas  autem  subdititias  vulgo  perruques  à 
la  Brutus  ou  à  îa  Jacobine  stricte  prohibemus.  2"  Loco  stro- 
phioloruro  sive  aliarum  fasciarum  sericarum  collo  intortarum 
collare  ecclesiasttcum  semper  déférant.  3°  Pileus  a  ranndana  va- 
nilate  et  levitate  abhorreat  ;  quapropter  inhibemus  ejusmodi 
pileos,  quos  chapeaux  dabaux  vocitant.  4°  Vestis  brevis,  quœ 
vulgo  habit  court,  soutanelle  audit,  sit  nigri  et  non  alterius  coloris, 
formœ  simplicis,  ordinarife,  non  autem  anglicee,  et  absque  vanis 
ornamentis,  quœ  iu  clerico  semper  ridicula  sunt,  5°  Tibilia  sint 
ut  plurimum,  prœcipue  quando  ad  civitatem  venitur,  nigra  vel 
ita  obscurî  coloris,  ut  oculos  laïcorum  non  offendant.  6°  Super- 
Indumeota  denique,  qua;  sunt  ad  frigus  et  imbres  arcendos, 
redingotes,  surtoufs,  etc.  communiter  vocata,  sint  coloris  modesti, 
nec  unquam  extra  doraesticos  parietes  inserviant  pro  veste  eccle- 
siastica. Quod  decretum,  statutum  et  mandatum,  ut  ab  omnibus 
observetur,  Reverendis  Domtnis  Decanis  et  Promotori  fiscali 
mandamus  et  prsscipimus,  ut  contravenientes  moneant  et  rigide 
coiripiant,  et,  si  moniti  non  se  corrigant.  nobis  iltos  denuolient. 

Ut  Btalus  ecctesiastici  déco  ri,  populorum  edificationi  et 
anlmarum  saluti  prospiciamus,  sîmutque  scandala,  animarum  peri- 
cula  et  piorum  oftensionem  arceamus,  in  virlute  sanctœ  obe- 
dienlia;  nobis  promissœ  et  sub  interminatlone  divini  judicii  prœ- 
cipimus  sequentia  puncta  : 

a)  NuUns  clericus  aut  sacerdos  qualiscumque  domicilium 
habeat  aut  convictum  sumat  iu  domo,  in  qua  vinum  promiscue 
ibidem  potandum  venditur. 

b)  Nullus  clericus  uut  sacerdos  qualiscunque  vinum  vendat 
in  suis  œdibus  potandum. 

c)  Cauponarum  sive  domorum,  in  quibus  vinum  venditur, 
inibi,  vel  in  lediculis  '  '"^^'ini^DtibuB,  simpticem  et  nudum 
ingressum,  id  est  "n  Bumendnm, 


590 


probtbeintis  qnaliconque  clerico  vel   stcerdoti.  oisi  cbuitas  i 
jai>tilift,  l'ietAs,  débita  urbanitas  vel  Degotiorum  geslio  tjm 
iDgressom  cohooesUveriat  :  si  aoa  aatem  ei  e&nmcratis  n 
bus  iagressom   permittat,   maaebit  lamen    probibita    polos    -nt 
dbi  Bomptio. 

d)  Nullas  clericus  aut  sacerdos  qnalisconque  cibom  aat  po- 
tam  Bomat  io  caupooa  vel  ejusmocii  domo,  ut  diclum  N"  pne- 
cedente,  uiMi  rationabilis  itinehs  causa,  vel  ratiooe  pTaodti  «d 
CœDulœ,  qus  JDsUtuuDtur  rsttone  baptisnii.  funeris  aut  stats 
feslivjtatis,  io  qna  concionato res  et  coofessarii  iu  caupooa  exd- 
piuDtur.  CiEteris  autem  conviviis,  etiam  Duptialibus,  qiis  in  caa- 
ponis  JDfitttuuDtur.  intéresse  omniao  clehcis  et  sacerdotibos 
quibuscunque  prohibemns,  et  nos  in  istis  in  posterum  ooo  diS' 
peD!<aturos  deciaramus. 

Ut  antem  h»c  ordînatio  quoad  quatuor  sua  puncta  debïtam 
sortiatur  effectum,  Revereodis  Decauis  et  Promotori  fiscal!  snb  1 
pœna  suspensionis  ipso  facto  iacurrendie  priecipîmus,  ut  traos-  1 
gressorem  post  primam  admoDitionem  et  correctiDoem  a  se  fac- 
tam  recidivum  nobis  denuntient  ;  nos  autem  contra  hosce  traos- 
greHBores  stricte  et  severe  processuros  bisce  declaramus  et 
palam  facimua  >, 

Mgr  Guisolan  entreprit,  en  1811,  une  seconde  visite  pas- 
torale; le  23  avril  ISIl  il  envoya  aux  doyens  i  ce  sujet  Is 
circulaire  suivante  ')  : 

<  Maximus  Guisolan,  etc.  Tibi,  plurjmutn  R''*  Decane,  beoe-  J 
dictioneiQ  nostram  et  salutem  jn  Domino  sempiterDam. 

Cum  ab  ullima  nostra  visitatione  pastorali  septennium  jam 
propemodum  efduxeril.  secundam,  ut  incipiamus,  paternus  amor, 
pastoriB  officium  et  sacrorum  canonum  décréta  nos  adstringunt. 
Ut  autem  Bnes  in  vi.titationibuB  a  Goncilio  Tridentino  prss- 
criptos  eo  facilius  et  exactius  assequamur  necnon  ad  ejusdem 
Concilii  mentem  expensis  parcamu^,  te.  plur.  R.  D.  Decane,  re- 
qnirimus,  ut  partem  oneris  iiostri  in  te  suscipiens,  ecclesias,  ca- 
pellas  et  oratoria  tui  decanatus  auctoritate  noslra  per  te  ipsum 
visites    nobisque,   autequam    ad  illas  parochias  perveniamus, 


4 


<)  Littera  ai 
Utioals,  vol.  16,  . 


.utiationiB  et  litt.  encycltca  ad  DecanoH.  (Acta  viei- J 


—     581      — 

eorutn  defectibus  quoad  sequentia    puocta  scriptotenus  rationem 
reddas  et  quidem. 

1.  Num  dictte  ecclesiœ.  capellœ  et  oratoria  quoad  œdifi- 
cium  ?  Num  altaria  et  tribunalia  maxime  eoruDi  crates  ?  Num 
sacristia,  campanile  et  cimiteria  in  quacumque  parte  repara- 
tiODe  indigeant  ? 

2.  Num  altaria  sint  juxta  canonea  triplici  vel  saltem  du- 
pllci  sed  una  duplicata  décente  et  muDda  nappa  obtecta  ? 

3.  Ad  fODtes  baptismales  sint  in  debito  statu,  num  eoruro 
vas  sit  stanno  suffideoter  obductuTn  ? 

4.  Num  in  sacristia  adsit  cista  duplici  clave  obserata,  in 
qua  tituli,  cirographa  et  pecunia;  ad  beneficium  et  fabricam 
pertinentes  asserveutur  ?  An  ornamenta  pro  quocumque  colore 
et  in  quo  statu  ?  Num  vasa  sufficientia,  patenœ  et  calices  suf- 
ficienter  deaurati,  tintea  intégra  et  non  lacerata  ? 

5.  Cum  prorsus  dedeceat  sacerdotem  minislrum  Cbnsti 
immundis  indutum  ad  altare  stare  et  immundlties  prœcipue  in 
illis  quœ  proximius  vel  immédiate  Christi  corpus  tangunt,  ad 
peccalum  grave  ascendere  possit,  districtiua  examines  velîm  ? 
Num  amictus,  albœ  et  singuiariter  corporalia,  purificatoria  et 
palie  sint  in  débita  munditia? 

Quee  dum  pro  tuo  zelo  necnon  tua  in  nos  animi  inclina- 
tione  exécution!  mandanda  conâdimus,  sincero  cordis  affectu 
debitoque  respectu  subscribimus.  Datum  Friburgi  die  23  ApriliB 
1811.   » 

La  visite  commença  le  27  mai  et  dura  jusqu'en  automne 
1811  ').  Après  la  visite,  l'évêque  rédigea  les  recès  généraux 
suivants  qui  ne  paraissent  pas  ëtr«  complets  et  dont  on  ne  sait 
pas  s'ils  furent  publiés  *)  ; 

<  Lintea  et  singuiariter  corporalia,  purificatoria,  palœ 
mundenlur  et  in  débita  munditia  serventur. 

Pileos  non  solum  quos  chapeaux  cl(^attx  vocitant,  sed 
quoscunque  chapeaux  ronds  appellant,  omnino  inhibemus,  prceci- 
pue  dum  veste  talari  induuntur  R.  Dom,  sacerdotes  et  clerici^). 


')  Aola  visit.  vol.  18,  fol.  360-385,  Cootinuatio  secundas  visit.  (aclœ 
.  Guisolaa  a.  1811  (30  septembre),  dans  Acta,  vol.  19,  fol.  1-6.) 
*)  ReceasuB  générales  1811  (Acta  visit.  vol.  18,  fol.  3Q2-63). 
*)  Décréta  et  oonililutionos  synodalos  EoolesiEB  et  Episoopatoi  Lan- 

87 


—     582 


Vu  que  les  veillées  nocturnes  et  la  frëquentslion  des  ca- 
barets sont  la  source  des  plus  grands  maus  qui  arrivent  et  qui 
affligent  notre  canton,  nous  requérons  et  ordonnons  que  Mes- 
sieurs les  Révérends  curés  en  exposent  fréquemment  la  grièveté, 
les  dangers  et  lea  malheureuses  suites  dans  les  instructions,  et 
que  les  préposés  des  paroisses  veillent  exactement  à  ce  que  les 
lois  de  police  soient  observées  dans  les  cabarets,  quant  aux 
heures,  quant  à  l'exportation  du  vîd  dans  les  maisons  particu- 
lières, et  qu'ils  s'acquittent  diligemment  de  l'obligation  qu'ils 
ont  de  faire  en  sorte  que  tout  le  monde  entre  dans  l'église 
pendant  les  offices  divins,  surtout  pendant  les  instructions  >. 

Pendant  les  dernières  années  de  son  pontificat,  Mgr  Gui- 
solan  put  conduire  &  bonne  ^n  une  œuvre  qui  a  fait  l'objet  de 
Iv  sollicitude  des  évëques  de  Lausanne  depuis  la  seconde  moitié 
du  18'  siècle  et  dont  la  nécessité  se  faisait  sentir  depuis  long- 
temps :  l'élaboration  de  nouvelles  constitutions  synodales.  Comme 
noue  eu  parlerons  plus  longuement  ailleurs,  nous  nous  conten- 
terons de  les  signaler  ici  '),  en  ajoutant  qu'elles  ont  été  pour 
le  progrès  et  le  maintien  de  la  discipline  ecclésiastique  du  dio- 
cèse d'une  grande  importance.  Un  intérêt  tout  particulier  pré- 
sente le  chapitte  des  Constitutions  synodales  qui  traiie  de  la 
visite  épiscopale  et  de  VCrdo  visitandi;  nous  l'avons  communi- 
qué dans  le  premier  chapitre  de  ce  travail.  Une  grande  part  i 
la  rédaction  des  nouvelles  Constitutions  synodales  revient  à 
Pierre- Tobie  Yenny,  curé  de  Proroman,  qui  est  devenu  le  suc- 
cesseur de  Mgr  Guisotan  au  siège  épiscopai  de  Lausanne.  Mgr 
Ouisolan  mourut  le  8  décembre  1814,  laissant  le  souveDir  *)  J 
d'un  pieux  et  saint  prélat,  d'un  pasteur  zélé  et  d'un  savant  1 
théologien. 


Banneosig,  jaBHo  D.  Maxfrui  Gulsolan  typia  mandatoe.  Friburgi  Melvetio-  1 
ram,  1S12,  128  p.  4*.    Voir   les  avaal-projeCs   de  cei    ConslilDtJons    aux  J 

arobivea  de  l'Evâcbé  (Constitution es  aynndalea,   n'  1. 

']  ConutilDliones,  p.  43-48. 

')  Voir  Lilters  eacyclicie  23  Decerobrî»  1814  de  obitu  D.  Maximl  | 
Guisolan,  episcopi  et  comniitis  Lausannensis.  Frib.  Helvet.  1815.  (Man-^ 
déments  1758-1814  ) 


Les  visites  pastorales  de   l'évoque  Pierre-Tobie   Yenni 

(1815-1845). 


Nommé  le  20  mars  1815  au  siège  épiscopal  de  Lausanne 
et  sacré  le  3  septembre  de  la  même  aoaée,  le  nouvel  évëque '^) 
exposa  dans  une  lettre  pastorale  le  programme  de  son  ponti- 
ficat ')  :  t  Travailler  de  toutes  nos  forces  à  votre  sanctiiication, 
veiller  à  la  conservatiou  du  précieux  dépôt  de  la  foi,  signaler 
les  dangers  qui  pourraient  la  menacer,  nous  opposer  à  tout  ce 
qui  en  altérerait  la  pureté,  meltre  tout  en  œuvre  pour  faire 
régner  les  bonnes  mœurs,  la  subordination  et  la  paix,  donner 
tous  nos  soins  au  maintien  de  la  discipline  ecclésiastique  et  & 
l'instruction  cléricale  de  ceux  qui  aspirent  au  sacerdoce,  voilà 
l'abrégé  des  devoirs  immenses  que  nous  avons  à  remplir. 

Cependant  le  chef  du  diocèse  n'a  pas  seulement  des  de- 
voirs, il  a  également  des  droits  et  une  autorité  qu'il  tient  de 
Dieu,  car  les  évëques  sont  établis  par  le  Saint-Esprit  pour 
régir  l'Eglise  de  Dieu.  Juge  naturel  et  ordinaire  de  ce  qui  re- 
garde la  religion,  t'évéque  évoque  à  son  tribunal  les  causes 
ecclésiastiques  déterminées  par  les  saints  canons.  C'est  de  son 
autorité  qu'émanent,  en  matières  spirituelles,  des  règlements 
obligatoires  pour  tous  ses  diocésains-,  il  punit  môme  par  les 
censures  ceux  qui  s'y  montrent  rebelles.  Exerçant  les  droits 
étendus  sur  l'instruction  publique,  il  a  entre  autres  celui  d'exa- 
miner la  doctrine  enseignée  dans  son  territoire,  de  censurer  les 
écrits  relatifs  à  la  religion,  d'interdire  la  lecture  des  mauvais 
livres,  et  chacun  de  ces  points  est  pour  lui  un  devoir  sacré.  Il 
lui    appartient  pareillement    de  diriger  l'éducation   cléricale   et 


')  Mémoires  historiques.   II,  p.  MS 
graphique  sur  Monfleigneur  Pierr«-Tol 

')  Lettre  pastorale  dn  17  o«l' 
n-7). 


Noticfl   bio- 


584 


l'instruction  chrétienne  dans  son  diocèse,  de  visiter  les  paroisses, 
d'inspecter  et  de  régler,  mais  avec  un  pouvoir  subordonné  à 
celui  du  chef  et  du  corps  des  pasteurs,  tout  ce  qui  concerne  le 
culte  divin.  Les  causes  matrimoniales  et  autres  pour  objets  spi- 
rituels, ainsi  que  diverses  dispenses,  sont  aussi  de  son  ressort')-  » 

Mgr  Yenni  espère  être  secondé  efficacement  par  le  clergé 
de  son  diocèse  dont  il  fait  un  bel  éloge.  <  La  pureté  de  leurs 
principes,  l'assiduité  à  leurs  fonctions  et  le  spectacle  édifiant  de 
leur  conduite  sont  pour  l'évéque  un  sûr  garant  de  leur  dévoue- 
ment au  salut  des  âmes.  > 

L'évëque  Yenni,  doué  de  brillantes  qualités  et  orné  d'é- 
minentes  vertus,  a  pleinement  satisfait  au  programme  qu'il  s'é- 
tait tracé.  Malgré  les  temps  difficiles  et  des  circonstances  par- 
fois très  délicates,  il  administra,  avec  une  fermeté  à  laquelle  s 
liaient  une  prudence  et  une  douceur  naturelles,  son  diocèse  avec 
beaucoup  de  succès.  11  était  très  zélé  pour  l'instruction  et  l'é- 
ducation de  la  jeunesse,  pour  la  bonne  administration  des  pa- 
roisses et  montrait  une  grande  sollicitude  pour  les  bonnes  œu- 
vres. Il  travailla  beaucoup  à  la  propagation  du  culte  catholique, 
au  maintien  de  la  discipline  ecclésiastique,  à  la  conservation 
des  bonnes  mœurs  et  à  la  suppression  des  abus. 

Dès  le  commencement  de  son  épiscopat.  en  1816,  l'évëque 
annonça,  à  ta  date  du  6  mai,  une  visite  pastorale  par  la  circu- 
laire suivante  ')  : 

«  Petrus  Tobias  Yenni,  etc. 

Quoniam  ab  Episcopo  pro  animabus  ovium  sibi  commiss 
rum    suprême    pastori    reddenda    aliquando    erit    ratio,  ideo 
suas  quisque  diœceses  identidem  visitet  omnium  salnti  prospec- 
turus,  et  pontifices  et  concilia  statueront. 

Huic  prEccepto  Ecclesifc  satisfacturi,  innumeris  ut  ita  dica- 
mus  oculis  et  vocibus  nobis  opus  esse  perspicimus  ut  quœ  tidei 
immineant  pericula,  quœ  bonos  mores  labefactent  vilia,  videa- 
mus,  pravosque  emendare  ac  in  omnium  animis  religionis  amo- 
rem  atque  interaerat»  vitœ  studiura  accendere  valeamus,  Quod 
autem  oculis  nostris  et  voce  non  possumus,  id  vestris  coDâdi- 
mus  suppleodum. 


')  Lettre  pastorale,  I.  c,  p-  21. 

'J  Acla  ïiailatioQis,  vol.  19,  fol,  15-16. 


Itaque  a  vobtB  requirfmus,  dilectîsslmi  in  Christo  fratres, 
ut  ante  praestitutum  visitationis  tempus  parochiarum  veatiarum 
statum  nobis  8Cripto  traosmittatis,  et  oon  solum  ad  singula 
qusesita  part.  3  ConstitutioDUm  cap.  1  §  5,  pag.  44,  ged  etiam 
ad  ea  quce  sequuntur,  liumanis  rationibus  uihil  moti,  respoD- 
deatis. 

1.  Fitne  collecta  pro  defunctorum  aDimabDs  diebus  domi- 
nicis  ac  festis  sub  officio  matutino  ?  An  R.  Parocho  quovis  tri- 
ni€stri  traditur  ?  An  non  forsan  ad  alios  usus  detorquetur  ? 

2.  (Etsi  quaestio  hîEc  jam  innuatur  p.  44,  n"  6),  an  servan- 
tur  civiles  leges  quœ  cauponarum  politiam  diei  dominicœ  ac 
festorum  sanctilicationem  sp^ctanl  ?  An  dictis  diebus  patet  in 
officinas  ingressus  ?  An  parochiales  conventus  terapore  Vespera- 
rum  habentur?  An  forsau  in  ecclesïi^  post  matutiDum  aut 
pertinum  ofBcium  vel  aiio  terapore? 

3.  Pro  parorfaiis  quœ  cantonum  Bernenssis  et  Valdeosis  lî- 
mitibus  adjacent,  an  catholici  diebus  dominicis  et  festia  ad  aca- 
tbolicos  excurrarjt  ? 

Requirimus  insuper,  1"  ut  inventarium  bonorum  et  pro- 
ventuuin  fujusvis  beneficîi,  ecclesiœ,  capellee,  confraternitatiit,  etc. 
aut  nobis  id  aclu  visitationis  tradatiir.  aut,  quod  prfEOptainus, 
ad    episcopalem  curiam  ante   visitationis    tempus   Iransmittatur. 

2°  Ut  JD  specie  nobis  constet,  an  quis  beneticiatus  summas 
capitales  sui  beneficii  retineat. 

3°  Ut  vasorum  sacrorum,  ornamentoruni,  linteaminum  etc. 
cujusvis  ecciesiœ  ac  locl  pi!  nobis  in  actu  visitatîonia  exhibeatur 
inventarium. 

Admoduni  Reverendi  Domini  Decani  saceila  et  oratoria 
eliam  in  privatis  œdibua  erecta  sui  respective  districtus  visita- 
bunt  examinabuntque,  num  forte  domeslicorum  oratoriorum  pri- 
vilegiutn  quacumque  de  causa  cessaverit  ?  Num  ibi  veslis  talaris 
vel  saltem  auppiementum,  ut  aiunt,  prœsto  sit  ?  nosque  de  eo- 
rum  Btatu  opportune  tempore  docebunt, 

Moneant  Reverendi  Domini  parochi  decere  omnino  ut  pa- 
trini  et  matrinte  confîrmandi  et  confirmandEe  cum  modestis  ad- 
modum  vestibus  corapareant,  nec  absque  superiori  veste  (sans 
manche)  sese  exhibeant,  quod  etiam  de  lis  qui  ad  sacram  sina- 
inteliigeuduni  cssl-  nostro  noniine  déclarent. 


586     — 


Reverendos  DomÏDos  parochos  monemus  et  obsecramue 
ut  in  praodio  parando  vel  cœaa  frugaliiateni  ac  temperantiam 
servaii  curent  sutnptibusque  quantum  6eri  poterit,  parcant. 

Qu8E  hia  continentur,  eo  lubenlius  impleluros  vos  esse  con- 
Ëdimus,  quod  illit  ad  rei  christianse  decus  et  incremeotum  noo 
parum  confurri  vos  ipst  ceruitis  Hac  igitur  spe  detectati,  sola- 
tîo  futurain  nobia  diœcesis  vigilationeni  arbitramur,  vobïsque 
salutem  in  DomiDo  permanente r  apprecamur.  Datum  Fiiburgi 
die  6  Mail  1816.  » 

La  visite  elle-mânie  eut  Heu  depuis  le  mois  de  mai  1816 
jusqu'au  27  décembre  1817  ').  Nous  n'avons  que  des  recès  par- 
ticuliers de  cptle  visite  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt  ;  à  la 
place  des  recès  générau:!.  Mgr  Yenni  publia  après  la  visite  pas- 
torale uue  série  de  règlements  concernant  les  fiançailles  et  le 
mariage,  la  lecture  de  la  bible  en  langue  vulgaire,  la  tenue 
des  registres  des  paroisses,  la  lecture  des  mauvais  livres,  l'édu- 
cation de  la  jeunesse,  les  écoles  et  les  catéchismes,  la  discipline 
et  les  retraites  ecclésiastiques,  elc.  -). 

C'est  à  cette  époque  qu'eut  lieu  la  réorganisation  du  dio- 
cèse de  Lausanne  ;  par  un  bref  du  20  septembre  1819,  le  can- 
ton de  Genève  fut  incorporé  au  diocèse  de  Lausanne  et  forma 
avec  ce  dernier  le  diocèse  de  Lausanne  Genève. 

Notre  lâche  serait  donc  remplie  ;  nous  donnerons  cepen- 
dant eucore  un  rapide  coup  d'teil  sur  les  visites  pastorales  jus- 
qu'à la  fin  de  l'épiscopat  de  Mgr  Yenni  (1845)*). 

Les  deux  visites  pastorales  suivantes,  dont  la  dernière 
comprit  également  la  nouvelle  partie  du  diocèse  '),  eurent  lieu 
en  1823  et  1824  *). 


i 


')  Acta  primœ  viiiit.  t&ctx  a  D.  Yeniiî  mense  Maii  1816  (Acta  19, 
fol.  15-74). 

')  Maadata  et  litt.  pastorales,  1.  c,  q'  7. 

•)  A  consulter  sur  la  période  de  1819-1845  la  collectiou  des  man- 
(ten)eiit.-<  et  des  lettres  pastorales  (Arch.  de  l'Evëché)  et  la  notice  de  M. 
Fontaiia  indiquée  en  t^te  de  ce  chapitre. 

')  D'après  Sclimîdt-Gremaud,    Mémoires,    II,    p.  547,    Mgr  Yanny    i 
aurait  fait  quatre  fois  la  visite  pastorale  du  canton  de   Genève.    Voir 
circulaire  envoyée  en  1824  aux  archiprêti'ef  et  curés  du  canton  de  Genève 
(Mandata  et  litt.  past.,  I.  c,  n'  7). 

')  Acta  secundie  [et  tertiie]  visitalioniH  1823-1824  (Acta  viait.  toI., 
19,  fol.  78-223). 


—     587     — 

En  vue  de  cette  visite,  l'évêque  adressa  en  1823  à  son 
clergé  les  «  Quœsita  »  suivants  ')  :  «  Quinam  est  animaium  et 
commuDicaiitium  numerus  ?  Quinam  in  génère  parochianorum 
mores  V  Ad  existunt  iibri  fïdei  aut  moribus  nocivi  vel  supersti- 
tionem  redolentea  ?  Indicentur,  si  qui  sint.  Quomodo  se  gerunt  ' 
parochiani  circa  die!  dominicœ  et  festorum  sanct.itîcai.ionem  ?  An 
excurrunt  his  diebus  ad  vicina  protestantium  loca  ?  Quid  de  vi- 
giliiiâ  Docturnis  et  de  frequentatione  cauponarum,  maxime  diebus 
dominicis  et  festis  et  iuter  personas  diversi  sexus  ?  Quid  de  luxu, 
ludo,  aliisve  pravin  consueludiuibus  ?  Danturne  uxorati  inîmice 
(quod  est  notorium)  viventes,  aut  privata  auctoritate  separati  ? 
NB.  Si  qui  sunt  in  paroi;hia  peccatores  publici,  ut  usurarii,  ebri- 
osi,  aduiteri,  concubinarii,  de  hËeresi  vel  irreligiositate  sus- 
pect!, pruhibitorum  librorum  Jectorcs,  Ecclesiie  prœceptis  de  cod- 
fessione  et  communioue  paschali,  missa;  auditione  aliisve  inobe- 
dientes  etc.,  horum  nomina  soi!  Eplscopo  vel  oretenus  vel  scripto 
patefaciant.  An  pueri  diligenter  ad.  catechesira  et  scholam  mit- 
tuntur  ?  Quodnara  ludimagistri  vel  ludimagistrorum  nomen  et 
cognomen  ?  Ad  sunt  placito  nostro  donati  ?  Qusc  ipsorum  dili- 
gentia,  qui  mores  ?  An  prœsto  sunt  obstetrices  rite  instructœ  de 
modo  baptizandi  et  de  tenore  mandati  episcopalis  sub  die  26  Mail 
1798  enianati  ?  Quinam  est  ecclesiee,  capellarum,  altarium,  cœ- 
meterii,  vasorum  sacrorum,  paramenlorum  et  tinteamioum  status? 
Trium  posteriorum  inventorium  nobis  in  actu  visitationis  exhï- 
beatur.  An  sacristia  rébus  necessariis,  juxta  décréta  synodalia, 
cap.  2,  §  1,  N°  15  est  instructa?  An  et  quee  existant  confraterai- 
tates  V  An  parocho  traditur  quovis  trimestri  collecta  pro  defunc- 
tis  ?  Qui  sunt  eccIesJEe,  capellarum  et  confraternitatum  redditus? 
An  rationes  coram  parocho  quotannis  redduntur  ?  Illarum  du- 
plicatum  in  actu  visitationis  exhibeatur.  Quinam  est  beneficii  status 
et  summarius  ejus  redditus?  Quoi  agrorum  et  pratorum  jugera? 
An  et  cujus  approximativi  valoris  décimas  percipit  ?  Qu8e  onera, 
quEË  fundationes,  quot  missœ  fundatœ  ?  Estne  aliquld  deperdi- 
tum,  reductionem  exposcens.  dubium  ?  An  quispiam  ex  benefi- 
ciatis  capitalia  benficii  retinet,  et  cujus  valoris?  An  parochia 
sive  communitas  ?  Fueruntno  postremœ  visitationis  recessus  exe- 
cntioni  mandat!?    NB.  Si  quid  aliud  speciali  raentione   dignum 

'}  Aota  viailatioDis.  vol.  18,  Feuillets  à  pari, 


domiois  parocbis  aut  à\m  beneSciatis  visum  fuerit,  id  exponent. 
An  Bunt  Id  parocbia  acatholici  et  quot?  Ad  intégrée  familiœ  et 
quot  ?  an  iode  aliquod  fidei  dctrimentum  eisurgit  ?  An  suât  in 
parochia  matrimonia  mixta  et  quot?  an  cum  vel  sine  dispensa- 
tlone  contracta?  qnomodo  educantur  proies?  An  et  quot  ille- 
gitimi  ab  ultima  visitatione  ?  An  sunt  in  parochia  surdi  et  mati? 
au  mente  omnino  capti  ?  An  seoiifaLui  et  quot? 

De  nombreuses  réponses')  arrivèrent  à  l'évêché  renfermant) 
des  renseignements  très  précis  sur  l'état  des  différentes  paroisses. 
Ces  indications  fournissaient  la  base  du  mémoire^)  que  l'évêque  1 
adressa  au  clergé  avant  la  vii^ite  pastorale  de  1824,  et  dans  le-  | 
quel  il  expose  «les  principaux  objets")  qui  doivent  nous  occa- 
per  dans  notre  visite  :  nous  devons  nous  y  proposer  pour  bat  I 
de  faire  fleurir  dans  notre  diocèse  la  saine  doctrine,  la  foi  ortho-  | 
doxe  et  tes  bonnes  mœurs,  et  d'exhorter  nos  peuples  à  la  pra-< 
tique  des  devoirs  de  religion,  au  maintien  de  la  paix  et  i  lft| 
garde  fidèle  de  l'inuoncence  > 

Mgr.  Yenni  avait  commencé  à  visiter,  dès  le  7  juillet  18231 
une  partie  du  district  allemand  du  canton  de  Fribourg,  pourle^l 
quel  les  recès  particuliers  furent  publiés  à  partir  du  mois  de  1 
juin  1624;  la  plus  grande  partie  du  diocèse  cependant  ne  fat! 
visitée  qu'à  partir  du  mois  de  juillet   1824  *). 

Une  quatrième  visite  pastorale  du  diocèse  fut  entreprise  "1 
en  1S37  et  1838.  Mgr.  Yenni  écrivit  à  ce  sujet  à  son  clergé*): 
«  Pastoralem  dicecesis  nostrœ  visitationem.  prout  summorum  Pon- 
tificum  et  Conciliorum  ferunt  statuta.  favente  Duo,  mox  inituri, 
pturibua  cum  oculis  tum  vocibus  indigemus.    Cum  enim  nostrum  ( 
in  visitandis  parochiis  ministerium  eu  collimet,  ut  illssa  servetur  | 
fides,  pravi  mores  emendentur,  debilus   Deo   cultus  exbibeatur,  \ 
ac  in  omnium  animas  religioiiis  et  intemeratœ  vitœ  studium  ac* 
cendatur,   plura  nobis  sunt  diligenter  inquirenda.  Ac  primo  qni- 
dem  investigandum  tiobis  est,  au  et  quœ  fidei   immineant  peri- 


')  Feuillets  &  part  daaa  los  Acta  visitalionis,  vol.  19. 

']  Mandata  et  litt.  pastor, ,  I.  c,  n*  7. 

')  Mgr    Yenny  signale  surtout    la  profanation    du    dinsanche, 
fréquentation  des  cabareta,  l'abus  de  la  boisson  et  tes  veillées  nocturneBJ 

')  Voir  les  recèa  particulière  dans   Acta    Visitation is.    voi.  19,    tolM 
78-223. 

')  Lettre  du  10  juin  1837  (MandaU  et  lilt.,  I.  c.  n*  7). 


cula  ;  deia  quse  bonos  mores  atque  ecclesiasticam  discipHnam 
labefacteni  vitia  ;  quieiiam  denique  ad  divini  cultos  decentiam 
et  debitam  boDorum  ecclesiasticoram  administratioDem  vel  gêne- 
rai! statuenda  sint  dRcreto  vet  pro  locorum  dÎTersitate  singilla- 
tim  sint  prœscribenda. 

Ut  igitur,  quod  oculis  nostris  et  voce  non  possumua,  vestra 
suppleatur  cooperatione,  requirimus  a  vobis,  ut  ante  prsestitu- 
endum  visitationis  teœpus,  parochiarum  vestrarum  statuai  nobis 
scriptotenus  transtnittatis  et  ad  folii  adnexi  quœi-ita,  poRtpositis 
humanis  rationibus.  afcurate  et  qua  prieplacuerjt  lingua,  res- 
pondeatis. 

Doniini  decani  ecdesias,  quas  nobis  visitare  per  temporis 
angustias  non  licebit.  sacella  inauper  et  oratoria  etiam  in  pri- 
vatis  œdibus  erecta.  in  suo  quisque  decanatu  visitabunt  exami- 
nabuntque,  num  forte  domesticoruni  oratoriorum  privilegium 
quacunque  de  causa  cessaverit  ;  num  ibi  vestis  talaris  vel  salteiii 
supplementuni,  ut  aiunt.  praesto  sit,  nosque  de  eorum  statu  op- 
portuno  tempore  edocebunt. 

Moneant  Domini  parocbi,  decere  omnino.  ut  patrini  et  ma- 
trinœ  confirmandi  et  confirmandte  cum  modeato  vestitu  nec 
absque  ijuperiori  veste  compareant,  quod  etiam  de  lis,  qui  quo- 
cunque  teœpore  ad  sacram  synaxim  accedunt,  intellectum  volu- 
mus. 

Ex  illa  quœ  nobis  in  actu  Confirmationis  exbibebitur  sche- 
dula,  conjiciemus  assecutos  esse  aeplennium  confirtnandos,  et 
insuper  per  praeviam  confessioneiii  et  debitam  instructionem 
esse  rite  dispositos. 

Gratum  nobis  erit  si  fidèles,  qui  ratione  visitationis  vici- 
niorem  ecclesiam  adibunt,  processiojialiter  ibidem  se  conférant. 
Gratum  etiam  erit  fidèles  angelico  pane  relicere. 

Dominos  parocbns  monemus  et  obsecramus,  ut  in  parandu 
prandio  vel  cœna  frugalitaiem  ac  temperantiam  servari  curent, 
yumptibu^que,  quantum  lieri  potest,  parcant.  C;i'tera  etiam  ser- 
vabunt.  qujE  synodaJia  statuta  de  episcopaii  visitatione  prœscri- 
bunt,  efficienlque  ut  de  illa  fidèles  recte  sentiant  ac  exinde  op- 
tatos  salutis  fructus  capiant. 

Qux  autem  bis  contioentur  eo  libentius  impleturos  vos 
esse  confidimus,  quod  illa  ad  religionis  decus  et  incremeatum 
1  parum  conferre    vos  ipsi  ceruitis.   Hac  igitur  epe  recreatî, 

37* 


690     — 


salatio  Dobis  futuram  qunrlani  hanc,  et  verisimilius  ultimam. 
diœcesis  luatrationem  arbilrainur.   Fribuigi.  die  10  juliî   1837. 

Cette  visite,  |jarait-il.  ne  s'étendit  qu'à  une  petite  partir 
du  diocèse;  le  protocole')  ne  mentionne  que  la  visite  de  La- 
Roche  et  d'Estavannens  et  ne  contient  les  recës  particuliers, 
datés  du  4  et  18  juillet  1838.  que  pour  ces  deux  paroisses. 
Une  visite  pastorale  fut  encore  annoncée  ')  par  Mgr  Yennl  le 
3  juillet  1844-,  nous  ne  savoQs  pas  si  elle  a  en  lieu,  en  tout 
cas,  nous  n'en  avuns  pas  les  actes.  Mgr  Tenni  mourut  le  8  dé- 
cembre 1845,  après  an  épiscopat  de  30  années  «  brillant  de  la 
double  auréolu  de  la  science  et  des  vertus  apostoliques.  Lt- 
diocèse  perd  en  lui  un  pasteur  selon  te  cœur  de  Dieu,  la  Suiasc 
iin  pontife  vénéré,  vers  lequel  étaient  tournés  tous  tes  regards. 
l'épiscopat  un  de  Kes  plus  beaux  ornements,  l'Eglise  un  de  ses 
prélats  les  plus  distingués  "),  » 

Nous  nous  arrêtons  ici,  étant  arrivé  à  l'époque  contempo- 
raine de  l'histoire  du  diocèse. 


')  Aota  quartiE  visitatiooiï  <^Acta,  vol.  19.  fol,  285-27). 
')  La  circulaire  est  la  mCme  qiie  pour  la  visite  de  1837  (.Maodata 
et  litt-,  1.  c,  n'  7). 

■)  Ponlaaa,  Notice  biographique  sur  Mgr  Pierre-Tohîe  Yenny,  ISfô. 


Introduction 

Chapitre  premier  :    L'ordo    vitiitandj    et  les  dispositionfl  géoéralea 

relatives  à  la  visite  pastorale  dans   le  diocèse  de   Lausanne 

depuis  la  Qti  du  16"  siècle 

Chapitre  deuxième  :  Los  visites  pastorales  de  Jean  Doros  (1I{00-L(107} 
CHArnuE  TROISIÈME  \    Lcs   visites    pastorales   de   l'ëvâque  Jeau  de 

Watteville  (160î-lfi49; 

Chapitre  quatrième  :  Les  visites  pastijirales  de  l'évëque  Josse  Knab 

(1653-1658}  

Chapitre  cinquième  :  Les  visites  pastorales  de  Jean-Baptiste  Stram- 

bin  (1663-16ftl) 

Chapitre  siiciéme  :    Les   viaitea    pastorales   de   l'évfiqne    Pierre  de 

Montenach  (1R88-170Î) 

Chapitre  septième  :    Les    visites    pastorales    de    l'évSque   Jacques 

Duding  tl70"/-1716) 

Chapitre  huitième  :  Les  visites  pastorales  de  l'évèque  Claude- 
Antoine  Duding  (1716-1745) 

Chapitre  neuvième:  Les  visites  pastorales  de  l 'évoque  Jean -Hubert 

de  Boccard  (174ti-1758) 

Chapitre  dixième:    Les   visites   pastorales  de  l'ëvâque  Jos.-Nio-  de 

Montenach  (17W-1783) 

Chapitre  onzième  :    Les    visites    pastorales   de    l'éveque  Bernard- 

Emmanuel  de  Lenzbourg  (1783-17iG) 

Chapitre  douxième:  Les  visites  pastorales  de  l'éveque  JeaD-BaptUte 

d'Odet  (1795-1803) 

Chapitre  treizième  :    Les   visites    pastorales   de  l'âvAque  Maxime 

Guiaolan  (1603-1814) 

Chapitre  quatorzième:    Les  visites  pastorales  de  l'éveque  Pierre- 

Tobie  Yenni  (1815-1845) 


1 


Stanford  University  Librarîes 
Stanf(»d,  Calif  omia