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-TN
ARCHIVES
DE LA
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE
DU
CANTON DE FRIBOURG
TOME VII
FRIBOURG
IMPRIMERIE FKAONI^.RE FRERES
1903
•• •••..••*«'•.♦■. ^
1Q03
TABLE DES MATIÈRES
'Statats de la société d'histoire du canton de Fribourg 1
Liste des membras de la société 5
Liste des sociétés d'histoire avec lesquelles la nôtre échange ses publi-
cations 12
Rapport annuel du président présenté à l'assemblée générale du 26
janvier 1899 15
Rapport annuel du président présenté à l'assemblée générale du 25
janvier 1900 19
Les médecins juifs à Fribourg, dans les siècles passés, par le D' Ânt.
Favre 25
La contribution du 19 germinal an VI (8 avril 1798) publiée par
Max de Diesbach 37
Les armes à feu dans le passé, à Fribourg en Suisse, par Charles
Stajessi 97
Population du canton de Fribourg en 1811 et son développement
pendant le 19" siècle, par le D' F. Buom berger 145
Etudes de toponymie romande. Pays fribourgeois et districts vaudois
d'Âvenches et de Payerne, par Jean Stadelmann 247
Les visites pastorales dans le diocèse de Lausanne depuis la fin du
16*' siècle jusque vers le milieu du 19"' siècle, par le D'
Ch arles Holder 405
^^tf^'^'^^r^
STATUTS
DE LA
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE
DU CANTON DE FRIBOURG
-KM-
Abt. !•'.
La Société, fondée en 1840 sous la dénominatiOD de Société
d'histoire du canton de Fribourg, a pour but de grouper les amis
de l'histoire habitant le canton.
Elle s'occupe plus spécialement de ce qui intéressse l'histoire
du canton de Fribourg.
Elle cherche, par tous les moyens en son pouvoir, à sauver
de la destruction et de l'oubli les monuments historiques et les
trouvailles archéologiques faites dans le canton.
Elle publie :
a) Ses Archives contenant des mémoires et documents ;
b) Le Recueil diplomatique ;
c) Eventuellement d'autres ouvrages historiques.
Abt. 2.
La Société entretient des relations avec les autres Sociétés
historiques de la Suisse et des pays voisins, et spécialement avec
la Société allemande de Fribourg ; elle fait avec elles un échange
de renseignements et de matériaux.
Abt. 3.
La Société a son siège à Fribourg. Sa durée est illimitée.
Abt. 4.
La Société se compose de membres actifs et de membres
honoraires.
.u
..s. Tous les
:cc-président et
né raie. Les autres
il:?.
Société. II pourvoit à la
.»aux qui devront y figurer
adjoindre des membres pour
xQy de sa gestion à l'assemblée
:iT. 12.
crçoit les cotisations et se charge de
sostion de la caisse. Il soumet chaque
..lité et les présente à l'assemblée générale.
Art. 13.
. r ressources :
ibution d'entrée de 2 francs ;
ribution annuelle de 3 francs payée par tous les
s actifs ;
absides de l'Etat et les dons éventuels.
Art. 14.
iotaires ne sont tenus à aucune responsabilité person-
uux engagements de la Société, lesquels sont unique-
tntis par les biens de celle-ci.
Art. 15.
es ouvrages historiques, propriété de la Société, seront remis
ibliothèque cantonale de Fribourg.
Art. 16.
Toute proposition tendant à la revision totale ou partielle des
latuts, soit à la dissolution de la Société, devra être soumise à
l'examen du comité et mentionnée spécialement à l'ordre du jour
de la séance, lors de la convocation des membres.
— 2 —
Abt. 5.
Pour devenir membre actif, il faut être présenté par un
sociétaire, se faire inscrire auprès du comité et payer la finance
d'entrée. Les réceptions se font par l'assemblée des sociétaires. Si
la demande en est faite, la votation peut avoir lieu au bulletin
secret.
Abt. 6.
La qualité de membre de la Société se perd par la démission
qui peut être donnée en tout temps et doit être adressée par écrit
au président, par le refus de l'abonnement, par décès ou par
l'exclusion prononcée par le comité, sous réserve de recours à l'as-
semblée générale.
Abt. 7.
La Société peut conférer, sur la présentation du comité, le
titre de membre honoraire à des historiens suisses ou étrangers
qui sont connus par des travaux importants ou services rendus.
Abt. 8.
La Société se réunit, dans la règle, une fois par mois en hiver
et une fois en été. L'assemblée générale a lieu, chaque année, dans
le courant du mois de janvier.
Abt. 9.
Les convocations sont faites par cartes envoyées à chaque
sociétaire.
Toutes les décisions et votations sont valablement prises à la
majorité des membres présents à la séance.
Abt. 10.
La Société est dirigée et administrée par un comité de trois
membres nommés au scrutin secret par les membres actifs, dans
l'assemblée générale.
Le comité est autorisé à faire tous les actes qui se rapportent
au but de la Société ; il donne son préavis sur les propositions qui
sont faites à la Société.
La Société est valablement engagée vis-vis des tiers par la
signature collective du président et par celle du secrétaire. Le
vice-président signe en cas d'empêchement du président.
— 4 —
Abt. 17.
En cas de dissolution, Tactif de la Société devra être affecté,
par l'assemblée générale, à un but d'utilité publique.
Abt. 18.
La Société est inscrite au registre du commerce.
Art. 19.
Tous les règlements antérieurs aux présents statuts sont
abrogés.
Ainsi fait et adopté par la Société d'histoire du canton de
Fribourg dans son assemblée générale du 13 janvier 1898.
Le Président^
Max de DIESBACH.
Le Secrétaire-Caissier y
François DUCREST.
-><•>*■
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ D^HISTOIRE
DU CANTON DE FRIB0UR6
MAI 1900
Comité
J^ésident : M. Max de Diesbach, à Villars-les- Joncs.
Vice-président : M. Joseph Schneuwly, archiviste d'Etat.
Secrétaire-caissier : M. François Ducrest, professeur au collège.
Membres honoraires
MM. Date d'entrée dans la Société
Bovet, Alfred; à Valcntigney (Doubs) 10 novembre 1892
D' de Fellenberg, Edmond, Berne 10 mai 1900
D' Kaiser, J., archiviste de la Confédération,
Berne 10 mai 1900
de Montet, Albert, secrétaire de la Société d'his-
toire de la Suisse romande, Chardonne
(Vaud) 17 juillet 1884
D' de Mulinen, W.-Frédéric, professeur à l'U-
niversité, Berne 10 mai 1900
Pingaud, Léonce, professeur à la faculté des
lettres, Besançon 12 juillet 1888
Python, Georges, conseiller d'Etat, directeur
de l'instruction publique, Fribourg 10 mai 1900
Stammler (Mgr), Jacques, rév. curé catholique
romain, Berne 10 mai 1900
D* Tftrler, Henri, archiviste de l'Etat de Berne 10 mai 1900
— 6 —
Membres actifs
MM. Date d'entrée dans la Société
1 D» Alex, Pierre, rév. curé, Bulle 20 décembre 1889
2 d'AmmaDi Alfred, inspecteur, Fribourg 23 janvier 1868
3 Auderset, Albert, rédacteur, Fribourg 28 octobre 1897
4 Ayer, François, contrôleur des hypothè-
ques, Romont 30 juin 1887
5 Barras, Auguste, député, Bulle 6 juillet 1899
6 Barras, Paul, inspecteur forestier, Bulle 5 juillet 1894
7 Berset, Maurice, avocat, Bulle 5 juillet 1894
8 Berthier, Joachim (le R. P.), professeur
à l'Université, Fribourg 18 décembre 1890
9 Berthoud, Alfred, artiste-peintre, Meyriez 7 juillet 1898
10 BioUey, Charles, député, Môtier 7 juillet 1898
11 Birbaum, Joseph, juge cantonal, Fribourg 18 février 1876
12 Bise, Emile, président du tribunal de la
Sarine, Fribourg 25 novembre 1880
13 Bise, Elie, rév. curé, Vuisternens-en-Ogoz 10 mai 1894
14 Blanc, Edouard, notaire, Fribourg 15 mars 1900
15 Bouchardy, Louis, rév. curé, Villars-le-
Terroir (Vaud) 10 février 1898
16 Bourqui, Alexis, officier de Tétat-civil,
Fribourg 17 juin 1858
17 Bovet, Alexandre, contrôleur des hypo-
thèques, Gruyères
18 Broillet, Frédéric, architecte, Fribourg
19 Brulhart, Fridolin, rév. curé, Font
20 D' Biichi, Albert, profes. à l'Université,
Fribourg
21 Buchs, Henri, employé à la fabrique, Mon-
tilier
22 de Buman, Louis, receveur J.-S, Fribourg 21 février
23 Buomberger, Ferdinand, professeur statis-
ticien, Fribourg
24 Castella, François, rév. curé, Romont
25 Chatton, Isidore, notaire, Romont
26 Clément, Philippe, syndic, Romont
27 Comte, Louis, Romont
6 juillet
1899
9 juillet
1896
1 1 janvier
1894
20 décembre 1889
7 juillet
1898
21 février
1889
28 octobre
1897
30 juin
1887
30 juin
1887
30 juin
1887
2 juUlet
1891
— 7 —
MM. Date
28 CoDUS, Jules, rév. chanoine, Fribourg
29 Currat, Léonard, très rév. chancelier de
révêché, Fribourg
30 Déforel, Fortuné, rév. curé, Avry-d.-Pont
31 Demierre, Eugène, Romont
32 Demierre, Paul, Romont
33 Dérungs, Antoine, professeur au collège,
Fribourg
34 Deschenaux, Georges, rév. curé, La-Joux
35 Desonnaz, Albert, rédacteur, Fribourg
36 Dessibourg, Jules, directeur, Hauterive
37 Dévaud, Jean, directeur, la Fille-Dieu
38 Dévaud, Joseph, rév. curé, Aumont
39 de Diesbach, Max, président de la Société,
Villars-les-Joncs
40 D' Dinichert, Robert, médecin, Morat
41 Donzallaz, Auguste, agent de la Banque
d'Etat, Romont
42 Dubois, Frédéric, secrétaire au bureau des
monuments historiques, Lausanne
43 Ducrest, François, professeur au collège,
Fribourg
44 Dupasquier, Alfred, surveillant au collège,
Fribourg
45 Dupraz, Emmanuel, rév. curé, Echallens
(Vaud)
46 Dupraz, Emmanuel, avocat, Romont
47 Dupraz, François, négociant, Rue
48 Dupraz, Paul, négociant, Rue
49 Egger^ Charles, avocat, Fribourg
50 Eggis, Adolphe, banquier, Fribourg
51 Ellgass, Bonaventure, Estavayer
52 Emery, Jules, vérificateur des comptes,
Fribourg
53 Epars, Louis, pasteur, Meyriez
54 D' Favre, Antonin, médecin, Fribourg
55 Favre, Emile, buraliste postal, Romont
56 Favre, Julien, aumônier-profes., Hauterive
d'entrée dans la Société
10 juin 1897
15 novembre 1888
6 juillet 1899
30 juin 1887
30 juin 1887
7 juillet 1898
15 mars 1900
14 décembre 1899
30 janvier 1896
30 juin 1887
6 juillet 1899
28 janvier 1875
7 juillet 1898
30 juin
1887
2 décembre 1897
11 janvier 1894
10 mai
1900
14 décembre 1899
4 juillet 1895
14 novembre 1895
14 novembre 1895
14 janvier 1897
28 octobre 1897
14 juillet 1889
9 juillet 1896
14 décembre 1899
13 décembre 1894
2 juillet 1891
16 mars 1899
— 8 —
MM. Date d'entrée dans la Société
57 Ferber, Ernest, au château de Rue 14 novembre 1895
58 Fleury (le R. P. Bernard), religieux Cor-
delier, Fribourg 25 octobre 1894
59 Forney, Léon, géomètre, Romont 2 juillet 1891
60 Fragnière, Etienne, rédacteur, Fribourg 2 février 1873
61 D' Fragnière, Joseph, directeur au Sémi-
naire, Fribourg 19 novembre 1891
62 Gapany, Alfred, rév. curé, Montet (Broyé) 9 juillet 1896
63 Genoud, Joseph, professeur au collège,
Fribourg 26 mai 1898
64 de Girard, Eugène, professeur à l'Univer-
sité, Genève 2 juillet 1891
65 Gottofrey, Vincent, conseiller national,
Fribourg 20 janvier 1887
66 de Gottrau, Ernest, notaire, Fribourg 22 janvier 1880
67 de Gottrau, Joseph, ingénieur, Bulle 5 juillet 1894
68 D'Gobet, Louis, préfet du collège, Fribourg 10 février 1898
69 Grand, Louis, conseiller national, Romont 30 juin 1887
70 Gremaud, Albert, rév. curé, Remaufens 26 mars 1896
71 Gremaud, Amédée, ingénieur, Fribourg 17 mai 1877
72 Gumy (le R. P. Justin), religieux Capucin,
Fribourg 15 mars 1900
73 Gutknecht, Jean, instituteur, Morat 15 novembre 1888
74 D' Hauptmann, Félix, professeur agrégé
à rUniversité, Fribourg 13 février 1895
75 D' Holder, Charles, bibliothécaire et pro-
fesseur à rUniversité, Fribourg 23 novembre 1893
76 D' Hess, Jean- Jacques, professeur à rUni-
versité, Fribourg 14 janvier 1892
77 Horner, Raphaël, professeur à l'Univer-
sité, Fribourg 13 juillet 1871
78 Jœger, Philippe, ancien profes., Fribourg 24 novembre 1859
79 D' Kirsch, Jean-Pierre (Mgr), professeur
à l'Université, Fribourg 15 décembre 1892
80 Labastrou, Hubert, libraire, Fribourg 22 avril 1880
81 de Lenzbourg, Charles, Fribourg 15 décembre 1887
82 L'Eplattenier, Philippe, institut, Meyriez 7 juillet 1898
83 Magnin, Alphonse, avocat, Bulle 6 juillet 1899
~ 9 —
MM. Date
84 de Maillardoz, Albert, Fribourg
85 Mandonnet (le R. P.), professeur à TUni-
versîté, Fribourg
86 Mettraux, Philémon, vétérinaire, Bulle
87 Michaud, Adrien, receveur d'Etat, Morat
88 de Montenach, Georges, Fribourg
89 Morel, Camille, chancelier de l'Université,
90 MouUet, Amédée, rév. curé, Vuadens
91 Millier, Samuel, conseil, communal, Morat
92 Nicolet, Pierre, rév. curé, Mézières
93 Nicolet, Pierre, prép. aux poursuites, Morat
94 Oberson, François, inspecteur scol., Bulle
95 Page^ Philippe, rév. chapelain, Cottens
96 Pasquier, Joseph, préposé aux poursuites,
97 Péquignot, Emile, rév. curé, Barberêche
98 Pernet, César^ Romont
99 Perriard, Ambroise, rév. chanoine, Frib.
100 Perrottet, Alexandre, rév. curé, Riaz
101 Perroud, Jules, secrétaire de préfecture
Romont
102 Perroud, Théophile, syndic, Rue
103 Porcelet, Louis, pharmacien, Estavayer
104 Porchel, François, rév. chapelain, Villars-
les-Joncs
105 Poudret, Fernand, propriétaire au Lœ-
wenberg, près Morat
106 Progin, Maurice, rédacteur. Bulle
107 Quartenoud, Jean, rév. chanoine, Fribourg
108 de Rœmy, Charles, rév. curé, Bourguillon
109 de Rœmy, Tobie^ sous-archiviste d'Etat,
Fribourg
110 Reichlen, Alfred, député. Bulle
111 Reichlen, Charles, aumônier, Marsens
112 Reichlen, François, employé à la Banque
d'Etat, Fribourg
113 Reichlen, Joseph, artiste-peintre, Fribourg
114 D' Reinhardt, Henri, professeur à l'Uni-
versité, Fribourg
d'entrée dans la Société
9 mars 1893
10 février 1898
2 juillet 1891
7 juillet 1898
15 décembre 1887
28 octobre 1897
6 juillet 1899
17 novembre 1898
28 juin 1860
7 juillet 1898
1899
1899
1894
1884
1891
1878
1899
6 juillet
4 mai
5 juillet
24 avril
2 juillet
31 janvier
6 juillet
2 juillet 1891
14 novembre 1895
4 juillet 1889
20 janvier 1887
25 janvier 1900
5 juillet 1894
15 novembre 1888
29 octobre 1874
14 janvier 1892
10 mai 1900
6 juillet 1899
17 juin 1880
21 juillet 1870
14 novembre 1889
— 10 —
MM. Date d'entrée dans la Société
115 Remy, Léon, Bulle 7 mars 1864
116 Repond, Pierre, rév. chanoine, Romont 30 juin 1887
117 Rœssler, Hermann, rév. curé, Morat 7 juillet 1898
118 Ruédin, Charles, abbé, Marsens 16 novembre 1882
119 de Saint-Gilles, Hervé, Givisiez 25 octobre 1894
120 de Schaller, Romain, architecte, Fribourg 15 décembre 1887
121 Schneuwly, Joseph, archiviste d'Etat, Frib. 24 novembre 1859
122 D' Schnûrer, Gustave, professeur à l'Uni-
versité, Fribourg 6 février 1890
123 Schorderet, Auguste, étudiant, Fribourg 10 mai 1900
124 Schorderet, Xavier, notaire, Fribourg 9 juillet 1896
125 Schwartz, Raymond, préfet du Lac, Morat 6 juillet 1899
126 D' Speiser, Frédéric, professeur à l'Uni-
versité, Fribourg 5 juillet 1894
127 Stajessi, Charles, inspecteur des arsenaux,
Fribourg
128 Stajessi, Emile, notaire, Romont
129 Stajessi, Ernest, libraire, Romont
130 Sterroz, Joseph, ancien professeur, La
Tour-de-Trême
131 Taillandier, Léon, rév, curé, Grolley
132 de Techtermann, Arthur, colonel, Fribourg
133 de Techtermann, Louis, ingénieur agricole,
Fribourg 10 mai 1900
134 de Techtermann, Max, conservateur du
Musée, Fribourg 18 mai 1876
135 Théraulaz, Emmanuel, rév. coadjuteur,
Fribourg
136 Thierrin, Dominique (Mgr), rév. curé,
Promasens
137 D' Vermot, Georges, supérieur du Sémi-
naire, Fribourg
138 D' Wattelet, Hans, avocat, Morat
139 de Week, Albéric, banquier, Fribourg
140 de Week, Albert, abbé, à la Fille-Dieu
141 de Week, Joseph, inspecteur forestier,
Fribourg
142 de Week, Louis, président du tribunal de
la Singine, Fribourg
27 avril
1882
30 juin
1887
30 juin
1887
2 février
1855
16 juillet
1885
7 juin
1866
7 juillet
1898
6 mai
1875
7 juillet
29 octobre
30 janvier
30 juin
1898
1874
1896
1887
30 juin
1887
25 octobre
1894
— 11 —
MM. Date d'entrée dans la Société
143 WegmûIIer, Walther, pharmacien, Morat 7 juillet 1898
144 D"" Weissenbach, Louis, médecin, Fribourg 30 juin 1887
145 Weitzel, Alfred, secrétaire, Fribourg 15 novembre 1883
146 Wicht, Joseph, rév. chapelain, Posât 25 novembre 1869
147 Willenegger, Fritz, notaire, Morat 7 juillet 1898
148 Wuilleret, François, rév. curé, Ependes 17 novembre 1898
149 D' Zemp, Joseph, professeur à l'Univer-
sité, Fribourg 6 juillet 1899
150 de Zurich, Ernest, colonel, PéroUes 24 mars 1887
Membres externes
1 jSlbischer, Philippe, professeur, à Reims 16 juillet 1874
2 Blanchet, Adolphe, abbé, en Franche-
Comté 21 novembre 1872
3 de Castella, Hubert, à Munich 15 décembre 1887
4 Collomb (le R. P. Joachim-Marie), religieux
Dominicain, à Paris 2 juillet 1891
5 Cuony, Albert, secrétaire des chemins de
fer J.-S., à Lausanne 1 mai 1851
6 Folly, Max, à San-Remo 7 juillet 1898
7 Gremaud (le R. P. Berthold), religieux
Capucin, à Saint-Maurice (Valais) 16 mai 1895
8 Hyrvoix, Albert, à Paris 20 janvier 1887
9 Rossier, Charles, chef de gare, à Renens
(Vaud) 30 juin 1887
10 Singy, Ernest, étudiant, Rome 6 juillet 1899
11 D' Weymann, Charles, professeur, Munich 20 décembre 1889
Liste des Sociétés dUoire
avec lesquelles la nôtre échange ses publications
I. Sociétés suisses
1 Société allemande d'histoire du canton de Fribourg.
2 Société générale suisse d'histoire. Adresse : Bibliothèque de la
ville de Berne.
3 Société d'histoire et d'archéologie de Genève. Adresse : 1, rue
de l'Evêché, Genève.
4 Société d'histoire des cinq cantons : Lucerne, Uri, Schwytz,
Unterwalden et Zoug. Président : D"" J.-L. Brandstetter, à
Lucerne.
5 Société d'histoire de la Suisse romande. Président: B. van
Muyden, Lausanne.
6 Société d'histoire du canton de Berne. Adresse ; Oberlehrer
Sterchi, bibliothécaire et caissier, à Berne.
7 Société d'histoire du canton de Bâle. Président : Chr. Bernouilli,
bibliothécaire, à Bâle.
8 Société d'histoire du canton de Schaffhouse. Président : Pasteur
Bâchtold, à Schaffhouse.
9 Société d'histoire du canton de Glaris. Président : D' Dinner, à
Glaris.
10 Société d'histoire du canton de Thurgovie. Président : D"" Jean
Meyer, à Frauenfeld.
11 Société d'histoire du canton d'Argovie. Pi'ésident: Professeur
Hunziker, à Aarau.
12 Société d'histoire du canton de St-Gall. Président : D' Bermann
Wartmann, à St-Gall.
13 Société d'histoire du canton de Soleure.
14 Société d'histoire du canton de Schwytz. Président : J.-B. Kâlin,
directeur à la chancellerie, à Schwytz.
15 Société des antiquaires de Zurich. Adresse : Bibliothèque de la
ville de Zurich.
— 13 —
16 Musée national, Zurich.
IT.BolIetino storico délia Svizzera Italiana. Rédacteur: Emilie
Motta, bibliothécaire de la Trivulziana, à Milan.
18 Société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel
19 Société jurassienne d'Emulation. Président: Baliman, avocat,
Porrentruy,
20 Institut national genevois.
21 Société helvétique de Saint-Maurice, Valais.
22 Bibliothèque fédérale, Berne.
23 Archives fédérales, Berne.
24 Biirger-Bibliothek. Eidgen. Sammelstelle fiir Helvetica, Lu-
cerne.
II. Sociétés étrangères
1 Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon.
2 Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, Cham-
béry.
3 Smithsonian Institution Washington.
4 Musée national germanique à Nuremberg.
5 Société d'histoire de la ville de Nuremberg.
6 Société géographique de Vienne.
7 Ferdinandeum d'Innsbruck.
8 Députation royale d'histoire, Turin.
9 Société belfortaine d'Emulation, Belfort.
10 Vogesen-club, Strasbourg.
11 Badische historische Commission, Karlsruhe.
12 Historisch-philosophischer Verein, Heidelberg.
13 Académie royale des lettres, histoire et antiquités, à Stockholm.
14 Bulletin d'histoire ecclésiastique des diocèses de Valence, etc.,
à Romans.
15 Société d'histoire, d'archéologie et de littérature de l'arrondis-
sement de Beaune (Côte-d'Or).
16 Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, Chambéry.
17 Société des Bollandistes, Bruxelles.
18 Kônigliche offentliche Bibliothek, Stuttgart.
-X>KX-
Rapport annuel du Président
présenté à l'assemblée générale du 26 janvier 1899
Messieurs,
En conformité de Tart. 11 des nouveaux statuts, j'ai rhonneur
de vous adresser, pour la première fois, mon rapport général sur
la marche de la société.
Douce consolation si le travail a été intense, puissant stimulant
si l'activité a laissé à désirer, Tusage d'établir un bilan à la fin de
Tannée est d'une grande utilité, c'est un préservatif contre l'en-
gourdissement si fatal à toute société.
Examinons d'abord notre effectif. II se compose de 137 mem-
bres actifs, de 7 sociétaires domiciliés hors du pays et ne payant
pas de cotisation, et de 3 membres honoraires. Nous avons perdu
12 membres, dont 4 par suite de décès et 8 par démission ou départ ;
d'un autre côté, nous avons fait 21 recrues; l'augmentation est
donc de 9 sociétaires. Le nombre assez considérable de démissions
est un fait exceptionnel, provenant du départ de quelques profes-
seurs de l'Université.
La mort nous a enlevé Mgr Favre, MM. Paul ^by, Gustave
Comte et Victor Forney.
Mgr Favre, prévôt de la collégiale de Saint-Nicolas, s'est rendu
utile à l'instruction publique en remplissant avec zèle et dévoue-
ment, pendant plusieurs années, les fonctions de directeur des
écoles de la ville de Fribourg ; puis il siégea dans la commission
cantonale des études, jusqu'au moment où l'affaiblissement de sa
santé le força à prendre sa retraite.
Magistrat et banquier, M. Paul ^by n'était pas de la trempe
de ces hommes d'Etat chez lesquels la politique a tué le sens des
arts et des sciences ; il s'intéressait à nos travaux et il était un
lecteur assidu de nos Archives.
M. Victor Forney, de Bomont, homme aimable et cultivé,
assistait parfois à nos séances.
— 16 —
M. Gustave Comte n'avait assurément rien de banal ; sa phy-
sionomie, sa conversation, sa manière de parler, faisaient de suite
remarquer en lui l*homme d*esprit. le caractère indépendant, porté
vers les œuvres de Tintelligence. Voici dans quelles circonstances
il rendit à la société un service signalé : Pendant bien des années,
notre effectif était restreint, le nombre des membres n'arrivait pas
à la cinquantaine; les réunions d'été, en dehors de la ville de
Fribourg, étaient inconnues. En 1885, on décida de s'assembler à
Bonn, dans le courant de la belle saison; cet essai ayant assez bien
réussi, il fut continué en 1887, et Bomont fut choisi comme but de
la course. En vue de l'organisation de la séance, je m'adressai à
M. Comte, notre seul membre romontois; celui-ci fit bien les choses;
il recruta, entre autres, 30 candidats. Cette assemblée nous ouvrit
une nouvelle voie; le nombre des sociétaires, considérablement
augmenté, n'a cessé de progresser et les réunions d'été sont deve-
nues une institution très appréciée de tous.
En 1898, les assemblées et réunions ont eu lieu régulièrement.
Le 13 janvier, vous avez étudié et adopté les nouveaux statuts qui
ont permis d'inscrire la société au registre du commerce. Ensuite
vous avez complété votre comité en appelant M. l'archiviste
Schneuwly à la vice-présidence et M. le professeur Ducrest au
secrétariat. Puis la société s'est réunie le 10 février, le 24 mars et
le 26 mai. Le 7 juillet, course à Morat, séance à l'hôtel-de-ville
banquet, puis visite du musée et des fortifications. Un temps splen-
dide, une assistance nombreuse, la présence de nos amis de Berne,
la réception cordiale de la part des autorités et des collègues
moratois ont contribué à l'agrément de cette journée. Enfin, le 17
novembre et le 22 décembre, nous avons repris la série des réu-
nions d'hiver.
Ces sept séances ont été assez bien remplies par des commu-
nications et des discussions se rapportant à l'histoire du canton.
Une subvention de 20 francs a été accordée au comité des
conférences publiques et un subside de 100 francs au groupe chargé
de représenter le canton de Fribourg lors de la fête du centenaire
de la bataille de Neuenegg. J'ai eu Thonneur d'assister, au nom de
la société, à cette touchante commémoraison.
Il n'est, en général, pas dans nos principes d'éparpiller nos
modestes ressources par l'allocation de subventions si souvent
réclamées ; mais ici une participation s'imposait ; il s'agissait de
n
^
^
î^ler le souvenir des valeureux Fribourgeois qui sauvèrent
l'honneur du drapeau à un moment oii tant de lâchetë et de tra-
hison compromettait le renom de l'antique probité suisse.
La Direction des travaux publics nous a consultés dans la
question relative à la conservation d'une partie des remparts me-
nacés par les agraudissementa de la ville. Espérons que les eSorts
tentés, de concert avec la société allemande d'histoire et la société
dea Amis des Beaux-Arts, sauveront de la destruction ces intéres-
sants vestiges des fortifications du vi«ux Fribourg,
De notre côté, nous avons fait des démarches auprès de
l'Evéché et du Conseil d'Etat en vue d'empêcher ou d'entraver la
vente à l'étranger d'antiquités appartenant aux paroisses, aux
communes et aux corporations. Nous avons pris l'initiative de
recommander au Conseil d'Etat l'acquisition de la bibliothèque du
clergé de Gruyères et la constitution, au musée cantonal, d'une
collection de costumes fribourgeois.
Je remercie les membres du comité, M. Schneuwly, vice-pré-
eident, et M. Ducrest, secrétaire, pour l'appui qu'ils m'ont prêté
en toute occasion ; une marque spéciale de reconnaissance revient
su secrétaire pour la rédaction si attrayante du compte-vendu des
séances.
Nous avions l'intention de faire paraître, dans le courant de
1898, la 3'"* livraison du VI"" volume des Archives. La première
partie comprenant ia Chronique scandaleuse de François-Ignace de
Castelta (événements de 1781 et 1782) est imprimée depuis plu-
sieurs mois, mais une circonstance indépendante de la volonté de
Mgr Kirsch, auteur de la seconde partie, a retardé cette publication.
Ce travail, qui a trait aux sépultures burgondes, est maintenant
sons presse et le volume vous sera distribué très prochainement.
Le nombre des sociétés avec lesquelles nous échangeons nos
pablicationa a été augmenté. Nous sommes entrés en relation avec
1b société d'histoire et d'archéologie de Neuchâtel, la société hel-
vétique de Saint-Maurice, la société archéologique de Beaune et la
société savoisienne d'histoire et d'archéologie.
Nous possédons en réserve environ 3000 volumes du Recueil
diplomatique et des Archives, qui ont été assurés auprès de la
société suisse d'assurance mobilière.
Le travail doit être le but principal de la société d'histoire. A
cété de ces réunions qui procurent des jouissances intellectuelles,
— 18 —
il est nécessaire de fonder des œuvres utiles, non seulement dans
le temps présent, mais encore pour les générations futures. Ce but
sera atteint en fournissant aux chercheurs des documents et des
matériaux. La publication du BecueU diplomatique est arrêtée
depuis environ vingt ans ; il ne serait pas digne de laisser cette
entreprise inachevée ; c'est pourquoi je me permets de reprendre
cette question agitée plus d'une fois dans nos séances, et je serais
heureux si Ton pouvait aujourd'hui la faire avancer d'un pas. En
réunissant nos forces, en subdivisant le travail, nous pourrons, sans
doute, mener à bien cette publication utile et méritoire.
Le IVésidentj
Max de DIESBACH.
■*04<X-
RAPPORT ANNUEL
du Président de ta Société d'histoire du canton de Fribourg
Présenté à rassemblée générale du 25 janvier 1900
Messieurs,
Si nos forces restreintes, nos ressources modestes ne nous
permettent pas d'embrasser de vastes horizons ou d'entreprendre
des travaux ayant uue portée générale dans le domaine de l'histoire,
le cbamp assigné à notre activité est cependant assez fertile ; voyons
si nous avons su le cultiver pendant l'année 1899.
Nous poursuivons un double but: réunir les amis de l'histoire,
leur procurer l'occasion d'échanger des idées, favoriser et stimuler
leurs recherches, puis, en second lieu, publier des documents, des
notices et des mémoires.
Nos séances habituelles d'hiver ont eu lieu régulièrement le
26 janvier, le 16 mars, te 4 mai, le 16 novembre et le 14 décembre
1899; les communications n'ont pas fait défaut et les sujets les
plus divers ont été traités. Merci à nos dévoués collaborateurs ;
leurs travaux animent nos réunions et sont la cause d'une bonne
fréquentatioD ; Je suis heureux de voir croître le nombre des parti-
cipants à nos assemblées ; c'est une preuve de la vitalité de la
société et de l'intérêt pris par les membres à son développement.
La réunion d'été a eu lieu à Bulle le 6 juillet, elle a été fort réussie;
ut) nombreux auditoire, une réception cordiale de la part des auto-
rités et de nos membres bulloia anciens et nouveaux, une séance bien
nourrie tenue dans l'ancien château des évêques, un banquet non
moins substantiel à l'hôtel des Alpes, le chant du * Ranz des
vaches > entonné par notre excellent collègue Currat, tel a été le
bilan de cette petite fête célébrée avec entrain au centre de cette
belle contrée de la Gruyère.
Pendant le repas, j'ai eu l'honneur de remettre, au nom de la
— 20 —
société, QD petit souvenir à M. Tarchiviste Scbneawlj, pour célébrer
le quarantième anniversaire de son entrée en fonctions an service
de TEtat. Tons les membres se sont associés de grand cœur à cette
manifestation destinée à témoigner à notre dévoué vice-président
l'expression de notre attachement et de notre reconnaissance.
Dans le courant de Tété a para la troisième et dernière livraison
da tome YI des Archives ; différentes circonstances indépendantes
de la volonté des collaborateurs en avaient retardé la publication
qui aurait dû avoir lieu en 1898. Ce fascicule contient la relation
d'un contemporain sur les événements de 1781 et un travail sur
les antiquités burgondes. J'ai cru devoir publier la première notice
intitulée : c La chronique scandaleuse des misères qui ont agité la
magistrature, la bourgeoisie, les terres anciennes et la majeure
partie des baillages du canton de Fribourg en 1781 et 1782, par
François-Ignace de Castella. > C'est une peinture assez exacte et
impartiale des troubles survenus ensuite du soulèvement provoqué
par Chenaux et ses partisans. La seconde partie, c Le cimetière
burgonde de Fétigny, > est une étude due à la plume compétente
de Mgr Kirsch, professeur à l'Université. Les fouilles de Fétigny
n'ayant pas été faites sous la direction d'un archéologue, l'auteur
a eu beaucoup de peine à reconstituer et à rassembler toutes les
données concernant cette ancienne nécropole; cependant il est
parvenu à vaincre la difficulté et son travail donne une excellente
description des armes offensives et défensives, des parures et des
ornements découverts dans les tombeaux. Des phototypies repro-
duisent les principaux objets de cette remarquable collection con-
servée au musée cantonal. Ces illustrations sont une nouveauté
dans le recueil de nos Archives ; les progrès réalisés dans l'art de
la reproduction nous permettront d'user, à l'avenir, de ce procédé
et de joindre des planches à nos textes ; cela est d'ailleurs indis-
pensable lorsque l'on traite des sujets artistiques ou archéologi-
ques ; une simple description écrite ne suffit pas, il faut présenter
l'objet aux yeux du lecteur.
Ce volume a été envoyé aux sociétés et institutions avec les-
quelles nous échangeons nos publications, au nombre desquelles
figure maintenant le musée national suisse qui nous envoie son
Indicateur d'antiquités.
Les relations avec les sociétés d'histoire suisses et étrangères
ont été très bonnes : je signalerai spécialement les rapports pleins
l
I
de cordialité qui existent entre notre sociiîté et celles de Fribourg
(partie allemande) et de Berne. Plusieurs de nos membres ont
assiste à la réunion de cette dernière association qui a eu lieu au
Thalgul près de Wichtracli et nos amis bernois sont venus nom-
breux nous rendre visite à Bulle. La société d'histoire de Soleure
nous a fait don d'un très bel ouvrage — Die Beteiliijuny Solothurns
am Schtcabeiilricge — publié à l'occasion du quatrième centenaire
de la guerre de Souabe et de la bataille de Dornaclt.
L'Etat de Fribourg continue à nous prouver sa bienveillance
par l'allocation d'un subside qui doit nous encourager au travail et
à la publication d'œuvres utiles.
J'adresse les meilleurs remerciements aux membres du comité,
MM. Scbneuwly et Ducrest ; notre dévoué secrétaire publie dans
les journaux des procès- verbaux très complets; ces intéressantes
relations sont fort appréciées, elles contribuent à rendre notre
société populaire et à la faire connaître.
Un signe de prospérité est la notable augmentation du nombre
des sociétaires. Dix-huit nouveaux membres ont été reçus ; trois
démissions et quatre décès sont à noter ; notre effectif est de 150
membres actifs, 6 domiciliés au dehors, a membres honoraires, soit
an total de 161 sociétaires.
Les membres décédés sont MM. Edmond Brasey, préposé aux
poursuites à Estavayer, Torche, docteur en médecine et directeur
des écoles à Estavayer, Adolphe Baudère, libraire et conseiller
communal à Bulle, et le R. P. Apollinaire Deltion.
M. Baudère n'a pas fait longtemps partie de lasociété; il avait
été reçu lors de la réunion de Bulle. En présentant les vins d'hon-
neur offerts par cette ville, il avait prononcé quelques paroles
pleines d'à-propos. mais la maladie le saisit, le soir même, et il
moarut peu de temps après.
Le décès du R. P. Apollinaire cause un grand vide parmi
DOUX ; on aimait à voir cette belle figure de religieux ; ses traits
fins respiraient la bonté jointe à une certaine pointe de malice.
Après la biographie très complète publiée par M. Scbneuwly,
je m'abstiendrai de décrire son activité comme religieux, mission-
naire, prédicateur et supérieur de maisons de son ordre. A côté de
€0 fécond labeur il vouait à la science tous ses moments de loisir ;
il réorganisa les bibliothèques des couvents de Fribourg, de Bulle,
de lîomont et acquit dans la bibliographie des connaissances
— 22 —
étendues. L'héraldique fut pendant plusieurs années l'objet de ses
études ; il publia, en 1865, avec la collaboration du colonel de
Mandroty V Armoriai fribourgeais qui est aujourd'hui rare et re-
cherché. Cet ouvrage n'est pas parfait et il fut exposé à de nom-
breuses critiques lors de son apparition ; mais il faut tenir compte
de la difficulté du sujet, dans un pays républicain, où cette matière
a toigours prêté le flanc à la fantaisie. Des règles fixes ne furent
jamais bien observées à Fribourg et l'auteur était embarrassé
devant cette quantité d'armoiries, les unes authentiques, consacrées
par l'usage séculaire ou les diplômes des empereurs et des rois,
d'autres nées de la féconde imagination de quelque amateur, tel
que le conseiller Gombaz, qui fabriquait des armoiries pour toute
personne désireuse d'en posséder. L'arbitraire dans l'octroi de la
particule nobiliaire qui règne dans cet armoriai a aussi causé du
mécontentement ; le bon Père parait avoir oublié qu'il n'y a rien
de moins démocratique que l'héraldique et le blason.
L'ouvrage principal du P. Apollinaire est le Dictionnaire his-
torique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg.
Ce recueil contient de nombreux documents, la liste des curés et
des dignitaires ecclésiastiques accompagnée de notes biographiques,
la description des églises, des chapelles et des maisons religieuses,
rénumération des œuvres d'art, des missels, des objets sacrés
conservés dans les sacristies, la relation des faits mémorables et
des légendes se rapportant à la vie religieuse de nos contrées.
Cette œuvre coûta à son auteur de nombreuses courses, des re-
cherches laborieuses et le dépouillement d'une quantité d'actes
contenus dans les archives publiques et particulières; aussi sa
petite cellule était-elle encombrée de parchemins, d'in-folios, de
registres qu'il compulsait avec zèle. Le texte a été trop développé,
des documents peu importants sont reproduits in extenso ; il est
regrettable que l'auteur n'ait pas été plus succinct, cela lui aurait
permis de terminer son ouvrage, qui est maintenant interrompu,
mais qui ne restera pas inachevé. Un de nos collègues, M. l'abbé
Porchel, se charge de la continuation ; nous sommes persuadé qu'il
réussira dans son utile entreprise ; il eût été dommage de voir
s'arrêter, faute de collaborateur, la publication de ce dictionnaire.
Le P. Apollinaire était un membre assidu et dévoué de la
société ; il fut reçu le 17 juin 1858, le même jour que MM. Gremaud,
Chatton et Bourqui. La société subissait alors une crise fâcheuse ;
— 23 —
elle se ressentait encore des événements politiques survenus en
1847 et 1848, car la lutte des partis n'est pas favorable à l'étude ;
mais l'arrivée de ces forces nouvelles secoua le marasme et rendit
la vie à ce corps malade ; dès lors les réunions furent plus nom-
breuses et les communications plus importantes. Le P. Apollinaire
contribua pour une bonne part à ce renouveau en animant les
séances par des lectures et des aperçus sur l'histoire ecclésiastique
et civile.
L'exemple de ces anciens membres doit être, pour la géné-
ration présente, un précieux stimulant ; puissent-ils trouver des
imitateurs qui marcheront sur leurs traces et contribueront à
éclaircir les points encore obscurs de notre histoire. Le travail est
notre but, en faisant mieux connaître notre pays nous l'aimerons
davantage, nous puiserons dans nos annales des enseignements
pour l'avenir et nous nous rendrons dignes de l'estime de tous
ceux qui s'intéressent au développement scientifique du canton de
Frîbourg.
Villars-les-Joncs, le 23 janvier 1900.
Le Président de la société,
Max de DIESBACH.
s/yJMXMA/^-r-
LES MÉDECINS JUIFS
A FRIBOURG
DANS LES SIÈCLES PASSÉS
PAR
LE D' Ant. FAVRE
LES MÉDECINS JUIFS A FRIBOURG
DANS LES SIÈCLES PASSÉS
Il n'est pas Décessaire, me semble-t-il, de justifier longuement
la présente étude consacrée aux médecins juifs qui ont exercé
autrefois leur profession dans notre ville. Il suffit de rappeler la
situation particulière qui était faite aux individus de cette nation
pendant les siècles passés. Les nombreuses persécutions infligées à
ce peuple, les mesures exceptionnelles prises contre lui, les diffi •
cultes que l'on opposait à son admission sur le territoire de la
plupart des Etats chrétiens contrastent vivement avec les faveurs
dont le gouvernement de Fribourg ne cessa de combler les méde-
cins juifs. Non seulement ils étaient admis à la bourgeoisie en
payant une finance moins élevée que leurs corréligionnaires, mais
à l'un d'eux ce privilège fut même octroyé gratuitement. On les
dispensait de porter la marque des Juifs. Lorsqu'une expulsion en
masse était ordonnée, on faisait exception pour le médecin ; et le
gouvernement, loin de tolérer les vexations auxquelles il était en
butte, prenait énergiquement sa défense, poursuivait et faisait
condamner les coupables et même l'indemnisait pour les dommages
subis.
Quels furent les motifs de cette situation privilégiée des mé-
decins juifs ? Tout d'abord la rareté des médecins dans notre pays
pendant les XIV* et XV<> siècles.
Nous n'avons pu découvrir qu'un seul Fribourgeois portant le
titre de médecin à cette époque. Les praticiens indigènes étaient
de simples chirurgiens-barbiers. Le plus souvent, le gouvernement
appelait des médecins étrangers qui séjournaient quelque temps
dans notre ville, mais ne s'y fixaient pas.
D'autres faits encore expliquent la faveur et la renommée
dont jouissaient les juifs exerçant la profession médicale. Il est
incontestable que dans tous les temps ce peuple a produit un grand
nombre de praticiens distingués et même illustres. Malgré les
décrets de plusieurs conciles qui interdisaient aux chrétiens d'avoir
— 28 —
recours aux médecins juifs, ceux-ci conservaient une partie de leur
clientèle. Certains papes même (Clément VI, Urbain V, Boniface
VIII, Boniface IX) se faisaient soigner par eux ^). Le pape Paul II
accorda aux médecins juife le privilège de porter le costume de
leurs confrères chrétiens et les dispensa du signe des Juifs, qui leur
avait été imposé par plusieurs décrets et en dernier lieu par une
décision du concile de Bâle.
La supériorité de ces médecins peut encore être attribuée à
la cause suivante. Dans les siècles passés, l'exercice de la médecine
était absolument distinct de la pratique de la chirurgie. Or, un
assez grand nombre de Juifs, qui s'adonnaient à Tart de guérir,
étaient chirurgiens en même temps que médecins.
Les renseignements que j'ai pu recueillir sur nos praticiens
Israélites semblent prouver également que leur expérience et leur
savoir méritaient les privilèges dont ils jouissaient à Fribourg.
Avaient-ils fait des études universitaires, ou bien étaient-ils
des empiriques qui avaient reçu leur instruction soit de leurs
parents soit d'autres maîtres de leur nation ? Malheureusement,
les documents que j'ai consultés ne me permettent pas de répondre
à cette question intéressante.
Meyer-Âhrens, dans son Histoire des médecins suisses au moyen-
âge *), serait disposé à croire que les médecins juifs de Fribourg
avaient peut-être fréquenté les universités. Mais il n'apporte aucune
preuve en faveur de cette opinion.
Il est une particularité qui me parait avoir échappé jusqu'à
présent aux auteurs ayant étudié ce sujet. C'est que nos médecins
juifs, suivant les traditions de leur nation, ne se contentaient pas
d'exercer la profession médicale, ils se livraient encore au métier
lucratif de banquier.
Les médecins juifs, dont nous avons pu retrouver les traces,
sont au nombre de sept, dont un au XIV*, cinq au XV* et un au
XVI* siècle. La plupart ont séjourné plusieurs années à Fribourg.
Les documents, dans lesquels nous avons puisé les renseigne-
ments qui suivent; appartiennent tous à nos archives cantonales ;
ce sont :
') D* Landau. Geschiohte der jùdischen Aerzte. Bei'lin 1895. S. 62.
') Die Aerzte und das Medizinalwesen der Schweiz im Mittelalter.
Virchows Archiv. Bd. 24. S. 473.
— 29 —
Les comptes des trésoriers (C T.),
Les registres des notaires (Beg.),
Le registre des Lombards (Reg. Lomb.).
Les deux grands livres des bourgeois, en papier et en parche-
min ((r. L. des B. en pap. ou parch.).
Les manuaux du petit Conseil {Man!).
Les comptes de la fabrique de St-Nicolas (6'. fab, St-Nic.).
Les Stadtsachen.
Les Missivaux (Miss.).
Jocet pratiqua la chirurgie à Fribourg de 1356 à 1370. La
première mention de ce chirurgien se trouve dans un titre de
créance ^) par lequel Jean, dit Dagnye du Landeron, déclare
devoir 21 florins pour salaire du traitement de son frère blessé.
Cet acte nous donne les détails suivants : le blessé était presque
mort {tanquam mortuus) quand Jocet Ta visité au Landeron. Le
chirurgien exigea son transport immédiat à Fribourg, et Jean
Dagnye prit l'engagement de ne pas ramener son frère à son domi-
cile sans le consentement du chirurgien.
Le paiement de la moitié des honoraires devait avoir lieu le
samedi précédant le dimanche OcuU, que le blessé fût guéri ou
mort, et le reste de la somme après guérison seulement (1356).
Dans un autre acte ^) notarié, Jaquemet dit Pincet déclare
avoir été bien guéri par Jocet comme celui-ci le lui avait promis.
En 1359 ^), Jean, dit Glusty de Schwarzenbourg promet en
son nom et au nom de ses parents qu'il ne recherchera maître
Jocet devant aucun tribunal ecclésiastique ou laïque si le dit
chirurgien ne parvient pas à guérir l'affection dont il souffre à
l'œil droit. Jocet, doutant du succès de son traitement, ne veut pas
assumer la responsabilité de la perte de cet œil.
En 1370, Jocet va s'établir à Bâle. De cette ville ^) il adresse
au gouvernement de Fribourg une lettre de quittance dans laquelle
il reconnaît avoir reçu régulièrement le traitement annuel de 10
livres laus. qui lui avait été attribué, et avoir joui sans restriction
*) Reg. Lomb. fol 13.
■) Ibid. fol. 41.
•) Ibid. fol. 104.
*) Recueil diplomatique, IV* vol. , p. 72.
— so-
dé tous les privilèges attachés à ses fonctions de chirurgien officiel.
Il fait cadeau à la ville de 30 florins d'or^ qu'il lui avait prêtés pour
les édifices publics. Il se réserve le droit de disposer en toute liberté
de la maison qu'il possède encore à Fribourg. Cette maison était
située au quartier du Bourg près de celle de Jean de Duens ^).
Dès 1371, Jocet reçoit des honoraires de la ville de Bâie *)
et, en 1372, le conseil le nomme Siadtaret avec un traitement
annuel de 25 livres ').
Simon de Pierra Chastel est banquier en même temps que chi-
rurgien. Car on trouve plusieurs titres de créance en sa faveur
dans les registres des notaires ^).
En 1403, il fut reçu bourgeois avec assignation de sa bourgoisie
sur sa maison située in vico fort animalium ^) (rue Zsehringen
actuelle).
Sa veuve (1418) parait avoir séjourné encore plusieurs années
à Fribourg.
Ackin de Vixou, médecin et chirurgien, fut reçu en 1412 bour-
geois de Fribourg avec sa femme, ses enfants et toute sa famille,
pour le terme de 10 ans, moyennant une finance annuelle de 50
livres laus. % Le petit Conseil, reconnaissant Thabileté dont il fit
preuve aussi bien en médecine qu'en chirurgie, réduisit cette contri-
bution et se contenta de la livraison de deux bonnes arbalètes
valant 10 florins d'Allemagne, et au bout des dix ans renouvela le
contrat pour le même terme en lui décernant un témoignage de
satisfaction conçu dans les termes suivants ^) : < Voyant qu'il a
persévéré avec humilité dans l'exercice de sa profession, qu'il a
été très habile, qu'il a fait plusieurs cures dignes d'éloges et qu'en-
tr'autres il a soigné avec dévouement et affection aussi bien les riches
*) G. L. des B. en pap. fol. 140.
») Fechter. Bascl im XIV. Jahrhundert, p. 79. Note.
•) OcA5. GeschichtederStadt und Landschaftt Basel. 1792. Bd. II.
S. 448. Note.
*) Reg. 16. fol. 127. R^, 17. fol. 132 et 136.
^) G. L. des B. en pap. fol. 38.
•) C. T. N" 23, 25, 29.
') Rec. dipl. VII. Vol., p. 109.
— 31 —
que les pauvres (sic), nous espérons qu'il continuera ses bons
services et qu'il traitera in utraque arte aussi bien les grands
que les petits, et surtout les pauvres avec dévouement et affection
dans toute l'étendue de notre territoire, à un prix modéré et rai-
sonnable qui devra être payé par les malades et qui devra varier
suivant la cure faite et aussi suivant la fortune du patient. S'il ne
pouvait pas s'entendre à l'amiable avec ses malades au sujet du
salaire, le différend serait soumis au Conseil. Il ne pourra quitter
Fribourg pendant ces 10 ans sans le consentement de l'avoyer. En
cas de guerre, il devra accompagner nos troupes en personne ou,
si cela ne lui convient pas, il se fera remplacer par un des siens à
ses frais. Celui qui remplira cet office à l'armée devra secourir les
blessés et être muni de tout ce qui est nécessaire pour l'exercice
de son art. »
En 1423 ^), en même temps qu'il paye sa redevance des deux
années précédentes, il rembourse à la ville les frais que celle-ci a
supportés pour envoyer à Zurich et à Constance des députations
chargées de défendre ses intérêts dans un litige qui avait surgi
entre lui et un de ses coreligionnaires nommé Vivant '). La même
année, Âckin est rappelé de Gruyère pour venir soigner Jacques
d'Englisberg qui s'était fracturé une jambe en se rendant à Berne
en députation officielle. La ville paya à d'Englisberg 100 sols d'in-
demnité pour frais de traitement et autres dépenses ').
Ackin avait acheté 0 de Pierre Bugnet la maison située entre
la Grande Abbaye et celle de Othon de Salicet pour le prix de 300
livres. Il avait emprunté cette somme au grand Hôpital.
Au lieu de prêter de l'argent comme la plupart des Juifs
établis à Fribourg, il en empruntait à plusieurs reprises. Ainsi il
mit en gages ^), pour garantir un de ces emprunts, une houppe-
lande de femme et un pater noster.
Ackin ne resta pas à Fribourg jusqu'à la fin de son engagement
comme physicien, car, dès le commencement de l'année 1424 *), il
») C. T. N- 41.
') Bercbtold (Hist du canton de Frib., T. I, p. 246) confond avec
Ackin un autre Juif^ Vivant de la Côte St-Ândré, qui n'était pas médecin.
») C. T. N- 42.
*) Reg. N* 24, fol 207.
•) Reg. N* 21, f. 135.
*) Stadtsacben B, N* 22.
— 32 -
est établi à Casale, d'où il envoie ses fils à Fribourg pour y vendre
sa maison. Quelques mois plus tard, par l'intervention du marquis
de Montferrat, il obtient du gouvernement de Fribourg la libération
de tous ses engagements envers cette ville.
Abraham, fils de maitre Âckin de Yanna, chirurgien^ était lui-
même médecin et chirurgien. Il succéda'^) à Simon de Pierra
Chastel dans la maison qu'il avait achetée de sa veuve. De plus, il
acquit du couvent de la Maigrauge la maison voistne pour le prix
de 260 livres (1427).
En 1423, il fut reçu bourgeois ^.
En 1428, Abraham ^) fut arrêté de nuit dans sa maison, jeté
en prison à la Tour-Rouge, torturé, puis exécuté par le feu ; pour
quel crime ? C'est ce que les actes ne mentionnent pas. Mais il est
probable qu'il ne s'agit pas de dettes, comme l'affirme Berchtold ^).
Car les comptes des trésoriers, d'où sont tirés ces détails, disent
qu'après la torture, il a avoué le fait (regiquis lo fait). Abraham
devait, il est vrai, 800 livres au gouvernement. C'est pourquoi
celui-ci fit vendre sa maison et les titres de créances qui se trou-
vaient en sa possession ^).
Après cette exécution, le gouvernement décida de ne plus
recevoir de Juifs dans la ville de Fribourg ^). Mais cette ordonnance
ne fut pas observée bien longtemps et n'empêcha pas les Pribour-
geois d'entretenir des relations commerciales avec les Israélites.
Ainsi, dès 1429 '^, un de nos bourgeois achète de Ysaias, médecin
juif habitant Melligen, un cheval boiteux. « Si plus tard le cheval
ne guérit pas de sa boiterie, il pourra être rendu au vendeur. » dit
le contrat de vente.
Moins de 30 ans après la publication de l'ordonnance d'expul-
sion des Juifs, le petit Conseil lui-même parait avoir oublié ses
ressentiments, car il écrit, le 3 janvier 1468, à Manassé de se
') Reg. N* 295, fol. 33.
*) G. L. des B. en parch., fol 45.
•) C. T. N* 52.
*) Hist. du canton de Frib. I. vol. P. 247.
») Reg. N» 295, fol. 59.
•) Rec. dipl. VII vol, p. 216.
') Reg. N* 27. f. 128.
— 33 —
rendre à Friboarg pour soigner un conseiller malade ^). Dès 1461,
ce médecin habite Fribourg en permanence. Car le gouvernement
lui fournit un logement gratuit *). En 1463, nouvelle expulsion des
Juifs ') ; mais Manassé fut retenu ad libitum viUe, sans salaire,
réserve faite pour un contrat ultérieur ^).
Vinan de la Tor (Vibranus de Turre), fils de Manassé de la
Tour de Peilz ^), est certainement le médecin juif le plus célèbre
de Fribourg, qu'il habita pendant près de 30 ans.
Dès 1464, un registre notarial *) mentionne une somme de 30
gros qui est due à Vinan par le curé d'Ependes Fabri pour traite-
ment médical. Les années suivantes, nous trouvons d'autres actes
de créance en sa faveur, soit pour traitement médical, soit pour prêts
d'argent ^). En 1470, le gouvernement le retient à Fribourg pour
4 ans, en lui offrant les privilèges d'un bourgeois et un salaire de
3 florins ^). Cet engagement fut renouvelé jusqu'en 1486 *). Vinan
quitta alors notre ville, mais il y fut rappelé en 1489 ^^) par le
petit Conseil qui paya les frais de transport de ses bagages et éleva
son traitement annuel tout d'abord à 40 et plus tard à 60 livres. Il
figure dans les comptes jusqu'en 1499 ").
Ce qui précède prouve déjà la haute estime dans laquelle
notre gouvernement tenait ce médecin. Mais d'autres faits le dé-
montrent encore avec plus d'évidence. En 1477 ^''), en renouvelant
son engagement, le Conseil le dispense de porter le signe des
Juifs ").
') Miss. N- 2, f. 741.
■) G. T. N** 118 et 121.
') G. T. N* 122. A Jehan Sallamin soutier pour la criée qu'il fit quand
on congédia les Juifs, 2 sols.
*) Man. N* 3, fol. 78v.
*) Peut-être était-ce le médecin mentionné plus haut ?
•) Reg. N* 44, fol. 28.
0 Reg. N» 66, fol. 346. Reg. N» 40, IP p., fol. 26 v.
•j Man. N* 4, fol. 90.
•) G. T. N- 138 à 166.
'•) G. T. N* 173.
") G. T. N* 193.
»») Man. N'5. 11 avril.
*') Ce signe, qui variait suivant les pays^ fut imposé aux Juifs dans
notre ville en 1403. 11 consistait en une bande rouge et blanche qu'ils de-
vaient porter sur leurs vêtements (Rec, dip, VI, p. 42).
a
— 34 —
En 1484 0» le Conseil affranchit des droits d'entrée Vinan,
son fils et son ménage.
On sait qu'à cette époque les Juifs eurent beaucoup à souffrir
des mauvais traitements des Chrétiens. Notre médecin ne fut pas
épargné. Mais le gouvernement prit énergiquement sa défense.
Ainsi, quatre Fribourgeois furent condamnés à 5 florins d'amende
pour l'avoir détroussé près d'Oron *).
Quelques années plus tard (1477), les alliés se rendant à
Genève pour y quérir le Brautschattf, en passant à Fribourg, pil-
lèrent la maison de Vinan. Le Conseil lui paya pour ce fait 20
livres d'indemnité ^).
En 1483, Vinan se trouvant à Yverdon, fut maltraité par les
habitants de cette ville. Le Conseil exigea que justice fut rendue à
notre médecin, et écrivit dans ce but à ceux éP Tverdon ^).
La renommée de Vinan s'étendait jusque dans les cantons
voisins. Ainsi Soleure ^) s'adresse au Conseil de Fribourg pour lui
demander d'envoyer le médecin juif auprès de l'ancien avoyer
Hagen gravement malade. Il était aussi fréquemment appelé par
les Bernois ^). Il avait des clients même en Valais et dans le Pays-
d'en-Haut ').
Vinan ne se contentait pas d'exercer les professions de méde-
cin et de banquier. Il était encore apothicaire. Pendant les pre-
mières années de son séjour à Fribourg, il préparait lui-même les
remèdes qu'il prescrivait à ses malades. Mais ce cumul déplut au
gouvernement. Le 19 mai 1470 ^), c le Conseil donne Tordre au
Juif de se défaire de ses drogues et dorénavant de formuler ses
recettes par écrit comme les autres médecins et de les faire exé-
cuter par l'apothicaire, afin que l'on voie manifestement quels sont
les remèdes qu'il administre aux malades. »
') Man. N* 7, fol. 52 v.
•) C. fab. St-Nic. N» 2 (1471-72).
») C. T. N« 150.
*) Man. N» 7, fol. 31 v.
») Solothuriu Wochenblatt fîir 1819, p. 214.
*) G. Tabler. Bern und die Juden. Sep. Âbdr. aus Arch. des histor.
Vereins des Kantons Bern.
') Reg. N* 40. 11 p., fol 26 v.
•) Man. N* 4, fol. 68 v.
— 85 —
Encore à la fin du XVI* siècle, nous trouvons à Fribourg un
médecin juif, maître Marx, qui, avant de quitter notre ville, se fait
délivrer par le gouvernement une déclaration ^) dûment scellée,
portant : qu'il a exercé la médecine à Fribourg avec succès pendant
assez longtemps, qu'il a guéri un certain nombre de malades
réputés incurables et aussi beaucoup d'affections chroniques, qu'il
a donné beaucoup de preuves de sa science et de son habileté, et
qu'aucune plainte n'a été portée contre lui. 18 septembre 1577.
Dès lors, on ne découvre plus aucune trace de médecins juifs
à Fribourg. Par contre, des Fribourgeois ont embrasssé la carrière
médicale, et ont pris leurs grades dans les universités de Padoue,
Montpellier et autres écoles célèbres de cette époque.
0 Reg. N* 194, fol. 143 v.
-•xX-
LA
CONTRIBUTION D0 19 CERMML AN ÏI
(8 AVRII. 1798)
PUBLIEE PAR
Max de DIBSBACH
Président de la Société d'histoire do canton de Fribourg
LA
COITRIBUTION DU 18 GERMINKL Kl
(8 AVRIL 1798)
Le centenaire de riovasion française en Suisse et la constitu-
tion de la république helvétique ont fait éclore une quantité de
travaux commémoratifs. Si les uns sont empreints d'un véritable
souffle historique et de l'esprit d*une saine critique, d'autres ne
sont pas exempts de passion, et il est affligeant de voir qu'après
un siècle, cette époque si néfaste et si humiliante de notre histoire,
pût encore être regardée comme l'aurore de jours meilleurs.
Ces articles louangeurs me rappellent les vers magnifiques du
poète Delille flétrissant la conduite de ses compatriotes pendant la
campagne de 1798. Le deuxième chant du poème c Malheur et
Pitié >, si peu connu chez nous, devrait figurer dans tout recueil
de littérature dédié à la jeunesse suisse.
Cette apostrophe, adressée au plus triste des commissaires du
Directoire, est pleine d'une frémissante indignation :
Sur un roc stérile, affreux, sauvage.
De vos champs dévastés épouvantable image.
Du monstre Rapinat gravez le nom cruel,
Nom maudit par la terre, abhorré par le ciel.
Qu'à son funeste aspect les amantes frémissent ;
De loin, en le voyant, que les mères gémissent,
Que le passant troublé le lise avec horreur ;
Que l'enfant au berceau l'écoute avec terreur ;
Que j'entende la sœur lui demander son frère,
L'orphelin s'écrier : c Qu'as-tu fait de mon père ? >
Que puissent tour à tour toutes les nations
Y porter leur tribut de malédictions ;
Et qu'enfin sa mémoire, en vengeance féconde,
Aille irriter la haine, et soulever le monde !
— 40 —
Si Rapioat est regardé comme le type du commissaire avide
et âpre à la curée, il avait été précédé par d'autres agents politi-
ques et financiers : les Mengaud, les Mangourit, les Lecarlier, les
Rouhière, qui ne valaient pas mieux que lui. J'aurais désiré, il y a
deux ans, énumérer les impositions écrasantes levées dans le
canton de Fribourg par le Directoire français et ses employés,
mais je n'avais pas pu découvrir, aux archives cantonales, la liste
de ces contributions ; un heureux hasard m'a fait tomber entre les
mains l'original du rôle de l'imposition de deux millions de francs
frappée, le 19 germinal an VI (8 avril 1798), sur les patriciens
fribourgeois. Ces pièces sont intéressantes, car elles donnent l'état
des anciens gouvernants, le nombre de leurs enfants, le chiffre de
leur fortune ; elles fournissent donc de précieux renseignements au
généalogiste, au financier et au statisticien ^).
Déjà quelques jours auparavant, peu après la prise de Fri-
bourg, le général Pijon ^) s'était occupé du tribut à prélever dans
la ville occupée par ses soldats. Le 9 mars, le président Jean de
Montenach relate au sein du gouvernement provisoire qu'ayant été
mandé, avec quatre autres membres de l'ancien conseil, auprès du
général Pijon, celui-ci exige une contribution de 500,000 livres
payable dans les vingt-quatre heures. Sur les représentations faites,
cet ofEicier accorde un terme pour acquitter la somme ; il accepte
le projet suivant élaboré par le comité des finances :
*) L'arrêté du 19 germinal est publié dans Strickler : Amtliche
Sammlung der Acten aus der Zeit der helvetischen Republik. Bern 1886,
t I, p. 610. Toutefois, vu son importance et son intime connexion avec
notre sujet, nous le reproduisons in extenso aux annexes (N" lll).
*) Jean Pijon, général français, servit à Tarmée d'Helvétie, puis à
celle d'Italie. Il se distingua à la bataille de Roveredo, à la tête des troupes
légères de la division Masséna. En 1799, il commandait une division et
fut blessé à mort à l'attaque malheureuse de Vérone par le général Schérer.
Son manque de délicatesse au sujet du bien d'autrui avait enrichi la langue
française d'un mot nouveau : empijonner était, à Fribourg, le synonyme
de voler. On trouve dans le manual de la chambre administrative la men-
tion suivante : « Le citoyen Fégoly demande une indemnité pour un cheval
empijonné. »
— 41 —
300,000 livres, soit 84,000 écus bons, payables avant quatre
heures du soir.
100,000 > 28,000 > payables dans la huitaine.
100,000 > 28,000 > payables dans la quinzaine.
Total 500,000 livres, soit 140,000 écus bons, payables par les mem-
bres de l'ancien régime ^).
Le gouvernement provisoire, considérant qu'il sera impossible
aux anciens gouvernants de trouver immédiatement les sommes
exigées, autorise le comité des finances :
l^* A remettre au général les espèces contenues dans les caisses
publiques, qui s'élèvent à 60,000 écus ;
2^ A ouvrir un emprunt forcé, spécialement auprès des mem-
bres de l'ancien gouvernement ;
3^ A réaliser des créances ;
4^ A rendre les membres de l'ancien gouvernement respon-
sables du paiement et du remboursement de cette somme.
Le 12 mars, le versement du second à compte rencontrait
déjà des difficultés. Le gouvernement provisoire décida de réunir
les contribuables le lendemain. On leur intimera, dit le protocole,
les menaces les plus fortes, afin d'obtenir le paiement de leur rede-
vance en espèces monayées ; on les sommera de déclarer, sur leur
honneur, s'ils ont en caisse de l'argent comptant pour une somme
dépassant leur nécessaire absolu ; en cas de pénurie du numéraire,
ils pourront remettre leur argenterie.
En vue d'organiser ces pillages partiels et de régulariser la
spoliation, le citoyen Lecarlier, commissaire du gouvernement près
l'armée de la république française en Suisse, prit, sous date du 19
germinal an VI (8 avril 1798), un arrêté mettant à la charge des
patriciens et oligarques suisses une contribution de quinze millions
de francs, dont deux millions furent attribués à Fribourg. Les
chambres administratives furent chargées de répartir entre les
différents contribuables les sommes assignées à leur canton. Suivant
les termes de l'arrêté, cette imposition devait être un châtiment
*) En général, l'écu bon équivaut à fr. 3,4507 cent, de notre monnaie,
mais ici il est compté à fr. 3^57 ; on a, sans doute, tenu compte du taux du
change.
— 42 —
poar les aristocrates et nue récompense poar la rëpnbliqae fran-
çaise qai remplissait ainsi ses caisses vidées par les dilapidations.
Afin de dissiper tonte crainte, Lecarlier accompagna son arrêté
d'ane proclamation destinée à semer la division entre les opprimés
et i iaire croire anx ftopalations qoe les patriciens seuls seraient
frappés : « Une contribution va être levée sur votre pavs« disait-il,
n'en soyez point alarmés L'homme de la nature et de la liberté,
le paisible cultivateur ne sera point obligé de sacrifier le produit
de ses sueurs pour acquitter la dette de Toligarchie; l'homme
utile dont Tactive industrie pourvoit aux besoins de ses concitoyens
ne sera point exposé à être privé de son nécessaire, tandis que la
dédaigneuse et perfide aristocratie souriroit i sa détresse *). >
Ces paroles trompeuses ont-elles été prises au sérieux ? Il y a
lieu d'en douter. Dans tous les cas, les patriotes trop crédules ont
été bien désillusionnés plus tard.
Il restait i la chambre administrative une tâche ardue, celle
de faire rentrer cette contribution de deux millions de francs. Elle
en comprit les difficultés : le délai était court, la somme élevée, les
temps difficiles, Targeot extrêmement rare, aussi crut-elle devoir
adresser une proclamation i tous les citoyens les invitant à avancer
au trésor les espèces monnayées, la vaisselle, les bijoux dont ils
pouvaient disposer ; cet emprunt devait être garanti par la nation
tout entière ').
Comme Ton devait s'y attendre, cet appel resta sans écho. Il
fallut donc s'attaquer directement aux contribuables visés par l'ar-
rêté du commissaire français. Par circulaire du 23 avril, la chambre
administrative donna l'ordre à tous les membres de la bourgeoisie
privilégiée de lui présenter leurs titres, créances, obligations, ce-
dules, billets à ordre, actions, pour les enregistrer et en prendre
note '). Basée sur ces indications et faisant entrer les immeubles
en ligne de compte, cette autorité procéda à une répartition indi-
*) Strickler n'a pas vu l'original de cette proclamation. Il en donne
un résumé d'après le texte allemand (I. 614). Noud la reproduisons ci-après
(annexe IV).
*) Proclamation de la chambre administrative (annexe V). Cette
décision de la chambre administrative fut annulée par les conseils légis-
latifs helvétiques. Strickler. Helv. Republik. I, p. 730.
») Circulaire du 23 avril 1798. Annexe VI.
— 43 —
vidaelle de TimpositiOD. Elle institua dans le sein des contribuables
une commission destinée à servir d'intermédiaire entre ceux-ci et
l'administration. Cette commission fut composée de MM. Ignace de
Boccard, Tobie de Buman, Xavier de Fégely, Jean de Montenach
et Tobie de Bœmy ; ce dernier remplit l'office de caissier.
Il est aisé de penser combien la mission de ce comité fut diffi-
cile. Il fallait toute l'autorité que commande la confiance pour
arriver à un résultat appréciable. On se trouvait placé entre les
exigences françaises et les retards causés par l'énormité des som-
mes demandées ^).
Conformément à l'arrêté, la chambre administrative divisa les
patriciens en trois classes.
La première comprenait tous les membres des conseils depuis
les avoyers jusqu'aux simples membres des Deux Cents ; elle
comptait 184 contribuables répartis entre 47 familles et taxés à
une somme totale de 420,235 écus bons. On n'a pas compris dans
ce chiffre les individus exemptés parce qu'ils ne possédaient rien
ou ne jouissaient pas encore de la fortune appartenant à leurs
parents.
Pour fixer la quote-part de chacun on additionna les rentes
des biens-fonds et des capitaux ; ce revenu triplé formait la base
de l'imposition ; on ajoutait à cette somme le Vi P^îs le Vo ^^ dit
revenu. Ainsi, Agustin Kuenlin, qui possédait un revenu de 63
écus, fut taxé de la manière suivante :
3X63 189 écus.
Le 7* de 63, en chiffres ronds 15 »
Le Ve de 63, » 10 >
Total 214 écus,
chiffre qui fut porté à 300 écus, en vertu de l'article 10 de
l'arrêté.
Il est à remarquer que la chambre administrative fit un large
usage de l'article 10, l'autorisant à augmenter la quote-part des
gouvernants qui avaient été à la tête du mouvement contre-révo-
lutionnaire ; ainsi, l'avoyer Werro, homme peu fortuné, vit sa taxe
de 1742 écus portée à 3000 écus; celles de François Amman, Lau-
*) Ant. Rœmy de Bertigny. Méinoii-es pour servir à l'histoire du
eau ton de Fribourg. Fri bourg 1869, p. 34.
— 44 —
rent Bonr^medit. Rodolphe BaoïaB, AatoîM CasteDA, Nicolas-
Antoine Càstella. AIots ChoUet Ladislaâ Diesbuh. Lureal Fégely,
Philippe Gottrma. Sîmon-Joseph Rejnol-i. Jicqaes-Philippc Yod-
denreid et Laarent Vonderweid forent haussées cossidérableiMQt.
Void les noms des plus forts conthboables : Antoine Castella *)
SO.OOO ëcns soit 103.521 francs '.. Nicolas-Antoine Castella ^
20,000 écos soit 69.014 franc?. Pierre-Gispard Diesbach «) 11,500
ëcns Krit 39,6é2 francs. Philippe Gottran. Jacqaes Montenadi,
Philippe Praroman. Simon-Joseph Renold. Jacqaes-Philippe Von-
derweid Tersèrent chacnn 10,000 écos. soit 34.507 francs.
Les moîa^ imposés ont payé 20 écns : c'étaient qaelqnes pan-
Très diables de patriciens, fort en peine de nouer les deu bouts,
qui eurent, sans doute., bien des tracas aTant de trouTer cette
somme.
La seconde classe comprenaft c les épouses des membres du
gouTernement. > En sus de leur fortune personnelle, les anciens
magistrats deTaient encore payer pour le bien de leurs femmes.
Celles-d. au nombre de 72. contribuèrent pour une somme de
55,926 écus. Le taux i payer était le revenu annuel, plus la moitié
de ce revenu, p!as le huitième, plus le douzième du dit revenu.
Ainsi la plus fort imposée de cette classe, Julie née Diesbach.
femme de Laurent Fégely. qui jouissait d'une rente de 2293 écus,
paya:
Le dit revenu 2293 écus.
La moitié de ce revenu 1146 >
Le huitième > 286 >
Le douzième > 191 >
Tout 3916 écus soit 13,512 francs.
La troisième classe renfermait toutes les personnes apparte-
^ Jean-Antoine-Vendelin de Castella de Villardin (branche de Ber-
leo»), fiN de Fran«>i^Pit>ïper. né en 1765, membre du Grand Conseil en
llfn, mort en 1800. Il avait épousé, la même année, Elisabeth d'Affry.
Madame de Villardin eut un salon célèbre à Fribourg.
*; L'écu bon est compté à fr. 3,45.
*/ Nicola-i-Antoi ne-Xavier de Castella de Berlens, tils de Nicolas-
All^iert, né en 1767, membre du Grand Conseil en 1787, colonel du 2* régi-
ment Huisse au î^^rvic»; d»3 Napolé»jn, puis général, mort en 1830.
V» Le comte /'ra///"o/.<-Pierre-Ga*îpard de Diesbach-Torny, né en 1739,
conseiller d'Etat eu 1791, mort en 1811.
DÀnt au patriciat qui ne rentraient pas dans les deux classes pré-
cédentes et ne remplissaient aucun emploi public On y trouve des
ecclésiastiques, des militaires, des mineurs, des veuves et des
demoiselles. Les contribuables, au nombre de 110, figurent pour
une somme de 91,774 ëcus ; ils étaieut taxés sur le même pied que
les femmes des gouvernants. Le plus imposé fut Philippe Diesbacli
de Steinbrugg qui paya 6000 écus soit 20,704 francs.
Ce rôle donne une idée de la fortune des patriciens fribour-
geois ; si quelques-uns étaient riches et dans l'aisance, d'autres
avaient à peine de quoi vivre, surtout en présence des préjugés de
l'époque qui ne leur permettaient pas de se livrer au commerce, à
l'industrie ou à l'euploitation de quelque métier. D'un autre côté,
il ne faut pas oublier que ce document se rapporte à un moment
de crise : la baisse sur les valeurs, la suspension du paiement de la
rente française, la suppression des traitements et des pensions des
anciens officiers au service de France, les prévisions tes plus pes-
simistes au sujet du maintien des dîmes et des autres droits féo-
daux avaient notablement diminué les revenus de plusieurs. D'ail-
leurs le loyer des domaines et des autres propriétés foncières se
payait en partie en nature à cette époque, redevances qui n'en-
trèrent pas en ligne de compte, sauf le produit des forêts, Il est
hors de doute que dans leurs déclarations les particuliers ont été
aussi réservés que possible ; le malheureux contribuable était
enserré entre une double crainte : d'un côté celle du commissaire
français avec ses accoiytes helvétiques, de l'autre celle de la ruine
imminente ; il est naturel et bien légitime qu'il n'ait pas déclaré
certains revenus peu connus du public. De plus, la valeur de l'ar-
gent était plus élevée, il y a un siècle, qu'elle ne l'est de nos jours.
Tous ces facteurs réunis nous font admettre comme un minimum
la fortune du patriciat fribourgeoîs telle qu'elle est indiquée dans
la liste des imposés de 1798.
Mais les commissaires n'avaient pas attendu la confection de
ce rôle pour percevoir les premiers à-comptes de la contribution.
Au début les choses ne marchèrent pas trop mal, il y avait de
l'argent dans les caisses, de l'argenterie sur les dressoirs, des
bijoux dans les écrins, tout cela dut prendre le chemin du bureau
du percepteur. Pins d'un contribuable eut soin de briser les objets
précieux avant de les remettre, précaution assez justifiée car on
avait remarqué que plusieurs bijoux de prix étaient restés dans les
— 46 —
poches des officiers et des agents financiers, ce qui diminaait d'au-
tant la totalité des sommes versées par les imposés, solidaires les
ans des antres.
Cependant, après quelques versements, ces ressources man-
quèrent et les patriciens furent obligés d*attaquer leurs capitaux ;
les terres n'avaient aucun prix, il fallait donc demander le rem-
boursement des cédulcs et des obligations hypothécaires qu'ils
avaient placées dans le pays; mais les gens du peuple étaient tout
aussi dénués de ressource que leurs anciens gouvernants, de là une
source de malaise, d'instabilité et de découragement qui jeta le
bouleversement dans le canton. Le préfet national et la chambre
administrative s'en émurent ; ils demandèrent l'appui du directoire
helvétique dont l'intervention fut peu efficace. Enfin, cédant aux
réclamations de toute la Suisse, Rapinat consentit à un rabais qui
s'éleva, à Fribourg, au 7 7s Vo ^® 1^ somme de 2 millions attribuée
au canton ^).
La contribution fut acquittée en divers à-comptes. Il fut
versé :
300,000 francs au général Pijon ').
277,523 à l'ordonnateur François Rouhière.
1,265,099 par bordereaux successifs et par paiements par-
tiels imputés aux dépenses d'hôpitaux, aux
fournitures faites aux armées françaises.
150,000 rabais 7 V2 ^o-
7,378 divers.
ToUl 2,000,000 francs.
Enfin, le 17 juillet 1799, la commission des contribuables
avait terminé ses opérations ; elle se rendit en corps auprès de la
chambre administrative qui lui donna quittance et approuva les
opérations effectuées pendant sa délicate et pénible gestion ^).
') Voir Strickier. Helv. Republik, t. I, 610, 736, 754, 1033. II, 109,
691. III, 319, 364. IV, 1105.
*) La contribution imposée par le général Pijon fut donc considérée
comme un à-compte payé sur celle de Lecarlier.
*) Ces deux derniers passages sont extraits des mémoires d'Ant. Rœmy
(p. 35 et 36) qui écrivait au vu des notes et des comptes de son père, secré-
taire de la commission des contribuables. Le protocole de la chambre admi-
nlitratlve ne fait pas mention de ce règlement de compte, mais il est À
— 47 —
I.
Etat des fortnnes et rentes des anciens gonvernans
de Fribourg. 1798 ').
1. Charles- Joseph Werro, ci -devant avoyer, 5 enfans.
2. Antoine Techtermann, ci-devant avoyer, point d'enfant.
3. Claude*Joseph Odet, 4 enfans.
4. Ântoine-Procope Ligertz, point d'enfant.
5. Pierre-Nicolas Choliet, 5 enfans.
6. Jean-Joseph Daguet, 2 enfans.
7. Jacques-Philippe Vonderweid, 7 enfans.
8. François-Philippe Reynold, 3 enfans.
9. François-Jacques Chollet, 2 enfans.
10. Pierre-Gaspard Diesbach, point d'enfant.
11. François-Nicolas Techtermann, un enfant.
12. Béat- Louis Schaller, 12 enfans.
13. Frédéric Montenach, 5 enfans.
i-emarquer que le procès-verbal, d'ailleurs assez laconique^ n'aura pas relaté
une opération qui était plutôt de la compétence du comité des finances dont
je n'ai pas trouvé les registres. Avant le 17 juillet 1799, la commission
des contribuables est souvent nommée dans les actes officiels ; il n'en est
plus question à partir de cette date, preuve qu'elle avait terminé sa mission.
Cette imposition fut l'objet de fréquentes délibérations.
On peut consulter aux archives cantonales :
Manual du gouvernement provisoire de 1798. N' 349b, f 36, 37, 38,
39, 46, 49, 73, 76.
Manual de la chambre administrative du canton de Fribourg, N^ 350.
f~ 9, 13, 17, 18, 29. 108. 109, 151, 193, 198, 209, 230. — N* 351. f" 19, 38,
40, 42, 46, 54, 61, 69, 74, 81, 87, 112, 115, 141, 146, 151, 152, 158, 296,
303, 306, 316.
Copie des lettres de la chambre administrative de Fribourg. N* 71.
r 137, 233.
Lettres adressées à la chambre administrative les 7, 8, 10, 15 avril, le
13 juin 1798.
^) Cet état est à peu près identique avec le suivant, il est donc inutile
de le reproduire in extenso. 11 indique toutefois l'état civil et le nombre des
enfants des anciens magistrats ; ces données ne figurant pas dans l'autre
rôle, nous les reproduisons ici.
— 48 —
14. Xavier- AI oyse Fëgely, 3 enfans.
15. Ignace Odet, 3 enfans.
16. Ignace Boccard, 3 enfans.'
17. Tobie-Rapha'él Buman, 6 enfans.
16. Balthasar Moller, 6 enfans.
19. Rodolphe Baman, point d'enfant.
20. Pierre-Nicolas Chollet, un enfant.
21. Laurent Boargknecht, 4 enfans.
22. Joseph-Emmannel Maillardoz, célibataire.
23. Louis Week, célibataire.
24. Jean-Baptiste Reynold, 2 enfans.
25. Nicolas Week, point d'enfant.
26. Emmanuel Buman, 8 enfans.
27. Aloyse Chollet, point d'enfant.
28. Charles-Marie Perret, point d'enfant.
29. Simon-Tobie Rœmy, 3 enfans.
30. Jofieph Chollet, 2 enfans.
31. Pierre Chollet, 4 enfans.
32. Jean-Nicolas Fégely, 3 enfans.
33. Laurent Fégely, 2 enfans.
34. Pierre Castella, célibataire.
35. Sébastien Gady, 3 enfans.
36. Laurent-Bernard Schueler, 2 enfans.
37. Philippe-Nicolas Gottrau, célibataire.
38. Xavier-Victor Fégely, 6 enfans.
39. Jean-Pierre Reyff, 3 enfans.
40. Nicolas-Martin Gady, un enfant.
41. Nicolas Fégely, célibataire.
42. Nicolas-Raphaël Castella, célibataire.
43. Philippe-Magnus Castella, son frère, célibataire.
44. François Castella, son frère, célibataire.
45. Philippe Praroman, célibataire.
46. Albert-Biaise Gottrau, 7 enfans.
47. Pierre-Louis Gottrau, 2 enfans.
48. Pierre Chollet, célibataire.
49. Nicolas- Albert Castella, 3 enfans.
50. Simon-Joseph Reynold, célibataire.
51. Charles-Nicolas Reynold, célibataire.
62. Michel Reyoold, célibataire.
— 49 -
53. Jean-Nicolas Reynold, célibataire.
54. François Reynold, célibataire.
55. Baptiste Reynold, célibataire.
56. Joseph Reynold, marié, point d'enfant.
57. Albert Reyff, célibataire.
58. Antoine-Denis Vonderweid, célibataire.
59. Pierre-Louis Odet, 5 enfans.
60. Jean-Pierre Odet, son fils, célibataire.
61. Albert Odet, marié point d'enfant.
62. François-Pierre Uffleger, quatre enfans.
63. 64. Ses deux fils François et Nicolas Uffleger, pas mariés.
65. Antoine Progin, 6 enfans.
66. Son fils Edmond, célibataire.
67. Jean-Joseph Gasser, 5 enfans.
68. Son fils Augustin Gasser, célibataire.
69. Nicolas Fiwaz, célibataire.
70. Antoine MuUer, 5 enfans.
71. Albert Muller, 2 enfans.
72. Joseph -Alexandre Muller, garçon.
73. Jean-Georges Werro, garçon.
74. Tobie-Félicien Werro, 3 enfans.
75. Théodore Montenach, 4 enfans.
76. Simon Lenzbourg, 4 enfans.
77. Louis Lenzbourg, son fils, garçon.
78. Laurent Vonderweid, garçon.
79. Nicolas-Raymond Muller, garçon.
80. Henri Ligertz, garçon.
81. Jean-Nicolas Montenach, garçon.
82. Jacques Montenach, garçon.
83-87. Leurs cinq neveux Tobie, Joseph, Ignace, Charles et Pierre
Montenach, garçons.
88. Philippe Vonderweid, 3 enfans.
89. Maurice Techtermann, 5 enfans.
90. Charles-Emmanuel Gottrau, 1 enfant.
91. Claude-Joseph Montenach, veuf, sans enfant.
92. Nicolas Montenach, son frère, 2 enfans.
93. 94. Les frères Albert et Joseph Fégely, célibataires.
95. Prosper Amman, célibataire.
96. 97. Charles-Henry Reyff et son fils Bruno, 5 enfans.
4
— 50 —
98. François-IgDace Amman, célibataire.
99. Antoine Riemy, 4 enfans.
100. Simon-Nicolas Castella, célibataire.
101. Tobie Gottrau-Billens, 2 enfans.
102. Jean-Jacques Chollet, 3 enfans.
103. Tobie Castella-Delley, 4 enfans.
104. François-Xavier Landerset, 9 enfans.
105. Manrice Kœmy, 2 enfans.
106. Jean-Pierre Diesbach, 5 enfans.
107. Jacques Fiwaz, 4 enfans.
108. Joseph Grise t, point d'enfant.
109. Conrad-Nicolas Odet, célibataire.
110-114. Les cinq frères Charles, Antoine, Nicolas, Pierre et
Prosper, fils de Pierre-Nicolas Chollet, célibataires.
115. François-Pierre Montenach, 2 enfans.
116. Frédéric Diesbach, célibataire.
117. Philippe-Ladislas Diesbach, 4 enfans.
118. Antoine Maillardoz, célibataire.
119. Albert Maillardoz, son frère, un enfant.
120. Joseph-Nicolas Daguet, 5 enfans.
121. Emmanuel Ratzé, célibataire.
122. Joseph Gottrau, point d'enfant.
123. Charles Gottrau, son frère, marié, point d'enfant.
124. Jean Gottrau, 4 enfans.
125. Joseph Alt, célibataire.
126. Emmanuel Reynold, célibataire.
127. Antoine Castella, célibataire.
128. Philippe Fégely, célibataire.
129. Joseph Vonderweid, célibataire.
130. Emmanuel Vonderweid, célibataire.
131. Jean Montenach, célibataire.
132. Joseph Praroman, 4 enfans.
133. Xavier Fégely, 2 enfans.
134. Jean Gottrau-Hénnens, célibataire.
135. Marie-Philippe Diesbach -Belleroche, célibataire.
136. Jean- Joseph Gady, célibataire.
137-138. Les frères Joseph et Frédéric Diesbach, célibataires.
139. 140. 141. Les frères Nicolas, Charles et Pierre Schaller,
célibataires.
— 51 —
142. Laarent-Bernard Schuler, marié, point d'enfant.
143. Nicolas ChoIIet, 4 enfans.
144. Jean-Henry Reynold, 4 enfans.
145. Joseph Ratzé, garçon.
146. Joseph Gady, garçon.
147. Nicolas Boccard -Fuyons, garçon.
148. Nicolas Amman, marié, point d'enfant.
149. Alexandre Stutz, garçon.
150. Charles Muller, garçon.
151. Pierre-Claude Gendre, marié, point d'enfant. *
152. Nicolas Vonderweid, 2 enfans.
153. Jean Griset, 2 enfans.
154. Antoine Boccard, 3 enfans.
1 55. Prothais Fégely, point d'enfant.
156. Nicolas Buman, garçon.
157. Ignace Lanther, point d'enfant.
158. Georges Gastella, garçon.
159. Albert Week, garçon.
160. Nicolas Malliard, 2 enfans.
161. Joseph Goltrau, 5 enfans.
162. Benoit Schrôtter, 2 enfans.
163. Justin Appenthel, célibataire.
164. 165. 166. Les frères Ignace, Philippe et Joseph Maillardoz,
célibataires.
167. Louis Affry, 6 enfans.
1 68. Charles Affry, son fils, garçon.
169. Augustin Kuenlin, garçon.
170. Nicolas Kuenlin, son frère, garçon.
171. Emmanuel Gottrau-Villariaz, garçon.
172. Pancrace Gasser» garçon.
173. Népomucène Chollet, garçon.
174. Antoine Vonderweid, garçon.
175. Philippe Philistorff, garçon.
176. Ignace Buman, garçon.
177. François- Jacques Muller, un enfant.
178. Louis Griset, célibataire.
179. Pierre Rsemy, célibataire.
180. Louis Techterman, un enfant.
181. Jacques Wuilleret, 2 enfans.
— 52 —
182. Pierre^Loais Boargkoecht, point d'en&Dt.
183. Balthasar Vonderweid, 5 enfuis.
184. Nicolas Landerset, 4 enfans.
185. Dagobert Gady, garçon.
186. Philippe Gottraa, 2 enfans.
187. Joseph Muller, 3 enfans.
188. Hyacinthe Techtermanni garçon.
189. Joseph Wild, garçon.
190. Tobie Montenach, point d'enfant.
191. Jacques Daguet, point d'enfant
192. Constantin Maillardoz, célibataire.
193. Philippe 6ady, célibataire.
194. Nicolas Gady, célibataire.
195. Georges Praroman, un enfant
196. Pierre Vonderweid, un enfant
197. Philippe Rsemy, un enfant
198. Nicolas Castella, célibataire.
Pierre Castella-Delley, célibataire.
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- 84 —
III.
Arrêté du 19 germinal an VI concernant la levée
d'one contribation de 16 millions de francs
en Helvétie.
Uberté EgaUté
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Le Commissaire du gouvernement près l'armée de la République française
en Suisse
ConsidéraDt qu'il est de toute justice que la République
française reçoive promptement l'indemnité des frais considérables
qu'a occasionnés l'envoi en Suisse d'une armée destinée à protéger
les amis de la liberté, et à repousser les provocations de l'oligarchie;
Considérant que cette indemnité ne doit pas se borner à l'en-
tretien de l'armée qui occupe le territoire helvétique et qu'elle doit
offrir de tels résultats que la responsabilité dont avoient été chargés
les anciens gouvernans, ne soit pas illusoire ;
Requiert le général en chef d'ordonner ce qui suit :
Art. I. Il sera levé sur les cantons de Berne, Fribourg, Soleure,
Luceme et Zurich, une contribution de quinze millions de francs,
valeur de France, et sur le chapitre de Luceme, l'abbaye de Saint-
Urbain, et celle de Notre Dame des Hermites, une contribution
d'un million.
Art. II. Cette contribution sera répartie ainsi qu'il suit :
Le canton de Berne paiera six millions.
Celui de Fribourg deux millions.
Celui de Soleure deux millions.
Celui de Lucerne deux millions.
Celui de Zurich trois millions.
— 85 —
Art. III. Cette somme se paiera par cinquième ; savoir :
Le premier cinquième dans les cinq jours de la demande ; le
deuxième cinquième dans les vingt-cinq jours suivans; le troisième
cinquième dans les vingt premiers jours du second mois; et les
deux derniers cinquièmes dans les quarante jours suivans, de ma-
nière que le paiement total soit effectué dans trois mois.
Art. IV. La contribution de quinze millions sera acquittée uni-
quement par les anciens gouvernans, en quelque canton qu'ils
demeurent et quelque part que soient situés leurs biens, par les
familles desdits gouvernans et les trésoriers des gouvernemens.
Art. V. On entend par anciens gouvernans ceux qui à l'époque
de l'entrée de l'armée française en Suisse avoient droit de suffrage
ou de juridiction dans aucune ^) des autorités qui existoient alors.
Tels que les membres des conseils, les baillifs, etc.
Art. VI. On entend par famille des gouvernans :
1) les familles dites patriciennes qui avoient un droit exclusif
aux places du gouvernement ;
2) les individus qui, encore existans et ayant été membres des
gouvernemens. s'en seroient retirés avant l'époque de la
guerre.
Art. VII. Si, à raison des facultés des contribuables, il y avoit
inégalité de répartition entre les cantons de Fribourg, Soleure,
Lucerne et Zurich, il seroit avisé aux moyens de parvenir aune
répartition plus exacte; mais aucune réclamation ne pourra arrêter
le paiement provisoire des premier et second termes sur le pied de
la répartition portée ci-dessus.
Art. VIII. Dans le million à répartir entre le chapitre de Lu-
cerne, l'abbaye de St-Urbain et celle de Notre Dame des Hermites,
cette dernière sera comprise pour cinq cent mille francs, et le sur-
plus sera distribué par la Chambre administrative de Lucerne entre
le chapitre de ladite ville et l'abbaye de St-Urbain.
Art. IX. Les Chambres administratives répartiront, chacune
dans leur canton, sur les contribuables de la qualité désignée, les
sommes assignées à leurs cantons respectifs, de telle manière que
*) Sic pour une.
— 86 —
nulle espèce de non-valeur ne yuhse eu diminuer ie montant, et
que la masse entière des contribuables soit garante des paiements
partiels qui ne seroient pas effectués.
Art. X. Les Chambres administratives auront égard, dans la
répartition, au plus ou moins de fortune, en sorte que le superflu
soit toujours taxé dans une proportion plus forte que la médiocrité.
Elles pourront aussi taxer jusqu*à la concurrence de la totalité de
leurs biens les individus qui seront connus pour avoir pris une part
plus active à la provocation de guerre, mais toujours sous la garan-
tie collective de tous les contribuables, en cas de non-payement aux
époques indiquées.
Art. XI. Les Chambres administratives auront égard, s'il y a
lieu, au plus ou moins d'avantage, que certains des gouvernans
pourront avoir retiré de leurs places.
Art XIL Les gouvernans qui n'étoient plus en place à l'époque
de la guerre, et les membres des familles des gouvernans, ne pour-
ront être taxés que dans une proportion inférieure de moitié à celle
qui sera adoptée pour les anciens gouvernans.
Art. XIIL Si parmi les anciens gouvernans et leurs familles,
il se trouve des individus qui aient manifestement prononcé leur
opposition à la domination oligarchique, et qui par des faits incon-
testables puissent prouver qu'avant l'époque de la guerre ils ont
servi la cause de la liberté, les Chambres administratives pourront
les décharger de leur contingent à la contribution, mais toujours
sans qu'il en résulte aucune diminution de la somme totale.
Art. XIV. S'il étoit aussi reconnu que des individus, non com-
pris dans la classe des anciens gouvernans et leurs familles, ayeut
secondé d'une manière notoire les projets de l'oligarchie, et qu'ils
se soient rendus les complices, les Chambres administratives pour-
ront les comprendre dans la taxe, mais sans qu'en ce cas aucun
habitant des campagnes, quel que soit sa profession ou son indus-
trie, ni aucun habitant des villes vivant du travail de ses mains,
puisse être taxé, même sous prétexte qu'égaré par l'oligarchie, il
auroit pris les armes et auroit marché sous les drapeaux de l'ancien
gouvernement.
Art. XV. Les fournitures en tout genre, qui ont été faites à
l'armée française, d'après des réquisitions légales et duement cons-
— 87 —
tatëeSy seront imputées dans chaque canton, sur la masse totale de
la contribution qui lui est assignée, et seront déduites au prorata
de leur montant sur les trois derniers cinquièmes.
Art. XVI. Il ne sera fait aucune déduction pour les sommes
trouvées dans les caisses des anciens gouvernemens, ni pour aucune
espèce de fourniture faite des magasins publics, ni pour les créances
connues sous le nom de fonds publics.
Art. XVII. Tous les biens des contribuables sont dès-à-présent
déclarés inaliénables jusqu'à parfait paiement de la contribution
exigée. Ils pourront seulement être hypothéqués.
Art. XVIII. A défaut de paiement au terme indiqué, il sera
pris des mesures promptes et sévères contre chacun des contri-
buables; il sera dès-à-présent pris douze otages dans le canton de
Berne, et huit dans celui de Soleure.
Art. XIX. Les otages du canton de Berne seront :
1. Watteville, baillif de Vevey,
baron de Belp.
2. d'Ërlach, sénateur.
3. Manuel, sénateur.
4. Tscharner, sénateur
5. Fischer, banneret.
6. Grooss, baillif de Kônigsfel-
den.
7. Diesbach, sénateur.
8. Brounner, baillif de Wimmis.
9. Wourstemberguer, sénateur.
10. Bonstetten, baillif de Nyon.
11. Diesbach, baron de Carouge,
baillif de Frienisberg.
12. Mulinen, avoyer *).
Ceux du canton de Soleure seront :
Brunner, ex-conseiller.
François de RoU, ex-capitaine aux
gardes suisses, etc.
Besenwald, déjà arrêtés.
Pierre Glutz , ex - commandant
d'artillerie.
Settier, ex-conseiller.
Areker, >
Grimm, ex-major de ville.
Surbeck, ex-baillif de Thierstein.
Gugger et Gerber, ex-conseillers,
seront relâchés et pourront
rentrer dans leur domicile or-
dinaire ; lesdits otages seront
conduits à Strasbourg ou Hu-
ningue.
') L'avoyer Albert de Mulinen. M. le D' \V. F. de Mulinen a publié
quelques notes sur sa captivité. Erinnerungen aus der Zeit des Uebergangs.
Bern, 1898.
— 8iB —
Art. XX. Il sera, indépendaminent des présentes dispositions,
procédé à la yérification des caisses pabliqnes et des créances dites
fonds publics des cantons de Soleure, Fribourg, Luceme et Zurich,
et statué, après la vérification, ce qu'il appartiendra.
Art. XXI. Il sera établi dans chaque cheMieu de canton une
caisse particulière pour recevoir la contribution, et le montant en
sera successivement versé dans la caisse du payeur-général sur les
ordres du commissaire-ordonnateur en chel
Fait à Berne, le dix-neuf germinal, an 6 de la République
française une et indivisible. Lecablieb.
Le général en chef de Tarmée française en Helvétie ordonne,
que les dispositions de Tarrêté ci-dessus soient exécutées suivant
leur forme et teneur, quMl soit imprimé dans les deux langues,
publié et affiché partout où besoin sera.
Au quartier-général à Berne, le 19 germinal, 6°"* année de la
République. ScHAUENBUBa.
Proclamation du Commissaire Lecarlier
an sujet de la contribution de 16 millions de francs.
1 O g^ermtnal an VI (8 avril 1 708).
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Le Commissaire dit gouvernement près l'armée de la République française
en Suisse.
Aux citoyens de l'Hetvétie.
Citoyens,
Une coDtributJun va être levée dans votre pays; u'en soyez
point alarmés. On pourra en exagérer le produit, en dénaturer les
conséquencos, en contester la nécessité, mais ne croyez pas légère-
ment aux inaînuatioDs astucieuses qu'on ne manquera pas d'em-
ployer pour faire prendre le change sur une mesure que tout jus-
tifie et que l'intéri^t de la Suisse comme celui de la France réclame.
Nul dd vous ne peut douter des dispositions d'amitié et de bon
voisinage qui animent le gouvernement français envers la nation
helvétique, et nul de vous ne doute que l'ancienne oligarchie n'ait
fait tous ses efforts pour placer la Suisse au rang des ennemis de
la grande nation. Vains efforts il est vrai; mais néanmoins il a fallu
les repousser, il a fallu déployer l'appareil de la force contre un
gouvernement ingrat el perfide, et certes on ne persuadera pas que
ce soit trop étendre les résultats de la victoire que d'exiger des
vaincus l'indemnité des frais de la guerre. Cette indemnité ne peut
s'acquitter que de deux manières, ou par une contribution généra-
— 90 —
lement repartie snr tous les habitants de l*Helvétie, ou par an pré-
lèvement sur les fortunes, la plus part considérables, des andens
gouvemanf».
Il faut que la Suisse entière paie la contribution destinée i
Tindemnité due à la France, ou qu*elle soit supportée par ceux-li
seuls qui, chargés du gouvernement, ont, par eux-méme ou par
Tinfluence des individus liés d'opinion et d'intérêt avec eux, pro-
voqué la guerre.
Le premier moyen seroit injuste en lui-même, et il est en
opposition aux principes du gouvernement français qui ne confond
jamais les erreurs des peuples avec les torts ou les crimes des gou-
vernemens. C'est donc au second moyen qu'il faut s'attacher.
C'est donc sur tout ce qui tenoit à l'oligarchie suisse que doit
peser la réparation qu'elle a rendue nécessaire.
Ainsi rhomme de la nature et de la liberté, le paisible culti-
vateur ne sera point obligé de sacrifier le produit de ses sueurs
pour acquitter la dette de l'oligarchie; ainsi l'homme utile, dont
l'active industrie pourvoit aux besoins de ses concitoyens, ne sera
point exposé à être privé de son nécessaire, tandis que la dédai-
gneuse et perfide aristocratie souriroit à sa détresse.
£t n'est-il donc pas assez et trop malheureux pour un grand
nombre de citoyens de la classe opprimée d'avoir été égarés jus-
qu'au point de défendre au prix de ce qu'ils avoient de plus cher
la cause inique de leurs oppresseurs, sans qu'il faille encore ajouter
à leur infortune des privations nouvelles ?
Citoyens, si la présence de l'armée française a pu donner lieu
i quelques inquiétudes, qu'elles disparoissent, elle ne doit ni gêner
votre commerce, ni ralentir votre industrie, ni tarir vos ressources.
Si on a désiré connottre l'état des subsistances de plusieurs
cantons, si on a fait un recensement, ce n'est point pour vous enle-
ver des approvisionnemens, qui vous seroient indispensables, mais
uniquement pour n'être point obligé de recourir à des réquisitions
ruineuses ou i des mesures qui, lorsqu'elles sont précipitées, de-
viennent presque toujours désastreuses; c'est sur les fonds prove-
nant de la contribution imposée aux provocateurs de la guerre et à
leurs adhérens que sera soldée la dépense de l'armée; le proprié-
taire qui pourra fournir des denrées devra en être exactement payé,
et la circulation du numéraire s'alimentanl de tout ce qui sera né-
cessaire i la consommation de l'armée, il en résultera pour le pays
— 91 —
an moyen de vivification bien capable de compenser quelques incon-
véniens inévitables dans les circonstances où vous vous trouvez.
Citoyens, votre gouvernement va définitivement s'organiser;
secondez sa marche, aidez-le de votre force, et bientôt vous con-
nottrez ce que peut la liberté pour un peuple qui en est digne.
A Berne, le dix- neuf germinal, an 6 de la République française,
une et indivisible. Lecarlieb.
— 92 —
V.
Proclamation de la Chambre administrative
concernant la contribution des deux millions.
Avril 1798.
Uberté Egalité
Les Membres de la Chambre administrative du canton de Fribourg
soit de Sarine et Broyé.
 leurs concitoyens,
Vous voyez, chers concitoyens, par la réquisition ci-jointe,
que le gouvernement françois toujours juste, en demandant des
indemnités pour les frais considérables avancés par la grande nation
en nous donnant la liberté, veut qu'elles soient supportées par ceux
qui sont les auteurs de la résistance opiniâtre aux vues et bienfaits
du Directoire exécutif de France, par ceux qui avoient, par leur
naissance ou autrement, le droit exclusif de gouverner leurs sem-
blables, par ceux enfin qui, ne vivant pas du travail de leurs mains,
seroient reconnus pour avoir secondé et travaillé de toutes leurs
forces au profit de roligarchie. Les biens et les fortunes de ces
différentes classes d'individus sont plus que sufBsants pour remplir
cette contribution, si les circonstances et le peu de délai pour payer
ne portoient un grand obstacle à la réalisation du numéraire. Il
seroit donc urgent et nécessaire de trouver un moyen à-la-fois
prompt pour satisfaire les citoyens agens du gouvernement françois,
et juste, sans que les contribuables indiqués puissent espérer de se
soustraire à supporter entièrement cette indemnité.
Ces moyens, citoyens, vous les puiserez dans vos cœurs sensi-
bles et votre amour pour la patrie; chacun de vous fera un effort
9S
I
pour doDDer ou plutôt avancer les sommes en or, argent, vaisselle,
bijoux et monnoye dont il n'aura pas le plus pressant besoin. Les
créances et les fortunes entières des gouvernans et contribuables
en répondront. Les intérêts seront scrupuleusement acquittés, et
les remboursements déterminés dans le plus bref délai. Vous aurez
pour ces avances la garantie de la nation entière. Maintenant,
concitoyens, réfléchissez, si, après avoir épuisé toutes les ressources
actuelles, pécuniaires, mobilières et crédit de tous les contribuables,
ce qui malheureusement n'est pas éloigné, on ne pouvoit parvenir
à remplir qu'une foible portion de l'indemnité de deux millions, il
faudroit recourrir aux moyens extrêmes.
Tourroit-on sans injustice leur refuser de poursuivre et faire
payer à leurs débiteurs, tant en capitaux qu'intérêts, les sommes
qui leur sont dues? Ne doivent-ils pas en conscience venir aux
secours de leurs légitimes créanciers? Quelle secousse et quelle
commotion résulteroient d'une pareille mesure? Ce seroit en défi-
nitif les négocians, les cultivateurs et les moius aisés des habitans
des campagnes qui en seroient écrasés.
Que les bons citoyens se montrent, que chacun prouve son
zèle pour la pais, la tranquillité et le bonheur commun; la patrie
sera sauvée. En faisant cette invitation, les membres de la Cham-
bre administrative sont bien éloignés de vouloir en façon quelconque
atténuer ou modifier la juste sévérité e^iercée contre les anciens
gouvernans et leurs associés; ils n'envisagent ici que le bien de
leur pays. Que ceux dont ils cherchent à mériter la confiance s'em-
pressent de faire parvenir à Fribourg leur offrande civique, qui ne
sera que le payement d'une dette légitime, ou une avance dont le
remboursement peu éloigné sera assuré, tant en capital qu'intérêts,
sor les hypothèques les plus solides. Les Romains, et les François
DOS libérateurs, qui les ont surpassé en courage et en victoires,
nous ont plus d'une fois donné l'exemple de pareils dévouemens,
Salut et Fraternité.
Herrenschwand , président. Chaney, Wicky, Blanc. Kolly,
administrateurs.
Chaillet, secrétaire général.
LES ARMES A FEU
DANS LE PASSÉ
A FRIBOURG EN SUISSE
» >ic<
NOTICE
PAR
Charles Stajessi
INTRODUCTION
§ — Les archives de Fribourg ont doDDé déjà bien des ren-
seignements intéressants sur Tétat des armes à feu à diverses
époques, à partir du commencement du XY® siècle. Notre intention
est de rassembler ces renseignements, épars jusqu'à présent, de
les consigner ici, en les coordonnant aussi bien que possible et en
les rattachant à l'histoire générale de Tartillerie. C'est, pour
ainsi dire^ un travail de restitution que nous avons entrepris, mais
il présente encore bien des lacunes. Des fragments importants
nous manquent encore. Une exploration plus méthodique des
archives de Fribourg les donnera plus tard aux chercheurs patients
et bien avisés. Nous croyons à la possibilité de faire un rapport
complet et suivi sur le développement des armes à feu à Fribourg,
mais des raisons particulières nous empêchent de pousser nous-
même, jusqu'au bout, ce travail d'investigation.
Nous livrons donc aujourd'hui au public toutes les notes, d'un
intérêt tout à fait local, que nous avons recueillies jusqu'ici sur ce
sujet, dans des documents essentiellement fribourgeois.
§ — Dans l'artillerie fribourgeoise, nous n'aurons pas à
exposer des innovations prématurées, ni des monstres étonnants,
mais seulement, ce qui vaut mieux, les idées et les usages déjà
généralisés de chaque temps.
§ — Nos documents ne sont pas encore assez nombreux pour
que nous puissions diviser notre notice suivant les périodes que
l'on admet dans le développement de l'artillerie en général. Il nous
parait préférable de prendre pour jalons, dans ce premier travail,
les dates des documents les plus importants que nous possédons,
soit les dates des inventaires de l'artillerie de Fribourg.
§ — Les sources auxquelles nous avons puisé sont: les
tnvetUaireSj visites de VartiUerie ou plans de défense de la ville de
Fribourg. Il nous a été donné de consulter, en original :
— 100 —
Celui du 28 mai 1431 (en allemand), le seol publie jusqu'ici
(voir Becneil diplomatique t YIII, DXXXI) ;
Cenx des 30 mai 1446 ; 26 juillet 1465 ; 24 juin 1474 (en
français) ;
Une notice non datée, mais de la fin da XV* siècle (en alle-
mand);
Cenx des 8 mai 1503; 6 novembre 1560; août 1667 (en
allemand) ;
Cenx de 1689 et 1756,
Les Comptes des trésoriers: pour les années 1376-1430, extraits
manuscrits de M. Weitzel ; pour les années 1430
à 1664| extraits manuscrits du chanoine Fontaine.
Ces derniers, malheureusement, sont plutôt des traductions
et des résumés que des extraits littéraux ^).
Les Livres cTà comptes, ceux-ci en original, de 1490 à 1700.
§ — Il est difficile de dire exactement ce que désignait, dans
rari;illerie, telle dénomination à telle époque. La difficulté augmente
encore lorsque cette dénomination, déjà difficile à préciser dans la
même langue, doit être traduite dans une autre langue, comme
c'est le cas ici, où nous avons affaire tantôt à un texte allemand,
tantôt à un texte français. Pour ces raisons, nous écrirons toujours
la dénomination telle qu'elle se trouve dans le document .même,
que celui-ci soit en français ou non, et nous l'écrirons toi]\jours en
italique.
*) Le petit chiffre 1 ou 2, que nous plaçons après Tindication de
Tannée, signifie premier ou second semestre de cette année.
— 101 —
XIV« siècle
§ — Nous ne rechercherons pas si la poudre a été inventée
dans notre pays, pas même si notre pays a eu la priorité de son
application à la guerre! Il est plus probable que ces inventions
diaboliques, communiquées aux chrétiens par les musulmans ou les
chinois, ont été mises en usage ou plutôt à l'essai, chez nous, en
même temps qu'en France et en Allemagne. Dans ces pays, Tartil-
lerie à feu était encore à l'état d'enfance avant la fin du XIV*
siècle. Les engins à feu n'avaient encore atteint ni la force, ni
l'effet, ni la vitesse de service des engins à fronde et des arbalètes.
Ils faisaient courir les plus grands dangers à ceux qui s'en servaient,
et ne pouvaient être employés utilement que dans certaines situa-
tions se présentant fort rarement.
1400-1431
§ — Le plus ancien document qu'on ait trouvé, constatant
l'usage des armes à feu à Fribourg, est le contrat d'engagement
d'un maître du canon.
Le 18 janvier 1401, la communauté de Fribourg prend à son
service Hanso Grefy, maître du canon (Mchsmeister). On le charge
de la visite des « boetes et autres instruments >, et de faire
c poudre de salpêtre >. Grefy ayant été, peu après, incarcéré pour
quelque méfait, on lui fit signer une nouvelle promesse, le 29 mars
1402. Il s'engage à enseigner à 3 ou 4 hommes de Fribourg à faire
la poudre et à tirer le canon (c scire, trahere gallice lo canon vel
€ in theutonico leren mit der biichsen schiessen. >) On apprend
par cet acte que Hanso Grefy était fils de Jenny Grefy, déjà bour-
geois de Fribourg. Il semble résulter de là que les Fribourgeois
possédaient des canons depuis un certain temps déjà, et qu'ils se
préoccupaient d'en augmenter le nombre et d'assurer leur service.
§ — Les comptes de la ville font mention de 2 grosses boites
qui se trouvaient sur la tour porte de Bomont, en 1403 « por
< garnir et ferrar dues grosses bueites qui sunt sur la tor devert
< Bomont pôr cxx et viii liv. pesant de fer, vi liv. vin sous. It por
< XVI liv. de plumb eis dites bueistes xii s. > La même année on
garnit encore 9 autres boîtes, total 14 boites.
— 102 —
Par € ferrer et garnir une boite > on entendait la fixer au
moyen de liens en fer, à un bloc ou fût de bois, dans lequel elle
était enchâssée. On dira plus tard « faire le sieche d'une boite,
€ assetar une boite >. Nous pensons que le plomb se plaçait entre
la culasse et le fond de Tencastrement (heurtoir) pour amortir le
choc destructeur du recul.
§ — On connaît Tacte d*engagement pour une année, d*un
nouveau maître des boites {magister pixidarum), Simon Zinckfeld
de Mayence. Il est du 17 juin 1410 et conçu a peu près dans les
mêmes termes que le précédent. Zinckfeld s'engage à servir fidèle-
ment, <c in jactu seu tractu pixidarum », dans le tir des boites.
Mais, le 18 juillet de la même année, on engage déjà un autre ou
un second maître du canon, Rodolphe Metzer de Rinegk, bourgeois
et habitant de St-6all.
§ — Ces maîtres avaient chacun leur recette pour donner
plus de force à la poudre, mélange, dans des proportions variables,
de salpêtre, de charbon et de soufre. Tantôt on employait du
vinaigre dans sa fabrication, tantôt on y faisait entrer divers ingré-
dients, tels que de l'ambre en poudre, du vin brûlé, de l'eau-de-
vie, etc.
§ — Les fortifications de Fribourg furent visitées en 1428'
par le burggraf d'Autriche et en 1430' par deux seigneurs de la
cour d'Autriche. Il est probable que ces visites furent faites par
ordre du duc d'Autriche, alors seigneur de Fribourg en Uchtland.
Le procès-verbal d'une visite des tours et remparts, faite le 28
mai 1431 par Hermann, le maître canonnier de Fribourg, nous fait
connaître l'armement de chaque tour. Il était composé, en général,
de 2 boites, hiichseny tirant des boulets de pierre, « stein >, et
d'une espringale, springolf.
§ — Ce nom de springolf ne peut désigner ici une bouche à
feu. Il est dit : « It ein springolf und ouch phil > (It une espringale
et aussi des carreaux). Plus loin, en 1446, nous avons trouvé la
mention de noix d'espingale, pesant 3 livres chacune. Or, il n'y a
qu'un engin à déclic qui peut avoir une noix.
On ne sait pas au juste en quoi consistait Tespingale. Cet
engin n'était pas à fronde et difi'érait de l'arbalèle à tour. Mais les
passages relatifs aux espingales, de documents que l'on a recueillis
en France, ne permettent pas de les prendre pour des bouches à
feu, bien que, dans le principe (XIV® siècle), des bouches à feu
fussent employées à lancer aussi des carreaux ou flèches.
- 103 -
§ — En rëcapitolant, nous trouvons qu'il y avait, en 1431^
25 boites, sur les fortifications de Fribourg. Il s'en trouvait d'autres
encore dans la loge des bottes (in der hiiten), mais on ne pouvait
les examiner, en ce moment, à cause de l'encombrement causé par
des travaux de construction.
Nous apprenons, en effet, que la loge des boites, qui était
située contre le rempart, à droite en sortant de la porte de Morat
(Mauvaise tour), était en reconstruction de 1430 à 1434.
§ — Ce document montre clairement, qu'en 1431, à Fribourg,
l'artillerie à feu n'avait pas encore fait disparaître les anciens
engins nommés espringàles. Les bombardes ont pris place, depuis
bien des années déjà, sur les tours, à côté des anciens engins, mais
on sait que ceux-ci conservèrent longtemps encore l'avantage d'un
service plus rapide, moins dangereux pour les servants et d'un
effet plus sûr et plus étendu.
§ — Nous ne possédons pas de renseignements précis sur la
nature et la construction des premières boites < biichsen > existant
i Fribourg au commencement du XV® siècle. Nous croyons que les
boites de fer dites anciennes, que nous retrouvons dans les inven-
taires de dates postérieures, appartenaient à ce premier armement.
(6 € boites anciennes de fer >, inventaire de 1465 — 8 < stein-
bûchsen oder bôllerlin >, inventaire de 1503.)
La nature de leur métal (le fer ne pouvant, comme le bronze,
servir par la refonte à la création d'un nouveau matériel) a dû les
préserver d'une destruction rapide et complète. C'est pour cette
raison, du reste, que les anciennes, les premières pièces en fer
existent en assez grand nombre dans les musées, tandis que les
pièces en bronze, qui leur ont succédé immédiatement, ont presque
complètement disparu. Nous établirons plus loin qu'il est résulté
de là des appréciations inexactes sur l'état de l'artillerie à l'époque
des guerres de Bourgogne (1474 à 1477). Les premières boites
devaient avoir une volée large et courte, composée de douves en
fer soudées à chaud sur un mandrin et serrées par de nombreuses
frottes, et une chambre, d'un calibre bien moindre, fixée solidement
derrière la volée.
§ — Les premières armes à feu portatives apparaissent à
Fribourg sous le nom de canons à mains, handhUchsen, ou simple-
ment sous le nom de c canons >. En 1409, la façon de 14 canons
est payée au fondeur de cloches 110 sous. Le canon à mains était
— 104 —
donc en bronze. En 1431, le maître des bottes, Hermann, demande
que Ton dépose quelques c handbiichsen > sur les fortifications.
Les 60 handbûchsen, que l'on acheta la même année à Nuremberg,
pesaient 5 livres chacune, sans le manche. Nous verrons qae les
canons à mains seront toujours faits à ce même poids. Vers 1438,
ils prennent le nom de coulevrines, puis reprennent bientôt le nom
de canons à mains, lorsque celui de coulevrine commence à être
appliqué à des pièces d'artillerie.
Les canons à mains, handbiichsen, couleuvrines, sont affûtés
soit emmanchés c pour 34 manches de coluvrines 69 sous ; pour
€ faire 3 trous à 55 coluvrines pour pouvoir y mettre des man-
« ches. > L'expression, € visser les coulevrines >, se retrouve à
chaque instant dans les comptes.
On fabriquait cependant des canons à mains de plus de 5
livres, mais rarement (gros canons à main). On trouvait de même,
exceptionnellement, des canons à mains à chambres mobiles. En
général. les canons à mains se chargeaient par la bouche.
Les premiers canons à mains étaient très courts et adaptés
au bout d*un manche droit, en bois, comme une fusée au bout de
sa baguette. Les canons à mains qui suivirent sons le nom de
couleuvrines, devaient être plus longs et montés sur bois recourbé.
1432-1465
§ — L*amélioràtion consistant à donner i chaque pièce, deux
chambres ^^kammern. chasses") mobiles, dont Tune se chargeait pen-
dant qu\^n tirait Tautre, n'a dû venir que plus tard, en raison de
la difficulté d*obtenir la solidité dans cet assemblage i volonté.
Nous remarquons^ en effet, que Tinventaire de 1431 ne signale
pas des < chambres > pour les bottes de cette époque, tandis que
Texistence de chambres ou chasses mobiles au nombre de deux
pour chaque piiVo, se trouve expressément constatée dans les in-
ventaires plus récents. Cette amélioration fut facilitée par Femploi
du bronze. Ainsi en U40^ on fond à Fribourg 5 culasses de botte
en bronre, poids total 201 liv. Le musée de Morat, dans le canton
de Fribourg, possède plusieurs spécimens de bouches i feu qui
font bien cvMuprendre ces différences dans rartillerie i son origine.
Ce sont des pièces du premier genre, que Fribourg prêta i Morat
en U>J, Files sont dosiguées comme suit dans le document : une
— 105
i
I
I
bombarde de 200 liv. qui tire des pierres de 15 liv. fabrication de
Nnrnberg et une bombardelle de 5 liv. (diamètre 180"° et ISO""").
En 1434 on coufectionoait des boulets de pierre grands et petits i
20 s. la douz. (valeur relative du sou, environ fr. 1,50).
§ — Les chroniques des priucipates villes de la Suisse nous
parlent avec complaisance de la grosse boite (bauplbitchse) que
chacune de ces villes montrait avec orgueil au XV" siècle. Berne
avait sa Metzio, Bàle sa Rennerin, Zurich sa grosse pièce (80 liv.
de pierre), Fribourg possédait aussi, depuis le commencement de ce
siècle, une pièce que t'oa désignait tout spécialement par ces mots:
la grosse boîte En 1444 il est question de la mettre en pièces pour
faire servir son métal (elle était donc en bronze) à la fonte de nou-
velles pièces. En 145^^ on répare le char de la grosse boite. En
147S'', on fait des dépenses pour affats, principalement pour celui
de la grosse boite. Le boulet de pierre, en général, se paye 10 de-
niers, mais celui de ta grande boite de fer, 16 deniers. De celte
dernière note il résulte qu'il y avait au moins deux grosses boites,
l'une en bronze et l'autre en fer.
Suivant l'inventaire de 1465, il y avait, à la loge des boîtes, 2
grosses boites gisants et le perce mur (die Schîrmbreckerin) Peut-
on reconnaître ces 3 pièces comme les grosses boîtes dont il est fait
mention plus haut? Ces pièces, ou d'autres sous la même désigna-
tion, furent conservées pendant plus d'un siècle. Nous retrouvons
le perce mur dans l'inventaire de 1503. < Ensuite la forte botte
< appelée le brise pierre (steinbrecher) ou le brise rempart (Schirm-
« brecher, en 1474, thurmbrecber.). Elle a, à lu partie postérieure,
« 4 crochets venus de fonte (vierangossen haken). Elle est d'ailleurs
« i pans (ist sust mit ecken) et porte en avant, 3 écus de Fribourg
« accolés. >
En 1560, il y a encore 3 murbrecher dont 1 dît anâen.
§ — Le nom allemand de hakenbUchs&t n'apparaît pas dans nos
documents avant 1440. Il signifie < canon à croc >. Cette arme est
plus longue et plus lourde que le canon à main. A Fribourg elle
pèse de 24 à 30 liv. sans sa monture do bois. Par elle, commence
l'artillerie proprement dite. Il est probable que son nom lui vient
de ce que, dans le principe, elle avait, sous la volée, un crochet en
métal par lequel on pouvait l'arrêter à un appui fixe pour empêcher
le recul. Le nom fut conservé, bien que le croc ait été supprimé ou
remplacé plus tard par une fourchette d'appui.
— 106 —
Les hakenbUcbsen sont, en gëoëral, en bronze. Dans la récapi-
tulation de 1503, nous n*en trouverons que 2 en fer sur plus de 60
que Fribourg possédait alors. Elles se chargeaient par la bouche.
Pourtant sur 27 hakenbiichsen fondues en 1442^ deux sont des
boites à chambre mobile (kammerbUchsen). Les hakenbiichsen sont
souvent fixées sur des chevalets (auf bock, bocklin).
§ — Plusieurs hakenbiichsen réunies et fixées sur un même
plateau, constituaient une argue ou orguine (en France on disait un
ribaudequin). Les Fribourgeois possédaient, en 1465 déjà, c 3 chars
€ d'orguines chacun à 6 hakenbiichsen >. Ce mot d'orgues, mal inter-
prété, a fait (lire à Tun ou l'autre de nos historiens, que les Fri-
bourgeois du XY® siècle traînaient souvent avec eux, dans leurs
expéditions guerrières, des orgues mélodieuses en guise de méné-
triers ou de fanfares. En 1468' on préparait les c orguines > pour
accompagner l'armée qui devait partir pour la Lombardie ou pour
le siège de Waldshut.
§ — Des pièces d'artillerie nommées tarrashUchsen furent
employées, déjà en 1427 dans la guerre contre les Hussites (Schmidt.
Le développement des armes à feu, 1870). La chronique bernoise de
Schilling est illustrée de dessins montrant la tarrasbiichse en marche
et en batterie. Cette pièce est fixée sur un affût à 2 roues. Le colo-
nel Favé, dans ses « études sur le passé de l'artillerie, >' attribue
aux Suisses le mérite de cette innovation qu'il ne fait remonter qu'à
1443 seulement. Or, nous lisons dans les comptes de Fribourg pour
l'année 1438 « garnir de bois la tarrasbiichse que l'on doit conduire
« en Bresse. > A Fribourg, la tarrasbiichse est une pièce de petit
calibre, légère. Nous en trouvons de 100, 150 jusqu'à 200 liv.
Comme la hakenbiichse, on la charge au moyen de cornets ou avec
des gargousses c ladungen en pappey > 1465. Elle tire des c plom-
bées (1465) soit des < klotzen > (billots ?) de plomb.
§ — Il n'y a rien de précis et de fixe dans la désignation des
bouches à feu jusqu'au XVP siècle. Ainsi le nom de veuglaire a été
interprété de bien des manières par les auteurs de notre temps.
Tout ce qu'on peut dire avec certitude, c'est que ce nom désignait
une bouche à feu de longueur plus considérable que celle de la
bombarde (boite, boite à 2 chambres), par rapport à son calibre.
Nous trouvons ce nom en usage à Fribourg en 1442. Le maître
artilleur Nicolas Liebi et le fondeur de cloches Pierre Follare fon-
dirent cette année là 27 « wiglero > à 2 chasses, pesant en tout
— 107 -
6553 llv., soit eD moyenne 243 liv. chaque. Plus tard, nous trouve-
rons le poids de 687 liv. pour un gros veuglaire à 2 chasses. Ici, le
veuglaire serait donc une pièce en bronze à chambre mobile, se
chargeant par la culasse. On trouve pourtant la désignation d'un
Touglaire entier de 268 liv. Par veuglaire entier on ne peut com-
prendre qu'une pièce à chambre fixe, c'est à dire se chargeant par
la bouche. Si ces poids se rapportent à des pièces d'un calibre assez
grand, ce qui est très probable, l'épaissseur de métal devait être bien
faible encore.
^§ — De 1446 nous possédons un document intitulé c Gy
« quontient par eskript, l'artillerie que est sur chaque tor en la ville
€ de Fribor ad 30 Mai 1446 >. Malheureusement, le contenu de ce
document ne répond pas à son titre alléchant. Il ne s'agit, en réa-
lité, que de nouvelles livraisons de matériel faites aux gardes de
chaque tour à la veille d'une guerre. En même temps que des ar-
balètes on délivre d'autres armes de mains, telles que canons (kanung)
coulevrines (coluvriues) à raison de 3 à 4 par poste avec les muni-
tions : poudre et projectiles (kiotzen) de plomb ou de fer à raison
de 60 à 100 coups par arme de chaque espèce.
§ — Nous ferons suivre ici toutes les notes que nous avons
sur l'augmentation ou le renouvellement de l'artillerie de 1431 à
1465, soit dans l'espace de temps qui sépare les deux premiers in-
ventaires venus jusqu'à nous.
Acquisitions de 1431 à 1465.
1431* 60 handbîichsen, de Nuremberg.
1443' 64 handbîichsen, de Nuremberg.
6 handbiichsen à chambres, de Nuremberg.
1450« 37 Colovrines.
1445' 27 hakenbiichsen, de Pierre Follare, fondeur de bronze.
17 hakenbiichsen, du même.
1450' 12 hakenbiichsen.
1453' 13 hakenbiichsen, de Pierre Follare, fondeur.
1454' 2 hakenbiichsen en bronze.
1445' 3 tarrasbiichsen, de Pierre Follare, fondeur.
1454' 1 tarrasbiichsen de bronze.
1445* 1 wigler (veuglaire) à 2 chasses, de Pierre Follare, fondeur.
2 wîgler entiers, de Pierre Follare, fondeur.
1 gros wigler, > > >
1454' 2 vuglaires à 2 chambres, de bronze.
1448' 1 longue boite de 1900 liv., bronze, du maître artilleur Cl
ï
— 108 —
§ — Le renoayellement de rtrtillerie fat entrepris à Friboorg
en 1442. Dans les préparatifs de guerre faits en 1443 il entra Tessai
des bottes qui étaient sur les tours. Ces boites devaient être un
matériel bien primitif. La fonte de nouvelles pièces commença im-
médiatement. Le métal qui manquait (étain et cuivre battu) vint
de Genève.
§ — En 1443* le conseil de Fribourg appela un charpentier
d'Ulm, maître Hans Reinbold, pour la construction de sièges de
bcUes. Ainsi, la question de Tamélioration de l'affiit, question diffi-
cile à résoudre, est à Tordre du jour à Fribourg en 1442. On sait
à combien d'efforts, de tâtonnements, les techniciens de tous les
pays durent se livrer, combien de temps il fallut pour parvenir à
un système d'affût remplissant à la fois toutes les conditions néces-
saires qui sont : le moyen de varier à volonté la direction de la
bouche i feu, la solidité pour résister à Teffet destructeur du recul
et la disposition d'une voiture pour porter la pièce dans les marches.
Rien ne nous renseigne sur les améliorations apportées aux affûts
par le maître dTlm M. Nous savons seulement qu*en 1445^ de nom-
breuses journées d'ouvriers furent faites sous sa direction, pour
assetar boetes et faire des roues pour les boetes. Les inventaires
de 1465 et de 1474 ne donnent aucun renseignement sur les affûts.
A cette époque les tourillons de pointage n'étaient pas encore
inventés. La pièce de campagne, la tarras elle-même, était fixe sur
son affût à 2 roues et. pour la pointer, il fallait enfoncer plus ou
moins la flèche de cet affût dans la terre ou creuser la terre sous
les roues. Quant aux grosses pièces, montées sur des chevalets ou
simplement enchâssées dans de gros blocs, il fallait des machines
ou des échafaudages pour les diriger vers le but.
§ — Une certaine activité, ayant pour objet l'artillerie, ré-
gnait à Fribourg au milieu du XV* siècle. En 1445^ les maîtres
artilleurs de Berne venaient visiter Tartillerie fribourgeoise. En
1447^ on défrayait le maître artilleur d'UIm qui était venu la voir.
Cet art n'avait pas seulement des fervents dans le monde militaire.
Nous voyons que le recteur des écoles de Fribourg, Jean de Piri,
rapportait d^\llemagne en 1445' des modèles de canons, de chariots
et d*autres machines. Jean de Piri est désigné plus tard comme
') Haos Reiubold fut chargé aassi de la construction de boulevards
(bollwerk) en bois en avant de certaines portes et tours de la ville de Fribourg-
— 109 —
I
cominissaire de l'artillerie de la ville de Fribourg. Il dirige la fonte
des pièces qui furent créées en assez grand nombre à cette époque.
§ — Mais l'effet de l'artillerie était encore bien incertain,
Voici comment la chronique anonynne de la guerre contre Berne
parle de l'emploi de l'artillerie par les deux partis. « Les Fribour-
t geois conduisent avec eux, dans leurs sorties, des bouches à feu.
4 Maître Nicolas tira et. ... il ne fut fait aucun mal. Ce leur côté,
f les Bernois essayent de bombarder la ville depuis Perolles, mais
« c'est encore sans effet. Ils conduisaient leurs pièces sur des chars. >
Dans son passage à Fribourg, en 1462^, le prince Philippe Monsieur,
de la maison de Savoie, se fit montrer l'artillerie fribourgeoise.
Inventaire de rartilterte de la ville de Fribourg fait le 25 juillet 1465.
Sur Ips Kmrs. A la loge. Tutam.
Bottes à 2 cbasees 22 — 22
Botte de Nuremberg 1 ' — 1
Bottes anciennes, de fer 4 2 6
Grosses boîtes gisant — 2 2
Perce mur (die schirmbrecherin) . . — l 1
Tarrasbiichsen 16 7 23
Veuglaires sur chevalet — 13 13
Orguines à 6 hakenbiicbsen .... — 3 3
Hakenbiichsen sur chevalets .... 6 — 6
Hakenbiichsen 9 20 •) 29
Gros canons à mains 2 — 2
Canons à mains ordinaires .... — 124 ') 124
Chars à plusieurs p' conduire l'artillerie — 2 2
Chars de pierres pour boites ... — 11 11
P
1466-1 503
§ — Les inventaires de 1465 et de 1474 sont presque iden-
tiques. Les comptes, du reste, ne mentionnent aucune augmentation
importante ou refonte de pièces dans ce laps de temps. Pour l'inven-
taire de 1474 on a suivi, page par page, la rédaction de l'inventaire
de 1465. Ainsi, dans l'un comme dans l'autre, on ne donne les
marques des pièces que pour les premières que l'on rencontre. On
omet de les donner plus loin et pourtant chaque pièce devait
D de la Justice (derriâre St-
') Ces armes sont dépogéea dans la te
Nicolas, emplacement actuel de La po«te).
- 110 —
porter au moins une marqu qui se retrouvait sur les boulets loi
appartenant ou sur ses chambres, si la pièce était une boite à
chambre. Les boites, dont les marques sont dessinées dans les
inventaires de 14G5 et de 1474, se retrouvent dans Tinventaire de
IfiOH. Ce sont les boites à deux chambres, fig. 7, 9 et 23, et les
tarrasbiichsen, fig. 29, 30 ou 22, 3 ou 25. Ce rapprochement nous
confirme dans notre opinion qu*en 1503, l'artillerie de Fribourg
était entièrement composée de pièces de construction antérieure à
1405 et de pièces conquises dans les guerres de Bourgogne. ,
Bien que l'inventaire de 1503 donne le signalement et les mar-
ques de toutes les pièces, on ne peut cependant classer celles-ci
suivant leur calibre ou l'époque de leur construction. Tout au plus
pouvons-nous grouper en une série les boites à deux chambres
ayant, pour signe commun, Técu fribourgeois entre deux lions.
Inventaire de rartillerie de la ville de Fribourg, fait le 27 janvier 1474
(ApnV fi^to nativité St-Jean-Baptiste)
Sur les mun A la loge Totaux
Bottes A doux chasses 20 — 20
BottodoNuromborg (entière, marque VI) 1 — 1
Bott08 ancionnos de fer 3 2 5
lîrossos bottes gisant — 2 2
Briso tours (die thurmbrecherin) . . — 1 1
TarrasbUohîîon 15 5 20
Youglairos î\ doux chasses .... 2 — 2'
Youglairos 1 14 15.
Orguinos, chacune A t» hakenbuchsen . — 3 3
Hakonbuchson sur chevalet . , . . 5 — 5
Uakonbuchsou 19 30 49
i'anons :\ mains — 162 *) 162
Ohars A plusieurs pour mener artil-
lerie — 2 2
Kevjïi^l jrarnis — 5 *) 5
Kexgel dejïavnis. de fer — 52*) 52
§ Seul. r:iivcn:A:ro de 1474 fait mention de Kejfgd. Il y
a« A la îogx^ des l\^*::es. > K}»:^ ca:s:> e: 32 Keggel tant c senlement
en fev et ne s*^;:: va.* çar;v,> > l\ parait qu'on ne trouTe pas de
■ ■ fc ■ • »
;}
— 111 —
mot romand pour designer cet engin. Ce nom de Eeigel est-il une
corruption du mot allemand « kugel j> qui fut adopté plus tard
pour désigner le boulet de fer du canon, ou bien indique-t-il la
forme de l'engin, forme qui se rapprocherait de celle d'une quille
de jeu (allemand Eegel) ? En 1474, ce nom devait désigner un
projectile explosif ou à feu : bombe, pétard, grenade ou pot à feu.
Ainsi, nous lisons qu'il faut « garnir, emplir, appareiller, emmancher
les keygel » (1476). Pour les garnir, on employé divers ingrédients,
de l'huile de noix, par exemple (1476). Leur préparation présente
de graves dangers, puisqu'on 1476 le maître artilleur Ulrich perdit
une main c en faisant des keigel au service de la ville > et que l'on
payait une assez forte récompense à Hans von Berris, « le forney,
€ de la garnison de Morat, pour ses peines de plantar certains
« Keygel. >
Mais il semble que le même mot, ou un autre qui s'en rap-
proche fort, servait à désigner les engins que nous appelons chausse-
trapes (en allemand, fussisen). Ainsi, ce ne peut être que des
chausse-trapes qu'en 1473' l'on fabrique par centaines, par mil-
liers, sous le nom de Keygel.
Bref, il y a des keygel que l'on plante, d'autres que l'on jette,
d'autres enfin que l'on accroche (1467). En 1476^, on paye à Hans
Botte le favre, pour 225 keygel qu'il a fait de son fer pour la ville,
la pièce à 6 s., 52 liv. 10 s. Un engin, forgé en fer, qui coûte 6 fr.
de notre monnaie, ne peut pas être une simple chausse-trape. Les
pétards, les pots à feu et les grenades, que les historiens nous
disent avoir été inventés au XVP siècle seulement, auraient-ils été
en usage chez nous en 1471 déjà ?
Acquisitions de 1465 à 1503
1471* 16 couleuvrines (de 5 liv.).
1474* 17 hakenbuchsen (de 26 liv.).
1474' 1 veuglaire à 2 chasses (de 194 liv.).
26 hakenbiichsen (de 30 liv.).
1476* 1 hakenbuchsen de fer pour 6 s. 8 d.
3 hakenbiichsen \ « i. ,^
1 Tarrasbttchsen ) PO»r 8 hv. 10 s.
1 mortey de mitaul (laiton) de la confrérie de c les-
trillie >, poids 267 liv., prix 150 liv. 5 s.
— 112 —
1 yeuglaire à chasses 1
3 hakenbûcbsen > poor 9 li?.
1 boite J
54 canons, do Hans Muller à Nuremberg, à 1 liv. pièce.
4 canons de Hensly FoUare, fondeur à Fribourg, i 2
li?. pièce.
200 canons de Hans Studer de Nuremberg (pour H.
Mnller), poids 5 7' liv., prix 1 Hy. à 1 Vi Ùv. pièce.
2 boites serpentines de c cellour de Glaris > pour 88
liv.
1 canon pour 34 s., de Peter Hayoz.
§ — L'armée de Charles- le-Téméraire, mise en déroute par
les Confédérés le 3 mars 1476, à Grandson, laissa sur le champ de
bataille, suivant la chronique de Schilling, 420 boites (b&chsen),
non compris les armes à main (kleinbiichs). Dans ce nombre, il y
avait beaucoup de grosses boites (houptbiichsen) ; le reste, en
majeure partie, consistait en couleuvrines (slangen) et bombardes
(steinbiichsen). Ces pièces furent traînées jusqu'à Nidau, où se fit
leur partage entre les alliés. Fribourg en eut sa part, nous ne
pouvons dire ce qu'elle fut : c 1476^ au sautier Jean Giron envoyé
€ à Nidau pour amener les boites échues à Fribourg dans le par-
€ tage, etc. > « Pour leur voiture 6 liv. 3 s. 1 d. » (soit environ
125 fr. de notre monnaie, pour une distance de plus de 12 lieoes
sans l'aller).
« 1476^ pour 30 pierres de boite faites pour le curton de
€ Grandson > (probablement pour le curton provenant du buUn
de Grandson).
§ — Suivant une lettre de l'ambassadeur milanais Panigarola,
témoin oculaire de la seconde défaite de Charles-le-Téméraire,
survenue le 22 juin 1476 à Morat, celui-ci avait déjà rassemblé,
avant le 17 avril de cette année, 64 pièces d'artillerie, soit 4
grosses bombardes, 6 courteaux et 54 serpentines, couleuvrines,
etc., et il comptait en recevoir encore. Un autre témoin, Molbinger,
indique, comme trophée de la victoire de Morat, 70 pièces dont 4
grosses, et la chronique de Lorraine 63 pièces en tout Ces relations
concordent assez bien entre elles. Les Fribourgeois eurent aussi
leur part de ces trophées. On lit dans les comptes de l'i^nnée 1476 :
« It à Hans Yischer et ses compagnons charrotons de l'hôpital
113 —
< pour charreyer les bottes de Romont ') à Berne et pour ramener
« notre part des boites gagniez devant Morat qui furent parties à
< Berne par les alliez IIIl IJv. > (soit 80 fr. de notre monnaie
pour un transport de 10 lieuea environ).
§ — En plus des pièces conquises à Morat et à Grandson,
les arsenaux de Berne et de Fribourg ont dû s'enrichir d'une partie
de l'artillerie des places du pays de Vaud.
De toute cette artillerie conquise, rien n'a été conservé à
Fribourg jusqu'à nous. Les souvenirs glorieux qui s'y rattachaient
n'ont pu préserver les pièces en bronze de la refonte, et les autres
étaient de si peu de valeur! Nous voulons croire, pourtant, que ces
trophées ont été conservés tous jusqu'en 1503, et que l'inventaire
détaillé de l'artillerie de Fribourg à cette date (nous ne connais-
BODS pas d'autre document de ce genre entre celui-ci et celui de
1474) les comprend tous.
g — Dans cet inventaire de 1503, 4 pièces sont désignées
expressément comme pièces conquises, 17 autres peuvent être
considérées à coup siir comme telles, en raison de la qualiâcation
de * bourguignonnes > qui les signale dans cet inventaire.
II existait donc à cette époque :
1 boite à chambre conquise à Champvent (Estavayer et Champ-
vent furent pris en octobre 1475 par les Bernois et les Fribour-
geois). Elle porte la marque du seigneur de Vergy (fig. 1, PI, I).
1 petite bombarde (bôllerli) conquise à Romont (probablement
à la première prise de Romont par les Bernois et les Fribourgeois
en octobre 1475, avant le 20). Elle est sur petites roues (auf
redlinen) et porte la marque (fig. 2).
1 petite pièce de campagne (strittbiichse) conquise à Estavayer.
Elle a des oreilles (?) (omien) et est marquée comme suit (fig. 3).
1 TarrishUchse, sur 2 roues (uff ein Reding) conquise à Vil-
iarzel. Elle porte la marque des Challant et derrière, vers la culasse
(by der ladung), le signe (fig. 4).
Soit quatre pièces provenant des places du pays de Vaud et
bien désignées comme telles dans l'inventaire de 1503.
§ — II est pourtant certain que d'autres pièces encore furent
amenées du pays de Vaud â Fribourg à la même époque.
') Probablement, les baltes que Jat^ques de Savoie avait réussi à em-
mener jusque-là avoc lui de Morat, dans sa retraite heureuse par Romont-
— 114 —
Ainsi le château d'Illens ^) livra :
4 couleuvrines en fer et 2 en bronze ;
2 anciennes boites courtes en fer ;
3 hakenbùchsen et 11 handbûchsen.
En 1475' on paya < pour enchâsser des bottes, entre autres
€ celles qu'on a amenées d'IUens. >
Romont parait avoir fourni aux Fribourgeois, une autre pièce
que la petite bombarde. On lit dans les comptes : c 1476. It à
€ Willi von Buch pour despens faits par XIIII compagnons qui
€ allarent qudrir la grossa boite de fer à Romont. > (Ou bien s'agit-il
d'une grosso boite amenée de Fribourg pour le siège de Romont ?)
La même année on paya aussi des frais c por tirailler et
€ percier dues boistes gagnies à Yverdon > Il s'agit probablement
de pièces enclouées ou obstruées.
§ — Nous remarquons, de plus, que le nombre des anciennes
pièces do fer s'est accru d'une manière extraordinaire de 1474 à
1503. De 5 à 6 qu'il était avant la guerre de Bourgogne^ il se
trouve porté à 25 dans l'inventaire de 1503. Cette augmentation,
qui no consiste, du reste, qu'en vieilles pièces sans marque aucune,
au nombre do 19 ou 20, ne peut être que partie dédaignée du
butin des guerres do Bourgogne.
On distinguait, en 1503, les pièces en fer suivantes :
1 grosso botte avec 1 anneau (celle de Romont ?).
5 bottes courtes (dont 2 dlllens ?)
10 bottes dont 8 dites aussi petites bombardes (bollerlin) *).
5 bottes à chambre dont 2 longues.
2 coulouvrinos à chambre, dont 1 longue, ayant
pordu chacune leur chambre.
2 coulouvrinos (1 longue et l petite).
Kn tout 25 pièces en fer. dont 10 sur les tours et 15 à la
h>go dos bottes.
§ - i>n s\Monno. et à bon droit, à la vue des pièces d'artil-
lorio quo U\h musoos do Morat, de NeuvevîIIe et de Paris (musée
d^artlllorio. pièces provenant du château de Ste-Urs&nne en Suisse)
'^ UI.Miv lut jMis jxa: io-i. Kr.îv'urctvîs oï lei^ Bernois le 2 janvier 1475.
ViMr .VïvluNos .10 \:\ S.\ ;o:o ,; !;;>!, :ri^ .i^^ K::\>urc. Tome V, p. 322.
•M ,Mu*M ailonMv.,'. V l\ .U^r v s^- îrA.uiii ar.;t^uri"hui en français par
to \yw\ y\ n^v.|-.oi^\ îra»> jvuxrrv r^nts 5vrl:«.uoî la iêuomination de « mor-
• • • •
les 4
d'Ulens ?
— 116 —
montrent comme ayant été prises à Charles-le-Témëraire. Il est
hors de doute que ces pièces sont de dates plus anciennes que
celles de son règne (1467-1477). Quelques-unes d'entre celles en
fer doivent provenir des places ou des châteaux enlevés à ce prince
on à la Savoie son alliée. Si, comme le rapportent les chroniqueurs,
le duc avait à la bataille de Grandson un si grand nombre de pièces
d'artillerie (plus de 400), c'était, à n'en pas douter, parce qu'il
avait amené avec lui, en outre de sa bonne artillerie, toutes les
bouches à feu anciennes susceptibles de mobilité, pour en armer
les châteaux dont il escomptait d'avance la conquête. Bref, ce que
l'on nous montre à Morat, comme artillerie de ce puissant prince,
semble si peu redoutable qu'on serait tenté d'y voir l'artillerie à
son origine.
§ — A notre connaissance, il n'existe plus qu'une seule pièce
fondue sous le règne de Charles-lo-Téméraire et lui ayant appar-
tenu. Elle se trouve au musée de Bâle, mais les auteurs si bien
renseignés en général de c l'histoire des progrès do l'artillerie >
en ont ignoré complètement l'existence. S'ils l'avaient connue, ils
auraient pu reporter en entier à 1474, sous Charles-Ie-Téméraire,
certains progrès attribués d'abord à Charles VIII (1495), mais
que l'apparition d'une pièce venue de l'île de Rhodes leur avait
permis de faire remonter, partiellement du moins, jusqu'à Louis XI,
en 1478.
Bien que cette pièce n'appartienne pas à Fribourg, nous lui
donnerons ici une bonne place, parce qu'elle fait bien comprendre
le signalement des pièces du même genre et de la même prove-
nance qui existaient encore à Fribourg, au commencement du
XVI» siècle.
La pièce de Bâle (PI. IV) est un canon tenant encore de la
bombarde par certains caractères. En bronze, elle porte, vers la
bouche, l'inscription c Jehann de Malines ma fayt lan 1474. >
Immédiatement après cette inscription, on voit, sur la volée, un
écusson aux armes de Charles-le-Téméraire accompagné, à gauche,
de l'insigne de la Toison d'or, le briquet et le fusil et, à droite, des
deux c 0 liés.
Calibre de l'arme 0°»,220, longueur 1°»,630 ;
Calibre de la chambre 0°',125, longueur 0"530 ;
Longueur totale 2°',520.
Cette pièce devait tirer un boulet de pierre de 200°^°^ environ
— 116 —
de diamètre, soit da poids de 20 liv. environ, avec ane charge de
poudre de 4 V« Hv. an plus (Is charge occupant les Vs àe la capa-
cité de la chambre). .
Poids de la pièce (calculé) environ 2000 liv.
Les proportions intérieures de cette pièce sont celles que Ton
donnait, en général, aux bombardes en 1427 et qui étaient encore
en usage pour les canons pierriers en 1609. Mais ce que cette
pièce montre de plus remarquable, c'est qu'en 1474, on donnait
déjà aux canons, dos tourillons servant non seulement de support,
mais aussi au pointage, puisque le bouton de culasse en forme de
tète de dragon à la gueule grande ouverte, de cette pièce de 1474,
est percé pour recevoir le bout d'un levier de pointage.
§ — Lorsqu'on a connaissance exacte de cette belle pièce,
on peut restituer par la pensée les pièces bourguignonnes disparues,
mais dont l'inventaire de 1503 donne assez bien le signalement.
Il y avait d'abord :
1 gros canon {Karthon) bourguignon. Il a, à l'arrière, une
tète de dragon avec un anneau. En avant, il est tors (ûss getrâyet).
Il est monté sur un afiût à 2 roues (Reding).
1 grosse couleuvrine bourguignonne. Elle est à pans sur toute
sa longueur et porte à l'arrière, le signe a 1476.
1 grosse couleuvrine bourguignonne, La partie antérieure est
cylindrique et a un bourrelet à 5 listels (ein Bortt mit funff
Reyffen), la partie postérieure, à pans, porte un écusson bourgui-
gnon avec un briquet (ce fiirschlag » fusil).
5 demi couleuvrines bourguignonnes ayant V arrière à huit pans
et V avant cylindrique, dont :
1 petite avec un cordon (grat), marquée à l'arrière (fig. 6).
1 avec signe à la culasse et signe à la bouche (fig. 6).
1 avec un cordon, une marque près de la lumière et une autre
à la lumière (fig. 7).
1 petite (slangli) marquée suivant fig. 8.
1 petite (slangli) ayant, sur la volée, un serpent et en arrière,
un écusson (fig. 9).
5 demi couleuvrines, à 8 pans sur toute leur longueur, dont :
1 ayant en avant, une figure — à la bouche, un signe (fig. 10).
1 portant à la lumière, la marque fig. 11, poids 452 liv.
1 ayant vers le milieu, 2 anneaux venus de fonte (angegossen),
— derrière, deux écussons avec inscription et à la lumière, une
marque fig. 12.
— 117 —
1 portant à la bouche, la marque fig. 13.
1 marquée 559 liv. et portant en avant, le signe fig. 14.
Inventaire de rartillerie de la ville de Fribourg fait le 8 mai 1 503
Sur les murs A la loge Totaux
Bottes à 2 chambres 25 5 30
Boite de Nuremberg, marque VI . . 1 — 1
Bottes (Steinbiichsen) 4 10 14
Bottes à chambre, en fer 2 5 7
Boites (Steinbiichsen), en fer . . . 7 1 8
Bottes (ou bollerli) > . . . — 8 8
Couleuvrines > . . . 1 1 2
Petite carthaune (Karthon), vieille . — 1 1
Bombarde (bollerli) sur roues ... — 1 1
Perce mur (Schirmbrecher) .... — 1 1
Tarrisbtichsen 11 2 13
Bottes de bataille (Strittbiichsen) . . 1 4 5
Bottes à verrou (Biggelbiichsen) . . 2 2 4
Couleuvrine neuve 1 — 1
Pièces conquises 1 3 4
Pièces dites bourguignonnes. ... — 13 13
Orguines, chacune à 6 hakenbiichsen . — 3 3
Grosse hakenbuchso — 1 1
Hakenbiichsen en fer 2 — 3
Hakenbiichsen 55 2 57
§ — Dans les premiers temps, les pièces de campagne s'em-
ployaient derrière des retranchements (tarras) faits à la hâte sur
le champ de bataille. De là le nom de pièces de retranchement, en
allemand c Tarrasbûchsen > donné aux premières pièces de campagne.
Nous voyons, par Tinventaire de 1503, qu'à cette époque l'usage de
cette dénomination se restreint déjà. Il y a bien moins de pièces
appelées c Tarrasbiichsen >, mais, à côté de celles-ci, il y a des
StrittbUchsen, pièces de bataille, et des Riegélbikhsen. Personne n'a
pu nous dire ce qui distinguait les Riegelbuchsen des autres pièces.
Le mot allemand c Riegel > signifie verrou, barre. Dans l'artillerie,
il désigne encore les entretoises des affûts en bois. Nous sommes
tentés de croire qu'à Fribourg, au XVP siècle, on entendait par
Riegel buchsen, des pièces mobiles autour de tourillons, dont le
— 118 —
pointage s'obtenait au moyen de cornes ou arcs de cercle places
de chaque côté de la culasse et percés d*une série de trous dans
lesquels on passait une tige de fer fixant l'inclinaison de la pièce.
Cette tige était la barre, le verrou Riegel) ou bien le mouvement
de tout le système était celui d'un verrou (Riegel).
§ — Le nom de c veuglaire >, qui se lit encore dans l'inven-
taire de 1474, n'est plus en usage à la fin du XV* siècle. Les pièces
en bronze, s'allongcant de plus en plus, étaient devenues semblables
aux armes à feu portatives. Cet aspect les fit appeler du même
nom couleuvrines, Slangen. Les pièces que l'on nommait autrefois
< veuglaires > furent, à Fribourg, classées dans les c bottes à 2
chasses », ou même dans les < couleuvrines >, suivant leur cons-
truction ou leurs proportions. On distinguait, déjà avant 1500,
trois espèces de couleuvrines : les grosses couleuvrines (Noth-
scIdangenX les couleuvrines et les denii couleuvrines {Halbschlangen).
Ces dénominations étaient devenues propres à des bouches à feu
en bronze longues et se chargeant par la bouche. Nous trouvons
les poids de 452, 559 liv. pour une demi couleuvrine de 1476-1503.
§ — A la fin du XV® siècle, les progrès de la métallurgie per-
mirent de couler des boulets en fonte de fer. Il ne parait pas que
l'artillerie de CharIcs-le-Téméraire fit usage de boulets en fer, mais
bien celle de Louis XI après 1474. La première mention certaine
de l'usage des boulets en fonte de fer, à Fribourg, se trouve à l'année
1499. Pourtant, nous croyons en trouver une un peu plus ancienne,
1495^ mais elle est vague. Leur bonne fabrication présentait
encore certaines difficultés, à Fribourg. Jean Guidolaz fut envoyé,
en 1500S en Bourgogne pour assister à des fontes de boulets et
pour en rapporter des modèles. Mais partout, les boulets en
pierre et les pierres en mitraille furent utilisés longtemps encore;
comme de bons projectiles contre les hommes et les chevaux.
1504— 1583
§ — Depuis 1503, nous ne trouvons plus d'inventaire de l'ar-
tillerie fribourgeoise jusqu'en 1560 (plan de défense de 1560 con-
firmé en 1572). Dans cet intervalle de temps, des changements
importants durent y être apportés car l'introduction du boulet de
fer et par suite Taugmentation de la charge, rendaient inutilisables
une bonne partie des pièces figurant dans l'inventaire de 1503.
- 119 —
Beaacoap d*entre ces pièces n'avaient d'ailleurs pas de tourillons,
étaient d'un pointage difficile. On songea à s'en débarrasser. Ainsi
en mars 1505, on décide en Conseil, de briser les 2 grosses boîtes
et d'en affecter le métal à la fonte d'une cloche pour St-Nicolas, si
toutefois le métal convient. Il paraît qu'on revint de cette décision.
Le 6 mars 1506, on décide de foudre un certain nombre de vieilles
bottes jusqu'à concurrence de 20 quintaux, pour faire des poids de
un quintal jusqu'à 10 liv. En 1530^ on jette à la fonte des anciennes
boites à chambre.
§ — On présume que les pièces bourguignonnes furent conser-
vées encore, en fort petit nombre, sous les noms de couleuvrines
(schlangen, halbschlangen^ alte Schiange) et de faucons (Falhun)
et en plus grand nombre, sous celui de fauconneaux (FàlkuneUin).
Nous voyons, en effet, avant qu'il soit question de la fonte de nou-
velles pièces de campagne, les Fribourgeois emmener dans leurs
expéditions, des pièces ainsi dénommées. C'est ainsi que en 1515^,
le contingent de 400 hommes à envoyer à Côme, devait être accom-
pagné de 3 demi couleuvrines et de 6 hakenbûchsen ; qu'en 1540^
pour la levée du siège de Rottweyl, le contingent de 600 hommes
devait avoir 2 doubles et 2 simples faucons. L'acquisition de nou-
velles pièces de campagne, faucons ou doubles faucons proprement
dit, n'eut lieu pourtant qu'en 1543, mais n'anticipons pas.
§ — Le 5 juillet 1526* Messeigneurs de Fribourg promet-
tent au maître fondeur Pierre Fussli, de Zurich, que lorsqu'ils
se décideront à fondre des canons, c'est lui qui en sera chargé. Le
24 octobre 1527 Fussli est en effet, invité à venir à Fribourg avant
le carnaval prochain, mettre immédiatement en œuvre de nouvelles
pièces. C'est probablement à cette occasion, que le gouvernement
de Fribourg établit une fonderie de canons à la Planche, au pied
du rocher à pic de Bourguillon. Fn 1528* on faisait les moules pour
plusieurs canons, mais dans les comptes, le nom de Fussli ne parait
qu'au sujet d'une unique et grosse pièce 0*
Fussli fut congédié avec des cadeaux, preuves de la réussite
de son œuvre. On lui permit d'emporter le reste des matériaux.
§ — Pour tenir la campagne, on comptait en 1542^ qu'il
fallait 4 faucons, 4 demi faucons et 4 doubles faucons. C'est pro-
*) Suivant le livre de famille des Fussli, fondeurs de cloches et de
canons, les frères Hans et Peter Fussli auraient livré à Fribourg, de 1528 à
1532, 24 pièces et 6 douz. d'hakenbûchsen (?).
— 120 —
bablement dans ces vues, que Ton fit faire par le mattre artilleur
Bénédict, d'abord 10 pièces de campagne, puis ensuite 2 faucons pe-
sant ceux-ci 402 liv. en moyenne. Ces 12 pièces doivent être les
mêmes qui figurent dans l'inventaire de 1560 sou3 la dénomination
de (4) doppelfalkun et de (8) falkunen. Ces derniers devaient être
du calibre de 3 à 4 liv.
§ — Les 12 pièces neuves étaient à peine montées (1543^ —
1544^) qu'un terrible accident venait détruire la fonderie de canons.
Le 17 juin 1544, entre 7 et 8 h. du matin, une énorme masse de
pierres se détachait avec un fracas épouvantable, de la paroi de
rocher qui la surplombait. Il y eut 5 hommes tués et 3 maisons
écrasées dont la fonderie qui renfermait en ce moment, quelques
pièces de grosse artillerie.
Acquisitions de 1504 à 1572 (notices).
1507* 1 boîte du fondeur de bottes de Berne.
1528' moules pour les nouveaux canons.
Achat de 120 quintaux de cuivre et de 16 d'étain, puis de
plus de 100 quintaux de cuivre à Augsbourg.
1528* 1 grande pièce fondue par Peter Fussli de Zurich.
1543* 10 canons, du maître artilleur Bénédict.
1544^ 2 faucons, 805 liv., du maître artilleur.
inventaire de Tartlllerle de la ville de Fribourg extrait du plan de défense
du 6 novembre 1 560 revu le 24 septembre 1 572.
Sur les murs. A l'arseDsl *), Totaux
Boites à chambres 2 — 2
Boites à chambres (grosses, vieilles s. roues) 2 — 2
Pièce ancienne sur roues 1 -— 1
Pièce en fer, blanche et noire .... 1 1 2
Petites pièces en fer 2 — 2
Pièce de métal (vieux genre, altfrankisch) 1 — 1
Couleuvrine ancienne — 1 1
Pièces, petites, sur roues 6 — 6
Perce murs — 2 2
Perce murs ancien — 1 l
Grandes couleuvrines (Nothschlangen) . — 2 2
Couleuvrines — 2 2
^) Alors sous la maison du conseil (Rathaus).
— 121 —
Sor les murs. A l'arsenal *). Totaux
Demi cooleavrines — 2 2
Doables faucons (Falkun) 4 ^) 4 8
Faucons 8 «) 8 11
Faaconnaux (Falkunetlin) 1 28 29
Doubles hakenbûchsen 13 23 36
> > non montés . . — 5 5
Hakenbiichsen 30 — 30
Handbûchsen — 6 6
§ — L'ambassade française au congrès de Fribourg, pour le
renouvellement de l'alliance française, fut à son arrivée à Fribourg
(11 août 1564) régalée d'une mousquetade merveilleuse. Trois cents
Ihommes cachés dans le bois de Pérolles (Pigcritz under Romont
Strass) annoncèrent son approche par des décharges précipitées.
Puis, 36 pièces de gros et de petit calibre, placées sur les hauteurs
voisines, se mirent à tirer aussi rapidement que possible. Pendant
la durée du trajet du bois jusqu'à la porte de Romont, on compta
7 décharges, ce dont tous ces messieurs s'étonnèrent fort. Les tours
et les murs étaient aussi garnis de pièces c qui tirèrent longtemps
€ excellemment. >
§ — La chronique dont nous extrayons cette relation, donne
de plus, des renseignements intéressants sur l'artillerie de 1560.
Elle nous dit que sur les 36 pièces sorties à cette occasion, il y avait
2 grosses couleuvrines (Nothschlangen) de 16 pieds de longueur et
4 couleuvrines. Les autres pièces (30) étaient des doubles faucons
et des fauconneaux. Plus tard, nous verrons que ces 2 grosses cou-
leuvrines étaient du calibre de 16 liv. Elles avaient donc environ
82 calibres de longueur.
Le préjugé en faveur des pièces longues qui s'était implanté à
la fin du XV* siècle existait encore. On en revenait pourtant '*)-
*) Alors sous la maison du conseil (Rathaus).
') Dont 2 à Romont.
') Les pièces que Soleure commandait en 1537 à maître P. Fussly, de
Zaricb, ne devaient pas être si longues : a 2 pièces (buchsen) longueur 10
« pieds, calibre comme les grosses couleuvrines (nothscblangen), 2 pièces,
< longueur et calibre comme les couleuvrines bourguignonnes, savoir un
«demi pied de moins que les premières. » Les couleuvrines bourguignonnes}
celles do 1476 sans doute, qui servent encore de modèle en 1537 pour le
calibre et la longueur, avaient donc 9 Vi pieds de longueur. Où donc This-
— 122 —
Aucun de nos documents du XVI* siècle n'indique le ctlibre des
pièces. Les bouches et les boulets commandés étaient à fondre
d'après le modèle que l'on donnait Nous en sommes donc réduits
à des conjectures sur le système d'artillerie en usage à Fribourg à
cette époque. On remarque que Fribourg, pour le développement
de son artillerie^ s'inspirait encore des idées allemandes. A part 2
à 4 pièces de siège (perce mur, grosse bottes) les pièces qu'elle
admettait comme pièces de campagne, en 1560, devaient avoir ap-
proximativement les poids et calibres suivants:
la grande couleuvrine (Nothschiange) calibre 16 liv., poids environ
5600 liv., longueur 16 pieds,
la couleuvrine (Schlange) calibre 8 à 9 liv., poids environ 2500 à
3000 liv.
la demi couleuvrine dite aussi double faucon, calibre 6 à 8 liv.,
poids environ 2000 à 3000 liv.
le faucon (Fakun) calibre 3 V« ^ 5 liv., poids 600 à 1800 liv.
le fauconneau (Fakunetlin) tirant % jusqu'à 2 liv. de plomb, poids
270 jusqu'à 1000 liv.
§ — Nous avons cité les noms des premiers maîtres artilleurs
de Fribourg et relevé leurs engagements. Pendant les guerres de
Bourgogne, le maître des boites attitré et permanent de Fribourg
était Ulrich Wanner, mais dans ces graves circonstances, on lui avait
adjoint plusieurs autres maîtres artilleurs engagés pour la durée de
la guerre. Ceux-ci venaient de l'Alsace, d'UIm, de Nuremberg.
Nous relevons les noms de : Hans Luck, maître des bottes. —
Ulrich Schlosser. — Cristan Zilnberger. — Gabriel Ducher ou
Tuchel qui, devant Morat, fut estropié par une botte qu'il desservait
(fut burla," dépura, perdit les mains). Il lui fut accordé une pré-
bende à l'hôpital ; Stephan Kugler, de Hambourg, son adjoint. —
Andres Grosch, mattre des boistes de la garnison de Morat. —
Claude von Bitsch qui servit aussi à Morat. — Wilhelm Widerstein,
engagé pour une année 0^'^'^ -1478). Le mattre artilleur en
titre, Ulrich Wanner;ou Wannenmacher, fut tué en 1499 au siège
de Thiengen. En 1511' on trouve un mattre artilleur du nom de
Gasser, en 1531* un autre, simple fondeur de canons, peut être,
du nom de Henri Imgriin. Le dernier mattre artilleur paraît
torien fribourgeois Bechtold a-t-il lu que les pièces de cette époque avaient
50 à 60 pieds de longueur ?
— 128 —
ayoir été Bénédicht Msennli (1543S 1653). Après lai, les fonctions
de maître artilleur dégénèrent en celles de garde arsenal (Zeug-
taart). Tandis qne celles-ci restent pendant tout le XVIP siècle
dans la famille des Mœnnli ou Mœndly, les hautes fonctions de Zeug-
meister, maître de TaHiïleriej fonctions plus militaires et administra-
tives que professionnelles, passent et repassent successivement et
rapidement dans toutes les bonnes familles de la ville.
§ — Au XVI* siècle, Thaquebute qui occupait précédemment
un rang intermédiaire entre les armes portatives et l'artillerie pro-
prement dite, se présente sons deux formes bien distinctes: au poids
de plus de 40 Hv. et sur chevalet, elle est conservée dans l'artillerie
et restera longtemps en faveur sous le nom de douhle haquébute
(doppelhaken), tandis que considérablement allégée, munie d'une
crosse qui permettait de l'appuyer à l'épaule et pour faire feu,
d'une batterie qui abattait sur l'amorce le bout de la mèche, elle
remplacera l'ancien canon à main sous le nom A'arqudmse. Mais
pour être aussi portative et aussi facile à tirer à bras, celle-ci ne
pouvait lancer que de petits projectiles avec de faibles charges et
avait ainsi peu d'effet.
§ — - A la bataille de Pavie (1525) les Espagnols obtinrent de
grands résultats avec une arme à feu de plus fort calibre et sup-
portant une plus grande charge de poudre. Elle tirait des balles de
8 Hv. avec force, mais il fallait pour le tir, l'appuyer sur une four-
chette fichée en terre. L'usage s'établit d'appeler cette grosse ar-
quebuse à fourchette t«n mousquet On était parvenu à fabriquer
le canon en fer au lieu de bronze, dans de bonnes conditions et
d'une bonne longueur.
Sans doute, le mousquet dût entrer de bonne heure dans l'ar-
mement personnel de bien des Fribourgeoîs, mais ce n'est qu'en
1600, que nous trouvons les premiers comptes d'achat de mousquets
faits par le Gouvernement de Fribourg, qui commença alors à
amasser des armes de ce genre dans ses arsenaux.
1583-1667
§ — Le gouvernement de Fribourg fait, en 1583*, une grati-
fication à Hans Hâpt, maître des munitions du margrave de Bran-
debourg, qui, pendant son séjour à Fribourg, a enseigné certaines
méthodes très utiles pour le service de Tartillerie. On avait tiré
— 124 —
d'abord 60 coups dans ses leçons. Un maréchal de Scbaffhonse qui,
soas la direction de maître Hans Hept, tira 318 coups en se servant
de la nouvelle méthode, reçut aussi une certaine somme. En 1584'
nouveau don à un homme de Schaffhouse (le même probablement
qu'en 1583) qui a présenté le tableau d'une forteresse avec la
manière de se servir utilement du canon pendant la nuit. On ne
nous dit pas en quoi consistaient ces perfectionnements. Dans
l'emploi de gargousses, ou peut-être même de cartouches com-
plètes ? A cette époque, généralement, on introduisait encore la
poudre dans le canon au moyen de pelles et le chargement prenait
ainsi beaucoup de temps. Dans le tir de nuit, on dut faire usage,
sans doute, de boulets éclairants ou incendiaires, invention bien
ancienne déjà, mais qui venait précisément de faire sa réapparition
dans des sièges (1577, 1580). Enfin, on a pu employer de nouvelles
méthodes de pointages (le pointage indirect, par exemple). Les
traités d'artillerie qui furent imprimés à cette époque ou un peu
plus tard (par exemple < die Biichsenmeistery > de Dambach 1609)
nous montrent combien les maîtres artilleurs allemands étaient
experts et avancés dans leur art.
§ — Gustave- Adolphe, dans ses guerres, employa une artil-
lerie très nombreuse, légère et très mobile. En 1630, chacun de
ses régiments d'infanterie eut 2 canons de 4 liv., ne pesant qu'en-
viron 300 kg. Suivant cet exemple venant de si haut, Berne, sur la
proposition du colonel d'Erlach, fondit en 1636 de petites pièces
régimentaires (RegimentsstUchly) à atteler d'un seul cheval. Fri-
bourg eut aussi ses petites pièces de régiment, mais moins légères
et à partir de 1647-1650 seulement. Les fondeurs fribourgeois
H. F. Klôly et B. Reyff livrèrent 12 pièces ainsi dénommées. Elles
sont destinées aux 3 piquets ou élections (zu den dreien Ausziigen
keramet sindt). Dans l'inventaire de 1667, on trouve 12 pièces de
2 Vs 'i^* ^'l^s doivent être les 12 petites pièces de régiment
acquises en 1650.
En 1668, Klôli livra encore 4 petites pièces de régiment de
2 Va livres, du poids de 516 liv. et de 24 calibres de longueur, ce
qui porte le nombre de ces pièces de 2 Va l^v. à 16 (voir inventaire
de 1689). Les affûts pour les 4 dernières pièces furent payés 12 liv.
chacun, le 6 juillet 1669, à maître Mathys Bené.
§ — Il est intéressant, sinon utile, à plusieurs points de vue,
de voir d'oii Fribourg tirait les armes, armes à feu portatives et à
— 125 —
t quels [iris. Voici 1
^ sujet :
1600
1610
1611
1613
s renseiguemenls que nous avons recueillis ù ce
I
Fouruisseur : Andres Moser de...
Balthasar Ludesmaim de Kanden, margraviat de....
Maître Âodres Ëol), armurier de Montbéliard.
Flori&D Costcr, armurier et garde-arsenal de Mont*
béliard.
1614 -1 Valentiu Klett de Saul (Suhl dans le comté de
1616 / Henneberg en Thuiinge) et son fils Elienue Klett.
Le mousquet monté se paye en général 20 liv,, soit 4 silber-
IrODeu. Avec tous les accessoires : moule à balte (model), lavoir
(ffischer), mesurette (ladung) et bandoulier, il revient à 33 liv. Le
canon seul se paye 11 liv.
A cette époque, l'Etat rachetait des particuliers une assez
grande quantité de mousquets avec leur fourniment. Le garde-
arsenal, armurier de l'Etat, s'essayait aussi de fabriquer quelques
mousquets pour le compte de l'Etat (1612 de Haos Maindli, 1670
de Franz Mtenlin) -, mais il ne pouvait évidemment pas concourir
avec les fabriques renommées de Subi.
1625, mai 10. Contrat avec Etienne Klet de Saul. Le mousquet
avec les accessoires déjà indiqués et de plus la fourchette (gabel)
ne coûte plus que 4 Vi sbk., soit 23 liv. Le calibre est descendu à
2 loths (soit 16 à la livre).
§ — Chose curieuse, c'était son Emiuencc l'évéque de Lau-
sanne 0 qui, en 1614 (mars-juillet), s'occupait de la fonte en Bour-
gogne, de boulets pour l'artillerie de Fribourg. Le fer fui payé &
Claude Couldrey, commissaire de Monsieur de Reche (?). Le fils
du garde-arsenal, le jeune Hans Mœndli, fut envoyé par deux fois
à Pontarlier au sujet de celte fonte.
Les boulets pour la grosse pièce fondue en 1625 par Jacob
Kugler furent tirée de la fonderie de Soleure en 1629', mais on
dut les faire corriger. On régla compte avec Jacob Rothelin au
nom des héritiers de H. Glutz et ensuite avec Martin Glutz de
Soleure.
En 1631*. on fit des essais avec la grosse pièce d'artillerie.
On retira les boulets fichés en terre. Le premier prix, dans ces
') Mgr de Watteville. 11 était d'une famille d'nrigine bernois
f itablio en Bourgogne, ce qui explique [a. cuission douL il s'était chat
— 126 —
exercices, fat décerné à Jacques Eûoli (Euenlio), chaudronnier
vers les Augustins.
§ — D'après les projets de défense formés entre les Confédérés
ou entre les cantons catholiques, Fribonrg devait toqjours tenir
prêtes un certain nombre de pièces dites de 6 liv. ^). C'est pour ces
pièces qu*on demande, en 1675 (17 septembre), à Michel Richard
de Lauterbrunn, 600 boulets de 5 Vs livres. On paye ces boulets à
4 krutzen ou 4 sols 3 deniers la liv.
Les boulets de divers calibres et de diverses provenances,
amassés dans tous les temps, n'étaient pas bien réguliers ou ne
correspondaient pas exactement aux calibres de toutes les pièces.
En 1691 on se mit à les c reparer > tous. Il s'agissait, sans doute,
de les arrondir complètement et de les polir par un battage à
chaud dans des étampes, et aussi de régler c le vent » soit le jeu
à leur laisser* dans la pièce. Les calibres indiqués dans les comptes
de la (( réparation ]» des boulets, sont : 16, 11 (?), 8, 4 Vi» 3,
2 V«, 74 liv.
Il parait que les boulets de 5 V« liv , fondus en 1676, n'a-
vaient pas besoin de réparation. Cette réparation fat payée au
fondeur Jacob Klôli fondeur à raison de 3 s. par boulet depaia 2 V'
jusqu'à 8 liv. de 4 s. par boulet de 16 et de 2 s. par boulet de Vi
de liv., le plus petit en fer.
§ — Le plan d'aimement soit de défense de la ville de Fri-
bourg, élaboré en août 1667, nous donne Tétat de l'artillerie dont
on disposait à cette époque. Pour la première fois, les calibres des
pièces nous sont donnés par le poids du boulet, mais, chose cu-
rieuse, dans ce document on évite de donner aux pièces de divers
genres des dénominations comme autrefois. Seule, la dénomination
de € couleuvrines > est conservée pour désigner les deux longues
pièces de 18 liv. que nous connaissons déjà (elles étaient plutôt du
calibre de 16 liv.).
On laisse subsister l'armement des tours tel qu'il était ancien-
nement (17 pièces en bronze et 5 en fer) et on s'occupe de la répar-
^) A teneur de l'acte défensionnal du 7 mars 1656 de Baden, Fribonrg
devait fournir un premier contingent de 4 compagnies soit de 800 hommes
avec une pièce de 6 liv. Le second contingent devait être le double et le
troisième contingent le quadruple du premier. Il y avait ainsi 7 pièces de 6
liv. à tenir prêtes.
— 127 —
tition des pièces disponibles. Les grosses pièces (calibre 32 à 35
liv.) seront placées aux portes des anciennes enceintes devenues
des coupures intérieures: an Stalden, à la rue de Morat, à la
Grand'-Fontaine, à la petite place sous Thôtel cantonal et aussi
dans une autre petite cour d'oîi Ton peut battre la porte de Berne,
le pont de Berne et le Schonenberg. Du choix de ces emplacements,
on peut déduire que les pièces de très gros calibre devaient être
chargées de paquets de mitraille, qu'elles devaient être employées
comme pierriers ou greleuses et non comme pièces de siège.
Les longues pièces de 16 à 18 liv. devaient être placées près
de la porte de Bourguillon, d*où elles pouvaient atteindre tous les
points de la ville. Aux pièces de 8 liv., placées l'une derrière les
Capucins, l'autre plus loin, sur la falaise vers la porte de Morat
(actuellement parc de Diesbach), on donnait comme champ de tir,
les pentes du Schœnenberg jusqu'à la porte de Berne.
Les pièces de 6 liv., qui étaient en plus grand nombre (18),
devaient garnir les boulevards et l'enceinte pour battre les avenues
de la ville et flanquer les murs.
Dans ce plan, on se préoccupe surtout, de rendre inaccessible
la porte et le pont de Berne sur lesquels on fait croiser tous les
feux et de rendre intenable la Neuveville en arrière de cette issue.
En outre, pour accompagner la troupe dans la campagne, on dis-
posait de 12 pièces de régiment du calibre de 2 V4 à 2 7t Uv. et
d'une réserve de 12 pièces de campagne du calibre de 4 liv.
§ — Dans la seconde moitié du XVI* siècle plusieurs artilleries
de TAllemagne employaient déjà de gros boulets creux et explosif,
des bombes, dans les sièges. La pratique des bombes s'introduisit
en France vers 1630. Pour lancer les bombes, on employait des
mortiers, pièces qui, par leur forme générale, ne différaient point
des bombardes, à volée très courte, de l'origine de l'artillerie. On
tirait le mortier à deux feux, c'est-à-dire qu'on allumait d'abord
la bombe et qu*on mettait ensuite le feu au mortier. En 1634
l'usage du mortier avait pris partout une grande importance.
A Fribourg le jeune Klôli fondit, en 1643, un premier et
€ gros mortier > qui pesait 1180 liv. Son calibre devait être d'en-
viron 30^". £n 1662 un nouveau mortier fut fondu par Klôli et
Beyff. Dans le plan d'armement de 1667, il n'est pas fait mention
de ces deux mortiers.
— 128 —
Acquisitions et fontes, de 1560 i 1667
1583 12 doppelhaken, de Joseph Eeigler, fondear, de 43 liv.
pièce.
1589' 2 &ucoDDaax, de Claude Kugler fondeur, de 536 Hy.
2 faucons, de Claude Kogler fondeur, de 1300 IIy.
1600^ 1 doppelhaken, de Vitus Wigel, sur la tour Henri.
1603' 5 pétards, de Claude Kugler fondeur (payé 246 Iîy.
8 s. après déduction).
1606' 2 pièces de campagne, de Jacques Kugler fondeur
(payées 1385 liv. après déduction).
1607 2 doppelhaken, de Montbéliard, coût 13 H?.
1608* 1 pièce sur roues, de Jacques Kugler, poids 1100 li?.,
coût 1790 liv.
1612* 1 pièce (refusée par les Valaisans), de Jacques Kugler,
poids 870 liv, coût 1392 liv. (8 batz la liv.).
1613' 2 doppelhaken, de Viit Wigell.
1625' 1 grosse pièce, de Jacob Kugler.
1635 4 doppelhaken, de Jacob Kugler, poids 37 liv.
1643' 1 gros mortier, du jeune KIole, poids 1180 liv.
2 petites pièces de campagne, du jeune KIole, poids
350 liv.
1650 12 petites pièces de régiment, Hans-Christophe KIoly
et B. Reyff.
1662 1 mortier de H.-Ch. Klôly et B. Reyff.
inventaire de l'artillerie de Fribourg tiré du plan de défense
d'août 1667
Pièces de 32 liv. en fer ou en métal 4
18 liv. ^) couleuvrines 2
8 liv. 2
6 liv. 18
3 V«» 4 liv. 13
2 V4, 2 V» Hv. 12
% de liv. 6
Pièces sur les tours '), en métal 17
Pièces sur les tours, en fer 5
^) Ces couleuvrines étaient plutôt du calibre 16 liv.
') Nous conaptons sur les tours: 1 pièce de demi-liv. ; environ 11, de
trois quarts de liv. ; 1 de 4 liv. Le calibre des autres n'est pas indiqué.
1668— ITOS
§ — Dans une note de 1 667, nous lisons : « On ne sait que faire
< d'un mortier d'un tel gros calibre. Il faut employer son métal à
« la fonte de canons de campagne. » Il s'agissait évidemment, du
mortier de 1180 liv. fondu en 1643. Celui qui datait de 1662 eut
le même sort, car en 1689 on ne possédait qu'un seul mortier et i|
était neuf et tout nouvellement monté. Il datait de 1687 et n'avait
pas encore des bombes.
§ — Pour tirer les petites bombes soit les « grenades » , l'un
des Meendli avait construit, en 1670^, un petit mortier ne pesant que
50 liv. Pour le même u^age, on possédait, en 1669,3 * instruments *
et 2 petits mortiers. L'usage des grenades à main, connu depuis
longtemps (à Fribourg sous le nom de < keygel > en 1474 ?), prit
une grande extension au XVII" siècle. Le 17 septembre 1675, Fri-
bourg traite avec Michel Richard, de Lauterbrunnen, pour la four-
niture de 1000 grenades â main de 2 liv. et de 1500 de 1 '/a li^- ^
6 kreutzer la pièce. Le tourneur fournit les ampoulettes de fusée
i 1 kreutzer pièce.
§ — Nous remarquons que l'inventaire de 1689 comprend une
pièce neuve non encore montée Seule de son genre, elle est du
calibre de 12 liv. Dans nos comptes, noua trouvons une note sous
1687 qui a trait à une pièce et à un mortier nouvellement fondus,
mais cette note est un peu vague. En 1691 on paye 124 liv. à maître
René, pour un affût neuf destiné à la nouvelle pièce. Enfin en 1692,
cette nouvelle pièce est clairement dénommée. On ferre l'affût du
nouveau quart de canon (coût 460 liv.).
Depuis 1620, ie demi canon d'Espagne, calibre 24 liv. et le
quart de canon d'Espagne, calibre 12 liv., toutes deux de 10 à 11
pieds de longueur, étaient devenues en France, les uniques pièces de
batterie menées en campagne. Fribourg voulut donc, en 1692, es-
sayer de celle de 12 liv., le < quart de canon >.
Acquisitions et fontes de 1667 à 1689.
1667 — 16G8 4 petites pièces de régiment, de Kloly, poids 516 liv.,
calibre 2 '/t liv., long. 24 calibres.
1670' 1 petit mortier de métal, de H. Frnntz Mœndly, poids
50 liv.
— 130 —
1685^ 1 pièce des trois frères Klôli, coût 3560 Uy.
1687 1 mortier de fer (?) »
1687 / 1 pièce > (?) > remplacée par
1689 V 1 quart de canon.
Inventaire de rartillerie de Fribourg fait en 1689.
Calibre.
34 liv. Pièces en fer, ferrures blanches 2(eisenemitWei88en
32 » Perce murs (Maurenbrecher) 2 beschlagene).
16 > Grosses couleuvrines(Nothschlangen) 2
12 > Pièce neuve, non montée 1
8 > Couleuvrines (Quartierschlangen) 2
6 > Canons (Canunenstiicke) 18
4 > Pièces de campagne (Feldstiicke) 12
2V,> Pièces (de régiment) 16
Va > Fauconnaux (Falconets) 1
Vs > Emerillon (scharpffatin) 1
Mortier neuf, nouvellement monté 1 (sans bombes)
Mortier petit pour tirer grenades 2
Instrument pour tirer grenades 3
Pétards en métal avec vis (schrauben ?) 6
> > sans » » 6 (denen die Stangen
> en fer 1 abgehen).
Mousquets de guerre (Reismusqueten) env. 2600 (de Suhl, de Bile).
Mousquets de précision (Zihlmusqueten) 2300 (avec fourchette).
Fusils 1300
Carabines 70
Canons de mousquet, non montés 440
Nota. Les pièces qui sont sur les tours ne sont pas comprises
dans cet inventaire.
§ — Un compte de 1693 nous renseigne, quelque peu, sur les
affûts et voitures de guerre. Il est en faveur de Jacob Millier, de
Bserslingen, dans le canton de Lucerne, qui a enduit ou teint
(wegen einbeytzung), 51 affûts de canon.
2 affûts de mortier,
de plus 22 affûts des pièces qui sont sur les tours.
Total 75 affûts.
26 voitures de guerre (reyssviragen).
15 > »
16 avant trains (vonvagen),
— 131 —
le toat poar 500 liv. Les louables corporations doivent être invitées
à rembourser leur part de ces frais à raison de 18 chars de guerre
et 8 avant trains.
. § — Les pièces d'artillerie et les armes à feu portatives destinées
au contingent que Fribourg devait fournir d'après l'acte défensian-
nal liant les cantons confédérés ou les cantons catholiques, étaient
déposées dans un local à part, sous l'hôtel cantonal, local qui prit
lui-même, en raison de cette affectation, le nom de < Défensionnal > ^).
Celui-ci était tout nouvellement organisé en 1690 et comprenait
6 pièces de 6 liv., 6 chars équipés, 1740 mousquets, 535 fusils, etc.
§ — De 1625 jusqu'à 1670, nous ne trouvons aucun renseigne-
ment sur les arme à feu portatives à Fribourg. Dans cet espace de
temps, la platine à silex a été inventée, perfectionnée, puis enfin
adoptée dans presque toutes les armées. Berne a organisé une pre-
mière compagnie de < fusiliers > en 1653. Vers 1670, la bayonnette
a été adoptée en France. La cartouche pour le fusil est d'un usage
répandu.
Fribourg fait de nouvelles acquisions de mousquets en 1671,
de Victor Beck, armurier, à
1685 \ mai 25, contrat. Bottmer Clément et Rossel, à Suhl,
1687 / fournitures de canons de mousquet, fer trempé, à 9
puis à 7 liv. pièce, aussi de platines (Schnapper) à 1 liv. 10 p.
Nous ne pouvons pas déduire exactement, des documents mis
i notre disposition, la date à laquelle le fusU, c'est-à-dire le mous-
quet avec platine à percussion et silex (fusil), fit son apparition à
Fribourg. On sait qu'en France, l'autorisation d'armer les soldats
de fusils (1 sur 4 d'abord, seulement) ne fut donnée qu'en 1670.
Les platines que Fribourg achetait en assez grand nombre, en
1685—1687, devaient être déjà des platines à fusils, car dans l'in-
ventaire de 1687, en plus de 2600 mousquets de guerre (Reis-
mnsqueten) et de 2300 mousquets de précision avec fourchettes
(Ziehlmusqueten), il y a déjà 1300 fusils. Les mousquets de guerre
sont dits de Suhl, de Bàle, suivant la provenance de leur canon. Ils
tirent des balles de 25 grammes (20 à 24 à la liv.), ainsi que les
fusils.
§ — Au XVIP siècle, nous ne trouvons plus de « maître ar-
tilleur > attitré à Fribourg, pour la construction des canons et pour
*) 1690, 1695 Defensionnalwerck.
— 132 —
TinstructioD des artilleurs. Au dessous du < maître de Tartillerie >
< Zeugmeister > il n'y a qu'un garde arsenal < Zeugwart » qui
bientôt ne sera plus même un armurier de profession. C'est l'époque
d'ailleurs où partout, l'organisation de l'artillerie, de professionnelle
et corporative qu'elle était, va devenir militaire. Berne a déjà formé,
en 1667 — 1672, une compagnie d'artillerie dans laquelle des < mes-
sieurs et bourgeois de la ville > remplaceront les maîtres canonniers
d'autrefois professionnels et cosmopolites, et les simples canonniers
seront des gens de la campagne pour la plupart, serruriers, forge-
rons, charpentiers. Fribourg suivra cet exemple, mais il faut en
premier lieu, un instructeur et des élèves. On fait donc venir à Fri-
bourg (1691^) le constable Zelter (?) (de Bâle semble-t-iP) c pour
< dresser 24 messieurs et bourgeois dans la constablerie >. On lui
paya 2200 liv. et il fut hébergé pendant 4 semaines à l'auberge des
Maréchaux. Le cours dura jusqu'au 23 mai. Les marqueurs rap-
portèrent des cibles, 67 boulets qu'on leur paya 2 batz pièce.
§ — Nous nous plaisons à croire que cette école produisit de
bons constables, mais on ne s'imaginerait pas sous quel costume se
cachait, à Fribourg, l'un des artilleurs les plus émérites de la Suisse
au commencement du XVIII* siècle. C'était sous le froc des capu-
cins. Nous le constatons par l'extrait suivant des manuaux du conseil
de Soleure : < nous croyons avoir reconnu dans le R. P. Electus
< des capucins de Fribourg, la personne versée dans l'art de la
< constablerie qu'il nous faudrait pour diriger notre arsenal et pour
< instruire nos messieurs et bourgeois qui ont quelque inclination
< pour cet art >. La prière de le céder fut après bien des tergi-
versations, accueillie par le provincial des capucins. Au bout de 2
ans, deux des élèves du père recevaient après de brillants examens,
l'un, le brevet de capitaine (Stiickhauptmann) et l'autre, celui de
lieutenant (1707).
Ou ne s'étonnera plus de trouver ce talent d'artilleur chez un
père capucin, lorsqu'on saura que celui-ci portait le nom de Vanner,
qui était le nom du maître artilleur de Fribourg lors des guerres de
Bourgogne. Le père Vanner appartenait sans doute, à une ancienne
famille d'artilleurs. Son nom paraît encore dans les recès des diètes
^) Il y avait à cette époque déjà, une famille a Zeltner » à Soleure.
« Zeller » est le nom d'une famille zurichoise. Des « Zetter » venant de
Mulhouse, s'établirent à Bàle et à Soleure.
— 188 —
des cantons catholiques en 1708. On rapporte que le < capucin
€ Vanner, natif de Fribourg, qui a séjourné en Alsace, s'entend
€ fort bien dans Tart de la constablerie >. On conseille de le faire
entrer si possible au couvent de Rapperschwyl, ville que Ton pro-
jetait en ce moment de fortifier.
1708-1800
§ — Rien ne nous indique qu'il ait été apporté des changements
à l'artillerie fribourgeoise depuis 1689 jusqu'à 1774. On en était
resté au matériel du XVII® siècle. Le système du lieutenant général
de Vallière, adopté en France en 1732, avait été un premier pas
fait dans la voie des idées modernes, mais il conservait les canons
loDgs et lourds. Il comportait d'ailleurs, la série des calibres qui se
trouvaient représentés à Fribourg, 16, 12, 8 et 4 liv. Un nouveau
système, celui du lieutenant général de Gribeauval, avait été adopté
en 1765, mais son usage venait seulement, en 1774, d'être consacré,
pour ainsi dire. Il devait se maintenir brillamment jusqu'en 1825.
C'est précisément cette année 1774, que Fribourg procéda à la
refonte de son artillerie. Cette refonte eut lieu à Strasbourg. On
fit l'acquisition de 60 à 70 pièces ^).
Les pièces qui se trouvaient dans les châteaux d'Estavayer,
de Gruyères et de Rom ont furent envoyées aussi à la fonderie de
Strasbourg. Celles de Bomont étaient, sans doute, encore les deux
doubles faucons et les deux faucons qui s'y trouvaient déjà en
1560. En même temps qu'on faisait Tacquisition de nouveaux
canons, on achetait, à St-Etienne en Forez, 2222 fusils (1774).
Mais ce n'est que trois ans plus tard, en 1777, que le fusil à silex
reçut en France toutes ses améliorations et devint le modèle admis
depuis par toutes les nations.
Nous ne possédons pas l'inventaire de l'artillerie fribourgeoise
au moment où on allait procéder à sa refonte, 1774. Le dernier
inventaire remonte à 1756. Il ne présente aucune augmentation
sur celui de 1689 et il doit être resté sans changement jusqu'à
1774. Nous le donnons ici.
^) Zurich fit aussi refondre une bonne partie de son artillerie à Stras-
bourg, mais en 1778-1783 seulement.
— 134 —
Inventaire de rariillerie de Fribevri en 1756
Pièces de 34 liv.^ en métal 2
35 liv., en fer (balbeisen) .... 1
16 Uy 2
12 liv 1
8 liv 2
6 liv 18
4 liv 12
2 Vt H? 16
VJiv 13
Nota. Les vieilles pièces en fer qui devaient exister encore
ne sont pas portées dans cet inventaire.
Fasils, mousquets de guerre (Kriegsrobr) . . 6796
Mousquet avec fourchette (Gablenrohr) . . . 489
Carabines (Granatier Rohr) 80
La poudre se trouve dans la tour de 4 livres, dans la tour du
boulevard, dans la tour Henri et dans la tour porte de Bourgaillon.
§ — Les derniers trophées de la guerre de Bourgogne durent
s'évanouir dans cette fonte de 1774, si toutefois, ils avaient été épar-
gnés dans les refontes faites au XVI* siècle, mais quelques pièces
des premiers temps de l'artillerie fribourgeoise furent conservées
à la vue de bien des générations, soit à Tarsenal, soit sur les tours.
A nos yeux elles ne seraient pas les moins curieuses. En 1560, on
indique encore deux pièces en fer aux couleurs fribourgeoises
(blanche et noire), deux anciennes et mauvaises bottes à chambre
sur roues, une ancienne boite fondue dite < ait firanddsch >, etc.
(voir Tinven taire de 1560).
En 1667 on trouve encore, sur les tours, 5 pièces en fer.
Elles ont été conservées là, sans doute, parce qu'étant de petit
calibre, elles tirent des projectiles de plomb.
Dans les inventaires suivants, ces vieilles pièces en fer ne sont
plus portées. Elles existent néanmoins à l'arsenal. Elles y étaient
encore en 1798. Le 2 mars de cette terrible année, au moment où
les portes de la ville allaient être ouvertes aux Français, les pay-
sans allemands, attroupés sur la place Notre-Dame et furieux
d'avoir à se retirer sans combat, s'arment à l'arsenal qui paraissait
leur être abandonné ; ils en sortirent même de vieux canons de fer
à douves, dit un témoin oculaire. Hommes et femmes s'attelèrent
— 135 —
< aussi aux canons qui se trouvaient au parc et prirent position sur
les hauteurs voisines de la porte de Berne. De là, ils envoyèrent à
la ville, avant de se disperser, quelques boulets qui firent très peu
de mal. Le lendemain, on voyait encore à la rampe du Stalden,
un canon de fer que les allemands avait entraîné jusque là et qui
s'était affaissé sur son affût vermoulu. >
§ — «Le canton deFribourg fut désarmé, dit le même témoin ^).
Quoiqu'on n'eut pas lancé un boulet contre eux, les Français s'em-
parèrent de tous les canons qu'ils trouvèrent à Fribourg, à l'ex-
ception de quatre pièces de campagne ; on n'en vit du moins pas
d'autres pendant plusieurs années. » On assure que quelques pièces
d'artillerie, à l'écusson de Fribourg, furent transportées en Egypte
dans le temps de l'expédition commandée par Bonaparte. Quelqu'un
prétend les avoir vues plus tard, à l'arsenal de Londres.
Toutefois, dans sa lettre au général Schauenbourg, le général
Brune écrit : « Je n'ai pris que trente canons à Fribourg. > Qu'é-
taient devenus les autres ? Nous savons que Fribourg possédait à
cette époque bien plus de 30 canons.
§ — De son ancienne artillerie, Fribourg n'a conservé jusqu'à
nous que trois pièces. Ce sont trois pièces de la fonte de 1774-1775.
Elles portent toutes sur la volée, dans un cartouche, la devise
< Âmicos parât, inimicos tollit > (elle procure des amis et délivre
des ennemis), et sur le premier renfort, les armoiries du canton et
de la ville de Fribourg sur un trophée de drapeaux et d'armes. Â
l'une des pièces de 8 liv., sur la plate-bande de culasse, on lit : < A
< Strasbourg le 12 mai 1774, par J. B** Dartein commiss" des
< fontes de l'arf^* de France > et sur la tranche du tourillon de
droite : P. 1818. La longueur de l'àme de ce canon est de 2,13™,
soit de 18 calibres, le calibre étant de 118°^. Le poids de la pièce
est de 227 fois celui du boulet. Cette bouche est donc plus longue
et plus lourde que le comportait le système Gribauval à l'ordon-
nance en France, depuis 1765.
La seconde pièce de 8 liv. conservée est identique à la pre-
mière, mais elle ne porte aucune inscription ni sur la plate-bande
de culasse ni sur les tranches du tourillon. Nous croyons que c'est
une pièce fondue dans la première moitié de ce siècle sur le modèle
de la première que nous venons de décrire ').
») Mémorial de Fribourg, T. III, p. 184.
') En 1850 on refondit une pièce de S liv. allongée.
— 136 —
La troisième pièce conservée est une jolie pièce de 2 Ht.,
portant sur la plate-bande de culasse l'inscription : < Par J. B^
< Dartein, commiss'* des fontes de l'artil''* de France à Srasbourg
< le 14 7bre 1775 > et sur le tourillon de droite le chiffre P. 401.
Le poids de la bouche est donc ici de 200 fois celui du boulet
La longueur de Tâme est de l'°43, soit de 21 calibres, le calibre
étant de 67"".
XIX' siècle.
Nous sommes arrivés au bout de notre tâche et nous pensions
clore ici le court aperçu que nous avons entrepris de donner sur le
passé de Tartillerie fribourgeoise. Mais pour terminer, nous ajoute-
rons quelques notes concernant Tartillerie dans le courant de notre
siècle.
§ — Le colonel Massé rapporte dans son < aperçu historique
de Tartillerie suisse >, qu'après l'invasion des Français les arsenaux
des places de guerre françaises, voisines de la Suisse, étaient remplis
de pièces prises en Suisse.
c Ensuite du traité de paix conclu entre la France et la Suisse,
< cette première puissance restitua toute l'artillerie conquise qui
< était encore en état de service. Le gouvernement de la république
< helvétique s'empressa de faire rentrer ces pièces dans le pays.
< Un des officiers, chargé des opérations de la réception et de l'en-
< registrement, assurait que plus de 1200 bouches à feu étaient
< rentrées et rassemblées à Berne, oîi une administration unique
< et générale avait été instituée pour réorganiser cette branche
< du militaire suisse.
< En 1803, l'acte de médiation ayant rétabli le système fédéra-
€ tif, tous les cantons suisses se hâtèrent de réclamer la restitution
< de leur artillerie ; ils rentrèrent ainsi en possession de la plupart
< des bouches à feu de tout calibre. >
Les pièces de Fribourg embarquées par les Français dans leur
expédition d'Egypte ne revinrent certainement pas.
§ — Il existe une loi du 13 décembre 1798 sur l'organisation
des milices helvétiques. Pour l'artillerie, elle ne fait que conserver
provisoirement ce qui existe encore en fait.
Le règlement militaire général pour la Confédération de la
Suisse du 22 juin 1804 n'entra en vigueur que le 6 juin 1807.
1S7 —
Isflopte les canons de 8 et de 4 liv. et les obusiers de 12 Ut.
Fribourg et Soleure, en commun, fournissaient une division d'ar-
tillerie de réserve de 4 pièces de 8 liv. de position.
Une ordonnance de 1819 prescrit pour tous les cantons un
système uniforme d'artillerie : canons de 6 liv. et de 3 liv. et obu>
siers de 24 et de 12 liv., mais ce système fut long à s'introduire
dans certains cantons.
Le 1" juin 1823, Fribourg possédait :
4 canons de bronze de position de 6 liv.
2 » > > de 4 liv.
33 » > de campagne de 4 liv.
8 > > > de 2 liv.
Total 37 canons.
2 mortiers eu bronze de 8 pouces.
6 obusiers » de 24 liv. (6 pouces).
Total 45 bouches à feu.
Parmi les fusils conservés à l'arsenal on distinguait les fusils
dits neufi^, français, modèle 1777 corrigé et les fusils dits vieux,
français, Carrière, du Mottard, etc.
§ — En 1827 seulement on songe à introduire, à Fribourg, le
système prescrit par l'ordonnance fédérale de 1819. 2 pièces de 4 liv.
de campagne et 7 de 2 liv. sont envoyées à la fonderie de Stras-
bourg et s leur place on fait entrer 3 pièces de campagne de 6 liv,
el 1 obusier de 12 liv.. longueur 17 à 18 calibres. En 1833 et 1834
on se défait encore de 4 pièces de campagne de 4 liv. et on aug-
mente peu à peu le nombre des canons modèle fédéral de 6 liv.
§ — Voici l'état de l'artillerie fribourgeoise au moment de la
gnerre du Sonderbund (1647) :
4 canons de bronze de position de 6 liv.
2 > > allongés de 4 liv.
1 > > allongé de 2 liv.
8 canons de campagne de 6 liv.
12 » > de 4 liv.
Total 27 canons.
2 mortiers en bronze de 8 pouces.
6 obusierB > de 6 pouces (24 liv,).
1 > > de 12 liv.
— 138 —
Total 36 bouches à feu, nombre bien insuffisant pour armer conve-
nablement une ligne de défense d'un si grand développement que
celai qui dût être adopté (9,000» environ, 3 redoutes, 1 1 batteries
dont 5 armées d'avance).
Le gouvernement issu des événements de 1847, plaça 2 canons
de 4 liv. dans chacun des châteaux de Morat, Bulle, Chàtel et Ro-
mont. Ces canons rentrèrent à l'arsenal de Fribourg en 1857.
§ — Après 1854 on continua à se défaire des canons de cam-
pagne de 4 liv. (En 1860 il n'en existe plus que 6 que l'on vend en
1864.) En 1866—67 on se défait également de 4 obusiers de 24
liv. On avait acquis, en 1864, un obusier de 12 liv. et un autre du
même calibre en 1860.
En 1867, au moment oh aux canons lisses, allaient se substiuer
les canons rayés, puis bientôt les canons rayés se chargeant par la
culasse, Fribourg possédait encore :
4 canons en bronze de position de 8 liv.
2 > > allongés de 4 liv.
1 > > » de 2 liv.
8 > > de campagne de 6 liv.
2 mortiers de 8 pouces.
2 obusiers de 24 liv., courts.
2 > de 12 liv., longs.
1 > de 12 liv., court.
Total 22 bouches à feu.
En octobre 1867 on livre 7 canons de 6 liv. et 2 obusiers de
12 liv. et on obtient 6 canons de 4 liv. rayés^ modèle 1862/1866.
La nouvelle artillerie a ainsi fait son entrée à l'arsenal de Fribourg.
P1.1,
Inventaire de 1503
Marques des piôcos couquisos
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Fig 34.
TABLE ANALYTIQUE
Acquisitions de matériel de 1431 à 1465, p. 107 — de 1465 à
1503, p. 111, — de 1504 à 1572, p. 120, — de 1560 à 1667, p.
128, — de 1667 à 1689, p. 129.
Affûts. Les sièges de botte, p. 102, — les chars de boites, p.
109, — de tarrasbiichse, p. 106, — leur amélioration, Hans Rein-
bold, p. 108, — RediDg, p. 113, — p. 117, 130.
Armement des tours, p. 101, 102, 103, 107, 126, 127, 130,
134.
Armes à feu portatives, les canons à mains, handbûchsen, p.
103, 104, 107, — les couleuvrines, p, 104, 107, — les haken-
biichsen, p. 105, 106, — les arquebuses, p. 123, — les mousquets,
p. 123, 125, 131, — les fusils, p. 131, 133, 137.
Artillerie à feu au XIV^' siècle, p. 101, — son introduction à
Fribourg, p. 101, — son effet, p. 109, — à Tépoque des guerres
de Bourgogne, p. 103, 115, — moderne, p. 133, — rayée, p. 138.
Boites. Les premières bottes à Fribourg, p. 101, 103. — Les
boites à deux chambres ou à deux chasses, p. 104, 110. — Les
grosses boites, p. 105. — Les bottes en fer, p. 114, 134. — Boites
gisant, p. 105.
Bombardes, bombardelles, p. 105, 112, 113, 115, 127.
Bombes, p. 127, 129.
Boulets. Voir Projectiles.
Calibres des pièces, p. 107, ilO, 121, 122, 126, 133.
Canons à mains, p. 103; — gros canons à mains, p. 104, — à
croc, p. 105, — bourguignons, p. 115, 116, — demi canon, quart
de canon, p. 129.
Cartouches, gargousses, p. 106.
Chausse-trapes, p. m.
Comptes des trésoriers, p. 100, — à comptes, p. 100.
Constables, constablerie, p. 132, 133.
— 141 —
Couleuvrines, grosses, demi, schlaDgen, DothschlangeOy halb-
scblangen, p. 104, 112, 116, 118, 121, 122.
Défensionnal, p. 126, 131
Double haquebute, doppelhaken, p. 123, 128.
Engins anciens, p. 101, 103. — Espringale, springholf, p.
102, 103.
Essais, méthodes, instruction, organisation, p. 108, 123, 125,
132.
Faucons, fauconneaux, p. 119, 121.
Fonderie de canons, p. 119, 120, — de Strasbourg, p. 133,
137.
Fondeurs de canons. Pierre Follare, p. 106, 107, — Hensly
FoUare, p. 112, — Pierre Fussly, p. 119, 120, 121. note, — de
Berne, p. 120, — Henri Imgrun, p. 122, —[H. F. Klôli, p. 124, —
B. Reyff, p. 124, 127, 128, — Jacob Kugler, p. 125, — Jacob
Klôli, p. 126, 127, 128, — Joseph Keigler, p. 128, — Claude
Eagler, p. 128, — Hans Christophe Kugler, p. 128, — frères
Klôli, p. 130.
Fontes de boulets, p. 118, — en Bourgogne, p. 125, — à
Scieur e, p. 125.
Fontes de canons 1409, p. 103, — 1440, p. 104, — 1444, p.
105, — 1442, p. 106, — 1445, p. 109, — 1448, p. 107, — 1528,
p. 119, — 1543, p. 120, — 1647, 1668, p. 124, — 1643, {p. 127,
— 1687, p. 129, — 1774, p. 133, — 1827, etc., p. 137.
fiarde arsenal, Zeugwart, p. 123, — les Msennli ou Msendly,
p. 123, — de Montbéliard, Florian Coster, p. 125, — Hans Msendli,
p. 125, — Frantz Msenlin, p. 125.
Grenade, p. 111, 129.
Inventaires de rartillerie, p. 99, — 1431, p. 103, — 1446, p.
107,-1465, p. 109, — 1474, p. 110, — 1503, p. 117, — 1560,
p. 120, — 1667. p. 128, — 1689, p. 130, — 1756, p. 134, — 1823,
p. 137, — 1847, p. 137.
Keygel, p. 110, 111.
Loge des boites, die HUte, p. 103.
Maîtres artilleurs, Buchsenmeister, contrats d'engagement, p.
— 142 —
101, 102, — Hans Grefy, p. 101, — Simon Zinckfeld, p. 102, -
Rodolphe Metzer, p. 102, — Hermann. p. 102, 104, — Nicolas
Liebi, p. 106, — Claus, Nicolas, p. 107, 109, — de Berne, p. 108,
— d'Ulm, p. 108, — Jean de Piri, p. 108, — Ulrich, p. 111, —
Ulrich Wanner ou Wannenmacher, p. 122, — Hans Luck, p. 122, —
Ulrich Schlosser, p. 122, — Cristan Zilnberger, p. 122, — Gabriel
Ducher ou Tuchel, p. 122, — Stephan Kugler, p. 122, — Andres
Grosch, p. 122, — Claude von Bitsch, p. 122, — Wilhelm Wider-
stein, p. 122, — Gasser, p. 122, — Henri ImgrUn, p. 122, —
Benedicht, p. 120, — Benedicht Msenli, p. 123, — Hans Hœpt, p.
123, — Dambach, p. 124, — Zelter, p. 132, — le père Vanner, p.
132.
Maître de rartillerle, Zeugmeister, p. 123.
Marques des pièces, signes, p. 110, 113, 116, pi. I à III.
Mortiers, p. lll, 127, 129, 130, 137.
Orgue, orguine, ribaudequin, p. 106, 109.
Perce murs, Schirmbrecherin, Steinbrecher, Thurmbreoher,
p. 105, 109.
Pétards, p. 111, 130.
Pièces bourguignonnes, p. 115.
Pièces conquises, p. 110, 112 à 116, 119, 134.
Pièces conservées, p. 135.
Pièces de campagne, p. 113, 117, 119.
Pièces de régiment, p. 124.
Pièces enlevées par les Français, p. 136, 136.
Pièces des musées, p. 103, — de Morat, p. 104, 114, — de
Neuveville, Paris, 114, 115, — de Bàle, 115, planche IV, — de
Fribourg, p. 135.
Plans d'armement, de défense, p. 99, 126, 138.
Platines — à mèche, p. 123, — à silex, p. 131.
Poids des pièces, p. 104, 105, 106, 116, 122. 135.
Poudre à canon, son invention, p. 101, — sa composition, p.
102, — dépôts de. p. 134.
Pots à feu, p. 111,118.
— 143 —
Projectiles, boulets de pierre, p. 102, 105, 112, — carreaux,
p. 102, — plombées, p. 106, 107, — klotzen, p. 107, — boulets
de fer, p. 107, 111, 118, 124, 125, 126.
RiegelbOchsen, pièces à verrou, p. 117.
Salves d'artillerie, p. 121.
Systèmes d'artillerie, p. 110, 121, 126, 129, — de Yallière,
p, 133, — Gribauval, p. 133, — de 1819, p. 137.
StrittbOehsen, pièces de bataille, p. 117.
TarrasbOchsen, p. 106, 107, 108, 113, 117.
Veuglaires, p. 106, 109, lis, — à deux chasses, p. 107, —
entier, p. 107, — « wigler, » p. 107.
Visites des fortifications, p. 102, — de l'artillerie, p. 99, 107,
109.
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POPULATION
nu
CANTON DE FRIBOURG
en 1811
et son développement pendant le 19"*" siècle
PAR
le D' F. BUOMBERGER
DIRECTFX'K DU BUREAU CANTONAL DE STATISTIQUE
AVANT-PROPOS
La connaissance exacte de la composition physique et sociale
de la population au commencement de notre siècle n'est pas sans
importance, car on peut prouver mathématiquement que, de tous
les temps de la période historique, c'est le 19™® siècle qui a pré-
senté la plus forte augmentation de population. Le développement
des voies de communication et les progrès réalisés au point de vue
général du mode de vivre, ont été les causes principales de cette
expansion extraordinaire du genre humain ^).
Une étude approfondie de la constitution sociale de la popu-
lation au commencement du 19™'' siècle, époque qui a été le point
de départ de cette augmentation, doit nécessairement faire surgir
des faits assez intéressants ; mais, pour ces temps déjà éloignés,
des recensements proprement dits sont choses fort rares.
Notre recensement fribourgeois de 1811, qui contient les
noms avec mention de sexe, d'âge, d'état civil et de profession de
tontes les personnes demeurant alors dans le canton, doit être con-
sidéré comme l'un des plus anciens dénombrements exacts exécutés
dans le sens moderne. A proprement parler, les résultats de cette
opération n'ont jamais été utilisés, et dans quelques cercles de
recensement, l'addition des habitants n'a même pas été faite.
Toutes ces circonstances réunies m'ont paru assez importantes
pour me décider à procéder à l'élaboration d'un matériel fort grand
et assez compliqué. Ce n'a pas été une petite besogne de faire la
statistique des 74,000 inscriptions individuelles contenues dans six
forts volumes in-folio.
*) G. V. Mayr: Statistik u. Goaeilschaftsleliro. II. Bd. Bevôlkerungs-
statistik, Froiburg i. B. 1897, p. 43.
~ 148 —
Le travail ci-après aurait pu être agrandi en y ajoutant quel-
ques chapitres fort intéressants au point de vue statistique, mais
comme il parait dans une revue historique, j'ai cru devoir m'abs-
tenir de développer trop un tel sujet pour ne pas le charger encore
davantage de tableaux.
Par contre j'ai établi diverses comparaisons avec les recense-
ments ultérieurs, même au point de vue de la population des dif-
férentes communes, cela afin que le lecteur trouve ici réunis tous
les renseignements désirables sur ce sujet.
Fribourg, en juillet 1901.
D' F. Buomberger*
INTRODUCTION
Organisation et exécution du recensement de 1811.
1. Pièces officielles relatives au recensement
Le premier document relatif au recensement de 1811 qui se
trouve aux archives cantonales est une lettre du département de
police et militaire du canton de Fribourg adressée au Petit Conseil
(Conseil d'Etat) en date du 28 février 1811 0- En voici la teneur :
Au Petit Conseil
< Le Département de la police et militaire, vu le désir qu'il
soit fait une répartition plus juste de la fourniture d'hommes au
contingent militaire, a trouvé qu'icelle ne pouvoit être faite,
sans une connaissance parfaite de la population ; d'un autre
côté le Département a considéré qu'il serait très utile et né-
cessaire au Gouvernement, tant sous le rapport militaire que celui
de la police de connoitre le véritable état de la population, mais
pour parvenir à ce but il seroit très nécessaire de donner à cha-
que commune un état imprimé, qu'ils n'auroient besoin qu'à rem-
plir, par ce moyen on parviendra à une uniformité et une
parfaite connaissance, c'est sous ce rapport que le département
a l'honneur de présenter au petit conseil le présent état cy-joint
pour être imprimé et être envoyé en nombre suffisant aux
communes par les Lieutenants de Gouvernement, il seroit bon de
donner aux communes un terme fixe pour faire cette opération.»
0 Correspondances du département militaire 1811 k 1812.
— 150 —
Le Petit Conseil adhéra pleinement à la proposition émise
dans la précédente lettre, ainsi que le témoigne le protocole do la
séance du 4 mars 1811 ^) et la circulaire qu'il adresse aux lieute-
nants du gouvernement.
Frotocole,
« Vu la proposition du Département de la police et militairei
en date du 28'' février dernier, tendant à faire dresser un état
général et exact de la population du Canton de Frybourg, afin
d'être à même de faire une répartition plus juste de la fourniture
en hommes, qui doit être faites par chaque commune pour le con-
tingent militaire de ce Canton, ce qui présenterait encore d'autres
avantages sous plusieurs rapports. Vu aussi les modèles imprimés,
accompagnant cette proposition, lesquels rendront cette opération
d'autant plus aisée qu'il n'y aura qu'à les remplir.
Le Petit Conseil, tout en approuvant le préavis du Départe-
ment prémentionné, adresse une circulaire aux Lieutenants de
Gouvernement pour les inviter à faire remplir dans chaque commune
par une personne intelligente, qu'ils désigneront à cet effet, les ta-
bleaux imprimés qui leur sont envoyés dans ce but, à prendre
leur dimensions par l'accélération de ce travail, de manière qu'il
soit parachevé et remis au Petit Conseil, au moins dans les dix
jours à dater de la réception du présent ordre. Les personnes
employées à ce travail seront payées sur un pied raisonnable. »
Du 4 mars 1811.
L'xVvover et Petit Conseil.
Circulaire aux Lieutenans de Gauveniement -).
« Désirant avoir le véritable état de la population de ce canton,
nous vous transmettons des tableaux imprimés, que vous ferez
remplir dans chaque commune par une personne intelligente que
vous désignerez à cet effet et à laquelle on payera ses journées sur
un pied raisonnable.
Vous voudrez prendre vos dimensions pour l'accélération de
') Roixistro des dcUiWrations du Petit Conseil du Ct. de Fribourg 1811,
p. loa.
') Correspondances du Petit Conseil N* 97, p. 181.
— 151 —
ce travail, de manière qu'il soit parachevé et remis & nous au
moins dans les dix jours à dater de la réception des présentes. »
A l'exception des formulaires remplis et de quelques pièces
relatives au payement des agents recenseurs, voilà tous les docu-
ments officiels concernant l'organisation et l'exécution de ce
recensement.
2. But du recensement.
Ainsi qu'il ressort des pièces officielles, le but principal du
recensement était d'établir une répartition plus exacte des troupes
à fournir par chaque cercle et chaque commune.
Il est probable que l'impulsion première venait du gouverne-
ment français car, dans la même année, tous les cantons se mirent
en mesure de contrôler plus sévèrement leurs forces militaires.
Cependant, à notre connaissance, aucun n'établit un dénombrement
exact de la population, si ce n'est Fribourg : Berne, par ex., se
contenta d'une appréciation approximative par commune.
Un but semblable, s'il eût été connu, aurait sûrement nui à
l'exactitude de l'opération, aussi le gouvernement eut-il soin de
n'en faire aucune mention dans ses ordonnances à ses lieutenants.
II est en outre à remarquer que, si le directeur de police n'a
utilisé que le côté militaire du recensement, il ne poursuivait pas
uniquement ce but, mais désirait encore connaître la composition
physique et sociale de la population fribourgeoise. En cela ce re-
censement différait essentiellement de ceux du moyen-âge qui
n'étaient établis que pour un but unique. Le fait qu'il s'identifiait
avec la pratique des recensements modernes, ressort encore plus
clairement de la rédaction des formulaires.
3. Le formulaire du recensement.
Le formulaire employé pour ce dénombrement est une liste
dans laquelle on inscrit consécutivement les objets d'observation
en réservant un espace suffisant pour les colonnes correspondant
aux indications individuelles. Selon les exigences de la répartition
des langues dans le canton, ces listes étaient imprimées en français
ou en allemand ; primitivement ce n'était que des feuilles volantes,
plus tard elles furent assemblées et reliées de manière à former
un volume par arrondissement militaire.
— 152 —
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1
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3 =^
•la.
— 153 —
Au premier coup d'œil jeté sur ce formulaire, on s'aperçoit
qu'il contient quelques défauts, mais pour éviter des répétitions
fastidieuses, nous ne nous en occuperons qu'en traitant des
résultats.
4. Les agents recenseurs.
Conformément à l'ordonnance du gouvernement, on devait
confier ce recensement à des personnes intelligentes auxquelles on
donnerait une gratification convenable pour leur travail.
Le travail exécuté démontre que le choix des organes du re-
censement a été très heureux ; dans la plupart des villes, ces fonc-
tions furent confiées à des notaires et dans la campagne à des
notables, des maitres d'école, etc., en général à des personnes con-
naissant parfaitement les sujets recensés. Le travail de ces agents
recenseurs, au nombre d'environ 300 ^), était divisé d'une manière
très intelligente et fort rationnelle : les grandes communes furent
divisées en 2, 3 et 4 cercles de recensement, et les petites furent
réunies pour ne former qu'un seul cercle. En moyenne, un recen-
seur comptait 250 personnes et recevait pour cela une gratification
de 2 francs suisses, vieux taux.
5. Coût du recensement.
La gratification promise dans la circulaire aux Lieutenants du
gouvernement s'est, paraît-il, fait attendre assez longtemps, car
diverses plaintes s'élevèrent à ce sujet ; nous ne mentionnons ici
que la lettre du Lieutenant du gouvernement de Fribourg, sous
date du 26 Juillet 1811 % réclamant au Petit Conseil la gratifica-
tion due à ses recenseurs.
Enfin, le 26 septembre de la même année, le Petit Conseil
autorisa le Département des Finances à disposer de la somme de
600 francs suisses, vieux taux, pour être affectée au payement des
agents recenseurs ^).
*) Ce chiffre ne peut pas être fixé exactement par le fait que certains
agents recensaient plusieurs communes et que, par le travail du relieur, ces
feuilles ont été dispersées dans plusieurs volumes.
*) Registre des délibérations du Petit Conseil du Ct. de Fribourg 1811,
p. 367.
») Idem, p. 443.
— 154 —
Le livre des Rapports du Département des Finances nous a
conservé le mode de répartition de ce montant ^) ; cette opération
s'est effectuée de la manière suivante :
c Le Petit Conseil ayant fixé la somme de 600 F. pour paye-
ment des journées employées à dresser les états de population du
Canton, le Département a décidé de transmettre à tous les Lieute-
nants de Gouvernement (celui de Fribourg excepté, qui sera payé
comptant) une assignation, sur leurs receveurs respectifs, basée
sur la repartition suivante :
250 journées alloué F. 238,9
> > 34,5
> » 21
» » 50
> > 28
> > 54
> > 27
> > 29
> > 29 .
> > 27
» > 60
> 27
Arrond' de Fribourg
250 j
Surpierre
11 'A
Chatel
24
Bulle
58
Rue
31
Estavayé
36
Gruyères
31
Farvagnié
33
Corbières
33
Montagny
31
Morat
66
Romont
31
635 Va journées p. F. 625,4
< Il est à observer que les F. 25,4, excédents les F. 600 al-
loués par le Petit Conseil sont provenus de ce que les Lieutenants
de Gouvernement de Surpierre et Estavayé avoient déjà payé les
journées employées dans leurs arrondissements, le premier à raison
de F. 3 et le second à raison de F. 1,50. Le Département, tout en
désapprouvant leur conduite, a bien voullu ne pas revenir sur cette
affaire, mais on les préviendra d'être sur leurs gardes et de ne plus
rien faire de semblable à l'avenir sans autorisation. »
6. Epoque du recensement.
D'après le décret du gouvernement, le recensement devait
être fait dans le terme de 10 jours à partir de la réception de la
^) Manucil du Département des Domaines & Finances 1810 & 1811,
p. 219.
— 155 —
circulaire y relative. Dans la plus grande partie du canton le re-
censement eut lieu dans le temps indiqué^ soit du 25 mars au 3
avril, mais dans 18 cercles de recensement Topération fut avancce
ou retardée ainsi qu'il suit :
Mars le 23 — 3 cercles avec une population de 1407 âmes
> s
24—4
»
>
> 483
»
Avril 1
4 — 6
»
>
> 1451
»
» 1
5 — 2
>
Tf
> 309
»
> 1
6 — 2
>
>
> 570
»
» >
8 — 1
»
»
> 395
>
Total : 18 cercles avec une population de 4615 âmes
Du 25 mars au 3 avril, époque légale de l'opération, 69,594
personnes furent donc recensées. La carte N® 1 indique pour cha-
que commune la date du recensement effectué.
TABLEAL
Hésnltats dn recensement de li
DISTRICTS
COMMUNES
Frrbour
geoU
absents
La population d
l'âge
Canton de Fribourg
1. Broyé . .
2. Giâne.. .
3. Ciruyère.
4. Saline , .
5. Ijic ....
0. Siugîiie. .
7. Veveyse.
1. Broyc
Auniont
Autavaux
Bolliuii
Buasy
CliAbles
Cliaildon
Chapelle
Chàtillon
Cheiry
Cheyres
Cogy
Delley
Domdidiei'
Dompîeire
Estavayer-le.Lac. .
Fétigny
Font
Forel
Franejt
Frasses
Les Friques
1836
5fiHt;
3659
13877
10852
5060
74
200
279
m
85
102
241
234
380
261
566
288
1269
219
207
133
84
94
78
1819
illlC
1)852
"8(14
i'Jie
5349
Î.339
S8I9
1850
43(3
■703.5
8404
49.58
5503
3.5i1
48.5(1
13'
43
3463
3960
4341
4954
3446
5341
4805
8033
0688
559.
3613; 6388
18.37! 2750
RINCIPAL
polatioD dn 25 mars au 3 avril 1811
iidence ordinaire d'après :
DISTRICTS
COMMUNES
l'état civil
l'origine
V«if
DiToreé
DU
BotrgeoJs
de 11
fitargeois
d'une
Bourgeois
Etran-
t
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ou
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d'autres
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1
seneot
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l
23345
3480
70
63191
6502
2942
1574
Canton de Fribourg
»
3338
361
8407
867
167
228
1. Broyé
► 2665
448
4
7747
745
100
67
2. Glane
: ii33
742
16
1 2065
1281
215
316
3. Gruyère
4819
803
30
1 1 759
2870
825
754
4. Sarine
f 3482
389
8278
314
1196
96
5i Lac
3465
487
10336
86
382
48
6. Singine
4543
250
4599
339
57
63
7. Veveyse
3238
361
8407
867
167
228
1. Broyé
98
12
248
14
8
1. Aumont
37
7
74
7
6
2. Autavaux
36
1
62
4
8
3. Bollion
54
13
1
195
3
2
4. Bussy
97,
10
—
241
11
10
17
5. Châbles
34
4
98
11
1
1
6. Chandon
*^ 1
32
—
83
■ • •
2
7. Chapelle
43
—
87
14
1
8. Châtillon
se
9
—
223
15
3
9. Cheiry
72
4
200
17
17
10. Cheyres
41 H
16
—
308
50
6
16
11. Cugy
96
9
—
226
21
4
12. Delley
4 78
42
—
512
42
8
3
13. Domdidier
96
3
—
277
8
3
14. Dompierre
76
—
962
131
31
145
15. Estavayer-le-Lac
7*1
9
—
216
• • •
1
2
16. Fétigny
^^ 1
64
43
34
10
—
193
11
2
1
17. Font
4
—
113
20
18. Forel
3
77
7
19. Franex
1
—
75
17
2
20. Frasses
21. Les Friques |
•
\S
1
—
76
2
—
DISTRICTS
COMMUNES
Fribour-
geoi!
La population d
l'âge
22 Gletterens
23. Granges-de-Vesin . ,
24. Léchclles
25. Lully
26. Maoneos
27. Menières
28. Montagny-la- Ville. .
29. Moiitagny-les-Monls
30. MoDtborget
31. MoDtbrelloz
32. Montet
33. Morens
34. Murist
35. Navilly
36. Portalban
37. Praratoud
38 Prévondavaux
30. Rueyres-les-Prds.. .
40. Russy
41. St-Aubin
42. Seiry
43. Sévaz
44. Surpierre
45. Vallon
4G. Vesin
47. Villeneuve
48. La VouDaiso
49. Vuisseos
2. Gîâne
50. Auborangea
51. Berlens
52. BillGDS
53. BiOBoens
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113
— 159 —
dence ordinaire
î d'après :
DISTRICTS
COMMUNES
l'état civU
l'origine
1
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Boorgeois
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Bourgeois
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Bourgeois
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23. Granges-ile-Vesin
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24. Léchelles
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4
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2
1
25. Lully
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252
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26. Mannens
54 9
129
21
o
27. Menières
70 6
141
67
7
1
28. MoDtagny-la-Ville
114
• • •
256
24
4
29. Montagny-les-Monts
43
3
93
5
30. Montborget
52
5
130
22
1
31. MoDtbrelIoz
64
7
108
65
11
32. Montet
26
3
98
1
1
33. Morens
64
13
170
i
3
34. Murist
98
2
260
1
1
35. Nuvilly
38
5
110
2
36. Portalbau
24
••
o
51
9
3
37. Praratoud
42
1
93
15
11
38. Prévondavaux
30
76
43
1
1
39. Rueyres-les-Prés
34
7
102
6
40. Russy
144
■ • •
446
41. St-Aubin
33
4
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75
11
42. Seiry
12
4
49
3
43. Sévaz
52
o
153
13
1
44. Surpierro
36
5
111
18
45. Vallon
43
5
118
18
6
46. Vesin
68
9
1G6
• • •
9
2
47. Villeneuve
51
5
99
10
4
48. La Vounaise
63
• • •
154
19
12
3
49. Vuissens
Î665
448
4
7747
745
100
67
2. Olânc
35
10
105
14
50. Auboranges
24 S
64
31
1
51. Berlens
40
11
139
8
10
52. Billens
24
5
76
■ • •
1
—
53. Bionnens
— 160 —
DISTRICTS
COMMUNES
Nombre
des
Po-
puiation
de
maisons
rési-
ha-
dence
bitées
ordi-
naire
18
98
21
125
61
277
43
246
40
232
3?
186
13
75
20
114
i
49
14
68
37
199
9
60
19
131
9
42
28
148
20
102
62
338
10
58
32
179
11
61
14
65
o3
282
46
278
39
170
18
100
6
41
13
138
16
79
39
231
52
219
27
153
164
909
63
380
10
57
46
245
Nombre
des
Fribour-
geois
absents
du
canton
La population
le sexe
Mas-
culin
F^
minin
rage
0-U
ans
15-59
ans
34. Blessens
55. Chapelle-sur-Gillarens
56. LeChâtelard
57. Châtonnaye
58. Chavannes-les-Forts
59. Chavannes-sous-Orsonnens. .
60. Les Ecasseys
61. Ecublens
62. Eschiens
63. Esmonts
64. Estévenens
65. Fuyens
66. Gillarens
67. Les Glanes
68. Grangettes
69. Hennens
70. La Joux
71. Lieffrens
72. Lussy
73. Macconnens
74. La Magne
75. Massonnens
76. Mézières
77. Middes
78. Montet
79. Morlens
80. Mossel
81. La Neyrigue
82. Orsonnens
83. Prez
84. Promasens
85. Romont
86. Rue
87. Le Saulgy
88. Siviriez
49
49
62
63
4
139
138
1
120
126
1
117
115
\
102
84
34
41
\
5o
59
\
29
20
2
38
30
\
94
105
27
33
63
68
23
19
\
78
70
\
56
46
12
161
177
5
27
31
2
94
85
29
32
33
. 30
10
131
151
137
141
2
92
78
\
60
40
19
22
70
68
3
39
40
1
111
120
7
114
105
6
76
77
8
421
488
3
182
198
37
20
—
119
126
33
58
84
89
88
64
29
44
17
23
73
20
61
12
49
36
120
16
61
25
23
94
92
49
38
18
54
26
78
76
56
277
150
21
87
55
55
160
127
130
1U
42
60
27
40
108
34
60
26
81
54
176
35
96
31
34
154
164
99
51
21
70
51
129
118
76
523
195
34
138
— 161
résidence
ordinaire
d'après :
DISTRICTS
COMMUNES
l'état civil
l'origine
0«-
Vaut
Dinrtj
Al
Boorgeois
delà
Boirgeois
d'une
Bourgeois
Etran-
liltire
Marié
ou
(fut civil
comnioDe
1
UiK
d'autres
liere
Veuve
ineonnii
dereeei-
eonaioDe
euloos
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stneot
do eutoD
66
21
11
72
26
54. Blessens
75
46
4
120
5
55. Chapelle-sur-Gillarens
m
98
8
239
37
1
56. Le Châtelard
<70
68
8
229
13
1
3
57. Châtonnaye
152
70
10
230
• • •
2
58. Chavannes-les-Forts
125
52
8
1
184
• • •
2
59. Chavannes-sous-Orsûnnens
60. Les Ecasseys
47
22
6
55
20
—
. 78
31
5
98
8
8
61. Ecublens
27
22
49
62. Eschiens
40
24
4
50
18
63. EsmoDts
139
56
4
180
19
64. Estévenens
38
22
—
60
• • •
65. Fuyens
77
44
10
—
108
15
8
66. Gillarens
39
12
1
42
67. Les Glanes
100
41
i
129
19
68. Grangettes
58
40
4
94
1
7
69. Hennens
499
118
21
—
3U
24
70. La Joux
S9
28
1
46
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15—59
ans
121. Lessoc
122. MarseDS
123. Maules
124. MoDtbovoD
125. Morlon
12G. Neirivue
127. Pâquier
128. Pont-en-Ogoz
129. Pont-la- Ville
130. Riaz
131. La Roche
132. llomanens
133. Rueyres-Treyfayes
134. Sales
135. Sorens
136. Tour-de-Trcine . . .
137. Vaulruz
138. Villarbeney
139. Villarvolard
140. VilIars-d'Avry . . . .
141. Villars-sous-Mont.
142. Vuadens
143. Vuippens
4. Sanne
144. Arconciel
145. AutafoDd
146. Autigny
147. Avry-sur-Matran ..
148. Belfaux
149. Bonnefoiitaine.. . .
150. Chénens
151. Chésalles
152. Chésopelloz
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—
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— 165 —
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COMMUNES
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16
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126. Neirivue
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127. Pâquier
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• • •
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129. Pont-la-Ville
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305
44
19
10
130. Riaz
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12
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131. La Roche
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12
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1
132. Romanens
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1
133. Rueyres-Treyfayes.
115
18
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11
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134. Sales
132
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374
32
2
135. SoreDS
180
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166
2
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136. Tour-de-Trême
154
6
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137. Vaulruz
18
1
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6
138. Villarbeney
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139. Villarvolard
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140. Villars-d*Avry
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141. Villars-sous-Mont
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142. Vuadens
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—
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• • •
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143. Vuippens
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4. Sarine
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154. Corjolens
155. Cormagens-Forniangucires.
156. Corminbœuf
157. Corpataux
158. Corserey
159. Cottens
160. Cuterwil
161. Ecuvillens
162. Ependes
163. Essert
164. Estavayer-le-Gibloux
165. Farvagny-le- Grand
166. Farvaguy-le-Pctit
167. Ferpidoz
168. Fribourg
169. Givisiez
170. Granges-Paccot
171. Grenilles
172. Grolley
173. Illens
174. Lentiguy
175. Lossy
176. Lovens
177. Magnedens
178. Marlv-le-Grand
179. Marly-le-Petit
180. Matrau
181. Montécu
182. Montévraz
183. Neyruz
184. Xierlet-les-Bois
185. Noréaz
186. Oberricd
187. Onnens
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133
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56
133
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189. Ponthaux
190. Posât
191. Posieux
192. Praroman
193. Prez
194, Ressens
195. Rueyres-St-Laurent
196. Sales
197. Senèdes
198. Trevvaux
199. Villarlod
200. Villars
201. Villarsel-le-Gibloux
202. Villarsel-sur-Marly
203. Vuisternens-en-Ogoz
204. Zénauva
5. Lac
205. Acriswvl
206. Altavilla
207. Barberêche
208. Buchslen
209. Bure
210. Chandossel
211. Cordast
212. Cormérod
213. Gorsalettes
1
214. Courcevaud
215. CourlevoQ
216. CournilleDS
217. Courtaman
218. CourtepÎD
219. CourtioD
— 169 —
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: ordinaire
i d'après :
DISTRICTS
COMMUNES
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• • •
—
189. PoDthaux
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190. Posât
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191. Posieux
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2
192. Praroman
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13
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284
• • •
1
193. Prez
15
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207
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194. Bossens
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10
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4
3
195. Rueyres-St- Laurent
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—
114
• • •
196. Sales
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197. Senèdes
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210. Chandossel
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211. Cordast
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COMMUNES
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221. Grossier
222. Friischels
223. Galmiz
224. Gempenach
225. Greng
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227. Grossguschcimuth
228. Jcuss
229. Kerzcrs
230. Kloinbosingen. . . ,
231. Kleingurmcls
232. Kleinguschelmuth
233. Liebistorf.
234. Lurtigen
235. Meyriez
236. Misery
237. Monterschu
238. Montilier
230. Murten
240. Riod
241. Salvenacli
242. Ulmiz
243. Villarepos
244. Vuilly-le-Kas
245. Vuillv-lc-Ilaul...,
246. Wallèubuch
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524
151
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— 171 —
sidence
ordinaire d'après:
DISTRICTS
COMMUNES
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220. Coussiberlé
31
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—
204
• • •
3
4
221. Gressier
47
87
12
—
233
• • •
13
222. Frâschels
88
80
4
246
10
16
223. Galmiz
84
33
4
—
73
13
43
8
224. Gempenach
30
14
1
—
1
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36
4
225. Greng
30
52
7
139
33
14
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226. Grossgurmels
52
14
1
—
55
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1
227. Grossguschelmuth
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—
109
• • •
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228. Jeuss
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734
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229. Kerzers
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91
2
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230. KleinfcosiDgen
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13
• • •
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231. Kleingurmels
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1
232. Kleinguschelmuth
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• • •
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1
234. Lurtigen
44
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—
56
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• • •
236. Misery
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—
57
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237. Monterschu
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• • •
311
8
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2
238. Montilier
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66
—
493
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472
40
239. Murten
137
163
• • •
363
20
13
2
240. Ried
46
86
• • •
171
23
36
241. Salvenach
31
99
• • •
—
168
21
41
242. Ulmiz
43
90
9
—
224
• • •
17
1
243. Villarepos
132
374
57
1048
2
3
244. Vuilly-le-Bas
03
238
31
—
654
• • •
33
3
245. Vuilly-le-Haut
51
25
3
—
71
1
4
3
246. Wallenbuch
03
42
12
148
6
—
247. Wallenried
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487
—
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248. Alterswil
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—
821
• • •
19
249. BosiDgen
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—
265
• • *
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250. Brunisried
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—
1841
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2
251. DûdiDgen
— 172 —
DISTRICTS
COMMUNES
Nombre
des
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de
rési-
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ordi-
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Nombre
des
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du
canton
La population
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0-14
ans
15-59
ans
6C
et
252. Giffers
253. HeiteDricd
254. Oberschrot
255. Plaffeyen
256. Plasselb
257. Rechthalten
258. St-Antoni
259. St-Sylvester
2G0. St-Ursen
261. Tafers
262. Tentlingen
263. Ueberstorf
264. Wunncwyl
265. Zumholz
7. Vevcyse
266. Attalens
267. Besencens
268. BossoneDs
269. Bouloz
270. Châtel-St-Denis.
271. Le Crêt
272. Fiaugères
273. Granges
274. Grattavache
275. Pont
276. Porsel
277. Progens
278. Remaufens
279. La Rougève . . .
280. St-Martin
281. Scmsales
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512
2
64
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88
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238
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124
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2521
314
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154
97
101
59
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39
76
72
574
lit
31
62
50
41
67
34
112
29
109
178
264
262
207
307
145
312
584
224
399
261
92
467
309
98
2750
319
77
94
83
831
181
112
114
39
61
134
34
131
38
147
313:
— 173 —
sidence
ordinaire d'après :
DISTRICTS
COMMUNES
l'état civU
l'origine
i-
Veuf
Diforte
M
Bourgeois
de la
Bourgeois
d'oDe
Boargoiis
Etran-
ni
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33
152
27
476
• • •
23
13
252. Giffers
04
137
23
433
• • •
26
1»
i)
253. Heitenried
85
407
3
—
394
» • •
1
254. Oberschrot
98
H9
31
—
431
• • •
16
1
255. Plaffeyen
S6
88
3
225
3
14
5
256. Plasselb
75
133
28
344
• • •
9
10
257. RechthalteD
76
344
72
—
1076
• • •
13
3
258. St-Antoni
82
95
21
378
• • •
20
259. St-Sylvester
01
166
■ • «
—
648
• • •
19
260. St-Ursen
78
104
21)
—
371
32
8
261. Tafers
10
60
»•
i
167
• • •
10
262. Tentlingen
91
272
38
—
745
• • •
48
8
263. Ueberstorf
80
187
27
525
10
58
1
264. Wiiiinewyl
30
36
1
—
187
• • •
265. Zumholz
67
1543
250
4399
339
37
63
7. Veveyse
97
184
37
^__
561
28
17
12
266. Attalens
S7
28
M
108
18
267. Besencens
i2
34
8
—
183
a * •
1
268. Bossonens
98
64
5
150
16
1
269. Bouloz
16
464
64
—
1363
128
13
40
270. Châtel-St-Denis
19
89
15
311
12
271. Le Crêt
19
33
13
—
177
10
272. Fiaugères
K 48
13
197
• • •
273. Granges
'4 36
14
109
11
4
274. Grattavache
17 36
4
93
14
275. Pont
9 68
9
202
24
276. Porsel
3 il
3
—
92
4
3
277. Progens
1 ^M
16
260
5
6
278. Remaufens
» 20
3
63
■ • •
9
279. La Rougève
\ 981
M
-
253
12
0
280. St-Martin
«76/
22
473
37
2
9
281. Semsales
RÉSULTATS
A. Le territoire du canton de Friboorg considéré
dans ses subdivisions politiques.
(Voir Carte N* 1).
1. Arrondissements. La division actuelle en sept districts :
Broyé, Glane, Gruyère, Lac, Sarine, Singine et Veveyse n'existait
pas en 1811. Le pays était alors réparti en 12 arrondissements ou
districts correspondant en grande partie au développement histo-
rique du canton ; voici Ténumération des districts avec rindication
du territoire, dont ils ont été formés :
1. Fbiboubg (les € anciennes terres > avec les bailliages de
Planfayon et de Bellegarde ; c'est la partie la plus ancienne du
canton).
2. MoNTAGNY (les seigneuHes de Montagny, St-Aubin et une
partie d'Estavayer).
3. MoBAT (le territoire autrefois administré en commun avec
Berne).
4. Fabvagny (l'ancien bailliage de Pont).
5. BoMONT (le bailliage du même nom).
6. Bulle (les anciens territoires de Bulle, d'Everdes et de
Vaulruz).
^ ,>. ^ > (l'ancien comté de Gruyères).
8. CORBIÈBBS/'^ •'
9. EsTAYAYEB (prosQuo intégralement les anciennes seigneu-
ries d'Estavayer, Font et Cugy).
10. SuBPiBBBE (la seigneurie de ce nom avec Prévondavaux et
Vuissens).
11. Rue (bailliage de ce nom moins la commune de Semsales).
12. Ghatel (Châtel-St-Denis avec les communes de Semsales,
Attalens et Bossonnens).
— 175 —
Afin d'établir plus facilement la comparaison, nous avons admis
comme base de notre travail, la division actuelle en sept districts ;
cette réduction ne présentait pas de grandes difficultés, attendu
que la subdivision en communes était, à peu de chose près, la
même alors qu'aujourd'hui.
2. Communes. (D'après le nombre des habitants et la super-
ficie moyenne).
Le canton se divise en 281 communes politiques, nombre
excessivement grand, relativement au territoire et à la population,
puisque en 1811 il n'y avait en moyenne que 264 habitants par
commune et, sans la ville de Fribourg, 242 seulement (en 1888 —
424 et 380). Le canton de Fribourg présentait alors comme au-
jourd'hui le plus grand morcellement politique de toute la Suisse.
En 1811, 22 7o ^^^ communes du canton avaient une popu-
lation inférieure à 100 habitants ; la Sarine et la Glane possédaient
les plus petites communes, tandis que la Veveyse et surtout la
Singine présentaient des communes beaucoup plus considérables.
Ce qui vient d'être dit relativement à la population est aussi
applicable à l'étendue du territoire des communes fribourgeoises,
bien que la Singine, la Gruyère et la Veveyse soient des contrées
montagneuses. La superficie moyenne du territoire d'une commune
est de 5,6 km' ; dans les contrées situées de 433 m. à 699 m. d'al-
titude, l'étendue moyenne de ce territoire est de 3,9 km^ et de
700 à 1032 m., elle est de 7,3 km*.
La population en général.
1 . Population de droit et population de résidence.
Le recensement de 1811 aurait dû établir la population de
droit et celle de résidence ordinaire ; c'est ce qui découle de l'en-
tête de la colonne 2 du formulaire où l'on trouve la mention sui-
vante : « On inscrit ici toutes personnes et enfants quelconques
demeurant dans la commune ainsi que les ressortissants de la
commune qui sont absents du canton ».
Les agents recenseurs devaient donc faire le dénombrement
lion-seulement des fribourgeois résidents, mais encore de tous ceux
— 176 —
qui étaient absents du canton. Cette manière de procéder n'était
pas sans offrir de nombreuses et sérieuses difficultés, sans parler
des erreurs auxquelles une semblable question pouvait donner
naissance. D'abord il n'était guère possible à cette époque, de re-
censer les personnes absentes depuis fort longtemps et n'ayant
conservé aucune relation avec la commune d'origine. Ensuite le
formulaire lui-même contribuait à donner des idées fausses. En
effet, la colonne n^ 8 dans laquelle devait être indiqué le domicile
des absents, porte un double entête : « service militaire > et < ré-
giment>Xvoir p. 152). C'est ce qui arriva effectivement dans la plu-
part des cercles de recensement : on se borna à indiquer seulement
les personnes absentes pour cause de service militaire en France,
à Naples, etc., enfin dans les armées de Napoléon.
Ces chiffres, ainsi compris, ne donnent naturellement qu'une
partie des ressortissants de Fribourg absents du canton et dès lors
la population de droit n'est pas représentée d'une manière utilisable.
Le premier tableau ci-dessous donne ces chiffres et ceux de la
résidence ordinaire pour les sept districts et le second pour les
villes.
Districts.
ToUl des
Population
Absents
*/, des absents
Villes.
personnes in-
de
du
rel. an
diquées.
résidence ord.
canton.
total.
Broyé
9832
9669
163
1,66
Glane
8750
8659
91
1,04
Grayère
14202
13877
325
2,29
Sarine
16499
16208
291
1,76
Lac
10359
9884
475
4,59
Singine
10899
10852
47
0,43
Veveyse
5161
5060
loi
1.96
et. de Fribourg 75702
74209
1493
1,97
Fribourg
6369
6186
183
2,87
Morat
1043
1012
31
2,97
Bulle
1203
1165
38
3,16
Gruyère
946
923
23
2,43
Estavayer
1321
1269
52
3,94
Romont
917
909
8
0.87
Rue
383
380
3
0,78
Châtel
1598
1544
54
3,38
Villes
13780
13388
392
2,84
Campagne
61922
60821
1101
1,78
— 177 —
Les citoyens fribourgeois au service de France sont donc
presque exclusivement compris dans le pour cent des absents ; ce-
pendant il y a des restrictions à apporter à cette appréciation, car
dans quelques cercles on traita avec plus de justesse la question
des absents. Ainsi en fut-il par exemple dans quelques communes
du Lac voisines de Vaud et de Berne ; on trouve là des indications
assez complètes des personnes ayant transféré leur domicile dans
l'un on l'autre de ces deux cantons.
Mais le chiffre qui est absolument juste, celui qui sera unique-
ment employé pour Télaboration de tous les tableaux, est celui de
la population de ré^dence ordinaire, comprenant toutes les per-
sonnes qui demeuraient dans la commune et les personnes momen-
tanément absentes. Il est vrai que le formulaire ne fournit aucune
indication relativement à ce dernier point, mais il est hors de
doute que les personnes momentanément absentes ont été recen-
sées à l'endroit de leur domicile habituel, car on trouve des men-
tions spéciales telles que : « en visite à Fribourg », etc. dans des
communes de la campagne. Cette personne est donc recensée dans
la commune de résidence ordinaire et non à Fribourg.
Les militaires au service étranger n'ont point été considérés
comme momentanément absents car, pour eux, cette absence était,
pour ainsi dire, indéfinie.
Le chiffre de 74209 est bien, par conséquent, celui de la rési-
dence ordinaire dans le sens de nos recensements modernes, ce qui
permettra d'en tirer des comparaisons avec les temps actuels.
2. Etat de la population en 181 1
comparé aux autres résultats de recensement du canton de Fribourg.
A l'exception des recensements fédéraux de 1850, 1860, 1870,
1880 et 1888, le canton de Fribourg possède en particulier, des
dénombrements de population pour les années 1785, 1800, 1818,
1831, et 1842 ^). Les recensements antérieurs à celui de 1811 ne
donnent que le chiffre des habitants, sans autre spécification de
^) Kuenlin : Dictionnaire géographique, statistique et historique du
canton de Fribourg. 1 vol. Fribourg, 1832. 1. p. 196-197.
12
— 178 —
valeur statistique ; ces deux recensements doivent être considérés
plutôt comme de simples évaluations que comme des recensements
proprement dits.
Il est assez difficile de fixer le degré d'exactitude des recense-
ments antérieurs à 1850 ; quoiqu'il en soit, les chiffres ci-après
donnant l'augmentation de la population d'une manière très régu-
lière et assez naturelle, peuvent mériter notre confiance.
Les chififres des recensements antérieurs à 1850 indiquent très
probablement la population de résidence, mais nous n'en avons pas
la certitude absolue comme pour les recensements de 1811, 1860
et 1888 ; on pourrait même ajouter celui de 1850, quoique ce dé-
nombrement comprenne aussi 49 réfugiés politiques et 37 étrangers
de passage. Par contre, les recensements de 1870 et 1880 donnent
le chififre de la population de fait, c'est-à-dire la population présente
au moment du recensement.
Epoque du
Total de la
Augmentation
recensement
|«
population.
En chiffre absolu.
Sur 1000 habitant-s
par année :
1785
61,589
1800
67,814
6,225
6,4
1811
74,209
6,395
8,2
1818
79,462
5,253
9,8
1831
86,769
7,307
6,8
1842
95,611
8,842
8,9
1850
99,891
4,280
5,5
1860
105,523
5,632
5,1
1870
110,832
5,309
4,6
1880
115,400
4,568
4,1
1888
119,155
3,755
4,50
1785-1886
t
—
57,566
6,4
1811-
-1850
25,682
7,7
1850-
-1888
19,264
4,6')
1811-
-1888
44,946
6,1
^) Ces deux chiffres diffèrent du calcul fait dans la publication du
bureau fédéral de statistique ; les résultats du recensement fédéral du 1*' dé-
cembre 1888. I. vol. Berne, 1892, p. 195.
— 179 —
Il résulte de ce tableau que la population du canton de Fri-
bourg n'a pas doublé pendant cette période de 103 ans ; il aurait
fallu pour cela une augmentation annuelle de 6,5 au lieu de 6,4 sur
1000 habitants. Ainsi le canton de Fribourg, avec une population
presque entièrement agricole, n'atteint pas le niveau d'autres po-
pulations de l'Europe qui ont doublé dans un temps beaucoup plus
court ^).
L'étude de ce tableau dans ses détails, fait surgir des points
de vue fort intéressants concernant le développement historique
de la population fribourgeoise.
La plus forte augmentation de population se fait surtout re-
marquer dans la première moitié du siècle : spécialement dans les
années 1800 à 1818 et 1831 à 1842. L'augmentation de la première
période s'explique en ce sens que la population fribourgeoise tend
i réparer les pertes subies dans les nombreuses guerres du règne
de Napoléon ; des faits analogues se produisent à la suite de pres-
que toutes les guerres et ils ont été numériquement fixés pour la
population de la France et de l'Allemagne après la guerre de
1870 '). Celle de la seconde période est due à la situation excep-
tionnellement favorable de l'agriculture dans les années 1830 à
1840. Cette époque a été pour l'agriculture la seule réellement
fertile et abondante de tout le lO'^^ siècle et il est bien compré-
hensible que, pour un canton spécialement agricole comme Fri-
bourg, cette situation si heureuse dut naturellement réagir sur
l'augmentation de la population.
Dès lors jusqu'à nos jours, les temps sont devenus pénibles et
souvent durs pour l'agriculteur. Aussi peut-on constater dans pres-
que tous les districts agricoles de la Suisse une augmentation' de
population proportionellement très faible et môme une diminution.
Ce phénomène se fait snrtout remarquer dans les années 1880 à
1888. Il est vrai qu'il faut dire que Fribourg pendant cette période
a, par exception, une situation un peu plus favorable que dans les
années 1870 à 1880.
0 Mayr : Statistik u. GesellHchaftslohro. II. Band. Rcvôlkerungs-
fltatistik, Freiburg in B., 1897, p. 43.
*) Idem, p. 43, fip.
— 180 —
Mais la situation politique et économique du pays n'est natu-
rellement pas l'unique cause des fluctuations dans l'augmentation
de la population ; il en est d'autres qui ne sauraient être passées sous
silence, la principale est certainement pour le canton de Fribourg
l'immigration des Bernois sur le territoire fribourgeois qui s'est
produite dans le district du Lac surtout pendant les années 1840 à
1860 et dans le district de la Singine de 1850 à 1860. De plus, les
chiffres du tableau n^ 10 prouvent indirectement que Taugmenta-
tion par naissance des étrangers au canton, doit être bien plus
considérable que celle des fribourgeois, c'est ce qui explique la si-
tuation avantageuse du canton dans les années, 1880 à 1888 dont
on vient de faire mention.
Dans le tableau suivant nous donnons le développement
de la population dans les différents districts. De 1811 à 1850,
ce sont les districts de la Sarine, de la Olâne et de la Veveyse
qui présentent le plus fort développement de population ; de
1850 à 1888, c'est la Singine et la Sarine (ville de Fribourg) et
enfin de 1880 à 1888, la Broyé prend place à côté de ces deux
derniers districts. Dans la première période, l'augmentation dans
les trois districts est due, sans doute, à une situation agricole plus
avantageuse que dans le reste du canton ; dans la seconde période,
l'immigration des bernois procure un plus grand développement de
population dans la Singine, et l'exode de la population campagnarde
vers la ville, constaté surtout dans les années 1870 à 1888, produit
le même résultat dans la Sarine ; enfin la Broyé doit à l'invasion
étrangère la place qu'elle occupe dans la dernière période.
Si l'on considère séparément la population de la campagne et
celle des villes, on voit ainsi qu'il vient d*être dit que cette der-
nière s'est développée dans de bien plus fortes proportions que la
première. L'augmentation annuelle par 1000 habitants est pour
les villes 9,4 contre 7,3 de 1811 à 1850 ; 6,4 contre 4,1 de 1850 ,
à 1888, et 7,9 contre 5,7 pour toute la période de 1811 à 1888 ;
la population des villes s'est donc presque doublée tandis que celle
de la campagne n'a augmenté que d'un tiers.
— 181 —
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364
357
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h 61.,
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265
270
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h 92.8
216
280
288
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284
615
617
640
683
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h 1 56.0
98
124
123
134
133
132
h 34,
153
167
158
161
183
h «9.
184
261
264
294
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367
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h 99.6
100
109
124
137
180
161
h 61.0
180
258
264
282
307
299
h 66.,
262
390
354
388
364
399
h 52.S
112
141
136
155
164
153
h 36.,
1. Broyé
1. Aumont
2. Autavaux
3. Bollion
4. Bussy
5. Châbles
6. Chandon
7. Chapelle
8. Châtillon
9. Cheiry
10. Cheyres
11. Cugy
12. Delley
13. Domdidier
14. Dorapierre
15. Estavayer-le-Lac
16. Fétigny
17. Font
18. Forel
19. Franex
20. Frasses
21. Les Friques
22 Gletterens
23. Granges-de-Vesin
24. Léchelles
25. Lully
26. Mannens-Grandsivaz.. .
27. Menières
28. Montagny-la- Ville
29. Montagny-Ies-Monts . . .
30. Montborget
31. Montbrelloz
32. Montet
33. Morens
34. Murist
35. NuvUly
36. Portalbau
District — Commune
87. Praratoud
38 PrévondaTaux
39. Roeyres-Ies-Prés
40. Russy
41. St-Aabio
42. Seiry
43.SëTaz
44. Surpierre
49. Valion
46. Vesin
47. VilleDeuTe
48. La VouDaise
49. Vuissens
2. aiâne
50. Aaboranges
51. Berlens
52. Kiilens
53. BioDDena
54. BlesseDS
55. Ciiapelle-sur-Gillareus .
56. Le Cli&tfllard
57. Châtonnaye
58. Gbavannes-leB-FortB. . .
59. Chavanaess.-OraonneDS
60. LesEcasseys
61. Ecubleos
62. Escbieus
63. EsmontB
64. Estévenen»
65. Foyens
66. Gillareas
67. Les Glanes
68. Grangettes
69. Hennens
70. La Jeux
71. LielTrens
72. Lussy
73. MaccoQnens
63
119
121
108
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+ 97.,
+ 138.1
+ 33.,
+ 48..
+ 34..
+ 93.,
+ 39,
District — Commune
74. La Mi|
75. MaesoD
76. Mdzières
77. Middes-Toroy-le-Petit
78. Montet
79. Morlena
80. Mossel
81. La Neyrigue
82. Orsonnens
83. Prez \
84. Promasena
85. Romont
66. Rue
87. Le Saulgy
88. Siviriez
89. Sommentier
90. Torny-le-Grand
91. Ursy
92. Vauderens
93. Villangeaux
94. Villaraboud
95. ViUaranon
96. Viilargiroud
97. Villariaz
98. Villarimboud
99. Villarsiviriaux
100. Villan-St-rierre
101. Vuarmarens
102. Vuisternens d.-Bomont
3. Gruyère
103. Albeuve
104. Avry-devant-Pont
105. Botterens
106. Broc
107. Bulle
108. Cerniat
109. Charmey
110. Ch&tel-s.-Montsalvens.
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278
170
100
41
138
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+ 53.,
+ 77.;
+ 30.1
+ 20.,
+ 13.5.,
+
+
+ 102.,
isbict — Commune
Corbières
Crésnz
Echarlens
Enney
Estavannena
Grandvillard
Gruyères
Gumefens
Hauteville
Jaun
Lessoc
Marsens
Hautes
MontbovoD
MorloD
Neirivue
Pâquier
Pont-en-Ogez
Pont-la- Ville
. Biaz
. La Boche
. Romanens
. Raeyres-Treyfayes
. Sales
. Soreus
, Tour-de-Trême . . .
. Yaulroz
. Viltarbeney
, Yillarrolard
. Villara-d'Avry ....
. VilIars-sous-Mont.
. Vuadens
. Yuippens
4. Sarine
. Arconciel
. Autafond
. Autigny
, Avry-sur-Matran . .
837
3U
193
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573
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+ 30.
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+ 109.
4- 30.
+ 133.
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+ 26.,
+ 18.,
+ 40,,
+ 98.,
+ 33.,
+ 3-,
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+ 60.,
+ 88..
+ 23.,
+ 96.,
-I- 67-,
-I- 57.,
+ 46.,
+ 21.,
+ 28.,
— 188
District — Commune
1811
1850
1860
1870
1880
1888
•A
1811-1888
148. Belfaux
149. Bonnefontaine
150. Chénens
151. Chésalles
152. Ghésopelloz
153. La Gorbaz
154. Corjolens
155. Cormagens-Fomangneires').
156. Gorminbœuf
157. Corpataux
158. Corserey
159. Cottens
160. Cutei wil
161. Ecuvillens
162. Ependes
163. Essert
164. £stavayer-le-Gibloux .
165. Farvagny-le- Grand. . .
166. Farvagny-le-Petit
167. Ferpicioz
168. Fribourg
169. Givisiez
170. Granges-Paccot
171. Grenilles
172. Grolley
173. Illens
174. Lentigny
175. Lossy
176. Lovens
177. Magnedens
178. Marly-le-Grand
179. Marly-le-Petit
180. Matran
181. Montécu
182. Montévraz
183. Neyruz
184. Nierlet-les-Bois
266
213
204
58
131
101
63
113
226
232
162
162
100
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128
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154
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140
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11410
129
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108
357
21
316
113
139
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107
316
48
257
498
117
417
285
274
70
150
150
79
139
395
345
206
397
81
495
331
182
271
421
131
149
12195
156
264
114
22
358
120
180
109
392
137
316
67
245
502
119
+
56 8
33,
34.,
20.7
14.,
48.0
25.4
23.0
74.8
48.,
27.Ï
1 45.1
19.0
67.8
1 05.0
43.8
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88.8
36.5
96.1
97.,
24.8
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1 0.0
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78.,
39.,
40.e
32.0
HO-a
80.8
73.0
63.4
0.S
88.0
133.2
75
^) Formangueires, commune jointe avec Lossy. dans la statistique fédérale, l'est
ici avec la commune de Cormagens, et ne peut pas en ôtre séparée, par le fait qu'elle
se trouvait réunie à cette commune dans le matériel de recensement sans aucune dési-
gnation.
District — Commune
1S5, Norénz
I8G. Oberrîed
187. Onnens
188. Pierraforlscha
189. Tonthaus
190. Posât
191. Posieux
192. l'raroinan
193. Prez
194. Ressens
195. Ruoyres-St- Laurent .
196. Sales
197. Senèdes
108. Treyvaux
199. Viilarlod
200. Villars
201. Villarsel-le-Gibloux..
202. Villarsel-sur-Marly. .
203. Vuisternens-eii-Ogoz.
204. Zénauva
5. Lac
20.5. Agriswyl
206. Altavilla
207. Barbeièche
208. BUchslen
209. Borg
210. Chandossel
211. Cordast
212. Cormérod
213. Coraaieltes
214. Courgevaud
215. Courlevon
216. Cournillens
217. Courlaman
218. Courtepin
219. Courtion
220. CousBiberlé
221. CresBÎer
+ 100.,
+ 8i.,
+ iO.,
+ Îi3„
+ 109.;
+ 61.,
+ 81.
+ 28,
+ fi"-.
+ 70-,
+ 93.
+ 91. «
+ 73.,
+ 64,=
+ Si-,
+ 3,,
+ 68.,
+ 19..
+ 51-.
+ 54-,
+
+ 38-6
+ 194..
+ 99.„
+ 26.,
+ 103.P
+ 70,,
+ 6H.,
+ 20.,
+ 7i.„
70,
Commune — District
222. Friischels
223. Galmiz
224. Gempenacb
225. Greog
226. GrosBgurmels . . . .
227. Grossguachelmutii,
228. Jeuas
229. Kerzers
230. KleiubiisiDgeD . . . .
231. KleiDgurmets
232. Kleingusclielmutli .
233. Liebistorf.
234. LurtigeD
235. Meyriez
236. Misery
237. Monterscliu
238. Montilier
239. Murten
240. Ried.
241. Salvenach
242. Ulmiz
243. Villarepos
244. Vuilly-Ie-Bas
245. Vuilly-le-Haut....
246. Wallenbuch
247. Wallenried
0. Singitlc
248. Ailerswil
249. BiJBÎngen
250. Briinisried
251. Diidingen
262. GIITera
253. Heitenried
254. Oberschrot
255. Plafeyen
256. Plasselb
257. Rechthaiten
258. St-AntODi
246
272
141
45
189
67
125
822
100
56
68
356
138
87
148
58
374
1012
400
232
81
315
lUi
193
11.58
310
I'
120
174
103
408
1741
570
3r,:
230 .397
242
1053
694
79
159
10852
856
840
279
1926
512
466
396
448
247
556
1092
288
372
190
67
371
117
200
Mil
287
113
91
329
221
132
224
101
430
2206
390
360
421
319
1114
059
83
270
269
.384
207
8i
413
112
238
1110
299
86
90
344
199
189
199
11
493
2304
630
376
428
321
1103
05:
83
230
293
422
213
102
126
127
316
1182
233
102
103
323
307
192
218
83
581
2233
591
374
433
397
99i
088
63
274
14312 1
1003
1124
277
2692
506
705
333
920
291
808
1270
il6
217360
1233
1231
286
2710
579
693
564
687
300
903
1284
1175
1338
326
2974
039
040
572
91i
333
929
1456
311
401
190
79
424
127
224
1184
262
82
98
332
203
213
233
84
640
2337
557
394
463
302
963
646
56
299
18224
1334
1328
372
3253
749
081
381
1054
407
1081
1046
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+ 73.
+ 121.,
+ 89.,
+ 79..
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+ 102.,
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+ 44.,
— 6-
+ 47.,
+ 1 47.,
+ 70-,
+ 44.,
+ 71.,
+ 130.,
+ 39.,
+ 69.,
+ 100,
+ 24,.
— 8,
— 0.,
— 29,,
+ 88-1
+ 40.,
+ 46.,
+ 47.,
+ 133,,
+ 64,.
+ 94,.
+ 30„
— 191 —
Hslriet — Commune
1811
1850
1860
1870
1880
1888
1811-1888
St-Sylvester 398
St-Ursen 667
Tafers 41 1
Tentlingen 177
XJeberstorf 801
Wunnewyl 594
Zamholz 187
7. Veveyse 5060
Attalens 618
Besencens 126
Bossonnens 1 84
Bouioz 1 67
Châtel-St-Denis 1 544
Le Crêt 323
Fiaagères 187
Granges 197
Grattavache 1 24
Pont 107
Porsel' 226
Progens 991
Bemaafens 271
La Rougève 72
St-Martin 272
Semsales 543
533
085
589
256
1163
885
247
7132
8C7
164
251
2J9
2339
409
251
282
192
120
323
164
356
88
435
666
492
892
583
330
1263
998
233
7434
838
165
245
246
2381
468
276
243
175
145
315
164
403
79
494
797
558
940
745
358
1 245
956
224
7834
970
173
331
263
2316
448
293
304
166
150
358
247
433
79
461
842
602
977
776
441
1379
1006
268
7764
1026
162
310
238
2346
439
280
293
157
139
370
267
437
79
423
799
595
1004
909
443
1490
1061
236
7790
1059
161
301
229
2271
487
274
297
164
149
381
303
405
72
421
816
+ *9-6
50.,
121.2
1 50.,
86.0
78,
26.,
+ 54.0
71.,
27.«
63.,
37.1
47.1
50.«
50.,
32.,
39.,
68.,
206.1
o4.R
50.,
— 192 —
3. La population relativement à la superficie et à Taltitude,
(Tableaux N* 3, 4, 5 et 6).
Agglomération et densité de la population,
a. Agglomération. — Il n'est pas possible de donner un tableau
exact de Tagglomération de la population fribourgeoise en 1811;
même de nos jours ce travail ne pourrait pas être fait, faute d'in-
dication des localités existant dans le canton avec le nombre de
leurs habitants.
Seul, le nombre des communes avec leur population peut
actuellement! en donner quelques idées (voir tab. n^ 3) ; et encore
faut-il apporter ici quelques restrictions. En consultant la carte
géographique du canton, on voit immédiatement que dans la Broyé
et le Lac, la population des communes, quoique d'une importance
moindre, peut plutôt être considérée comme agglomérée que celle
des communes de la Singine ou de la rive droite de la Sarine, bien
que ces dernières soient numériquement beaucoup plus grandes
que les premières.
L'analyse exclusive du tableau 3 donne les résultats suivants :
— 199 habitants 162 communes — 57,65 Vo
200— 499 J> 90 > 32,03 %
500- 999 > 21 > 7,47 Vo
1000—1999 > 7 > 2,49%
2000 habitants 280 communes, 99,64 7o »▼• 68023 habit, 91,66 7o
2000 et plus 1 commune, 0,36 % av. 6186 habit., 8,34%
Voici du reste le détail par district :
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3
es
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— 194 —
Il est admis de considérer comme population agglomérée les
localités ayant plus de 2000 habitants ^)y mais, pour le canton de
Fribourg en 181 1, cette limite ne correspondrait pas du tout à
la réalité, si l'on n'y apportait pas des restrictions. Dans le cas
actuel, on ne doit pas considérer l'étendue, la grandeur des com-
munes, mais bien plutôt l'agglomération des maisons dans un
cercle restreint.
Dans ce sens, les communes ayant plus de 100 habitants dans
la Broyé et le Lac, celles qui sont au-dessus de 300 habitants dans
la Glane, la Sarine et la Yeveyse, ainsi que les communes d'Âlbeuve,
Broc, Bulle, Estavannens, Orandvillard, Gruyères, Neirivue, Riaz,
Tour-de-Trême, Yillarvolard et Yuadens dans la Gruyère doivent
être plutôt considérées comme agglomérées et le reste comme dis-
persées ; on aura ainsi une idée plus juste de la situation réelle.
Au moyen de cette classification, on obtient les résultats
suivants :
Agglomérées : 92 communes, 32,74 Vo avec 36,372 habit, 49,01 %
Dispersées : 189 > 67,26 % > 37,837 > 50,99 Vo
Aujourd'hui encore nous trouvons à peu près les mêmes pro-
portions pour ce genre d'agglomération qui, sans aucun doute, a
son origine dans les différents genres de colonisation des AUemanes
et des Burgondes. Les premiers, comme on ne l'ignore pas, se
fixèrent sur la rive droite de la Sarine, tout en ayant quelques
établissements isolés dans la partie française du pays.
b. Maisons habitées. Le recensement de 1811 ne mentionne
que les maisons habitées ; en comparant ce nombre avec la super-
ficie et le chiffre des habitants, on obtient une sorte de tableau de
la densité de la population (voir tableau n^ 4).
En faisant abstraction de la ville de Fribourg dans l'établisse-
ment de la comparaison des maisons avec la superficie, on constate
que le nombre des maisons par km.' est d'autant plus grand que
l'altitude est plus faible. Ainsi à une altitude de 699 m., il y a 11,6
maisons par km.' tandis que cette proportion descend à 6,8 mai-
sons pour une altitude supérieure à 700 m. Le chiffre moyen des
*) Mayr. a. a. O. p. 55.
— 195 —
habitants par maison suit cette même progression : dans les régions
montagneuses, il est inférieur à celui fourni par les contrées basses.
En comparant les résultats de 1811 à ceux des recensements
fédéraux on obtient le tableau suivant :
Sar ane maison
Années
Nombre des maisons
Habitants
il y a des
habitants
1811
13,310
74,209
6,58
1860
16,659
105,523
6,33
1870
18,509
110,832
6,99
1880
18,630
115,400
6,19
1888
18,557
119,155
6,42
Ct.deFriboarg\1811 12,481
68,023
5,45
sans la vilU
) / 1888 17,527
106,960
6,10
Ville ^
1811
829
6,186
7,40
de Fribourgj
1888
1,030
12,196
11,84
En 1850, le nombre des maisons n'a pas été fixé, tandis qu'en
1870, on a compté même les chalets, etc., il serait donc nécessaire
de hausser un peu le chiffre des habitants par maison.
Les conclusions à tirer du tableau ci-dessus peuvent se résu-
mer aux suivantes : que la construction des maisons n'a pas suivi
la même marche ascendante que la population et que, par consé-
quent on s'entasse aujourd'hui dans les maisons bien plus qu'autre-
fois ; ou bien qu'enfin on construit même à la campagne, des mai-
sons plus grandes qu'au commencement du siècle. Dans tous les cas,
c'est cette dernière alternative qui s'est produite dans la ville de
Fribourg, où Ton a souvent réuni en une seule maison deux ou
trois constructions distinctes.
G, Densité de la population. Le bureau fédéral de statistique
emploie pour ses publications la surface trigonométrique du pays
diminuée des lacs dont la superficie est supérieure à 1 km^; notre
désir étant de donner les détails par commune, il ne nous a pas été
possible d'admettre la même base et nous lui avons substitué la
surface cadastrale.
Le chiffre 1561,5 km.^ comprend tout le terrain du canton, à
l'exception des lacs, étangs, fleuves, rivières et routes. En 1811,
le canton de Fribourg avait une densité de population égale à celle
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16208
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par
maison
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Nombre
des
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13310
1826
1582
2686
2610
1851
1805
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6897
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Nombre
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— 198 —
que le Tessin possède actuellement et en 1888, cette même densité
est au-dessus de la moyenne générale de la Suisse.
En étudiant les détails, on s'aperçoit qu'il existe de grandes
différences dans la densité de la population des diverses contrées,
ce qui provient naturellement de la situation topographique des
lieux. Ainsi la Gruyère, la Veveyse et la Singine, districts monta-
gneux, ont la plus faible densité, tandis que la Sarine, à cause de
la ville de Fribourg, et le Lac, occupent sous ce rapport, la pre-
mière place.
À répoque actuelle, la classification des districts, à ce point de
vue, est encore sensiblement la même ; il n'y a d'exception à faire
qu'en faveur de la Singine qui a pris uu développement bien plus
considérable par suite de l'immigration des Bernois déjà si souvent
mentionnée.
En divisant la superficie selon l'altitude, on arrive forcément
au résultat suivant : la densité dans les hautes régions est deux
fois plus faible que dans les pays de plaine ; à 699 m. il y a pour
1811 68 habitants par km.^ et au-dessus de 700 m., 36 habitants
seulement.
Cependant en considérant le tableau n^ 4b, on trouve des
densités très faibles même dans une altitude inférieure à 700 m.
Ainsi il y a dans ces contrées deux communes qui n'ont qu'une
densité de 19 habitants par km.^ et au-dessous ; 7 de 20 à 29, et
16 de 30 à 39.
Ce sont des situations tout à fait exceptionnelles et anormales,
mais qui existent encore de nos jours. La cause de cette anomalie
réside dans la grande propriété foncière qui ne nourrit que quelques
fermiers, de telle sorte qu'il existe des communes situées en pays
de plaine et possédant des terrains très fertiles, qui se trouvent
dans l'impossibilité absolue de fournir une population plus dense.
Dans ce cas, la descendance trop nombreuse des quelques petits
paysans qui végètent à côté de ces gros fermiers, est obligée de
s'expatrier, d'émigrer dans les cantons de Yaud, de Neuchâtel et
de Genève et le plus souvent en France.
Pour se convaincre de ce fait, il n'y a qu'à consulter le
tableau n^ 5 qui donne la densité de la population par com-
munes.
— 199 —
Tableau N*^ B
Altitude, superficie et population de résidence des communes
Densité de population en 1811 et 1888
District — Commune
Altitude
au-des-
Su-
Population de
ritidence en :
Population
par km' en :
sus de
la mer
perficie
près de
réglise
m
en
km'
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1888
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127
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5.5
174
285
32
52
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4.,
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97
1. Broyé
1. Âumont
2. Âutavaux
3. Boliion
4. Bussy
5. Châbles
6. Chandon
7. Chapelle
8. Châtlllon
9. Cheiry
10. Cheyres
11. Cugy
12. Delley
13. Domdidier
14. Dompierre
15. Estavayer-le-Lac
16. Fétigny
17. Font
18. Forel
19. Franex
20. Frasses
21. Les Friques
22. Gletterens
23. Granges-de-Vesin
24. Léchelles
26. Lully
26. Mannens-Grandsivaz.. .
27. Ménières
28. Montagny-la- Ville
29. Montagny-les-Monts . . .
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— 204 —
District — Commune
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sus de
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Su-
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km'
Population de
résidence en :
Population
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1888
1811
1888
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170. Granges-Paccot
171. Grenilles
172. Grolley
173. Illens
174. Lentigoy
175. Lossv
176. Lovens
177. Masnedens
178. Marly-Ie-Grand
179. Marly-le-Petit
180. Matran
181. Montécu
182. Montévraz
183. Neyruz
184. Nierlet-les-Bois
185. Noréaz
186. Oberried
187. Onnens
188. Pierrafortscha
189. Ponthaux
190. Posât
191. Posieux
192. Praroman
193. Prez
194. Rossens
195. Rueyres-St-Laurent . .
196. Sales
197. Senèdes
198. Trevvaux
199. Villarlod
200. Villars
201. Villarsel-le-Gibloux...
202. Villarsel-sur-Marly. . .
203. Vuisternens-en-Ogoz. .
204. Zénauva
I
District — Commune
5. Lac
205. Agriswyl
206. Altavilla
207. Barberêche
208. Biichslen
209. Burg
210. Chandossel
211. Cordast
212. CornuSrod
213. Corsalettes
214. Courgevaud
215. Courlevon
216. Cournillens
217. Courtamati
218 Courtepin
219. Courtion
220. Coussiberlé ......
221. Cressier
222. Fraachels
223. Galraiz
224. Gempenach
225. Greng
226. Grossgurmels . . . .
227. GrossguBcbelmulh.
228. Jeuss
229. Kerzera
230. KleinbiJsingen. . . .
231. Kleingurmels
232. Kleingusctielmutli .
233. Liebistorf.
234. Lurtigen
235. Meyriez
236. Misery
237. Monterschu
238. Montilier.
239. Murten
Altitude
auHJei-
su.de
Su-
perficie
Pupuiation de
résidence en :
Popuiation
par km' en :
près de
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— 206 —
District — Commune
Altitude
au-des-
sus de
la mer
près de
réglise
m
Su-
perficie
en
km'
Population de
résidence en :
1811
1888
Population
par km' en
1811
1888
240. Ried
241. Salvenach
242. Ulmiz
243. Villarepos
244. Vuilly-le-Bas
245. Vuilly-le-Haut
246. Wallenbuch
247. Wallenried
Forêt cantonale de Galm
6. Singine
248. Alterswil
249. Bôsingen
250. Brûnisrîed
251. Dùdingen
252. Giffers
253. Heitenried
254. Oberschrot
255. Plaffeyen
256. Plasselb
257. Rechthalten
258. St-Antoni
259. St-Sylvester
260. St-Ursen
261. Tafers
262. TentliDgen
263. Ueberstorf
264. Wunnewyl
265. Zumholz
7. Veveyse
266. Attalens
267. Besencens
268. Bossonnens
269. Bouloz
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564
495
495
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437
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1328
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595
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236
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1059
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131
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— 207 —
District — Commune
Altitude
au-des-
sus de
la mer
près de
régllse
m
Su-
perficie
en
km«
Population de
résidence en :
1811
1888
Population
par km' en :
1811
1888
270. Ghâtel-St-Denis.
271. Le Crêt
272. Fiaugères
273. Granges
274. Grattavache
275. Pont
276. Porsel
277. Progens
278. Remaufens
279. La Rougève . . .
280. St-Martin
281. Semsales
822
920
858
758
808
747
824
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830
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271
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272
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2271
487
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297
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149
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405
72
421
816
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48
69
72
68
75
68
103
82
70
103
114
29
On voit immédiatement dans ce tableau que, le terrain
montagneux à part, la population la moins dense se trouve aux
environs de Fribourg, d'Autafond à Russy, dans le Lac catholique
et dans les environs de Romont et de Bulle ; tandis que la plus
forte densité, abstraction faite des villes, est constatée dans le Lac
protestant et dans la majeure partie de la Broyé : contrées par
excellence de la petite propriété.
d. La population d'après l'altitude. L'altitude de 760 m. au-dessus
du niveau de la mer peut être considérée comme la limite
moyenne pour le canton de Fribourg, car ce chiffre divise le total
de la population en deux parties presque égales ; en 1811 sur une
population totale de 74,209 habitants, 37,429 vivaient au-dessous
de cette moyenne et 36,780 au-dessus ; en 1888=61,345 et 57,810.
Au-dessus de 1000 m., il n'y a que la commune de Bellegarde avec
une population de 403 habitants.
Une question assez intéressante est de rechercher si la popu-
lation montagnarde a augmenté ou diminué depuis un siècle. Au
— 208 —
Tableau
Population des districts d'après l'altitade
Canton — District
Nombre total
des
eon-
Duies
delà
jupolatioii
de
râideiee
Altitude de
400-499
m
eoi-
DDoes
piittion
de
râideiee
Altitude de
600—599
m
eoD-
■nes
I»:
ptltboB
de
résideiee
AKitude de
600—699
m
Dites
pifitioB
de
râideoee
Altitude de
700-799
m
«01-
Bues
pouiioii
de
riàitm
Canton de Fribourg
Broyé
Glane
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
281
49
53
41
61
43
18
16
Canton de Fribourg
Broyé . .
Glane . .
Gruyère
Sarine > .
Lac
Singine .
Veveyse
74209
9669
8659
13877
16208
9884
1 0832
5060
33
22
10626
5285
13
5341
49
16
1
3
27
2
16211
2614
114
6565
4152
2766
58
10
11
1
30
3
3
10592
1582
1731
274
4808
391
1806
87
1
29
25
22
6
4
22789
188
3213
8677
3835
3770
1106
Sur 100 communes et sur
12.4
143
17.4
219
20.,
143
44.»
547
32.7
270
20.4
164
—
1.9
13
20.7
200
—
2.4
20
4.9
405
49.,
297
30.»
540
62.8
420
7.0
40
—
11.1
255
16.,
167
31.0
307
2.0
19
54.,
602
61 .„
625
36.1
236
OO.g
347
23.0
218
*) Voir l'observation page 188.
— 209 —
N'» 6
de la commune de résidence en l'année 1811
AHHudide
800-899
m
■lits
Hialioi
de
réideiee
44
40
10
6
7
M
12181
1249
3791
1000
2510
3631
AIHtude de
900—999
m
(OD*
Bun»
po-
pglation
de
ftiHtm
2
4
1
1407
352
732
323
Altitude de
1000-1099
m
COD-
DUltS
po-
pulatioD
de
residenet
1
403
403
1000 habitants, il y avait :
15.7
164
2.»
19
0.4
5
18.9
144
d.g
41
84.4
273
9.8
53
2.4
29
9.»
62
—
-i_ -
j —
38.9
23f
68.,
718
6.3
64
Population de résidence des communes
à une altitude de :
400-599
m
1811
1888
26837
7899
114
6o6o
9493
2766
44073 '
12050
192
12751
1 4501
4581
600-799
m
1811
33381
1770
6944
8951
8643
391
5576
1106
1888
53056 '
2770
11270
13458
13784
651
9317
1806
800-1026
m
1811
13991
1601
4926
1000
2510
3954
1888
22024
2402
7884
1428
4326
5984
Sur 1000 habitants :
302
370'
450
445»
188
817
813
183
187
13
14
802
813
185
645
631
353
405
456
333
493
62
960
957
40
43
233
251
514
511
231
218
232
782
185
173
369
51
238
768
14
— 210 —
premier abord, on serait enclin à croire que cette population s'est
ressentie du mouvement des populations campagnardes vers les
villes et qu'ainsi il y aurait aussi diminution dans la population
montagnarde au profit du pays plat.
Nos recherches à ce sujet ont donné les résultats suivants
pour le canton de Fribourg : Sur 1000 habitants demeurant au-
dessous de 700 m. d'altitude, il y a une augmentation annuelle de
6,4 et pour le même nombre d'habitants vivant au-dessus de 700
m. l'augmentation est de 5.8.
Sur 1000 habitants demeuraient dans une altitude de :
Année 400-599 600-799 800-1025
1811 362 450 188
1888 370 445 185
Les contrées situées au-dessous de 600 m. donnent donc une
variation annuelle de moins de 7 sur 1000 habitants ; mais ici, il
ne faut pas perdre de vue que les contrées du Lac, de la Singine et
de la Broyé qui ont subi l'invasion bernoise, sont précisément si-
tuées à cette altitude. Or, si Ton considère que le chiffre de cette
immigration monte à plus de 9000, on se convaincra facilement
que, en faisant abstraction de ce fait, les données du tableau ci-
dessus se trouveraient complètement changées. Sans avoir la pré-
tention de vouloir fixer exactement ce chiffre, nous pouvons présu-
mer et même avoir la certitude que la population montagnarde en
elle-même n'a pas diminué au profit des contrées de la plaine et
qu'ainsi, au contraire, il doit même y avoir une augmentation.
G. La population au point de vue physique.
1 . Le sexe.
En 1811, le sexe féminin était en majorité dans le canton : il
n'y avait que 97,4 hommes sur 100 femmes : ce chiffre a été le plus
petit du 19™« siècle.
Cependant, il faut considérer qu'il y avait 1493 absents du
canton et que presque tous étaient des hommes au service militaire
!
ï
s
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es I
(U j
2 I
O OScD^MJv;
— 212 —
à l'étranger. On peut, dès lors, sans crainte de se tromper beau-
coupy ajouter ce nombre à celui des hommes résidant dans le can-
ton et Ton obtient ainsi 38,093 hommes et 37,604 femmes, soit
101,3 hommes pour 100 femmes.
Pendant la période qui nous occupe, les proportions en hom-
mes et en femmes ne se balancèrent pas toujours ; il y eut presque
continuellement des écarts plus ou moins grands entre les deux
sexeS; ainsi que le démontre le petit tableau suivant :
Sur 1000 femmes il y a des hommes :
1811
974 (1013)
1850
989
1860
998
1870
992
1880
999
1888
994
Les données relatives à la natalité et à la mortalité par sexe,
à l'émigration et à l'immigration, faisant complètement défaut, il
est de toute impossibilité de rechercher les causes qui ont influé
sur ces variations.
Afin de connaître quelles sont ces proportions pour la cam-
pagne, laissons de côté la ville de Fribourg ; nous obtenons :
1811
988
1860
1000
1860
1007
1870
1007
1880
1014
1888
1012
Ainsi est démontrée à partir de 1850; la prépondérance du
sexe masculin dans la campagne, tandis que la ville de Fribourg
offre des résultats diamétralement opposés. Dès 1850, l'excès du
sexe masculin sur le sexe féminin suit à la campagne une progres-
sion presque constante ; la variation résultant de la comparaison
des deux tableaux ci-dessus pour les années 1860 et 1870 provient
naturellement de la ville de Fribourg.
— 2J3 —
Consultons maintenant le tableau principal (page 156 et sa)
donnant la population d'après le sexe dans les différentes communes
pour l'année 161 1, nous y verrons d'abord que, déjà à cette époque
dans toutes les villes, même les plus petites, l'élt^ment féminin pré-
dominait, et qu'ensuite la population féminine était en majorité
dans les contrées montagneuses plutôt que dans les pays de la plaine.
Cerniat fait ici exception en raison du couvent de la Valsaîute ren-
fermé dans son territoire et qui contenait, en plus des religieux,
alors une centaine de pensionnaires et d'élèves ; c'est ce qui explique
l'énorme prédomioacce du sexe masculin dans cette commune.
Un fait curieux et pour noua inexplicable est la grande prédo-
minance des hommes dans la haute Broyé en contact direct avec la
zone où le fait contraire se produit dans d'assez notables proportions,
^
2. Age.
L'élaboration des données relatives à l'âge a présenté de
nombreuses et sérieuses difficultés qui n'ont pu être que partielle-
ment vaincues. En 1811, comme de nos jours encore, (là où l'on
ne demande pa.s l'année de naissance), les personnes recensées don-
naient de préférence les indications d'âge en chiffres ronds, en négli'
géant intentionnellement les unités. Un essai sur la classification
d'âge de la population de la ville de Fribourg a donné des résultats
complètement nuls. On obtenait de très fortes proportions ponr
les dizaines telles que 20, 30, 40, 50, 60, 70 ans et presque point
pour les unités intermédiaires. En présence de cet état de choses,
c'élait peine perdue de faire cette élaboration et d'établir des com-
binaisons ; nous nous sommes donc borné a répartir la population
en trois classes d'âge : enfants (0-14), adultes (15-59) et vieillards
(60 et plus). En procédant ainsi, la tendance que nous venons de
mentionner perdait sou influence sur l'exactitude des résultats.
— 214 —
Tableau
Division par district de la population totale
a) En chiffres
Canton — District
O— 14t ans
1811
1860
1870
1880
1888
Aug. ou
diminu-
tion en
t811-88
1811
Canton de Fribourg
Broyé
24613
3462
2960
4341
4954
3446
3613
1837
29814
3984
3587
5196
6292
4459
4197
2099
34340
4388
4127
6012
7253
4927
5096
2537
Sur
37581
4781
4429
6857
8039
5049
5914
2512
1000
40625
5303
4679
7260
8872
5398
6563
2550
l
perso]
16012
1841
1719
2919
3918
1952
2950
713
0 En c
nnes (
42487
5341
4805
8023
9688
5592
6288
2750
ihiffres
ie la
Glane
Gruyère
Sarine
Lac
SiDffine
Veveyse
Canton de Fribourg
Broyé
Glane
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
332
283
312
326
341
9
572
358
299
321
334
358
_^_
552
342
291
314
329
337
— 5
555
313
286
312
336
340
27
578
306
260
286
300
317
11
598
349
309
333
335
356
7
566
333
271
315
337
360
27
579
363
283
323
324
327
—36
544
Les recensements de 1870 et 1880 comprennent la population de fait ;
de 1850 ne contient aucune distinction d'après l'âge. Dans les années 1860 et
personnes ne sont pas contenues dans les chiffres ci-dessus.
— 215 —
N" 8
depuis 1811 à 1888 d'après l'âge
absolus
15—59 ans
60 ans et plus
Aug. ou
Aug. ou
■ • ■
1860
1870
1880
1888
diminu-
tion m
1811
1860
1870
1880
1888
diminu-
tion en
1811-88
1811-88
66210
65302
66962
67022
24535
7109
9318
10594
10857
11508
4399
8064
7882
8026
7965
2624
866
1267
1410
1496
1552
686
7717
7729
7746
7804
2999
894
1025
1279
1313
1381
487
11213
11304
1 1 522
12038
4015
1513
1787
1958
2033
2044
531
15814
15689
16330
1 6438
6750
1566
2059
2379
2446
2653
1087
8716
8484
8677
8314
2722
846
1264
1381
1326
1440
594
10055
9687
1 0233
10097
3809
951
1226
1407
1424
1564
613
4631
4527
4428
4366
1616
473
690
780
819
874
401
relatifs
population totale étaient
629
592
580
562
—10
96
88
96
94
97
606
576
561
537
-15
90
95
103
105
105
626
589
0/4
563
8
103
83
97
97
100
616
586
564
564
-H
109
98
102
100
96
655
620
609
588
—10
96
85
94
91
95
604
574
577
549
—17
85
87
93
88
95
650
598
582
554
—25
88
79
87
81
86
624
577
571
561
17
•
93
93
100
105
112
1
15
3
13
1
10
2
19
ceux de 1811, 1860 et 1888 la population de résidence ordinaire. Le recensement
1870 on trouve respectivement 181 et 596 personnes sans déclaration d'âge; ces
— 216 —
Le tableau suivant donne, sous ce rapport, la comparaison
entre le recensement de 1811 et les recensements fédéraux :
Sur 1000 personnes de la population totale étaient âgées de :
Années 0-14 ans 15-59 ans 60 et plus
1811 332 572 96
1860 0 283 629 88
1870 312 592 96
1880 326 580 94
1888 341 562 97
Ce qui étonne surtout dans le tableau ci-dessus c'est la res-
semblance qui existe entre la répartition des classes d'âge pour
1811 et 1888. Depuis 1850, grâce à une plus forte natalité et à
une plus faible mortalité infantile, on peut constater une augmen-
tation continuelle dans le nombre des enfants, ce qui tout naturelle-
ment devait faire présumer qu'au commencement du siècle, le
nombre des enfants serait fort inférieur à ce qu'il est réellement,
d'après les données du tableau. La cause de cet état de choses
réside probablement dans le subit développement de la population
après les années orageuses de la fin du 18°^® et du commencement
du 19""^ siècle, et même aussi partiellement dans l'absence des nom-
breux militaires au service étranger.
Tous les districts ont subi en ceci des variations identiques,
en exceptant toutefois les trois districts voisins du canton de Vaud
(et de la France ! !) : Broyé, Glane et Veveyse qui ont actuellement
moins d'enfants qu'au commencement du siècle.
D. La population au point de vue social.
1 . Etat civil.
Du moment que, dans le chapitre précédent, nous avons dé-
montré que la répartition par classes d'âge n'avait pas été possible,
l'étude de la population d'après l'état civil perd beaucoup de son
^) Pour 1850, rindication de l'âge manque.
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308 — 250
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297 — 237
352 — 277
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— 682 683
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— 654 647
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— 219 —
importance. Pour arriver à donner une idée juste de la situation
sociale, il faut pouvoir étudier l'état civil combiné avec le sexe et
rage.
Bien plus, les formulaires contiennent à ce sujet une regret-
table lacune qui dégénère en vrai défaut : ils ne considèrent que
les deux seules subdivisions c marié > et <c célibataire i>, sans faire
aucunement mention des veufs ou veuves. Par suite de cela, dans
quelques cercles, peu nombreux il est vrai, on ne mentionna pas
le veufs ou veuves comme tels, mais on les inscrivit comme mariés
ou célibataires.
Voici les résultats de 1811 comparés avec ceux des recense-
ments fédéraux :
Sur 1000 personnes de la population totale étaient :
Innées
Célibataires
Mariés
Veufs
ou Veuves
Divorcés ou
inconnus
1811
638
315
46
1
1850
677
266
57
—
1860
671
253
59
17
1870
662
275
62
1
1880
656
282
61
1
1888
657
283
59
1
Nous faisons ici les mêmes remarques que celles que nous
avons présentées à l'occasion de la répartition de la population
d'après l'âge. Après avoir constaté dans le chapitre précédent un
nombre d'enfants aussi considérable, on était en droit d'attendre
dans le cas actuel, que le chiffre des célibataires aurait été bien plus
grand qu'aujourd*hui et celui des mariés bien plus faible. Or cela
n'est pas ; il faut donc que la proportion des mariés ait été extra-
ordinairement élevée au commencement du siècle et que la fré-
quence du mariage à cet époque ait surpassé de beaucoup celle du
milieu du 19™* siècle.
En effet, si l'on retranche le nombre des enfants (0-14 ans)
du nombre des célibataires, on obtient les résultats suivants :
Années
Célibataires
Mariés
Veufs ou. Veuves
1811
458
471
70
1860 0
541
353
82
1870
510
398
90
1880
490
417
91
1888
480
429
89
-^ 220 —
Sur 1000 personnes âgées au-dessus de 15 ans il y avait :
Divorcés oa
inconnus
1
24
2
2
2
La remarque faite relativement à la très grande fréquence
des mariages au commencement du 9® siècle est donc parfaitement
juste et malgré que la proportion des mariés ait augmenté conti-
nuellement depuis 1860; elle est encore loin d'atteindre celle de
1811.
C'est surtout dans les districts de la plaine que Ton constate
la plus forte différence dans la comparaison du nombre des mariés
en 1811 et celui d'aujourd'hui, tandis que dans les districts de
montagne, cet écart est bien plus faible.
On pourrait conclure de là que la situation économique des
habitants de la montagne n'est pas devenue plus mauvaise et qu'au
contraire, les habitants du Lac et de la Broyé, pays par excellence
de la culture du tabac, de la vigne et du blé, ont été beaucoup
moins favorisés sous ce rapport. (Pour détails, voir tab. 9.)
2. Origine.
Pour répondre à la question d'origine, le formulaire ne contient
que l'expression € Etranger >. Ce terme fut naturellement fort
différemment interprété et appliqué.
Dans la plupart des cas, on considéra comme € étranger > tout
habitant non-bourgeois de la commune ; ce qui permettait de faire
les distinctions comprises dans les recensements modernes telles
que € Bourgeois de la commune de résidence. Bourgeois d'autres
communes du canton, Bourgeois d'autres cantons et étrangers.
Mais comme dans quelques cercles, spécialement dans ceux
de la Singine, on n'a considéré que les non-fribourgeois comme
^) Le recensement de 1850 ne contient pas la répartition d'après Tàge.
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— 223 —
Tableau N** 11
Répartition par commune de la population totale de 1811 à 1888 d'après Torigine
District — Commune
Répartition de la population
de résidence en :
fribourgeois
1811
1888
etraDg.aocaotoD
1811
1888
Sur 1000 habitants
étaient :
fribourgeois
1811
1888
etrsDg. au caolno
1811
1888
Aug-
mentation
ou dimi-
nution
des fri-
bourgeois
1811-88
1. Broyé
1. Aumont
2. Autavaux
3- Bollion
4. Bussy
5. Châbles
6. Chandon
7. Chapelle
8. Chàtillon
9. Cheiry
10. Cheyres
11. Cugy
12. Delley
13. Domdidier
U. Dompierre
15. Estavayer-Ie-Lac
16. Fétigny
17. Font
18. Forci
19. Franex
20. Frasses
21. Les Friques
22 Gletterens
23. Granges-de-Vesin
24. Léchelles
25. Lully
26. Mannens-Grandsivaz. . .
27. Ménières
28. Hontagny-la- Ville
29. Montagny-les-Monts . . .
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262
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252
109
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101
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133
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124
173
47
232
130
208
280
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473
158
124
243
292
161
93
146
262
398
613
283
775
515
1240
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17
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14
18
22
49
13
18
10
48
73
26
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27
315
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10
30
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17
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986
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1000
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1000
1000
976
994
940
1000
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963
986
899
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1000
899
931
930
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890
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894
916
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District — Commune
Répartition de la populalîon
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35 Nuvîlly
36. Portalban
38 PrévODdavaux
39. Rueyres-les-Prés
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46 Vesin
2. Oîâne
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55. CUapetle-sur-Gillarens .
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59. ChavaDDes-s.-OrsonneDS
63. Esmonts
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mentatlofl
- ou dimi-
nution
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65. Fuycns
66. Gillarens
67. Les Glanes . .
68. Grangelles . .
69. Henoeos ....
70. La Joux
71. LielTreDS ....
72. Lussy
73. MaccoDnens..
74. La Magne . .
78. Massonnens..
76. Mézières
77. MIdiies
78. Montet
79. Morlens
80. Mosael
81. La Neyrigue .
62. OrsoniieQS . .
83. Prez
85. Romout
86. Rue
87. Le Saulgy
88. Siviriez
89. Semmentier
90. Tornyle-Grand..
91. Ursy
92. Vaurterens
93. Villangeaux
94. Villaraboud
95. Villaranon
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100. Villaz-St-Pierre..
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34
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16
97
S+ 24
27
District — Commune
101. Vuarmarens
102. Vuisternena-d.-Romotit
3. Oruycre
103. Albeuve
104. A vry- devant- Pont
106. Bottereos
106. Broc
107. Bulle
108. Cerniat
109. Cliarmey
110. Châtel-s.-Monlsalïens,
111. Corbières
112.Crésuz
113. Echarlens
114. Enney
115. ËstavanneDS
116. Grandvillard
117. Gruyères
118. Guraefena
U9. Hauteville
120. Jaun
121. Lessoc
122. Marsens
123. Maules
124. Montbovon
125. Morlon
126. Neirivue
127. Le Pâquîer
128. Pont-en-Ogoz
129. Pont-la-Ville
130. Riaz
131. La Roche
132. Romanens
133. Rueyres-Treyfayes . . .
134. Sales
Répartition de la populalioi
de résidence en ;
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56
District — Commune
135 Sorens
136. Tour-de-Trême
137. Vaulruz
138. Villarbeney
)39. Viltaivolard
140. VilIars-d'Avry
141. Vitlars-sous-MoDt. . .
142. Vuadens
143. Vuippens
4. Sarine
144. ArcoDciel
145. Autafond
146. Aotigny
147. Avry-sur-Matran
148. Belfaux
149. BoDnefontaine
150. Chénens
161. Ch&alles
152. Chésopetloz
153. La Corbaz
154. CorjolenB
155. fCormagens-hnjingneirM
156. \Los8y
157. Cormiobœuf
158. Corpataux
159. Corserey
160. Cottens
161. Cuterwil
162. Ecuviilens
163. Ependes
164. Essert
165. Estavayer.le-Gibioux
166. Farvagny-Ie-GraDd. .
167. Farvagny-le-Petit...
168. Ferpicioz
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Répartition de ia population
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3
-+ 10
202
District — Commune
mentation
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169. Fribourg
170. Givisiez
171. Granges-Paccot
172. Grenilles
173. Grolley
174. lUens
175. Lentigay
176. Lovens
177. Magnedena
178. Marly le-Granil
179. Marly-je-retit
180. Matran
181. Montécu
182. Montévraz
183. Neyruz
184. Nierlet-les-Bois
185. Noréaz
186. Oberried
187. Onnens
188. Pierrafortscha
189. PoDthaux
190. Posât
191. Posieux
192. Praroman
193. Prez
194. Rosaens
195. Bueyres-St-Laurent .
19G. Sales
197. SenMes
198. TreyvauJt
199. Villarlod
200. Viltars
201. Viljarsel-Ie-Oibloux..
202. Vîllarsel-sur-Marly. .
203. Vuisternens-en-Ogoz.
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+ 120
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District — Commune
5, Lac
203. Agriswyl
206. Altavilla
207. Barberêche
208. BUchslen
209. Burg
210. Chandossel
211. Cordast
212. Cormérod
213. Corsalettes
214. Courgevaud
215. Courlevon
216. CourDilIens
217. Courtanian
218. Courtepin
219. Courtion
220. Coussiberlé
221. Cressier
222. Fràschels
223. Galmiz
224. Gempenacli
225. Greng
226. Grossgurmels
227. GroBBguschelDlutli,
228. JeusB
229. Kerzers
230. Kleiobosingen
231. EleiDgurmels
232. Kieicguschelmutb
233. Liebistorf.
234. Lurtigen
235. Meyriez
236. Misery
237. MonterBchu
2.38. Moiitilier
239. Muneo
Réparlilion de la population
de réeldence en :
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— 230 —
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1811
1888
1811
1888
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1811
1888
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1811
1888
Aug-
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ou dimi-
nution
de* M-
bourgools
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240. Ried
241. Salvenach
242. Ulmiz
243. Villarepos
244. Vuilly-le-Bas . . .
245. Vuilly-le-Haut . .
246. Wallenbuch . . . .
247. Wallenried
6. Singine
248. Altersvil
249. Bosingen
250. Brûnisried ....
251. Dûdingen
252. Giffers
253. Heitenried
254. Oberschrot —
255. Plaffeyen
256. Plasselb
257. Rechthalten . . . .
258. St-Antoni
259. St-Sylvester. . .
260. St-Ursen
261. Tafers
262. Tentliugen
263. Ueberstorf
264. Wunnewyl
265. Zumholz
7. Veveyse
266. Attalens
267. Besencens . . . . .
268. Bossonnens
269. Bouloz
270. Ghâtel-St-Denis
385
196
189
224
1050
654
72
164
10422
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821
265
1841
476
435
394
431
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544
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378
648
403
167
745
535
187
4938
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183
166
1491
441
286
245
294
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108
217
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978
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953
1000
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178
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+ 48
115
166
+ 71
227
198
244
217
125
188
70
277
56
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+ 48
210
255
+ 5
301
127
95
380
267
182
26
31
12
45
25
10
— 231 —
District — Commune
271. Le Crêt....
272. Fiaugères. . .
273. Granges
274. Grattavache.
275. Pont
276. Porsel
277. Progens
278. Remaufens . .
279. La Rougève
280. St-Martin . .
281. Semsales . . .
Répartition de ia popuiation
da rétidenoe en :
fribourgeois
1811
1888
323
187
197
120
107
226
9(>
26.")
63
267
53»
484
274
282
1 .")2
1 43
36.")
231
399
66
*I7
771
/trug. au eutoD
18111888
3
6
9
5
11
3
15
12
6
16
72
6
6
4
45
Sur tOOO liabitantt
étalent :
fribonrgeoii
1811
1000
1000
1000
968
1000
1000
970
978
875
982
980
1888
994
1000
949
927
960
958
762
985
917
990
945
étragg. u tuloi
1811
1888
32
30
22
12>
18
20
51
73
40
42
238
15
83
10
55
AHg-
meirtiMon
ou dimi-
nution
des tri-
iraurgeoia
1811-88
6
51
41
40
42
208
■ 7
42
8
35
« étrangers > nous avons dû établir nos considérations sur la sub-
division de Fribourgeois et « Etrangers au canton >. En voici les
résultats :
Sur 1000 habitants étaient :
Années Fribourgeois Etrangers an Canton
1811 939 61
1850 913 87
1860 873 127
1870 859 141
1880 846 154
1888 842 168
Les Fribourgeois se trouvent donc dans un état de diminution
continuelle vis-à-vis des étrangers au canton. Les causes de cet
état de choses et tout ce qui concerne le mouvement de la popula-
tion fribourgeoise ont déjà été traitées dans un travail à part, ce
qui nous dispense de nous étendre plus longuement sur ce sujet ').
*) Voir mon petit travail : Déplacement religieux et national en
Suisse, spécialement dans le canton de Fribourg. Fribourg 1899, p. 14 & 20,
et 32 £t.
— 282 —
Cependant nons tenons à mettre en évidence quelques faits
assez carieoz et intéressants. Le district du Lac parait avoir eu
son contingent d'étrangers au canton déjà avant le 19"* siècle ; il
n'y a rien là de surprenant, c'était un pays protestant, administré
en commun par Berne et par Fribourg : les émigrants bernois y
trouvèrent donc un asile assuré.
Par contre, ces mêmes émigrants paraissent éprouver certaines
hésitations à pénétrer dans les contrées catholiques ; ce mur de
Chine tomba définitivement après la guerre du Sonderbund et alors
cette avalanche de population bernoise pénétra, comme un coin
solide, sur le territoire fribourgeois en traversant la Singine et la
Sarine et elle arriva bientôt jusqu'au lac de Neuchàtel.
Les cartes donnent une intuition si palpable de ce fait qu'elles
nous dispensent de tout commentaire.
3. La profession.
Tableaux n- 12* et 12»>-
II est une chose bien connue de tous les statisticiens : c'est
que le classement d'une population d'après la profession est exces-
sivement difficile et que les résultats d'un tel travail sont souvent
des moins satisfaisants dans nos recensements modernes ; il va
donc bien de soi que cela est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'un
dénombrement tel que celui que nous traitons ici, oii le question-
naire demande simplement l'état ou la profession de la personne
sans autre explication ni distinction quelconque.
Dans le recensement cantonal de 1811, la profession est très
souvent insuffisamment délimitée, à tel point que dans la plupart
des cas elle n'est indiquée que pour le chef de famille et cependant
il arrive fréquemment que ce dernier a des fils ftgés de vingt ans
et plus. Heureusement que dans le cas, cette lacune est le fait
exclusif des agriculteurs ; nous n'avons donc pas pu fixer le nom-
bre des personnes exerçant cette profession, puisque d'après l'âge
des enfants nous n'avons pas voulu le faire arbitrairement.
Il n'est nullement nécessaire de donner ici une explication de
tous les termes généraux contenus dans les tableaux suivants puis-
233
qae, antaot qae ]e malériel le permettait, nous avons suivi simple-
ment r arrangement admis dans la statistique fédérale. D'un côté,
personne ne contestera la valeur scientifique de cette publication
fédérale, d'un autre côté, il était nécessaire de suivre le schéma
donné par le bureau fédéral de statistique pour établir des compa-
raisons avec les temps actuels.
Nous abordons donc directement les résultats et nous les trai-
terons le plus brièvement possible. Sur 74,209 habitants qui for-
maient la population du cauton en 1611, il y en avait 2,786 sans
profession ou d'une profession inconnue, rentiers, mendiants, etc.,
ce qui fait le 3.7 7„ de la population totale. Le premier rang est
naturellement ici occupé par le district de la Sarine à cause de la
ville de Fribourg où l'on trouve le 10 V» de personnes de cette
catégorie, puis viennent successivement les districts de la Veveyse,
de la Gruyère, de la Broyé, du Lac, de la Glâne et de la Singine.
Par comparaison avec les temps actuels, on remarque une
DOtable augmentation des gens sans profession ; le nombre relatif
en a doublé depuis 181 1 à nos jours. Le chitTre de 1870 qui est
encore plus élevé provient sans doute d'indications insuffisantes.
Si l'on ne considère que le chiffre absolu, les * sans profession »
ont triplé dans l'espace de 78 ans : 1811^2786, 1888=8876. Le
chiffre de 1811 ne comprend presque exclusivement que des gens
riches, ce qu'on peut facilement constater par le nombre des do-
mestiques; nous aimons à croire qu'il en est de même en 1888 !
Ce cas admis, il est intéressant de voir que le chiffre de 1811
à 1888 a fort peu varié dans le district de la Sarine, relativement
à la population totale -, tandis que l'augmentation est très forte
dans le district de la Singine. 11 est possible qu'en 1811 des ren-
tiers, partageant comme de nos jours leur domicile entre la ville et
la campagne, ont indiqué Fribourg comme leur principal domicile,
tandis qu'aujourd'hui, en raison des impôts élevés de la ville, ils
préfèrent indiquer la campagne.
De ce qui vient d'être dit, il résulte qu'aujourd'hui il y a rela-
tivement un plus petit nombre de personnes appartenant à une
profession qu'en 1811 : 926 «V, contre 962 "/a^,.
Les personnes vivant d'une profession se répartissent de la
manière suivante d'après les groupes professionnels.
— 234 —
Tableau
Population de résidenoe selon les
Dittrictt
Dont:
Po-
Per-
pulation
sonnel
do
tant
r<*l-
pro-
denco
fettion
ordi-
on de
naire
prof. In-
connue
74209
2786
9669
212
8659
94
13877
422
16208
1645
9884
151
1 0852
85
5060
177
Nombre
total
des
per
sonnet
vivant
d'une
pro-
fession
Exploitation
des mines
et autres produits
bruts du sol
Vivant de
Exercaat
ee(t« professioi
Nombre
total des
per-
sonnes
vivant de
l'agricul-
ture ou
de l'élev.
du bétail
Sylviculture,
diasse
et pèche
YiT&ot de
hercut
cette probssieii
et. de Frïbourg
Broyé . .
Glane . .
Gruyère
Sarine . .
Lac
Singine .
Veveyse.
71423
9457
8565
13455
14563
9733
10767
4883
Sur 1000 habitants :
Ct. de Fribourg ^
Broyé . .
Glane . .
Gruyère
Sarine . .
Lac
Singine.
Veveyse
—
37.8
21.,
—
10.,
30 4
•"—
101.,
—
15.,
—
7.8
OO.Q
962.8
978.1
989.1
969.»
898.S
984.,
992.,
965.0
183
63
9
2
4
23
68
14
55|
17
2
1
3
6
22
4
50117
6479
6675
10116
8467
6720
8036
3624
362
87
2
15
22
182
41
13
136
40
2
7
7
63
44
3
1000 personnes vivant d'une
d'après les
*'6
6.7
11
0,
0.8
2-4
6-8
2.»
701.7
685.1
779.8
751.8
581.4
690.4
746.8
742.,
5.,
0,
l.t
18.7
3.8
Dans le nombre des personnes vivant d*ane profession, sont comprises
— 235 —
groupes professionnels en 1811
Industrie
Industrie
Industrie
dA
da l'habliiement
du b&timent
Industries
1IU
•t de la
et de
textiles
ralimentation
toilette
rameublement
Districts
Yiraotde
Eiercut
VJTtDtde Eierctnt
Virait de Kiercut
Yirut de
Eierc4gt
eette profession
cette profession
Mlle professioD
eetto probssioi
2127
748
3277
1349
5255
1815
1242
656
et. de Fribourg
307
105
373
153
682
204
203
96
Broyé
249
83
286
121
432
154
93
54
Glane
331
115
494
204
875
310
160
96
Gruyère
623
215
952
394
1220
426
354
177
Sarine
185
73
457
174
637
224
256
124
Lac
301
114
487
208
1058
374
137
87
SiDgine
131
43
228
95
351
123
39
22
Veveyse
professlan connue se répartissent comme suit
groupes prof
essionnels :
29.8
45,
73.,
n.4
et. de Fribourg
32.5
39.4
72.1
21.6
Broyé
29.1
33.4
50.4
10.»
Glane
24.,
36.,
65.0
11.»
Gruyère
42.8
65.4
83.8
24.8
Sarine
19.„
47.0
65.4
26.8
Lac
28.0
45.,
98.8
12.,
Singine
2f
»-8
4(
71
1.»
i
J-o
Veveyse
égalemeot celles qui l'exercent.
— 236 —
(Suite)
Population de résidence selon les
Districts
Industrie de
produits chi-
miques ne
servant pas à
l'alimentation
Vit. de
Eure.
cette professiog
Métallurgie,
fal>ricatton
d'outils, etc.
Ylr.de Exerc.
eelte professioi
Arts
graphiques.
Keliure
Vit. de Exerc.
cette professioi
Commerce
YiT. de
Exerc.
eette proftssioi
Transport
VJT. de Exerc.
eette pnif.issioi
Ad-
ministration
publique
Vif. de
Exerc.
eette prolétsin
Ct.deFribourg
Broyé
Glftne
Gruyère . . .
Sarine
Lac
Singine
Veveyse . . .
294
9
30
61
92
35
46
21
113
3
11
25
37
42
16
9
1991
326
238
344
547
210
196
130
679
103
67
114
199
73
76
47
75
65
5
27
1
24
2
2099
159
179
416
679
424
125
117
793
68
75
175
242
133
52
48
416
113
2
37
113
128
1
22
131
34
1
11
28
51
1
5
1678
334
174
231
668
111
56
104
402
80
42
64
159
23
15
19
1000 personnes vivant d'une profession conntie se répartissetU comme
Ct, de Frihourg
Broyé . .
Glftne. .
Gruyère
Sarine . .
Lac
Singine.
Veveyse
4.,
27.,
1-0
29.4
5.8
23.,
1.0
34.,
-i—
16.8
11.,
00.3
3.S
27.8
0.,
20.,
0.,
20.8
4.6
25.,
30.,
2..
17.,
6.3
37.,
4.5
46.,
7,
45.,
O,0
21.,
0.»
43.,
13.,
11.4
4.
18.J
11.,
0.1
5.Î
4.S
26.,
23.,
4.»
21.8
Le nombre des domestiques est déjà compris dans celui des vivants d'une pro-
— 237 —
groupes professionnels en 1811
(Suite)
HygièiM
et
médMiiM
TJT.ie Ei«rc.
ecttt ptfessioi
Cultes
et
enseignement
TJT. de
Exerc.
cette profem
Beaux^rlt
Vit. de Eierç.
cette professioD
Occupations
pro-
fessionnelles
non détermln.
(Journaliers)
YiT.de
Exerc.
cette professioD
Domestiques
occupés aux
soins du ménage
et domestiques
agricoles
mas-
ciliD!;
fé-
niiiis
Districts
424
53
38
96
136
56
28
17
111
12
12
21
42
13
1212
209
144
203
331
153
117
55
435
68
41
84
140
37
46
19
46
10
33
13
1
11
1
625
60
9
64
257
151
67
17
218
25
6
24
81
53
21
8
suit d'après les groupes professionnels :
5.9
17.0
o.«
5..
22.1
*.4
16.8
7.1
15.1
0.,
9..
22.,
2.8
5.8
I0.7
2..
10.,
0.3
3.0
11g
8.
8
6.8
1.1
♦•8
15.5
6.2
3.,
1657
166
169
140
473
163
493
53
2048
184
211
201
737
196
437
82
Sur 1000
habitants :
22
17
20
8
29
16
45
10
28
19
24
14
45
20
40
16
CanUm de Fribourg
Broyé
Glane
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
Canton de Fribourg
Broyé
Glane
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
fession indiqué dans les rubriques précédentes.
— 238 —
Tableau
Population totale de chaque district répartie selon les classes professionnelles
Districts
Personnes
sans profession ou de
profession inconnue
1811
1870
1888
Agriculture,
clMSse, ptche, sylvi-
culture, mines
1811
1870
1888
Industrie
1
1811
1870
1888
1 4261
24959
27419
1900
2607
1333
2592
2£65
5728
3853
7888
1785
3551
2225
3337
900
1716
Ct. de Frïbourg
Broyé
Glftne
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
2786
212
94
422
1645
151
85
177
9231
8876
955
728
1239
3198
1062
1324
370
Sur 1000 habitatUs
Ct. de Frïbourg
Broyé
Glâne
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
38
22
11
30
102
15
8
35
83
74
64
53
58
114
70
73
47
50662
6629
6686
10133
8493
6925
8145
3651
65402
68281
9849
9092
11481
11082
9084
12585
5108
1000 personne» vivant d^une pro-
709
644
619
200
246
249
701
710
201
188
781
692
156
197
753
571
168
285
583
447
265
319
712
645
183
252
756
745
207
197
748
688
184
231
239 —
d'après les données des recensements de 1 81 1 , 1 870 et 1 888
Commerce
1811
1870
1888
Trantpori
1811
1870
1888
Administration
publique, eciencee,
beaux-arts
1811
1870
1888
Occupations
professionnelles
non déterminables
(Journaliers)
1811
1870
1888
Dlstrioto
2099
159
n9
416
679
424
125
117
5308
5336
302
361
1203
2024
666
343
233
416
113
9
37
113
138
1
22
H 35
3363
323
337
621
1643
233
278
108
3360
396
336
340
1168
320
204
176
3916
4248
433
436
696
I6('>1
462
330
210
623
60
9
64
237
151
67
17
373
1230
131
98
374
465
94
25
43
Ct.deFribourg
Broyé
GIftne
Gruyère
Satine
Lac
Singine
Veveyse
fession connue, se répartissent comtne suit d'après les classes professionnelles :
29
52
oO
6
16
32
47
38
39
9
4
11
17
36
12
• •
23
63
• •
33
6
10
SI
43
0
27
41
33
1
8
31
60
3
31
40
33
5
18
47
82
8
66
80
67
17
19
4i
47
13
16
33
33
15
7
12
20
0
16
19
20
6
2
24
32
5
13
36
28
. 3
6
et. de Fribourg
Broyé
GIftne
Gruyère
Sarine
Lac
Singine
Veveyse
— 240 —
En tout : Snr 1000 personnes vivent
d'une profession en :
Profession
1811
1888
1811
1888
Exploitation des mines
183
324
2,5
2,9
Agriculture, élevage du bétail 50, 1 1 7
66,506
701,7
603,1
Sylviculture, chasse, pêche
362
1,451
5,1
13,2
Industrie de ralimentation
2,127
4,232
29 8
38,4
> de l'habillement
3,277
5,524
45,9
50,1
> du bâtiment, etc.
5,255
9,382
73,6
85,1
> textile
1,242
3,229
17,4
29,3
> des produits chimiq
. 294
597
4,1
5,4
Métallurgie
1991
3,919
27,9
35,5
Arts graphiques, reliure
75
536
1,0
4,9
Commerce
2,099
5,536
29,4
50,2
Transport
416
3,565
5,8
32,3
Administration publique
1,678
1,583
23,5
14,4
Hygiène et médecine
424
603
5,9
5,5
Cultes et enseignement
1212
1,910
17,0
17,3
Autres sciences
—
49
0,4
Beaux arts
46
103
0,6
0,9
Journaliers, etc
625
1,230
8,8
11,1
71,423 110,279 1000,0 1000,0
En 1811, comme de nos jours, Tagriculture occupait donc le rôle
prépondérant dans le canton de Fribourg ; mais, en regard des
autres occupations, cette profession a subi une diminution constante
pendant toute celte période, comme d'ailleurs partout en Suisse.
Le déplacement en défaveur de l'agriculture est, dans notre canton,
du 10 Vo ; ce chiflfre se décompose comme suit : 3 Vo en faveur de
l'industrie du transport, 2 ^/o au commerce et à la sylviculture ; les
industries de l'alimentation, du bâtiment, l'industrie textile et la
métallurgie reçoivent chacune une augmentation de 1 7o*
C'est un phénomène bien connu que les industries du trans-
port recrutent leur personnel principalement dans la classe agri-
cole ; les crises traversées par l'agriculture ont forcément eu pour
conséquence de faire déserter cette profession pour passer aux
industries sus-mentionnées et procurer ainsi leur augmentation.
Si les chiffres concernant l'administration publique n'ont pas
241
augmenté, si même les chiffres firopôrtionnels relativement à la
population ont (liniiiiué, il n'y a rien là de bien surpreoaDt quand
on considère qu'un grand nombre d'emplois de ce genre devinrent
superflus dans le canton après la centralisation de 1848.
Par contre, on est étonné de voir combien peu de personnes
s'occupent d'hygiène et de médecine; notre canton est, actuelle-
ment encore, l'un des plus pauvres en médecins et pouvlant il
paraît qu'en 1811 nos ancêtres étaient mieux favorisés que nous
sous ce rapport.
Il eût été presque naturel de voir le chiffre de l'industrie
textile beaucoup plus grand en 1811 qu'en 1888 et beaucoup de
personnes s'y seraient attendues ; s'il n'en est pas ainsi, cela provient
probablement d'un défaut d'indication à ce sujet dans le formulairede
1811 et aussi du fait que, dans les recensements actuels, on indique,
mËme pour les femmes, à côté des travaux du ménage les occupa-
tions di! cette nature, comme par exemple, tressage de la paille.
En considérant les différents groupes professionnels dans les
districts, on arrive aux constatations suivantes :
Les deux districts de la Broyé et de la Singine occupent natu-
TOilement le premier rang dans le premier groupe par le fait qu'il
s'y trouve beiiucoup de carrières.
A cause de la ville de l-'ribourg, le district de la Sarine vient
en dernier rang pour l'agriculture, puis, par ordre d'ascendance,
la Broyé et le Lac. En comparant les résultats pour ce groupe en
1888 avec ceux de 1811, on constate qu'il y a même un district,
celui de la Broyé où l'agriculture est plus fortement représentée
actuellement qu'alors : 71 "/„ contre 70 "/„- Il est très difficile d'in-
diquer sûrement la cause de ce phénomène extraordinaire, mais
cela doit certainement provenir du recul de quelque branche
industrielle. En effet ce district et celui de la Singine sont les
seuls qui présentent une diminution dans la population in-
dustrielle. Cela étant, il n'est nullement téméraire d'affirmer
que la cause principale doit résider dans le fait qu'au com-
mencement du XIX™* siècle la Broyé était le district par excel-
lence de la culture des céréales et qu'ensuite de crises longues
et pénibles, cette culture qui ne rapportait que peu de bénéâce,
fut en partie délaissée et remplacée par celle du tabac beaucoup
16'
— 242 —
plus rentable, de sorte que cette dernière prit d'année en année
une extension plus considérable. Ensuite de ces modifications, de
nombreuses meuneries durent disparaître et les personnes qui
s'occupaient de cette industrie revinrent probablement à l'agri-
culture.
Il se peut aussi que l'abandon de la culture du chanvre ait
exercé une certaine influence sur cette question mais il nous est
impossible de l'afSirmer ensuite des raisons que nous avons expo-
sées précédemment au sujet de l'industrie textile.
Tous les districts, à l'exception de la Broyé, offrent une dimi-
nution dans la classe agricole relativement à la population. Nous
donnons ci-dessous les changements survenus dans les quatre clas-
ses professionnelles principales.
Déplacement de la population s'occupant de :
Districts
ragricuiture
['industrie
commerce
transport
Broyé
+ 9Voo -
^'^ 00
—
h 19 %o H
h nVo«
Glâne
— 89 H
h 41
—
-22
- 27
Gruyère
182 H
- 117
—
- 29
- 28
Sarine
— 136
- 54
—
- 35
- 58
Lac
67
f 69
-3
- 3
Singine
11
- 10
—
-8
- 16
Veveyse
60
f- 47
—
- 8
- 10
Le district de la Gruyère attire en premier lieu notre atten-
tion d'abord parce qu'il présente la plus grande diminution agricole :
— 182 Voo» ensuite en ce quMI offre le plus grand développement
industriel pendant le XIX™*» siècle: + 117 7oo- En réalité, ces
chiffres seraient quelque peu atténués et modifiés par le fait que
nous avons déjà mentionné, à savoir qu'en 1811 on mentionne
rarement les personnes occupées au tressage de la paille : industrie
qui devait être plus prospère alors que de nos jours.
Dans le district de la Sarine, le déplacement de la population
agricole s'est fait dans les mêmes proportions en faveur de l'in-
dustrie et du transport, tandis que dans les districts de la Glâne et
de la Veveyse, c'est l'industrie qui bénéficie pour la plus grande
part de ce déplacement.
Le fait que dans le district du Lac la population agricole se
déplaça presque uniquement en faveur de l'industrie n'a rien qui
puisse bien nous surprendre si nous considérons que le commerce
— 243 —
et le transport étaient déjà fortement représentés dans cette con-
trée en 1811. En outre Thorlogerie a enlevé un certain nombre de
bras à l'agriculture.
Si nous voulions poursuivre nos investigations et entrer dans
tous les détails, cela nous mènerait tout à fait trop loin, aussi pré-
férons-nous laisser au lecteur le soin et le plaisir de tirer d'ulté-
rieures conclusions des deux tableaux que nous lui présentons.
Nous donnons encore, en terminant, le tableau de la propor-
tion des personnes qui vivent de l'exercice d'une profession à celle
des personnes qui l'exercent, parce qu'il est très intéressant de
voir si telle ou telle profession nourrissait plus de personnes en
1811 que de nos jours.
Nombre des personnes vivant d*une
profession sur 1000 qui
Groupes professionnels
l'exercent en :
Différence
1811
1888
Exploitation des mines, etc.
333
274
—
59
Sylviculture, chasse et pêche
266
291
+
25
Industrie de l'alimentation
284
261
23
> de l'habillement
243
169
74
> du bâtiment
290
275
15
» textile
189
140
49
> chimique
261)
250
10
Métallurgie
293
251
42
Arts graphiques
278
188
90
Commerce
265
229
36
Transport
318
278
40
Administration
416
296
120
Hygiène et médecine
382
202
180
Cultes et enseignement
279
203
76
Beaux arts
354
293
61
Occupations indéterminées
287
206
81
Moyenne, sans l'agriculture 277 224 — 53
Les profondes modifications que l'on remarque dans le tableaa
ci-dessus, toutes défavorables aux temps actuels à une seule excep-
tion près, proviennent de deux sources principales : d'abord en
1888 le nombre des enfants étant moindre qu'en 1811, cela a ea
pour résultante de faire baisser le chiffre des personnes vivant d'une
profession ; ensuite, les grandes réformes introduites dans l'orga-
nisation du travail par l'extension toujours plus grande qu'ont
— 244 —
prise les fabriques ont aussi contribué pour leur part à amener ce
résultat.
La faible augmentation que l'on remarque au groupe syl-
viculture, chasse et pèche est purement accidentelle et, en raison
de son peu d'importance, ce chiffre ne peut supporter une ap-
préciation définitive. Le plus grand écart se fait remarquer dans le
groupe hygiène et médecine mais le chiffre de 1888 pour le canton
de Fribourg (202) est tout à fait exceptionnel et cela est surtout
vrai si on le compare à la moyenne de la Suisse qui est de 399.
Cet état de chose provient en grande partie du fait quMl y a de
notre temps, chez nous en particulier, des religieuses employées
dans les hôpitaux ; cela fait hausser le chiffre des personnes exer-
çant une profession pour faire baisser la proportion de celles qui
en vivent.
La différence en moins donnée par le groupe administration
a pour origine probable la circonstance que, de notre temps, il y
a beaucoup plus d'employés de bureau qui sont célibataires ou ont
une petite famille .
Si l'industrie de l'habillement a subi un recul au point de vue
qui nous occupe c'est qu'il y a de nos jours une foule de cou-
turières, de modistes, etc., vivant isolées, tandis qu'en 1811, c'était
la mère de famille, la femme de ménage, principalement à la cam-
pagne, qui confectionnait elle-même les habits de la famille sans
8'inscrire comme couturière dans les formulaires de recensement.
Nous nous arrêtons de crainte de fatiguer le lecteur en descen-
dant dans trop de détails, du reste les explications pour les autres
groupes sont si faciles à trouver que nous pouvons considérer notre
tâche comme terminée ; d'ailleurs, comme résumé général, nous
tendons à croire qu'on a aujourd'hui un meilleur < standart of life »
qu'autrefois; mais pour arriver à ce résultat, il était nécessaire
qu'il soit créé plus de spécialités de professions et une plus grande
division du travail, ce qui a eu pour conséquence, eu égard aux
situations sociales d'aujourd'hui, de faire baisser le rapport entre
les personnes vivant d'une profession et celles qui l'exercent.
-•••-
TABLE DES MATIÈRES
Page
AVANT-PROPOS 147
INTRODUCTION: Organisation et exéoutlon du recensement 149
1. Pièces officielles 149
2. But du recensement 151
3. Formulaire 151
4. Les agents recenseurs 153
5. .Coût du recensement 153
6. Epoque du recensement 154
RÉSULTATS DU RECENSEMENT:
A. Le territoire dans ses subdivisions politiques 174
1. Arrondissements 174
2. Communes 175
B. La population en général 175
1. Population de droit et de résidence 175
2. Comparaisons avec d'autres recensements 177
3. La population relativement à la superficie 192
a. Agglomération 192
b. Les maisons 194
c. La densité 195
d. La population d'après l'altitude 207
C. La population au point de vue physique 210
1. Le sexe 210
2. L'âge 213
D. Lii population au point de vue social 216
1. L'état civil 216
2. L'origine 220
3. La profession 232
,^ - -•• .
ï
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^J
t
I I
I
> . ^
• *.^
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•• I
i^
ÉTUDES
DE
TOPONYMIE ROMANDE
PAYS FRIBOURGEOIS ET DISTRICTS VAUDOIS
D'AVENGHES ET DE PAYERNE
FAB
JEAN STADELMANN
Dans les fouilles des chartes, j'ai été généreusement aidé par
l'archiviste d'Etat de Fribourg, M. Joseph Schneuwly.
A lui, le vénéré savant, distingué autant par sa bonté que par
son érudition, je fais hommage, en preuve de reconnaissance et
d'affection, de tout ce qu'il peut y avoir de bon dans ce travail.
J'adresse des remerciements bien mérités à l'archiviste d'Etat
vaudois, M. A. de Grousaz et à M. le professeur Ducrest, pour le
bienveillant concours dont ils m'ont honoré.
Il m'iDcombe en premier lieu d'établir deux choses qui ser-
viront de base à mes investigations :
P L'état phonétique actuel des noms de lieux.
Ce n'est pas la notation française des noms qui doit servir de
point de départ, c'est plutôt la forme patoise telle qu'elle nous est
donnée par la bouche des habitants de l'endroit même. Le vocable
dialectal a suivi, dans la tradition, un chemin plus continu et il a
moins été atteint par les influences étrangères que la forme écrite
Cela ne signifie cependant pas que la graphie aujourd'hui en
usage soit à négliger. Elle représente la tradition écrite, comme la
forme patoise représente la tradition orale. Dans le courant de
notre étude nous aurons l'occasion de voir que dans la plupart des
cas la forme graphique actuelle de nos noms de lieux est, à peu de
chose près, celle que présentent déjà nos chartes du XIII* et même
du XIP siècle.
2^ Les formes historiques.
Il est à regretter qu'en Helvétie Tépoque de transition du
monde romain au moyen âge, n'ait, à part les inscriptions, pas ou
presque pas laissé de documents écrits. Seul le VI* siècle nous a
transmis la charte de fondation du couvent d'Agaune ^) qui men-
tionne quelques localités de la Suisse romande. La chronique dite
de Frédégaire, écrite en partie dans notre pays, esquisse à grands
traits les événements de l'histoire générale et ne condescend jamais
à jeter un regard sur l'une ou l'autre de nos petites localités.
Ce n'est qu'à l'époque carolingienne que réapparaissent quel-
ques traces du réseau toponymique de la Suisse romande.
A partir du XII* siècle, les sources deviennent de plus en plus
abondantes. Malheureusement elles n'ont plus pour nous la même
valeur que celles des siècles précédents. Pour remonter aux pre-
^) Son authenticité a été contestée. V. Jabn, Geschichte der Bur-
gundionen II. 295, 297.
— 260 —
mières étapes de l'histoire des noms et de là jusqu'à leur origine, il
noiis faudrait des témoins plus anciens.
Néanmoins les formes données dans nos chartes postérieures
à 1100 méritent d'être citées, car un certain nombre de phéno-
mènes linguistiques ne se sont produits que postérieurement à cette
date et il n'est souvent pas sans intérêt de les suivre presque pas
à pas à travers plusieurs siècles.
Aucune variante historique n'est à négliger. Celles du nom de
Oudrefinj pour ne citer qu'un exemple, nous montrent, comment,
réunies, elles peuvent se compléter.
Un mot sur deux de nos sources qui sont pour notre étude
d'une importance capitale : le Cartulaire du Chapitre de Notre-
Dame de Lausanne et le Livre des anciennes donations de Vahhaye
de Eauterive.
C'est à juste titre que F. de Gingins appelle le Cartulaire
€ l'un des documents les plus authentiques et les plus vénérables
de l'histoire de la Suisse romande > (Introduction au Cartulaire,
MDR 6 p. VIII). Ce précieux recueil fournit à notre travail les
premières bases, les renseignements les plus importants et les plus
sûrs.
On ferait erreur de penser que le Cartulaire, ayant été com-
posé dans la première moitié du XIII* siècle, ne nous donne pour
les noms de lieux que les formes employées à cette époque. Les
anciennes chartes sont transcrites à la lettre ; on le déclare expres-
sément : C prepositus lausanensis fedt scribi hanc Cartam que se--
quitur sieut scriptum invenit verho ad verbum in antiquo Cartulario
heate Marie (f° 9, MDR VI 53). Eoc judicium fedt hic scribi C.
prepositus lausannensis,.,. uerbo ad uerbum sicut inuenit scriptum
in antiquissimis cartulariis sancte marie lausannensis (f* 37, MDR
VI 171). C'est ce qui explique pourquoi le transcripteur a plus
d'une fois jugé opportun d'ajouter la nouvelle forme du nom à
l'ancienne qu'il venait de copier et qui de son temps n'était plus
usitée et peut-être même plus comprise :
in villa losingus id est lucens f^ 1 v, MDR VI 4.
in vUla Socxingus id est soucens f^ 1 v, MDR VI 5 ^).
^) L'explication id est soucens est écrite en marge, mais de la même
main. La transcription du t. Vi des MDR est erronée.
A plusieurs endroits le titre de la charte donne la forme du
nom du XIII* siècle, tandis que dans ie corps du document on
trouve une forme plus ancienne, évidemment contemporaine de la
rédaction de l'acte. C'est ainsi qu'un acte de 614, intitulé Esctep-
pens, donne, dans le texte même, la forme assurément très ancienne
seUpedingus, f" 56, MDRVI 239, et f" 46, MDR 240.
Le Livre des anciennes donations de l'abbaye de Hattterive
(Liber donationum Alteripe) renferme un trésor de noms de per-
sonnes et de noms de lieux des XII" et XIII" siècles. Malheu-
reusement nous n'avons de ce document que des copies faites quel-
ques siècles plus tard '). Il va sans dire que ces copies ne sauraient
être utilisées pour établir des faits de chronologie phonétique,
mais rien ne nous empêche de nous en servir pour les études d'éty-
mologie.
Il y a, outre les formes historiques et la prononciation patoise,
un troisième élément dont il faut tenir compte dans notre étude,
les noms allemands. Dans notre pays deux nationalités se touchent.
De là vient qu'un grand nombre de nos localités portent un nom
allemand à côté du nom français. Ces noms allemands sont, nous
le verrons, d'un grand secours dans nos recherches. Cependant il
convient de les utiliser avec précaution. Outre les noms allemands
authentiques et connus du peuple, il existe un certain nombre de
créations artificielles, que nous devrons soigneusement écarter.
'J J. Gremaud a publié le Licre des donations d'aprèa la copie de Cara-
mentraat, dans les Archires de la société d'histoire du canton de Fribourg
t V], C'est cette édition que je cite dans mon travail. — Depuis, l'original
a été retrouvé en Angleterre, dans une bibliothèque privée de Cheltenhani.
V. Neaes Archio der GesellschaJÏ fur altère deutsche Geschiektskunde
XXII. 692, 693. Nonâ n'avons pu en obtenir communication.
— 262 —
Souroes où nous avons pnisé les anciennes formes
de nos noms de lieux.
Sources inédites.
Aax archives d'Etat de Fribourg : les plus anciens titres des
couvents de Payerne, de Romainmôtier, de Hauterive, de Hautcrêt,
d'Humilimont, de la Valsainte, de la Fille-Dieu, de la Part-Dieu,
de la Maigrauge, etc. ; les principaux titres des fonds Affaires de la
Ville et Anciennes Terres ; les rôles d*impôt, les comptes des Tré-
soriers, les plus anciennes grosses féodales, etc.
Aux archives d'Etat de Vaud: les plus anciens titres de
Payerne, différentes grosses, notamment : Grosse pour l'évêque de
Lausanne rière Avenches et environs, 1336 ; id. de 1396 ; Grosse
pour le comte de Savoie rière la chàlellenie de Moudon et le mande-
ment de Rue, par Gorneto, 1403 ; Balay, Fieds nobles de Vaud, 1403 ;
Grosse pour le duc de Savoie rière le Vully, par Trettorens, 1445.
A la Bibliothèque cantonale de Fribourg : la Collection diplo-
matique du chanoine Fontaine ; Hisely, Copies d'actes des archives
du canton de Vaud ; une grosse d'Estavayer de 1383.
M. Tobie de Rœmy, sous-archiviste d'Etat de Fribourg, a
très aimablement mis à ma disposition les actes des archives de sa
famille concernant Agy.
Recueils.
Mémoires et Documents publiés par la société d'histoire de la
Suisse romande, Lausanne 1838... ; Recueil diplomatique du canton
de Fribourg, Fribourg 1839-1877, 8 vol. ; Archives de la société
d'histoire du canton de Fribourg, Fribourg 1845... ; Mémorial de
Fribourg, Fribourg 1854-1859, 6 vol. ; Fontes rerura Bernensium,
Berne 1883... ; Hidber, Diplomata Helvetica varia, Berne 1873 ;
Historiae patriae monumenta, Chartae I et II, Turin 1836, 1853 ;
Hauréau, Gallia christiana, t. XII, Paris 1770 et t. XV, Paris 1860 ;
Aubert, Trésor de l'abbaye de St-Maurice d'Agaune, Paris 1872,
Pièces justificatives ; Matile, Monuments de l'histoire de Neuchâtel,
Neuchâtel 1844 et 1848.
— 263 —
M. Ch. Morel (Indicateur d'histoire suisse XXXII (1901), p.
416 et suiv.) a identifif^ d'une façon très heureuse une série de noms
de lieux de notre territoire, qui, sous la forme défigurée dans la-
quelle ils ont été publiés, étaient jusqu'ici absolument méconnais-
sables.
Cartes.
Schepf, Bernatum Urbis cum omni Ditionis suae agro... Deli-
neatio chorographica, 1578 ;
Techtermann, Typus agri Friburgensis, 1578, (propriété delà
famille de Techtermann de Bionnens qui Ta généreusement mise à
ma disposition) ;
Von der Weid, Cantonis Friburgensis Tabula, 1668 ;
Plepp; Nova... Urbis et Âgri Bernensis Descriptio Geographica,
1638;
Seutter, Mappa Geographica illustris Helvetiorum Reipublicae
Bernensis ;
Mallet, Carte de la Suisse romande, 1781 ;
Le Canton de Fribourg (carte géographique 23/26), 1805 ;
Labastrou, Carte du Canton de Fribourg, 1836.
Il va de soi que nous omettons ici les cartes qui, sous le rap-
port de la toponymie, sont tout-à-fait inexactes ou ne sont que la
reproduction d'ouvrages antérieurs.
Sources et recueils de noms d'hommes.
Noms romains.
De- Vit, Onomasticon totius latinitatis, Prato 1859-1892, 4 vol.;
Quicherat, Vocabulaire latin-français des noms propres de la langue
latine, appendice au Dictionnaire latin-français, Paris 1857 ;
Mommsen, Inscriptiones Confoederationis Helveticae latinae, dans
Mittheiïungen der antiquarischen Gesellschaft in Zurich^ t. X et
XV ; Hagen, Prodromus novae inscriptionum latinarum Helveti-
carum sylloges, Berne 1878 ; Gruter, Inscriptiones antiquae totius
orbis Romani, 1603 ; Corpus inscriptionum latinarum cons. et auc-
— 264 —
torit. Acad. litt. reg. Borussicae editum ; Ephemeris epigraphica,
Romae et Berolini 1872... ; Pape, Worterbuch der griechischen
Eigennamen, Braunschweig 1875, 1884.
Noms germaniques.
Foerstemann, Altdeutsches namenbuch, t. I : Personennamen,
Nordhausen 1856 ; id. 2^* édition, Bonn 1900 ; Libri Confrater-
Ditatum Sancti Galli, Augiensis, Fabariensis, publiés par P. Piper
dans les Monumenta Oermaniae historica, Berlin 1884 ; Necrologia
Germaniae, publiés par Fr. L. Baumann dans les Mon. Germ. hist,^
Berlin 1888, t. P' ; Goldast, Rerum Alamannicarum scriptores, éd.
3% Senckenberg, Francofurti et Lipsiae 1730, t. II, p. 95-131 : Ca-
talogus nominum propriorum quibus Alamanni quondam appellati.
La liste est divisée en quatre chapitres : I De nominibus propriis
masculinis in Alaroannia Theutonica, II De nominibus propriis
masculinis in Alamannia Curiensi et Burgundionensi, III De nomi-
nibus propriis femininis in Alamannia Teutonica, IV De nominibus
propriis femininis in Alamannia Curiensi et Burgundionensi. — Stark,
Die Kosenamen der Germanen, dans Sitssungsherichte der phUoso-
phisch'historischen Classe der Je. Akademie der Wissenschaften,
t. 52, Wien 1866 ; Bezzenberger, Ueber die A-Reihe der gotischen
Sprache, Gottingen 1874, p. 7 et suiv. ; Wrede Die Sprache der Ost-
goten in Italien, Q. u. F. 68, Strasbourg 1891, p. 43-160 ; Wrede,
Die Sprache der Wandalen, Q. u. F. 59, Strasbourg 1886, p. 36-90;
Longnon, Polyptique de l'abbaye de St-Germain des Prés, Paris
1886-1895, t. I, p. 254-382 : Les noms propres de personnes au
temps de Charlemagne ; H. d'Arbois de Jubainville, Etudes sur la
langue des Francs à Tépoque mérovingienne, Paris 1900, etc.
Noms romains et germaniques.
Egli, Die christlichen Inschriften der Schweîz vom IV-IX
Jahrhundert, dans Mittheilungen der antiquarischen Gesellschaft
in Zurich, t. XXIV ;
Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au
VHP siècle, Paris 1856 ;
Le Blant, Nouveau recueil, Paris 1892, (Documents inédits) ;
— 265 —
Kraus, Die christlichea Inschriften der Rheinlande, Freiburg
i. B. 1890 94;
Âcta Sanctorum.
DiGtionnaires géographiques et historiques.
Perret, Germain, Catalogue des Baliages, Paroisses et Villages
du canton de Fribourg, 1775. Manuscrit appartenant au couvent
des RR. PP. Cordeliers de Fribourg. Le Rév. P. Bernard Fleury,
bibliothécaire du couvent, a eu l'obligeance de me le confier.
Dictionnaire géographique du canton de Fribourg« dans les
JEtrennes fribourgeoises des années 1806, 1807, 1808, 1809 ;
Euenlin, Dictionnaire géographique... du canton de Fribourg,
Fribourg 1832 ;
Répertoire alphabétique des localités du canton de Vaud, dans
V Annuaire officiel du canton de Vaud, Lausanne 1877;
Martignier et de Crousaz, Dictionnaire historique du canton
de Vaud, Lausanne 1867 ; Supplément par Brière et Favey, Lau-
sanne 1886 ;
Dellion, Dictionnaire des paroisses du canton de Fribourg,
Fribourg 1884...;
Buomberger, Dictionnaire des localités du canton de Fribourg,
Fribourg 1897.
Littérature.
La littérature des études de toponymie suisse se trouve réunie
dans Taperçu de M. Egli, Der schweieerische Anteïl an der geograpk.
Namenforschung, et dans le Bépertaire d'histoire suisse de M.
Brandstetter, p. 266-268. Nous nous bornons ici à signaler parmi
les études plus récentes, celles qui se sont occupées de l'un ou de
l'autre des noms faisant l'objet du présent travail.
Gatschet, Ortsetymologische Forschungen, Berne 1867 ;
Studer, Schweizer Ortsnamen, Zurich 1896 ;
Zimmerli, Die deutsch-franzôsische Sprachgrenze in der
Schweiz, Bâle et Genève 1891, 1895, 1899, 3 vol. ;
— 286 —
Marteaux, Les noms de propriétés après le V* siècle; dans la
Bévue savoisienne 41 (1900) p. 9-23, 103-116 ;
Philipon, De l'emploi du suffixe burgonde -inga dans la formation
des noms de lieux, Bévue de Fhïlologie française XI (1897), p. 109
et suiv. ;
Marchot, Notes de toponymie fribourgeoise, dans la Bévue de
la Suisse catholique, 1900, p. 78 à 81, 370 à 372 ;
Vuarnet, Essai d'étymologie, dans Mém. et Documents publiés
par ï Académie chablais., t. X, p. 40 et suiv.
L'ouvrage, cependant, auquel je dois le plus, est le précieux
livre de M. H. d'Ârbois de Jubainville, BecJ^erches sur V origine de
la propriété foncière et des noms de lieux habités en France^ Paris
1890 ; voir le compte-rendu qu*en a fait M. G. Paris dans la B(h
mania XIX, p. 464 et suiv.
Mentionnons encore le petit livre de Hôlscher, Die mit dem
Suffis -acum^ -iacum gèbildeten franzôsischen Ortsnamen, Stras-
bourg 1890.
Ouvrages divers.
Les ouvrages qui m'ont été de quelque utilité dans ce tra-
vail, soit au point de vue linguistique, soit à celui de l'histoire, sont
assez nombreux : je ne mentionne que les principaux :
Gauchat, Le patois de Dompierre, Halle s. Saale 1891, Zeit-
schrift fur romanische PhilologiCy XIV ;
Girardin, Le vocalisme du fribourgeois au XV* siècle, Zeit-
schrift fur romanische Philologie XXIV ;
Hœfelin, Les patois romans du canton de Fribourg, Leipzig
1879;
Zimmerli, Sprachgrenze (v. ci-dessus) II, tableaux phonétiques.
*
H. d'Arbois de Jubainville, v. ci-dessus ;
Franz, Die lateinisch-romanischen Elemente im Althoch-
deutschen, Strasbourg 1884 ;
Haag, Die Latinitat Fredegars, Erlangen 1898 ;
— 257 —
HenniDg, Ûber die sanctgallischen Sprachdenkmaler, Q. u. F.
m, Strasbourg 1874 ;
Eluge, Die lateinischen Lehnworte im Âligermanischen, dans
Paurs Grundriss der germ. Philologie, t. I. ;
Kôgel, Die altgermaDische fara ; Die Stellung des burgundischen
innerhalb der germaDischen sprachen , Zeitschrift fur deutsches
AUerthum, 37 p. 217 à 231. HeoDing, Zur ûberlieferung von fara
und 'faro, ibid. p. 304 à 3 1 7 ;
Wackernagel, Sprache und Sprachdenkmaler der Burgunden,
dans Binding, Geschichte des burgundisch-romanischen Kônig-
reichs, Leipzig 1868, p. 329 à 404;
Waltemath, Die frânkischen Ëlemente in der franzôsischen
Sprache, Paderborn a. Miinster 1885.
Binding, Geschichte des burgundisch-romanischenKônigreichs,
Leipzig 1868 ;
Bremer, Ethnographie der germanischen Stâmme, dans PauVs
Grundriss f t. III ;
Fustel de Coulanges, L'alleu et le domaine rural à l'époque
mérovingienne, Paris 1889 ; — L'invasion germanique et la fin de
l'Empire, Paris 1891 ;
6ingins-la-Sarraz, Essai sur l'établissement des Burgundes
dans la Gaule et sur le partage des terres entre eux et les régni«
coles ;
Gremaud, Origines fribourgeoises, dans Mémorial de Fribourg
1855, p. 328 à 342;
Jahn, Die Geschichte der Burgundionen und Burgundiens bis
zum Ende der I. Dynastie, Halle 1874, 2 vol. ;
Meitzen, Wanderungen, Anbau und Âgrarrecht der Vôlker
nôrdlich der Alpen, t. I, 1, Berlin 1895 ;
Sécretan, Le premier royaume de Bourgogne, dans MDR,
t. XXIV.
— 268 —
Abréviations.
âF Archives d'Etat fribourgeoises
ÂH Archives de Tabbaye de Hauterive (incorporées aux ar-
chives de l'Etat de Fribourg
ÂV Archives d'Etat vaudoises
CIL Corpus inscriptionum latinarum
CL Cartulaire de Lausanne, MDR VI
Ld Liber donationum Alteripe, Archives de la société cThis-
foire du canton de Fribourg^ t. VI
MDR Mémoires et documents publiés par la société d'histoire
de la Suisse romande
LES NOMS DE LIEUX EN -ACUS
Les noms en -acus sont originairement des adjectifs qui s'a-
joutent, en les iodlvidualisant, aux appellations de biens fonciers,
fundus, praedium, ager, villa ; on appelait la campagne de Julius
fundus Juliacus on praedium Juliacum, celle de Montanius prae-
dium Montaniacum. De bonne heure le nom commun fundus, prae-
dium, etc., tombe et l'élément distinctif restant seul prend les ca-
ractères d'un nom substantif: Juliacum (Jully), Montaniacum
(Montagny) ').
Tous les noms de notre contrée, qu'ils soient formés de genti-
lices ou de cogoomina, exigent pour leur explication la présence
d'un -t- entre le nom de personne et le suffixe -acus : Oampan-i-acus
(Champagny). On se demande, si ce -i- fait partie du nom ou s'il
appartient au suffixe, si, par exemple, Champagny a pour forme
primitive Campaniacus, du nom d'homme Campanius, ou Cam-
pan-iacus, du nom Campanus. On serait tenté d'attribuer le -i-
au suffise dans les noms de lieux formés de noms de personnes dont
la terminaison ne contient pas de t-^ par exemple de cognomina en
■anus. Mais nous observons que dans les inscriptions latines ces
mêmes noms se rencontrent fréquemment développés au moyen
de i:
Campanus Campanius gentilice CIL V 8185.
Somanus Romanius » CIL V, plusieurs fois.
Alpinus Alpinius * CIL V 7855.
Rufinus Mufinius » CIL X 2629.
Victor Victoria CIL X.
Severus Severius gentilice CIL XII, plusieurs fois.
') Dans la charte de Fondatioa du couvant d'Agauae les noms de do-
maines paraissent déjà soub la forme substantive ; ou y lit: ...dono...
ciirtes... Communiacam... Luliacum, Liistriacum, etc. (Aubert, Trésor,
Pièces jaatiâcativea, p. 206).
— 260 —
De plus, nous savons qu'assez souvent on transformait les
cognomina en gentilices précisément en faisant entrer le -t- dans
leur terminaison ^). A mesure que le droit de cité romaine se
généralisait et que les gentilices se multipliaient, cette formation
aura pris de Textension dans les pays soumis à TEmpire.
Nous laisserons donc de côté la variante du suffixe -iactis, dont
l'existence est d'ailleurs contestée, et nous supposerons dans tous
les cas où il y a trace d'un -t-, des noms de personnes qui con-
tiennent ce son dans leur terminaison.
Un assez grand nombre de noms de biens fonciers d'origine
gallo-romaine formés au moyen d'un nom d'homme et du suffijce
-actis se sont conservés chez nous comme noms de villages, de
hameaux et de campagnes. J'en donne ci-après une liste que je
crois complète.
Ces noms ont dans le courant des siècles subi les mêmes trans-
formations phonétiques que tous les autres éléments de la langue
romane. La terminaison -i-acus s'est adoucie en -ùagu, -i-ag, puis
en -t-aj/ qui a produit la triphtongue -iei ; celle-ci n'a pas tardé a
être réduite à -ie d'où est résultée la forme actuelle -y. L'existence
de la triphtongue iei a été mise en doute ; nous aurons l'occasion
de la prouver, du moins pour notre pays.
Agy (2), Arcanciel^ Autigny, Avry (2), Bertigny (2), Bavigny,
Champagny, Chavagny, Cheiry^ Cressier, Cugy, Epagny, Fan-agny
(2), Fétigny, Gitnsie^j Henniez (Taud), Lentigny, Lossy, Lully,
Ltissy, Marly (2), Meyriejs, Misery, Missy (Vaud), Montagny (2),
Nuviïly, Princhy, Pringy, Rtissy, Salvagny, Seiry, Siviriez, Sugiez,
Torny (2), Tusy, Ursy, Vigny (2), Vuilly.
Bussy (Fribourg) doit être écarté. Ce nom est toujours écrit
par -t là où les noms en -acus présentent la diphtongue -ie ou même
encore la triphtongue -iei.
1149—1150 Hugo de Bussi, Ld p. 93, n° 237 (copie).
XIP siècle Bussi, MDR 12, C. Uautcrêt 154.
1229 UIdricus de Buschi, Font. rer. Bern. II, p. 101, n° 89.
^) Hûbner, Rômiscbo Epigraphik, dans Iwan Muller*s Handhtich der
klass, AUertumsicissenschaft 1. 667, 679 ; Gagnât, Cours d'épigraphie la-
tine, p. 51.
— 261 —
1233 bussi, AF, AH 11^ S., n^ 9.
1343 btissys, AF Grosse d'Estavayer n<> 123% f*» 33, 34.
1383 finagium de bussis (plus, fois), Grosse d'Estavayer 1383,
fo 12 V.
1396 Bussy, MDR XXII 245.
1463 bussy, Ab\ Grosse d'Estavayer n» 116, f9 210.
1463 bussi, > > > » » ? 11«».
1638 Buschi, Carte Plepp.
1668 Btt5y, Carte Von der Weid.
Nous relevons encore du Cartnlaire de Lausanne deux men-
tions d'une localité vaudoise, décisives pour l'explication de Bussy:
1227 Johannes do (=du) bussi, MDR VI, 219.
1227 Cil do bussi j > 220.
Estavayer (Estavayer-le-Lac, Estavayer-le-Gibloux), en allemand
Stàfis, doit également être exclu de la liste des noms en -cicus, bien
qu'on ait quelquefois écrit Stavayacum et qu'on appelle encore au-
jourd'hui les habitants de la ville broyarde Staviacois.
1158 Stavaiel, Ld p. 80, n<> 204 (copie).
XII* et XIIP siècles Stavaid, JEstavaid, Ld, passim.
1177 Stavail, Font. rer. Bern. I 458, n<» 62.
1220 Estavaie, > > > II 21.
1227 Staviolum sub Jublor, MDR XX, 32.
1226 Estavaiel-K^la (= Estavayer-le-Gibloux), Font. rer.
Bern. II, 91.
1265 Estavayacumy Font. rer. Bern. 634, n^ 589.
XIII« siècle Estavaiee, Estavayel, MDR VI 403, 424.
Forme patoise actuelle Qavayi et çhavayi lu deibia (= Esta-
vayer-le-Gibloux) ; dans la Gruyère ^avayi h deûbia.
Mentions du nom allemand :
1231 Willelmus de Steviols, Font. rer. Bern. II 119, n^ 110.
1239-40 Willelmus de Staviolo, » » II 198, n» 189.
1578 Stàffies, Carte Techtermann.
Aujourd'hui Stâfis.
Torry (campagnes situées dans les communes de Fribourg et de
Granges-Paccot) doit également être écarté.
1300 thorel, AF, Hautcrôt n» 27.
17
— 262 —
1322 thord, AF, Hautcrèt d<> 37.
1431 tarelj AF, Stadts. A n^ 176, £*> 82 v, 116.
Od serait tenté de faire dériver Pensier de (fundus) PatiHacus;
nous trouvons le gentilice Fantius dans CIL XII 1992. L'examen
des formes historiques nous montre un autre chemin.
1229 PancieTy AF, Gommanderie n® 2.
1251 Pancier, AF, AH II** S., n^ 20.
1256 Pancier, Font. Coll. dipl. II 49.
1293 Pancyej pancie, AF, Hautcrèt n<> 22.
1294 villa et territorium de Pancie, Font. Coll. dipl. II 293.
1313 pancier, AF, Ane. Terres n^ 10.
1334 pande, » » n^' 13.
1348pa9iae, > > n® 14.
1413 Panciez, Rec. dipl. VU 34.
Nom allemand :
1261 BjencierSj AF, Commanderie n^' 7.
1290 Benciersj AF, > n° 25.
1442 Bentzers, AF, Ane. Terres n^ 29, p. 43.
1668 PenserSj carte Von der Weid.
Le -r du nom roman, paraissant de bonne heure et avec une
certaine persistance, mais surtout le nom allemand prouvent que
nous sommes ici en présence d'un autre suffixe que -acus.
Vivy ou Vivier (châteaux et fermes sur le bord de la Sarine) n'ap-
partient pas non plus à la catégorie des noms que nous traitons.
1153 viuirsy AF, Payer ne n® 4.
1173-1180 Viviers, Font. rer. Bern. I 453.
XII« siècle, Hugo de Viuiers, Ld, p. 105, n« 261.
1203 Ulricus de Viviers, Matile n« 50.
1203 Ulricus de Vivers, > n*» 51.
1378 Vivier, Font. Coll. dipl. VI 205.
1404 Johannes de viveis prope friburgum, AF, Payerne n<* 19.
1441 Viviers, Rec. dipl. VIII 183.
1445 Viuier, AF, Impôt 1445.
1578 Viffers, Carte Tech ter mann.
1668 Viuiers, Carte Von der Weid.
Le nom allemand est Vivers; il paraît déjà en 1153 sous la
— 263 —
forme de viuirs. La charte qui le mentionne, bien que rédigée en
latin, donne les formes allemandes des noms des localités : viuirs,
Kerters (Chiètres).
Une maison isolée de la commune d'£stavayer-le-Gibloux porte
le nom Au Vivier,
De même que ces derniers, MonHlier, MontiUy, Au MantUier
rattachent leur origine à des noms communs.
Ce triage fait, nous allons passer en revue les noms de notre
liste; chacun d'eux sera soumis à un petit examen historico-Iin-
guistique.
Campagnes près de Fribourg, dans la commune de Granges-
Paccot.
Agiez vaudois est mentionné entre 993 et 1040 sous la forme
Aziacus (Hidber, UR I, n« 1148).
1228 Ajsie, AF, AH I« S., n* 5.
1230 azjey AF, Hautcrét n« 2.
1257 asAe, > > n*> 9.
1300 agye, > > n*> 27.
1311 agye^ agicy > > n^ 32.
1340 vêtus villa de AgiejSy AF, Coll. Munat, f^ 107 (copie).
1398 territorium de noua agieZy archives de la famille de
Raemy d'Agy.
1431 lo vey agiejs, AF, Stadts. A n*> 176, f« 124.
Prononciation patoise actuelle a^dai.
Toutes les formes provenant d'une main romane ne disent pas
autant que le nom allemand. Celui-ci ne nous est connu que par quel-
ques chartes, car il est oublié aujourd'hui même de la population de
langue allemande qui lui a préféré la forme française.
1439 in villa et territorio, finibus et fenagio de Agie. Quod te-
nementum yanninus^faller de ébsachen ab eodem petro morsel olim
tenebat. Archives de la famille de Raemy d'Agy.
1449-50 Peter von Ebsachen, AF, Ane. Terres, Titres classés
(copie). (Plaintes adressées au duc Albert d'Autriche.)
— 264 —
1485 dorff und dorffiiiarck vuu ebsachen. Archives de la famille
de Raemy d'Agy.
1492 ébsachen, Archives de la famille de Raemy d'Agy.
1497 dorff uod dorffmarck zu epsachen der parrochian zu
Ziuizach, Archives de la famille de Raemy d'Agy.
1555 Ebsctchen, AF, Impôt pour la Gruyère.
La terminaison de Ehsach^n est celle du datif pi. allemand
que prennent quelquefois les noms en -ach, voyez les formes his-
toriques de (Arconciel) Ergenzach, (Givisiez) Siebenzach, etc.
On voit sans peine que a^dzi et èbsachÇen) sont de même ori-
gine. Les deux ramènent au primitif abdyacu qui a visiblement pour
base le gentilice Abidius. Agy aurait donc été originairement un
(fundus) Ab(i)diacu8.
Le nom de personne romain Abidius n'est pas rare ; nous en
trouvons des exemples dans le CIL V 4031, 4249, 2187, 3403.
Abudius est représenté dans CIL XII 1303, 1388.
dy^ pour avoir pu donner naissance a Vs du nom allemand,
Abdyac>Eb5ach(en), a dû s'être déjà fortement rapproché du son
dz au moment de la réception du nom pai- les Alamans.
Agy, de même que Bertigny, deux petites localités sises aux
portes de la ville de Fribourg, ont une origine bien plus reculée
que celle-ci. A Tépoque de la fondation du « bourg > elles avaient
déjà à peu près Tâge qu'a aujourd'hui la ville.
ApconcieL
Village et commune du district de la Sarine, situé sur la limite
des langues romane et allemande.
En patois ark^xyi-
Nom allemand : Ergenzach.
1082 castrum Arcanciacum, Ld, original, v. Neues Archiv der
Gesellschaft fur altère deutsche Oeschichtskunde XXII
692. La copie de Carementrant, utilisée par M. l'abbé
Gremaud, a Arcundacum, Ld, p. 28, n^ 72.
1146-1173 Arcuncieif Arcuncie, Ld, p. 78, u^ 198.
Vers 1215 Arcunde, Matile n° 65.
1228 Arcuncie, MDR VI 24.
— 265 —
1251 Arguncie, Font. rer. Bern. II 344, n^ 319.
1264-65 Arcantie, > > II 606, n« 558.
1270 Arhmtie, > > II 749, n« 695.
1270 Arconcye^ Mém. de Frib. 1854, p. 265.
1285 Arconcye, Font. rer. Bern. III 388.
1286-87 Alconcie, Font. Coll. dipl. II 393.
1368 Arconcier castrum, AF, Humilimont R n<> 3^ (cart. 27).
1445 Arconcier j Arconcier, Arconcie, Impôt de 1445, Stadts. C.
1668 Arconcie, Carte Von der Weid.
1755 Arcancielj Perret, Catalogue 5.
1805 Arconcie, Petite carte frib.
1806 Arconciél, autrefois Arcondé, Etrennes 1806, Dict.
1836 Arconciél, Carte Labastrou.
Mentions du nom allemand :
1236 Uolricus, dominus de Erchunzacho,
Font, rer Bern. II 164, n« 152.
1236 Erchumachy > > II 165, n« 152.
1278 Erguncia, > > III 234, n« 247.
1449-50 Erchenczagen, AF, Ane. Terres, Titres classés (copie)
Plaintes adressées au duc Albert d'Autriche.
1555 Ergemachen, AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Ergenzachen, Carte Techtermann.
1755 Ehrenmchy Perret, Catalogue 5.
La reconstruction de la forme romaine de ce nom n'est pas
difficile. Elle est même déjà donnée dans la mention castrum Ar-
conciacum de Tan 1082. Arconciacum est sans aucun doute un
ancien (fundus) Archontiacus.
Les noms de personne Archontus, Archontius Archontia, Ar-
contins, Arconciu ont été en usage du temps des Romains et le sont
encore au moyen âge, v. De-Vit, Onomasticon ; Le Blant, Inscrip-
tions chrétiennes de la Gaule, n® 302 ; Eraus, Die christlichen In-
schriften der Bheinlande, n® 135 ; Acta Sanctorum, 18 juin et 5
septembre ; Lib. Confrat. S. Galli (Mon. Germ. hist). III 9^.
Le nom allemand Ergenzach corrobore l'étymologie que nous
venons d'établir. Le changement de c en ^ dans Arconciacu en Er jr^n-
zach n'a rien d'irrégulier ; qu'on compare les exemples que nous
donnerons à propos du nom de lieu Crumschen.
— 266 —
On remarque qu'au moment où les Alamans se sont établis
aux frontières de rHelvétie occidentale, Archontiacus avait déjà
passé, en bouche latine, à Arconcictcu = arkontsyacu, ty se trouve
d'ailleurs transformé en sifflante déjà au milieu du V* siècle.
La graphie étrange ArconcM en usage depuis le milieu du
XVIIP siècle (v. le tableau des formes historiques ci-dessus) est
due à des préoccupations étymologiques qui ont fait rapprocher ce
nom de lieu de arc-en-ciel et même de arca coeli (v. Euenlin, Dict. ;
Dellion, Dict.). La preuve en est que déjà en 1665 les Constitutions
synodales de Tévéque Strambino (p. 179) donnent à cette paroisse
le nom Arcae Coélù
Un bien situé dans la commune de Russy (Broyé fribourgeoise)
porte le nom Arconcier qui est de même origine. En France on a
de la même source Arconcey (Côte d'Or) et ArconstU (Puy-de-
Dôme).
Auti§^ny«
Village et commune du district de la Sarine.
Nom allemand: Ottenach(OttenachQi Autenachf Euenlin, Dict.)
1183 vineae de AUiniaco (Autigny frib. ?), Font. rer. Bern 1 473.
XII* siècle Altinieii Altinie, Aîtignei, Ld, passira.
1285 AuHgnye^ Font. rer. Bern. III 391.
1445 AuHgnie, ÂF, Impôt de 1445.
1668 AuHgnie, Carte Von der Weid.
Mentions du nom allemand :
1555 Aultennachen, AF, Impôt pour la Gruyère.
1577 Ottonachen, Carte Schepf.
1578 Otenach, Carte Techtermann.
1638 Ottonachen, Carte Plepp.
XVIIP siècle Ottonachen, Carte Seutter.
Forme primitive : (fundus) Altiniacus.
Le nom d'homme AUinius a certainement existé à côté du
cognomen AlUnus dont l'existence est attestée dans l'Onomasticon
De-Vit.
— 267 —
Avry.
Avry'devant'Pontf village et commune du distr. de la Oruyère.
Avry^sur'Matran, > > > Sarine.
• En patois a^vri.
Le nom a été germanisé en Afry.
1145-49 Auri (plus, fois), Mém. de Fribourg 1855, p. 238.
XIP siècle Aurieif Auri, Ld (copie), passim.
1285 Auri, Font. rer. Bern. III 391.
1445 Avrye, ÂF, Impôt de 1445.
1668 Aury (=Avry-dev.-Pont), Carte Von der Weid.
Nom allemand :
XV® siècle Afty vor Pont, AF, Comptes des Trésoriers 176
^21 Y.
1578 Aifry, Carte Techtermann.
1638 Aifri, Carte Plepp.
Assez souvent on trouve notre localité mentionnée sous le nom :
Aprilis, Auril, Ld, passim.
Abril, Hist. Patr. Mon. Chart. II 1057.
Encore en 1668 le commissaire général Von der Weid donne
à Avry-sur-Matran le nom Auril, tandis qu'Avry-devant-Pont est
appelé dans sa carte du nom populaire Avry (v. ci* haut).
Auriei, Auri et Avrye sont les produits réguliers d'un nom
primitif en -acus. De Auri on a rapproché le nom du mois avril
et, séduit par la ressemblance des deux vocables, on a écrit notre
nom de lieu Auril, Abril et on Ta latinisé Aprilis. Avril pour Avrie
est dû au même procédé que Arcanciél pour Arconcie, mais tandis
que ce dernier nom a su usurper la place de la forme étymologique,
Avril a été condamné à disparaître.
La forme primitive de Avry parait être (fundus) Apriacus.
Le gentilice Aprius se rencontre fréquemment dans les inscrip-
tions latines et même dans les inscriptions grecques.
Bepti§^ny.
1) Bertigny, campagnes près de Fribourg, de la commune de
Villars.
— 268 —
2) Bertiffny, domaines sitaés dans la commune de Pont-la- Ville.
Le nom allemand de Bertigny près de Fribourg est BriUenach.
Le même nom est donné en 1555 à Bertigny de la commune de
Pont (v. ci-dessous).
1162 B. de Britinidco, Ld, p. 5, n^* 12 (copie).
1172 BriHniei, Ld, p. 73, n^ 186.
1373 BriHgnye, AF, AH !•' S., n* 176.
1402 Britignie, Font. Coll. des Comptes I 35.
1431 britignye, AF, Stadts. A n« 175, f*> 50, 109 v.
1445 Britignye (c. de Pont), AF, Impôt de 1445.
1445 Britignie (près de Fribourg), AF, Impôt de 1445.
1668 Bertignie (près de Pont), Carte Von der Weid.
Nom allemand :
1449-50 Britinach (près de Fribourg), AF, Ane. Terres, Titres
classés (copie) Plaintes adressées au duc Albert d'Au-
triche.
1555 Brittenach (près de Pont), AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Brittenach (près de Fribourg), Carte Techtermann.
1638 Britenach, Carte Plepp.
Forme primitive de Bertigny ^ (fundus) Brittiniacus (cam-
Brittenach j pagne de Brittinius).
Les exemples du nom Brittinius font défaut. Cependant nous
trouvons dans les inscriptions le cognomen Brittus CIL V 5002 et
le gentilice BriUius CIL IX, plusieurs fois, XII 3353.
En France, on a deux Bretigney et quatre Bretigny (H. d'Ar-
bois de Jubainville, p. 201, 202).
Bovig^ny.
Biens ruraux situés dans la commune d'Avry-devant-Pont.
Nous trouvons dans CIL I 1811 le gentilice B(mus({\x\ permet
de supposer Texistence du nom Bovinius,
Ces terres peuvent avoir reçu ce nom d'un propriétaire plus
récent.
„ 269 —
Champag^ny.
Village et commune du district du Lac
Eu patois tsâpani.
Nom allemand : Gempenach.
962 chempinnacho, AV, Payerne n« 2. (La charte paraît être
du 12« siècle, v. Font. rer. Bern. I 277.) Chempinnach(o) est évi-
demment le nom allemand.
Champagniaco, MDR III 672.
1350 Champagnie, Font Coll. dipl. IV 503.
1558 Oampenach, AF, Rôle des feux de la seigneurie de
Morat.
1668 Oempenach, Carte Von der Weid.
Forme primitive : (fundus) Campaniacus.
Nous rencontrons le nom d'homme Campanius dans les ins-
criptions helvétiques (Mommsen, Inscr. Confoed. Helv. n® 6). Cam-
panus est égalemeut connu comme coguomen romain.
Ce nom de lieu est très fréquent en France, v. H. d'Arbois de
Jubainville, La propriété foncière,..., p. 208 à 210.
Chavag^ny.
Localité située entre Neyruz et Avry-sur-Matran , district de
la Sarine.
En patois tsavani.
1142 Chavanieij Ld, p. 3, n^ 6 (copie).
1173-1178 Chavenie ou Chavanie, Ld, p. 35, n*» 86 (copie).
H. d'Arbois de Jubainville ^) suppose pour Texplication des
noms analogues de France Cavagnac, ChavagnaCf Chevagné^ etc.,
un gentilice *Cavanius. Le nom Capaneus cité dans l'Onomasticon
De- Vit satisfait également. ^Capanius, bien que nous ne l'ayons
rencontré nulle part, pourrait bien aussi avoir existé.
^) La propriété foncière...., p. 475.
— 270 —
Cheipy.
Village et commune du district de la Broyé.
En patois tseiri.
1228 Chirie, Font. rer. Bern. II 91.
XIIP siècle chiriey MDR VI 325, 387.
1380 ChiriCy AF, Grosse de Sorpierre n<> 58, f« 21.
1665 Zeiry, Strambino, Constit. synod. 168.
1668 Cheirier, Carte Von der Weid.
tseiri, si tous les éléments primitifs y sont représentés, s'ex-
plique bien par (fundus) Cariacus. Le gentilice Carius n*est pas
rare ; il parait plusieurs fois dans CIL XII sous les formes Karius,
Caria.
Cpessiep.
Village et commune du district du Lac.
En patois kr9èi.
Nom allemand : Orissach.
Un village neuchâtelois situé entre le lac de Neuchâtel et
celui de Bienne porte le même nom. Crissier est le nom d*un vil-
lage du district de Lausanne.
1172-73 Orissiei, Ld, p. 68, n^ 175 (copie).
1182 Crissie, AF, Hauterive, Tir. III, n« 3.
1228 Crissie, Font. rer. Bern. II 89.
1243 Cressier, Matile n<> 120.
1285 Crissye, Font. rer. Bern. III 391.
1445 Orissie, AF, Impôt de 1445.
Nom allemand :
1175 de crissaho, AF, Riggisberg n® 1.
1249 0. de Grissacho, Font. rer. Bern. II 296, n^ 278.
1555 Orissachen, AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Orissach, Carte Techterraann.
1668 GHsachy Carte Von der Weid.
Un Orisdacus est mentionné au VIP siècle (H. d'Arb. de Jub.,
Propriété foncière p. 222). Une forme identique se trouve en 994
dans le Cart. d'Ainay, n<> 173.
— 271 —
Village et commune du district de la Broyé.
En patois kûdjsi.
Un village du district vaudois d'Echallens porte le même nom.
1080 CuUzaca, (Xbieasca, Font. rer. Bern. I 343.
1145 Cubizacha » » 1 419.
1179 Cubieacaj Font. rer. Bern. I 462.
1228 Cuzzie, » > II 89.
968 in villa Cuzziaco que sita est in comitatu Warasco in
pago Wisliacense MDR VI 4 (main du XIII* siècle).
Les formes de ce nom que les chartes nous ont transmises»
sont du plus grand intérêt. Elles nous permettent de rétablir les
éléments primitifs du vocable d'une façon à peu près certaine.
De- Vit, OnamasHcany signale le nom Gûpîdïâ qui, employé pour
désigner une propriété, a dû donner (fundus) Cupidiacus, forme qui
explique toutes les phases qu'a parcourues le nom Cugy.
*Cupidiacu>Cubizac->*Cubziei>Cuzzie>lriidzî.
Outre le nom Cupidia nous trouvons le cognomen Cupidus
Cupida dans CIL IX 2381, 6083ii4, 5558.
Quant à ù>ii voy. Gauchat, Pat de Dompierre, § 89 s.
Epag^ny.
Village près de Gruyères.
En patois pani.
XII* siècle JEspanieif Ispanieif Hispanie, Espanie, Ld, p. 76,
n« 194 ; p. 111, n« 278 ; p. 105, n« 261.
1196 Espagnie, Font. rer. Bern. I 492, n« 101.
1277 Espaignye, MDR XXII 67.
1296 Espagnye, Mém. de Frib. 1855, p. 93.
1577 Espagnie, Carte Schepf.
1638 Espagnie, Carte Plepp.
Le nom de lieu Epagny est représenté aussi en France (v. H.
d'Arb. de Jub., Propriété foncière p. 410). Il s'explique aisément
par le gentilice Spanius.
— 272 —
Fapvag^ny.
Farvagny-U'Orand, village et commune du district de la
Sarine.
Farvagny-le- Petit, village et commune du même district
En patois farvanù
Nom allemand : Favemach,
1082 villam Favemein, Neues Ârchiv f, a. d. Ok. XXII 692.
XIP siècle» C. de Fauamiaco. Fauamiei, Fauemie, Ld, p. 14,
n« 34 ; p. 2, n^ 2 ; p. 10, n» 23 ; p. 76, n^ 193.
1143 fauemiei, AF. AH, Tir. I, n^ 4 (original).
1177 ecclesia de fauemi, Hist. Patr. Mon. Chart. II 1057.
1228 Favemie, Font. rer. Bern. II 91.
1263 Favamie lo pitet. Font. Coll. dipl. II 122.
1285 Favamye, Font. rer. Bern. III 291.
1315 Farvanie h pitet, Font. Coll. dipl. III 208.
1342 fauamier, AF, AH, K nM7.
1445 Fauamyey AF, Impôt de 1445.
1482 Favamye le grand, Font. Coll. dipl. XVI 226.
1482 Favamye le pittet, > > XVI 226.
1668 Faruagnie, Carte Von der Weid.
Nom allemand :
1555 Fauemachen, AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Fauemach, Carte Techtermann.
1638 Fauemach, Carte Plepp.
Dans la chronique dite de Frédégaire il est fait mention d'une
Fauriniaco uiUa qu'on dit être Favemay dans la Haute-Saône.
De- Vit, Onomasticon, signale le nom FaJbrinius qui explique
bien le Fauriniacus de la chronique de Frédégaire, de même que
notre Farvagny. A comparer, pour la transformation de Fabr-
en Farv-, les noms de lieux Aux Farvages (Hauteville, Fribourg),
Farvagettaz (Vuadens, Fribourg) et Faverges (Vaud), tous faits du
mot fàbfica (forge).
La forme primitive de Farvagny aurait donc été : fundus
Fabriniacus.
— 273 —
Fétigny.
Village et commune du district de la Broyé.
En patois fdQdfii.
1143 Festignei, MDR XII C. Montheron, p. 6.
1380 fistignier, AF, Fiefs n. du pays de Vaud, n« 135, f« 51 v.
1380 fiUgny, > > » > f« 49 v.
1380 fîHgnierj > > > > ^ 52.
1577 Fetignie, Carte Schepf.
1755 Fettigny, Perret, Catalogue 12.
Festiniacus est formé du nom FesHnius. L'existence de ce
nom d'homme est attestée dans De- Vit, OnomcLsHcon, Notons, par
surcroît, deux exemples du cognomen i^e^nti^, Festinay CIL V 5079,
XII 286.
Gi visiez.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois dg^vdii.
Nom allemand : Siebenzach.
1142 Juuinsie, Ld, p. 21, n<» 52 (copie).
1143 Juuisei, AF, AH, Tir. 1, n« 4.
1162 Juuensiei, Ld, p. 30, n<> 74.
1228 Juvinsie, Font. rer. Bern. II 91.
1285 Juvisye, » > III 388.
1431 Juuisiea, AF, Stadts. A 175, £<> 125.
1431 Jvuisye, > > f*> 54.
1445 Juuisie, ^F, Impôt de 1445.
1668 Oiuisie, Carte Von der Weid.
1805 Oevisier, Petite carte frib.
Nom allemand :
1497 ziuizach, Archives de la famille de Rœmy d'Agy.
1555 Ziffizachenn, AF, Impôt pour la Gruyère.
1577 Ziffijsachen, Carte Schepf.
1578 Ziffizachenf Carte Techtermann.
— 274 —
1638 Ziffieachen, Carte Plepp.
1755 Sïbenzachj Perret, Catalogue 6.
Il n'y a aucun doute sur l'origine helvéto-romaine de ce nom
de lieu ; mais il est difficile de déterminer le nom du propriétaire
dont il dérive.
Il me semble devoir supposer un primitif Julindiacus, Le
développement parallèle du nom roman et du nom allemand serait
régulier. A l'époque de la réception du nom par les Alamans, / et
dy auraient déjà eu chez les Romans un son très voisin de de^ d'où
Ziuizach, aujourd'hui Sièbenzach. En cela, notre vocable serait en
parfait accord avec Agy Ebsachen (p. 264).
Jubindus ou Jubindius semblerait être un nom celtique, peut-
être helvète.
/nrx • • •
Henniez.
Commune du district vaudois de Payerne.
En patois crii,
1380 Ennyt (plus, fois), AF, Grosse de Surpierre n® 58, p. 12.
1578 JEnny, Carte Techtermann.
1668 Ignie, Carte Von der Weid.
1781 Ingniez, Carte Mallet.
XVIII* siècle Igny, Carte Seutter.
La double nasalité du vocable patois, marquée déjà dans les plus
anciennes mentions du nom, prouve que la consonne intervocale de
la forme primitive était un n simple. Cela nous amène à supposer
pour Hennieis un nom d'homme romain tel que Inius ou Einius.
Nous rencontrons dans YOnomasticon De- Vit les cognomina
féminins Bina et Ina qui, par le procédé connu, ont très bien pu
produire les formes de noms supposées ci-dessus.
Lientig^ny.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois lêtifii.
Nom allemand : Lentenach,
— 275 -
1150-57 Lentiniei, Ld, p. 81, n® 208 (copie).
XII* siècle lAntiniei, Lentinie, LenHnie, Lintiniei^ Ld, passim.
1142-58 Lintiniei, Font. rer. Bern. I 413, n« 16.
1254 lAntinie, » » II 386, d^ 361.
1262 Lintinie, ÂF, Pont 148.
1285 Lintignye, Font. rer. Bern. III 391.
1290 Lintignie, Font. Coll. dipl. II 237.
1320 Untignyef lAntigny^ AF, Grosse de Montagny n<> 149,
fo 14 et 18.
1403 lintignye, AV, Balay, f« 151.
1445 lentignie, AF, Impôt de 1445.
1555 LentignieZy AF, Impôt pour la Gruyère.
1668 Lentignie, Carte Von der Weid.
Nom allemand :
1578 Lentenachf Carte Tech ter mann.
1638 Lentenach, Carte Plepp.
Forme primitive : (fundus) Lentiniacus.
Le gentilice Lentinius est mentionné dans VOiwmcisticon de
De-Vit.
En France on trouve Lentigny (Loire) et Lantignie (Rhône),
V. H. d'Arb. de Jub., Propriété foncière, p. 362.
Lossy.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois hoi.
1228 lozchie, CL f<» 75, MDR VI 338.
1229 haie, AF, AH. Tir. VII, n» 3.
1267 Lochie, Font. rer. Bern. II 682, n« 6206.
1294 Lotzie, Font. Coll. dipl. II 279.
1363 locie, perrochie de Belfo, AF, Stadts. A n» 61.
1445 Locyej AF, Impôt de 1445.
Bien qu'il soit difficile de dire quel est le nom de personne
contenu dans Lossy, il est indubitable que ce vocable est à ran-
ger parmi les formations en -acus d'origine helvéto-romaine. Les
— 276 —
terminaisons -ie, -ye, -y lepiésuuieut le développement régulier
de ce suffixe.
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant à noter dans les
formes historiques, ce sont les différents moyens de notation aux-
quels les scribes ont eu recours pour rendre le son 9 du nom popu-
laire : 0cli, e, ch, tz, c(i).
LuUy.
Village et commune du district de la Broyé.
Nom d'un village vaudois du district de Morges
En patois yUyi.
615 Luliacum (curtis), Aubert, Trésor de Tabbaye de St-
Maurice d'Agaune, Pièces justificatives, p. 206 ; v. la
note de la page 249.
1011 in comitatu vuisliacense et in villa lulliaco, AF^Romalu-
môtier n« 7 (Cartulaire) f« 6 v., MDR III 428.
1017 LuUiacum, Aubert op. cit. 215.
1285 Luhfe, Font. rer. Bern. III 391.
1343 Lulye, AF, Grosse d'Estavayer n« 123*, f^ 35.
1403 lulye, AV, Balay, f« 123.
1403 Mie, » > £<> 293.
1422 Ltiye, Rép. de la Grosse d'Estavayer n« 124 AF ; f* 407
et ailleurs : lulye, luly, lulyez,
1520 Lulliejs, AF, Grosse d'Estavayer n<> 105, f« 11-^13.
1578 Lullie, Carte Techtermann.
1668 Lullie, Carte Von der Weid
Forme latine : (fundus) Lulliacus.
Le tome IX du CIL contient de nombreux exemples du genti-
lice LoUius. Lullus, cogoomen, est mentionné dans CIL XII 6686499.
Lussy.
Village et commune du district de la Glane.
Nom d'une commune vaudoise du district de Morges.
En patois imi.
— 277 —
1026 in villa Luciaco (= Lussy vaudois), Hisely, Copies
d'actes, Bibl. cant. de Fribourg.
XII* siècle Lussiei, Luciei, Lussie, Ld, passim.
1260 Lussye, MDR XII, C. Hautcrêt p. 93
1314 W. de Lusye, Matile n^' 338.
1403 lussie, AV, Balay, ^ 296.
1668 Lussie, Carte Von der Weid.
Le gentilice Luscius, dont est probablement formé notre nom
de lieu, parait, entre autres, dans CIL V 2982, IX 2289.
Une série de noms de localités semblables à celui que nous
traitons, sont cités et étudiés par H. d'Arbois de Jubainville, Pro-
priété foncière^ p. 260, 261.
Marly.
Marhf 'le- Grand, village et commune du district de la Sarine.
Marly-U' Petit, * > > >
En patois marii.
Nom allemand Mertenlach.
1146 Marliei, Ld, p. 78 n« 198 (copie).
1228 MarlUe, Font. rer. Bern. II 91.
1270 Mallye, Mém. de Frib. 1854 p. 264 (plus. fois).
1285 Mallye, Font. rer. Bern. III 388.
1334 marlie lo pitet, AF, Ane. Terres n° 13.
1445 Marlie le grand, AF, Impôt de 1445.
1445 pittit marlie, > > >
Nom allemand :
1466 MerteUach, Font. Coll. dipl. XV 279.
1555 MerteUach, AF, Impôt pour la Gruyère.
1555 Klein MerteUach, > >
1577 Mertenlach, Carte Schepf.
1638 Mertenlach, Carte Plepp.
1668 Mertenlach, Carte Von der Weid.
18
— 278 —
Sans l'aide du nom allemand, il nous aurait ëtë impossible de
rétablir la forme primitive de Marly. Heureusement l'allemand
nous a conservé des éléments que le roman avait éliminés longtemps
avant l'apparition du nom dans nos chartes.
C'est évidemment (fundus) Martiliacus qui a donné, d*un côté,
en passant par *MartUacu et Marîiei, le nom roman actuel Marly j
et de l'autre le nom alaman Mertelach, écrit Mertenladi par ana-
logie avec un grand nombre de mots qui, en passant de l'alaman
populaire à l'allemand, rétablissent les n.
Nous rencontrons les noms MarUlia et MartUa dans le t. VIII
du CIL, 3655 et 7501.
Un MarHli(icum, nom de lieu, est mentionné dans Bouquet X
160^ Fôrstemann, Ofisnamen. signale Martiliacufnf Mertilacha,
Mertelach.
Dans le département de la Gironde Martiliacus a fourni Mar-
tiUac, nom d'une commune.
Meyrîez.
Village et commune du district du Lac.
En patois meri.
Nom allemand Merlach.
XIP siècle Meriei, Ld, p. 31 n° 76.
1228 Merrie, Font. rer. Bern. II 89*.
1239 Merye, Matile n^' 111.
1285 Merie, Font. rer. Bern. III 391.
1298 merie, AF, AH, G n*» 29.
Nom allemand :
1551 Merlach, Haller, Bern in s. Rathsmanualen I 10.
1558 Merlach, AF, Morat, Rôle des feux.
1578 Merlach, Carte Techtermann.
1668 Merlach, Carte Von der Weid.
Les deux noms, roman et allemand, sont certainement de
même origine. La différence de leur structure semble provenir
d'une métathèse des deux liquides r et L
— 279 —
Une forme telle que Miliriacus aurait, par Tassiroilation de l
à r ^), abouti à Meriei, Merrie. D^autro part, Tallemand Merlach
pourrait en résulter par la voie d'une métathèse : Miliriacus,
MçliriacUf Meriliac, Merlach,
Miliriacus nous est connu comme nom de lieu. Nous le ren-
controns deux fois dans le cartulaire de Tabbaye de Gorze :
a® 745 décima de Miliriaco, Mettensia II 4.
a® 936 vinea de Miliriaco, > II 175.
Misery.
Village et commune du district du Lac.
Nom allemand Miserach.
XII« siècle Miserie, Ld, p 36, n*^ 89.
1241 misirie, AF, AH, P' S., n<> 29.
1287 Miserie, Font. Coll. dipl. II 273.
1320 Misirie, AF, Grosse de Montagny n*» 141, f« 78.
1322 misirie, AF, Hautcrêt n« 37.
1445 Miserie, AF, Impôt de 1445.
1668 Misiry, Carte Von der Weid.
1781 Meserif Carte Mallet.
1805 Meseri, Petite carte frib.
Nom allemand :
1578 Miserach, Carte Techtermann.
1638 Miserach, Carte Plepp.
L'origine 'de Misery est sans aucun doute identique à celle de
Mieérieux, mentionné en 994 dans le cartulaire de Savigny (n^ 437)
sous la forme Miseriacus, Un nom d'homme Miserius doit avoir
été en usage chez les Romains. De- Vit, OnomasHc(m, mentionne
Miseria, nom d'une déesse.
') Cf. Longnon 1. 342, 343.
280
Missy.
Village et commuDe du district vaudois de Payerne.
En patois m^si.
1148 Missiacum, AF, Payerne n** 2 et 3.
1158-61 U. dominus de Messi, Ld, p. 61, n"" l6l.
1183 curia de Missiaco, Font. rer. Bern. I 473, n«> 78.
1260 missyey AV, Payerne n*» 12.
1295 myssie en Willie, AV, Payerne n*> 18.
1343 missiey AF, Grosse d'Estavayer n° 123% f° 16.
Nom allemand :
1449-50 Hanso von Missach, AF, Ane. Terres, Titres classés
(copie). Plaintes adressées au duc Albert d'Autriche.
La forme primitive parait avoir été (fundus) Missiacus.
La racine miss- a été employée dans l'onomastique romaine.
De- Vit, Onomasticon, mentionne le cognomen Missicitis,
Montag^ny.
Deux villages et communes du district de la Broyé s'appellent
l'un Mantagny-la- Ville, l'autre Montagny les- Monts.
Montagny vaudois (district d'Yverdon) est mentionné en 996
sous la forme Montaniacum, Hidber, UR, n^ 1163.
XII* siècle, Montaniacus, Montagniacus, Montaniei, Montanie,
Ld, passim.
1320 montagnie U mUa^ AF, Grosse de Montagny, P 51.
1320 montagny Bf > > > f^ 14.
1403 montagniacum la villa, AV, Balay, f® 150.
1480 Montagnye le Mont, Font. Coll. dipl. XVI 165.
1668 Montagnie, Montagni Carte Von der Weid.
Nom allemand :
1477 Montenach, Font. Coll. dipl. XVI 56.
1578 Montenach (= Montagny-la-Ville), Carte Techtermann.
1678 Ober Montenach (= MoDlaguy-lcs-Monts), >
— 281 —
1688 Montenach (= Mon tagny-la- Ville), Carte Plepp.
1638 Ober Montenach (= M.-les-Monts) >
On peut dire avec toute certitude qu'à l'époque helvéto-ro-
maine Montagny était un prœdium Montaniacum; < la propriété ru-
rale appartenant à Montanius ».
Nous rencontrons deux exemples du gentilice Montanius dans
CIL, XII 122 add., 3904.
M(mtania,cus est également la forme primitive du nom de deux
petites localités du district de la Singine:
1315 NydermuntenachOj Font. Coll. dipl. III 197.
1445 Nidermontnachj AF, Impôt de 1445, par. de Tavel
1445 Ohermontnach, > > > > >
IVuvilly.
Village et commune du district de la Broyé.
En patois noveyi.
1242 nuoviUie, CL ^ 135, MDR VI 667.
1317 Nuvilie, AF, AH, 11^ S. no 96.
1343 Nuvillye, AF, Grosse d'Estavayer no 123% fo 24.
1665 NuuilU, Strambino, Constitution synod. 168.
1668 Nuiullie, Carte Von der Weid.
H. d'Arbois de Jubainville explique les noms de lieux analogues
de France par le gentilice Novellius (Propriété foncière^ p. 290 à
292).
Prînchy.
Groupe de maisons situées dans la commune de Praroman.
On peut supposer comme forme primitive (fundus) Principiacus.
Des exemples du nom Principius sont fournis par les inscrip-
tions 5420, 5421, 6256, 6257 du CIL V.
Il y a lieu de faire ici la même observation que nous avons
faite au sujet de Bovigny,
— 282 —
\
Village de la commaue de Gruyères.
En patois prêdii.
1115 L. de Fringiei, Font. rer. Bern. I 367, n^ 152.
1142 U. de Fringiei, MDR XII, C. Montheron p. 6.
1178-81 Pringie, Ld 104 n« 285.
1220 pringie, CL f° 45, MDR VI 210.
1231 U. de Prengie, MDR XXII 35 (Vid. de 1259).
1233 U. de Pringie, > > 37 (AH).
1237 PringiCf (plus, fois) > > 39.
1238 U. de Prangie, > > 44 (AH).
1248 Pringie, Matile, n° 132 (I 109)
1254 U. de Prengie, MDR XXII 57.
1290 IVengyCy Mém. de Frib. 1855, p. 93.
1578 Pringie, Carte Techtermann.
1638 Pringie, Carte Plepp.
Au point de vue de la phonétique rien ne s'oppose à la déri-
vation de ce nom de (fundus) Primi-acus, bien qu'il ne soit pas pos-
sible d'exclure d'autres noms qui remplissent les mêmes conditions.
Le gentilice Primius paraît à plusieurs reprises dans des ins-
criptions du CIL XII.
Pringy est le nom do trois communes de France, situées dans
les départements de la Marne, de la Haute-Savoie et de Seine-et
Marne. H. d'Arb. de Jub. IVopriété foncière, p. 300.
Russy.
Village et commune du district de la Broyé.
1228 Busie, CL £<> 75, MDR VI 338.
1267 Bussie, Font. rer. Bern. II 682, n« 620^
1272 Bussye, AF, AH, 11*^ S., n« 36.
1320 Bussie, rtissye, AF, Grosse de Montagny n® 141, f^ 55'
et b8\
1403 Bussie, AV, Balay, f^ 15r.
— 283 —
1678 Bussy, Carte Techtermann.
1668 Russie, Carte Von der Weid.
On peut rapprocher de ce nom de lieu le gentilice assez répandu
Boscius. Quant à d>il voy. Gauchat, Le patois de Dampierre, § 88 5.
Salvagny.
Village et commune du district du Lac.
En patois éovani.
Nom allemand Saîvenach.
1340 Suaniez, Font. rer. Bern. VI 521.
1389 W. de Salvagnie, Rec. dipl. V 59.
1809 Savagny, Dict. Etrennes 1809, p. 90.
Nom allemand :
1558 SaUffenach, AF, Morat, Rôle des feux.
1578 Saluenach, Carte Techtermann.
1638 Saluanach, Carte Plepp.
1668 Sàlvenach, Carte Von der Weid.
Nous rencontrons le même nom de lieu en France, dans le dé-
partement du Rhône : La Tour-de-Salvagny^ dont voici quelques
anciennes mentions :
980-990 Selvaniacus, Cart. d'Ainay, n*> 183.
990 villa SalvaniacuSf > n^ 77.
993 Silvaniacus villa, > n*» 72.
C'est cette dernière forme, Silvaniacus, qu'il faut considérer
comme point de départ de Salvagny. Le nom d'homme romain qui
s'en dégage, est Silvanius.
Seîry.
Village et commune du district de la Broya.
En patois sçri.
— 284 —
XIP siècle Seirie, Ld, p. 107, n^ 267.
1276 Série, AF, AH, IF S., n*» 47.
1317 Serye, AF, AH, IP S., no 96.
1668 Seirie, Carte Von der Weid.
Seiry semble remonter à (fundus) Seriacus.
Seritis est gentilice romain ; on en trouvera la preuve dans
CIL V 8115112.
Siviricz.
Village et commune du district de la Glâue.
En patois Sûvori.
XII* siècle Seurei, Seuirei, Seueriacas, MDR XII, C. Haut-
crêt, p. 147, 159, 175.
XII* siècle Siuriei, Ld, p. 53, n° 136.
1228 Sivrie, Font. rer. Bern. II 90.
1247 Siuirie, MDR XII, C. Hautcrêt, p. 76.
1285 Syvrie, Font. rer. Bern. III 389.
1403 syvrie, AV, Grosse de Moudon, f° 265.
1403 siurier^ siuirie, AV, Balay, f° 56% 296.
1578 Siuirier, Carte Techtermann.
1638 Siurier, Carte Plepp.
1668 Siuirier, Carte Von der Weid.
1755 Cheverié, Perret, Catalogue 15.
On ne supposera ici guère autre chose que (fundus) Severiacus.
Le cognomen Severus est connu. A côté de celui-ci existait le
gentilice Severius dont on trouve plusieurs exemples dans le CIL XII.
Village du Vuilly fribourgeois.
En patois sUds^i.
Un acte de donation de 1162 en faveur de Tabbaye de Haute-
rive mentionne des vineae de SoUie^ Ld, p. 12, n"" 31. L'éditeur du
— 286 —
document n'a pas localisé ce nom. Nous croyons ne pas nous trom-
per en ridentifiant avec Sugiez, Le développement régulier de
Solzie conduit bien à sildzi,
1445 Sougy, Bougiez, AV, Grosse du Vuilly, l^ 14«09, 14«<>10,
Répertoire.
1558 Sougie, AF, Morat, Rôle des feux.
1577 Songiez, Carte Schepf.
1578 Bougiez, Carte Techtermann.
1668 Sugi, Carte Von der Weid.
Sugiez doit très probablement être ramené à une forme primi-
tive Soldiacu qui aurait pour base un nom de personne romain tel
que Solidius. L'inscription 4197 du CIL V nous fournit un exemple
du cognomen Solida.
Torny.
Tomy-le-Grand, village et commune du district de la Glane.
Torny Pittet, village de la commune de Middes, district de la
Glane.
766 in curte vel in agro... taumiaco superiore, Hist. Patr.
Mon. Chart. II 2.
1145-49 Tomei (plus, fois), Mém. de Frib. 1855, p. 239.
1285 Tornie, Font. rer. Bern. III 391.
1320 torny e, AF, Grosse de Montagny n° 141, f° 14.
1578 Tornie le grand, Carte Techtermann.
1578 Tornie le petit, > >
1668 Tomier, Carte Von der Weid.
1668 Tomier pitet, > >
La forme de 766 ne laisse pas de doute sur le nom de THel-
véto-Romain qui a possédé les terres de Torny. C'est un Taurinius
qui a appelé son praedium Tauriniacum.
Tusy.
Pont sur la Sarine et terres situées dans la commune d'Avry-
devant-Pont.
— 286 —
Nous n'avoDs pas rencontre ce nom avant 1490 (AF, Comptes
des Trésoriers 176, f^' S""). A cette époque il a déjà la forme actuelle
Tusy. Si, comme il est probable, il appartient à la catégorie des
noms en -acus, il s'expliquera bien par les gentilices Tutius ou
Tusius. Des exemples de ces derniers dans CIL XII 3965, IX
6078ifla.
Ursy*
Village et commune du district de la Glftne.
En patois iiéi et UrH.
1190 de Urseio, Hidber, UR, n° 2626.
XIP siècle, Hoto de Ursei, MDR XII, C. Hautcrêt, 149, 187,
XIP siècle, 0. de Ursei, > > p. 160.
1235 ursi, AF, Hautcrêt, n*» 4.
1403 vrsy, AV, Grosse de Moudon, f« 129.
1578 Ufsy, Carte Tech ter mann.
1668 Ursy, Carte Von der Weid.
-ei pour -ie se rencontre quelquefois dans les anciennes men-
tions des noms en -acus. Il paraît donc que malgré les terminaisons
peu communes de ses formes historiques, Vrsy doit être ramené à
Vrsiacus,
Le gentilice Ursius n'est pas rare ; nous nous bornons à citer
en preuve les exemples fournis par le t. V du CIL.
Vigny.
1) Groupe de maisons dans la commune de Léchelles, district
de la Broyé.
2) Id. dans la commune de Surpierre, district de la Broyé.
Preuves de Texistenco du gentilice Vinius dans CIL, X et XII.
Il faut appliquer à ce nom de lieu Tobservation faite au sujet
de Bùvigny.
— 287 —
Vuilly.
1) Contrée située entre les lacs de Morat et de Neuchâtel.
L'ancien pagus Wisliacensis comprenait tout le prolongement
du Mont Vuilly jusqu'aux environs d'Estavayer.
En 1011 Lully (fribourgeois) est mentionné comme situé in
comitatu vuisliacense, AF, Romainmôtier n® 7 (Cartulaire) f® 6'',
MDR III 428.
2) VuUly-le-Eaut, Commune du district du Lac.
3) Vuilly-le-BaSj » > >
Nom allemand Wistenîach.
961 in pago Wisliacense^ Font. rer. Bern. I 276.
in pago Wisliacensey MDR VI 4.
1011 in tomMBiVi vuisliacensej AF, Romainmôtier n® 7 (Car-
tulaire f° 6% MDR III 428.
1228 Willie, MDR VI 14.
1311 Willie, Matileno 332.
Nom allemand :
1266 P. de Wistellacho, Font. rer. Bern. II 644.
Ici encore c'est le nom allemand qui nous permet de rétablir
la forme primitive du nom. Aucune des anciennes mentions rele-
vées des chartes de main romane n'a conservé l'élément médial
atone que la forme germanique a maintenu.
Wistilîacus, d'où nous avons d'une part ^Wistliacu, Wislie et
puis Vuilly, de l'autre Wistellach avec la notation moderne Wisten-
îach, est évidemment formé du nom de personne romain VisHlius.
Celui-ci paraît sous sa forme féminine Vistilia dans Tacite, Ann. II 85.
Le passage de V à W dans yistiliacus Vuilly n'a rien de sur-
prenant quand on pense que le Vuilly touche à la limite des
langues et que le v latin des emprunts de l'époque ancienne était
rendu chez les Germains par w (Franz, Die lat-ronian, Elemenie
im Ahd, p. 20).
Il n'est pas sans intérêt de voir que même en pays alaman
quelques traces de la colonisation romaine se sont conservées dans
les noms de lieux. Aux exemples que Dandliker cite dans son His-
toire suisse ^)f il faut ajouter un certain nombre de noms en -acus.
Nous n'en relevons ici que deux dont l'explication ne laisse, nous
semble-t-il, rien à désirer, soit sous le rapport de la formation, soit
sous celui du développement en bouche alamane.
Nous n'ignorons pas que des étymologies germaniques ont été
données à ces noms ; mais il est souvent utile, permis toujours,
d'étudier un même objet à différents points de vue.
D'ailleurs loin de nous la pensée d'étendre l'explication que
nous proposerons pour ces deux vocables, à tous les noms allemands
en -ach. Ce que nous croyons pouvoir affirmer, c'est seulement,
qu'à côté des noms de lieux en -ach d'origine germanique, il existe,
dans la Suisse allemande, des noms présentant cette même terminai-
son et qui ont une origine latine.
Kiissnach.
Nous connaissons trois villages qui portent le nom de Kiissnach;
l'un est situé sur le bras Nord-Ouest du lac des Quatre Cantons,
l'autre sur les bords du lac de Zurich et le troisième sur territoire
badois, près de Waldshut.
IX® siècle, in chussenacho (Ct. de Schwyz), Geschichtsfreund
I 158.
1179 ecclesia Chussenacho (Ct. de Schwyz), Urkundenbuch
der Stadt u. Landschaft Ziirich I 209.
1188 ecclesia de Chussenacho (Ct. de Zurich), Urkundenbuch
der Stadt u. Landschaft Ziirich I 223.
Aucune règle phonétique ne nous empêche de voir dans KUss-
nach le produit d'une forme primitive (fxmdus) Cossiniacus ana-
*) Geschichte der Schweiz I 87.
— 289 —
logue à celles de Mertenîachj de Gempenach et de tant d'autres
noms de localités qui ont été originairement des désignations de
biens fonciers.
L'umiaut o>iu, dans les conditions données, est régulier;
qu'on compare, par exemple :
moneta Mtïnze
modius Muit
Condemine Gumenen
Cossinius, nom de personne romain, est mentionné dans le vo-
cabulaire des noms propres de Quicherat.
Wichtrach.
1) Niederwichtrach, village et commune du district de Konol-
fingen, canton de Berne.
2) Olerwichtrach, idem.
1180 Hugo de Wichtracho sacerdos, Font. rer. Bern. I 465.
1258 ecclesia de Wichtraho, Font. rer. Bern. II 477.
Plaçons Victoriacus, forme primitive de toute une série de
noms de lieux français, dans la bouche du peuple alaman : il se
transformera régulièrement en Wichtrach.
Victorius est gentilice romain. H. d'Arbois de Jubainville
(Propriété foncière p. 334, 335) cite plusieurs exemples de ce nom.^)
Le fait de l'existence de noms en -acus dans la Suisse alle-
mande nous fournit une donnée chronologique.
Il est certain que ces noms ont été formés avant l'immigration
des Âlamans, car à partir de ce moment la langue alamane exer-
çait dans le nouveau pays une domination exclusive, lis ont donc
subsisté au IV® siècle.
Nous pouvons appliquer cette date aux noms de lieux ana-
logues de la Suisse romande. Il parait même probable, vu la marche
*) A Kussnach etWichtrach, nous ajouterons encore, en passant, Rûfe-
nach (village argovien) et Rûfenacht (village bernois). 11 est facile de re-
connaître dans ces deux noms, à travers le primitif Rufiniacum, le nom
romain Ri{finu8^ Rufinius»
— 290 —
qu'a dà suivre la colonisation romaine dans rHelvétie, que ceux-ci
sont antérieurs aux noms demômo source que l'A.laman a laissés sub-
sister dans le pays conquis. Il y a cependant une réserve à faire.
Nous ne pouvons pas dire à quelle époque la formation de noms de
lieux au moyen du suffixe -ams a cessé dans la Suisse romande,
restée latine. La limite chronologique n'est, par conséquent, pas
aussi précise et aussi générale ici que pour la Suisse allemande. Ce-
pendant il est à présumer que cette formation a été entravée ou
arrêtée par l'établissement des Burgundes dans la Transjurane et
qu'ainsi, sinon tous, au moins la grande majorité des noms en -y,
'ier du pays romand sont antérieurs à cet événement.
A l'époque de l'établissement des Burgundes, des noms ger-
maniques commencent à se former chez nous et supplantent même
les anciens noms latins ou celtiques. Des restes de construction
prouvent que Bionnens, Bœsingen, Bossonnens, Promai^ens, Vua-
dens ont été des domaines romains. Comme tels ils ont eu, cela est
hors de doute, des noms romains, car le cadastre romain exigeait
que toute propriété foncière fût désignée par un nom. Aujourd'hui,
ces mêmes localités portent des noms germaniques. Elles ont donc
changé de noms à la suite de l'immigration du peuple germain. Le
changement a dû nécessairement se produire avant que le nouveau
propriétaire fût romanisé.
On voit par là que le Germain ne s'est pas toujours contenté
d'une simple tenure ou d'un essart. Il a occupé, dans un grand
nombre de cas, la villa romaine. Ce n'est qu'ainsi qu'il a pu im-
poser son nom au domaine qui jusque là portait un nom latin.
Hâtons-nous d'observer que le changement de nom ne s'est
pas produit nécessairement et d'une façon générale. Si nous avons
des preuves du remplacement du nom romain par un nom germa-
nique, nous en avons aussi de la persistance de l'ancien nom.
Fétigny a gardé son nom romain bien qu'un important éta-
blissement burgunde ait existé dans cet endroit, comme il est prouvé
par des trouvailles archéologiques *) ; Lossy de même, où des anti-
quités burgundes ont été découvertes, ne nous est connu que sous
son nom romain.
*) V. Kirsch, Le cimetière de Fétigny, Archkes de la Société d'hist.
du canton de Frihourg^ t. VI, 484.
LES NOMS DE LIEUX EN -ENS
Au milieu de la population latine viennent s'établir des familles
d'une nation germanique. Loin de détruire l'œuvre colonisatrice des
Romains, les Germains la continuent. En prenant possession des ter-
res qui leur sont assignées, ils imposent à celles-ci leurs noms. Comme
les Romains Archontit^s, Montanius appelaient leurs domaines fun-
dus Archontiacus (Arconciel) prœdium Montaniacum (Montagny),
les Germains donnèrent aux terres cultivées par Gislàhar, Wal-
i»ar *) les noms 6r/5ZaAarmflfMfw (Gillarens), Jf àlmaringum (Vuar-
marens). Dans la suite, ces hommes d'une race étrangère adoptent
la langue qu'ils entendent parler autour d'eux. En oubliant leur
idiome natif, ils perdent aussi le souvenir de leur origine et de leur
histoire et la nationalité du peuple immigré finit par être complè-
tement absorbée dans celle de la population romane indigène.
Mais les noms que ces Germains ont donnés à leur nou-
velles demeures, se sont maintenus et sont arrivés jusqu'à nous.
Nous y reconnaissons aujourd'hui les restes d'une langue perdue
depuis un grand nombre de siècles et en même temps les traces de
l'établissement de cette nation étrangère qui, mêlée aux Helvéto-
Romains, a donné naissance à notre peuple romand.
Le suffixe germanique -ing, ajouté aux noms d'homme, ex-
prime, pour la chose que la nouvelle appellation désigne, un rap-
port d'appartenance.
Les noms de lieux constitués de cette manière se présentent en
germanique toujours sous la forme du datif-locatif pluriel. Le signe
de ce cas était dans les idiomes gothiques -am, dans les langues
germaniques de l'Ouest -um.
') Forme primitive : Walamâr.
— 292 —
Le suffixe -ing a ainsi revêtu dan? les noms locaux, chez les
Goths la forme -ingatn, chez les Germains de TOuest celle de
-ingutn.
La dernière de ces deux formes aboutit dans notre pays, de
dialecte franco-provençal, à f, écrit -ens; la seconde, -Ingam, pro-
noncée en latin vulgaire çnga, y devient çdz9, noté -inges, -enges,
-anges.
Le burgunde, la langue du peuple germain qui est venu s'éta-
blir dans THelvétie occidentale, a été rapproché par Wackernagel
des langues germaniques de TOuest. Â l'heure présente, les ger-
manistes sont plutôt inclinés à le considérer comme une branche
de l'idiome gothique.
D'après cette dernière opinion, les noms locaux formés par les
Burgundes au moyen du suffixe -ing ont dû avoir originairement la
forme -ingam, devenant çnga en latin vulgaire et en dialecte franco -
provençal çdis9y écrit -inges -enges -anges ^). C'est donc cette der-
nière série de formes que devraient présenter les noms de lieux
d'origine germanique des pays qui composaient le royaume de
Burgundie. Or nous constatons le contraire» Les noms offrant l'une
des formes -inges, -engesj -anges sont en très petit nombre dans ces
pays, tandis que la terminaison -ens y est très répandue et très
fréquente. Ainsi, dans tout le territoire composé du pays fribour-
geois et des districts vaudois d'Avenches et de Payerne, on ne trouve
qu'un seul nom en -anges ^) sur environ soixante-dix en -ens. Qu'en
faut'il conclure ? Faut-il attribuer la création des noms en -ens à
une autre race germanique que les Burgundes, aux Alamans, par
exemple? La supposition pourrait se faire pour la contrée limi-
trophe du pays allemand, mais elle est inadmissible pour les terri-
toires qui ont formé le centre du royaume burgunde et qui pré-
*) 11 y a peut-être lieu de faire une réserve. Ne serait-il pas possible
que les Burgundes eussent été un peuple gothique faisant exception à la règle
et employant la terminaison -um des langues de TOuest ?
') Auboratujes. Peut-Otro faut-il ajouter (pratum dou) iudeiKjes, men-
tionné dans une Grosse d'Estavayer de 1343 (ÂF, n° 123*, f* 5^). Ces noms
sont plus nombreux dans le pays de Vaud, dans le canton de Genève et
en Savoie.
293
I
I
sentent la même terminaison de noms de lieux '). Ainsi, nous som-
mes presque forcés de reconnaître la terminaison -ens comme d'ori-
gine burgunde, de reconnaître, par conséquent, que la forme pri-
mitive burgunde a été -ingum, avec la marque du datif pluriel -um
et non pas -am. C'est là un fait de plus à ajouter à ceux que
Wackernagel allègue en faveur de ta parenté du burgunde avec les
idiomes germaniques de l'Ouest.
M. PhilipoD, retenant comme forme burgunde -inga, chercbe
néanmoins à en tirer la terminaison -ens en supposant que ce suf-
fixe a été latinisé à l'accusatif ou à l'ablatif pluriel, -ingos, -ingis ').
Ces formes expliqueraient d'une manière toute naturelle la pré-
sence constante de la finale -s dans tes noms de lieux de cette ca-
tégorie. Mais la supposition elle-même nous parait peu vraisem-
blable. Le peuple roman aurait-il vraiment traduit le datif pluriel
germanique en datif, ou, d'après la supposition de M. Philipon, en
accusatif ou en ablatif latin ? On peut bien attribuer ce procédé aux
écrivains qui ont eu conscience de la signification de la désinence
germanique et qui l'ont, en effet, correctement latinisée en -is dans
les chartes. Mais te peuple roman lui-même n'avait aucune connais-
sance de la valeur des marques de flexion en usage dans la langue
barbare et recevait les vocables provenant de cette langue unique-
ment d'après leurs sons. Un nom tel que Scariîingum a dû donner
dans la langue romane Escarl'^igu, forme que nous trouvons effec-
tivement représentée dans ta mention escarl'mgus d'une charte du
IX' siècle. Ce n'est que sous la plume de l'écrivain connaissant,
outre le latin, l'idiome germanique que Scarlingum a pu devenir
Escarling'it ^)- La terminaison -ingis est forme savante, la forme
populaire est -çngu (écrit -ingus).
Il nous reste à expliquer les formes -inges, -enges, -anges qui
sont celles d'un petit nombre de nos noms de lieux romands. Nous
') On rencoatro de» noms en -ens, -ins. -ans dod sieute ment dans les
contrées de l'aDclenne Burgundie trauBJuraue, mais encore dans la Savoie,
dans le Lyonnais, dans la Pranclie-Ckimté.
■) Revue de Philologie française, Kl (1897), 112 et 113.
') Le « de la terminaison -ens est vraisemblablement dû & la tradition
graphique qui se rattache ft la forme latinisée -ingis. -vus prend dans les
écrits la place de -ingii dans le courant du XI' siècle.
19
— 294 —
ne pouvons pas recourir au gothique -ingam, puisque nous nous
sommes vu obligé de supposer pour le burgunde la forme -ingum.
Et pourtant -enges et ses équivalents ramènent nécessairement à
une forme en -a.
Il ne nous parait pas impossible que quelques-uns des noms
en -inguCm)^ une fois passés en latin vulgaire, aient été d'une ma-
nière constante rapportés à un nom commun de genre féminin, tel
que viUa ou curtis, et aient ainsi fini par en adopter le genre. Au
lieu de Martharçngu, du nom latino-germanique Marthari ^), on
aurait eu viUa ou curtis Martharçnga, d'où régulièrement Marthe-
renges, en patois marter^dz9 (nom d'une commune vaudoise du
district de Moudon).
Nous réunissons ci-après, dans leur ordre chronologique, les
différentes formes de noms offrant le suffixe -ing^ que nous avons
relevées dans les plus anciennes chartes de la Suisse romande. Leur
examen nous semble bien confirmer les considérations que nous
venons d'émettre.
515 curtis Wadingum, Aubert, Trésor p. 206. Quoi qu'il en
soit de l'authenticité de cet acte, il est certainement
d'une haute antiquité.
814 8clepedingus, CL, f<> 56, MDR VI 239, 240.
851 marsinguSj escarlingus, unipedingus, CL, î^ 43, MDR VI
201 à 203.
929 in curte marsingiSy Hist. Patr. Mon. Chart. II iSc, -is
est évidemment la traduction en latin du datif pluriel
germanique -um.
929 in curte uuadengis, in fredingis in pago ualdense, ibid.
964 in villa scubilingis, CL, f^ 19, MDR VI 95.
1002 in uilla que dicitur quamingis, Hist. Patr. Mon. Chart.
II 84^ ; mais à la même année : ArlenguSy Hist. Patr.
Mon. Chart. II 82.
1011 in uilla boflinges, Vuolflinges, hruzinges, AF, Cartulaire
de Romainmôtier, f° 5^ Les Hist. Patr. Mon. (Chart. II
104 donnent les leçons inexactes boslinges et hrucingea.
^) Quant à Torigioe et à remploi de l'élément onomastique Mart-, v.
Longnon I 269 et Foerstemann I 916.
— 295 —
Nous relevons ces formes non du diplôme original, mais
d'une copie contenue dans le Cartulaire cité.
1017 po testas Uuadengis, Âubert, Trésor, p. 215.
Dans le courant du XP siècle, le suffixe -ing prend la forme
-ens ; au XIP, le changement est parfaitement accompli. Dès cette
époque nous ne trouverons plus que la graphie -ens ou ses variantes
-eins, -ains, -ins.
A quelle époque les noms en -ing de la Suisse romande ont-ils
pris naissance ? Le peu que les documents nous disent à ce propos
ressort de l'exposé qui précède. Nous y voyons que la première
mention d'un de ces noms, avec la terminaison encore germanique,
se rencontre en 515. Malheureusement, l'acte qui la donne, est dou-
teux. Pour les trois siècles qui suivent, les documents font défaut
et ce n'est qu'en 814 que réapparaît notre élément toponomastique.
Nous sommes donc assez mal renseignés sur la date de la formation
des noms de lieux terminés aujourd'hui en -ens; tout ce que nous
pouvons dire de certain, c'est que leur origine est antérieure à 814.
Une autre question non moins importante qui se pose ici, est
celle de savoir à quelle époque ces noms de lieux germaniques ont
été définitivement soustraits à l'influence de l'idiome germanique
et incorporés au trésor onomastique roman. Sur ce point, l'histoire
nous a encore moins favorisés. Pas le moindre indice sur l'extinction
d'un idiome, sur le triomphe de l'autre, ni dans les chartes, ni même
dans les chroniques. Le changement s'est produit d'une façon si
naturelle et si inaperçue que les contemporains semblent ne pas
l'avoir remarqué. Cependant, ce que nous chercherions en vain dans
les documents, nous le trouvons dans quelques-uns de ces noms
germaniques eux-mêmes qu'il nous est possible de reconstituer dans
leur forme primitive, malgré les changements considérables que la
langue romane leur a fait subir. L'étude que nous ferons plus loin
sur ce sujet, établit que les noms en question n'ont pas été roma-
nisés avant le VHP siècle. Ce fait doit être noté ici, car il nous
fait savoir que les éléments contenus dans ces noms ont pu subir,
avant de passer en bouche romane, les changements phonétiques
connus sous le nom de seconde lautverschiebung et que nous serons,
par conséquent, en droit de rapprocher de nos noms de lieux non
— 296 —
seulement des exemples de noms d'homme offrant Tétat phonétique
primitif, mais aussi de ceux dont les consonnes ont déjà été altérées.
La valeur phonique actuelle de -ens dans nos patois est -f. En
langue française on rend -ens dans le canton de Fribourg par -dsy
dans le pays de Yaud par -a. On se demande quelle a été la pro-
nonciation de cette terminaison aux XIP et XIIP siècles, c'est-à-
dire à l'époque où nous rencontrons les premiers exemples de la
nouvelle forme du suffixe. Voici un petit nombre de faits graphiques
propres à jeter quelque lumière sur la question :
Le Livre des anciennes donations écrit nos noms de lieux cons-
tamment par -ens; dans le seul acte n^ 296 nous rencontrons les
formes singulières Ynains, Louam^, Coiains^ Escuuilan^, Visternan^.
Dans le pouillé de Conon d'Estavayer de 1228 nous trouvons,
à côté de Berlen^, Wippen5, Wistarnen^ et autres, les formes Wint-
tarnatn^, Onleins, Uoreins, etc., CL, Font. rer. Bern. II 88-93.
Le Cartulaire de Hautcrêt écrit dans une charte de 1220 Pro-
masaitô, Gomoans, Veyllan^, MDR XII Hautcrêt 58, 59.
Le Cartulaire de Gruyère donne de même deux fois, en 1350
et en 1395, la forme YWans, MDR XXII 146, 241 »).
Dans les recueils de chartes que nous venons de citer et, en
général, dans tous les documents de la Suisse romande, la forme
constante du suffixe est -ens, les graphies qui en diffèrent sont des
cas isolés. Mais ce sont précisément ces écarts de la graphie ordi-
naire qui nous renseignent sur la valeur de la forme régulière, -ems,
-ains, -ans prouvent que le e de -ens est ouvert : ç. En ajoutant à
cette donnée le fait qu'au XII* siècle l'absorption de la consonne
nasale par la voyelle précédente est déjà complète (v. l'art. Moudon)^
nous parvenons au son f qui est identique à celui que -ens a encore
à l'heure présente dans les dialectes de la population romande.
Tous les noms de lieux en -en$, -ins, etc. de la Suisse romande
sont-ils d'origine germanique ?
Il serait téméraire de l'affirmer sans réserve.
Il est possible, comme le pense M. Ch. Marteaux % que -ens
*) En 1668 Von der Weid écrit nos noms de lieux par -ens, sauf Echar-
/ant, VarmarMtf JorussMty Pro^ln, Co/yo//ln, Curnililn.
*) Revue savoisienne 1900, p. 104 et 105.
— 297 —
représente dnns certains c»s une terminaison tatine. Il est possible
aussi que les GermaiiiB aient ajouttî quelquefois leur suffixe -ing à
des noms celtiques ou romans préexistants — nous trouverons même
un exemple certain de ce procédé dans le nom allemand de Payerne
Feterlingen. — Mais ces cas sont assez rares et nous pourrons nous
convaincre au cours de notre étude que la plupart des vocables en
question sout formés d'éléments germaniques et que -ens est bien
la terminaison caractéristique des noms locaux en -ing. Pour un
assez grand nombre, la chose est de toute évidence. Comment
nierait-on, par exemple, la provenance germanique des noms qui
sont mentionnés dans nos plus anciennes chartes avec le suffixe
'ingis, ou de ceux qui renferment des noms d'homme en -old:
Bremudens, Magnedens, Ressudens, en -uîf: Arruffens, Chanmfens,
Crumefms, en -hari: Gillarens, Botierens, Gletterens, Vauderens ;
ou encore de ceux dont l'élément principal est constitué par un
nom d'homme qui nous est connu comme tel par les documents,
tels Echarîms (Scari!), ViUardens (Wilihard), Echandens (Scand),
Vuarmarens (Walmâr), Vermottdms (Warmund), etc. ?
Noms en -eus de villages, de hameaux et de biens ruraux du
territoire situé entre le lac de Neuchâtel et les Alpes fribourgeoises
comprenant le canton de Fribourg et les districts vaudois d'Avenches et
de Payerne :
Agnens Ariens Arruffens Attalens Âuhoranges Basens (Bœ-
singen) Berlens Besmcena Biîlens Bionnens Blessens Bossens Bos-
sonnens Botterens Bremudens Ckamufcns Chénens Cottens Cuque-
rens Dardens Brognens Echarlens Ecublens Ecuviîlens Esckiens
Estavannens Eslévenens Fcrîens Fui/ens Gillarens Glefterens
Guin Gumefens Hennens lllens Joressant Lieffrens Lourtens
Lovens Macconnens Magnedens Mannens Marsens Massonnens Matt-
dens Morens Morîens Onnens Orsonnens ÎVogens Promasens JRe-
maufens Ressudens (VmA) Itierin Bomanens Bossens (Fribourg)
Ressens (Vaud) Saucens Sorens Tinlcrin Treytorrens Vattcens
Vauderens Fillardens Vuadens Vuarmarens Vuippens Vuisscns
Vuistemens- en-Ogos Vuistemens- devan t-Romont.
Nous croyons devoir exclure da cette liste ou tout au moins
considérer comme douteux les noms suivants :
— 298 -
Corjolens, probablement, de même que les deax noms suivants,
un composé dont le premier terme est le mot cor=corHs.
XI1»« siècle Coriolens, Ld, p. 20, n» 48.
1298 Coriolens, AF, AH, Tir. V H n*> 31.
1445 CorjoUens, AF, Impôt de 1445.
1555 Corjolin, AF, Impôt pour la Gruyère.
1577 Corioliny Carte Schepf.
1638 Coriolin, Carte Plepp.
1668 Corjollin, Carte Von der Weid.
Cormagens.
XII»« siècle Oarmagin, Ld, p. 44, n^ 112.
1294 Cortnarginy Font. Coll. dipl. II 280.
1297 Cormagin, AF, Commanderie St-Jean, n<> 28. Le nom
parait deux fois dans cet acte et les deux fois un r a été
intercalé après coup entre a et </, de sorte que le vo-
cable y revêt la forme corrigée Cormargin.
1445 Cormargens^ AF, Impôt de 1445.
1668 CormagenSy Carte Von der Weid.
Cournillens.
1252 Cumillin, AF, AH, Tir. III, no 34.
1312 Cornilins, Font. Coll. dipl. III 148.
1340 OumeUin, Font. Coll. dipl. IV 491.
1369 Cumilliens, Font. Coll. dipl. VU 373.
1445 CumUliens, AF, Impôt de 1445.
1668 OurnilUn, Carte Von der Weid.
Matran.
1138 Martrens, Mém. de Frib. 1855, p. 16.
1148 Martrans, AF, Payerne, n°» 2 et 3.
1157 MatranSf Ld, p. 10, n<> 24.
1173 Martrans, (plus, fois), Ld, p. 85 à 87, n° 217.
1228 Martrans, Font. rer. Bern. II 92.
1285 Martranz, > « III 388.
1445 Martrant, AF, Impôt de 1445.
— 299 —
1555 Martrand, AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Matran, Carte Techtermann.
1668 Matrang, Carte Von der Weid.
Nonan.
1173 Nonans, Ld, p. 87, n° 217.
1301 W. de nonanSf AF, Stadtsachen A, n» 6 (Rec. dipl. II 9).
1445 Nonans, AF. Impôt de 1445.
1668 Nonensy Carte Von der Weid.
Nous allons étudier un à un, dans leur ordre alphabétique, les
noms de la liste ci-dessus.
On n'exigera pas de nous de donner une explication sûre de
tous les éléments de ce groupe nombreux. Les difficultés que nous
rencontrerons sur notre chemin sont trop abondantes et d'une
nature trop délicate et les témoins de l'ancienne époque font trop
souvent défaut pour qu'il soit permis d'arriver du premier coup et
dans tous les cas à un résultat complet.
Ce que nous nous attacherons à faire en première ligne et pour
tous les noms, c'est de fournir au moins les données historiques et
linguistiques préliminaires.
Ag^nens.
Hameau disparu qui était situé sur la route de Missy à Portal-
ban; v. AF, Titre de St-Aubin n<> 121, XVII"* siècle.
1085 Asnens, Hidber, n? 1429 (copie).
XII'»^ siècle Asnens, Ld, p. 5 nMl, p. 60 n^ 158, p. 90 n^ 226.
XIII°»« siècle Asnens et asneins, CL, fo 79, MDR VI 346, 347.
Asnens doit probablement être ramené à un primitif Asinçngu,
qui contient le nom d'homme germanique Asin- formé de la racine
ansi. Nous trouvons des exemples de celui-ci dans les noms de
lieux [germaniques, v. Fôrstemann I 2^* éd. 122 et Heyne, Alt-
niederdeutsche Eigennamen, p. 3.
— 300 —
Aplens.
Hameau de la commune de Blessens, district de la Giftne.
En patois : a^'rlf.
1002 ArUngus, Hist. Pair. Mon. Chart. II 82.
XIII»* siècle arlensy CL. f« 72, MDR VI 314.
1251 A. de AUens, MDR XII G. Hautcrêt 278.
1352 Aliéna, Gremaud, Cart. d. Promas. 1352.
L'acte d'échange de biens entre un nommé Engeron et Tabbé
de St-Maurice, passé, comme on présume, entre 937 et 993 (Hist.
Patr. Mon. Chart. II 62, MDR XXIX 35), et qui présente la forme
Ariens, ne peut pas, précisément pour cette raison, être du X»*
siècle. Si le document est authentique — il y a quelque raison d'en
douter — ce qui nous en est resté n'est assurément qu'une copie
bien défectueuse du XII»* ou tout au plus de la fin du XI»* siècle;
ce n'est qu'à cette époque que le suffixe -ing parait sous la forme
-ens.
Le nom du Germain, qui a établi sa demeure dans ces terres
de la Giftne, est facilement reconnaissable dans le nom de lieu qui
en a été formé. C'est Arl- contracté de AriU. Nous trouvons le
nom familier féminin Arila mentionné dans le recueil de Forste-
mann, qui le range sous la racine ara.
M. Rudolf Kôgel (Zeitschrift fur deutsches Alterthum XXXVII
225) croit que Arlulfus figurant dans les Lib. Confrat. II 367 lO)
est le nom d'un Burgunde et il ajoute que le premier terme, aW-,
revient fréquemment dans des noms visigots : Arlabaldus, Arle-
fredus, ArlildiSy Arluinus.
Ce dernier, ArluinuSj parait trois fois dans le Cartulaire
de Hautcrêt, MDR XII 143, 173, 194, dans des actes du XII* siècle.
Remarquons que Ariens a été romanisé avant que a ait subi
Vumlaut germanique, autrement nous aurions eu à sa place Erlens.
Appuffens.
Village du district de la Glane.
En patois arûfç.
— 301 —
1341 42, 46 Arrufens, AF, Fîlle-DIeu VII no 5 et 6, XII n*
18 et 19, XIII no 62.
1346 aruffensy AF, Fille-Dieu, Tir. XII, n* 12.
1578 AruffenSf Carte Techtermann.
1638 Aruffens, Carte Plepp.
1755 Arrufens, Perret, Catalogue 16.
1806 Arruffens, Dict. Etrennes 1806, p. 84.
Les plus anciennes mentions A^ Arruffens laissent encore facile-
ment reconnaître le nom du premier colon germain, Adrulf, à qui
cette terre échut lors de rétablissement du peuple étranger dans
le pays romain.
Mentions de ce nom : Fol. Irm. II, 30, Lib. Confrat. II 398o,
40,8. V. Longnon I 278, Fôrstemann I (2^* éd.) 183 et 185,
Waltemathll et 12.
En roman, Adr- est devenu Arr- par assimilation du dB,u r. Le
nom Arrulfus que nous rencontrons dans un acte de Tan 1000
environ, Cart. de Savigny, n^ 519, parait être un exemple de cette
réduction.
Disons encore en passant qu*il existe aussi un nom Arulf que
Fôrstemann range sous la racine Ara (I 2^* éd. 135 et 138). Notre
pays le connaissait aussi. V. Cart. de Lausanne, MDR VI 170, 203.
Attalens.
Village et commune du district de la Veveyse.
En patois tàl?.
1068 uilla AUalenges, Mém. de Frib. 1855, p.^343.
1161 Athalens, MDR XII Hautcrêt 30.
1577 Adalens, Carte Schepf.
1578 Attalens, Carte Techtermann.
1584 Adallens, AF, Grosse de Châtel-St-Denis n^ 37, fo 1, 9.
1638 Adalens, Carte Plepp.
1668 Attallens, Carte Von der Weid.
Dellion (Dict. I 83) mentionne aussi la graphie Thalens, iden-
tique à la forme patoise actuelle.
— 302 —
Nons n'attribuons aucune signification au c des formes de
1584 et 1638. d n'est qu'une particularité d'ordre graphique qu'on
rencontre assez souvent dans les écrits de cette époque.
Le nom d'homme qui^ à première vue, semble être donné dans
notre nom de lieu, Attalus, doit être écarté. Augmenté du suflBxe
-ing, il aurait produit plutôt at(iç et ^If que tolf.
Par contre, un développement en -2- du nom Abtady connu
chez les Francs, aurait nécessairement abouti à Attalens : Abtadi-
lingu(m) > Attaleng-,> Attalens.
Abtadf Apthad^ Aptadius, Ahtada sont mentionnés dans le
recueil de Fôrstemann, I (2<^® éd.) 13.
Aubopang^es.
Village et commune du district de la Glane.
En patois lu bor^dm.
XII»« siècle Arborenges, MDR XII Hautcrêt 13.
XII»« siècle P. de Arborenges, MDR XII Hautcrêt 150; dans
la même charte (MDR XII 151): Th. de Alburenges.
1155 Alburengens, MDR XII Hautcrêt 13.
1190 Attorengis, Hidber, UR II, n^ 2625.
1216 AThorenges, MDR XII Hautcrêt 54.
1238 P. de arboreinges, CL, f^ 135, MDR VI 660.
1273 Auborenges, MDR VI 201.
1370 Auborenges, Gremaud, Cart. de Promasens, AF.
1403 Auborenges^ AV, Grosse de Moudon, f^ 57, 273.
1555 AuborengeSf AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Auborenges, Carte Techtermann.
1638 Aulbrenges, Carte Plepp.
1668 Auborange, Carte Von der Weid.
1762 BorengeSy AF, Rôle militaire de Rue.
Auboranges est un des rares noms en -ing, qui présentent le
suffixe germanique sous la forme -inga.
— 303 —
Basens.
Oross-Bôsingen, village et commune du district de la Singine.
Klein- Bôsingen, » » > du Lac.
En patois bçs^.
1228 Basens^ CL. Font. rer. Bern. II 92.
1264 Balsingue lo grant, Bàlsingen lopitetf MDR XII Haut-
crêt 96.
1264-65 duœ villœ in parrochia de Besingen sitœ scilicet de
Bàlsingen majori et de Bàlsingen minori. Font. rer.
Bern. II 605, n» 658.
1265 in villa que dicitur Bàlsingen maiori, et in villa que dici-
tur Bàlsingen minori, que sunt de parrochia de BcU-
singen, MDR XII Hautcrêt 97.
1271 P. de Besingen, Font. Coll. dipl. II 95.
1379 Perrochia de besingen, AF, Contribution pour Nidau,
Législ. n® 5.
1555 Ober Besingen, Nieder Besingen, ÂF, Impôt pour la
Gruyère.
1665 Besingen, Strambino, Constit. synod. 173.
1668 Besingen, Niderbesingen, Carte Von der Weid.
C'est par erreur que le document de 1265 donne à la paroisse
de Bœsingen le nom Bàlsingen qui est celui d'un hameau de la
même paroisse. Le rôle de la contribution pour Nidau, de 1379,
ne mentionne qu'une localité du nom de bàlsingen, située dans la
paroisse de besingen.
Basens, nom français, et Besingen, nom allemand, sont formés
tous deux du nom d'homme Bas-. Exemple du nom Baso dans le
Pol. de Saint-Germain des Prés XX25 ; dans le même document
B(isina et Bcisinus, cf. Longnon I 290.
Besingen représente le développement régulier en bouche
alamane de Basingum. C'est la forme que donnent nos chartes
jusqu'au XVI"* ou même XVII"* siècle.
— 304 —
Berlens.
Village et commune du district de la Olâne.
En patois berl^.
XII»» siècle Berlens, Ld, p. 12, n*> 31.
1228 Berlens, Font. rer. Bern. II 91.
1285 BeUens, > > III 392.
1577 Berlin, Carte Schepf,
1 578 Berlin, Carte Techtermann.
1631 BeUenSf Rathserkanntnussbuch n» 27, f? 13.
1 638 Berlin, Carte Plepp.
1 668 BerUns, Carte Von der Weid.
Berlens peut être formé des noms Beril- ou Bertil- de Berchtil-,
V. Forstemann I (2<»» éd.) 261 ; BerUa, Pol. Irm. XXI 77;
Berlio, env. 1075, Cart. de Savigny, n* 762; Berlio, XII«« s., Cart.
de Grenoble XI VC, XLVIIC, XLIIIC; Berlio, env. 1135, Cart. de
Savigny, n^ 940; Berlio, Chartes du diocèse de Maurienne, Acad. de
Savoie, Doc. II 57 ; Berlio, MDR VU 90.
Bertla, Longnon I 292 ; Bertila, Mon. Germ htst. Script, rer.
Merov. II 4894o. Cp. Bereins^ Pbilipon, dans la Rev. de Pbilologie
franc. XI 114.
Besencens.
Village et commune du district de la Veveyse.
En patois bdstâs^.
XII«« siècle Besencens, MDR XII Hautcrêt 34, 150.
1403 Besencens, ÂV, Grosse de Moudon, f^ 216.
1668 Besances, Carte Von der Weid.
1755 Bésançin, Perret, Catalogue.
La terminaison -entius, empruntée à Tonomastique romaine, a
été employée en Gaule dans l'onomastique germaine V. Longnon I
303.
— 305 —
Billens.
Village et commane du district de la Glane.
En patois ftalf.
XII"» siècle BiOens, Ld, p. 10, n» 25 (copie).
XII"« siècle Miens, Ld, p. 10, n*> 24.
1189 J. de Billens, MDR XXIX 125.
1227 N. de BiUens, CL, £<> 38^ MDR VI 181.
1228 BUleins, CL, Font. rer. Bern. II 90.
XIII»» siècle Bilensy Ld, p. 126, 127, n° 309 (copie).
1578 Billens, Carte Techtermann.
1668 BiUens, Carte Von der Weid.
Le nom d'homme parait avoir été BiHl-, formé de la racine
kid. V. Fôrstemann I (2*>* éd.) 301.
Bionnens.
Commune du district de la Glane.
En patois byun^.
1369 byanens, AF, Part-Dieu, L n<> 14.
1394 Bionens, MDR XXII 238.
1403 bionens, AV, Grosse de Moudon, ^ 266\
1403 byanens, AV, Balay, f» 1.
Parmi les biens de Tabbaye de Gorze portant des noms germa-
niques tels que Rodulfi viUa, vtUa Damincum, Uuarengisi viUa, se
trouve au X"^* siècle une « villa que vocatur Bionis curtis > (Cart. de
Tabbaye de Gorze, Mettensia II 171, 175 ; Mon. Germ. hist. Dlpl.
I 150). C'est là évidemment le même nom d'homme qui reparaît,
développé par -ing, dans le nom de la localité fribourgeoise.
Fôrstemann (I 2^» éd. 258) connaît les noms Beono Beonna
Beonnu.
— 306 —
Blessens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois bieà(,
1161 Blescens, MDR XII Hautcrêt 16.
XII»« siècle Blessens, Ld, p. 101, n^ 260.
1238 blesseins, CL, fo 135, MDR VI 660.
1578 Blessens, Carte Techtermann.
ss peut être résulté de Tassimilation d'une dentale à z finale,
thème fréquemment employé dans la formation des noms familiers^).
La racine du nom d'homme aurait été dans ce cas bled ou
blid. Nous ne pouvons alléguer ici Blidizo que Fôrstemann (I 2^*
éd. 313) range sous l'élément onomastique Blîd (avec i long). Cf.
Longnon I 294.
Bossens.
Groupe de maisons dans la commune de Romont.
En patois boè^.
1147-1157 Boscens, Ld, p. 48, n^ 124.
1244 Bossens, MDR VII 43.
Le nom d'homme semble être un nom hypocoristique formé
des racines baudi (Fôrstemann I 2'^'' éd. 249) ou bod (ibid. 319)
et de la finale -xr-.
Bossonnens.
Village et commune du district de la Veveyse.
En patois boèunç.
') V. Stark, Die Koseoamen der Grermanen, p. 305. Exemples tirés de
chartes de la Suisse romande : Yngezo, MDR XII Hautcrôt 146, Waldesa^
MDR VI 501.
— 307 —
1221 Bossonens, MDR XII Hautcrét 274.
XIII~« siècle bucenens, CL, £<> 85 r, MDR VI 377.
1263 bossonens, ÂF, Âttalens, n'' 128.
1291 bossonens, AF, AH, 11^ S. n*» 67.
1304 bossonens, AF, Valsainte F n^ 1.
1668 Bossonens, Carte Von der Weid.
Peut-être sommes-nous ici en présence d'un nom composé de
l'une des racines déjà mentionnées baudi bod et de son. (Fôrste-
mann I 1116). Cp. Engilson, Irmanson, etc.
Boitepens.
Village et commune du district de la Gruyère.
En patois boter^.
1227 Botterens, MDR XXII Gruyère 32.
1285 Botterens, Font. Coll. dipl. II 152.
1403 bothereyn, AV, Grosse de Moudon, f<> 233\
1403 bosthereyn (nom de famille), AV, Grosse de Moudon, ^ 231 .
1668 Boterens, Carte Von der Weid.
Le second élément du nom d'homme dont est formé Botterens
est sans aucun doute le mot hari si fréquent dans les noms germa-
niques. Reste à rendre compte du premier terme. Dans le vocable
Bothari, t intervocal ayant été conservé, doit provenir de tt origi-
naire ou d'un groupe de consonnes dont la dernière, t, se serait
assimilé la précédente.
Pour le premier cas on citera bien à propres le nom Botthari
dont un exemple, de Tan 694, est signalé chez Fôrstemann I, 2"^*
éd., 323 ; pour le second, il y a lieu de rappeler le nom Boctharius,
mentionné en 695 (Waltemath, p. 18).
Si c'est Botthari qui a produit Botterens, la forme qui a servi
de point de départ au nom roman, a subi Tassourdissement des
consonnes médiales avant de passer en bouche romane.
Le nom de famille que nous avons mentionné pour l'année
1403, bosthereyn, ne peut guère être pris en considération. Si le
8 du groupe st était étymologique, il y en aurait certainement trace
dans les mentions du XIII°^* siècle.
— 808 —
Bpemudens.
Hameau de la commune du Gr6t, district de la Veveyse.
En patois hr^ûd^.
1403 villa de Bremoudens, ÂV, Grosse de Moudon, ^ 193 v.
1403 bermoudens, ÂV, Grosse de MoudoD, ^ 194 v.
1555 BremudenSf ÂF, Impôt pour la Gruyère.
1567 BremudenSj ÂF, Rôle milit. du baill. de Rue.
1569 BremudenSy
1580 BremudenSy
1583 Bremudens,
1587 BremudenSf
1600 Bremudens,
1643 Bremudens,
1685 Bremudens f
1740 Bremudens,
1742 Bremudens,
Bremudens compte parmi les noms les plus intéressants de
cette classe. II renferme des renseignements historiques précieux
que nous essaierons plus loin de mettre à découvert.
Le nom du propriétaire germain se lit aisément dans les for-
mes intermédiaires du vocable. C'est Brimold, antérieurement
Brimwald. Brimo est mentionné chez Fôrstemann I (2"^* éd.) 332,
333, le nom Brimwald lui-môme dans le recueil de Heyne, AU-
niederdeutsche Eigennamen, p. 6.
Chamufens.
Groupe de maisons dans la commune de Marsens, district de
la Gruyère.
En patois isamûfç.
1554 Chamuffens, AF, Grosse de Riaz, f<» 3.
Nous dégageons de Chamufens le nom d'homme Camulf. Le
premier élément de ce nom parait dans Chamo, nom familier d'un
conventuel de l'abbaye d'Ebermtinster, Lib, Confrat. II 233 m.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois tsçn^.
1143 cheinens (plus, fois), AF, AH, Tir. I, n" 4 (original).
1214 E. de Ckinins, MDR XII Hautcrêt 52.
vers 1215 0. de Chmeins, Matlle n" 65.
1244 Cheineins, MDR XXII 51.
1285 Cheynens, Font. Coll. dipi, Il 152.
1301 Th. de Ciieynms, AF, Stadts. A n" 6 (Rec. dipl. II 9).
1340 Perr. de Cheinens, Font. rer. Bern. VI 518.
1350 Cheijnms, Font. Coll. dipl. V 30.
1403 chieniem, AV, Balay, f" 198.
1445 Cfimens, AF, Impôt de 1445.
1577 Zeinin, Carte Schepf.
1668 Chmens, Carte Von der Weid.
1781 Chennens, Carte Mallet.
1836 Chennens, Carte Labaatrou.
Ces deux dernières formes ne sont pas des graphies arbitraires.
Les deux n expriment la double nasalité qu'offre la forme patoise
actuelle.
Chénens a eu anciennement un nom allemand qui est com-
plètement tombé dans l'oubli. Nous le trouvons mentionné dans
un document de 1449-50 indiquant la délimitation de la seigneurie
de Fribourg : Geinigen, AF. Ane. Terres, Titres classés (copie) ;
l'original se trouve aux Archives impériales de Vienne ').
Rétablissant chein(eaa) 1143 dans sa forme latin-vulgaire,
nous obtenons le thème Corn-. Si le * de celui-ci est issu d'une
gutturale antérieure, nous sommes ramenés au nom germanique
Cagan->Cagin = Gain en latin vulgaire, que Forstemann (I 2*"
éd. 357) mentionne sous la forme Chagan à la racine Cag.
Coin- explique aussi bien le nom roman que le nom allemand
Oeinigen. Le passage de c à i^ dans Cainmgum>Geinigen est con-
') Comrauûication de M. l'archiviste d'Etat J. Schueuwly.
— 310 —
forme ao traitement que la gutturale subit dans les noms suivants
et autres semblables :
^ . / fr. Champagny
'^ \ ail Qiempenach
CapriUa l
fr. ChevriUes
ail. Giffers
n faut cependant observer que ces exemples sont d'origine
latine, tandis que le vocable Gain-, si réellement il doit 6tre rattaché
à CJagan-j est germanique.
Coitens*
Village et commune du district de la Sarine.
Un village vaudois du district de Cossonay porte le même nom.
Dans un acte de donation du XII°^« siècle (Ld. p. 32, n^' 79) il
est fait mention d'une localité CoUens suhtus Luciei,
1173-74 Cottens, Font. rer. Bern. I 452 n«» 56.
XII"« siècle Cotens, Ld, p. 12 n^ 31.
vers 1215 Cotens, Matile n<> 65.
1248 CoUens, Matile n» 132.
1287 Cotteins, Font. Coll. dipl. II 278.
1445 CoUin, AF, Impôt de 1445.
1668 Cottens, Carte Von der Weid.
1577 CoUingen, Carte Schepf.
1578 CotHngen, Carte Techtermann.
1638 CoUingen, Carte Plepp.
Le nom allemand CoUingen ou a été formé sur le nom roman
ou en a subi Tinfluence. Suivant le développement phonétique ré-
gulier il aurait dû devenir KiiUingen,
Le nom d'homme CoU- était assez répandu ; nous en rencon-
trons des exemples aussi bien dans les inscriptions latines que dans
les chartes d'origine germanique. V. CIL V 863, 7262, 7296, 7354;
Fôrstemann I (2<*« éd.) 375.
Mentionnons ici un nom de lieu dont Torigine est assurément
identique à celle de CoUens fribourgeois :
1179 allodium de Cotheingis, Trouillat, Monuments de l'an-
cien évéché de Bâle I 365.
— 311 —
Cuquepens*
Groupe de maisons dans la commune de Bulle.
En patois JcMyer^.
1277 Coquerens (plusieurs fois), MDR XXII 67.
1577 Coquirens, Carte Schepf.
1578 Coquenens, Carte Techtermann.
1638 Coquirens, Carte Plepp.
Les éléments donnés font penser à un nom germanique tel
que Cottwân. Nous avons déjà parlé de l'élément onomastique Cott;
quant au second terme, tcânj il a également été en usage chez les
Germains. V. Longnon I 371.
Dapdens*
Groupe de maisons dans la commune de Bulle.
En patois derd^.
Dardens peut correspondre au nom de lieu germanique Ta^ro-
dingin (T de D) mentionné chez Fôrstemann I (2^* éd.) 403.
Dpog^nens.
Groupes de maisons dans les communes de Sorens et de Siviriez.
En patois dran§.
1755 DroynenSf Perret, Catalogue 38.
Voici deux exemples du nom d'homme germanique Drogo, tirés
de chartes de notre pays même :
886ltrogo, MDR VI 276.
905 drogo, > 97.
Echaplens.
Village et commune du district de la Gruyère.
Eu patois tsçrlff ou tsàrlff.
— 312 —
851 escarlingus uilla, MDR VI 201.
1228 EschaUens, CL, Font rer. Bern. II 91.
XIII« siècle Escharleins, CL, f*> 46, MDR VI 211.
1285 Eschàllens, Font. rer. Bern. III 391.
1668 Echarlans, Carte Von der Weid.
1806 Echerlens, Dict. Etrennes 1806, p. 98.
Le nom parait en 851 avec la voyelle a inaltérée et VunilanU
ne se produit pas non plus dans la suite. Si à une époque assez
récente on a Ech^lens, ce passage de a à e est un phénomène pure-
ment roman.
La forme de 851 permet de reconnaître avec toute certitude
le nom Scaril qui était celui du premier possesseur germain de la
plaine fertile sise sur le bord de la Sarine.
Philipon (Rev. de Philologie franc. XI 119) a donné cette
même explication au nom vaudois Echallens, Les anciennes men-
tions qu'il cite se rapportent à Echarlens fribourgeois.
Ecublens.
Village et commune du district de la Glane ; village et com-
mune du district vaudois de Morges.
En patois ekiïbiÇ.
964 in villa ScuUlingis in fine Runingorum (Vaud), CL f'' 19,
MDR VI 94, 95.
1161 N. de Escoblens (Vaud) MDR XII Hautcrôt 18, et dans
le même acte : W. de Iscublens (Vaud), p. 19.
1228 Escuhlens (Vaud) MDR VI 12.
1403 Escublens, AV, Grosse de Moudon f« 109, 110\
1578 Escuhlens, Carte Techtermann.
1668 Escuhlens, Carte Von der Weid.
C'est le nom d'homme ScuUl qui, augmenté du suffixe -ing, a
donné Scubïlingum, latinisé scubUingis 964 ; de là Escuhlens et
finalement Ecuhlens.
Voici quelques exemples de ce nom :
— 313
Scuhilio, dans la Vita sancH Paterni (Je Venantius Fortunatus,
Mon. Gerni, hist. Auct. anliq"' IV 334,,, etc.; Scupilio, dans la
Vita sancH Germant de Venantius Fortunatus, Mon. Germ. hist.
Auct. antiq"' IV B 12ia ; SeopUia, Mon. Gerra. hist. Script, rer.
Merov. I 705io ; Scupilio ou Scopiîio, Mon. Genn. hist. Script, rer.
Merov. III 412, 424, 425 ; Scupilio, Le Bîant, Inscriptions chrét.
de la Gaule, 379, Kraus, Die christl. Inschriften der Rheinlande
83elll7e4;Sct2)i7fHS,Pol.Irm.VI 16. VIII20, S'<?Mpi7m, VI16,etc ;
Scubilo(mons), Urkundenbuch der Abtei St. Gailen II 194. Le thème
est assurément d'origine germanique ; ce dernier exemple prove-
nant d'un pays alaman et le nom de famille allemand moderne
Schûhel le prouvent.
Eciivillens.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois ekûvitfç.
1143 Scuuillens, AF, AH, Tir. I n° 4 (original).
XJI' siècle Escuuilens, Ld, passim (copie),
1228 Escuuillens, MDR VI 24.
1445 Escuvilliens, AF, Impôt de 1445.
1475 Escuvilliens, AF, Manual V f" 122~.
1578 Escuuillens, Carte Techtermann.
1668 Escuuilens, Carte Von der Weid.
Les éléments donnés dans smnilMens) nous ramènent à un
primitif Shubikil. Quelque étrange qu'un nom de cette composition
puisse paraître, il n'en a pas moins existé. Scubiculus Scuviculus
est le nom d'un saint personnage que les Acta SS. (d. Il" Octob.)
placent au IP ou I" siècle de l'ère chrétienne, sur terre gauloise.
On pourrait se défier de cette preuve. En voici une autre qui est
incontestable : Scubieulus, Pol, Irm. VI 46, VI 56.
Longnon (l 258) range ce nom dans ta liste des vocables chré-
tiens d'origine romaine, de même que Scopilius Scupilia que nous
avons mentionnés à propos du nom de lieu Ecublens. Cependant,
rien n'empêche de les attribuer à l'idiome germanique. Scub-
~ 814 —
est un élément ODomastique germain, nous l'avons vu ; quant a
-icul, il semble bien n'être autre chose que la forme latinisée du
suffixe germanique composé -ikil ; v. Wackernagel, chez Binding,
p. 367.
Eschiens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois etëy^.
1245 Eschiens, MDB XII Hautcrét 71.
1313 Eschiens (plus, fois) AF, Gremaud, Gart. de Promasens.
1330 Eschyens > > >
1403 esdiienSf AV, Grosse de Moudon, f^' 109, 114.
1668 Eschiens, Carte Von der Weid.
On peut, non sans vraisemblance, rapprocher de l'élément
onomastique de Eschiens le nom familier Scit- dont les Lib. Con-
frat. (III ISft, Reichenau) fournissent un exemple : Scito.
Il n'est guère besoin de rappeler que sc^ des mots d'origine
germanique a subi un autre traitement que sc^ d'origine latine, d et
t placés entre deux voyelles disparaissent.
Estavaniiens.
Village et commune du district de la Gruyère.
En patois eBavanç,
1278 Estavanens, MDR XXIII 632.
1494 Estavanens, MDR XXIII 133.
1578 Estauanens, Carte Techtermann.
1668 Estauanens, Carte Von der Weid.
Les éléments bien reconnaissables du nom d'homme renfermé
dans Estavannens sont Staha-n. Le groupe syncopé figuré par - a
probablement consisté en une dentale suivie d'une voyelle. Ainsi
le nom complet a pu être Stabatin- ou Stabadin-, peut-être aussi
Stàbanin.
— 315 —
m
Nous trouvons parmi les noms germaniques des anciens con-
ventuels de xMattsee celui de Stahadoni (Lib. Gonfrat. II 112t7)
qui a été employé, ce fait même en porte témoignage, par des Ger-
mains, bien qu'il n'ait aucune apparence d'appartenir à leur idiome.
Estévenens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois ehçvenç, dans la Gruyère e^çvdn^.
1403 esteuenens, AV, Balay, f« 293.
1666 Estevenens, AF, Fille-Dieu, Tir. IX n*> 22.
1668 Esteuenens, Carte Von der Weid.
Le nom de personne Esteven-, de Stephanus, se rencontre fré-
quemment dans les chartes de la Suisse romande. Estevena, MDR
VI 370 ; Estevenaz, AF, Grosse de Riaz 1554, f*» 7^ ; Estevenin, di-
minutif, Matile, fréq. ; esteuinet, autre diminutif, AF, Payerne n^ 23.
Feplens.
Groupe de maisons dans la commune de Massonnens, district
de la Glane ; village vaudois du district d'Oron.
En patois ferl^.
1146-1153 Fetlens, MDR XII Hautcrêt 140.
1226 G. de ferlens, MDR 538.
1367 fellens, AF, Part-Dieu H n» 10.
1367 Fellens, AF, Fille-Dieu H n^ 10.
1668 Ferlens, Carte Von der Weid.
Le nom d'homme à qui Ferlens doit son origine, parait être
Fer-l-, On peut rapprocher de celui-ci le mot germanique fâra que
M. Kôgel (Zeilschr. f. deutsches Alterthum XXXVII 217) dit avoir
eu en burgunde la forme fera. Il faut cependant remarquer que
l'opinion de M. Kôgel a été combattue par un autre germaniste,
M. Henning, dans la même revue, XXXVII 304. Nous verrons
— 316 —
do reste ailleurs que la voyelle caractéristique de la langue bor-
gunde est à et dod pas ê. Fareins, nom de lieu burgunde formé de
Far- (v. Philipon, dans la Rev. de Philologie franc. XI 115) a cer-
tainement eu comme voyelle primitive a.
Fer- pour far- se trouve dans des noms francs, Longnon I 306.
Fer-l- pourrait aussi représenter un développement par -U de
la racine onomastique ferhu signalée par Fôrsteroann, I 2^* éd. 503.
Un nom tel que Ferhil- aurait produit Ferhilingum qui en bouche
romaine serait devenu successivement Fercl^gu, Ferl^gu, Ferlms.
Fuyens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois fûyë.
XII« siècle Fuiens, Ld, p. 12 n» 32 (copie).
1248 fuiensj AF, AH, 11^ S., n» 59.
1360 J. iefuens, AF, Part-Dieu F no 9.
1668 Fuens, Carte Von der Weid.
L'onomastique germaine connaît l'élément Fug. C'est de cette
racine qu'a été formé le nom d'homme Fugilo qui nous est conservé
par l'inscription 292 du recueil de Kraus, Die christl, Inschriftm
der Bheinlande.
Gillapens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois dzBraië.
XIP siècle Gisrelens, MDR XII Hautcrêt 140.
1225 Gislarens, CL, f^ 35, MDR VI 160.
1227 Walcherus de Gislarens, CL, f» 38% MDR VI 181, Gil-
larens.
1273 Gillarens, MDR XII 200.
1380 Gillarens, AF, Fiefs nobles du pays de Vaud, n» 135»
f<> 8, 9\
— 317 —
1403 Oillarens, AV, Grosse de Moudon, P 126\
1578 Oillarens, Carte Techtermann.
1755 Oylerens, Perret, Catalogue 17.
Le Dom du Germain qui a eu eu partage les terres de Gillarens,
apparaît clairement dans la mention de 1225. Retranchons de
Oislarens le suffixe -ens ; l'élément qui reste n'est autre que le nom
germanique bien connu Oislar,
Oislar est une forme contractée de Oislaar qui, de son côté,
remonte à Oislahari. La forme originaire du nom en question est
GisOhari ; v. Fôrstemann I (2^« éd.) 647 et 653.
On sait que Oislàharius a été le nom d'un roi burgunde de la
première dynastie. Voici les variantes du même nom citées par
Wackernagel (chez Binding, 389) : gislaarium, gislarium, gischaha-
Wum, glisclarium.
Le vocable en question n'a pas été limité à la nation burgunde,
d'autres peuples germaniques, les Alamans et les Francs entre
autres, l'employaient également.
Comparer à Gillarens les noms de lieux germaniques ana-
logues CHsilheringen , Kisalheringun et autres semblables, chez
Fôrstemann II 582.
Il est digne de remarque que la métathèse r -l pour l-r que
présente la forme patoise actuelle, dzBraië, paratt déjà au XII""*
siècle, dans Qisrelens (v. ci-haut) pour CHslerens.
Gleitepens.
Village et commune du district de la Broyé.
En patois yeterç.
XIIP siècle lieterins, CL, fo 79, MDR VI 347.
1343 lieterens, AF, Grosse d'Estavayer n<» 123', f'» 21.
1343 licterens, > > > f« 31.
1343 lyetorens, > > > f® 6.
1343 gliderenSy > > > f® 15.
1356 lieterens, AF, Reg. notarial n« 9^ p. 27.
1400 lieterens, AV, Payerne, n« 382»
— 318 —
1403 gletterens, AV, Balay, f^ 15r.
1406 Lieterens, AF, Grosse de Montagny n<» 138, f^ 9V.
1422 glieterens, AF, Grosse d'Estavayer n** 124.
1463 lieterens, AF, > > nM16, f« 16*^16.
1520 glecterens (plus, fois), AF, Grosse d'Estavayer n« 105,
^ 17«oi4.
1539 Gletterens, AF, Rue, n<» 482.
1668 Gletterens, Carte Von der Weid.
1755 Lietterens, Perret, Catalogue 20.
Lieterens et ses variantes nous révèlent un nom d'homme com-
posé dont le second terme était indubitablement hari. Quant à
l'élément initial, on le cherchera le plus naturellement dans le mot
leuht, en v. h. allemand lioht, dont une variante dialectale est liahi.
Mentionnons ici 'les noms Liahto et X/aA^grnm (Heyne, Altnîeder-
deutsche Eigennamen, p. 18) et LeahtoU, nom d'un conventuel
d'Ottobeuren (Lib. Confrat. II 419i4), que Fôrstemann range sous
cette même racine ^).
De l'union des deux termes liaht et hari résulte le nom solen-
nel Liahthari qui, développé à l'aide du suffixe ing^ a pu donner
naissance à la désignation de lieu Liahtharingu(m), d'où lieterens.
Comparer lioht- > liet- à theod- > tié-, et à leud- > li- et lieU,
Longnon I 365 et 347.
Dans les formes historiques que nous avons citées, un détail
mérite d'être relevé. Ce sont les moyens graphiques auxquels ont
recours les scribes pour rendre le l mouillé. Dans les plus ancien-
nes mentions on se contente d'écrire li et hj. Cette graphie se
maintient jusque dans la seconde moitié du XV^ siècle. A côté
d'elle parait la notation gl, en 1343 pour la première fois, puis en
1403 et en 1422. Au XVI« siècle gl se substitue à li et parvient
dans la suite à supplanter l'ancienne notation.
Un fait analogue s'est produit dans le nom de famille romand
Liardon. Une branche de la famille vaudoise portant ce nom, ori-
ginaire de Vevey, qui est allée s'établir à Lausanne, y porte à pré-
*) 11 convient de rappeler qu'à côté de Icuht existait aussi la racine
lihta employée également dans la formation de noms de personnes; v.
Fôrstemann 1 2^^ éd. 1056.
— 319 —
sent le nom Glardon, tandis que la branche restée dans le pays
d'origine continue à s'appeler Liardon ^).
On peut encore comparer, pour la graphie, au nom de la
commune broyarde le nom de lieu Glareins, plus anciennement
Lieransj Liareins, Lyarens^ v. Philipon, dans la Rev. de Philologie
franc. XI 116.
Guin.
Village et commune du district de la Singine.
En patois dy?.
Nom allemand DUdingen.
XII"»« Siècle Doens Duens, Ld, passim.
XIII»« siècle Duens, MDR VI 24.
Forme patoise actuelle dy^=Dyens.
La forme que nous venons de donner au nom selon sa valeur
phonique actuelle, a été remplacée dans l'usage par une graphie
bien moins correcte, Cruin *). L'origine de celle-ci s'explique fa-
cilement. Le français n'ayant pas de signe graphique correspon-
dant au son dy^ on a rendu ou plutôt remplacé ce dernier par
la consonne qui s'en rapprochait le plus, c'est-à-dire par g^ écrit gu
à cause de l't suivant. Quant à -in, le son que cette terminaison
exprime, est précisément celui que le populaire donne à -ens.
Mentions du nom allemand :
1258 Cûnradus de Tiudingen, Font. rer. Bern. II 468 n» 445.
1287 Tûdingen, Fout. Coll. dipl. II 276.
1301 Rod. de tûdingen, k¥, Stadts. A n^ 6, Rec. dipl. II 8.
1461 ThUdingen, Font. Coll. dipl. XV 116.
1555 ThUdingen, AF, Impôt pour la Gruyère.
1578 Tûdingen, Carte Techtermann.
1668 Didingen, Carte Von der Weid.
1755 Didingen, Perret, Catalogue 5.
') Communication de M. l'archiviste d'Etat A. de Crousaz.
*) Nous trouvons en 1755 dans le catalogue du Père Perret (p. 5) la
notation Gaing^ corrigée en Guiu par une main contemporaine.
— 820 —
Duens (dy?, Guin) et DUdingen sont de même origine. L'un et
l'autre ont* pour base le nom d*boinme germanique bien connu
Dod- dont on rencontre aussi la variante Dud!-.
De Dodingum on a d'une part, en roman, Dodçngu ou Du-
denguj puis par la chute de la dentale intervocale, Du^ et Doçwg^
d'oii Duens et Doens et la forme patoise actuelle dyf, rendu en
français par la graphie Chtin ;
de l'autre :
en allemand, Dudingun qui, en passant par Tâdingen, aboutit à la
forme moderne DUdingen,
Sur l'origine du nom Dodo Dudo, très répandu parmi les peu-
ples germaniques, voyez Stark, Die Kosenamen der Germanen
285-288 et H. d'Arbois de Jubainville *90 *d\. Le même nom est
cité aussi par Goldast dans la liste des noms employés in Aleman-
nia Ouriensi et Burgundionensiy Alam. rer. Script. II 114.
Gumefens.
Village et commune du district de la Gruyère.
En patois giimf^.
1299 U. de Gugmufens, AF, Humilimont, Varia n« 3 (Cart. 45).
1301 P. de Gumofens, AF, Stadts. A n° 6 (Rec. dipl. II 8).
1307 Gumufens, AF, Humilimont C n«» 129 (Cart. 10).
1317 Gumofens, AF, > L n^ 14 (Cart. 23).
1319 U. de Gomofens, Font. Coll. dipl. III 233.
1403 gumufens, gomofens, AV, Balay, f® 4.
1403 gomojfens, > > f^ 4, 4\ 7\
1479 Gumufens, Font. Coll. dipl. XVI 123.
1577 Gumifens^ Carte Schepf.
1578 Gumuffens, Carte Techtermann.
1638 Gumifens^ Carte Plepp.
1665 Gumuffens^ Strambino, Constitut. synod. 172.
XVIIP siècle Gumuffens, Carte Seutter.
1755 GumefenSy Perret, Catalogue 44.
1807 Gumufens, Dict. Etrennes 1807 p. 99.
— 321 —
Od reconnatt sans peine dans les anciennes formes Gutnufens
Oumuffens le nom d'homme Gumulf composé des deux termes
onomastiques guma et wulf. Nous rencontrons un exemple de ce
vocable, revêtant la forme Gomolf, dans le recueil de Fôrstemann
I 2*** éd. 693.
Hennens*
Village et commune du district de la Glane.
En patois ênf.
1403 henens, AV, Grosse de Moudon, f« 266\
1432 ennens, AF, Grosse de Farvagny n^ 107, f» 406^.
1475 henyn, AF, Grosse de Romont.
1578 EnenSf Carte Techtermann.
1631 EnenSy AF, Rathserkanntnussbuch n*» 27, î^ 13.
1653 Ennens, Dellion, Dict. II 152.
1665 Ennens, Strambino, Gonstit. synod. 170.
1668 Henens, Carte Von der Weid.
1755 Innens, Perret, Catalogue 16.
La double nasalité, exprimée par n et la nasalisation de la
voyelle précédente, fait supposer pour la forme primitive un n
simple intervocal. Le nom d*homme a donc dû être Hin- ou In-
qui tous les deux sont mentionnés comme éléments onomastiques
dans le recueil de Fôrstemann, I 2^* éd. 844, 779.
lUens.
Château seigneurial et commune, district de la Sarine. Il y
avait aussi un château i'Ilîens près d'Oron, sur territoire fribour-
geois.
En patois erlÇ,
Nom allemand Blingen,
1157 T. de Miens, MDR XII Hautcrêt 15.
1179 Itlens, Ld, p. 87 n« 218.
— 322 —
1181 W. de Miens, MDR XXII 23.
1190-1200 Ytlens, Ld, p. 108 n« 269.
XII»* siècle lUens, Ld, p. 42 n« 109.
1251 Hylleins, Font. rer. Bern. II 340 n« 315.
1324-(25) yllens, AF, Rue n« 20.
1350 Yllans, MDR XXII 146.
1395 Yllans, > > 241.
1475 Chastel dirllain, AF, Manual V, f° 12r.
1475 grange dirlens, > > f° 122^
1668 iKciw, Carte Von der Weid.
Nom allemand :
1397 YUingen, MDR XXII 261.
1477 lUingen, Font. Coll. dipl. XVI 55.
1578 lllingen, Carte Techtermann.
On est d'abord surpris de trouver a^i XII°^* siècle le groupe
tl dont la dentale aurait su résister si longtemps à rassimilation-
Mais quand on considère qu'il s'agit ici d*un vocable apporté par
les Germains et que dans un nom de même provenance, scubilingis
(Ecublens), la voyelle contre-finale s'est maintenue (entre h et l)
jusqu'en 964, on admettra que Mens peut très bien représenter,
encore après le X""® siècle, l'étape intermédiaire entre Itlingum et
Ulens,
Il est vrai que nous avons emprunté les deux formes présen-
tant la dentale non assimilée à la liquide au Livre des anciennes
donations de Hauterive dont nous n'avons sous la main que des
copies ; mais cela ne signifie nullement qu'elles ne soient pas au-
thentiques. Billens présente le môme groupe tl dans deux ancien-
nes formes dont Tune est tirée du même document, l'autre d'une
charte originale de l'abbaye de Hauterive (v. ce nom).
Dans Mens il faut évidemment reconnaître le nom d'homme
mu, qui peut résulter, par durcissement de la dentale, de la ra-
cine germanique M- ou être un développement germanique de
l'élément onomastique latin i^.
— 323 —
Jopessant.
Village de la commune de Vuilly-le-Haut, district du Lac.
En patois dmrdsç ou dzors^.
1350 Jeressens, Matile n° 530.
1350 Jeressans, Matile n'' 530 (même acte).
1373 Juriscens, Matile n^ 706 (plus. fois).
1378 Juriscein, Matile n° 759.
1378 Jurisce, Matile n<> 762.
1445 ffirissens, (plus, fois), AV, Grosse du Vuilly, f<> 17*»6.
1445 gerissens, > > » Repert.
] 558 JorenSf ÂF, Morat, Rôle des feux.
1577 Juressens, Carte Schepf.
1668 Jorussansj Carte Von der Weid.
1781 Jorissens, Carte Mallet.
Lieffpens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois yefrç.
XII*"* siècle Uiuianus de LeufrenSj MDR XII Hautcrét 161.
1247 Lifreins, MDR XII Hautcrét 76.
Euerart de Leifres, MDR XII Hautcrét 154.
1304 liefrens, AF, Valsainte F n* 1.
1403 lieffrens, AV, Grosse de Moudon, f«> 109.
1403 Lyeffrens, > > f« 153.
1755 Lainfrin, corrigé en Leiferens par une main contempo-
raine. Perret, Catalogue 36
Nous rencontrons dans le Cartulaire de Lausanne, f^ 59, MDR
VI 251 et 653 un vocable germanique sous les formes romanes
liefroit et Uefredus dans lesquelles on reconnaît aisément le nom
Leudfridy d'un usage fréquent chez les Germains. Le premier
terme de ce nom, leud- (v. leudi chez Forstemann I 2^* éd. 1030)|
— 324 —
est en effet représenté aujourd'hui en français par 7t- lé- liet-^ etc.
Longnon I 347). Comparer les noms suivants tirés de documents
de notre pays : Litburga MDK I 162, Littardus MDR I 170, Lie-
todus MDR I 180 (XII'"^' siècle), theod- se réduit également, en
français, à tié ou à ti- (Longnon I 365).
Rapprochons Liefred de Liefrens. La ressemblance est frap-
pante. La forme originaire de Liefred, Leudfrid, développée à
l'aide du suffixe germanique -ing, produit le wocMq Leudfridingum.
L'assimilation du (2 au /* et la chute du d placé entre deux voyelles
ont dû réduire Leudfridingum à Leuffringu=Liuffrengu qui aboutit
régulièrement à Lieffrens.
Notons encore, à propos du nom Liefroit, un fait qui intéresse
l'histoire linguistique de la Suisse romande.
Le terme onomastique frid, en latin vulg. frçd, réparait dans
la première moitié du XIII* siècle dans notre dialecte franco-pro-
vençal sous les formes suivantes :
'freduSy forme latinisée; Siefredus, MDR VI 84, Syfredus,
MDR VI 643, liefredus, MDR VI 653.
'freih, Ermenfreih, MDR VI 374.
'frey, Ermenfrey, > 363.
-frCf hermefre, > 353.
'fred, 'fre, hermenfred hermenfre, MDR VI 360.
-froit, liefroit, MDR VI 251.
-/rot, Ermenfroi, > 350.
'frojj ermenfroj, > 351.
La seconde de ces deux séries représente le développement
français de c, tandis que la première donne le son du dialecte indi-
gène. La diphtongue -ot venant se placer ici à côté de la forme -ei,
propre à l'ancien dialecte de notre pays, prouve qu'au XIII™*
siècle déjà la langue littéraire (la langue d'oil) commençait à
pénétrer dans la Suisse romande.
Louptens.
Village et commune du district du Lac.
Nom allemand Lurtigen.
— 326 —
1558 Lurtingen, AF, Morat, Rôle des feui.
1620 Lurtens, AF, Grosse de Morat n" 20, f° 604.
16.68 Lurtingen, Carte Voo der Weid.
Lovens.
Yittage et commune du district de la Sarine.
En patois Içvi^,
Xll"= siècle Ijmens, Ld, p. 55 u" 144.
1229 loaens, AF. AH, Tir, VII ti- 3.
1254 Loveins, Font. rer. Bern, II 386 n" 361.
1320 Imens, kV, Grosse de Montagny n" 141 f" 15, 23'.
1403 Imens, AV, Balay i" IbW
1678 Louens, Carte Techtermann.
1755 Lauvain, Perret, Catalogue 17.
Loba est une racine onomastique sous laquelle Furstemann
{I 2*' éd. 1061) mentionne les noms Lopus, Lobo, Loba et quelques
composés. Un exemple du nom Lobo nous est fourni aussi par un
acte de 832 de l'abbaye de Savigny (Cart. n" 18). Il y a Heu de
rappeler ici également l'élément onomastique Laub; v. Fijrstemann
I 2'^'éd. 1014.
Comparer à Lovens Tribourgeois le nom franc-comtois Lou-
hans, en 676 viîla Lovimjo; v. l'étude de Philipon, dans la Rev. de
Philologie franc. XI 122.
Macconnens.
Village et commune du dsîtrict de la Glâue.
En patois mahun^.
1320 Masconens, AF, Grosse de Montagny n° 141, f" 17".
Masconnens, Euenliti, Dict.
1336 (copie du XVI"' s.) Macconens, AF, Romont n" 5.
Antoine de Gruyère, dont la femme était dame de Macconnens,
326
est dit seigneur de Vascognin dans une lettre du comte Michel,
y. Hisely, Hist. du comté de Gruyère II 344. MDR XXI
Nous somuieB i^videmment ici en présence de l'élément ono-
mastique Masc qui paraft avoir été assez rare ; le polyptique de
l'abbaye de Sl-Germain-des-Prés n'en fournit qu'un exemple ; v,
LongnOQ I 351.
Mag;-nedens.
1° Village et commune du district de la Sarine.
2" Groupe de maisons dans la commune de Villarimboud,
district de la Glane.
En patois maitdç.
XII"' siècle Manoldms, Ld, p. 31 n" 75.
XIII»' siècle Mannidens, Ld, p. 123 n» 300.
1229 manudens (plus, fois), AF, Commanderie n" 1.
1229 Magnoudeins, AF, Commanderie D" 2.
1263 Magnuidena (plus, fois), AF, Commanderie U 123.1
1281 Magnwdens, Font. Coll. dipl. II 391,
1319 Magnudms, > . III 235.
1555 Magnudms, AF, Impôt pour la Gruyère.
1567 Manudins, AF, Rôle milit. du baillage d'IUons.
1578 Manudens, Carte Techterœann.
1638 Manudetis, Carte Plepp.
1645 JUagniendens, AF, Rôle milit. du baillage d'IUena. '
1727 Magnudens, AF, » . » '
1755 Magnedens, Perret, Catalogue 73.
1769 Magnedms, AF, Corresp. du bailli d'Illens, 22 juillet 1767.
1785 Magnedens, » » » l"juin 1786.
1787 Magnedens, • » > 10 déc. 1787.
M^Z Magnedens, i> » u 9 janvier 1793.
Les anciennes formes de Magnedens ne sauraient être pins
claires. On y lit avec toute certitude le vocable nianold qui n'est
autre que le nom d'homme germain Maginold placé en bouche
romane.
~ 327 —
CTiTa^ît que ce nom est formé des deux ëlémeots magan et
wald. Maginold, MagenoM, Mei/inold, etc. (Fôrslemann I 2''" éd.
1080) sont des transformations germaniques de Maganwald.
Le fait que dans noire nom de lieu Maganwald a passé en
langue romane non pas sous sa forme primitive, mais sons celle de
Jlfajrinolc^, produite par une transformation toute germanique, est
propre à fournir un renseignement historique qu'on chercherait
vainement ailleurs. Nous reviendrons ailleurs sur ce point.
Manncns.
Village et commune du district de la Broyé.
En patois wiowf .
1228 Mannens. Font. rer. Bern. II 83 n" 72.
1320 Magnens, AF. Grosse de Montagny n" 141 f<* H, 14".
1578 Mancns, Carte Techtermann.
1668 Manens, Carte Von der Weid.
La base de Mannens parait avoir été le nom d'homme ger-
manique ^ann- dont les exemples ne sont pas rares; v. Forste-
mann I 2^" éd. 1090, Waltemath 31. Il était aussi en usage chez les
Burgundes, v. WackerDagel. Sprachdeokmaler (Binding 394). Cf.
LongDOn I 350.
Dans les inscriptions latines on rencontre un nom de même
nature : Mannius, CIL V SllOijB, 7346, 7347.
Marsens.
Village et commune du district de la Gruyère.
En patois mai?.
851 curtis marsingus, CL. f" 43, MDR VI 202.
929 in curte marsingis, Indictiteur d'histoire suisse 1901, p.
418 (M. Ch. Morel).
1578 IHarsens, Carte Techtermann.
l Marcens, Carte Vou der Weid.
— 328 —
L'ëlëment onomastiqae Mars- (Xarsus, Ephem. epigr. Y 835)
était aussi en osage chez les Germains. On sait qae Marri a été le
nom d'une peuplade de l'ancienne Germanie. Marso^ Loogoon I
258, Forstemann I 2^^ éd. 1098.
Massonnens.
Village et commune du district de la Glftne.
En patois maiunê. Dans la Gruyère mai^n?.
in mansaningiSf Indicateur éT histoire suisse 1901, p. 419 (M.
Ch. Morel).
1177 Massenens, MDR XII Montheron 31.
XII">* siècle Massenens, Ld, p. 115 n<» 260 et passim.
1226 Massenens, MDR XXII 31.
1344 Uldricus dictus Massunens, AF, Stadts. A n<» 29.
1471 massonens, AF, Grosse de Pont-Farvagny n<* 103 f» 81.
1668 Massonens, Carte Von der Weid.
Maudens.
Groupe de maisons dans la commune de Châtel-St-Denis.
En patois mod^,
1309 maudens et modens promiscuèi AF^ Grosse de Ghfttel-
St-Denîs n^ 60, 1" partie, f^ 2, 6, 7 ; 4% 6, 7, etc.
1367 maudens (forme constante), AF, Grosse de Chfttel-St-
^ Denis n^ 60, 2'** partie, f^ 35 suiv.
1668 Maudens, Carte Von der Weid.
Le Germain qui a donné son nom à notre terre châteloise,
s'appelait Mald-,
Le recueil de Forstemann énumère une série de noms com-
posés dont le premier terme est la racine qui a fourni le nom en
question (namenbuch I 2^® éd. 1085).
Village et commune du district de la Broyé.
En patois mor?.
XII"' au XIII"' siècle Moyens, Ld, p. 118 d° 290.
1228 Moreiiis, Font. rer. Bero. II 89.
1285 Morens, » » III 391.
1463 morens, AF, Grosse d'Estavayer n" 116, f» 208.
1578 Morens, Carte Techtermann.
1665 Morin, Strambino, Constit, syood. 168.
1668 Morens, Carte Von der Weid.
l'urstemann (I 924) range les noms Maurus Moro, etc., fré-
quemment employés par les Germains, sous la racine Maur- dans
laquelle Loognon (I 351) reconnaît le nom romain Maurus.
Morlens.
Village et commune du district de la Glàne.
En patois morif.
996 uilla que dicitur morlingis, Hist. Patr. Mon. Chart II 57.
nu Morlens, MDR III.
1278 Maliens, MDR XII Hautcrêt 292.
1285 Maliens, Font, rer, Bero. III 389.
1578 Morlens, Carte Techteruiann.
1668 Morllens, Carte Von der Weid.
C'est encore de la racine onomastique Maur-, mentionnée à
propos de Morens, qu'est sorti le nom Mattril-, base du nom de lieu
qui nous occupe.
Le développement de Maur- en Mauril- peut être dû aussi
bien à l'onomastique romaine qu'à l'onomastique germanique. En
latin .Maur produit Matirilius ; empruntée par les Germains, la
même racine donne naissance au nom familier Maurilo Morilo.
Maurilio CIL XII 1207 ; Haurilio (évêque de Cahors) Grég.
de Tours, Mon. Germ. hist. Script, rer, Merov. I 233ii ; Mortlo
Lib. Contrat. II 161,^.
Cp. Morîange (en Savoie), Marteau:i, Berne savoisienne 1900,
p. 115.
Onnens.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois unf.
1139 Unens, Ld, p. 13 n" 33.
1228 Uneins, Font. rer. Bern. II 89.
1229 unens, AF, AU, Tir. VII n° 3.
1578 Onens, Carte Techteimann,
1668 Onens, Carte Von der Weid.
Nom allemand :
1755 Onningen, Perret, Catalogue 5.
Nous pouvons rapprocher de ce nom de lieu les noms d'homme
Oni, Ono, Onniu que Forstemann place soua la racine Aun, et
Uno qui parait avoir été en usage chez les Burgundes, v. Wacker-
nagel, chez Binding 371.
La forme allemande du nom devrait être Venningen, Vo devant
ici subir la loi de Vumîaut.
Orsonnens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois oSunê Dans la Gruyère oi»»?.
1U3 Orsmens, Mém. de Frib. 1855 p. 219.
1166 Orsenens, MDR XII Hautcrêt 29, 31.
1178 Orsenens. Ld, p. 20 n" 49.
1180 W. de orseneins, MDR VI 115.
II84 Orsenens, Hidber, Dipl. Helv. var. 74 n° 61.
— 881 —
XIII"' siècle orsenens, CL î" 93.
1380 ôrsenens, AF, Fiefs nobles du pays deVaud n" 135, f" 20.
1577 Orsonens, Carte Schepf.
1668 Orsonens. Carte Von der Weid.
Les plus ancieDaes formes de ce nom de lieu ayant à la se-
conde syllabe e à la place de o, il semble que le nom du proprié-
taire germain a été Orsin-. Ce vocable peut représenter le nom
latin Ursinus ou résulter d'une composition germanique dont le
premier terme aurait été l'élément Urs- emprunté à l'onomastique
romaine (y. Longnon I 368).
Ppo§fens.
Village et commune du district de la Veveyse.
En patois prudef.
1324 progin, AF, Rue n» 20.
1403 villa deprcgin, AV, Grosse de Moudon î° 280.
1505 Progms, AF, Grosse de Rue n" 85 f" 548.
1512 Frogin, « > n" 82 f" 9^017.
1555 IVougens, AF, Impôt pour la Gruyère.
1668 B-ogin, Carte Von der Weid.
1808 Progins, Dicl. Etrennes 1808 p. 104.
La terminaison de ce vocable correspond bien à -ingutn, mais
le nom lui-même n'a pas une apparence germanique.
Proinasens.
Village et commune du district de la Glane.
En patois promaèç, plus rarement prumaif.
XII" siècle Protnesens (plus, fois), MDR XII Hautcrét 149.
XII" siècle Promaisens, > > 151.
1218 Pi-omasens, > > 56.
332
1224 promasens, ÂF, IlleiiB n» 84,
1228 Promaisens, Font, rer, Bero. II 90.
1251 Partnesens, Gremaud, Cart, de Promasens, année
1403 pormasens, ÀV, Grosse de Moudon, f° 109,
1403 I^rmasens pormassens, AF, Gr. de Moudon, f" 119 sniv,
1403 promasens, > » i" 123'.
1668 Promasens, Carte Von der Weid.
1765 Promagéns, Perret, Catalogue 17.
1808 I^'omagens, Dict. Etrennes ]>. 104.
Nous avons deux preuves de l'existence du nom Promas dont
la proveuance nous est d'ailleurs inconnue : 1) Au milieu des noms
presque esclusivement germaniques des membres de l'antique cou-
vent de S. Modeste, à Bénévent, nous trouvons celui de l'romas, Lib.
Confrat. 11 329it; 2) Promasius est le nom d'un saint personnage
mentionné dans les Petits Bollaodistes XVII 520.
Il parait que le a contre-final de I^omasens a passé d'abord à e
pour reprendre déjà à la fin du XII* siècle sa valeur primitive.
Nous sommes loin de partager l'opinion de ceux qui identifient
J^omasens avec le nom de l'ancien vicus helvète Bromaijus. Nous
ne contestons nullement la possibilité que le bourg helvéto-romain
36 EOit trouvé en ce lieu, ni la valeur des arguments archéologiques
qu'on peut alléguer en faveur de cette opinion, mais nous croyons
pouvoir affirmer qu'un argument basé sur la ressemblance des deux
noms, Sromatfus et Promasens, est dépourvu de valeur.
I
Remaufens.
Village et commune du district de la Veveyse.
En patois ramçf?.
XIIP siècle romulfens, CL, f 85, MDR VI 377.
1309 remoufens, AF, Grosse de Chitel-St-Denis n» i
partie, f" 7", 9", lô"-.
1309 remofms, ibid. ^ 1, 3, etc.
1367 Renioufens, AF, Grosse de Châtel-St-Denis n" 60, 2^ |
partie, f" 42 et passim. Cette forme domine près
exclusivement dans la 2''" partie du document.
ISeTMemufms, ibid. P 35', 45.
1367 Bemuff'ens, ibid. f" 45", 47, 47' ; iBaia encore à la même
1367 rentoufens.
1429 Remoufetis, AF, Humilimont V n" 141 (Cart. 33).
1462 TU. de Remouff'ens, Font. Coll. dipl. SV 134.
1578 Semuff'ens, Carte Techtermann.
1584 Rtmdmouff'ms, AF, Grosse de Châtel-St-DeDÎs n" 37, f" 1.
1665 Eemaufens, Straïubino, Constit. Bynod. 181.
1668 Rmuffens, Carte Von der Wjeid.
1755 Itemaufens, Perret, Catalogue 19.
1808 Bétnaufens, Ditt. Etrmnes 1808 p. 104,
Nous fîseroDS séparément, pour les réunir ensuite, les deux
termes du nom d'homme dont est formé Remaufens.
Le premier est fitcileinent reconnaissable dans la mentiou du
XII" siècle. C'est le mot Bom, le même évidemment que krom si-
gnalé par FÔLstemaon comme racine onomastique (1 2*'' éd. 883/
Quant au second terme, il convient de le dégager de la forme
qui parait le plus fréquemment et le plus régulièrement et à côté
de laquelle les formes isolées doivent être considérées comme des
variantes d'ordre graphique. Cette forme régulière est incontesta-
blement -om/". terme qui nous ramène à -aï/" primitif, ou étant dans
uotre ancien dialecte le produit régulier de aP""". Foreteraann con-
sidère le terme -aïf^ comme douteux, tout eu signalant les noms
Vestralp, Olfalf, Hunalf, Adalalf il, 2'" éd., 64).
En réunissant les deux termes que nous venons de voir, nous
arrivons à Ronialf, nom qui parait avoir été peu employé. Com-
parer Romulfns, Longnon I 2C1.
On peut comparer à Remaufms un autre nom local suisse qui
semble également présenter -alf comme second terme de nom
d'homme, bien que les graphies ne soient pas identiques. Voici
quelques mentions historiques de ce nom :
XIll" siècle castrum de Willaufens, CL, f 120, MDR VI 580.
1250 Wilîaufeins, MDR Vil 48.
1330 Willafans. Matile n° 383.
1343 WuiUaff'ens lo viez, Matile n" 465.
Village paroissial du district de Payerne, canton de Vaad.
En patois raSiid^.
Cette localité est mentionnée, à l'année 923, dans les Annales
Flaviniacenses et Lausoncnses (Mon. Gerra. hist. Script llï 152) :
Hoc anno captus est Boso in villa Ramsoldingis. Au Xni° siècle,
Conon d'Estavayer rapporte ce même fait deux fois, la première
dans la chronique ("jiMnaies L«MSa«c«sesJ; Boso episcopus Lausa-
nensis fuit comprehcnsus in villa Resoldengis anno domini 932°; la
seconde dans la chronique des évéques (Gesta episcoporum Laus.) :
Fuit autem (se. Boso) comprehensus in villa Ransoifflngis anno ab
incamatione 91S°.
On a dit que la chronique de Conon parait s'appuyer sur les
Annaies Flav. et Laus. Eu effet, les deux formes Ransoldingis et
Eesoldengis sont évidemment calquées sur le Ramsoldingis des An-
nales. Cependant, la prononciation contemporaine est déj& parvenue
ici à s'imposer en partie à l'écrivain du XIII" siècle. Le fait saute au
yeux quand on rapproche de Resoldcngis (pour Ramsoldingis) la
forme qu'a le nom du village hroyard pn 1228, Ressudeins (Pouillé
du diocèse de Lausanne, MDR VI 14).
Autres mentions :
1184 Ressoudens, Hidber, Dipl. Hetv. varia n" 63.
1184 Resodetis, » » > n" 64.
1215 Rasoldens, CL, f" 75, MDR VI 325.
XIII" siècle in tine Resoiaengis, CL, f" 79, MDR VI 346.
XIII' siècle in curie Resoldïngis. CL, f" 79, MDR VI 347.
XIII' siècle resoldens, CL, f" 79, MDR VI 347.
1260 ressudens, AV, Payerne n" 12.
1291 Rassoudens, Font. rer. Bern. III 512 et 513 n" 522.
1400 ressudens. AV, Payerne n" 382.
1578 Resudens. Carte Techtermann.
Rapportant un fait qu'on place entre les années 1080 et 1089,
le Cartutaire de Lausanne écrit :
curia de Resuîdens, Font. rer. Bern. I 344 n' 127.
I
~ 935 —
Le nom du Germain qui est wenu s'établir dans cette belle
contrée broyarde, est Eamsold. Ce nom se lit d'une façon directe
et sûre dans la mention que nous avons signalée en premier lieu,
Ramsoldingis.
La racine onomastique formant le premier terme de Ramsoîd
reparaît dans d'autres composés, ainsi, par exemple, dans le nom
Ramsolf, mentionné dans le recueil de Fiirstemann 1 1030. Le se-
cond terme, -old, est une altération germanique bien connue de
l'élément onomastique -wald.
Par la présence de l'élément -wald. le nom de lieu Eessudetis
est apparenté à Brenmdens et à Magnedens et présente le môme
intérêt historique que ceux-ci.
Rierin.
Petite localité de la commune de Lussj.
1147-1157 Bierens, Ld, p. 45, n" 117.
1163-liyO EiermSf Ld, p. 49, n" 125,
1215 Rierms, Ld, p. 117, n" 289.
Village et commune du district de la Gruyère.
£d patois rsmanê.
1380 romanetts, AF, Fiefs nobles du pays de Vaud n" 135, f°34\
1 403..; fiffwonens, AV, Balay, î" 213.
On serait tenté de voir dans Romanens le nom latin Romanus.
Mais il est bien plus probable que nous avons devant nous le nom
germanique Rodnmn. Celui-ci est représenté dans le recueil de
Fôrstemaon 1 2'i''éd. 91 1 par les formes Hrodinan Rodoman Ruodman
Rotman, etc. Les Lib. Cmifrat. en donnent également une série
d'exemples de provenance diverse :
Forme primitive supposée : Rodnian-ingwn,
— 8S6 —
Rossens.
Village et commaDe du district fribourgeois de la Sarine.
> > > vaudois de Payerne.
Ed patois raS^.
XII* siècle BossenSf Ld, p. 19 u^ 45.
1474 Bossens, Font. Coll. dipl. XV 377.
1668 Bassin, Carte Von der Weid.
Ce nom de lieu semble bien être formé d*un nom hypocoris-
tique dérivé de la racine rod (hrod). Longnon (I 272) mentionne
BocUfo Boeeo Boteo qui tous sont propres à expliquer Bossens.
Sansonnens.
Nom de famille fribourgeois.
Clos à Sansonnens, maison isolée dans la commune de Franex.
Saucens.
Groupe de maisons dans la commune de Bulle.
En patois àuB^.
Villa socxingus id est soucens, CL, î^ V ^).
1145-49 Salcens, Mém. de Frib. 1855, p. 239.
1258 Ulricus de Souceng, ÂF, AH, L n^ 5. (Gremaud a lu
Soucens,)
1426-27 Aymonet de SaucenSy Rec. dipl. VII 206.
On peut rapprocher de ce nom de lieu les noms hypocoris-
tiques Salacho Salecho SalUcho Salocho Salucho Salcho (Lib. Con-
frat.), Sdleco, MDR VI 130, 131.
^) Ce passage a été rendu d'une façon incorrecte par Téditeur du docu-
ment : mlla Sotringes (id est Soutens), MDR VI 5.
Village et commune du district de la Gruyère.
En patois Sorç.
XII" siècle Sorens. AF, Arch. du Collège, Humilimont Tir. A n" 1 ,
XII" au XIII' siècle Sorens, Ld, p. 135, n" 320.
1229 Sorens, AF, Commanderie n" 1,
1255 Soretis. AF, Hiimilimont G n" 5.
1373 Sorens, Font. Coll. dipl. VI 24.
1479 Sorens, » > » XVI 123.
1578 Sorens, Carte Techtermann.
1668 Sorens, Carte von der Weid.
Forstemaun (I 2'''' ëd, 1301) relève du polyptique de l'abbaye
de S. Rémi les noms Saurulf et Sorulf que cependant il range sous
la racine sarva.
Village et commune du district de ta Singine,
Nom allemand Tentlinifen.
XII' siècle Tentenens, Ld, p. 96 a" 244.
1324 Tentenens, MDR XXII 92, 93.
1428 tentenens, AF, Reg. net, a° 59, 169-.
1445 Tenterens, AF, Impôt de 1445.
Nom allemand :
1363 Tintingen, AF, Fiefs Tbierstein. Traités et contrats
n" 323".
1466 Tentlingen, Font. Coll. dipl. XV 279.
1449-50 Tentîigen, AF, Ane, Terres. Titres classés (copie).
Plaintes adressées au duc d'Autricbe.
1453 Tentlingen, Font. Coll. dipl. XIV 170.
1555 Tentlingen, AF, Impôt pour la Gruyère.
1668 Tentlingen, Carte Von der Weid.
338
La localité est allemande. Son nom allemand est vrafaeinbla-
blement formé d'un nom J'homme tel que Dindil- ou Dandil-. On
trouve des exem]>les des noins Dindi Dindo et de noms semblables
dans le recueil dy Forsteinann 1 2''" éd. 410 et dans le livre de
Heyne, Altniederdeutsclie Elgennamen Quant au nom Dandït-, la |
racine dont il est formé, dand. était d'un emploi assez fréquent,
comme le prouve la série de noms Dando Tanto Dendi enregistrés
par Forstemann. qui mentionne en outre les deux formes dérivées
Dantlin. Dentelin et Dentlin (l l^-' éd. 403).
Le nom roman Tinterin, correspondant à Tetitîingen, a d& être
formé à une époque oii le dialecte alaman avait déjà fait subir aux i
vocables Dindilingum ou Dandilingunt le durcissement des con-
sonnes d>t et, dans le second cas. en outre Vumîaut a>e.
Tent- pour Tint- pourrait ôtre attribué à l'influence de la
forme romane.
Treytoi'rens.
Village et commune du dîatriet vaudois de Payerne.
En patois tretor^.
XII" siècii3 Troiterms, Ld. p. 33 n" 80.
1194 Ulricus de Troterens, Matile n" 43.
XIII» siècle Trmterains, Ld, p. 129 n" 312.
1230 Girardus de troiterens, CL, f 65', MDR VI 271.
1251 W. de Troutercim, Font. rer. Bern. II 341 n" 315.
1380 tretorens, AP, Fiefs nobles du pays de Vaud n"
f" 53'.
1403 tretorens, AV, Balay, Fiefs nobles de Vaud, f" 1.
1668 Treitorens, Carte Von der Weid.
Dans nos plus anciens documents, la seconde partie de notre
nom de lieu se présente toujours sous la forme -tereiis. Le terme
factice -torrens parait avoir été introduit cbex nous par les com-
missaires du duc de Savoie, rédacteurs des grasses féodales, dont
les préoccupations d'orthographe et d'étymologie ont laissé des
traces dans plus d'un des noms de lieux du pays de Vaud.
nous basant Bur la forme régulière du XII* siècle, Troi-
terens. nous pouvons établir avec assez de sûreté que le nom de
l'immigré germain a été, en bouche latine, Troctar, vocable qui
correspond parfaitement, en germaniq^ue, à Truhthari. Nous trou-
vons ce dernier uum mentionné dans le recueil tie Fùrstemanu sous
la racine druhti '). Cf. Longnon I 3O0. Le vocable en question
semble donc avoir subi le durcissement, de la dentale initiale avant
d'être reçu détinitivement daus l'idiome roman. Nous avons tu
que dans Brognens le groupe initial dr est resté inaltéré.
Vauceus.
Groupe de maisons dans ta commune de Bulle.
Waîcenges, Tiré du CL et identiâé par M. Ch. More), Indica-
teur d'hist suisse 1901 p. 416, 417.
XIII' siècle Wocens (aput Rotam en Ogo), CL f" 46, MDR VI
217.
Voucens Vâucens, Kuenlin, Dict.
Il s'agit ici probablement du nom hjpocoristique dont voici
deux exemples: tJuaUko, IVaîilco {Reyoe, Altniederdcutsche Eigen-
namen 28,).
V^audcreiis.
Village et commune du district de la Oiâne.
En patois voderç, variante vo'^der^.
XII" siècle Votidenens, Ld, p. 117 n" 289.
» » Uualdenens, Ld, p. 32 n" 79.
1256 Wôudunenens, MDR XII Hautcrêt 283.
1345 Voudenens, Gremaud, Cart. de Promaaens.
1380 Voudanens, AF, Fiefs nobles du pays de Vaud n" 136,
f°2\
') Fôrateinann I 2à' éd. 428.
— 340 —
MBS rtmimmt, AT. Gnmt 6e Mwrf— ^ ISft.
UW Vmdirmê, kV. > » ^^V.
IffTS Ymâm.. 'imaiMc], CwteTecfctc
IMS Vmin n i. ^Cpte Tm der WdJ.
Xyin- Hide FmiU^cw, Cvte Seanv .
Le BMl d'bamBC 1fWA«r e^HqMrait trèi Wn k 1
■ctMlto da MM de Hm, «Mfarf. Hsii ceh m idfc pas ; >te
r<cy»eleti> reade wmA nopca des fonus hMarifai
aeotreot qw le r daae vierf tat mb de a latdrlear.
yrtstti^ le fereOe pr^cédeale a'e pa être qae a tt ■•
stari aa Dem IToUon doet an etemple est ncatleaad dne b ra-
eacd de FdntcMao I 3«- ^ ISOO. Mais le » peat aaan iiMieliii
i I ce la coBanoc peat areir sobi id la névc éTolatiaa qae aeae
Cf eai «beervëe ea étadûat le bob de tiea TWerm : t>m>r. Daas
{-ce CM le Bom de penoone qae aoos chercbons, «arait ixé WtàM-,
lageaMOt de l'étément ODomutlqDe iroU. Vi>id nue preave de
' renpiot de ce Bom ; Wal4Ho, de l'abbaTe de MaiLsee. Lib. CoafraL
nui,,.
Villarden«.
13U Valardena, MDR X.U. Montheroo 74.
Nom d'homme : HaOtard.
Village et commune da district de la Gruyère.
En patois tced^.
Wadittgum, Aobert. Trésor 206.
929 in curte Vuadingis, Hist. Patr. Mon. Cbart. II, col. 43,
voyez les Observations\de M. Ch. Morel, Indicateur d'hist.
suisse 1901, p. 417 suiv.
1017 potestas Uuadengis, MDR XXII 215.
1145-59 Hodens, MDRXXIX95.
1276 P. de Waddens, MDR XII Hautcrét 115.
— 341 —
1403 Wadms, Vuadens, AV, Balay, f 199, 197\
1578 FMadens, Carte Techtermann.
1638 Wadens, Carte Plepp.
1668 Vuadens, Carte Von der Weid.
Wadd- est un nom familier germanique très répandu.
Comparer à Vuadens le nom de lieu franc-comtois Vadans.
En allemand Waddingum est devenu Wettingen.
V^iiapinai'eiis.
Village et commune du district de la Glane.
En patois irermarç.
996 uitia uucdmarengi, Hîst. Patr. Mon. Chart II 57,
1334 Walmarens, AF, Hautcrêt n" 40.
1403 vuarmaretis, AV, Grosse de Moudon, f" 109, 137'.
1578 Warmarens, Carte Techtermann.
1668 Varmarans, Carte Von der Weid.
La forme de 996 est des plus claires, On y reconnaît du pre-
mier coup d'œil le nom germain Walmilr, dont la forme primitive
est Walamâr.
Exemples de ce nom: Uualmariits, Lib. Confrat, I 195n,
VucdmaH, ibid. II 86^,. Vualmariua âgure aussi dans les noms
usités in Alamannia CurlensI et Bunjundiotiensi, dans Goidast,
Alamann. rer. Script. II 119.
Il est à remarquer que le second terme du nom d'homme se
présente dans notre nom de lieu sous la forme -mdr. Si, comme le
prétend M. R. Kiigel (ZeitschHft fur deutsckes Alierihmt XXXVII
227, 228), la voyelle caractéristique du burgunde avait été réelle-
ment ê, nous devrions voir dans ce fait un indice que Vnarmarens
a son origine dans une autre langue que celle des Burgundes. Mais
l'opinion de M. Kcigel peut être contestée. Wackernagel {Binding
255) considérait au contraire â (la voyelle qui est donnée dans
Vuarmarens) comme propre à l'idiome burgunde, en observant
avec raison que les noms des dynastes burgundes eux-mêmes ont â
342 —
et DOD pas ê, d! I. A robaervation de M. Wackernagel nous ponTons
ajouter UD fait non moins sigoificatif. La forme -nuïr que donne la Loi
des Burgandes, ne reste pas isolée ni limitée aux temps da premier
royaume ; elle cootinue à être employée comme particulière aux
Burgondespar les écrivains burgundeset francs de l'époque suivante.
Ainsi, dans les écrits de Grégoire de Tours, le roi burgunde s'appelle
OoâomzT, tandis que le nom du roi franc revêt la forme Chlodoma'-
dauB la chronique de Marius d'Aventicuro (Mon. Germ. hist. Anct.
antiq"''Xl), nous lisons : ■
p. 235 a" 524 fro(2em&rus, à côté de Chîodomtxet I
p. 235 a" 534 Godomarus, à côté de GcitmerCroidesVaodaleaVB
Dans la chronique dite de Frédégaire le même fait se repro-
duit, et dans les Oesta Francorum le nom burgunde a sa forme ha-
bituelle tandis que le nom franc se piésente sous la forme ChiodA-m
mirus.
Vnippcns.
Village et commune du district de la Gruyère.
En patois u-ep5.
Nom allemand Wippingen.
851 ttuipedingus, CL, f" 43, MDR VI 202, cf. p. 699.
1228 TïïppeMS, MDR VI 23.
1286 FMipwM, Font. rer. Bern. UI 391.
1479 Wippens, Font. Coll. dipl. XVI 123.
1668 Vuipens, Carte Von der Weid.
1255 Uoiricus de M'ippingen, Font. rer. Bern. II 40O n" 378jfl
1283 R. de Wippingen, Rec. dipl. I 119.
1578 'Wippingen, Carte Techtermann.
Nous ne connaissons pas de nom d'homme germanique qui, '
dans sa forme primitive, puisse correspondre à uu%ped(ingus). 11 faut
descendre à une époque où la îautverschidmng est déjà accomplie
pour trouver ^iiipato WitpQt Wippieo, Forstemann 1 1282, 1283^1
1290.
Le nom Witpot- a déjà été proposé pour l'esplicatiou de notr
nom de Heu par M, Buck, dans VAlemannia XIII 4.
Village et commune du district de la Broyé.
Ed patois wçsë.
XII"" 8iècle Guicms, Ld, p. 91 n* 231.
XIII"" siècle Vicens, Ld, p. 128 n" 312.
1403 vuicens, AV, Balay, f" 44.
1462 Vuicens, Font. Coll. dipl. XV 144.
1464 Wissens, » > XV 203.
1464 Vuiscens, » > XV 230.
1578 Vuissetis, Carte TecbtermaDD.
1668 Vuycens, Carte Von der Weid.
Vuissens renferme le nom d'homme bien connu Wiss-,
Vuisierncns.
1) Vuisterrtens-devattt-Rotnont, village et commune du district
de la Glane.
2) Vuistemens-en-Ogoe, village et commune du district de la
Sarine.
En patois ivUoern^ ou Uùemç, dans la Glane uHihem^.
Nom allemand Winterlingcn.
Vuisternens-devant-Romont est aussi appelé par nos campa-
gnards ht gro wâftemij, Vuisternens-en-Ogoz lu pite ipûoemç.
929 in Wintemingis, Hist. Patr. Mon. Chart. Il col. 43 ; voy.
les Observations de M. Ch. Morel, Indicateur d'histoire
suisse 1901 p. 416, 417.
XII"" siècle Wisterernegus, MDR XII Uautcrêt 146.
1228 Wistamens, Font. rer. Bern. II 91.
1162 Wistemens, MDR XXII 15.
XII— siècle Guistemens, Ld, p. 18 n" 41, p. 24 n" 60.
XII"« siècle Wistemetis, Ld, p. 35 n° 86, p. 58 n" 152.
1228 Winttameins, Font. rer. Bern II 91.
— 344 —
1238 vistamens, CL, f» 132". MDR VI 6«.
1285 Vuistamens, Font. rer. Bern. III 391.
1324 Wistarnens, AF, Rue n° 20.
1482 Wuystfirnms, Font. Coll. dipl. XVI 226.
1668 Vuistemens (les deus), Carte Von der Weid.
Pour reconstituer le nom d'homme dont le nom de lieu
contient les éléments, altérés suivant les règles phonétiques ro-
manes d'un côté, suivant celles de la langue alamane de l'autre,
il faut étudier le nom roman et le nom alamau en même temps.
Les rapprochant l'un de l'autre, après eu avoir retrauché le suffixe
nistarn-
Winterl-
nous constatons qu'ils doivent se compléter réciproquement ri
forme rom. Wistarn- ( „_. , l .
t , Tir- , 7 1 Jytnstar forme commune.
forme alam. Winterl- \ n
Nous rencontrons dans VaM. Sprachschats de Graflf (I 893](l
un mot germanique loinistar « gauche », auquel nous n'hésitongj
pas à rattacher la forme primitive et commune originairement aiu
deux langues Winstar'^.
Quant à la consonne finale de cette forme ancienne, il n'est^
pas possible de déterminer si la priorité appartient au n ou au I. Le
nom d'homme peut, par conséquent, avoir été soit M'inistar-tt-, soit
Wmistar-Î- C^inistaril-).
Pour le traitement du î cp, Tinterin.
Une petite localité du district allemand de la Singine est dé<l
signé du même nom allemand :
1445 Winterlingen, AF, Taille de 1445.
Notes sur quelques autres noms locaux en -ens de la Suisse romande.
BofRens. — 1011 hoflinges (pas boslinges, comme dans MDBj
III). AF, Cart. de Romainmôlier, f» b\
Burelns. — 1011 brusinges in comitatu ei]uestrico, AF, Gart.
de Romainœdtier, f° 5".
Echandens. — Scand, uom g
recueil de ForstemaDo.
irmanique, est mentionné dans 1
Châtillens.— lUl Castelîens,}AT)R Xll C&vt. de Hautcrëtp. 4.
1142-1167 Cosfeffins, » » p. 147.
» Castellens, > > p. 152.
1218 Chastdens, » » p. 55.
1220 Chasleleins, » > p. 57.
1274 Chastillens, » » p. 109.
Le nom évidemment hybride Castilo se trouve quelquefois
porté par des hommes de race germanique. Les lAh. Confrat. (Il
434,0) mentionnent Kestilo.
Daillens. — La carte Dufour donne comme nom allemand de cette
localité vaudoiseiJocAsîîJi^cM. Ce nom est-i! authentique ou ne date-
t-il que de la conquête du pays de Vaud par Berne ? S'il est authen-
tique, il doit remonter au-delà du milieu du VII* siècle, car à cette
époque es du roman se trouve déjà transformé en ys (Voy. Haag,
Die LatiniUit Fredegars, p. 37 § 53).
La forme primitive a dû être Dahsilingum, en latin vulgaire
Dacsçkngu. Le nom d'homme qui s'en dégage est Dalisilo(-a).
Eclépens. — Leu dit à propos de ce nom dans son Lexicon (art.
( Esclepens) : « ehemals Sclepedingis und Islapadengs, und in der
ait Burgundischen Sprach Schlapdingen genannt. > De même pour
Ecublens (art. Escublens) : « ehemals in der ail Burgundischen
Sprach Schvbelingen. »
Lucens, en allemand Lohsigm.
965 in villa losingus id est lucens, CL, MDR VI 3.
castrum de Loucens, CL, MDR VI 44.
> Lucens, » » VI 45.
1133 Locens, Mém. de Frib, 1854 p. 185.
1217 Ittcens, CL, MDR VI 117.
1244 Locens, MDR VII 45 (plus. fois).
1476 Lohsingen, Font. Coll. dipl. XVI 40,
On voit par les anciennes formes du nom que le il de la pre-
mière syllabe est issu d'un o antérieur qui a été altéré par l'influence
du » tonique. Tout porto à croire que le nom allemand, Ldbsingen,
est authentique. Dans ce cas, la base du uom de lieu a dû être un
nom d'homme germanique de forme familière tel que Lobiso. La
racine onomastique Lob est représentée par plusieurs vocables dans
le recueil de Forstemann.
Martherenges. — La forme primitive a été Martharinga, et le
nom d'homme dont ce vocable est formé, Marthari. La racine Mart
a été, nous l'avons déjà dit ailleurs, en usage dans l'onomastique
germanique.
Mollondin. — 1380 moUonden$, AF, Fiefs nobles du pays de
Vaud n" 135, P 6*«5.
1380 mollendens, AF, Fiefs nobles du pays de Vaud n" 135,
f- 6=»5-.
1422 Molmdens, AF, Grosse d'Estavayer n" 124.
Thierren». — Le nom de l'immigré germain semble avoir été
Theodhan.
Vermondens, Boudry, canton de Neuchâtel.
1282 Warmondms, AF, Estavayer n° 102 (plus. fois).
1309 Guarmmdins, Matile, n" 321.
La mention de l'an 1282 n'admet aucun doute sur l'origine de
ce nom de lieu. Warmondens est un nom en -ing dont la base est
le nom d'homme Warmund. Les exemples de ce nom ne sont pas
rares, voy. Longnon, Pol. de l'abbaye de St-Germain-des-Prés, I
372, et Forstemann, namenhuch I, sous la rubrique war.
Vufflens. — 1011 Vuolflinges, AF, Cart. de Romainmôtier, f" 5\
Nom du Germain : Wulfilo(-a).
Vulllens. — Nom d'homme : n'UU-. Fijrgtemaun, namettbuch l,
rubrique vilja.
I
~ 347 —
Vulllerens. — Nom d'homme WiUihari. Forstemann, namm-
buch I, rubr ique vilja.
Outre les vocables connus aujourd'hui comme noms de lieux,
les documents contiennent un grand nombre de noms en -ens dont
une grande partie se rencontrent sous la forme de noms de famille.
Brunens, Ld. Nom d'homme BrutWj Fôrstemann, namenbtich
I, 2** éd., p. 338.
Troverens, CL, 406.
Ounerens, Ld. Nom d'homme Ounhari. Fôrstemann, namen-
buch I, 2*« éd., p. 381.
Dans le canton de Neuchâtel, nous trouvons, outre Vermondens:
1340 villa de Pressens^ Fresens, Matile n« 433.
> > Mullens, MulUns, > >
> villula de Orperens, > >
A quelle époque les Germains établis dans notre
pays ont -ils été romanisés ?
NouB pourrions, sans grand risque d'erreur, préciser et dire
les Suryundes au lieu de les Germains. Cependant, comme on a
parlé aussi d'une immigration possible d'Alamans et de Francs dans
l'Helvétie occidentale, nous préférons nous tenir sur un terrain
général, cela d'autant plus que nous pouvons le faire sans préju-
dice des conclusions auxquelles le présent essai nous fera aboutir.
Les moyens dont nous nous servirons sont très restreints :
cinq ou six noms de petites localités des pays de Vaud et de Fri-
bourg, voilà tout.
Ceux qui nous occupent en premier lieu, ce sont les noms de
Ressttdens, village de la commune de Grandcour, dans la Broyé
vaudoise, de Magnedens, petite commune du district fribourgeois
de la Sarine, et de Bremudens, hameau de la commune du Crét,
dans le district fribourgeois de la Veveyse.
Nous avons analysé tous les trois dans la seconde partie de
notre travail et nous pouvons nous borner ici à donner un résumé
synoptique des formes historiques,
I
X' siècle
XI" siècle
XII» siècle
XIII» siècle
Ramsoldingis.
Ransoldingis,
Resoîdengis,
Bcsuldens.
Bessudeins
XIV* siècle Rassoudens
Rcssuâens.
XV" siècle Ressudens
XVI" siècle Ressudens
Forme actuelle Ressudens
En patois rs&ûd^
> main du XIII" siècle.
Manoîdens.
3fantmdens.
Magnoudeins,
Magnudetis.
Magnudens
Magtiudens
Magnedens
mandç
BretttcntdeHS.
Bermoudens.
Bremudens.
Bremudms.
br^mûd^.
S49
I
t
Ce tableau noua montre que le développement des trois noms
est identique. Si Bremudens était mentionné au XII" siècle, il au-
rait certainement la forme Bremoldens, qui devrait être placée à
côté de Manoldens. L'un et l'autre, placés avant le XI' siècle, se
présenteraient, à l'instar de Samsoldingis, sous les formes Magnol-
dingis et Brimoldingis.
Le premier de ces trois noms, Ressudens, remonte, on le voit,
à un primitif Ramsoldingum, te second, Magnedens,à.Magn6ldingum,
et le troisième, Bremudms, à Srimoldingum. (Le datif pluriel ger-
manique -um reparait latinisé dans Jîamsoldingls.) Les trois noms
d'homme dont les noms de lieux sont formés, sont donc Ramsold,
Magnold, de Maginold, et Brimold.
Le second terme des trois noms, -old, était originairement
■wald. Les noms que nous avons sous les yeux étaient donc plus
anciennement Eamswaîd, Maginwald, de Maganwald, et Brinmald.
Le passage de -wald -uald -oald à -old n'a pu s'effectuer
qu'en bouche germanique. En roman, -wald précédé de consonne
se réduit à -ald, non pas à -old ; /etruanus devient */is^*"w> frid-
waïiî Frtdd\du,s, Grimvtdid Gritm\dus, etc.
Cette transformation phonétique de -wald en -old s'est pro-
duite chez les trois peuples dont il peut être question ici, Burgun-
des, Âlnmans et Francs. Elle n'a pas eu lieu avant la seconde moitié
du Vlll" siècle ; nous en fournirons la preuve tout à l'heure.
Le lecteur aura déjà entrevu la conséquence qui découle de
ces faits.
Nos trois noms de lieux, puisqu'ils remontent à la forme -olcl,
sont restés soumis à l'influence de l'idiome germanique jusque dans la
seconde moitié du VIII" siècle.
Nous remarquerons que ces noms de lieux ne sont pas limités
& un district ; ils forment ensemble une ligne qui, passant de la
Broyé dans l'Uechtland, et de là dans le pays de Vaud, traverse
tout le territoire romand compris entre le lac de Neuchàtel et le
lac Léman. Nous sommes par conséquent eu droit de généraliser
le résultat que nous avons obtenu et de l'appliquer à mus les noms
de la Suisse romande qui rentrent dans la même catégorie ').
m dehors do la Suisse. "Une
'appelle Trâtuilans, en 1177
') On peut consUter le mfme (ait aussi
ComiuuDfl de l'arrondissement de BeKort
— 050 —
II nous incombe maintenant de prouver que le passage de
•maîd à -old ne s'est pas produit en germanique avant la seconde
moitié du VIII" siècle.
Quant & la langue des Alamans, la chose a déjà été prouvée par
un germaniste, M. Uenning. Ce savant a établi la suite chronolo-
gique des différentes formes des noms en -tvald paraissant dans les
anciennes chartes saint-galloises. Il est arrivé à la conclusion que,
jusqu'à l'année 760, -tcald conserve sa forme primitive et qu'à
partir de cette date la forme contractée -old domine presque
exclusivement ').
Nous suivrons le procédé indiqué par Henniog pour les langues
franque et bur^junde.
Les noms francs qui suivent nous sont fournis par le recueil
de Waltemath'j, nous n'avons eu qu'à les placer dans l'ordre cliro-
nologique. A titre de comparaison nous ajoutons à cette série une
suite chronologique de noms analogues que nous avons relevés du
cartulaire de l'abbaye de Gorze.
696 Ansoaîd, Waltemalh 13 745 Rigoaldus, Cart. de Gorze 2
775 ErmmaUus, .
20
775 Rainaudm. »
47
775 ôrlmotdiis, >
24
786 Beriraadus,
59
787 Grimalàus, »
21
788 Beroldus, .
58
791 ErmmMm, •
20
796 HtrimoUus, .
75
791 OeroUus, .
23
796 Gisloldus, >
75
791 Adraldtis, >
12
797 Theoioldm, •
35
797 Theudaldus, »
36
797 AiOtOdus,
11
Trestoutlens, Hidbec UR n" 1857. La forme -oW du second terme do nom
d'homme apparaît nettement dans la mention du Xll" siècle. — Dans le dio-
cèse d'ivrée se trouve une localité <iui est mentionnée en 1286 sous la forme
GrimoldcHs (cculeaia) MDR XXX 350. Il est imposBihle de ne pas recon-
naître ici le nom d'homme Grimold venant de Grimtealtl.
') R. Henning, Uebcr die sanclgallischvn Sprachdeiikriitiler bit tu/n i
Tode Karla dcè Grossen, Strassburg 1874, p. 109.
') W. Walteniath, Die frânbischen Elemenfe in dcr franiôsischen i
Sprache. Paderlwrn und Mijnstor 1885, p. 11-37.
Noms burgundes :
EngebvaU, WackernagGl 345, 387.
Hanhavaldus, Kraus I n" 102.
VI* ou VII' siècle Nasuaîd, Egli, Die christl. Inachr. der
Schweiz n" 24.
env. VU" siècle Nordoalaus, Egli, Die christl. Inschr, der
Schweiz n" 8.
VIP siècle -oàld, forme constante dans la Chronique dite de
Frédégaire.
Aegioîdus, Egli n» 13.
739 Moroald, Reg. genevois n" 79 p. 25.
766 Adaloldus, Hist. Pair. Mon. Chart. II 2 ').
Ep. carol. Landoalda, Egli, n<' 43.
802 Eadoldus, Reg. genevois n° 82 p. 26.
849 Frumoldus, » » n" 88 p. 27 ').
L'examen des trois séries qui précèdent conduit, à peu de
chose près, au même résultat : dans les langues franque ') et bur-
gunde, comme dans celle des Alamans, l'élément onomastique
-tvaîd ne passe à -old que dans la seconde moitié du VIII' siècle.
') Autres noms figurant dans la môme charte : Ayroenus, uillicariua,
matulphus, uuandalmnrua. — Nous retrouvons le nom Adaloldus chez
nous, au Xlir siècle, sous la forme AllolUiis, MDR VI 324,
') Nous n'avons pas d'exemples pour notre pays de noms analogues du
Vlll' siècle, les chartes faisant défaut. Mais nous pouvons citer quelques-
uns de l'époque suivante :
(Arlauoldas. MDR VI 84
,„. ., , (beroldiis. MDR VI 344 „. „ , jGiroldiis, o 345
IX'siecle^ „,_.._, ,j... . „„,, X.*Biècl6<
\Reginoldus,
BerolduB. n 84
lA'itoldits, » 232
ant éditeur du Polyptiquo de
(I Employé comme élément
Idus dans les documents de
'} Voici oe que dit à ce mfime sujet le sa
l'abbaye de Sa i n t- Germain -des- P l'es, I 370
(ioal de noms composés, -watd se latinise -c
l'époque mérovingienne ; -ooldus se réduit ensuite à -oldua ou ■aldus dans
les textes de la période carolingienne. Le Polyptique fournit encore quel-
ques rares exemples de -oaUifs, mais il emploie commuuément les deux
form^ basses -ofriifs et -u/f'iis ; on trouve même une fois la variante ro-
mane-o/ï.u
On reconnaît dans -old la réduction germanique, dans -ald, au con-
traire, la réduction romane de wald.
_ 9B2 —
Il est vrai que, dans les doids burgundes, Aegioldus présentant
la forme -oîd, paraît avant !e milieu du VIII' siècle, mais il reste
isolé, et ne change rien au résultat de l'ensemble. Dans nos noms
de lieux, nous l'avons vu. -old se présente non pas isolément, mais
comme forme établie d'une façon générale.
Au milieu du VIII" siècle, l'idiome germanique était encore
vivant dans notre pays, nous croyons l'avoir prouvé. Pour préciser
davantage l'époque de sa disparition, nous essaierons de 6ier le
terme où son Influence sur les vocables d'origine germanique a
cessé. Le moyen de cette enquête nous est encore fourni par des
noms do lieus en -ens. C'est aux noms des localités fribourgeoises
et vaudoises Allerens, Botierens, Gletterens, Vucherens et autres
de même formation que nous avons recours. Ici encore nous n'a-
vons à tenir compte que du second terme des noms d'homme qui
est dans tous les noms en question le mot kari si fréquent dans
l'onomastique germaine.
Chez les trois peuples — Burgundes, Mamans, Francs — le o
de hari s'est adouci en c. Le changement se trouve accompli dans la
langue alamane à la iîn du VIII» siècle (Henning, p. 110 et 111),
dans celle des Francs au commencement du IX" siècle {Waltemath,
p. 47 et 48). Quant au burgunde, nous savons par les listes des
membres d'un couvent de Lyon (Lib. Confrat. I 48^ II 540^) que
le e est presque général dans le premier tiers du IX" siècle, de sorte
que Vumlaut doit être considéré comme remontant en burgunde au
début du IX° siècle, c'est-à-dire à peu près à la même époque
qu'en alaman et en franc.
Or les noms que nous avons cités, ont passé des Germains aux
Romans avant que l'adoucissement du a en e se fût produit. La
preuve en est que le a a été conservé sous la forme de e roman dans
tous les noms de lieui en question. Il n'en aurait pas été de même
du e germanique. Cette voyelle aurait disparu en roman sans laisser
de trace et nos noms auraient abouti, par ce fait, à une forme sen-
siblement diiîérente de celle qu'ils ont.
C'est dire que nos noms de lieux ont été soustraits à l'action des
lois phonétiques germaines avant le début du IX' siècle. En d'autres
termes, ils ont été romanisés avant celte époque.
Milieu du VIII" et début du IX" siècle, voilà les deux termes
353
entre lesquels il faut placer l'extioctton des restes de l'idiome ger-
manique et la fusion définitive des nationalilés dans la Suisse ro-
mande.
Ce résultat ne manquera pas de surprendre. On a cru avoir
prouvé et l'on a répété souvent que les Burgundes établis dans les
Gaules ont été romanisés au bout de peu de générations.
Si cela était, les Burgundes seraient à exclure des lieux de la
Suisse romande qui portent des noms germaniques en -ens -inges
•enges -anges^ c'est-à-dire d'environ deux cents villages et hameaux
du territoire de l'ancienne Burgundia transjurana !
La chose parait si invraisemblable qu'on se demande s'il n'y
aurait pas plutôt lieu de revoir les preuves qu'on a alléguées de
la prétendue promptitude avec laquelle les Burgundes auraient
abandonné leur langue nationale.
En voici ta principale :
Procope appelle les Burgundes Burgusiones, tandis qu'il donne
aux Francs le nom de Germains. Les Burgundes, a-t-on conclu de
là, n'étaient donc plus des Germains au temps de Procope, ils
étaient déjà romanisés au milieu du VI* siècle.
Peut-on vraiment, sans téme'rité, tirer une conclusion aussi
grave de la manière un peu étrange par laquelle l'écrivain grec dé-
signe les deux peuples ?
NOMS DIVERS
-a est UD snffixe encore vivant de formation de noms locauï,
surtout de noms de chalets et de domaines. II s'ajoute le plus sou-
vent à des noms d'hommes.
Nora d'homme Çuarienoud nom du chalet la Quattenouâae
> Progens
* Progenas.
> Bïloud
domaine BUouâae.
» Fkilippon
chalet la Phaiponaz.
domaine la Catherencu.
» Féguely
chalet la Féguelmaz.
Nom d'un hameau Pélard
> Pilanîaz.
Une série de noms de famille romands trouvent leur explica-
tion dans ce fait : PhiliponaB, CrisHnaz, HondaUaz, Donzallae, etc.
Basc%in.
Un acte du XII' siècle ( Lib. don. Alteripe p. 77 n" 197) con-
tient le passage suivant :
( Rodulphus dnus d Arcunciei dcdit domui Alteripe totnm
territorium de Sancto Siluestro siue de Baselgin >.
Ce n'est pas la donation elle-même qui nous intéresse dans
cet acte, c'est le fait que la localité dont il est question, porte,
outre le nom qu'elle a conservé jusqu'à nos jours, St-Silvestre, un
autre, Baselgin, qui a eu un sort bien dilTérent de celui qu'a eu le
vocable du saint, puisqu'il est complètement oublié aujourd'hui et
qu'il ne nous est môme connu que par l'unique mention que nous
venons de voir.
Que signifie Baselgin ? quelle en est l'origine ?
355
yons n'avons pas à chercher bien loin. Le mot hastlica, d'un
usage fort fréquent chez les populations chrétiennes, en subissant
les transformations par lesquelles a passé notre langue indigène, a
bien dû aboutir, au XII° siècle, à baselge. Ajoutons à ce mot l'ancien
suffise diminutif -in et nous avons le nom tel qu'il nous est donné
dans le document cité, Baselgin, signilîant < petite église ».
Comparer le mot rhéto-roman bascîgia < église >, l'ancien-
français baseuge « église * (Godefroy, Dict. de l'ancienne langue
française, art. basoche) et le nom de lieu français Bazeuge (Haute-
Vienne).
Brcillcs.
Hameau de la commune de Barberêche, district du Lac.
En allemand Itrigels,
1148 curia de britilgio, AF, Payerne n" 3.
1148 . hritdgio, > » n" 2.
1578 Brigeîs, Carte Tech termann.
Les deux mentions du XIP siècle, qui n'ont pas encore été
identifiées, se rapportent assurément au hameau fribourgeois
Breilles. Le développement de britilgio en Breiîles est strictement
conforme aux lois phonétiques du parler roman. Curia était aussi
employé au moyen-âge au sens de < bien rural, métairie *.
Chésopelloz.
Village et commune du district de la Sarine.
En patois tsdiopélo.
1229 domus illorum de ckissapenlo (àFribourg), AF, Com-
manderie n" 2.
1406 Ckesaupmlo, AF, Grosse de Montagny n" 138 f" 116.
1445 Chesaupello, AF, Impôt de 1445.
1668 Chesopeïo, Carte Von der Weid.
1765 Zejopellog, Perret, Catalogue 60.
356
CaMl(e) Pennilo, signifiant * têoement de Pennilo > ').
Le nom d'homme Pennil- est uo dérivé régulier de la racioe |
onomastique Bfn, v. Fiirstemann, namenbuch I 2'"' éd. 257 ; jbid.
258 : Reniîo ; Lib. Cotifrat. : Penno (plus, fois).
Le o final de la forme romane epl voyelle d'appui.
Le mot casale qu'on rencontre si souvent dans les documents
et qui est entré dans quelques-uns de nos noms de lieux, signifiait
« ferme, métairie >. 11 désignait plus particulièrement le tènement
servil. Les Eist. Patr. Mon. Chan. Il 90 citent à propos de ce mot
le passage suivant : Casaîe unum intei/rum et legaie cum domo su-
perstante.
Dans quelques actes casale se trouve traduit en allemand par
bunda. Le sens de ce mot est bien déterminé dans le Schweiz, Idio-
tilcon.
Chcvrillcs.
Village et commune du district de la Singine.
En patois tsdvrdfd.
Nom allemand Giffers.
On peut sans hésitation accepter l'étymologie qui donne à '
Chevrilles pour origine le mot latin capriUa < étables à chèvres ».
Nous nous bornerons ici à relever quelques-unes des formes sous
3 nom parait dans nos chartes.
U60-1200 Cliiuriles, Ld. p. 25 n" 63.
1184 CbeurtUs, Ld, p. 90 n" 22G.
1190-1200 ChiuriUes, Ld, p, 108 n° 269.
1324 Chivrillles, MDR XXII 92. Dans ce dernier acte, p. 93,
il est question aussi d'un pâturage appelé Chivrillieta.
Le même vocable, caprile, parait ici sous une forme di-
minutive.
1445 ChiuriUies, AF, Impôt de 1445.
1755 CheveirUe, Perret, Catalogue 4.
Caprile a aussi fourni le nom de deux pâturages situés dana la
commune de Cerniat : Grosse Chevrilles et Milieu Chevrilles.
') Développement : C/isal Ponnilo > Çasal Peivih > Cficsanpcntû
Chèsofiellos.
357
I
I
1409 totus moas de la Chiurillie, AF, Valsainte B a" 1.
1415 mons seu joria de la chirwiUie, AF, Valsainte B n" 2.
1528 montagnye de Chiverhj, > » B n" 3.
Le nom allemand de la localité singinoise est pour le moins
aussi intéressant que le nom roman. Nous avons déjà dit qu'il est
aujourd'hui Giffers. Voici comment on l'écrivait autrefois :
1301 Ulric de guifrils, AF, Stadts. A n° 6.
1345 Johannes de guyfreîs, > * An" 35.
1577 Giffers, Carte Schepf.
1578 Oifers, Carte TechtermB.nD.
1668 Giffers, Carte Von der Weid.
Dans les deux formes guifrils et guyfreîs de 1301 et de 1345,
nous reconnaissons encore clairement le vocable primitif capril-.
L'addition du s, par laquelle capril devient caprils, est fréquente
dans les noms locaux germaniques. Le passage du e initial latin à
g alaman est régulier pour notre contrée, témoins Champagny
Gempmach, Cmdemine Giimenen, etc.
Dans caprils devenant gifrils (1301 guifrils) il n'y a que le i
de la syllabe initiale qui surprend; on se serait attendu à e, produit
de a par umlaut. La présence d'un / à la place du a latin semble
bien indiquer qu'au moment de la réception du vocable par les
Alamans, lo a du latin vulgaire avait déjà passé à a. Cette dernière
voyelle aboutit en allemand, dans les circonstances données, régu-
lièrement au son t.
D'après les calculs de Meyer-Liibke (Gr. § 648). k'a pour ca ne
peut pas être antérieur au VU" siècle. D'autre part, il est certain
qu'au moment ou caprilia a passé en bouche germanique, le c
avait encore, chez le Gallo-Romain, sa valeur gutturale, puisqu'il a
été rendu par une gutturale dans la langue de Tenvabisseur.
CoFininbœuf.
Village et commune près de Fribourg,
En patois 'korm^ha".
358
1142 C<^merao, MDR XII MonlberoD G.
XII' siècle Cormmbo, Ld, p. 21 n" 50.
XII" siècle Corminbo, Ld, p. 112 n- 279.
XII' siècle Corminbo, Ld, p. 113 n- 280.
XII' aiÈcle Cormembu, Hidber, Dipl. Helv. varia p. 97.
1445 Cormettbo", Impôt de 1445.
1665 Cormimbau, Strambîno, Constit synod. 175.
1668 Cormenbeuf, Carte Von der Weid.
1755 Cormainheuf, Perret, Catalogue 61.
Une curieuse grapbie allemaDde de ce nom nous est donDJ'l
dans un document de 1449-50: Koiinattbt»v, AF, Ane. Terres,"
Titres classés (copie).
Etymologie : cort Maimbod « propriété rurale de Mainbod |
(Maimba'uf) ».
Maittibod est une forme réduite du nom germanique Magan-
bod. E](emples de cette forme : Mainbodus, Pol. Irm. Maymbodus
et Maimbodus, Cart. de Savigny n" 38.
Le terme fioa! de Cùrtmaim\ioA s'est développé régulièrement
dans notre patois en-ia" et s'est dès lors confondu avec le mot roman
ba° venant de bove(vi) *bœuf>. D'après pat. èo^fr. fiait/" on a francisé
Cormëba° en Corminhœuf. Cette graphie correspond d'ailleurs par-
faitement à la forme qu'ont prise en français les noms d'homme en
-bod: .Haginbod > Maimbœuf, Adalbodus> Aubœuf, etc. V. Waltd- i
math 76,
Courg'evaud.
Village et commune du district du Lac.
En patois kurdzavu.
Nom allemand Qurwoîf.
1055 Corgiuul, cité p. Zimmerli, Sprachgrenze II 45.
1142 Curgevolt, » »
1173 CorgivoU, » »
1558 Corgevouh, AF, Morat, Rôle des feux.
Nom allemand :
1578 Curuuolf, Carte Techtermunn.
1668 Cur Wolff, Carte Von der Weid.
Nous DOus trouvoDs ici de nouveau en présence d'un de ces
nombreux noms locaux composés dont le premier terme est le mot
cort, cortis en latin, tandis que le second représente l'élément in-
dividualisant et exprime dans la plupart des cas le nom de l'ancien
propriétaire.
Pour reconstituer le nom d'homme qui est contenu dans le
composé h*rdz^u, nous suivrons, comme nous l'avons fait souvent
au cours de notre étude, un procédé à la fois sûr et simple et qui
consiste à rapprocher l'ancienne forme du nom allemand de celle du
nom roman et à compléter l'une par l'autre.
De
Cor^iMu/ j Qoyg dégageons ainsi, outre le mot cor=:cortis
Cur«W/ '= '""''''' "'""'f-
Giwulf est un nom d'homme germanique ; v. Forstemann I
2*» ëd. 636.
Courgevaud a donc été à l'origine cort Qivmlf, appellation qui
signifiait > ferme, domaine de Oitmlf >.
Il est probable que les formes romanes postérieures à Cor-
giuul: CurgevoU et CorgivoU^ du XII" siècle, ont emprunté leur t
final aux nombreux noms d'homme en -old -oU.
La notation moderne, Courgevaud, n'est pas correcte. C'est
là un des rares cas où le sentiment d'ordinaire très juste des rap-
ports entre le dialecte indigène et la langue française a permis un
faux pas. Dans la transcription du phonème patois en notation
française, le u final de kurdzâvu, qui est issu de oî, a été confondu
avec H issu de au et a été noté comme ce dernier.
Petite ville du district vaudois d'Avencbes, située sur la rive
droite du lac de Neuch&tel.
V. Gatschet, Ortsetymolog. t'orscbungen, p. II.
Cudrefin se décompose, comme Corminhœuf et Courgevaud, en
cort (corils) et le nom d'homme Ulfm. Cort-Ulfin, pour aboutir à
Cudre^nt a dû passer par les transformations suivantes :
360
Cortnlfin Cotrulfin Codrulfin Coldrufin Coîdurfin Cu^
Cvdrefin.
La première de ces formes est représentée, en partie da '
moins, dans la première des anciennes mentions du nom en-
registrées ci-dessous; la seconde et la troisième sont reconoaissables
dans celle de 1184, Codrvfim, que nous rapprocherons, quant au
second terme, de Cordeîfin 1215 et de Cudulfn 1228. Cold-, de la i
quatrième étape de transformation, parait dans la mention de 1 163-
1200 et plusieurs fois encore au XHl" siècle.
999 CurUfin, MDR XXIX :i2. Dans MDK I 152 on a écrit
Curte-fîn.
1184 Codrufim, MDR XII Montheron 41.
1163-1200 Culdrefin, Ld, p. 122 n" 298.
1214 Cordefin, Font. rer. Bern. l 515 n" 126.
vers 1215 Haimo de Cordeîfin, Matile. n' 65,
1228 Cudulfin, Font. rer. Beru. II 89.
1229 Dldricus de cudrufin. AF, AH, Tir. VII n° i
1246 Codefri», MDR XXIX 389.
12B9 Uol. de Culderphin, Font. rer. Bem. Il 726 n° 668.
1270 Uol. de Culdurphi, > > II 751 n" 696.
1270 Uol. de Culderfi, . » II 758 n" 702.
1285 Cudrufin. » » III 391 2-" col.
1306 Cudrifin, Matile, n" 309.
1477 Cudnffin, Font. Coll. dipl, XV 49.
1668 Cudrefm, Carte Von der Weid.
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant à observer dans'J
la suite des changemeuts que la langue populaire a fait subir au ■
nom qui nous occupe, c'est le jeu estrêmement varié de la doable
métathèse de r et l. Nous réunissons ci-apiès les principales for-
mes qui permettent de suivre les déplacements successifs et le
balancement des deux liquides.
*Curtuifin
CurleËD
Codrufin
'Curtulfin
Curlefin
Cudrnfin
Cordefin
CudulfÎD
Codefrin
Culderphin
Cudriifin
Cuidrefîn
Cordelfin
Cudulfin
Culderphin
Cudrutin
Cudrefin
Vlfin est un nom d'homme d'origine germanique forme de la
racine onomastique «'»//■(¥. Loognon T 379, 380). Nous ea trou-
vons un exemple dans une inscription du VI* siècle, dans Le Blant,
Inscriptions chrétiennes de la Gauîe, 576 E : Uîfino ; deux autres
dans le polyptique de l'abbaye de St-Germain-des-Prés, IX 267,
XXI 5i, IX 28; Ulfinus Ulfina, et un quatrième, plus récent, dans
le Codex dipîomaticus de Mohr, 206 : Vlfinus.
Le mot cour, cor, de cortis, curtis, est entré comme premier
membre dans la composition d'un assez grand nombre de noms de
Ijeus de notre contrée.
Cormerod. Cormoral, Ld, p. 266 n" 267.
1369 Cormorml, Font. Coll. dipt. VII 373.
1445 Cormoraul, AF, Taille de U45.
Cortaney. 1445 Cortaneir, i >
Guschelmut. 1578 Ci(rseîmu''t, Carte Techtermann.
Courtepin. 1428 Ctirtilpin, AF, Reg. not. o- 59 p. 170.
1434 Curtilpin, Rec, dipl. VIII 44.
COtterwyl. 1428 cuUiurj, AF, Reg. not. n'= 59 p. 244.
1436 curtivril, s » n° 29 p. 140.
1445 Curtivril, » Taille de 1445.
1555 Cutryui/, AF, Impôt pour la Gruyère.
1638 Canner, Carte Plepp.
XVI1I= s. Courtrivey, Carte Seutter.
Cormanon.
Coussiberlé.
Corpataux.
, 1558 Cursîbcrle.v, AF^ Rôle des feux de Morat.
1142 Corpasttir, AF, AH, Copie de M. Gremaud.
11G3-1182 Corpastor, Ld, p. 81 n" 207.
Corpataula, chalet, Planfayon.
Corpatauti >
— 262 —
Cormondes, en allemand Gurmels.
Voici quelques mentions du DOm germanique :
XII' 8. Cono sacerdos de Cormules, Ld, p. 91 n" 230.
1240 Hugo de Gurmels, Font. rer. Bcrn. II 202 n" 191.
1246 Hugo dictU9 de Gurmurs, Font. rer. Bern II 279 n' 260.
1250 Burckardus de Gurmels, Font, rer, Bern. II 324 n* 297.
1253 Burckardus de Ourmurs, Font. rer. Bern. II 362 n" 335.
Je ne puis affirmer que ces noms, à l'exception du premier,
soient identiques avec le nom de lieu fribourgeois, mais il parait très
probable qu'ils y rattachent leur origine lointaine.
On reconnaît facilement dans le premier élément de ConMn-
des le mot cortis, « cour, ferme >, Le second terme, -monde, doit
remonter à Munda, nom hypocoiislique germain.
La forme primitive du nom de lieu aurait donc été cort-.Hunda
« ferme de Munda », d'où Cortmunda, Cormunda, Cormonde oi
Cormondes.
De Cortmunda ou Cwmunda, l'allemand a fait, par l'ad-
jonction presque habituelle d'un s, Cormundas, d'où Cormunds et
Cormuns. Cette dernière forme, Cormuns, a régulièrement abouti
à Gurmels. Quant au c s'adoucissant en g, comparez Condemina, en
allemand Bulmenen; quant à tis devenant -Is, on rappellera le ger-
manique himins se transformant en himils.
Les deux noms, français et allemand, sont donc identiques
d'origine.
I
Dirlarel.
Village et commune du district de la Singine.
En patois draîarc.
Nom allemand EechthaUen.
XII' siècle Dreitlaris, Ld, passim.
XII' siècle DreUaris, Ld, p. 73 n" 186.
XII* siècle Bechts CUvus, Là, p. 32 n<> 77.
— 363 —
XII» siècle Drallaris, AF, AH, I 4.
1228 Dredaris. Font. rer. Bern. Il 92.
1238 henrica^ de drillaris, CL, f" 135, MORVieei.
1293 Driïaris, Foot. Coll. dipl. 267.
1324 Drilaris, MDH XXII 92.
1755 Derïarret, Terret, Catalogue 4,
Nom allemand:
1250 Eecktkaîion, Font. rer. Bern. II 324 n" 297.
1301 Ulr. de Recktkalten, AF, Stadts. A n" 6. Rec. dipl. II, 9.
1445 Reddhaltm, AF, Impôt de 1445.
1466 Sechthallen. Font. Coll. dipl. XV, 279.
1577 Sechihalden, Carie Schepf.
1668 RechthaUm, Carte Von der Weid.
La forme citée en premier lieu nous donne la clef de l'étymo-
logie du nom d'une apparence un peu étrange par lequel les Ro-
mans désignent ce village allemand.
Dreitlaris se décompose en dreit loris. Dreit n'est autre que
la forme du XII» siècle du mot d(i)re€iK, eu français moderne droit.
Zaris est un mot aiicienfi ançais dont les variantes et le sens se
trouvent indiqués dans le Dictionnaire de l'ancienne langue fran-
çaise de Godefroy, art. larris: < larris, laris, lariz, lairis, lairl s. m.
^ande, hruy^e, terrain en friche, ordinairement inégal et montueux.»
Ducange mentionne pareillement larris et sa forme latinisée larri-
eûtni. Le sens de ce mot est, comme on voit, identique à celui du
mot allemand haîde.
Rapprochons maintenant du nom roman ainsi expliqué le nom
allemand. Nous voyons aussitôt que les deux vocables ne sont qu'un
seul nom exprimé dans deux langues différentes :
I dreit laris correspond parfaitement à recht halde.
Le moine de Hauterive qui, au XIl" siècle, a latinisé le nom de
notre localité Hectua Clivus (voir ci-dessus) montre qu'il en a bien
saisi le sens.
Halte pour halde, dans le nom allemand, est particulier au
I dialecte alleniand de cette contrée.
— 364 —
Quant aa passage de -ù A -é dans DreiUaris devenant ànlaré,
OD peot comparer copttium devenant dans nos patois tssvé.
Le même mot, lard, se retrouve dans le nom local Bois de
Laret par lequel on désigne une forêt et des terres en pente si-
tuées aa-deesas du village d'Ecublens.
Gatscbet ') avait donné i. Dirlaret pour forme primitive le
latin directe UUtre qui se retrouve dans le livre de Studer ^ et
même encore dans l'onvrage récent de Zimmerli '). Cette étymo-
logie a le tort de ne pas tenir compte des formes historiques
du nom, uî même de l'accent de la forme actuelle. Il nous semble
en outre osé de ramener an nom roman à uae formation basée ^
sur l'ablatif latin.
Essert.
Essert est le nom d'un grand nombre de biens ruraux du can-
ton de Fribourg. Le mot est encore vivant chee nous et sert à dé-
signer des biens communaux.
Sa forme latine est exartum, et sa signification première < terre
défrichée. ■
Nous trouvons dans la Loi Gombette (Lex Burgund.) la pres-
cription suivante : < Si quis tant Burgundio quam Ronianus in sUva
communi exartum fecit aut fecerit, aliud tanlum spatii de silva ftos-
piti Buo cmsignet, et exartum, quem fecit, remota hospitia commu-
nione ja
Forman^ueire.
1294 Frommdeire, AF, Ane. Terres n" 4 (Sololh. Wochen-
blatt 19, p. 433).
1363 Fromertderie, AF, Ane. Terres A n" 61.
1431 Fromendeyri, AF, > A n" 175.
*) Ortaetymolog. Fonchungen 13.
') Schwaizer Ortenamoii 91.
') Spracbgrenzell 64.
Franex.
1) Village et commune du district de la Broyé.
2) MaisoD isolée dans la commuoe d'AttaleuE, diiitrict de la
Veveyse.
En patois frane.
1142 Rodutfus de Frasnet, Là, p. 27 d" 69,
1143 Rodulfus de Frasnaj, AF, AH, Tir I n" 4.
1242 frasnei, CL, f 135, MDR VI 667.
1343 franey. AF, Grosse d'Estavayer n» 123", f" 28'.
1665 Frane, Strambino, Constit, synod. 168. Doc. latin.
1668 Franex, Carte Von der Weid.
1755 Frannez, Perret, Catalogue 12.
Fraxinus a donne
Etymologie : fraxinetuftn) « boia de frênes >
is nos patois franu et fronu.
Gùmenen.
1259 Contamina, Font. rer. Bern. II 493 a" 474
1284 Contamimm, Font. Coll. dipl. II 220.
1283 Guimina, Mon. Germ, hist. Script. XVII I2ôaa.
1668 Gi'menen, Carte Von der Weid.
Gûmenen, on le voit, n'est autre chose que la forme germa-
nisée de Condamina. Par ce mot on désignait ta terre seigneuriale,
celle qui était directement exploitée par le seigneur et qui, par
conséquent, était exempte de churges (Maigoe d'Arnis, Lexicon).
Dans le seul canton de Fribourg il y a, outre Gilmenen, quinze
domaines ou lieux appelés Condemine.
Guiuscben.
Village et commune du district de la Sarine.
Ovmschen est le nom en usage chez les Allemands ; les Ro-
l mands appellent la localité Belfaux.
1283 vlWei Qttmeschon, Rec. dipl. I 119.
S'agit-il bien ici de Selfaux ? L'archiviste d'Etat de
Fribourg, M. J. Schreuwly, coDserve quelque doute à ce
sujet. L'original de l'acte est égaré.
1555 (rumschmn, AF, Impôt pour la Gruyère,
1578 Guntschen, Carte Techtermanu.
1755 Gumschen, Perret, Catalogue 6.
Le nom est certaiDement d'origine romane. Selon toute appa-
rence il remonte au mot latin compasma.
Le point de départ des changements que ce vocable a db subir
en langue alamane. est le déplacement de l'accent de la seconde
sur la première syllabe. De là la série suivante de transformations :
compascua compasca aimpsca gumscke.
La dernière de ces former est le nom de la localité tel qu'il
est prononcé par la population allemande. Gumschen est la forme
écrite qui doit son n final à l'analogie, ou, pour être plus précis, &
la tendance de donner aux vocables une physionomie conforme i
l'allemand écrit.
Diefrenhach, Glossarium lal.-germ.. mentionne ager compaacuus.
Le mot compascuum se rencontre, bien que rarement, dans nos
chartes médiévales.
L'ét;mologie que nous venons de donner nous semble être des
plus nettes. Malheureusement, tout moyen de la confirmer an point
de vue historique fait défaut,
Middes.
1212 Rudolfus de Mides, Matile, p. 47.
1218 llsymundus de Middes, MDB VI 340.
1228 Heniicus de Jftddes, > 337.
XIII' siècle Migdea, CL, MDR VI 580.
MontévFRZ.
1445 Mtmtivrar, AF, Taille de 1445.
— 367 —
On reconnfttt dans le second mennbre de Montivrar le nom
[ d'homme germanique Eberhard. Celui-ci se présente en pays ro-
[ inan bous la forme Evrard (v. CL, M DR VI 403). IiC retranche-
[ ment des consonnes fînales est habituel à nos patois.
Moud on.
J^nnôdvnen8(es), Mommeen, InscTîpt. lat. Confœd. HeW, 149,
Mittheil. X.
Minnidunum, Itin. Antoninî, Bouquet I 105.
Minodum, Tabula Feuting.
Minnodunum est un des nombreux noms de ville d'origine cel-
■ tique dont le second élément est le mot dûno-n château, lieu fortifié.
Minus minvo-s en celtique signifie «petit >, V.Fitk, Vergleichendes
Wôrtei-bHck der indoijerm. Sprachen, Gottingen 1890, p. 205,
Au moyen âge le nom se présente le plus souvent sous la forme
Meîdunum avec les variantes Mildunum et Mt/ïdanum. Le Livre
des donations de l'abbaye de Hauterive (XII° et XIII* siècles) en
donne trois graphies différentes: Meîdunum, Meldun, Meldon (p. 54
I n" 142, p. 98 n" 247, p. 119 n" 293).
Latraosforma(iande3/e^<iuKumen»id(2ô (Moudon) est conforme
I ft la phonétique du patois local. Ce qui nécessite uoe explication,
c'est le passage du nom helvéto-romain Minnodunum â Meîdunum-
La présence de deux consonnes nasales dans les deux membres du
vocable a dû provoquer une dissimilation. Comme dans les mots
BonoRià> Boulogne, gonfanon>gonfalon, matetwl^maielot, un t s'est
mis à la place du n dans le premier terme du nom qui nous occupe.
Minnodunutn s'est de ce fait transformé en Milodunum, qui, par la
perte de la voyelle médiale atoue, se réduisit & Mildunum. Meîdu-
num, la forme que nous rencontrons si fréquemment dans les chartes
du moyeo'àge, n'est qu'une variante graphique de Mildunum, i bref
et<' étant en latin vulgaire des sons équivalents.
Meîdunum passe ensuite régulièrement, nous l'avons déjà dit,
I A mOdH.
Un fait digne d'être noté pour la chronologie de nos patois est
rque la forme populaire actuelle parait déjà au XIl* siècle. Voici
[ quelques mentions qui le prouvent :
> MeUm,
> OMtnia de JfoUiM,
» UcAm (desx fois)
* Mûldimiiûdom
Forme pstoise actaell« nada.
179.
185.
186.
187.
L'alternance de n et m dans la finale des formes citées de
Voudon montre qu'au KIl' siècle la natale était complètemeot ab-
sorbée par la voyelle précédente. Oo a donc pu employer indîffé-
remment les graphies -un -um -on -om ponr exprimer le o nasal
Le nom allemand de l'ancienne capitale du pays de Vand est
Milden qui remonte à la forme que nous avons vue, Vildunum.
Peut-être l'idiome germanique parlé dans le pays aprbs l'iovasioo
a-t-i) favorisé la dissimilation qui a fait de Minnodunum Mildunum.
Nous verrons ailleurs qne Moudon a été un véritable centre d'éta-
blissements germaniques.
Muffctban ^^
est le nom allemand de la commune fiibourgeoise de Bmnefantaim
(en patois romnn BunafàUma). Oans le dialecte allemand de la
contrée on accentue Mu/fetrin.
1270 Bunfontana, Font. Coll. dlpl. 11 93.
1445 -Vonfetan, AF, Impôt de 1445.
1449 Munfotan cité par Zimmerli, Sprachgrenze II 122.
1476 Montfetan, > > »
1490 Boffetan, > » •
1655 Montfftan, AF, Impôt pour la Gruyère,
1668 Muffetm, Carte Von der Weid.
I
Il ressort clairement de la série de formes que nous venons
de citer, que le nom allemand, Muffethan, est identique, quanta
l'origine, au nom roman Bonnefontaine.
De Bonafontana l'allemand a Fait tout d'abord Bunfontan,
— 369 —
forme que nous trouvons, à la terminaison près, dans ta mention
de 1270. Mais comment a-t-on passé de Bunfontan à Munfetan et
Muffetan ?
Le composé Bunfontan renferme les deux groupes de conson-
nes «/"et w(, commençant tous les deux par «. Il semble que le
besoin de dissimilation a fait passer par un mouvement parallèle et
simultané, la première nasale à la partie initiale du vocable et la
seconde à la place de la première. De Bunfontan ou a pu avoir
ainsi Bnunfolan et de là, par la réduction toute naturelle de bn à
m V, Munfotan, forme que nous avons réellement trouvée mention-
née à l'année 1449. Le passage de Jdunfotan à. Muffetan Q-a&W^m&at
n'a pas besoin d'être expliqué.
-ola.
Le suffixe -ola est d'un emploi fréquent dans nos patois. Voici
quelques exemples de noms de lieux où il se rencontre :
1309 en la fayolae, fayoula, fayoulae, faolas, ÂF, Grosse
de Chàtel-St-Denis n° 60, 1» partie, f" 15, 4", 14, etc.
1309 visyrola, visaroula, ibid. f" 13".
1309 vianola, ibid. 2''» partie, f" I3^
1309 alpem de cidrisoules (aujourd'hui Ckeresaula, chalet
dans la commune de Châtel-St-Denis), ibid. I" partie,
f" 1^
1367 vissiroula, ibid. 2'*'' partie, f" C3.
1445 Tiroula, AF, Taille de 1445.
Fêrolles, autrefois Péraules, est de même formation. H parait
remonter à un primitif latin pelrola, petra (pierre) -f ola; Gode-
froy cite le mot péraule avec le sens de grève ; notre nom de lieu
pourrait avoir signifié originairement carrière. Je trouve en 1403
la mention la carrière de Péraules (Font Coll. dipl. I 76).
') Cp. le V. II. allemand stîmmtj à côté du goth, sUttUi.
Payerne.
Le nom Fayeme vient visiblement du nom de personne ro-
main l'atemus. Il est donc très probable, ainsi qu'on l'a déjà sup-
posé (v. Martignier et de Crousaz, Dict. hist. du canton de Vaud,
art. Fayerne), que Payerne existait avant que l'évêque Marius y
élevât les constructions dont il est fait mentioD dans le Cartolaire
de Lausanne, MDR VI 30.
L'étymologie Payerne < Patema se heurte cependant à une
petite difficulté. Selon une règle phonétique de nos patois, le groupe
final rn aurait dû disparaître. Peut-être l'importance historique de
la ville broyarde, autrefois r^sitlencti royale, a-t-elle eu assez d'in-
fluence sur le langage du peuple pour préserver ce nom d'une alté-
ration qui l'aurait par trop défiguré.
Dans la langue des chartes notre ville est constamment appe-
lée Fatemiacum. C'est là évidemment une forme factice dont le
suffixe a été emprunté aux nombreux noms de lieux en -acus. La
forme simple du nom, issue de Fatemu et destinée à aboutir à
Payerne, paraît avoir été abandonnée au vulgaire. Elle se montre
très rarement dans les documents, surtout dans ceux d'une époque
un peu reculée. Les quelques mentions que nous pouvons citer suf-
fisent néanmoins pour en attester l'existence et la continuité.
XIII' siècle Otto li Maselers de paemo (à côté de sub pater-
niaco), CL, f" 135, MDR VI 667, docum. latin).
XIII" siècle Sancta Maria de Fayemo, Ld, p. 126 a" 308 (do-
cument latin).
XIV' siècle Fayerno, Font. Coll. dipl. VII 137.
Forme patoise actuelle patjemu.
Lors du triomphe de la langue vulgaire sur le latin, le nom
populaire s'est imposé aussi à la plume et a réussi à éliminer corn-
plètement la forme savante Fatemiacum.
Le nom allemand de la ville est Peterlingen.
1263 mterlingen, Chronique d'ElleuhariI, Mon. Germ. hist
Script. XVII 125bb.
— 371 —
1476 Peterlingen, Fout. Coll. dipl. XVI 40, d'après une copie
de 1556.
1578 Petterlingen, Carte Techtermaiin.
1638 Petierling&i, Carte Plepp.
Ce nom offre un curieux exemple du développement d'un nom
romain par un élément germanique. Au nom Fatemu(s), provenant
de l'époque romaine, le Germain a ajouté le suffixe -ing d'un em-
ploi très fréquent chez lui dans la formation des noms locaux. De
ce procédé est sorti le vocable Faterningum qui s'est transformé
conformément à la phonétique germanique en Feterliitgen.
U importe de remarquer que ce nom allemand a été formé à
une époque ou en roman la dentale intervocale Faiernu subsistait
encore, c'est-à-dire daus tous les cas avant la fin du XP siècle. Ce
n'est dès lors pas aux événements qui se sont produits à Payerue
en 1133, à la suite desquels ■> Theotonici invaluerunt contra Roma-
nos » (Font. rer. Bern. I 406 n" 10), qu'on doit attribuer l'origine
du nom allemand ; celle-ci est certainement antérieure à cette date.
11 n'est pas invraisemblable que la formation de Faterningum re-
monte à cette langue burgunde qui, comme nous l'avons vu, n'avait
pas encore cessé d'être parlée dans la TraDsjurane au commence-
ment du VIII" siècle.
Comparer à Payeme < Fatemu, : fundus paternus, CIL X,, m
Faterno villa, Cartulaîre de l'abbaye de Gorze p. 6, acte de 754,
Putemi villa, ibid. p. 24, acte de 765, et les nombreux Patemum
Fademo mentionnés dans les chartes des Eist. Fatr. Mon.
Posieux.
Village et commune du district de la Sarlne,
En patois poîû.
Xli» siècle Fosuos, Là, p. 69 n" 177.
1445 Fosioujs, AF, Impôt de 1445.
1555 Fosieux, AF, Impôt pour la Gruyère.
1577 Fosu, Carte Schepf.
1638 Fosu, Carte Plepp.
1755 Fojux, Perret, Catalogue 73.
372
A. Oodet s reconoa dans ce oom ]e mot Utio puteus (Masée
oeuchàtelof? XXII 43). Nons poavons préciser cette étymologie et
dire que c'est su dimioatif du mat proposé, pûtëôlus, que Posieux
doit ùlre ramené. On peut comparer le développement phonétique
de notre nom de lieu à celui de Palésieux riocalité vaudoise) qui
oITre uD exemple da même suffixe diminutif ;
Pûtêôla
Pâlâtiôla
Poaimx.
PàUsieux.
Comparer m hco àido posieuz (Avallon) 1445 AV, Grosse du
Vullly, f» 89'.
Hameau de la commune de Planfayon.
Rufenen est d'origine romane ; it vient évidemment de rupina.
Ducange mentionne le mot rupina avec la signification îoca
montana. Les Glossae Isidori qu'il cite sou9 le même article, don-
nent rupina au sens de abrupta montium.
L'accent s dû se porter, eo allemand, sur la première syllabe.
Le nom de famille valaisan Zen Ruffmen (zen^zu den) pro-
vient de la même source.
Semsales.
Village et commune du district de la Veveyse.
Forme patoise iâffil^.
1157 Â'essaies (Semsales?), MDR XII, Cart.de Hautcrét p. 134.
1160 Setsaîes, . » p. 156.
1219 Satsalcs, MDR VI 336.
1228 Satsales, > 16.
1228 Satsales. * 27.
1247 Satsales, MDR XII, Cart. de Hautcrét p. 77.
1247 villa de Satsales, AF, Fonds de Hauterive, Tir. M n" 17.
1248 Satsales, AF, Ch&tel-St-Denîs n" 42.
— 373 —
»
1248 Setsales, AF, Fonds de Hauterive, Tir. M n" 19. La cote
du tilre (env. 1400) a Satsales.
1260 Sasales. MDR XII, Cart. de Hautcrêt p. 94.
1265 Satsales, » * p. 100 et 101.
1285 Sasales, Font. rer. Bern. III 389.
Les deux termes dont se compose ce nom de lieu sont sat et
saies.
Sales n'est autre chose que te root bas-latin sala signifiant
« maison ». Ce mot est d'origine germanique. Nous le rencontrons
au VII' siècle dans la Lex Alaman. (titre 83). Il a passé dans lu
langue des populations romanes à l'époque des invasions.
Sat est la forme romande du nom de nombre « sept ». On dit
encore dans le patois vivant iat et sat
Le sens originaire de Satsales (Semsales) est donc « aux sopt
maisons >.
La forme tatiaisée de Satsales, sous laquelle la localité parait
souvent dans les actes, est Seplem Salae. On la rencontre pour la
première fois en 1177 (Hidber. UU n" 2354J.
Le mot sala a. fourni au pays fribourgeois une dizaine de noms
de lieux : Sales, Sallas, Sallettaz, etc., et à la France plus de qua-
rante noms de communes.
Sept, comme premier terme de nom de lien, n'est pas isolé.
Nous trouvoDS dans divers départements de France S^t-Fonds,
Sept- Fontaines, Sept-Forges, Septvaux, etc.
Quant à la date de la naissance du nom jSemsoIes, on peut dire
sans hésitation qu'il n'est pas d'origine romaine ; il ne peut être
antérieur aux temps des invasions germaniques.
Vil la repos.
En patois vaîarpu.
En allemand Ruppertstoil.
Formes historiques du nom romand :
1 332 vilarrepot vilarrepo villarrepo, AF, Alte Landsehaft n" 12.
1336 Villarrepo villar reppo viUa r^os, AV, Grosse d'Aven-
ches, f" 7', 10, 7.
1359 vSarr^to, AF, Praromui.
1396 nUar Bàpport viUar S^pot riOa B^poe ViUanppot,
AV, Growe d'Atenches, f 12, 19", 26', 38'.
I41&-I424 nOamififw cOiarTtpo v3Ua- Jiippo vittar Reppe,
AF, Reg. not. d» 22 p. 168, n» 24 p. 31, 43, 46, 73', 96*.
Formes hUtonqaes du non) aUeniftnd :
157S BuopersityU, Carte Schepf.
1578 Bupertstcyl, Carte Techtermann.
XVlil* siècle Rupperswyl, Sentier, Mappa geogr.
Les éléments du ootn de notre localité sont le mot viRa, aa
sens < de domaine, propriété rarale >, et le nom d'homme Botpdd.
De ces deux termes, les Komans ont formé le nom
YiUa Rotpold qui, selon les lois phonétiques, a dû subir les
transformations suivantes :
Vitlarotpold ViUareppout ViUarepou.
La seconde de ces formes est représentée par la forme histo-
rique de 1332, vilarrepot; la dernière correspond à la forme pa-
toise actuelle du nom, valarpu.
Les mêmes éléments, villa et Rotpold, unis selon le mode de
composition germanique, ont produit le nom
Rotpold'S villa, d'oii Rotpoldsicil Ruoppoltsiiil et (l devenant r),
Ruppertsidl.
A comparer Ruotpolàetpuoch. au XI* siècle, aujourd'hui Rop-
perts^c/i (Fôrstemann, OrtsDsmen, p. 778).
Le nom allemand a iuSueacé une fois, en 1396, la plume de
l'écrivain roman et lui a fait écrire villar Rippori, à câté de vUtar
Rippoa.
En décomposant le nom, les notaires ont le plus souvent fait
do l'initiale du second terme la finale du premier et ont ainsi écrit
villarroppo pour villareppo --= villa reppo.
La signification originaire de Villarepos et de RuppertstvU est,
comme on a déjà pu voir, < domaine de Rotpold >.
Rotpold est un nom d'homme germanique usité chez les Ala-
maiiH. Sa forme primitive était Hrodbald. A l'époque où te nom
roman de notre localité a été formé, Hrodbàtd avait déjà passé, en
boucbe alamane, à Rotpdd. Exemples de ce nom : Ruotpolt, Ruot-
polth, Lib, Confrat. I p. 135 III I5„-
De ces faits découlent les conclusions que voici:
1) Le propriétaire qui a donné son nom aux terres de Villa-
repos était probablement un Alaman, c'est-à-dire un membre de la
nation qui & occupé le Nord de l'Helvétie et s'est avancée à l'Ouest
jusqu'aux bords de la Sarine.
2) La forme romane du nom ne peut pas être antérieure à la
fin da VIII' ou au commencement du IX* siècle.
^Villisburg: (Avenches).
< Alamanni vastatum Aventicum prœvencione Wibili cuino-
mento et plurima parte Oalliarum, in Aetalia Iransierunt ». Chro-
nique dite de Frédégaire U 40, éd. Krusch, Mon. Germ. hist. Script,
rer. Merov. II p. 64.
Ce passage est de l'auteur désigné, dans le récent ouvrage de
M. G. Schourer '), par À (Agrestius), écrivain qui a très probable-
ment vécu dans la Burgundie helvétique, à Avenches même ou à
Genève, et dont l'œuvre historique va jusqu'à l'an 616/7.
On l'a interprété comme suit :
Les Alamans, après avoir dévasté Avenches par « prtevencio »
d'un nommé (cui nomentum) WibUius passèrent m ItaUe. V,
Roth, dans VIndicateur d'hist. suisse 1860 p. 77.
On attribue donc la pravencio & Wibilius et on place celui-ci à
la tête des envahisseurs.
C'est peut-être dépasser la portée du texte. Une autre expli-
cation est possible.
Od peut comprendre, d'un côté, que les Alamans ont pris par
< pravencio * et dévasté Avenches et, de l'autre, que Avenches est
appdê aussi Wibili (Wibilisburg).
') Dif Verfasaer der êog. Fredegu
gentia. tasc. IX, Frlboorg (Suisse) 1900.
'^Chronik. Collactanea FriUur-
Le sens du passage entier serait dODC :
t,es Alamans. après avoir pris par < pravencio » et dévasté
Avenches, qu'on appelle autrement WHili passèrent en Italie.
En interprétant ainsi, nous avons pris cuinomento au sens de
cognomento, et cela de bou droit, comme on va voir.
Le mot cognomentum se rencontre à réitérées fois dans la
chronique de Frédégaire. Voici les formes qu'il revêt :
II 35 p. 58,- Gaius assar cuinomento Calicola
II 37 p. 62,3 lïtus cuinomento Fius
II 38 p. 63], Antunius cuinomento CaracaUa
II 50 p. 71ia et 90 Wandali coinomento Silingt
IV 90 p. lôTgo per Ararem ftuvîo qumnomento Saoconna.
On voit du premier coup d'œil que dans tous ces exemples gn
latin a déjà passé au û roman, noté ici in. V. Oskar Uaag, Die
Laiinilài Fredegars, Erlangen 1898, p. 34 § 47, p. 27 § 39, p. 30
§42.
Le rapprochement des formes que nous venons de voir, avec
le mot de notre teste, ne laisse aucun doute sur le sens de celui-
ci. Cuinomento est bien ici pour cognomento.
Du reste, le second nom. Wibili, que l'auteur du texte cité
connaît à notre ancienne ville romaine déj^ avant 617, est encore
bien reconnaissable dans les anciennes mentions de Witlisburg :
1266 Wibilsburg, AF, Commanderie a" 8.
1302 Wibeîspurg, Font. rer. Bern. IV 108.
1458 Wibeîspurg. Font. Coll. dîpl. XV 1.
1476 WiUispurg, >> » XVI 39.
1548 Wifiispurg. Stumpf, Chronik, VIII. Buch.
1577 Wiflisburg, Carte Schepf.
1578 Wifiispurg, Carte Techtermann.
1688 Wiflisburg, Carte PJepp.
— 377 -
Zénauva.
Village et commune du district de la Sarioe.
En patois tsma^va.
1217 Chinoua, Ld, p. 118 n» 291.
1228 Chienoua, AF, AH, V" S. n<» 5.
1393 Chinowa, Font. Coll. dipl. 247.
1446 Zinowa, AF, Impôt de 1445.
1555 Tschinouw^ AF, Impôt pour la Gruyère.
1755 Zennauve, Perret, Catalogue 74.
Ca(8a) nova.
Dans les Fowt, rer. Bem. (I 266 n"" 50) il est fait mention,
sous la date de 993-996, d'un Casa nova qu'on n'a pas localisé et
qui pourrait être identique à notre Zénauva.
■Qf^S)^
APPENDICE
Liste des noms romains.
Les Doms locaus peuvent être assimilés aux ioscriptions lapi-
daires ; ils sont depuis on grand nombre de siècles restés attachés
aui mêmes terres. Les noms d'homme qu'il nous révèlent, ont pour
nous autant de valeur que ceux qui dous ont été conservés par la
pierre; ils nous rappellent distinctement et presque familièrement
les colonisateurs et propriétaires qui ont cultivé le sol de notre
pays à une époque bien lointaine. Et ce qu'il y a en eus de parti-
cutiërament intéressant, c'est que, en nous faisant connaître ces
hommes par leurs noms, ils indiquent en même temps très exacte-
ment le coin du pays qui leur a appartenu.
Nous n'iadiquone ici que les noms qui se dégagent d'une façon
indubitable des noms locaux. Les noms d'homme sont accompagnés,
dans notre liste, des noms de lieux d'où ils sont tirés et pour les-
quels nous renvoyons le lecteur à l'endroit de notre étude où ils
ont été examinés.
Abidius Agy, Ebsachen.
Archontiua Arconciel, Ergenzach.
Altinius Autigny, Otteoach,
Brittinms Bertigny, Brittenach.
Campanius Champagny, Gempenacb.
Spanius Epagny,
Festinius Fétigny (Festignei).
LenHnius Lentigny, Lentenach.
Martilius Marty, Mertenlach.
Mmtanius Montagny, Montenach.
Silvanius ou Saïvanius Salvagay, Salvenach.
Taurinius Torny (Taurniaco).
Wistiîius pour Vistilius Vuilly, Wistenlach.
Cossinius Kusscach.
Victorius Wichtrach.
(Sulpius Sucby, Solpiaco).
Rufinus ou Bufimus Rùfenach.
On peut ajouter à celle série les noms CujUdius el Fubrtnius
(Cugy Cubizacha, Farvaguy Favernach), bien que leur lecture soit
moins directe.
Distribution des noms locaux en -y et de ceux en -ens par districts.
Oitiricli.
Nomi
1 romain*
Nomi
germanique!
en -1
-iar,
•le.
en -flr
Il -Jnget, etc.
Avenches
_
_
Broyé
9
5
Payerne
2
3
Sarme
11
9
Lm
7
3 J
Olàoe
4
26 i
VeTeyse
—
' }
Gruyère
6
13
Singine (noms romans)
—
3
Observations sur les cartes.
I
Nous joigQODs à cette étude deux cartes du territoire sur le-
quel elle s'étend.
La première
est celle qui a été faite en 1668 par François-Pierre Von der Weid,
commissaire giîne'rai de l'Etat de Fribourg. Elle nous présente un
tableau riche et correct de la toponymie fribourgeoise et vaudoiae
(en partie) du XVII* siècle. A remarquer^ que selon l'ancienoe
orientation, le Sud est en haut. Cette carte a été publiée par
H. Léon Glasson, dans les Etrennes fribourgeoises pour 1901.
M. Glasson et les éditeurs des Etrennes, MM. Fragnière frères,
ont bien voulu nous en permettre la réimpression.
La seconde
doit figurer la distribution géographique des noms de lieux à ter-
minaison germanique {-ing, en roman -ens -mges, etc.) dans le pays
romand. La densité des groupes de ces noms est indiquée par des
hachures plus ou moins accentuées.
L'esquisse représente une partie de l'Helvétie romaine à
l'époque de l'invasion des Germains, avec les principales routes '),
villes et bourgades. Aux met connus psr les inscriptions, l'Itinéraire
et la Table de Peulinger, nous ajoutons Payerne^), sis au contluent
des grandes routes d'Eburothinum (Yverdon) et d'Avetiticum
(Avenches).
La ligne pointillée indique la limite actuelle des langues ro-
mane (française) et allemande (alamaiie).
La grande masse des noms germaniques se trouve dans l'an-
cien pagtts Valdensis, qui comprend, comme on sait, non seulement
le paya de Vaud actuel, mais encore la partie Sud-Ouest du terri-
toire fribourgeois.
Mirmodunum (Moudon) forme le centre d'un groupe étendu et
') Les cout«8 locales n'y aoat pas portées. Du leate, les quelques tron-
çons que noua en connaisGons, ne constituent certainement qu'une bien
faible partie du r^eau construit par les oolonisateurs romains.
•) Voyez p. 370.
382
très dense d'établissements de GermaîDS. De là. la zone se pro-
longe en large bande à travers les districts d'Echallens et de Ces-
sonay et va ensuite se rétrécir entre le Jura et le lac Lémao,
A l'Est de MoudoD, ces noms descendent, d'un côté, vers le
Sud et s'arrêtent sur le plateau veveysan, à plus d'une iieue au-
dessus du lac Léman ; de l'autre, ils montent jusqu'au point de
jonction de la Sarine et de la Glane, en longeant la Glane sur ses
deux rives et la Sarine (en pays d'Ogoz) sur le côté occidental.
Entre ces deux rivières, la suite des établissements germaniques
forme comme une ceinture autour du Mont Gibloux.
Une petite colonie, bien éloignée du centre, se trouve sur le
revers et le prolongement méridional du Mont Vuilly, entre les
lacs de Neuchâtel et de Morat. Elle semble s'élendre encore au
delà de la Broyé, sur la rive septentrionale du lue de Neuchâtel.
Aucun nom en -ens dans les environs de la capitale helvétique,
Avcnticum, aucun dans toute la contrée parcourue par la grande
route romaine, de Payerne au lac de Morat.
Vus à vol d'oiseau, les établissements portant des noms ger-
maniques forment un vaste courant qui se forme au pied de la chaîne
du Jura, s'élargit sur le plateau vaudois sis entre les lacs Léman et
de Neuchâtel, atteint le maximum de puissance autour de Moudon
et s'arrête brusquement sur la rive gauche de la Sarine ').
On est particulièrement frappé du fait qu'une large bande
blanche sépare les derniers établissements à noms germaniques de
la limite des langues (marquée sur notre carte par la ligne poin-
tillée) dans presque toute la largeur du pays romand, depuis les
Alpes de la Gruyère jusqu'au lac de Morat et encore au delà du
lac de Neuchâtel*). {Les localité.s Tentlingen iv Tinterin. Bûdingen
fr, Guin, Bôsingen fr. Sasens, Lurtigen fr. Lourtens se trouvent
') Deux seulBÎnonis en -viis ont paaaé la Sarino, BotUTniin et Esta-
■is, tous deux dans la Gruyèro. De mSme les cliercherait-on en vain
dans la Gruyère aupéfieure, dans la vallée do Charmey ou dans toute autre
contrée muiitagnouse.
') Une branche peuîfourniedo noms germaniques, partant également
du pays de Vaud, se glisse entre le Jura et le lac de Neuchâtel pour s'arrêter,
elle aussi, à Boudry < Vurmondins), à une distance encore considérable du
domaine de la langue allemande.
— 383 —
déj&sur le domaine de l'idiome germanique). Cette discontinuité
semble bien indiquer que les noms germaniques en -ens de la Suisse
romande ne viennent pas du Nord, qu'ils ne sont pas te résultat d'une
extension de la toponymie allemande au delà de la frontière sécu-
laire des langues, qu'ils ne sont pas^ en d'autres ternies, l'œuvre
d'immigrants de race alamane. Il parait, au contraire, probable que
ces noms viennent de l'Ouest ou du Sud-Ouest et qu'ils sont des traces
de l'établissement du peuple burgunde qui est entré sur te sol helvé-
tique soit par la route romaine du Jura soit par celle qui longe le
Léman ').
Il semble aussi que les immigrants ont eu en partage, de pré-
férence, la contrée boisée *) et moins cultivée du pays, c'est-à-dire
le plateau qui s'étend du Jura aux Alpes fribourgeoises et vau-
'} Gardong-notiH de l'erreur de croire qu'il n'y a eu d'établissements
de Germaina quedans les localités où des noms germaniques en lont preuve.
Les immigrants ont très probablement et* répartis suc presque tout le terri-
toire du pays romand. Il ne faut voir dans la toponymie germanique que
la preuve ou l'indice d'une plus grande densité de colonisation.
'/ F. de Gingins-la-Sarraz (Essai aiir l'élablissement des BiirijunHen,
p. 53) a raison, croyons-nous, de donner i la dénomination géographique
Vnmi pour origine le mot germanique waW. Au point de vue phonétique,
cette ëtymologie est parfaitemeat correcte, le w gei'maoique devant le groape
-al s'est partout réduit an r roman (cp. Vuiidcreiis). Quant au sens du mot,
il est bien probable qu'une assez grande partie du pai/iis Valdcnsis a été
couverte de forêt à l'époque de l'arrivée des Burgundes. En traversant la
lone des noms germaniques, on croit reconnaître encore aujourd'hui des traces
de l'aucieD état. Ce qui étonne, c'e^t que Gingins attribue, dans son système
Je partage par quartier», toute cette contrée auK Romains, eu refoulant les
Bargundos dans le paye d'Ogoz et dans l'Uecbtland. — Cependant, la
limite qu'il établit entre les deux races (v. la carte ajoutée à l'ouvrage
cité), coïncide d'une (agon frappante avec la limite des noms germanique.-!
telle qu'elle reaiwrt de notre carte.
1
TABLE DES NOMS DE LIEIJX
V
indiquant, outre la forme actuelle, les principales formes liûtorique
V
noms qui ont été l'objet d'une étude spëdala dans le présent travail
^M
imprimés en caracléres gras.
1
Abidtacus(fuadas)264.
Awuncici 264.
fl
Abril 267.
ArkOQtie~2B5.
^^1
Abtadilingum 302.
Arguncie265.
^H
Actalena301.
Arlengus 294, 300.
^H
Aflry 267.
Ariens 300.
^H
Atry 267.
ArPufTeDs 300, 297.
^^^^H
Agiez 263.
AruRena 301.
^^^^^H
Agiez. lo vey 263.
AsDeins 299.
^^^^^1
Agiez, nova 263.
AsnetïB 299.
^^^^^^H
Agiez, velus villa de 263.
AthalensSOl,
^^^^H
Ag-nent. 389.
Atlaleuges 301.
^H
Agry 263, 252.
AttalensSOl.
^H
Alborenges 302.
Aubupang:«s 302, 293.
^H
Alconcie 265.
Auborenges 302.
^1
Allens 300.
Aulbreuges 302.
^1
Allerens352.
Aultenachen 266.
^H
Altioiacus 266.
Autenach 266.
^1
Apriacua 267.
Autignie 266.
^H
Aprilia 267.
Aiitlgrny s«e.
^H
Avenches 375.
^H
Arcae Coelî 266.
Aven ti eu m 375.
^H
Aroanciel 265.
Avri 267.
^H
ArchoDtiacua (lundufl) 265, 266.
Avriei 267.
^H
Arconcey 286.
Avril.267.
^H
Arconciaeu 266.
Avry ae7.
^H
Arconciacom 264.
Avry-devant-Pont267.
^^H
AFcoiici«i ae-s.
Avrye 267.
^^^^^H
Ar(«Dcier 265.
Avry-sur-Matran 267.
^^^^^H
Avconciez 265.
Aziacus 263,
^^^^^H
Ai«onsat266.
Azie 263.
^^^^^H
Arcontie 2S5.
Aïje 263,
J
^^^^1 — 386 ^H
■
Balsinfçen 303.
BritinUcBs 268.
^^^H
Baselgiii 354,
Bntiniei 268.
^^^^^H
Basens 30», 382.
Brittenach 268.
^^^^^^^1
Basingum 303.
Britliniacua268.
^^^^^H
Bazeuge 355.
Bromagoa 332.
^^^^^H
Belfaui 365.
BrucÎDges 294.
^^^^^H
Bellena 304.
Brunens 3-5 ■».
^^T^H
Benciera 262.
Bnizingea 294, 345.
^^1
BenUera 232.
Bucenetis 307.
^H
Bereins 304.
BuiifOQUua 368.
^^^^^1
Berlens SO-t, 396.
Bur3in8 345.
^^^^^H
Berlin 304.
Baschi 260.
^^^^^H
Busai, do 261.
^^^^^^1
Bertignio 268.
BusaÏB, de 261.
^^^^^H
Bertiffn.v ZG-l, 2t>4.
BnSHy 200-S« 1 .
^^^^^1
Béaançin 304,
Byoneos 305.
^^^^^M
^^^^^H
Beaiogen 303.
Campaniacus 2S9, 269.
^^^^^H
BflleDs 30&, 322.
CariacuB ((undus) 270.
^^^^^^H
BioDis curtts dOô.
Casa nova 377.
^^^^^H
BloiiDena290.
Castollens 345.
^^^^^H
Blonnens 34I&.
Catberenaz 354.
^^^^^H
Bitlenâ 305.
Cavagnac 269.
^^^^^H
Bleacens 306.
Chao]pagiiiaco269.
^^^^H
Blectsens 30«.
Cbampa^ny 26», 259
^M
Bœsingen 290, 303. 382.
ChamufeDs 308, 297.
^H
Boflleas 344.
OiaBlelena ."^45.
^H
BoHiagea 294, 344.
ChâlillwnB 34S.
^^1
Bonnefontaine368.
Cliavagnac 269.
^^H
Boranges 302.
ChavaffDy S60.
^^^^^H
BoBCens 306.
Chavaniei 2fi9.
^^^^^^^M
Boslinges 294, 344,
Cheinens 309.
^^^^^H
BosseDH 300.
Cbeirier 270.
^^^^^^^1
Bossonnens 308, 290.
Chefry aïO.
^^^^^H
Bosthereyn 307,
CliempinDaelio 269.
^^^^^H
Bolhereyn 307.
Chi^nens 309.
^^^^^H
Bottereii«i30'7, 297. 352, 382.
Chemaula 369.
^^^^^^H
BoviKo.v a«S.
CheaaupâQlo 355.
^^^^^H
Bpeillea 35S.
Chésopelloz 3&K.
^^^^^H
Bremoudena 308.
Chevagni^269.
^^^^^H
Bpeiuudens 308,297, 335,348,
Cheverié 284.
^^^^^H
Bratigney 268.
Chevpilies 3S6.
^^^^^1
BrigelB 355.
CheynenB 309.
^^^^^H
Britilgio, de 355.
Chienova 377.
1
— 587 — ^^^^1
Chiétres 263.
Coarg-evaad 3S8. ^^H
Chinins 309.
Canrnillens £»8. ^H
Chinova 377.
Courlepiii 361. ^^^^^H
Chirie 270.
Courtrivey 361. ^^^^^^|
ChiriMules 369.
Conssiberlé 361 . ^^^^^1
Chirwillie 357.
CresBier 270. ^^^^^1
Chiasapenlo 355.
Crisoiacus 270. ^^^^H
Chivrilea 356.
CriHBiei 270. ^^H
Chivrillie 357. '
Cubiicaca 271. ^^M
Cbasaenacho, in 288.
CudpeBn 3&d, 250. ^H
Cibiïaaca 271.
Cudrnlin 360. ^H
Comuuniacum 259.
CfitlerwyL361. ^^Ê
Condamine 365.
CugyZy±. ^M
Condemiaa 289, 357, 362, 365.
Cuidreftn 360. ^H
ContainiDa 365.
Cultivrj 361. ^H
Coquenens 311.
Cunereni« 3'^7. ^H
Coquerens 311.
Cupidiacus ({unduH)271. ^H
Coq«irens311.
Caquerens 311. ^H
Cordefln 360.
Cnrgevolt 358. ^H
Corgivul 358.
CurMn 360. ^H
Coriolin 298.
Curnilliens 298. ^H
Copjoleos a»8.
CurDilliD 296. ■
CorjoiliQ 296.
Curselmu*t361. ^H
Cormag-ens 2»8.
Cursiberlex361. ^^^^H
Cormanon 361.
CarteIlD360. ^^^^H
Corraargin 298.
^^^^H
Cormenbo 358.
^^^^^^1
Cormenbo" 358.
Cuzziacua 271. ^^^^^^^H
Cormerod 361.
^^^^^H
CopiniDbœuf 357.
^^^^^^1
Cormondea 362.
Dachslingen 345. ^^^^^H
Corraoral 361.
Dabailiogum 345. ^^H
Corinules 362.
Daillens B^&. ^H
Cornilina 298.
Dandiliogum 338. ^H
Corpastur 361.
Dapd«Ds311. ^H
Corpataux 361.
Didiagen 319. ^H
Cortaneir 361.
Diodilingum 338. ^^^^^|
Cortaney 361.
Dirlapet ^^^^H
Cortmunda 362.
DodÎDgum 320. ^^^^H
Cosainiacus (fundus) 288.
Doens ^^^^^H
Cotains296.
Dorniucuni 305. ^^^^^^^|
Cotheingis, de 310.
363. ^^^^H
CotteasSlO.
^^^^H
Cottingcn 310.
Drilaris 363. ■^^^^^H
^^^^^^^^^^B ^^^^1
^^^^^^^^^Bf * ».
ErtataittZn. ^M
Bmlmvmamat»at^.3S ■
^^^^H Doeoi 319.
^^^B Djn>n9.
Kimêcbm 26»-Z«.
KcbKlImi 312.
FaoLu 3». ^^^^H
KoliaiMleiut S<5K. 297.
^^^^H
Krh&rlan* 296,
Par>ag«,. aui 272. ^^^H
E<>luirlen«»fll,297.
Farvaçeitai 272. ^^^^H
Bctiericni 312,
Farvagvy ZtZ. ^^^^H
Erlf-I^n» 84.Î
Farragny-Ie-Gwnd 272. ^^^M
K<Tiibl<>nH.ti:e,345.
Farvagny-le-peijt 272. ^H
EfuvIlleDw»!».
PavarDiacns272. ^^H
EliwriïKh 885.
Favarnier 272. ^^^^1
EansDt 321.
Fa verges 272. ^^^^^^^|
Enoy 274.
^^^^^H
EpaffnySTfl.
Favernay 272. ^^^^H
RpMchen S84.
Faverneiu 272 ^^^^^H
KrcbenczBgen 263.
^^^^H
Erchunjsach 265.
Favriniacas vilU 272. ^^^^H
ErgenKBch 264. .
FayolaK'36g. ^^^^H
ErgenMcben 265.
^^^^H
ErKUncift 266.
Féguelenaz ^^^^H
F.tlena 300,
^^^^B
ExG&rlongu 293.
^^^^H
Eacarlingis 2»3.
^^^^M
EwarllDRui. 293. 284,312.
^^^^^H
EitchalletiB 312.
FestiniacuH273. ^^^^H
ExcharlelnH 312.
Pt^tif^ny 'ZTTH, 290. ^^^H
EMchi»ii«a]4.
FJBtigaier 290. ^^^^^|
Eiclepen» 345.
^^^^H
EsclepporiB 251.
^^^^^H
Evcoblona 312.
^rmangueire364. ^^^^^H
EHcublenB 312, 345. I
[i'raDex SOS. ^^^^H
ExGUvjJaiis 29S. 1
^^^^H
Escuviliiens 313. F
redingJB. In 294. ^^^^H
Expaiiiei 271. F
tmena ^^^^M
KftseFl, 3a ^. F
nnaam ^^^^^H
E8tnvaie26]. F
^^^^H
Esta vaiel 261. F
uens ^^^^M
EsUvaiel-la-vila 261. F
^^^^H
1 F
^^^^H
^B9j^^ — 389 ^^^H
m «aÎDg 319.
^^^^^1
H Garapeuach 369.
^^^^^^1
H GaiDigea 309.
iDDens ^^^^^^^H
■ Gempenach 357, 269.
^^^^^1
H Gevisier 273.
talapadengs 345. ^^^^^^^H
■ GiSer» 356.
'^^^^^^1
■ GUIarens 316,391,297.
Itlens ^^^^^1
■ Girisseiis 323.
■ GisillieriDgeD 317.
^^^^^^1
■ Gislaharingum291.
Jeressens ^^^^H
Gislarena 316.
«f oressant 383. ^^^^^H
Gisrelen? 316.
Jorussans ^^^^^H
Givlsiez 273.
Joruasens - ^^^^^^^Ê
Glareina 319.
^^^^^H
Clettepens 31-7.352,279.
Juliacam (prxdium) 259. ^^^^^^|
Glieterens 318.
(funâuB) 259, ^^^^^^|
Gomoans 296.
^^^^^1
GomoSens 320.
^^^^^^1
GriiiioldeDs'350.
^^^^^1
Grissach 270.
^^^^^^1
Grisaacben 270.
^^^^^1
Gamenen 365. 289. 357. 362,
Kisalheringum ^^^^^^|
Guicens 343.
Klein-Bâsiiigen 303. i(^^^^^H
Guitrila 357.
KUssnach 288. ^^^^^^|
Guimina 365.
Ilûttingea 310, ^^^^^H
«ainsi», 382.
^^^^^^M
i:,aiitigDie2T5, ^^^^^^|
GDmescboQ 366.
Laret ^^^^^1
Gumofens 320.
274, ^^^^^^1
Gamutons 320.
I^entigny ^^^^^|
Gumschen 36S. 265.
Lentiniacus (fundn») 275. ^^^^^^^|
Gurmels 362.
Leutiniei ^^^^^H
Gurmurs 362,
LeudfridiDgum ^^^^^H
Gross-Bôaingen 303.
Liahlharingum ^^^^^^Ê
Guarmoodins 346.
^^^^^M
Gurwolf 358,
LiefTpens 323. ^^^^^1
Guachelmut 361.
^^^^^1
^^^^H
Hennons3£l.
^^^^M
Henniez S74.
^^^^M
■ Hi8pasie271.
Lobsingea ^^^^^H
^M
Locens {^^^^H
■ Ignie 274,
Loch le 275. ^^^H
■ IlleDsSSfl.
Locie 275, ^^B
Ih^^b
H
^^^^^^^ .-. 390 — ^^^^1
Usitigu«250, 345-
Matran 298. ^M
LuHsy ÏTR, 290.
Mauden»« 328. ^H
Lutîie 275,
Meldunum 367. ^^^^H
I^ulians 335,
Meriei 278. ^^^^M
L,oapteiiH3a4.382
^^^^H
levains 296.
Merlach 278. ^^^^^H
Loveins 325.
Merteiach 278. ^^^^H
Lovens 3ZS.
Mertellach 277. ^^^^^H
Lovingo 325-
Merlenlao-h 277. ^^^^^H
Lozchie 275.
Mertilaclia 278. ^^^^^H
l.uceiis34B,250.
^^^H
Lu ci ac us 277.
Meypiez S78. ^^^^H
Luliacun) 259, 276.
Middes 366, ^^^^H
Lulie 276.
^^^^H
Lulliacus (fondus) 276.
Mildunum 367. ^^^^H
Lully ZIB.
279. ^^^^^1
Lurtigeji 324,382.
MionJdunuin ^^^^^|
LuBBiei 277.
Miiii>odunum367. ^^^^H
Lussy ZT7.
Minoduiii 367, ^^^^^H
Luslriacum 259-
^^^^H
Lyelorens 317.
Miscriacus 279, ^^^^^^H
,^^^^H
Mag-nedeod 3£«. 335,348, 297-
Misopy ^^^H
Magnoudeina 326.
279- ^^^^^H
Magnudens 326.
Missach 280. ^^^^H
ManDCDs 3S7.
Missiacum 280, ^^^^H
Manoldens 326.
Mis^iacus (fuiidua) 380- ^^^^1
Marllei 277.
Missie 280. ^^^^1
Maply 127-7.
Missy 280. ^^^^1
Marly-le-Gmod 277.
Mizérieux ,^^^^M
Marly-le- Petit 277,
Modem ^^^^H
MaP8ens3a7.
Modun ^^^^H
Mami]gi%in294.
Molduni 366. ^^^^H
Mardngua 294. 327.
Molleodens ^^^^H
Marlliarlfiga 346, 294.
Molleus ^^^^1
MRPthepeDgres 34B, 294.
MolloudiN ^^^^1
Martlllacum 278.
Monta^ny 280. 259, ^^^H
MartiliacuH (fundus) 378.
Moi)taguv~1a-Ville 280. ^^^^H
Mai-tillac278.
Montasn>-le9-Monb 260. ^^^H
MaccoDoeiis 3SS.
Moiitaniacum 259, 380. 281. ^^^^1
Mascogain 326.
Monlaniei 280. ^^^H
Mascoiieiia 325.
MoQleDacb 260, 281. ^^^^1
Massenena 328.
Montenach, Ober 2B0, 281. ^^^H
lUaHsoDDtiUs 338.
Monlt^vpaz 366. ^^^^1
^^^^HPB 391 ^^^H
^P Montfotan 368.
Pantiacus (Fundus) 262. ^H
■ Montilier 363.
Parmeaenx 332. ^^Ê
■ Montilier, au 263.
Paterniacum 370. ^^^^^^H
■ Montilly 263.
Pateraiugum ^^^^^^^|
H Montivrar 366.
371 ^^^^^H
■ Moreina 396.
Pateraum ^^^^^^^|
™ Moreos 32».
PatL'i'cio ^^^^^H
Morin 329.
Paternus (fundus) ^^^^H
Morlange 330.
Pa.verne 370, 297. ^^^^H
Mopleas »S».
^^^^^H
Moudens 328.
Pélardaz ^^^^H
MoudoD 367.
Penscrs ^^^^^1
MnETethau 368.
Pensier S68. ^^^^^1
Mulleiis 347.
Péraules 369. ^^^^B
MulliQS 347.
Pépolles 368. ^^1
Miinfotan 368.
Peterlingen 297, 371. ^^M
Philiponaz 354. ^^^^^H
IVidermontaach 281.
^^^^^1
NiederBe»inf;eti303.
^^^^^M
Niaderwichtrach 289.
PormasËDB ^^^^^^^H
Noaaa 29B.
Posieux 374. ^^^^^^|
Nonens 299.
P03U ^^^^H
Nuovîllie 281.
^^^^H
Nuvilie281.
Prengie ^^^^M
IVuvilly S81.
pTimiacQs (fundus) 282. ^^H
Nydermuntenatlio281.
PpinchySSI. ^H
Principjacus (fundus) 281. ^H
Ober Beaingen303.
Pringiei 282. ^^H
Obermontnach 281.
PpiDg^y S8S. ^H
ObarwichCracb 289.
Progenaz 354. ^H
Oud^iih 330.
Ppo^ens 331 . ^H
Onningen 330.
Progin 296. 331. ^M
OrpereoB 347.
Promasaus 296. ^M
Oraeneins 330.
Promaseos 331, 290. ^M
Proniaaens331. ^H
Ottenach 266.
^H
Ouleins 296.
i^uarniDgia, in 294. ^^^^H
Quartenoudaz ^^^^^H
Paderno 371.
^^^^^H
Paerno 370.
RamsDldingis, ^^^^H
Pal^ïieiix 372.
Rausoldingis, in ^^^^^H
Pancie 262.
Raeoldena ^^^^^H
Pancier 262.
Ra8soadtiD9 ^^^^^^^|
Paneiez 262.
Recbthalten 363. ^^^^^1
^^^H 392 — ^^^H
^^Vakm çoiMiaL
SelepcdiflpnSSI.SM.
K^^SSP"'
Scnbtlûgii, in 2W. 3«. 3S,
S«iiUiinpim 312.
^^^^V SeOMU&Hu 333.
ScvbUo (DMN») 313.
^^^H ReMldengis, îo 334-
ScsTiHena 313.
^^^H R(acrad«ns 334.
SdranUcu 283.
^m R<»«ad«iM 33'$, S9T, »8
Rierens 335.
S«ptem Salae 373.
Ri«rin 33S.
Sept-FoDdi Sn.
Rodoianiogum 33&.
RodQlfl vilU 305.
Sept-Forgea 373.
Romanen» 33S.
S*plMni 373.
RorouJ/ens 332.
Seiry *83.
Seriaco» ((andus) 284.
Ro«»eiw 333.
Série 284.
RoMin 336.
SesMle3 372.
RoIpoldisvilU 3T4.
SeUal» 372. ^^^M
Rûfenach 289.
Severiacas 284. ^^^H
Rufenacbt 289.
SevRi 284. ^^^^H
Rufenen 372.
Siebeouch 273. ^^^^^H
Ruflniacnni 289.
SilvanUcQsaSS. ^^^H
Rnûtpoldespnoch 374.
SUiriex £84. ^M
RupperUiwil 373.
Sivrie i&i. ^M
RuMie 282,
Sociingos fôO, 336. ^^^H
Ruiwy 282.
SoldiscuB 285. ^^^^H
Soizie 284. ^^^^H
»t-Sylve»lre 354.
Sâlw 373.
Sotiinges 336. ^^^H
Sallar 373.
Soacens 250, 336. ^^^^H
SalletUz 373.
Soagie ^^^^^H
Sallflenach 283.
Soaglet 285. ^^^^H
Salva^ny 283.
SouKDs 336. ^^^^H
Saivaniacus 283.
StAfflea S61. ^^^^H
Salvenach 283.
^^^^H
SanBonnena 336.
Stavaiel 261 . ^^^^H
Sagaie!. 373.
^^^^H
Satsale» 372.
^^^^^H
Sancens 336.
^^^^^B
Savagny 283.
Suviolum sub Jablor 261. ^^^^H
Scariiingum 293.
^^^^H
Scarlingum 293.
Sng-iez ItS^. ^^^^M
SchUpdingeD 345.
^H
SchUbeliogon 345.
TarodiDgiD 311. H
ScIepediDgiB 345.
Tauriniacam (praedium) 285. ^H
I
Taurniacas aupedor 285.
Vilarrepot 373.
Tentenens 337.
Villarepos 37».
TeotlinRen 337, 382.
Villar reppo 373,
Tbalens 301.
VillarRipport374.
Tliierrena 348.
Vianola 369.
Thorel 261.
Visny 286.
TbiidiDgen 319.
Vi liera 262.
Ttnterin 337, 340, 344, 382.
VillapdeD» 340,297.
Tintiageu 337.
Villarotpoid 374.
Tiroula 369.
Vîsaroula 369.
Tiudingen 319.
Viasi roula 389.
Torel 262.
Visteroaaa 296.
Tornie 285.
Visyrola 369.
Torny SSS.
Viveis 262.
Torny-le-GranJ 285.
Vivera 262.
Torny Pittet 285.
Vivier 262.
Toppy 26 1.
Vivier, au 263.
Treslouden» 350.
Viviers 262.
Tretoreos 338.
Vivirs 262.
Trétudeus 349.
VIvy 262.
Treytorrens 338.
Voueens 339.
Troiterena 338.
Voudanens 339.
Trovereas 3-17.
Voudenens 339.
Tacliinouw 377.
Vuadens 340, 290.
Tudenges 292.
Tùdingen 319.
Vucherens 352.
Tasy 285.
Vutfl4>ns 3^6.
Vuilly «87.
UeoniugeD 330.
Vuilly-le-Baa 287.
Uo&iDs29e.
Voil!y-le-Ham 287.
UneiD» 330.
Vuippens 34%.
Uniacus 286.
Vuiatiacensis, comitalup 287
Upsy 286.
VulsHens 343.
VuisterDens 343.
Vadana 341.
VullieDs 346.
Valardena 340.
Vulliepens 347.
Varmaraos 298.
Vuolflingcs 346.
Vaac<>ns 330.
Vaud 383.
■Wadengis294, 295,340.
Vauderens 339, 283, 297.
Wadena 340.
VertuondeDs U^G, 3B2, 297.
Wadiugum 294, 340.
Vermondins 297.
Walcenges 339-
Veyllana 296.
Waldeiiena 339.
Vietoriaous 289.
Waliiiarengi341.
— 394 —
Walmarens 341.
WalmariDgum 291.
WareDgisi villa 305.
Warmarens 341.
Warmondens 346.
Wettingen 341.
Wibili 375.
Wibilisburg 373.
Wibilsburg 376.
Wichtrach 289.
Wiflisbup^ 375.
Willafans 333.
Willaufeos 333.
Willie 287.
Wintarneins 296.
Wînterlingen 333, 344.
Winterningis 343.
Wintharneins 343.
Wipedingus 294, 342.
Wippens 296.
Wippingen 342.
WisliacenHis, pagus 287.
Wissens 343.
Wistarnens 296, 343.
Wiâtellach 287.
Wistenlach 287.
Wistiliacus 287.
Wocens 339.
Wolflinges 294.
Yllans 2%, 322.
Zeinin 309.
Zeiry 270.
Zejopelloz 355.
Zénauva 377.
Ziffîzachen 273.
Zinowa 377.
Zivizach 273.
TABLE DES NOMS D'HOMME
et des racines onomastiques.
Abidius 264, 379.
Àbtad 302.
Âbtada 302.
Abudius 264.
Adalalf 333.
Adalbodus 358.
Adaloldus 351.
Adelaldus 350.
Adr- 301.
Adraldus 350.
Adrulf 301.
Aegioldus 351.
-am 333.
Alloldus 351.
Al pin i us 259.
Alpinus 259.
AltiDius 266, 379.
Altious 266.
Ansi 299.
Ansoald 350.
Antoldus 351.
Aprius 267.
ApUdius 302.
Apthad 302.
Ara 300, 301.
Archontia 265.
Archontius 265, 379.
Archontus 265.
Arconciu 265.
Arcontius 265.
Aril- 300.
Ariia 300.
A ri- 300.
Arlabaldus 300.
Arlavoldus 351 .
Arlefredus 300.
Arlildis 300.
Arluînus 300.
Arlulfus 300.
Arr- 301.
Arrulfus 301.
Anilf 301.
Asin- 299.
Attalus 302.
Aubœuf 358.
Aun 330.
Ayroenus 351.
Bas- 303.
Basina 303.
Basinus 303.
Baso 303.
Baudi 306, 307.
Benilo 356.
Beonna 305.
Beonnu 305.
Beono 305.
Bercbtil- 304.
Beril- 304.
Berila 304.
Berlio 304.
Beroldus 350, 351
Bertil- 304.
Bertila 304.
Bertla 304.
Bertraudus 350.
Bondallaz 354.
Bid 305.
Bitil- 305.
Bled 306.
Blid 306.
Blidizo 306.
Bod306, 307.
-bod%8.
Boctharfus 307.
Bothari 307.
Botthari 307.
Bovinius 268.
Bovins 268.
Brimo 308.
Brinii.M :(i)S.
Brimwald 308.
BrittiDiua26S, 379.
Brittias 268.
Brittus 268.
Bruno 347.
C&g309.
Cagan- 309,
Cagin 309.
Cajn 309.
CampaniuB 259, 269, 379.
Campanud 259, 269.
Camulf 30S.
•Capanius 269.
Caria 270.
Cariua 270.
Castilû 345.
' CavaniuB 269.
Chagan 309.
Chamo 308.
Chlodonier 342.
Chlodomirus 342.
Cossinius 380.
Cott- 310.
Cottwân 311.
Cristtnaz 354.
Cunhari 347.
Cupida 271.
Cupidia 271.
Cupidiua 380.
Cupidus 271.
Dahsil- 345.
Dandil- 338.
Dando 338.
Dantlin 338.
Dendi 338.
DeDtelin 338.
Dindi 338.
Dindil- 338.
Dindo 338.
Dodo 320.
Donzallaz %4.
Drogo 311.
Druhti 339.
Dado 320.
Eberbard 367.
EngebvaM 351.
Engilion 307.
-en tins 304.
ErnienalduB 350.
Ermenoldus 350.
Eateven- 315.
Estevena 315.
Esleveiiaz 315.
Estevenin 315.
Estevinet 315.
Evrard 367.
Fabrinius272,380.
Far- 316.
Fégaely 354.
Fer- 316.
Perhil- 316.
Fei-1- 315.
Festina 273.
FostiDÎup 273, 379.
Festinus 273.
-fred 324.
-froit 324.
Frua]oldus351.
Fug 316.
Fugilo 316.
Gelimcr 342.
Geroldus 350.
^^^^^^^H 397 ^^^^^
Gfroldna 351.
J^^^^H
Gisilhari 317.
'^^^^^1
Gislaar 317.
i^^^^^H
Gislahar 291.
I^ndoalda 351 . ^^^^H
Gislahari 317,
Laub 325. ^^^|
Gislaharius 317.
Leahtoid 318. ^^M
Gislar 317.
Lealiniua 275, 379. ^H
Gisloldua 350.
Leud- 323. ^H
Giwu!f359,
Leudfrid 323. ^H
Glaidou 319.
Leuht'3I8. ^H
Gomolf 321.
Lialit 318. ^H
Godomar 342.
Liahtgriui 318. ^H
Gfimaldus 350.
Liahtliai'i 318. ^H
Grimold 350.
Liahto 318. ^H
Grimoldus 350.
LiardunSlS. ^H
Grimwald 350.
Lietredus 323. ^H
Guma321.
Lief rott 323. ^H
Gumuir321
Lietodu» 324. ^H
Libta 318. ^M
Hanhavaldas 351.
Lioht 318. ^H
-hari 307, 318, 3ô2.
Litbiirga'.324. ^H
Herimaldus 350.
Litlardus 324. ^^|
Hin- 321.
Lob 346. ^^1
Hina 274.
Loba 325. ^^^^H
Hiniua 274.
Lobizo ^^^^H
Hrod 336.
^^^^H
Hi'odbald 374.
LolliuB ^^^^^M
Hrodmau 335.
LopuB ^^^^^1
Hrom 333.
LulluB ^^^^H
Hunalf333.
^^^^^^^1
-Icul 314.
Magan ^^^^H
Id- 322.
Magaubod 358. ^^^^^H
^ -Ikil 314.
Maganwald 327. ^^^^H
^ In- 321.
Magenold 337. ^^^^^Ê
■ Ina 274.
Maginbod 358. ^^^^H
H luius 274.
Maginold ^^^^H
^U Irnianson 307.
Maimbod358. ^^1
■ It- 322.
M3irabœuE358. ^^M
■ Itil- 322.
MaiDbodua358. ^^H
H
Mald- ^^^^^1
H Jabindins 274.
Mann- ^^^^M
■ Jubiodus 274.
Mannius ^^^^^^M
■ Julius SS9.
-mil ^H^H
Man- un.
M«r>i an.
H«iw> 3ZS.
Mkraao 928.
Marthari 294, BM.
Marti It 27)1.
Martin* 27)1.
Marti Uns sn.
MaM»S6.
Matulphua SAl.
Maur- »2».
Maurll- »tS.
Maurllla RHO.
Maurll I UN 1180.
Maurllo H8S.
Mnurui tU9.
Maymbodu» HM.
Motftnold m.
-tiiArlMl.
Mltwrla Ï79.
Mlwriu* 879.
MhH-280,
MUoioltiH 28<).
MoiitAiiliiH VM). 881..S7ft.
Morllo 320. 8IW.
Moi
itao.
Mwialit !tM.
MiinilR.'Itl]).
N(>rtht(tlaiiii3.M.
N»vi<lliui> SRI.
OaïaSM.
-.iM S». 3«>-3M.
Olfair MS.
Oui Mil,
Onntu Ssltt.
IVUnl S,M
P«nailo 356.
P«nDo356.
Pfailippon3»l.
Pilloa-1 Soi.
Primln» 282.
PriupipiW 281.
Progeni 354.
Promaa 332.
Promaiiiu 332.
Qnartenood 354.
Radoldiia351.
Raioandas 350.
Ramiold 335.
Raroiolf 335.
Regfnoldns 351.
RodroBD 335.
Rodoman 335.
RodEO 336.
Rom 333.
Rotnalf 333.
RornSDius 259.
RomaiiUB 259, 335.
Roiiiulfua 333.
RoacluH 283.
Rotnian 335.
Rotpold 3TJ.
RoUo 336.
Rouo 336.
Ruiliiieii /en 372.
Rutlmus253. 289.3
RuHqus 259, 289, 3»
R«o,iiusn33ô.
Ruol|x)lt3T5-
Ruotpoltb 375.
; S»Ucbo336.
Salobo 336.
SalM-ho 336.
Salvanius 379.
336.
S»ril- 297.
Sarva 337.
Sanruif 337.
Scand 297, 345.
Scaril- 312.
Schiibel 313.
Scit- 314,
Scito 314.
Scopilia 313.
Scopilio 313.
Scopilius 313.
Scub- 313.
Scubiculus H13.
Scubil-312.
Scabilio313.
Sciipilia313.
Scupilio 313.
Scuviculua 313.
Serius 284.
Severius259 284.
Severus 259.
Silvaiiiua283,379.
Skubikil- 313.
Solida 285.
Solidius 285.
Son 307.
Soruif 337.
Spanius 271, 379.
Stabadin- 314.
Stabadoni 315.
Staba-n3]4.
StabaaiD 314.
Stabatin- 314.
Stephaims 315.
Sulpius 380.
Tanto 338.
Taurinius 285, 380.
TlieodoIdnH.350.
TheQdaIdus.350.
Troctar 329.
Trogo 311.
Truhthari .339.
Tusius 286.
Tutius 286.
UIBd 359.
UIflna 361.
Ulflno 361.
UlflnuB 861.
Uno330.
Urs- 331.
Ursinas 331.
Ursius 286.
Vestralp 333.
Victor 259.
Victoria 259.
Viotorius 289 380.
Vilja 347.
Viilicariu» 351.
Vinius 286.
Vistilia 287.
VistiliuB 287, 380.
Wadd- 341.
Walamar 291, 341.
-wald 327,335, 349-352.
Waldan 340.
Waidesa 306.
Waldhar 340.
Walhard 340.
Waldil- 340.
Waldilo 340.
Waliko 339
Walai4r291, 297, 341.
WâD 311.
\VaiidaIjiiarus35I.
Warriiund297,346.
Wibilina 375.
Wilihard 297.
Willi- 846.
Willihari 347.
Winistar 344.
Winistaril- 344.
Wiuistarn 344.
Wippiio 342.
Wi88- 343,
Wistilius 380.
Witipato 342.
— 400 —
Witpot 342.
Wulf321, 361.
Wulfll- 346.
Yngozo 306.
-Z-306.
Zen Rufflnen 372.
INDEX DES NOMS COMMUNS
suffixes, etc.
à burgunde 341.
-a 354.
-acus 259.
-am 291.
-anges 292.
-ans 296.
-anus 259.
Ârca coeli 266.
Arc-en-ciel 266.
Baselge 355.
Baselgia 355.
Basilica 355.
Basoche 355.
Bazeuge 355.
Bonafontana 368.
Britilgium 355.
Bûnda 356.
Caprile 356.
Casa 377.
Casale 356.
Casa nova 377.
Cognomentum 376.
Compascua 366.
Compascuus (ager) 366.
Cor, V. cortis.
Cortis 358, 359, 361, 362.
Cour, V. Cortis.
Cainomen1;o375.
Curia 355.
Curtis, V. cortis.
Dreit 363.
Dûnon 367.
-en 8 292.
Essert 364.
Exartum 364.
Fabrica 272.
Fàra 315.
Farvages 272.
Farvagettaz 272.
Fora 315.
Fontana 368.
Frana 365.
Fraxinetam 365.
Fraxinas 365.
Fronu 365.
Halde 363.
Halte 363.
-i-aous 259.
-ing291.
-ingam 292.
-inges 292.
-ingis 293.
-ingos 293.
-ingum 292.
-ins 293.
Laris 363.
Larricium 363.
Minus 367
Min vos 367.
Mont 366.
-oia 369.
Paiatioiam 372.
Petra 369.
Petrola 369.
Puteolus 872.
Puteus 372.
-rn 370.
Rupina 372.
Sala 373.
Sat 373.
Sept 373
Septem 373.
-um 291, 349.
Villa 374.
Wald 383.
-*0*C>4-
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Introduction 249-251
Sources et littérature 252-257
Abréviations 258
Les noms de lieux en -acus (-y «ier -iez) 259-290
Observation sur l'époque de la formation des noms en -acus . 289-290
Les noms de lieux en -ens 291-347
Le suffixe germanique -ing dans la langue romane .... 291-296
Observation sur l'époque de la formation des noms en -ens . . 295
 quelle époque les Germains établis dans notre pays ont-ils
étéromanisés 348-353
Noms divers 354-377
Appendice : Liste des noms romains. — Distribution des noms
locaux en -y et de ceux en -ens par districts. — Observations
sur les cartes 379-383
Table des noms de lieux 385-394
Table des noms d'homme 395-400
Index des noms communs, suffixes, etc 401
-Q^^i)fÇ^
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^Jt'V '
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LES
VISITES PASTORALES
DANS LK
DIOCÈSE DE LAUSANNE
depuis la fin du 1 6® siècle jusqu'à vers le milieu du 1 B^ siècle
PAR
le D' Ch. Holder
professeur à l'Université de Fri bourg.
INTRODUCTION
I
Les visites pastorales, leur origiue, leur développement et
leur histoire, ta manière dont elles furent faites dans les diffé-
rents pays et dans les différentes époques sont un sujet digne
de l'intérêt de l'bistorien et du canoniste. Leur importance
principale se trouve dans les données et les renseignements
qu'elles fournissent sur l'état religieux et moral d'un pays, sur
l'histoire des institutions religieuses, du droit et de la discipline
ecclésiastique.
Les visites pastorales ont joué un rôle important dans
l'histoire de l'Eglise et la législation ecclésiastique y a attaché
une grande importance, pour le progrès de l'esprit religieux et
moral des fidèles.
Dès les premiers siècles de l'Eglise, les évèques, imitant
l'exemple de Notre Seigneur et des apôtres '), ont visité les
églises de leur diocèse, pour fortifier la foi des fidèles et pour
corriger les abus. Nous en avons plusieurs exemples : S. Gré-
goire, évêque de Néocésarée '}, S. Basile "), S. Athanase '),
S. Chrysostôme ') en Orient, S. Augustin ') en Afrique et S.
Martin ") dans les Gaules.
La législation ecclésiastique s'occupa, dès le i"' siècle, des
visites pastorales. Nous trouvons en Orient, dès le commence-
') S. Mathieu ÎX. 35; Actes des Apûtres et EpltresdeS. Paul, pasaim.
■) S. Gregor. Nyaa. de vita beali Gregorii {Migne, PP. gr. 46 p. 953).
■) Sooratea, bïat, eccl. IV. 21.
') S. Athanasiua, Apol. c. Arian. 63 (Mîgne, PP. gr. 25 p. 364).
") Homil. 2, 1 in Epist. ad Tltum 1.5 (Migne, PP. «r. 62 p. 871).
*) S. AagUHt. epiit. 237 : n Viaitandaram eccleaiarum ad meam
iiii pertinentium nocossîtate projectua aura u. Cfr. epist. 261 ; Possido-
I, Vita S. Augustini 12 (Migne, PP. lat- 32, p. 43).
V Sulpicius Severus, ep. 1 (ad Ëagebium) (Migne. PP. iat, 20, p. 177) :
eut epixcopia viaitare ecolettiaa motii, eal u.
ment de ce siècle, des visiteurs (-i,t('.Sp-T»(, circuitores) et le caoon
57 du synode de Laodicée (seconde moitié du 4"" siècle)
prescrit '), que dans les villages et à la campagne il n'est pas
permis d'instituer des évéques, mais des visiteurs ; les évèques
qui seraient déjà institués ne peuvent exercer leur juridiction
qu'avec le consentement d-e l'évèque de la ville. II paraît
résulter de cette disposition législative, qu'en Orient, au moins
pour les grands diocèses, il y avait des visiteurs qui devaient
aider l'évëque dans cette partie de son administration. En
Afrique, les synodes d'Hippone (393) et de Carihage (397) pres-
crivent, qu'il doit se tenir chaque année un Concile général, ponr
les provinces d'Afrique, et qu'à cette occasion toutes les pro.
vinces doivent être visitées ').
En Occident, les dispositions législatives, relatives aux
visites pastorales remontent au commencement du G"' sîècle<
Le synode de Tarragone prescrivit en 516, dans son huitième
canon ") r * Decernimus ut antiquie consuetudinis ordo berve-
tur , et annuis vicibus ab episcopo diœceses visitentur. »
Donc, d'après le concile de Tarragone, la visite pastorale est
une ancienne coutume et elle doit se faire chaque année.
Le concile provincial de Braga (572) nous permet de voir
comment les visites pastorales ont été faites dans l'antiquité
chrétienne *) : * Placuit omnibus episcopis . ut per singulas
ecclesias episcopi et per diœceses ambulantes primum, discu-
tiant clericos, quomodo ordinem baptismi teneant vel missarum
et qualiter queeque officia in eccleaia peragant ; siu autem minime,
docere debect ignares, et hoc modia omnibus prtecipere, sicut
antiqui canones') jubent, ut ante vigioti dies baptismi ad purga-
tionem exorcismi concurrant catechumeui, in quibus viginli diebus
omnino catecbumeni symbolum, quod est Credo in Deum Patrem
omnipotentem, specialiter doceantur. Postquam ergo in his suos
clericos discusserint vel docuerint episcopi, alla die, convocata
•
') Hai'Uuiu, Acta Conc. I, p. 791, Voir également les can. 8 et 10 dû 1
synode d'Antioche (341), can. 13 du synode d'Aneyre et le can. 6dusynod« 1
de Sardique. Hefele, Conciliengeschichte I'. p. 344-45 et 773,
') Harduin I, p, 887, 903, S19, 970 et sa, ; Hefele. IP p. S, 60, 67.
') Cône, Tarragonense (Hardonin, I) p, 1042) ; o, 10. C. X. qu, 1.
') Harduin III p. 386 ; c. 12, C, X, qu. 1.
°) c. 55. De consecralione, Dist, IV.
— 409 —
plebe ipsins ecciesie, doceant. illos, ut errorea fugiant fdolontm
vel diversa crimina, id est horaicidium, aduUeriiim, perjitriuni,
falsum testimonium et reliqua peccata mortifera, et quod nolunt
sibi fîeii, alleri ne faciant, et ut credanl resurreclionem omnium
bominum et diem judicii, in quo unusquisque secuudum opeva
sua recepturus sit. Et sic postea episcopus de ecclesia illa pro-
ficiscatur ad aliam*. Ces dispositions du concile de Braga con-
tiennent le plus ancien ordo visitandi dont nous aurons à parler
plus loin.
Le même concile donne de3 prescriptions, pour que les
charges occasionnées par la visite épiscopale ne soient pas trop
onéreuses'): * Placuit, ut iiullus episcoporum per suas diœceses
ambulans, prfeler lionorem cathedriE suœ, id est duos solides,
aliquid aliud per ecclesias tollat, neque tertiam partem ex qua-
cuuque oblatione populi in ecclesiis parocbialibus requirat ; sed
illa tertia pars pro luminartbus ecclesiœ vel reparatione serve-
tur, et singulis annis episcopo înde ratio fiât. Nam si tertiam
partem illam episcopus tollat, lumen et sarta tecta abstulit
ecclesiœ. Similiter et parochiales cl«rici servili more in aliquibus
operibus episcopo servire non coganlur, quia scriptum est '):
neque ut dominantes in clero ». Le 4"' synode de Tolède
(633) renouvela ') dans le c. 36 les dispositions du synode de
Tarrapone, en prescrivant, que les visites pastorales devaient
avoir lieu chaque année ; le 7"" synode de Tolède (6i6) *) cher-
chait à diminuer tes charges imposées au clergé et aux fidèles
par les visites pastorales, et le synode de Cloveshoe (747)*)
vint à son tour renouveler, pour l'Angleterre, les dispositions du
4°"' synode de Tolède, relatives à la visite annuelle.
De même que pour l'Espagne, nous avons des dispositions
législatives et des renseignements relatifs à la visite pastorale
pour le royaume des Francs, l'Angleterre et l'Italie "), Pendant
') Hai-duin 111 p. 38fi : c. 1. C. X. ([U- 3.
•J I. Pétri V. 3.
') Harduin lU p. 587 ; c. tl . C. X. -lU. 1.
') H&rduinlll p. 622.
^) Harduin III p. 1954.
'J Cfr. Coni;. Cabilloti. a. 649 c. 11 : a parooliia» et moaasleria, quie
raos est epiacopÎB fircuire » et les synodes el diètea de la période (ranqnt
et carloviiigieaiie ; p. ex. Coiicil> AreLatense (813) c. 17, Codc. Mogunl.
— 410
le moyen âge, ce sont souvent les archidiacres qui foat. au nom '
de l'évéque, ia visite pastorale ; le droit eccléi^ias tique da reste
autorisait les évoques à se faire remplacer, pour la visite pas-
torale, en cas de néces^iité, par un délégué ').
Dès le IS"' siècle, les conciles géuéraux s'occupent des
visites pastorales, pour rappeler aux évéques l'obligation de faire
la visite pastorale et pour modérer les dépenses onéreuses qu'on
y faisait.
En 1179 le pape Alexandre III publia, au concile général du
Latran, la Constitution suivante 'j: * Cum Apostolus se ac suoa
propriis manibus decreverit exhibendos, ut locum prœdicandi
auferret pseudoapostolis et illïs, quibus prffidicabat, non eiisteret
onerosus : grave nimis et emendatione dignum esse dignoscitur,
quod quidam prœlalorum ita in procurationibus graves suis
subditis exsistant, ut pro )iujiismo<U causa ipsa interditm eccle-
Biastica oroamenta subdili exponere compellantur et loogi tem-
poris victum brevis hora consumât. Quocirca statuiraus, quod
archiepiscopi parochias visitantes, pro diversitate provtnciarum et
facultatibus ecclesiarum 40 vel 50 evectionum numerura, episcopi
autem 20 vel 30, Cardinales ^5 nunquam excédant, arcbidiaconi
5 vel 7, decani constituti su1> episcopis duobus equis conlent<
existant. Nec cum canibus veiialoriis et avibus proficiscantur. sed i
ita procédant, ut non (\mv sua sunt, sed quœ Jesu Ghrist>
quferere vidoantur. Nec sumptuosas epulas quajrant, aed cum
gratiarum actione recipiant, quod honeste ac compelenter illî!!
fuerit minislratum. Prohibemus etiam, ne subditos suos talliis et
exactiouibus episcopi gravare présumant. Sustinemus autem pro
multis necessitatibus, quœ allquoties superveaiunt, ut si mani-
festa ac ratiODabilis causa extiterit, cum caritate moderatum ab
eis valeant auxilium postulare. Cum enim dicat Apostolus "): non i
(847) c. 7 ; Grégoire de Toura, Hist. ceci. V. c. 5 ; Grégoire de Tours. D« 1
gloria eonf. c. 59. 106; Avitus Vionn. ep. 65 ad Masira. : Beda. Hist. eccl-
III c. 28 ; IV, c. 8 ; Grégoire le Grand, Dialog, III c. 38, epist. 1 ib. X. ep.
45, 1 ib. XIII. ep. 18 etc.
'] A. SchrQder, Die Ëitlwickluiig des Arehidia1<0Dat3 hU zum elften J
Jahrhundert, Augsburg 1890; Hefele, Aruhidiakonat (Kirchenlexikon l'if
p. 1253 ; c. 11, C. X, qu. 1 ; cfr. Ltincoliotua, lostitutionea juris canontd' 1
1562, lib. 1 tit. 13. De olficio arehidiaconi.
') Harduii) VI. Z, p. 1675 ; c. 6. X. de oensibuB 111. 39.
') 11 ad Cor. XII. 14.
41L
debent filij thesaurizare parentibus, sed parentes filiiïi, multum
loDge a patei'na pietate videtur, si prœposili subditis suis graves
existant, quos in cunctis necessitatibus paatoris debeut more
fovere. Archidiaconi vero sive decani nullas exactiones sive lallias
in presbytères seu clericos exercere prœsumant, Sane qiiod de
preedicto numéro evectionis secuiidum toierautiam dictum est, ia
illis locis poterit observari, in quibus ampliores sunt reditus et
eccJesiasticfe facultates. In pauperioribus aulem locis tantam
volumus teneri mensuram. ut ex accessu majorum, minores
merito noD doleant se gravari. Nec sub tali indnlgentia illi, qui
paucioribus equis uli solebant hactenus, pluriura sibi credant
potestatem indultam >,
Au quatrième concile du Latran (1215), le pape Inno-
cent III renouvela les dispositions précédentes, en y faisant une
adjonction ') : « Procurationes, quoc ratione visitationis debentur
episcopis vel archidiaconis, vel quibusiibet atiis etiam Apostolicœ
gedis legatis aut Nuutiis, absquu manifesta et necessaria causa
nullatenus exigantur, nisi quando personaliter officium visitationis
impendunt et tune evectionum et personarum mediocritalem
observent in Lateranensi Concitio defiuitam, hoc adfaibito mode-
rauiine circa legatos et Nuutios Apostolicœ Sedis, ut cum opor-
tuerit eos apud aliqueui locum moram facere necessariam, ne
locus ille propter illos nimiura aggravetur, procurationes recipiant
moderatas ab aliis ecclesiis vel persouis, quœ nondum fuerant
de suis procurationibus aggravatie, ita quod numerus procnratio-
num dierum, quibus hujusmodi maram fecerint, non excédât, et
cum aliqua non suffecerit per seipsam, du», vel plures conjun-
gaatur in unam. Porro visitationis officium exercentes non quie-
rant, qute sua sunt, sed quœ Jesu Christi : prœdicationi et cohor-
tationi, correctioui et reformationi vacaodo, ut fructum référant,
qui non périt. Qui autem contra hoc venire tentaverit et quod
accepit, reddat, et Ecclesiai, quara taliter aggravavit, tantumdem
impendat >.
Le pape Innocent IV régla en 1252, par sa célèbre Consti-
tution Romana*), les visites pastorales des archevêques en ajou-
tant : « banc autem visitandi formara àb universis etiam epis-
') Harduin VU. p. 43 ; c. 23 X de censibua 111. 39.
') Conatil. Ro,im„u c, 1. {III. 20) in Sexto.
- 412
copis aliisque prfelatig ordinariû jure suos subjertos visitanttbus,
plene. ohservari prœcipimus, satvis super hoc ratiuuabilibus et
approbatis religiosorum consuetuilinibus et regularibus iostitutis >.
Vu l'importance de cette Constitulion pour la visite p&storaie,
nous eu commuDiquoDS le texte :
« Statuimus, ut quilibet archiepiscopus. Ruam volens vist-
tare provinciam, prius ecclesiœ Buœ capitulum ac civitatem et
diœcesim propriam plene visitare procurée, nec sit solum erga
majorum, sed etiatn minorum ecdeslarum, nec circa clericorum
tantum, sed etiam populorum vjsitationem intentus. Et si com-
mode vei abgque difficultale accedere ad unamquamque non
poterit, de pluribus locis ad unum congruum clericos et laicos
studeat convocare, ne in illia visitalio postpouatur.
Deinde liceat eï per totam provinciam vel ejus partem
visitationis officium exercere, civitates et diœceses, sufTraganeos
suos et eorum subditos, cal hedralium et aliarum ecclesiaruia
capitula et monasteria, ecclesias et alla pia loca, clericos et po-
pulos libère visîtando ac procurationes a locis tantum recipere
visitatis.
Ex quo tameo aliquam de ipsis diœcesibus visitare cœperîtr
nunquam postea, sive totam, slve partem ejua visitaverit, rever-
tatur causa vimitatioDls ad illam, priu^quani omnes reliqute ipsius
provinciœ diœceses in toto vel in parte (quas secure visitare
poterit) et sua denuo fiierint visitatee. Quod si forte eadem
diœcesis vel aliqua ibi ecclesia plus aliis itidiguerit visitari, lune
aliavum visitatione iutermissa, redeat ad eandem, si a ioci dioece-
saiio requisituB extiterit, vel de omnium aut majoris partis
episcoporum ejusdem provinciie processerit consilio et assensu ;
ad quod iîdem se pionos exhibeant, ne animarum profectus alî-
quatenus negligatur. Si vero malitioae in bis difficullatem adhi-
buerint, archiepiscopus Itcentiam super hoc a Sede Apostolica
pOBtulet confidenter.
Postquam autem semel omnes provinciœ sute diœceais visi-
taverit, licitum sit ei postea (prius tamen sufTraganeorum suorum
requisito consilio et ipsius definitione super hoc habita coram
eis. quss in scriptis redigi volumus, ut possint aliis esse nota),
vii^italionem per eaodem reiterare provinciam, juxta modum
superius annotatum, etiamsi non interveniat iu hoc suffraga-
neorum ipsorum assensus, illam semper provideotiam adhibendo,
- 413
I
I
Ut in poBterioribus visitationibus illas cccleïios, cosquu cltiiua cL
populos prius visitet, qui non fueiaot ab eu io prioribus visit&ti,
niai magis sit aliis visilationis officiuTu opportunum.
Saoe hujusmodi impensurus officium, proposito verbo Dei,
quasrat de vita et couversatioiie miDistrautium in ecclesiis et
locis aliis divino cultui depuialis, ac cœteris quœ ad officium
spectant, absque coactioue et exactione qualibet juramenli, ad
ipsoruiu emendationem per salubria mooita, nuuc levia, nuQC
aspera, juxta datam sibi a Deo prudentiam diligenter intendens.
Quod si de aliquibus cita fuerit iiifamia, contra eos Ordinariis
ipsorum {ut super his solenniter iiiquirant) denunciet, si viderit
expedire. Notoria vero crimîiia, qiiœ examinatioue non egeant
(cuin super his merito notari possit Onlinariorum negligentia
eorundem) libère corrigat, pœnam pro illis debitam infligendo.
Procurationes autem recipiat, secuiidum quoil est in cano-
nibus ') constitutum, Dullam tamen pecuiiiam ipse vel atiquis de
sua familia, occasione alicujus ofiîcii aut consuetudinis, seu
quolibet alio modo earum noniine, sed in victualibns expeusas
tantum recipiat moderatas. Caveat insuper, ne ipse vel quis-
quam suoruni aliquod uiunus, quodcuuque sit et qualitercunque
offeralur, prœsumat recipere, ut non quœ sua sunt videatur
quseiere, sed qnaj Jesu Christi. Quod si fuerit contra prae-
sumptum, recipiens maledictionem incurrat, a qua nunquam
(nifii duplum restituât) liberetur ; volumus enim in his fratidem
quamlibet penitus evitari ».
En se basant sur la Constitution d'Innocent IV, le Pape
Grégoire X ajouta, lors du Concile général de Lyon (1274), les
dispositions suivantes ") : » Exigit perveraorum audacia, ul non
simus sola delictorum prohibitione conlenli, sed etiam pœnam
delinquentibus imponamus. Constitutionem itaque felicis recorda-
tionis Innocenlii Papœ IV, predecessoris nostri editam. super
non recipiendis in pecunia procuiationibus, ac super re-
ceptione munerum, vi^itantibus eorumque familiaribus in-
terdicla, quani multorum fertur temeritas prœterire, volentes
inviolabiliter observari, eam decernimus pœnœ adjectione juvan>
dam. Statuentea, ut universi et singuH, qui nb procurationera
') Latera
•) Hacdui
e m (U79) c- 4 (Hardouiii VI, 3 p. 1675).
Il, p. 205 II ; c, 2. (in. 20) in Seslo.
414
Bibi ratione visltationfe debitam exigere pecunlam. vel etlam a
volente recipere, vel alias constitutionem ipsatn recipiendo mu-
Dera, sive visitationis offîcio non impenso procurattonem iu vie-
tualibus, aut atiquid aliud procurationis occastoiie violare prœ-
Bumpsei'int, duplum ejus, qLod receperiut, ecclesiffi, a qua id
receptuin fuerit, intra meiisem reddere leDeactur. Alioquin
extunc patrjarchœ, archit^piscopi, episcopî duplum ipsum ultra
prœdictuin tempus restituere différentes, ingressum sibi Eccle&ise
sentiaut Juterdictutn. Itiferiores vero ab oâicio et beneticio nove-
rint se supensos, qucui^que de duplo hujusmodi gravatis eccle-
siis pleDariam satisfaclionem impendant, nulla eis in hoc dantium
remissioue, liberalitate seu gralia valitura.
Cette disposition relative aux procurations fui modifiée par
le pape Boniface VIII, en 1:298') : < Felicis recordatioais Gre-
gorius Papa X, predecessor noster. probibuit in Concilio Lagdu-
nensi, ne aliqui ob procurationem sibi ratione viaitationi» debi-
tam esigere pecuniam prœsumerent, vel etiam recipere a volente.
Verum quoniam rerum esperientJa nos iostruxit, ex hoc tam
personis visitantibus, quaui locis et ecclesiis visitatis multa in-
commodorum dispendia provenire. concedimus ut patriarchseï
arcbiepiscopi, episcopi et alii. quibus ex ofticio compctit visitare*
a volentibus ecclesiarum et locorum visilatorum rectoribus seu
personis pecuniam licite recipere valeant, pro sumptibus mode-
ratis faciendrs in victualibns, diebus quibus visitationis oSiciuiD
personaiiter exercebunt ; adjicientes, quod non liceat visitant!
niai uuam procurationem recipere una die. sive unum locum
solum visitaverit, sive plura, etiamsi locus quilibet visitatus ab
illo sufficeret ad procnrationem integram persolvendam, cam
eidem sufiicere debeat, ut temporalia metat a locis personaiiter
visitatis, pro diebus, quibus eis spirilualia subministrat, uetera
vero in ejusdem predeeessoris constitutione contenta io suo
volumus robore perdurare ».
Un grand nombre de conciles provinciaux et de synodes
diocésains ont également édicté des dispositions législatives, au
sujet des visites pastorales.
Le synode de Lillebonne en Normandie (1080) prescrit la.
visite annuelle des livres liturgiques, des vases sacrés et des
I
') CoDBtitutio Felicis c. a (NI. 21> ii
416
I
I
orDementB de l'ègliBe ; le synode de Szaboles en Hongrie (1092)
ordonne aux évêquea de visiter chaque couvent; le concile pro-
vincial de Rouen (1190) défend aux archidiacres d'avoir pour
les visites pastorales plus de six ou sept chevaux et Hxe les
prestations à faire par )e clergé à cette occasion ; le synode de
Parts (1212 ou 1213) statue que Tarchidiacre ne peut deman-
der aucune prestation à l'église qu'il ne visite pas personnelle-
ment et que les ëvêques ne doivent pas molester, lors des vi-
sites pastorales, leurs subordonné» dans le recouvremeui des
procurations; le synode d'Oxford (1222) di^fend aux archidiacres
d'avoir un trop grand nombre de chevaux pour les visites pas-
torales, d'y inviter des étrangers, et de se faire payer les pro-
curations par les églises qu'ils n'ont pas visitées; le synode de
Londres (1237') ordonne aux archidiacres de visiter souvent les
églises et leur défend de demander des procurations trop gran-
des et d'omettre la visite contre le paiement d'une somme
d'argent ') ; une ordonnance analogue est édictée par le synode
de Breslau (1248). Le synode d'AIbi (1254) défend d'imposer
aux subordonnés, lors des visites pastorales, des charges oné-
reuses. Le visiteur doit, au début de sa visite, faire un ser-
mon au clergé et au peuple, s'informer ensuite de la conduite
des desservants, visiter le mobilier de l'église, surtout les cor-
poraux et les calices, etc. Les procurations ne doivent être
payées que si le supérieur visite l'église en personne ou par un
remplaçant capable. La suite du visiteur n'a droit qu'à un
honnête entretien et ne peut rien demander et rien accepterl
les dons sont absolument interdits. La prescription du troi-
sième concile du Latian doit être observée en ce qui concerne
le nombre des chevaux; ce nombre doit être réduit pour la
visite à faire dans les paroisses pauvres. Les visiteurs ne doi-
vent pas exiger des repas opulents et ne rester qu'un jour dans
chaque endroit. Des prescriptions analogues furent faites par les
conciles provinciaux ou synodes de Nantes (1264J, de Brème
(1266>, de Vienne en Autriche (1267), Londres (1268), Ofen
(1279), Londres (13211, Marciac (132C), Londres (1342). Le
synode de Langeais, dans la province de Tours (1278), ordonne
') Cette dernière défetiae se Ironve é^leiusnl dftna le o'
d'Apt de l'année 1365. (Hetole, Concill" '
. 9 du synude
1 procuration* doiv.'nt être payées en nature et non en
argcul, à moins qu'il exiale une coutume contraire, ou que l'en-
droit 8oit tellement mal installé que l'évéque ne peut pas y être
logé ; le synode de Wurzbourg (1287) renouvelle la disposition
ancienne, que la visite doit avoir lieu chaque année, ou au moins
tous les deux ans i le synode d'Apt (1365j fait une ordonnknce
dans le même sens, et fixe le montant des émoluments à quatre
florins au maximum, que les endroits visitéi^ pourront payer ea
nature ou en argent ').
Le concile provincial de Reims (1408) peut revendiquer no
intérêt particulier au point de vue de la visite pastorale *).
Voulant remédier aux nombreux abus qui s'étaient enracioés
dans l'église de France, pendant le grand schisme, ce coacile A
compris qu'il fallait remettre en honneur la visite pastorale, qui
doit être regardée, d'après une expression du célèbre Gerson.
qui y fit le discours synodal, comme « cardo lotius reforma-
tionis >. Aussi le concile édicta-t-il de remiirquables dispositioQs '
au sujet de la visite pastorale : Le visiteur devait s'inforiner
quels étaient les vêlements, la tonsure et la conduite des clercs.
quels étaient les revenus et l'état de.s bâtiments, s'il y avait
une annexe dans la paroisse, et si elle mettait le curé dans j
l'obligation de dire deux messes à certains jours, si le curéi
administrait bien \e? sacrements, comment il se coQdui&ait km
l'égard des malades, s'il célébrait toujours à jeun, s'il ne mon-T
trait pas l'hostie au {leuple avant la consécration, ce qui oel
convient pas, s'il n'a pas célébré étant suspendu, s'il atoujours'f
dit prime avant la messe, comment il confesse, s'il tient l'églisel
en état de propreté, s'il a des mœurs irréprochables on s'il esti
concubinaire, s'il est joueur ou buveur, etc , si à Pâques UJ
invite quelques confrères {tour l'aider à confesser, si, par si
faute, quelqu'un est mort sans sacrements, si à Pâques, il i
donné une absolution générale. Le visiteur doit aussi s'enqnérivj
de l'état des paroissiens, de l'état des couvents et des hôpitaux.
Il confessera assidttment, il absoudra dans les cas réservés ;
I
I
•)Hefele, Conciliengesehichte V'.p. 155, 2œ,7ô3,8(J6. «70, 924, 1057J
1153 ; VI, p. 53 ss., 86, 96, 102, 110. 183. 191, 249. 610. 626, 676, 717.
*) Gousset, \es actes de la province eccl. de Reims. II, p. 639 et suivi
les : Hefele V, p. 983.
417
cela est utile, it donnera au curé la permission d'absoudre lui-
même, dans certains cas réservés et qui se présentent fréquem-
ment. Si le curé ne parait pas assez intelligent, on nommera,
comme pi^nitencier, un autre clerc du voisinage. Les prélats fe-
ront des visite.': analogues, dans leur propre curie, pour faire
disparaître les abus qui pourraient exister.
Les conciles de réforme de Constance et de Bàle ne se
sont guère occupés, pendant la première moitié du lô"" siècle,
de la vî.«ite pastorale; nous trouvons par contre, au 15"* et 16"*
siècles, un grand nombre de conciles provinciaux et de synodes
qui ont renouvelé les anciennes dispositions au sujet de la visite
pastorale. Le synode rie Rouen (1445) ') ordonne aux archidiacres
de visiter leurs districts personnellement ou avec l'auturisation
du pape, par des personnes compétentes -, à l'occasion des visites,
ils doivent instruire le peuple; le synode de Liège (1445) veut
abolir les abus qui se produisent, à l'occasion des visites pasto-
rales') ; le synode de Holum en Irlande (1433)^) expose les
devoirs qui incombent à l'évéque, lor.s de la visite pastorale ; les
statuts provinciaux d'Upsala (1443-48) statuent *) sur les presta-
tions, lors des visites pastorales, sur le nombre des chevaux et
leur entretien et décrètent que les canons ecclésiastiques et les
dispositions législatives au sujet de la visite pastorale doivent
être observés ; le synode d'Angers (1448) *) défend d'exiger des
émoluments trop grands, lors de la visite pastorale, et statue
que la procuration ne peut pas être exigée par le visiteur qui
ne s'acquitte pas consciencieusemeat de sa mission ; le concile
provincial de Cologne (1462) ordonne •) que les évéques visitent
en personne leurs diocèses et qu'ils ne tolèrent pas dans leurs
églises des usages superstitieux et certains cultes dont le but
est de gagner de l'argent ; le synode de Londres (1460) statue ')
que, lors de la visite pastorale, les évëques doivent se contenter
d'une procuration modique et laisser le choix aux visités de
L
') Hefele VllI, p. 10.
') Hefele, VllI, p. 11.
') Hefele VIII, p. 17.
') Hefele VIII, p, 22 et 2
')He(ele Vill,p.38,
'J Holele VIII. p, 54,
') Hefele VIII. p. 153.
— 418 —
la payer en argent ou en nature. Si la visite se fait par ua
délégué épiscopal, ce dernier ne peut recevoir qu'une honnête
sustentation. Lors des visites, il faut bien examiner l'état des
couvents') et des prieurés et demander compte de leur adminis-
tration ; le concile de Braga fl488) s'est occupé de la lettre du
pape aux évéques de Portugal ') leur enjoignant, entre autres, de
visiter les églises; le synode de Bàle (1503) ordonne") aux
doyens de visiter chaque année les églises et les chapelles de
leur décanat ; le concile provincial de Petrikau en Pologne
(1510) décrète *) que l'évéque doit punir les archidiacres et les
visiteurs qui exigent des procurations au delà des limites fixées
par les canons, dispositions que le synode de Breslau (1511) *)
a insérées dans la collection de ses statuts diocésains ; le concile
provincial de Salzhourg (15U) ■) attache une grande impor-
tance aux visites pastorales, pour le progrès de la réforme
ecclésiastique; le concile provincial de Florence (1517-18) or-
donne ') aux évéques de visiter leurs diocèses, au moins tous les
trois ans ; le concile provincial de Lenciez en Pologne (1523)
ordonne ^) que les archidiacres et les personnes tenues à visiter
leurs districts, doivent faire la visite tous les trois ans, les
archevêques doivent visiter leurs provinces, les évêques leurs
diocèses en personne ou par un délégué ; des décrets analogues,
renouvelant les anciennes piescriptluos du droit ecclésiastique au
sujet des visites pastorales, furent publiés par les synodes et
conciles provinciaux de Paris (1522 et 1528), de Cologne (1536
et 1649) et autres ■).
C'est le concile de Trente (1545-63) qui, pour les visites pas-
torales comme pour la plupart des domaines de la vie de
l'Eglise, a renouvelé l'ancienae discipline ecclésiastique et a com-
Cfr. 0. 16. n X de oHicio jad. ord. 1. 31.
RayDaldus. Aaiialei* ad a. 148S, n' 7 : Hcfele VIII, p. 29S-93.
HtiffileVIil, p. 372.
HefeleVlII, p. 543-44.
HefeleVIlI, p. 544.
HefelB VIII, p. 550.
Heteie VIII, p. 747.
Hefele IX, p. 321.
Heteie IX. p. 323, 645, 921 : HarUbeîm, Concilia Germanl», VI,
419
I
piété la légisEation à ce sujet '). Comme les visites pastorales
étaient dans beaucoup de diocèses, presque complètement tom-
bées en désuétude pendant les derniers siècles du moyen âge, le
coDcile ordonna que chaque évéque visitât en personne, ou, en cas
d'empêchement légal, parson vicaire général, toua les ans au moins,
la plus grande partie de son diocèse et que, dans l'espace de deux
ans, il le vit en entier. Le but principal de ces visites est le main-
tien et la pureté de la doctrine, du culte et de la discipline, les pro-
grès de la religion et des mœurs des paroisses, et surtout l'en-
quête sur la manière dont se conduisent les ecclésiastiques et
dont ils remplissent leurs fonctions, Les visiteurs (à défaut de
l'évéque, les archidiacres, doyens ou autres membres du clergé
chargés par l'évéque) sont en même temps engagés à s'acquitter
de leur mission aussi vite que possible et de la façon la plus
simple, pour n'occasionner à personne des frais inutiles et il
leur est sévèrement interdit d'accepter quelque part que cesoit
autre chose que leur entretien. Quant à ceux qui sont visités,
il leur reste libre de fournir cet entretien en nature ou de
payer la taxe habituelle. Dans les localités où il n'est d'usage
ni de fournir l'entretien, ni de payer la taxe, on s'en tiendra à
la tradition.
La visite pastorale s'étend aux < loca, res, munera, personee; >
le concile reconnaît encore aux évâques le droit d'étendre,
d'une manière extraordinaire, leurs visites, aussi souvent qu'ils
le jugeront nécessaire, sur les chapitres, les églises séculières,
les couvents exempts, par rapport au ministère pastoral exercé
par eux en dehors du couvent, sur les couvents de femmes
exempts, par rapport à la clôture, enfin sur les établissements
de malades et de pauvres, qui ne se trouvent pas placés sous
la protection immédiate du souverain ^).
Les dispositions générales de l'ancien droit ecclésiastique
relatives aux visites pastorales ont ^té insérées dans le Corpus
juris canonici ") -, elles ont été l'objet des commentaires et des
') Sesaio XXIV de reformalione, c. 3,
') Sess. VI, de reforra. c, 4 ; VU, de reform. c. 7. 8: XIV, dereform.
c. 4:XXl,deretorm.c. 8;XXI1. de reform. c. 8 ; XXIV, c. 9; XXV, de
regul. et mouinlibus c. 11. Cfr. Visite des églises (Dictionoaire de la théa-
logle cathol, VII, p. 318-19) ; Phillipa, KirchBnrecht. VII, 1. p. 221-48.
■) c. 9-12. C. X, qu. 1 et c. 1. C. X, qa. 3 ; c. 6. 23 X. de censihus 111,
— 420
explications îles glossateuri^ et des canonistes du moyen &ge.
Le nouveau droit ecclésiastique au sujet des visites pastorales
actuellement en vigueur e^t contenu dans les dispoï^itioDS dn
concile de Trente ')
La littérature ecclésiastique a produit une série de traitée !
et de travaux sur l'institution de la visite pastorale, depuis le .
moyen âge jusqu'à nos jours -) ; nous en mentionnerons briève- I
ment les principaux : Doininicus de Sancto Geminiano "). Ma-
rianus Socinus •), Joh, Franciscus de Panvinis "), Albertus Trot-
tus "), P. Fuscus '), Bartlioloiiieo Gavanio '). Lorenz von Dript"), i
Thomassin '"), Fr. Paolo de Nicolai "), Gaudenziit de Janua '*).
Giuseppe Crispino "), Auerbach '*), Phillips '"), Rampf '•) et ]
Melchera ").
39;c. 1-8(111. 20) in Sexto. C(r. Ferraris, Prompte bihlioth. can. subverbo:
Vlsitare, visitatio, visitator.
') Sesaio XXIV. De reform. c. 3, etc.
') Pour plus do détails sur les anciens traités, voir l'introdaction de
mon travail : BeitrSge zur Gescbiehte und Lileratur der KirchenvinilatioD
im Mittelall«r. (lu Vorbereitung.) J
') TraclalQS visitationis (première moitié du 15" siècle) : nous n'w J
connaissons que le titre. Schulte, Gescb.der Qnellen u. Lit. deacanomiobuin
Rechts. 11. p, 294.
*)De visitalionelibri Xtll (entre 1430-60) : Pbilipps, Kirchenrecht
Vil, 1 p. 123 Note 1.
') Tractatus do visitatioue epiBCOporum <147li) publié dans Traotatua
jur. universi XIV, 178. Ce traité repose en partie sur le Clypeua pastoralia J
d'Antoine de Presbyteris (1353-80) imprimé dans Tractai, jur. univ. Xlll> '
2, p, 382 M. '
*) De ecclesiaruiu visitatione, Ferraris 1476.
') De visitatione et regimine ecclesiarum. Rom. 1581 et 1616.
*] Praxis visitationis episcopatis. Ven. 1634.
') Spéculum archidiaconale, sive praxis offlcil et visitationis archi- |
diaconalis, 1676.
") Vêtus et nova Ecci. disciplina, pars U. lib. 111 cap. 77 in tom. VI, 1
p. 533 ss.
") DisserWtio bist. oan. de^piseopo visilatore. Rom. 1710.
") De visitatione cujuBcunijue prielati eccles. Rom- 1748-1753,2 vol.l
") Trattato délia visita pastorale ne) quale si da il niodo facile dt]
visitare e di espère visitati e di eseguire i décret! délia visita. Rom. 1644.
") De visitationum eccleaiasticarum progressa a primis temporifaoi
Dsque ad Concillum Tridentiuum, Francof. 1862.
■') Kircbenrecbt Vil. 1 (1869) p. 123 et sa.
") Die biscbôflicben Vjsitationen (Archiv. f. katb. Kircbenreohfl
vol. 31(1874), p. 385etBS.
") De oanonioa ditccesium viaitatiojie. Edit. altéra. Col. HWl.
\
— 421 ~
A côté de ces traités et de ces travaux, qui s'occupent de la
visite pastorale eu général, de son importance, de son dévelop-
pement, de la manière de faire fructueusement la visite cano-
nique, la littérature ecclésiastique nous a légué ce que l'on ap-
pelle rOrdo visitandi, c'eat-à-dire des prescriptions détaillées sur
l'ordre et la marche à suivre dans les visites pastorales. Nous
avons déjà relaté quelques prescriptions conciliaires relatives à
la manière de faire les visites pastorales '), Les synodes depuis
la seconde moitié du moyen âge contiennent des dispositions
parfois très détaillées relatives à l'Ordo visitandi parochias ').
Les dispositions générales sur la marche à suivre dans les visi-
tes pastorales ont été réuuies dans le Pontificale romanum ") et
servent, depuis la an du moyen âge, de direction aux dignitaires
ecclésiastiques chargés des visites pastorales ').
Quoique cet Ordo visitandi forme la base pour la marche
à suivre dans la visite canonique, il s'est formé dans nombre
de diocèses des Ordines visitandi particuliers, qui, tout en étant
basés sur le Pontificale romanum et le concile de Trente, con-
tiennent cependant parfois des particularités dignes d'être no-
tées. C'est le cas pour le diocèse de Lausanne; l'Ordo visitandi
de ce diocèse sera traité dans le premier chapitre de notre
travail.
L'importance des visites pastorales ^) pour l'histoire ecclé-
') Cfr, plus haut le synode de Braga (572>, la Constitutio Romana
(1252), le syaode d'Albi (1252), etc.
*) Voir pins haut le synode provincial de Reims (1408), ensuite la
viaitatio cteri (1417) de l'évéque Stepban Bodelier de Brandebourg (Heydier,
Materialieu zur Geachiohtedea Bischofs Stephaa Bodeker vou Brandenburg
aus HandsohriftengeBammelt' Ritterakademie Braadenburg. 1866: Hlator.
Jahrbuch 1902, p. 561 as.), Syaode de Cologne de 1549 (Hartzbeim, VI, p.
611); Ordo visitandi daus lediocése de Bâle (1565): VauCrey, Histoire des
évSquËS de B&le II. p. 117 ; ViaitationsordauDgeu, dans Jungaitz, Brealauer
Visilationsberichte 1. 1902, p. 11-56.
') Pars lil : Ordo ad viaitandas parocliias. Le PontiUcaie roniaoum
rédigé dénnitivemeot en 1485, a été introduit dans l'église d'Oceident en
1596 par le pape Clément VIII. Voir Kircfaenlexikon X' p- 168 et suivantes.
') Ctr. Martinucci, Manuale sacrar. csaremon. lib. 111 c. 12, Ub. VI
c. 37 et pour l'ordo visitandi dans tous ses détails Melohers, I. c. p. 31-119.
') Voir pour la bibliographie des viailea pastorales , Chevalier,
Visitas pasloralea et ordinalioiiB des évflques de Grenoble, 187*. Notioe
a?
— 422
siastique d'un pays. ') pour la connaissance dn droit et de la
législation ecclésiastique d'une province,') de la culture religieuse
et de la vie morale d'un diocèse') me paraissait assez grande
pour pouvoir consacrer une monographie spéciale à cette insti-
tution ecclésiastique. Ce sont ces considération!; qui m'ont
engagé à faire une étude*) sur les visites pastorales du diocèse
de Lausanne. Mon but dans ce premier travail, était plutôt de
remonter aux origines et de donner une exposition sommaire du
développement de celte importante institution ecclésiastique jus-
qu'à la fin du 16™* siècle, que de relever, analyser et discuter
les nombreuses questions de détail, que nous présentent les
protocotes des visites pastorales.
Dans l'étude qui va suivre nous donnerons un exposé
analogue des visites pastorales depuis la fin du 16"' siècle.
Les visites pastorales les plus impartantes du diocèse de
Lausanne sont celles du 15»« siècle ; les protocoles de ces visi-
prËIiroiaairep. VI et sQivantcs. Pour les publications plus récentes voir
Dietrich, Bibliogrspliieder deutsclien Zeilsclirifteiiliteralar b. v-, Kirchen-
vtsitation, Il et suivante ; Jordell, Répertoire bibliogr. des revues françatiei
H. V. Visite d'églises, 111; Foek.BibliograpliiaeherMoiiataberieht a. v.Kircben-
visitation, VI, X. Tout récemment ont paru : Estraitdes procès- ver baux du,
visites pastorales de révftque de Meaux (Revue Bossuet 1900—1902). Katier,
DieKircheninspektionen derBflchsiach-evangel.-luUier. Lande!'kirche(Zeit-
sotarirt tUr Kirclieogesctiichte 1902 (XXIII) p. 376 olsti. ; Jungnitr, Brealauer
Viaitationsberichte. 1. Arcbîdiakonat Bre^lau, 1002.
'] Voir p. ex- Delisle, Le clergé normand au Xlll' siècle (Bibllotbèqns
de l'éoote des obartee. 2*' série III, p. 478 et as.)-
') Les visites pastorales oootititueat une source importante pour la
oonnaiesance du droit ecclésiastique provincial et de la législation diocésaine.
Voir par exemple le protocole des visites pastorales de l'ancien diocèse de
Genève, 1411—13, 1470-71, 1481—83, 1518 {Archives d'Etat de Genève}, ds
l'ancien diocèse de Lausanne 1416--17. 1453 (Arcbives de Lausanne et Bibl.
de la ville de Berne), de l'ancien diocèse de BAle (Archives de Porrantruy
aux arcliives d'Etal de Berne), etc.
') Voir par exemple Lingg, Kulturgescbiclite der Erzdi6zeae Bam-
berg anf Grund der Visitationsberichte. I. Das 17. Jahrhundert 1900. Cel
auteur fait les divisions suivantes : Kathotizismus und Pro lesta nlismua^
Klerus, Kirche und Pfarrliaun, Gotlesdieiist, Kircbenvermëgen, Schule.
Zustande im Volke. Cfr. également Llngg, Ge^chichte des Instituts de;
Pfacrvisilation in Deutschland. 1S88.
') Ueber Kirchen Visitation uud VisilationsprotokoUe in der DlSzeae
Lausanne bis Ende des 16. Jahrhunderts (Katliol. Scfaweizerblatter 1902).
I
— 423 —
tes, les plus anciens que nous possédions, sont encore jusqu'à
ce jour en grande partie inédits. Elles feront l'objet d'une étude
et d'une publication spéciale qui ne tardera pas à paraître.
Pendant la première moitié du 16°" siècle, période de la
lutte religieuse, occasionnée par la réforme, les visites pastorales
ont, pour ainsi dire, complètement cessé dans le diocèse de Lau-
sanne, vu l'absence de l'évoque; elles n'ont été reprises que
dans la seconde moitié du 16"* siècle, à la suite du Concile de
Trente et de la restauration des affaires ecclésiastiques par les
Nonces apostoliques ').
Cependant, après la réforme, l'état du diocèse de Lausanne
se trouvait singulièrement changé, car une grande partie du
diocèse avait embrassé la nouvelle doctrine. L'ancien diocèse com-
prenait le territoire suivant : Au sud, la limite était formée par
le lac de Genève, de l'Aubonne à la Veveyse. Villeneuve appar-
tenait encore au diocèse de Lausanne, et de là la ligne des
frontières allait, par-dessus les Alpes et l'Obersaanen, jusqu'à la
Grimsel et 8éi)arait le diocèse de Lausanne de celui de Sîon.
L'Aar formait la limite orientale à partir de sa source jusqu'au
Siggerenbach, près de Flumenthal ; »ur la rive droite de l'Aar
s'étendait le diocèse de Constance. Le diocèse comprenait aussi
la ville de Soleure et une partie de son territoire, Berne et la
contrée de Berne située sur la rive gauche de l'Aar, Bienoe et
la vallée de St.-Imier ; en Franche-Comté, Jogne et Longueville,
les comtés de Neuchâtel et de Vallengin, le canton de Vaud
actuel, le canton de Fribourg, le comté de Gruyère et une par-
tie de rOberland bernois. A la veille de la réforme le diocèse
comptait 9 décanats *), 306 paroisses, 9 abbayes, 25 prieurés, 8
prévôtés, 8 recteurs des Hospitaliers, Après la réforme, soit à
la mort de Sébastien de Montfaucon en 1560, ce nombre était
réduit ô 86 paroisses, 2 abbayes, 4 prieurés, 2 prévôtés, 1 rec-
teur des Hospitaliers; 220 paroisses, 7 abbayes, 21 prieurés, 7
prévôtés et 7 recteurs des Hospitaliers avaient par conséquent
passé à la réforme. En dehors du territoire fribourgeois il res-
') Voir à ce sujet mon article (Katbo! . SchweizerbUlter 1902).
') Les décanals étaient les suivants : Lausanne, Outre- Venoge, Vevey,
Neuchàtel, Ogo2, Avenchea, Fribourg, Berne, Sl-linier (Lauaanna chria-
tiana ; Avnio de Montetaloone, n' 7, Arcblv«s de l'Eveché = A. E.)
— 424
tait lefl 5 paroisses du canton de Soleure, quelques paroisses;!
du pays de Vaud, de la principauté de Neucbàtel et les 2 par
roisses de la Franche-Comté ') Par suite de l'érection d'églises
filiales, le nombre de paroisses augmentait de nouveau à partir
de la seconde moitié du le"" siècle, et en 1625, sous l'évêque
Wattevilie, on comptait environ 120 paroisses *). L'évéque Stram-
bin, qui a dressé un état du diocèse et qui a fait une nouvelle
distribution des décanats ^j, donne en 1665 le nombre de 131
paroisses avec leurs filiales '). Dans le protocole de la visite faite
en 1666 '), l'évéque Strambin indique le chitTre 135 comme nombre
des paroisses, et 145 comme celui des chapellentes. Ces chiffres
n'ont pas sensiblement changé jusqu'à la fin du 16™' siècle,
car l'évéque Joseph-Nicolas de Mootenach indique dans son
< Etat ecclésiastique du diocèse de Lausanne > en 1782'); 131
paroisses, 146 cbapellenies, et de plus 63 vicariats ; pour 1850
on donne le chiffre de 134 paroisses dans le diocèse de Lau-
sanne ^).
Les conditions, dans lesquelles les visites pastorales de-
vaient se faire après la réforme, se trouvaient donc sensiblement
modifiées. A la place du grand territoire indiqué plus haut,
l'évéque n'avait à visiter, en dehors du territoire fribourgeois,
dans le pays de Vaud, dans le comté de Neuchâtel, y compris
Soleure et la Franche-Comté, qu'un nombre restreint de pa-
roisses. Cette circonstance, et surtout la nouvelle impulsion don-
née par le concile de Trente à la vie religieuse, expliquent le
grand nombre de visites pastorales dans le diocèse de Lausanne,
dont nous allons faire l'historique.
Nous savons que c'est surtout S. Chartes Borromée qal
mit un zèle incomparable à réaliser dans le Nord de l'Italie et
i
I
*)LauBannachristiana; Sébast. de Mootefalcone, ir'7etl6.- Fetsolie-
rin, Abhancllungen des hîstorisehen Veceina des Kantons Bern 1, p. 337 -1
Greith-Sehmid, Kirolieuleiikon VU', p. 1532.
') Statuts synodalia, 1625. Inlroduttio.
*) Lausanoachristiana: J. de Stram biiio, n"3.
') Ces dernières étaient au nombre de 45. Voir la liste dans LausaonaJ
ctaristfaaa |. c- a' 4.
') Acta Visitationis. n" 14. fol. 38. (A. E,)
*) Lausanna chriatiana : Joe, Nicol. de MoDDeuacli. a" 4 in fl
') Dictionnaire théologique XIII, p. 140,
pn Siii)»se '■) les décrets dii concile de Trente *). Son action s'é-
tendit à différentes parties de la Suisse. Dès 1567 il visita les
bailliages des Suisses au pied du Gothard, pour y établir des
réformes. 11 invita les cantons suisses à lui envoyer des témoins
de ce qu'il ferait, et il eut bientôt gagné les députés, qui fini-
rent par ne s'écarter ni de sa personne, ni de son avis. Plus
tard S. Charles visita Dissentis et les cinq cantons primitifs et
fit tous les efforts pour corriger les abus *),
Ce qui nous intéresse particulièrement ici, c'est que
S. Charles avait également l'intention de visiter le diocèse de
Lausanne, qui se trouvait à cette époque dans une position pré-
caire *). Sébastien de Moutfaucon mourut en exil en 1560-,
ses successeurs sur le siège épiscopal de Lausanne, Claude Al-
lardet (1560-61), Antoine Gorrevod (1562-98) résidaient hors du
diocèse; car tous les efforts, qui avaient été faits pour régler la
question de la résidence, étaient restés sans résultat *). Les af-
faires ecclésiastiques du diocèse étaient réglées par le Nonce
Bonomio. qui confia l'administration du diocèse et l'œuvre delà
réforme à deux hommes éminents, Pierre Schneuwly et Sébastien
Werro. Vu les circonstances particulières, dans lesquelles se
trouvait le diocèse de Lausanne, la visite de S, Charles ne
pouvait avoir, pour le progrès de réforme catholique dans la
Suisse romande, que des conséquences heureuses.
Le prévôt Schneuwly avait annoncé en 15S4 au NoDce
Bonomio la prochaine arrivée de S. Charles à Fribourg "), En
') La visita di San Carlo nella Vall«llina, CliiaveaDa e Bellluzona,
(Protocoles des visites aux archives de l'archev6ché de Milan. 9 vols.).
') Mayer, Das Konzil von Trient und die GegearefornialioQ lu der
Sehweiz 1901, I, p. lOB : Mémorial de Frîbourg, VI, p. 397 et suiv.
^) Cameniach, Carlo Borromco und die Cegenreforns im Veltlin. Cliur,
1901 : J. G. Mayer, Der hl- Karl Borromeo und das Veltlin (Schweize-
rische Rundschau, 1901-1902, p. 466-473.
') Le prévût Schneuwly, dans sa lettre an Nonce Paravicini (4 novem.
bre 1687), appelle l'église de Lausanne e 1er misera et afUicta Floclesia Lan-
xaunensis simulque Prihargensis n, qui aurait besoin de secours n in hoc
rerum luctuosissimo et perturbatissinio stJitu ». Geistl. Sacben, n" 327.
') Voir sur cette question mon travail : Beitrflge zur Geschichte der
Synodalgesetzgebung der DiCïeae Lausanne im siebzehnten Jahrbundert.
(Katbol. Schweizerbiatl«r 1901).
*) Berthier, Lettres de Bonomio, p. 125 (Lettre du 28 juillet 1584).
426
Tue de cette visite, le Nonce suspend la décision de quelques
affaires, et attend que le Cardinal ait visité Fribourg et envoyé
& Home sa relation au sujet des affaires à régler. Bonomio ne
doute pas de la possibilité de cette visite, pourvu que les cbefa
catholiques de la Suisse y consentent.
Le Nonce n'est pas optimiste au sujet de la situation, dans
laquelle se trouvait le pays ')> qui devait recevoir la visite
du grand homme. La visite était d'autant plus nécessaire: le
Pape la désire, S. Charles est décidé d'entreprendre ce voyage,
le Nonce la souhaite vivement ; si le projet n'a pas pu être exé-
cuté jusqu'ici, on sait quelle eu est la cau-e: les chefs catholiques
de la Suisse craignent cette visite plus que les hérétiques eux-
mêmes. Cependant si l'homme de Dieu venait en Suisse, sa
présence y ferait beaucoup de bien *). Les difficultés ne firent
pas reculer S. Charles, ni renoncer à sa visite de la Suisse. Le
Nonce écrit le 3 novembre au prévôt Schneuwly. que S, Charles
« certe omnibus aliis occupationibus sepositis. in Helvetiam essel
alacriter advolatui us, dum tamen satrapœ consentirent *. 11
suffirait, d'après le Nonce, que Fribourg appel&t S, Charles,
quand même quelques chefs d'autres cantons ne seraient pas
d'accord, pour qu'il vint à Fribourg ; il en résulterait certaine-
ment beaucoup de bien pour la ville et le canton *). Malheu-
reusement la mort prématurée du saint homme, survenue le
3 novembre 1584, mil tin à ces projets de visites').
A défaut de l'évéque diocésain, qui résidait toujours en
dehors de son diocèse, les administrateurs du diocèse, le prévôt
Pierre Schneuwly et le chanoine Sébastien Werro, renouvelè-
rent la visite pastorale, dont le Nonce Bonomio av&it doDi
l'exemple en 1579; nous trouvons, dès 1580, -plusieurs Tisile«;|
pastorales, faites par le prévôt Schneuwly et ses collaborateurs')
I
') I Vereor lamen mîMram istam provinciam eancti ad«o viri Ubt
bus et cun non adco dignam esse in conspectn Dei ■>. Lettres p. 121.
*) Lellrea du Nonce Bononiio au P. t^anisius et à Sébutien Wn
(K>«t 1&S4>. Lettm tle Bonomio p. 189 H 306
'i Lettres de Bonomio p. 126-27. (Lettre du 3 no%-embre ISM).
') Voir la lettre du nonM au prèvât Scbn«awly. au sujet de |
mort de S. Cbarl«9. Lettres de Bonomio, p. ISS.
'] Leur» lie Bonomio p. 75, 117. lU, 136 : Manoai du i
du 4 septembre 15&3. Cfr. mon travail sur les \isil«s jusqu'à la t
l'évèque Gorrevcd, se rendant A rinvitalion du prévôt Schneuwly,
put même faire, en 1592, un séjour prolongé à Fribourg et
visiter une partie de son diocèse ').
C'était le commencement de temps meilleurs, car vers la
tin du siècle, grâce aux elTorts de l'évèque et à la bonne volonté
du Conseil de Fribourg. la situation s'améliore; les négociations
au sujet de la résidence de l'évèque touchaient à leur fin, et
sous le ponlificat de l'évèque Jean Dorotheus (Doros), en 1603,
la question fut réglée par une convention et déânitivement ra-
tifiée en IGI5.
En vertu de cette convention, l'évèque de Lausanne put
établir sa résidence à Fribourg et administrer en personne son
diocèse.
Cette période est le point de départ de notre travail.
Nous le poursuivrons jusqu'à l'époque, oii l'ancien évêché de
Lausanne fait place au nouvel évêché de Lausanne-Genève, érigé
par l'incorporation du canton actuel de Genève dans l'ancien
diocèse de Lausanne (1819).
Pour ce travail les sources ne font pas défaut; nous pos-
sédons à ce sujet des documents de haute valeur. Ce sont, avant
tout, les Acta visitationis, c'est-à-dire les protocoles, qui out
été, en grande partie, rédigés, séance tenante, après la visite
des églises, des paroisses et des institutions ecclésiastiques ').
Une source non moins importante sont les Recessus, c'est-
à-dire des documents, manifestant les desiderata pour le dio-
cèse en générai (Uecessus générales) , pour une partie du
diocèse, ou pour chaque église, paroisse, couvent ou autre ins-
titution ecclésiastique en particulier (Recessus partjculares,
adnotationes décrétâtes), que l'autorité ecclésiastique fît trans-
mettre, après les visites pastorales, au diocèse tout entier et à
chaque paroisse respective "). Ces Récès sont très importants
16- siècle. (Kath. Schwaizerblàtler 1902), et Acta Viailationis,
■11.
fol. l, notu marginale (Archi'
'I Manual du Conseil du 30 au
tévrier 1594.
') Archives de l'Evèclié :
Visitatio dioscosis, Carton, n' 20,
at feuilleta, diviséa en 15 aectioDB.
') Recessus visitaciotiis. Carton
de l'Eveché).
iptembre 1593, 7 janvier et 1<
Acta Visitation iï, n* 11-19, 9 vol, in toi. ;
contenant de nombreux fasoioales. cahiers
' 20. Comme lea Recessus particu-
— 428
pour la connaissance de IVtat religieDX et moral, à une ^iMK|De
détennÎD^e, soit da diocèse en général, soit des décaoats ou des
paroisses en particulier. Vu la grande étendue, soit des proto-
coles, soit des fiécès particuliers, ddus ne commaniqnerons que
le texte des Récès généraux.
Une troisième source sont les dispositions générales de
l'autorité ecclésiastique 'i relatives aux visites pastorales, et
rOrdo visitandi *), ensuite les dispositions de l'autorité civile *),
qui faisait accompagner l'évêque par un magistrat, pour assurer
la bonne marche et l'ordre dans la visite épiscopale, pour se
rendre compte également de ta situation du pays et pour mettre
en exécutioo les décisions prises d'entente avec l'autorité dio-
césaioe.
La division la pins naturelle du travail est celle d'après
le pontificat des évéques. Cependant, avant d'aborder les visites
elles-mêmes, nous traiterons, dans un premier chapitre, l'Ordo
TÎsitandi et les dispositions relatives aux visites en général.
larm font corps avec les Acta Visitation is, on les trouve ré^alièrement d&na
les protocwles des visites. (Arch. de l'Evëché.)
') ActaVisitationis et Recessns, passim. Maouale curiae «pisoopalu,
liber Mandalonim, etc.
*) Inséra (irainairemeDl dans les Consti ta lions synodales du diooèae.
*) Manual du Conseil , Ratserkanntnussen bûcher . Mandats ,
(Archive» d'Etat).
I
L'Ordo visitandi et les dispoiitlonB générales relatives
k la visite pastorale dans le diocèse de Lausanne
depuis la fin du IG*"" siècle.
Le plus ancien Ordo visitandi du diocèse de Lausanne,
dont nous ayons connaissance, est celui rédigé, en langue alle-
mande, par le prévôt Pierre Schneuwly, en vue de la visite pas-
torale de 1579. Cet Ordo est basé en partie sur les riispositions
du Concile de Trente, en partie sur des usages locaux. Eu voici
summairement les dispositions principales ') :
« Les paroisses seront groupées en différentes sections, de
sorte que les visiteurs, en partant le lundi pour visiter une sec-
tion déterminée, pourront être rentrés vendredi soir, pour com-
mencer le lundi suivant une autre section.
Si possible, deux paroisses devront être visitées par jour,
de sorte que la visite pastorale durera environ deux mois.
Pour que la visite pastorale n'occasionne pas de trop
grands frais, le nombre des visiteurs devra Ctre limité.
Il parait cependant nécessaire, qu'au moins trois, au plus
quatre ecclésiastiques prennent part à la visite ; deux membres
du Conseil avec le chancelier représenteront le gouvernement -,
le Conseil voudra de plus désigner une personne de service
(iiberritter oder leufer).
Comme les ecclésiastiques n'ont pas de chevaux, et qu'il
sera difficile d'en obtenir pour un temps si long, ils se ren-
dront k pieds aux endroits désignes. Les membres du Conseil
s'y rendront à cheval, s'ils le jugent à propos.
') Bonooiii epistolK fol. 1 (Archives d'Etat). Colleotion diplomatiiiue
XX, fol. 179 (BibliolhÈque cantonale) ; Berlhier, Leltros de Bonomio, 1894.
p. 215; Holder, Kathol. Sohweizerblâtler. 1903.
— 4W -
Les frais de la visiie, à teneur du Concile île Trente,
devront être .>JLipportës par les paroisses visitées ; la manière de
faire la répartition des frais est abandonnée aux soins dn
CoDseil.
Comme la visite pastorale est une chose très grave et
très impottante, on ne demandera aux visités qu'un honnête en-
tretien, afin qu'on ne puisse pas être soupçonné d'avoir entre-
pris la visile pour se promener et pour faire bonne chër&
L'annonce de la visite se fera dans les paroisses, que les
visiteurs visiteront pendant la semaine, le dimanche précédent;
on exposera le but de la visite, pour que chacun puisse s'y con-
former.
A la visite seront présents le curé et les autres membres
du clergé, le baillif, les jurés, les ailniinislrateurs de la fabrique
d'église et des autres fonilations, les sages-femmes et toutes les
personnes, qui vomiront demander conseil au sujet de leurs sf-^f
faires spirituelles et temporelles.
L'arrivée des visiteurs sera annoncée par deux ou tr<HS
coupa de cloche.
Ils seront reçus À l'église, ou aura lieu, avant la visite, une
cérémonie religieuse, suivie d'une petite exhortation et d'oB
court exposé du but de celle visite, qui sera également termi-
née par une cérémonie religieuse.
Les personnes couvoquées seront interrogées en commun
ou en particulier sur l'état de la paroisse ; elles seront tenues de
répondre avec franchise, sans rien cacher et sans rien exagérer,
* sine ira et studio », et de prêter leur concours pour déraci-
ner le mal et pour supprimer les pratiques superstitieuses.
Leurs cléclaiatious seront acceptées sur parole, ou. en cas de'
nécessité, sous la foi du serinent.
Le clergé sera interrogé au sujet de l'administralion des
sacrements, de la prédication, du catéchisme, des offices et des
choses qui se rapportent à l'administration de la paroisse. Les
laïques devront dire, si le clergé s'acquitte de ses devoirs de pas-
teur, et si sa conduite eH irréprochable.
Ces articles, qu'on aura soin de spécifier, seront mis par-
écrit, pour que rien ne suit oublié et pour qu'aucune disposl
tion nécessaire ne soit omise ; ce qui se rapporte à l'état spiri-j
tuol de la paroisse sera noté par un ecclésiastique, et ce qiûl
I
— 431 —
a trait aux afFnires temporetleB par un membre talque parmi
les visiteurs.
La visite terminée, on délibérera sur le résultat, on aura
soin de faire exécuter les décisions qui seront prises et de faire
observer les statuts, qui seront faits en vue du progrès de la
vie religieuse et morale, des offices et des cérémonies religieuses
et d'une bonne politique ecclésiastique >.
La lecture de ces dispositions nous transporte à l'époque
carolingienne, où la visite pastorale (Send) a été faite, simulta-
nément par les repré^ientants de deux pouvoirs, et où l'exécu-
tion des décisions a été coiiiiée en partie au pouvoir séculier').
Cet Ordo visitandi a été en vigueur depuis la fin du IG"* siècle
jusque dans le courant du siècle suivant '). 11 fut remplacé en
1665 par l'Ordo visitandi de l'évoque Strambin. Ce dernier, qui
est basé sur le Pontificale romanum, a été inséré dans les
Constitutions synodales de 1665, comme mode à suivre pour les
visites pastorales dans le diocèse ") :
« Pontifex visitaturus diœcesim et parochias suas, cum
ad civitatem seu oppida suœ diœcesis pervenerît, pulsanlur cam-
pant et recipilur processionaliter extra portam urbis vel loci.
ubi osculala cruce ab episcopo genufiexo super tapete et pul-
vino, et quam ei atferet rector ecclesi^, indutus pluviali albo
supra superpelliceiim, cantatur Antiphona Sacerdos et Fontifex
ant hymnus Vent Creator vel Te Deum laudamus.
Tum ofTertur episcopo ab eodem rectore aspersorium aquœ
benedictffi, qua primum seîpsum, deinde aiios aspergit.
Reddito aspersorio, oITertur eidem navîcula, do qua impo-
nit incensum in thuribnium cum benedictione, ministrantc navf-
culam eodem rectore, a quo et incensatur triplici ductu.
Accedit episcopus ad altare majus, ubi orat, et rector
ecclesie stans in cornu Epistolsc altaris, versus episcopum dicit :
Protecior noster cum versiculis et ovatione.
') Cfr. Dove, Uiileraucliniig ilher die SendjjerichUi (Zeitsehrift tUr
deutscho RechtswissedschaltXIX, p, J2I) ; Cfr. Brun lier, Deutsche Reahts-
geachielite: Sohtôder, Deutsche Reehtsigeaehiclite ; Hauck , Kirclicnj^-
sohichle Deulschlands, eto-
') Matinal Hu Conseil 4 âeptenibro 1583, 14 jivHl \hVf>.
') CoiistitutioLiOM aynodales, t8ft5, p. 141-47.
432
Qua tiuita, asceadit episcopua ad altara, quo ôsculato ia I
medio, solemniter populum beoedicit.
Deinde per se aut per alium, proponit popalo causas ad-
ventua sui, ut sacri canones prsBcipiunt :
1° Ad absolvendas animas defunctorum.
2° Ut sciât et videat, qiialiter Ecclesia spiritualiter et tem-
poraliter ipsa gubernetur.
3° Quomodo se habeaL in ornamentis. et quale servitium
ibi impendatur.
i" QualJter ibi Ecctesise sacramenta ministrentur et divinaj
officia peragantur.
5° Qiialis sit vila rainistroium et popull, ut defectus cor-
rigantur et emendentur.
6° Propter causas (quœ ad episcopum dumtaiat pertinere 1
noscuntur) annuntians plebi, quod si qnis, in aliquo caeu consî-
lio ejus indiguerit. paratus ait bénigne audire et absolutioDem |
impendere.
7° Ad exhibendum Sacramentum confirmationi;^, cujus solua '
episcopua ordiiiarius est minisler. |
Deinde inducit diligeater populum ad pœnitentiam, fitque j
populi confessio et absolutio generalis, induigentia datui' per f
Pontîficem.
Post hfEC Episcopus induitur pjuviali violacei vel nîgri '
coloris et atans cum mitra juxta allare, versus populum, iocipit
antiphonam Si iniquîtates. Posiea cum capellanis suis dicit
Psaimum De Profundis. Tuin dicit tolam antiphonam. Qua
dicta, deposita mitra dicit Kyrie eleison, Poster noster, quod
secrète completur, intérim aspergit anle se aqua benedicta, et
imposito incenso iu thuribulum cum benedictione, ter iacensat.
Deinde dicit versiculos et oratîonem.
(Prœdicta dicuntur tantura visitante epjscopo personaliter ; J
quœ vero sequuntur, commuuia sunt episcopo et visitatoribus I
ioferioribus).
Deinde aqua benedicU, thuriferario, duobus ceroferariis, I
cruce et clero prœcedentibusj cantatur responsorium : Qui Ltua- \
rwm resusàtasti et ita procedrtur ad cœmeterium, repetendo i
antiphonam : Si iniquitates et psaimum : De profundis.
QuibuB omnibus dictis, cum fuerint in medio coemeterll, i
433
subsistunt suo ordine et chorus cantat Re6ponsorium : Libéra
me, etc. Intérim episcopus iniponît iDceosum, aspergit et in<
censat. El postea dicil versiculos et orationem.
Duo Cantores dicuDt : Requiescant in pace, Amen.
Et mox poDiifex, elevata destera. producit signum Crucis
ab omui parte super cœnieterium et redltur ad Ecclesiam di-
cente choro sine canlu psalmum : Miserere mei Deus. Quibua
dictis, Visiiator ante Altare majus dicti. in medJo stans, Kyrie
eleisM cum versiculis et oratione.
His peractis, depositis slola et pluvial! nigris, et assumplis
albis, incipit visitationem ad SS. Sacramentum Eucharistite, ad
baptisterium, inde ad sancta olea, ad sacras reliquias, altaria,
capellas et sacrosanctas imagines. Item ad sacristiatn et cœme-
terium se confert. Post ad icdes canonicales, hospilalia, confra-
ternitates et a!ia loca pia, etc.
Poteiit pDstea episcopus coniîrmare et beuedicere orna-
menta, (si quœ benedicendte aunt). Et depositis indumentis eccle-
siasticis, confessiones et deinde querelas, (si quœ sunt), audit.
Tum de conversatione cleri et populi, ac qualiter spiritualia et
temporalia in ipsa ecclesia ministrantur, item de libris ac orna-
mentis diligenter de piano inquirit.
Peracta demura visitatione illîus loci, cum discedere voluent
pontifex, in suo habitu communi accedit ad ecclesiam, et stans
ante altare in cornu Epistolœ, dicit Psalmum : De profanais,
cum versiculis et oratione.
Post hœc discedit, quo voluerit.
L'Ordo visitandi de l'évoque Strambin a été en vigueur
environ un siècle et demi. Durant cette période, surtout pen-
dant le 18™* siècle, de nombreuses dispositions générales sont
venues s'adjoindre à cet Ordo visitandi. Avant d'entreprendre
la visite pastorale, les évéques avaient soin, afin d'eu assurer
la bonne marche et la réussite, de la préparer d'avance. A cet
effet, l'évéque demandait au clergé un rapport sur l'état général
de la paroisse, sur la vie religieuse et morale des ouailles, sur
la sanctification du dimanche, sur la fréquentation des offices,
du sermon et du catéchisme, sur l'observation du carême, sur
le vice dominant, sur la fréquentation des auberges, sur la lec-
ture de mauvais livres, etc., pour savoir de quel côté il de-
vait principalement diriger ees efforts. 11 exigeait un exposé
iU
écrit sur l'état des églises, chapelles, du mobilier et des oroe-
meots de l'église, sur l'état du bénéfice, des anniversaires, des
fondations, sur l'administration des biens ecclésiastiques et
des autres fonds ecclésiastiques; l'évêque voulait être rensei-
gné sur ta marche des congi égalions, s'il existe des difficultés
avec les paroissieni^, s'il y en a parmi ces derniers, qui retien-
□ent des biens ecclésiastiques, etc. Pour la visite pastorale, le
curé devra tenir prêts les livres liturgii|ues. le livre de baptême,
de confirmation, de mariage et de décès, les titrer et les docu-
ments concernant le bénéfice et les fondations pieuses ; il ren-
dra également compte des fonds qu'il administre Les tîdèle&
seront rendus attentifs qu'ils pourront, lors de la visite, gagner
des indulgences ; l'évêque recevra en audience toute personne,
qui désirera lui demander conseil.
Nous avons vu. que les visites pastorales se faisaient aussi
par des délégués de l'évêque. Ces derniers adressaient parfois
des questions à l'évêque, pour obtenir la solution de difficultés
qui se présentaient dans le cours de la visite. Nous possé-
dona un de ces questionnaires pour le diocèse de Lau-
sanne. Ce document n'est pas daté, mais il est postérieur à
l'épiscopat de Strambiii. Cet évéque avait introduit le Rituel
romain dans le diocèse ; or dans te questionnaiie on demande
Bi, à défaut du Rituel mmaiii, on peut se servir, dans un cas
particulier, pour l'administration du Sacrement de l'Extrême
Onction, d'un petit Rituel du diocèse de Sion. Nous avons donc
le terminus a quo. Quelques questions du document concernent
le chant en langue vulgaire à l'église, certaines coutumes pen-
dant la nuit de Noël, elc. Comme nous trouvons la réponse à
ces questions dans les Uecës généraux de l'évêque Jacques Du-
ding (1707-16) de l'année 1712, il s'en suit, que ce document
doit être placé entre 1684 et I7I2, probablement à la fin du
n™* siècle. Ces * Quœstiones de abusibus reformandis > sont
les suivantes ') :
< An in administratione Sanctissimœ Eucbarislite liceat uti
pro libitu alienis cœremoniis, relictis Romani Ritualis.
') Annotationea cirita dorectua et abusus iit adminiatratioue saoramen- I
torum el in aliis Tanctionibus ecclesiasticia, tam in modo quam la materU. '
Questioues dû abusibus l'eformaadLs (ReoeasUB, u* 2j.
435
An in œdificando novo fonte baptJsmatiît, imago f^. Johan-
nis Itaptistic, Christum baptizantis, appoiii debeat.
An sepulchra mortuorum esse possinl sub altaribus aut ad
gradua iltius.
An non debeat esse inscriptio supra armarium. ubi recon-
duntur vasa SS. oleorum.
An debeat cereus paschalis singulis annis fieri novus.
An média pars iitius cerei possit esse ex ligno.
Quomodo sint intigendi (!) quinque grana incensi in eo.
An sfnt admittendi cerei ex ligno efTabricati cum oleo
urente.
An non intra ecclesiam a lat«re dextro sit coliocandus (!)
va» aquœ benedictic.
Ad ancillfe parocboruro, vel fœminœ aut filiffi sacri&tano-
rum campanas pulsare possint, sîve ad salutalionem angelicam,
sive ad vepellandas lempestates, etc. ; item januas ecclesiee ope-
rire, claudere, vinum et aquam pro niissa déferre, etc. ; item
sacristam agere, déferre vasa sacra, etc.
An in ecclosia laicis aliquid promulgare Jiceat.
Au assignetur aliquis cantus ad beriedicendam aquam.
Ubi lampas debeat ardere anie altare, cum qua dtstantia.
Quis debeat panem benedictum diebusDominicisdistribupre.
Si missa mstutina noceat an tollenda sit.
An liceal hymnorum cantum in ecciesta mutare more stu-
diosoruni (?).
An devotioneâ. introductee ex aliquo zelo indiscreto ab ante-
cessoribus, sint observandœ, ex gr. parocbus, inter allas cserernooias
banc instituit, nempe in ipsa média nocte Nativitatis Domini pro-
cesaionem cum qaatuor evaageliis cantaiidis. QuEeritur, an ejus
successores et ab ipso edocti teneantur id prKâtare.
De processionibus et absoîutionibus. Dum fiunt processionea
circa ecclesiam, an cum venerabili sacramenlo, item sine plu-
viali et cum quibus benedictionibus.
Dum tiunt uxtra parochîam, an non teneautur sacerdotes
redire ad propriam ecclesiam cum sacris reliquiis ; si non
teneantur, quis débet referre sacras reiiquias, etc., an sacrieta-
nus, an SBcristana, etc.
In processionibus defunctorum, an possint adhiberl can-
lioneR, quai sapiunt potins applausutn quam luctum.
— 436 -
Dum cantatur Responsorium longum ; lAbera me Dominé.
etc., an liceat adhuc ilH adjungere aliquud csrmen, quod bic
Bequitur : Juita corpus spiriLus Bletit et ploravit, et his verbis
dulcitur(!j Christum invocavit. etc.-, suDt octo taies versus cum
repetitione prœfati respoii^orii.
lo parochiis. in quibus ex laudabili consuetudine parocbi
tenentur adiré sepulcra per anoum, an sufficiat cantare parteni
unius responsorii.
Ad exequiie debeaot fieri secundum ritu m Romanum.
An recessus prioria visitatioais fuerint observali, eliam
CoDstitutJones synodales, etc.
Ludimagistri, an non teneantur lidei profesBionem émit-
tere apud Ordinarium.
Ad eievatîonem Sanctissimi Sacramenti, an liceat caotionea
ab Ëcclesia non approbatas adbibere. preesertim germaaicas vel
gallicEB.
An qui non habet RHuale Romanum, possit uti aliquo
libello benedictionum '), impresso ad instantiam R™' D. Episcopi
Sedunensis, pro administramlo extreiQEC unctionis Sacramento, jn
quo adest forma adjuncta de licentia 111'°' et R^"' D, Episcopi
Lansannensis ».
C'est au sujet des dépenses occasionnées pav les visites
pastorales, que nous trouvons surtout de nombreuses dispositions.
D'après les prescriptions du droit ecclésiastique, les paroisses
visitées devaient porter, comme nous l'avons déjà dit, ces dépenses;
les évéques défendent, qu'où leur fasse de grandes réceptions et
recommandent toujours, qu'elles se fassent avec la plus grande .
simplicité; ils ne permettent que les dépenses strictement néces-
saires et cherchent à diminuer tes charges dans la mesure du
possible. Les grands repas étaient prohibés ; l'évêque ne de-
mande pour lui qu'un modeste entretien, recommande aux
fidèles de ne pas profiter de la solenuité de ia visite pastorale 1
pour faire des excès. Dans certains cas, c'est le curé de la pa- J
roisse, qui porte une partie des dépenses occasionnées par la
réception de l'évêque, par contre les frais d'entretien du repré-
') Il ne m'eat pas possible de détermiaer, quel e»t ce libellas benedio- 1
tionuQi. Dea recherches faites daos le diooàse de Slon ont eu un réaoltatJ
DégaLii.
437 —
sentant du Conseil et de sa suite étaient à la charge do gou-
vernement ').
Nou» trouverons ces dispositions en détail, quand nous
parlerons, dans les chapitres suivants, des difTérentes visites pas-
torales en particulier. Pour avoir une idée du soin, avec le-
quel les évëques faisaient les préparatifs, afin d'assurer la réus-
site des visites pastorales, nous communiquons une ordonnance
de l'évêque Bernard-Emmanuel de Lenzbourg (1784), au sujet
des dispositions à prendre pour le jour de la visite pastorale ') :
« Pour la paroisse. 1° Le peuple doit être averti du jour
de l'arrivée de Sa Grandeur et être instruit de l'utilité, de la
fin des visites épiscopales. 2° Les enfants doivent être instruits
du sacrement de confirmation, avoir atteint et accompli l'âge de
18 ans, déterminé par Sa Grandeur, être munis d'un billet de
M. le curé. 3° On désirerait beaucoup que l'usage, introduit
dans plusieurs autres diocèses, eût lieu dans celui-ci, c'est de
se confesser et de recevoir la coinoiunion de la main de Mou-
seigneur. 4° On tiendra prêts les actes d'approbation, de prê-
trise des curés et des vicaires, les brevets des maîtres d'école,
les institutions et témoignages d'installation de MM. les curés.
5° Les fondations des bénéfices, leurs obligations, devoirs et
rentes, les usages des paroisses pour processions, offices et au-
tres charges, pour sonner, blanchir les linges, réparer les au-
tels. 6° Les titres, documents vieu.t et nouveaux, les gains ou
pertes, augmentation ou diminution des rentes. 7" Les livres à
double des baptêmes, morts et mariages, des confirmés. 8° Le
nombre des communiants et des âmes, qui composent la pa-
roisse. 9° Les fondations pieuses et anniversaires, leur rentier,
si on a des obligations ou schedules. Si la réduction des
messes est faite. Combien d'obligations par année. 10° Montrer
les reliques de l'église, des chapelles et des confrairies, leurs
authentiques. Il" Les confrairies qui sont établies dans la pa-
roisse, te bref d'érection, leurs rentes et les devoirs qui y sont
annexés, la reddition des comptes. 12° Les chapelles, oratoires,
') Recesgus (Carton 20) et Acta visîtationis, vol. 11-19 (Archives de
l'Evêché).
') Archive!! de l'Ëvâché : Récèsdea viaites pastorales (Carton 20, n' 1 ;
AuU viaiutionia, a' 18, fol. Ul-43,
lieuK pieux, images de dévotioD, de pèlerinage, s'il y B des
troncs pour des oblations. 13° Les indulgences, leur nombre,
leur durée, le bref d'établissement. 14" La fabrique de l'église,
des chapelles, s'il y en a une, leur compte. 15° Les fondations
pour les pauvres, la reddition de leurs comptes. 16° Demander
B'il y a des autels ou églises non consacrées, les patrons des
églises. 17° Appeler les maîtres d'école pour scavoir si leur
brevet continue, si leur couduite est réglée, leur application
exacte, si les enfants ont soin de fréquenter l'école, s'il y en a
de négligens pour le catéchisme et quels. 18° Les sages -femmes,
si elles sont instruites, comment elles baptisent, s'il n'y a pas
de plaintes. 19° Appeler les époux désunis, les pécheurs scan-
daleux, ceux qui n'ont pas fait leurs pàques. 20° Déterminer une
heure ou deux pour entendre tous ceux, qui voudront parler à
Sa Grandeur. 21. Fixer le quantum, que chaque paroisse doit
payer, défendre les vins étrangers.
Four l'Eglise, l" Mettre sur une table tous les vases st-
crés, ostensoir, calices, et préparer les ornements, linges, missels
et tout ce qui sert à l'autel. 2° La tablette pour les anniver-
saires. 3° Ou visite le maître autel et puis les collatéraux, les
fonts baptismaux, les confessionaux, la piscine, les vases des
saintes huiles, la pJxide pour le St. Sacrement, la sacristie, la
nef, le pavé, les bancs, le toit, le cimetière. 4° Demander l'in-
ventaire de tout cela, si on le juge à propos.
A la maison de M. le curé, l" Demander s'il y a des meu-
bles qui y appartiennent, s'il y a une bibliothèque et si on a
l'inventaire. 2° Si les obligations sont toutes dans un coffre a
trois clefs, si MM. les curés ne doivent rien aux bénétîces, >
Un nouvel Ordo visitandi fut donné par l'évêque Guisolan
(1812); l'évoque t'inséra également dans ses Constitutions syno-
dales, en le faisant précéder de quelques prescriptions au sujet
de la préparation de la visite. Cet Ordo est basé sur le Pontifi-
cale Romanum et sur les dispositions antérieures des évéques de
Lausanne. En voici le texte *) :
< Episcopalis visitationis scopus est * sanam orthodoxam-
que doctrinam, expulsis hjeresibus, introducere vel conservare,
I
I
I
') Décréta et Constitutioaea synodales '. pare 111, S 5- D^ vÎBÏUtione
opiacopali, p. 43-48,
— 439 —
boDos mores tuerî, pravos corrigere, populum cohortationibus
ad religionein, pacem inuocentiaoïque accendere, cœteraque
prout locuR, tempus et occasio feret, ex viiiitaDlium prudentia
coDstiluere '} >. Ex his Tridentini verbis patet, a locorum paro-
cbis visitatioDis utililatem non paruni pendere. Quare acceptum
Dostrura de ineunda visitatione mandatum, illico populo sigoilica-
bunt illumque, ut optatum esinde fructum percipiat, congruis
adIiortatioDtbus conimoDefacieDt.
Cum angustius î^it visjtantis tempus, ut singula ejus objecta
examinari queant, suamm parochiarum statum prœvie Dobis
scriptotenus iraosmiltent parochi, in que sequentia singillatim
indicabimt : 1° Quis t;it eccleaJEe, capellarura, altariiim, vasorum
sacrorum, paramentorum. liDteaminuai ac cœmeterii status ?
2" Qui siDt ecclesia;, capellarum et confraternitatum redituB,
quit 0[iera, ijute fundatioues, quot missi)! fundatu!, sitoe aliquid
deperditum, reductionem exposceus, dubium etc. 4" Num sint
in parocbîa ludimagisth placito nostro donati, et quomodo suo
fungantur oflicio ; nain infantes ad catecbesim et scholam dilî-
genter railtautur, 5° An obstetrices probe instructte de modo
baptizandi et de tenore mandati sub 26 Maji 1798') emanati ;
li" Quis communicanlium oumerus ; qui parochianorum mores ;
quomodo se gérant circa festivorum dierum sancti&calîonem,
iioclurnaruni vigiliarum et cauponarum frequentalionem. N. B.
si qui sint in parochia peccatores publici, ut usurarii, ebriosi,
adulteri, concubin aiii, de bferesi vel irreligiositate suspecti,
uxorali inimice viveutes, aut privata auctoritate separatî, prohi-
bitoruni librorum lectores, ecclesife prœceptis de confessione et
communione paschali, de abstinentia, missœ auditione. aliisve
inobedientes etc., horum nomina uni episcopo vel oretenus vel
scripto patefaciant. Id ipsum observandum venit, si quid decla-
randum incunibat, quod parochiie speciali dedecori esse possit.
7° Fuerintne postremae visitationis recessus executioni mandati ?
8° Denique, si quid aliud speciali inentione dignum ipsis visum
fuerit, id exponeut. 9" Anniversariaruin missarum catalogum ac
regiHtrales baptizatonim, contirmatorum, conjugatorum et mor-
tuorum libros examinandos parabunt. 10° Parochia prsepositos
') Cono. Trident. Sws. XXIV, de reform, c. 3.
'I Liber uiandatorum. 26 maii 1768 (Â. E.).
440
sea deputatos monebunt, ut in xdibuB parochtalibus compareant,
epiacopo interrogaoti responsuri, cum illo et parocho de corri-
geodis abusibus acturi ac querelaa, s: quËf sint, in lucem pro-
latuH.
Porro viaitationis episcopalie bic est ordo. Adventanti
episcopo obviam procèdent parochi, et inter pulsum campana-
rum ad presbyterium deducent. In ecclesiam varo processuro,
paratur aote fores ecclesiam faldi'storium cum (a]iete et pulvi-
nari. Egredientem e domo parocbiali, parochus, superpelticeo et
pluviali aibo iiidutus, stola bracfaio imposita, excipit et porrecta
ad osculaDdum cruce paetorali, sub baldachino iDcedenteni ad
portam ecclesix deducit, tuni tiaviculaiu epiRcopo esbibet, ut
ÎDcensum cum benedictioiie in thuribulum imponat, deinde asper-
sorium aquœ benedictic ei offert, qui primo seipsum, deinde
atios atiipergit, tandem, Iriplici ductu inceosato, mox hyronum
Vent Creator etc. incipit parocbus et episcopura ad altare magis
deducit, stansque in cornu Epistolfe versus episcopum dicit :
Protector nostcr, aspice Deus cum versiculis et oralione. Qua
finita, ascendit episcopus ad altare illudque in tnedio ogculatus,
solemniter popuium benedicit. dein per se vel per alium adven-
tus sui causas populo expoiiit, solitamque indulgentiara coocedit.
Posl ha^c, pluviali violacej vel nigri coloris indutus et stans cum
mitra juxta altare, versus popuium incipit antiphonam Si ini-
guitates etc. et p^^almum De profundia etc. cum assiatentibus
sibi presbyteris récitât, quo goito, totam aotiphonam dicit Si
iniguitatea. Dein. deposita mîlra, dicit Kyrie eleison, Fater noS'
ter, quod secrelo prosequeus, ante se aqua benedicta aspergit
et imposito prius incenso in thuribulum, cum benedictione ter
incensat. Deinde dictl Et ne nos inducas cum versiculis et ora-
tione.
Deinde aqua benedicta, thuriferario, duobus ceroferarîîs, '
cruce et clero prœcedentibus, procudens ad cœmeterium, iterum ■
incipit episcopus antiphonam Si iniquitates etc. dein psalmum
De profundis etc. reciiui, quo absoluto, repetitur eadeoi anti-
phona. In medio cœmeterii suo ordine subststunt et chorus
cantat respotisorium Libéra we etc., quo decantato, episcopus
dicit Kyrie eleison etc. Fater nosler ; intérim imponit incensum,
aspergit et incensat. Postea dicit Et ne nos inducas etc. cum>^
versiculis et oraliouibus.
I
— 441 —
Mox pontifex, elevata dextra. producit sSgnum crucis ab
omDi parte super cœmeterium et redit ad ecclesiam, dicente
choro sine cantu psalmum Miserere. Quibus dictis visitator
ante altare majus dicit io medio stans Kyrie eleison, I^Uei-
noster cum versiculis et oratione.
His perflctis, catechesim jubet haberi, dein sacrameotum
confirmatioDis confert. quo cotlato benedictionem citin augustis-
simo SacramcDto dat, et visitato tabernaculo, cfelera, ^uœ exa-
minanda sunt, visitât, tum ad parochialee tedes processionaliter
reducitur.
Invisa atitem nobis esse declaratnus, oainmoque odiosa
splendida et aumptuosa prandia, talibuE in circumstantiis apponi
solita, decretumque Tridentini ') ser'vaii voJunius prœcipientis, nt
visitanti prœlato suisque itlum comitantibus, frugaliter et mode-
rate, pro temporis tantum necessitate , et non ultra, victualia
mjnistrentur ».
Aux dispositions générales, relatées plus haut pour la fin
du 17""" et le IS"" siècle, nous pouvons ajouter que les évoques,
en vue de la visite pastorale, s'informent égaloinent si on prati-
que l'usure, si on travaille le dimanche, si les assemblées com-
munales ont lieu pendant les offices, si tes calhotiques vont les
jours de précepte dans des endroits protestants, si on fait des
collectes dans les paroisses. Une rubrique constante dans les
questionnaires adressés au clergé, est celle relative â l'abas de
la boisson.
Les prescriptions les plus récentes du diocèse au sujet de
la visite pastorale, sont celles données par Mgr Mermillod.
Quoique cela sorte, strictement parlant, du cadre de notre tra-
vail, noua tenons, pour être complet, à les communiquer *). Les
prescriptions de Mgr Mermillod, relatives A la préparation de
la visite pastorale, sont les mêmes que celles de l'évêque Gui-
solan (1812). Quant à l'Ordo visitandi, Mgr Mermillod renvoie
au Pontificale Komanum et au Manuale Rituum : « Quod spectat
ad ordinem rituumque servandum \n ipsa visitatione episcopali,
omnia peragantur ad normam Pontificalis Romani et Manualis
') Sessio XXIV, de relorni. c. 3.
' Statuta diœcesaiia Heu Constituliones i<ynodalea, 1S85, pars I, j
siUtiojii episcopali, p, 20 et 25.
— 442
Rituum ') ». Mgr Mermillod rappelle également les décisions du
CoDcile de Trente au sujet de la réceplion de révéque : * Ce-
terum parochi curabunl, episcopum modo et honore cumpetenti
excipere ; attamen in memoriam revocare volumus decretum
Tridentini *) prœcipientis , ut visitant! prœlato suisque illum
comitantibus frugalrter et moderale victuatia ministrentur *.
Mgr Mermillod prescrit aux doyens la visite annuelle de
leurs décanats ') : < Volumus enim, cum totius diœcesis visitatio
episcopalis siogutie annis aut bienniis fîeri non possit. et ne
longiori temporis tracto, quas sapienter statuta sunt, paulatim
labantur, quolannia liiiri hujusmodi visitationcm pcr decanos,
quos ad hoc munus delegamus, exceptis annia, quibus ipse épis-
copus per senietipsum visitalionetn instituerit, quo tamen casu
opportunum est. ut ipse decanus viGilationi parocbiarum sui de-
canatus adaistat >.
La visite annuelle terratni^e, les doyens devront envoyer &
l'évêque un rapport écrit, qui comprendra les points suivants :
< QuEecunique sunt notatu, mutatione et emendatione digna,
prscipue quoad functlones sacra!', prcedicationem verbi divini et
catéchèses, ecclesiarum statum, paramentorum et rcrum sacra-
rum decentiam et nllorem, habitudines inter parochos ac ma-
gistratus, prsefectos muoicipii ac ludlmagistros, sedulo sed ma-
gna charilate investigare. ut nobis exactam de bis orODibus
relationem inscripti^ exhibendam, tempore synodt decanalis quo-
taDois celebrandic, exhibere valeant. Ut vero istius modi rela-
tiones una forma et optimo fructu fieri po^isinC, scriplœ a nobis
quœstiones ad singulos decunos mittentur, quibus sincère coram
Deo ac aine ullo humano respecta respondebunt, postquam
anusquisque proprii decanatus parochias singulas visitaverit >.
L'évêque prescrit également au clergé la visite pastorale
des paroisses *) : « Parochus congruis temporibus vîsitet omnes et
singulas suie parochiœ familias. Quel visitatio, cum ad alîos
etiam fines utilieslma sit, volumus ut siingulis annis fiât, ex-
ceptis duntaxat parochiis majoribus, id est ultra bis mille ani-
') Piller, Manuale rituum éd. aecuiida, p. 197.
') Sesaio XXIV, de reform. c. 3.
') Statuta diœceaana, I. c., p. 25.
*) Statuta diœceaaoa, I. c, p. 28.
— 448 —
mas computantibus, in quibus eadem visitatio quovis biennio
abso)vetur, nulla exceptione admissa, nisi ex nostra spécial! con-
cessione, ob graves omnino rationes. In visitatione parochiaB
omnem diligentîam adhibebit parochus, non solum ut cognoscat,
quidquid necessarium videbitur ad puerorum institutionem, cate •
chismi et scbolœ frequentationem, matrirooniorum validitatero,
sacramentorum susceptionem aliaque hujusmodi plura; sed etiam,
ut in sua parochia mala, abusus, scandala, quantum id per
prudentiam licuerit, aut removeat aut prœveniat, fidem pro-
moveat, ejus pericula avertat, dissensiones componat, pacem pro
posse procuret, bonos mores custodiat, consuetudines vitiosas
eradicet, ac plebem sibi commissam opportunis monitis ad vitam
christianam informet >.
CHAPITRE DEUXIEME
heu visitCH pastorales de Jean Doros (1600-1607).
L'évëque Jean Doroa '). <lès qu'il eût pria possession, à la
fin (le l'année 1601, de sa nouvelle résidence à Fribourg, com-
mença son ministëre pastoral par une visite du diocèf^e qui eut
lieu en 1602 et 1603. Cette visite est surtout importante,
parce qu'elle est la première, faite dans des circonstances régu-
lières, par le chef du diocèse, après une interruption de près
d'un siècle. |
Le Conseil de Fiibourg favorisa de son mieux le projet '
de l'évCque ; pour ses visites et voyages eo dehors du territoire
fribourgeois, il lui délivra un sauf-conduit et lui reconnut le
* Burgrecht > en sa qualité d'évêque de Lausanne -) (l'évéquc
était d'origine franc-comtoise). En vue de la visite pastorale
que l'évëque voulut entreprendre sur le territoire fribourgeois,
le Conseil, en 1603. prit des dispositions, pour en faciliter
l'exécution et en assurer la réussite. Il adres^sa, le 2 avril 1603,
une lettre à tous les baillifs, châtelains et autres officiers des i
seigneuries, terres et communes de sa juridiction, que, vu son
grand Intérêt, nous tenons à communiquer en substance ") :
« Ayant à présent reconnu aux actes du Révéreodissime évêque
Jean Doros le soin paternel et singulier, qu'il porte au bien et
avancement de l'administration des affaires ecclésiastiques pour
') Voir sur son pontificat : Lausanna sai^ra, fol. 73. (Bibl. cantonale) ;
LauHsnna christiaaa: Joannex Daroz, n° LXV ; Sclimitt, Mèreioins hls- 1
toriques sur le diocèse de Lausanne II. p. 414-22 ; Holder. Une visite pasto- \
r&le du diocèse de Lausanne en 1603-1603 (Revae de la Suisse catbolîque |
1901).
'} Manuel du Conseil du 13 mai 1602; RatserkarintnussenbUcher |
(13 mai 1602) T. 24, toi. 110-11 (archives d'Etat).
') RalserkanntDUsaeobUobet T. 24, fol. 178.
445
le salut, des âmes, la restauration (ïes suintes institutions chré-
tiennes et la correction des abus, qui par le laps de temps se
seraient glissés entre les DÔtres ; à quelle intention il a déjà
heureusement commencé, comme il est maintenant aussi sur le
départ, de visiter les églises et paroisses de notre ressort,
nous, désireus d'apporter tout avancement k telle bonne œuvre
et à l'exécution de tout ce que par le Révérendissime évêque
sera ordonné et commandé, nous avons par la présente aujour-
d'hui voulu et commandé, de recevoir et reconnaître le dit
seigneur évéque en tels révérence, devoir et respect, comme
l'ofBco de vrais catholiques et de légitimes enfants de l'Eglise
le demande, et de mettre en exécution et d'accomplir fidèle-
ment tout ce qui, suivant la nécessité, sera avisé, résolu et or-
donné en matière dépendante _du régime spirituel. Nous voulons
aussi, que nos officiers sévissent contre les réfractaires et déso-
béiïtsants par les châtiments requis, pour réprimer les scanda-
leux exemples à l'endroit des autres. Et combien nous nous
promettons de nos officiers, baillifs et cbittelains, qu'à l'endroit
du dit Révérendissime seigneur évêque et de sa compagnie, ils
rempliront les offices d'hospitaliers, en les recevant courtoise-
ment et libéralement en nos maisons et châteaux. Ainsi est
notre vouloir et intention. Toutefois n'étant pas raisonnable, que
les dépenses soient entièrement à la charge de nos officiers, ni
que le seigneur évêque, outre la grande peine et le travail
qu'il assume pour le bien et le soulagement du public et l'ad-
ministration des S, Sacrements, en supporte les frais, nous
voulons, que les habitants et communes par une légère imposi-
tion ayent à payer et à défrayer les dites dépenses. Nous en-
tendons généralement, que partout, oïi le Révérendissime évêque
passera et séjournera, il soit honoré et respecté, comme son
rang et sa qualité le demande; en quoi nous devons être di-
gnes d'êlres de vrais catholiques, car l'honneur sera pour la
gloire du Tout-puissant. >
La visite eut lieu en 1602 pour le diocèse en dehors de
Frihourg, et en 1603 pour le territoire fribourgeois. Il est à
regretter, que l'évéque n'ait pas laissé de protocole de cette vi-
site, comme cela se faisait ordinairement ; nous aurions pu
suivre le cours de la visite, paroisse par paroisse, et recueillir
des données intéressantes sur l'état des paroisses fribourgeoises,
— 446 -
des paroisses catholiques vaudoises, celles du canton de Soleure
et de la seigaeurerie de Neuchàtel au cotiimencement du 17™
Htëcle ') Nous possédons cependant, ce que l'on appelle le tlécès
général de la visite, c'est-à-ilire un mémoire, dans lequel étaient
consignés les difTérents points, qui au cours de la visite ont été
reconnus comme ayant besoin de réforme. Ce Récès cependant
ne concerne que In partie fribourgeoise du diocèse.
A son retour, l'évéque fit des propositions au Conaeil, en
vue de l'exécution de ses décisions, relatives à l'état religieux et
moral des endroits visités; il se plaignit en même temps de
Bellegarde, qui n'avait pas répondu à son appel '). Le Conseil
fit droit aux rt'tlamalions de l'évéque; il demanda des explica-
tions au haillif île Bellegarde. an sujet de l'attitude de ses res-
sortissants et lui intima l'ordre de- citer les coupables. Il nomma
en outre une députation, avec mission de présenter à l'évéque,
an nom du Conseil, des remerciements et de demander par écrit
les articles mentionnés plus haut.
Le mémoire '•'). qui fut transmis aux députés du Conseil,
signale les principaux abus, pour la correction desquels l'évéque
réclame l'intervention du Conseil ; cet écrit nous montre, avec
quel soin et quelle sollicitude l'évéque Doros cherchait l'avan-
cement spirituel de ses diocésains.
Le mémoire ') est le suivant :
Sommaire de ce que le Reverendissime Evesque de Lausanne a .
■jugé expédient communiquer au Magnifique et souverain
sénat de Fribourg au retour de la visite de son diocèse
faicte sous le second d'apvril jusques 27 du dit mois
indus 1603.
Premièrement toutes actions de grâces premises, pour le
bon receuil et assistance receues par le dit Reverendissime
Evesque et ceux de sa suite, des sieurs bailtifs, chastelains, et
I
') Il nouN regl« nepetidarit un Récèa particulier pour la paroisse da .]
Berlens de 1603 (Ârchivea de l'Sveché. Recesaui^. Carton 20, n* 3), qui e
plua antùen Récès particulier que nous poasMinn^ pour le diocèse-
■) Maoual du 30 avril 1603.
>) Archives d'Etal: Geiatliche Saclien. Evéché (1600-1610), 3 avrtl'J
1603. C(r. Mémorial de Fribourg, 11. p. 420.
*) Revue de la Suisse catholique 1901. p. 696-704.
— 447
officiera du dit souverain sénat, suivant son mnadement exprès.
11 a déclaré le conlenlement qu'il avoit, commR de mesme il
s'asseuroit, l'auroient les magnilicqaes seigoeurs du dit sénat en
gênerai et particulier, de la dévotion du peuple de ceste respu-
blicque et peraeverance en notre saincte foy catholique, aposto-
lique et romaine ; l'ayant mesme te.<moign(f, tant assistant aux
consécrations et bi}nedictions de diverses nouvelles églises.
aultels, et cemîlieres, faites durant la dicte visite, qu'en recep-
vanl le sainct sacrement de conlîrmation, jusquea an nombre de
plus de dix mil personnes, y accourant de toutes parts, ex-
ceptez ceux (le Bellegavde, que se seroyent nionstréz assez né-
gligents, quoy qu'ils en fussent advertis de bonne heure comme
les aultres. Oultre et par dessus environ aultres dix mil, ja
confirmes auparavant, et dois Tadvenemont du dit Reverendis-
sime sieur, tant en ce lieu de Fribourg, d'Kstavahy le lac,
Sainct Aulbin, que Montagny, et en ce qu'est de son diocèse
au canton de Saleure et seignourie de Neufchastel.
A esté ausRy remonstré par ledit sieur Révérend issi me.
que comme la chapelle bastie en lu bonne fontaine près Wauru,
ii\}T les deniers receus des offerandes, que se souloienl faire, lors
qu'il y avoit un fort fréquent apport, y sembleroit expédient,
employer le surplus des dites offerandes, s'il estoit recongneu
par le compte que s'en rendra, qu'il y eiist du surplus, à enri-
chir et embellir la dite chapelle, puis qu'à présent elle est
consacrée ; afin d'exciter tant plus la dévotion du peuple. Et
en tant y n'y aurolt aulcung reliquu des dites oITerandes, sera
advisé, se sembleroit expédient vendre les matériaux du basli-
ment faict plus bas que la dite chapelle, pour mettre à couvert
les pèlerins, afin d'employer le prix à ce que des.sus, ou bien y
pourveoir d'ailleurs.
Quelques particuliers de sainct Martin de Vaulx et de la
paroiche de Pontaville, quoy que mariés, tiennent des concubi-
nes, les noms desquels se donneront par eacript si besoing faict,
et admonestés à la part de l'esglise de se désister d'un crime
si grand ; voiras jusques à leur refuser la saincte communion,
n'y auroient voulu obéir, ains l'ung d'iceux n'auroit heu ver-
gogne de mettre en avant, qu'y luy avoit esté permis. Et pour
ce, sera expédient y pourveoir d'ailleurs, par l'autorité du bras
séculier.
A esté recongneu par la dite visite, que la doleaDce fafcte
cy devant au dit sieur Revereudissime par les seigneurs commis
du dit sénat, qu'en divers lieux, la parole de Dieu n'estoît ao-
Doncée au peuple par ceulx, qui desservent les paroiches, pou-
roit, entre aultres causes, procéder de ce tjue plusieurs d'iceux
reodent pensions aus chapitre, clergée. couvents, monastères,
hospitaux et aultres, voyres pour actes non entieremeot ecclé-
siastiques. A quoy pour ce, aeroit bon pourveolr, afin que les
dites pensions qui se trouveront dehuement approuvées selon le
sainct Concile de Trente '), soient retenues, et les aultres re-
vocquées, pour par ce moyen attirer tant plus aisément des
gens idoines pour desservir les paroiches, quand ils se verront
dehuement salariez.
Se treuve auasy que par faulte de faire recongnoistre les
censés et redevances des esglises, les revenus sout grandemeot
diminuez. A quoy estant pourveu par le dit aieur (ieveren-
dissime, l'exécution s'en ensuivra tant plutôt, si le magniâcque
sénat y entremet son autorité ; ordonnant à tous subiects.
qu'ils ayent a recongnoistre, ce qu'ils doibvent à t'eegliHe sans i
difficulté, et à tous ceux, qni scavent les biens et droicts qu'ap-
pertiennent à l'esglise, qu'ils ayent à les relever, soit qu'ils
soyent en estre aliénez ou desmis par faulte d'enseignement.
Comme aussy a accuser les détenteurs des biens de l'esglise,
soit par voye de faict, ou par traictez et contracta non apprea-
vez en forme du dict sainct Concile *, afin de les reppeter où i
et contre qui li appertiendra.
Et de mesme les collateurs, soient ecclesiasticques ou
laies, qu'auroient aliéné les biens des chapelles, ou aultres béné-
fices de leur collation, ou qui les retiennent et convertissent à
leurs usages, afin qu'ils en fassent restitution, pour ne tutnber
aux censures et peines du dict sainct Concile °), et perdre le 1
droict, qu'ils ont au juspatronat desdicts bénéfices.
Et pour mesme raison, que las dictz collateurs communJ>
quent tous tillres aux chappelains et possesseurs des dicts bene- '
') Sessio XXIV. De reform:itione, c. 3.
') Conoilium Tridentiam Sess, XXII. De roformationa, c, 11.
') SeBslo XXIV. De retorniatioiie, c, 3. SeaaioXXV. De reformationa,^
449
ficcs. afin qu'ils conservetit tant mieux les droicts et revenais
de l'esglise, et que congooissant les divins offices dehuz, ils y
satisfacent selon l'intention des fondateurs.
Plusieurs chappelles se ruinent par fautte d'entretien, de
quoy s'excusent les nouveaux possesseurs et lenem en tiers, pour
n'estre les dites ruines avenues d« leur temps, comme seroil
la cbappelle sainct Claude de Bossenens et aultres ; à quoy,
pour ce sembleroit nécessaire pourveoir aux frais des collateurs,
ou aullres, qu'en tirent commodité ; afin de puis après charger
les chappelains de l'entretien; ou il n'y auroit ruyne causée
par orvale ou cas fortuit.
Près le village (le Futigny y a une chappelle souh l'invo-
cation saincte Marie Magdelaine, rière la paroiche de Minière,
ou le peuple va, comme en plusieurs auitres lieux, les trois
jours de la sepniaine saincte, que l'on chante les matines ap-
pellées ténèbres, et avec Heaux et auitres engins frapper le pa-
vement de la nef d'ice!!e chappelle, qu'est de bois, avec telle
impétuosité, qu'il eu est tout rompu, oultre l'irrévérence ; ce
qu'auroit pour ce esté interdit par le dict sieur Reverendissime
et s'observera tant plus sougneusemeot telle interdiction, si
plaisoil au dict souverain sénat faire mesme défense aux su-
bi ects.
Les parochiens de Domdedier se plaignent, de ce que la
chappelle sainct George, dépendante de la Cure de Donatier, a
un quart d'heure du dict Domdedier, riere l'obéissance du dict
magnificque sénat, où ils vouioient aller en dévotion, tumbe en
ruine a faulte de réparation, combien que les sieurs de Berne
en tirent le revenu.
Le mesme se faict de la chapelle sainct Denys, dépendent
de l'abbaye de Payerne, qu'est à un cop de mousquet près de
Mignière, rière ce pays, et dont les dîcts sieurs Beruoys tirent
le revenu, et est quasi ruinée du tout, tant s'en fault, que l'on
y fasse les divins services accoustumez. Idem d'une cbappelle
près de Combremont, et auitres semblables. A quoy y seroit
bon pourveoir, comme le dict souverain sénat jugera convenir.
Comme aussy à ce que ceux du village de Villeneufve,
dépendant anciennement de Granges, avant qu'ils se fussent
diatraicts de nostre saincle foy, reçoipvent les saincts sacre-
ments en l'esglise parochiule de Surpierre, qu'est une nouvelle
450
surcharge au sieur curé d'illec. il'aultant mesme que Ipp officiers
du dict Granges reçoipvent les dismes du dict Villeneufve, et
tous aultres droits parochiauls dehus du passé, pour le seal
regard de radmiDistralioii des dicts saincts sacrements.
Les officiers de la justice séculière font faire proclama-
tions et donner des assignations aux parties, les jours de diman-
ches et aultres fesles aux esglises. pour choses civiles et pro-
phanes. Ce qu'ayant esté jugé par le dict sieur Heverendissime
contraire aux constitutions de l'esglise et décrets du dict sainct
Concile'). Il prie le dict souverain sénat y donner aussy ordre
de sa part, puisque la chose se pourroit faire aussy commodé-
ment hors les lieux saincts, lorsque le peuple sort du divin
office.
Ayant esté ordonné aux curés, d'enseigner le catbechisme,
aulcungs desquels s'excusent, quf^ l'on ne les vad ouyr. semblerojt
nécessaire d'ordonner au peuple d"y assister, et aux pères et
mères d'y faire aller leurs enfants.
Comme aussy de ne les envoyer en lieux aliénés de nostre
saincte religion, pour estudier, ou apprendre quelque mestier ou
art mechauicque.
Et que la licence que plusieurs pregoent, de se marier
hors les lieux catlioliquea, soit réprimée par le moyen de quel-
que griefve peine, tant au regard des parties que des parents,
pour les notoires incouvenieDts qu'en résultent.
L'infractioD des festes, et pouvoir de dispenser sur ce
pour cause raisonnable, eslaut tout notoirement de la seule
cognoissance de la justice spirituelle, qu'elle luy soit délaissée
avec l'entière exécution des sentences et de l'adjugé, afin que
aultrement l'autorité de l'esglise ne demeure pas en cela comme
illusoire et sans efFects.
Que les offeraudes des troncs des âmes ne s'employent cy
après, sans participation des sieurs curés, fondés de droict com-
mung à la perception de toute oblations que se font rière leurs
paroiches, atin d'éviter tous abus.
Un édict publicque seroit fort salutaire, par lequel seroit
ordonné à tous d'assister aux prédications et i. la messe, et de
I
I
I
'} SeBsioXXIl. Deoretam d« observaDdis et avitandis in celebratioiMa
pendant icelles, ne se pourmeDer ou entrer aux tavernes,
bonnes et grosses peines applicables à la fabrique, et partie
au denimi^iateur, tant aux contrevenants qu'aux hostes, (d'aultant
que le mal s'est recongneu par ceete visite), et voyres en cer-
taine ville du pays.
Par la meame visite s'est trouvé, que les libvres ecclésias-
tiques, comme missels, bréviaires, et manuels defiaillent quasi
par tout le diocèse, à quoy ne pourroit estre remédié qu'en
imprimant des nouveaux reduicts, comme l'on espère, tant que
faire se pourra, à l'usage de Borne. Ce que ne concerne seule-
ment les ecclesiasticques pour le regard des bréviaires, mais
aussy les parochiens, à la charge desquels tumbe la forniture
des missels et manuels nécessaires pour l'administration des
saincts sacrements. Et comme la chose ne se peut faire sans
frais, que le clergé ne pouroit ny debvroit entièrement suppor-
ter, sera advisé, en cas la republicque ou quelques particuliers
seigneurs ue vouidroyent prendre le faict en main, et advancer
les deniers, de faire au plutost, que toutes communaultes four-
nissent promptement quelque raisonnable somme. Comme feront
aussy les ecclesiasticques, de quoi l'ung et l'aultre seroient rem-
boursés et payés en libvres nécessaires aux parochiens ou aux
ecclesiasticques, et le surplus en deniers, qui procederoient de
la vente des dicts libvres, à prix que seroil taxé raisonnable-
ment, de sorte que l'impression et relleure payée, il y eust
quelque somme solde , pour tirer d'interest ceulx qu'auroient
advancé leurs deniers. A quoy jà le clergé du Canton de Sa*
leure s'est submis, et l'on s'asseure que les paroiches n'y treu-
veront à redire.
Reste encore un poinct bien principal, qu'est touchant la
clausure des religieuses d'Estavahy, et celles de Romont, à
l'imitation de celles de la Maigroge, estant la chose si heureu-
sement commencée, que l'ung et l'aultre des monastères y ont
(lesia preste leur consentement, sur remonstrances du dict sieur
Iteverendissirae. Resteroit quant à celles d'Estavahy, de reformer
quelque peu et a petits frais le bastiment en quelques endroits,
et les fenestres, que donnent sur les rues et charrière public-
ques, de sorte qu'elles ne fussent à la vehue de ceulx du de-
dans, ny dehors, sinon pour y prendre jour, Et quant a celles
de Romont, de oultre la clausure les réduire eu la ville, selon
462
que le dict sainct Concile l'ordonne '), que se pourroit aus57
faire commodément et â peu de frai», par uo eschange de leur
monastère contre le bastimeiit et pour prii de l'hospita), qu'est
au dict Romont. selon qu'il seroit advisé pour l'indemnité des
deux maisons ; que serviroit pour éviter les inconveniens, que
peuvent résulter â la dicte ville, par le moyen du dict bospilal
en temps de contagion, et de réduire en lieu de seurté les
dicte» dames religieuses, qu'recepvront mesme contentement en
leurs âmes et tant meilleure réputation, comme ont faict celles
de la dicte Maigroge ; avec la commodité du service divin qu'es
auront les nobles et bourgeois du dict Romont, oultre l'obéis-
sance, que par ce moyen seroit rendue au dict sainct Concile,
et à nostre sainct Père le Pape, en ayant fort expressément
chargé le dict sieur Reverendissime, lequel pour ce, prie fort
affectueusement le dict Magniticque sénat y vouloir entendre an
plutost, comme estant chose, qu'a besoing de sa main Rouve-
raine.
Kt pour ce que le dict Reverendissime Ëvesque s'est ftp-
perçeu, que quelques ungs recourent par foys au dict magnific-
que sénat, contre ce qu'auroit esté ordonné eu la justice spirituelle
et de l'autorité d'icelie (soitjudiciatemeut ou extrajuiiicialement),
que redunde à un manifeste raespris de la jurisdiction ecclésiasti-
que, et de l'autorité du dict sieur Reverendissime; sur quoy le
dict magnificque sénat auroit tousiours prudemment renvoyé les
parties au dict Reverendissime. Il prie que, pour éviter tous
Inconveniens, le mesme soit faict cy après, tant en sa présence
qu'en son absence, attendu qu'il laisse un vicaire général COD-
gneu au dict souverain sénat, avec charge en tel cas recquise.
Et par telle mutuelle corr«spondance des deuU jurisdictioos,
Dieu bénira et fera tant plus florir ceste respubiicque. Aia^
Boit-il,
Il résulte des indications, que nous possédons sur la visita
du diocèse, que fit l'évêqiie Doros, après sa nomination au siège
de Lausanne, en 1602 et 1603, qu'elle s'est probablement
étendue au diocèse tout entier. Les paroisses catholiques dO"
pays de Vaud ne sont pas mentionnées directement, Il est vrai,
mais comme l'évëque a visité le canton de Soleure et la si
«
'jSes
) XXV. De regularibus eC moniallbus, c. 5.
453
gneurie de Neucbàtel, il est probable, que les paroisses vaudoises
n'en étaient pas exclues, et c'est dans le but de visiter les en-
droits en dehors du territoire f ri bourgeois, qu'il a été, sans
doute, délivré à l'évêque, en 1602, un sauf-conduit par le Con-
seil de Fribourg. L'évêque dit lui-même dans sa relation écrite
au Conseil de Fribourg sur sa visite de 1603, qu'il avait déjà
auparavant conféré, dans différentes parties de son diocèse, le
sacrement de conârmation à environ dix mille personnes ;
comme l'évêque n'arriva dans son diocèse que le 28 novembre
1601, cette première visite ne put avoir lieu que dans le cou-
rant de l'année 1602. Le sauf-conduit ayant été délivré « en
vue des voyages et visites de l'évêque », le 13 mai 1602, la
visite du diocèse en dehors du canton de Fribourg aura eu lieu
après cette date. Les endroits fribourgeois visités lors de ce
premier voyage étaient Ëstavayer, St. Aubin et Montagny.
La visite de 1603, comme nous l'avons déjà fait remar-
quer, était essentiellement consacrée aux paroisses du territoire
fribourgeois, et ce n'est que ces dernières que concerne natu-
rellement le mémoire de l'évêque, adressé au Conseil de Fri-
bourg.
L'évêque se déclare très satisfait du bon accueil qui lui
a été fait, soit de la part des représentants du Conseil, soit de
la population, Il loue l'esprit religieux de la population qui ac-
courait de toute part, pour recevoir le sacrement de confirma-
tion, et pour assister aux consécrations d'églises, d'autels, qui
furent faites par l'évêque pendant la visite pastorale.
Les différents points qui ont été soumis au Conseil par
l'évêque Doros, sont de nature différente. Ils concernent la ju-
ridiction spirituelle, la discipline ecclésiastique, la fréquentation
des offices divins, des sermons et du catéchisme, l'état des bé-
néfices et l'entretien des édifices religieux.
La question qui a donné le plus souvent lieu à des diffi-
cultés, était celle des bénéfices. De tout temps nous trou-
vons des plaintes des bénéficiers, qui ne sont pas en jouis-
sance des revenus de leur bénéfice, soit que les patrons en
prennent une part, soit qu'une part en revienne à des cha-
pitres, couvents ou autres institutions religieuses ')■ Contraire-
*) Cfr. Mon travail «ur ledroildeproprlétéecclésiastiquedansle canton
— 45* —
ment aux lois de l'Eglise, les coliateurs des bénétices vendaient
(les biens où les dilapidaient d'une autre manière ; les titres
des bénétices étaient mal conservés et, se perdaient'). Les reve-
nus diminuaient naturelleoieut dans la même proportion. Par
suite de la mauvaise administratiou des bénéfice?, beaucoup d'é-
glises et de chapelles sont mal entretenues et menacent de
tomber en ruines. L'évéque Doros constate une fois de plus cet
état de choses, et demande que le Conseil y porte remède, selon
les prescriptions ecclésiastiques, particulièrement du concile de
Trente,
Dans plusieurs paroissea, la parole de Dieu n'était pas
annoncée au peuple. L'évéque voit dans cette négligence une
conséquence du mauvais état des bénéfices ; cette manière de
voir de l'évéque est du reste confirmée par une supplique *) de
nombreux ecclésiastiques au Conseil, où il est dit que les ecclé-
siastiques, qui ont bien étudié, vont chercher ailleurs de
meilleurs bénéfices. Injonction fut faite aux curés de faire les
sermons et le catéchisme ; les fidèles doivent y assister et les
parents y envoyer leurs enfants. Défense est faite également
d'envoyer les jeunes gens dans des endroits protestants pour
étudier et pour apprendre quelque métier ou art mécanique.
L'évéque demande un éflit public concernant la fréquenta-
tion des offices et du sermon ; pendant les heures des offices
religieux il serait défendu de se promener ou d'entrer dans les
auberges, sous peine d'une forte amende.
L'évoque réclame l'intervention du Conseil au sujet de
quelques abus qui existent dans différents endroits : la publica-
tion dans les églises, des coutumes irrévérencieuses pour le lieu
saint, des défaillances graves contre la loi morale. Les mariages
en lieux protestants sont défendus, à cause des grands inconvé-
nients qui en résultent, sous peine d'une forte amende à &ire
payer tant aux conjoints qu'à leurs parents.
Comme les livres liturgiques se trouvaient en mauvais ét&t,
dePrîl>oai'g(Freiburger Geschiclitsblâtter 1901j. Cbap. III, Bt^néllces. p.
154 et suiv&ntes.
') Cfr. CoDstilutione» syiiodalea eccteaie LausanneniiLs, 1494. fol. 21 a,
32, etc.
■; Livre àta mandats III. fol, 34 a.
455
d&DS presque tout le diocèse, l'évêque propose de tes faire
réimprimer, en se conformant autant que possible à l'usage de
Borne.
Un point important aux yeux de l'évêque, était la clôture
des couvents de femmes. Ce point en effet demanda la sollici-
tude spéciale de l'évêque, car les plaintes à ce sujet sont fré-
quentes depuis le 16"* siècle, et les efforts des réformateurs
catholiques n'ont pas réussi à faire cesser les abus sur toute la
ligne. La relation de l'évêque pour le commencement du
IT"* siècle en est, du reste, une nouvelle preuve. L'évêque tient
à faire observer les prescriptions du concile de Trente au sujet
de la clôture ; il en a obtenu la promesse des couvents intéressés
et prie le Conseil de Fribourg de lui prêter son concours, pour
obtenir l'esécutton complète de ses ordonnances.
Un point des plus importants, qui a souvent suscité des
difficultés entre le pouvoir religieux et civil, était la juridiction
ecclésiastique. Nous avons déjà fait remarquer ailleurs ■) que,
surtout depuis le temps de la réforme, l'Etat a eu une grande
part aux affaires ecclésiastiques, et il a exercé peu à peu son
activité dans un domaine, et a légiféré sur des matières qui,
d'après les principes du droit de l'Eglise, sont de la compé-
tence de l'autorité ecclésiastique. Les efforts faits par le nonce
Bonomio et le prévôt Schneuwly, pour régler les relations entre
l'Eglise et l'Etat, d'après les prescriptions du concile de Trente,
n'ont pas eu un succès complet; l'Etat s'est maiotenu, dans la
suite, en vertu d'une de ces traditions qui se forment facile-
ment, au bénéfice de cette sorte de droits. Ces anciennes liber-
tés et bonnes coutumes, le Conseil les affirme également vis-à-
vis de l'évêque Dores ; le Conseil désire en outre que ses pri-
vilèges, immunités et franchises soient maintenues et conser-
vées '). Nous trouvons dans ta relation de l'évêque plusieurs
exemples de ces franchises : l'évêque réclame, comme droit dé-
pendant de la seule juridiction spirituelle, te droit de permettre,
pour une cause raisonnable, le travail les dimanches et jours de
fête. L'évêque signale également l'abus de recourir au pouvoir
civil contre les décisions du pouvoir spirituel : c'est mépriser ta
'} Mélanges d'hist. triboargeoise 1" fasc,
') Mémorial de Fribourg VI, p. 417.
— 456 —
juridiction ecclésiastique et l'autorité épiscopale. L'évêque prie
le Conseil^ pour éviter des incouvéDieuts^ de renvoyer à l'avenir
ces partis à l'évéque, ou, en son absence, à son vicaire général.
De cette bonne harmonie entre les deux pouvoirs^ il ne pourra
résulter que du bien pour la république de Fribourg.
CHAPITRE TROISIÈME
Les visites pastorales de l'évéqae Jean de Watteville
(1607-1 649).
Après le court pontificat de Jean Doros, l'abbë de l'ab-
baye de la Charité en Franche-Comté, Jean de Watteville V,
fut nommé en 1607, par le Pape Paul V, évêque de Lausanne.
Ce n'e»t qu'en 1613 que le nouvel évëque prit possession de
son siège, et au mois de mars de la même année, Jean de
Watteville fit son entrée à Fribourg. Une grande tâche atten-
dait le nouveau pontife : la continuation de l'œuvre de la ré-
forme. Aussitôt après avoir réglé déËnitivement la question de
la résidence par la convention de 1615, l'évèque se mit à l'œu-
vre et commença la visite générale du diocèse dans des condi-
tions très défavorables, Nous avons à ce sujet le témoignage de
l'évéque de Watteville lui-même ') : * Visitatiouem generaleœ
semet atque iterum instituimus, Deoque obsecundante tandem
conclusimus, non sine tamen capitis nostri discrimine, propter
faEereticorum in oostram Sedem Lausannensem immane concep-
tum odium >.
La première visite pastorale eut lieu en 1615. Ce n'est
qu'incidemment, que nous savons qu'une visite a eu lieu cette
année. Le Conseil de Fribourg se demande "), si les frais d'en-
tretien pour les députés du Conseil qui accompagnent l'évéque,
dans sa visite pastorale, doivent être supportés par le Conseil,
et s'il ne serait pas équitable de les faire supporter par les
paroisses visitées ; il est décidé, que le Conseil ne supporterait
que les dépenses extraordinaires. La visite a commencé après le
3 février 1615, et elle a duré au delà du 16 mars 1C15, car
une décision de ce jour, prise par le Conseil de Fribourg *),
')Lau8aiina sacra, (ot.74: Lausaiiaa cbmtîaDa : Joannes do Wat-
teville: Sohmitt, Mémoires hist. II., p. 423 et suivantes; Mauuale curie
episcopalb. 1625-1638. 1641, 1645.
') Statuts Bynodalia, 1625, Introduction.
') Manual du Conseil, 3 iévriar 1625 : Vialtatloa daa BlschofeR.
') Manual du 16 mars 1635.
— 458 —
nous apprend, que la consécration d'une chapelle doit être fên^
voyée à plus tard, vu que l'évèque. la visite terminée, retour-
nera en Bourgogne. Nous ne connaissons pas la date exacte de
la fin de la visite, mais nous savons par une letlre écrite au
Conseil de Fribourg, en 1625, que Jean de Waiteville a publié
apr^s la première visite pastorale des Uecès généraux. Dans
cette lettre, l'évèque manifeste le désir de faire de nouveau une
visile générale < conforme à celte, qu'il a faite il y a dix ans,
tant seulement pour voir si les articles pour lors proposés et
établis, se mettent et se réduisent en exécution >. Il est à regret-
ter que ces Recès soient perdus; en tout cas nous n'en avons
trouvé trace, ni aux archives de l'évéché, ni aux archives d'Etat.
Nous possédons par contre une partie du protocole de la
seconde visite de 1625. Nous venons de mentionner la lettre,
dans laquelle l'évèque fait part au Conseil de son intention
d'entreprendre une seconde visite. A cette occasion, Jean de
Watteville fait savoir au Conseil qu'il a (grandement besoin de
son aide el de son assistance ; il le prie de vouloir entrer dans
ses vues, et de ne pas s'opposer à la visite pastorale, d'où il
résultera beaucoup de bien au point de vue spirituel. Le Con-
seil renvoya -) sa décision à plus tard, et pria l'évèque de ne
pas trop hâter l'exécution de son projet, pour ne pas imposer,
vu le temps défavorable et la cherté des vivres, de nouvelles
charges aux ressortissants du canton. L'évèque condescendit au
désir du Conseil, et se déclara disposé à renvoyer la visite à
plus tard ; l'évèque et le Conseil écrivirent dans ce sens au
nonce à Lucerne. Mais le uoDce ne voulut pas reconnaître les
raisons invoquées, et ordonna que la visile se fit; il répondit')
au Conseil, que l'évèque est obligé de faire la visite en vertu
des dispositions du concile de Trente ; c'est le devoir de l'évo-
que d'introduire dans le clergé la discipline ecclésiastique, de
réformer dans son diocèse les mauvaises habitudes et de sup-
primer les abus et les scandales. Cette lâcbe ne peut pas être
remplie d'une manière plus efficace, que par la visite canonique
de l'évoque du diocèse ; le pouvoir séculier voudra bien lui
•) Manual du CoDsoil, 22 avril 1625.
■) Manual du 19 avril 1625.
') Archives d'Etat. Carrespondance des Nonces. LeMre du 7 n
prêter son apiiui et travailler pour la gloire île Dieu au pro-
grès du bien spiiituel et temporel de aan re^sortmsaiits.
La visite qui avait d^jà été commeDcée en 1623, eut lieu
pendant l'année 1625 ; Jean de Watteville la commença le
2 juin 1625. La partie du protocole qui nous reste ') ne con-
tient des renseignements qu'au sujet de quelques paroisses du
canton de Fribourg ; le protocole lui-même fut soumis au pape
Urbain V et confirmé, et les dispositions furent mises en exécution
par dérision épiscopale du 23 juillet 1626. La visite terminée, Jean
de Watteville convoqua, en 1625, un synode diocésain pour as-
surer l'exécution des décisions prises à la suite de sa visite, et
il y publia des Constitutions synodales. Ces statuts peuvent nous
donner une idée assez exacte de l'état dans lequel se trouvait
le diocèse à cette époque, vu que les statuts synodaux devaient
nécessairement prendre en considération les points qui, au cours
de la visite pastorale, avaient été reconnus comme ayant be-
soin de réforme. Ce sont en premier lieu des questions de
juridiction et d'immunité, de droit de propriété et de discipline
ecclésiastiques, la pastoration, les oftices, l'administratiou des
sacrements, la vie religieuse et morale des fidèles, l'état et
l'entretien des églises. Comme nous avons exposé ailleurs ')
en détails les réformes que l'évéque de Watteville jugea néces-
saires, pour le progrès spirituel et la réforme du diocèse, nous
nous contentons ici de les avoir mentionnées sommairement.
L'œuvre de la réforme si heureusement inaugurée par
l'évèque Jean de Watteville, pendant la première moitié de son
pontificat, fut malheureusement négligée par lui pendant la pé-
riode^) qui suivit le synode diocésain de 1635. Jean de Watte-
ville se retira dans son abbaye de la Charité en Franche-
Comté, ou il passa une bonne partie de son temps. Il y
mourut en 1649. Un quart de siècle devait se passer, sans
qu'une visite pastorale, ce grand moyen de réforme, eût lieu
dans le diocèse de Lausanne.
n Watteville (Kalhol.
') Recêa. Carton 20, n' 4.
') Die Synodalstatnten des Biscliofs Johani
Stlnveizerblfitter, 1901).
') Voir encore les décréta de promulgation du jubilé pour les t
1633 et 1634 (Mandata et litterx pastorales I (1639-1758). n* S).
CHAPITRE QUATRIEME
Le§ vieites pastorales de l'évéqiie Josse Knab
(1652-1658).
La mort de Jean de Watteville fut suivie d'une longue
vacance du siège épiscopa) de Lausanne ; de graves difficultés
s'élevèrent au sujet de la noniinution d'un successeur. Ce n'ent
qu'en 1652, que le prévôt de la collégiale de Lucerne, Jodocus
Knab '), un homme de grandes qualités, fut nommé au siège
épîECûpal de Lausanne; il fut consacré le 16 février 1654 et fit
son entrée à Fribourg le 15 du mois suivant.
L'évëque Knab n'eut pas de peine à ue convaincre que
l'état religieux du diocèse laissait beaucoup à désirer ; iiussi dès
son arrivée, il eut soin de préparer une visite pastorale du
diocèse'), qui commença le 12 avril 1654. L'évêque nomma des
délégués pour les différentes parties du diocèse : le prévôt de
St. Nicolas, Henri de Ligritz, et le chanoine Jacques Schuler.
curé de ville, visitèrent les paroisses des anciennes terres du
12 avril au 3 mai ") ; le décanat allemand fut visité par Chris-
tophore Bircher *); les autres décanats du canton de fribourg
et le bailliage d'Echallens par Jacques Schuler, doyen du cha-
pitre St. Nicolas et le chanoine Henri Fuchs (Vulpius), en par-
tie par le doyen Schuler seuM); les paroisses de la Bourgo-
gne par le doyen Béeherat. curé d'Echallens "). En 1655
'} Mémoires bistoriquea 11, ji. 437 et suivantes; Lausantia cliristiana:
Jod. Knab: Lauaanna sacra toi. Il; Manuale curie episcopalie. 1656 et
Liber mandatorum I (A. E,).
') Voir le décret dans lea Aota Visilationis. ti° 11 in fine.
') Acta Viailationia, a* 11, foi. 125-168.
') Acta ViBit. I. c. (ol. 198-99,
') Acta Viait. 1. o. fol. 1-121.
*) Acta 1, c, fol. 21-222. Les Recèa particuliers pour la Bourgogne
portent la date du 20 mai 1654 : la visite a eu lieu le 4 et ô mai 16M,
461
l'évêque ordonna, pour Ia décanat de la Gruyère, une seconde
visite (visitationis revisio), dont furent chargés Jean Cattila
(Castella) doyen et curé de Gruyère, et Jean Python, prieur
de Broc. Cette visite fut commencée le 9 avril 1655 ').
Celte visite générale du diocèse a été faite avec beau-
coup de soiu ; le protocole -) est très entendu et contient des
renseignements précieux pour la connaissance de l'état du
diocèse de Lausanne, au milieu du 17™" siècle.
Après la visite, l'évêque rédiga les Recès généraux sui-
vants ') :
Ctavis tabernaculi, ubi asservatur Ven. Sacramentum, non
maneat in altari. sed asservetur » parocho studiose.
In eodem tabernaculo, non asservetur aliud, quam venera-
bile, proinde olea sacra et S. chi'isma, que singulis annis reno-
vari (lebent, in alio loco bene custodita, sub clave clausa asser-
venlur.
Studeant parocbi de modo, ut circa Ven. Sacramentum
perpetuum lumen ardeat.
Claudant baptisteria, et claves pênes parochum sint.
Studeant p&rochi, debitis temporibu-^ renovare baptisma, ut-
pote in Vigilia Pasche et Pentecostes.
In doctrinam catechissicham iiingutis diebus Domitlicis sta-
tuta hora habeant diligenler, et ut parochiani eidem diligenter
intersint . conticiant catalogum omnium parochianorum a 7
usque ad là annos inclusive, quilius a sœculari potestate juan-
dabilur, ut diligenter doctrine catechrsmice intersint sub pœna
applicanda ad lumen coram Ven. Sacramentum alendum, vel ad
alias ecclesi»! nécessitâtes,
Procurent diligenter, ut statutis boris, singuliis diebus, mane,
meridie et vespere. signum ad salutationem angelicam detur,
Parochi studeant manutenere jura parrochie.
Sacerdotes omnes magis satagere debent ut vasa sacra,
corporalia, purificatoria sint munda.
■) Acta I. c. fol. 223-24.
*) Pour quelques parojases {Villa ra-le-Terroir, Villars-sur-Gléne.
GhandoD. Léchellos. Lentigny, Oanenti), nous possédons eu outre un eittaît
'le protocole, fait avec aoio par Henri de Ligritz et J, Kûnig, qui contient de
riohes annotations dëerëtales (Fteoessus, n" 5).
') Receaflus communia 1654 (Acta visiutioni)^, n' H. fol, I62-lt)9),
462 —
Bemppr a^ittt. cru^t in altari cum duobiiR luminibus sccen-
hIh, ot DOD exticguaiit, tii^i liuita Missa.
Parochl habeanl libroe, in quibus notentur b&ptizati, ma-
trlmoulu junctl, contirmati et defuncLi').
CoDqueruntiir parochi, »e non intéresse compensis et ratio-
nlbuH botietidorum eccleBiu!, sicut et confrateinitatuin, tamen
jura (Icbori'iit occlesie manutenere.
Cœmeterla a beRiiis conservent immunia.
Cum parochi ctuiquerantur vol de gravamiuibus sibi îm-
lioHitlH, vel de debitls sibi non solutis, opportet ut omnia eliqui-
tlcnl , et pi'o juBlitia promovenda, nominatim et personatiter
(lUorehiH ot articulos deponendos contra illos in singulaii el
iiidiviilui), qui eos gravant, vel illis débita Don solvunt.
Conqueruntur parochi, quad eleiiiosinec quas siiscipieul tecu-
turec, in ecctesia pro animabus defunctorum non impendant, pro
Intentione benefactorum, qiiod legata ecclesie sibi attribuant.
Provideant etiani de sacrario in ecclesiis.
Ut suU altari non conservenlur indecentia
Parochi non audiant confessiones in Saciistia, nec in domo,
Hed procurent, ut habeant coufessionalia in ecclesîis.
Abatineant parochi a locis ha^reticiB, quantum tïeri potest
ot In hospiliis abstinennl a nimio vino, ut non sint scandala.
Diebus festis non laborent sine licencia, neque ad nuiidinas
hii-rviicorum se transft^ranl, neglecto sacro.
Cum parochi dod habeant salarium sufiiciens, non teoean-
tur celebrare nisi pro salarie compeleiiti.
Neiiio sine approbatinne altari porlatili celebret.
Sacramentunt Baptismi non adminïstretur, nisi îa ecdesïa
paroctiiati.
Bnna et eleniasina\ quft> danlur pro animahns defuDCtorsiD,
non iiitpfndtntur. nisi pro intentione benoCactoruoi. cum m^tici
uùsreanl sua bon» cum iltis.
Sludeant DD. PecâDi in visiutîonibus inspicere altaria,
atmm intègre lapide constructs juxta ranones. per intérim por-
tatilibus celebret.
') Ctr. Si^ailw. Dk EKtototiwig dM KinrbrabtdMr in kalbo-
Ibcbw DwttMcklawl Ui mit MiM év I&. Mirhandert. mbti^er Ibeofo-
ïiwk* 4«MtU>Artfl tsa». ^ a» a.): Luapm. rthnag «m Kln^eM-
» te ROnmattM (SA««U. KitekMxilBKg MO. a* 34>.
— 46S —
I
Curent Domini seculares, ut parochi sua urbaria hene
purgata et liquidata servent, ac legata pia nova insérât secre-
tarius
Ubi parochi liabent capellanos, procurent, ut diebus Domi-
nicis et festis miesam rtiversis dicant temporibus, ut omnes eam
audiant.
Altaria non fundata et indecentia nec consecrala vel (lo-
tentur, vel conserventur, vel destruantur.
Visternens loquenduni cum Dominis secularibus, ratione
excessivoium suinptuum, qui fîunt in Kalendis.
Omnes parochiani, siogulis annis, com murantes iu locis
hœreticis vicinis teneantur, xaltem juxta Constitutiones EccteBisc ')
satisfacere io Paschate.
Parochi omnes liberam, coDcedant facullatem parochiauis
CDufitendi confessario approbato, et ostendant fidem confession!
factiG.
Evitanduœ ne citaliones juridicte et publicationes ab oflî-
ciali Feciilari fiant in Ecclesia vel in cœmeteriis.
Lt^gatus et fundationes debito modo iusciibanlur, et debi-
lores formaliter se obligent, et a parocho juxta intentionem
fuudationi» percipiantur et non a parochianis.
Anniversaria singulis hebdomadibus publicentur diebus
Dominicis.
Monendi sacerdotes. ut abstiaeant a Dundinis, nec ibi se
vino iuebriant, aut cum suis ancillis illuc et illinc ambulent.
Monendi sacerdotes ut abstineant a medicinis »,
Ces dispositions concernent les édifices religieux et l'élat
du mobilier de l'Eglise ; elles nous permettent de voir, dans
quel état se trouvaient les églises, surtout à la campagne. L'é-
véque recommande au clergé le soin des âmes et une pastora-
tion assidue et consciencieuse, il insiste surtoui, pour que le
catéchisme et l'instruction religieuse se fassent régulièrement \
le curé doit bien tenir les registres de baptême etc., et fidèle-
ment administrer son bénéfice, il <)oit assister à ta reddition
des comptes et détendre et sauvegarder les droits du bénéfice.
L'évéque exige, que les abus dans l'administration des biens
ecclésiastiques soient abolis, et que les fondations soient em-
') Coiicile gijiiêral ilu Lalian 1216, eiiap. 21.
— 464 —
ploy^eB selon l'intention des foodateuiR. Les pubticationB con-
cernant les affaires temporelles, ne doivent pas se faire à l'é-
glise ni au cimetière ; il est défendu de travailler le dimanche
et de manquer l'office, lea jours de fôte, pour fréquenter les
foires des endroits protestants. L'évêque exige la suppression
des abus et deB excès qui se commettent à certaines occasions
et insii'te sur te devoir de faire ses Pâques.
Ces dispositions générales furent complétées pour les diffé-
rentes parties du diocèse, ou pour des endroits déterminés,
par des Recès particuliers, que nous signalons également comme
une source abondante d'informations ').
L'évoque Knab ne se contenta pas de faire des décrets,
il eut également soin d'en faire assurer l'exécution. Dans ce but,
il dressa une liste des points, au sujet desquels il voulut s'en-
tendre avec le pouvoir séculier, en vue d'en obtenir l'exécution.
C'est un chapitre très intéressant de l'histoire des relatioDB
entre l'Eglise et l'Etat dans le diocèse de Lausanne ; nous
pouvons y voir le rôle du Conseil de Fribourg dans le domaine
des affaires ecclésiastiques. Des négociations doivent également
être entamées avec le chapitre St Nicolas au sujet des parois-
ses incorporées au chapitre. L'évoque ajoute finalement encore
une ordonnance au sujet liu tribunal eccléïniastique et des fonc-
tions du Consistoire épiscopal. En voici le texte ') :
Quid tradandum cttm Dominis secularibus :
I Procurandum mnndavit. ut omnes ditigenter doctrine cate-
chislice intersint sub pœna npplicanda ad lumen coram Venera-
bili Sacramento alentlum. vel ad alias Ecclesiif nécessitâtes.
Videndum ut cogantur rustici adniittere parochos quando
redduntur raiiones de bonis ecclesie, confraternitatibus et aliis
eleemosinis, et inhibendum ne illis abulantur in compotationibus
vel ad alios usus contra intentionem benefactorum applirando.
Âdmonendi Domini magistratus, ut promoveant justitiam
pro debitis juribus eccleBiasticorum.
')Acta viBitalioiiis l.c. fol. 179-201.
*) Quid traotandum cutn Daminis seuukribiH, cuiti Duminii caoo-
oiciB. Ad Dominura Vicarinm generalem (Aota visîtationis lfô4 1. o, M,
204 et HuivBDts).
465
Cogendi rustici in Prevondavo, ut agnoacant propriam paro-
cbiana ia Wissens,
Tractandum ratione prioratus Setnpsalis. qaod ODeratunt e^t
pensione annua quadraginta coronaruoi pro D. Decano Îd Esche-
leDs et jam antehac quadraginta aliis coronatÎB pro hospitali
FriburgGDsi, spectat autem ad venerabile capitulum S. Nicolai
justa teaorem Bulle Pootiticie.
Iq Nfessier domîDus loci admonendus ut solvat jura paro-
chialia, et esamiDandum cur parocbiaui ibidem includant bona
sua, parocho autem permittere noliut.
RatioDe excessivorum sumptuum qui fiunt quotanuis in
Visterneus pro kalendis vel distributione eleemosinarum.
lo Corbier ut mulieres ingrediantur ecclesiam diebua festis
et DominiciB pro audieudo sacro.
Esaminandum quomodo faciendum, ut subditi commorantes
in locis hiereticie in Paschate debito satisfaciant, maxime in
Lessoc et Albigî.
Cogantur parocbiani in Griaie reddere rationem parocbo
fundalionis parochie.
Cogendi DD. Buman ut documenta et jura ecclesie que
pênes se habent, parocho trudant, cum redditus ad Ipsum spec-
tent tum etiam ratione fundationis perpetui Juminis.
Procurandum, ne citaliones juridicte et publicationes ab
officiait seculari fiant in ecclesiia vel cœmetenia.
Cogantur débiteras formaliter se obligare ratione fundatio-
nis que a parocbis, non a parocbianis perlcipi debent, si fiant
cum ouere parochi.
Videndum an Cfaandon et Escelle non possînt redigi in
unam parochiam.
Cogendus D. de PraromaD Lausannensis, ut mauuteneat
capellam in Ëcclesia Cheire, juxta sententiam a magistratu
jam latam. tune etiam ratione decimarum juvandus parochus.
Agendum ne domini prefecti prohibeant ruaticis faculta-
tem petere a parocbo pro laboribua diebus teRtis exercendis.
Inquirendum qua ratione imposita sit pensio cappellis in
Bossonens sicuti et apud S. Martinum.
Loquendum ratione Novalium.
Piobibendum Quennet. ne accipiat oblaliones cappelle
46e —
B. (Jorgonil In Nierlet, eicut et parochiants in Bjei ad S. Ursum,
a<l S. Wolf^angum. ad S. fïilvcstrum.
Cogeodi parocbiani in Grisacb, ut hooeste fundent pro
[larocho alendo.
Provideatur ut rustici in Valleubuoch reddant raiiones fun-
(latlorium \}T0 cappella dicli toci.
l^fficlatur ut BËrnenses manu t en eau t ecclesias in Besingeo.
Provideatur ne rusticî in Tidingeo impediant fitodationes
«t l^KBta pro ornainentis cbori et majoris altarîs.
Cogatitur ruetici ettam relinquere parocho claves ecclesie.
i|Uod preHertim in Marlier non fil
RatioDe rloctrioa^ chrÎHlianu' in pai'ochiis, iu quibus parocbi
conqneruntur parochianis eaudem non frequentare.
Utriim non consultum sit ut doctrina christîana habeatur
ad S. Joannein et ad S. Auguatinum loco bospitalie, cum ex
bospilali facile possit iri ad ecclesiam B. Virginia.
Provideiidum circa ludimagistrum de aliquo medio, cum
senlo confectUB negligat juventutein.
OpuH est brachio seculari, ut capellanus ille olim ad
t). Dionysiuni jain citatus sed non compareus ducalur Friburgum
ad respondendum quereli» contra ipRum depositis.
Qualité!' se babeat negotium controversum inter Priorem
do Saioct Sales et parochum de S. Martin de Voix.
Circa Fcclesiam novam zur Hûe et rualicos ratione paro-
chlœ.
Cum Dominis can&nicis.
Ut procurent, ut in suis incorporalis eccieaiis ardeat lumen
corain Venerabili,
Circa doctriunin cbvislianam in ecclesiis incorporalis et pre-
sertim in Tidingon, ratione capellie S. Wolfgangi, ubi datur fun-
datus catechlsmus et ratione capeilte zur Scbniitlen.
Ratione parochiie Gonnul, ubi parocbus nescit linguam
gallican) et negligunlur parocbîani, qui nesciunt linguam germa-
nicani.
Ut iniltant bullas pro 7 altaribus renovandas.
Ad Dominum Virarium generalem, etc.
Ilestilutio censistorii, ubi patitur defectum. In quo Vicariuâ
prii'est et fert sententiam, singulis sepiimanis habeatur. Taxant
non excédât ei pro una causa sotum una laxam extorqueat.
467
Juranientum praistanâum a DD. Vicario, Fiscali, etc., no-
tai'jus etiam pricstabit jiirameiilutn.
Consignanda Acta VisitatioTiis et recesaus Decanorum
Domino Vicario ut redigaatur ad acta.
Consigiianda: querelœ depositii! contra aliquos sacerdotes
D. FiBcali, ut ipsos citet, D. Ofticiati prîesentet secundum jura et
canones puniendos et absolvendos.
Vicarius omoia instrumenta arrelegat et subscribat necnon
a t^igillifero sigillo ofiicialatus seu Vicarii subsignari faciat.
NB. Taxa pro scripturis et sigillo non excédât décréta a
Concilie Tridenlino.
Qui-e occurrunt circa sacerdotes defunctos huiusque usur-
pata in parttculari charta invenjuntur notata.
Parochi nescientes utramque linguaœ utantur subinde opéra
PP. Capucinorum et Jesuitaium qui utramque sciunt >.
Ces indications nous donnent une idée assez exacte des
relations entre le pouvoir spirituel et temporel de celte époque,
ainsi que des points qui avaient besoin de réforme.
La tâche de l'ëvëque ne fut pas facilitée par le cbapitre,
de St Nicolas, contre les empiétements duquel l'évéque eut à
défendre à différentes leprises la juridiction épiscopale. Le cbapitre
s'opposa également â la visite de l'évéque comme nous l'apprend
une lettre de l'évéque à l'abbé d'Hauterive ') : « Le pape
nous exhorte, nous les évéques transalpins, à visiter nos
diocèses et à célébrer des synodes ; mais comme le pré-
vôt et les chanoines prétendent être exempts de l'autorité
de l'ordinaire et que je ne veux pas les visiter en qualité de
délégué, pour ne pas préjudicier â mon droit, ni à celui de mes
successeurs, puisque cette exemption n'est pas encore prouvée,
et comme le reste du diocèse a déjà été visité, je ne puis pas
célébrer un synode >.
L'évéque Knab mourut le 4 octobre de la même année, en
1658. .\près sa mort, tes prétentions du duc de Savoie à ta nomi-
nation du siège épiscopal de Lausanne occasionnèrent une seconde
fois une longue vacance du siège, qui dura quatre ans. Le vi-
') Lettre du 28 av
nale) ; Mémoires II, p. 4
. {Correspond a a ce Hauterive, Bibl. caato-
468
Caire général. Henri Viilpius, crut devoir entreprendre entre
temps une visite pastorale qui eut lieu en 1660 ').
Le 20 seplembre de ia même année le Vicaire général
présenta au Conseil de Fribuuvg un rapport, au aujet duquel le
Conseil prit les décisions suivantes '1 : « Ayant noire très cher
orateur le K. Seigneur Vicaire géuéral, dit le Conseil, dans sa
dernière visite générale sur notre pais remarqué et découvert
quelques defTault et communiqué les noms pour y remédier de
bonne heure :
Et premièrement le peu d'expérience dans les articles de
la foy, que les enfants de nos subjects ont, et d'autant que cela
ne procède que de la négligence des parents, lesquels le soin
paternel doit obliger de faire instruire leurs enfants dans [le
catéchisme] que tes Seigneurs curés sont obligés de tenir tous
les dimanches, nous, en rénovation des précédents mandements,
nous commandons d'envoyer nos enfans au catéchisme sous
l'offence de 10 sols, que le Seigneur curé et les jurés devront
chaque fois retirer, sans aucune grâce des défaillants, pour les
appliquer au maintien de l'église.
Outre quoi en rafraîchissement de notre mandat du 8 juil-
let dernièrement passé, touchant les discours scandaleux, pactes
et contrats sur les cimetières pendant la sainte messe et le ser-
vice de Dieu, ne permettant aussi que l'on se transporte sur
les lieux huguenots, en négligeant la sainte messe, les fêtes et
dimanches. Comme aussi de travailler les fêtes, comme plusieurs
s'y plaisent sans permission, comme étant un grand péché mor-
tel, lesquels, cas advenant de contreventions. nous seront r&p-
portés comme infracteurs des fêtes, à ce que les fractions tirent
& une peine condigne à leurs fautes.
Tiercement, et en rénovation d'un de nos mandata naguère
émané touchant les biens d'église, lesquels ue peuvent bonne-
ment être laissés entre les mains des gouverneurs d'église,
crainte qu'ils ne soient despenséa et ainsi non deuement appli-
') Nous D'en avons qae le protocole pour le dëcanat d'E^tavayer
(RecesBus, N' 6. 6 ^^eptembre 1660).
*}G«istl. SacbeD : Ev«ché, 1466-1679 (20 septembre 1660) ; Maaual
du Conseil du 20 septembre 1660. Le manual ûontient en outre quelques
dispositioca spéciales que nous omettons.
469
qujs, si voulons que des biens Boit donné compte annuellement
ftu Seigtieiir banneret, soit au baillif. soit au Vassal ou a d'au-
tres qu'ils ordonnent en priSsence du Seigneur Curé.
Finalemeot Bur le plaintif dudit R. Seigneur Vicaire que
plusieurs de nos sujets, aussi eu choses purement spirituelles et
sacramentales, quoique cités en cour épiscopale, ils u'y veulent
cODiparattre, voulons qu'en semblable cas ils s'y doivent sister
sans occasionner d'autre plaintif. A quoi un chacun se sache
comporter. Le 21 septembre 1660 ».
Le Conseil de Fribourg a donc fait droit à la requête du
Vicaire général et a décidé d'y porter remède, en faisant plu-
sieurs dispositions visant les abus signalés dans le rapport du
visiteur.
Le diocèse eut de nouveau un évëque en 1662; ce fut
Jean-Baptiste Strambin, un homme plein de zèle pour la disci-
pline ecclésiastique et d'une énergie et d'une fermeté peu com-
munes. Déjà la lettre qu'il adressa au clergé et aux fidèles du
diocèse, le 4 octobre 1662, nous fait voir, dans quelle direction
l'évéque Strambin allait exercer son ministère episcopal et rem-
plir ses fonctions de pasteur'): c Ingens ac vehemens deslde-
rium in vinea Domini Juxta talentum cœlitus acceptum labo-
randi, prEesertim pro grege commisse, cul nec consilio nec
auxilio unquam deerimus, immo parati animam pro ovibus ponere ».
Mgr Strambin arriva à Fribourg le 8 avril 1663, où il fut
reçu avec beaucoup d'honneur.
') Litlera paatoralis,
Strambin, p. 16-19.
mpriniée (ian^ les CoDstitutiona synodales de
CHAPITRE CINQUIKME
Les TiHftes pastorales de Jean-Baptist« Strambln
L'évéque Strambin ') commença, dès son arrivée, à se ren-
dre compte de l'état du diocèse. Au mois de mai 1663 il en-
treprit la visite pastorale qui dura jusqu'à la fin du mois de
novembre. L'évéque fit une statistique des dëcanals et des pa-
roisses '), dressa une liste de l'état primitif du diocèse ") et le
parcourut en visitant un décaiiat après l'autre *), Au mois de
mai nous le trouvons dans le canton de Soleure, par où il com-
mença la visite '), le 2 juin à Estavayer, le 26 juin à Bulle, le
16 août à Romont, le 20 à Châtel, le 23 à Gruyère et le
30 novembre il fut de retour à Fribourg "), Pendant les petites
interruptions qu'il fit, l'évéque visita les différents couvents et
maisons religieuses '').
'} Mémoires historiques II, p, 444 et suivantes : Lau sa Dit a Christian a:
J. B. (le SCrambino: Lauaaiina sacra, toi. 78; Maouale curie episcopaliij
1662-65, 1670, 1674-86, 1678-1684.
') Receasus, n' 6 ; Acla visitationia. va!. 13, fol. 10-S!5.
') Status eccl. et episcop, Laus. prout erat In suo primo statu (Status
episcopalis I), p. 39-49): Status epiacop, Lau9. quoad apiritualia (!■ c. II
p. 19-28).
') Liber Visilationis a R. D. Joa. Bapt. Slrambino inceplie et poracl»
in diœc. Laus. anno 1663 (Acta visiUlionis, vol. 12) ; Receasus, n' 6.
■) Lomiawyl fut viait^par le ioyen Sohwaller, de Beltaux, qui aceoiti-
pagna sans doute l'évequofActa vol. 12). Voir le protocole dans Acta vol.
l.'i, fol. 201-209.
') Le protocole pour loa différents déeanats ae trouve Acta visitatiouta,
vol. 13: Fribourg (fol. 26-34), dccanat allemand (fol. 35-49), décanatd'A-
venclies (fol. 49-64), décanat de Betfaux (fol. 65-76), décaoal d'Eslavayer
fol 77-95), détanat de Bulle (fol. 96-112), décanat de Romont (fol. 113-124),
décanatde La Roche, (St. Maire) (fol. 137-144). décanat d'Echallens. (S. Amé-
rtûe) (fol. 145-151). décanat d'Eo-Haut, (S. Protais) (fol, 153-73), décanat de
Rue, (S. Henri) (fol. 175 -87), décanat de la Jnugne en Bourgogne, (S. Guil-
laume) (fol, 189) ; décanat de Neuciiàtel, (S. Boniface) (fol. 193-95).
') Entre le 27 mai et le 29 oi-lohw 1663, AcU vol, 13. foi. 3-5.
471
Lors de cette visite, le commandeur de Saint Jean à
Fribourg et le chapitre St - Nicolas s'opposèrent à ce que
leurs églises fussent visitées. L'évêque en appela à Rome et
l'un et l'autre durent se soumettre. Le droit des évoques de
visiter les commanderies avait déjà été statué par la bulle de
Pie V du 12 septembre 1571 '), de sorte que la commanderie
de S. Jean ne pouvait pas se soustraire à la visite de l'évê-
que.
Le chapitre de St Nicolas se prévalut de son exemption
de la juridiction épiscopale ; mais en vertu d'une sentence,
rendue par le nonce Borromée le 13 août 1665 *), l'évêque
avait le droit de visiter, dans ses visites générales, l'église de
St Nicolas ^) et les paroisses incorporées au chapitre *), pour ce
qui regarde le soin des Âmes et r&dministration des sacrements.
Les renseignements que l'évêque recueillit dans le cours
de sa visite ^} et les annotations (defectus et annotationes de-
cretales) qu'il fit insérer dans le protocole de la visite, sont pour
l'histoire du diocèse de cette époque de ta plus haute impor-
tance.
Après la visite de 1663, l'évêque Strambin rédigea des
Recès généraux, qu'il promulgua le 1" janvier 1664. En voici le
texte ') :
« Nos Joannes Baptista de Strambino ex comitibus S. Mar-
tini, Dei et apostolicse sedis gratia episcopus et cornes Lausan-
nensis, sacrique Romani Imperii princeps, etc.
Notum facimus, quod ecclesias nostre diœcesis in ditione
Frlburgeasi visitantes, ea quee in eis desiderari animadvertimus,
per bos générales Recessus visitationîs nostre, parochis diœce!^Î9
nostre submissis indicare voluimus, ut defectus corrigantur et
décora ecclesiarum conserventur.
') Imprimée daos tes ConatitutioDa aynodalea de Strambin, p. 214 et
suivantes.
') Sutnmarium B 'i, Mémoirea biator. 11. p. 451.
') Statu» epiacopalis I, fol, 43-64.
') Voir la liste Status epiacopalia 1. fol. 238 aa,
') Voir la liste dea égliaes et paroisses vlaitées en 1663 (Status épia-
copalis II, fol. 29-39).
*) Receasua générales 1663 (Recessaa, n' 6, Libei- Visitation is a. 1663,
vol. 12 In due).
^mBM
•Bai oadma^a^^nc
L M «M* al sMm -|
; a^ribm scariiiBa «■«(■• ■■■ |
tionem. els mandantes, ne cum ancîllis Buis ad nundinas aut
emptiones renim necessariamin ad loca hferetica se conférant.
Inhibemus ctiam presbiteris compotationes et lusus pubii-
cos, Bpecialiter vero ebrietaiem, sicuL etiam saltus publicos et
privatos cum mulieribu!', cum indecens sit, eos qui divine minis-
terio inserviuut, simitia peragere.
Energumenorum, nobis inconsullis, niitlus exorcizandus, nisi
prius a nobis licentiam obtinuerit.
Sacerdotes etiam quibus cura animarum incumbit, quatuor
distinctes libre» habeant, in quibus cum requisila diligentia no-
mina baptizatorum. confirmatorum, matrimonium contrabeutium
et defunctorum inscribant.
Parochi quoque procurent, ut serta tecta ecclesiarum et
(loniorum pastoralium conserventur ab lie, qui de jure ad hoc
lenentur.
Osuaria sive loca in quibus ussa defunctorum deponuntur,
bene et débite conserventur.
Mandamus etiam presbiteris, ne in causis matrimonialibus
se iinmisceant, tiec sub quolibet quEcsito pretextu decisionem
emitlant sub pœnis arbitrariis eïs infligendis, si in similibus
auctoritati nostrEG contrariis quampiani decisionem, etsi amica-
bilem, emittere priesumpserint,
Cuilibet etiam presbitero et parocho hujus nostrœ diœce-
sis injungimua, ne iillam dûspensationem super bannis ecclesias-
licis sive denuuiialionibus, nisi officii nostri sigillo et subscrip-
tione nostra, sive in abseiitia nostra D. Vicarii geoeralis nostri
eodem sigillo nostvo adhibita admîLtant.
Baptisteria sint separata, ut per foraroen feeces efHuere
possint in piscinain.
Invigilent etiam parochi, ut sacram supellectilem lotam et
mundam semper habeant, ipsi etiam Inriditatem in vestibus
fugiant crinesque decenter rescindant nec luxum in vestibus et
gestibus quicrant aut sectentur.
Medicinam sacerdotum nullua exercere prœsumat quavis
ratione, nisi ipso facto irregularitatem incurrere velit,
Parochi etiam juxta Uitualo defunctorum corpora bumo
mandent et obsequia funeris prœstent, inhibantes ipsis, ne ad
beneplacitum suum ceremoniis inusitatis utantur.
Expresse prohibemus etiam venationem omnibus et singu-
— 474 —
lis diœcesis nostr^ presbitcris. maxime vero pulveris nitrati et
catapuUarum usum atque delalioiiem.
iDliibemus, ne missa seu Officium defunctoruni fiât diebus
dominicis et festivis, si Butem funus prsesens aderit, cotiformet
se parochus Missali Romano.
Mandumus quoque parocho, ut Rituali Romano utatur,
Ne error »equatur super dispensationibus circa gradiis
consanguinilatis aul aflinitatis, mandanius parochis et quibusvis
presbiteria, etiam religlosîs nostra; diœcei^is sub pœna suspensio-
nis a divinis, ne pnesumant coDJungcre matrimonialiter dispeu-
satoa, nisi prius dispensalio obtenta a nobis recognita fuerit,
juxta Concilii Tridentini dispoKÎMonem ').
Inlendimus ut decani rurales et parochi juxta Bullas pon-
tifîciaa et décréta *) intersiut ralionibus quotanuis reddendis a
syndicis laicis eeclepîarum et BBcellorum eujusvis loci et paro-
chiœ circa eieemosînas collectas, aut oblationes quocumque no-
mine Duncupatas, ut sciamus an débite appliceiitur et ad volun-
tatem offerentium, et si renaerent prœfati syndici, parère huîc
mandato, certiores fieri cupimus pro opportuniore remedio,
Quorum Uecessuum et dîspositionuni nostrarum actum expe-
diri et cuilibet parocho nostrœ diœcesis trausmitti curavimus,
tnandanteB parochia et t^aceidotibus, ut se iisdem conformeut. Id
quorum fidem présentes manu et sigillé nostris munivimus. Fri-
burgî die 1 januarii 1664, >
Nous remarquons que ces ordonnances de l'évêque concer-
nent en premier lieu les devoirs du ministère et de la pastora-
tion, le catéchisme et le sermon.
Le clergé doit servir d'exemple aux fldèles par sa bonne
conduite et tout éviter qui ne serait pas en harmonie avec la
dignité sacerdotale et la charge de pasteur.
Les curés doivent aussi veiller sur le droit de propriété
ecclésiastique ; le mobilier de l'église, le cimetière doivent être
en bon état, les livres de baptême, de confirmation, des ma-
riages et des décès doivent être bien tenus, etc.
Un second moyen de réforme fut pour Strambin la publi-
') Sess, XXIV, De reforra. matrimoDii c. 4et 5.
■) Conc. Trid. Sess. XXII, de reform. c. 6 , Seas. XXIV. de retotm.
475
cation de ses constitutions synodales. Il entreprît la revision
des Statuts synodaux du diocèse en élaguant les dispositions
surannées et en ajoutant de iiouvelles. Il les confirma et les
approuva de nouveau, les fit imprimer et ordonna au clergé ')
de se les procurer et de s'en servir comme ligne de conduite
(15 septembre 1665).
L'année suivante, le 25 avril 1666, Strambin commença
sa seconde visite générale du diocèse '), qui fut faite pendant
les années 1666 à 1668*). Dans te protocole de la visite, Stram-
bino nous donne les noms du clergé du diocèse *). la liste des
paroisses et le nombre des catholiques et des habitants du
diocèsi.' ']. Les églises paroissiales, d'après les indications de
l'évêque, étaient au nombre de 135, les chapelles de 145, les
prêtres de 250, les couvents de femmes de 10, les couvents
d'hommes de 13, les « animœ communicantes * 420,822, les < auimffi
non communicantes > 220,652, les * anirnse in tota diacesi »
630.584; le nombre des confirmés en 1663 était de 150,G76(!)
et lors de la seconde visite 70,235 (!) "),
La visite pastorale couimença te 25 avril 1666, par les
paroisses du canton de Soleure '); après Soleure furent visités
à diiTérentes époques et à des intervalles plus ou moins grandie
') Decfetaet Constitution es synodales 1665, p. 22. Voir pour ]'1uh de
(liSlails mes n Beitrâge zur Synodalgesetzgebuug der Diâzese Lausanne im
siebïelinten Jahrliundert (Kathot. Scliweiierblâlter, 1902 et 1903).
') Slalus episcop. I, fol. 17 : h Post impressionem Constîtutionum
fiynodalium îterura pro secunda vica D. J.~B, do Stranibino incepit Buani
VisiUtionem a. 1666, die 25 Api-itis. »
^) Al^t'a ïisilatioaispeFaoDaliterfactœa. 16â6(Actavigilationis vol. 14).
') Acttt vol. 14, fol. 11-31.
'} Acta vol. U. fol. 33-38.
') Il est impossible que ces eliiflfas soient exacts. Lea indications se
contredisent en partie oUes-mêmos. En 1663 le nombre des paroisses était
de 139 et celui des uonlirméa 15,420 (Acta visit. vol. 13, toi. 10 et as.); d'a-
près lo Status episcop. 1, (ol. 336, le nombre des conHrmés en 1663 était de
15,325, et le nombre des paroisses en 1666 de 135.
') Acta visitetionis, vol. 14, toi. 38-48 ; Status episcopalis I., fol. 17-
42 qui fait^cette remarque: a Tota civilas Solodorensis usque ad fluvium
est ex diœcesi Lausannensi; supradlcUe (Solearo, Oberdorf, St. Nicolas.
Flamenlhal, Sahach, Grencben) omnai Fueruni. visitât» in anno 1669,
1673. 1677 b. C(r. Si -11.33.
- 476 —
les autres dëcanate du diocèse '). Les Recès généraux de cette
visite furent publiés le 4 novembre 1668 ^) :
< Visitantes, quœ nevja in ea desiderari aninia(lvertin)U9,
hisce indicare voluimus, luni ut defectus corrigantur, tuui etiani
ut décora Ecclesiœ servenlur.
Et cuni nihil prius habeamus quam ut augustisstmo Alta-
ris Sacraraento débita reverentia exhibeatur, volumus et injun-
gimuFi, ut coram eo lumen adsit perpetuum, quod parochi et
parochiani procurabunt et pro eo applicari poterunt mulctte
émergentes ex inobservatione featorum.
Defuncio uno parocho, decani et junioros parochi exacte
procurabunt, ne heredes defuncti ulla instrumenta, scripturas,
libros, Consti'uliones synodales, présentes Recessus, aliaque simi-
lia ad ecclesiam pertinentia asportare ullo modo présumant.
Virtute preseulis decreti cassamus. annullauius et profa-
uamus oninia et siiigula altaria portatilia, quibus non est sepul-
chrum sanctarum reliquiarum.
Sicut autem onines eamdem fidem et Ecclesiam profitemar,
ita in ejus approbatis et iinperatis ceremoniis uniformes esse
deccl, quaie parochi non permltteut usum allerius cantus quam
gregoriani. nec pio lîbitu aliquid innovabunl.
Et ideo in procession! bus et exequiis defunctorum cavebunt
adhibere aliquas prosas aut cantiones ab Ecclesia non usitatas.
maxime vero in Libéra me Domine non adhibebunt carinina ab
Ecclesia non approbata et exequise fient juxta Ritum roinanum.
In elevatione SS. Eucharistiit non liceat cantioues prohi-
bitas adhibere prEesertim vulgaris idiomalif^.
Aqua benedicta fiât singulis dicbus Duminicis prr anDuin,
exceptis Paschatis et Pentecostes propter abundiiutetn benedic-
tam die precedeati.
Non déférant pileolum in administratione SS. Eucharistije
et Extremœ unctionis.
') Acta visitatioais vol. 14 ; Estavayer (toi, 49-62), Gruyère ((ol. 63-
72), Romont (fol. 73-82), Part-Dieu (fol. 83-94), décanat allemand (fol. 95-
105), Avenches (fol. 106-18), Belfauï (fol, 119-28) ; Valsainte (fol. 129-44),
S. Maire (fol. 145-51). S. Henri (fol. 152-58), S. Amédée (fol. 159-65).
S. Bonifaee (fol. 16ft-67), S, GuillauQie en Bourgogne (fol. 168-71),
') Reoeasua générales 1668 (Acta Viaitationis vol. 14, fol. 178 et u.).
— 477 —
Venerabile in processions etiam cira ecclesiam non defe-
ratur a sacerdote absque aniictu, alba, slola, pluvi'ali.
ParocLi extra parochiam processiones institueiites non
remittaot domum sanctas reliqiiias per laicos.
Requisito tempore fons baptismalis in Paschate et Pente-
coste benediclus fœcundetur juxta rubricas.
Tempore opportune decani coiwocabiint suos ecclesiasticos
pro executioDe plenaque horum observatione admonendos, ut de
tonsura brevique coma deferenda juxta canones.
Ne poslhac în cœineterio crescere sinant arbores, et si
quui adhuc reperiautur, omnino volumus infra menseni ab inti-
matione prœsentium sub pœna cœmeterii tnterdicti.
Tebernaculum interius panoo obtegatur, ciborium deaoretiir
et cupro reficiatur.
Rituale ronianum habeatur eoque utalur parochus tn ad-
ministrandis sacra mentis.
Fiant cancelii ex Jamioa ferrea in confessionali.
Catenic thuribili fiant longiores babeaturque navicula.
Arbores oranîno evellantur.
Super bis omnibus invigilabît D. decanus. ut obscrventur,
cujus ideo i:onscientiain oneramus -, mandamus omnibus parochis
aiiisque presblteris, ut ipsi hac in parte obtempèrent In quorum
fidem, etc. Datiim Friburgi die 4 novembris 16t)8 ».
Ces prescriptions concernent surtout les cérémonies et les
oflices religieux, l'introduction du Rituel romain et du chant
grégorien dans les églises, l'abolition des cantiques en langue
vulgaire aux offices et aux enterrements ; nous y trouvons des
ordonnances au sujet des processions, de l'entretien de ta lampe
devant le S. Sacrement, des autels, du tabernacle et du cime-
tière. Les prêtres doivent faire la tonsure et porter les che-
veux courts ; à la mort d'un prêtre les héritiers ne doivent pas
emporter ce qui appartient à l'église. Les doyens sont chargés
de l'exécution de ces ordonnances.
L'année suivante l'évéque retourna à Soleure et y visita,
le 14 juin 1669, le couvent de la Visitation; il publia à celte
occasion des Recès particuliers pour cette maison religieuse qui
ne manquent pas d'intérêt '),
') Acta visiUtionJB, vol. 14, fol. lW-86.
478
Les démêlés graves que l'évêque Strambic eut avec le '
Conseil au sujet de sa juridiction et avec le chapitre St-Nicolas
par rapport à l'exemption ') lui firent ajourner d'année en année
une nouvelle vii<ite pastorale. Néanmoins Strambin l'entreprit ea
1675 et les années suivantes.
L'évèque visita, en commençant par Estavayer, le 4 août
167Ô, les différents décanats d'une manière aussi suivie que le
lui permettaient ses nombreuses occupations ').
Pour cette visite nous n'avons pas seulement le protocole
de Strambin, mais eixore le journal du délégué du Conseil de
Fribourg qui accompagnait l'évéque 'J. En tête du journal se
trouve le décret du Conseil, par lequel Prosper Python, bourgmes-
tre de Kribourg, fut chargé d'accompagner l'évêque. selon la cou-
tume, dans sa visite pastorale *). Le représentant du Conseil
avait mission d'empêcher l'évêque de faire des innovations et
d'imposer des charges aux ressortissants du canton. Pour com-
prendre cette attitude du Conseil, il faut se rappeler que le '
gouvernement était en conflit avec le chef du diocèse, au sujet i
de la juridiction episcopale et de rexem]ition du chapitre que
le Conseil soutenait contre révéquc. Le journal est d'un haut
intérêt, parce qu'il nous fuit couuailre les idées du repréi^entant
du Conseil par rapport aux réformes qne l'évêque voulait, en
se basant sur le Concile de Trente, introduire dans ta vie reli-
gieuse et morale du clergé et des fidèles, dans la disciplinu i
ecclésiastique, la liturgie, etc. Prosper Python lit au Conseil un
rapport écrit, qui fut lu en séance du Conseil du 21 octobre |
') Mémoires historitjaeii II. p. ibH et m.; Koenlin, Der Bischofl
Slrambino, Luzern 1833: Fontaoît, Antwort au( die BrocliQre des Herrn *
Fr. Kuealin twtitelt: Der Bischof Stranibiuo. 1834. Bei-chtold. Histoire
canton de Fribourg IJI, p. 138 ss.
') Statua apiscopaliB I: Estavayer (M. 65-80). Gruvère (fol. 81-95). 1
Romonlttol. 95-106), Bulle (loi. 107-22), décanat alluuiand (foi. 123-1565,
Avenchea (ti>l. 157-69), Belfaus (toi. 170-80) Valsuinle (loi. 182-90), '
S. Prowis (fol. 191-201), S. Maire (fol. 208-208), S. Henri (fol. 209-18),
S. Amédée {fol. 220-25), S. BoDitace ftol. 286-21)), S Guillaume en Bour-
gogne (fol. 230-36).
■) Journal der biscliofl. Visite durch iiiich Frantz Prosper Python,
Dnrgermcisteren Ihr. fiiratl. gnaden geleilsherren. (C^ manuscrit appartient J
à M. Tobiede Rtemy. qni a eu la boulé de me le communiquer).
') Le jouroal commence le 19 novembre 1675.
479
1677. A la fÎD du rapport, le délégué du Conseil expose som-
maireiuent, comment l'évêque a été reçu dans les paroisses, sa
manière d'agir vis h vis du clergé et des lidèles, la réception
que l'évêque trouvait auprès du clergé, les questions que l'évê-
que posait et les reuseigueinents qu'il prenait. Prosper Python
parle ensuite de son rôle ; il relève qu'il s'est opposé aux inno-
vations ') de l'évêque, qui paraissait condescendre à ses désirs,
et d'avoir modéré autant que possible les dépenses de la visite
et d'avoir soigneusement tenu son protocole à jour. Le Conseil
adressa à Prosper Python une lettre de remerciements pour la
mis^sion remplie et le nomma membre de la commission chargée
d'examiner les Recès que l'évêque publiera au sujet de la der-
nière visite (25 octobre 1677),
Les Recès auxquels il est fait allusion dans la lettre du
Conseil à Prosper Pyihon sont les suivants ') ; il est à croire
qu'ils n'auront pas éveillé les susceptibilités du Conseil, car ils
sont ba!<és en grande partie sur les Conslitutions synodales de
1665 dont ils renouvellent quelques dispositions :
« Nos Franciscus Joannes Baptista, etc., epiacopua et cornes
Lausannensis. etc.
Notum facimns quod, quia visitatio ex S. Concilio Triden-
lino Sess. 24, de reform. c. 3 priecipuum scopum habel, sacrain
orthodoxam lioctrinam et bonos mores tuendi, cœteraque prout
locus, tompus et occaslu postulat, ex prudentia constituendi, post
peractam visitationem Ecclesia; aiino 167ri pro debito nostro
inatitutam comperimus, nonnulla eniendatioue digna et ejices.'^us
tolli debere, ut divinus cultus restaurari, nitor ecclesiaslicorum
in moribus cooservari et disciplina, augeri ac simul populi pietas
promoveri videatur.
Prohibemus sacerdotibus sine toga talari et rescissis ca-
pillis usque ad aures celebrare aut administrare solemniter
sacramenta sub pœna suspen^ionis a divinis juxia decrelum
super hoc emanatum et in sacristiis affigi mandatum ').
') Journal, in Une: « Daruff H. BîhuIioIT meistens darvon gestanden
oder doch in meiner gegenwarth dissimuliert, ob alsdaa nach dcr vifiLc er
in Beinen Recesana etwas anbefolilen, kanri icij nit wiUaoïi, noch wasjirolo-
colliert worden ».
') ReoessuB générales 1676-77. (Status eplscopalis I. M. 179 et asO.
OConstltutloues synodales, cap. SZ.
— 480 —
Cum ex rtccreUs Ecclesiie et precedentiutn visîtfttîonani
saltem una lampas perpétue ardere coram venorabili Sacrameoto
debeat, idque in plerisqiic ecclesiis iiegligatur con sine iDtolera-
bili irreverentia, volumus et mandamus, ut iiitra meosem provi-
deatur de luinine perpetuo sub pœna ainotionis saoctissimie
Eucharistifc et suspensioiiis ob otficio ipso facto incurrendae res-
pectu parochi, qui id GcicDter aut culpabiliter patietur contra
prseseDS mandntum.
Procurelur navicula in débita forma cum codeari, ubi
lion adest pro incensatione, alias non expoiiatur Venerabile.
Parochi fiequenter pnpulum erudiant concione aut cate-
cbtsmo et aiiquoties explicent decretum Concilii Tridentini de
sacrilictfl Misste et matrîmonio ').
Prohibemus etiam omnibus sacerdotibus omnem ebrieta-
tem, adeoquc taberna!^, lusus pubitcos juxta synodales sub
pœna arbitraria et eliam carceris respectu relapsorum *).
Parochi ubslineant sub pœna arbilraria a prandiis qitSB
fiunt post puerperium. cum hoc f^it contra decenliam.
Mis8fe voiivœ non celebrentur in dupbcibus, tota majorî
bebdoinada et Octavis pi ivilegiatis, ut Pentecosles. Paschatis et i
Corpoi-is Chiisti et trium Regum, juxta decretum^) S. Sedis spe-
cialiler emanatuni sub pœnin arbilrariis.
Utantur biretis in oflVciis, processionibus et ad sacrum I
précédentes, secundum u^um Ëcclesite et rubricas extra prcseri- {
tiain venerabilis Sacramenti.
Non publiceotur banua eurum, qui aliquo impeditnento 1
dignoscuntur b'guti, donec dispeiisationem n nobts recognïtam ,
exbibuerini, nec etiara eodem die. quo ullimiini baïuiuni publicalur,
licet impertiri benedictionem nuptialem, excepta siinimararitate.
Non admiltautur ad matrimonium sponsi, nisi muniti iii
Bct'iptis expressa lictentia parochi proprii cum attesiatione de |
publicatione bannorum, aut de publicatione bannorum facta,
aut de obtenta a nobis super iIJis dispensalione, nec etiam ad-
miltautur a parochîs sic coojuDcti, nisi doceant in scriptit!, a
quo 8Bcerdote légitime benedictionem acceperint.
') Constitution es, cap. 46.
') Constilutiones, csp 67.
') S. Rit, Cougreg. n' 489.
481
Non pi'icsuni»Dt redores eccleslarum alienare, quoquo
modo commulare aut, veodere bona ecclt;siic sioe Dostra aul
S. Sedis apostolicfe habita licentia sub pcBiia niillitatis, tatn de
prtesenti quam de futuro et respectu tranijgreissioiiis sub pœoa
suspensinnis a benefîcio ipso facto iucurrendiB per très bddos,
sub qua pœna obligamus scientes revelare, si quid siiuile factum
fuerit, ut de remedio opporluiio provideatur ').
Mandanius deniquc observari non solum présentes Reces-
8US, sed etiam illos prsecedentium visitationum, quos pênes se
habere debent omnes et novos parocho3 procuiare ab alits, si
illos non habeant a pruedecessoribus. >
La plupart de ces dispositions concernent de nouveau le
clergé , sa conduite , le port de la soutane , etc. L'évêque
inculque aux prêtres leurs devoirs de pasteurs, il leur recom-
mande l'instruction religieuse de leurs ouailles, surtout en ce
qui concerne la Sainte Messe et le Sacrement de mariage. Par
rapport à la publication des bans de mariage, il fait uue sage
disposition devant empêcher les nombreux abus qui se com-
mettaient à ce sujet. Un point faible était le peu de souci
qu'on mettait à conserver les biens ecclésiastiques. L'évéque
rappelle au clergé le droit ecclésiastique °) et les peines et cen-
sures qu'encourent ceux qui vont à rencontre de ces prescrip-
tions formelles.
Les visites pastorales nous font voir dans Strambin un
évéque zélé et soucieux de la discipline ecclésiastique ; il em-
ploya tous les moyens pour rendre le prêtre digne de sa haute
vocation ; par ses Constitutions synodales et par divers décrets
postérieurs, il traça les règles de la vie sacerdotale et pasto-
rale ; il excita te zèle du clergé à travailler à la sanctifica-
tion des âmes, lui recommanda surtout l'instruction des fidèles
par les sermons et les catéchismes, ainsi que la répression des
abus. Il veillait avec soin sur la conduite des prêtres et répri-
mandait ou punissait les coupables. Dans les visites 11 se met-
tait au courant de tout ce qui intéressait les paroisses : l'état
') Voir à ce sujet mon travail ; Das kirchl. Vermiigensrocht de» Kan-
tons Fi'eiburg, 1902, p. 184 : Frciburger GeiichichtsblHtter 1902, p. 196.
')c. 12. X, De robas tiA- .u«-boc!Is III, 13: in Sesto III. 9 : in
Cleni. Ml, 4 ; Exlravii>
462
de l'église, des autels, des oroements, des fonds du bénéfice,
des fondatioDS, des confréries, la conduite du curé et des pa-
roissiens, la tenue des registres, la conservation des titres et
documents relatifs à ta paroisse. Partout où il trouvait de la
négligence ou des abus, il prenait les mesures nécessaires pour
les faire disparaître -, il contrôlait ensuite l'exécution de ces
sures el les récalcitrants étaient cités à sa cour et punis par
lui-même. Dans ces cas cependant il n'oubliait pas, malgré
rigidité, sa qualité de père du clergé. Lorsque le coupable'
reconnaissait sa faute et promettait de s'amender, il savait par-
donner généreusement 'j.
Malheureusement les dernières années du pontificat de
i'évèque Sirambin furent également troublées par de graves dé-
mêlés avec le Conseil -, ces difficultés allèrent en s'accentuant et
en arrivèrent au point que Strambin, à la demande du Conseil
et sur l'ordre du Pape, dut quitter, le 30 octobre 1682, sou
diocèse. 11 voulut encore une fois faire une visite pastorale,
mais le Conseil s'y opposa "). Quand I'évèque. sur l'ordre do
Pape, voulut, en 1684, retourner dans son diocèse, te Grand
Conseil lui refusa l'entrée du canton. Strambin séjourna qael*
que temps à Ëchallens, alla en Bourgogne pour visiter les pa-
roisses du diocèse où il mourut le 29 juin 1684, Strambin est
sans doute l'évéque qui a fait le plus progresser la discipline
(ecclésiastique au IT»" siècle et qui a répandu l'esprit de la vraie
réforme.
r
1
') Ménioirea historiques II, p. 505.
*) lUCserkanntnasMDbilcher du 12 juin
CHAPITRE SIXIEME
Les visites pat^torales de l'évoque Pierre de Noiitenach
(1688-17»7).
Le successeur de Strambin ne fut nommé qu'après de
longues négociations entre le Nonce et le Conseil de Frlbourg,
Ces négociations avaient pour but d'appiauir les iliflicultës sur-
venues à la an rie l'éplscopat de SCrambin entre les deux pou-
voirs. Un vicaire apostolique, nommé par le Nonce, administrait
pendant 4 ans le diocèse '), jusqu'à ce que Pierre de Monle-
nach ^), prévôt de St. Nicolas, fut nommé à l'évêché de Lau-
sanne, Le nouvel évoque conserva, en vertu d'une dispense du
Saint-Siège, sa dignité de prévôt de Si Nicolas.
Pierre de Montenach fut nommé le 20 décembre 1688 et
reçut la consécration le 15 mai 168^ ^>. Ce fut un prélat de
haute sagesse et de grande piété, qui laissa auprès de ses con-
temporains un souvenir précieux.
Dès le mois de juillet 1689, l'évêque commença ta visite
pastorale, qui forme une suite presque non interrompue pendant
tout son épiscopat jusqu'aux dernières années avant sa mort *),
Pierre de Montenach commença sa visite par Belfaux, le 22 juil-
let 1689.
Comme le Nonce avait enjoint i l'évêque de faire la visite
pastorale sans être accompagné par un délégué du gouvernement,
') MaiiuaJe curie apiscopalis 168J, 1685-86 (A. E,).
'I Mémoires historiques 11, p. 5U et as. : LauH»nna chriatiana :
Pctrua lia MonUinacli ; Lausanoa sacra toi. 79 ; Fontaine, Notice sur 1&
chaiïibrodeB acliolarques p. 75 : Manuale curie epiacopalis, 1688-95,1698-
1707: Liber mandfttorum 11, 1677 et ss.
') Voir la lettre paatornio annonçant la prise de possession du siège
épiscopnl 1689 ^Mandata et lltt. past- (1632-1758). n' 2).
') Acla Viisitationis tactad pot illuïlr. Petrum de Monlenacli, epi»ao~
puni Laua. ac Ecc!. Colleg. S. Nicolai Pra>po»itum infulalniu a 1689, 1890,
1691, 1692. 1696,1699, 1700, 1702, 1703. (Actavisitstionis vol. 15, (ol. 1-89).
— 484
le Conseil protesta ') contre cette innovation et déclara, qu'il ne
sacrifierait pas son ancien droit et désigna le conseiller Mait-
lard pour accompagner l'evéque. Celte décision fnt communi-
quée à l'evéque. Nous ne savons pas si l'evéque tit droit à la
requête du gouvernement ; en tout cas la choRe n'a [»as été
liquidée déânitivement. car en 1696 le Conseil revient à la
question et décide 'i que. si l'evéque entreprend la visite sans
délégué du gouvernement contre la tradition et l*aDcîeiiDe
coutume, il lui sera adressé par une députaiion du Conseil
une protestation en due forme. La députaiion en efTet se pré-
Henta à l'evéque, qui répondit en regrettant de ne pas pouvoir
se rendre au désir du Conseil; il aurait écrit à plusieurs re*
prises au Nonce, pour pouvoir répondre aux vœux du gouver-
nement , et â la place de la permission demandée. lui serait
arrivée une défense stricte de Rome. ]
Cette réponse ne contenta pas le Conseil ; il décida ') de 1
ne pas permettre la visite sans délégué du gouvernement. Dans n
le cas qu'elle se ferait néanmoins, le Conseil lancerait un man-
dat général, défendant à ses ressortissants d'y assister et d'en
supporter les frais.
L'autorité ecclésiastique, parait.il. a cédé finalement sur ce J
point, car plus tard nous trouvons de nouveau le délégué du I
gouvernement accompagnant l'evéque dans ses visites pastorales. \
Pierre de Montenacb avait, comme nous l'avons dit plus
haut, commencé sa visite par le décanat de Belfaux, le 22 juîl>
let 1669 ; nous le trouvons également, en I6S9, à Romont,
Bulte. Soleure; les années suivantes') en Bourgogne et dans
différentes parties du diocèse, qui furent visitées à plusieurs
reprises. En 1699, Tévéque se trouve de nouveau à Soleure,
où il publia d'intéressants Recès pour le chapitre de Soleure •),
en 1700 en Bourgogne ") et les années suivantes dans les an- ]
très parties du diocèse.
■) Manual du Conseil du 2 août 1680.
■) Maonal ia Conseil du 20 décembre 1696.
') Manual du 28 février 1697.
*) Le décanat atlemaDd fut visité par un délégu<â de l'évoque le i
avril 1690 (Recessus n' T).
') Acta, vol. 15, fol. 79.
') Voir les Recès l. c . foi. 80.
485
Il est à regretter que Pierre de MoDteDach n'ait pas pu-
blié des Recës généraux, eu tout cas nous n'en avons trouvé
trace, mais par contre nous possédons des Recës particuliers
qui nous permettent de voir comment il eutendait ses devoirs
de pasteur et d'évéque '). A la place des Recès généraux l'ë-
vëque publia des statuts et des ordonnances remarquables au
sujet de la discipline ecclésiastique ; nous en relèverons les plus
importants *) :
< Licet pastoralis nostrœ sollicitudints labor generaliter
debeat extendi. lamen specialiter ad clericos, quorum opéra
lucere debent laicis in virtutis exemplura, igitur conversatione,
sermone et scientia commisse sibi populo preeant, ea quie a
Conciliis, Canonibus, Sunimis Pontificibus ^) et Constitutionibus
synodalibus ') de clericorum vita, honestate, cultu doctrinaque
retinenda ac simul de tuxu, comessationibus, lusibus ac quibus-
ciinque aciionibus sibi indecoris, necnon negotiis secularibus evi-
tandis fîalubriter sancita suut, in posterum iisdem vel aliîs
pœnis nobis arbitrariis pro culpœ ratione infligendis sedulo
observantes, omnibus et singulia per diœcesim nostrara clericis
et presbyteris sub pœna nobis arbitraria prœsentium série pio-
hibemus, ne sine toga, talari, corona convenieatecapillisque ad
aures rescissis conspiciaotur *}. Ne peregrinum clericum sine
commendatitiis sui Ordinarii litteris et huic nostro decreto con-
forraem, sive per nos admissum ad divina celebranda, vel sacra-
menta admioistranda admittant. Ne posthac ullum matrimonia-
liter conjuDgere attentent, quem non prœvio examine comperiant
prœcepta cbristtana, preces ac preecipua fidei nostrœ capita probe
teoere •).
') Acta I. c. (ol. 1-89.
') Mand&U et iitt. paatoralea (1633-1758) n- 2 ; Mandements et man-
dat» épiscopaux (1690-1806), fo!, 21-82 (21 décembre 1690J.
') Decr. Gratiani D. XXII, XXXN, XXXIV, etc.. C. XII, qu. 1. C,
XXr, qu. 4 : Décret. Gregorii IX, lîb. III, tit. 1-3. etc. 1, V, tit. 24; Liber
Seztua, III, 1. 2 ; Clément, 1- III, t. 1.
*) Constitution es synodales eccl. Laiia. 1494. fol. 17, 1523. § 23, 1599,
cap. II, 1625. § 29 et 56, 1665, cap. 67.
'} Cette ordonaaace fut renouvelée le 16 octobre 1693 (Mandements
et mandata, I. c. fol. 24).
*) Ctr. l'ordonnauce relative au même sujet dans Mandements I. c.
ai
MaDdatnus clericis ad animarum curam coDstiLutis, quate-
nus singulis diebus Domini, juveututem fidei orthodoxœ rudi-
mentii^ instruant ') et desuper examinent, alioqui pro qualibet
catecheseos prietermissione pecuDian'am pœnaiu daturi piis eau-
sis arbitno nostro applicEDdam '), Infra Mis^arum solemnia yeï
ÎD prono post usjtatas preces evaDgelica monita exponant popu-
lumque verbis exhortatoriiis alloqu;inlur, vel sacra conctoDe feslis
solemnibiis pascant. Talcs absumaiil aut retiocant ancillas, quse,
cum ob provectiorem aetatem, lum ob anteacla! ac priesentis vitae
inculpalam conversatiunem omoem siaistram suspicionem excludant.
CsËlerum omnibus et singulis clericis sub pœna arbilrio iiostro im-
ponenda, tabernis, cauponis, popinis et hospitiia ad conipotandum
nisi itineris gratia, venationibus cum sclopetis, usu tabaci seu mao-
dendo seu fumando interdicitnus ^), nisi Dostra venia, causa tuendte
sanitatia.
Prœcipimus insuper ecclesiaruoi rectoribus ut ecclesias suaa
niundaa, altaria decenter ornata, linteamiua et paramenta prse-
sertim vero corporalia, patlas et purificatoria uoa cum pateoîs
et calicibus nitida conservent: uno verbo omnia ngant, quœ
statui et beneAcio conformia a Canonibus prœeciibuutur. Decanis
mandamus, quatenus Mandat! nostri executioni invigilenl et
aecus facientes nobis denuncient, qua in re. si decani négli-
gentes se exhibuerint, in ipsosmet serio animadvertetur. Decimo
kalendas Decembris 1690. >
') Renouvelé le 19 juin 1694 (MandemenU. 1. c. Fol. 27).
') Cette peine fut rendue plus «évëre par leg Statuts de 1701 (Mande- 1
ments, I. c. fol. 49) où il est dit : a Si parochus bis successive vel alias nro '
per se aut per alium calecbeaim habere neglexerit. a diviuis suspendetnra
') Cette ddfense fut renouvelée en 1698 et en 1704 (Maudemeute, 1. c
fol. 33-33 et fol. 36). Les Statuts de 1701 ajoutent les disposilioua suîvaDt«s:
n Cauponas seu hospitia in loci? vel oppidis hœreticorum inlerdicimua sub
pœna suapenaionis ipso facto incuri^nda ab omni ecclesiaatico nobis sub-
jecto, etiamsi seruel lantum biberet in uno ex pratdiclis bospitlis, excepta
vera et non flcta itineris causa. Nulli quoque ecclesiasticorum liceai fre-
queatare bospitia apud catbolicos, nisi priedicta de causa, ijucm aecuB fe-
cÎBse nobis inootuerit, suspensionem incurret.
Fumationem tabaci nou niai in necesaitate, in secreUi et iiuinquani i
cum Bfficularibus tolerainus et non alit«r, quique auteni sacerdos a niedSa I
nocte et anle sacrum per-actuui. tabacuin maaticafe prwsumpserit, ipso j
(auto anspensioneni a divinis incurret absijuii alia declaratiotie, etiam per 1
uaicam masticationem u.
487
La formation du clergé ne faisait pas moins l'objet de la sol-
licitude de l'ëvéque, comme en témoigne l'ordonnauce suivante du
■21 février 1698 ') : « Cum magna res sit sactidolium, et reve-
renda contineat etiam angelicis spiritibus minisleria, non solum
exitnia pietas, sed longum et maturum circa sublimem adeo
vocationem eitamen et consideratio in iis requiritur, qui ad
sacram banc aspirant dignitatem. Ut enim religiosis cujusmmque
sint oi'dinis annumerari nemo prœsumit, nisi prœvio probatîonis
anno, nullum pariter convenit sacris initiari, nisi prius saltem
per aliquod menses, quœ sit sacerilotii nalura, qute obligatlones
divino coiijunctEe siut ministerio et quod nunquam satis dicitur,
utrum quis ad tremendum îllum, a quo resilire non licet, voce-
Eur statum, serio consideraverit. Hiac ut in posterum débita
dispositione et reverentia ad sacros ordines accedatur, ordina-
mus et per présentes irrevocabiliter statuimus, ut nullus sacvis
initiari possit, nisi prius per duD8 annos continuos theologiœ
morali non jnutilera dederit operam, in cantn gregoriano sou
piano et rubricis breviarii sit versatus, in Seminario a nobis ap-
probato ses mensibus integris commoralus fuerit ac denique
sacrorura ordinum susceptioni exercitia spiritualia prœmiseiit per
octo dies ] non enim licet nobis cuiquam cito manus imponere,
ue peccatiâ communier m us alienis, ordinando nimirum, quod
absit, ministros sacris altaribus minus idoneos >.
L'évêque insiste sur robligatton de sanctifier les dimanches
L't les jours de fêtes -) el recommande, outre l'assistance à la
Messe, au sermon, aux vêpres et au catéchisme, de visiter les
églises et de s'entretenir de discours de piété. On peut passer
avec fruit et mérite ces dits jours en visitant les malades, en
les consolant et donnant quelque assistance aux pères et mères
eu remontant et iuslrulsaut leurs familles ; ceux qui savent
lire, en lisant aux autres quelques livres spirituels et en passant
'} Mandements I. c. fol. 31-32. Concernant le» conférences ecclésUati-
queti, l'évOque édiuta dans ses Statuts de 1701 la disposition suivante:
« Seities in anno confereutiee seu collationea de more consueto haberî vo-
lumiiB in singolis DoalrLc diœoesia deca.Datibua ; ai quis auteni sacerdos a
conferentiis sui dietriclus abfuerit, taleruoi impeadet pauperibus loci vel
parochite sacerdotts illias, qui absens fuerit, per taauus Decani dislribuen-
') Ordonnance du 5 févrî
. (Maudementa, 1. c. fol. 34-3^).
48B
ces saints jours eo pratiquant des bonnes œuvres, cotnme il ap-
partient à des vrais chrétiens, et non pas les profaner comme
des libertins, jouant, buvant, dansant et commettant d'autres
insolences. Sur lesquels les maîtres et les maltresses, les pères
et mères auront som et veilleront sur leurs déportements en
les retenant au logis, pour empêcher les visites nocturnes et
scandaleuses, où se commettent de grands désordres, en quoi
s'ils manquent, ils en rendront à Dieu un compte très rigou-
reux. L'évéquc ordonne qu'à l'avenir les cabaretiers et autres
ne donneront point à boire et â manger pendant la messe pa-
roisijiale, sermons et vêpres qu'aux passants seulement, qu'oD
n'ouvrira point les boutiques, ni exposera aucune marchandise sur
les cimetières, qu'on ne fera aucune monte de meubles, ou
quoi que ce soit. Tous ceux qui seront convaincus d'avoir man-
qué à leur devoir, d'avoir négligé la sainte messe un dimanche
et jour de fête, à moins d'une cause juste, il leur sera imposé une
amende pécuniaire sans aucune grâce ou dissimulation à chaque
contravention, suivant la taxe de^^ Seigneurs baillifs, ou en leur
absence, des gouverneurs d'église; pour qu'ils tendent main à
l'observation des ordonnances de l'Eglise, en pourront garder le
tiers pour eux et les deux autres seront appliqués pour l'église.
L'évêque renouvela encore en 1705 plusieurs décrets dis-
ciplinaires '), qu'il avait portés les années précédentes. Il mou-
rut le 6 juillet 1707. Nous trouvons un bel éloge de ce saint
prélat, dans la lettre circulaire adressée au clergé '), par An-
toine d'Alt, administrateur du diocèse après la mort de Pierre
de Montenach.
I
'} Statuts MU décréta quEedam InDovata die 6 Aprilis 1705 (Mande-
meute, 1. c. fol. 49).
■) Mandata el litt. pastorales (1882-1758), n' 3.
CHAPITRE SEPTIÈME
Les visites pastorales de l'évéque Jacques Duding
(1707-1716).
Jacques Duding ') fut déjà nommé le 1" août 1707 et fit
son entrée à Fribourg, le 25 novembre 1708 ^). Le nouvel évê-
que réunissait toutes les qualités d'un grand et vertueux pré-
lat ; il fut véritablement tout le temps de son épîscopat, le bon
pasteur du peuple.
L'évèque Duding commença son pontificat en renouvelant ^)
les statuts disciplinaires publiés par son prédécesseur et en con-
firmant de nouveau les constitutions synodales de l'évèque
Strambin de 1665; il entreprit la même année sa première
visite pafjtorale. < Pastoral! nostri officio satisfacere et loti
uobis commissi gregi invigilare cupientes, primam visitationem
nostram in raense AugUùti 1709, Solodori aolemniter institui-
mus » rapporte *) révoque lui-môme en parlant de sa première
visite. Elle commença le 30 août à Soleure et dura pendant les
années 1710. 1711 et 1712; elle fut faite en partie par l'évèque
lui-même, en partie par son vicaire général. Le protocole de la
visite ") avec ses nombreuses annotations nous montre le pas-
teur zélé et vigilant, qui cherche à faire progresser de son
mieux le bien spirituel et temporel des âmes confiées à sa
') Mémoires hislur. Il, p. 514 ; Lau^^anaa christiaDa : Jac. Duding ;
Lausanna sacra, fol. SO.
') Voir la lettre paalorale du 8 mai 1708, annouçant au diocèse son
avèoemaDt au siège épiscopal de LauaaDne (Mandata et litt. pai^t, (16ii2-
1758), n" 4).
'} Lettre pastorale contenant les Statuts diocésains du 18 mars 1709
(Mandata et lllt. past. 1. c, q'4),
■} Acta visilationis. vol. 15, toi. 89.
■) AcW viaitatiODis, vol, 15, (ol, 89-218.
490
garde. L'évèque fit pour chaque paroisse en particulier des
RecÈs spéciaux, qu'il transmît aux curies respectifs, pour en faire
observer les dispositions. Il rédigea en outre les Recès géné-
raux suivants ') :
< JacobuB Duding, Dei et apostotici? sedis gratia episcopus
ac cornes Lausannensis, sacri romani imperiiprinceps, necnoncques*
tris ordinis Sancti Joannis Hierosolimitani commendatarius, etc.
Dilectissiinis nobls in Cliristo, clericis et presbiteris ejus-
dem nostrie diœcesis. salutem in Domino sempiternam.
Visltatione nostra generali dïŒcesis Lausannensis divina
providentia et S. Sedis apostolica; dispoailione nobis concredîtse,
juxta formam apostolicam a sauctis canonibus prsescriptaœ, tan-
dem absotulÂ. prïoter specialta visilationis décréta singutanim
parochîarum ;am ad pastores missa, intimo di^^ciplin» eccle-sias-
Ucw fovenda', et ubi opus est, restitnendte, desiderio affecti, at
in sancta Rcclesia absque ruga et macula, in unitate et puri-
tate tîdei divina ministeria otnniaque ad âdelium afdiBcationem
et salutem peragantur. statuta quidam generalia pro tota diœ-
ccfi daiimus edenda, quibus a nobis obser?ati abusus, qni
sensim irrepscrunt, proscribantor atque de necessariis ad diTi~
num cultuni provideatur
Id primis antecessornm nostrorum statata . Dostraqne
antea édita, coalîrmantes et rénovantes in Domino exhortamor,
et BUtudamus omnibus et singalis nosinr diœcesis clericis ei
SKWilotibus. ut qns' a S. Patribu$. ab cecomenicis Concilits,
BUtme Tridentino, sandla et a iMiDru Sede apostolica decisa ek
prafscripta fuemnt. fideliter observent, morom inte^itate, virtate
et sanctilalt', ^uavom «'hristi odorem redolente:^ cjeteris pnela-
Mâut, summoque studio ei cura salnii aDimamm, pastores in-
TigUare non dfslBant, fidet«squc in obedientia et -nhjrrtioaçi
MeU S. S«di apostolkie snimmbqae domints tenpoi
UaateMitt ias«p«r, at Gradaale «t Aattphoaale
ia qaaUbet acdesia parocUalî habeatar; ia psaDcMdo
otoerfatar, la Tcrsiealenui medUt, asterismo sî^mU},
takui paaselar. loiam offidaai dciote, ara vcn perfaBdaito
ptacipîtaater deotaietar. quod nt perfectan iat.
I
■>■»
— 491
et clerlds omnibus et singalis prGeciplmus *) ut iotra blennlum
cBDtum gregorianum addiscant, cfeterisque ad ordiues aut beoe-
ficia aspirautibus notum facimus, itlos nunquam imo ad primam
tonsuram admittendos, ntsi prœter aliam scientiam requisitam
cantus gregoriant periliam babuerînt, indigni enim sanctis mi-
nisteriis judicandi sunt, qui beatam jubilatioaem S. Ecclesiœ
militantiR volunt ignorare. Ut autem sit recitantium et psallen-
tium, juxta pnescriptum S. Ëcclesiœ uniformitas, volumus, ut
omnes sacenlotes, diaconi e( subdiaconi hujus diœcesis, intra
sesquiannum sibi procurent breviaria, in quibus adsint hymui
reformati, sauctorumque officia recenter in Sauctorum catalo-
gum relntorum '). In Antiphona Regina Cœli, a Paschate ad
Trinitatem nihil immutetur, sed semper recitetur aut cantetur,
Resurrexit, non vero, cϔoa ascendit, aut, spiritum niisit.
Missa decantanda ab Introîtu, non vero a verau, vel
Kyrie eleison, in Choro incipiatur, cum vero plurea Missa! alla
voce in eadem Ecctesia sunt cantanda;. Integrœ alta voce, a
Célébrante et Choro, usque ad cantandoruni finem absolutum
persolvantur, neque posl Offerton'uin aut Prsefationeui, sacerdos
submissa voce finiat sacrum, alta voce cœptum , ut alterius
sacri sequentis posait Chorus Introttum incipere, ante finem can-
tandorum primi sacri. quod contra rubricas factitari dolentes
animadvertimus. Simbolum seu Credo integrum a Choro cante-
tur, non autem in medio finiatur, Prœfatione a Célébrante can-
tata, Sancius a Choro cantetur et Beneâictus, post calicis ele-
vationem decantandum differatur, nisi post sacra; hostiEe eleva-
tionem. Ave verum, bymnus , stropha vel aliud ab Ecclesia
approbatum, latine, gregoriano vel figurato cantu, pro solemnitate
jucundius decantari judicetur, om nibus cantilenis vulgari idio-
mate. germanica vel gallica lioguanon approbatis absolute inbibitîs.
Missa parochialis et Vesperse horis consuetis pro paro-
chiœ comraoditate decantentiir, nec possit anticipari aut differri,
nisi gravibus de necessitatibus. Quolibet die Dominico vel fes-
') Voir au sujet de TétudeMu chant grégorien la circulaire du 26 juil-
let 1709. adressée aux ecclésiastiques et aux aspiranUi à l'état ecclésiastique
du diocèse. (Mandements 1 (1640-1758). Collection Gremaud, aux archives de
l'Eveché).
') Ce snpplémeot au bréviaire lut publié en 1672 par l'évêque Stram-
bino (Mémoires 11, p. 506) ; le Propre du diocèse tut réimprimé par Pierre
de MoQlensch [Mémoires II, p. 513).
«n —
Un, fluiiiM JtaMtttali et pMrMi Bfldeate, V«spers solemol-
ter in tenplo eaMealw, n qnm aatcn aÊBd» pro vins sea
deEDDcUs occwmat fmadâU, «Ke vd past pv-ocbislts offidt
peraolTuitor, sioiU etîia fieri WÊrniamm pro effidis in capeltis
sMi stcellÎ3 faiMUtis. la qiifibst parackiali ecciesis foodatio-
iiiun liber a parocho sabeigaaiM kabeatsr et fandatlone adim-
pkta, sacerdos qui dicta oaeri »atâf«cït. nna cam parocho
eadem die sabsïgubH. Pra soGta elemoisina sacri fscieodi dod
Binas accipiat&r qnn qMd ia CoostitntîcDibas sToodalibas ')
assignator.
N'allas SacerdoB EaecBtarîB vd regoUris coodona&di mooiis
sibi assumât tel exercera prcsamal ia Urbe Frîbargeiisi sioe
nostra liceotia et aatoritate, aec alibi in tota dîœcest absqoe
illa Comoiissarii aut Deeani, nec coram Venerabîli exposito, nisi
prias velo obtrectnm fnerit, condo habeatsr. Nalluro aatem
offidum decantetsr. dom coodo habetar. Popinie. caapoo» sea
tabernte. lasa^ pablid vel particuUres dkaiaatar, velati etiAin
dum officia parochialta celebrantar, implorato $aper htec a pa-
rochis brachto sKcnlari sob gravibns pisms talia iottlbeote.
Canes ab ecclesiis arceanlnr, nec ullos saeerdos ad templan
canem secum ire permittaL Cmces et imagines ecclesiaram
pictfc Te) scnlptie ne velb obt«ganlur ab ioilia qaadragesinue
contra Ritualis Romani rubricas. se<l tantnm anie primas ves-
pera$ DomiaJca? ras.:jODi=, nélt aatem qaaotan âeri potest, sint
cseralei coloris, absqoe cradbiis Tel ima^nibos ad extra appa-
rentibus. In officîb defonctomm Tel pompb faneraliba;. ne mor-
tuoram capita vel imagines sea arma defonctomm saper altsrt-
bus ponaotur, cereiâ tamen ant templi muri.« lidte affligendifs
nec ima^ses pict» vel scoiptœ B. Mariie Virgi&is vel sancto-
rum oigrjs vestibus induantur.
Ne tanta copia tnstralis aqo»? super tnmulis defuoctoram, '
qni sunt in templis vel io eornm ingressu. e piscioa lastratij
abandantius effundatur. quie nimia biiroidiute ecdesiie orom*l
mentis et labnlato aliisqne nocere possit, modica enim qnaoU- 1
tas cam fide et devotione pariter {irodest. Adituus îptIs i
paoi quatiendi administer seu templi cnstos in qaalibet ecdest^l
h&beatnr, sumptibas parocbix, nisi aliler cooTentum sit, reti
*) CoDïtitatiOBes Byoodales 1665, cap, 63.
— 493 —
buendus. Crnces, Imagines crucifixi allorumve sanctorum io pro-
ces&ionibus facie antécédente, ileferantur, Sacerdotes vel clerici
superpellicis induti et bireto texti, in plateis ne déambulent.
Sœcularia mandata vel alla pro forensibus et sfecularibuR ne-
gotiis in Ecclesia, nulU publJcentur, Fores ecclesiamm tam
siGculai'ium quam regularium immédiate post salutationem nn-
gelicam serotioam claudantur '), nec mane aperiantur anle horam
quartam in lestate, quintam vero in hieme, excepta nocle Nati-
vitatis Domini, in qua oblationes agoorum, carnium vel simi-
lium ad altaria sacra vel in ecclesiis ab indutia ut pastores
fieri prohibentur,
Debito cum honore et summa cum veneratione, prœce-
dente face seu cereo in laterna, sacrum Viaticum ad segros (sub
baJdachino seu umbella si possit) deferatur vélo serico albti
super bumeris sacerdotis appendente, ciborium seu pi^idem sa-
cram in manibus sacerdotis suslinente, uti fieri prfcscribit ru-
brica in processionibus et benedictionibus fnciendis cum Augus-
tissimo Sacramento ; moneanturque fidèles sœpius et adborienlur
eos pastores, ut indulgentias plurimaï^ comitantibus conces>:as
lucrari non negligant. Formam aiitem a Rituali Romano Pauli V
prsescriptam in hoc, ut in aliis sacramentis ministrandis mori-
bundiaque juvandis omnimode observent, Si qui autem senes
aut imbéciles corpore sint in grege pastoribus concredito,
Biepius pro sua commoditate illos visitent atque in timoré Dei
et pielale foveaut. Quoa't sacra doctrinœ pabula et catéchèses,
Statuta ante édita observari mandainus. Ludimagîster a parocbo
approbatus conducatur in qualibet parochia, qui juventutem lit-
teras et pietatem doceat. cui diligenter pastor invigilabil, quo-
libet mense scolam visitans, necnon examine probans juventu-
tis progressum.
Ceterum omnes in sortem Domini vocatos, iterum adhor-
tamur, ut ab omni specie mali abstinentes, vitam moresque sues
omnes ita componere studeant, ut habitu, gestu, incessu, ser-
mone, aliisve omnibus nil nisi grave, moderatum ac religione
plénum, prte se feranl, ut cuuctîs afferanl venerationem, ne
vita destruant, quod doctrina tenentur œdificare. Quomodo enim
'} Voir au^jHi l'ordonna noe cootru » nocturnati el iiil«mpestivas dovo-
. tionee certîs anoi temporibus fieri solitas » particulièremont pendant les
imirs de la Semaine Sainte (Mandements et mandats (1690-
494
tenebrœ lucebnnt aut Balire poterit sal infaluatum ? non tantum
ergo coDscientiam puram coram Deo, (tivina tninisteria exacte
cum fide et pietate peiageot, verum etiam coram bominibas,
vjtEe saoctiF lestimonium habere studeant, ut in ipsis lalci sus-
piciant quod imitentur ovesque sibi créditas ad feltcitatein
teterna gloria cumiilandi perducant, quod omnibus et sîngults
benedictione nostra votisque auguramur. Mandantes Commis-
sariis et Decanis nostrix, ut pra>fatorum executioni serio invi-
gilent. delinquentes (si quis forte prœter spem nostrain inve-
niantur) ad nos déférant, super quibus illorum conscientiam i
oneramus. In quorum omnium iidem présentes manu propria 1
Bignatas et sigtllo Dostro munitas atque secretarii nostri maou ^
subsignalas dedimus >.
Ces prescriptions nous montrent encore le bon pasteor.
L'évéque s'adresse en premier lieu au clergé qui doit donner le
bon exemple en observant les lois de l'Eglise, les canons et les
statuts diocésains ; il doit veiller au salut des âmes et se dé-
vouer pour le bien spirituel des fidèles et éviter tout ce qui
pourrait avoir l'ombre du mal Le clergé fera consciencieuse-
ment le catéchisme et les instructions; chaque paroisse doit
avoir un instituteur pour les enfants, le curé doit surveiller et i
visiter l'école, etc. Les Recès généraux contiennent de nom- I
breuï détails au sujet des offices, des questions liturgiques, dea 1
messes fondées, des enterrements. L'évéque exige qu'on intro-
duise te chant grégorien dans les églises ; les chants en langue
vulgaire sont prohibés aux offices. Pendant les otfices et le ser-
mon les établissements publics doivent être fermée. Les abus
que signale l'évéque, par exemple les publications dans les
églises, la coutume de conduire le soir de Noël des agneaux
dans les églises doivent ôtre supprimés, etc.
En 1716 l'évéque Duding voulut entreprendre une secondai
visite pa<3tQrale ') ; il la commença en effet en visitant Soleurel
le 19 et le 20 juin 1716, Cependant cette visite dût être in-r
terrompue et peu après l'évéque mourut, le 20 novembre 1716.1
Ce fut son neveu et successeur Claude-Antoine Duding, qnî lij
continua, après son avènement au siège (!piscopal de LansanaK
iacUe ab epî^copn J, Dudiug in Juan
') Acta ftecundie
1716 (Aeta, vol. 15. fol, 2^0).
CHAPITRE HUITIEME
Les Tiiites pastorales de l'évéque Claude-Antoine Dnding
(1716-1745).
Claude-Antoine Duding ') fut noniiné au siège épiscopal
ie Lausanne le 23 décembre 1716 et consacré le â9 Juin 1717 °).
Ce prélat a un nom dans l'bistoire du diocèse par ses travaux
Ibéotogiques et historiques, par son zèle dans ses visites pasto-
rales, par son énergie pour réprimer les abus, sa prudence
dans l'administratiou, par la restauration des droits épiscopaux,
le soin qu'il mit aux enquêtes du procès de canonisation du
P. Canisius, par ses etforts pour l'établissement d'un Séminaire.
Sun nom brille parmi ceux des évëques les plus distingués du
diocèse de Lausanne.
L'évéque ne tarda pas à entreprendre une visite générale
du diocèse. Elle fut commencée le 5 septembre 1717 et dura
pendant l'année 1718; quelques pa.roisscs furent encore visitées
en 1720 et 1722*). Malheureusement les Recès généraux de
cette visite sont perdus*); parmi les Recès particuliers nous
') Mémoires histor. Il, p. 516 et as. ; Lausacoa chrl^tiana : Cl. Ant.
DudÎDg ; Lausanoa sacra, fol, 81 ; Liber mandalorum 111 (1736-4S) ; Meyer,
Histoire de la eommanderie de St. Jean, p- 58 et ss. ; EmulalioD, 111, n' 19
et suivants : Berchtold. Histoire du canton de Fribourg, lil, p. 169 et sui-
') Voir la lettre pastorale de l'année 1717 (Mandata et litt. past. I. c.
h- 5).
') Aota primiK et generalin visitationis ab episcopo CI. Ant. Duding
factœ a 1717 et sq. (Aota, vol. 15, toi. 220-325).
') Non» savons par l'évoque Ini-niamaqu'il en fut publié, car l'évéque
recommande (Ada visit. vol. 16, fol. 29) l'observation «omnium aliopuin
quffl in niandato generalis visitationis nostr» de anno 1717.... pneBCribno-
tur. » Voir pour la discipline ecclésiastique : Mandements et mandats I. □.,
fol. Jft-i7, 78s9.
49«
rclftvermt cen ponr le dupttre de Solenre 'i et poor la ooUtf-
gitle de St NîmIcb i Friboarg ').
Clande-Aotoine Dndiiig ordoDU une seconde Tiâte pasto>
raie pour 1724 ; commence le 14 norembre 1734^ elle &t
£u'te eo partie pir l'évéqae lai-méme, en partie par s«s dâé-
gnés '). Comme l'évéqne dat interrompre U visite, il U reprit
l'iDDée soiraote, en 1725, en ruwoBÇânt as dergé le 28 aan
1725, p»r U lettre saiTanle :
« ClauiliuB Antonius, Episcopos Laos., etc. RevereDdis D.
Decaoîs nostrs dicecesia salntem.
Muneri nostro pastorali ulterias satisfactori, TîsitaUoDem
BOttrs diœ«;e«is prteseoti anno iostituendam decreTimos. Hkb-
dantes in hune fioem tibi îi'° D. Decano, al, admonitis prias
R"* Domitiis tui districtas parochis, tam de vUitatione Dwtra
facienda, quam observatione omnium aliorum, qu» in atlÎDiicto
mandHto generalis visîtationis nostrœ de anno 1717, pront etiatn
in CunGttlulionibus bynodalibus pra-scribuntur ; eosdem adno-
neas, qaatenus Kingulî parochi in uua cootioue parochianos suos
de visitatiuue, conlirmsUoDe sedulo instruaut, &c pro bac tns-
tructiune matute sernionem cumpoDant, ad populum uoa vel
altéra die Oomiuica, ante visîtalioDem actualem, habendum.
Ut inquiranl a paiochianis, au nou habeant libros hsere-
licoH vel de biïTesi buspectos vel alias a jure prahibitos, de-
clarandu itios, qui nimiles legunt aut in suis domibus habent
vel Hciuiit ab uliis haberi. si non manifesteut, post babitam haoc
monitionem peremptoriam, ipso jure exconnnunicatos, oisj ad
parocbos sitniles lihros sioa oiora depoiiant.
Jubeanl pariler in virtute sanctic obedientiiv quœ ab
omnibus lîdelibus crga Sanctam Matrem Ecclesiam catholicam
eshiberi débet, ut similes legentes libros bœreticos, vel ret«a-
tores mature manifestari, ut in visîtatiooe vel alias Seri possit
quid de jure videbitur.
Prtcparent parocbi discursum unius quadrantis de pœni-
I
') Aeta, vol. 15. (oj. 311.
•) Acta, vol. 15, M.316Bt stiiv.
') Acte, vol. 16, fol. 1-30, Voir le Recès pour Soleore, fol. 20.
') Decratam pro viaitatione hujUH diœoeiiis iillerius instUnenda
v«rendiFi D. Decani- tranhmÎBBuni (AcU VÎBiWtionis, vol, 16, ïol.
497
tentia rite obeunda, inoocentia conservanda, peccatis fugieadis,
ad populum ipso die visiiationis coram nobis habendam.
Prœterea doceant juvenes ad catechetiiin uuius quadrantis
in DOslra priesetitia memoriter recitandam, cum tribus iuterro-
gantibua ac totidem respondentibiii: de quacumque materia ad
libitum eligenda.
Mandamus Dominis parochis, ut populum moneant ad
Sacramuntum Coufirmationis miaores duorum aunoruui comple-
torum DOD fore admittendos.
Prohibentur ilerum serio explosiones quœcumque item
comraessationes intempeslivie, cuui visitatio non débet fieri, nec
habeatur ad commese^atioDes, compotatioues instituendas, sed ad
renovandum et roborandum spiritum fidei, ideo tiibuantur ne-
cessaria et liouesia et non superflua et prodiga, ut juter alia
sunt compositurœ dulciariœ, alias gallice les Confitures, qutc
certe ad nihil conducuut nisi ad gumptus inutiles.
Ne autem diutuis mensce immoretur, aliquœ fruges una
cum carne tosta vel assatis subministrabuutur. Prœcipimus
quoque omnibus K'"' D. Decanis, parochis. capellanis. vicariis et
clericiij In sacris canstitutis, ut Proprium Lausannense nostra
auctoritate de novo auctum et impressum ') (in proxima sacro-
rum oleorum distributione) a te R"*" Decano, singuti pro duo-
decim baceis cum dimidio sibi comparent, nobis dein in visita-
tione ostendenduni. Datum Friburgi Uelvetioruœ die 28 Martii
1725 ».
Cette lettre nous donne un esemple, comment l'évêque fit
des préparatifs pour obtenir le meilleur résultat possible par
la visite pastorale. Le curé devait préparer ses paroissiens par
des instructions ; il fera lui-même un sermon en présence du
chef du diocèse. U était surtout enjoint au clergé de s'informer
si des livres défendus étaient dans leurs paroisses. L'évêque
fera passer un examen à la jeunesse pour l'instruction reli-
gieuse. Toute dépense inutile est défendue : le but de la visite
pastorale n'est pas de faire une fête, mais de renouveler et de
fortifier l'esprit religieux.
Cette visite dura pendant les années 1725 à 1727').
') Ce Propre du diocèse fut publié eii 1725 (Mémoires liist. Il, |
■) Acla visitaiiooii, vol. 16, loi. 31-135.
4il C* «MaHé* fmÊÊHt I» WÊÊtm H» « 1TM. Dum
emn de cette fWU. rfp(|n paUta, vmt «llair éc la r^*-
brfU iui heâAmiaa 4e> «Cras pMr les «miackes et les
jMfS 4e ft*c 4c t«ne rusée, ■■ rf^kaat tris délaiDé'),
^■i B»Mtitee n diMMt ia^etut pov l'Ustotn de U ti-
tK|fe diw le diertie de l ■wtifcf Ucerrospae i som toor,
cette tWte fatrepriiek 15 ni 17Ï5, ca pwita far de* dâ^ads
de rMvM ■). Elle éiA avtaat dielie^ri. came le dU PdrCqae
ea e— eaçeet celle aearelk nâir. eai parehees, qoi a'eTaieat
pai ëld «fiitdes depuis 1725, et daas les^eeOes le sacreneat de
eeeifiliee s'arut pas élé ataiésé depois eelte époque. L'aa-
aeaee de la Tinte fat faite par l'éTtqae, le 4 evril 1735, par la
lettre ratraaie *) :
« Cleadiu Aotonisg, Dei et ApostolicK SedU gratis epis-
eepoi ec cmms LaoBaaneniis, S. R. J. Princeps, solii pootjfidî
usitteM, necooD regalis moatsterii S. VinceBiii Bisuntini Abbae
commeDdatariae, etc. 1
Solticitodinis nostrœ pastoralis debîio ulterios pro Tirilms
Mlûfactori, nos boc hddo visitatioDem hujas diœcesis ooslr»
LgunanncDHlii, io fllis locis duotaxal, in quibus ab aooo 1725,
pcrltutrationem Doodum fecimas, per nos vel per deputatos,
anxiliaote Domiao, iostituro», prscipue vero ioftinteâ sacrameQ*
tali uDctione coDârmaturos (quos de omnibus circa congruas
buDC in fÎDem diapoaitioDes parochi monebuot, ac per se sea
etSam per alios prœaertim parentes scitu necessaria edoceri cu-
rabuuij hlsce notum facimus ac declaramus.
Maodamus îgitnr omnibus beoeSciati^, quateaussuos )ibros,
tiluloa aliaque suorum beneliciorum documenta nobis vel nostris J
deputatis fideitler et accurat« ostendant.
Ducani vero sui diatrictus capellas et oratoria tamprivata.!
quum publica uti et dometitica per se vel per alios sacerdotss]
anle Dostrum sdventum mature visitent, ita ut de corum ornu-
'} AcUtorti»! visilalJoiii« CAcU. vol. 16. fol. 135-215). Voir les Reoèft |
pour Prilwur|{, p. 141 ol Huivaulee.
•) Acta, vol. 16. toi. 183-196.
') AoU, vol. 16, fol. 215-321.
') EteMiiu* n' 8-
499
mentis, decoro, situ, fuDdationibus et obligatîonibus scriptotenus
in actu visitationis rationem reddere possint, qui parilev abusus
et incoDvenientias, si fotsan irrepsetint, itidicabunt, Omues eccie-
siarutn rectores , confralernitatum , fabricarum directores de
earumdem fundalionibiis, aggregationibus, regulis, privilegiis,
mlNsarum vel aliorum piorum operum obligationibus earum-
demque oeconomia pariter rationem reddituri coinparebunt.
Illi omnes, quorum interest, iiubis, missarum et officioruni
divinorum négligentes proul etiam piarum fundationum occulta-
tores amore pietatis ac justitiie deuunciabuot.
Prcecipimus quoque in virtute sauclee obedienliœ, ut omnes
de beeresi suspectes, sive librorum a nobis seu alias ajurepru-'
hibitorum lectores, detentores, faulorea, pubiica scandala, tum
Itersonas maleficas seu de incantationibus notas sortilegas, si
quœ, (quod Pater luminum avertat), taies rêvera exii^terent, défé-
rant, quatenus circa similia, etiam quantum in Domino fîeri po-
terit, aut necesae videbitur, providere et oportunum remedium
afferre valeamus.
Dissensiones vero aut querelas sive difficultates in scripti3
bene ordinalis succincte exhibebunt.
Quat omnia, ut parocbi populo sibi comraisso ex cathedra
vel in pronao edicant, eumdemque de fructu spiritual! visitationis
edoceant, hisce similiter injungimus.
Explosiones et expensas inutiles aerio prohibemus, cum
solum de prteparandis victui necessariis ac observari solitis in
hia, nec ultra curandum sit.
Quos aulem parochos, seu quas parocbias aut ecclesias, et
quBudo, personaliter vel per deputatos visitaudos seu visitandaB
pro locorum ac personarum coioiQoditate suscïpiemus, mature
prEemoneri curabimus.
Circa ea vero, quœ exemptos spectant, SS. Conciliorum
décréta vel aliunde declarata observabimus.
Ubi nutem sunt ecclesiœ, capellm vel altaria conaecrauda
aut campance benedicendic, quantoclus parocbi vel alii, quibus
incunibit, de his, utî etiam in quorum Sanctorum bonorem coa-
secratio seu benediclio fieri desidcratur, secretarium noslrum
ccrtioretn reddant. ut qutc sunt in his ac similibua prœparanda,
doceri possint, ac nos etiam juxta illa cursum visilationîs diri-
gère possimuii. Datum Friburgi die 4 Aprilis 1735, »
^B gère pu
■1
— 500 —
En vue de cette visite les curés devaient préparer les titres
et docuiiieuts conceruaut leurs l>éDélices ; les doyen!^ devaient
visiter les chapelles et les oratoires de leurs décanats et pré-
senter un rapport écrit sur leur état, sur les fondations et les
abus qui pourraient y exister ; toutes les personnes chargées de
l'adniinistratiou des biens ecclésiastiques rendront compte de
leur gestion. Les personnes dont la conduite laisserait à dé-
sirer seront corrigées, les dissensions et querelles supprimées
dans la mesure du possible, etc. Les curés avertiront l'évêque
s'il y a des églises, des chapelles ou des autels à consacrer,
pour qu'il puisse établir son itinéraire en conséquence.
Une quatrième visite ') fut entreprise par Claude-Antoine
Duding au mois d'avril 1738; elle se lit avec des interiuptions
plus ou moins longues pendant les années 1740 à 1744. Fen-
dant cette visite un petit incident s'est produit que nous ne
voulons pas passer sous silence, parce qu'il nous révèle d'inté-
ressants détails sur les relations entre les deux pouvoirs spiri-
tuel et temporel. L'évêque, en séjour à Plaisance, allait se
diriger sur Estavayer, pour conférer le sacrement de confirma
tioD, lorsque son secrétaire, arrivant de Fribourg, l'avertit que
le conseil de Fribourg pourrait trouver mauvais que l'évêque
fasse le voyage d'Estavayer, sans en avoir avisé leurs Excel-
lences. L'évêque chargea un de ses parents à Fribourg de se
présenter chez l'avoyer de Fribourg en lui communiquant la
lettre suivante °) : < Je ne m'attendais pas à un scrupule de
cette nature, comme si je n'avaU pas la liberté de faire mes
fonctions pastorales dans mon diocèse, comme un curé l'a de
les faire dans sa paroisse, ou bien il faudroit que l'on me
tinsse suspect à l'Etat, si toutes les fois que je va faire les fonc-
tions dans le canton, il en faudrait toujours aviser le conseil
souverain. Je sais bien que si je résidais à Lausanne ou à So-
leure et que je voulusse veair à Fribourg ou dans le canton
pour y faire une visite, je devrais donner avis, comme je l'ai
fait des autres souverains qui dominent dans les autres états
I
I
') Âcta quart» visitationia ab episcopo Cl. A. Dudiog iochoatie |
meose ApriliH 1738. (Âcta, vol. 17, Col. 1-&6],
') GeiaU. Saohen. Evéché (1680-1803). Lettre du 4 septembre 1742
fAtcbives d'Etat).
— 501 —
du diocèse, afin que l'on se prépare pour me recevoir avec
honneur et avec les cérémonies accoutumées, mais comme je
réside dans Fribourg, soit daus le canton, je n'ai pas coutume
de donner avis, hormis quand il s'agit d'une visite générale,
que je ne saurais entreprendre pour le présent sur le pied des
précédentes pour des raisons que je dirai dans son temps, mais
aujourd'hui il ne s'agit pas de la visite, il s'agit tant seule-
ment de l'administration du S. Sacrement de confirmation à
EsCavayé, en y convoquant les enfaels des 14 paroisses voisi-
nes; c'est une chose que j'ai dit plus d'une fois à divers sei-
gneurs (le l'Etal et autres dans Frybourg, cela a déjà été pu-
blié aus dits Estavayé et paroisses au temps de Pâques passé,
afin que l'on fasse les préparations des enfants à ce sujet : le
tout a derechef été publié il y a quelques semaines dans quel
temps j'ai marqué le jour et l'emiroit ou je ferai cette fonc-
tion là, que ce n'est pas une chose inconnue ni dans Fribourg,
ni dans le canton. Toutefois ad melius esse, vous irez, la pré-
sente reçue, chez Sun Excellence l'avoyer président de ma part,
et vous lui ferez connaître tout le contenu de cette lettre pour
qu'il en fasse i'usage qu'il trouvera à propos. Il y a 10 ans
passé que j'ai fait à peu près la même chose à Estavayé sans
autre cérémonie; il est juste que j'en fasse de même à pré-
sent, car dans 10 ans le nombre des enfants s'aggrandit assez,
voilà ce que j'ai à vous dire aujourd'hui ».
La quatrième visite pastorale, commencée en 1738, fut
terminée le 22 juillet 1744; nous n'en possédons que des recès
particuliers et nous ne savons pas si l'évéqne a rédigé des
recès généraus.
Il nous reste cependant de cet évéque plusieurs décrets
disciplinaires qui ne manquent pas d'intérêt.
Par décret du 25 avril 1720 l'évéque Duding avait intro-
duit les catéchismes du P. Canisius dans le diocèse, à l'esclu-
sion de tout autre ') : < Ad stabiliendam Deo pergratam uni-
formitatem In ils prseuipue quœ ad doctrinam christianœ servandEe
puritatis integritatem, adultorum perinde ac juventutis inslttu-
tionem spectant, mandamus ac districtim prœcipiendo omnibus
ecclesiarum recloribus, decanis, parochis per prœsentes injuogi-
'J M&ndetuenbj e
,3 (1690-1806>, fol. 40-41.
502
mus, ut sibi catechismum venerabili» P. Pétri Canisii tam par-
vum pro junioribuB quaui magnum pro aduUis gallice et ger-
macice pro unanimi couformitate nostric diœcesis paslorali oostra
BOllicitudiue typis rursus editum et recognitum compareot, atque
hoc sanœ doctrinœ pabulum clara metliodo tidelibus singulis,
saltem diebus DomiQÎds prebeant et esplauenl. Ut aulem salu-
tarem banc uniformitatem orthodoxEE religionis solidius induca-
mus, prœcipimus omnibus et siagulis parocbis ut in suo dis-
trictu dispersos cujuscumque geaeris et alienos Catecbîsmos
omni studio colliganl, invocato etiam contra renitentes, si opus
fuerit brachio, seculari. Collectes reverendis decauis tradant et
postquam traditi fueriot, ad nos transmittantur, ita fore confi-
dimus, vos vestro munere seduto perfuncturos >. Ce décret fut
renouvelé le 9 juillet 1733 ') ; en même temps l'évêque renou-
velle les ordres, donnés par le passé par ses prédécesseurs et
lui, au sujet des livres hérétiques, jansénistes, ou qui contien-
nent des propositions suspectes d'hérésie, des libelles fameux,
anonymes tant imprimés que manuscrits et également uu sujet de
ceux qui contiennent des chansonnettes indécentes et qui entraînent
les esprits à la corruption, qui d'ailleurs sont déjà défendus
sous peine d'eucourir les censures statuées par l'Eglise contre
les transgresseurs, avec ordre à tous ceux, qu'il est dit dessus,
de ramasser semblables livres ou ouvrages et à ceux qui les
retiennent, vendent ou lisent, de les remettre à leurs curés on
confesseurs et de s'en défaire promptemeut, le tout boub Ibb
mêmes peines.
Un décret disciplinaire du 1" février 1730 ') a été porté
contre « plures beneficiatos, quorum studium esse deberet, prœ-
dicatione et exemplo familiam Dei œdificare, audaciter contra
sanctos Canones, Constiiutiones synodales ac contra nostra dé-
créta quodamodo taberiiarios agunt et vinum more caupoDum
ministrant :
Quamvis per décréta nostra superioribus annis édita
saceidotum honori non minus quam sobrtetuti sufficienter pro-
viderimus, eos a tabernarum fréquentation e revocando, quse iu-
numerorum excessuuoi origo est, nihilominus ut omnem dedecoruj
I
'] Maodatit et litt. pastorales (1633-1766). n' 5.
') Mandata el litt. I. u. n'a ; Mandements et maudala, I, o. toi. 47-4
503
umbram et scandali occaBionem a Clero nostro removeamus
preesenti statuto, sub pœna cenaDrœ in delinquentes ferendœ,
ordinamus et prohibemus, ne beneficiati et alii sub quocumque
prœtextu juvenibus et seoibus vinum in suis œdibus ad potan-
dum vendant. Verum etsi ipsis pennissum vioum ad eorum
usum comparare, non ideo sibi licere arbitrentur, excepta ne-
cessitate, illud ex professe et industria eraere, ut negotiando
turbem qusestum acquirant, cum a Sactis Canonibus hujusmodi
comœerciuin summopere înterdicalur. Qaare cum v^dde inde*
corum sit spirituales viros mundanis actioaibus învoivi, ideo in
virtute sacrœ obcdientiii! omnes et singuli nostrsc diœcesis Cle-
rici a SEecularibus negotlis, lucri causa juxta canooicas sanctiones
abstineant nec se immisceant, aed ministerium ad quod vocati
sunt, Dec et Ecclesiœ lideliter ac decenter inserviendo ad-
impleant. Ne autem hujus decreti ignorantia prœtestetur, mo-
nemus omnes reverendos dominos decanos, quatenus serio invigi-
lando pro stricta ubservantia hujus decreti eorum districtus
presbyteris siue mora quantocius intiment aut intimari curent >.
Une série d'ordonnonces des années 1734-1744 se rappor-
tent aux publications dans les églises, à l'observation des lois
civiles et pénales, au respect dû partout à l'autorité civile,
aux revenus ecclésiastiques, à la conservation des litres des bé-
néfices, etc. ').
Nous ne relèverons que quelques points du décret con-
cernant la sanctification des dimanches et des jours de fêtes,
qui présente un intérêt spécial ') :
< Les dimanches, aucune vente, aucun achat ne peut se
faire ni en public, ni en particulier sans transgresser le pré-
cepte, à la réserve cependant des choses qu'on a coutume d'of-
frir dans les églises et autres, qui servent à la dévotion, comme
chapelets, médailles, etc. ; comme tnéme aussi les menues vic-
tuailles, que l'on a accoutumé de vendre en tels jours, bien en-
tendu toutefois, qu'elles ne se peuvent vendre qu'avant et après
leb grand-messes de paroisse.
Lorsqu'il est nécessaire, que les catholiques fréquentent
les foires chez les protestants les jours de fêtes, les curés per-
') Mandata et lltl. paator. 1. 1
'] Mandement du 3fl >
1*5.
mettent à leurs paroissiens respectifs d'y aller vendre et ache-
ter, toutefois après qu'ils ont entendu la Sainte Messe ; et
lorsqu'il n'y a pas deux Messes dans une paroisse, les paroisses
les plus voisîues des foires des protestants conviennent avec les
curés pour que la Mes»e paroissiale se célèbre un peu plus tôt,
afin que ceux qui ont besoin de fréquenter les dites foires chez
les dits protestants (ne le pouvant par conséquent pas faire
pour s'y divertir et donner dans la débauche), y puissent assis-
ter Bien entendu aussi, que si des particuliers devaient néces-
sairement se trouver dans une foire éloignée des mêmes pro-
testants et qu'ils ne pussent pas entendre la Messe, ils pour-
ront préalablement s'adresser à leur curé pour être dispensés
de l'entendre, en lui indiquant la nécessité pressante de s'y
rencontrer, dans quel cas, déclarons, que les curés les en doi-
vent dispenser.
Lorsqu'il y a nécessité de faire les récoltes, générale on
particulière, les curés, à l'iostance des intéressés, les dispense-
rout aussi, en leur donnant la permission d'y travailler, en se
rapportant toujours à la conscience de ceux, qui allèguent telle
nécessité. Or par le terme de récolte nous entendons aussi, de
lever le chanvre, couper les graines, qui risquent de périr par
la pourriture ou brûlure et autres cas de cette nature, ce qus
l'on peut faire même les dimanches, lorsque la perte est inévi-
table et cela sans être sujet & aucune amende ou châtiment,
selon que Notre Seigneur Jésus-Christ nous le fait entendre
dans son Evangile; car quoique l'Eglise ne dispense en ries
par rapport aux dimanches, elle déclare cependant, ce qu'il est
permis de faire en ces jours pour le besoin et pour éviter une
perte, qui ne laisse point de ressource ; cela s'entend â l'égard
du blé, du chanvre et du vin et non pour d'autres cas, pour
lesquels nous nous en remettons à l'usage et à la prudence.
A cette occat^ion déclarons aussi que les curés doivent
permettre en dispensant, à ceux qui sont moyennée, de labouref'
les terres aux fêtes d'obligation pour les pauvres ; et par lei
pauvres nous entendons ceux qui ont peu de terres et qui
n'ont pas le moyen de garder un cheval. Ils peuvent également
accorder dispense pour labourer les terres dans les endroits les
plus hiverneux, lorsque la saison presse de cultiver et qu'
plus grund retardement causerait dn dommage.
I
e
•â
60K
Les curés peuvent, aussi dispenser au sujet du chariage,
soit de la voiture des fromages, qu'on appelle de Gruyère, aux
dites fâtes d'obligation dans les saisons accoutumées, à condi-
tion toutefois, que ceux qui voitiirent, ménagent l'occasion d'en-
tendre la Sainte Messe en passant, ou avant de partir des
endroits où ils les chargent-, et cela d'aulant que cette voiture
intéresse non seulement les biens des particuliers, mais aussi du
public. Il suffira pour pouvoir les voiturer d'avoir une dispense
soit permission des curés des endroits, oii ils les chargent et
d'où ils partent, pour qu'ils ne puissent ^tre arrêtés ou re-
cherchés dans les endroits, par oii ils passent. Il faut cepen-
dant que ceux qui font voiturer ou voiinrent, en usent avec
rectitude, discrétion et selon le besoin qu'ils doivent indiquer
&ntf curés, dont ils demandent dispense. >
L'évéque Claude-Antoine Duding mourut quelques mois
après sa quatrième visite pastorale, le 16 juin 1745. Un con-
temporain fait de l'évéque défunt le portrait suivant 'j : * Om-
nibus requisitis dotibus eximie ornatus gregi tuendo per viginti
octo annos et ultra prœfuit, eam curam impendiosc, cum labo-
rem etiam desudando subiisse, ut cohoitationibus, consiliis in
sana doctrina, exemplo, devios ad saniora revocaverit, bonos in
sancto proposito firmaverit, hinc in adhortando vel etiani in
reprehendendo mansuetudinem adhibuerit, qui ut Scripturarum,
SS, TheologiEG et Canonum scientia, quam studii assiduitate,
ingeniisque prcestantia hauserat, majora adhuc in dies caperet
incrementa ac pro rerum exigentia et concursu fructuose difFun-
deretur, non in fréquenter graves "vigilias protraxit ila ut totus
ipsius vitœ cursus, indefessus pro Dei et Ecclesios honore la-
boris amor entiterit ; qui summis Pontifictbus aliisque principi-
bus carus, illorum favores demerendi gnarus, ab ils etiani sin-
gulari in pretio est habitus ; qui benefaclendo assuetus, sibi
commissis, omnibus benevolus, illustri exemplo cunctis admiran-
tibus effuerit, Quare sidus hoc, aut nunquam oriri, ni tantum
profuisset, aut diutius splendere debuisset >.
'} Litterœ eDcyclic
litt. I. c. n*6).
de ohitu D. Clauil. Ant. Duding (Mandata et
CHAPITRE NEUVIEME
lies visites pastorales de l'èvt'que Jean Hubert de Bocrard
(1746-1758).
Nommé le 25 octobre 1745 et consacré le 1" mai 1746, i
te nouvel évëque ') annonça qu'il allait entreprendre la même
année une visite générale du diocèse et qu'il verrait en per- |
Bonne chaque paroisse en particulier \ il prit en vue de cette
visite les dispositions suivantes*): |
* JosephuB Hnbertus de Boccard, etc., dilectis nobis in
Christo universo clero, omnibus Christi fîdetibus nostrœ diœcesis
salutem in Domino.
Inter ea quEe ex SS. Canonum, Conciliorum signanter '
Tridentini prECPcripto pastoralis nostrse sollicitudinis exercitium
expostulant, cum maximum habeftt momentum, nt, quas fidei
nostrtc pastor pastorum concredidit oves, cognoscamus, ipEse noa
cognoscant atque etiam hune in finem easdem sedulo visitemus,
hisce Dotnm facimus, quod, ut priraam nostram ac proinde gene-
ralem visitationem diœcesis nostra decrevimus, debito nostro,
auxiliante Deo. satîsfacturi, onines et singulas parochias perso-
naliter simus perlustraluri.
Quare omnes ecclesiarum rectores, cœterosquo utriusque
Bexus diœcesanos nostros serio requirimus et adhortamur, ut
mutuis precibus ferventer ad Deum suis adjuvare nos satagant,
quatenus opus hoc ad majorcm ejus glorîam, animarum salutem
UDice institutum, ipsius gratia cœptum féliciter tiniatur
iïsdem rectoribus et parochis prsecipimus, ut singulis dominicis J
et festivis diebus, ex quo prsesentes receperint, ad expositionem (
') Mémoires bistor. Il, p. 532 : Lausanna christiana : J. Hub. Boo- '
card : Lausanna sacra, fol. 81 ; Liber niandatoruni IV, a. 1746 et as : Lettre
pastorale du 4 avril 1746.
') Littera pastoralis 1746, gsds date précise. (Mandata et Htler» pas-
torales, 163M758, n' 6),
venerabilis Sacrameoti hymnos : Vent Creator, etc., et Fange
Hngua, etc., cum orationibus : Deus, qui corda fideîium,
et Deus, qui nobis sub Sacramento, etc., simul adorante populo,
auxilium de Sancto efflagUaturi, rtevote décantent.
Ut autem omnla rite, et secuDdum ordinem fiant, man
damus omnibus beneAciatis , quatenus libros suos ac titulos
aliaque suorum benefîcioruni documenta nobis accurate et
liter ostendaiit.
Volumus pariter, ut parochi nobis prœsentibus die visita-
tionis nostrœ sumpta sibi materia ex Evangelio Dominicœ eam-
dem visitationem prœcedentis aut subsequ<?ntis coDCionentur, ac
juventutem catechizando fîdei capitibus instituant.
Decani sui districtus capellas et oratoria lam privala,
quam publica, uti et domestica, per se vel alios idoneos sacer-
dotes prœvic visilabunt, nt de omnibus in adventu nostro ra-
tionem reddere, hinc etiam qneenam fors destrui, interdici de-
beant, quem in finem, an cum redditibus, et quibus, erectsc et
erecta fuerint, expoiiere specifice queant, nosque dignoscere va-
leamuE.
Omnes ecclesiaruin rectores, confraternitatum et fabrica-
nim directores, de earumdem fundationibus, aggregationibus,
regulis, privilegiis, missarum, piorum operum obligationibus ac
earum cura pariter rationeni reddituri comparebunt, missarum
et oflSciorum divinorum négligentes, piarum fundationum reten-
tores, occultatores, aut executionem detractantea, prout justitîa
et pietas id omnino esigit, per illos, quorum interest, denuncia-
buDtur.
Quoniam in quavis parochia visitationis nostrfe tempore
Sacramentum Confirmationis sumus administraturi, curabunt
omnino parochi, ut conârmandi per ipsos aut ludimagistros probe
super débita ad recipiendum hoc Sacramentum dispositione,
ejusque effectibus instruantur, monebuntque parochianos suos,
qualiter affinitas spiritualis inde contrahatur. Intimabant quoque
de mandato nostro, eos, qui nondam tertium œtatts annum alti>
gerint, quique non fuerint ex ea parochia, quam actu visita-
bimus, Dullatenus ad Confirmationem admittendos, ne frustra et
repulsnm passuii prresententur. li autem, qui confirmati volue-
rint. secum habeant amiculum lineum candidum. quo pro Sacrse
Unctioois reverentia frons obligetur et obtegatur.
- 608 -
Prtecîpinma insuper in virtuie s. ubedjentiœ, ut omnes de
hœresi suapectos, sive librorum a nobis seu alias a jure prohî-
bitorum lectores, (ielenloies, fnutores, publica scandais, perso-
nas veneiicas, de incantationibus, sortilegiis suspectas, notas, si
quie (quod Deus averta') taies rêvera existent, illi, quibus iiioo-
tesctint, nobis déférant, ut omnibus opportunum remedium afferre
valeamUB.
Quoad difScultates vero parochos inter et parochianos, si
quas proponcndas habeant, t-asdem in scrîptis succincte ac dis-
tincte (tebito ordine exhibebunt.
Circa ea, quse exemptos spectant, hiece declaramus, quod
SS. Concitiorum décréta simus ad omnium s&tisfactionem pro
ofiicio nostro observatuii.
Omnibus omnino plurimum commendamus. ut frugalitatem
ecclesiasticara observaiido inanibus expensis parcere studei
Ubi ecclesiœ vel capellîe aut allaria sunt consecranda, vel
etiam campante benedicendte. in quorum sanctorura honorem
consecratio, aul benedictlo Beri desideratur hoc casu, p&rocbl
vel alii, quibus incumhere posset, nos certiores leddere prtevie
et mature curabunt, ut quœ sunt in similibus paranda, doceri
Taleant, nos autem congrue visitationis nostrœ cursum dirigera
queamus.
Toto eo temporis intervalle, quo in quavis parochîa mora>
bimur, si qui sinl, qui a nobis secretiorem audientiam petere
cupiant, vota sua per se aut altos patefaciant, ac proin eosdem
privatim audiemus ; unice etenim intendimus, ut per auxilium
gratice Dei omnibus ac singulis episcopali miuisterio nostro sa-
tiefiat.
Quœ omnia, ut parochi populo sibi commisse e pulpito '
iutra missarum solemnia eiiicant eumque de fructu spirituaH
visitationis mature edoceant, tandem etiam injungimus. Datum
Friburgi, die 1746. >
La visite ainsi préparée par ces dispositions qui ressem-
blent beaucoup à celles du prédécesseur, fut commencée au
mois de juillet 1746 ') ; après une interruption, elle fut coati-
') Aota primée visitatioDia a Huberto de Boccai'd r
inceptœ (Acta, vol. 17, fol. 57-176 J.
naée l'annëe suivante, en 1747, du 25 juin au 21 juillet ').
L'évêque devant interrompre de nouveau sa visite en 1747, il
la continua le 22 septembre 1748 ^). Il fut accompagné comme
d'habitude par un délégué du Conseil ; une décision de cette
dernière autorité, occasionnée par une difficulté qui a surgi
pendant la visite au sujet de dîmes, nous apprend que doréna-
vant le députation du Conseil, accompagnant l'évêque, sera mu-
nie d'instructions spéciales "). L'évêque de Boccard rédigea des
Recès généraux très détaillés qu'il publia le 23 mars 1750. En
voici le texte *) :
« Josephus Huberlus de Boccard, Dei et Sanctœ Sedis Apos-
tolicœ gratia Episcopus ac Cornes Lausannensis, Sanctî Romani
Imperii Princeps. etc.
Quemadmodum in actu visitationis generalis nostrœ diœ-
cesis, quam adjuvante Deo absolvimus, ea deœandavimus, qua;
ratio status et situs personarum. ecclestarum ac locorum postii-
labat, nunc etiam Recessus nostros générales ad omnes R. R.
decanos , parochos aliosque dicta; nostrss diœcesis beneficiatos
ad majorem Dei gloriam, eorumdem propriam tediâcatioiiem et
animarura salutem, prout promiseramus, pro illorum ontoimoda
observantia traosmittendos esse dusimus. Itaque
1. Cum neminem , qui vel paululum secum consi-
derare non detractat, latere debeat, quod verbi Dei prEedicatio
inter munia pastoralia sit prfecipuum, teste Apostolo"), qui fidem
astruit ex auditu, lu tide ergo erudiendi audire nequeunt sine
prœdicante. Unde idem genttum Doctor ') preedica verbum, quo
solo instare opportune importune arguere, obsecrare, iocrepare
valent, qui commissam sibi plebem in fide firmare ad christianos
mores instituere tenentur, quo vero déficiente verbo fides illa
languet, emoritur, unusquisque in viam Buam rtdelicet latam
') GjQtinuatiû viaitationis episc. faotte a D, Jos. Huh. de Boccard a.
1747 (Recessua. n' 9).
■) Proaeontio viaitationia a. 1748 (Acta, vol. 17, fol. 177-196).
■) Maiiual du Conseil du 13 mai 1750.
') Recesaua générales 1750 (Aota viaitationis, vol. 17, (ol. 197-204) ;
Mandementa et mandata episcopaux 1690-1806. Supplément fol. 1-18 (Bi-
bliothèque canlonale).
') Ep. ftd. Rom, X, 17.
*) 11 Tim. IV, 2.
— BIO —
Bpatiosam quse ducit ad interltum, abit et f|uam facillime dif-
Suit, ex quo patet, quod ii, qui oflicium hnc negligunt, in âis-
tricto judicio rationem animam pro anima siot redituri, fructus
suos Don faciant et io cooscientia sui benefîcii proventus percî-
pere noD possint, nam beneficium propter ofiGcîura; hinc quflmvis,
quod palam ad Dostram peculiarcm consolationem falemur et
laudamus, potiores atque ettam plurimi, qui pro muoeria sui
debito concrediti sibi populi curam gerunt, dod tantum fré-
quenter, sed etiam eruditi. uti, dum dlœcesim nostram lustra-
bamus, certG deprehendimus, cnncionem habebant, uti ii, qui
hujusque tara laudabiliter in hoc suo functi officio sunt, quo
zelo cœpere in vinea Domîni Sabaoth laborare pergant. Alil
vero pauculi tardi et deeides hoc in puncto Unti momenti ad
justitiiG et sanctae simulque strictnc obligationis tramitem addu-
cantur et revocentur ; volutnus et districte praecipimus, ut
omnes R^' parochi scu qui ciirara suiraarum habeant ordinariam
per se ipsos singulis mensibus ad minimum semel non qualom-
cunque, sed elaboratam concLODcm die Dominica habeant; qui
taoïen parochi ob provectam omnino aetatem aut morbum con-
tînuum concionari non valerent, id per vicarios iieri curabunt ;
aliis vero Dominicis diebus cujusvis mensis semcl orationis men-
talis formam et methodura cdocebunt, materiam prœlegendo.
actus eliciendo, proferendo, hujusmodi orationis exemplar sta-
tuant, quam quidem orationem pastoribus lit alius ecclesiastici
status viris pro viribus et enixissime commendamus, qui eaïu-
(lem simititer aliis commendabnnt. Duabus vero aliis Dominicis
pronum, ut vocant, facient, aliqua loca Epi^tolœ vel Evangelii
occurrentis solide et dilucide cxplanando. Intérim ubi habentur
capellani, ad fnciendam concionem, loco unius proni quandoque
poteruDt invitari. Ubi mos est, ut majoribus quibusdam festivi-
tatibus etiam invitentur confessarii, his quidem diebus conciouarî
poterunt ipsi, intérim absque dcrogatione obiigationis respectu
parochi semel in mense ut superius edicitur concionncndi.
Catechesim ') ad concreditam juventutem singulis omnino Do-
minicis instituent, temporis circumstantiam ad id muneris op- .
'J Voir t ce sujet le mandetneiit du 5 février 1750. dan» ir>quel sont 1
aossi renouvela les oittonnancen antérieure» au sujet des maiivaiB livrM, J
des poèiiej et les mmaus lascifs, etc. (Mandata et Mit. [lastnr. 1. c. n' 6).
811 —
portunam adeo (iUgent, ut aduiti Eeu cœteri purochianl eidem
interesse non graventur. Methodus autein catecheseos observa-
bitur ex ordine catechismi majoris articulos tractando, iisdem
insistendo, nec progredieudo, donec dignoscatur, quod plerique
saltem probe de quolibet articulo imbuti sint. Notandum hic
interea venit, quod, qui ad primam communionem disponuntur,
ad illam nullatenus debeant admitti quantumcunque aetas Jnvi-
tare videatur, donec per bene sciant omnia scitu necessaria
super niysterio SS. Euchaiistia; et aiiis, praeparationegratiaruni
actione. Noverint enim expericntîa teste quod ii, qui semel ad
S. Synasim sunt admisst, puteut se sufficienter instructos, inde-
que ulterius edoceri non curent. Ut auteni omnibus innotescat,
quam serio conciones et catéchèses ut supra praecipiamus,
staluimus, ut qui secus fecerit seu easdera omiserit, praeter
culpam, quam corani Deo contrahît, ipso facto pro prima vice
mulctetur dublione, duohus vero st fuerit rccidivus, quae muleta
absque alia monitione in donio exercitiorum hic Friburgi depo-
netur. Quaie R^' decani decanatus sui parochis iuvigilabunt,
decanum vero cujusque parochiae ex înstitutîoue sua senior
parochus observabît, ut nobis omnia quater per annum référât
in conscientia,
2. Cum plurimuni intersit, ut haec quae hominum slalum
concernunt et asserunt, nullatenus praetennittantur, niandamus,
ut parochi, cum ad baplizaodum vocantur, secum semper li-
brum baptizatorum in sacristiam alTerant, ubi statim post colln-
tum baptismum debitam inscriptiouem facient, qui dum continget
illegitimos baptizari, omnem pricvîe curam adhibebunt, ut non
modo matris, sed et patris nomen resciant, ubi vero nomcn
supposititium, si verum omnino h&beri non possit, allegabitur,
etîam supposititium in inscriptione dicatur et denotetur, alias
parochis prohibemus post baptismum conventum accedere, ubi
ex hac occasione bibitur et manducatur.
3. Conferentife seu collationes ecclesiasticœ quater de
anco celebrabantur, sub quarum initio super alia capitula Cons-
titutionum synodaliuni sedate legentur. Instituentur autem
alternatim, id est nunc apud hune, tune apud alium respective
parochum. incipiendo apud eum ipsum, qui prior desiit, atten-
dendo nun qtiiilem ad bcneâciatum, sed ad benelicium, niai forte
propter comnioditatem apud eundetn semper ceuseantur htibendse.
— 612
Intérim sit frugale prandium aut taotum merendagallice goater,
quo laicos invilart vetamus,
4. Hospitioruni fréquentation em ac etiam ingressum pota-
tîonis causa denuo serio interdicimus, eosque qui coDtra hoc
vetitum id facere prEfsumpserînt, voiumus etiam dublione, reci-
divos duobus ipso facto mulctatos eundem in finem et eodem
prorsus modo, quo est supra pr^scriptum latione concionum,
nam qui debent esse in omnibus esemplum bonorum operum
Christi bonus odor opportet non modo non esse \iolentos per-
cussores, sed nec viaolentos, ut non vituperetur miDisteriam
Dostrum.
5. Id requirit Ëcclesife Sanctee Dei, quœ est, ut castrorum
acies ordinata, unitas, ut uniformitas in ministerils ecclesîaslicis
servetur, unde hisce dicimus et priescribimus sequentia perpetuo
observanda.
Aqua cum sale singulis diebus Domiotcis, in qualîbet
ecclesia parochiali a cornu Kpistolte, prout in fine Mi^ealis
pi'iescribitur, benedicetur. Porro cantando Asperges indutas
alba et stola taatum coloris diei conveoienlis nspergit absque
ulla distinctione, nisi ibi sit episcopus aliquis aut patronus
Ecclesia;. Per patronum autem intelligitur is, qui jus patronatus
per dotationem aut fundationeni obtinet, quibus offertur aqua
lustralis, episcopo quidem liando ipsura aspersorium, palrono
vero duntaxat e summitate porrigeudo, quod idem observari
volumus rations prœfecti loci. dum in suo loco consistit ac vi-
rorum Ordinis Senatorii ; decantato autem integro Asperges
parochus redit ad altare, ibidemque versiculos. etc., ante ipsum
altare in medio cantat.
Circa Processiones. Quaodocunque fit processio cum relî-
quiis, eœ traduntur a diacono, si adsit, celebranti, si autem
non adsit diaconus, celebrans propter reverentiam ipsemet acc!-
pit reliquias, Singulis diebus Dorainicis fit processio defuncto-
rum, quando fit processio cum reliquîis, ubi in usu est, a feeto
Inventionis S. Crucis fiunt duœ processiones, videlicel una cum
reliquiis ante miasam solemnem, altéra pro defunctis dicta
missa fiuita. Advertendum tamen est, quod in processionibus
cum reliquiis cantari debeat hymnus Patroni Ecclesite vel officio i
coDgruens ; cum dictîs reliquiis vero fit benedictio per oratio- ]
nem a Domo tua. De reliquo autem tieri debent processiones et
513
actus devotionis publicœ, ut Duncupant tum etiam administiatio
Bacramenlorum ad pritscriptum Jlitualis RomaDi Paiisîis aut
LugduDi impressi. Id festis vero solemnibus quibus exponitur
durante missa solenmi SS. Altaris sacraineutiiin, veluti in festis
Nativitatis D. N. J, C, Paschae et Pectecostes et omnium Sanc-
torum, prout et in festis Titularis et Dedtcationis ecclesiœ,
fieri etiam débet benedictio cuin eodeni veoerabiti Sacramento
aote portam majoiem Ecclesiie per orationem : benedicat vos
omnipotens Deus, etc. preecedentibus tamen versiculis et res-
poDsoriis solitis.
Cum festum Titularis vel Dedicallonis alicujus capellœ in-
cidit in diera domiDicam in ecclesia parochiali, hoc die nulla-
tenus officia consueta debent omitti ; dum vero fit processio de
SS. Sacramento dorainicis confraternitatis ejusdem et non expo-
Ditur sub misça solemni, finita processione, benedictio fit ad
altare per solitas orationes. Quoa.d pronum, conciones seu ins-
tructiones, fieri debent immédiate post finitum Evangelium,
finitoque prono, concioue, ad populnm publicari debent ea, qute
observationea, charilatem et devcitionem populi attlngunt ; non
vero propbana. Hinc observabuntur quEC super bis per bonté
memorifc prœdecessorem nostrum epecialiter fuere demandata.
Circa observât ionem festorum. R*" parocbi tempore Eestivo
pro conservatione et collectione fructuum terrEe suis parochiania
ac etiam entraneis eos colligendi et curandi licentiam concèdent
diebus festis, prout jam aliunde id fiei'i debere notum est, si
vero aliquœ difficultates super his orirentur, R**" respective
decanis pro decisione defFerendœ erunt. Prout jam in usu est
diebus festis, qui non nisi usquedum finita sit Missa parochialis
obaervari debent. Parocbi mature Missam banc parocbialem ce-
lebrabiiDt tempore quo pratis, canopis, agris, vindemiis ac etiam
piscationibus taborandum et intentendiim est, Prieterea festa, quic
nonnisi a parocbianls vel a cotnnmuitatibus fuerunt introducta,
declaramus festa non esse in sensu Ecclesiie, adeO(|ue ncminem
diebus hujusmodi teneri interesse in missoB sacrificio et ab ope-
ribus servilibus abstinere. Cum clamosa venatio et piscatio repu-
tentur intcr opéra servilia diebus Dominicis et festivis, nunquam
sunt licita, adeoque per parochos pro posse cœrceiida. Coljectio
frnctuum arborum poterit diebus festis per aonum tollerari,
dummodo pûpulu° " ' tersit officiis. Quando autem festum
âu
SaocU BaithoIomsEi die Dorainica celebrari conlingit, U'" pnrochi,
ubi mos Dst, eoiiem die priinicias colligere aut velii rurare,
nullalenus ticitum arbitreotur. Ventlitiones et emptiones diebiis
festis prohibitEc ita iotelligaotur, quod nullatenus merces pos-
sinl exponi vendeadae aut emendic nec publiée aut in platei!?,
nec in domibus aut apertit^ officinis vulgo boutiques, vel etiam
qufE corbulis panniers, aui simiiibus hinc inde circumferuntur.
Eespecixi cdebrationis Misses prohibe! ur recipî retribatio
pro celebranda Mlssa in confesï^ioDiiali oblata. Prohibetur itldem
lieri collecta pro missis colebratidis aut aiiis operibus devotionis
inslitutis aut instituendis in boDum publicum, qute quEBslum
Râpèrent, prout etiam rocipi fundationes in perpetuum absque
assecuratione perpetuœ manutenentiie prohibitum declaratur.
Curari débet, ut quaecuoque fundatioDes sive perpetuae sive
non perpetuae ad census beae applicenlur, noteturque earum
derivatio, quatenus, si per temporum itijurlam et calamitatem
depereant, de iisdem successores suflicienter sint informati,
poBsintque earumdem oneri satisfacere, prout conveniet respec-
tive ad earum existentiam, alias conformabunt se recipientes
Constitulionibus sjnodalil'UB.
Fro fiabitu clericali quilibet sacerdos in loco residentïae
sola talari vulga soutane utatur, prohibitum de cetero est cum
colari clericali vulgo gravate iocedere ut cum sola inferiori veste
caviisole ut vocant comparere, semper vero cum colari clericali
et ubique etiam in locis protestantium mandanlur omnes sacer-
dotes incedere. Veste nigri coloris utantur. In itinere vero
vestis alterius coloris modesti quidem ad praecavendas tempes-
tatis injurias usus permittilur. Prohibetur usus semitogae licet
talaris vulgo juppe, pro celebrauda Missa utantur igitur sacer-
dotes toga Intègre talari, tum sacrum facturi, tum sacramenta
ailministraturi, nisi ratione aegrotorum difficultas ilinerum aut
tempeslas adversa omniiio id impediat, usus autem in curtis
coDceditur itinerantibus.
In administratione sacramenti Pœnitetitiœ prohibetur cod-
fessioDum exceptio io locis ad id non destioatis et sine cratî-
bus eingulariter ratione fœmini sexuj, nisi aliud surditas aut
infirmitas contitentium vel conditio seu status clericalis ratione
loci suadeat, quae confessioDum exceptio quidem semper fieri
débet cum stola et superpelliceo. Parochu^ requisitus a persona.
I
515 —
i
parochiaoa pro excipîenda eonfessione extra tempus divinorum
officiorum non potest absque traosgressione sui debiti el man-
datorum sui superiovis ordinarii pœDitcntem ad aliud tempus
remittere.
In excquiis Missa defunctorum imoquam potesl celebrari
diebua Domioicis aut festivis de praecepto, ne quidem iis, quae
dicuntur seœifesta, etiam si sit dies obitus, tertius. ^eptimus,
trigesinius aut aniversarius. sed seinper de die deliiît celebrari,
adeoqiie si dictis diebus dcsidereotur missae defuuclorum cele-
brandae post depositionem defuocti, celebratio in alium diem
non impeditam differi débet, quamvis missa de die utique pio
defuDctis applicari possit. Ex hoc aotem non débet differi aut
accelerari tumulatio contra tempus ab Ecclesia praescriptum.
Sepulturae diebus Dominicia aut feativia de inane fieri probi-
bentur prout id iu quibusdam parochiis coDtra Eccleaiae cou-
suetudinem practicari ioaudivirous. Sacerdotes et clerici ultiuias
morieutium voluntates uequaquam récipient et conscribent, ni^i
ubi difficulter notarius publicus potest advocari, hoc autem tu
casu coDformabuQt se lis, quae jam praescripstmus, videlicet
intra tempus praefixum has morientium depositiones in cancel-
laria vel notarîo publico competenter consignent. Ratione obla-
tionum, quae fîutit iu concursu funebri et alias porrigetur, ut
hactenus usitatum, manipuli vel stola summitas.
Çuod attinel sacramentum Matrimonii, futurorum publiea-
tiooes matrimonioi'um semper âeri debeut diebus dominicis aut
festivis iuter missarum solemniu non quidem cOntinuis, sed in-
terpoIatiB, cum autem super iis conceditur dispensalio, se se
ejusdem teuori alias claro conformabunt parochi, qui aliquoties
par annum suos parochianos docebunl, in quo cousistaut et
uiide proveniant gradus consanguiaitatis el afBnitatis, et in qui-
bu8 absque dispensatione contractum matdmouium sit Dullum.
6. Ubi nécessitas postulaverit preces extraordiiiarias aut
alia hujusmodi bona opeia iustiLuendi ad petendam pluviam aut
serenilatem temporis, arbîtrio et discrétion! paruchorum relin-
quimua hoc negotium, nihilominus anlequam suscipiatur, vicini
parochi inter se ae confèrent consilia, ut observata pari forma-
litate, murmura avertant, pnrnrthianos vero aediâcent, cauto
tamen, ut cum de do strorum mandate
in praefatum fioem "<vl ex in-
tègre exsequantur,
516
Hortamur plurimura RR. decanos, ut cum ex hac vita
disceduDt beDeficiati 6ui districtus, statîm scriptorum, tUulorum
et documeiitoruin bénéficia coucernenituni io se curam sumatit,
et ca JD tuto posita sint, prout etiain decessor Doster bonae
menioriae jam praeceperat ; si vero remotior sit decanus, id
oneria in se suscipiet propior parochus, de hoc tamea suuni
decanum quamprimum monebit ei rationeni redditurus.
Quia eo animum intenJitnus. ut Coustitutiones synodales
revidanlur, saepius in suis confereoliis cotloquentur R. parochi,
simulque coDvenient si et quid addendum, mutaadum aut espla-
nanduin sit uobisque desuper pro divini cultus incremento eL
fideliuQi spirituali emolumeiito ad auni finem per R. R. decanos
sua cetisa aperient.
Deuium optamus intime, ut beaeficiati tempus sibï con*
gruum eligant ad obeiinda semel lu anno exercitia spiiitualia,
quatenus ipimpedite annos antiques recogitare , aeternos in
mente habere, novas vires sumere, interiori dotnui dispouere in
Domino valeant ; et nos hisce eis dicimus ; In Domino valeant.
Quantum autem aemulemur, ut haec nostra mandata et
décréta illibate serventur, palebit es eo, quod iisdem simus ins-
tiluri et iuhaeiîun, liiuc miaime passuri, ut impune violentur.
Kam frustra conduntur leges, nisi observentur, ne nos iacasautD
et inutilUer veliemus curam nostnim impendisse, ut prodeant,
qu£e prodire aliter nolumus, niai, ut L-fficaciter prosint, nostrum-
que inde coQsequamur inteatum. Quapiopter bas nostras ordj-
nationes R. R. respective decani in prosima confereotia ex
occasione distributionis SS. Oleorum promulgabunt curabuotque,
ut incuDctantei' tôt earum fiant copiœ, quot requiruutur, ut
omnes parochi aliiijue beDeficiati uuam earumdem pênes se
babeaut. Quo circa omnino suadeudum quatenus qurlibet paro-
chus librum conRciat, in quo simîlia conscribantur, quo ipsi pro
re nata statim, quod quœsierint, reperiant successoresque facî-
lius de omnibus edoceri queant. Intérim omnibus benedictionem
nostram episcopalem permanenter imperlimur. Datum Friburgi
die 23 Martii I7Q0, >
Ces règlements disciplinaires s'adressent surtout au clergé.
Le premier soin de l'évéque était de recommander avant tout
la prédication, l'instruction religieuse et le catéchisme. Des
peines sévères furent statuées contre ceux qui ne rempliraient
I
517
pas leur devoir. L'administration de la paroisse et le mÏDistère
ecclésiastique feront l'occupatioo iirincipale du curé ; il aura
soin de faire les offices et les autres cérémonies religieuses
d'après les prescriptions liturgiques, il tiendra à jour les regis-
tres de l'église, il veillera à l'observation des fêtes et à la
sanctification du dimanche. Il se conformera aux lois de l'Eglise
pour ce qui concerne l'administration des sacrements, surtout la
pénitence et le sacrement de mariage, les fondations et les
messes. Il est défendu d'introduire de nouvelles fêtes; lâchasse,
I» pêche et la vente publique soat prohibées le dimanche. Le
clergé doit porter la soutane, il ne fréquentera pas les auber-
ges, il n'assistera pas aus repas qui se font à l'occasion de
certaines fêtes. Quatre fois par an le clergé se réunira (sans
doute par décanats) pour tenir des conférences ecclésiastiques.
On y fera la lecture des constitutions synodales, la conférence
pourra être suivie d'un repas frugal. Le clergé n'oubliera pas
de faire chaque année des exercices spirituels pour reprendre
de nouvelles forces pour l'exercice de son ministère. Comme
l'évéque voulut faire une révision des constitutions synodales,
le clergé devait discuter la question dans les conférences et
transmettre par les doyens à l'évéque son avis au sujet des
changements qu'il serait bon d'y faire. Quand un prêtre meurt,
le doyen ou le curé voisin doit prendre eu dépôt les titres et
les documents qui concernent le bénéfice.
L'évéque recommande à son clergé d'observer ces règle-
ments ; les doyens sont chargés de les publier en autant de
copies qu'il y a de prêtres. De son côté chaque curé doit
avoir un registre ') dans lequel il inscrit les règlements et les
ordonnances qui émanent de l'autorité ecclésiastique.
La mise en pratique de quelques dispositions du recès
de 1750, particulièrement de celles mentionnées au paragraphe
cinq, occasionna quelques difficultés, de sorte que l'évéque se
vit obligé de donner le 21 mai 1750 des explications et le
document suivant *) :
') Noas possédons an de ceis registre^i, (Bibliuthèque canlonale. Maa-
dementa et mandats épiscopaux 1690-1806).
*) Mandementa et mandais éphcopaux 1690-1806. ffupplément, fol.
I.
siâ
* Supervenit maûdatum sequens ad majorem et clariorem
explicatioDem priecedentts.
Josephus Hubertus de Boccard, Dei et SaDCtœ Sedis Apos-
tolJcœ gratia Episcopus ac Cornes Lausanneiisis, Sancti Romani
Imperii princeps, etc., etc., omnibua RR. DD. decaniâ, parocbis
aliisque Ecclesiarum rectoribus iiustrœ diœcesis salutem io
Domino.
Noveritis, nobi» diversjs e tocis relalum fuisse quod ex eo
tempore, quo Recessus nostri générales ad vos perveneruDt,
quidam e vobis eosdem qod recte, imo maie interprétantes, dum
alias in dubia a uobis resoEutionem petere debuissent (quod
quidem aliqui pro sua laudabili discretione fecerunt) juxta SBD-
sum suum privatum exsecutiani maudarunt, pra^scrtim circa ea,
quœ articulo 5'° continentur ac etiam in specie ratione aquœ
lustralis, ubi advertendum ergu volumus, prœceptum ejusmodi
non esse negativuni seu prohibitorium sed potius positivum,
quo prjescribimus, quibus de jure aqua hsEC sit porrigeuda, uec
ideo est iofeiendum, aliiti omnibus serio hujus modi defTerentiam
esse denegandam, nou enim nos, qui de parochorum nostrorutn
prudentia semper plurimum in Domino confidimus, omnia ÎQ
dictJs Recessibus, qui satis jam abuudant, sigillatim cl particu-
latim ÎDserenda, sed simili prudentia; plura etiam relinquenda
censuimus. Quare hic et uuiic dicimus, tum ad sapiendas, tum
ad prœcaveudaa dissentiones et quierimouias aquam bac lustra-
lem, habita ratione distinctionts et qualitatis personarum,
prorrigi iisdem posse, nec in hoc puocto scrupulis et anxietati-
bus ei prœdictis indulgendum esse. Non enim ferre possumus,
quod aliqui ex parocbis, qui, dum porrenere aquam benedictam
ei, oui do jure debetur, aliis in eodera scomne (?) certi gradus,
ordinis et distinctionis imprudeoter non porrexeriot, quod dod
absque scandalo factitatum iaaudivimus.
Hœc protinus per HR. decanos R. parochis communica-
buiitur, ut iisdem sese conformare valeant ac iisdem iDsistant
qufe autehac in suis respective parochiis cum œdificatioae pra- ,
ticala fuisse dignoscunt. Datum Friburgi, 21 Mail 1750. »
L'évéque a donné dans son recès, comme nous l'avooa |
vu, quelques prescriptions an sujet des fondations, des anniTer-
saires et des intentions de messe. Celte question fut reprisai
par lui en 1752. Il fit adresser, le 6 février 1752, pour obtenirl
les renseignements nécessaires, une circulaire ') au clergé, de
laquelle il ressort : * licentiam se habere a Papa reducendi
missas fundationum ad certum nuraerura, consideratis conside-
randis > ; il demande au clergé (ut hiec diminulio obtineatur,
nitide, specifice, distincte et ex ordine et in conscientia latino
idiomate notanda sunt sequentia) de répondre aux questions
suivantes :
* Num bénéficiât! habeant portionem cougruam quœ pri-
ŒOrdiali sui beneficii instrumento seu fundationi et erectioni
respondeat, necne ?
Au et quomodo capitale vel capitalia fundationum missa-
rum. qufb successive factœ fuerunt injuria temporum perierint.
An et quot uiissarum fundatarum ignoretur retributio aut
dubia videatur aul uod proportiouata oneri easdem cclebrandi.
Au et quot missB3 celebrentur, quarum retributio sit mo-
dica, quarum fuadatio uon fuit ab Ordinario approbata, de qua-
rum retributione limelur, ue brevi dispereat et amplius non
percipiatur.
Hegc il] QuadrageFiima mature ad R. decanum consigoata
tiansmittenda sunt, ut R"'"^ Episcopus pro sequo et bono domî-
nurum beneticiatoiura convenienti exoneratione ad prœfatam re-
ductioneni procedere valeat, Quœ quidem plurimum de nostra
convenienti discretione confidit fore, ut omoino eaveamus, ne
negotium boc in vulgus propoletur sed secreto eidem, prout
expedit. adlaboretur ».
Les réponses à ces questions nous font voir, que l'état des
bénéfices de la campagne laissait beaucoup à désirer au point
de vue de leur dotation.
L'évêque de Boccaid reprit la visite du diocèse en 1752');
il fit une seconde visite pendant l«s mois de juiliet à octobre
1753 '), qu'il continua pendant les années 1755 et 1756 *).
Nous ne possédons de cette seconde et dernière visite de Té-
vèque que les recès particuliers, insérés au protocole de la vi-
site. Jean Hubert de Boccard mourut le 29 août 1758.
') Mandements et mandats épiscopaux (1690-1806). Supplément, Fol.
19-20.
') Acta viaitationia vol. 17, fol. 205-252.
sassua a* 9.
A visiUtianiB vul. 17, loi. 252-271.
CHAPITRE DIXIÈME
htH visiteM pastoralo^t de l'évéque Jos.-Nic. de Honteiiacli
(1758-1782).
Le long pontificat de cet évéque ') distingaé a été {artile
en bous résultats; les qualités et les vertus de ce prélat, son
sMe pour la religion, sa prudence dans la tractation des a&ires,
sa science théologtque. la rectitude de son jugemeot et son
affection paternelle pour son clergé lui assureront une place
honorable dans les rangs des évfques de Lausanne. Nommé le
'i'2 novembre llbS h l'évéché de Lausanne, préconisé le 16
mars 1759 '\ Joseph Nicolas de Montenach ât son entrée à
Frlhourg au commencement du mois d'avril 1759. Dès le
8 aTTil il commença la première visite pastorale da diocèse *)
qui fut coDtinuée pendant les années 1759 et 1760*). Sa 17S9
il publia égalenteui des < Mooita ad coofcssariM > *\ qoi t^soi-
giWBt auianl d« son lèle pastoral que de sa coouÎHuee ém
«MF hiinaia.
Aprte U visite, i la date da 19 aars 17S1 B éfiu ka
i«oè« Bteérau sslvanta *), qai (orwt promlgnéa n woIê l'anil
et ift Mtee «Urée:
pakna» ».(&.&}; LiW BMfalMWB IV. (A. E.).
*» Tatv la tfaM ém MJwto râilfe (A«tt ' 'inli m nL H. M.
I
'1 Jus |rfB> vbteaiiafa « Afr. J
■ (Acca. «li. 17. M. sa-
— 521
€ Josephus Nicolaus de Montetiach, Deî et Sanctœ Sedîs
gralîa Episcopus ac Cornes LausanneOBiF, etc.
Absoluta tandem, Deo auspiciante et adjuvante, prima dice-
cesis noatrte non féliciter minus quam consolanter generali viBi-
tatione, prEeter ea quœ in ejusdem decursu, pro rerum exigen-
tia, ratione ac slatu ecclesîarnm, locorum et personarum spe-
ciatim ordinaviœus, aut etiam ulterius ordinare decrevimus, per
hosce nostros Receasus générales etiam ea significanda et decla-
randa transmittimus, quot ab omnibus RR. decanis, parochis,
rectoribus aliisque nostrœ diœceais sacerdotibus ac fidelibus res-
pective ad majorem Dei gloriam, Ecclesiœ utilitaLem et pro-
prîam proximîque sanctificationem sedulo observari et adimpleri
volumus districtim prtecipimus ac jnaudamus.
1. Quooiam domum Dei, ecclesias videlîcet, in quibus cum
hominibus habitare non dedignattir Altissimus, nitor ac inun-
dities, quam maiime deceat, singutis quindecim diebus easdem
per eos, quibus incumbit sedulo everri. arancarumque telis pur-
gari, ipsa vero altaria pulvere aliisque sordibus reverenti dili-
gentia etiam smpius emundari volumus ac prrecipimus.
2. Quatenus sancta sancte tractentur immaculato sacrificio
debitus honor ac reverentia eshibeatur, majorque in divina myste-
ria pietas fidelibus instilletur, eandem mundittera ac nitorem in
linteamînibus sacrisque vasis, qux peragendo sacrificio, asser-
vando viatico, oleîs aut recludendis sanctorum reliquiia insar-
viunt R'"* parochis aliisque quibus incumbit, maximopere com-
mendatos cupimus, mandantes, ut quotannis sacri calices de foris
lavent et sordibus expurgentur. Prœterea festorum solemnitates
divino ornamentorum cultu discerni volumus solemoiora solero-
nioribus, alia aliis adbibendo.
3. Curabunt etiam RR. parochi unumquodque altare tribus
mappis, prima sciticet ex tela cerata, média densiore seu gros-
siore ac tertia demum ex nitidiore seu elegantiore, eaque dili-
genter obtegi, prsestoque alias haberi, quec sordescentium loco
substituant.
4. Cum ex decreto in forma Brevis felicis recordationis
Benedîcti XIV Pontificis maximi aub pœna interdicti a sacerdo-
tibus, excoiiimunicatioDÎs vero a fidelibus incurrendœ, prohibeatur,
ne sordide niissarum retributionea paciscantur, bine nostrœ dïœ-
cesis sacerdotibus, ue missarum fundationes aut etiam retribu-
— 522
ttones manuales, nisi jtixta prffifîxam io dlœcesi nostra taxam '
rccipianl, serio inhiberaus.
5. Quoniam experientia constat, anniversarioruni aliarumqtie
tnîssarum fundos (idque plerumque negligentia) deperire ; nos
earum conservalioni prospicere volentes, horum scripturas et ti-
tulos prsecipimus recludi sub dupiici aéra, quarum unius clavis
pênes decanum respectivum remaneat nec aliquid oisi eo prse-
sente et ratum habeute extrahatur, nisi malit beuelicialus îa
suo ad beoeficinm ingressUj liorum cautionem sufficieotem
prœstare.
6. Atinulanius etJam et pro non introductis volumua haberi
cas consuetudines (quœ veii sunt abusus, ex quibus difficultates
in parochiis oriri compertum est), sisi eie prias a nobis fuerint
approbatœ, hinc damoantes usum exponeadt pelvim pro reci-
piendis in fideliiim defunctoruin sublevamen eleemosynis, votumos
modain religioite introductum eas intra missarum solemnia col-
ligendi diligentev servari.
7. Ânimadvertimus etiam maie consuti illegitimis, dum
nullo aut solo dato matris nomine baptizantur. Idcirco patris
nomen, statuoi et conditionem in libro ad hoc destinato dili-
genter annotanda et pro rccusantibus ad debilani in hoc obe-
dientiam compellendis ad baltivos aut atios jocorum dominos ;
imo etiam in horum defectum ad tribnnos plebis, quorum
officijs est talibus invigilare recurrendum esse, prœcipimus ac
intendimus.
8. Quatenus etiam familiarum statui, matrimouiorum digni-
tati meliUH quam hactenu? prospiciat (nullo saspe de contracto
matrimonio extante instiumeoto], prohibemus in virtute sanctee
obedientiœ, ne utius sacerdos cujuscumqiie gradus aut dignitatis,
nisi proprius mariti parochus sil, malrimoaiis beoedicere prce-
sumat et in parochia duntaxat sponsj eadem benedicenda con-
tendimus et concedimus.
9. Vetamus etiam efferri e loco quopiam defunctorum
corpora alibi sepelienda (non persolutis, quœ juris sunt parocho
loci et sic elata terrai mandari), nisi obtento prius scriptis ex-
presse prœdicti parochi consensu sub pœna interdicti ipso facto
incurrendi interdicimus.
10. Mandamua quatenua sepultura fidelium christiano ritu '
peragatur quatuor cereos compétentes a divitibus, duos vero a
fi28
pauperihus offerri in obitus, septimo, trigesimo ac anniversarto
obitus die accendendos. Optio autem parocbianis dabitur, quod
supererit retinendi, eo quidem onere, ut ecelesiœ debito et
cotnpeteDti lumiaari provideant, aut sub eodem parocho relin-
quendi, si vero illi jam aliunde prospertum eit, habebit residuos
parochus,
11. Prœdpimus R''"' parochis, ut intra curriculum Januarii
proximi exactum et accuratum hujus anni baptismorum, mortuo-
rum et matrimODionim catalogum ad nos transmiltaDt ; quod
aimiliter in posterum eodem mense singulis annis sedulo priea-
tabunt, ut eadem in librutn in archiviis oostris asservandum
referantur.
12. Noverint omnes nos nulli R'*" sacerdoti io posterum
pro beneficio animarum curam anoexam habeote sese prœsen-
taodi facultatem concessuros, nisi prius per annum in Semioario
propriœ iustructioni studuerit, aut per sîmile tempus vicarius
in vinea Domini laboraverît.
13. Tandem quoniara nihil magis status clericalis dedecori,
sacrorum mlDistrorum contemptui vergit ac cauponarum fre-
qaeotatio et exinde uascens ebrietas ; hinc prscdictarum iogres-
sum, Disi ex rationabilis itinens aut ministeriî causa omuino
vetamus et quidem sub pœna pro prima vice octiduanœ recol-
lectionis in domo exercitiorum ; pro secuoda cjusdem in pane
et aqua peragendœ, interdicti vero ipso facto incurrendi, si
priedictis non obstantibus tertio relabi contingat ').
Quatenus autem fasse mandata et décréta Qostra omnibus
quorum interest, melius inoteacanl, desideraturosque plane sor-
tiantur efTectus, maudamus ac injungimus admodum R'"' decanis
eadem in proxima conferentia ratione distributîonis aanctorum
Oleorum habenda competenter promulgare, 'otidemque copias,
sea transumpta fierî, quot requirunt, ut singuli e R'"' parochis
aliisqui! sacerdotibus sui districtus pênes se babere valeant,
quos in Domino cxhortamur ut in librum, cum heec, tum alîa
nostra mandata et statuta pro majori tum propria tum succes-
sorum utilitate ac commodo référant, sicque pro re nata quid
agendum sit facilius agooscant,
') Cfr. également la c
(Mandats el maDdement? â;
(Bibl. oant.)-
iilaire aiiregaée au clergé le 11 décembre 1781
3i>paux 1690-1806). Supplément 11, loi. 11.
524
Intérim ex perspecto omnium et singuloram RR. paro-
chorum aUorumque e venerabîli clero hujus diœcesis zelo ac io
DOS reverentia sedulam maudatorum nostronim observantiani
ultro et fiflucialiter pifestolantes apostolicam benedictionem pera-
manter imperliraus. Datum F'riburgi Helv. die 19 martii 1761.»
Ces ordonnances concernent en premier lieu le côté exté-
rieur de l'adminiiitratioti ecclésiastique : l'entretien de l'église,
des vases sacrés, des ornements et du linge de l'église-, elles
règlent ensuite ta question des honoraires des messes et des
offrandes lors des enterrements, il est pris des précautions
pour que les fonds des fondations ne se perdent pas. Les
recès contiennent des dispositions très sages relatives au
baptême des enfants illégitimes et à la bénédiction des maria-
ges. L'évéque renouvelle au clergé la défense de fréquenter les
auberges en statuant des peines sévères : il n'acceptera plus
pour les bénéfices avec charge d'àmes que les prêtres ayaot
passé une année au séminaire ou ayant déjà fait une année de
ministère. Finalement il demande à son clergé de lui envoyer
chaque année les registres des baptêmes, de mariages et des
décès pour être déposés aux archives de l'évëché. Ces statuts
seront publiés lors de la distribution des saiiites huiles et ins-
crits, comme il a déjà été prescrit auparavant, avec les autres
mandements et statuts dans un registre spécial.
L'évéque de Montenach entreprit sa seconde visite pasto-
rale au mois d'avril 1766. Le protocole ') de cette visite est
assez sommaire ; les recès gënéruux par contre, qui furent pu-
bliés le 31 mars 1767, sont d'une certaine étendue et d'un
grand intérêt. En voici le texte ') :
< Josephus Nicolaus de Montenach, Dei et Sanctce Sedis
apostolictc gratia epîscopus ac cornes Laiisannensis, S. K. 3.
Princeps, etc., reverendis decanis, parocbis aliisque e venerabili
clero. ac omnibus Christi fidelibus hujus nostrœ diœcesis Lau-
sannensis salutem in Domino sempiternam
Recessus nostros gène raies transmittimus vobis, fratres
4
') Acta visitationiG 1766, vol. 18, fol. 6-43] ; Mandements et mandats
épiscopaux (1640-1806). Sapplâmenl II, Fol. 13-lS. (Bibl. caot.).
*) Acta vJBÎtationis, vol. 1S, fol. 44-49; Mandements et mandata 1
(1690-1806), (ol. 195-223 et supplément 11, fol. 17-27.
B35 -~
cartsslml, fliii ditectisBimi, média complectuntur, qam juxta
eorum et rerum exigentiam, quas per decursum alterius nos-
trœ visitatioDis, Deo duce et auspice, féliciter peractti; animad-
vertimus et perceplmua, aptiora et tnagis opportuna fore duxi-
mus ad promoveDdum Dei cultum, majoremTe ecclesiastici
muneria dignitalem et decorem, Ëcclesiœ utililatem, fidelium
solalium et ealutem, ministerium fideliter adimpleodum. Unde
magaa cum Jiducia coufidimus fore, ut unusqutsque vestrum, pro
perspecto jam dudum zelo a inoata in nos reverentia, heec
décréta et mandata nostra ad UDguem, et pro viribus suis sit
observaturus, et ad plenos effectus deducturus, prout etiam
commendamus, sedulamque horum omnium ob^ervantiam omni-
bus et singulis, quorum interest, in virtute sancttc obedientîee
respective jubemus, mandamus et prfecipimus,
1. Masimam ad id curam adhibeant parochi, ut lampas
coram SS. Sacraniento t^ine intermissione diu noctiiquc ardeat.
2. Ut saltem serael in quolibet mense sacrum ciborium
puriâcetur ; et sacrée Ilostiœ, etiam illa quœ \a monstrantia in-
cluditur, paviter consumantur, et renoventur.
3. Quotiescunque facienda est expositio SS. Sacraroenti, ad
minimum quatuor cerei honesti super altare ardeant, quorum
duo saltem de cera dealbata sint.
4. Diebus dominicis et festivis, Missa parochialis seu so-
lemnis statuts hora exacte decantetur, scilicet in hyerae hora
noua, in œstate vero hora octava \ missa matutina ubi tiabetur
respective in hyeme média octava, vel hora septima, et in
festitte hora sexta précise legatur ; hyemem autem in ordine ad
faœc computamus a festo omnium Sanctorum usque ad Pascha,
Eestatem vero a Paschate ad dictum usque festum Sanctorum
omnium.
Singulis Dominicis totius anni instructio catechetica ad
Dormam catechismi in hac diœcesi usitati et approbati in eccle-
sia reguiariter instituatur ; Vespersc ultra dominicos etiam festi-
vis diebus, hora post meridiem pariter fixa in ils etiam locis,
ubi hic usus et consuetudo antebac non viguit, pariter decao-
tentur; illas autem de mane decantari absolute interdicimua,
nisi pro majorî pluralltatis commodilate aut ratlonabili de causa
aliquoties, sed rare iieri contiogat ; diebus hactenus semifestivis,
seu qui de mane festivabantur, remauet obligatio audiendi mis-
526 -
Batn, quœ juxta locorum et circODstantiarum exigentlam bors
magis opportuData celebrabitur ; de cetero libertas, seu facultas
laborandi relinquitur et coDceditur.
6. Volumus insuper et mandamus strictiro servari lauda-
bilem illum usum, quem quibusdam in locis neglectum esse do-
lenter advertimus, colligendi et exigendi shedas confessiODts pas-
chalis peracttc testes, et in hoc puncto sedulam parochis caram
et diligentiam summe commendamus.
7. Quoniam muftis argtimeotis compertum est, io illis pro-
cessionibus ad longinqua fieri solitis varia oriri scandata, pturi-
maque perpetrari, qu£e ad iram Dei polius accendendam quam
Hectandam ejus misericordiam, et ad eiercitia retigionis deri-
deoda melius quam reverenda sunt aptiora, ejusmodi supplîca-
tiones seu processiones omnino interdictas et inhibitas impos-
terum volumus ; illas duntaxat permittentes, quae ratlonabili de
causa iDtra limites parochiae, vel ad locum viciniorem instî-
tuuntur, ex quo ad ecclesiam proprîam, et îd ordiae reverti
supplicantium cœtus possit facile ').
8. Quilibet parochus, gemel ad miDimum per bebdomadam,
scbolas quEe in districtu parochiali babentur, sedulo visitabit,
diligenterque de methodo qua instituuntur, de earum utilîtate,
fructu et frequentia inquiret et perscrutabitur ; decaoi verO|
exactœ hujus puncti ohservantiœ invigilabunt.
9. Couferentias ecclesiasticas seu decaoales ad minimam
quater io anno haberi et institui prœcipimus, in quibus quisque
ad turnum juxta ordinem sine confnsione successive proponet et
discutiet ihesim seu quœstionem înJuDCtaai de casibns coDscientiœ
in officio pastoraJi occurrentibus, seu de recta Sacrauientoram
admiDistratione, aut muuerîs pastoralis adimpletîone servantes
ordinem, eaque omnia qiiœ ex constanti usu introducta, aat
nostris antecessorumve nostrorum decretis et ordiaatïonibus
prxscripta sunt. Quotquot autem sine légitima causa ab eis ab-
fuerint, de qua pra^oionendus sit decanus, toties decem baceos
in muictam sine remissione persolvet pauperibus illius loci, in
quo habita fueril conferentia per parocbum distribuendoa et!.
dispeDeandos.
I
') Voir aussi lea ordonnaaceB du 13 juin 1767 et du 19 avril 17(
(Mandements et mandats). Supplément 11, (ol. 28-29.
10. Factam de hospitiorum ingressu înhibitlonem renova-
mus et de novo confirmamus, etiara sub eadein pœna suspen-
sionis nobis reservatae, et ipso facto incurrendœ, nisi ratioiie
miaisterii pastoralis, aut gravi de causa id fiât, nec licitum sibi
putent, domum ab itinere revertentes, \a hospitium domicilio
suo mediie horse vicinum ingredi, sed talis ingressus potius in
fraudem legis fieri prscsumitur ; Domine autem hospitiorum hac
JD parte comprehendi volumus dotnos illas, ex quibus pendent
hedera vini vendibilis sigaum, et in quibus hospites ad pernoc-
tandum suscipiuntur. Item hortos cauponis continguos vei ab
iis dependentes, et hortensia umbracuJa, seu nebularia, vulgo
les cabinets.
11. Aliquoties in anno parocht prœcepti iltius, quo subditi
ad prœstandam principi suo tum ecclesiastico, tum civili seu
politico, reverentiam, obedientiam et Sdelitatem obligantur, na-
turam, vim et substantiam tum in concionibus, tum in cate-
chesibus ex professo ovibus suis explicare et demonstrare non
omittant. Sedulo etiam invigilabunt, ne libi'i hecretici, perniciosi,
suspect!, aut maie de religione, eeu bonis moribus tractantes,
introducantur, et irrepant quos autem ejusmodi notx deprehen-
derint, secluso omni respectu humano ociua igni tradaot, vel ad
nos transmittant. Pari etiam sedulitate curabunt parochi, ne fa-
muli aut anciilœ ex suis respective parochiis apud acatholicos
famulentur vel inserviant, ue propter vile lucrum SBternam ani'
mœ suœ jacturam patiantur. Item, ne parentes filios suos ludi-
magistris diversas communionis instruendos tradant aut traos-
mittant, crebriusque inculcent districtura parenlibus subeundum
fore judicium, atque animam pro anima reddendam, si proies
suas tanto salutis amittendie periculo exponant.
12. Omnibus viribus concntur parochi impedire nocturnas
compotationes, excursiones, conventiculationes, confabulationes,
conversationes et colloquia inter personas diversi sexus, et sse-
pius etiam contra ejusmodi maJa, pericula et damna pro suo
zelo ex cathedra fortiter invehi, minasque divlni judicii auribus
discrète intonare, arguere, obsecrare in omni patientia et doc-
trina instare, oportune et importune cum discretione non ne-
gligant.
13. Bis autem in mense parochi populum commiEsum
sermone aut concione elaborata, non tamen ultra dimidium
— 528 —
horte protracU instruant et alloquantur ; in aliig vero duabus
clominicia meditatioDem iastiluant, vel proDura cum pstbetbica
Epistolaî seu Evangelii coDcurrentîs explicatione habeaot , et
conjunganl. Subinde etiam haruiu toco, in adversis priesertim
tempestatibus, aut propter difficilem ad ecclesiam a œeridie
reditum, catecheticam instructionem de mane substitui conce-
dimus.
14. Plurimum Dobis placuit laudabilis ille multis io locis
iutroductus U3US et consuetudo, preces vespertinas iu eccleeia
vel sacello publiée persolvendi, et campaua signum agoniœ
daodi; atque ut ad banc salutarem praiiio ubique introduceDdam
aut servandam magis incitentur, parocbi et fidèles quadragîuta
dieti de vera indulgentia in forma ecclesiiB consueta ad dies
Qostros, seu vita nostra durante iu Domino elarglmur et cou-
cediiDus omnibus Christi iidelibus, qui loties quoties huic ves-
pertiuo pietatis exercitio dévote interfueriot, aut ad sonitum
campaHŒ pro agonizantibus ter Pater et Ave pie recitaverint.
15. Ad declinandos seu tollendos quos alicubi jam gras-
SBDtes adveitimuH abusus, piasque fidellura voîuntaies melius
adimplendas districtim mandamus et prœcipimus, ut ad singulas
angarias, seu quatuor aani teinpora, parocbi rationem îneant ot
exigant collectas pro auimabus defunctorum, ut dicitur, ab iis
qui ejusdem curam habent, oblationes ad coDgruam missarum
iuditate legendarum retributionem dividant, tertiamque earum
partent ^acellano seu vicario loci, ubi fueiil, distribuant, duabus
aliis tertiis sibi seu parocbi reservatis, et desuper justis de
cauais nobis oppiime notis omneni et qualemcunque de iisdem
quomodolibet disponendi facultatem laicis seu gubernatoribus
vutgo dictis tollimus, adimimus, et si quœ coucessa est, revo-
camus.
16. QuoDÎam ex sublata fundationum assecuratione seu
assecurandi facuttate capitalia de quotidiana deperditione aut
diminutione periclîtantur, omnibus parochis aliisque benefïciatis
omnino prohibemus et interdicimus, ne utiam anniversarionim,
aut similis generis fundationem ad perpetuum admittaut, sed
pro re nata, et illo duntaxat tempore que per diligeotem admi*
nistrationem redilus iinnui jiercipi poterunt, et quidem hoc
etiam non minori stipendio, qiiam bactenus per nos aut aote-
cessores nostros determlualum fucrit, scilicet, ut fundatio et
i
529
libet Missfe sine caatu ad libitum quoad diem et locum sea
aram referai retributionem, seu redituiii decein batzeoium pro
caDtore seu cantoribus ; Missae vera ad diem et locum fisum,
aut extra parochiam duodectm batzeorum cum dimidio ; Missœ
denique cum cantu viginti batzeorum pro célébrante, et duorum
insuper batzeorum pro cautore, iea caoloribus. Maadamus prEe-
terea, ut cujuscunque fundationis imposterum faciendœ litulus
seu testimonium vel instrumentum scriptotenus ad dos vel suc-
cessores nostros traiismittatur, quateous approbatione uostra
firmari, et in archiviis noatris ad cautelam inacribi posait.
17. Quoniam in decursu visitationis nostric advertimas,
non observatum fuisse, quod de recludendis sub duplici sera vel
clave beneficii sui titulis prœscripseramiis ad sapiendas et prœ-
caveodas in administrandis fundatioQum capitalibus iiegligentisc
et incuriffi notas seu quœrelaB, injungimus et prœcipimus, ut
omnes et singuli parochi aliique beneficiati, speciticam, distinctam
et accuratam omnium et singulorum beneficii sui litulorum et
proventuum annuorum notam scriptoteDus inlra decursum anui
priEseotis in commentarios archivii uostri refereudam et inseren-
dam transmitlant ; dumque accepta: pecuniœ ad ceusus aunuos
erunt de novo collocando, nonnisi sub solida sponsiODe seu fide
jussioue id perficiant, illudque prœterea in scripturis vel instru-
mentis dîligenter inseri et specifiari facianl, undenam datte pecu-
niœ proveniaut, et a quonaui, et sub quo onere sint datœ et
acceptât^, quatenus data occasione pro reductione Missarum,
seu onerum ad tectam normam facienda sufficiens, et justa
haberi possit notitia et cognitio.
18. Quotannis, nisi es constanti usu ad tricnnium mo3
invaluerit, exactaœ redditionem pecuniarum rerumque omnium
ad confrateroitates spectantium, qui illarum administrationem
gerunt, coram proprio respective parocbo, qui qua rector earun-
dera ejusmodi rationes seu computa in librum ad id specialiter
destinatum, et in archiviis ecclesiie asservaudum inserta et ins-
cripta subscriptione manu propria approbabit, ut status ex-
pensarum et proveotuum facilius dignosci valeat ; quod idem
circa ea, quœ ad fabricas ccclesiarum attiuent, observari volu-
mus. MemineriDt etiam, nemini sub quocunque prietextu lidlum
esse, donatiunes, seu oblationes vel reddîtus, aut res quascunque
confraternitalum, vel ecclesiarum temerario ausu iuvadere, aut
530
sibi apiiropriare, ve! etiani propria auctoritatc, et sine specialî
nuBtra liceotia ad alios usus, quam fueriot destinati coovertere;
quicunque eniro horum alterutrum attentarint, pœnas a sacrts
CanoDibu» conslitutas se incurrere noverit, qusp de quibusconqne
donatioDibus vel oblatioaibus ad pias causas factis intelligenda
SUDt.
19. DoleDter percipimua id factuin fuisse, ut quidam ex
domo orationis negoiiationis quodammodo facientes jus, specialem
sibi locum sepulturœ seligendi, seu ^camna erigendi In ecclesia,
imo etiam in ipso sanctuano, quoil unice sacris minislris et mi-
uisteriis reservatum est, pecuuia emeriui atque vendiderist,
taie commerciuni decretis Conciliorum adeo coutrarium peDÏtus
tollere volentes, omoino înterdicimus et prohibemus, ne quia
prieter fundatores, scamoum sibi aut sute famillii! specialiter
destinatum in ecclesia, multo minus m ipso ecclesio' cboro erigere
aut recludere possit ; interdicitur pariter appensio seu expositio
truDci, aiias vasis ad excipiendas fideliura obtationes destinât! in
ecclesiis aut capellis facta vel facienda sine licentia nostra peca-
liori in scriptis obtenta.
20. Summe commendatur parocbia ut ciraeleria debîlo in
nitore servata undequaque muro cingantur, ne pecora introire
valeant, et ossa defunctorum in osuario recluse reponantur. ne
bine inde dispersa relinquantur.
21. Parochi prœterea, sacellani aliique e ven. clero sub
exordio mensis decembris decanos respective moneant, quotan-
nîB de procurando directorio officii divini, ne isti plura j'usto
numéro sibi comparantes superfluis graventur expensis ; alias
qui id efGcere neglexerint, ad justam directorii solutionem irre-
uiiscibiliter rependendam teneantur, sive illud accipiat, sive non.
In inscriptionibus, extractis vet testimoniis baptismorum,
matrimoniorum sine ulla correctione, immutatione aut imminu-
tione methodus seu forma illa accurate servetur ab omnibus,
quie in syuodalibus constilulioaibus prœscribitur, pra^termissisque
altioris styli pbrasibus et ambagibus, clariores et usitatiores ad-
hibentur termini, et insuper ipsa subscriptio vel signatura im-
médiate succédât ipsi testimonio, nulle relicto spatio intermedio,
nequid ex malitia vel errore interscribi possit. Si quid autem
in ejusmodi inscriptiouibus vel extractis immutandum foret, ad
nos scripto vel viva voce recurratur, ul quod pro re oata op-
531 —
portunum fuerit, coacta etiam, si res exigat, synodo dîœcesana
staluere et decernere valeamus.
Âtque ut prfpDiisRa melîus innotescant, faciliusque prEcsti-
teolur, et ohaerventur, prout in virtute sanctœ obedieDtiœ ob-
bervari jubemiis, manâanius et prœcipimus de verbo ad verbum
in proxima conferentia ex ratione distributionis sacrorum oleo-
rum habenda, legi, totque copias seu transsumpta quae in li-
brum ad similium inscriptionem destiDatum per totum inserantur
fieri volumus, quoi requiruntur, ut iinusquisque pênes se habeat,
et omnibus quorum interest i^ufficienter innotescant atque ne Îq
oblivionem, aut in non iisum devcniant, decani sedulo invigila-
bunt, quod pro metiori bono in Domino commeodantes, et de
vestra pietate et /eJo tiduciatiter praestolantes apostolicam bene-
dicticnem permanenter impertîmui-. Datum Friburgi kaiendis
Aprilis 1767. »
Ces recès contiennent des dispositions ît des ordonnances
dignes d'être notées, A côté des recommandations usuelles con-
cernant l'entretien du mobilier de l'église, l'évêque exige que
les oISces se fassent à des heures fixes i les vêpres auront lieu
les dimanches et les jours de fêtes à une heure de l'après-midi.
Il est défendu de chanter vêpres déjà le matin, à moins qu'il
y ait des raisons suflisautes. Tous les dimanches se fera après-
midi une instruction catéchétique, ou, en cas d'empêchement,
le matin. Deux fois par mois le curé fera, le dimanche, un
sermon en règle et deux fols une homélie. II y a obligation
pour les fidèles, d'entendre la nnesse aux demi-fêtes, jours
auxquels il est cependant permis de travailler. Gomme certaines
processions, qui se font au dehors, ont donné lieu à des abus,
les processions lointaines sont défendues. L'évêque recommande
beaucoup l'usage, qui existait dans certains endroits, de faire le
soir, dans les églises ou chapelles, des prières au son des clo-
ches \ il accorde une indulgence à ceux qui y prennent part.
L'évêque rappelle au clergé ses devoirs : visite des écoles, con-
férences décanales, surtout l'obligation de veiller au bien spiri-
tuel des âmes, qui lui sont confiées. Ils auront soin de deman-
der aux paroissiens leurs billets de confession, d'empêcher la
lecture de mauvais livres, de ne pas tolérer les réunions noc-
turnes. Ils chercheront & éviter que des personnes de leurs
paroisses n'aillent eu service chez des personnes de religion
5S3
différente et qu'on ne confie pas l'éducalfon des jeunes gens à
des maîtres non catholiques. Le clergé lui-même donoers le bon
exemple, en omettant de fréquenter les auberges ; il s'acquittera
consciencieusement de aon devoir, de veiller à la conservation
des fonds et des fondations qui sont iualiénables et de suppri-
mer les abus, qui pourront se trouver dans radministration des
biens ecclésiastiques. Va inveutaire des titres et des revenus
annuels de chaque bénéfice sera fait et envoyé à l'évêché, pour
y être déposé dans les archives. Les placements d'argent ne
pourront se faire que sur bonne garantie; la reddition des
comptes aura lieu chaque année, on tiendra un registre des re-
cettes et des dépenses. Les doyens veilleront à ce que tes re-
gistres de baptême, etc, soient en règle; il est défendu d'y
faire des changements sans l'agrément de l'évêché. Finalement
l'évoque défend d'enterrer à l'église et d'ériger des monuments
funéraires dans le chœur de l'éylise ; en sont exceptés cependant
les prêtres et les fondateurs des égliseij.
Ces ordonnances seront publiées et inscrites dans le re-
gistre des mandements de chaque paroisse.
Les années suivantes l'évêque revient dans des mande-
ments spéciaux') sur certains points, dont l'observation laissait
à désirer, entre autres la lecture de mauvais livres, et la clan-
destinité des promesses de mariage, etc.
La troisième visite pastorale de l'évêque de Montenach
eut lieu en 1773 et 1774. A la date du 20 mars 1773, l'évê-
que annonça la visite par une lettre circulaire au clergé, et le
4 juin 1773, le Conseil de Fribourg °) désigna le représentant
du gouvernement, devant accompagner l'évêque dans sa visite.
Le texte de la « Indictio visitationis > est le suivant ') :
< Josephus Nicolaus a Montenach, episcopus Lausannensis,
etc. Plurime reverendis Dominis decanis, parochîs aliisque eccle-
aiarum rectoribus nostrae diœcesis benedictionem nostram et sa-
lutem in eo, qui est omnium rera salus.
lisdem vos, fratres dilectissimi, quibus Âpostolus Corin-
') Voir mandata et litter» pastorales II (1759-1B35), n' 1 poup les
années 1771-73 : Mandementa et mandata épiscopaux (1690-1806), fol. 50-61.
') Manoal du Conseil du i juin 1773.
') Acta viBitationia, vol. 18, (cl. 50-61.
i
533
thioB, atloquiinur verbis') : etsi corpore absentes, apiritu tamen
vobis tûtique gregi noBtro praeseotes coutinuo sumus, novimus
quippe ex Augustino : nos quidem propter nos esse cliristianos,
propter vos autem praepositos, optime exinde conseil totius sol-
licitudinis qua ex mente SS. Canonum, vobis ovibusque com-
misssis debemus bonos mores tueri, pravos corrigere, discipli-
nain ecclesiasticam fovere, popiilum exhortationibus et aduionl-
tionibus ad religionem, innocentiam, pacem unionemque cum
pastore conservandam, acceodere, totidem sunt inunera a Deo
dignitati nostrae episcopali imposita, quibus ut faciamus satis
médium apprime congruum atque a primaeva Ecclesiae iustitu-
tiooe traditum, nobis suppeditat renovatque Tridenlioa syiiodus,
dum diœcesium sibi concreditarum visitationem episcopis omni*
bus praecipit et mandat. Porro a quo praesens debituoi non
fuimus assecuti, septimus jam elabilur annus, boc igitur Deo
favente, diœcesim nostram perluslrare sacrosque visitationum
fines adipisci decrevimus studebimusque. Veniemus autem ad
vos, fralres carissinii, ut patres ad dilectos filios, bono vestro
apirituali consulere intendentes, ut rainistri Dei Sacramentum
coufirmatioDis administrantes, ut pastores mitissimi, non vos ar-
guentes, sed comonefaci entes in Christo Jesu, ut judices beni-
gni, vestras, si quae, quod absit, dentur, popuJisque vobis sub-
jecti quœrimonias bénévole excipientes et amice componeutes.
Quare vos omnes, fratres carissimi. rogamus atque requirimus,
quatenus commuDO votum et communem nobiscum prosequa-
mini orationem, ut opus hoc ad raajoreni Dei gloriara, anima-
rumque salutem iostitutum, féliciter consumatur, de tempore
autem adventus nostri, de observandis circa Sacramentum con-
lïrmatioDis, nec non de aliis dispositionibus ad salutarem et pro-
ticuam visitationem requisitis , parocliianos vestros doceatis ;
alterum quod absolute prohibemus et in virtule sanctœ obedien-
tiic inhibemus, est, ne in parandis prandiis et cœnis, inutiles
fiant expensœ steque populus vosque ipsi maie gravemiui. Volu-
mus itaque et mandamus vobis, fratres dilectissimi, ut solum
victui neccssaria cum omni moderamine cito et sine longa ex-
pectatione prœbeantur, memores illius decretorum TridËDtinorum
effati : curabunt visitatores, ut uullam visitatis molestiam exbi-
— 634
béant, se<I christianœ frugalftatia et, modestiîe exemplum atque
ut cuncta sint soif sapienti Deo per JeRiim Christum cui honor
et gtoria in stecula sœcutorum. Datum Friburgi, die 20 martii
1773.
La visite pastorale eut lieu à partir du 25 avril 1773 et <
dura jusqu'en 1774'); parmi les recès particuliers nous men-
tionnerons ceux du décanat de Bourgogne ^) et de IVglise col-
légiale de Si Nicolas à Fribourg "). Les recès gënéraux, qui fu-
rent publiés après la visite, portent la date du 25 mars 1774
et sont les suivants ') :
Josephus Nicolaus a Montenacb, Dei et Sanctee Sedis
Apostolicœ gratta, episcopus ac cornes Lausaunensis, sancti Ro-
mani Imperii princeps, etc. Reverendis dooiinis decanis, paro-
chis, ecclesiarum rectoribus, sacellanis totique clero nostrœ
dlœcesis, salutem et benedictionem nostram.
Absoluta est diœcesis nobis concreditœ perlustratio cursus-
que consummatus. Jam ad vos. fratres carissimi, coavertitur
sermo uoster, vosque verbis Spiritus sancli adioquimur. Vidi-
mus opéra vestra et charitatem. novimus minisleria. patientiam,
et opéra vestra novissima plura prioribus, et ita novimus. fra-
tres domini, ut nos non seepius quam gratins in decursu labo-
rum nostrorum recreaverit vestra in moribus gravitai, in doc-
trina pletas, in sacramentis admiDistrandis solertia. in pascendis
et regendis populis assiduttaa, quœ est enim nostra spes aut
gaudiuni. aut gloria noslra ? Nonne vos ante Dominum Nostrum
Jesum Christum estis ? vos inquam, fratres carissimi, quoratn
speciosi pede9 cvangeliz^intium pacem, evangelizantium bona,
gr&tias itaque cum Apostolo agimus Deo, semper meraoriam
veïtri facientes. eo quod ministerium vestrum honorificetur, et
virtutibus quœ Tlmolbeo commendantur ornati plerique vestran
conspiciantur et priediceatur. At, fratres carissimi, ia agro J
Patriii familias, iu wedio trilici apparent identiilem zizania, quee (
inimicQs homo superseminat, et vinea quam Apollo rigavit, ^àl \
') ÂcU visiUtioDis. vol 16. Fol. 51-123-
') RecessQs. n* 10, 11.
*) MaudemenU et mundata (1690-1800). toi. 83-86.
') Rec«ssiis geoâralea de anno 1774 (AcU visiUUouîs, vol. U, |
1U-3S: Recessua, u' 10. Il; M&udeineuta el uianjats il690-1806), blS
l-!0): GeisUiclien Sachen(Arch. â'Eut) u* 539.
535 —
etiam labruscas nostris curis et vestro subsidio. fratres carissimi,
evetlendas. Putanda, fodienda ac sepibus ciicumdanda uobis
vobieque incumbit hiec ip^a vjnea, nec ab opère desistendum,
doiiec exhibeamus Christo gloriosam ecclesiam, non habenteiu
maculam aut rugaiu, sed ul sit saucls et imraaculaLa, huic tnu-
neri et officiu facturi satis, fratres carissimi, et iolimo discipliaic
ecclesiasticie fovenda desiderio adfecti prœter specialia, quse cui-
libet parochiœ transmittentur décréta, generalia quiedam staluta
pro tota diœcesi edenda duximus. Vestrum autem erit, fratres
carissimi, qui io sorte DoiDiai, et ia parte sollicltudiuis uostrœ
vocati eslis, eadem exequi et in praxim dedueere, quod etiam
nobis sperare licet utpote obedientise innixis vcstrœ.
De antiquis mandatis. Antecessorum nostrorum mandata
et statuta, iu quibus iis non fuit derogatum per cootrariam le-
gem aut consuetudinem légitime prfescriptam nostraque liacte-
Dus édita confirmantes et rénovantes, ea vere observari et
executioui demandari volumus ; frustra enim conduiitur leges, si
imputie violeutur ; unde prEecipimua omnibus et siugulis paro-
chis et capellanis, ut in domo presbyterali liber asservetur, cui
mandata uostra pricdecessorumque nostrorum itiscribaut, sibi ac
suis succesEoribus maximo emolumento futurus. Cuvfc et cons-
cientiœ RR. DD. decanorum articulum hune comittimus, maa-
dantea iisdem ut intra annum prtesentibus acceptis experiantur
et no» edoceant, an singuli libro prcescripto mandata nostra Jn-
beruerint, pœaa nobis arbitraria negligentibus iiifligenda.
De inscriptïonibus haptizatorum, conjugatorum et mortuo-
rum. Untfonnitate nibii amabiJius nec utilius, illa res ârmantur
et stabiliuntur, quare tantis diversitatibus et phrasium multitu-
dini, quœ in baptismorum, coajugforum et mortuorum inscriptio-
nibus occurruDt, viam occlusuri, exemplar hic subnectimus ab
omnibus fideliter sequendum.
Suivent les formulaires pour les registres de baptêmes, de
mariages et de décës.
Quod ut facilius et exactius in praxim deducatur, BR. DD.
deCBuls injungimus, ut singulis annis libros très de baptizatis,
coDJugatis et mortuis sibi adferri a parochig sui districtus curent
illosque perlu^trent omnia ad amussim redacturl.
Si autem extractum baptismi, mortis, vel matrimonij exi-
gatur, sequenli iiielhodu extrahendum illud volumus, qua nie-
thodo jam pluiimi sapientissime utuntur,
536
ETtractum e libro baptizatorum, roortuorum tum conjuga-
torum ecclesiœ parochialis S" N". N., loci N. N., diœcesis Lau-
saoDensis, cantonis Friburgensis in Helvetia, tune de verbo ad
verbum describendus venit ipse actus baptisnii, etc., prout registris
inscriptus deprehenditur. Dein additur quod prx.iens extraclum
sit conforme original!, a quo de verbo ad verbum fuit desump-
tum ; testor infra scriptus in domo parochiali dicti loei N, N.,
die N. N., mensis N. N., anno millesimo, etc.
N. B. 1° Nomea et cognonem parochi apponenda eunt
proxime ad ultimam lineam ne aliquid ex malitia interseri queat.
2" Paginfc singulœ librorum, quibus iiiscribuutur baptizati,
mortui et conjugati, notis arithmeticia exacte sunt coiiBignaiidie,
quatenus si folium quoddam evellatur, fraus et dolus agnoscî H
puniri valeat.
30 Status hominum ac bona fortunie scepius ab attestatione
baptismi, matrimonii parenlum ac mortis pendent; magnam
ergo diligentiam adbiberi pr^cipimus in conticiendo duplicato li-
brorum baptismi, morlis ac matrimonii, qua diligentia fatales
plerique casus prœcaveri poteruni ; quare mandamus omnibus et
sîngulis DD. parochis, quorum libri seu originale, seii exemplar
n nostra visitatione a nostro secrelario visa non acceperunt, uc
intra lapsum unius auni, a data priesentium computandi, illos
m ordinem redigant, et ita redactos nobis exhibeant, sin minus
pœna nobia arbilraria et înterdicto punienlur. Prœterea cogno-
mina baptizatorum in margine librorum apponi et annotari
mandamus.
De sponaalibus et matrimonio : 1° Eccteaiœ prœceptis suua
honor habendus et quœ illa jubet, exequenda. Nuilua ergo paro-
cbua aut clericua aliua matrimonium e catliedra publicare présu-
mât, niai coram se facta fuerint sponaalia, vulgo fiançailles, vel
coram alio presbytero factorum apouaaiiura certum et scriptum
habeat indicium, seu dein dispensationem a duabua publicatio-
nibus a nobis obtinueriot aponsi aive non, si autem aliter 6at
incurretur interdictum.
2" Jurium et priceniiuenliarum cleti eecularis super ordiues
monasticos et rellgtosos continuo memores et ii^dem conservaudia
intenti, districtisairae prohibemus, sub pœna arbitraria et irre-
vocabili, ne quisquam a RR. DD. parochis llcentiam imperlJatur
ullj individuo reJigioaorum benedlctionem nialrimunialem cunce-
II
637 —
dendf ; sed ai estra propriam parochiam conjuge!; benedicaDtui
aut etiam in propria parochia a sacerdote seculari id fieri prje-
cipimus.
3° Nullus G clero seculaii vel regulari ullam benediclionem
in ulla parochia et loco iiostrœ dicecesis quocunque ex pretextu
elargiri attentet, nisi prius sciipto vel oretenus a parocho iIJiuB
loci concedatur hœc potestas. Si dB exorcisrais, maleficiis et
spiritibus immundis, etc., agaïur, nec clero sîeculari nec regulari
id liceat nisi obtenta a nobis facuMate.
De mis8<B sacrifidia et anniversariorum stipendiis. 1° Sa-
croruni canonmn decretis et eccl«sraHticœ decentise obsecundari
desideramus ; bine sub pœna interdicti ipso facto incuirendi,
vetamus et prohibemus omnibus sacerdotibus secularibus et re-
gularibus, ne ceremoniis ecdesiasticls iiti processionibus inter-
sint aliter^ quani veste tnlari et oblonga induti. Nec aliter ad
aram fuciant seu in parochia propria fuerint seu extra illani,
nisi iter conficiant duarum leiicarum distans a domicilio suo. In
urbe vero FrlTaurgensi et aliîs notrse dicecesis oppidis nuUa ex
cau«a Hcebit sine toga oblonga celebrare.
2° Taxa omnium anniversariorum et fundationum, quœ
sacrum legeodum singulis annis imiicant. erit in posterura se-
qiientis tenoris et praicepti ; si sacrum decantandum fuerit, vi<
ginti et unus bazeus ex censu annuo exigelur pro célébrante et
duo pro respondente.
Si vigiliie cum sacro decaatentur, sumuia capitalis erit
60 sBxagînta coronatorum, es cujus censu annuo, quinque bacei
concedentur respondcnli. Si missa legenda nec diei nec altari
determinato sit préfixa, summa capitalis 10 coronatos ; si au-
tem diei aut altari inhaereat, duodecim coronalos et dimidium
constare débet.
Si autem matutinum integrum cum laudibus et missa de-
cantanda injungantur, summa cajntalis centum coronatorum ab
hieredibus erit constituenda, et ex ejus censu annuo oclo bacei
tradentur respondenti. Insuper nolandum voluraus. oullam fun-
dationem in perpetuum esse acceptandam, sed solum 600 anno-
rum lempore, qno taxa prirtixa solvelur, eoquod nec hypolbeca
nec asseciiralio perpétua ex ilhistrissimi magistratus decreto exigi
possit. Si ergo absque parochi iiegligentia aut incuria summa
capitalis vel in toto vel in parte tlepeidatur vel nullum ulTerat
538 —
ci>n!'uin, rcsKDt riuixiuc v<<1 In toto vol in parte debilum exeqaendt
fuiHlntlonom, l'ia'tcu-a exacte nbservari volumus, ut nulla fun-
(latiii A IIK. DI), parorhis vel Bacellanis recipiatur, nisi prius a
noblH auccptata, lala el libris funilationiiin ept^copatus inserta
fuerit -, iimlv osomplaria fundatlonuin faciendarutn imposterum
nabis tran^inittl omnino jubciuus.
Querimonias piurium RK. Dit. parochorum audivimos et
Mcppiniua, qui non slao causa exi^timant sibi imponi jugam oi-
niU (luniui relaie ad modicitatem reddituum beneficialium, dam
pro parnclilanls vivis et ilefunclis applicationem mieste singalis
dirbiiN dominicls et festis ex mente Conslitulionum Apostoiio-
runi fari^To (cuentur. Jusia' nobis vi?» sunt bie querels, et de-
alderii» vestris consulere voleutes, fratred carissimi, Tobis noti-
Aramu!;, nos ad Summum Papam nostrum Clemeotem X[Y
scripfiive pro obtinenda ab hac lege saltem diebus festlTis exeap-
iww ; r«(i|H>n»um romanum qualocunque démuni fntoniB sil,
vobi» traasnittMnns, iulcrim in adimpletione praecepti nsqae aà
UM tmpils vos Krf^iv toIbums.
Dt tmtfitUis. UvèibilU ex ib qnae apparent, ol aft,
Àpostolas, tetdlflcta coBspkJaBtar et ad pietatem intenaa ex-
ttrans dMOr «t aitor maiinvB cet iMâUBeotaa. Nobis crsi
■MXhM tocvmbit coBKcB^ftda o«Btt«s K&. DD. psncUs «t
xclariari» rectxribss taa lftti« qaua refectm Katcona
MCf*» «iH>«U*ct^ (j«si|M dUipat mtntns» per se vd po-
Mas ^ 4» jare tnwatar, taneaJa. Qm4 mt nt« al
yaNMMar, ttluMB. m éacui Mstri la sa* tàtxittm
! p«r aa TCl per aliam piutHaia»
H éewKi stata rmrnia/bÊr, et a
I
nhi bibliotheca datiic, Id pvaestare hucusqae muiti lergiversati
Eunt et adhuc tergiversantuc ; iterura ergo niandaraus et jirae-
cipimus, ut in virtule sanctae obedientiae ac muleta arbitraria
quod hacteiiuB fuit dilatum diutius iiod difTeratur, sed fideliter
mandati nostri executio procuretur.
Pe scholis. Praecipimus praesentium tenore id virtute
saoctae obedientiae, ut RIi. DD. parochi Haepius, id est ter qua-
terve in meose scholas suae parochiae visitent, methoduin do-
cendi et progressum infantium iuspiciaot, et si quid minus bene
actum, emendt-nt ac corrigant.
De ptiblicationibus t'n lentplo. Domum Dei dumum oratjo-
nis, non commercii, aec usibuB profaiiis destinatam nostis es
divino oraculo, fratiea dilectissimi, hioc noverilis quoque vobis
omnibus sub pœua interdicti vetitum esse, ne uJlo sub praetextu
in teinplis et ex cathedra veritatis publicetis et ecclesiarum
valvig adSgl sinatis mandata quae rem tempoialem vet crimÎDa-
lem speclaot. Quae vero in teœplis denuncianda sunt, numeran-
lur '} :
1° Nostra mandata episcopatia, quae salutem aniraarum,
ortodoxam tidem. disciplinani ecclesiusticam et junsdictionem
spiritualem complectuntur.
2" Commeudatitias litteras ex nostra vel aaeculari can-
cellaria emanatas in favorem illorum, qui incendio vel alia sorte
adversa afflicti sunt.
3" Edicta et mandata poleatatura saecularium, quae ad
coercendoa abuaus et corrigendos mores in lucem pi'odeuDt, v.
gi'. prohibitiones de ingrediendis caupoois tempore offiuiorum
divinorum. de saltationibus et nocturnis cursibus instituendis,
de imporlalione vini et liquorum in domos particulares noc-
turno tempore et ejuisdem generis. Dum vero maudatum nliquod
a principe saeculaii proveniens alterius specîei vel monitum Do-
miuonim Praefectorum cirta rea civiles publicandum erit, si hoc
II. parocho innotescat, monebit popuium de futura hac publica-
lione in exitu ab ol&cio divino extra ecclesiam facienda.
De ingressu in ecclesiam tempore officiorum divinorum.
KR. DD. parochis de grego î^ibi commisse raLionem nobiscum
') Voir également le mandement de 1774 ^Mandata et littera
raies II. (1758-1835), p' 1
540
reddituris, opportune et impnrtune est ob=ecranduni. inrrppan
dam. arguenduiu, ut populus tempore officiorum diviDoram tem
plum tDgrediatur nec estra januam aut sub turri remaneat.
Quid enim aliud hoc est, ntsi distractionibus ansam qtiaerere el
saDctis mysteriis nec corpore nec spiritu interesse? Uiide eccle-
siaram rectonbiis serio înjungimus. ul a Domiuis locorum Prs-
fectis exacta edicti publicatio a supremo seoatu, bac saper re,
emanati singulis annis nostro Domine requiratur constituaturqiie
vir probun, qui ejus execiitiODÎ adiaboret et invigilei, an siietitium
et decentia in templo requisita servetur, sin minus diiigenter
id prtciititutuin fuerit, edoceri cupimua ut ad quos spectat res
deferrl valeat.
De oblatùmibus. RR. DD. Parocbi jus babent certum et to
jure communi fundalum, percipitndi omnes et singuias obiatiO'
nés cujuscunque generis, quac tîunt in capellis et oratorîî<; pu*
blicis et in Iota parochia ; hoc autem jus maxime certum et io-
tactum volumus et prEecipimus. Unde si quis jus aliquod in
dictas oblationes prc^tendit, noverit exhibeiidum esse contractum
seu conventionem cum R. parocho iactani aut privilegium scrip-
tum et appi'obatjoiie episcopali rohoratum. Si vero privjlegium
hoc non sit sciiptum, immemoriali consuetudine isaltem sit firma-
tiim oportet, aliter juri R. pavochoium prœjudicari nequit.
De venditionibus pullicis diebus dotninicts et feslis solem-
nioribus '). Sex dicbus opus faciotis, septimus erit vobis sanctus,
verbft Bunt Exodi. Addidit Ecclesîa alios festivos dies solemniores,
quosdam minus solemnes, alios singulos, tum domicicos tum
festivos sanctificari et ijsdem honorem haberi sub peccato prœd-
piens. At tapientissimum hoc prteceptum contemni saspius vide-
mus non exiguo mentis dolore. Bona mobilia et immobilia {lU-
blice venalia bis diebus exponuntnr, et vis atia dies praeter
domiuicam aut festivam eligitur pro venditionibus aut emptio-
nibus fundoruni, îerrarum et prœdiorum, quod sane nostrîs prte-
decessoi'umque nostrorum mandatis répugnât, cum loties quotiea
borum dierum »anctitas cum scandalo ludi soleat. Hune ut abu-
Bum e medio tollamus, fratrea domini, vobis imponimus, ut
') Cfr. U représentation de l'évCque au Conseil de Fribourg an snjtl
dm miies publiques, des ventes et des acljnts, lex jours cte fêtes et de dïm
ches (Maodemenla et mandata (1690-1S06), foi. 59-61, (ol. 73-74) et la iéc
sion du gouvernement a ce sujet 1. c. fol. 74-75.
641
conclonlbus vestris huic malo daia opéra invehamini, et onini
conatu illud e vestris parcecii» eradicare satagatis, nec cuipinm
si hac de re coDsulamini facultatem concedatis, nisi festis miuo-
ribus post vesperas, nullo mudo tlJebus domiaicis aut festis
Domitii Noatri Jesu Chrisli, B, V. Maria;, solemnioribus apns-
tolorum ac patronorura et aliis duplicibus !""• et 2^" classis.
De observantia îegum civilium. Omnem animam potestali-
bus subljmioi'ibus subditam, non tantutn propter iram, sed etiam
propter conscieDtiam cum Apostoto inteiiditnus et volumus, nec
magistralua sEccularis leges infringi, eludi, aut illanim mentem
aliter accipi quam ex sensu verborucn et intentione legislatoria
impune permittimus. Hioc districtisaime prohibemus, ne in con-
feremiis ecclesiasticis defendalur vel in sacro tribunal] dicatur,
multo minus in vulgus spargatur, kgea, quœ prohibent expor-
tationem frumentl, butiri et rerum comestibiliuin, defraudationem
pedagiorum et gabellarum, ablationem ligaorum vîridiuni in ne-
moribus ad lll'""" Rcmpublicam aut comunitatem loci spectantibus,
etc., ejusroodi Ifges esse pure pœnales ; populum ergo de vera
ciilpa iheologica, quœ a tratifgressoribus incurrilur, data occa-
t^ione edoceri, et ab omnibus ita teueri prtecipimus.
De exequiis. Sapientissimis etiam legibus, juxla reium et
temporum exigentiam, derogare interdum licet ; nemini orgo
mirum videri débet, si quemdam Ritualis Romani articulum iin-
mutaudum censeamus. Respicit hic exequins defunctorum : quare
gravjssimis momentis et repetitis Ittustrissimi Senatus iustantiiH
adducli, vetamus ac severe pro tota noslra diœcesi prohibemus,
ne cadavera mortuorum ante sepuituram in templum introdu-
cantur, sed voiumus, ut peractis ante fores ecclesiœ solitis pre-
cibus mox tertEG mandentur, ac demum sacrum pro requie ani-
marum in templo celebretur.
Denique nostros recessu?; et mandata generalia verbis B.
Pauli claudere fas sit: Tu autem, Ven'"' Clere, ei intimis medullis
nobis care, vigila, in omnibus labora. opus fac veri presbiteri,
vicarii et parocbi, sollicitudine non piger, spiritu fervens. Do-
mino aervjens, minisLerium tuum impie per te Ipsum quantum
vires suppetunt, populum tibi commissum pasce, aliéna opi>ra et
preserlim alla qmim quic a clero pscculari nffurtur et libenter
coucedilur parum utere, nisi duni iiecessitiis suggerir, ne adeo
qui tecuiu ruli "■" Vel ab hoaiiuibu.s, quibits liebitor es,
542
et (lunnim severî<!sinio judicio lua omissa subjlciuntur, probro-
fiiHtiiinuin illud vltnperimn audias : Serve piger! ut quid abscon-
clisti talenliini tuum ? esto ergo fidelis usque ad niortem, et
prtcsentis nostra mandata custodire fatagns, quoil beoedictiotie
noiitra votisque auguratnur, mandantes RK. DD. Decaois et
Commissariis nostris, ut exacte eorum executioni invigilenl, prte-
dicta omuia in proxima collatione ecclesiastica prelegant, et
totidi'm exemptaria fieri curent quot pro numéro membrorum
reqnirentur ; ea vero gallico idiomate verti curent, quse popD-
lum spectaut et ex cathedra publicari omnibus R. psrochîE
prttcfpimus. Gratia Domini Nostri Jesu Christi vobiscom omni-
bus, fratres carîssimi, amen. Oatum in domo resideotitt aostrs
Friburgi die 26 manii 1774.
Ces recès, qui constituent presque un véritable code d'ad-
ininistratiou paroissiale, nous révèlent les grandes qnalîtés ad-
mînlslraiives de IVvéque et une profonde ronnaissance des af-
faires ecclésiasliqueii. LVvèque d^ Montenarb poursuivit, après
la publicatiiMi des recès, avec le zèle pour la itisciplioe ecclé-
siastirine qui le distingua, l'œuvte de ta réforme en Teillant à
i"cx(k:utioii de se> ordonnances et en édictant, si le besoin se
faisait sentir, de nouvelles liispositioas. Il s'informa auprès des
d^canats au si^el de différentes questions de discipline eccU-
siaslique. chercha à connaître les abus et y porta remède ').
Il prit après la visite pastorale d^-s dispositions pour diminaer
les ctnsee natrimoniales *), rappela an clergé la Déces^ité àm
tntSénncts ectl^iastiques et se^ devoirs de pasteurs '), pr».
nnlgna un règlement concernant les aspirants i l'eut ecelésius-
tiqne, les éludes du rlergi^, les examens de jaridietion et les
coiféreBces erclésiasltqnes *i, fit des statuts pour ta basse
mardte des «études au Collège, surtout dans les classes sapé-
lieoras *\ ponr la récitation de l'office à Si. Nicolas *),
l'obsemlioa des fètee» et des jeùaes '\.
543
L'êvdque exprime de,= regrets de ne pas pouvoir convo-
quer un synode diocésain, afin de discuter et de régler un
grand nombre de questions, que lui ont suggéré les visites pas-
torales. Pour atteindre néanmoins son bul, il rédigea un mé-
moire, qu'il adressa au clergé de son diocèse, en le priant de
lui donner, après examen des points proposés dans les réunions
décanales, son avis sur les différeoles questions. Ces réponses
devaient former, d'après l'idée de l'évéque, la base de nouveaux
rocès et peut-être de nouvelles constitutions diocésaines. Ce
mémoire nous donne la meilleure idée de la sollicitude du chef du
diocèse, et nous fait voir dans quel esprit il entendait travail-
ler au progiès spirituel et moral de son diocèse ') :
Dans le torrent des occupations et des inquiétudes, qui
assiègent la place où la Providence nous a élevé, la plus douce
de nos satisfactions, celle qui en allège un peu le poids, c'est
d'avoir en vous, nos chers frères, des cuopérateurs et des ou-
vriers dans la vigne du Seigneur, qni réunissent à des lumières
distinguées pour connaître le bien une volonté décidée à le
faire et à le pratiquer : c'est la certitude de trouver, lorsque
nous vous consultons sur les objets les plus épioeus de notre
rainistcre, dans la sagacité de vos résolutions et ta ferveur de
votre zèle, des moyens propres à appuyer notre faiblesse, à
rassurer nos pas, à sonder les décisions ausïi sagement con-
certées que scrupuleusement obsei'vées. Nous venons aujour-
d'hui, nos très chers frères, vous demander une nouvelle preuve
de cette sagacité et solidité do jugement, que nous vous con-
naissons, et, en soumettant à votre examen des pointa essentiels
à la discipline ecclésiastique, vous donner un témoignage aussi
peu équivoque de notre confiance, que propre à manifester les
sentiments qui vous animent pour la gloire de votre état et le
bonheur de ce diocèse. Eh 1 nos très chers frères, que du mo-
tifs nous déterminent à cette démarche ? nous la devons en
premier lieu à cet attachement inviolable à notre personne, à
cette tendresse d'amour que vous nous avez si souvent témoi-
gnée, à cette sollicitude pour notre santé, qui a plus d'une fois
attendri notre sensibilité et provoq,ué nos larmes, heureux si
'] CoDatltuliones synodales IV, n* 4 (12 ni&i 1778j ; Mandements et
mandais, I. c. p. 225-45.
— 644 —
elle acquitte la dette en quelque sorte de notre reconnaissuncc.
et si vous l'envisagez comme uue etTusion de notre cœur, qui
avec celui de l'apétre se dilate pour vous, et vous dit : gloria
Dostra eatlB vos I
D'ailleurs, toutes choses présentant deux faces, le vrai, le
bon côté, le juste point de chacune est difficile à choisir; ce
n'est qu'à travers un tourbillon de nuagi^s que se moutre ce
milieu précieuï, qui dicte des lois également éloignées d'une
trop grande sévérité qu'elles abliorrent, et d'un trop grand re-
lAchement qu'elles répriment, et ce n'est souvent que de la di-
versité des idées, du choc des esprits que sort la vérité, qui
aurait échappé à la discussion d'un seul, pufëque ce n'est ordi-
nairement que par la pluralité des réflexions, qui analysent et
épiloguent une même chose, que s'étendent les peneées dont
on leur présente le germe, que se corrige ce qui leur semble
défectueux et se fortifie ce qui leur paraît foible : aussi est-ce
en vue de dissiper le voile, qui cache à nos foibles regards le
juste équilibre des choses, qu'est dû l'élabliss^cment des Synodes
Diocésains si souvent commandé par le dispositif des Canons et
des Conciles de l'Eglise, si fréquent dans les beaux, dans les
premiers siècles du christianisme, assemblée aussi sainte dans
son (irincipe, qu'avantageuse dans ses effets, où, réunis par les
sentiments d'une même ardeur et d'un même amour pour l'in-
térêt de la religion, les pasteurs du premier et du second ordre.
qui ont été témoins des playes qu'a souffert la discipline ecclé-
siastique et des accroissements que la pieté peut acquérir, pré-
parent l'huiie et le vin pour la guérison de cela, et cherchent
des secours pour les progrès de celle-ci, assemblée dont nous
regrettons bien sensiblement le non usage dans notre patrie,
mais dont l'impossibilité se démontre par les raisous qui l'éta-
blissent ').
Privés de ce moyen salutaire, nous n'avons que la
') Dans le diocèse de Lausanne, les synodes diocénains cessèrent é
[a seconde moitié do 17" siëcle, sartout à la suite des luttes entre le paaM
spirituel et temporel. Voir Manual RalRerkanntnus8enb(ii;her et Mandtld
bueti du 1" juin 1652. du 7 septembre 1665. du 9 novembre 1695, 20 déo
brelliSB. etc. (Arc)i. d'Etat). Dans le IS'* siècle, la décadence de cett« f ni
tutioD eoclègiastiqne devint presque générale. Voir à ce sujet Schmid,
Blstumssynode 1850, p. 158 ut suivantes, p. 183 et suivantes.
545
source de celui que nous employons ici. Parlez-nous  cœur
ouvert sur les questions qui vont être proposées à votre dis-
cussion, pesant le pour et le contre; donnez à cet examen le
temps qui vous paraîtra nécessaire, et instruisez-nous des fruits
et de lu conclusion de vos recherches, assurés, comme vous de-
vez l'être, que cette relation de sentiments formera uu lien bien
douK qui resserrera encore les nœuds qui nous attachent déjà
si fortement à vous : nous le désirons et exigeons avec d'uutant
plus de titres, que notre haut âge et uos infirmités nous don-
nent le droit do vous dire à l'exemple de St. -Paul et du Pro-
phète Royal. Filioti, in omnibus îaborantes ministeriuv* vestrum
impiété : ego cnim Jam delibor et tempus resolulionis meœ tn-
stat: ingredior viam universœ terra, vos vero confortemini et
estote viri. Oui, nous le sentons approcher cet instant, qui doit
nous séparer de vous, de vousl qui fites tout ce que nous avons
de plus cher, et nous réunir à l'origine commune des faibles mor-
tels, à un peu de cendres : le principe destructeur de notre
existence agissant coutineliement sur nous et rendant moins actives
les facultés de notre âme, nous comprenons combien nous doivent
être avantageux le concours et la connaissance de vos idées et
de vos sentimens, A ces causes, nous requérons, vicaires, commis-
saires généraux, doyens de ce diocèse, de vous communiquer
soit en général, soit en particulier, les points ci-après désignés,
de concerter avec vous pour les réponses que vous jugerez les
les plus analogues au bonheur de notre Clergé, vous exhortant,
sollicitant, d'y répondre littéralement, laissant d'ailleurs une
pleine liberté à un chacun de nous adresser, en attendant, les
réponses générales, et même après, toutes les représentations qui
auraient pu lui échapper ou survenir aux délibérations déjà pri-
ses dans les assemblées décanales,
1' Nous croyons devoir faire une réimpression des consti-
tutions synodales de ce diocèse, dont les exemplaires sont de-
venus rares, et qui, relativement aux ordres qui ont été émanés
depuis la première édition, nous paraissent pouvoir acquérir une
plus grande utilité ; et au cas d'une nouvelle impression, quels
changements, quelle augmentation ou diminution jugez-vous qu'il
soit à propos d'y apporter et de quelles choses?
') Cette queatioii a déjà été traitée pour oertaines parties du diocèse
26. 1750 (ConBtitntiones avnodalea. IV. d' 2 et 8).
') Cette queatioii a déjà été traitée pour oer
n 1726, 1750 (CoiiBlilQtiones s^Dodalea, IV, d> 2 e
— 546 —
2° Nous avons remarque avec douleur la diversfté des rîts
(l'ui^Bge et ili; fuiiclion ecclû^ios tiques qui aut lieu liuus presqui
toutes les paroisses de noire diocèse, diversité qui embarras;
extrêmement les jeunes ecclésiastiques, ainsi que ceux qui iless<
veut déjà depuis longtemps des bënélices, lorsqu'ils vont dai
une autre église que lu leur, et qui les assujettit à une aéce.-^sité'^
houleuse de demander à un marguiller ce qu'ils doivent faire.
Ne pourrait-on pas faire une espèce de rituel joiul aux consti-
tutions, ou séparémeul, qui tixât cette incertitude et dëtermiuàt
ce qu'il y aurait à faire dans chaque église, tels et telt! jours
rie dimanches et de fé'es? l'our remplir cet objet il fiiudrait
que tous Messieurs tes curés et chapelains prissent la peine
de donner une note des différents usages de leur paroisse et cha-
pelle avec un indice de ceux qu'ils voudraient conserver.
3° Rien ne nous affecte si vivement que l'abandon que l'on
fait hélas 1 trop fréquemment de son église paroissiale '), pour coQrir!
en foule dans une autre, presque toujours sous préteste de ga*^
gner des indulgences, mais dans ta réalité pour des motifs qui
n'étant que trop souvent jiurement humains, pour ne pas dire
mauvais, loin d'opérer un changement de mœurs, eu occasionnent
ordinairement la corruption. Ne trouveriez-vous pas à propos qu'on
restreignit toutes les indulgences aux paroisses respectives, de
SOI te qu'il n'y eût que les propres paroissiens qui pussent les
gagner, et, afin de prévenir les murmures, en obtenir des plé-
nières à chaque paroisse deux à trois fois par an, aux jours qu«
Messieurs les curés croiraient les plus convenables.
4" Nous jugeons non seulement utile, mais presque Déce.s-
saire, uce diminution des fêtes') pour notre diocèse. Quelle est
votre façon de penser sur cet article? quelles fêtes et sur quel
pied jugez-vous qu'elles pui^^senl être supprimées? doit-on con-
server la messe?
5° Après la suppression d'un certain nombre de fêtes, tous
DOS vœux se tournent du câté de la sanctification de celles
seront conservées et des jours de dimanches ; pour y réui
'] Voir au sujet de ta aanctillcatioa du dimanuhe, leDiandatduH
décembre 1880 (Mandements et mandata épiscopaux (]690'1606), fu|. ti3.
') Voir Riou travail : Quelques rtiuseigoemeots sur tes fôtes religien-r*
Bes et leur aancliUcalion à Fribourg (Semaine catholique, 189f
— 547 —
quels moyens croyez-vous les plus propres? Comment pourrait-
on par le moyen de l'autorité séculière empêcher ces jours-là la
fré(iueutatioii du cabaret aux peraoores de l'endroit, et à une
certaine distance de leur domidle, et surtout abolir la détestable
coutume d'y conduire les filles sans aucun égard à la décence
et à ta modestie. Ne coiinaisspz-voua aucun remède, si ce n'est
pour abolir ces excursions nocturnes, source des dérèglements
de la jeuuesse, et ces veillées nocturnes ordinairement poussées
si avant dans les ténèbres, du moins pour en diminuer la lon-
gueur et les rendre moins dangereuses? Et comme nous avons
la satisfaction d'apprendre que l'amour du bon ordre et l'em-
preaseinent pour le salut des âmes a déjà engagé quelques déca-
nats adresser une requête pour solliciter l'éloignemeni de quel-
ques-uns des prédits désordres, nous souhaitons qu'ils nous la
fassent parvenir à cette même occasion, leur promettant bien
positivement de ne négliger aucun soin pour sa réussite.
6» En vue de prévenir bien des maux et en particulier le
peu de sanctification des fêles et àes dimanches, ne paratt-il pas
à propos de ne plus permettre la célébration des mariages et
des noces que le lendemain de leur publication et autant qu'il
sera possible pendant la messe? Que pensez-vous des cliarrivaris
qui se fout aux secondes noces, conviendrait-il d'en abolir l'usage
et d'insister pour cela?
7° Notre intention étant de donner une modification à la
loi qui défend sub pœna suspetmonis ipso fado l'entrée des ca-
barets, et d'accorder la permission d'y entrer, sans cependant y
boire et jouer, ainsi qu'il se pratique dans les diocèses voisins
du nôtre, et comme il peut se reucontrer des circonstances où
rbounëteté et bien d'autres raisons paraltroîent demander que
les ecclésiastiques y piissent un verre de vin, nous requérons très
instamment tous les décanats de nous ouviir leur manière de
penser sur le genre et la nature des cas qui pourraient leur
être trop à charge s'ils n'osaient y boire; eu attendant nous
désirons que chacun observe strictement notre défense actuelle
qui a pour objet tous les endroits où l'on a droit de vendre
du vin publiquement dans la maison.
8° Notre cher clergé ne désirerait-il pas un changement de
bréviaire, le Romain paroissanl à plusieurs moins instructif et
plus onéreux que bien d'autres, tels que ceux de Besançon et
548
de Paris? Dans la supposition d'une affirmative, on ferait an
W.r dans le diocèse ces deux ouvrages, atin que chacun
connaissance et en pût dire son sentimenl.
9° Nous nous proposons de faite quelques expjicalious aux
cas qui nous sont réservés, el d'en lever toute ambigulré que
quelques personnes croyent y apercevoir. Pour y pouvoir réussir
d'autant mieux, nous souhaitons que, les ayant examinés de près,
vous nous exposiez tous les doutes qu'ils vous auront pu faire
naître.
10° Il nous a été souvent rapporté que certaines person-
nes des deux sexes, peu soigneuses de leur salut, négligeaiem
d'acquitter ce que l'équité naturelle demande d'elles, pour la ré-
paration des amusements et des dommages qu'à raison de pro'
messes de maringe qu'elles ne veulent point accomplir, elles ont
causés aux personnes qui se sont fiées à elles de bonne foi,
sans employer les formalités requises dans notre mandement de
1772, sous prétexte que noua n'accordons point d'action juridi
que à ceux ou celles qui les ont omises. Pour prévenir ce vîo
lement de la justice commutative, nous serions intentionnés daj
faire un cas à nous réservé pour tous ceux et celles qui coa*'
naissant avoir porté un tort réel par le non accomplissement de
leurs promesses, refusent de satisfaire à son acquittement d'une
façon proportionnée aux susdits torts, croyez-vous cette réserve
utile et nécessaire?
11, La multiplicité des incouvéniens, et surtout l'inégalité,
des cimetières, qui naissent pour l'ordinaire des prétendus droits
que, dans certaines paroisses, quelques familles s'attribuent
d'être enterrées dans une place à part et réservée pour elles
seules, comme s'il n'était pas égal d'être couvert de celte terre
ou d'une autre, nous portent à croire, qu'il conviendrait beau-
coup mieux d'enterrer tous les morts les uns après les autres,
Qu'en pensez- voua ? prévoyez-vous des obstacles à ce futui
règlement ?
12° Le défaut d'exactitude pour les enregistrements di
baptêmes et des mariages a donné lieu à beaucoup de peineS]
et de désagréments, et de pauvres victimes, de malheureux en^
fants, à qui l'on disputait leur état, se sont vus au moment da
te perdre à raison du non enregistrement de leur baptême
pour mettre à jamais une barrière à cette négligence (noi
%
n'accusons aucun de vous), ne jugerez-vous pas â propos d'or-
donner les susdits enregistrements an coin de l'autel ou à la
sacristie, ainsi qu'il est de règle dans des diocèses aux envi-
rons du nôtre ?
13° Nous avons vu avec déplaisir que Mesaieura les curés
oubliassent la retraite, qui leur est proscrite avant que de pren-
dre possession de leur bënélîce ou du moins peu de temps
après, aux fins de se préparer d'autant mieux au redoutable
fardeau qui les attend ; ne peusez-vous pas que du rétablisse-
ment de cette loi et de sa stricte obligation il naitrail un dou-
ble bien et pour Messieurs les curés et pour leurs paroissiens ?
14° Il est arrivé des inquiétudes au sujet de certains
mariages bénits hors de la paroisse des époux et pour lesquels
Messieurs les curés n'avaient donne que des permissions res-
treintes à un certain prêtre ; l'absence de celui-ci obligeant les
fiancés de s'adresser à d'autres, il en a résulté des anxiétés
très fondées sur la validité de ces mariages, dont la bénédic-
tion s'était faite par des prêtres uod autorisés à cela ; ne vous
parait-il pas que ces aortes de permissions ne doivent plus être
limitées à un seul, mais seulement au clergé séculier en géné-
ral, à moins que Messieurs les curés respectifs déclarent que
nonobstant cette formalité leur ioteutio» est que tout prêtre
séculier puisse licitement bénir tels mariages, ce que nous de-
mandons de connaître?
15* Noua renouvelons la défense de se présenter pour un
bénéfice avant une année de vicariat. Nous désirons à ce sujet
connaître par l'organe de Messieurs les doyens, combien d'an-
nées chacun des vicaires actuels a déjà travaillé dans ia vigne
du Seigneur; et comme il n'arrive que trop souvent que l'éloi-
guement des lieux est un obstacle à ce que Messieurs les vi*
caires n'apprennent les vacances des cures qu'après qu'elles
sont déjà remplies, nous avons pris le parti de n'accorder de
Placet pour prétendre à un bénéfice qu'après le laps de sept
jours à compter de la date de la mort du bénéficier.
16" Nous faisons en outre connaître par les présentes que
notre intention est qu'à l'avenir il y ait chaque année un exa-
men général sur des matières de -théologie qui seront désignées
par avance, et auxquelles tous Messieurs les vicaires qui auront
achevé une année de vicariat et autres prêtres qui, n'étant pas
35
bénéficiers, désireront se présenter à des bénéfîces, seront tenus
d'assister. Ce ne sera que d'après cet exameo, qui aurs tieu
l'année prochaine probablement après la quinzaine de Pâques,
que notre consentement sera accordé pour demander quelque
Placet. Se préaente-t-il â votre esprit quelques obstacles sur
ces deux articles, que nous ne connaissons pas ? Faites-nous en
part?
17" Nous ajoutons aux questions prémises quelques avis
sur lesquels nous sommes s&rs que votre façon de penser est
la même que la nôtre. Comme il nous semble que les supersti-
tions, le fanatisme, ainsi que l'idée des possessions ou obsessions
du démon ont pria une si forte racine dans ce diocèse, qu'il
faut une attention esacte et suivie pour les arracher, nous vous
recommandons de prêcher et d'instruire diligemment et sans
relâche le peuple, de ce qui est vrayetnent superstition, des
maux du fanatisme, et des marques qui constatent une posses-
sion et une obsession réelle, et surtout de ne pas autoriser par
votre adhésion ces erreurs et préventions populaires, de vous y
opposer avec courage. Pour y réussir, il serait à souhaiter que
chacun eût un bon auteur sur ces matières.
16° En particulier, en certains districts de notre diocèse,
un abus intolérable que nous regardons comme superstitieux
dans son origine et funeste dans les suites qu'il eatratoe :
aous la dénomination de Grand Tour, on parcourt dans l'octave
de la Fête-Dieu, partie de jour, partie de nuit, sept à huit pa-
roisses, où l'ou fait autant de fois bénir du vin par les curés
respectifs. Outre l'idée de superstition que présente cette pré-
tendue dévotion, elle est souvent scandaleuse par la réunion
des deux sexes qui la font pèle et mêle. Nous la défendons par
conséquent bien strictement et faisous inhibition sous peine de
péché à tous les curés de bénir à ce sujet le vin qu'on leur
offrira, ordonnons à nos doyens de tenir la main à cette dé-
fense et de nous rapporter les contrevenants.
19° Nous vous réitérons le précepte de l'apôtre; Jnsta op-
portune, importune, argue, obsecra, increpia, in omni patientia et
dodrina, contre les nudités indécentes de quelques personnes du
sexe, contre les jeux pendant les offices divins et plusieurs au-
tres sujets de scandale. Ceci s'adresse surtout aux confesseurs,
qui peuvent souvent mieux obtenir la cessation de ces uaax*
qu'au curé et un prédicateur.
551
20" Nous déclarons, N. C. F., que noua n'accorderons plua
de brevet pour aucun mattre d'école, à muiiis qu'avant l'exa-
men qu'il doit subir ici il ne soit muni d'un certificat de Mon-
sieur le curé respectif qui atteste la régularité de sa conduite,
la sagesse de ses mœurs. Nous attendons en conséquence que
voua le délivrerez cacheté et d'après les principes de votre
conscience.
21° Nous vous recommandons, autant qu'il est possible et
que votre devoir le prescrit, l'inspection et la vigilance sur les
maîtres d'école, sur leur assiduité à donner leurs leçons et sur
la fréquentation qu'en doivent faire les enfants. S'il y a des né-
gligences, gardez-vous bien de nous les taire, et si notre auto-
rité seule ne suffit pas pour les corriger, nous implorerons celle
des préposés temporels.
22° Finalement nous aimeriOTis que Messieurs les doyens
voulussent, avant que de nous adresser les résolutions de leurs
décanats, se les communiquer réciproquement et voir si leur
façon de penser est bien différente, et si en s'expliquant litté-
ralement, ou en s'abouchant, ils ne pourraient pas convenir des
principaux articles. Du reste, N. C. F., en vous donnant du fond
de notre âme notre bénédiction pastorale, nous vous donnons,
pour les réflexions et réponses demandées, jusqu'à l'hiver pro-
chain et même jusqu'au temps de Pâques, s'il le faut; nous pro-
mettons de plus de ne rien décider, ou faire imprimer, sur les
matières ici proposées, que nous ne vous en a;ons de nouveau
fait l'exhibition, dès que le tout sera rédigé en due forme.
A la suite de la publication de ce Mémoire, de nombreu-
ses assemblées décanales furent tenues pendant les années 1776
et 1779 en vue de discuter les questions proposées, et de nom-
breux rapports, contenant des renseignements de la plus haute
valeur sur les différentes questions, arrivèrent à l'évêché ').
Malheureusement Joseph -Nicolas de Montenach ne put pas ter-
miner l'œuvre commencée, car. épuisé de travaux et d'infirmi-
tés, il tomba dans une maladie de langueur ; il fut forcé d'a-
bandonner sa quatrième visite pastorale '), qu'il avait commen-
') Voir les r&pports des iléoaQftts (Conatitutionea synodalea, IV,
0- 5-26).
') Noua ne possédons de cette visite que tes recés conaernaot lo
Collège St-Michel (Acta visitationis, vol. 18, toi, 133-36).
— 552 —
cée en 1780. L'évéque ri*gla néanmoins encore en 1780 et 1781
la question des fêtes et fit uue nouvelle ordonnance sur les pro-
cessions '). Peu de temps avant sa mort, il chercha à rétablir
la paix et la tranquillité dans la partie fribourgeotse de son
diocèse, fortement compromise par les troubles de la révolution
Chenaux °). L'évéque Joseph-Nicolas de Montenach mourut le
5 mai 1782, laissant des regrets universels. Le prévôt de
St Nicolas, Jean-Louis Techtermann, dit de lui : Quse, quanta
virtus in defuncto fuerit antistite, animo recogitate : (estis est
Vesuntio, qua; humiliorem se nunquam vidisse homînem confessa
est. Testis est Bruntrulum. testis est Sedunum, quic tantsEejus-
dem gloriœ applauserunt. Testes denique sunt respublicœ Fribur-
gensis et Solodorana, qua> liac ipsius virtute non magis stupe-
factœ quam gavisœ fuerunt '}. Et son successeur au siège épis-
copal, Bernnrd-Emmanuet de Lenzbourg, se demande < comment
remplacer le grand, le pieux prélat, dont ce diocèse répétera
toujours le nom avec attendrissement et dont le zèle infatigable,
les travaux apostoliques, les intentions pures, les largesses en-
vers les pauvres seront constamment célébrées sur la terre •) ».
') Mandata et litt. pastorales, Il (1769-1835). n' 1 ; Maiidateabuch
(Areh. d'Etat), X, (ol. 566 et suivants et fol. 624, Voir, ou sujet dea trou- '
blea qui furent occasionnés par la auppression de quelques fêtes, Maîllar-
doi, Mémorial de Fribourg, 111. p- 5 et ss.
'} Voir Mandements du 3 mai, do 14 nov, ]781et du mois de luare 1782
(Mandata et lilt- past. 1. c, o' 1>. Cfr. également mon article : Contri-
bution a l'histoire de la révolution diU « de Cbenaux n en 1781 (Ecrenaes
tri bourgeoises 1901).
') Litt. encyclicae de obltu D. Jos. Nicol. de Montenach, 28 mai I
1782.
') Lettre pastorale du 86 juillet 1783,
CHAPITRE ONZIEME
ten visites pastorales de l'évéque Bemard-Enunanuel
de Lenzboiirg (1782-1795).
L'i^vËque de Lenzbourg ■), l'auteur dt^ la Lausanna christiana
et d'autres collections et compilations historiques, fut nommé
au siège épiscopal de Lausanne ie 2 novembre 1782, et en prit
possession le 31 août 1783. Avant de prendre possession de
son évécbé, il tit savoir, par une lettre paiitorale du 26 juillet
1783'), à son clergé et aux fidèles, dans quelles dispositions il
allait administrer < ce bien aimé diocèse de Lausanne, cette vigne
chérie, dont la culture va être dès ce moment la fin, le mobile,
le sujet de tous les soins, de tous les travaux et de tous les
soupirs, » L'évéque offre à son diocèse de grand cœur le sacrifice
de son temps, de ses veilles, de ses fatigues ; il ne méconnaît
pas que, dans l'étendue d'un diocèse, dans l'enceinte (le cette
grande famille spirituelle et morale, avec cette différence de con-
ditions, d'esprits et de caraclères, il doit en coûter de soins et
d'attentions au chef qui la régit, pour les réunir ou les conserver
dans l'intégrité d'une même foi. dans la dignité d'un même culte,
pour maintenir entre tous l'exactitude de la discipline, ta pureté
des mœurs. N'est-il pas des esprits simples qu'il faut instruire
pour les retirer de la superstition, ou les empêcher d'y tomber?
des esprits altiers et présomptueux, dont on doit confondre le
faux savoir? des âmes tièdes et languissantes, qu'il faut aiguil-
lonner, dont il faut ranimer la ferveur? Que de grands, que de
riches délicats, envers qui la prudence chrétienne permet, eiige
') Mémoires iiialoriquea, II, p. 537 et sui
Bern.-Em. de Lenzburg (adjonccion d'une
Lausanni
main) ; La
') Mandements, Il (1758-1814). Lettre i^astor. du 28 juillet 1783.
— 564 —
même certaiDs ménagements? que de pauvres qu'il faut t&cher
de soulager et de consoler, ou savoir supporter leurs murmures?
Ici ce sont des âmes dégradée)), des Âmes égarées qu'il faut
arracher au désordre et faire rentrer dans les voies de la justice,
là des âmes pures et droites qui réclament notre secours pour
s'avancer dans les sentiers «le la perfection. Enfin notre minis-
tère nous imposant l'obligation d'être la lumière du inonde,
le sel de la terre, le médecin des finies, nous n'avons que l'alter*
native, ou d'être constamment appliqué à montrer le âambean
de la vérité à ceux qui sont dans les ténèbres, ou d'essuyer la
terrible reproche d'Kzéchiel ') : malheur à vous, pasteurs indo-
lents, vous n'avez point consolidé ce qui était infirme, vous n'&vei
point guéri ce qui était malade! Quand notre diocèse eut-il
plus besoin de toute la vertu, de tout le zèle de ses pasteurs?
La fermentation agite la génération présente, la licence des
opinions produit la licence des mœurs, l'esprit d'audace s'efforce
de tout renverser: chacun veut régler les droits, les exercices de
la religion, comme les affaires politiques ; le caprice plutôt qu'une
vraie dévotion dicte les actes de piété qu'on veut remplir et il
se refuse à ceux que l'autorité lui prescrit. De combien de cha-
grins, de combien d'amertumes ces brebis indociles n'assaisonnent*'
elles pas trop souvent ceux qui les conduisent? Mais ne nous'
laissons point abattre; que l'amour pour le peuple doni
nouvel essor au courage! Aide^-nous de vos prières, unissez vos
oraisons aux nôtres, atîn que l'esprit de la grâce reste constam'
ment en nous et qu'attentif à ne pas tromper votre attente,
vous nous voyiez tous les jours de notre vie attaché au service
de Dieu et dévoué à vos besoins. Demandez avea nous que [&
bonté divine fortifie notre foi, dilate notre charité, augmente,
notre paix et nous rende tel que nous devons être : utile à votre,
édification, propre à la charge qu'elle nous a imposée.
L'évêque de Lenzbourg ne se contenta pas d'énoncer son
programme, il s'empressa de l'exécuter, Au moi de septembre
1783, il commença la première visite pastorale *), qui dura, avec
quelques interruptions, jusqu'en 1786. La visite fut ofticiellemeot
(
') Ezech. XXIV.
') AoCa priai» visilationis septerabri 1783 iiichoato. (Acta visita
tionis. vol. 18. fol. 138-288).
— 666 —
annoDcee le 14 avril 1784') et entreprise après cette date dans
tout le diocèse. L'évéque prépara avec ud soin roinutieux cette
visite ; aux disposiltons ordinaires qui furent prises, il fut encore
^'outé un document à part ^). contenant la note des objets que
le clergé doit tenir prêts lors de la visite pastorale.
Bernardus Emmanuel de Leozbourg etc. Pastoralis offlcii
nostri sollicitudo postulat requiruntque SS. Caoonum et Concilî-
orum sancita ut quos fidei et euris suis cummisit Dominus, se-
dulo et statis temporibus visitet atque eorumdem vitte, morum
doctrinie et conservationis notitiam adipiscatur episcopus. Huic
muneri nostro facturi satia, vos omnes et singulos, fratres dilec-
tissimi, certîores reddimus et prœsentium tenore vobis significa-
iDus, fîxo animo et decretaos esse hoc anno, quaniprimum iîeri
poterit, totius diœcesia nostrœ Lausannensis visitationem atque
de parochia ad parochiam perlustrationem.
Quare cunctos ecclesiarum redores universumque venera-
bJlem clerum obtestamur et obsecramus, uti eliam omnes cujus-
cunque status diœcesanos nostros, quatenus fervent! imprimis
ad Deum oratione nos adjavent, ut opus hoc ad gloriam suam,
ecclesiarumque salutem instituendum felici consumatar exitu.
De die advenlus nostri congruo tempore edocealur popu-
tus. Omnes adultes spiritus sancti sigoaculo uondum iusignitoa,
neCDOn parvulos, qui quintum œtatis sufe anoum compleverint,
quique de natura, requisiti?, effectibus sacramenti confirmatio-
nis probe fuerint instrucli, ad illius coodignam et devotam sus-
ceptionem inire invitamus.
In lectionibus caiecheticis, in concionibus, quidquid pricdic-
tum Fiacramenlum attinet populum sibi concreditum edocere ad-
laborabunt R'" parochi curabuntqiie pueris scbedam immanuari
nominis Baptismi et quinque annorum testem, Moneantur etiam
parochiani ut statum gratiœ ad lucrandus visitationis indulgen-
gentias necessarium aul conservare aut acquirere satagant.
Séria est voluntas nostra strictumque prieceptum ut super-
flue prœtermittantur expensic ac vanis multumque odiosis par-
■} Acta vi§itatloaiB, vol. l!j, fol. 139-141 ; Mandata ot litters pas-
loralea, II (1759-1835), n- 2,
') AcU visitationis, vol. 18. fol. 141-143. Nous avons communiqué
ce document plus haut dans le cliap. I.
— BB6 —
catur sumptlbu', fntendimus itaque ac prsesentibas déclara m ui:,
a parochia qualibet pro prandio aut cena plus non possa petî
quam quiiique coronatos nov<js. Excipimus tamen urbes et
oppida, in quibus ratione majorîs convivarum numeri lasa fieri ■
non potest, sapientiœ et prudeuti R. D. parochi, venerubitis cleri ]
et Dobilium civiitm œconomife confidimus.
R. Dominos ilecanos requirimus et instanter rogamus ut \
capcllas et oratoria qufecuraque sui respective dîstrîclus visitrot, |
nobis de eorum earumque statu, defectlbus et reparaliODtbus ra-
tîonem suc terapore reddiluri.
Mandamus et praicipimus singulis R**'" parochis aliisque
presbyteris ad quos spcctat, ut paratos et e\ integro scriptos
habeant libros bapttsatorum, conjtigatorum et mortuonim illo-
rumque exemplar ad parocbiam pertinens, Item librom confir-
matonim, librum seu tabellom animarum parochiic statum refe- i
rentem, uti etiam tabii'llaiu aniversaiiaruin fundatioiiura. ■
Parenlur etiam institutiunes Reverendorum parochoram etl
saceJlanorum, approbatioiies vicariorum necnon tituli, documenta,
chyrogcapha Feu obligaliones lum activie tum passivœ benefici-
oi'uiD, quatenus prœsunt, litterœ fundationis seu etectioQis pre-
becdœ ecclesiaslicœ et singula scrîpta, acla, documenta ad bene-J
ficium perlinentia. ■
Velint parifer respondero in future scrulinio Reverendi pa-l
rocbi et alfi ad id vocandi, an rite peicipiant omiiia jura, fruc-
tus et emolumenta beneticii ? quis sit status actualis beneficii?
quis Bdmiuifttrator et curam regens obligationum seu capitalium
summarum? An in cista spécial! et sub triplici vel duplîci clavej
reclusa sint chyrographa? An cum debilis cautelis mutuœ denlin
pecunife? Qui debitores? An beneiîciati ipsi nihil bénéficie de^
béant? Ad missarum facta fit reductio? An in ecclesiis detu
onfraternitas? Quœ ejus fundatio, qusc regulfc? Quis usus ■
obligationes ? Qui ejus redditus? Quibus reddatur ratio? Ad
ecclesîa gaudeat aliqua fabrica? seu fandationibus? quis rectori
et quibus redditur ratio? An dentur indulgentiœ et quse ? Ab-I
retiquife et an habeatur earuin autenticum? An fundationes pro*
pauperibus? Qui reddilua, quis reclor? et quibus exbibeantur
computus? An ludiraagisler habeatur? an probus et diligens?
An infantes seduli ad scholara et catechesira? ad parochi bo-
Icrtes ad scholœ inspectionem? An obstetrix detur in |
B57
An bene<iocta pro baptismi collaltone? Velint eliam nobis în-
dicare R. parochi aliique, quorum erit, an nullas habeant contra
parochianos quEfrimoniarum causas? An Dulla in parocbia schd-
dalft? An nulli concubinarii, librorum prohibitorum lectorea
aut retentores? Conjugati invicem inale viventes aut absqui'
nostra aiictoritate corpore divisi? An nulli ebriosi. peccatores
publici, aliteque ejus modj personfo ? Quibus ita exaratis et ad
aniussira observandis beneiiictionein uostram pa=toraIem me-
dullitus corpore absentes, sed jam spiritu présentes impertimur.
In quorum fidem etc. Datum 14 Aprilis 1784.
Les recès pour l'année 1784 (Je cette visite, qui avait pris
une granije importance^ sont malheureusement incomplets '); nouii
possédons cependant des recÈs particuliers et diverses ordon-
nances pour les paroisses d'Echallens. Villars-le-Terroir (4 dé-
cembre 1784), de Villaz St.-Piene (7 décembre 1784), de Bot-
tens, Pully-le-Petit (Poliez-Pitlet), Assens, etc. (13 décembre
1784) et nous savons que les chapelles du décanat de Belfaux
ont été visitées sur l'ordre diî l'évéque (1784)')
Les recès pour l'année 1785 sont plus complets^}, nous
relevons particulièrement les recès pour le comté de Bourgogne,
pour NeuchAtel, ceux du décanat d'Estavayer *), ceux de l'église
de St. -Jean à Fribourg (18 février 1785)'); nous possédons de
l'année 1786 les recès pour l'église collégiale de St.-Nicolas
(6 janvier 1786)"), pour le collège St.-Michel ') et pour les cha-
pelles et l'hôpital de Fribourg "),
La vigilance du pasteur du diocèse continua à s'exercer
également après la visite pastorale pour le bien spirituel des
fidèles. L'évêque de Lenzbourg publia différentes ordonnances
relatives au baptême des enfants, à la discipline ecclésiastique,
') RecessuH visîtatîonis. Carton n' 20. 11, I (actea inDom[)letB, I
(al. 1-212 du protocola manquent).
') ReoeaFus, 1. c, 11. I.
') RecesBUfl, 1- c, 11, I, fol, 212-273.
') Receiaus. 1. c, 11, I.
') Mandement» et irsndnts (1690-1806) fol. 86-87 (Bibl, cant )
*) ActA visitationis. vol. 18, fol. 278-80; Mandeuienls et mandats
<lli90-lB06), fol. 80-82.
') Aola visit., 1. o., fol. 280.
■) Acta vUit., I. c, fol. 281 et sa.
658
A la lecture deo mauvais llrres, à la fréquentatioa des aubergt
ete , etc. *)■
La seconde visite pastorale de l'évëque de Lenzbourg i
lieu en 1780 et les années suivantes. Le conseil de Fribourg
avait {irié en 1780 l'évoque d'ajourner ia coosécratioa de quel-
ques ifglises Jusqu'au moment de la visite pastorale, qaî habi-
tuellement se fait tous les sept ans, et en 1790 it délégua an
représentant du gouvernement inur accompagner le chef da
diucèite dans sa visite *). La visite fat annoncée au diocèse pu
lettre du I" septembre 1790') :
« Beroanlus Emmanuel de Lenzburg, Dei et Saoctse Sedis
ApostoliciP gratia, Episcopus ac Cornes LausauDensis. S. R. l.
prineeps, el abbas infulatas Monasi. B. M. V. de Altaripa or-
dinis Cisterc., etc., etc., dllectis Nobis in Christo plarimam B'^
D*** DectBtSf Parocfais, «Jiisqoe ecclefismm Rectoribos oostrc
diCMosis b«a«dletloieai nostram et s«tatem in DonÙDo sen^
larMoa.
Ex ^«0 lenipore. quo dtoKesim oobts coicredhta visiU-
vinw, r«sp«cta n«)oris partis jao septions tabitar aanas, ns-
pcGla Tcro qtoniiiKUn iltios atstridiaH ni brevi etapean ve)
Wvrt iamptana est st^esafam. Sccaaëaa i^tar ndpere lU-
nw II ^1^1 lui ,iiL<tmwt^^si
ijiiiilii. H, a- 1. IT. •- S: 1
^ Mmri 4a CtanB 4a n «fa^taK n» « «i C j
^4«fc la n. <j-aiM.«M»i tm^m- h- | i
059
Neceese non arbitramur pluribus vos inonere prfBmltteD-
dam esse sacramentalem confessionem omnibus conârmandis, qui
ad annos discretioais pervenere et mortalis culpœ espaces eKistuot.
In consueto scrulinio pro vestra quilibet couscieulia nobis
manifestabitis, si quœ publlca io vestris parocbiis sint scandala,
ut ea tollaptur ; si quœ (qiiod absit) intev vos populosque vobis
commissos quEerimoniœ deiitur, ut amice componantur ; si quœ
patiamini circa bona resque beneficiales gravamina, ut ea auf-
feraiitur. Nobis pariter uotum facielis quomodo se habeant in
gregibus vestris christiani motes et pietas, num serpat forte
pravorum librorum lectio, langueat in scbolia juvenlulis iosti-
tutio ? Dicetis etiam si uiandatum uoËtrum de baptismo parvu-
lorum débite observetur ; ut opportuno remedio occuramus iia
omnibus, in ([uibus nostra vigilantia et auctoritas requiruntur.
Si qui conjuges sine légitima auctoiitate separati vivant,
illos admonete, ut ante adventum nostmm condonatis muluis
offensionibus simul habitent; renuentes autem nobis indicate.
Per B'''» D""" Decanos lequirimus, ut, partera oneris
Dostri in se suscipientes, capellas et oratoria sui decaoatus per
se (quantum fieri poteiit) visitent, de horuni et iilarum statu,
defectibuij, réparation ib us, ornamentorum sufiïcientis et munditia,
SS. vasorum decentia, etc., nobis scrîptu rationem reddiluri in
scrutinio, quod apuJ ipsos babebimus quando ipsoium paro-
chiam visitabimus.
De die adventus nostri quilibet R. D. Parochus suo tem>
pore monebitur. Hoc interea dtcere sufficiat, nobis mentem esse
prosime futuro autumno omnes illas visitare parochias, qus
autunino anni 1783 visitatm fueruut.
Cum nemini prosint nobisqiie ptures ob causas iavisfe
sint sumptuossË epulœ, prohibemus, ne in prandiis cœnisve pa-
randis inutiles fiant sumptus ; fragalitatem ergo omnia redo-
leant. Gratissimum ita erit nobis submissionis vestrœ testimo-
Dium. In quorum fidem, etc. Datuai Friburgi die 1" Sept. 1790.
La visite fut commencée après le retour de l'évéque de
Soleure (5 octobre 1790) le 6 octobre par la paroisse d*Ue-
berstorf >). L'évéque ne visita qu'une partie du territoire M-
') Itloerarium visitationlR pont. Bern- de Lenzbourg 1790, 1781
■ c, D- 11, 11 et n- 12).
- 660 —
bourgeoiii, ootammetit le décanat de Belfaux '), et retourna i
Fribourg le 25 octobre 1790; quelques paroisses, entre autres
Charnify, Bellegaide, Cerniat, Lessoc, Monlbovon, Albeuve,
Bulle, RoiDOEit, ttc, furent visitées l'aunt^,e suivante. A la d&te
du 8 juillet 1791 'j l'évéque annonça par lettre circulaire qo'il
allait continuer sa visite jiour le reste du diocèse et renouvela
les dispositions prises à ce sujet l'année précédente. Les recès
paiticuliers de cette visite'), qui sont datés Je 1792 et 1793,
nous renvoient à lUa protocoles assez étendus *), qui sont mal-
heureusement perdus. De même nous ne trouvons trace, ainsi
que pour la première visite pastorale, de recès généraux.
Le diocèse de Lausanne ne fut pas à l'abri des idées ré-
volutionnaires qui agitèrent à cette époque surtout la France.
L'évéque prévint se^ diocésains contre les innovations dange-
reuses, condamna la Coubtllution civile du Clergé et réclama
aux fidèles le secours de leurs prières, à la vue des maux qui
affligeaient Téglise et des dangers qui menaçaient la religion.
11 n'est pas nécessaire, dit l'évèque dans une lettre pasto-
rale '), de vous dire quels sont ces maus et ces dangers ; il u'est
personne parmi vous qui le» ignore et qui n'eu ^uit siocèreuient
affligé. Quand nous considérons avec les yeux de la foi l'affaiblis-
sement général des seiitinu'nts de religion, les spectacles de
destruction, de désolation <|ui se succèilent si rapidement depuis
quelques années, nous tremblons que nous ne soyons peut-être
arrivés à ces jours malheureux, prédits par St-Joun dani; le
livre de ses Révélations, chap. 20. où il nous dit de la manière
ta plus claire que le dragon, l'ancien serpent, qui est le diable
et Satan, après avoir persécuté l'Eglise dans les premiers siè-
cles, sera enchainé pour mille ans ; mais qu'après que ces mille
ans seront accomplis, il sera délié, qu'il sortira de l'abtme avec
une nouvelle fureur, pour séduire les nations qui sont aux
') Voir la Status cap«llarum et iiratoriorum in decanatu S.
annn 1790 (Receasua, I. c, n' II, II).
•) HeccBsus, I. i-,. M- 11, 11; AeW \i:'it,., \oI. 18. fol, 293.
') Acta aecuiidee ïiaitalionîs 1791-93 (AcU, vol. 18, fol. 294-32S
ReoesauH, 1- c, n' 12.
') Noos Imurnii» eité le fol. 182 il'un protocole (Refiessos n* 12).fl
■} Mandement du 3 octobre 1792: Mandements, 11, (17.58-1814). \
— 561 —
quatre coins de la terre, qa'il les rassemblera pour combattre
rontre les saints et la cité bien-aimée qui est l'église de Jésus-
Christ. Cliaque jour semble lever île plus en plus le voile qui
couvrait les obscurités de cette prophétie : tous les événements
viennent s'y placer comme d'eux-mêmes, jamais l'Eglise n'eut
plus d'ennemis et jamais ils ne furent plus acharnés à la dé-
truire, Nous n'eûmes donc jamais plus besoin du secours du
ciel et d'être protégés par le bras tout puissant du Seigneur.
L'évéque demande aus fidèles de son diocèse de con-
courir, chacun »eloD son état, au rétablissement des bonnes
mœurs.
Les peuples qui ont perdu la foi ne l'ont ordinaire-
ment perdue que parce qu'ils étaient déjà corrompus riaus les
mœurs. Celte vérité, que l'expérience confirme, est conforme
aux décrets et à la conduite de Dieu sur les nations dépravées.
Les bonnes mœurs sont donc le soutien et l'appui de la foi ;
le moyen de conserver la foi, c'est de vivre d'une manière
conforme à la foi, c'est-à-dire de conformer sa conduite aux
maximes, aux préceptes de l'évangile, à la morale de Jésus-
Christ.
Que chacun de vous compare donc ses mœars avec la foi,
et que le fruit de cet examen soit d'expier par la pénitence et
de corriger dans la conduite tout ce qui est contraire aux com-
mandements de Dieu et à la morale de l'Evangile.
Que les pères et les mères, les chefs de famille redou-
blent donc de vigilance sur ceux qui leur sont soumis ; qu'ils
ne souffrent jamais dans leurs maisons ces soirées, ces veillées
dangereuses, la perte des jeunes gens, qu'ils s'appliquent au
contraire à y faire honorer et pratiquer la religion et la vertu ;
que les vieillards donnent bon exemple en toutes choses, que
les jeunes gens vivent dans la modestie et la chasteté, que le
vice contraire, l'impureté, soit banni d'entre nous : ayez-en la
plus grande horreur, puisque c'est ce péché-là surtout qui fait
les incrédules et les impies et qui attire sur les hommes les
plus terribles châtiments.
Encore une fois, quelques mois avant sa mort, il fit en-
tendre, dans un mandement '), sa voix de pasteur, pour prému-
<) Mandata et litterfe pastorales, Il [1759-1335),
— 562 —
nir les fidèles de son diocèse contre la contagion de Tim-
piété.
Ce zélé prélat c in oratione assiduos, in tradenda et pro-
movenda divina lege totus, in mansuetudine prsecipuus » comme
dit son biographe ^), mourut le 14 septembre 1795 < univers»
genti memoriam vitœ et mortis suœ ad exemplum virtutis et
fortitudinis relinquens >.
^) Litterse encyciica) de obi tu Révérend. D. Bernardi Eoi. de Lenz-
burg, 21 octobris 1795 (Mandata et iitterœ pastor., 1. c, n* 3).
CHAPITRE DOUXIEME
Les visites pastorales de l'évéque Jean-Baptiste d'Odet
(1795-1803).
L'épiscopat de J.-B. d'Odet ') tomba dans une époque bien
difficile : les progrès de l'irréligion et de la dépravation des
mœurs sont la signature principale de l'époque. On cherche, dit
le nouveau pontife '), à enlever la foi à tant de fidèles, en
substituant à leurs vrais pasteurs des ministres sans mission.
C'est pourquoi il est principalement du devoir du premier
pasteur du diocèse, de veiller sur la pureté de la foi, d'empê-
cher qu'aucune nouvelle doctrine ne la corrompe, qu'on ne
propose aucune règle de mœurs qui ne soit conforme à la mo-
rale de l'évangile. C'est encore un des plus essentiels devoirs
de l'évëque de ne donner à ses fidèles pour pasteurs et directeurs
dans la voie du salut que des personnes capables de les ins-
truire par leur science, et de les édifier par leur conduite *).
Nommé au mois d'octobre 1795, l'évéque Odet ne put
commencer son ministère pastoral «lue vers la fin de l'année
suivante; le 8 décembre 1796 il fit son entrée solennelle à Fri-
bourg.
Malgré les temps défavorables et menaçants, l'évéque
voulut néanmoins, dès le commencement de son pontificat, faire
la visite pastorale. Elle fut annoncée, le 24 avril 1797, par la
lettre suivante *) :
') Mémoires historiques, 11, p. 540 s3. ; Protocole de la cour épis-
oopale, II, 1796 et ss.
*) Lettre pastorale du S4 octobre 1796 (Mandata et litt. pastorales,
I. c. n* 4; Mandeineots, II (1758-1814).
') Lettre paatorale, 1. c, p. 9-10.
') Litlera anuntiatîonis 1797 (Receasus, n' 13 ; Acta viailatlonia,
vol. IB, (ol. 326-27). Pour les frais de visite à celle époque, voir les dé-
clarations des curés de Villaz-St-Pîerre, Berleaa, Vill&raboud, Billena,
Massonona (RecesauB, n° 12).
564
« Dilectis nobis in Christo R"*'" DD decanls. paroriiis, Tî-
cariis, sacellaDλ aliiaque ecclesiarutii rectoribus nustree djœcesis
salutem et benedictiotiem nostram.
Cum primum Mt pastoris munus vullum pecoris sui agnos-
cere suosque grèges considerare, ut de Rtatu ovium ratione ha-
bita, ipsis, [Ji'out opoi'tet, prospicere possît, ideo SS. EccIesJs»
décréta gravissima episcopos obstrictos volueruut obtigatione
suas identidem diœceses visitandi.
Qoid auteiD iu istiusmodi visitationibus prœcipue inteodere
debeai episcopuB, claris verbis S. Trideutina Sjnodus exprimit,
cum dicit eorum bcopura esse, sanani orthodoxamque doctrinam,
expulais hseresibus, iiiducere, bonos mores tueri, pravos corri-
gere, populum exhortationibus et ad m o ni Lion ib us ad religîonetn.
pacem et innocentiam accemlere, ctsteraque ad fidelium fructum
coiislituere, prout tempus, locus, et occasio feret.
Huic ecclesÏEË prœcepto et iiilento sati^facturi, prosimam
vobis, fratres carisaimi, per bas litleras nostrœ diœcesis visita-
tionem nuntiamus, cui incipieDda; mense sequenti flcciogeiuur.
Quo certius pifefatos visilationis fines assequi possimus, eo
instantius a vubiâ requirimus, ut nobis, omui bumano seposito
rctipectu, edicatis, quidquid ad iltos obtineados ertt uecessarium.
1° Circa ea quœ curaiti aoimai'um vobis commissarum r&s-
piciunt : An nulla in parochia scaiidala ? An oulli concubinarîi,
librorum prohibitorum lectores, retentoies, bœrelici ? Num con-
jugati vel maie viventes, vel absque autoritate nostra separati ?
Num ebriosi, filii parenlibus inobedieules, aut laies petsonœ
quœ reprehendi debeaut et corrigi ? Num ludiraagistri probi,
diligentes et apptobati habeaulur ? Num infautes ad ^cho)as et
cathechesin assidue mittantur ? Num obstetiices probe tostruclK
de modo baplizandi, et prœcipue de coulentis in mandali iltus-
trissimi et leverendissimi praedecessoris Doslii sub dato 25 maii
1788')? Num ejusdem mandati doctrinam, uL priKceptum est,
dûceantur, qui matrimonii statum arapiectunlur ?
2° Circa ecclesias et capcllas. Num in suSicientia habeant
vasa sacra, calices, ornaraenta, libros, sacras vestes, corporalia
munda, ca^teraque necessaria ad functiones divinas rite obeuo-
das?
') Vgir Mandata el littorsB pastorales, Il (1758-1835),
Qni statue benefîcii ? Qui fructus ? Num intègre sine mo-
lestia percipiantur 7 Quie sumoiœ ad censum datse ? Qui debi-
tores ? Num ipsimet beDeficiati ? Quis titulos creditarum pecu-
niarum in manibus habeat ? An reclus), sive in cisla peculiari,
sub duplici clave ?
An sit aliqua in parochia confraternitas ? Qui ejua reddi-
tus, bcrum usus, et quibus de iis reddatur ratio ?
Ad ecclesia parocbialis aut capellœ habeant bona seu fun-
dationes ad fabricam, et quas? Quis rector horum bonorum, et
cuinam computus reddantur ?
An fundationes pro pauperibus ? Qui reditua ? Quis rec-
tor, et quibus eoruni eshibeatur computus?
Quo in statu sint Missfe fundatœ ? Quis illaa solvat ?
Exhibebunt etiam It" DD. parochi libres baptizalorum,
mortuorum et conjugatorura intègre scriptes et transscriptos,
lîbrum eliam conûrniatorum.
Exhibebuntur insuper Rdorum parochorum etsacelianorum
institutiones, vicariorum approbationes, et beueËciorum chiro-
grapba seu obligaliones tura activœ tura passivœ.
Admoduni Rdos dnos decanos requirimus, ut capellas et
uratoria etiam in privatis domibus erecta sui respective distric-
tus visitent, nosque de eorum statu, utilitate, defectibus et re-
paralionibus débite et suo tempore edoceant.
Cum gravis sit inordinatio tennpus negotiis visitationis des-
tinatum epulis dare. stricte prœcipimus ut multum odtosia par-
catur sumptibus in praudiis et cœnis paraodis, quas omnino
frugales esse volumus.
De die adventus nostri congrue tempore certior fiât po-
pulus, prfepareuturque infantes per debitam instructionem et
sacrameotalem coufessionem, si opus sit.
Rogaraus etiam R''"' parochos, ut vagos et peregrinos in-
fantes arceant a Contirmatione suscipienda, nisi certi sint illos
esse probe instructos, bene paratos et nondum confirmatos. In
quorum fidem, etc. Datum in dotao residentiœ noslrse die 24
aprilis 1797.
La visite eut lieu ') dès le mois de juin 179" pendant les
mois de juillet et d'août ; elle fut reprise l'année suivante au
') Episcopalia ecclesiaruin e
i, d' 13) : Acla visilatiotiia,
mois de juillet '), mais ne put être continuée à cause de II
révolution qui éclata de toutes parts. Après la visite de 1797,
l'évëque publia, le 12 janvier 1796, un mandement, dans lequel
il insiste sur ta nécessité de la péuitence dans ces temps csla-
miteux et prescrit des prières publiques pour la conservation de
la religion. L'évèque conjure les pères, mères et chefs de
famille d'interdire, pendant ce saint temps plus que jamais, à
leurs enfants et domestiques toutes courses nocturnes, veillées
ou fréquentations dangereuses ; il demande instamiaenl aux
préposés civils et gens d'office de ue permetire ni bals, ni
danses, ni mascarades. La visite pastorale, il e^t vrai, a douaé
à Kévêque la douce consolation que, malgré les temps d'incré-
dulité, il avait trouvé ses fidèles si constamment attachés à la foi
de leurs pères. Cependaut l'évèque voit surgir des dangers pour
la tranquillité, la religion et la paix de son diocèse, et trace*)
au clergé et aux fidèles nue ligue de conduite empreinte de
prudence et de sagesse. Il déplore surtout un certain relâche-
ment dans la discipline ecclésiastique à une époque si difficile
pour la foi et les mœurs, et cherche ") à faire cesser ces abus.
Cette manifestation de solliciiude pastorale de l'évèque ne
devait pas plaire auji prétendus philosophes du jour '), et la Cons-
titution de l'évèque fut attaquée d'une manière très indécente.
< Selon eux, dit l'évèque, les ecclésiastiques devraient souiller
leurs écrits et les chaires nième.s évangéiiques d'idées philoso-
phiques ; ils devraient s'avilir en aiTectaiit, dans lu manière de
s'habiller, toutes les modes ridicules du siècle. Selon eux, tont
ce qui respire l'ordre, la décence ecclésiastique, le respect ponr
les lois et les canons de l'église, doit être impitoyablement li-
vré au ridicule. Par contre l'évèque témoigne sa plus vive sa-
tisfaction à son clergé pour la docilité avec laquelle il s reço
la ligne de conduite tracée par le chef du diocèse, et de l'em-
pressement qu'il a témoigné à s'y conformer. Le clergé du dîo-
') Receasus, n" 13. CepeuJanl la paroisse du Landeran ne fut vi-
sitée que le 20 septembre 1801 (Reorasus, n" 14, IIJ.
*) Mandata et lit. pastorales, I. c, n" 4; Mandements, U (1758-
1814) : 15 tâvrier 1798, elo.
') Mandatuin : 10 juillet 1799 ; Constitulio: 29 mars 1801 (Man-
data et litt. pastor., t. c. n" 4 ; Constitutioues synodales. VI).
') Lettre du 8 mai 1801 de [-évt-iue O.iet à son olergé. (MaodaU
et titt. paît., 1, c, u' 4.)
cèse a rendu justice à nos bonnes ioteotions. jl y a vu que
nous n'étions animé que de l'amour de l'ordre et du désir sin-
cère de maioteoir la discipline cléricale et de la rétablir dana
les points où elle avait éprouvé quelques relâchements, que,
voulant rendre à l'étal ecclésiastique toute la coni^idération
dont il a besoin pour faire le bien, nous ne nous contentions
pas d'une vertu seulement intérieure, mais que nous voulions
qu'elle se manifestât dans les paroles, dans le commerce de la
vie et même dans les habillements. >
Nous avons communiqué plus haut les questions, que l'é-
véque avait adressées au clergé, le 24 avril 1797, en vue de la
visite pastorale à faire. Des rapports écrits arrivèrent en grand
nombre à l'évéché '), contenant de précieux renseignements sur
l'état du diocèse à la fin du 18* siècle. Les graves préoccupa-
tions des années écoulées avaient sans doute empêché l'êvêque
de rédiger et de publier les recès généraux de ses visites pas-
torales. En luut cas, ils n'ont été rédigés que dans le courant
de l'année 1801, car il y est mentionné la Coustiiution de l'êvê-
que du 29 mars 1801, dans laquelle il trace au clergé du dio-
cèse sa ligne de conduite vis-à-vis de la Constitution civile du
Clergé, imposée par le gouvernement de la République helvéti-
que ans prêtres.
Dans ces recès généraux, qui ne purent pas être promul-
gués et exécutés « propter turbas in revolutione civili exortas ') >,
l'évéque, après avoir relaté les derniers événements, les dan-
gers que couraient la foi et les mœurs, et les dispositions anté-
rieures qui avaient été prises par lui en vue de la situation
actuelle, insiste sur la nécessité de l'éducation chrétienne et de
l'instruction de la jeunesse. Les recès sont les suivants ^) ;
< Dilectis nobis in Christo reverendis decanis, plebanis
prioribus, parocbis, vicariis. sacellanis, tolique venerabili clero
sœculari nostrœ diœcesis, salutem in Domino sempiternam.
Recenti memoria retinetis, fratres diiectissimi 1 in quan-
tum ex tempore quo diœcesim nostram visitavimus, religionis
amittendie inciderimus periculum, nam, cum nova nobis oblata
fuit civilis Constitutio, de avita fide actum fuisset, nisi eodem
') Archives de l'Evêché. Recessus, n'
') Ao(& visiUtioDÎs, vol. 18, fol. 327.
') Recesana generalei 1801. (Recesaus,
566
Sacramento et fidelitatem promittere et impietatis laqueam cod-
cDlcare Deus optimus nobis dedisset, sicque siagulari beneficio
prsatitisBet, ut, quœ Csesaris eraDt, Csesari redderemus. et quœ
Dei, Deo.
Verum etsi scbismatis hferesisque scapulum tam féliciter
evaserimus ut pro tanto beneâcio nobis posterisque nostris per-
pétua ÎDCumbat erga Deum gratiludiats obligatio, quotidiana
tamen et id dles major sese nobis offert gemendt matenes :
morum nempe depravatio et corruptela, antehac muilum qui-
dem invalescens, sed ex jure lihertatis et tequalitatis prave in-
tellecto ita roboiata, ut, ruptis omnium iegum repagulis, tor-
rentis instar, civitates et oppida, pagos et villas pervadat
vastetque.
Ut huic malo remedium affere possemns aliquaado, (non
enim opportunum tune erat, cum mali de maie agendi libertate
BÎbi iosolenter applauderent,) muneris nostri et officii pars prima
fuit (uti sane esse debuit) ut vo^;, fratres dilectissimi, quaatura
io nobis esset, a noxio generalis hujus mali influxu întactos
gervaremus, vestra dein<le opéra usuri, quando moribus populî
corrigendis aptior sese proderet occasio.
Hune in finem menae februario 1798, imminente jam
statua politici mutatione, quasi de fuluris praiscii, vobis man-
davimus, ut a civiljbus muniis etiam oblatis abstineretis, atque
fîdei cooservationi, animarum saluti et divins^ vocationis ves-
trce officiis toti et unice incumberetia, ac quoties alias ad vos
variis de causis litteras dedimus, nunquam omieirous paterua
in iltis interserere monita, quibus vos ad vocalioois sanctitatem,
eximiamque status vestri dignitatem attentes redderemus cautio-
resque efficeremus adversus omnia illa, qua; bonam vestri existi-
mationem auctoritatemque vestram in animis lidelium vel tan-
tillum iramiauere possent. Tota pariter ad eumdem finem tendit et
dirigilur nostra Constitutio die 29 mensis Martii anui 1801 édita,
in qua toti fuimits, ut a vobis amoveremus quidquid vestrum
quo pro animarum salute fungimini ministerium aut inutile aut
nocivum efficere potuisset.
Sic enim arbitrabamur nos faciliue, cum tempus ferret,
grassanti dépravation! vel obicem ponere, sive etiam medelam
adhibere per vos posse, si talea esse studeretis, ut populi vobis
concrediti in conversatione veslta et docLrina iilhil uisi quod
i
imitarentur et sequerenlur, invenirent, verbo, si in Ëcclesia Dei
essctis qualeij nos Divinus Salvator vocat, nempe : lux mundi et
sal terrte.
Primum quidem hujus nostrœ pro vobig curœ et vigilantiœ
fructutn retuliinua, cum eo ipso tempore quo status sacerdotalis
ipsaque religio despicatui habebantur, quo vobis emolumento
laudique cessisset ab officiis deflexio. vos semper disciplinée
ecclesiaslicœ tenaGGi^, sacrosani;tje religion! addictos, salutis ani-
niarum cupldos et omnes impice novitatis osores exhibuistis.
Non ingratam quoque sollicitudinis nostrEe mercedem percepi-
mus, cura, emariata oostra prœfata Coustitutione, vos vidlmus,
spretis folliculariorum dicteriis, vel potius latralibus, non solum
auctoritati nostrœ reverenfer assiirgere, verum etiam vos exac-
tius ad illain componere, pauci» exceptis. quos lamen vel cor-
rectos jam habemus vel brevr conigeudos speramus. Pro hia
omnibus vobis laudes dare griitesque referre lequum est, quaa
publico hocce testimonio damus et refertmus tibenterque lesta*
raur, orane quod periculosis hrsce tempuribus solatium habuimus
ex vobis nobis provenisse.
Ut autem gaudium nostrum sit plénum, alterum adhuc a
vobis exspectamiis, fratres carisstnti, sollicitudinis nostrte sola-
tium, istud nempe ut cum stabilitan] undique vîdeumus pacem
et ad saniora redire cœpisse honiines principia, junctis viribua
et indefesse reforniandis populi moribus incumbatis ; quam re-
formalioneui multum promovendam putamus, si fideliter obser-
vavcritis quœ in sequentlbus articulis mandamus et prEecipimua.
De cura juventutîs ckristianœ, Quantopere necessarium sit,
si mores reformari. si religionem tutam atque florentem esse
vetimuB, juventutîs christianae bis prœsertim temporibus assi-
duam curam gerere et de ofHciis christianis mature instrui, licet
aperta res sit, evidentius tamen colligetis ex ipsis SS. D. N. Pîî
Papffi Vît verbis, qui in suis litteris encyclicis ad omnes catho-
licos episcopos, dalis Venetiis ex Monasterio S. Georgii Majoris
die 15 maii anno 1800 et aui PontiScatus anno primo sic illos
alloquitur : * Vniverso qtàdem gregi, in quo vos Spiritus Sanc-
tus posult, attenilere vos oportet, sed omnium maxime paterni
amoris, benevolentÎEeque vestrœ vigiUutiam, studium, industriam,
operam, pueri sibi et adolescentes deposcuot, quos tum exemplo
Euo, tum sermone Christus tam vebementer commendavit ; quo-
5711
rutn teneris animis inficiendis et corrit in pendis omoea contendnnt
nervoH, qui res privatas et ptiblicas everterc. divina et humaua
jnra omnia peimiscere siinl itioliti, spem in eo maximam oefaria
cogitata perficiendi collocantes. Neque hos enim fugit, mollis
cerœ instar illos esse, qui traclari facile et in quamtibet partem
flecti et fringi possint : qiiam vero foirnam semel susceperint,
eain, quara ictale progressi obriuruerint pertinacîssirae retineni,
altamque respuunt, ex quo tritum illud omnium nermone e
divinis tittcris provcrbium : Adolescens juxta viam suam etiam
cam senuerit, non recedei ah ea. Noiite ergo commîttere, veoe-
rabile8 fialres, ut fiiti hujus Bœculi prudentioies quam filii lucis
in geneislioDe sua sint. Quil)us viris regendi in Seminariis et
coUegiia tradanlur pueri, quibu» disciplinis irabunntur, qui deli-
gaDtur in lycœis mngistri, qute scholœ habeantur, etiam atque
etiam considerate. pervestigate sedulû, odoramini, lustrale om-
nia, excludite, arirete rapaces lupos, non parcenteB imo ionocen-
lium ngnorum gregi, ac si quo forte irrepserint, eos inde estru-
dite. exterminate protinus, secundum potestatem quam dédit
vobis Dominus in ledificationem >,
Hoc comraunis Patris et Pastorio mooitum non solum ad
episcopofi pertinet, sed vos etiam non una sub con<4ideratioDe
respicit, fratrea dileclissimi, î«am, cum omnibus scbolin prosime
învigilare non possimus, certe vos estis qui hac in parle vices
□ostras agere debetis. Sciatis igitur, vos ante quoscunque alioa J
prEepositos esse scbolis parochiaium vestrarum invigilandis et etiaiit|l
a vobis juventutem exposcere illum paternura amorem et beve*!
volentîam, ut ai bonum auiraettir; illam vigilantiam, ne inter^
morum corruptelas et vitia adolescat; illud studium, ut in cateche- 1
sibus doctrinam christianam juxta captum doceatur; illam indu-
striam, ut ad schola'^ familiarcsque religionis instructiones allî-
ciantur-, illam operam denique, ut zelus parentum pro âliorum ]
suorum instructione magia magisque inflammetur diligentiaque |
magistrorum acuatur.
Quapropter, ut nos et vos muneri nostro in hac parte sa- j
tisfaciamus. volumus et prEecipimus: 1° Ut singuli Revereodi J
parochi ssepius et ad minus qualer in anno scholas vîsiteat etj
fréquenter sive prîvate, sive publiée parentes raoneant, ut prolei
suas diligenter ad scholas mittant. 2" Ut nullus admittatur mal
gister, qui a nobis vel saltenn a reverendissimo Vicario gênera]
in moribus et doctrina chrîsliana non fuerit approbatus 3° Sin-
gulis diebu? dominicis, catecbesis ad vesperarum finem vel alio
opportuno tempot'e habeatur. in qua clare, breviter, solide et ad
intelligeDiiam rudium doctrina christiana tradatur ; quapropter
maliira pr)£cedat pi'EËparittio, ne catecht>ta ioepta et împerti-
iientia, iiimis loiiga aiit subiilia dicat: frangi enira débet parvu-
lis panis, non exqui^^itis ppulis pa^ci, 4" Peculiarem curam ha-
bebunt Revorendi parochi puerorum et puellarum mendicantium.
Cuin ergo in parocbiain redeiint, privatia colloquiis instruaiitur,
nam âebili ex pe rien ti a constat, illos in ignorantia crassissima viti-
orumque sordibus viveie. 5° Ut a primulis jam annis odium
peccali et virtulis amor adolescentium animis imprimatur, omnes
qui iiondum divinœ Eucharistiœ participant, quater in anno, id
est, singulis quatuor temporibus anni, pro confessionibus audi-
antur. 6" Ilii vero qui ad communionem erunt admitteodi, per
Quadragesimam et aliquas jam prœcedentes hehdomades binis vel
ternis instructionibus singulls septimanis habendis, probe de doc-
trina christiana prius imbuantur, nullique e catecbesi dimittan-
tur nisi elapso post primam Communionem bieonio. >
Ces recês, malheureusement, ne sont pas complets. Pour
la réforme des mœurs, comme il ressort du préambule, l'évéque
voulait proposer plui^ieurs articles, dont la t cura juventutis chri-
stiana; > n'est que le premier. Nous ne connaissons donc que
)es dispositions que l'évéque crut devoir prendre c in hac patte>
c. à. d. pour l'instruction de la jeunesse. Mais ce que les recès
ne disent pas, nous l'apprenons par les mandements '), qui ont
suivi de près les rec^^, et dans lesquels le pasteur du diocèse
s'élève contre ces nouvelles sources de corruption, où l'on va
en foule et avec une espèce de fureur puiser des principes anti-
religieux, tout le poison et le goût même de l'immoralité. « Par
ces sources de corruption, dit l'évéque. nous entendons particuliè-
remeni la comédie, les danses licencieuses et la lecture des mau-
vais livres, qu'une morale relâchée et complaisante ne concili-
era jamais avec la sévérité des maximes évangéliques et les
règles de la vie chrétienne. Nous ne dirons rien de la manière
dont on passe les aaints jours de dimanches et de fêtes: ce ne
sont presque plus pour un très grand nombre que des jours de
') Leltrea pâHloralâB du 18 février et ^u 4 septembre 1S02 (Man-
data et litt. paat., I. o., n' i^
— 672 —
plaisir, de débauches et de piofanalions. Environnés de pauvres
et tle malheureux, comme nous le sommes, on employé à la
vanité des modes les plus Jndécentes, aux excès de la table, à
payer chèrement les folies et les plaisirs corrupteurs des spec-
tacles, ca qui devrait servir à soulager la misère d'un grand
nombre de familles, qui luttent chaque jour contre les horreurs
de la faim et les besoins prestiatits de la pauvreté. Tant d'ini-
quités prouvent déjà assez que la foi ne produit plus parmi
nous les fruits de vertus dont s'honoraient nos pères, et que
de jour en jour nous nous rendons plus dignes de la perdre.
Que les pères et mères, maîtres et maîtresses fassent donc
servir toute leur autorité à faire régner dans leurs familles la
piété et la vertu et à empêcher tout ce qui pourrait y donner
atteinte, principalement la lecture des mauvais livres, les soirées
et toute société dangereuse. Que les pasteurs et les ministres
des autels redoublent d'application et de zèle pour instruire et '
de vigilance sur eux-mêmes pour édifier en tout. Que les prêtres
et les lévites pleurent entre le vestitmle et l'autel. Que tous en-
tin se réunissent pour implorer la miséricorde du Seigneur et
la mériter par une sincère conversion. » Peu de temps avant &a
mort, l'évêque, en traçant le tableau de l'état moral du diocèse'),
fait encore une fois appel à l'esprit de foi des ses fidèles pour
les engager à réformer leur vie et à faire pénitence.
L'évêque Jean-Baptiste Odet mourut le 29 juillet 1803, à
la fleur de l'Age (in summo aetatis vigore). laissant des regrets
universels. Son biographe-) lui rend un beau témoignage, en
résumant sa carrière dans ces mots: * Vere explevit tempera
multa, qui sapientia sua effecit, ut pax esset in patria et in pace
religio; quando novi in dies ingruebant turbine.", avitani tidem
sacrosanctamque religionem nobis servavit et inviolatam a nabis
ad posteros transraittendam rcliquit. Curavit gentem et libera-
vit eam a perditione; non recédât memoria ejus et nomen ejus
requiratur a generatione in générât ionem, sapientiam ejus eoar-
rent gentes et laudem ejus annunciet Ecclesia Lausannensis.»
') Lettre past, du 16 févriei- 1
p, 3-5 (Mandata et litt. paat-.
') Lilterie encyclicie de obitu D. .T.-Bapt. Odet, episcop, Laasan-J
jieDBis, 9 août 1803 (Mandemeats, II, 1T5S-1SU).
CHAPITRE TREIZIEME
Les visites pastorales de l'évéque Maxime Guisolan
(1803-1814).
Ce prélat fut nommé au siège épiscop&l '^ 'à septembre
1801 et fit son entrée à Fribourg le 21 mai 1804'). Lors de
la prise An possession de son siège, il donna, dan!! une lettre
pastorale du 20 juin 1804'). un aperçu Rucciuct de l'état riîli-
gieux an commencement du IG^'Eiècîe, Mgr Guisolan rend hom-
mnge à son prédécesseur d'avoir gouverné le diocèse avec une
main sûre, pendant les temps troublés et difEicilcs de la Re'vn-
liition, et d'avoir gardé intact dans son diocèse le dépôt de la
foi ; il relève l'altidude digne de tout éloge du clergé diocésain,
tant séculier que régulier, dans les grandes difficultés de cette pé-
riode dangereuse, et il l'exhorte à continuer à marcher dans
cette voie et à aider !e chef du diocèse pour conserver et ré-
tablir les bonnes mœurs. Il prévient les fidèles contre l'esprit
novateur qui, aous prétexte de réformer l'Eglise, cherche à rendre
ridicules les institutions de l'Eglise, et il leur rappelle l'obligation
dp régler leur vie d'après le.s préceptes de l'Evangile et d'éviter
surtout la lecture des mauvaiii livres et l'abus toujours croissant
de la boisson.
Fidèle à son programme, Mgr QuisoUn fut pendant tout
son pontificat plein de zèle pour la discipline ecclésiastique, qu'il
cherchait à maintenir ou relever par des constitutions synodales
et par ses visites pastorales. Il alliait à la connaissance des
sciences ecclésiastiques, surtout du droit ecclésiastique, une piété
profonde, à une morale sévère une grande charité. C'est sous
Mgr. Guisolan que fut ouvert le Séminaire diocésain ; c'est lui
également qui institua les retraites annuelles pour le clergé.
') Mémoire» bisloriques, 11, p. hi3 et «uivanleB.
*) Mandata et litl. puMralas, 1. c, n* B.
57i
Peu de temps après la prise de possession, Mgr. Quisolan
voulut entreprendre une visite pastorale du diocèse ei il l'an-
nonça, à la date du 9 juiu 1604, par la circulaire suivante ').
c Maitimus Guisolan, ordinis capucinorum, Dei et SancUe
sedis apostolicœ gratia episcopus ac cornes Lausanneusis S. R. I.
princeps etc. Dilectîs nobis in Cbristo reverendis decanis, priù-
oribus, parochis, vicariis, saceilanis aliisque diœcesis nostrse eccle-
siarum rectoribus, salutem et benedictionein noslratn.
Cum propUT grogem regeridam sint Ecclesiœ pastores po-
siti, sapienli.«simi SS. Canone^ et maximi' Tridentiuura id mune-
ris episcopis iniposucrunt ut oves sibi concreditas statis tempo-
ribas inviserent ut sic propius earum saluti^i pericula, spiriluales
morbos et indigentias inspideoles, tutelam et medelam efGcacîu:^
ils adhibere possent, atque etiam ut qui sacramento Contirma-
lionJs inslgniti nondum sunl, illud opportunius suscipere possiot.
HuDC in finem proximam vobis, filii. per ba'i Htteras nostrî diœ-
cesis visftationem aDDUutiamus, quam proxirae prosequemur ').
Ut autem optalum soitiatur elTectam, uobis R. Parochi cfeterîque
ad hoc vocati nota facieni, quEcnam experiantur in cura anima-
rum gravamina, et sibi coRiinissarum animarum pericula. qus sit
juventutis ioslructio, dociliras aut inobedientia, quicnam conju-
gum (iiscordiEG, publica scaudala et cetera omuia que vel eccte-
sisG vel beneficii sui bona aiqiie suppelectilia concernunt.
De sacramento Confirmalionis parochianis vestris coiiferendo
istud paucis admunemus, ut ad illad rite suscipienditm preparen-
lur pueri puellieque per debitam instructioDem el sacramentalem
confessionem, si septenni» isint majorem, cum reuiota nunc sint
religionis pericula, propter quœ infantes antehnc indistincte ad
dictum sacramentum admittebantur (rogamus Reverendos parochos
ut qui saltem quartiim annum non compleverini, nobis non pre-
scntentur); ut vagos aique peregrinos a confinnalione suscipienda
arcealis nisi vobis certum bit, illus e^se probe instructo^, bene
paratos atque nondum confirmatos.
Scandalosam, parochianis onerosam, prandiorum et cœnarum
preparationem prohibemus, quapropter ne in malam partem
') ReceasuB, n° IS. Il
août 1804.
a des circulaires qui portent la date du 14 j
Julio incipiemus est blBé dans !e texte.
575 —
sccipiant R, D. Parochi si, cum videbimus excessuDi illacn. rescindi
jubeamus. Datum Friburgi 9 Junii ') (14 Augusti) 181)4. >
La visite comtnetiça au mois de juillet 1804 et occupa
l'évêque pendant les années 1805 et 1806'). Elle ne fut termi-
née qu'à la fin de l'année 1806, car à la date du 21 novembre
et du 1 décembre 1806, nous trouvons encore la visite de So-
leure et lea recès particuliers pour cette ville '),
Nous ne possédons pas de recès généraux de cette visite ;
l'évëque avait adressé pendant k' cours de la visite et après
l'avoir terminée, des lettres pastorales et des mandements au
clergé et aux lîdèlea de son diocèse, dans lesquels il leur expo-
posait nn certain nombre de points qui avaient besoin de ré-
forme ^}. L'évëque s'élève surtout contre certains abus que la
dépravation des mœurs a fait nattre, contre les désordres qui
triomphent tous les jours des plus heureuses inclinations pour
la vertu, et sèment de toutes parts le malheur et l'iniquité.
< Et d'abord, continue le chef du diocè.se en s'adressant à ses
diocésains, nous ne pouvons vous dissimuler la douleur que nous
éprouvons en voyant les suites funestes qu'entraîne la fréquentation
des cabarets, surtout dans les endroits où les personnes du sexe ne
rougissent pas d'y paraître, et où les sages lois de police sont si
souvent impunément violées. N'est-ce pas dans ces repaires de
la débauche que se forme cette habitude criminelle qui abrutit
l'homme, empoisonne et abrège ses jours, et en fait un spec-
tacle de scandale et d'horreur ? N'est-ce pas là où les solen-
nités saintes sont le plus indignement profanées, où se préco-
nisent les maximes du libertinage et de l'impiété, où prennent
leur source les dissension^ domestiques, les querelles et les
procès, où les faillites, les dicussions, les révoltes se préparent,
où vont s'engloutir et se perdre la fortune, lea mœurs et ta foi ?
Qu'il est triste de voir tant de pères de famille prodiguer en
ces lieux et souvent à des heures indues, l'argent nécessaire à
la sustentation de leur famille, abinaer en ces gouffres de riches
■) Cette date est biRée.
*) Visilatio a D. Guisolan 15 ,Iul. 1801 iocepta fActa visitationis,
vol. 18, (ol. 327-59).
") Aota viBll.. vol. 19, fol. 7-13.
') Voir leh mandeoienls de 1805. 1807 ot 1809 (Mandata et lilt.
pastorales, ti" 5 ; Mandements des évfiqaes 1758-1814) (Colleolion Gremaud).
propriétés et plonger ainsi dans l'indigence et la désolation aue
épouse et des enfants dignes d'uo sort plus lieureux! Qu'il est
douloureux de voir tant de jeunes gens enfouir d&ns cette terre
de malédiction des talents précieux qui auraient honoré la reli-
gion et l'Etat, y contracter le goût de la fainéantise et de la
débauche, dilapider un salaire qu'ils n'ont point encore gagné,
un héritage qui ne leur est point échu, s'abandonner à des ex-
cès qui font rougir la religion et l'humanité et sacrifier à l'io-
digne passion du vin leur honneur et leur patrimoine, leur vie
et leur âme ! Mais surtout qu'il est Kfâig>-ant de voir les per-
sonnes niâmes du sexe, qui. selon l'avertissement de rA.p6tre,
doivent se revêtir de modfslie et se distinguer par la retenue
et la pudeur, entrer effrontément dans les asiles de l'iutempé-
rauce, et quelquefois même aux jours les plus solennels, s'asso-
cier eu sortant des lieux saints à quiconque veut les y conduire,
se confondre avec une troupe de libertins, s'asseoir à côté de
quelques jeunes insensés, qui souvent mettent tout en œuvre
pour faire passer dans leur cœur toute l'ardi'ur du feu impur
qui les dévore ! Comment cette coutume, aussi contraire à la bien-
séance qu'aux bonnes mœurs, a-t-elle pu s'introduire? Par quel
aveuglement ce genre de scanJnte est-il devenu si commun, qu'il
trouve tant d'approbateurs et de complices ? Par quelle dépra-
vation peut-on tolérer un désordre au milieu de nous que par-
tout on condamne et proscrit ? N'est-il pas notoire que tant
d'assemblées nocturnes el tumultueuses, accompagnées des plos
criants désordres, n'ont bien souvent lieu que pour avoir été con-
certées au milieu d'une boisson'? N'est-il pas notoire que pin-
sieurs ne traînent maintenant des jours d'amertume et de douleur
dans l'étal d'un mariage mal assorti, que pour avoir pris impro-
demment dans ces lieux de débauche de funestes engagements?
Deux geures de déréglementa, qui uon seulement prouvent la
nécessité indispensable de remédier aux abus qui régnent par
rapport aux cabarets, mais qui doivent encore par eux-mêmes
exciter tout notre zèle et contre lesquels nous ne saurions nous
dispenser de nous élever hautement.
Et certes, vous o'ignoreï pas que les veillées nocturnes et
généralement la fréquentation trop libre des personnes de diffé-
rent sexe, sont un des désordres les plus marquants qui infectent
ce diocèse et que nous envisageons avec raison comme la
— 577
cipale source de la dépravation de nos contrées. C'est surtout
dans ces assemblées nocturoes, dans ces eutretieits secrets et
plus ténébreux que tes ténèbres même de la nuit, où tout se ré-
unit pour inspirer le goût des plaisirs charnels et porter de
mortelles atteintes à la pudeur, oii tout conspire à faire de ces
veillées des occasions prochaines de péché. Instruits des iniquités
sans nombre qu'engendrent ces veillées, pouvons-nous y être
insensibles ? Tant de maux ne doivent-ils pas réveiller notre
attention et ranimer notre zèle ? Aussi furent-ils depuis long-
temps l'objet de notre sollicitude, et c'est pour y remédier que
nous recommandâmes à notre clergé de suivre à l'égard de ceux
qui fréquentent ou permettent ces veillées nocturnes, les mêmes
principes que la morale prescrit à l'égard de ceux qui s'exposent
aux occasions prochaines du péché, ou qui ne les empêchent
pas, pouvant et devant le faire.
Nous n'ignorons pas avec quel zèle plusieurs ecclésiasti-
ques, soit séculiers, soit réguliers, ne cessent de combattre ce
genre àc- scandale. Approuver leur conduite, soutenir leurs ef-
forts, prémunir notre clergé contre le danger d'une morale re-
lâchée, tel est le but que nous nous proposons.
Mais ce qui pénètre d'amertume et de douleur ceux qui
travaillent à votre sanctiiication, ce qui met sans cesse de nou-
veaux obstacles à l'efficacité de leur zèle, c'est cet esprit d'in-
subordination qui se raidit contre toute.s les mesures de l'auto-
rité paternelle, ecclésiastique et civile, c'est l'entêtement d'une
jeunesse indocile qui ne songe qu'à donner un libre essor à ses
penchants vicieux et à vivre au gré de ses désirs ; c'est enfin
la criminelle indolenee des pères et mères et autres supérieurs,
qui, témoins de ces désordres, n'y opposent que des remon-
trances infructueuses, sans en venir jamais à certains moyens
énergiques qui pourraient facilement tes arrêter.
Pour atteindre notre but si intéressant pour ta religion et
si avantageux à la société, ne sommes-nous pas en droit de ré-
clamer ici l'autorité de ceux que le choix du gouvernement ou
les vœux de leurs concitoyens ont appelés à remplir ces fonc-
tions importantes, qui ont pour objet le rétablissement et le
maintien des bonnes mœurs et la stricte obligation de faire
exécuter les sages lois qui y ont rapport? Ne devons-nous
pas leur rappeler qu'ils ne peuvent fermer les yeux sur tes
— 578 —
transgressions et favorïEer les coupables de quelque manière
que ce soit, sans violer leur sermenl, irahir la confiance publi-
que, et se rendre coupables des maux qu'ils pounaieut et de-
vraient empêcher ?
Mais c'est surtout des pères et mères, chefs de famille,
que dépend la réforme que nous demandons et que les progrès J
de rimmoralité rendent indispensable. C'est à eux à seconder I
nos vues et à faire cesser les désordres qui enfantent tant d'ini-
qui tés >.
L'efTet de cet appel énergique adressé à ses diocésains, ne i
fut pas sans résultat ; on constata dans ta suite une notable
diminution des abus visés.
Mgr. Guisolan s'adressa également au clergé dans ses
« Monila ad confessarios >, qui témoignent tant de sa grande
sollicitude pastorale que de son expérience dans les choses spiri-
tuelles *). renouvela les dispositions de l'évéque de Montenach
du 18 décembre 1772 au sujet des fiançailles '), et les statuts de
ses prédécesseurs au sujet de In discipline ecclésiastique ').
* Disciplinam ecclesiasticam quod atlinet, hisce innovamus
et confirmamus pia statula, décréta et mandata prfedecessorum
nostrorum, in particulari autem conslitutionem Ueverendissimi
Domini Joh. Bapt, Odet anno 1801 emanatam.
Uude, quoad vestitum siccularem, exhortamur et obsecra-
mus omnes in Domino, ut in loco sui domicilii vel infra limites i
propriœ parochise toga talari incedant. Quod diebus festivis et '
dominicis non tantum exhortamur, sed fieri volumus. In specie |
autem istud prfecipimus sub pœna suspensionis omnibus sacer-
dotibus in civitate Friburgensi et Solodorana degentibus; ita ut,
qui habitualiter publice absque illa incedunt, ipso facto ab ofiî-
cio sint suspensi. Inhiberons autem sub pœna arbitraria, ne
absque dicta toga missa celebretur in ecclesiis cujuscumque civi-
tatis et oppidi oostric diœcesis et in quacunque ecclesia a pro-
prio domicilio nonnisi duabus horis distante ; unde vestes tala-
res in sacristiis, maxime in civitatibus et oppidis, habeantur.
Cura autem vestis longa ob viarum obstacula et anfractus j
') Mandements (1759-1814). 16 novembre 1809.
') Mandement dn 10 avril 1809, p. 11-14.
*) Manderoeut do 16 novembre 1809.
579 —
sît multis incommoda, vestis breviorîs usum non
quando iter aliquoii. maxime extra fines domicilii, erit instituen-
dum, Ea aulem vestis et totus ornatus exterior ila sint décen-
tes, ut ubique et ab omnibus persona ecclesiastica dignoscatur
pro tali. Ne autem liberum sit cuilibet suo sensui conformem
decentiam e&ingere vel interpretari, illam ad sequeotioi puocta
regulari volumus, mandaraus et prjecipimus :,
1" Omnes torisura clericali suo ordini conveniente seraper
iusjgniti appareant ; comas autem subdititias vulgo perruques à
la Brutus ou à îa Jacobine stricte prohibemus. 2" Loco stro-
phioloruro sive aliarum fasciarum sericarum collo intortarum
collare ecclesiasttcum semper déférant. 3° Pileus a ranndana va-
nilate et levitate abhorreat ; quapropter inhibemus ejusmodi
pileos, quos chapeaux dabaux vocitant. 4° Vestis brevis, quœ
vulgo habit court, soutanelle audit, sit nigri et non alterius coloris,
formœ simplicis, ordinarife, non autem anglicee, et absque vanis
ornamentis, quœ iu clerico semper ridicula sunt, 5° Tibilia sint
ut plurimum, prœcipue quando ad civitatem venitur, nigra vel
ita obscurî coloris, ut oculos laïcorum non offendant. 6° Super-
Indumeota denique, qua; sunt ad frigus et imbres arcendos,
redingotes, surtoufs, etc. communiter vocata, sint coloris modesti,
nec unquam extra doraesticos parietes inserviant pro veste eccle-
siastica. Quod decretum, statutum et mandatum, ut ab omnibus
observetur, Reverendis Domtnis Decanis et Promotori fiscali
mandamus et prsscipimus, ut contravenientes moneant et rigide
coiripiant, et, si moniti non se corrigant. nobis iltos denuolient.
Ut Btalus ecctesiastici déco ri, populorum edificationi et
anlmarum saluti prospiciamus, sîmutque scandala, animarum peri-
cula et piorum oftensionem arceamus, in virlute sanctœ obe-
dienlia; nobis promissœ et sub interminatlone divini judicii prœ-
cipimus sequentia puncta :
a) NuUns clericus aut sacerdos qualiscumque domicilium
habeat aut convictum sumat iu domo, in qua vinum promiscue
ibidem potandum venditur.
b) Nullus clericus uut sacerdos qualiscunque vinum vendat
in suis œdibus potandum.
c) Cauponarum sive domorum, in quibus vinum venditur,
inibi, vel in lediculis ' '"^^'ini^DtibuB, simpticem et nudum
ingressum, id est "n Bumendnm,
590
probtbeintis qnaliconque clerico vel stcerdoti. oisi cbuitas i
jai>tilift, l'ietAs, débita urbanitas vel Degotiorum geslio tjm
iDgressom cohooesUveriat : si aoa aatem ei e&nmcratis n
bus iagressom permittat, maaebit lamen probibita polos -nt
dbi Bomptio.
d) Nullas clericus aut sacerdos qnalisconque cibom aat po-
tam Bomat io caupooa vel ejusmocii domo, ut diclum N" pne-
cedente, uiMi rationabilis itinehs causa, vel ratiooe pTaodti «d
CœDulœ, qus JDsUtuuDtur rsttone baptisnii. funeris aut stats
feslivjtatis, io qna concionato res et coofessarii iu caupooa exd-
piuDtur. CiEteris autem conviviis, etiam Duptialibus, qiis in caa-
ponis JDfitttuuDtur. intéresse omniao clehcis et sacerdotibos
quibuscunque prohibemns, et nos in istis in posterum ooo diS'
peD!<aturos deciaramus.
Ut antem h»c ordînatio quoad quatuor sua puncta debïtam
sortiatur effectum, Revereodis Decauis et Promotori fiscal! snb 1
pœna suspensionis ipso facto iacurrendie priecipîmus, ut traos- 1
gressorem post primam admoDitionem et correctiDoem a se fac-
tam recidivum nobis denuntient ; nos autem contra hosce traos-
greHBores stricte et severe processuros bisce declaramus et
palam facimua >,
Mgr Guisolan entreprit, en 1811, une seconde visite pas-
torale; le 23 avril ISIl il envoya aux doyens i ce sujet Is
circulaire suivante ') :
< Maximus Guisolan, etc. Tibi, plurjmutn R''* Decane, beoe- J
dictioneiQ nostram et salutem jn Domino sempiterDam.
Cum ab ullima nostra visitatione pastorali septennium jam
propemodum efduxeril. secundam, ut incipiamus, paternus amor,
pastoriB officium et sacrorum canonum décréta nos adstringunt.
Ut autem Bnes in vi.titationibuB a Goncilio Tridentino prss-
criptos eo facilius et exactius assequamur necnon ad ejusdem
Concilii mentem expensis parcamu^, te. plur. R. D. Decane, re-
qnirimus, ut partem oneris iiostri in te suscipiens, ecclesias, ca-
pellas et oratoria tui decanatus auctoritate noslra per te ipsum
visites nobisque, autequam ad illas parochias perveniamus,
4
<) Littera ai
Utioals, vol. 16, .
.utiationiB et litt. encycltca ad DecanoH. (Acta viei- J
— 581 —
eorutn defectibus quoad sequentia puocta scriptotenus rationem
reddas et quidem.
1. Num dictte ecclesiœ. capellœ et oratoria quoad œdifi-
cium ? Num altaria et tribunalia maxime eoruDi crates ? Num
sacristia, campanile et cimiteria in quacumque parte repara-
tiODe indigeant ?
2. Num altaria sint juxta canonea triplici vel saltem du-
pllci sed una duplicata décente et muDda nappa obtecta ?
3. Ad fODtes baptismales sint in debito statu, num eoruro
vas sit stanno suffideoter obductuTn ?
4. Num in sacristia adsit cista duplici clave obserata, in
qua tituli, cirographa et pecunia; ad beneficium et fabricam
pertinentes asserveutur ? An ornamenta pro quocumque colore
et in quo statu ? Num vasa sufficientia, patenœ et calices suf-
ficienter deaurati, tintea intégra et non lacerata ?
5. Cum prorsus dedeceat sacerdotem minislrum Cbnsti
immundis indutum ad altare stare et immundlties prœcipue in
illis quœ proximius vel immédiate Christi corpus tangunt, ad
peccalum grave ascendere possit, districtiua examines velîm ?
Num amictus, albœ et singuiariter corporalia, purificatoria et
palie sint in débita munditia?
Quee dum pro tuo zelo necnon tua in nos animi inclina-
tione exécution! mandanda conâdimus, sincero cordis affectu
debitoque respectu subscribimus. Datum Friburgi die 23 ApriliB
1811. »
La visite commença le 27 mai et dura jusqu'en automne
1811 '). Après la visite, l'évêque rédigea les recès généraux
suivants qui ne paraissent pas ëtr« complets et dont on ne sait
pas s'ils furent publiés *) ;
< Lintea et singuiariter corporalia, purificatoria, palœ
mundenlur et in débita munditia serventur.
Pileos non solum quos chapeaux cl(^attx vocitant, sed
quoscunque chapeaux ronds appellant, omnino inhibemus, prceci-
pue dum veste talari induuntur R. Dom, sacerdotes et clerici^).
') Aola visit. vol. 18, fol. 360-385, Cootinuatio secundas visit. (aclœ
. Guisolaa a. 1811 (30 septembre), dans Acta, vol. 19, fol. 1-6.)
*) ReceasuB générales 1811 (Acta visit. vol. 18, fol. 3Q2-63).
*) Décréta et oonililutionos synodalos EoolesiEB et Episoopatoi Lan-
87
— 582
Vu que les veillées nocturnes et la frëquentslion des ca-
barets sont la source des plus grands maus qui arrivent et qui
affligent notre canton, nous requérons et ordonnons que Mes-
sieurs les Révérends curés en exposent fréquemment la grièveté,
les dangers et lea malheureuses suites dans les instructions, et
que les préposés des paroisses veillent exactement à ce que les
lois de police soient observées dans les cabarets, quant aux
heures, quant à l'exportation du vîd dans les maisons particu-
lières, et qu'ils s'acquittent diligemment de l'obligation qu'ils
ont de faire en sorte que tout le monde entre dans l'église
pendant les offices divins, surtout pendant les instructions >.
Pendant les dernières années de son pontificat, Mgr Gui-
solan put conduire & bonne ^n une œuvre qui a fait l'objet de
Iv sollicitude des évëques de Lausanne depuis la seconde moitié
du 18' siècle et dont la nécessité se faisait sentir depuis long-
temps : l'élaboration de nouvelles constitutions synodales. Comme
noue eu parlerons plus longuement ailleurs, nous nous conten-
terons de les signaler ici '), en ajoutant qu'elles ont été pour
le progrès et le maintien de la discipline ecclésiastique du dio-
cèse d'une grande importance. Un intérêt tout particulier pré-
sente le chapitte des Constitutions synodales qui traiie de la
visite épiscopale et de VCrdo visitandi; nous l'avons communi-
qué dans le premier chapitre de ce travail. Une grande part i
la rédaction des nouvelles Constitutions synodales revient à
Pierre- Tobie Yenny, curé de Proroman, qui est devenu le suc-
cesseur de Mgr Guisotan au siège épiscopai de Lausanne. Mgr
Ouisolan mourut le 8 décembre 1814, laissant le souveDir *) J
d'un pieux et saint prélat, d'un pasteur zélé et d'un savant 1
théologien.
Banneosig, jaBHo D. Maxfrui Gulsolan typia mandatoe. Friburgi Melvetio- 1
ram, 1S12, 128 p. 4*. Voir les avaal-projeCs de cei ConslilDtJons aux J
arobivea de l'Evâcbé (Constitution es aynndalea, n' 1.
'] ConutilDliones, p. 43-48.
') Voir Lilters eacyclicie 23 Decerobrî» 1814 de obitu D. Maximl |
Guisolan, episcopi et comniitis Lausannensis. Frib. Helvet. 1815. (Man-^
déments 1758-1814 )
Les visites pastorales de l'évoque Pierre-Tobie Yenni
(1815-1845).
Nommé le 20 mars 1815 au siège épiscopal de Lausanne
et sacré le 3 septembre de la même aoaée, le nouvel évëque '^)
exposa dans une lettre pastorale le programme de son ponti-
ficat ') : t Travailler de toutes nos forces à votre sanctiiication,
veiller à la conservatiou du précieux dépôt de la foi, signaler
les dangers qui pourraient la menacer, nous opposer à tout ce
qui en altérerait la pureté, meltre tout en œuvre pour faire
régner les bonnes mœurs, la subordination et la paix, donner
tous nos soins au maintien de la discipline ecclésiastique et &
l'instruction cléricale de ceux qui aspirent au sacerdoce, voilà
l'abrégé des devoirs immenses que nous avons à remplir.
Cependant le chef du diocèse n'a pas seulement des de-
voirs, il a également des droits et une autorité qu'il tient de
Dieu, car les évëques sont établis par le Saint-Esprit pour
régir l'Eglise de Dieu. Juge naturel et ordinaire de ce qui re-
garde la religion, t'évéque évoque à son tribunal les causes
ecclésiastiques déterminées par les saints canons. C'est de son
autorité qu'émanent, en matières spirituelles, des règlements
obligatoires pour tous ses diocésains-, il punit môme par les
censures ceux qui s'y montrent rebelles. Exerçant les droits
étendus sur l'instruction publique, il a entre autres celui d'exa-
miner la doctrine enseignée dans son territoire, de censurer les
écrits relatifs à la religion, d'interdire la lecture des mauvais
livres, et chacun de ces points est pour lui un devoir sacré. Il
lui appartient pareillement de diriger l'éducation cléricale et
') Mémoires historiques. II, p. MS
graphique sur Monfleigneur Pierr«-Tol
') Lettre pastorale dn 17 o«l'
n-7).
Noticfl bio-
584
l'instruction chrétienne dans son diocèse, de visiter les paroisses,
d'inspecter et de régler, mais avec un pouvoir subordonné à
celui du chef et du corps des pasteurs, tout ce qui concerne le
culte divin. Les causes matrimoniales et autres pour objets spi-
rituels, ainsi que diverses dispenses, sont aussi de son ressort')- »
Mgr Yenni espère être secondé efficacement par le clergé
de son diocèse dont il fait un bel éloge. < La pureté de leurs
principes, l'assiduité à leurs fonctions et le spectacle édifiant de
leur conduite sont pour l'évéque un sûr garant de leur dévoue-
ment au salut des âmes. >
L'évëque Yenni, doué de brillantes qualités et orné d'é-
minentes vertus, a pleinement satisfait au programme qu'il s'é-
tait tracé. Malgré les temps difficiles et des circonstances par-
fois très délicates, il administra, avec une fermeté à laquelle s
liaient une prudence et une douceur naturelles, son diocèse avec
beaucoup de succès. 11 était très zélé pour l'instruction et l'é-
ducation de la jeunesse, pour la bonne administration des pa-
roisses et montrait une grande sollicitude pour les bonnes œu-
vres. Il travailla beaucoup à la propagation du culte catholique,
au maintien de la discipline ecclésiastique, à la conservation
des bonnes mœurs et à la suppression des abus.
Dès le commencement de son épiscopat. en 1816, l'évëque
annonça, à ta date du 6 mai, une visite pastorale par la circu-
laire suivante ') :
« Petrus Tobias Yenni, etc.
Quoniam ab Episcopo pro animabus ovium sibi commiss
rum suprême pastori reddenda aliquando erit ratio, ideo
suas quisque diœceses identidem visitet omnium salnti prospec-
turus, et pontifices et concilia statueront.
Huic prEccepto Ecclesifc satisfacturi, innumeris ut ita dica-
mus oculis et vocibus nobis opus esse perspicimus ut quœ tidei
immineant pericula, quœ bonos mores labefactent vilia, videa-
mus, pravosque emendare ac in omnium animis religionis amo-
rem atque interaerat» vitœ studiura accendere valeamus, Quod
autem oculis nostris et voce non possumus, id vestris coDâdi-
mus suppleodum.
') Lettre pastorale, I. c, p- 21.
'J Acla ïiailatioQis, vol. 19, fol, 15-16.
Itaque a vobtB requirfmus, dilectîsslmi in Christo fratres,
ut ante praestitutum visitationis tempus parochiarum veatiarum
statum nobis 8Cripto traosmittatis, et oon solum ad singula
qusesita part. 3 ConstitutioDUm cap. 1 § 5, pag. 44, ged etiam
ad ea quce sequuntur, liumanis rationibus uihil moti, respoD-
deatis.
1. Fitne collecta pro defunctorum aDimabDs diebus domi-
nicis ac festis sub officio matutino ? An R. Parocho quovis tri-
ni€stri traditur ? An non forsan ad alios usus detorquetur ?
2. (Etsi quaestio hîEc jam innuatur p. 44, n" 6), an servan-
tur civiles leges quœ cauponarum politiam diei dominicœ ac
festorum sanctilicationem sp^ctanl ? An dictis diebus patet in
officinas ingressus ? An parochiales conventus terapore Vespera-
rum habentur? An forsau in ecclesïi^ post matutiDum aut
pertinum ofBcium vel aiio terapore?
3. Pro parorfaiis quœ cantonum Bernenssis et Valdeosis lî-
mitibus adjacent, an catholici diebus dominicis et festia ad aca-
tbolicos excurrarjt ?
Requirimus insuper, 1" ut inventarium bonorum et pro-
ventuuin fujusvis beneficîi, ecclesiœ, capellee, confraternitatiit, etc.
aut nobis id aclu visitationis tradatiir. aut, quod prfEOptainus,
ad episcopalem curiam ante visitationis tempus Iransmittatur.
2° Ut JD specie nobis constet, an quis beneticiatus summas
capitales sui beneficii retineat.
3° Ut vasorum sacrorum, ornamentoruni, linteaminum etc.
cujusvis ecciesiœ ac locl pi! nobis in actu visitatîonia exhibeatur
inventarium.
Admoduni Reverendi Domini Decani saceila et oratoria
eliam in privatis œdibua erecta sui respective districtus visita-
bunt examinabuntque, num forte domeslicorum oratoriorum pri-
vilegiutn quacumque de causa cessaverit ? Num ibi veslis talaris
vel saltem auppiementum, ut aiunt, prœsto sit ? nosque de eo-
rum Btatu opportune tempore docebunt,
Moneant Reverendi Domini parochi decere omnino ut pa-
trini et matrinte confîrmandi et confirmandEe cum modestis ad-
modum vestibus corapareant, nec absque superiori veste (sans
manche) sese exhibeant, quod etiam de lis qui ad sacram sina-
inteliigeuduni cssl- nostro noniine déclarent.
586 —
Reverendos DomÏDos parochos monemus et obsecramue
ut in praodio parando vel cœaa frugaliiateni ac temperantiam
servaii curent sutnptibusque quantum 6eri poterit, parcant.
Qu8E hia continentur, eo lubenlius impleluros vos esse con-
Ëdimus, quod illit ad rei christianse decus et incremeotum noo
parum confurri vos ipst ceruitis Hac igitur spe detectati, sola-
tîo futurain nobia diœcesis vigilationeni arbitramur, vobïsque
salutem in DomiDo permanente r apprecamur. Datum Fiiburgi
die 6 Mail 1816. »
La visite elle-mânie eut Heu depuis le mois de mai 1816
jusqu'au 27 décembre 1817 '). Nous n'avons que des recès par-
ticuliers de cptle visite qui ne manquent pas d'intérêt ; à la
place des recès générau:!. Mgr Yenni publia après la visite pas-
torale uue série de règlements concernant les fiançailles et le
mariage, la lecture de la bible en langue vulgaire, la tenue
des registres des paroisses, la lecture des mauvais livres, l'édu-
cation de la jeunesse, les écoles et les catéchismes, la discipline
et les retraites ecclésiastiques, elc. -).
C'est à cette époque qu'eut lieu la réorganisation du dio-
cèse de Lausanne ; par un bref du 20 septembre 1819, le can-
ton de Genève fut incorporé au diocèse de Lausanne et forma
avec ce dernier le diocèse de Lausanne Genève.
Notre lâche serait donc remplie ; nous donnerons cepen-
dant eucore un rapide coup d'teil sur les visites pastorales jus-
qu'à la fin de l'épiscopat de Mgr Yenni (1845)*).
Les deux visites pastorales suivantes, dont la dernière
comprit également la nouvelle partie du diocèse '), eurent lieu
en 1823 et 1824 *).
i
') Acta primœ viiiit. t&ctx a D. Yeniiî mense Maii 1816 (Acta 19,
fol. 15-74).
') Maadata et litt. pastorales, 1. c, q' 7.
•) A consulter sur la période de 1819-1845 la collectiou des man-
(ten)eiit.-< et des lettres pastorales (Arch. de l'Evëché) et la notice de M.
Fontaiia indiquée en t^te de ce chapitre.
') D'après Sclimîdt-Gremaud, Mémoires, II, p. 547, Mgr Yanny i
aurait fait quatre fois la visite pastorale du canton de Genève. Voir
circulaire envoyée en 1824 aux archiprêti'ef et curés du canton de Genève
(Mandata et litt. past., I. c, n' 7).
') Acta secundie [et tertiie] visitalioniH 1823-1824 (Acta viait. toI.,
19, fol. 78-223).
— 587 —
En vue de cette visite, l'évêque adressa en 1823 à son
clergé les « Quœsita » suivants ') : « Quinam est animaium et
commuDicaiitium numerus ? Quinam in génère parochianorum
mores V Ad existunt iibri fïdei aut moribus nocivi vel supersti-
tionem redolentea ? Indicentur, si qui sint. Quomodo se gerunt '
parochiani circa die! dominicœ et festorum sanct.itîcai.ionem ? An
excurrunt his diebus ad vicina protestantium loca ? Quid de vi-
giliiiâ Docturnis et de frequentatione cauponarum, maxime diebus
dominicis et festis et iuter personas diversi sexus ? Quid de luxu,
ludo, aliisve pravin consueludiuibus ? Danturne uxorati inîmice
(quod est notorium) viventes, aut privata auctoritate separati ?
NB. Si qui sunt in paroi;hia peccatores publici, ut usurarii, ebri-
osi, aduiteri, concubinarii, de hËeresi vel irreligiositate sus-
pect!, pruhibitorum librorum Jectorcs, Ecclesiie prœceptis de cod-
fessione et communioue paschali, missa; auditione aliisve inobe-
dientes etc., horum nomina soi! Eplscopo vel oretenus vel scripto
patefaciant. An pueri diligenter ad. catechesira et scholam mit-
tuntur ? Quodnara ludimagistri vel ludimagistrorum nomen et
cognomen ? Ad sunt placito nostro donati ? Qusc ipsorum dili-
gentia, qui mores ? An prœsto sunt obstetrices rite instructœ de
modo baptizandi et de tenore mandati episcopalis sub die 26 Mail
1798 enianati ? Quinam est ecclesiee, capellarum, altarium, cœ-
meterii, vasorum sacrorum, paramenlorum et tinteamioum status?
Trium posteriorum inventorium nobis in actu visitationis exhï-
beatur. An sacristia rébus necessariis, juxta décréta synodalia,
cap. 2, § 1, N° 15 est instructa? An et quee existant confraterai-
tates V An parocho traditur quovis trimestri collecta pro defunc-
tis ? Qui sunt eccIesJEe, capellarum et confraternitatum redditus?
An rationes coram parocho quotannis redduntur ? Illarum du-
plicatum in actu visitationis exhibeatur. Quinam est beneficii status
et summarius ejus redditus? Quoi agrorum et pratorum jugera?
An et cujus approximativi valoris décimas percipit ? Qu8e onera,
quEË fundationes, quot missœ fundatœ ? Estne aliquld deperdi-
tum, reductionem exposcens. dubium ? An quispiam ex benefi-
ciatis capitalia benficii retinet, et cujus valoris? An parochia
sive communitas ? Fueruntno postremœ visitationis recessus exe-
cntioni mandat!? NB. Si quid aliud speciali raentione dignum
'} Aota viailatioDis. vol. 18, Feuillets à pari,
domiois parocbis aut à\m beneSciatis visum fuerit, id exponent.
An Bunt Id parocbia acatholici et quot? Ad intégrée familiœ et
quot ? an iode aliquod fidei dctrimentum eisurgit ? An suât in
parochia matrimonia mixta et quot? an cum vel sine dispensa-
tlone contracta? qnomodo educantur proies? An et quot ille-
gitimi ab ultima visitatione ? An sunt in parochia surdi et mati?
au mente omnino capti ? An seoiifaLui et quot?
De nombreuses réponses') arrivèrent à l'évêché renfermant)
des renseignements très précis sur l'état des différentes paroisses.
Ces indications fournissaient la base du mémoire^) que l'évêque 1
adressa au clergé avant la vii^ite pastorale de 1824, et dans le- |
quel il expose «les principaux objets") qui doivent nous occa-
per dans notre visite : nous devons nous y proposer pour bat I
de faire fleurir dans notre diocèse la saine doctrine, la foi ortho- |
doxe et tes bonnes mœurs, et d'exhorter nos peuples à la pra-<
tique des devoirs de religion, au maintien de la paix et i lft|
garde fidèle de l'inuoncence >
Mgr. Yenni avait commencé à visiter, dès le 7 juillet 18231
une partie du district allemand du canton de Fribourg, pourle^l
quel les recès particuliers furent publiés à partir du mois de 1
juin 1624; la plus grande partie du diocèse cependant ne fat!
visitée qu'à partir du mois de juillet 1824 *).
Une quatrième visite pastorale du diocèse fut entreprise "1
en 1S37 et 1838. Mgr. Yenni écrivit à ce sujet à son clergé*):
« Pastoralem dicecesis nostrœ visitationem. prout summorum Pon-
tificum et Conciliorum ferunt statuta. favente Duo, mox inituri,
pturibua cum oculis tum vocibus indigemus. Cum enim nostrum (
in visitandis parochiis ministerium eu collimet, ut illssa servetur |
fides, pravi mores emendentur, debilus Deo cultus exbibeatur, \
ac in omnium animas religioiiis et intemeratœ vitœ studium ac*
cendatur, plura nobis sunt diligenter inquirenda. Ac primo qni-
dem investigandum tiobis est, au et quœ fidei immineant peri-
') Feuillets & part daaa los Acta visitalionis, vol. 19.
'] Mandata et litt. pastor, , I. c, n* 7.
') Mgr Yenny signale surtout la profanation du dinsanche,
fréquentation des cabareta, l'abus de la boisson et tes veillées nocturneBJ
') Voir les recèa particulière dans Acta Visitation is. voi. 19, tolM
78-223.
') Lettre du 10 juin 1837 (MandaU et lilt., I. c. n* 7).
cula ; deia quse bonos mores atque ecclesiasticam discipHnam
labefacteni vitia ; quieiiam denique ad divini cultos decentiam
et debitam boDorum ecclesiasticoram administratioDem vel gêne-
rai! statuenda sint dRcreto vet pro locorum dÎTersitate singilla-
tim sint prœscribenda.
Ut igitur, quod oculis nostris et voce non possumua, vestra
suppleatur cooperatione, requirimus a vobis, ut ante prsestitu-
endum visitationis teœpus, parochiarum vestrarum statuai nobis
scriptotenus transtnittatis et ad folii adnexi quœi-ita, poRtpositis
humanis rationibus. afcurate et qua prieplacuerjt lingua, res-
pondeatis.
Doniini decani ecdesias, quas nobis visitare per temporis
angustias non licebit. sacella inauper et oratoria etiam in pri-
vatis œdibus erecta. in suo quisque decanatu visitabunt exami-
nabuntque, num forte domesticoruni oratoriorum privilegium
quacunque de causa cessaverit ; num ibi vestis talaris vel salteiii
supplementuni, ut aiunt. praesto sit, nosque de eorum statu op-
portuno tempore edocebunt.
Moneant Domini parocbi, decere omnino. ut patrini et ma-
trinœ confirmandi et confirmandte cum modeato vestitu nec
absque ijuperiori veste compareant, quod etiam de lis, qui quo-
cunque teœpore ad sacram synaxim accedunt, intellectum volu-
mus.
Ex illa quœ nobis in actu Confirmationis exbibebitur sche-
dula, conjiciemus assecutos esse aeplennium confirtnandos, et
insuper per praeviam confessioneiii et debitam instructionem
esse rite dispositos.
Gratum nobis erit si fidèles, qui ratione visitationis vici-
niorem ecclesiam adibunt, processiojialiter ibidem se conférant.
Gratum etiam erit fidèles angelico pane relicere.
Dominos parocbns monemus et obsecramus, ut in parandu
prandio vel cœna frugalitaiem ac temperantiam servari curent,
yumptibu^que, quantum lieri potest, parcant. C;i'tera etiam ser-
vabunt. qujE synodaJia statuta de episcopaii visitatione prœscri-
bunt, efficienlque ut de illa fidèles recte sentiant ac exinde op-
tatos salutis fructus capiant.
Qux autem bis contioentur eo libentius impleturos vos
esse confidimus, quod illa ad religionis decus et incremeatum
1 parum conferre vos ipsi ceruitis. Hac igitur epe recreatî,
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salatio Dobis futuram qunrlani hanc, et verisimilius ultimam.
diœcesis luatrationem arbilrainur. Fribuigi. die 10 juliî 1837.
Cette visite, |jarait-il. ne s'étendit qu'à une petite partir
du diocèse; le protocole') ne mentionne que la visite de La-
Roche et d'Estavannens et ne contient les recës particuliers,
datés du 4 et 18 juillet 1838. que pour ces deux paroisses.
Une visite pastorale fut encore annoncée ') par Mgr Yennl le
3 juillet 1844-, nous ne savoQs pas si elle a en lieu, en tout
cas, nous n'en avuns pas les actes. Mgr Tenni mourut le 8 dé-
cembre 1845, après an épiscopat de 30 années « brillant de la
double auréolu de la science et des vertus apostoliques. Lt-
diocèse perd en lui un pasteur selon te cœur de Dieu, la Suiasc
iin pontife vénéré, vers lequel étaient tournés tous tes regards.
l'épiscopat un de Kes plus beaux ornements, l'Eglise un de ses
prélats les plus distingués "), »
Nous nous arrêtons ici, étant arrivé à l'époque contempo-
raine de l'histoire du diocèse.
') Aota quartiE visitatiooiï <^Acta, vol. 19. fol, 285-27).
') La circulaire est la mCme qiie pour la visite de 1837 (.Maodata
et litt-, 1. c, n' 7).
■) Ponlaaa, Notice biographique sur Mgr Pierre-Tohîe Yenny, ISfô.
Introduction
Chapitre premier : L'ordo vitiitandj et les dispositionfl géoéralea
relatives à la visite pastorale dans le diocèse de Lausanne
depuis la Qti du 16" siècle
Chapitre deuxième : Los visites pastorales de Jean Doros (1I{00-L(107}
CHArnuE TROISIÈME \ Lcs visites pastorales de l'ëvâque Jeau de
Watteville (160î-lfi49;
Chapitre quatrième : Les visites pastijirales de l'évëque Josse Knab
(1653-1658}
Chapitre cinquième : Les visites pastorales de Jean-Baptiste Stram-
bin (1663-16ftl)
Chapitre siiciéme : Les viaitea pastorales de l'évfiqne Pierre de
Montenach (1R88-170Î)
Chapitre septième : Les visites pastorales de l'évSque Jacques
Duding tl70"/-1716)
Chapitre huitième : Les visites pastorales de l'évèque Claude-
Antoine Duding (1716-1745)
Chapitre neuvième: Les visites pastorales de l 'évoque Jean -Hubert
de Boccard (174ti-1758)
Chapitre dixième: Les visites pastorales de l'ëvâque Jos.-Nio- de
Montenach (17W-1783)
Chapitre onzième : Les visites pastorales de l'éveque Bernard-
Emmanuel de Lenzbourg (1783-17iG)
Chapitre douxième: Les visites pastorales de l'éveque JeaD-BaptUte
d'Odet (1795-1803)
Chapitre treizième : Les visites pastorales de l'âvAque Maxime
Guiaolan (1603-1814)
Chapitre quatorzième: Les visites pastorales de l'éveque Pierre-
Tobie Yenni (1815-1845)
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