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Full text of "Archives de médecine des enfants"

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Boston 
Médical  Libbaby 


8  The  Fenway. 


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Archives 


de 


Médecine  des  Enfants 


X.  - 1907 


CONDITIONS  DE  LA  PUBLICATION 

Les  Archives  de  Médecine  des  Enfants  paraissent  le  i^'^  de  chaque  mois 
par  fascicules  de  64  pages,  avec  figures  dans  ie  texte. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  ANNUEL 

France  (Paris  et  Déparlements) 14  francs. 

Étranger  (Union  postale) t  •  francs. 


Archives 


de 


Médecine  des  Enfants 


Publiées  par  MM. 


J.  GRANCHER 

ftofesseur  de  clinique  des  maladies  de  l'enfance. 
V.  HUTINEL 

Professeor,  Médecin  des  Enfants- Assistés. 

P.   MOIZARD 

Uédecic de  l'Hôpital  des  Enfants-Malades. 


O.     LANNELONGUE 

Professeur,  Membre  de  l'Institut. 

A.-B.  MARFAN 

Agrégé.Médecin  de  l'Hôpital  des  Enfants-Malades. 

A.    SEVESTRE 

Médecin  de  l'Hôpital  Bretonnean. 


Dr  J.  COMBY 

Médecin    de    l'Hôpital    des    Enfants-Malades. 
DIRBCTKUH    DB   LA    PUBLICATION 


1'«    SÉRIE   -    TOME    DIXIÈME  —  1907 


PARIS 
MASSON    ET   C'%    ÉDITEURS 

LIBRAIRES    DB    l'aCADÉMIE    DE    M  it  D  E  C  I  N  E 

1?0,    BOULEVARD  SAfNT-QBRMAIN 

1907 


À 


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Dl 


MÉDECINE   DES   ENFANTS 


MÉMOIRES   ORIGINAUX 


'  '   *        •  • 


NOUVEAUX  CAS  DE  MONGOLISME  INFANTILE 

Parle  0'  J.  COMBT. 

'  .  •        •  • 

Depuis  mon  mémoire,  Le  Mon&oli^më  infamili:,  basé  sur 
li  observations  [Archiveade  médecine  des  enfants^  avril  1906j, 
j  ai  recueilli  8  nouveaux  cas,  QP  qui  popti?  a  22  le  total  de 
mes  observations  personnelles.  Parmi  les  8  dernières  observa- 
lions,  2  ont  pu  être  suivies  jusqu'à  la  vérification  anaiomiquo. 
Nous  allons  résumer  la  description  du  mongolisme  infantile, 
d'après  cet  ensemble  de  22  observations,  recueillies  en  moins 
de  trois  ans. 

Nous  continuerons  à  délinir  le  mongolisme  une  variMô 
4  idiotie  congénitale  caractf'risée  par  le  faciès  asiatique, 

Etiologie.  —  Le  mongolisme,  à  en  juger  par  lo  nombre 
respectable  des  cas  observés  en  si  peu  de  temps,  est  une  anoma- 
lie très  commune  dans  la  clientèle  infantile.  Mais  les  sujets, 
étant  très  vulnérables,  meurent  jeunes,  et  les  cas  vont  en  se 
raréfiant  à  mesure  qu'on  observe  des  enfants  plus  âgés. 

La  rareté  du  mongolisme  n'est  qu'apparente,  les  médecins 
praticiens  confondant  presque  toujours  cette  anomalie  avec 
d'autres  affections  qui  atteignent  soit    rintelligence,   soit  la 

AhCH.   DB  MëDSC.    DBS   KNKANTH,    1ÎK)7.  X.     l 


.1.    COMBY 


plastique  physique  et  le  ilr^velopperaent  corporel  :  myxœdènie, 
achondroplasie,  rachitisme. 

On  peut  estimer  que,  sur  100  enfants  idiots,  il  y  en  a  5  du 
type  mongolien  environ. 

Au  point  de  vue  du  sexe,  ma  statistique  ne  permet  pas  dc^ 
se  prononcer  catégoriquement  :  9  filles,  13  garçons. 

En  général,  il  y  a  prédominance  du  sexe  masculin. 

L'affection  est  nettement  congénitale,  et  le  faciès  révélateur 
est  remarqué  dès  la  naissance  de  Tenfant.  Le  père  ou  les 
proches  parents  ne  peuvent  s'empêcher  de  s'écrier  que  le  nou- 
veau-né ressemble  à  un  Chinois  ou  à  un  Japonais. 

Au  point  de  vue  des  causes  de  Tanomalie,  les  nouvelles 
enquêtes  que  j'ai  faites  m'ont  confirmé  dans  l'opinion  que  le 
mongolisme  n'est  conditionné  par  aucune  influence  hérédi- 
taire. Ni  la  consanguinité,  ni  la  tuberculose,  ni  la  syphilis,  ni 
Talcoolismedes parents,  n'ontpuêtresérieusementincriminés. 
Quanta  l'hérédité  neuro-pathologique  ou  arthritique,  elle  a 
bien  pu  être  signalée  dans  quelques  cas,  mais,  à  cause  de  ha 
banalité,  nous  n'avons  pas  pu  songer  à  lui  attribuer  un  rôle 
quelconque. 

Le  mongolisme  n'est  donc  pas  une  maladie  héréditaire.  Et 
ce  qui  le  prouve  bien,  c'est  qu'il  n'est  pas  familial;  on  ne  voit 
qu'un  mongolien  dans  une  nombreuse  famille,  et  c'estsouvent 
le  dernier  d'une  série  de  sept  à  huit  enfants. 

C'est  surtout  pendant  la  grossesse  que  les  causes  efficientes 
interviennent.  On  a  parlé  de  parents  trop  vieux,  épuisés  par 
la  misère,  par  la  maladie,  par  les  chagrins. 

Or,dans  mes  H  dernières  observations,  je  relève,  pour  l'âge 
des  pères  au  moment  de  la  conception  :  trente-trois  ans,  cin- 
quante-sept ans,  trente-six  ans,  trente-cinq  ans,  vingt-cinq 
ans,  cinquante  et  un  ans.  Celui  des  mères  est  dç  trente-deux 
ans,  trente-sept  ans,  vingt-six  ans,  trente-quatre  ans,  vingt  et 
un  ans,  trente-huit  ans.  Dans  la  plupart  de  mes  cas,  il  est  dit 
que  les  parents  sont  jeunes  et  nullement  affaiblis.  Il  faut 
chercher  ailleurs.  Quant  à  IVpuisement  des  mères  par  de 
nombreuses  grossesses  et  des  allaitements  trop  prolongés  ou 
trop  rapprochés,  nous  trouvons  qu'il  est  loin  d'être  habituel  ; 
en  effet,  nous  comptons  :  trois  fois  deux  grossesses,  une  fois 
trois  grossesses,  une  fois  cinq  grossesses,  une  fois  six  gros- 
sesses, une  fois  huit  grossesses,  une  fois  neuf  grossesses.  Dans 
ces  derniers  cas  i  femmes  de  trente  sept  et  quarante  ans\  h»s 


NOUVEAUX   CAS    DE    MONGOLISME    INFANTILE  o 

• 

sept  et  huit  premiers  enfants  sont  normaux,  le  huitième  et  le 
neuvième  sont  mongoliens.  On  peut  accuser  Tépuisement  de 
ces  femmes  par  des  grossesses  multipliées  et  rapprochées. 
Mais  il  faut  faire  remarquer  aussi  que  la  dernière  grossesse  a 
Hté  marquée  par  des  émotions  morales  pénibles,  que  nous 
trouvons  presque  toujours  dans  l'étiologie  du  mongolisme. 

Dans  deux  de  nos  cas,  la  quatrième  grossesse  s'estterminée 
par  la  naissance  d'un  mongolien,  la  cinquième  grossesse  par 
un  enfant  normal.  Dans  une  autre  observation,  nous  voyons 
I  accouchement  d'un  mongolien  être  suivi  de  deux  accouche- 
ments d*enfants  normaux.  11  n'est  donc  pas  constant  de  voir  le 
mongolisme  terminer  la  série  des  grossesses  (épuisement 
de  la  force  procréatrice)  ;  un  mongolien  peut  naître  avant  un 
ou  plusieurs  enfants  normaux. 

Quand  on  étudie  de  près  les  circonstances  des  grossesses  ayant 
abouti  au  mongolisme,  on  voit  que  les  causes  d'ordre  moral 
jouentunrôle  prédominant.  J'avaisdéjà  souligné  cette  influence 
dans  mon  premier  mémoire.  J'y  insiste  de  nouveau  aujour- 
d'hui. 

Que  lisons-nous  en  etTet  dans  les  observations  où  l'enquête 
a  pu  être  faite  ?  Gros  ennuis  pendant  la  grossesse,  mauvaises 
affaires,  crainte  de  faillite  (Obs.  1)  ;  chagrins,  enfant  très  ma- 
lade, crainte  de  le  voir  succomber  (Obs.  111)  ;  ennuis  résul- 
tant de  la  mort  d'un  enfant  de  neuf  mois  et  de  la  maladie  du 
père  opéré  pour  phlébite  (Obs.  IV)  ;  chagrins  vers  la  septième 
semaine  de  la  grossesse,  insomnie  (Obs.  V);  vive  contrariété 
de  se  trouver  enceinte,  pleurs  quotidiens  pendant  les  premiers 
mois  (Obs.  VI  et  Vil). 

Il  semble  donc  bien,  d'après  ces  observations,  confirmées 
d ailleurs  par  beaucoup  d'autres,  que  le  facteur  principal, 
dans  Tétiologie  du  mongolisme,  est  l'état  moral  de  la  mère 
pendant  les  premiers  mois  de  lagrossesse.  La  femme  est-elle 
heureuse,  mène-t-elle  sa  grossesse  sans  secousses  morales 
violentes,  sans  émotions  pénibles,  sanschagrins  ni  contrariétés 
vives  ou  prolongées,  l'enfant  qu'elle  mettra  an  monde  ne  sera 
pas  mongolien.  Dans  le  cas  contraire,  il  peut  l'être.  Cela  ne 
veut  pas  dire  que  toute  femme  malheureuse  pendant  la  gros- 
sesse accouchera  fatalement  d'un  enfant  au  visage  asiatique, 
mais  seulement  .que  le  mongolisme  semble  dériver  de  ces 
conditions  étiologiquesetque  les  femmes  qui  y  sont  soumises 
courent  le  risque  d'engendrer  un  mongolien.  D'après   un  cor- 


J.    COMBY 


taiu  Dombre  d'observations,  il  m'a  semblé  que  ces  causes  mo- 
rales devaient  agir  dans  les  premiers  mois  de  la  grossesse  pour 
avoir  leur  plein  eflet.  C'est  vraisemblablement  dans  le  troi- 
sième mois  que  le  développement  du  fœtus  est  entravé  et  que 
le  cerveau  est  arrêté  à  cette  phase  embryonnaire  et  rudimen- 
taire  qui  se  révèle  dans  les  autopsies. 

Mais  pourquoi  cette  apparence  mongolienne,  pourquoi  ce 
faciès  asiatique?  La  ressemblance  aveclesChinoisou  les  Japo- 
nais, il  faut  bien  l'avouer,  n'est  pas  absolue  ;  il  y  a  des  analo- 
gies, rien  de  plus.  Cet  aspect  de  magot  chinois,  ce  visage 
simple,  mal  dessiné,  doit  correspondre  à  une  phase  du  déve- 
loppement fœtal. 

A  ce  moment,  Tarrèt  de  développement  survient  et  les  traits 
sont  en  quelque  sorte  fixés  pour  toujours,  ne  pouvant  plus 
s  affiner  ni  se  perfectionner. 

Anatomie  païitologiqck.  —  Les  deux  autopsies  que  nous 
avons  faites  montrent  des  particularités  intéressantes. 

Et  d'abord  disons  que  le  corps  thyroïde,  comme  le  thymus, 
ont  été  trouvés  intacts  ;  il  n  y  avait  pas  de  lésion  appréciable 
•de  ces  organes.  Onnepeutdoncpasinvoquer,  commeonTafait, 
lemyxœdèmeà  propos  du  mongolisme,  malgré  l'aspect  joufflu 
ei  l'état  pseudo-lipomateux  de  certains  mongoliens. 

Les  anomalies  cardiaques  ont  été  maintes  fois  signalées  ; 
-<lans  un  de  nos  cas,  il  y  avait  une  communication  interven- 
triculaire  très  nette  (maladie  de  Roger),  quoique,  pendant  la 
vie,  nous  n'eussions  pas  perçu  de  souffle  à  la  région  précor- 
diale. 

Le  cerveau,  dans  les  deux  cas,  a  présenté  les  lésions  décrites 
sous  le  nom  de  lissencéphalie  :  circonvolutions  larges,  aplaties, 
peu  plissées,  peu  sinueuses,  peu  compliquées,  ce  qu'on  voit 
bien  par  comparaison  avec  un  cerveau  d'enfant  normal. 

Le  cerveau,  peu  allongé  (ovale  court),  est  d'ailleurs  très 
petit.  Le  poids  total  de  l'encéphale  ne  dépassait  pas  725  gram- 
mes chez  la  fillette  de  dix-neuf  mois  (Obs.  1)  et  820  grammes 
<îhe/  celle  de  vingt  et  un  mois  (Obs.  11).  Dans  ces  cerveaux,  qui 
ne  présentaient  aucune  asymétrie, aucune  lésion  macroscopiqui' 
localisée,  M.  Tilloy  a  trouvé,  au  microscope,  une  prolifération 
des  cellules  de  la  névroglie  avec  une  raréfaction  à  peine  mar- 
quée des  cellules  pyramidales. 

Au  point  de  vue  anatomique,  nous  devons  enfin  signaler 
l'atrophio  des  phalangines  et  phalangellos,  marquée  surtout 


au  petit  iloigt  pour  la  muin  et  à  tous  les  orteils  pour  les  pieds. 
Cette  dtspositioD  se  voit  bien  sur  les  radiographies  (fïg.  I, 
a  et  3  )  obtenues  aux  laboratoires  de  la  Salpêtrière  et  ile 
l'hôpital  N'ecker.  Nous  aurons  ù  revenir,  chemin  faisant,  sur 
les  autres  anomalies  associées  au  mongolisme. 

Le  fait  capital  à  retenir  est  le  petit  volume  du  cervonu  et  la 
lissencéphalie. 

Symptômes.  —  La  ressemblance  avec    un  bébé  chinois  ou 


FiK.  1.  —  (Radiograiibie  piir  M.  InTroiti.  alru[jhii:  îles  pbulaUfteMei  de  ton» 
les  doigtt  flt  de  In  phalaugiae  du  petit  duÎKt. 

japonais  s'accuse  dès  la  naissance  Diins  l'ob^sorvatiou  I,  le  pore, 
frappe  du  facics  asialique  de  sa  lillcttc,  incrimine  les  Journaux 
illustrés  relatant  les  pliases  de  la  guerre  russo-japonaise  ((Ul^ 
sîi  femme  avait  souvent  parcourus  pendant  la  grossesse. 

l^hez  tous  nos  mongoliens,  nous  trouvons  cette  t<Me  arruntlie, 
linichycéphale,  avec  fontanelle  longtemps  ouverte.  Mais  celte 
tiMeestgaroiede  cheveux  assez  hns,  contrairement  à  ce  qu'on 
voit  dans  le  myxœdème.  Le  nez  est  toujours  enfoncé  à  sa 
racine,  et  il  y  a  plus  ou  moins  d'obstruction  inisale  avet; 
tHjuchc  ouverte,  sterlor,  ronllenient  nocturne,  etc. 


Presque  tous  les  moiigoilonsODl  dos  végéUlioos  ad^^noïilo 
qu'on  est  obligé  d'enlever  do  bonne  heure.  Cela  doit  tenir  ii 
l'étroitesse  de  la  base  du  crâne  et  au  peu  de  plate  qu'ellr 
laisse  aux  cavités  rhino-pharyngienncs.  Cette  disposition  se 
voit  aussi  chez  les  achondroplasiqnes. 


V'ig.  1-    -  Atrophie  île  la  (ibalaDgette  et  île  la  ph.ilaDgiiie  du  petit  io'ifti. 

Dans  nos  observations  nouvelles,  le  faciès  asiatique  est  au^si 
bien  caractérisé  que  dans  les  précédentes  :  visage  rond,  joues 
pleines,  peau  jaun&lre  et  pityriiisique.  Tente  pslpébrale  étroite 
et  oblique,  avec  épicanihus  plus  ou  moins  ])rononcé,  lobule 
de  l'oreille  rudimentaire  et  mal  détaché.  Assez  souvent.  ny>- 
tagiïiHs  ou  strabisme,  blépharile  ciliairo. 


NOfVÉiALX   UAH    IIE   MQNUOLISME   INFA.NTH.K  7 

Chez  tous  DOS  mongoliens,  la  fontanellccst  large  el  se  ferme 
trëiitard,  à  trois  ans  ou  trois  ans  et  demi.  Les  dents  sortent 
très  tard,  parfois  avec  irrégularité,  les  molaires  précédant  les 
incisives,  etc. 

Bouche  entr'ouverle,  bave.  langue  procidente  à  un  cerlaiu 


degré.  Cette  langue,  d'abord  lisse  et  à  peu  prbs  normale,  pré- 
sente dans  la  suite  des  fissures  el  des  plicatures  qui  la  lonl 
ressembler  à  la  langue  scrotale. 

La  colonne  verk-brale  est  généralement  droite,  et  tes  enfants 
se  tiennent  facilement  assis,  les  jambes  repliées  el  croisées 
(position  du  tailleur).  Cependant   l'enfant   de   lob^eivatioii   1 


8  .1.    COMBY 

avait  une  cyphose  dorsale  très  accusée,  comme  dans  le  rachi- 
tisme. 

Articulations  lâches  et  souples  permettant  des  mouvements 
anormaux. 

Les  mains  et  les  pieds  sont  courts;  les  doigts  sont  très  petits, 
particulièrement  le  pouce  et  le  petit  doigt.  Il  y  a  souvent  une 
syndactylie  unissant  partiellement  le  deuxième  et  le  troisième 
orteils.  La  radiographie  montre  que  les  phalangines  et  phalan- 
gettes, tant  pour  les  pieds  que  pour  les  mains,  sont  atrophiées 
à  un  haut  degré. 

Le  ventre  est  gros  et  Tombilic  fait  souvent  saillie,  mais  à 
un  moindre  degré  que  dans  le  myxœdème.  De  même  il  peut  y 
avoir  des  masses  pseudo-lipomateuses  au  cou  et  au-dessus  des 
clavicules,  mais  tout  cela  moins  accusé  que  chez  les  myxœ- 
démateux.  Taille  ordinairement  courte,  parfois  voisine  de  la 
normale;  le  poids  corporel  présente  les  mômes  variations. 

L'examen  du  cœur  montre  dans  beaucoup  de  cas  une  ano- 
malie que  nous  avons  vérifiée  dans  une  de  nos  autopsies,  la 
communication  interventriculaire  (maladie  de  Roger).  Pen- 
dant la  vie,  cette  lésion  se  traduit  par  un  soufQe  systolique 
qui  couvre  la  région  précordiale.  Dans  Tobservation  I,  outre  la 
communication  interventriculaire,  nous  avons  relevé  la  per- 
sistance du  canal  artériel  et  une  symphyse  cardiaque  récente. 
Dans  l'observation  II,  il  n'y  avait  pas  d'anomalie  cardiaque. 
Dans  l'observation  V,  le  souffle  systolique  de  la  maladie  de 
Roger  esttrès  accusé.  Dans  l'observation  II,  quoiqu'il  n'y  eût 
pas  d'anomalie  orilicielle,  le  cœurétait  mou,  jaunâtre,  etilnous 
semble  qu'on  peut  mettre  sur  le  compte  de  cette  faiblesse 
myocardique  la  pauvreté  de  la  circulation  périphérique,  le 
froid  souvent  accusé  aux  extrémités,  etc. 

La  monorchidie,  la  cyptorchidie,  le  faible  développement 
des  organes  génitaux  externes,  sont  souvent  signalés. 

La  marcheesl  très  retardée  chez  les  mongoliens  :  le  mon- 
golien de  l'observation  III,  qui  n'avait  que  trois  ans,  marchait 
très  bien  ;  mais  beaucoup  d'autres  ne  marchent  qu'après  trois 
ans,  présentant  un  retard  comparable  à  celui  des  rachitiques 
S'ils  ne  peuvent  marcher  seuls,  en  revanche  ils  exécutent 
avec  leurs  jambes  des  mouvements  cadencés  et  automatiques, 
pour  peu  qu'on^  les  tienne  sous  les  bras.  Loin  d'être  apa- 
thiques, ils  ont  pour  la  plupart  besoin  de  [mouvement  ot 
vont  jusqu'à  Tagilation. 


NOUVEAUX    CAS    DE    MONGOLISME    INFANTILE  U 

Le  retard  intellectuel  est  des  plus  manifestes.  Sans  doute  le 
mongolien  reconnaît  son  entourage,  il  est  même  affectueux 
et  caressant.  Mais  il  dit  à  peine  quelques  monosyllabes  à 
Tàge  où  les  enfants  normaux  s'expriment  couramment.  La 
parole  est  donc  excessivement  retardée.  Quantàla  lecture  et  à 
récriture,  inutile  d'en  parler  avant  la  seconde  enfance  ou  même 
ladolescence.  Le  mongolien  est  rebelle  au  calcul. 

Le  goût  très  vif  pour  la  musique  s'est  vérilié  encore  tlaus 
nos  observations  nouvelles.  Un  air  quelconque  met  le  mon- 
golien dans  le  ravissement  ;  il  a  la  mémoire  musicale,  il 
cherche  à  danser  en  mesure. 

Les  deux  décès  que  nous  avons  eu  à  déplorer  montrent 
encore  une  fois  combien  le  mongolien  est  fragile  et  vulné- 
rable. La  fillette  de  dix-huit  mois  de  lobscrvation  I,  d'ailleurs 
très  en  retard  comme  poids,  taille,  intelligence,  etc.,  a  été 
enlevée  rapidement  par  un  état  infectieux  dont  nous  n'avons 
pas  pu  saisir  la  porte  d'entrée.  Celle  de  vingt-quatre  mois 
(Obs.  II)  avait  une  rougeole  normale  sans  complication  ;  i^lle 
est  morte  presque  subitement. 

On  peut  dire  que  la  plupart  des  mongoliens  meurent  dans 
la  première  ou  la  seconde  enfance;  il  en  est  très  peu  qui  par- 
viennent à  1  âge  adulte,  Le  pronostic  guoad  vitam  est  donc 
mauvais. 

Mais  le  sort  de  ceux  qui  survivent  n'est  guère  enviable.  Ces 
idiots  sont  très  peu  perfectibles  ;  on  ne  peut  qu'à  la  longue  et 
avec  les  plus  grandes  difficultés  leur  inculquer  des  notions 
très  élémentaires  de  lecture,  d'écriture,  de  calcul.  Lire,  écrire, 
compter,  c'est  tout  ce  qu'on  peut  espérer  dans  les  cas  les  plus 
favorables. 

Les  métiers  qu'on  pourra  enseigner  aux  mongoliens  sont 
des  métiers  simples,  de  manœuvres,  rie  balayeurs,  etc. 

Diagnostic.  —  Les  observations  qui  suivent  conlirment 
absolument  ce  que  j'avais  dit  dans  mon  premier  mémoire. 

Le  mongolisme  est  une  affection  autonome  qui  n'a  rien  de 
commun  avec  le  myxcprfèm/»  congénital. 

Dans  le  myxœdème,  les  cheveux  manquent  ou  sont  rares, 
secs  et  durs;  dans  le  mongolisme,  ils  sonl  abondants  et  à 
peu  près  normaux.  Dans  le  myxœdème,  l'enfant  estsomnolent 
et  apathique;  il  est  plutôt  vif,  gai,  alerte  dans  le  mongolisme. 
Dans  le  myxœdème,  la  colonne  vertébrale  s'affaisse;  elle  est 
droite  dans  le  mongolisme.  Les  mongoliens  sont  très  sensibles 


in  .1.    COMBY 

à  la  musique,  les  myxœdémateux  sont  indifférents  à  tout.  Le 
traitement  thyroïdien  guérit  le  myxœdème,  il  ne  guérit  pas  le 
mongolisme.  Enfin,  dans  les  deux  autopsies  de  mongoliens 
que  j'ai  faites  (Obs.  I  et  II),  j'ai  pu  confirmer  ce  que  d'autres 
auteurs  avaient  établi  avant  moi,  à  savoir  l'intégrité  du  corps 
thyroïde  et  du  thymus. 

Quant  au  rachitisme^  il  se  distingue  du  mongolisme  et  par 
le  facieset  par  Tabsence  d'idiotie.  J'en  dirai  autant  de  Vachon- 
dropidsie. 

Pour  ce  qui  est  des  autres  idiots  congénitaux,  la  différencia- 
tion est  basée  avant  tout  sur  le  faciès.  Aux  idiots  dutype  mon- 
{^olien,  età  eux  seuls,  appartient  le  faciès  asiatique  nécessaire  et 
suffisant  pour  les  classer.  Tout  médecin  qui  aura  bien  vu  un 
mongolien  reconnaîtra  désormais  tous  les  idiots  du  même  type. 

TraiteaieiNï.  —  11  n'y  a  pas  lieu  d'espérer  en  l'efficacité  réelle 
^'l  durable  d'un  traitement  quelconque.  Il  faut  mettre  les 
mongoliens  dans  de  bonnes  conditions  hygiéniques,  à  l'abri  du 
froid  et  de  l'humidité,  loin  des  tuberculeux  qui  les  contami- 
neraient sûrement. 

Le  reste  est  affaire  d'éducation  spéciale,  de  médico-péda- 
gogie. Avec  beaucoup  de  temps  et  de  patience,  on  obtiendra 
<]uelques  résultats  dans  les  cas  atténués  et  frustes. 

(  )bservatio>'  1.  —  Ville  de  dix-huit  mois,  —  Mongolisme  très  accusé.  —  C/«i- 
urinsde  la  mère  pendant  la  grossesse.  —  Mort.  —  Anomalie  cardiaque.  — 
Intégrité  du  thymus  et  de  la  thyroïde.  —  Lissencéphalie. 

Une  fille  de  dix-huit  mois,  M...  L.,  entre  dans  mon  service,  à  riiùpîtal 
<les  Enfants-Malades,  salle  deChaumont,  n°  17,  le  15  avril  1906.  Originaire 
de  TAllier,  elle  m'est  adressée  par  mon  ancien  élève,  le  D*"  Chatard,  qui  a 
fait  le  diagnostic  par  le  faciès. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  âgé  de  trente-cinq  ans,  bien  portant, 
mais  très  nerveux. 

Mère  âgée  de  trente-quatre  ans,  bien  portante  aussi,  a  eu  deux  enfants; 
le  premier  âgé  de  trente  mois,  normal  ;  le  deuxième  mongolien.  Or, 
pendant  cette  deuxième  grossesse,  cette  femme  a  eu  de  très  gros  ennuis, 
le  commerce  à  la  tète  duquel  elle  était  ne  marchant  pas  et  la  faillite  étant 
imminente. 

Antécédents  jtersonneU.  —  Enfant  née  un  peu  avant  terme,  accouche- 
ment facile  et  sans  incident.  Frappé  de  la  physionomie  asiatique  de  la 
fillette,  le  père  attribua  ce  fait  étrange  à  l'habitude  qu'avait  la  mère  de 
suivre,  sur  les  journaux  illustrés,  les  phases  émouvantes  de  la  guérir 
nisso-japonaise.  Pendantles  quatre  premiei^  mois,  l'enfant  fut  nourrie  au 
1)iberon  ;  comme  elle  n'augmentait  pas,  on  lui  donna  une  nourrice  merce- 
naire pendant  huit  mois,  après  quoi  elle  fut  sevrée.  Pas  de  maladie.  Mais 
<léveloppement  toujoui'S  très  retardé,  impossibilité  d'augmenter  de  poids 
même  avec  une  bonne  alimentation. 

Étaf  actuel.—  Le  faciès  esl  typique  :  yeux  petits,  fentes  palpébrales  tivs 


NOUVEAUX    CAS    DE    MONGOLISME    INFANTILE  11 

ri  roi  tes  et  obliques  en  haut  et  en  dehors,  en  même  temps  sti-ahisme  et 
nystagmus.  Fare  arrondie  en  pleine  lune,  joues  pleines.  Crâne  brachycé- 
phale  et  rond;  cii-conférence,  40  centimètres.  Taille  de  69  centimètres 
>eulemenl;  poids  de  6  kilogrammes  (pour  une  iillette  de  dix-huit  mois, 
c'est  ti-ès  faible).  Fontanelle  antérieure  largement  ouverte,  cheveux 
abondants  et  lisses;  desquamation  pilyriasiforme  du  cuir  chevelu  et  de  la 
face.  Lobules  de  l'oreille  rudimentaires.  Nez  enfoncé  à  la  racine,  avec 
siridor  permanent,  bouche  béante,  langue  augmentée  de  volume.  Pa^ 
une  seule  dent. 

('orps  petit,  peu  développé  ;  membres  grêles,  mous,  avec  laxité  exli'ême 
des  articulations.  Mains  larges  et  courtes  ;  doigts  courts,  surtout  les  auri- 
culaires. Tendance  au  refroidissement  et  à  la  cyanose  des  exlrémilés. 

A  Tauscultation  du  cœur,  battements  fréquents  (120)  sans  souffle  i>er- 
ceptible.  Rien  au  poumon.  Intelligence  très  rudimentaire,  enfant  agitée, 
criarde,  dormant  mal.  Elle  ne  reconnaît  personne,  n'articule  aucun  mot, 
ne  peut  rester  debout  ni  assise.  Elle  est  on  ne  peut  plus  arriérée.  Contrai- 
rement à  la  règle,  elle  présente  une  incurvation  très  notable  de  la 
colonne  vertébrale,  une  cyphose  à  grand  rayon,  comme  dans  le  rachi- 
tisme. 

Le  H  mai  1906,  elle  succombe  assez  rapidement  avec  des  phénomènes 
d'asphyxie  et  une  température  qui  a  monté  jusqu'à  41°. 

Autopsie.  —  Le  cerveau  petit  et  de  forme  ovalaire  à  pôles  aplatis  présente 
des  circonvolutions  larges,  aplaties,  peu  sinueuses  (  lissencéphalie  évidente  ; . 
Le  poids  de  l'encéphale  tout  entier  ne  dépasse  pas  725  grammes.  L'examen 
histologique,  fait  par  M.  Tilloy,  élève  du  service  et  préparateur  à  lu 
Faculté,  a  montré  une  coloration  intense  des  coupes  par  prolifération 
des  éléments  de  la  névroglie.  Les  cellules  nerveuses  sont  conservées.  Pas 
de  lésions  vasculaires.  Dans  la  zone  rolandique,  les  cellules  nerveusi's 
sont  moins  grandes  que  normalement,  mais  sans  dégénérescence,  sans 
lésion  de  noyau:  il  n'y  a  donc  qu'une  légère  diminution  dans  la  grandeur. 
Quant  aux  cellules  névrogliques,  elles  sont  hypertrophiées. 

Le  thymus  est  assez  gros  et  semble  normal.  Le  corps  thyroïde  présente 
ses  deux  lobes  et  sa  partie  moyenne  au  complet,  dans  un  étal  d'intégrité 
parfaite.  Impossible  de  |)arler  de  myxœdème  ici. 

Congestion  pulmonaire  récente  aux  deux  bases.  Hémorragies  des  cap- 
sules surrénales  et  des  reins.  Pas  de  tuberculose. 

Symphyse  cardiaque  par  péricardite  récente  ;  pei*sistance  du  canal 
artériel.  (>>mmunication  lai*ge  interventriculaire,  donc  maladie  de  Roger, 
non  reconnue  pendant  la  vie,  malformation  fréquemment  observée  dans 
le  mongolisme. 

Observation  II.  —  Fille  de  vingt  et  un  mois.  —  Mongolisme.  —  Mort  à  la 
suite  de  rougeole.  —  Intégrité  du  corps  thyroïde  à  Vmitopsi*'.  —  Lissencéphalie. 

La  petite  D....  Eugénie,  au  faciès  mongolien  très  accusé,  entre  à 
l'hôpital  des  Enfants-Malades,  salle  Parrot,  n*»  9,  le  19  mai-s  1900.  Elle 
contracte  la  rougeole  et  passe  dans  le  pavillon  réservé  à  cette  mala<lie  le 
10  avril. 

Autccédents  héréditaires.  —  Parents  bien  portants,  pas  de  syphilis,  pa> 
de  fausses  couches.  Ln  garçon  de  trois  ans,  né  à  terme,  sain  et  noimal. 
Pas  de  renseignement  précis  sur  l'âge  des  parents,  sur  les  circumslances 
df»  la  grossesse. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  née  à  terme,  a  été  nourrie  au  sein. 
l>i-onchiLeà  huit  mois,  blépharo-conjoncti^  ite  depuis  la  naissance.  Sevrage 
à  un  an.  État  général  mauvais  et  amaigrissement  depuis  plu^iienrs   mois. 


12  J.    COMHY 

Toux  depuis  quelques  jours.  La  mère  conduit  sa  lillelle  pour  qu'on   la 
remette  en  bon  état  afin  de  l'envoyer  en  nourrice  à  la  campagne. 

État  actuel.  —  Poids  6  kilos.  Pacies  mongolien,  en  pleine  lune,  >eux 
bridés  et  obliques  avec  nystagmus  et  épicanthus  très  pi*ononcé. 
Grosse  langue  faisant  saillie  entre  les  arcades  dentaires  ;  deux  incisives 
médianes  inférieures.  Peau  comme  infiltrée.  Grosses  amygdales, 
foie  et  rate  sans  hypertrophie.  L'enfant  ne  marche  pas,  ne  parle  pas,  cris 
nasonnés.  Fontanelle  non  fermée,  tôte  brachycéphale  ;  taille,  C7  centi- 
mètres. Main  large  et  courte.  Rien  à  Tauscultation.  Les  lobules  des  oreilles 
sont  mal  détachés.  L'examen  attentif  de  la  langue  montre  qu'elle  com- 
mence à  se  dépouiller  et  se  fissurer. 

Cheveux  fins  et  souples.  Stridor  nasal  considérai)le.  Légère  cyphose, 
membres  mous,  grande  laxité  des  articulations.  La  malade  s'asseoit  sou- 
vent en  tailleur.  Plusieurs  fois  dans  la  journée,  sa  tête  est  animée  de 
balancements  dans  le  sens  latéral  (tic  de  Salaam). 

Mains  et  pieds  courts.  La  main  est  particulièrement  large  avec  briè\  été 
de  l'auriculairo.  Le  cœur  semble  normal. 

Intelligence  très  inférieure,  mais  Tidiotie  n'est  pas  complète  ;  l'enfant 
prononce  quelques  mots.  Elle  est  plutôt  agitée. 

La  rougeole  semble  normale,  mais  le  troisième  jour  la  température 
étant  montée  à  40<',4,  l'enfant  meurt  subitement  le  42  avril  à  sept  heuiv.s 
du  matin. 

Autopsie,  —  Tôte  arrondie  présentant  une  circonférence  de  '*2«",5. 
Cerveau  régulier,  avec  circonvolutions  aplaties  et  grossières  ; 
lissencéphalie  évidente.  Poids  total  de  l'encéphale  :  820  grammes.  C^e  cer- 
veau, au  microscope,  présente  la  prolifération  névroglique  et  la  légère 
atrophie  des  cellules  pyramidales  signalées  dans  l'observation  précédente. 

Adhérences  au  poumon  droit  avec  congestion  œdémateuse.  Ca*ur  mou 
et  pâle,  sans  lésions  valvulaires  ni  anomalies.  Foie  cardiaque,  muscade, 
augmenté  de  volume.  Rate  grosse  et  un  peu  dure.  Reins  congestionnés, 
capsules  surrénales  normales.  Ovaires  et  appendice  sains.  L'examen  atten- 
tif du  thymus  et  de  la  glande  tliyroïde  a  montré  que  ces  organes  étaient 
absolument  normaux. 

Ces  iloux  autopsies  de  mongoliens,  faites  à  un  mois  irinter- 
valle,  chez  des  enfants  de  môme  âge,  ont  confirmé  ce  que 
nous  savions  déjà,  mais  ce  qu'il  est  bon  de  répéter.  Le  mongo- 
lisme est  une  variété  d'idiotie  congénitale  qui  a  son  auto- 
nomie absolue.  11  n'a  rien  à  voir  avec  le  myxœd^me;  le  corps 
thyroïde  est  normal  chez  les  mongoliens. 

Il  est  caractérisé  par  un  cerveau  spécial,  ovalo  court  à 
grosses  circonvolutions  aplaties,  rappelant  le  cerveau  d'un 
animal  (singe  ou  ruminant).  Ce  cerveau  est  symétrique,  sans 
sclérose  apparente,  sans  porencéphalie,  sans  foyer  localisa 
quelconque.  11  représente  non  une  maladie,  mais  une  ano- 
malie, un  trouble  de  développement. 

Histologiquement,  il  apparaît  que  la  substance  cm^hrale  est 
appauvrie,  que  les  cellules  pyramidales  «le  l'écorce  sont  un 
peu  atrophiées,  que  la  névroglie  est  en  prolifération.  Enlin 


NOLVEAUX    CAS    DE    MON(iOLISMK   INFANTILE  13 

nous  voyons  que  parfois  ranomalic  cardiaque,  si  fréquemment 
signalée,  peut  exister  à  Tautopsie,  sans  avoir  été  annoncée 
par  l'auscultation  pendant  la  vie. 

OBSERVATION  111.  — Garçondetfoisans.  — Mongolisme trê$  net.-  Syndacty- 
iie.  —  Cryptorchidie.  —  Chagrins  éprouréspar  la  mère  pendant  la  grossesse. 

Le  15  juin  1905,  entre  dans  mon  service  de  Thôpital  des  Enfants- 
Malades,  salle  Chaumont,  n^  19,  un  enfant  de  trois  ans,  G...  Henri,  que 
m'adresse  mon  collègue  etamileD'  Letulle.  Cet  enfant  est  un  mongolien, 
comme  Tavait  parfaitement  reconnu  le  D*"  Letulle. 

Antécédents  héréditaires.  —  Le  père,  diabétique  depuis  sept  ans,  avait 

i'inquante-sept  ans  à  la  naissance  de  son  enfant.  La  mère,  âgée  de  quarante 

ans,  est   bien  portante.  Elle   a  eu  huit  grossesses  ;   les  sept  premiers 

enfants  sont  sains  et  normaux.  Le  huitième,  celui  dont  nous  allons  nous 

occuper,  seul  est  atteint  d'idiotie  mongolienne.  C  est  que,  outre  Tépuise- 

ment  de  la  mère  par  des  grossesses  répétées  qu'on  pouvait  invoquer, 

celle-ci  a  éprouvé  de   grands  chagrins  pendant   sa  dernière  grossesse; 

«»|]e  a  eu  notamment  très  peur  de  voir  mourir  un  de  ses  enfants,  qu'on 

dirait  atteint  de  méningite.  La  huitième  grossesse  a  donc  diffén*  des  sept 

précédentes  par  des  émotions  morales  fâcheuses  qui  ont  troublé  révolution 

du  fœtus. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  né  à  terme,  mais  petit,  délical  ;  ictère 
(MMidant  les  huit  premiers  jours;  aucune  manœuvre  obstétricale,  accou- 
chement naturel  et  facile.  Au  début,  l'enfant  ne  [muvait  prendre  le  sein  ù 
cause  de  sa  grande  faiblesse.  Il  fallut  une  dizaine  de  joui's  pour  avoir  des 
mouvements  [de  succion  suflisants  pour  la  montée  du  lait.  Allaitement 
au  sein  pendant  quatre  à  cinq  mois,  marche  à  dix-huit  mois.  Bron- 
chite il  y  a  quatre  mois. 

Enfant  généralement  calme,  pas  méchant,  mais  manifestant  une  grande 
joie  quand  il  se  trouvait,  au  dehors,  au  milieu  du  bruit,  et  surtout  quand 
il  entendait  de  la  musique. 

Intelligence  toujours  inférieure  à  la  normale;  renfunt  n'a  pu  apprendre 
à  parler. 

Etatactuel.  —  Faciès  caractéristique, yeux  bridés  et  obliques,  figure  ronde, 
lélebrachycéphalc,ayant  46  centimètres  de  ci rconféi*ence  ;  fontanelle  encore 
largement  ouverte  ;  cheveux  normaux.  Pavillons  des  oreilles  bien  ourlés, 
a\ec  état  nidimentaire  du  lobule.  Pas  de  nystagmus  ni  strabisme.  L'en- 
fant voit  aussi  bien  qu'il  entend,  mais  il  n'articule  aucun  mol.  Nez  enfoncé 
à  sa  racine,  bouche  bée,  langue  un  peu  grosse,  conimenvanl  à  se  dépouil- 
leretàse  Hssurer.  Voûte  palatineogi\  aie,  présence  de  végétations  adénoïdes. 
L enfant  a  toutes  ses  dents.  Mains  larges  et  couites,  hrièNeté  notable  des 
petits  doigts  et  des  pouces.  La  radiographie  montre  bien  latrophie  des  os 
des  phalangettes  et  phalangines  au  petit  doigt.  Aux  orteils,  elle  montre 
Hussi  l'atwphie  des  phalangines  et  phalangettes.  Thorax  aplati  et  enfoncé 
<uv  les  cùtés  comme  dans  le  rachitisme.  Mais  colonne  vertébrale  droite  ; 
(position  de  tailleur  assis  affectionnée  par  l'enfant,  (|ui  (railleui^i  a  une 
i?rande  souplesse  dans  ses  articulations  et  marche  bien  :  taille,  Sîi  centi- 
mètres, pas  très  éloignée  de  la  normale.  Poids  11900,  inférieur  au  poids 
moyen.  Comme  anomaliesconcomilanles,  nous  devons  signaler  une  syndac- 
lylie  symétrique  des  orteils  du  milieu  et  une  double  cryptorchidie.  Rien 
au  cœur  à  l'auscultation.  Rien  dans  les  euitres  viscères.  L'enfant  mange 
hien, digère  bien,  mais  urine  dans  son  lit.  Il  c»st  toujours  l'njoué,  de  honn»* 
humeur,  ne  pleure  jamais. 


1 '*  J.    COMBY 

En  somme,  re  pelil  mongolien  ne  difTère  des  autres  ni  par  les 
symptômes  (»t  l  habitus  extérieur,  ni  par  Téliologie.  On  peut  relever 
deux  facteui^  principaux  dans  celle  étiologîe  :  grossesses  multiples  et 
rapprochées  ;  dernière  grossessiî  traversée  par  des  chagrins  et  des  serouss<*< 
morales  fâcheuses. 

Observation  IN'.  —  Fille  de  f  rois  ans  et  'terni.  —  Idiotie  mongolienne.  —  ^ère 
jeune  et  saine.  —  Père  affaibli  et  m>ila(ie  au  moment  de  la  conception. 

Le  17  mai  1906,  se  présente  dans  mon  cabinet,  de  la  pari  du  D'  Palle- 
v;oix,  une  fillette  de  trois  ans  et  demi,  que  je  reconnais  immédiatement 
pour  une  mongolienne. 

Antécédents  hérédiViires.  —  Père  âgé  de  quarante  ans,  gi*and,  maigre, 
délicat,  très  nerveux,  ayant  eu,  au  moment  de  la  conception,  une  maladie 
douloureuse  suivie  d'opération  chirurgicale,  qui  Tavait  beaucoup  aiïaibli. 
Mère  âgée  de  trente  ans,  forte  et  saine,  ayant  eu  six  grossesses,  trois 
avant  celle  qui  a  abouti  à  la  naissance  d'une  mongolienne,  trois  après.  La 
grossesse  s>st  déroulée  dans  de  mauvaises  conditions  :  mère  démontée 
|)ar  la  mort  d'un  garçon  de  neuf  mois,  père  opéré  d'une  phlébite,  etc.  Les 
quatre  autres  enfants  étaient  normaux.  Une  tille  de  sept  ans  se  porte  livs 
bien,  une  de  deux  ans  est  plus  avancée  comme  taille  etpoids  que  sa  sœur 
de  trois  ans  et  demi.  Pendant  la  grossesse,  la  mère  dit  avoir  été  assez 
nerveuse,  ennuyée,  chagrine,  mais  sans  exagération. 

Antécédents  personnels.  -^Naissance  à  terme,  sans  difficulté  ;  nourrie 
au  sein,  lenfant  ne  se  développait  pas,  restait  molle  et  sans  force. 
On  a  remarqué  le  faciès  chinois,  mais  sans  y  attacher  une  très  grande 
importance,  une  tante  paternelle  do  l'en  fan  t  étant  arriérée  et  ayant 
un  peu  ce  faciès. 

L'enfant  n'a  jamais  marché,  sa  dentition  a  été  très  en  relard;  première 
dent,  une  molaire,  à  quinze  mois.  Poids  et  taille  toujours  au-dessous  de 
la  normale. 

Etat  actuel.  —  Enfant  petite,  maigre,  quoique  ayant  les  joues  pleines  et  la 
figure  ronde.  Faciès  mongolien  assez  accusé,  yeux  petits  et  bridés,  épi- 
canthus,  pas  de  strabisme  ni  de  nystagmus.  Nez  enfoncé,  stertor  fré- 
quent et  ronflement  nocturne.  Aurait  eu  de  l'otite  suppurée  il  y  a  quelque 
temps.  Végétations  adénoïdes  probables.  Bouche  peu  ouverte,  langue 
normale.  Lobules  des  oreilles  peu  détachés.  Tète  absolument  ronde;  cir- 
conférence, 44  centimètres.  Cheveux  abondantsel  fins.  Fontanelle  fermée. 
Membres  d'une  souplesse  très  grande;  l'enfant  s'assied  volontiers  en  tail- 
leur. Elle  reste  longtemps  assise,  sans  fléchir  la  colonne  vertébrale,  qui 
ne  présente  pas  de  cyphose.  Aucune  déformation  rachitiquc.  Pas  de  masses 
lipomaleuses.  Rien  à  l'examen  du  ventre.  Rien  à  l'auscultation  du  cœur. 
Extrémités  habituellement  froides  ;  les  mains  sont  courtes,  sans  excès. 
L'enfant  se  tient  debout,  ([uand  on  la  prend  par  la  main,  mais  elle  ne 
cherche  pas  à  marcher.  Peau  pâle,  muqueuses  décolorées,  anémie  évi- 
dente, qui  serait  rt'cente.  En  efîet  l'enfant  mange  très  peu  etne  manifeste 
nucim  appétit.  (x)nstipalion  habituelle.  Ventre  assez  gros  avec  élargisse- 
ment des  ccMes.  Poids,  10  kilogrammes  seulement;  taille,  80  centimètres, 
soit  un  retard  de  deux  ans  sur  les  autres  enfanU. 

La  fillette  ne  parle  pas  ou  ne  fait  entendre  que  des  monosyllabes. 
Elle  répète  cependant  les  mots  qu'on  lui  dit,  surtout  si  l'on  chante. 
Elle  est  en  effet  très  sensible  à  la  musique  et  répète  les  airs  qu'elle 
entend.  Elle  aime  aussi  beaucoup  les  mouvements  cadencés,  la  danse  en 
musique. 

I  jifant  assez  calme,  jouant  toute  seule  volontiers,  dormant  assez  bien 


NOUVEAUX    CAS    DE    MONGOLISME    INFANTILE  15 

Elle  grince  incessamment  des  dents.  Elle  comprend  ce  qu  on  lui  dit  et  se 
met  dans  de  violentes  colères  quand  on  ne  lui  cède  pas. 

En  somme,  idiotie  mongolienne  bien  caractérisée,  dans  une  famille  do 
cinq  enfants,  sans  que  la  grossesse  ait  présenté  des  particularités  notables. 
Mais  le  père,  d'ailleurs  très  nerveux,  était  très  affaibli  au  moment  de  la 
conception. 

10  juillet  1904,  revu  Tonfant  qui  a  maigri  ;  la  thyroïdine  semble  a\oir 
«lonné  un  peu  de  force. 

i  OBSERVATION  V.  —  Fille  de  cinq  ans.  —  Mongolisme  très  accusé.  —  Grossetise 
marquée  par  des  chagrins  profonds.  —  Deux  autres  enfants,  venus  ensuite,  nor- 
maux. —  Anomalie  cardiaque. 

Le  10  mai  1906,  se  présentait,  à  ma  policlinique  de  Tbùpital  des  Enfants* 
Malades,  G...  Hélène,  âgée  de  cinq  ans.  Cette  fillette  m'était  adressée  par 
un  confrère  de  la  ville,  qui  avait  reconnu  le  mongolisme  d'après  les  cas 
qu'il  avait  observés  dans  mon  service. 

Antécédents  héréditaires.  —  Mère  actuellement  âgée  de  trente-neuf  ans^ 
forte,  bien  portante,  enceinte  pour  la  première  fois  de  notre  petite  malade  ; 
t'ilea  eu  de  violents  chagrins  vers  la  septième  semaine  de  lagrossesse,  )Miis 
lies  insomnies.  Elle  est  d'ailleurs  assez  nerveuse.  Deux  autres  grossesses 
par  la  suite,  il  y  a  quatre  ans  et  deux  ans,  ont  abouti  à  la  naissance  d'en- 
fants normaux.  Père,  âgé  de  quarante  ans,  nerveux,  non  alcoolique. 
Pas  de  tuberculose  ni  syphilis  dans  la  famille. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  Tenfant  s'est  présentée  par 
les  pieds;  il  a  fallu  appliquer  le  forceps  et  faire  ensuite  la  respiration  art  i- 
iicielle  ;  le  liquide  amniotique  était  trouble.  Poids  à  la  naissance  : 
3  500  grammes. 

Malgré  l'allaitement  au  sein,  Tenfant  n'a  pas  progressé  comme  elle  le 
(levait  ;  à  la  fin  du  deuxième  mois,  elle  avait  perdu  1  kilogramme  sur  son 
poids  initial.  Bronchite  à  cinq  mois,  pins  tard  congestion  pulmonaiie 
i;rippale.  Bouche  ouverte,  ronflement  nocturne;  onauraitfait  récemment 
Famydalectomie  pour  remédier  à  ces  troubles  respiratoires.  Marche  très 
retardée,  l'enfant  ne  peut  encore  marcher;  fontanelle  fermée  depuis  peu» 
(l»*nLs  très  en  retard  et  presque  toutes  cariées. 

État  actuel.  —  Le  faciès  mongolien  frappe  immédiatement  chez  celle 
tjllette.  Les  yeux  sont  petits,  bridés;  les  paupières  fendues  obliquement, 
Hpicanthus  très  marqué,  pas  de  strabisme  ni  de  nystagmus.  Bouche  con- 
•ilam ment  ouverte  avec  langue  procidente,  face  ronde  et  pleine,  pavillons 
«les  oreilles  bien  ourlés  et  symétriques  avec  lobules  assez  bien  détachés, 
Tèle  ronde,  brachycéphale  (diamètres  longitudinaux  égaux  aux  diamètres 
Iransversaux)  ;  circonférence  :  4i  centimètres.  Plaques  pi  ty  ri  as  i  formes  sur 
le  cuir  chevelu,  pourvu  cependant  de  cheveux  lisses  et  abondants.  Ne/, 
enfoncé  à  sa  racine.  Dents  en  très  mauvais  état  ;  l'incisive  médiane  supé- 
lieure  gauche  présente  une  érosion  semi-lunaire.  La  langue  est  dépouillée 
d  epithélium  et  fissurée.  Mains  larges  et  courtes,  brièveté  des  auriculaires 
et  des  pouces.  Taille  :  85  centimètres  seulement  fc'est  la  taille  d'un  enfant 
«le  deux  ans  et  demi);  poids:  ll*»f,300  (c'est  le  poids  d'un  enfant  de 
deux  ans  à  peine).  Le  retard  dans  le  développement  somalique  est  donc 
considérable.  Membres  d'une  grande  souplesse,  laxité  extrême  des  articu- 
lations; l'enfant  faille  grand  écart, craquements  articulaires,  position  du 
tailleur  assis.  Constipation  habituelle. 

L'auscultation  du  cœur  fait  entendre  un  souffle  systolique  extrêmemenl 
intense,  qui  couvre  toute  la  région  pi-écordiale  et  s'entend  aussi  dans  le  dos. 
()e  souffle,  qui  ne  s'accompagne  pas  de  cyanose,  traduit  une  commnnica- 


iO  .1.    COMBV 

lion  iiilet'veiitriculaire.  ou  maladie  de  Roger,  anomalie  cardiaque  souvent 
observée  dans  le  mongolisme.  Au  point  de  vue  intellectuel,  la  fillette 
est  très  en  retard  ;  elle  ne  dit  que  quelques  monosyllabes,  tout  en  reconnais- 
sant son  entourage  et  comprenant  à  peu  près  ce  qu'on  lui  dit.  Elle  est  affec- 
tueuse. Instinct  d'imitation  assez  développé,  goût  marqué  pour  la  musique 
etles  mouvements  cadencés.  En  somme,  idiotie  notable  avec  les  particula- 
rités habituelles  dans  le  mongolisme. 

Chez  cette  enfant,  en  retard  de  trois  ans  sur  les  autres  enfants,  tant  au 
point  de  vue  psychique  qu'au  point  de  vue  somalique,on  doit  souligner  la 
coexistence  d'une  malformation  cardiaque  (communication  interventri- 
culaire)  ne  se  révélant  qu'à  l'auscultation,  ne  se  traduisant  par  aucun 
symptôme  fonctionnel  (pas  de  cyanose  ni  trouble  circulatoire  périphé- 
rique ou  viscéral).  L'étiologie  est  conforme  àcelleque  nous  avons  relevée 
dans  presque  toutes  nos  observations  personnelles.  La  mère  n'est  ni 
délicate  ni  affaiblie  par  l'âge,  les  privations  ou  les  maladies.  Elle  est  jeune 
encore,  forte  et  saine.  D'autre  part,  la  mongolienne  qu'elle  a  mise  au 
monde  n'est  pas  la  dernière  d'une  longue  série  d'enfants.  C'est  la 
pi^emière,  l'aînée  ;  après  elle,  deux  autres  enfants  sains,  normaux,  non 
t'nlachés  de  mongolisme,  ont  été  procréés. 

D'autre  part,  aucune  tare  tuberculeuse  n'a  pu  être  incriminée  tant  du 
côté  paternel  que  du  côté  maternel.  La  nervosité  seule  des  générateui*s  est 
mentionnée,  quoique  faible.  Mais,  si  les  causes  perturbatrices  héréditaires 
ont  fait  défaut,  les  causes  d'ordre  moral  qui  rendent  la  grossesse  pénible 
et  troublent  profondément  l'évolution  du  fœtus  n'ont  pas  manqué.  Vei*s 
la  fin  du  deuxième  mois  de  sa  grossesse,  cette  femme,  émue  par  des 
chagrins  profonds,  a  commencé  à  perdre  le  sommeil  ;  vers  le  septième  mois, 
elle  a  éprouvé  de  vives  douleurs.  Finalement,  l'enfant  est  venue  à  terme 
en  présentation  vicieuse,  et  l'accouchement  n'a  pu  être  terminé  qu'au  for- 
ceps. Cette  dernière  particularité  n'a  pas  agi  sur  le  mongolisme  déjà  con- 
stitué, et  nous  ne  la  rappelons  que  pour  mémoire,  voulant  surtout  mettre 
en  relief  l'influence  pathogénique  des  émotions  pénibles  éprouvées  par 
la  mère  dans  les  premiel*s  mois  de  sa  grossesse.  Voilà  ce  qui  compte  dans 
Tétiologie  du  mongolisme  ;  voilà  ce  que  nous  trouvons  neuf  fois  sur  ilix 
dans  nos  enquêtes  personnelles. 

Observation  VI.  —  Garçon  de  vingt  et  unvtois.  —  Mongolisme  très  accuaé. 
—  Parents  jeunes.  —  Mère  très  contrariée  pendant  la  çfrossesse. 

Le  10  juillet  1906,  on  me  conduit  un  petit  garçon  de  vingt  et  un  mois, 
que  je  reconnais  immédiatement  pour  un  idiot  mongolien. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  âgé  de  vingt-sept  ans,  bien  portant. 
Mère  âgée  de  vingt-trois  ans,  bien  portante,  quoique  un  peu  nerveuse.  A 
eu  un  autre  enfant  normal  avant  celui-ci.  Devenue  enceinte  plus  tôt  qu'elle 
n'aurait  voulu,  elle  en  conçut  un  violent  chagrin,  pleuranttous  les  jours 
pendant  les  premiers  mois  de  sa  grossesse.  Puis  elle  en  prit  son  parti. 

Antécédents  personneLs.  —  Enfant  né  à  terme,  nourri  au  sein  par  la 
mère  jusqu'à  quatorze  mois,  s'est  toujours  mal  développé  et  a  présenté  des 
traits  particuliers  qui  Tout  fait  comparer  dès  sa  naissance  à  un  Japonais. 

État  actuel.  —  Enfant  petit,  quoique  moins  en  retard  qu'il  ne  semble, 
mesurant  75  centimètres  détaille  et  pesant  17  livres.  Faciès  absolument 
•caractéristique,  yeux  petits,  fentes  palpébi-ales  obliques  en  haut  et  on 
dehors,  épicanthus,  bouche  ouverte,  langue  un  peu  saillante,  nez  enfoncé 
à  sa  racine,  stridor.  On  a  parlé  d'enlovei-  les  végétations  adénoïdes.  Lo- 
bules des  oreilles  mal  dessinés.  T«Me  ronde,  brachyréphale,  mesurant 
40  centimètres  (le  cirronféronco.  Fonlaiiolle  lartrtMnenl  ouverte.  Dentition 


NOUVEAUX   CAS   DE    MONGOLISME    INFANTILE  17 

très  retardée  :  deux  incisives  médianes  inférieures  seulement.  Cheveux 
abondants  et  fins. 

Mains  larges,  doigts  courts;  pieds  ramassés,  difficiles  à  chausser,  syn- 
dactylie  des  deuxième  et  troisième  orteils. 

Visage  enpleinelune,  joues  gonflées  comme  dans  le  m yxœdème.  Chairs 
molles,  grande  laxité  des  articulations.  Colonne  vertébrale  droite.  L'en- 
fant ne  marche  pas,  mais  s'assied  volontiers  en  tailleur.  Testicules  des- 
cendus. Intelligence  en  retard.  Toutefois  Tenfant  dit  papa  et  articule 
quelques  monosyllabes.  Très  sensible  à  la  musique  et  à  la  cadence, 
cherche  à  danser.  Agitation  incessante,  insomnie.  Rien  à  Tauscultation 
du  cceur. 

Chez  ce  mongolien  d'un  type  si  accusé,  nous  ne  relevons  pas  de  tare 
héréditaire  appréciable.  Comme  circonstance  de  grossesse,  la  seule  parti- 
cularité notable  est  la  suivante  :  contrariété  vive,  chagrin  prolongé  dans 
les  premiers  mois  par  le  seul  fait  delà  grossesse  jugée  inopportune.  Cette 
observation  met  donc  encore  une  fois  en  relief  Taction  des  causes  d'ordre 
moral  pendant  la  grossesse  et  spécialement  dans  les  premiers  mois. 

Observation  Vil.  —  Garçon  de  dix-huit  mois.  —  Mongolisme  très  net,  — 
Dernier  né  de  neuf  enfants.  —  Chagrins  pendant  la  grossesse. 

Le  25  septembre  1906,  on  m'amène  à  l'hôpital  un  petit  garçon  de  dix- 
huit  mois,  le  dernier  d'une  famille  de  neuf  enfants  ;  quatre  survivants 
dont  trois  normaux. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  cinquante-trois  ans,  bien  por- 
tant. Mère,  âgée  de  quarante  ans,  porteuse  de  pain,  très  forte  et  très 
vigoureuse,  a  eu  neuf  grossesses  à  terme  et  a  nourri  tous  ses  enfants. 
Opendant  forte  mortalité  due  à  la  misère.  Pendant  la  dernière  grossesse, 
ijui  devait  aboutir  à  la  naissance  d'un  mongolien,  la  mère  a  éprouvé  de 
violents  chagrins. 

Antécédents  pcrsonneU.  —  Né  à  terme,  l'enfant  a  été  nourri  au  sein  par 
sa  mère  et  s'est  bien  développé  physiquement.  Dès  la -naissance,  on  a  été 
frappé  de  son  faciès  asiatique,  et  on  l'a  appelé  le  petit  chinois.  Retard  de 
la  dentition,  de  la  marche,  de  la  parole. 

A  deux  mois,  il  était  tellement  gêné  pour  respirer  qu'on  a  été  obligé 
de  lui  enlever  les  végétations  adénoïdes.  Depuis  quelques  semaines,  il 
tousse  violemment,  et  nous  avons  reconnu  la  coqueluche. 

Êlat  actuel.  —  Enfant  gros  et  assez  grand,  pesant  10  kilogrammes  et 
mesurant  63  centimètres  de  taille;  donc  pas  de  retard  notable  ni  pour  le 
poids,  ni  pour  la  taille.  Quatre  dents  seulement. 

Faciès  lunaire,  fentes  palpébrales  étroites  et  obliques  en  dehors,  épican- 
thus,  racine  du  nez  enfoncée.  Bouche  bée,  langue  pendante,  desquamée 
et  fissurée.  Lobules  des  oreilles  non  dessinés.  Tête  arrondie,  brachycé- 
phale  (46  centimètres  de  circonférence),  garnie  de  cheveux  abondants  et 
lisses.  Fontanelle  antérieure  non  fermée.  Mains  courtes,  avec  brièveté 
l'emarquable  du  petit  doigt.  Pieds  également  trapus  et  Courts.  Verge 
menue,  cryptorchidie.  Rien  à  l'auscultation  du  cœur. 

Enfant  plutôt  agité,  remuant  les  membres,  dont  les  articulations  sont 
très  souples;  cris  inarticulés,  intelligence  rudimentaire.  Sens  musical 
très  développé. 

Le  retard  dans  la  marche,  dans  la  parole,  l'obtusion  intellectuelle 
n'ont  pas  l'air  de  préoccuper  beaucoup  les  parents.  Ils  conduisent  l'enfant 
à  l'hôpital  uniquement  parce  qu'il  tousse  et  manque  d'étouffer;  ils  pen- 
sent qu'il  y  a  une  nouvelle  extirpation  d'adénoïdes  à  pratiquer.  Ils 
n'avaient  pas  songé  à  la  coqueluche. 

Arcb.  db  Méuia  dbs  b.xpants,  1007.  X.  —  2 


18  J.    COMBY 

Encore  un  cas  qui,  tout  en  étant  fort  net,  eût  pu  passer  inaperçu, 
Tenfant  étant  gros,  fort,  assez  remuant  et  criard. 

Observation  Vlll.  —  Garçon  de  sept  ans.  —  Mongolisme.  —  Deimier  né  de 
cinq  enfants.  —  Chagrins  au  début  de  la  grossesse.  —  Viïe  déception  causée 
par  cette  grossesse  inopportune. 

Le  22  novembre  i906,  se  présente  un  garçon  de  sept  ans,  le  dernier 
d'une  famille  de  cinq  enfants. 

Antécédents  héi^éditaires.  —  Père  âpé  de  quarante-six  ans,  bien  portant; 
cet  homme  n'avait  que  trente-huit  ans  au  moment  de  la  conception.  Mère 
âgée  de  quarante-trois  ans,  vi|2[oureuse  et  bien  portante,  n  avait  (|ue 
trenle-six  ans  au  moment  de  la  conception.  Deux  frcres  de  quatoi'ze  et 
dix  ans,  normaux.  Deux  autres  enfants  morts  à  trois  ans  (albuminurie''  et 
à  quatorze  mois.  L'enfant  qui  nous  est  présenté  est  le  cinquième  et  le 
dernier  delà  famille.  Quand  la  mère  s'aperçut  qu'elle  était  enceinte,  elle 
en  conçut  un  vif  chagrin,  d'autant  plus  que  son  mari  était  sans  travail. 
Pas  d'autre  cause  à  invoquer. 

Antécédents  personnels.  —  Né  a  terme,  sans  aucun  incident  obstétrical, 
l'enfant  aurait  présenté  quelques  convulsions  dans  les  premiers  jours. 
On  a  remarqué  le  faciès  asiatique  dès  la  naissance.  Allaitement  au  sein 
jusqu'à  deux  ans,  première  dent  à  quatorze  mois,  début  de  la  parole  et 
de  la  marche  à  deux  ans.  A  quatorze  mois,  otite  et  mastoïdite  opérée. 
Scarlatine  à  dix-neuf  mois. 

État  actuel.  —  Faciès  mongolien  typique,  yeux  petits  e.t  bridés,  fentes 
palpébrales  obliques  en  dehors,  paupières  amincies,  tête  ronde,  garnie  de 
cheveux  normaux  (circonférence,  47  centimètres).  Nez  enfoncé  à  sa  racine, 
palais  ogival  avec  végétations  adénoïdes,  épicanthus.  Bouche  bée,  langue 
un  peu  dépouillée  mais  sans  fissures.  Lobule  de  l'oreille  mal  dessiné. 
Fontanelle  fermée.  Mains  courtes  et  larges,  brièveté  du  pouce  et  du  petit 
doigt;  brièveté  des  orteils.  Taille  1"03,  poids  17  kilogrammes.  Rien  à 
l'auscultation  des  poumons,  rien  à  l'auscultation  du  cœur.  L'enfant  a  un 
peu  d'intelligence  et  reconnaît  son  entourage,  dit  quelques  mots,  adore 
la  musique.  11  s'assied  volontiers  en  tailleur.  Il  est  émotif.  Voix  un  peu 
rauque  comme  chez  la  plupart  des  mongoliens.  Rien  de  Tapathie  des 
myxœdémateux.  Il  aétésoumisquelque  temps  à lamédicalion  thyroïdienne, 
sans  succès  appréciable.  11  fait  quelques  progrès,  commence  à  compter 
jusqu'à  10;   mais  ces  progrès  sont  extrêmement  lents. 


Conclusions  générales. 

L  —  On  entend  p^r  motigolisme  on  idiotie  mongolienne  une 
variété  d'idiotie  congénitale  caractérisée  par  le  faciès  asiatique. 
Dès  la  naissance,  Tenfant  ressemble  et  ne  cesse  de  ressem- 
bler à  un  Chinois,  à  un  Japonais,  à  un  Mongol. 

II.  —  Le  mongolisme  est  fréquent  chez  les  enfants,  puisque, 
dans  l'espace  de  trois  ans,  un  médecin  d'enfants,  tant  dans  sa 
clienlMequ  a  l'hôpital,  a  pu  en  observer  22  cas  authentiques. 
Sur  100  idiots  de  toutes  catégories,  on  peut  rencontrer  5  mon- 
goliens environ. 

11 L  —  Il  semble  y  avoir  prédominance  en  faveur  du  sexie 


NOUVEAUX  CAS   DE   MONGOLISME    INFANTILE  11> 

masculin  :  i  3  garçons  mongoliens  pour  9  filles  mongoliennes 
sur  22  cas. 

iV.  —  L'idiotie  mongolienne,  toujours  congénitale,  n'est 
cependant  ni  héréditaire  ni  familiale.  Dans  presque  toutes  les 
observations,  on  relève  des  incidents  de  grossesse,  particuliè- 
rement les  chagrins,  ennuis,  émotions  pénibles  éprouvés  par 
la  femme  enceinte,  dans  les  premiers  mois  de  la  grossesse. 

V.  —  A  l'autopsie  des  mongoliens,  on  note  que  le  corps 
thyroïde  et  le  thymus  sont  normaux.  On  peut  trouver  des 
anomalies  cardiaques  (communication  interventriculaire). 
Mais  la  lésion  constante  est  la  lissencéphalie  :  circonvolutions 
cérébrales  larges  et  aplaties,  peu  contournées,  peu  compliquées. 
Cerveau  brachycéphale,  ovale  court.  Au  microscope,  cellules 
pyramidales  plus  rares  et  atrophiées,  légère  prolifération 
névroglique. 

VI.  —  La  radiographie  montre  des  lésions  phalangettiques 
et  phalanginiennes  aux  mains  et  aux  pied^  ;  les  petits  os  de 
ces  extrémités  sont  amincis,  raccourcis,  atrophiés  dans  leur 
ensemble. 

VIL  —  Le  faciès  des  mongoliens  est  caractéristique  :  tète' 
arrondie,  faciès  lunaire,  yeux  petits  et  obliques,  bouche  bée,, 
aspect  de  bébé  chinois  ou  de  poupée  japonaise.  Brachycépha- 
lie  très  notable.  Cheveux  a  peu  près  normaux.  Fontanelle 
longtemps  béante,  langue  grosse  et  plus  tard  desquamée,. 
fissurée  ;  lobule  de  Toreille  mal  détaché,  nez  enfoncé,  stcrtor,. 
végétations  adénoïdes.  Éruption  dentaire  très  retardée. 

VIIL  —  Développement  corporel  en  retard,  poids  léger^ 
taille  courte,  mais  sans  déformations  osseuses  ;  colonne  ver- 
tébrale droite,  position  du  tailleur  assis.  Marche  tardive. 
Grande  souplesse  des  articulations,  grand  écart.  Mouvements 
chorégraphiques. 

IX.  —  Parfois  pied  bot,  syndactylie,  cryptorchidie  ;  mais 
surtout  anomalies  cardiaques  fréquentes,  maladie  de  Roger 
associée  au  mongolisme. 

X. — Intelligence  profondément  atténuée,  sentiments  affectifs 
et  mémoire  conservés  dans  une  certaine  mesure.  Faculté- 
d'imitation  assez  développée,  mais  surtout  goût  exagéré  pour 
la  musique.  Les  mongoliens  parlent  tard  et  s'élèvent  très  peu 
dansTéchelle  de  l'instruction.  Ils  ne  peuvent  apprendre  que 
d:s  métiers  manuels  d'une  grande  simplicité. 

XL  —  Le  pronostic  est  donc  fâcheux,  d'autant  plus  que  la 


20  J.    COMBY 

mortalité  dans  le  bas  âge  est  très  élevée  ;  le  mongolien  se  re- 
froidit facilement,  prend  la  bronchite,  la  bronchopneumonie, 
est  prédisposé  à  la  tuberculose.  Bref,  la  plupart  des  sujets 
succombent  avant  Tadolescence.  A  mesure  qu  on  observe  sur 
des  sujets  de  plus  en  plus  âgés,  la  proportion  des  mongoliens 
diminue  de  plus  en  plus  dans  les  hôpitaux  d'entants  ;  dans 
les  asiles  d'idiots,  on  rencontre  quelques  mongoliens.  Dans 
les  hôpitaux  d'adultes,  dans  les  hospices  ou  asiles  d'aliénés, 
on  n'en  voit  presque  jamais. 

XII.  —  La  faciès  inoubliable  du  mongolien  su f lit  à  le  distin- 
guer des  autres  maladies  qui  entravent  le  développement  des 
jeunes  enfants  :  myxœdème,  rachitisme,  achondroplasie,  etc. 

XIII.  —  Le  myxœdème,  habituellement  confondu  avec,  et 
dont  certains  médecins  s'obstinent  à  retrouver  les  traits  dans 
le  mongolisme,  est  pourtant  facile  à  séparer.  Et  d'abord,  nous 
l'avons  vérifié  après  d'autres,  le  corps  thyroïde  est  normal 
dans  le  mongolisme,  alors  qu'il  manque  dans  le  myxœdème. 
La  médication  thyroïdienne,  qui  guérit  celui-ci,  ne  guérit  pas 
celui-là.  Dans  le  myxœdème,  Tenfant  est  stupide  et  inerte  ;  il 
est  gai  et  remuant  dans  le  mongolisme.  Quand  on  veut  ana- 
lyser, on  saisit  bien  les  antithèses,  et  l'on  n'est  plus  dupe  de 
la  confusion  que  le  faciès  lunaire  et  Taspectpseudo-lipomateux 
peuvent  faire  naître  dans  Tesprit  du  médecin. 

XIV.  —  Contre  le  mongolisme,  il  n'y  a  pas  de  traitement 
curalif  ;  la  médico-pédagogie  seule,  l'éducation  conforme  aux 
aptitudes  du  sujet  permettra  de  tirer  quelque  parti  d'une  situa- 
tion déplorable  à  tous  égards. 

XV.  — Les  nombreuses  et  probantes  observations  do  mon- 
golisme que  nous  avons  recueillies  depuis  trois  ans  confirment 
absolument  les  travaux  de  Langdon-Down,  qui,  dès  1866,  avait 
su  séparer  les  mongols  ou  kalmtiks  des  autres  idiots.  Comme 
cet  auteur,  nous  croyons  à  l'autonomie  du  mongolisme, 
variété  d'idiotie  distincte  de  toutes  les  autres,  tant  au  point 
de  vue  anatomique  qu'au  point  de  vue  clinique,  et  j'ajouterai 
au  point  de  vue  étiologique. 


Il 


LES    FIBRO-SARCOMES    DU    COU    EXTRAPHARYNGIENS 

Far  VICTOR  VEAU, 

Chirurgien    des   Hôpitaux. 


On  observe  dans  la  région  latérale  du  cou  des  tumeurs 
conjonctives  de  nature  très  diverse.  Le  moment  est  peut-être 
venu  d'essayer  de  grouper  les  observations  éparses.  Je  le  fais 
d  autant  plus  volontiers  que  quelques-unes  de  ces  tumeurs 
méritent  d'être  rapprochées  des  branchiomes  que  j*ai  étudiés 
dans  ma  thèse  en  1901. 

Kœnig  avait  proposé  de  diviser  les  polypes  naso-pharyngiens 
en  deux  variétés  :  les  polypes  intrapharyngiens  et  les  polypes 
extrapharyngiens.  Cette  classification  n*a  pas  prévalu,  car  ces 
derniers  sont  de  rares  exception  à  comparer  aux  premiers,  • 
dont  on  connaît  la  fréquence.  La  classification  de  Kœnig 
aurait  mérité  cependant  d'être  conservée  en  théorie,  car  il  existe 
un  groupe  de  fibro-sarcomes  nés  hors  du  cavum  dans  les 
organes  du  cou  :  périoste,  aponévrose,  nerfs  et  même  dure- 
ra ère  cervicale. 

Sur  mon  conseil,  mon  élève  et  ami  le  D'  Mousnier  a 
recherché  ces  observations  et  en  a  réuni  23  (1). 

Historique.  —  Dès  le  milieu  du  siècle  dernier,  on  a  public 
quelques  observations  isolées  :  Brodie  (1842),  Blandin  (1843), 
Freemann,  Kerr  (1844);  Lebert,  dans  son  Jraùé  danatomie 
pathologique^  en  cite  trois  cas  curieux  (1845)  ;  Croocke  (1854), 
Maisonneuvc  (1854),  Browne  (1857),  Patridge  (1859),  Med- 
dIemist(1862),Huguier  (1862),  Richard  (1862j,  Patridge  (1867) 
Barton  (1870),  Dowse  (1884),  Krœnlein  (1875),  en  rapportent 
chacun  une  observation. 

Le  premier  travail  d'ensemble  est  celui  de  Guyon  (1877)  (2); 
il  n'étudia  que  les  tumeurs  d'origine  aponévrotique. 

(I)  p.  Mous.xiER,  Fibrosarcome  du  cou  extrapharyngieu  (Thèse  de  Paris, 
1906).  C'est  là  qa*on  trouvera  toutes  les  observations  et  les  indications  biblio- 
graphiques que  je  ne  donne  pas  ici. 

(J)  GcYO»,  Acad.  de  méd.,  1878,  t.  VI,  no  21,  p.  54C. 


22  VICTOR  VEAU 

Morris  (1881),  Freemann  (1884), Falk  (1887),  Butcher(1887) 
«n  publient  des  observations  isolées.  Le  travail  de  De  Quer- 
vain  (1)  est  le  plus  complet  que  nous  possédions.  Depuis  cette 
époque,  les  cas  se  sont  multipliés  :  Heurteaux  (1898)  (2), 
Lœvy  et  Lœper  (1899)  (3),  Kock  (1903)  (4),  Bœrner  (1903)  (5), 
CunéoetDainviIle(1903)(6),Cange(1904)(7),LecèneC1905)(8). 

L'observation  de  M.  Jalaguier  avec  examen  bistologique 
de  Cornil  a  été  le  point  de  départ  de  la  thèse  de  Mousnier. 

Etiologie.  —  Les  tumeurs  s'observent  principalement  chez 
Venfant,  mais  on  peut  aussi  les  rencontrer  chez  Tadulte  et 
même  chez  le  vieillard  (Kerr  :  soixante-sept  ans);  mais  il  est 
important  de  remarquer  que  ces  tumeurs  ne  régressent  pas  au 
moment  de  Tadolescencc,  comme  les  polypesnaso-pharyngiens. 

Le  sexe  féminin  y  est  prédisposé  :  7  cas  chez  Thomme, 
17  chez  la  femme. 

Nous  sommes  absolument  ignorants  des  autres  conditions 
étiologiques. 

Point  de  départ.  —  Pathogénie.  —  LesTibro-sarcomesducou 
extrapharyngiens  forment  un  groupe  de  tumeurs  hétérogènes; 
on  peut  les  classer  d'après  leur  point  de  départ,leur  pédicule. 
On  peut  ainsi  former  cinq  groupes  : 

1*  Les  fibro-sarcomes  périostiques  ; 

2"  Les  fibro-sarcomes  aponévrotiques  ; 

3°  Les  fibro-sarcomes  d'origine  nerveuse; 

4'*  Les  fibro-sarcomes  d'origine  dure-mérienne  ;   • 

0°  Les  fibro-sarcomes  essentiels. 

1**  Fibro-sarcomes  périostiques,  —  Mousnier  a  recueilli 
13  tumeurs  d'origine  périostique.  Le  point  de  départ  est  gé- 
néralement une  vertèbre  cervicale,  soit  l'apophyse  transverse 
(6  cas),  soit  l'apophyse  épineuse  (1  cas).  Mais  on  observe 
aussi  des  tumeurs  implantées  sur  des  os  plus  éloignés  : 
bord  supérieur  de  l'omoplate  (Richard),  première  côle 
(Krœnlein),  maxillaire  inférieure  (Freemann),  os  hyoïde  (de 

(1)  Db  QuERVAiN,  Ucber  die  Fibrome  des  Halses  {Arch,  f,  klin.  Chir,,  1899, 
t.  LVIli,  fasc.  I,  p.  1). 

(2)  Heurteaux,  Soc.  chir.,  1898,  p.  84. 

(3)  LoBVY  et  LoBPER,  Soc.  anat.,  1899,  p.  1104. 

(4)  Kock,  Charité  Annalen,  1902,  t.  XXI,  p.  117. 

(5)  BoRRNER,  Deut.  Zeit.  f,  Chir,,  1903,  t.  LXVII,  p.  309. 

(6)  CuNÉo  et  Dairvillb,  Soc,  anat.,  1903,  p.  593. 

(7)  Camob,  Soc.  anaL,  1904,  p.  605. 

(8)  Lrcènb,  Soc.  anat.,  1905,  p.  746. 


LES   FIBUO-SARCOMES    DU    COU    EXTRAPHARYNGIENS  23 

Qucrvain)  et  môme  protubérance  occipitale  externe  (Gange). 

Généralement  ces  tumeurs  n'ont  qu'un  pédicule,  mais  il  est 
des  cas  où  les  zones  d'implantation  étaient  multiples.  Dans 
le  cas  de  Falck,  la  tumeur  possédait  trois  pédicules  qui  la 
rattachaient  aux  apophyses  transverses  des  3%  4°  et  5"  ver- 
tèbres cervicales.  Ce  cas  très  curieux  mérite  dVtre  rapproché 
déjà  fréquencede  l'implantation  sur  ces  apophyses  transverses. 
Etant  donné  que  ces  apophyses  transverses  sont  des  côtes 
rudimentaires,  on  comprend  qu'elles  soient  prédisposées  à  pro- 
duire des  néoplasmes. 

2°  Fibro-sarcomes  ùponécrotiques.  —  A  côté  de  ces  fibro-sar- 
comes  prenant  un  solide  point  d'insertion  périostique,  il  existe 
un  certain  nombre  de  cas  pour  lesquels  on  a  signalé  des 
adhérences  aponévrotiques.  Falck  cherche  dans  son  cas  l'ori- 
gine du  fibrome  dans  le  tissu  conjonctif  périmusculairc  du 
muscle  long  du  cou.  Patridge  fait  naître  dans  le  ligament  de 
la  nuque  la  volumineuse  tumeur  que  portait  son  malade. 

Une  place  importante  doit  être^réservée  aux  fibro-sarcomes 
nés  dans  la  gaine  des  vaisseaux  du  cou.  De  Quervain  a  attiré 
sur  eux  Tattention,  rappelant  les  observations  de  Lebert, 
Croocke,  Middlemist.  Cuuéo,  Dainvillc  et  Lecène  attribuent 
celte  origine  aux  tumeurs  qu'ils  ont  extirpées. 

3*"  Fibro-sarcomes  d'origine  neroeuse,  —  L'origine  nerveuse 
ebt  plus  rare,  mais  plus  facile  à  mettre  en  évidence.  Les  cas 
en  sont  beaucoup  plus  rares.  Lebert  parle  d'une  tumeur  déve- 
loppée dans  le  ganglion  cervical  supérieur  du  grand  sympa- 
thique. Zinn  et  Kock  ont  observé  des  fibromes  de  la  7*  bran- 
che cervicale.  Ces  tumeurs  se  développent  dans  le  nerf  et  ne 
possèdent  pas  de  vrais  pédicules. 

4**  Fibro-sarcomes  d'origine  dure-mer ienne.  Beaucoup  plus 
intéressants  sont  les  fibro-sarcomes  du  cou  nés  dans  la 
dure-mère.  Ilesttrèsbizarrede  voir  ces  tumeurs  implantées  sur 
la  dure-mère  cervicale  se  pédiculiser  dans  le  canal  de  conju- 
gaison et  s'épanouir  dans  la  région  cervicale. 

Dowse  a  observé  un  fibrone  de  la  dure-mère  dont  le  pédi- 
cule passait  entre  les  2"  et  3"  vertèbres  cervicales.  La  tu- 
meur, du  volume  d'une  orange,  était  située  dans  le  triangle 
postéro-supérieur.  La  malade  mourut  de  compression  médul- 
laire. 

La  tumeur  décrite  par  Heurteaux  était  un  gros  fibrome  qui 
possédait  un  pédicule  du  volume  du  doigt,  qui  passait  encore 


24  VICTOR   VEAU 

entre  les  2*  et  3*  verlèbres cervicales.  Pendant  l'opération,  il  y 
eut  écoulement  de  liquide  céphalo-rachidien. 

Dans  le  cas  de  Bœrner,  le  pédicule,  d'un  volume  égal  au  pré- 
cédent, pénétrait  par  le  cinquième  trou  de  conjugaison. 

La  tumeur  observée  par  Zinn  et  Kock  siégeait  dans  la  région 
sous-claviculaire  droite,  adhérait  sur  la  7*  branche  cervicale  et 
pénétrait  dans  le  canal  rachidien  et  même  dans  le  sac  dure- 
mérien. 

Quoique  Schlesinger  ait  décrit  des  tumeurs  exlrarachi- 
diennes  qui  pénètrent  secondairement  dans  le  canal,  il  semble 
qu'on  ne  puisse  nier  ici  Toriginedure-mérienne  de  ces  tumeurs. 

Du  reste,  l'évolution  clinique  semble  prouver  l'origine  dure- 
mérienne.  Dans  lecas  de  Zinn  et  Kock, le  malade  avait  ressenti 
des  douleurs  dans  le  bras  droit  et  la  jambe  droite  dès  le  mois 
de  juillet  1897.  Des  phénomènes  de  paralysie  s'étaient  mani- 
festés du  côté  droit  vers  la  fin  de  l'année.  Ce  ne  fut  qu'en  juin 
1898  qu'on  put  constater  dans  la  région  sus-claviculaire  droite 
une  tumeur  du  volume  d'une  noix. 

Chez  le  jeune  malade  de  Bœrner,  lapparition  de  la  tumeur 
au  niveau  du  cou  coïncida  avec  des  manifestations  médullaires, 
comme  si  la  tumeur  n'avait  tiré  sur  la  moelle  que  lorsqu'elle 
s'était  extériorisée.  Dansle  cas  de  Heurteaux,  par  contre,  il  n'y 
eut  jamais  de  troubles  médullaires,  car  la  tumeur  était  ratta- 
chée à  la  dure-mère  par  un  très  long  pédicule. 

5°  FibrO'Sarcomes  essentiels,  —  Dans  un  certain  nombre  de  cas, 
il  n'est  fait  mention  d'aucun  pédicule,  d'aucune  connexion;  la 
tumeur  ne  se  développe  aux  dépens  d'aucun  des  organes  de  la 
région;  elle  mérite  le  nom  d'essentielle.  Telles  sont  les  obser- 
vations de  Athinson,  Patridge,  Barton,  Waitz,  Falck,  Morris, 
Lœvy  et  Lœper. 

La  pathogénie  de  cette  variété  est  entourée  de  difficultés 
extrêmes  ;  nous  sommes  réduit  à  des  hypothèses. 

On  peut  se  demander  si  ces  tumeurs  ne  se  sont  pas  isolées 
secondairement  par  un  procédé  analogue  à  celui  que  Ton 
observe  dans  les  adénomes  du  sein.  Mais  les  tumeurs  du 
sein  qui  s'encapsulent  sont  des  tumeurs  toutes  différentes  de 
celles  que  nous  étudions.  Cette  hypothèse  est  peu  vraisem- 
blable. 

11  est  plus  rationnel  de  penser  que  ces  tumeurs  se  dévelop- 
pent dans  les  débris  embryonnaires  provenant  des  axes  bran- 
chiaux. On  connaît  la  fréquence  des  malformations  cartilagi- 


LES   FIBUO-SARCOMES  DU    COU    EXTRAPHARYNGIEXS  25 

neuses  dans  cette  région.  On  sait  que  ces  arcs  doivent  subir  la 
régression. 

J'ai  étudié  les  tumeurs  épithéliales  dérivées  de  ces  débris; 
j'en  ai  montré  la  fréquence;  mais  je  disais  déjà,  en  1901:  «Le 
cancer  branchial  est  une  tumeur  mixte  dans  toute  Tacception 
du  terme,  et  je  reconnais  qu'il  peut  y  avoir  des  cas  où  l'élément 
sarcomateux  tient  la  première  place.  » 

Mon  ami  Chevassu  (1)  a  insisté  sur  l'importance  de  l'élément 
mésodermique  dans  ces  branchiomes.  Le  fîbro-sarcome  que 
j'étudie  en  ce  moment  ne  serait  alors  qu'une  des  variétés  du 
branchiome. 

Peut-être  même  n'est-il  pas  irrationnel  d'étendre  le  cadre 
des  fibro-sarcomes  essentiels  d'origine  branchiale.  Peut-être 
les  tumeurs  développées  dans  la  gaine  des  vaisseaux  sont-elles 
formées  aux  dépens  des  débris  branchiaux,  car  j'ai  montré  les 
connexions  intimes  de  ces  débris  avec  les  vaisseaux  caroti- 
diens.  Mais  ce  n'est  là  qu'une  hypothèse. 

En  résumé,  l'origine  branchialedeslibro-sarcomes  essentiels, 
sans  être  absolument  démontrée,  semble  être  parfaitement 
acceptable,  car  elle  explique  le  polymorphisme  de  ces  tumeurs 
souvent  mixtes,  leur  siège  dans  une  région  à  développement 
compliqué  comme  la  région  latérale  du  cou,  leur  indépendance 
souvent  absolue,  leur  évolution  capricieuse,  leur  identité  cli- 
nique avec  les  tumeurs  mixtes  de  la  parotide,  de  même  que 
leur  transformation  tardive  ou  brusque  en  néoplasme  malin. 

ÂNATOMiE  PATHOLOGIQUE.  —  Ccs  uéoplasmes  ont  un  volume 
variable;  Le  malade  de  Patridge,  âgé  de  vingt  ans,  avait  une 
tumeur  dont  le  volume  dépassait  celui  de  sa  tête. 

Le  fibro-sarcome  du  cou  possède  toujours  une  capsule  d'en- 
veloppe qui  l'isole  des  organes  voisins.  Seuls  le  cas  de  Lœvy 
et  Lœper  faisait  exception,  car,  à  la  période  terminale,  cette 
capsule  est  effondrée,  la  tumeur  est  nettement  envahissante. 

Au  point  de  vue  du  siège,  de  Quervain  divise  les  tumeurs 
en  trois  variétés  par  rapport  au  stemo-mastoïdien  :  pré-,  sous-, 
rétro-sterno-mastoïdienne. 

A  la  coupe,  la  tumeur  est  blanc  jaunâtre  ;  elle  crie  sous  le 
scalpel  d'autant  plus  que  souvent  les  fibres  qui  constituent  le 
pédicule  s'incrustent  de  matières  calcaires  et  s'ossifient  en 


Ij  Chevassu,  Les   branchiomes   cervicaux  {Gaz.   hebdom,,  17  août  1902,  et 
Tkè$e  de  Dey  lieux,  1903). 


20  VICTOR   VEAU 

partie  (Patridge,  Gange).  Dans  le  cas  de  M.  Jalaguier,  il  exis- 
tait au  centre  des  travées  osseuses  anastomosées  les  unes  avec 
les  autres  et  renfermant  entre  elles  du  tissu  médullaire.  Cornil 
dut  même  décalcifier  certains  fragments  de  la  tumeur  «  pour 
mieux  observer  Tos  de  nouvelle  formation  ». 

La  structure  histologique  des  fibro-sarcomes  du  cou  rappelle 
<ie  tout  pointla  structure  des  fibro-sarcomes  des  autres  régions. 
Ils  sont  remarquables  par  une  vascularisation  très  intense. 

Mais  le  fibro-sarcome  du  cou  est  rarement  une  tumeur 
simple;  presque  toujours  il  existe  des  points  envoie  de  trans- 
formation. —  La  dégénérescence  graisseuse  a  été  observée  par 
Athinson,  Patridge,  Barton,  Butcher,  Gange.  Pour  Butcher,  les 
lipomes  ostéo-périostiques  du  cou  ne  seraient  que  le  résultat 
de  la  dégénérescence  graisseuse  d'un  fibrome.  Gette  opinion  est 
certainement  exagérée.  —  Lebert  a  vu  une  transformation 
myxomateuse.  —  Kerr  a  constaté  une  transformation  télan- 
giectasique.  La  tumeur,  stationnaire  pendant  huit  à  dix  ans, 
augmentera  ensuite  rapidement  et  se  transformera  en  une 
volumineuse  tumeur  pulsatile.  Le  même  fait,  mais  à  un  degré 
moindre,  peut  être  invoqué  dans  les  cas  de  Gunéo  et  Dainville. 

Mais  le  fibro-sarcome  du  cou  peut  avoir  une  structure  plus 
complexe.  Dans  la  tumeur  enlevée  par  M.  Jalaguier,  il  existait, 
près  de  la  superficie,  un  tissu  sarcomateux  à  petites  cellules, 
dont  les  éléments  étaient  séparés  les  uns  des  autres  par  des 
fibrilles  et  des  faisceaux  du  tissu  conjonctif;  le  tout  était  très 
vasculaire.  Au-dessous  de  ces  bourgeons  superficiels,  on  trou- 
vait une  grande  quantité  de  tissus  fibreux  à  faisceaux  géné- 
ralement parallèles  et  rayonnant  du  centre  à  la  périphérie. 
En  certains  autres  points  même,  il  existait  des  éléments  osseux 
et  des  cellules  cartilagineuses.  Pour  cela,  Gornil  conclut  à  une 
tumeur  complexe  mixte,  peut-être  un  embryome.  Ge  fait  très 
intéressant  montre  que,  entre  les  fibro-sarcomes  d'origine 
osseuse,  comme  était  le  cas  de  Jalaguier-Gornil,  et  les  fibro- 
sarcomes  essentiels,  qui  sont  des  branchiomes,  il  y  a  souvent 
identité  de  structure,  ce  qui  prouverait  que  Timportance  des 
débris  embryonnaires  est  peut-être  encore  plus  considérable 
qu'il  ne  semble. 

Symptômes.  —  Les  fibro-sorcomes  du  cou  sont  d*abord  des 
tumeurs  bénignes.  Après  un  temps  variable,  elles  ont  Tallure 
et  les  signes  d'une  tumeur  maligne. 


LES   FIBRO-SARCOMES   DU   COU    EXTRAPHARYNGIENS  27 

i°  Période  de  bénignitç.  —  La  tumeur  est  constatée  par 
hazard;  elle  est  dure,  arrondie,  peu  mobile. 

Elle  augmente  de  volume  plus  ou  moins  rapidement,  et 
bientôt  gèneet  inquiète  le  malade  soit  parlefait  de  son  volume, 
soit  par  les  accidents  de  compression  qu'elle  détermine. 

A  la  palpation,  il  est  facile  de  constater  que  la  tumeur  est 
profonde,  recouverte  par  le  sterno-mastoïdien  ou  les  muscles 
de  la  nuque.  Sa  consistance  est  dure,  résistante,  mais  souvent  il 
existe  des  points  ramollis.  La  tumeur  est  ovoïde  ou  pyriforme. 

Il  est  un  caractère  précoce,  constant,  et  facile  à  reconnaître 
par  la  palpation  :  c'est  le  peu  de  mobilité  de  la  tumeur.  Il 
est  difficile  de  séparer  la  tumeur  des  plans  profonds.  Par 
contre,  pendant  très  longtemps,  la  peau  est  indépendante. 

Freemann  et  de  Quervain  ont  constaté  l'ascension  de  la 
tumeur  au  moment  de  la  déglutition.  Nous  avons  vu  que  leurs 
tumeurs  étaient  en  connexion  avec  l'os  hyoïde.  Ce  sont  là  des 
faits  exceptionnels,  de  môme  que  le  souffle  vasculaire  (Kerr). 

2*  Période  de  malignité.  —  Douleurs  et  compression  sont 
les  symptômes  essentiels  de  cette  évolution. 

La  tumeur  peutêtrele  siège dedouleur,  mais  généralement 
les  irradiations  douloureuses  occupent  le  premier  plan  de  ce 
tableau  clinique.  Elles  se  font  à  la  tôte,  au  bras,  ou  mieux  aux 
membres  inférieurs,  dans  les  cas  de  libro-sarcomes  dure- 
mériens. 

Les  troubles  de  compression  sont  plus  variés.  La  gène  de 
la  déglutition  est  rare(Falck,  Cunéo  et  Dainville).  Maison- 
neuve  a  observé  des  troubles  de  la  respiration  par  compression 
de  la  trachée. 

L'irritation  du  plexus  brachial  ou  cervical  crée  les  douleurs 
irradiées.  La  compression  du  grand  sympathique  se  traduit 
par  rinégalité  pupillaire  (Nichaun,  Zinn  et  Kock),  par  la 
pâleur  de  la  face  (Cunéo  et  Dainville).  On  a  même  observé  la 
parésie  du  nerf  facial. 

Les  troubles  dus  à  la  compression  médullaire  ont  été  mi- 
nutieusement décrits  par  Bœrner.  Mousnier  en  a  réuni 
i  observations.  Ils  consistent  en  troubles  de  la  motilité,  delà 
sensibilité,  des  réflexes,  delà  nutrition. 

Evolution.  —  Pronostic.  — La  stucture  variée  des  fi bro-sar- 
comes  du  cou  nous  permet  de  prévoir  les  différences  dans  leur 
évolution. 


28  VICTOR   VEAU 

Il  est  des  tumeurs  qui  peuvent  rester  indéGniment  station- 
Daires.  D'autres,  malignes  d'emblée,  atteignent  en  quelques 
mois  un  volume  considérable.  Dans  le  cas  de  Barton,  la 
tumeur  acquit  le  volume  d'une  tête  de  fœtus  en  quarante- 
cinq  jours.  Généralement  la  tumeur  sommeille  pendant 
quelques  années,  puis  subitement  évolue  comme  une  tumeur 
maligne. 

Ces  variations  tiennent  évidemment  à  la  nature  du  néo- 
plasme; malheureusement,  «Thistologie,  en  présence  de  sem- 
blables néoplasmes,  ne  peut  en  dire  la  nature  ;  elle  ne  peut  en 
prévoirla  malignité,  non  plus  que  prévoir  la  récidive  »(Lœper). 

Nous  ne  sommes  pas  très  bien  fixé  sur  la  fréquence  des 
récidives.  Un  certain  nombre  des  malades  étaient  définiti- 
vement guéris  plusieurs  années  après  Textirpation.  Il  semble 
que  les  fibro-sarcomes  du  cou  sont  des  tumeurs  beaucoup 
moins  malignes  que  lesépithéliomas  branchiaux. 

Diagnostic.  —  Ces  tumeurs  sont  tellement  rares  que  leur 
nature  est  exceptionnellement  reconnue. 

A  la  période  de  bénignité,  on  pensera  au  lipome,  au  goitre, 
à  une  tumeur  de  la  glande  sous-maxillaire,  du  corpuscule 
rétro-carotidien,  à  la  tuberculose  ganglionnaire. 

Quand  la  tumeur  a  une  allure  maligne,  elle  ressemble  à 
Tépithélioma  branchial,  au  sarcome  des  ganglions. 

Traitement.  —  Le  fibro-sarcome  du  cou  ne  régresse  jamais 
et  se  transforme  généralement  en  une  tumeur  maligne;  Tex- 
tirpation  s'impose  dès  qu'il  est  reconnu. 

L'opération  est  facile  au  début  ;  elle  ne  devient  délicate  qu'à 
une  période  tardive,  quand  la  tumeur  adhère  aux  organes 
avoisinants.  Sur  20  cas  traités  chirurgicalement,  un  seul  s'est 
terminé  par  la  mort:  celui  de  Lecène. 


III 


DU  PALUDISME  CONGÉNITAL 

Parmi. 
N.  PËZOPOULOS,  et  J.-P.  CARDAHATIS, 

Professeur  &  rUniversité  d'Athènes.  Ex-chef  de  clinique  à  la  Faculté  d'Athènes. 


Depuis  un  temps  très  reculé,  on  s*6tait  demandé  si  le  palu- 
disme pouvait  être  transmis  au  fœtus  par  la  mère  malade  à 
travers  le  placenta.  Avant  la  découverte  de  l'hématozoaire  par 
Laveran,  cette  transmission  était  considérée  par  tous  presque 
comme  un  fait  indéniable.  Verneuil  lui-même,  comme  dit 
notre  confrère  et  ami  M.  Tsakiroglous  dans  son  rapport  :  «  Le 
rapport  qui  existe  entre  le  paludisme,  la  grossesse,  Taccou- 
chement,  etc.  »,  lu  devant  le  IV  Congrès  médical  panhel- 
lénique,  a  déclaré  avec  toute  sa  grande  autorité  que  «  le 
paludisme  est  transmissible  héréditairement,  non  seulement 
aux  enfants,  mais  encore  aux  petits  enfants  ».  Mais,  depuis  la 
découverte  du  parasite  paludique  et  de  son  mode  de  trans- 
mission par  les  moustiques  anophèles,  la  croyance  sur  cette 
opinion  a  été  sérieusement  ébranlée  et  secouée  dans  ses  fonde- 
ments. Les  investigateurs  les  plus  sérieux,  et  notamment  ceux 
qui  s'occupent  des  questions  de  paludisme,  comme  Bignami 
et  Guarnieri,  G.  Bastianelli,  W.-S.  Taycr,  Marchiafava  et 
Bignami,  S.  Sereni,  et  d'autres  encore,  ayant  examiné  le  sang 
des  mères  atteintes  de  fièvre  palustre  et  le  sang  de  leurs  nou- 
veau-nés ou  de  leur  fœtus  avortés,  ont  trouvé  dans  le  sang  des 
mères  seulement  les  hématozoaires  de  Laveran,  et  non  dans 
le  sang  des  fœtus  et  des  nouveau-nés.  Par  conséquent,  on 
admet  que  le  parasite  du  paludisme  n'est  pas  transmissible  à 
travers  le  placenta  de  la  mère  au  fœtus.  Bignami  et  Sereni 
ont  même  prouvé  en  plus  que  :  chez  le  fœtus  manquent  non 
seulement  les  parasites  palustres,  mais  même  l'anémie  qu'on 
s'attendait  à  rencontrer,  eu  égard  à  l'anémie  profonde  et  à  la 
cachexie  dans  laquelle  se  trouve  la  mère. 

Ayant  étudié,  nous  aussi,  cette  question,  nous  somme 
arrivés  à  la  conclusion,  que  :  les  parasites  du  pahidisme  ne 


30  N.    PÉZOPOULOS  ET  J.-P.    CAUDAMATIS 

peuvent  être  transmis  de  la  mère  en  état  de  grossesse  au  fœtus 
à  travers  le  placenta.  A  Tappui  de  cette  conclusion  vient  l'exa- 
men microcospique  minutieux  de  6  cas,  dans  lesquels  nous 
avons  examiné,  d'un  côté,  le  sang  des  mères  atteintes  de  fièvres 
palustres,  le  sang  des  nouveau-nés  et  celui  du  placenta  ;  de 
l'autre  côté,  des  coupes  microscopiques  de  cet  organe  ainsi  que 
des  coupes  du  foie  et  de  la  rate  provenant  de  deux  nooveau- 
nés  morts,  Tun  deux  jours  après  l'accouchement  de  la  maladie 
d'Hirschsprung,  l'autre  quelques  minutes  après  la  naissance. 

Observation  1.  —  D...  Liapi,  âgée  de  vingt-huit  ans,  demeurant  au  fau- 
bourg d'Ampélokipous,  enceinte  dans  le  neuvième  mois,  a  eu  le  24  août  1 903 
un  accès  de  lièvre  très  intense,  répété  sous  la  forme  quotidienne 
jusqu'au  29  août.  Durant  l'accès  du  29  et  à  la  température  de  38°,  nous 
avons  examiné  le  sang  de  la  malade  ;  nous  y  avons  trouvé  quelques  para- 
sites rares  de  forme  annulaire,  minces  et  irréguliers,  ainsi  que  quelques 
rares  gamètes  semilunaires.  Douze  heures  après  l'examen  du  sang,  cette 
femme  a  accouché  un  peu  prématurément  d'un  enfant  en  bonne  santé. 
Lelendemain, ayant  examiné  le  sangdu  nouveau-né,  nousn'y  avons  trouvé 
aucun  parasite,  tandis  que  le  sang  de  la  mère  contenait  encore  quelques 
parasites  annulaires  rares  et  quelques  gamètes  semi-lunaires. 

Observation  11.  —  A.,,  Vida/i,  dgée  de  trente-six  ans,  habitant  près  de 
rilissus.  Le  mois  d'août  de  1903,  elle  a  accouché  normalement  d'un  enfant 
vivant.  Trois  jours  après,  elle  a  eu  le  premier  accès  de  lièvre  palustre, 
répété  le  lendemain  et  le  surlendemain  ;  depuis  lors,  grâce  à  l'usage  de  la 
quinine,  elle  se  comportait  bien  jusqu'au  mois  d'avril  1904,  lors([ue 
les  6,  8  et  10  de  ce  même  mois,  c'est-à-dire  huit  mois  et  demi  depuis  le 
premier  accès,  elle  a  eu  trois  accès  étant  de  nouveau  enceinte  au  troisième 
mois  de  la  grossesse.  Le  26  juin,  elle  a  eu  un  nouvel  accès,  et,  à  partir 
du  23  juillet,  durant  huit  jours  de  suite,  elle  a  eu  des  accès  quotidiens. 
Depuis  lors,  jusqu'au  jour  de  l'accouchement,  effectué  le  28  octobre  1904, 
elle  s'était  conservée  tout  à  fait  en  bonne  santé,  bien  qu'elle  n'ait  pas 
voulu  se  soumettre  à  aucun  traitement  par  peur  d'avortement. 

L'examen  du  sang  fait  les  8,  10  et  14  août  a  démontré  la  présence  de 
plusieurs  parasites  vivax.  Un  nouvel  examen  fait  le  4  octobre  a  démontré 
l'existence  de  ces  mêmes  parasites,  mais  moins  abondants.  Le  19  octobre, 
encore  plus  rares. 

Trois  heures  après  l'accouchement,  le  28  octobre,  nous  avons  pris, 
sur  14  lames,  du  sang  de  l'orteil  du  pied  du  nouveau-né,  qui  était  parfai- 
tement sain  et  pesait  2  850  grammes  ;  nous  avons  pris  du  sang  de  la  mère 
et  de  deux  surfaces  du  placenta. 

L'examen  du  sang  du  nouveau-né  fut  absolument  négatif;  celui  du  sang 
de  la  mère  a  démontré  l'abondance  de  parasites  vivax. 

Dans  le  sang  du  placenta,  pris  de  la  surface  maternelle,  il  y  avait  peu 
de  parasites,  et  dans  le  sang  près  de  la  surface  fœtale  il  n'y  avait  abso- 
lument rien.  La  prise  du  sang  de  deux  surfaces  du  placenta  a  été  faite 
par  une  incision  superficielle,  après  un  lavage  soigneux  pour  nettoyer  le 
sang  de  la  mère  par  lequel  elles  étaient  souillées. 

A  l'examen  microscopique  des  coupes  du  placenta,  nous  iV avons  remarqvé 
aucune  lésion,  ni  à  la  paroi,  ni  aux  diaphragmes  entre  lès  cotylédons^  ni  aux 
villositéè.  Les   vaisseaux  de  ces  différents  endroits  étaient  tout   à  fait 


DU    PALUDISME   CONGÉNITAL  31 

Dormaux  et  contenaient  du  sang,  dont  les  globules  rouges  avaient 
leur  forme  et  leur  couleur  physiologiques.  Mais,  dans  les  lacunes  descoly- 
lédons  qui  entourent  les  villosités,  les  hémoglobules  avaient  subi  urie 
grande  deslruclion,  et  notamment  ceux  qui  avoisinaient  la  surface  mater- 
nelle du  placenta.  Mais  nous  n'avons  nullement  trouvé  des  parasites 
palustres,  bien  que  nous*  ayons  examiné  un  grand  nombre  de  coupes  et 
employé  différentes  méthodes  de  coloration. 

Observation  111.  —  Marie  P...,  âgée  de*  dix-neuf  ans,  habitant  Lamia. 
Le  17  juillet  1905,  au  cours  du  cinquième  mois  de  sa  grossesse,  elle  fut 
atteinte  pour  la  première  fois  à  Lamia  par  la  lièvre  continue  avec  vomis- 
sements bilieux  qui  dura  pendant  huit  jours,  bien  que  la  patiente  ait 
pris  de  la  quinine  plusieurs  fois  de  suite.  Après  huit  joui*s  d'apyrexie,  elle 
fut  de  nouveau  atteinte  pendant  quinze  Jours  de  suite  de  quelques  accès 
dt*  forme  quotidienne.  Un  mois  après,  au  milieu  de  septembre,  les  accès 
quotidiens  se  sont  répétés  et,  au  troisième  accès,  avec  une  température 
de  40',4,  elle  a  eu,  à  ce  qu'elle  dit,  des  défécations  et  des  vomissements 
sanîrlants  et  bilieux.  Avec  Temploi  de  la  quinine,  les  accès  ont  cessé  pro- 
visoirement, et  elle  est  arrivée  à  Athènes  le  8  octobre.  Le  soir  même  de 
î^m  arrivée,  elle  fut  atteinte  d'une  fièvre  continue  qui  dura  trois  jours. 
Elle  a  pris  de  la  quinine  et  elle  est  restée  en  apyrexie  du  H  jusqu'au 
27  octobre,  lorsqu'un  nouvel  accès  est  survenu  qui  a  commencé 
àonze  heures  du  malin  et  s'est  prolongé  jusqu'au  soir.  Le  lendemain 
2*i octobre  est  survenue  de  nouveau  une  fièvre  intense  précédée  de  frisson, 
qui,  ayant  commencé  à  huit  heures  du  matin,  bien  que  la  patiente  ait 
pris  quatre  heures  avant  1  gramme  de  quinine,  a  duré  seize  heures. 
Deu\-  heures  après  la  prise  de  la  quinine  et  avant  l'invasion  de  cet  accès, 
la  ftatiente,  qui  se  trouvait  au  neuvième  mois  de  sa  grossesse,  a  senti  une 
(«phyalgie  et  des  douleure  assez  intenses  au  ventre,  qui  continuèrent 
pendant  toute  la  durée  de  la  lièvre.  A  la  fin  de  l'accès,  vers  minuit,  la 
malade  a  pris  trois  heures  après,  sans  l'avis  du  médecin,  50  centigrammes 
de  quinine;  mais  alors  les  douleurs  s'exaspérèrent,  et  le  lendemain 
29  octobre,  à  deux  heures  et  demie  du  matin,  elle  a  accouché  préma- 
turément d'un  garçon  en  bon  état,  qui  pesait  2775  grammes. 

Le  placenta  pesait  580  grammes;  à  Vexamen  macroscopique,  Hparaissait 
en  bon  état. 

Une  heure  après  l'accouchement,  nous  avons  examiné  le  sang  de  la  mère, 
du  nouveau-né  et  du  placenta,  l'ayant  tiré  de  différentes  parties  des  deux 
surfaces  du  placenta  par  des  incisions  tantôt  superficielles,  tantôt  pro- 
foudes,  et  du  cordon  ombilical.  Nous  avons  pris  aussi,  deux  heures  après 
IVcouchement,  du  sang  du  placenta  ainsi  que  des  morceaux  placentaires 
pour  Fexamen  microscopique. 

L'état  de  la  mère  après  l'accouchement  était  le  suivant  :  tempé- 
rature, 36",3  ;  catarrhe  bronchique  léger  ;  rate  tuméfiée  et  dépassant 
d'un  travers  de  doigt  les  fausses  côtes. 

i»BSERVATio?is  MICROSCOPIQUES  :  Nouvedu-né.  —  Dans  son  sang,  aucun  para- 
site palustre  ;  karyolyse  dans  bon  nombre  de  globules  blancs  mono-  et 
polynucléaires.  Globules  blancs  en  grand  nombre. 
bang  de  la  mère,  —  Quelques  parasites  de  forme  annulaire  et  minces. 
Placenta.  —  Dans  le  sang  pris  à  la  surface  fœtale,  absolument  aucun 
parasite  palustre.  Dans  le  sang  du  cordon  ombilical,  aucun  parasite.  Dans 
le  sang  pris  à  la  surface  vei^  la  matrice,  il  y  avait  : 

a.  Quelques  annulaires  rares  ayant  la  grandeur  à  peine  d'un  vingt- 
quatrième  du  volume  d'un  globule  rouge  et  portant  la  plufiart  un  grain 
de  chromatine  noir,  ainsi  que  quehiues  annulaires  plus  grands  ; 


32  N.    PÉZOPOULOS   ET   J.-P.    CARDAMATIS 

6.  Des  mérozoïtes  de  grandeur  jusqu'au  vingtième  d'un  globule  rouge, 
qui  consistaient  en  un  protoplasma  dense  et  en  un  petit  noyau  qui,  chez 
beaucoup  d'entre  eux,  était  noir  ; 

c.  Des  sphériques  avec  pseudopodes  ayant  la  grandeur  du  sixième  d'un 
globule  rouge,  constitués  de  protoplasma  épais  et  d'un  noyau,  situés  au 
centre  du  parasite; 

d.  Des  sphériques  plus  qrands  occupant  les  deux  tiers  d'un  globule  rouge 
et  ayant  le  noyau  divisé  en  2,  3,  6  parties  (commencement  de  schizogonie. 
Ces  parasites  étaient  très  nombreux,  la  plupart  endocapsulaires.  Nota- 
blement plus  nombreuses  étaient  les  formes  schizogoniques;  sur  chaque 
champ  microscopique,  il  y  avait  20  ou  80  parasites. 

L'examen  microscopique  des  coupes  du  placenta  a  démontré  qu'il  était 
tout  à  fait  en  bon  état  et  ne  contenait  pas  de  parasites.  Mais  il  y  avait 
une  grande  destruction  des  globules  rouges,  qui  se  trouvaient  dans  les 
lacunes  du  placenta. 

Observation  IV.  —  Marie  K...,  âgée  de  trente  ans,  arthritique.  Elle  a  eu 
à  Kéa,  son  pays  natal,  le  8  septembre  1905,  au  cours  du  cinquième  mois  de 
la  grossesse,  pour  la  première  fois,  une  lièvre  continue  qui  dura  trois  jours 
et  qui  guérit  par  la  quinine.  Quelques  jours  après,  de  nouveaux  accès  sont 
survenus  de  forme  quotidienne,  qui  ensuite  se  répétaient  irrégulièrement 
tous  les  six,  huit  ou  dix  jours  jusqu'au  jour  de  Taccouchement. 

L'accouchement  n'a  pas  été  long,  ayant  été  terminé  en  deux  heures.  Le 
nouveau-né,  trente-huitheuresaprèslaccouchement,  pesait  2800  grammes. 

Le  poids  du  placenta,  pesé  dans  le  laboratoire  d'Ânatomie  pathologique 
douze  heures  après  l'accouchement,  était  de  350  grammes.  A  V examen 
macroscopique,  il  était  en  bon  état. 

Nous  avons  pris  du  sang  de  la  mère  et  du  fœtus,  à  deux  reprises, 
trente-deux  et  Irente-six  heures  après  l'accouchement. 

Nous  avons  aussi  pris  du  sang  des  deux  surfaces  du  placenta  par  inci- 
sion, ainsi  que  du  cordon  ombilical. 

Le  nouveau-né  est  mort  soixante-trois  heures  après  de  maladie  de 
Hirschsprung.  L'autopsie  a  été  faite  par  l'aide  préparateur  d'anatomie 
pathologique,  M.  Diamésis,  et  l'un  de  nous.  Le  foie,  la  rate  et  les  reins 
ont  été  trouvés  en  état  physiologique  ;  mais  les  intestins  (grêle  et  gros, 
étaient  considérablement  distendus  par  des  gaz.  La  distension  commen- 
çait quelques  centimètres  au-dessus  de  l'anus,  mais  il  n'y  avait  aucun 
rélrécissement  à  ce  point  ou  plus  bas. 

Nous  avons  pris  du  sang  sur  des  lames  de  verre  au  niveau  de  la  rate  el 

du  foie. 

Examen  microscopique  :  Sang  de  la  mère.  —  Parasites  praecox  de  forme 
annulaire  rares,  du  sixième  au  quart  du  volume  d'un  globule  ix>uge,  et  en 
même  temps  quelques  annulaires  grands.  Poinlillage  de  SchûfTner  gros. 

Sang  pi^.riphériquc  du  nouveau-né.  —  Sur  11  lames  de  verre  durant  plu- 
sieurs jours  et  examinées  à  plusieurs  reprises,  aucun  parasite  n'a  été 

trouvé. 

Sang  pris  à  la  surface  fœtale  du  placenta.  —  Nous  avons  trouvé  seulement 
deux  parasites  annulaires  sur  11  préparations. 

Sang  du  cordon  ombilical.  —  Rien. 

Sang  de  la  surface  maternelle  du  placenta.  —  Des  parasites  sphériques 
prxcox  en  abondance. 

Sang  de  la  rate  du  fœtus  pris  après  la  mort.  —  Rien  sur  6  préparations. 

Sang  du  foie.  —  Rien  sur  8  préparations. 

Dans  des  coupes  faites  de  différentes  parties  du  placenta,  nous  n'avons 
trouvé  absolument  aucun  parasite,  sauf  quelques  amas  de  pigment  noir 


DU    PALUDISME   CONGÉNITAt  33 

dans  les  lacunes  placentaires.  Le  tissu  histologique  du  placenta  était  à 
létal  normal. 

Sur  des  coupes  du  foie  et  de  la  raie  aussi  nous  n'avons  trouvé  ni  para- 
sites ni  aucune  lésion  anatomo-palhologique.  L'examen  de  la  région  du 
CtTcum  au-dessus  et  au-dessous  du  point  où  commence  la  dilatation  ne 
montrait  aucune  occlusion  ni  aucun  rétrécissement. 

L'examen  des  coupes  de  la  rate  et  du  foie  n'a  montré  rien  de  patho- 
logique. Il  n'y  avait  pas  de  plasmodes. 

Observation  V.  —  P...  VUsari  ou  Tnkimiay  âgée  de  vingt-six  ans,  habi- 
tant le  boulevard  Àlexandra,  près  des  prisons  «  Avéroff  ».  Le  25  août  1905, 
au  cours  du  quatrième  mois  de  la  grossesse,  elle  a  été  atteinte,  pour  la 
première  fois,  par  les  fièvres  sous  forme  tantôt  quotidienne,  tantôt 
tierce,  qui,  après  une  courte  rémittence,  se  sont  répétées  durant  l'hiver 
sous  forme  irrégulière.  Elie  a  fait  usage  très  insuffisamment  de  quinine  et, 
même  pendant  les  trois  derniers  mois  de  la  grossesse,  elle  n'a  nullement 
pris  de  quinine,  et  c'est  pour  cette  raison  que  les  accès  continuèrent 
irrégulièrement  jusqu'au  jour  de  l'accouchement,  qui  a  eu  lieu 
le  29  janvier  1906.  L'accouchement  était  normal,  mais  le  fœtus,  par 
!)uile  de  compression  probable  du  cordon  ombilical,  est  né  moribond,  et 
quelques  minuties  après  il  est  mort.  Le  fœtus  pesait  3250  grammes,  et  il 
riait  long  de  50  centimètres.  Le  placenta,  qui  était  d'aspect  normal,  pesait 
deux  heures  après  l'accouchement  530  grammes.  Deux  heures  et  demie 
après  l'accouchement,  nous  avons  pris  du  sang  de  deux  surfaces  du  pla- 
centa et  des  vaisseaux  du  cordon  ombilical,  et  quelques  morceaux  pour 
en  faire  des  coupes  microscopiques.  Vingt-quatre  heures  après  l'accou- 
rhement,  nous  avons  pris  du  petit  doigt  de  la  mère  en  état  d'apyrexie 
plusieurs  préparations  sèches  du  sang. 

ËUMEis  MICROSCOPIQUE  :  SatiQ  de  la  mère,  —  Des  parasites  annulaires 
prxcox  rares  endocellulaires,  dont  les  uns  ont  des  grains  épais  de  chro- 
matine,  les  autres  des  grains  minces;  leur  grandeur  est  de  un  dixième 
à  un  sixième  du  volume  d'un  globule  rouge  normal,  rares  gamètes  semi- 
lunaires. 

^ang  du  placenta,  —  Dans  le  sang  pris  à  la  surface  fœtale  du  placenta, 
il  n'y  avait  que  de  très  rares  parasites  (un  sur  chaque  préparation)  de 
forme  annulaire  ;  dans  celui  de  la  surface  maternelle,  ils  étaient  un  peu 
plus  nombreux,  les  uns  de  forme  annulaire,  dont  quelques-uns  étaient 
porteurs  de  deux  grains  de  chromatine,  les  autres  sphériques  et  de  la 
grandeur  de  la  moitié  d'un  globule  rouge.  Ces  derniers  étaient  en  état  de 
multiplication  (en  schizogonie).  Gamètes  semi-lunaires  très  rares. 

Dans  les  coupes  du  placenta  aussi  bien  que  dans  le  sang  du  cordon 
ombilical,  nous  n'avons  pu  trouver  aucun  parasite. 

Examen  du  cadavre  du  nouveau-né,  —  Autopsie  faite  vingt-quatre  heures 
après  la  mort.  Tous  les  organes  étaient  sains.  Le  foie  pesait  135  grammes 
et  la  rate  10(r%5.  Dans  le  sang  du  cadavre  aussi  bien  que  dans  celui  du 
foie  et  de  la  rate,  nous  n'avons  trouvé  aucun  parasite,  bien  que  nous 
ayons  examiné  plusieurs  préparations.  De  même,  dans  les  coupes  de 
ces  viscères,  nous  n'avons  rien  trouvé. 

iNous  devons  l'occasion  de  Tobservation  ci-dessus  à  l'obligeance  de  notre 
distingué  confrère  et  ami  >l.  le  D'  M.  Caïris,  l'accoucheur. 

Observation  VL  —  Laura  G...,  âgée  de  trente  ans,  habitant  Lamia,  a 
été  atteinte  pour  la  première  fois  par  les  fièvres  palustres  en  1903, 
L'année  suivante  1904,  elle  a  souffert  durant  tout  l'été  et  l'automne  de 
lièvres  qui  se  prolongèrent  pendant  l'hiver  aussi,  dont  tous  les  dix  ou 

Arch.  de  hédec.  des  enfants,  1907.  X.  —  !3 


34  N.    PÉZOPOULOS   ET   J.-P.    CAUDAMATIS 

quinze  jours  elle  avait  un  accès.  Pour  celte  raison,  elle  est  venue  à 
Athènes;  elle  fut  soumise  à  un  traitement  par  la  quinine,  mais  qui  a 
été,  paraît-il,  incomplet.  Le  28  avril  1905,  au  cours  du  cinquième  mois  de 
la  grossesse,  elle  a  vu  une  petite  hémorragie  des  parties  génitales,  qui 
s'est  répétée  plusieurs  fois  jusqu'au  20  mai,  où  cette  femme  a  fait  une 
fausse  couche.  Le  fœtus  était  mort.  Quelques  heures  après  Tavortement, 
nous  avons  pris  du  sang  de  la  mère,  du  fœtus  et  de  deux  surfaces  du 
placenta. 

Examen  microscopioue  :  Sang  de  la  mère,  —  De  rares  annulaires  prxcox. 

Sang  du  fœtus.  —  Rien. 

Sang  du  plaeenta.  —  Rien.  Des  coupes  de  ce  placenta  n'ont  pasété  faites. 


En  résumant  ce  que  nous  avons  trouvé  sur  ces  six  obser- 
vations, nous  tirons  les  conclusions  suivantes  : 

a.  Dans  le  sang  de  ces  six  mères,  il  y  avait  des  parasites 
palustres  plus  ou  moins  abondants  ; 

b.  Dans  le  sang  des  nouveau-nés  et  du  fœtus  avorté,  exa- 
miné quelques  heures  après  Taccouchement,  tV  ny  avait 
nullement  de  parasites  palustres  ; 

c.  Dans  le  sang  du  foie  et  de  la  rate,  ainsi  que  dans  les  coupes 
de  ces  organes  des  deux  fœtus  autopsiés,  il  ny  avait  pas  de 
parasites  \ 

d.  Dans  le  sang  des  placentas  des  cinq  nouveau-nés,  pris 
à  la  surface  maternelle,  il  y  avait  des  parasites  palustres  en 
abondance  et  la  plupart  de  formes  schizogoniques,  tandis  que, 
dans  le  sang  pris  à  la  surface  fœtale.  Un  y  avait  aucun  parasite 
pareil  y  ou  bien  quelques-uns  très  nombreux  et  de  forme  annu- 
laire; 

e.  Dans  le  sang  du  cordon  ombilical,  il  n'y  avait  aucun 
parasite  palustre  ; 

/.  De  même  dans  le  sang  du  placenta  du  fœtus  avorté, 
il  n'y  avait  aucun  parasite  palustre. 

Dans  nos  recherches  microscopiques,  comme  on  peut 
Tobserver,  s'est  présenté  un  étrange  phénomène.  Tandis  que 
dans  le  sang  de  tous  les  placentas,  excepté  celui  du  fœtus 
avorté,  il  y  avait  des  parasites  malariques,  sur  les  coupes  de 
ces  mêmes  placentas  fixés  et  durcis,  soit  dans  Talcool,  soit 
dans  une  solution  alcoolique  à  10  p.  100  de  formol  pendant 
vingt-quatre  heures,  et  puis  dans  l'alcool  simple,  nous  n'avons 
trouvé  aucun  parasite  palustre,  bien  que  pour  colorer  les 
coupes  nous  ayons  employé  différentes  méthodes,  comme 
rhématoxyline  et  Téosine,  Thématoxyline  de  Heidenhain,  la 


DU    PALUDISME   CONGÉNITAL  35 

méthode  de  Giemsa  par  Ta/ure,  la  méthode  de  Harris  par  le 
polychrome  de  Unna  et  notre  propre  méthode. 

Pour  résoudre  cette  question,  nous  avons  mis  des  prépara- 
tions de  sang,  dans  lequel  il  avait  été  certifié  qu'il  y  avait 
des  parasites»  dans  la  solution  ci-dessus  durant  vingt- 
quatre  heures,  et  nous  avons  constaté  que,  non  seulement 
les  parasites  palustres  ne  se  coloraient  plus,  mais  qu'en  grande 
partie  ils  étaient  détruits.  Par  conséquent  notre  impossibilité 
de  colorerces  parasites  sur  les  coupes  des  placentas  était  due  à 
TinQuence  nuisible  des  liquides  durcissants  et  non  pas  à  leur 
absence  réelle  des  coupes.  Si  maintenant  Ton  veut  se  rappeler 
que  les  parasites  paludéens  n'existent  pas  dans  le  sang  du 
cordon  ombilical,  comme  il  a  été  démontré  par  nos  recherches, 
tandis  qu'ils  existent  souvent  en  très  grand  nombre  dans  le 
sang  pris  par  incision  de  la  surface  maternelle  du  placenta,  on 
est  en  droit  de  dire  que  ces  parasites  séjournent  exclusivement 
dans  les  vaisseaux  du  placenta  maternel  et  nullement  dans 
ceux  du  placenta  fœtal.  Mais  l'existence  de  ces  parasites  dans 
le  sang  qui  provient  des  vaisseaux  du  placenta  maternel  peut 
entraîner  inévitablement  leur  passage  dans  les  vaisseaux  des 
villosités,  savoir  les  vaisseaux  du  placenta  fœtal,  parce  que 
ceux-ci  nont  aucun  rapport  immédial  et  ne  s'abouchent  ni  avec 
les  vaisseaux  du  placenta  maternel^  ni  avec  les  lacunes  vascu-^ 
laires  autour  des  cotylédons. 

La  présence  dans  le  sang  du  placenta  maternel  de  nombreux 
parasites  palustres  en  état  de  schizogonie  démontre  que  ces 
parasites  séjournent  pendant  longtemps  dans  le  placenta  et 
probablement  dans  les  lacunes  vasculaires  où  plongent  les 
cotylédons  et  où  aboutissent  les  vaisseaux  provenant  de  l'uté' 
rus.  Ces  lacunes,  à  cause  de  la  lenteur  de  la  circulation,  repré- 
sentent, paraît-il,  un  des  endroits  où  les  parasites  se  réfugient 
pour  se  multiplier,  mais  ils  ne  peuvent  pas  passer  de  là  dans 
les  vaisseaux  des  villosités.  Il  est  bien  probable  que  quelques 
microbes  passent  k  travers  le  placenta  et  infectent  le  fœtus, 
mais  il  serait  téméraire  déjuger  par  analogie,  en  admettant 
que  les  parasites  palustres  peuvent  passer  aussi  à  travers  le 
placenta.  Car  les  globules  blancs  sont,  comme  l'on  sait,  attirés 
avec  avidité  vers  les  parasites  végétaux  et  peuvent,  en  les  sai- 
sissant dans  les  lacunes  où  ils  se  trouvent,  les  transporter  par 
leurs  mouvements  amiboïdes  dans  les  vaisseaux  des  villosités, 
tandis  qu^àl'égard  desparasites  palustres,  qui  sont  des  parasites 


36  N.    PÉZOPOULOS  ET  J.-P.  CARDAMATIS 

animaux,  ces  globules  ne  paraissent  pas  être  attirés  avec  la 
même  avidité,  au  moins  tant  que  ces  parasites  sont  vivants.  Du 
moins  à  cette  conclusion  nous  mènent  nos  observations,  car 
sur  plusieurs  milliers  de  préparations  de  sang  contenant  des 
parasites  palustres  que  nous  avons  examinés  jusqu'à  présent, 
nous  n'en  avons  vu  que  très  peu  qui  fussent  englobés  par  des 
leucocytes. 

De  tout  ce  qui  précède,  nouspouvons  conclure  que  Topinion 
de  ceux  qui  pensent  que  les  parasites  palustres  ne  traversent 
pas  le  placenta  est  exacte. 

En  dehors  de  cela,  nous  pouvons  dire  que  l'autre  opinion 
aussi,  c'est-à-dire  celle  de  Bignami  ctSereni,  d'après  laquelle 
le  paludisme  des  mères  n'influe  pas  sur  la  santé  des  fœtus,  est 
exacte  ;  car,  d'après  ce  que  nous  mentionnons  ci-dessus  par  des 
observations  peu  nombreuses,  il  est  vrai,  il  est  démontré  que 
les  nouveau-nés  viennent  au  monde  en  santé  florissante.  Nous 
ne  pensons  pas  que  cela  doit  être  attribué  à  la  neutralisation 
des  toxines  du  parasite  palustre  dans  le  placenta,  parce  que, 
comme  nous  venons  de  voir,  les  parasites  palustres  vivent,  se 
développent  et  se  multiplient  dans  le  placenta  ;  cela  est  dû 
plutôt  à  la  résistance  naturelle  que  les  enfants  opposent  à 
l'égard  du  parasite  paludéen  et  de  ses  produits  toxiques.  Koch, 
comme  d'ailleurs  tout  le  monde  le  sait,  a  remarqué  que  la 
plupart  des  enfants  des  indigènes  de  l'Afrique,  bien  qu'en 
apparence  ils  soient  d'une  santé  parfaite,  portent  cependant 
dans  leur  sang  des  parasites  palustres  ;  il  conclut  même  de  cela 
que  ces  enfants,  n'ayant  pas  d'accès  de  fièvre  et  ne  prenant 
pas  de  quinine,  deviennent  pour  ainsi  dire  des  foyers  où  se 
développent  pendant  le  printemps  et  l'été  les  fièvres  palustres 
qui  se  propagent  par  les  moustiques  anophèles.  Cette  résis- 
tance des  enfants  a  été  observée  aussi  par  d'autres  ;  nous 
aussi,  chez  un  enfant  de  trente-cinq  jours  né  d'une  mère  palu- 
dique,  nous  avons  trouvé,  en  examinant  son  sang,  denombreux 
parasites  vivax^  et  pourtant  cet  enfant  avait  une  santé  parfaite 
et  n'a  jamais  soufl'ert  de  fièvres.  Il  va  sans  dire  que  cet  enfant 
n'a  pas  hérité  du  miasme  de  sa  mère,  dans  le  sang  de  laquelle 
nous  avons  trouvé  seulement  des  grains  noirs  et  non  pas  des 
parasites  palustres  vivants;  cet  enfant  assurément  a  été  infecté 
aprèsl'accouchement,  parce  qu'il  vivaitlui  aussi  dans  la  môme 
enceinte  épidémique  que  sa  propre  mère  (en  Aulide). 


RECUEIL  DE  FAITS 


INVAGINATION  INTESTINALE  CHEZ  UN  ENFANT  DE  SEPT 
MOIS  GUÉRIE  AU  MOMENT  OU  ON  ALLAIT  L  OPÉRER. 

Par  le  D'  ÉLIE  DEGHERF. 

Le  25  octobre  1906,  je  suis  appelé,  vers  onze  heures  du  matin,  à 
voir  Penfant  G...  Paul,  âg'é  de  sept  mois,  nourri  au  sein  par  sa  mère 
et  qui  a  eu  deux  selles  sanguinolentes  dans  la  matinée,  Tune  à 
sept  heures  et  l'autre  à  dix  heures  ;  ces  deux  selles  ne  contiennent 
pas  de  matières  fécales,  mais  du  sang  pur  et  quelques  glaires. 

La  mère  m'apprend  que,  le  23  octobre  dans  la  soirée,  Tenfant 
était  grognon,  refusait  le  sein  et  avait  eu  deux  vomissements; 
pendant  la  journée,  cependant,  il  avait  eu  deux  selles  aussi  belles 
que  d'habitude. 

Le  24  octobre,  Tenfant  a  passé  une  bonne  nuit;  mais  il  vomit  dès 
quil  est  mis  au  sein  ;  les  vomissements  continuent  toute  la  journée, 
Tenfant  est  très  grognon,  il  ne  laisse  passer  ni  selle,  ni  gaz,  il 
n'urine  presque  pas.  Dans  la  nuit  du  24  au  25  octobre,  les  vomis- 
sements ont  continué.  Vomissements  répétés  encore  pendant  la 
matinée  du  25;  l'enfant  vomit  environ  cinq  minutes  après  avoir  tété, 
ou  après  avoir  pris  de  l'eau  sucrée  que  sa  mère  a  eu  l'idée  de  lui 
donner.  Pas  de  gaz,  pas  d'urine. 

Je  trouve  un  enfant  de  belle  apparence,  n'ayant  jamais  eu  que 
le  sein,  n*àyant  pas  fait  de  maladie.  Il  est  actuellement  très  abattu, 
il  ne  crie  plus  comme  il  faisait  la  veille,  sans  avoir  le  faciès  périto- 
néal.  Il  n'a  cessé  de  vomir  depuis  la  soirée  du  23  octobre  et  n'a 
pas  eu  d'autres  selles  que  les  deux  sanguinolentes  de  ce  matin.  En 
lui  examinant  le  ventre,  je  vois  une  contraction  musculaire  un  peu 
plus  accusée  dans  Thypocondre  gauche,  mais  sans  pouvoir  sentir 
de  boudin  à  ce  niveau.  Température,  30** ,8;  pouls,  116. 

Je  fais  le  diagnostic  d'invagination  intestinale,  et  je  préviens  les 
parents  qu'il  sera  nécessaire  d'opérer  l'enfant  le  jour  même  s'il  n'y 


38  RECUEIL  DE    FAITS 

a  pas  d'amélioration  après  deux  ou  trois  heures  de  traitement 
médical.  Je  fais,  en  elFet,  donner  un  lavage  dlntestin  toutes  les 
heures  avec  1  litre  d  eau  bouillie  tiède,  en  ayant  soin  de  maintenir 
le  récipient  à  1  ",  25  au-dessus  du  corps  de  l'enfant. 

Je  revois  le  malade  à  trois  heures,  la  situation  n'a  [>as  changé, 
il  est  toujours  très  abattu,  ne  crie  pas,  ne  va  pas  à  la  selle,  etr. 
Mfiis,  la  mère  lui  ayant  donné  le  sein  une  fois  depuis  ma  visite,  il 
n'a  pas  vomi  ;  c'est  la  première  fois  que  cela  lui  arrive  depuis  la 
soirée  du  23  octobre.  On  décide  alors  que  Tenfantsera  opéré  le  soir 
même,  en  continuant  les  lavages  de  Tintestin  toutes  les  heures. 

A  six  heures,  je  revois  le  malade  avec  le  D'  Autefage  (de 
Roubaix)  ;  il  est  dans  le  même  état  d'abattement;  mais,  à  cinq  heures, 
il  a  eu  une  selle  contenant  de  grosses  glaires,  des  filets  de  sang  et 
quelques  matières  verdâtres;  il  n'a  plus  vomi  le  sein.  Pouls,  124; 
température,  37*»  2. 

M.  Autefage  constate,  comme  je  l'avais  fait,  une  résistance  mus- 
culaire plus  accentuée  à  gauche  de  la  ligne  blanche,  au-dessus  de 
lombilic  ;  on  décide  d'opérer  l'enfant  à  deux  heures.  A  ce  moment, 
nous  le  trouvons  moins  abattu,  il  s'agite  et  crie  ;  il  a  eu  à  sept  heures 
une  nouvelle  selle  jaune  verdâtre,  ne  contenant  ni  sang  ni  glaires. 
En  présence  de  ce  changement  brusque  dans  son  état,  l'opération 
est  ajournée,  et  on  continue  les  lavages  intestinaux. 

Le  26  octobre,  Tenfant  a  bien  dormi  ;  il  prend  le  sein  et  ne  vomit 
plus  ;  il  a  eu  deux  selles  d'un  jaune  verdâtre,  il  est  redevenu  gai  et 
s'agite. 

Le  27  octobre,  on  nous  dit  qu'il  a  passé  une  bonne  nuit.  Quatre 
belles  selles  jaunes,  molles,  pas  de  vomissements.  Depuis  lors, 
santé  parfaite. 

Il  m'a  semblé  intéressant  de  communiquer  cette  observation 
d'iovaginalion  intestinale  après  les  récentes  discussions  de  la  Société 
de  chirurgie  de  Paris  sur  la  même  question  (séances  des  10,  23, 
30  octobre  190G). 

Je  n'oserais  pas  tirer  de  conclusion  du  dénoûmenl'  heureux  et 
absolument  exceptionnel  que  j'ai  observé  dans  ce  cas.  Pourtant, 
chaque  fois  qu'il  me  sera  donné  de  faire  le  diagnostic  d'invagination 
intestinale  récente,  je  continuerai,  comme  par  le  passé,  à  préconiser 
l'intervention  chirurgicale  immédiate,  tout  en  prescrivant  des  lavages 
d'intestin  répétés  toutes  les  heures  en  attendant  l'arrivée  du  chi- 
rurgien. 


REVUE  GÉNÉRALE 


NYSTAGMU8.MY0CL0NIE 


Deux  médecins  distingués  du  Finistère,  MM.  Lonoble  et 
Aubincau,  ont  recueilli  en  Bretagne,  à  Brest,  où  ils  exercent,  et 
dans  les  départements  circonvoisins,  une  série  d'observations  qui 
eDrïchissent  la  classe  des  myoclonies  d'une  nouvelle  espèce  (1). 
A  coup  sûr,  cette  variété  de  myoclonie  n'avait  pas  été  décrite 
jusqu'à  ce  jour,  et  c'est  à  grand'peine  que  les  auteurs  ont  pu 
trouver,  dans  la  littérature  médicale,  quelques  cas  se  rapprochant 
par  leurs  symptômes,  sinon  par  leur  étiquette,  des  faits  personnels 
qu'ils  ont  si  heureusement  mis  en  relief.  La  priorité  leur  appartient 
donc  sans  conteste. 

L'affection,  d'ordinaire  congénitale,  a  pour  caractéristique  un 
nystagmus  essentiel  autour  duquel  viennent  se  grouper  d'autres 
symptômes.  Héréditaire  parfois  ou  familiale,  cette  affection  est 
persistante  et  invariable. 

Les  auteurs  l'avaient  décrite  autrefois  [Arch,  de  neur.j  1003) 
sous  le  nom  de  nystagmus  essentiel  congénitaL  Aujourd'hui  ils  la 
font  rentrer  dans  le  cadre  des  myoclonies. 

Le  nystagmus  est  ordinairement  bilatéral,  mais  il  peut  être  léger 
et  difficile  à  distinguer.  Il  n'est  pas  en  rapport  avec  une  lésion  de 
rœil  ou  du  système  nerveux.  Il  s'accompagne  presque  toujours  de 
tremblement  de  la  tète.  Il  peut  être  intermittent  et  variable. 

Le  tremblement  est  constitué  par  une  série  de  secousses, 
fasclculaires  ou  fibrillaires,  intéressant  un  muscle  ou  un  groupe 
musculaire,  pouvant  survenir  spontanément  et  être  maîtrisées  par 
la  volonté.  Le  froid,  la  percussisn  provoquent  leur  apparition. 
A  la  tête,  le  tremblement  peut  être  rythmique  et  régulier  ;  la  tête 
exécute  sur  le  coudes  mouvements  oscillatoires  parfois  isochrones, 
ou  compensateurs  des  mouvements  des  yeux.  Le  plus  souvent, 
on  assiste  à  des  secousses  plus  ou  moins  irrégulières. 

En  dehors  de  ces  trépidations  susceptibles  de  se  généraliser 
à  la  moitié  supérieure  du  corps  ou  &  tout  le  corps,  on  remarque 
chez  certains  sujets,  dans  les  muscles  des  paupières,  de  la  face  et 
du  cou,  des  tremblements  dont  le  malade  a  conscience.  On  voit 

(1)  Lbnoblb  et  AuBiNKAu,  Une  variété  Douvelle  de  myoclonie  congénitale 
pouvant  être  héréditaire  et  familiale  &  nyitagmui  conitant,  nystagmuB-myo- 
doQie  (Hevue  de  médecine,  10  juin  1906). 


40  REVUE   GÉNÉRALE 

parfois  aux  membres  supérieurs  un  tremblement  analogue  à  celui 
de  la  sclérose  en  plaques. 

Exagération  des  réflexes  habituelle.  Sensibilité  normale.  Troubles 
vaso-moteurs. 

On  observe  souvent  des  troubles  trophiques  et  des  anomalies  de 
développement  ou  stigmates  physiques  de  dégénérescence. 
Beaucoup  d*enfants  sont  des  émotifs;  quelques-uns  sont  hysté- 
riques ou  frappés  de  débilité  intellectuelle. 

Il  y  a  de  nombreuses  variétés  et  formes  cliniques  ;  mais  toujours 
le  nystagmus  consUtue  le  pivot  autour  duquel  évoluent  tous  les 
autres  signes.  On  peut  distinguer  cinq  types  : 

Premier  type.  —  Nystagmus  essentiel,  manifestation  isolée. 

Deuxième  type,  —  Nystagmus  essentiel  avec  symptômes  sura- 
joutés :  tremblement  de  la  tête,  asymétrie  faciale,  inégalité 
pupillaire,  etc. 

Troisième  type.  —  Nystagmus  avec  symptômes  nerveux  : 
exagération  des  réflexes,  trépidation  épileptoïde,  signe  de 
Babinski,  avec  ou  sans  quelques  signes  du  deuxième  type. 

Quatrième  type.  —  Forme  complexe  avec  troubles  trophiques, 
vaso-moteurs,  intellectuels,  etc. 

Cinquième  type.  —  Nystagmus  héréditaire  et  familial,  isolé  ou 
associé  à  d'autres  symptômes. 

Les  auteurs  ont  observé  à  ce  jour  58  cas  de  cette  maladie. 
Le  premier  type  (nystagmus  isolé)  a  été  rencontre  14  fois  ;  le 
deuxième  type  23  fois  ;  le  troisième  (avec  exagération  des  réflexes), 
17  fois  ;  la  forme  complexe,  4  fois  ;  la  forme  familiale  et  héréditaire, 
13  fois.  Peut-être  la  race  bretonne  est-elle  prédisposée  à  cette 
afl'ection,  que  les  médecins  brestois  décrivent  pour  la  première  fois 
avec  un  tel  luxe  d'observations  détaillées. 

En  analysant  les  cas  avec  soin,  on  trouve  des  mouvements  dont 
les  uns  appartiennent  à  la  classe  des  tremblements,  tandis  que  les 
autres  sont  constitués  par  des  secousses  sans  rythme  précis, 
d'une  variabilité  excessive  (myocloniesK 

Mais  ces  myclonies  difl'èrent  des  autres  par  l'association  du 
nystagmus,  avec  tremblement  de  la  tête,  par  l'exagération  des 
réflexes  constatée  dans  près  du  quart  des  cas.  Enfm  les  troubles 
trophiques  et  les  anomalies  de  développement  (pied  bot,  asymétrie 
faciale,  ptosis,  etc.)  viennent  ajouter  un  trait  spécial  au  tableau 
morbide.  Dans  tous  les  cas  où  la  recherche  a  pu  élre  faite,  on  a  vu 
que  l'afl'ection  remontait  à  la  naissance  ;  elle  est  congénitale  et 
souvent  héréditaire  ou  familiale. 

Cette  maladie  sert  de  passage  entre  les  types  à  tremblements 
fibrillaires  comme  la  chorée  de  Morvan  et  les  variétés  à  grandes 
secousses,  comme  le  Paramyoclonus  multiplex.  Comme  l'a  fait 
remarquer   M.    P.     Raymond,   on    peut    rencontrer    dans    les 


NYSTAOMUS-MYOCLONIE  41 

myoclonies  toutes  les  variétés  de  convulsions  :  cloniques,  toniques, 
fasciculaires  et  (ibriliaires. 

Tous  ces  tremblements  semblent  évoluer  autour  du  nystagmus. 
MM.  Lenoble  et  Aubineau  ont  proposé  de  les  réunir  sous  le  nom 
de  nystagmus- myoclonie. 

Quand  on  veut  pénétrer  les  causes  et  la  nature  de  cette 
myoclonie,  on  rencontre  de  grandes  difficultés.  Sur  les  58  cas  des 
médecins  bretons,  on  compte  39  sujets  du  sexe  masculin  pour  19  du 
sexe  féminin.  L'hygiène,  le  milieu  social  n'ont  pas  d'influence. 

L'alcoolisme  s'est  retrouvé  plusieurs  fois  chez  les  ascendants. 
L'épilepsie,  la  folie,  la  syphilis,  la  tuberculose,  la  consanguinité 
sont  signalées  à  titre  exceptionnel. 

Mais  rinfluence  de  la  race  parait  beaucoup  plus  importante. 
Cette  variété  de  myoclonie  serait  une  maladie  de  la  Bretagne, 
jusqu^àplus  ample  informé.  La  race  bretonne,  très  ancienne,  peu 
mêlée,  est  forcément  dégénérée;  et  la  myoclonie  congénitale 
doit  être  considérée  comme  un  stigmate  de  dégénérescence.  Pour 
expliquer  le  nystagmus,  il  faut  admettre  une  innervation  défec- 
tueuse, indice  certain  de  dégénérescence. 

Ce  nystagmus-myoclonie  est  une  névrose  autonome  ;  ce  n'est 
pas  une  expression  fragmentaire  de  Thystérie.  Le  nystagmus- 
myoclonie  vient  s'ajouter  au  paramyoclonus  multiplex  de 
Friedreich,  à  la  chorée  électrique  de  Bergeron,  au  tic  de  la  face 
de  Trousseau,  à  la  maladie  des  tics,  à  la  chorée  (Ibrillaire  de 
Morvan.  Pour  P.  Raymond,  d'ailleurs,  tous  les  états  myocloniques 
ont  pour  caractère  commun  d'être  des  expressions  ou  des  produits 
de  l'état  de  dégénérescence  héréditaire  ou  acquise. 

L'anatomie  pathologique  est  restée  muette  jusqu'à  ce  jour. 
Autopsies  négatives  comme  dans  les  autres  myoclonies. 

Aucune  altération  importante  à  l'examen  macroscopique  des 
centres  nerveux,  poids  normal  de  l'encéphale  et  de  la  moelle. 

L'affection  est  d'ailleurs  bénigne  et  compatible  avec  l'existence  ; 
la  plupart  des  malades  ignorent  qu'ils  le  sont,  et  c'est  le  hasard 
ou  la  recherche  systématique  qui  permet  de  découvrir  la  maladie. 

Malgré  l'obscurité  qui  plane  encore  sur  les  origines  et  la  nature 
de  celte  anomalie,  on  doit  considérer  le  nystagmiis-myocloine 
comme  une  maladie  spéciale  tant  par  l'association  de  ses  symptômes 
principaux  que  par  son  caractère  héréditaire,  congénital  et  parfois 
familial.  Elle  évolue  sur  un  terrain  dégénéré,  sans  progression  ra- 
pide, sans  menace  pour  la  vie.  A  tous  ces  titres,  elle  méritait  l'étude 
que  lui  ont  consacrée  ses  parrains,  MM.  Lenoble  et  Aubineau. 

A  la  Société  de  pédiatrie  (16  octobre  1906),  le  1)"*  Apert  a  présenté 
une  famille  comprenant  la  mère,  d'origine  bretonne,  et  plusieurs 
filles  atteintes  de  nystagmus-myoclonie  ;  le  caractère  familial  et  la 
prédilection  pour  le  sexe  féminin  apparaissaient  ici  très  nettement. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 


Êtade  clinique  et  histologique  du  xeroderma  pigmentosam,  par 
J.  Nicous  et  Fa  VUE  {Ann,  de  Derm,  et  Syph.y  juin  1906). 

Garçon  de  six  ans,  entre  à  Thospice  de  TÂntiquaille  en  mars  1906  pour 
une  direction  cutanée  dont  le  début  remonte  à  cinq  ans.  Rien  d  analogue 
dans  la  famille.  Le  début  s'est  fait  par  de  lery thème  et  des  taches  de 
rousseur,  comme  dans  Térythème  solaire  et  dans  les  mêmes  régions.  A 
ces  lésions  initiales  se  sont  ajoutées  des  ulcérations  et  des  pertes  de  sub- 
stance à  la  face. 

Le  malade  tient  la  tète  baissée  et  les  yeux  fermés  ;  il  a  du  larmoiement  el 
une  photophobie  intense.  Éruption  polymorphe  sur  le  visage  :  érythème, 
taches  pigmentaires,  taches  achromiques,  taches  vasculaires,  desquama- 
tion, productions  verruqueuses,  tumeurs  ulcérées.  Peau  i-ouge,  sèche, 
atrophique. 

Les  taches  pigmentaires  sont  de  nuances  et  de  dimensions  variables  : 
lesunes  sont  brun  clair,  les  autres  plus  foncées,  quelques-unes  noires;  les 
unes  ont  la  grandeur  d'une  tète  d'épingle,  les  autres  celle  d'une  pièce  de 
HO  centimes.  Ntevi  disséminés,  punctiformcs  ou  stellaires,  arborisés. 
Desquamation  par  petites  lamelles,  grasse;  la  face  semble  recouverte  de 
crasse.  Les  saillies  verruqueuses  sont  recouvertes  d'un  enduit  croûteux, 
adhérent.  Les  tumeurs  ulcérées  occupent  le  nez. 

L'éruption  est  surtout  localisée  à  la  face,  au  cou,  au  cuir  chevelu.  Il  y  a 
du  dépoli  de  la  cornée,  un  ulcère  môme,  une  kératite  double  ;  on  noie 
aussi  la  chute  des  cils  et  un  léger  ectropion.  Aux  mains  et  avant-bras,  on 
voit  des  taches  de  lentigo  etdesnfovi  avec  quelques  plaques  achromiques, 
le  tout  reposant  sur  une  peau  érylhémateuse.  Sur  le  reste  des  téguments, 
on  note  quelques  nu3vi  et  taches  pigmentaires.  Examen  des  viscères  néga- 
tifs, sauf  pour  la  rate,  qui  est  grosse.  Ganglions  sous-cutanés  nombreux. 
État  général  satisfaisant.  Pas  d'albuminurie.  L'enfant  ayant  contracté  la 
rougeole  voit  son  éruption  s'améliorer,  les  épithéliomes  du  nez  se  cica- 
trisent, mais  la  tuméfaction  de  la  rate  persiste. 

Examen  histologique  de  la  tumeur  nasale,  —  La  surface  est  recouverte  par 
répithélium  cutané,  sauf  au  centre,  où  il  a  disparu.  Le  stroma  est  formé 
de  tissu  conjonctif,  enserrant  de  nombreux  leucocytes  polynucléaires, 
nombreux  vaisseaux  gorgés  de  sang.  Le  tissu  de  la  tumeur  est  formé  de 
cordons  épitiiéliomateux  se  raccordant  avec  Tépiderme,  s'enfonçant  dans 
le  stroma  conjonctif,  s'anastomosant  entre  eux.  Même  structure  que  dans 
les  cancroïdes. 


PUBLICATIONS   PÉRIODigUES  43 

Origine  intestinale  des  adénopathies  trachéo-broncbiques  tobercn- 
leuses,  par  MM.  A.  Calmette,  O.  Guérin  et  A.  Dêléarde  (Académie  des 
scienceSy  21  mai  1906). 

Quand  on  fait  ingérer  à  des  veaux  ou  à  des  chevreaux,  en  un  seul  repas 
infectant,  de  très  petites  doses  de  bacilles  tuberculeux  d'origine  bovine, 
ces  bacilles  passent  à  travers  la  paroi  intestinale  et  sont  le  plus  souvent 
retenus  dans  les  ganglions  mésentériques,  sans  y  développer  de  lésions 
tuberculeuses  décelables  à  l'autopsie.  Plus  tard,  ces  jeunes  animaux  pré- 
senlent  de  la  tuméfaction  des  ganglions  trachéo-bronchiques  ourétropha- 
rvDgiens  avec  ou  sans  lésions  pulmonaires.  Quandon  inocule  aux  cobayes 
des  fragments  de  ces  ganglions,  même  sains  en  apparence,  on  voit  qu'ils 
transmettent  la  tuberculose. 

Du  15  décembre  1905  au  30  mars  1906,  les  ganglions  mésentériques 
(le  24  enfants  décédés  dans  le  service  de  M.  Dêléarde,  à  l'hôpital 
Saint-Sauveur  de  Lille,  ont  été  triturés  et  inoculés  chaque  fois  sous  la 
poau  de  la  cuisse  de  4  cobayes.  Dans  4  cas  seulement,  les  lésions  trouvées 
à  1  autopsie  avaient  permis  de  confirmer  le  diagnostic  de  tuberculose: 

!•  Fille  de  cinq  ans,  méningite  tuberculeuse,  ganglions  mésentériques 
rouges,  tuméfiés,  sans  lésion  i^  tuberculeuses  apparentes  ; 

2°  Garçon  de  deux  ans,  bronchopneumonie  tuberculeuse,  ganglions 
mésentériques  augmentés  de  volume  sans  lésions  visibles. 

3»  Garçon  de  deux  ans,  adénopathie  trachéo-bronchiquc,  quelques  gan- 
glions mésentériques  gros  comme  un  haricot,  pas  de  lésions  à  la  coupe  ; 
4»  Fille  de  six  ans,  tuberculose  pulmonaire  (caverne  au  sommet  droit  et 
ganglions  trachéo-bronchiques  présentant  de  nombreux  nodules  caséi- 
liés).  Ganglions  mésentériques  tuméfiés,  rouges  à  la  coupe,  mais  sans 
tubercules. 

Les  cobayes  inoculés  avec  les  ganglions  mésentériques  de  ces  4  en- 
fanU  présentèrent  tous  les  lésions  de  la  tuberculose  du  trentième  au 
quarante-cinquième  jour.  De  même  les  ganglions  de  3  autres  enfants  non 
>f>upronné8  tuberculeux  transmirent  la  tuberculose  aux  cobayes.  Pour  les 
17  autres,  inoculations  négatives.  Les  auteurs  concluent  : 

1"»  Chez  les  animaux  expérimentalement,  cheas  l'enfant  cliniquement, 
toutes  les  fois  que  l'infection  tuberculeuse  se  manifeste  par  de  l'adénopa- 
lhielrachéo-bronchique,il  existe  des  bacilles  tuberculeux  dans  les  ganglions 
m^entériques,  alors  même  que  ces  ganglions  paraissent  sains  ; 

i"^  L'infection  ganglionnaire  mésentérique  précédant  Tapparition  des 
Iwions  d'adénopathie  bronchique,  celles-ci  doivent  être  considérées,  de 
même  que  la  tuberculose  pulmonaire  chezTenfantet  chez  l'adulte,  comme 
résultant  d'une  infection  tuberculeuse  d'origine  intestinale. 
Ils  ajoutent  enfin  : 

L'hypothèse  de  la  contamination  directe  par  les  voies  respiratoires 
nétant  actuellement  prouvée  par  aucune  expérience  irréprochable,  il 
apparaît  de  plus  en  plus  évident  que  les  enfants,  et  aussi  les  adultes, 
contractentla  tuberculoseen  ingérant  soit  du  lait  de  vaches  tuberculeuses, 
soit  des  poussières  ou  des  parcelles  de  crachats  tubeix^uleux  d'origine 
humaine. 

11  me  semble  que  ces  conclusions  sont  trop  hâtives  et  absolues. 
Avant  de  fermer  complètement  la  porte  d'entrée  respiratoire  au  bacille 
tuberculeux,  nous  demandons  des  expériences  de  contrôle  aussi  nom- 
breuses et  aussi  rigoureuses  que  possible.  En  clinique  infantile,  la 
tul>erculose  gravite  autour  de  l'adénopathie  bronchique.  C'est  le  magasin 
général  des  bacilles  ;  c'est  de  là  qu'ils  partiront  pour  toutes  les  invasions 
futures.  Il  est  bien  étrange  de  voir  ces  ganglions  macroscopiquement 


44  ANALYSES 

malades,  alors  que  ceux  du  mésentère  ne  le  seraient  pas  même  microsco- 
piquement,  tout  en  étant  virulents  et  en  témoignant  de  Tinvasion  bacil- 
laire par  rintestin.  Si  cela  est  définitivement  prouvé,  nous  nous  inclinons, 
mais  à  une  condition,  c'est  que  cela  ne  change  rien  à  la  base  prophylar- 
lique  actuelle,  que  nous  considérons  comme  intangible  :  la  contagion  fami- 
liale. Soit,  admettons  que  le  bacille  pénètre  parle  tube  digestif  ;  mais  vous 
ne  pouvez  rien  contre  ce  fait  d'observation,  à  savoir  qu'on  ne  trouve 
d'enfants  tuberculeux  que  dans  les  familles  tuberculeuses. 

Tous  les  enfants  d'une  maison,  d'un  quartier,  d'une  ville  boivent  le 
même  lait  ;  ne  deviennent  tuberculeux  que  ceux  qui  sont  exposés  à  la 
contagion  humaine. 

liens  bei  Kindem;  ▼olvalns  fleznrœ  sigmoide»  (Iléus  chez  l'enfant; 
volvulus  de  l'anse  sigmolde),  par  W.-E.  Tscherxow  (Jahrb.  f,  Kind,,  1900). 

Pour  la  production  d'un  volvulus  de  l'anse  sigmoîde,  il  faut  deux  causes 
principales  :  un  obstacle  à  la  progression  du  bol  fécal  dans  le  rectum  et 
une  modification  du  mésosigma,  consistant  en  production  de  tissu  con- 
jonctif,  de  cicatrices,  d'infiltrats  inflammatoires. 

L'occlusion  aiguë  se  traduit  par  les  signes  suivants,  qui  débutent  bms- 
quement  :  perte  des  forces,  yeux  excavés,  fatigue,  soif,  vomissements, 
refroidissement  des  extrémités,  sueurs  froides,  pouls  ralenti  d'abord  puis 
accéléré;  température  basse,  reispi  ration  précipitée,  délire,  agitation,  con- 
tractures des  membres,  coliques,  oligurie,  albuminurie,  ballonnement  du 
ventre,  douleurs.  Beaucoup  de  ces  phénomènes  peuvent  être  d'ordre 
réflexe  ;  pour  d'autres,  ce  seraient  des  phénomènes  d'auto-intoxication. 

Hors  thymica  bei  Nengeborenen  (Mort  par  le  thymus  chez  le  nou- 
veau-né), par  le  D'  Ernst  Hedincer  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  1906). 

L'auteur  donne  cinq  cas  d'hyperplasie  thymique  pure  et  sept  où,  à  côté 
d'hypertrophie  du  thymus,  il  y  avait  une  plus  ou  moins  notable  hyper- 
trophie thyroïdienne  ;  mais  cette  dernière  n'était  pas  assez  marquée* 
pour  que  seule  elle  eût  pu  amener  la  mort  par  asphyxie.  L'évolution 
clinique  de  tous  ces  cas  est  analogue  ;  la  naissance  se  fait  normalement  ; 
quelquefois  l'accouchement  a  été  artificielles  enfants  ou  bien  restent  en 
asphyxie,  ou  la  respiration  redevient  normale  pour  être  plus  ou  moins 
troublée  au  bout  de  quelques  heures. 

A  l'autopsie,  il  y  a  plus  ou  moins  de  cyanose  de  la  partie  supérieure  du 
corps;  souvent  elle  est  faible  ou  nulle.  On  trouve  toujours  du  sang  liquide 
dans  les  gros  vaisseaux  et  le  cœur. 

Le  thymus  est  hypertrophié  de  façon  variable.  Au  microscope,  il  se  mon- 
tre congestionné  ;  quelquefois  il  y  a  des  hémorragies  étendues.  On  com- 
prend que  ces  hémorragies,  se  produisant  dans  un  organe  hypertrophié, 
augmentent  encore  la  compression  des  organes  voisins.  11  n'y  a  pas  d'hy- 
pertrophie des  autres  organes  lymphatiques  :  on  a  seulement  vu  dans  un 
cas  de  l'hypertrophie  splénique  et  de  l'augmentation  des  ganglions  mé- 
sentériques  et  des  follicules  de  l'intestin.  Le  cœur  et  les  gros  vaisseaux 
sont  généralement  normaux.  Les  capsules  surrénales  étaient  normales  ; 
dans  un  cas  de  Flùgge,  elles  étaient  hypertrophiées. 

L'intérêt  de  ces  faits  au  point  de  vue  médico-légal  est  dans  cette  cir- 
constance que  même  des  glandes  thymiques  peu  augmentées  de  volume 
peuvent  amener  l'asphyxie  par  compression.  On  peut  d'ailleurs  se  rondre 
compte  de  la  compression  après  durcissement  des  organes  du  cou. 

L'auteur  rapporte  enfin  un  cas  avec  photographie  d'énorme  hyperpla- 
sie  du  thymus  avec  malformations  (hémicéphalie). 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  45 

Ein  Beitrag  sur  congenitalen  Lnngensyphilis  (Contribution  à  la  syphilis 
congénitale  du  poumon),  par  le  D' AugustKohl  (Arch,  f,  Kindcrheilk,^  1906). 

Chez  un  enfant  de  deux  mois,  on  avait  tout  le  tableau  clinique  d'un  cas 
}?rave  de  syphilis  héréditaire.  La  rhinite,  l'hypertrophie  splénique,  Térup- 
tian  pemphigoïde,  les  rhagades  saignantes  aux  orteils,  aux  doigts,  à  la 
bouche  et  au  nez,  et  le  fait  que  Fenfant  était  né  un  mois  avant  le  terme 
normal,  tout  cela  confirmait  le  diagnostic.  L'autopsie  en  a  montré  le  bien 
fondé.  Dans  le  poumon,  il  y  avaitune  inflammation  interstitielle  allant  à 
la  destruction  du  parenchyme.  Les  lésions  avaient  tous  les  éléments  ca- 
ractéristiques d*une  gomme  :  centre  caséeux  avec  une  zone  de  tissu  con- 
jonctif  à  cellules  rondes  et  fusiformes,  et  nombreux  vaisseaux.  Le  siège 
de  prédilection  en  dehors  des  sommets,  Tétat  des  ganglions  parlaient  à 
rencontre  de  la  tuberculose  ;  surtout  manquaient  les  cellules  géantes  et 
épithélioïdes  typiques.  Enfin  on  ne  trouvait  pas  de  bacille  tuberculeux* 
Il  s  agissait  donc  d'un  cas  très  rare  de  gommes  isolées  dans  un  poumon 
d'hérédo-syphili  tique. 

Zar  KesninisB  der  Urticaria  pigmentosa  (Sur  Tétude  de  Turticaire 
jiijrmenlée),  par  le  D'  ëngel  (Arch,  f,  Kinderheilk.,  1906). 

II  s  agissait  dans  ce  cas  d'un  enfant  vigoureux,  bien  développé  en 
dehors  de  Tanomalie  cutanée.  Les  efflorescences  cutanées  étaient ortiécs 
el  ne  rétrocédèrent  pas.  Un  traitement  mercuriel  ne  donna  pas  de  résul- 
tai. Ce  cas  offrait  les  caractéristiques  d  e  l'urticaire  pigmentée,  début 
dans  le  très  jeune  âge,  existence  de  phénomènes  d'excitation  urticarienne, 
lésions  microscopiques.  Dans  ce  cas,  le  début  de  l'affection  in  utei^o  ne 
fait  pas  de  doute. 

Un  exanthème  ortie  survenant  chez  un  nouveau-né  et  persistant  quel- 
que temps  doit  être  soumis  à  une  biopsie,  quoique  malheureusement  le 
diagnostic  n'apporte  aucune  conclusion  pratique  pour  la  thérapeutique  ; 
mais  il  éclaire  le  pronostic  et  permet  d'affirmer  d'une  part  l'innocuité  du 
processus  pathologique,  d'autre  part  sa  durée  pendant  des  années  ou  des 
dizaines  d'années.  Ces  plaques  ortiées  ne  démangent  pas  et  deviennent 
peu  à  peu  brunes.  Tandis  que  le  reste  du  tégument  ne  montre  pas  d'exci- 
tation vaso-motrice  spéciale,  il  survient  dans  les  parties  malades  de  temps 
en  temps  de  nouvelles  poussées  ortiées.  Le  substratum  anatomique  des 
efflorescences  est  un  amas  dense  de  mastzellen  dans  le  corps  papillairc 
avec  infiltration  cutanée  et  raréfaction  du  tissu  conjonctif.  Dans  les 
cellules  épithéliales  basâtes,  il  y  a  dépôt  de  pigment  mélaniqu(3  au-dessus 
des  amas  de  mastzellen  ;  mais  ce  fait  n'est  pas  constant.  Le  premier  signe 
et  celui  qui  persiste,  c'est  donc  la  formation  d'amas  de  mastzellen  à 
laquelle  s'associe  ensuite  le  dépôt  pigmentaire  avec  un  éréthisme  vaso- 
moteur  plus  ou  moins  marqué. 

Klinischer  Beitrag  znr  Kenntnias  der  Barlowschen  Krankheit  (Essai  sur 
la  maladie  de  Barlow),  par  le  D""  August  Koul  {Arch.  f,  Kinderheilk,,  1906). 

Chez  une  enfant  de  sept  mois  et  demi,  la  tuberculose  de  la  mère  pouvait 
faire  croire  à  une  infection  de  cet  ordre  chez  l'enfant,  mais  la  tuberculine 
donnait  une  réaction  négative.  11  fallait  encore  faire  le  diagnostic  avec  un 
sarcome  de  l'os.  En  effet  tout  le  membre  inférieur  droit  était  fortement 
œdémateux;  le  gauche  l'était  également,  mais  il  n'y  avait  pas  de  vive 
douleur.  Urine  très  albumineuse  avec  cylindres,  globules  blancs  et 
rouges.  La  radiographie  montrait  l'os  absolument  intact,  le  périoste 
dt'-coUé  sur  une  grande  étendue,  très  épaissi,  et  donnant  une  ombre 
épaisse.  Entre  lui  et  l'os  se  trouvait  la  tumeur  perméable  aux  rayons 


46  ANALYSES 

Rôntgen  et  ne  montrant  pas  de  structure  déflnié.  U  ne  pouvait  donc  s'agir 
que  d'un  cas  do  maladie  de  Barlow,  diagnostic  confirmé  par  Texistence 
d'une  néphrite  hémorragique  et  par  le  succès  du  régime  antiscorbu- 
tique. 

La  guérison  fut  complète  et  se  maintint. 

Dans  un  autre  cas,  chez  une  enfant  de  sept  mois,  la  guérison  fut  aussi 
complète.  Enfin  l'auteur  relate  chez  un  enfant  de  quinze  mois  un  cas  de 
forme  abortive.  Le  début  fut  typique  :  douleurs  lorsqu'on  mobilisait  la 
jambe,  hémon^gies  gingivales.  La  maladie  ayant  été  combattue  à  ses 
débuts,  on  ne  vit  pas  se  développer  le  tableau  typique. 

Dans  un  de  ces  cas,  Talimentation  de  Tenfant  avant  le  début  du  proces- 
sus morbide  avait  consisté  en  un  mélange  de  lait,  farine  et  eau  qui  avait 
été  bouillie  pendant  20  minutes.  Dans  le  second  cas,  jusque  trois  semaines 
avant  la  maladie,  l'enfant  fut  nourri  avec  du  lait  coupé  d'un  tiers  d'eau 
additionné  de  5  p.  100  de  sucre  de  lait.  Des  centaines  d'enfants  nourris 
ainsi  ne  présentent  cependant  pas  de  maladie  de  Barlow.  Dans  le  troi- 
sième cas,  Tenfant  reçut  contre  toute  ordonnance  médicale  du  babeurre 
avec  addition  de  crème  soumis  trois  fois  à  la  chaleur.  11  n'est  pas  impos- 
sible que  ce  manquement  dans  le  régime  ait  été  Torigine  de  la  maladie  de 
Barlow. 

Pour  ce  qui  est  de  la  nature  de  la  maladie,  l'auteur  la  considère  comme 
le  scorbut  du  nourrisson  ;  mais  il  est  difficile  de  préciser  l'influence  des 
fautes  de  régime. 

Sal  trattameuto  con  le  inieiioni  di  paraffina  dalle  emie  ombeilicali 
net  bambini  (Sur  le  traitement  par  les  injections  de  paraffine  des  hernies 
ombilicales  chez  les  enfants),  'par  le  D^  Felice  Lanzamni  (La  Pediatria, 
juillet  1906). 

Ëscherich  a  eu  l'idée  d'appliquer  la  méthode  de  Gersuny  à  la  cure  de  la 
hernie  ombilicale  (1903).  Cependant  Ëkstein  avait  déjà  (1902)  injecté  de 
la  paraffine  avec  succès  dans  trois  cas  de  hernie  inguinale  et  un  cas  de 
hernie  ombilicale.  Ëscherich  prend  de  la  paraffine  soluble  à  39»,  se 
servant  d'une  seringue  de  métal  de  8  centimètres  cubes  de  capacité, 
avec  aiguille  courte  et  grosse,  droite  ou  courbe.  Le  piston  de  la  seringue 
est  à  vis  pour  régler  la  quantité  de  paraffine.  L  opérateur  saisit  la  hernie 
avec  les  doigts  de  la  main  gauche,  réduisant  le  contenu,  pendant  que  la 
main  droite  enfonce  l'aiguille  de  la  seringue  à  la  périphérie  inférieure 
du  sac,  le  long  de  la  ligne  médiane,  de  façon  que  l'aiguille,  dirigée  en 
haut,  se  meuve  librement  dans  le  sac  herniaire  vide.  Un  aide  tourne  le 
piston  de  la  seringue  jusqu'à  un  certain  point,  et  en  même  temps  la  main 
gauche  de  l'opérateur  cesse  d'exercer  la  compression,  la  hernie  se  repro> 
(luisant  dans  toute  son  ampleur;  application  d'une  compresse  glacée  sur 
le  ventre,  obturation  du  petit  trou  avec  le  collodion,  application  de  com- 
presses maintenues  en  place  huit  jours  ;  la  paraffine  forme  une  pelotte  qui 
ferme  l'orifice  herniaire. 

La  méthode  d' Ëscherich  fut  appliquée  par  Hagenbach-Burckhardt,  par 
Hutzler,  par  Rocchi,  sans  rencontrer  partout  de  bien  chauds  partisans. 
Sur  les  conseils  du  professeur  Vitale  Tedeschi  (Clinique  pédiatrique  de 
Padoue),  l'auteur  s'est  appliqué  à  perfectionner  le  procédé.  Il  a  fait 
établir  une  seringe  courbe  spéciale,  un  petit  appareil  pour  maintenir  le 
sac,  etc.  li  injecte  lentement  la  paraffine  à  42°  chez  les  petits  enfanU  et 
à  48<*  chez  les  grands.  Nous  n'insistons  pas  sur  la  stérilisation  préalable 
de  la  seringue.  Ce  procédé  serait  inoffensif,  donnerait  d'excellents 
résultats  dans  les  hernies  petites  ou  de  moyennes  dimensions. 


1. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  47 

L'intarrento  chimrgico  neU'estrauone  délie  monete  dalFeiofago  dei 

bambini  (L'intervention  chirurgicale  pour  l'extraction  des  pièces  de 
monnaie  dans  Tœsophage  des  enfants),  par  le  D*"  ârtemio  Magbassi  [La 
Pediatria,  juillet  1906). 

On  a  beaucoup  attaqué  le  panier  'de  Graefe,  et  on  Ta  déclaré  très 
dangereux  pour  Textraction  des  corps  étrangers  de  l'œsophage.  Or 
M.  A.  Magrassi  rapporte  six  observations  de  sous  ou  médailles  arrêtés 
dans  Tœsophage  depuis  plus  ou  moins  longtemps,  qui  ont  pu  être  extraits 
avec  la  plus  grande  facilité  avec  le  panier  de  Graefe. 

li  en  conclut  que  Textraction  par  les  voies  naturelles  est  la  méthode  de 
choix  ;  que  le  panier  de  Graefe  peut  être  utile  dans  les  cas  où  la  pièce  a 
séjourné  plusieurs  jours  dans  Tœsophage  ;  que  Toesophagotomie  externe 
trouve  son  indication  dans  la  présence  de  symptOmes  inflammatoires  : 
fièvre,  douleur  vive  spontanée  ou  provoquée  ;  Tœsophagotomie  doit 
intervenir  le  plus  tôt  possible^  car  la  mortalité  est  d'autant  moindre  que 
l'opération  a  été  plus  précoce  ;  si  Ton  trouve  les  parois  de  l'œsophage 
altérées,  il  faudra  tenter  la  suture.  Ce  travail  aboutit  donc,  avec  faits  à 
Tappui,  à  la  réhabilitation  du  panier  de  Graefe. 

Vomito  abitnale  d'an  infante  guarito  colla  somminisirasone  di 
ioduro  potasBico  alla  nutrice  (Vomissement  habituel  d'un  enfant  guéri 
par  l'administration  d'iodure  de  potassium  à  la  nourrice),  par  le 
O'Aleardo  Cariou  (Qazz.  degli  osp.  e  délie  ch'n.,  23  sept.  1006). 

Fille  de  deux  mois  et  demi  vomissant  après  chaque  tétée  ;  mère  de 
Irente-trois  ans,  ayant  nourri  avec  succès  trois  autres  enfants,  foKe, 
semblant  avoir  beaucoup  de  lait  et  un  lait  trop  fort  pour  le  nourrisson. 
O'où  la  pensée  d'une  médication  hyposténisante.  De  petites  doses  d'iodure 
de  potassium  diminuent  la  sécrétion  lactée,  sans  altérer  la  santé  de  la 
mère.  Donc  l'auteur  prescrivit  la  solution  suivante  : 

lodure  de  potassium 2ff|',âO 

Eau 300  grammes. 

tin  prendre  trois  cuillerées  à  café  pai*  jcur,  ce  qui  ne  fait  pas  20  centi- 
grammes dModure  par  jour. 

Dès  le  premier  jour,  les  vomissements  disparurent.  Quand  on  cessait 
liodure,  ils  réapparaissaient.  La  médication  fut  continuée  pendant 
deux  mois.  Enfin  l'enfant  finit  par  s'accommoder  au  lait  de  sa  mère. 

L'ayrelenamento  acntoda  chinina  nei  bambini  (Empoisonnement  aigu 
par  la  quinine  chez  les  enfants),  par  le  D^  Macro  Gioseffi  [Riv.  di  Clin, 
M.,  sept.  iÔ06). 

Fille  de  dix-huit  mois,  un  peu  rachitique,  de  parents  sains,  nourrie  au 
^in  par  la  mère,  sevrée  à  treize  mois.  Première  dent  à  un  an.  Depuis 
an  mois,  l'enfant  prend  chaque  jour  20  centigrammes  de  chlorhydrate  de 
quinine.  Accès  éclamptique  avec  suffocation.  Elle  guérit.  On  reprend  la 
quinine.  Cn  jour,  l'enfant  ingère  six  à  huit  pastilles  de  20  centigrammes 
ll'^SâO  à  i^',60).  Après  quinze  ou  vingt  minutes,  tremblements,  con- 
Mibions,  perte  de  connaissance,  vomissements,  cyanose,  algidité,  respi- 
ration de  Cheyne-Stokes  (70  à  90).  Pouls  filiforme.  Abolition  des  réflexes. 
Mort.  Autopsie  sans  caractères  particuliers.  A  l'examen  clinique  du 
''ontenu  stomacal,  on  découvre  quelques  centigrammes  de  quinine.  On  a 
pu  relever  dans  la  littérature  médicale  4  ou  5  cas  de  mort  par  la  quinine 
chez  les  enfants. 


48  ANALYSES 

Salicylate  poisoning  in  children  (Empoisonnement  salicylé  chez  les 
enfants),  par  le  D' F.  Langmead  (Lancet,  30  juin  1906). 

On  a  recommandé  les  fortes  doses  de  salicylate  de  soude  dans  le 
rhumatisme  infantile;  or  il  peut  en  résulter  des  accidents  toxiques 
rappelant  le  coma  diabétique  avec  acétonémie,  etc. 

{o  Un  garron  de  cinq  ans  est  reçu  à  Thôpital  le  2  octobre  1901  pour  une 
polyarthrite  rhumatismale  localisée  au  coude  gauche  et  aux  poignets.  En 
même  temps  endocardite  mitrale  et  augmentation  de  la  matité  du  cœur.  On 
prescrit  30  centigrammes  de  salicylate  de  soude  avec  bicarbonate  de 
soude  toutes  les  six  heures  ;  glace  sur  le  cœur.  Amélioration  rapide  et 
notable. 

Le  16  décembre,  il  vomit  deux  fois,etle  18  il  vomit  quatre  fois.  Dans  la  ma- 
tinée du  19,  dyspnée,  fièvre  (39°),  aspect  du  coma  diabétique  sans  glycosurie. 
Soif  d'air,  intubation  sans  efficacité.  Anurie  pendant  vingt-quatre  heui^s. 
Cionsiipation.  Odeur  d'acétone.  Mort.  Autopsie  négative.  La  dose  de  sali- 
cylate n'avait  pas  été  excessive,  mais  trop  longtemps  continuée  (dix  se- 
maines). 

2°  Garçon  de  sept  ans,  reçu  à  Fhôpital  pour  un  rhumatisme  aigu  et  une 
affection  mitrale.  Ckinstipation.  On  prescrit  60  centigrammes  de  salicylate 
de  soude  associé  au  bicarbonate  toutes  les  deux  heures  pour  les 
six  premières  doses,  puis  toutes  les  quatre  heures.  Le  27  novembre  1904, 
jour  de  l'admission,  deux  vomissements,  puis  trois  et  quatre.  Le  30, 
délire,  soif  d'air^  abattement  sans  perte  complète  de  connaissance. 
Odeur  acétonique  de  l'haleine.  Urine  acide  et  contenant  de  l'acétone.  Pas 
de  sucre.  On  cesse  le  salicylate.  Le  malade  est  mieux  douze  heures  plus 
tard,  quoique  encore  faible.  La  soif  d'air  a  disparu.  L'haleine  n'a  plus 
l'odeur  de  l'acétone.  Guérison  rapide. 

3°  Fille  de  huit  ans,  reçue  à  la  fin  de  janvier  4906  pour  une  chorée 
rebelle  à  l'ai^senic.  Le  9  février^  on  donne  six  doses  de  1»«',20  de  sali- 
cylate de  soude  sans  bicarbonate  de  soude.  Le  13,  on  double  la  dose»  soit 
dans  une  journée  plus  de  9  grammes  de  salicylate  de  soude.  Constipation 
depuis  trois  jours.  La  nuit,  deux  vomissements  et  trois  dans  la  matinée. 
Abattement,  faciès  angoissé,  mal  de  tète,  respiration  pénible  avec  odeur 
d'acétone.  On  suspend  le  salicylate.  Le  15,  aggravation,  six  vomissements; 
le  soir  et  le  lendemain,  on  donne  du  bicarbonate  de  soude.  Guérison. 
L'urine,  le  14  février,  donnait  la  réaction  de  l'acétone;  le  17  février,  elle 
ne  la  donnait  plus. 

Il  semble,  d'après  ces  faits,  que  le  bicarbonate  de  soude  soit  Tanlidotc 
du  salicylate  de  soude;  il  ne  faut  pas  manquer  de  l'administrer.  On  a 
constaté  les  mêmes  symptômes  avec  l'aspirine.  J /auteur  invoque 
deux  facteurs  :  l'acide  salicylique  et  le  diplocoque  de  Poynton  et  Paine, 
qui  est  un  organisme  acido-formateur. 

Contribato  alla  cura  délia  ipertosse,  sopra  10  cas!  corati  col  Sic  (Con- 
tribution au  traitement  de  la  coqueluche,  10  cas  traités  par  le  Sic)j  par  le 
D"*  FoMANA  (La  Pediatria,  sept.  1906). 

Le  D"^  Zanoni  (de  Gênes)  a  expérimenté  un  extrait  de  capsules  surré- 
nales, connu  en  pharmacie  sous  le  nom  de  Sic,  qui  aurait  une  action  efficace 
contre  la  coqueluche. 

Sur  10  enfants  traités  à  Crémone  par  le  D'  Fontana,  d'après  la 
méthode  de  Zanoni  et  avec  le  médicament  fourni  par  lui,  6  ont  été  com- 
plètement gucM-is,  2  très  améliorés,  2  n'ont  éprouvé  aucun  bénéfice.  Ces 
derniers  étaient  d'ailleurs  des  cas  compliqués. 

On  voyait  disparaître  d'abord  le  vomissement,  puis  la  fièvre  s'abaisser. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  49 

Jes  accès  de  toux  diminuer  de  fréquence  et  de  violence,  etc.  En  quinze  oU 
vingt  jours  en  moyenne,  les  principaux  phénomènes  morbides  dispa- 
nirenL 

Malgré  le  petit  nombre  de  cas  traités,  Fauteur  considère  le  nouveau 
remède  comme  efficace,  inoffensif,  diurétique,  etc.  En  attendant  que 
l'extrait  surrénal  du  D**  Zanoni  soit  à  la  disposition  de  tous  les  médecins, 
ne  serait-il  pas  possible  de'  lui  substituer  la  solution  de  chlorhydrate 
d'adrénaline,  qui  doit  en  posséder  les  propriétés  essentielles? 

A  case  of  hemiplegia  foUowing  diphtheria  (Hémiplégie  succédant  à  la 
diphtérie),  par  le  D'  William  J.  Butler  (Arch.  of  Ped.,  août  1906). 

Fille  de  dix  ans,  bien  portante  jusqu'en  septembre  dernier,  où  elle 
contracte  un  mal  de  gorge  :  lièvre,  gonflement,  dysphagie,  traitement 
antitoxique.  Dans  le  milieu  de  la  seconde  semaine,  voix  altérée,  rejet  des 
liquides  par  le  nez  en  avalant.  Elle  va  mieux  et  peut  se  lever.  Étant  à  la 
fenêtre,  elle  eut  une  grande  frayeur  par  suite  de  la  chute  d'une  pierre;  à 
partir  de  ce  moment,  accidents  nerveux  bizarres  qui  aboutissent  à  une 
hémiplégie  gauche,  à  caractère  spasmodique. 

(je  cas  ne  peut  s'expliquer  que  par  une  encéphalite  aiguë  consécutive 
à  la  diphtérie,  car  il  n'y  avait  rien  au  cœur  pouvant  faii*e  admettre  une 
enobolie cérébrale.  D'autre  part,  la  contracture  rapide  des  membres  atteints 
semble  encore  plaider  en  faveur  de  l'encéphalite. 

A  case  of  acnte  sappurative^  thyrolditis  with  pressure  symptoms 
relieTed  by  intubation  (Cas  de  thyiroïdi te  aiguë  suppurée,  avec  symptômes 
décompression  soulagés  par  le  tubage),  par  les  D"^  Fra.nk  S.  Meara  et 
Robert  Stu ART  M ACGREGOR  [Arch,  ofPed.,  août  1906). 

Garçon  âgé  de  trois  mois  et  demi,  vu  le  3  mars  1906,  nourri  au  sein", 
bien  portant  jusqu'à  deux  mois.  Puis  adénite  cervicale  suppurée,  incision. 
Trois  semaines  après,  lièvre,  toux;  on  parle  de  pneumonie.  Alors  la 
glande  thyroïde  devient  grosse,  la  température  monte  à  40°.  Pas  de  signes 
de  pneumonie,  mais  gonflement  de  la  thyroïde  et  dyspnée. 

Du  3  au  15  mars,  la  dyspnée  s'accroît  jusqu'à  devenir  alarmante.  On 
dirait  d'un  enfant  ayant  un  abcès  rétro-pharyngien. 

La  glande  thyroïde,  grosse,  douloureuse  à  la  palpation,  semblait 
fluctuante  en  certains  points.  La  dyspnée  semblait  bien  due  à  la  compres- 
sion de  la  trachée.  Gorge  saine,  pas  d'abcès  rétro-pharyngien. 

Intubation  avec  le  plus  petit  tube,  soulagement  immédiat,  l'enfant  peut 
fermer  la  bouche  et  s'endort.  Collargol  en  frictions.  L'enfant  garde  le 
tube  pendant  une  semaine;  on  essaie  alors  de  le  retirer,  mais  le  retour 
de  la  dyspnée  oblige  à  le  replacer.  Le  21,  on  fait  une  incision  au  niveau 
de  l'isthme  thyroïdien, qui  était  fluctuant  (pus  jaune  épais).  Rapidement 
l'enfant  guérit,  et  actuellement  il  est  en  parfait  état. 

La  thyroîdite  aiguë  est  rare  chez  les  enfants;  cependant  on  en  a  cité 
un  certain  nombre  de  cas  dans  les  traités  classiques.  La  grippe  ou 
influenza,  la  fièvre  typhoïde,  la  variole,  la  vaccine  ont  pu  être  incrimi- 
nées dans  l'étiologie.  Dans  le  cas  actuel,  l'adénite  aiguë  suppurée  du  cou 
a  pu  jouer  un  rôle. 

Osteogenesis  imperfecta,  report  of  a  case  (Ostéogenèse  imparfaite,  rela- 
tion  d'un  cas),  par  le  D'  E.-D.  Fe.nî«er  {Arch.  of  Pcd,,  août  1906). 

Jiarçon  de  cinq  ans  huit  mois,  présenté  le  12  avril  1906;  grosse  tète, 
marche  avec  des  béquilles,  jambes  courtes,  pieds  bots. 

Sixième  enfant  de  parents  sains  ;  il  fut  bien  portant  jusqu'à  quatre  mois, 

AbCB.  DB  mAdEC.  DBS  BNPANTS,   1907.  X.    4 


W  ANALYSES 

OÙ,  VU  la  maladie  de  sa  mère,  on  le  sevra  pour  le  nourrir  au  lait  condensé. 
Diarrhée.  Marche  à  deux  ans.  Fontanelle  large,  fermée  à  quatre  ans. 
Quand  il  commençait  à  marcher,  au  début  de  sa  troisième  année,  il  fit 
une  chute  banale  de  sa  petite  voiture  et  refusa  dès  lors  de  marcher.  On 
s'aperçut  bientôt  que  le  pied  était  renversé  et  la  hanche  proéminente  ;  on 
ne  pensa  pas  à  la  fracture.  Peu  après,  il  tomba  d'un  hamac,  se  cognant 
le  bras  ;  il  refusa  désormais  de  se  servir  de  ce  bras,  mais  personne  ne 
crut  qu'il  pouvait  être  fracturé. 

En  février  1905,  on  montre  Tenfant  à  un  chirurgien  pour  la  dilTorniilé 
de  la  hanche  droite  et  le  renversement  du  pied.  On  parle  de  coxa  vara 
et  on  fait  une  ostéoclasie.  En  enlevant  l'appareil,  on  voit  que  la  réunion 
osseuse  est  pire  qu'avant. 

En  décembre  1905,  la  jambe  gauche,  qui  était  plus  longue  de  25  milli- 
mètres que  la  droite,  commença  à  devenir  plus  courte,  la  hanche  faisant 
saillie  et  semblant  malade.  On  ne  soupçonne  pas  la  fracture  et  on  ne  fait 
aucun  traitement.  Bientôt  il  semble  qu'il  y  ait  une  double  coxa  vara, 

La  radioscopie  montre  à  droite,  au-dessous  du  grand  trochanter,  un  cal 
de  fracture  ;  un  peu  plus  bas,  autre  trait  de  fracture.  A  gauche,  fracture 
sous-trochantérienne  également.  11  y  a  eu  probablement  aussi  décolle- 
ment épi  physaire  du  fémur  droit.  Fracture  ancienne  du  radius  gauche,  etc. 
En  somme,  fragilité  extrême  des  os. 

Il  nous  semble  que  ce  cas  rentre  plutôt  dans  le  rachitisme  que  dans 
Vostéopsathy rosis  ou  ostéogenèseimigfigtiiit^^^ 

Un  raftft  Ai  ngtAftpgjitirirf^iy»)«ks  ^||g||.(^npgliiy^sisV  par  leD'LAUREATl 
(Riv,  di  Clin.  Ped.,  oct.  l/w^*   •  ^\ 

Fille  de  quatre  ans/^tré^À  Ja  lolifvkiue  pëdifttrique  de  Rome  le 
8  mai^  1906;  mère  attiinte  drraxaiidncohgénitalfe  de  la  hanche  droite. 
Une  sœur  de  vingt  mdl^rachi tique.  Accouchertient  par  le  siège.  Sein 
maternel  pendant  un  tt%m^  puTS'^Wtrrrîce  à  la  campagne.  Troubles 
digestifs.  Il  y  a  dix-huit  mot^J^ifa^it  a'  été  reprise  par  sa  mère  dans  un 
état  peu  satisfaisant  :  maigreur,' pâleur,  gros  ventre,  grosse  tête,  défor- 
mation des  bras  et  des  jambes.  Développement  inférieur  à  la  normale, 
fontanelle  encore  ouverte,  18  dents,  molaires  cariées,  chapelet  costal, 
marche  impossible.  Les  os  sont  non  seulement  incurvés,  mais  amincis 
et  raccourcis.  On  note  la  présence  de  plusieurs  saillies  angulaires  attes- 
tant des  fractures  anciennes  :  tiers  interne  de  la  clavicule  droite,  humé- 
rus droit  à  l'union  du  tiers  moyen  et  du  tiers  inférieur,  radius  au  tiers 
moyen,  humérus  gauche  au  tiers  moyen  et  au  tiers  inférieur,  avant- 
bras  gauche,  fémur  droit  et  fémur  gauche  ;  on  compte  neuf  fractures 
consolidées  avec  cal  épais. 

Le  poids  de  l'enfant  est  de  6950  grammes  au  lieu  de  14360. 

11  nous  semble  que  ce  cas  rentre  dans  la  catégorie  des  fractures  rachi- 
tiques.  D'ailleurs  le  rachitisme  de  l'enfant  est  indéniable. 

A  moltiple  rhabdomyoma  of  the  heart  mascle  (Rhabdomyome  multiple 
du  myocarde),  par  les  D"  Kxox  et  Schorer  {Arch,of  Ped^,  août  1906). 

Enfant  de  couleur  âgé  de  sept  mois,  reçu  le  27  juillet  1903  au  Thomas 
Wilson  Samïaï'iwm  pour  amaigrissement  et  diarrhée.  Aurait  eu  la  rougeole 
à  cinq  mois.  Au  sein  pendant  trois  mois,  puis  lait  condensé  et  lait  coupé. 
Aucune  règle  quant  au  nombre  et  à  la  quantité  des  repas.  Diarrhée  verte 
avec  mucosités.  Rachitisme.  Souffle  à  la  pointe  du  cœur.  Mort  au  bout  de 
quatre  semaines. 

Autopsie  vingt  heures  après  la  mort.  Surface  du  cœur  inégale,  semée  de 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  51 

nodules  de  3  à8  millimètres  de  diamètre  ;  gros  caillot  dans  l'oreillette  gau-r 
che,  avec  tumeur  solide  sur  la  paroi.  Dans  le  ventricule  droit,  de  semblables 
tumeurs  sont  apparentes  ;  de  même,  sur  la  valvule  tricuspide,  on  aperçoit 
des  nodules  miliairçs  de  môme  consistance.  Dans  le  ventricule  gauche, 
grosse  tumeur  pédicuiée,  venant  de  la  pointe  et  s'élevant  jusqu'aux  val- 
vules aorliques.  Plusieui'S  cordages  tendineux  sont  attachés  à  cette  tumeur. 
L'ne seconde  tumeur,  ayant  1  centimètre  de  diamètre,  prend  son  ori^^ine 
près  de  la  base  de  la  première  et  remplit  presque  la  pointe  du  ventricule; 
parois  du  ventricule  épaissies,  infiltrées  çà  et  là  de  petits  nodules.  Au 
microscope,  on  voit  que  les  tumeurs  naissent  du  myocarde,  dont  elles 
ont  la  structure. 

Sot  on  cas  de  constriction  congénitale  de  la  mâchoire^  par  MM.  Ovize 
et  P.  Delbet  {La  Rente  de  stomatologie  y  sept.  1906). 

Fille  de  huit  ans,  née  avant  terme  par  suite  d'un  rhumatisme  aigu  de  la 
mt're.  Elle  vint  au  monde  les  jambes  repliées  et  ne  put  les  allonger  qu  au 
bout  d  un  mois.  Elle  ne  prenait  le  sein  qu'avec  peine  (constriction  de  la 
mâchoire),  et  on  fut  obligé  de  lui  donner  le  lait  à  la  cuiller.  11  y  a 
constriction  à  peu  près  absolue  du  maxillaire  inférieur.  Parole  peu 
modifiée.  Ingestion  difficile  ;  cependant  l'aliment  passe  entre  les  arcades 
dentaires,  les  incisives  inférieures  étant  en  retrait  de  l«™,b.  La  langue 
saisit  le  bol  alimentaire  et  l'écrase  contre  le  palais,  qui  est  très  enfoncé  ; 
I  enfant  ronfle  beaucoup.  Le  maxillaire  inférieur  est  moins  haut  qu'à 
l'état  normal,  il  est  atrophié,  par  suite  de  la  constriction. 

En  rendant  la  mobilité  à  l'articulation,  on  pourra  peut-être  enrayer 
l'atrophie.  M.  Delbet  admet  que  la  constriction  est  due  à  un  rhumatisme 
articulaire  intra-utérin  :  rétraction  ligamentaire  et  musculaire  prédomi- 
nant à  gauche.  Il  se  propose  donc  de  faire  une  opération  sur  l'articulation 
temporo-maxillaire  et  l'os  maxillaire  (résection,  désinsertion  muscu- 
laire, etc.). 

Report  of  a  case  of  recarrent  ▼omiting  with  acetonnria  (Relation 
d'un  cas  de  vomissement  à  rechute  avecacétonurie),  parle  D""  Albert  Wil- 
liam Mters  (Arch.  o/Ted.,  juillet  1906). 

Fille  de  treize  ans,  de  parents  nerveux,  prématurée  et  délicate,  enfant 
nerveuse.  Développement  physique  et  mental  en  retard. 

Depuis  Tàge  de  six  ans,  elle  a  eu  des  attaques  de  vomissements  revenant 
chaque  année  ou  un  peu  plus  souvent.  Deux  de  ces  attaques  ont  été  très 
irraves,  durant  deux  semaines  ;  les  autres,  plus  courtes,  ont  duré  de  un 
à  quatre  jours.  Dans  les  quatre  dernières  années,  l'enfant  a  vécu  à  la 
campagne,  sa  santé  générale  s'est  améliorée,  les  accès  ont  été  plus  légers 
»*t  plus  courts.  Parfois  on  a  constaté  des  accès  avortés,  avec  irritabilité, 
agitation,  nausée,  disparition  en  quelques  heures  sans  vomissement.  Un 
léger  ictère  a  été  noté  dans  quelques  accès. 

Appétit  bizarre,  l'enfant  mange  volontiers  de  la  viande  et  du  pain, 
adore  les  bonbons,  prend  quelques  pommes  de  terre,  mais  refuse  tous  les 
autres  légumes  ainsi  que  le  lait. 

Elle  était  depuis  quelques  semaines  nerveuse,  avec  un  peu  d'appétit, 
sans  constipation,  quand  le  14  janvier  1906,  après  un  modeste  déjeuner, 
après  une  frayeur  (chute  d'une  lampe),  elle  vomit  à  partir  de  minuit, 
continuele  lendemain;  le  15  janvier  à  1  heure  du  soir,  quand  le  médecin  la 
vit,  elle  avait  vomi  dix-huit  fois  des  liquides  jaunes,  mêlés  de  sang,  de  marc 
de  café.  Il  y  avait  eu  plusieurs  garde-robes  spontanées.  Peu  de  fièvre, 
odeur  spéciale  de  l'haleine.  On  prescrit  du  bicaibonate  de  soude  par  la 


52  ANALYSES 

bouche  et  en  lavement.  Le  lendemain,  amélioration,  léger  ictère,  foie 
non  augmenté  de  volume.  L*enfant  prend  de  l'orangeade;  mais  elle  vomit 
a  sept  reprises,  et  on  lui  interdit  cette  boisson.  Guérison.  L'enfant  met 
une  dizaine  de  jours  à  retrouver  sa  santé  antérieure.  Urines  très  acides, 
donnant  la  réaction  de  Tacétone. 

A  case  of  generalized  snbcutaneoua  emphysema,  theresnlt  of  miliary 
tobercttlosis  in  a  syphilitic  child  (Cas  d'emphysème  généralisé,  suite  de 
tuberculose  miliaire  chez  un  enfant  syphilitique),  par  le  D'  Wiluam  Mac- 
KENZiE  (Arch.  o^Ped.,  juillet  1906). 

Fillette  de  trois  ans,  observée  le  27  juin  1905, ayant  eu  la  rougeole,  puis 
de  la  toux,  de  la  dyspnée,  de  la  fièvre  depuis  quelques  semaines. 
L*examen  du  poumon  droit  montre  de  la  matité  avec  suppression  du 
murmure,  puis  râles  crépitants,  etc.  On  fait  le  diagnostic  de  pneumonie, 
avec  pronostic  rassurant. 

Dans  la  nuit  du  4  juillet,  apparition  d'une  grosseur  comme  une  orange 
à  la  joue  gauche  ;  œil  gauche  fermé.  La  tuméfaction  s'étendait  au- 
dessus  des  deux  clavicules  et  sur  la  partie  gauche  du  cou.  Crépitation  au 
toucher.  L'emphysème  est  alors  reconnu  et  le  pronostic  change.  La  cause, 
elle  ne  pouvait  être  attribuée  à  un  corps  étranger,  ni  à  une  quinte  de 
toux,  qui  avait  manqué;  mais  elle  pouvait  dépendre  d'un  ganglion  caséeux 
qui  se  serait  ouvert  dans  une  bronche. 

Le  gonflement  s'accrut  rapidement,  gagna  le  côté  droit,  le  cuir  chevelu, 
les  poignets.  Pas  de  signes  de  pneumothorax.  Le  7  juillet,  il  y  a 
Tapparence  d'une  anasarque  d'origine  brighlique  :  les  yeux  sont  cachés 
par  les  paupières  gonflées  ;  la  poitrine,  le  dos,  l'abdomen,  les  fesses,  les 
aines  sont  soulevés  par  l'air  infiltré.  Les  membres  inférieurs  sont 
indemnes.  Mort  le  8  juillet. 

A  lautopsie,  tuberculose  miliaire  du  foie,  de  la  rate,  du  poumon.  Gan- 
glions bronchiques  caséeux.  Pas  de  corps  étrangers.  Quelques  bulles 
d'air  à  la  surface  des  poumons.  Près  du  bile  du  poumon  droit  en 
arrière,  au-dessous  des  veines  pulmonaires,  une  érosion  se  montre  qui  a 
pu  donner  passage  à  l'air  des  voies  respiratoires  dans  le  tissu  cellulaire 
médiastinal.  Cette  érosion  était  le  résultat  d'un  amas  de  granulations 
tuberculeuses. 

■ 

Tamenr  gazease  du  cou.  Trachéocéle  bilatérale  chez  an  enfant  rachi- 
tiqne,  par  le  D^  Gutot  {Joum.  de  méd,  de  Bordeaux,  7  oct.  1906). 

Fillette  de  deux  ans,  genu  valgum  gauche,  portant  une  tumeur  intermit- 
tente à  la  région  cervicale  droite.  Au  moment  de  l'expiration,  on  voit 
que  la  région  sus-claviculaire  droite  est  soulevée  par  une  saillie  lisse  ;  la 
jugulaire  se  gonfle  et  apparaît  très  nettement.  Peau  lisse,  non  enflammée. 
Sous  l'influence  de  l'effort,  de  la  colère,  des  cris,  la  tumeur  augmente  de 
volume  ;  avec  l'inspiration,  elle  s'affaisse  très  vite  et  disparait.  A  la  palpa- 
tion,  on  sent  sous  la  peau  une  poche  à  paroi  peu  épaisse,  se  vidant  et  se 
remplissant  très  vite. 

A  la  pression,  la  tumeur  est  réductible,  sans  douleur,  ni  dyspnée,  ni 
modification  de  la  voix.  A  la  percussion,  sonorité.  Pas  de  pédicule;  il 
semble  que  la  poche  descende  un  peu  dans  le  thorax.  En  portant  le  doigt 
très  profondément,  entre  la  trachée  et  le  stemo-cléido-mastoïdien  droit, 
on  peut  empêcher  le  remplissage  de  la  poche.  A  gauche,  dans  les 
expirations  fortes,  on  sent  une  autre  petite  tumeur  ayant  les  mêmes 
caractères.  La  première  a  le  volume  d'un  œuf  de  poule  ;  la  seconde,  celui 
d'une  noisette. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  53 

indolence  absolue,  consistance  élastique,  sonorité  à  la  chiquenaude, 
réductibilité  complète,  possibilité  d'empêcher  sa  reproduction  en  pressant 
avec  rindex  sur  le  côté  droit  de  la  trachée,  tels  sont  les  caractères  de  la 
tumeur  principale. 

Il  s'agit  donc  d'une  tumeur  gazeuse  du  cou,  d'une  trackéocèle  bilatérale, 
plus  accusée  à  droite. 

Lauteur  dit  qu'on  ne  trouve  pas  de  description  de  ce  genre  de  tumeur 
dans  les  traités  ou  manuels  même  les  plus  récents.  Or,  s'il  veut  bien 
consulter  le  Traité  des  maladies  de  Venfarhce,  par  Grancher  et  Comby 
(tome  111,  page  159,  Paris,  1904,  Masson  et  G'*,  éditeurs),  il  trouvera  un 
article  Trachéocèle^  où  des  faits  analogues  au  sien  sont  rapportés. 

Ghronic  lymphatic  lenkemia  in  a  child  (Leucémie  lymphatique  chro- 
nique chez  un  enfant),  par  le  D*"  Th.  Le  Boutillier  (Arch,  of  Ped.,  juillet 
1906). 

Garçon  de  dix  ans  trois  quarts,  vu  pour  la  première  fois  au  dispensaire 
méàkaXdeSaint'Christophefs  ffo5pi£a^( Philadelphie),  le  6  septembre  1905. 
Parents  bien  portants  ;  la  mère,  à  dix-sept  ans,  avait  eu  la  chlorose  pro- 
bablement. De  deux  à  sept  ans,  l'enfant  a  eu  souvent  la  diarrhée  ;  douleurs 
abdominales  de  temps  à  autre.  Au  printemps  et  en  été,  melœna,  épis- 
taxis.  Il  y  a  une  semaine,  mal  de  tète,  malaise,  anémie,  douleurs  dans 
les  jambes.  A  ce  moment,  pour  la  première  fois,  tuméfaction  sur  les  côtés 
du  cou  plus  marquée  à  droite  qu'à  gauche. 

On  a  signalé  que  pendant  l'été  il  jouait  souvent  dans  la  cour  avec  un 
tube  d'eau,  était  mouillé  la  plupart  du  temps,  et  que  déjà  il  commençait 
à  être  pâle  et  à  mal  digérer. 

Un  peu  de  fièvre,  pâleur  notable,  légère  bouffissure  palpébrale.  Tous 
les  ganglions  du  cou  sont  un  peu  engorgés  ;  à  droite,  ils  sont  du  volume 
d'un  pois  à  celui  d'une  amande  ;  à  gauche,  ils  ne  dépassent  pas  les 
dimensions  d'un  haricot. 

Souffle  systolique  à  la  base  du  cœur  ;  souffle  vasculaire  au  cou.  Foie 
un  peu  gros;  rate  non  palpable.  Du  6  au  14  septembre  1905,  la  céphalée 
a  disparu,  le  sommeil  est  plus  calme,  l'appétit  meilleur.  Il  y  a  eu  quatre 
épistaxis  facilement  arrêtées. 

Les  ganglions  angulo-maxillaires  ont  atteint  le  volume  d'une  grosse 
noix. 

Amélioration  jusqu'au  23.  Mais  bientôt  la  fièvre  se  rallume,  les  gan- 
glions augmentent  ;  coliques,  vertiges,  nausées,  éructations  et  vomisse- 
ments. Du  25  septembre  au  21  octobre,  perte  graduelle  des  forces,  pâleur 
plus  grande,  ganglions  plus  gros,  œdème  de  la  face,  épistaxis  répétées, 
surdité,  tristesse.  Palpitations  au  moindre  mouvement,  parfois  respiration 
difficile  avec  légère  cyanose,  œdème  du  scrotum,  glandes  mésentériques. 

Le  *  novembre,  glandes  sous-maxillaires  moins  grosses  ;  déglutition 
plus  aisée,  ouïe  meilleure. 

Ascite,  anasarque,  amygdales  hypertrophiées,  mort  le  20. 

Examen  des  urines  négatif.  Examen  du  sang  les  31  octobre,  10,  12  et 
14  novembre: 

Hémoglobine.. 25,  22,  24,  35  p.  100. 

Hématies 2  310000,  1380000,  1670000,2042000. 

Leucocytes 53G00,  51 800,  95  440,  105000. 

MoDooucléaires  petits.  99,2,  80,  91  p.  100. 

On  peut  donc  dire  leucémie  lymphatique  chronique,  de  cause  ignorée. 


54 


ANALYSES 


Contribution  à  l'étnde  de  l'incontinence  nocturne,  par  le  D^  Perrin 
(Revue  médicale  de  la  Suisse  romande,  20  août  1906). 

On  a  remarqué  la  fréquence  de  Ténurésie  nocturne  chez  les  enfants 
atteints  de  végétations  adénoïdes.  Le  besoin  d'uriner  naît  de  Tirrilation 
de  l'orifice  interne  par  le  contact  de  l'urine.  Ce  besoin  ci'oît  ave  la 
quantité  d'urine  contenue  dans  la  vessie.  Le  point  de  départ  du  besoin 
d'uriner  est  dan^  la  muqueuse  de  l'urètre  postérieur. 

Sur  trente-six  malades,  entre  trois  et  sept  ans,  l'auteur  n'a  compté  que 
trois  filles  ;  onze  avaient  des  végétations  adénoïdes.  Sommeil  profond 
chez  tous  lesenfanls.  Ils  urinent  au  lit  parce  qu'ils  dorment  trop  profon- 
dément pour  percevoir  le  besoin  d'uriner. 

Le  courant  faradiqueest  très  efficace;  on  fera  une  vingtaine  de  séances 
avec  interruptions  lentes,  pour  tonifier  le  sphincter  au  lieu  del'assommer. 

Ce  qui  frappe,  c'est  la  constance  d'un  profond  sommeil,  la  fréquence 
des  affections  nasales  et  la  grande  rareté  de  la  cystite  incriminée  à  tort 
par  beaucoup  d'auteurs. 

Quelques  mois  de  fonctionnement  de  l'Institut  pour  enfants  prématurés 
ou  débiles,  par  le  D'^  Ed.  Cordier  {Annales  de  la  Policlinique  de  Bruxelles, 
juillet  1906). 

11  existe,  à  Bruxelles,  rue  de  la  Presse,  n^  37,  un  Institut  pour  les 
enfants  prématurés,  élevés  en  couveuse,  alimentés  spécialement,  sous 
la  direction  du  D'  Cordier.  Avec  la  couveuse  portative,  on  peut  amener 
les  pi'tits débiles, sans  danger,  de<;  différents  quarliersde  la  ville  à  l'Institut. 
Là,  on  allaite  les  enfants  artificiellement  avec  le  lait  Backhaus.  Nous 
trouvons  dans  celte  brochure  vingt-deiix  observations  qui  font  bien  au- 
gurer des  services  rendus  par  cette  nouvelle  œuvre.  Les  résultats  sont 
des  plus  encourageants. 

Les  premiers  jours,  l'auteur  donne  une  ration  de  lait  égale  à  10  p.  100 
du  poids  de  l'enfant;  puis,  s'il  Ta  supportée,  à  15,  20,  22  p.  100.  Intervalle 
entre  les  repas,  de  deux  heures,  une  heure  et  demie,  une  heure-  On  donne 
d'al)ordle  Backhaus  1,  puis  le  II,  le  III. 

A  propos  de  deux  cas  de  botryomycose  chez  l'enfant»  par  le  iv  Hocher 
[Journal  de  médecine  de  Bordeaux,  30  sept.  1906). 

La  botryomycose,  rare  chez  l'enfant,  se  développe  à  la  suite  d'un,  trau- 
matisme :  plaie,  coupure,  piqûre,  corps  étranger.  La  tumeur  peut  se 
développer  sur  la  plaie  ou  sur  la  cicatrice;  elle  peut  succéder  à  un 
panaris.  On  ne  croit  plus  au  botryomyces  ou  au  bolryoroque.  Les  microbes 
rencontrés  sont  variables  :  staphylocoque,  streptocoque,  etc. 

Histologiquement,  c'est  un  bourgeon  charnu  très  vasculaire  [granulome 
télangiectasiqve,  dit  granulome  pédicule  bénin), 

1°  Botryomycose  de  la  région  par iélo-occxpi taie  gauche.  —  Garron  de  sept 
ans  ;  coup  à  la  tète  il  y  a  quinze  jours.  Plaie,  puis,  au  bout  do  quelques 
jours,  petile  tumeur  rappelant  un  bourgeon  charnu. 

Il  y  a  huit  jours,  chute  suivie  d'hémoriagie,  accroissement  continu 
de  la  tumeur. 

Le  2.')  novembre  1902,  on  trouve  une  tumeur  grosse  comme  un  œuf  de 
pigeon,  étranglée  à  lapartie  moyenne  par  un  sillon  :  aspect  hilobé,  aspect 
de  grosse  arachide  pédicuh^e  à  la  région  pariéto-occipilale  gauche.  Surface 
ulcérée,  suintante,  d'un  louge  foncé.  Pédicule  court,  cylindrique.  Extir- 
pation au  bistouri.  Réunion  par  première  intention. 

Le  D^  Sabrazc'S  a  trouvé,  par  les  cultures,  des  bâtonnets  polymorphes 
se  décolorant  par   le  Gram,  un  lin   liacille,  quehiues  diplocoques  et 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES.  ô5 

streptocoques.  Développement  considérable  de  la  couche  cornée  de  Tépi- 
derme;  lésions  de  nécrose  de  cette  couche  cornée  et  du  corps  muqueux 
de  Malpighi.  La  tumeur  est  formée  de  tissu  conjonctif  infiltré  par  des 
leucocytes  polynucléés  ;  nombreux  vaisseaux  sanguins  et  lymphatiques  ; 
pas  de  glandes  sudoripares  ni  sébacées.  Énorme  masse  sanguine  au 
niveau  du  pédicule  ;  latéralement,  angiome  caverneux  en  voie  de  déve- 
loppement. 

En  résumé,  la  tumeur  pédiculée  ne  contient  pas  de  grains  du  botryo- 
coque,  pas  de  staphylocoques  ;  elle  a  la  structui*e  d'un  bourgeon  charnu 
avec  énorme  développement  des  vaisseaux  par  places,  avec  évolution 
fibreuse  ailleurs. 

2«  Botryomycose  de  Vextrémité  de  Vindex  gauche.  —  Fille  de  treize  ans  et 
demi,  observée  en  juillet  1904,  porte  à  Textrémité  de  l'index  gauche,  au 
sommet  de  la  pulpe,  une  petite  tumeur  rouge  de  la  grosseur  d'une  petite 
fraise  des  bois,  exulcérée  et  saignante,  ferme  au  toucher,  largement 
pédiculée.  Cette  tumeur  date  d'un  mois  et  demi  ;  elle  était  recouverte 
dune  croûte  ;  le  médecin  l'ayant  enlevée  vit  le  sang  couler  abondamment* 
Extirpation,  guérison. 

3*"  Villemin  a  vu  une  fîlle  de  onze  ans  présenter  une  tumeur  analogue 
à  la  paume  de  la  main  gauche.  Extirpation,  guérison, 

Diana  sindrome  premonitoria délia  stomatite  aftosa  (Syndrome  prémo- 
nitoire de  la  stomatite  aphteuse),  par  le  D'  Cesare  Minerbi  {Riv.  di  Clin. 
Ped.,  juillet  1906). 

Avant  Tapparition  des  vésicules,  il  peut  se  présenter  des  symptômes 
nerveux  inquiétants,  d'autant  plus  que  le  diagnostic  n'est  pas  encore 
assuré.  On  peut  cependant  prévoir  la  stomatite  à  l'existence  de  ces  deux 
sipnes  :  tunriéfaction  du  rebord  gingival,  tuméfaction  des  ganglions 
an^'ulo-maxillaires. 

M.  Minerbi  a  déjà  insisté  sur  la  valeur  séméiologique  de  ces  ganglions 
lymphatiques  situés  entre  l'angle  de  la  mâchoire,  le  bord  antérieur  du 
sterno-cleïdo-mastoïdien  et  la  grande  corne  de  l'os  hyoïde.  Ces  ganglions 
reçoivent  les  vaisseaux  lymphatiques  des  amygdales;  ils  sont  placés 
entre  les  deux  feuillets  de  la  cloison  fibreuse  sous-maxillo-parolidienne, 
qui  sépare  la  parotide  de  la  glande  salivaire  sous-maxillaire. 

\  la  période  prémonitoire  de  la  stomatite  aphteuse,  les  ganglions 
lymphatiques  tonsillaires  seuls  s'engorgeraient,  tandis  que  les  ganglions 
sous-maxillaires  ne  seraient  pris  qu'après  la  sortie  des  aj)htes  (infection 
secondaire  des  vésicules  par  les  pyogènes). 

Do  cette  évolution  particulière  des  adénopathies,  M.  Minerbi  tire  des 
conclusions  intéressantes. 

Le  virus  spécifique  de  la  stomatite  aphteuse  se  frayerait  un  passage 
à  travers  les  amygdales  (le  plus  souvent  les  amygdales  palatines,  parfois 
les  pharyngées);  arrivé  dans  le  courant  sanguin,  il  allumei'ait  la  fièvi-e  et 
provoquerait  successivement  l'éruption  des  vésicules  aphteuses  sur  la 
muqueuse  buccale,  qui  représentent  ainsi  un  énan thème  spécitique. 

Osserrazioni  e  rîcerche  sul  noma  ^r^bservalions  et  recherclies  sur  le 
noma),  parle  D"*  Ettore  Rave>ma  'La  /Wm^rta,  juin  et  juillet  iOOOi. 

L'auteur  a  recueilli  8  observations  et  s'est  livré  à  de  nombreuses 
recherches  bactériologiques.  Il  établit  que  le  noma  est  une  maladie 
infectieuse.  Il  est  probable  que  la  gangrène  est  précédée  par  l'invasion 
microbienne.  Parfois  une  carie  dentaire  ou  un  foyer  d'ostéomyélite  a  pu 
servir  de  porte  d'entrée. 


56  ANALYSES 

Parmi  les  microbes  rencontrés,  il  faut  signaler  les  spirilles,  qui  n'ont 
manqué  dans  aucun  des  8  cas  :  filaments  étroits,  longs  de  6  à8  {x,  faisant  trois 
ou  quatre  tours,  avec  extrémitéspointues.Onles  trouve  surtout  abondants 
à  la  zone  frontière  du  noma.  Le  bacille  fusiforme  de  Vincent  a  été  trouvé 
associé  aux  spirilles  dans  4  cas  sur  8  :  bacille  long  de  3  {i,  5  à  4  tx,  avec 
épaisseur  au  centre  de  0  (x,8  à  1  [x.  D'autres  bacilles  ont  été  rencontrés  à  la 
limite  du  foyer  gangreneux,  rappelant  les  formes  décrites  par  Guizzetti  : 
longueur  de  3  [j.,  bacilles  droits  ou  incurvés,  etc. 

Faut-il  en  conclure  que  la  stomatite  gangreneuse  est  due  à  la  symbiose 
fuso-spiriliaire?  C'est  Topinion  de  Rona,  que  l'auteur  n'adopte  pas. 

11  a  trouvé,  dans  presque  tous  ses  cas,  un  autre  bacille  à  longs  fila- 
ments, rappelant  un  peu  le  leptothrix  buccal.  Ce  bacille  peut  être  trt's 
abondant  au  sein  des  tissus  gangreneux  et  semble  l'emporter  sur  les 
autres  microbes.  Enfin  la  présence  de  cocci  a  été  notée  à  la  surface  des 
foyers  sphacélés  (staphylocoque  doré,  blanc  et  citrin,  streptocoque). 

D'après  ces  recherches,  il  n'est  pas  possible  de  conclure  en  faveur  de 
tel  ou  tel  microbe,  et  nous  devons  rester  dans  le  doute  sur  la  bactério- 
logie du  noma. 

Phlegmon  infectiouz  da  plancher  de  la  bonche,  angine  de  Lndwig,  par 

le  D*"  GuYOT  (Jour,  de  méd.  de  Bordeaux ^  7  oct.  1906). 
.  Garçon  de  dix  ans,  atteint  de  fièvre  depuis  quelques  jours,  avec  adynamie, 
faciès  infecté  :  cou  immobilisé,  bouche  entrouverte,  salivation.  La  langue 
paraît  soulevée  par  sa  base;  sa  face  inférieure  affleure  le  bord  libre  des 
dents  ;  région  sus-hyoïdienne  empâtée  dans  son  ensemble  ;  dureté,  dou- 
leur, sans  fluctuation.  Le  doigt,  porté  sur  le  plancher  de  la  bouche,  fait 
sentir  cette  induration  ligneuse  sans  qu  on  puisse  affirmer  que  le  pus  soit 
collecté.  Après  anesthésie,  incision  longitudinale,  sonde  cannelée 
introduite  profondément,  il  s'écoule  un  pus  fétide  en  petite  quantité.  Le 
bistouri  avait  rencontré  des  tissus  infiltrés  lardacés. 

L'examen  bactériologique  du  pus,  pratiqué  par  M.  Sabrazès,  a  donné 
des  streptocoques  en  chaînettes  assez  longues  et  une  bactérie  filamenteuse. 

Impossible  de  trouver  la  porte  d'entrée  de  cette  angine  de  Ludwig,  ou 
phlegmon  infectieux  du  plancher  de  la  bouche. 

Les  injections  d'ean  de  mer  isotonique,  plasma  de  Qointon,  dans 
rhémophilie  des  nouyeau-nés,  par  MM.  Pelissaro  et  Bexhamou  (Presse 
médicale  y  26  sept.,  1906). 

Le  9  février  1906,  une  femme  accouchée  l'avant- veille  observe  chez 
son  enfant  des  éraflures  multiples  de  la  face,  laissant  sourdre  du  sanj;. 
En  môme  temps  que  la  peau,  le  nez  surtout  à  droite,  les  oreilles  surtout 
la  droite,  la  paupière  supérieure  droite,  saignaient  abondamment.  De 
plus,  l'entant  avait  eu  plusieurs  selles  noires  comme  de  la  suie. 

Cependant  l'enfant  n'avait  pas  de  stigmates  syphilitiques,  son  poids  était 
de  3  850  grammes,  sa  taille  de  55  centimètres.  La  mère,  saine,  avait  eu 
plusieurs  autres  enfants  bien  portants.  Pas  d'hémophilie  dans  la  famille. 

Échec  des  tampons  à  l'antipyrine  au  1/iO,  des  attouchements  à 
l'eau  oxygénée,  au  sérum  gélatine.  Les  9  et  10  février,  le  sang  continue 
à  couler,  chassant  les  caillots  qui  se  forment.  M.  Rouvier  injecte  alors,  au 
niveau  de  l'omoplate,  10  centimètres  cubes  de  sérum  Quinton;  l'écoule- 
ment de  sang  diminue  et  s'arrête  deux  ou  trois  heures  api*ès.  Le  42. 
nouvelle  injection  de  10  centimètres  cubes  par  prudence.  Èlat  général 
excellent.  Le  20,  dernière  injection.  Guérison  complète  dès  la  première 
injection. 


THÈSES  ET   BROCHURES  57 


THÈSES  ET  BROCHURES 

Métrorragies  de  la  puberté,  par  le  D'  P.  Hours  {Thèse  de  Parts,  26  mai 
1906,  132  pages). 

Celte  thèse,  qui  contient  15  observations,  montre  que  les  métrorragies 
de  ia  puberté  peuvent  provenir  de  causes  variées  :  métrite  fongueuse  due 
à  une  infection  venue  du  vagin,  néoformalions  utérines,  congestion  des 
annexes  par  tare  personnelle  ou  héréditaire.  La  plupart  des  maladies 
générales  toxi-infectieuses,  les  fièvres  éruptives  peuvent  aussi  produire 
des  pertes  intermenstruelles.  Les  maladies  du  cœur,  du  foie,  des  reins,  de 
même.  Il  y  aune  chlorose  ménorragique  qui  peut  entraîner  des  métror- 
ragies. Parfois  on  peut  incriminer  Thémophilie  ;  ailleurs  c'est  le  purpura 
qui  sera  en  cause. 

L'apparition  de  la  puberté  elle-même,  avec  son  influence  sur  les  glandes, 
peut  concourir  à  la  production  des  hémorragies. 

Le  traitement  devra  viser  non  seulement  le  symptôme,  mais  la  cause 
qui  le  produit. 

La  mythomanie,  par  le  D'  A.  Trannoy  {Thèse  de  Paris,  3  mai  1906, 
82  pages). 

Dans  celte  étude  psychologique  et  médico-légale  du  mensonge  et  de  la 
fabulation  morbides,  inspirée  par  M.  Dupré,  l'auteur  rapporte  22  obser- 
vations, dont  plusieurs  concernent  des  enfants. 

La  mythomanie,  physiologique  chez  l'enfant  normal,  où  elle  est  mieux 
dénommée  nclivité  mythique,  devient  pathologique  chez  l'enfant  anormal. 
C'est  chez  l'adolescent,  chez  les  filles  surtout,  qu'on  rencontre  les  formes 
les  plus  variées.  On  distingue  l'altération  de  la  vérité,  la  simulation,  la 
fabulation  fantastique  vaniteuse,  maligne  ou  perverse.  La  mytliomanie 
est  souvent  associée  a  l'hystérie. 

Au  point  de  vue  médico-légal,  le  témoignage  de  l'enfant  sera  considéré 
fommetrès  suspect;  dans  tous  les  cas,  l'expertise  médico-légale  s'impose 
pour  éviter  de  regrettables  erreurs  judiciaires. 

Étude  sur  la  mortalité  infantile,  par  le  D'  P.  Monory  {Thèse  de  Paris ^ 
17  mai  1906,  80  pages). 

Dans  ce  travail,  fait  aux  dispensaires  de  la  caisse  des  écoles  du  Vll«  arron- 
dissement, Fauteur  montre  que  la  natalité  et  la  mortalité  évoluent  paml- 
Jèlement.  Quand  il  y  a  beaucoup  d'enfants,  la  mortalité  est  forte  ;  quand 
il  y  en  a  peu,  elle  est  faible.  La  mortalité  infantile,  aussi  bien  dans  le 
groupe  d'âge  de  zéro  à  un  an  que  dans  les  suivants,  est  d'autant  plus 
considérable  que  la  famille  est  plus  nombreuse.  Malgré  celle  grande 
mortalité,  le  nombre  des  survivants  est  toujours  supérieur  t\  celui  des 
familles  peu  nombreuses  et  à  faible  natalité.  Si  les  œuvres  d'assistance  de 
l'enfance  et  particulièrement  les  consultations  de  nourrissons  ne  peu- 
vent modifier  les  conditions  économiques  du  pays  et  faire  augmenter  sa 
natalité,  elles  ont  du  moins  montre  qu'elles  étaient  capables  de  diminuer 
notablement  la  mortalité  infantile  ôt  de  compenser  dans  une  certaine 
mesure  Tinsuffisance  de  la  natalité. 

Les  consnltations  de  noarrissons  et  Tallaitement  maternel,  par  le 
IKCb.  Flour  {Thèse  de  Paris,  31  mai  1900,  56  pages). 

Celte  thèse,  inspirée  par  le  D'  Bresse t,  est  basée  sur  de  nombreuses 
obset*vations   recueillies  aux  dispensaires  de    la  caisse  des    écoles  du 


58  ANALYSES 

Vil"  arrondissement.  EUe  pose  en  principe  que  le  premier  devoir  du  méde- 
cin qui  dirige  une  goutte  de  lait,  une  consultation  de  nourrissons,  un  dispen- 
saire, est  de  favoriser  par  tous  les  moyens  possibles  Tallaitement  mater- 
nel, considérant  Tallaitement  artificiel  comme  un  pis  aller.  En 
persévérant,  le  médecin  peut  obtenir,  au  bout  de  quelques  années,  à  sa 
consultation,  que  toutes  les  mères  capables  d'allaiter  leui'S  enfants 
s'acquittent  de  ce  devoir.  Exemple  : 

Dans  une  première  série  de  139  nourrissons,  la  proportion  d'allaitements 
artificiels  a  été  de  30,7  p.  100.  Dans  une  deuxième  série  de  168  enfants 
conduits  par  les  mêmes  femmes,  dans  la  suite,  la  proportion  d'allaitements 
artificiels  est  tombée  à  6,5  p.  100. 

Ces  chifTi^s  sont  tout  à  l'bonneur  des  consultations  de  nourrissons,  telles 
que  les  a  préconisées  le  D'  Budin. 

Le  dispensaire  de  la  caisse  des  écoles  da  VII^"  arrondissement,  par  le 
D'Maumené  (Thèse  de  Paris,  13  juin  1906,  90  pages). 

Cet  intéressant  travail  donne  la  statistique  de  dix-huit  années.  Le 
10  octobre  1887,  M.  Ch.  Risler,  maire  du  VIl^  arrondissi?ment,  créait 
pour  les  enfants  de  la  population  ouvrière  des  \[^,  Vli*  et  XV- '^  arrondisse- 
ments, le  dispensaire  de  la  rue  Oudinot.  Dans  cette  thèse,  Tauteur  com- 
mence par  étudier  la  consultation  de  nourrissons,  pour  terminer  par  la 
consultation  de  médecine  générale. 

La  consultation  de  nourrissons  ne  vise  pas  à  remplacer  la  mère,  mais  a 
pour  but  de  lui  faciliter  l'accomplissement  de  sa  tâche.  Encourager,  sur- 
veiller, aider  par  des  aliments  ou  des  médicaments,  donnés  aux  mères- 
nourrices,  Tallaitement  maternel,  le  seul  rationnel,  est  avant  tout  la 
préoccupation  de  ceux  qui  dirigent  le  dispensaire.  On  ne  distribue  le  lait 
stérilisé  (gratuitement  ou  demi-gratuitement)  que  s'il  est  absolument 
nécessaire,  pour  ne  favoriser  à  aucun  litre  rallaitement  artiticiei,  consi- 
déré avec  raison  comme  un  pis  aller.  Cependant,  depuis  1898,  il  a  été 
distribué  plus  de  176  024  litres  de  lait  stérilisé,  dont  18875  gratuitement. 

A  la  consultation  de  médecine  générale,  tous  les  médicaments,  panse- 
ments, bandages  et  appareils  orthopédiques  sont  délivrés  gratuitement. 
On  a  essayé  de  faire  la  prophylaxie  et  le  traitement  de  la  tuberculose  au 
dispensaire.  Dans  leur  ensemble,  ces  œuvres  sont  de  véritables  écoles  de 
puériculture. 

Comme  nous  n'avions  cessé  de  le  dire  dans  tous  les  comptes  rendus 
des  dispensaires  d'enfants  de  la  Société  philanthropique,  qui  fonctionnent 
depuis  vingt-quatre  ans,  les  dispensaires  donnent  aux  familles  pauvres  la 
possibilité  de  soigner  chez  elles  leurs  enfants  malades,  sans  prétendre 
pour  cela  remplacer  les  hôpitaux,  mais  en  évitant  dans  la  mesure  du  pos- 
sible les  dangers  de  l'hospitalisation. 

Outre  cette  préservation  du  lien  familial,  les  dispensaiiTs  d'enfants 
luttent  avec  efficacité  contre  la  mortalité  infantile  en  enseignant  aux 
mères  Tart  de  nourrir  leurs  enfants.  Nous  sommes  heureux  de  voir  les 
médecins  qui  ont  dirigé  le  Dispensaire  de  la  caisse  des  écoles  du 
Vil"  arrondissement,  et  en  particulier  le  D"*  Bresset  et  ses  élèves,  confir- 
mer les  résultats  déjà  obtenus  par  la  Société  philanthropique,  qui  a  été  à 
Paris,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  la  grande  initiatrice  des  dispensaires  d'en- 
fants. 

De  la  diphtérie  ambulatoire  des  fosses  nasales  et  du  cavam,  par  le 

D'  Ch.  Fasecille  [Thèse  de  Paris,  24  mars  1906,  182  pagesl. 
Cette  thèse,  inspirée  par  le  D»*  Chatellier,  contient  97  observations.  Elle 


THÈSES  ET   BROCHURES  59 

montre  que  la  diphtérie  nasale  est  fréquente  et  souvent  méronnue.  On  la 
voit  surtout  chez  les  nourrissons.  Elle  se  comporte  au  déi)ut  comme  une 
alTection  ambulatoire.  Ëtat  général  bon,  état  local  peu  significatif.  Sans 
doute  les  rhinites  aiguës  obstruantes  à  fausses  membranes  doivent  faire 
songer  à  la  diphtérie;  mais  certaines  rhinites  aiguës  sans  caractères 
spéciaux,  sans  fausses  membranes,  sont  causées  elles  aussi  ))ar  le  bacille 
de  Lôffler.  Souvent  la  diphtérie  nasale  a  une  marche  lente  qui  peut 
tromper. 

Ces  formes  ambulatoires  sont  dangereuses  et  exposent  à  la  contagion. 

Chez  l'enfant,  on  devra  songer  à  la  diphtérie  chaque  fois  qu'un  coryza 
un  peu  intense  et  prolongé  existera,  même  sans  fausses  membranes.  A 
plu«  forte  raison  on  suspectera  les  rhinites  fibrineuses.  Dans  tous  ces  cas, 
l'examen  bactériologique  est  de  rigueur. 

Le  traitement  par  le  sérum  s'impose,  et  les  malades  doivent  être  isolés. 
La  prophylaxie  repose  sur  cette  double  base. 

La  syphilis  héréditaire  et  l'hérédité  syphilitique,  par  le  D'  P.-L. 
Gastou  (Broch.  de  204  pages,  Paris,  1906). 

Cet  important  travail,  présenté  sous  forme  de  rapport  au  (congrès  de 
Lisbonne,  distinguela  syphilis  héréditaire  de  Yhérédité  syphilitique.  Syphilis 
héréditaire  veut  dire  transmission  directe,  en  nature,  de  la  syphilis  des 
paients  aux  enfants.  Hérédité  syphilitique  indique  seulement  le  trouble 
qu'apporte  la  syphilis  des  parents  dans  l'évolution  normale  du  produit  de 
la  conception.  Les  accidents  de  la  syphilis  héi-édi taire  sont  toujours  de 
nature  syphilitique;  les  modiiicalions  (\ue  produit  l'hérédité  syphilitique 
"^ont  simplement  d'origine  syphiliti(|ue.  La  syphilis  héréditaire  donne  des 
lésions  spécifiques  [Spirochxte);  Ihéréiiité  syphiliticjue  produit  des  tares 
organiques  ou  fonctionnelles»,  des  troubles  de  nutrition  ou  de  développe- 
ment sans  caractère  spécificjue. 

Partant  de  ces  principes,  M.  Gastou  étudie  avec  détail  toutes  les  moda- 
lités de  ces  deux  espèce»  d'hérédité;  des  innombrables  faits  qu'il  rapporte 
ou  qu'il  invoque,  il  résulte  que  la  syphilis  des  parents  manifeste  son  action 
Mir  la  descendance  : 

1**  D'une  façon  négative  ; 

2^  Par  la  mort  ; 

3'^  Par  des  accidents  syphilitiques  ; 

4«  Par  des  dyStrophies. 

Os  dernières  n'ont  aucun  caractère  spécilique  qui  les  distingue  de 
rhérédo-toxi-infection  en  général  :  hérédo-tuberculose,  lièrrdo-alcoo- 
lisme,  etc. 

Le  travail  de  M.  Gastou  est  très  intéressant  et  utile  à  consulter. 

Du  suicide  chez  les  enfants,  par  le  D'*  .1.  Moreau  (de  Tours  (Thèse  de 
Pari-v,  1900,  HO  pages). 

Les  enfants,  dont  l'hérédité  nerveuse  est  très  accusée,  sont  exposés  au 
>uicide  comme  les  adultes.  Le  chagrin,  la  pour  de  reproches  mérités,  une 
oinli-ariété,  une  réprimande,  une  impulsion,  la  jalousie,  un  penchant 
i^onibattu,  une  cause  futile,  etc.,  se  rencontrent  à  l'origine  des  suicides 
»*hvz  les  enfants.  On  a  vu  des  suicides  à  deux.  En  1894,  à  Vienne,  deux 
enfantin  (neuf  et  treize  ans),  ayant  de  mauvaises  notes  à  l'école  et  craignant 
les  obser>-ations  de  leurs  parents,  prennent  le  parti  de  mourir  ensemble. 
Après  avoir  écrit  une  lettre  à  leur  mère,  ils  enjambent  le  parapet  du  pont 
Stéphanie  et  sont  engloutis  par  le  Danube. 

Il  faut  prévenir  le  suicide  par  une  bonne  éducation,  qui  tiendra  compte 


GO  ANALYSES 

de  la  susceptibilité  des  enfants,  de  leurs  facultés  affectives,  de  leurs 
passions,  etc.  L'imitation  joue  un  rôle  dans  la  production  des  suicides  ;  les 
récits  des  journaux,  les  illustrations  qui  les  accompagnent  ont  un  effet 
désastreux,  qu'il  faudra  combattre. 

Des  anéyrysmes  de  l'aorte  d'origine  rhumatismale,  par  le  D*^  J.  FnTArn 

{Thèse  de  Pa/is,  juin  1906,  80  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Renon,  contient  5  observations  recueillies 
chez  de  jeunes  sujets  (enfants,  adolescents).  Chez  Tadulte,  ranévrysme  de 
Faorte  est  presque  toujours  d'origine  syphilitique.  On  peut  donc  admettre, 
d'après  les  observations  détaillées  de  la  thèse  de  M.  Feytaud,  que  le 
rhumatisme  articulaire  aigu  est  une  cause  d'anévrysmes  de  l'aorte.  Les 
anévrysmes  de  l'aorte  d'origine  rhumatismale  appartiennent  surtout  à  la 
seconde  enfance  et  à  l'adolescence.  Ils  siègent  sur  la  portion  ascendante 
de  la  crosse  aortique  et  se  développent  à  droite  et  en  avant.  Us  s'accom- 
pagnent d'insuffisance  aortique  et  d'hypertrophie  cardiaque.  A  chaque 
poussée  rhumatismale  nouvelle,  ils  s'accroissent  et  s'aggravent.  Marche 
progressive  et  fatale. 

Rubéole  et  scarlatinéole,  par  le  0^  (7.  Dureaù  (Thèse  de  Pam,  juin  1006, 
V)ù  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Aviragnet,  contient  24  observations  (dont 
14  fournies  par  M.  Comby).  Elle  montre  que  la  rubéole,  maladie  spécifique 
et  contagieuse,  est  polymorphe  dans  ses  manifestations  cutanées.  Elle  est 
tantôt  morbilliforme,  tantôt  scarlatini forme,  tantôt  mixte.  On  a  essayé  de 
démembrer  la  rubéole  au  profit  d'une  quatrième  malcuiie  (Cl.  Dukes;,  (pie 
Filatow  avait  distinguée  sous  le  nom  de  rubéole  scarlatineuse.  Mais  celte 
variété,  que  M.  Dureau  appelle  scarlatinéole,  n'est  que  la  rubéole  scarlati- 
niforme.  Elle  ne  diffère  pas  des  autres  variétés  morbilliforme,  ou  poly- 
morphe, qui  peuvent  se  rencontrer  concurremment  avec  elle  ou  lui 
succéder,  ou  la  précéder.  La  filiation  des  cas  et  l'étude  des  épidémi(»s 
montrent  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'accomplir  le  démembrement  voulu  par 
Cl.  Dukes. 

Le  mongolisme  infantile,  par  le  D**  Jean  Séris  (Thèse  de  Paris,  juin  1906, 
80  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  .M.  Comby,  contient  6  observations,  qui 
résument  bien  les  principaux  traits  de  cette  singulière  anomalie.  Le 
mongolisme  est  une  variété  d'idiotie  congénitale  caractérisée  objective- 
ment par  le  faciès  asiatique.  L'enfant,  à  peine  né,  présente  l'apparence 
d'un  bébé  chinois  ou  japonais.  En  même  temps  il  se  développe  mal, 
mai-che  tard,  parle  tard,  est  incapable  de  s'élever  à  un  degré  moyen 
d'instruction.  Penchant  très  marqué  à  l'imitation  et  goût  très  vif  pour  la 
musique.  L'avenir  des  mongoliens  est  peu  brillant  ;  la  plupart  meurent 
jeunes,  car  ils  sont  très  fragiles  et  contractent  facilement  des  infections 
broncho-pulmonaires  mortelles.  Ceux  qui  survivent  sont  peu  perfectibles. 

La  fréquence  de  cette  variété  d'idiotie  est  très  grande,  quand  on  sait  la 
distinguer  du  rachitisme,  du  myxœdème,  de  l'achondroplasie,  avec 
lesquels  elle  n'a  que  de  grossières  analogies. 

La  cause  est  un  arrêt  de  développement  du  cerveau  qui  se  fait  dans  les 
premiers  mois  de  la  grossesse  sous  l'influence  des  chagrins,  des  émotions 
morales  vives,  éprouvées  par  la  mère.  A  l'autopsie,  on  trouve  un  cerveau 
aux  circonvolutions  rudimentaires,  larges,  aplaties,  peu  contournées 
(lissencéphalie);  pas  de  lésion  localisée;  symétrie  parfaite.  En  même 
temps  on  relève  l'intégrité  du  corps  thyroïde  et  du  thymus. 


SOCIÉTÉ    DE    PÉDIATRIE  01 


u  VUES 

Traité  des  maladies  de  Tenfance,  par  ]eD''J.  Comby  (1  vol.  de  1020  pages, 
5*  édition,  Paris,  1907  ;  Rueff,  éditeur.  Prix  :  25  francs). 

Cette  cinquième  édition,  revue  et  augmentée  suivant  Tusage,  est 
cependant  moins  volumineuse  que  la  quatrième  édition.  En  augmentant 
le  nombi^  de  lignes  à  la  page  et  de  lettres  à  la  ligne,  on  a  pu  faire 
l'économie  de  plus  de  160  pages,  ce  qui  allège  singulièrement  Fouvrage. 
Cependant,  près  de  50  articles  nouveaux  ont  pu  trouver  place  dans  ce 
traité,  tenu  ainsi  soigneusement  au  courant  de  la  science,  et  pouvant 
être  considéré  comme  le  plus  complet  des  ouvrages  similaires. 

Parmi  les  articles  nouveaux,  nous  signalerons  :  érythème  épidémique, 
dengue,  dysplasie  périostale,  mélanoglossie,  langue  scrotale,  stomatite 
nécrosante  des  nourrissons,  angine  de  Vincent,  tumeurs  de  Tamygdale, 
géophagie,  dilatation  avec  hypertrophie  du  côlon,  rétrécissement  congé- 
Dilal  de  Fintestin,  hémorroïdes,  abcès  sous-phréniques,  ictère  à  rechute, 
ictère  grave,  tumeui^  malignes  du  foie,  tumeurs  malignes  de  l'ovaire, 
polypes  muqueux  du  nez,  emphysème  sous-cutané,  tumeurs  malignes  du 
poumon  et  de  la  plèvre,  poumon  syphilitique,  maladies  des  artères  et 
des  veines,  surdité  verbale,  encéphalite  aiguë,  hémiplégie  pédonculaire 
(syndromes  de  Weber  et  de  Benedickt),  idiotie  amaurotique  familiale, 
oxycéphalie,  mongolisme,  démence  précoce,  syringomyélie,  atonie  mus- 
culaire congénitale,  paramyoclonus  multiplex ^  astasie-abasie,  chloroma, 
lichen  de  Wilson,  granulosis  rubra  nasiy  impétigo  de  Bockhart,  tumeurs 
malignes  de  la  peau,  adipose  douloureuse,  etc. 

11  va  sans  dire  que  les  anciens  articles  ont  été  revus,  corrigés,  remaniés 
autant  que  possible,  suivant  les  progrès  de  la  pédiatrie.  Quelques  modi- 
iîcations  ont  été  apportées  aussi  au  plan  général.  Bref,  rien  n'a  été 
négligé  pour  rendre  cet  ouvrage  digne  de  la  faveur  qui  lui  a  été  témoi- 
gnée. 

Spina  bifida,  anatomie  pathologique  et  embryogénie,  par  le  D'  iM.  De- 
xLXÉ(vol.  de  620  pages,  Paris,  1906;  0.  Doin,  éditeur.  Prix,  10  francs). 

Aprèsune  définition  du  spinabifidUi  et  un  historique  complet,  M.  Denucé 
aborde  les  formes  anatomiques  :  raschischisis,  myéloméningocèle,  myé- 
locystocèle,  myélocyslo-méningocèle,  méningocèle,  diastématomyélocèle, 
diastématomyéloméningocèle,  spina  bifida  occulta,  spina  bifida  antérieur.  11 
n'oublie  pas  les  formes  rares  et  compliquées,  le  spina  bifida  compliqué  de 
tumeurs  solides  ou  kystiques,  les  tumeurs  congénitales  sacro-coccy- 
giennes,  etc.  Ënfm,  dans  une  dernière  partie,  qui  ne  manque  pas  d'impor- 
tance, il  traite  de  l'embryogénie,  de  la  tératogénie  du  spina  bifida.  En 
somme,  ouvrage  très  complet  et  très  intéressant  pour  les  chirurgiens 
d'enfants.  Peut-être  aurait-on  pu  illustrer  de  quelques  figures  dans  le  texte 
une  description  forcément  aride. 


SOCIÉTÉ  DE  PÉDIATRIE 

Séance  du  18  décembre.  —  Présidence  de  M.  Gomby. 

Élections.  —  MM.  les  D"  Papillon,  Guillemot  et  Veau  sont  nommés 
membres  de  la  iSociété  de  Pédiatrie.  M.  Netter  est  nommé  président; 


G2  SOCIÉTÉ    DE    PÉDIATRIE 

M.  ViLLEMiN,  vice-président;  M.  Halle,  trésorier;  MM.  Tollemer  et  Bezançon 
sont  nommés  secrétaires. 

M.  CoMBY  a  observé  72  cas  de  vomissements  cycliques  (32  garçons, 
40  filles),  dont  trois  familiaux  (trois  frères,  une  sœur  et  un  frtM*e,  deux 
sœurs  jumelles).  Antécédents  arthritiques  fréquents.  L'entéro-colite  muco- 
membraneuse  a  été  relevée  24  fois  (plus  de  30  p.  100),  la  constipation 
habituelle  et  opiniâtre  58  fois  (80  p.  100);  les  troubles  digestifs  divers 
(dilatation  de  l'estomac,  odeurs  désobligeantes  de  Thalcine),  56  fois.  U 
.semble  bien  que  le  syndrome  des  vomissements  cycliques  gravite  autour 
du  tube  digestif.  Les  relations  avec  Tappendicite  sont  très  importantes; 
18  fois  sur  72  cas,  Tappendicite  a  pu  être  décelée  à  courte  ou  longue 
échéance.  En  présence  des  vomissements  cycliques,  il  faut  donc  toujours 
envisager  la  possibilité  d'une  appendicite  et  diriger  dans  ce  sens  les 
efforts  de  la  thérapeutique  et  de  la  prophylaxie. 

M.  RicHARDiRREne  croit  pas  à  l'autonomie  des  vomissements  cycliques, 
qui  peuvent  dériver  de  causes  multiples  et  disparates.  C'est  un  syndrome, 
ce  n'est  pas  une  maladie. 

M.  Marfan  a  déjà  dit  qu  on  ne  connaissait  pas  la  cause  exacte  des 
vomissements  périodiques  ;  pour  ne  pas  créer  de  confusion,  il  faut  bien 
définir  le  symptôme,  qui  se  révèle  à  l'occasion  d'influences  très  diverses. 
Ces  causes  occasionnelles  (appendicite,  entérite,  fièvres,  etc.),  pour  être 
efficaces,  exigent  la  prédisposition  de  l'enfant. 

M.  Méry  a  constaté  également  la  multiplicité  des  causes  provocatrices; 
un  enfant,  qu'il  a  observé,  faisait  des  vomissements  incoercibles  à 
l'occasion  de  toutes  ses  maladies  (pneumonie,  fièvre  typhoïde,  etc.'i.  11 
a  fini  par  en  mourir. 

M.  Variot  présente  un  garçon  de  cinq  ans  et  demi  ayant  des  crises 
chorèiformes  calmées  par  le  café  et  la  caféine. 

M.  Marfan  pense  qu'il  pourrait  bien  être  question  d'hystérie,  et 
conseille  d'isoler  l'enfant,  de  le  séparer  de  sa  mère. 

MM.  Méry  et  ârmand-Delille  présentent  deux  enfants  atteints  de 
syphilis  héréditaire  tardive  avec  ulcération  de  la  gorge.  L'un  a  parfaitement 
guéri  par  le  traitement  mercuriel.  L'autre,  outre  sa  syphilis  pharyngée, 
présente  une  kératite,  un  gros  foie,  une  grosse  rate,  une  arthropathie, 
des  ganglions  hypertrophiés.  Il  semble  que,  chez  ce  dernier  malade,  la 
syphilis  soit  associée  à  la  tuberculose. 

M.  Barbier  a  vu  un  cas  où  cette  association  existait  ;  le  mercure  a  fait 
disparaître  rapidement  une  kératite  interstitielle,  sans  guérir  une  arthro- 
pathie du  genou  ;  l'injection  de  tuberculine  a  amené  une  réaction  à  BS*»,  5. 
Il  y  avait  tuberculose  en  môme  temps  que  syphilis. 

M.  Marfan  dit  que  l'ineflicacité  du  traitement  mercuriel,  dans  un  cas 
grave  avec  arthropathies,  viscéropathies,  etc.,  tie  prouve  pas  que  la 
syphilis  soit  absente  et  la  tuberculose  présente.  Il  a  pu  voir  à  fautopsie 
des  gommes  du  crâne,  du  foie,  du  coude,  qui  avaient  résisté  au  traitement 
spécifique. 

M.  Lemaire  fait  une  communication  sur  six  cas  intérieurs  de  fièvre 
typhoïde. 

MM.  Weill  et  Dauvergne  ont  essayé  la  sérumthérapie  antidysentérique 
dans  les  diarrhées  de  la  première  enfance.  Ils  n'ont  obtenu  que  des 
résultats  négatifs.  Mais  l'examen  des  selles  n'avait  pas  permis  de  retrouver 
le  bacille  de  Shiga.  Il  n'y  a  donc  pas  de  conclusion  à  tirer  de  cette 
étude. 


NOUVELLES  03 


NOUVELLES 

UniTeraité  de  Vienne.  —  Le  D''  Hochsincer  a  élé  nommé  prival-docent 
de  pédiatrie  à  Ttlniversité  de  Vienne  (Autriche). 

UniTersité  de  Rome.  —  Le  D'  Riccardu  Simomm  a  été  nommé  privat- 
docent  de  pédiatrie  à  TUniversité  royale  de  Rome. 

Hôpital  suburbain  de  Bordeanx.  —  Nous  avons  annoncé  en  son  temps 
\Arch.  de  médecine  des  enfants^  1903,  page  704)  Touverture  d'un  hôpital 
suburbain  d'enfants  au  Bouscat  (hanlieue  de  Bordeaux).  Le  5  novembre 
1906,  a  été  inauguré,  dans  cet  hôpital,  un  nouveau  pavillon  pour  les  enfants 
arriérés  et  mentalement  anormaux.  Peu  à  peu,  cet  hôpital,  dû  à  la  géné- 
reuse initiative  du  D'  Délaye,  complète  ses  services,  et  il  faut  souhaiter 
qu'il  se  développe  encore,  pour  le  plus  grand  bien  de  la  population  indi- 
gente des  campagnes  bordelaises. 

Maison  maternelle.  —  En  1891,  M"^<^  Louise  Koppe  a  fondé  la  Maison 
maternelle,  pour  recevoir  les  enfants  de  trois  à  douze  ans,  privés  momen- 
tanément de  domicile.  M"*  Angèle  Koppe  a  développé  cette  œuvre,  en 
l'installant  rue  Man in,  386t5(XIX<'  arrondissement),  dans  un  immeuble  neuf 
pouvant  recevoir  135  enfants.  La  dépense  de  premier  établissement  s'est 
élevée  à  256  OOO  francs  (66000  francs  pour  achat  du  terrain,  180000  francs 
pour  construction,  10  000  francs  pour  installation). 

Sur  6457  enfants  recueillis  jusqu'à  ce  jour,  il  y  en  avait  : 

De  parents  sans  travail 1  323 

—       —       malades .' 874 

De  veuves  sans  travail 1  2C1 

De  veufs 672 

De  filles-mères h79 

De  femmes  abandonnées  ou  divorcées 1 052 

D^hommes  abandonnés  ou  divorcés  .• ;)06 

De  parents  décédés 91 

Le  prix  de  la  journée  n*atteint  pas  1  franc  (0  fr.  86  pour  l'entretien  et 
la  nourriture).  Trois  repas  par  jour  :  1°  déjeuner,  soupe  et  pain  ; 
2»  déjeuner,  viande  et  légume;  3°  diner,  soupe  et  légume.  Comme  bois- 
son, du  coco.  Vont  à  l'école  communale  90  enfants;  les  autres  sont 
instruits  à  la  maison. 

En  été,  les  enfants  sont  envoyés  dans  une  colonie  de  vacances,  à 
Aulhon-du- Perche  (Eure-et-Loir)  :  320  dans  une  saison.  Prix  du  terrain 
et  de  la  construction  :  20  000  francs.  Dépense  annuelle  de  la  Maison 
maternelle  :  40000  francs,  dont  10000  seulement  sont  fournis  par  des 
subventions  de  la  ville,  du  département,  de  l'État.  C'est  une  belle  œuvre. 

Mutations  dans  les  hôpitaux  d'enfants.  —  M.  le  D''  Felizet,  atteint  par  la 
limite  d'âge,  est  remplacé  dans  son  service  de  chirurgie  d'enfants  à 
l'hôpital  Breton neau  par  le  D'  V^illemin. 

A  ce  même  hôpital,  le  D*"  Josias,  décédé,  est  remplacé  dans  son  service 
de  médecine  par  le  D"*  Guinon,  lequel  est  remplacé  à  Thôpital  Trousseau 
par  le  D'  Boulloche. 


Ci  NOUVELLES 

Maladies  des  enfants.  —  Depuis  le  4  décembre,  MM.  les  D'  Armand- 
Delille  et  Babonneix,  chefs  de  clinique,  font  à  Thôpital  des  enfants  les 
mardi,  mercredi  et  vendredi,  à  4  heures,  un  cours  en  30  leçons  sur  les 
maladies  de  l'appareil  respiratoire,  du  cœur  et  du  système  nerveux  chez 
Tenfant.  Le  nombre  des  élèves  est  limité  à  15,  pour  permettre  Texamen 
individuel  des  malades.  Droit  d'inscription  :  100  francs. 

Œuvre  da  bon  lait.  —  M.  Ambroise  Rendu,  avec  la  collaboration  de 
MM.  PoussiNEAU,  Edouard  Juge  et  Maurice  Chotard  (de  la  Mutualité  mater- 
nelle), a  fondé  une  œuvre  philanthropique  de  premier  ordre,  ayant  pour 
but  de  fournir  à  la  classe  ouvrière  du  lait  de  bonne  qualité  et  bon  mar- 
ché (siège  social  :  rue  de  Valois,  17).  Aux  distributions  de  lait  (20  à 
25  centimes  le  litre,  gratuité  au  besoin),  sont  annexés  des  dispensaires  ou 
consultations  de  nourrissons.  Du  l^**  mai  1905  au  30  juin  1906,  on  a  dis- 
tribué 65  930  litres  de  lait.  Cette  œuvre  est  une  arme  excellente  contre  la 
mortalité  infantile. 

École  pour  enfants  arriérés.  —  La  société  unie  du  Lancashire  et  du 
Cheshire  pour  le  traitement  des  faibles  d'esprit  vient  d'acquérir  Warford 
Hallj  près  d'ALDEULEv  Edge  (Cheshire),  non  loin  de  Manchester.  Là  elle 
vient  d'installer  une  école  pour  les  enfants  arriérés  (Boardin'j  school  for 
feeble-minded  children).  Celte  institution,  qui  reçoit  les  enfants  entre  .sept 
et  seize  ans,  à  l'exclusion  des  épileptiques  et  idiots  complets,  s'adresse 
non  pas  aux  indigents,  mais  aux  bourses  moyennes  (60  guinées,  soit 
environ  1575  francs  de  pension  annuelle).  Il  y  a  place  pour  40  pension- 
naires. 

La  maison  est  située  au  milieu  d'un  grand  parc,  dans  un  des  districts 
les  plus  salubres  et  les  plus  riants  du  Cheshire.  Parmi  les  médecins  qui 
ont  la  surveillance  médicale  de  l'école,  se  trouve  le  D' Ashby,  de  Manches- 
ter, un  des  pédiatres  les  plus  éminentk  de  la  Grande-Bretagne. 

Société  d'hygiène  alimentaire.  —  Un  prix  de  5000  francs,  fondé  par  le 
D"*  H.  de  Rothschild,  a  été  attribué  à  MM.  les  D^»  Michel  et  Perret  pour 
leur  mémoire  sur  :  La  ration  alimentaire  de  Venfant  depvis  sa  naissance 
juaqu'à  Vâge  de  deux  ans. 

Faculté  de  Buenos-Aires.  —  Nous  apprenons  avec  plaisir  que  notre 
éminent  collègue  et  ami  le  D""  A.  Centeno,  médecin  en  chef  de  la  Casa  de 
Expôsitos,  vient  d'être  nommé  professeur  de  clinique  pediatrique  à  la  Fa- 
culté de  médecine  de  Buenos-Aires,  en  remplacement  du  D'  Manuel 
Blancas,  décidé. 


Le  Gérant  y 

P.  BOUCHEZ. 


4976-07.  —  CoRREii..  Iinprimt>rie  Éo.  Cr«tA. 


10*  Année  Février  1907  N"  2 


MÉMOIRES    ORIGINAUX 


IV 


LA  RATION  ALIMENTAIRE   DE  L'ENFANT 
DEPUIS  SA  NAISSANCE  JUSQU'A  L'AGE  DE  DEUX    ANS 

Par  la  Dr  HENRI  KLOSE, 

Premier   «nisUnt  de  U    Clinique]  des  mekdiei  de  l'enfance 
de    rUnirenité    de   Strasbourg  (Alsace). 

I 

PORTÉE   DE   l'alimentation   INFANTILE. 

Fréquence  des  troubles  digestifs,  leurs  causes  théoriques  et  pratiques. 
—  Commentaires  pathologiques.  —  Notions  particulières.  —  Visées 
modernes.  —  Médecins  et  cliniques. 

Notre  siècle  a  voué  un  intérêt  particulier  à  tout  ce  qui 
touche  à  Tenfant  :  la  puériculture  est  une  science  contempo- 
raine. Parmi  les  problèmes  les  plus  importants  qu'elle  s'est 
chargée  de  résoudre,  il  convient  de  ranger  celui  qui  a  trait  à 
l'alimentation  des  nourrissons  et  aux  soins  qui  doivent 
assurer  leur  développement  normal.  Le  résoudre  d'une 
manière  rationnelle  n'est  possible  qu'à  la  condition  de  s'ap- 
puyer à  la  fois  sur.  les  résultats  de  l'expérimentation  empi- 
rique et  sur  les  données  théoriques  de  la  physiologie,  de  la 
pathologie  et  de  l'hygiène. 

L'expérience  nous  a  appris  que  les  enfants  ont  bien  plus 
aisément  .et  plus  fréquemment  que  les  grandes  personnes 
différents  troubles  digestifs.  Ceux-ci  sont  en  rapport  avec  la 
nature  et  la  quantité  des  aliments  ingérés.  Il  en  résulte  que 
nous  devons  vouer  une  attention  toute  spéciale  &  l'ordonnance 
des  repas.  Le  meilleur  point  de  repère  est  ici  sans  contredit 
l'exemple  des  bébés  nourris  à  la  mamelle,  qu'il  n'est  pas  rare 
de  voir  se  développer  normalement,  alors  même  que  leurs 

ArCB.  DB  MiDIG.   DES  ENFANTS,  1907.  X.    5 


t56  HENRI    KLOSE 

conditions  d'existence  sont  en  dehors  de  toute  raison.  Néan- 
moins, nous  savions  depuis  longtemps,  pour  Tavoir  observé, 
—  et,  en  nous  fournissant  Texplication  scientifique  de  ce  phé- 
nomène, la  physiologie  du  nourrisson  a  accompli  un  grand 
progrès,  —  que  le  tube  gastro-intestinal  présente  dans  le  jeune 
âge  des  différences  fonctionnelles  non  seulement   quantita- 
tives, mais  encore  qualitatives.  L'insuffisance  de  la  capacité 
fonctionnelle  est  la  base  de  la  compréhension  de  la  ration  ali- 
mentaire chez  Tenfant.  Cette  insuffisance  se  justifie,  du  reste, 
^natomiquement.    En  effet,  tout  d'abord,  en  raison  du  peu 
d'étendue  du  canal  intestinal,  dont  la  longueur  n'est  chez  le 
nourrissson   que    de   3", 50   pour  8    mètres    chez    l'adulte, 
le  passage  à  travers  l'intestin  s'accomplit  beaucoup  plus  rapi- 
dement. En  outre,  le  développement  incomplet  et  le  faible 
calibre  des  glandes  rendent  celles-ci  plus  sensibles  aux  excita- 
tions déterminées  soit  par  un  excès  de  nourriture,  soit  par  sa 
composition  même,  s'il  s'agit  d'aliments  artificiels,  ce  qui 
entrave  leurs  propriétés  sécrétionnelles  indispensables  à  l'as- 
similation, d'une  façon  plus  ou  moins  rapide  et  intense  sui- 
vant le  degré  de  tolérance  individuel.   Le  môme  effet  peut 
résulter  de  certains  obstacles  mécaniques,  de  troubles  chi- 
miques et  de  manifestations  bactériennes  ou  toxiques.  On  peut 
«nfin  admettre  qu'à  côté  de  cette  faiblesse  musculaire  géné- 
rale l'intestin  de  l'enfant  présente  encore  le  défaut  d'être  très 
pauvre   en    ferments    physiologiques.    Ce   serait   confirmer 
l'hypothèse  d'après  laquelle  certaines  bactéries  seraient  les 
agents  provocateurs  les  plus  actifs  et  les  plus  dangereux  des 
troubles  digestifs  dans  le  jeune  âge.  Sans  vouloir  discuter  ici 
le  bien  fondé  de  cette  théorie,  nous  pouvons  constater  néan- 
moins que  l'étude  approfondie  du  problème  de  l'alimentation 
rationnelle  de  l'enfant  éclaire  brillamment  aussi  la  patho- 
genèse de  cet  âge  et  que,  grâce  aux  méthodes  d'investiga- 
tion anatomiques  et  physiologiques,  nous  pouvons  espérer 
défricher   maintes  parties  du   si    mystérieux   domaine    des 
échanges  intra-organiques. 

Quelque  intéressant,  voire  indispensable,  qu'il  puisse  être 
au  point  de  vue  de  la  connaissance  de  la  ration  alimentaire 
chez  l'enfant  de  porter  nos  regards  sur  sa  pathogenèse,  quel- 
que fructueuse  que  soit  l'influence  de  la  théorie  sur  la  pratique, 
il  n'est  pas  moins  vrai  que,  pour  pratiquer  avec  succès  l'ali- 
mentation infantile  et  semer  le  bien,  nous  devons  avant  toutes 


RcVTION   ALIMENTAIRE   DE    l'e^^FANT  67 

choses  nous  inspirer  du  but  pratique  à  atteindre  et  nous  con- 
former aux  résultats  de  rexpérimentation  clinique  pure,  telle 
qu'elle  peut  se  pratiquer  dans  nos  laboratoires,  pourvus 
de  tous  les  perfectionnements  que  la  technique  moderne 
met  à  notre  disposition. 

En  dehors  des  indications  particulières  résultant  des 
aptitudes  individuelles,  Tintervention  du  médecin  devra, 
pour  être  efficace,  revêtir  un  double  caractère.  Elle  devra 
tenir  à  la  fois  de  Tart  appliqué  et  de  la  science.  S'assimiler 
par  le  menu  les  mille  et  un  détails  de  Tart  de  nour- 
rir les  enfants  est  d'autant  plus  le  devoir  du  praticien  qu'en 
général  son  éducation  première  est  forcément  des  plus  négli- 
gées sous  ce  rapport. 

Quant  aux  connaissances  scientifiques  pures,  le  plus  sûr 
moyen  de  les  acquérir  et  de  les  faire  fructifier  consiste  à 
observer  et  à  suivre  ponctuellement  les  enseignements  four- 
nis par  rexpérimentation  dans  les  cliniques  pédiatriques. 
De  jour  en  jour  se  révèlent  plus  intimes  et  plus  indis- 
solubles les  liens  qui  unissent  la  pratique  et  la  science. 
Leur  connexité  est  absolue. 

Aussi  ne  pouvons-nous  qu'entrer  résolument  dans  la  voie 
que  nous  ont  tracée  les  pédiatres  français  :  d'une  part, 
travail  systématique,  lutte  opiniâtre,  dans  les  établissements 
spécialement  créés  à  cet  effet,  pour  arracher  à  la  Nature  les 
secrets  capables  de  nous  aider  dans  notre  tâche  :  la  pro- 
tection de  l'enfance  ;  d'autre  part,  mise  à  profit  intégrale 
des  matériaux  rassemblés,  au  point  de  vue  pratique  comme 
au  point  de  vue  scientifique,  pour  parvenir  à  opposer  une 
digue  efficace  à  la  mortalité  des  jeunes  enfants  et  assurer 
leur  alimentation  rationnelle. 

Mon  vénéré  maître  et  chef,  le  professeur  D'  Kohts,  m'a 
confié  le  soin  d'esquisser  brièvement  les  principes  adoptés 
depuis  des  années  dans  notre  clinique  pour  l'alimentation  des 
jeunes  enfants  depuis  leur  naissance  jusqu'à  l'âge  de  deux 
ans  accomplis,  époque  à  partir  de  laquelle  l'enfant  est  assimi- 
lable à  l'adulte  en  ce  qui  concerne  la  nourriture. 


68  '  HENRI    KLOSE 

II 

GÉNÉRALITÉS   ET   CONSIDÉRATIONS    PHYSIOLOGIQUES. 

Statistiques.  —  Causes  sociales  et  hygiéniques  et  traitement  causal.  — 
Forces  intellectuelles  et  tendances  téléologiques.  —  Leurs  rapports  de 
dépendance  et  leur  applicabilité  aux  buts  poursuivis.  —  Écoles  et  pro- 
tection des  nourrissons.  —  Avertissement  de  Guillaume  II.  —  Fémi- 
nisme et  puériculture.  —  Domaines  limitrophes. —  Système  du  médecin 
d'école.  —  Conditions  préliminaires  dans  les  professions  intéressées.  — 
Aperçu  sommaire  de  la  physiologie  du  nourrisson.  —  Ses  victoires  et 
ses  échecs.  —  Une  vieille  expérience. 

Le  meilleur  moyen  de  se  rendre  compte  combien  il  est  dif- 
ficile non  moins  que  nécessaire  d'entourer  l 'enfance  de  soins 
spéciaux  et  de  la  nourrir  d'une  manière  rationnelle  consiste 
à  parcourir  les  statistiques  de  la  mortalité  infantile.  Elles 
établissent  qu'un  cinquième  environ  de  la  totalité  des  nou- 
veau-nés succombent  prématurément  au  cours  de  la  première 
année.  Si,  en  Suède  et  en  Ecosse,  les  chiffres  sont  relati- 
yement  satisfaisants  (9,7  p.  100  pour  le  premier  de  ces 
deux  pays  et  12  p.  100  pour  le  second),  ils  s'élèvent,  par 
contre,  à  une  proportion  terrifiante  en  Allemagne  (23,6  p.  100) 
et  en  Russie,  où  ils  atteignent  leur  maximum  (29,6  p.  100). 
Ces  décès  en  masse  de  jeunes  enfants  nous  font  un  devoir 
d'en  rechercher  les  causes,  non  seulement  pour  obvier  à 
la  dépopulation,  mais  surtout  pour  éviter  à  la  patrie  un 
déchet  considérable  dans  le  contingent  de  ses  forces  natio- 
nales. En  effet,  Schlossmann  et  Prinzing  ont  démontré  qu'une 
mortalilé  infantile  élevée  est  corrélative  d'une  abondante  inca- 
pacité au  service  militaire.  Le  temps  n'est  plus  où  l'on  assis- 
tait avec  résignation  à  l'anéantissement  de  toutes  ces  forces 
vives,  voire  où  on  le  considérait  comme  un  phénomène  téléo- 
logique  nécessaire  à  la  sélection  individuelle  dans  le  sens  de 
la  théorie  de  Darwin.  Les  causes  de  la  mortalité  infantile  ont 
leur  souche  dans  le  domaine  social,  sanitaire  et  individuel. 
Trois  sortes  de  périls  menacent  donc  simultanément  l'être 
humain  en  voie  de  croissance.  Un  nombre  considérable 
d'observations  nous  le  démontrent.  Mais  elles  démontrent  en 
même  temps  que  la  cause  initiale  du  mal  réside  dans  les  vices 
de  notre  système  économique.  Si  les  enfants  des  riches  restent 
en  vie,  c'est  qu'ils  réunissent  toutes  les  garanties  dont  dépend 
le  développement  normal  ;  si,  par  contre,  les  enfants  des 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  69 

pauvres  succombent,  c'est  que  la  misère  les  prive  des  soins  et 
de  la  nourriture  indispensables.  Aussi  Finkelstein  réclame-t-il, 
comme  meilleure  arme  pour  combattre  la  mortalité  infantile, 
Tamélioration  de  la  situation  sociale  de  ceux  qui  procréent 
par  Taugmentation  des  salaires,  la  construction  d'habitations 
saines  et  peu  coûteuses,  la  restitution  de  la  mère  à  sa  famille 
en  réduisant  la  durée  de  son  travail,  et  enfin  Tassainissement  des 
villes,  grâce  surtout  à  de  bonnes  canalisations  d'eau.  De  nom- 
breux auteurs  ont  réussi,  il  est  vrai,  à  nous  faire  enfin  toucher 
du  doigt  la  part  de  l'indigence  dans  la  léthalité  infantile  :  il  y  a 
plus  de  cent  ans  déjà,  Pierre  Camper  déclara  que  ce  n'est  pas 
le  mode  d'alimentation  seul  qui  exerce  une  influence  prépon- 
dérante sur  la  mortalité  chez  les  enfants,  mais  encore  —  et 
même  peut-être  dans  une  plus  large  mesure  —  l'ensemble  des 
modalités  générales  extérieures,  dont  l'alimentation  n'est  que 
le  corollaire.  Plus  tard,  Casper  mit  en  relief,  et  non  sans  pro- 
voquer un  certain  étonnement,  qu'en  comparant  le  nombre 
des  décès  survenus  au  cours  des  cinq  premières  années  d'exis- 
tence parmi  les  rejetons  de  familles  princières  et  comtales 
allemandes  d'une  part,  et,  d'autre  part,  dans  la  classe  proléta- 
rienne berlinoise,  on  arrive  au  chiffre  de  5,7  p.  100  pour  les 
premiers  et  de  55,7  p.  100  pour  les  seconds.  Enfin,  à  la  suite 
des  renseignements  fournis  par  Wolff  au  sujet  de  la  mortalité 
des  enfants  dans  la  ville  d'Erfurt,  un  nombre  considérable  de 
statistiques  ont  été  dressées  de  toutes  parts  pour  délimiter  les 
rapports  entre  la  mortalité  infantile  et  les  facteurs  hygiéniques 
et  sociaux.  Nous  savons  maintenant  que  l'influence  désastreuse 
de  la  pauvreté  et  de  la  misère  est  au  moins  égale  à  celle  d'une 
nutrition  défectueuse  ou  insuffisante,  qu'elle  ait  sa  source  dans 
Tinsalubrité  des  logements,  l'insuffisance  des  ressources,  le 
renchérissement  de  la  vie,  la  profession  ou  l'état  civil  de  la 
mère,  ou  l'un  de  ces  facteurs  pris  isolément.  Mais  ce  n'est  pas 
tout  :  notre  champ  d'expériences  est  loin  d'être  exploré  à  fond. 
Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  le  nombre  des  décès  n'accuse  aucune 
rétrogradation.  En  Allemagne,  par  exemple,  il  mourait  à  la  fin 
du  siècle  dernier,  au  cours  de  la  première  année  d'existence,  le 
quart  de  la  totalité  des  nouveau-nés.  Actuellement  encore  les 
chiffres  atteignent  des  proportions  assez  élevées,  non  seulement 
en  Allemagne,  mais  aussi  dans  les  autres  pays,  ainsi  que  nous 
l'apprend  le  tableau  suivant,  emprunté  à  V Annuaire  de  la  sta- 
tistique pour  FEmpire  Allemand  (édition  1904)  : 


70  HENRI    KLOSE 

Mortalité  parmi  les  enfants  de  0  à  1  an^  en  p.  iOO  des  nés-vivants. 

Années.  P.  100. 

Empire  allemand,  22  États 1901  30,7 

Jd.,  286  commuDes  de  15000  habitants  et 

plus 1901  2IJ 

Prusse 1901  20,0 

Bavière 1 901  23,9 

Saxe 1901  25,7 

Wurtemberg 1901  22,1 

Bade 1901  20,5 

Hesse 1901  14,9 

Mecklembourg-Schwerin 1901  19,4 

Hambourg 1901  19,8 

Alsace-Lorraine 1901  17,2 

Autriche 1900  23, 1 

/^.  (58  communes) 1901  10,2 

Italie 1901  1 6,6 

Suisse J901  13,7 

Id,  (18  YilJes) 1901  13,2 

France  (71  villes  avec  plus  de  30000  habi- 
tants)   1901  14,1 

Angleterre  et  GalJes 1901  15,1 

Id.  (33  villes) rJOl  16,8 

Irlande 1902  10,0 

Belgique 1900  17,2 

Id,  (72  villes  et  8  faubourgs  de  Bruxelles).  1901  15,8 

Pays-Bas 1901  14,9 

Danemark  (75  stfider) 1901  16,7 

Norvège 1901  9,3 

Roumanie  (32  villes) 1902  22,4 

Berlin 1902  18,1 

Breslau 1902  21,5 

Munich 1902  24,0 

Dresde 1902  16,5 

Leipzig 1902  1 8,8 

Stuttgard 1902  20,9 

Hambourg 1902  15,2 

Strasbourg 1902  21,4 

Vienne 1902  18,5 

Prague 1902  18,0 

Rome 1001  11,5 

Milan 1902  14,8 

Zurich 1901  12,5 

Paris 1901  11,4 

Marseille 1901  17,8 

Lyon 1901  13,2 

Londres 1902  14,1 

Edimbourg 1902  1 1 ,9 

Bruxelles 1901  18,8 

Anvers 1902  16,3 

La  Haye 1902  12,0 

Amsterdam 1902  12,4 

Copenhague.... , 1902  13,7 

Stockholm 1902  10,0 

Christiania 1902  10,2 

Moscou 1902  85,4 

Varsovie 1902  16,5 

Bucarest 1902  20,7 


RATION    ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  7i 

La  ville  de  Strasbourg  occupe,  comme  on  le  voit,  une 
situation  moyenne.  Cette  situation  devient  plus  favorable,  si 
Ion  envisage  les  années  1904  et  1905.  La  mortalité  tombe 
alors  à  19,3  p.  100.  Il  est  à  remarquer  que  ces  statistiques  ont 
été  dressées  sans  établir  de  distinction  entre  les  enfants  des 
villes  et  ceux  des  campagnes.  Dans  les  grandes  villes  pour- 
tant, la  misère  et  le  crime  immolent  tous  les  ans  des  milliers 
d'existences.  Bertillon  a  même  basé  un  «  paradoxe  physio- 
logique »  sur  le  rapport  inverse  qui  relie  entre  eux  le 
nombre  absolu  des  décès  survenus  au  cours  de  la  deuxième 
semaine  d'existence  et  celui  des  naissances  légitimes  ou  illé- 
gitimes. Il  importe  de  tenir  compte  aussi  du  relâchement  et 
de  la  corruption  des  mœurs,  des  abus  dus  à  la  superstition,  de 
l'ignorance  absolue  de  tout  ce  qui  touche  à  Talimentation  et 
enfin  de  la  routine  allant  parfois  jusqu'au  mépris  systéma 
tique  de  tout  enseignement.  Ceux  qui  cherchent  à  résoudre 
le  problème  de  Talimentation  rationnelle  de  l'enfant  comme 
ceux  qui  discutent  les  résultats  que  Ton  est  en  droit  d'en 
attendre  n'ont  pas  donné  toute  l'attention  qu'elles  méritent 
à  ces  connexités  entre  la  mortalité  des  enfants  et  les 
qualités  morales  et  intellectuelles  de  leurs  parents,  à  ces  dif- 
férences essentielles  entre  citadins  et  campagnards,  riches  et 
pauvres,  intellectuels  et  illettrés,  en  un  mot,  à  l'influence  du 
milieu.  A  force  d'aspirer  vers  la  perfection  idéale,  on  néglige 
souvent  le  côté  humain  des  choses.  Si  l'on  admet  avec  Bier 
qu'en  médecine  la  théorie  téléologique  est  non  seulement  jus- 
tifiable, mais  encore  nécessaire,  il  faudra  néanmoins  conve- 
nir qu'elle  n'est  applicable  à  l'alimentation  des  enfants  qu'à 
la  condition  expresse  de  la  rendre  tributrice  des  forces  de  l'in- 
telligence, sinon  toutes  les  institutions  de  puériculture  — 
institutions  qui  ont  incontestablement  une  réelle  valeur 
pour  le  but  définitif,  que  parfois  môme  elles  atteignent 
—  devraient  être  considérées  comme  fatalement  non  viables. 
Pareilles  institutions  sont  certainement  utiles  et  bienfai- 
santes ;  elles  permettent  non  seulement  de  soumettre  chaque 
enfant  à  un  traitement  approprié  jusque  dans  ses  moindres 
détails  à  ses  exigences  individuelles,  mais  encore  d'apprendre 
aux  mères  ou  à  celles  qui  aspirent  à  le  devenir  toutes  les  par- 
ticularités de  leur  devoir.  Chaque  praticien  peut  observer 
journellement  que  des  nourrissons  ramenés  à  la  santé  à  la 
suite  de  soins  vigilants  retombent,   mortellement  frappés, 


72  HENRI   KLOSE 

entre  les  mains  d'une  mère  inexpérimentée.  Même  dans  les 
hautes  sphères  de  la  société,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer 
des  femmes  ne  possédant  aucune  notion  sur  la  manière  de 
nourrir  les  enfants.  Si  Biedert  écrit  avec  raison  :  «  Il  n'existe 
pas  au  monde  de  meilleur  sujet  pour  l'étude  des  ressorts  de  la 
vie  humaine  que  la  tendre  enfance  »,  nous  pouvons  dire,  dans 
un  sens  plus  large,  que  l'alimentation  chez  Tenfant  est  la 
synthèse  par  excellence  de  tous  les  problèmes  qui  se  ratta- 
chent aux  processus  vitaux. 

Dans  n'importe  qiielle  sphère  scientifique,  le  penseur  peut 
s'adonner  à  sa  guise  à  l'étude  du  problème  qu'il  s'est  posé  et 
émettre,  s'il  le  veut,  hypothèse  sur  hypothèse  ;  il  est  rare  que 
d'une  fausse  hypothèse  soit  résulté  quelque  dommage.  Seul 
le  médecin  peut  p&tir  d'une  fausse  interprétation  des  faits. 
Aussi  est-il  préférable  pour  lui  de  s'abstenir  des  spéculations 
et  de  considérer  toute  chose  sous  son  aspect  réel.  En  ce  qui 
nous  concerne,  il  est  malheureusement  difficile  d'agir  de  la 
sorte  ;  la  multitude  et  la  complexité  des  résultats  expérimen- 
taux, la  compréhension  des  conditions   spéciales  dans  les- 
quelles ils  furent  obtenus  ne  pourraient  qu'aboutir  au  chaos, 
si  nous  ne  prenions  le  soin  d'exposer  et  d'expliquer  à  la  foule, 
avec  clarté  et  méthode,  les  règles  générales  de  l'alimentation 
infantile.  Nous  devons,  qu'on  me  permette  de  le  dire,  donner 
au  peuple  des  leçons  de  biologie  et  de  physiologie  infantiles. 
L'instruction  théorique  doit  être  la  pierre  angulaire  des  insti- 
tuts pédiatriques.  Elle  doit  aller  de  pair  avec  les  revendica- 
tions sociales  et  hygiéniques.  Si  l'on  n'a  que  peu  réalisé  jus- 
qu'à présent  dans  cette  voie,  cela  n'implique   aucunement 
qu'il  s'agisse  d'un  idéal  inaccessible,  d'une  utopie.  11  suffira  de 
redoubler  d'énergie.  L'ignorance  et  l'erreur  de  la  masse  sont, 
en  matière  d'alimentation  infantile,  les  deux  obstacles  qui 
paralysent  tous  nos  efforts,  de  quelque  ampleur  soient-ils. 
L'empereur  d'Allemagne,  Guillaume  II,  qui  découvre  avec  un 
tact  tout  particulier   les  nécessités   intellectuelles   de    son 
peuple,  a  dit  un  jour  :  «  Pour  pouvoir  éduquer  avec  fruit,  il 
faut  avoir  été  soi-même  éduqué.  »  Ces  quelques  mots  ren- 
ferment tout  un  programme  de  réformes.  Si  elle  veut  devenir 
puissante  et  florissante,  une  nation  doit  préparer  ses  jeunes 
filles  à  l'accomplissement  de  leurs  fonctions  futures  et  non 
au  désœuvrement  d'une  vie  improductive  dans  une  société 
impuissante  et  intoxiquée  par  les  raffinements  de  la  civilisa- 


RATION   ALIMENTAIRE  DE   l'eNFANT  73 

tion.  Les  protagonistes  sérieux  du  féminisme  suivent  la 
bonne  route  en  revendiquant  pour  les  instincts  naturels  les 
droitsdont  ils  jouissaient  jadis.  C'est  une  question  vitale  que 
le  retour  à  la  nature.  L'extension  et  l'avenir  de  nos  instituts 
pédiatriques  sont  assurés  en  principe,  du  moment  où  nous 
pouvons  compter  sur  Tappui  et  la  collaboration  de  la  femme. 
Pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  importe  que  dès  l'école  primaire 
Téducation  de  nos  filles  soit  conduite  de  façon  à  les  mettre 
petit  à  petit  au  courant  des  résultats  de  nos  expériences,  de 
nos  connaissances,  de  nos  moyens  de  lutte  contre  la  morta- 
lité infantile,  dont  l'ensemble  doit  faire  partie  intégrante  du 
bagage  intellectuel  de  toute  jeune  fille  de  dix-huit  à  vingt  ans. 
Alors  seulement  certains  organismes  de  propagande,  tels  que 
la  c(  Ligue  féminine  de  la  Croix  Rouge  »  et  1'  <(  Union  d'hygiène 
populaire  »  en  Allemagne,  quels  que  soient  d'ailleurs  leurs 
mérites  actuels,  seront  à  même  de  mettre  en  jeu  la  plénitude 
de  leurs  moyens  d'action  en  vue  du  relèvement  de  la  puissance 
nationale. 

N'arrive-t-il  pas,  en  effet,  journellement  aux  médecins 
des  policliniques  infantiles  de  se  rendre  compte  de  l'inef- 
ficacité absolue  de  toutes  admonitions  verbales  ou  impri- 
mées? C'est  que  le  fondement  intellectuel  indispensable 
pour  les  percevoir  fait  défaut;  la  mentalité  des  mères  n'est 
capable  ni  d'apprécier  la  justesse  des  instructions  qui  leur 
sont  données,  ni  d'en  saisir  la  portée,  ni  de  les  mettre  à  profit, 
ni  de  prévoir  la  gravité  des  conséquences  qui  résulteront  de 
leur  non -observance.  11  est  étrange  que,  alors  que  les  voix  les 
plus  autorisées  s'élèvent  si  souvent  et  avec  tant  d'insistance 
en  faveur  de  l'obligation  d'éclairer  davantage  le  peuple,  on 
entende  si  peu  parler  du  rôle  efficace  que  pourrait  jouer  ici 
l'enseignement  primaire.  Quant  à  nous,  nous  estimons  —  et 
c'est  là  le  fruit  d'une  longue  expérience  —  que  toutes  les 
mesures  pratiques  en  faveur  des  nourrissons  et  notamment  la 
création  d'établissements  spéciaux, —  crèches,  pouponnières, 
consultations  de  nourrissons,  gouttes  de  lait,  asiles  pour  mères 
nécessiteuses,  hospices  pour  accouchées,  berceaux  aux  usines^ 
laiteries  modèles,  etc.,  —  ne  sauraient  avoir  des  efiTets  sociaux 
et  économiques  importants  et  durables  qu'à  condition  d'être 
appréciées  à  leur  juste  valeur  par  le  peuple.  C'est  au  maître 
d'école  qu'il  appartient  d'inculquer  ce  concept  dans  l'esprit 
des  masses.  Le  médecin  ne  peut  être  ici  que  le  continuateur  du 


74  HENRI    KLOSE 

pédagogue.  Qu'une  pruderie  intempestive  fasse  donc  place 
enfin  à  une  sérieuse  pédagogie. 

Par  analogie  avec  le  système  du  médecin  d'école,  dont  Tef- 
ficacité  s'est  affirmée  depuis  longtemps,  la  science  de  Tali- 
mentation  infantile  doit  devenir,  elle  aussi,  le  domaine  limi- 
trophe que  médecin  et  pédagogue  exploiteront  en  commun, 
chacun  d'eux  dans  les  limites  de  sa  compétence  particulière. 
Des  domaines  limitrophes  présentent  toujours  un  grand  in- 
térêt. C'est  ainsi,  ethnologiquement  parlant,  qu'aux  frontières 
des  différents  pays  la  civilisation  progresse  d'habitude  à  pas 
plus  rapides,  en  raison  d'une  recrudescence  d'énergie  et  de 
vitalité.  C'est  ainsi  aussi  qu'en  matière  scientifique  une  diffé- 
renciation des  procédés  opératoires  et  des  méthodes  d'investi- 
gation mène  à  une  compréhension  plus  large  et  plus  nette  du 
sujet  et  prévient  les  manières  de  voir  exclusivistes. 

A  ce  propos,  je  tiens  à  rappeler  encore  combien  fut  fertile 
en  heureux  résultats  la  collaboration  du  pédagogue  et  du 
médecin  d'école.  Cependant  les  domaines  limitrophes  ne  sont 
pas  sans  présenter  certains  dangers  :  il  ne  faut  jamais  que  l'in- 
térêt personnel  de  l'une  des  deux  parties  prenne  le  pas  sur  le 
bien-être  commun,  ni  que  l'une  ou  l'autre  perde  conscience 
des  devoirs  qui  lui  incombent  ou  se  décharge  sur  son  compa- 
gnon des  soins  à  prendre  en  vue  d'assurer  la  prospérité  mu- 
tuelle. Si  ces  dangers  sont  illusoires,  l'avenir  seul  peut  nous 
l'apprendre.  Le  rôle  du  pédagogue  avisé  se  bornera  à  l'expo- 
sition des  règles  générales  de  l'alimentation  infantile  et  de  la 
puériculture.  Il  expliquera  pourquoi  et  comment  il  convient 
d'agir  de  la  sorte,  ir  mettra  en  lumière  les  conséquences 
funestes  qu'entraîne  l'inobservance  de  ces  règles  pour  l'indi- 
vidu, la  société  et  la  patrie.  Il  fera  connaître  en  termes  adé- 
quats le  rôle  de  la  mère  et  sa  justification  morale.  A  son  tour 
le  médecin,  dont  l'intervention  sera  plus  concrète  et  plus  indi- 
viduelle, expliquera  le  mécanisme  de  l'allaitement,  surveil- 
lera celui-ci,  prescrira  et  réglera,  le  cas  échant,  l'alimentation 
artificielle  et  enfin,  en  présence  de  troubles,  fournira  l'appui 
de  son  concours  autorisé.  Pour  rester  à  la  hauteur  de  sa  tâche, 
le  pédagogue  ne  devra  disposer  que  d'un  jugement  sain,  d'un 
esprit  d'observation  facile  et  d'une  sérieuse  expérience  de  la 
vie.  Quant  au  médecin,  s'il  aspire  à  devenir  le  porte-étendard 
de  nos  idées  modernes  dans  le  combat  contre  la  léthalité 
infantile,  il  faut  qu'il  s'assimile  d'une  manière  aussi  appro- 


-    V 


RATION    ALIMENTAIRE   DE    l'eNFANT  75 

fondie  que  possible,  théoriquement  et  pratiquement,  la  physio- 
logie des  nourrissons.  La  sphère  d'action  de  chacun  étant 
ainsi  délimitée,  toute  éventualité  de  conflit  sera  écartée  du 
domaine  limitrophe.  Schlossmann  déplore  Tinsuffisance  des 
connaissances  d'un  certain  nombre  de  nos  médecins  en  matière 
de  physiologie  infantile.  En  réalité,  plusieurs  universités  con- 
fèrent le  diplôme  de  médecin  et  partant  l'autorisation  de 
traiter  les  enfants  malades  à  des  récipiendiaires  qui  n'ont  pas 
eu  1  occasion  de  s'assimiler  l'art  de  nourrir  les  jeunes  enfants, 
en  participant  aux  cours  et  exercices  d'une  clinique  spéciale. 
Le  salut  des  nourrissons  exige  une  prompte  modification  de 
cet  état  de  choses.  La  physiologie  nous  enseigne  le  mode  de 
fonctionnement  de  l'organisme  infantile  dans  son  ensemble 
comme  dans  ses  parties.  À  notre  point  de  vue  moins  général 
et  plus  pratique,  elle  doit  nous  apprendre  encore,  dans  la 
mesure  du  possible,  quelles  sont  les  conditions  vitales 
requises  pour  qu'un  enfant  de  constitution  normale  puisse  se 
développer  d'une  manière  régulière  et  convenable,  tant  intel- 
lectuellement que  corporellement.  Ce  postulat  se  trouve  réa- 
lisé, d'après  Czerny-Keller,  lorsque  le  nouveau-né  est  issu  de 
parents  bien  portants  et  d'âge  moyen,  qu'il  est  né  à  terme^ 
exempt  de  tout  vice  de  conformation  et  capable  de  maintenir, 
avec  l'aide  d'une  couverture  mauvaise  conductrice,  sa  chaleur 
corporelle  à  la  température  moyenne. 

C'est  donc  intentionnellement  que  nous  ne  faisons  pas  ren- 
trer dans  le  cadre  de  nos  études  l'alimentation  chez  les  enfants 
nés  de  parents  atteints  d'une  maladie  grave  ou  de  parents  trop 
jeunes  ou  trop  âgés,  encore  que  nous  soyons  souvent  forcés 
de  recourir  à  la  pathologie  pour  nous  rendre  compte  de  cer- 
taines particularités  physiologiques  de  l'organisme  du  nour- 
risson. La  pathologie  et  la  physiologie  se  complètent  Tune 
Tautre,  puisque  l'éclosion  d'une  maladie  a  toujours  pour  con- 
séquence l'apparition  de  perturbations  dans  les  processus 
physiologiques.  La  compréhension  des  phénomènes  de  l'assi- 
milation qui  servent  de  base  à  l'étude  de  l'alimentation  pré- 
suppose la  connaissance  exacte  de  la  composition  chimique  de 
lorganisme.  Von  Bezold  dit  :  «  Définir  les  cendres  de  l'orga- 
nisme comme  son  squelette  chimique  semble,  à  première  vue, 
une  comparaison  hasardée.  »  Nous  ne  partageons  pas  cette 
opinion.  Dans  le  seul  mode  de  production,  on  peut  déjà 
constater  certaines  analogies  :  de  même  que  le  squelette  est 


70  HENRI    KLOSE 

constitué  par  ce  qui  reste  du  ^;adavre,  lorsque  le  scalpel  de 
l'anatomiste  Ta  dépouillé  de  tout  ce  qu'il  peut  lui  enlever,  de 
même  les  cendres  représentent  ce  qui  demeure  au  fond  du 
creuset  du  chimiste,  quand  le  feu  a  détruit  tous  les  autres  élé- 
ments. Voici  quelques  chiffres  moyens  obtenus  par  différents 
savants  (Bezold,  Bischoff,  Fehling,  Giacosa,  Michel,  Camerer, 
Sôldner,  de  Lange,  Hugounenq)  en  déterminant  la  teneur  en 
matières  minérales  des  cadavres  d'enfants  :  nous  mettons  en 
regard  la  composition  centésimale  moyenne  des  cendres  du 
lait  de  femme  : 

Cendres  Cendres 

du  noaTeaa*né.      da  lait  de  femme. 

p.  100.  p.  100. 

Anhydride  phosphorique,  P>0b 35,28  21,30 

Oxyde  de  calcium,  CaO 40,48  14,79 

Oxyde  de  magnésie,  MgO 1,5!                    2,87 

Chlore,  a 4,26  17,73 

Anhydride  sulfurique,  SO' 1,50                     » 

Oxyde  ferrique,  Fe«0» 0,39                    0,18 

Oxyde  de  potassium,  RSQ 6,20  35,15 

Oxyde  de  sodium,  Na*0 8,12  10,43 

Anhydride  carbonique,  C0> 1,89                     >» 

L'étude  comparée  de  ces  deux  tableaux  nous  apprend  tout 
d'abord  qu'à  côté  d'un  enrichissement  en  fer  il  se  produit 
chez  le  nourrisson  une  accumulation  de  chaux  et  de  phos- 
phore. Ces  substances  minérales,  indispensables  au  dévelop- 
pement du  tissu  osseux  comme  à  la  conservation  et  à  la  crois- 
sance des  autres  organes,  doivent  se  trouver  dans  les  aliments 
en  proportions  pondérales  convenables.  En  outre,  les  chiffres 
cités  et,  pareillement,  ceux  obtenus  par  Camerer  et  Soeldner, 
démontrent  la  fragilité  de  la  loi  de  Bunge,  d'après  laquelle  il 
existerait  un  rapport  quantitatif  défini  entre  la  teneur  en 
cendres  de  l'organisme  des  nouveau-nés  et  celle  du  lait  ma- 
ternel. En  réalité,  Texpérience  nous  apprend  que  la  nécessité 
de  nourrir  l'enfant  exclusivement  avec  du  lait  de  femme  n'est 
pas  absolue.  Non  moins  importants  au  point  de  vue  de  leurs 
conséquences  pour  l'alimentation  sont  les  travaux  de  Fehling. 
Cet  auteur  a  établi  que  le  corps  d'un  nouveau-né  se  compose, 
en  moyenne,  de  74,4  p.  100  d'eau  et  de  25,6  p.  100  de 
substances  solides,  alors  que  la  composition  centésimale  du 
corps  de  l'adulte  comporterait  58,5  d'eau  et  41,5  de  matières 
solides.  11  a  trouvé,  en  outre,  qu'au  moment  où  la  croissance 
embryonnaire  atteint  son  maximum  d'intensité,  c'est-à-dire 
pendant  le  quatrième  mois  de  la  grossesse,  le  poids  du  fœtus 
augmente  journellement  de  0^',178  par  gramme,  pour  accuser 


— rr^ 


RATION   ALIMENTAIRE    DE   l'ENFANT  77 

ensuite  une  déperdition  quotidienne  régulière,  de  telle  sorte 
que  raccroissement  en  poids  n'est  plus  que  de  0^%015  par 
gramme  de  poids  au  dixième  mois,  de  0^',0088  à  la  fin  du 
premier  mois  et  de  0»%00069  au  douzième  mois  d'existence. 
Ces  augmentations  de  poids  du  corps  du  fœtus  représentent, 
d'après  les  calculs  de  Fehling,  2  à  3  p.  100  de  la  totalité  de  ses 
matières  solides,  par  mois  de  grossesse.  Au  début,  elles  se 
font  principalement  aux  dépens  des  albuminoïdes  ;  pendant 
la  deuxième  moitié  de  la  grossesse,  c'est  au  contraire  la  ma- 
tière grasse  qui  est  mise  le  plus  à  contribution.  Cela  étant, 
nous  devons  nous  poser  une  double  question  :  quels  sont  les 
rapports  existant  chez  le  nouveau-né  et  jusqu'à  quel  point 
faut-il  en  tenir  compte  dans  l'alimentation  ? 

La  réponse  à  ces  questions  renferme  la  quintessence  de 
tous  les  systèmes  d'alimentation  de  la  première  enfance,  qui 
est  essentiellement  une  période  d'accroissement.  Quelque 
imparfaites  que  soient  encore  nos  connaissances,  nous  pou- 
vons cependant  affirmer  que  le  nourrisson  assimile  par  jour  et 
par  kilogramme  de  son  poids  corporel  deux  fois  plus  d'albu- 
mine que  l'adulte  et  trois  fois  plus  de  graisse.  En  se  basant 
sur  les  chiffres  obtenus  par  Rubner  pour  le  coefficient  calo- 
rifique du  lait  —  soit  650  calories  pour  1  litre  de  lait  de 
femme  et  750  calories  pour  1  litre  de  lait  de  vache  —  Lam- 
bling  a  établi,  d*accord  en  cela  avec  Heubner,  que  la  ration 
alimentaire  du  nourrisson  doit  correspondre  par  jour  et  par 
kilogramme  de  poids  à  100  calories,  dont  20  sont  utilisées 
pour  la  croissance,  tandis  que  le  reste  est  transformé  en 
énergie  calorifique  et  mécanique.  Cette  quantité  reste  con- 
stante pour  les  enfants  à  la  mamelle  normaux  pendant  le  pre- 
mier trimestre  ;  pendant  le  second,  elle  s'abaisse  à  90  calories 
environ  et,  dans  la  suite,  elle  descend  lentement  à  80  calories 
et  même  plus  bas.  Pont  exception  à  cette  règle  les  nourris- 
sons ftgés  de  moins  de  dix  jours,  dont  la  ration  alimentaire 
correspond,  d'après  Gaus,  à  45  ou  50  calories,  les  enfants  nour- 
ris au  biberon,  les  débiles  et  surtout  les  prématurés  ;  ces  der- 
niers exigent  120  calories  et  même  davantage  par  kilogramme 
de  poids.  Ces  chiffres  rendent  compte  de  ce  phénomène  inté- 
ressant, qu'un  jeune  nourrisson  a  besoin  d'un  nombre  de 
calories  double  de  celui  qu'exige  un  adulte  se  livrant  à  un  tra- 
vail modéré.  Us  témoignent,  au  surplus,  de  Ténergie  avec 
laquelle  s'accomplissent  les  échanges  vitaux  dans  l'organisme 


78  HENRI    KLOSE 

infantile.  Bien  qu'ils  constituent  une  base  d'appréciation 
scientifiquement  rigoureuse  en  matière  d'alimentation,  ils  ne 
peuvent  cependant  pas,  dans  la  pratique,  servir  d'étalons  de 
calcul  des  rations  alimentaires  exprimées  en  calories,  dans  les 
cas  de  troubles  nutritifs;  car,  nous  ne  pouvons  jamais  appré- 
cier la  déperdition  de  combustible  que  l'organisme  éprouve 
par  suite  de  résorptions  défectueuses  ou  d'oxydations  dans  le^ 
canal  intestinal  ou  toutes  autres  manifestations  morbides.  En 
outre,  les  hydrates  de  carbone,  les  graisses  et  les  albumi- 
noïdes  ne  sont  pas  isodynamiquement  équivalents,  tout  au 
moins  pas  à  la  longue.  Quoi  qu'il  en  soit,  s'il  veut  juger  en 
connaissance  de  cause  les  troubles  de  la  nutrition,  le  médecin 
devra  commencer  par  acquérir  une  notion  exacte  de  la  ration 
alimentaire  basée  sur  des  données  pondérales  et  mathéma- 
tiques. Le  tableau  suivant  de  Lambling  met  en  relief  la  part 
prise  par  chacun  des  constituants  du  lait  dans  l'apport  des 
calories  fournies  à  l'organisme  : 

De  100  calories  : 
L'albumine  en  fournit  19  chez  l'adulte  et  18  chez  le  nourrisson. 
La  graisse         —        30  —  53  — 

Les  hydrates  de  carbone  en  fournissent  ôl  chez  Tadulte,  29  chez  le  nourrisson. 

Les  prii^cipaux  pourvoyeurs  de  calorique  sont  donc  pour 
l'adulte  les  hydrates  de  carbone  et  pour  le  nourrisson  les  ma- 
tières grasses.  D'après  Marfan,  la  graisse  exerce  une  influence 
inhibitrice  sur  la  destruction  des  albuminoïdes  partiellement 
utilisés  par  l'édification  de  la  charpente  cellulaire.  Elle  joue 
donc  un  rôle  indirect  important.  Lors  du  sevrage  toutefois,  ce 
rôle  s'efface  parce  que,  le  lait  n'étant  plus  l'aliment  exclusif, 
l'apport  de  calorique  par  les  matières  grasses  diminue,  tandis 
que  l'importance  des  hydrates  de  carbone  s'accentue  graduel- 
lement jusqu'à  devenir  prépondérante  chez  l'adulte.  A  un  an 
accompli,  la  croissance  devient  moins  active,  les  quantités 
d'albumine  et  de  graisse  fournies  à  l'organisme  sont  moins 
considérables,  mais  l'apport  en  hydrates  de  carbone  l'est 
davantage,  pour  monter  bientôt  à  plus  du  double  de  celui  des 
deux  autres  éléments  réunis.  Néanmoins  les  échanges  nutri- 
tifs restent  très  vifs,  puisque,  entre  un  et  deux  ans,  l'enfant 
absorbe  par  kilogramme  autant  d'albumine,  trois  fois  autant 
de  graisse  et  une  fois  et  demie  autant  d'hydrates  de  carbone 
que  l'adulte.  On  conçoit  aussi  que  les  aliments  lactés  doivent 
fournir  à  l'enfant  une  quantité  de  matières  minérales  bien  plus 


RATION   ALIMENTAmE    DE    l'EXFANT  79 

considérable  que  n'en  consomme  Tadulte,  chez  lequel  les 
échanges  nutritifs  sont  en  élat  d'équilibre.  En  raison  de  la 
croissance  rapide,  les  recettes  ne  se  balancent  pas  chez  le  nour- 
risson avec  les  dépenses,  comme  c'est  le  cas  dans  l'organisme 
parvenu  au  stade  complet  de  développement.  L'écart  —  ainsi 
que  Michel  Ta  démontré  par  des  analyses  d'urine  et  de  fèces  — 
est  positif,  en  ce  sens  que  l'organisme  du  nourrisson  accapare 
et  immobilise  chaque  jour  une  quantité  d'albumine  équiva- 
lente à  plus  du  quart  de  son  augmentation  pondérale  globale. 
Cette  particularité  est  d'autant  plus  remarquable  que  l'apport 
dalbumine,  si  on  le  considère  d'une  façon  abstraite,  est 
eitraordinairement  minime.  Cet  afflux  d'albumine  ne  cosse 
pas  de  s'opérer  alors  même  que  des  irrégularités  se  produisent 
dans  le  bilan  alimentaire  par  suite  de  maladie  ou  de  dénutri- 
tion. Ce  sont  là  des  particularités  remarquables  qui  différen- 
cient les  échanges  nutritifs  du  nourrisson  de  ceux  de  l'adulte. 
A  ces  différences  fonctionnelles  correspondent  naturellement 
des  variations  morphologiques.  Chez  le  nourrisson,  le  système 
digestif  n'est  encore  que  fort  incomplet  :  jusqu'au  septième 
mois,  la  bouche  reste  dépourvue  de  dents,  la  salive  ne  ren- 
ferme qu'une  petite  quantité  de  ferment  amylolithique.  L'esto- 
mac, dont  la  position  rappelle  encore  le  stade  embryonnaire, 
est  placé  verticalement  dans  la  partie  médiane  et  profonde  du 
corps  et  couvert  en  majeure  partie  par  le  foie  et  une  portion 
du  côlon  ;  d'après  Pfaundler,  sa  capacité,  son  extensibilité  et 
son  élasticité  ne  sont  encore  que  très  faibles  ;  sa  musculature 
esta  peine  développée,  et,  dans  ses  éléments  glandulaires,  il  ne 
présente  encore,  comme  le  démontra  Fischl,  aucune  différen- 
ciation. En  ce  qui  concerne  ses  fonctions  motrices,  Czerny  a 
mis  en  évidence  le  fait  important  que  l'évacuation  complète 
s'opère  en  règle  générale  deux  heures  après  le  repas  chez  l'en- 
fanta la  mamelle  et  trois  heures  après  chez  l'enfant  au  biberon. 
Czemy  a  montré  de  plus,  par  une  expérience  très  instructive, 
que  l'estomac,  à  l'instar  de  tout  autre  muscle,  le  cœur  excepté, 
a  besoin  de  repos  après  le  travail,  sous  peine  de  ne  pouvoir 
accomplir  ses  fonctions  d'une  manière  normale  et  durable. 
Le  fonctionnement  normal  de  la  motilité  stomacale  chez  les 
nourrissons  ne  peut  s'obtenir  qu'à  condition  d'espacer  les 
tétées  de  trois  heures  au  moins  pour  l'enfant  au  sein  et  de 
quatre  heures  au  moins  pour  l'enfant  nourri  artificiellement. 
En  raison  de  la  structure  anatomique  encore  rudimentaire  des 


80  HENRI    KLOSE 

glandes,  les  sécrétions  s'opèrent,  elles  aussi,  différemment 
chez  le  nourrisson  et  chez  Tadulte.  Chez  les  enfants  à  la  ma- 
melle, les  auteurs  ont  trouvé  que  la  quantité  d'acide  chlorhy- 
drique  libre  sécrété  oscillait  entre  0«%83  et  2'^%1  p.  100.  Seul 
Facide  chlorhydrique  libre  est  doué  de  propriétés  antiseptiques 
et  bactéricides  ;  à  Tétat  combiné,  il  est  pour  ainsi  dire  inactif. 
La  faible  acidité  du  contenu  stomacal  du  nourrisson  par  suite  de 
la  présence  d'acide  chlorhydrique  libre  en  solution  étendue  a, 
d'après  les  recherches  de  Kitasato,  son  importance  antisep- 
tique. Pour  l'assurer  dans  l'intérêt  du  nourrisson,  le  moyen  le 
plus  certain  est  de  lui  administrer  du  lait  de  femme.  En  rai- 
son de  leur  richesse  en  chlorure  de  sodium  et  albumine,  tous 
les  autres  laits  possèdent  vis-à-vis  de  l'acide  chlorhydrique 
un  pouvoir  fixateur  plus  énergique.  Ceci  explique  la  diver- 
gence d'opinion  des  auteurs  sur  le  point  de  savoir  si  l'estomac 
du  nourrisson  sécrétait  de  l'acide  chlorhydrique  ou  si  ce  n'était 
pas  plutôt  l'acide  lactique  qui  venait,  en  ses  lieu  et  place, 
seconder  l'action  de  la  pepsine.  Aujourd'hui  la  sécrétion  chlor- 
hydrique est  un  fait  établi  ;  elle  commence  cinq  quarts 
d'heure  à  deux  heures  après  la  tétée  chez  les  enfants  nourris 
au  sein  ;  mais  elle  est  beaucoup  plus  tardive  chez  les  enfants 
au  biberon.  Là,  elle  a  pour  effet  d'empêcher,  pendant  la  pre- 
mière heure  qui  suit  la  tétée,  l'action  coagulante  de  la  pré- 
sure sur  le  lait  de  femme,  riche  en  sels  alcalins:  ici,  ses 
effets  se  joignent  à  ceux  du  ferment  coagulant  pour  produire 
la  caséinification  peu  après  la  prise  de  nourriture. 

La  connaissance  physiologique  exacte  de  l'action  protéo- 
lytique  de  l'estomac  du  nourrisson  nous  apprend  que  cet 
organe  ne  doit  pas  être  considéré  comme  un  simple  «  dépôt 
d'aliments  ».  11  forme  avec  l'intestin  un  ensemble  organique. 
Bien  que  chacun  d'eux  ait  une  fonction  propre,  nettement  dé- 
terminée, il  existe  néanmoins  entre  eux  un  rapport  de  solida- 
rité, tout  aussi  bien  que  chez  l'adulte.  Incomplètement  déve- 
loppés tous  les  deux  au  point  de  vue  anatomique  aussi  bien 
que  physiologique,  ils  doivent  fournir  une  somme  de  travail 
considérable.  Si  l'intestin  vient  à  bout  de  sa  tâche,  c'est  grâce 
à  l'énorme  extension  de  son  système  vasculaire  formé  par  les 
canaux  chylifèreset  au  développement  presque  complet  de  son 
tissu  lymphatique.  Aussi  son  pouvoir  résorptif  est-il  le  plus 
favorable,  si  l'on  a  soin  de  compenser  par  le  choix  d'une  nour- 
riture appropriée  l'imperfection  de  ses  fonctions  glandulaires. 


RATION  ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  81 

En  raison  de  l'étendue  du  réseau  nerveux  avec  ses  gaines 
eocore  rudimentaires,  non  seulement  la  surface  sensible  est 
beaucoup  plus  exposée,  mais  encore  les  réactions  lors  de  la 
mise  à  profit  d'une  nourriture  trop  abondante  ou  mal  appro- 
priée sont-elles  trop  violentes  et  trop  irrégulières.  Aussi  le 
pouvoir  d'assimilation  de  l'intestin  ne  varie-t-il  que  dans  des 
limites  très  étroites,  et  d'autant  moins  que  l'enfant  est  plus 
jeune.  Pendant  le  second  semestre  d'existence,  la  tolérance 
devient  plus  grande,  puis,  à  mesure  que  le  développement 
avance,  les  aptitudes  d'accommodation  des  organes  digestifs 
s'accroissent,  au  point  de  pouvoir  couvrir  les  besoins  de  l'or- 
ganisme dans  les  conditions  les  plus  variées  d'habitat  et  de 
latitude.  Cette  extrême  susceptibilité  de  l'intestin   dans   la 
prime  enfance,  conséquence  de  sa  trop  grande  sensibilité  ner- 
veuse, engendre     parfois     des    troubles    dyspeptiques    qui 
entraînent  la  desépithélisation  prématurée  ou  l'apparition  de 
phénomènes  inflammatoires  à  extension  rapide  et  à  rétroces- 
sion lente,  même  après  suppression  des  causes  déterminantes, 
que  celles-ci  soient  des  vices  d'alimentation  ou  des  manifes- 
tations  infectieuses.   Nulle   partie  de  l'organisme   infantile 
n'offre,  en  effet,  une  réceptivité  aussi  accentuée  que  celle  de 
l'intestin  vis-à-vis  des  microbes  et  de  leurs  produits  de  désas- 
similation.  Plus  des  deux  tiers  des  décès  de  nourrissons  sont 
causés  par  l'invasion  directe  ou  indirecte  de  bactéries  patho- 
gènes, alors  qu'à  partir  de  la  troisième  année,  et  malgré  des 
chances  plus  nombreuses  d'infection,  les   cas  de  maladies 
mycotiques  diminuent.  On  observe,  du  reste,  ici  —  comme 
dans  l'appareil  respiratoire  —  une  immunisation  locale  des 
muqueuses  s'accentuant  à  mesure   que  l'on  s'éloigne   des 
couches  périphériques  ;  c'est  ce  qui  explique  la  présence  dans 
l'intestin,  dans  les  conditions  normales,  d'une  flore  micro- 
bienne si  abondante.  Malgré  l'imperfection  de  nos  connais- 
sances en  cette  matière,  nous  devons  cependant  admettre  que 
ces  microbes  exercent  une  action  utile  encore  inexpliquée; 
car  il  suffit  de  modifier  la  flore  intestinale  ou  de  provoquer 
des  fermentations  anormales  pour  troubler  le  cours  physio- 
logique de  la  digestion.  L'intestin  de  l'adulte  dispose  de  res- 
sources   bactéricides    puissantes;    chez  le  nourrisson,    par 
contre,  les  moyens  de  défense  sont  primitifs.  Il  s'ensuit  que, 
même  avec  des  aliments  pauvres  en  germes,  il  peut  se  pro- 
duire une  infection  des  voies  digestives,  en  raison  de  l'abon- 

AmcB.  DB  aiDSC.  des  sufarts,  1907.  X.  ^  6 


82  HENRI    KLOSE 

dance  des  bactéries  dans  la  cavité  buccale,  surtout  chez  les 
enfants  soumis  à  Talimentation  artificielle,  chez  lesquels,  en 
raison  de  la  traversée  rapide  de  Testomac  par  les  aliments,  de 
la  fixation  de  l'acide  chlorhydrique  par  les  matières  salines  du 
lait  et  de  l'absence  dans  le  duodénum  d'acides  galliques  anti- 
fermentescibles,  la  destruction  efficace  des  microbes  ne  peut 
s'accomplir.  . 

La  physiologie  et  la  pathologie  doivent  se  fournir  ici  un 
mutuel  appui.  La  première  nous  apprend  que  des  causes  en 
apparence  insignifiantes  suffisent  à  provoquer  dans  l'orga- 
nisme du  nourrisson  des  perturbations  capables  d'entraîner 
un  retard  considérable  ou  même  un  arrêt  définitif  dans  son 
développement.  La  seconde  nous  fait  comprendre  qu'il  doit  en 
être  ainsi  par  suite  de  l'état  d'équilibre  instable  dans  lequel 
se  trouve  un  organe  imparfaitement  développé  et  néanmoins 
obligé  d'assurer  l'accomplissement  des  échanges  organiques 
indispensables  à  la  vie.  Mais  ces  considérations  ne  suffisent 
pas  à  nous  faire  comprendre  dans  tous  ses  détails  cette  vérité, 
fruit  d'une  expérience  multiséculaire  :  «  Le  sein  maternel  est 
le  seul  mode  d'alimentation  du  nourrisson  intégralement 
adéquat  au  but;  lui  seul  peut  prévenir  à  coup  sûr  l'apparition 
de  troubles  digestifs  graves.  » 

III 

LAIT    DE    FEMME    ET    LAIT    DE   VACHE. 

Importance  du  lait  maternel.  —  Devoirs  des  parents  et  de  l'État  au  point 
de  vue  de  Tindividu,  de  la  société,  de  la  civilisation  et  de  la  politique. 
—  Inconvénients  et  dangers  du  non-allaitement.  —  Conviction  des  mé- 
decins. —  Coup. d'oeil  vers  l'Italie  et  l'Orient.  —  Appel  aux  municipa- 
lités. —  Le  lait  maternel,  «  liqueur  magique  ».  —  Physiologie,  chimie 
et  bactériologie  des  laits  de  femme  et  de  vache.  —  Alimentation  au  lait 
cru  «  l'idéal  »,  quand  le  lait  maternel  fait  défaut.  —  Intangibilité  de  cet 
idéal.  —  Lait  stérilisé  comme  succédané.  —  Méthodes  de  conservation. 

''  —  Perspective  consolante. 

Les  paroles  de  Heubner  rapportées  ci-dessus  expriment 
nettement  que  la  cause  première  de  la  mortalité  infantile 
réside  dans  les  défauts  du  mode  d'alimentation.  Et,  de  fait, 
nous  savons  que  70  à  80  p.  100  de  la  totalité  des  décès  de 
nourrissons  doivent  être  portés  au  compte  des  aléas  inhérents 
aux  tentatives  d'alimentation  artificielle.  Champion  impla- 
cable de  tout  ce  qui  fait  la  vie,  le  médecin  éprouve  une  pro- 


i 


RATION   ALIMENTAIRE   DE    l'ENFANT  83 

fonde  tristesse  lorsqu'il  observe  chez  ses  jeunes  protégés  des 
vices  de  constitution  ou  des  maladies  qui  en  dérivent,  dont 
Tétiologie  réside  dans  les  défauts  d'une  alimentation  arti- 
ficielle. 

Du  moment  où  l'impossibilité  biologique  de  créer  un  succé- 
dané irréprochable  du  lait  maternel  est  établie,  il  est  nécessaire 
et  urgent  de  recommander  et  de  propager  l'allaitement  naturel. 
En  nourrissant^  elles-mêmes  leurs  enfants,  les  mères  ne  con- 
tribueront pas  seulement  à  éviter  ou  à  guérir  des  maladies 
individuelles,  à  compenser  ou  à  supprimer  certaines  tares 
sociales  ;  elles  accompliront,  de  plus,  une  œuvre  de  grand 
mérite  au  triple  point  de  vue  de  la  société,  de  la  civilisation 
et  de  la  politique.  C'est  d'ailleurs  un  vrai  devoir  social  pour  les 
parents,  et  surtout  pour  les  mères,  que  d'assurer  par  tous  les 
moyens  possibles  à  ceux  qu'ils  ont  mis  au  monde  le  patrimoine 
de  la  santé  et  de  la  force,  pour  les  mettre  à  même  de  réaliser 
les  espérances  que  l'État  fonde  sur  eux.  Reconnaître  ce  devoir 
est  l'obligation  morale  de  tout  individu  conscient  de  la  part 
de  responsabilité  qui  incombe  à  chacun  dans  la  collaboration 
de  tous  à  la  prospérité  de  la  Patrie.  De  son  côté,  tout  État  en 
voie  de  progrès  possède  le  droit  indéniable  d'exiger  de  ses 
membres  l'observance  de  ce  devoir.  L'exercice  de  ce  droit  est 
d'autant  plus  indispensable  au  salut  d'un  État  que  celui-ci 
fait  plus  de  sacrifices  au  profit  des  intérêts  matériels  et 
intellectuels  de  ses  membres,  de  la  prospérité  et  de  la  défense 
des  classes  laborieuses,  du  relèvement  du  bien-être  général. 
Lorsqu'à  force  de  soins  vigilants  un  pays  est  parvenu  à  sti- 
muler suffisamment  l'activité  publique  pour  que  la  situation 
de  millions  de  ses  sujets  ait  pu  s'améliorer  grâce  aux  bienfaits 
d'une  politique  généreuse,  victorieuse  de  toutes  les  difficultés 
et  de  tous  les  écueils,  il  est  par  le  fait  même  légitimement 
autorisé  à  empêcher  toute  spoliation  du  bien  acquis  au  détri- 
ment de  la  fortune.  L'importance  sociale  de  l'alimentation 
naturelle  repose  en  premier  lieu,  quoique  non  exclusivement, 
sur  la  somme  des  unités  sociales  dont  elle  empêche  annuel- 
lement la  destruction.  Pour  se  faire  une  image  fidèle  de  la 
vitalité  d'un  peuple,  il  faut  comparer  cette  donnée  avec  les 
chiffres  fournis  parles  statistiques  des  naissances  et  des  décès. 
C'est  alors  aussi  que  l'on  pourra  se  faire  une  idée  exacte  du 
dommage  qu'entraîne  pour  le  trésor  public  le  non-allaitement 
des  mères.  La  somme  de  vie  qui  se  perd  actuellement  avant 


84  HENRI    KLOSE 

d'avoir  pu  profiter  soit  à  Tindividu,  soit  à  la  société,  égale  à 
peu  près  le  quadruple  de  celle  qui  devient  la  proie  de  Tàge. 
Si  Ton  calcule  le  tribut  moyen  qu'une  nation  est  contrainte 
de  payer  chaque  année  à  la  mort  et  le  contingent  d'existences 
qui  sont  sacrifiées  avant  d'avoir  produit  une  œuvre  sociale 
active,  on  trouve  que  le  second  chiffre  est  douze  fois  multiple 
du  premier.  Bôckh  a  établi  qu'à  Berlin,  toutes  autres  condi- 
tions égales  d'ailleurs,  le  nombre  de  décès  parmi  les  enfants 
nourris  à  la  mamelle  est  sept  fois    moindre  que  celui   des 
enfants  nourris  avec  des  préparations  alimentaires.  Au  sur- 
plus, le  médecin  observateur  n'a-t-il  que  faire  des  données 
statistiques.  Tous  les  jours,  il  peut  se  rendre  compte    par 
lui-môme  de  la  supériorité  du  lait  de  femme.  Il  sait  que 
chaque  jour  d'allaitement  représente,    notamment  pendant 
les  premières  semaines,  une  garantie  nouvelle  de  viabilité. 
11    est   convaincu   que   les   exemples   de    grande   fécondité 
ne  se  trouvent  pas  dans  les  familles  dont  les  rejetons  sont 
soumis  à  l'allaitement  naturel  et  qui  ne  prennent  par  consé- 
quent qu'une  part  minime  à  l'énorme  mortalité  infantile,  mais 
bien  plutôt  parmi  celles  dont  la  progéniture  alimentée  arti- 
ficiellement paie  un  tribut  considérable  à  la  mort  prématurée 
et  qui  sont  les  facteurs  principaux  du  désarroi  social.  Il  ne 
résulte  pas  de  là  cependant  que  le  fait  de  nourrir  elle-même 
son  enfant  protège  la  mère  régulièrement  et  pendant  toute  la 
durée  de  l'allaitement  d'une  nouvelle  conception.  L'exemple 
de  l'Italie  démontre  d'une  manière  typique  que  la  question  de 
Talimentation  est  d'une  importance  prépondérante  en  puéri- 
culture. En  effet,  dans  les  régions  de  ce  pays,  où  les  mères 
ont  conservé  l'habitude  d'allaiter,  la  mortalité  infantile  est 
très  faible,  et  cela  malgré  que  l'état  déplorable  de  l'hygiène 
domestique  et  une  misère  sociale  des  plus  profondes  y  aient 
créé  des  conditions  d'existence  indignes  de  l'humanité. 

En  Orient,  il  est  général  que  les  enfants  prennent  le  sein 
deux  ans  durant.  La  loi  musulmane  ordonne  à  la  mère  de 
nourrir  son  enfant  pendant  trente  mois,  dont  dix  dans  le  giron 
et  vingt  à  la  mamelle.  Si  l'enfant  meurt  plus  tôt,  il  pourra 
téter  dans  l'autre  vie  pendant  tout  le  temps  qui  lui  fit  défaut 
ici-bas.  S'il  arrive  que  pour  une  cause  ou  l'autre  la  mère  est 
mise  dans  l'impossibilité  de  remplir  son  terme,  le  nourrisson 
est  confié  à  une  parente  ou  à  une  voisine  qui  l'allaite  au  même 
titre  que  sa  progéniture.  Tout  enfant  ainsi  allaité  par  une 


RATION    ALIMENTAIRE   DE   L'ENFANT  85 

étrangère  contracte  vis-à-vis  d'elle  une  certaine  parenté  et 
ne  pourra  pas  plus  tard  se  marier  avec  son  frère  ou  sa  sœur 
de  lait.  La  colactation  entraîne  donc  la  consanguinité.  Je 
veux  bien  qu'à  nous  autres,  peuples  occidentaux,  ces  usages 
de  l'Orient  puissent  sembler  assez  ridicules.  Les  femmes  orien- 
tales allaitent  leurs  enfants  d'une  manière  instinctive  à  Tinstar 
des  bêtes,  sans  observer  la  moindre  règle  spéciale.  Quant  à 
la  femme  «  dégénérée  »  de  notre  civilisation  moderne,  les  lois 
et  les  mœurs  la  préparent  mal  à  ses  futures  fonctions  de  mère. 
Dans  notre  société,  le  mode  de  vie  est  précisément  l'inverse 
de  ce  qui  siérait  à  la  femme  qui  allaite.  Plusieurs  dizaines 
d  années  devront  s'écouler  encore  avant  que  nos  conditions 
sociales  puissent  s'améliorer  sous  ce  rapport.  L'alcoolisme,  la 
tuberculose  et  la  syphilis,  dont  les  méfaits  se  répercutent 
d'une  manière  si  funeste  sur  les  enfants,  ne  se  laissent  vaincre 
qu'à  la  longue.  11  faut  donc  tendre  avant  tout  à  rétablir  l'al- 
laitement maternel  dans  les  us  et  coutumes  du  peuple.  Dès 
avant  la  parturition,  nous  devons  ordonner  les  mesures 
capables  d'assurer  au  nourrisson  la  continuation  de  l'alimen- 
tation naturelle  après  sa  naissance.  Il  importe  pour  cela  d'ins- 
taurer le  nouveau  système  d'instruction  des  masses  et  de  créer 
le  genre  d'institutions  dont  il  a  été  question  dans  le  chapitre 
précédent.  C'est  à  l'Etat  et  aux  municipalités  qu'il  appartient 
de  prendre  Imitiative  de  ce  mouvement.  C'est  à  eux  de  four- 
nir les  ressources  pécuniaires  suffisantes  pour  permettre  à  la 
femme  des  classes  laborieuses  les  ménagements  que  son  état 
réclame,  au  moins  quinze  jours  avant  et  six  semaines  après 
l'accouchement  ;  c'est  à  eux  à  mettre  la  mère  en  état  d'entourer 
son  nourrisson  de  tous  les  soins  désirables  ;  c'est  à  eux  encore 
à  permettre  à  la  mère  de  donner  au  moins  trois  fois  par  jour 
le  sein  à  son  bébé,  notamment  en  favorisant  l'institution  des 
«  berceaux  à  l'usine  »  ;  c'est  à  eux  enfin  d'augmenter  les  res- 
sources des  mères  nécessiteuses  en  leur  faisant  distribuer  des 
vivres  pendant  la  période  d'allaitement.  Les  efforts  de  tout  le 
monde  doivent  tendre  à  supprimer  les  causes  qui  concourent 
à  rendre  l'allaitement  difficile.  Au  besoin,  l'État  ne  doit  même 
pas  reculer  devant  des  mesures  législatives  pour  pourvoir  les 
bébés  des  grandes  villes  de  cette  «  liqueur  magique  »  qu'est 
le  lait  de  la  mère,  en  ce  sens  qu'il  est  non  seulement  un 
aliment  très  précieux,  mais  encore  un  médicament  efficace. 
Oui,  le  lait  maternel  est  une  «  liqueur  magique  »,  car  il 


86  HENRI   KLOSE 

constitue  le  seul  aliment  dont  la  composition  corresponde  dans 
ses  moindres  détails  aux  besoins  de  l'organisme  pour  lequel 
il  a  été  spécialement  élaboré  ;  il  possède  son  pouvoir  vivifiant 
et  fermentatif  propre  ;  il  est  en  quelque  sorte  de  la  chair 
liquéfiée.  Le  lait  maternel  est  un  agent  souverain  de  nutrition 
et  de  défense,  parce  qu'il  est  le  véhicule  de  tous  les  éléments 
nécessaires  à  l'entretien,  au  fonctionnement  et  au  dévelop- 
pement de  l'organisme  et  que,  grâce  aux  propriétés  spécifiques 
des  alexines  et  des  agglutinines  qui  y  sont  contenues,  il  fournit 
à  l'organisme  un  puissant  moyen  de  défense  et  de  résistance  à 
l'égard  des  maladies. 

En  comparant  les  propriétés  physiques,  chimiques  et  bac- 
tériologiques du  lait  de  la  femme  à  celles  du  lait  d'autres 
animaux,  nous  apprenons  à  connaître  les  formes  sous  les- 
quelles il  convient  d'administrer  le  lait  de  vache  aux  nour- 
rissons et,  de  plus,  à  juger  de  la  valeur  scientifique  des 
diverses  préparations  alimentaires,  dont  quelques-unes  répon- 
dent à  une  vraie  nécessité  et  satisfont  par  leur  composition 
aux  exigences  de  l'expérience  médicale,  tandis  que  le  plus 
grand  nombre  n'ont  d'autre  but  que  de  servir  les  intérêts 
mercantiles  de  certains  fabricants  qui  les  imaginèrent  et  les 
lancèrent  dans  le  commerce,  à  grand  renfort  de  réclame 
pseudo-  scientifique . 

Le  lait  est  un  liquide  blanc,  opaque,  d'odeur  agréable,  de 
goût  légèrement  sucré.  Il  absorbe  facilement  les  odeurs.  Point 
d'ébuUition  :  100-101°  C;  point  de  congélation  :  0,54-0%57  C. 
(très  proche  de  celui  du  sérum  sanguin);  poids  spécifique  : 
1030-1036.  C'est  une  émulsion  de  globules  butyreux  de  très 
faible  calibre  dans  un  liquide  hyalin.  Sa  réaction  est  alcaline 
vis-à-vis  du  tournesol  et  acide  vis-à-vis  de  la  phénolphtaléine; 
cette  propriété  amphotère  est  plus  prononcée  dans  le  lait  de 
vache  que  dans  celui  de  femme.  Le  lait  de  vache  accuse  immé- 
diatement après  la  traite  2  à  4"^  d'acidité,  chaque  degré 
correspond  à  la  quantité  d'acide  renfermé  dans  30  centimètres 
cubes  de  lait  lorsqu'on  les  sature  par  la  soude  caustique  un 
quart  normale.  Maintenu  à  la  température  du  corps  de  la 
vache,  il  conserve  ce  degré  d'acidité  pendant  trois  à  huit  heures  ; 
à  10°  G.,  pendant  cinquante-deux  à  soixante-quinze  heures, 
suivant  les  conditions  de  propreté  dans  lesquelles  s'est  opérée 
la  traite.  A  l'ébuUition,  le  lait  se  caille  dès  qu'il  accuse 
5%5  à  6°  d'acidité  ;  la  coagulation  spontanée  à  froid  s'opère 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   L  ENFANT 


87 


à  IS-IG*"  d^acidité.  Il  suit  de  là  que,  puisque  Tacidité 
augmente  selon  le  temps  plus  ou  moins  long  écoulé  depuis 
la  traite,  un  simple  titrage  permet  de  se  rendre  compte 
approximativement  de  la  fraîcheur  d*un  échantillon  donné.  Le 
lait  renferme  en  proportions  variables  suivant  la  race  ani- 
male :  de  Teau,  des  substances  albuminoïdes,  des  hydrates  de 
carbone,  des  graisses,  des  sels  et  des  matières  extractives. 
Parmi  les  tableaux  destinés  à  mettre  en  lumière  la  composition 
chimique  du  lait,  je  citerai  celui  de  Rothschild  et  Kônig  : 


COîlSTITrAXTS. 


LAIT  DB  FEMMB. 


Filhol  et 
Jolv. 


Ean 

Albuiûiae 
Graisse  . . 
Lactose. . . 
Seb 


•/i 


87,8 
2,17 
4,5 
5.5 
0.18 


K5nig. 

•/• 

87.41 

3,76 

3,66 

4,82 


FILHOL  ET  JOLY. 


Vache. 


86,13 
4,92 
4,05 
5,50 
0,40 


Anesse. 


90,12 
2,03 
1,55 
5,80 
0,50 


Jument. 

•/o 
8?,8 
1,k4 
6,87 
8,65 
8.6b 


Chèvre. 


•/( 


0 

79,1 
8.69 
8,55 
2,70 
0,:)2 


Ce  sont  des  valeurs  moyennes  obtenues  en  tenant  compte 
des  variations  qui  se  produisent  régulièrement  dans  la  com- 
position du  lait  sous  Tinfluence  d'une  série  de  facteurs  physio- 
logiques, tels  que  la  période  de  lactation,  le  moment  de  la 
traite  ou  de  la  tétée,  le  mode  d'alimentation  et  le  genre  de  vie. 
A  notre  point  de  vue,  il  n'est  pratiquement  intéressant  de 
comparer  entre  eux  que  le  lait  de  femme  et  celui  de  vache. 
Eux  seuls  ont  donné  lieu  à  un  nombre  suffisant  d'expériences, 
et  le  lait  de  vache  est  le  seul  qui  soit  pratiquement  utilisable 
comme  succédané  du  lait  maternel.  Le  lait  de  femme  est  moins 
riche  en  albumine  et  matières  minérales  que  le  lait  de  vache. 
Ce  dernier  doit  être  dilué,  lorsqu'on  veut  s'en  servir  pour 
l'alimentation  des  enfants.  Par  contre,  le  lait  de  vache  est 
moins  riche  en  sucre  de  lait  ;  celui-ci  doit  donc  être  ajouté  en 
quantités  convenables.  La  caséine,  représentant  principal  des 
trois  catégories  d'albuminoïdes  bien  définies,  est  précipitable 
par  une  petite  quantité  d  acide,  mais  elle  se  redissout  toutefois 
dans  un  excès  d'alcali.  Dans  le  lait,  elle  existe  d'ailleurs  en 
combinaison  avec  des  bases.  Sous  l'action  de  la  présure,  le  lait 
de  vache  se  coagule  en  grumeaux  épais,  celui  de  femme  en 
flocons  très  fins.  C'est  là  une  différence  essentielle,  car  le  coa- 
gulum  massif  du  lait  de  vache  surcharge  et  use  les  éléments 
musculaires  du  tractus  digestif  en  y  déterminant  des  irritations 


88  HENUI    KLOSE 

mécaniques.  Le  groupe  des  hydrates  de  carbone  non  repré- 
senté par  la  caséine  est  figuré  par  la  lactose.  La  présence  de 
ce  composé  et  celle  d'une  grande  quantité  d'eau  font  du  lait 
un  excellent  milieu  de  culture  pour  les  bactéries  et  un  champ 
fort  propice  aux  fermentations.  D'après  Béchamp,  la  lactose 
du  lait  de  femme  se  distingue  de  celle  du  lait  de  vache  non 
par  sa  composition,  mais  par  sa  forme  cristalline.  Les  graisses 
sont  constituées  par  les  glycérides  de  divers  acides  gras.  Le 
lait  de  femme  est  riche  en  oléine  et  pauvre  en  triglycérides 
des  acides  gras  volatils;  celui  de  vache,  par  contre,  renferme 
une  grande  quantité  de  ces  derniers  composés,  mais  fort  peu 
d'oléine.  Parmi  les  matières  salines  renfermées  dans  le  lait, 
il  faut  mentionner  les  phosphates  potassiques,  la  potasse,  la 
magnésie,  le  fer  et  l'alun.  Les  analyses  comparées  des  cendres 
du  lait  et  de  celles  du  nourrisson  nous  ont  fait  voir  déjà  la 
différence  qu'ils  présentent  au  point  de  vue  du  pourcentage 
en  fer.  La  chimie  et  la  physique  nous  enseignent  que  les  sels 
minéraux  jouent  un  rôle  intermédiaire  très  important  dans  le 
chimisme  nutritif.  La  théorie  est  ici  encore  confirmée  par  l'ex- 
périence. En  effet,  un  médecin  russe  a  fait  cette  observation 
intéressante  que,  chez  les  enfants  au  sein  arriérés,  le  lait  de 
la  mère  affecte  certaines  variations  dans  la  teneur  en  caséine 
et  beurre  et  est,  de  plus,  très  pauvre  en  matières  minérales, 
principalement  en  fer.  Il  est  vrai  qu'en  venant  au  monde  le 
nouveau-né  possède,  dans  son  foie,  une  certaine  provision  de 
fer  qui  peut  en  quelque  sorte  servir  de  réserve  et  qu'il  met  à 
^contribution  pendant  sa  première  année  d'existence;  cepen- 
dant, chez  les  sujets  arriérés,  cette  provision  de  fer  n'est  pas 
suffisante  à  compenser  la  pénurie  des  aliments  en  fer.  C'est 
(pourquoi  le  lait  ne  suffit  pas  à  lui  seul  à  couvrir  les  besoins 
alimentaires  de  l'enfant  à  partir  de  la  seconde  année,  où  la 
quantité  de  fer  quotidiennement  requise  par  l'organisme  s'élève 
à  14-16  milligrammes  par  kilogramme  de  poids.   Parmi  les 
substances  extractives  dont  on  a  signalé  la  présence  dans  le 
lait,  il  faut  citer  la  lécithine,  la  cholestéarine,  l'urée,  la  créa- 
tine,  le  lipochrome,  la  dextrine,  certaines  substances  non  cris- 
tallisables,    optiquement    actives,    des  matières   odorantes, 
solubles  dans  le  sulfure  de  carbone  et  de  Tacide  phosphocréa- 
tinique.  Le  rôle  qu'il  convient  d'attribuer  à  ces  matières,  tant 
sous   le  rapport  des  différences  essentielles  que  présentent 
entre  eux  le  lait  de  vache  et  celui  de  femme  qu'au  point  de 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'kNFANT  80 

vue  de  leur  rôle  dans  ralimentation  infantile,  n'est  pas  encore 
nettement  défini.  On  a  édifié  à  ce  sujet  de  nombreuses  hypo- 
thèses. Philippe  Biedert,  ce  vieux  combattant  dans  Tarène  de 
ia  puériculture  et  de  Talimentation  infantile,  admet  que  la 
différence  observée  entre  le  lait  de  vache  et  celui  de  femme  au 
point  de  vue  alimentaire  découle  de  la  différence  entre  leurs 
caséines  respectives.  11  maintient  cette  opinion  dans  la  nou- 
velle édition  de  son  excellent  ouvrage.  Pareillement,  Schloss- 
mann  et  Hamburger  estiment  que  Talbumine  des  cellules  à 
fonctions  identiques,  mais  d'espèce  différente,  possède  une 
structure  biochimique  différente.  Ils  basent  cette  opinion  sur 
la  loi  biologique  de  Tunité  de  l'espèce  :  chaque  cellule,  chaque 
liquide  cellulaire  d'im  organisme  porte  l'empreinte  de  Tentité 
propre  à  cet  organisme.  Il  s'ensuit  qu'une  albumine  d'une 
espèce  différente  de  celle  qui  est  propre  à  un  organisme  donné 
agit  sur  ce  dernier  à  l'instar  d'un  poison,  parce  qu'elle  n'est 
pas  à  même  de  maintenir  Téquilibre  des  cellules  et  des 
liquides  cellulaires.  Dans  l'alimentation  naturelle,  l'albumine 
ingérée  est  identique  à  celle  de  l'organisme  ;  dans  l'alimenta- 
tion artificielle,  elle  ne  Test  pas.  Cette  albumine  «  aspécifique  » 
provoque  une  irritation  assez  violente  des  cellules;  les  cellules 
des  organes  digestifs  du  nouveau-né  offrant  toutes,  d'après  la 
loi  de  l'unité  de  l'espèce,  la  structure  spécifique  de  leur  albu- 
mine, elles  sont  assez  gravement  mises  à  mal  par  l'albumine 
du  lait  de  vache.  Chez  les  adultes,  l'albumine  artificielle,  tou- 
jours aspécifique,  n'agit  que  comme  excitant  physiologique; 
chez  le  nouveau-né,  au  contraire,  elle  exerce  une  irritation 
nocive,  parce  que  les  organes  digestifs,  incomplètement  déve- 
loppés, sont  encore  inaptes  à  l'accomplissement  intégral  de 
leurs  fonctions.  Ici  l'excitation  physiologique  doit  être  provo- 
quée non  par  l'albumine  aspécifique,  mais  par  l'albumine 
spécifique.  Au  point  de  vue  mécanique,  chimique,  résorptif  et 
assimila toire,  l'albumine  aspécifique  donne  lieu  à  un  excès 
de  travail  et  nuit  par  conséquent  à  l'organisme,  comme  le 
fait  tout  autre  excitant  non  physiologique.  Wassermann  a 
essayé  de  donner  à  cette  théorie  un  appui  expérimental. 
Daprès  lui,  le  lait  maternel  serait,  pour  le  nourrisson,  un 
aliment  homologue,  le  lait  de  vache,  au  contraire,  un  aliment 
hétérologue.  Comme  conclusion,  il  admet  que  l'aliment 
hétérologue,  à  l'inverse  de  l'aliment  homologue,  accapare 
certains  ferments  biologiques  qu'il  concentre  et  localise  à  l'en- 


90  HENRI    KLOSE 

droit  où  il  se  trouve.  On  peut  en  déduire  que  Taliment  hété- 
rologue  confisque,  lors  de  son  assimilation,  c'est-à-dire  de  sa 
transformation  en  substance  active  et  vivante,  toute  une  série 
de  ferments,  dont  Talbumine  homologue  n'a  pas  besoin. 
D'après  cela,  Tinconvénient  principal  de  Talimentation  au  lait 
de  vache,  alimentation  «  innaturelle  »  de  Schlossmann,  réside 
dans  la  caséine,  dont  Biedert  ne  considère  que  les  particula- 
rités purement  physiques  :  couleur,  réaction,  consistance, 
solubilité,  mode  de  coagulation,  action  des  précipitants. 

Cette  opinion  quelque  peu  lapidaire  3e  Biedert  est  com- 
battue par  Gzerny,  Ganghofner,  Langer,  Langstein  et  Heubner. 
Ce  dernier  institua  des  expériences  très  précises  sur  les 
échanges  organiques.  Elles  démontrèrent  que  la  substance 
azotée,  telle  qu'elle  est  contenue  dans  le  lait  de  vache,  peut 
parfaitement  être  mise  à  profit  par  l'intestin  infantile 
à  5-6  p.  100  près  et  que  la  partie  non  utilisée  passe  dans  l'urine 
sous  forme  de  produits  de  décomposition.  Dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances,  nous  ne  pouvons  donc  dire  encore 
quelle  est  la  raison  exacte  des  nombreux  insuccès  de  l'alimen- 
tation artificielle,  vu  que  les  causes  premières  demeurent 
obscures,  quelque  plausibles  que  puissent  paraître  les  théo- 
ries émises.  Force  est  donc  de  s'en  tenir  aux  résultats  de  l'ex- 
périence journalière,  lesquels  se  résument  à  dire  que  le  nour- 
risson supporte  le  lait  de  vache  préalablement  dilué,  mais 
qu'il  ne  le  supporte  pas  dans  le  cas  contraire.  Or,  comme  ce 
qui  distingue  quantitativement  le  lait  de  vache  du  lait  de 
femme  c'est  l'albumine  et  les  cendres,  et  non  pas  la  graisse 
ou  le  sucre,  il  faut  admettre  que  ce  sont  les  premiers  de  ces 
composés  qui  sont  mal  tolérés. 

Au  point  de  vue  bactériologique,  l'état  de  la  question  est 
mieux  défini.  Pris  au  sein,  le  lait  esf  fourni  à  l'enfant  sans 
aucun  intermédiaire  et  ne  renferme  que  les  germes  contenus 
dans  les  exutoires  des  organes  lactophores.  On  ne  rencontre 
ici,  à  côté  de  quelques  microorganismes  sans  aucune  impor- 
tance, que  le  Staphylococcus  pyogenes  albus  et  rarement  le 
Staphylococcus  pyogenes  aureus.  Le  développement  normal 
des  enfants  à  la  mamelle  démontre  que  ces  staphylocoques 
n'exercent  aucune  influence  fâcheuse  sur  la  composition  du 
lait.  Ils  n'acquièrent  une  signification  pathogène  que  lorsque 
des  impuretés,  de  la  salive  ou  du  lait  aigri,  s'accumulent  au 
mamelon  de  la  mère.  Jacobus  a  constaté  chez  un  enfant  à  la 


RATION   ALIMENTAIRE  DE    l'eNFANT  91 

mamelle  un  cas  de  scorbut  dû  à  la  mauvaise  qualité  du  lait 
maternel.  C'est  pourquoi  il  faut  mettre  les  mères  en  garde 
contre  Thabitude  d'humecter  le  bout  de  leur  sein  avec  de  la 
salive  et  leur  apprendre  à  se  laver  soigneusement  le  mamelon, 
avant  et  après  chaque  tétée,  en  se  servant  d'un  tampon  d'ouate 
trempé  dans  l'eau  pure  à  10-12''  C.  ;  tous  les  antiseptiques 
doivent  être  évités,  et  les  premières  gouttes  de  lait  doivent  être 
jetées.  Lorsque,  dans  l'allaitement  artificiel,  on  conserve 
du  lait,  ce  «  lait  vivant  »  se  transforme  en  un  liquide  exposé 
à  toutes  les  modifications  morbides.  Les  bactéries  entrent  en 
action.  Le  nombre  des  germes  qui  pullulent  dans  le  lait  atteint 
en  moyenne  10  à  20000  par  centimètre  cube,  lorsque  la  traite 
s'est  opérée  dans  les  conditions  de  la  plus  grande  propreté 
généralement  réalisable  :  tablier  propre,  mains  lavées,  net- 
toyage préalable  du  pis  et  lavage  des  tétons  avec  un  morceau 
de  flanelle  bien  lavée  et  séchée,  rejet  des  premières  portions 
de  la  traite  contaminées  par  les  bactéries  des  conduits  excré- 
toires, réception  du  lait  dans  un  récipient  muni  d'un  tamis, 
immobilisation  delà  queue  pendant  la  traite,  choix  convenable 
de  la  nourriture  de  façon  à  ce  que  les  excréments  des  animaux 
aient  une  consistance  solide.  De  plus,  les  premières  portions 
de  la  traite  sont  toujours  plus  riches  en  bactéries  que  les  por- 
tions suivantes  ;  les  dernières  sont  même  parfois  vierges  de 
tout  germe.  Le  lait  de  chèvre  peut  être  aisément  obtenu  dans 
les  conditions  d'asepsie  telles  que  l'on  n'y  rencontre,  immé- 
diatement après  la  traite,  qu'un  nombre  de  germes  variant 
de  5  à  1 500  bactéries  par  centimètre  cube  ;  mais  cet  avantage 
du  lait  de  chèvre  sur  le  lait  de  vache  est  contre-balancé  par  sa 
digestibilité  plus  difficile  et  sa  teneur  relativement  forte  en 
matières  grasses.  En  tant  qu'aliment  pour  nourrissons,  le  lait 
de  chèvre  est  donc  de  moindre  valeur.  De  nombreuses  expé- 
riences le  confirment.  Ajoutons  que  la  méthode  de  Fournier, 
qui  consistait  en  principe  à  faire  téter  les  enfants  directement 
à  la  mamelle  des  animaux,  est  actuellement  abandonnée.  Si 
Ton  étudie  le  lait  de  vache  fraîchement  trait  au  point  de  vue 
des  diverses  espèces  de  bactéries  y  contenues,  on  observe  qu'il 
s'y  rencontre  principalement  des  représentants  des  espèces 
acidogènes  :  Bacierium  acidi  lactici  Hueppe,  Bacterium  lactis 
aerogenes^  Bacterium  Guntheri^  etc.  Ces  bactéries  représentent 
environ  60  à  80  p.  100  de  la  totalité  des  germes  présents; 
10  à  20  autres  p.  100  sont  fournis  par  diverses  espèces  de 


92  HENRI    KLOSE 

coques,  notamment  plusieurs  streptocoques,  parmi  lesquels 
Seiffer  et  Brtining  n'ont  jamais  observé,  au  cours  de  leurs 
recherches  sur  des  animaux,  d'espèce  pathogène. 

Il  importe  de  mettre  ce  résultat  expérimental  en  regard  do 
celui  de  Petruschkys,  qui,  en  expérimentant  à  Danzig  sur  du 
lait  recueilli  en  été,  déclara  que  le  pullulement  considérable 
et  rapide  du  streptocoque  pyogène  ou  pathogène  dans  ce 
liquide  le  transforme  rapidement  en  une  préparation  puru- 
lente. Partant  de  cette  conception  erronée,  il  recommanda 
certaines  conserves  lactées,  qui,  introduites  dans  la  pratique, 
se  sont  montrées  dangereuses.  Il  est  vraisemblable  que  la 
teneur  initiale  du  lait  en  bactéries  varie  considérablement 
suivant  les  pays  et  les  saisons,  tant  au  point  de  vue  de  leur 
nature  que  de  leur  nombre.  En  tout  cas,  Petruschkys  a  ren- 
contré à  Danzig  même  certains  laits  qui,  immédiatement  après 
la  traite,  étaient  fort  pauvres  en  germes,  notamment  en 
streptocoques.  Les  10  à  20  p.  100  restant  de  la  teneur  initiale 
en  bactéries  d'un  lait  recueilli  dans  les  conditions  de  propreté 
voulues  se  répartissent  sur  diverses  espèces  de  microorga- 
nismes saprophytiques,  mais  on  n'y  a  jamais  rencontré  les 
spores  qui  seraient  particulièrement  dangereuses,  d'après 
Flijgge.  Le  lait  fraîchement  trait  renferme  donc  forcément  et 
inévitablement  un  certain  nombre  de  microorganismes.  L'ex- 
périence pédiatrique  nous  apprend  que,  dans  les  conditions 
normales,  il  n'y  a  là,  en  général,  aucun  danger  pour  le  nour- 
risson ;  au  contraire,  Tinfluence  de  ces  microorganismes  est 
bienfaisante  en  ce  sens  que  les  acides  sécrétés  par  eux 
empêchent  le  développement  des  bactéries  dangereuses, 
notamment  des  bactéries  peptonisantes  et  sporogènes.  II  faut 
donc  la  contrarier  le  moins  possible,  à  condition  toutefois  que 
l'activité  acidogène  n'excède  pas  les  limites  normales  et  ne 
provoque  pas  une  acidité  très  prononcée,  capable  de  compro- 
mettre le  goût  des  aliments  et  de  déterminer  la  coagulation 
prématurée  du  lait.  D'après  Seiffert,  Duclaux,  Backhaus, 
Petruschkys,  le  lait  trait  dans  les  conditions  d'asepsie  con- 
venables peut  se  conserver  pendant  deux  à  trois  fois  vingt- 
quatre  heures  à  la  température  de  20**  C. 

L'étude  bactériologique  et  physiologique  du  lait  nous  fait 
tâter  du  doigt  la  plaie  qui  ronge  tous  les  systèmes  d'alimenta- 
tion artificielle,  comme  aussi  toutes  les  institutions  pour  la 
production  du  lait  destiné  à  l'enfance.  Cette  plaie,  c'est  l'infec- 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'ENFANT  93 

tion  par  contact.  Nous  savons  depuis  longtemps  —  Biedert  et 
Langermann  Font  mis  en  évidence  il  y  a  une  douzaine  d'an- 
nées —  que  le  lait  se  contamine  durant,  le  transport  du  lieu 
de  production  aux  lieux  de  consommation.  Â  cette  infection 
par  contact,  il  faut  joindre  Tinfection  par  lair  de  Tétable.  On 
a  parfois  attribué  à  cette  dernière  une  importance  très  consi- 
dérable. Il  est  de  fait  que  lair  de  Tétable  peut  exercer  sur  le 
lait  une  action  corruptrice,  notamment  lorsqu'il  charrie  des 
bacilles  sporagènes  provenant  de  fourrages  ou  de  litières  trop 
secs,  émettant  beaucoup  de  poussières,  par  exemple  la 
tourbe;  mais  ce  danger  peut  être  évité  sans  peine.  Il  suffit 
d  employer  des  litières  peu  poussiéreuses,  de  bien  aérer  les 
étables,  de  les  munir  d'un  pavement  imperméable  (de  préfé- 
rence carrelage  en  ciment  sur  une  couch<^  de  béton),  de  faci- 
liter Télimination  des  déjections  en  établissant  une  rigole 
commune  reliant  les  stands  isolés,  de  recouvrir  les  murs  des 
étables  d'une  couche  de  couleur  porcelaine-émail  aisément 
lavable,  d'installer  les  laiteries  dans  des  locaux  spéciaux, 
éloignésde  l'étable  et  munis  d*une  canalisation  d'eau,  d'étriller, 
de  brosser  et  de  nettoyer  les  bêtes  avant  la  traite,  et  enfin  de 
maintenir  dans  un  état  de  propreté  irréprochable  tout  le 
mobilier  de  l'étable  :  mangeoires,  râteliers  et  abreuvoirs. 

D  après  Backhaus,  le  lait  du  marché  de  Kœnigsberg  ren- 
ferme par  centimètre  carré  : 

Moins  de  200000  germes  dans    6  p.  100  des  échaotUlonB  prélevés. 


.— 

de  SOOOOO 

— 

14 

<— 

de  1    milUuD 

30 

— 

de  1-5     — 

— 

40 

.~ 

de  5-10    — 

— 

10 

.— 

de  10-20  — 

— 

6 

Plus 

de  20       — 

— 

4 

Il  résulte  de  là  que  tous  nos  efforts  en  vue  d'améliorer  le 
lait  doivent  tendre  à  éviter  autant  que  possible  la  contamina- 
tion secondaire  du  lait  fraîchement  trait,  jusqu'au  moment  de 
la  consommation.  En  premier  lieu,  il  convient  de  récolter  le 
mélange  des  laits  provenant  des  différentes  vaches  dans  un 
seau  stérilisable,  d'où  Ton  pourra  le  déverser  directement  dans 
les  biberons  en  quantités  correspondantes  à  chaque  prise  d'ali- 
ment. Dans  ces  conditions,  le  biberon  est  le  seul  récipient 
avec  lequel  le  lait  doive  être  en  contact  quelque  peu  prolongé. 
Il  va  sans  dire  qu'il  doit  être  absolument  stérilisé.  Dans  notre 
clinique,  nous  avons  adopté  le  système  de  Seiffert.  Cet  auteur. 


94  HENRI   KLOSE 

après  avoir  fait  l'essai  de  toutes  les  méthodes  anciennes  et 
nouvelles  de  nettoyage  des  biberons,  recommande  de  les 
stériliser  en  les  soumettant  à  sec  à  une  température  de  150*  C, 
qui  suffit  pour  détruire  sûrement  les  bacilles  sporagènes  qui 
se  développent  rapidement  dans  les  résidus  de  lait.  Dans 
nos  consultations  policliniques,  nous  recommandons  aux 
mères  de  déposer  les  biberons  gradués  dans  de  Teau  bouil- 
lante additionnée  de  sel  de  soude  pendant  cinq  à  dix  minutes, 
puis  de  les  riacer  soigneusement  à  Teau  chaude.  Les  dilu- 
tions de  lait  que  nous  prescrivons  dans  les  instructions  écrites 
remises  k  chaque  mère  doivent  se  faire  au  bain-marie  froid. 
Aux  parents  peu  fortunés  nous  fournissons,  à  raison  de 
10  pfennigs  le  litre,  le  lait  tout  préparé  à  être  donné  à 
Tenfant,  d'après  la^  méthode  éminemment  recommandable 
de  Fôrster;  les  parents  pauvres  reçoivent  ce  même  lait  gra- 
tuitement. Cette  méthode,  dont  l'application  se  fait  du  reste 
sous  le  contrôle  de  M.  le  professeur  Fôrster,  consiste  à  chauffer 
le  lait  à  85°  C.  seulement,  puis  à  le  refroidir  brusquement 
à  12'  C,  ce  qui  assure  sa  conservabilité.  A  Tépoque  des 
grandes  chaleurs,  ces  précautions  sont  absolument  indispen- 
sables. Les  biberons  sont  fermés  au  moyen  d'un  bouchon  en 
porcelaine  non  perforé,  maintenu  en  place  à  l'aide  d'une 
pièce  nickelée  faisant  ressort;  comme  fermeture,  nous  nous 
servons  d'une  rondelle  en  caoutchouc  percée  d'un  orifice  très 
étroit  et  pouvant  être  lavée  après  chaque  usage.  Bien  que  de 
cette  façon  et  malgré  que,  lors  de  la  mise  en  place  de  la  ron- 
delle, on  prenne  les  précautions  les  plus  minutieuses  pour 
éviter  toute  infection  par  contact,  les  garanties  de  non-conta- 
mination  par  des  germes  ou  des  spores  ne  soient  jamais  abso- 
lues, on  est  néanmoins  en  droit  d'admettre  qu'aucune  décom- 
position ne  pourra  se  produire  en  raison  de  la  consommation 
rapide  du  lait.  Vu  son  prix  trop  élevé,  nous  avons  cru  devoir 
réserver  provisoirement  aux  besoins  de  notre  clinique  infantile 
le  système  de  bouchage  absolument  aseptique  recommandé 
par  Seiffert  :  feuille  d'étain  recouverte  d'une  couche  mince 
d  agar-agar  stérilisé.  Nous  n'insisterons  pas  sur  ce  point. 

Si  la  théorie  nous  apprend  qu'à  défaut  de  lait  de  la  mère  le 
lait  de  la  vache  à  Tétat  naturel  constitue  l'aliment  idéal  ;  si  des 
essais  institués  dans  notre  clinique,  à  la  suite  des  publications 
intéressantes  d'Eschericb,  Moro,  Seiffert  et  vonSzontagh,  sont 
venus  confirmer  par  leurs  excellents  résultats  la  justesse  de 


WATION   ALIMENTAIRE    DE    l'eNFANT  95 

celle  théorie,  celle-ci  se  trouve  corroborée  encore  par  les  expé- 
riences physiologiques  de  Brunning.  Cet  auteur  choisit  trois 
chèvres  nouveau-nées,  dont  il  nourrit  la  première  —  la  plus 
faible  —  avec  le  lait  de  sa  mère  pris  à  la  mamelle  ;  la  seconde 
—  un  peu  plus  forte  —  avec  le  lait  de  sa  mère  bouilli  et  dilué, 
et  la  troisième  —  la  plus  robuste  —  avec  du  lait  de  vache 
bouilli,  dans  des  conditions  identiques  k  celles  où  l'on  se  place 
pour  Talimentation  des  nourrissons  humains. 

Le  premier  animal,  comparable  à  un  nourrisson  au  sein, 
avait  doublé  le  poids  de  son  corps  au  quinzième  jour;  le 
second,  nourri  avec  son  lait  spécifique  mais  dénaturé,  au  vingt- 
deuxième  jour  seulement,  et  le  troisième,  nourri  avec  du  lait 
aspécifique  dénaturé,  assimilable  par  conséquent  aux  nourris- 
sons humains  soumis  à  Talimentation  artificielle  dans  les 
conditions  favorables,  avait  doublé  de  poids  à  son  vingtième 
jour  d*existence. 

Au  surplus,  les  différences  que  présentent  entre  eux  les 
nourrissons  élevés  au  lait  de  vache  naturel  et  ceux  nourris 
avec  ce  même  lait  dénaturé  ont  été  reconnues  et  appréciées 
dans  d'autres  pays.  En  Amérique,  les  femmes  sont  unanimes 
à  adopter  Talimentation  par  le  lait  de  vache  cru,  parce  qu'elles 
ne  veulent  pas  que  leurs  enfants  aient  Taspect  épais.  Et  ce 
n*est  pas  là  un  simple  caprice  de  la  vanité  féminine.  Les 
peuples  de  race  anglo-saxonne  ont  Tintuition  de  la  beauté 
plastique  chez  Thomme  et  les  animaux  bien  portants.  Les 
enfants  élevés  au  lait  de  vache  stérilisé  ou  dénaturé  sont  fré- 
quemment pâles,  hâves,  épais,  bouffis,  et  offrent  une  résistance 
moindre  h  l'invasion  des  germes  infectieux  ;  au  contraire, 
ceux  qui  sont  nourris  avec  du  lait  de  vache  cru  et  naturel  ont 
une  carnation  fraîche  et  saine,  une  constitution  résistante  et 
une  musculature  robuste.  Evidemment,  l'idéal  n'est  jamais 
entièrement  accessible.  C'est  une  grande  satisfaction  que  de 
vivre  en  un  temps  où  toutes  les  énergies  du  monde  pédia- 
trique  se  concentrent  vers  la  réalisation  de  cet  idéal;  mais 
nous  devons  convenir  que  nous  sommes  loin  du  but  à  atteindre. 
Les  municipalités  devraient  créer  un  nombre  considérable 
d'établissements  modèles,  en  vue  d'une  obtention  rationnelle 
—  techniquement  et  économiquement  —  du  lait  de  vache  des- 
tiné à  l'alimentation  de  l'enfance.  Ce  lait  devrait  être  mis  à 
la  portée  des  classes  nécessiteuses  des  grandes  villes.  Le  bétail 
de  ces  établissements  devrait  être  soumis  au  contrôle  vétéri- 


90  HENRI    KLOSE 

naire  régulier.  On  devrait  obvier  à  la  propagation  de  la  tuber- 
culose par  voie  héréditaire,  soit  à  Taide  de  la  tuberculine  de 
Koch,  d'après  les  indications  de  Bang,  soit  suivant  le  système 
d'immunisation  de  von  Behring,  consistant  à  inoculer  le  virus 
atténué  du  type  de  tuberculose  propre  à  chaque  espèce.  Le 
cheptel  devrait  être  formé  par  de  bonnes  races  indigènes  et 
fréquemment  renouvelé  pour  empêcher  la  déperdition  pro- 
gressive des  qualités  du  lait  et  la  dégénérescence  de  la  puis- 
sance lactogène,  à  la  suite  d'une  exploitation  trop  prolongée. 
Les  vaches  devraient  autant  que  possible  être  au  pâturage,  ou, 
tout  au  moins,  être  soumises  à  l'alimentation  mixte  et  non 
pas,  comme  on  le  faisait  jadis,  aux  fourrages  secs  exclusi- 
•vement.  Il  faudrait,  en  outre,  éviter  les  aliments  reconnus 
impropres  aux  besoins  des  animaux  et,  partant,  nuisibles  à  la 
qualité  du  lait.  Tels  sont  les  drêches  en  grande  quantité  ou  en 
état  de  décomposition,  les  betteraves  hachées,  la  mélasse,  les 
tourteaux  rancis,  le  fourrage  vert  humide. 

Ensuite  et  surtout,  les  personnes  chargées  de  la  garde  des 
nourrissons  devraient  être  mises  au  courant  de  la  raison  d'être 
technique  et  scientifique  des  procédés  qu'on  leur  recommande. 
Elles  devraient  connaître  les  expériences  bactériologiques  et 
physiologiques  qui  leur  servent  de  base.  Le  contrôle  du  lait 
devrait  être  retiré  des  mains  de  la  police  sanitaire  pour  être 
confié  à  des  pédiatres  expérimentés  dans  la  science  de  l'hygiène 
du  lait  et  de  la  physiologie  infantile.  Enfin  le  budget  des 
institutions  dont  nous  parlons  devrait  permettre  l'approvision- 
nement journalier  d'agglomérations  importantes  avec  du  lait 
frais  à  bon  marché,  prêt  à  la  consommation  immédiate.  L'or- 
ganisation de  semblables  institutions  d'un  mécanisme  com- 
pliqué incombe  à  l'initiative  publique  et  non  à  la  charité 
privée. 

Le  point  culminant  de  toute  puériculture  artificielle,  si  elle 
veut  être  rationnelle  et  idéale,  réside  donc  dans  la  question 
du  lait  destiné  à  l'enfance,  et  cette  question,  comme  toutes 
celles  qui  ont  trait  à  Thygiène  publique,  est  une  grosse  ques- 
tion pécuniaire.  11  en  résulte  que,  pour  le  moment  tout  au 
moins,  l'alimentation  au  lait  de  vache  naturel  est  sans  aucune 
importance  au  point  de  vue  -social  et  humanitaire,  parce 
qu'elle  est  irréalisable  sur  une  large  échelle  :  ni  les  grandes 
laiteries,  ni  le  commerce  au  détail  ne  sont  à  même  de  satisfaire 
aux  exigences  qu'on  est  en  droit  de  leur  demander,  avant  d'uti- 


RATION    ALIMENTAIRE   DE   L'ENFANT  97 

User  pour  l'usage  général  le  lait  naturel  qu*ils  produisent  et 
mettent  en  vente.  Plus  onéreux  encore  serait-il  de  se  servir 
des  laits  d^ânesse  et  de  jument,  dont  Talbumine  se  rapproche 
pourtant  le  plus,  au  point  de  vue  chimico-biologique,  de  celle 
du  lait  de  femme,  tant  qualitativement  que  quantitativement, 
mais  que  nous  éprouverions  beaucoup  de  peine  à  nous  pro- 
curer en  quantité  suffisante.  Au  surplus,  le  lait  d*ânesse 
accuse-t-il  une  teneur  en  matière  grasse  trop  faible  et  trop 
variable.  Seul  le  lait  de  jument  pourrait  être  considéré  à  la 
rigueur  comme  un  succédané  quasi  équivalent  du  lait  de 
femme.  Quant  au  lait  de  buffle,  abstraction  faite  de  sa  teneur 
trop  élevée  en  caséine  et  de  sa  richesse  en  beurre,  il  n'est  pas 
à  notre  portée.  C'est  donc  au  lait  de  vache  seul  que  nous 
devons  nous  adresser,  en  lui  appliquant  les  connaissances 
acquises  au  laboratoire  concernant  la  stérilisation  à  de  hautes 
températures.  L'ébuUition  —  l'expérience  nous  l'apprend  — 
assure  la  conservabilité  du  lait  ;  elle  rend  le  lait  durable. 
Toutefois,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  la  stérilisation 
même  prolongée  ne  suffit  pas  à  paralyser  la  toxicité  d'un  lait 
parvenu  à  un  degré  de  décomposition  avancé. 

Pour  le  traitement  du  lait  à  domicile,  l'introduction  dans  le 
domaine  public  du  procédé  Soxhlet,  qui  permet  une  stérilisa- 
tion radicale,  a  marqué  l'ère  d'une  véritable  révolution.  Ce 
procédé  permet  le  dosage  rigoureux  et  commode  de  la  quan- 
tité de  liquide  nécessaire  à  chaque  repas,  la  préparation  et  la 
stérilisation  de  toute  la  ration  journalière.  De  plus,  si  l'on  ne 
prolonge  pas  la  durée  de  l'ébullition  au  delà  de  dix  minutes  et 
qu'on  refroidisse  immédiatement  après  à  une  température 
suffisamment  basse,  on  conserve  au  lait  toutes  ses  propriétés 
digestives,  vu  que  la  caramélisation  du  sucre  de  lait,  la  décom- 
position encore  inéclaircie  de  la  molécule  d'albumine,  la  des- 
truction des  ferments  actifs,  bref  l'anéantissement  par  voie 
chimique  de  tout  ce  qui  constitue  le  caractère  biologique  du 
lait,  ne  s'accomplissent  que  sous  l'action  prolongée  de  la  cha- 
leur pendant  trente  à  quarante  minutes,  ce  dont  ne  tiennent 
malheureusement  pas  compte  certains  médecins,  qui  pres- 
crivent encore  de  stériliser  le  lait  dans  ces  conditions,  au 
grand  dam  de  la  santé  des  nourrissons.  C'est  pour  ne  pas  s'être 
rendu  compte  de  cette  particularité  que  certains  praticiens 
ont  versé  dans  Terreur  de  croire  qu'au  point  de  vue  clinique 
la  stérilisation  n'était  pas  sans  présenter  de  sérieux  mconvé- 

AbCH.  DI  MftDBC.  DBS  eupants,  1907.  X.  —  7 


98  HENRI    KLOSE 

nients,  dont  les  effets  se  faisaient  surtout  sentir  lors  de  rem- 
ploi de  l'appareil  Soxhiet,  au  point  de  provoquer  la  soi-disant 
«  maladie  de  Soxblet  ».  L'existence  de  la  maladie  de  Mœller- 
Barlow  a  mis  en  relief,  il  est  vrai,  la  différence  que  Ton 
observe  entre  le  lait  non  bouilli  et  le  lait  bouilli,  Tinfluence 
néfaste  de  ce  dernier  ne  se  manifestant  toutefois  —  comme  le 
démontra  Heubner  —  que  lorsqu'on  prolonge  pendant  sept  à 
dix  mois  au  moins  l'usage  ininterrompu  d'un  lait  soumis  à 
une  ébuUition  trop  prolongée  ;  mais  ni  cette  circonstance  ni 
la  possibilité  de  voir  le  lait  bouilli  devenir  le  facteur  étiolo- 
gique  du  scorbut  infantile  n'ont  suffi  à  ébranler  la  confiance 
populaire  à  l'égard  de  l'appareil  si  répandu.    Et  de   fait, 
nonobstant  toutes  les  enquêtes  et  malgré  les  défauts  signalés, 
'Ces  symptômes  alarmants  ne  doivent  être  accueillis  qu'avec 
une  extrême  réserve,  en  raison  du  nombre  considérable  de 
nourrissons  que  l'on  réussit  à  élever  avec  du  lait  bouilli  pen- 
dant cinq  à  dix  minutes,  sans  qu'ils  accusent  le  moindre 
trouble.  A  la  clientèle  pauvre,  nous  déconseillons  cependant 
l'appareil  Soxhiet  en  raison  de  son  prix  élevé  ;  nous  nous  con- 
tentons de  recommander  aux  gardes  de  faire  bouillir  le  lait 
pendant  dix  minutes  dans  un  vase  bien  propre,  de  le  placer 
•ensuite  dans  de  l'eau  glacée  ou  bien  froide,  et,  dans  tous  les 
•cas,  de  ne  préparer  en  une  fois  que  la  provision  de  lait  suffi- 
sante pour  vingt-quatre  heures.  Â  Tencontre  de  ce  procédé 
physique  de  conservation  —  chauffage  à  100**  C.  —  le  seul 
•dontreffet  soitcertain,  la  pasteurisation  ou  chauffage  à 65-70''  C. 
pendant  vingt  minutes  ne  donne  pas  les  garanties  suffisantes 
de  destruction  de  tous  les  germes.  Quant  aux  méthodes  chi- 
miques de  conservation  ou  de  désinfection  du  lait,  elles  doivent 
rester  hors  cause.  Il  n'existe  pas  de  préservatif  chimique  cer- 
tain et  inoffensif.  Et  cela  se  conçoit  :  la  désinfection  par  voie 
chimique  repose  sur  une  décomposition  chimique  de  la  sub- 
stance vitale  dont  le  corps  des  bactéries  est  constitué.  Il  est 
dès  lors  certain  qu'une  action  aussi  profonde  doit  se  réper- 
cuter au  moins  partiellement  sur  les  matières  albuminoïdiques 
du  lait  et  diminuer,  sinon  empêcher,  la  mise  en  jeu  de  leur 
activité  propre.  On  a  renoncé  depuis  longtemps  à  l'emploi  des 
désinfectants,   tels    que    certains   sels   métalliques,    l'acide 
borique,  le  borax,  l'acide  salicylique,  l'acide  benzoïque,   les 
sels  alcalins,  le  carbonate  et  le  bicarbonate  de  soude,  l'am- 
moniaque, etc.  Le  traitement  à  la  formaline  de  von  Behring 


RATION   ALIMENTAIRE    DE    l'eNFANT  90 

modifie    les   propriétés   de   Talbumine    naturelle,   paralyse, 
d'après  Bliss  etNovy,  laction  spécifique  des  enzymes  et  semble 
même  —  ainsi  que  l'observa  Schlossmann  —  pouvoir  provo- 
quer des  troubles  anatomiques  graves  dans  la  partie  supé- 
rieure du  tractus  digestif,  même  lorsqu'on  n'emploie  que  des 
doses  infinitésimales  de  formaline,  laquelle  est,  comme  on  le 
sait,  un  poison  protoplasmique  violent.  11  ne  faut  donc  pas 
s'étonner  du  peu  de  succès  que  rencontra  la  méthode  au  sul- 
fonal  de  von  Behring,  basée  du  reste  sur  le  même  principe. 
D'après  les  recherches  de  Vandevelde,  le  peroxyde  d'hydro- 
gène est  complètement  inutilisable  pour  la  conservation  du 
lait  :  il  transforme  des  quantités  appréciables  de  caséine  et 
d'albumine  en  composés  albuminoïdiques  non  coagulables. 
Lozooisation  modifie  le  goût  du  lait  d'une  manière  des  plus 
désagréables.  Les  oxydes  métalliques  aptes  à  mettre  en  liberté 
de  Foxygène  naissant,  comme  les  peroxydes  de  magnésium  et 
de  vanadium,  doivent  être  rejetés  aussi,  parce  que  leurs  pro- 
duits de  réaction  ne  se  laissent  enlever  du  lait  qu'à  la  suite  de 
manipulations  longues  et  fastidieuses,  comme  la  filtration  et 
l'emploi  de  la  force  centrifuge.  Or  c'est  un  postulat  chimique 
et  bactériologique  que  d'éviter  soigneusement  de  soumettre  à 
des  manipulations  mécaniques  du  lait  récolté  dans  les  condi- 
tions de  propreté  convenables.  Si,  d'autre  part,  une  exposition 
courte  mais  intensive  du  lait  aux  rayons  ultraviolets,  d'une 
grande  activité  chimique   et  bactéricide,  grâce  à  l'oxygène 
natif  qu'ils  émettent,  peut  produire  une  asepsie  suffisante,  tout 
en  ne  modifiant  en  rien  les  propriétés  chimiques  et  biologiques 
du  lait  naturel,  l'avenir  seul  peut  nous  l'apprendre.  Pour  le 
moment,  tout  esprit  avide  de  remonter  aux  causes  primor- 
diales des  choses  est  astreint  à  admettre  avec  résignation  ce 
qu  une  longue  expérience  nous  a  fait  connaître  :  lorsque  le 
lait  maternel  fait  défaut,  le  succédané  le  mieux  approprié  aux 
besoins  des  générations  futures  est  le  lait  de  vache  bouilli  ; 
mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  son  emploi  judicieux  présup- 
pose une  somme  considérable  de  travail  scientifique  et  pra- 
tique, dont  la  réalisation  requiert  l'application  de  l'adage  '.per 
ospera  ad  astra. 

[A  suivre.) 


RECUEIL  DE  FAITS 


PURPURA  FOUDROYANT 

CHEZ    UNE    ENFANT    DE    SIX    MOIS    (1) 

Par  la  D'  PH.  BOURDILLON 

PrÎTat-docent  &  l'Uaircrsité  de  Genève. 

Tous  les  auteurs  modernes  qui  mentionnent  la  forme  foudroyante 
du  purpura  donnent  comme  première  observation  de  cette  maladie 
celle  de  Guelliot  (2)  et  attribuent  la  paternité  du  nom  de  purpura 
fulgurans  à  Henoch  (3).  On  lit  cependant,  dans  le  Traité  des 
maladiesdes  enfants  de  Barthez  et  Rilliet  (2"  éd.,  1861,  p.  322): 
c<  Dans  d*autres  cas  bien  plus  rares  encore,  le  purpura  est  fou- 
droyant. »  Suit  Tabrégé  d'une  observation  du  D'  Lombard,  de 
Genève,  où  il  s'agit  d'un  enfant  de  seize  mois  pris  subitement 
de  vomissements  et  de  diarrhée,  de  phénomènes  généraux  graves^ 
et  qui  meurt  sept  à  huit  heures  après  le  début.  A  Tautopsie,  on 
trouve  plusieurs  foyers  d'hémorragie  sous-cutanée,  des  ecchymoses 
dans  le  cerveau,  la  muqueuse  intestinale  et  la  substance  corticale 
des  reins  ;  un  noyau  apoplectique  dans  un  des  poumons. 

C'est  bien  un  purpura  fulminans^  et  la  priorité  de  l'observation 
doit  revenir  à  Lombard. 

La  description  de  la  maladie  faite  par  Henoch  se  base  sur  quatre 
observations  de  purpura  à  marche  suraiguë,  chez  des  enfants  dont 
l'âge  variait  de  neuf  mois  à  cinq  ans.  L'autopsie,  faite  dans  trois 
cas,  n'avait  montré  dans  les  organes  internes  ni  lésion  hémorragique, 
ni  rien  d'anormal,  àpart  l'anémie.  En  proposant  le  nom  de  purpura 
fulminanSf  Henoch  attribue  à  la  maladie  les  caractères  distinctifs 
suivants  :  rapide  formation  d'ecchymoses  cutanées,  avec  tendance 
à  s'étendre  et  à  confluer;  absence  d'écoulement  sanguin  par  les 

(1)  Communication  faite  à  la  Soc.  m  éd.  de  Genève,  le  b  déc.  1906. 
fè)  GcBLLiOT,  Canton  méd.  du  Nord-Est,  1884. 

(3)  Heitoch,  Sùc.  de  méd.  de  Berlin,  15  déc.  1886  (Deutsche  med.  \^ochtnschrift. 
1886,  p.  941.) 


/ 


PUFIPURA   FOUDROYANT   CHEZ   UNE  ENFANT   DE  SIX   MOIS       101 

muqueuses  et  intégrité  des  organes  profonds  ;  absence  de  throm- 
boses vasculaires  et  de  gangrènes  ;  rapidité  d'évolution  de  la  ma- 
ladie, qui  se  termine  par  la  mort. 

Il  insiste  donc  sur  Fabsence  des  hémorragies  internes.  Cependant» 
après  lui,  on  en  a  trouvé,  comme  dans  Tobservation  de  Lombard, 
dans  des  purpuras  qui,  par  leur  allure,  méritaient  bien  le  nom  de 
foudroyants  (1). 

«  On  ne  peut  se  refuser  à  voir  dans  ce  fait,  disent  ensuite  Barthez 
et  Rilliet,  un  exemple  d*une  maladie  générale  se  traduisant  par 
UDC  altération  du  sang  et  tout  à  fdt  analogue  à  certains  cas  d'em- 
poisonnement. Les  causes  prédisposantes  constitutionnelles  héré- 
ditaires sont  évidentes  (père  tuberculeux,  mère  lymphatique  et 
hystérique  ;  enfant  atteint  lui-même  d'un  eczéma  de  la  face  et  du 
cuir  chevelu,  mais  du  reste  bien  portant).  Quant  à  la  cause  occa- 
sionnelle, elle  nous  échappe  entièrement.  » 

Bien  que  ces  lignes  aient  été  publiées  il  y  a  quarante-cinq  ans, 
nous  devons  humblement  reconnaître  que  nous  ne  sommes  guère 
plus  avancés  aujourd'hui  pour  expliquer  la  pathogénie  du  purpura 
foudroyant. 

La  conception  moderne  en  fait  la  forme  la  plus  aiguë  dcupurpura 
primitif  j  dont  nous  admettons  la  nature  infectieuse  microbienne  ou 
toxi-infectieuse,  et  les  diverses  formes  de  purpura  ne  seraient  que 
les  degrés  divers  d'un  même  état  infectieux  développé  dans  un 
terrain  plus  ou  moins  favorable  : 

Forme  suraiguë  ou  foudroyante  ; 

Forme  aiguë  ou  typhoïde,  grave  ; 

Forme  subaiguë,  bénigne; 

Purpura  rhumatoïde  ou  péliose  rhumatismale  ; 

Maladie  de  Werlhof,  ou  purpura  à  ecchymoses  géantes,  habi- 
tuellement bénin. 

On  voit  en  effet,  quelquefois,  la  maladie  passer  de  Tune  à  l'autre 
de  ces  formes  en  évoluant  chez  un  même  individu  (2). 

Les  examens  bactériologiques  ont  fait  trouver  les  microbes  les 
plus  divers;  aucun  d'eux  ne  parait  spécifique.  Le  streptocoque  a  été 
trouvé  le  plus  souvent.  Pour  M.  de  Benedetti(«3),  le  foyer  d'infection^ 
devrait  être  cherché  dans  Tintestin,  et  l'agent  de  la  maladie  serait 
souvent  le  coli-bacille  ou  ses  produits  toxiques. 

Dans  la  forme  foudroyante,  qui  nous  occupe  ici,  l'examen  bacté- 
riologique n'a  été  fait  que  très  rarement  et  a- été  le  plus  souvent 

• 

(1)  Tb.  BoRGiif,  Nord.  mag.  for  Lœgeviden$kcU>en.  —  Morqui'o,  Reviêta  medica 
del  Uruguay,  janv.  1901. 

(2)  Marpar,  Traité  des  maladies  de  V enfance,  article  Purpura,  p.  167  et  172. 
Plusieurs  cas  cités  par  Pbrrin,  Purpuras  de  renfance,  Arch,  de  méd,  des 
enfants,  1899. 

(S)  Di  Bbriobtti,  Arch,  de  méd.  des  enfants,  190i,  p.  209. 


102  RECUEIL   DE    FAITS 

négatif.  Un  seul  cas,  à  notre  connaissance,  s'est  montré  positif, 
celui  de  Borgen  (1)  :  a  part  les  pétéchies  cutanées,  il  existait  des 
hémorragies  dans  les  ganglions  lymphatiques  du  cou,  et  Ton  y 
trouva  du  streptocoque. 

Le  purpura  infectieux  s'accompagne  habituellement  d'altération 
des  parenchymes  du  foie  et  du  rein,  où  Ton  peut  voir  soit  Teffet,  soit 
la  cause  (2)  de  la  toxi-infection,  et  M.  Grenet  (3)  a  pu  produire,  chez 
des  lapins,  un  purpura  expérimental  semblable  au  purpura  exan- 
thématique  de  Thomme  en  réalisant  les  trois  conditions  suivantes  : 
1^  une  altération  hépatique  qui  agit  en  modifiant  lacoagulahilitédu 
sang  et  en  favorisant  la  prédisposition  aux  hémorragies  ;  2""  une 
lésion  nerveuse  ;  3"^  une  intoxication  agissant  localement  sur  les 
nerfs,  et  dont  Tefiet  est  de  régler  le  siège  et  la  distribution  de 
l'hémorragie. 

ItQ purpura  fulminans^  digne  de  ce  nom,  est  mortel,  souvent  en 
moins  de  vingt-quatre  heures.  Le  cas  de  Boulloche  (4),  terminé  par  la 
guérison,  et  certains  cas  où  la  maladie  a  duré  quatre  ou  cinq  jours, 
bien  que  décrits  par  les  auteurs  comme  purpuras  foudroyants^ 
constituent  des  formes  intermédiaires  entre  le  type  foudroyant  vrai 
et  le  t jTpe  typhoïde  grave. 

Observation.  —  Le  15  novembre  1906,  on  m'apporte  une  enfant  de  six 
mois  et  demi  en  me  donnant  les  renseignements  suivants  :  le  père  et  la 
mère  sont  bien  portants  ;  ils  ont  une  autre  fille  de  deux  ans  et  demi  bien 
portante.  La  mère  n*a  jamais  eu  de  fausse  couche.  Milieu  aisé,  bonnes 
conditions  hygiéniques.  L'enfant  est  nourrie  au  sein  maternel  exclusive- 
ment  et  tète  régulièrement  toutes  les  deux  heures.  A  sa  naissance,  elle 
pesait  2  kilos.  Elle  n*a  jamais  eu  la  moindre  maladie,  a  toujours  bien 
digéré,  paraissait  forte,  commençait  à  se  tenir  assise  dans  son  berceau. 

Ce  matin,  15  novembre,  elle  était  encore  en  parfaite  santé,  gaie  et  bien 
disposée  comme  d'habitude,  a  pris  le  sein  de  bon  appétit  à  midi. 

A  une  heure  un  quart,  sa  mère,  qui  était  à  table,  Tentend  pleurer  d*une 
façon  qui  ne  lui  paraît  pas  normale  ;  elle  se  hAte  d'aller  la  prendre  et  lui 
trouve  la  face  très  rouge,  «  congestionnée  ».  L'instant  d'après,  l'enfant 
p&lit,  son  visage  s'altère  et  prend  une  expression  «  défaite,  décomposée  »,. 
qui  terrifîe  la  jeune  mère.  Ses  extrémités  deviennent  froides,  et  elle  a  un 
vomissement  de  lait  caillé.  On  me  l'apporte  aussitôt  après. 

Status,  —  Bien  qu'ayant  six  mois  et  demi,  l'enfant  n'en  paraît  guère 
que  deux  ou  trois.  Elle  pèse  environ  5  kilos.  Elle  est  très  petite,  mais 
bien  conformée,  pas  maigre  et  sans  aucun  rachitisme.  Son  ventre  n'est 
pas  gros  ;  l'estomac  est  de  volume  normal. 

Elle  parait  gravement  malade,  son  teint  est  terreux,  plombé.  Le 
regard  est  fixe,  la  bouche  ouverte,  l'expression  hébétée.  La  face  et  les 
extrémités  sont  froides,  le  tronc  brûlant.  Température  rectale,  39«,1. 
Aucune  éruption  cutanée.  La  respiration  est  courte,  le  pouls  très  rapide, 
la  langue  grisâtre,  un  peu  sèche.  Rien  dans  la  gorge.  La  palpation  du 

(I)  BonoEif,  loc,  cit. 

(S)  SoRTXAis,  Le  purpura  (Thète  de  Pains,  1896). 

(3)  Grenbt,  Soc.  de  biologie^  28  nov.  1903. 

(4)  BouLLOCHB,  Soc.  méd.  des  hôp.f  27  oct.  1899. 


PURPURA   FOUDROYANT   CHEZ   UNE   ENFANT   DE   SIX   MOIS       103 

Tentre  ne  décèle  rien  d'anormal  (Fenfant  a  eu  ce  matin  une  bonne  selle, 
comme  d'habitude).  A  l'auscultation  du  thorax,  la  respiration  me  parait 
un  peu  indistincte  à  la  base  droite,  aucun  râle,  aucune  matité. 

Incapable  de  préciser  un  diagnostic,  j'ordonne  de  prendre  la  tempé- 
rature rectale  toutes  les  deux  heures,  des  maillots  ou  des  bains  suivant  le 
degré  constaté,  des  bottes  d'ouate  et  un  cataplasme  sinapisé  dans  le  dos. 
Je  revois  Fenfant  chez  ses  parents  le  lendemain  16  novembre,  à 
dix  heures  du  matin.  Son  apparence  générale  a  beaucoup  empiré.  L'enfant 
est  complètement  inerte,  les  muscles  flasques.  Le  teint  est  cyanose,  le 
regard  fixe  et  Toeil  terne.  La  bouche  reste  ouverte,  la  langue,  peu  char- 
gée, est  sèche.  Les  extrémités  sont  froides.  Enfin,  fait  capital  qui  donne 
la  clef  du  diagnostic  :  i7  est  apparu  une  éruption  purpurique.  Sur  le  devant 
du  thorax,  deux  grosses  taches,  irrégulièrement  ovoïdes,  non  saillantes, 
longues  de  2  centimètres  environ  sur  1  de  large.  Elles  sont  d'un  rouge - 
vineux  foncé,  uniforme,  à  contour  parfaitement  net. 

Autour  d'elles,  de  nombreuses  taches  plus  petites,  clairsemées.  A  la 
face,  de  petites  pétéchies  irrégulièrement  disséminées  sur  le  front  et  les 
joues.  Sur  les  épaules,  la  racine  des  bras,  les  fesses,  les  genoux,  nom- 
breuses petites  taches  ecchymotiques,  dont  les  plus  grandes  ne  dépassent 
pas  la  grosseur  d'une  lentille.  Quelques  petites  pétéchies  disséminées  sur 
les  avant-bras  et  les  jambes.  A  l'œil  gauche,  la  conjonctive  est  injectée 
de  sang. 

Cette  éruption  purpurique  s'est  produite  entièrement  entre  trois  et 
cinq  heures  du  matin  et  n'a  pas  augmenté  depuis.  Aucune  tache  sur  la 
muqueuse  buccale.  L'enfant  a  pris  le  sein  et  a  bu  de  l'eau.  Elle  a  rendu 
de  l'urine  de  couleur  normale.  Elle  a  eu  une  selle  ce  matin,  après 
Téniption,  verte  et  jaune,  un  peu  glaireuse,  mais  ne  contenant  pas  de 
sang.  Aucune  hémorragie  par  les  orifices  naturels,  pas  de  phlyctène, 
pas  d'œdème. 

En  auscultant  le  thorax,  je  ne  retrouve  pas  la  légère  modification  da 
murmure  que  j'avais  constatée  la  veille. 

L'éruption  ne  s'étend  pas;  l'enfant  s'affaiblit  toujours  plus,  pousse 
quelques  gémissements  et  meurt  à  une  heure  et  demie  de  l'après-midi, 
exactement  vingt-quatre  heures  et  quinze  minutes  après  le  début  appa- 
rent de  la  maladie. 

Pendant  ces  vingt-quatre  heures,  la  température,  mesurée  régulière- 
ment dans  le  rectum  toutes  les  deux  heures,  a  subi  trois  grandes  oscilla- 
tions, dont  voici  les  points  extrêmes  : 

Le  15,  a  )  heures  du  soir 39,1 

—  7      -  —     37,1 

—  11      —  —     89,8 

Le  16,  à  5  heures  du  matin 36.2 

_    10      —  —     39.8 

—  midi  3Î|8 

L'éruption  cutanée  s'est  produite  au  moment  du  minimum  constaté,. 
36*,2,  entre  la  quatorzième  et  la  seizième  heure  de  la  maladie. 
L'autopsie  n'a  pas  été  autorisée. 

Certains  points  sont  à  rele  verdans  cette  observation. 

D'abord,  l'état  de  bonne  santé  antérieure  de  Tenfant.  C'était  ua 
nourrisson  au  sein,  au-dessous  de  la  normale  il  est  vrai,  comme  poids 
et  taille,  mais  n'ayant  pas  présenté  le  moindre  trouble  digestif 


104  RECUEIL   DE    FAITS 

apparent  et  n'ayant  aucun  symptôme  de  rachitisme.  Il  était  soîgneu- 
sèment  réglé  par  une  mère  attentive,  élevé  dans  de  bonnes  conditions 
d'hygiène.  Le  rachitisme,  les  troubles  digestifs  ou  les  mauvaises 
conditions  physiologiques  ont  été  habituellement  relevés  dans  les 
antécédents  des  enfants  atteints  de  purpura  fulminans. 

Aucune  maladie  infectieuse  n'a  été  constatée  dans  son  entourage  : 
sa  sœur,  qui  vivait  avec  lui  et  couchait  dans  la  même  chambre,  est 
restée  jusqu'ici  (3  décembre)  en  bonne  santé.  Ce  fait  éloigne  l'hypo- 
thèse d'uneOèvre  éruptive  àforme maligne  hémorragique.  L'enfant 
ne  présentait  ni  eczéma,  ni  aucune  lésion  cutanée,  ayant  pu  servir 
de  porte  d'entrée  à  l'infection.  La  nature  de  cette  infection,  si  c'en 
est  bien  une,  reste  donc  pour  nous  absolument  mystérieuse. 

Remarquons  encore  que  l'éruption  purpurique  est  restée  assez 
discrète  ;  elle  s'est  constituée  d'un  seul  coup,  en  deuxheuresde  temps, 
et  ne  s'est  plus  étendue.  Il  n'y  a  pas  eu  de  ces  grands  placards 
hémorragiques  confluents,  habituellement  décrits  dans  les  cas  fou- 
droyants. Enfin  cette  éruption  n'est  apparue  que  quatorze  heures 
après  le  début  de  la  maladie,  laissant  jusqu'à  ce  moment-là  le  dia- 
gnostic en  suspens. 

La  courbe  thermique  a  présenté  trois  grandes  oscillations,  et 
l'apparition  du  purpura  a  coïncidé  avec  le  deuxième  abaissement 
(36*',2  rectal).  Cette  hypothermie  au  moment  de  l'hémorragiecuta- 
née  permet  de  supposer  que,  huit  heures  auparavant,  lors  du  premier 
abaissement  thermique,  il  s'était  produit  des  extravasations  san- 
guines internes. 

Enfin  la  maladie  n'a  duré  que  vingt-quatre  heures  ;  elle  mérite 
bien  Tépithète  de  foudroyante^  et  la  rapidité  terrifiante  de  son  évo- 
lution a  paralysé  toute  thérapeutique.  En  fait,  la  nôtre  est  restée 
nulle. Du  sérum  artificiel,commandé  à  une  pharmacie,n'a  été  apporté 
qu'après  la  mort  de  l'enfant,  et  d'ailleurs  l'apparition  si  précoce  et 
si  rapidement  croissante  des  symptômes  les  plus  graves  donne  à 
penser  qu'aucune  intervention  n'aurait  pu  être  salutaire. 


REVUE  GENERALE 


LA  CURE  D'AIR  A  L'HOPITAL. 

Les  grands  principes  d'hygiène,  dont  Tapplication  est  souvent  si 
coûteuse  et  si  difficile,  menacent  de  révolutionner  l'hospilaiisation 
des  enfants.  De  tous  côtés,  en  Amérique,  comme  en  Europe,  on 
cherche  h  réaliser,  dans  les  hôpitaux  d'enfants,  la  cure  d'air.  En 
France,  c'est  Brunon  (l'aérium  de  l'hospice  de  Rouen)  (1);  c'est 
Çarbier  (traitement  des  enfants  tuberculeux  à  Thôpital  Hérold),  qui 
montrent  les  bienfaits  de  la  cure  d'air.  En  Ecosse,  c'est  Ker,  qui 
a  pu  abaisser  de  50  p.  100  la  mortalité  de  la  bronch'opneumonie 
coqueluchiale  en  plaçant  les  enfants  dans  des  cabanes  sans  toit 
ou  dans  des  galeries  de  cure  suivant  la  saison  (2). 

La  ventilation,  aussi  large  que  possible,  des  salles  d'hôpital,  le 
transport  des  fébricitants  au  grand  air,  sous  des  tentes  ou  abris 
placés  dans  les  jardins,  avaientdéjàété  utilisés  parHutinelàl'hospice 
des  Enfants-Assistés,  par  Brun  et  Comby  à  l'hôpital  des  Enfants- 
Malades,  etc. 

Aux  États- Unis,  le  D'  W.-P.  Northrup,  au  Presbyterian  Hospital 
de  New-York,  vient  à  son  tour  de  montrer  tous  les  avantages  de 
l'aération  pour  le  traitement  des  enfants  fébricitants  ou  convales- 
cents (3). 

Il  utilise,  dans  le  jardin  deFhôpital,  une  galerie  large  et  élevée, 
sorte  déterrasse  ou  plate-forme  pourvue  de  sièges,  de  lits  mobiles, 
où  les  enfants  viennent  prendre  l'air  et  le  soleil  pendant  cinq  à  six 
heures  chaque  jour.  Pouvoir,  suivant  le  temps  qu'il  fait,  sortir  des 
salles  pendant  plusieurs  heures  chaque  jour,  pour  jouir  du  grand 

(1)  Archives  de  médecine  des  enfants^  1903,  p.  550. 

(2)  Dr  C.-B.  Ker,  The  opea  air  treatment  of  broncho-pneumoDia  coiuplicatiDg 
^booping-cough  {Ed.  med,  chir.  Soc.^  2  déc.  1903). 

(S)  Dr  Northrup,  Open  air  (onothe  roof)  treatmeol  of  children  in  fever  and  cod- 
vaieiceDce  [Med,  and  surg.  report  of  the  Presbyterian  Hospital^  New- York, 
1906). 


iOG  REVUE   GÉNÉRALE 

air  et  des  radiations  solaires,  est  un  tonique  que  rien  ne  peut 
égaler.  Cela  introduit  littéralement  la  vie  dans  le  corps  des  enfants 
[It  litterally  puis  life  into  the  children). 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  enfants,  d'ailleurs,  appartenant  à 
la  classe  pauvre,  ayant  vécu  dans  Tair  vicié  et  confiné,  étaient  ané- 
miques et  alTaiblis  quand  la  maladie  est  venue.  La  cure  d'air  est 
donc  doublement  indiquée  chez  eux.  Quand  leurs  parents  et  leurs 
amis  viennent  leur  rendre  visite,  ils  sont  frappés  par  ce  mode  de 
traitement  et  reçoivent  ainsi  une  leçon  de  choses  dont  ils  feront 
bénéficier  leur  entourage. 

Le  Preshyterian  Hospital  de  New- York  est  un  grand  bâtiment, 
placé  au  sommet  de  Lenox  Hill,  et  séparé  du  Central  Parle  par  un 
grand  terrain  vague  et  une  construction.  De  ce  point,  on  aperçoit 
facilement  TEast  River  et  Long  Island.  Au  sud  et  au  nord,  se  trouvent 
de  larges  espaces  devant  la  galerie  de  cure,  de  sorte  que  Tair  pur 
circule  librement  et  abondamment  autour  de  Thôpital.  A  Touest, 
Tœil  se  repose,  par-dessus  les  maisons  et  les  rues,  sur  les  calmes 
scènes  du  Central  Parle.  A  Test,  il  peut  contempler  Thorizon  cham- 
pêtre de  Long  Island,  et,  au  nord  comme  au  sud,  les  toits  lourds, 
inélégants,  mais  reposants,  de  Topulente  et  grande  ville  de  New- 
York. 

La  ventilation  et  le  chaufTage  des  habitations  urbaines  ont  donné 
lieu  à  lie  nombreux  essais,  qui  aboutirent  à  la  création  des  calori- 
fères. Le  résultat  de  ces  tâtonnements  fut,  pour  les  hôpitaux  comme 
pour  les  maisons,  un  chauffage  exagéré  et  la  privation  d*air.  Depuis 
deux  ans  seulement,  il  y  a  quelque  chose  de  changé  à  la  section 
infantile  du  Presbyterian  Hospital.  On  a  amélioré  la  ventilation  de 
la  salle  et  installé  la  cure  d'air  dans  le  jardin. 

Auparavant,  on  avait  peur  de  Taération;  Tair  n'était  pas  renou- 
velé, et,  quand  on  ouvrait  les  fenêtres,  les  courants  d'air  étaient  re- 
doutés ;  les  nurses  contractaient  des  maux  de  gorge,  des  rhumes,  etc. 
Mais  bientôt  M.  Northrup,  convaincu  de  Texcellence  de  l'aé- 
ration, ordonna  de  porteries  enfants  au  jardin,  dans  la  journée,  ne 
faisant  d'exception  que  pour  les  plus  malades;  Chaque  jour,  d'aussi 
bonne  heure  que  possible,  les  enfants  sont  conduits  ou  portés  au 
Roof  Garden\  sauf  les  jours  de  pluie  et  d'excessive  chaleur. 

Une  partie  de  la  terrasse  est  protégée  par  un  écran  vitré  contre 
les  vents  du  nord  ;  de  même  on  a  installé  au-dessus  une  toile  quî 
arréte  les  rayons  du  soleil  quand  ils  sont  trop  ardents. 

Le  Roof  garden  est  en  usage  même  l'hiver  ;  pendant  six  heures, 
tous  les  jours,  la  salle  commune  est  évacuée  complètement,  et, 
pendant  que  les  malades  sont  à  la  galerie  de  cure,  les  fenêtres 
restent  grandes  ouvertes,  et  une  véritable  ventilation  balaie  tous 
les  germes  et  toutes  les  impuretés  accumulés  pendant  le  séjour 
des  enfants. 


LA   CURE   d'air  A    l'hÔPITAL  107 

Actuellement,  on  envoie  au  Roofgarden  tous  les  c£^s,  quels  qu'ils 
soient.  Jadis  on  hésitait  devant  la  faiblesse  de  Tenfant,  on  attendait 
qu  il  fût  remis  du  choc  opératoire,  etc.  Cela  était  regrettable,  car 
les  deux  ou  trois  enfants  qui  restaient  ainsi  dans  la  salle  après  le 
départ  des  autres  empêchaient  la  ventilation  complète  et  Tassai- 
nissement  de  cette  salle.  Aujourd'hui,  les  exceptions  ont  disparu, 
et  M.  Northrup  ne  craint  pas  d'envoyer  à  la  terrasse  de  cure  des 
pneumoniques  à  toutes  les  périodes,  des  empyèmes  opérés,  des 
appendicites,  des  ostéomyélites,  des  abcès  périnéphré tiques,  des 
méningites,  des  brûlures,  des  fractures,  etc. 

Relativement  à  la  pneumonie,  on  remarquera  que  tous  les  cas, 
même  au  plus  fort  de  la  fièvre,  sont  traités  par  Taération.  Ils  passent 
six  heures  dehors,  quand  le  temps  n'est  pas  trop  mauvais,  c'est-à- 
dire  qu'il  ne  pleut  pas  ou  ne  neige  pas. 

Les  nurses  ont  remarqué  que,  les  jours  de  pluie,  les  enfants,  ayant 
été  pour  cette  raison  maintenus  enfermés  dans  la  salle,  deviennent 
le  soir  agités  et  tristes.  Au  retour  de  l'aération,  par  contre,  ils  ont 
de  l'appétit  et  sont  heureux;  la  nuit,  leur  sommeil  est  calme, 
profond,  ininterrompu. 

L'état  nosomial  [hospitalism]  n'existe  pas  chez  des  enfants  qui 
passent  six  heures  de  la  journée  dehors,  en  plein  air,  et  ne  rentrent 
que  pour  dormir  dans  une  salle  bien  ensoleillée  et  bien  aérée. 

Dans  ces  conditions,  loin  de  restreindre  l'hospitalisation,  on  serait 
tenté  de  Tétondre  à  tous  ces  enfants  pâles,  anémiques,  décharnés^ 
qui  vivent  chez  eux  dans  des  taudis  infects. 

Comment  les  enfants  se  rendent-ils  à  la  terrasse  de  cure?  Ceux 
qui  ne  peuvent  quitter  le  lit  sont  traînés  sur  des  brancards  à  roues. 
Le  reste  de  la  caravane  est  porté  dans  les  bras  oii  dans  des 
fauteuils  roulants;  quelques  enfants,  parmi  les  plus  grands,  se 
servent  de  béquilles. 

Un  ascenseur  de  grandes  dimensions,  en  trois  voyages,  monte 
toute  la  caravane  sur  le  toit  de  cure.  Le  voyage  n'a  rien  de 
fatigant. 

Une  fois  sur  la  terrasse,  les  enfants  les  plus  malades  dorment  les 
trois  quarts  du  temps  ;  ils  sont  bien  enveloppés  et  ressemblent  à 
des  Esquimaux  ;  des  boules  d'eau  chaudes  sont  à  leurs  pieds. 

M.  Northrup  conclut  ainsi  son  intéressante  étude  : 

i*  Le  Presbyterian  Hospital  possède  un  toit  aplati  et  élevé,  un 
véritable  plateau,  dans  une  des  parties  les  plus  salubres  de  New- 
York  ; 

2°  Les  jardins  suspendus  pour  la  cure  d'air  des  malades  fébrici- 
tants  et  des  convalescents  sont  considérés  comme  indispensables  ; 

3"  Avec  une  faible  dépense,  une  grande  et  suffisante  terrasse 
de  cure  pourrait  être  ajoutée  à  ce  qui  existe  ;  la  moitié  du  jardin 
pourrait  être  transformée  en  place  ensoleillée  ; 


108  REVUE  GÉNÉRALE 

4*^  Il  est  à  espérer  qu'un  ami  de  Thôpital  comprendra  ce  deside- 
ratum et  le  fera  disparaître  ; 

b''  Il  a  été  de  pratique  courante,  pendant  les  derniers  onze  mois, 
de  soumettre  à  la  cure  d'sûr,  tous  les  jours,  sauf  le  cas  de  pluie,  de 
neige,  de  vent  violent,  les  convalescents.  Les  écrans  de  toile,  suf- 
fisants en  été,  ne  sont  pas  assez  forts  contre  les  vents  d'hiver  ; 

6°  Aucun  inconvénient  à  relever,  pour  les  enfants,  de  leur  séjour 
sur  la  terrasse  de  cure  ; 

7^  Au  contraire,  un  grand  bien  en  est  résulté,  sans  aucune 
exception  ; 

8**  Aucun  de  ceux  qui  ont  vu  les  effets  de  ce  traitement  ne  con- 
serve le  moindre  doute  sur  son  efficacité.  Le  personnel  hospitalier 
est  entièrement  favorable  à  la  méthode  ; 

9^  Cette  méthode,  d'ailleurs,  n'était  pas  une  improvisation  témé- 
raire, car  son  auteur  travaillait  depuis  onze  ans  et  plus  à  sa  réali- 
sation ; 

10**  Les  pneumonies,  à  la  période  la  plus  aiguë,  la  pneumonie 
franche  adynamique,  sont  des  cas  qui  réclament  la  cure  d'air.  Elles 
en  bénéfîcient  merveilleusement. 

Depuis  que  l'article  a  été  écrit,  un  bienfaiteur  a  donné  des  fonds 
pour  construire  une  terrasse  de  cure  sur  le  principal  toit  de 
l'hôpital.  Il  manque  encore  quelques  petites  terrasses  ;  après  un 
appel  aussi  éloquent  et  aussi  chaleureux,  nous  croyons  qu'elles  ne 
manqueront  pas  longtemps  aux  enfants  du  Presbyterian  HospitaL 
Mais  ceci  se  passe  à  New- York. 

A  Paris,  cette  question  d'hygiène  hospitalière  n'a  pas  fait  de 
progrès  sensibles.  Sans  doute  M.  Hutinel,  à  l'hospice  des  Enfants- 
Assistés,  continue  à  aérer  le  plus  possible  ses  bronchopneumo- 
niqucs,  ses  coquelucheux,  etc.  A  l'hôpital  des  Enfants-Malades, 
pendant  la  belle  saison  surtout,  nous  faisons  transporter  dans  le 
jardin,  sous  un  abri  annexé  au  service  de  Broca,  le  plus  grand 
nombre  de  petits  malades  de  chirurgie  ou  de  médecine.  Mais 
jamais  une  salle  n'est  évacuée  complètement;  la  cure  d'air  n'est 
accordée  qu'à  une  minorité  de  malades,  aux  plus  valides  généra- 
lement, à  cause  de  la  pénurie  du  personnel  et  de  l'absence  du 
matériel  nécessaire  pour  transporter  les  enfants  de  leurs  dortoirs 
dans  le  jardin. 

A  l'hôpital  Hérold,  M.  Barbier  a  installé,  sur  une  partie  élevée 
du  jardin,  un  toit  adossé  à  une  muraille  et  ouvert  largement  sur  le 
devant.  Là  passent  la  journée,  sur  des  chaises  longues,  un  petit 
nombre  d'enfants  tuberculeux.  Mais  cela  ne  s'applique  qu'à  une 
minorité  d'enfants.  Il  est  vrai  que,  dans  le  pavillon  neuf  qui  sera 
inauguré  prochednement  à  l'hôpital  Hérold,  une  galerie  de  cure 
sera  installée  suivant  les  désirs  et  les  plans  de  notre  collègue. 
U  y  aurait  lieu  de  généraliser  la  cure  d'air  comme  elle  se  fait  au 


LA  CURE  d'air  A   l'hÔPITAL  109 

Preshyterian  Hospital  et  de  pourvoir  tous  nos  hôpitaux  d'enfants 
d'une  plate-forme  bien  exposée  et  bien  outillée  pour  soumettre  à 
l'influence  souveraine  du  grand  air  tous  les  enfants  malades,  blessés, 
opérés,  fébricitants,  convalescents,  etc.  Les  observations  de 
M.  Northrup  nous  engagent  à  marcher  dans  cette  voie.  Si  l'empla- 
cement ne  se  prête  pas  à  la  construction  d'un  Roof  garden  à  la 
mode  américaine,  on  pourrait  demander  l'adjonction,  à  chaque 
salle  de  malades,  de  vérandas  ou  galeries  courant  le  long  des 
fenêtres  et  pouvant  abriter  pendant  le  jour  tous  les  enfants  des 
salles.  De  larges  portes-fenêtres  donnant  accès  à  ces  vérandas, 
on  n'aurait  qu'à  glisser  ou  rouler  les  lits  des  fébricitants,  qui 
passeraient  en  un  instant,  avec  la  plus  grande  facilité,  du  dedans 
au  dehors.  Le  soir,  on  ramènerait  les  lits  dans  la  salle,  assainie, 
balayée,  ventilée  pendant  le  séjour  des  enfants  dans  la  galerie  de 
cure. 

Voilà  une  idée  que  nous  soumettons  aux  architectes  de  l'assis- 
tance publique,  en  les  priant  de  l'étudier  au  point  de  vue  technique. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES 


Gaitro-entéiite  infantile  fébrile  traitée  par  le  fromage  frais,  par  le 
D'  P.  Gallois  {Bulletin  médical,  1"  sept.  1906). 

Déjà,  en  1905  (Bull,  méd.,  25  oct.),  le  D'  Gallois,  en  collaboration 
avec  MM.  Abrami  et  Blairon,  avait  préconisé  le  régime  sec  dans  les 
gastro-entérites  infantiles.  Partant  de  cette  idée  que  les  enfants  sont 
suralimentés  et  reçoivent  trop  de  lait,  M.  Gallois  incrimine  Feau  du 
lait  comme  cause  de  dyspepsie.  En  proscrivant  le  fromage,  il  élimine 
une  bonne  partie  de  cette  eau,  et,  faisant  bon  marché  de  la  déshydrata- 
tion que  tout  le  monde  redoute,  il  préconise  le  régime  sec.  Toutes  les 
trois  heures  (sept  fois  en  vingt-quatre  heures),  on  donne  aux  nourrissons, 
même  de  deux  mois,  une  petite  crème  composée  d'une  cuillerée  à  café 
de  fromage  Gervais  (petit  suisse),  battue  dans  une  cuillerée  à  soupe  de 
lait  et  sucrée.  Quand  les  troubles  digestifs  avaient  disparu,  on  remplaçait 
un  repas  sur  deux  par  une  tétée  de  30  ou  50  grammes,  et  on  revenait 
progressivement  à  l'alimentation  normale. 

Même  dans  la  gastro-entérite  hyperthermique  et  cholériforme,  le 
fromage  frais  peut  réussir.  Une  fillette  de  neuf  mois  est  prise  de  diarrhée 
cholériforme  au  moment  des  chaleurs.  Elle  est  soumise  à  la  cure  de 
fromage  :  une  cuillerée  à  café  de  petit  suisse,  battu  avec  une  cuillerée  à 
soupe  de  lait  stérilisé  et  sucré  toutes  les  trois  heures.  Guérison  en  trois 
jours. 

Gomment  agit  le  fromage  en  pareil  cas?  Est-ce  comme  régime  sec? 
N'est-ce  pas  plutôt  par  la  présure  ou  ferment  lab,  par  Tacide  lactique,  etc.  ? 

Snlla  psendo-paralisi  eredo-sifilitica  o  malattia  del  Parrot  (Sur  la 

pseudo-paralysie  hérédo-syphili tique    ou    maladie   de  Parrot),    par  le 
D'  GiovAN!si  Setti  {Gazz.  degli  osp.  e  délie  clin.,  24  juin  1906). 

Enfant  né  ie  17  août  1905,  après  un  travail  laborieux,  de  mère 
primipare,  pesant  3  350  grammes.  Chute  du  coi*don  à  huit  jours.  Nourri 
au  sein  par  la  mère,  le  bébé  allait  bien  quand,  vers  la  fin  de  la  première 
semaine,  apparurent  à  la  paume  des  mains  et  à  la  plante  des  pieds 
quelques  vésicules  suivies  bientôt  de  papules  aux  jambes.  Au  douzième 
jour,  les  jambes  sont  comme  immobiles  et  paralysées;  tuméfaction  dou- 
loureuse au  genou  gauche,  sans  crépitation.  Membres  supérieurs 
inertes,  sans  tuméfaction.  Pas  de  mouvements  spontanés,  cris  de  douleur 
quand  on  remue  Tenfant.  Nutrition  en  bon  état. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  111 

Les  premières  lésions  osseuses  du  genou  s'aggravèrent  et  s'étendirent 
rapidement  aux  articulations  huméro-scapulaires,  coxo-fé  m  orales,  tibio- 
astragaliennes,  radio- carpien nés.  Vers  le  15  septembre,  toutes  ces  articu- 
lations étaient  gonflées,  douloureuses  au  toucher  et  au  mouvement,  et 
les  membres  restaient  inertes  et  paralysés.  Taches  cutanées  plus 
abondantes.  Cependant  le  poids  est  monté  à  4600  grammes.  Puis  il  y  a 
diminution,  le  ventre  se  météorise,  le  foie  est  gros.  Mort  le  21  novembre, 
à  Tàge  de  trois  mois.  Traitement  insuffisant.  Pas  d'autopsie. 

TincenVs  badllas  and  spirillam,  the  causal  agent  of  chronic  sappa- 
rative  otitis  média  neceasitating  radical  opération,  meningitis,  death 
iBacille  de  Vincent  et  spirille,  agent  causal  d'otite  moyenne  chronique 
suppurée,  nécessitant  une  opération  radicale,  méningite,  mort),  par  le 
D'R.-JoH5SO.N  Held  (Tke  Post-Graduate,  sept.  1906). 

Enfant  de  trois  ans  et  deux  mois,  reçu  au  Manhattan  Eye^  Ear  and  Throal 
Hospita/, le  2  décembre  1905.  Poliomyélite  aiguë  à  dix-huit  mois;  scar- 
latine et  rougeole  il  y  a  huit  mois.  A  la  suite  de  ces  lièvres  éruptives, 
loreille  droite  commença  à  suppurer;  deux  semaines  plus  tard,  ce  fut  le 
lourde  la  gauche.  U  y  a  trois  semaines,  aggravation,  fétidité,  excoriations, 
exsudât  pseudo-membraneux,  tissu  de  granulations.  L'examen  bactério- 
logique montre  le  bacille  fusiforme  et  le  spirille  de  Vincent  en  culture 
pure.  Examen  négatif  du  mucus  de  la  gorge.  Des  examens  répétés 
lesl,  9,  16,  26  décembre,  les  6  et  12  janvier,  dénotent  toujours  la  pré- 
sence des  microbes  de  Vincent  dans  le  pus  des  oreilles. 

Traitement  par  le  nitrate  d'argent  en  solution  à  6  p.  100,  puis  à  12  p.  100 
pour  cautériser  les  excoriations.  On  lit  aussi  des  injections  toutes  les 
quatre  heures  avec  une  solution  chaude  de  nitrate  d'argent  à  1  p.  5000, 
précédée  d'une  instillation  d'eau  oxygénée  restant  cinq  minutes  en 
contact  avec  l'oreille.  Au  bout  de  trois  semaines,  irrigation  avec  sublimé 
à  i  p.  4000.  Pas  d'amélioration. 

Après  six  semaines  de  ces  essais  thérapeutiques,  on  se  décide  pour  une 
intervention  chirurgicale  :  ouverture  de  la  mastoïde  droite  le  16  janvier, 
pus  et  granulations,  membrane  pyogénique  (bacilles  fusiformes  et 
spirilles),  gaze  iodoformée  ;  ouverture  de  la  mastoïde  gauche  le  27  janvier, 
pus  à  streptocoques. 

Trois  jours  après  la  seconde  opération,  vomissements,  constipation, 
fièvre,  raideur  de  la  nuque  à  la  fin.  Mort  le  2  février  après  convulsions. 
Pas  d'autopsie. 

Rnptnred  gaatric  nlcer  in  a  boy  aged  twelve  years  (Ulcère  gastrique 
perforé  chez  un  garçon  de  douze  ans),  par  le  D'  G.  Keppe  Paterson 
(The  Scott.  Med.  and  Sur  g.  Jour.,  sept.  1906).^ 

Un  garçon  âgé  de  douze  ans  et  huit  mois  accuse  des  douleurs  de  la 
région  épigastrique.  Ces  douleurs  surviennent  après  le  repas  à  des  inter- 
valles variables  :  immédiatement,  une  demi-heure,  deux  heures  après. 
Parfois  elles  manquent.  Pas  de  ballonnement  ni  vomissement.  Ces 
symptômes  se  répètent  pendant  douze  jours,  puis,  à  sept  heures  du  soir, 
après  un  léger  dîner,  l'enfant  accuse  une  violente  douleur  de  ventre. 
Le  médecin  le  voit  une  heure  après  et  le  trouve  dans  le  collapsus,  sans 
fièvre,  sans  tympanisme,  avec  rigidité  de  la  paroi  abdominale.  Il  accusait 
une  douleur  vive  autour  de  l'ombilic,  avec  irradiation  à  l'épaule  gauche. 
La  douleur  s'atténua  par  les  fomentations  et  les  frictions,  et  le  collapsus 

disparut.  On  pouvait  croire  qu'il  ne  s'agissait  que  d'une  violente  colique. 
Vomissement  à  neuf  heures  du  soir,  puis  dans  la  nuit.  Le  lendemain 


112  ANALYSES 

matin,  symptômes  de  péritonite  avec  fièvre,  abdomen  distendu,  dispari- 
tion de  la  matité  hépatique.  Laparotomie  par  M.  Gaird  à  une  heure 
(dix-huit  heures  après  Taccident). 

En  ouvrant  le  ventre,  on  trouve  une  péritonite  généralisée,  avec  des 
traînées  fibrineuses  sur  le  foie  et  Testomac  ;  ce  dernier  présente  un 
ulcère  perforé  de  la  grandeur  d'un  petit  pois,  à  la  paroi  antérieure,  à 
5  centimètres  du  milieu  de  la  petite  courbure.  Culture  de  staphylocoques 
avec  r exsudât  péritonéal. 

Lavage  du  péritoine,  drainage.  Lavements  nutritifs  pendant  trois  jours, 
puis  alimentation  par  le  rectum  et  par  la  bouche  alternativement  pendant 
deux  jours.  Le  sixième  jour,  on  cesse  les  lavements.  Hypothermie  le 
troisième  jour,  puis  bronchopneumonie  à  la  base  droite.  Le  septième 
jour,  cyanose,  inhalation  d'oxygène,  injections  de  strychnine.  Après  des 
accidents  très  graves,  la  température  revient  à  la  normale  le  quinzième 
jour,  et  l'en  fan  t  se  remet  peu  à  peu.  Guérison. 

L'auteur  a  colligé  14  cas  de  rupture  d'ulcère  gastrique  au-dessous  de 
quatorze  ans,  trouvés  à  l'autopsie,  plus  2  cas  constatés  pendant  la  vie. 

A  case  of  congénital  anœmia  associated  with  j^undice  (Cas  d'anémie 
congénitale  avec  ictère),  par  les  D^*  A.  Hill  Buchan  et  John  M'Gibbon 
(The  Scott,  med,  and  surg.  Jour.,  sept.  1906). 

Garçon  bien  développé,  né  le  7  octobre  1904,  après  un  accouchement 
facile  et  une  grossesse  normale.  Cependant  légère  hémorragie  par 
adhérence  placentaire.  Le  cordon  est  pâle  et  de  grandes  dimensions. 
État  d'asphyxie  blanche  qui  ne  persiste  pas.  On  remarque  que  l'enfant 
est  atteint  d'un  ictère  généralisé.  Légère  augmentation  du  foie  et  de  la 
rate.  La  teinte  jaune  disparaît  graduellement  dans  la  seconde  semaine  ;  le 
foie  et  la  rate  ont  augmenté  de  volume.  Souffle  systolique  à  la  base  et  à 
la  pointe  du  cœur: 

Glandes  lymphatiques  hypertrophiées  un  peu  partout.  Selles  déco- 
lorées. La  rate,  vers  la  cinquième  semaine,  est  descendue  jusqu*au 
milieu  de  la  ligne  qui  unit  les  fausses  côtes  à  l'ombilic,  puis  elle 
diminue.  L'enfant  a  reçu  une  goutte  de  liqueur  de  Fowler  pendant  trois 
semaines. 

A  la  Qn  de  la  septième  semaine,  la  situation  est  la  suivante  :  l'ictère  a 
abandonné  la  poitrine  et  l'abdomen,  mais  est  encore  apparent  à  la  face. 
Foie  et  rate  à  peu  près  normaux  ;  polyadénopathie  disparue.  Souffles 
cardiaques  évanouis.  Actuellement,  l'enfant  est  bien  portant  (juillet  1906) 
et  vigoureux. 

Examen  du  sang  le  21  octobre  1904  :  hémoglobine,  25  p.  100  ; 
hématies,  1840000;  leucocytes,  23696,  dont  41  p.  100  polynucléaires 
neutrophiies,  2,5  p.  100  polynucléaires  éosinophiles,  43,5  p.  100  lympho- 
cytes, 9,4  p.  100  grands  nononucléaires,  2,2  myélocytes  neutrophiies. 
Il  est  probable  qu'il  s'agit  d'une  toxémie  aiguë  de  nouveau-né. 

A  case  of  malignant  janndicefollGwingscarlet  lever  (Cas  d'ictère  malin 
succédant  à  la  scarlatine),  par  le  D""  H.-W.  L.  Barlow  [The  Brit.  med. 
Jour.,  4  août  1906). 

Fille  de  six  ans  et  demi,  habituellement  bien  poiiante,  est  prise,  le 
quarante-deuxième  jour  de  sa  scarlatine,  de  mal  de  tête,  malaise,  mal  à 
la  gorge.  Cependant  elle  allait  bien  depuis  trois  semaines. 

Fièvre  modérée,  érythème  pharyngé,  pas  d'éruption  ;  le  lendemain, 
légère  jaunisse  des  conjonctives  et  de  la  peau,  foie  non  augmenté  de 
volume.  Battements  du  cœur  accélérés  avec  souffle  systolique  delà  pointe. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  113 

Crines  sans  albumine  ni  sucre,  mais  contenant  un  peu  de  bile.  Enfant 
somnolente  mais  ne  souffrant  pas  et  répondant  aux  questions.  Aggravation 
rapide.  Le  troisième  jour,  la  peau  est  très  jaune;  Tenfant  vomit;  pouls  160, 
respiration  30,  délire,  agitation,  mort  après  une  légère  convulsion. 

Autopsie  onze  heures  après  la  mort.  Teinte  jaune  de  tous  les  tissus, 
pas  d'hémorragies  sous-séreuses.  Foie  pâle,  pas  notablement  gras  ni  mou  ; 
au  microscope,  masses  de  pigment  noir;  pas  d'obstiniction  biliaire.  Rate 
augmentée  de  volume,  présentant  aussi  du  pigment  comme  les  reins  et  le 
foie.  Lésions  de  néphrite  épithéliale. 

A  propos  d'nn  cas  de  tétanie,  par  les  O'*  van  Pée  et  Laruelle  (Rev* 
dhyg.  et  de  méd.  infantiles,  n<»  4  et  5,  1906). 

Fille  de  treize  ans  se  plaignant  de  douleurs  aux  pieds  et  aux  mains. 
L  après-midi,  après  la  récréation,  sensation  de  froid  aux  mains  avec  rai- 
deur et  engourdissement;  peau  exsangue,  doigts  raides  et  immobiles.  La 
chaleur,  les  frictions  dissipent  l'engourdissement.  D'autres  accès  peuvent 
se  montrer.  Ils  ont  débuté  l'hiver  en  1905,  localisés  alors  aux  mains  ;  en 
automne,  ils  ont  gagné  les  pieds.  Dans  la  nuit,  en  janvier  dernier,  l'enfant 
fut  réveillée  par  les  douleurs. 

Hérédité  nerveuse  très  chargée  ;  mère  et  sœur  épileptiques.  Enfant 
retardée  ayant  encore  ses  dents  de  lait.  Augmentation  de  l'excitabilité 
galvanique,  prédominance  des  contractions  d'ouverture,  apparition  pré- 
coce du  tétanos.  L'excitation  mécanique  des  nerfs  et  des  muscles  donne 
les  mêmes  résultats.  On  trouve  le  signe  de  Trousseau  et  celui  de  Chvostek. 
Les  mains  prennent  la  forme  de  la  main  d'accoucheur. 

Les  tumeurs  malignes  des  organes  glandalaires  lymphatiques,  par  le 
D'  L.  CoNCETTi  {Revue d'hyg,  et  de  méd,  infantiles,  n^  4  et  5,  1906). 

Dans  cet  important  travail,  orné  de  planches  en  couleur,  Concetti 
essaie  de  dissiper  les  obscurités  qui  entourent  la  question  des  tumeurs 
lymphatiques.  Sur  97  cas  (dont  4  personnels),  10  ne  fournissent  aucun 
indice  de  la  nature  de  la  tumeur.  Mais,  dans  l'ensemble,  il  y  a  prédomi- 
nance des  sarcomes  : 

Sarcomes  divers 61 

Lymphomes.... 8 

Carcinomes 14 

Encéphaloïdes 2 

Êpithéliomes 2 

Indéterminés 10 


97 

Marche  très  i*apide  de  l'afTection  ;  sur  45  cas  où  la  durée  est  notée,  on 
trouve: 

0&    2  mois 22  cas. 

2à    4    —    12  — 

4  à  12    —    Il  — 


45  cas. 


La  mort  est  à  peu  près  constante  ;  cependant  on  a  signalé  5  guérisons, 
dont  la  plupart  douteuses  ou  trop  récentes  pour  justifier  de  longs  espoirs. 

Sur  97  cas,  le  tube  digestif  est  atteint  61  fois  (63  p.  100),  dont  52  fois 
primitivement  (52,5  p.  100).  Dans  32  cas  de  développement  initial  de  la 
tumeur  dans  l'intestin,  on  signale  1  péritonite  par  perforation,  9  périto- 

ArCH.  de  MÉDBC.  DBS  ENFANTS,  1907.  X.  8 


114  ANALYSES 

niles  par  propagation,  1  ascite  chyleuse.  Sur  9  cas  d^envahissement  secon- 
daire de  rintestin,  on  relève  2  péritonites  par  perforation  et  3  péritoniles 
par  propagation.  Dans  14  cas  ayant  débuté  par  le   mésentère,  on  eut 
3  fois  de  Tascite. 
.   Age  où  les  tumeurs  se  sont  manifestées  : 

Nouveau-nés  (forme  congéoitale) 6 

Oà    aani. 15 

3  à    5— 25 

&àlO—  14 

10  i  15  — 58 

Age  inconnu 12 


Total 9 


Quant  au  sexe,  on  compte  70  garçons  conlre  14  filles,  et  13  indéter- 
minés. Ces  tumeurs  entraînent  Tanémie,  la  pâleur  jaunâtre  de  la  peau, 
ramaigrissement,  la  cachexie. 

Traitement  de  la  coqueluche  par  l'arsenic,  par  M.  Jacques  de  Nrms 
(Soc.  méd.  des  Hôp.,  27  juillet  1906). 

Sur  une  douzaine  d*enfants  atteints  de  coqueluche,  l'auteur  a  employé 
la  linueur  de  Fowler  (l  goutte  par  jour  et  par  année  d'âge).  Au  bout 
d'une  semaine,  il  y  a  parfois  un  peu  de  bouffissure  du  visage,  et  Ton  suspend 
alors  l'arsenic  pendant  quatre  jours.  On  reprend  ensuite,  la  durée  du 
traitement  étant  de  quinze  jours  environ.  Grâce  à  ce  traitement,  l'élément 
spasmodique  est  notablement  atténué,  et  la  coqueluche  suit  une  marche 
bénigne.  En  même  temps,  l'arsenic  tonifie  le  malade. 

Pour  juger  une  méthode  aussi  simple,  il  faudrait  des  obserAatîons  au- 
trement nombreuses  et  autrement  complètes.  Mais  il  n'y  a  pas  d'incon- 
vénient à  essayer.  L'arsenic,  donné  de  cette  façon  et  à  cette  dose,  est 
pour  le  moins  inofîensif. 

Hjrpothermie  prolongée  à  la  période  terminale  d'une  paralysie  générale 
'infantile,  par  les  D**  Jules  Voisin,  Roger  Voisix,  A.  RE?iDu  {Soc.  méd.  des 
Hôp.,  27  juillet  1906). 

Fille  entrée  à  la  Salpôtrière  en  juin  1898,  à  l'âge  de  huit  ans  ;  mère  tu- 
berculeuse, père  alcoolique.  Elle  marche  seule,  en  se  dandinant,  tète 
baissée,  dos  A'oûté  ;  agitation,  violentes  colères,  onanisme.  Intelligence  peu 
développée .  Diagnostic  :  idiotie  acquise,  consécutive  à  une  lésion  cérébrale. 
En  1901,  l'enfant  s'habillait  seule  et  a  fait  quelques  progrès.  En  1902,  tout 
progrès  cesse,  des  symptômes  méningés  apparaissent  :  céphalée,  vomis* 
sèment,  grincement  de  dents,  position  en  chien  de  fusil,  ventre  en  bateau. 
En  1903,  éruption  qui  semble  de  nature  syphilitique;  ponction  lombaire, 
lymphocytose  ;  on  admet  une  méningo-encéphalite  syphilitique  (diagnostic 
de  paralysie  générale  porté  à  treize  ans  et  demi).  Traitement  spécifique 
sans  résultat 

La  marche  devient  impossible  ,^décembi*e  1904),  apathie,  indifférence, 
hébétude,  contracture  musculaire,  réflexes  rotuliens  exagérés,  amyo- 
trophie  et  escarres,  fièvre.  Après  la  lièvre,  on  constate  de  l'hypothermie 
pendant  douze  jours,  avec  des  températures  de  36,  34,  33,  30,5;  mort 
le  6  septembre  1905. 

A  l'autopsie,  méningo-encéphalite  diffuse  :  méninges  adhérentes  et 
épaissies,  infiltration  leucocytaire  des  parois  vasculaires.  Recherche  néga- 
tive du  spirochnele. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES.  115 

Ternies  planes  {nvéniles  gnériea  par  les  rayons  X,  par  le  D'  Danlos 
(Ann.  de  Derm.  et  de  Syj^.,  juillet  1906). 

Enfant  d'une  dizaine  d'années,  dont  la  figure  était  criblée  de  vermes 
planes  ;  des  verrues  existaient  aussi  sur  les  mains.  La  guérison  a  été 
obtenue  en  une  séance,  quoiqu'il  y  ait  eu  trois  applications  en  trois  régions 
différentes.  Durée  de  chaque  opération  :  quinze  minutes,  (machine  Drault, 
ampoule  MûUer,  distance  à  Tanticathode  15  centimètres,  radiochromo* 
mètre  6  à  7,  quantité  5  H  faibles).  La  guérison  s'est  maintenue*  Les  ver* 
nies  des  mains,  qui  n'avaient  été  soumises  à  aucune  radiation,  oat  di&« 
paru  simultanément.  En  quinze  jours,  la  guérison  était  complète.  I 

Chez  un  autre  enfant,  un  peu  plus  jeune,  le  même  traitement  a  donné  ^\ 

k  peu  près  le  même  résultat.  Ici  encore  existaient  sur  les  mains  des  ver- 
nies  planes  qui  ont  disparu  spontanément.  Dans  ce  dernier  cas,  l'ampoule 
Mûller  était  actionnée  par  une  bobine  de  40  centimètres  (courant  7  à 
8  dixièmes  de  milliampère,  rayons  8,  distance  15  à  18  centimètres,  durée 
quatre  minutes). 

Deux  séances  générales  sur  toute  la  figure  ont  été  faites  à  dix  Jours 
d'intervalle.  Une  seule  aurait  peut-être  suffi.  Aucune  réaction  d'ailleurs* 
Les  yeux  étaient  protégés  par  des  lunettes  de  plomb  lutées  au  bord  avec 
une  pâte  au  bismuth.  Guérison  maintenue  depuis  trois  mois. 

Ascaris  lumbricoldes  as  oaose  cl  appendicitis  (Ascaride  lombricolde 
comme  cause  d'appendicite),  par  le  D'  Aldo  Gasteuatu  (TAe  JBW^.  Med. 
/iNcr.,  4  août  1906). 

Fille  de  quatorze  ans,souffrantde  versintestinauxdepuislongtemps,ayant 
pris  de  la  santonine.  Peu  de  temps  après  l'administration  de  ce  remède, 
vomissements,  douleurs  de  ventre,  surtout  à  droite,  un  peu  de  fièvre.  Au 
bout  de  deux  jours,  mort  subite. 

.\utopsie  faite  à  Ck)lombo,  quelques  heures  après  la  mort.  Hien  dans  le 
thorax  ni  le  péritoine.  L'appendice  est  tendu,  engorgé,  recouvert  çà  et  Ik 
de  quelques  exsudais  fibrineux.  Cependant  l'organe  est  libre  d'adhérences  ; 
il  est  dur  et  semble  contenir  un  corps  cyfindrique.  Après  ouverturo  de 
Tintestin,  on  constate  que  c'est  un  ascaride  implanté  solidement  dans 
Tappendice  par  une  moitié,  l'autre  faisant  saillie  dans  le  caecum.  On  ne 
peut  retirer  le  ver,  quoique  mort,  de  l'appendice  qui  l'enclave, 
incisant  l'appendice,  on  constate  la  présence  d'un  liquide  purulent  entre 
ses  parois  et  l'ascaride.  Ce  liquide  contient  des  bacilles  du  côlon.  Un  peu 
d'hyperémie  de  la  muqueuse  intestinale.  Nombreux  lombrics,  dont  plu* 
sieurs  vivants  dans  la  cavité  de  l'intestin. 

Dermatitis  Tegetans  (Dermatite  végétante),  par  le  D'  William  Thomas 
CoRLETT  {The  Brit.  Med.  Jour,,  6  oct.  1906). 

Garçon  de  sept  mois,  vu  en  consultation  avec  le  D' S.-F.  Kelly  le  16  fé- 
vrier 1887,  de  mère  hystéro-épileptique.  A  l'âge  de  trois  mois,  l'enfant  pré- 
senta une  éruption  papuleuse,  avec  plaques  élevées,  variant  des  dimensions 
d'une  lentille  à  celles  d'un  dollar  en  argent,  à  bords  saillants  de  5  à  6  mil- 
limètres au-dessus  de  la  peau,  en  forme  de  condylomes  ou  de  champi- 
pons.  Pas  de  bulles,  mais  parfois  petites  pustules  rappelant  les  lésions 
do  bromisme.  Peu  ou  pas  de  démangeaisons,  pas  de  symétrie  dans  la  dis- 
tribution de  la  dermatose,  état  général  peu  atteint.  Gela  ressemblait  à 
une  éruption  bromique,  avec  moins  de  suppuration  ;  d'ailleurs  ni  la  mère 
nilenfant  n'avaient  pris  de  bromure.  On  pensa  à  la  syphilis  pour  l'exclure.. 

L'éruption  dura  environ  une  année  et  se  termina  par  une  guérison  • 
complète.  Pas  de  rechute.  Gicatrices  persistantes,  visibles  surtout  quand 


116  ANALYSES 

le  sujet  a  froîd.  Le  sujet  n'a  eu  aucune  autre  maladie,  etc*est  actuelle- 
ment un  jeune  homme  vigoureux  et  très  bien  portant. 

H  a  été  observé  de  nouveau  le  19  août  4906  ;  ses  cicatrices  rappellent 
des  brûlures  ou  des  cicatrices  vaccinales  par  la  régularité  de  leurs  bords 
et  les  dépressions  punctiformcs  de  leur  fond. 

Le  D»"  Grover  VV.  Wende  pense  qu'il  s'agit  d'une  pyoderraite. 

^  Pemphigos  héréditaire  traamatiqiie  simple»  épidermolyse  bnlleose 
héréditaire,  par  le  D'  AtxnÉ  (Jcnr.  de  AlétL  de  Bordeaux^  16  sept.  1906). 

Gette  affection  cutanée  a  été  décrite  pour  la.  première  fois  par 
Goldscheider  en  1882;  le  nom  d'épidermolyse  huileuse  héréditaire  lui  a  été 
donné  par  H.  Kobner.  Outre  la  forme  traumatique  (bulles  surgissant 
aux  points  du  corps  soumis  aux  pressions,  frottements),  héréditaire  et 
familiale,  il  en  existe  une  seconde  dans  laquelle  Téruplion  huileuse  se 
fait  toujours  aux  mêmes  régions,  d'où  l'altération  plus  profonde  de  la 
peau,  la  formation  de  kystes  épidermiques  et  de  cicatrices. 

Tn  garçon  de  dix  ans  entre  à  l'hôpital  des  Enfants  de  Bordeaux,  le 
26  juin  1905,  pour  des  bulles  pemphigoîdes  occupant  les  pieds  et  la 
région  de  la  ceinture.  La  mère,  morte  phtisique  il  y  a  deux  ans, 
présentait  tous  les  étés  les  mêmes  lésions,  lin  oncle  maternel  de  même 
jusqu'à  quinze  ans.  Des  cousins  de  l'enfant  auraient  eu  les  mêmes  bulles 
jusqu'à  quinze  ou  seize  ans.  Un  frère  de  treize  ans  a  des  phlyctènes 
pendant  l'été.  Une  sœur  aînée  est  bien  portante. 

L'enfant,  né  à  terme,  nourri  au  biberon,  aurait  eu  chaque  été,  depuis 
sa  naissance,  une  éruption  huileuse  analogue  à  celle  d'aujourd'hui. 

On  trouve  des  bulles  au  pied  droit,  au  pied  gauche,  au  niveau  de  la 
ceinture.  Chacune  de  ces  bulles  est  entourée  d'un  liséré  rouge;  il  en 
est  de  récentes,  d'anciennes,  de  desséchées,  tant  à  la  face  plantaire  qu'à 
la  face  dorsale  des  deux  pieds.  Leurs  dimensions,  parfois  très  grandes, 
sont  très  variables  suivant  les  points  considérés. 

A  la  ceinture,  on  compte  à  droite  les  cicatrices  récentes  de  14  phlyc- 
tènes;  2  phlyctènes,  l'une  récente,  l'autre  plus  ancienne  et  desséchée, 
9e  trouvent  au  voisinage  de  l'ombilic.  A  gauche,  on  compte  12  phlyc- 
tènes desséchées.  On  trouve  également  des  taches  pigmentées, 
représentant  les  traces  d'anciennes  phlyctènes. 

Les  phlyctènes  débutent  par  une  tache  rouge,  arrondie  eu  ovalaire,qui 
bientôt  se  transforme  en  bulle  par  le  soulèvement  de  Tépiderme  ;  le 
liquide,  d'abord  limpide,  devient  opalescent  et  aboutit  à  une  masse  géla- 
tineuse ou  à  un  pus  séreux  hémorragique.  Ëtat  général  bon. 

A  la  date  du  7  juin  4906,  lenfant  étant  au  repos  complet  depuis  une 
douzaine  de  jours,  on  constate  que  toutes  les  phlyctènes  sont  en  voie  de 
guérison  plus  ou  moins  avancée  suivant  leur  degré  d'ancienneté 
respectif,  et  qu'il  ne  s'en  est  point  formé  de  nouvelles. 

L'état  général  est  et  a  toujours  été  très  bon.  Tous  les  viscères  sont 
sains.  Il  n'y  a  jamais  eu  de  fièvre. 

La  recherche  des  cellules  éosinophiles  dans  le  contenu  des  bulles, 
faite  à  plusieurs  reprises  a  donné  une  proportion  de  6  à  8  éosinophiles 
sur  100  globules  blancs. 

Le  sang,  examiné  à  ce  même  point  de  vue  et  aux  mêmes  dates,  a 
•donné  une  proportion  de  4  à  6  cellules  éosinophiles  sur  100  globules 
blancs.  En  temps  ordinaire,  c'est-à-dire  longtemps  après  la  guérison 
complète  des  bulles,  la  proportion  a  été  de  2  à  3  p.  100. 

L'examen  microbiologique  du  contenu  des  bulles  récentes  çt  non 
enflammées  a  toujours  donné  des  résultats  négatifs. 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES  117 

Pnenmococcic  peritonitU .  (Péritonile  pneumococciquc),  par  le 
D^  L.  Erasmus  Ellis  [The  Brit.  med,  Jour.^  3  jiov.  1906). 

Fille  de  six  ans  prise  tout  à  coup,  en  pleine  santé,  le  7  mai  1900»  de 
diarrhée,  de  vomissement  avec  douleur  abdominale  vive.  Sel  les  fréquentes, 

foncées  et  fétides. 

Le  9,  constipation  nécessitant  des  lavements. 

Le  12,  retour  de  la  diarrhée  avec  douleur;  douleur  également  en 
urinant. 

Le  15,  ténesme  et  constipation  jusqu'au  18;  alors,  diarrhée  de  nou- 
veau qui  s'arrête  le  21,  après  ingestion  de  bismuth,  salol  et  chlorodyne 
(médicament  à  base  de  morphine  et  chloroforme).  Mais,  depuis  le  début, 
des  signes  de  péritonite  se  sont  montrés  :  ventre  météorisé,  matité  en 
bas  et  à  gauche;  douleur  générale  avec  maximum  à  gauche.  Fièvre  mo-* 
déi-ée  (38«»,  39<»). 

Le  16  mai  (neuvième  de  la  maladie),  signes  de  pneumonie  à  gauche, 
à  Tangle  de  Tomoplate.  Pouls,  128;  respiration,  40  à  44. 

Le  25  mai,  laparotomie  médiane  par  M.  Bond  :  environ  400  grammes 
de  pus  vert  jaunâtre,  sans  odeur,  mêlé  de  fibrine,  secoulent. 
■  Ce  pus  prédominait  dans  le  bassin  et  le  côté  gauche  de  l'abdomen. 
Irrigation,  gaze  stérilisée  pour  arrêter  une  hémon^agie  inquiétante,  drai- 
nage allant  de  la  plaie  à  une  contre-ouverture  faite  dans  le  flanc  gauche. 
  Texamen  bactériologique,  on  trouve  des  pneumocoques. 

Choc  opératoire,  lavements  d'eau  salée  toutes  les  trois  heures, 
piqûres  de  strychnine.  Le  26,  on  donne  10  centigrammes  de  calomei. 
Amélioration  graduelle.  Écoulement  de  pus  diminué,  trajet  fistuieux  pen- 
dant quelque  temps.  Enfin  guérison  inespérée.  Car,  sur  40  cas  de  péri- 
tonite pneumococcique  diffuse,  6  seulement  ont  guéri  (14  p.  100).  Sur 
45  cas  de  la  forme  localisée,  on  compte  37  guérisons  (86  p.  100). 

Remarqaes  à  propos  de  notre  sizième  cas  d 'extraction  de  corps 
étranger  bronchiqae  par  la  bronchoscopie,  par  le  D^  Guisez  (Journal  des 
Praticiens,  3  nov.  1906). 

Tn  enfant  de  cinq  ans  et  demi,  jouant  avec  une  petite  trompette,  en 
aspire  Tembouchure.  Aussitôt  accès  de  suffocation,  toux  quinteuse  avec 
cyanose.  Après  un  moment  de  calme,  on  entend  un  bruit  musical  à 
rintérieur  de  la  poitrine.  Une  radiographie,  faite  par  le  D'  Laquerrière, 
fait  constater  une  petite  tache  noire  à  la  partie  interne  du  sixième  espace 
intercostal  droit  en  arrière. 

Opération  sept  heures  après  Taccident.  (ihloroforme.  On  choisit  deux 
tubes  bronchoscopiques de  6  millimètres  et  5  millimètres  de  diamètre,  une 
pince  spéciale  à  articulation  terminale  et  un  éclaireur.  L'enfant  est 
couché  dans  la  position  de  Rose,  un  oreiller  sous  les  épaules  et  la  tête  très 
fortement  renversée  en  arrière,  la  bouche  maintenue  ouverte  par  un 
ouvre-bouche  ;  langue  tirée  par  un  aide,  face  dirigée  vers  la  gauche.  Le 
tube,  de  6  millimètres,  est  trop  large  pour  la  glotte  ;  on  prend  celui  de 
5  millimètres.  Après  l'avoir  chauffé  au-dessus  d'une  lampe  à  alcool,  on 
l'introduit  par  la  commissure  buccale  gauche,  c6té  opposé  du  corps 
étranger,  il  pénètre  dans  le  larynx,  la  trachée.  Un  léger  a<Tès  de  toux  est 
calmé  par  une  solution  de  cocaïne  à  1  p.  20  avec  un  long  porte-coton.  On 
descend  dans  la  trachée,  pour  pénétrer  dans  la  bronche  droite;  le  tube 
rencontre  le  corps  étranger,  d'où  résulte  un  bruit  métallique.  Alors  une 
longue  pince  à  griffe  le  saisit  et  on  retire  le  tout. 

L'embouchure  de  trompette  avait  8  millimètres  de  long  et  *  millimètres 
de  diamètre. 


118  ANALYSES 

Sur  deux  cas  de  psendo-milinm  colloïde  .familial,  par  le  D'  P.-L.  Bosel- 

UNI  [Afin,  de  derm,  et  de  syph.^  août-septembre  1906). 

i^  Garçon  de  douze  ans,  atteint  depuis  trois  ans  d'une  dermatose  pro- 
gressive observée  aussi  sur  son  frère  plus  jeune.  Deux  frères  et  une  sœur 
plus  dgés  sont  indemnes.  La  dermatose  occupe  la  face,  surtout  le  nez  et 
la  lèvre  inférieure,  et  va  en  diminuant  sur  les  joues,  les  oreilles  et  le 
menton. 

On  note  la  présence  de  petites  saillies  vésiculoïdes,  translucides,  jaune- 
citron  ou  jaune  rosé,  les  unes  punctiformes,  les  autres  ayant  le  volume 
d'un  grain  de  chènevis,  de  forme  conique,  plate  ou  ombiliquée,  de  con- 
sistance dure.  Au  nez  et  sur  les  pommettes  serpentent,  entre  les  nodules, 
de  petits  vaisseaux,  comme  dans  Tacné  rosée.  Peau  brunâtre  avec 
pigmentation  plus  forte  sur  les  parties  malades.  La  muqueuse  des  lèvres 
présente  les  mêmes  saillies  jaune  diaphane.  Les  conjonctives  bulbaires 
présentent  des  épaississements  de  couleur  jaune  rosé  rappelant  le 
pféi7gion.  Pigmentation  du  dos  des  mains.  Parfois  un  peu  de  prurit. 

2^  Garçon  de  neuf  ans,  pris  seulement  depuis  quelques  mois;  locali- 
sation à  la  face  :  saillies  papuloïdes,  diaphanes,  de  couleur  rouge&tre  ou 
jaune,  avec  prolifération  vasculaire  comme  dans  Tacné  rosée.  Con- 
fluence sur  le  nez,  qui  a  un  aspect  verruqueux.  Pigmentation  diffuse  avec 
zones  atrophiques  comme  dans  le  cas  précédent.  Examen  des  viscèit» 
négatif. 

Au  microscope,  le  nodule  est  formé  par  une  masse  de  tissu  plus  ou 
moins  homogène,  ari^ndie,  reposant  sur  le  derme  sous-papiilaire,  limité 
latéralement  et  en  haut  par  un  revêtement  dermo-épidermique. 

Le  pseudo-milium  colloïde  est  une  dermatose  de  nature  dégénérative 
primitive,  qui  intéresse  le  tissu  conjonctif  collagène  et  élastique  de  la 
zone  sous-papillaire.  A  la  phase  d'acné,  on  voit  des  saillies  vésiculoïdes, 
de  volume  variable,  de  couleur  jaune  translucide  ou  jaune  rougeàtre, 
par  suite  d'une  vascularisation  assez  prononcée,  siégeant  sur  les  parties 
•découvertes  (face  et  mains). 

Ces  saillies  ne  dépassent  pas  le  volume  d'un  grain  de  chènevis,  restent 
un  temps  stationnaires  et  s'éliminent  au  dehors,  laissant  à  leur  suite  une 
.atrophie  cicatricielle  pigmentée  ou  atrophique.  Pigmentation  diffuse  du 
•corps^  plus  accentuée  sur  les  parties  découvertes.  Peu  de  symptômes 
subjectifs;  un  peu  de  prurit  parfois.  Bon  état  général. 

La  dermatose,  plus  fréquente  dans  le  sexe  masculin,  peut  être  familiale; 
elle  semble  être  de  nature  dystrophique  ;  elle  guérit  spontanément  dans 
beaucoup  de  cas. 

Klinische  nndanatomische  Befunde  bel  aknter  nicht  eitriger  Encepha- 
litis  aines  Kindes  (Symptômes  cliniques  et  lésions  anatomiques  dans  un 
cas  d'encéphalite  aiguë  non  suppurée  chez  un  enfant),  par  le  D' B.  VVeyl 
(Jahrb,  f,  Kinderheilk.,  1906). 

L'encéphalite  aiguë  non  suppurée  est  fréquente  et  grave  par  les  reli- 
quats qu'elle  peut  laisser.  Chez  le  nourrisson,  l'encéphalite  aiguë  échappe 
souvent  si  on  ne  pratique  pas  l'autopsie. 

11  s'agissait  ici  d'un  enfant  de  cinq  ans  et  demi,  né  dans  des  conditions 
à  peu  près  normales,  soumis  à  une  alimentation  artificielle,'  toujours 
bien  portant,  n'ayant  pas  eu  de  gonflement  ganglionnaire.  A  trois  ans, 
rougeole  ;  six  mois  après,  Tenfant  est  traité  pour  une  otite  suppurée  sans 
phénomènes  graves.  Il  y  a  un  an,  il  subit  un  choc  à  la  tète  non  suivi 
d'accidents. 

U  y  a  trois  semaines,  on  remarque  un  strabisme  intermittent.  Le 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  110 

17  décembre  1904,  brusquement  il  survient  de  la  constipation,  de  la  cépha- 
lée, des  vomissements,  de  courtes  syncopes,  un  peu  de  toux.  L'état  s'amé- 
liora. Le  20  décembre,  jour  où  lenfant  est  reçu  à  la  clinique  de  Vierordt 
(à  Heidelberg),  survient  de  la  perte  de  connaissance  avec  des  convulsions. 
II  y  a  peu  de  réaction  au  pincement,  de  la  raideur  de  la  nuque;  les 
membres  sont  en  extension  ;  réflexes  profonds  abolis,  pas  de  strabisme, 
pas  de  signe  de  Trousseau.  Rien  d'anormal  aux  viscèi*es.  La  raideur 
sagne  tout  le  corps;  il  y  a  un  mouvement  incessant  des  yeux  vers  la 
gauche,  un  nystaigmus  horizontal  très  rapide.  Pas  de  strabisme.  Pouls 
presque  imperceptible,  ronchus  respiratoires.  Abdomen  rétracté;  réflexes 
plantaires  accentués,  pas  de  signe  de  Babinski  ;  exagération  bilatérale  du 
réflexe  rotulien  ;  absence  des  réflexes  abdominaux.  Bien  à  Texamen  auri- 
culaire, pas  de  tubercules  de  la  choroïde. 

La  mort  survient  avec  respiration  de  Cheyne-Stokes.  La  ponction  lom- 
baire, faite  aussitôt  après  la  mort,  montra  un  liquide  clair,  faiblement 
aibumineux,  non  fibrineux;  la  pression  n'était  pas  augmentée.  Au  micro- 
scope, dans  le  liquide  centrifugé,  ni  bactéries  ni  cellules. 

A  Tautopsie,  cr&ne  très  mince  ;  rien  à  la  dure-mère,  pas  de  thrombose 
des  sinus.  Leptoméninge  /use,  britlante,  pas  de  trouble  ;  pas  de  pm  ni  de 
nodules  miliaires.  Forte  congestion  veineuse  ;  circonvolutions  déprimées  ; 
substance  cérébrale  œdémateuse  et  congestionnée  ;  ventricules  non  dilatés; 
pas  de  tumeur  ;  rien  à  la  base.  Ailleurs  il  y  avait  de  la  congestion  hypo* 
statique  des  bases  du  poumon,  de  l'hypertrophie  notable  du  thymus  qui 
remplissait  tout  le  médiastin  antérieur;  la  rate  avait  le  double  du  volume 
normal  ;  stase  dans  tout  le  tube  digestif. 

L'examen  microscopique  du  cerveau  peut  se  résumer  ainsi  : 

1<^  Infiltration  disséminée  des  méninges  [arachnoïde  et  pie-mère)  ; 

^  Foyers  d'encéphalite  disséminés  sur  les  substances  corticale  et 
médullaire,  groupés  autour  des  vaisseaux,  foyers  non  suppures  et  cousis^ 
tant  essentiellement  en  amas  de  lymphocytes  et  de  plasmazellen  ;  pas  de 
cellules  granuleuses  ;  pas  de  polynucléaires  ; 

3«  Infiltration  et  épaississement  des  parois  vasculaii^es  ; 

4^  Bourgeonnement  des  vaisseaux; 

5*  Phénomènes  de  karyokinèse  ; 

6*>  Lésions  de  dégénérescence  des  cellules  ganglionnaires. 

Au  point  de  vue  histologique,  l'auteur  insiste  donc  sur  l'infiltration  vas- 
•culaire  par  deux  ordres  de  cellules  :  lymphocytes  et  plasmazellen  ;  mais 
nulle  part  il  n'y  avait  en  dehors  des  vaisseaux  de  leucocytes,  comme  on 
en  voit  dans  l'encéphalite  suppurée. 

On  a  cherché  à  établir  un  rapport  de  causalité  avec  les  troubles  intes- 
tinaux; à  ce  point  de  vue,  on  peut  signaler  ici,  comme  dans  une  observa^* 
tion  de  Beymond,  le  gonflement  des  plaques  de  Peyer  et  des  follicules 
clos,  ainsi  que  de  la  rate.  Mais  les  lésions  de  l'intestin  au  microscope 
étaient  minimes.  Ce  fait  confirme  la  gravité  rapide  des  encéphalites  même 
avec  de  très  minimes  lésions. 

Ein  anatomisch  nntersachter  Fall  von  Barlowschar  Krankheit  (Ln  cas 
de  maladie  de  Barlow  étudié  au  point  de  vue  anatomique),  par  W. 
Stocluner  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  1906). 

L'enfant  qui  fait  l'objet  de  cette  observation  avait  huit  mois  et  demi 
lorsque  apparurent  les  premiers  signes  de  la  maladie  de  Barlow;  il  mou- 
rut à  un  an  et  onze  jours.  Le  poids  du  corps  s'est  élevé,  pendant  le  cours 
de  la  maladie,  de  3  900  à  4  000  grammes  et  s'est  maintenu  à  ce  niveau  jus- 
qu'à la  mort.  Pour  ce  qui  est  des  signes  de  rachitis,  le  premier,  un  léger 


120  ANALYSES 

cranioUbes,  fui  observé  pour  la  première  fois  ]e  7  janvier  1903;  le  racht- 
lis  alla  alors  en  augmentant  rapidement»  malgré  Tadministration  d*huile 
de  foie  de  morue  phosphorée  ;  vers  la  fin  de  la  vie,  il  apparut  une  notable 
cypho-scoliose  ;  le  28  janvier,  on  constata  une  fracture  spontanée  aux  deux 
avant-bras  droits.  L'aulopsie  montra  que  la  mort  était  due  à  une  bronchite 
capillaire.  Le  tibia  fut  étudié  histoiogîquemenL  On  trouva  comme  lésions 
caractéristiques  de  la  maladie  de  Bariow  d'abord  des  restes  d'hémorragies 
sous  forme  de  petits  foyers  hémorragiques  et  une  infiltration  diffuse  des 
tissus  par  du  pigment  ferrugineux  ;  en  second  lieu  une  raréfaction  des 
travées  osseuses  dans  le  noyau  osseux  voisin  de  l'épiphyse  du  tibia.  On  ne 
voyait  pas  de  lésion  de  la  moelle  des  os. 

La  lésion  ressemblait  donc  à  la  chondrodystrophie  fœtale.  Ce  cas  était 
remarquable  par  Tétat  avancé  du  processus  rachi tique  au  moment  où 
guérissait  la  maladie  de  Bariow;  par  la  réparation  très  complète  des 
lésions  osseuses  graves  caractéristiques  de  la  maladie  de  Bariow  en 
moins  de  trois  mois  ;  par  la  dégénérescence  de  la  couche  cartilagineuse  à 
la  limite  épiphysaire  du  tibia.  C  est  là  une  lésion  rare. 

Ueber  den  lilaoen  Kranslleck  nnd  aiidere  mongoloida  Erscheimuigan 
bei  europâiBGlian  Kindern  (Sur  la  tache  bleue  de  Tischion  et  les  autres 
phénomènes  mongoloïdes  chez  les  enfants  européens',  par  le  professeur 
Alois  Epstei!!  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.^  1906;. 

La  tache  congénitale  s'observe  chez  presque  tf>us  les  nouveau-nés  japo- 
nais. Souvent  elle  ne  se  montre  qu'après  la  naissance.  L'intensité  de  la 
couleur  bleue  augmente  un  peu  après  la  naissance.  Puis  dans  l'enfance 
elle  diminue  et  disparut  chez  Tadulte.  C'est  l'ischion  et  les  fesses  qui  en 
sont  le  siège,  mais  elle  s'étend  quelquefois  au  voisinage,  rarement  au  dos, 
aux  membres,  à  la  face.  Chez  les  singes,  ces  taches  sont  beaucoup  plus 
étendues.  L'auteur  donne  quelques  observations  qui  prouvent  que  ces  taches 
peuvent  se  voir  chez  les  enfants  européens  ;  mais  elles  sont  rares  (1  cas 
sur  600  enfants). 

Chez  les  enfants  de  race  mongole,  ces  taches  sont  certainement  une 
manifestation  de  race  ;  chez  les  Européens,  il  faut  voir  là  une  manifesta- 
tion pathologique  portant  sur  le  développement  du  fœtus.  La  région  du 
sacrum  est  d'ailleurs  fréquemment  le  siège  de  manifestations  de  ce  genre  ; 
dans  cet  ordre  d'idées,  il  y  a  heu  de  rappeler  la  fréquence  du  rachi tis  de 
la  région  lombo-sacrée,  le  naevus  de  ces  régions,  rhypertrichose,  les  tu- 
meurs cutanées  au  niveau  du  siège.  Chez  les  enfants  européens,  on  voit 
d'autres  manifestn tiens  <c  mongoloïdes  »,  consistant  en  un  retard  de  l'in- 
telligence, avec  signes  multiples  de  dégénérescence.  Souvent  ces  enfants 
meurent  en  bas  âge.  La  syphilis  semble  jouer  dans  ces  manifestations  un 
rôle  étiologique.  Les  préparations  thyroïdiennes  sont  sans  effet.  Ce  qui  est 
remarquable,  c'est  l'extraordinaire  mobilité  de  ces  enfants,  vrais  «  enfants 
de  caoutchouc  ».  Ces  enfants  ne  pleurent  et  ne  crient  guère.  C'est  là  un 
ensemble  de  manifestations  pathologiques  et  non  des  signes  de  race. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

Le  ponvoir  hémolytiqne  du  sérum  sanguin  et  la  résistance  globulaire, 

par  le  D'  D.  Goudeau  {Thèse  de  Paris,  17  mai  1906,  102  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Lesné,  résume  d'intéressantes  recherches 
faites  à  l'hôpital  des  Enfants- Malades,  dans  le  service  de  iM.  Moizard.  Le 


THÈSES   ET  BROCHURES  121 

sérum  sanguin  de  Tenfant,  comme  celui  de  laduUe,  est  hémolysant  in 
vitro  pour  les  globules  du  lapin;  ce  pouvoir  hémoly tique,  dû  à  Talexine, 
disparait  par  chauffage  à  55-58**  et  s*atténue  quand  le  sérum  est  conservé 
depuis  plusieurs  jours.  Chez  Tenfant  normal  de  cinq  à  douze  ans,  la 
quantité  d*alexinea  paru  moins  considérable  que  chez  Tadulte,  mais  dan» 
des  limites  assez  étroites.  A  Tétat  pathologique,  elle  est  susceptible  de 
variations  quantitatives,  que  Fauteur  a  essayé  d'apprécier. 

Dans  la  diphtérie,  la  quantité  d*alexine  augmente  après  les  injections  de 
sérum  antidiphtérique.  Dans  la  varicelle,  elle  diminue  à  la  période  d'é- 
ruption. Dans  la  rubéole,  le  pouvoir  hémolytique  du  sérum  i^ste  normal. 
Dans  la  rougeole,  sans  complications,  il  diminue  les  deux  premiers  jours 
de  Téruption  pour  revenir  à  la  normale  le  troisième  jour. 

Dans  la  scarlatine,  dans  les  érythèmes  scarlatiniformes,  dans  Férylhème 
noueux,  le  pouvoir  hémolytique  est  normal.  Dans  les  érythèmes  sériques 
et  polymorphes,  Talexine  diminue  dans  le  sérum. 

La  résistance  globulaire  subit  une  augmentation  au  cours  des  éruptions 
scarlatini  forme,  post-vaccinale,  papulo-noueuse. 

Dans  les  rougeoles  compliquées  d*accidents  pulmonaires,  la  résistance 
globulaire  est  élevée.  Dans  les  cas  de  rougeole  à  évolution  fatale,  la 
résistance  globulaire  est  normale. 

Pnemnoma  franche  aigné  chez  Tenfant,  par  le  D'  E.  Hatem  {Thèse  de 
Paris,  23  mai  1903,  106  pages). 

Cette  thèse  repose  sur  l'étude  de  51  cas  recueillis  à  Thôpital  des  Enfants- 
Malades  et  terminés  par  la  guérison.  Elle  montre  que  la  pneumonie  de 
l'enfant  est  semblable  à  celle  de  Tadulte.  Cependant  elle  peut  être  d'un 
diagnostic  difficile,  par  suite  de  deux  circonstances  :  l**  apparition  tardive 
des  signes  physiques,  pneumonie  centrale  au  début  ne  devenant  superfi- 
cielle qu'à  la  fin  ;  2®  prédominance  des  réactions  nerveuses. 

Pronostic  favorable  ;  par  suite  inutile  de  faire  une  médication  active. 
Hygiène  thérapeutique  et  expectation  suffisent.  L^emploi  des  médicaments 
actifs  n'est  justifié  que  dans  les  cas  graves  et  compliqués. 

Contributioii  à  l'étade  de  la  tobercalose  pulmonaire  dans  la  première 
enfance,  par  le  D'  C.  de  Gk^m  (Thèse  de  Paris,  17  mai  1906,  132  pages). 

Cette  thèse,  faite  dans  le  service  de  M.  Grancher,  contient  il  observa- 
tions et  de  nombreuses  statistiques.  Elle  montre  bien  la  fréquence  de  la 
tuberculose  dans  le  premier  âge.  Exceptionnelle  dans  les  trois  premiers  mois, 
assez  rare  jusqu'à  un  an,  elle  est  commune  entre  un  et  deux  ans.  La 
forme  uniquement  localisée  au  poumon  est  rare  ;  les  autopsies  montrent 
qu'après  les  ganglions  bronchiques,  toujours  lésés,  c'est  le  poumon  qui 
est  atteint.  La  transmission  de  la  mère  au  fœtus  reste  possible,  mais  elle  est 
exceptionnelle.  La  contagion  joue  le  rôle  principal,  et  particulièrement 
la  contagion  familiale.  Le  bacille  de  Koch  peut  pénétrer  :  1°  par  les  voies 
respiratoires,  tuberculose  d'inhalation  considérée  par  l'auteur  comme  la 
plus  fréquente  ;  2*  par  les  organes  lymphoïdes  bucco-pharyngés  ;  3^  par 
les  voies  digestives,  cette  dernière  porte  d'entrée,  grâce  à  Behring  et  sur- 
tout Calmette,  Vallée,  etc.,  a  trouvé  un  regain  de  faveur  dans  le  camp 
des  expérimentateurs. 

La  bronchûpneumonie  tuberculeuse  est  la  plus  fréquente  des  formes 
localisées  ;  la  tuberculose  pulmonaire  chronique  se  voit  aussi,  mais  passe 
souvent  inaperçue.  Les  cavernes  ne  sont  pas  rares  chez  les  nourrissons. 
La  marche  est  plus  rapide  que  chez  l'adulte.  L'adénopathie  bronchique  est 
constante,  mais  elle  peut  passer  inaperçue. 


122  ANALYSES 

Le  diagnostic  est  très  difficile  à  cause  de  rimprécision  des  signes  phy- 
siques. Parmi  les  {H-océdés  de  laboratoire,  on  peut  avoir  recours  à  la 
tuberculine,  qui  doit  être  maniée  avec  une  extrême  prudence. 

Pronostic  très  grave,  avec  des  degrés  suivant  Tàge  et  suivant  les  formes. 
Tant  que  la  tuberculose  est  fermée,  on  peut  espérer  la  guérîson. 

Le  traitement  sera  surtout  prophylactique  :  empêcher  Ten fan t  de  vivre 
dans  un  milieu  tuberculeux,  éloigner  Tenfant  des  membres  suspects  de 
sa  famille  ;  stériliser  le  lait,  tuberculiniser  les  vaches,  etc.  Le  traitement 
curatif  a  surtout  pour  base  la  cure  d'air  et  la  suralimentation. 

Accidents  généraux  de  reciéma  en  particulier  chei  le  nonrrisson,  par 
le  D'  L.  HcDELOT  (Thèse  de  Paris,  14  juin  1906,  80  pages). 

Les  accidents  généraux  graves,  au  cours  de  Teczéma,  sont  beaucoup 
plus  fréquents  chez  les  enfants  que  chez  les  adultes.  Ces  accidents  peuvent 
se  classer  en  deux  groupes;  les  uns  se  voient  dans  les  eczémas  infectés, 
avec  lésions  impétigineuses  et  résultent  d'une  infection  générale  à  point 
de  départ  cutané.  Les  autres  ne  semblent  pas  relever  de  Tinfection  ; 
ils  surviennent  brusquement  et  succèdent  en  général  à  la  disparition  de 
Teczéma,  que  cette  dispaiilion  ait  été  spontanée  ou  provoquée  (métastase^ 
Dans  ce  dernier  cas,  on  observe  tantôt  des  phénomènes  de  coUapsus  brus- 
que, pouvant  entraîner  la  mort,  tantôt  des  symptômes  méningés,  tantôt 
des  accidents  pulmonaires,  plus  rarement  des  troubles  intestinaux,  par- 
fois la  mort  subite* 

11  faut,  par  crainte  de  ces  accidents,  traiter  les  eczémas  étendus  avec 
beaucoup  de  prudence  ;  cette  prudence,  qui  s'impose  pour  le  traitement 
local,  topique,  ne  doit  pas  empêcher  d'agir  sur  Tétat  général  et  particuliè- 
rement sur  Falimentation,  qui  doit  être  strictement  réglée. 

Les  mntaalités  maternellea,  lenr  action  sor  la  mortalité  infantile,  par 

le  0'  J.  Trouette  (Thèse  de  Paris,  10  mai  1906,  124  pages). 

En  1891  fut  fondée  la  Mutualité  maternelle  de  Paris,  par  MM.  Poussi- 
neau  et  Brylinski.  Elle  a  pour  but  d'assurer  aux  femmes  en  couches  un 
repos  de  quatre  semaines.  Soutenue  par  les  chambres  syndicales  de  la 
couture,  de  la  passementerie  et  de  la  broderie,  cette  oeuvre  étend  son 
action  à  tout  le  département  de  la  Seine.  Klle  a  annexé  une 
consultation  de  nourrissons  à  chacune  de  ses  sections,  sur  le  conseil  de 
M.  Budin. 

Grâce  au  repos  de  la  mère,  d'une  part,  à  la  bonne  direction  de  l'alimen- 
tation, à  la  forte  proportion  (90  p.  100)  de  l'allaitement  au  sein,  d'autre 
part,  la  mortalité  infantile  est  tombée  de  18  à  6  p.  100  pendant  la  pre- 
mière année  de  la  vie. 

De  plus,  la  mutualité  maternelle  a  pour  résultat  de  développer  l'esprit 
de  prévoyance  et  les  sentiments  de  solidarité  dans  le  peuple*  de  répandre 
chez  lui  des  notions  d'hygiène,  etc.  Elle  est  applicable  aux  petites  villes 
comme  aux  grandes  ;  à  Dammarie-les-Lys,  fonctionne  depuis  dix  ans  une 
mutualité  maternelle  ;  il  y  en  a  d'autres  à  Lille,  à  Vienne  (Isère),  à  Hou- 
baix,  etc. 

11  faudra  assurer  le  repos  de  la  mère  avant  comme  après  l'accouchement. 
L'auteur,  désespérant  de  l'initiative  privée  pour  assurer  partout  le  repos 
des  femmes  enceintes,  fait  appel  à  l'État  et  au  pouvoir  législatif.  11  est 
nécessaire  qu'une  loi  rende  obligatoire  ce  chômage  demandé  et  conseillé 
par  les  puériculteurs.  M.  Strauss,  en  décembre  1903,  a  fait  voter  par  le 
Sénat  un  projet  de  loi  où  Tobligation  de  ce  repos  est  inscrite.  Mais  l'appli- 
cation est  entravée  par  manque  d'argent.  Aussi   M.  Poussineau  voudrait 


THÈSES   ET  BROCHURES  123 

que  toutes  les  femmes  françaises,  entre  seize  et  quarante-cinq  ans,  fissent 
partie  d*une  mutualité  maternelle. 

Conaoltation  de  nonnissons  de  Montpellier,  par  M.  J.  Bosc  et  le 
D*^  CoTSAFTis  {Brochure  de  32  pages,  Montpellier,  1906). 

La  consultation  de  nourrissons  de  Montpellier  en  est  à  sa  troisième 
année  d'existence,  et  le  D'  Bosc  a  déjà  publié  deux  comptes  rendus 
annuels.  Le  but  poursuivi  est  triple  :  1*^  faire  inlassablement  l'éducation  des 
mères;  2<*  favoriser  V allaitement  au  sein  ;  3o  soigner  les  nourrissons  dès  qu'ils 
sont  malades.  Ainsi  comprise,  la  consultation  de  nourrissons  pourra  jouer 
un  rôle  utile  dans  la  lutte  contre  la  mortalité  infantile. 

Les  ressources  dont  dispose  Fœuvre  de  M.  Bosc  sont  modestes  :  local 
fourni  par  le  Bureau  de  bienfaisance  de  Montpellier,  qui  donne  également 
30  litres  de  lait  de  vache  par  jour,  des  bains  sur  ordonnance  du  médecin, 
des  bons  de  séjour  à  la  mer.  On  ne  distribue  pas  de  lait  stérilisé^  mais 
seulement  du  lait  cru.  En  hiver,  cela  peut  suffire  ;  en  été,  non. 

GrtLce  à  M^*  Benoist,  fondatrice  de  VCEuvre  des  enfants  à  la  montagne^ 
on  a  pu  envoyer  à  900  mètres  d'altitude  42  nourrissons  gravement 
atteints  et  qui  ont  guéri. 

La  statistique  accuse  1 600  consultations  données  à  446  nourrissons 
d'avril  1905  à  avril  1906  (en  moyenne  17  nourrissons  à  chaque  consulta- 
tion). Les  enfants  nourris  au  sein  figurent  dans  la  proportion  de  64  p.  100; 
Tallaitement  mixte  revendique  22  p.  100  et  le  biberon  14  p.  100.  On  a 
compté  53  cas  de  choléra  infantile,  dont  6  p.  100  chez  les  enfants  au%sein, 
20  p.  100  dans  Tallaitement  mixte,  40  p.  100  dans  Tallaitement  artificiel. 

Les  chiffres  montrent  que  la  mortalité  a  été  très  faible  chez  les  enfants 
qui  fréquentaient  la  consultation  de  nourrissons.  D  après  les  calculs  de 
M.  Bosc,  la  consultation  de  nourrissons  aurait  sauvé  au  minimum  une 
cinquantaine  d'enfants  du  choléra  infantile,  tant  par  son  action  prophy- 
lactique (action  directe  de  la  consultation)  que  par  l'action  immédiate  de 
l'envoi  à  la  montagne  (œuvre  des  nourrissons  ù  la  montagne).  Forts  de  ces 
résultats,  nos  collègues  de  Montpellier  demandent  Tamélioration  de  la  con- 
sultation qu'ils  ont  créée  et  le  développement  de  Tœuvre  annexe  des  nour- 
rissons à  la  Montagne,  indispensable  dans  ce  climat.  Nous  ne  pouvons 
que  les  approuver. 

La  contultation  de  nonrrissons  à  l'hôpital    Lariboiaière,    par    le 

0'  E.  BovnaoïT  {Thèse  de  Paris,  28  juin  1906,  80 pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Bonnaire,  montre  que  la  consultation  de 
nourrissons  est  un  moyen  de  lutte  contre  la  mortalité  infantile.  L'idée 
directrice  doit  être  de  faire  une  incessante  propagande  en  faveur  de 
lallaitement  maternel  et  d'en  favoriser  la  pratique  par  renseignement 
aux  mères  fréquentant  la  consultation.  Â  la  consultation  de  Lariboisière, 
Fallaitement  au  sein  est  représenté  dans  la  proportion  de  77,8p.  100.  Tallai- 
tement  mixte  dans  celle  de  10,2  p.  100,  Tailaitement  artificiel  dans  celle 
de  11,9  p.  100. 11  n'y  a  pas  de  distribution  de  lait  stérilisé,  de  layettes,  de 
vivres  ni  de  médicaments.  Le  nombre  des  enfants  inscrits  et  surveillés 
a  été  de  538.  Le  choix  du  dimanche  comme  jour  de  consultation  permet 
de  surveiller  un   plus  grand  nombre  de  mères  et  d'enfants. 

Prophylaxie  des  gastro-entérites  des  nourrissons,  par  le  D' F.  Blairon 
{Thèse  deParis,  7  juin  1906,  160  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Barbier,  vise  surtout  la  suralimentation  et 
cherche  à  y  remédier.  Elle  contient  un  très  grand  nombre  d'observations* 


^ 


124  ANALYSES 

La  cause  essentielle,  sinon  unique,  de  la  gastro-entérite  des  nourrissons 
exclusivement  nourris  au  lait  est  la  suralimentation,  en  particulier  dans 
Tallaitement  artiliciel  ;  les  mères  et  même  les  médecins  ont  trop  souvent 
l'habitude  de  donner  des  doses  de  lait  trop  considérables  aux  nourrissons. 
Il  faut  combattre  cette  suralimentation  :  1^  en  favorisant  Tallaitement 
maternel  et  le  faisant  durer  le  plus  longtemps  possible.  D'après  i*auteur, 
il  faudrait,  dans  ce  but,  supprimer  les  crèches,  les  distributions  de 
lait,  etc.  ;  2^  en  surveillant  médicalement  les  enfants  au  biberon. 

11  faut  ne  pas  séparer  la  mère  de  r enfant  ;  les  consultations  de  nourris- 
sons  annexées  aux  maternités  et  les  consultations  d'enfants  des  hôpitaux 
dirigées  dans  Tesprit  de  Taliaitement  maternel  trouvent  grâce  devant 
l'auteur.  11  recommande  vivement  les  crèches  d'usines,  les  pouponnières» 
les  œuvres  d'allaitement  malei-nel,  etc. 

11  termine  en  demandant  que  la  loi  Roussel  soit  appliquée,  que  la 
femme  devenue  mère  soit  protégée.  Nous  ne  pouvons  qu'approuver  la 
plupart  de  ces  revendications. 

Mais,  puisqu'il  s'agit  d'encourager  l'allaitement  maternel  et  de  mettre 
en  garde  contre  la  suralimentation,  nous  rappellerons  que  cela  a  été  fait 
depuis  longtemps.  Dès  l'année  1883,  au  dispensaire  d'enfants  de  la 
Société  philanthropique,  nous  avons  lutté  contre  la  suralimentation  etpour 
l'allaitement  maternel,  comme  en  font  foi  nos  rapports  annuels  et  les 
thèses  de  nos  élèves  :  le  D'  Millon  (Paris,  décembre  1893),  le  l>  Bellot 
(Étude  clinique  sur  les  dangers  de  la  sw*alimentation  chez  les  enfants, 
juillet  1893). 

LIVRES 


Traité  des  maladies  familiales  et  des  maladies  congénitales,  pai*  le 
D'E.  Apert  (Vol.  de  364  pages,  Paris,  1907,  J.-B.  Baillière  et  iils,  éditeurs. 
Prix:  4  francs). 

Cet  ouvrage*  enrichi  d'une  préface  du  professeur  Dieulafoy,  et  orné  de 
95  ligures  dans  le  texte,  est  fort  intéressant  pour  le  médecin  d'enfants, 
si  souvent  aux  prises  avec  les  maladies  familiales  et  congénitales. 

Voici  dans  quel  ordre  sont  étudiées  ces  maladies  :  malformations  car- 
diaques par  endocardite  fœtale  ou  par  compression,  malformations  des 
extrémités,  achondroplasio,  anomalies  de  la  face  et  de  la  tète,  organes 
génitaux,  maladies  familiales  du  système  locomoteur,  affections  fami- 
liales des  organes  sensoriels,  maladies  familiales  de  la  peau  et  du  tissu 
cellulaire  sous-cutané,  maladies  du  sang,  affections  familiales  des  viscères, 
disposition  familiale  à  certaines  infections  et  intoxications,  etc. 

Dans  les  conclusions  qui  terminent  sa  brillante  synthèse,  l'auteur  dit 
que  les  maladies  familiales  sont  le  résultat  de  mutatiuns  ou  variations 
brusques  du  type  de  l'espèce  analogues  à  celles  des  espèces  animales  et 
végétales. 

L'analogie  est  complète  puur  les  conformations  vicieuses  familiales: 
polydactylie,  luxation  de  la  hanche.  Elle  existe  aussi  pour  les  maladies 
familiales,  qui,  au  lieu  d'être  amenées  par  des  variations  insensibles  du 
type  normal,  comme  le  sont  les  conformations  vicieuses,  sont  amenées 
par  les  variations  insensibles  du  type  physiologique  humain,  désignées 
sous  le  nom  de  tempéraments  morbides  et  diathèses. 

11  en  résulte  que  la  prophylaxie  des  maladies  familiales  repose  sur  la 
lutte  hygiénique  et  diététique  contre  les  dispositions  vicieusesdiathésiques 
et  contre  les  tempéraments  morbides  correspondants. 


LIVUES  125 

On  pourrait  ajouter  que'la  prophylaxie  requiert  aussi  une  lutte  éner- 
gique et  eflicace  contre  lasyphilis  et  contre  racoolisme,  facteurs  si  efficaces 
des  dégénérescences  et  des  malformations  familiales. 

Les  aliments  nsaels,  par  le  D' Â.  Martinet  (vol.  de  330  pages,  Paris,  1907, 
Masson  et  O*,  éditeurs.  Prix  :  4  francs). 

Ce  livre,  très  pratique  et  très  intéressant,  ne  vise  qu'à  étudier  les  ali- 
ments usuels  dans  leurs  rapports  avec  Tétat  de  santé  et  l'état  de  maladie. 

il  sera  bien  accueilli  par  tous  les  médecins  qui  croient  à  la  supériorité 
de  l'hygiène  thérapeutique  sur  la  thérapeutique  pharmaceutique.  Pour 
parler' avec  compétence  de  ces  choses  que  le  public  médical  ignore  trop 
souvent,  il  faut  entrer  dans  des  détails  de  cuisine  pure,  mettre  la 
main  à  la  pâte,  secouer  la  cassei'ole.  C'est  ce  que  M.  Martinet  n'a  pas 
manqué  de  faire  et  dont  nous  devons  lui  savoir  gré.  Aliments  minéraux, 
aliments  organiques  (viande,  œufs,  lait,  féculents,  céréales,  légumineuses, 
légumes  aqueux,  fruits,  végétaux  huileux),  sontsuccessivement  passés  en 
revue.  Après  un  exposé  du  régime  végétarien,  l'auteur  termine  par  une 
étude  très  serrée  des  boissons. 

Précis  de  médecine  infantile,  par  le  D"  P.  Nobècourt  (vol.  de  728  pages, 
Masson  et  G*«,  éditeurs,  Paris,  1907.  Prix:  9  francs). 

Ce  livre  fait  partie  de  l'élégante  Collection  de  Précis  médicaux,  éditée  par 
la  maison  Masson,  et  dont  plusieurs  ont  été  analysés  déjà  dans  cette 
revue.  11  est  illustré  de  77  figures  dans  le  texte  et  d'une  planche  hoi'S 
texte  en  couleurs,  il  s'adresse  aux  étudiants  et  aux  médecins  praticiens, 
qui,  n'ayant  pas  toujours  le  temps  de  consulter  les  grands  ouvrages,  sont 
bien  aises  d'avoir  sous  la  main  un  manuel  élémentaire  et  de  format 
commode. 

Après  quelques  considérations  générales  (croissance,  alimentation,  etc.), 
M.  Nobècourt  divise  les  maladies  de  l'enfance  en  neuf  classes  :  1°  Maladies 
de  la  bouche,  des  glandes  salivaires,  du  nez,  du  pharynx  ;  2°  Maladies  de 
l'œsophage,  de  l'estomac,  de  l'intestin  ;  3«  Maladies  du  foie,  de  la  rate, 
du  pancréas,  du  péritoine  ;  4»  Maladies  du  larynx,  de  la  trachée,  des 
bronches,  des  poumons,  des  plèvres,  des  ganglions  trachéo-bronchiques  ; 
5*  Maladies  de  l'appareil  circulatoire  ;  6*>  Maladies  de  l'appareil  urinaire  ; 
7»  Maladies  du  sang,  de  la  moelle  osseuse,  des  ganglions  lymphatiques, 
des  glandes  vasculaîres  sanguines,  de  la  nutrition  ;  S*»  Maladies  du 
système  nerveux;  9"  Maladies  infectieuses.  L'ouvrage  se  termine  enfin 
par  un  mémento  thérapeutique  ou  formulaire  par  lettre  alphabétique.  La 
planche  coloriée  qui  précède  ce  mémento  thérapeutique  représente  un 
fragment  de  jjeau  dans  la  rougeole,  une  portion  de  bras  dans  la  varicelle, 
un  fragment  de  peau  et  la  langue  dans  la  scarlatine. 

En  somme,  le  livre  de  M.  Nobècourt  continue  dignement  la  série  des 
précis  médicaux;  il  est  simple,  clair,  pratique  ;  il  mérite  le  bon  accueil  que 
ne  manquera  pas  de  lui  faire  le  public  médical. 

Annales  médicales  et  bulletin  de  statistique  de  l'hôpital  d'enfants 
Hamidié  (vol.de  800  pages,  Gonstantinople,  1906). 

.  Ce  volume,  publié  par  les  soins  des  D""»  Ibrahim  Pacha,  Suleiman  Nourv 
Bey,  Zia  Noury  Bey,  Omer  Fuad  Bey,  Ali  Bey,  etc.,  renferme  le  septième 
compte  rendu  annuel  de  l'HOpital  d'enfants,  fondé  par  S.  M.  I.  le  Sultan, 
en  mémoire  de  la  fille  chérie  qu'il  avait  perdue  en  1898.  Parmi  les  tra- 
vaux qui  intéressent  la  médecine  des  enfants,  nous  signalerons:  Rapport 
du  service  oUhlaryngologique,  par  le  D'  Zia  Noury  Pacha;  Coxalgie  et  enté-^ 
rite  tuberculeuse^  par  le  D'  Raip  Bey,  etc.  .  ^  . 


126  SOCIÉTÉ   DE   PÉDIATRIE 

Deux  nouveaux  pavillons  ont  été  ouverts  dans  cet  hôpital,  dont  les 
progrès  sont  incessants.  La  première  année,  981  malades  avaient  été 
soignés  ;  en  4906,  on  en  compte  2767.  L'ouvrage  est  orné  de  nombreuses 
planches  hors  texte  et  d'un  plan  panoramique  en  couleur  de  l'hôpital 
Hamidié.  Grâce  à  ce  plan,  on  peut  se  rendre  un  compte  exact  de  la  situa- 
tion et  de  l'importance  des  pavillons  qui  composent  ce  bel  hôpital. 

SOCIÉTÉ  DE  PÉDIATRIE 
Séance  du  45  janvier  4907.  —  Présidence  de  M.  Netter. 

M.  Variot  présente  un  garçon  de  cinq  ans  qui  a  une  absence  congénitale 
des  muscles  pectoraux  du  côté  droit,  avec  dépression  sous-claviculaire  très 
notable,  sans  aucun  signe  à  l'auscultation. 

M"*  Nageotte  fait  une  communication  sur  Vépilepsie  chez  les  enfants^ 
montrant  les  difficultés  de  son  diagnostic  et  les  formes  symptomatiques 
diverses  qu'elle  revêt  :  vertiges  sans  chute,  sans  perte  de  connaissance, 
absences  plus  ou  moins  nettes,  grimaces  localisées  à  la  face,  impulsions 
procui^ives,  absence  des  réflexes  rotuliens,  accès  de  colère,  manie  con- 
vulsive,  convulsions,  etc.  Une  de  ses  malades  était  remarquablement 
intelligente.  Le  bromure  agit  bien  dans  la  plupart  des  cas.  Les  accidents 
nerveux  avaient  succédé,  chez  3  enfants  sur  4,  à  des  maladies  graves  : 
coqueluche,  scarlatine,  rougeole,  entérite,  etc. 

M.  GuiKON  a  vu  de  nombreux  cas  analogues,  et  il  est  étonné  de  la 
fréquence  de  ces  accidents  nerveux,  en  clientèle,  sans  hérédité  patholo- 
gique. Ces  cas  sont  souvent  curables. 

M .  CoMBY  pense  que  Tépilepsie  est  trop  schématisée  dans  les  livres  ;  sa 
description,  un  peu  artificielle,  ne  répond  pas  à  ce  qu'on  voit  couramment 
en  médecine  infantile.  En  pareil  cas,  il  ne  faut  pas  se  hâter  de  faire  un 
diagnostic  ferme  d'épilepsie  ni  d'établir  un  pronostic  sans  réserve.  Beau- 
coup d'enfants  sont  pris  de  ces  accidents  à  la  suite  de  m^Uadies  infec- 
tieuses graves  :  grippe,  coqueluche,  scarlatine,  rougeole,  etc.  Ils  étaient 
normaux  avantl'interventiondeces  maladies,  ils  n'étaient  pas  épileptiques 
héréditaires.  La  cause  de  leurs  accidents  nerveux  remonte  aune  encépha- 
lite aiguë  qui  a  laissé  des  séquelles  plus  ou  moins  durables.  L*épilepsie 
essentielle  est  exceptionnelle  ;  les  accidents  épileptiformes,  les  épilepsies 
sont  innombrables  et  relèvent  presque  toujours  d'une  encéphalite  aiguë 
infantile,  conséquence  elle-même  d'une  maladie  infectieuse  générale. 
Beaucoup  sont  curables  avec  le  temps  et  un  traitement  approprié. 

MM.  Baboihneix  et  Berteadx  présentent  un  garçon  de  neuf  ans  atteint 
d'hémiplégie  cérébrale  droite  depuis  l'âge  de  dix  mois,  avec  vomissements 
consécutifs  à  une  chute  récente.  L'examen  des  yeux,  fait  par  M.  Terrien,  a 
montré  une  double  névrite  optique.  Il  semble  qu'il  y  ait  chez  cet  enfant 
association  d'un  néoplasme  intracranien  avec  une  encéphalite  ancienne. 

M.  Mauclaire  présente  un  cas  de  tumeur  vasculaire  polt/potde  du  méat 
urinaire  chez  une  fillette  atteinte  de  vulvo-vagînite.  L'enfant  avait  des 
pertes  de  sang  qui  avaient  été  prises  pour  des  règles  prématurées.  Exci- 
sion de  la  tumeur,  guérison.  Il  faut  rappeler  que,  sous  le  nom  de  prola- 
psus de  l'urètre  chez  les  petites  filles,  M.  Broca,  M.  Comby  avaient  rap- 
porté des  cas  analogues.  Quand  la  tumeur  était  volumineuse  et  gênante, 
on  l'excisait;  quand  elle  était  petite,  elle  disparaissait  par  le  repos  au  lit 
et  les  cautérisations  au  nitrate  d'argent.  Voir  la  thèse  du  D'  Lamblin 
(l«r  avril  1903)  intitulée  :  Le  prolapsus  de  la  muqueuse  de  Vurètre  chez  les 
petites  filles. 


NOUVELLES  127 

>I.  Variot  fait  une  communication  sur  Vinanition  chez  les  nourrissons. 
D'après  lui,  la  règle  établie  par  Maurel  (de  Toulouse^  et  adoptée  par  les 
accoucheurs  de  Paris  serait  fausse  :  100  grammes  de  lait  par  kilogramme 
d'enfants.  Il  a  vu  de  nombreux  cas,  dans  lesquels  l'application  de  cette 
règle  avait  conduit  à  Finanition  et  à  Fathrepsie.  Ce  n'est  pas  le  dixième 
du  poids  de  Tenfant  qu'il  faut  donner  aux  nourrissons,  mais  le  septième  ou 
le  huitième.  Heubner  conseille  même  le  sixième  du  poids  pour  les  pre- 
(niers  mois. 

M.  Carrière  (de  Lille)  est  nommé  membre  correspondant  national 
de  la  Société  de  pédiatrie.  La  Société  nomme,  pour  la  représenter 
au  Congrès  de  la  Réforme  des  études  médicales,  MM.  Comby  et  Guinon, 
M.  RiST  devant  faire  un  rapport  sur  les  desiderata  des  étudiants 
en  matière  de  pédiatrie. 

NOUVELLES 

Congrès  international  d'hygidne.  —  Le  XI V«  Congrès  international 
d'hygiène  et  de  démographie  aura  lieu  à  Berlin,  du  23  au  29  septembre  1907. 
La  section  111  (Hygiène  de  l'enfance  et  des  écoles)  a  pour  président 
M.  Hecbner;  pour  vice-président,  M.  von  Esmarcii;  pour  secrétaires, 
MM.  Neuma^în  et  Langstein. 

CongrèadegaGouttesdelait».— Le  11'' Congrèsinternational  des  «Gouttes 
de  lait  »  se  tiendra  à  Bruxelles,  du  12  au  16  septembre  1907.  Le  comité 
d'organisation  a  pour  président  le  D""  A.  Devaux  et  pour  secrétaire  général 
le  D' E.  LcsT.  Une  question  générale  sera  discutée  en  assemblée  plénière  : 
Y  a-t-il  lieu  d'élargir  le  cadi-e  des  Congrès  des  «  Gouttes  de  lait  »?  Beau- 
coup pensent  qu'il  y  aurait  intérêt  à  porter  devant  ces  Congrès  toutes 
les  questions  d'hygiène  et  de  protection  de  la  première  enfance. 
Programme  : 

l'*  Section.  —  1*»  Les  œuvres  de  protectiorp  de  l'enfance  du  premier  âge, 
et  spécialement  les  «  Gouttes  de  lait  »,  constituent-elles  de  bonnes  armes 
dans  la  lutte  contre  la  tuberculose  et  peuvent-elles  être  envisagées 
comme  un  début  d'action  nécessaire  pour  la  solution  du  problème  de  la 
prophylaxie  de  la  tuberculose? 

2°  EÎxposé  critique  des  législations  des  différents  pays  sur  le  contrôle 
de  la  production  et  de  la  vente  du  lait.  Les  rapports  feront  surtout 
ressortir  les  mesures  prises  et  les  règlements  particuliers  de  cei*taines 
villes  en  ce  qui  concerne  le  lait  destiné  aux  nourrissons  ; 

3«  a.  Description  des  œuvres  et  institutions  éngées  dans  les  différents 
pays  pour  lutter  contre  la  mortalité  infantile  ; 

b.  Statistiques  précises  de  cette  mortalité  (de  zéro  à  un  an)  dans  tous  les 
pays. 

2*  Section.  —  4''  a.  Ration  alimentaire  des  nourrissons  dans  l'allaitement 
au  sein  et  dans  l'allaitement  artificiel  ; 

b.  Ëtude  de  la  digestion  chez  le  nourrisson  (glandes  annexes  du  tube 
digestif,  flore  intestinale,  fèces,  etc.).  —  Mise  au  point  des  questions  qui 
se  rapportent  à  ce  sujet  ; 

S^"  a.  Différents  laits  utilisés  pour  les  nourrissons  dans  l'allaitement 
artificiel  ;  indications  de  leur  emploi  ; 

h.  Méthodes  cliniques  pratiques  et  rapides  d'analyse  des  laits  ; 

6«  L'enseignement  officiel  et  particulier  et  la  vulgarisation  de  l'hygiène 
infantile  dans  les  différents  pays. 


128  NOUVELLES 

Congrès  de  pédiatrie.  —  La  V«  session  du  CongrHpériodique  de  pédiatrie, 
gynécologie  et  obstétrique^  aura  Uen  à  Alger,  le  1*^  avril  1907,  sous  la  pré 
sidence  du  D'  Queirel  (de  Marseille'.  Président  de  la  section  de  pédiatrie  : 
le  D'  Gi'wo:*  (de  Paris*. 

Programme  de  cette  section  : 

Pédiatrie  'médecine;.  —  Le  paludisme  ehei  tenfant  (Rapporteur, 
M.  Crespi5,  d*Alger)  ;  Les splénomégalies  chez  Cenfant  Rapporteur,  M.  Rist, 
de  Paris;;  Les  anémies  infantiles  , Rapporteur,  M.  L.-G.  Smoiv,  de  Paris}. 

Chirurgie.  —  Les  tumeurs  du  rein  chez  C enfant  (Rapporteur,  M.  Mouchet, 
de  Paris)  ;  Les  péritonites  aiguës  de  F  enfant  non  compris  f  appendicite  et  la 
tuberculose)  (Rapporteur,  M.  NovF.-JossF.a%^D,  de  Lyon). 

Prix  de  la  cotisation  :  20  francs.  S*adresser  au  D^  RouviEa,  secrétaire 
général,  52,  rue  Daguerre  (Alger). 

nécrologie.  —  Nous  avons  le  regret  d'apprendre  la  mori  du  D'  Pietro 
Celo?(i,  privat-docent  de  clinique  pédia trique,  médecin  de  THôpital 
d  enfants  Meyer  et  de  THôpital  S.  Maria  Nuova,  à  Florence. 

Enseignement  de  l'hygiène  à  Milan.  —  Le  D'  Raixo3(do  Guafta  est  ofli- 
ciellemenl  chargé  d'un  cours  A^ hygiène  et  physiologie  infantiles,  hygiène 
scolaire^  à  Técole  normale  de  Milan.  Û  est  bon  d'ajouter  que  notre  collègue 
faisait  librement  ce  cours  déjà  depuis  quinze  ans. 

Umrersité  de  Gras.  >-  Le  IV  La:iger,  privat-docent  de  pédiatrie  à  la 
Faculté  allemande  de  Prague,  est  nommé  professeur  extraordinaire  à  l'Uni- 
versité de  Graz. 

UniTorsité  de  Munich.  —  Le  D'  F.  Lange,  privat-docent  d'orthopédie, 
est  nommé  professeur  extraordinaire  à  l'Université  de  Munich. 

Facnlté  de  lôUe.  —  Le  fK  Deléarde  est  chargé  d'un  cours  complémen- 
taire de  clinique  médicale  infantile  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Lille.  , 

Hôpital  des  Enfants-Malades.  —  Un  cours  de  clinique  annexe  sur  la  c/U- 
rurgie  infantile  et  orthopédique  est  fait  à  Thôpital  des  Enfants-Malades, 
depuis  le  14  janvier  1907,  tous  les  jours,  à  deux  heures,  par  MM.  Grisel 
et  AcFFaET,  chefs  de  clinique.  Le  cours  comprend  trente  leçons  et  coûte 
50  francs. 

Clinique  chirurgicale  infantile.  —  Â  ce  même  hôpital,  le  1>  Kianisso!! 

a  pris  possession  du  pavillon  construit  pour  l'agrandissement  de  son  ser- 
vice, et  qui  comprend  une  salle  d'opération,  un  amphithéâtre  de  cours, 
des  salles  pour  la  policlinique,  pour  1  électricité,  les  pansements,  le 
massage,  la  gymnastique,  des  laboratoires  de  bactériologie,  d'histologie, 
de  chimie,  de  photographie  et  radiographie,  etc. 


Ae  Gérant, 
V.  BOUCHEZ. 


497&-Û7.  —  CoEMUL.  Imprimerie  Éd.  CRrrt. 


10'  Année  Mars  1907  N«  3 


MEMOIRES    ORIGINAUX 


LYMPHADÉNIE  TUBERCULEUSE  CHEZ  L'ENFANT 

(UiN  CAS  DE  TUBERCULOSE  ADÉNO-SPLÉNIQUE) 
Par  MM.  E.  WEILL  et  Ch.  LESIEUR. 

(Travail  de  la  Clinique  médicale  infantile  de l* Université  de  Lyon 
et  du  Laboratoire  du  professeur  Arloino.) 

li  n'est  plus  à  démontrer,  à  Theure  actuelle,  que  Tancienne 
adénie  de  Trousseau,  la  lymphadénie  ganglionnaire  aleucé- 
mique,  soit  souvent  de  nature  infectieuse  (Bard  etGuilIermet, 
Delbet,  Rudler,  Labbé  et  Jacobson,  etc.).  11  faut  en  dire  au- 
tant pour  bien  des  cas  de  lymphadénie  aleucémique  généra- 
lisée, atteignant  à  la  fois  ganglions  et  viscères,  et  même  pour 
certaines  splénomégalies  primitives. 

Parmi  les  infections  capables  de  se  localiser  ainsi  sur  le 
système  lymphoïde,  la  tuberculose  est  une  do  celles  qu*on 
tend  à  incriminer  de  plus  en  plus  souvent,  chez  Thomme 
comme  chez  Tanimal  (Cadéac). 

Tantôt,  en  effet,  elle  frappe  la  rate  seule,  ou  la  rate  et  le 
foie  (splénomégalie  tuberculeuse  ou  tuberculose  spléno-hépa- 
iique  :  Rendu  et  Widal,  Vaquez,  Moutard-Martin  et  Lcfas, 
Achard  et  Castaigne,  Chauffard  et  Castaigne,  Collet  et  Galla- 
vardin,  etc.). 

Tantôt  elle  s*attaque  seulement  aux  ganglions  lympha- 
tiques (adénie  ganglionnaire,  tuberculose  hypertrophique  des 
ganglions,  lymphome  tuberculeux  des  auteurs  allemands  : 
Sabrazès  et  Duclion,  Verneuil,  Berger  et  Bezançon,  Delbet, 
Baumgarten,  Schur,  M.  Labbé,  etc.). 

D*autres  fois,  elle  prend  le  masque  de  la  lymphadénie 
généralisée  (lymphadénie  tuberculeuse  ganglionnaire  et  vis- 

ArCH.  DI  MÊDCC.  DB3  B5PASTS,  1907.  X. 0 


130  E.    WEILL   ET   CH.    LESIEUR 

cérale  :  P.  Courmont,  Tixier  et  Bonnet;  Tolot,  Lyon  médical j 
7  septembre  1902,  etc.). 

Récemment,  Rispal  vient  à  nouveau,  à  propos  d*un  cas 
personnel,  d'attirer  l'attention  sur  la  forme  adéno-splénique 
de  la  lympbadénie  tuberculeuse. 

C'est  un  fait  analogue  que  nous  rapportons  aujourd'hui, 
renvoyant,  pour  les  indications  bibliographiques,  à  cet  article 
de  Rispal  [Province  médicale^  27  janvier  1906),  à  celui  de 
P.  Courmont,  Tixier  et  Bonnet  [Journ.  de  physioL  et  de  pa- 
thoLgénér,^  1899,  p.  826),  au  travail  de  Sternberg  [Zeitschr. 
/.  Hei/k,j  1898),  enfin  aux  thèses  de  Duclion  (Bordeaux,  189G), 
de  Rudler  (Lyon,  1895),  de  Guillermet  (Lyon,  1890),  ainsi 
qu'aux  articles  des  traités  classiques  (Delbet,  etc.). 

I.  —  Observation  clinique. 

Joséphine  B,..,  quatorze  ans,  née  et  demeurant  à  Lyon,  entrée  à  la 
Charilé,  le  21  mai  1899,  Clinique  du  professeur  Weill,  salle  Saint-Ferdi- 
nand, n®  13,  envoyée  à  Thûpital  Henée-Sabran,  à  Giens-Hyères,  du  5  sep- 
tembre 1899  au  29  mai^  1900,  morte  à  la  Clinique  le  l**^  avril  1900. 

Aniécédeyits  héréditaires.  —  Père  rhumatisant.  Mère  morte  tubercu- 
leuse à  trente-cinq  ans.  Deux  frèi*es  morts,  Tun  à  trois  ans,  de  fièvre 
typhoïde,  l'autre  à  dix-huit  ans,  avec  déviation  rachidienne?  Un  frère 
bien  portant. 

Personnellement f  bonne  santé  habituelle;  fièvre  urticaire  à  huit  ans, 
poussée  rhumatismale  au  niveau  des  chevilles  et  des  lombes  en  février 
dernier. 

Depuis  plusieurs  années,  adénites  cervicales  chroniques,  actuellement 
encore  nombreuses  et  volumineuses. 

Depuis  une  quinzaine  de  jours,  faiblesse  générale,  inappétence,  points 
de  côté  erratiques.  Trois  jours  avant  son  entrée,  lenfantdut  s'aliter;  f^a 
température  s  éleva  à39°,5,  et  on  l'envoie  avec  le  diagnostic  de  dolhiénen- 
léric. 

Elle  n'offre  pourtant,  à  l'entrée,  aucun  signe  net  de  fièvre  typhoïde, 
sauf  une  selle  diarrhéique  quotidienne,  un  peu  de  toux  et  une  tempéra- 
ture de  39°,9.  Le  foie  déborde  légèrement  les  fausses  côtes  ;  la  i"ale  est 
perçue  à  la  palpation  et  donne  une  zone  de  matité  haute  de  6  centi- 
mètres. 

Aux  poumons,  submatilé  au  sommet  droit,  avec  retentissement  de  la 
toux  ;  rdles  sonores  dans  toute  l'étendue  des  deux  poumons. 

Pas  d'albumine.  Séro-diagnoslic  éberthien  négatif  (23  mai}. 

Toute  la  partie  latérale  du  cou  est  envahie  des  deux  côtés  par  des 
ganglions  nombreux  et  volumineux,  surtout  à  gauche  ;  à  ce  niveau, 
énorme  ganglion,  gros  comme  une  mandarine,  et  plusieurs  autres  gi'os 
comme  une  noix.  Quelques  ganglions  axillaii-es. 

Ozène  avec  congestion  et  ulcérations  de  la  muqueuse  nasale. 

Poids  :  33  kilogi'ammes. 

/"  JmiVi.  —  Persistance  de  là  matité  splénique,  selle  quotidienne  nor- 
male.   Trépidation     plantaire    avec    réflexes   normaux.    Pouls  :    152. 


LYMPHADÉNIE  TUBEnCULEUSE   CHEZ   l'eNFAXT  13t 

Tetnpéralui-e  rectale  oscille  entre  3!)°  et  40°,  depuis  l'entrée.  ESéro-dia- 
pusltc  toujours  négatir  [i"  et  6  juin). 

10  Juvi.  —  Persistance  des  ptiénomènes  généraux.  Température  rectale 
ouille  entre  38",!)  et  30°, 5.  Râles  sonores  disséminés,  avec  mutilé  a  Ift 
bise  gauche. 

Pas  de  leucocf  thémie  ni  d'éosinophilie. 

26  Juin.  —  Augmentation  des  ganglions  cervicaux,  avec  douleur.  La. 
température  est  remontée  à  40°  et  oscille  autour  de  30°,!i. 

S9  Juin.  —  Incision  de  la  l'égion    cervicale  par  M.  Nové-Josserand. 


Fig.    1. 

AMalion  de  deux  ganglions  en  voie  de  caséiliralion,  où  l'esamen  direct 
décèle  la  présence  de  bacilles  de  Koch. 

Ln  de  ces  ganglions  est  inoculé  sous  la  peau  de  la  cuisse  de  deux 
cohayes  [Lesieur)  (Voy.  g  II). 

In  autre  est  conservé  dans  l'alcool  pour  re:Eamen  liistologique 
(André). 

Le  sémm  sanguin  de  cette  malade  agglutine  à  1  p.  5  les  cultui-es 
hom<^ènes  de  bacilles  tuberculeux  (P.  Courmonl). 

li  Juillet.  —  La  lempérature,  qui  était  k  30°,4]a  veille,  tombe  brusque- 
ment à  34°, 7,  vers  huit  heures  du  matin,  puis,  le  soir,  se  relève  h  36°, 4  ; 
pouls:  160;  en  môme  temps,  on  ne  constate  aucun  auli-e  symptAme 
anormal  qu'un  vomissement  alimentaire. 

iSluillel.  — Températui-e  rectale  39°,  3  le  malin,  et  37°,0  le  soir;  le  16, 
38°  et  40°;  le  17  et  jours  suivants,  température  rectale  autour  de  39°; 
pouls  :  1 60. 

(*'  Août.  —  Muguet  sur  la  luette,  le  voile,  les  piliers,  les  amygdales 
(examen  bactériologique  positif).  Température  rectale  oscille  entre 
37°  et  40°,  jusqu'au  9  août,  puis  remonte  à  38°,5  et  39". 

7  Août.  —  Poids  :  27  kilos. 

i3  Août.  —  Douleui-s  vagues,  thoraco-abdominales.  Température 
reclale  :  3T,7. 

2  Sfplembre.  —  Température  i-eclale  se  maintient  autour  de  37°,7.  Gan- 
glions cervicaux  volumineux  (le  cou  mesure  36  centimètres  au  niveau  du 
cricolde};  gros  ganglions  axillaires,  petits  ganglions  inguinaux. 

Aux  poumons,  en  arrière,  et  au  sommet,  surtout  à  droite,  lespiration 
obscure,  retentissement  de  la  toux  et  de  la  voix. 

Amaigrissement  de  7  kilos  depuis  l'entrée. 

Séro-diagnostic  tuberculeux  positif  è  1  p.  10  (P.  Courmrint\ 

*  Sqilembre.  —  Départ  pour  le  sanatorium  Renée-ïahrun,  h  Gicn - 
Hyères  (Var). 


-  CH.    LESIEUR 


Li,  rien  d'anormal  jusqu'en  janvier  1900. 

En  Janvier  4900.  —  A  OJcns,  accùî    répétés  de  dyspnée,  diminuliim 
rapide  des  Torces,  alilement  i 


Fig.  2. 

i9  Mars  4900.  —  Ë(al  );énéral  mntivnis,  amaigrissement  Considérable, 
pas  de  fiévi-e. 
Adéniles  énormes  cervicales,  a\illBires,  inguinales,  cyanose  généralise 


Pig-  3. 

lie  la  face,  du  tronc  et  des  membres,  œdème  du  poignet,  du  genou  et  du 
cou-de-pied  droit. 

Au  cœur,lachycftrdie{P.=liO),galop,  pulsation  radiale  moins  forle  à 
<li-oile. 

Aux  poumons,  r&les  lins  aux  bases. 


LYMPHADÉNIE   TUBERCULEUSE   CHEZ   l'eNFANT  133 

Pas  d  albumine.  Début  d'escarre  fessière. 

Parésie  radiale  droite  :  main  fléchie  sur  Tavant-bras,  fléchi  lui-môme 
sur  le  bras  et  en  pronation  ;  lenteur  et  difiiculté  de  Texlension  et  de  la 
supination  ;  pas  de  troubles  sensitifs. 

5/  Mars.  —  Paralysie  de  tout  le  plexus  brachial  droit  : 

Le  bras  soulevé  retombe  inerte,  et  le  malade  ne  peut  le  remuer,  sauf 
par  rintermédiaire  de  Tépaule.  Exophtalmie  bilatérale  très  nette. 

Aux  poumons,  râles  secs  aux  bases  et  aux  sommets;  murmure  vésicu- 
laire  diminué  en  arrière,  au  sommet  droit.  Température  rectale  oscille 
autour  de  38*. 

/"  AiTi7.  —  Dans  la  journée,  aflaiblissement  progressif. 

A  quatre  heures  du  soir,  brusquement  coma.  Mort  à  six  heures,  sans 
phénomènes  nouveaux.  Opposition  formelle  à  l" autopsie. 

En  somme  : 

Adénie  tuberculeuse,  début  de  caséification  des  gianglions 
cervicaux.  Examen  direct  posilifd^uu  ganglion,  inoculation  et 
développement  d'une  tuberculose  ganglionnaire  chez  le  cobaye 
sans  apparition  de  lésions  tuberculeuses  expérimentales  clas- 
siques (Voy.  g  II). 

Hypothermie  passagère  provoquée  par  un  embarras  gas- 
trique. Fièvre  élevée,  continue,  puis  intermittente,  avec  type 
inverse  transitoire. 

Muguet  à  forme  d'angine  diphtérique  dans  le  service. 

Âdénopathie  trachéo-bronchique.  Compression  du  pneumo- 
gastrique :  cœur  rapide,  accès  de  dyspnée.  Compression  du 
plexus  brachial  :  paralysie  du  bras  droit,  affaiblissement  du 
pouls  radial. 

Mort  rapide. 

n.  —  Recherches  bactériologiques. 

Faites  au  Laboratoire  du  professeur  Arloino. 

Rappelons  l'examen  cytologique  du  sang  négatif  (10  juin  1899),  le 
îtro'diagnostic  éberthien  négatif  (23  mai,  1"  et  6  juin),  le  séro-diagnostic 
tuberculeux  positif  à  1  p.  5  (28  juin)  et  à  1  p.  10  (14  septembre),  enfin  la 
constatation  de  bacilles  de  Koch  par  Texamen  direct  dans  le  caséum  des 
ganglions  cervicaux  enlevés  le  29  juin. 

U  29  Juin  4897,  un  de  ces  ganglions  est  inoculé  sous  la  peau  de  la 
cuisse  droite  de  deux  cobayes. 

Jjn  de  ces  cobayes  (300  grammes)  meurt  accidentellement,  le  8  août, 
peu  amaigri.  ÂTautopsie:  gros  ganglions  inguinaux  et  lombaires  à  droite, 
raie  et  foie  très  hypertrophiés  sans  tubercules  ;  aux  deux  poumons,  con- 
gestion des  bases.  Du  côté  non  inoculé,  cinq  ou  six  ganglions  inguinaux 
caséeux,  gros  comme  une  petite  noisette,  bien  séparés. 

Dans  les  ganglions,  Vexamen  microscopique  décèle  la  présence  de  bacilles 
de  KocU. 


134  E.    WEILL  ET   CH.    LESIEUR 

Le  deuxième  cobaye  (500  grammes)  meurt  le  18  décembre,  au  cours 
d'une  épidémie  de  laboratoire,  avant  laquelle  il  se  portait  bien.  A  Taulopsic, 
quatre  ou  cinq  ganglions  caséeux  locaux,  gros  comme  une  petite  noix  ;  du 
côté  opposé,  quatre  ou  cinq  ganglions  plus  petits,  en  voie  de  caséiticalion. 
Foie  infectieux  (hypertrophié  avec  zones  alternantes  de  congestion  et  de 
dégénérescence  graisseuse).  Rate  hypertrophiée,  semée  de  petits  tuber- 
cules confluents. 

Quelques  ganglions  mésentériques  ramollis,  gros  comme  des  grains 
de  plomb  et  même  comme  des  pois.  Un  ganglion  trachéo-bronchique 
caséeux,  gros  comme  un  pois.  Ganglions  lombaires  très  visibles,  non 
caséeux.  A  m  microscope^  bacilles  de  Koch  en  voie  de  destruction,  encore 
apparents  dans  les  ganglions  du  côté  gauche. 

m.  —  Examen  histologique  d'un  ganglion  cervical. 

Un  ganglion  cervical,  enlevé  le  29  juin  1899,  a  été  recueilli 
dans  Talcool,  inclus  dans  la  paraffine  et  coupé  au  microtome. 
Les  coupes  ont  été  colorées  au  picrocarmin.  Voici  les  résul- 
tats de  Texamen  histologique  : 

Couche  périphérique  :  tissu  lymphoïde  hyperplasié. 

Couche  moyenne  :  bandes  fibreuses  tendant  à  enkyster  le  caséum  central. 

Couche  centrale:  caséifîcation  massive,  mais  limitée,  enkystée  par  la 
sclérose  de  la  couche  moyenne.  Pas  de  cellules  géantes,  aucune  cellule 
spéciale. 

IV.  —  Réflexions. 

Dans  ce  cas  de  tuberculose  adéno-splénique,  un  point  sur- 
tout de  Y  évolution  clinique  paraît  devoir  être  signalé,  c'est  la 
fièvre  élevée  (39  à  40*^  et  au  delà),  continue  pendant  trois  mois 
(tracé  1)  puis  intermittente  avec  type  inverse  (tracé  III),  et  qui 
fit  songer  d'abord  au  diagnostic  possible  de  fièvre  typhoïde. 
D'habitude,  au  contraire,  la  marche  est  lente  et  torpide  (Berger 
et  Bezançon  ;  P.  Courmont,  Tixier  et  Bonnet)  :  on  ne  signale 
qu'une  légère  fièvre  rémittente  (Rispal),  ou  même  lapyrexie 
(Tolot).  Et  pourtant,  chez  notre  malade,  l'élévation  thermique 
n'est  pas  explicable  par  des  lésions  pulmonaires  importantes. 

La  chute  thermique  énorme  (de  5"*)  produite  un  jour  par 
une  cause  banale  (embarras  gastrique)  indique  également  une 
sensibilité  particulière  de  la  thermorégulation  chez  celte 
enfant  (tracé  II). 

Remarquons,  dans  notre  cas,  le  mode  de  terminaison  de  la 
maladie,  par  une  phase  médiastinale  et  des  signes  de  com- 
pression vasculo-nerveuse. 

Signalons  enfin  que  les  faits  semblables  publiés  jusqu'ici  se 
rapportaient  à  l'adulte. 


LYMPHADÉNIE   TUBERCULEUSE   CHEZ   l'eNFANT  135 

Ilaushalter  et  Richon  ont  bien  publié,  en  1904,  dans  les 
Archives  de  médecine  des  enfants^  deux  observations  de  lyni- 
phadénie  infantile,  avec  réaction  scléreuse  des  organes 
atteints,  et  coïncidence  de  tuberculose  pulmonaire  fibreuse  ; 
mais  la  recherche  du  bacille  de  Koch  dans  les  ganglions  leur 
a  paru  négative,  ainsi  que  Tinoculation  au  cobaye  :  l'épreuve 
du  séro-diagnostic  d'Arloing-Courmont  présente  une  réelle 
valeur,  en  présence  de  ces  lymphocytomes  vrais  aleucémiques 
(Vergely  et  Abadie,  Soc.  danat.  et  de  ;;Ay 5/0/.,  Bordeaux,  1900). 

L'examen  histologique^  que  nous  devons  au  D""  André,  ne 
nous  a  pas  révélé  Texistence  des  cellules  géantes  qui  existaient 
dans  le  cas  de  Rispal  et  dans  celui  de  P.  Courmont,  Tixier  et 
Bonnet.  Comme  ces  derniers  auteurs,  et  contrairement  à  Rispal , 
nous  n'avons  pas  rencontré  les  cellules  spéciales  décrites  par 
Sternberg  (grandes  cellules  endothéliales  à  noyaux  bourgeon- 
nants ou  multiples  en  voie  de  multiplication). 

Hyperplasie  et  sclérose  du  tissu  réticulé,  transformant  la 
périphérie  du  ganglion  en  une  masse  uniforme  de  tissu  lym- 
phoïde  ;  caséificatîon  centrale  peu  étendue,  peu  avancée, 
limitée  par  la  sclérose  périphérique  :  telles  sont,  en  résumé, 
les  lésions  que  nous  avons  rencontrées,  et  qui  paraissent  les 
plus  fréquentes  dans  les  constatations  analogues. 

Au  point  de  vue  exp'Irimental,  notre  observation  offre  aussi 
plus  d'un  intérêt. 

Tout  d'abord,  la  faible  virulence  des  lésions  ganglionnaires 
mérite  d'être  relevée  ici,  comme  dans  le  cas  de  P.  Courmont, 
Tixier  et  Bonnet  :  la  mort  des  cobayes  est  tardive,  et  môme 
survient  accidentellement.  Il  s'agit  donc  évidemment  de 
bacilles  atténués. 

Comme  P.  Courmont,  Tixier  et  Bonnet,  nous  avons 
remarqué  que  nos  animaux  inoculés  avec  des  fragments  de 
ganglions  ont  présenté  rapidement  des  adénites  inguinales, 
crurales  et  lombaires  volumineuses,  telles  qu'il  est  peu  fré- 
quent d'en  observer  après  inoculation  sous-cutanée  des 
lésions  humaines  habituelles.  Les  ganglions  n'ont  pas  suppure 
et  ne  se  sont  pas  ouverts  à  l'extérieur,  comme  il  arrive  ordi- 
nairement pour  les  ganglions  superficiels  des  cobayes  tuber- 
culeux. De  plus,  des  adénites  semblables,  non  caséeuses,  ont 
été  observées  du  côté  non  inoculé,  ce  qui  ne  se  produit  pas 
habituellement  (sauf  chez  les  animaux  tuberculinés,  qui 
d'ailleurs  présentent  d'autres  lésions  viscérales). 


136  E.    WEILL   ET   Cil.    LESIEUR 

Par  contre,  parmi  les  autres  organes,  la  rate  seule  a  présenté 
des  lésions  tuberculeuses,  chez  un  seul  de  nos  cobayes,  et 
encore  étaient-elles  peu  accentuées. 

11  semble  donc  que  les  bacilles  isolés  des  ganglions  de 
notre  malade,  quoique  peu  virulents  au  point  de  vue  de  la 
survie,  présentent  une  affinité  élective  pour  le  tissu  lymphoïde 
(ganglions  et  rate),  chez  Tanimal  comme  chez  Thomme. 

Avec  P.  Courmont,  Tixier  et  Bonnet,  nous  croyons  volon- 
tiers à  Inadaptation  de  Tagent  pathogène  à  un  tissu  parti- 
culier, expliquant  à  la  fois  la  spécialisation  de  son  action 
morbide  sur  certains  organes  et  sa  moindre  virulence  pour 
certains  autres  (foie,  poumon,  etc.). 

Cette  hypothèse  nous  séduit  d'autant  plus  que  l'adaptation 
des  microorganismes  en  général  aux  milieux  naturels  aux- 
quels ils  sont  empruntés  paraît  indéniable  dans  plusieurs 
circonstances  analogues  (Bezançon  et  Labbé,  Lesieur,  etc.). 

V.  —  Conclusions. 

1^  La  tuberculose  peut  déterminer  chez  l'homme  des  adéno- 
pathies  chroniques  généralisées,  revêtant  l'aspect  des  tumeurs 
lymphadéniques  (lymphomes  tuberculeux)  ; 

2^  Cette  pseudo-iymphadénie  tuberculeuse  peut  s'accom- 
pagner de  splénomégalie,  d'hépatomégalie,  d  anémie  (pseudo- 
lymphadénic  aleucémique)  ; 

3"*  L'évolution  clinique  peut  être  fébrile,  affectant  le  type 
continu,  le  type  intermittent,  le  type  inverse  ; 

4**  Histologiquement,  l'adénie  tuberculeuse  diffère  surtout 
de  l'adénite  tuberculeuse  par  la  prédominance  des  lésions 
scléreuses  et  par  l'absence  ou  le  faible  degré  de  la  caséifica- 
tion; 

5°  Les  bacilles  de  Koch  isolés  de  lymphomes  tuberculeux 
peuvent  se  montrer  adaptés  au  tissu  lymphoïde,  au  point  de 
produire  chez  le  cobaye  une  tuberculose  à  marche  lente, 
presque  exclusivement  ganglionnaire,  véritable  lymphadénic 
tuberculeuse  expérimentale. 


VI 


LA  RATION  ALIMENTAIRE  DE  L'ENFANT 
DEPUIS  SA  NAISSANCE  JUSQU'A  L'AGE  DE  DEUX  ANS 

Par  le  D'  HENRI  KLOSE, 

Prnnicr  assistant  de  la  Clinique  des  maladies  de  l'enfance  de  l'Université  de  Strasbourg  (Alsace) 

SCITK  (I). 

IV 

LE     NOUVEAU-NÉ   ET    LE   JEUNE   NOURRISSON. 

Notions  d^anatomie,  de  physiologie  et  de  diététique.  —  Rapports  de  la 
grossesse  à  rallaitement.  —  Données  de  la  statistique.  —  Mesures  de 
prévention.  —  Antithèses  sociales.  —  Impressions  générales  et  indivi- 
duelles. —  La  France  comme  protagoniste.  —  Exemple  et  leçon  qu'elle 
nous  donne.  —  Ce  que  nous  ne  voulons  pas.  —  Aide  de  la  femme 
éduquée.  —  Pourquoi  «  éduquée  »?  —  Les  sages-femmes  et  les  nouveau- 
nés.  —  Appel  de  Runge.  —  Erreui'S  de  Bunge. —  Indication  pour  le  se- 
vrage. —  Le  premier  jour  de  la  vie.  — La  période  postérieure  :  temps  de 
pause,  pesées,  augmentation  du  poids  corporel.  —  L'hypogalactie  et 
son  traitement.  —  Allaitement  mixte.  —  La  question  des  noumces.  — 
L'alimentation  artificielle.  —  Les  diverses  méthodes  et  leur  valeur  res- 
pective. —  L'aliment  soluble  du  D'  Theinhardt.  —  Sa  situation  privi- 
légiée. —  Pourquoi  ?  —  Concordance  des  spéculations  théoriques  et  des 
résultats  de  Texpérimentation  pratique.  —  Valeur  des  préparations 
galactogènes.  —  Coup  d'œil  historique. 

Nos  déductions  physiologiques  nous  ont  démontré  avec  une 
certitude  absolue  qu'il  est  impossible  de  créer  un  succédané 
irréprochable  du  lait  maternel.  Cette  conviction  doit  servir 
de  fondement  à  tout  système  d'alimentation  artificielle.  Nous 
devons  nous  demander  de  quelle  manière  Tallaitement  par 
la  mère  doit  s'accomplir,  quand  et  pour  quels  motifs  il  faut 
y  renoncer,  quel  succédané  il  importe  de  choisir  et  suivant 
quels  critériums  nous  pouvons  juger  de  la  valeur  des  diffé- 
rentes méthodes.  La  base  de  critique  la  plus  solide  en  toute 
matière  médicale  nous  est  toujours  fournie  par  Thistoire  de 
révolution  des  sciences  anatomiques  et  physiologiques. 

Le  seul  contact  du  fœtus  avec  Tambiance  extra-utérine  agit 

(1)  Voir  N»  2  de  février  1907,  page  Go. 


138  HENRI    KLOSE 

sur  lui  comme  un  traumatisme  dont  les  conséquences  sont 
une  diminution  de  son  énergie  vitale  et  une  déperdition  du 
poids  corporel  de  200  grammes  en  moyenne,  atteignant  son 
maximum  au  troisième  jour.  C'est  pourquoi  nous  appelons 
«  nouveau-né  »  Tôtre  humain  à  cette  phase  de  son  exis- 
tence, où  il  passe  des  secousses  violentes  que  provoque  son 
brusque  arrachement  de  l'organisme  maternel  à  la  période  de 
développement  progressif  et  uniforme.  Cette  phase  de  transi- 
tion dure  en  moyenne  quinze  jours.  Plusieurs  particularités  la 
•caractérisent  :  c'est  alors  que  commence  la  respiration  pulmo- 
naire; la  circulation  fœtale  se  transforme  en  circulation  pul- 
monaire ;  le  méconium  est  évacué;  le  cordon  ombilical  tombe, 
ce  qui  ne  s'opère  pas  sans  graves  dangers;  dans  80  p.  100  des 
•cas,  l'ictère  se  produit,  et  enfin  une  tuméfaction  se  manifeste 
aux  deux  mamelons.  Ce  n'est  qu'à  la  fin  de  cette  période  que 
commence  à  proprement  parler  la  période  de  l'allaitement,  que 
nous  pouvons  diviser,  avec  Epstein,  en  deux  phases  distinctes  : 
4ine  première  allant  jusqu'à  la  fin  du  quatrième  mois  et  une 
seconde  allant  du  cinquième  jusqu'au  douzième  mois  inclu- 
sivement. Cette  subdivision  se  justifie  par  la  statistique  et  par 
les  données  diététiques.  La  statistique  nous  fait  voir  les  rap- 
ports communs  qui  unissent  la  pédiatrie  et  la  gynécologie.  La 
femme  enceinte  et  a  fortiori  l'accouchée  sont  entourées  chez 
tous  les  peuples  civilisés  d'une  prévenance  et  d'un  respect 
particuliers.  Jamais  l'organisme  ne  se  trouve  exposé  davan- 
tage aux  influences  pathologiques  que  pendant  la  grossesse  et 
les  premiers  temps  de  l'accouchement.  Aussi  est-il  superflu 
d'insister  sur  les  conséquences  que  certaines  défectuosités 
corporelles  et  morales  ou  une  parturition  mal  préparée  peuvent 
entraîner  non  seulement  au  point  de  vue  des  affections  gyné- 
cologiques, mais  encore  à  celui  du  développement  corporel 
et  intellectuel  de  Tenfant. 

Les  travaux  de  Schlossmann,  Eroess  et  Wiirzburg  démon- 
trent que,  pendant  le  premier  mois  de  son  existence,  le  nour- 
risson est  le  plus  gravement  menacé  ;  les  chances  de  mor- 
talité sont  très  grandes  le  premier  jour,  énormes  pendant  la 
première  semaine;  à  partir  de  ce  moment,  elles  décroissent 
jusqu'au  dixième  jour,  pour  augmenter  ensuite  jusqu'au 
quatorzième,  demeurer  constantes  jusqu'au  dix-huitième  et 
enfin  diminuer  graduellement.  Le  deuxième  mois  accuse  déjà 
un  abaissement  considérable  des  chances  de  mortalité  :  com- 


RATION   ALIMENTAIRE   DE    l'ENFANT  130 

parativement  au  mois  précédent,  elles  se  trouvent  réduites  de 
moitié.  Pendant  le  troisième  mois,  le  statu  quo  se  maintient; 
à  partir  du  quatrième,  les  probabilités  de  décès  vont  en  dimi- 
nuant. 11  importe  de  remarquer  que  le  nombre  des  enfanls 
morts  le  premier  jour  de  leur  existence  est  plus  élevé  pour 
les  illégitimes  que  pour  les  légitimes,  comme  d  ailleurs  la 
mortalité,  en  général,  est  plus  forte  chez  les  premiers  que 
chez  les  seconds.  Si  Ton  peut  avoir  faussé  les  statistiques  dans 
certains  pays,  tel  n'est  pas  le  cas  pour  nous  :  nous  avons 
donc  affaire  à  une  connexité  réelle.  Ces  mêmes  influences 
extérieures,  qui  menacent  la  vie  des  enfants  illégitimes  dans  le 
sein  maternel,  ne  sont  pas  supprimées  avec  la  venue  au  monde 
du  rejeton  ;  elles  continuent,  au  contraire,  à  s'exercer.  C'est 
incontestablement  à  elles  qu'il  faut  attribuer  en  partie  la 
grande  lélhalité  infantile  des  premiersjours.  Une  alimentation 
rationnelle  aura  donc  d'autant  plus  de  chances  d'assurer  le 
développement  normal  de  l'enfant  qu'on  éliminera  davantage 
le  nombre  des  dangers  auxquels  il  est  exposé. 

Dans  les  classes  aisées,  le  mari  a  le  devoir  de  rendre  à  sa 
femme  enceinte  l'existence  aussi  agréable  que  possible.  Le 
médecin,  de  son  côté,  doit  user  de  son  influence  pour  qu'elle 
continue  à  vaquer  comme  auparavant  à  ses  occupations,  en 
évitant  toutefois  les  fatigues  corporelles  excessives,  la  danse, 
les  sports,  l'équitation,  la  bicyclette  et  l'usage  des  boissons 
alcooliques.  Quant  à  la  femme  du  peuple,  elle  ne  jouit 
même  pas,  dans  notre  état  social  actuel,  d'une  protection 
légale  suffisante  pour  être  encouragée  dans  ses  espoirs  de 
maternité;  les  lois  sur  la  protection  de  l'ouvrier  devraient 
tout  au  moins  lui  assurer  l'assistance  d'un  médecin  qui  sur- 
veillerait l'état  de  sa  santé  et  lui  éviter  tout  excès  de  tra- 
vail. Ceci  ne  suffirait  évidemment  pas  à  mettre  le  nourris- 
son à  l'abri  de  tout  danger.  L'effet  des  influences  extérieures 
qui  menacent  dès  la  naissance  les  jours  de  l'enfant  se  trouve 
compensé  en  une  certaine  mesure  par  les  soins  dont  on  l'en- 
toure. Plus  ces  soins  seront  vigilants,  moins  grande  sera  la 
portée  de  ces  influences  au  point  de  vue  de  la  statistique  et 
moins  importante  sera  la  mortalité  des  premiers  jours.  La 
rétrocession  de  cette  dernière  sera  cependant  toujours  plus 
accusée  chez  les  enfants  légitimes  que  chez  les  illégitimes. 
Chez  ces  derniers,  le  chiffre  de  la  mortalité  atteint  à  peu  près 
le  double  de  ce  qu'il  est  chez  les  premiers.  Cette  disproportion 


1^0  HENRI    KLOSE 

s'explique  par  le  manque  de  soins  dont  souffrent  les  enfants 
illégitimes.  La  statistique  de  Vienne  nous  apprend  qu'à  soins 
égaux  la  mortalité  des  enfants  illégitimes  est  égale  à  celle  des 
légitimes.  A  Strasbourg,  le  nombre  des  déc^s  survenant  pen- 
dant les  premiers  jours  d'existence  est  moins  important  parmi 
les  enfants  illégitimes,  ce  qui  s'explique  par  le  fait  que  la 
moitié  des  naissances  illégitimes  se  fait  dans  la  clinique,  où 
Tenfant  né  viable  reçoit  pendant  dix  jours  le  lait  de  la  mère 
ou  d'une  nourrice,  tandis  que  les  enfants  légitimes  de  parents 
pauvres  —  et  ceux-ci  constituent  la  majorité  des  naissances 
légitimes  —  sont  loin  d'être  entourés  de  soins  suffisants.  Pour 
les  quatre  premiers  mois,  les  chiffres  de  nos  statistiques  sont 
disproportionnés.  Il  suffit  de  prendre  part  à  celte  lutte  achar- 
née dont  l'enjeu  est  la  vie  des  enfants  illégitimes  pour  se  con- 
vaincre intimement  du  bien  immense,  encore  que  non  tra- 
duisible  en  chiffres,  que  sème  autour  de  lui  notre  service 
communal  des  orphelins  auxquels  les  médecins  confient  la 
garde  de  ces  enfants,  non  moins  que  des  bienfaits  nombreux 
répandus  par  nos  pédiatres  à  leurs  heures  de  consultations. 
Néanmoins,  on  peut  dire  avec  Schlossmann  que  la  question  de 
l'alimentation  infantile  ferait  des  progrès  beaucoup  plus 
rapides  si  les  médecins  spécialistes  avaient  à  leur  disposition 
des  établissements  publics  analogues  à  ceux  qui  sont  annexés 
à  plusieurs  instituts  officiels  étrangers.  Â  V'ienne  et  à  Buda- 
pest, il  existe  de  grandes  stations  de  puériculture  et  d'alimen- 
tion  rationnelle.  Ce  sont  de  vrais  modèles. 

Nos  voisins  de  France  ont,  eux  aussi,  le  droit  d'être  fiers  de 
leur  œuvre.  En  créant  les  «  consultations  de  nourrissons  »  et 
«  les  gouttes  de  lait  »,  ils  ont  posé  en  principe  l'obligation  pour 
l'Etat  d'instruire  et  éclairer  les  mères  et  de  les  secourir  par  des 
apports  pécuniers  ou  des  distributions  de  vivres.  Le  succès  a 
répondu  à  l'attente.  L'administration  de  ces  établissements 
est  aux  mains  des  départements,  avec  le  concours  de  TËtat, 
des  municipalités  et  de  l'initiative  privée  :  la  Société  philan- 
thropique, l'Union  des  Dames  Mauloises  sont  autant  d'institu- 
tions s'occupant  de  puériculture.  L'Assistance  publique,  les 
bureaux  de  bienfaisance  consacrent  aussi  un  intérêt  parti- 
culier à  la  première  enfance.  II  existe,  en  outre,  un  nombre 
considérable  d'institutions  variées  pour  le  bien-être  des 
nourrissons  :  crèches,  pouponnières  ouvertes  aux  mères- 
nourrices  ainsi  qu'à  leurs  enfants  ;  «  berceaux  aux  usines  » 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  141 

installés  par  les  établissements  industriels  pour  procurer  aux 
ouvrières  qui  allaitent,  à  côté  des  aménagements  que  leur 
situation  comporte,  une  aide  matérielle  pendant  toute  la  durée 
de  lallaitement ;  crèches  de  sevrage  et  hospices  pour  enfants 
abandonnés.  Sous  Tégide  de  Budin,  Dufour,  Variot,  il  s*est 
créé  une  centaine  d'institutions  de  puériculture,  tant  en  pro- 
vince qu'à  Paris. 

Dans  les  instituts  pédiatriques  annexés  aux  maternités,  on 
recueille  et  soigne  les  enfants  venus  au  monde  dans  ces  der- 
nières, et  on  encourage  les  mères  à  allaiter  elles-mêmes.  A  la 
campagne  aussi,  plusieurs  médecins  dirigent  des  écoles  de 
mères  ou  tiennent  des  «  consultations  individuelles».  A  Reims, 
les  établissements  de  puériculture  sont  régulièrement  visités 
par  les  élèves  des  écoles  ménagères.  Un  des  plus  anciens  éta- 
blissements de  ce  genre  est  celui  du  D**  Dufour,  à  Fécamp. 
A  Rouen,  les  femmes  qui  allaitent  reçoivent  gratuitement 
jasqu*à  3  livres  de  viande  par  semaine  et  10  à  20  francs  en 
espèces.  Les  «  gouttes  de  lait  »  ont  été  créées  en  vue  de  résoudre 
le  problème  posé  par  le  D' Henri  de  Rothschild,  lors  de  la  fon- 
dation de  r  (»  Œuvre  philanthropique  du  lait  ».  Le  lait  récolté 
dans  une  station  centrale,  ctable-modèle,  est  distribué  suivant 
UQ  mode  de  transport  exemplaire  et  vendu  à  très  bas  prix 
dans  quatorze  quartiers  ouvriers. 

Aux  Etats-Unis,  les  instituts  pédiatriques  ne  s'occupent 
qu  accessoirement  de  Tallaitement  par  la  mère.  Ils  sont  con- 
stitués généralement  par  de  grandes  cuisines  laitières,  d*une 
absolue  perfection  technique,  mais  dépourvues  de  toute  assis- 
tance médicale.  Les  plus  importantes  sont  celles  de  Saint- 
John 's  Riverside  Ilospitze,  à  Yonkers  ;  de  Strauss-Milk- 
Charity,  à  New- York  City,  et  celle  du  Board  of  Health,  à 
Rochester.  Dans  les  laboratoires  laitiers  de  Rotch,  des 
modifying  clerks  préparent,  suivant  ordonnance  médicale,  les 
mélanges  les  plus  divers,  tant  au  point  de  vue  de  la  nature 
(les  constituants  qu'à  celui  de  leurs  proportions  respectives. 

En  Suède  et  en  Norvège,  nous  rencontrons  certaines  insti- 
tutions analogues  aux  «  gouttes  de  lait  »,  mais  établies  sur 
une  bien  moins  vaste  échelle.  Elles  sont  en  partie  dirigées  par 
des  médecins.  Le  Danemark  nous  fournit  l'exemple  d'une 
anomalie  assez  étrange.  A  Copenhague,  où  la  distribution  du 
lait  est  organisée  d'une  façon  merveilleuse  par  de  nombreuses 
sociétés  privées,  la  mortalité  infantile  atteint  des  proportions 


142  HENRI    KLOSE 

vraimeat  anormales.  Cette  coatradlction  apparente  nous  dé- 
montre qu'il  ne  suffit  pas  d*assurer  la  distribution  convenable 
de  bon  lait,  mais  qu'il  faut  s^assurer  le  concours  du  médecin. 
Vierordt,  directeur  de  l'hôpital  Louise,  à  Heidelberg,  dit  : 
«  Une  cuisine  laitière  non  pourvue  d'un  contrôle  vétérinaire  et 
laitier  adéquats  et  non  soumise  à  la  surveillance  d'un  méde- 
cin qui  consacre  tous  ses  soins  aux  nourrissons  y  élevés,  n'est 
qu*un  non-sens.  Je  déconseille,  autant  que  je  le  puis,  l'institu- 
tion de  cuisines  laitières  où  le  lait  reçu  est  soustrait  au  con- 
trôle médical.  » 

D'après  Neumann,  la  surveillance  médicale  de  l'alimenta- 
tion des  nourrissons  est  indispensable  au  bon  fonctionnement 
d'une  cuisine  laitière.  Pour  nous^  l'exemple  de  Tétranger  est 
une  indication  suffisante.  Nous  devons,  comme  le  dit  Schloss- 
mann,  donner  de  l'extension  aux  «  Consultations  de  nourris- 
sons ».  Ce  que  nous  souhaitons,  ce  sont  des  établissements 
officiels  où  les  mères  recevront,  avant  leur  sortie,  toute 
l'assistance  dont  elles  ont  besoin.  Les  femmes  ou  les  filles  sur 
le  point  d'accoucher  y  auront  accès  et  y  recevront,  donnés  avec 
bienveillance,  non  seulement  des  conseils  médicaux,  mais 
encore  des  renseignements  purement  humanitaires  :  les 
mesures  à  prendre  pour  faire  rentrer  dans  le  devoir  le  père 
qui  se  soustrait  aux  obligations  d'une  charge  qu'il  a  lui-mômc 
créée,  le  lieu  où  pourra  se  faire  l'accouchement,  les  pré- 
cautions à  prendre  en  vue  d'assurer  l'allaitement  par  le  sein. 
Si  le  lait  de  la  mère  est  insuffisant  ou  s'il  existe  incapacité 
physique  d'allaiter,  le  médecin  instituera  l'alimentation  arti- 
ficielle et  déterminera  l'espèce  et  la  quantité  de  nourriture 
qui  convient  à  l'enfant.  C'est  à  l'établissement  de  fournir  cette 
nourriture.  Chaque  semaine  l'enfant  sera  pesé.  On  se  rend 
compte  ainsi  de  l'augmentation  de  son  poids,  corrélativement 
avec  son  développement  corporel,  et  de  la  nécessité  éventuelle 
de  modifier  le  mode  d'alimentation.  Les  rations  alimentaires 
seront  toujours  réparties  en  biberons  prêts  à  être  donnés  à 
l'enfant  et  renfermant  tout  juste  la  quantité  nécessaire  pour 
un  repas.  La  mère  ou  la  garde  n'aura  rien  d'autre  à  faire  que 
de  porter  le  biberon  à  la  température  voulue,  de  le  déboucher 
et  de  le  munir  de  sa  tétine. 

Le  système  préconisé  par  Schlossmann  tient  &  la  fois  des 
instituts  de  puériculture  et  des  cuisines  laitières.  Par  lui,  on 
réussira  le  plus  vite  à  répandre  les  saines  notions  de  l'alimen- 


RATION   ALIMENTAIRE    DE    l'eNFANT  14^ 

tatioD  rationnelle  sous  une  forme  individualisée  et  indépen- 
damment de  rUnion  patriotique  des  femmes  de  la  Croix- 
Rouge,  ainsi  que  le  veut  Trumpp.  Quelque  grands  que  soient 
les  mérites  des  associations  privées  qui  distribuent  du  lait  aux 
femmes  pauvres  pour  leur  usage  ou  pour  celui  de  leurs 
enfants,  ce  n*est  pas  au  profane  qu'il  appartient  de  juger  de 
ce  qui  convient  ou  ne  convient  pas  à  Tenfant.  C'est  là  le  rôle 
«lu  médecin  et  encore  bien  celui-ci  doit-il,  pour  le  remplir 
convenablement,  l'avoir  étudié  d'abord  lui-mômc  d'une  façon 
approfondie.  Potter  de  Chemnitz  dit  avec  raison  que  le  fait 
de  fournir  un  lait  irréprochable  ne  marque  aucun  progrès 
sensible,  si  Ton  n'assure  en  même  temps  l'emploi  judicieux  de 
ce  lait  dans  les  ménages.  Or  le  médecin  seul  peut,  appuyé 
sur  la  science,  inculquer  aux  masses  prolétariennes  l'huma- 
nité et  l'abnégation.  Dans  les  questions  d'ordre  moral,  il 
trouvera  une  précieuse  collaboratrice  dans  la  femme  éduquée, 
à  l'activité  de  laquelle  s'ouvre  ici  un  vaste  horizon.  Le  méde- 
cin convainct  par  la  logique  de  ses  idées,  par  la  supériorité 
(le  sa  science,  par  l'assurance  avec  laquelle  il  formule  ses 
convictions.  La  femme  n'étant  pas  philosophiquement  pro- 
ductive n'étaiye  jamais  ses  déductions  sur  le  seul  raisonne- 
ment ;  elle  n'émet  jamais  d'inductions  logiques,  capables  de 
convaincre  lentement  mais  sûrement  ;  chez  elle,  les  impres- 
sions se  traduisent  instantanément  en  idées  et  en  conclusions; 
ses  facultés  d'observation  se  synthétisent  en  vérités  générales, 
qui,  sans  être  toujours  d'une  force  probante  irréfutable, 
exercent  cependant  sur  la  sensibilité  une  action  profondé- 
ment impressionnante   et  persuasive. 

La  puériculture  doit  devenir  chez  nous  l'œuvre  commune. 
Dès  ce  moment  évidemment,  celles  de  nos  institutions  actuelles 
que  beaucoup  de  médecins  considèrent  comme  des  imitations 
des  «  gouttes  de  lait  »  n'auraient  plus  aucune  raison  d'être. 
Elles  fonctionnent  toutes  d'après  un  système  stéréoty pique 
dont  voici  le  schéma  :  distribution  de  lait  et  de  certaines 
instructions  sur  l'alimentation  et  les  soins  à  donner  à  Tenfant 
diaprés  son  âge,  sans  le  concours  de  Tintermédiaire  indispen- 
sable, un  médecin  compétent. 

Pour  les  enfants  bien  constitués,  ces  institutions,  où  Ton  se 
borne  à  distribuer  du  lait,  peuvent  à  la  rigueur  être  suffi- 
santes. Il  n'en  est  pas  de  môme  pour  la  grande  masse  des 
nourrissons.  Si  TÉtat  ou  la  Ville  sanctionnent  ce  système  de 


144  HENRI    KLOSE 

simple  répartition  de  lait  avec  distribution  de  quelques 
recettes  alimentaires  sous  forme  d'aphorismes,  c'est  comme 
s'ils  voulaient  faire  accroire  au  peuple  que  l'allaitement 
maternel  est  inutile  ou  superflu.  Alors  même  que  chaque 
flacon  de  lait  serait  pourvu,  comme  c'est  le  cas  chez  le  D'Du* 
four,  à  Pécamp,  de  l'inscription  :  Faute  de  mietiXj  la  grande 
masse  ne  serait  pas  par  là  rapprochée  d'un  pas  de  ce  «  mieux  ». 
Quelques  paroles  claires  et  précises  et  l'exemple  de  succès 
obtenus  sont  un  enseignement  plus  démonstratif  que  toutes 
les  instructions  écrites,  quelque  explicites  qu'elles  soient. 

Les  idées  courantes  en  matière  d'alimentation  infantile  et 
de  puériculture  sont  profondément  ancrées  dans  le  peuple. 
Les  femmes  d'âge  ne  donnent  aux  jeunes  mères  d'autres  con- 
seils   que   ceux    qu'elles    mirent   elles-mêmes  en    pratique 
jadis  pour  l'éducation  de  leurs  propres  enfants.  Le  milieu  par 
lequel  les  abus  anciens  se  propagent  dans  le  peuple,  c'est  le 
peuple  lui-même.  L'histoire  de  la  civilisation  dans  tous  les 
temps  démontre  que  des  notions  et  acquisitions  nouvelles  ne 
se  laissent  pas  implanter  de  suite  dans  tous  les  rangs  de  la 
société.    L'histoire   de   l'allaitement  confirme  ce  fait.   Nous 
devons  toujours  nous  attendre  à  ce  qu'un  certain  nombre  de 
personnes  demeureront  réfractaires  à  tout  enseignement;  mais 
cela  ne  doit  pas  nous  empêcher  de  développer  un  programme. 
En  matière  d'alimentation  infantile,  les  sages-femmes  et  les 
conseillères  des  accouchées  occupent  dans  les  classes  pauvres 
et  moyennes  une  situation  privilégiée  et  inamovible,  qui  leur 
permet  souvent  de  causer  de  graves  préjudices  au  jeune  nour- 
risson, et  cela  précisément  à  l'époque  où  son  organisme  est  le 
plus  sensible.  Chaque  jour,  on  nous  signale  dans  notre  poli- 
clinique des  exemples   de  conseils  erronés  donnés  par  des 
sages-femmes.  Tantôt  elles  estiment  qu'il  est  superflu  que  la 
mère  habitue  l'enfant  au  sein  pendant  les  six  à  huit  semaines, 
après  lesquelles  elle  devra  retourner  à  son  travail;  tantôt 
elles  déclarent  que  la  femme  est  trop  jeune  ou  trop  anémique 
pour  nourrir,  ou  que  l'enfant  est  trop  faible  pour  téter  ;  tantôt 
elles  prescrivent  le  sevrage  sans  autre  apparence  de  nécessité 
que  de  légers  troubles  dyspeptiques.  En  fait  d'alimentation 
artificielle,  leur  jugement  est  tout  aussi  faux  ;  elles  diluent 
beaucoup  trop  le  lait  et  prescrivent  des  tétées  trop  abondantes 
et  trop  répétées.  Dans  ses  recherches  sur  les  causes  du  non- 
allaitement,  Escherich  a  établi  que,  dans  16  p.  100  des  cas,  la 


RATION  ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  145 

responsabilité  incombe  aux  accoucheuses.  Il  importe  toutefois 
de  remarquer  que  les  intérêts  des  accoucheuses  sont  intime- 
ment liés  aux  caprices  du  public  et  que  leurs  conseils  n'ont 
parfois  d'autre  but  que  de  satisfaire  ou  de  prévenir  le  désir 
des  mères  peu  soucieuses  de  leurs  obligations. 

Ce  qui  prouve  cependant  que  les  statistiques  n'ont  rien 
d'exagéré,  ce  sont  les  chiffres  cités  par  Hutzler.  Cet  auteur  a 
calculé  que,  parmi  les  2000000  d'enfants  viables  qui  vien- 
nent chaque  année  au  monde,  en  Allemagne,  il  s'en  rencontre 
environ  480000,  dont  l'existence  ou   la  santé  se   trouvent 
menacées  par  suite  des  conseils  des  sages-femmes.  Semblable 
danger  mérite  à  coup  sûr  plus  de  considération  que  les  quel- 
ques existences   humaines  malheureusement  sacrifiées  par 
la  septicémie  puerpérale.  Aux  doléances  des  accoucheurs  alle- 
mands, autrichiens,  anglais,  français  et  russes  sur  la  «  dégé- 
nérescence »  des  sages-femmes  viennent  donc  se  joindre  aussi 
celles  des  pédiatres.   N'oublions  pas  que  l'intervention  du 
médecin  est  toujours  coûteuse  à  la  campagne,  nonobstant  la 
concurrence  médicale  acharnée  qui  y  sévit.  Lorsqu'il  s'agit  de 
faire  des  frais  de  voiture  plus  ou  moins  considérables  pour 
amener  le  médecin  à  domicile,  le  châtelain  et  à  plus  forte  rai- 
son le  petit  fermier  et  le  journalier  hésitent  longtemps  avant 
de  le  consulter  sur  une  simple  question  d'alimentation,  d'au* 
tant  plus  qu*à  la  campagne  la  plupart  des  accouchements  se 
font  sans  l'assistance  du  médecin.  En  présence  d'une  compli- 
cation quelconque,  on  fait  venir  la  sage-femme.  Or,  de  même 
que  l'accoucheur,  en  vue  de  diminuer  la  fréquence  ë^s  infec- 
tions puerpérales,  qui  continuent  malgré  tout  à  faire  de  nom- 
breuses victimes,  réclame  des-  sages-femmes  Tobservance  la 
plus  stricte  des  règles  de  l'antisepsie  et  de  Tasepsie,  de  même 
le  pédiatre  exige-t-il  que  le  programme  des  cours  donnés  aux 
sages-femmes  comprenne  des  notions  théoriques  d'alimenta- 
tion naturelle  et  artificielle  suffisantes,  de  façon  à  mettre  les 
«ages-femmes  à  même  de  seconder  nos  efforts  pour  combattre 
les  méfaits  d'une  alimentation  irrationnelle,  ou  tout  au  moins 
de  ne  pas  les  contrecarrer.  Nos  reproches  s'adressent  donc 
au  système  actuellement  en  vogue  et  non  à  la  bonne  volonté 
des  professionnelles.  Je  me  rappelle  que,  du  temps  de  nos 
études,  mon  maître  Runge,  dans  son  discours  rectoral,  plaida 
un  jour  énergiquement  en  faveur  de  l'entrée  de  femmes  et 

de  jeunes  filles  de  bonne  éducation  dans  la  corporation  des 

AbCH.  DK  1|6dBC.   DK8  EKFANTS,  1?07.  X.   10 


146  HENRI   KLOSE 

sages-femmes.  II  souleva  une  tempête  d'indignation  parmi  les 
jeunes  filles  de  la  «  bonne  société  »  de  Gôttingen.  A  sa  suite, 
Brennecke  et  beaucoup  d  autres  menèrent  campagne  en  fa- 
yeur  de  la  même  thèse.  Ce  fut  en  vain.  On  voudrait  donc 
modifier  la  carrière  pour  en  rehausser  le  prestige. 

Reconnaissant  le  bien-fondé  de  nos  récriminations  et  leur 
importance,  M.    Freund  voudrait  voir  annexer  aux   écoles 
'd'accoucheuses  une  section  spéciale  oti  Ion  enseignerait  les 
«oins  à  donner  aux  nourrissons  bien  portants  et  malades.  Nous 
n'y  verrions,  pour  notre  part,  ni  profit   ni  opportunité  ;  au 
surplus,  nous  estimons  qu'il  y  a  lieu  de  protester  contre  celte 
tendance  à  faire  de  l'enseignement  et  de  l'exercice  de  la  pédia- 
trie une  branche  accessoire  de  la  gynécologie.  Même  ceux  qui 
«dénient  à  la  médecine  infantile  le  caractère  d'une   science 
spéciale  reconnaissent  cependant  que  le  nourrisson  occupe 
une  situation  tout  à  fait  particulière  que  l'on  ne  parvient  à 
•connaître  et   à  juger  qu'à  la  suite  de  longues  et   sérieuses 
études.  Quant  à  l'annexion  aux  écoles  de  sages-femmes  de 
:stations  pour  nourrissons  dirigées  par  des  pédiatres,  —  comme 
le  veut  Selter,  —  elle  ne  pourrait  jamais  se  faire  que  dans  un 
avenir  beaucoup  trop  éloigné  pour  que  nous  nous  en  occu- 
pions :  nous  ne  possédons  en  Allemagne  que  dix  stations  pour 
nourrissons  contre  quarante-deux  écoles  de  sages-femmes. 
Cependant  nous   espérons   avec    Schlossmann  que   d'ici    à 
quelques  années  les  stations  pour  nourrissons  auront  poussé 
comme  des  champignons  et  qu'on  en  trouvera  partout.  Les 
nourrissons  ne  seront  pas  seuls  à  en  profiter.  Provisoirement, 
on  pourrait  se  borner,  ainsi  que  l'explique  admirablement 
Hutzler,  à  obliger  les  sages-femmes  à  suivre,  après  les  six  à 
neuf  mois  d'études  qu'elles  font  pour  le  moment,  un  cours  de 
six  semaines  dans  un  hôpital  d*enfants  et  sous  la  direction 
<l'un  pédiatre.  Elles  ne  pourraient  être  agréées  qu'après  avoir 
subi  avec  fruit  un  examen  sur  les  matières  ayant  fait  lobjet 
de  ce  cours.  Ce  ne  sont  là  à  notre  sens  que  des  mesures  transi* 
toires.  B.-S.  Schultze,  lui,  estime  qu'une  éducation  purement 
mécanique  suffit  simplement  aux  sages-femmes,  à  condition 
qu'elles  aient  des  connaissances  d'école  primaire  suffisantes. 
Bon  nombre  de  gynécologues  ne  partagent  pas  cette  opinion; 
à  plus  forte  raison  le  pédiatre  la  comba-t-il.  Sans  compter 
qu'une  culture  intellectuelle  élevée  peut  seule  mettre  la  femme 
en  état  de  saisir  toute  la  gravité  de  ses  devoirs  professionnels, 


RATION  ALIMENTAIRE   DE    l'eNFANT  147 

il  est  évident  qu'elle  seule  lui  conférera  les  aptitudes  voulues 
pour  agir  sur  la  volonté  et  combattre,  peut-être  même  avec 
plus  de  chances  de  succès  que  ne  le  ferait  le  médecin,  les  mul- 
tiples obstacles,  moraux  ou  autres,  à  l'allaitement.  Ici  aussi, 
la  force  réside  dans  l'éducation.  Celle-ci  ne  lèvera  pas  seule- 
ment la  déconsidération  qui  pèse  sur  la  profession,  elle 
deviendra  une  source  de  bénédictions  pour  l'enfance. 

c(  11  existe  à  peine,  dit  Sânger,  une  autre  profession  qui 
convienne  aussi  bien  à  la  femme  bien  douée  que  lexercice  de 
la  pédiatrie.  Même  lorsqu'elle  n'en  fait  pas  son  gagne-pain  et 
qu'elle  contracte  mariage  plus  tard,  elle  pourra  le  faire  avec 
joie  et  fierté,  convaincue  d'être  à  la  hauteur  de  sa  tâche 
prochaine  et,  à  la  vue  de  son  nouveau-né  faible  et  sans 
défense,  elle  pourra  se  dire  avec  orgueil  qu'il  trouvera  en  elle 
une  vraie  mère.  » 

Ainsi  comprise,  la  tftohe  de  la  sage-femme  est  aussi  noble 
que  belle,  car  elle  présuppose  un  fonds  considérable  de  force 
morale  et  d'intelligence.  Il  s'agit  de  battre  en  brèche  les  faux- 
fuyants  derrière  lesquels  se  dérobe  généralement  le  refus 
d'allaiter  :  l'habitude,  la  mode,  les  conventions  mondaines, 
Tégoïsme  du  père  ou  de  la  mère  dans  les  classes  dirigentes, 
rignorance,  l'indolence  ou  la  misère  dans  les  classes  nécessi- 
teuses. Il  est  heureux  que  nous  ayons  reconnu  la  fausseté  de 
la  manière  devoir  de  Bunge,  qui,  à  la  suite  d'un  référendum 
auquel  six  cent  soixante-cinq  intéressées  avaient  pris  part, 
crut  pouvoir  admettre  que  la  cause  la  plus  fréquente  et  la  plus 
importante  du  non-allaitement  réside  dans  la  dégénération 
physique  de  la  femme. 

La  statistique  de  Bunge  groupe  les  mères  en  deux  catégo- 
ries, suivant  qu'elles  sont  ou  non  aptes  à  l'allaitement.  Dans  la 
première,  il  ne  classe  toutefois  que  les  mères  qui  ont  allaité 
neuf  mois  durant,  sans  donner  à  leur  nourrisson  d'autre 
nourriture.  Leur  nombre  n'atteint  que  27  p.  100.  C'est  a  priori 
qu'il  admet  la  diminution  de  la  sécrétion  lactée  avant  le  neu- 
vième mois.  Marfan  oppose  à  cette  manière  de  voir  la  fréquence 
des  motifs  extrinsèques  du  sevrage  prématuré.  Parmi 
les  75  p.  100  de  mères  inaptes  à  l'allaitement,  Bunge  a  ren- 
contré de  nombreux  exemples  où  l'influence  de  l'hérédité  était 
manifeste.  Les  filles  de  mères  qui  n'allaitent  pas  et  même 
les  générations  suivantes  deviennent,  elles  aussi,  inaptes  à 
rallaitement.  Les  observations  de  Bunge  sont  en  contradiction 


148  HENRI    KLOSE 

formelle  avec  celles  d'autres  auteurs.  Ainsi  Biacker,  à  Londres, 
a  constaté  que,  parmi  plus  de  mille  mères,  Tagalactie  ne  se 
produisait  que  dans  2,5  p.  100  de  cas;  Strauss  n'enregistra 
que  13  p.  100  parmi  les  pauvres  de  Munich,  et  Mesnil  n*a 
rencontré  Tagalactie  que  dans  4,2  p.  100  de  cas,  parmi 
3  069  accouchées  de  Paris.  Parmi  les  80  mères  accueillies  à  la 
crèche  pour  nourrissons  de  Berlin,  Finkelstein  n'observa 
pas  un  seul  cas  d'incapacité  à  l'allaitement.  Les  autres  direc- 
teurs de  crèches  firent  des  observations  analogues.  Et  pour- 
tant c'est  précisément  dans  ces  grandes  villes  que  la  tare 
héréditaire  atteint  son  point  culminant.  La  tuberculose,  la 
neurasthénie  et  la  carie  dentaire  seraient  les  symptômes  de  la 
dégénération  de  la  race.  Par  contre,  le  gynécologue  Nogar  et 
l'anatomiste  BoUinger  se  refusent  à  admettre  toute  dégéné- 
rescence générale.  Pour  eux,  il  ne  peut  s'agir  ici  que  d'une 
hypoplasie  générale  héréditaire  et  d'une  faiblesse  des  glandes 
lactogènes  consécutives  de  l'inaction  de  l'organe  se  propa- 
geant de  génération  en  génération.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces 
deux  théories  ne  correspondent  aux  données  expérimentales. 
En  Italie  et  dans  l'Orient,  depuis  que  les  mercenaires  de 
Charles  VIII  l'y  implantèrent,  la  syphilis  a  causé  des  ravages 
énormes,  et  malgré  cela  —  comme  nous  l'avons  vu  —  les 
femmes  y  sont  restées  aptes  à  l'allaitement.  L'incapacité  fonc- 
tionnelle des  mamelles  que  l'on  observe  dans  certains  cas  ne 
résiste  pas  aux  méthodes  actuelles  de  traitement  des  glandes 
à  sécrétion  lente.  Semblahlement,  le  rôle  de  l'alcoolisme,  que 
Bungc  considère  comme  le  facteur  principal  de  l'incapacité 
croissante  des  femmes  à  allaiter,  a  été  tout  autant  exagéré  par 
ce  grand  physiologue  que  par  ses  modernes  épigones,  qui  ne 
voient  en  lui  que  le  destructeur  général  de  tous  nos  organes. 
Marfan  a  trouvé  que,  parmi  la  population  pauvre  de  Paris,  oii 
l'abus  des  boissons  alcooliques  règne  en  maître,  99  p.  100  des 
femmes  sont  aptes  à  l'allaitement,  alors  que  dans  les  classes 
mieux  partagées  le  chiiïre  descend  à  90  p.  100.  La  rectification 
des  erreurs  de  Bunge  nous  amène  à  examiner  la  question  de 
savoir  si,  lorsque  la  quantité  de  lait  sécrétée  est  suffisante,  ce 
lait  peut  être  impropre  à  l'allaitement  au  point  de  vue  quali- 
tatif. D'après  Thiemich  et  Kieseintytry,  tout  lait  de  femme  bien 
portante  convient  au  nourrisson,  quel  que  soit  son  âge. 
Heubner  aussi  dénie  tonte  valeur  à  l'analyse  chimique  du  lait 
comme  critérium  des  aptitudes  nourricières  de  la  femme  qui 


RATION  ALIMENTAIRE   DE   L'ENFANT  149 

le  produit  :  nous  ne  voyons  dans  le  lait  de  différentes  femmes 
aucune  différence  essentielle  pouvant  se  répercuter  sur  la 
croissance  de  Tenfant.  Tbiemich  conclut  que  seuls  la  quantité 
de  lait  et  Tétat  de  santé  de  la  mère  ont  une  importance  au 
point  de  vue  de  Tallaitement.  Gela  revient  à  dire  que  certains 
états  corporels  de  la  mère  peuvent  interdire  l'allaitement  dans 
son  intérêt  ou  dans  celui  du  nourrisson.  Pour  nous,  une  contre- 
indication  absolue  et  permanente  est  fournie  parla  tuberculose 
manifeste  ou  ses  tares  héréditaires,  à  cause  des  dangers  de 
transmission,  soit  directe,  soit  indirecte,  par  suite  de  l'infection 
deTair.  A  ce  point  de  vue,  nous  sommes  en  désaccord  complet 
avec  Schlossmann,  qui  permet  l'allaitement  môme  aux  femmes 
tuberculeuses  précédemment  mal  nourries,  mais  placées  dans 
des  conditions  alimentaires  convenables,  parce  que  la  tendance, 
au  dépôt  adipeux  qui  se  manifeste  à  cette  époque  les  prédispose 
aisément  à  l'excès  d'embonpoint.  Cependant  les  essais  que 
Michel  institua  sur  les  animaux  démontrent  la  probabilité  du 
passage  dans  le  lait  des  toxines  provenant  des  bacilles  de  la 
tuberculose.  Nous  savons  que  chez  les  animaux  les  bacilles  de 
la  tuberculose  miliaire  peuvent  passer  dans  le  lait.  Gomme  il 
est,  en  outre,  avéré  qu'un  seul  et  unique  contact,  lors  de  la 
circoncision  rituelle,  a  pu  suffire  pour  provoquer  une  infiltra- 
tion tuberculeuse  des  glandes  lymphatiques,  il  est  du  devoir 
du  médecin  de  réduire  autant  que  possible  la  fréquence  et 
l'intimité  des  contacts.  Cette  précaution  ne  s'impose  pas,  si 
Fonadmet  la  théorie  de  l'immunité  de  Colles,  chezles  luétiques  ; 
des  enfants  de  père  syphilitique  peuvent  être  allaités  sans  dan- 
ger par  des  mères  indemnes,  abstraction  faite  de  quelques  cas 
rares  où  la  mère  n'est  infectée  qu'à  la  fin  de  son  terme. 
Hochsinger,  en  se  basant  sur  vingt  exceptions  observées  parmi 
des  primipares  de  cette  catégorie,  établit,  il  est  vrai,  une  dif- 
férence entre  la  policlinique  et  la  clientèle  privée;  mais,  s'il 
tient  compte  des  observations  innombrables  qui  sont  venues 
confirmer  la  loi  de  Colles,  le  clinicien  partagera  certainement 
notre  manière  de  voir,  toute  radicale  qu'elle  soit.  L'hésitation 
se  justifie,  par  contre,  dans  les  diverses  maladies  chroniques  : 
nous  connaissons  des  cas  nombreux  où,  malgré  l'existence  de 
semblables  affections,  l'allaitement  s'est  opéré  sans  dommage 
pour  la  mère  et  pour  l'enfant.  Le  tact  du  médecin  est  ici  son 
seul  guide. 
C'est  ainsi   que    l'allaitement    sera    permis   en   tout    ou 


150  HENRI    KL09E 

partie,  ou  défendu,  suivant  le  degré  de  résistance  naturelle  de 
la  malade,  sa  faiblesse  constitutionnelle,  son  état  anémique, 
à  la  suite  d'hémorragies,  en  présence  de  vices  sanguins, 
d'états  d  épuisement  d'étiologie  diverse,  de  troubles  mentaux 
ou  de  débilité  psychique.  Dans  tous  les  cas,  le  sevrage  s'im- 
pose pour  cause  d'une  nouvelle  grossesse,  mais  jamais  pour 
cause  de  la  réapparition  des  règles.  Dans  les  troubles  psychi- 
ques, on  tiendra  compte  principalement  du  poids  du  corps, 
en  ayant  soin  de  s'opposer  de  toutes  ses  forces  à  Téclosion  du 
tabès  lacté.  Malgré  toutes  les  précautions  et  tout  l'art  du  dia- 
gnostic, le  médecin  n'est  pas  toujours  ici  à  l'abri  des  mé« 
comptes  :  chez  telle  malade,  l'état  général  s'améliore;  chez 
telle  autre,  il  décline,  sans  qu'il  soit  possible  de  prévoir  le 
résultat  final.  Dans  les  affections  infectieuses  aiguës,  la 
route  &  suivre  est  nettement  tracée.  On  a  parfois  rencontré 
dans  le  lait  les  bactéries  pathogènes  de  la  fièvre  puerpérale  ; 
mais,  d'un  autre  côté,  il  n'existe  pas  jusqu'à  présent  d'exemple 
d'enfant  auquel  le  lait  maternel  aurait  communiqué  cette 
infection.  Suivant  Basch  et  Weleminsky,  les  glandes 
galactophores  agissent  vis-à-vis  des  bactéries  comme  des 
filtres,  lorsqu'il  y  a  infection  du  sang  :  ne  passent  dans 
le  lait  que  les  bactéries  qui  provoquent  des  hémorragies 
ou  créent  des  foyers  infectieux,  soit  locaux,  soit  métasla- 
tiques.  C'est  pourquoi  l'enfant  doit  être  retiré  du  sein,  lors- 
qu'il s'y  manifeste  des  symptômes  d'invasion  bactériene,  qu'ils 
soient  locaux  ou  généraux  :  crevasses  présentant  un  caractère 
inilammatoire  et  excoriations,  mastite  débutante,  infiltrations 
pyémiques.  Dans  les  maladies  infectieuses  et  contagieuses,  il 
faut  donc  surtout  tenir  compte  de  la  grande  sensibilité  des 
enfants  et  ne  pas  perdre  de  vue  l'infection  par  contact  ou  par 
l'intermédiaire  de  l'air  inhalé.  Nous  n'avons  pas  observé,  dans 
notre  clinique,  un  seul  cas  de  fièvre  scarlatine  chez  les  nou- 
veau-nés ou  les  enfants  de  moins  d'un  an.  Cette  observation 
confirme  celle  de  Fehling,  L.  Meyer  et  Runge,  et  s'explique 
par  les  résultats  obtenus  par  Pischl  chez  les  animaux  :  dans 
le  lait  des  femmes  précédemment  atteintes  de  fièvre  scarlatine, 
il  se  produit  des  antitoxines  qui  lui  assurent  une  immunité 
passagère.  Contrairement  aux  recommandations  de  Boxall, 
nous  permettons  aux  mères  atteintes  de  la  fièvre  scarlatine 
d'allaiter.  En  raison  de  leur  évolution  généralement  bénigne, 
nous  ne  considérons  pas  la  varicelle  et  la  rubéole  comme  des 


RATION  ALIMENTAIRE  DE   l'BNFANT  15Î 

obstacles  à  rallaitement  :  les  enfants,  infectés  la  plupart  du 
temps  dès  le  stade  d'incubation,  traversent  la  crise  sans  dom- 
mage, grâce  au  lait  maternel  et  moyennant  le3  soins  de  pro- 
preté voulue.  Au  contraire,  dans  Télat  prodromique    de   la 
rougeole,  le  nourrisson  doit  être  retiré  à  la  mère,  ainsi  qu'il 
résulte  de  l'observation  faite  dans  un  cas  extrêmement  rare,  qui 
s*est  présenté  dans  l'école  de  sages-femmes  de  notre  ville.  Un 
nourrisson,  né  d'une  mère  atteinte  de  rougeole,,  mais  lui-même 
bien  portant,  contracta  la  même  maladie  à  son  dix-huitième 
jour  d'existence  et  y  succomba.  De  la  variole,  on  peut  dire  la 
même  chose  :  l'enfant  peut  y  échapper  durant  sa  vie  intra- 
utérine  et  présenter  en  venant  au  monde  la  trace  de  cicatrices 
caractéristiques;  il  peut  paraître  bien  portant  au  début  et  ne 
devenir  malade  que  quelques  jours  plus  tard  ;  mais  il  peut 
aussi  —  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent  —  avoir  acquis  l'im- 
munisation vis-à-vis  de  la  variole  et  du  vaccin  à  la  suite  d'une 
auto-intoxication  fœtale.  Un  enfant  de  mère  atteinte  de  variole 
doit  donc  être  isolé,  s'il  ne  présente  aucun  symptôme,  d'au- 
tant plus  que  la  gravité  de  l'état  de  la  mère  lui  rend  tout  de 
même  l'allaitement  impossible.  L'isolement  doit  de   même 
s  opérer  sans  restriction  et  de  suite  dans  les  cas  de  diphtérie^ 
d'érjsipèle  et  de  coqueluche.  De  plus,  en  cas  de  diphtérie,  le 
nourrisson  doit  être  immunisé  par  mesure  prophylactique  : 
dans  la  clinique  gynécologique  de  l'Université  de  Strasbourg, 
une  accouchée  placée  dans  une  salle  commune  avec  seize 
autres  accouchées  et  leurs  nourrissons  contracta  une  diphté- 
rie prononcée  ;  le  jour  suivant,  son  propre  enfant  et  deux  jours 
après  ceux  de  ses  deux  voisines  furent  affectés  de  laryngo- 
sténose  avec  bacilles  de  Klebs-Lœffler  nettement  caractérisés  ; 
la  mort  suivit  en  quelques  heures.  L'immunisation  prophylac- 
tique des  autres  femmes  et  enfants  avec  du  sérum  de  Behring 
OD-500  Un.  mit  fin  à  l'infection.  Le  résultat  fut  durable, 
parce  que  nous  eûmes  soin  d'isoler  chaque  sujet  afin  de  parer 
à  toute    éventualité  d'un  échec,  précaution  qui  ne    serait 
pas  nécessaire,  d'après  Wesener.  Inversement,  des  mesures 
analogues  s'imposent  pour  protéger  la  mère,  lorsque  l'enfant 
est  infecté,  à  moins  toutefois  qu'elle  ne  soit  immunisée  pour 
toute  la  durée  de  sa  vie   ou  qu'il   s'agisse    d'une    espèce 
(llnfection  ayant  chez  l'adulte  une  évolution  beaucoup  plus 
bénigne  que  chez  l'enfant.  Un  obstacle  permanent  à  la  prise 
de  sein  pour  les  enfants  prématurés,   mais  non  pour   les 


152  HENRI   KLOSE 

robustes,  peut  résider  dans  la  malconformation  du  mamelon. 
Il  arrive  que  celui-ci,  loin  d'affecter  la  forme  plastiquement 
idéale  dans  laquelle  il  dépasse  le  niveau  de  laréole  même  à 
Tétat  de  non-érection,  ne  présente  qu'une  proéminence  exces- 
sivement peu  accentuée,  lorsqu'il  est  en  érection,  et  nulle, 
lorsque  ne  Test  pas.  Dans  ce  cas  et  plus  encore  dans  celui 
d'un  a  mamelon  renversé  »,  c'est-à-dire  profondément  enfoncé 
dans  la  papille,  le  nourrisson  est  dans  l'impossibilité  maté- 
rielle de  téter.  Des  essais  cliniques  nous  ont  permis  de  corriger 
ces  défauts  anatomiques  avec  un  succès  tel  que  Patzer  a  pu 
constater  la  bonne  conformation  du  mamelon  chez  90  p.  100 
des  multipares  et  chez  60  p.  100  seulement  des  primipares. 
L'accommodation  fonctionnelle  progressive  est  d'ailleurs  une 
acquisition  de  la  science  contemporaine  :  par  un  traitement 
rationnel,  on  peut  arriver  à  élever  la  sécrétion  des  glandes 
galactogènes  de  1  litre  par  jour  environ  à  une  quantité  consi- 
dérablement supérieure  aux  besoins  de  l'enfant,  soit  3  à  3,5, 
jusqu'à  4  litres  par  jour,  la  prodi^ction  maxima  s'opérant  entre 
la  dixième  et  la  vingtième  semaine,  après  laquelle  la  lactation 
subit  une  décroissance  graduelle  que  l'on  peut  prolonger  pen- 
dant plusieurs  mois.  En  admettant  que  90  p.  100  des  femmes 
accouchées    soient    aptes     à    allaiter,    cet    avantage    peut 
devenir  illusoire    par    suite   d'anomalies  d{.ns   les   organes 
de   succion  de  l'enfant.   En  tétant,   l'enfant  se  sert  de  sa 
J)ouche  comme  d'une  pompe  aspirante,  dont  la  forme  cor- 
respond à  une  pression  manométrique  de  10  à  30  mètres  cubes 
d'eau  chez  les  enfants  débiles  et  de  70  à  140  mètres  cubes  chez 
les  enfants  robustes.  Les  lèvres  adhèrent  fortement  au  mame- 
lon mis  en  érection  par  le  contact  mécanique,  en  produisant 
une  fermeture  hermétique.  A.u  mouvement  d'adduction  de  la 
mâchoire  fait  suite  un  mouvement  de  déglutition.  En  outre, 
la  compression  de  l'aréole  par  les  lèvres  et  la  mâchoire  favo- 
rise notablement  l'aspiration  du  contenu  de  la  glande.  La 
succion  suppose  donc  une  certaine  force  musculaire  ;  chez  les 
enfants  débiles,  cette  force  musculaire  est  insuffisante  pour 
leur  permettre  de  produire  avec  leurs  lèvres  une  fermeture 
pneumatique  autour  du  mamelon,  condition  indispensable  à 
la  succion.  Cette  condition  est  irréalisable,  lorsque  les  organes 
buccaux  présentent   des    malformations  :    bec-de-lièvre   ou 
fissures  congénitales  de  la  voûte   palatine  faisant  commu- 
niquer  les   fosses    nasales   avec    la   cavité  buccale.   Alors 


RATION    ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  153 

une  portion  du  lait  régurgite  par  le  nez  ;  il  se  produit 
des  aphtes  et  des  catarrhes  de  Testomac  ou  des  voies  respira- 
toires. Dans  le  bec-de-lièvre  simple,  Talimentation  naturelle 
peut  encore  être  possible,  si  le  sein  est  bien  développé  et  la 
sécrétion  de  lait  abondante  ;  lorsqu'on  nourrit,  dans  les  cas 
semblables,  le  bébé  au  biberon,  la  tétine  doit  avoir  une  large 
ouverture  et  être  introduite  dans  la  bouche  le  plus  profondé- 
ment possible.  Malgré  ces  précautions,  il  n'est  pas  rare  que 
Ton  n'arrive  pas  au  but.  11  ne  reste  alors  qu'à  recourir 
à  la  cuiller  ou  à  la  tasse  à  bec,  en  ayant  soin  de  déposer 
la  nourriture  sur  la  base  de  la  langue.  Pour  éviter  autant 
que  possible  de  retarder,  par  suite  de  complications  capables 
de  mettre  les  jours  du  nourrisson  en  danger,  l'opération 
plastique  qui  doit  être  effectuée  pendant  les  premières 
semaines  qui  suivent  la  naissance,  nous  recommandons  de 
fréquents  lavages  prophylactiques  de  la  cavité  buccale  à  l'aide 
d'une  solution  étendue  d'acide  borique,  pour  éviter  la  viru- 
lence et  le  pullulement  des  agents  de  fermentation.  Dans  ce 
cas  exceptionnel  seulement,  nous  estimons  qu'un  lavage 
mécanique  de  la  bouche  est  recommandable  ;  chez  le  nourris- 
son bien  portant,  les  mouvements  de  succion  énergiques  sont 
suffisants  pour  maintenir  la  cavité  buccale  dans  un  état  de 
propreté  telle  que  nous  croyons  —  d'accord  en  cela  avec 
Czemy-Keller,  Epstein  et  Biedert  et  contrairement  à  l'opinion 
de  Baginsky,  Seitz  et  Hochsinger  —  que  le  nettoyage  n'est 
pas  seulement  superflu,  mais  même  nuisible,  en  ce  sens  qu'il 
favorise  l'éclosion  d^abcès.  D'autre  part,  il  est  impossible  de 
réaliser  dans  la  bouche  un  milieu  aseptique.  Aussi  ne  sommes- 
nous  rien  moins  que  convaincu  de  la  nécessité  de  suivre 
toujours  le  conseil  de  Monti,  de  laver  avant  et  après  chaque 
repas  la  cavité  buccale  du  nourrisson  à  l'eau  stérilisée,  ou 
avec  une  solution  à  10  p.  100  de  borate  de  soude,  en  se  ser- 
vant d'un  tampon  d'ouate  et  évitant  soigneusement  de  blesser 
la  muqueuse. 

Les  avis  des  médecins  ne  sont  pas  moins  partagés,  quant  à 
l'emploi  de  la  sucette.  Schlossmann  et  Theodor  la  proscrivent 
en  tous  cas.  Pour  notre  part,  nous  n'avons,  non  plus  que 
Pfaundler,  Czerny,  Ranke,  Swoboda  et  Rommel,  pu  nous 
passer  de  la  sucette  à  l'acide  borique  d'Escherich  pour  les 
besoins  de  la  clinique;  mais  à  notre  clientèle  privée  nous 
conseillons  instamment  de  ne  pas  habituer  le  nouveau-né  à 


154  HENRI    KLOSE 

la  sucette.  À  Strasbourg  cependant,  la  sucette  et  la  berce  sont 
tout  aussi  profondément  enracinées  dans  les  coutumes  que 
le  préjugé  de  nourrir  Tenfant  toutes  les  deux  heures. 
Partant  de  là,  la  sucette  devient  entre  nos  mains  un  excellent 
moyen  de  réaliser  une  économie  de  travail  :  grâce  à  elle,  nous 
parvenons  à  accoutumer  les  enfants  aux  tétées  espacées  de  trois 
en  trois  et  même  de  quatre  en  quatre  heures,  sans  que  nous 
constations  des  chutes  de  la  courbe  de  pesée,  par  suite  de  la 
fatigue  résultant  de  l'agitation  et  des  cris  continuels,  comme 
Texpérience  corroborée  par  les  observations  de  Heubner  nous 
apprend  qu'il  arrive  quelquefois.  Lorsque  nous  dirigeons  l'al- 
laitement depuis  la  naissance,  nous  supprimons  la  berce  et  la 
sucette,  même  à  la  clinique.  Rien  n'est  plus  aisé  que  de  désha- 
bituer de  prime  abord  l'enfant  des  choses  que  le  vulgaire 
considère  comme  indispensables,  lorsqu'on  s^y  prend  avec 
discernement,  et  que  l'alimentation  a  lieu  à  des  heures  régu- 
lières, suivant  les  données  de  la  science  et  de  la  pratique. 

Au  premier  jour  d'existence,  nous  préférons  ne  rien  donner 
du  tout  au  nourrisson  :  après  sa  naissance,  l'enfant  est  pris 
généralement  d'un  profond  sommeil,  d'où  nous  ne  le  réveil- 
lons pas.  Si  quelque  sage-femme  trop  savante  croit  ne  pas 
devoir  laisser  le  nourrisson  «  mourir  de  faim  »,  nous  faisons 
donner  de  temps  en  temps  quelques  centimètres  cubes  d'eau 
ou  une  légère  décoction  de  thé  édulcorée  par  la  saccharine. 
Marfan  a  observé  que  cette  coutume  répandue,  du  reste,  parmi 
les  peuples  primitifs,  diminue  la  fréquence  de  l'ictère  infan- 
tile. Cette  observation,  quelque  juste  et  intéressante  qu'elle 
soit,  n'est  pas  en  accord,  il  est  vrai,  avec  la  théorie  de  Hof- 
meyer  sur  les  échanges,  ni  avec  la  théorie  de  Quincke  sur  les 
résorptions  ;  mais  rien  que  par  amour  pour  ces  spéculations 
théoriques  sur  la  nature  de  l'ictère,  nous  ne  saurions  faire 
ii  des  constatations  positives  d'Escherich  au  sujet  du 
processus  normal  d'invasion  de  la  flore  microbienne,  lequel 
pourrait  être  modifié  pathologiquemcnt  par  l'introduction  pré- 
maturée dans  le  tractus  intestinal  d'une  nourriture  nullement 
indifférente.  Ici  encore  la  Nature  nous  indique  elle-même  la 
voie  à  suivre  :  malgré  la  déperdition  plus  élevée  de  calorique, 
le  besoin  de  nourriture  ne  s'éveille  que  lentement  chez  le 
nourrisson,  tandis  que,  chez  la  mère,  la  sécrétion  lactée  ne  se 
produit,  en  général,  qu'après  un  certain  temps.  Elle  commence 
au  troisième  jour  chez  les  pluripares,  au  quatrième  chez  les 


RATION   ALIMENTAIRE  DE   l'eNFANT  155 

primipares;  de  plus ,  jusqu'à  rinvolution  complète  des  organes 
génitaux  de  la  femme,  c'est-à-dire  jusqu'au  début  de  la  qua- 
trième semaine,  le  lait  n'a  pas  sa  composition  chimique 
définitive  :  il  est  trois  à  quatre  fois  plus  riche  en  albumine  et 
en  sels  minéraux,  presque  aussi  riche  en  graisse  et  plus 
pauvre  en  lactose  ;  les  globules  gras  y  sont  moins  gros  et  plus 
espacés;  les  leucocytes  neutrophiles  chargés  de  globules  bu- 
tyreux  et  de  particules  de  colostrum  y  sont  très  abondants. 
Heubner,  qui  permet  l'allaitement  à  deux  heures  d'intervalle 
dès  le  second  jour,  calcule  que  la  quantité  totale  de  lait  sécrété 
s'élève  à  30  grammes  le  premier  jour  et  ne  dépasse  pas 
100  grammes  le  second.  Quant  à  nous,  nous  faisons  donner 
le  sein  le  second  jour  à  cinq  heures  d'intervalle  au  moins  et 
recommandons  à  la  mère  de  se  coucher  un  peu  sur  le  côté  et 
de  presser  légèrement  la  papille  du  sein  entre  le  pouce  et 
rindex,  pour  faire  jaillir  d'abord  quelques  gouttes  de  lait,  puis 
de  mettre  le  mamelon  dans  la  bouche  de  l'enfant.  Le 
troisième  jour,  nous  espaçons  les  tétées  de  quatre  heures  ;  la 
quantité  de  lait  sécrété  est  alors  de  250  grammes  ;  à  partir 
du  quatrième  jour  jusqu'à  la  fin  du  quatrième  mois,  l'allaite- 
ment se  fait  toutes  les  trois  heures.  La  quantité  de  lait  est 
alors  de  400  à  500  grammes;  de  ta  troisième  à  la  quatrième 
semaine,  elle  est  de  800  à  900  grammes  ;  à  partir  de  la  sixième 
semaine,  elle  se  maintient  à  peu  près  constante  jusqu'au 
quatrième  mois  à  1 000-1 100  grammes.  Le  nombre  des  repas 
journaliers  est  de  cinq  à  sept,  à  partir  de  cinq  heures  du  matin 
jusqu'à  onze  heures  du  soir.  Nous  nous  conformons,  du  reste, 
soigneusement  à  cette  règle  de  diététique,  qui  prescrit  de  ne 
jamais  tirer  l'enfant  de  son  sommeil  et  de  considérer  la 
moindre  agitation  pendant  les  pauses  comme  un  indice  d'un 
trouble  exigeant  une  prolongation  des  intervalles. 

En  ce  qui  concerne  la  durée  de  chaque  tétée,  c'est  au  nour- 
risson  lui-même  à  l'établir  :  les  premiers  jours,  lorsque  le  sein 
ne  sécrète  encore  que  difficilement,  il  lui  faut  de  vingt  à  trente 
minutes,  plus  tard  dix  minutes  tout  au  plus.  Lorsque  la  sécré- 
tion lactée  est  très  abondante  et  très  facile,  il  met  moins  de 
temps  encore  à  être  rassasié.  Les  variations  individuelles  sont 
très  grandes  sous  ce  rapport.  Lorsqu'il  suit  ce  régime,  l'enfant 
évacue  une  à  trois  fois  par  jour,  environ  30  grammes  de  fèces 
de  consistance  pâteuse,  d'une  odeur  aigre  non  désagréable,  à 
réaction  acide  et  de  couleur  jaune  d'or.  L'urine  jaune  pâle 


156  HENRI    KLOSE 

comporte,  d'après  Camercr,  60  à  68  grammes  par  100  grammes 
d'aliment  ;  sa  densité  est  peu  élevée  (j  006).  L'accroissement 
quotidien  est,  d'après  Gzerny,  Keller  et  Camerer,  dans  le  : 

1er   2e   3c   4e   5e   gc   7e   ge   9*   lOe    H    12»  moiS. 

de  : 

29      27      24     16      15     11      13      13      12       13        9        11  grammes. 

Son  poids  atteint  le  total,  encore  d'après  Camerer,  le  poids 
initial  étant  de  3  450  grammes,  à  la  fin  de  la  : 

l'c         2«         4*        ««         n^         16«         20«    semaiae. 

de  : 

3,41      3,55       3,98      4,81        5,53       6,22       6,80    kilogrammes. 

à  la  fin  de  la  : 

24«         28«         32e         36«        40«         44«         46»         52«    semaine. 

de  : 

7,31        7,74        8,17        8,63       8,88       9,22       9,51       9,88  kilogrammes. 

Un  enfant  bien  constitué  double,  en  général,  son  poids 
à  la  fin  du  cinquième  mois;  il  le  triple  après  une  année 
et  le  quadruple  après  deux  ans.  Pour  arriver  à  ce  résultat, 
le  praticien  notera  pour  plus  de  facilité  que,  d'après  Heubner, 
l'enfant  doit  consommer  journellement  pendant  son  premier 
trimestre  une  quantité  do  lait  maternel  équivalente  à  la 
sixième  partie  de  son  poids  et,  pendant  le  second  trimestre, 
à  peu  près  la  septième.  Â  partir  du  second  semestre  d'exis- 
tence, ces  quantités  se  modifient  selon  l'augmentation  plus 
ou  moins  grande  du  poids  du  corps.  Pendant  la  quarantième 
semaine,  l'enfant  ne  consomme  qu'une  quantité  égale  à  la 
huitième  ou  neuvième  partie  de  son  poids,  même  si  la  quantité 
de  lait  sécrétée  par  la  mère  est  de  beaucoup  supérieure.  Je 
transcris  à  ce  propos  deux  diagrammes  du  D' Feer,  reproduits 
dans  le  traité  de  Heubner.  Le  premier  met  très  clairement  en 
évidence  la  ration  alimentaire  et  l'augmentation  pondérale 
journalières  ;  le  second  traduit  la  seule  observation  qui  ait 
été  faite  jusqu'à  présent  sur  la  ration  alimentaire  pendant 
toute  la  période  de  lactation. 

Il  ne  faut  pas  attacher  à  ces  moyennes  une  importance 
excessive  :  de  légères  descentes  n'imposent  aucunement  des 
mesures  spéciales,  du  moment  que  le  développement  général 
suit  sa  marche  régulière.  En  présence  d'une  hypogalactie 
réelle,  la  prudence  est  de  rigueur  :  en  pesant  soigneusement 


'      IIATIO.N   ALIMENTAIKE  DE   L'ENFANT  157 

l'enfant  avaat  et  après  chaque  tétée,  on  établira  les  quantités 
rigoureuses  de  liquide  ingérées  ;  cette  opération  sera  faite  plu- 
sieurs jours  durant  ;  ou  comparera  ensuite  la  somme  des  dif- 
féreaces  partielles  à  la  valeur  connue  de  la  ration  alimentaire 
correspondant  au  poids  corporel  d'un  enfant  normal  de  même 
âge  :  on  calculera  de  la  sorte  le  quotient  d'énergie  de  Heubner. 
Si  le  développement  reste  stationnaire,  s'il  e$i  insuffisant  ou 
s'il  y  a  dépérissement  avec  déperdition  de  calorique,  appa- 
rence de  constipation,  garde-robes  brunâtres  ou  verdâtres,  il 
faut  élever  la  ration  alimentaire  en  adjoignant  au  lait  maternel 
d'autres  aliments.  Une  excellente  méthode,  en  cas  d'hypoga- 
lactie  primaire,  est  le  système  d'allaitement  mixte  que  les 
pédiatres  français  nous  ont  appris  à  connaitrc.  On  peut  l'ap- 

Z        4S8UIZIVMnZ0Z2Ul* 


PiR.  I.  —  Courbes  norraali's  du  raliiiii'iiIalioD  et  <lj  jtoids  «a  si»  mois, 

pliquer  de  deux  maniîïres  différentes  :  donner  à  l'enfant,  après 
chaque  tétée,  une  quantité  d'aliments  artificiels  équivalente 
à  ce  qui  lui  a  manqué  dans  le  lait  maternel,  ou  bien  faire 
alterner  les  repas  pris  au  sein  avec  d'autres  exclusivement 
composés  d'aliments  artificiels. 

Le  plus  simple  serait  évidemment  de  combler  le  déficit  au 
moyen  de  lait  de  vache  convenablement  dilué  ;  malheureuse- 
ment il  est  !a  plupart  du  temps  fort  difficile,  sinon  impossible, 
d'obtenir  du  lait  de  qualité  irréprochable,  et,  de  plus,  les 
gardes-couches  n'ont  pas  toujours  l'intelligence  voulue  pour 
faire  du  lait  un  emploi  judicieux.  Certains  auteurs  addition- 
nent le  lait  de  ferments  en  poudre,  dans  te  but  de  rendre  l'al- 
bumine du  lait  de  vache  (aspécilique,  ainsi  que  nous  l'avons 
vu,  pour  le  nourrisson)  plus  digestible.  De  semblables  fer- 
ments sont  :  la  pegnine  de  von  Dungern,  la  conserve  lactée 
peptonisée  de  Lœtlund,  le  lait  en  poudre  à  la  pancréatïnc  de 
Timpe,  le  lait  trypsiné  de  Backbaus  et  le  lait  plein  pancréa- 


158 


HENRI    KLOSE 


tinisé  de  Voltmer.  D'autres  obtîieiinent  de  bons  résultats  avec 

le  sucre  nutritif  de 
Soxhlet,  la  poudre 
de  soupe  de  Liebig, 
la  poudre  maltée 
de  Brunnengrâber, 
préparations  qui 
remplacent  la  lac- 
tose et  exercent 
une  action  légère- 
ment laxative.  De 
nombreux  auteurs 
emploient  des  mé- 
langes de  décoc- 
tions mucilagi- 
neuses  d'avoine, 
que  l'on  peut  ob- 
tenir de  la  manière 
suivante  :  délayer 
30  grammes  de  fa- 
rine d'avoine  de 
Knorr,  Weîbezahn 
ou  Hohenlohedans 
200  centimètres 
cubes  d'eau  chau- 
de ;  ajouter  700cen- 
timètres  cube  s 
d'eau  chaude,  et 
faire  bouillir  pen- 
dant quinze  mi- 
nutes en  agitant 
constamment ,  et , 
enfin,  ajouter 
SO  grammes  de 
sucre  ordinaire.  Le 
mucilage  ainsi  pré- 
paré est  filtré  à  tra- 
vers un  tamis  fin, 
additionné  de  la 
quantité  de  lait  prescrite,  et  le  tout  est  stérilisé  pendant  dix 
minutes.  Au  lieu  de  farine  d'avoine,  on  prend  souvent  de  la 


t9mtJU»j^ 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'eNFANT  159 

farine  de  riz  ou  de  froment,  plus  rarement  de  Tarrow-root,  du 
tapioca  ou  du  salep,  plus  rarement  encore,  et  seulement  chez 
les  enfants  d*un  certain  âge,  le  cacao  aux  glands  du  D""  Mi- 
chaelis,  le  racahout  et  le  cacao  à  l'avoine  de  Van  Houten. 
D*autres  médecins  encore  prescrivent  des  produits  de  substi- 
tution du  lait,  où  le  pourcentage  en  albumine  a  été  abaissé  à 
la  suite  d'une  dilution  et  d'une  addition  de  graisse,  la  diffé- 
rence étant  comblée  par  des  albuminates  ou  des  peptones. 
Tels  sont  le  lait  à  l'albumose  de  Rieth,  à  la  somatose  de 
Hartmann  et  le  lait  de  Hempel*Lehmann.  D'autres  prépara- 
tions à  base  de  lait  enrichi  en  graisse  et  appauvri  en  albumine 
nous  sont  fournies  par  le  lait  gras  de  Gartner,  le  lait  végétal 
de  Lahmann,  le  lait  condensé  suisse  et  surtout  les  mélanges 
de  crème  de  Biedert  et  le  Ramogène.  Gomme  mélanges  plus 
pauvres  en  matières  grasses,  mais  plus  riches  en  sucre,  nous 
citerons  les  soupes  maltées  de  Liebig  et  de  Keller,  l'aliment 
pour  enfants  n"*  III  d'Allenbury  et  l'aliment  neutre  de  Liebe. 
Depuis  quelque  temps,  on  emploie  volontiers  du  lait  battu 
pauvre  en  graisse,  accusant  une  acidité  de  60  à  80**  vis-à-vis 
de  la  potasse  décime-normale.  Auquel  de  ces  multiples  succé* 
danés  le  médecin  doit-il  donner  la  préférence?  Bien  que  chaque 
groupe  ait  sa  justification  théorique,  il  n'est  pas  possible  de 
formuler  des  indications  générales,  même  en  se  basant  sur 
Tempyrisme  pur  :  il  faut  tâtonner  et  comparer. 

La  même  remarque  s'adresse  à  l'alimentation  artificielle 
proprement  dite.  Depuis  longtemps,  nous  donnons,  lorsque  le 
sein  maternel  ne  suffit  pas  et  seulement  après  huit  jours 
d'observation,  une  ration  supplémentaire  d'alimentTheinhardt, 
correspondant  aux  exigences  d'un  seul  repas  calculé  en  calo- 
ries. Nous  exigeons  l'observance  de  ce  délai,  parce  que  l'addi- 
tion prématurée  d'aliments  artificiels  peut  compromettre  l'al- 
laitement. L'expérience  apprend,  en  effet,  que  la  lactation 
peut  s'arrêter  lorsque  le  sein  a  été  insuffisamment  vidé  pen- 
dant trois  à  quatre  jours  et  qu'elle  devient,  au  contraire,  plus 
abondante  et  plus  rapide  à  mesure  que  le  sein  est  mis  davan- 
tage à  contribution.  Nous  choisissons  l'aliment  soluble  du 
D'  Theinhardt,  parce  que  c'est  de  tous  les  succédanés  celui 
dont  la  composition  chimique,  biologique  et  bactériologique,  se 
rapproche  le  plus  de  celle  du  lait  de  femme,  et  qu'en  outre 
son  degré  de  consistance  en  permet  l'administration  même 
aux  tout  jeunes  nourrissons.  Zweifel  a  démontré  l'existence 


IGO 


HENRI   KLOSB 


d'une  énorme  quantité  d'amidon  non  décomposé  dans  l'esto- 
mac  d'un  nourrisson  nourri  avec  la  farine  de  Nestlé.  Dans 
Taliment  Theinhardt,  Tamidon  n'est  présent  que  sous  forme 
de  modifications  solubles,  comme  la  dextrose,  la  maltose  et  la 
lactose,  ainsi  qu'il  est  aisé  de  s'en  convaincre  par  l'examen 
microscopique.  La  résorption  est  ainsi  facilitée,  et  nous  n'avons 
jamais,  même  après  un  usage  abondant  et  prolongé  pendant 
plusieurs  mois,  constaté  que  cet  aliment  donnât  aux  enfants 
l'aspect  caractéristique  de  ceux  qui  sont  gavés  aux  hydrates 
de  carbone,  type  assez  fréquent  lors  de  l'emploi  des  farines  de 
Nestlé,  Neave,  Rademacher,  Rademann,  Kufeke  et  Muffler. 
Chez  les  jeunes  sujets,  ces  farines  provoquent  des  troubles 
dans  les  échanges  hydrocarbonés,  dont  les  conséquences  sont 
identiques,  selon  Meyer-Langstein  et  Salge,  à  Tacidose  inter- 
médiaire de  Czerny-Keller,  lorsque  l'apport  en  hydrates  de 
carbone  est  insufQsant.  L'aliment  Theinhardt  nous  a  permis, 
conformément  aux  prévisions  théoriques,  d'aider  un  grand 
nombre  de  nourrissons  à  franchir  la  période  critique  sans 
présenter  le  moindre  symptôme  d'  «  intoxication  farineuse  ». 
Les  farines  proprement  dites  ne  peuvent  jamais  servir  qu*à 
permettre  la  transition  à  la  nourriture  plus  consistante  de  la 
seconde  année  ;  l'aliment  Theinhardt,  au  contraire,  est  un 
aliment  extrêmement  précieux  pendant  toute  la  première 
année,  et  cela  d'autant  plus  que  sa  préparation  peut  se  faire 
suivant  les  prescriptions  du  médecin  et  en  utilisant  la  mar- 
mite spécialement  construite  à  cet  effet,  d'une  manière  fort 
simple,  dans  toutes  les  conditions  de  stérilisation  voulues  et  a 
peu  de  frais.  Le  tableau  suivant  montre  la  composition  chi- 
mique de  quelques  farines  alimentaires  : 

T.VBL.  H.  —  Composition  chimique  de  quelques  farines  pour  enfants. 


Aliment  TheiDhardt. . 
Farine  iaclée  NesUé.. 

—  de  Muffler 

—  de  Kufeke 


Albumine 
p.  100. 


ICI 

9,9 

14,3 

13,2 


Graisse 
p.  100. 


5,0 
4,5 
6,8 
1,T 


Hydrates  de  carbone 


soluble. 


53,6 
42,7 
27,4 
23,7 


insoluble. 


16,7 
35,2 
44,4 
50,7 


Eau 
p.  100. 


5,0 
6,0 
5,6 
8.4 


Prix 
par  kilog 


mk. 

3,80 

3,75 

4,50 

4,50 


La  bouillie  prête  est  composée  comme  suit  : 


OATION   ALIMENTAIRE   DE   L  ENFANT 


IGi 


Aliment  Theinhardt 

Lail  de 

femme 

(pour   le  A* 

mois). 

(coinposilio 

n  mo venue 

daprts 

Kônig). 

88,48  p. 

100 

87,25 

p.  100 

2,6Î    - 

— 

2,20 

— 

Î,Î3    - 

— 

3,38 

— 

0,62    - 

— 

0,20 

— 

6,05    - 

— 

6,97 

— 

100»00  p. 

.  100 

100,00 

p.  100 

Kau 

Matières  albuminoides, 

Graisse 

Sels  nutritifs 

Hydrate  de  carbone  . . 


Grâce  à  Taddition  de  farine  de  froment  diastasée,  l'albumine 
se  présente  sous  forme  de  granulations  très  fines.  Intimement 
émulsionnée  avec  la  graisse,  elle  devient  aisément  attaquable 
par  les  sucs  digestifs,  ce  qui  facilite  notablement  sa  digesti- 
bilité.  La  teneur  en  matières  minérales  répond  pleinement 
aux  exigences  physiologiques,  qualitativement  et  quantitati- 
vement. Pour  établir  par  le  calcul  le  coefficient  calorimétrique, 
conformément  au  principe  de  la  ration  alimentaire  minimade 
Biedert,  le  meilleur  moyen  clinique  et  pratique  est  de  se 
servir  des  données  de  Baginsky  sur  les  mélanges  de  farines 
alimentaires  pour  enfants.  50  grammes  de  l'aliment  Theinhardt 
sont  mis  à  bouillir  dans  1  litre  d'eau  pendant  quinze  à  vingt 
minutes  en  remuant  constamment  ;  le  liquide  ainsi  obtenu  est 
mélangé  avec  du  lait  dans  les  proportions  prescrites.  Les 
mélanges  sont  stérilisés  pendant  cinq  minutes.  En  admettant 
que  le  coefficient  calorimétrique  soit  de  : 

A  calories  pour  rabumiue  ; 
9  —  pour  la  graipse  ; 
4       —       pour  les  hydrates  de  carbone, 

les  valeurs  des  décoctions  Theinhardt  ou  des  mélanges  de 
Theinhardt  et  de  lait  que  nous  prescrivons,  calculées  d'après 
Baginsky,  sont  consignées  dans  le  tableau  suivant  : 

Tabl.  III.  —  Mélanges  Theinhardt  ulilisés  à  la  clinique  infantile  de  VUniversUe 
de  Strasbourg  pour  l'allaitement  mixte  et  l* alimentation  artificielle  des 
nounnssons . 


o^ 

• 

M 

• 
M    "> 

* 
H 

• 

M    S 

• 

M 

• 

21 

1  lithb  de  bouillie  prêts 
co.ntibut  : 

< 

ce 

Ifl 

< 

^  S 

a 

o  « 

•9 

g""- 

mi 
< 

9^' 

O 

cal. 

9  e 
•o 

cal. 

< 
cnl. 

•c 

0 

Theinhardt  pur 

2,50 
9,0 

35,15 
37,6 

8,05 
13,1 

23 

144 

33 

200 

1 

4Theinh.,iraitr800cm3él200cm3]. 

84 

144 

54 

282 

il 

^  Tfaeinb.,  1  lail  (750  cm>  et  250  coqS). 

10,7 

38,4 

14,3 

100 

157 

5VJ 

.iU\ 

m 

2Theiub.,  1  Iait(666cu]3et3ti  cm»). 

13,4 

39,4 

IG,4 

125 

162 

07 

354 

IV 

1  Tbcinh.,  2  lait  (ôOO  cm>  et  500  cm>). 

18,8 

41,6 

20,5 

175 

170 

8i 

4-29 

v 

1  Theinh. ,  2  lait  (334  cm»  et  6G0  cm»  . 

24,2 

43,7 

24,7 

225 

179 

101 

505 

VI 

1  Theinh.,  3  lait  (250  cni^  et  750  cm»). 

26,9 

41,8 

26,8 

250 

184 

110 

541 

ArCO.  de  lliOEC.  DES  EWANTS,  1907. 


X.   —  11 


1G2 


HENRI    KLOSE 


Tabl.  IV.  —  Mélanges  Theinhardt-Lait   ^CoeflicieDU  calorifiques  des  divers 
mélanges  pour  chaque  centaine  de  centimètres  cubes). 


Nombre  de  calories  cor> 
respondant  à  : 


iOO 
c.cub. 


200 
c.  cub. 


jTheinhardt  pur  0. 

Mélange  I 

—   H 


III. 
IV. 
V. 
VI 


20 
28 
32 
35 
43 
50 
51 


40 
56 
63 
71 
86 
101 
109 


300 
c.cub. 


60 
85 
95 
106 
129 
152 
103 


400 
c.cub. 


500 
c.  cub. 


600 
c.  cub. 


80 
113 
127 
142 
172 
202 
218 


100 
141 
158 
177 
215 
2)3 
272 


700 
c.  cub 


120 
169 
190 
213 
257 
803 
826 


140 
196 
221 
248 
300 
354 
381 


800 
c.  cub. 


160 
226 
258 
288 
343 
404 
435 


900 

c.  cub. 


180 
254 
28t 
319 
386 
455 
490 


1000 
c.  cub 


200 
282 
316 
354 
429 
503 
544 


Tabl.  V.  —  Mélangeu  Theinhardt-Lait  (Rapport  pondéral  des  mélanges 

aux  calories). 


Il  faut  pour  : 

100 
centim.  c. 

200 
centim.  c. 

300 
centini.  c. 

400 
ceatim.  c. 

100 
centim.  c. 

600 
ceotini.  c. 

Theinhardt  pur  0 

Mélange  I 

calorit;!». 
500 
355 
SIC 
282 
283 
198 
184 

calories. 
1000 
710 
633 
565 
466 
396 
368 

calories. 
1500 
1065 
950 
846 
700 
594 
559 

calories. 

2000 

1420 

1265 

1130 

932 

792 

735 

calories. 
2500 
1775 
1580 
1410 
1165 
990 
920 

calories. 
3000 
2180 
1896 
1695 
1400 
1188 
1100 

—       m 

—       IV 

—       V 

—       VI 

Il  suffira  d'un  coup  d'oeil  jeté  sur  ces  tableaux  pour  per- 
mettre au  praticien  de  fixer  son  choix.  Lorsque,  par  exemple, 
des  pesées  régulières  pendant  huit  jours  auront  démontré 
rinsuffisance  d't/n  ^et/Zrepas  au  Theinhardt,  on  pourra  —  mais 
alors  seulement  —  en  donner  un  second  ou  éventuellement  un 
troisième.  Ainsi  conçu,  l'allaitement  mixte  évite  à  la  mère  une 
trop  grande  fatigue.  Dans  des  cas  nombreux  où  le  sein  ne  pou- 
vait être  donné  qu'une  seule  fois  par  jour,  nous  avons  substi- 
tué à  toutes  les  autres  tétées  des  repas  au  Theinhardt.  Le 
succès  fut  toujours  éclatant.  Afin  d'éviter  que  leur  ardeur  à 
donner  le  sein  ne  s'émousse,  en  d'autres  termes  pour  des  rai- 
sons d'ordre  purement  suggestif,  nous  administrons,  d'accord 
avec  Finkelstein,  une  préparation  galactogène  aux  mères- 
nourrices  dont  la  production  laitière  diminue  après  un  certain 
temps.  L'alcool  est  sans  effet  et  même  nuisible.  L'action  spé- 
cifique de  certaines  préparations  opothérapiques  extraites  du 
placenta  ou  du  pis  de  la  vache  n'a  pas  encore  été  pratique- 
ment confirmée.  L'abondance  de  la  sécrétion  lactée  est  facteur 
de  Talimentation  :  une  femme  qui  mange  et  boit  bien  produira 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'ENFANT  16^ 

beaucoup  de  lait  et,  inversement,  Tanorexie  ou  la  famine 
entrainent  le  tarissement  du  sein.  II  suit  de  là  que  le  meilleur 
galactogène  est  souvent  une  bonne  préparation  alimentaire,, 
sans  pouvoir  spécifique  d*ailleurs,  mais  bien  choisie,  possédant 
sous  un  faible  volume  une  grande  valeur  nutritive,  stimulant 
l'appétit  par  son  goût  agréable  et  aisée  à  prendre  et  à  tolérer.. 
De  nombreuses  préparations  ont  été  recommandées.  Nous 
citerons  le  roborat,  la  somatose^  la  sanatogène,  la  biosone,  la 
tropone,  Taliment  Heyden,  le  puro>  le  lactagol,  etc.  Nos  expé- 
riences nous  forcent  à  donner  la  préférence  à  Thygiama  du 
D' Theinhardt.  Nous  délayons  20  à  30  grammes  de  poudre 
dhygiama  dans  un  peu  d'eau  chaude  ;  nous  ajoutons  un  quart 
de  litre  de  lait  et  nous  faisons  prendre  le  liquide  ainsi  obtenu 
par  la  mère-nourrice,  matin  et  soir  ;  il  se  produit  ainsi  un 
surcroit  journalier  de  SOO  à  600  calories.  11  nous  est  arrivé 
souvent,  dans  notre  policlinique,  de  constater  que  les  femme» 
soumises  au  régime  de  l'hygiama  et  entourées  des  soins  vou- 
lus voyaient  s'accroître  leurs  capacités  lactogënes  à  tel  point 
que  Tallaitement  mixte  put  ôtre  poursuivi  pendant  toute  la 
période  de  lactation.  Il  est  probable  que  Ton  pourrait  de  la 
même  manière  rendre  Tallaitement  possible  à  maintes  femmes 
de  la  clientèle  privée. 

Lorsque  la  mère  se  trouve  dans  Tincapacité  absolue  de  don- 
ner le  sein,  le  mieux  est,  dans  les  cliniques,  de  s'adresser  à 
une  nourrice.  «  Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  médi- 
cales, dit  Schlossmann,  une  institution  quelconque  destinée 
aux  nourrissons  malades  ne  se  conçoit  pas  sans  nourrices  ; 
ce  serarit  comme  une  clinique  chirurgicale  sans  salle  d'opéra- 
tions. »  Le  médecin  veillera  à  ce  que  les  nourrices  soient 
exemptes  de  syphilis,  de  tuberculose  et  de  conjonctivite  gra- 
nuleuse. Le  rapport  de  la  période  de  lactation  de  la  nourrice 
à  l'âge  de  l'enfant  est  sans  importance,  du  moment  où  la 
sécrétion  lactée  est  suffisante.  L'accroissement  de  l'enfant  n'es|t 
pas  ici  une  garantie  absolue.  Le  plus  certain  est  de  n'engager 
la  nourrice  qu'à  titre  provisoire  et  de  contrôler  régulièrement 
pendant  quelques  jours  les  quantités  de  lait  prises  par  l'en- 
fant. Il  faut  encore  que  l'individualité  de  la  nourrice  corres- 
ponde plus  ou  moins  à  celle  de  l'enfant  :  c'est  ainsi  qu'à  une 
nourrice  ayant  du  lait  en  abondance  il  ne  faudrait  pas  confier 
un  enfant  ayant  peu  de  force  pour  téter,  à  moins  qu'un  second 
nourrisson  puisse  profiter  du  superflu. 


I  . 

I 
I 


164  HENRI   KLOSE 

Beaucoup  de  personnes  refusent  systématiquement  les  ser- 
vices des  femmes  étrangères  ;  d'autres  reculent  devant  les  frais 
trop  onéreux.  Il  en  résulte  que  les  avantages  de  ce  mode 
d'allaitement  ne  peuvent  échoir  qu'à  une  minorité  insigni- 
fiante de  nourrissons.  A  Strasbourg,  une  nourrice  sur  lieu  se 
paie  une  soixantaine  de  francs  par  mois,  outre  les  frais  de 
nourriture,  de  logement  et  d  entretien.  L'engagement  d'une 
nourrice  externe  est  absolument  irrationnel.  Avec  Schloss- 
mann,  nous  souhaitons  ardemment  que  des  dispositions  légales 
viennent  régler  la  surveillance  des  nourrices  et  mettre  un  terme 
aux  graves  abus  d'ordre  moral  et  autres  que  nous  constatons 
journellement.  Sur  ce  terrain  encore,  la  France  nous  a 
devancés  :  la  loi  Roussel  n'a  de  similaire  chez  nous  qu'un 
édit  de  la  ville  de  Hambourg. 

11  résulte  des  considérations  qui  précèdent  que,  dans  la 
plupart  des  cas,  nous  devons  nous  contenter  pour  le  moment 
de  l'alimentation  artiOciclle.  L'art  ici  consiste  à  fournir  à  l'en- 
faut  un  apport  suffisant  en  calories  dans  un  volume  de  sub- 
stances alimentaires  s'écartant  le  moins  possible  de  celui  que 
représenterait  la  quantité  de  lait  puisée  au  sein  maternel. 
Pour  arriver  à  ce  résultat,  on  a  proposé  toute  une  série  de 
mélanges  lactés  et  d'aliments  pour  enfants  ;  mais  on  a  perdu 
de  vue  qu'il  ne  saurait  exister  de  méthode  uniforme  et  appli- 
cable dans  tous  les  cas  pour  mener  à  bien  l'alimentation 
des  nourrissons.  Marfan  estime  qu'en  cherchant  à  remplacer 
le  sein  maternel  on  verse  toujours  et  fatalement  dans  des 
erreurs.  Ceci  ne  prouve  pas  l'imperfection  de  nos  méthodes, 
mais  bien  plutôt  la  multiplicité  des  procédés  par  lesquels 
l'alimentation  artificielle  est  possible.  Parmi  les  plus  cçnnus 
d'entre  eux,  nous  citerons  les  trois  mélanges  farino-lactés  de 
Heubner,  que  nous  adoptons  aussi,  mais  en  y  remplaçant  la 
farine  d'avoine  par  une  décoction  Theinhardt  à  5  p.  100 
(Voy.  TabL  VI). 

Aux  nouveau-nés,  Heubner  commence  par  donner  1/3  de 
lait  ;  pendant  le  second  et  le  troisième  mois,  il  donne  1/2  m«v 
lange  lacté  ;  à  partir  du  troisième  ou  du  quatrième,  il  élève  la 
ration  à  2/3  de  lait.  Ces  mélanges  ont  suffi  dans  la  plupart 
des  cas  à  Heubner  pour  l'alimentation  artificielle  d'enfants  de 
constitution  normale.  Camerer  a  obtenu  de  bons  résultats  avec 
les  mélanges  suivants  (Voy.  TabL   Vil). 


RATION  ALIMENTAIRE   DE   L  ENFANT 


165 


Tabl.  VI.  —  Valeur  calorifique  des  mélanges  Heubner-Theinhardt. 


II  est  renfermé  dans  : 

100 

e.  e. 

70 
75 
94 
113 
25 
36 
41 

200 
e.e. 

140 

150 

188 

226 

50 

72 

94 

300 
c.  c. 

210 
225 
282 
339 
75 
108 
141 

400 
c.  e. 

280 
300 
876 
452 
100 
144 
188 

500 
c.  c. 

350 
875 
470 
565 
125 
180 
235 

600 
c.  c. 

420 
450 
564 
678 
150 
216 
282 

700 
c.  c. 

490 
525 
658 
791 
175 
252 
329 

800 
ce. 

560 
600 
752 
904 
200 
288 
3:6 

906 
e.e. 

630 
675 
846 
1017 
225 
824 
423 

1000 
e.e. 

70(1 
750 
94a 
1130 
250 
860 
470 

Lait  de  femme 

1/3  lait,  50/0  Theinhardt 

et  8  Vo  sucre  de  iait 

1/2  lait.  5  0/0  Theinhardt 

et  10  <>/o  sucre  de  lait.. . 
2/3  lait,   5  »/o  Theinhardt 

et  12  0/0  sucre  de  lait. . . 
1/3  lait  et  8  «/o  solution 

sacrée  Soxhiet 

1/2  lait  et  8  «/o  solution 
Bucrée  Sozhlet 

2/3  lait  et   8  Vo  solution 
sucrée  Soxhiet 

Tabl.  VU.  —  Schéma  de  l'alimentation  diaprés  Camerer. 


naps. 


fre  semaine 
2-3  —  . 
4-8  — 
3e  mois  . 
4  —  . 
5-6     — 


TOTAUX. 


Nombre 
des  repas. 


7 
7 
7 
6 
6 
6 


Uit. 


1/8  litre. 

2/8    - 


3/8 
4/8 
5/8 
6/8 


Solution  di« 
luante. 


2/8  litre. 

4/8    - 


3/8 

3/8 
2/8 
2/8 


Lactose. 


25  gr. 
45  — 
45  — 
40  — 
80  — 
80  - 


Epstein  n'administre  que  : 

1/4  de  lait  les  huit  premiers  jours. 
1/3      —     jusqu'à  la  sixième  semaine. 
1/2      —     ]usqu*au  cinquième  mois. 
2/3      —     a  partir  du  cinquième  mois. 

Son  premier  mélange  est  en  désaccord  avec  les  exigences 
de  Heubner,  d'après  lequel  la  dilution  la  plus  forte  que 
supporte  Torganisme  serait  de  2  parties  d'eau  pour  1  partie 
de  lait.  Czerny  commence  Talimentation  artificielle  pendant 
la  première  semaine  et  se  sert  de  lait  de  vache  dilué  à  moitié. 
Au  lieu  d'eau,  Mayer  et  StefFen  préfèrent  du  bouillon  de 
viande  faible,  et  Monti  du  petit  lait.  Pendant  les  premiers 
temps,  Czerny  fait  usage  de  lait  très  riche  en  beurre  ou  de 
crème  obtenue  par  repos,  non  par  le  centrifuge;  dans  la  suite, 
il  prend  du  lait  plus  pauvre.  Pour  chaque  repas,  on  prend 
i  00  centime  très  cubes  du  mélange  et  Ton  y  ajoute  une  cuillerée 
à  thé  de  sucre  de  lait.   L'expérience  lui  a  appris  que  tout 


100  HENRI   KLOSE 

autre  sucre  ne  convient  pas,  la  lactose  favorisant  le  mieux  les 
fermentations  normales  dans  Tintestin  et  la  fixation  de  Tazole 
albuminoïdique.  Il  augmente  graduellement  les  rations,  en 
prenant  pour  ligne  de  conduite  qu'à  la  fin  de  la  première 
année  la  quantité  de  lait  prise  en  vingt-quatre  heures  ne  peut 
jamais  avoir  dépassé  1  litre.  A  partir  du  quatrième  mois,  il 
fait  la  dilution  du  lait  non  plus  avec  une  solution  de  lactose, 
mais  avec  des  décoctions  farineuses  faibles  au  début,  plus  con- 
sistantes dans  la  suite. 

Baginsky  fait  ses  dilutions  de  lait  entier  ou  de  lait  dilué  et 
de  sucre,  d'après  le  tableau  suivant,  dont  l'usage  pour  la  pra- 
tique courante  est  très  recommandable  (Voy.  TabL  VIII^  IX 
etX). 

Marfan  donne,  pendant  les  premiers  quatre  h  cinq  mois, 
2  parties  de  lait  et  1  partie  de  solution  sucrée  à  10  p.  100. 

Gomme  aliments  transitoires,  il  faut  tenir  compte  aussi  de 
tous  les  succédanés  dont  nous  avons  fait  mention.  Toutes  les 
indications  des  auteurs  n'ont  sous  ce  rapport  qu'une  valeur 
relative  :  le  choix  de  la  concentration  du  lait  et  l'époque  des 
modifications  à  y  apporter  ne  peuvent  être  indiquées  que  par 
l'observation  attentive  de  l'enfant.  Il  faut  tenir  compte  de  sa 
santé,  de  l'aspect  de  ses  garde-robes,  de  son  état  général,  du 
poids  de  son  corps  et  enfin  de  la  qualité  du  lait.  L'ftge  seul  ne 
saurait  fournir  une  indication  précise.  Une  importance  pré- 
pondérante revient  à  la  situation  pécunière,  au  degré  de  cul- 
ture et  h  la  bonne  volonté  des  parents.  Pour  notre  part,  nous 
nous  servons  des  mélanges  modifiés  de  Heubner  (lait  et  ali- 
ment Theinhardt)  ;  dans  la  clinique,  nous  les  répartissons  en 
rations  que  nous  introduisons  dans  les  flacons  de  Soxhlet  ;  dans 
la  policlinique,  au  contraire,  nous  nous  servons  des  flacons 
gradués  en  centimètres  cubes  introduits  par  Baginsky.  Dès  le 
second  jour,  nous  donnons  un  flacon  toutes  les  cinq  heures  ; 
à  partir  du  troisième,  toutes  les  quatre  heures,  de  sorte  que, 
jusqu'à  la  fin  du  quatrième  mois,  l'enfant  prend  journellement 
cinq  repas.  Nous  recommandons  aux  gardes  de  ne  jamais 
laisser  boire  l'enfant  dans  la  position  couchée,  mais  de  le 
mettre  droit  en  le  tenant  sur  le  bras  ou  sur  les  genoux.  On 
évite  de  la  sorte  le  danger  grave  que  les  enfants  n'étouffent 
par  aspiration  de  la  nourriture  dans  les  voies  respiratoires. 

Bien  que  notre  méthode  ait  fait  ses  preuves  cliniques  et  que 
nous  puissions  la  recommander  en  toute  confiance  au  prati- 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   l'bNFANT 


107 


Tabl.  VïlI.  —  Coefficients  calorifiques  des  mélanges  de  Baginsky. 


ruxAbo 
du  mélange. 


G>in  position 
par  litre. 


250 

Mélange I  ..S 750 
^   30 
(350 
650 
35 
MOO 
11I..)600 
/  35 
(500 
1V..)50« 
85 
750 
V..Î250 
40 


PAR   LITRB. 


Graitset. 


^351 
n..)65< 

(  ^ 
(40 

I..)6< 


&u.    (    8,75 
icre.) 


lat. 
eau 
sacre, 
lait.    ^ 
eau.    {  12,25 

sucre.) 
lait.     • 
eau.    '  14,00 
sucre.  ^ 
lait.     I 
eau.     [  17,50 
sucre. t 
lait.    \ 
eau.    [  26,25 
sucre.? 


rdrate 
de 
carbone. 


41,25 

50.75 

53,00 

57,5 

73,75 


Albu- 
mine. 


8,25 
11,55 
13,2 
16,5 
24,75 


PAR  LITRE. 


Graisses. 


81 
114 
130 
1C3 
244 


vdrale 
'de 
carbone. 


160 
208 
217 
236 
302 


Albu- 
mine. 


34 
47 
51 
68 

toi 


TOTAUX 


284 
369 
401 
467 
647 


Tabl.  IX.  —  Mélanges  de  Baginsky.  {Coefficient  calorifique  des  divers  mélanges 

par  chaque  centaine  de  centimètres  cubes.) 


Nombre  de  calories  cor- 

100 

200 

300 

400 

500 

600 

700 

800 

900 

1000 

respondant  à  : 

c.  cub. 

c.cub. 

c.  cub. 

c.  cub. 

c.  cub. 

c.  cub. 

c.  cub. 

c.  cub. 

c.  cub. 

c.cub. 

Mélange! 

28 

56 

84 

112 

140 

168 

106 

224 

252 

>84 

-        H 

37 

74 

lit 

148 

185 

222 

258 

296 

333 

.'70 

-       111 

40 

80 

120 

160 

200 

240 

280 

320 

360 

iJ) 

-       IV 

44 

88 

132 

176 

222 

266 

818 

352 

399 

»'i) 

-       V 

62 

124 

186 

248 

310 

373 

434 

496 

558 

il) 

Tabl.  X.  —  Mélanges  de  Baginsky.  {Rapport  pondéral  des  mélanges 

aux  calories.) 


Il  faot  pour 


Mélange  I.  . 

-  11. 

-  II! 

-  IV 

-  V. 


100 
calor. 


857 
271 
250 
225 
162 


200 
calor. 


714 
542 
500 
450 
324 


300 
calor. 


1071 
813 
750 
6>6 
486 


400 
calor. 


1428 

1084 

1000 

900 

648 


500 
calor. 


1785 
1255 
1250 
1125 
810 


600 
cnlor. 


2142 
1626 
1500 
1350 
972 


700 
calor. 


2409 
1897 
1750 
1575 
1134 


800 
calor. 


2856 
2168 
2000 
1800 
1296 


900 
calor. 


8213 
2  439 
2  250 
2025 
1458 


1000 
cnlor, 


3570 
2710 
2500 
2225 
1620 


cien,  il  n*est  pas  matériellement  impossible  qu'elle  puisse 
parfois  donner  des  résultats  moins  satisfaisants,  en  raison 
surtout  de  la  tolérance  fort  variable  que  les  divers  enfants 
montrent  vis-à-vis  du  lait  de  vache.  D'un  côté,  plusieurs 
auteurs  ont  pu  administrer  avec  succès  du  lait  de  vache  naturel 


108  HENRI   KLOSE 

non  dilué,  tels  de  Rothschild,  Budin,  Variot,  Bonnifas, 
Chavanne,  en  France  ;  Schlesinger  et  Oppenheimer,  en  Alle- 
magne ;  d'un  autre  côté,  Ton  observe  parfois  chez  certains 
enfants  que  la  moindre  quantité  de  lait  de  vache  dilué  pro- 
voque immédiatement  les  manifestations  bien  connues  en  cli- 
nique de  la  plus  vive  répugnance.  Gomme  Talimentation  arti- 
ficielle n'entre  pas  dans  les  vues  de  la  nature,  nous  pouvons 
admettre  que  ces  phénomènes,  assez  fréquents  du  reste,  ne 
sortent  pas  du  cadre  physiologique,  encore  que  Textrème  sen- 
sibilité des  organes  digestifs  joue  certainement  un  rôle  aussi. 
Soxhlet  dit  :  «  Le  veau  ne  résisterait  pas  à  pareil  traitement. 
Que  chez  l'homme,  le  nourrisson  se  contente  d'une  imitation 
de  lait  de  femme  écrémé,  c'est  un  argument  en  faveur  de 
sa  grande  puissance  d'accommodation,  mais  non  en  faveur  de 
l'intelligence  humaine.  »  Lorsque  cette  puissance  d'accommo- 
dation laisse  à  désirer,  l'expérience  clinique  doit  fournir  au 
praticien  le  fil  conducteur  qui  lui  permettra  d'instituer  un 
système  rationnel  d'alimentation. 

Les  dangers  sont  plus  graves  encore  pour  les  nourrissons, 
qui,  par  suite  d'une  infériorité  congénitale  individuelle,  ne 
sont  môme  pas  capables  de  supporter  le  lait  de  la  mère  ou  de 
la  nourrice  et  diminuent  sensiblement  de  poids.  Mon  mattre 
me  communique  son  journal  d'observations,  renfermant  l'his- 
toire clinique  d'un  cas  semblable,  extrêmement  rare,  qui  s'est 
présenté  dans  la  maison  des  Diaconnesses  de  cette  ville.  Je 
le  représente  dans  le  diagramme  ci-dessous,  que  je  fais  suivre 
de  cinq  autres  de  notre  clinique. 

Remarques.  —  Poids  initial,  3  200  grammes  ;  poids  actuel, 
2  300  grammes.  Teint  pâle,  aspect  sénile,  ventre  rentré,  extré- 
mités et  nez  froids,  selles  difficiles,  peu  abondantes  et  bru- 
nâtres. Au  dire  de  la  mère,  le  lait  a  été  vomi  dès  la  naissance  ; 
un  changement  de  nourrice  n'y  fit  rien  changer.  On  donna 
sans  succès  plusieurs  succédanés.  Le  12  janvier  1906,  nouvel 
essai  avec  une  nourrice  :  vomissements.  Infusion  saline. 
Le  13  janvier,  lait  de  femme  dégraissé  et  thé.  Vomissements. 
Le  14  janvier,  décoction  faible  de  Theinhardtqui  est  acceptée. 
Toutes  les  deux  heures  30,  40,  50,  60.  Le  17  janvier,  amélio- 
ration sensible.  Regard  plus  vif.  Le  18  janvier,  ramélioration 
s'accentue.  Toutes  les  trois  heures,  100.  —  20/1  Mélange  lait. — 
Theinhardt  1.  —  25/1,  Mélange  11.  —  1/11,  Mélange  111.  — 
lO/II,  Mélange  IV.  —  15/11,  Mélange  V.  —  4/III,  Mélange  VL 


RATION   ALIMENTAIRE  DE   L  E 

—  2  fois  diarrhée.  Diète  au  thé.  —  S/IIl,  l'enfant  est  renvoyé. 
Poids  du  corps,  38i5  grammes. 


FIg.  3.  —  Hubert  (Emi 


Remarques.  —  Le  23  février,  1/3  lait  :  vomissements, 
garde  -  robes  verdâtres , 
d'odeur  repoussante. 
Diète  au  thé,  eau  albu- 
mineuse.  25/11, 1/4  lait: 
vomissements,  selles 
dyspeptiques.  26/11,  lait 
battu  :  vomissements . 
27/11,  lait  Backhaus  I ,  vo- 
missements. 28/11  Biedert 
1.  Poids,  2940  grammes. 

—  6/II1  3070  grammes. 

-  Biedert  11.  —  13/111 
7  fois  Biedert  II.  Poids, 
3  330  grammes.  —  Le 
3/IV  3970  grammes.  — 
Le  i7/IV  4  420  grammes. 
-Biedert  III.  — Le8/V, 
6  fois  Biedert  III.  —  Le 
11/VI,  6425  grammes,  6  fois  Biedert  V.  —  Le  15/VI,  2  fois 
Theinhardt  I,  6490  grammes.  —  Le  I7/VI,  Theinhardt  11. 


170 


HENRI   KL09E 


6550  grammes.  —  Le  24/VI,  Theinhardt  III.  —  Poids,  6  700. 
Congédié. 

Observations.  —  Après  avoir  donné  différents  mélanges  au 
lait  de  vache,  etc.,  le  10/lV,  Theinhardt  0,  poids  du  coçps; 
3960  grammes;  18/lV,  4250  grammes,  Theinhardt  I;  26/1 V, 
Theinhardt   II:  9/V,  Theinhardt  III;  16/V,  Theinhardt  IV; 


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Fig.  5.  —  Fûrhont  {faul),  né  le  17  jaDvier  1904.  —  Poids  :  3120  gr. 

24/V,  Theinhardt  V;  3/VI,  5920  grammes,  Theinhardt  V  ; 
12/VI,  Theinhardt  VI;  15/VlII,  7  mois.  Poids,  9900  grammes. 
Congédié. 

Observations.  —  Vomissements  énergiques  après  chaqu 
prise  de  lait  de  vache  dilué.  —  lô/I,  Biedert  I,  3290  grammes. 
Du  22/1  au  5/II,  Biedert  II,  3  830  grammes.  —  Uu  12/11  au 
17/III  Biedert  III,  8090  grammes.  —  Du  24/III  au  3/V, 
Biedert  IV,  6290  grammes.  —  Du  10/V  au  IS/V  Biedert  V, 
«610  grammes.— Du 21/V  au  29/VBiedert  VI,  7  ilOgammes.  — 


RATION   ALIMENTAIRE   DE   L'ENFANT  171 

—  Le  1/VI  (à  6  mois),  Theinhardt  :  à  28  semaines, 
7920  grammes;.  30  semaines,  8260  grammes;  32  semaines, 
8600  grammes;  34  semaines,  8760  grammes;  36  semaines, 
8940  grammes;    3/4  d'année,    9  600   grammes;    10    mois, 


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Fig.  6.  —  Sorge  {Emile),  né  le  12  janvier  1904.  —  Poids  initial  ;  3070  gr. 

10120  grammes;  11  mois,  10500  grammes;  àla  fin  de  Tannée, 

^^*^500. 

Observations.  —  Le  lait  n'est  pas  toléré.  8  jours  après  la 
naissance,  2600  grammes.  Essai  avec  Biedert  1  ;  3*  à  5*  se- 
maine, Biedert  II;  6»  à  8«  semaine,  Biedert  II  et  III;  9«  à 
12  semaine,  Biedert  III;  13^  à  li'  semaine,  Biedert  I  V  et  III. 


172 


HENRI    KLOSE 


—  15*  semaine,  Biedert  IV.  —  16*  semaine,  5970  grammes, 
Biedert  IV  et  une  fois  Theinhardt;  17«  à  34*  semaine,  6  fois 
Theintiardt,  9530  grammes.  —  39*  semaine,  10320  grammes. 


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Fig.    7.  —  Goldsckmidl  {Henri},  né  le  5  juillet  1904.  —  Poids  initial  :  3900  gr. 

Bouillon  avec  œuf,  5  fois  Theinhardt  ;  10*  au  12*  mois,  bouil- 
lon avec  œufs,  5  fois  Theinhardt,  11*^,250. 

Observations.  —  Vomit  les  mélanges  lactés  depuis  la  nais- 
sance. Le  10/11,  poids  3450  grammes.  —  Le  20/11,  3350  gram- 
mes ;  du  19/II-23/II,  Theinhardt  I  ;  du  23/Il-l/IU,  Thein- 
hardt  II;  du  2/III-7/III;  Theinhardt  III;  du  8/IIU14/1II, 
Theinhardt  IV  ;  du    1S/III-22/1II,  Theinhardt  V;  du  23/111- 


IIATION   ALIMENTAIHB  DE   L  ENFANT  l7J 

30/111,  Theinhardt  et  bouillon  &  la  semoule.  Congédié  en  par- 
bite  santé  à  l'âge  de  3  mois  et  demi.  Poids  :  5250  grammes. 
En  tenant  compte  de  ces  observations,  auxquelles  je  pour- 
rais en  ajouter  quatorze  autres  faites  dans  notre  clinique  et 
tout  aussi  instructives,  nous  avouons  ne  pas  comprendre  l'at- 
titude hostile  de  plusieurs  auteurs  vis-à-vis  des  farines  pour 
enfants  prises  d'une  manière  absolue.  Cette  attitude  est,  comme 
tout  ce  qui  est  absolu,  simple  mais  injuste.  La  pratique  nous 


Fig.  8,  —  Ktitger  {Hervin},  I  moii. 

apprend  qu'il  est  des  cas  où  le  médecin  peut,  tout  en  ignorant 
pour  quelles  raisons  théoriques,  faire  usage  de  l'aliment 
Theichanlt  et  obtenir  grAce  k  lui  un  revirement  du  pouvoir 
d'adaptation  de  l'oi^anisme  :  dès  ce  moment,  la  vie  du  nour- 
risson est  sauvée.  C'est  précisément  dans  des  cas  semblable 
que  Theinhardt  et  Biedert  nous  sont  de  précieux  auxiliaires. 
En  général,  nous  commençons  avec  les  mélanges  Biedert  pour 
en  venir  petit  à  petit  au  Theinhardt,  en  transformant  en  solution 
étendue  d'abord  un,  puis  deux  flacons  de  la  solution  coDcentrce 
suivant  les  indications  du  tableau  suivant. 


174 


HENRI    KLOSE 


Tabl.  xi.  —  Mélange  crémeux  naturel  de  Biederl. 


Age. 

Crème. 

Eau. 

Lactose 

ou 
sucre. 

ua. 

Caséine. 

Graisse 

par 

litTQ. 

Sucre. 

Valeur 

en 
calories 

Mélange  I... 

1  mois. 

135 

375 

18 

resp. 

22 

■ 

9,0 

25,0 

50 

resp. 

70 

no 

resp. 
550 

-      II.. 

2     — 

125 

375 

18 

resp. 

22 

62,5 

12,0 

26,0 

50 

resp. 

70 

490 

re?p. 

570 

—    m.. 

3-4  — 

125 

375 

18 

resp. 

22 

125,0 

14,0 

27,0 

50 

resp. 

10 

510 

resp. 

590 

—      IV.. 

4-5  — 

125 

375 

18 
resp. 

250,0 

17,0 

29,0 

50 

resp. 

70 

540 

resp. 

620 

—     V... 

6-7  — 

125 

375 

18 

resp. 

22 

375,0 

20.0 

30,0 

50 

resp. 

70 

560 

resp. 

64U 

—     VI.. 

7  et  suiv. 

» 

250 

12 

resp. 
32 

750,0 

25,0 

27,0 

50 

resp. 

70 

560 

resp. 

640 

Chez  les  enfants  qui  ne  sont  pas  trop  jeunes,  il  est  avanta- 
geux de  prendre  le  Theinhardt  dès  le  début. 

Les  succès  obtenus  autorisent  le  médecin  à  conclure  que^ 
parmi  le  nombre  considérable  des  préparations  existantes,  il 
en  est  au  moins  deux  qui  répondent  aux  exigences  chimiques 
et  physiologiques  et  méritent  sa  confiance  absolue.  Il  n'est  pas 
inutile  de  rappeler  à  ce  propos  que  les  anciens  n'avaient 
aucune  notion  des  aliments  artificiels  pour  la  prime  enfance. 
Au  moyen  âge  seulement,  l'écrivain  Mellinger,  en  1473,  et 
Rosslin,  en  1522,  parlent  d'élever  les  enfants  avec  un  aliment 
autre  que  le  lait  maternel.  Le  premier  de  ces  auteurs  dit  : 
«  Si  l'allaitement  ne  convient  pas,  il  faut  prendre  du  lait  ». 
Pour  nous  autres,  médecins,  ce  regard  rétrospectif  constitue 
un  stimulant  à  tendre  toujours  davantage  vers  la  conquête  de 
cet  idéal  :  une  alimentation  infantile  parfaite. 

(A  suivre,) 


REVUE  GENERALE 


LE   BAISER  CHEZ  LES  ENFANTS 

Le  D' Benjamin  D,  Martiaez,  dans  une  revue  d'hygfiène  scolaire 
qui  se  publie  à  Buenos  Aires,  a  insisté  avec  force  sur  les  dcuigers 
du  baiser  scolaire  (i).  Pour  lui,  c'est  une  coutume  fâcheuse  depuis 
longtemps  condamnée  parrhyi^pène.  En  efTet,  le  baiser  entre  enfants 
comme  le  baiser  entre  adultes  el  enfants  peut  être  un  agent  de 
transmission  pour  les  medadies  contagieuses. 

Le  13  juin  1906,  le  D'  Valdez,  partant  en  guerre  contre  le 
baiser  mutuel  des  écoliers,  adressait  une  lettre  au  Président  du 
conseil  national  de  TËducation  dans  la  République  Argentine,  le 
D^  Ponciano  Vivamo,  pour  lui  signaler  les  dangers  du  baiser  et  en 
provoquer  offîciellement  la  suppression.  Ses  arguments  se 
réduisent  à  deux  faits  d'inégale  importance  : 

l*"  Le  baiser  peut  faire  naître  prématurément  des  sensations 
génésiques  ; 

2*  Le  baiser  n'est  pas  aseptique^  il  peut  transmettre,  de  bouche 
à  bouche,  des  germes  d'affections  contagieuses  :  syphilis,  tuber- 
culose, rougeole,   coqueluche,   diphtérie,  scarlatine^  coryza,  etc. 

La  question  est  délicate,  et,  pour  la  résoudre  avec  modération 
el  équité,  il  convient  de  l'étudier  sans  parti  pris  et  sans  exa- 
gération. Le  baiser  est  la  manifestation,  souvent  touchante 
et  respectable,  de  sentiments  auxquels  l'hygiéniste  n'a  pas  mission 
de  s*attaquer.  Nul  médecin  n'oserait  condamner  et  réprouver  le 
geste  affectif,  si  doux  et  si  émouvant,  qui  jette  l'enfant  dans  les 
bras  de  ses  proches.  Nous  ne  pouvons  que  nous  désintéresser,  dans 
les  circonstances  ordinaires  de  la  vie,  des  baisers  intimes  de  la 
famille,  etc. 

Mais  c'est  au  baiser  banal,  au  baiser  de  mode  et  de  convenance 

(I)  El  beso  en  laa  escuclas  [La  Ihjgiene  etcolar,  l«ir  Juillet  1906). 


176  REVUE  GÉNÉRALE 

au  baiser  automatique  dont  trop  d^enfants  sont  les  victimes,  que 
nous  en  voulons. 

En  Angleterre,  dit-on,  certains  bébés   portent  écrits  sur  leur 
chapeau  ces  mots  :  Kiss  me  not  (Ne  m'embrassez  pas). 

Je  ne  sais  si  cette  inscription  est  habituelle  et  s'il  conviendrait  de 
la  généraliser  partout.  Mais  il  y  a  lieu  d'éclairer  les  familles  sur 
les  dangers  que  fait  courir  à  leurs  jeunes  enfants  la  manie  du  bai- 
ser qui  sévit  dans  certains  milieux.  A  Técole,  petits  garçons,  petites 
filles  s'embrassent  à  tout  propos.  Il  n'en  résulte  aucun  dommage 
le  plus  souvent,  et  la  méfiance  des  maîtres  ou  des  parents  ne 
s^éveille  pas.  Et  pourtant  nous  savons  bien,  nous,  médecins  et 
hygiénistes,  que  la  plupart  des  maladies  contagieuses  ne  se  trans- 
mettent pas  &  distance  par  Tatmosphère,  mais  par  un  contact 
direct,  par  les  poignées  de  main  et  surtout  par  les  baisers.  La 
rougeole  et  la  coqueluche,  le  coryza  et  la  grippe,  la  diphtérie  et  la 
scarlatine  se  transmettent  d'enfant  à  enfant,  dans  les  écoles  sur- 
tout, par  les  baisers.  D'après  le  D'  Martinez,  le  microbe  de  la  carie 
dentaire  se  transmettrait  aussi  par  cette  voie,  soit  d'enfant  à 
enfant,  soit  d'adulte  à  enfant. 

Outre  les  maladies  de  l'enfance  (fièvres  éruptives,  etc.)  que  nous 
venons  de  citer,  d'autres  affections  plus  graves  peuvent  être 
engendrées  par  le  baiser.  La  syphilis,  dont  on  ne  rougit  plus  de 
parler,  car  elle  frappe  souventles  innocents  (comme  l'a  si  éloquem- 
ment  montré  le  D'  Fournier),  peut  se  transmettre  aux  enfants  par 
le  baiser.  C'est  quelquefois  un  enfant  atteint  de  manifestations 
secondaires  dont  la  salive  sera  virulente  pour  un  autre  enfant. 
C'est  plus  souvent  un  adulte  négligent  ou  inconscient,  qui  trans- 
mettra sa  gialadie  par  le  baiser.  Or,  qui  nous  garantit  qu'un 
inconnu,  un  passant,  voulant  nous  faire  la  politesse  d'embrasser 
nos  enfants,  n'a  pas  la  syphilis  sous  une  forme  transmissible  par  le 
baiser?  Ce  danger  seul  devrait  faire  condamner  et  repousser  d'une 
façon  absolue  le  baiser  banal  d'un  enfant,  de  la  part  de  personnes 
qui  ne  sont  ni  ses  parents  ni  ses  familiers. 

La  tuberculose  fait  courir  plus  de  dangers  encore  que  la  syphilis, 
étant  plus  répandue  et  plus  souvent  ignorée  de  ceux  qui  en  sont 
atteints.  Or  il  n'est  pas  douteux  qu'elle  puisse  se  transmettre  par 
le  baiser.  Un  phtisique  qui  tousse  et  qui  crache  a  constamment  la 
salive  souillée  de  bacilles  de  Koch.  S'il  a  des  moustaches,  il  est 
bien  rare  qu'elles  ne  soient  pas  contaminées  par  les  produits  de 
son  expectoration,  même  s'il  prenait  de  minutieuses  précautions, 
s'il  crachait  dans  un  crachoir  de  poche,  s'il  se  lavait  fréquem- 
ment, etc.  Le  baiser  de  ce  malade  est  funesteà  l'enfant.  Ilfautabso- 
lument  l'interdire  même,  aux  plus  proches  parents. 

L'inoculation  de  la  tuberculose  par  le  baiser  peut  d'ailleurs  être 
insidieuse  et  latente.  Elle  n'a  pas  d'efi*et  immédiat,  et  ses  premières 


LE  BAISER   CHEZ   LES   ENFANTS  177 

manifestations  peuvent  être  confondues  avec  une  lésion  de  grattage, 
un  bouton  d*acné,  de  prurigo,  d'inopétigo.  Puis  le  bouton  s'étend  peu 
à  peu,  avec  une  grande  lenteur  ;  il  gagne  en  profondeur  comme  en 
surface,  et  bientôt  on  ne  peut  conserver  aucun  doute  sur  sa  nature. 
Pourquoi  le  lupus,  si  fréquent  chez  les  enfants,  a-t-il  ce  siège  de 
prédilection  à  la  face,  qui  le  rend  si  redoutable  et  si  redouté  ? 
Pourquoi  ce  début  par  les  joues,  par  le  front,  qui  est  habituel  ?  Le 
lupus  prend  naissance  en  ces  points,  parce  qu'ils  sont  exposés  aux 
baisers  plus  .que  d'autres.  C'est  à  la  face  que  le  lupus  apparaît 
d'abord,  parce  que  la  face,  presque  constamment  découverte,  s'offre 
comme  une  cible  aux  bacilles  de  Koch  projetés  ou  apportés  parles 
phtisiques. 

En  même  temps  que  nous  énoncions  cette  pathogénie  du  lupus, 
le  ly  Gastou  {Congrès  de  la  tuberculose,  octobre  1905),  en  appor- 
tait également  des  exemples.  Il  montrait  aussi  par  de  nombreuses 
observations  que  le  lupus  de  Tadulte  ou  du  vieillard  a  presque  tou- 
jours son  origine  dans  Tàge  infantile.  D'où  la  nécessité  encore  plus 
pressante,  pour  protéger  Thomme  fait,  de  protéger  Tenfant  en  éloi- 
gnant de  lui  les  contacts  suspects. 

Sans  doute  le  lupus  reconnaît  d'autres  procédés  d'inoculation. 
Une  coupure,  une  blessure,  une  éraillure  accidentelle,  souillée  par 
un  crachat  virulent,  pourra  servir  de  porte  d'entrée  au  lupus.  C'est 
ainsi  que  j'ai  vu  une  fillette  avoir  un  lupus  de  la  plante  du  pied, 
parce  qu'elle  marchait  pieds  nus  dans  la  chambre  occupée  par  sa 
mère,  phtisique  au  dernier  degré. 

C'est  ainsi  que  nous  voyons  les  phtisiques  s'inoculer  un  lupus 
du  dos  de  la  main  en  s'essuyant  les  lèvres  souillées  par  leurs 
crachats. 

En6n  nous  avons  vu  plusieurs  fois  un  lupus  se  développer  au 
voisinage  d'humeurs  froides,  de  gommes,  d'adénites  suppurées 
faciales  ou  cervicales* 

Mais,  en  dehors  de  ces  cas  bien  connus,  nous  avons,  chez 
plusieurs  enfants,  pu  déterminer  la  source  de  lupus  de  la  face,  dont 
l'entourage  n'avait  aucun  soupçon.  Par  exemple,  c'est  une  fillette 
de  trois  ans  portant,  sur  la  joue  gauche,  deux  petits  foyers  lupiques, 
qui  ont  été  détruits  après  d'assez  nombreuses  séances  d'ignipunc- 
lure  ;  le  père  et  la  mère  sont  sains  ;  mais  la  grand'mère  tousse 
depuis  longtemps  et  crache  abondamment;  elle  vit  le  plus  possible 
avec  sa  petite  fille,  la  prend  sur  ses  genoux  et  l'embrasse  à  tout 
propos.  Chez  d'autres  enfants,  c'est  le  père,  la  mère,  ou  un  autre 
parent  phtisique,  qui  ont  communiqué  le  contage  par  de  malen- 
contreux baisers. 

Nous  devons  conclure  de  tous  ces  faits  quele  baiser  peut  apporter 
à  l'enfant  de  nombreuses  maladies,  aiguës  ou  chroniques.  D'enfant 
à  enfant,  le  baiser  servira  à  transmettre  la  rougeole,  la  scarlatine, 

Arcb.  de  médec.  dee  i?ipa:«its,  1907.  -^^  ^^ 


178  ^  REVUE   GÉNÉRALE 

4a  coqueluche,  la  diphtérie,  la  grippe,  etc.  D'enfant  à  enfant, 
-d'adulte  à  enfant,  il  pourra  transmettre  la  syphilis.  D'adulte  à 
enfant,  il  communiquera  la  tuberculose  sous  toutes  ses  formes,  et 
en  particulier  le  lupus  par  inoculation  cutanée  directe. 

Pour  toutes  ces  raisons,  pour  parer  à  tous  ces  risques,  il  con- 
vient d'interdire  le  baiser  banal,  qui  règne  dans  beaucoup  d'écoles. 
Il  faut  interdire  aussi  le  baiser  dont  tant  de  personnes  adultes  sont 
prodigues  à  l'égard  d'enfants  qui  ne  sont  pas  les  leurs,  et  qui 
peuvent  se  passer  de  ces  marques  de  tendresse  souvent  déplacées 
'Ot  exagérées.  Empêcher  les  parents  d'embrasser  leurs  enfants,  les 
frères  et  sœurs  de  s'embrasser  entre  eux,  il  n'y  a  pas  lieu  d'y  son- 
:ger.  Mais,  quand  le  père,  la  mère,  le  frère,  la  sœur,  etc.,  sont 
atteints  d'une  maladie  contagieuse,  on  les  priera  d'ajourner  leurs 
baisers.  Si  cette  maladie  est  aiguë,  leur  attente  ne  sera  pas  bien 
longue,  et  ils  pourront  prendre  aisément  leur  parti  d'une  quaran- 
^ine  éphémère.  Si  la  maladie  estchronique  (syphilis,  tuberculose), 
il  conviendra  de  les  mettre  en  garde  contre  les  dangers  qu'ils 
feraient  courir  aux  enfants  en  les  embrassant  suivant  le  mode 
"habituel.  Ils  devront  alors  se  contenter  d'un  simulacre  de  baiser, 
qui,  en  sauvant  les  apparences,  ne  fera  courir  aucun  risque  à 
'l'enfant. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 


Septic  andoearditis  (Endocardite  septique),  par  le  D*"  Rachford  {Arch^ 
af  Ped.,  octobre  1906). 

Le  10  février  1905,  un  garçon  de  quatre  ans  est  reçu  au  pavillon  de  la 
scarlatine  du  Cincinnali  Hospital  pour  une  scarlatine  de  moyenne  inten- 
sité. Auparavant  il  a  eu  la  coqueluche  et  des  angines  graves.  Pendant  sa 
scarlatine,  il  souffrit  beaucoup  de  la  gorge  et  d*adénite  cervicale,  surtout  à 
gauche.  Au  cinquième  jour,  on  découvrit  une  endocardite  mi  traie  sans 
gravité  apparente.  Pas  d'albumine. 

Le  17  mars,  trente-cinq  jours  après  l'entrée  à  Thôpital,  Tenfant  passe 
dans  la  salle  commune. 

Un  peu  de  fièvre  à  ce  moment,  souffle  systolique  de  la  pointe,  sans 
défaillance  du  cœur.  Peu  à  peu  la  fièvre  tombe,  les  glandes  se  résorbent, 
et  le  20  avril,  soixante-huit  joui*s  après  l'entrée  à  Thôpital,  on  Tenvoie  en 
convalescence. 

Le  26  avril,  il  revient  avec  de  la  fièvre  et  une  amygdalite  ulcéreuse  ;  il 
y  a  aussi  de  la  stomatite  ulcéreuse.  Hypertrophie  des  glandes  du  cou. 
Gonflement  du  côté  gauche  de  la  face  par  suite  d'une  ulcération  de  la  face 
interne  de  la  joue.  Souffle  systolique  à  la  pointe  avec  frémissement,  foie 
un  peu  gros,  haleine  fétide,  etc.  11  semble  que  Tenfant  ait  une  nouvelle 
infection  ayant  pénétré  par  les  amygdales  et  touché  une  seconde  fois 
lendocarde.  Grandes  oscillations  thermiques. 

Dyspnée,  rudesse  du  souffle,  ai^thmie  cardiaque,  choc  étalé  de  la 
pointe. 

Le  13  mars,  Tamygdalite  est  guérie,  mais  la  stomatite  fétide  persiste. 
Augmentation  du  foie  et  de  la  rate  produisant  un  gonflement  de  la 
partie  supérieure  du  ventre.  Adénopathies  multiples.  Pâleur  et  anémie. 
On  trouve  une  augmentation  des  globules  blancs  (41 000).  A  la  fin,  érup- 
tion purpurique,  sang  dans  les  selles. 

Le  29,  on  ouvi*e  des  abcès  ganglionnaires  au  cou,  amélioration  ;  pas  de 
Cèvre. 

Le  5  juin,  fièvre,  coryza,  bronchite;  le  7,  éruption  de  rougeole  ;  aggra- 
vation de  la  stomatite,  bronchopneumonie  ;  le  24  juin,  perforation  de  la 
joue  par  le  noma  ;  mort  le  28. 

A  Tautopsie,  dilatation  du  cœur,  ulcération  des  deux  valves  de  la 
mitrale,  bronchopneumonie  double;  gonflement  et  congestion  du  foie, 
de  la  rate,  des  reins. 

The  weighU  cl  the  Yiscera  in  inlancy  and  childhood,  with  spécial 
référence  to  the  weight  of  the  thymus  gland  (Les  poids  des  viscères 
dans  la  première  et  la  seconde  enfance,  spécialement  le  poids  du  thymus), 
par  les  D"  David  Bovaird  et  Matthias  Nicoll  [Arch,  ofPed.,  sept.  1906). 


180  ANALYSES 

Les  poids  des  difTérents  organes  ont  été  recherchés  dans  les  autopsies 
faites  pendant  trois  ans  au  New  York  Foundling  HospUal  (571  cas  ;  le  sexe 
est  indiqué  dans  533  cas  :  293  garçons,  240  filles)  : 

Grammes. 

Cœur  :  A  la  naissance 20,5 

De  la  naissance  à  Z  mois 21,0 

De    3  &    6  mois 27,1 

—    3S,1 

—     36,5 

—     40,1 

—     43,3 

— 49,9 

—     57,6 

ans 58,0 

—    72,8 

—     74.7 

Reins.  — Dans  186  cas,  où  les  deux  reins  furent  pesés,  le  gauche  pesait 
97  fois  plus  que  le  droit,  52  fois  moins,  37  fois  également. 

Table  générale  des  poids  entre  0  et  5  ans. 


De 

6  à 

9 

De 

9â 

12 

De  12  à  15 

De  15  à 

18 

De  18  &  21 

De  21  à  24 

De 

2  à 

3 

De 

3  à 

4 

De 

4  à 

5 

Taille. 

Cœar. 

Rein. 

Rate. 

Foie. 

Nombre  de  cas 

49,8 

20,5 

11,5 

lî.t 

136,0 

13 

54,7 

21,0 

17,î 

15,0 

150,4 

58 

59,7 

2Î.I 

21,3 

17,9 

192,0 

76 

64,7 

35,0 

26,7 

23,4 

250,0 

12i 

67,9 

36,5 

30,1 

26,1 

272,8 

107 

69,8 

40,1 

31,0 

28,7 

265,0 

39 

7î,6 

43,3  i 

(    15 

76,0 

49,9 

38,6 

39,8 

352,0 

18 

76,0 

57,6' 

(      6 

83,5 

58,0 

49,3 

41,5 

450,0 

61 

84,9 

72,3 

54,4 

48,5 

492,0 

39 

87,2 

14,7 
Total 

58,1 

42,7 

51}i,0 

18 
569 

Naissance 

1  à  3  mois. 
4  &  6  —  . 
7  à    9    —   . 

10  àL  12    — 
13  à  15    —   . 
16  à  18    — 
19  ài  21    — 
22  à  23    — 

2  à    8  ans., 

3  à    4    —   . 

4  à    5    — 


Le  poids  du  foie  est  en  moyenne  sept  fois  le  poids  du  cœm\  Le  poids 
de  la  rate  est  le  dixième  de  celui  du  foie.  Le  poids  moyen  du  rein  est  le 
neuvième  de  celui  du  foie. 

Thymus.  —  Le  poids  moyen  du  thymus  aux  autopsies  a  été  de  6  gi'ammes. 
La  théorie  qui  voulait  que  le  thymus  augmentât  de  volume  depuis  la 
naissance  jusqu'à  deux  ans  doit  être  abandonnée.  Mais,  si  cette  augmen- 
tation physiologique  n'existe  pas,  il  peut  y  avoir  d'énormes  hypertrophies 
pathologiques. 

De  rappendicite  chez  le  nourrisson,  par  MM.  Ë.  KiaiiissoNet  Guimbellot 
{Revue  de  chiiurgiCy  10 octobre  1906). 

Garçon  de  dix-neuf  mois,  nourri  au  biberon,  pas  de  constipation.  Le 
6  janvier  1906,  enfant  grognon  ;  dans  la  nuit,  un  vomissement,  douleurs 
de  ventre,  pas  de  selles.  Le  9  janvier,  soixante  heures  après  le  début,  on 
trouve  un  ventre  énorme,  tendu,  douloureux  surtout  à  droite.  Son  lym- 
panique  avec  submatité  dans  la  fosse  iliaque dix)i le.  Toucher  rectal  néga- 
tif. Faciès  plombé,  prostration,  fièvre  (39o,2).  On  hésite  entre  une  invagi- 
nation et  une  appendicite. 

Laparotomie  après  chloroformisation,  issue  de  séro-pus  d'odeur 
fécaloïde;  plaque  sphacélée  sur  l'appendice,  perforation,  boulette  fécale. 
Mort  le  jour  même,  avec  40°,2. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES.  181 

A  propos  de  ce  cas  rare,  les  auteurs  ont  fait  des  recherches,  bibliogra- 
phiques et  réuni  ainsi  26  observations  d'appendicite  chez  le  nourrisson  : 
9  dans  la  première  année,  17  dans  la  seconde.  Ces  26  cas,  pris  en  bloc, 
ont  donné  19  morts  et  7  guérisons.  Les  9  cas  de  la  première  année  se 
sont  tous  terminés  par  la  mort  ;  ceux  de  la  seconde  ont  donné  7  guérisons 
et  17  morts.  Toutes  les  guérisons  ont  été  observées  au-dessus  de  dix-huit 
mois.  L'intervention  chirurgicale  a  été  pratiquée  19  fois  (7  dans  la  pre- 
mière année,  12  dans  la  seconde),  avec  7  guérisons  et  5  ndorts.  On  peut 
donc  conclure  : 

1"  L'appendicite,  dans  les  deux  premières  années  de  la  vie,  n'est  pas 
aussi  rare  qu'on  le  pense  ; 

'2?  Elle  évolue  rapidement;  son  pronostic  est  très  grave  ; 

3<»  L'intervention  immédiate  est  indiquée,  car  les  seuls  cas  de  guérison 
répondent  à  des  interventions  à  chaud; 

4°  Mais  il  est  difficile  de  prendre  une  décision,  à  cause  de  la  difticulté 
du  diagnostic. 

Case  cl  mixed-celled  leakasmia  (Cas  de  leucémie  mixte),  par  le 
D'  Léonard  Findlw  [Glasgow  Med.  Jour,,  octobre  1906). 

Garçon  de  onze  ans,  reçu  à  la  Glasgow  Royal  Infirmary  le  16  septembre 
1905,  pour  une  faiblesse  générale  avec  pâleur  et  éruption  cutanée.  A 
toujours  été  pâle.  11  y  a  six  semaines,  petites  tâches  rouges  sur  tout  le 
corps,  puis  toux,  pharyngite  ;  on  parle  de  diphtérie.  Au  moment  de 
l'entrée,  outre  la  pâleur  excessive,  on  relève  un  purpura  généralisé,  avec 
souffle  à  la  base  du  cœur.  Foie  et  rate  non  augmentés  de  volume.  Pas  de 
lièvre,  mort  le  21  septembre. 

Examen  du  sang  : 

Hémoglobine 15  p.  100 

Hématies 1 SOOOOO 

Leucocytes 40  000 

Myélocytes C0,4p.  100 

Petits  lymphocytes 24,9    — 

Grands  lymphocytes 11,7    — 

Polynucléaires  neutrophiles 3,8    — 

En  somme,  la  majeure  partie  des  leucocytes  étaient  formés  de  myélocytes 
neutrophiles  variant  du  volume  d'une  hématie  au  double. 

A  l'autopsie,  on  trouve  tous  les  organes  pâles,  quelques  petits  infarctus 
hémorragiques  dans  les  poumons,  ganglions  mésentériques  un  peu  aug- 
mentés, os  fémoral  en  prolifération  leucocytique.  11  y  a  donc  dans  ce  cas 
un  mélange  de  polynucléaires  et  lymphocytes  qui  constitue  une  forme 
mixte  de  leucémie  (prolifération  à  la  fois  du  tissu  myélolde  et  du  tissu 
adénoïde),  fait  assez  rare  pour  n'être  pas  dépourvu  d'intérêt. 

Di  un  corpo  estraneo  nel  bronco  sinistre  (Corps  étranger  de  la  bronche 
gauche),  par  le  D'  E.  Nicolixi  {Gazz,  degli  osp,  e  délie  clin.,  23  septembre 
1906). 

Le  14  août,  à  neuf  heures  du  soir,  l'auteur  est  appelé  près  d'un  garçon 
de  cinq  ans  qui  a  aspiré  un  haricot.  Accès  de  toux  violents,  respiration 
stcrtoreuse,  aphonie.  L'examen  du  thorax  montre  que  le  côté  gauche  est 
moins  sonore,  moins  vibrant  que  le  droit;  déplus,  le  murmure  vésiculaire 
a  disparu  du  même  côté.  Donc  corps  étranger  dans  la  bronche  gauche. 
On  essaie  alors  le  vomitif,  la  suspension  par  les  pieds,  etc. 

Le  lendemain,  l'enfant  est  conduit  à  Modène,  à  la  clinique  du  D^  Luigi 


I 


182  ANALYSES 

iNasi.  On  le  tient  en  observation  plusieurs  jours,  et  il  rentre  chez  lui  sans 
avoir  été  opéré.  Mêmes  symptômes  sans  aggravation.  Puis  catarrhe  bi'on- 
chiquc,  augmentation  de  la  toux,  perte  d  appétit.  Au  trentième  jour, 
symptômes  de  bronchopneumonie.  Au  trente-neuvième  jour,  Tenfant  a 
des  crachats  striés  de  sang,  fétides,  avec  39<',5,  p#uls  130.  Enfin,  le  qua- 
rantième jour,  au  milieu  des  efforts  de  toux,  Tenfant  a  expulsé  le  haricot. 
A  partir  de  ce  moment,  résurrection  rapide  ;  huit  jours  après,  Tenfant 
courait  dans  lelS  champs. 

Acute  infantile  intnssnsception  (Invagination  intestinale  aiguë  in- 
fantile), parle  D'  Henry  J.  Dunbar  {The  Scott,  Med.  and.  Surg.  Journal.^ 
août  190C). 

Durantrhiver  1903-1904,  au  Royal  Hospitalfor  Sick  Children  (Edimbourg), 
Fauteur  n'a  pas  eu  moins  de  7  cas  d'invagination  intestinale  ;  dans  les 
registres  de  Thôpital,  il  en  a  découvert  plus  de  50  cas  ;  c'est  à  Taide  de 
ces  matériaux  qu'il  a  voulu  étudier  l'invagination.  C'est  la  forme  la  plus 
commune  de  l'obstruction  intestinale  chez  les  enfants.  On  distingue  quatre 
variétés  d*invagination  :  1^  Entériques:  partie  inférieure  du  jéjunum  (4), 
iléon  (1);  ces  invaginations  sont  courtes,  superfîcieiles,  très  mobiles  ; 
2^  Iléo^aBcales  comprenant  la  majorité  des  cas,  volumineuses,  peuvent  faire 
saillie  à  l'anus;  3^  Iléo^oliques  très  rares,  constituées  par  la  projection  de 
la  portion  terminale  de  l'iléon  à  travers  la  valvule  iléo-ca;cale,  très  graves  ; 
4^  CoHqueSf  semblables  comme  structuœ  et  mécanisme  aux  variétés 
entériques.  Sur  59  cas  de  l'hôpital  d'enfants  d'Édimboui*g,  il  y  en  a 
76,3  p.  100  de  la  variété  iléo-cœcale,  13,6  p.  100  mixte  (entérique  et  iiéo- 
CiTcale),  5  p.  100  entérique,  3,4  p.  100  colique,  1,7  p.  100  iléo-colique. 

Les  invaginations  communément  observées  dans  les  autopsies  d'enfants, 
surtout  parmi  ceux  qui  ont  succombé  à  des  affections  cérébrales,  sont 
(rès  différentes  des  précédentes.  Elles  sont  habituellement  multiples, 
toujoui^  courtes,  souvent  rétrogrades,  plus  communes  dans  le  petit  que 
dans  le  gros  intestin. 

Pas  de  congestion,  pas  de  rétrécissement  de  la  lumière  de  l'intestin. 
Réduction  facile  par  une  légère  traction.  Elles  sont  probablement  causées 
par  des  contractions  intestinales  irrégulières  et  spasmodiques  survenant 
immédiatement  avant  la  mort.  Les  lésions  de  l'invagination  pathologique 
sont  très  rapides  :  étranglement  du  segment  invaginé,  compression  du 
mésentère,  arrêt  du  sang,  congestion,  œdème,  extravasation,  gangrène. 
Comme  causes,  il  faut  évoquer  les  contractions  irrégulières  et  désordon- 
nées de  rintestin;  ces  contractions  peuvent  elles-mêmes  être  provoquées 
par  des  troubles  digestifs,  et  surtout  par  Tétat  nerveux  des  enfants.  On 
fera  attention  aux  aliments  indigestes,  fruits  verts,  pommes,  oranges,  etc. 

Faits  cliniques  : 

1®  Garçon  de  six  semaines,  recule  12  novembre  1903.  Le  11,  au  matin, 
il  s'éveilla  soudain  avec  un  cri  étrange,  et  presque  immédiatement  il  vonnit. 
Il  soulevait  ses  jambes  comme  s'il  souffrait  du  ventre.  11  refuse  le  sein. 
Ck)nstipation  jusqu'à  7  heures  du  soir  ;  il  passe  alors  une  cuillerée  à 
dessert  de  sang  rouge  noir  et  de  quelques  matières.  Mauvaise  nuit.  A 
onze  heures  et  une  heure,  selles  sanglantes  avec  mucus. 

11  essaya  de  prendre  le  sein  une  ou  deux  fois,  mais  vomit  aussitôt. 
Abdomen  un  peu  distendu.  Saillie  dans  la  fosse  iliaque  et  la  région 
lombaire  gauche.  A  droite,  sensation  de  vide,  à  lapalpation  ;  au  contraire» 
à  gauche,  on  sent  une  tumeur  dure  et  allongée  ;  parle  toucher  i^ctal,  on 
arrive,  à  6  ou  7  centimètres,  à  sentir  une  masse  arrondie  dans  le 
rectum.  Opération  à  trois  heures  trente  du  soir,  trente-deux  heures 


! 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  185- 

et  demie  après  le  début  ;  chloroforme,  incision  verticale  de  6  centimètres 
à  travers  le  muscle  droit,  près  de  la  ligne  médiane,  au-dessus  de  Tom- 
bille;  on  tombe  sur  une  invagination  iléo-CcTcale  de  10  centimètres  de 
long;  des  pressions  douces,  de  bas  en  haut,  amènent  la  réduction  de  tout 
le  boudin,  sauf  de  2  à  3  centimètres  environ.  Cette  partie  est  alors  recou- 
verte avec  une  serviette  et  comprimée  pendant  une  ou  deux  minutes,  après, 
quoi  la  réduction  fut  complétée  par  une  pression  de  bas  en  haut.  Les 
mésentères  de  Tintestin  grêle  et  du  c61on  ascendant  sont  fixés  ensemble 
avec  des  sutures  au  catgut  pour  prévenir  une  récidive.  Lavage  des  anses 
intestinales  avec  une  solution  saline  chaude.  Suture.  Guérison. 

2^  Garçon  de  six  mois,  vu  le  23  novembre  1903.  Hier,  à  quatre  heures- 
de  raprès-midi,  douleur  de  ventre,  cris,  vomissements;  à  sept  heures 
quarante  du  matin,  selles  sanglantes.  Opération  vingt-quatre  heures  et 
demie  après  le  début.  On  trouve  une  double  invagination  ;  iléon  dans 
niéon,  iléon  dans  le  cascum;  on  réduit  d*abord  cette  dernière,  puisTautre.. 
Guérison. 

S""  Garçon  de  sept  mois,  23  décembre  1903;  la  nuit  dernière,  à  onze 
heures,  réveil  en  sursaut,  cris,  vomissements.  Selles  sanglantes.  Opéra- 
tion dix-sept  heures  et  demie  après  le  début;  variété  iléo-cœcale,. 
réduction,  guérison-; 

4«  Garçon  de  onze  mois,  12  janvier  1904;  le  10,  à  neuf  heures  du  matin^ 
cris  ;  le  soir,  à  trois  heures,  vomissements  ;  hier  soir  seulement  selles- 
sanglantes.  Opération  cinquante  heures  après  le  début.  Variété  iléo- 
csecale.  Guérison; 

^^  Garçon  de  trois  mois,  23  février  1904.  A  neuf  heures  du  matin,  hier,, 
cris  de  douleur,  selles  sanglantes,  vomissements.  Opération  trente-six 
heures  et  quart  après  le  début.  Invagination  iléo-cœcale,  réduction.. 
Guérison  ; 

6*GaiH^n  de  quatre  mois,  7  mars  1904.  Hier,  à  neuf  heures  du  matin,  cris, 
vomissements;  l'après-midi,  selles  sanglantes.  Opération  trente-quatre 
heures  et  demie  après  le  début.  Invagination  iléo-cœcale.  Mort; 

7«  Garçon  de  deux  ans  neuf  mois,  21  mars  1904.  Opération  dix  heures 
et  demie  après  le  début;  invagination  iléo-cœcale.  Guérison. 

D'après  un  tableau  de  59  cas,  l'auteur  montre  que  les  enfants  sont  bien 
nourris  et  bien  portants.  On  compte  74,6  p.  100  de  garçons,  25,4  p.  100 
de  filles.  L*enfant  le  plus  jeune  avait  six  semaines;  il  y  a4  cas  au-dessus 
de  deux  ans  (deux  ans  et  demi,  deux  ans  trois  quarts,  trois  ans,  sept  ans). 
Au-dessous  de  quatre  mois,  il  y  a  6,8  p.  100  des  cas,  62,7  p.  100  entre 
quatre  et  sept  mois,  20,3  p.  100  entre  huit  et  douze  mois,  3,4  p.  100  entre 
un  et  deux  ans,  6,8  p.  100  au-dessus  de  deux  ans.  Il  y  a  eu  45,7  p.  lOO 
de  guérisons  et  54,3  p.  100  de  décès.  Aucun  des  cas  avec  résection  intesti-- 
nale  ne  guérit.  Dans  les  cas  guéris,  la  moyenne  du  temps  entre  le  début 
des  accidents  et  l'opération  a  été  de  vingt  et  une  heures;  dans  les  cas 
terminés  par  la  mort,  ti*ente-neuf  heures.  Parmi  les  enfants  opérés  dans- 
les  vingt-quatre  heures,  63,3  p.  100  ont  guéri  : 

Sur  27  cas  guéris,  10  ont  été  opérés  dans  les  10  heures. 


—           I? 

—                    18      — 

—               19 

—                   24      — 

—               24 

-                   86      — 

—                 8 

—      Après  36      — 

Des  81  cas  morts,    1 

fat  opéré  dans  les      10  heures 

—                  7 

—                  18      — 

—  12 

—  16 

—  24      — 

—  .^6      — 

1&  —       Après  30      — 


184  ANALYSES 

On  remarque  76,3  p.  100  de  la  forme  iiéo-cœcale  (avec  46,6  p.  100  de 
guérisons),  13,6  p.  100  de  cas  mixtes  entériques  et  iléo-caecaux  (avec 
50  p.  100  de  guérisons),  5  p.  100  de  la  forme  entérique  (pas  de  guérison), 
3,4  p.  100  de  la  forme  colique  avec  50  p.  100  de  guérisons. 

Cases  of  intassnsception  (Cas  d'invagination  intestinale),  par  le  D^  Johti 
Marnocu  {Tke  Scotl,  Med,^  etc.)  : 

1<^  Garçon  de  trois  ans  non  opéré,  rend  par  Tanus  son  boudin  invaginé 
et  guérit  (sept.  1902); 

2^  Garçon  de  dix  ans,  invagination  iléo-caecale,  opération  après  vingt- 
quatre  heures,  réduction  impossible.  Mort  ; 

3®  Garçon  de  treize  ans,  invagination  entérique,  durée  huit  jours, 
entérectomie.  Mort  ; 

4^  Garçon  de  trois  mois,  invagination  iléo-cœcale,  opération  dix-huit 
heures  après,  mort  dix  jours  après  (fistule  fécale  et  pneumonie)  ; 

5<^  Garçon  de  six  mois  ;  invagination  iléo-cœcale  ;  opération  douze  heures 
après.  Guérison  ; 

6°  Garçon  de  neuf  mois  ;  invagination  iléo-cascale  ;  opération  douze 
heures  après.  Guérison  ; 

1^  Garçon  de  cinq  mois,  invagination  iléo-o^cale;  opération  quinze 
heures  après.  Guérison  ; 

8<>  Garçon  de  quinze  mois  ;  invagination  iléo-cœcale  ;  opération  dixheures 
après.  Guérison  ; 

Le  D'  David  M.  Greig  (The  Scott.  Med,,  etc.,  août  1906) ,  sur  20  cas,  trouve 
autant  de  filles  que  de  garçons;  13  cas  au-dessous  d'un  an,  5  entra  un 
et  neuf  ans,  1  à  dix-huit,  ans,  1  à  soixante  et  un  ans.  Sur  ces  20  cas, 
10  moururent.  Il  faut  reconnaître  vite  l'invagination  intestinale  et  l'opérer 
aussitôt. 

Un  caso  de  abceso  cérébral  (Un  cas  d'abcès  cérébral),  par  le 
D^  Herrera  Vegas  (Rev.  de  la  Soc,  méd.  Argentinat  mai-juin  1906). 

Fille  de  douze  ans,  venant  de  Tucumàn,  entre  à  VHospital  de  Clinicas^  le 
6  juin  1905.  il  y  a  huit  mois,  en  jouant,  coup  de  pistolet  à  la  région 
frontale,  chute  avec  perte  de  connaissance,  hémiplégie  droite,  convul- 
sions, fièvre,  etc. 

L'enfant  ne  peut  marcher;  fistule  de  la  région  frontale,  avec 
suppuration.  Hémiplégie  spasmedique  à  droite,  incontinence  d'urine.  La 
radiographie  montre  le  petit  projectile  à  gauche  et  une  ombre  plus  éten- 
due  qui  décide  Tintervention. 

Une  incision  losangique  est  faite  le  8  juillet  1905  à  la  région  frontale  ;  on 
agrandit  l'ouverture  osseuse  ;  on  fait  une  craniectomie  large  à  la  manière 
de  Doyen.  Incision  de  la  dure-mère,  ponction  exploratrice,  issue  de  pus 
jaune;  le  bistouri  permet  de  retirer  100  grammes  de  pus;  drainage, 
suture.  L'examen  bactériologique  donne  le  streptocoque  pyogène.  On  n'a 
pas  pu  retirer  la  balle.  Néanmoins  guérison  complète. 

Des  rapports  histologiqaes  entre  la  mère  et  le  fœtus,  par  MM.  Briiideau 
et  Nattam-Larrier  (Journal  de  physiologie  et  de  pathologie  générale,  15  sept. 
1906). 

On  a  cru  longtemps  que  les  tissus  de  la  mère  et  ceux  du  fœtus  restaient 
séparés,  celuL-ci  se  développant  dans  l'utérus  comme  un  véritable  corps 
étranger.  L'œuf  pénètre,  par  effraction,  dans  l'épaisseur  même  de  la 
muqueuse  utérine  ;  dès  le  début  de  la  grossesse,  des  rapports  intimes 
s'établissent  entre  l'œuf  et  l'organisme  maternel. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  185 

Âa  niveau  des  lacs  sanguins  maternels,  Taxe  conjonctif  et  les  cavités 
vasculaires  de  la  villosité  fœtale  sont  séparés  des  milieux  maternels  par 
un  simple  revêtement  épithélial;  aussi  toute  altération  du  plasmode 
pourra-t-elle  livrer  passage  aux  leucocytes  ou  aux  microbes  du  sang 
maternel. 

Au  niveau  de  la  caduque,  des  formations  fibrineuses  parviennent,  en 
séparant  les  cellules  de  Langhans  des  cellules  déciduales  vraies,  à  élever 
unebarrière  entre  les  deux  organismes  ;  mais,  pendant  une  courte  période, 
il  y  a  eu  contact  immédiat  entre  les  éléments  fœtaux  et  maternels;  c*est 
alors  que  le  spirochœle  a  pu  passer  du  fœtus  à  la  mère.  On  peut  ainsi 
expliquer  la  syphilis  conceptionnelle  et  mieux  comprendre  certains  acci- 
dents de  la  syphilis  gravidique,  véritables  chocs  en  retour,  du  fœtus  à  la 
mère. 

Ueber  Lymphozytoae  der  Cerebrospinalflftssigkeit  bei  Kongenitaler 
Syphilis  and  ihre  diagnosUsche  Bedeatosg  (Sur  la  lymphocylose  du 
liquide  cérébro-spinal  dans  la  syphilis  congénitale  et  sa  valeur  diagnos- 
tique), par  le  D'  L.  Tobler  (Jahrb.  f.  Kinderheilk.,  1006). 

Dans  14  cas  de  syphilis  certaine  cliniquement  et  anatomiquement 
ou  au  moins  probable,  on  trouva  12  fois  une  forte  lymphocytose  du 
liquide  céphalo-rachidien,  c'est-à-dire  dans  85,7  p.  100  des  cas.  Une  fois  les 
résultats  furent  négatifs;  un  cas  donna  des  résultats  incertains.  On 
trouva  dans  5  cas,  sur  7  examinés,  une  augmentation  de  la  quantité 
dalbumine.  Donc  on  peut  ranger  parmi  les  symptômes  fréquents  de  la 
syphilis  héréditaire  des  modifications  caractéristiques  du  liquide  céphalo- 
rachidien;  mais  il  semble  qu'on  les  rencontre  un  peu  moins  souvent 
que  dans  la  syphilis  acquise,  à  en  juger  d'après  la  statistique  de 
Merzbach  (89,7  p.  100). 

Quelle  peut  être  la  valeur  diagnostique  de  ce  symptôme?  A  ce  point  de 
vue,  il  est  intéressant  de  noter  que,  dans  4  cas  sur  5,  où  le  diagnostic 
n'était  pas  bien  établi  cliniquement,  il  y  avait  une  forte  lymphocytose. 
De  plus,  parmi  les  cas  considérés  comme  syphilis  sûre,  il  y  en  avait  où  la 
réaction  était  positive  à  un  moment  où  manquaient  les  autres  symptômes, 
abstraction  faite  des  données  anamnestiques.  Ainsi,  dans  un  cas,  on  vit, 
après  une  cure  de  quatre  semaines  par  le  calomel,  une  forte  lymphocytose 
chez  un  enfant  ayant  Tair  bien  portant,  alors  que  seulement  un  léger 
ooiyza  pouvait  donner  le  soupçon  de  syphilis.  Deux  mois  après  cet 
eofant  mourait  avec  les  plus  graves  lésions  syphilitiques.  La  lympho- 
cytose traduit  généralement  des  lésions  méningées  de  nature  inflamma- 
toire. 

Ueber  iwei  atypische  Myxœdemiâlle  (Sur  deux  cas  atypiques  de  myxœ- 
dème),  par  le  D'  Berniieim-Karrer  {Jahrb,  f.  Kinder keilk,,  1906). 

On  a,  dans  ces  dernières  années,  distingué  deux  types  morbides  :  le  mon- 
golisme et  le  myxœdème.  Le  faciès  n'est  pas  le  même  dans  les  deux  cas, 
elle  traitement  thyroïdien,  souvent  si  cffîcacedans  le  myxœdème,  estsans 
action  dans  le  mongolisme.  La  dentition  retardée  dans  le  myxœdème  peut 
«tre  normale  dans  le  mongolisme.  Malgré  ces  différences,  le  diagnostic  est 
difticile  dans  les  cas  frustes.  Si,  dans  le  mongolisme,  il  manque  le  faciès 
typique,  le  strabisme  et  l'œil  en  amande,  on  peut  avoir  affaire  à  un  cas 
mixte,  comme  l'auteur  en  relate  un  exemple  chez  un  enfant  de  vingt  mois 
présentant  des  symptômes  myxœdémateux,  mais  qui  était  de  taille  nor- 
male et  qui  n'avait  pas  l'aspect  pâteux  du  faciès  des  myxœdémateux,  et 
chez  qui  la  thyroïde  ne  faisait  pas  défaut;  le  taux  de  l'hémoglobine  ne 


18C  ANALYSES 

s'élevait  qu*à  25  p.  100.  Ce  cas  était  donc  un  cas  mixte  de  myxœdèroe  et 
de  mongolisme.  Le  traitement  thyroïdien  avait  notablement  accéléré  la 
dentition,  comme  cela  ne  se  voit  pas  dans  le  mongolisme;  mais,  par  contre, 
Faction  sur  la  diminution  de  la  fontanelle  fut  nulle. 

Le  second  cas,  observé  chez  une  enfant  de  dix-sept  mois,  est  un  cas  de 
myœdème  et  rachitis.  Le  myxœdème  se  traduisait  par  Taspect  typique  du 
visage,  la  macroglossie,  la  hernie  ombilicale,  la  croissance  relardée  et  Tétai 
psychique  de  l'enfant.  11  était  difGcile  de  dire  si  la  béance  de  la  fontanelle 
et  Tabsence  des  dents  étaient  de  nature  rachitique  ou  myxœdémateuse  ; 
seul  un  traitement  thyroïdien  un  peu  prolongé  eût  pu  trancher  la  ques- 
tion. D'autre  part,  la  saillie  de  Tépiphyse  du  radius  et  des  cartilages  costaux 
étaient  de  nature  rachitique,  comme  Ta  prouvé  Texamen  histologique. 
La  radiographie  de  la  main  montrait  des  lésions  sûrement  rachitiques,  à 
savoir  que  l'extrémité  supérieure  du  métacarpe,  depuis  le  deuxième  jus- 
qu'au quatrième  métacarpien,  était  en  forme  de  sac  ou  de  cloche. 

Znr  familiâren  Hàalmig  der  Scharlachnephritia  (Sur  la  néphrite  scar- 
lalineuse  familiale), parle  D'  Fritz SpiELER(/aAr6.^.  Kinderheiik.,  1906). 

Les  observations  de  l'auteur  sur  la  scarlatine  familiale  ont  porté  sur 
83  familles  avec  186  enfants  malades.  Parmi  eux,  il  y  eut  48  familles  et 
103  enfants  entièrement  indemnes  de  néphrite,  tandis  que  dans  35  familles 
avec  83  enfants  malades  il  y  eut  51  cas  de  néphrite,  c'est-àniire  que,  dans 
22  familles  avec  49  petits  scarlatineux,  il  y  eut  1  seul  enfant,  et  dans 
13  familles  avec  34  malades  plus  de  1  (en  tout  29)  atteint  de  néphrite. 
Sur  ces  13  familles,  il  y  en  eut  10  avec  23  malades  où  on  vit  2  enfants  (en 
tout  20)  atteints  de  néphrite  et  3  avec  1 1  malades  où  il  y  eut  3  cas  de 
néphrite  (en  tout  9).  Dans  9  familles,  tous  les  enfants  (total  de  19)  atteints 
de  scarlatine  eurent  de  la  néphrite. 

Déjà  Tuch  avait  attiré  l'attention  sur  la  fréquence  assez  grande  de  cette 
néphrite  scarlatineuse  familiale.  La  cause  ne  i)eut  pas  en  être  cherchée 
dans  une  aptitude  particulière  du  virus  scarlatineux  à  provoquer  la 
néphrite,  mais  dans  une  moindre  résistance  du  rein,  laquelle  peut  être 
héréditaire  dans  beaucoup  de  familles. 

Beitrâge  mr  Kenntaiss  der  Langenentinndiingen  mit  intermittie- 
rendem  Fiebenrerlauf  (Contribution  à  l'étude  des  pneumonies  avec  fièvre 
intermittente),  parle  D'  Félix  v.  Szontagh  (Jahrb.  f,  Kinderheitk.,  1906). 

Dans  des  cas  rares  chez  l'enfant,  on  peut  voir  la  pneumonie  évoluer  avec 
une  courbe  de  lièvre  intermittente.  L'auteur  a  déjà  publié  un  cas  de  ce 
genre  ;  il  en  publie  ici  un  second,  avec  oscillations  entre  40  et  37«.  La 
maladie  dura  dix-huit  jours  et  se  termina  par  une  crise.  L'évolution  fut 
pour  ainsi  dire  saccadée. 

Enfin  l'auteur  apporte  des  cas  où  la  courbe  de  fièvre  rémittente  permit 
de  soupçonner,  en  l'absence  de  signes  nets  de  localisation,  une  infection 
pulmonaire.  11  s'agissait  là  d'une  broncho-pleuro-pneumonie  suppurée 
suite  de  trachéotomie.  Cette  infection  mortelle  évolua  en  douze  jours, 
d'abord  avec  fièvre  intermittente,  puis  rémittente,  indice  que  le  processus 
morbide  marchait  par  saccades.  Le  tableau  morbide  fut  celui  d'une  septi- 
cémie généralisée  avec  même  de  l'érythème. 


Ein  Beitrag  sur  kenntniss  der  Beschaffenheit  des  Urina  bei  der 
Rachitis  (Contribution  à  l'étude  de  l'urine  dans  le  rachitis),  par  le 
D'  Louis  Bs-iUMANN  (Jahrb.  f.  Kinderheilk,y  1906). 

Dans  tous  les  cas  examinés,  les  résultats  furent  identiques.  Jamais  on  ne 


THÈSES  ET  BROCHURES  187 

li-ouva  l*odeur  spéciale  de  Turine  donnée  comme  caractéristique  d'un 
processus  rachitique,  ni  on  ne  constata  une  urine  en  fermentation  ammo- 
niacale. Toujours  Turine  fraîche  était  acide.  Une  fois  seulement  elle  était 
alcaline,  mais  sans  odeur.  En  conclusion,  le  rachitis  ne  s'accompagne  pas 
d'augmentation  de  Texcrétion  ammoniacale  ;  par  conséquent  il  n'est  pas 
vraisemblable  d'admettre  une  excrétion  exagérée  des  acides. 

Uebar  die  Rhiniliden  der  Sàaglinge  (Sur  les  rhinites  des  nourrissons), 
par  le  D'  Frasz  von  Torday  {Jahrb.  f.  Kinderheilk.y  1906). 

L'auteur  a  vu  18  cas  de  rhinites  chez  le  nourrisson.  Les  faits  observés 
montrent  la  gravité  de  la  rhinite.  Dans  un  cas,  l'enfant  mourut  sans 
qa  une  autre  cause  pût  être  invoquée.  De  la  bronchite  surajoutée  gênait 
encore  la  respiration.  Cinq  jours  après,  un  nourrisson  de  la  même  salle 
tombe  malade  et  meurt  avec  les  mêmes  symptômes,  fièvre,  dyspnée, 
dysphagie.  A  l'autopsie,  pas  d'autre  cause  de  mort  que  la  rhinite. 

Le  mois  suivant,  un  nourrisson  vigoureux  de  trois  semaines  meurt  de 
la  même  façon.  Une  semaine  après,  un  autre  est  atteint  de  rhinite  suppurée 
et  meurt  avec  de  la  péritonite.  Dans  tous  ces  cas,  on  trouvait  dans  le  nez. 
du  streptocoque  virulent.  L'auteur  a  vu  aussi  se  développer  une  vraie 
endémie  de  rhinites,  avec  deux  morts,  dont  uuq^  de  bronchopneumonie. 
Toujours  on  trouvait  le  streptocoque.  L'auteur  a  obtenu  de  bons  résultats 
avec  le  traitement  surrénal  (tonogène  Richter  en  applications  locales). 

BeeiniQaasiingvon  InfekUoiiBkrankheitendiirchTaccinatiGii  (Influence 
de  la  vaccination  sur  les  maladies  infectieuses),  par  le  D*"  P.-V.  Jeziekski 
i Jahrb,  f.  Kinderheilk.,  1906). 

A  ce  point  de  vue  ont  été  étudiés  38  malades  dont  22  scarlatineux, 
10  tuberculeux,  5  typhiques,  1  lépreux. 

Chez  les  scarlatineux,  on  observa  chez  certains  un  peu  de  fièvre  avec 
une  température  entre  38  et  39<^,3,  mais  sans  réaction  locale  anormale. 
Chez  10  d'entre  eux,  l'évolution  fut  tout  à  fait  normale.  Dans  un  cas,  on 
nt  un  exanthème  diffus  ou  par  îlots,  donnant  l'idée  d'une  récidive  de 
scarlatine,  et  une  angine  à  strepto  et  staphylocoques.  Dans  un  autre  cas, 
on  vit  survenir  des  modifications  passagères  de  l'urine  (urine  foncée,, 
globules  rouges,  peu  d'albumine). 

Chez  un  autre,  on  vit  un  abcès  profond,  bien  limité,  lent  à  guérir,  se- 
développant  au  niveau  d'une  croûte  vaccinale. 

Sur  huit  tuberculeux,  on  ne  vit  que  chez  l'un  d'eux  des  phénomènes^ 
anormaux,  locaux  et  généraux  chez  un  homme  de  vingt-neuf  ans,  non 
inoculé  ;  il  est  vrai  que  simultanément  il  était  tuberculinisé. 

Chez  les  typhiques,  la  vaccination  ne  semble  pas  influencer  la  maladie. 

Chez  un  lépreux,  on  trouva  dans  le  liquide  des  pustules  des  bacilles 
typiques  de  la  lèpre.  Ce  fait  contraste  avec  l'absence  des  bacilles  spéci- 
tiques  dans  la  tuberculose  et  la  fièvre  typhoïde. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

Pemphigas  congénital  A  kystes  épidermiques,  par  le  D'  Ë.  Grandjean- 
BiuRD  {Thèse  de  PariSy  juillet  1906). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Gaucher,  expose  en  détail  ou  résume 
58  observations.  Il  semble  que  le  pemphigus  congénital  à  kystes  épider- 
miques (épidermolyse  huileuse  de  forme  dystrophique)  et  le  pemphigus 
héréditaire   traumatique  simple  (épidermolyse    huileuse    traumatique 


i88  ANALYSES 

simple)  forment  deux  entités  morbides  distinctes.  Dans  cette  dernière, 
rhérédité  joue  un  rôle,  dans  Taulre  non.  Dans  Tépidermolyse  trauma- 
tique  simple,  l'état  général  est  bon,  les  sujets  sont  vigoureux,  leur 
maladie  s'atténue  avec  Tàge  et  peut  quelquefois  guérir.  Dans  l'épider- 
molyse  dystrophique,  les  sujets  sont  chétifs,  Tétat  général  est  médiocre, 
Tatténuation  avec  Tàge  laisse  persister  les  stigmates.  Dans  la  première, 
les  bulles  sont  exclusivement  traumaliques  et  se  voient  là  où  les  trauma- 
tismes  ont  porté,  surtout  à  la  plante  des  pieds  et  à  la  paume  des  mains  ; 
des  frottements  légers,  des  pressions  suffisent  pour  les  produire  ;  dans  la 
seconde,  il  y  a  des  bulles  spontanées  et  des  bulles  traumatiques,  des 
dystix)phies  unguéales,  des  cicatrices  et  atrophies  cutanées,  des  kystes 
épidermiques  ;  les  bulles  occupent  surtout  le  plan  d'extension  des 
membres  (articulations,  extrémités). 

Sans  méconnaître  la  valeur  de  ces  distinctions,  il  faut  avouer  qu'elles 
ne  sont  pas  basées  sur  des  caractères  essentiels  et  fondamcnteux.  Il  y  a 
encore  place  pour  le  doute  et  pour  Tincertitude. 

Recherches  sur  le  diagnostic  de  la  bronche  pneumonie  tohercnlease, 

par  le  D'  G.  Mouriquasd  (Thèse  de  Lyon,  1906,  200  pages). 
.  Cette  thèse,  inspirée  par  le  D'  Weill,  contient  190  observations.  £lle 
établit  que  la  bronchopneumonie  tuberculeuse  est  la  forme  de  tubercu- 
lose la  plus  fréquente  dans  la  première  et  la  deuxième  enfance.  Mais  il 
est  difficile  de  la  différencier  de  la  bronchopneumonie  simple.  Pour 
M.  Weill,  il  faut  tenir  compte  du  caractère  de  finesse  des  rédes  et  de 
Tabsence  de  râles  de  grosse  bronchite.  La  localisation  du  foyer  aux  bases 
est  la  plus  fréquente.  La  localisation  au  sommet  n'est  pas  caractéristique 
de  la  bronchopneumonie  tuberculeuse.  Le  début  est  celui  d'une  broncho- 
pneumonie banale,  les  signes  caractéristiques  ne  s'installant  que  du 
douzième  au  quinzième  jour.  Il  y  a  dissociation  entre  les  signes  stélho- 
scopiques  et  les  symptômes  généraux. 

Au  cours  de  la  première  enfance,  la  courbe  de  la  température  tend 
vers  Tapyrexie.  Dans  la  seconde  enfance,  elle  prend  les  allures  de  la 
fièvre  tuberculeuse. 

Pour  Weill,  les  ganglions  périphériques  n'ont  de  valeur  séméiologique 
que  s'ils  sont  un  peu  gros,  réniformes,  un  peu  mous.  Les  petits  ganglions 
en  grains  de  plomb  se  rencontrent  en  dehors  de  la  tuberculose.  Les 
gommes  sous-cutanées  ont  une  plus  grande  valeur.  Albuminurie  rare. 
Assez  souvent,  gros  foie,  grosse  rate. 

A  l'autopsie,  lésions  de  bronchopneumonie  antérieure,  adénopathie 
caséeuse  péri-bronchique  ;  inoculation  du  poumon  par  les  ganglions 
caséeux,  rareté  des  ganglions  caséeux  mésentériques. 

Le  diagnostic  doit  reposer  sur  la  clinique  plus  que  sur  le  laboratoire. 
Car  la  tuberculine,  le  séro-diagnostic,  la  bacillémie  n'indiquent  pas  la 
localisation  que  les  signes  stéthoscopiques  seuls  mettent  en  relief. 

Un  hôpital  d'enfants  en  1906,  par  le  D'  R.  Hays  {Thèse  de  Paris, 
12  juillet  1906,  98  pages). 

Cette  thèse  a  été  inspirée  par  M.  Lesage,  médecin  de  l'hôpital  Héix>ld 
rajeuni  et  transformé.  £lle  part  de  cet  axiome:  les  maladies  d'enfants 
sont  pour  la  plupart  contagieuses,  quoiqu'on  ne  connaisse  lagent  pa- 
thogène que  pour  quelques-unes.  Il  faut  donc  lutter  contre  la  contagion. 
On  a  eu  recoui's  à  l'antisepsie  et  à  l'isolement.  L'antisepsie  est  insufli- 
santé,  l'isolement  doit  être  perfectionné. 

La  contagion   intérieure  est  due   aux  malades    en    incubation    de 


r 


THÈSES   ET   BROCHUnES  189 

rougeole,   coqueluche,  etc.  II  en  résulte  que  la  salle  commune  est  un 
foyer  permanent  d'épidémies  plus  ou  moins  graves. 

Quant  à  Tisolement  en  commun  des  rougeoleux,  coquelucheux,  même 
dans  des  salles  de  8  à  10  lits,  il  favorise  Tapparition  des  complications. 
Donc  il  faut  préconiser  l'isolement  cellulaire  (hôpital  Pasteur), 
('ependant  les  boxes  des  pavillons  de  douteux,  moins  chers,  sont 
suffisants. 

Les  crèches,  leur  passé,  leur  présent,  leur  avenir,  par  le  D^  R.  Des- 
WARTE  [Thèse  de  Paris,  4  juillet  1906,  170  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  professeur  Lemière  (de  Lille),  est  une  étude  i 

très  documentée  de  cette  question   toujours  actuelle  des  crèches.  Les  ^ 

crèches,  que  beaucoup  attaquent  avec  acharnement,  étaient  incontesta- 
blement un  progrès  sur  les  garderies  d'autrefois.  Mais  elles  offrent  les 
dangers  de  toute  agglomération  d'enfants.  On  les  a  accusées  encore  de 
favoriser  l'abandon  de  l'allaitement  maternel  ;  cet  abandon,  auquel  elles 
remédient  de  leur  mieux,  n'est  pas  leur  fait,  mais  celui  des  conditions 
sociales. 

Les  crèches  industrielles  ou  nourriceries  industrielles  ont  eu  pour  but  de 
combler  une  lacune  des  anciennes  crèches  en  favorisant  l'allaitement 
maternel  ;  elles  sont  en  effet  tout  près  de  la  mère,  dans  l'usine  où  elle 
travaille.  Aloi*s  on  a  vu,  dans  ces  crèches  du  Nord,  la  mortalité  être 
moins  élevée  pour  les  enfants  des  mères  qui  travaillent  à  l'usine  que 
pour  ceux  des  mères  sans  profession  de  la  même  ville.  11  faut  donc 
souhaiter  la  généralisation  de  ces  noumceries  industrielles. 

Présenralion  des  noarrices  et  des  nourrissons  contre  la  syphilis,  par 
le  D'  Désomieaux  (Thèse  de  Paris,  13  juin  1906, 88  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Pinard,  reflète  l'enseignement  de  ce  maître. 
Elle  conclut  en  recommandant  :  l'*  comme  moyens  prophylactiques 
généraux,  tout  ce  qui  favorisera  l'allaitement  maternel,  tout  ce  qui  ins- 
truira sur  les  dangei*^  de  la  syphilis  et  son  mode  de  propagation  par 
lallaitement ;  2^  comme  moyens  prophylactiques  spéciaux,  traiter  les 
parents  avant  la  procréation  et  pendant  la  grossesse,  les  instruire  sur  les 
dangera  présentés  par  ]eui*s  enfants  pour  un  sein  autre  que  le  sein 
maternel.  Aux  parents  qui  désirent  placer  un  enfant  en  nourrice 
au  sein,  il  faut  demander  un  certificat  médical  garantissant  la  nourrice 
contre  tout  risque  d'affection  contagieuse  pouvant  lui  être  transmise  par  le 
nourrisson.  Le  fait  d'exposer  sciemment  une  nourrice  à  la  contagion  par 
1  allaitement  doitêtreassimilé  à  un  délitet  poursuivi  correctionnellement. 
il  faut  demander  qu'une  loi  assimile  la  syphilis  transmise  parle  nourris- 
son à  un  accident  du  travail. 

Il  faut  aussi  protéger  les  nourrissons.  Toute  nourrice  venant  de  quitter 
un  nourrisson  et  voulant  se  replacer  se  munira  d'un  certificat  médical 
attestant  que  l'enfant  qu'elle  vient  de  quitter  n'était  pas  contagieux. 
Toute  nourrice  non  pourvue  de  ce  certificat  médical  ne  pourra  se  replacer 
nouiTice  au  sein  avant  deux  mois. 

Le  panaris  des  nouTean-nés,  par  le  D''E.  A.  Galibert  [Thèse  de  Paris, 
"juin  1906,  74 pages). 

Ciette  thèse,  inspirée  par  M.  Rrindeau,  contient  26  observations.  Elle 
montre  que  le  panaris  des  nouveau-nés  est  plus  fréquent  qu'on  ne 
pen<ie.  Deux  causes  interviennent  :  une  prédisposante,  la  desquamation 
épidermique  des  premiers  jours  de  la  naissance  ;  une  déterminante,  Tinfec- 


190  ANALYSES 

tion  siaphylococcique.  En  général,  ce  panaris  évolue  sous  la  forme  de 
toumiole,  qui  débute  vers  le  onzième  jour  et  présente  une  éTolution 
rapide  autant  que  bénigne.  Cependant  la  toumiole  des  nouveau-nés  peut 
se  compliquer  d'accidents  plus  ou  moins  graves,  localisations  secondaires 
du  staphylocoque  ou  infections  streptococciques  associées,  conjonctivite, 
galactophorite  maternelle,  impétigo,  érjsipèle. 

Diagnostic  très  facile  ;  il  est  rare  qu'on  puisse  confondre.ee  panaris  a\ec 
Tonyxis  syphilitique  ou  le  pemphigus. 

Le  traitement  doit  être  préventif:  éviter  les  tiraillements  de  Tépiderme 
péri-unguéal  ;  brassières  à  manches  longues  recouvrant  les  mains.  Irai- 
tementcuratif  par  une  pommade  antiseptique  et  un  pansement  occlusif. 

L'énantlièaie  de  la  rongeole,  par  le  ly  Coué^on  {Thèse  de  Paris,  13  juin 
1906,  64  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  >I.  Comby,  contient  12  observations  ;  Tauteur 
aurait  pu  en  citer  davantage  à  l'appui  de  ses  conclusions.  L'énanthème 
de  la  rougeole  est  la  localisation  sur  les  muqueuses  de  l'éruption  morbil- 
leuse.'  Comme  cet  enanthème  précède  habituellement  Texanthème,  il 
peut  servir  au  diagnostic  précoce  de  la  maladie.  11  se  manifeste  par  le 
catarrhe  oculo-nasal  sur  les  muqueuses  pituilaire  et  conjonctivale.  Sur 
l'intestin,  il  se  traduit  par  la  diarrhée.  On  a  cherché,  sur  la  muqueuse 
buccale,  les  manifestations  caractéristiques  de  cet  enanÙième.  Le  pointillé 
du  voile  du  palais,  quand  il  existe,  a  une  grande  valeur.  La  stomatite 
érythémato-pultacée  de  Comby  est  pour  ainsi  dire  constante.  Les  taches 
de  Koplik  ne  sont  pas  constantes,  et  leur  recherche  est  diflicile. 
D'ailleurs  elles  font  partie  de  Ténanthème  général  de  la  bouche,  n'étant 
qu'une  simple  localisation  à  la  face  interne  des  joues. 


Institnciones  de  Beneflcencia  contra  la  mortalidad  infantîl  en  Paris  j 
en  Berlin  (Institutions  de  bienfaisance  contre  la  mortalité  infantile  à  Paris 
et  à  Berlin),  par  la  D***  £.  Quezaoa  Agharav  {Brochure  de  52  pages,  San- 
tiago de  Chili,  1906,  Imprimerie  Cervantes). 

Mme  la  D"*  Quezada,  envoyée  en  mission  par  le  Patronage  de  Tcti- 
fance  du  Chili,  a  visité  les  principales  institutions  de  bienfaisance  contre 
la  mortalité  infantile,  à  Paris  et  à  Berlin.  Dans  son  rapport  fort  intéres- 
sant, nous  trouvons  successivement  exposées  les  Consultations  de  nourris- 
sons et  Gouttes  de  lait,  la  Pouponnière  de  Versailles,  avec  leurs  pendants  en 
Allemagne,  la  Kindersehutzverein  de  Berlin,  la  Sàuglingsheim,  la  Bouchée 
de  pain  de  Paris,  la  Volkskûchen  de  M"«  Morgenstern  à  Berlin. 

L'auteur  insiste  beaucoup  sur  les  détails  d'organisation  et  montre  un 
esprit  pratique  très  avisé. 

Les  colonies  de  yacancea,  par  le  D'  A.  DESDOurrr  {Thèse  de  Paris, 
17  mai  1906,  236  pages). 

La  tuberculose  de  l'adulte  n'est  bien  souvent  qu'une  tuberculose  infan- 
tile prolongée.  C'est  donc  surtout  dans  l'enfance  que  la  prophylaxie  sera 
utile.  C'est  la  vie  dans  des  habitations  surpeuplées,  contaminées,  sans 
air  et  sans  lumière,  qui  engendre  la  tuberculose.  En  attendant  qu'on 
puisse  assainir  les  habitations,  on  devra  favoriser  les  œuvres  qui  ont  pour 
but  de  pi*ocurer  à  l'enfant  des  villes  un  séjour  plus  ou  moins  prolongé  à  la 
campagne,  à  la  mer,  à  la  montagne.  L'idéal  serait  de  faire  profiter  cha- 
que enfant  d'un  séjour  prolongé  à  la  campagne,  dans  une  maison  choisie 
comme  M.  Grancher  l'a  réalisé  dans  son  œuvre.  Mais  cela  n'est  possible 
que  pour  un  petit  nombre  d'enfants.  Force  est  bien  de  se  contenter  d'un 


LIVRES  191 

séjour  de  trois  semaines  au  grand  air,  ou  même  parfois  d'une  journée  par 
semaine  dans  les  bois  suburbains. 

II  faut  aussi  multiplier  les  espaces  libres,  les  jardins  publics  dans  les 
grandes  villes,  encourager  la  création  des  jardins  ouvriers,  etc.  Toutes 
les  œuvres  de  colonies  de  vacances  signalent  les  bons  effets  du  séjour  au 
grand  air  :  augmentation  de  poids,  de  taille,  de  périmètre  thoracique. 
Pour  que  les  colonies  de  vacances  donnent  tous  leurs  effets  hygiéniques, 
il  est  nécessaire  que  le  médecin  joue  un  l'Ole  important  dans  le  choix 
des  enfants  et  du  lieu  de  séjour,  ainsi  que  dans  la  surveillance  des 
colonies.  Outre  leur  importance  hygiénique,  les  colonies  de  vacances 
ont  des  résultats  moraux  et  sociaux  qui  ne  sont  pas  négligeables. 

De  rosiéomyélita  de  rextrémité  inférieure  du  radias,  par  le  D' Ë.  Del- 
FossE  (Thèse  de  Paris,  23  mai  1906, 104  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Kirmisson,  contient  26  observations.  Elle 
montre  que  Textrémi  té  inférieure  du  i*adius  est,  au  membre  supérieur,  un 
lieu  d  élection  pour  Tostéomyélite  ;  il  y  a  là  en  effet  une  épiphyse  très 
fertile,  et  un  os,  le  radius,  très  exposé  à  la  fatigue;  ce  sont  des  conditions 
favorables  à  la  production  de  Tostéomyélite.  Le  radius  gauche  est  plus  sou- 
vent atteint  que  le  droit  :  10  cas  d'ostéomyélite  du  radius  gauche,  8  du  droit, 
6  non  indiqués.  Comme  complications,  on  a  rarement  à  compter  avec 
larthrite  du  poignet,  car  la  synoviale  n*a  rapport  que  sur  un  point  avec 
le  cartilage  de  conjugaison.  Les  lésions  osseuses  peuvent  atteindre  Tépi- 
physe  et  rester  localisées.  Décollement  épiphysaire  assez  rare,  fractures 
plus  rares  encore.  Comme  déformations  consécutives,  il  faut  signaler 
les  déviations  de  la  main  ;  main  bote  cubitale,  main  bote  radiale. 


LIVRES 

Traité  de  thérapeutique  orthopédique,  par  le  D'  Ducroquet  (vol.  de 
3S4  pages,  Paris,  1906,  J.  Roussel,  éditeur.  Prix  :  15  francs). 

Dans  ce  livre,  illustré  de  347  figures  dans  le  texte,  le  D**  Ducroquet 
expose  surtout  la  technique  des  appareils  qu'il  a  inventés  ou  perfectionnés 
pour  le  traitement  orthopédique  des  tuberculoses  osseuses.  Dans  le 
livre  I,  il  étudie  révolution  des  tuberculoses  osseuses,  les  principes 
généraux  des  appareils,  la  technique  générale  de  Tappareil  plâtré.  Le 
livre  il  est  consacré  au  mal  de  Pott,  le  livre  111  à  la  tuberculose  du  pied, 
le  livre  iV  à  la  tuberculose  du  genou,  le  livre  V  à  la  coxalgie.  Grâce  à  la 
profusion  des  gravures,  le  lecteur  suit  assez  bien  les  descriptions  de  l'au- 
teur, et  tout  médecin  praticien  peut  faire  des  appareils  plâtrés  en  se 
guidant  sur  les  procédés  techniques  exposés  dans  ce  livre.  En  résumé, 
ouvrage  très  pratique  et  d'une  incontestable  utilité  dans  un  domaine  très 
ardu  et  insuffisamment  e.xploré  par  la  généralité  des  médecins. 

Verhandlungen  der  dreiundzwanzigsten  Versamuilung  der  Geaell- 
schaft  fur  Kinderheilkunde  (Comptes  rendus  de  la  23<'  réunion 
de  la  Société  de  pédiatrie),  par  le  D'  Paul  Selter  (vol.  de  304  pages, 
Wiesbaden,  1907). 

Ce  volume  contient  les  communications  et  discussions  présentées  à 
Stuttgart  (septembre  1906),  à  la  section  de  médecine  des  enfants  de 
]\\ssemblée  des  naturalistes  et  médecins  allemands. 

Parmi  les  notes  les  plus  intéressantes,  nous  citerons  :  Isolement  dans  les 
hôpitaux  d'mfants  (Ëscherich)  ;  Ration  alimentaire  de  l'enfant  au  sein  dans 


192  NOUVELLES. 

les  quatre  premiers  mois  (Siegert);  Rougeole  dts  nourrfssons  (Hutzler); 
Variations  du  sang  suivant  l'âge  des  enfants  (Feer)  ;  Résorption  de  ralbu- 
mine  chéx  le  nourrisson  (Hamburger)  ;  Étioiogie  des  troubles  disgestifs  du 
nourrisson  (Finkelstein);  Teneur  en  graisse  du  eolostrum  (Hohlfeld)  ;  Vacci- 
nation sous-cutanée  (Knœpfelmacher)  ;  Maladie  de  Hirschsprung  (Bemheim- 
Karref);  Hypertrophie  du  cœur  dans  le  premier  d{7tf  (Oberndorfer)  ;  Rachi- 
tisme chez  le  chien,  le  lièvre  et  le  chevreuil  (Hoiz);  Spasme  du  pylore  (Heu- 
bner);  Albuminurie  orthostatique  (^eyher),  eic.  D'aulres  communications 
ont  été  faites  par  MM.  Léo,  Wieland,  Ludwig,  F.  Meyer,  Hans  Rietachel, 
Schlesinger,  v.  Pirquet,  Thiemich,  UfTenheimer,  Draseke,  Ollo  Rommel, 
Selter,  Schaps,  Tobler,  Camerer,  Moro,  Langsteio,  Salge. 

NOUVELLES 

(Soloniesde  yacances  à  Buenos  Aires.  —  Le  0^  Pirân,  propriétaire  dans 
la  province  de  Buenos  Aires,  a  offert  au  président  du  Conseil  national 
d'éducation  de  loger  et  nourrir,  pendant  les  mois  d'été,  30  à  40  enfants 
pauvres  et  débiles  désignés  par  les  autorités  scolaires  avec  un  maître  pour 
les  accompagner.  Chaque  mois,  la  même  quantité  d'écoliers  peut  se 
renouveler,  ce  qui  pour  la  saison  fait  un  total  de  100  à  120  enfants.  On  ne 
peut  qu'applaudir  une  générosité  aussi  intelligente  et  aussi  pratique. 

Société  italienne  de  Pédiatrie.  —  Le  sixième  Congrès  national  italien  de 
pédiatrie,  organisé  par  la  Société  italienne  de  pédiatrie,  aura  lieu  celte 
année  à  Padoue.  Cette  ville  possède  depuis  vingt-cinq  ans  une  chaire 
de  pédiatrie,  la  première  en  date  du  royaume.  Elle  méritait  donc  d'être 
choisie  comme  siège  du  Congrès.  Comité  local  :  D^  Vitale  Tedeschi,  prési- 
dent; I>  Stoppato  trésorier;  D**  Orefice,  secrétaire. 

Nécrologie.  —  Nous  avons  le  profond  regret  d'annoncer  la  mort,  à 
soixante  ans,  du  D*"  P.  Bcdin,  professeur  de  clinique  obstétricale  à  la 
Faculté  de  Paris,  bien  connu  dans  le  monde  de  la  pédiatrie  par  ses  belles 
recherches  sur  l'alimentation  des  nourrissons. 

C'est  lui  qui,  le  premier,  en  France,  institua  les  gouttes  de  lait  avec 
consultation  de  nourrissons  (Hôpital  de  la  Charité,  1892). 

Depuis  cette  époque,  il  s'était  dévoué  entièrement  à  c^tte  œuvre,  avait 
fondé  avec  Strauss  la  Ligue  contre  la  mortalité  infantile,  et  se  prodiguait 
sans  compter  (brochures,  réunions,  conférences),  pour  répandre  dans 
notre  pays  et  au  delà  les  œuvres  similaires.  Appelé  à  Marseille  pour  une 
conférence  de  ce  genre,  c'est  là  qu'il  a  été  atteint  brutalement  d'une 
pneumonie  mortelle.  On  peut  dire  qu'il  meurt  au  champ  d'honneur. 

Nous  avons  également  le  regret  d'apprendre  la  mort  de  M*"*  ârcoam- 
BAULT,  veuve  du  médecin  de  l'hôpital  des  Enfants-Malades  et  belle-mère 
de  notre  collègue  le  D'  Sevestre,  auquel  nous  adressons  nos  sincères  con< 
doléances. 


Le  gérant  : 

P.  BOUCHEZ. 


4976-07.  —  CoRBiur^  Imprimerie  Éo.  Cmtrt. 


10*  Année  Avrtl   1907  N*  4 


MEMOIRES  ORIGINAUX 

.       .  .  •  .       I' 


VII 


»' 


ENTÉRITES  ET  APPENDICITE  CHEZ  LESENFANTB 

Par  !•  Of  J.  GOMBT. 

•  '  •  ,      .-  ■.'••' 

Les  entérites  de  l'enfance  jouent  un  rôle  capital  dans  rétto- 
.  logie  de  Tappendicite.  L'appendice  en  effet  n  est  qu'un  diver- 
ticulede  Tintestin  ;  solidaire  de  cet  organe,  il  éprouve  le  con- 
trecoup de  toutes  ses  souffrances.  Ce  qae  la  raison   faisait 
prévoir  est  confirmé  chaque  jour  par  la  clinique. 

Remontant  dans  les  antécédents  des  enfants  qui  souffrent 
d'appendicite  aigué  ou  qui  présentent  les  troubles  vagues  de 
l'appendicite  chronique,  on  découvre  les  phases  plus  Ou  moins 
ignorées  d'une  inflammation  du  tube  digestif:  gastro-entérites 
aigués  ou  chroniques,  entérites  subaiguës,  entéro-colites. 

On  ne  saisit  pas  toujours  le  lien  qui  rattaché  l'appendicite 
actuelle  àTentérite  ancienne,  parce  qu'on  éprouve  souvent  de 
réelles  difficultés  àdécouvrîr  l'appendicite  chronique.  Le  jour 
où  l'on  saura  reconnaître  pendant  la  vie  les  petites  lésions 
appendiculaires,  la  question  aura  fait  un  grand  pas. 

L'appendice  peut  être  malade  depuis  longtemps,  gonflé, 
congestionné,  induré,  oblitéré,  lésé  profondément  dans  sa 
couche  lymphoïde,  sans  donner  lieu  à  des  symptômes  locaux 
suffisants  pour  le  diagnostic.  La  crise  aiguë,  qui  viendrait  lever 
les  doutes,  peut  se  faire  attendre  longtemps,  ou  même  man- 
quer, et  alors  le  diagnostic  n'est  pas  posé.  Le  chiffre  des  ap- 
pendicites chroniques  reconnues  et  déclarées  est  très  inférieur 
à  celui  des  appendicites  chroniques  existantes. 

Un  bon  nombre  de  ces  appendicites  guérissent  peu  à  peu, 
spontanément  ;  les  autres  aboutissent  aux  épisodes  aigus  qui 
les  dénoncent  bruyamment,  ou  sont  découvertes  par  lesmédo- 

Akch.  db  médbc.  dbh  bupants,  1907.  X.  —  13 


194  J.    COMBY 

cins  et  les  chirurgiens  qui  les  cherchent.  11  n  est  pas  superflu 
de  souligner  ce  dernier  point  ;  pour  reconnaître  l'appendicite 
chronique,  il  faut  la  poursuivre  de  recherches  attentives,  ré- 
pétées, acharnées.  Tel  malade  ne  présente  absolument  rien  à 
un  premier  examen  qui,  six  mois,  un  an  plus  tard,  aura  nette- 
ment le  point  de  Mac  Bumey.  Cela  ne  veut  pas  dire  que  lap* 
pendice  n'était  pas  déjà  malade  la  première  fois,  mais  seule* 
ment  qu'il  n'était  pas  douloureux.  L'appendicite  chronique 
existait  déjà,  elle  s'accusait  par  des  troubles  de  la  santé  géné- 
rale, par  l'anémie,  l'amaigrissement,  ladyspepsie,etc.  Mais  elle 
n'avait  pas  fait  encore  assez  de  progrès  pour  être  perceptible 
à  la  palpation. 

L'appendicite  est  une  maladie  essentiellement  chronique, 
qu'on  peut  considérer  comme  une  localisation,  une  séquelle 
des  irritations,  infections,  intoxications  du  tractus  intesti- 
nal. Parmi  ees  toxi-infections  intestinales,  il  n'en  est  pas  chez 
l'enfant  qui  expose  plus  à  l'appendicite  que  l'entéro-colite 
muco-membraneuse.  A  cela  nous  trouvons  deux  raisons  : 
l""  l'appendice  fait  en  quelque  sorte  partie  du  côlon,  et  il  serait 
extraordinaire  qu'il  échappit  aux  inflammations  d'un  organe 
dont  il  n'est  que  le  prolongement  ;  2**  l'entéro-colite  de  l'en- 
fance est,  plus  que  celle  de  l'adulte,  une  infection  aiguë  por- 
tant sur  l'appareil  lymphoïde  du  gros  intestin,  d'où  le  nom 
d'eniérite  folliculaire  usité  en  Allemagne.  Cette  infection  me- 
nace directement  l'appareil  folliculaire  de  l'appendice.  Colite 
folliculaire,  appendicite  folliculaire,  ces  deux  termes,  en  mé- 
decine infantile  tout  au  moins,  sont  quasi-synonymes  et  ne 
représentent  qu'une  même  maladie  en  deux  localisations  dif- 
férentes. 

Je  suis  pour  ma  part  très  surpris,  non  pas  qu'il  y  ait  de  l'ap- 
pendicite chez  beaucoup  d'enfantsayant  souffert  d'entéro-coUte, 
mais  qu'il  n*y  en  ait  pas  chez  tous.  Il  est  vrai  que  l'appendicite 
peut  exister  sans  entéro-colite  nette  ;  mais,  si  l'on  voulait  tenir 
compte  de  tous  les  cas,  on  verrait  que  l'entéritea  présidé  bien 
plus  souvent  qu'on  ne  le  croît  à  la  naissance  de  l'appendicite. 
L'entérite  est  mal  dessinée;  elle  existe  néanmoins  sous  forme 
de  digestions  pénibles,  de  dyspepsie  flatulente  et  de  ces  con- 
stipations opiniâtres,  si  proches  de  l'entéro-colite,  dont  elles 
sont  le  prélude  habituel  Dire  que  les  enfants  atteints  d*ap- 
pendicite  ont  été  depuis  longtemps  constipés,  cela  revient  à 
dire  à  peu    près  qu'ils  ont  de  lentéro-colite  chronique.   En 


ENTÉRITES   ET  APPENDICITE  CHEZ  LES   ENFANTS  195 

tout  cas,  cette  constipation  favorise  la  congestion,  l'intoxication 
etrinfectîon  de  l'appendice.  A  la  constipation  d'ailleurs  vien- 
nent souvent  s'ajouter  les  sécrétions  glaireuses,  membraneuses 
purulentes  et  sanglantes,  qui  attestent  la  colite. 

Sans  parlerde  ces  ébauches  d'entéro-colite,  qui  figurent  dans 
ma  statistique  de  70  appendicites  chroniques  au  moins  26  fois, 
j'ai  relevé  iSfois  des  crises  nettes  d'entéro-colite  muco-mem- 
braneuse.  Quant  aux  végétations  adénoïdes,  latentes  et  mani- 
festes, qui  précèdent  si  souvent  l'entéro-colite,  leur  présence 
est  signalée  au  moins  14  fois.  Dans  ces  14  cas,  elles  avaient  été 
assez  grosses  et  gênantes  pour  nécessiter  Tinterventioii  chi- 
rurgicale. Mais  elles  existent  bien  plus  souvent. 

L'adénoïdite  semble  jouer  un  rôle  très  important  dans  la 
production  de  l'appendicite.  Rhino-pharyngite  et  adénoïdite, 
entéro-colite  muco-metnbraneuse  et  appendicite  peuvent  être 
considérées,  dans  beaucoup  de  cas,  comme  des  étapes  succès- 
siyes  de  la  même  maladie  infectieuse.  L'infection  commence 
par  le  rhino-pharynx,  continue  dans  l'intestin  et  finit  par 
l'appendice. 

Les  sécrétions  purulentes  etseptiques  élaborées  par  le  tissu 
lymphoïde  du  pharynx  sontincessammentdégluties;  comment 
n'entralneraient-elles  pas  à  la  longue  la  gastro-entérite,  l'en- 
téro-côlite  et  enfin  l'appendicite  ? 

D'ailleurs  la  structure  lymphoïde  de  l'appendice  le  rapproche 
singulièremeïit  des  amygdales  palatines  et  pharyngées. 

La  plupart  des  médecins  d'enfants,  pour  ne  pas  dire  tous, 
sont  convaincus  de  l'existence  de  ces  associations  anato- 
mo-cliniques,  dont  je  vais  résumer  quelques  cas  réceùts,  après 
ceux  qui  ont  été  rapportés  de  différents  côtés  par  Triboulet, 
Gallois,  Delacour,  Aviragoet,  René  Josserand  et  Roux,  Gui- 
non,  Broca,  etc.  Quoiqu^on  ait  mis  en  doute  les  relations  de 
l'entérocolite  et  de  l'appendicite,  ceâ  relations  sont  devenues 
classiques  en  médecine  infantile. 

Observation  I.  —  Garçon  de  douze  ans  et  demi,  observé  deux  fois,  à 
trois  mois  de  distance  (mars  et  juin  1905).  Il  est  pâle,  jaune,  maigre.  Sa 
mine  épouvantable  fait  la  désolation  de  ses  parents,  qui  ont  trois  autres 
enfants  vigoureux  et  bien  portants.  Cet  enfant  a  eu  plusieurs  poussées 
d*entéro-€oiile  muco-membraneuse  traitées  à  Châtelguyon  et  ailleurs 
sens  aucun  bénéfice.  Constipation  habituelle.  Depuis  Tàge  de  trois  ans, 
crises  de  vomissements  avec  fièvre  et  douleurs  d'estomac  survenant  tous 
les  ans  pendant  Tété. 

Je  pensai  aussiUVt  à  Tappendicite  chronique,  et  j'examinai  le  ventre.  Je 
trouve  une  dilatation  de  Teslomac,  sans  la  moindre  défense  ni  douleur  au 


19f>  J.   COMBY 

point  de  Mac  Buraey.  Cependant  j'inscris  en  tête  de  mon  ordonnance, 
après  l'énumération  des  différents  symptômes,  rien  d'appentJiculaire  en 
apparence. 

Trois  mois  après,  Tenfant  revient  un  peu  amélioré  par  le  régime  que  je 
lui  ai  fait  suivre.  Mais  sa  mine  continue  à  être  mauvaise,  et  je  ne  suis  pa^ 
satisfait.  Nouvel  examen  du  ventre,  point  de  Mac  Burney  très  net.  Aussi- 
tôt j'affirme  Tappendicite  chronique,  je  lui  attribue  sans  hésiter  la  mau- 
vaise santé  de  l'enfant,  et  je  conclus,  sans  réserve,  à  la  nécessité  de  Topé- 
ration.  On  consulte  deux  chirurgiens  qui  opinent  dans  le  même  sens,  et  le 
13  juillet  le  D**  Michaux  enlève  un  appendice  ti'ès  malade,  rempli  de  pus. 

Voilà  donc  un  casd'entéro-colite  muco-membranouse  suivi 
d*appendicite  chronique,  avec  intoxication  profonde  allant 
jusqu'à  iacachexie.  Signes  locaux  difficilement  et  tardivement 
décelables. 

Observation  U.  —  Un  garçon  de  dix  ans  est  atteint  d'entérite  muco- 
membraneuse  grave,  avec  fausses  membranes,  mucosités  purulentes, 
sanp.  Je  le  soigne  par  la  diète,  les  lavages  intestinaux  ;  il  guérit.  Au  bout 
de  quelques  mois,  il  est  pris  d'appendicite  aiguë  avec  plastron  dans  la 
fosse  iliaque  droite.  Le  D''  Jalaguier  refuse  de  l'opérer  à  la  phase  aiguë. 
Au  bout  de  quelques  jours,  un  abcès  s'ouvre  dans  le  rectum.  Ouérison. 

Là  encore  le  rôle  de  Tentéro-colite    muco-membraneuse 
semble  indéniable. 

Observation  111.  —  iV...,  fille  de  treize  ans  et  demi,  grande,  forte,  vient 
d'avoir  des  douleurs  rhumatoïdes  avec  un  peu  d'albuminurie.  On  s'est 
demandé  si  cette  albuminurie  ne  rentrait  pas  dans  la  classe  des  albumi- 
nuries arthritiques,  ou  si  elle  devait  être  attribuée  à  une  scarlatin«' 
datant  de  trois  ans.  Quoi  qu'il  en  soit,  aprèsja  cessation  des  douleurs  et  de 
l'albuminurie,  je  suis  consulté  pour  un  embarras  gastrique  persistant 
avec  fièvre  légère.  A  ce  moment,  j'ai  recherché  l'appendicite  sans  succès. 
Mes  confrères,  le  D'  A.  Centeno  et  le  D""  Fiessinger,  ne  fuirent  pas  plus 
heureux.  Le  2  juillet  1906,  l'enfant  m'est  présentée  par  sa  mère  avant  le 
départ  pour  Châtelguyon.  Alors  j'apprends  qu'elle  a  eu  deux  grandes 
crises  d'entéro-colite  (à  trois  ans  et  à  di.x  ans).  Depuis  la  première  crise, 
constipation  habituelle  interrompue  par  des  crises  de  diarrhée.  Légères 
douleurs  de  ventre  parfois. 

J'examine  à  nouveau  l'abdomen  avec  un  soin  particulier,  et  je  découvre 
facilement  le  point  de  Mac  Burney.  Je  conclus  à  l'existence  d'une  appen- 
dicite chronique. 

Là  encore  il  faut  relever  Tentéro-colite  muco-membraneuse 
dans  les  antécédents  de  Tenfant. 

Observation  IV. —  Une  fille  de  onze  ans,  sœur  de  la  précédente,  a  aussi 
de  Tentérite  muco-membraneuse,  pour  laquelle  ellea  fait  déjà  deux  cures 
à  Châtelguyon.  Lors  de  sa  dernière  cure,  elle  n'a  pu  supporter  le  ma^;^- 
sage  abdominal  qu'on  lui  avait  prescrit,  à  cause  des  douleurs  qu'elle  en 
éprouvait.  Ces  douleurs  tenaient  précisément  à  l'existence  du  point  do 
Mac  Burney  révélateur  d'appendicite  chronique. 


ENTÉRITES   ET  APPENDICITE  CHEZ   LES   ENFANTS  107 

Observatio!*!  V.  —  (In  garçon  de  six  ans  est  vu  par  moi  le  28  décembre 
1905  pour  les  suites  d'une  entéro-colite  muco-membraneuse  datant  de 
trois  mois,  il  est  pâle,  jaune,  maigre,  sans  présenter  de  douleur  au  point 
(le  Mac  Burney.  Végétations  adénoïdes  opérées  à  l'âge  de  trois  ans.  Le 
3  juillet  1906,  je  revois  cet  enfant, qui  a  eu,  depuis  mon  premier  examen, 
deux  crises  graves  et  très  douloureuses  d'en  téro-colite  avec  glaires,  peaux, 
saog.  L'examen  du  ventre  me  permet  à  ce  moment  de  provoquer  une 
douleur  vive  au  point  de  Mac  Burney.  Je  conclus  à  une  appendicite  chro- 
nique précédée  d*entéro-colite. 

Les  trois  étapes  adénoïdienne,  entéro-colique  et  appendicu- 
laire  sont  ici  bien  évidentes.  • 

Observation  VL  —  Le  5  juillet  1906,  je  vois  une  fillette  de  huit  ans  et 
demi,  déjà  examinée  ilyasix  mois.  A  cette  époque,  elle  était  venue  pour  une 
entéro-colite  muco-membraneuse  assez  grave  avec  peaux,  glaires,  etc.  Un 
spécialiste  de  la  gorge  avait  découvert  des  végétations  adénoïdes  qu'il  se 
proposait  d'opérer.  On  me  consultait  pour  la  mauvaise  mine,  la  pâleur, 
la  constipation,  l'état  dyspeptique  de  cette  enfant.  A  cette  époque,  je 
cherchai  l'appendicite  sans  pouvoir  la  découvrir.  Cette  fois,  je  fus  plus 
heureux  et  pus  mettre  en  relief  le  point  de  Mac  Burney. 

Nous  trouvons  ici,  comme  dans  le  cas  précédent  et  dans 
lessuivants,  les  troisétapesdeTinfection  adénoïdienne,  ontéro- 
colitique  et  enfin  appendiculaire. 

Observation  VU.  —  Le  5  juillet  1906,  je  revois,  après  un  an  d'intervalle, 
une  fillette  de  dix  ans  et  demi,  nourrie  au  biberon,  opérée  de  végétations 
adénoïdes  à  l'âge  de  sept  ans.  A  cinq  ans  et  six  ans  et  demi,  poussées 
d'entéro-colite  muco-membraneuse,  cure  à  Chàtelguyon. 

Enfant  assez  grosse,  assez  colorée,  mais  molle,  sans  énergie.  Elle  est 
habituellement  constipée  et  souffre  parfois  du  ventre.  Elle  mange  beaucoup 
et  avec  gloutonnerie.  Ily  aun  an,  j'avais  mis  sur  mon  ordonnance  que  l'ap- 
pendice n'était  pas  douloureux.  Aujourd'hui,  je  constate  que  la  pression 
an  point  de  Mac  Burney  réveille  une  douleur  assez  vive,  et  cela  à  plusieurs 
reprises,  les  autres  parties  du  ventre  restant  constamment  indolores. 

Là  encore  les  étapes  adénoïdienne,  entérique  et  appendi- 
culaire se  sont  déroulées  d'une  façon  indéniable. 

Observation  Vlll.  —  Garçon  de  onze  ans  et  demi,  opéré  de  végétations 
adénoïdes  il  y  a  quatre  ans  ;  plusieurs  poussées  d  entéro-colite  muco-mem- 
braneuse depuis  cette  époque.  Récemment  douleurs  de  ventre  ayant  duré 
trois  semaines;  le  médecin  traitant  aurait  parlé  d'appendicite.  J'examine 
«et  enfant  le  10  juillet  1906.  La  pression  dans  la  fosse  iliaque  droite  révèle 
immédiatement  un  point  douloureux.  Ailleurs  le  ventre  est  indolore.  Je 
refais  plusieurs  fois  l'épreuve;  toujours  le  malade  accuse  une  vive  sensi- 
bilité. Constipation  habituelle.  Nous  sommes  conduits  à  admettre  Texis- 
lence  d'une  appendicite  chronique,  ayant  succédé  aux  végétations  adé- 
noïdes et  à  l'entérite  muco-membraneuse. 

Un  frère  desixans,  auquel  j'ai  découvert  un  gros  paquet  de  végétations 
adénoïdes,  a  aussi  de  l'entérite  muco-membraneuse  ;  chez  ce  dernier,  je 
n  ai  pas  pu  provoquer  de  douleur  au  niveau  de  l'appendice.  Mais,  si  cet 
organe  n'est  pas  encore  malade,  il  est  menacé  et  je  le  surveillerai. 


198  J.    COMBY 

Observation  IX.  —  Garçon  de  douée  ans  et  demi,  observé  le  16  juil- 
let 1906.  A  r4ge  de  sept  ans,  végétations  adénoïdes  opérées*  Dès  Tàge  «je  six 
à  sept  mois,  j'avais  été  consulté  pour  des  troubles  dyspeptiques  ;  k  deux 
ans,  à  trois  ans,  j'avais  revu  Fenfant  pour  ces  mêmes  troubles.  Constipa^ 
tion  habituelle.  Plusieurs  poussées  d^ntéro-colite  muco-merabraneitse. 
II  y  a  quatre  ou  cinq  jours,  douleurs  très  violentes  à  Tépigastre,  vomisse- 
ments bilteux.  En  cherchant  bien,  on  retrouve  dans  le  passé  quelques 
manifestations  douloureuses  analogues.  L'enfant  a  hubitueUement 
mauvaise  mine. 

A  Texamen  du  ventre,  je  trouve  un  point  de  Mac  Burney  très  net,  et  je 
puis  affirmer  Texistence  d*une  appendicite  chronique. 

Observation  X.  —  Garçon  de  six  ans,  frère  du  précédent,  né  avanl 
terme,  ayant  eu  du  spasme  de  la  glotte  très  fréquemment  dans  la  pre- 
mière année,  ronflait  la  nuit  et  avait  constammeutla  bouche  ouverte.  On 
Ta  opéré  à  deux  ans  de  végétations  adénoïdes.  Puis  sont  survenues  des 
poussées  d'entérite  muco-membraneuse  à  plusieurs  reprises.  L'enfant 
rendait  des  glaires,  dçs  peaux,  du  sang.  On  lui  a  fait  de  fréquents  lavages 
de  l'intestin.  En  dehors  de  ces  crises  aiguës  bien  caractérisées  d'entén>- 
coUte  infectieuse,  le  jeune  sujet  présentait  une  constipation  habituelle, 
avec  quelques  flux  diarrhéiques  de  temps  à  autre.  L'examen  du  veativ, 
qui  est  souple  et  facile  à  palper,  montre  une  dilatation  de  l'estomac  assex 
notable  (clapotage  jusqu'à  Tombilic).  De  plus,  au  niveau  de  la  fo^sc* 
iliaque  droite,  on  provoque  à  la  pression  une  sensibilité  très  nette  qui 
n'existe  en  aucun  autre  point  de  l'abdomen.  Jeconclusà  l'existence  d'unt* 
appendicite  chronique. 

Observation  XI.  —  Fille  de  douze  ans,  grande,  bien  développée,  se  pré- 
sente à  ma  consultation  le  21  juillet  1906.  Cette  enfanta  mauvaise  mine, 
elle  est  pâle  et  présente  par  instants  les  traits  tirés.  Elle  a  souffert  d'en- 
térite muco-membraneuse  grave  :  glaires,  peaux,  selles  sanglantes.  Di*. 
plus  elle  dort  la  bouche  ouverte,  ronfle  la  nuit.  On  lui  a  coupé  les 
amygdales  et  extirpé  des  végétations  adénoïdes.  Dans  sa  première  enfance, 
elle  a  eu  une  otite  aiiec  mastoïdite,  et  elle  porte  une  cicatrice  opératoire 
derrière  l'oreille  gaubhe. 

Examinant  le  ventre  de  cette  enfant,  je  constate  une  dilatation  de  Tes- 
tomac,  et  je  n'ai  pas  de  peine  à  provoquer  une  douleur  vive  au  point  de 
Mac  Burney.  Les  autres  régions  de  l'abdomen  sont  absolument  indolores. 
Pas  de  crise  aiguë,  mais  constipation  habituelle.  Appendicite  chronique 
ayant  succédé  à  l'entéro-colite  et  à  l'adénoïdite. 

Observation  Xll.  —  Le  25  juillet  1906,  on  me  conduit  un  garçon  de  six 
ans,  que  j'ai  vu  à  diverses  reprises  depuis  l'âge  de  dix-huit  mois.  A  cette 
époque,  il  avait  eu  une  entéro-colite  muco-membraneuse  avec  réaction:» 
méningées.  Il  eut  par  la  suite  d'autres  crises  d' entéro-colite.  11  y  a  deux 
ans,  je  reconnus  chez  lui  la  présence  de  végétations  adénoïdes  qui  furent 
opérées  quelques  mois  après.  La  santé  devint  meilleure  et  le  périmçt^ 
thoracique  augmenta.  Il  y  a  un  an,  l'enfant  a  présenté  des  vomissements 
paroxystiques  durant  trois  jours,  qui  se  sont  reproduits  ensuite  toutes  les 
cinq  à  six  semaines  ;  les  vomissements  sont  soudains,  incoercibles,  accom- 
pagnés d'un  peu  de  fièvre.  Ils  sont  parfois  précédés  par  des  accès  de  dyspnéi* 
avec  bronchite  asthmatiforme. 

Lors  de  la  dernière  crise  de  vomissements,  Tenfant  a  accusé  de  vives 
douleurs  de  ventre.  11  n'y  a  pas  de  constipation  habituelle;  les  selles  sont 
très  fétides  ;  l'haleine  semble  avoir  une  odeur  acide  ou  chloroformique. 


ENTÉRITES  ET  APPENDICITE  CHEZ   LES  ENFANTS  190 

L'enfant,  actuellement,  est  assez  bien  ;  il  n'est  pas  maigre,  mais  un  ^eu 
pile;  il  a  eu  sa  crise  il  y  a  quinse  jours,  et  les  parents  trouvent  qU*ii  ne 
s'est  pas  rétabli  aussi  vite  que  les  autres  fois.  Rien  à  Tauscultation  du  cœur 
ni  ies  poumons. 

l^  ventre  est  souple,  non  douloureux  à  ^a  pression  spperiicieUe.  Foie 
normal.  Clapotage  gastrique.  A  la  pression  profonde  au  point  de  Mac  Bu^- 
ney,  légère  douleur.  Je  conclus  à  Texistence  d'une  appendicite  chronique 
venant  terminer  la  série  de  malaises  éprouvés  par  l'enfant  et  au  premier 
rang  desquels  doivent  être  placés  Tentéro-colite  et  les  végétations  ad^ 
notdes.  Quant  aux  vomissements  cycliques  existant  depuis  un  an,  ils  sem- 
blent être  l'expipession  dé  Fappendicite.  C'est  au  moins  ainsi  que  j'aurais 
tendance  à  les  interpréter. 

Observation  XIU.  —  Garçon  de  quatre  ans,  observé  le  19  octobre  1906, 
avec  le  D'  Fournier  (de  Bécon-les- Bruyères).  C4et  enfant  a  été  soigné  à 
plusieurs  reprises  pour  de  Tentéro-colite  muco-membraneuse.  Crise  très 
douloureuse  il  y  a  deux  mois.  On  a  parlé  alors  d'appendicite.  Il  y  a  trois 
jours,  nouvelle  crise,  avec  glaires  et  mucosités,  fièvre  (4<)*),  vomissements, 
douleur  dans  le  côté  droit  du  ventre.  L'examen  montre  une  défense  très 
nette  avec  empâtement  dans  la  fosse  iliaque  droite.  Pouls  i2Qj  tempé- 
rature 38^,7.  ûièt.e  absolue,  glace  sur  le  ventre.  La  fièvre  disparaît,  Tenfant 
va  mieux.  Au  moment  de  la  défervescence,  le  D' Launay  examine  l'en- 
fant et  conseille  de  l'opérer  à  froid.  Le. 2  novembre,  je  revois  le  malade 
avec  le  D'  Fournier  pour  de  l'embarras  i^aatrique  avec  constipation  opi- 
niâtre et  douleur  à  gauche  (colite  ou  péricolite). 

Dans  ce  cas,  les  relations  de  Tentérite  muco-membraneuse 
avec  Tappendicite  apparaissent  nettement.     . 

Observation  XIV.  —  Garçon  de  dix  ans,  ayant  eu  plusieui's  poussées 
d'enléro-colitemuco- membraneuse;  je  l'ai  soigné,  il  y  a  quelques  années, 
pour  une  de  ces  poussées.  A  la  fin  de  juillet  1906,  l'enfant  est  pris  tout  à 
coup  d'une  sorte  d'indigestion  :  vomissement,  douleur  de  ventre,  un  peu  de 
fièvre.  On  reconnaît  une  appendicite,  et  on  prescrit  la  glace  sur  le  ventre, 
IHmmobilîté,  la  diète  absolue.  La  fièvre  tonibe  rapidement  et  l'enfant  va 
bien.  Puis  retour  des  douleurs,  plus  violentes  que  la  première  fois, 
hématurie,  quelques  graviei*s  dans  les  reins.  On  parle  aloi^  de  coliques 
néphrétiques.  J'examine  le  ventre  et  constate  nettement  la  sensibilité  au 
point  de  Mac  Bumey.  Pour  moi,  l'appendicite  n^est  pas  douteuse,  mais, 
l'enfant,  sous  l'influence  de  la  déshydratation,  a  fait  de  la  lithiase  rénale. 

Observatiox  XV.  —Fille  de  sept  ans,  observée  le  18  octobre  1906.  Je  la 
connais  depuis  sa  naissance  et  l'ai  soignée  pour  de  l'eczéma  de  nour- 
rissoins,  de  la  laryngite  strLduleuse  À  quatre  ou  cinq  reprises,  des  végéta- 
tions adénoïdes  et  enfin  de  l'entérite  muco-membraneuse  dont  elle  a  eu 
plusieurs  poussées  assez  graves.  Coqueluche  bénigne  Tété  dernier.  Enfant 
nerveuse^  Au  Pouliguen,  marchant  dans  le  sable  humide,  elfe  a  accusé 
des  douleurs  de  ventre  plusieurs  fois.  Constipation  habituelle.  J'e.xamine 
le  ventre  et  je  trouve  une  douleur  très  nette  au  point  de  Mac  Rurney. 
Donc  appendicite  chronique  chez  une  enfant  qui  a  eu  de  l'entérite  muco- 
membraneuse  et  des  végétations  adénoïdes. 

OasERVATioN  XVI.  —  Un  jeune  garçon  actuellement  âgé  de  onze  an$>  a 
été  opéré  il  y  a  deux  ans  d'appendicite  ;  six  mois  après,  on  lui  enlevait 
un  gros  paquet  de  végétations  adénoïdes,  d'origine  ancienne.  Je  l'avais 


300  .)•   ÇOMBY       •. 

soigaé  depuis  cinq  aos  pour  des  crises  d'entéro-coUle  muco-tnembraneusè 
avec  état  dyspeptique,  pâleur,  amaigrissement,  etc. 

11  est  bien  probable  que  ces  trois  maladies,  étudiées,  véri- 
fiées ou  opérées  chez  le  môme  enfant,  ont  un  lien  entre  elles  : 
d'autant  plus  que,  depuis  l'opération  des  adénoïdes,  Tenfant 
n*a  plus  eu  de  troubles  digestifs.  Les  végétations  adénoïdes 
ont  précédé  sans  doute  les  autres  manifestations,  puis  sont 
venues  les  poussées  d'entéiro-colite  et  enfin  rappendicitn.  Je 
n'ai  pas  vu  de  cas  où  la  relation  pathogénique  soit  plas  évi- 
dente entre  les  manifestations  lymphoïdes  des  divers  étages  du 
tube  digestif. 

Obsbbvatioii  XVU.  —  (}arçon  de  onze  ans,  observé  le  23  février  1907. 
U  estpÂle,  maigre;  il  y  a  trois  semaines,  crise  de  vomissements  avec  dou** 
leurs  de  ventre;  a  toujours  eu  le  vomissement  facile. 

Constipation  habituelle.  On  a  fait,  ces  jours-ci,  plusieurs  lavages  de 
rintestin.  A  la  palpation  du  ventre,  sensibilité  générale,  avec  maximum 
au  niveau  du  point  de  Mac  Bumey.  Dans  cette  région,  il  y  a,  outre  la 
douleur,  une  défense  assez  notable  de  la  paroi. 

Cet  enfant,  opéré  de  végétations  adénoïdes  à  Tàge  de  sept  ans,  a  eu 
ensuite  plusieurs  crises  d'entéroH!olite  muco-memhraneuse,  et  la  fièvi^ 
typhoïde,  il  y  a  trois  ans. 

Les  faits  semblables  sont  extrêmement  communs  chez  les 
enfants.  Il  semble  bien  que,  dansle  jeune  âge,  Tentéro-colite 
expose  à  Tappendicite  plus  que  toute  autre  maladie  du  tube 
digestif  ou  d'un  système  organique  quelconque. 

Mais  il  faut  bien  savoir  que  cette  appendicite,  dernier  terme 
d'une  série  plus  ou  moins  longue  d'infections  digestives,  est 
une  appendicite  chronique,  insidieuse,  latente,  d'un  diagnostic 
très  délicat,  et  on  pourrait  dire  hérissé  de  difficultés.  Bien  sou- 
vent même  ce  diagnostic  n*est  pas  posé,  et  les  enfants  peuvent 
conserver  jusqu'à  l'âge  adulte  un  appendice  malade,  sans 
avoir  de  grandes  crises  aiguës.  Ces  cas  prolongés  ne  sont  pas 
rares. 

Pour  éviter  les  appendicectomies  inutiles,  nous  devons 
travailler  au  perfectionnement  du  diagnostic,  en  recherchant 
minutieusement  les  signes  locaux,  en  étudiant  de  près  le  faciès 
des  malades  et  les  réactions  générales  qu'entraîne  habituelle- 
mentl'appendicite  chronique:  teint  jaunâtre,  anorexie,  dyspep- 
sie, amaigrissement,  perte  des  forces,  neurasthénie,  etc. 


ENTÉRITES   ET   APPENDICITE   CHEZ   LES    ENFANTS  201 

Conclusions 

1*  Il  y  a  un  rapport  de  causalité  entre  les  entérites  de  Ten- 
fance  et  l'appendicite  ; 

2**  Parmi  ooi»  entérites,  celle  qui  expose  le  plus  à  l'^appendi- 
cite  est  Tentéro-colite  mùco-membraneuse,  et  cela  se  conçoit 
aisément,  l'appendice  n'étant  qu'une  annexe,  qu'un  prolon- 
gement du  côlon  ; 

3""  L'identité  de  structure  explique  aussi  cette  solidarité 
pathologique  de  l'appendice  et  du  côlon.  Dans  l'entéro-colito 
muco-membraneuse,  dite  aussi  entérite  folliculaire^  l'inflam- 
mation porte  sur  le  tissu  lymphoïde  du  gros  intestin  ;  elle  n'a 
qu'un  pas  à  faire  pour  atteindre  le  tissu  lymphoïde  de  l'appen- 
dice ; 

4*"  Si  nous  remontons  plus  haut,  nous  voyons  souvent,  chez 
l'enfant,  les  entéro-colites  et  appendicites  être  précédées  de 
rhino-pharyngites  etadénoïdites,  qui  semblent  marquer  une 
première  étape  de  l'infection  intestinale  et  appendiculaire  ; 

o"*  L'appendicite  des  enfants,  maladie  essentiellement  chro- 
nique, sou  eut  méconnue,  curable  sans  doute  spontanément 
dans  beaucoup  de  cas,  nous  apparaît  comme  une  résultante, 
une  séquelle, une  localisation  spéciale  des  processus  infectieux 
du  tube  digestif  ; 

6"  Si  Ton  veut  prévenir  les  appendicites  évitables,  on  sou- 
mettra les  enfants  à  une  hygiène  alimentaire  judicieuse,  pour 
éviter  les  entérites  ;  on  soignera  ces  entérites  quand  elles 
existent,  et  enfin  on  ne  négligera  pas  les  rhino-pharyngites  et 
adénoïdites  du  jeune  âge,  qui  semblent  préluder  aux  troubles 
digestifs  et  à  l'appendicite. 


vm 


LA  RATION  ALIMENTAIRE  DE  L'ENFANT 
DEPUIS  SA  NAISSANCE  JUSQU'À  L'AGE  DE  DEUX  ANS 

rkt  w  v  Éziin  klose,' 

Premier  assistant  de  la  Clinique  des  maladies  de  l'enfance  de  l'Université  de  Strasbourg'  (AImtc) 

Fin  (1). 

*  4 

V 

LE   NOURRISSON   PLUS   ÂGÉ    ET   LA   SECONDE   ANNÉE. 

Fanatiques  de  rallaltement.  —  La  lutte  pour  l'existente  aprt^s  le  cin- 
quième mois.  —  Berlin,  Lille.  —  Conséquences  pour  ralimentalion.  — 
Art  du  médecin.  —  Sevrage  ou  ablactation.  —  Ses  indications,  sa 
technique  opératoire  et  ses  dangers.  —  Procédés  des  peuples  primitif>. 
—  Empirisme  pur.  —  Méthodes  différentes  iCzerny-Keller,  Finkelstein, 
Heubner,  Marfan.  —  Résidu  alimentaire  nuisible  de  BiedeK.  —  Avot*- 
tissement  k  notre  époque.  -  Notre  méthode.  —  Aucune  garantie  ahsiv- 
Jue.  —  Schéma  alimentaire  de  la  première  année  :  le  nôtre  et  celui  d«» 
Marfan.  —  Considérations  théoriques  :  loi  de  Rubner,  CAmerer,  Som- 
merfeld.  —  Ration  alimentaire  à  la  fin  de  la  seconde  année.  —  Sucrés 
définitif.  —  Influence  de  Talcool,  de  Tair  et  de  la  lumière  sur  le  nour- 

•  risson.  —  Perspective  rassurante  :  émulation  pacifique  des  différents 
peuples  pour  la  découverte  d'une  alimentation  infantile  rationnelle. 

II  existe  certains  fanatiques  de  l'allaitemeut  naturel  pour 
lesquels  Talinientation  artificielle  conduit  fatalement  à  la 
dégénération  de  la  race,  même  si  Tenfant  présente  toutes  les 
apparences  d'une  croissance  régulière  et  normale.  C'est  là  une 
opinion  insoutenable.  Les  expériences  cliniques  et  Tétude  dos 
phénomènes  d'échange  chez  Tenfant  nourri  arti6ciellemenl 
le  démontrent  à  l'évidence  :  si  rien  ne  différencie  en  principe 
CCS  phénomènes  de  ceux  qui  s'accomplissent  chez  le  nourri'^- 
son  au  sein,  la  similitude  devient  d'autant  plus  parfaite  que 
le  modo  d'alimentation  choisi  se  rapproche  plus  de  l'allai- 
tement. Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  les  chances  de 
victoire  dans  la  lutte  pour  l'existence  croissent  à  partir  du 
cinquième  mois  (avec  1/3  lait)  pour  acquérir,  au  cours  de  la 
première  année,  un  certain  degré  de  certitude,  toujours  plus 

(J)  Voir  N<«  2  et  3,  pages  65  et  137. 


RATION   ALIMENTAIRE  DE   L  ENFANT 


2oa 


absoitt)  nafatreliemeiit,  ohez  le  nourrissoD  au  sein  que  chese 
Uenfant  au  biberon.  En  se  rapportant  h  la  statistique  berli- 
noise de  i893  h  1897,  Westergaard  calcula  les  chiffres  repro^ 
duite  dans  le  graphique  cirdessous.  A  partir  du  cinquième 
mois,  la  mortalité  suit  une  progression  décroissante.  Voici  le 
nombre  moyen  des  décès  par  100000  enfants  à  différents  âges  : 


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5       6       7        8       9 
0$r   /Îrx*râ0ftce 


10       11 


Fig.  9.  —  Mortalité  infantile  à  Berlin  pour  le?  différents  mois 

de  la  première  année. 

Voici  la  statistique  de  Lille,  pour  Tannée  1900,  telle  que 
nous  la  trouvons  dans  le  Bulletin  de  f  Office  sanitaire  de  cette 
ville,  édité  par  M.  le  D**  Staës-Brame  : 

236  décès  dans  le  premier  mois,  par  1000  enfants. 
163         —  second  — 

357         —         les  3',  4e  et  S»  mois  réunis. 
401  »         du  6«  au  10«  mois. 

La  mortalité  et  la  morbidité  n'accusent  une  décroissance 
rassurante  qu'à  la  fin  de  la  seconde  année.  11  en  résulte  qu'à 
cette  époque  seulement  Tenfant  est  en  mesure  de  supporter  ot 
(ie  mettre  à  profit  la  nourriture  de  l'adulte.  La  théorie  n'est 
pas  parvenue  encore  à  nous  fournir  une  explication  suffisante 
de  ce  fait  À  la  fin  de  la  seconde  année,  les  prédispositions  par- 
ticulières de  Tenfant  aux  troubles  dyspeptiques  disparaissent, 
(équilibre  organique  s'établit,  les  affections  digestives  ne  sont 
ni  plus  fréquentes,  ni  autrement  caractérisées  que  dans  Tftge 
mûr.  Le  médecin  intelligent  consacrera  tous  ses  efforts  et  ses 
soins  à  assurer  que  la  transition  vers  cette  période  se  fasse 
sans  accroca.  Jusqu'à  la  deuxième  année,  le  lait  de  vache  pur 
constitue  l'aliment  prépondérant.  La  difficulté  consiste  à  Tap- 
proprier  à  l'organisme  infantile.  A  partir  du  cinquième  mois, 
les  nourrissons  au  biberon  comme  ceux  à  la  mamelle  prennent 
au  maximum  cinq  repas  par  jour,  de  sorte  que  l'intervalle 


âOi  HENRI    KLOSE 

entre  chaque  repas  comprend,  pour  les  uns  comme  pour  les 
autres,  quatre  heures.  Dès  le  cinquième  mois,  ralimentation 
exige  une  surveillance  toute  particulière,  car  l'époque  du 
sevrage,  alors  que  le  lait  a  cessé  d'être  Télément  essentiel  de 
ralimentation,  est  particulièrement  riche  en  dangers.  L'em- 
pirisme seul  peut  nous  indiquer  le  moment  d'adjoindre  au  lait 
une  alimentation  plus  consistante.  L'évolution  dentaire  ne 
peut  fournir  à  ce  sujet  aucune  indication,  ni  pratique,  ni 
scientifique.  Chez  certaines  peuplades  primitives,  les  enfants 
sont  allaités  bien  plus  longtemps  que  quinze  mois.  Toutefois, 
lorsque  les  nourrissons  continuent  à  être  alimentés  exclusi- 
vement au  lait,  passé  le  sixième  mois,  soit  au  sein,  soit  au 
biberon,  ils  deviennent  généralement  d'une  grosseur  maladive 
et  d'une  pâleur  excessive  (d'après  Bunge,  par  suite  de  la 
pénurie  en  fer),  leurs  chairs  sont  flasques,  leur  humeur  devient 
mauvaise,  parfois  même  le  rachitisme  se  déclare.  C'est  pour- 
quoi Ton  aura  toujours  soin  de  préparer  petit  à  petit  Tenfant 
aux  aliments  mixtes,  en  lui  administrant  au  début  de  petites 
quantités  de  substances  végétales  et  en  Thabituant  au  goût 
salé.  De  même  que  Czerny-Keller  et  Finkelstein,  nous  com- 
mençons par  donner  une  fois  en  vingt-quatre  heures  un 
bouillon  pas  trop  concentré  obtenu  en  faisant  bouillir  pendant 
une  demi-heure,  trois  quarts  d'heure,  un  quart  de  livre  tie 
viande  dans  unquartde  litre  d'eau,  additionnée  d'une  quantité 
de  semoule  suffisante  pour  former  une  bouillie  assez  fluide 
pour  traverser  sans  peine  une  tétine  ordinaire  à  oriiice  un  peu 
large.  Cette  bouillie  sera  préparée  comme  pour  les  adultes, 
sauf  qu'on  n'y  ajoutera  ni  graisse  ni  extraits.  L'espèce  de 
viande  est  indifférente,  car,  scientifiquement  parlant,  rien  ne 
distingue  le  bouillon  de  bœuf  de  celui  de  veau  ou  de  pigeon. 
11  n'y  a  pas  d'hydrates  de  carbone  dans  le  bouillon.  Il  ne  ren- 
ferme qu'une  petite  quantité  d'albumine  et  de  graisse,  une 
énorme  proportion  de  sels,  principalement  de  sels  de  potas- 
sium, et  des  acides  aromatiques.  11  n'est,  comme  le  dit  Naunyn, 
qu'  «  une  solution  de  produits  d'échanges  résiduaires,  mais 
c'est  en  lui  que  l'amour  et  la  vigilance  des  mères  se  con- 
centrent »  ;  il  stimule  l'appétit,  la  plupart  des  enfants  le  pren- 
nent volontiers  et  le  tolèrent  facilement,  lorsqu'il  est  fait  avec 
de  la  bonne  viande.  La  semoule  est,  de  toutes  les  substances 
farineuses,  la  mieux  appropriée  comme  nourriture  supplé- 
mentaire pendant  la  période  de  transition,  parce  qu'elle  est 


RATION    ALIMENTAIRE  DE   l'ENFANT  205 

très  nourrissante  et  que,  par  suite  de  sa  richesse  en  cellulose, 
elle  favorise  les  mouvements  péristaltiques  et  paralyse  ainsi 
la  tendance  à  la  constipation. 

Avec  ce  bouillon,  le  nourrisson  au  sein  prendra  une  tétée 
île  moins  par  jour,  quitte  à  consommer  davantage  à  chacune 
des  quatre  autres,  s'il  le  désire;  à  Fenfant  au  biberon,  on  don- 
nera la  quantité  habituelle  de  lait  répartie  sur  chacun  des 
repas.  Dans  ces  conditions,  le  sevrage  des  enfants  au  sein 
n  offre  guère  de  difficultés  en  général  :  pendant  les  deux  h  trois 
mois  qui  suivent,  on  remplacera  petit  &  petit  une  des  tétées 
journalières  par  un  repas  artificiel,  en  ayant  soin  de  laisser 
s'écouler  plusieurs  jours  entre  chacune  des  substitutions.  On 
<>vite  de  la  sorte  Taccumulation  du  lait  dans  le  sein  de  la  mère, 
et  Ton  se  réserve  la  possibilité  de  réinstituer  Tallaitement,  au 
cas  où  des  phénomènes  d'ablactation  se  manifesteraient.  Etant 
donné  que  Tenfant  n'éprouve  aucune  difficulté  à  puiser  sa 
nourriture  dans  le  biberon,  il  est  nécessaire  d'empôcher  la 
suralimentation  et  les  dangers  des  phénomènes  de  fermen- 
tation et  de  décomposition  qui  se  produisent  dans  le  «  résidu 
alimentaire  nuisible  >«.  Pour  cela,  on  aura  soin  de  ne  pas 
donner  au  début  une  quantité  trop  forte  d'aliment  trop  riche, 
en  renonçant  môme,  au  besoin,  à  Tobservance  systématique 
des  indications  données  au  sujet  de  l'augmentation  graduelle 
du  poids  du  corps.  Nous  aimons  à  prescrire  au  début  des  mé- 
langes de  lait  et  d'aliment  Theinhardt,  d'abord  le  F,  puis  le  VI ^ 
pour  arriver  rapidement   à  donner  du  lait  pur.    De   cette 
manière,  on  réussit  à  éviter  les  perturbations  bien  plus  sûre- 
ment qu*avec  l'emploi  de  lait  de  vache  simplement  coupé  dans 
la  proportion   2:1,  dont  on   augmente   graduellement   la 
concentration  pour  finir  par  du  lait  pur.  11  n'existe  aucune 
méthode   absolue  ;    de   légères   modifications   peuvent   tou- 
jours être  utiles  ou    nécessaires.  Pareillement,  le  moment 
précis  du  sevrage  complet  ne  saurait  être  stipulé  pour  tous  les 
cas.  C'est  ainsi  qu'à  l'approche  des  grandes  chaleurs,  lors- 
qu'une maladie  se  déclare,  on  est  parfois  obligé  de  le  remettre 
de  plusieurs  semaines  ou  mois.  Au  neuvième  mois,  le  repas 
du  soir  sera  constitué  par  une  panade  aux  biscottes.  Parmi  les 
biscottes  du  commerce  spécialement  recommandées,  nous  cite- 
rons celles  de  Friedrichsdorf, d'Opel,  de  Gerickeà  Potsdam,  de 
Théodore  Hildebrand  et  fils,  et  des  frères  Thiele.  Conviennent 
aussi  les  cakes  fabriqués  avec  de  la  farine  très  fine  et  sans 


20(>  HENRI   KL08E 

levare,  comme  ceux  de  Leibnitz,  d*Albert,  de  Huntley  et  Pal- 
mers.  Entre  le  dixième  et  le  dix-septième  mois,  nous  appor- 
tons un  peu  plus  de  variété  au  mena  de  midi  :  au  bouillon  au 
tapioca,  nous  substituons  des  potages  à  la  farine  de  froment  ou 
d'avoine,  à  la  mondamine,  au  quaker-oats,  au  sagou,  au 
tapioca,  au  riz,  aux  pommes  de  terre  et  à  certains  légumes, 
comme  les  choux-fleurs,  les  fèves,  les  petits  pois  ;  nous  don- 
nons, en  outre,  une  à  deux  cuillerées  à  soupe  d'épinards,  di' 
carottes  ou  de  purée  de  pommes  de  terre,  et  enfin  un  peu  de 
compote  ou  de  gelée  aux  fruits. 

En  résumé,  voici,  d'après  notre  méthode,  le  menu  journa- 
lier d'un  enfant  arrivé  au  terme  de  sa  première  année  : 

Cinq  repas  par  jour. 

S  heures  luatiD,  ^bO  ceotim.  cubes  de  lait  de  vache  pur 175  calories. 

9           —            ÎSO             —                        —                175  — 

1  heure  de  Taprès-  midi,  potage  et  purée  de  léiaimes, 120  ^ 

5                    —               250  ceotim.  cubes  de  lait  de  vache  pur.  175  — 
9  heures  du  soir,  250  centim .  cubes  de  lait  avec  un  biscuit,  un 
eroissaol.  une  biscotte  ou   tout  autre  produit  de  paniflca- 

tion Environ  125  — 

Environ 86U  calories. 

ce  qui  fait  par  jour,  en  admettant  comme  moyenne. du  poids 
9  kilogrammes  :  96^*,6  par  kilogramme. 

Heubuer  prescrit  de  sevrer  Tenfant  entre  le  cinquième  et  le 
septième  moisdans  un  délai  de  deux  semaines.  Il  donne  d'abord, 
en  lieu  et  place  d'un  des  cinq  à  six  repas  lactés,  une  panade 
obtenue  en  délayant  une  biscotte  ou  un  biscuit  d'Opel  dans 
de  Teau  sucrée  ou  dans  du  lait  chaud.  En  même  temps,  l'en- 
fant est  habitué  à  l'usage  de  la  cuiller.  Après  une  ou  deux 
semaines,  Heubner  remplace  la  seconde  ration  de  lait  par  une 
soupe,  obtenue  en  faisant  bouillir  pendant  trois  quarts  d'heure 
avec  de  l'eau,  de  la  semoule,  du  sagou,  de  la  mondamine  ou 
toute  autre  farine  légère,  et  en  ajoutant  ensuite  du  bouillon  de 
veau,  de  poulet  ou  de  pigeon  légèrement  salé,  en  quantité  suf- 
fisante pour  donner  au  mélange  une  consistance  de  potage. 
Après  quelques  jours,  ce  même  potage  est  renforcé  par  un 
jaune  d'œuf;  pour  plus  de  variété,  on  peut  alterner  avec  une 
bouillie  de  cervelle  ou  de  riz-de-veau,  plus  tard  avec  du  hachis 
très  menu  de  pigeon  ou  de  poulet  bouillis.  Au  dixième  ou 
onzième  mois,  il  essaie  de  donner,  après  le  second  repas  du 
matin  et  après  celui  du  midi,  une  demi-cuillerée  à  thé  de 
jus  de  fruits,  de  jus  d'orange  ou  de  compote,  plus  le  midi, 


RATION   ALLMENTAIIiE  DE  l'eNFANT  207 

une  et  deux  cuillerées  de  pujrée  de  pommes  de  terre,  de 
caroUes  ou  d'épioards.  Lorsque  Tétaj;  de  la  deutîtion  le  per- 
met, il  douue  en  même  temps  que  le  lait  de  midi  une  petite 
tartiue  beurrée  et  même,  si  loccaaion  s e^  présente,  un  os  de 
poulet  ou  de  côtelette,  que  Teofaut  ronge  pour  exercer  ses 
dents.  Marfan  commence  le  sevrage  entre  le  huitième  et  le 
dixième  mois.  Il  choisit  de  préférence  la  panade  à  la  farine  de 
froment,  dont  il  aijministre  une  petite  quantité,  le  midi.  11 
délaye  dans  une  petite  quantité  d'eau  froide  une  cuillerée  à 
café  de  farine,  —  plus  tard,  davantage,  —  verse  ce  mélange 
dans  120-150  grammes  de  lait  bouillant  et  poursuit  ensuite 
l'ébuUition  pendant  dix  minutes  en  remuant  constamment  ;  il 
ajou^un  peu  de  sel,  de  sucre  et,  pour  les  enfants  plus  ftgés, 
un  peu  de  beurra .  Si  le$  enfants  refusent  cette  panade,  il 
essaie  une  soupe  au  lait  bouillie  avec  quelques  morceaux  de 
biscotte,  du  tapioca  ou  du  riz,  ou  bien  encore  un  bouillon  avec 
du  pain  et  un  jaune  d'œuf.  Cette  nouvelle  nourriture  étant 
bien  supportée,  il  remplace  après  quelques  semaines  uue 
seconde  ration  lactée  par  de  1^  panade.  Pour  autant  que  faire 
se  peut,  les  repas  sont  pris  dans  un  verre  ou  une  tasse,  ou  h  U 
cuiller.  Entre  ledii^ièmeet  le  quinzième  mois,  il  pe  donne  pli|s 
que  quatre  tétées  oi^  quatre  tasses  de  lait  par  jour  et  des  panades 
plus  abondantes,  auxquelles  il  ajoute  de  la  purée  de  pommes 
de  terre,  des  endives  et  des  épinards.  U  sèvre  complètement 
les  enfants  entre  le  quinzième  et  le  dix-huitième  mois.  Ei^tre 
le  dix-buitième  et  le  vingtième  mois,  il  commence  à  donner 
de  la  viande  sous  forme  de  hachis  fin  de  poulet  ou  de  poisson 
frais,  puis  du  hachis  de  filet  de  bœuf,  de  côtelette  de  mouton 
ou  de  jambon  maigre.  Le  npn^bre  des  repas  est  réduit  à 
quatre.  A  la  fin  de  la  seconde  année  : 

Déjeuner.  —  Panade  au  lait  avec  biscotte  ou  biscuit. 

Diner.  —  Œuf,  viande,  poisson  ou  cervelle,  purée  de  pommea  de  terre,  bisr 

cotte,  et  150  grammes  de  lait. 
ftoûler,  —  250  Krammes  de  lait,  un  bif»cuit  ou  biscotte. 
Souper.  —  Panade  au  lait,  potage  au  bouiUoii,  légumes  verts,  compote  ou  con* 

fiture,  150  grammes  de  lait  avec  biscotte. 

Tandis  que  Marfan  n'atteint  à  raliiiientation  mixte  analogue 
à  celle  de  Tadulte  qu'à  la  fin  de  la  deuxième  année,  Heubner 
termine  Taccommodation  du  nourrisson  au  régime  nouveau 
vers  le  douzième  mois.  Czemy-Keller  et  nous-même  esti- 
mons, appuyés  sur  de  nombreuses  expériences,  qu'une  ali- 
mentation végétal^  convient  fort  bien  comme   nourriture 


208  HBNRI    KLOSB 

supplémentaire  pendant  la  première  année,  la  quantité  de  lait 
prise  restant,  d*aiUeurs,  la  môme.  Grâce  à  elle,  TorganisiiK» 
reçoit  la  quantité  requise  de  sels  alcalins  et  de  fer. 

D'après  Czemy,  la  croissance  de  l'enfant  en  taille  n  atteint 
pas,  la  seconde  année,  la  moitié  de  Timportance  de  la  pre- 
mière; quanta  Taugmcfutation  en  poids,  elle  est  trois  à  cinq  fois 
plus  petite.  La  marche  n*infiuence  guère  non  plus  la  ration  ali- 
mentaire. Dès  sa  première  année,  Tenfant  met  déjà  suffisam- 
ment ses  muscles  à  contribution.  11  n'a  donc  pas  besoin  d'un  ap- 
port d'aliments  supplémentaire  lorsqu'il  commence  à  marcher. 
Il  faut  préparer  l'enfant  à  supporter  la  substitution  de  la 
nourriture  de  la  deuxième  année,  plus  pauvre  en  graisse  et 
plus  riche  en  hydrates  de  carbone,  à  celle  plus  riche  en  graisse 
et  plus  pauvre  en  hydrates  de  carbone  dont  il  s'est  sustenté 
jusqu'à  cette  époque.  En  d'autres  termes,  l'enfant  doit  être 
rendu  apte  à  digérer  plus  d'hydrates  de  carbone.  Il  s'agit,  d'un 
côté,  de  couvrir  les  exigences  alimentaires  d'un  enfant  de 
deux  ans,  soiten  moyenneSO  grammes  d'albumine,  50  grammes 
de  graisse,  140  grammes  d'hydrates  de  carbone  correspondant 
à  !  250  calories  par  jour;  d'un  autre  côté,  il  importe  d'éviter 
que  l'enfant  ne  soit  victime  des  conséquences  fâcheuses  de  la 
suralimentation  qui  le  guette,  si,  après  Ta  voir  gâté  par  une 
trop  grande  abondance  et  diversité  de  mets,  les  parents  et  sur- 
tout les  grand'mères  et  les  gardes  se  croient  obligés  de  satis- 
faire à  tous  ses  caprices.  S'il  est  vrai  qu'à  mesure  que  l'enfant 
avance  en  âge  la  quantité  de  nourriture  nécessaire  est  plus 
grande,  prise  d'une  manière  absolue,  il  n'en  est  pas  de  même 
si  on  la  considère  d'une  manière  relative;  elle  diminue  alors 
au  contraire,  proportionnellement  à  la  diminution  du  rapport 
entre  le  poids  du  corps  et  son  volume. 

Selon  Rubner,  la  ration  alimentaire  par  unité  de  poids 
est  proportionnelle  à  la  grandeur  relative  du  volume  du 
corps.  C'est  ainsi  que,  d'après  Camerer,  des  enfants  d'âge  dif- 
férent, mais  de  poids  sensiblement  égal,  exigent  par  kilo- 
gramme de  poids  le  même  apport  en  substances  nutritives. 
Pour  savoir  quelle  est,  par  kilogramme  de  poids,  la  quantité 
d'albumine,  de  graisse  et  d'hydrates  de  carbone  nécessaire,  le 
médecin  n'a  qu  a  se  rapporter  dans  la  pratique  au  tableau  de 
Sommerfeld  dressé  d'après  les  indications  de  Camerer.  Cet 
auteur  a  établi  la  ration  alimentaire  exigée  par  l'enfant  bien 
portant  et  normalement  développé,  aux  diverses  périodes  de 


RATION    ALIMENTAiriE  DE    L  ENFANT 


200 


son  existence,  ainsi  que  les  rapports  qui  unissent  entre  elles 
les  diverses  substances  alimentaires. 

Il  suffit  de  multiplier  les  valeurs  par  kilogramme  pour  la 
deuxième  année  par  le  poids  total  de  Tenfant. 

Tabl.  XU.  —  D'après  Sommer f'eld  et  Camerer,  pour  le  calcul  des  quantités 
d*aliments  nécessaires  à  partir  de  la  seconde  année. 


Age. 

SKXB. 

Apport 
total. 

Kau. 

Albumine. 

Graisse. 

Hydrate 

de 
carbone. 

Calories. 

Mans. 
D-i     — 
T-40  — 
IMi  - 

FilleUes 

Garçons 

Filletles 

Garçons 

Filtettes 

Garçons 

Fillettes 

Garçons 

93,1 

84,4 
84,3 
75,5 
70,8 
54,0 
h6,\ 

75,3 

67,4 
66,6 
59,0 
55,5 
41,4 
44,  t 

3,6 

3,0 
3,5 

2.7 
2.8 

2.1 
2.5 

3,1 

1,0 
2,5 
1.3 
1,3 
1,4 
1,0 

9,-2 

10,7 

10,9 

9,8 

10,4 

8,4 

7,7 

75,3 

69,9 
76,6 
59,2 
61,6 
51,4 
47,3 

D'après  Camerer  encore,  le  rapport  des  aliments  azotés  aux 
non  azotés  est  1  :  i  —  1  : 5.  En  général,  80  p.  100  de  Talbumine 
ingérée  doivent  être  d'origine  animale.  On  répartira  avanta 
geusement  l'albumine  comme  suit  : 

Tabl.  —  Xfll. —  Répartition  centésimale  de  l'albumine  d'origine  animale  et 
végétale  dans  les  aliments ^  d'après  Sommer feld. 


ESPACE   DE  IfOURRITI'RE. 

2>4  ANS. 

5-7  ANS. 

8-10  ANS. 

11-14  ANS. 

'  Albumine  de  lait 

42  p.  100 
36    — 
22    — 

28  p.  100. 
39    — 
33    — 

18  p.  100. 
4-2.    — 
40    — 

9  p.  100. 

45  — 

46  — 

—  de  viande  et  œuf 

—  de  légumes  et  fruits . 

En  donnant  cinq  repas  par  jour,  Camerer  admet  qu'environ 
30  p.  100  de  la  totalité  des  aliments  sont  pris  le  midi,  23  p.  100 
le  soir  et  le  reste  le  matin  et  l'après-midi. 

Steffen  admet  que  les  enfants  bien  portants  de  deux  ans 
doivent  recevoir  en  cinq  repas  par  jour  les  quantités  suivantes 
d'aliments  : 

Lait 1  000  ce. 

Viande 60  gr. 

5i7^ • ,,^^»''-  I      =      66  gr.  albumine. 

^"f- ; ^,^,«^"f-  =      60  gr.  graisse. 

Bomllon  ou  potage 100  ce.  _      78  gr.  hydr.  de  carbone. 

Légumes 50  gr.  i         ? 

Pommes  de  terre 3:>  — -  i     =1  200  calories. 

Pain 50  —  ' 

Beurre 10  — 

Arch.  db  médec.  des  enkants,  1907.  X.  —  14 


210  HENRI    KLOSE 

A  notre  avis,  ce  postulat  théorique  est  le  mieux  réalisé  dans 
la  pratique  si  l'on  commence  —  comme  Gamerer  —  à  donner 
assez  tôt  de  l'albumine,  sous  forme  de  jaune  d*œuf  dans  le 
treizième  mois,  d'œuf  mollet  après  le  quinzième.  Il  est  natu- 
rellement important  de  savoir  que  bon  nombre  d'enfants  ne 
-tolèrent  les  œufs  qu'à  partir  de  deux  ou  trois  ans  ;  mais  nous 
ne  croyons  pas  que  ce  soit  là  une  raison  suffisante  pour  reculer 
toujours  l'usage  des  œufs  jusqu'à  la  troisième  année,  comme 
le  font  Czerny-Keller  et  Finkelstein,  qui  affirment  que  les  œufs 
provoquent  souvent  des  troubles  gastro-intestinaux  et  des 
exanthèmes  angioneurotiques.  Nous  permettons  l'usage  de  la 
viande  dès  le  dix-huitième  mois  et  commençons  par  environ 
40  grammes  de  viande  rôtie  ou  étuvée  ^bœuf,  veau,  mouton, 
gibier  ou  volaille)  coupée  menue,  mais  non  hachée,  pour 
stimuler  les  organes  de  la  mastication.  En  même  temps  et  en 
vue  d'accoutumer  l'enfant  aux  trois  repas  seulement  auxquels 
il  se  bornera  dès  le  début  de  la  troisième  année,  nous  suppri- 
mons le  goûter;  mais,  par  contre,  nous  ajoutons  aux  repas  du 
soir  une  cuillerée  à  potage  d'hygiama  Theinhardt  et  donnons 
une  tartine  beurrée  avec  le  lait  du  matin.  Notre  menu  pour 
l'enfant  parvenu  à  la  fin  de  sa  seconde  année  est  donc  : 

7  heures  du  matin  :  350  gr.  de  lait  de  vache  avec  une  tartiue 

beurrée 245  calories. 

10  heures  du  matin  :  ?50  gr.  de  lait  de  vache,  jaune  d^œuf  avec 

deux  morceaux  de  sucre 230      — 

2  heures  de  Taprès-midi  :  150  gr.  potage,  légumes,  viande,  fruits.        350      — 

6  heures  du  soir  :  250  gr.  lait  de  vache  avec  de  Thygiama  du 

D»"  Theinhardt,  pain,  biscuit 375      — 

Total 1  200  calories. 

Le  résultat  final  de  toute  alimentation  rationnelle  infantile 
doit  être  qu'à  la  fin  de  sa  deuxième  année  l'enfant  soit  en 
état  de  s'assimiler  la  môme  nourriture  que  l'adulte.  Celle-ci 
est  susceptible  des  variations  les  plus  diverses,  selon  l'état 
de  fortune,  les  mœurs  et  les  ressources  naturelles  du  pays. 

Un  mot  encore.  11  peut  paraître  étonnant  que,  dans  un  pays 
viticole  comme  l' Alsace-Lorraine,  nous  excluions  de  parti  pris 
Talcool  de  l'alimentation  des  enfants  et  de  celle  des  parents. 
Combien  de  fois  ne  voit-on  pas  chez  nous  des  femmes  assises 
dans  les  tavernes,  non  contentes  de  s'intoxiquer  elles-mêmes, 
verser  encore  à  leur  progéniture  la  «  liqueur  de  force  et  de 
vie  ».  Comme  le  fait  justement  observer  Czerny,  il  ne  manque 
pas  d'autres  substances  alimentaires  aisément  combustibles  et 


RATION    ALIMENTAIHE   DE    l/ ENFANT  211 

inoffensives.  Laitinen  et  Gruber  ont  démontré,  en  instituant 
des  essais  sur  des  animaux,  que  les  enfants  qui  consomment 
de  Talcool  sont  plus  sujets  aux  maladies  que  les  abstinents  et 
qu'ils  sont  corporellement  arriérés.  De  plus,  pour  autant  que 
les  résultats  obtenus  par  Ilecker  à  la  suite  d'expériences  très 
ardues  instituées  sur  des  écoliers  soient  applicables  aux  nour- 
rissons, le  développement  des  aptitudes  intellectuelles  soulTre 
à  son  tour  de  Tusage  de  Talcool. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  notre  époque  a  vu  se  produire 
un  mouvement  nouveau  et  typique  tendant  à  fournir  à  l'enfant, 
dès  ses  premières  heures,  de  l'air  et  de  la  lumière  en  abon- 
dance. SclUossmann  en  fut  le  promoteur,  en  créant  son  «  Chalet 
sylvestre  »  pour  nourrissons  :  les  effluves  de  la  forêt,  l'irra- 
diation solaire  et  le  charme  souverain  du  contact  immédiat 
avec  la  nature  sont  des  sources  inépuisables  de  vie  que  le 
nourrisson  peut  de  nos  jours  avoir  à  sa  portée. 

Dans  révolution  de  la  science,  chaque  époque  est  frappée 
au  coin  d'une  empreinte  particulière  que  lui  impriment,  en 
général,  les  idées  et  les  méthodes  de  quelques  esprits  supé- 
rieurs. Les  efforts  enthousiastes  des  savants  qui  guident  la 
notre  dans  la  recherche  de  méthodes  rationnelles  d'alimenta- 
tion infantile  lui  ont  permis  de  franchir  déjà  les  premières 
élapes.  La  semence  répandue  a  déjà  produit  ses  germes  ;  ils  ne 
tarderont  pas  à  croître  et  à  se  développer  pour  grouper  tous 
les  peuples  dans  une  émulation  commune  vers  l'idéal  que 
Pineau  nous  dépeint  en  ces  termes  :  «  rien  ne  peut  remplacer 
le  lait  maternel  ».  Munditie  salus^  telle  est  la  devise  que 
Schlossmann  a  écrite  en  épigraphe  sur  son  chalet  sylvestre  et, 
comme  le  dit  Barthès,  «  le  sort  d'un  pays  est  intimement  lié  au 
problème  de  la  réduction  de  la  mortalité  et  exige  le  concours 
de  toutes  les  bonnes  volontés  ».  A  nous,  médecins,  de  ne 
IM)int refuser  le  nôtre! 

Qu'il  me  soit  permis,  pour  terminer,  de  présenter  à  mon 
honoré  maître,  M.  le  professeur  Kohts,  l'hommage  de  ma  plus 
profonde  gratitude  pour  l'aide  et  les  conseils  qu'il  n'a  cessé  de 
me  prodiguer  au  cours  du  présent  travail. 

LITTÉRATURE. 

I.  Annales  de  la  Société  médico-chirurgicale  du  Brahani,  1903,  ii°  7.  Discus- 
sion Delcourt,  Lust,  Larueile,  TourDay,  sur  les  consultations  de  nourrissons. 

^  AusBET,  La  deuxième  année  de  fonctionnement  de  la  Goutte  de  Lait  do 
SaiDt-Pol-sur-Mer  [la  Clinique,  1904,  n^  46). 


212  H  EMU    KLOSE 

3.  Baginsky«  Lehrbuch  der  Kinderkrankheiten^  StuUgtirt,  1903. 

4.  Baginsky,  Pflege  des  Gesunden  und  kranken  Kindes,  Stuttgart,  1885. 

5.  Daginsky-Sommbrpeld,  Suuglingskrankenpflege  uiid  SâugliDgskraokheiteii. 
Errabrungen  in  StâdtiscbeD  Kaiser  UDd  Kaiserin  Fri*!drich-Rinderk.  zu  Berlin. 

6.  Basch-Welbminsky,  Ausscbeidung  dcr  Kraukheit^^erreger  durch  die  .Milcb 
(Jahrbiich  der  Kinderfieiikunde,  1898). 

7.  Behring,  Experimentelle  Ergehniâsc  betreffeod  die  Verunderung  der 
Nâbrstofre  und  Zymosen  iu  der  Kubmiich  unler  dem  EinQuss  hoher  Tempera- 
turgrade  {Ausstellung  fur  Sâaglingspflege,  Berlin,  1906). 

8.  Rericht,  Ueber  die  *23.  Sitzung  der  Vereinigung  niederrheinigchwestpbalÎA- 
cber  KinderArzte  vom  12.  Noveuiber  1905  zu  K5ln.  «  Der  Kinderarzt  »,  Leipzig 
XVII.  Jabrgang,  Heft  3. 

9.  Besprechung,  Ucber  Dr.  mcd.  Tbeinhardt's  Hygiama  {Zeilschrift  far  Kran- 
kenpflege^  1906). 

10.  Bericht,  Der  Armenverwalluug  ûber  die  S&uglingsrùreorgestelleu  der  Sladt 
Berlin.  1905. 

11.  Bayer,  ÂerztUcbcr  BerichtriberSaugliugspflege  in  der  Kinderpflege-.Vnslalt 
der  Mecbaiiiscben  Weberei  zu  Hannover-Linden,  1905. 

12.  Bendix,  Die  chron.  Yerdauungs^tôr.  des  SAuglings.  Deat^rbe  Klinik  aiu 
Eingauge  des  20.  Jahrbunderts.  Baud  VII,  139-142  Lieferung,  Berlin-Wien.  1905. 

13.  Bbndix,  Chariot lenhurger  SàuglingsffirsorgesUl/en,  Charlottenburg,  lOOû. 
li.  BiEDERT-FiscHL,  Lehrbuch  der  Kinder krankheiten^  Stuttgart,  1902 

15.  BiBDEKT,  Die  Kinderernâhrung  im  Sftuglingsaller,  Stuttgart,  1902. 

16.  BiEDERT,  Bemerkungen  zu  einer  Marktmilcb  erster  Klasse  {Verhandlunffen 
der  Gesellschaft  fur  Kind^rheilkunde,  Meran,  1905). 

17.  BoLTENSTERN,  Dr.  Tbcinhardi's  lô?!.  Kindernahrung  {Beichs-medicimtl- 
Anzeiger,  XXXI.  Jabrgang,  5.  Jan.  190G). 

18.  Blacker,  Die  Saiigling«ernabrung  beider  Ârmenbevôlkerung  Londons 
[Médical  Chronicle,  1900). 

19.  Bkeitung,  Das  Kaiser- Wilbeini  II  und  Kaiserin  Augusta-Victoria  Sâu- 
glingsbeim  [Medicinische  Klinik,  1906,  n^  \), 

20.  BiDiN,  Manuel  pratique  d'allaitement.  Hygiène  du  nourrisson,  Paris,  1905- 
1905,  chez  Octave  Douin. 

21.  Bu>OE,  Die  zuiichniende  Uufâhigkeit  der  Frauen  ibre  Kinder  zu  stillen. 
.Miincben,  1900. 

22.  Briwon,  La  Goutte  de  Lait  de  Rouen  \La  Clinique  de  Bruxelles,  u^  18i. 

23.  Brinard,  Une  visite  à  la  Goiilte  de  Lait  de  Saint-Pol-sur-Mer  [La  Clinique: 
de  Bruxelles,  190i,  no  21). 

24.  Brtnard,  Autour  des  consultations  de  nourrissons.  —  Quel  bien  ont-elh  ;< 
produit?  [La  Clinique  de  Bruxelles,  1904,  n»  31). 

25.  Brol'ardei.-Roux,  Enseiguement  populaire  de  Thygiène  [Gazette  médicale 
Belge,  190(î,  n^  15). 

26.  CARRISRo-BoLTO^'STOR^',  Die  Kindersterblichkeit,  Ibre  Ursachen  uod  die 
Mittel,  sie  zu  bekâmpfen   Àerzliche  Bundschau,  1906,  n°*  18-19). 

27.  Camkher,  Stoffwechsei  und  ErnAbrung  ini  ersteu  Lebensjabr.  In  Pfaunciler 
und  Schlossmann's  Ilandbucb  der  Kinderbeilkunde,   1906,  Leipzig. 

28.  Congrès  international  d'bygiène  et  de  démograpbie,  Bruxelles,  1903 
(Journal  du  Congrès,  n»  4). 

29.  CzBR.NY,  Kriiriige  Kost  [Jahrbuch  fur  Kinderheilkunde,    1900,   Band  LIf. 

30.  CzERNY,  Ueber  Kindererniibrung  [Deutsche  Klinik,  VI.  Lief.  Band  VU). 

31.  Czehny-Kbller,  Des  Kindes  Erniihrung.  ErnAhrungsslorungeu  und  Ernâh- 
rungstherapie,  Leipzig  und  Wieu,  1906. 

32.  DiR(  DONNÉ,  Imuiunitât.  Scbutzimpfung  und  Serumlberapie,  Leipzig:,  1906. 
.1:1.  Deutsch,  La  Goutte  de  Lnitdc  Budapest  {Annales  de  médecine  et  chirurgie 

infantiles,  1906,  n«  3). 

34.  Demahqcf,  Les  bouillies  et  les  bouillons  de  légumes  iLa  Clinique  de 
Bruxelles,  n"  39). 

35.  DrN(.EHN,  Eiue  pr.iktiscbe  Metbode,  um  Kuhuiilcb  leicbt  verdaulich  zu 
machen  [Milnch.  med.  Wochenschrift,  27  nov.  1900). 

36.  Delcoirt,  Autour  du  Congrès  de  Pédiatrie  de  Rouen  (La  Clinique  de 
Bruxelles,  1904,  no2l;. 


RATION    ALIMENTAI KE   DE    l'eNFANT  213 

•37.  EpâTEiN,  AUgemeine  Di&tetik  und  Ernâhrung  des  Sfiugliugs.  Schvalbe. 
EpsleÎQ  HaDdbuch  derpraktischen  Medizin,  Band  II,  1905. 

38.  Excel,  Die  weibliche  Brast.  Handbuch  der  Kinderheilkunde  von  Pfauodler 
uDd  Schlossmaua,  I.  Band  1.  H&lfte,  1906,  Leipzig. 

39.  EscHERicii,  Ueber  Streptococceneuterilis  im  SâuglingsaUcr  [Jahrhuch  far 
Kinderkêilkunde,  Band  XLIX). 

40.  EscHERicH,  Die  Darmbacterien  des  Sftuglings,  Stuttgart,  1886. 

41.  Ensch-Dbjasb,  Autour  des  consultations  pour  nourrissons  {Journal  médical 
fif  Bruxelles,  1904,  n^  51). 

42.  EsciiBRicH,  Die  acuten  VerJauungsstdrungen  des  Sftuglingsalters  {Deutsche 
Klinik,  Band  Vil,  31.  Lieferung). 

43.  Ppal'xoler,  Ueber  Magencapacitût  im  Rindesalter  ' Wiener  kliniscfie 
W'ochenschriflj  1897,  n«  44). 

44.  FiKiELSTBiN,  Lehrbuch  der  Sâuglingskrankheiten,  1.  H&lfle,  Berlin,  1905. 

45.  Fi'RST,  Die  neuen  Phasen  des  Molkereiwesens  und  der  S&uglingseniâh- 
ruDg  von  Liebig  bis  Backbaus  {Therapeulische  MonnlafUeftey  1899,  Heft  X). 

46.  Frark,  Pour  le  bien  des  nourrissons  (La  Pathologie  infantile^  1905,  n^  11). 

47.  FiscHBL,  Ueber  Schulzkdrper  im  Blute  der  Neugeboruen  {Jahrb.  fUr  Kin- 
derheilkunde, 1896,  Bd.  XLl). 

48.  Flachs,  Schule  und  Haus  {Verhandlungen  der  Gesellschaft  fiir  Kinder- 
heilkunde,  Meran,  1905). 

40.  Gallow,  Les  régimes  du  sevrage  {Journal  médical  de  BruxelleSy  1904,  n®  3). 

Su.  GERRsnEiiA,  Die  Ernâhrung  im  I.  und  ?.  Lebensjahre.  In  Biederfs  : 
o  Das  Kiod,  seine  geistige  und  kôrperlicbe  Pflege  bis  zur  Reife  ;  »,  Stuttgard,  1906. 

51.  Hb!ioch,  Vorlesungen  ûber  Kiuderkrankheiten,  Berlin,  1897. 

5).  IlEm,  Die  kOnstlichen  N&hrpr&parate  und  Anregungsmittel,  Berlin,  1901, 

.'>3.  Heckbr-Trumpp,  Allas  und  Grundriss  der  Kinderheilkunde  Lehmaun*s 
mediciniscbe  Handatlanten,  Mûnchen,  1905. 

51.  Heubxer,  Lehrbuch  der  Kinderheilkunde,  Leipzig,  1903. 

.'>5.  Hbirxer,  Ueber  kûntsliche  Ern&hrung  des  Sftuglings  {Bericht  nuf  dem 
inlernationalem  medicinischen  Congress  in  Paiis,  1900). 

56.  Heurner.  Zur  Erkenntnis  der  Energiebilanz  beim  Slkugliug  (KerAanei/i/n^ 
dtr  Gesetlschafl  fUr  Kinderheilkunde,  Breslau,  1904). 

57.  Hutzler,  Sôuglingssterblicbkeit  und  Hebammen  {Verhandlung  derGesell- 
schafl  pkr  Kinderheilkunde,  Mer&n,  1905). 

58.  Heckbr,  Ueber  Verbreitung  und  Wirkung  des  Al  kohols  bei  Schûlern 
iJahrbuch  fUr  Kinderheilkunde  und  physische  Erziehung,  111  Folge,  Heft  IV  eiVy 
HJ06). 

59.  Heckcr,  Alkohoi  und  Schuikind  (  Verhnn'Uung  der  Gesellschaft  fur  Kindtr^ 
heilkunde,  Meran,  1905). 

Cl).  Hahbcrcbr,  Biologisches  ûber  die  Eiweisskôrper  der  Kuhmilch  uud  liber 
Sâuglingsernâhrung  {Archiv  fur  Kinderheilkunde,  1903). 

61.  Hamburqbr,  Ueber  Verdauung  und  Assimilation  {Verhandlungen  der 
OetelUchaft  far  Kinder/ieilkunde,  Breslau,  1904). 

62.  Jacobus,  Ein  Fall  von  infantilem  Scorbut  nebst  Bemerkungen  Ciber  Kin- 
deroâbrong  und  Emahrung  {Therapeuiische  Monatshefte,  1899,  n^  5). 

6^{.  KiEsciNTZKY,  Ueber  Franenmilchuntersnchung  vom  klinischen  Staupunkt 
[Si,  Petersburger  med.  Wochenschrift,  19(»1,  u»  3). 

64.  Keller,  Die  Krankheiten  des  Neugebornen  in  den  ersten  f^bcnstagen 
OeuUeh"  Klinik,  Band  Vil,  139-142  Lteferung). 

65.  LoBBiscR,  Ernuhrung,  in  {Eulenburg's  Healencyklopadie  der  gesamleh 
Ueilkundf,  Band  VI,  Wien  und  Leipzig,  1886). 

66.  Lambli.'vo,  Notes  sur  l*alimentation  {Le  Nord  médical,  1898,  1*'''  janvier). 

67.  LanosteiX'Salob,  Sauglingserniihrung  {Auslellung  fur  Sàuglingspflege, 
Berliu,  1906). 

C8.  Les  Congrès  des  Gouttes  de  Lait  (La  Clinique,  1905,  n^  45). 

CD.  Lbclercq-Dehbur,  CEuvredu  bon  lait  pour  les  petits,  Ixelles-Bruxelles,  1904. 

*0.  Mariql'b,  Contre   les  gouttes  de  lait  (Journal  médical  de  Bruxelles,  1905, 

71.  Marfak,  Traité  de  l'allaitement  et  de  l'alimentation  des  enfants  du  premier 
âge,  Paris,  1903.  Traduit  par  Fischl,  Leipzig,  1904. 


214  HENRI    KLOSE 

72.  MoNTi,  KÎDderheilkuDde  in  Einzeldarstellungen,  Wien,  I90f>. 

73.  Meyrr-Lanqstkin,  Die  Acidose  des  Saugliugs  [Verhandluugen  der  Gesell- 
schaft  fiir  Kinder heilkunde,  Meran,  1906). 

7î.  Neter.  ErniihruDg  an  der  Mutterbrust.  Der  Arzt  ala  Erzieher,  Mnnchen, 
190C.  Heft  m. 

76.  Neteh,  Die  letztjilhrigeu  Arbeiten  ûber  Frauenmiich  {Archiv  /«r  Kinder- 
heilkande,  Bd.  XXVÏ.  Heft  III- VI,  Stuttgard,  1903). 

76.  NoRTii,  Die  Erzeugiing  von  Vorzugsmilch  in  den  vereinigten  St-iateii  vod 
Nordamerika  (Medicolechnologisches  Journal^  2.  Jahregang,  u®  2). 

77.  Nai'we'  AEKs-BRECXf  Statistique  de  la  Consultation  de  nourrisson»  (La  Cli- 
nique de  Hruxelles,  190*,  n»  47). 

78.  Neumann,  Ueber  die  Behandiung  der  Kinderkrankheiten,  Berlin,  1903. 

79.  NoRDHEiM,  Stiilungsnot  in  MCinchen  [Archiv  fUr  Kindet*heilkunde,  1901}. 

80.  Petrusciiky-Khiebel,  Die  Ursache  der  Somraersterblicbkeit  der  Sàuglinge 
und  die  Môglichkeit  ihrer  Verhtitung,  Dantzig,  1906. 

81.  Prausnitz,  Mortaiitat  und  Morbiditiit  im  Siiuglingsalter  [Pfaundler- 
Schiossmann'scftes  Uandbuch  der  Kinder keilkunde,  Leipzig,  1900). 

82.  Prinziso.  Die  Entwicklung  der  Kindersterblichkeit  ?n  den  eupopaischcn 
Staaten  [Jahrbùcher  far  Nationaiôkonomie  uiid  Statislik,  111.  Folge.  Bd.  XVII,  1899'. 

83.  Quiis'ke,  Ueber  die  Entstehung  der  Gelbsucht  Neugebomer  {Arcftiv  /<"/. 
ez-perimentelle  Pathologie,  XIX^  1885). 

84.  QuiNKE,  Ueber  den  sogenanuten  UrobilinicterusC  rircAou's  Archiv,  Baod  XCY, 
1884). 

86.  Raimondi,  Die  Siiuglingsheiine  vom  social  medicinischen  Gesichls  puukle 
{Deutsche  med.  Presse,  1906,  n»  6). 

80.  KArPAEi.Li,  De  Teiuploi  des  farines  alimentaires  pour  l'alimentation  mixte 
des  nourrissons  [Journal  médical  de  Bruxelles,  1906,  n»  3). 

87.  RuBNER,  Physiolof^ie  der  Nahruog  und  Ernahrung  von  Leyden's  [Uandhuch 
der  Ernàhrungstherapie,  Leipzig,  1898). 

88.  Ronge,  Lehrbuch  der  Geburtshn/e,  Berlin,  1899. 

89.  RuNOE,  Das  Weib  in  seiner  gescblechtiichen  Eigenart,  Berlin,  1»00. 

90.  RosEMFELD,  Beitrage  zur  Slatistik  der  Siiuglinssterblichkeit  {Archiv  fur 
Kinierheitkunde.  Bd.  XXXIll,  1901). 

91.  RosE.^fELi),  Die  Mehraterblichkeit  unehelieher  Kinder,  Ebenda,  1905,  Heft  Y. 

92.  Raudxitz  et  Basch,  Cheniie  uud  Physiologie  der  Milch,    Wiesbaden,  1903. 

93.  RosEMANN,  Ueber  den  Einfluss  des  Aikohols  auf  die  Milchabsonderung 
(Archiv  fur  die  gesamte  Physiologie,  Bd.  LXXVUl). 

94.  Reinach,  Ueber  mit  Siiuglingsmilchkachen  verbundene  Siiuglingsfùrsor- 
gestelleu  [Hayrische  Hebammenzeitung,  1906,  n»»  1,2,  3,  4). 

95.  De  Rothschild,  Hygiène  de  Tallaitement,  Paris,  1899. 

96.  De  Rothschild,  Paptcurisation  et  stérilisation  du  lait,  Paris,  1901. 

97.  Raluondi-Barbellian,  Du  lait  de  chèvre  {La  Clinique,  190i,  n°  18). 

98.  Seipfert,  Ueber  Kiodermilch  (  Verhd/ung.  der  Gesetlschaft  fiir  Kinderheil- 
kunde,  Breslau,  190i).  Discussion  :  Pfauudler-Theodor,  Swoboda,  Rommel, 
Schlossmann.  Czerny. 

99.  Seipfert,  Die  staatswirtschaftliche  Bsdeutung  einer  hohen  Sauglingsster- 
blichkeil  [A usstelluvg  far  Saugtingspflfige,  herWn,  1900). 

100.  Seitz,  Siuiglingsriirsorge  in  Mûnchen  {Woche,  1900,  n»  6). 

101.  Dr  Sache  <,  Considération  sur  la  pédiatrie  [Gaz.  médicale  Belge,  1906,  n*  20  . 

102.  De  Saohek,  Consultation  de  nourrissons  de  la  policlinique  de  ÏÀége,  Rap- 
port annuel,  1906. 

10,J.  Schmid-.Monard,  Erfnhrungen  auf  dem  Gebiet  der  Erniihrung  von  Flas- 
chenkiiidern  {Therapeutische  Monalshe/te,  1899,  n^  2|. 

lOi.  Si.HLOSSMANN,  Vehev  KitïdermWch  (Vcrhandlung  der  Gcsellscha,' t  fûp  Kin- 
derheilkunde,  Breslau,  1904). 

105.  Schlossmann,  Ueber  die  Kursorge  fftr  kranke  S.ïuglinge  (Archiv  /ûi' 
Kinderheilkunde,  1906,  Bd.  XLlll,  I-IV  Heftj. 

106.  Schlossmann,  Studium  ïiber  SaugUngssterblichkeit  (Zeitscfirifl  fUr 
Hygiène,  1893,  Bd.  XXI V). 

107.  Schlossmann,  Zur  Frage  der  natiirlichen  Sauglingserniihrung  (Archiv 
fur  Kinderheilkunde,  1900,  Bd.  XXXIX). 


RATION   ALIMENTAIRE   DE    l'eNFANT  215 

>08.  ScHLOSâHANN,  Ueber  die  Leistungsfâhigkeit  der  weiblichea  Milchdrûsen 
undûber  Indicationeo  und  Kod train dicationen  zum  Stillen  {Monatsschtnft  fiir 
^^mshiife  und  Gynàkologie,  Bd.  XVII). 

'Oi).  Salge,  Der  acute  DûaDdariukatarrh  des  Sâuglinj(s,  Leipzig,  1906. 
"0.  Saloe,  Thérapie  der  Kinderkraukheiten.  Thérapie  an  den  Berliner  Uni- 
^ersiiatskliniken,  Berlin  und  Wien,  1905. 

'"•  Saloe,  Therapeutisches  Taschenbuch  fur  die  Kinderpraxis,  Berlin,  1905. 
"2-  SiEOBRT,  Ueber  die  Aufgaben  der  Gemeinden  im  Kampf  gegen  die  Siiu- 
^'"^«sterblichkeit  mit  besonderor  Berûcksichligung  der  Versorgung  der  Stâdte 
•««Sriugriinosmiich  {Cenlralb.  fur  allg.  Gesundheilspflege,  1906, 1  et  II.  Heft). 
*'•  SiEGKRT,  Jahresbericht  der  StluglingsheilstâUe  zu  Sirassburg,  1903. 
•  ScHLiCHTBB,  AnicUutig  zur  Unlers.  und   Wahl  der  Ammen^   Wien,  1894. 
^çl^î^'    ^OMMERFRLD,  Emiihrung  jenseits  des  ersten  Lebensjabres  [Pfaundler" 

116**""*'*'''*^^^*  ^^^d^*^cff  ^^^  Kinderheilkunde^  Leipzig,  190B). 
pepiDd  ^^^'''■KN,  Ueber  Emiihrung  iui  kindlichen  Alter  jenseits  der  Sûuglings- 
U7^\^^ahrbuch  fur  Kinderhnlkunde,  1898,  Bd.  XLVl). 

11^  ^^ontagh,  Zur  Biochemie  der  Milch  [Jahrb.  fur  Kinder.,  1898,  Bd.  XLVI). 

,  »  ^tcvE.    Klinische   und  experimcntelle  Untersuchungcn  Ober  Dr.  med. 

îtotiUilrdfs  HygihmeL  (Berliner  klinische  Wochenchrift,  1896,  no  20). 

\\9.  ScnRKiBER,  Die  Entstehung  des  Icteius  néon.  Guttinger  Dissertation,  1894. 

1^0.  ScHREiBER,  Die  Théorie  Quickes  ûber  den  icterus  néon.  Gôttingen,  1897. 

13I.  TRiEniCH,  Ueber  den  Einfluss  der  Ernahrung  und  Lebrusweise  auf  die 

Zasainmensetzung  der  Frauenuiilch  (MonaUschrifl  fur  Geburishilfe  und  Gynû- 

koloffie.  Bd.  IX). 

122.  Tbrzieu,  L^alimentation  à  partir  du  neuvième  mois  {Journal  médical  de 
Bruxelles,  1905,  n»  20). 

IM  TiiEMEsvART,    Der  Einfluss  der   Emiihrung  auf  die  Milchabsunderuog, 
Leipzig,  1894. 
134.  Ukfelmakn,  Handbuch  der  Kinderheilkunde,  Wien,  Leipzig,  1893. 

125.  Vahiot,  Discussion  autour  du  scorbut  infantile  et  sa  pathogénie  [La  OU* 
nique  infantile,  1904,  n»  1). 

126.  Variot,  Valeur  nutritive  du  lait  de  vache  stérilisé  à  lOS»  pour  Tallaite- 
meot  arliiiciel  [Gazelle  médicale  Belge,  1904,  n»  12). 

127.  Variot-Charles,  La  mortalité  infantile  dans  les  consultations  de  nour- 
rissons. Ce  que  Ton  doit  penser  de  la  statistique  [Journal  d'accouchemenls, 
1905,  n»  27,  Liège). 

128.  We:îTkrgaard,  Die  Lehre  von  der  Mortalitilt  und  Morbiditiit,  Berlin,  1898. 

129.  VVCiRTz,  Jahresbericht  der  Suuglingsheilstiltlc  zu  Strassburg,  1904. 

130.  VVbsener,  Die  Hesultate  der  prophylaktischen  Impfung  mit  Diphtheri- 
cheilserum  im  Stadtischen  Mariahilfkrankenhause  zu  taachen  (MUnchener  med, 
Wochenchrifl,  1905,  Nr.  12). 

131.  Wassermann,  Xeue  Beitriige  zur  Kenntnis  der  Eiweiss-StofTe  verschiede- 
oerTierarten  [Verein  fUr  innere  Medizin  in  Berlin,  2  Juli  1900). 

l-{2.  Zweikel,  Untersuchungen  i'iber  den  Verdauungsapparat  der  Neugeborenen, 
U^rlin,  1874. 


RECUEIL  DE  FAITl 


I 

TOLÉRANCE   ÉTONNANTE   DU    LARYNX   D'UN    ENFANT 

POUR  UN  CORPS  ÉTRANGER. 

Par  le  D^  BRUGH  (de  Tunis), 

Chef  de  la  Maternité  du  Senice  des  Enfants  à  l'Hôpilat  Français. 

G.  F.,  âgé  de  dix  ans,  passait  le  7  juin  1906  devant  le  marché, 
se  rendant  à  Técole,  lorsqu'un  Arabe  lui  olFre  un  coquillage  appelé 
à  Tunis   haricot  de  mer.  L'enfant,   voulant   casser  la   coquille 

avec  ses  dents,  en  avala  un  fragment.  Après 
avoir  demandé  à  un  agent  de  police  si  le  fait 
d'avaler  un  coquillage  n'était  pas  dangereux, 
sur  la  réponse  négative  de  ce  dernier,  il  se 
rendit  à  l'école.  A  peine  assis  à  son  banc, 
^  de  coqiii^ila*gTSé  l'enfant  fut  pris  d'un  accès  de  suffocation. 
.  dans  le  larynx.  Effrayé,    le    maître    d'école    le   conduit   au 

D""  Braquehaye.  Celui-ci,  ayant  pensé  qu'il 
^'agissait  d'un  corps  étranger  du  larynx,  envoie  immédiatement, 
d'urgence,  l'enfant  dans  mon  service  de  l'hôpital,  où  il  entre  le 
soir  même. 

A  son  arrivée,  il  présente  une  aphonie  complète,  avec  de  petites 
quintes  de  toux.  L'examen  du  larynx  est  rendu  impossible  par 
l'indocilité  de  l'enfant,  par  les  quintes  de  toux  et  les  accès  de 
suffocation  qu'il  présente. 

Le  lendemain  matin,  pour  mettre  l'organe  au  repos,  on  fait  la 
trachéotomie  suivie  d'une  exploration  rétrograde  du  larynx  ;  lelte 
exploration  reste  sans  résultat.  Sous  l'influence  de  la  trachéotomie, 
l'enfant  cesse  d'avoir  des  quintes  de  toux,  se  nourrit  bien,  dort 
paisiblement  et  joue  même  sur  son  lit. 

Deux  radiographies  du  larynx  sont  faites  sans  résultat  probant. 
Quelques  jours  plus  tard,  après  avoir  endormi  l'enfant  au  chlo- 
roforme, on  fait  de  nouvelles  tentatives  d'exploration  laryngée  : 
miroir  frontal,  sonde  directe  et  rétrograde.  Aucun  succès. 

Après  quelques  jours  de  repos,  nouvelle  tentative  sous  le  chloro- 
forme ;  pas  plus  de  succès.  On  essaie  de  retirer  la  canule  à  trachéo- 
tomie, en  laissant  l'enfant  sous  la  garde  spéciale  d'une  infirmière; 
mais,  au  bout  d'une  heure,  nouvelles  crises  d'étoufl'ement,  nou- 


OSTÉOXnÉLlTE   DU    TIBIA  217 

vellcs  quintes  de  toux  ruuque,  qui  obligent  à  remettre  la  canule 
J'urgence.  Dans  la  soirée,  Tenfant  retire  lui-même  sa  canule. 

Pendant  deux  jours,  il  respire  aisément  sans  canule,  et  nous 
étions  persuadés  qu'il  était  débarrassé  de  son  corps  étranger, 
ijuil  lavait  peut-être  dégluti  après  expulsion  du  larynx  par  une 
quinte  de  toux.  Or,  le  25  juin  1906,  subitement,  il  est  repris  d'une 
rpouvantable  quinte  de  toux,  qui  dure  une  heure,  et,  dans  un  der- 
nier elforl,  le  visage  congestionné,  le  faciès  presque  asphyxique, 
il  rejette  sur  la  couverture  de  son  lit  le  corps  étranger  consistant 
en  un  fragment  de  valve  du  haricot  de  mer,  a  bords  tranchants 
et  à  angles  très  aigus.  Il  est  extraordinaire  que  ce  corps  étranger 
nuit  pas  blessé  ou  perforé  le  larynx. 

Le  corps  étranger,  tel  que  le  représente  la  figure  ci-contre,  est 
donc  resté  dix-huit  jours,  probablement  dans  les  ventricules  du 
larynx,  placé  de  champ,  laissant  passer  Tair,  pour  de  temps  à 
autre  retomber  à  plat  et  obstruer  la  glotte,  en  provoquant  des 
•  lises  d'étouffement  terribles.  La  tolérance  du  larynx  pour  ce 
corps  étranger  a  été  vraiment  étonnante. 


H 

OSTÉOMYÉLITE  DU  TIBIA. 

OPÉRATION    PRÉCOCE.    —    GUÉRISON. 

Par  le  Ji^  BRUCH. 

Le  16  janvier  1905,  je  fus  appelé  chez  M.  G.  pour  voir  sa  fillette, 
agrée  de  trois  ans,  qui  présentait  une  forte  fièvre.  Antécédents  de 
paludisme  léger.  Bonne  santé  la  veille  de  l'invasion  de  la  maladie 
actuelle,  qui  a  été  subite  et  brutale.  Le  thermomètre  accuse  plus 
«Je  40.  Songeant  au  paludisme,  j'examine  le  ventre,  le  foie,  la  rate, 
sans  rien  découvrir  d'anormal.  Rien  dans  la  gorge.  Ayant  décou- 
vert entièrement  Tenfant,  j'aperçus  une  tache  rouge  de  la  grandeur 
d'une  pièce  de  50  centimes  à  la  partie  supérieure  du  tibia  gauche, 
dans  la  région  du  cartilage  de  conjugaison.  Ce  point  était  très  dou- 
loureux. Après  examen  méthodique  du  tibia  dans  sa  totalité,  je  con- 
clus à  de  l'ostéomyélite  au  début  et  en  fis  part  aux  parents  de  l'enfant. 

Devant  partir  à  la  campagne  pour  une  visite  urgente,  je  pres- 
crivis des  pansements  humides  et  revins  le  soir. 

A  ce  moment  (16  janvier  dans  la  soirée),  la  tache  rouge  du 
malin  avait  considérablement  grandi,  la  fièvre  avait  persisté,  la 
douleur  était  aussi  vive.  Sûr  de  mon  diagnostic,  j'insistais  auprès 
de  la  famille  pour  opérer  dès  le  lendemain. 

Le  lendemain  matin,  malgré  les  hésitations  de  l'entourage,  \u 
l'aggravation   persistante  de  l'état  du  malade,  j'obtins  de  faire 


■-^IS  RECUEIL   UK    FAITS 

rojjéralion  à  une  heure  de  l'après-midi.  Je  pratique!  une  incision 
sur  la  longueur  du  (ibia  dans  une  étendue  de  î  centimètres. 
Le  bistouri  sectionna  successivement  la  peau,  le  tissu  cellulaire  et 
le  pf'rioste.  Ce  dernier  était  cong-estionn<-,  mais  l'os  paraissait 
sain.  Je  m'en  tins  ià,  La  fièvre  tomba  le  soir  même,  et  la  cicatri- 
sation se  fit  très  rapidement.  Au  bout  de  trois  semaines,  l'enfant 
pouvait  marcher. 

En  somme,  simple  incision  des  parties  molles  semblable  k  l'inci- 
sion de  Wilde  dans  la  périosfite  mastoïdienne.  Ce  fait  plaide  en 
faveur  d'une  intervention  1res  rapide  dans  une  allëction  qui  peut 
être  si  rapidement  mortelle.  Mais  il  faut  persuader  les  parents  '.'1 
les  malades  eux-mêmes  de  l'utilité  et  de  l'urg-ence  de  cette  inter- 
vention, qui  doit  être  à  la  fois  rapide  et  radicale. 

Une  bronchite  aiguë  se  déclara  quinze  Jours  n|)rès,  mais  elle 
évolua  sans  comjilication,  et  la  guérison  fut  définitive, 

HT 

PHLEGMON  GANGRENEUX  DU  COU 

CHEZ    UN    NOURRISSON 

LAVAGES  A   L'EAU  SALÉE.  —  CICATRTSATinN   THÉS  SATISFA1SA>TE. 
Parl«D'BRUCa. 

Un  enfant  âgé  d'un  peu  plus  d'un  an  est  apporté  dans  mon  ser- 
vice dans  l'état  que  repré- 
sente la  figure  1.  Il  avait  eu 
très  probablement  un  phle^'- 
mon  dilTris  du  cou  ayant  dé- 
terminé un  large  décollemenl 
avec  sphacèle  de  la  peau.  La 
destruction  du  tégument 
laissai  t  à  nu  toutes  les  régions 
antérieures,  latérales  et  une 
partie  de  la  région  poslé- 
rieureducou.  Ledécollemenl 
se  prolongeait  en  forme  de 
cul-de-sac,  en  avant,  sur  la 
ligne  médiane  jusqu'au  de- 
vant du  sternum.  De  ce  cul- 
de-sac  coulait  encore  du  pus. 
Comme  traitement,  on  fil 
tout  simplement  des  lavages 
réiiétés  avec  le  sérum  artiti- 
Fis.  t.  —  t'hifiiiiion  (iifTiis  du  cou.  .  ',  ,  , .      .   -  ■  a<ua 

"  ^  Ciel  (eau  saiee  à  *  p.  lOtH.')- 

Au  bout  de  deux  mois  environ,   la  cicatrisation  était  complète. 


PHLEOMO.N   (lAXdtlENEl^X    llf    i.OV 

Toute  la  région  dénudée,  (lissécjiiée,  était  recouverte  < 


Fi«.  i.  —  Cii-alrisotion  coiupli'lc. 

monti'o  In  figrure  2,  sans  rétraction  ni  cicalrice  réiractile,  sani 
droite,  sur  un  tout  petit  espaoe. 

Le  succès  obtenu  [>ar  un  traitement  très  simple,  dims  un  i 
aussi  grave  en  apparence,  est  vraiment  remarquable. 


IV 


SYNDROME  LABIO-GLOSSO-PHARYNGÉ 

CHEZ  U\  GARÇON    DE  SEPT  ANS  (POLIO-ENCÉPHALITE) 
Par  le  D^  E.  ZEMBOULIS  (de  ConstaoUnople\ 

H...  P...,  âgé  de  sept  ans,  originaire  d'Aghathoupolio  (sur  la 
mer  Noire,  Turquie  d'Europe),  s'est  présenté  à  nous  le  3  août  ltK)6. 

Ses  parents  l'ont  conduit  à  Constantinople  parce  que  sa  parole, 
depuis  deux  ans,  est  devenue  de  plus  en  plus  incompréhensible  et 
que  la  salive  coule  constamment  hors  de  la  bouche. 

Rougeole  simple,  à  trois  ans,  sans  complication;  pas  d'autres 
maladies  jusqu  a  cinq  ans.  Né  à  terme,  Tenfant  a  été  nourri  au  sein 
et  sevré  en  temps  normal  ;  la  dentition,  la  marche,  le  développe- 
ment et  la  consolidation  du  squelette  ont  été  normaux.  Pas  de 
troubles  digestifs  notables,  ni  d'affection  des  voies  respiratoires, 
pas  de  convulsions.  Jusqu'à  cinq  ans,  Tenfant  parlait  bien. 

Parents  bien  portants,  aucune  tare  nerveuse  héréditaire  du  côté 
paternel  ni  du  côté  maternel.  Le  grand-père  maternel  a  eu,  en  1880, 
la  syphilis;  mais  la  mère  de  l'enfant  était  née  en  1874;  elle  n'a  pas 
fait  de  fausse  couche.  Elle  a  eu  sept  accouchements  à  terme,  trois 
avant  et  trois  après  le  petit  malade.  Les  autres  enfants  vivent  et 
sont  normaux  physiquement  et  mentalement.  Donc  pas  d'infection 
syphilitique  chez  la  mère. 

11  y  a  deux  ans  que  l'enfant,  en  même  temps  que  sa  mère  parais- 
sait soulîrir  de  rhumatisme  polyarticulaire,  eut  une  affection  fé- 
brile sans  localisation  pendant  deux  ou  trois  jours  :  puis  les  parents 
ont  constaté  que  l'enfant  avait  des  douleurs  aux  deux  membres 
inférieurs  et  qu'il  ne  pouvait  pas  marcher  [impotence  douloureuse  . 
Pendant  cette  affection,  rapportée  par  les  médecins  à  une  double 
sciatique,  la  parole  n'a  pas  été  troublée.  Au  bout  d'un  mois,  tout  a 
paru  rentrer  dans  l'ordre  sans  laisser  de  suites  appréciables.  L'en- 
fant a  depuis  lors  retrouvé  la  liberté  de  ses  mouvements,  et  il  con- 
tinue à  bien  marcher. 

Peu  de  temps  après  cette  maladie,  la  mère  s'aperçut  la  première 
que  l'enfant  ne  prononçait  pas  bien  certains  mots.  On  a  cru  d'abord 
à  une  affectation  d'enfant  gâté,  et  on  a  essayé  de  le  corriger.  Malgré 
tout,  la  dysarthrie  a  progressé.  Au  bout  d'un  an,  l'aflection  semble 
avoir  subi  un  temps  d'arrêt  ;  l'amélioration  n'ayant  pas  continué,  les 


SYXUUOME    LABIO-GLOSSO-PHARYNGÉ  221 

parents,  inquiets  d'un  état  stationnaire  qui  persiste  depuis  un  an, 
sont  venus  à  Constantinople. 

État  actuel,  —  Enfant  assez  bien  développé  pour  son  âge;  il  a 
fait  un  long-  trajet  pour  venir  chez  moi,  cependant  il  ne  manifeste 
aucune  fatigue.  Eknbonpoint  suffisant,  bien  que  les  parents  signalent 
un  amaigrissement  depuis  quelque  temps.  On  est  frappé  tout 
dVibord  de  la  salivation  et  de  l'écoulement  ininterrompu  sur  le 
menton  et  sur  la  poitrine.  11  y  a  sialorrhée,  exagération  de  la  sécré- 
tion salivaire.  La  bouche  de  l'enfant  est  presque  constamment 
ouverte  ;  lèvres  amincies.  Avec  de  la  volonté  et  un  peu  d'effort, 
l'enfant  arrive  à  les  ra[)procher  sans  pouvoir  cependant  les  serrer. 
Siffler,  souffler,  éteindre  une  bougieouune  allumette  avecla  bouche 
lui  est  absolument  impossible.  Mastication  lente,  se  faisant  surtout 
par  la  partie  antérieure  de  Tarcade  dentaire.  Quand  le  bol  alimen- 
taire s'engage  un  peu  trop  au-devant  de  la  bouche,  l'action  combi- 
née des  parties  molles  pour  le  ramener  en  arrière  étant  imj)ossible, 
l'enfant  le  repousse  avec  les  doigts.  Les  autres  muscles  du  visage 
ne  paraissent  pas  atteints.  Le  faciès,  quand  la  bouche  est  fermée, 
est  intelligent  ;  Texpression  est  tout  autre  quand  la  bouche,  entr'- 
ouverte,  laisse  couler  la  salive  au  dehors.  D'ailleurs  Tintelligence 
est  intacte,  et  les  caprices  de  l'enfant  tiennent  à  ce  que,  depuis 
deux  ans,  il  est  l'objet  des  caresses  et  prévenances  de  toute  la 
famille.  Pas  de  changement  réel  de  caractère.  L'enfant  ferme  bien 
les  paupières,  mais  sans  pouvoir  les  serrer. 

A  l'ouverture  de  la  bouche,  la  langue  paraît  plus  a[)latie  qu'à 
l'état  normal;  l'enfant,  acecde  la  volonté^  arrive  à  porter  la  langue 
hore  de  la  bouche;  mais,  la  retourner  en  haut,  l'appliquer  contre 
le  palais  ou  la  former  vn  cuiller,  lui  est  absolument  impossible  ;  s'il 
parle  vite,  non  seulement  les  labiales  et  les  dentales  ne  peuvent 
pastHre  prononcées,  mais  aussi  presques  toutes  les  autres  lettres. 
SU  fuit  attention,  s'il  est  sollicité  à  pmMer  attentivement,  lentement 
et  correctement,  il  arrive  à  prononcer  ({uoi([ue  faiblement  les 
voyelles  grecques  a^  e,  /,  o,  ou  et  les  consonnes,  y  compris  r;  mais 
les  labiales,  les  dentales  et  la  consonne  K  ne  peuvent  élre  pro- 
noncées. Chose  curieuse,  les  lettres  isolées  sont  mieux  prononcées 
que  quand  elles  sont  unies  en  formant  des  mots. 

La  mastication  est  manifestement  difficile,  et  surtout  les  mouve- 
ments latéraux  de  la  mâchoire  inférieure  sont  g«'nés  ;  l'enfant  mâche 
très  lentement,  et  il  avale  le  bol  alimentaire  avant  de  l'avoir  bien 
mastiqué;  la  déglutition,  surtout  pour  les  liquides,  n'est  pas  aisée  ; 
l'enfant  avale  par  gorgées  et  en  renversant  la  tète  ;  malgré  cela, 
une  partie  du  liquide  coule  en  dehors  de  la  bouche  sans  que  le 
malade  puisse  s'y  opposer.  Les  liquides  ne  sont  pas  rejetés  par  le 
nez» 

Rétlexes  patellaires  légèrement  exagérés;  autres  réflexes  nor- 


222  RECUEIL   DE   FAITS 

maux.  Rien  d'anormal  du  côté  de  la  musculature  ;  cependant  les 
extenseurs  des  doigts  et  les  interosseux  paraissent  agir  aver  une 
certaine  lenteur.  Les  muscles  scapulo-huméraux  ne  semblent  pré- 
senter rien  de  pathologique. 

Un  amaigrissement,  constaté  depuis  quelque  temps,  semble  tenir 
à  la  difficulté  de  la  mastication,  qui  est  lente,  fatigante  et  ne  per- 
met pas  à  Tenfant  de  prendre  une  quantité  de  nourriture  en  rapport 
avec  son  âge  et  son  développement  :  d'après  les  parents,  cet 
amaigrissement  est  stationnaire  depuis  un  an. 

Ce  syndrome  labio-glosso-phari/ngé  (le  larynx  jusqu'à  présent 
est  respecté,  pas  de  spasme  ni  accès  de  suffocation),  assez  rare  chez 
l'enfant,  présentait  quelques  difficultés  de  diagnostic. 

Après  examen  minutieux,  fait  avec  le  D'  P.  Acchioté,  professeur 
de  maladies  mentales  et  nerveuses  à  l'École  impériale  de  médecine» 
nous  avons  conclu  à  \xï\e  polio- encéphalite  bulbaire  inférieure^  à 
marche  lente  et  d'origine  probablement  infectieuse;  pronostic 
très  réservé. 

Notre  collègue  et  ami  le  D"*  Soutakis,  de  la  Faculté  de  Paris,  très 
compétent  en  électricité  médicale,  après  avoir  soumis  l'enfant  à  un 
électro-diagnostic  rigoureux,  a  trouvé  les  contractions  faradiques 
et  galvaniques  normales. 

En  même  temps  que  nous  donnions  de  la  strychnine  et  du  phos- 
phore, nous  avons  soumis  l'enfant  à  une  faradisation  méthodique 
sous  la  direction  duD''  Soutakis.  Après  huit  séances,  en  quinze  jours, 
amélioration  notable  et  progressive  :  la  salivation  est  intermittente, 
les  lèvres  peuvent  avec  de  la  volonté  se  fermer  en  cône  ;  Tenfant. 
avec  un  peu  d'ellbrt,  arrive  à  pouvoir  éteindre  une  allumette;  la 
mastication  et  la  déglutition,  même pourles  liquides,  sont  meilleures; 
actuellement,  il  n'y  a  que  les  consonnes  p  et  n  qui  ne  peuvent  pas 
encore  être  bien  prononcées  ;  les  mots  monosyllabiques  sont  assez 
bien  exprimés  et  compris  par  l'entourage  ;  mais,  pour  s'en  rendre 
compte,  il  faut  solliciter  l'attention  de  l'enfant  et  sa  volonté,  le 
faire  répéter  tel  ou  tel  mot  qu'on  prononce  au  préalable  bien  haut 
et  clairement.  Il  semble  qu'un  réveil  des  mots  et  qu'une  rééduca- 
tion de  la  prononciation  de  tel  ou  tel  autre  mot  soient  préalablement 
nécessaires,  et  l'on  dirait  qu'un  défaut  de  volonté  et  d'attention 
contribue  à  cette  dysarthrie.  C'est  la  spontanéité  et  la  rapidité  de 
la  formation  des  mots  qui  paraissent  en  défaut.  L'enfant,  spon- 
tanément, parle  plus  mal  et  moins  intelligiblement  que  lorsqu'il 
est  sollicité  à  bien  prononcer  tel  ou  tel  mot  ;  les  mots  monosyllabiques 
sont  alors  assez  bien  prononcés;  pour  les  polysyllabiques,  la  pro- 
nonciation est  moins  bonne. 

Cette  amélioration,  constatée  après  quelques  séances  élec- 
triques, se  mainliendra-t-elle?  Nous  faisons  toutes  réserves  à  ce 
sujet. 


SYNDRONJE    LABlO-GLOSSO-PHAHYNGl^^  '2'23 

En  eiïet,  peu  de  temps  après,  le  petit  malade,  qui  avait  paru  tirer 
gramJ profit  de  la  faradisation,  retomba  dans  son  état  antérieur. 
La  parole  estpresque  inintelligible,  surtoutquand  on  ne  commande 
pasà  Tenfant  de  faire  grande  attention  et  de  s'efforcer  de  parler 
avec  lenteur  et  correction.  Dans  ces  conditions  seulement,  on  par- 
venait à  entendre  quelques  consonnes  et  voyelles,  et  on  pouvait 
ainsi  reconstituer  le  mot  entier.  La  salivation  a  présenté  des  alter- 
natives de  diminution  et  d^augmentation;  parfois  Técoulement  de 
la  salive  se  faisait  sans  interruption.  Le  retourau  staiu  quo  ante, 
quia  semblé,  aux  yeux  des  parents,  comme  une  aggravation,  n'a 
fait  que  les  démoraliser.  Ils  sont  rentrés  chez  eux  (novembre  1906). 
Jusqu'au  jour  de  son  départ,  fenfant  (deux  ans  après  le  début  de 
son  atTeclion)  n'a  présenté  aucun  trouble  appréciable  du  côté  du 
larvnx. 


V 


QUATRE  CAS   DE  PERFORATION  DU   VOILE  DU   PALAIS 

DANS  LA  SCARLATINE. 
Par  M">«  Hathilde  de  BIEHLER. 

Docteur  en  médecine,  AssisUint  Mft  Clinique  thérapeutique  de  l'Universil^  de  Vnrswe. 

Médecin  de  la  maison  des  Knfanls- Assistés. 

Je  puis  ajouter  à  la  littérature  médicale  4  cas  de  perforation  du 
voile  du  palais  dans  la  scarlatine,  ot  ceci  grâce  à  MM.  Méry  et  Halle, 
ou  plutôt  à  leur  article  inséré  dans  les  Arranges  de  Médecine  fies 
Enfants  du  mois  de  décembre  1905,  qui  attira  mon  attention  de  ce 
côté.  Cela  m'a  été  d'autant  plus  facile  que  nous  avions  eu  une  pelite 
épidémie  de  scarlatine.  Mes  recherches  ont  porté  sur  tous  les  scar 
latineux  vus  dans  le  courant  de  l'année  1906.  Or  il  v  en  avait  5(i 

Je  ne  veux  point  aborder  ici  l'étude  de  cette  complication  si  grave: 
ceci  a  été  fait  par  d'autres  auteurs  et  surtout  par  MM.  Méry  et 
Halle  ;  je  ne  veux  que  faire  l'exposé  des  4  cas  qui  me  paraissent 
intéressants,  ne  fût-ce  qu'au  point  de  vue  de  ladite  rareté  d'une 
complication  ayant  semblé  plus  rare  sans  doute  parce  qu'on  a  cru 
avoir  tout  vu  dans  une  maladie  aussi  commune  que  la  scarlatine  I 

Observation  l.  —  Scarlatine;  éruption  intense.  Perforation  du  voile  du 
palais.  Mort. 

Marie  L...,  deux  ans  et  demi  ;je  l'ai  vue  pour  la  première  fois  pour  une 
rou},'eole  intense  ;  quatorze  jours  plus  tard,  une  scarlatine  se  déclara  avec 
gorge  très  rouge,  amygdales  recouvertes  d'un  exsudât  grisâtre  :  Texsudat 
s'étend  au  voile  du  palais.  Les  glandes  sous-maxillaires  ne  sont  pas  lrt»s 
grosses.  Je  vois  la  fillette  le  lendemain.  Sur  le  voile  du  palais,  apparaît 
à  droite  une  ulcération.  Un  jour  plus  lard,  on  vient  me  chercher  au  plu> 
vite.  Sa  mère,  en  faisant  la  toilette  de  la  bouche,  remarqua  un  trou  dans 
la  gorge.  A  l'examen,  nous  constatons  à  droite  une  perforation  du  voile 
du  palais  qui  s'étend  en  largeur  les  jours  suivants.  Les  bords  de  Tulcéra- 
lion  sont  taillés  à  pic  ;  son  fond  est  d'un  gris  sale. 

L'état  général  n'est  pas  mauvais  ;  néanmoins  la  perforation  s'allonge. 
L'enfant  meurt  six  jours  après  la  constatation  de  la  perforation.  La  mort 
a  lieu  dans  l'advnamie. 

Observation  U.  —  Scarlatine  de  moyenne  intensité,  l^erforation  du  voile 
du  palais.  Mort. 

Jeanne  /W.,  trois  ans.  Érui)lion  de  scarlatine  de  moyenne  intensité;  sur 
l'amygdale  droite,  exsudât  blanc  grisâtre.  Température  élevée  40°,  adéno- 
pathie  sous-maxillaire  volumineuse.  Nous  injectons  25  cenliinètivs 
cubes  de  sérum  antiscarlatineux.  Le  lendemain  de  Tinjection,  la  tem|M''- 


PERFORATION    DU    VOILE    DU    PALAIS   DANS    LA   SCARLATINE       225 

rature  est  à  39<',5.  Sur  le  voile  du  palais  du  côté  droit,  nous  constatons 
deux  jours  plus  tard  une  ulcération  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  cen- 
times (10  kop.)-  Cette  ulcération,  dont  les  bords  sont  taillés  à  pic  et 
dont  le  fond  est  d'un  gris  sale,  s'agrandit  avec  une  rapidité  extrême. 
Nous  voyons  l'ulcération  persister  pendant  les  trois  jours  suivants; 
ensuite  une  perforation  prend  sa  place.  L'enfant  meurt  le  jour  même  de 
lapparition  de  la  perforation.  La  mort  est  précédée  de  convulsions. 

Observation  IH.  —  Sophie  W,,  cinq  ans.  État  grave  dès  le  début. 
Éruption  intense  ;  adynamie.  Délire  de  temps  en  temps.  Âdénopathic 
sous-maxillaire  volumineuse  exigeant  une  intervention  chirurgicale. 
Angine  ayant  l'aspect  d'une  angine  diphtéritique.  Injection  de  20  centi- 
mètres cubes  de  sérum  antidipthéritique  (sans  examen  bactériologique) . 
Température  :  39^,9.  Le  lendemain  de  l'injection,  amélioration  notable; 
lenfant  veut  boire,  parle  ;  cependant  un  coryza  pénible  l'empêche  de 
dormir.  Trente-six  heures  après  l'injection  de  sérum,  on  constate  dans  la 
gorge,  au  niveau  de  la  luette,  une  ulcération  de  la  grandeur  d'une  pièce  de 
50 centimes.  Le  pouls  est  filiforme,  je  revois  l'enfant  le  soir;  à  la  place 
de  l'ulcération,  une  perforation  s'étend  obliquement.  L'enfant  succombe 
une  semaine  plus  tard  (affaiblissement  progressif). 

Observation  IV.—  Jeanne  N.,  deux  ans.  Scarlatine  d'intensité  moyenne, 
aadire  delà  mère;  j'ai  vu  l'enfant  huit  jours  après  l'apparition  de  l'érup- 
tion. Âdénopathie  très  prononcée.  Fétidité  de  l'haleine.  Écoulement  du 
nez.  Â  l'examen  de  la  gorge,  nous  constatons  un  exsudât  gris  sale  sur  le 
voile  du  palais,  la  voûte  palatine  et  les  amygdales.  Pouls  140  ;  tempé- 
rature, 39^,5.  JDyspnée.  Diarrhée.  L'enfant  est  très  pâle.  Le  lendemain,  je 
constate  sur  les  amygdales  des  ulcérations.  Celle  de  droite  s'étend  sur 
le  voile  du  palais.  Vingt-quatre  heures  plus  tard,  le  tissu  nécrosé  est 
tombé  ;  il  est  resté  une  perforation. 

L'enfant  est  assez  gaie,  boit  avec  plaisir.  La  température  est  de  38°,8  ; 
pouls  assez  faible.  L'enfant  meurt  dans  la  nuit  subitement  en  prenant 
une  tasse  de  lait. 

Voilà  pour  les  cas  que  j'ai  observés.  J'ajoute  que  l'étude  complète 
n'as  pas  pu  être  faite,  et  ceci  pour  maintes  raisons;  ainsi  nous  ne 
savons  rien  sur  les  caractères  bactériologiques  des  angines  si  cu- 
rieuses de  nos  malades.  Il  est  cependant  à  remarquer  que,  dans  tous 
les  cas,  les  perforations  qui  suivaient  l'ulcération  se  montraient  dans 
la  première  semaine  de  la  maladie.  Toutes  les  ulcérations  avaient 
nettement  pris  la  forme  de  la  partie  nécrosée;  le  fond  de  l'ulcération 
était  gris,  ses  bords  saillants,  à  pic.  Tous  les  enfants  ét£uent  des  filles. 
L'issue  a  été  fatale  dans  tous  les  Cas,  malgré  tous  les  soins  et  le 
traitement  approprié  et  l'état  général  pas  toujours  très  grave* 


ArCH.   DB  Sa^.DKG.   DB8   EIVrARTS,   190T.  X.    —    15 


REVUE  GÉNÉRALE 


INSPECTION  DES  ÉCOLES  A  NEW  YORK 

11  est  reconnu  depuis  long^temps  que  la  réunion  d'un  gprand 
nombre  d'enfants  dans  les  écoles  les  expose  à  des  dangers  sérieux 
de  contagion.  Dès  1842,  à  Paris,  des  médecins  furent  ofGciellement 
désignés  pour  inspecter  les  écoles  et  surveiller  la  santé  des  éco- 
liers.  Depuis  cette  époque,  Tinspection  des  écoles  n'a  pas  cessé 
d'être  ofQciellement  pratiquée  dans  la  capitale  de  la  France,  peut- 
être  d'une  façon  insuffisante  et  routinière. 

Par  contre,  en  Amérique,  où  l'inspection  des  écoles  est  de  date 
beaucoup  plus  récente  (Boston,  1800  ;  New  York,  1897),  elle  fonc- 
tionne d'une  manière  beaucoup  plus  complète.  Pour  stimuler  les 
réformateurs  du  vieux  Continent,  nous  allons  rapporter  brièvement 
comment  les  choses  se  passent  à  New  York,  la  grande  métropole 
des  États-Unis,  d'après  les  travaux  du  D''S.  Joséphine  Baker  (1)  et 
de  J.  Cronin  (2). 

En  mars  1897,  150  médecins  sont  nommés  par  le  bureau 
d'hygiène  {Board  of  Health)  pour  inspecter  régulièrement  les 
écoliers  de  la  ville  de  New  York.  De  1897  à  1902,  ils  s'occupent 
surtout  d'empêcher  la  fréquentation  de  l'école  par  les  enfants 
atteints  de  maladies  infectieuses  ou  contagieuses.  Tout  d*abord  ce 
fut  au  maître  d'école  qu'incomba  la  responsabilité  de  décider  si  un 
enfant  devait  être  isolé  ou  non.  En  septembre  1902,  les  devoirs  des 
médecins  inspecteurs  furent  codifiés,  et  tout  écolier  fut  l'objet  d'un 
examen  personnel  hebdomadaire.  En  mars  1905,  il  est  recommandé 
d'examiner  chaque  enfant  avec  assez  de  soin  pour  avoir  la  certi- 
tude qu'il  n'est  pas  atteint  d'une  affection  contagieuse. 

Toutes  les  grandes  tentatives  municipales  en  Faveur  du  bien-être 
de  la  communauté  doivent,  pour  réussir,  s^appuyer  sur  l'opinion 

(1)  J.  Bakbr,  The  médical  inspection  and  examination  of  school  children  m 
New  York  ciiy  [Annat!^  or  G  mecology  and  Pediatry^  août  1906). 
('2}  J.  Cromn,  Archiver  of  Pediatncs^  oct.  1906. 


INSPECTION   DBS   ÉCOLES    A   NEW   YORK  227 

publique;  et,  quand  il  s'agit  de  la  santé  des  habitants,  ce  n'est  pas 
seulement  la  coopération  des  citoyens,  en  général,  qui  est  désirable, 
mais  surtout  celle  des  médecins. 

Or  il  fallait  bien  établir  tout  d'abord,  dans  ce  but,  que  le 
Department  of  Health  n'empiétait  en  aucune  façon  sur  les  préro- 
gatives des  médecins  libres.  Los  médecins  inspecteurs  i^'ont  pas 
pour  mission  de  donner  ou  de  suggérer  un  traitement  pour  les 
enfants  de  la  clientèle  privée.  Les  nurses  attachées  au  service  de 
rinspection  médicale  des  écoles  ne  donnent  de  soins  qu'aux  enfants 
qui,  soit  par  misère,  soit  par  ignorance  de  la  part  des  parents,  ne 
seraient  soignés  par  personne  ;  l'hôpital  pour  les  yeux  et  les  dis- 
pensaires ne  reçoivent  que  la  même  catégorie  de  malades.  Il  est 
établi  comme  une  règle  de  refuser  le  traitement  à  tout  enfant  qui 
peut  avoir  son  médecin.  Donc  les  intérêts  du  corps  médical  sont 
respectés,  et  les  médecins  de  la  ville,  loin  de  regarder  d'un  mau- 
vais œil  les  efforts  des  médecins  inspecteurs,  doivent  leur  prêter  un 
concours  empressé. 

Les  principes  fondamentaux  du  système   en  vigueur  à  New 
York  sont  : 

1*  Inspection  répétée  et  systématique  de  tous  les  écoliers  pour 
reconnaître  de  bonne  heure  les  maladies  contagieuses  ; 

2"*  Exclusion  de  l'école  pour  tout  enfant  atteint  d'alTectîon  con- 
tagieuse aiguë  ; 

3**  Surveillance  de  l'enfant  exclu  pour  assurer  Tisolement  pen- 
dant et  la  désinfection  après  la  maladie; 

4*"  Surveillance  et  traitement  suivi  des  petites  affections  conta- 
gieuses pour  diminuer  le  nombre  des  exclus  ; 

5**  Connaissance  des  cas  non  déclarés  d'affections  conta- 
gieuses ; 

6"*  Examen  complet  de  chaque  écolier,  avec  signalement  de 
toute  anomalie,  physique  ou  mentale. 

On  voit,  par  ce  programme,  que  les  médecins  inspecteurs  des 
écoles  de  New  York  ne  remplissent  pas  une  sinécure.  Sont  sou- 
mises à  leur  inspection  :  les  écoles  publiques,  les  écoles  parois- 
siales, les  écoles  de  la  Société  des  pupill  3S  américaines,  les  écoles 
de  la  Société  de  la  Sauvegarde  des  enfants,  les  jardins  d'enfants. 

Les  agents  de  l'inspection  des  écoles  comprennent  : 

1*  Le  médecin  inspecteur  en  chef; 

2»  Un  corps  de  médecins  inspecteurs  ; 

3*  Une  surveillante  en  chef; 

4"  Un  corps  d*infirmières  diplômées. 

L'inspection  médicale  est  fnite  le  matin  par  un  médecin  qui  a 
dans  son  ressort  un  groupe  d'écoles. 

La  visite  a  lieu  avant  dix  heures  et  s'applique  : 

1*  Aux  enfants  isolés  comme  suspects  par  les  maîtres; 


228  REVUE   GÉNÉRALE 

2^  Aux  enfants  qui  ont  été  absents  pour  une  raison  quel- 
conque; 

3^  Aux  enfants  dont  le  traitement  a  été  négligé; 

4^  A  tous  les  cas  présentés  par  rinfirmière  pour  assurer  le  dia- 
gnostic. 

Tout  enfant  accusant  des  symptômes  de  rougeole,  scarlatine, 
diphtérie,  coqueluche,  varicelle  ou  variole,  est  immédiatemeut  ren- 
voyé. Des  cultures  sont  faites  dans  toutes  les  angines  pour  déceler 
le  bacille  de  la  diphtérie.  En  cas  de  variole,  scarlatine  ou  rougeole, 
le  bureau  d'hygiène  est  prévenu  par  téléphone  et  envoie  un  méde- 
cin au  domicile  de  Tenfant  pour  confirmer  le  diagnostic  et  assurer 
risolement.  En  pareil  cas,  la  Division  des  maladies  contagieuses 
adresse  une  carte  postale  au  directeur  de  Técole  pour  rinformer 
de  la  présence  de  la  maladie  contagieuse  et  Taviser  d'avoir  à 
exclure  de  Técole  tous  les  enfants  de  la  famille  contaminée,  jus- 
qu'à la  fm  de  la  maladie.  Les  enfants  ainsi  exclus  doivent,  pour 
être  réadmis,  présenter  un  certificat  de  guérison  du  Department 
of  Health. 

La  rentrée  des  enfants  convalescents  d'oreillons  ou  de  coque- 
luche est  laissée  à  la  discrétion  du  médecin  inspecteur.  Les  cas  de 
pédiculose  avec  poux  vivants,  les  cas  de  conjonctivite  aiguë,  de  tra- 
chome, de  dermatoses  contagieuses  négligées  depuis  longtemps, 
sont  exclus. 

Les  cas  de  lentes,  conjonctivite  aiguë,  dermatose  contagieuse, 
sont  adressés  au  médecin  traitant,  au  dispensaire  ou  à  l'infirmière, 
pour  un  traitement  immédiat. 

Les  enfants  ne  sont  pas  exclus,  mais  réexaminés  le  lendemain, 
et,  aussi  longtemps  qu'ils  présentent  des  preuves  de  traitement,  on 
leur  permet  de  fréquenter  l'école. 

Pour  chaque  cas  d'exclusion,  une  carte  sur  laquelle  sont  notés  le 
nom,  l'âge  et  l'adresse  de  l'enfant,  le  nom  et  l'adresse  de  l'école,  la 
cause  de  Fexclusion,  est  placée  dans  une  enveloppe  cachetée  et 
remise  au  directeur  de  l'école,  qui  aussitôt  renvoie  Tenfant 
chez  lui. 

Un  répertoire  de  toutes  ces  cartes  est  conservé  à  l'école  et  peut 
être  consulté  avec  profit. 

Comment  se  fait  l'inspection  habituelle? 

Le  médecin  voit  défiler  devant  lui,  en  bonne  lumière,  tous  les 
enfants  de  l'école,  à  la  file  indienne.  Chaque  enfant  renverse  les 
paupières  inférieures,  ouvre  la  bouche,  montre  les  mains,  et,  s'il 
s'agit  d'une  fille,  relève  ses  cheveux  en  arrière.  Le  médecin  ne  doit 
pas  toucher  l'enfant,  mais,  si  l'enfant  parait  suspect^  il  est  dirigé 
vers  le  bureau  médical,  où  il  sera  l'objet  d'un  examen  plus 
attentif. 

En   septembre   1902,   quand  le  nouveau  règlement  entra   en 


INSPECTION   DES  ÉCOLES  A   NEW   YORK  229 

vigueur,  le  médecin  inspecteur,  faisant  sa  visite  hebdomadaire 
dans  chaque  classe,  prononçait  Texclusion  de  tous  les  cas  conta- 
gieux. Pendant  le  premier  mois,  10567  enfants  furent  ainsi  rendus 
à  leurs  familles.  Les  classes  étaient  vides  ;  les  enfants  atteints  de 
petites  affections  contagieuses  restaient  souvent  sans  traitement, 
couraient  les  rues,  revenaient  à  Técole,  qui  les  renvoyait,  etc.  La 
situation  était  grave  par  rapport  au  trachome.  En  juin  1902,  on 
découvrit  5569  cas  de  trachome  sur  un  total  de  55470  enfants  exa- 
minés. Devant  cette  situation  inquiétante,  le  1''''  décembre  1902,  un 
corps  de  trained  nurses  (infirmières  diplômées)  fut  institué  et, 
le  16  décembre,  un  dispens€dre  et  un  hôpital,  exclusivement  réser- 
vés au  traitement  du  trachome,  furent  ouverts. 

Tableau  des  visites  médicales,  des  exclusion*,  etc. 

1903.  1904.  1906. 

Visites  d^écoles 103  301  101  &60  88  964 

Enfants  examinée 1 1  801  691       12  236  050      6  285  436 

Enfants  exclus  pour  : 

Rougeole 2S0  1172  312 

Diphtérie 530  155  74 

Scarlatine 66  55  47 

Coqueluche 364  187  351 

Maladies  des  yeux 32  535  10  624  8  833 

Poux 21100  8  717  4  692 

Varicelle 909  780  937 

Dermatoses 4  029  2  123  2  018 

Diyers 5  521  1556  1580 

Tolal    des  exclus 65  294  25  369  18  844 

On  voit  que,  d'année  en  année,  le  chiffre  des  enfants  exclus 
diffliaue  notablement. 

Après  les  médecins  inspecteurs  viennent  les  nurses ^  dont  le  rôle 
ne  manque  pas  d'importance.  Ces  infirmières,  très  compétentes, 
visitent  également  les  écoles  de  leur  ressort  et  assurent  le  traite- 
ment des  cas  peu  graves  :  poux,  tricophytie  circinée,  favus,  impé- 
tigo, moUuscum  contagiosum,  conjonctivite  aiguë,  etc.  Chaque 
enfant  se  présente  au  traitement  avec  une  fiche  portant  le  dia- 
g:Dostic  du  médecin  inspecteur.  Ce  diagnostic  implique  un  traite- 
tement  banal  bien  connu  de  la  nurse. 

De  plus,  la  nurse  fait  aussi  une  visite  hebdomadaire  de  la  classe, 
de  la  même  manière  que  le  médecin  inspecteur  ;  les  cas  douteux 
sont  renvoyés  à  ce  dernier  pour  le  diagnostic.  Enfin  la  nurse  a  les 
noms  et  les  adresses  des  enfants  dont  le  traitement  laisse  à  désirer, 
et  elle  va  les  visiter  à  domicile,  leur  appliquant  là  le  traitement 
durgence  ou  les  envoyant  au  dispensaire. 

Cette  collaboration  des  nurses  avec  les  médecins  inspecteurs  est 
des  plus  utiles. 


230  REVUE  GÉNÉRALE 

Tableau  du  travail  accompli  par  les  nurses. 

1903.  1004.  1905. 

Visites  d'écoles. , 16  095  27  010  ?5  943 

Visites  à  domicile Iff  218  26  705  40  070 

Visites  diverses 293  1  046  1  344 

Total  des  visites 32  6U6         54  7&9  67  357 

IPoiix 205  023  509  142  616  381 

Maladies  des  yeux. ...  151  855  204  277  268  855 

Maladies  de  la  peau..  16  905  24  151  40  052 

Divers 28  537  45  112  50  801 

Total 397  320        782  682        976  092 

Vu  le  grand  nombre  des  cas  de  trachome,  il  a  été  nécessaire 
d^afTecter  deux  dispensaires  et  un  hôpital  à  leur  traitement 
exclusif. 

A  rhôpital,  situé  au  coin  de  la  118*  rue  et  de  Pleasant  Avenue, 
sont  adressés  les  cas  chirurgicaux  (anesthésie  par  Téther). 

Tableau  des  cas  traités  à  Vhôpital  el  aux  dispensaires. 

1903.  1904.  1903. 

Cas   opérés 4  357  !  728  1  460 

Cas  traités  sans  opération 11  3»9  7  770  9  223 

Enfants  traités 15  736  9  504  10  68î 

Visites  après  traitement 129  830  122  628  161  644 

Quand  le  médecin  inspecteur  des  écoles  a  accompli  sa  tâche 
quotidienne,  il  peut  encore  avoir  à  visiter  à  domicile  des  enfants 
dont  Tabsence  depuis  plusieurs  jours  n'a  pas  été  expliquée.  Au 
cours  de  ces  visites,  des  cas  de  contagion  sont  découverts,  et  les 
mesures  nécessaires  sont  prises. 

Tableau  des  visites  ainsi  faites  et  leurs  résultats. 

1904.  1905. 

Rougeole 613  Î8i 

Scarlatine 57  H 

Coqueluche 3^»  82 

Oreillons 45  €6 

Varicelle 103  1 4« 

Divers I  7 

Total 8.Î4  "ëïy 

Ce  n'est  pas  tout.  Le  27  mnrs  1905,  un  nouveau  programme  fui 
mis  en  vigueur.  Son  objet  tlail  l'examen  physique  complet  de 
chaque  écolier  :  nutrition  générale,  glandes,  chorée,  cardiopa- 
pathies,  pneumopathies,  dermatoses,  déformations  spinales,  état 
de  la  poitrine  ou  des  membres,  défauts  de  vue,  d'ouïe,  de  respira- 
tion nasale,  de  dentition,  de  palais,  hypertrophie  des  amygdales, 
adénoïdes,  anomalies  mentales,  etc. 

Tous  ces  renseignements  sont  inscrits  sur  une  fiche  sanitaire 
individuelle. 


INSPECTION   DES  ÉCOLES  A    NEW   YORK  ^1 

Les  parents  sont  avisés  des  anomalies  découvertes  et  des  consé- 
quences qui  en  résultent  :  urgence  de  traitement,  etc.  Du  27  mars 
au  31  décembre  1905,  55332  «enfants  ont  été  examinés  à  ce  point 
de  vue  avec  les  résultats  suivants  : 

Table  êonitaire  des  éeolie.^. 

Nombre  des  anfeots 55  ZZt 

Cas  à  traiter 33  S5l 

MiuTaiae  nutrition 3  283 

AdënopaLhies  cervicales 17  261 

Chorée 738 

Cardiopathies 895 

Pneumopathies 600 

Dermopathies 989 

Déformations  squelettîques 1  384 

Défauts  de  vision 16  39i 

—       d*audition I  296 

Défaut  de  respiration  nasale 6  182 

Mauvaises  dents 18  182 

Palais  défectueux 698 

Amygdales  hypertrophiées 8  3«7 

Végétations  adénoïdes 5  119 

Anomalies  mentales 1  *i  lO 

Pendant  les  trois  premiers  mois  de  1905,  24000  enfants  ont  été 
examinés  et,  sur  ce  nombre,  18  000  avaient  besoin  de  quelque 
traitement. 

Ces  renseignements  et  ces  chiffres  montrent  quel  immense 
effort  la  ville  de  New  York  a  accompli  pour  défendre  les  écoliers 
contre  la  contagion  et,  en  dernier  lieu,  pour  assurer  leur  dévelop- 
pement physique  dans  de  bonnes  conditions. 

Tard  venus  dans  cette  grande  œuvre  de  Thygiène  scolaire,  les 
libres  citoyens  des  États-Unis  d'Amérique  ont  largement  dépassé 
les  villes  de  l'Europe,  et  particulièrement  Paris,  qui,  après  avoir 
pris  Tinitiative,  est  resté  tellement  en  arrière  que  toute  compa- 
raison avec  New  York  serait  humiliante  pour  notre  vieille  métro- 
pole. 

Tout  en  ayant  conscience  de  leur  supériorité  à  ce  point  de  vue, 
nos  confrères  des  États-Unis  ne  se  dissimulent  pas  Timperfection 
de  leur  œuvre,  et  ils  ne  cessent  de  demander  mieux. 

Le  D'  Luther  Halsey  Gulick  demande  Tamélioration  des  locaux 
et  du  mobilier  scolaires.  Le  D^  Freeman  insiste  sur  la  nécessité  du 
repos,  d'une  bonne  alimentation,  d'une  bonne  aération,  etc. 

Le  D'  W.  Maxwell  reconnaît  ces  desiderata  et  voudrait  que 
New  York  imitât  Paris  en  donnant  aux  écoliers  le  repas  de  midi. 
Enfin  le  D^  A.  Jacobi  trouve  qu'on  envoie  trop  tôt  les  enfants  à 
l'école.  La  place  des  enfants  de  six  ans  n'est  pas  là  ;  on  ne  devrait 
pas  les  recevoir. 

Le  système  scolaire  peut  être  admirable,  mais,  sans  profit,  si  la 


232  REVUE  GÉNÉRALE 

graine  scientifique  tombe  sur  un  sol  amaigri  et  stérile.  Que  vaut 
Tesprit  dans  un  corps  malade  ? 

C'e^t  en  vain  que  l'âme  sera  vaillante,  si  le  corps  est  faible.  On 
dépense  des  sommes  immenses  pour  instruire  les  enfants;  ne  fau- 
drait-il pas  réserver  une  part  de  ces  dépenses  pour  les  rendre 
capables  d'assimiler  toute  la  science  dont  on  les  bourre? 

La  valeur  future  de  ces  enfants,  pour  eux-mêmes  et  pour  leur 
pays,  dépendra  de  Tassociation  d'une  âme  saine  avec  un  corps  sain. 
Cette  santé  du  corps  est  due  à  Tenfant  dès  qu'il  entre  dans  la  vie. 
Le  département  d'hygiène  de  New  York  Ta  compris,  et  il  travaille 
de  toutes  ses  forces  à  développer  chez  les  enfants  cette  santé 
car  c'est  elle  qui  assurera  plus  tard  à  la  grande  ville  des  citoyens 
normaux  au  point  de  vue  physique. 

Cette  façon  de  comprendre  le  rôle  de  l'hygiène  publique  est  à 
retenir,  et  l'exemple  de  nos  collègues  américains  à  suivre,  si  nous 
voulons  lutter  avec  quelque  efficacité  contre  la  décadence  physique 
de  la  race. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQVES 


U  raUon  alimantaire  de  reniant  depuis  sa  naissance  jusqu'à  l'âge  de 
deux  ans,  par  les  D*^  Michel  et  Perret  (Revue  d'hf/g.  et  de  méd,  infantiles  y 
itw>6,  n»  6). 

Pour  établir  la  ration  alimentaire  du  nourrisson,  il  faut  tenir  plus  de 
compte  de  son  poids  que  de  son  âge.  C'est  pendant  les  premières 
semaines  que  le  nourrisson  fait  ses  plus  gros  gains  de  poids.  A  ce 
moment,  c'est  le  lait  de  femme  qui  lui  convient  le  mieux.  Au  début,  la 
sécrétion  mammaire  donne  un  liquide,  le  colostrum,  qui  diffère  du  lait; 
sept  à  huit  jours  après  Taccouchement,  c'est  du  lait  normal  qu'on  obtient. 

,    Laits  Jeunes  [5^  au  4 S*  Jour,  14  cas)  : 

Deotité I  0:J2 

Eau 9078',89 

Extrait  sec 12*»',n 

Sel» 2ï',71 

Bnurre 308t,îO 

Lactose  anhydre t»4<fr,09 

Afotc  total Strï-jCS 

Matières  protéiques 1  Tff'.SS 

Matières  extractives 98',Î3 

Laits  vieux  (i«  au  ii^  mois,  58  cas)  : 

Densité I  (i32,5 

Eau 908»»,  70 

Extrait  sec r2:{8r,80 

Sels  minéraux iï',90 

Beurre n4«^',e8 

Lactose  anhydre 69Kr,84 

Axote  total i^r^83 

Matières  protéiques 12(^',35 

Matières  extractives 5«',03 

Le  lait  de  femme  est  presque  totalement  absorbé.  Pour  100  grammes 
de  lait  ingéré,  le  nourrisson  élimine  ls',50  à  3  grammes  de  fèces. 

Le  nourrisson  utilise  dans  les  proprotions  suivantes  les  différents 
matériaux  du  lait  de  sa  mère  : 

Graisses 06,35  p.  100. 

Matières  asotées 93,60      — 

Sels  minéraux 78,'26     — 


234  ANALYSES 

L*analyse  du  lait  de  vache  donne  la  moyenne  suivante  par  litre  : 

Dennité 1  0:il.& 

Eau 000  grammes  eaviron. 

SeU  minéraux 7                — 

Beurre 40  grammes. 

Lactose 47       — 

Caséine 3C       — 

Extrait  sec 130       — 

Les  selles  de  nourrisson  diffèrent  physiquement  et  chimiquement  dans 
Tallaitement  féminin  et  dans  Tallaitement  par  le  lait  de  vache  ;  dans  ce 
dernier  cas,  elles  sont  très  riches  en  matières  minérales,  très  abondantes 
(4  à  6  grammes  de  fèces  pour  100  grammes  de  lait  ingéré). 

Le  lait  d'&nesse  contient  très  peu  de  beurre,  il  est  pauvre  : 

Densité I  033 

Sels 48»,64 

Beurre lOS'.O! 

Lactose 5î>k',90 

Matières  nlbuminoîde? 17sv,&6 

Eau 934Kr,89 

Le  lait  de  chèvre  se  rapproche  beaucoup  du  lait  de  vache. 

Composition  des  farines,  —  Très  riches  en  azote  et  matières  minérales  : 
légumineuses  ; 

Riches  en  amidon  et  matières  azotées  :  céréales  ; 

Riches  en  graisses,  amidon  et  azote  :  avoine  et  maïs  ; 

Riches  en  graisses,  albumine,  amidon  et  sels  :  avoine  ; 

Pauvres  en  azote  :  riz,  fécule,  arrow-root,  sagou. 

Rubner  a  trouvé  pour  1  litre  de  lait  de  femme  dans  un  cas  633  calo- 
ries ;  dans  un  autre  cas,  745  ;  beurre,  9<*',25  par  gramme  ;  lactose  anhydre. 
3<*>,96;  albuminoides,  5«»»,83. 

Un  litre  de  bon  lait  de  vache  représente  760  calories. 

Doit-on  donner  du  lait  de  vache  pur? 

Beaucoup  le  pensent.  Mais  il  ne  faut  pas  être  absolu.  11  peut  être  ulile 
de  diluer  le  lait. 

Dans  ce  cas,  il  faut  ajouter  du  sucre.  Les  bouillies  de  farine  peuvent 
être  données  dès  le  huitième  mois.  Jusqu'à  deux  ans,  Budin  laisse  Tenfant 
au  lait  et  aux  bouillies  faites  avec  du  lait. 

Appendicites  consécutives  aux  entérites  de  l'enfance,  par  le  D' Â.  BaocA 
(Revue  pratique  d'obstétrique  et  de  pédiatrie,  juillet-août  1906). 

L'entérite  est  très  fréquemment  observée  à  Torigine  de  Tappendicite  ; 
cette  dernière  ne  semble  en  être  qu'une  localisation.  D'après  les  obser- 
vations de  M.  Broca,  la  diarrhée  ne  serait  pas  aussi  rare  qu'on  Ta  dit 
dans  la  crise  aiguë  d'appendicite  :  dans  10  p.  100  des  cas  environ. 

Tout  malade  atteint  d'entéro-colite  muco-membraneuse  est  prédisposé 
à  l'appendicite  ;  c'est  à  peu  près  le  contre-pied  de  l'opinion  de  M.  Dieu- 
lafoy.  Cela  s'observe  surtout  chez  les  enfants,  plus  exposés  que  les 
adultes  à  la  forme  infectieuse  de  l'entéro-colite.  L'appendicite  et  Tentéro- 
colite  semblent  inséparables.  Gela  ne  veut  pas  dire  que,  toijgours,  quand 
on  enlèvera  l'appendice,  les  douleurs  de  ventre  et  les  phénomènes  d'enté- 
rite disparaîtront.  Mais  au  moins  on  aura  écarté  à  tout  jamais  le  danger 
de  la  perforation  appendiculaire,  et  on  n'aura  plus  qu'à  soigner  l'entérite. 

Restent  les  difficultés  de  diagnostic,  que  tout  le  monde  reconnaît. 
Suivent  33  observations  probantes. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  235 

DyienUrie,  éTOlntion  lente,  injecUon  de  sénim  antidysentéiigne  de 
M.  Anché,  gnérison  rapide,  par  M^**  Gampana  (Joum»  de  méd,  de  Bordeaux^ 
27  janvier  1907). 

Garçon  de  dix-sept  mois,  sevré  à  quatorze  mois  en  pleine  chaleur, 
diarrhée  par  excès  de  lait.  En  octobre,  mucosités,  sang  dans  les  selles.  Le 
nombre  des  selles  est  en  moyenne  de  dix  par  jour.  Enfant  pâle,  maigre, 
cachectique. 

On  pratique  le  11  novembre  une  injection  de  20  centimètres  cubes 
de  Urum  antidysentérique  polyvalent  de  M.  Auché.  Le  D'  Feriîer,  qui 
soigne  Tenfant,  écrit  le  17  que  le  sérum  a  fait  merveille  :  réappa- 
rition des  matières  fécales,  cessation  des  vomissements,  diminution  du 
nombre  des  selles,  amélioration  de  Tétat  général.  Le  14  novembre, 
oedème  ;  il  y  a  de  Talbumine.  Mais  cette  albuminurie  a  été  pas- 
sagère. 

Le  22,  le  D'  Ferrier  écrit  que  Tenfant  est  guéri  de  sa  dysenterie.  L'action 
du  sérum  a  été  merveilleuse.  L'ensemencement  des  selles  a  donné  un 
bacille  analogue  au  Shiga  ou  au  Flexner. 

Péritonite  tnbercalense  traitée  par  riiéliothérapie,  par  le  D'  Ed.  Marti?! 
(Soc.  méd.  de  Genève,  29  novembre  1906). 

Fille  de  huit  ans,  faible  de  constitution.  Son  ventre  a  commencé  à 
grossir  il  y  a  deux  ans  ;  elle  y  ressent  quelques  douleurs.  Le  28  février 
i90G,  vomissements,  constipation,  douleurs  vives.  Ëpanchement  péri- 
tonéal  qui  augmente  au  point  de  provoquer  Tœdème  des  jambes,  la 
cyanose,  des  crises  d'étouflement.  Fièvre  de  temps  à  autre.  Le  10  avril, 
on  retire  par  la  ponction  abdominale  9  litres  de  liquide  louche.  Le 
16  mai,  on  en  retire  7  et  le  31  mai  3  à  4  litres. 

C'est  alors  qu'on  commence  Théliothérapie  en  exposant  le  ventre  au 
soleil  pendant  dix,  puis  quinze,  vingt  et  trente  minutes.  Pigmentation 
rapide  de  Tabdomen.  Le  liquide  a  diminué  de  quantité,  et  il  est  bientôt 
remplacé  par  des  plaques,  des  gâteaux  qu'on  sent  à  la  palpation.  État 
général  meilleur,  pas  de  fièvre.  A  la  fin  de  Tété,  Tenfant  pouvait  être 
considérée  comme  guérie. 

A  propos  de  deox  caa  de  conjonctiTites  psendo-membranenses  à 
pneiunocoqnes,  par  le  D*"  E.  Demiéville  {Revue  médicale  de  la  Suisse 
homande,  20  janvier  1907). 

i*  Un  petit  garçon  de  huit  mois  est  envoyé  avec  le  diagnostic  de 
blennorrhée  oculaire.  La  mère  a  des  flueurs  blanches.  Sur  les  deux  conjonc- 
tives tarsales,  existe  un  exsudât  pseudo-membraneux,  grisâtre,  mince, 
très  adhérent,  avec  sécrétion  modérée,  séro-purulente.  Exsudât  blanc 
grisâtre  sur  Tamygdale  gauche.  L'examen  bactériologique  et  la  culture 
donnent  du  pneumocoque. 

On  brosse  la  conjonctive  avec  un  tampon  d'ouate  au  sublimé  (1  p.  5000)  ; 
on  applique  des  compresses  au  sublimé  (1  p.  10000)  glacées.  Guérison  en 
quatre  jours. 

2<>  t^n  petit  garçon  de  six  mois  présente,  le  19  novembre  1904,  un  gon- 
flement de  la  paupière  supérieure  gauche.  Bronchopneumonie,  fièvre. 
Fausses  membranes  sur  la  conjonctive  tarsale;  sécrétion  purulente 
abondante.  L'examen  bactériologique  montre  des  pneumocoques  avec 
quelques  bacilles  de  Lôffler. 

Injection  de  sérum  antidiphtérique  ;  compresses  au  sublimé  froides. 
Amélioration  de  l'œil  dès  le  lendemain.  Puis  l'état  du  poumon  s'améliore 
à  son  tour.  Guérison. 


23(>  ANALYSES 

Lobar  pnoumonia  as  a  complicatioa  of  diphteria  (Pneumonie  lobaire 
comme  complication  de  diphtérie),  par  le  D**  J.-D.  Rollestox  {The  Brit, 
Jour.  ofChildren's  Dù^eases,  déc.  1906). 

La  pneumonie  lobaire  a  toujours  passé  pour  une  rareté  dans  la 
diphtérie.  Pendant  une  période  de  sept  ans,  avec  une  moyenne  de 
0  -$70  diphtériques  par  année  dans  les  Metropolitan  Asylums  Board  hospitali, 
on  n'a  compté  que  167  cas  de  pneumonie  lobaire  et  507  cas  de  broncho- 
pneumonie. 

Dans  les  quatre  dernières  années,  sur  1 000  cas  de  diphtérie  observés  au 
Grove  Hospital,  par  le  D'  RoUeston,  la  pneumonie  lobaire  s*est  i^encontrée 
sept  fois  (entre  vingt-deux  mois  et  sept  ans  :  3  garçons,  4  filles).  La 
bronchopneumonie  s'est  montrée  15  fois  (dont  9  dans  le  croup,  avec 
7  trachéotomies).  Sur  les  7  pneumonies,  3  seulement  ont  compliqué  le 
croup  (2  trachéotomies). 

L'évolution  de  la  pneumonie  après  la  diphtérie  ne  diffère  pas  notable- 
ment de  ce  qu'elle  est  d'habitude  ;  la  maladie  guérit  le  plus  souvent,  se 
termine  volontiers  en  lysiset  ne  laisse  pas  de  séquelles,  sauf  l'empyème. 

Esofagismo,  spasme  essennale  deU'  esofago  (CEsophagisme,  spasme 
essentiel  de  l'œsophage),  par  le  D**  Paolo  Galli  {La  Pediatriaj  nov.  1906). 

Enfant  de  paysans,  né  le  8  août  1902.  Mère  robuste,  allaitement  au 
biberon.  L'enfant  se  développa  bien.  En  novembre  1903  (à  l'Âge  de 
dix  mois),  fièvre  typhoïde  ayant  duré  cinquante  jours  et  l'ayant  mis  près 
de  la  mort.  Pendant  la  convalescence,  on  note  pour  la  première  fois  de 
la  dysphagie,  qui  dura  quelques  jours  seulement. 

En  juillet  1904  (il  avait  deux  ans),  la  dysphagie  reparait  plus  accusée  ; 
pendant  deux  jours,  rien  ne  passe.  On  fait  un  calhétérisme,  qui  ne  ren- 
contre pas  d'obstacle  et  fait  disparaître  l'œsophagisme.  Le  12  juillet  1906  « 
retour  de  la  dysphagie.  Enfant  abattu,  amaigri,  refusant  tout  aliment  ou 
boisson.  On  ne  découvre  aucune  lésion,  et  on  admet  un  spasme  de  l'œso- 
phage. Cependant  la  sonde  ne  peut  passer,  elle  est  arrêtée  en  haut  de 
l'œsophage.  Le  lendemain,  de  même.  Mais  le  soir  l'enfant  se  remet  à 
manger,  et  tout  passe. 

Le  père  est  nerveux  et  atteint  de  paralysie  agitante. 

Nnovo  contributo  clinico  allô  studio  della  splenopolmonite  cronica 
nell'inlanzia  (Nouvelle  contribution  clinique  à  l'étude  de  la  spléno- 
pneumonie  chronique  dans  l'enfance),  par  le  D'  Antonio  Ioyane  (La 
Pediatria,  novembre  1906). 

1«  Garçon  de  vingt-sept  mois,  sevré  à  treize  mois  ;  peu  après,  fièvre, 
toux,  troubles  intestinaux. 

Le  27  juillet  1905,  on  trouve  un  enfant  p&le,  amaigri,  avec  une  pléiade 
de  glandes  lymphatiques  au  cou  et  aux  aines.  Dyspnée,  avec  diminution 
de  la  motilité  du  thorax  à  droite  (dans  la  moitié  supérieure);  obtusion  à 
la  percussion,  avec  murmure  vésiculaire  aboli.  Sous  la  clavicule  et  sous 
l'omoplate,  souffie  pleurétique  ;  petits  râles  à  la  base  en  arrière,  égophonie, 
crachats  gommeux.  Une  ponction  donne  20  centimètres  cubes  de  liquide 
séro-fibrineux,  à  polynucléaires,  sans  bacilles  de  Koch;  l'inoculation 
intrapéritonéale  à  un  cobaye  n'entraîna  pas  la  tuberculose.  Une 
deuxième  ponction,  faite  le  5  août  1905,  ne  donna  plus  de  liquide,  quoique 
les  signes  physiques  n'eussent  pas  changé.  Après  des  périodes  de  mieux 
et  de  pire,  on  retrouve  l'enfant  avec  des  signes  de  splénisation  de  tout 
le  poumon  droit.  En  décembre  1905,  troubles  intestinaux  plus  graves, 
cachexie,  dyspnée,  mort  en  février  1906. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  2?37 

2^  Fille  de  buil  ans;  à  partir  d'un  an,  bronchite  à  répétition  avec  fièvre 
et  troubles  digestifs.  On  trouve,  en  août  i 904,  au  poumon  gauche,  des 
signes  qui  font  penser  à  la  pleurésie.  Ponctions  blanches.  Pâleur,  maigreur, 
polyadénopathie  ;  mobilité  amoindrie  à  gauche,  matité  à  la  percussion, 
vibrations  thoraciques  et  murmure  vésiculaire  abolis,  égophonie,  souffle 
pleurétique  dans  les  régions  sous-claviculaire  et  sous-.scapulaire.  Espace 
de  Traube  conservé.  On  admet  une  spléno- pneumonie  chronique,  et  on 
conseille  la  cure  d  air,  à  la  campagne.  Cela  ne  fut  pas  fait. 

Le  6  décembre  1906,  même  état  qu'en  avril  1904  (vingt  mois);  injec- 
tions d'iodipine.  Rougeole,  amélioration.  Le  3  avril  1906,  état  satisfaisant. 
Rechute  en  juillet,  amélioration  en  octobre.  Expectoration  gommeusc  sans 
bacilles  de  Koch. 

Ici  guérison  probable  après  une  longue  durée. 

Adhèrent  pericardium  Dcith  aacites,  a  report  of  two  cases  (Symphyse 
cardiaque  avec  ascite,  relation  de  deux  cas),  par  les  D"  SAPPI^GT0^  et 
Rao  (4rcA.  ofPed.y  novembre  1906). 

Sous  le  titre  de  péricarde  adhérent  avec  ascite,  les  auteurs  rapportent 
l'histoire  de  deux  cas  que  nous  décrivons  en  France  sous  le  nom  de 
foie  cardio-tuberculeux  ou  maladie  de  Hutinel  depuis  de  longues  années 
1893).  Le  nom  de  notre  compatriote  n'est  pas  cité  dans  ce  mémoire,  qui 
ne  renferme  que  des  noms  anglais.  Cependant  tous  nos  livres  classiques 
français,  sans  parler  des  monographies,  contiennent  la  description  de 
cette  maladie  dans  ses  dilférentes  formes. 

Cas  I.  —  Garçon  de  deux  ans,  reçu  le  5  décembre  1905  au  Childrens 
Hojheopathic  Hosjiitalde  Philadelphie.  Mère  morte  récemment,  phtisique. 
Rougeole  il  y  a  cinq  mois,  puis  gonflement  du  ventre.  11  y  a  six  semaines, 
on  Ta  reçu  dans  un  grand  hôpital  de  la  ville  et  opéré  pour  une  périto- 
nite tuberculeuse.  Les  glandes  mésentériqueset  le  foie  étaient  augmentés 
de  volume.  Ascite  évidente,  un  peu  de  cyanose,  fièvre  légère.  Battements 
du  cœur  faibles,  mais  réguliers,  pas  de  souffle,  pas  d'augmentation  de  la 
matité  cardiaque.  Pouls  faible.  On  fit  quatre  fois  la  paracentèse  de  Tabdo- 
men,  retirant  environ  1  litre  les  trois  premières  fois  et  400  grammes  la 
dernière  fois.  Liquide  coloré,  trouble,  mêlé  de  flocons.  Après  la  dernière 
ponction^  le  ventre  reste  mou  et  vide.  Rien  dans  les  urines.  Pas  de 
sympt^^mes  pulmonaires  ni  péricardiques.  Pendant  la  vie,  on  avait  fait  le 
diagnostic  de  péritonite  tuberculeuse  probable  avec  possibilité  de  cirrhose 
hépatique  et  de  symphyse  cardiaque.  L'enfant  meurt  après  trois  mois  de 
séjour  à  rhùpital.  A  l'autopsie,  adhérences  péricardiques  multiples  avec 
petits  sacs  remplis  de  liquide  purulent.  Cœur  petit,  valvules  normales, 
cavités  non  dilatées.  Plèvres  et  poumons  indemnes,  sauf  un  nodule  tu- 
berculeux au  sommet  droit.  Pas  de  péritonite.  Foie  gros,  dur  et  lisse, 
graisseux  à  la  coupe  et  muscade,  sans  apparence  de  cirrhose.  Tubercules 
de  la  rate. 

Au  microscope,  exsudats  fibrineux  et  nécrotiques  du  péricarde,  nodules 
tuberculeux.  Sur  les  coupes  du  foie,  légère  infiltration  et  dégénération 
graisseuse,  dissociation  des  cellules  hépatiques,  congestion  centro-lobu- 
laire,  dilatation  des  ca'pillaires,  sans  cirrhose  véritable. 

Eo  somme,  chez  cet  enfant  de  deux  ans,  de  mère  tuberculeuse,  mort 
après  huit  mois  de  maladie,  le  symptôme  prédominant  fut  fascite 
persistante  et  à  rechute  ;  absence  complète  de  symptômes  du  côté  du 
cœur,  du  péricarde,  du  foie. 

fa«  //.  —  Garçon  de  dix  ans,  reçu  le  13  décembre  1905,  pour  une 
péricardite  avec  épanchement;  puis  le  liquide  se  résorbe,  et  on  entend 


238  ANALYSES 

successivement  un  souffle  à  la  pointe  et  un  frottement  péricardique. 
Cyanose,  puis  pleurésie  droite. 

Le  6  février,  on  découvre  de  Tascite  (deux  mois  après  le  début).  Mort 
le  4  mai,  avec  anasarque  accommpagnant  Tascite. 

Autopsie  neuf  heures  après  la  mort.  Symphyse  cardiaque  totale.  Cœu  r 
un  peu  gros  et  dilaté,  sans  lésions  valvulaires.  Médiastino-péricardite. 
Pleurésie  hémorragique  à  gauche  (1  litre).  Symphyse  pleurale  droite, 
avec  poumon  collabé  et  fibreux.  3  litres  de  liquide  trouble  dans  le 
péritoine,  sans  inflammation.  Gros  foie  sans  périhépatite,  avec  aspect 
muscade.  Au  microscope,  lésions  tuberculeuses  ;  congestion  extrême  du 
foie,  avec  stéatose  et  cirrhose  périportale  au  début. 

Recherche  du  bacille  de  Koch  dans  le  sang  de  reniant  par  le  procédé 
de  la  sangsue,  par  MM.  Weill,  Lesieur  et  Mouriquand  (Journal  de  physioL 
et  depatfud.  généralCy  15  nov.  1906). 

Après  nettoyage  de  la  peau,  on  applique  trois  ou  quatre  grosses  sangsues 
vierges;  au  bout  de  trente  à  quarante  minutes,  on  les  enlève  et  on  les 
dégorge  dans  les  tubes  du  centrifugeur.  On  centrifuge  pendant  quinze  à 
vingt  minutes;  avec  une  pipette,  on  prélève  la  partie  inférieure  du  caillot, 
qu'on  répartit  par  gouttes  fines  sur  une  douzaine  de  lames.  Ce  procédé 
a  été  appliqué  dans  16  cas  de  tuberculose  douteuse  ou  avérée.  Le  bacille 
de  Koch  a  manqué  dans  3  cas  de  tuberculose  pulmonaire  chronique,  dans 

2  cas  de  bronchopneumonie,  dans  1  cas  de  rhumatisme  tuberculeux,  dans 

3  cas  de  bronchopneumonie  tuberculeuse.  La  recherche  n'a  été  positive 
que  dans  2  cas  de  méningite  tuberculeuse,  soit  2  cas  positifs  sur  16. 

On  ne  peut  donc,  par  ce  procédé,  révéler  la  présence  du  bacille  de 
Koch  dans  le  sang  que  d'une  façon  exceptionnelle.  La  valeur  diagnos- 
tique est  donc  des  plus  restreintes. 

Si  l'on  réussit  plus  facilement  dans  la  méningite  tuberculeuse,  c'est 
que,  dans  cette  maladie,  accompagnée  de  granulie  généralisée,  il  y  a  bacil- 
lémie  habituellement. 

The  early  diagnosis  of  inlectioas  diseases  by  the  récognition  of  the  gêne- 
rai involvement  of  thelymphatic  glandolar  system  (Le  diagnostic  précoce 
des  maladies  infectieuses  par  la  constatation  de  l'envahissement  du  sys- 
tème glandulaire  lymphatique),  par  le  D^  Albert  ë.  Vipond  {Tke  Biit. 
med.  Journ,,  15  décembre  1906). 

Les  ganglions  lymphatiques  augmentent  de  volume  dans  les  maladies 
infectieuses;  cet  engorgement  apparaît  quelques  jours  avant  l'invasion 
de  la  maladie.  L'auteur  a  vu  les  ganglions  gros  et  douloureux  sept  jours 
avant  l'éruption  de  la  rougeole.  C'est  entre  trois  et  dix-huit  ans  que  le  phé- 
nomène est  le  plus  apparent.  L'engorgement  n  est  pas  dû  à  rinQuence 
irritante  de  l'éruption,  mais  à  l'absorption  des  poisons  ou  toxines.  En  géné- 
ral, les  nourrissons  ne  contractent  pas  facilement  les  maladies  con- 
tagieuses, à  cause  de  la  petitesse  et  du  peu  d'activité  de  leurs  amygdales.  La 
tendance  à  contracter  ces  maladies  sera  moindre  si  la  bouche  et  la  gorge 
sont  en  bon  état. 

L'engorgement  des  ganglions  est  plus  marqué  dans  certaines  maladies 
que  dans  d'autres.  Par  exemple,  il  l'est  plus  dansTérysipèle,  la  rougeole, 
la  rubéole,  que  dans  la  scarlatine  et  la  coqueluche.  11  se  dissipe  plus  vite 
dans  la  diphtérie,  sous  l'influence  de  l'antitoxine,  que  dans  la  rougeole 
et  l'érysipMe.  Dans  toutes  les  maladies  infectieuses,  sauf  celles  qui 
résultent  d'une  infection  locale,  c'est  par  les  amygdales  que  pénètre  le 
plus  souvent  le  poison. 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES  239 

La  sappuraiion  ne  survient  pas  dans  les  ganglions  quand  il  n'y  a  pas 
d'infection  associée. 

Appelé  dans  une  famille  à  voir  un  enfant  atteint  de  maladie  infec- 
tieuse, on  devra  examiner  les  autres  enfants  et  les  considérer  comme 
suspects,  s'ils  ont  des  ganglions  engorgés  (isolement).  On  pourra  ainsi 
s'opposer  à  la  diffusion  des  maladies  contagieuses  et  diminuer  la  morta- 
lité infantile  par  cette  cause. 

An  imiisnal  case  of  Raynaud's  disease  (Cas  insolite  de  maladie  de  Ray- 
n&ud),  par  le  D^  J.-A.  Milne  (The  brit,  med.  Jour,,  8  déc.  1906). 

Fille  de  quatorze  ans,  reçue  à  l'hôpital  le  22  juillet  1904.  A  dix  mois, 
elle  a  été  soignée  pour  la  teigne  ;  déjà  à  ce  moment  les  doigts  de  la  main 
droite,  le  bout  du  nez,  les  extrémités  des  oreilles  étaient  bleus  et  froids, 
causant  de  vives  douleurs  k  l'enfant  ;  une  plaie  se  forma  au-devant  de  la 
cheville  droite  ;  lésions  osseuses,  séquestres,  etc.  Pendant  un  an,  état 
normal,  puis  mémelésion  au  pied  gauche.  Puis,  pendant  plusieurs  années, 
elle  fut  sujette  à  ces  pertes  de  substance  des  extrémités,  avec  douleurs 
rives,  asphyxie  locale,  etc.  On  fut  obligé  de  la  calmer  avec  de  la 
morphine. 

Etat  général  actuellement  bon  ;  souffle  systolique  à  la  pointe  du  cœur, 
se  propageant  vers  l'aisselle  (lésion  mitrale).  Moignons  coniques,  doulou- 
reux, des  jambes;  ulcère  au  sommet  du  moignon  droit.  On  régularise  ces 
moignons  pour  faciliter  le  port  d'appareils  les  31  août  et  17  novembre. 

Le  23  décembre,  première  attaque  d'asphyxie  locale  ;  l'oreille  gauche 
devient  bleue,  gonflée,  douloureuse. 

Le  1*'  janvier,  fièvre  avec  légère  toux,  matité  à  la  base  droite,  râles 
crépitants.  Le  19,  les  mains  et  les  doigts  présentent  de  l'asphyxie  locale. 
En  février,  fréquents  accès  d'asphyxie  locale  à  la  main  droite  et  aux  doigta. 
Bains  électriques  sans  succès.  Amélioration  par  les  bains  chauds  et  mas- 
sages. Le  4 juillet  part  en  convalescence.  Le  5  octobre  revient  à  l'hôpital. 
Même  état  des  mains.  Les  23  et  26  octobre,  extrémité  nasale  et  coude 
gauche  cyanoses,  main  droite  et  doigts  gonflés  et  rouges  jusqu'au-dessus 
du  poignet,  avec  douleurs  vives.  En  novembre,  léger  mieux.  Le  21  dé- 
cembre, cyanose  du  médius  gauche  et  de  la  main  droite.  En  février  et 
mars  1906,  asphyxie  locale  des  bords  des  oreilles  et  du  bout  du  nez, 
avec  gangrène  sèche  et  perte  de  substance.  De  même  asphyxie  et  douleurs 
au  sommet  des  moignons,  aux  doigts  des  deux  mains.  Le  14  mars, 
dyspnée,  point  de  côté  à  droite,  flèvre. 

Le  20  mars,  Tasphyxie  locale  gagne  en  étendue,  gangrène  des  oreilles 
et  du  nez,  cyanose  des  bras,  des  jambes,  etc.  Mort  le  22  mars. 

A  l'autopsie,  cœur  dilaté,  pesant  350  grammes,  valvule  mitrale  semi- 
cartilagineuse,  avec  rétrécissement  de  Toriflce  ;  dilatation  de  toutes  les 
cavités  du  cœur.  Adhérences  pleurales  à  droite  et  à  gauche,  condensation 
de  la  base  du  poumon  droit,  nodules  calcifiés  au  sommet.  Foie  muscade, 
splénite  interstitielle,  néphrite  iiem. 

The  pathology  of  Chorea  (Pathologie  de  la  chorée),  par  les  D'  F.  J. 
PoTirroK  et  Gordon  M.  Holmes  (The  Lancet,  13  octobre  1906). 

La  chorée  rhumatismale  serait  probablement  due  à  une  infection  du 
cerveau  et  des  méninges  par  le  diplocoque  du  rhumatisme  et  mériterait 
le  nom  de  rhumatisme  cérébral.  Dans  trois  nouveaux  cas,  les  auteurs  ont 
trouvé  le  diplocoque  dans  la  pie-mère  de  choréiques.  Ce  microbe  se 
montrait  dans  les  espaces  périvasculaires  et  le  tissu  conjonctif. 

l"*  Fille  de  sept  ans  reçue  à  l'hôpital  le  25  mars  1906;  début  il  y  a  trois 


240  ANALYSES 

semaines  par  polyarthrite,  puis  péricardite  et  chorée  après  une  améliora- 
tion temporaire.  Mort  deux  jours  après  par  syncope  cardiaque,  la  chorée 
ayant  duré  dix-sept  jours,  avec  de  grands  mouvements  et  une  forte  fièvre. 

A  Fautopsie,  péricardite  générale  récente,  pleui'ésie  double,  endocar- 
dite mitrale  et  myocardite.  Uner  culture  pure  du  diplocoque  fut  obtenue 
avec  le  sang  du  cœur,  le  péricarde,  ia  pie-mère  et  le  cerveau.  L*injection 
aux  animaux  provoqua  une  polyarthrite  et  de  la  péricardite. 

Les  vaisseaux  des  méninges  et  de  Técorce  des  hémisphères,  à  un  moindre 
degré  ceux  de  la  base,  étaient  engorgés.  Pas  d'exsudats  ni  signes  d'inflam- 
mation, mais  de  petites  hémorragies  sous-pie- mériennes  sont  visibles  à 
la  convexité. 

Au  microscope,  grande  congestion  méningée  et  cérébrale,  avec  nom- 
breuses petites  hémorragies.  Quelques  vaisseaux  sont  thromboses,  et 
autour  d'eux  on  peut  trouver  par  place  une  petite  exsudation  séreuse  et 
une  infiltration  de  petites  cellules  rondes.  Mêmes  lésions  dans  le  cervelet, 
la  protubérance,  le  bulbe,  etc. 

Par  la  méthode  de  Nissl,  on  voit  les  cellules  corticales  altérées, gonflées, 
distendues,  déformées  ;  chromatolyse,  tuméfaction  des  noyaux,  etc. 

L'examen  bactériologique  montre  des  bactéries  dans  la  pie-mère  :  diplo- 
coques  isolés  de  petit  volume,  groupes  de  microcoques  dans  les  espaces 
périvasculaires  ;  pas  dans  le  tissu  nerveux.  Mêmes  microbes  dans  les 
valvules  cardiaques  ulcérées  et  dans  le  tissu  péricardique.  Le  sang  du 
ventricule  gauche,  injecté  dans  les  veines  auriculaires  de  lapins,  a  produit 
de  la  péricardite  et  de  la  polyarthrite. 

2^  Garçon  de  quatorze  ans,  mêmes  constatations. 

3<^  11  s'agit  d'une  femme  enceinte,  primipare,  prise  de  chorée  dans  le 
premier  mois  de  la  grossesse.  Mêmes  lésions. 

Contagion  hospitalière  de  la  fièvre  tsrpholde,  par  le  D"  A.  Netter  (Soc. 
méd,  hùp.,  9  nov.  1906). 

Une  fillette  en  incubation  de  fièvre  typhoïde  est  admise  au  pavillon  de 
la  scarlatine.  11  se  produit  43  cas  intérieurs  du  16  juin  au  15  juillet  1904. 
Sur  une  population  de  91  enfants,  l'épidémie  ne  frappe  que  les  filles, 
quoique  les  garçons  et  les  filles  ne  soient  pas  séparés  les  uns  des  autres. 
Les  occasions  de  contracter  la  fièvre  typhoïde  ont  existé  pour  les  garçons 
comme  pour  les  filles. 

Sur  les  50  filles  que  contenaient  le  pavillon,  43  avaient  de  la  vulvo- 
vaginite,  et  c'est  dans  ce  groupe  seulement  qu'ont  été  relevées  les 
fièvres  typhoïdes  (plus  de  30  p.  100)  ;  les  7  fillettes  qui  n'avaient  pas  de 
vulvite  n'ont  pas  fourni  un  seul  cas  de  fièvre  typhoïde. 

Les  lavages  répétés  exigés  par  les  vulvo-vaginites,  confiés  aux  soins  de 
la  même  infirmière,  étaient  faits  avec  un  linge  trempé  dans  de  Teau 
boriquée  servant  &  plusieurs  enfants.  Ainsi  le  contage  a  pu  être  porté 
d'un  enfant  à  l'autre.  D'ailleurs  la  malade  entrée  à  l'hôpital  en  incubation 
de  fièvre  typhoïde  avait  une  vulvite  ;  enfin  le  pus  d'une  vulvite  a 
présenté  le  bacille  d'Éberth. 

La  durée  de  l'incubation  a  pu  être  précisée  pour  12  malades  ;  elle  a  été 
le  plus  souvent  de  treize  jours,  pouvant  s'abaisser  à  huit  jours  et  s'élever 
à  vingt  jours. 

Netter  conclut  que  la  contagion  dans  les  salles  hospitalières  est  loin 
d'être  fatale,  qu'elle  est  même  exceptionnelle,  les  punaises,  les  mouches, 
les  poussières  ne  jouant  qu'un  rôle  secondaire.  Si  ces  facteurs  avaient 
quelque  importance,  la  contagion  aurait  fait  des  victimes  parmi  les 
47  garçons  ou  les  7  filles  indemnes  de  vulvo-vaginite.  La  contagion  est 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  241 

surtout  à  redouter  dans  le  cas  de  transport  direct  du  contage  par  les 
mains  ou  les  objets  souillés;  mode  de  transmission  contre  lequel  il  est 
assez  facile  de  se  défendre  quand  on  est  prevenu. 

Sans  affecter,  aux  typhoîdiqucs,  des  hôpitaux  ni  même  des  services 
spéciaux,  il  sera  bon  de  les  isoler  dans  des  boxes  ou  des  coins  de  salle 
permettant  de  prendre  les  mesures  prophylactiques  nécessaires. 

Transmission  par  l'allaitement,  de  la  mère  à  l'enfant,  d'agglutinines, 
an  cours  d'ane  typhoïde,  par  V.  Griffon  et  P.  Arrami  {Soc,  méd.  des  hôp., 
16  nov.  1906). 

Femme  de  vingt-six  ans,  entrée  à  Tliôpital  pour  un  état  typhoïde,  le 
10  septembre  1906.  On  constate  une  angine  érylhémateuse  avec  deux 
ulcérations  folliculaires  sur  le  voile  du  ptdais;  en  même  temps  prostra- 
tion, stupeur,  état  typhoïde,  gargouillement  avec  douleur  dans  la  fosse 
iliaque  droite,  diarrhée  oci*euse,  rate  grosse,  taches  rosées.  (Uiérison  en 
quatre  semaines. 

Deux  jours  avant  Feutrée  àThôpital,  cette  femme  a  cessé  d'allaiter  son 
enfant,  âgé  de  deux  mois  et  demi.  Du  10  au  16  septembre,  on  lui  permet 
<1{'  lui  donner  le  sein.  Puis  le  bébé  prend  du  lait  jus(|u'au  20  ;  à  ce 
moment,  la  mère  allaite  de  nouveau.  Le  3  octobre,  l'en  faut  a  39<^,  des 
vomissements,  de  la  diarrhée  verte.  On  supprime  le  sein,  on  donne  de 
Teau,  etc.  Le  r>  octobre,  reprise  de  lallaitement  avec  succès. 

LbémocuUure  chez  cette  femme  a  |)ermis  d'isoler  le  bacille  d'Éberth  ; 
ai^'glutination  par  trois  sérums  typhoSdiques  à  1  p.  500, 1  p.  700,  1  p.  300. 
Le  sérum  sanguin  de  la  mère  a  agglutiné  non  seulement  le  bacille 
d'Ëberth,  mais  aussi  les  bacilles  paratyphiques  à  un  taux  voisin  de  celui 
de  1  agglutination  du  bacille  d'Kberth;  cependant  la  malade,  on  a  pu  s'en 
ss^sdug^'itait  pas  atteinte  d'une  infection  mixte  typho-paratyphique, 
mais  d'une  typhoïde  pure.  Les  agglutinines  paratyphiques,  développées 
dans  son  sérum,  étaient  des  agglutinines  secondaires,  liées  à  l'action  du 
seul  bacille  typhique.  Il  y  a  eu  fNissage  dans  le  lait  des  agglutinines 
développées  dans  le  sérum . 

Le  sérum  de  Tenfant,  non  atteint  de  lièvre  typhoïde  ni  d'affection 
paratyphique  (les  selles  n'ont  fourni  aucune  colonie  ni  de  bacilles 
d'Ëberth  ni  de  paratyphiques),  agglutinait  certains  bacilles  paratyphi- 
ques, mais  non  le  bacille  d'Éberth.  Cette  transmission  d'agglutinines  par 
rallaitement  a  été  éphémère;  le  sérum  de  Tenfant  ne  ses!  montré  actif 
que  pendant  quelques  jours,  et  le  pouvoir  agglutinant  a  disparu  dès  qu'a 
cessé  rallaitement. 

InTagination  de  tout  le  côlon  transverse,  du  grand  épiploon  et  du  tiers 
tapériear  du  côlon  descendant  dans  les  deux  tiers  inférieurs,  chez  un 
enfant  de  sept  mois  ;  laparotomie  et  rédaction  de  l'invagination,  par  le 
I)'  Le  Filliatre  [Soc.  méd.  du  /!«  airondissementj  8  nov,  1906  . 

Enfant  au  sein,  ayant  eu  des  poussées  d'entéro-colite.  Le  13  août,  il 
pousse  des  cris,  prend  difficilement  le  sein,  a  une  selle  sanguinolente. 
Les  jours  suivants,  pas  de  selles,  vomissements  après  chaque  tétée.  Le  16, 
on  trouve  Tenfant  dans  la  prostration  ;  Texamen  du  ventre  fait  sentir 
une  tumeur  cylindrique,  un  peu  mobile,  allant  de  la  fosse  iliaque  gauche 
à  la  région  épigastrique.  Pouls  filiforme,  langue  sèche. 

Laparotomie  médiane  du  pubis  à  l'ombilic  ;  le  côlon  ascendant  et  le 
caecum  distendus  se  continuent  avec  un  boudin  d'invagination  de  8  à 
9  centimètres  partant  de  Tangle  colique  droit  et  allant  à  la  fosse  iliaque 
gauche.  Avec  des  compresses  aseptiques  chaudes,  on  arrive  assez  facile- 
ment à  réduire  l'invagination. 

ArCH.  DE  MiDBC.  DBS  E^iFANTS,  1(N)7.  X.    Kî 


242  ANALYSES 

Houle  entre  le  cylindre  invaginé  et  le  cylindre  invaginant,  se  trouve 
le  tablier  épiploïque  ;  on  le  résèque  après  ligature  en  masse. 

Amélioration,  Tenfant  prend  le  sein. 

Pas  de  fièvre.  On  le  croit  sauvé.  Mais  le  lendemain,  convulsions  v{ 
mort.  Le  médecin  avait  été  appelé  trop  tard. 

Nouveaux  cas  d'aplasie  moniliforme  des  cheveux,  par  MM.  Hallopeu 
et  Macé  de  Lépinav  {Ann.  de  dermat.  et  de  syph,,  nov.  1906). 

Garçon  de  six  ans,  entré  à  Thùpital  le  18  octobre  1906,  bien  portant, 
mais  cbauve  en  apparence.  En  le  regardant  de  près,  on  constate  qu'un 
fin  duvet  recouvre  tout  le  cuir  chevelu,  dont  Taspect  est  rouge  et  grenu. 
Ces  poils  follets  ont  de  3  à  6  millimètres  de  long  ;  ils  sont  Uns,  pâles  el 
blonds. 

On  aperçoit  quelques  cheveux,  de  4  à  6  millimètres,  noirs,  beaucoup 
plus  gros  que  les  follets  et  cassés  nettement.  L'aspect  granuleux,  kéi*a- 
tosique,  du  cuir  chevelu,  est  dû  à  la  saillie  formée  par  les  glandes  pilo- 
sébacées.  Peau  normale  partout,  sauf  à  la  face  externe  des  bras  (kératose 
pilaire).  Sourcils  peu  fournis. 

Un  certain  nombre  de  cheveux  olTrent  Taspect  moniliforme  :  parties 
étroites  décolorées,  parties  larges  plus  foncées  en  leur  centre  (persistance 
de  la  substance  médullaire  du  cheveu).  Les  cheveux  se  terminent 
tantôt  par  une  partie  rétrécie,  tantôt  par  une  partie  élargie. 

Par  rinterrogatoire  de  la  mère,  on  retrouve  jusqu'à  six  personnes  de 
la  même  famille  présentant  la  même  affection. 

De  l'acrocéphalosyndactylie,  par  le  D"^  âpert  [Soc.  mèd.  des  Aiîp., 
21  déc.  1906). 

H  s'agit  d'un  type  tératologique  (9  observations  relevées  par  lauteur  , 
caractérisé  par  :  (.1^  crâne  tout  en  hauteur,  aplati  en  arrière  et  fNirfois 
aussi  sur  les  côtés,  saillant  au  contraire  d'une  façon  exagérée  à  la  région 
frontale  supérieure  ;  2°  syndactylie  des  quatre  extrémités. 

Dans  le  cas  personnel  à  l'auteur,  il  s'agit  d'une  fille  de  quinze  mois 
entrée  à  l'hôpital  des  enfants  avec  un  crâne  tout  en  hauteur; le  front  est 
bombé  et  vertical,  avec  sillon  horizontal  à  sa  partie  moyenne  ;  la  fonta- 
nelle antérieure  occupe  le  point  le  plus  élevé  du  crâne.  Occiput  aplati, 
récaille  occipitale  est  verticale  comme  l'écaillé  frontale.  Arcades  sourci- 
lières  saillantes,  yeux  à  fleur  de  tête.  Voûte  palatine  fendue  à  sa  partie 
postérieure,  luette  bifide. 

Syndactylie  aux  deux  mains  et  aux  pieds,  ongles  fusionnés  par  leui^s 
bords,  gros  orteils  et  pouces  spatules. 

Pas  de  renseignements  sur  les  antécédents  héréditaires  de  l'enfant. 
Dans  quelques  observations,  on  trouve  la  syphilis,  ou  l'on  peut  la  soup- 
çonner par  les  fausses  couches,  les  stigmates,  etc .  Les  enfants  peuvent 
survivre  longtemps  et  devenir  adultes. 

Valor  dînico  de  la  leucocitosis  en  las  apendicitis  de  la  infancia  (Valeur 
clinique  de  la  leucocytose  dans  les  appendicites  de  Tenfance),  par  le 
D*"  Mamerto  Acu>'a  {Archivas  latino-americanos  de  Pediairia.,  nov.  1906). 

Dans  ce  mémoire,  le  D^  M.  Acuna  rapporte  7  observations  recueillies 
dans  le  service  de  M.  Aradz  Alfaro,  à  Thôpital  San  [loque  (Buenos  Aires;, 
et  montre  l'importance  de  la  numération  des  leucocytes  pour  suivit* 
révolution  de  l'appendicite. 

Toute  crise  appendiculaire  s'accompagne  de  leucocytose  polynucléaire, 
<iui  lui  est  parallèle  et  proportionnelle.   Les  autres  affections,  qu'on 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  '^ï'^ 

pourrait  confondre  avec  Tappendicite,  ne  présentent  pas  la  même  for- 
mule leucocytaire.  Une  leucocytose  légèi*e  et  transitoire,  coexistant  avec 
un  bon  état  général,  traduit  un  processus  inflammatoire  bénin,  qui  se 
résoudra  rapidement. 

Une  leucocytose  forte  et  persistante  traduit  la  présence  du  pus.  Si  elle 
diminue,  on  peut  espéi^er  la  résorption  plus  ou  moins  complète  de  ce 
pus;  si  elle  persiste,  elle  traduit  un  abcès  appendiculaire  ;  si  elle 
augmente,  on  peut  craindre  la  généralisation  de  Tinfection. 

Dans  Tappendicite,  toute  courbe  leucocytaire  qui  baisse  annonce 
Tatténuation  du  processus;  toute  courbe  qui  monte  annonce  l'aggrava- 
tioD.  Cette  formule  rencontre  une  exception  dans  les  cas  de  toxémie 
appendiculaire,  dans  lesquels  Tabsence  d'action  leucocytaire,  coïncidant 
avec  un  état  général  grave,  traduit  une  altération  profonde  des  organes 
de  défense. 

Après  l'évacuation  du  pus  appendiculaire,  la  leucocytose  présente  une 
chute  brusque;  si  elle  ne  descend  pas  suffisamment,  on  doit  soupçonner 
un  nouveau  foyer  de  suppuration. 

La  leucocytose  indique  le  moment  où  une  appendicite  doit  être  consi- 
dérée comme  entièrement  guérie. 

En  résumé,  Tétude  des  globules  blancs  dans  Tappendicile  est  utile  pour 
kdiagnostiCf  pour  le  pronostic  et  pour  les  indications  thérapeutiques, 

Paralisis  dolorosa  de  les  ninoii  peqnenos  (Paralysie  douloureuse  des 
(letits  enfants),  par  le  D'  G.  Arâoz  âlfaro  {Arch.  lat,  amer,  de  Pedia- 
tria.,  oct.  1906). 

Fille  de  trois  ans,  jouant  avec  ses  frères,  et  sur  le  point  de  tomber,  est 
retenue  brusquement  par  la  bonne,  qui  lui  lire  sur  le  bras  gauche. 
Aussitôt  Tenfant  pleure  et  laisse  tomber  son  bras  inerte  le  long  du  corps, 
sans  exécuter  aucun  mouvement. 

Le  médecin,  appelé  aussitôt,  voit  l'enfant  une  heure  après  l'accident. 
Le  membre  supérieur  gauche  pend  inerte  avec  la  main  en  pronation  ;  en 
lui  retirant  son  vêtement,  on  lui  arrache  des  cris.  Examinant  le  bras,  on 
ne  découvre  aucune  déformation,  ni  tuméfaction,  ni  ecchymose.  Aucune 
altération  appréciable  des  os  et  articulations.  Les  mouvements  passifs 
^exécutent  sans  difficulté,  et  les  articulations  jouent  librement.  Cet 
examen  est  très  douloureux,  surtout  à  la  partie  supérieure  du  bras  et 
àThumérus.  Sensibilité  conservée. 

Prescription  :  bromure  et  antipyrine,  bras  soutenu  cl  immobile, 
onction  avec  Fioravanti  et  chloroforme. 

Le  lendemain,  guérison,  l'enfant  joue  sans  penser  à  son  mal.  Guérison. 

Contribiuione  clinica  allô  studio  délie  paralisi  funsionali  transitorie 
nei  bambini  (Contribution  clinique  à  l'étude  des  paralysies  fonction- 
nelles transitoires  des  enfants),  par  le  D'^  Durando  Durante  (La  PedicUria, 
nov.  1906). 

11  est  question  dans  cet  article  des  paralysies  douloureuses,  des  para- 
lysies psychiques  ou  suggestives. 

1^  Fille  de  deux  ans,  bien  portante;  au  cours  d'une  bronchite  a 
marqué  de  la  tendance  aux  convulsions.  Un  jour,  la  mère,  lui  tenant  les 
mains,  voit  son  enfant  lui  échapper;  elle  crie,  croyant  lui  avoir  fait 
mal;  l'autre,  suggestionnée,  se  plaint  du  bras  et  le  tient  immobile. 
Aussitôt  immobilisation.  Le  troisième  jour,  le  médecin  arrive,  l'enfant 
pousse  des  cris,  quand  il  approche  du  membre  supposé  malade.  Mais  il 
passe  outre  et  fait  exécuter  tous  les  mouvements.  Guérison. 


2Yi  ANALYSES 

2"  Garçon  de  trois  ans,  nerveux  et  impressionnable,  peureux;  il  tombf 
d'une  petite  chaise,  cris  de  Tenfant,  pleurs  de  la  mère  qui  accourt,  cherche 
le  siège  du  mal  et  croit  Tavoir  trouvé  à  là  jambe  gauche.  Pendant  deux 
jours,  immobilité  au  lit.  Le  troisième  jour,  le  médecin  arrive,  ne  trouve 
rien  et,  avec  des  promesses  et  des  distractions,  procède  à  un  examen 
complet,  sans  douleur. 

Quiste  hidatidico  del  rinôn  darecho  (Kyste  hydatique  du  i-ein  droit , 
par  le  D'  M.  Herreil\  N'egas  {Archivos  latino-amerieanos  de  Pediairia, 
septembre  1906). 

Garçon  de  sept  ans,  entre  à  Thôpital  le  4  avril  1906.  Il  y  a  neuf  mois, 
on  s'aperçoit  que  le  ventre  augmente  de  volume,  sans  douleur.  On 
constate  la  présence  d'une  tumeur  arrondie  et  lisse  qui  proémine  à  Tépi- 
gastre  et  à  Thypocondre  droit  et  qui  suit  les  mouvements  respiratoires. 
Les  derniers  espaces  intercostaux  du  même  côté  sont  gonflés.  Palpant 
Tabdomen,  on  sent  une  tumeur  de  la  grosseur  d'une  tète  d'adulte,  dure 
et  résistante,  qui  descend  jusqu'à  Tombilic  et  fait  saillie  à  la  région 
lombaire.  On  sent  le  frémissement  hydatique.  Vu  la  fréquence  plus  grandi* 
des  kystes  du  foie,  on  pense  à  cette  variété  de  tumeur,  et  on  fait  une 
incision  au  bord  e.\terne  du  muscle  droit  du  cùté  droit.  La  ponction 
donne  un  liquide  clair,  cristal  de  ix)che;  avec  le  bistouri,  on  ouvre  large- 
ment ;  il  s'écoule  2  litres  de  liquide  clair  avec  une  membrane  intacte. 
On  voit  aloi*s  que  le  kyste  prend  naissance  au  pôle  supérieur  du  rein. 
Extirpation .  Guérison . 

Dans  un  autre  cas,  observé  dans  le  même  service  et  publié  au  (>>ngi'ès 
de  Montevideo  par  le  D'  Lopez,  il  s'agissait  de  kystes  multiples  du  rein 
gauche  chez  une  fille  de  douze  ans.  Le  rein  était  du  volume  d'un  œuf 
d'autruche  ;  on  comptait  quatorze  kystes  de  dimension  variable,  dévc^ 
loppés  dans  la  couche  corticale.  Là  encore,  la  tumeur  fut  abordée  par  la 
voie  transpéri tonéale,  et  on  pratiqua  la  néphrectomie.  En  général,  on  doit 
aborder  les  kystes  du  rein  par  la  voie  lombaire,  pour  écarter  tout  danger 
d'infection  péritonéale. 

£in  Fall  Ton  symmetrischer  Gangrân  (Raynand)  auf  hereditâr-lneti- 
scher  Grnndlage  (Un  cas  de  gangrène  symétrique  de  Raynaud  d'origine 
liérédo-syphilitique),  par  leD<^ËRNSTScinFF(</a^6.  f.  Kinderheilk.,  1906). 

La  malade  était  une  enfant  de  deux  ans,  chez  qui  on  vit  survenir  des 
signes  de  gangrène  de  llaynaud  aux  orteils  des  deux  pieds.  L'intérêt  de 
l'observation  est  dans  l'origine  hérédo-syphilitique  de  la  lésion,  démontrée 
surtout  par  le  i*apide  effet  des  frictions.  Au  boul  de  cinq  frictions,  on 
voyait  déjà  une  démart^ation  nette,  et,  après  vingt  frictions,  il  y  avait  une 
surface  de  granulations,  indice  manifeste  de  l'action  rapide  du  merciu*e. 
La  lésion  avait  débuté  par  de  l'asphyxie  locale  pour  devenir  de  la 
^angrène. 

Ce  cas  est  le  deuxième  avec  celui  de  Krisowski,  où  l'origine  hérédo- 
syphilitique  fut  nettement  établie.  Durante  l'a  soupçonnée  dans  deuxca<, 
mais  sans  la  démontrer. 

Ein  Fall  von  multiplen,  kongenitalen  D&nndarmatresien  nebst 
abnormen  Verlan!  des  Dickdarms  (Un  cas  d'atrésies  multiple^, 
congénitales,  de  l'intestin  grêle  avec  anomalies  du  gros  intestin',  par  le 
D""  VViLii.  Wernstedt  (Jabrb,  f,  Kinderheilk.,  1906). 

Il  s'agit  ici  d'un  enfant  de  cinq  jours,  ayant  l'aspect  ordinaire  d'un 
j)rématuré  et   ayant  toujours  vomi  le  lait  des  létées.  A  l'examen,  pas 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  245 

«ranomalies  reclales;  mais  une  sonde  de  Nélaton  ne,'  peul  être  introduite 
à  plus  de  25  centimètres.  L'état  général  mauvais  de  Tenfant  contre- 
indique  une  intervention,  bien  qu'on  ait  établi  le  diagnostic  d'occlusion 
congénitale  de  Tintestin. 

L'enfant  meurt,  et,  à  l'autopsie,  on  trouve  l'estomac  et  la  portion 
supérieure  de  l'intestin  grêle  distendus  ;  au-dessous,  l'intestin  perd  sa 
mobilité  et  est  fixé  en  arrière.  Il  existe  ainsi  plusieurs  rétrécissements 
en  culs-de-sac  de  l'intestin,  il  y  a  trois  de  ces  atrésies  ;  rien  au  i*este  du 
jéjunum  et  de  l'iléon.  Le  csecum  est  adhérent  à  la  poche  formée  par  le 
duodénum.  Le  côlon  fixé  en  arrière  présente  des  rétrécissements  ;  il  a 
l'aspect  d'un  intestin  grêle  fortement  contracté. 

Pour  expliquer  ces  lésions,  éliminant  les  hypothèses  de  volvulus,  de 
torsion  sur  l'axe  longitudinal,  l'auteur  tendrait  plutôt  à  admettre  un 
arrêt  de  développement,  se  basant  sur  ce  fait  qu'à  un  stade  du  dévelop- 
pement embryonnaire  la  lumière  de  l'intestin  est  complètement  obturée 
|)ar  la  prolifération  épithéliale  ;  puis  plus  tard  il  redevient  perméable.  On 
comprend  que  l'intestin  peut  rester  à  l'état  d'atrésie. 

Baitràge  sur  Physiologie  and  Pathologie  der  Thymus  (Contribution  à 
la  physiologie  et  à  la  pathologie  du  thymus),  par  le  D'  Karl  Bascii 
Jahrb.  A  Kinderheiik.,  1906). 

Après  avoir  résumé  les  données  établies  par  des  rachea'hes  antérieures, 
J  auteur  en  vient  à  ses  propres  expériences,  faites  sur  de  jeunes  chiens  à 
qui  on  extirpait  le  thymus.  Pour  l'extirpation,  l'auteur  faisait  d'abord  une 
résection  ostéoplas tique  du  sternum  ;  plus  tard,  il  se  contenta  de  le 
sectionner  au  milieu. 

Pour  combattre  les  accidents  dus  au  pneumothorax,  on  suturait  los  le 
plus  vite  possible,  lin  simple  pansement  au  collodion  suffit  ;  les  animaux 
étaient  opérés  sous  la  narcose  éthéro-chloroformi(iue.  Leur  rétablissement 
se  faisait  très  promptement. 

Ces  expériences  établissent,  comme  le  prouvent  des  photographies  et 
radiographies  jointes  à  ce  travail,  la  relation  du  thymus  avec  le  dévelop- 
l)ement  des  os.  Les  animaux  qui  réagissent  le  mieux  à  cet  égard  sont  le 
chien  et  ensuite  le  chat.  Le  lapin  et  le  cobaye  ne  semblent  pas  appropriés 
à  ces  expériences. 

Les  troubles  d'ossification  se  manifestent  surtout  dans  les  os  longs,  peu 
dans  les  os  plats.  Les  animaux  dont  la  croissance  est  arrêtée  ont  une 
allure  lourde  et  moins  vive.  Les  os  des  opérés  se  fracturent  plus  facile- 
ment; le  cal  au  niveau  des  fractures  est  plus  lent  à  se  former;  c'est  ce 
i|ui  fait  qu'en  apparence  les  fractures  guérisssent  plus  vite.  Les  os  des 
membres  postérieurs  étaient  plus  atteints  que  ceux  des  membres 
antérieurs.  Dans  l'ordre  de  décroissance,  les  os  longs  qui  présentaient  les 
modifications  les  plus  intenses  étaient  le  tibia  et  le  fémur,  puis  l'humérus 
elles  os  des  avant-bras.  Les  côtes,  les  os  des  mains  et  des  pieds  étaient 
peu  touchés.  L'examen  anatomique  ne  montra  pas  de  modifications  des 
organes  lymphoïdes,  comme  on  aurait  pu  le  croire,  d'après  les  données 
qui  ont  cours.  L'examen  histologique  des  os  venait  confirmer  ce  retard 
d'ossification  et  montrer  des  lésions  analogues  à  celles  du  rachilis.  Les 
lésions  portaient  surtout  sur  la  région  diaphyso-épiphysaire.  Le  tissu 
cartilagineux  était  plus  abondant.  La  partie  compacte  de  l'os  était  plus 
pauvre  en  matière  calcaire  et  sa  portion  médullaire  plus  spongieuse. 

Les  recherches  sur  les  échanges  ont  montré,  pendant  la  période  de 
guérison  des  fractures,  une  élimination  de  calcaire  allant  du  double  au 
quintuple  de  celle  des  animaux  témoins. 


2iC  ANALYSES 

Weitare  Mitieaimg  âber  die  Varwendimgder  alkalisiartanBiitterailcb 
als  Saûglingsnaliriang  ond  ftbar  die  Daoerprâparate  dar  alkalitierteB 
BnitarmiGli  (Nouvelle  communication  sur  remploi  du  babeurre  alcali- 
nisé  comme  nourriture  du  nourrisson  et  sur  la  préparation  du  babeurre 
alcalinisé),  par  le  1>  Léopold  Moll  {Deutsche  med.  Woch,,  1906). 

Le  babeuiTe  alcalinisé  par  addition  de  3  grammes  de  bicarbonate  de 
soude  par  litre  est  plus  facile  à  digérer  que  te  babeurre  de  réaction  acide. 
On  peut  remployer  : 

{^  Gomme  adjuvant  dans  Falimentation  au  sein  des  nourrissons  bien 
portants  dont  la  mère  n*a  pas  assez  de  lait  ; 

2^  Comme  alimentation  exclusive  des  enfants  sains  dont  la  digestion 
au  début  était  bonne,  mais  qui  ont  eu  h  subir  les  inconvénients  d'une 
alimentation  mal  appropriée  ; 

30  Comme  alimentation  exclusive  des  enfants  prématurés,  chétifs; 

4^  Comme  adjuvant  ou  exclusivement  chez  les  athrepsîques,  affaiblis  par 
des  entérites  chronques  ; 

5<»  Comme  diététique  dans  les  dyspepsies  subaiguës  ou  chroniques  et 
rebelles,  surtout  chez  les  enfants  qui  digèrent  mal  les  graisses. 

Quelques  obser\7itions  viennent  à  Tappui  de  ces  énonciations. 

Pour  garderie  babeurre,  Ton  peut  remployer  soit  sous  forme  condensée 
ou  sous  forme  pulvérulente  ;  la  poudre  est  délayée  dans  Teau  pour 
l'usage.  Les  résultats  obtenus  avec  le  babeurre  conservé  ainsi  ont  été  les 
mêmes  qu'avec  le  babeurre  frais. 

Ueber  das  SchatzFermôgen  dar  snbkntanen  Yaksinaiiiseriion  (Sur  le 
pouvoir  protecteur  de  la  vaccination  sous-cutanée\  par  le  D**  G.  Nom. 
(Wiener  klin.  Woch,,  1906). 

Les  inoculations  sous-cutanées  montrent  que  le  tissu  collagène  sous- 
cutané  est  très  réceptif  pour  le  virus  vaccinal. 

Les  avantages  de  Tinoculation  sous-cutanée  sont  les  suivants  :  dosage 
plus  exact,  évolution  plus  bénigne,  absence  d'infections  secondaires, 
ainsi  que  d  auto-inoculation,  de  généralisation  et  de  cicatrices  consécu- 
tives. Les  troubles  subjectifs  ne  sont  pas  plus  marqués  ;  les  trouble< 
objectifs  disparaissent  sans  laisser  de  reliquats.  Quant  à  ce  qui  est  de  la 
durée  de  cette  immunité.  Tau  leur  ne  peut  se  prononcer  encore  et  se 
réserve  de  donner  dans  un  travail  ultérieur  ses  conclusions  à  cet  égani. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

Das  antaro-colitas  et  da  rappandicita  chai  Taniant,  par  le  D''  £.  Kot 

[Thèse  de  Paris,  22  nov.  1906,  80  pages  . 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Comby,  contient  33  obsenations.  Elle 
montre  que,  parmi  les  enfants  atteints  d'entérite  muco-membraneuse. 
beaucoup  présentent  plus  tard  des  symptOmes  d  appendicite.  Mais  il  est 
difOcile,  sinon  impossible,  de  reconnaître  le  moment  où  lappendice 
devient  malade  ;  ses  réactions  cliniques  sont,  en  effet,  beaucoup  plus 
tardives  que  ses  altérations  anatomiques . 

Chez  ces  enfants,  Tappendicite  peut  se  manifester  sous  toutes  les 
formes  :  larvée  ou  latente,  chronique  ou  aiguë,  suraigué  avec  péritonite' 
généralisée.  A  Forigine  de  l'entéro-colite  muco-membraneusechez  Tenfanl. 
on  trouve  souvent  Tadénoïdite.  Les  végétations  peuvent  avoir  été 
opérées  ou  01  re  encore  pivsenles.  Cette  adénoidite  est  la  souiTe  d'une 


THÈSES   ET   DIIOC HURES  2Ï7 

pyophagie  pi*esque  incessante,  qui  entraîne  des  troubles  digestifs  variés, 
aboutissant  souvent  à  l'entéro-colite  muco-membraneuse. 

Un  enfant  atteint  d'entéro-colite  muco-membraneuse,  qui  a  fait  une 
crise  d'appendicite,  en  fera  probablement  d'autres.  Si  Tappendicite  est 
légère  ou  latente,  on  peut  attendre.  S'il  y  a  eu  une  crise  aiguë,  il  faut 
conseiller  Topération  à  froid. 

Corps  étrangers  de  l'œsophage,  [>ar  le  D**  J.  Pastour  [Thèse  de  Paris, 
31  oct.  1906,  90  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  (jUrtiluet,  contient  15  observations 
d'enfants  ayant  avalé  des  piècesde  monnaie  (sous  simplesou  doubles, etc.}. 

Dans  le  cas  de  corps  irrégulier,  que  l'accident  soit  ancien  ou  récent, 
il  faut  s'abstenir  de  toute  manœuvre  d'extraction  par  les  voies  naturelles 
ot  faire  l'œsophagotomie  externe  d'emblée. 

Dans  le  cas  de  corps  étranger  arrondi  à  bords  mousses,  à  surfaces 
lisses,  sans  aspérités  (pièces  de  monnaie,  jetons,  boutons),  si  la  tolérance 
est  parfaite,  la  température  normale,  on  essaiera  d'abord  l'extraction  par 
les  voies  naturelles,  que  laccident  soit  ancien  ou  récent.  Si  l'on  échoue, 
on  essaiera  l'œsophagoscopie. 

Si  le  corps  étranger  est  mal  toléré,  s'il  y  a  de  le  fièvre,  on  s'abstiendra 
(le  ces  manœuvres,  et  on  pratiquera  d'emblée  l'œsophagotomie  externe. 

Donc  l'œsophagotomie  externe  reste  une  opération  d'exception, 
réservée  aux  cas  sus-indiqués. 

Pour  l'extraction  par  les  voies  naturelles,  on  se  servira  du  panier  de 
r.rîcfe,  du  crochet  de  M.  Kirmisson  ou  de  celui  de  M.  tîurtillet. 

Sacro-coxalgie  chez  l'enfant,  par  le  D**  C.  Barbk  (Thèse  de  Parùi, 
14nov.  1906,  88  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Broca,  contient  20  observations  de  saci-u- 
coxalgie  ou  arthrite  tuberculeuse  sacro-iliaque.  C'est  une  maladie  très 
rare  chez  l'enfant,  car  les  points  épiphysaires  marginaux  sacrés  et  iliaques 
n  apparaissent  qu'à  seize  ans. 

La  tuberculose  sacm-iliaque  est  le  plus  souvent  seitondaire  à  un  mal 
(le  Pott  lombo-sacré.  Lésions  anatomo-pathologiques  banales;  ligaments 
incomplètement  détruits,  fongosités  péri-articulaires,  abcès  postérieurs 
ou  antérieurs  rappelant  ceux  du  mal  de  Pott. 

Les  abcès  antérieurs  peuvent  s'ouvrir  dans  le  rectum.  Dans  la  forme 
typique,  la  sacro-coxalgie  peut  èli-e  piimitive,  avec  claudication  salu- 
tânle,  attitudes  vicieuses,  raccourcissement  apparent,  etc.  ;  secondaire  à 
im  mal  de  Pott.  Dans  la  forme  fruste,  on  note  une  sciatique  suivie  à 
lonjrue  échéance  d'abcès  lombc-fessier. 

Pronostic  grave,  diagnostic,  difficile  :  mal  de  Potlt,  coxalgie,  ostéo- 
sarcome. 

Traitement  par  l'immobilisation  prolongée. 

Traitement  de  la  loxation  congénitale  de  la  hanche  par  la  méthode 
orthopédiqne  abrégée,  par  le  D'  H.  (i bâillon  [Thèse  de  Paris,  22  nov.  1906, 
"4  pages  . 

Otl€  thèse,  inspirée  par  MM.  Rieffel  et  Judel,  illustrée  de  nombreuses 
figures  dans  le  texte  et  de  planches  hors  texte,  contient  26  observations. 
L'âge  le  plus  favorable  pour  le  traitement  est  de  deux  à  cinq  ans.  La 
méthode  de  Lorenz  (trois  appareils  dans  trois  attitudes,  douze  mois  de 
traitement)  donne  des  réductions  anatomiques  incontestables.  Souvent  il 
n'y  a  pas  réduction,  mais  transformation  delà  luxalion  haute  et  flottante 


248  ANALYSES 

en  luxation  basse  el  (Lxée  anlérieui^.  La  pi^emière  position  de  Lorenz 
(abduction  à  90^,  le  genou  touchant  le  plan  du  Ut)  est  i*esponsable  de  ces 
reluxations  antérieures.  Il  vaut  mieux  placer  le  genou  au-dessus  du  plan 
du  lit  (abduction  à  45'^).  L'immobilisation  dans  cette  position  de  choix 
par  un  seul  spica  plâtré  qui  i*este  en  pla<!e  de  cinq  à  six  mois  suffit  pour 
obtenir  la  réduction  anatomique  définitive  et  la  guérison  du  malade.  Tel 
est  le  principe  de  la  méthode  orthopédique  abrégée. 

La  reglobalisation  da  sang  chez  les  entants  tobercaleiiz,  par  le 
D"^  A.  Ravry  (Thèse  de  Paris,  22  nov.  1906,  110  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Barbier,  et  contenant  l.'î  obser>'atioDS,  a 
pour  but  de  montrer  les  bons  effets  de  la  cure  d'air  à  Thôpital  Hérold.  La 
tuberculose  s'accompagne  d'anémie  en  général  ;  au  début,  cette  anémie 
avec  amaigrissement  domine  la  scène,  et  les  enfants  sont  conduits  au 
médecin  pour  leur  anémie.  Cependant  les  examens  du  sang  donnent  des 
résultats  variables  :  hypoglobulie  notable,  diminution  de  Thémoglobine, 
hypoglobulie  peu  marquée,  chiffre  normal  des  globules,  etc.  Il  faudrait 
connaître  la  quantité  totale  de  sang,  le  nombre  total  des  globules  ;  or  h^s 
examens  du  sang  ne  nous  donnent  que  des  pmportions.  il  est  bien  pro- 
bable que  la  masse  du  sang  est  diminuée  chez  les  tuberculeux;  le  cœur 
est  petit,  le  pouls  faible,  les  extrémités  sont  froides,  le  visage  est  pâle,  etc. 

Sous  l'influence  de  la  cure,  tous  ces  signes  d'insuffisance  de  la  masse 
sanguine  s'atténuent.  Il  y  a  reglobulisation  des  malades  par  la  cure  d'air. 
Malheureusement  les  résultats  sont  peu  stables  ;  il  faudrait  une  longue 
convalescence  dans  de  bonnes  conditions  hygiéniques. 

Les  maatoïdites  des  noarrissons,  par  le  l)**  A.-K.  Salamo  [Thèse  do 
Paris,  21  nov.  1906,  120  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Bmca,  contient  plus  de  140  observation^. 
La  mastoïdite,  complication  d'otite  moyenne,  est  favorisée  par  la  bron- 
chite, la  rougeole,  la  coqueluche,  etc.  Dans  le  pus,  on  trouve  le  strepto- 
coque, le  staphylocoque,  parfois  le  pneumocoque,  le  bacille  de  Koch.  La 
mastoïdite  aiguë,  forme  la  plus  fréquente,  donne  lieu  à  une  tuméfaction 
douloureuse  et  fluctuante,  en  arrière  et  au-dessus  du  conduit,  décollant  le 
))avillon,  l'abaissant  et  le  portant  en  avant.  Pronostic  relativement 
bénin. 

Dans  certains  cas,  la  mastoïdite  aiguë  des  nourrissons  n'est  |)as  précédé^ 
d'otorrhée.  Dans  23  cas,  il  y  a  eu  des  symptômes  de  tuberculose.  La  ma^ 
toïdite  chez  les  nourrissons  tuberculeux  est  très  grave  (10  morts  sui- 
23  cas). 

f^e  diagnostic  fait,  l'intervention  s'impose  :  trépanation.  Les  suites 
o|)ératoires  sont  normales  :  la  mortalité  opératoire  n'existe  pas.  On  a  pu 
avoir  des  nouvelles  de  55  nourrissons  opérés  depuis  très  longtemps  (de 
un  à  treize  ans)  ;  ils  ne  se  ressentaient  en  rien  de  Tintervention  passée. 

Végétations  adénoïdes  chez  les  nourrisaona,  [)ar  le  D'  Elmerich  'Thisr 
de  Paris,  21  nov.  1906,  44  pages). 

(îette  thèse,  inspirée  par  .M.  Variot,  contient  6  obsei^valions ;  elle  a  pour 
1)ut  d'étudier  l'influence  des  végétations  adénoïdes  sur  le  développement 
<lu  nourrisson.  Le  Marc'Hadour  a  opéré  un  certain  nombre  de  nour- 
risons  souffrant  gravement  de  végétations  adénoïdes  développées  préma- 
turément. Chez  eux,  la  respiration  était  gênée,  l'obsti^uction  nasale  seule 
aurait  justifié  l'opération.  Mais  il  y  avait  plus.  Loin  d'augmenter  de 
poids  comme  ils  auraient  dû  le  faii*e  grâce  à  un  bon  allaitement,   ces 


THÈSES  ET  BROCHURES  249 

.m'dtoS.riîif"^  stationnoires  ou  diminuaient.  L'opération  remédiait  à 
PnÛr^  '  ^*^?'"  •  "«P'^y^e,  inanition. 

nourriUn^  ^«L*  *^- 1'"'™®''  ^"^'  *^^«'^  P»"-  '»  •«'«nce,  on  a  vu  les 
reven  pA  u  J^  ^ "tervention  opératoire,   augmenter  de   poids  et 

Sdes  à^»^-  ^"°'^"'"  ^""«  ""'«"^^  opérer,  pour  les  végétations 
les  noS«^^«     "*  °.".f.'"?.  *"''  «n  "«  <*«^'»  P^s  hésiter  à  opéi-er  chez 
nouTissons  quand  lindicalion  sera  bien  posée. 

!5  "  v!^'^  Jig4« .  >«»*•'    P"--  l*'  D-    E.    R.«ts    (TA^  de  P«r«, 

un^ÏiTn^^rtrl^  P""  *^'-  """"«•  «^  P»»-  M-  Nobécourt,  est  basée  sur 
tTlolnm    ^"^  d'observations  prises  aux  Enfants-Assistés. 

volume  vari«hlî*'r  •"""*'..  Ç^**  P*""  '™'^  P*"^  =  «««""«•  P«ly""«. 
auSnt  J^m^v*"     ""*?'  *•  '•'"'^  ""  P««'«  <ï»»nl»é'  augmente  ensuite  e 
mSTal^    ""•^"""'"  ••"  neuvième  au  douzième  jour,  puis  i-evlent  à  la 

^Hmina^Uon^îîurisTir"  ""'  '"  "'«"«-« P"»"  >*  '-«-'"  = 
poi^  Snw'^  *"  -f ^•'"^  ""*"  ^''^''  ""'«*'«,  puis  il  reste  stationnaire 
'ompST  "      "*"'  Memdn,  le  poids  primitif  avant  la  guérison 

'lel'iiine*s^.if*i'"''î''*";'  ""'/?  '*  •^"»'*«  »•"  P»'*!»  et  celles  du  volume 
le  poids  "***■         chlorures,  par  contre,  ont  une  influence  sur 

arnnë«  û„  J.^  "i*^.'^.''"''^''  ""  P«"  **«  ««'  (•'  g'«>n'"es).  Ensuite  on 
l'iications liSi  e  "déieïdeït''"^'"*"^  «^""..écutif  à  la  .-ougeole  et  les  con.- 

Lwta.r*^»;'^'**  *^"'*'."^^  *'  ^"^^  complète,  est  basée  sur  88  obseivations. 

nd^T^nl^*^'^™''  '*.***^''  '«»  maladies  des  reins  et  capsules  surré- 

"SJo?"^?!    •=7"'»'«''"e.  le  système  nerveux,  lappareil  respiratoire. 

i-etroS  ^hif^.     ,'^.'"^*  •**'   """"^  *"l'*l«  ••«'«**«s  «='•«*  l'adulte  se 

iS  rh^l^  *'"'^"*;  ^'"■'"'  '•"*  «^"««^  «P^'*'««  à  l'e"fa»t.  »  faut 
du^hvml    I       "'.^•'f.  "?én'"gée,  l'hémorragie  surrénale,  l'hypertrophie 

lÎ7?^V  '  'VyPl""«  héréditaire,  la  diphtérie.  '^ 

Mlem«nH«  !?."•"*  ^*"""*  'Vn?'""»""»)  de  Pallauf  est  invoqué  par  les 
-le  cTci  ^?"^'*•^  T^"^  thymiques.  On  peut  discuter  sur  la^athogénie 
m.li^i«!^"  „  A  '*'.'*  •"•*""■  '*  '""•■l  «»l>'te  dans  le  pronostic  de  celle 
S  On  «  c       •'  ^^.  P"»"''»"^  de  la  diphtérie  et  de  la  syphilis  héré- 

J  n  la  malad**ir".".  u*"'''  ?"'  'l  """"'  «"""'^  P«»^  se  rencontrer 
•I  Hulinêl,  rtc.  «1  •^•'«l's»".    dans   la    cirrhose    rardio-tubei-culeuse 

pe^eU^i»*!.* -''"^'"^**^■'f»*''  '""^  "«  f»'l«  doivent  être  retenus.  Ils 
Ee  q™âid  ITZ'à  •*?"«„^«*r  "P  •^^  "^'  '*  PrésompUon  d'un  crime. 
exnHn..rf  .«"édecm  légiste  ne  trouverait  aucune  lésion  pouvant 

expliquer  a  mort  chez  un  enfant,  il  ne  devrait  pas  pour  cela  coi^uZl 

uc^nê?'*"'*"',"*'"  *'""«  mort  naturelle.  Il  sUiHu'ir  n'aiM  "ouvt 
•ucune  preuve  de  mort  criminelle.  "anirou\e 


250  ANALYSES 

Sur  une  épidémie  de  rnbéole  grave,  par  le  D**  L.  Dot'R?(EL  {Thèse  de  Pari», 
2i  oct.  1906,  67  pages). 

dette  thèse,  inspirée  par  M.  Sapelier  (Maison  de  Nanterre),  contienl 
27  observations  recueillies  à  la  crèche  de  ce  grand  établissement.  D*après 
ces  faits,  la  rubéole  pourrait  être  contagieuse  après  Téruption,  dans  la 
convalescence,  jusqu'au  huitiènoe  jour.  Les  enfants  de  plus  d*un  an  sont 
plus  exposés  que  les  enfants  de  moins  d'un  an.  La  rubéole  serait  plus 
grave  chez  les  nourrissons  (un  an,  un  an  et  demi)  que  chez  les  grands 
enfants.  La  période  d'incubation  peut  être  très  longue  et  atteindre  dix- 
huit  joui*s. 

La  maladie  ne  serait  pas  toujours  bénigne;  elle  pourrait  être  grave 
chez  les  enfants  à  hérédité  tuberculeuse  ou  alcoolique,  chez  ceux  qui  sont 
nourris  au  biberon,  et,  dans  des  conditions  d'hygiène  défectueuses,  chez 
ceux  qui  sont  atteints  d'autres  maladies  (rachitisme,  athrepsie).  Outre  la 
gravité  de  la  rubéole  elle-même,  il  faut  tenir  compte  des  complications  : 
otite,  ulcérations  nasales,  abcès  sous-périostés,  elr. 

Fractures  des  membres  du  nonyeau-né  pendant  l'accouchement,  par 

le  D'  PoTFiER  {Thèse  de  Paris,  28  nov.  1906,  66  pages). 

Cette  thèse  contient  40  observations;  elle  montre  que  les  fracluirs 
obstétricales  du  nouveau-né  sont  assez  fréquentes  :  108  cas  de  fracture  dr 
la  clavicule  et  1  décollement  épiphysaire,  37  cas  de  fracture  de  Thumériis 
et  10  cas  de  décollement  épiphysaire,  24  cas  de  fracture  du  fémur  el 
1  décollement  épiphysaire. 

Dans  les  fractures  spontanées  surtout,  la  syphilis  et  le  rachitisme  du 
nouveau-né,  le  rétrécissement  du  bassin  chez  la  mère  jouent  un  n>b» 
certain.  Dans  Faccouchement  par  le  sommet,  on  trouve  les  fractures 
de  la  clavicule,  rarement  celles  du  fémur.  Dans  la  version,  la  fracture  de 
rhumérus  est  fréquente,  celle  du  fémur  rare.  Dans  Faccouchement  par 
le  siège,  on  peut  observer  les  fractures  de  la  clavicule,  de  l'humérus,  du 
fémur. 

Diagnostic  difficile  si  la  fracture  est  sous-périostée  ou  s'il  s'agit  de  décol- 
lement épiphysaire. 

Pronostic  variable  suivant  le  siège  de  la  fracture  :  bénin  pour  la  clavi- 
cule et  l'humérus,  grave  pour  le  fémur. 

Le  traitement,  simple  pour  les  fractures  de  la  clavicule  et  de  Thumérus, 
vM  plus  compliqué  pour  celles  du  fémur  à  cause  de  la  mobilité  inces- 
sante du  nouveau-né. 

Paralysies  faciales  consécntives  aux  applications  de  forceps,  par  k* 
l)""  G.  Magne  {Thèse  de  Paris,  22  nov.  1906,  62  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Demelin,  contient  6  observations.  Les 
paralysies  faciales  par  forceps  ont  tous  les  caractères  des  paralysies  péri- 
phériques (lésion  du  nerf  dans  sa  portion  extra-pétreuse).  Elles  so 
reconnaissent  facilement  quand  l'enfant  crie.  Au  repos,  elles  peuvenl 
passer  inapen;ues,  quoique  la  non-occlusion  des  paupières  soit  un  bon 
signe  révélaleur. 

La  branche  te  ni  poro -faciale  du  nerf  peut  êlre  comprimée  par  le  for- 
ceps ;  cependant  la  paralysie  s'étend  souvent  à  la  totalité  du  nerf.  (Vesl 
(lue  la  compression  directe  n'est  pas  nécessaire;  la  cuiller  du  forceps 
peut  exercer  des  tiraillements  propagés  assez  loin  de  son  point  d'appli- 
cation et  pouvant  intéresser  le  tronc  du  nerf  jusqu'au  trou  slylo- 
mastoïdien. 

L'anatomic  palhologiquc  conlirme  cette  induction  :  lésions  niicrosto- 


LIVIIBS  251 

piques  de  dégénérescence  wallérienne  du  nerf  débutant  au  niveau  du 
trou  stylo-mastoldien  (Parrot  et  Troisier). 

Diagnostic  facile  ;  pronostic  généralement  bénin,  sauf  dans  les  cas 
rares,  où  la  compression  a  pu  aboutir  à  une  lésion  permanente.  La  gué- 
rison  pourtant  s'obtient  le  plus  souvent;  dans  les  cas  rebelles,  on 
s'adressera  au  traitement  électrique. 


LIVRES 

Précis  d'ophtalmologie,  par  le  D^  Mokax  (vol.  de  6 '»0  pages,  Paris,  1907, 
Masson  et  C",  éditeurs.  Prix  :  42  francs). 

Ce  livre,  illustré  de  339  figures  dans  le  texte  et  de  3  planches  en  couleur, 
fait  partie  de  la  Collection  de  précis  médicaux.  Il  contient  de  nombreux 
chapitres  intéressant  la  médecine  des  enfants.  Nous  signalerons  entre 
autres  :  kyste  dermoïde,  encéphalocèle,  alopécie  peladique,  tricophytie, 
favus,  impétigo  de  la  région  sourcilière  ;  affections  congénitales  de  la  région 
palpébrale;  blépharites,  etc.,  dacryoadénites,  affections  de  la  conjonctive 
et  de  la  cornée,  de  Tiris,  lésions  congénitales  du  cristallin,  du  corps 
vitré,  de  la  choroïde,  affections  du  globe  oculaire,  troubles  de  la  réfraction, 
strabisme,  tumeurs,  etc.  Je  passe  sur  les  détails  de  technique  opératoire, 
d'examen,  etc.  Le  savant  ophtalmologiste  de  Thôpital  Lariboisière  nous  a 
donné  un  livre  très  complet  et  des  plus  intéressants,  même  pour  les  pra- 
ticiens non  spécialisés  en  ophtalmologie. 

Traité  des  torticolis  spasmodiqnes,  par  le  D^  R.  Cruchet  (vol.  de 
836  pages,  Paris,  1907,  ]\lasson  et  C'*,  éditeurs.  Prix  :  15  francs). 

Dans  ce  livre,  enrichi  d'une  préface  du  D^  Pitres,  illustré  de  gravures 
dans  le  texte,  notre  savant  confrère  bordelais  a  étudié,  avec  nombreuses 
obsen^ations  à  Tappui,  les  spasmes,  tics,  rythmes  du  cou,  torticolis 
mental,  etc. 

Le  chapitre  premier  est  consacré  aux  torticolis  spasmodiques  en  géné- 
ral ;  le  chapitre  deuxième  aux  torticolis  spasmodiques  névralgiques;  le 
chapitre  troisième  aux  torticolis  professionnels,  le  chapitre  quatrième  aux 
torticolis  paralytiques;  les  chapitres  cinquième  et  sixième  aux  torticolis 
spasmodiques  francs  essentiels  et  symptomatiques;  les  chapitres  sep- 
tième et  huitième  aux  torticolis  rythmiques  ou  rythmies  du  cou  ;  le  cha- 
pitre neuvième  aux  tics  du  cou.  Dans  le  chapitre  dixième,  nous  trouvons 
une  étude  très  complète  des  torticolis  d'habitude  et  du  torticolis  mental  ; 
celle  variété  intéresse  beaucoup  le  médecin  d'enfants.  Ce  livre,  dont  il 
e»l  difficile  de  donner  une  analyse,  ne  contient  pas  moins  de  337  obser- 
vations. Sa  documentation  est  des  plus  riches,  et  Ton  peut  dire  que  c'es- 
la  monographie  la  plus  complète  qui  ait  été  écrite  sur  les  torticolis  spast 
modiques;  elle  fait  honneur  àTécole  de  Bordeaux,  dont  le  D""  R.  Ouchel 
e^tun  des  plus  brillants  représentants. 

Traitement  da  mal  de  Pott,  par  le  D'  (;\l(»t  (vol.  de  120  pages,  Paris, 
10O7,  0.  Doin,  édit.  Prix  :  3  francs). 

Cet  ouvrage,  orné  de  122  figures  ou  photographies  dans  le  texte,  est 
à  l'usage  des  praticiens.  11  comprend  quatre  parties  : 

!•  Traitement  de  la  gibbosité  par  le  redressement  mélhodiquc; 
Iwhnique  du  corset  plâtré,  coi'sets  en  celluloïd,  etc.  ; 

2"  Traitement  de  l'abcès  par  congestion  :  abcès  fernu'',  fistules  ; 


252  SOCIÉTÉ   DE    PÉDIATllIE 

3^*  Traitement  de  la  paralysie  du  mal  de  Pott  ; 

4<»  Diagnostic,  signes  qui  permettent  de  reconnaître  le  mal  de  Pott  au 
début. 

Ce  petit  livre  de  vulgarisation  peut  être  très  utile  aux  médecins  prati- 
ciens, en  leur  apprenant  à  dépister  le  mal  de  Pott  au  début  et  à  le  traiter 
suivant  une  technique  qui  a  tait  ses  preuves. 


SOCIÉTÉ  DE  PÉDIATRIE, 
Sf'aace  du  19  février  4901 .  —  Présidence  de  M.  Netter. 

M.  TaiBouLEi'  a  vu  une  fillette  de  quatre  mois  prendre  la  coqueluche, 
quoiqu'elle  vécût  isolée  dans  une  ferme,  loin  de  tout  contact  suspect.  Au 
début,  le  diagnostic  futdiffîcile,  les  accès  n'étant  pas  complets  et  rappelant 
le  spasme  de  la  glotte.  On  finit  par  incriminer  la  nourrice,  dont  Tenfant 
avait  lacoqueluchc^etquiavaitpu  ainsi,  parle  sein  ou  par  les  vêtements, 
transmettre  la  maladie  dont  elle-même  n'était  pas  atteinte.  Ce  point 
A'éiiologie  de  la  coqueluche  n'est  pas  mentionné  dans  les  traités  clas- 
siques. 

M">«  Nagkotte  fait  une  communication  sur  les  déviations  de  Vomoplate 
et  le  scapulum  valgum.  On  voit  les  omoplates  converger  au  lieu  de  di- 
verger ou  de  rester  parallèles.  L'une  peut  être  divergente,  l'autre  étant 
convergente.  La  scoliose  peut  coexister  avec  la  déviation  de  l'omoplate, 
mais  ce  n'est  pas  forcé.  11  faut  distinguer  ces  déviations  scapulaîres  du 
rachitisme,  de  l'élévation  congénitale  de  l'omoplate,  etc.  Thérapeutique 
longue  et  difficile. 

MlVL  Mrry  et  Armam>-Del]ixe  ont  vu  un  garçon  de  quinze  ans  présenter 
des  hématuries  à  répétition,  sans  bacilles  de  Koch  dans  les  urines.  Envoyé 
à  la  campagne,  l'enfant  revient  boitant  et  présente  une  tuberculose 
osseuse  du  pied,  puis  un  rhumatisme  bacillaire.  En  même  temps,  àTocca- 
sion  d'une  angine  aiguë,  les  hématuries  réapparaissent.  Donc  ces  héma- 
turies indiquent  l'existence  d'une  tuberculose  rénale. 

M.  Armand-Deulle  a  vu  un  garçon  de  neuf  ans  présenter  des  symptômes 
de  méningisme  vermineux  :  décubitus  en  chien  de  fusil,  torpeur,  cépha- 
lalgie, cris,  raideur  de  la  nuque.  La  ponction  lombaire  donne  un  résultat 
négatif,  pas  de  lymphocytose.  L'enfant  ayant  vomi  un  lombric,  on  donne, 
à  trois  reprises,  10  centigrammes  de  santonine  et  10  centigi*ammes  de 
calomel.  Sous  l'influence  de  cette  médication,  Tenfant  a  rendu  en 
plusieui^  fois  12  ascarides  lombricoïdes.  11  a  parfaitement  guéri.  U  faut 
ajouter  qu'il  avait  un  peu  de  lièvre  et  des  signes  de  bronchite  grippale. 
Peut-être  la  grippe  a-t-elle  joué  un  rôle  à  l'égard  de  la  lièvre  et  du 
méningisme. 

M.  Triboulet  dit  qu'il  n'est  pas  besoin  de  faire  intervenir  la  grippe  pour 
expliquer  la  lièvre  de  cet  enfant  ;  la  lombricose  peut  donner  naissance  à 
la  fièvre  comme  aux  accidents  nerveux. 

M.  Broca  le  croit  aussi  ;  il  a  vu  des  cas  de  lombricose  avec  fièvre  et 
douleurs  de  ventre  faisant  penser  à  l'appendicite.  Cependant,  après 
médication  appropriée  et  expulsion  des  lombrics,  tous  les  accidents 
disparaissent. 

MM.  Papillon  et  Abel  G  y  ont  observé  un  syndrome  myoclonique  avec 
réaction  méningée  chez  un  enfant  de  dix-huit  mois.  Cet  enfant,  qui  avait 
eu  de  Totorrhée  six  mois  auparavant,  fut  pris  brusquement  de  tremble- 


SOCIÉTÉ    DE   PÉDIATRIE  253 

inenUs  généralisés  :  secousses  rythmiques  violentes  de  la  nuque,  des 
muscles  vertébraux,  du  diaphragme.  Un  sommeil  profond  calmait  cette 
myoclonie.  La  ponction  lombaire  donne  un  liquide  clair  contenant  des 
lymphocytes.  Cultures  négatives.  Injection  intranichidienne  de  cocaïne, 
à  la  dose  del  centigramme.  Amélioration,  puis  disparition  des  secousses 
en  trois  ou  quatre  jours.  Une  nouvelle  ponction  lombaire  lit  constater 
encore  la  lymphocytose.  L'enfant  a  été  perdu  de  vue. 

M.  Halle  montre  un  petit  gai*çon  de  deux  ans,  atteint  àe  chancre  induré 
géant  de  Tabdomen.  Au-dessus  de  Tombilic,  se  voit  en  elTet  une  vaste 
surface  phlegmoneuse  avec  ulcération  au  milieu.  Les  ganglions  de 
l'aisselle  gauche  sont  durs  et  volumineux.  11  existe  des  syphilides 
squameuses  au  cou.  La  mère  a  une  syphilis  secondaire  évidente. 

MM.  Veau  et  DrvEacER  parlent  des  accidents  causés  par  le  panier  de 
Grsefe  chez  les  enfants.  Dans  le  cas  qu'ils  ont  observé,  il  s*agit  d'une 
épingle  fixée  dans  Tœsophage.  Le  panier  de  Grjvfc  amena  une  déchi- 
nire  de  Tœsophage  qui  eut  pour  conséquence  un  emphysème  sous-cutané 
du  cou.  Guérison. 

M.  Leconte  rapporte  Tobservalion  d'un  pneumothorax  tuberculeux  chez 
un  enfant  de  quatre  ans.  11  >  avait  à  gauche  une  caverne  pulmonaire  qui 
avait  donné  lieu  au  pneumothorax.  Hémoptysie  foudroyante.  Mort. 

M.  J.  Lemaire  rapporte  Fhistoirc  d'un  nouveau  cas  intérieur  de  fièvre 
tijphoïde  à  rhôpital  des  Enfants-Malades. 

M.  Variot  a  obser>'é  un  ])etit  garc^on  de  trois  ans  et  dix  mois  atteint 
A'aorlite  rhumatismale  avec  dilatation  probable  de  la  crosse.  Il  existe  un 
!H)uffle  systolique,  r&peux.  très  intense,  avec  maximum  au  niveau  de 
l'articulation  sterno-claviculaire  droite.  Thrill  propagé  dans  la  carotide 
droite,  inégalité  très  marquée  des  pouls  radiaux.  En  septembre  1900, 
oi-eillons  suivis  de  douleurs  dans  les  jambes.  Depuis  octobre,  essouffle- 
ment en  courant  et  en  montant  les  escaliers.  1^  radiographie  ne  montre 
pas  d'opacité  anormale  correspondant  à  une  grande  dilatation  de  l'aorte. 

Séance  du  49  mars  4901, 

M.  Bkoca  et  M"^  Deb.at-Ponsan  présentent  une  iille  de  huit  ans,  achon- 
droplasique,  n'ayant  que  90  centimètres  de  taille  ;  le  tronc  a  34  centimèti'es 
de  long  comme  à  Fétat  normal  ;  la  micromélie  est  moins  accusée  que 
d'habitude,  les  mains  ne  sont  pas  en  trident;  lordose,  grosse  tête,  intelli- 
gence suffisante.  Les  radiographies  montrent  une  absence  d'ossifîcation 
épiphysaire  très  notable. 

M.  GoMBY  dit  que  le  cas  de  M.  Broca  est  absolument  classique;  les 
radiographies  présentées  rappellent  celles  ((ui  s'observent  dans  la  plupart 
des  cas. 

.M.  Marfan  décrit  un  nouveau  procédé  de  détvbaye  qui  réussit  toujours 
avec  n'importe  quel  tube.  L'enfant  est  placé  à  plat  ventre  sur  une  table, 
la  tète  et  le  cou  dépassant;  pendant  que  la  main  gauche  soutient  le  front, 
la  main  droite  embrasse  le  cou,  et  avec  l'index  on  repousse  en  avant  le 
tube  qui  sort  avec  la  plus  grande  facilité,  aidé  par  la  pesanteur  et  pai'  le 
relâchement  des  muscles  antérieurs  du  cou. 

MM.  Variot  et  Leconte  présentent  un  enfant  atteint  d\imputations  con- 
génitale* elde  sillonsy  sans  autres  malformations.  Us  présentent  aussi  deux 
autres  malades  (fille  de  trois  ans  et  sept  mois,  garçon  de  quatre  ans  et  demi) 
ayant  de  la  cyanose  congénitale  paroxystique^  à  type  tardif.  H  y  a  un  souffle 
systolique  à  gauche.  Hyperglobulie.  Le  deuxième  enfant  a  une  inversion 
des  viscères. 

M.  Marpax  et  .M.  C^omby  font  remarquer  que  le  souffle  a  son  maximum 


25'l  NOUVELLES 

au  niveau  du  3'  espace  intercostal  »  ce  qui  fait  penser  à  une  communica- 
tion, interventriculaire  (maladie  de  Roger).  Sans  doute»  il  existe  un  rétré- 
cissement de  Tartère  pulmonaire,  mais  ne  se  révélant  pas  à  Fauscultation. 

M.  J.  Lemairb  fait  une  communication  sur  un  cas  de  grangène  de»  deux 
maùis  chez  un  enfant  de  vingt  et  un  mois  ;  cette  gangrène  semble  avoir 
succédé  à  des  engelures. 

M.  Roland  communique  un  cas  de  thyroidite  aiguë  chez  un  garçon  de 
quatorze  ans,  qui  avait  eu  d*abord  une  rhinite  purulente.  Le  gonflement 
thyroïdien  était  considérable,  très  douloureux  à  la  pression  et  aux  mouve- 
ments. On  a  craint  une  suppuration.  Mais,  grâce  aux  compresses  chaudes, 
malgré  la  fièvre  et  la  gravité  de  Tétat  général,  la  guérison  a  été  rapide. 

M.  GoMBT  pense  que  cette  thyroïdite  aiguë  terminée  par  la  résolution 
était  d'origine  grippale. 

MM.  NoBÉcouRTet  Rivet  font  une  communication  sur  un  syndrome  addi- 
soiiien  au  cours  de  gastro-entérite  infectieuse.  (Jn  enfant  de  dix  mois,  au 
biberon,  ayant  des  troubles  digestifs,  a  présenté  une  pigmentation  générale 
avec  taches  dans  la  bouche.  On  a  fait  le  diagnostic  de  maladie  bronzée, 
d'autant  plus  que  la  mère  était  tuberculeuse.  Mais,  avec  une  bonne  ali- 
mentation, Tenfant  a  guéri .  Dans  un  autre  cas  (enfant  de  dix-huit  mois), 
la  pigmentation  s'est  montrée  aussi  à  la  suite  de  troubles  digestifs.  L'évo- 
lution n'a  pas  été  moins  favorable. 

M.  Arioand-Delille  a  vu  un  enfant  de  quatre  mois  et  demi,  atteint  de 
méningite  cérébro-spinale^  guérie  complètement  par  les  ponctions  lombaires 
répétées  (environ  400  centimètres  cubes  de  liquide  retirés  par  des  ponc- 
tions quotidiennes)  et  les  bains  chauds.  11  s'agissait  de  méningocoque^^ 
peu  virulents  pour  les  singes  macaques. 

M .  Armand-Oslille  présente  un  petit  garçon  de  quatre  ans  atteint  de 
dermato-myosite  infectieuse  :  petits  foyers  sur  les  cuisses,  les  jambes,  les 
mollets,  rappelant  par  leur  consistance  et  leur  forme  certaines  gommes 
bacillaires .  Il  est  à  remarquer  que  la  mère  de  cet  enfant  est  tuberculeuse  ; 
un  autre  enfant  dans  la  même  famille  est  aussi  tuberculeux.  Le  diagnostic 
reste  donc  incertain. 

NOUVELLES 

Préservation  de  l'enfance  contre  la  tuberculose.  —  La  belle  œuvre 
fondée  par  le  professeurGRANCHER  pour  la  préservation  de  l'enfance  contre 
la  tuberculose  est  constamment  en  progrès.  Reconnue  d'utilité  publique 
le  9  août  1905,  pi*Gsque  à  son  début,  elle  a  été  favorisée  d'une  subvention 
de  50000  francs  de  l'État  pour  l'œuvre  de  Paris  et  les  œuvres  similaires 
à  créer  en  province.  Le  Conseil  municipal  de  Paris  et  le  Conseil  général 
de  la  Seine  ont  accordé  à  l'œuvre  parisienne  une  subvention  de 
25000  francs.  Les  lycées  de  garçons  et  filles  de  Paris  ont  réuni  les  fonds 
nécessaires  pour  90  bourses  à  raison  de  365  francs  l'une.  Lyon,  Marseille, 
HordeauXy  Montpellier^  Toulouse  et  Tours,  ont  fondé,  sur  le  modèle  do 
Tœuvre  parisienne,  des  œuvres  de  préservation  contre  la  tuberculose. 
Liliey  Rennes j  Nantes,  Le  Havre,  Amiens,  etc.,  vont  suivre  leur  exemple. 

Actuellement  Paris  seul  envoie  à  la  campagne  prés  de  260  enfants 
répartis  dans  15  foyers.  Recettes  de  l'année  1906  :  153  985  francs. 

(Euvre  du  bon  lait  de  Nancy.  —  Les  œuvres  de  protection  de  Tenfance, 
qui  ont  pour  but  l'alimentation  rationnelle  et  hygiénique  des  nour> 
rissons  (consultations  de  nourrissons,  gouttes  de  lait,  etc.)  se  répandent 
de  plus  en  plus  dans  les  villes  de  province  comme  à  Paris.  A  Nancy, 


NOUVELLES  255 

VŒuvre  du  bon  lait  s'est  signalée  par  des  services  exceptionnels.  Elle  a 
organisé  des  consultations  de  nourrissons,  fait  de  la  propagande  pour 
raliailement  maternel,  donné  des  primes  aux  mères-nourrices,  et  enûn 
distribué  du  lait  stérilisé  sur  une  vaste  échelle.  En  1905,  179  enfants  ont 
reçu  du  lait;  en  1904,  il  y  en  avait  eu  232.  Des  primes  ont  été  données  à 
203  nourrices  (200  ont  reçu  30  francs  en  six  mensualités  de  5  francs  ;  3  ont 
reçu  10  francs).  En  1904, 155  mères-nourrices  avaient  reçu  la  prime.  Au 
total,  Tœuvre  a  assisté  382  enfants  en  1905,  au  lieu  de  384  en  1904. 

En  été,  sur  179  enfants  qui  ont  reçu  du  lait,  lOsont  morts  (5,8  p.  100)  ; 
au  même  moment,  la  mortalité  des  nourrissons  de  la  ville  était  de 
34,5  p.  100.  On  a  distribué  15000  litres  de  lait  en  petits  flacons  stérilisés. 
La  dépense  a  été  de  14  500  francs  environ. 

Cantine  maternelle  duXX*^  arrondissement.  —  Sous  le  nom  de  Cantine 
mattmelle,  VŒM\re  de  Tallaitement  maternel  vient  de  fonder,  dans  le 
XXc  arrondissement  de  Paris,  23,  rue  Saint-Fargeau,  une  cantine  destinée 
à  fournir  aux  mères-nourrices  des  repas  substantiels.  Cette  cantine  est 
ouverte  gratuitement  de  onze  heures  à  une  heure  et  de  six  à  huit  heures 
à  toutes  les  mères  indigentes  qui  prouvent  qu'elles  allaitent. 

Ligne  fratemeUe  des  enfants  de  France.  —  Le  28  février  1907,  à  la 
mairie  du  Vil',  le  D'  Gomby  a  fait  une  conférence  sur  le  lait  stériliséy  ses 
avantages  et  ses  inconvénients.  Cette  question  était  intéressante  pour  la 
Ligue,  qui  a  fondé  un  dispensaire  d'enfants  rue  de  Lamotte- Piquet,  avec 
distribution  de  lait  pour  les  mères  nécessiteuses^ 

Société  protectrice  de  renfance.  — L'assemblée  générale  annuelle  de  la 
Société  protectrice  de  Tenfance  a  eu  lieu  le  dimanche  3  mars  1907,  rue  de 
Grenelle,  84  (Salle  des  Horticulteurs  de  France),  sous  la  présidence 
d'honneur  du  professeur  Lannelongue,  sénateur,  membre  de  Tlnstitut. 
Après  les  éloquents  di«icours  du  président  de  la  Société,  le  D>^  Siredey,  du 
professeur  Lannelongue,  du  0'  Gallois,  secrétaire  général,  et  le  compte 
rendu  financier  de  M.  Carlier,  nous  avons  entendu  avec  plaisir  les 
rapports  sur  les  récompenses  aux  médecins-inspecteurs  par  le  D' Barbier  et 
aux  mères-nourrices  par  le  D'  Jomier.  Cette  très  intéressante  séance  s'est 
terminée  par  une  matinée  de  concert,  avec  le  gracieux  concours  de 
M.  Paul  Vidal  (de  TOpéra),  M"*  Ritter  (son  élève),  M"«  Blanche  Verniéres, 
M"«  Adrienne  Mairy,  M.  Georges  Baillet  (de  la  Comédie-Française),  et 
M.  Dessarnaux. 

Concours  d'agrégation  en  médecine.  —  Le  concours  d'agrégation  vient 
<le  se  terminer.  Nous  constatons  avec  plaisir  que  plusieurs  médecins  déjà 
connus  pour  leurs  travaux  en  pédiatrie  ont  été  nommés.  Ce  sont  :  pour 
Paris,  M.  le  D'  Nobécourt,  ancien  interne  des  hôpitaux  d'enfants,  chef  de 
laboratoire  aux  Enfants-Assistés  ;  pour  Lyon,  M.  le  D'  Lesieur,  collabora- 
teur du  professeur  Weill  à  la  Clinique  infantile  de  cette  ville;  pour  Bor- 
deaux, M.  le  D""  Cruchet,  ancien  interne  et  chef  de  clinique  infantile  ù 
l'hôpital  des  Enfants  de  Bordeaux  ;  pour  Montpellier,  M.  leD''  Lee>'hardt, 
ancien  interne  de  l'hôpital  des  Enfants  de  Paris. 

Congrès  italien  de  Pédiatrie.  —  La  société  italienne  de  Pédiatrie  se 
ivunira  en  Congrès  à  Padoue,  en  septembre  1907. 

Congrès  français  de  Pédiatrie.  —  Au  Congrès  de  Pédiatrie  qui  s'ouvre  à 
.\lger  le  !«' avril  1907  et  dont  nous  avons  publié  le  programme  provisoire 


^^  NOUVELLES 

dans  notre  numéro  de  février,  de  nouvelles  communications  sont  annon- 
cées :  D' ÂBADiE  (d'Oranj  :  1«  De  Carthrodèse  et  de  Vanastomose  musculaire 
dans  les  pieds  bots  paralytiques  ;  f?  Déhiscence  médiane  congénitaiedu  sternum  ; 
D**  E.  Joûo!f  (de  Nantes],  De  l'obturation  des  cavités  osseuses  dans  Vostomyé- 
lite  prolongée,  obturation  temporaire  et  obturation  définitive  ;  D^  C.  Caba?(>e 
fde  Bordeaux)  :  !•  Sur  la  névrite  optique  héréditaire  et  familiale;  2«  Sur  la 
kéiatomalaciechez  les  enfants  ;  3*  Sur  les  kystes  acquis  de  la  conjonctive  chez 
les  enfants;  D'  R.  Froelich  (de  Nancy},  Traitement  orthopédique  decertaine* 
formes  de  la  maladie  de  Utile  ou  paralysie  spasmodique  de  Venfatice;  D'  Bar- 
thélémy (de  Nantes),  Êrysipèle  de  la  première  enfance;  D'  Creswx  (d'Alger\ 
Le  Paludisme  chez  V enfant  ;  D'  Ribadeau-Dumas,  Rates  tuberculeuses;  D'*(iii- 
sox  et  ViRLLARD,  Les  fausses  péritonites  chez  l'enfant;  D'  Gourdon  (de  Bor- 
deaux) :  1*  Scolioses  des  adolescents  ;  2«  Guérison  de  la  luxation  congénitalr 
delà  hanche  ;  D' Priscbteav  (de  Bordeaux),  Spina  bifida  occlusa  ;  D^  Ruotte 
(de  Blida),  Cure  radicale  de  la  hernie  inguinale;  D'  A.  Joitt  (d'Oran), 
Complications  des  affections  du  rhino-pharynx  ;  D'Brault  (d'Alger),  Deux  cas 
de  macroglossie  ;  D'  Fournier  (de  Marseille),  Trépanation  de  la  mastoîde  chez  le 
nourrisson  ;  D''d'Astros  (de  Marseille),  Œdème  du  nouveau-né  et  du  nourrisson  : 
ly  Molle  (d'Oran),  Épidémie  de  typhéide  infantile  ;  D"  GiLLoretG.  Lbxaire 
(d'Alger),  Fièvre  de  Malte  infantille  ;  D'  H.  Gros  (de  Rebéval),  Lait  condensé 
pour  les  enfants:  D'  Gassoi-tk  (de  Marseille),  OEuore  des  nourrissons  n 
Marseille^  etc. 

Congrès  des  Pédiatres  allemands.  —  La  session  annuelle  des  méde- 
cins d'enfants  de  la  vallée  du  Rhin,  de  la  Westphalie  et  du  Sud-Ouest 
allemand  aura  lieu  à  Wiesbaden  du  14  au  18  avril  1007.  $'adi*esser  au 
D''  LuGEXBiiiiL,  9,  Schritzenhofstrasse  (Wiesbaden), 

Le  Foyer  maternel.  —  LVeuvre  inlérassante  désignée  sous  le  nom  de 
Foyer  maternel  vient  détenir  son  assemblée  générale,  6  6tô,  rue  de  TAbbé- 
Grégoire,  en  son  siège  social.  Elle  comprend  plusieurs  services,  i^  Hôtel- 
lerie gratuite  i)our  toute  femme  enceinte  ou  nourrice  ;  ^  Office  central 
de  tous  les  secours  de  maternité,  de  toutes  les  œuvres  protectrices  de  la 
mère  et  de  Tenfant  ;  3^  (£uvre  familiale  d*enfants  pour  éviter  labandon. 

Du  5  juin  1905  au  31  décembre  1906,  soit  en  dix-huit  mois,  Thôtellerie 
gratuite  a  donné  à  des  femmes  enceintes  ou  nourrices  4  552  nuits  d'abri  et 
10188  repas  gratuits.  Plus  de  2  000  femmes  ou  enfants  ont  été  hospitalisés, 
dirigés,  soignés,  placés  ou  secourus  à  domicile  par  TOEuvre.  Un  service 
spécial  est  cx>nsacré  aux  secours  médiaux  :  examen  des  femmes  enceintps. 
dispensaires,  consultations  de  nourrissons. 

Hôpital  d'Enfants  de  Milan.  —  On  vient  d'inaugurer  le  nouvel  hôpital 
infantile  de  Milan,  avec  130  li(s  ;plus  tard,  il  s'agrandira,  grâce  surtout 
H  la  ténacité  de  D""  R.  Gvaita,  son  dévoué  promoteur. 


Le  (fét*ant  : 

V.  BOUCHKZ. 


4076.07.  —  CoiBKti..  Imprimerie  Ed.   ChétA. 


10'  Année  Mai  1907  N""  5 


MEMOIRES   ORIGINAUX 


IX 


LA  CONGESTION  DE  LA  GLANDE  THYROÏDE 

CHEZ  LE  NOUVEAU-NÉ 

Par  MM. 
J.  FABRE,  et  L.  THËVENOT, 

Pmfesseur  de  Clinique  obstétricale  Assistant  du  profeiiseur 

à  la  Faculté  de  Lyon.  A.  Poncet. 

AU  cours  de  recherches  que  nous  faisions  sur  le  goitre 
congénital,  nous  avons  eu  l'occasion,  à  la  Clinique,  d^observer 
précisément  un  enfant  atteint  d  augmentation  de  volume  de 
la  thyroïde,  augmentation  qui,  d'ailleurs,  rétrocéda  assez 
rapidement.  Voici,  du  reste,  l'histoire  clinique  de  ce  petit 
malade. 

Maria  C...,  trente*trois  ans, ménagère,  quadripare,  accouche 
à  la  clinique  le  10  août  1906. 

L'accouchement  se  fait. en  OIGA,  rapidement. 

L'enfant  est  une  Clle  du  poids  de  3  560  grammes,  vigoureuse, 
sans  aucune  déformation.  Elle  naitcyanosée  et  est  rapidement 
ranimée.  On  constate  alors  une  grosse  hypertrophie  du  lobe 
droit  de  la  thyroïde  ;  le  lobe  gauche  est  peu  augmenté  de 
volume.  Elle  n'a  présenté  ultérieurement  aucun  accès  de 
suffocation  et  a  pu  téter  comme  si  elle  ne  présentait  rien 
d  anormal. 

Son  goitre  ne  fut  soumis  à  aucun  traitement. 

Quinze  jours  après  la  naissance,  le  goitre  est  encore  percep- 
tible à  la  palpation,  mais  on  ne  voit  rien  à  l'inspection  du  cou. 
La  palpation  montre  que  le  lobe  droit  de  la  glande  constitue 
une  petite  masse  de  la  grosseur  d'une  noisette  ;  le  lobe  gauche 
est  à  peine  perceptible.  Ils  sont  fermes  à  la  pression  et  ont 

▲kCH.  DB  MéDBC.  DBS  BUFANTS,  1907.  X.  17 


.    FAHHK    KT    I..    THKVENOT 


une  consistance  légèrement  plus  dure  qu'à  l'état  normal.  lU 
sont  absolument  mobiles  en  tous  sens  et  se  déplacent  avec  le 
larynx  dans  les  mouvements  de  déglutition. 

Ils    ne    s'accompagnent  d'aucun    trouble    fonctionnel,  cl, 
lorsque  l'enfant  crie,  la  vois  n'est  nullement  niodiKée. 


Vie- 1- 

Ils  continuent  à  rétrocéder  d'une  façon  constante,  cl,  lorsque 
la  malade  quitte  le  service,  le  18  août  I90«,  l'enfant  est  à  \wn 
près  complètement  guérie. 

D'autre  part,  M.  Plancliu,  accoucheur  des  hôpitaux,  nuu> 
conimuniquait  l'observation  suivante,  absolument  seniblabli' 
à  la  précédente. 

Le  i)  mai  1903,  Louise  L...  accouche,  à  la  clinique,  d'une 


I 


\ 


CONGESTION   DE   LA   (iLAXDE   THYROÏDE   CHEZ  LE    NOUVEAU-NÉ      250 

fille  de  2  800  grammes.  Cette  femme  est  bien  portante,  mais 
présente  une  légère  hypertrophie  de  la  glande  thyroïde  ;  à 
gauche,  il  existe  un  lobe  du  volume  d'une  noix,  arrondi, 
résistant,  très  probablement  kystique. 

L'accouchement  s'est  fait  en  SIGT  et,  depuis  le  début  des 
douleurs,  a  duré  huit  heures. 

L'enfant  naît  étonné  et  est  ranimé  au  bout  de  trois  minutes.  -', 

En  l'examinant,  on  constate  que-  le  corps  thyroïde  est  très 
saillant.  Les  deux  lobes  latéraux,  à  peu  près  symétriques  et 
de  môme  volume,  forment  une  pyramide  à  sommet  supérieur 
et  haute  de  4  à  5  centimètres.  Jls  sont  entraînés  dans  les 
mouvements  de  déglutition,  et  le  diagnostic  d'hypertrophie  de 
la  thyroïde  ne  saurait  être  discuté. 

L'enfant  ne  présente  aucun  trouble  fonctionnel  ;  sa  voix  est 
normale,  sa  déglutition  facile  ;  il  tète  bien.  Il  tient  seulement 
sa  iéte  légèrement  renversée  on  arrière. 

Nourri  au  sein,  il  se  développe  d'une  façon  normale,  et  il 
n  y  a  pas  d'incidents  d'allaitement.  Le  corps  thyroïde  diminue 
de  volume  d'une  façon  lente  et  progressive.  Vers  la  fin  du  mois 
de  juillet,  il  n'y  a  plus  aucune  trace  d'hypertrophie. 

A  noter  que  cette  femme  avait  déjà  eu  un  enfant;  mais 
colui-ci  ne  présentait  rien  d'anormal. 

Hypertropiiie  congénitale  de  la  thyroïde,  avec  retour  rapide, 
à  Tétat  normal,  tel  est  le  résumé  de  ces  observations. 

De  pareils  faits  sont  loin  d'être  rares,  et,  lorsqu'on  lit  les  cas 

de  goitre  congénital  qui  sont  si  nombreux  dans  la  littérature 

médicale,  on  en  trouve  fréquemment  de  semblables. 

Unis  jusqu'à  ce  jour  aux  goitres  proprement  dits  sous  le 

i       mc^me  vocable,  bien  que  quelques  rçires  auteurs  aient  déjà 

reconnu  qu'il  s'agissait,  en  pareil  cas,  de  congestion  et  non  de 

goitre  vrai,  ils  n'ont  avec  eux  qu'un  point  commun,  l'augmen- 

tation  de  volume  de  la  glande  thyroïde;  ils  en   diffèrent  par 

leur  évolution  clinique,  par  leur  anatomie  pathologique,  par 

linfluence  de  la  thérapeutique.  C'est  à  tous  ces  points  de  vue 

que  nous  allons  les  envisager  et  montrer  qu'ils  constituent 

une  affection  à  part,  la  congestion  de  la  glande  thyroïde. 

C'est  une  affection  relativement  rare,  puisque  nous  n'avons  pu 
larencontrcrnettementque  dix-huit  fois  parmi  les  nombreuses 
observations  que  renferme  la  littérature  médicale.  11  est  vrai 
que  nous  n'avons  conservé  que  les  faits  qui  nous  paraissaient 
indiscutables.  Or,  dans    la   majorité    des  cas,  l'observation 


260  J.    FABRE   ET   L.    THÉVENOT 

mentionne  la  terme  de  goitre  congénital,  décrit  l'hypertrophie 
de  la  thyroïde  sans  donner  de  détails  sur  sa  structure.  De  tels 
faits,  inutilisables,  comportent  certainement  de  nombreuses 
congestions. 

Les  conditions  qui  président  à  leur  développement  sont 
assez  mal  connues. 

L'affection  paraît  être  deux  fois  plus  fréquente  chez  les  filles 
que  chez  les  garçons. 

L'état  général  de  la  mère  parait  sans  influence.  Une  ou 
deux  fois,  la  syphilis  est  signalée;  il  n'est  pas  fait  mention  de 
tuberculose,  et  d'ordinaire  on  dit  que  la  mère  était  bien 
portante. 

L'hérédité  locale  est  plus  constante.  Une  fois  sur  deux  au 
moins,  la  mère  était  goitreuse;  le  père  était  atteint  plus 
rarement.  Cependant  ceci  n'a  rien  d'absolu. 

Une  observation  d'Eulenberg  (1)  nous  montre  Taffection 
chez  un  enfant  juif,  et  Ton  sait  que  les  Israélites  paraissent 
être  à  Tabri  du  goitre.  La  mère  de  cet  enfant  n'était  d'ailleurs 
pas  goitreuse.  Rachitique,  avec  un  bassin  rétréci,  elle  dut  être 
accouchée  au  forceps.  L'enfant  était  gros.  Il  présentait  un 
goitre  qui  avait  à  droite  le  volume  d'un  œuf  de  poule.  La 
respiration  est  difficile,  stertoreuse,  et  la  cyanose  du  visage 
et  des  lèvres  est  là  pour  en  témoigner. 

L'allaitement,  d'abord  impossible,  se  fait  peu  à  peu.  La 
tumeur  diminua  assez  vite  sous  l'influence  du  traitement 
(frictions  iodurées)  ;  au  bout  de  trois  mois,  la  respiration  était 
encore  difficile  ;  au  bout  de  six  mois,  elle  Tétait  bien  moins, 
et  la  tumeur  avait  presque  disparu.  Au  bout  d'un  an,  l'enfant 
ne  présentait  plus  aucun  symptôme  morbide. 

S'il  y  a  une  prédisposition  locale,  il  faut  plutôt  la  chercher 
du  côté  du  système  vasculaire  de  la  thyroïde.  On  sait  qu'au 
point  de  vue  embryologique  la  glande  thyroïde  est  une  émana- 
tion épithéliale  de  la  quatrième  poche  branchiale  et  que  les 
noyaux  épithéliaux  qui  en  proviennent  sont  segmentés 
par  les  vaisseaux  sanguins.  11  semble  que,  chez  certains 
enfants,  ce  système  circulatoire  conserve  plus  ou  moins  son 
type  fœtal  lacunaire.  Une  telle  thyroïde,  dont  les  veines  sont 
de  véritables  petits  sinus,  est  toute  prédisposée  à  la  conges- 
tion. 

(1)  EuLENBERO,  in  Thèsc  Diethehn. 


CONGESTION    DE  LA   GLANDE  THYROÏDE  CHEZ  LE   NOUVEAU-NÉ      201 

Mais  cette  prédisposition  elle-même  n'est  pas  tout  ;  ce  qui 
montre  bien  qu'il  faut  encore  une  cause  efficiente,  c'est  que 
les  lésions  ne  portent  pas  toujours  exclusivement  sur  le'  corps 
thyroïde.  Il  est  des  malades  chez  lesquels  on  a  noté  une  sorte  de 
tuméfaction  diffuse  du  cou,  assez  marquée  parfois  pour  gêner 
momentanément  la  délimitation  de  la  thyroïde.  C'était  le  cas 
(l'une  fillette  de  3  kilogrammes  observée  en  1901  par  M.  Com- 
mandeur (1)  à  la  maternité  de  l'Hôtel-Dieu.  Née  d'un  père  et 
d'une  mère  bien  portants,  elle  vient  au  monde  un  peu  étonnée, 
mais  fut  vite  ranimée.  On  constatait  chez  elle  une  tuméfac- 
tion très  molle  et  diffuse  de  la  région  sus-hyoïdienne,  au 
milieu  de  laquelle  on  ne  différenciait  pas  de  tumeur.  La  res- 
piration s'établit  d'ailleurs  très  vite  et  de  façon  régulière.  Le 
lendemain,  la  tuméfaction  avait  considérablement  diminué,  et 
l'on  pouvait  délimiter  le  corps  thyroïde  ;  il  présentait  deux  lobes 
volumineux,  inégaux,  le  droit  plus  gros  que  le  gauche.  La  cir- 
conférence du  cou  était  de  24  centimètres.  La  voix  n'était  pas 
modifiée:  la  déglutition  était  facile;  la  tumeur  n'augmentait 
pas  par  l'effort. 

Née  le  18  mars,  l'enfant  n'avait  plus  le  28  que  22  centi- 
mètres de  tour  de  cou  et  21  le  14  avril.  Revue  le  21  août, 
lenfant  était  complètement  guérie. 

On  voit,  par  tout  ce  qui  précède,  que  nous  n'avons  sur  les 
causes  prédisposantes  que  des  notions  encore  vagues. 

La  vraie  cause  de  la  congestion  mécanique,  la  cause  déter- 
minante, paraît  se  produire  pendant  l'accouchement.  Pour  cer- 
tains auteurs,  il  faut  incriminer  la  présentation  de  la  face. 
L'hyperextension  du  cou  favoriserait,  d'après  eux,  la  conges- 
tion de  la  thyroïde,  alors  que,  pour  d'autres,  ce  serait  cette 
hypertrophie  de  la  thyroïde  qui  engendrerait  la  présentation 
de  la  face.  Nous  ne  nous  attacherons  pas  à  discuter  ce  point, 
parce  qu'en  cherchant  le  mécanisme  de  la  présentation  on  ne 
trouve  qu'une  fois  la  présentation  de  la  face.  Une  fois,  on 
signale  la  présentation  de  l'épaule.  Dans  tous  les  autres  cas,  il 
s'agissait  de  sommet  ou  de  siège. 

La  présentation  n'a  donc  qu'un  rôle  secondaire,  et  nous 
croyons  que  nos  notions  étiologiques  peuvent  bien  se  résu- 
mer de  la  sorte  :  les  enfants  des  goitreux  paraissent  avoir,  du 
fait  de  l'hérédité,  un  état  de  faiblesse  congénitale  des  vais- 

(t)  Commandeur,  Sur  le  goitre  congéaital  (Province  médicale,  1900). 


202  J.    FABRE   ET   L.    THÉVENOT 

seaux  thyroïdiens.  Aucours  de  raccouchement,  les  contractions 
utérines  doivent  exprimer  le  sang  du  corps  du  fœtus  et  le 
refouler  dans  la  thyroïde  en  état  de  moindre  résistance  et 
créer  ainsi  de  toute  pièce  la  congestion  de  la  thyroïde. 

Quel  que  soit  d'ailleurs  son  mécanisme  intime,  la  lésion 
produite  est  toujours  la  même,  et  son  nom  même  la  renferme 
tout  entière  :  congestion,  c'est-à-dire  augmentation  du 
volume  d'une  glande  saine  par  afflux  de  sang  et  dilatation 
vasculaire. 

Beaucoup  de  cas  que  nous  rangeons  sous  cette  appellation 
manquent,  il  est  vrai,  de  la  confirmation  anatomo-patholo- 
gique  ;  mais,  pour  quiconque  a  vu  la  structure  d*un  goitre 
congénital  vrai,  il  est  biçn  évident  qu'une  hypertrophie  de  la 
thyroïde,  rétrocédant  rapidement  et  disparaissant  en  quelques 
semaines,  ne  saurait  être  autre  chose  qu'une  congestion  de  la 
glande.  Tous  les  auteurs  qui  en  ont  observé  sont  d'ailleurs 
d'accord  sur  ce  point. 

D'autant  qu'il  y  a  parfois  une  tuméfaction  diffuse  de  toutes 
les  parties  molles  avoisinantes,  comme  dans  le  cas  de 
M.  Commandeur,  ou  une  cyanose  de  la  tête  et  d'une  partie 
du  corps,  comme  dans  l'observation  suivante  de  Nicod  d'Ar- 
bent  {Bull,  général  de  thérapeutique^  t.  XIX,  18i0). 

La  mère  quintipare,  légèrement  goitreuse,  avait  accouché 
en  une  heure.  L'enfant  ne  pouvait  respirer  et  était  en  état  de 
congestion  remarquable,  qu'entretenait  une  respiration  très 
gênée.  Une  volumineuse  tumeur  s'étendait  du  menton  au 
sternum  et  d'un  mastoïdien  à  l'autre.  Par  sa  position  et  sa 
forme,  elle  parut  tenir  à  une  hypertrophie  et  à  une  conges- 
tion sanguine  énorme  du  corps  thyroïde  ;  sa  surface  était  d'un 
rouge  violet,  de  même  que  la  tête  et  toute  la  surface  du  corps. 

Plusieurs  sections  du  cordon,  faites  pour  provoquer  une 
hémorragie,  restèrent  sans  résultat. 

Deux  sangsues  furent  alors  appliquées  de  chaque  côté  de 
la  tumeur,  et,  longtemps  après  qu'elles  furent  tombées,  il 
s'écoula  un  sang  noir  et  épais  ;  la  respiration  devint  moins 
rare.  Le  lendemain,  du  sang  suintait  encore  :  la  respiration 
était  moins  gênée. 

Le  thyrocèle  avait  perdu  un  grand  tiers  de  son  volume,  il 
semblait  plus  mou,  plus  mobile.  La  surface  du  corps  ne  pré- 
sentait plus  que  des  marbrures  disséminées.  Cependant  il  y 
avait  encore  de  la  stupeur. 


CONGESTION    DE  LA  GLANDE   THYUOÏDE   CHEZ    LE   NOUVEAU-NÉ      263 

Deux  sangsues  furent  encore  mises.  Le  sang  devint  moins 
foncé  et  moins  consistant.  La  diminution  considérable  dé  la 
grosseur,  le  changement  d'expression  de  la  face,  les  mar- 
brures presque  éteintes,  la  succion  devenue  plus  facile  et  les 
évacuations  régulières  annonçaient  le  retour  à  un  état  physio- 
logique. 

La  maladie,  au  bout  de  huit  jours,  avait  presque  disparu  ; 
au  bout  de  cinq  semaines,  il  n'en  restait  plus  trace. 

  côté  de  cas  pareils,  où  Tensemble  symptomatique,  où 
révolution  des  lésions  fait  penser  à  une  simple  congestion, 
il  en  est  d'autresoù  les  renseignements  sont  encore  plus  précis. 
En  intervenant  sur  de  tels  goitres  (Pollosson,  Comman- 
deur, etc.),  on  a  pu  se  rendre  compte  que  le  corps  thyroïde 
est  le  siège  d'une  tuméfaction  diffuse,  qu'il  est  sillonné  de 
grosses  veines  remplies  de  sang. 

D'ailleurs  cet  aspect  du  corps  thyroïde  avait  été  vu  au  cours 
d  autopsie.  Nous  ne  croyons  pouvoir  mieux  le  décrire  qu'en 
rapportant  quelques  observations  particulièrement  démons- 
tratives ;  on  y  trouvera  à  la  fois  l'étude  macroscopique  et  la 
description  microscopique  des  lésions. 

Gibb  (de  Birmingham)  accoucha  une  femme  de  trente- 
deux  ans,  bien  portante,  septipare,  dont  Tenfant  naquit  au 
septième  mois  et  mourut  cinq  minutes  après  l'accouchement. 
C'était  un  garçon  bien  développé,  sans  aucune  autre  anomalie 
que  ce  bronchocèle;  la  thyroïde  était  énorme,  s'étendant  du 
thorax  au  maxillaire  ;  de  consistance  assez  ferme,  non  iluo- 
tuante,  elle  est  mobile  sur  les  parties  profondes. 

La  dissection  montrait  que  les  vaisseaux  étaient  d'une  gran- 
deur extraordinaire  ;  la  capsule  était  très  vascularisée, 
entourée  d'un  riche  réseau  de  larges  veines.  Aucune  matière 
colloïde  n\Hait  visible  à  travers  la  capsule. 

L'hypertrophie  était  totale,  d  où  compression  de  l'œsophage 
et  de  la  trachée,  refoulement  de  la  carotide,  de  la  jugulaire, 
du  pneumogastrique. 

Sur  des  coupes,  la  glande  est  ferme  et  montre  quelques 
ouvertures  de  vaisseaux  gorgés  de  sang.  Au  microscope,  on 
voit  un  lacis  délicat  et  régulier  de  tissu  fibreux  renfermant 
des  cellules  disposées  irrégulièrement  ;  de  larges  sinus  gorgés 
de  sang  parcourent  la  préparation  ;  on  reconnaît  aussi  de 
nombreux  vaisseaux  sanguins  avec  leur  couche  musculaire. 

Pas  ou  peu  d'extravasation  sanguine  en  dehors  des  vais- 


204  J.    FABRE   ET    L.    THÉVEXOT 

seaux.  Les  cellules  épithéliales  forment  des  amas  un  peu  irré- 
guliers; pas  de  kyste.  Ce  spécimen,  dit  Fauteur,  pour  résumer 
sa  communication,  appartient  au  type  congestif  et  vasculaire. 

C'est  à  peu  près  ainsi  que  peut  se  définir  le  cas  présenté 
par  Bérard  en  1862,  à  la  Société  de  chirurgie  de  Paris. 

Il  s'agissait  d'une  femme  de  vingt-huit  ans,  quadripare, 
dont  Taccouchement  se  fit  à  cinq  mois  et  demi  en  01  DP, 
très  simplement.  L'enfant  mourut  une  demi-heure  après  la 
naissance,  sans  avoir  pu  respirer  franchement. 

Toute  la  face  antérieure  du  cou  est  occupée  par  une  tumeur 
qui  va  d'un  sterno-cléido-mastoïdien  à  Tautre.  Elle  est  trilo- 
bée, d'une  coloration  bleuâtre,  non  transparente.  Sa  consis- 
tance est  molle,  élastique.  Ni  fluctuation  ni  crépitation. 

La  thyroïde  pèse  16  grammes,  ce  qui  est  considérable,  étant 
donné  que  chez  le  fœtus  à  terme  la  thyroïde  pèse  2  grammes. 

La  surface  des  lobes  est  couverte  de  larges  veines,  pareilles 
à  des  sinus  ;  les  veines  principales  viennent  à  la  partie  infé- 
rieure et  médiane  de  la  tumeur  pour  se  jeter  dans  le  tronc 
brachio-céphalique. 

La  structure  est  celle  du  corps  thyroïde.  Le  tissu  glandu- 
laire est  mou,  spongieux,  noirâtre;  dans  quelques  points, 
moins  rouge  et  plus  consistant.  La  coupe  générale  est  celle 
d'un  tissu  érectile. 

La  veine  thyroïdienne  inférieure,  vide,  avait  un  diamètre 
transversal  de  6  millimètres;  l'artère  thyroïdienne,  deux  fois 
plus  grosse  que  la  carotide  interne,  paraissait  la  véritable 
continuation  de  la  carotide  primitive.  La  capsule  fibreuse  de 
cette  thyroïde  était  creusée  de  sinus,  comme  la  dure-mère. 

Nous  ne  voulons  pas  multiplier  de  tels  exemples  ;  tous  ces 
faits  sont  d'ailleurs  superposables  et  peuvent  se  résumer 
ainsi. 

La  seule  lésion  que  l'on  constate  est  une  dilatation  consi- 
dérable des  vaisseaux  ;  elle  porte  sur  le  système  circulatoire 
de  la  glande,  sur  la  circulation  de  sa  capsule  ;  elle  retentit 
plus  ou  moins  sur  la  circulation  de  la  région  antérieure  du 
cou.  Mais  il  y  a  ni  lésion  des  éléments  épithéliaux,  ni  modi- 
fication des  éléments  conjonctifs  de  la  glande. 

A  côté  de  ces  formes  où  il  existe  une  congestion  pure,  il  en 
est  d'autres  où  la  lésion  se  modifie,  ce  qui  entraînera,  on  va  le 
comprendre,  une  évolution  clinique  un  peu  différente. 

En  présence  d'une  dilatation  vasculaire  qui  arrive  à  acquérir 


CONGESTION  DE  LA   GLANDE   THYROÏDE    CHEZ   LE    NOUVEAU-NÉ      205 

un  pareil  volume,  on  conçoit  que  parfois  la  paroi  d'un  vais- 
seau puisse  se  rompre  et  que  du  sang  puisse  s'épancher  dans 
l'intérieur  du  tissu  thyroïdien.  Il  s'agit  là  non  pas  d'une 
iiématocèle  thyroïdienne,  mais  d'un  simple  hématome.  On 
sait  que  Thématocèle  thyroïdienne  est  la  rupture  des  vaisseaux 
de  la  paroi  d'un  kyste  et  Tenvahissement  par  le  sang  de 
cette  poche  préformée. 

Dans  la  congestion  de  la  thyroïde,  nous  avons  déjà  fait 
remarquer  qu'il  n'y  a  pas  de  lésions  de  la  glande  elle-môme  ; 
le  sang  ne  peut  donc  s'épancher  que  dans  les  mailles  du 
tissu  conjonctif. 

De  pareilles  complications,  logiquement  possibles,  s'ob- 
servent d'ailleurs,  mais  elles  sont  rares.  Un  des  cas  les  plus 
typiques  est  celui  de  Wyder  (1)  :  une  mère  bien  portante, 
mais  atteinte  d'un  gros  goitre,  décipare,  accouche  très  rapide- 
ment d'un  gros  garçon  qui  nait  asphyxique.  Pendant  une 
demi-heure,  on  fait  la  respiration  artificielle,  on  excite  les 
tégaments  ;  l'enfant  paraît  aller  mieux.  Mais,  peu  après,  la 
cyanose  se  produit  :  la  rétraction  des  parties  latérales  et  infé- 
rieure du  thorax  dans  les  mouvements  respiratoires  témoigne 
de  la  difficulté  avec  laquelle  l'air  pénètre  dans  la  cage  thora- 
cique.  L'enfant  est  de  nouveau  baigné  et  frotté,  mais  il  meurt 
au  bout  d'une  heure, 

A  l'autopsie,  on  constate  que  les  organes  sont  sains,  qu'il 
n  y  a  dans  les  bronches  ni  corps  étrangers    ni  mucosités. 

L'obstacle  à  la  respiration  vient  d'une  thyroïde  très  volu- 
mineuse, dans  le  lobe  droit  de  laquelle  s'est  faite  une*  hémor- 
ragie assez  forte. 

En  résumé,  congestion  le  plus  souvent,  exceptionnellement 
hématome  surajouté,  telles  sont  les  lésions  glandulaires. 

Il  n'existe  d'ordinaire  pas  d'autres  malformations  fœlales. 
Quelques  auteurs  (Nicod  d'Arbent,  Gibb,  Spiegelberg,  etc.) 
ont  noté  une  hypertrophie  plus  ou  moins  marquée  du 
thymus.  Elle  parait  sans  rapport  avec  l'affection  que  nous 
étudions. 

Ces  données  anatomo-pathologiques  nous  permettent  de 
comprendre  comment  va  se  présenter  l'affection  et  comment 
elle  va  évoluer. 

Cliniquement,  on  se  trouvera  en  présence  de  formes  suffo- 

(I)  Wyder,  in  Thèse  Dielhelm. 


20()  J.    FABRE   ET    L.    THÉVENOT 

cantes  très  graves,  de  formes  d'intensité  moyenne  et  de  formes 
bénignes. 

Les  premières  entraînent  la  mort  en  quelques  minutes 
après  la  section  du  cordon,  et  le  diagnostic  ti'est  fait  qu'en 
examinant  le  petit  cadavre  ou  au  cours  de  son  autopsie.  Dans 
nombre  de  cas  même,  la  véritable  cause  de  la  mort  doit 
passer  inaperçue.  L'affection  en  effet  est  facile  à  diagnostiquer 
lorsque  la  lésion  porte  seulement  sur  le  corps  thyroïde,  dont 
la  saillie  sous  les  téguments  est  celle  d'un  œuf  de  poule  dans 
nombre  de  cas;  mais,  lorsqu'il  y  a  en  même  temps  coûges- 
tion  des  tissus  avoisinants,  ou  si  le  lobe  hypertrophié  estrétro- 
sternal,  il  devient  extrêmement  difficile,  même  à  la  palpation 
du  cou,  d'établir  quelle  part  revient  k  la  thyroïde  dans  la 
pathogénie  des  accidents  de  suffocation. 

Donc  asphyxie  très  rapide  avec  hypertrophie  plus  ou  moins 
marquée  de  la  thyroïde,  telle  est  la  symptomatologie  de  cette 
première  forme.  La  mort  rapide  qui  en  est  la  conséquence  en 
fait  une  affection  intéressante  au  point  de  vue  chirurgical, 
mais  lui  enlève  une  grande  partie  de  son  intérêt  clinique. 

Il  en  est  tout  autrement  des  cas  d'intensité  moyenne;  il 
est  plus  facile  de  les  suivre  cliniquement;  il  y  a  lieu  pour 
eux  de  discuter  la  question  intervention.  Pour  toutes  ces  rai- 
sons, ce  sont  eux  qui  nous  serviront  de  type  dans  la  descrip- 
tion de  cette  maladie.  Là  encore  deux  cas  peuvent  se  présenter, 
et,  pour  les  préciser,  nous  allons  résumer  deux  observations. 

Schultess  (1)  fut  appelé  à  voir  une  fillette  de  vingt- 
quatre  heures  en  dyspnée.  La  respiration  s'accompagnait  de 
dépression  profonde  de  la  région  de  l'appendice  xyphoïde. 

Le  cou  était  un  peu  tuméfié,  mais  la  thyroïde,  malgré  une 
recherche  soignée,  pendant  le  premier  jour,  se  délimitait  mal. 
Au  bout  de  quatre  à  cinq  jours,  elle  devint  plus  perceptible, 
le  lobe  gauche  étant  notablement  plus  gros. 

La  dyspnée  diminua  très  lentement  et  reparut  au  bout  de 
quelques  jours,  malgré  l'extension  de  la  tête  et  des  applica- 
tions de  glace.  Peu  à  peu  la  respiration  devint  plus  libre,  et  les 
signes  de  cyanose  disparurent. 

En  opposition  avec  cette  observation,  nous  placerons  celle  de 
Diener  (2)  :  une  femme  de  vingt-deux  ans  accouche  pour  la  pre- 
mière fois, enl864,  d'une  fille  qui  avait  une  tumeur  sur  le  côté 

(1)  ScHLLTKss,  in  Thèse  Dielhelm. 

(2)  DiENER,  in  Thèse  Dielhelm, 


CONGESTION    DE    LA   GLANDE   THYROÏDE   CHEZ    LE    NOUVEAU-NÉ      207 

droitet  en  avantducou.  Elle  s'élendaitde  Tangledela  mâchoire 
au  sternum  et  mesurait  2  pouces  et  demi  à  3  pouces  de 
large. 

Elle  était  mobile  dans  ses  parties  latérales,  mais  fixée  vers 
risthme.Elle  s  accompagnait  d'une  respiralionrapide  et  courte. 

L'enfant  fut  frottée  avec  de  l'onguent  cinéreum,  et,  contre 
la  congestion,  on  fit  des  applications  de  moutarde  sur  les  jambes. 
Peu  de  jours  après,  la  tumeur  diminuait,  devenait  plus  mo- 
bile ;  la  respiration  était  plus  libre.  L'enfant  prit  le  sein  de  sa 
mère  et,  la  semaine  après,  elle  était  guérie. 

Ainsi  donc,  chez  de  tels  malades,  Tattention  est  appelée  par 
la  cyanose  légère  de  la  face  et  par  les  signes  de  dyspnée. 
L'examenminutieuxducourévèlerhypertrophiede  la  thyroïde. 

Mais  ce  symptôme,  qui  est  pourtant  le  signe  capital,  peut 
être  difficile  à  constater,  soit  parce  que  le  goitre  est  rétro- 
sternal,  soit  en  raison  d'une  tuméfaction  diffuse  du  cou.  La 
tumeur,  lorsqu'elle  existe,  reproduit  la  forme  de  la  thyroïde. 
Lisse  et  régulière,  d'une  consistance  ferme,  non  fluctuante, 
elle  suit  les  mouvements  de  la  déglutition,  et  sa  nature  thy- 
roïdienne devient  de  ce  fait  indiscutable. 

Ce  qu'il  y  a  de  constant  aussi,  c'est  la  rétrocession  lente  de 
ces  symptômes  sous  l'influence  du  traitement. 

Enfin  il  est  des  formes  bénignes  dans  lesquelles  il  n'existe 
aucun  trouble  fonctionnel. Telles  sont,  par  exemple,  les  obser- 
vations que  nous  avons  rapportées  et  dans  lesquelles  l'affection 
aurait  passé  complètenient  inaperçue  si  l'on  n'avait  remarqué 
dans  la  région  du  cou  une  légère  hypertrophie  de  la  glande 
thyroïde. 

Cette  hypertrophie  ne  fut  que  momentanée,  et,  quelques 
semaines  après  la  naissance,  elle  avait  disparu  spontanément. 

Le  diagnostic  de  la  congestion  thyroïdienne  se  pose  ainsi 
dans  les  conditions  les  plus  diverses  et  demande  à  être  fait 
d'autant  plus  vite  que  l'opération  peut  être  urgente.  Il  se  pré- 
sente dans  deux  conditions  bien  différentes,  suivantqu'il existe 
au  cou  une  tumeur  qui  appelle  l'attention  ou  qu'au  contraire 
une  tuméfaction  diffuse  détourne  l'attention  de  la  région 
cervicale. 

Dans  le  premier  cas,  le  diagnostic  est  facile  à  faire  ;  il  se 
base  sur  les  caractères  suivants  :  la  tumeur  reproduit  la  forme 
et  occupe  le  siège  de  la  thyroïde  ;  la  masse  est  mobile  sur  les 
plans  profonds,  mobile  sur  les  plans   superficiels;   elle   est 


^(>8  J.    FABRE   ET    L.    THÉVENOT 

•entraînée  dans  les    mouvements   de  déglutition.   Ces  signes 
permettent  d'éliminer  les  autres  tumeurs  du  cou. 

Les  lymphangiomes  sont  situés  plus  latéralement  et  se 
portent  du  côté  de  la  région  sus-claviculaire.  Ils  sont  souvent 
réductibles  et  se  modifient  avec  les  efforts  que  fait  Tenfant. 

Les  kystes  dérivant  de  fistules  branchiales  occupent  un  seul 
côté  delà  trachée;  ils  sont  fluctuants,  parfois  transparents. 

Les  kystes  médians  sont  d'ordinaire  peu  volumineux,  égale- 
ment fluctuants;  le, plus  souvent  ils  sont  transparents;  sinon 
ils  sont  des  kystes  dermoïdes  et  offrent  alors  la  sensation  de 
pâte  molle  que  donnent  de  pareilles  tumeurs. 

Telles  sont,  en  somme,  les  seules  lésions  qui  peuvent  prêter 
à  une  erreur  de  diagnostic.  Quant  à  savoir  quelle  est  la  nature 
de  l'affection  thyroïdienne,  si  c'est  une  congestion  simple,  ou 
un  goitre  réel,  cela  est  bien  plus  difficile.  La  consistance 
régulière  de  la  glande,  sa  surface  lisse  et  unie  feront  penser 
plutôt  à  une  congestion.  En  cas  de  doute,  il  faut  se  comporter 
comme  s'il  s'agissait  de  cette  dernière  affection. 
"  '  Lorsque  la  tumeur  est  absente,  ou  bien  lorsqu'elle  est  mas- 
quée par  une  tuméfaction  diffuse  du  cou,  la  question  est  bien 
plus  complexe.  Une  auscultation  rapide  du  cœur  montrera 
tout  d'abord  l'intégrité  de  cet  organe. 

L'auscultation  du  poumon  mettra  celui-ci  hors  de  cause. 
D'ailleurs,  la  façon  dont  respire  l'enfant,  Taffaissement  des 
parties  inférieures  et  latérales  du  thorax  à  chaque  inspiration 
font  penser  qu'il  s'agit  d'un  obstacle  situé  sur  le  trajet  des 
voies  aériennes. 

Il  faut  s'assurer  alors  qu'il  n'y  a  pas  de  mucosités  bai*rant 
le  passage  de  l'air,  nettoyer  avec  une  compresse  la  bouche  et 
le  pharynx  de  Tenfant,  au  besoin  aspirer  les  mucosités  direc- 
tement avec  un  tube  intralaryngé. 

S'agirait-il  d'une  hypertrophie  du  thymus?  11  faut  chercher 
à  l'établir  par  la  palpationde  la  région  sus-sternàle,  et  surtout 
parla  percussion  de  la  région  supérieure  du  sternum.  Ces 
signes  seront  également  ceux  d'un  goitre  rétro-sternal  ;  mois 
celui-ci  s'élève  d'ordinaire  dans  les  mouvements  de  déglutition 
et  devient  plus  apparent. 

Le  rétrécissement  congénital  de  la  trachée  sera  plus  diffcile 
à  éliminer,  car  il  ne  se  traduit  extérieurement  par  aucun 
signe  et  ne  sera  parfois  reconnu  qu'au  cours  de  l'intervention. 

Ces  difficultés   montrent  la  nécessité  qu'il  y   a  à  palper 


CONGESTION    DE   LA   GLANDE   THYROÏDE   CHEZ    LE    NOUVEAU-NÉ      2iS9 

soigneusement  le  cou  des  nouveau-nés  atteints  de  dyspnée, 
car  ici, comme  bien  souvent  d*ailleurs,il  faut  chercher  le  goitre, 
suivant  l'expression  deM. Commandeur  ;ilfaut  vouloir  dépister 
la  maladie  sans  attendre  qu*elle-même  elle  se  montre  indiscu- 
table ;  rinfluence  heureuse  de  certaines  positions  sur  la  dys- 
pnée, de  Textension  de  la  tète  en  particulier,  prend  ici  une 
importance  primordiale.  Le  diagnostic  ainsi  établi  va  nous 
permettre  à  la  fois  de  formuler  un  pronostic  précis,  que 
rendront  meilleur  encore  les  ressources  de  la  thérapeu- 
tique. 

Le  pronostic  est  favorable  ;  en  un  tei^ps  plus  ou  moins 
rapide,  la  tuméfaction  rétrocède  et  la  thyroïde  revient  à  son 
état  normal.  Trois  semaines,  un  mois,  sont  d'ordinaire  suffi- 
sants, s'il  s  agit  d'une  congestion  simple.  S*il  y  a  hématome 
surajouté,  l'évolution  en  est  plus  lente  et  demande  six  mois 
eaviron.  Quel  que  soit  le  temps  nécessaire,  Taffection  guérit 
et  guérit  complètement. 

Les  seuls  cas  suivis  de  mort  sont  ceuxoù  la  tuméfaction  est 
très  marquée  ;  mais  la  mort  survient  alors  dans  les  quelques 
minutes  ou  les  quelques  heures  qui  suivent  Faccouchement, 
malgré  Temploi  des  moyens  utilisés  d'ordinaire  pour  ranimer 
les  nouveau-nés  (bains,  frictions  excitantes,  respiration  arti- 
ficielle, etc.). 

Le  traitement  va  donc  être  institué,  soit  pour  des  accidents 
alarmants,  à  évolution  rapidement  mortelle,  soit  dans  des 
conditions  qui  laissent  place  à  la  discussion  des  moyens  à 
employer.  Mais,  avant  de  voir  ce  qu'il  y  a  lieu  de  faire  dans 
tel  ou  tel  cas,  nous  devons  d'abord  rappeler  quelles  sont  les 
ressources  de  la  thérapeutique. 

Celle-ci  n'est  pas  forcément  chirurgicale,  et  le  traitement 
médical  a  donné  de  nombreux  succès.  Pour  diminuer  l'afflux 
du  sang  dans  la  glande  thyroïde,  on  a  préconisé  les  applications 
sur  la  partie  antérieure  du  cou  de,  sachets  de  glace  (MuUer), 
(le  sangsues  (Nicod  d'Arbent). 

Des  sinapismes  sur  les  membres,  des  bains  sinapisés  pour- 
ront être  également  employés  comme  agents  de  dérivation. 

L'iodure  de  potassium  à  faible  dose  paraît  favoriser  la  régres- 
sion de  la  glande  thyroïde. 

En  attendant  que  ces  moyens  agissent,  et  pour  favoriser 
la  respiration,  on  aura  recours  à  l'hyperextension  de  la  tête. 
L'observation  suivante   de  Millier,  publiée  dans  la  thèse  de 


270  J.    FABKE   ET    L.    THKVENOT 

Diethelm  (1),  est  un  beau  type  de   ce  traitement  médical. 

La  mèro  était  une  femme  grêle,  petite,  ayant  un  g^oilre 
bilatéral,  passablement  gros;  Un  premier  accouchement, 
deux  ans  auparavant,  se  (it  bien,  mais  Tenfant  mourut  plus 
tard  de  diphtérie.  La  dernière  grossesse  évolua  bien.  Los 
fortes  douleurs  commencèrent  à  six  heures  du  matin;  à 
deux  heures  de  Taprès-Tnidi,  la  malade  accoucha  d'une  fille 
un  peu  faible.  Elle  n'était  pas  asphyxique,  mais  les  parents  et 
la  sage-femme  remarquèrent  qu'elle  faisait  de  grands  efforts 
pour  respirer  et  qu'elle  était  passablement  cyanosée. 

La  respiration  s'accompagnait  d'un  sifflement  particulier. 
I/enfant,  dont  l'état  s'aggravait  progressivement,  fut  au  bout 
de  trois  jours  examiné  par  un  médecin.  Comme  la  région 
sternale  bombait  en  avant,  le  diagnostic  porté  fut  celui  Ae 
sténose  par  hypertrophie  du  thymus,  et  l'enfant  fut  envoy»^  a 
la  clinique  de  Millier. 

Il  était  alors  passablement  faible.  Dans  le  décubitus  dorsal, 
la  dyspnée  était  énorme  et  s'accompagnait  d'un  bruit  strident 
à  rinspiration  et  à  l'expiration.  A  l'inspiration,  le  bord  libre 
des  côtes  vient  faire  saillie  sous  les- téguments,  et  le 
contour  du  foie  apparaît  manifestement.  Le  coeur  et  les 
poumons  sont  normaux.  Rien  de  particulier  du  côté  île 
l'abdomen.  L'enfant  est-il  soulevé  avec  une  main  sous  le  dos, 
la  tête  fortement  renversée  en  arrière?  La  dyspnée, 'le  bruit  de 
sténose  disparaissent  tout  d'un  coup,  et  la  poitrine  reprend 
sa  respiration  normale.  On  constate  alors  au  cou  une  tumeur 
de  la  grosseur  dii  pouce,  placée  en  travers  de  la  trachée,  et  qui 
s'enfonce  à  droite  et  k  gauche  de  chaque  côté  d'elle.  Le 
diagnostic  porté  fut  celui  de  goitre  sus-sternal  et  l'enfant 
soumisà  l'iodurede  potassium.  Il  est  maintenula  tête  renversée 
en  arrière  en  lui  glissant  un  coussin  sous  le  dos.  L'amélioration 
se  fit  progressivement  et,  au  bout  de  quatre  semaines,  il 
paraissait  guéri.  Il  mourut  à  trois  mois  et  demi  d'entérite  avec 
eczéma  généralisé. 

L'autopsie  montre  une  thyroïde  normale,  un  peu  grossie, 
et  qui  appuyait  encore  sur  la  trachée. 

En  opposition  avec  ces  moyens  médicaux  se  place  le  traitement 
chirurgical.  11  comprend  trois  interventions  possibles  :  la  tra- 
chéotomie, l'extirpation  il'un  lobe  thyroïdien  et  Texothyropexio. 

(IJ  DiBTiiKLM,  Ueber  angeborene  Struma  [Thèse  de  Zurich,  1890). 


CONGESTION    DE    LA   GLANDE   THYROÏDE   CHEZ    LE    NOUVEAU-NÉ      271 

La  trachéotomie,  si  elle  est  facile  à  pratiquer,  est  une 
opération  grave,  et,  si  la  mort  n*est  pas  la  conséquence  de  la 
compression  de  la  trachée,  elle  survient  cependant  au  bout  de 
quelques  jours,  du  fait  d'une  bronchopneumonie  surajoutée. 
Au  surplus,  la  trachéotomie  est  ici  plus  difficile  qu'en  temps 
ordinaire  :  le  chirurgien  est  gêné  par  une  dilatation  veineuse 
considérable;  il  est  le  plus  souvent  obligé  de  sectionner 
l'isthme  de  la  thyroïde,  qui  est  volumineux  ;  il  se  trouve  ainsi 
aux  prises  avec  une  hémorragie  ^ marquée,  avec  une  série 
d'obstacles  qu'il  ne  rencontre  pas  d'ordinaire. 

L'extirpation  d'un  lobe  thyroïdien  est  une  opération  qui  fut 
pratiquée  quelquefois  en  Allemagne  dans  des  cas  de  goitre 
congénital.  C'est  une  opération  grave  ;  sa  durée,  les  hémor- 
ragies qui  l'accompagnent,  empochent  le  petit  malade  de 
faire  les  frais  d'une  telle  intervention,  et  la  mort  par  shok, 
par  bronchopneumonie,  en  est  souvent  la  conséquence.  C'est 
de  plus  une  opération  trop  considérable,  puisqu'elle  enlève 
du  coTjps  thyroïde  un  lobe  qui  serait  rapidement  redevenu 
normal. 

L'exothyropexie,  par  contre,  est  une  opération  simple,  d'une 
exécution  rapide;  elle  s'acçooipagne  d'hémorragies  insigni- 
fiantes, ce  qui  est  énorme  chez  un  nouveaii*-né.  Le  corps 
thyroïde,  une  fois  au  dehors,  pourra  se  décongestionner  tout 
à  loisir,  alors  que  la  respiration  se  fera  dans  des  conditions 
normales.  D'autre.part, en  cette  occurrence,on  n'exige  pas  trop 
de  Texothyropexie.  On  ne  lui  demande  pas,  comme  dans  le 
goitre  banal,  de  faire  résorber  des  tissus  néoplasiques;  on 
n'attend  d'elle  que  la  rétrocession  d'un  processus  congestif. 
Aussi  est-il  tout  naturel  que  l'exothyropexie  ait  donné  des 
résultats  remarquables  dans  les  cas  où  elle  a  été  employée. 
Personnellement,  nous  en  connaissons  trois. 

Le  plus  ancien  appartient  au  professeur  Fochier,  mais  il 
nous  a  été  impossible  de  le  retrouver  dans  ses  notes,  et  forc€ 
nous  est  de  le  reconstituer  d'après  nos  souvenirs.  (1  s'agissait 
d'un  enfant  qui  présentait  une  dyspnée  assez  marquée,  avec 
une  tuméfaction  de  la  région  antérieure  du  cou  qui  ne  pouvait 
^tre  qu'une  hypertrophie  thyroïdienne.  L'exothyropexie  faite 
d'urgence  amena  très  rapidement  la  rétrocession  de  la 
tumeur,  et  la  petite  malade  guérit  en  quelques  semaines. 

Le  deuxième  malade  fut  opéré  par  M.  le  professeur  A.  PoUos- 
son.  Cet  enfant  fut  présenté  à  la  Société  des  sciences  médicales 


2/2  J.    FABKE   ET    L.    THEVEXOT 

de  Lyon,  le  11  octobre  1899.  Né  en  état  de  mort  apparente, 
il  n*avait  pu  être  ranimé  que  par  un  traitement  énergique. 

11  conserva  une  dyspnée  très  forte,  avec  tirage  et  respiration 
bruyante.  Toute  tentative  d*alimentation  était  impossible. 

I/exumen  du  cou  ne  montra  tout  d'abord  rien  d*anormal  ; 
puis,  devant  la  persistance  des  accidents,  un  examen  très 
minutieusement  conduit  finit  par  faire  découvrir  une  tumeur 
de  petit  volume,  difficilement  appréciable. 

Diverses  hypothèses  pouvaient  être  discutées  :  hypertrophie 
du  thymus,  hémorragie  dans  un  kyste  thyroïdien,  goitre. 
Une  incision  médiane  permit  de  reconnaître  qu'il  s'agissait 
d*un  goitre  plongeant  assez  volumineux  ;  une  traction  exercée 
sur  la  tumeur  l'attira  au  dehors,  et  la  tumeur  y  fut  laissée 
sans  pansement. 

Immédiatement,  les  accidents  de  suffocation  disparurent  et 
depuis  ne  se  sont  pas  reproduits. 

Il  faut  noter  que  la  mère  de  cet  enfant  était  porteur  d'un 
goitre  et  qu'elle  a  perdu  un  autre  enfant  dans  les  mêmes 
conditions,  il  y  a  quelques  années. 

Enfin  le  troisième  cas  appartient  à  M.  Commandeur  et  a 
été  publié  dans  la  thèse  de  Cadet  (1). 

M*"'  J...,  trente-six  ans,  atteinte  depuis  longtemps  d'un  goitre 
très  marqué,  accouche  à  la  Maternité  le  19  juillet  1905  d'une 
fille  de  3570  grammes,  normalement  constituée.  L'accouche- 
ment est  normal,  mais  l'enfant  nait  étonnée.  Pour  la  ranimer, 
il  faut  pratiquer  la  respiration  artificielle,  employer  des  bains 
chauds,  des  frictions,  et  ce  n'est  qu'au  bout  d'un  quart  d'heure 
qu'elle  respire  à  peu  près  convenablement. 

On  constate  à  la  naissance  une  hypertrophie  très  nette  du 
corps  thyroïde,  qui  fait  saillie  au-dessus  du  sternum,  l'hyper- 
trophie paraissant  porter  sur  toute  la  glande.  Les  jours  sui- 
vants, l'enfant  présente  de  la  dyspnée,  aveccornage  et  tirage. 
Elle  ne  peut  prendre  le  sein,  et  l'alimentation  à  la  cuiller  est 
très  difficile,  car  la  déglutition  provoque  des  accès  de  suffoca- 
tion sans  cyanose. 

Le  i'"'  août  dans  la  nuit,  l'enfant  prend  un  accès  de  suffoca- 
tion. On  tente  de  la  soulager  par  un  bain  chaud,  mais  son  état 
est  très  grave.  Elle  respire  à  peine,  elle  est  inerte.  On  sent 
que  son  goitre  s'est  engagé  derrière  la  fourchette,  et  toutes  les 

(I)  Cadet,  Thèse  de  Lyon^  l'JOâ  (Contribution  à  fétude  des  goitren  intratboru- 
ciques,. 


CONGESTION   DE   LA   GLANDE   THYROÏDE   CHEZ   LE   NOUVEAU-NÉ      273 

tentatives  de  luxation  faitesà  ce  moment  échouent.  On  décida 
alors  de  pratiquer  Texothyropexie. 

Sansanesthésie,  incision  sur  la  ligne  blanche.  Une  incision 
méthodique  des  diiïérents  plans  amène  sur  la  tumeur,  qui  est 
sillonnée  de  grosses  veines  turgescentes.  On  les  évite  et  on 
clive  la  tumeur  de  chaque  côté  jusqu'à  ce  qu'on  puisse  la 
pédiculiser.  Elle  est  de  la  grosseur  d'une  noix,  d'une  consis- 
tance molle.  Immédiatement,  on  constate  une  *  amélioration 
notable;  mais,  si  on  abandonne  la  tumeur  à  elle-même,  elle 
tend  à  s'enfoncer  de  nouveau  derrière  le  sternum.  On  la  fixe 
par  un  fil  à  la  partie  supérieure  de  l'incision  cutanée. 

Pansement  à  plat  à  la  poudre  blanche.  Los  jours  suivants, 
l'enfant  respire  de  mieux  en  mieux  et  peut  s'alimenter  ;  on 
constate  une  atrophie  très  nette  de  la  tumeur. 

Trois  semaines  après  Topération,  la  plaie  est  cicatrisée.  Au 
bout  d'un  mois,  l'enfant  s'est  développée  normalement  ;  il  reste 
un  peu'de  raucité  de  la  voix  lorsqu'elle  tousse.  L'enfant  part 
en  nourrice. 

Telles  sont  les  interventions  chirurgicales  que  l'on  a  à  sa 
disposition.  Il  nous  semble  résulter  clairement  de  ce  que  nous 
avons  dit  plus  haut  que  l'exothyropexie  est  l'opération  de 
choix,  que  la  trachéotomie  n'est  qu'un  pis  aller,  et  que  les 
thyroïdectomies  sont  à  rejeter. 

Le  traitement  nous  apparaît  alors  très  net.  S'agit-il  d'un 
goitre  suffocant,  pouvant  entraîner  la  mort  d'un  moment  à 
l'autre  :  l'exothyropexie  s'impose. 

S'agit-il  au  contraire  d'une  forme  d'intensité  moyenne  ?  Le 
traitement  médical  doit,  à  notre  avis,  d'abord  être  institué  : 
application  de  glace  en  avantducou,  tête  tenue  sur  un  coussin 
en  extension,  révulsion  sur  les  membres  par  des  applications 
ou  des  bains  sinapisés.  L'iodure  de  potassium  à  la  dose  de 
quelques  centigrammes  par  jour  favorisera  la  régression  de 
la  congestion.  Si  les  moyens  échouent,  l'exothyropexie  pourra 
toujours  être  pratiquée. 

Comment  se  fera  pendant  toute  cette  période  Talimentation 
de  l'enfant?  Souvent  il  ne  peut  prendre  le  sein.  L'alimentation 
à  la  cuiller  peut  être  très  difficile  et  l'emploi  de  la  sonde  pourra 
rendre  les  plus  grands  services.  Elle  assurera,  en  outre,  le  pas- 
sage du  lait  directement  dans  l'œsophage,  évitera  la  pénétration 
possible  de  quelques  gouttes  de  liquide  dans  la  trachée  et  par 
cela  même  mettra  à  l'abri  des  pneumonies  de  la  déglutition. 

ÀRCB.  IM  MÉDBG.  DES  KNPANTS,  1907.  X.    — -    18 


L" 


274  J.    FABRE   ET   L.    THÉVENOT 

En  résumé,  il  existe  chez  le  nouveau-né,  à  côté  <lu  goitre 
vrai,  caractérisé  par  des  lésions  du  tissu  glandulaire,  une 
augmentation  de  volume  de  la  thyroïde  due  à  une  simple 
congestion  de  la  glande. 

Favorisée  vraisemblablement  par  la  persistance  du  système 
lacunaire  fœtal  (retard  de  développement  auquel  Thérédité, 
l'endémicité  du  goitre  ne  sont  peut-être  pas  étrangers),  elle 
est  provoquée  par  les  compressions  que  subit  le  fœtus  lors  de 
Taccouchement.  Le  mode  de  présentation  ne  parait  pas  influen- 
cer ce  processus.  11  en  résulte  les  lésions  anatomiques  sui« 
vantes  :  développement  énorme  des  vaisseaux  intraglandu- 
laires,  parfois  des  vaisseaux  de  la  capsule  et  môme  de  ceux  de  la 
région  antérieure  du  cou;  rarement  rupture  d'un  des  vaisseaux 
et  hématome  interstitiel  ;  pas  de  lésions  des  éléments  glandu- 
laires épithéliaux. 

Gliniquement,  il  se  produit  une  augmentation  de  la  thyroïde, 
avec  des  accidents  de  compression  pouvant  aller  d'une  simple 
gène  respiratoire  à  la  mort  rapide  par  asphyxie.  Si,  au  moment 
de  la  naissance,  il  est  difficile  de  reconnaître  la  nature  con- 
gestive  de  ce  goitre,  son  évolution  rapide,  sa  disparition  com- 
plète en  quelques  semaines  mettent  bientôt  sur  la  voie  du 
diagnostic. 

En  raison  même  de  cette  évolution,  les  accidents  légers 
demandent  simplement  un  traitement  médical  :  applications 
froides  sur  le  cou,  dérivation  sanguine.  Quelques  auteurs 
prescrivent  en  même  temps  un  peu  d*iodure. 

Dans  les  formes  graves,  le  vrai  traitement  est  Texothyro- 
pexie,  qui  amène  la  guérison  en  un  mois  environ.  Cette  inter- 
vention, aussi  rapidement  menée,  aussi  simple  que  la  trachéo- 
tomie, lui  est  de  beaucoup  supérieure,  car  elle  met  à  Tabri  do 
ces  bronchopneumonies  secondaires  qui  assombrissent  le 
pronostic  des  trachéotomies. 


PHARYNGO-LARYNGITBS  ULCÉREUSES 

DANS  LA  SYRHIUS  TERTIAIRE  ET  DANS  LA  TUBERCULOSE 


Par  MM. 

• 

RABOURDIN, 

et 

BRISST, 

Docteur. 

Interne  des  Hôpitaux. 

A  côté  des  cas  où  la  syphilis  tertiaire  se  localise  en  un  point 
quelconque  de  l'organisme,  il  en  est  d'autres  où  elle  frappe 
tremblée  plusieurs  organes.  C'est  le  cas  de  la  malade  dont 
nous  publierons  plus  loin  l'observation  et  dont  notre  maitre, 
le  D'  Comby,  a  bien  voulu  nous  confier  l'examen.  Chez  elle, 
on  constate,  à  côté  d'une  lésion  déjà  ancienne  du  voile,  des 
lésions  en  pleine  évolution  du  larynx  et  du  nez. 

Certes  il  n'est  pas  rare  de  voir  la  syphilis  tertiaire  s'attaquer 
simultanément  à  plusieurs  organes  voisins.  C'est  ainsi  que  le 
D^  Revol,  dans  sa  thèse  inaugurale  (Lyon,  1905)  sur  la  syphilis 
du  larynx,  cite  de  nombreux  cas  dans  lesquels  il  y  a  à  la  fois 
lésion  de  l'épiglotte  et  du  pharynx,  du  larynx  et  du  nez;  mais, 
dans  presque  tous  les  cas,  les  altérations  que  Ton  constate  sont 
localisées  en  un  point  du  larynx  (infiltration  sous-glottique, 
épiglottique,  aryténoïdienne ;  infiltration  de  la  corde).  Dans 
un  cas  (Obs.  XVIII),  il  s'agit  d'infiltration  sus-glottique  géné- 
ralisée; enfin,  dans  deux  observations  seulement,  nous  voyons 
une  infiltration  sus-glottique  généralisée  coïncidant  avec  des 
lésions  du  nez  et  du  pharynx  (Obs.  XVll-XXXIX). 

De  même,  si  nous  nous  reportons  aux  ouvrages  concernant 
la  spécialité,  nous  verrons  que,  si  les  auteurs  admettent  la 
possibilité  de  lésions  multiples,  ils  reconnaissent  que,  le  plus 
souvent,  les  altérations  constatées  ne  portent  que  sur  un  seul 
organe  et,  souvent  môme,  sur  un  point  limité  de  cet  organe. 

Chez  la  malade  qui  nous  occupe,  au  contraire,  on  a  pu 
relever  à  la  fois  de  la  syphilis  récente  du  nez,  une  gomme  du 
pharynx,  une  ancienne  perforation  du  voile  et  enfin  une  in- 
filtration sus^glottique  généralisée  coïncidant  avec  une  infil- 
tration des  cordes. 


270  RABOURDIN   ET   BRISSY 

Quels  sont  les  symptômes  qui  nous  ont  fait  penser  à  la 
syphilis  ? 

Nez.  —  Nous  nous  sommes  basés,  pour  faire  ce  diagnostic, 
sur  laspect  extérieur  du  nez,  qui  est  élargi  au  niveau  de  sa 
racine  et  qui,  sans  avoir  encore  à  un  degré  très  avancé  la  forme 
en  selle,  présente  cependant  un  affaissement  très  net  au  niveau 
de  l'union  des  segments  supérieur  et  inférieur  ;  sur  l'écoule- 
ment séro-purulent  avec  formation  de  croûtes  obstruant 
rentrée  des  fosses  nasales  ;  sur  Todeur  fétide  des  sécrétions  ; 
sur  laspect  de  la  muqueuse  nasale,  qui,  vue  par  la  rhino- 
scopie  antérieure,  est  rouge  et  saigne  facilement  quand  on 
enlève  les  croûtes  ;  enfin,  sur  l'existence  de  points  osseux 
dénudés  faciles  à  constater  en  promenant  dans  le  nez  un  stylet 
muni  de  coton  ;  on  a  alors  une  sensation  spéciale  montrant 
que  le  coton  est  accroché  au  passage. 

Voile,  —  Notre  attention  a  été  attirée  tout  d'abord  par  l'exis- 
tence d'une  cicatrice  caractéristique  :  c'est  une  cicatrice 
étoilée,  déprimée,  d'aspect  fibreux,  indiquant  l'existence  an- 
térieure d'une  perforation.  Sa  coloration  blanchâtre  était 
d'autant  plus  frappante  qu'elle  contrastait  davantage  avec 
l'aspec  rouge,  infiltré,  du  reste  du  voile.  Celui-ci  était  rouge, 
déchiqueté  ;  la  luette,  les  piliers  gauches  et  l'amygdale  du 
même  côté  n'existaient  pour  ainsi  dire  plus. 

En  outre,  en  suivant  la  malade,  nous  avons  pu  nous  rendre 
compte  de  la  marche  envahissante  de  la  lésion,  marche  qui 
n'a  pu  être  enrayée  que  par  l'emploi  combiné  du  mercure  et 
de  l'iodure  de  potassium. 

Larynx.  —  Du  côté  du  larynx,  nous  avons  constaté  l'exis- 
tence d'une  infiltration  généralisée  ayant  envahi  l'épiglotte, 
qui  est  réduite  à  l'état  d'un  simple  moignon  bourgeonnant; 
les  replis  ary-épiglottiques  ;  les  aryténoïdes  qui  avaient  trois 
fois  leur  volume  normal;  les  bandes  ventriculaires,  qui,  au 
début,  masquaient  complètement  les  cordes  vocales  ;  enfin 
les  cordes  elles-mêmes,  qui  sont  rosées;  la  corde  gauche,  la 
plus  atteinte,  a  un  aspect  serratique  type.  La  coloration  était 
d'u0  ronge  vif  intense  ;  quant  au  gonflement,  il  donnait  l'im- 
pression d'être  dur,  tendu,  résistant. 

Ces  lésions  étendues  du  larynx  auraient  pu  faire  penser  à 
de  la  tuberculose  ;  mais  certains  signes  nous  ont  permis  d'éli- 
miner cette  hypothèse.  . 

Tout  d'abord,  cette  colorationd'unrougevif  que  nous  avons 


PHARYNGOLARYNGITES   ULCÉREUSES  277 

constatée  et  qui  n'existe  guère  que  dans  la  syphilis.  Dans  la 
tuberculose,  «  les  lésions  et  la  muqueuse  ont  une  coloration 
pâle,  un  aspect  blafard  et  torpide  ;  il  semble  qu'elles  sont 
comme  anémiées  et  dans  cet  état  de  vitalité  diminuée  si 
caractéristique  de  la  tuberculose  »  (Revol). 

Les  signes  fonctionnels  auraient  été  plus  intenses  ;  or,  chez 
notre  malade,  s'il  y  a  eu  une  légère  dyspnée  et,  au  début, 
quelques  douleurs  irradiant  dans  Toreille,  on  n'a  pas  trouvé 
cotte  dysphagie  atroce  que  Ton  observe  chez  les  tuberculeux 
présentant  des  lésions  aussi  accentuées. 

La  dysphagie,  en  effet,  est  presque  caractéristique  de  la 
tuberculose.  Certes  elle  existe  dans  la  syphilis,  mais  elle  est 
rarement  intense  ;  elle  est  le  plus  souvent  en  raison  inverse 
de  la  gravité  des  lésions.  C'est  ainsi  que,  dans  la  syphilis 
secondaire  avec  simples  plaques  muqueuses,  la  dysphagie  est 
plus  vive  que  dans  la  syphilis  tertiaire  avec  lésions 
étendues. 

Mais  jamais  elle  n  atteint  l'intensité  de  celle  que  l'on  con- 
state dans  la  tuberculose^  où  elle  est  telle  que  la  moindre  ali- 
mentation est  impossible  et  que  le  fait  môme  d'avaler  sa 
salive  occasionne  une  véritable  souffrance. 

Or  notre  malade  s*alimentait  parfaitement,  n'éprouvait 
aucune  douleur  à  la  déglutition,  et  cela  malgré  les  lésions 
énormes  que  présentait  son  larynx. 

Les  lésions  de  voisinage  ne  pouvaient  que  confirmer  le  dia- 
gnostic. S'il  s'était  agi  de  tuberculose,  nous  n'aurions  pas 
constaté  cette  déformation  du  nez  que  nous  avons  signalée  ; 
la  rhinoscopie  antérieure  nous  aurait  permis  de  voir  des  ulcé- 
rations à  fond  jaun&tre,  à  bords  déchiquetés  non  décollés, 
avec,  tout  autour,  un  pointillé  jaune  formé  par  de  petits 
tubercules;  mais,  dans  ce  cas  encore,  nous  n'aurions  pas 
trouvé  cette  coloration  rouge  de  la  muqueuse  que  nous  avons 
indiquée.  De  même,  nous  n'aurions  pu,  dans  le  cas  de  tuber- 
culose nasale,  découvrir  de  points  osseux  dénudés. 

N'oublions  pas  non  plus  Texistence  des  cicatrices  polycy- 
cliques  de  la  cuisse  droite,  qui,  à  défaut  d'autres  renseigne- 
ments, pouvaient  également  nous  mettre  sur  la  voie  du  dia- 
gnostic. 

L'évolution,  enfin,  est  venue  fortifier  notre  opinion. 

Nous  avons  dit  quel  était  le  degré  avancé  des  lésions.  Or, 
<1  après  la  malade,  elles  auraient  débuté  au  maximum  deux 


278  RABOURDIN   ET   BRISSY 

mois  avant  notre  examen.  Une  tuberculose  laryngée  évoluant 
avec  cette  rapidité  aurait-elle  permis  une  survie  aussi  longue? 
Non  certes,  et  la  malade  aurait  été  emportée  rapidement. 
Oi  non  seulement  elle  est  actuellement  presque  complète- 
ment guérie,  mais  elle  n'a  jamais  présenté  de  troubles  sérieux 
de  l'état  général.  Certes  il  y  avait  un  amaigrissement  marqué 
(28^,200  à  seize  ans),  mais  le  faciès  était  bon,  il  n'y  avait 
ni  symptômes  pulmonaires  ni  troubles  digestifs,  pas  de  tem- 
pérature, rien  qui  puisse  faire  penser  à  de  la  tuberculose. 

Enfin,  une  autre  preuve  de  la  spécificité  des  lésions  nous  a 
été  fournie  par  l'influence  du  traitement.  La  malade,  aussitôt 
son  entrée  à  l'hôpital,  a  été  mise  aii  traitement  mercuriel  et,  à 
dater  du  28  octobre,  au  traitement  mixte.  Immédiatement,  on 
constate  une  modification  très  nette  des  lésions  ;  le  voile  le 
premier  perd  sa  coloration  rouge  vif,  et  nous  voyons  cesser  le 
processus  envahissant  et  destructif. 

Puis  le  larynx  à  son  tour  prend  une  coloration  rosée;  l'infil- 
tration diminue,  et  la  malade  qui,  au  début,  était  complè- 
tement aphone,  commence  à  parler  plus  nettement  dès  le 
29  octobre.  Actuellement,  elle  parle  à  voix  haute  avec  une 
très  légère  altération  du  timbre  normal. 

En  même  temps  que  se  produisaient  ces  modifications 
locales,  on  constatait  une  amélioration  de  l'état  général  :  dis- 
parition de  la  dyspnée  ;  plus  de  douleurs  dans  les  oreilles; 
accroissement  du  poids  (3*'*, 300  au  13  novembre). 

Le  diagnostic  de  syphilis  tertiaire  s'impose  donc  dans  le 
cas  présent,  et  il  nous  a  été  rendu  plus  facile  par  le  fait  que 
nous  avons  pu  examiner  la  malade  en  pleine  évolution. 

Aurait-il  été  aussi  facile  si  nous  avions  eu  à  faire  l'examen 
à  une  période  plus  avancée,  par  exemple  à  la  période  de  répa- 
ration, lorsqu'il  existe  des  lésions  cicatricielles?  Dans  ces  cas, 
le  diagnostic  est  quelquefois  très  difficile,  comme  le  montre 
la  deuxième  observation  que  nous  publions  et  que  nous 
devons  à  Tobligeance  de  notre  maître,  le  D'  Comby. 

Il  s'agit  d'une  malade  atteinte  de  tuberculose  pharyngée 
que  notre  maître  eut  à  examiner  pendant  la  période  aigué  et 
dont  il  a  pris  l'observation  à  ce  moment. 

Le  cas  lui  ayant  paru  intéressant,  il  a  bien  voulu  nous 
demander  d'examiner  la  malade  à  son  retour  d'Hendaye  et  de 
faire,  chez  elle,  Texamen  laryngoscopique. 

Les  lésions  qu'il  nous  a  été   donné  de  voir  nous  auraient 


PHARYNGO-LARYNOITES   ULCÉREUSES  279 

certes  fort  embarrassés  si  nous  n'avions  eu    l'observation 
détaillée  prise  au  début  de  l'évolution. 

En  examinant  la  malade,  nous  avons  trouvé,  en  effet,  une 
soudure  complète  du  voile  du  palais  au  pharynx.  Les  piliers 
antérieurs  ont  bien  encore  leur  direction  normale,  divergente  ; 
mais  les  piliers  postérieurs,  au  contraire,  convergent.  Ils 
viennent  se  fixer  à  la  paroi  postérieure  du  pharynx,  délimitant 
un  pertuis  elliptique,  à  grand  axe  dirigé  de  haut  en  bas  et 
d^avanten  arrière  et  laissant  apercevoir  le  pharynx. 

Les  loges  amygdaliennes  n'existent  plug. 

Mais,  ce  qu'il  y  a  de  plus  intéressant,  c'est  ce  que  montre 
Texamen  laryngoscopique.  Sitôt  le  miroir  mis  en  place,  on 
aperçoit  un  véritabie  diaphragme  horizontal  allant  de  la  base 
de  la  langue  au  pharynx.  À  sa  partie  tout  antérieure,  on  voit 
deux  bourrelets  saillants,  un  peu  obliques  en  arrière  et  à 
droite,  déterminant  un  petit  orifice  elliptique  laissant  aper- 
cevoir un  aryténoïde  et  les  cordes  vocales. 

Le  bourrelet  droit  seul  se  prolonge  en  arrière  et  délimite 
avec  la  paroi  latérale  du  pharynx  une  véritable  fossette  bien 
marquée,  surtout  lorsque  la  malade  fait  des  efforts. 

Ces  rétrécissements  naso-pharyngiens  et  oro-pharyngiens 
existent  et  ont  été  décrits  ;  on  les  trouve  signalés  dans  les 
traités  concernant  la  spécialité.  Mais  ils  sont  rares  dans  la 
tuberculose. 

C'est  surtout  dans  le  cas  de  traumatismes,  de  lupus  ou  de 
syphilis  qu'on  les  rencontre. 

La  deuxième  observation  est  intéressante  à  bien  des  points 
de  vue.  Tout  d'abord,  on  peut  y  suivre  étape  par  étape 
l'évolution  des  lésions  avec  leurs  phases  d'envahisse- 
ment et  de  régression,  l'altération  et  l'amélioration  sucessives 
de  l'état  général  à  ces  divers  moments  ;  puis  on  est  amené  à 
constater  un  mode  de  cicatrisation  très  rare. 

Nous  ne  faisons  pas  allusion,  en  nous  exprimant  ainsi,  au 
diaphragme  bucco-pharyngé  relativement  fréquent,  mais  à 
celui  que  l'on  constate  au-dessus  du  larynx  et  qui  est  constitué 
par  Tunion  de  Tépiglotte  à  la  prolongation  des  piliers  posté- 
rieurs, cicatriciels;  c'est  là  une  forme  que  nous  n'avons  vue 
décrite  nulle  part. 

Enfin  qu'on  nous  permette  d'insister  sur  un  fait  d'un  très 
grand  intérêt,  sur  la  tolérance  parfaite  du  malade  par  suite  de 
la  lenteur  de  la  cicatrisation.  11  y  a  là  une  question  d'accou- 


280  aABOURDIX    ET    BRISSY 

tumance  progressive  vraiment  curieuse,  car  enfin  n'est-il  pas 
étrange  qu'une  malade  puisse  vivre  et  présenter  aussi  peu  de 
troubles  fonctionnels,  n*ayant,  comme  orifice  aéro-digestif, 
qu'un  pertuis  si  minime  qu'on  se  demande  comment  il  peut 
livrer  passage  à  des  aliments  solides,  môme  après  une  mastica- 
tion consciencieuse? 

Aussi  ne  saurions-nous  trop  remercier  notre  maître  de  nous 
avoir  donné  l'occasion  d'examiner  deux  sujets  aussi  intéres- 
sants et  .d'avoir  bien  voulu  nous  autorisera  en  publier  les 
observations. 

Observation  1.  —  Syphilis  tertiaire  du  larynx  :  infiltration  sus-gloltique 
généralisée  avec  infiltration  des  cordes.  Lésions  syphilitiques  du  nez  et  du  voile 
du  palais.  Gomme  du  pharynx, 

Emma.B...,  seize  ans  et  demi.  Entrée  le  13. octobre  1906,  salie  de 
Chaumont,  lit  n<»4  (Service  du  l>  Comby;. 

Antécédents  héréditaires,  —  Mère  vivante,  parait  bien  portante. 

Père  mort,  il  y  a  quatorze  ans,  d*une  tumeur  épigastrique. 

Un  autre  enfant  du  même  lit,  âgé  de  vingt  ans,  bien  portant. 
.    Depuis,  la  mère  s*est  remariée.  Elle  a  eu  six  enfants,  dont  cinq  morts 
jeunes  et  un  vivant  âgé  de  sept  ans. 

Antécédents  personnels,  —  Enfant  née  à  terme  et  élevée  au  sein. 

Coqueluche  à  sept  ou  huit  mois  ;  elle  aurait  été  suivie  de  pleurésie. 

Depuis,  Tenfant  n'aurait  jamais  été  malade  ;  cependant  elle  tousse  un 
peu  tous  les  hivers. 

Depuis  trois  ou  quatre  mois,  de  temps  en  temps,  douleur  au  larynx  a\er 
enrouements  répétés. 

Depuis  quinze  jours,  coryza  très  accentué,  sans  croûtes;  douleurs  irra- 
diant dans  Toreille.  En  même  temps,  Fenfant  est  devenue  aphone  el, 
depuis  cette  époque,  elle  tousse  beaucoup. 

Impossible  d'avoir  d'autres  renseignements  sur  les  antécédents  de 
Fenfant,  les  parents  ne  voulant  rien  dire  de  plus. 

Examen,  —  En  examinant  Fenfant,  on  constate  sur  la  cuisse  droite 
Fexistence  de  plusieurs  cicatrices,  parmi  lesquelles  on  en  remarque  trois 
plus  importantes.  Ces  cicatrices  sont  blanches,  dépi'imées,  légèrement 
pigmentées  au  centre,  du  diamètre  d^une  pièce  de  1  franc,  polycyc liques. 
Elles  sont  unies  Fune  à  Fautre  par  une  bande  cicatricielle.  L'ensemble 
forme  une  longue  cicatrice  de  8  à  10  centimètres,  qui  s'étend  de  la 
face  externe  du  condyle  tibial  au  tiers  inférieur  de  la  cuisse. 

interrogée,  Fenfant  dit  avoir  eu  là,  il  y  a  deux  ans  et  demienviron,  des 
sortes  d'abcès  d'où  serait  sorti,  après  incision,  un  sang  noir  et  épais.  Elle 
a  été  soignée  pour  ces  lésions  à  Saint-Joseph,  où  on  lui  a  fait  des  piqûres. 
Il  semble  bien,  en  effet,  à  en  juger  par  Faspect  de  ces  lésions,  qu'il 
s'agisse  de  cicatrices  de  gommes  ou  de  syphilides  tuberculeuses  de  la 
peau. 

Examen  de  la  bouche.  —  Il  y  a  une  destruction  énorme  du  voile  et  sur- 
tout  des  piliers  gauches.  L'ensemble  est   rouge,  déchiqueté,  comme 

i"ongé. 

1«  A  gauche,  —  Le  pilier  antérieur  est  diminué,  rongé  et  déchiqueté. 

Le  pilier  postérieur  est  entièrement  détruit. 

L'amygdale  est  presque  complètement  détruite.  On  n'en  retrouve  des 


PHAHYNGO-LARYNGITES   ULCÉUKUSES  281 

traces  qu'au  niveau  de  ses  exlrémités  supérieure  et  inférieure.  Ces  deux 
fngaietiU  rouges,  déchiquetés,  sont  unis  par  une  mince  bande  de  tissu 
amjKdalien  pi-ésentant  le  même  aspect. 

A  fauche  également,  le  tiers  postérieur  du  voile  n'existe  plus. 

Le  boi'd  postérieur  actuel  a  le  même  aspect  déchiqueté  cl  i-ouge  que 
l'on  remarque  ailleurs. 

^°  Luette.  —  Elle  est  réduite  à  un  moignon  rougeâtrc  et  irrégùlier. 

3°  A  droite.  —  Les  lésions  sont  moins  marquées. 

Le  pilier  postérieur  est  entamé,  déchiqueté,  mais  existe  encore. 

Le  pilier  antérieur  est  simplement  l'auge  et  un  peu  O'dématié. 

4°  Raphi  du  voile.  —  Xur  le  i-aphé,  cicatrices  blanches,  linéaires,  étoilées. 


^.-f 


un  peu  déprimées,  témoins  de  l'ancienneté  de  la  lésion.  L'une  de  ces 
cicatrices  est, plus  grande  que  les  outres  et  lùsulle  d'une  ancienne  perfo- 
ration du  voile. 

La  malade  reconnail  en  effet  avoir  eu,  il  y  a  deux  mois,  une  perfora- 
lion  du  voile  avec  reHux  des  aliments  par  le  nez,  vuix  nasonnée  spéciale. 
Elle  a  été  soignée  aloi-s  à  Saint-Joseph,  où  on  lui  Eit  prendre  une  cuille- 
rée à  bouche  par.  jour  d'une  solution  laissant  dans  la  houche  un  f^oût 
métallique, 

%'  Paroi  postérieure  du  Pharynx.  —  Sur  cette  pairoi,àdi'oile,  un  remarque 
un  pertuis  qui  semble  dû  à  l'ouverture  d'une  gomme. 

Adênnpalhte  angulo-maxillaire  gauche  :  un  seul  ganglion  assez  gros, 
dur,  indolore,  roulant  sous  le  doigt. 

iiamen  du  net.    -  Le  nez  est  élargi,  déformé,  aplati  à  sa  base. 

1'  A  droite.  —  Un  peu  de  pus,  rien  d'important. 

i'Agaueht. — Cornet  inférieur  très  hypertrophié,  ayant  subi  la  dégéné- 
rescence pol  y  polde,  recouvert  de  ci-où  tes.  Les  croûtes  enlevées  au  stylet, 


282  llABOUnDlN    ET   UltlSSY 

(elles  ont  la  fwme  ilu  cornet),  on  voit  une  muqueuse  rougeAtre,  granii* 
leuse,  saignant  facilement. 

3°  Cloiion.  —  Rouge,  éraillée,  avec  un  point  saignant  au  toucher,  vers  sa 
partie  moyenne.  Pas  de  perforation. 

Mawaise  odeur,  l'as  tie  point  osseux  dénuilé,  ni  sur  la  cloison,  ni  sur 
les  cornets. 
Lésion  unilatérale.  —  Mouchage  abondant  et  fétide. 
Examen  du  larj/nx  :  1"  épigtoUe.  —  Détruite  entièrement,  réduite  à  un 
moignon  rougeâtro,  épaissi,  bourgeonnant  et  déchiqueté. 

2°  At-ylênoides.  —  Très  infiltrés,  triplés  de  volume,  ils  se  rejoignent  et 
forment  un  bourrelet  irrégulier,    bosselé,    rouge,  d'aspect   déchiqueté 
comme  l'épiglotte. 

Partout,  apparence  dure  des  parties  tuméfiées. 
3'  Replis  ary-épiglottiqriet,  —  Très  hypertrophiés, 
rouges,  rûtrécissant  l'orilice  laryn)^. 

4"  Bandes  ventriculaires.  —  Inliltrées,  rouges,  très 
rapprochées  l'une  de  l'autre  et  se  rejoignant  lors  de  la 
phonation.  La  bande  gauche  est  détruite  dans  sa  moitié 
postérieure  et  se  termine  en  forme  d'arc  de  cercle  k 
concavité  postéi'ieure. 
Ordce  à  cette  destruction  partielle,  on  peut  «perce- 
Pig.  2.  voir  les  cordes  vocales  infirieures,  légèrement  rosées, 

joignant  mal,  mais  ayant  un  aspect  presque  normal. 
Pas  de  crachais  sanguinolents,  pas  de  dysphagie,  dyspnée  légère;  Mus 
d'irradiations  dans  l'oreille. 
Aphonie  presque  complète  ;  l'enfant  ne  parle  qu'à  voix  très  basse. 
Pas  d'autres  traces  de  syphilis  osseuse  ou  cutanée . 
Pas  de  ganglions  trapéniens  ni  de  ganglions  épilrochléens. 
Poumons.  —  Quelques  râles  de  bronchite  à  gauche. 
Cœur.  —  Rien. 
Vrifien.  —  Normales. 

Poids.  —  aa^saoc. 

Traitement.  —  Frictions  mercui-ielles  biquotidiennes. 

'  Créosote lOgrammei. 

P»,.«..u.„..)Sï^:r'f""::::  »    = 

Eau Q.  S.  pour  I  litre. 

Pommade  rèiorcinée  dans  le  nez. 

22  Octobre.  —  Amélioration  sensible,  le  voile  est  détergé,  rose. 

L'enfant  ne  parle  toujours  pas  mieux. 

27  Octobre.  —  Voile  du  palaix.  A  droite.  —  Petite  perforalian  circulaire 
au  sommet  de  la  loge  amygdalienne,  h  l'union  des  deux  piliers.  C'est 
une  perforation  faite  comme  à  l'emporte-pièce. 

Tout  à  cûté,  pri's  de  l'amygdale,  on  aperçoit  un  pelit  lambeau  triangu- 
laii-e.  h  base  fixée  au  voile.  Ce  lambeau  est  flottant,  visible  surtout  quand 
le  malade  émet  un  son. 

Rhinv-pharynx.  —  Nappe  de  p»is  le  recouvrant. 

Nei.  —  A  gauche.  —  Même  état. 

A  droite.  —  Pus  plus  abondant  ;  cornet  moyen  très  liypertrophié,d'appa- 
renée  polypoïde. 

Larynx.  Bpigtottt  ;  replis  ary-ipiglottiques  et  aryWnoïdes.  —  Même  aspect. 

Les  bande»  ventricuiaires  sont  toujours  rouges,  infillrées,  mais  oot  un 
peu  diminué  de  volume.  Au  heu  de  présenter  une  surface  hsse,  elles  ont 


PHARYNGO-LARYNGITES    ULCÉREUSES  283 

un  aspect  tomenteux,  irrégulier.  Elles  laissent  voir  plus  facilement  les 
cordes  vocales  inférieures. 

La  corde  gauche  est  rouge,  augmentée  de  volume,  tout  en  conservant  sa 
forme  normale. 

La  corde  di'oite  est  recouverte  d'un  enduit  purulent,  blanc  grisâtre,  avec 
un  point  sanguinolent  à  son  tiers  postérieur.  Son  bord  libi'e  est  irrégu- 
lier,  dentelé. 

On  décide  d'essayer  Viodure  à  petites  doses  : 

^0  Octobre.  —  La  malade  commence  à  parler  à  haute  voix,  mais  avec 
des  périodes  d'aphonie. 
Poids  :  30*«^,700. 
Î4  Octobre.  —  Deux  cuillerées  à  café  d'iodure. 

2  Novembre.  —  Trois  cuillerées  à  café  d'iodure. 

3  Novembre.  —  Nouvel  examen. 

La  voix  est  plus  haute,  mais  encore  un  peu  voilée. 

Diminution  de  la  dyspnée. 

Nez.  —  La  suppuration  a  diminué.  Disparition  des  croûtes. 

Cornet  inférieur.  —  Rouge,  avec  à  son  extrémité  antérieure  des  points 
erchymotiques . 

Toujours  pas  de  séquestres.  Odeur  moins  fétide. 

Badigeonnage  au  nitrate  d'argent  à  1  p.  50. 

Voi7e.  —  Rougeur  moindi*e.  Pas  de  nouvelle  ulcération. 

RhinO'pharynx.  —  Nettoyé  ;  pas  de  pus. 

Larynx.  —  L'infiltration  a  beaucoup  diminué  ;  le  larynx  a  un  aspect 
rosé,  au  lieu  de  la  coloration  rouge  intense  du  début. 

Les  baniles  ventriculaires  ont  diminué  de  volume  et  laissent  apercevoir 
la  trachée  normale,  et  les  cordes  vocales  inférieures,  qui  sont  devenues 
blanc  terne. 

La  corde  gauche  est  normale  comme  forme. 

La  corde  droite  est  dentelée  sur  tout  son  bord  libre. 

10  Novembre.  —  Quatre  cuillerées  à  café  d'iodure. 

42  Novembre.  —  Nez.  —  A  gauche.  —  On  constate  l'existence  d'un  point 
osseux  dénudé,  à  la  partie  antérieure  du  cornet  inférieur. 

A  la  partie  moyenne  de  la  cloison^  on  remarque  une  région  ecchymc- 
tique  de  la  dimension  d'une  pièce  de  20  centimes.  Pas  de  point 
dénudé. 

Le  nez  est  un  peu  affaissé  à  l'union  des  cloisons  cartilagineuse  et 
osseuse. 

Nitrate  d'argent  à  1  p.  50. 

Yoik.  —  il  a  repris  sa  coloration  normale.  Disparition  complète  do 
rinfiltration. 

Larynx.  —  La  bande  ventriculairc  droite  est  jïrestjue  entièrement 
rétractée. 

Lmfiltration  a  presque  complètement  disparu.  Le  larynx  rosé  a  toujours 
son  aspect  déchiqueté. 

Poids  :  aa^'K.aoo. 

47  Novembre.  —  Peu  de  modifications. 

Nez.  —  Cloison  rugueuse,  accrochant  le  coton,   au  niveau  où  l'on 

remarque  des  ecchymoses  :  donc  dénudation  osseuse;  mais  pas  de 
séquestre  visible. 


284  UABOURDIN    ET   BRISSY 

Larynx,  —  La  corde  gauche  est  encoi-e  en  grande  partie  masquée  par  la 
bande  ventriculaii'e  hypertrophiée  et  bourgeonnante. 

Cordes  un  peu  roses. 

La  voix  est  plus  élevée,  plus  claire,  mais  toujours  un  peu  voilée,  avec 
alternatives  de  mieux  et  de  pire. 

Plus  de  dyspnée. 

24  Novembre.  —  Nez,  —  Cloiaon  érodée,  sanguinolente.  La  muqueuse 
du  nez  a  une  coloration  rosée.  Lai^e  synéchie  du  cornet  moyen  avec  la 
cloison. 

Larynx.  —  Bandes  ventriculaircs  revenues  à  leur  volume  normal. 

Aryténoïdes  diminués  de  volume,  déchiquetés. 

Cordes  encore  un  peu  rosées. 

Mucosités  adhérentes. 

La  voix  est  plus  claire,  mais  toujoui*s  un  peu  enrouée. 

Depuis  le  19  novembre,  la  malade  prend  5  cuillerées  d'iodure. 

26  Novembre.  —  Poids  :  32^^,HOO.  Guérison. 

Observation  II  [D^  Comby].  —  Pharyngite  tuberculeuse  avec  guérison.  — 
Diaphragmes  cicatriciels  naso  et  oro-pharyngiens. 

Suzanne  H...,  douze  ans.  Entrée  le  25  juillet  1905,  salle  de  Chaumonl,lit  33. 

Antécédents  héréditaires.  —  Mère,  trente-deux  ans,  bien  portante  :  pas 
d'autres  enfants,  pas  de  fausses  couches. 

Père,  quarante-quatre  ans,  employé  de  commerce. 

  eu  en  1884  un  chancre  syphilitique  soigné  par  Mauriac  pendant  plu- 
sieurs années. 

Il  s'est  marié  en  1892,  huit  ans  après  le  chancre. 

11  y  a  dix  ans,  a  eu  une  pleurésie,  puis  plusieurs  hémoptysies. 

Pepuis  cinq  ans,  il  n'a  pas  présenté  d'autres  manifestations  tuboiTU- 
leuses  ;  il  ne  tousse  pas  ;  Tétat  général  est  satisfaisant. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  née  à  terme,  noun-ie  au  sein  en  B«)ur- 
gogne. 

Elle  n'a  jamais  été  malade  ;  on  ne  retrouve  pas  de  maladies  conta- 
gieuses chez  l'en  faut  :  elle  est  d'une  santé  assez  forte,  mais  s'enrhume 
facilement  tous  les  hivers. 

C'est  une  fillette  assez  grande,  un  peu  frêle.  Elle  soignait,  au  début  de 
l'été,  une  grand'mère  chez  qui  elle  vivait  à  la  campagne,  impotente  mais 
ne  toussant  pas,  au  dire  des  parents. 

C'est  à  ce  moment,  vers  le  7  mai,  qu'apparaît  un  engorgement  ganglion- 
naire sous  et  rétro-maxillaire  assez  considérable. 

Vers  le  début  de  juillet  seulement,  apparaissent  des  douleurs  dans  la 
gorge,  douleurs  exagérées  par  la  déglutition.  En  même  temps  la  voix 
prend  un  timbre  nasonné. 

Le  médecin  consulté  constate  des  ulcérations  du  pharynx  et  de  l'isthme 
naso-pharyngé. 

Après  un  essai  de  traitement  avec  des  topiques,  les  parents  amènent 
l'enfant  à  Paris,  et  elle  entre  aux  Enfants-Malades  salle  de  Chaumont,  le 
26  juillet. 

26  Juillet.  —  Les  piliei's  antérieurs  du  voile,  des  deux  côtés,  présentent 
une  teinte  rouge,  érylhémateuse.  Le  bord  postérieur  du  voile,  la  luette 
sont  également  rouges.  Les  amygdales  sont  ulcérées  profondément  ;  !(*< 
ulcérations  sont  recouvertes  par  endroits  d'un   exsudât  blanchâtre. 

Le  fond  du  pharynx  présente  une  large  ulcération  irrégulièrement 
arrondie,  de  la  largeur  d'une  pièce  de  un  franc,  recouverte  du  même  ex- 
sudât blanc  jaunâtre,  très  adhérent. 


PHARYNGO-LARYNGITES   ULCÉREUSES  285 

La  malade  accuse,  en  avalant,  une  douleur  encore  assez  vive/  mais 
beaucoup  moins  intense  qu'au  début  de  la  maladie. 

Ladénopathie,  plus  marquée,  paraît-il,  il  y  a  deux  mois,  se  présente 
sous  la  forme  de  ganglions  durs,  roulant  sous  le  doigt.  Us  sont  situés 
dans  les  régions  sous-mentale,  sous-maxillaire  et  carotidienne  droite. 

L'état  général  est  bon  ;  Tenfant  a  un  peu  de  température  :  38<^. 

L*examen des  divers  organes,  des  poumons  en  particulier,  est  négatif. 

Pas  de  traces  d'hérédo-syphilis. 

Le  traitement  mercuriel  (frictions  d'onguent  napolitain),  auquel  on  as- 
socie des  badigeonnages  à  Teau  oxygénée,  est  institué  pendant  six  jours. 
Mais  ne  donne  aucun  résultat. 

S  Août,  —  L'ulcération,  au  contraire,  s'est  étendue  en  surface  et  en 
profondeur.  Les  piliers  postérieure  et  les  amygdales  sont  creusés  pro- 
fondément, depuis  la  fosse  sus-amygdalienne  jusqu'au  sillon  amygdalo- 
glosse,  qui  lui-même  est  ulcéré. 

Le  bord  Inférieur  du  voile  du  palais  est  érodé  ;  dans  l'angle  qu'il  forme 
avec  la  luette,  à  gauche,  est  une  ulcération  petite  mais  profonde,  qui  tend 
à  envahir  la  luette. 

La  luette  elle-même  est  rouge  foncé,  comme  les  bords  du  voile. 

Les  piliers  antérieurs,  toujours  rouge  sombre,  présentent  maintenant 
des  ulcérations  à  bords  bien  taillés,  bien  limités. 

La  face  postérieure  du  pharynx  est  maintenant  complètement  ulcérée  ; 
ulcération  large,  à  fond  tomenteux,  recouvert  de  bourgeons  charnus  durs 
et  mamelonnés.  En  bas,  cette  ulcération  se  prolonge  jusqu'à  la  hauteur 
del'épiglotte  :en  haut,  elle  s'étend  derrière  le  voile,  vei*s  le  cavum. 

Toutes  ces  surfaces  ulcérées  sont  recouvertes  d'un  exsudât  puriforme, 
jaunâtre,  très  adhérent  à  la  surface  sous-jacente. 

10  Août.  —  Traitement  général  de  la  tuberculose  :  viande  crue,  œufs, 
sirap  iodo-tannique.  Badigeonnages  trois  fois  par  jouraunaphtol camphré. 

i/  Août.  —  L'enfant  qui,  à  l'entrée,  pesait  29''»,300,  pèse  actuellement 
30*5,400. 

3  Septembre, —  Les  ulcérations  tendent  à  se  réparer  progressivement. 

La  malade  continue  à  engraisser  ;  l'état  général  s'améliore. 

7  Septembre.  —  On  commence  une  série  de  piqûres  de. 5  centigrammes 
de  cacodylate  de  soude  (dix  piqûres,  une  tous  les  deux  jours). 

15  Septembre.  —  La  malade  est  presque  guérie,  il  n'y  a  plus  d'ulcéra- 
tions. 

Un  constate  seulement  encore  un  état  mamelonné  du  fond  du  pha- 
nnx  et  de  l'isthme  du  gosier.  L'amygdale  droite  a  presque  complètement 
disparu  ;  le  pilier  postérieur  dmit  est  détruit;  on  passe  directement  de  la 
région  de  l'amygdale,  excavée  en  haut  (il  y  avait  là  autrefois  une  des 
ulcérations  les  plus  profondes),  à  la  paroi  postérieure  du  pharynx. 

A  gauche,  l'amygdale  et  les  piliers  sont  en  partie  détruits  ;  le  pli  pos- 
térieur est  réduit  à  un  mince  pli  vertical  d'apparence  scléreuse.  L'amyg- 
dale est  tomenteuse . 

Les  piliers  antérieurs  ont  conservé  leur  forme  et  leur  direction  ;  ils  pa- 
raissent plus  détachés  par  suite  de  la  disparition  des  amygdales  et  des 
piliers  postérieurs. 

La  luette  est  déviée  à  gauche,  attirée  probablement  parla  cicatrisation 
dune  ulcération  importante  qui  existait  dans  l'angle  formé  par  la  luette 
avec  le  voile. 

Les  régions  amygdaloglosses,  ulcérées  il  y  a  un  mois,  sont  maintenant 
cicatrisées  et  tomenteuses. 

L'épiglotte  et  le  sillon  glosso-épiglottique  sont  intacts. 


t^n 


^î  nABOUriDIX    ET   BRISSY 

Le  fond  du  pharynx  est  toraenteux,  cicatriciel,  encora  recouvert  d'un 
exsudât  muco-punilent  qui  descend  du  cavuro. 

Aussi  haut  qu'on  peut  voir  deirière  le  voile,  la  région  est  tomenteusi^, 
granuleuse,  mais  non  ulcérée.  —  En  bas,  la  région  cicatricielle  s'arréle 
au  niveau  du  bord  supérieur  de  Tépiglotte. 

23  Septembre.  —  Fin  des  piqûres.  Poids  :  34''if,200. 

1*'  Octobre.  —  De  nouvelles  ulcérations  apparaissent  précédées  par  une 
coloration  rouge  sombre  de  la  luette,  des  amygdales  et  du  fond  du  pha- 
rvnx. 

II  y  a  des  ulcérations  : 

!•  Adroite,  derrière  le  pilier  postérieur. 

Cette  ulcération  occasionne  des  douleurs  exagérées  par  la  déglutition 
et  irradiées  dans  Toreille  droite. 

2"*  Sur  le  fond  du  pharynx. 

Le  voile  du  palais  est  décoloré  dans  sa  région  moyenne,  alors  que  W 
bord  inférieur  et  la  région  de  la  luette  sont  rouges  et  tuméfiés. 

45  Octobre.  —  Une  nouvelle  ulcération  apparaît  sur  le  boi*d  droit  de  la 
luette.  Les  ganglions  sous-maxillaires,  surtout  à  di'oite,  les  ganglions 
sous-mentaux  sont  augmentés  de  volume,  i*oulant  sous  le  doigt. 

L'état  général  est  moins  bon,  bien  que  la  température  qui,  le  10  octobre, 
était  montée  à  40<»,  soit  redescendue  à  37o,4. 

Bienldt  les  douleurs  de  la  déglutition  empêchent  Talimentalion  ;  len- 
fant  maigrit  ;  des  poussées  de  fièvre  apparaissent. 

Une  petite  toux  quinteuse  fréquente  survient,  cependant  lexamen  des 
poumons  ne  décèle  rien.  Pas  de  diarrhée. 

On  essaye  successivement  l'application  de  topiques  à  la  morphine  pour 
calmer  les  douleurs  violentes;  puis  on  emploie  le  chlorure  dezinc,  Thuile 
gaïacolée,  la  poudre  d'aristol,  le  tout  sans  résultat. 

La  teinture  d'iode  pure  est  ce  qui  semble  donner  les  meilleurs  résul- 
tats ;  mais  ce  sont  surtout  les  vaporisations  chaudes  qui  apportent  une 
sédation  à  la  douleur  et  à  Tétat  inflammatoire. 

27  Octobre.  —  L'ulcération  a  gagné  la  presque  totalité  de  la  luette  ;  il 
ne  reste  plus  d'intacte  que  la  région  du  boni  gauche,  encore  est-elle 
rouge  et  enflammée. 

Autour  de  l'ulcération,  il  est  facile  de  voir  des  tubercules  jaunâtres  qui 
s'ouvrent,  laissent  échapper  leur  contenu  caséeux  et  s'ajoutent  à  rulct^- 
ration,  qui  s'étend  ainsi  progressivement. 

Les  ulcérations  du  fond  du  pharynx  se  sont  réunies  et  empiètent  sur  le 
pilier  postérieur  droit  et  la  base  de  Tamygdale  droite. 

Les  douleurs  sont  très  violentes;  les  ganglions  sous-maxillaires  sont 
encore  pjus  hypertrophiés. 

L'étap  général  est  mauvais,  la  nutrition  défectueuse. 

30  Octobre.  —  La  malade  part  pour  Hendaye. 

45  Novembre  4906.  —  Après  un  séjour  d'un  an  à  Hendaye,  l'enfant 
vient  voir  le  D*"  Comby,  notre  maître,  qui  veut  bien  nous  charger  de 
Texaminer. 

L'eufant  est  toujours  pâle  et  maigœ  ;  elle  ne  pèse  plus  que  30  kilogr.  ; 
mais  ses  lésions  sont  cicatrisées.  Tous  les  topiques  essayés  à  Hendaye 
ont  échoué.  Elle  n'a  commencé  à  aller  mieux  qu'après  qu'on  lui  eut 
prescrit  des  bains  de  mer,  des  gargarismes  à  l'eau  de  mer  et  le  séjour  au 
grand  air. 

Quand  nous  examinons  la  malade,  nous  constatons  que  le  voile  n'existe 
plus  en  tant  qu'oi'gane  indépendant  ;  la  luette  a  disparu;  les  loges  amyg- 
daliennes  sont  étalées,  et  le  tissu  amygdalien  a  une  disposition  radiée. 


PHARYNGO-LARYNGITES   ULCËREUSi;»  287 

Les  piliers  antérieurs  ont  leur  direction  noimale  ;  le  pilier  gauche  est 
élargi. 

Les  pi  Mers  postérieurs,  au  conti-aire,  sont  presque  complètementaccolés. 
Ils  forment  «leux  bandelettes  blanchUres  qui  vont  se  lixer  à  la  paroi  pos- 
térieure du  pharynx,  délimilant,  un  peu  à  gauche  de  la  ligne  médiane, 
un  orifice  elliptique  à  ti-avers  lequel  on  aperçoit  la  pai-oi  pustérieui'e  du 
pharynx. 

Après  avoir  fonné  cet  orifice,  les  piliers  posléi'ieui-s  divert;enl  à  nou- 
veau et  déterminent  une  cicatrice  éloilée,  btenclidtrc,  assez  large,  dont 


\ 


\ 


\ 


y    nv 


Inlrémilé  înrérieure  fst  marquée  par  la  ha.«e  de  la  langue.  Le  miroii- 
monlre  que  les  piliers  vont  rejoindre  le  bord  de  l'épiglolle. 

Sur  le  bord  postérieur  du  voile  est  unt;  petite  bande  cicatricielle  Iran- 
ctiant  sur  la  coloration  normale  du  reste  du  voile. 

SaiDun  laryngoscopique.  -^  11  nous  permet  de  voir  un  véiitahle  dia- 
phragme horuontal,  qui,  partant  des  replis  (.'l'^sso-épiglot tiques  et  de 
l'épiglotle,  va  aboutir  à  la  paroi  poslérieure  du  pharynx. 

1*  diaphragme  eal  percé  d'un  orifice  bien  plus  petit  que  celui  du  voile, 
obli(|ue  à  droite  et  en  arrière,  formé  par  deux  bandes  blanchàd-es,  soil- 
lanies,  qui  partent  du  repli  glosso-épiglottique  médian  très  vnlumineu\, 
<les  replis  latérau.v  et  du  burd  suptîHeurde  IVptglotte,  et  vont  aboutira  lu 
paroi  postérieure  du  pharynx,  où  elles  se  continuent  avec  les  pilici*»  posté- 
rieurs. Le  bourrelet  droit  se  recourbe  en  arrière  et  détermine,  avec  la 
puui  latérale  du  pharynx,  une  véritable  fossette. 


-ioS  HABOLftDI.V    ET    BR13SY 

A  traver^cet  orilice.ofi  apenroit.  Ion  de  l«pboa«ltoa,  lescord^tocales 
normales  et,  en  arrière,  an  arrlrnoîde. 

L<-  |>eriuis  dont  noua  venons  de  parler  est  le  seul  qui  existe.  Ctfi  donc 
par  lui  que  pa.'^^'ent  et  l'air  et  la  nourrilDre.  Malgré  la  petitesse  de  l'ori- 


Fig.  i.  Fig.  0  (d'apri'S  l'oiricn, 

lice,  la  malade  s'alimente  bien  ;  elle  n'a  de  difficultés  que  pour  avaler  let: 
aliments  ducs  (pain,  pommes  de  terre  ffite.s). 

La  voix  l'st  un  peu  altén're  ;  il  y  a  de  la  rhinolatie  fermée  due  k  la  dis- 
position du  voile.  La  malade  s'essouffle  assez  farilement;  mais,  en  somme, 
il  y  a  un  minimum  de  tmubles  avec  lésions  très  étendues. 


RECUEIL  DE    FAITS 


I 


UN  CAS  D  ALLONGEMENT  CONSIDÉRABLE 

DE  TOUT  LE  FÉMUR 

CONSÉCUTIVEMENT    A    UNE    TUMEUR    BLANCHE    DU    GENOU 

Par  MM.  let  D» 
H.  MATET,  et  F.  B00R6ANBL, 

Chirurgien  adjcint  de  l'Hôpital  Médecin  du  Dispensaire  de  la  Ligue 

Saint-Joseph.  des  Enfants  de  Franco. 

Le  fait  de  rallongement  d'un  os  à  la  suite  d'une  ostéo-arthrite 
est  loin  d'être  rare,  et,  sans  vouloir  entrer  dans  une  longue  biblio- 
graphie, il  n'est  pas  possible  de  ne  pas  signaler  les  travaux  d'OUier, 
de  son  élève  Mondan  (Thèse,  1882),  de  Ménard  et  de  Bufnoir 
[Revue  (Torthopédie,  1806),  et  enfin  de  Genévrier,  dans  la  Revue 
mensuelle  des  maladies  de  renfance{}\iin  1903). 

Eq  publiant  cette  observation^  nous  ne  nous  bornerons  pas  seu- 
lement à  ajouter  un  fait  à  ceux  connus  déjà,  mais  aussi  nous  désirons 
attirer  l'attention  sur  certaines  particularités  qui  peuvent,  jusqu'à 
un  certain  point,  éclaircir  la  pathogénie  de  ce  trouble  d'accroisse- 
ment des  os.  —  Notre  malade^  soigné  à  rage  de  sept  ans  dans 
/eiprt^ire  (/u  D''Jalaguier  pour  une  tumeur  blanche  du  genou,  est 
resté  deux  ans  dans  un  plâtre.  Depuis  trois  ans,  il  n'a  plus  d'appa- 
reil. —  On  coostate  cependant  aujourd'hui  un  état  légèrement 
empâté  de  sa  Srynoviale  du  genou,  de  l'atrophie  musculaire  de  tout 
le  membre.  —  L'enfant  marche  cependant  depuis  plus  de  trois 
ans.  Ce  qui  est  surtout  caractéristique,  c'est  que  le  membre  infé- 
rieur du  côté  malade  a  4  centimètres  de  plus  que  celui  du  côté 
sain,  mesuré  du  sommet  du  grand  trochanter  à  l'interligne  du 
genou. 

Les  deux  tibias  sont  égaux  de  longueur,  et  un  léger  genu  valgum 
du  côté  malade  lui  permet  de  rattraper  en  quelque  sorte  1  centi- 
mètre, ce  qui  fait  que,  mesurés  dans  leur  ensemble,  les  deux 
membres  inférieurs  n'ont  une  différence  que  de  2  centimètres.  Il 

AlUai.  OIttâOEC.  DBS  B?IFAXIT8,   1907.  X.    —    19 


20()  H.    MAYET   ET    F.    BOlTtCJANEL 

y  a  également  une  scoliose  conipensatrice,  et  le  bassin  de  Fenfaul 
est  oblique  ovalaire. 

Le  tibia  a  également  subi  une  hypertrophie,  et  il  dépasse  consi- 
dérablement le  volume  que  Ton  est  habitué  à  trouvera  son  Age. 

En  résumé,  tumeur  blanche  du  genou  droit  soigné  longtemps 
par  l'immobilisation  et  le  repos  au  lit,  complètement  guérie  aujour- 
d'hui, mais  présentant  du  côté  qui  a  été  malade  un  allongement  du 
fémur  qui  atteint  les  proportions  énormes  de  4  centimètres. 

Notons  d'abord  Timportance  considérable  de  cet  allongement, 
qui  n'a  pas,  h  notre  connaissance,  été  encore  rencontré  avec  de 
pareilles  dimensions.  Les  observations  de  Genévrier  comportent 
toutes  des  allongements  de  1  a  2  centimètres  au  plus. 

Mais  ce  qui  a  surtout  attiré  notre  attention  dans  ce  cas,  ce  sont 
les  résultats  de  la  radiograhie  que  nous  avons  fait  faire  grâce  k 
l'amabilité  de  M.  Infroit,  chef  de  laboratoire  h  la  Salpôtrière. 
Cette  radiographie  nous  a  montré  : 

1^  Les  faits  connus  et  signalés  par  Genévrier:  augmentation  de 
l'épiphyse  du  genou  malade  plus  haute  de  I  centimètre  environ 
que  celle  du  côté  sain  ; 

Allongement  de  la  diaphyse  dans  la  région  voisine  de  l'épiphyse, 
que  l'on  peut  apprécier  en  mesurant  la  dislance  qui  sépare  les 
épiphyses  d'une  région  correspondante  ayant  la  môme  épaisseur 
de  la  diaphyse  (allongement  de  0°*,005  environ); 

2°  La  radiographie  nous  a  montré  aussi  un  fait  assez  inattendu, 
c'est  que  le  col  du  fémur  du  côté  sain  se  trouvait  notablement 
moins  oblique  que  celui  du  côté  malade,  ce  dernier  ne  faisant 
pour  ainsi  dire  pas  d'angle  avec  la  diaphyse  fémorale  et  présen- 
tant une  longueur  d'environ  0™,01  de  plus  que  le  col  fémoral 
du  côté  sain.  En  comparant  notre  radiographie  à  d'autres  radio- 
grahies  d'enfants  du  môme  âge,  nous  avons  constaté  que  Fanglr 
fémoral  du  côté  sain  était  normal  et  que,  au  contraire,  du  côte 
malade,  il  était  tellement  ouvert  qu'il  se  rapprochait  de  la  ligne 
droite;  cette  différence  d'inclinaison  du  col  donnait  à  Tensemble 
du  membre  un  bon  centimètre  de  différence  en  faveur  du  côté 
malade. 

A  quoi  doit-on  attribuer  dans  ces  conditions  raKoogemenl  qui 
s'est  produit  dans  le  fémur,  dont  l'extrémité  inférieure  s'esltrouvée, 
atteinte  d'ostéo-arthrile? 

Toutes  les  théories  édifiées  par  les  auteurs  sur  ces  sortes  d'allon- 
gemement  reposent  sur  l'existence  d'un  trouble  dans  révolution  de 
la  zone  ostéogénique  voisine  de  l'articulation  malade  ;  Ollier, 
Mondan,  le  professeur  Kirmisson,  Genévrier  discutent  et  étudient 
longuement  celte  hypothèse.  —  Ils  sont  du  reste  obligés  de  con- 
stater que  la  diaphyse  elle-même,  assez  loin  de  Tarticulation,  est 
souvent  atteinte  de  gracilité  et    qu'elle  devient    analogue   aux 


UN   CAS   D  ALLONGEMENT   CONSIDÉRABLE    DE   TOUT    LE   FÉMUR      '2\)i 

éj)ii»hy:ies  de  vieillards,  et  Mauclaire  en  conclut  que  le  périoste  lui- 
même  modifie  sa  formation  ostéogénique. 

Mais  cette  répercussion  n'avait  jamais,  que  nous  sachions,  été 
notéejusqu  au  niveau  de  larticulation  delahanche,  eton  n'avait  pas 
observé  cet  allongement  avec  redressement  du  col  fémoral;  si 
bien  qu'il  devient  assez  difficile  d'admettre  que  la  lésion  articulaire 
du  genou  ait  ainsi  retenti  sur  l'articulation  de  la  hanche.  11  est  vrai 
fjue  Ton  peut  invoquer,  sans  les  préciser,  les  troubles  trophiques 
;c  est  une  explication  qui  n'explique  rien).  Il  nous  semble,  au  con- 
traire, que  Ton  pourrait  rechercher  la  cause  de  ces  modifications 
du  col  fémoral  dans  une  raison  d'un  ordre  très  différent,  dans  les 
procédés  même  de  traitement. 

Ce  qui  semble  donner  une  certaine  importance  à  cette  expli(*a- 
tioo,  c'est  que,  dans  les  statistiques  publiées  parles  auteurs,  on  voit 
que  la  plupart  d'entre  elles  se  rapportent  à  des  coxalgies,  et  cela 
dans  une  proportion  de  plus  des  deux  tiers.  Or  le  traitement  habi- 
tuel de  ces  affections  est  précisément  l'extension  continue  et  l'im- 
mobilisation :  Ton  est  amené  ainsi  à  penser  que  l'accroissement 
des  membres  malades  est  dû  en  partie  au  moins  au  fait  de  cette 
immobilisation  et  de  l'absence  de  compression  au  niveau  des  carti- 
laopes  épiphysaires.  Dans  une  région  articulaire  où  les  mouvements 
ne  se  font  pas,  où  la  pression  constante  des  surfaces  n'existe  pas,  la 
poussée  ostéogénique  est  peut-être  plus  étendue  que  dans  celle  où 
se  passe  un  fonctionnement  normal. 


Il 


UN  CAS  DE  CONTAGION  MÉDIATE  DE  LA  ROUGEOLE 

Par  le  D''  Maurice  ROGH» 

Chi'f  de  clinique  à  rHôpital  cantonal  de  Genève. 


Quoiqu'il  ne  faille  pas,  à  mon  avis,  acconJer  trop  dlmportance 
aux  faits  isolés,  je  suis  poussé  à  publier  lobservation  qui  va  suivre 
pour  deux  raisons  :  d'abord  elle  a  été  faite  dans  des  conditions 
particulièrement  strictes,  puisqu*il  s'agit  de  mon  propre  enfant; 
ensuite  elle  va  à  rencontre  des  idées  généralement  admises  par  les 
praticiens  sur  la  possibilité  de  la  contagion  de  la  rougeole  par 
Tintermédiaire  d'une  tierce  personne  saine. 

En  effet,  on  ne  croit  guère  u  ce  mode  de  contagion,  ou  tout  au 
moins  on  ne  le  redoute  pas;  telle  est  l'opinion  de  plusieurs  de  mes 
maîtres  de  la  faculté  de  Genève  et  de  tous  les  confrères  expéri- 
mentés que  j'ai  interrogés  à  ce  sujet.  Quant  aux  traités,  ils  citent 
bien  les  observations  de  Panum  (1),  faites  lors  de  la  célèbre  épi- 
démie des  îlesPeroë  de  1846,  celles  de  Sevestre  (2),  de  Grancher  (3), 
de  Joël  (4)  (de  Lausanne),  mais  il  faut  croire  que  ces  faits  sont 
encore  insuffisants  pour  entraîner  la  conviction  ;  il  ne  parait  donc 
pas  superflu  de  venir  les  confirmer  par  un  plus  récent.  Le  voici, 
aussi  brièvement  que  possible. 

Mes  deux  garçons,  âgés  de  vingt  mois  et  de  cinq  mois,  sont  confiés 
tous  deux  aux  soins  d'une  nourrice,  qui  allaite  régulièrement  le 
cadet  et  à  titre  exceptionnel  l'ainé;  sauf  cela,  elle  est  tout  aussi 
souvent  en  contact  avec  l'un  qu'avec  l'autre.  Cette  femme  a  une 
fillette  îigée  d'un  an,  dont  elle  vit  séparée  et  qu'elle  ne  voit  que  fort 
rarement.  Elle  est  appelée  cependant  le  7  janvier  de  cette  année 
auprès  de  son  enfant,  et,  la  trouvant  en  pleine  période  d'éruption 
de  rougeole,  elle  la  transporte  à  l'hôpital  cantonal  dans  une 
voiture,  en  la  tenant  continuellement  sur  les  bras.  Une  demi>heure 
au  plus  après  avoir  confié  sa  petite  au  service  hospitalier,  la  nour- 

(1)  Panom,  Beobaditungen  tlber  das  Maserncontagium  [CannstadtVs  Jartsbe- 
rieht,  1848.  III,  p.  141). 

|2)  Sevestre,  Bulletin  de  la  Société  médiccUe  des  hôpitaux  de  Paris,  22  février 
1889. 

(3)  Grancher,  cité  par  Combv,  Traité  des  maladies  de  '  e,  t.  I,  p.  170. 
Paris,  1897. 

(4)  JoBL,  Semaine  médieahf  24  mai  1883. 


UN   CAS    DE   CONTAGION    MÉDIATE   DE    LA   ROUGEOLE  293 

rice  est  de  nouveau  auprès  de  mes  enfants.  Elle  a  accompli  le  trajet 
de  retour  dans  une  voiture  fermée. 

A  rbôpitai,  la  malade  se  guérit  rapidement  de  sa  rougeole. 
Cependant,  le  17  janvier,  Taîné  de  mes  enfants  commence  à  n'être 
pas  très  bien,  il  toussote  ;  le  18  et  le  10,  il  est  légèrement  fébrile  et 
il  présente  un  peu  d'angine,  du  catarrbe  conjonctival  et  nasal  ;  le  20, 
la  fièvre  augmente,  et  le  soir  apparaissent  les  premières  tacbes  en 
piqûres  de  puce  ;  le  21  au  matin  1  éruption  morbilleuse  est  constituée. 
La  maladie  évolue  ensuite  normalement  vers  la  guérison. 

Quant  au  cadet,  il  tousse  à  partir  du  14  janvier  ;  le  17  et  le  18,  il 
a  une  fièvre  légère  avec  coryza  et  vomissements  alimentaires  ;  je 
m'attends  à  voir  paraître  l'éruption,  mais  la  maladie  en  reste  là,  et 
rien  ne  me  permet  d'affirmer  une  atteinte  de  rougeole  même  atté- 
nuée. Cet  enfant  est-il  vacciné  contre  la  rougeole?  Il  sera  très  inté- 
ressant de  l'observer,  mais  je  n'ose  l'espérer. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  me  parait  indubitable  que  l'ainé  a  pris  la 
rougeole  d'un  contage  apporté  par  la  nourrice,  et  voici  pourquoi. 
D'abord,  je  \)u\s  affirmer  qu'il  ne  s'est  trouvé  en  contact  depuis  le 
25  décembre  qu  avec  des  adultes  bien  portants  et  avec  un  garçon 
de  cinq  ans  ayant  déjà  eu  la  rougeole  deux  ans  auparavant;  en 
outre  il  n'y  a  point  eu  d'autres  cas  de  rougeole  dans  la  maison.  Par 
conséquent,  si  l'on  n'admet  pas  la  transmission  du  contage  par 
la  nourrice,  on  ne  peut  plus  que  soupçonner  un  autre  mode  d'infec- 
tion par  une  voie  inconnue,  en  tout  cas  beaucoup  plus  indirecte. 
Ensuite,  comme  le  disent  MM.  d'Espine  et  Picot  (1),  «  l'incubation 
de  la  rougeole  dure  en  général  une  dizaine  de  jours  ;  l'éruption 
apparaît  le  plus  souvent  treize  à  quatorze  jours  après  le  moment 
de  la  contagion  »,  et,  si  l'on  rapproche  ces  données  classiques  du 
temps  qui  sépare  le  jour  de  la  contagion  présumée  de  celui  de 
l'apparition  des  prodromes  et  de  celui  de  l'apparition  de  l'exanthème 
chez  mon  enfant,  on  ne  peut  qu'être  frappé  de  leur  concordance 
absolue. 

Une  objection  peut  venir  à  l'esprit  à  propos  du  cadet  resté  appa- 
ramment  indemne  et  cependant  en  contact  aussi  intime  avec  la 
nourrice.  Mais,  comme  aucune  précaution  d'isolement  n'a  été  prise 
entre  les  deux  frères,  qui  ont  continué  à  vivre  ensemble  pendant 
toute  la  durée  de  la  maladie  de  l'ainé  et  que,  malgré  cela,  le  cadet 
n  a  pas  pris  la  rougeole,  on  se  trouve  seulement  en  présence  d'un 
fait  confirmant  une  notion  classique,  celle  de  l'immunité  presque 
absolue  des  enfants  de  moins  de  six  mois  à  l'égard  de  cette  maladie. 

Par  conséquent,  il  faut  admettre  que  le  contage  morbilleux 
imprégnant  vraisemblablement  les  vêtements  de  la  nourrice  a  con- 
servé sa  virulence  environ  une  demi-heure.  Ce  fait  n'a  rien  de  bien 

(1)  D'Espine  et  Picot.  Traité  praUquc  des  maladies  de  l'enfance,  Paris,  1899, 
p.  80. 


294  MAURICE  ROCH 

étonnant,  rien  de  nouveau  même.  Mon  maître,  le  professeur  Bard, 
qui  n'a  pourtant  jamais  observé  que  la  contagion  immédiate  de  la 
rougeole  dans  Tépidémie  hospitalière  qu'il  a  si  magistralement 
étudiée  (1),  admet  cependant,  sur  la  durée  de  survie  des  germes 
morbilleux,  fopinion  de  Sevestre,  qui  «  ne  croit  j>as  qu'elle  dépasse» 
si  même  elle  les  atteint,  les  limites  de  deux  ou  trois  heures  ».  Mon 
observation  vient  prouver  que  cette  survie  peut  atteindre  une  demi- 
heure,  ce  qui  parait  plus  ou  moins  impliqué  déjà  dans  Topimon  ëe 
Sevestre. 

Un  confrère  à  qui  je  parlais  du  fait  que  je  viens  de  relater  me 
disait  en  riant  :  «  Ne  le  racontez  pas,  il  serait  trop  désagréable  pour 
les  familles  et  surtout  pour  les  médecins  que  Ton  se  mette  à  craindre 
la  contagion  médiate  de  la  rougeole.  »  Mais  il  me  semble  que,  si 
mon  observation  prouve  bien  que  ce  mode  de  contagion  est  possible, 
elle  ne  prouve  pas  qu'il  soit  fréquent,  ce  qui  serait  contraire  à  ce  que 
peuvent  observer  chaque  année,  au  moment  des  épidémies,  les  prati- 
ciens qui  passent  sans  inconvénients  d*un  rougeoleux  à  un  autre 
malade,  et  les  médecins  d'hôpital,  qui  peuvent  faire  soigner  par  le 
même  personnel  et  soignent  eux-mêmes  les  enfants  atteints  de 
rougeole  et  les  autres  sans  contagionner  ces  derniers.  Pour  réaliser 
la  contagion  par  une  tierce  personne  saine,  il  semble  donc  qu'il 
faille  des  conditions  spéciales  :  à  côté  du  passage  rapide  du  conta- 
gionnant  au  contagionné,  une  imprégnation  intense  de  rintermé- 
diaire,  telle  qu'elle  se  trouvait  justement  réalisée  dans  mon  cas  par 
la  nourrice,  qui  avait  porté,  pressé  contre  elle  pendant  un  temps 
prolongé  son  enfant  malade  et  qui  éteiit  revenue  en  voiture,  pro- 
tégée de  l'air  purificateur.  Par  conséquent,  en  pratique,  la  trans- 
mission par  le  médecin  n'est  guère  à  craindre.  Il  n'y  aurait  lieu 
de  prendre  des  précautions  particulières  contre  la  contagion 
médiate  qu'en  présence  d'une  épidémie  particulièrement  maligne, 
comme  il  s'en  produit  parfois  dans  les  milieux  hospitaliers.  Encore 
ces  précautions  seront-elles  fort  simples  :  un  intervalle  de  quel- 
ques heures  entre  la  visite  aux  rougeoleux  et  la  visite  à  ceux  que 
l'on  craint  de  contagionner  me  parait  absolument  suffisant. 

En  résumé,  nous  arrivons  à  cette  conclusion  d'apparence  para- 
doxale, que  le  praticien  a  tort  de  ne  psis  croire  ù  la  possibilité  de  la 
transmission  de  la  rougeole  par  une  tierce  personne  saine,  mais 
qu'il  a  raison  de  ne  pas  redouter  ce  mode  très  exceptionnel  de  con- 
tagion. 

(1.  L.  Dard,  Contribution  à  l'étude  de  répidûiiiiolo^ie  de  la  rougeole   {Revue 
d'hygiène,  1891). 


REVUE    GÉNÉRALE 


ANÉMIE  SIMPLE  DES  JEUNES  ENFANTS 

Des  travaux  que  nous  analysons  plus  loin  ont  remis  à  l'ordre  du 
jour  la  question  des  anémies  de  IVnfance.  Parmi  ces  anémies  de 
causes  diverses,  on  a  cherché  à  dégager  un  type  rhlorotiqne^ 
ayant  une  formule  hématologique  comparable  à  celle  de  la  chlo- 
rose, en  même  temps  que  des  symptômes  objectifs  et  des  signes 
physiques  (teinte  jaunâtre,  souffles  vasculaires)  identiques  à  ceux 
qu'on  voit  dans  cette  maladie. 

Mais  y  a-t-il  réellement  une  formule  hématologique  de  la  chlo- 
rose, et  le  faciès  chlorotique  lui-même  ne  se  rencontre-t-il  pas  en 
dehors  de  la  chlorose  vraie?  La  réponse  à  ces  diiïérentes  questions 
n  est  pas  douteuse. 

Les  anémies  simples,  particulièrement  dans  la  première  enfance, 
peuvent  reproduire  trait  pour  trait  le  tableau  de  la  chlorose. 

Or  ces  anémies  ne  sont  pas  imputables  à  la  chlorose  ;  elles  sont 
en  effet  d'origine  digestive  ;  elles  se  rencontrent  indifféremment 
chez  les  garçons  et  chez  les  filles.  Elles  n'ont  aucun  lien  patho- 
génique  avec  le  système  nerveux  ni  avec  l'appareil  génital.  En  un 
mot,  elles  n'ont  rien  de  chlorotique;  cependant,  comme  la 
chlorose,  elles  relèvent  de  la  médication  ferrugineuse  et  guérissent 
très  rapidement  par  l'usage  des  sels  de  fer. 

Cette  anémie  des  jeunes  enfants,  que  nous  appellerons  simple 
pour  la  distinguer  non  seulement  de  la  chlorose,  mais  des  anémies 
symptomatiques  de  maladies  infectieuses  spécifiques,  toxiques,  etc., 
se  trouve  décrite  dans  les  observations,  au  nonfibre  de  16,  du 
mémoire  publié  en  1900  (Arch.  de  méd.  des  enfants],  par 
M.  Comby,  sur  V Anémie  des  nourrissons  dyspeptiques. 

Obsekvation  L  —  Le  9  février  1897  :  fille  de  vingt-huit  mois 
ayant  eu  un  an  auparavant  de  la  gastro-entérite,  nourrie  au 
biberon,  a  marché  à  dix-huit  mois.  Actuellement  pâleur  excessive 


206  REVUE  GÉNÉRALE 

de  la  peau  et  des  muqueuses,  souffle  continu  avec  rcdoublemeot 
dans  les  vaisseaux  du  cou,  foie  et  rate  non  augmentés,  estomac 
dilaté.  Constipation  habituelle.  Régime  lacté  trop  prolongé  et  trop 
exclusif;  Cenfant  prend  une  tasse  de  lait  toutes  les  deux  heures 
{environ  2  litres  par  jour).  Au  lieu  de  2  litres,  Tenfant  ne 
prendra  plus  qu'un  demi -litre  de  lait;  on  donnera  des  purées  de 
légumes  secs,  des  œufs,  des  potages  ou  panades;  quatre  repas  par 
jour.  Protoxalate  de  fer.  Séjour  à  Berck,  guérison. 

Observation  II.  —  Le  3  janvier  1898  :  petit  garçon  de  vingt-six- 
mois,  pesant  2  200  grammes  à  la  naissance,  marche  à  dix-huit  mois, 
extrêmement  pâle,  muqueuses  décolorées,  souffle  continu  avec 
redoublement  dans  les  vaisseaux  du  cou.  Constipation.  Régime 
lacté  et  repas  multipliés.  On  prescrit  1  demi-litre  de  lait,  quatre 
repas  par  jour,  purées,  salades  cuites;  protoxalate  de  fer  avec 
noix  vomique  ;  séjour  à  Berck.  Guérison. 

On  pourrait  accumuler  les  faits  de  cet  ordre.  Us  sont  innom- 
brables ;  on  peut  dire  que  V anémie  infantile  à  type  rhlorotique 
court  les  rues. 

Nous  avons  dit  que  cette  anémie,  due  à  un  mauvais  régime  et 
particulièrement  à  Tabus  du  lait,  ne  s'accompagnait  pas  habituelle- 
ment d'hypertrophie  du  foie  et  de  la  rate  ;  or  cela  n*est  pas 
constant.  Cette  hypertrophie  existe  quelquefois,  même  dans  les 
cas  d'anémie  simple  ;  c'est  ce  qu'on  voit  dans  l'observation  XII  du 
mémoire  cité  plus  haut. 

Il  s'agit  d'une  fillette  de  vingt  mois,  entrée  à  l'hôpital  le 
25  novembre  1898.  Sevrée  il  y  a  deux  mois,  elle  ne  marche  pas 
encore.  Pâleur  excessive  des  téguments  et  des  muqueuses,  fai- 
blesse, anorexie.  Le  foie  dépasse  les  fausses  côtes  de  trois  travers 
de  doigt;  la  rate  dépasse  aussi  les  fausses  côtes.  Souffle  continu 
avec  redoublement  dans  les  vaisseaux  du  cou,  léger  souffle  systo- 
lique  à  la  base  du  cœur.  Anémie  excessive  avec  hépato  et  spléno 
mégalie. 

La  numération  des  globules  rouges,  faite  par  M.  Mettetal,  a 
donné  2716000,  avec  chiffre  normal  des  globules  blancs.  On 
donne  du  protoxalate  de  fer  après  une  cure  au  calomel.  Le 
23  novembre,  on  compte  3  041  000  hématies  ;  le  20  décembre, 
46760<X).  Le  foie  et  la  rate  ont  repris  leur  volume.  Guérison. 

Dans  ces  observations,  comme  dans  celles  qui  ont  été  publiées 
par  MM.  Rist  et  Guillemot  sous  le  titre  de  oligosidérémie,  ou  par 
MM.  Marfan  et  Leenhardt  sous  celui  d'anémie  à  type  rhlorotique, 
si  l'on  consulte  l'étiologie,  on  voit  qu'il  s'agit  d'enfants  mal  nourris, 
ayant  souffert  de  l'estomac  ou  de  l'intestin,  ayant  été  maintenus 
trop  longtemps  au  régime  lacté,  etc. 


ANÉMIE   SIMPLE   DES  JEUNES   ENFANTS  297 

A  Torigine  des  anémies  du  nourrisson,  dit  M.  Comby  dans  le 
mémoire  cité,  on  trouve  presque  toujours  la  gastro-entérite  aiguë 
ou  chronique.  Quelquefois  on  trouve  des  indices  de  rachitisme, 
mais  souvent  il  est  impossible  de  déceler  le  moindre  stigmate 
osseux  de  cette  maladie. 

Chez  beaucoup  d'enfants,  c'est  Tabus  alimentaire  qu'il  faut  incri- 
miner. 

Tantôt  Tenfant  a  mangé  trop  tôt  des  aliments  solides,  bu  pré- 
maturément du  vin,  du  cidre,  de  la  bière,  etc.  ;  tantôt  cest  le 
lait  dont  on  a  abusé  au  moment  du  sevrage.  Au  lieu  de  réduire  le 
chiffre  des  repas  à  quatre  ou  cinq  par  vingt-quatre  heures,  on  a 
voulu  donner  du  lait  toutes  les  deux  heures,  obligeant  Tenfant  à 
en  prendre  2  litres  ou  2  litres  et  demi.  L'estomac  s'est  révolté, 
1  anémie  n'a  pas  tardé  ù  entrer  en  scène. 

Au  chapitre  des  symptômes,  nous  trouvons  :  «  Le  visage  est 
pâle,  jaune,  parfois  terreux,  la  peau  décolorée,  sèche,  flétrie.  Les 
muqueuses  de  l'œil,  des  lèvres,  des  gencives,  sont  également  pâles, 
ù  un  degré  aussi  prononcé  que  dans  la  chlorose  légitime.  Quelque- 
fois le  visage  de  l'enfant  est  effrayant  de  blancheur,  il  a  la  teinte  du 
linge  blanc.  Le  faciès  exprime  la  langueur,  la  faiblesse,  Timpo- 
tence.  Si  l'enfant  marchait,  il  refuse  de  se  tenir  debout,  il  est  con- 
stamment las  et  inerte,  il  a  perdu  sa  gaité.  On  a  dit  que  les  nour- 
rissons ne  présentaient  pas,  à  l'auscultation  du  cœur  et  des  gros 
vaisseaux  du  cou,  les  mêmes  signes  que  les  adultes.  C'est  une 
erreur.  Chez  les  enfants  de  deux  ans,  de  dix-huit  mois,  d'un  an, 
de  moins  d'un  an,  j'ai  noté,  quand  l'anémie  était  assez  prononcée, 
le  souffle  systolique  de  la  base  et  le  bruit  de  diable  dans  les 
vaisseaux  du  cou  (souffle  continu  avec  redoublement,  piaulement, 
bruit  de  mouche,  etc.).  Ces  souffles  persistent  autant  que  l'anémie; 
ils  s'atténuent  et  disparaissent  avec  elle.  On  peut  aisément  en 
suivre  l'évolution.  » 

A  propos  de  la  prophylaxie  et  du  traitement  :  «  Le  lait  tienttrop 
de  place,  il  est  trop  aqueux,  d'une  teneur  trop  faible  en  matières 
alibiles,  pour  faire  la  base  de  la  ration  de  croissance  qu'exige  un 
enfant  sevré.  On  en  réduit  la  quantité  :  au  lieu  de  i  litre,  1  litre 
et  demi,  2  litres  conseillés  parfois,  on  prescrira  un  demi-litre  par 
jour...  Les  farineux,  les  aliments  végétaux  occuperont  une  large 
place  dans  l'alimentation  du  jeune  enfant...  On  donnera  les 
panades  et  potages  épais  au  pain  grillé,  aux  pûtes,  au  tapioca,  à  la 
semoule,  les  bouillies  de  farine  de  blé,  d'orge,  de  riz,  etc.  ;  les 
(Bufs  mollets,  œufs  au  lait,  les  purées  de  légumes  secs  (pois,  len- 
tilles, haricots,  châtaignes,  pommes  de  terre),  les  salades  cuites, 
les  fruits  cuits,  ces  derniers  surtout  en  cas  de  constipation... 

Le  nombre  des  repas  sera  réduit  à  quatre  en  vingt-quatre  heures  ; 
larareté  des  repas  et  les  intervalles  de  repos  qui  en  résultent  pour 


"^1>8  HE  VUE   GÉNÉRALE 

l'estomac  sont  de  bonnes  conditions  pour  assurer  le  fonctionne- 
ment de  l'oi\ij;"nne...  » 

Plus  loin,  l'auteur  conseille  le  protoxalatc  de  fer  et  la  noix 
vomique. 

Il  faut  reconnaître  que,  pour  l'administration  du  fer,  MM.  Rislet 
Guillemot  ont  employé  des  doses  plus  considérables  que  leurs 
prédécesseurs  :  20,  30  centigrammes  de  fer  par  jour  pour  uu 
nourrisson,  cela  représente  chez  Tadulte  des  doses  formidables. 
Mais  le  résultat  ayant  été  bon,  nous  ne  pouvons  que  suivre  leur 
exemple  et  profiter  de  leur  expérience.  Au  lieu  de  petites  doses  <]<• 
protoxalate  de  fer  (2  centigrammes  par  année),  on  pourra  hardi- 
ment donner  5  et  10  centigrammes.  Il  semble  que  les  enfant^ 
supportent  très  bien  ces  doses  énormes  et  que,  sous  leur  influence, 
Tanémie  dis[)araisse  très  vite. 

Mais  il  ne  faudrait  pas  croire  que  le  fer  soit  le  seul  médicament 
h  emiiloyer.  Il  y  a  d'abord  le  régime  alimentaire,  qui  joue  un  rôle 
capital.  C'est  le  régime  lacté,  encombrant  par  son  volume,  dila- 
tant Testomac,  constipant  Tenfant,  livrant  trop  peu  de  fera  rabsor|>- 
tion,  qui  a  provoqué  ou  entretenu  l'anémie.  11  faut  le  supprimer  ou 
le  tempérer.  Aux  enfants  de  dix-huit  mois  et  deux  ans  qui  pre- 
naient sans  nécessité  1  litre  et  demi  ou  2  litres  de  lait  par  jour,  on 
ne  permettra  pas  plus  d'un  demi-litre  de  lait  par  vingt-quatre 
heures.  On  complétera  l'alimentation  par  les  purées  de  légumi- 
neuses (haricots,  lentilles,  etc.),  riches  en  azote,  en  phosphore  et  en 
fer,  par  les  pâtes,  par  les  œufs,  etc.  Ces  aliments,  donnés  plutôt  en 
consistance  épaisse,  permettront  de  faire  des  rei)as  rares  (quatre 
par  jour)  et  réduiront  avantageusement  la  capacité  de  restomac. 
En  même  temps,  on  luttera  contre  la  constipation  par  Tadjonction 
de  fruits  cuits  et  salades  cuites  (chicorée,  laitue,  cresson,  feuilles 
de  salsifis). 

Ajoutez  à  cela  les  aclions  cutanées  (bains  salés,  aifusions  chaudes 
ou  froides,  frictions  stimulantes),  les  promenades  au  grand  air,  la 
cure  d'air  à  la  maison  (fenêtre  ouverte)- 

Enfin,  dans  les  cas  graves,  le  changement  d'air  peut  donner  de 
merveilleux  résultats.  Nous  avons  vu  un  séjour  à  Berck  ou  à 
Biarritz  transformer  lés  enfants  en  quelques  semaines  et  faire 
disparaître  complètement  l'anémie. 

Les  moyens  hygiéniques  ont  donc  une  puissante  action  et 
méritent  d'être  placés  au  premier  rang  dans  la  thérapeutique  des 
anémies  de  l'enfance. 

En  résumé,  on  peut  dire  que  les  anémies  de  la  première  enfance 
(nourrissons  d'un  an,  de  deux  ans,  petits  enfants  plus  àgéS/  sont 
extrêmement  communes.  Si  l'on  met  de  côté  celles  qui  sonl 
liées  à  une  tare  héréditaire,  à  une  maladie  aiguë  on  chronique, 
à   une  intoxication  grave,    à   des  troubles  profonds   de  l'hémo- 


ANÉMIE    SIMPLE   DES  JEUNES   ENFANTS  291)* 

poièse  (leucémies  et  pseudo-leucémies),  on  voit  que  les  anémies 
banales  ou  simples,  imitant  plus  ou  moins  la  chlorose  des  jeunes 
filles,  sont  domin»'^es  par  des  troubles  digestifs  latents  ou  manifestes, 
ou  dérivent  d'une  alimentation  impropre,  qui  ne  permet  pas  au 
jeune  enfant  de  remplacer  ses  réserves  ferrugineuses  épuisées  par 
un  long  usage. 

Donc  il  convient,  en  premier  lieu,  de  changer  cette  alimentation^ 
de  rationner  le  lait,  dont  Tabus  est  général,  de  prescrire  des  ali- 
ments plus  riches  en  fer  sous  une  forme  acceptable  pour  le  jeune 
enlant.  Cela  fait,  et  en  même  temps,  on  administre  le  fer  sous- 
forme  de  protoxalate  de  fer  à  des  doses  qui  peuvent  aller  jusqu'à 
20  ou  30  centigrammes  par  jour,  comme  Tont  indiqué  MM.  Rist  et 
Guillemot. 

On  n'oubliera  pas  que  l'oxygène  est  un  aliment  au  moins  ausaf 
j>récieux,  quoiqu'on  n'ait  pas  l'habitude  de  le  doser.  Le  séjour  au 
irrand  air,  à  la  mer,  à  la  montagne,  suivant  les  saisons  et  les  con- 
venances individuelles,  complétera  heureusement  la  cure,  consoli- 
dera les  guérisons  et  préviendra  les  rechules. 

Outre  les  travaux  analysés  plus  bas,  nous  rappellerons  les  obser- 
vations publiées  dans  les  Archives  de  médecine  des  enfants,  par 
M.  Mettetal  (Chlorose  vuaie  chez  une  enfant  de   sept  ans 

AVEC     HYPOGLOBULIE    CONSIDÉRABLE     ET     SOUFFLES     CARDIO-VASGU- 

uiKES,  1891),  p.  160),  et  par  MM.  J.  Halle  et  J.  JoUy  (Sur  une. 

FORME    d'anémie    INFANTILE,    UN    CAS    DE   CHLOROSE    DU    JEUNE  AGE^ 

1903,  p.  0(54). 


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ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES. 


The  diffuse  hjrperplaetic  laryngitis  and  pharyngitie  of  congénital 
syphilis  (La  laryngite  et  pharyngite  hyperplastique  diffuse  de  la  syphilis 
congénitale],  par  le  D'  A.  Bnow.N  Kelly  [The  Glasgow  Médical  Journal, 
nov.  i900i. 

Les  dilTérentes  formes  de  l'hyperplasie  pharyngée  ou  laryngée  dans 
rhérédo-syphilis  tardive  peuvent  éli*e  classées  ainsi  : 

i°  Hyperplasie  associée  à  Tulcération,  souvent  épaississement  autour  des 
ulcères  ou  cicatrices  ; 

2^  Granulations  hypertrophiées  et  excroissances  papillaires  avec  ou 
sans  ulcérations  ;  cela  se  voit  souvent  à  Tépiglotte  et  rappelle  le  lupus; 

3°  Hyperplasie  en  forme  de  tumeur; 

4"  Infiltration  hyperplasique  diffuse. 

Un  garçon  de  sept  ans,  observé  en  août  1900,  respire  bt*uyammenl. 
surtout  la  nuit;  parole  indistincte,  quoique  la  voix  soit  claire;  quelques 
légères  épistaxis;  état  général  mauvais;  pas  de  mal  de  goi*ge  ni  dysphagie. 
Enfant  bien  dévelop{)é,  mais  maigre  et  pâle,  respirant  plutôt  vite,  avec 
stridulisme  à  l'inspiration.  L'examen  du  pharynx  montre  la  luette  et  la 
partie  médiane  du  voile  épaissies  uniformément,  sans  ulcération.  Le^ 
aryténoïdes  forment  des  masses  paies,  lisses  et  larges,  rapprochées  Tune 
de  rauti*e,  ne  s  écartant  que  peu  par  la  phonation  ou  les  profondes 
inspirations.  L'orifice  supérieur  du  ]ai7nx  était  ainsi  réduit  à  une  petitt' 
ouverture  triangulaire,  ne  permettant  pas  Texamen  des  régions  sous- 
jacentes.  Pas  de  stigmates  syphilitiques.  Cependant  on  déclare  syphili- 
tique cette  lésion  du  pharynx  et  du  larynx. 

Le  père  a  eu  la  syphilis,  la  mère  non  ;  mais  elle  a  fait  deux  fausses  cou- 
ches, et,  sur  8  enfants  qu'elle  a  mis  au  monde,  5  sont  morts  en  bas  âge. 
Tous,  à  l'âge  de  quelques  semaines,  ont  pi^senté  des  éruptions  i|>eiii- 
phigus,  etc.). 

Le  petit  malade,  étant  nourrisson,  a  subi  des  onctions  mercurielles.  a 
pris  de  la  poudre  grise  pour  des  taches  à  la  peau.  Mais,  depuis  Fàge  àe 
six  mois,  il  avait  été  en  bonne  santé  jusqu'à  l'apparition  des  symptômes 
laryngés. 

On  refit  des  frictions  mcrcurielles,  on  donna  ensuite  de  l'îodure  lif 
potassium.  L'état  général  devint  meilleur  et  la  respiration  moins  bruyante. 
Six  mois  après,  respiration  bonne,  infiltration  moindre  du  palais,  entm* 
du  larynx  plus  libre;  mais  il  pei'siste  un  notable  degré  de  sténose.  Deu\ 
ans  après,  peu  de  changement. 

Les  traits  remarquables  de  ce  cas  sont  :  1°  le  caractèn»  uniforme  et 
symétrique  de  Tinfiitralion;  2°  l'absence  d'ulcération;  3®  la  tendance  de 
la  région  infiltrée  à  devenir  œdémateuse  et  à  produii*e  plus  ou  rooirh 
de  sténose  laryngée  ;  4^  la  persistance  de  Thyperplasie  malgré  le  traite- 
ment an ti  syphilitique. 


J 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  î^l 

J.-N.  Warkenzie  {Am,  Jour,  of  the  Mcd,  Se,  oct.  1880)  a  rapporté  3  cas 
i|:an:on  de  ((uinze  ans,  fille  de  douze  ans,  etc.)  d'ulcérations  pharyngées 
avec  hypertrophie  de  l'épliglotte,  des  replis  aryténo-épigloUiques,  des 
bandes  ventriculaires,  sans  ulcérations  ni  cicatrices  laryngées.  Av^c  le 
traitement,  les  ulcérations  s'amélioraient,  se  cicatrisaient,  mais  Thyper- 
plasie  persista.  (Ihez  le  premier  malade,  il  y  avait  ulcération  de  la  langue, 
destruction  de  la  luette  et  du  voile  du  palais  ;  la  muqueuse  du  larynx 
plail  uniformément  hypertrophiée,  les  cordes  vocales  gonflées  et  conges- 
tionnées; l'enfant  fut  très  vite  amélioré  par  Tiodure. 

Un  enfant  de  quinze  joui's  vu  par  Jacob  {Lancet,  1887)  présente  des 
manifestations  syphilitiques;  à  cinq  mois,  toux  et  raucité  de  la  voix, 
obstruction  laryngée,  trachéotomie,  mort.  A  Tautopsie,  rétrécissement 
sous-glottique  par  épaississement  de  la  muqueuse  sur  2  centimètres  de 
long  (infiltration  conjonctive,  hypertrophie  glandulaire)  ;  pas  d'ulcérations. 

In  enfant  de  trois  ans  et  demi,  vu  par  Ërôss  [Jahrb.  /*.  Kind.,  XV)  pré- 
sentait aussi  cette  hypertrophie  de  la  muqueuse  de  tout  le  larynx.  De 
même  chez  un  enfant  de  cinq  ans  et  demi,  vu  par  Co  m  paire  (.\nn.  des 
mai  de  Cor,,  1899). 

La  tuberculose  gangUo-pnlmonaire  dans  l'école  parisienne,  par 
M.  Graxciier  {Le  bulletin  médical,  7  nov.  1905). 

Aidé  de  ses  élèves,  MM.  Méry,  Guinon,  Boulloche,  Aviragnet,  Renault, 
Rist,  Vcillon,  Zuber,  Halle,  Guillemot,  Terrien,  Babonneix,  Armand- 
Delille,  Vignalou,  Weill-Hallé,  le  professeur  Grancher  a  pu  présenter  à 
TAcadémie  de  médecine  te  résultat  des  examens  de  4226  garçons  ou  filles 
des  écoles  de  Paris,  au  point  de  vue  du  dépistage  de  la  tuberculose. 

Le  premier  signe  qui  caractérise  la  première  étape  est  une  altération 
de  Vinspiration  :  inspiration  atTaiblie,  localisée  à  un  sommet,  fixe  et  per- 
manente, pouvant  s  étendre  à  tout  un  poumon  (adénopathie  bron- 
chiqae  comprimant  vaisseaux,  nerfs  et  bronches). 

LÀ  deuxième  étape  a  deux  signes  :  inspiration  affaiblie  et  bronchophonie. 

La  troisième  étape  est  caractérisée  par  :  ins[nration  anormale,  bron- 
chophonie, légère  submatité. 

Les  enfants  reconnus  sains  (84  à  8.*i  p.  100)  n'ont  été  examinés  qu'une 
fois.  Les  suspects  ont  été  examinés  3  fois. 

Chez  les  garçons  de  Técole  de  la  rue  Blomet,  le  pourcentage  des 
malades  a  été  de  11,167;  chez  ceux  de  Técole  de  la  rue  Championnet,  le 
pourcentage  atteint  19,b5.  La  moyenne  des  enfants  tuberculeux  dans  les 
écoles  de  Paris  est  donc  de  15  p.  100  environ.  Presque  tous  étaient  à  la 
première  étape  :  altération  fixe  et  persistante  de  Tinspiration  &  Tun  des 
sommets,  le  plus  souvent  inspiration  affaiblie  au  sommet  di*oit.  Sur  les 
4226  enfants  examinés,  on  n'en  a  trouvé  que  3  ayant  une  tuberculose 
ouTcrte.  Tous  les  autres  ont  pu  continuer  à  fréquenter  l'école. 

In  petit  ivpas  supplémentaire  de  poudre  de  viande  et  d'huile  de  foie 
de  morue  donné  aux  enfants  a  été  sans  résultat.  11  faut  trouver  mieux. 
Le  placement  d'enfants  à  la  campagne,  dans  les  familles  ou  dans  un 
sanatorium-école,  serait  à  essayer.  Deux  écoles  suburbaines,  une  de 
garçons,  une  de  filles,  suffiraient  pour  cet  essai.  Ces  écoles  de  plein  air 
seraient  un  internat  de  cure  pour  les  enfants  bacillaires. 

Lymphadénome  dn  cou  chesnn  enfant  de  cinq  ans,  traitement  par  let 
injections  de  cacodylate  de  sonde^  par  le  D'  Codet-Boisse  (Jour,  de  méd. 
de  Bordeaux,  25  nov.  1906). 

Garçon  de  cinq  ans  et  demi,  sans  antécédents  héi^itaires,  bien  portant 


:it)2  ANALYSES 

jusqu'à  deux  ans  :  à  celte  époijue,  petite  tumeur  arrondie,  indolore,  dans 
la  rèjrion  rervicale  suïM'rieure,  à  <;aurhe.  Accroissement  progressif,  puis 
multiplication.  Deux  ans  apW»s  masse  volumineuse  rpii  fut  enlevée  «'ii 
partie.  Quelques  mois  après.  i'éridive;on  prescrit  de  Tiodure  à  rintérieur 
et  une  pommade  iodurée.  Opendant  la  tumeur  ne  cesse  dau^rmenter.  Il 
y  a  eu  de  la  toux  coqueluchoïde,  puis  de  l'essoufflement,  de  la  dyspnée. 
Anémie,  amaigrissement,  anorexie,  sueurs. 

Sur  toute  la  partie  latérale  du  cou,  à  gauche,  siège  une  tumeur  énorme 
occupant  les  régions  sus-claviculaire,  carotidienne  et  sous-maxillaire, 
gagnant  la  nuque  en  arrière,  allant  verticalement  du  conduit  auditif 
externe  jusqu'à  la  clavicule,  qui  est  abaissée. 

Cii*confér*'nce  du  cou  :  3o  centimètres.  Peau  normale  avec  réseau 
veineux.  Tumeur  multi lobée,  de  consistance  niollasse,  mobile  sans  dou- 
leur, ne  participant  pas  aux  mouvements  du  larynx  et  de  la  trachée,  qui 
sont  refoulés  à  droite  ainsi  que  Tœsophage.  Petits  ganglions  axillaires  et 
inguinaux.  Matité  au  niveau  du  hile  pulmonaire.  Diarrhée  fréquente, 
meKx*na  et  prolapsus  rectal.  Gros  ventre,  rate  grosse.  L'exafmen  du  sani: 
<lonne  :  hémoglobine,  60  p.  100;  hématies,  4  ri72"»00;  leucocytes,  6  820. 
Donc  lyinphadénome. 

Traitement  par  le  cacodylate  de  soude  :  tous  les  deux  jours,  injection 
de  2  centigrammes  en  pleine  tumeur.  Rapidement  la  circonférence  du 
cou  tombe  de  38  à  32  centimètres,  diminuant  de  1  centimètre  à  chaque 
injection  ;  ganglions  moins  gros  et  plus  mobiles. 

Notes  on  an  annsnal  case  of  papiDoma  of  the  larynx  in  a  child  ireated 
hj  the  local  application  of  formalin  (Notes  sur  un  cas  insolite  de  papil- 
lome  du  larynx  chez  un  enfant  traité  par  Tapplication  locale  de  formol . 
par  le  D*"  .\dolph  Bronner  (The  Brit.  àl**d.  Jour.,  24  novembre  1906). 

Garçon  de  dix  ans,  opéré  des  amygdales  et  des  adénoïdes  en  août  1905. 
En  février  1906,  a  été  dyspnéique  depuis  uii  an,  a  eu  des  accès  de  spasme 
laryngé.  Cordes  vocales  normales.  Tumeur  irrégulière,  pédiculée,  pi-e- 
nant  naissance  au-dessous  de  la  commissure  antérieure  pour  faire  saillie 
entre  les  cordes  vocales  au  moment  delà  phonation  et  de  la  respiration. 
Extirpation  de  la  plus  grande  partie  avec  une  pince,  amélioration  de  la 
voix  pendant  quelque  temps.  Puis  retour  des  accidents.  En  mai,  app- 
rition  des  papillomes  sur  les  cordes  vocales.  Extirpation  à  deux  reprises, 
repullulalion.  Après  une  troisième  opération,  Fauteur  présent  des  pul\é- 
risations  de  formol  à  1  p.  100. 

Pas  de  récidive  ;  en  trois  semaines,  les  cordes  vocales  sont  saines.  La 
tumeur  sous-glot  tique  a  augmenté;  on  Textirpe  à  la  pince.  En  septembre, 
larynx  à  peu  près  normal,  pulvérisations  de  formol  à  i  p.  50.  Guérisc»n 
complète. 

Congénital  laryngeal  stridor  Stridor  laryngé  congénital),  par  le  l> 
pATERSON  (T/mî  Brit.  Med.  Jour.,  24  nov.  1906). 

L'auteur  a  vu  ;>  enfants  entre  huit  mois  et  deux  ans  atteints  de  cette 
afTection;  avec  le  chloroforme  et  le  tube  spatule  de  Kiiiian,  on  a  pu 
examiner  le  larynx.  On  a  pu  constater  ainsi  l'enroulement  de  Tépiglotle 
et  le  rapprochement  des  replis  aryténo-épiglottiques,  obstruant  rentrée 
du  lai-ynx,  surtout  pendant  Tinspiration.  Avec  Texpiralion,  le  bruit  stri- 
doreux  cesse,  car  le  passage  de  Tair  est  libre  à  ce  moment. 

Dans  le  stridor  laryngé  congénital,  il  n*y.a  pas  d'autre  malformation 
qu'une  exagération  de  l'incurvation  infantile  naturelle  de  Fépiglotte,  qui 
peut  être  aisomoni  reievée  par  une  sonde.  H  n'y  a  pas  d'apparence  de 


PLBLlUATiONS    PIÎÎUOUHJUES  oOo 

ri'>|iiralion  anormale.  ('ai%  avec  le*  chloroforme,  on  voiî  que  la  lv^|1iralion 
c'-l  normale,  (juoique  le  slridorsoil  trèsmarqur-.  ("e>l  à  lenlrée  duiarxnx 
((lie  h*  bniil  se  produit,  par  la  vibration  des  parties  molles  situées  à  la 
paroi  postérieure.  Les  cordes  vocales  n'ypreunentaucuneparl,  et  l'hyper- 
liophie  du  thymus  est  hors  de  cause. 

Ostéomyélite  tranmatique  bipolaire  de  rhumérns  à  é^olation  atypique, 
intenrention,  guérison,  par  le  D**  Hocher  iJoumal  de  med.  de  Bordeaux, 
ts  nov.  iOOG'. 

L'ostéomyélite  bipolaire  est  caractérisée  par  Tinfection  des  deux  bulbes 
ifun  m«ime  os. 

1.  Gan;on  de  dix  ans,  douleurs  vives  dans  le  mollet  prauche  le  18  juillet 
1905,  lièvre,  insomnie,  anorexie.  Le  19,  impotence,  œdème  inflamma- 
lime.  Le  20,  œdème  au  niveau  de  la  malléole  externe.  Le  24,  incision 
«lun  abcès  à  ce  niveau;  le  25,  incision  à  la  partie  supérieure,  trépanation. 
Les  deux  foyers  communiquent  ;  jruérison. 

IL  Fille  de  neuf  ans  entrée  à  Thùpital  le  13  octobre  1902  pour  une 
tuméfaction  inflammatoire  de  l'épaule  droite.  11  y  a  quatre  jours,  chute  vio- 
lante avec  traction  sur  le  bras  droit.  Le  soir,  douleur,  fièvre  ;  le  surlen- 
demain, gonflement,  délire,  agitation.  On  trouve  une  collection  sous-del- 
laîdienne,  trépanation  de  l'humérus,  moelle  purulente.  Œdème  de  tout 
le  bras.  Formation  de  séquestres;  guérison  lente. 

En  juin  1903,  à  la  suite  d'une  chute  sur  le  coude,  ostéomyélite  de 
Texti'émité  inférieure  de  l'humérus  droit,  sans  suppuration.  En  janvier 
tOOi,  nouvelle  poussée  d'ostéomyélite  subaiguë  au  même  point.  Le  2  dé- 
cembre 1905,  poussée  plus  aiguë  ;  le  19,  incision,  trépanation,  guérison. 
Pus  à  staphylocoques. 

Dans  ce  cas,  il  y  a  eu  ostéomyélite  aiguë  au  pôle  supérieur,  ostéomyélite 
prolongée  au  pôle  inférieur  de  1* humérus. 

ProlapsuB  rectal syaaptomatiqne  d'un  calcal  vésical  chez  on  jeune  garçon, 
taille  hypogastriqne,  guérison,  par  les  D**^  Orillard  et  Pierre  (Archives 
ifl("dico-c^ir.  du  Poitou,  nov.  1906). 

Garçon  de  treize  ans,  atteint  de  prolapsus  rectal  depuis  six  ans.  Ce  pro- 
lapsus se  reproduit  à  chaque  miction  comme  à  chaque  défécation.  En 
même  temps  spasme  et  ténesme  de  la  vessie. 

Faciès  terreux,  corps  amaigri,  perte  des  forces.  Au  cours  de  Texamen, 
faux  besoin,  Fenfant  pousse  et  urine,  le  rectum  sort,  chaque  poussée 
provoque  un  nouveau  besoin  d'uriner,  le  périnée  se  tétanise;  érections 
répétées,  agitation,  cris  ;  Fenfant  fait  rentrer  son  rectum  et  se  calme  enfin. 

Ces  acc(>s  se  répètent  toutes  les  deux  ou  trois  heures,  parfois  plus 
souvent. 

L'enfant  marchait  courbé  et  la  main  dans  la  poche  du  pantalon,  soute- 
nant son  périnée.  On  le  prie  de  s'asseoir,  il  le  fait  avec  précaution  et  sur 
une  seule  fesse.  On  pense  alors  à  un  calcul. 

Le  résonateur  de  Guyon  fait  constater  la  présence  d'un  calcul  ;  les 
urines  conservées  laissent  déposer  4  centimètres  de  pus  et  de  saug. 

Forme  rectoptosique  de  la  lithiase  vésicale  chez  Fenfant. 

Taille  hypogastrique,  extraction,  après  morcellement,  d'un  calcul  gros 
comme  un  œuf  de  pigeon.  Lavages  répétés  avec  une  solution  de  nitrate 
d'argent  à   i   p.   500  puis  à  1   p.    100,  pendant   plusieurs   semaines. 
Guérison. 
Le  calcul  était  formé  par  un  noyau  uratique  entouré  de  phosphate. 


304  ANALYSES 

Casi  di  incontinenza  esaenziale  d'orina,  guariti  radicalmente  colla 
opoterapia  8arrenale(Cas  d'inconlinance  essentielle  d'urine,  gums  radi- 
calement par  Topothérapie  surrénale),  par  le  D"  Zanom  (Gazz.  degli  osp. 
e  délie  clin.,  28  oc  t.  1906). 

i.  Fille  de  quatre  ans  et  demi,  urinant  deux  à  quali'e  fois  par  nuit, 
quinze  à  vingt  fois  par  jour,  plus  quand  il  fait  froid  que  quand  il  fait 
chaud.  On  donne  d*abord  XV  gouttes  d'extrait  surrénal  une  fois  par  jour  ; 
aucune  amélioration.  Au  bout  de  deux  semaines,  on  donne  XV  goutter 
matin  et  soir  pendant  dix  jours.  Lé^èi^  amélioration.  Au  bout  de  deux  ou 
trois  mois,  on  donne  XL-gouUes  deux  fois  par  jour;  guérison  en  huit 
ou  dix  jours  ;  rien  depuis  huit  mois. 

2.  Gar(:on  de  huit  ans,  incontinence  de  jour  et  de  nuit. 

On  donne  d  abord  XV  puis  XX  gouttes  d'extrait  surrénal,  d'abord  une 
seule  fois,  puis  deux  fois  par  jour  au  moment  des  repas.  Puis  on  donne 
LX  à  LXX  gouttes  deux  fois  par  jour  pendant  huit  à  dix  joui"S  ;  gué- 
rison rapide,  maintenue  depuis  six  mois. 

3.  Garçon  de  douze  ans,  incontinence  nocturne.  On  prescrit  LX  gouttes 
deux  fois  par  jour;  après  six  jours,  Tenfant  cesse  d'uriner;  puis  il  urine 
de  temps  à  autre;  guérison  incomplète. 

4.  Garçon  de  six  ans  ;  on  prescrit  XXX  gouttes  matin  et  soir;  guérison 
après  (juinze  jours  de  traitement,  constatée  après  cinq  mois. 

*).  Fille  de  deux  ans  et  demi,  incontinence  nocturne;  on  prescrit 
XX  gouttes  trois  fois  par  jour  ;  en  trois  jours,  l'enfant  cesse  d'uriner;  on 
continue  à  XX  gouttes  deux  l'ois,  puis  une  fois  par  jour  pendant  deux 
semaines. 

6.  Garçon  de  sept  ans,  observé  par  le  D'  Pietro  Quartino  ;  guéri  en  une 
dizaine  de  jours  avec  XXX  gouttes  d'extrait  surrénal. 

Un  caso  di  tetano  dei  neocati  guarito  con  la  cura  Baccelli  (Un  cas  de 
tétanos  des  nouveau-nés  guéri  par  le  traitement  de  Baccelli),  par  le  D' Li- 
vmio  MiSERocciii  iHiv.  di  Clin,  ped.,  nov.  1906). 

Garçon  de  six  jours,  de  Ravenne;  né  à  terme,  de  parents  sains.  Ligature 
du  cordon  par  une  sage-femme  de  propreté  douteuse  ;  deux  autres  enfants 
soignés  par  la  même  femme  moururent  de  tétanos.  L'enfant,  vei's  le 
quatrième  ou  cinquième  jour,  se  montra  agité  et  criard;  puis  il  ne  peut 
ouvrir  la  bouche  et  prendre  le  sein.  On  lui  donne  le  lait  à  la  cuiller. 

Le  sixième  jour,  la  colonne  vertébrale  est  un  peu  incurvée,  il  y  a  du 
trismus;  masséters  fortement  contractés,  faciès  sardonique,  rigidité  de  la 
nuque,  des  membres,  du  dos.  Un  peu  de  pus  à  l'ombilic.  Température 
38^,9,  pouls  172,  respiration  46.  Présence  du  bacille  de  Nicolaïer. 

Fréquents  accès,  nécessité  d'introduire  le  lait  par  le  nez  avec  une  sonde 
de  Nélaton.. 

On  pratique  chaque  jour  quatre  à  cinq  injections  aux  fesses  de  la  solu- 
tion : 

Acide  phonique  cristallisé Off',03 

Huile  d'amandes  douces  stérilisirs 1  centimètre  cube. 

Isolement  du  malade  dans  une  pièce  obscure,  loin  .de  tout  bruit.  Pan- 
sement de  l'ombilic  avecdes  compres3es  imbibées  de  sublimé  à  Ip.  1000. 
Du  9  mars  au  11  avril,  il  fut  injecté  ;jK^85  d'acide  phénique  (195  injec- 
tions en  trente-cjuatre  jours).  Guérison.  Le  D*"  P'edele  a  publié  déjà  un 
pareil  succès  (La  Pediatria,  1903]. 


PUBLICATIONS    PÉaiODIQUES  305 

Idiozia  con  sindrome  di  Raynaad  (Idiotie  avec  syndrome  de  Raynaud), 
par  le  D*"  C.  Bracci  (Riv.  di  Clin,  Ped.^  nov.  1900). 

Fille  de  quatre  ans,  rerue  à  Thùpital  de  IMse  le  22  mars  1005.  Père 
alcoolique.  Nourrie  au  sein  mat^ernel  jusqu'à  quinze  mois,  l'enfant  a 
commencé  ses  dents  à  huit  mois;  marche  à  vinp:t  mois.  Normale  jusqu'à 
vingt-huit  mois.  A  ce  moment,  convulsions  répétées  pendant  vingt  jours 
(trois  ou  quatre  fois  par  jour).  Depuis,  arrêt  psychique  notable,  indifîé- 
f  once,  incapacité  de  parole. 

11  y  a  un  an,  la  mère  a  noté  une  aversion  pour  mettre  les  pieds  par 
Iprre;  ceux-ci  sont  pâles  et  froids,  été  conmie hiver;  engelures  à  Textré- 
mité  des  orteils,  avec  sensibilité  très  vive.  Faciès  d'idiot,  inertie,  bouche 
enlr  ouverte,  microcéphalie,  asymétrie.  Rien  aux  membi*es  supérieurs, 
l'icéi-ations  symétriques  du  dos  des  pieds  avec  cyanose  de  la  peau. 
Couleur  noirâtre  des  phalangettes  des  troisième  et  quatrième  orteils  des 
deux  côtés;  ongles  noirs,  épaissis  et  squameux.  Quelques  phlyctènes 
sanguinolentes.  Réflexes  tendineux  normaux. 

Donc  idiotie  consécutive  à  une  méningo-encéphalite,  avec  gangi'ène 
symétrique  des  extrémités  inférieures.  Cette  relation  méritait  d'être 
relevée,  n'y  eùt-il  même  qu'une  coïncidence. 

L'intnbasioiie  délie  vie  nasali  nella  corizza  dei  lattanti  (L'intubation 
des  voies  nasales  dans  le  coryza  des  nourrissons),  par  les  D"  C.  Minerbi 
et  K.  Vaccari  IHiv.  diClin.  Ped.,  nov.  1906). 

Plus  l'enfant  est  jeune,  plus  ses  cavités  nasales  sont  étroites,  d'où  leur 
tendance  à  s'obturer  facilement.  D'autre  part,  il  ne  sait  pas  respirer  par 
la  houche  et  avale  sa  langue.  Quand  il  tète,  il  ne  {)eut  plus  respirer  du 
tout  et  abandonne  le  sein.  D'où  la  gravité  du  coryza  des  nourrissons.  En 
pareil  cas,  on  a  été  jusqu'à  la  trachéotomie. 

11  vaut  mieux  se  servir  de  sondes  de  Nélaton  pour  faire  le  calhétérisme 
des  fosses  nasales. 

Les  auteurs  ont  imaginé  un  petit  appareil  basé  sur  leur  emploi,  appareil 
facileà  stériliser  préalablement.  En  remployant  à  la  Maternité  de  Kerrare, 
ils  ont  pu  permettre  à  des  nourrissons  de  prendre  aisément  le  sein.  Mais 
il  faut  que  l'extrémité  des  sondes  ne  dépasse  pas  le  bord  libre  du  voile 
palatin. 

Le  D""  Leiorier  {Semaine  médicale,  10  mai  1000),  pour  com]>attre  le 
coryza  purulent  de  la  scarlatine,  avait  eu  l'idée  d'introduire  une  sonde 
molle  dans  les  fosses  nasales  et  de  pratiquer  ainsi  des  irrigations  anti- 
septiques. Mais  il  ne  poursuivait  pas  le  môme  but,  et  la  sonde  employée 
ressortait  par  la  bouche. 

La  formule  leacoc3rtaire  de  la  rougeole  et  de  la  rubéole,  par  M.  Lagrif- 

FopL  'Arch.  de  méd.  expérim.  et  d\inat,  path.,  nov.  1906). 

Dans  la  rougeole,  il  y  a,  le  plus  souvent,  hyperleucocytose  avec  poly- 
niicléose  pendant  les  périodes  d'incubation  et  d'invasion.  Cette  hyper- 
leucocytose fait  place  à  une  hypoleucocytose  parfois  très  marquée  avec 
mononucléose  pendant  l'éruption  ;  la  formule  revient  à  la  normale  pendant 
la  desquamation. 

Dans  la  rubéole,  Thyperleucocvlose  des  périodes  d'incubation  et  d'in- 
vasion est  suivie  d'hvpoleucocv  tose  moins  souvent  que  dans  la  rougeole. 
On  peut  avoir,  pendant  l'éruption,  de  l'inperleucocytose  avec  polvnu- 
cléose,  ou  un  chiffre  normal  de  leucocytes.  Mais  les  différences  ne  sont 
pas  assez  constantes  pour  permettre  un  diagnostic  différentiel  entre  la 
rougeole  et  la  rubéole.    En  revanche,  la  formule  leucocytaire   pourra 

AhCII.  DB  M^DBC.  des  BNFA.M'S,  liM)7.  X.    —   20 


30()  ANALYSES 

servir  à  différencier  la  rougeole  et  la  rubéole  de  la  variole  (mononucléose 
avec  myélocytes)  et  de  la  scarlatine  {polynucléose  avec  éosinophyles). 

Les  différences  entre  les  formes  leucocytaires  de  la  rougeole  et  de  la 
rubéole,  malgré  leur  inconstance,  confirment  la  distinction  entre  ces 
deux  maladies. 

Ostéomyélite  diffuse  de  la  mastolde,  par  le  D^*  G.  Laurens  (Congrès  de 
la  Soc.  franc,  d'Otologie,  etc.,  mai  1906). 

Cette  intéressante  observation  est  intitulée  :  Résection  crânienne  pour 
ostéomyélite  diffuse  de  la  mastoideet  de  récaille  occipitale^  fihlébite  du  sinus 
latéral  et  du  golfe  de  la  jugulaire,  septicémie  otogène  prolongée,  quatre  offè- 
rations,  guérison. 

11  s'agit  d*un  garçon  de  six  ans,  qui,  le  5  novembre  1904,  se  plaint  de 
céphalée  pariéto-occipi taie  droite  ;  le  lendemain,  abattement;  otorrhéedu 
même  côté. 

Le  S,  gonflement  sus-rétro-auriculaire.  Il  >  a  six  mois,  Tenfant  avait 
eu  une  otorrhée  suite  de  rougeole.  Le  11,  incision  d'un  abcès  sous- 
périosté,  trépanation  de  la  mastoïde,  pus  fétide  et  gazeux,  séquesti-es: 
récaille  de  Toccipital  est  nécrosée,  pachyméningite  fongueuse.  Le  12, 
en  présence  de  signes  de  pyémie,  on  ouvre  le  sinus,  qui  renferme 
dû  pus. 

Le  16,  la  jugulaire  est  dénudée  et  explorée  ;  elle  n*cst  pas  Ihrombosée. 
Plusieure  frissons  chaque  jour,  avec  41*.  Céphalée,  agitation,  gros 
foie. 

Le  20,  dénudation  du  sinus  latéral  jusqu'au  trou  déchiré  postérieur, 
ouverture  du  gol fe  de  la  jugulaire.  Le  sinus  contient  des  caillots  puri- 
formes.  Cependant  accidents  méningés,  persistance  et  aggravation  de  la 
septicémie.  Du  23  novembre  au  16  décembre,  Tenfant  est  entre  la  vio 
et  la  mort.  Grandes  oscillations  thermiques,  grands  frissons.  Enlin 
guérison. 

Ueber  die  Aasnntzung  des  Eisens  bei  Saftglingen  (Sur  Tassimilation  du 
fer  chez  les  nourrissons),  par  M.  Krasnogorsky  (Jahrb.  f,  Kinder- 
heilk.,  1906). 

Comme  il  ressort  des  tableaux  publiés  dans  ce  travail,  Tassimilation 
des  composés  ferrugineux  du  lait  de  fenmie  est  bien  plus  importante  que 
celle  (lu  lait  de  chèvre.  En  moyenne,  la  résorption  do  ter  du  lail  d»' 
femme  est  de  80  p.  100,  la  rétention  75  p.  100.  La  résorption  du  lait  do 
chèvre  est  bien  plus  faible,  au  maximum  de  3:*»  p.  100. 

La  résorption  et  la  rétention  des  composés  f^rru^nneux  du  lait  cru  est 
chez  le  nourrisson  bien  plus  faible  que  celle  du  lail  bouilli. 

La  faible  teneur  en  fer  du  lait  de  femme  est  compensée  \mr  le  taux 
élevé  de  la  rétention  du  fer.  Les  composés  ferrugineux  des  épinards  et  tlu 
jaune  d'œuf  ne  se  distinguent  pas  d'une  manière  essentielle  au  point  de 
vue  de  la  résorption  et  de  la  rétention,  mais  sont  bien  inférieurs  aux  com- 
posés ferrugineux  du  lait  de  femme. 

Les^composés  ferinigineux  naturels  de  l'alimentation  sont,  sans  aucun 
doute,  mieux  assimilés  par  les  enfants  que  le  fer  des  préparations  ailili- 
cielles. 

L'apport  insuflisant  de  fer  dans  Talimentation  peut  avoir  pour  l'orga- 
nisme de  Tenfant  des  conséquences  fâcheuses,  non  seulement  pour  la 
formation  et  l'activité  fonctionnelle  de  l'hémoglobine,  mais  surtout  pour 
les  processus  oxydants  et  plastiques  des  tissus. 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  307 

Ueber  den  Einflass  des  Kochsalzes  au!  die  Hydropieien  des  Kinde- 
salters  (Sur  l'influence  du  sel  sur  les  hydropisies  de  l'enfance),  par  le 
D'  Ottokar  GrOner  [Jahrb,  f,  Kinder heilk,,  1906). 

L'auteur  a  étudié  les  effets  sur  les  œdèmes  d'un  régime  pauvre  en  sel, 
régime  qui  consistait  en  du  lait  de  vache,  qui  ne  contient  qu'environ 
ls',7  de  chlorure  par  litre.  Le  lait  était  aussi  donné  additionné  de  cacao 
ou  de  café  ;  en  outre,  on  donnait  du  pain  cuit  sans  sel,  souvent  addi- 
tionné de  beurre  et  de  miel,  des  pommes  de  terre  avec  du  beurre,  sur- 
tout des  fruits  crus  ou  cuits,  ainsi  une  diète  essentiellement  végétale, 
tous  les  végétaux  étant  pauvres  en  sel.  Jamais  on  ne  vit  de  troubles 
digestifs.  ' 

On  dosait  exactement  tous  les  jours  la  quantité  des  aliments  donnés,  de 
façon  à  connaître  la  quantité  de  sel  ingérée  quotidiennement.  On  mesu- 
rait i*urine  des  vingt-quatre  heures  et  la  quantité  de  chlorure  dosée,  soit 
des  cendres  urinaires,  par  le  procédé  de  Neubauer  et  Salkowski,  soit 
directement  par  le  procédé  de  Volhard.  Le  rapport  entre  la  quantité  de 
chlorure  de  Talimentation  quotidienne  et  celle  de  l'urine  des  vingt- 
quatre  heures  donnait  la  balance  en  sel  de  lorganisme. 

On  fit  abstraction  de  la  quantité  éliminée  avec  les  fèces,  laquelle  n'est 
par  jour  que  de  quelques  dixièmes  de  gramme,  il  n'y  eut  jamais,  dans  le 
coure  de  ces  expériences,  ni  diarrhée  profuse,  ni  sueurs,  qui  aient  pu 
amener  Télimination  de  beaucoup  de  chlorures. 

Les  résultats  sont  consignés  dans  plusieurs  courbes.  Une  première 
répond  à  Tingestion  quotidienne  des  chlorures,  la  seconde  à  l'excrétion 
des  chlorures  urinaires  ;  la  troisième  indique  les  différences  journalières 
entre  ces  deux  premières  courbes  et  donne  la  balance  journalière  des 
chlorures.  Une  quatrième  courbe  indique  la  progression  arithmétique  de 
ces  différences  journalières  pendant  toute  l'expérience  et  indique  donc 
s'il  y  a  eu  ou  non  rétention  des  chlorures.  Enlin  une  dernière  courbe 
représente  les  augmentations  de  poids,  indice  de  rétention  d'eau. 

Chez  une  enfant  de  treize  ans,  ayant  de  forts  œdèmes  aux  jambes,  un  peu 
d'ascite,  tout  cela  lié  à  une  double  lésion  mi  traie  mal  compensée,  il  y  eut 
pendant  la  durée  des  expériences,  qui  fut  de  quatre  semaines,  parallé- 
lisme entre  le  poids  du  corps  et  la  courbe  des  chlorures  ;  aussi,  dans  la 
suite,  se  contenta-t-on  d'établir  la  balance  journalière  du  sel  et  de 
déterminer  le  poids  du  corps.  Pendant  quatre  jours  de  traitement  à  la 
digitale,  le  poids  du  corps  diminua  rapidement,  tandis  qu'augmentait 
l'excrétion  des  chlorures.  La  diète  pauvre  en  sels  eut  des  résultats 
analogues. 

L'auteur  a  vu  également,  dans  des  cas  de  néphrite  chez  l'enfant,  ce 
mèi!H;  rapport  exister  entre  les  modilications  de  poids  du  corps  et  la  réten- 
tion des  chlorures.  Il  semble  que  le  rein  malade  tende  néanmoins  natu- 
rellement à  se  débarrasser  des  chlorures  en  excès,  à  condition  qu'on  ne 
l'en  surcharge  pas.  Quelle  que  soit  l'explication  théorique  qu'on  puisse 
donner  de  ce  lait,  il  est  absolument  indiqué,  dans  tous  les  œdèmes  car- 
diaques et  rénaux,  d'instituer  un  régime  aussi  pauvre  que  possible  en  sel. 

Ueber  die  Veràndernng  des  nentrophilen  Blatbildes  in  Inknbations- 
stadiam  von  Maeem  (Sur  les  changements  dans  l'état  neutrophile  du 
sang  au  stade  d'incubation  de  la  rougeole),  par  les  D^*  Herman  Flesch  et 
Alexa.xder  ScHOSSBERGER  {Jahrb,  f,  KinderheilL,  1906). 

Par  ce  travail,  les  auteurs  confirment  les  faits  énoncés  dans  un  précé» 
dent  travail,  ils  ont  trouvé  une  modification  caractéristique  de  l'élat  neu- 
trophile du  sang,  qui  apparaît  déjà  au  stade  d'incubation  de  la  rougeole, 


308  ANALYSES 

plusieurs  jours  avant  les  signes  prodromiques,  par  conséquenl,  à  un 
moment  où  il  n'est  pas  possible,  à  l'heure  actuelle,  de  dépister  Taffeclion. 
On  comprend  Tutilité  que  pourrait  avoir  pour  la  prophylaxie  un  signe  dis- 
tinctif  à  cette  période.  Ce  signe  se  montre  avant  les  taches  de  Koplik.  On 
voit  le  nombre  des  mononucléaires  augmenter  plus  on  approche  de  lappa- 
rition  des  phénomènes  prodromiques.  On  sait  que  normalement  les  nom- 
bres respectifs  des  leucocytes  neutrophiles  mono  ou  polynucléaires  sont 
de  36  p.  100  pour  les  mono,  45  p.  100  pour  les  bi,  15  p.  100  pour  les  tri, 
3  p.  100 pour  les  quadrinucléaires  ;  ici,  au  contraire,  lechiffre  des  mononu- 
cléaires l'emporte  sur  celui  des  polynucléaires. 

Traitement  de  l'ectopie  testiculaire,  par  le  D'  PaulCoudray  {Le  Proyrès 
médical,  19  janvier  1907). 

L'auteur  préconise,  chez  les  enfants,  le  traitement  de  l'ectopie  testicu- 
laire par  le  massage  et  les  tractions,  avec  administration  d'extrait  thy- 
roïdien (5  centigrammes).  Le  traitement  de  choix  des  ectopies  des  jeunes 
sujets,  jusqu'à  dix  ou  onze  ans,  sans  hernie,  est  la  méthode  des  massages 
et  des  tractions,  ces  dernières  ayant  non  seulement  l'avantage  de  faire 
descendre  le  testicule,  mais  de  préparer  son  logement  dans  les  bourses. 

Cette  méthode  est  applicable  non  seulement  aux  cas  légers,  mais  aussi 
aux  cas  difficiles  (ectopies  inguinales  fixes,  ectopies  abdominales).  Tn 
garçon  de  onze  ans  présente  une  ectopie  testiculaire  abdominale  double. 
A  droite,  dans  la  fosse  iliaque,  on  sentait  une  petite  tuméfaction  ;  à  gau- 
che, on  ne  percevait  rien.  M.  Coudray  tenta  néanmoins  la  descente  par 
pression  en  essayant  d'abord  de  mobiliser  le  testicule  droit  dans  la  fosse 
iliaque.  Après  quelques  séances,  le  testicule  s'engage  dans  le  canal 
inguinal,  puis  il  arrive  à  l'orifice  externe.  Quand  il  fut  assez  mobile  au- 
dessous  de  cet  orifice,  on  appliqua  un  bandage  en  fourche,  et  la  mère 
continua  journellement  les  manœu\res.  Le  testicule  gauche  ayant  été 
senti  dans  la  fosse  iliaque,  le  même  procédé  fut  employé  avec  succès. 
Bandage  double  pendant  deux  ou  trois  ans.  Treize  ans  api-ès,  à  vingt- 
deux  ans,  ce  garçon  a  ses  deux  testicules  bien  développés  dans  les 
bourses,  un  peu  courtes,  mais  très  mobiles.  Le  spei*me  contient  des 
spermatx)zoïdes  normaux.  Après  1  âge  de  dix  à  onze  ans,  rabaissement 
par  manœuvres  externes  devient  très  aléatoire. 

Quand  les  testicules  restent  en  ectopie  inguinale  ou  abdominale,  ils  ne 
possèdent  pas  en  général  là  fonction  géhératrice. 

En  résumé,  il  faut  chercher  systématiquement  l'ectopie  testiculaire 
chez  les  petits  garçons  et  la  traiter  de  bonne  heure.  Si  les  massages  et 
tractions  ne  suffisent  pas,  il  faudra  recourir  à  l'opération  sanglante  vei-s 
l'âge  de  douze  à  treize  ans,  c'est-à-dire  un  certain  temps  avant  la  puberté 
et  beaucoup  plus  tôt  (sept  à  huit  ans),  s'il  y  a  une  hernie  concomitante. 
H  ne  faut  pas  désespérer  de  l'avenii-  des  testicules  abaissés  artificiellement. 

Primary  diphtheria  of  the  external  auditory  canal  (^Diphtérie  primitive 
du  conduit  auditif  externe),  par  le  D»"  J.  Galbraith  Connal  {The  Brit.  Med. 
Journal,  19  janvier  1907). 

Garçon  de  douze  ans,  entré  à  l'hôpital  avec  une  otite  moyenne  suppui-ée 
datant  de  la  première  enfance.  On  trouve  une  perfoi-ation  du  tympan  à 
gauche.  Écoulement  fétide.  A  la  paroi  postérieure  et  en  partie  sur  la 
paroi  inférieure  du  conduit  auditif  externe,  il  y  avait  une  membrane 
blanche  rappelant  la  diphtérie. 

L'examen  bactériologique  montre  la  présence  des  bacilles  de  Lœfller 
dans  cette  membrane,  sans  qu'il  y  en  eût  dans  les  mucosités  naso- 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  300 

pharj'ngées.  Nettoyage  de  Toreille,  instillation  de  glycérine  phéniquée,  etc. 
I'd  nouvel  examen  bactériologique  fait  quinze  jours  après  le  premier 
resta  négatif;  puis  Tenfant  est  repris  de  fièvre,  et  on  découvre  une 
mastoïdite  qu'il  a  fallu  opérer. 

Sur  un  cas  d'adénopathies  scarlatineuaes  tardives,  par  MM.  Babonneix 
et  Berteaux  [Gaz.  des  hôp.,  8  janvier  1907). 

Fille  de  quinze  ans,  entrée  le  2  novembre  1905  pour  une  scarlatine 
ayant  débuté  brusquement  le  30  octobre  par  une  angine,  des  vomisse- 
ments, de  la  fièvre.  Desquamation  vers  le  8  novembre.  Le  18,  alimenta- 
tion avec  des  purées  sans  sel.  Le  20,  céphalée,  abattement,  gène  du  cou 
et  dysphagie.  Le  22,  aggravation,  douleurs  très  vives  dans  les  régions 
sous-maxillaire  et  cervicale  droites.  Déformation  du  visage  par  le  gon- 
flement de  la  région  sous-maxillaire  ;  masses  ganglionnaires  dures  et 
douloureuses  à  ce  niveau.  Tous  les  ganglions  cervicaux  et  sus-clavicu- 
laires  de  ce  côté  sont  hypertrophiés,  durs  et  très  sensibles;  mouvements 
de  la  mâchoire  pénibles.  Pouls,  144  ;  température,  39®,  6. 

Enveloppements  chauds  du  cou. 

Le  24,  nouvelle  aggravation  ;  les  douleurs  se  sont  étendues  du  côté 
gauche.  Pouls,  148;  température,  40°, 2.  Le  25,  amélioration  qui  se  continue 
le  27.  Le  30,  tout  a  disparu.  Le  10  décembre,  la  malade  quitte  Thôpital. 

On  pensa  un  moment  aux  oreillons. 

Remarques  à  propos  du  régime  déchlomré  dans  Tépilepsie  de  reniant» 
par  le  D'  Lortat-Jacob  {lievue  de  médecine ,  10  janvier  1907). 

Fille  de  six  ans,  vue  en  mai  1904  pour  des  crises  convulsives  et  des 
vertiges.  Jumelle,  elle  pesait  1  500  grammes  à  la  naissance.  Élevée  en 
couveuse  et  au  sein,  elle  fait  une  entérite  &  dix-sept  mois  avec  congestion 
pulmonaire.  En  juillet  1900,  convulsions;  en  avril  1901,  à  trois  ans, 
ienfant  commence  seulement  à  marcher.  En  juillet  et  août,  trois  crises 
convulsives;  en  septembre  1902,  vertiges  et  pâleur  par  accès.  Mêmes 
malaises  en  janvier  1903.  En  juin,  scarlatine  annoncée  par  des  convul- 
sions; en  mars  1904,  convulsions  avec  40<*  et  faux  croup.  Le  2  mai, 
vertige.  Le  20  mai,  traitement  ioduré,  puis  frictions  mercurielles  (la  mère 
ayant  eu  des  fausses  couches).  Après  Téchec  de  ce  traitement,  on  donne 
le  bromure.  Le  15  octobre  1904,  on  ajoute  le  régime  déchloruré  à  1  gramme 
de  bromure  de  sodium  par  jour  :  pain  sans  sel,  viandes  blanches,  œufs, 
pommes  de  terre,  lentilles,  riz,  légumes  verts,  carottes,  pâtes,  beurre, 
poisson,  fruits  cuits,  eau  d'Évian,  lait.  Pendant  deux  ans,  ce  régime  est 
continué.  Plus  de  crises.  En  même  temps,  Tenfanta  augmenté  de  poids. 
Élimination  quotidienne  de  2  à  3  grammes  de  chlorure.  Avant  une 
élévation  thermique,  on  note  la  présence  d'une  grande  quantité  de 
chlomre  (6^*',  80).  Cette  ascension  brutale  des  chlorures  avant  la  fièvre 
pourrait  être  considérée  comme  une  hyperchloruration  d'alarme. 

Meningitis  pnrulenta  de  origan  intra-uterino  (Méningite  purulente 
d'origine  intra-utérine),  par  le  D**  A.  Peralta  Ramos  [Rev,  de  la  Soc, 
Médica  Argentina^  juillet-août  1906). 

Femme  de  dix-sept  ans,  primipare,  enti*ée  à  la  clinique  obstétricale  de 
rhôpital  San  Koque  le  16  décembre  1905.  Deux  jours  avant  le  travail,  elle 
•^  plaint  de  coliques  avec  selles  fétides.  Accouchement  le  5  janvier  1906. 
Deux  heures  après  les  premières  douleure,  on  trouve  39°,5  et  120  pulsa- 
tions. Cependant  tout  se  passe  bien.  Après  l'accouchement,  on  trouve 
encore  39<»;  puis  la  défervescence  se  fait  le  surlendemain. 


310  ANALYSES 

L'enfant,  dix-huit  heures  après  la  naissance,  a  un  ci-i  faible,  une  respi- 
ration superficielle  ;  convulsion  la  nuit  suivante  ;  vingt-quatre  heures 
après,  on  noie  une  teinte  livide,  les  lèvres  cyanosées,  un  peu  de 
fièvre  (38®),  Les  convulsions  se  répètent,  et  Fen faut  meurt,  quarante-huit 
heures  après  sa  naissance. 

A  Tautopsie,  on  trouve  la  pie-mère  congestionnée,  les  vaisseaux 
corticaux  entourés  de  pus;  exsudât  fibrino-purulent  abondant  à  la  base 
•du  lobe  frontal,  à  la  face  postérieure  du  cervelet,  à  la  face  interne  des 
hémisphères. 

L'exsudat  est  constitué,  au  microscope,  par  une  grande  quantité  de 
leucocytes,  dont  la  plupart  ont  un  noyau  polymorphe.  Dans  rintérieuret 
en  dehors  des  leucocytes  se  voient  une  grande  quantité  de  cocci  isolés  ou 
réunis  en  chaînettes,  ou  par  deux,  parfois  lancéolés,  en  grains  de  café, 
encapsulés,  etc. 

Quelle  a  été  Torigine  et  la  cause  de  cette  méningite  ?  En  général,  on 
incrimine  la  plaie  ombilicale  ;  mais  on  peut  penser  aussi  à  Faccouche- 
ment  qui  expose  le  fœtus  au  traumatisme,  à  Finfection  puerpérale.  La 
rupture  prématurée  de  la  poche  des  eaux  peut  conduire  à  Finfection 
fœtale  par  le  liquide  amniotique.  Enlîn  Fenfant  peut  être  infecté  par  voie 
sanguine  à  travere  le  placenta. 

• 

Contribuzioni  alla  clinica  degli  accidenti  rari  nella  tobercolosi  infan- 
tile, un  case  di  pnenmotorace  ed  un  case  di  emottisi  profnsa  e  rapida- 
mente  mortale  (Contribution  à  la  clinique  des  accidents  rares  de  la 
tuberculose  infantile,  un  cas  de  pneumothorax  et  un  cas  d'hémoptysie 
profuse  et  rapidement  mortelle),  parle  D'  Olimpio  Cozzolino  {La  Pediatria, 
déc.  1906). 

1.  Fille  de  deux  ans  et  quatre  mois,  entrée  à  Fhôpital  le  24  mars  et 
morte  le  12  mai.  Coqueluche  il  y  a  un  an.  Il  y  a  quelques  mois,  anorexie, 
pâleur,  maigreur,  puis  toux  sèche,  dyspnée.  Au  côté  gauche  du  thorax, 
diminution  des  vil)rations  vocales,  succussion  hippocratique.  souffle 
amphorique,  tintement  métallique.  Peu  de  lièvre,  cœur  déplacé,  portée 
droite,  l^ne  ponction  exploratrice  faite  à  la  base  donne  du  pus.  Aggrava- 
tion de  la  toux  et  de  la  dyspnée,  augmentation  du  liquide.  On  est  obligé 
de  faire  la  thoracentèse  (150  grammes  de  pus).  Mort.  X  Fautopsie,  rien 
au  cœur,  pneumothorax  à  gauche  avec  300  grammes  de  pus.  Le  lobe 
inférieur  du  poumon  gauche  est  transformé  en  une  sorte  de  sac  i-empli  de 
matière  caséeuse;  en  arrière,  une  petite  listule  fait  communiquer  ce  sac 
avec  la  cavité  pleurale.  Granulations  tuberculeuses  et  petites  cavernes 
dans  le  poumon  droit,  l'icères  tuberculeux  de  Fintestin.  Ganglions 
bronchiques  et  mésentériques  caséeux. 

2.  Fille  de  quatre  ans  et  demi,  reçue  à  la  clinique  de  Gènes  le 
23  novembre  1905,  morte  subitement  le  28.  A  dix-huit  mois,  engoi^çement 
des  ganglions  sous-maxillaires.  Il  y  a  deux  ans,  Fenfant  a  commencé  à 
tousser,  lièvre  vespérale,  diarrhée,  amaigrissement. 

Depuis  quelques  mois,  toux  plus  grasse  et  plus  intense,  dyspnée, 
adénopathies  cervicales  et  inguinales.  État  général  très  mauvais.  Légère 
matité  sous  la  clavicule  gauche,  avec  souffle  bronchique  et  râles  bullaires. 
Ventre  ballonné,  foie  gros,  rate  hypertrophiée.  Le  28,  accès  convulsifs 
avec  vomissement  ;  dans  la  nuit,  elle  est  prise  tout  à  coup  d'une 
violente  hémoptysie  par  la  bouche  et  par  le  nez.  Mort. 

L'autopsie,  faite  le  30  novembre,  montre  des  adhérences  pleurales,  des 
ganglions  caséeux,  une  infiltration  tuberculeuse  du  poumon  gauche  avec 
caverne  au  sommet  contenant  des  caillots  de  sang.  Lésions  tuberculeuses 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES 


;ui 


moins  avancées  dans  le  poumon  droit.  Sang  caillé  dans  restomac.  (licé- 
rations  tuberculeuses  de  Tintestin  avec  ganglions  mésentériques  caséeux. 

Astasia-abasia  tranmatica  in  nna  bambina  frenastenica  (Âstasie-abasie 
traumatique  chez  une  fille  vésanique),  par  le  û*^  Urbano  Alessi  {Gazz.  deglt 
osp.  e  délie  clin.,  23  déc.  1906). 

Fille  de  dix  ans  ;  père  de  quarante-six  ans  peu  intelligent,  mère  morte 
à  quarante-deux  ans  de  tuberculose  pulmonaire,  après  avoir  eu  onze 
enfants,  dont  huit  morts  en  bas  Âge. 

La  fillette  a  parlé  vers  trois  ou  quatre  ans  et  n'a  pu  se  servir  elle-même 
avant  sept  ou  huit  ans.  Pas  de  sentiments  affectifs,  excitation  sans  pren- 
dre intérêt  aux  jeux,  volubilité.  Indifférence  pour  son  entourage,  fugues 
hors  de  la  maison. 

En  février  4904,  on  l'envoie  à  Tlnstitut  d'éducation  pour  les  enfants 
an-iérés  à  Florence.  Étant  tombée  à  terre,  elle  ne  peut  se  tenir  sur  une 
jambe  et  se  met  à  présenter  de  la  paraplégie  spasmodique.  L'examen 
attentif  montre  qu1l  s'agit  d'astasie-abasie  hystérique  consécutive  au 
traumatisme  ;  la  guérison  rapide  confirma  ce  diagnostic. 

Abandonnée  à  elle-même,  elle  se  plie  sur  les  jambes  et  tombe.  Une  fois 
par  terre,  elle  peut  cheminer  en  s'aidant  des  mains.  Soulevée  sous  les 
bras  et  invitée  à  marcher,  elle  agite  ses  jambes  et  ne  progresse  pas. 
Rt'flexes  exagérés.  Dans  le  lit,  les  mouvements  des  membres  inférieurs 
sont  libres  et  coordonnés.  Massage  et  rééducation  des  mouvements  ont 
été  très  efficaces. 

Haltiple  pnenmococcic  epiphysitis  (Kpiphysite  pneumococciquc 
multiple),  par  les  D"  Voelcker  et  Handlëy  {Lancet,  24  nov.  4906). 

Enfant  de  trcize  mois  reçu  à  l'hôpital  le  l»""  août.  Parents  Fains.  Allai- 
tement naturel  jusqu'à  douze  mois.  Pneumonie  il  y  a  cinq  semaines.  Il  y 
adeu\  jours,  gonflement  et  immobilité  de  l'épaule  droite.  Fièvre  vive 
;40»)  ;  pouls  408,  respirations  60.  Râles  de  retour  et  signes  de  pneumonie 
ancienne  à  la  base  gauche.  L'épaule  droite  est  j^onflée,  chaude,  doulou- 
reuse, peu  mobile;  fluctuation  sous-deltoïdienne.  Ponction,  issue  de  pus 
inodore,  contenant  des  pneumocoques.  Incision  entre  le  deltoïde  et  les 
pectoraux.  Il  s  écoule  60  grammes  de  pus;  il  existe  une  cavité  entre  le 
deltoïde  et  la  face  externe  de  l'humérus,  s'étendant  au-devant  de  l'arti- 
culation, qui  est  respectée.  (iOntre-ouverture  en  ariière,  drainage. 
Apyrexie.  Reprise  do  la  fièvre  le  8  aoiU. 

Deux  injections  de  sérum  antipneumococcique  sont  faites  sans  succès. 

Un  petit  abcès  s'est  formé  au  niveau  d'une  articulation  cliondro-costale 
droite  :  incision  après  anesthésie  locale.  Abcès  semblable  au  niveau  d'une 
articulation  chondro-rostale  gauche  supérieure. 

Le  40,  gonflement  au-dessus  du  genou  gauche;  incision,  écoulement 
de  pus  au  niveau  de  la  ligne  épiphysaire  fémorale.  Articulation  du  genou 
indemne.  Lavage  et  drainage.  Le  21,  le  cou-de-pied  gauche  augmente  de 
volume,  et  la  fièvre  se  rallume.  Résolution  en  deux  joure,  malgré  la 
persistance  de  la  fièvre.  Le  23,  gonflement  du  genou  gauche  ;  arthrectomie, 
écoulement  do  sérositt*  trouble,  lavage  au  sublimé.  Apyrexie  le  28.  Le 
il  septembre,  on  enlève  les  drains. 

Enfant  très  émacié,  diarrhée  persistante.  Enfin  guérison. 

Ostéomyélite  de  romoplate,  par  le  D**   Rauére  {Journal  de  mcd,  de 
Bordeaux.  30  déc.  4906). 
Le  2»  juillet,  on  envoie  à  l'hôpital  un  gareon  de  neuf  ans,  avec  le 


312  ANALYSES 

diagnostic  d'ostéomyélite  de  Thumérus.  Il  s'était  plaint  le  19,  dans  la 
matinée,  de  douleurs  au  ni\eau  de  Tomoplate  gauche;  le  soir,  recrudes- 
cence des  douleurs,  lièvre,  agitation,  délire.  Tuméfaction  de  lepaul*', 
sensibilité  extrême  à  la  palpation  et  aux  mouvements.  Le  20,  on  pense 
au  rhumatisme  ;^  mais  bientôt  il  y  a  des  signes  de  suppuration,  et 
l'ostéomyélite  humérale  est  admise. 

Tuméfaction  diffuse  de  toute  l'épaule  gauche,  rougeur,  aspect  lisse  et 
phlegmoneux  de  la  peau.  Deux  collections  fluctuantes  sont- constat ée>  : 
fosse  sous-épineuse,  face  interne  de  la  partie  supérieure  du  bras.  État 
général  grave,  langue  sèche,  pouls  150,  température  40®,4. 

Double  incision  profonde  :  fosse  sous-épineuse,  partie  antéro-supéro- 
interne  du  bras  ;  il  s'écoule  beaucoup  de  pus,  on  draine.  On  ne  sent  pas 
d'os  dénudé.  Aucune  amélioration.  Mort  le  26  juillet,  moins  de  quarante- 
huit  heures  après  l'intervention,  au  huitième  jour  delà  maladie.  L*ense- 
mencement  du  pus  a  donné  le  streptocoque. 

A  l'autopsie,  l'humérus  et  la  clavicule  n'ont  présenté  rien  d'anormal. 
Le  bord  spinal  de  l'omoplate  était  rugueux,  dépoli;  le  cartilage  était 
sépai*é,  l'os  baignait  dans  le  pus.  Le  bord  interne,  au  lieu  d*ètre  moussas 
lisse,  cartilagineux,  est  irrégulier,  déchiqueté,  taillé  à  pic  :  ostéomyélite 
du  bord  spinal  de  l'omoplate.  Cette  localisation  est  très  rare. 

De  roligosidérémie  des  jeunes  enfants  et  de  ses  rapports  avec  la 
chlorose  des  jeunes  filles,  par  les  D">  Ë.  Rist  et  L.  Guillemot  [Soc.  méd, 
deshôp.,  9nov.  1906). 

Les  auteurs  ont  observé  une  forme  fréquente  d'anémie,  qu'ils  étudient 
avec  des  détails  nouveaux,  mais  qui  n'a  rien  d'inédit,  car  elle  dépend 
directement  de  Talimentation  et  pourrait  s'appeler  anémie  simple  des 
enfants  ou  anémie  des  enfants  dyspeptiques.  Voici  d'ailleurs  Tobservation 
qu'ils  rapportent  : 

Fillette  née  avant  terme,  le  3  avril  1903,  avec  forceps.  Alimentée 
d'abord  au  lait  stérilisé,  elle  eut  ensuite  trois  nourrices,  dont  la  dernière 
fut  gardée  sept  mois.  Alors  gastro-entérite,  lait  stérilisé  à  domicile  ;  à  un 
an,  potages  à  la  phosphatine  ou  à  une  farine  naturelle. 

Ce  régime  fut  poui'suivi  jusqu'à  d'eux  ans  et  quatre  mois,  la  santé  de 
l'enfant  restant  médiocre,  avec  des  crises  de  gastro-entérite,  etc.  Dès  l'âge 
d'un  an,  la  fillette  avait  présenté  un  teint  pÂle  jaunâtre. 

Le  20  août  1905,  elle  pèse  10  kilogrammes  ;  sa  face  est  un  peu  bouflie 
avec  une  couleur  jaune  verdâtre  comme  dans  la  chlorose.  Conjonctives, 
lèvres,  muqueuse  buccale  décolorées.  Constipation  opiniâtre,  appétit  bon. 
Apathie.  On  modifie  le  régime,  et  la  constipation  disparaît.  Mais,  le  13  sep- 
tembre, le  poids  n'a  pas  augmenté. 

On  pratique  un  examen  du  sang  qui  donne  :  hémoglobine,  40  p.  100  ; 
hématies,  4  250  000;  leucocytes,  6000.  11  y  avait  donc,  pour  un  chiffre 
d'hématies  presque  normal  (nous  dirions  faible),  une  diminution  con* 
sidérable  de  la  valeur  globulaire,  une  oligosidérémie  intense  que  Ton  a 
coutume  de  rencontrer  dans  la  chlorose. 

On  donne  alors  0»',20  le  protoxalate  de  fer  par  jour  ;  le  27  septembre, 
amélioration  très  notable.  L'examen  du  sang  donne  56  p.  100  d'hémo- 
globine, 4  270  000  hématies,  7  200  leucocytes.  On  donne  08',30  de  protoxalate 
de  fer. 

Un  mois  plus  tard,  l'hémoglobine  monte  à  73  p.  tOO,  les  hématies 
à  4  530  000.  Guérison. 

Dans  le  cas  de  Halle  et  Jolly,  intitulé  chlorose  du  jeune  âge  (Arch.  de 
méd,  des  enfants,  nov.  1903),  il  s'agissait  aussi  d'un  enfant  de  deux  ans  et 


PUBLICATIONS    PÉKIODIQUES  313 

demi  atteint  de  troubles  digestifs,  très  anémique,  avec  4  690000  hématies 
et  une  valeur  globulaire  très  abaissée, 

Pétrone  (  La  Pcdiatria,  mai  1905),  rapporte  quatre  cas  analogues  sous  le 
terme  à'anéniic  infantile  à  type  chlorotique. 

Mais  d'autres  auteurs,  que  MM.  Hist  et  Guillemot  ne  citent  pas,  avaient 
observé  bien  avant  eux  ce  type  d'anémie. 

M.  Marfan  dit  qu'il  connaît  ces  faits  depuis  longtemps,  quMl  a  constaté 
aussi  les  bons  effets  delà  médication  ferrugineuse. 

Quant  à  Texamen  du  sang,  il  donne  des  résultats  variables.  Outre  la 
diminution  de  la  valeur  globulaire,  on  trouve  très  souvent  aussi  une 
diminution  du  chiffre  des  globules  rouges  (formule  hématologique  s'éloi- 
gnant  de  celle  de  la  chlorose). 

M.  Comby  a  vu  de  nombreux  cas  semblables  aux  précédents  décrits  dans 
son  mémoire  sur  V anémie  des  noniTinsons  dyspeptiques  [Arch.  de  mèd, 
des  enfants,  1900,  page  311).  Dans  les  examens  du  sang  qui  ont  été  faits, 
il  y  avait  une  diminution  notable  des  globules  rouges. 

Les  enfants  étaient  pâles,  jaunes,  avaient  le  faciès  chlorotique,  présen- 
taient des  souffles  au  cou  (bruit  de  diable)  et  parfois  à  la  base  du  cœur.  En 
diminuant  la  ration  de  lait  et  en  prescrivant  le  protoxalate  de  fer,  on  a 
obtenu  la  guérison. 

M.  Rist  objecte  que  ce  qui  distingue  Toligosidérémie  de  Tanémie  des 
nourrissons  dyspeptiques,  c'est  l'hypoglobulie  de  cette  dernière,  la  pre- 
mière étant  caractérisée  par  une  teneur  normale  en  globules  rouges.  Or 
ce  n'est  pas  les  rares  examens  de  sang  faits  à  propos  de  l'oligosidérémie 
qui  peuvent  permettre  de  trancher  ainsi  la  question.  En  répétant  ces 
examens,  on  verra,  chez  ces  enfants  à  aspect  chlorotique,  que  beaucoup 
ont  de  l'hypoglobulie  notable  comme  Font  vu  M.  Comby,  M.  Marfan,  etc. 
Quant  à  l'action  favorable  du  fer  dans  toutes  ces  anémies  de  l'enfance, 
elle  est  depuis  longtemps  établie. 

Les  anémies  infantiles,  par  le  D'  L.-G.  Sinon  [Congrès  de  Pédiatrie  tenu 
à  Alger,  avril  1907). 

L'auteur  étudie  quatre  types  :  anémie  simple,  anémie  à  type  chlorotique, 
anémie  pernicieuse,  anémie  splénique. 

I.  Anémie  simple.  —  Pâleur  de  la  peau,  décoloration  des  muqueuses,  dé- 
nutrition, langueur,  souffles  vasculaires,  troubles  digestifs.  Foie,  rate, 
ganglions  indemnes.  Hypoglobulie  2  000  000  parfois,  diminution  de  l'hé- 
moglobine jusqu'à  25  p.  100.  On  observe  cette  anémie  à  la  suite  des  hé- 
morragies, des  maladies  infectieuses,  des  troubles  digestifs,  du  rachitisme, 
des  néoplasmes,  etc. 

II.  Anémie  à  type  chlorotique.  —  Cette  variété  se  distinguerait  par  l'abais- 
sement de  la  valeur  globulaire  sans  hypoglobulie  notable.  L'enfant  a 
Taspectdes  chlorotiqnes  ;  souffles  vasculaires  très  prononcés  ;  bons  effets 
de  la  médication  ferrugineuse.  On  trouve  souvent  comme  causes  les 
troubles  digestifs,  le  régime  lacté  trop  prolongé,  tous  les  régimes  pauvres 
en  fer. 

lU.  Anémie  pernicieuse.  — Cette  forme  est  la  même  chez  l'enfant  et  chez 
l'adulte  ;  le  nombre  des  globules  rouges  peut  descendre  au-dessous  de 
1  000  000.  Fièvre,  marche  rapide. 

La  présence  d'hématies  nucléées,  de  myélocytes,  indique  qu'il  existe 
une  réaction  myéloïde,  que  la  moelle  essaie  de  réparer  l'anémie  {f arme  plas- 
tique). Parfois  la  réaction  médullaire  semble  être  nulle  ;  le  nombre  des 
leucocytes  est  normal  ou  diminué,  il  n'y  a  ni  hématies  nucléées,  ni  myé- 
locytes (farme  aplastique).  On  trouve,  àl'autopsie,  une  infiltration  pigmen- 


^14  ANALYSES 

taire  du  foie  qui  dénote  Tintensité  de  rhémolyse,  sans  parler  des  lésions 
•de  la  moelle  el  de  la  rate. 

Les  causes  de  cette  forme  sont  :  vers  intestinaux,  tumeurs  malignes, 
paludisme,  syphilis. 

IV.  Anémie  avvc  spirnotnégaliey  anémie  spléniqiie.  —  Plusieurs  formes 
peuvent  rentrer  dans  cette  catégorie.  Il  y  a  des  cas  U*gers  (hypoglobulie. 
diminution  deriiémogiobine  et  de  la  valeur  globulaire),  des  cas  moyens 
avec  leucocytose  modérée  et  quelques  hématies  nucléées,  des  cas  graves 
qui  se  confondent  avecTanémie  infantile  pseudo-leucémique.  Les  causes, 
dans  les  cas  légers,  se  rapportent  à  la  gastro-entérite,  à  la  tuberculose, 
■au  rachitisme,  à  la  syphilis.  Dans  quelques  cas,  le  traitement  mercuriel 
a  semblé  démontrer  par  son  efficacité  l'origine  syphilitique  de  Tanémie 
spléni(|ue.  Dans  d'autres  cas,  c'est  la  moelle  osseuse  fraîche  de  veau  qui 
-a,  donné  les  meilleurs  résultats. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

L*anémio  à  type  chlorotiqne  de  la  première  enfance,  par  le 
D""  Et.  Leeniiardt  [Thèse  de  Paris,  6  déc.  1906,  158  pages}. 

Cette  thèse  intéressante,  qui  contient  seize  observations,  cherche  à 
établir  qu'il  existe,  dans  la  première  enfance,  une  forme  d'anémie  à  type 
chlorotique  :  pâleur  des  téguments,  teinte  jaunâtre  delà  face,  muqueuses 
décolorées,  troubles  digestifs,  constipation,  souffles  cardio-vasculaires; 
rien  au  foie  ni  à  la  rate.  Diminution  du  taux  de  Thémoglobine,  les  ^'lo- 
bules  rouges  et  blancs  étant  en  quantité  normale.  Valeur  globulaire  trt^s 
diminuée.  Cependant,  dans  quelques-unes  des  observations  rapportées, 
le  chiffre  des  hématies  tombe  au-dessous  de  4000  000  et  descend  jusqu  a 
^500000.  H  y  a  donc  hypoglobulie  dans  quelques  cas,  diminution  de  la 
quantité  des  globules  rouges  et  non  pas  seulement  de  leur  qualité. 

Les  recherches  de  Bunge  sur  Tanimal  nouveau-né  et  d'Hugounenq 
<!hez  le  fœtus  humain,  nous  montrent  que  le  nouveau-né  apporte  en  naissant 
la  réserve  de  fer  destinée  à  assurer  son  développement,  car  le  lait  de  sa 
mère  ne  lui  en  fournit  pas  assez.  Cette  réserve  de  fer  s'épuise  peu  à  peu. 
<»t  l'anémie  apparaît  si  l'alimentation  ne  vient  pas  la  remplacer.  L'a- 
némie à  type  chlorotique  est  liée  à  une  insuffisance  de  cette  réserve  de 
fer,  congénitale  ou  acquise.  Mais  on  peut  admettre  aussi  que  l'anémie 
«st  due  à  ce  querelle  réserve  ayant  été  prématurément  épuisée,  une  ali- 
mentation appropriée  n'esl  pas  venue  la  remplacer. 

L'insuffisance  ferrugineuse  sera  congénitale  dans  les  cas  d'anémie  de 
la  /nère,  de  naissance  avant  terme,  de  grossesse  gémellaire.  Elle  sera 
acquise  par  les  hémorragies  ombilicales  ou  gasti'o-intestinales,  par  les 
troubles  digestifs,  les  maladies  infectieuses,  par  l'excès  du  régime 
lacté,  etc. 

Le  traitement,  très  efficace  en  général,  consiste  dans  le  changement  de 
régime  alimentaire  et  l'administration  du  fer.  Le  protoxalate  de  fer,  em- 
ployé depuis  longtemps  par  beaucoup  de  médecins,  a  donné  d'excel- 
lents résultats. 

Spasme  idiopathiqne  de  la  glotte  d'origine  gastro-intestinale  ches  les 
nourrissons,  par  le  D^  M'*''  Lydia  Mayer  (Thèse  de  Paris,  juillet  i90r>, 
76  pages^. 

Celle  thèse,  inspirée  par  M.  Comby,  contient  lo  observations.  Pour 
oxpliquer  le  spasme  de  la  glotte,  on  a  invoqué  la  compression  par  U' 


THÈSES   ET   BROCHURES  315 

thymus,  par  les  ganglions  r.ervicaux  et  par  les  tumeurs;  on  a  incriminé 
la  dentition  et  le  rachitisme.  Le  rachitisme  et  le  spasme  de  la  glotte  sont 
assez  souvent  associés  en  clinique,  mais  il  n'y  a  pas  entre  eux  relation  de 
cause  à  effet. 

Les  convulsions  générales  (éclampsie)  ou  locales  sont  assez  fréquentes 
chez  les  rachitiques  nerveux;  elles  ne  s'expliquent  pas  par  le  rachitisme 
lui-même,  par  ses  lésions  osseuses,  même  quand  elles  atteignent  le 
crâne  (cran io tabès)  ;  car  elles  se  rencontrent  aussi  chez  des  enfants  non 
rachitiques,  non  craniomalaciques.  Beaucoup  d'enfants  rachitiques 
d'ailleurs  ou  craniotabé tiques  n'ont  jamais  eu  de  convulsions. 

C'est  dans  les  troubles  digestifs  qui  ont  précédé  et  accompagnent  le 
rachitisme  (|u'il  faut  chercher  la  cause  des  convulsions  infantiles.  Ces  der- 
nwres  relèvent  d'une  auto-intoxication  qui  a  son  siège  dans  le  tube  digestif. 

La  même  étiologie  est  applicable  aux  convulsions,  au  spasme  de  la  glotle, 
à  la  tétanie;  outre  l'hérédité  neuro-i>athologique  (hystérie,  épilepsie,  folie, 
alcoolisme),  il  faut  incriminer  Talimentation  vicieuse  et  la  dyspepsie. 

Les  convulsions  ne  sont  pas  une  manifestation  purement  nerveuse-, 
réflexe  ou  inflammatoire,  mais  un  effet  toxique  comparable  au  syndrome 
urémique. 

Contribution  à  l'étude  des  formes  graves  de  la  chorée  de  Sydenham, 
par  le  D""  Dyvrande  {Thèse  de  Paris,  juillet  iOOo,  98  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  D""  Comby,  contient  35  observa- 
lions.  Dans  un  premier  chapitre,  l'auteur  étudie  la  chorée  grave  par 
lïntensitéde  ses  propres  symptômes,  l'état  de  mal  choréique  ;  dans  une 
seconde  partie,  il  s'occupe  de  la  chorée  avec  troubles  paralytiques 
(chorée  molle)  ;  dans  la  troisième,  il  décrit  la  chorée  avec  complications 
psychiques  ;  dans  la  quatrième,  sont  exposées  le«?  chorées  avec  compli- 
cations cardiaques.  Dans  un  cinquième  chapitre  enfin  sontréunisles  faits 
de  chorée  simple,  d'intensité  moyenne,  sans  complications,  terminée  par 
la  mort  subite. 

En  somme,  tous  les  éléments  de  gravité  sont  envisagés  tour  à  tour.  A 
l'appui  de  ses  conclusions,  M.  Dyvrande  rapporte  plusieurs  observations 
inédites  recueillies  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades. 

Son  travail,  très  documenté,  est  utile  à  consuUer. 

L'action  anti-émétique  et  enpeptiqne  da  citrate  de  sonde  dans  l'intolé- 
rance gastrique  des  nourrissons,  par  M"**  R.  Aibinder  {Thèse  de  Paris, 
19  juillet  1905,  78  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Variot,  contient  24  observations. 
Elle  tend  à  montrer  qu'une  solution  de  citrate  de  soude  (5  grammes 
p.  300)  donnée  avant  la  tétée  par  cuillerée  à  café  ou  à  soupe,  suivant 
les  cas,  empêche  les  vomissements  des  enfants  au  sein. 

L'action  anti-émélique  se  fait  aussi  sentir  chez  les  enfanls  au  biberon. 
Le  citrate  de  soude  aiderait  à  la  digestion  îles  différents  laits,  tout  en 
comhattant  l'intolérance  gastrique.  Son  emploi  est  inoffensir.  Dans  les 
cas  de  gastro-entérite,  sa  valeur  est  moindre. 

WQslsMatif,  diminuant  l'instabilité  gastricjue  si  fréquente  des  nour- 
rissons. 

11  diminue  la  coagulabilité  du  lait,  non  pas  en  précipitant  les  sels  de 
chaux,  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  le  coagulum,  mais  en  dissolvant  une 
partie  plus  ou  moins  considérable  de  ces  sels,  ([ui  favorisent  j)ar  leur 
présence  la  caséification. 

Lecoagulum  formé  serait  ainsi  d'une  diiiestion  plus  facile. 


31G  ANALYSES 

Adénomes  diverticulaires  de  l'ombilic,  par  le  D'  L.  Billac  {Thè$e  de 
Paris,  29  novembre  1905,  G2  pages). 

Cette  thèse,  basée  sur  14  observations,  montre  que  le  diverlicule 
de  Meckel,  qui  se  trouve  deux  fols  sur  cent  cadavres,  peut  être  rorijdne 
de  nombreux  accidents  :  hernies  diverticulaires,  fistules  ombilicales, 
diverticuliles  avec  ou  sans  péritonite,  occlusions  intestinales,  adénomes. 
L'adénome  de  Tombilic  se  forme  toujours  aux  dépens  du  diverticule  de 
Meckel.  Celui-ci,  faisant  partie  anormalement  du  cordon  ombilical,  subit 
la  même  destinée  que  lui.  Sa  surface  extérieure,  séreuse,  se  soude  à  la 
paroi  abdominale,  tiandis  que  sa  muqueuse,  qui  adhère  par  ses  bords  aux 
parties  voisines,  reste  indépendante  par  sa  face  interne.  Le  rétrécisse- 
ment progressif  de  la  cavité  de  Tinfundibulum  détermine  un  froncement 
de  la  muqueuse  qui  ne  peut  fusionner  avec  la  cicatrice  ombilicale  et  se 
trouve  exposée  à  une  procidence  générale  ou  partielle  (ectropion  total  ou 
partiel).  On  peut  diviser  les  adénomes  en  quatre  classes  : 

i^  Ectropion  total  de  la  muqueuse  diverticulaire,  avec  persistance  du 
revêtement  muqueux  diverticulaire  interne  et  communication  avec  la 
cavité  intestinale; 

2®  Ectropion  total  de  la  muqueuse,  mais  disparition  de  la  lumière  diver- 
ticulaire. Présence  de  culs-de-sac  glandulaires  centraux  ; 

3°  Ectropion  total  de  la  muqueuse,  avec  oblitération  de  la  lumière  di- 
verticulaire, mais  absence  d'éléments  glandulaires  au  centre  de  la 
tumeur  ; 

4°  Ectropion  partiel  de  la  muqueuse,  pas  de  culs-de-sac  glandulaires 
centraux.  Insertion  latérale  de  la  tumeur. 

Diagnostic  facile  ;  c'est  une  tumeur  congénitale,  se  montrant  après  la 
chute  du  cordon,  progressant  lentement,  ne  dépassant  pas  le  volumed'une 
cerise,  irréductible,  de  couleur  rouge  foncé,  à  surface  lisse,  de  consistance 
élastique.  Ecoulement  visqueux  ne  tachant  pas  le  linge  comme  du  pus 
(ce  que  fait  le  granulome).  L'examen  histologique  complétera  le  dia- 
gnostic. 

La  tumeur  est  de  nature  bénigne,  mais  elle  expose  à  des  accidents.  11 
faut  Tenlever  en  sectionnant  le  diverticule  de  Meckel  très  près  de  sa  base. 
On  ferme  le  moignon  par  un  double  surjet,  et  on  suture  la  paroi  abdomi- 
nale comme  pour  une  cure  radicale  de  hernie  ombilicale. 

Étude  critiqne  et  expérimentale  sur  la  cryoscopie  du  lait,  par  le 
D'  A.  ViLixjEAN  {Thèse  de  PariSj  16  novembre  1905,  116  pages). 

Cette  thèse,  très  scientifique,  très  documentée,  ornée  de  ligures  dans 
le  texte,  offre  un  grand  intérêt.  L'abaissement  du  point  de  congélation 
du  lait  ne  peut  être  rigoureusement  fixé.  Ce  liquide  est  trop  complexe 
pour  se  prêter  aux  exigences  étroites  d'une  loi  physique.  Le  A  du 
lait  naturel,  pur  et  intégral,  varie  entre  0,51  et  0,57.  Mais  cela  n'empêche 
pas  que,  pour  une  espèce  donnée,  on  ne  puisse  admettre  la  constance 
relative  du  point  de  congélation .  Le  beurre  et  la  caséine  n'ont  pas  d'in- 
fluence; le  A  n'est  conditionné  que  par  le  taux  des  sels  et  du  lactose. 

11  est  facile  de  falsifier  le  lait,  en  maintenant  son  point  cryoscopique 
dans  les  limites  d'oscillation  adoptée,  soit  en  effectuant  des  mouillages 
isotoniques,  soit  en  combinant  le  mouillage  avec  remploi  de  conserva- 
teurs hypertoniques.  La  cryoscopie  ne  donne  aucun  renseignement  sur 
l'écrémage,  c'est-à-dire  sur  la  diminution  de  la  valeur  nutritive  du  lait. 

Donc  la  cryoscopie  n'est  d'aucun  secours  dans  l'étude  des  falsifications 
du  lait;  elle  ne  peut  caractéHser la  fraude,  puisqu'elle  ne  renseigne  ni  sur 
l'écrémage,  ni  sur  le  mouillage,  ni  sur  l'addition  de  substances  consena- 


LIVRES  317 

trices.  C'est  un  moyen  d'expertise  illusoire.  L'indice  cryoscopique  ne 
donne  qu'un  renseignement  complémentaire  ajouté  aux  recherches 
physiques  et  chimiques  sur  la  densité,  la  teneur  en  beurre,  les 
cendivs,  etc.  En  aucun  cas  il  ne  peut  les  suppléer. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science,  l'analyse  chimique  du  lait  peut  seule 
metti-e  en  évidence  les  altérations  et  falsifications.  Elle  doit  être  complé- 
tée par lexamen  bactériologique. 


LIVRES 

Clinique  médicale  de  rHôtel-Dien  de  Paris,  par  le  D'  G.  Dieulakoy 
vol.  de  318  pages,  Paris,  1907,  Masson  et    G''",   éditeurs.  Prix  :  10  fr.). 

Les  leçons  contenues  dans  ce  volume  ont  été  professées  en  1905-1906. 
Elles  continuent  la  brillante  série  du  célèbre  médecin  de  THôtel- 
Dieu. 

A  signaler  les  leçons  sur  la  syphilis  nécrosante  et  perforante  de  la 
voûte  du  crâne  avec  plusieurs  planches,  la  cécité  hystérique,  l'appendicite 
associée  à  la  cholécystite,  l'ulcère  perforant  du  duodénum,  Thémothorax 
traumatique,  la  phlébite  syphilitique,  etc. 

Parmi  les  leçons  qui  ont  soulevé  le  plus  d'émotion,  il  faut  citer  celles 
qui  sont  consacrées  aux  fausses  appendicites. 

M.  Dieulafoy  pense  que  bon  nombre  de  malades  simplement  atteints  de 
typhlo-colite  glaireuse,  membraneuse  ou  sableuse,  sont  indûment  opérés 
d'appendicite.  11  est  à  craindre  que  cette  affirmation,  basée  d'ailleurs  sur 
une  argumentation  des  plus  brillantes,  ne  détourne  le  public  et  les  méde- 
cins de  la  voie  droite  en  matière  d'appendicite.  Par  peur  d'opérer  une 
fausse  appendicite,  on  méconnaîtra  l'appendicite  chronique,  et  l'on  ne 
fera  rien  pour  éviter  cette  alTreuse  tragédie  de  l'opération  à  chaud. 

Certes,  nous  devons  perfectionner  notre  diagnostic  et  ne  pas  encourager 
ou  parfaire  d  opération  inutile  ;  mais  il  vaut  mieux  enlever  un  appendice 
sain  que  de  laisser  sans  ti*aitement  des  dizaines  et  des  centaines  d'appen- 
dices chroniquement  enflammés,  qui  sont  une  menace  permanente  pour 
la  vie  du  malade.  Plus  on  fera  d  opérations  à  froid,  moins  on  aura  à 
faire  d'opérations  à  chaud,  et  plus  on  aura  réduit  la  mortalité  de  l'ap- 
pendicite. 

Les  ions  et  les  médications  ioniques,  [mr  le  D**  St.  Leduc  ;  vol.  de 
40  j)ages  de  VŒuire  médico-chirurgical  du  D""  Gair/MAN,  Paris,  1907, 
Masson  et  C'«-,  éditeui*s.  Prix  :  1  fr.  25;. 

Dans  cette  monographie,  l'ingénieux  professeur  de  l'école  de  Nantes 
s'efTorce  de  vulgariser  des  idées  qui  lui  sontpereonnelles  et  dont  l'avenir 
est  sans  doute  très  important.  Tout  d'abord,  il  étudie  la  pression  osmo- 
tique,  puis  les  ions.  Faraday  a  donné  le  nom  à'ions  (voyageure)  aux  parties 
constituantes  des  électroly  tes  (solutions  conductrices  du  courant  électrique) 
qui  se  dégagent  aux  électrodes  sous  l'influence  de  ce  courant  :  il  a  appelé 
anxons  ceux  qui  se  dégagent  autour  de  l'anode  (pôle  positif)  et  calltions  ceux 
qui  se  dégagent  autour  de  la  cathode  (pôle  négatif).  Après  un  exposé 
théorique  un  peu  ardu,  l'auteur  étudie  les  applications  thérapeutiques 
qu'il  est  permis  d'entrevoir.  Son  chapitre  de  l'électrolyse  des  tissus 
vivants  est  très  suggestif.  A  signaler  le  traitement  électroly  tique  des 
arthrites  fongueuses  et  ankyloses  des  membres.  Gela  intéresse  le  méde- 
cin d'enfants. 


318  ANALYSES 

Le  traitement  non  sanglant  de  la  luxation  congénitale  de  la  hanche, 

parleD^J.  Gourdon  (vol.  de  100  pages,  Paris,  1906,0.  J)oin,  éditeur. 
Prix:3fr.  50). 

Dans  cet  ouvrage,  orné  de  50  photographies  originales,  enrichi  d'une 
préface  de  Lorenz,  il  est  question  de  la  méthode  orthopédique  de  cet 
auteur  et  des  résultats  qu'elle  donne.  Le  û'  Gourdon,  qui  Ta  écrit,  esl 
directeur  du  service  de  massage  et  de  gymnastique  médicale  à  Thôpital 
des  Enfants  de  Bordeaux. 

Dans  sa  préface,  fort  instructive,  Lorenz  raconte  Taccueil  qui  lui  fut 
fait  à  Paris,  il  y  a  dix  ans,  et  les  difficultés  qu'il  rencontra  pour  faire 
accepter  sa  méthode.  11  rend  hommage  à  Redard  et  à  firun,  qui  compri- 
rent bien  la  valeur  des  manœuvres  qu'il  était  venu  leur  enseigner.  Aujour- 
d'hui, la  cause  est  entendue  et  la  méthode  non  sanglante  a  triomphé.  La 
monographie  de  M.  Gourdon  rendra  service  aux  praticiens  qui  veulent 
être  bien  lixés  sur  le  traitement  de  la  luxation  congénitale  de  la  hanche. 

Les  œuvres  de  l'enfance,  par  MM.  TaiaouLET  et  Delobel  (vol.  de 
160 pages,  Paris,  1906,  0.  Doin,  éditeur.  Prix:  2  francs). 

Dans  ce  petit  volume,  élégamment  cartonné,  un  médecin  et  un  insti- 
tuteur se  sont  associés  pour  nous  donner  le  bilan  des  œuvres  existantes 
ayant  pour  but  la  sauvegarde  de  l'enfance.  Dans  une  première  partie, 
sont  recensées  les  œuvres  maternelles  oflicielles  et  privées,  les  œuvres 
qui  encouragent  et  favorisent  l'allaitement,  les  crèches,  etc.  Dans  la 
seconde  partie,  sont  étudiées  les  œuvres  qui  s'occupent  de  l'enfant 
malade  ou  débile  :  dispensaires,  hôpitaux  privés,  œuvres  antitubercu- 
leuses; hôpitaux  marins,  sanatoriums,  colonies  de  vacances,  enfants 
anormaux,  etc.  Dans  une  troisième  partie,  prend  place  lassistance 
morale  et  matérielle  de  Tenfant  :  orphelinats,  sociétés  de  protection  et 
préservation,  apprentissage,  hôpitaux  d'enfants,  etc. 

On  trouve,  dans  l'ouvrage  de  MM.  Triboulet  et  Delobel,  un  grand 
nombre  de  renseignements  très  précieux  pour  les  philanthropes. 

Premiers  mémoires  de  Ségnin  snr  l'idiotie,  par  Bourneville  (vol.  de 
182  pages,  Paris,  F.  Âlcan,  éditeur.  Prix  :  3  francs). 

Dans  ce  livre,  qui  a  été  imprimé  parles  enfants  deBicètre,  se  trouvent 
les  mémoires  de  Séguin  antérieurs  à  son  Traité.  D'abord,  i^umé  et 
conclusion.  Puis  les  mémoires  suivants  :  Conseils  à  M.  0...  sur  l'éducation 
de  son  lils  ;  Théorie  et  pratique  de  l'éducation  des  enfants  aniérê> 
et  idiots  ;  Hygiène  et  éducation  des  idiots.  Ces  mémoires,  qui  ont  été 
écrits  il  y  a  plus  de  soixante  ans  (1838-1843),  peuvent  être  encore  de^ 
guides  précieux  pour  les  médecins  et  instituteurs  de  l'enfance  anormale. 

Traitement  moral,  hygiène  et  éducation  des  idiots  et  des  antres 
enfants  arriérés,  etc.,  |>ar  Edouard  Séguin  (vol.  de  532  pages,  Paris. 
1906,  F.  Alcan,  éditeur.  Prix:  10 francs). 

Dans  ce  volume,  illustré  d'un  portrait  de  l'auteur  et  enrichi  dune 
préface  par  le  D"  Uourne ville,  est  exposée  la  méthode  si  pratique 
et  si  fructueuse  de  Séguin  pour  l'éducation  des  idiots.  Dans  une  première 
partie,  l'auteur  défînit  l'idiotie,  ses  différents  degrés  et  formes,  ses  sym- 
ptû^nes,  ses  causes,  son  diagnostic,  etc.  La  deuxième  partie  est  con- 
sacrée à  l'hygiène  des  idiots,  la  troisième  à  leur  éducation  (méthode*, 
la  quatrième  à  leur  éducation  (pratique)^  la  cinquième  au  traitement 
moral. 

Ce  livre,  comme  le  précédent,  a  été  imprimé  parles  enfants  de  Bicêtre. 


^^ê 


SOCIÉTÉ   DE   PÉDIATUIE  310 

Quoique  Séguia  ait  été  un  initiateur,  un  novateur  dans  le  domaine  le 
plus  ingrat  qui  se  puisse  imaginer,  il  a  conscience  de  l'imperfection  de 
son  œuvre,  et  il  dit  modestement  :  <<  Je  ne  donne  point  mon  livre^ 
comme  un  chef-d'œuvre,  au  contraire  ;  je  ne  TolTre  que  comme  le  com- 
mencement de  quelque  chose.  » 

SOCIÉTÉ   DE  PÉDIATRIE. 
Séance  du  4  6  avril  4  907,  —  Présidence  de  iM.  Netter. 

M.  CoMBY  présente  un  cas  de  mcningite  cérébro-spinale  guéri  rapidement 
api*ès  trois   ponctions  lombaires.    Il   s'agit   d'un   garçon    ne  sept    ans- 
pris  brusquement  de   mal  de  tête,   de    vomissements  et   constipation. 
Raideur  de  la  nuque,  opisthotonos.  On  fait  une  première  ponction,  qui  don  ne- 
ts centimètres  cubes  de  liquide  laiteux  contenant  des  polynucléaires  et 
des  méningocoques.  Deux  jours  après,   nouvelle  ponction  qui    ramène- 
25  à  30  centimètres  cubes  de  liquide  louche  contenant  les  mêmes  élé- 
ments. Trois  jours  après,  troisième  ponction  qui  donne  10  centimètres  cubes 
de  liquide  clair.  L'enfant  n'a  plus  de  fièvre,  il  est  assis  sur  son   lit,  sans 
aucun  symptôme  de  méningite.  Il  est  déiinitivement  guéri.  Gomme  trai- 
tement, en  dehors  de&  ponctions  lombaires,  le  malade  n'a  pris  que   des- 
bains à  2S°, 

MM.Arman'd-Dëulle  etOERTHAUxont  vu,  chez  un  enfant  de  dix-huit  mois, 
nne méningite  mixteàbacilledeKochHt  ànu'ningocoque  de  Wcic/ist76a»'//.  Dia- 
gnostic difficile,  liquide  clair  à  la  ponction  lombaire  avec  polynucléaires 
et  lymphocytes.  Mort  rapide  dans  le  coma  après  une  période  d'agitation. 
A  la  coupe  des  méninges,  on  distingue  nettement  les  ])acilles  de  Koch  et 
les  méningocoques. 

M.  Ausset  a  vu  une  iille  de  neuf  ans  présenter,  au  cours  d'un  rhumatisme 
articulaire  aigu,  un  gonflement  chaud  et  douloureux  au-devant  du  cou 
(Thyroïdite  rhumatismale). 

L'enfant  avait  eu,  trois  mois  auparavant,  un  gonflement  de  la  thyroïde, 
sans  arthropathies,  que  M.  Ausset  considère  rétrospectivement  comme- 
une  manifestation  rhumatismale. 

M.  J.  Lemaire  a  vu  un  garçon  de  six  ans  et  demi,  cachectique,  tubercu- 
leux, présenter  une  gangrène  rapide  du  nez  suivie  de  mort,  (^et  enfant 
était  malpropre  et  se  mettait  souvent  les  doigts  dans  le  nez.  Ce  cas  est 
comparable  au  noma. 

M.  Rivet  présente  une  fillede  dix  ans,  du  service  de  M.  Hutinel,  quia  eu 
mfi&ï  une  gangrène  du  nez  à  la  suite  d'asphyxie  locale  des  extrémités; 
celle  enfantétait  épuisée  par  la  scarlatine,  la  rougeole,  la  varicelle  qu'elle 
venait  d'avoir.  La  perte  de  substance  du  nez  est  considérable  et  rappelle 
les  lésions  du  lupus. 

M.  J.  Renault  fait  une  communication  sui'le  détuhage  des  tubes  de  Froin 
par  propulsion.  Ces  tubes  sont  longs  et  terminés  par  une  anse  qui  empêche 
de  les  détuber  par  énucléation.  Dans  un  premier  temps,  l'enfant  estassis 
sur  le  bord  du  lit,  les  deux  bras  le  long  du  corps;  deuxième  temps,  on 
renverse  la  tète  en  arrière  et  on  place  le  pouce  entre  la  fourchette  sternale 
elle  tube;  troisième  temps,  on  fait  basculer  l'enfant  d'arrière  en  avant. 

M.  CoMBT,  chez  un  enfantde  cinq  ans  tube  par  M.  Brissy,  a  essayé  en  vain 
avec  cet  interne  le  détubage  par  le  procédé  de  Bayeux  et  par  celui  de 
Marfan;  il  a  fallu  employer  Textracteur.  11  s'agissait  d'un  tube  court  de 
gros  calibre. 

M.  GiiSEZ  a  pu,  grâce  à  l'œsophagoscope,  opérer  et  guérir  un  rétrécisse- 


320  NOUVELLES 

ment  cicatriciel  de  l'œsophage,  qui  Sivall  déjà  suhi  de  nombreux  cathélé- 
rismes,  avec  gaslrostomie,  etc.  Il  s'agissait  d'un  gar(;on  de  six  ans  et  demi 
qui  avait  avalé  de  la  potasse  caustique. 

NOUVELLES 

Société  de  Pédiatrie  allemande.  —  La  section  des  maladies  d'Enfants 
de  la  79*'  réunion  des  médecins  et  naturalistes  allemands  se  réunira 
à  Dresde,  du  15  au  21  septembre  1907.  Pour  les  communications  et 
adhésions,  s'adresser  au  D^  R.  Fl\ciis,  à  Dresde,  6,  Sidonienstrassc. 

Cliniqae des  maladies  des  Enfants.  —  MM.  les  D*'''  ÂRMANiwDELn.LE  et 
Oabonneix,  chefs  de  clinique  à  Thôpital  des  Enfants- Malades,  font,  du 
22avrilau31  mai  1907,  une  série  de  20  conférences  théoriques  et  pratiques 
sur  les  maladies  du  tube  digestif,  du  péritoine  et  du  sang.  Le  nombre  des 
auditeurs  est  limité  à  quinze.  Droit  à  verser  100  francs.  Les  conférences 
ont  lieu  les  lundis,  mercredis,  vendredis,  à  cinq  heures,  à  riiOpital  des 
Enfants.  A  la  même  époque,  MM.  Grisel  et  Auffret  font  un  coui's  payant 
de  Chiniraic  infantile  et  orthoprdique. 

Nécrologie.  -  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  du  D""  Emile 
.Mavchamp,  assassiné  à  Marrakech  (Maroc),  où  il  se  projiosait  de  fonder 
un  dispensaire  d'enfants  avec  goutte  de  lait  et  consultation  de  nourris- 
sons. Ce  malheureux  confrère  s'intéressait  beaucoup  à  la  pédiatrie,  et  il 
avait  publié  une  thèse  très  intéressante  et  très  document*»e  sur  Valiaite- 
ment  artificiel  (les  nourrissons  par  le  lait  stérilise  (Pavis,  29  décembre  1898, 
611  pages).  On  trouvera  l'analyse  de  ce  travail  ilans  les  Archives  de 
Médecine  des  En fants,  1899,  page  445. 

Congrès  des  gouttes  de  lait.  —  Le  11*'  Congrès  international  des  gouttes 
<le  lait,  qui  doit  se  tenii'  à  Bruxelles,  est  placé  sous  le  haut  patronage  dv 
LL.  AA.  RR.  le  Prince  et  la  Princesse  Albert  de  Belgique.  L'organisa- 
tion de  cette  grande  assemblée  de  pédiati*es  et  de  puérlculteurs  apparte- 
nant à  toutes  les  nations  est  déjà  très  avancée,  grâce  à  l'activité  du  seciv- 
taire  général,  le  D'*  Lust,  et  nous  venons  de  recevoir  une  série  de  rapport^ 
sur  les  principales  questions  mises  à  l'ordre  du  jour: 

1°  Gouttes  de  lait  et  tuberculose  infantile  (J.  Comby)  :  2*»  Association 
internationale  de  puériculture  (A.  Johan.nessen)  ;3"  Surl'élai'gissement  du 
titre  et  des  attributions  des  congrès  internationaux  des  gouttes  de  lait 
(L.  CoxcETTi)  ;  4*>  L'enseignement  officiel  et  particulier  et  la  vulgarisation 
de  l'hygiène  infantile  en  Belgique  G.  Damel)  ;  o°  L'enseignement  officiel 
et  particulier  et  la  vulgarisation  de  l'hygiène  infantile  en  Roumanie 
(M*'"  V.  Alexaxdresco)  ;  6°  Infection  endogène  et  désinfection  intestinale 
chez  le  nourrisson  (E.  Moro)  ;  7**  Données  statistiques  de  la  mortalité 
infantile  en  Espagne  (Paulixo  Romo)  ;  8"  Données  statistiques  de  la  morta- 
lité infantile  en  Suède  (A.  Lindblom)  ;  etc. 

Université  de  Parie.  —  Le  D**  Scipione  Riva-Roc<:i  est  nommé  privat- 
docent  de  pédiatrie  à  l'I'niversité  de  Pavic. 

Université  de  Turin.  —  Le  D""  G.-B.  Allvria  est  nommé  privat-docenl 
de  pédiatrie  à  l'I'niversité  de  Turin. 

Le  Gérant, 
P.  BOLCHEZ. 


4'.)7C-07,  —  CoHHciL.  Imprîraerie  Ed.  Gairt. 


10*  Année  Juin  1907  N*  6 


MEMOIRES   ORIGINAUX 


XI 


,    RBCHERCHBS 
SUR  LE 

POUVOIR  PLASTÉINOGÈNE   DU   SUC   GASTRIQUE 

DES  NOURRISSONS  SAINS  ET  ATROPHIQUES 
Par  le  D<^  G.-B.  ALLARIA, 

AstUtaot,  privat-docent  de  Pédiatrie. 
[Clinique  médicale  de  V Université  royale  de  Turin  {Prof.  C.  Bozzolo).] 

Les  substances  que  Danilewski  a  obtenues  par  la  digestion 
artificielle  des  solutions  concentrées  d'albumoses  et  de 
peptones  à  l'aide  du  lab-ferment,  et  qu'il  a  appelées  «  plas- 
téincs  »,  ont  assurément,  malgré  les  discussions  actuelles  sur 
leur  signification  biologique,  une  certaine  importance  dans  la 
série  des  processus  de  l'assimilation  des  substances  protéiques. 
L'importance  des  plastéines  est  remarquable,  soit  qu'on  veuille 
considérer  ces  substances  comme  des  produits  synthétiques 
des  albumoses  {Daniletoski^  Sawjatowj  etc.),  même  comme  le 
produit  dernier,  unique  et  constant,  propre  à  être  assimilé 
par  les  éléments  des  tissus  de  l'organisme  ;  soit  qu'on  les  juge 
comme  un  stade  ultérieur  de  scission  des  albumoses,  c'est-à- 
dire  des  substances  plus  simples,  appartenant  au  groupe  des 
peptoïdes  {Bayer ^  etc.). 

Ce  sont  des  corps  d'origine  fermentative,  qui  se  forment  et 
se  séparent  par  précipitation  dans  les  solutions  concentrées 
de  protéoses-peptones  soumises  à  la  digestion  labique,  et  encore 
sous  l'action  de  la  pepsine  et  de  la  tripsine  [Herzog)  :  les 
extraits  d'organes  [Nûrnberg^  BoUazzi,  PacchionielCar/ini)y 
l'extrait  de  leucocytes  [Micheli)^  etc.,  sont  plastéinogènes. 

ArCH.  de  MÉDEC.  des  B:«PAHTSf  1907.  X.  —  21 


322  G.-B.   ALLARIA 

Les  plastéines  sont  des  substances  de  couleur  blanc  jau- 
nâtre, insolubles  dans  l'eau,  solubles-  dans  les  solutions 
aqueuses  légèrement  alcalines  ou  légèrement  acides;  si  on 
neutralise  ou  alcalinise  fortement  à  chaud  la  solution,  elles 
précipitent  de  nouveau  ;  dans  les  solutions  alcalines  faibles, 
elles  précipitent  par  l'addition  de  sulfates  et  de  chlorures,  moins 
par  laddition  des  nitrates  et  moins  encore  par  l'addition  de 
carbonates. 

Des  différentes  plastéines  que  l'on  obtient  avec  la  méthode 
de  fractionnement  dont  s'est  servi  Bayer ^  les  unes  (primaires) 
donnent  toutes  les  réactions  des  corps  protéiques;  d'autres 
les  donnent  partielles  et  moins  évidentes,  et  d'autres  encore 
(secondaires)  ne  présentent  plus  aucune  de  ces  réactions. 
D'après  cette  manière  différente  de  se  comporter,  on  peut 
croire  que  bien  probablement  le  noyau  de  la  plastéinc  consisd: 
en  peptoïdes  (produits  de  scission,  azotes,  abiurétiques 
[Bayer ^  Micheii),  auxquels  on  peut  également  unir  d'autres 
dérivés  moins  simples,  qui  donnent  les  réactions  des  sub- 
stances protéiques. 

Pour  ce  qui  concerne  la  nature  des  plastéines  et  leur  posi> 
tion  par  rapport  aux  albuminoïdes,  dont  elles  proviennent, 
les  plus  récentes  recherches  par  la  méthode  biologique  des 
précipitines  [Miclieli)  ont  prouvé  que  toutes  les  plastéines 
sont  privées  des  groupes  précipitables  ou  précipitogènes. 
Ces  groupes,  nous  le  savons,  caractérisent  soit  les  substances 
protéiques  dont  proviennent  les  plastéines,  soit  les  substances 
protéiques  de  l'espèce  animale,  à  laquelle  appartient  le  ferment 
dont  on  s'est  servi  pour  les  produire  ;  sous  l'aspect  des 
réactions  biologiques,  les  plastéines  sont  donc  un  produit 
indifférent. 

Injectées  sous  la  peau  ou  dans  les  veines  [Micheli)^  elles  ne 
donnent  pas  de  l'albumosurie  ;  elles  sont  tolérées  et  bienpio- 
bablement  assimilées. 

11  serait  prématuré  et  incertain  de  conclure  aujourd'hui  sur 
le  rôle  physiologique  des  plastéines  dans  l'organisme,  où  les 
ferments  plastéinogènes  sont  si  diffus  ;  il  est  cependant  bien 
probable  que  la  formation  des  plastéines  a  un  rapport  intime 
avec  le  processus  synthétique  intestinal  (et  peut-être  aussi 
parentéral)  des  produits  de  la  digestion  des  substances 
protéiques. 

Tous  les  sucs  digestifs  possèdent  les  propriétés  plastéino- 


POUVOIR  PLASTÉINOOÈNE  DU   SUC   GASTRIQUE  328 

gènes  :  le  suc  gastrique  {Sawrow  et  Salaskin),  le  suc  intestinal 
et  pancréatique  {Okunew).  D'après  les  expériences  de  Tedeschi 
sur  le  vivant,  si  Ton  met  en  contact  m  vitro  le  suc  gastrique 
de  rhomme  adulte  sain,  retiré  de  Testomac après  ingestion  de 
peptones,  on  obtient  la  production  de  piastéines,  quoique  en 
quantité  relativement  très  petite.  Peut-être  la  quantité  de 
plastéine  est  dans  un  certain  rapport  avec  la  quantité  de  la 
pepsine  et  de  Faeide  chlorhydrique  sécrétés  par  la  muqueuse^ 
puisque,  dans  les  affections  gastriques  de  l'adulte,  Tedeschi  a 
trouvé  une  augmentation  quantitative  de  plastéine  dans  les 
cas  d'hypersécrétion  de  la  muqueuse,  tandis  que,  au  contraire, 
il  y  aurait  une  diminution  et  même  le  manque  total  dans  les 
cas  de  sécrétion  diminuée  (cas  de  catarrhe  gastrique  avec 
hypocondrie,  carcinomes  gastriques  avec  hypo-  ou  anachlor- 
hydrie). 

Les  extraits  de  muqueuse  gastrique  et  intestinale  prélevés 
immédiatement  après  la  mort  chez  le  fœtus  et  le  nouveau-né, 
et  que  Ton  obtient  avec  la  technique  de  Bottazzi^  posséde- 
raient, suivant  les  recherches  de  Mori^  une  activité  plastéino- 
gène  in  vitro  quand  ils  sont  mis  en  contact  avec  des  solutions 
de  protéoses-peptones.  Cette  propriété,  évidente  mais  assez 
faible  dans  les  extraits  épithéliaux  du  tube  digestif  du  fœtus 
et  du  nouveau-né  prématuré,  augmente  avec  Tàge,  et  elle  est 
beaucoup  plus  évidente  dans  les  extraits  obtenus  avec  la 
muqueuse  de  l'intestin  grêle. 

Dès  le  commencement  même  de  la  vie,  on  doitdonc  compter 
parmi  les  facteurs  de  la  digestion  de  l'albumine  la  fonction 
plastéinogène.  Nous  ne  savons  pas  précisément  de  quelle 
façon  a  lieu  cette  fonction  ;  on  peut  supposer  que  par  cette 
fonction  se  forment  des  produits  de  scission  ultérieure  de  la 
molécule  albuminoïde,  ou  bien  que  commence  déjà  à  se  faire 
le  processus  synthétique  de  la  substance  protéique  indiffé- 
rente (bien  probablement  en  rapport  intime  avec  celle  que 
Bottazzi  obtient  de  l'épithélium  intestinal  et  qu'il  appelle 
«  entéroprotéide  »),  qui  est  destinée  à  être  transformée  en 
protoplasme  vivant  des  éléments  des  tissus. 

Étant  donnée  l'importance  que  la  fonction  plastéinogène 
prend  dans  la  nutrition,  il  est  utile  de  savoir  comment  s'ac- 
complit cette  fonction  chez  les  nourrissons  et  comment  elle 
se  fait  dans  cet  état  de  grave  marasme  qu'on  appelle  atrophie 
primitive  ^doxA  les  causes  sont  actuellement  encore  obscures. 


S24  G.-B.   ALLARIA 

Les  facteurs  pathogéniques  de  la  pédairophie,  qu'on  a  invo- 
qués jusqu'ici  :  causes  anatomiques  (lésions  macro-  et  micro- 
scopiques du  tube  gastro-intestinal)  et  causes  fonctionnelles 
(auto-intoxications,  troubles  de  la  nutrition)  n*ont  pu  résister 
à  la  critique.-  Les  études  biochimiques  ouvrent  une  voie  nou- 
Telle  aux  recherches. 

Tandis  que  chez  le  nourrisson  sain  les  substances  protéiques 
alimentaires  sont  tellement  transformées  dans  leur  com- 
position moléculaire  par  les  sucs  digestifs  qu^elles  sont 
absorbées  sous  forme  d'albumine  indifférente,  c'est-à-dire  inca- 
pable soit  de  former  des  anticorps  dans  le  sang,  soit  de  pro- 
voquer des  effets  toxiques,  tandis  que  1  albumine  hétérogène 
peut  passer  inaltérée  directement  dans  le  sang  seulement, 
lorsqu'elle  est  ingérée  en  quantité  supérieure  à  celle  qui  est 
nécessaire  à  saturer  l'activité  des  sucs  digestifs,  il  arrive,  au 
eontraire,  chez  l'enfant  athrepsique,  que  les  ferments  digestifs 
ne  sont  pas  suffisants  pour  transformer  complètement  les 
substances  protéiques  alimentaires,  et  que  ces  substances, 
iiuoique  introduites  en  quantité  régulière,  sont  absorbées  en 
partie  inaltérées  par  la  muqueuse  intestinale  et  passent  ainsi 
inaltérées  dans  le  sang,  où  leur  présence  est  révélée  par  la 
méthode  biologique  des  précipitines.  Par  ce  moyen,  on  a  trouvé 
dans  le  sang  des  enfants  athrepsiques  les  albumines  du  lait  de 
vache  {Bauer^  Moro)  et  de  l'œuf  de  poule  [Francioni  et  Carlini)^ 
ce  qu'on  n'a  jamais  trouvé  chez  des  enfants  sains  {Bauer^  Ham- 
kùrger  et  Speck), 

L'organisme  de  l'enfant  réagit  ordinairement  avec  beaucoup 
d'intensité  et  par  des  phénomènes  de  cachexie  à  une  quantité 
de  causes  toxiques  qui  sont  moins  actives  dans  Tâge  plus 
avancé,  soit  à  cause  de  la  plus  grande  vulnérabilité  du  proto- 
plasme des  éléments  cellulaires,  soit  par  la  protection  insuf- 
fisante exercée  par  le  pouvoir  trophique  de  Taxe  cérébro-spinal 
encore  en  train  de  se  développer  [Mya). 

L'organisme  de  l'enfant  réagit  donc  à  rintroduction  dans 
la  circulation  des  albumines  hétérogènes,  et  par  conséquent 
toxiques,  par  des  phénomènes  de  cachexie,  et  cela  surtout  en 
cas  d'hérédité  plus  ou  moins  compromise. 

Le  trouble  grave  du  processus  de  la  digestion,  c'est-à-dire 
la  transformation  manquéc  des  albumines  hétérogènes,  a  été 
jusqu'à  présent  Tobjet  de  trop  peu  d'observations  pour  qu'on 
puisse  accepter  d'emblée  la  thc'orie  pathogénique  de  Tathrepsie 


POUVOIR  PLASTÉINOGÈNE   DU    SUC   GASTRIQUE  325: 

fondée  sur  cette  altération  ;  on  ne  peut,  d^autre  part,  nier  que 
le  manque  ou  Tinsuffisance  de  cette  fonction  capitale  puisse 
être  la  conséquence  de  Tétat  marastique  général,  plutôt  que  la 
cause  de  celui-ci. 

Voulant  apporter  une  contribution  partielle  à  Tétude  de  ce 
problème,  j'ai  examiné  l'existence  et  l'intensité  de  la  fonction 
plastéinogène  dans  le  suc  gastrique  des  nourrissons.  De  plus, 
comme  on  ne  sait  pas  encore  avec  certitude  si  l'action  plas- 
téinogène du  suc  gastrique  est  due  au  lab,  à  la  pepsine  ou  à 
un  autre  ferment,  les  physiologistes  ne  s'étant  pas  encore 
définitivement  prononcés  sur  cette  question,  j'ai  cru  intéres- 
sant de  comparer  la  fonction  plastéinogène  de  l'estomac  avec 
les  autres  fonctions  fermentatives  du  même  organe  (lab, 
pepsine)  ;  j'ai  enfin  observé  comment  s'accomplit  chez  le 
nourrisson  atrophique  cette  fonction,  qui  a  un  rôle  si  impor- 
tant dans  le  processus  de  la  transformation  des  substances 
protéiques  de  l'alimentation. 

A  cet  effet,  j'ai  soumis  à  une  série  de  74  repas  d'épreuve 
de  différentes  espèces  (dont  39  au  lait  bouilli  de  vache  pur  ou 
coupé  avec  dej'eau,  ou  différemment  modifié  ;  17  de  solutions 
sucrées  et  18  de  solutions  salines)  huit  nourrissons  du  service 
pédiatrique  de  la  clinique  : 

Observation  1.  —  iMario  S...,  âgé  de  seize  jours.  Phlegmon  sacré  et  crural 
provenant  d'un  érysîpèle  par  infection  ombilicale  (16-30  avril  1906), 
guérit  rapidement  par  le  traitement  chimrgical.  Allaitement  mixte. 

Obsebvatio!«  II.  —  Alfredo  G...,  âgé  de  deux  mois.  Atrophie  primitive 
(12  novembre  1905-16  février  1906),  né  d'une  mère  cardiaque  et  néphri- 
tique;  atrophique  dès  sa  naissance;  allaitement  mercenaire  irrégulier. 
Diarrhée  habituelle,  vomissements  fréquents.  Le  poids  du  corps  oscille 
entre  2400  grammes  et  3200.  Il  meurt  cachectique. 

Observation  III.  —  Maria  B...,  âgée  de  deux  mois.  Atrophie  primitive 
(27  janvier-7  avril  1906).  Père  alcoolique,  mère  épileptique.  Naît  le 
huitième  mois,  pesant  3  kilogrammes.  Allaitement  maternel  pendant  un 
mois,  puis  artificiel .  Elle  sort  de  la  clinique  améliorée,  pesan  1 3  800  grammes. 

Observation  1\^  —  Antonio  C,  âgé  de  quatre  mois  et  demi.  Syphilis 
congénitiite.  Atrophie  secondaire  (11  janvier-18  janvier  1906).  Peau  ridée, 
luisante,  teint  cuivré,  crâne  natiforme,  fontanelle  large  et  déprimée, 
desquamation  de  la  peau  de  la  figure,  veines  temporales  très  développées, 
«czéma  ulcéreux  dans  la  région  orbitaire,  biépharite,  conjonctivite 
gonococcique.  Nez  en  lorgnette,  rhinite  purulente  croûteuse,  ragades 
profondes  aux  commissures  labiales,  micropolyadénie  générale,  abdomen 
météorique,  volumineuse  tumeur  de  la  rate,  papule  humide  à  la  verge. 


32G  G.-B.    ALLARIA 

Hypothermie,  vomissements,  diarrhée  ;  succion  impossible.  Alimenta- 
tion par  la  petite  cuiller  ou  par  la  sunde.  Il  meurt  le  18  janvier. 

Observation  V.  —  Francesco  B...,  âgé  de  trois  mois.  Bronchopneumonie 
(13-29  avril  1906).  Toux  et  fièvre  depuis  le  9  avril  :  alTecUon  bilatérale, 
confluente  au  lobe  inférieur  droit.  Résolution  très  rapide.  Le  20  avril, 
Tapyrexie  commence.  Guérison.  Constitution  robuste. 

.  Observation  VI.  —  Alberto  T...,  âgé  de  neuf  mois.  Pneumonie  eroiqniU 
(7  avril-6  mai  1906).  Hépatisation  du  lobe  supérieur  droit.  Oise  le 
12  février,  à  laquelle  succède  Totite  moyenne  droite.  Rougeole  entre  le 
28  avril  et  le  2  mai.  Guérison.  Constitution  très  robuste.  Le  poids  oscille 
entre  5  800  et  6  200  grammes. 

Observation  VII.  —  Natale  D...,  âgée  de  ti^ize  mois.  Phymosis;  soupçon  Je 
calcul  vésical  (4-25  février  1906).  Constitution  robuste.  L'opération  du 
phymosis  fait  disparaître  tous  les  troubles  ;  on  ne  trouva  pas  de  calculs  à 
l'examen  vésical.  soit  par  le  cathéter,  soit  par  la  radioscopie. 

Observation  VlU. — Teresa  J...,  âgée  de  dix-huit  mois.  Empyème  (14  fé- 
vrier-2  mars  1906).  L'affection  commence  rapidement  le  11  février.  Avec 
ponction  exploratrice,  Ton  extrait  du  pus  crémeux.  Costotomie  le 
25  février.  Elle  sort  en  voie  de  guérison  le  2  mars.  Les  pansements  conti* 
nuent  deux  fois  par  semaine  au  service  de  consultation  externe.  Guérison. 

Parmi  ces  nourrissons,  trois  étaient  atrophiques  (deux  atro- 
phies primitives  et  une  syphilitique  :  n""  II,  III,  IV)  ;  les  cinq 
autres,  au  moment  des  recherches,  étaient  en  bonnes  conditions 
générales  de  santé. 

Je  leur  donnai  les  repas  d'épreuve  trois  heures  au  moins 
après  qu'ils  avaient  tété,  en  me  servant  soit  du  biberon,  soit 
de  la  sonde  ;  les  repas  étaient  toujours  précédés  du  lavage 
gastrique  avec  une  autre  portion  du  même  liquide  alimen- 
taire d'essai. 

Le  suc  extrait  était  séparé  des  grumeaux  de  caséine  par  la 
filtration,  et  avec  une  partie  du  liquide  filtré  (l'autre  partie 
m'a  servi  pour  des  recherches  physico-chimiques  en  voie 
d'impression),  j'ai  pratiqué  les  recherches  suivantes: 

1**  Fonction  plastéinogène.  —  On  fait  agir  le  suc  gastrique 
sur  une  solution  concentrée  de  protéoses-peptones  in  vitro. 

Préparation  de  la  solution  peptoniqne.  —  Séparation  des 
albuminoïdes  de  15  litres  de  lait  de  vache  à  chaud  avec  lacide 
acétique.  Le  précipité,  recueilli  sur  filtre  et  lavé,  est  mis 
dans  15  litres  d'eau,  neutralisé  avec  du  carbonate  de  soude, 
acidulé  avec  HCl  (2  p.  1  000)  et  mélangé  avec  de  la  pepsine. 
On  le  place  pendant  quatre  jours  dans  Tétuve  à  38**;  ensuite 


POUVOIR   FLASTÉINOGèNE   DU    SUC   GASTRIQUE  327 

il  est  alcalinisé  avec  du  carbonate  de  soude  ;  précipitation  à 
chaud  par  Tacidc  acétique  des  substances  albuminoïdes  non 
digérées  etaépscaiton  de  ces  substances  par  la  fiitration. 

Le  liquide  filtré  contenant  les  albumoses  et  les  peptones  est 
condensé  au  bain-marie  jusqu'à  peu  près  1  800  centimètres 
cubes;  il  est  soigneusement  neutralisé  et  distribué  en  petits 
flacons;  ensuite  on  le  stérilise  dans  Tétuve  de  Koch. 

Ce  liquide,  très  dense,  de  la  couleur  de  la  cannelle,  d'une 
agréable  odeur  aromatique,  contenait  13,16  p.  1  000  d  azote 
protéique  (dosage  du  précipité  tannique  par  le  procédé  de 
Kjeldahl). 

Réaction  plasiéinogène.  -^  20  centimètres  cubes  de  la  solu- 
tion concentrée  de  protéoses-peptones  dérivés  du  lait  de 
vache  (contenant  0'^263  d'azote  protéique,  qui  correspond  à 
peu  près  à  l^^'fGS  de  mélange  d'albumoses  et  de  peptones) 
sont  mélangés  avec  5  centimètres  cubes  du  suc  gastrique 
et  acidifiés  avec  V  gouttes  d'acide  chlorhydrique  pur 
(=  28  p.  100  de  HCl  par  l'aréomètre)  en  se  servant  toujours 
de  la  même  pipette  (par  calcul  empirique,  l'on  obtenait  une 
acidification  du  2  p.  1  000  à  peu  près  de  HCl). 

Digestion  à  l'étuve  pendant  quatre  jours  ;  dès  le  premier 
jour  (en  cas  de  réaction  positive),  on  peut  déjà  voir  la  forma- 
tion d'un  précipité  plus  ou  moins  floconneux  abondant,  qui 
se  dépose  lentement  sur  le  fond  du  flacon  (plastéine).  Le  pré- 
cipité plastéinique  produit  pendant  quatre  jours  est  recueilli 
sur  filtre,  lavé  à  l'eau  et  de  nouveau  dissous  avec  une  solution 
faible  de  soude  caustique  (2  p.  1000). 

Ensuite  les  plastéines  sont  précipitées  par  Tébullition  et  par 
une  neutralisation  soignée  (avec  de  l'acide  acétique  très 
dilué);  sont  recueillies  sur  filtre  jaugé,  lavées  dans  beaucoup 
d'eau,  séchées  à  105"*,  et  ensuite  dans  le  séchoir  sur  l'acide 
sulfurique  à  vide,  enfin  pesées  jusqu'à  poids  constant. 

2''  Lab.  —  Dans  un  tube  à  essai  contenant  o  centimètres 
cubes  de  lait  de  vache  cru,  frais  (tenu  pendant  une  heure  dans 
la  glacière  pour  diminuer  la  rapidité  de  l'action  labique),  on 
ajoute  V  gouttes  de  suc  gastrique  non  filtré  [Snjdlotoski 
trouva  que  le  suc  gastrique  filtré  perd  en  grande  partie  le 
ferment  lab),  et  Ton  place  le  tout  à  l'étuve  à  38%  en  obser- 
vant de  cinq  en  cinq  minutes  le  commencement  de  la  forma- 
tion de  caillot. 


328 


G.-B.   ALLARIA 


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Biuret. 

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Traces. 
Traces . 

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Caractères 
du  suc  extrait. 

Coagulé. 
Limpide. 

Presiquc  neL 
Avec  gros  coagula. 

Séjour 
dans  l'estomac. 

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NaCl  12,94  0/00. 

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POUVOIR   PLASTÉINOOÈNE   DU    SUC   GASTRIQUE 


329 


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Bien  coagulé. 

En  sort  sans  varier. 

Non  coagulé. 

Co.igulé. 

Limpide. 

Avec  résidu  do  lait. 

Limpide. 

Teint  d'opale. 

Tracent   de    coagula. 

Limpide 

Trouble. 

Teint  d'opale. 

Lactescent. 
Teint  d*opale. 

Traces   de  coagula. 

Séjour 
dans  1  estomac. 

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Lait  coupé  avec  de  Teau. 

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Lait  avec  caséase. 
Lait  avec  lactose  &  0/0. 

Glycose  23, 6  0/00. 
Lactose  54.  8  0/00. 

Glycose  58  0/00. 
Lactoiie  112.6  0/00. 
Glycose  92,  .S  0/00. 
£«u   distillée. 

NaCt  2,32  0/00. 

NaCl  9  0/00. 

NaCl  10,:i4  0/00. 

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Caractères 
du  suc  extrait. 

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dans  Testomac. 

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POUVOIR   PLASTÉINOGfeNE   DU   SUC  6iASTmQUB 


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Coagulé. 

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Peu  de  résidu  de  lait. 

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Peu  de  résidu  de  lait. 

Net. 

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Lait  bouilli  de  vache. 

Lait  coupé  avec  de  Teau. 
Lait  avec  lactose  5  0/0. 

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NaCl  3.78  ù/00. 

NaCl  1},74  0/00. 

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332  G.-B.  ALLARIA 

'Les  cas  où  le  caillot  ne  s*est  pas  encore  formé  après  une 
heure  sont  indiqués  avec  le  signe  oo. 

3**  Pepsine.  -^  Mesurée  avec  Tépreuve  de  MeU-Nirenstein- 
Schiff:  une  pipette  de  1  millimèlre  de  diamètre  interne,  de 
la  longueur  à  peu  près  de  2  centimètres  et  pleine  d^albumine 
d'œuf  coagulée,  est  mise  à  digérer  dans  un  liquide  composé 

de  1*",3  de  suc  gastrique  filtré  et  15"",3  de  solution  ^  de 

HCl(l,8p.  1000). 

Après  vingt-quatre  heures  de  séjour  à  l'étuve  à  38%  on 
mesure  en  millimètres  la  longueur  de  la  quantité  digérée 
d'albumine  (on  trouve  la  description  et  les  calculs  relatifs 
en  :  sahli,  Lehrbuch  der  klinischen  Untersuchungsmethoden 
(4«éd.,  1906,  pages  415-417). 


* 


Le  pouvoir  plastéinogène  des  différents  sucs  gastriques 
a  varié  selon  la  qualité  des  repas  d*épreuve  administrés. 

Sur  39  essais  de  sucs  gastriques  retirés  après  les  repas  de 
lait  pur,  cou|^  ou  différemment  modifié,  34  montrèrent  une 
activité  plastéinogène  intense.  Trois  fois  je  ne  pus  obtenir 
que  des  traces  de  plastéine  :  c'est-à-dire  une  fois  où  j  avais 
opéré  sur  du  suc  gastrique  retiré  après  administration  de 
lait  coupé  (22'')  et  deux  fois  où  j'avai»  opéré  sur  du  kéfir  et 
du  lait  kéfiré,  qui  m'avaient  servi  pour  laver  Testomac  à 
jeun  (24*,  26").  Je  ne  puis  obtenir  la  formation  de  plastéine 
en  deux  essais  par  le  liquide  de  lavage  et  par  le  suc 
gastrique   du   lait   sucré  (63%  64"). 

Dans  les  17  sucs  gastriques  obtenus  après  administration 
de  solutions  sucrées^  la  formation  de  plastéine  ne  manque 
jamais.  Différemment  abondante  dans  13,  elle  est  réduite  en 
traces  dans  4;  il  faut  noter  que,  pendant  Textraction  de  ces 
sucs  par  la  sonde,  dans  quelques-uns  d'entre  eux  on  trouva 
des  grumeaux  de  caséine  (restes  du  repas  précédent)  qui 
n'avaient  pas  été  expulsés  par  le  lavage  ;  ils  donnèrent  presque 
tous  des  réactions  protéiques,  la  réaction  surtout  du  Biuret. 

Parmi  les  18  sucs  obtenus  après  ingestion  des  solutions 
salines,  12  ne  possédaient  pas  de  ferment  plastéinogène  :  il  y 
en  eut  des   traces  dans  4  cas  (tous  des  liquides  de  lavage 


POUVOIR   PLASTÉINOGÈNE.  DU    SUC  GASTRIQUE  333 

présentant  des  restés  du  repas  précédent)  ;  il  était  abondant 
dans  2  cas  (dont  un  était  un  liquide  de  lavage). 

De  sorte  que  le  ferment plastéinogène  fit  toujours  son  appari- 
tion avec  la  présence  d'albuminoîdes  datis  le  suc  gastrique. 

• 

La  quantité  de  ferment  plastéinogène  «  cœteris  paribusïi^  fut 
dautaht  plus  grande  quêtait  plus  long  le  séjour  du  repas 
d'épreuve  dans  f estomac.  Ce  fait  résulte  de  Texamen  des 
trois  séries  d'essais,  faites  chacune  avec  des  quantités  égales 
du  même  lait  chez  le  nourrisson  n""  2  à  des  heures  successives 
du  même  jour  : 

A.  Suc   6«  extrait  après  30'  :  Plastéine Ok'^OIOS 

—  !•  —  45':         —       0»%0120 

—  8»  —  60':        —      08S02i9 

B.  Suc  10*  extrait  après  30'  :  Plastéine 0k%0096 

—  1 1«  extrait  après  60'  :        — Os',0197 

C.  Sucl2«  —         30' :  Plastéine Os',0198 

_  13e  —  60':        —      0s'-,0319 

Somme  toute,  Y  activité  plastéinogène  du  suc  gastrique  des 
nourrissons  fut  toujours  bien  restreinte  ;  la  quantité  des 
protéoses-peptones  contenues  dans  chaque  essai  étant  del'^^GS 
^  comme  nous  avons  déjà  dit  —  le  plus  haut  pourcentage 
de  ces  substances  transformées  en  plastéine  par  5  centi- 
mètres cubes  de  sucgastrique  fut  de  2,5  p.  100  à  peu  près,  dans 
le  cinquième  cas  (essai.  SI*").  Il  faut  remarquer  que  cette  solu- 
tion de  protéoses-peptones,  soumise  &  l'action  du  lab  du 
commerce,  donnait  des  précipités  très  abondants  de  plastéine. 

La  fonction  plastéinogène  du  suc  gastrique  nous  semble  tou- 
/oM/'s  indépendante  de  la  présence  et  de  fintensité  fonctionnelle 
du  lab- ferment  contenu  dans  le  même  suc  gastrique. 

Ce  fait,  tout  d'abord  apparemment  en  contradiction  avec 
les  résultats  qu'on  avait  obtenus  lorsqu'on  avait  découvert  la 
plastéine  (obtenue  la  première  fois  par  l'action  du  lab  sur  les 
solutions  concentrées  de  protéoses-peptones),  s'accorde  avec 
les  observations  de  Gœssnèr  et  de  Tedeschi  sur  le  suc  gastrique 
des  animaux  et  de  l'homme. 

Le  manque  de  parallélisme  entre  l'intensité  des  deux  fonc- 
tions enzymiques  donne  appui  à  l'hypothèse  qui  commence  à 
être  favorablement  acceptée  aujourd'hui  :  c'est-à-dire  que  non 
pas  le  lab,  .mais  d'autres  ferments,  qui  sont  mêlés  au  lab, 


334  G.-B.   ALLARIA 

exercent  la  fonction  plastéinogène  ;  à  moins  qu'on  ne  veuille 
admettre  les  idées  de  Nencki  et  de  Sieber^  qui  croient  à  la  com- 
position complexe  du  ferment  peptique,  qui  exercerait  la 
fonction  plastéinogène  arec  un  groupe  qui  n*est  pas  le 
groupe  labique. 

//  n'y  a  pas  de  rapport  direct  entre  la  fonction  plastiin  ipare 
et  la  quantité  de  pepsine^  quoique,  en  examinant  certaines 
séries  de  repas  d'épreuve,  on  puisse  être  porté  à  admettre  un 
certain  parallélisme  entre  les  deux  actions  enzymiques. 

11  faut  remarquer  que,  dans  les  trois  essais  dans  lesquels 
a  eu  lieu  la  plus  forte  digestion  pepsinique,  dans  l'épreuve  de 
Mett  (30%  51%  62"),  on  a  obtenu  de  même  trois  des  plus  hauts 
chiffres  de  plastéine. 

Le  suc  gastrique  des  nourrissons  qui  ont  été  l'objet  de  cette 
étude  eut  une  action  plastéinogène  sur  des  protéoses^peptones 
dérivées  des  albuminoïdes  de  différente  provenance. 

Pour  ces  recherches,  j'ai  préparé  des  solutions  de  protéoses- 
peptones,  en  soumettant  à  une  digestion  prolongée,  dans  du 
suc  gastrique  artificiel,  de  la  fibrine  du  sang  de  bœuf  et  de 
Talbumine  d'œuf  coagulée.  Dans  les  deux  cas,  on  concentrait 
fortement  les  solutions  privées  des  albumines  non  digérées 
(comme  dans  le  cas  du  lait);  après  le  dosage  de  N  protéique, 
ces  solutions  étaient  de  nouveau  diluées,  de  manière  à  conte- 
nir 13,16  p.  100  de  N  protéique  comme  la  première,  dérivée 
du  lait. 

Avec  ces  solutions,  j'ai  fait  quatre  séries  d'essais  avec  les 
mêmes  modalités  que  précédemment,  et  j'ai  obtenu  : 


A.  (Enfant  111.) 

Suc  avec  protéoses-peplones  du  lait 

—  —  de  Tœuf 

—  —  de  la  fibrine 

B.  (Enfant  111.) 

Suc  avec  protéoses-pcptones  du  lait 

—  —  de  Tœuf 

—  de  la  fibrine 


Plastéino..     traces 

—  .   .     OK%0872 

—  ...     0«%0i84 


Plastéine. . .     0«',0063 
—      ...     OSM152 


OB',0359 


C.  (Enfant  VI.) 

Suc  avec  protéoses-peptones  du  lait       :  Plastéine. . .     0^,0182 
—  —  de  Tœuf  —      ...     0«%1413 


POUVOIR   PLASTÉINOOfe.VE   DU    SUC   GASTRIQUE  335 

D.  (Enfant  V.) 

Suc  avec  protéoses-peptones  du  lait        :  Plasléinc.»     0?',0139 
—  .        —  de   la  fibrine:        —      ..•     08^,0339 

Les  variations  dans  les  conditions  de  santé  des  nourrissons 
n  eurent  aucune  influence  évidente  sur  f  intensité  de  la  fonc- 
iian  plastéinogène  des  sucs  gastriques  correspondants  :  un  des 
sucs  qui  produisit  la  plus  grande  quantité  de  plastéine 
fut  le  62",  que  l'on  obtint  de  Tenfant  VI  le  jour  de  Térup- 
tien  de  la  rougeole. 

Voici  les  plus  fortes  quantités  obtenues  pour  chaque  nour- 
risson : 

Chez  les  atraphiques  : 

2'  Nourrisson  :  Plastéine O'J',0319 

3«  —  :        —       0»',0174 

4«  —  :        —      08»,0112 

Chez  les  non-atrophiques  : 

!«'  Nourrisson  :  Plastéine 08',0104 

5'  —  :        —       0«',0418 

6*  —  :        —       Oï%03i8 

?•  —  :        -^       Otf%0245 

8«  —  :        —       Off',0081 

11  résulte  de  ces  chiffres  que  les  nourrissons  atrophiques, 
malgré  leurs  conditions  assez  graves  de  nutrition,  ne  manifes- 
tèrent,  comparativement  aux   nourrissons    non    atrophiques, 
aucune  diminution  du  pouvoir  plastéinogène. 

BIBLIOGRAPHIE 

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XII 

L'INSTITUTION  NATIONALE  DES  SOURDS-MUETS 

DE  PARIS 
Par  GEORGES  TILLOT, 

Préparateur  &  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 


UiSTORiQDS.  —  Le  premier  éducateur  des  sourds-muets  fut  Tabbé  de 
rËpée,  qui,  dans  sa  maison  de  la  rue  des  Moulins  (Butte  Sainl-Roch), 
rassemblait  plusieurs  fois  par  semaine  les  sourds-muets  et  les  sourdes- 
inuettès  pour  les  instruire  et  leur  apprendre  le  langage  des  signes  dont  il 
rêvait  de  faire  la  «  langue  universelle  ».■ 

A  la  mort  de  Tabbé  de  TÊpée,  en  septenibre  1789,  Tabbé  Masse^  puis 
Tabbé  Sicard  lui  succèdent  dans  son  rôle  d'éducateur,  et  les  sourds-muets 
s'installent  dans  Tancien  couvent  des  Célestins,  «dans  la  partie  des  bâ- 
timents conventuels  qui  a  son  entrée  parla  rue  du  Petit-Musc  >». 

Par  la  loi  du  16  nivôse  an  111  (5  janvier  1795),  leur  transfert  est  ordonné 
dans  Tancicn  séminaire  de  Saint-Magloire,  où  ils  sont  encore  actuellement. 

Selon  le  chroniqueur  Piganiol  de  la  Force,  «  la  maison  était  grande  et 
en  bon  air;  les  Pères  de  TOratoire  y  avaient  fait  élever  un  beau  bâtiment 
avec  un  grand  escalier,  dont  les  premières  rampes  étaient  d'un  trait  ingé- 
nieux ». 

Les  sourds-muets  sont  bientôt  séparés  des  muettes,  et,  en  1857,  les  filles 
sont  transférées  à  Bordeaux,  où  elles  sont  encore. 

Aujourd'hui,  Tlnslitution  nationale  des  sourds-muets  a  son  entrée  254, 
rue  Saint-Jacques  ;  elle  occupe  un  vaste  terrain,  limité  par  les  rues  Saint- 
Jacques,  de  rAbbé-de-l'Épée.  et  Denfert-Rochereau,récole La voisier,  d'une 
part,  et  quelques  propriétés  privées,  d'autre  part. 

On  y  accède  par  la  cour  d'honneur,  dans  laquelle  se  trouve  la  statue  en 
bronze  de  l'abbé  de  l'Épée  accueillant  les  sourds-muets.  Ce  groupe  est  un 
don  du  statuaire  sourd-m'uet  Félix  Martin,  prix  de  Rome  et  chevalier  delà 
Légion  d'honneur,  ancien  élève  de  l'Institution. 

A  gauche,  on  remarque  «  l'orme  de  Sully  »,  planté,  semble-t-il,  vers  1550. 
C'est  dans  un  puisoir,  au  pied  de  cet  arbre,  .que  les  reliques  de  Téglise 
Saint-Màgloire  furent  enfouies,  en  1793.  Déterrées  plus  tard,  elles  furent 
transportées  à  Saint-Jacques-du-Haut-Pas,  où  elles  sont  encore.  L'arbre 
de  Sully  a  été  coupé  en  partie  en  1905,  à  cause  des  dangers  qu'il  présen- 
tait pour  le  voisinage.  11  mesurait  45  mètres  de  hauteur. 

•  •  • 

•  •  • 

L'institution  des  sourds-muets-  peut  contenir  300  élèves  : 
elle  comprend  un  grand,  un  moyen,  un  petit  quartier  et, 
depuis  quelques  années,  une  classe  enfantine,  oîi  les  jeunes 
sourds-muets  sont  admis  dès  Tâge  de  six  ans. 

L'institution  est  administrée  sous  l'autorité  du  ministre  de 


l'institution  nationale  des  souhds-muets  de  paris    337 

riûtérieur,  par  un  directeur  responsable,  actuellement  M.  Colli 
gnon,  préfet  honoraire,  assisté  d'une  commission  consultative. 
Le  directeur  est  secondé  par  le  censeur  des  études,  M.  André, 
ancien  professeur  de  Tinstitution.  L'enseignement  est  assuré 
par  vingt-quatre  professeurs,  ayant  pour  la  plupart  l'agrégation 
(le  renseignement  des  sourds-muets,  et  huit  répétiteurs, 
futurs  professeurs. 

Pour  être  admis,  les  enfants  doivent  fournir  : 

l""  Un  acte  de  naissance; 

2°  Un  certificat  de  médecin  constatant  Tinfirmité  de  surdi- 
mutité, le  bon  état  de. santé  de  Tenfant,  qu'il  a  été  vacciné  avec 
succès,  qu'il  n*est  aiïecté  d'aucune  maladie  contagieuse,  qu'il 
jouit  de  la  plénitude  de  ses  facultés  intellectuelles. 

Les  élèves  admis  sont  ou  pensionnaires  ou  demi-pension- 
naires, ou  externes  surveillés.  Les  prix  sont  fixés  à  l  400,  500 
et  230  francs.  Indépendamment  du  premier  trimestre  de  la 
pension,  la  famille  doit  payer,  au  moment  de  l'entrée  de 
l'élève,  une  somme  représentant  la  fourniture  et  Tentretien 
du  trousseau  pendant  toute  la  durée  des  études  (huit  années)  : 
100  francs  jusqu'à  neuf  ans  et  400  francs  de  neuf  ans  jusqu'à 
la  fin  des  études.  Pour  les  demi-pensionnaires  et  les  externes, 
160  francs  une  fois  payés. 

Des  bourses,  des  portions  de  bourses  sont  accordées  par  le 
ministre  de  l'Intérieur,  par  les  départements,  parles  communes, 
aux  parents  qui  pourraient  difficilement  subvenir  aux  exigences 
de  la  pension. 

11  en  est  de  môme  pour  les  bourses  de  trousseau. 

Une  sourde-muette,  M"*  Meunier,  a  laissé  par  testament  sa 
fortune  à  l'institution,  soit  1 100  francs  de  rentes,  qui  sont  des- 
tinés à  constituer  des  trousseaux. 

En  plus  des  certificats  médicaux,  les  familles  sont  appelées 
à  fournir  quelques  renseignements  généraux  concernant  leur 
fils  ;  nous  reproduisons  le  questionnaire  qui  est  rempli  par  les 
parents  et  reste  au  dossier  de  l'enfant.  Il  constitue  la  première 
tentative  faite  par  le  D''  Ladreit  de  la  Charrière,  alors  médecin 
en  chef  de  l'Institution,  pour  établir  une  statistique  concernant 
la  surdi-mutité. 

Renseignemenls  que  VéViV9  doit  apporter  en  entrant  à  l'Institution, 

« 

be  VeoFant. 

I«  Noms  et  préDom^ Du  |>Ar^ 

Df  |j»  Wéro, 

ARCH.  DB  MÉI  10.  DB8  BJ«PA!<fT|,  \^1,  X.     22 


338  GEORGES   TILLOY 

S»  Date  de  la  naissance  de  renTant. 

30  Profession )  n"  i'**.lf • 

/  De  la  meiT. 

A^  Demeure  actuelle  des  père  et  mère,irivitéâ  aussi  à  informer  rAdmioistralioa 

de  leurs  changements  ultérieurs  de  domicile. 
h^  Nom  et  adresse  du  médecin  de  l'enfant 
€<>  L'enfant  était-il  sourd  en  unisfsatit? 

1^  S'il  n'était  pas  sourd  en  naissant,  à  quel  &ge  Test-il  devenu? 
S^  Depuis  le  jour  de  sa  naissance  jusqu'à  celui  où  il  a  perdu  Tonle,  a-t-il 
éprouvé  quelque  maladie  ou  quelque  accident?  Nature  de  cette  maladie  ou  de 
cet  accident. 

(Les  oreille^  ont-elles  été  malades?  L'enfant a-t-il  eu  beaucoup  de  gourme 
des  maladies  de  peau,  des  glandes  eugorgiées,  ulcérées,  etc.,  dei  convulsions 
internes,  des  attaques  de  nerfs  ? 
.  90  Est-ce    à    la  suite'  de   cette  maladie   ou  de   cet  accident  qu'il  a  perdu 

l'ouïe? 
lO^*  Outre  la  surdité,  a-t-il  quelque  autre  inOrmité? 
.l|o  L'enfant  a-t-il  parlé  avant -de  perdre  l'ouïe? 

Jusqu'à  quel  point  et  pendant  combien  de  temps  a-t-il  parlé? 
il^o  Combien  y  a-t-il  d'enfants  dans  la  famille  ?  De  garçons?  De  lilles?  Combien 
de  vivants  ?  De  quelle  maladie  sont  morts  ceux  qu'où  a  perdus  ? 
En  est-il  mort  avant  le  terme  de  la  grossesse? 

La  grossesse  a-t-elle  été  normale?  Sans  accidents?  L'enfant  est-tl  né  à 
terme  ? 
Y  a-t-il  d'autres  sourds-muets  dans  la  famille? 
1^0  Les  père  et  mère,  les  grand-père  et  grand'mère  sont-ils  sourds-diuets  eux- 
mêmes  ? 

Exislc-t-il  d'autres  infirmités  dans  la  fHmiilo  (goitre,  etc.)? 
Les  p^re  et  mère  sont-ils  parents  et  quel  est  leur  degré  de  parenté? 
Quel  était  l'âge  du  péie  et  de  la  mère  lors  de  la  naissance  de  l'enfant.' 
140  L'endroit  où  demeuraient  les  parents,  à  la  naissance  de  l'enfant,  était-il 
dans  un  pa3's  plat  ou  montagneux,  sec  ou  marécageux? 

Étail-il  exposé  à  l'humidité  ou  à  quelque  autre  influence  atmosphéri>]ue 
particulière? 
450  Existe-t-il  d'autres  sourds-muels  dans  le  lieu  de  naissance  de  l'enfant  ou 

ttaus  le  voisinage  ? 
I60  Quell«  religion  professe  la  famille? 
470  L'enfant  a-t-il  déjà  quelque  instruction?  Et  où  l'a-t-il  reçue? 

• 

Nota.  —  Les  parents  sont  priés  de  donner  tous  autres  renseignements  pon- 
Tant  fournir  quelque  indication  sur  la  cause  de  la  surdité  chez  l'enfant. 

'  Depuis  deux  ans,  à  <re  questionnaire,  s'en  ajoute  un  autre 
adressé  celui-là  confidentiellement  au  médecin  de  la  famille 
<le  l'enfant  et  qui  est  d(?stiné  au  médecin  de  rinstitution  qui 
le  garde  par  devers  lui.  Le  D""  Ch.  Leroux  et  moi,  nous 
sommes  surtout  préoccupés,  en  élaborant  ce  questionnaire, 
de  déterminer  d'une  façon  précise  le  rôle  des  maladies 
infectieuses  des  parents  et  de  l'enfant  dans  Tétiologie  de  la 
surdi^mutité. 

Nous  avons  pu ,  de  cette  façon»  donnerquelques considérations 
nouvelles  sur  Téliologie  de  la  surdi-mutité,  et  nous  avons 
conclu  : 


L  institi:t;on  nationale  des  souuds-muîsts  de  paris     331) 

A.  Anlécédenls  île  la  mère^ 

1»  Élal  (les  fonctions  cérébrales  :  intelligence.  ... 

/  Hystérie . 

îo  Etat  du  sy^ôine  nerveux.  )  ^P^^^P***®'    „    ,.  ,    ...        •   x  .••    '     x 

y  Ou  autres  affactions  ayant   dotermiaé  Un^ré- 

(      giialion  du  système  nerveuV. 

5®  .Maladies  infectieuses  :  ~ 

a.  Antérieures  à  l.i  grossesse. 

b.  Pendant  la  grof^i^esse. 

A'^  Fausses  couclv&s  antérieures  :  Causes  si  possible  ? 

.■i»  A  quel  âge  îi-t-elle  mis  au  monde  le  jeune  sourd-muet  ? 

<)•  Était-ce  pon  premier  enfant  ? 

1»  Y  avait-il  parallélisme  eutre  le  poidéi  du  fœtus  et  le  poids  du  p'âcenti? 

R.  Antécédents  du  père. 

{""  État  des  fonctions  cérébrales  :  intelligence. 

f  Hystérie. 

C«  Étal  du  svstèmç  ocrveux.  )  J^P»'«P"e-  .        . 

i  Ou  autres  atiections  ayant'détermme  11  mprt^gua- 

(      tion  du  sysième  nerveux. 

Z'^  S'il  y  a  des  antécédents  nerveux,  résulteut-ils  d'un<  maladie  inÇectieuse  pié- 

cédente? 
•>  Quel  âge  avait  le  père  au  moment  de  U  conception?  .  . 

C,  Antécédents  du  ménage., 

Y  a-t-il  pnrenté?  Quel  degré? 

Y  a-t-il  alcoolisme  ?.. 

Y  a-t-il  de  la  syphilis  ? 

Y  a-l-it  du  saturnisme? 

Y  a-t-il  du  paludisme? 

Y  a-t-il  du  crétinisme? 

t'a  des  procréateurs  a-t-il  habité  les  colonies  ?  * 

D.  Surdi-mutité  conr/énitate. 

I»  L'enfant  est-il  né  sourd-muet? 

^^  A  quel  âge  a-t-on  porté  le  diagnostic  de  surdi-mutité? 

» 

E.  Surdi-mutité  acquise. 
1"  A  quel  âge  ?  préciser. 
î»  L'enfant  a-t-îl  parte  ? 
ô*>  Quels  mots  et  quelles  phrases  prononçait-il? 

• 
F.  Examen  4e  l'enfajit,  • 

l'Élatderorcilleî   . 
:«  Étal  du  crâne  ? 
a»  Facultés  intellectuelles? 
4'*  A  quel  âge  Tenfant  a-t-il  marché  ? 
i»  Y  a-t-il  du  rdchilisme  ? 

G.  Antécédents  de  tenfanl. 

Diarrhées. 
i  Pneumonies.  .    .! 

t^  Miladies  infectieuses  du  nourrisson.  '  (ionvulsions. 

/■  Fièvres  éruptrvrs. 

.  Syphi'is.  '  ' 


f 
I 


340  GEORGES   TILLOY 

2^  Maladies  infectieuBes  de  TenfaDt,  autres  maladies. 
§0  MaDifestalioDs  de  tuberculose. 

H.  Antécédents  généraux, 

Y  a-t-il  des  frères  et  des  sœurs  ? 
Quel  est  leur  état  de  santé  ? 

Sont-ils  plus  âgés  que  le  jeune  sourd-muet  ? 

Y  a-t-il  des  frères  ou  des  sœurs  sourds-muets  ? 

Y  a-l-il  des  nerveux? 

Ces  enfants  sont-ils  normaux  au  point  de  vue  intellectuel  ? 

((  De  ces  quelques  observations,  il  semble  résulter  que  la 
gastro-entérite,  comme  la  fièvre  typhoïde,  comme  la  ménin- 
gite et  les  grandes  infections,  peuvent,  dans  de$  conditions  pa- 
thologiques déterminées,  produire  une  lésion  persistante  du 
système  nerveux  et  du  nerf  acoustique,  avec  diminution  delà 
tonicité  des  cordes  vocales  ;  car,  chez  ces  enfants-là  (sourds- 
muets  acquis),  les  cordes  vocales  ne  présentent  pas  la  même 
atonicité  que  chez  l'enfant  sourd-muet  d'origine  congénital. 

«  Enfin,  faisons  remarquer  que  les  enfants  sourds-muets  de 
naissance  sont  presque  tous  les  premiers  déjeunes  mères  dont 
Tàge  oscille  entre  dix-huit  et  vingt  ans,  et  que,  dans  aucune 
des  25  observations  réunies,  la  syphilis  n'a  été  avouée. 

«  Nous  ne  croyons  pas  cependant  que  ce  soit  là  une  raison 
suffisante  pour  l'éliminer  complètement  de  l'étiologie  de  I» 
surdi-mutité  (î).  » 

?fous  verrons  plus  loin  combien,  au  point  de  vue  pédago- 
gique, il  est  nécessaire  de  connaître  à  fond  l'étiologie  de  la 
surdi-mutité  chez  le  sourd-muet  pris  en  particulier,  pour 
pouvoir  utiliser  d'une  façon  profitable  et  effective  soit  le 
reste  d'audition,  soit  la  vibration  exacte  des  cordes  vocales^ 
pour  certains  sons  :  c'est  pour  cela  que  nous  espérons  donner, 
dans  un  temps  peu  éloigné,  une  théorie  précise  qui  pourra 
aider  d'une  façon  certaine  le  maître  qui  enseigne  la  parole  au 
sourd-muet. 

Car,  en  effet,  si  paradoxale  que  la  chose  puisse  paraître,  —  et 
le  grand  public,  ce  que  nous  regrettons,  ne  s'en  doute  pas,  — 
de  nos  jours,  grâce  à  d'ingénieuses  et  nouvelles  méthodes,  les 
sourds-muets  parlent  et  «  comprennent  »  la  parole  des  autres* 

Le  langage  des  signes,  accueilli  du  temps  de  Tabbé  de 
rÉpée  comme  le  libérateur  des  emmurés,  est  depuis  longtemps 
banni  du  programme  de  l'Institution  des  sourds-muets  ;  je 

(I)  Ch.  Leroux  et  G.  Tillov,   Arch.   internat.  cToto-rhino^aryngologit,  sep- 
tembre 1906. 


l/iNSTITUTION   NATIONALE  DES   SOURDS-MUETS   DE   PARIS      341 

dirai  plus,  il  est  délaissé  par  ceux-là  mômes  qu'une  triste  infir- 
mité semblait  condamnera  ne  jamais  connaître  d'autre  moyen 
de  communication  intellectuelle. 

Lorsque  le  jeune  enfant  sourd-muet  arrive  à  l'Institution,  il 
n'est  nullement  apte  à  profiter  de  l'enseignement  ;  il  a  besoin 
d'être  dégrossi,  d'être  démutisé.  Soigné  et  surveillé  par  des 
dames,  il  apprend  le  nom  des  choses  les  plus  courantes  par  la 
vue  et  par  l'écriture.  11  désigne  les  objets  en  caoutchouc  qui 
lui  sont  présentés  et  écrit  leur  nom  au  tableau.  Il  appelle  ses 
camarades  les  uns  après  les  autres/  Tous  ces  exercices, 
accompagnés  d'exercices  respiratoires,  ont  pour  objet  d'accou- 
tumer l'enfant  à  se  servir  de  son  souffle.  A  la  suite  d'obser- 
vations personnelles,  il  m'a  été  permis  d'établir  que  le  sourd- 
muet  ne  savait  pas  respirer.  Dans  la  majorité  des  cas,  la 
dilatation  thoracique  est  inégale  et  incomplète;  le  nombre 
des  respirations  oscille  entre  35  et  40  à  la  minute;  je  l'ai 
vu  monter  à  43  chez  un  jeune  sourd-muet  de  six  ans. 

Aussi  avons-nous  cru  bon  et  profitable  pour  l'enseignement 
pédagogique  d'instituer  chez  ces  enfants  «  la  rééducation 
respiratoire  »,  selon  la  méthode  du  D' Georges  Rosenthal  (1)^ 
Les  résultats  obtenus  ont  été  excellents,  et,  depuis  deux  ans 
que  la  méthode  est  appliquée  à  l'institution  nationale  des 
sourds-muets,  elle  ne  nous  a  pas  donné  un  seul  insuccès  (2). 
A  cet  exercice  médical,  si  j'ose  m'exprimer  ainsi,  s'en  ajoutent 
d'autres,  dirigés  par  le  professeur,  et  le  développement  tho- 
racique de  l'enfant  se  trouve  ainsi  assuré  d'une  façon  aussi 
complète  que  possible. 

C'est  au  cours  de  cette  première  année  que  l'enfant  sera 
démutisé,  disions-nous. 

On  comprend  difficilement  qu'un  sourd  de  naissance, 
c'est-k-dire  qu'un  sourd  congénital  puisse  apprendre  à  parler. 
Ilest  muet  parce  que  sourd,  et,  l'oreille  ne  jouant  plus  son  rôle, 
il  n'est  pas  tenté  de  répéter  les  bruits  extérieurs  qui  l'ont  attiré 
ou  charmé.  L'entendant  au  contraire  reproduira  de  lui-même, 
en  les  transformant  quelquefois,  parce  que  ses  sens  ne  sont 
gas encore  éduqués,  les  sons  qu'il  aura  entendus. 

Quant  à  l'enfant  qui  a  perçu  des  sons  pendant  une  certaine 


1]  Dr  G.  Rosenthal,  Rééducation  respiratoire,  in  Traité  des  maladies  de 
f enfance  de  Granchbh  et  Comby. 

[t]  G.  TiLLor,  La  rééducation  respiratoire  appliquée  à  la  méthode  orale  dans 
renseignemeot  pédagogique  des  sourds-oiuet^,  in  Rev.  de  l'Ëns,^  1905-I90G. 


3'i2  GEORGES   TILLOY 

période  de  son  existence,  il  deviendra  muel  si  Téducalionne 
lui  rend  pas  la  parole. 

Un  des  premiers,  Gaguillot,  dans  son  livre  Comment  on  fait 
parler  /es  sourds-muets  (1889),  expose  Tensemble  des  procédés 
particuliers  qui,  basés  sur  l'observation  minutieuse  du  méca- 
nisme vocal,  permelfentd'élaborër  une  méthode  d'articulation. 

La  «  méthode  orale  »,  qu'on  applique  à  rinstitutionnationalo 
des  sourds-muets,  repose  sur  une  observation  bien  simple,  à 
savoir  que,  si  Ton  se  contente,  dans  la  vie  courante,  d'entendre 
les  sons  du  langage^  il  n'est  pas  impossible,  en  cas  de  besoin, 
de  les  toucher  ni  de  les  voir.  11  s^agit  donc,  pour  apprendre  à 
parler  aux  enfants  qui  sont  privés  du  secours  de  l'oreille,  de 
substituer  artiiiciellement  l'action  des  sens  du  toucher  et  de 
la  vue  à  la  fonction  naturelle  qui  est  habiluellement  dévolue 
à  Torgane  auditif. 

La  phrase  parlée,  comme  la  phrase  musicale,  est  soumise  à 
un  rythme  sensiblement  uniforme.  Dans  la  parole,  chaque 
mesure  prend  le  nom  de  syllabe  et  se  trouve  constituée  soit 
par  une  simple  voyelle,  soit  par  la  combinaison  d'une  voyelle 
avec  une  ou  plusieurs  consonnes. 

Dès  lors,  la  phonétique,  comme  la  grammaire,  ne  distingue 
en  dernière  analyse,  dans  la  parole  sonore  ou  écrite,  que  deux 
éléments  constitutifs,  lès  voyelles  et  les  consonnes. 

Les  voyelles  ne  sont  autre  chose  que  des  sons  laryngiens 
différenciés  et  caractérisés  par  la  forme  de  la  cavité  buccale. 

Ainsi,  pour  émettre  le  son  /,  nous  écartons  les  lèvres 
comme  dans  le  rire,  et  la  langue  s'appuie  contre  la  partie 
antérieure  du  palais.  Il  n'y  a  là,  somme  toute,  qu'un  ensemble 
de  mouvements  spéciaux,  qui  peuvent  être  portés,  par  une 
voie  indirecte,  à  la  connaissance  du  jeune  sourd. 
.  Quant  aux  mouvements  qui  s'effectuent  dans  les  régions 
profondes  de  Torgane  vocal,  ils  échappent  à  la  perception 
visuelle  et  sont  du  domaine  du  toucher. 

L'une  des  mains  de  l'enfant,  appliquée  sur  la  gorge  du 
professeur,  y  constate  l'existence  d'un  mouvement  vibratoire 
dont  l'origine  est  aux  cordes  .vocales. 

L'autre  main,  placée  au  sommet  de  la  tète  ou  contre  le 
maxillaire  inférieur,  y  perçoit  l'ébranlement  communiqué  aux 
parois  osseuses  par  l'écoulement  de  la  colonne  sonore. 

De  plus,  la  vue  renseignera  aisément  le  jeune  élève  sur 
la  jiosilion  des  lèvres,  du  maxillaire  inférieur  et  de  la  langue; 


l'institution    nationale   des   SOUaDS-MUETS   DE  PAUIS       343 

il  ne  lui  restera  plus  qu'à  reproduire  par  imitation,  comme 
le  fait  le  jeune  entendant,  les  phénomènes  dont  il  a  eu  la  per-^ 
ception  :  simple  affaire  de  patience  et  de  tâtonnement. 

Les  consonnes  sont  enseignées  par  des  procédés  analoguesL 

Précisons  et  prenons  pour  exemple  le  groupe  syllabique  t 
tf,  pfl,  pia^  fa. 

Nous  avons  ici  quatre  mesures  d'égale  durée,  quatre 
syllabes,  formées  soit  d'une  voyelle  simple,  soit  d'une  oU 
deux  consonnes  jointes  à  une  voyelle.  Dans  ces  cas,  la  con- 
sonne se  caractérise  par  rapport  à  la  voryelle  par  une  ferme- 
ture absolue  ou  relative  de  la  cavité  buccale,  c'est-à-dire  par 
un  arrêt  momentané  de  la  colonne  sonore. 

La  phrase  parlée  est  donc  constituée  par  une  série  de 
pulsations  ou  syllabes  dans  lesquelles  la  consonne  représente 
la  période  de  condensation,  tandis  que  la  voyelle  correspond 
à  la  dilatation  consécutive.  Telle  est  la  définition  la  plus- 
générale  que  Ton  puisse  donner  de  ces  deux  éléments  primor-^ 
diaux  du  langage  articulé. 

Toutes  les  autres  conditions  physiologiques  ou  acoustiques 
peuvent  varier  ;  mais  ce  rapport  reste  immuable  et  essentiel^ 
Icment  caractéristique. 

On  aperçoit  immédiatement  les  conséquences  de  celte 
constatation  au  point  de  vue  de  l'enseignement  de  la  parole 
au  jeune  sourd-muet.  La  voyelle  et  la  consonne  procèdent  du 
même  mécanisme  :  de  Tune  à  l'autre,  il  n'existe  qu'un& 
différence  de  degré  et  non  de  nature  ;  toutes  deux  sont  dues 
à  des  mouvements  particuliers  de  l'organe  vocal,  mais  consi- 
dérés aux  deux  phases  extrêmes  de  leur  évolution,  et,  si  la 
vue  et  le  toucher  ont  pu  servir  à  constater  la  phase  d'ouver- 
ture (voyelles),  à  plus  forte  raison  ces  deux  sens  suffiront-ils. 
pour  percevoir  la  phase  de  fermeture  (consonnes),  beaucoup 
plus  précise  et  plus  définie. 

Soient  par  exemple  les  phonèmes  : 

apa,  abUy  ama. 

Les  trois  consonnes,  p^  A,  w,  qu'elles  renferment,  corres- 
pondent toutes  les  trois  à  la  fermeture  complète  de  la  bouche,, 
s'effcctuant  par  le  même  organe  :  les  lèvres. 

La  vue,  réduite  à  ses  seuls  moyens  d'investigation,  les 
confondrait  inévitablement  :  mais  le  toucher  les  diiférencie 
avec  toute  la  sûreté  désirable.  En  effet,  la  main  de  l'élève^ 
appliquée  contre  le  larynx  du  maître,  saisira  pour  le  b  de  aba-^ 


3i4 


GEORGES  TILLOY 


une  vibration  qui  n'existe  pas  dans  rémission  de  la  consonne 
muette  p^  et  pour  le  m  de  ama  produira  dans  les  fosses  nasales 
un  ébranlement  caractéristique  facilement  perceptible  au 
toucher  extérieur  sur  les  ailes  du  nez. 

On  peut  compléter  cette  première  indication  en  montrant 
au  jeune  sourd  que  l'émission  de  ces  trois  consonnes  s'accom- 
pagne d'une  légère  explosion  de  lair  buccal,  dont  Tintensité 
diminue  de  />  en  6  et  en  m,  lorsque  toutes  choses  restent 
égales  dans  les  conditions  de  production. 

Si  la  vue  et  le  toucher  sont  capables  de  percevoir  les  voyelles 
et  les  consonnes,  on  comprendra  facilement  que  la  combi- 
naison des  mêmes  éléments  dans  la  syllabe  et  dans  la  phrase 
parlée  ne  saurait  échapper  aux  investigations  de  ces  deux  sens. 

D'une  manière  générale,  on  peut  dire  que  le  toucher  perçoit 
les  mouvements  internes  et  que  la  vue  s'exerce  sur  les  mou- 
vements extérieurs,  beaucoup  plus  étendus,  de  telle  sorte  que 
cette  double  intervention  ne  laisse  ignorer  au  jeune  sourd 
aucun  des  actes  essentiels  de  la  parole. 

Les  tableaux  suivants,  empruntés  au  livre  de  M.  H.  Mari- 
chelle,  professeur  à  Tlnstitution  nationale  des  sourds-muets 
de  Paris  :  La  parole  d'après  le  tracé  du  phonographe^  résument 
les  caractères  distinctifs  des  sous-voyelles  envisagés  à  ce  point 
de  vue  spécial  : 

Pevceplion  visuelle. 


1  fermées 

2  demi-fermées. . .. 


Lèvres  avancées, .  Lèvi-es  avancées. 
Langue    reculée.  Langue  avancée. 


OU    (fou), 
au  (faux). 


3  ouverte. \     "  ^'°'^^- 

(    on  (fout). 

I 


u  (fui), 
eu  (feu). 
e  (Teuilie). 
uu  (dérun). 


Lèvres  reculées. 
Langue  avancée, 


I 


i  (fit). 

ë  (fée). 
ê  ifail}. 
in  (fiu^ 


Lèvres  ouv«-rte» , 
naturt-l.emenl 

H 
H9S^^  étendues. 


a    i  (pas;, 
an  /  (paon  . 


Perception  tactile. 


I.  Vibrations  très  fortes  au  sommet  de  laj 
tète  au  menton  et  au  laryux,  faibles  àj 
la  poitrine 

W.  Vibrations  moins  fortes  au  sommet  (  e, 
Ja  tête,  au  menton  ei  au  larynx,  Faibles 
à  la  poitrine \ 

m.  Vibrations  très  faibles  au  sommel) 
de  la  tète  et  au  larynx,  plus  foi  tes  à> 
la  poitrine ) 


ou 


au 

o 
on 


u 


eu 

e 
un 


é 

è 
in 


an,Mb.i» 
a  l<f  d'un' 


J 


l'institution    nationale  DBS   SOURDS-MUETS    DE   PARIS       345 

Les  procédés  mis  en  œuvre  pour  amener  le  sourd-muet  à 
s'exprimer  de  vive  voix  laissent  déjà  prévoir  ceux  auxquels 
il  aura  recours  pour  comprendre  la  parole  d'autrui. 

Chez  le  jeune  entendant  qui  apprend  à  parler  au  moyen  de 
l'oreille,  les  impressions  et  les  images  auditives  deviennent 
des  signes  représentatifs  des  mots  et  des  phrases  prononcées 
extérieurement  :  pourquoi  les  sensations  et  les  images 
visuelles  qui  ont  contribué  pour  une  bonne  part  à  Téducation 
verbale  du  jeune  sourd  ne  rempliraient-elles  pas  le  même 
office  à  son  égard? 

Telle  est  l'origine  de  la  lecture  sur  les  lèvres,  «  art  subtil  » 
qui  consiste  à  saisir  la  parole  sur  la  bouche  de  Tinterlocuteur 
par  Tunique  intermédiaire  de  la  vue. 

On  est  d'abord  tenté  de  mettre  en  doute  la  possibilité  de  ce 
mode  de  perception  du  langage,  et  il  faut  avouer  que  Talpha- 
bet  labio-visuel  offre  d'assez  nombreuses  lacunes  :  Tœil 
confond  entre  elles,  par  exemple,  les  deux  consonnes  dentales 
rfet  /des  mots  dents  et  temps  (phonétiquement  :  tariy  dan); 
mais,  en  pareil  cas,  une  faculté  nouvelle  intervient  qui  joue 
également  un  rôle  important  dans  laudition,  môme  normale, 
etdansla  lecture  des  caractères  graphiques:  cest  la  suppléance 
mentale. 

Le  jeune  sourd-muet  qui  observe  les  mouvements  des  lèvres 
lit  par  le  contexte,  sans  se  préoccuper  outre  mesure  d'analyser 
minutieusement  les  formes  fugitives  soumises  à  son  examen. 

Ce  mode  de  communication  verbale,  malheureusement  trop 
peu  connu,  est  à  la  portée  des  simples  sourds,  de  ceux  qui 
ont  perdu  l'ouïe  à  un  âge  relativement  avancé,  c'est-à-dire 
plus  ou  moins  longtemps  après  la  période  d'acquisition  du 
langage.  Par  le  fait  même  que  ces  personnes  savent  déjà 
parler,  elles  éprouvent  dans  cette  étude  une  bien  moins 
grande  difficulté  que  le  sourd-muet,  et  souvent  quelques  mois 
de  bon  enseignement  suffisent  pour  donner  au  sourd  cette 
faculté  complémentaire. 

Chez  quelques  jeunes  sourds-muets  dont  la  surdité  n'est  pas 
absolue,  on  pourra  tirer  parti  des  vestiges  d'audition  utilisables, 
et  ceux-là  seront  soumis  aux  exercices  acoustiques,  qui  sont 
<lepuis  longtemps  pratiqués  à  l'Institution  nationale  des  sourds- 
muets  de  Paria-  Cette  méthode,  révélée  seulement  en  1894  par 
Urbantschischt  au  monde  médical,  était  depuis  longtemps 
appliquée  par  les  professeurs. 


*^46  GEOllOES    TILLOY 

Nous  trouvons  en  effet  avant  lui  les  travaux  de  Dapont  : 
Rapports  sur- 1 enseignement  auriculaire  1889  ;  puis  ceux  de  : 
Vivien  :  De  l'enseignement  auriculaire^  1891  ;  Maricheile  et 
Dufo  de  Germane  :  Vefiseignement  auriculaire  dans  les  écoles  de$ 
sourds-muets,  1900. 

Tels  sont  les  éléments  que  le  professeur  inculquera  au 
jeune  sourd-muet,  et,  arrivé  à  la  fin  de  sa  première  année, 
celui-ci  sera  en  état  de  prononcer  presque  tous  les  mots  de 
Il  langue;  mais  ces  vocables  seront  pour  lui  dépourvus  de 
signification,  car  il  ignore  totalement  Tart  de  les  assembler. 
C'est  alors  que  commence  un  laborieux  travail,  qui  se  pour- 
suivra pendant  de  longues  années.  Le  jeune  sourd-muet 
apprendra  la  langue  maternelle,  le  vocabulaire  et  la  con- 
struction grammaticale.  Cet  enseignement  est  donné  par  la 
parole,  la  lecture  sur  les  lèvres  et  Técriture.  Dans  leur  livre 
4lu  cottrs  de  langue  française  à  f  usage  des  écoles  des  sourds- 
muets ,  MM.  André  et  Raymond,  d'une  part,  M.  B.  Thollon^ 
dans  la  Méthode  orale  pour  f  instruction  des  sourds-muets 
d'autre  part,  exposent  avec  une  compétence  parfaite  les 
différentes  méthodes. 

C'est  ainsi  qu'on  arrivera  à  doter  l'enfant  d'une  instruction 
primaire  assez  développée  et  comportant,  suivant  le  degré 
d'intelligence  du  sujet,  des  notions  plus  ou  moins  étendues  de 
calcul,  de  géographie,  d'histoire  de  France,  de  morale,  de 
sciences  physiques  et  naturelles. 

Pendant  les  quatre  dernières  années  de  séjour  à  Tlnslitu- 
tion,  lorsque  le  jeune  sourd-muet  a  acquis  une  connaissance 
suffisante  de  la  langue  et  qu'il  a  la  force  de  pouvoir  apprendre 
le  métier  qui  plus  tard  l'aidera  dans  la  vie,  il  entre  en  appren- 
tissage dans  un  des  ateliers  de  la  maison,  dirigés  par  des  pro- 
fesseurs spéciaux. 

Les  parents  et  l'enfant  sont  invités  par  lettre  à  se  pronon- 
cer sur  la  nature  du  métier  que  le  jeune  sourd-muet  désire 
apprendre,  et,àlarentrée,suivantledésirexprimé,  ilcomraence 
son  éducation  professionnelle,  soit  comme  jardinier,  menuisier, 
tailleur,  typographe,  modeleur  ou  sculpteur  sur  bois. 

Les  œuvres  de  ces  jeunes  artistes  sont  exposées  au  musée 
de  l'Institution.  L'ornementation  du  parloir,  du  cabinet  du 
directeur,  a  été  entièrement  exécutée  par  les  élèves. 

Le  sourd-muet  est  toujours  un  excellent  ouvrier,  ponctuel 
et  attentif,  et,  pour  peu  qu'il  soit  servi  par  une  intelligence 


l'institution  nationale  des  sourds-muets  de  paris    347 

vive,  il  arrive  à  se  faire  dans  la  vie  une  bonne  situation. 

Leurs  études  terminées,  après  quatre  ans  passés  à  l'atelier 
et  huit  ans  h  l'école,  Tinstitution  se  charge  de  les  caser,  et, 
désireux  de  ne  pas  les  abandonner  dans  la  vie,  de  toujours- 
garder  contact  avec  eux,  le  directeur  actuel  a  décidé  de  se 
renseigner  auprès  des  leurs,  des  chefs  d'entreprise,  etc.,  sur 
leur  situation  morale  pécuniaire  et  familiale. 

A  côté  de  Tinstruction  générale  et  de  Téducation  profes^ 
sionnelle,  rien  n'est  négligé  pour  la  distraction  de  Tesprit  : 
dans  les  cours  larges  et  spacieuses,  un  croquet,  un  tennis,  un 
vaste  portique  sont  aménagés.  Des  concerts  sont  donnés  tous 
les  ans  dans  la  salle  des  fôtes  ;  faits  surtout  pour  la  vue,  ils- 
obtiennent  toujours  le  plus  grand  succès. 

Enfin  des  dortoirs  bien  aérés,  des  lits  confortables  et  dcs- 
luvabos  bien  aménagés  assurent  une  bonne  hygiène.  Dans 
rétablissement,  une  piscine  permet  de  faire  prendre  des  bains 
fréquents  aux  élèves  et  de  leur  apprendre  la  natation. 

Pour  les  malades,  une  infirmerie  spacieuse,  à  la  tête  de 
laquelle  se  trouve  le  D'  Leroux,  médecin  en  chef  de  Tlnstitu- 
tion,  assisté  d'un  interne. 

L'iDslitution  de  Paris  compte,  parmi  ses  élèves,  de  nombreux 
étrangers  venus  en  France  pour  suppléer  à  Tabsence  d'ensci- 
goement  de  leur  pays.  Nous  avons  lieu  d'espérer  cependant 
que,  dans  un  avenir  qui  n'est  pas  éloigné,  le  Portugal,  la 
Houmanie  et  les  quelques  pays  qui  ne  comptaient  pas  d'écoles 
(le  sourds-muets  seront  pourvus  d'excellents  maitres,  dont 
rinstitution  de  Paris  devient  la  pépinière. 

Telle  est  l'œuvre  accomplie,  et  Ton  peut  dire  que  mainte"- 
naat  la  parole  est  rendue  aux  sourds-muets.  Aussi  combien 
paraissent  légers  les  sacriliccs  devant  l'importance  des  ré- 
sultats. 

L'école  des  muets  de  Paris  a  réalisé,  en  son  laboratoire^ 
la  physiologie  de  la  parole.  En  s'occupant  des  anormaux^ 
elle  a  rendu  de  signalés  services  aux  entendants,  pour  qui 
elle  a  indiqué  les  méthodes  nouvelles,  que  l'on  commence 
aujourd'hui  seulement  à  appliquer  dans  les  écoles  pri- 
maires :  elle  a  réalisé  la  méthode  de  lecture  sans  épellation 
ni  appellation,  qui  désigne  chaque  lettre  par  sa  valeur 
phonétique. 

Elle  a  indiqué,  pour  renseignement  des  langues, la  méthode 
directe  et  intuitive,  procédant  du  fait  ou  de  l'idée  au  mot  et  à 


348  GEORGES   TILLOY 

la  phrase  sans  recourir  à  la  traduction.  Elle  a  précédé  de 
Ijngtemps  les  méthodes  Berlitz  et  autres,  qui  ont  pris  tant 
d'extension  depuis  quelque  temps. 

On  comprendra  donc  aisément  que,  connaissant  parfaite- 
ment les  phénomènes  de  la  parole,  les  professeurs  de  sourds- 
muets  de  rinstitution  soient  tout  désignés  pour  combattre  les 
vices  d*articulation  chez  les  entendants.  C'est  dans  ce  but 
que,  depuis  plusieurs  années,  le  D**  Castex  a  fait  appel  aux 
professeurs  de  Tlnstitution  pour  fonder  un  cours  d  ortho- 
phonie, qui  fonctionne  régulièrement  à  la  clinique  annexe  et 
que  suivent  les  personnes  du  dehors. 

Pour  terminer,  disons  que  tous  les  jours  la  méthode  orale 
se  perfectionne.  Des  ouvrages  importants  sont  publiés  tous 
les  ans,  et  je  citerai  entre  autres  : 

Les  Nouveaux  programmes  d'cnseignemeni  de  1903^  œuvre 
d'une  Commission  nommée  par  la  Conférence  des  professeurs; 

Le  Français  par  rimage^  1904  (Boyer  et  Pautré)  ; 

Le  Français  par  r  usage  (Boudin,  Dupuy,  Legrand  et  Liot.. 

Enfin,  franchissant  le  domaine  pédagogique  pur,  sous 
rinitiative  de  M.  Vaisse,  ancien  professeur  à  l'Institution,  elle 
a  contribué  à  créer,  en  1878,  la  phonétique  expérimentale,  à 
qui  MM.  Havet  et  Marey  ont  donné  toute  l'extension  que  Ton 
sait. 

Comme  on  le  voit,  l'effort  donné  est  considérable;  les 
résultats  obtenus  sont  surprenants,  mais  le  champ  reste  encore 
libre  à  bien  des  expérimentations  et  à  bien  des  découvertes  : 
espérons  que  la  science,  c'est-à-dire  que  les  professeurs,  aidés 
des  médecins  et  des  spécialistes  arriveront,  dans  un  temps 
prochain,  à  améliorer  le  sort  des  sourds-muets,  que  l'on  cesse 
dès  maintenant  de  considérer  comme  des  anormaux,  et  en 
qui  il  ne  faut  plus  voir  que  des  malades  guéris  depuis  que  la 
pédagogie  les  a  rendus  au  monde  extérieur.. 


RECUEIL  DE    FAITS 


NOUVEAU  CAS  D'ACHONDROPLASIE 

Par  le  D' J.  GOMBT. 

Nous  avons  déjà  publié,  dans  cette  revue  [Arch^  de  Méd,  des 
Enfants^  1902,  page  473,  et  1904,  page  541),  plusieurs  observation 
d'achondroplasie  avec  photographies  et  radiographies,  montrant 
bien  les  particularités  cliniques  de  cette  singulière  anomalie^ 
Aujourd'hui,  nous  allons  décrire  un  nouveau  cas,  intéressant  par 
les  difficultés  de  diagnostic  et  par  les  belles  épreuves  photo-  et 
radiographiques  qu'a  bien  voulu  en  faire  M.  Ch.  Infroit,  au  labora- 
toire de  la  Salpètrière. 

Obseavation.  —  Fille  de  seize  mois.  —  Taille  exiguë,  poids  très  inférieur  A 
la  normale.  —  Saillie  des  masses  musculaires,  —  Micromélie.  —  Mort  après  une 
longue  période  d'hypothermie.  —  A  l'autopsie,  intégrité  de  la  glande  thyroïde. 

G...  Lucienne,  âgée  de  seize  mois,  entre  le  26  novembre  1905  àThôpital 
des  Enfants-Malades,  parce  qu'elle  dépérit  depuis  huit  jours. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  vingt-huit  ans,  bien  portanf, 
très  grand  et  maigre,  mère  âgée  de  vingt-neuf  ans,  de  taille  normale,  pas 
d  autre  enfant,  pas  de  fausses  couches. 

Antécédents  personnels. — L'enfant,  née  à  huit  mois,  pesait  2  750  grammes; 
accouchement  normal.  La  grossesse  aurait  été  marquée  par  des  ennuis  et 
des  chagrins  profonds.  L*enfant  a  été  nourrie  à  la  campagne,  au  sein,  dit-on, 
jusqu'à  dix  mois,  puis  au  biberon  avec  lait  bouilli. 

Pas  de  maladie  antérieure,  pas  de  diarrhée,  constipation  habituelle 
nécessitant  Tusage  quotidien  de  lavements. 

Depuis  huit  jours,  dépérissement,  refus  de  nouiTiture,  sommeil  agile, 
pas  de  fièvre. 

État  actuel.  —  L'enfant,  ridée,  ratatinée,  a  Tair  très  petit,  avec  des 
membres  courts,  des  masses  musculaires  faisant  une  saillie  exagérée  ;  on 
dirait  d*un  pygmée.  Taille  55  centimètres,  à  peine  supérieure  à  celle  d'un 
Qouveau-né,  inférieurede  20  centimètres  à  la  normale.  Poids  4  670grammes, 
correspondant  au  poids  dun  enfant  de  deux  mois;  si  l'enfant  était 
normale,  elle  devrait  peser  environ  10  kilogrammes. 

Avec  cette  exiguïté  et  cette  faiblesse  de  poids,  on  s'attend  à  voir 
un  athrepsique.  Or  l'impression  qui  se  dégage  au  premier  abord  est  celle 
d  une  enfant  anormale,  idiote,  myxœdémateuse  peut-être  (fig.  1). 

Fontanelle  antérieure  assez  large,  pas  une  seule  dent.  Cependant  aucune 
déformation  rachitique,  pas  de  chapelet  costal,  pas  de  craniotabes.  Ce 
qui  frappe,  c'est  l'état  de  la  peau  flasque,  ridée,  surtout  au  niveau  des 
membres.  Sous  cette  peau  trop  large  pour  les  parties  qu'elle  enveloppe. 


on  senl  des  masses  musculaii'es  tlures,  saillanles,  formant  un  ri^li^r 
exagéri^.  Pas  de  masses lipomateuses,commconftn  voildan.slomyxoctlrmr. 
L'enfant  n'est  il'ailleui's  pas  inerte,  comme  il  arrive  dans  cette  miilaijii'. 
elle  crie  beaucoup  et  s'agite. 

Les  yeux  sont  [Klils,  les  paupièi-es  inférieures  boy  mes;  la  lansnc.  lanif. 
volumineuse,  sans  fissures  À  la  surface,  fait  SHillieliorsde  la  bouche.  IVI» 
4:nntrJbue  à  donner  à  l'enfanl  le  fanes  d'un  myxo-dt'niateux.  La  t^le,  lui  a 
4<  centimètres  de  circonférence,  n'est  pas  bracliycéphale,  comme  dan*  li- 
mongolisme,  maiii  un  peu  alionfrée.  (Cheveux  rari^s,  courts,  mais  pas  duis. 


Fig.  I.  ~  AapecI  d'idinl. 

■  Mains  larges  et  canêes,  en  triilcnl.  Membres  très  courU,  égalité  di- 
longueur  entre  l'avant-bras  et  le  bras,  entre  la  jambe  et  ta  cuisse.  Li- 
membre  inférieur  a  24  centimètres  de  longueur  totale,  en  complant  An 
l'aiius  à  la  plante  du  pied  ;  le  membi-e  supérieur  a  t7'","i  {9  pour  Ir  bras 
tt.Ti  pour  !  "avant-bras).  Le  Ininc  est  piuliH  long  (20  centimètres).  Vcnliv 
t  oliimineux,  pointe  de  hernie  ombilicale  ;  prolapsus  rectal.  Oyplioii;  ver- 
tébrale li-ès  accusée. 

L'examen  radiographique  (lig.  2  el  1)  montre  l'absence  (VossiCratiim 
dans  les  cartilages  épiphysaircs  des  us  long»,  en  même  temps  i\w  la 
brièveté  des  diapbyses;  ces  os  ne  sont  pas  amincis,  maisplutàl  foils. 

La  (lystmpbie  osseuse,  l'achondropla-sie  se  montre  nettement  dans  i'<> 
liguivs. 

L'examen  des  viscèresne  dénote  riendepaKiculierïtiuelqneasibilanir^ 
à  l'aiisrultatioii  des  poumons,  rien  au  cii-ur  ;  foie  et  rate  sans  augmentalinn 


// 


NOLVEAC    CAS  D'aCHONDROPALSIE  ST»! 

Le  soir  <le  l'enti-ée  à  l'IiAp ilal,  la  température  rectale  est  de  36°, i;  elle 
•^'ab&isse  le  jour  suivant  à  ;i6°et  oscille  pendant  huit  joui-s  sutour  de  36", 
si-levant  parfois  à  36°,3,  pour  s'abaissera  3j°,8  el  même  à  35>,6  h  veille 
Vt  le  jour  de  la  mort.  L'enfant  a  saccombii  ainsi  en  hypothermie  li> 
S  décembre  1905,  malgré  les  bains  chauds  que  nous  lui  avions  prescrils. 


Pig.  i.  —  Rad,ogi'a[)liiU  dr  In  niuiii. 

A  l'autopsie,  faite  le  lendemain,  nous  avnns  trouvé  les  {mumiinv 
'''iiçestionnés  ;  le  cœur  sans  lésions  val  vulaires  ni  vices  de  développemenl  ; 
il  nous  a  paru-  seulement  un  peu  petit. 

Le  thymus  était  peu  développé,  le  corps  thyi'oïde  absolument  normal. 

Pas  de' tuberculose.  Crâne  aminci,  allongé;  sa  l>a$o  était  étroite;  rii'it 
*lans  le  cerveau,  le  foie,  les  reitis,  etc. 

Ponc  voici  une  lillctte  de  seize  mois,  liée  avant  terme,  nourrie  au 
sein  d'abord,  puis  nu  biberon,  en  retard  pour  le  poids  du  corjiM 
el  la  taille,  quoique  non  nlhrcpsique.  Cette  enfant,  très  petite  ù  la 
nuissancc,  n'avait  pas  pu  se  développer  normalement,  et  elle  est 
morte  en  hypothermie  sans  lésions  viscérales  pouvant  expliquer 
celte  mort. 


:(52  J-    COMBY 

Le  diagnostic  présentait  des  difficultés.  Après  discussion,  nous 
avons  éliminé  le  rachitisme,  l'idiotie  mongolienne,  le  myxœdème 
congénital.  Restait  l'achondroplasie,  dont  le  radiographie  a  <wq- 
firmé  le  ditignostic 


Fig.  3.  —  Rsdmgruplùu  des  lucml.res  inférieurs. 

Quant  à  la  cause  do  cette  anomalie,  nous  n'avons  pu  la  saisir: 
nous  soulignerons  seulement  les  chagrins  et  ennuis  éprouvés  par  la 
mère  pendant  la  grossesse.  C'est  U  une  condition  étiologiiue  que 
nous  retrouvons  dans  d'autres  anomalies  inrantiles,  et  notamment 
dans  le  mongolisme. 


REVUE    GÉNÉRALE 


ÉPIDERMOLYSE    BULLEUSE  CONGÉNITALE 

On  a  confondu  longtemps  avec  lé  pemphigus  une  dérnaalose 
biilleiise  de  Tenfance  qui  présante  cependant  des  caractères  bien 
particuliers. 

De  nombreux  auteurs  ont  cherché  à  établir  rautononiié  et  l'indi- 
vidualité de  cette  dermopathie  congénitale,  que  le  D"'  Petrini- 
Galatz  (de  Bucarest)  appelle  épidermolysê  huileuse  dysirophif/Ue 
et  congénifale(i). 

Avant  le  D'  Petrini-Ualàtz,  que  nous  prendrons  surtout  pour 
iruide,  nous  devons  citer  les  auteurs  qui  ont  entrevu  ou  bien  décrit 
la  maladie  nouvelle.  !         :       .   ^ 

Vidal  {Réuniàns  cliniques  de  Vhùpitat  Saint- Louis /\  avril 
1889  ,  sous  le  nom  dé  lésions  trophiques  d'origine  congénitale  à 
marche  progressice^  a  présenté  une  fille  de  treize  ans,  chez 
laquelle  les  lésions  pemphigoïdes  occupaient  la  face  dorsale  des 
rir(iculations  des  mains,  des  coudes,  des  gei^oux,  des  cous-de-pied. 
Hailopeau  {Soc,  franc,  de  Dermatologie^  1890)  décrit  la  même 
affection  sous  le  titre  de  :  Dermatose  butlelise  infantile  avec  cica^ 
tricea  indélébiles,  kystes  épidermiques  et  manifestations  buccales, 
U  insiste  en  même  temps  sur  là  symétrie  des  lésions  et  les  altéra- 
tions des  ongles,  qui  se  voient  dans  les  cas  typiques. 

M.  Petrini-Galatz  accepte  la  dénomination  à' épidermolysê  hui- 
leuse congénitale,  proposée  par  H.  Kobner,  ou  celle  de  Trophoné- 
r rose  huileuse  congénitale  à  poussées  successives.  Il  pense  qu'il  faut 
en  disting-uer  les  cas  de  Tilbury  Fox  (  1879),  Goldscheider  (1882),  etc., 
visant  une  prédisposition  ou  tendance  héréditaire  à  la  formation  de 
bulles  sous  rinfluence  de  légers  traumatismes  :  coups,  frottements 
par  le  col  du  vêtement,  etc. 

(Il  Contribution  à,  Tétude  clinique  et  histopathologique  de  Tépidermolyse 
huileuse  dystrophique  et  congénitale  {Annales  de  dermatologie  et  de  syphili- 
graphif,  août-septembre,  1906.  Les  flgures  qui  accompagnent  cette  Revue  ont 
été  mises  grafieusemeol  à  noire  disposition  par  la  Rédaction  de  ces  Annales. 

Arch.  db  xédec.  des  enfants,  190".  X.   —  23 


354  REVUE   GÉNÉRALE 

L'épîdermolyse  huileuse  serait  une  dermatose  bien  déGnie,  à 
évolution  uniforme,  se  présentant  toujours  avec  les  mêmes  sym- 
ptômes objectifs.  Dans  cette  définition  rentrent  les  cas  de  Lesser(l , 
Herzfeld  (2),  Aug-agneur  (3),  J.  Bowen  (4),  Rona  (5),  Baizer  et 
Alquier  (6). 

Dans  un  cas  de  Bettmann  (7),  la  dermatose  se  transmit  à  quatre 
générations. 

Plus  récemment,  le  D'  Grandjean-Bayard,  inspiré  par  Gau- 
cher (8),  après  Tétude  de  cinquante-huit  observations  prises  à 
diverses  sources,  admet  avec  réserves  que  le  pemphig-us  congénital 
à  kystes  épidermiquéd  iépidermolyse  huileuse  de  forme  dystro- 
phique)  et  le  pemphigus  héréditaire  traumatique  simple  {épider- 
molyse  huileuse  traumatique  simple)  forment  deux  espèces  mor- 
bides. 

Dans  la  deuxième  forme,  Phérédité  joue  un  rôle  ;  dans  la  pre- 
mière forme,  elle  n'en  joue  aucun.  Dans  Tépidermolyse  trauma- 
tique simple,  Tétat  général  est  bon,  les  sujets  sont  vigoureux,  leur 
maladie  s'atténue  avec  Tâge  et  peut  quelquefois  guérir. 

Dans  Tépidermolyse  dystrophique,  les  sujets  sont  chétifs,  Tatté- 
nuatipn  avec  Tàge  laisse  persister  des  stigmates.  Dans  la  seconde 
forme,  les  bulles  sont  exclusivement  traumatiques  et  se  voient  là 
où  les  traumatismes  ont  porté,  surtout  à  la  plante  des  pieds  et  à  la 
paume  des  mains,  des  frottements  légers,  des  pressions  suffisant 
pour  les  produire. 

Danâ  la  première,  il  y  a  des  bulles  spontanées  et  des  bulles  trau- 
matiques, des  dystrophies  unguéales,  des  cicatrices  et  atrophies 
cutanées,  des  kystes  épidermiques  ;  les  bulles  occupent  surtout  le 
plan  d'extension  des  membres,  etc. 

Le  traumatisme  n'est  pas  le  seul  agent  provocateur  à  invoquer. 
Chez  un  enfant  de  six  ans,  observé  par  Berger  {Arch.  f.  Demi, 
und  Syph.,  LXXX,  p.  23),  si  les  frictions  de  la  peau  provoquaient 
des  bulles,  alors  que  les  grattages  et  piqûres  n'en  produisaient  pas, 
les  rayons  de  Rontgen  avaient  les  mêmes  effets  que  les  frictions.  Aux 
extrémités,  chez  cet  enfant  atteint  d'épidermolyse  huileuse  hérédi- 
taire, des  bulles  apparaissaient  spontanément.  Tronc  peu  atteint. 

(1)  Lesser,  Avch.  f.  Derm.,  1892,  XLV,  p.  217. 

(2)  Herzfeld,  Bevl.  klin.  Woch.,  1893,  p.  134. 

13)  AuoAGNKUH,  Un  cas  de  derinatite  huileuse  congénitale  (. 4 nii.  dec/efm.,1891  . 
(ij  BowE?f,  Congénital  bulioiis  dermatitis  with  epidermic  cysts  iJourn.  o,' 
eut,  and  genif.  iirin.  diseases,  1898,  p.  253). 

(5)  Rona,  Zwei  Faile  von  Epiderinolysis  biiliosa  {Arch.  f.  Dcrm.^  1899). 

(6)  Bai.zer  et  ÂLQUiER,  Dermalite  huileuse  congénita'e  à  kystes  épider- 
miques (Ann.  de  Devra.,  1901,  p.  739). 

(7)  Bkttm\sn^  Ueber  die  dyslr.  Korm  der  Epidermolysis  bullosa  hereditaria 
[Arck,  f.  Denn.,  1901). 

(8)  Gha.ndjeax-Uayard,  Pemphigus  congénital  à  kystes  épidermiques  \Thhf  '"* 
Parts,  juillet  190C). 


ÉPIDERMOLYSE   BULLEUSE   CONGÉNITALE  355 

Contenu  séreux  ou   hémorragique,   séro-purulent  à  la  paume 
des  mains  et  à  la  plante  des  pieds. 
Étudions  maintenant  les  trois  faits  inédits  de  M.  Petrini-Gala(z. 

I.  Fille  de  sept  ans,  reçue  à  la  clinique  de  Bucarest,  le  3  juillet  1903, 
sortie  améliorée  le  23  mars  1904. 

Père  et  mère  sains.  Premier  enfant,  venu  à  terme,  ayant  des 
bulles  sur  le  cuir  chevelu,  mourut  le  treizième  jour.  Deuxième 
enfant,  âgé  de  treize  ans,  bien  portant. 

Troisième  et  quatrième  enfants,  morts  à  trois  ans  et  à  huit  mois„ 
ayant  des  bulles  sur  la  peau.  Septième  enfant,  mort  d'accident  à 
deux  ans,  n'a  n'en  eu. 

Cinquième  et  sixième  atteints.  Donc,  sur  sept  enfants,  tous  nés  à 
terme,  cinq  ont  eu  des  bulles^ 

La  petite  malade,  atteinte  dès  la  naissance,  présenta  à  six 
semaines  des  bulles  sur  les  doigts,  les  orteils;  vers  six  mois,, 
efflorescences  sur  les  gencives.  Puis  bulles  solitaires  sur  la  poi^ 
trine  et  le  dos.  Trois  mois  après,  petites  saillies  ^kystes  épider- 
miques)  aux  genoux  et  à  la  face  dorsale  des  doigts.  État  général 
bon,  développement  normal. 

Actuellement,  aucune  lésion  sur  le  cuir  chevelu  et  la  face,  sauf 
une  bulle  à  la  partie  moyenne  du  dos  du  nez  et  une  vésicule  à 
l'aile  droite  du  nez;  contenu  rougeàtre.  Excoriations  sur  la  voûlc 
palatine,  Tarcade  dentaire,  la  gencive  supérieure  ;  ce  sont  des  restes 
de  bulles  préexistantes.  Ganglions  sous-maxillaires  engorgés. 
Tronc  et  abdomen  indemnes. 

Aux  coudes,  peau  amincie,  ratatinée  au  cenlre,  viotecée,  avec 
petites  squames  et  croûtelles  (restes  de  bulles).  Quelques  vésicules 
à  la  face  dorsale  des  mains,  sur  les  doigts,  avec  kystes  épider- 
miques.  I/onglede  Tauriculaire  droit  est  détruit;  celui  du  médius 
gauche  est  raccourci,  épaissi,  noirâtre.  Lésions  étendues  aux 
jfcnoux.  A  la  face  antérieure  du  genou  droit,  aspect  cicatriciel  de 
la  peau,  «qui  est  amincie,  violacée,  ratatinée,  couverte  de  squames 
et  croûtelles.  En  haut  et  en  dehors,  bulle  du  volume  d'une  noisette 
à  contenu  séreux.  A  gauche,  même  aspect  avec  une  bulle  du 
volume  d'un  petit  œuf.  Petites  cicatrices  aux  jambes  et  cous-de- 
pied,  bulle  grosse  comme  un  petit  pois  à  droite.  Ongles  des  orteils 
altérés. 

Ganglions  inguinaux  un  peu  augmentés.  État  général  bon. 

Le  traitement  au  début  fut  :  bains  chauds  borates,  puis  douches 
écossaises;  à  l'Intérieur,  arséniate  de  soude,  puis  phosphate  de 
soude,  acide  phosphorique. 

L'ensemencement  du  liquide  des  bulles  a  donné  plusieurs  fois 
du  staphylocoque  doré,  probablement  par  contamination  des 
cultures. 


iÛti  IIEVL'E  OÉXÉflAI.E 

Du  gl  juillet  1903  au  II  mars  iOJ4,  apparition  de  27  bulles  : 
1  au  visage,  4  dans  la  bouche,  10  sur  les  membres  suptirieurs. 
12  sur  les  inrérieups,' 

Le  23  mars,  au  moment  de  la  sortie,  aspect  psorinsirorme  des 
coudés,  petites  plaques  épidermic|ues,  cicatricielles,  simulant  des 
verrues  planes  aux  doig-ls,  altérations  des  ongles,  plaques  rouge 
violacé,  nodules  épidermii|ues  au  niveau  des  articulations  phaUn- 
giennes(fig.  1). 

Peau  des  orteils  d'un  rouge  violacé  pflle,  aspect  ridé  et  ratatim'. 


ongles  profondément  altérés,  représentés  par  des  débris  i'ugueu\ 
dill'ormes  ifig.  2  . 

il.  Fille  de  cinr|  ans,  sreur  de  la  précédente,  entrée  el  sortie  le 
même  jour;  dés  l'àge  de  six  semaines,  bulles  sur  les  genoux,  les 
doigts  et  les  orteils;  à  deux  ans,  efllorescences  semblables  dans  l;i 
bouche.  Ucs  bulles  se  sont  montrées  sur  le  dos  des  doigta,  laissant 
des  traces  analogues  ù  de  petites  verrues  planes. 

Knfunt  bien  développée.  Veines  tiês  apparentes  sur  les  côtés  du 
thorax  el  du  ventre. 

A  la  région  lombaiie,  au  niveau  des  apophyses  épiiieus^'s, 
vestiges  de  bulles  ;  aux  coudes,  peau  plissée,  ridée,  squamou-e. 


ÉPiDEUMOLVSE  DLLLEfSE  COSUh'NlTALK  aj7 

Traces  de  bulles  sur  les  mains,  exfolialionde  réiiidermekiirolinisé. 
A  la  face  dorsale  des  orliculations  métacarpo-phalang-iennes,  petits 
[ilacards  irréguliers,  rosés,  saillants;  quelques-uns  plus  roug-es 
entourés  de  débris  épidermiques,  restes  de-bulles  ifig.  3i;  les 
lésions  prédominent  à  la  main  gauche.  Ongles  allérés.  Squames  et 
croùtelies  sur  les  genoux. 

Traces  de  bulles  aux  jambes  et  aux  pieds.  Lésions  des  ongles 
des  pieds.  L'e.xamen  bactériologique  a  donné  le  staphylocoque 
lommednnslecasprécédenl.  Cette  enfant  aété  revue  le  11  juin  i'.)05, 
jn-ésenturtt  des  lésions  analogues  à  celles  constatées  penduiil  sou 
séjour  à  l'hôpital. 

111.  Fille  de  six  ans,  reçue  le  13  janvier  ifiOÔ,  ù  la  clinique  do 
M.  Petrini-Galatz.  Parents  bien  pnrtitnts.  Une  sœur  saine  ;  cinq 


Fis-  a. 

frères  morts  enlre  un  et  trois  ans,  sans  manireslaltons  cutanées. 

\  l'âge  de  deux  mois,  on  vit  apparaître  des  vésicules  et  bulles 
de  dimensions  variables  à  la  Tnce  dorsale  des  doigts  et  des  orteils, 
nus  genoux  et  coudes,  etc.  Enfantbiendês*eloppée,  bon  état  général. 
Tache  pigmenlaire  sur  la  partie  droite  du  nez,  reste  de  bolle. 

Pigmentation  du  cou,  des  régions  claviculaires,  des  épaules,  du 
thorax.  Vésicules  et  bulles  sur  les  coudes,  contenu  transparent; 
grains  épidermiques  prédominant  sur  la  région  dorsale  des 
'loigts;  ce  sont  des  kystes  épidermiques  résultant  de  métamor- 


358  REVUE   GÉNÉRALE 

phofics  des  efllorescences  anlèrieures;  cicatrices,  taches  pigmen- 
iées,  ongles  altérés,  épaissis,  slriës.  caducs,  etc.  Mêmes  lésions 
sur  les  genoux,  les  jambes,  W 
pieds.  Quelques  ganglions  en- 
gorgés dans  les  aisselles,  les 
aines  et  aux  cAtôs  du  cou. 

Traitement  :  vaseline  boii- 
quéc  comme  topique,  injections 
de  cacodylale  de  soude  (1  cen- 
tigramme par  jour  pendant 
dix  joui's)  ;  repos  de  dix  jours, 
puis  2  cenligrammes  porjour. 
puis  2  centigrammes  et  demi. 

D'après  les  belles  observa- 
lions  de  M .  PeIrini-GalaU.  que 
nous  venons  de  résumer,  on 
voil  que  les  poussées  huileuses 
dans  l'ëpidermolyse  congéni- 
tale sont  très  rares.  Le  contenu 
des  bulles  est  séreux,  sangui- 
nolent ou  rosé.  Le  siège  de 
prédilection  est  sur  les  facis 
d'extension  des  membi-es.  A 
force  de  se  répéter  sur  les 
mêmes  points,  les  poussées 
huileuses  laissent  des  traces  : 
peau  atrophiée  aux  coudes  el 
genoux,  cicatrices  blanchâtres, 
kériitosiques,  corpuscules  de 
milium.  I^es  ongles  subisseni 
une  alléralion  |iroronde,  cl  l;i 
plupart  sont  détruits  enlicre- 
ment.  Ces  lésions  trophiquo 
sont  capitales  pour  le  savuiil 
médecin  roumain  el  servonl 
il  individualiser  la  dermatose. 
Le  Iraumalismc  n»  j"uc 
nucun  rôle  ;  les  deux  sœurs 
^.jg  3  jouaient   cl  se  ballaicnt  sans 

:cssc,   et  cependant,  en  huit 

mois,  elles  n'ont  présenté  que  de  rares  jioussées  ;  d'autre  p"rl. 

des  chocs  volontaires  sur  les  coudes  n'ont  amené  aucune  lésion. 

Knfin    comment    ex|iliquer.   avec    le    traumatisme,   les    longues 

accalmies  de  In  dermatose  huileuse  ? 


ÉPIDERMOLYSE   BULLEUSE   CONGÉNITALE  i^ 

Les  eiiTants  n'oot  pas  de  ti-ëve  dans  leurs  jeux,  dans  leurs  luttes, 
dans  leurs  chutes,  dans  leurs  coups  ;  les  poussées  huileuses 
devraient  être  incessantes.  L'influence  saisonnière  a  semblé 
nulle. 

Par  contre,  dans  la  maladie  caractérisée  par  une  prédisposition 


•  il 


III 


|Ê*| 


héréditaire  k  ta  formation  des  bulles,  l'iiilluencc  des  chaleurs  de 
l'été  sest  manifestée. 

Les  filles  seraient  plus  souvent  atteintes  i|ue  les  gar(;ons,  cl  la 
maladie  serait  cong'énitolc. 

Malgré  le  peu  de  succès  des  examens  histo-bactériolo}fiques,  il 
tst  probable  que  la  cause  intime  de  Tépidennolyse  huileuse  dys- 
Imphique  réside  dans  une  altération  du  syslême  nerveux  péiiphé- 


'860  REVUE  GÉNÉRALE 

rique  ;  car  les  lésions  rappellent  celles  de  la  lèpre  trophonévro- 
tique  ;  il  est  vrai  que  les  troubles  de  la  sensibilité  manquent  dans 
l'épidermolyse. 

Hailopeau  est  partisan  de  la  théorie  angio-névrotique^qui,  d'après 
lui^  expliquerait  la  symétrie  des  manifestations  buHeuses.  Celle 
théorie  n'a  rien  d'inconciliable  avec  la  doctrine  trophonévro- 
tique. 

D'après  les  biopsies  faites  sur  ses  malades,  M.  Petrini-Galatz 
trouv.e  que  les  bulles,  situées  presque  toujours  dans  un  plan  supé- 
rienr  aux  kystes  épidermiques,sont  formées  par  plusieurs  couches 
de  cellules  malpighiennes.  Le  contenu  est  limpide,  transparent  ou 
purulent  ;  parfois  des  hématies  remplissent  la  cavité  de  la  bulle. 
Parmi  les  kystes  épidermiques,  les  uns  semblent  développés  aux 
dépens  des  follicules  pilo-sébacés  ;  les  autres  ne  semblent  pasaxoir 
de  relations  étroites  avec  les  glandes  sudoripares.  Le  contenu  <ie 
certains  kystes  est  formé  en  grande  partie  de  cellules  éf»ider- 
miques  kératinisées. 

Ces  lésions  n'ont  pas  le  caractère  inflammatoire,  et  elles  ne  con- 
tredisent en  rien  la  théorie  névro-trophique  soutenue  par  Tauleur 
de  ce  très  intéressant  travail  {Cig,  4). 


AilALYSES 


PUBLIC ATIOm  PÉRIODIQUES. 


Gliome  primitif  de  la  capsule  surrénale,  par  MM.  Lapointe  el  Lecène 
Arch.  de  méd.  exp.  et  d'an.  pa//i.,  janvier  1907). 

Fille  de  dix-neuf  mois,  entrée  à  l'hôpital  Bretonneau  le  28  août  190;'). 
Il  y  a  quatre  mois,  tumeur  indolente  dans  le  côté  gauche  du  ventre.  La 
tumeur  se  perd  en  haut  sous  les  fausses  côtes  et  descend  en  bas 
jusqu'à  la  crête  iliaque  ;  voussure  à  la  région  lombaire.  Surface  irrégu- 
lière, bosselée,  consistance  dure,  volume  des  deux  poings,  un  peu  de 
niobihté.  Trines  normales.  On  fait  le  diagnostic  dé  tumeur  maligne  du 
ivin.  M.  Lapointe  l'opèi^e  le  30  août.  Décorlicalion  très  pénible  de  la 
tumeur.  En  arrière,  on  ouvre  l'aorte.  Mort  une  heure  et  demie  après 
Tiipération. 

Le  rein  gauche  est  accolé  à  la  face  j)ostérieure  du  néoplasme,  il  est 
normal;  on  ne  U'ouve  pas  la  capsule  surrénale.  Coupe  de  la  tumeur 
homogène,  d'un  blanc  rosé.  Les  ganglions  prévei'tébraux  sont  gros  et 
inliltrés  d  une  substance  blanche  et  ferme,  (langlions  également  dégé- 
nérés dans  le  médiastin. 

En  résumé,  tumeur  développée  au  niveau  de  la  capsule  surrénale 
gauche,  ayant  refoulé  le  rein  normal  en  bas  et  en  arrière,  infiltré  le 
pilier  gauche  du  diaphragme  et  Taorte,  avec  mé(a:>tases  ganglion- 
naires. 

Au  microscope,  travées  pluv<<  ou  moins  épaisses  de  tissu  conjonctif 
enserrant  des  alvéoles  remplis  de  noyaux  et  d'une  substance  interstitielle. 
Rien  qui  rappelle  la  capsule  surrénale.  C  était  un  gliome  de  la  capsule 
surrénale  avec  éléments  nerveux  ectopiques  (fibrilles  de  névroglie). 

iletlc  tumeur,  très  rare,  serait  le  troisième  cas  connu  de  gliome  de  la 
capsule  surrénale. 

Acidilied  milkin  infant  feeding  (Lait  acidifié  dans  Talimentalion  infan- 
tile,, par  le  D»"  Henrt  I.  Bowditcii  {Art:h.  of  Ped,^  déc.  1906). 

C'est  le  D'  Ballot  (Rotterdam  1865)  qui  le  premier  a  attiré  l'attention 
des  médecins  sur  le  babeurre.  Après  une  éclipse  assez  longue,  ce  produit  a 
reparu  sous  les  auspices  de  de  Jager  (1884),  puis  de  Teixeira  de  Mattos,  etc. 
Le  babeurre  peut  être  fait  avec  la  crème  fraîche  ou  avec  la  crème  fer- 
mentée,  avec  le  lait  frais  ou  avec  le  lait  fermenté.  Cette  fermentation 
s'obtient  spontanément  à  une  température  convenable,  ou  par  ensemen- 
cement de  bactéries  acido-lactiques. 

La  composition  du  babeurre  se  fait  remarquer  par  sa  pauvreté  en 
beurre,  sa  richesse  en  caséine  et  en  sucre-(ce  dernier  étant  ajouté  dans 
la  préparation).  La  valeur  en  calories  du  babeurre  serait  de  300  à  400, 
inférieure  de  moitié  à  celle  du  lait  total. 


302  ANALYSES 

On  n'emploie  plus  le  babeurre  cru  ;  on  remploie  cuit  avec  une  farine  e| 
du  sucre  (10  à  25  grammes  de  farine,  90  grammes  de  sucre  par  litre;'. 
Or  la  valeur  en  calories  s'élève  à  600  et  700  par  litre. 

11  est  indiqué  dans  Tathrepsie,  la  dyspepsie  intestinale,  dans  la  période 
de  marasme  qui  suit  les  diarrhées  infantiles,  dans  Tallaitement  mixte, 
dans  les  cas  où  les  autres  aliments  ont  été  inefficaces.  Il  est  contre- 
indiqué  dans  les  vomissements  graves,  au  début  des  diarrhées  aiguës, 
quand  les  selles  sont  très  acides. 

L'auteur  a  employé  le  babeurre  pasteurisé  à  Thùpital  de  nourrissons  ou 
au  Floating  Hospitalde  Boston  (service  du  D'  Morse). 

On  donna  le  lait  acîdiQé  non  pasteurisé  à  28  enfants  de  moins  de  onze 
mois;  5  qui  étaient  très  malades  ne  furent  pas  améliorés  ;  3  prirent  bien 
la  mixture  ;  7  gagnèrent  ou  perdirent  du  poids,  ils  étaient  atrophiés  ; 
3  s'en  trouvèrent  plus  ou  moins  bien,  etc. 

Bref,  on  peut  dire  que  le  babeurre  n'a  pas  eu  d'effet  nuisible,  mais  sans 
produire  de  meilleui's  effets  que  les  autres  nourritures  employées.  Ceux 
qui  avaient  des  troubles  intestinaux  semblèrent  plus  améliorés  que  ceux 
qui  avaient  des  troubles  gastriques . 

On  donna  le  babeurre  pasteurisé  à  34  nourrissons,  entre  deux  et  vin^'t- 
trois  mois.  Là  encore  les  résultais  furent  variables,  mais  un  peu  meil- 
leurs dans  leur  ensernble. 

The  diagnosis  o!  laie  hereditary  syphilis  in  the  school  cbild 
(Diagnostic  de  la  syphilis  héréditaire  tardive  chez  les  écoliers;,  par  le 
D*"  G.  DE  Saîstos  Saxe  (Arch.  of  Ped.^  déc.  1906). 

Parmi  2500  enfants  examinés  dans  les  écoles  de  New  York,  lauteur 
n'en  a  trouvé  que  12  chez  lesquels  des  signes  physiques  pouvaient  faire 
présumer  la  syphilis  héréditaire. 

Aucun  renseignement  sur  la  santé  des  parents. 

Les  enfants  examinés  avaient  de  six  ans  à  seize  ans  ;  autant  de  garçons 
que  do  filles. 

Les  enfants  reconnus  comme  syphilitiques  avaient  entre  six  el 
quatorze  ans  (5  garçons,  7  filles). 

Tous,  sauf  un,  avaient  de  l'insuffisance  mentale  et  avaient  la  dent  de 
Hutchinson  ;  4  montraient  les  vestiges  de  lésions  oculaires  syphilitiques 
(1  avec  kératite  en  activité).  Tète  hydrocéphalique  chez  3  enfants.  Tous 
avaient  un  développement  physique  retardé,  7  montraient  en  même 
temps  des  stigmates  de  rachitisme  osseux.  Cicatrices  buccales  chez  0, 
tous  avaient  des  glandes  lymphatiques  hypertrophiées  ;  2  avaient  des 
lésions  nasales;  aucun  ne  présentait  de  lésions  de  la  gorge.  Choréechez 
2  enfants. 

A  case  of  right  facial  paralysis  and  left  hemiplegia;  recovery  (Cas  de 
paralysie  faciale  droî  te  el  hémiplégie  gauche;  guérison),  par  le  D*"  He««a> 
B.  iSiiEFFiELD  [Arch.  of  Ped.j  déc.  1906). 

Garçon  de  vingt  mois,  d'une  famille  saine  de  3  enfants.  Père  tri^^ 
nerveux.  11  y  a  un  mois,  l'enfant  prit  froid  ;  il  y  a  trois  semaines,  vomis- 
sement, fièvre  vive,  douleurs  et  spasmes  musculaires.  Amélioration  au 
bout  de  huit  jours.  Mais  il  ne  peut  marcher,  ne  peut  se  servir  de  son 
bras  gauche  el  a  la  bouche  de  travers.  Quand  on  le  fait  crier,  les  pau- 
pières restent  closes  à  droite,  le  sillon  naso-labial  est  moins  marqué,  la 
commissure  labiale  tombe  un  peu.  Réaction  légère  de  dégénérescence. 

Paralysie  de  la  jambe  gauche  et  du  bras  gauche  ;  l'enfant  marche 
quand  on   le  soutient,   mais  traine  la  jambe,  qui  est   un  peu  raide. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  363 

L'épaaie  gauche  est  tombante  ;  il  ne  peut  soulever  son  bras  gauche  et, 
quand  on  le  soulève,  il  i^tombe  de  son  propre  poids.  Exagération  des 
réflexes  patellaires,  surtout  à  gauche.  Sensibilité  conservée.  Pas  de 
réaction  de  dégénérescence. 

Double  otite  moyenne  (D""  Max  Talmey),  plus  prononcée  à  droite.  La 
paralysie  faciale  s'expliquerait  ainsi.  Quant  à  l'hémiplégie,  elle  serait  due 
à  une  encéphalite  aiguë  grippale.  Guérison  en  trois  mois.  Il  y  a  eu  ici 
aae  paralysie  périphérique  et  une  paralysie  cérébrale  concomitantes, 
mais  non  subordonnées. 

Maladie  de  Barlow,  par  MM.  Bonnet  et  Ch\ttot  {Lyon  médical,  25  mars 
1906). 

Fille  née  le  16  décembre  1904,  morte  le  25  février  1906.  Entrée  à  la 
crèche  le  2  mai  1905  pour  des  croûtes  séborrhéiques  du  cuir  chevelu  et 
pour  deTérythème  du  tronc.  Nourrie  au  lait  stérilisé  par  la  méthode  de 
Soxhlel.  On  fait  le  diagnostic  d'hérédo-syphilis  en  août,  et  on  prescrit  des 
frictions  mercurielles.  Chapelet  rachitique.  Le  12  janvier  1906,  fièvre, 
faiblesse  générale.  Membres  inférieurs  douloureux  et  impotents.  Le  14, 
pas  de  fièvre.  Le  26,  fièvre  de  nouveau  avec  douleur  du  bras  gauche. 
Souffle  à  la  base  droite. . 

Le  14  février,  les  jambes  sont  complètement  inertes  ;  mobilité  anormale 
des  genoux,  qui  sont  très  volumineux.  Crépilalion  osseuse  au  niveau 
de  l'épaule  gauche.  Œdème  des  pieds  et  des  jambes.  Oh  pense  à  la 
maladie  de  Parrot.  Gencives  saignantes  et  fongueuses.  Pas  de  purpura 
ni  ecchymoses  ;  mort  le  25  février. 

A  Fautopsie,  points  de  bronchopneumonie.  Hémorragie  sous- péri ostée 
du  tibia  gauche  ;  décollement  épiphysaire. 

Présenté  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux  de. Lyon,  ce  cas  a  été 
contesté  par  M.  Weill,  qui  récuse  le  diagnostic  de  scorbut  infantile. 

L'ictère  d'origine  congénitale,  par  le  D**  Chauffard  [Journal  des  Prati- 
ciens, 19  janvier  1907). 

11  s'agit  de  sujets  qui  sont  jaunes  à  la  naissance  et  restent  tels  indéfi- 
niment, sans  eu  éprouver  de  troubles  appréciables.  Leurs  selles  ne  sont 
pas  décolorées,  la  rate  est  grosse  et  le  foie  ne  dépasse  pas  les  fausses  eûtes. 
Il  n'y  a  donc  pas  de  signes  d'obstruction  biliaire.  Le  régime  alimentaire 
a  peu  d'influence  sur  cet  ictère  congénital.  Par  contre,  les  fatigues,  les 
voyages,  les  émotions  aggravent  la  maladie. 

Chez  ces  malades,  le  sang  présente  :  un  sérum  coloré  en  jaune  d'or 
avec  réaction  de  Gmelin,  une  inégalité  dans  les  dimensions  des  globules, 
les  uns  très  gros,  les  autres  très  petits;  une  diminution  de  résistance  des 
globules  (hémolyse). 

Des  faits  de  cet  ordre  ont  déjà  été  relatés  en  1900  par  Minkowski,  et  ce 
médecin  citait  une  famille  où  8  cas  d'ictère  congénital  étaient  répartis 
sur  trois  générations  :  chez  tous  ces  malades,  il  y  avait  une  grosse  rate, 
des  fèces  colorées,  de  Turobilinurie  et  le  maintien  d'une  bonne  santé.  Un 
sujet  qui  mourut  d'une  maladie  intercurrente  (pneumonie)  laissa  voir  iin 
foie  sain,  des  voies  biliaires  nomiales  et  l'absence  de  toute  angiocholile. 
Tn  calcul  pigmentaire  était  contenu  dans  la  vésicule,  et  les  reins  l'enfer- 
maient une  quantité  considérable  de  pigments  ferrugineux. 

ily  aplusieurs  formes  d'ictère  congénital  :  1°  celle  que  décrit  M.  Chauf- 
fard, qui  est  compatible  avec  la  santé  et  ne  comporte  aucun  traitement  ; 
2»  l'ictère  hérédo-syphili tique  (Thomson),  qui  s'explique  par  une  angio- 
cholile et  une  cirrhose  ;  S'*  ictère  décrit  par  Kœrte,  remontant  aux  pre- 


304  ANALYSES 

miers  mois  de  la  vie,  et  dans  lequel  on  a  trouvé  de  lapérihépalile,  de  la 
périeholécystite  avec  compression  des  voies  biliaires. 

Le  véritable  ictère  congénital  n'est  pas  dû  à  une  angiocholite  ascen- 
dante (Gilbert,  etc.))  mais  à  une  altération  du  sang  avec  hypertrophie  de 
la  rate. 

L'origine  hématique  de  cette  maladie  est  donc  très  probable. 

Lésions  histologiques  du  foie  dans  un  cas  d'ictôre  syphilitique  du  non- 
veau-né,  par  MM.  Ménétrier  et  Rubens-Duval  (.4rc/i.  de  méJ,  cxp.ei 
d'anat,  paf/i.,  janvier  1907). 

Enfant  né  à  terme,  en  février  1906,  à  la  maternité  de  l'hôpital  Teuon. 
))esant  3190  grammes.  Ictère  dès  la  naissance.  Mère  syphilitique.  Mort 
d'hémorragie  ombilicale  le  troisième  jour  de  la  naissance. 

A  l'autopsie,  gros  foie  et  grosse  rate.  Couleur  verdâtre  du  foie  et  surface 
lisse,  bord  antérieur  tranchanL  Pas  de  gommes  ni  de  sclérose.  Sur  ler^ 
coupes  de  poumon,  traînées  de  pneumonie  blanche.  Rien  dans  les  aulit'> 
organes.  La  recherche  du  spirochète  a  été  positive  pourle  poumon,  néga- 
tive pour  le  foie. 

Pas  de  sclérose,  pas  de  gommes,  pas  de  nodules  inflammatoires  d'au- 
cune sorte,  mais  réaction  considérable  de  la  cellule  hépatique  aboutissant 
à  une  surcharge  glycogéniquo,  et  pour  quelques  cellules  allant  jusqu'à  la 
dégénércijcence.  Production  exagérée  de  pigments  biliaires  en  relation 
avec  l'intensité  de  l'élaboration  glycogénique.  Comme  il  y  avait  desspiro- 
chètes  dans  le  poumon  et  non  dans  le  foie,  on  peut  penser  que  la 
i-éaction  hépatique  est  due  à  des  toxines  syphilitiques  sécrétées  à  di>- 
tance  par  les  spirochètes  du  jioumon. 

A  case of  congénital  syphilis;  unusual  symptoms  (Cas  de  syphilis  congé- 
nitale, symptômes  inusités),  parle  D'  Wilson  Smith  [The  Brit,  med.  Jour- 
nal^ 19  janvier  1907). 

Fille  de  seize  mois,  reçue  à  l'hôpital  le  8  mare  1906  ;  née  à  terme,  saine 
pendant  quelques  mois,  quoique  nourrie  au  biberon. 

On  constate  de  l'ictère,  un  ventre  gros  avec  dilatation  veineuse  super- 
ficielle, sans  liquide  libre  dans  le  péritoine.  Foie  très  hypertrophié,  lii^se 
et  dur  ;  rate  moins  grosse. 

Lne  semaine  plus  tard,  l'examen  du  sang  monire  de  la  leucocyto^, 
sans  hématies  nucléées,  avec  égalité  entre  les  lymphocytes  et  les  polynu- 
cléaires. On  donne  de  l'arsenic  et  de  la  moelle  osseuse.  Le  17  mai-s,  on 
trouve  7200000  hématies  et  80  000  leucocytes;  le  23,  6  400000  hénialips 
62 000  leucocytes.  Le  31,  l'enfant  quitte  l'hôpital,  sans  que  le  diagnostic 
ait  été  fait  ;  on  hésite  entre  la  cirrhose  syphilitique  et  la  leucémie.  Mort 
le  6  avril.   . 

A  l'autopsie  un  peu  d'ascite  :  foie  gros,  rate  grosse.  L'examen  histolo- 
gique  fait  admettre  une  syphilis  congénitale  :  cirrhose  péricellulaire,  |)as 
de  leucémie. 

A  case  of  ^eliosis  rhenmatica  (Cas  de  péliose  rhumatismale),  par  le 
I)''  Williams  {The  Brit.  med.  Journal^  12  janvier  1907). 

Le  19  octobre  1906,un  garçon  de  treize  ans  se  présente  avec  dessymptôme^i 
de  rhumatisme. 

11  est  pâle,  délicat,  soutTre  de  la  gorge  et  de  douleur  avec  gonflemenlau 
genou  droit. 

Fièvre  (près  de  39°).  On  prescrit  le  lit  et  le  salicylate  de  soude.  Deux  joui'j» 
plus  tard,  sa  mère  attire  l'attention  sur  des  taches  aux  jambes;  elles  sont 


PUBLICATIONS    PKaiODIQUES  365. 

1res  colorées  et  ne  s'effacent  pas  à  la  pression.  Le  23,  une  large  tache 
purpurique  se  montre  à  la  joue  droite.  La  paupière  supérieure  droite 
et  le  sourcil  sont  ecchymoses  et  gonflés. 

Sur  la  lèvre  supérieure  très  tuméfiée  apparaissent  des  taches  purpu- 
riques. 

•  Trois  jours  plus  tard,  recrudescence  de  fièvre,  douleur  au  coiide  gauche 
ft  au  gros  orteil.  Douleurs  à  Testomac  et  au  ventre.  Le  27  octobre, 
diairhée  et  meltTna.  Crachats  sanglants.  Rien  dans  les  urines,  dispa- 
rition des  douleurs.  Durée  de  la  maladie,  un  mois.  Urticaire  avec  taches 
purpuriques  pendant  la  convalescence. 

Le  frère  de  ce  malade,  à  Tâge  de  seize  ans,  a  eu  des  accidents  semblables, 
el  il  est  encore  sujet  à  de  forles  épistaxis.  Son  père  a  saigné  abondam- 
ûient  à  deux  reprises.  Sa  mèi*e,  qui  a  eu  beaucoup  d'enfants,  ne  présente 
pas  de  tendance  hémorragique. 

Le  traitement,  audébut,  fut  :  60  centigrammes  de  salicylate  de  soude 
toutes  les  trois  heiu*es,  aucun  efFet.  Par  contre,  le  lactacle  de  calcium  par 
ëoses  de  60  centigrammes  donna  de  bons  résultats. 

Las  pielitis  de  lainfancia  (Les  pyélites  deTenfance),  par  le  D"  Joaquix 
L.  DiE^AS  {Arch.  Latino-Americanos  de  Pediatria,  oct.  1906). 

Garçon  de  six  mois,  nourri  au  sein  jusqu'à  cinq  mois.  Le  9  mars  190o, 
vapcinalion  de  bras  à  bras.  Érysipèle  vaccinal  huit  jours  après,  pustules 
decthyma,  balano-posthite,  puis  cystite  aiguë  :  mictions  fréquentes  et 
douloureuses,  ténesme,  fièvre,  urines  troubles  et  fétides.  La  température, 
très  élevée  pendant  les  huit  jours  qui  suivirent  l'invasion  de  Térysipèle, 
présenta  une  rémission  de  trois  ou  quatre  jours,  puis  remonta  à  39<>  au 
début  de  la  cystite.  L'examen  des  urines,  fait  le  6  avril,  douze  ou  quatorze 
jours  après  le  début  de  la  cystite,  donne  une  réaction  acide,  avec  un 
sédiment  purulent  et  albumineux  (D*'  Patron  (iorrea  de  Mérida'.  Arrivé  à 
la  Havane,  Fenfant  est  pâle,  anémié,  maigre.  Urines  peu  abondantes, 
épaisses,  troubles,  laiteuses.  Sédiment  dépassant  les  50  p.  100  de  l'urine 
recueillie. 

L'analyse  bactériologique,  par  le  D'  Plasencia,  montre  de  nombreux 
bacilles  dans  les  couches  moyennes  du  liquide,  des  streptocoques  et  des 
dîplocoques  dans  le  sédiment.  Cultures  sur  agar  :  Proleus  vulyaris^ 
nncrocoques.  Douleur  dans  la  région  des  reins,  confirmant  le  diagnostic 
de  pyélite. 

En  mai,  aggravation  par  suite  d'entérite.  Alternatives  de  mieux  et  de 
pire  pendant  quelque  temps.  Nourrice  mercenaire.  En  février  190«*», 
sevrage,  lait  de  vache.  En  résumé,  garçon  sain  jusqu'à  cinq  mois,  vacci- 
nation malpropre,  érysipèle  des  deux  jambes,  éruption  polymorphe 
■roséole, papules,  ecthyma)  ;  balano-posthite,  infection  urinaire  de  marche 
ascendante,  pyélo-cystite,  plus  tard  pyélite  pure.  Durée  totale  :  cinq 
mois.  La  présence  du  phimosis  a  joué  un  rôle  important  dans  l'infection 
orinaire,  qui  d'ailleurs  était  mixte  :  microcoques,  diplocoques,  Proleus 
rulgaris,  etc. 

Traitement  :  repos,  régime  lacté,  sein  maternel,  puis  mercenaire,  eau 
pour  diluer  Tu  rine,  alcalins  pour  combattre  son  acidité  (citrate  de  potasse). 

Brand  bei  Masern  (Gangrène  dans  la  rougeole),  par  R.  Von  Hoi.wede 
Jakrb.  f.  Kinderheilk.,  1906). 

Lauteur  publie  6  cas  de  gangrène  observés  sur  un  total  de  59  cas  de 
rougeole;  les  sièges  de  prédilection  sont  les  organes  génitaux  externes,  puis 
les  amygdales  et  la  muqueuse  du  gros  intestin.  La  maladie  frappe  sur- 


306  ANALYSES 

tout  les  petites  filles,  peu  les  garçons.  Sur  un  grand  nombre  de  cas  de 
rougeole  qu*il  a  traités  depuis  vingt-cinq  ans,  lauteur  n'a  jamais  vu  de 
noma.  Dans  les  cas  qu'il  rapporte,  il  s*agissait  d'une  épidémie  à  roanifesla- 
lions  gangreneuses. 

Myocarditia  ayphilitica  mit  akuter  EDtwicklung  von  TrommeUchli- 
gellingem  (Myocardite  syphilitique  avec  développement  aigu  de  doigts  en 
tambour),  par  W.  Stoeltzner  [Jahrb.  f.  Kinder heilk. y  4906). 

U  s'agissait  d'une  enfant  âgée  d'un  peu  plus  d'un  an,  chez  qui  on  trouva 
à  l'autopsie  une  myocardite  syphilitique  méconnue  pendant  la  \ie.  U  y 
avait  dans  le  myocarde  des  masses  blanc  jaunâtre  élastiques,  allant  de 
lendocarde  à  Tépicarde.  L'hypertrophie  du  cœur  avait  échappé  a  l'examen 
clinique.  Tous  les  ongles  avaient  pris  la  forme  de  baguettes  de  tambour; 
ils  étaient  cyanoses.  L'enfant  mourut  dans  un  accès  d'asphyxie. 

Beobachtungen  bel  einer  Grippenepidemie,  herrorgerufeii  darch  deit 
Micrococcna  catarrhalis  (Observations  sur  une  épidémie  de  grippe 
provoquée  par  le  Micrococcus  catarrhalis),  par  leD'LuDvic  Jehle  (Jahrb.  f, 
Kinderheilh.,  1906). 

Dans  une  épidémie  de  grippe  observée  dans  une  salle  de  nourrissons, 
l'agent  pathogène  fut  nettement  le  microcoque  catarrhal.  On  ensemença 
des  mucosités  du  nez  puisées  avec  un  tube  de  caoutchouc.  Ensuite  on  les 
mettait  dans  une  éprouve tte  stérile.  La  culture  fut  faite  sur  agar  addi- 
tionné  de  sang.  On  obtint  des  cultures  pures  du  microcpque  catarrhal,  diplo- 
coque  ne  se  colorant  pas  au  Gram,  ressemblant  au  méningocoque,  mais 
plus  gros.  Rarement  ils  étaient  intracellulaires.  Jamais  il  n'y  eut  d'asso- 
ciation microbienne. 

Emboliache  Prozeàsebei  poatdiphteritischer  Herzschwàche  (Processus 
emboliques  dans  la  faiblesse  cardiaque  postdiphtérique),  par  le  D'  Esche- 
MC.n  {Wiener  met.  Woch.^  1906). 

La  rareté  des  embolies  à  la  suite  de  parésie  cardiaque  postdiphté- 
rique a  décidé  l'auteur  à  publier  les  cas  suivants  : 

1°  Enfant  de  treize  mois,  entré  au  quatrième  jour  d'une  diphtérie 
toxique  gi^ve;  on  la  tube  et  on  l'injecte.  Survient  une  paralysie  du  voile 
du  palais.  La  faiblesse  cardiaque  cause  la  mort.  On  trouve  à  la  |K)inte  du 
ventricule  gauche  un  caillot  rouge  gris  à  la  coupe.  Infarctus  récents  des 
deux  reins  ; 

2^  Enfant  de  six  ans,  au  dixième  jour  d'une  diphtérie  de  gravité 
moyenne.  Cœur  lent  et  sourd,  œdèmes  ;  survient  un  brusque  accès  de 
dyspnée  et  cyanose.  A  la  pointe  du  ventricule  gauche,  on  voit  à  l'autopsie 
des  thrombus  gris  rouge,  ainsi  que  dans  l'oreillette  droite.  Rares  emboles 
dans  l'artère  pulmonaire;  infarctus  récent  dans  le  rein  gauche; 

3°  Enfant  de  treize  mois,  atteint  de  diphtérie  grave,  cyanose,  meurt 
quatre  heures  après  son  entrée.  Thrombus  de  l'oreillette  droite  ;  infarctus 
récents  du  rein  gauche  ; 

4°  Enfant  de  quatre  ans,  avec  diphtérie  amygdalienne  et  pharyngée 
de  mauvais  aspect  ;  pouls  petit,  premier  bruit  soufflant,  urine  sanglante, 
douleurs  abdominales  ;  riiématurie  disparait  au  bout  de  quarante-huit 
heures.  . 

Multiple  Leberabszessen  ;  Abcès  multiples  du  foie\  par  le  D'  EscHERu-ir 
{Wiener  Med.  Wovh.,  1906). 

Il  s'agissait  ici,  chez  une  lillelte  de  neuf  ans,  d  abcès  multiples  du  foie 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  307 

provoqués  par  thrombose  de  la  veine  iléo-colique  et  de  la  veine  porte  à  la 
suite  d'un  abcès  de  Douglas  pérityphiitique.  La  fièvre  allant  tous  les  soirs 
de  39  à  40^,  le  mauvais  état  général  et  Tamaigrissement,  les  douleurs  au 
flanc  droit,  le  gonflement  et  la  sensibilité  de  la  région  hépatique,  tout 
cela  faisait  soupçonner  un  abcès  du  foie.  La  cause  semblait  être  une  péri- 
typhlite  dont  les  traces  se  montraient  àTexaraen  rectal.  On  fit  la  laparo- 
tomie; on  trouva  le  foie  gros  et  dur,  mais  on  ne  vit  pas  d'abcès.  On 
referma  l'abdomen.  Les  phénomènes  morbides  continuèrent  à  évoluer 
jusqu'à  la  mort. 

L'autopsie  montra  un  abcès  du  cul-de-sac  de  Douglas.  11  y  avait 
thrombose  de  la  veine  iléo-colique  ainsi  que  de  son  point  de  jonction 
avec  la  veine  porte.  11  y  avait  thrombose  suppurée  des  rameaux  intra- 
hépatiques  de  la  veine  porte,  et,  à  la  coupe  du  foie,  on  voyait  de 
nombreux  abcès  plus  ou  moins  gros,  dont  la  disposition  i^épondait  à  la 
distribution  dentritique  de  la  veine  porte.  Des  abcès  du  foie  pérityphli- 
tiques  sont  une  rareté  dans  Tenfance. 

Zor  Kasnistik  der  Hirschsprung'achen  Krankheit  (Sur  des  cas  de 

maladie  d'Hirschsprung),  par  le  D*"  Th.  ëschericu  (  Wiener  klinisch.  therap, 

WocA.,i906). 
La  rareté  des  cas  typiques  de  maladie  d'Hirschsprung  amène  Fauteur 

à  en  publier  2  cas. 
L'un,  observé  chez  un  enfant  de  trois  mois  et  demi,  était  caractérisé 

parle  volume  du  ventre,  les  vomissements  fécaloïdes;  l'état  de  l'enfant, 

sevré  au  bout  de  trois  mois,  s'aggrava;  le  lait  était  vomi;  la  constipation 

élait  opiniâtre;  en  même  temps  le  ventre  se  ballonnait,  et  on  y  percevait 

comme  un  gargouillement. 
La  radiographie  montre  une  forte  distension  du  côlon  transverse  au 

niveau  du  coude  hépatique;  on  distinguait  au-dessous  TS  iliaque  distendu 

avec  des  ondes  péristaltiques. 
Ai  autopsie,  l'intestin  grêle  était  normal  ;  par  contre,  le  côlon  transverse 

élait  très    distendu.   Le   côlon    descendant  était  contracté,   aioi^  que 

l'S  iliaque  était  distendu.  L'estomac  était  très  petiL 
Marfan,  Netter,  en  ont  combattu  la  nature  congénitale  et  ont  admis 

qu  il  y  avait  des  coudures  par  suite  de  distension  gazeuse,  d'où  gène  dans 

la  circulation  des  matières  et   dilatation  et  hypertrophie  secondaires. 

Cependant  il  se  peut  que,  dans  certains  cas,  il  y  ait  une  hyperplasie 

partielle  de  Tintestin,  ce  que  tendrait  à  faire  admettre  la  précocité  des 

symptômes. 
Dans  le  cas  observé  par  Escherich.  la  nature  congénitale  des  accidents 

semblait  indéniable  ;  la  forte  dilatation  du  côlon  transverse  ne  pouvait 
tenir  qua  une  hyperplasie  congénitale,  quoiqu'on  ne  vit  nulle  part 
d hypertrophie  de  la  paroi  intestinale. 

Dans  un  second  cas,  où  il  s'agissait  d'un  enfant  de  plus  de  trois  ans,  il 
y  avait  de  la  constipation  et  une  forte  dilatation  du  ventre.  On  voyait  de 
nombreuses  ondes  péristaltiques  ;  le  rectum  mèmeétaitdilaté.  L'abdomen 
fut  massé,  faradisé;  on  fit  des  exercices  gymnastiques,  et  on  appliqua  une 
ceinture  abdominale  élastique.  Néanmoins  on  décida  une  intervention 
rhirurgicale.  On  réséqua  un  segment  d'intestin  répondant  à  TS  iliaque  ; 
mais,  le  huitième  jour  après  l'opération,  Tenfant  meurL  L'examen  histo- 
logique  du  segment  enlevé  montrait  :  état  normal  de  la  muqueuse, 
développement  marqué  de  la  viusculosa  mucosse^  hypertrophie  des  fibres 
circulaires,  qui  sont  plus  de  cinq  fois  plus  développées  que  les  longitudi- 
nales, tissu  élastique  normal. 


:308  ANALYSES 

Un  cas  rare  de  hernie  dn  ceryeao,  hémiparésie  droite,  aphasie  motrice, 

par  les  D*"*  Pétroff    et   Guéghoff  {Bulgarie  médicale ,  nov.-déo,  1906). 

Garçon  de  dix  ansentredansleservice  de  chirurgie  de  Thôpital  Alexandre, 
à  Sofia,  le  26  octobre  1906.  Au  mois  de  mai,  il  était  tombé  sur  un  pieu 
qui  s*enfonça  dans  la  partie  postérieure  de  la  tête..  Quelques  jours  après, 
on  tenta  à  l'hôpital  la  réunion  par  première  intention.  Il  se  forma  une 
tumeur  mollasse.  Six  semaines  après,  les  membres  du  côté  droit  se  para- 
lysèrent et  la  parole  fut  troublée. 

On  constate  une  aphasie  motrice  avec  hémiplégie  droite  intéressant 
le  facial  inférieur.  Une  tumeur  droite  se  voit  au-dessus  de  la  nuque  : 
elle  a  le  volume  d'une  orange.  On  sent,  autour  de  son  pédicule,  l'orifice 
osseux  qui  lui  livre  passage.  Battement  à  la  base.  Consistance  élastique. 
Écoulement  de  liquide  céphalo-rachidien.  Vers  le  quarantième  jour, 
l'enfant  marche  assez  bien  ;  l'aphasie  et  la  paralysie  du  bras  droit  per- 
sistent. Vers  le  neuvième  mois,-  amélioration  ;  au  septième  mois,  l'enfant 
parle  correctement.  On  a  refusé  l'opération. 

Sobre  an  case  de  enfermedad  de  Addison  en  nna  nina  de  quince  anos 
de  edad  (Sur  un  cas  de  maladie  d'Addison  chez  une  fillette  de  quinze 
ans),  par  le  D^  Aquiles  Gareiso  {Anales  del  Circulo  Medico  Argentino. 
mai  et  juin  1906). 

Fille  de  quinze  ans  {Hospital  de  Clinicas).  Mère  morte  de  tuberculost* 
pulmonaire  ;  père  et  frères  sains.  Coqueluche,  rougeole»  scarlatine  dans 
la  première  enfance.  Réglée  à  quatorze  ans.  Il  y  a  un  an,  affaiblissement, 
marche  difficile,  puis  alitement.  Bientôt,  douleurs  dans  les  membres 
inférieurs,  dans  le  ventre  et  l'épaule.  Ces  douleurs  étaient  vives  et  inter- 
mittentes. Un  mois  après,  douleurs  d'estomac,  vomissements,  diarrhée. 
L'enfant  toussait  et  crachait.  Pigmentation  foncée  au  front  et  à  la  face, 
qu'on  attribue  au  soleil.  La  couleur  bronzée  s'étend  aux  mains,  aux  bras. 
à  la  partie  supérieure  du  tronc.  A  la  fin,  les  lèvres  et  la  muqueuse  buccale 
furent  atteintes.  Mort  par  asthénie  et  consomption.  A  l'autopsie,  tuber- 
culose des  capsules  surrénales,  granuhedu  péritoine,  tuberculose  de  Tintestin 
et  des  ganglions  mésentériques.  Les  capsules  pèsent,  la  droite  22  grammes, 
la  gauche  25  grammes  :  à  la  coupe,  tubercules  caséifiés,  destruction 
complète  de  la  substance  des  capsules. 

Un  cas  d'encéphalocèle  traité  par  l'excision,  survie  de  deux  mois  et 
demi,  mort  par  cachexie,  par  le  D**  Ri  s  s  {Soc.  d'Obstr.  de  Gynécologie  et  de 
Pédiatrie,  février  1907). 

Femme  de  trente  ans,  entrée  le  13  octobre  1906  à  la  clinique  obstétri- 
cale de  Marseille  (D""  Queirel).  Elle  accouche  dans  la  nuit  d'une  fillette 
pesant  2  380  grammes.  Crâne  aplati  d'avant  en  arrière;  saillie  pédiculée 
du  volume  d'une  mandarine  à  la  région  sus-occipitale,  au  niveau  de  la 
fontanelle  postérieure.  La  tumeur,  violacée,  glabre,  aplatie  de  haut  en 
ba?,  mesure  5  centimètres  de  hauteur,  4  centimètres  et  demi  de  largeur  ; 
elle  est  pédiculée.  Consistance  mollass?  en  certains  points,  fluctuante 
en  d'autres.  Partie  solide  irréductible,  partie  liquide  réductible. 

Intervention  le  cinquième  jour,  dissection  du  pédicule  ;  double  ligature 
au  catgut,  excision  avec  les  ciseaux  de  tout  ce  qui  déborde.  Les  lambeaux 
<îutanés  sont  ramenés  et  suturés  par-dessus,  drainage.  Cicatrisation 
rapide.  Guérison.  Pendant  un  mois,  tout  va  bien.  Alors  l'enfant  est  mis 
au  biberon.  Il  dépérit  et  meurt  cachectique  à  la  fin  de  décembre.  La  pièce 
est  composée  de  deux  lobes  ;  prolongement  postérieur  des  hémisphères. 
Membrane  d'enveloppe  représentant  les  méninges  mal  différenciées. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  369 

Pied  bot  yarns  éfoin  Gongénital,  astragalectoniie  et  tarsectomie 
cunéiforme,  par  le  D'  Codet-Boisse  {Journal  de  médecine  de  Bàrdeauxy 
2i  avril  1907). 

Garçon  de  six  ans,  entré  à  Thôpital  suburbain  du  Bouscat  le  16  juin  1906. 
Varus  équin  du  pied  gauche, < congénital,  s'exagérant  de  jour  en. jour. 
Jambe  amaigrie.  Êquinisme  très  accentué,  astragale  faisant  saillie  au 
dos  du  pied,  avec  bourse  séreuse,  par  suite  de  la  pression  sur  le  sol.  Redres- 
sement manuel  impossible. 

Le  '20  jiiin  1906,  incision  curviligne,  extirpation  de  l'astragale  ;  cet  os 
était  déformé,  ovoïde,  ne  présentant  plus  de  cal.  Après  exitrpation  de 
l'astragale,  Téquinisme  put  être  corrigé  ;  mais  il  persistait  un  certain 
degré  de  flexion  du  bord  interne  du  pied  qui  oblige  à  tailler  aux  dépens 
du  cuboîde  et  du  caicanéum  un  coin  osseux.  Redressement  possible  alors, 
sans  ténotomie  achilléenne.  Suture  osseuse  au  catgut  n*'  3  ;  réunion  des 
parties  molles  au  crin  de  Florence  ;  pansement  cempressif  avec  bande 
plâtrée.  Réunion  par  première  intention. 

Botte  plâtrée  allant  du  creux  poplité  à  la  pointe  des  orteils.  Le  26  juillet, 
enlèvement  de  Tappareil,  résultat  excellent.  On  remet  un  autre  appareil 
jusqu'en  septembre. 

Sur  un  cas  de  tobercalose  diffuse  chez  un  nourrisson  de  deux  mois  et 
demi,  par  le  Di"  A.  Lévy-Franckbl  {La  Tribune  médicale^  6  avril  1907). 

Fille  née  à  terme  le  21  août,  paraissant  bien  portante,  nourrie  par  sa 
mère  tuberculeuse  jusqu'au  4  septembre.  Nourrice  ensuite,  vomissements 
persistants,  pas  de  fièvre.  Mort  à  deux  mois  et  quatorze  jours. 

A  Tautopsie,  poumons  criblés  de  tubercules  ;  au  microscope,  noyaux 
caséeux  dans  le  foie,  le  poumon,  etc.  Le  poumon  surtout  est  farci.de 
nodules  caséeux  énormes.  Noyaux  caséeux  dans  la  rate,  cellules  géantes 
dans  les  ganglions  mésentériques. 

On  trouve  des  bacilles  de  Koch  dans  les  poumons.  Quoique  l'enfant 
n'ait  été  nourrie  par  sa  mère,  arrivée  au  dernier  degré  de  la  phtisie,  que 
pendant  une  semaine,  il  faut  admettre  des  lésions  acquise.^  et  non  pas 
une  tuberculose  congénitale.   . 

Les  lésions  du  poumon  étant  beaucoup  plus  avancées  que  celles  des 
aotres  organes,  on  peut  admettre  que  le  bacille  a  pénétré  par  les  voies 
respiratoires. 

Hérédo-syphilis,  foie  silex,  anémie  syphilitique,  présence  de  spirochètes 
dans  le  lang,  par  G.  Petit  et  Minet  {Soc,  méd.  des  hôpitaux^ 
12  avril  1907). 

Enfant  de  cinq  mois,  entré  le  28  février  1907  dans  le  service  de  M.  Dé- 
léarde  (Lille)  avec  un  œdème  des  membres,  des  fissures  labiales,  du  coryza 
sanieux.  Le  foie  descend  à  quatre  travers  de  doigt  au-dessous  des  fausses 
côtes  ;  il  est  dur  et  lisse  ;  la  rate  est  accessible  à  la  palpation.  Mort  le 
5  mars,  après  melaena,  hématémèses,  hémorragies  sous-cutanées  mul- 
tiples. 

A  l'examen  du  sang,  anémie  intense  :  1  890  000  hématies  et  18  600  leu- 
cocytes (39  p.  100  polynucléaires  neutrophiles,  36  p.  100  lymphocytes,  etc.). 
Il  y  a  réaction  myéloïde  et  macrophagique  répondant  au  syndrome 
anémie  pseudo-leucémique  de  von  Jacksh. 

A  l'autopsie,  taches  ecchymotiques  de  l'intestin,  rate  volumineuse, 
foie  silex  (sclérose  fine  avec  dissociation  trabéculaire  et  plaques  de  dégéné- 
rescence graisseuse).  Spirochètes  dans  le  sang,  pendant  la  vie  et  après 
la  mort 

ÂRCU.  DB  MiOKG.  DK8  KNITANTS,  1907.  \.    **    ^4 


370  ANALYSES    . 

Notes  on  two   cases  of  intestinal  obstruotion  by  a  band  (Not«8 

sur  deux  cas  d'obstruction  intestinale  par  une  bride),  par  le  D'  G.-H.  Edihc. 
TON  {The  Glasgow  médical  Journal,  avril  1907). 

i^  Garçon  de  quinze  ans,  observé  le  18  avril  19U6  avec  le  D^  W.  Ritchie. 
Malade  depuis  deux  jours,  il  a  accusé  une  douleur  dans  l'épigastre  et  le 
côté  droit  du  ventre.  Début  soudain  avec  ascension  thermique,  puis 
vomissements  bilieux.  On  sent  une  tumeur  arrondie  au  niveau  du  côlon 
ascendant  au-dessus  de  l'appendice. 

-  Laparotomie  médiane  ;  en  remontant  le  long  du  côlon,  une  bride  dore 
est  rencontrée  en  bas  et  en  dehors,  comprimant  Tintestin.  La  partie 
supérieure  de  cette  bride  part  du  péritoine  à  la  surface  d'une  grosseur 
fluctuante  située  au-devant  des  vertèbres  et  ayant  le  volume  d'un  œuf 
de  poule.  La  partie  inférieure  aboutit  à  la  partie  interne  de  la  fosse  iliaque 
droite.  Le  doigt  peut  passer  entre  Tintestin  et  la  bride.  On  sectionne  cette 
bride,  et  l'obstruction  disparaît.  La  tuméfaction  rétro-péritonéale  (ganglion 
mésentérique  caséeux)  est  excisée.  Guérison. 

2<>  Garçon  de  dix  ans,  reçu  le  23  août  1906,  à  la  saUe  II  du  Royal  Hospiial 
for  Sick  Children  de  Glasgow,  avec  des  symptômes  d'occlusion  datant  de 
six  jours.  Début  par  vomissement,  douleur  et  diarrhée. 

Laparotomie;  on  trouve  des  ganglions  caséeux;  une  bride  partait  d'un 
de  ces  ganglions  pour  étrangler  une  anse  de  l'iléon.  Section  de  la  bride, 
ablation  de  l'appendice.  Mort  trente  et  une  heure  après  l'opération. 

Dans  les  deux  cas,  l'agent  d'occlusion  siégeait  au  côté  droit  de  l'abdomen. 
Dans  les  deux  cas,  les  brides  d'étranglement  dépendaient  d'une  vieille 
tuberculose  des  ganglions  mésentériques. 

A  case  of  cbloroma  (Cas  de  chloroma),  par  le  IK  T.  Harrisor  Bvtlir 
(Tke  BrvL  med.  Journ.,  20  avril  1907). 

Fille  de  onze  ans,  reçue  le  20  décembre  1906  au  Coventry  andWarwick- 
ehire  HospiuU,  pour  exophtalmie.  Albuminurie.  Orpheline,  pas  de  rensei- 
gnements sur  les  parents.  Sœur  bien  portante.  Au  commencement  de 
décembre,  regard  étrange,  puis  gonflement  des  tempes. 

Le  1^  janvier  1907,  ptôse  de  l'œil  droit,  qui  est  déplacé  en  d^ors  et 
en  bas.  Mouvements  tnès  limités  en  dedans  et  en  haut,  libres  dans  les 
autres  directions.  Ëxophtalmie  marquée  aussi  dans  l'œil  gauche,  mais 
à  un  moindre  degré.  L'œil  gauche  a  ses  mouvements  libres  dans  toutes 
les  directions.  Vaisseaux  de  la  conjonctive  engorgés,  veines  des  tempes 
et  paupières  dilatées,  chémosis  de  l'œil  droit.  Pas  de  pulsations  ni  souffle, 
Pupilles  égales,  réagissant  bien.  Névrite  optique,. ré tinite  hémorragique* 
Les  fosses  temporales  sont  remplies  par  une  tumeur  semi-fluctuante* 
plus  développée  à  droite  qu'à  gauche. 

Ëtat  général  mauvais»  couleur  jaune  de  la  peau,  anémie  sans  œdème 
ni  purpura.  Pas  d'albuminurie  actuellement.  Le  sang  contient 
3  000  000  hématies  pour  26  000  leucocytes,  avec  grande  prédominance 
de  lymphocytes. 

Le  10  janvier,  on  trouve  quelques  glandes,  des  taches  de  purpura,  un 
peu  de  stomatorragie.  Le  24  janvier,  hémorragie  grave  de  l'orbite. 

Le  30,  l'exophtalmie  et  la  ptôse  de  l'œil  sont  accrues  ;  masse  fongueuse 
et  saignante  dans  le  cul-de-sac  inférieur.  Somnolence,  pas  de  douleur • 
surdité  à  droite. 

Le  17  février,  dyspnée,  coma,  faiblesse  extrême,  cachexie.  Examen 
du  sang  :  1  450  000  hématies,  17  000  leucocytes.  Mort  le  18  février. 

Autopsie.  —  En  enlevant  le  sternum,  on  découvre  une  masse  vert-olive 
sous  le  périoste  ;  côtes  vertes  ;  liquide  sanguinolent  dans  les  plèvres* 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES  371 

Au  sommet  des  poumons,  néoplasme  adhérent  aux  vertébral,  couleur 
▼ert-olive.  Œdème  pulmonaire.  Bcchymoses  péricardiques.  Colcmie  ver- 
tébrale couverte  sur  toute  sa  longueur  de  massée  sous-périostiqaes,  de 
couleur  vert-olive.  Ces  masses  se  continuent  .sur  plusieurs  côtes.  Les 
deux  ovaires  étaient  hypertrophiés  et  envahis  par  le  néoplasme.  Œil 
droit  entièrement  désorganisé,  glande  lacrymale  atteinte»  masse  orbitaire 
sous-périostée.  Dans  la  fosse  temporale,  grosse  masse  néoplaaique  ;  petits 
noyaux  le  long  des  sutures  coronaires  et  sagittales  ;  gros  noyaux  à  l'occi- 
pital du  côté  droit.  Méninges  épaissies  et  infiltrées;  sinus  caverneux 
droit  envahi,  de  même  le  sinus  latéral. 

Au.  microscope,  sarcome  à  petites  cellules  rondes. 

Durée  totale  sept  semaines  ;  Texophtalmie  était  due  principalement 
à  la  thrombose  du  sinus  caverneux.  Ce  cas  est  semblable  à  ceux  de  Melville, 
Dunlop,  etc.*  analysés  dans  les  Archives  de  médecine  des  enfants^,  1903,  p.  43. 

Le  tbymas  et  la  sort  au  cours  de  FaiioiUiésie  générale,  par  le 
D'A.  Lapointe  {Le progrès  médical,  13  avril  1907). 

La  persistance  anormale  du  thymus,  l'hypertrophie  de  cet  organe  et 
des  organes  lymphatiques  en  général  {Status  lymphaticus  de  Paltauf) 
pourraient  rendre  dangereuse  l'anesthésie  générale.  L'auteur  a  observé 
2  cas  de  mort  par  chloroforme  chez  une  fille  de  dix-huit  ans  et  chez  une 
femme  de  trente  et  un  ans  ;  à  l'autopsie,  persistance  du  thymus. 

Dans  33  observations  analogues  (anesthésie  par  chloroforme  ou  par 
éther),  l'état  lymphatique  est  mentionné  avec  ^ro^  thymus. 

Cependant  il  n'y  avait  pas  compression  de  la  trachée  ni  d'aucun  autre 
organe  par  le  thymus.  On  trouve  signalés  l'hypertrophie  des  ganglions 
du  cou,  des  aisselles,  des  aines,  du  médiastin,  du  mésentère,  le  gonflement 
des  amygdales  et  du  tissu  adénoïde  du  pharynx,  des  follicules  clos  et 
plaques  de  Peyer.  Dans  un  cas  de  l'auteur,  il  y  avait  hypertrophie  des 
capsules  surrénales. 

Il  s'agit  surtout  de  sujets  jeunes  :  enfant  de  six  mois  (Bsmarch),  fille 
de  trois  ans  (Wanitscheck),  enfant  de  neuf  ans,  onze  ans,  quinze  ans 
(v.  Kundrat). 

Parfois  les  enfants  avaient  déjà  été  chloroformisés  avec  succès.  La 
mort  survient  par  syncope  cardiaque.  On  ne  trouve  aucune  trace  de 
compression  analogue  à  celle  qui  a  été  relevée  parfois  dans  d'autres 
morts  thymiques.  Faut-il  admettre  une  hyperthymisation  empoison- 
Dant  les  sujets  et  les  rendant  plus  vulnérables?  Paltauf  relève  les  stigmates 
d'un  tempérament  spécial,  chloro-lymphatique,  qui  rend  le  système 
serveux  très  susceptible  et  prédispose  les  sujets  à  la  syncope.  Chez  de 
tels  enfants,  une  cause  ordinairement  sans  effet  pourra  mettre  en  jeu 
le  réflexe  fatal.  Dans  la  mort  qui  survient  ainsi  après  chloroforme  ou 
^ther,  il  ne  s'agit  pas  à  proprement  parler  d'une  mort  par  anesthésie, 
mais  d'une  mort  subite,  survenant  chez  des  sujets  que  leur  tempérament 
spécial  expose  à  l'inhibition  du  cœur  (v.  Kundrat). 

LtrinsttHMiosi  da  morMUo  (Laryngosténoses  morbilleuses),  par  le 
D'Paolo  Pizziocchi  (Gazt,  degli  osp.'Cdeile  clin,,  7  avril  1907). 
Les  complications  laryngées  de  la  rougeole  sont  fréquentes  : 
1°  Garçon  de  deux  ans  et  demi,  apporté  d'urgence  à  l'hôpital  de 
Modène,  avec  tirage,  cyanose,  fièvre  (38^,7).  Toux  sèche,  puis  rauque  ; 
deax  frères  viennent  de  faire  une  rougeole  bénigne.  Accès  de  suffocation 
dass  la  nuit.  La  température  monte  k  39^,5.  Is  quatrième  jour, 
apparaissentlee  taches  de  rougeole  ;  à  mesure  que  l'éruption  augmente,  la 


372  ANALYSES 

dyspnée  diminue.  Au  neuvième  jour,  bronchopneuraonie.  Enfin  guérison. 

20  Garçon  de  trois  ans,  conduit  à  l'hôpital  le  25  novembre,  pour  un  accès 
de  suiTocation  qu'il  a  eu  la  nuit.  Dyspnée,  inspiration  prolongée 
bruyante,  toux  aboyante,  voix  claire  cependant.  Le  soir  38°.  Jusqu'au  28 
les  accès  de  sufTocation  continuent.  Alors  apparaît  l'exanthème  mor- 
bilieux  et  la  dyspnée  s'en  va.  A  l'examen  bactériologique,  streptocoques 
et  staphylocoques.  Guérison. 

30  Fille  de  quatre  ans,  entre  à  l'hôpital  le  5  janvier  1907,  pour  une 
dyspnée  grave  av€c  tirage,  toux  et  parole  un  peu  voilées.  A  la  face,  on 
note  une  légère  desquamation;  au  thorax  et  aux  membres,  des  taches 
pigmentaires  ;  l'enfant  se  trouve  à  la  fin  d'un«  rougeole.  Guérison.  Sta- 
phylocoques et  streptocoques.    , 

Un  cas  de  kyste  denUfère  du  maxillaire  supérieur,  par  le  D'  Brunel 
{Annales  des  mal.  de  V oreille,  etc.,  mars  1907). 

Fille  de.ona^e  ans  et  demi,  présente  depuis  quatre  ou  cinq  mois  une 
tuméfaction  de  la  partie  antérieure  de  la  joue  gauche.  Tumeurs  adénoïdes 
opérées  à  quatre  ans.  A  la  palpation,  on  sent  une  tuméfaction  du  maxil- 
laire, supérieur  gauche.  Gencive  plus  vascularisée  et  augmentée  de  volume 
en  avant  A  la  pression,  dans  le  sillon  gingival,  la  tumeur  donne,  au  niveau 
d^s  deux  premières  molaires,  une  sensation  dç. parchemin  avec  choc  en 
retour.  Dents  au  complet,  sauf  la  canine  gauche,  qui  est  absente.  Pas  de 
douleur. 

On  fait  le  diagnostic  de  kyste  paraden taire,  et  on  opère  le  25  octobre, 
après  anesthésie  au  chlorure  d'éthyle  et  au.  chloroforme.  Au  premier  coup 
de  rugine,  on  elTondre  la  paroi  osseuse  très  mince,  et  un  liquide  citrin 
gluant  s'échappe.  La .  tumeur  occupe  la .  place  du  sinus  maxillaire.  On 
aperçoit  sur  la  paroi  supérieure  la  couronne  d'une  dent(canine  de  deuxième 
dentition).  La  poche  est  enlevée  en  entier  et  d'un  seul  morceau.  Cautéri- 
sation au  chlorure  de  zinc,  tamponnement  à  la  gaze.  Guérison. 

A  l'examen  •  histologique,  poche  .fibreuse  revêtue  d'un  épithélium 
pavimenteux  stratifié. 

De  la  mort  rapide  dans  la ,  diphtérie,  par  le  D'  Ghambon  {Année 
médicale  de  Caen,  avril  1906). 

Le  distingué  médecin  de  Cabourg  rapporte. 3  cas  de  mort  subite  ou 
rapide  dans  la  diphtérie. 

I.  Fille  de  dix  ans,  atteinte  d'angine  depuis  trois  jours.  Le  matin  du 
quatrième  jour,  la  gorge  est  tapissée  de.  fausses  membranes  épaisses, 
engainant  la  luette  ;  coryza  muco -purulent,  adénopathie  cervicale, 
haleine  fétide.  Fièvre  vive  (39o),  pouls  120,  albuminurie,  teint  pâle, 
agitation  et  insomnie. 

Trois  injections  de  40  centimètres  cubes  chacune  sont  faites  en  trois 
jours.  Les  fausses  membranes  se  détachent  le  cinquième  jour,  par  petits 
fragments  ;  jetage  moins  abondant,  améhoraUon  de  l'état  général. 
L'enfant  semble  guérie  neuf  jours  après  le  début  de  l'angine,  six  jours 
après  la  première  injection,  mais  le  pouls  reste  à  120  avec  une  tempé- 
rature de  36°.  Teint  pâle,  anorexie,  prostration. 

Au  dixième  jour,  malaise  soudain,  vomissements,  pâleur  livide,  extré- 
mités froides,  pouls  ralenti  (32),  mort  six  ou  sept  heures  après. 

II.  Fille  de  trois  ans  ;  le  6  avril  1905,  début  d'une  angine  venant  com- 
pliquer un  coryza  muco-purulent  datant  de  deux  ou  trois  jours  ;  fausse 
membrane  sur  l'amygdale  gauche,  pouls  130.  Injection  de  20  centimètres 
cubes.  Le  lendemain  7,  extension  des  fausses  membranes,  deuxième  injec- 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES 


r^73 


tioni  de  20  centimètres  cubes.  Le  9,  amélioration  locale.  Trois  jours  aprèa 
la  première  injection,  les  fausses  membranes  se  décollent.  Cependant 
13  pouls  reste  accéléré  (120-130)  et  Tétat  général  mauvais. 

Dans  la  nuit  du  10  au  11,  vomissements  brusques  et  répétés,  pâleur 
livide,  pouls  ralenti  (50),  mort  cinq  heures  après  le  début. 

III.  Fille  de  cinq  ans  et  demi  ;  angine  le  7  avril  1905.  Le  deuxième  jour, 
fausses  membranes»  adénopathie,  38^5,' pouls  120.  Sept  jours  après, 
Tenfant  semble  guérie,  mais  reste  pâle,  abattue,  avec  un  pouls  fréquent. 
Au  bout  de  trois  jours,  vomissements,  syncope,  ralentissement  du  pouls, 
mort  après  seize  heures  de  cette  torpeur.  Son  jeune  frère,  injecté  dès  le 
premier  jour,  a  guéri. 

Il  est  probable  que  ces  malades  auraient  guéri  s'ils  avaient  été  soumis 
à  des  injections  plus  précoces  (premier  jour  au  lieu  du  troisième  ou  du 
quatrième  jour).  Un  traitement  énergique  et  précoce  peut  seul  pré- 
venir l'apparition  des  accidents  paralytiques. 

Honvelles  recherches  sur  les  microsporams,  par  le  D'  R.  SABounAun 
{Ann.  de  dermaU  et  de  syphiL,  mars  1907). 

D'après  les  recherches  de  M.  Sabouraud,  la  teigne  tondante  micro- 
sporique  de  l'enfant,  à  Paris,  en  ce  moment,  serait  faite,  pour  un  tiers  des 
cas  observés,  par  un  parasite  non  décrit. 

Ce  parasite,  le  Microsporum  lanosum,  aisément  difTérenciable  de  tous 
les  microsporums  connus  par  les  caractères  de  sa  culture  sur  tous  les 
milieux  d'épreuve,  donne  à  l'enfant  une  tondante  dont  la  lésion  de  type 
banal  peut  s'accompagner  secondairement  d'une  réaction  inflammatoire 
ordinairement  très  légère.  If  peut  y  avoir  aussi  une  éruption  gé^éralisée 
d'herpès  circiné  en  petits  cercles  rouges,  non  vésiculeux. 

Le  Microsporum  lanosum,  par  tous  les  caractères  de  sa  culture,  se 
rapproche  plus  des  microsporums  animaux  déjà  décrits  par  Sabouraud, 
C.  Fox  et  Blaxall,  Bodin,  que  du  Microsporum  Audouïni  banal,  mais 
son  origine  animale  reste  hypothétique. 

Ce  parasite  est  inoculable  au  cobaye,  sous  la  forme  d'une  dermite 
locale  avec  infection  parasitaire  des  poils,  qui  se  termine  spontanément 
par  la  guérison  après  environ  un  mois  de  durée.  Cette  inoculabilité  rap- 
proche le  Microsporum  lanosum  des  microsporums  animaux  déjà  connus 
etréloigne  au  contraire  du  Microsporum  Audouïni  vulgaire,  dont  la  cul- 
ture, entre  les  mains  de  Sabouraud,  n'a  jamais  donné  d'inoculation 
positive  au  cobaye. 

Diet  in  diseasesol  children  (La  diète  dans  les  maladies  des  enfants),  par 
le  D'' W.-G.  MuRPHY  (AWany  médical  Annals,  mars  1907). 

On  peut  distinguer  trois  catégories  d'affections  : 

1^  Maladies  aiguës  avec  haute  température  ; 

2^  Maladies  subaigufis  avec  fièvre  continue  ou  modérée  ; 

30  Maladies  chroniques  ou  maladies  dans  lesquelles  la  fièvre  n'est  pas 
un  facteur  important. 

La  fièvre  gêne  la  digestion,  en  entravant  la  sécrétion' d'acide  chlorhy- 
drique  dans  le  suc  gastrique.  Cet  acide  a  un  double  rôle  :  il  favorise  la 
digestion,  il  neutralise  les  germes. 

La  caséine  du  lait,  unie  au  calcium,  forme  la  calcium-caséine,  sur 
laquelle  agira  le  ferment-lab  pour  former  de  petits  caillots  de  calcium - 
paracaséine.  En  l'absence  d'acide,  le  caillot  passe  dans  l'intestin,  où  il 
est  digéré  par  les  sucs  intestinaux  et  pancréatiques  ;  la  pepsine  n'a  pas  pu 
l'attaquer.  En  présence  de  l'acide  chlorhydrique  au  contraire,  il  y  a  com- 
binaison avec  le  calcium,  et  la  paracaséine  devient  libre. 


^ 


374  ANALYSES 

Les  nourrissons  au  biberon  demandent  plus  d'acide  chlorbydriqiie 
pour  la  digestion  que  les  enfants  au  sein,  la  caséine  du  lait  de  vache  possé. 
dant  un  plus  grand  pouvoir  de  saturation  pour  les  acides.  Avec  l'absence 
d'acide  chlorhydrique,  comme  il  arrive  dans  la  fièvre»  le  lait  n'est  pas 
indiqué  et  agit  souvent  comme  un  irritant  digestif. 

Kurlow  et  Wagner  ont  trouvé  que  l'acide  cblorbydrique  du  suc  gas- 
trique avait  un  pouvoir  germicide  énergique.  Toutes  les  bactéries  sont 
détruites  par  le  suc  gastrique  normal,  en  moins  d'une  demi-heur^  à 
l'exception  du  bacille  tuberculeux,  du  bacille  de  l'anthrax  et  peut-être 
du  staphylocoque. 

Dans  les  cas  hyperthermiques,  si  la  nourriture  est  donnée  trop  tôt  ou 
en  excès,  elle  se  décompose  dans  l'intestin,  et  une  toxémie  alimentaire  est 
ajoutée  à  la  toxémie  morbide.  Cela  est  souvent  le  cas  pour  la  pneumonie. 

Dans  la  première  classe  de  maladies,  on  ne  donnera  que  de  l'eau,  tant 
que  la  température  restera  élevée  et  que  l'intestin  n'aura  pas  été  nettoyé 
par  le  calomel  ou  l'huile  de  ricin  ;  alors  le  lait  coupé  conviendra. 

Dans  les  maladies  gastro-intestinales  aiguës,  toute  nourriture  sera 
écartée  pendant  douze  ou  vingt-quatre  heures  ;  on  donnera  des  décoctions 
de  céréales,  du  Jus  de  bœuf,  de  l'eau  ou  de  l'eau  albumineuse,  ne  repre- 
nant la  diète  lactée  que  lentement  et  prudemment. 

Dans  la  secondé  classe  (maladies  subaigués  avec  fièvre  prolongée, 
fièvre  typhoïde,  etc.),  il  s'agit  de  nourrir  l'enfant  sans  contrarier  la  mala- 
die. Il  faut,  en  règle  générale,  donner  toujours  moins  de  nourriture  et 
plus  d^eau. 

Chez  les  enfants  au  sein,  la  tétée  sera  raccourcie  de  vingt  minutes  k 
cinq  ou  dix,  ou  bien  on  supprimera  une  tétée  sur  deux.  Chez  les  enfants 
au  biberon,  la  quantité  de  lait  sera  diminuée  d'un  tiers  ou  de  la  moitié  ; 
on  pourra  même  suspendre  le  lait  et  le  remplacer  par  des  bouillons,  de 
l'eau  albumineuse,  des  farines  dextrinées,  du  lait  peptonisé.  La  régularité 
des  repas  sera  observée  dans  la  maladie  comme  à  l'état  de  santé.  Eau  à 
discrétion  dans  l'intervalle  des  repas. 

Dans  les  maladies  où  il  faut  prendre  garde  aux  reins,  le  lait  est  recoro. 
mandable.  Il  y  a  deux  classes  d'enfants,  ceux  qui  mangent  trop  et  ceux 
qui  ne  mangent  pas  assez.  Chez  les  premiers,  la  fièvre  augmente,  la  dis- 
tension du  ventre  s'accrott,  la  toxémie  s'accentue.  Chez  les  seconds, 
c'est  la  prostration  qu'il  faut  craindre  ;  on  donnera  alors  une  petite  quan- 
tité de  nourriture  à  de  fréquentes  reprises  ;  l'enfant  supporte  mal  1  ina- 
nition. Il  faut  parfois  user  de  la  force. 

La  diète  lactée  est  indiquée  dans  les  maladies  de  la  seconde  classe, 
quand  le  tube  digestif  n'est  pas  en  cause.  Quand  celui-ci  est  malade, 
lait  modifié  ou  peptonisé,  citrate  de  soude  ;  si  le  lait  est  mal  toléré,  bouil- 
lon, farines  maltées,  etc. 

Dans  la  troisième  classe,  le  tube  digestif  est  souvent  en  cause  ;  s'il 
s'agit  d'un  enfant  au  sein,  on  fera  analyser  le  lait  de  la  nourrice.  Dans 
l'allaitement  artificiel,  il  y  aura  lieu  parfois  d'ajouter  de  la  crème  (rachi- 
tis),  ou  du  jus  de  fruit  (scorbut),  etc. 

En  général,  chez  l'enfant  malade,  la  diète  lactée  mérite  la  première 
place. 

Glioma  de  la  retina  iiquierda  (angio  sarcomatoso)  con  lona  de  dagene- 
racidn,  eztirpaciôn,  curaclén  (Gliome  de  la  rétine  gauche,  angio -sarcome, 
avec  zone  de  dégénérescence,  extirpation,  guérison),  par  J.  Figuisas 
Parés  {La  Medicina  de  îos  nifios,  février  1907). 

Garçon  de  deux  ans  et  demi,  observé  au  dispensaire  ophtalmologique 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  375 

du  IX  Barraquenle  7  janvier.  C'est  un  enfant  robuste,  bien  développé, 
atteint  d'une  affection  localisée  à  Tœil  gauche.  Paupières  et  conjonctive 
normales  ;  globe  un  peu  saillant  avec  strabisme  divergent,  cornée  transpa- 
rente, chambre  antérieure  diminuée,  pupille  un  peu  dilatée  et  immobile 
avec  un  reflet  blanc  jaune  profond  ;  tension  intraoculaire  augmentée. 
Avec  Tophtaimoscope,  le  reflet  blanc  jaune  se  voit  enore  mieux.  On 
hésite  entre  le  gliome  et  la  choroïdite  exsudative  purulente  (ophtalmie 
métastatique).  Les  vaisseaux  de  la  rétine  étaient  peu  nets. 

Le  giiome  vrai  se  voit  au-dessous  de  neuf  ans  et  d'autant  plus  souvent 
que  l'enfant  est  plus  jeune  ;  il  existe  des  vaisseaux,  quoiqu'on  ne  puisse 
pas  les  voir  dans  tous  les  cas  ;  la  tension  oculaire  est  augmentée  comme 
dans  le  cas  actuel.  Le  diagnostic  de  gliome  est  admis. 

Bien  portant  jusqu'à  dix-huit  mois,  l'enfant  a  eu  des  troubles  digestifs 
en  été.  Puis  l'œil  gauche  se  dévie  en  dehors,  la  pupille  reste  un  peu  dilatée 
et  mobile,  laissant  apercevoir  un  reflet  blanc  jaunâtre.  Puis  la  tension 
augmente  et  avec  elle  les  douleurs. 

Ënudéation  de  l'œil  avec  section  du  nerf  optique  le  plus  loin  possible. 
Il  y  avait  dégénération  du  gliome  ayant  donné  l'apparence  du  pus  et 
empêché  de  voir  les  vaisseaux  de  la  rétine. 

Après  durcissement  de  l'œil  au  formol,  on  vit  que  le  processus  glioma- 
teux  gravitait  autour  des  vaisseaux  (angio-sarcome). 

Meningitit  carabroespiaal  epidemica  termiaada  por  cnraciôn  (Ménin- 
gite cérébro-spinale épidémique  terminée  par guérison),  parle  D' Aquilbs 
Qkmiso  {Areh.  latino-timericanos  de  Pediatria,  janvier  1907). 

L'affection  a  débuté  dans  un  milieu  grippal.  Enfant  de  vingt-huit  mois, 
tête  portée  en  arrière,  raideur  de  la  nuque,  opisthotonos,  signe  de  Kernig, 
pétéchies  disséminées.  Agitation,  cris,  parésie  du  facial  inférieur  droit. 
Réflexes  rotuliens  exagérés.  Pouls  157,  respiration  47,  température  39^. 
Constipation. 

Traitement  par  les  bains  tièdes  et  la  ponction  lombaire.  Résultat 
exceUent. 

Le  liquide  retiré  par  la  ponction  est  légèrement  trouble,  laissant  par 
le  repos  un  dépôt  abondant  et  purulent  ;  méningocoques  de  Weichselbaum. 
Pas  de  bacille  de  Koch.  Cultures  abondantes  ne  donnant  qu'un  diplocoque 
dépourvu  de  capsule.  L'examen  du  liquide  céphalo-rachidien  a  été  fait 
parles  jy*  Badra  et  Malbrân. 

Contagion  cérébral  con  hemorragia  moningea  y  sindroma  menin- 
gitico  (Contusion  cérébrale  avec  hémorragie  méningée  et  syndrome 
méniogitique),  par  le  D'  Mamerto  Acuna  {Arch,  latino-americanon  de 
Pediatria^  janvier  1907). 

Fille  de  neuf  ans,  entrée  à  l'hôpital  San  Roque  le  2  décembre  1906  ;  en 
traversant  une  rue,  elle  fut  renversée  par  un  cheval,  perdit  connaissance 
et  entra  à  l'hôpital  dans  le  coma.  Décubitus  en  chien  de  fusil,  raideur  de 
la  nuque  et  de  la  colonne  vertébrale,  signe  de  Kernig,  vomissements, 
ventre  en  bateau,  déviation  conjuguée  des  yeux  à  droite.  Pouls  120, 
température  37«,7. 

La  ponction  lombaire  donne  un  liquide  hémorragique,  hématies  en 
abondance.  Le  5  décembre,  les  vomissements  ont  cessé,  le  coma  continue  ; 
respiration  suspirieuse  et  irrégulière.  Ponction  lombaire  de  nouveau, 
liquide  plus  dair  contenant  encore  de  nombreux  globules  rouges.  Le  7, 
somnolence  moindre,  nystagmus.  La  ponction  lombaire  donne  un  liquide 
plus  dair,  contenant  peu  de  globules  rouges.  Le  9,  amélioration,  parésie 


S7(\  ANALYSES 

des  membres  inférieurs  rendant  la  marche  impossible.  Le  il,  le  mieux 
continue.  A  la  ponction  lombaire,  on  retire  un  liquide  clair  contenant 
de  rares  hématies.  Le  17,  tous  les  signes  d'irritation  méningée  ont  disparu. 
Guérison. 

FaUo  crup  gripal  prolongado,  angina  pseudo-membranosa  gripal  y 
laryngitis  con  tiraje permanente  y  comaje  simnlando  crap  (Faux  croup 
grippal  prolongé,  angine  pseudo-membraneuse  grippale  et  laryngite  avec 
tirage  permanent  et  cornage  simulant  le  croup),  par  les  D'<  Genaro 
SiSTO  et  AgustIn  Saccone  {Arch.  latino-americanos  de  Pediatria,  iva- 
vierl907). 

Fille  de  deux  ans  ;  il  y  a  un  mois,  toux  rauque  et  cornage,  puis  éruption 
de  rougeole.  Disparition  des  phénomènes  laryngés  par  les  applications 
chaudes  au -devant  du  cou.  Un  mois  après,  le  26  octobre  1905,  toux  rauque, 
respiration  pénible,  transport  à  Thôpital. 

Le  27,  agitation,  anxiété,  tête  en  sueur,  dyspnée  (32),  cornage,  tirage, 
125  pulsations,  37°,8  inguinale.  Pénétration  difficile  de  Tair  dans  les 
poumons.  Sur  Tamygdale  droite,  exsudât  pseudo- membraneux  grisâtre, 
adhérent,  saignant  facilement.  Peu  de  réaction  ganglionnaire.  On  injecte 
1  500  unités  de  sérum  de  Behring.  Le  28,  même  état.  La  fausse  membrane 
gagne  la  luette  et  Tautre  amygdale.  Pas  de  bacille  de  Lœffier,  mais  bacille 
de  PfeifTer  en  abondance.  Le  30,  disparition  de  Texsudat,  apparition  de 
ganglions  sous-maxillaires  et  d'érythème  sérique.  Le  31  octobre,  atténua- 
tion des  troubles  respiratoires  ;  éruption  effacée.  Le  1^  novembre,  pas  de 
dyspnée  ni  tirage,  mais  la  toux  et  le  cornage  continuent  ;  pas  de  fièvre  ; 
quand  Tenfant  pleure  et  s'agite,  la  dyspnée  tend  à  reprendre.  Le  4,  un 
peu  d'albuminurie.  Le  10,  guérison  complète. 

Un  caso  di  mongolisme  infantile  asgociato  a  micromielia  degli 
arti  snperiori  (Cas  de  mongolisme  infantile  associé  à  la  micromélie  des 
membres  supérieurs),  par  le  D''  Olimpio  Cozzolino  {Rîp,  di  Ciin.Ped., 
février  1907). 

Fille  de  huit  mois,  de  Gênes,  entrée  à  la  clinique  pour  des  troubles 
digestifs  le  15  mai  ;  guérison  en  une  semaine.  L*enfant  a  l'apparence 
d'une  Japonaise  ;  elle  est  petite  et  peu  développée.  Tête  petite  (39'",5) 
et  ronde,  brachycéphale. Face  aplatie,  nez  enfoncé,  yeux  fendus  en  amande, 
avec  épicanthus  et  obliquité.  Fontanelle  antérieure  très  large,  cheveux 
abondants  et  fins.  Pas  de  dents.  Bouche  ouverte  avec  saillie  de  la  langue. 
Ventre  gros.Poids  5  130  grammes.  Longueur  du  corps,  57  centimètres. 
Membres  supérieurs,  21  centimètres  depuis  Tacromion  jusqu'à  rextrémité 
du  médius.  Radiographie  :  ossification  normale.  Membres  inférieurs  de 
longueur  normale.  Mobilité  extrême  des  articulations.  Pas  de  rachiti.sme. 
Extrémités  froides,  rien  au  cœur. 

A  propos  de  ce  cas,  l'auteur  fait  une  étude  très  complète  du  mongolisme 
et  de  ses  associations  possibles  (myxœdème,  achondroplasie). 

Contribttto  aile  stndio  del  pemfigo  acnte  'délia  seconda  infanaa  cod 
spéciale  rignardo  alla  sua  etiologia  (Contribution  à  l'étude  du  pemphigus 
aigu  de  la  seconde  enfance  et  de  son  étiologie),  par  le  D''  A.  Longo  {Hiv. 
di  Clin.  Ped„  février  1907). 

1»  Fille  de  cinq  ans,  reçue  à  la  Clinique  de  Rome  le  22  novembre  1904. 
Pas  d'antécédents  héréditaires,  un  peu  de  rachitisme.  Le  17  novembre, 
frissons,  fièvre,  délire  ;  le  18,  phlyctènes  sur  le  dos,  atteignant  parfois  les 
dimensions  d'une  pièce  de  deux  sous  ;  quelques-unes  sur  les  membres  et 
le  devant  du  corps;  paume  des  mains  et  plaate  des  pieds  indemnes. 


-^'  -f-  -  • 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES 


377 


Contenu  clair  d'abord,  trouble  ensuite.  La  fièvre  tombe  peu*  à  peu  et 
revient  à  la  normale  le  onzième  jour.  Guérison. 

2^  Fille  de  deux  ans  et  demi,  en  traitement  pour  une  péritonite  tuber- 
culeuse de  forme  ascitique,  dans  un  lit  voisin  de  celui  de  la  précédente. 

Le  l*'  novembre,  fièvre  (39*>),  poussées  de  vésicules  qui  s'agrandissent 
en  balles  asser.  larges,  à  contenu  limpide  ;  à  partir  du  cinquième  jour, 
pas  de  bulles  nouvelles;  la  température  tombe  à  37^  vers  le  dixième 
jour.  Guérison. 

3«  Garçon  de  treize  mois,  reçu  le  8  janvier  1905  ;  parents  alcooliques, 
a  bu  du  vin  à  huit  mois.  Le  2  janvier,  apparition  de  bulles  sur  le  tronc 
et  au  cou  ;  contenu  clair  d*abord,  trouble  ensuite.  Température  élevée, 
rémittente  (39<»,7  ;  37o,5).  Un  érysipèle  se  déclare  au  niveau  d'une  bulle 
de  l'or^lle.  Guérison. 

40  Fille  de  cinq  ans,  reçue  le  17  février  190$  ;  rougeole  à  deux  ans, 
rachitisme  à  treize  mois  ;  apparition  de  bulles  pemphigoïdes  en  divers 
points  du  corps  ;  état  fébrile.  Les  bulles  étaient  de  dimensions  variées, 
quelques-unes  atteignant  le  volume  d'une  mandarine.  Éléments  en  très 
grand  nombre  (160),  avec  poussées  successives,    polymorphisme. 

La  fièvre  rémittente  dure  trois-  semaines  (37^-38^5).  A  la  suite  de 
l'administration  de  liqueur  de  Fowler  (IV  à  XII  gouttes),  guérison. 

On  suspend  l'arsenic,  nouvelles  bulles  ;  on  redonne  la  liqueur  de  Fowler, 
les  bulles  disparaissent,  etc. 

L'examen  bactériologique- a  montré  dans  le  premier  cas  le  staphylo- 
coque doré;  dans  le  deuxième  cas, de  nombreuses  colonies  de  ce  même 
microbe  avec  quelques  colonies  d'un  diplocoque.  Dans  le  troisième  et 
quatrième  cas,  staphylocoque  doré.  Ce  microbe  est  agglutiné  par  le 
sérum  des  enfants  atteints  ou  convalescents  de  pemphigus  aigu. 

Solla  patogenesi  deiracondroplasia  (Sur  la  pathogénie  de  l'achon- 
droplasie),  par  le  D'  A.  Cavazzani  {La  Pediatria,  mars  1907). 

Garçon  de  trois  ans  vu  pour  la  première  fois  le  27  février  1903,  Famille 
nerveuse.  Deux  sœurs  normales.  Grossesse  régulière,  accouchement 
normal  On  remarque  la  grosse  tête  de  l'enfant  et  ses  jambes  courtes. 
Accroissement  habituel,  dentition  assez  précoce,  marche  vers  un  an, 
intelligence  normale.  Dans  la  seconde  année,  la  disproportion  entre  la 
longueur  du  tronc  et  celle  des  jambes  s'accentue.  Masses  musculaires 
saillantes,  aspect  athlétique.  La  radiographie  montre  l'absence' d'ossifi- 
cation dans  les  cartilages  des  os  longs.  Légère  incurvation  diaphysaire. 
Administration  de  la  thyroïde  sans  effet. 

A  trois  ans  l'enfant  ne  mesure  que  66  centimètres  de  taille;  tête  volu- 
mineuse, membres  courts,  surtout  les  segments  rhizoméliques.  Ensellure 
lombairei  Nez  déprimé  à  sa  racine.  Les  rotules  manquent.  Musculature 
très  développée,  surtout  aux  cuisses  et  aux  mollets.  Intelligence  bonne, 
grande  vivacité  de  mouvements,  agilité. 

Électricité  faradique  quotidienne,  massage  des  membres,  tractions 
continues  la  nuit  (poids  suspendu  au  pieds).  Après  trois  mois  de  traite- 
ment, on  a  obtenu  un  accroissement  de  6  centimètres  et,  quatre  mois 
plus  tard,  de  3  centimètres.  L'enfant  perdu  de  vue  jusqu'en  1905.  Il  n'avait 
gagné  que '2  centimètres.  On  recommence  la  thérapeutique  physique,  et 
on  ajoute  des  tablettes  de  glande  pituitaire  (marque  Burroughs  Wellcome). 
En  juin  1906,  la  taille  atteignait  90  centimètres.  La  rotule  est  notable 
maintenant,  quoique  plus  petite  que  normalement. 

La  mère  de  Tenfant,  vers  1905,  présente  les  symptômes  d'une  mala- 
die de  Basedow  :  tachycardie;  léger  strabisme,  tremblement  continuel. 


378  ANALYSES 

sensation  de  chaleur,  sueurs,  diarrhée,  poUakiuriè,  etc.  Mais  elle  finit  par 
confesser  qu'elle  abusait  de  la  thyroïdine  pour  se  faire  maigrir.  Elle  avait 
consommé  beaucoup  de  tablettes  de  thyroïdine  pendant  la  grossesse  de 
son  petit  achondroplasique. 

On  supprime  la  thyroïdine,  et  le  syndrome  de  Basedow  s^eftace. 

Quel  rôle  a  joué  l'intoxication  thyroïdienne  de  la  mère  sur  l'achondro- 
plasie  de  l'enfant?  Impossible  de  le  dire. 


THÈSES  ET  BROCHURES 


Sérothérapie  préTentiye  de  la  diphtérie  chei  Tenfant,  par  le 
D'A.  Laplace  (ThèM  de  Paris,  16  novembre  1905,  76  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  IM.  Lesage,  a  pour  but  de  montrer  les  avan- 
tages de  la  sérothérapie  antidiphtérique  préventive,  en  soulignant  son 
innocuité.  Qu'il  s'agisse  d'agglomération  d'enfants  sains  ou  malades,  la 
séro-prophylaxie  sera  indiquée  quand  un  ou  plusieurs  cas  de  diphtérie  se 
seront  déclarés.  On  devra  la  faire  systématiquement  dans  les  milieux 
hospitaliers,  même  en  l'absence  de  tout  cas  de  diphtérie.  Par  cette 
méthode,  on  arrive  à  éliminer  la  diphtérie  des  services  hospitaliers.  Ce 
n'est  pas  seulement  dans  les  salles  réservées  à  la  rougeole,  à  la  scarla- 
tine, à  la  coqueluche,  que  M.  Lesage  pratique  les  injections  préventives, 
mais  encore  dans  les  salles  communes.  Il  propose  d'injecter  tout  enfant 
qui  entre  à  l'hôpital,  soit  en  médecine,  soit  en  chirurgie. 

La  dose  à  injecter,  pour  le  sérum  de  Roux,  est  de  iO  centimètres  cubes. 

Cela  n'empêche  pas  les  mesures  de  désinfection  et  d'isolement. 

Les  érythèmes  infèctienz  dans  la  rongoola,  par  le  D'  J .  Legrai?i  [ThHt 
de  Paris,  9  novembre  1905,  122  pages). 

Cette  thèse,  basée  sur  72  observations,  montre  que  les  érythèmes  infec- 
tieux sont  des  complicatious  assez  fréquentes  de  la  rougeole,  du  moins 
dans  le  milieu  hospitalier.  Ils  ont  les  mêmes  caractères  que  dans  les 
autres  maladies  :  morbilliformes,  scarlatini formes,  purpuriques.  S'ils  sur- 
viennent au  début,  avant  l'éruption,  ils  n'ont  pas  de  gravité.  Plus  tard, 
leur  pronostic  est  mauvais,  surtout  s'ils  accompagnent  la  bronchopneu- 
monie. Porte  d'entrée  dans  la  bouche  et  le  naso-pharynx.  Presque  tou- 
jours c'est  le  streptocoque  qui  est  responsable  de  ces  érythèmes,  et  la 
virulence  de  ce  microbe  est  accrue  par  des  associations  ou  par  des  pas- 
sages successifs  chez  les  enfants  hospitalisés  en  commun.  L'intoxication 
agit  sur  le  foie  (dégénérescence  graisseuse)  et  sur  le  rein,  de  sorte  que 
les  éliminations  sont  entravées  ;  les  centres  nerveux  sont  alors  impres- 
sionnés et  produisent  les  érythèmes. 

La  rougeole  est  aggravée  par  omette  complication,  qu'il  faut  prévenir  par 
l'antisepsie  et  l'isolement. 

GontribatioQ  à  l'étade  de  l'hypertrophie  congéaitale,  par  le  D' P.  Ces- 
SON  (Thèse  de  Paris,  16  novembre  1905, 104  pages). 

Cette  thèse,  illustrée  de  gravures  hors  texte,  donne  le  résumé  de 
165  observations;  elle  constitue  donc  un  recueil  précieux  pour  l'étude  de 
l'hypertrophie  congénitale.  L'auteur  distingue  l'hypertrophie  vraie,  régu- 
lière (développement  de  l'ensemble  d'un  membre  sans  altératioD  de 


THÈSES   BT  BROCHURES  370 

forme  nî  de  siiiietufe),  dé  l*hypeiirophie  fausse  (tumeur,  lymphangiome, 
éléphantiasiB,  etc.). 

Les  observations  sont  classées  de  la  façon  suivante  :  1^  hémi-hypertro- 
phie totale;  2^  hypertrophie  des  extrémités  opposées  ou  alternes; 
3*  hypertrophie  d'une  extrémité  seule;  4<*  hypertrophie  d'un  segment  de 
membre  ;  5*  hémi-hypertrophie  de  la  face  seule  ;  6^  localisation  particu- 
lk*re. 

Le  pronostic  de  la  forme  régulière  n'altérant  ni  les  proportions,  ni  la 
structure,  ni  le  fonctionnement  du  membre  atteint,  est  bénin. 

L'hypertrophie  irrégulière  porte  particulièrement  sur  les  segments  de 
membre  et  la  tête  ;  elle  s'accompagne  souvent  de  troubles  graves.  Son 
pronostic  est  réservé. 

Au  point  de  vue  du  diagnostic,  il  est  difficile  de  tracer  une  ligne  de 
démarcation  nette  entre  l'hypertrophie  irrégulière  et  Téléphantiasis. 

11  y  a  des  analogies  entre  l'hypertrophie  congénitale  et  certaines  hyper- 
trophies acquises  (mamelles). 

Contre  la  forme  régulière,  le  traitement  consistera  dans  l'emploi  de  la 
rompression  élastique.  Dans  l'hypertrophie  irrégulière,  on  pourra  la  tenter 
aussi,  mais  on  sera  parfois  réduit  h  l'amputation. 

Polyarthrite  aignè  tobercalonse  bénigne,  par  le  D""  E.  Junks  {Thège  de 
Paris j  21  décembre  1905,  136  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Méry,  est  une  contribution  à  l'étude  des 
pseudo-rhumatismes  (rhumatisme  articulaire  aigu  tuberculeux).  A  côté 
de  la  polyarthrite  granulique,  Poncet  a  dégagé  une  polyarthrite  tubercu- 
leuse aiguë,  assez  rare,  qui  serait  la  manifestation  d'un  bacille  de  Kooh 
atténué.  L'anatomie  pathologique  est  mal  connue.  Les  symptômes  sont 
ceux  des  pseudo-rhumatismes  en  général  :  signes  généraux  atténués, 
lignes  locaux  très  intenses.  Pronostic  bénin  pour  le  présent,  inquiétant 
pour  l'avenir. 

Le  traitement,  dans  la  phase  aiguë,  consiste  à  immobiliser  la  jointure 
malade  et  à  combattre  la  douleur.  En  même  temps,  on  ne  négligera  pas 
le  traitement  général,  en  prévision  des  manifestations  viscérales  tubercu- 
leuses qui  pourraient  survenir. 

Les  fractures  du  crâne  ches  l'enfant,  par  le  D''  Ernest  Gasne  (Thèse  de 
Paris,  20  décembre  1905,  146  pages). 

Cette  thèse  intéressante,  illustrée  de  nombreuses  planches,  résume 
78  observations.  Les  fractures  irradiées  de  la  voûte  à  la  base  sont  très 
rares.  On  signale  les  disjonctions  suturaires  et  l'enfoncement  sans  frac- 
ture. Dans  les  fractures  du  crAne,  chez  les  enfants,  la  dure-mère  est  sou- 
vent déchirée,  le  cerveau  est  parfois  lésé,  et  il  y  a  rarement  des  signes 
de  compression  localisée.  Le  pronostic  est  plus  favorable  que  chez  Tadulte, 
surtout  entre  deux  et  cinq  ans. 

Parmi  les  complications  taixlives,  il  faut  relever  l'accroissement  des 
pertes  de  substance  osseuse  et  la  pseudo-méningocèle  traumatique. 
L  accroissement  des  pertes  de  substance  est  le  résultat  de  Taccroissement 
rapide  du  cerveau  pendant  les  premières  années  de  la  vie  ;  il  faut  aussi 
faire  intervenir  le  rachitisme  et  le  craniotabes.  La  pseudo-méningocèle 
traumatique,  spéciale  aussi  à  la  première  enfance,  semble  due  à  une  aug- 
mentation de  pression  du  liquide  céphalo-rachidien.  Elle  peut  communi- 
quer avec  les  ventricules  ou  avec  les  espaces  sous-arachnoïdiens.  Le  Irai- 
toment  est  surbordonné  à  l'état  de  tension  variable  du  liquide 
céphalo-rachidien. 


380 


ANALYSES 


Trakemeat  par  le  babauire  de  certaines  toxidermites  iafantUei,  par 

le  D'  E.  Davenière  [Thèse  de  Paris,  14  décembre  1905, 108  pages). 
'  Cette  thèse,  inspirée  par  le  D'  Lesné,  contient  12  observations.  Le 
strophulus  et  Teczéma  des  jeunes  enfants  sont  des  toxidermies  d'orig:ine 
gastro-intestinale  ;  ils  récidivent  facilement  et  tendent  à  devenir  chro- 
niques. Dans  Tallaitement  naturel,  on  surveillera  Thygiètie  de  la  nour- 
rice, on  réglera  Falimentation.  On  cherchera  en  même  temps  à  faire  dis- 
paraître les  fermentations  intestinales  et  la  dyspepsie. 

Dans  ce  but,  l'emploi  du  babeurre,  aliment  de  digestion  facile  par  la 
division  de  sa. caséine  et  sa  faible  teneur  en  beuri^e,  médicament  antisep- 
tique par  Tacide  lactique  qu'il  contient,  était  tout  indiqué.  El  en  elTet  il  a 
donné  d'excellents  résultats.  Ces  résultats  ont  été  consignés  dans  le 
mémoire  publié  en  janvier  1906  par  le  D'  Lesné  {Archives  de. médecine dfs 
Enfanti).  La  thèse  de  M.  Davenière  reproduit  les  conclusions  de  ce  mémoire. 

De  rimportance  d*ane  direction  médicale  dans  l'allaitemeiit  aa  aein, 
.  par  le  D'  C.  Mion  (Thèse  de  Paris,  28  décembre  1905,  102  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Budin,  contient  de  nombreuses  observations 
et  graphiques,  qui  montrent  que  Tallaitemcnt  au  sein  n'est  pas  à  labri 
de  tout  accident.  Ces  accidents  sont  provoqués  par  la  suralimentation, 
rinsuffisance  de  la  lactation,  Jes  altérations  chimiques  du  lait,  etc.  La 
suralimentation  provoque  la  diarrhée,  les  vomissements,  la  gastro-enté- 
rite. Le  lait  peut  être  trop  pauvre  ou  trop  riche  en  beurre. 

Pour  parer  aux  accidents,  il  faut  une  surveillance  médicale.  Dès  qu  un 
nourrisson  est  surveillé,  sa  courbe  de  poids  s'élève  d'une  façon  régulièi-e. 
En  cas  d'insuflisance,  on  établira  l'allaitement  mixte  dans  des  conditions 
propres  à  en  assurer  le  succès.  En  cas  de  maladie  de  la  mère  (tubercu- 
lose), la  surveillance  médicale  permet  de  faire  le  sevrage  en  temps 
opportun. 

La  surveillance  médicale  combat  la  moralité  infantile  et  sauve  beau- 
coup d'enfants.  Car  elle  donne  aux  mères  la  possibilité  de  continuer 
l'allaitement  naturel  et  fait  reculer  l'allaitement  artiliciel  avec  ses  dan- 
gei*s.  C'est  dans  les  consultations  de  nourrissons  que  la  surveillance  médi- 
cale peut  le  mieux  s'exercer  ;  il  faut  donc  multiplier  ces  consultations. 
Dans  l'allaitemenl  au  sein  bien  surveillé,  il  n'y  a  pas  d'accidenU,  mais 
bien  des  incidents. 

Contribution  à  l'étade  de  la  coxalgie  par  la  radiographie,  par  le  D**  J. 
F ovcno'S'LhPEy nhUE  (Thèse de  Paris,  6  juin  1906,  60  pages). 

Élève  de  M.  Calot,  à  Berck-sur-Mer,  l'auteur  a  pu  faire  des  centaines 
de  radiographies  dans  la  coxalgie,  et  il  en  tire  d'intéressantes  données 
cliniques.  La  thèse  est  illustrée  de  nombreuses  figurés  dans  le  texte  et 
planches  hors  texte.  Grâce  à  la  radiographie,  on  a  sous  les  yeux  le  tableau 
des  lésions  microst^opiques  de  la  coxalgie  à  toutes  ses  périodes  :  coxalgie 
au  début,  coxalgie  à  la  période  d'état,  etc.  Le  diagnostic  différentiel  est 
grandement  facilité.  De  plus,  la  radiographie,  ce  qui  est  vraiment  intéres- 
sant, fournit  de  précieuses  indications  thérapeutiques.  D'abord  lediagnos- 
lic  précoce  permet  d'instituer  le  plus  tôt  possible  un  traitement  rationnel. 
Il  y  a  une  forincdiiïuse  et  une  forme  localisée  que  la  radiographie  met  en 
relief.  Grâce  à  elle,  on  peut  diriger  sûrement  l'intervention  thérapeutique, 
les  injections  profondes  notamment  qui  donnent  de  très  beaux  résultai*;. 
On  en  fait  une  série  avec  5  à  6  grammes  du  mélange  suivant  : 


Huile  d^olives  stérilisée 100  gr. 

Éther 11  — 

lodoforoie 10  — 


Créosote 

Galacol 

Naphtol  camphré. 


)_-_ 


îgr. 
S  - 


^-T 


LIVRES  381 

En  tout  cas,  il  convient  d'èlrc  résolument  conservateur  et  de  n'inter- 
venir par  les  méthodes  sanglantes  que  dans  des  cas  exceptionnels  et  bien 
déterminés  par  la  radiographie. 


LIVRES 


Revista  del  Hospital  de  ninos  (Revue  de  Thôpital  des  enfants), 
par  le  D'  Antonio  Arraga  et  le  D'  Carlos  Lagos  Garcia  (vol.  de 
140  pages,  Buenos  Aires,  1907). 

Ce  compte  rendu  de  Thôpital  des  enfants  de  Buenos  Aires  porte  sur 
Tannée  1906. 

Cet  hôpital,  qui  a  été  fondé  en  1875,  a  fait  dans  ces  dernières  années 
de  très  notables  progrès,  tant  pour  le  traitement  externe  que  pour  le 
traitement  interne.  De  nouvelles  salles  de  chirurgie  et  de  médecine  ont 
été  ouvertes;  une  goutte  de  lait  a  été  récemment  inaugurée;  des  pavillons 
d'isolement  pour  la  rougeole,  la  coqueluche,  des  laboratoires  de  radia- 
graphie,  photographie  et  massage  ont  été  annexés  aux  constructions 
primitives.  Enfin  la  Société  de  bienfaisance  qui  soutient l'hôpiUl d'Enfante 
dispose  aussi  d'un  asile  maritime  à  Mar  del  Plata,  qui  vient  heureusement 
compléter  l'assistance  infantile  de  Buenos  Aires. 

Le  volume  comprend  une  statistique  de  la  salle  de  la  diphtérie  (119  cas), 
de  la  scarlatine  (64  cas),  de  la  rougeole  (62),  réunies  dans  le  pavillon  des 
maladies  infectieuses.  Les  maladies  générales  ont  fourni  447  entrée?. 
Les  consultations  externes  dépassent  plusieurs  milliers. 

Nous  trouvons  enfin  dans  ce  volume  plusieurs  observations  ou  mémoires 
sur  la  tuberculose  des  ganglions  bronchiques  (D"  José  G.  Rivas  et  Rômulo 
Cabrerdi),  étiohgie  4e  la  chorée  (D'  Rogelio  C.  Fumasoli),  maladie  de  Parrot 
(Arana),  éruption  tardive  des  dents  temporaires  (Palermo),  pied  talus  valgus 
paralytique  (Castro  et  Vinas),  fractures  sus-eondyliennes  exposées  du 
coude  (id.),  diverticule  de  Meckel  (Roberto.  Sole),  atrésies  intestinales 
(Carlos  Lagos  Garcia),  etc. 

The  presbyterian  hospital  in  the  city  o!  New  York  (L'hôpital 
presbytérien  dans  la  ville  de  New  York),  par  le  D'  Northrup,  etc. 
{vol.  de  110  pages,  New  York,  1907). 

Dans  ce  volume,  enrichi  de  photographies,  nous  trouvons  le  compte 
rendu  de  l'exercice  1906  (38«  année).  Le  Presbyterian  Hospital  comprend 
une  section  d'enfants  dirigée  par  notre  collègue  et  ami  le  D'Wm.  P.  Northrup. 
Cet  habile  médecin  a  su  installer  des  terrasses  de  cure  pour  tous  les  malades 
de  sa  section.  Pendant  la  plus  grande  partie  de  la  journée,  tous  les  enfants 
sont  portés,  traînés  ou  roulés  sur  ces  terrasses,  où  ils  bénéficient  de  la 
cure  d'air.  Ce  système  a  donné  les  meilleurs  résultats,  comme  nous 
l'avons  déjà  exposé  dans  une  revue  générale  {Archives  de  méd.  des  enfants, 
1907,  page  107).  Nous  trouvons,  dans  ce  volume,  plusieurs  photographies 
montrant  bien  la  disposition  et  l'utilisation  des  terrasses  de  cure. 

L'hôpital,  qui  tire  toutes  ses  ressources  de  donations,  de  legs  et  de 
sections  payantes,  possède  une  école  pratique  de  nurse*,  qui  rend  de  réels 
services. 


382  SOCIÉTÉ  DE   PÉDIATRIE 


SOCIÉTÉ  DE   PÉDIATRIE 

Séance  du  21  mai  1907.  —  Présidence  de  M.  Netter. 

MM.  Armand-Delille  et  Blbchmann  présentent  un  cas  de  spUno- 
mégalie  avec  réaction  lymphoïde  et  niétaplastique  chez  un  enfant  de  treize 
mois,  rachitique.  La  rate  est  énorme  et  descend  au-dessous  de  Fombilic, 
le  foie  est  assez  gros.  Père  semble  bien  portant,  mère  a  eu  une  fausse 
couche  de  trois  mois.  On  soupçonne  la  syphilis.  Examen  du  sang  :  héma- 
ties 3  450  000,  globules  déformés,  géants,  en  raquettes,  hématies  nucléées 
(16  p.  100  des  globules  blancs)  ;  leucocytes  16  000  dont  33  p.  100  poly- 
nucléaires, 20  p.  100  grands  mononucléaires. 

M.  Armand-Delille  présente  un  garçon  de  six  ans,  arriéré,  dégénéré, 
ayant  depuis  la  naissance  de  la  parésie  des  extenseurs  des  doigts.  La  mère 
aurait  eu  la  fièvre  typhoïde  pendant  la  grossesse.  L'enfant  ne  pesait 
guère  plus  d'un  kilogramme  à  la  naissance.  Il  n'a  commencé  à  parier 
qu'à  trois  ans.  Il  est  petit,  cryptorchide  ;  son  bassin  est  élargi,  il  a  ud 
peu  l'aspect  eunucholde.  Contractillté  électrique  normale  des  muscles 
atteints.  Catatonie. 

M.  Guillemot  et  Mlle  SYcZAWtifSKA  rapportent  des  cas  de  diarrhée 
chez  les  nourrissons  au  sein  avec  type  normal  de  la  flore  fécale, 

La  flore  normale  de  l'enfant  au  sein  est  simple,  uniforme  et  constante  : 
BacUlus  bifidus  en  culture  pure,  Bacterium  colij  streptocoque  intestinal 
ou  entèroeoque,  parfois  Bactetium  lactis  aerogenes.  Les  autres  microbes 
qu'on  peut  observer  sont  des  hôtes  de  passage.  Suivent  6  observations 
d'enfants  au  sein  ayant  une  diarrhée  plus  ou  moins  forte,  verte  parfois, 
sans  atteinte  de  l'état  général,  sans  infection.  Tantôt  cela  est  dû  à  des 
tétées  ^op  abondantes  ou  trop  fréquentes,  tantôt  à  une  indisposition 
de  la  mère  (diarrhée,  mensthies,  etc.).  On  a  trouvé,  dans  les  selles  de  ces 
enfants,  les  microbes  énumérés  plus  haut,  sans  aucun  microbe  pathogène. 
Il  s'agit  donc  de  diarrhées  toxiques. 

M.  CoMBY  fait  remarquer  que  ces  recherches  bactériologiques  con- 
firment les  données  de  la  clinique.  Quand  nous  sommes  en  présence  de 
diarrhée  plus  ou  moins  abondante,  plus  ou  moins  colorée,  chez  un  enfant 
au  sein,  nous  ne  sommes  pas  inquiets,  et,  sans  faire  de  thérapeutique 
active,  nous  donnons  simplement  des  conseils  hygiéniques  (réglage  des 
tétées,  bonne  alimentation  de  la  nourrice,  etc.).  Certains  médecins,  par 
contre,  prescrivent  des  lavages  de  l'intestin,  des  médicaments,  la  diète 
hydrique.  La  bactériologie  leur  donne  tort 

M.  LEsnt  présente  un  iuberculome  diffus  du  cervelet  chez  un  enfant  de 
neuf  ans  et  demi  qui  avait  tous  les  signes  d'une  tumeur  cérébelleuse 
sans  symptômes  méningés  (liquide  céphalo-rachidien  sans  réaction  cellu- 
laire). Vertiges  pris  au  début  pour  du  vertige  de  Ménière,  ataxie  céré- 
belleuse, enfin  coma  et  mort.  A  l'autopsie,  outre  un  foyer  caséeux  et 
crétacé  au  sommet  du  poumon  droit,  on  trouve  le  lobe  droit  du  cervelet 
très  hypertrophié  et  déformé,  occupé  par  un  vaste  tubercule  caaéeux 
qui  empiète  sur  l'isthme  et  sur  le  lobe  gauche,  avec  une  diffusion  rare. 

M.  Renault  a  vu  un  enfant  de  sept  à  huit  ans,  considéré  depuis  deux 
ans  comme  atteint  d'ataxie  cérébelleuse,  qui,  à  l'autopsie,  avait  plu- 
sieurs tubercules  du  cervelet 

M.  H.  Leroux  présente  une  fille  de  quinze  ans  atteinte  de  Jympha- 
dénie  splénique?  Elle  a  l'aspect  boufii  et  pâle  des  chlorotiques,  avec 
soufile  vasculaire  au  cou.  On  a  dit  qu'elle  avait  de  l'albuminurie,  on  n'en 
trouve  pas  actuellement.  Rate  colossale.  Au  sommet  droit  signes  de 


NOUVELLES  383 

tuberculose.  L'examen  du  sang  donne  2  000  000  d'hématies,  4  800  globules 
blancs  (65  p.  100  polynucléaires,  32  mononucléaires,  3  éosinophiles). 
Cette  enfant  a  été  présentée  il  y  a  plusieurs  années  par  M.  Méry  comme 
pouvant  être  un  cas  de  maladie  de  Banti. 

Mme  Nageottb  montre  une  jeune  fille  atteinte  de  scoliose  hystérique. 
Vue  de  dos,  dans  la  station  verticale,  cette  enfant  présente  une  épaule 
gauche  plus  haute  que  la  droite.  Pliée  en  deux,  elle  n'a  pas  de  gibbosité. 
Si  Ton  ne  peut  lui  faire  abaisser  l'épaule  gauche,  on  obtient  aisément 
rélévation  de  la  droite  et  la  scoliose  disparait.  Dans  plusieurs  cas  ana- 
logues, la  suggestion  à  l'état  de  veille  a  été  très  efficace. 

M.  Paul  Roger  présente  un  enfant  atteint  de  stridor  laryngé  tardif 
qui  a  été  guéri  par  Vablaiion  des  végétations  adénoïdes, 

M.  Babonnbix  présente  une  fillette  atteinte  de  rétraction  probable- 
ment congénitale  du  petit  doigt  des  deux  mains  ;  il  présente  également 
un  garçon  atteint  de  rétraction  de  Vaponévrose  palmaire.  Enfin  il  pré- 
sente un  cas  de  cirrhose  cardio-tuberculeuse  d^HutineL 

MM.  Variot  et  Rist  discutent  les  applications  de  la  radioscopie  et  de 
la  radiographie  au  diagnoatic  des  adênopathies  trachéo-bronchiques, 

M.  Veau,  à  propos  du  rétrécissement  de  V oesophage  traité  par  M.  Quisez, 
fait  remarquer  que  les  caustiques  liquéfiants  (potasse,  etc.),  produisent 
des  lésions  beaucoup  plus  graves  et  plus  diffuses  que  les  caustiques  coa- 
gulants (acides). 

M.  Marfan,  revenant  sur  son  procédé  de  dé  tubage,  à  propos  de  la 
communication  de  M.  Renault»  dit  qu'il  est  très  facile,  avec  son  procédé, 
d'extraire  tous  les  tubes,  même  ceux  de  Froin.  Son  procédé  est  universel» 
il  ne  donne  pas  d'échec,  quand  on  connaît  bien  la  manœuvre.  Peut-être 
même  pourrait-il  servir  à  l'extraction  de  certains  corps  étrangers  de  la 
trachée.  Avec  ce  procédé  de  détubage,  l'enfant  couché  sur  le  ventre» 
on  réussit  donc  à  coup  sûr. 

NOUVELLES 

Fondation  Pierre  Badin.  —  Un  comité  s'est  formé  pour  rendre 
hommage  à  l'éminent  puériculteur  et  philanthrope  que  nous  venons  do 
perdre.  On  se  propose  de  créer  une  consultation  de  nourrissons  modèle 
qui  serait  une  véritable  écoU  pratique  de  puériculture  et  é^ allaitement 
matemd.  Une  commission  executive  a  été  constituée  sous  la  présidence 
de  M.  P.  Strauss,  sénateur,  président  de  la  Ligue  contre  la  mortalité 
inlantile.  Adresser  les  souscriptions  et  adhésions  à  M.  O.  Doin,  éditeur, 
place  de  l'Odéon,  n»  8  (Paris). 

Congrès  intarnatioBal  d'hygiène  scolaire.  —  Un  congrès  d'hygiène 
scolaire  se  tiendra  à  Londres,  du  5  au  10  ao(it  1907. 

Voici  les  grandes  lignes  du  programme  provisoire  qui  a  été  adopté  : 
Le  5  août,  inauguration,  discours  par  le  président  sir  Lauder  Brunton.  — 
Le  6  août,  à  huit  heures  du  soir,  conférence  par  l'évêque  doyen  de  Manches. 
ter  sur  Vinfiuence  de  Véducation  scolaire  sur  V éducation  morale  des  ado- 
lescents, —  Le  8  août,  à  huit  heures  du  soir,  conférence  par  le  D'  Doléris 
sur  Vhygiène  du  sport  chez  les  jeunes  filles  et  les  jeunes  femmes» 

Dans  les  sections  du  congrès  seront  traitées  les  questions  suivantes  : 
I.  Physiologie  et  psychologie  des  méthodes  d'éducation  et  de  travail 
intellectuel  IL  Inspection  médicale  des  écoles.  III.  Hygiène  du  corps 
enseignant.  IV.  Ëducation   des  écoliers   et  des  maîtres   en    hygiène. 


/. 


I 


( 


384  NOUVELLES 

V.  Étiucation  physique  et  hygiène  de  renlraînement.  VI.  L'hygiène  en 
dehors  de  Técole,  colonies  de  cavances,  relations  de  Técoleet  de  la  famille* 
VII.  Maladies  contagieuses,  les  écoliers  malades.  VIII.  Écoles  pour  les 
faibles  d'esprit  et  les  anormaux.  IX.  Écoles  pour  les  aveugles  et  les  sourdi- 
muets.  X.  Hygiène  des  internats.  XI.  Bâtiments  et  fournitures  scolaifes. 

Asile  pour  enfants  convalescents.  —  L'Assistance  publique  de  Paris 
se  propose  d'inaugurer,  au  mois  de  juillet  prochain,  dans  le  bel  hospice 
de  Brévannes,  près  de  Boissy-Saint- Léger  (Seine-et-Oise),  une  très  impor- 
tante section  (environ  400  lits)  pour  enfants  convalescents. 

On  commencera  par  recevoir  les  enfants  convalescents  de  maladies 
générales,  puis,  au  fur  et  à  mesure  des  disponibilités  financières,  on 
ouvrira  un  pavillon  pour  enfants  tuberculeux,  un  pavillon  pour  la  rougeole, 
un  pavillon  pour  la  diphtérie.  Nous  enregistrons  avec  plaisir  cette  inaugu- 
ration sensationnelle,  car  il  y  avait  bien  longtemps  que  les  médecins 
des  hôpitaux  d'enfants  demandaient  un  asile  à  la  campagne  pour  les 
convalescents  ou  les  chroniques  qui  encombrent  leurs  services.  Le 
nouvel  asile  est  admirablement  situé,  à  proximité  de  Paris,  dans  un  parc 
magnifique,  où  l'air,  la  lumière  et  la  couleur  ne  manquent  pas.  L'ensemble 
des  services  est  placé  sous  la  direction  du  D'  R.  Marie,  médecin  des 
hôpitaux,  qui  sera  assisté  par  deux  médecins  résidants,  MM.  Pater 
et  Clément,  anciens  internes  des  hôpitaux  de  Paris. 

Hôpital  d'enfante  de  MonteTideo.  —  En  mai  1907>  a  été  inauguré, 
à  Montevideo,  sur  un  terrain  donné  par  Pereyra  Rossell,  le  nou- 
vel Hoepital  de  nihos,  qui  comprend  actuellement  100  lits  et  qui  n'en 
comprendra  pas  moins  de  400  quand  il  sera  achevé.  Cet  hôpital,  placé 
sous  la  direction  de  notre  collègue  et  ami  le  D^  Luis  Morquio,  est  con- 
struit sur  un  plan  moderne,  avec  pavillons  séparés,  services  d'isolement, 
laboratoires  de  radiographie,  photographie,  etc.  Il  rendra  de  grands 
services  à  l'assistance  infantile  et  à  la  science  médicale,  et  fait  honneur 
à  la  République  Orientale  de  l'Uruguay.  C'est  avec  plaisir  que  nous  enre- 
gistrons cette  nouvelle  conquête  de  la  civilisation  et  du  progrés  à  l'actif 
de  l'Amérique  latine. 

Nécrologie.  —  Nons  avons  le  regret  d'apprendre  la  mort,  à  l'âge  de 
soixante-neuf  ans,  du  D'  Thomas,  professeur  de  policlinique  et  phar- 
macologie, directeur  de  l'hôpital  d'Enfants  Hilda,  à  Fribourg  en  Brisgau. 


Le  aérant, 
V.  BOUCHEZ. 


4976-07.  —  CoHHBiL.  Imprimerte  Ed.  Catrl 


10*  Année  JuiUet  1907  N<>  7 


MÉMOIRES    ORIGINAUX 


XIII 


DE  LA  RADIOSCOPIE  DANS  LA  PNEUMONIE  DE  L'ENFANT 

Par 
M.  E.  WEILL.  et  M.  Lucien  THÉTBNOT. 

Professeur  de  Clinique  infantile  Interne  des  Hôpitaux, 

à  l'Université  de  Lyon. 


La  première  étude  importante  de  cette  question  date  seule- 
ment de  1899;  elle  est  due  à  MM.  Yariot  et  Chicotot,  qui 
présentèrent  en  juin  1899,  à  la  Société  médicale  des  Hôpitaux, 
une  communication  relative  à  la  radioscopie  de  12  cas  de 
pneumonie. 

Ces  recherches  avaient  déjà  été  faites  chez  Tadulte  par 
M.  Beclère,  V.  Maragliano  et  G.  Gaffarena;  d*après  ces  auteurs, 
la  pneumonie  franche  donne  une  opacité  circonscrite,  nette- 
ment délimitée,  avec  diminution  dans  le  mouvement  d'abais- 
sement inspiratoire  du  diaphragme  ;  dans  certains  cas, 
on  observerait  les  symptômes  généraux  et  l'expectoration 
caractéristique  de  la  pneumonie,  sans  signes  à  la  percussion 
ni  à  l'auscultation  :  la  radioscopie  seule  montre  le  siège  et 
l'étendue  de  la  lésion,  située  dans  ces  ca3  au  voisinage  du 
bile.  Après  la  défervescence,  on  note  la  disparition  des  signes 
physiques  ;  plus  tard,  le  poumon  s'éclaircit,  indiquant  la 
résolution  de  l'exsudat  ;  enfin  le  diaphragme  récupère  sa 
mobilité. 

La  radioscopie  offre  donc,  chez  Tadulte,  l'avantage  de  pré- 
ciser l'étendue  des  lésions  et  de  dépister  quelquefois  des 
pneumonies  profondes. 

Son  utilité  est  plus  grande  chez  l'enfant  ;  on  sait  en  effet 
<iue,  chez  lui,  d'après  les  classiques,  la  pneumonie  est  d'un 
<liagnostic  souvent  difficile  pour  diverses  raisons: 

ArCB.  de  MftDBC.  DES  BNPANT8,  1907.  X.    25 


386  E.    WEtLL   BT   btJdiEft   THÉVENOT 

a.  Absence  d'expectoration; 

b.  Absence  fréquente  de  signes  physiques  ou  apparition 
tardive  dans  la  pneumonie  dite  centrifuge  par  Tun  de  nous; 

c.  Courbe  thermique  atypique  ; 

d.  Siège  abdofïiitlât  dii  paitit  de  tété  A¥e(3  tomissements. 
Aussi  est-il  important  de  savoir  chez  lui  quels  renseigne- 
ments sont  fournis  par  l'examen  radioscopique. 

MM.  Variot  et  Ghicotot  ont  noté,  sur  leurs  12  observations, 
6  cas  de  concordance  entre  le»  signes  physiques  et  rexamen 
à  récran  ;  deux  jours  après  la  défervescenee,  l'opacité  avait 
disparu,  ce  qui  indique  une  résolution  beaucoup  plus 
fapidë  dé  roisùdât  âbHâ6lix  ch^fc  Teiifantj  Dans  3  cas,  la 
radioscopie  a  permis  de  préciser  le  diagnostic  et  la  locali- 
sation de^  léftionsi  Bnfio,  dans  les  3  derniers^  en  note  une  fois 
des  signes  dotltêtijlt  de  pneumonie  avëe  ^inbfe  à  Téeratt;  une 
observation  avec  apparition  de  l'ombre  deux  jours  àvAnt  celle 
des  signes  phvsiques  ;  enfin  un  cas  sans  signes  physiques  et 
apparition  dé  l'opâdté  lé  jôUr  de  k  défërVëSeeildê. 

Nous  avons  pu  f^iifïir  à  là  Cllni()ue  dés  maladiéi  iitfàâtilés 
36  cas,  classés  sôfià  (à  fdbfiqtiè  «  PfleUfnôtliè  »  d'ftpféH  lëtif 
évolution  cliniqUë  et  âccotlipâgtiés  au  fifMâs  d'titl  ê<3hétfia 
radioscopique.  Nous  avons  pu  en  étudier  et  siilVfë  17  en 
commun  ;  cértàiiies  ôbserVàtioûs  ccrrtt portent  jtisqti 'à  !B  sché- 
mas râdiôscôpicjiilei^.  Nou§  leà  àtôfiê  gfMpées  dé  Id  fiiçon 
suiVaùte  1 

\^  Pneumonies  avec  signes  physiques  iièts  et  opacité 

radioscopique. 

Cette  catégorie  cofopfénd  24  cfts  : 

a.  Dans  VS  ôbsèfVatiôns,  il  y  a  doncôtdttlieé  du  iehéflia 
radioscopique  et  des  lignes  physiques,  TopAdité  âppdftdssant 
avec  ceux-ci  et  perèiâtatit  ati  tînàxiùiuùi  tm  ou  déttX  jours 
après  léfur  disparition. 

L'ombre  siège  souvent  à  la  base  (6  cas),  tantôt  étroitèttlétit 
limitée  à  une  bande  AU  nivedu  de  l'éxtréme  bâfiîè  et  du  sliius 
costo-diaphragiàatiquê,  tàûtôt  è'élévâtnt  jù^u'à  Tafl^ê 
inférieur  de  l'omoplate  ;  c'est  dans  cette  hépàtiSÉtiOU  de  la 
base  surfout  qu'on  constaté  rimmobilité  du  dlàphrflgfiie 
signalée  par  les  classiques. 

Très  souvent  (6  cas),  l'obscurité  occupe  la  paHie  tooyéntie 


LA  RADIOSOOPIB  DANB  bA   PNBUMOlflB  DE  l'eNFANT  d&T 

(id  pouBftén  ou  le  sommet;  rextrème  sommet  est  le  plus 
sotttent  respecté.  Ub  sebénla  fréquent  est  le  suivant  *  Toflibre 
remplit  f^lus  ou  moins  oèmplètemetit  la  partie  du  thoFàx 
cofreftpondaùt  à  lolnoplate,  o'est-iMiife  qu'elle  dessine  une 
sorte  de  ti'iangle  à  basé  eitterne,  à  sommet  s'avançant  plils 
ou  moins  vers  iaeolonne  Tertéb^alè  ;  lorsque  Topaeité  esttt'ès 
étroitèi  elle  se  réduit  à  une  bande  noire  qui  longe  le  bdrd 
externe  de  la  cage  thoraoîque  et  qui  parait  au  (iremier 
abdfd  pi^duite  pût  reosemblé  deë  plans  ostéo^culanéd  de  la 
région. 

Bn  géfiéralf  les  foyers  pneumoniques  se  détachent  nettfl* 
ment  sous  formé  d*uiie  opaeité  complète  :  dans  les  cas  moins 
nets  ott  à  la  défervesoénée,  Tombre  est  plus  étroite  et  grisfttre. 
bi  Mais  la  coneordanee  n'est  pas  toujours  absoliie^  soit  M 
peiilt  de  Yue  de  la  durée  des  signes^  soit  au  point  de  vue  de 
leur  siège. 

Dans  un  eais  (6<  Rose,  dlise  alis),  après  u  ne  pneumonie  tfès 
nette .  évoluimt  en  huit  joUrs,  Tombre  persistait  encore 
qtiatre  jourë  àprès< 

Dansune  deuxième  observation  (E;  Édtilie^deux  ans  et  demi), 
Tenfant  entre  dans  le  service  le  19  novembre  1904  avec  dés 
sigiles  hels  de  pneumonie  :  défaut  d'expansion  sous  la  eléVi- 
Gttle  droite^  matité  du  sommet  avec  souffle  et  éclat  des  cris  et 
et  de  la  toux,  température  entre  39  et  40«  ;  le  88  novembre, 
écoulement  de  l'oreille  droite.  Défervescence  le  1"  décembre» 
Une  radioscopie  faite  le  84  novembre  montrait  une  zone 
opaque  au  sonlmet^  laquelle  persistait  encore  le  12  déoeàibre  l 
le  21  décembre,  alors  qu'on  ne  constatait,  auciin  signe  phy- 
sique, l'écran  montrait  une  bande  obscure  oblique  suivant  à 
peu  près  une  scissure  interlobaire.  Cette  bande  avait  disparu 
le  6  janvier  1905. 

Dttlis  ttn  tf^siètne  cas  (C.  T...,  deux  ans  et  demi),  la 
pneumonie  évolua  en  six  jours  avec  défaut  d'expansion  soos- 
claviculaire,  matité  et  souffle;  la  radioscopie  montrait  une 
ombre  très  nette  au  sommet  droit;  trois  jours  après  la  défer- 
vesceûee,  les  signes  physiques  avaient  disparu,  Tombre  per- 
sistait bien  qu'atténuée  et  ûe  disparut  que  six  jours  après  la 

défervescence. 

[  Dans  un  quatrième  (B.  F...,  six  ans),  la  pneumonie  dura 
six  jours;  après  un  début  caractérisé  par  un  point  de  côté, 
des  vomissements  et  des  frissons,  apparurent  des  signes  très 


H 


388  E.    WBILL   ET   LUCIEN   THÉVENOT 

nets  d'hépatisation,  large  zone  mate  à  la  base  gauche,  souffle 
tubaire  intense,  râles  fins,  défaut  d'expansion  sous-clavicu- 
laire,  température  à  40*.  Or  Tombre  à  l'écran  ne  fut  visible 
que  le  jour  de  la  défervescence  ;  deux  jours  plus  tard,  les 
signes  physiques  et  l'opacité  avaient  disparu,  mais  on  con- 
statait encore  de  l'immobilité  du  diaphragme. 

Enfin  un  cinquième  cas  est  intéressant  parce  qu'il  se 
rapproche  beaucoup  des  pneumonies  dites  centrales. 

S.  M...  Entrée  le  9  avril,  crèche  Saint-Ferdinand;  début 
le  7  par  des  vomissements;  le  9  température  de  39'',5,  pas  de 
signes  à  l'examen  des  poumons  ;  le  lendemain  la  radioscopie 
montre  une  ombre  légère  au  sommet  droit;  le  12  avril 
seulement,  on  constate  de  la  matité  du  sommet  droit.  Du 
12  au  17,  jour  de  la  défervescence,  on  ne  constate  que  de  la 
matité  avec  défaut  d*expansion  ;  un  peu  de  souffle  pendant  on 
jour,  jamais  de  râles;  température  entre  39  et  40"*. 

La  radioscopie  pendant  toute  cette  période  montrait  une 
ombre  intense  au  sommet  droit;  l'extrême  sommet  ne  fut 
envahi  que  le  16.  Défervescence  brusque  le  17;  la  matité 
persistait  encore  le  19;  quant  à  Tombre,  elle  diminua  puis 
disparut  le  24. 

Pendant  la  fin  de  la  pneumonie  et  dans  la  suite,  l'enfant 
eut  un  pemphigus  infecté,  des  vomissements,  un  peu  de 
fièvre  et  un  mauvais  état  général;  l'évolution  de  ces  accidents 
continue. 

c.  Nous  classons  à  part  6  cas  dans  lesquels  la  disparition 
des  signes  physiques  ou  celle  de  l'ombre  radioscopique  ne 
sont  pas  précisées. 

2"  Signes  physiques  sans  signes  radioscopiques. 

Une  observation  était  nette  au  point  de  vue  des  signes 
physiques  avec  absence  d'ombre  à  l'écran. 

A...,  Marie,  quatre  ans.  Début  le  27  novembre  1906  par  de  la  toux,  des 
vomissements,  de  la  céphalée,  un  point  de  côté  abdominal;  à  son  entrée, 
le  i*''  décembre,  foyer  mat  à  la  base  et  à  la  partie  moyenne  du  poumon 
gauche,  gros  souffle,  râles  crépitants,  abondants,  température  de  39*.  Le 
lendemain,  mêmes  signes  avec  prédominance  au  niveau  de  la  fosse  sous- 
épineuse;  le  3,  on  constate  en  plus  une  diminution  de  Texpansion  sous  la 
clavicule  gauche  ;  chute  de  la  température  ;  le  6,  on  ne  constate  plus  de 
signes  physiques. 

Or  la  radioscopie,  faite  le  3,  le  4  et  le  7,  n'a  rien  montré  qu'une  ombre 
douteuse,  le  4,  dans  1<*  »»nus. 


7^ 


LA   RADIOSCOPIE   DANS   LA   PNEUMONIE  DE  l'eNFANT  389 

3°  Ombre    radioscopique  avec  signes  douteux  (Thépatisation. 
Voici  2  cas  appartenant  à  cette  catégorie  : 

L,.y  Antoinette^  onze  ans.  Début  par  un  point  de  côté  droit,  des  vomis- 
sements et  une  température  de  W*  ;  cinq  jours  après,  diminution  de  la 
soDorité  dans  la  moitié  supérieure  du  poumon  droit,  avec  petite  zone  de 
râles  sur  la  ligne  axillaire  ;  la  radioscopie  montrait  en  arrière  et  en  avant 
une  zone  obscure,  oblique  de  dehors  en  dedans  et  de  haut  en  bas,  à 
Tunion  du  tiers  supérieur  et  du  tiei*s  moyen  du  poumon  droit. 

L...,  Louise,  deux  ans.  Début  le  22  janvier  1905  par  de  la  lièvre,  une 
toux  fréquente  et  des  vomissements.  Entrée  le  31  janvier  avec  une 
respiration  à  80  sans  jeu  des  ailes  du  nez,  sans  défaut  d'expansion  sous- 
riaviculaire,  sans  aucun  signe  physique  pulmonaire.  Le  2  février,  état 
stationnaire  ;  submatité  de  la  base  gauche  sans  aucun  signe  d'ausculta- 
tion, légère  diminution  de  Texpansion  sous-claviculaire  gauche  ;  la 
température  était  de  40®  à  l'entrée  et  de  39°  ce  jour-là.  L'examen  radio- 
scopique montrait  une  ombre  nette  occupant  les  deux  tiers  supérieurs  du 
poumon  gauche,  excepté  l'extrême  sommet. 

Défervescence  le  4  février. 

4®  Pneumonies  douteuses. 

Nous  avons  groupé  sous  ce  nom  9  observations;  7  étaient 
douteuses  au  point  de  vue  clinique;  il  s^agissait  le  plus 
souvent  d'une  poussée  fébrile  ayant  duré  deux  à  quatre  jours, 
avec  signes  de  bronchite,  au  milieu  desquels  on  trouvait 
parfois  une  petite  zone  tle  râles  sous-crépitants  avec  ou  sans 
soaffle;  pas  de  matité  ni  de  défaut  d'expansion  sous-clavi- 
culaire, symptôme  présentant,  comme  Ta  montré  Tun  de 
nous,  une  très  grande  importance  dans  le  diagnostic  de  la 
pneumonie  infantile.  Nous  n'avons  pas  constaté  dau'i  ces  cas 
d  ombre  radioscopique. 

Dans  deux  autres  cas,  le  diagnostic  de  pneumonie  était 
possible,  bien  que  douteux  : 

A...,  Bt-nestine,  trois  ans  et  demi.  Début  par  de  la  toux,  de  la  fièvre, 
des  symptômes  d'indigestion.  L'enfant  n  entre  dans  le  service  que  huit 
jours  après  les  premiers  accidents;  apyrexie;  le  lendemain,  température 
de  39^,4  avec  signes  de  bronchite  difTuse;  au  sommet  gauche,  en  avant  et 
en  arrière,  matité  avec  léger  souffle  et  diminution  de  l'expansion  sous- 
claviculaire.  Aucune  ombre  radioscopique.  Disparition  des  signes 
physiques  et  chute  brusque  de  la  température  deux  jours  après  l'entrée. 

P.  R...,  Francine,  quatre  ans.  Début  le  3  novembre  1906  par  des  vomis- 
sements, une  toux  fréquente,  de  la  somnolence  ;  le  5,  point  de  côté 
gauche;  au-dessous  de  l'omoplate,  souffle  et  râles  très  fins  ;  l'expansion 


1 


900  1.   WBILL  ST  LUCIEN  THÉVWdT 

sous-claviculaire  est  pourtant  plus  marquée  à  gauche  qu*a  droite.  Tempe- 
ri(b}^^  eotr^  99  et  4Q^  M  7,  température  4«  ^'ï^J  le  m«tÎP  et  409  le  soir. 
Apparition  de  vésicules  d'herpès  sur  la  paupière  inférieure  droite.  Défer- 
vescence  le  8  noveml^re.  U^  ri4i<^?cqpij9  pratiquée  )es  6, 9}  H  ^(  ^  tipieipbre 
n'a  jamais  montré  d'obscurité  nette. 

R**  ËRfm  WQPS  ^JQut^ron»  k  c^t  Ql^ppsé  im  q»s  de  bfQPcbo- 
pneumoniq  at  2  de  pneumonie  assez  partioulieps. 

D...,  Fvofititf,  quatorze  ipois.  Début  par  d^s  vomissements,  de  la  toux 
et  une  température  de  S9'.  Foyer  d'hépatisaiion  au  sommet  droit.  Défer- 
vescence  brusque  le  treizième  jour,  Persistance  à  l'écran  d'une  petite 
bande  noire,  oblique,  nettement  limitée,  constatée  quatre  fois.  En  spmme, 
le  diagnostic  étiiit  ce\\ï\  de  pleurésie  jnterlobaire  postppeainoDique, 
si|ps  fièvre,  I^e  vingt-troisièine  jour  de  Vaflféction,  rougeole.  Mort  le  vingt- 
hqjtième  lour  ;  la  radioscopie,  trois  jours  av^nt  {^  décès,  avait  eqcore 
rpontré  cette  baqde  obscure. 

A  l'autopsie,  lésions  occupant  )e  lob^  jnféripur  mqy^n,  une  partie  du 
Iqbe  supérieur  4r<>i^  ^t  U  base  gauche  ;  lésions  de  ^ronchopneui|ioDie 
chronique  avec  carnisation  et  sclérose;  pas  de  pleurésie  interlobaire ; 
rien  n'expliquait  l'ombre  radioscopique  en  bande. 

Du  reste,  l'existence  d'une  bande  d'obscurité  à  l'écran  est 
loin  d'être  un  signe  toujours  certain  de  pleurésie  interlobaire. 
Témoin  le  cas  suivant  : 

0...,  Florentine,  sept  ans.  Entrée  le  4  janvier  4903,  a  présenté  jusqu*auà4 
de  U  fièvre  avec  8ign^s  dp  bronchite  ;  pespiratioR  soufQaPte  ^px  ëeux 
spmmets  ;  ce  soqffje  persista  apr^s  la  chute  de  1^  jfièvre.  l^e  7  mai>, 
nouvelle  poussée  thermique  avec  symptômes  d'induration  au.x  deux 
sommets;  les  radioscopies  montrent  dans  cette  période  upe  ombre  occu- 
pant le  tiers  moyen  du  pouniqn  droit  ;  la  fièvre  tombe  le  24  inar^,  |)epuis 
le  9  ipai  jusqu'au  26  août,  prises  dp  dyspnée  all^pt  n\^m^  jusqp*4  la 
suffocation.  Aux  deux  sommets,  surtout  à  droite,  soyffle  sans  matilé 
avec  parfois  des  râles  muqueux.  Or,  sur  6  radioscopies  faites  en  juin  e( 
juillet,  on  4  toujours  oonst^té  l'existence  d'une  bwde  noirci  étroiU. 
traversant  la  partie  moyenne  du  poumon  droit,  m^is  ne  s'ét^pd^t  P4-^ 
sur  certains  schémas  jpsqu'au  bord  exterpe  du  thorax.  Au  niv^au  de  cette 
bande,  on  ne  trouvait  ni  matité  ni  souffle  ;  la  température  ne  s'est  élevée 
que  pendant  quatre  jours  au-dessus  de  37*^18  ;  Téfat  gé^érfd  ^tAJl  très  bon. 
En  somme,  le  tableau  était  celui  d'une  adénopathie  trachéo-bronchique 
et  fiQp  palqi  d'une  pleurésie  ifit^rlobaire. 

l^'enf^nt  quitta  le  §ervioe  \p  15  septeni))r'e  i903.  V^^  r^iospopi^  faite 
l3  ^3  Uqvier  1904  montre  encore  cet  I  e  baqd^  obsciire.  I^ea^cpès  oatp^rsi^^ 
très  ir^i^ents  jusqu'à  li^rmdfir^nnép  \QQi,  puis  pliis  rares  ji|fiq|i>n  1907. 

}'...,  Adrienne,  douse  ans.  Début  le  i*''  octobre  190^  pm*  de  1»  toux,  un 
nuiuvais  état  général,  sans  phénomènes  très  aigus.  Vil»  entre  à  1#  Charité 
le  7  octobre  ;  on  constate  de  la  matité  du  sommet  droit  en  arrière,  avec 
obscurité  et  quelques  r41es  muqueux  fins  après  la  toux,  saqs  iéhui 
fl'expi^usiQn  sous-eUvioulaire  i  température  4  4Q®*  Le  9  ect^bre.  U 
tenupérature  est  do  37<)  ;  défaut  d  expansion  du  sommet  droit,  avec  p« 


LA   RADI08GOBIK   G^NS   LÀ   PNPU^QNIB  T^   l'eNFANT  ^i 

01)  14  ai)  ^4  octobre,  la  tenrvpérature  atteint  parfdis  38^,2,  aree  perais- 
Unee  d'up  peu  de  maiitë  et  de  soqffle  au  sommet  drait  ;  miiuvais  étftt 

Et^if^i,  quelque»  vQmii^ftmftfiU.  (i^pt  r%4U|s^pii9ii  ^ite^  (topt)i$  rentrée 

QRl  moptrt  twiPUI'?  in^  9l>§Curité  (te  iQUt  te  tebe  §«périeur  drQit,  limitée 
en  bas  MF  i)ne  ligne  nette  fiu  Qiveai)  de  la  scissure  interlobaire. 
Le  24  octobre,  on  note  toujours  au  sommet  droit  44  U  n^^tité  %VQa 

ré8)si49«ii  M)  4Qig(,  iiwgémtîop  4§§  vibi^tion»»,  pouffl^  inapiritpiri  §i 
^)(PirateireiRteA^T96(^toPilo<)ute  apbpnç,  brgnçbgphQnie. 

Le  27  novembre  et  le  2  décembre,  Tombi^e  dp  sofnmet  droit  est  encore 
large  en  arrière  ;  mais,  dans  la  position  antérieuFe,  ellf  sa  r^uil  h  um 
bande  oblique  correspondant  à  peu  près  à  la  scissure. 

Le  13  janvier  1906,  on  constate  encore  cette  même  bande  obscure  en 
arrière  et  en  avant;  le  31  janvier,  Tenfant  quitte  le  service  ;  des  examens 
et  des  radioscopies  postérieures  n'ont  rien  montré  de  particulier. 
Ce  cas  est  intéressant  par  la  durée  des  accidents  et  de  Timage  radiosco- 
pique. 

P...,  Marie,  cinq  ans.  Début  le  23  décembre  par  un  peu  de  toux,  de  la 
diarrhée  et  quelques  vomissements. 

Le  29  décembre,  la  diarrhée  persiste.  Point  de  c6té  droit.  La  base  sonne 
mal  avec  exagération  des  vibrations  et  même  souffle  dans  une  zone  étroite 
près  de  la  colonne  ;  après  la  toux,  pluie  de  râles  crépitants  inspiratoires. 
Skodisme  net  sans  autres  signes  sous  la  clavicule. 

  la  radioscopie,  Tombre  cardiaque  se  prolonge  par  une  masse  noire 
siégeant  au  niveau  du  hile  et  non  pulsatile. 

Le  31  décembre,  on  constate  que  tout  le  thorax  gauche  respire  moins 
que  le  droit  ;  Tombre  radioscopique  a  disparu  ;  défervescence  depuis  la 
veille. 

Le  6  janvier,  il  ne  reste  qu'un  peu  de  submatité  à  la  base  droite. 

Cette  observation  est  intéressante  par  révolution  des 
accidents  et  par  l'immobilité  thoracique  du  côté  opposé  à  la 
lésion. 

CONCLUSIONS 

1°  La  pneumonie  vraie  avec  exsudation  fibrineuse  donne 
presque  toujours  chez  Tenfant  des  signes  physiques  nets 
\matité,  souffle,  râles  crépitants),  parfois  tardifs,  et  une  zone 
obscure  bien  délimitée  à  Texamen  radioscopique.  Le  parallé- 
lisme entre  les  deux  ordres  de  symptômes  est  assez  souvent 
évident  ; 

2"*  Les  affections  qui  ne  donnent  aucune  ombre  nette  à 
l'écran  et  qui  pourtant  sont,  en  clinique,  qualifiées  de  pneu- 
monie, doivent  être  distraites  de  cette  dernière  affection; 
ce  sont  le  plus  souvent  ou  des  bronchopneumonies  à  foyers 
très  disséminés,  ou  de  simples  poussées  congestives  au  cours 
d  une  pneumococcie  ; 


392  E.    WBILL   ET   LUCIEN   THÉVENOT 

3"*  La  pneumonie  dite  centrale  est  plus  rare  que  Fadmettent 
la  plupart  des  classiques,  elle  nous  parait  même  exception- 
nelle. Il  ne  faut  en  effet  comprendre  sous  cette  dénomina- 
tion que  des  pneumonies  sans  signes  physiques  d'hépati- 
sation,  mais  avec  ombre  radioscopique  nette,  constatée  dès  le 
début,  témoignant  de  Texsudation  fibrineuse  caractéristique. 
Beaucoup  de  cas,  eneffet,qualiiiés  de  pneumonie  centrale,  sont 
probablement  des  pneumococcies  sans  foyer  pulmonaire  ou 
avec  simple  splénisation. 


XIV 

I 

LES  APPAREILS  DE  MARCHE 

DANS  LE  TRAITEMENT  DBS  TUMEURS  BLANCHES  DU  MEMBRE  INFÉRIEUR 

Par  le  D'  H.  MATET, 

Chirurgien  adjoint  de  rbôpital  Saint- Joseph  (Paris). 

Les  appareils  de  marche  sont  ceux  qui,  par  un  procédé  ortho- 
pédique, permettent  la  marche  à  des  sujets  atteints  d'affections 
dumembreinférieurde nature  tellequecette marche  leur  serait, 
sansce secours  artificiel,  formellement  interdite.  Ces  affections 
étaient,  jusqu'àces  dernières  années,  justiciables  de  Timmobi- 
iisation  seule  ou  deTextension  continue.  L*étude  de  ces  appa- 
reils est  depdis  quelques  mois  à  Tordre  du  jour;  leurs  indica- 
tions et  contre-indications  ont  été  à  plusieurs  reprises  discutées 
dans  les  sociétés  savantes;  mais  il  est  encore  malaisé  pour  le 
praticien  d'apprécier  leur  valeur  exacte  et  leurs  indications 
précises.  Les  appareils  de  marche  ont  du  reste  été  appliqués 
dans  deux  ordres  d'affections  très  différentes  :  X""  les  fractures 
du  membre  inférieur;  2®  les  ostéarthriies  du  même  membre. 
Nous  ne  nous  occuperons  pas  ici  du  traitement  des  fractures 
par  les  appareils  de  marche.  Il  a  fait  les  frais  d'importantes 
communications  à  la  Société  de  chirurgie  (1).  Retenons  seule- 
ment de  ces  discussions  ce  fait  important  que,  dans  les  fractures 
du  membre  inférieur,  dans  celles  mêmes  où  le  déplacement 
est  le  plus  à  redouter,  onpeutobtenirune  bonne  contention  des 
fragments  en  même  temps  qu'on  permet  la  marche  grâce  à 
un  procédé  de  prothèse.  Ce  simple  fait  a  de  l'importance  pour 
l'étude  que  nous  allons  entreprendre. 

Les  procédés  déambulatoires  dans  le  traitement  des  tumeurs 
blanches  ne  sont  pas  récents;  à  côté  du  soi-disant  traitement 
ambulatoire  de  ces  affections,  que  Texpérience  a  eu  bientôt 
fait  de  discréditer  et  de  condamner  comme  une  méthode  cou- 
pable, il  y  a  de  longues  années  déjà  que  des  efforts  ont  été 
tentés  pour  permettre  aux  malades  atteints  de  ces  affections 
de  se  mobiliser,  grâce  à  des  appareils  spéciaux.  Les  Améri- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  de  chirurgie^  novembre  1903-janvier  1904. 


394  H.    MAYET 

cains  entrèrent  les  premiers  dans  cette  voie;  les  Allemands 
suivirent  leur  exemple.  Lorenz  et  Dollinger  ont  publié  leur 
technique  et  leurs  résultats  sur  ce  point.  Ducroquet,  au 
Congrès  international  de  Paris,  en  1900,  fait  sur  cette  ques- 
tion une  comm^QÎOAtipD  f^vP^ibl^*  Frcplicb  de  Nancy  revient 
sur  ce  sujet  au  Congrès  de  la  tuberculose  en  1905.  La 
communication  souleva  diverses  critiques.  Calot,  Gangolphe  et 
surtout  le  professeur  Lanoefoogiie  défendirent  Timmobilisa- 
tion  absolue.  Enfin  un  de  mes  internes,  M.  le  D'  Bosc,  au  cours 
de  sa  thèse  inaugurale,  consacre  aux  appareils  de  marche  un 
chapitre  inté^^ssant  (1). 

A  toqt  prendre,  il  pessod^t  de  oet  ensamble  d'efforts  pratique» 
et  d'idées  générales  que,  s'il  est  possible  d'obtenir  (tout  en 
immobilisant  jusqu'à  un  certain  point  soit  un  segment  de 
membre  fracturé,  soit  uçe  articulation),  Tappui  d^  bassin  sur 
le  aai  grâce  à  un  appareil  pratbétique,  il  n'est  pasoertaiaque 
cette  immobilisation  soit  suffisante  daps  le  traitement  des 
tumeurs  blanches  du  meq^bre  inférieur.  Il  convient  donc  de 
savoir  quelle  est  l'étendue  de  cette  immobilisation. 

En  effet,  la  méthode  conservatrice  dans  la  thérapeutique 
des  tumeurs  blanches  comprend  quatre  term^^  différents  : 

l**  L'immobilisation  de  l'articulation  malade; 

%^  La  suppression  aussi  complète  que  possible  de  ce  que  le 
professeur  Lannelongue  a  appelé  Tuleératien  compressive; 

3"^  Un  traitement  local  variable  et  indépendant  des  précédents»  ; 

4^  Un  traitement  géqéral. 

Je  laisse  coraplèteipent  de  côté  le  traitement  local,  injection, 
ignipuncture,  méthode  de  Bier,  etc..  Je  constate  en  second  lieu 
<|ue  le  traitement  général  a  une  importance  eonsidérabie  dans 
la  thérapeutique  qui  nous  occupe  et  qu'il  comporte:  V  U  vie 
à  l'air;  2^  la  suralimentation  ;  3"^  une  immobilité  relative  du 
corps  tout  entier.  C'est  le  traiteinent  de  toute  tuberculose.  Or 
il  convient  de  remarquer  qu'une  certaine  possibilité  de 
déplacement  du  corps  n'est  pas  sans  faciliter  largement  ces 
conditions  d'aération  ^t  même  d'alimentation  et  que,  en  pra- 
ti(|ue,  une  immobilisation  absolue  d'un  malade  suppose  de  la 
part  de  ceux  qui  Tenfourent  des  soins  intelligents,  un  dévoô- 
ment  constant  et  souvent  môme  une  organisation  de  la  pra^ 
tique  de  la  vie  difficile  à  obtenir. 

(1)  Bosc.  f/fàf^  4^  f'Qt'is,  m^. 


LES  APP4ftpi(4S  ^^  MARCHE  393 

^e^U^t  le  Am9$T  dp  t§y  t  m^yvemp^t  da  l'a?  ti§le>  lî  minime 
quil  soîti  6t  a^liii  dit  p^^tl|Qt  Qoutmuel  do  ^urfMcti»  mulad^i. 
Cûqimant  »#  eomportofit  h  pat  ^^^rd  1^9  appm0it^  de  mqy^fh^  ; 
niif  qu§l  prippipa  s^^MU  p§p^truit6,  (}u'8s^t«oe  qu'il»  ndus 

promettent?  et  qu'est-ce  qu'ils  pou^  doPQfAt? 

Uur  pfipeipQ  fépérul  m\  tQujours  identique  à  I^i-milme  : 
hm  mufpb^r  lep  pi^lftdps  Qomma  dps  AiQpiit^i  ;  eicqiypQ  }a 
région  ftUeifttp  da  li  prapsiop  q^'^Up  deyftit  «upportep  dotnp 
Tupppi  du  porps  #«?  tem  v^ftcp  à  rintppm^ipire  d'v»  da  »q8 
e^ef^i^fp^;  Qu  mAmp  tpmps  miiintapir  rArticulatJQp  immobile 
W  ype  fSB^w  spépialp.  AjoutoQ»  qiip  Ip  pitufttim  alla^m^me 

j^  pptte  prtiisul^Upfi  appartP^Pftt  k  HP  fpemfePP  qpi  pe  pepçpf 
PP9  ppr  tPff e  eB|  pf éaisémant  la  pituatiQa  de  sii^pauf^iop,  QpUa 

4a  TpitppsiQ»  pppiipttp  \  petip  qpi|  pqiv^pt  |p  fpmftrqup  jttdi^ 

(^i^P^P  dp  profe^9epf  UppelQugpo,  f^it  que  1  Q^té^rthritq  de 
l'^Pft^lp  (ftttpcha  d'pp  brap  pre^qpe  taujopp^  pepdapt),  ast 
infipifpept  mpips  fréqp^ptp  et  mpipa  grayp  qpp  rpstéo^r thrite 
de  Ip  bpppbp.  attPGba  d'up  mambrp  ap  ooptinMeUa  pression  sur 
r^rtielp  m^mf^^ 

Tel  est  1p  sebéipp  de  h  m^tbode, 

illlp  a  été  préeopi^éP  pour  toutes  les  tumPPfs  blapebe^  du 
membre  îpf^riaur.  Kt  tout  de  suite  nous  devaps  faire  upe 
importante  réserve  au  sujet  de  la  coxalgie.  Lorenz,  Ducroquet, 
Pr(pli($b  S6  moutfppt  paftis^ps  dP»  appareils  de  mprebe  d»ns 
ûptt0  malpdie;  ce  ii'est  pps  d'apjpprd'hui  du  rpsta  que  Tou 
pous  yppte  le  tfpiteme»t  ambulatoire  de  la  poi^otubepeulose. 
Topt  deFpi^rpment  apoore,  Puaroquat,  daps  le  iqurpRldeméda^ 
eiii^  dç  Paris,  a  p^r  une  34f  iP  d'articles  décrit  ses  app^ppilp  de 

mprebe  popr  Ips  co^ulgiques,  Qua^t  h  pqus,  suivapi  ft  ce  paiut 
de  vii0  Topi^iop  de  potra  maître  l^  ppofessepr  l^aopalaugue, 
peliadu  prpfew^uF  Kirmissou,  dp  BrPP,  etc..,,  nous  cpoypus 

qpp  toute  métbqdp  qui  pp  supprime  pas  au  niveau  de  TartiQu- 
ûtipp  dp  h  bapaba  mpuvemept  e|  conipra^sipp  des  surfaces 
eit  défiastrpiise  ;  or  il  suffit  d'upp  simplp  réflpjtipn  pour  cpm^ 
prendra  qp'il  est  à  ppu  pr^s  impossible  da  faire  up  appareil 
4s  miPcbe  dppt  lap  poipts  d'apppi  se  trouvent  limités  au 
bsssin  pt  m  tropa,  respectant  campl^tamapt  la  euissa  depuis 
sa  iiaî^sapppt  l^a  prepve  de  ap  qua  pous  avapoons  repose 
prfeiiAuppt  ap  epci  que  tous  aas  appareils  ont  dps  cpisisarts. 
Or  il  ait  matbématlquefQppt  impoi§ibla,  avec  la  forma  cppique 
à  t§nipiPt  ipfiriaur  que  po^s^de  la  Puilia  pt  la  ladite  des  tissus 


390  H.    MAYET 

de  la  fesse,  qui  permet  au  point  d'appui  ischiatique  de  faire 
une  ascension  de  2  à  3  centimètres,  que  ce  cuissart  ne  trans- 
mette pas  à  la  hanche  une  pression  assez  intense.  Tous  les 
amputés  de  cuisse  qui  marchent  avec  un  appareil  connaissent 
cette  ascension  des  points  d^appui. 

Lors  même  qu'on  tenterait  d'aller  chercher  une  base  solide 
jusqu'à  l'aisselle,  on  serait  alors  dans  les  conditions  de  la 
béquille,  et  nous  ne  voyons  pas  bien  l'intérêt  que  l'on  aurait 
à  substituer  à  cet  appareil  si  simple  celui  infiniment  plus 
complexe  où  un  procédé  orthopédique  aurait  supprimé  ce 
qui  fait  précisément  la  facilité  et  l'intérêt  de^la  marche,  c'est-à- 
dire  le  mouvement  de  la  cuisse  sur  le  bassin  dans  la  propul- 
sion antérieure  du  membre.  A  tout  prendre,  l'appareil  de 
marche  dans  la  coxalgie  peut  être  considéré  comme  un  appa- 
reil de  soulagement^  mais  non  un  appareil  de  suppression  de 
l'appui  :  il  pourrait  être  tout  au  plus  conseillé  pendant  quel- 
ques mois  après  la  guérison.  Du  reste,  la  statistique  que  publie 
Frœlich  n'a  rien  de  bien  encourageant  :  152  coxalgies  ont  été 
soignées  par  lui  grâce  à  cette  méthode.  11  a  eu  huit  décès  ;  seize 
autres  cas  ont  nécessité  des  opérations  complémentaires  par 
suite  de  position  par  trop  défectueuse.  Ilnenoussemble  pas  que 
cette  statistique  améliore  le  pronostic  habituel  de  la  coxalgie. 

Si  l'articulation  de  la  hanche,  par  suite  de  sa  position, 
empêche  de  prendre  un  point  d'appui  sur  un  segment  du 
membre  placé  au-dessus  d'elle,  il  n'en  est  plus  de  même  des 
autres  ostéo-arthritesdu  membre  inférieur.  Le  genou,  le  cou- 
de-pied, le  tarse  peuvent  facilement  être  exclus  de  l'appui 
dans  un  appareil  de  marche.  Dans  l'ostéo-arthrite  du  genou, 
il  est  facile  de  concevoir  un  appareil  tout  à  fait  analogue  à 
celui  d'un  amputé  de  cuisse.  Pour  le  cou-de-pied  et  le  tarse,  il 
ne  sera  même  pas  besoin  de  la  ceinture  pelvienne  ;  un  bon 
cuissart  avec  un  point  d'appui  ischiatique  bien  capitonné,  un 
autre  point  d'appui  au  niveau  de  la  tubérosité  tibiale  anté- 
rieure suffiront  à  donner  une  grande  solidité  à  l'appareiL  Mais 
nous  ne  devons  pas  perdre  de  vue,  quelle  que  soit  l'articu- 
lation malade  et  quel  que  puisse  être  le  mode  d'appui,  qu'on 
devra  toujours  immobiliser  par  un  appareil  spécial  l'articu- 
lation atteinte.  Cette  articulation  devra  être  soigneusement 
emprisonnée  dans  une  gaine  de  plâtre,  de  silicate,  de  celluloïd, 
de  cuir  moulé  avec  attelle  métallique,  et  cette  gaine  ne  devra 


LES   APPAREILS   DE    MARCHE  397 

avoir  aucun  contact  avec  Tétrier  sous  peine  de  transmettre 
aux  surfaces  osseuses  malades  quelque  chose  de  la  pression 
du  corps  sur  le  sol. 

Ainsi  conçu  et  confectionné  avec  tout  le  soin  nécessaire, 
cet  appareil  réalisera-t-il  les  desiderata  du  traitement  des 
tumeurs  blanches  :  immobilité  absolue  et  suppression  de  Tul- 
cération  compressive. 

Après  avoir  étudié  les  diverses  méthodes  de  construction 
d'appareil  de  marche  (et  nous  dirons  plus  loin  quelle  est  celle 
qui,  au  point  de  vue  technique,  nous  a  semblé  l'emporter  sur 
les  autres),  nous  croyons  qu'il  tombe  sous  l'évidence  de  Texpé- 
rience  que  l'immobilité,  dans  un  appareil  si  parfait  soit-il  où 
la  marche  a  lieu,  n'est  jamais  la  même  que  dans  un  appareil 
placé  sur  un  membre  au  repos  complet.  Il  y  a  toujours  un 
certain  jeu  articulaire  au  moment  où  le  membre  est  lancé  en 
avant  ;  et  ce  jeu  est  dû  à  ce  que  la  gaine  articulaire  n'agit  sur 
les  os  que  par  l'intermédiaire  de  tissus  mous  et  élastiques.  Il 
suffit,  pour  s'en  convaincre,  ou  bien  de  ménager  quelque 
fenêtre  au  niveau  de  l'article,  ou  de  construire  un  appareil 
de  telle  façon  que  l'articulation  reste  en  partie  exposée  et 
d'examiner  avec  soin  l'article  au  moment  de  la  marche. 
Ajoutons  que  le  malade,  habitué  à  la  marche  avant  d'être 
soigné,  a  une  tendance  constante  et  naturelle  à  contracter  ses 
musclés  au  moment  de  la  marche  en  appareil,  comme  il  le 
faisait  naguère  librement,  et  qu'il  augmente  encore  physiolo- 
giquement  et  inconsciemment  d'une  certaine  mobilisation 
à  celle  qui  était  due  aux  forces  mécaniques  mises  en  jeu.  Je 
sais  bien  que  l'appareil  de  marche  au  genou  et  au  cou-de-p4ed 
peut  avoir  la  prétention,  en  mettant  des  membres  en  suspen- 
sion, d'écarter  les  deux  segments  de  l'article  et  de  réaliser 
une  sorte  d'extension  continue;  mais  il  faut  alors  supposer 
que  ces  deux  segments  sont  libres  de  s'écarter  l'un  de  l'autre, 
ce  qui  fait  qu'on  perdrait  en  immobilisation  ce  que  Ton 
gagnerait  en  extension,  et  inversement.  Il  semble  donc  qu'il 
faille  conclure,  jusqu'à  plus  ample  informé,  que  l'appareil  de 
marche,  appliqué  au  moment  même  ou  la  tuberculose  articu- 
laire est  en  évolution,  n'est  pas  vraiment  immobilisateur 
et  qu'il  doit  être  déconseillé  comme  ne  réalisant  pas  un 
des  éléments  primordiaux  du  traitement  de  cette  affection. 

Ces  appareils  doivent-ils  donc  être  complètement  proscrits 


à98  H.   NlAVbt 

tlàïiâ  lên  ttimetifë  blâiKihês  du  |eDoil  et  dtt  pied  ?  Ndtti  ne  le 
ôfojrdliB  pas,  ^i  iiôus  peiisidUs  aH  éoâtfëire  qyild  9Mt  Mt^mY* 
leusement  adaptés  au  traitement  de  Ja  coilVttlédCedc^  dé  oes 
affédtionâ; 

II  elÉiët^  etl  effet  un  ttiomeùtde  U  ibëràpeylit|ii68  ded  tttoàeurs 
blanches  Hûl  pfédeùte  iltl  intérêt  tout  pâfticliH«r  :  test  Véfo- 
que  de  la  convalescence,  période  émineftioie&t  déllcâle  pour 
le  dhiriifglëti,  péi'iddè  qui  réclàtde  d6  lut  dé»  qualités  toiites 
spéciales  de  feagacité$  période  ob  il  dépendra  de  èoU  flair  oti 
de  totisoiiliâèr  une  gUëHsoii  espérée  depuis  plùsieHfs  aimées^ 
ou  dé  tdir  en  quelques  jours  s'effotidref  Tcsuvre  de  tant  d6  soins 
et  d'efîurts.  Cest le lUoluent 0(1,  eonsidératit  i'affeétioti cutsme 
ctlâiqttëitidnt  gtiérie,  Il  cothiueâce  h  permettre  à  son  aaladé 
d'essajer  de  se  servir  de  soti  tnembte.  Le  professeur  Lafiue- 
lOfigilë  a  ooâsaéré  à  ce  toomeut  si  délicat  du  f  raitetteilt  dss 
tuîueurs  blatieheà  TuUe  de  ses  pliis  retbarqliables  éliaiques. 
Il  faut  la  lire  pour  se  convaincre  des  précautions  do&t  il  can-> 
tièut  de  s'eatourer,  des  hésîtatio&è  qu'il  ne  faut  pas  eraiudre 
de  laisser  §e  produire^  des  tatoftrtèmefits  autqtiels  il  faut  se 
livrer,  delà  snrveillaneë  incessante  qu'il  faut  etereèr. 

Et  ce  n'est  pas  là  affaire  seuléinent  de  quelques  jours,  iflais 
bien  de  plusieurs  niois.  Eh  bien,  il  saute  aux  yeua  que  Tappa- 
rell  dé  marche  est  précisément  Tappareil  de  cette  période. 

Il  a  toutes  les  qualités  requises  pour  être  formelléittetit 
préconisé  au  décours  des  tumeurs  blanches.  11  diminue  d'a- 
bord la  durée  d  une  immobilisation^  toujours  h  charge  au  ma- 
làde  et  à  Son  entourage.  H  est  en  effet  suffisamment  imuio* 
bilisateur  pour  qu'on  puiftse  le  prescrire  dès  que  la  période 
d'activité  de  la  tumeur  blanche  est  passée;  il  fliolltte  au 
chirurgien  la  possibilité  de  prolonger  son  observation  en  toute 
sécurité;  il  supprime  la  difficulté  d'obtenir  d'un  malade^  qui 
vtAl  la  guérison  venir,  une  obéissance  parfaite  aux  nombreuses 
restrictions  qu  on  est  habituellement  obligé  de  lui  imposer 
pendant  la  convalescence.  Il  est  pour  ce  malade  un  grand  sou^ 
lagement  et  laisse  la  guérison  se  faire  entière^  totale,  (Certaine. 

Enfin,  parun  dispositif  que  nous  décrirons  plus  loin,  il  peut^ 
convenablement  construit,  autoriser  un  certain  appui  duplod 
lorsque  le  moment  sera  venu  de  le  tenter,  mais  un  appui 
dont  on  pourra  graduer  minutieusement  et  pfogressivement 
l'intensité  ;  il  se  fait  en  quelque  sorte  béquille,  puis  canne. 
Ajoutons  que  cet  appareil  de  marché  peut  être  appelé  k  rem- 


LES  APPARBILS  DE   MARCHE  399 

plir  BB  rôle  non  moiils  important  au  point  de  vue  des  condi- 
tioos  d^existenee  des  malades i 

Il  sntoriee  en  général  tin  tuberculeux  osseux  qui  vient  de 
guérir  et  qui  est  de  condition  gênée  ou  modeste  à  reprendre 
s6ê  travaux  et  son  gagnè-pain  toutes  les  fois  que  sa  profession 
n  èdt  pas  trop  fatigante.  Il  facilite  pour  l'enfant  et  Tadoles- 
cent  la  reprise  dé  ses  études  ;  il  permet  la  sortie  de  l'hôpitaî 
ataot  la  guérison  définitive. 

C*estdftfts  cet  esprit  que  depuis  trois  ans  nous  avons  systé- 
matiqneàielit  appliqué  des  appareils  de  marche  dans  dix  cas 
de  taberonlose  du  genou  oti  du  piedi  Nous  avons  suivi  de  près 
ces  itialades,  Vérifiant  soigneusement  le  fonctionnement  de  ces 
appareils.  Nous  n'avons  jamais  eu  ni  récidive  ni  même  bne 
âlertei  Nés  dix  malades  peuvent  être  considérés  aujourd'hui 
comme  guéfis)  puisqu'ils  se  servent  maintenant  de  leurs  deux 
msiâbres  depuis  six  mois  fou  moins. 

Il  nous  reste  k  dire  comment  nous  comprenons  la  con- 
struction et  l'application  de  ces  appareils. 

Tout  appareil  de  marche  doit  présenter  quelques  qualités 
primordiales.  Il  doit  trouver  au  bassin  et  à  la  partie  supé- 
rieure de  la  otilsse  dans  les  tumeurs  blanches  du  genou,  à  la 
cuisse  et  à  la  partie  supérieure  de  la  jambe  dans  les  tumeurs 
blanches  du  pied^  un  point  d'appui  solide  qui  permette  la 
marche,  puisque  c*est  son  but.  Il  doit,  en  second  lieu,  mainte- 
sir  la  région  malade  dans  yne  immobilité  aussi  complète  que 
possible  ;  îl  doit  être  suffisamment  résistant  et  fixe  pour  que 
Fétrier  contienne  toujours  le  membre  inférieur  en  suspension 
nettement  écarté  du  sol  ;  il  doit  enfin  être  construit  de  telle 
sertd  qbe  les  montants  de  Tétrier,  qui  vont  du  sol  au  point 
d'api^àî,  he  prentient  aucun  contact  avec  le  membre,  ni  au- 
dessouSf  ni  au  liiveaU  de  la  région  malade.  Ce  simple  contact 
suffirait  à  créer  un  mouvement,  ou  une  pression  répétée,  qui 
serait  formellement  contraire  aux  conditions  de  guérison  des 
tumeurs  blanches.  Tel  est  le  schéma  de  l'appareil  :  il  est 
représenté  dans  itotre  figure  1. 

Nous  aVôns  constaté^  au  cours  de  nos  recherches  biblio- 
graphiques^ que  la  presque  généralité  des  auteurs  qui  avaient 
ptéeonisé  des  appareils  de  marche  les  avaient  confectionnés 
avec  du  plâtre  ou  du  celluloïd.  Sans  doute  le  plâtre  permet 
de  falfe  à  l'hôpital  des  appareils  très  peu  coûteux  ;  il  a  dans 
Tespëce  un  tfès  grand  nombre  de  défauts  et  ne  peut  être 


400  H.    MAYET 

employé  que  dans  le  cas  de  nécessité.  Nous  croyons  tout  au 
contraire  que  Tappareil  ue  marche,  de  même  que  la  jambe 
articulée  après  amputation,  de  même  que  tout  appareil  de 
prothèse,  relève  de  l'orthopédiste. 

Il  faut,  en  effet,  à  un  bon  appareil  de  marche,  une  solidité, 
une  précision  et  la  possibilité  d'une  mise  au  point  continuelle, 
qui  ne  se  rencontrent  que  dans  les  appareils  faits  en  cuir 
moulé,  avec  tuteurs  en  acier  à  la  fois  légers  et  résistants, 
appareils  dont  les  pièces  métalliques  sont  assemblées  par  des 
rivets  susceptibles  de  supporter  des  forces  considérables. 

On  obtient  ainsi  des  appareils  de  marche  qui  sont  exacts, 
élégants,  plus  légers,  plus  solides,  et  permettent  à  le  fois  l'exa- 
men et  la  thérapeutique    locale.    Ils  sont  aussi   plus  du- 
rables et  notablement  plus  commodes.  Ils  ont  sur  l'appareil 
plâtré  l'inconvénient  de  nécessiter  un  moulage.  Mais  ce  qui 
pourrait  être  contre-indiqué  dans  la  thérapeutique  des  frac- 
tures n'a  pas  le  même  inconvénient  dans  celle  des  tumeurs 
blanches.  Je  me  suis  souvent  demandé  pourquoi  les  chirur- 
giens français  avaient  une  tendance  à  fat)>riquer  eux-mêmes 
des  appareils  grossiers  ou  friables,  au  lieu  de  confier  cette  exé- 
cution à  des  ouvriers  orthopédistes  habiles,  qu'ils  guideraient 
pas  à  pas.  J'eû    ai  trouvé  la  raison  dans  l'infériorité  de  nos 
fabricants  d'orthopédie,  infériorité  qui,  à  coup  sûr,  présente 
des  exceptions,  mais  qui  saute  aux  yeux  à  ceux  qui  ont  pu 
constater  de  visu  le  degré  de  perfection  auquel  sont  arrivés 
dans  cet  art  certains  spécialistes  étrangers,  notamment  les 
Américains  et  les  Allemands.  En  France,  on  suit  dans  ce  com- 
merce la  plus  fidèle  routine,   l'on  construit  encore  la  plu- 
part des  appareils  comme  on  les  fabriquait  du  temps  de  Bou* 
vier  et  de  Gosselin,  et  le  chirurgien  a  grand 'peine  à  obtenir 
des  tentatives  du  côté  de  la  rénovation  de  notre  vieux  stock 
orthopédique  (1). 

Les  appareils  de  marche  que  nous  avons  fait  exécuter  avec 
des  variantes  une  dizaine  de  fois  sont  construits  comme  des 
jambes  articulées  sous  le  rapport  des  points  d'appui.  Nous  pré- 
sentons ici  un  schéma  d'un  appareil  pour  tumeur  blanche  du 
genou(figi).  Laceinture  pelvienne  et  le  cuissart,  l'un  et  l'autre 
en  cuir  moulé,  permettent  une  solidité  très  grande  des  points 

(1)  Je  liens  cependant  &  remercier  ici  MM.  Drapier  des  efforts  qu'ils  ont  f&it$ 
et  qui  leur  ont  permis  de  construire  sous  ma  direction  des  appareils  de  maj-che 
répondant  à  tous  les  desiderata  que  nous  venons  d'exposer. 


LES     APPAREILS     DE     MARCHE 


d'sppuiischiatiques  et  cruraux  parle  fait  même  qu'ils s'adap> 
tent  étroitement  aux  parties  au  lieu  de  conserver  toujours  la 
même  forme,  comme  le  plfttre,  et  de  ne  plus  entrer  en  contact 
iDlime  avec  des  régions  du  corps  que  l'atrophie  musculaire, 
conséquence  du  repos,  a  forcément  diminuées  de  volume.  Ces 
points  d'appui  étant  très  exacts  n'ont  pas  besoin  d'être  très 
étendus,  d'où  la  possibilité  de  faire  au  genou  ou  au  pied  (sui- 
vantles  cas)  une  gaine  spéciale  remontant  hBut,iIe8cecdantbas> 


Kig-  1- 


Fig.  s. 


Fin,  3. 


en  cuir  moulé,  élayée  de  bandes  métalliques,  qui  immobilise 
complètement  l'articulation  malade.  La  trempe  pefectionnée 
lies  tuteurs  permet  leur  inflexion,  procurant  ainsi  à  l'appareil 
un  peu  de  flexion  et  diminuant  l'aliongementdu  membre  par 
suite  de  l'espace  qui  reste  libre  entre  le  pied  et  le  talon  du 
tuteur.  De  plus,  cette  trempe  permet  aussi  un  certain  écarte- 
meut  entre  la  partie  moyenne  des  tuteurs  et  la  genouillère  en 
cuir  mouié,  écartement  qui  supprime  absolument  tout  con- 
tact avec  ces  deux  parties  de  l'appareil. 

L'appareil  définitif,  construit  sur  les  bases  que  nous  venons 
d'indiquer,  est  représenté  sous  l'aspect  que  donne  la  figure  2. 

AïCH.  01  «tDIC.  DES  INFAnT*,   1807.  X.     —    26 


402  H.     MAYET 

Avec  quelques  variantes,  l'appareil  de  marche  pour  les 
tumeurs  blanches  du  pied  est  analogue  à  celui  des  tumeurs 
blanches  du  genou  ;  il  est  représenté  dans  la  figure  3.  11  n'a 
pas  besoin  de  ceinture  abdominale  et  prend  un  point  d'appui 
secondaire  sur  la  tuberosité  tibia  le  antérieure. 

En  dehors  des  supériorités  que  nous  avons  montrées  comme 
appartenant  aux  appareils  de  marche  ainsi  fabriqués,  il  en 
est  quelques-unes  sur  lesquelles  nous  désirons  attirer  l'atten- 
tion en  terminant.  Beaucoup  plus  solides  que  le  plâtre  et  con- 
struits à  coulisses,  ces  appareils  peu  lourds  peuvent  être  portés 
plusieurs  années  et  allongés  afin  de  suivre  la  croissance  de 
l'enfant.  Mais  surtout  ils  sont  facilement  amovibles  ;  ils  per- 
mettent donc  au  chirurgien  de  connaître  aussi  souvent 
qu'il  le  voudra  l'état  de  l'articulation,  de  continuer  sur 
cette  articulation  l'examen  minutieux  dont  nous  parlions 
plus  haut,  qui  est  si  nécessairer  à  la  fin  du  traitement  des 
tumeurs  blanches,  et  enfin  de  pouvoir,  au  besoin,  si  quelque 
point  de  l'article  se  trouvait  encore  suspect,  y  pratiquer  la 
thérapeutique  des  injections  intra-  ou  extra-articulaires. 

Dans  les  ostéoarthrites  tuberculeuses,  quel  que  soit  leur 
•siège,  nous  considérons  en  effet  que  la  thérapeutique  la  plus 
dangereuse  est  celle  qui,  sous  prétexte  d'immobilisation,  sup- 
prime le  contrôle  de  l'œil  et  du  doigt  du  chirurgien.  A  l'abri 
de  ce  masque  apparaissent  combien  de  fois  escarres,  fistules, 
abcès,  qui  sont  les  découvertes  que  réserve  souvent  l'abla- 
tion d'un  appareil  plâtré,  sur  l'excellence  duquel  on  avait 
fondé  bien  des  espoirs.  Enfin  la  même  coulisse  qui  permet  à 
l'étrier  de  s'allonger  lui  permet  aussi  de  diminuer  de  hauteur: 
elle  place  donc  le  pied  exactement  à  la  distance  du  sol  que 
désire  le  chirurgien  et,  lorsque,  à  la  fin  du  traitement,  nous 
voulons  commencer  à  laisser  l'extrémité  du  membre  prendre 
un  léger  contact  avec  le  sol,  rien  n'est  plus  aisé  que  d'y  par- 
venir. Ce  contact,  on  peut  le  graduer  grâce  aux  coulisses,  tout 
en  soulageant  toujours  l'articulation  malade.  Et  c'est  ainsi  que 
progressivement,  sans  secousses,  sans  hardiesse,  avec  toute 
la  prudence  voulue,  on  mène  le  malade  jusqu'à  la  marche 
libre.  Il  y  parvient  aisément,  habitué  qu'il  est  depuis  plu- 
sieurs mois  à  la  station  verticale,  possédant  les  muscles  supé- 
rieurs (le  son  membre  déjà  puissants  et  solides  et  n'ayant  pas 
besoin  de  la  longue  rééducation  qui  précède  la  marche  succé- 
dant à  l'immobilisation  complète. 


^  1  ' 


XV 


QUATRE  OBSERVATIONS  DE  GOITRE  PARENCHYMATEUX 
CHEZ  LE  NOUVEAU-NÊ  (ADÉNOME  FŒTAL  DIFFUS) 

Par  MM. 

i.  FABRE,  et  L.  THËVENOT, 

Professeur  de  clinique  obstétricale  h  1a  Faculté  A^isi^ttant  du  professeur  A.  Poncet. 

de  Ltûd. 

m 

Nous  avons,  dans  un  article  antérieur  (1),  montré  que,  chez 
le  nouveau-né,  un  certain  nombre  d'hypertrophies  de  la  thy- 
roïde étaient  dues  à  une  simple  congestion  de  la  glande,  ainsi 
que  l'avait  aussi  établi  Wôlfler.  Ces  formes  sont  caractérisées, 
au  point  de  vue  anatomique,  par  la  dilatation  considérable 
des  vaisseaux  du  parenchyme  thyroïdien,  de  la  capsule  glan- 
dulaire et  même  de  la  région  antérieure  du  cou  ;  au  point  de 
vue  clinique,  par  la  disparition  rapide  de  tous  les  symptômes 
pathologiques,  en  raison  du  prompt  retour  de  la  glande  à  son 
volume  normal.  Elles  répondent  à  ce  que  certains  auteurs 
appellent  le  goitre  télangiectasique. 

En  opposition  avec  cette  forme  de  goitre  congénital  vient 
s'en  placer  une  autre,  dans  laquelle  les  symptômes  sont  plus 
persistants,  parce  que  la  lésion  est  due  à  une  prolifération  exa- 
gérée du  tissu  glandulaire  lui-même  ;  on  est  alors  en  présence 
d'une  hypertrophie  plus  ou  moins  diffuse  du  parenchyme 
thyroïdien. 

Sans  vouloir  reprendre  toutes  les  observations  de  ce  genre 
publiées  jusqu'à  ce  jour,  nous  rapporterons  ici  quelques  cas 
que  nous  avons  pu  recueillir  personnellement  ;  nous  y  joignons 
les  photographies  qui  en  ont  été  faites  par  le  D*"  Jarricot,  chef 
du  laboratoire  de  la  clinique  obstétricale. 

Les  trois  premières  de  ces  observations  figurent  dans  la 
thèse  de  Richard  (2). 

Observation  I.  —  L...,  Madeleine,  vingt-six  ans,  domestique,  entre 
à  la  Clinique  le  26  novembre  1905.  C'est  une  primipare  dont  raccouche- 

(1)  Fabre  et  Thévenot,  La  congestion  de  la  glande  thyroïde  chez  le  nouveau-né  . 
{Archives  de  médecine  des  enfants,  1"  mai  1907). 

(2)  Richard,  Le  goitre  chez  le  nouveau-né  {Thèse  de  Lyon,  1906-1907). 


40i  J.    FABHE   ET   L.    THÉVENOT 

ment  dura  huit  heures  et  demie.  La  présentation  se  ftt  en  OIGA.  L'enfant, 
du  sexe  léminin,  pesait  2  620  grammes  et  mourut  à  la  crèche.  Elle  pré- 
sentait un  goitre  volumineux,  qui  entourait  complëlement  le  cartilags 
thyroïde  ;  il  recouvrait  sa  face  ant^eure,  et  latéralement  remontait 


Fig.  1.  —  Goitre  chez  un  nouveau-né  (survie  de  vingt  et  un  jours). 

jusqu'au  niveau  de  son  bord  supérieur,  de  telle  sorte  que  l'isthme  ne  se 
dilTérenciait  pas  des  lobes  latéraux.  Il  mesurait  1  centimètre  de  haut 
et  1  demi -centimètre  d'épaisseur. 

Dans  son  ensemble,  il  flgurait  une  sorte  de  croissant  qui  paraissait 
tormé  d'une  série  de  nodules  accolés  les  uns  aux  autres.  Il  ne  déterininait 


GOITRE   PAHENCHYMATEUX   CHEZ    LE  SOVVtAVSk  405 

pu~aa  rétrécissement  trop  marqué  du  conduit  respiratoire.  Le  thymus 
Pvaissatt  plus  gros  que  normalement. 

Obsbhvation  II.  —  B...,  Olympia,  vingt-huit  ans,  primipare,  entre  à 
''  Maternité  le  26  avril  1906.  La  durée  totale  de  l'accouchement  Tut  de 


Fig.  2.  —  Qoitre  chat  un  nouveau-né  {survie  de  quatune  heures). 

doaie  heures.  L'entant,  du  sexe  Féminin,  vînt  en  OIDP.  Son  poids  était 
de  2  2S0  grammes.  Il  vécut  quatorze  heures  et  présenta  un  corps  thyroïde 
très  augmenté  de  volume,  constitué  par  deux  lobes  latéraux,  presque 
soudés  l'un  à  l'autre  sur  la  ligne  médiane  ;  l'isthme  qui  les  réunissait  ne 


400  J,    KAUBE   ET    L.    THitvESOT 

mesurait  en  efTet  que  2  millimâtres  de  largeur  sur  8  de  hauteur.  Lts 
deux  lobes  étaient  très  didérents  l'un  de  l'autre.  Le  lobe  droit  formait  une 
masse  inclinée  obliquement  en  bas  et  en  avant,  de  !  "■',  50  de  haut 
sur  1  centimètre  de  large  ;  en  haut,  il  commençait  au  niveau  de  l'os  hyuidr 
pour  descendre  jusqu'à  un  plan  qui  passerait  par  la  partie  supérieure  du 
sternum. 

I^a  consistance  était  ferme,  sa  surface  un  peu  irrégulière. 

Le  lobe  gauche  était  moins  volumineux  ;  il  mesurait  2  centimètres  de 
hauteur  sur  1  centimètre  de  laideur;  il  s'élevait  à  peu  près  k  la  môme 
hauteur  que  le  précédent  pour  descendre  un  peu  moins  bas  que  lui; 
situé  sur  le  côté  de  la  trachée,  il  présentait  la  même  consistance,  le  même 
aspect  extérieur  que  l'autre  lobe.  L'un  et  l'autre  enserraient  la  trachée 
et  l'aplatissaient  d'avant  en  arrière  au  point  qu'un  stylet  de  1  millimètre 
de  diamètre  passait  très  difficilement. 

Observation  III.  —  Cette  observation  est  due  à  la  bienveillance 
de  M.  le  D''  Guillemin,  médecin-chef  de  la  Maternité  de  Chambéry. 

Marie  L...,  vingt-trois  ans,  lll-pare,  a  eu  deux  accouchements  an  térieun 
normaux.  La  grossesse  actuelle,  pour  laquelle  elle  entra  à  la  Maternité 


tion  du  cQPur  à  d  roi  le  el 

en  février  1906.  a  évolué  sans  incident.  L'enfant  vint  en  OIGA.  C'est 
un  garçon  qui  parait  bien  conlormé,  mais  qui  naît  étonné  et  ne  crie  pas 
en  venant  au  monde.  Après  quelques  tentatives  d'excitation  cutanée. 
on  Tait  l'insuinat'on.  la  respiration  artificielle,  mais  sans  succès;  l'entanl 
meurt  au  bout  de  quelques  heures. 

L'autopsie  montra  des  lésions  sur  lesquelles  nous  insisterons  peu.  car 


GOITRE   PARENCHYMATEUX    CHEZ    LE    NOUVEAU-NÉ  407 

elles  feront  l'objet  d'un  prochain  travail  de  MM.  Trillat  et  Jarricot.  Du 
côté  du  thorax  et  de  l'abdomen,  il  y  avait  une  inversion  des  viscères  ;  le 
cœur  et  le  poumon  droit  remplissaient  toute  la  partie  droite  du  thorax. 
Le  poumon  gauche  était  réduit  à  un  moignon  à  peine  visible,  refoulé  qu'il 
était  par  la  majeure  partie  de  l'intestin  grêle,  une  partie  du  côlon  trans- 
verse, le  côlon  descendant,  la  rate,  le  lobe  gauche  du  foie  ;  tous  ces  organes 
avaient  pénétré  dans  la  cage  thoracique,  grâce  à  une  vaste  perte  de  sub- 
stance dans  la  moitié  gauche  du  diaphragme. 

A  la  région  cervicale,  on  constatait  la  présence  d'un  goitre  énorme» 
qui  occupait  toute  la  région  antérieure  du  cou.  L'isthme,  large  de  2  centi- 
mètres, avait  12,  millimètres  de  hauteur.  Le  lobe  droit,  du  volume  d'une 
grosse  amande,  était  fortement  oblique  en  haut  et  en  arrière;  il  mesurait 
12  millimètres  de  haut,  15  millimètres  de  large  et  s'étendait  de  l'os 
hyoïde  à  la  fourchette  sternale.  Le  lobe  gauche  était  sensiblement  symé- 
trique au  précédent.  L'un  et  l'autre  avaient  une  surface  bosselée  et  une 
consistance  très  ferme.  Ils  devaient  non  seulement  déterminer,  par  leur 
volume,  une  compression  marquée  de  la  trachée,  mais  encore  être  le 
siège  de  phénomènes  congestifs  surajoutés,  si  l'on  en  juge  par  la  dimen- 
sion des  vaisseaux  qui  l'abordaient  ;  c'est  ainsi  que  les  artères  thyroï- 
diennes avaient  la  grosseur  d'une  radiale.  Un  stylet,  introduit  dans  la 
trachée,  y  pénétrait  difficilement. 

Observation  IV.  —  Cette  observation  est  également  due  à  la  bienveil- 
lance du  D'  Ouillemin. 

Le  24  août  1905,  à  onze  heures  du  soir,  est  envoyée,  des  environs  de 
Giambéry,  à  la  Maternité  de  cette  ville,  une  femme  en  travail  depuis 
plus  de  quarante-huit  heures.  La  poche  des  eaux  est  rompue  depuis  au 
moins  vingt-quatre  heures,  et,  à  travers  un  col  très  dilatable,  on  sent 
une  tête  fœtale  bloquée  au  détroit  supérieur  en  01 GT,  dans  une  attitude 
de  demi-flexion.  Elle  ne  peut  s'engager  par  suite  d'un  notable  rétrécis- 
sement du  bassin  (bassin  plat  rachitique  avec  conjugué  vrai  de  7'*^°S5). 
L'utérus  est  complètement  rétracté  sur  le  fœtus,  dont  on  n'entend  plus 
les  battements  du  cœur. 

La  parturiente,  d'une  intelligence  des  plus  obtuses  et  ne  faisant  entendre 
que  des  sons  inarticulés,  ne  peut  nous  donner  aucun  renseignement.  Nous 
apprenons  par  les  personnes  qui  l'accompagnent  qu'elle  est  primipare, 
âgée  de  vingt-huit  ans  ;  elle  a  marché  fort  tard  dans  son  enfance.  Son 
père  et  sa  mère,  sa  sœur  et  ses  deux  frères  sont  vivants  et  bien  portants  ; 
ils  ont  tous  une  intelligence  moyenne. 

Quant  à  elle,  jamais  ses  facultés  intellectuelles  n'ont  pour  ainsi  dire 
existé  ;  elle  a  toujours  eu  une  vie  purement  végétative,  reconnaissant 
cependant  ceux  qui  lui  donnent  des  soins,  et  étant  d'un  caractère  très 
doux.  Elle  'présente  un  goitre  volumineux. 

Le  seul  parti  à  prendre  était  de  faire  une  basiotripsie.  Le  fœtus  du  sexe- 
masculin  pèse,  sans  l'encéphale,  3350  grammes,  le  placenta  510  grammes.. 
On  fit  après  l'accouchement  une  injection  intra-utérine  iodo-iodurée,  et 
les  suites  de  couches  furent  parfaites. 

L'autopsie  du  fœtus  ne  permet  de  déceler  aucune  anomalie,  sauf  le 
goitre  volumineux,  dont  les  photographies  ci-jointes  permettent  de  se 
rendre  un  compte  exact. 

On  voit  que  le  corps  thyroïde  forme,  autour  de  la  trachée  et  de  l'œso- 
phage, un  véritable  anneau  qui  étrangle  ces  deux  organes;  les  lobes  de 
la  thyroïde  arrivent  en  effet  à  se  rejoindre  sur  la  ligne  médiane,  en  arrière 
d'eux.  Outre  la  gêne  constituée  par  la  présence  d'une  pareille  tumeur 


^08  J.    PADItE   ET   L,    THÉVENOT 

par  la  constriction  de  la  trachée  et  de  l'œsophage,  il  faut  Unir  compte 

de  celle  qui  résultait  du  déplacemeat  de  ces  oignes.  Ils  étaient  en  effet 

fortement  projetés  en  avant  par  les  lobes  thyroïdiens  insinués  entre  eux 

et  la  colonne  vertébrale  ;  de  là,  des  coudures  qui  venaient  s'ajouter  à 

toutes  les  causes  précédentes. 

La  tumeur,  dans  son  ensemble,  y  compris  la  portion  de  trachée  et 

d'cesophage  qu'eDe  renferme, 

a  le  volume  d'une  mandarine 

et  pèse  29  grammes. 

Le  lobe  droit  mesure 
38  millimdtres  de  hauteur, 
22  millimètres  dans  te  sens  hd- 
téro- postérieur,  et  25  milb- 
mètres  transversalement. 

Le  lobe  gauche  a  des  di- 
mensions sensiblement  ana- 
logues :     hauteur,  40    milli- 
mètres ;    largeur,    20    milll- 
Fig.  4.  —  Ooitre  congénital,  vus  antérieure,    mètres;     épaisseur     anléro- 
postérieure,    22    millimétrés. 
L'isthme  a^lfl  millimètres  d'épaisseur,  23  de  hauteur 'et  15  de  largeur. 
La  surfaco^de  la  tumeur  est  lisse  et  régulière  i  des  veines  volumineuses 
courent  dans  la  capsule  glandulaire. 

Sur  une  coupe  horizontale  dont  la  photographie  ci-jointe  donne  une 
reproduction  de  grandeur  naturelle,  on  voit  que  le  tissu  thyroïdien  tonne 
une  masse  absolument  homogène,  sans  aucune  formation  kystique,  sans 
ébauche  de  tissu  thyroïdien  en  voie  d'enkystement.  Hacroscopiquement, 
on  a  l'impression  d'un  goitre 
parenchymateux  diffus,  exacte- 
ment comme   pour  les    autres 
cas  rapportés  dans  cet  article. 

De  telles  observations 
sont  loin  d'être  rares,  et 
nous  pourrions  en  présen- 
ter nombre  de  semblables. 
Nous  ne  les  reproduisons 
pas  ici,  nous  bornant  sim- 
plement à  celles  que  nous 

....  Fis.  s.  —  Qollre  congéniUl,  coupe  horiion- 

avons  pu  recuedlir  person-      l^je.    cette    «.upe  montre- l«  elmctur. 
nellement.     Il     est    certain        uniforme    du   parenchyme    glandulaire  et 
,  ,  .     .         permet  de  se  rendre  un  compte  exact  de  U 

que.  dans  les  pays  gOltn-       constriction  de  la  Uachée. 
gènes,    nombre    d'enfants 

doivent  succomber  à  de  pareilles  lésions,  sans  que  le  diagnos- 
tic de  la  cause  de  la  mort  ait  été  fait,  ou  bien  alors  qu'elle 
est  mise  sur  le  compte  de  l'hypertrophie  du  thymus.  Nous 
ne  pouvons  donner  ici  de  chiffre  approximatif,  mais  nous 
avons  comme  preuve  de  cette  fréquence  ce  fait  que,  depuis 
six  mois,  nous  avons  déjà  réuni  quatre  observations. 


GOITRE   PARENCHYMATEUX   CHEZ    LE   NOUVEAU-NÉ  409 

La  pathogénie  de  cette  affection  est  loin  encore  d'être  élu- 
cidée. Faut-il  y  voir  simplement  une  malformation  héréditaire, 
tenant  à  ce  que  ces  enfants  sont  presque  toujours  des  fils  de 
goitreux?  Nous  ne  le  croyons  pas. 

D'une  part,  Texistence  du  goitre  chez  les  parents  n'est  pas 
constante. 

D'autre  part,  n'est-il  pas  plus  simple  d'admettre  que,  dans 
un  pays  où  le  goitre  est  endémique,  où  l'eau  d'alimentation 
apporte  constamment  chez  la  mère  les  agents  goitrigènes,  il 
y  ait  une  véritable  infection  du  fœtus  par  celle-ci,  au  même 
titre  que  s'il  s'agissait  de  syphilis  ou  de  tuberculose. 

La  glande  a  réagi  d'ordinaire  dans  sa  totalité  et  a  donné  un 
goitre  parenchymateux  diffus. 

C'est  ce  que  montre  l'examen  macroscopique  des  pièces,  soit 
que  l'on  examine  le  goitre  par  sa  surface  antérieure,  soit  qu'on 
le  considère  siu*  des  tranches  de  section.  Partout,  la  glande  a 
la  même  consistance  ferme,  le  même  aspect  homogène  ;  nulle 
part,  on  ne  voit  de  groupements  de  ces  éléments  en  nodules, 
ébauches  de  ces  formes  énucléables  qui  sont  la  grosse  majorité 
des  goitres  de  l'adulte,  mais  l'exception  chez  le  nouveau-né. 

L'examen  histologique  de  ces  pièces  confirme  ces  constata- 
tions macroscopiques.  Cet  examen  a  été  fait  par  nous  pour 
tous  ces  goitres,  et,  sur  divers  points,  des  fragments  ont  été 
prélevés  ;  nous  remercions  à  ce  propos  M.  Dubreuil,  prépara- 
teur d'histologie  à  la  Faculté,  et  M.  Alamartine,  interne  des 
hôpitaux,  des  examens  qu'ils  ont  faits  de  leur  côté. 

Ces  constatations  histologiques  sont  sensiblement  superpo- 
sables  pour  nos  divers  cas,  et  c'est  pourquoi  nous  ne  les  exami- 
nerons pas  séparément.  Elles  montrent  que  le  tissu  épithélial 
est  formé  par  des  boyaux  pleins  que  le  tissu  conjonctif  commence 
à  remanier.  Sur  certaines  pièces,  ce  tissu  conjonctif  édifie  des 
cloisons  extrêmement  ténues,  qui  forment  une  sorte  de  réseau 
incomplet,  à  mailles  très  larges.  Sur  d'autres,  par  exemple 
dans  le  goitre  qui  répond  à  l'observation  IV,  ce  tissu  est  plus 
abondant  et  se  présente  sous  l'aspect  de  lames  épaisses,  orientées 
dans  divers  sens  et  segmentant  davantage  le  tissu  épithélial. 

Les  cellules  épithéliales  sont  presque  partout  disposées  sans 
ordre.  En  certains  points  cependant,  elles  se  groupent  en  amas 
arrondis,  premières  ébauches  des  vésicules  thyroïdiennes.  On 
ne  constate  nulle  part  de  vésicules  vraies,  et  il  n'existe  pas 
davantage  de  blocs  gélatineux  ou  colloïdes,  produits  de  la 


4J0  J.    FABHE    ET    L.    THÉVENOT 

sécrétion  glandulaire,  enclavés  au  milieu  des  éléments  cellu- 
laires. 

Les  vaisseaux  ne  sont  pas  plus  nombreux,  pas  plus  volumi- 
neux que  normalement. 

Histologiquement,  il  s'agit  donc  d'une  hypertrophie  du  paren- 
chyme glandulaire,  mais  d'un  parenchyme  glandulaire  qui  a 
gardé  encore  sa  disposition  embryonnaire.  Si  nous  comparons 
ces  formes  à  ce  que  Wôlfler  désigne  sous  le  nom  d'adénome 
fœtal,  nous  voyons  que,  dans  l'un  et  l'autre  cas.  la  structure 
est  la  même.  La  seule  différence  est  la  suivante  :  l'adénome 
fœtal  de  Wôlfler  forme  des  noyaux  limités  ;  les  lésions  que 
nous  envisagons  sont  diffuses,  c'est  un  adénome  fœtcU  diffus. 

Nous  avons  dit  qu'en  certains  points  de  nos  préparations 
on  voit  les  cellules  se  grouper  pour  former  des  ébauches  de 
vésicules.  Les  points  qui  restent  malades  ne  seraient-ils  pas 
susceptibles  de  s'enkyster  ultérieurement,  et  n'aurions-nous 
pas  là  peut-être  parfois  un  premier  stade  de  l'évolution  de 
l'adénome  fœtal  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  diverses  observations  nous  paraissent 
un  bel  exemple  de  goitre  parenchymateux  chez  le  nouveau-né. 
Comme  chez  l'adulte,  ses  symptômes  vont  de  la  forme  suffocante 
à  la  simple  hypertrophie  peu  gênante  du  corps  thyroïde. 

Malgré  le  nombre  élevé  d'observations  déjà  publiées,  les 
indications  thérapeutiques  sont  encore  discutables. 

Tout  d'abord,  on  peut  songer  à  un  traitement  véritablement 
préventif.  C'est  ainsi  que  Schmid  rapporte  l'histoire  d'une 
jeune  goitreuse,  qui  perdit  deux  enfants  de  goitre  congénital, 
A  la  troisième  grossesse,  elle  fut,  dès  le  quatrième  mois,  soumise 
au  traitement  par  la  thyroïdine.  Non  seulement  le  goitre  de  la 
mère  diminua,  mais,  ainsi  qu'on  l'espérait,  l'enfant  naquit  sans 
goitre. 

Le  traitement  curatif  variera  évidemment  suivant  la  gravité 
des  symptômes. 

Les  formes  bénignes  relèvent  du  traitement  médical  (iodure. 
iodothyrine). 

Les  formes  suffocantes  nécessitent  un  traitement  chirurgical. 
L'exothyropexie,  opération  simple,  rapide,  paraît  être  l'in- 
tervention de  choix.  Elle  supprime  la  dyspnée  et  permet 
d'espérer  la  rétrocession  du  goitre,  le  malade  étant  d'ailleurs 
soumis  au  traitement  médical. 

Il  y  aura  avantage  à  lui  adjoindre  une  autre  intervention 


GOITRE  PARENCHYMATEUX    CHEZ    LE    NOUVEAU-NÉ  411 

peu  grave^  la  section  de  Tisthme.  En  brisant  ainsi  l'anneau 
constricteur,  on  rétablira  plus  facilement  dans. les  goitres  annu- 
laires le  fonctionnement  normal  de  la  trachée.  D'autre  part, 
des  recherches  récentes,  en  particulier  la  thèse  de  Diel  (1),  ont 
montré  le  bénéfice  que  l'on  peut  retirer  d'une  telle  façon  de 
faire.  Si  le  goitre  ne  rétrocède  pas  suffisamment  vite,  il  sera 
toujours  possible  d'en  faire  ultérieurement  une  résection  par- 
tielle. 

Cette  façon  de  faire  nous  parait  bien  moins  grave  qu'une 
résection  immédiate  d'un  lobe  ou  même  une  thyroldectomie 
par  évidement. 

Quelle  que  soit  l'intervention  à  laquelle  le  chirurgien  ait 
recours,  il  en  est  une  qu'il  doit  proscrire  absolument  et  qui 
passe  au  rang  des  interventions  d'exception,  c'est  la  trachéo- 
tomie. C'est  d'ailleurs  l'opinion  déjà  soutejiue  par  Lugenbuhl  (2) 
il  y  a  dix  ans. 

Les  complications  pulmonaires  qui  la  suivent  sont  incompa- 
rablement plus  graves  que  les  interventions  que  nous  avons 
énumérées  plus  haut. 

(1)  Diel,  De  l'isthinectomie  thyroïdienne  comme  traitement  des  goitres  paren- 
chymaieux  {Thèse  de  Paris,  1905-1906). 

(2)  Lugenbuhl,  Traitement  du  goitre  congénital  [Beitr,  zw  klin,  Chir.),  1896, 
t.  XIV. 


RECUEIL  DE    FAITS 


1 

« 

MYXOEDÈME    CONGÉNITAL 

PARALYSIE  DU   PLEXUS  BRACHIAL  D'ORIGINE  OBSTÉTRICALE 

Par  le  D'  GAZAL  (de  Toulouse). 

Les  cas  de  myxœdème  atrophique  paraissaient  rares  il  y  a 
quelques  années;  ils  lèsent  beaucoup  moins  aujourd'hui,  à  mesure 
que  les  symptômes  de  cette  an'éction  si  particulière  sont  mieux 
connus.  L'enfant  dont  je  vais  rapporter  l'histoire  en  est  un  nouvel 
exemple  et  des  plus  typiques,  car  rarement  Tatrophie  et  le  nanisrm» 
sont  aussi  accusés.  Il  s'agit  d'une  fillette,  aujourd'hui  âgée  de 
treize  ans  et  demi,  que  je  suis  avec  intérêt  depuis  près  de  trois  ans, 
et  que  la  première  photographie  représente  à  Tâge  de  onze  ans 
(moins  deux  mois),  tout  à  fait  au  début  de  son  traitement  (fig.  1  • 

En  présence  de  cette  naine  à  la  tête  volumineuse  et  dispropor- 
tionnée au  reste  du  corps,  de  ce  faciès  particulier,  crétinoïde,  de 
cette  figure  bouffie,  «  de  pleine  lune»,  il  n'est  pas  besoin  de  pousser 
plus  loin  ses  investigations,  et  ce  simple  coup  d'œil  permet 
d'affirmer  qu'il  s'agit  là  d'un  cas  de  myxœdème  atrophique  des 
plus  caractérisés. 

Observation.  —  7  janvier  4904.  — Cette  en  fan  l,  Joséphine  V...,  esl  origi- 
naire des  environs  de  Toulouse.  Le  père  et  la  mère  paraissent  sains  et  bien 
constitués  ;  le  père  cependant  aurait  une  santé  assez  délicate,  toussant 
assez  fréquemment.  Pas  de  consanguinité,  pas  de  goitre,  pas  d'alcoolisme^ 
pas  de  syphilis  apparente.  La  mère  a  fait,  il  y  a  deux  ans,  une  faus*^ 
couche  de  trois  mois,  qu'elle  attribue  aux  fatigues  excessives  occasionnée^, 
par  les  soins  pénibles  et  continuels  que  nécessite  Télat  de  sa  fille. 

Joséphine  V...  est  née  à  terme.  Pendant  la  grossesse,  qui  a  été  normale, 
on  ne  trouve  rien  chez  la  mère  qui  soit  susceptible  d'apporter  un  troublt' 
dans  le  développement  du  fœtus,  ni  impression  violente,  ni  aucune  de- 
maladies  infectieuses,  érysipèle,  rhumatisme,  malaria,  grippe,  etc..  qui 
ont  pu  être  incriminées  dans  certains  cas. 

Par  contre,  l'accouchement  fut  des  plus  longs  et  des  plus  laborieux:  ie 
travail  dura  trois  jours,  et  on  dut  recourir  au  forceps.  Celui-ci  fut  appliqué 
à  cinq  reprises  difîérentes,  et  le  médecin  dut  y  employer  toute  sa  foive. 
D'après  une  note  qu'il  a  bien  voulu  me  donner,  «  l'extraction  fut  des  plus 
pénibles,  car  la  tôle  était  énorme  et  n'avait  pas  terminé  sa  rotation  dans 
le  bassin  ».  Après  que  la  tète  eut  été  dégagée,  une  sage-femme  acheva 


MYXOEDÈMB   CONGÉNITAL 


413 


l'accouchemeRt  en  exerçani  de  fortes  tractions  sur  le  bras  gauche  de 
l'enhiit. 

L'enfant  naquit  à  demi  asphyxiée,  et  il  fallut  beaucoup  de  temps  pour 
la  ranimer.  Le  médecin  fut  surtout  frappé  par  la  grosseur  considérable  de 
la  léle. 

L'enfant  présentait,  dans  la  région  cervicale,  un  peu  en  arrière  de  l'angle 
«lu  maxillaire  gauche,  des  lésions  traumatiques  causées  par  le  forceps, 
ïce  niveau  apparut,  quelques  jours  plus  lard,  un  abcès  assez  volumineux, 
qui  Fut  incisé  et  qui  suppura  encore  près  de  deujt  mois,  laissant  une  cica- 
Irice  encore  visible  acluellement.  Un  abcès  analogue  siégeait  sur  le 
sommet  du  crâne. 

Quand,  après  la  nais- 
'ance,  on  eut  ranimé  la 
miette,  on  s'aperçut  que 
le  bras  gauche  pendait 
inerte  le  long  du  corps  et 
n'exécutait  aucun"  mouve- 
menL  Dans  la  suite,  l'état 
du  membre  ne  sesl  guère 
modilié,  et  ainsi,  en  l'ab- 
•ence  de  tout  traitement 
approprié,  s'est  constituée, 
<r une  façon  dérinitive,  une 
paralysie  liu  plexus  brachia 
d'origine  obstetrieaie. 

Le  bras  est  appliqué 
l'onlre  le  corps,  en  rotation 
'■n  dedans,  la  main  en 
pronttion.  L'avant-bras 
seul  exécute  quelques  lé- 
gers mouvemenls,  qui  sont 
plus  étendus  du  côté  de  la 
main  et  des  doigts.  Il  y  a 
un  peu  d'atrophie.  La  sen- 
sibililé  parait  conservée, 
autant  qu'il  est  possible 
d'en  juger,  par  un  simple 
examen,  chez  un  sujet 
idiol. 

A  part  cette  aifection,  la 
lillelte  a  paru,  pendant 
les  premiers  mois,  se  dé- 
velopper normalement  ; 
nourrie  par  la  mère,  elle 
a  mis  ses  premières  dents 
'^evrée,  sans  avoir  jamais  été  malade. 

C'est  à  ce  moment  que  les  parents  s"apeif.urenL  que  la  iillette  ne  se 
développait  pas,  qu'elle  n'élait  pas  éveillée  comme  les  autres  enfanU  du 
même  Age.  J'ajouterai  qu'à  celte  même  époque  l'enfant  fui  opérée,  par 
M.  le  D'  -Maynard,  d'une  tumeur  érectile  assez  volumineuse  de  la  pau- 
pière supérieure  droite. 

Vers  l'âge  de  deux  ans,  les  symptômes  myxœdémateux  sont  devenus 
plus  manifestes,  et  on  voit  aujourd'hui  les  ti-oubles  profonds  que  cette 
afTeclion  a  produits  chez  celte  enfant. 


[g.  1.  — Jâsépbiue  V...,îg4edei]ixaiu  dix  moi*. 
Taille,  O",»!  :  poids,  14  kilogrammes.  Avant 
la  traitement. 

i  l'âge  de  dix  mois,  époque  où  elle  a  élé 


414  CAZAL 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  le  nanisme.  Voilà  une  fillette,  âgée  de 
près  de  onze  ans,  et  qui  mesure  à  peine  81  centimètres  de  hauteur,  c'est-à- 
dire  la  taille  moyenne  d'un  enfant  de  deux  ans,  aloi's  qu'à  onze  ans  elle 
est  de  l'",35.  Son  poids  est  de  14  kilogrammes.  Seule  la  tête  a  conti- 
nué à  se  développer,  et  le  contraste  est  des  plus  marqués  entre  celle 
grosse  lôte  et  ce  corps  minuscule,  comme  si  l'un  et  l'autre  appartenaient 
à  des  sujets  difTérents. 

Les  saillies  occipitales  sont  volumineuses.  La  fontanelle  antérieure 
n'est  pas  complètement  fermée.  La  face  est  bouffie,  sans  expression,  l'air 
idiot;  le  front  est  bas  et  étroit,  la  peau  épaisse,  formant  des  plis.  Le$ 
paupières  sont  gonfiées,  faisant  paraître  les  yeux  tout  petits.  La  paupière 
droite  est  beaucoup  plus  tuméfiée  et  retombe  davantage  que  la  gauche  ; 
c'est  à  ce  niveau  que  siégeait  la  tumeur  érectile,  et  on  y  voit  la  cicatrice 
qui  est  résultée  de  l'opération. 

Le  nez  est  court,  épaté,  le  menton  petit,  les  lèvres  épaisses,  la  bouche 
grande.  La  langue  est  volumineuse,  et  la  muqueuse  buccale  est  gonflée 
ainsi  que  le  pharynx  et  le  voile  du  palais.  C'est  à  ce  gonflement  des 
muqueuses  que  peut  être  attribué  un  ronflement  particulier  que  l'enfant 
fait  entendre  par  moments. 

La  dentition  est  intéressante  à  étudier,  et  on  y  trouve,  d'une  façon 
manifeste,  l'indice  de  l'altération  de  la  nutrition  générale.  D'après  la  mère, 
les  incisives  sont  sorties  d'assez  bonne  heure  ;  ses  souvenirs  sont  moin> 
précis  pour  ce  qui  est  des  autres  dents.  En  ce  moment,  la  dentition  de 
•CKtte  fillette  de  onze  ans  est  tout  à  fait  semblable  à  celle  d'un  enfant  de 
•quatre  à  cinq  ans  :  elle  n'a  que  vingt  dents,  qui  sont  toutes  des  dents  de 
lait;  aucune  n'a  encore  été  remplacée.  Elles  sont  écartées,  noires;  quel- 
ques-unes sont  cariées. 

Les  oreilles  sont  épaisses;  le  cou  est  court,  la  tête  enfoncée  dans  les 
■épaules  ;  le  thorax  s'élargit  à  sa  base.  Il  n'y  a  pas  de  déviation  du  rachis. 
Je  n'ai  pas  trouvé  de  pseudo-lipomes  sus-claviculaires,  tumeui^s 
mollasses  que  l'on  rencontre  très  fréquemment  chez  les  myxœdémaleux. 
L'abdomen  est  large,  proéminent  (ventre  de  batracien)  et  pi*ésente  une 
petite  pseudo-hernie  ombilicale.  Le  clitoris  est  très  développé.  Les 
extrémités  sont  grosses,  épaisses,  froides  et  cyanosées.  La  lempératun» 
est  actuellement  de  37°  dans  le  rectum  (elle  n'a  pu  être  prise  avant  tout 
traitement).  L'avant-bras  droit  est  un  peu  incurvé. 

Partout  la  peau  est  tuméfiée,  ridée,  présentant  cet  œdème  dur,  carac- 
téristique ;  elle  est  sèche,  terreuse,  squameuse.  Les  sécrétions  sudorale  et 
sébacée  font  entièrement  défaut.  Les  cheveux  sont  assez  abondants  el 
-durs.  La  mère  a  remarqué  que,  dans  les  premières  années,  ils  étaient 
<lroits  et  cassants  comme  des  crins. 

La  constipation  est  excessive  et  rebelle  aux  moyens  ordinaires;  il  n'y 
a  jamais  de  selle  sans  lavement. 

Enfin  j'ajouterai  que  la  palpation  attentive  de  la  région  du  cou  ne  per- 
met pas  de  percevoir  la  glande  thyroïde. 

Comme  on  peut  le  penser,  celte  enfant  est  dans  un  état  d'idiotie  absolue. 
Elle  ne  réclame  jamais  à  manger,  et  on  est  obligé  de  lui  ingurgiter  de^ 
aliments  liquides  et  demi-liquides.  Elle  est  constamment  assise  sur  une 
chaise  ou  sur  les  genoux  de  sa  mère,  car  elle  n'a  jamais  marché  et  a 
peine  peut-elle  se  tenir  debout  appuyée  contre  un  mur  ou  un  meuble. 
Il  paraît  exister  cependant  certaines  sensations  et  perceptions. 

Pendant  que  je  l'examine,  elle  manifeste  son  impatience  par  quel- 
ques ci'is  et  en  faisant,  de  sa  main,  le  mouvement  comme  si  eue  voulait 
battre  sa  mère  qui  la  maintient.  Sa  parole  est  réduite  à  des  cris  bruyant. 


MYXOEDftME    CONOÉMTAL  415 

Jun  limbi-e  lauque,  ressemblent  h  des  aboimenls;  sa  mère  comprend 
liiutefois  à  un  de  ces  cris  particuliers  qu'elle  demande  à  melire  son 
vêlement  pour  s'eii  aller.  Elle  est  entièrement  gâteuse.  En  somme,  c'est 
à  peu  de  chose  près  le  portrait  vivant  de  "  l'homme  plante  ■>,  pour  me 
servir  de  lexpi-ession  de  Roesch. 

Lenfanl  est  soumise  au  traitement  thyroïdien  depuis  quinze  jours.  Je 
lui  ai  prescrit  lies  tablettes  Burroughs,  tiuelle  prend  pendant  une  semaine 
avec  un  repos  consécutir  de  quatre  jours,  et  ainsi  de  suite.  Elle  a  pris 
une  demi-tablette  par  jour  pendant   les  deux  premiers  jours,  puis  une 
tablette  jusqu'au  septième  jour.  Après  les  quatre  jours  de  i-epos,  elle  a 
recommencé  le  traitement 
j)»r  une  tablette,  puis  une 
«t  demie  du  troisième  au 
wplième  jour.  En  ce  mo- 
ment, l'enfant  prend  deux 
tablettes  par  jour  et  parait 
bien  supporter  son  traite- 
ment. Comme  régime  dié- 
létique    :     lait,     laitages, 
farineux,    lépumes    verts, 
friiiL'i,  un  peu  de  viande 
Imulllie,  pas    de    viandes 
rôties  et  saignantes. 

S  Février  i90i.  —  On 
me  ramène  la  lillette,  qui 
a  suivi  le  traitement  avec 
les  interruptions  indj- 
i|uées;  mais  la  mère,  dé- 
liassant mes  prescriptions, 
a  donné,  les  deux  der- 
nières semaines,  trois  la- 
hlettes  par  jour.  L'enfanl 
est  fatiguée,  amaigrie  et 
très  agitée.  Je  recom- 
mande de  cesser  le  Iraite- 
nienf  pendant  dix  jours  et 
lie  ne  jias  dépasser  ensuite 
la  dose  de  deux  tablettes 
par  jour. 

12  Hars.  —  L'aspect  de 
Uniletle  est  notablement 

diffèrent  ;  sa  physionomie  ^"8-  ï-  —  Jtffl*phina  V...,  à  orne  ans  et  huit  mois. 
est  plus  éveillée.  L'épais-  "r*'"*'  ''■•"  '  Poi"*»-  '8  kilogrammes.  Après 

sisiiement  des  tissus  a  dis-  ^'^  ""''*  •**  traitement, 

paru   et,    par    suite,   son 

piiidfi  a  diminué  de  1301)  grammes  ;  elle  ne  pèse  plus  que  i2''",70O. 
Depuis  deux  mois,  elle  a  grandi  de  S  centimètres  ;  sa  taille  est  aujour- 
d'hui de  8fl  cpnlimèlres.  La  fontanelle  est  complètement  fermée;  une 
Imisième  molaire  est  apparue  en  bas.  Les  extrémités  ne  sont  plus 
froides.  La  peau,  qui  était  épaisse  et  squameuse,  est  devenue  plus  souple 
et  moins  sèche  par  l'apparition  des  sécrétions  cutanées.  L'enfant  demande 
à  s'alimenter,  tandis  qu'avant  le  traite  ment  il  fallait  presque  la  gaver.  La 
constipation  a  dispanijà  peu  près  ;  il  y  a  une  selle  naturelle  tous  les  deux 
jours,  parfois  tous  les  jours,  L'urine  est  plus  abondante. 


416  CAZAL 

L'anftiyse,  qui  n'a  pu  ëlre  faite  plus  Ut,  donne  les  résulUts  suivant!!  ; 

Dentité 1  Oiî 

Urée  (par  litre) 8»',  80 

Pbiuphateg 0,9S 

ni  albumine,  ni  sucrf ,  ni  pigments  biliaires  ;  trares  <l'u  l'obi  Une. 

A  caused'un  peu  d'agitation  qui  existe  encore,  je  réduis  la  dose  de  corps 
thyroïde  à  une  tablette  cl  demie  par  jour. 
22  Juillet.  —  raille  :  94  centimètres ,  bras  très  allongés.  Deux  incisives 
ont  été  remplacées.  Trai- 
tement :  deux  Ublettes  el 
petites  doses  de  bromuie. 
29  Octobre  — Ladeu\it^- 
me  photographie  prise  ce 
jour-là  (lig.  n"  2)  montre 
mieuxique  loule  descrip- 
tion  les  progrés  réalisés. 
La  taille  est  de  97  centi- 
mètres el  le  poids  de  18 
kilogrammes.     Les    troi- 
sièmes molaires  existent. 
La  lilletle  pi^^nd  des  forcis; 
elle  marche  en  lui  donnant 
la  main,  mais  elle  n'ose  pa^ 
marcher  seule.  Il  semble 
que   tout    l'étonné,  el  la 
moindre  des   choses  l'ef- 
fraie, la  vue  d'un  cheval 
par  exemple.  Son  état  in- 
tellectuel est  moins  oblus; 
elle  essaie   de   prononcer 
quelques  mots.  Klle  porte 
elle-même  ses  aliments  à 
la    bouche     el    demande 
assez  souvent  k  aller  à  la 
selle. 
En  novembrf,  le  traite- 
Kg.  3.  -  Joséphine  V....  â  treire  ans.  T-iUa .      ^«"/  f^t  interronripu  per- 
1-.44  !  poid»  !  !3'«.SO0.  Aprï*  doux  ani  d«u;[      o»'»''  trois    semaines    par 
mois  de  traitement.  •;  suite  d'une  coqueluche  de 

moyenne  intensité  qui 
dure  deux  mois  environ-  Le  traitement  Ihyi-oldien  est  ensuite  repris,  et 
on  donne  deu\,  puis  trois  tablettes  par  jour. 

Avril  1903.  —  Taille  :  l",Oa.  Poids  :  19  kilogrammes.  La  (illetle  marche 
absolument  seule.  Vne  autre  incisive  a  été  remplacée.  Elle  comprend 
mieux  et  prononce  quelques  mots  un  peu  plus  compréhensibles. 

flovembiv  I90S.  —  Taille  :  i",iO.  Poids  :  22*e,5O0.  U  y  a  plus  d'expres- 
sion dans  la  physionomie.  Elle  s'intéresse  à  ce  qui  t'entoure  et  joue  aver 
les  autres  enfants  du  village.  Elle  est  plus  docile.  Ses  cheveux  sont  deve- 
nus brillants.  Depuis  longtemps  déjà  la  sécrétion  sudorale  est  normalr- 
Novembre  4906.—  Taille:  l",n.  Poids:  24  kilogrammes.  Presque 
toutes  les  dents  de  lait  ont  été  remplacées.  La  fillette  marche  constam- 
ment seule  .«ans  se  fatiguer. 


MYXOEDÈMB   CONGÉNITAL  417 

Au  début  de  Tété,  la  fillette  étant  très  excitée  pendant  qu'elle  prenait 
ses  tablettes  Burroughs,  la  durée  du  traitement  fut  réduite  à  trois  ou 
quatre  jours,  au  lieu  de  sept. 

Même,  du  côté  de  Tintelligence,  les  progrès  sont  assez  remarquables.  La 
fillette  joue  constamment  ;  elle  est  devenue  gaie  et  loquace  avec  ses 
parents,  qui  comprennent  toutes  ses  paroles,  malgré  une  prononciation 
assez  défectueuse.  Elle  comprend  tout  ce  qu'on  lui  dit  et  s'acquitte  par- 
faitement, dans  la  maison,  des  commissions  qu'on  lui  donne.  Elle  est 
très  irascible  et,  par  moments,  pour  répondre  à  certaines  questions,  elle 
est  prise  d'un  bégaiement  très  accentué.  Elle  a  de  la  mémoire.  Depuis 
longtemps  elle  n*est  plus  g&teuse.  Les  parents  sont  heureux  des  progrès 
qu'ils  constatent  tous  les  jours. 

Au  point  de  vue  de  rétiologie  de  ce  cas  particulier,  on  ne  relève 
rien  d'intéressant  dans  les  antécédents  personnels  de  cette  enfant. 
Ellen'aprésentéfdans  lespremiers mois,  notamment,  aucune  deces 
maladies  infectieuses  susceptibles  dedéterminer  une  thyroïdite  et, 
par  suite,  de  provoquer,  avecTatrophie  de  la  glande  thyroïde,  l'appa- 
rition du  myxœdème.  C'est  donc  bien  d'un  cas  de  royxœdème 
congénital  qu'il  s'agit  ici,  cela  ne  me  parait  pas  douteux. 
Si  les  parents  ont  remarqué  seulement  vers  le  neuvième  mois 
le  faciès  particulier  et  le  faible  développement  de  leur  enfant, 
il  est  à  croire  qu'elle  présentait  antérieurement  des  symptômes 
myxœdémateux,  atténués  sans  doute,  qu'un  œil  exercé  eût 
déjà  pu  dépister.  Nous  savons,  en  effet,  que  le  plus  souvent, 
tant  que  l'enfant  estnourri  au  sein  de  sa  mère,  les  troubles  apportés 
parle  myxœdème  sont  des  plus  légers  et  n'attirent  que  rarement 
l'attention  des  parents.  C'est  là  l'opinion  de  la  majorité  des  auteurs 
français,  qui  admettent  que  le  myxœdème  commence  à  apparaître 
quand  finit  l'allaitement  maternel. 

Dans  les  antécédents  héréditaires  de  cette  fillette,  on  ne  trouve 
rien  qui  soit  susceptible  d'être  incriminé  :  pas  d'alcoolisme,  pas 
de  syphilis,  pas  de  tuberculose,  pas  de  paludisme,  etc. 

Pendant  la  grossesse,  qui  a  été  normale,  la  mère  n'a  ressenti 
aucune  impression  violente,  aucune  frayeur  vive,  qu'on  retrouve 
assez  fréquemment  dans  les  observations  de  myxœdème  con- 
génital. 

Un  seul  fait  mérite  ici  une  mention  toute  spéciale  :  c'est  la  longue 
durée  de  l'accouchement  avec  le  traumatisme  subi  à  ce  moment  par 
Tenfant  et  la  paralysie  du  plexus  brachial  qui  en  est  résultée. 
L'accouchement  prolongé  est  en  effet  signalé  dans  un  grand  nombre 
d'observations,  et  récemment  M.  Silva  Carvalho  (1),  sur  22  cas 
observés,  a  noté  cette  particularité  dans  plus  de  la  moitié  des  cas. 
Est-ce  là  une  cause?  N'est-ce  pas  plutôt  un  effet?  N'est-ce  pas 
au  volume  de  la  tête,  le  plus  souvent   exagéré  chez  les  fœtus 

(I)  Vf  SavA  Cakvalbo,  Myxœdème  atrephique  coDgAnital  {Congrès  interna^ 
iUmai  et  hiihonnê). 

ÂRCH.  DE  MÉDBC.  DBS  ENFANTS,    1907.  X.  27 


418  CAZAL 

myxœdémateux,  comme  dans  mon  observation,  que  pourrait  être 
attribué  ce  retard  de  Taccouchement? 

Que  pouvait-on  espérer  du  traitement  thyroïdien  dans  un  cas 
aussi  accusé,  chez  un  sujet  de  cet  âge?  On  ne  pouvait  certaine- 
ment escompter  un  résultat  aussi  favorable  qu*il  l'aurait  été,  sans 
aucun  doute,  si  le  myxœdème  avait  pu  être  diagnostiqué  dans  les 
premières  années  et  si  le  traitement  avait  été  institué  aussitôt. 
Cependant  je  crus  pouvoir  affirmer  à  la  famille  que  la  médication 
thyroïdienne  donnerait  de  très  heureux  résultats,  que  nous  verrions 
très  certainement  cette  naine  grandir  d'une  façon  satisfaisante 
et  qu'il  y  avait  lieu  d'espérer  qu'un  certain  réveil  de  l'intelligence 
succéderait  peu  à  peu  à  l'idiotie  totale. 

Après  quelques  mois  de  traitement,  en  effet,  une  amélioration 
rapide  s'est  opérée,  et  actuellement  la  métamorphose  est  complète. 
Cette  fillette,  dont  la  taille  était  stationnaire  depuis  l'âge  de 
deux  ans  environ  et  qui,  malgré  ses  onze  ans,  ne  dépassait  pas 
81  centimètres  (taille  d'un  enfant  de  deux  ans),  s'est  rapidement 
développée,  dès  qu'on  a  suppléé  par  un  traitement  thyroïdien  à 
l'absence  de  son  corps  thyroïde.  Après  moins  de  deux  ans  de 
traitement,  elle  avait  grandi  de  29  centimètres,  et  sa  taille,  qui  con- 
tinue  à  augmenter,  est  aujourd'hui  de  l'»,17  (taille  d'une  enfant  de 
huit  ans  environ)  avec  un  poids  de  24  kilogrammes,  au  lieu  de 
14  kilogrammes  au  début  du  traitement.  La  dentition  a  montré 
également  d'une  façon  manifeste  les  progrès  réalisés  au  point  de 
vue  du  développement  physique;  elle  témoigne  aussi  actuellement, 
par  certaines  dystrophies,  du  trouble  profond  qu'a  subi  primitive- 
ment la  nutrition  du  sujet.  Tous  les  symptômes  myxœdémateux, 
notamment  rinfîltration  des  tissus,  la  sécheresse  de  la  peau,  le 
refroidissement  des  extrémités, la  constipation, etc.,  ont  totalement 
disparu.  La  tête  présente  aujourd'hui  des  proportions  normales 
relativement  au  corps,  et  cette  fillette,  qui  était  absolument  inca- 
pable de  se  tenir  debout,  marche  et  court  aujourd'hui  sans 
fatigue . 

Comme  il  fallait  le  penser,  le  développement  de  l'intelligence  n'a 
pas  suivi,  pas  à  pas,  le  développement  physique.  Mais,  si  les  résul- 
tats obtenus,  au  point  de  vue  intellectuel,  ne  sont  pas  aussi 
brillants,  ils  sont  loin  cependant  d'être  négligeables,  étant  donné 
surtout  l'âge  avancé  de  l'enfant  lorsqu'elle  a  commencé  le  traite- 
ment. Le  développement  intellectuel  s'opère  lentement,  mais  d'une 
façon  progressive.  La  physionomie  a  maintenant  de  l'expression  ; 
la  fillette  parle,  avec  difficulté,  il  est  vrai,  mais  sa  parole  devient 
peu  à  peu  plus  compréhensible.  Elle  comprend  très  bien  tout  ce 
qu'on  lui  dit;  elle  est  gaie  et  toujours  en  mouvement,  s'intéressant 
à  tout  ce  qui  l'environne.  Sa  mémoire  s'est  développée  en  même 
temps  que  ses  sentiments  afl'ectifs.  Au  lieu  d'un  être  absolument 


■n" 


MYXOBDÈME  CONGÉNITAL 


419 


diot,  vivant  d  une  vie  quasi- végétative,  nous  avons  aujourd'hui 
une  fillette  dont  le  niveau  intellectuel  est  à  peu  près  celui  d*un 
enfant  de  trois  ou  quatre  ans  et  continuera,  je  Tespère,  à  réaliser 
encore  quelques  progrès,  à  mesure  que  le  développement  physique 
se  parachèvera. 

C'est  là  un  nouveau  succès  à  Tactif  d'une  médication  d'une  puis- 
sance admirable,  l'organothérapie  thyroïdienne.  Quand  on  assiste  à 
de  pareilles  transformations,  on  ne  peut  qu'être  émerveillé  de  la 
découverte  de  SchifT,  qui  a  si  heureusement  modifié  le  pronostic 
d  une  aiïeciion  en  présence  de  laquelle,  il  y  a  quelques  années  à 
peine,  le  médecin  restait  impuissant  autant  qu'attristé. 


i 


II 


RUMINATION  CHEZ  UNE  FILLE  DE  TROIS  ANS 

Par  M.  le  D'  J.  GOMBT. 

Le  mérycisme  ou  rumination,  phénomène  physiologique  chez  cer- 
tains  mammifères  herbivores,  est  tout  à  fait  exceptionnel  chez 
l'homme.  C'est  pour  cela  que  j'ai  tenu  à  présenter  une  fillette 
atteinte  de  rumination.  Après  chaque  repas,  en  effet,  cette  enfant 
voit  le  bol  alimentaire  remonter  dans  sa  bouche,  pour  être  dégluti 
de  nouveau.  La  rumination  dure  ainsi,  sans  gêne  et  sans  déplaisir 
pour  l'enfant,  pendant  deux  ou  trois  heures. 

Observation.  —  Fille  âgée  de  trente-neuf  mois.  —  Parents  nerçeux.  — 
Enfant  nerveuse,  —  Entéro-eolite  à  poussées  successives.  —  Depuis  trois 
mois  rumination  parfaitement  caractérisée. 

Le  30  avril  1907,  on  me  conduit  une  fillette  de  trente-neuf  mois  pour  des 
troubles  digestifs. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente-cinq  ans,  nerveux»  mais 
ayant  un  bon  estomac.  Mère,  âgée  de  vingt-huit  ans,  nerveuse,  ayant  des 
gaz,  des  renvois  après  le  repas,  dyspeptique,  mais  sans  rumination.  Elle 
a  eu  un  autre  enfant  il  y  a  cinq  ans,  qui  est  mort  en  bas  âge  ;  cet  enfant 
était  venu  avant  terme. 

Rien  à  relever  chez  les  grands-parents.  Pas  de  ruminants  dans  la  famille. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  née  à  terme,  nourrie  au  sein  par  sa 
mère  exclusivement  jusqu'à  huit  mois  et  avec  succès.  A  partir  de  huit  mois, 
quelques  bouiUies  ont  été  ajoutées  aux  tétées.  Enfant  superbe  jusqu'à  un 
an.  A  cette  époque,  elle  contracte  la  coqueluche,  qui  dure  trois  mois  et 
s'accompagne  de  quintes  violentes,  parfois  avec  vomissements.  Puis  elle 
a  souffert  d'entérite,  avec  diarrhée  verte  ;  après  la  diarrhée,  qui  l'avait 
beaucoup  affaiblie  et  retardée  dans  son  développement,  elle  a  présenté 
de  la  constipation  et  des  poussées  d'entéro-colite   muco-membraneuse. 

Depuis  quelques  mois,  la  mère  a  remarqué  des  phénomènes  nouveaux 
qui  l'inquiètent  beaucoup.  L'enfant,  qui  a  grand  appétit,  qui  mange  beau- 
coup, a  présenté  des  renvois,  des  régurgitations  et  enfin  une  véritable 
rumination.  H  ^  -^  j  i^  .^  5*  :^  4^  *•» 

État  actuel.  —  Quelques  minutes  après  que  le  repas  est  terminé,  le  bol 
alimentaire  remonte  dans  la  bouche,  sans  effort,  sans  gêne,  sans  douleur 
pour  l'enfant.  On  croit  qu'elle  va  le  cracher,  mais  elle  le  déglutit  de  nou- 
veau, non  sans  plaisir  quand  il  s'agit  de  dessert  ou  d'aliments  qu'elle'aime 
bien.  Cette  rumination  dure  ainsi  pendant  deux  heures  ou  davantage. 
A  la  fin,  les  aliments  ainsi  régurgités  exhalent  une  odeur  acide  et  désagréable 
pour  l'entourage.  La  mère  voudrait  que  sa  fillette  crachât  les  aliments 
ruminés  ;  mais  celle-ci  s'y  refuse.  ) 

A  chaque  repas,  les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent  avec  régularité. 


RUMINATION   CHEZ    UNE   FILLE   DE   TROIS  ANS  421 

Rien  ne  saurait  les  empêcher.  Cependant  la  bouillie  du  matin,  le  pain  sont 
ruminés  avec  prédilection. 

L'enfant  ne  mangeant  jamais  de  viande,  nous  ne  savons  pas  comment 
cet  aliment  se  comporterait  à  Tégard  de  la  rumination. 

L'enfant  a  souvent  des  bâillements.  Faim  continuelle. 

Ëtat  général  satisfaisant  ;  l'enfant  est  un  peu  petite  (82  à  83  centi- 
mètres de  taille),  d'un  poids  léger  (10  600  grammes).  Mais  le  teint  est  assez 
coloré,  il  n'y  a  pas  d'anémie,  rien  à  l'auscultation  du  cœur  et  des  poumons. 
La  langue  est  nette,  le  ventre  souple,  non  douloureux  à  la  pression.  Pas 
de  dilatation  de  l'estomac  Rien  au  foie  ni  à  la  rate. 

Enfant  très  nerveuse,  très  impressionnable,  se  mettant  facilement  en 
colère.  Incontinence  nocturne  d'urine  parfois. 

Voilà  donc  un  cas  très  net  de  rumination  chez  une  fillette  ner- 
veuse ;  le  mérycisme,  chez  elle,  fait  son  apparition  à  l'âge ^de  trois 
ans  et  semble  n'avoir  été  provoqué  ni  par  l'imitation,  ni  par  une 
maladie  quelconque.  Quand  ce  phénomène  est  apparu,  il  y  a  trois 
mois,  l'enfant  aUait  bien. 

Les  faits  de  ce  genre  sont  assez  rares.  Cependant  notre  collègue» 
M.  Variot,  a  vu  un  petit  garçon  de  trois  ans,  très  nerveux,  qui  pré- 
sentait du  mérycisme  depuis  deux  mois. 

Plus  récemment,  le  I>  Brockbank  {The  Brit.  Med.  Journal^  23  fé- 
vrier 1907)  a  publié  sur  cette  question  de  la  rumination  dans  l'es- 
pèce humaine  un  article  très  documenté.  Il  a  vu  un  homme  de  trente- 
six  ans,  ruminant  depuis  l'enfance,  marié  à  une  femme  qui  ne  rumi- 
nait pas,  dont  cinq  enfants  sur  six  présentaient  cet  étrange  phéno- 
mène de  la  rumination  : 

l^^Fille  de  douze  ans,  rumine  surtout  quand  elle  a  mangé  de  la 
viande  ; 

TP  Fïûéjie  dix  ans,  rumine  surtout  après  le  déjeuner,  et,  comme 
c'est  l'heure  de  l'école,  elle  en  est  fort  ennuyée,  ses  camarades  et 
ses  maîtres  lui  demandant  ce  qu'elle  mange.  Quand  la  rumination 
porte  sur  des  mets  qu'elle  aime,  elle  est  très  contente  ; 

S^.Fille  de  huit  ans,  rumine  un  peu'moins  que  ses  sœurs  ; 

4<^  Fille  de  quatre  ans,  commence  à  ruminer  ;  parfois,  elle  crache 
le  bol  alimentaire  qui  remonte  dans  la  bouche  ;  si  c'est  de  la  viande, 
elle  la  déglutit  de  nouveau  ; 

5^  Garçon  de  deux  ans  et  demi,  commence  à  ruminer,  surtout  la 
viande/,  la  crache  parfois  ; 

G^.Enfant  de  trois  mois,  nourri  au  sein  ;  ne  rumine  pas  encore. 

Le  mérycisme,  ou  ramination  humaine^  semble  avoir  été  décrit  pour 
la^première  fois'au  xvii®  siècle,  par  Fabrice  d' Acquapendente  et,  plus 
tard,  par  John  Conrad  Peyer,  qui  en  avait  colligé  neuf  observations. 
Dans  une  de  ces  observations,  on  pouvait  incriminer  l'imitation,  car 
il  s'agissait  d'un  enfant  faible  d'esprit,  vivant  avec  des  animaux 
ruminants.  ^   %  *   ^ii'*3*?  ^  % 

Depuis  cette  époque,  on  n'a  rapporté  que  des  cas  isolés,  et  la  litté- 


'iS^  J.    COMBY 

rature  est  assez  pauvre  sur  ce  chapitre  de  la  pathologie  nearo- 
digestive. 

C'est  un  phénomène  intéressant  qui  ne  semble  pas  lié  générale- 
ment à  la  dyspepsie,  qui  est  parfois  héréditaire  et  qui,  peut-être, 
doit  être  rangée  dans  la  classe  des  neuropathies.  On  voit,  d'après  le 
cas  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  et  d'après  les  observations  déjà 
publiées,  que  la  rumination  peut  être  très  précoce,  survenant  dans 
la  première  enfance,  parfois  même  chez  les  nourrissons. 

D'après  Lemoine  et  Linossier,  il  s'agirait  d'une  névrose  gastrique. 

Quel  traitement  convient-il  de  mettre  en  œuvre? 

Je  me  suis  contenté  de  prescrire  ce  qui  suit  : 

Repas,  au  nombre  de  quatre  par  jour,  pris  lentement,  avec  mas- 
tication][^soignée.  Douches  tièdes  tous  les.  matins.  Frictions  stimu- 
lantes le  soir.  Deux  bains  alcalins  par  semaine.  Vie  au  grand  air. 
Deux  fois  par  jour,  avant  le  repas,  l'enfant  doit  prendre  un  paquet 
contenant  : 

Bicarbonate  de  soude \ 

Beazonaphtol (  ââ  0  gr.  20 

Magnésie  calcinée S 

Olycérophosphate  de  chaux 0  gr.  15 

Pepsine 0  gr.  10 

Poudre  de  noix  vomique 0  gr.  01 

Si  ce  traitement  ne  réussit  pas,  j'ai  conseillé  de  faire  prendre  à 
l'enfant,  après  chaque  repas,  dans  un  peu  d'eau  sucrée,  une  cuillerée 
à  café  de  la  solution  suivante  : 

Acide  chlorhydrique  médicinal 1  gramme. 

Eau  distillée 100  grammes. 

Enfin  j'ai  songé  à  faire  intervenir  la  psychothérapie,  la  suggestion 
à  l'état  de  veille. 


REVUE  GÉNÉRALE 


MÉRYCISME  OU  RUMINATION 

La  rumination  consiste  dans  le  retour  à  la  bouche,  après  Taché- 
vement  du  repas,  de  petites  quantités  de  nourriture  qui  sont 
ensuite  dégluties  de  nouveau.  Cette  particularité  de  la  digestion 
est  physiologique  dans  une  classe  entière  de  mammifères,  auxquels 
onadonnélenomde/2umtnan/s.  Dans  l'espèce  humaine,  par  contre, 
le  mérycùme  ou  rumination  est  un  cas  pathologique  ou  une  ano- 
malie physiologique.  Il  y  a  quelques  années,  le  D'  Variot  a 
observé  un  garçon  de  trois  ans,  très  nerveux,  qui  ruminait  depuis 
deux  mois.  J'ai  montré  tout  récemment  [Soc.  méd.  hôp,, 
3  mai  1907)  une  fillette  de  trois  ans  et  trois  mois,  présentant  de 
la  rumination  après  tous  les  repas  depuis  trois  mois.  Le  lY  Brock- 
bank,  ayant  eu  Toccasion  d'étudier  ce  curieux  phénomène  chez 
plusieurs  membres  de  la  même  famille,  et  dans  trois,  quatre  ou 
même  cinq  générations,  en  même  temps  qu'il  l'observait  chez  un 
membre  d'une  autre  famille,  nous  profiterons  de  cette  documen- 
tation rare  et  précieuse  pour  étudier  sommairement  le  mérycisme 
chez  les  enfants  (1). 

En  octobre  1905,  un  ouvrier  en  vaisselle  d'étain,  âgé  de 
trente-six  ans,  se  plaint  de  régurgitation  de  matières  acides  après 
les  repas  et  d'une  gène  épigastrique  survenant  une  demie  ou  une 
heure  après  le  repas.  Dans  l'intervalle,  il  est  très  bien.  Tout  d'abord, 
on  pouvait  croire  à  quelque  dyspepsie  acide  banale  ou  pyrosis. 
Mais  un  examen  plus  complet  montra  qu'il  s'agissait  de  rumination 
datant  de  Tenfance.  A  l'école  déjà,  il  avait  cette  infirmité  et  s'en 
souvient  nettement.  Son  père  et  son  grand'père  étaient  atteints, 
de  même  ses  frères  et  sœurs  et  plusieurs  de  ses  enfants. 

Quelle  quesoit  la  nourriture  qu'il  ingère,  liquide  ou  solide,  mais  la 
viande  i^écialement,  elle  revient  dans  sa  bouche,  soit  immédiate- 
ment, soitaprèsun  quartd'heureàuneheure.  La  nourriture  remonte 
ainsi  dans  la  bouche  sans  mauvais  goût,  à  des  intervalles  de  deux 
à  trois  minutes,  et  redescend  dans  l'estomac  avec  la  même  régularité. 
Cela  dure  une  heure  et  se  termine  par  des  régurgitations  de  plus 

(i)  D'  E.-M.  Brockbank,  Merycism  or  rumination  in  man  {The  BritUh  médical 
Jifurnaly  23  février  1907). 


424  REVUE   GÉNÉRALE 

en  plus  liquides.  Il  réavale  sa  nourriture  sans  Tavoir  mastiquée 
convenablement,  à  la  manière  des  ruminants,  il  en  éprouve  du 
malaise  et  des  troubles  dans  Testomac. 

Voici  rhistoire  de  ses  six  enfants  : 

i**  Fille  de  douze  ans,  rumine  surtout  quand  elle  a  mangé  de 
la  viande  ;  la  régur^tation  se  produit  un  quart  d*heure  après  le 
repas;  elle  mastique  de  nouveau  et  avale  le  bol  alimentaire.  Elle 
est  bien  développée.  Bonnes  digestions. 

2"  Fille  de  dix  ans,  intelligente  et  vive.  La  rumination  survient 
surtout  après  le  déjeuner,  et  cela  est  gênant  pour  elle,  car  à  Técole 
on  lui  demande  ce  qu'elle  mange.  Constipation  fréquente.  Quand 
la  rumination  porte  sur  des  mets  qu'elle  aime,  elle  est  très 
contente. 

3^  Fille  de  huit  ans,  bien  nourrie,  rumine  aussi,  mais  moins  que 
ses  sœurs. 

4**  Fille  de  quatre  ans,  commence  à  ruminer.  Le  pain  et  le  beurre, 
la  soupe,  comme  la  viande,  reviennent;  parfois  elle  les  crache  ;  mais, 
si  c'est  la  viande,  elle  la  mastique  et  la  réavale. 

5^  Garçon  de  deux  ans  et  cinq  mois,  commence  à  ruminer,  surtout 
la  viande,  lacrache  parfois.  D'après  la  mère,  l'imitation  ne  jouerait 
aucun  rôle. 

C"  Enfant  de  trois  mois,  nourri  au  sein,  ne  rumine  pas  encore. 

La  mère  de  ces  six  enfants  ne  rumine  pas. 

Une  femme  de  quarante-sept  ans,  ruminant  depuis  la  première 
enfance,  déclare  que  son  père  et  deux  de  ses  frères,  sur  trois,  rumi- 
naient. La  rumination  commence  quelques  minutes  après  le  repas 
et  dure  une,  deux,  trois  heures,  parfois  jusqu'au  repas  suivant.  Elle 
a  sept  enfants  entre  vingt-sept  et  dix  ans;  six  sont  ruminants, 
une  fille  de  vingt-six  ans  fait  exception.  Tous  ont  commencé  vers 
l'âge  de  cinq  ans. 

Femme  de  quarante-deux  ans,  a  toujours  ruminé,  après  chaque 
repas,  quel  que  soit  l'aliment;  le  phénomène  est  plus  marqué  avec 
la  viande.  Les  liquides  accroissent  la  quantité  de  matières  ruminées. 
Le  thé  pris  seul  ne  donne  pas  lieu  à  rumination.  Elle  mastique  sans 
dégoût,  avant  de  réavaler.  La  rumination  commence  deux  ou 
trois  minutes  après  le  repas  et  dure  deux  ou  trois  heures.  Elle  a 
quatre  garçons,  aucun  ne  rumine. 

Homme  de  quarante-six  ans,  rumination  légère  et  crachement 
parfois;  quatre  enfants  indemnes. 

Homme  de  quarante  ans,  rumine  légèrement  ;  un  fils  indemne. 

Femme  de  trente-huit  ans,  rumine,  i;nais  pas  tous  les  jours, 
crache  la  nourriture.  A  cinq  enfants  indemnes. 

Homme  de  trente-quatre  ans,  ruminant  parfait  depuis  sa 
première  enfance.  A  deux  enfants,  dont  un  garçon  de  cinq  ans,  qui 
commence  à  ruminer  depuis  un  an. 


MÉRYCISME  OU   RUMINATION  425 

Femme  de  trente  ans,  rumine  légèrement.  A  un  enfant  de 
dix-sept  mois  non  ruminant. 

Ces  observations  sont  assez  nombreuses  et  assez  variées  pour 
permettre  de  donner  une  description  intéressante  du  mérycisme. 

Le  mérycisme,  ou  ruminatio  humana  semble  avoir  été  décrit 
pour  la  première  fois  au  xvii*  siècle  par  Fabrice  d'Acquapendente 
etpar  JobnCk)nradPeyer  surtout,  qui  en  a  colligé  neuf  cas.  Dans  un 
cas,  rimitation  semble  avoir  joué  un  rôle  ;  il  s'agit  d'un  jeune 
idiot  qui,  vivant  avec  des  ruminants,  se  mit  à  ruminer  comme  eux. 

Depuis  cette  époque,  des  cas  isolés  ont  été  rapportés  çà  et  là 
par  les  neurologistes  ou  les  spécialistes  de  Testomac. 

La  rumination  diffère  de  la  régurgitation.  Dans  le  premier  cas,  le 
bol  alimentaire  renvové  de  Testomac  dans  la  boucbe  est  avalé  de 
nouveau  avec  on  sans  nouvelle  mastication  ;  dans  le  second  cas,  il  est 
rejeté  au  dehors.  La  régurgitation  de  petites  quantités  d'aliments 
coïncide  habituellement  avec  des  troubles  dyspeptiques  et  cesse 
avec  eux.  La  rumination  est  indépendante  de  toute  dyspepsie.  Elle 
est  indépendante  également  du  pouvoir  qu'ont  certaines  personnes 
de  vomir  volontairement  et  de  vider  leur  estomac  quand  il  leur 
plait. 

La  rumination  survient  à  différentes  reprises  après  tous  les 
repas  ou  après  certains  repas  seulement,  le  diner  par  exemple. 
En  général,  elle  commence  quelques  minutes  après  le  repas  et 
dure  une  heure  environ  ;  parfois  elle  se  prolonge  deux  ou  trois 
heures.  Il  peut  y  avoir  plusieurs,  un  grand  nombre  de  gorgées,  deux 
ou  trois  seulement. 

La  rumination  est  indépendante  de  la  quantité  de  nourriture 
ingérée.  Cependant  un  repas  précipité,  avec  mastication  insuf- 
fisante, expose  davantage  au  mérycisme.  Parfois  l'abondance  des 
liquides  le  favorise,  de  même  la  qualité  des  mets,  la  viande,  le 
porc,  le  lard.  Les  matières  ruminées  sont  constituées  par  un 
mélange  des  divers  aliments  ingérés  ;  parfois  il  y  a  une  sélection. 
Laliment,  ramené  dans  la  bouche,  est  tantôt  remastiqué,  tantôt 
immédiatement  réavalé.  Il  passe  mieux  quand  il  a  été  remastiqué  ; 
il  n'a  pas  de  mauvais  goût,  et  la  rcmastication  n'a  rien  de 
désagréable  pour  le  patient.  L'aliment  n'est  de  goût  fade,  salé  ou 
acide  que  dans  les  cas  où  l'estomac  est  malade.  Alors  l'enfant  est 
disposé  à  cracher,  à  rejeter  au  dehors  l'aliment  ruminé.  En  dehors 
de  cela,  il  rumine  avec  plaisir,  surtout  quand  il  a  fait  un  bon  repas. 
La  rumination  s'établit  graduellement  et  involontairement. 
Toutefois  certains  sujets  deviennent  ruminants  par  imitation,  et 
quelques-uns  peuvent  maîtriser  ou  développer  leur  mérycisme. 
Santé  générale  bonne.  Parfois  constipation  et  dyspepsie  associées. 

La  rumination  peut  s'observer  dans  toutes  les  classes  de  la 
société  ;    elle    est  souve^nt    héréditaire,    et  on    peut    rencontrer 


42G  REVUE   GÉNÉRALE 

plusieurs  cas  dans  la  même  famille.  Chez  les  enfants  prédisposés, 
rimitation  peut  jouer  un  rôle. 

Cette  perturbation  peut  être  très  précoce  ;  on  la  voit  débuter  dans 
la  seconde  et  même  la  première  enfance,  quand  les  sujets  commencent 
à  marcher  et  à  mang-er  davantage.  Â  cet  âge,  ils  ruminent  mal  et 
rejettent  au  dehors  une  grande  partie  des  substances  régurgitées. 
On  a  dit  que  les  garçons  étaient  plus  fréquemment  atteints  que  les 
fllles,  mais  celles-ci  paient  aussi  tribut  à  la  maladie. 

Les  causes  occasionnelles  peuvent  être  une  maladie  infectieuse, 
le  mal  de  mer,  un  coup  sur  Testomac,  une  indigestion,  un  excès  de 
nourriture.  La  constipation  est  fréquente.  Les  affections  du  système 
nerveux  sont  souvent  associées  au  mérycisme  (hystérie,  épilepsie, 
neurasthénie,  etc.). 

Le  mérycisme  peut  guérir  par  Tintervention  d*une  maladie  ou 
même  spontanément. 

L'examen  du  suc  gastrique,  dans  les  cas  où  il  a  été  fait,  n  a 
pas  révélé  d'anomalies  au  point  de  vue  chimique.  Cependant 
quelques  auteurs  signalent  Thyperchlorhydrie  ou  Thypochlorhydrie. 

On  pourrait  distinguer  une  forme  simple  ou  physiologique  de 
rumination  et  une  forme  secondaire  ou  pathologique.  La  rumi- 
nation simple  succède  à  un  repas  complet  et  débute  une  demi-heure 
après  Tingestion.  Les  substances  régurgitées  conservent  leur 
saveur  normale,  elles  sont  réavalées,  et  le  sujet  conserve  son  poids. 
La  rumination  dyspeptique  succède  à  un  repas  minime  et  commence 
presque  immédiatement.  Les  substances  régurgitées  sont  acides 
et  désagréables,  crachées  au  dehors  ;  le  poids  diminue.  Mais  cette 
distinction  n'est  pas  absolue  ni  conforme  à  la  réalité  de  tous  les 
faits.  Lemoine  et  Linossier  acceptent  la  division  en  rumination 
simple  et  rumination  pathologique.  Ils  distinguent  trois  variétés  de 
cette  dernière  :  1^  neuropathique  avec  ou  sans  dyspepsie;  2®  origine 
dyspeptique  ;  3*  origine  dyspeptique,  mais  persistance,  après 
guérison,  de  la  dyspepsie. 

Comment  expliquer  chez  Tenfant  cet  acte  bizarre  de  la  ruoii- 
nation  ?  Ce  péristaltisme  renversé  peut  être  réflexe,  résultant 
d'une  susceptibilité  spéciale  de  la  muqueuse  gastrique;  mais  on  ne 
peut  préciser  le  trouble  anatomique  ou  fonctionnel  qui  provoque 
cet  acte  réflexe.  Pour  Lemoine  et  Linossier,  il  s'agit  d'une  névrose 
gastrique;  le  mérycisme  est  un  réflexe,  dû  à  la  sensibilité  exagérée 
de  la  muqueuse  gastrique,  que  cette  sensibilité  soit  congénitale 
ou  acquise.  Pour  Singer,  rumination  et  régurgitation  seraient  des 
processus  analogues,  en  rapport  avec  une  constitution  nerveuse. 
La  cause  principale  de  la  rumination  serait  dans  une  insuffisance 
temporaire  du  cardia.  En  somme,  on  ne  peut  admettre  quune 
sorte  de  névrose  fonctionnelle  réflexe  de  l'estomac. 
Au  point  de  vue  anatomique,  rien  de  concluant  :  estomac  normal 


MÉRYCISME   OU   RUMINATION  427 

dans  la  majorité  des  cas.  Cependant  le  cardia  et  la  partie  inférieure 
de  lœsophage  ont  été  trouvés  dilatés,  formant  une  sorte  de  vestibule 
à  Teslomac  (antrum  cardiacum).  Quelques  auteurs  ont  parlé  de 
rhypertrophie  musculaire  des  parois  gastriques. 

L*acte  de  la  rumination  se  produit  par  une  contraction  de  Tes- 
tomac  associée  à  celle  du  diaphragme  et  des  muscles  abdominaux. 
D  après  Lemoine  et  Linossier,  il  y  a  un  spasme  du  diaphragme  et 
des  muscles  inspirateurs,  qui  diminue  la  pression  intrathoracique  ; 
rœsopfaage  se  dilate,  tandis  que  les  muscles  abdominaux  compriment 
lestomac.  Pour  Singer,  il  y  aurait  aspiration  du  contenu. stomacal 
à  travers  le  cardia  relâché,  la  diminution  de  pression  intrathora- 
cique étant  due  à  une  inspiration  la  glotte  fermée,  etc. 

Au  point  de  vue  dudiagnostic,  on  doit  distinguer  V éructation^  ou 
régurgitation  gazeuse,  associée  à  la  présence  d^air  ou  de  gaz  dans 
Testomac;  Tair  a  été  dégluti  comme  on  l'observe  chez  certains 
sujets  nerveux  dits  aérophages.  La  régurgitation  est  constituée 
parle  retour  dans  la  bouche  d'une  partie  de  la  nourriture  déglutie 
avec  un  peu  d*air;  ce  phénomène  est  fréquent;  les  substances 
régurgités  donnent  en  passant  dans  la  bouche  un  goût  acide. 
Parfois  la  régurgitation  vient  d'un  diverticule  œsophagien;  la 
chimie  montrera  qu'il  n'y  a  dans  ce  cas  ni  acide  chlorhydrique  ni 
pepsine. 

Le  traitement  est  très  incertain.  Avec  beaucoup  d'attention  et 
de  volonté,  on  pourra,  dans  quelques  cas,  corriger  la  rumination.  On 
recommandera  de  manger  lentement,  de  mastiquer  avec  soin  tous 
les  aliments,  avant  de  les  déglutir,  de  boire  peu,  d'écarter  les  mets 
indigestes. 

Quand  il  y  aura  des  troubles  dyspeptiques  concomitants,  on  les 
traitera,  et,  s'ils  jouaient  un  rôle  provocateur,  enverra  la  rumina- 
tion s'améliorer  notablement.  Chez  un  malade  du  D' Brockbank,  le 
mérycisme  ne  survenait  pas  quand  il  avait  pris  après  le  repas  un 
médicament  tel  que  :  bromure  de  potassium,  bismuth,  liqueur 
ammoniacale,  teinture  de  gentiane,  bicarbonate  de  soude.  De 
même,  si  les  médicaments  étaient  pris  pendant  l'acte  de  la  rumi- 
nation, celui-ci  était  enrayé  ou  diminué  notablement. 

A  cela  on  peut  ajouter  un  traitement  général  :  bonne  hygiène, 
vie  au  grand  air,  hydrothérapie  (douches  chaudes  ou  froides,  fric- 
tions stimulantes,  etc.). 

Dans  quelques  cas,  la  suggestion  à  l'état  de  veille  ou  l'hypnose 
peuvent  être  utiles  (psychothérapie). 


ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 


Sur  nn  cas  de  rétrécissement  congéoital   de  U  trachée»  par  le 

D'  Mo  us  sou  s  {Journal  de  médecine  de  BordeauXf  17  février  1907). 

Fille  née  à  terme,  de  parents  sains,  amenée  à  Thôpital  à  un  mois.  Dys- 
pnée continue  et  très  accusée  depuis  la  naissance.  Poids  8  200  grammes. 
Voix  claire,  pas  d'enrouement,  dyspnée,  tirage  sus-sternal,  épigastrique 
et  intercostal,  comage,  cyanose  et  refroidissement  des  extrémités.  Rien  à 
TauBCultation. 

Gêne  au  moment  de  la  tétée  ;  allaitement  mixte,  par  suite  d'insuffi- 
sance des  tétées.  Frictions  mercurielles.  L'enfant  sort  le  29  septembre 
et  revient  le  1^  octobre.  Elle  a  maigri.  Comage  et  tirage  persistant 
Extrémités  cyanosées  et  froides.  Insuffisance  des  tétées,  poids  tombé  à 
2  700  grammes.  On  reprend  les  frictions  mercurielles.  Inhalations  d'oxy- 
gène. Mort  le  15  novembre  à  l'âge  de  trois  mois;  poids  2  300  grammes. 

Autopsie  le  16  novembre  :  on  trouve  à  la  partie  inférieure  de  la  trachée, 
à  3  centimètres  au-dessus  du  cricoîde,  un  rétrécissement  d'une  longueur 
de  1  centimètre  se  terminant  à  1  centimètre  de  la  bifurcation  de  la 
trachée,  qui  a  une  longueur  totale  de  5  centimètres.  Au  niveau  du  rétré- 
cissement, la  trachée  est  tordue  et  infléchie,  formant  un  angle  obtus  à 
concavité  dirigée  vers  la  droite.  Calibre  diminué  de  moitié  au  moins.  Pas 
de  tumeur,  pas  de  ganglion  comprimant  la  trachée,  pas  de  malformation 
du  cœur  ni  des  gros  vaisseaux.  Larynx  normal.  Au  niveau  du  rétré- 
cissement, les  cerceaux  cartilagineux  son  diminués  de  volume,  inégu- 
liers,  infléchis,  anguleux,  morcelés.  Muqueuse  un  peu  nacrée  au  niveau 
de  l'angle  rentrant 

Ce  cas  semble  attribuable  à  une  malformation  ;  il  n'y  avait  pas  d'anté- 
cédents spécifiques  héréditaires,  et  les  frictions  mercurielles  ont  été  inef- 
ficaces. 

Ostéomyélite  de  la  clavicule,  par  le  D'  Rabàrb  (Journal  de  médecine 
de  Bordeaux,  17  février  1907). 

Garçon  de  cinq  mois,  amené  le  18  juillet  1906  pour  une  lésion  aiguS 
de  la  clavicule  droite.  Le  16  juillet,  il  avait  alors  trois  semaines,  sa  mère 
remarque  une  légère  tuméfaction  au  niveau  de  cette  clavicule.  Cette 
tuméfaction  augmente  rapidement,  cause  de  la  douleur,  avec  rougeur 
et  distension  de  la  peau.  Peu  ou  pas  de  fièvre,  sommeil  normal,  aq>pétit 
conservé.  Le  surlendemain,  la  fluctuation  est  nette.  M.  Venot  fait  le  dia- 
gnostic d'ostéomyélite  de  la  clavicule.  Incision  profonde  intéressant  le 
périoste  ;  le  stylet  montre  que  la  clavicule  est  à  nu.  Drainage,  pansement 
A  la  fin  d'octobre,  il  partait  un  petit  trajet  flstuleux  au  niveau  de  l'extré- 
mité externe  de  la  davicule,  fistule  entretenue  par  un  séquestre.  Alors 
on  fait  une  nouvelle  incision;  on  trépane  l'os  de  nouvelle  formation  et  on 
retire  la  clavicule  nécrosée  entièrement. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  429 

L'examen  bactériologique  du  pus  a  montré  le  staphylocoque.  En  août, 
aheès  chaud  lombaire,  qui  a  guéri  après  incission  et  drainage. 

Xyite  hydatiqaa  du  poumon  ches  nn  enfant  de  hait  ans,  per  le 
rv  RocAC  {Haz.  hebd.  de  Bordeaux.  17  février  1907). 

Qarçon  bien  portant  jusqu'à  six  ans  ;  à  cet  âge,  coqueluche  intense  qui 
dure  quatre  mois,  puis  grippe,  etc.  Le  10  mars  1905,  hémoptysie  assez  abon- 
dante, qui  se  répète  tous  les  huit  ou  dix  jours  pendant  plus  de  six  semaines. 
En  même  temps,  douleur  au  côté  droit  du  thorax. 

Aspect  de  tuberculeux,  toux,  dyspnée,  pas  de  fièvre.  Matité  sous  la  cla* 
vicule  gauche  et  dans  la  fosse  sus-épineuse;  respiration  soufflante  avec 
quelques  râles  fins.  L'enfant,  considéré  comme  bacillaire,  est  envoyé  à  la 
campagne.  Pendant  plusieurs  mois,  on  note  de  temps  en  temps  des  hémo- 
ptysies  ;  la  fièvre  se  montre  le  soir,  la  dyspnée  augmente,  l'état  général 
devient  mauvais.  Ongles  hippocratiques.  Avec  le  repos,  la  suralimentation, 
les  révulsifs,  l'enfant  va  mieux  pendant  trois  mois.  En  février  1906, 
grippe,  puis  rougeole.  Les  hémoptysies  reviennent,  la  fièvre  monte  à  40<*, 
signes  de  bronchopneumonie  à  gauche.  Le  9  avril,  flot  de  pus  par  la  bouche. 
Sous  la  clavicule  gauche,  gargouillement  Le  pus  contient  des  membranes 
d'hydatides  (kyste  à  échinocoques  suppuré  et  ouvert  dans  les  bronches). 
Guérison. 

Le  venin  des  serpents,  sérothérapie  anti venimeuse,  par  J.  Rabèrb 
{Journal  de  médecine  de  Bordeaux,  10  février  1907). 

Le  29  août  1906,  un  garçon  de  neuf  ans,  mordu  par  une  vipère  la  veille, 
entre  à  l'hôpital  des  Enfants.  Se  trouvant,  vers  six  heures  du  soir,  sur  la 
plage  d'Andemos,  les  pieds  nus,  il  ressentit  une  vive  piqûre  au  niveau 
de  la  partie  moyenne  du  dos  du  pied  droit,  et  il  aperçut  un  serpent  qui 
s'enfuyait  Un  pharmacien  fit  une  ligature  au-dessus  du  pied  et  pansa 
la  piqûre  avec  de  l'ammoniaque,  puis  le  permanganate  de  potasse.  Œdème 
du  pied  et  de  la  jambe.  Trois  heures  après,  un  médecin  incise  la  plaie,  la 
fait  saigner  et  applique  des  compresses  imbibées  de  permanganate  à  1  p.  100. 

Cependant  état  plus  grave,  œdème  très  étendu,  abattement,  vomisse- 
ments. Température  36o,2.  A  midi,  dix-huit  heures  après  l'accident, 
injection  de  7  à  8  centimètres  cubes  de  sérum  de  Calmette.  Le  30  août, 
Douvdle  injection  de  10  centimètres  cubes  de  sérum.  Amélioration  rapide, 
guérison.  Le  serpent  était  une  vipère-aspic  qu'on  a  pu  capturer. 

Contribiition  à  l'étade  de  la  pleurésie  purulente  interlobaire  chez 
reniant,  par  le  D'  £.  Marlibr  {Le  Nord  médical,  i^  et  15  janvier  1907). 

L'auteur  étudie  dans  son  ensemble  la  pleurésie  interlobaire,  à  l'occasion 
de  deux  cas  observés  par  M.  Deléarde. 

I.  Garçon  de  quatorze  ans,  entré  le  17  décembre  1905  à  l'hôpital 
Saint-Sauveur.  Mère  probablement  tuberculeuse.  Enfant  chétif.  On  pense 
à  la  fièvre  typhoïde.  Mais  le  séro-diagnostic  est  négatif.  Toux,  râles  de 
bronchite,  cœur  dévié  à  droite.  Le  2  janvier  1906,  vomique  de  pus.  En 
avant  et  à  gauche,  sous  la  clavicule,  skodisme  léger  ;  plus  bas,  matité 
avec  diminution  des  vibrations.  En  arrière,  sous  l'omoplate,  zone  de  matité 
8'étendant  jusqu'à  la  colonne  vertébrale.  Au-dessus  et  au-dessous,  zone 
de  matité.  Vibrations  abolies  au  niveau  de  la  zone  mate.  La  matité  se 
retroave  dans  la  ligne  axillaire.  L'examen  du  pus  montre  des  pneumo- 
coques. Les  jours  suivants,  l'expectoration  purulente  diminue,  la  fièvre 
tombe.  La  radioscopie  montre  une  zone  obscure  répondant  à  la  scissure 
interlobaire  gauche,  avec  hypertrophie  des  ganglions  bronchiques. 
Oaérison  complète. 


430  ANALYSES 

II.  Fille  de  douze  ans,  entrée  à  Thôpital  le  17  avril  1906.  Il  y  a  un  an, 
affection  pulmonaire  aiguë.  Dans  le  quatrième  espace  intercostal  gauche, 
au  niveau  de  l'articulation  chondro-costale,  petite  tumeur  comme  une  noix, 
fluctuante,  non  douloureuse  à  la  pression.  En  bas  et  en  dehors,  autre  tu- 
meur plus  ancienne  (début  il  y  a  trois  mois).  La  moitié  gauche  du  thorax 
est  rétractée.  Matité  en  ayant,  à  partir  du  troisième  espace  gauche,  espace 
de  Traube  conservé.  Vibrations  vocales  abolies  au  niveau  de  la  Eone  mate. 
En  arrière  et  à  gauche,  matité  dans  les  deux  tiers  supérieurs  du  poumon. 
Souffle,  égophonie,  pectoriloquie  aphone.  Cœur  non  déplacé.  Plusieurs 
ponctions  sont  faites  sans  succès.  On  vide  les  abcès  ;  pas  de  microbes. 

Radioscopie  :  obscurité  à  gauche  au  niveau  des  troisième,  quatrième, 
cinquième  espaces.  Le  pus  des  abcès  s'étant  reproduit,  on  les  ponctionne 
de  nouveau,  puis  on  les  incise  largement  Pas  de  communication  avec  la 
plèvre.  Un  troisième  abcès  se  forme.  Tumeur  blanche  tibio-tarsienne, 
fistule  au  côté  externe.  Ce  cas  n'est  pas  très  clair.  L'auteur  conclut  : 

10  La  pleurésie  purulente  interlobaire  peut  rester  latente,  preadre  par 
exemple  le  masque  de  la  fièvre  typhoïde  et  se  révéler  brusquement  par 
la  vomique  ; 

2^  Elle  peut,  dans  des  cas  rares,  rester  longtemps  enkystée  et  donner 
naissance  à  des  vomiques  ou  à  des  empyèmes  de  nécessité  ; 

30  La  radioscopie  et  la  radiographie  sont  d'un  précieux  secours  pour  le 
diagnostic  ;  à  la  zone  de  «  matité  suspendue»,  il  faut  superposer  la  «  zone 
d'ombre  suspendue  ». 

k^  Dans  tous  les  cas,  soit  avant,  soit  après  la  vomique»  la  gravité  de 
l'état  général  est  une  indication  formelle  de  l'intervention. 

Résultats  du  traitement  hygiénique,  à  l'hôpital,  de  iOO  cas  de  tuber- 
culose infantile,  au  cours  d'une  période  de  cinq  ans,  par  le  D*  R.  Bruzvon 
(Bulletin  médical,  30  janvier  1907). 

11  s'agit  d'enfants  améliorés  ou  guéris,  après  la  cure  d'air  à  l'hospice 
général  de  Rouen.  Ces  100  enfants  ont  été  traités  d'octobre  1901  à  dé- 
cembre 1906.  Age  entre  deux  et  seize  ans  ;  durée  du  séjour  entre  un  mots 
et  deux  ans.  Parmi  les  enfants  traités,  il  y  en  avait  57  au  premier  ou 
deuxième  degré  (tuberculose  fermée),  26  au  troisième  degré,  4  avec  cachexie. 

Les  enfants  passent  leur  journée  et  prennent  leurs  repas  en  plein  air, 
dans  des  galeries  de  cure  ou  un  sanatorium  d'hôpital  dit  Aerium. 

La  cure  se  fait  en  toute  saison  et  par  tous  les  temps,  de  huit  heures 
du  matin  à  quatre  heures  du  soir  en  hiver,  de  six  heures  du  matin  à  huit 
heures  du  soir  en  été. 

La  nuit  les  enfants  rentrent  dans  les  salles  communes,  où  quelques 
fenêtres  restent  ouvertes.  Propreté  rigoureuse  des  locaux  et  des  enfants. 
Pas  de  suralimentation  ;  régime  habituel  avec  quelques  suppléments  : 
peu  de  viande,  beaucoup  de  féculents  et  fruits  cuits,  eau  comme  boisson. 
Résultats  :  appétit,  pas  de  fièvre,  moins  de  toux  et  de  crachats,  augmen- 
tation de  poids  ;  modification  lente  des  signes  physiques.  Dépense 
minime  :  4  000  francs  pour  l'installation. 

Deux  cas  d'onanisme  chez  des  enfants  traités  par  la  suggestion 
hypnotique,  par  le  D^  Régis  (Gaz,  kebd.  de  Bordeaux^  10  février  1907). 

10  Fille  de  six  ans  et  demi,  se  livrant  à  l'onanisme  depuis  l'âge  de 
quatre  ans  et  demi.  Elle  serrait  fortement  les  cuisses  et  les  frottait  l'une 
contre  l'autre.  Toutes  les  tentatives  des  parents  restèrent  vaines.  L'enfant 
fut  alors  isolée  et  soumise  à  l'hypnose.  Les  suggestions  aboutirent  rapide- 
ment à  la  guérison. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  431 

20  Garçon  de  neuf  ans  et  demi,  de  parents  nerveux,  a  eu  à  cinq  ans  une 
fièvre  typhoïde  grave  avec  délire.  Il  se  masturbe  depuis  longtemps,  plu- 
sieurs fois  par  jour.  On  a  tout  tenté  pour  le  corriger,  jusqu'à  Tadaptation 
d'appareils  emprisonnant  la  verge,  etc.  Tout  fut  inutile. 

Séances  d'hypnose  assez  laborieuses,  résultats  incomplets  et  lents 
à  obtenir. 

Il  ne  faut  avoir  recours  ni  aux  mesures  de  rigueur,  ni  aux  appareils. 
La  psychothérapie  est  le  traitement  de  choix,  sous  forme  de  suggestion 
hypnotique  ou  de  traitement  moral. 

Un  cas  d'idiotie  mongolienne,  par  MM.  Jacquin  et  Robert  (Jour- 
nal de  médecine  de  Bordeaux^  3  mars  1907). 

Fille  née  le  16  novembre  1884,  entrée  à  l'asile  le  16  juin  1899.  Père 
mort  tuberculeux  peu  de  temps  après  la  naissance  de  l'enfant;  mère 
bien  portante.  Quatre  autres  enfants  plus  âgés  normaux. 

Née  à  terme,  elle  a  marché  à  trois  ans,  a  uriné  au  lit  jusqu'à  cinq  ans» 
n'a  pu  rien  apprendre  en  classe. 

En  mai  1906,  à  l'âge  de  vingt-deux  ans,  taille  1°^,25,  tête  petite,  ronde, 
brachycéphale,  cheveux  soyeux.  Œil  mongol  caractéristique,  en  amande, 
à  grand  axe  oblique  en  haut  et  en  dehors.  Teinte  un  peu  jaunâtre  de  la 
face,  pommettes  plaquées  de  rouge.  Oreilles  petites  avec  lobule  adhérent 
et  atrophié.  Nez  petit,  en  boule.  Langue  scrotale,  palais  ogival.  Mains 
petites  et  larges,  doigts  courts.  La  malade,  réglée  depuis  l'âge  de  seize  ans, 
est  sujette  aux  blépharites. 

Malade  timide,  craintive,  caractère  doux  et  enjoué,  très  affectueuse, 
mémoire  musicale  ;  intelligence  rudimentaire,  ne  sait  pas  lire,  ne  connaît 
pas  toutes  les  couleurs.  Imbécile  perfectible  seulement  au  point  de  vue 
manuel  et  professionnel.  Instinct  d'imitation  très  développé. 

Les  auteurs  montrent  les  différences  qui  séparent  le  mongolisme  du 
myxœdème.  Au  point  de  vue  étiologic[ue,  ils  croient  pouvoir  incriminer 
la  tuberculose  paternelle.  Mais  l'observation  est  muette  sur  les  circon- 
stances de  la  grossesse  (chagrins,  émotions  pénibles,  etc.). 

Ck)rp8  étranger  de  la  bronche  droite  (sifflet)  chez  un  enfant  de 
quatre  ans,  extraction  par  la  bronchoscopie  inférieure,  par  les  D^  Claouâ 
et  BéGouiN  {Gaz,  hebd,  de  Bordeaux,  3  mars  1907). 

Qarçon  de  quatre  ans,  vu  le  15  mars  1906  ;  avait  aspiré  un  petit  sifllet 
quinze  jours  avant.  Accès  de  suffocation,  quintes  de  toux,  puis  accalmie. 
Gène  de  la  respiration  la  nuit  et  pendant  les  efforts,  toux  fréquente.  Ëtat 
général  bon.  Un  jour,  en  respirant,  bruit  de  sifflet 

La  radiographie  montre  l'ombre  du  corps  étranger  à  la  hauteur  de  la 
cinquième  côte  droite.  On  fait,  le  2  novembre  1906,  une  trachéotomie, 
vingt  et  un  jours  après  l'aspiration  du  sifflet  ;  cocaînisation  de  la 
partie  inférieure  de  la  trachée,  introduction  d'un  tube  de  7  millimètres 
de  diamètre.  Après  avoir  franchi  la  bifurcation,  on  aperçoit  le  corps 
étranger  entouré  de  mucosités  et  d'une  muqueuse  boursouflée.  Il  est 
déplacé  de  sa  position  oblique  et  se  met  à  siffler  à  la  faveur  des  mouve- 
ments respiratoires.  La  pince  à  griffe  introduite  alors  permet  de  le  retirer 
sans  difficulté,  avec  le  tube  chassé  devant  lui.  Suture  de  la  plaie  trachéale, 
sans  drainage. 

Pendant  quelques  jours,  un  peu  de  fatigue  et  de  fièvre,  râles  de  bron- 
chite ;  guérison  rapide. 

La  bronchoscopie  supérieure  (sans  trachéotomie)  réussit  moins  sou- 
vent :  19  fois  sur  41  cas.  Dans  10  cas,  la  bronchoscopie  inférieure  (après 


432  ANALYSES 

trachéotomie)  a  réussi  9  fois.  La  bronchoscopie  supérieure  exige  souvent 
plusieurs  séances  pénibles.  Chez  le  jeune  enfant,  il  vaut  mieux  se  résoudre 
•d'emblée  à  la  trachéotomie  et  faire  la  bronchoscopie  inférieure. 

Le  liquide  céphalo-rachidien  des  hérédo-syphilitiqnes,  par  le 
D'  P.  Ravaut  {Annales  de  derm,  et  de  syph.,  février  1906). 

Le  D'  P.  Ravaut  a  étudié  28  hérédo-syphilitiques  entre  quelques  jours 
et  un  an. 

Sur  8  enfants  issus  de  parents  syphilitiques  et  ne  présentant  aucune 
manifestation  cutanée,  la  réaction  lymphocytaire  est  nulle  ou  discrète, 
sauf  dans  un  cas  où  elle  est  moyenne.  Sur  21  enfants  atteints  de  lésions 
cutanées  ou  muqueuses,  4  présentent  une  réaction  nulle  ou  discrète  et 
16  une  réaction  moyenne  ou  grosse.  Les  4  qui  avaient  une  réaction  nulle 
ou  discrète  présentaient  seulement  quelques  plaques  muqueuses  ou 
papules  fessières.  Au  contraire,  les  enfants  qui  ont  des  lésions  papuleuses 
étendues  sur  le  corps,  les  bras  et  les  jambes,  présentent  une  grosse  réaction. 

Chez  ces  enfants,  de  nombreux  symptômes  doivent  attirer  Tattention 
du  côté  du  système  nerveux  :  hydrocéphalie,  convulsions,  raideur  de  la 
nuque,  rejet  de  la  tête  en  arrière,  hypertension  des  fontanelles,  dilatation 
des  veines  superficielles  du  crâne.  Or  l'existence  de  ces  sjrmptômes 
n'implique  pas  la  présence  de  la  lymphocytose  dans  le  liquide  céphalo- 
rachidien. 

La  lymphocytose  rachidienne,  bien  interprétée,  chez  les  syphilitiques, 
doit  être  considérée  comme  le  signe  d'une  atteinte  nerveuse,  et  elle  peut 
•dans  certains  cas  acquérir  la  même  valeur  qu'une  lésion  cutanée  ou 
muqueuse.  Symptôme  superflu  dans  les  syphilis  évidentes,  elle  pourra 
devenir  décisive  pour  le  diagnostic  dans  les  cas  douteux. 

Chez  l'enfant  d'un  syphilitique,  cette  lymphocytose,  en  dehors  de  tout 
autre  symptôme,  pourra  guider  le  médecin  ;  elle  dénoncera  là  syphilis 
des  centres  nerveux  ou  de  leurs  enveloppes  et  commandera  le  traite* 
ment  Ce  traitement  ne  devra  cesser  qu'après  la  disparition  de  la  l3rmpho- 
cytose. 

M.  Ravaut  a  pu  constater  avec  M.  Ponselle  la  présence  de  spirochètes 
dans  les  artères  cérébrales  et  les  exsudats  méningés  d'un  jeune  enfant 
ayant    présenté  pendant  la  vie  une  grosse  lymphocytose  rachidienne. 

Chez  un  enfant  présentant  de  la  lymphocytose  rachidienne,  sans 
aucun  autre  symptôme  nerveux,  Tobler  a  trouvé  de  grosses  lésions  des 
artères  cérébro-méningées. 

Étude  des  réactions  méningées  dans  un  cas  de  syphilis  héréditaire, 
par  MM.  P.  Ravaut  et  Darré  (Gazette  des  hôp.  12  février  1907). 

Les  réactions  méningées,  décelables  à  la  ponction  lombaire,  peuvent 
se  montrer  dans  le  cours  des  infections  aiguës  respiratoires,  digestives, 
dans  les  oreillons,  etc.  (Hutinel,  Nobécourt,  Monod,  Voisin).  De  même 
elles  peuvent  apparaître  chez  les  enfants  hérédo-syphilitiques. 

Une  femme  de  vingt-cinq  ans  entre  le  25  mai  1903  à  l'hôpital  Broca. 
Elle  a  eu  la  syphilis  en  1897.  Enceinte  de  sept  mois,  on  l'a  soumise  au 
traitement  mixte.  Accouchement  au  huitième  mois. 

Fillette  née  le  25  juin  1903,  pesant  1  070  grammes  ;  trois  semaines 
après,  plaques  anales,  gros  foie  et  grosse  rate,  petits  ganglions  inguinaux 
et  axillaires.  Frictions  mercurielles.  Le  16  septembre,  à  l'âge  de  trois  mois, 
perte  de  poids  de  360  grammes.  Raideur  de  la  nuque  très  marquée,  tête 
en  extension  forcée  permanente,  contracture  moindre  du  dos  et  des 
lombes.  Veines  sous-cutanées  du  crâne  très  développées.  Le  17,  même 


I 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  433 

état,  température  SÔ^.  Première  ponction  lombaire^  liquide  en  jet  (10  cen- 
timètres cubes)  ;  réaction  lymphocytaire  très  marquée.  On  redouble  la 
mercmialisation.  Le  18,  on  note  36<>  le  matin,  36^,7  le  soir. 

Sympt/ftmes  méningés  moins  intenses»  fontanelles  moins  tendues,  veines 
moins  dilatées,  Topisthotonos  a  disparu.  Le  20  septembre,  deuxième  ponc- 
tion (10  centimètres  cubes)* 

Le  31,  la  raideur  de  la  nuque  a  complètement  disparu;  température, 
37®;  Tenfant  semble  guérie.  Le  3  octobre,  ponction  lombaire  ;  la  réaction 
l^mphocytairè  a  diminué  de  moitié.  Le  16,  rechute.  Le  18,  ponction 
lombaire,  liquide  en  hypertension  légère  avec  lymphocytose  modérée. 
Le  23,  guérison.  On  fait  des  injections  d'huile  grise.  Le  23  novembre, 
recbate;  nouvelle  ponction  lombaire  ;  10  lymphocytes  par  champ  de 
mtcroBcope.  Disparition  de  la  raideur  de  la  nuque  le  lendemain.  Le 
15  décembre,  convulsions  et  raideur  de  la  nuque;  nouvelle  ponction, 
mène  résultat. 

Le  12  janvier,  la  mère  emmène  son  enfant  ;  ponction  lombaire,  8  à 
10  lymphocytes  par  champ.  Le  1*^  février,  elle  le  ramène  avec  de  nouveaux 
phénomènes  méningés.  Le  2,  ponction  lombaire  ;  le  5,  disparition  des  phé- 
nomènes méningés.  Ouérison  définitive. 

Le  i^  mars,  ponction  lombaire,  examen  cystologique  négatif. 

laiMktiiria  due  to  salicylate  of  sodium  in  médicinal  doses  (Hématurie 
due  au  salicylate  de  soude  à  dose  médicinale),  par  le  D'  Marshall  (Lancet, 
2  février  1907). 

Fille  de  dix  ans,  reçue  à  Thôpital  le  25  octobre  1906,  pour  un  rhuma- 
tisme articulaire  aigu  datant  de  trois  jours.  Endocardite.  On  donne 
75  centigrammes  de  salicylate  de  soude  avec  lr'',50  de  bicarbonate  de 
sonde  par  heure  pendant  quatre  jours.  Alors  l'enfant  délire  et  vomit.  On 
suspend  le  salycilate,  et  le  déhre  disparaît. 

Le  8  novembre,  retour  des  douleurs;  on  donne  35  centigrammes  de 
salicylate  troie  fois  par  jour  pendant  deux  jours.  Vomissement  sans  délire, 
mais  urines  rouges  contenant  du  sang.  Le  11,  on  cesse  le  salicylate.  L^héma- 
tarie  diminue  et  disparaît  le  15.  A  ce  moment,  urine  claire  ne  contenant 
ni  sang  ni  albumine.  Une  douleur  à  gauche  analogue  à  celle  de  la  colique 
néphrétique  s'est  montrée  pendant  l'hématurie  et  a  également  cessé 
en  Bème  temps  que  l'usage  du  salicylate. 

Dans  ce  cas,  l'hématurie  a  succédé  à  des  doses  très  minimes  de  salicy- 
late de  soude. 

Ophtalmoplegia  extema  dut  to  oengenital  syphilis  (Ophtalmo- 
plégie  externe  due  à  la  syphilis  congénitale),  par  le  D'  Byrom  Bramwbll 
{Clmieal  Smdim,  janvier  1907). 

Une  fille  de  deux  ans  et  demi  est  observée  le  15  mars  1886  pour  une 
ophtalnoplégie  externe.  Bien  portante  jusqu'à  cinq  mois  auparavant,  elle 
fut  prise  alors  de  vomissements,  diarrhée,  douleur  abdominale  pendant 
trois  semaines.  Elle  est  bien  jusqu'à  il  y  a  trois  semaines.  A  ce  moment, 
elle  toussa  et  se  plaignit  de  la  tète,  en  arrière  et  à  droite.  Cette  douleur 
P«niste  quelques  jours  et  disparaît.  Il  y  a  dix  jours,  attaque  convulsive, 
suivie  de  chute  des  paupières.  Père  et  mère  sains,  sept  enfants  dans  la 
fam^  une  fausse  couche.  Ptosis  double  et  complet,  les  paupières 
supérieures  étant  soulevées  au  niveau  de  la  pupille  par  l'action  des  muscles 
îroBtaux;  impossibilité  de  soulever  les  yeux  et  de  les  abaisser.  Aspect 
stopide*  Paralysie  des  muscles  droits  internes.  Strabisme  divergent 
Pi^ea  de  4  à  5  millimètees  de  diamètre,  se  contractant  à  la  lumière. 

AlCH.  DE  MÉDBC.  DES  ENFANTS,  1907.  X.  28 


434  ANALYSES 

Le  21  mare,  prostration  et  somnolence.'Autrefois,  l*enfaiit  était  intelli- 
gente. Mouvements  des  membres  lents  et  inhabiles.  Pas  de  réflexes  patel- 
laires.  On  reconnaît  une  lésion  de  la  partie  supérieure  de  la  protu- 
bérance intéressant  les  noyaux  des  troisième  et  quatrième  paires,  et 
peut-être  ceux  de  la  sixième  paire. 

On  pense  d*abord  à  une  lésion  tuberculeuse,  puis  on  se  rattache  à  Tidée 
de  la  syphilis.  On  prescrit  l'iodure  de  potassium  (d*abord  15  centigrammes, 
puis  25  centigrammes  trois  fois  par  jour).  Peu  de  changements  pendant 
deux  ou  trois  semaines,  puis  amélioration.  Le  16  juin,  le  strabisme  persiste, 
mais  il  y  a  des  mouvements  volontaires.  L'intelligence  revient  Le  21  sep- 
tembre, la  paralysie  oculaire  a  disparu. 

Le  médius  droit  présente  un  gonflement  osseux  de  la  première  phalange, 
qui  s'est  formé  insidieusement  et  lentement.  Cette  tuméfaction  persiste 
plusieure  mois,  malgré  le  traitement  ioduré,  et  finit  par  guérir.  Pas  de 
stigmates  de  syphilis  chez  l'enfant  ;  mais  une  sœur  aînée  aurait  des  stig- 
mates. Pour  l'auteur,  la  syphilis  est  indéniable,  et  la  lésion  phalangienne 
serait  une  dactylite  syphilitique.  Or  ne  serait-ce  pas  plutôt  un  spina 
ventosa,  et  la  tuberculose  ne  doit-elle  pas  être  invoquée?  Car,  s'il  s'agissait 
de  syphilis,  le  traitement  mercuriel  s'imposerait,  et  l'action,  d'ailleiirs 
tardive,  de  l'iodure  de  potassium  n'est  pas  décisive.  Peut-être  aussi  faut-il 
voir  dans  ce  cas  une  encéphalite  aiguë  consécutive  à  ces  vomissements, 
cette  diarrhée  et  ces  douleure  de  ventre  qui  ont  précédé  l'ophtalmoplégie. 

Case  of  infantile  hemiplegia  with  athetosis  (Cas  d'hémiplégie  infantile 
avec  athetose),  parle  D'W.-K.  Hunter  (The  Glasgow  médical  Journal, 
mare  1907). 

Enfant  de  huit  ans,  reçue  à  la  Glasgow  Royal  Infirmary,  le  6  octobre  1906. 
Forte  et  bien  portante  jusqu'à  quatorze  mois,  elle  eut  alore  des  convulsions 
durant  dix  minutes,  puis  de  nouvelles  crises,  etc.  Pas  de  vomissements. 
Après  l'attaque,  on  constate  une  hémiplégie  gauche.  L'enfant  ne  put 
mouvoir  sa  jambe  et  son  bras  gauches  qu'à  deux  ans  et  demi;  puis  elle 
marcha  en  traînant  le  pied.  Mouvements  athétosiques.  Pas  d'autres 
convulsions.  Cependant,  il  y  a  un  an,  crise  convulsive  avec  contractures 
du  côté  gauche  ;  la  crise  se  renouvelle  tous  les  joure. 

L'enfant  semble  bien  portante  et  bien  nourrie.  Elle  comprend  tout; 
intelligence  moyenne.  La  paralysie  faciale  est  très  légère  ;  affaiblissement 
du  bras  gauche  avec  athetose,  légère  diminution  de  volume.  Rigidité 
appréciable.  Réflexes  tendineux  sans  changement.  Pas  d'atrophie  mus- 
culaire à  la  jambe.  Légère  difficulté  de  la  marche.  Signe  de  Babinski  à 
gauche.  Examen  des  organes  internes  négatifs. 

L'auteur  fait  remarquer  avec  raison  que  ce  cas,  comme  la  plupart  des 
cas  semblables,  est  attribuable  à  l'encéphalite  aig^ê,  elle-même  analogue 
à  la  poliomyélite  antérieure  aiguë  du  premier  âge. 

Traitement  par  les  massages,  la  gymnastique,  l'éducation  des  mouve- 
ments. 

Le  diagnostic  précoce  de  la  tuberculose  des  ganglions  bronchiques 
chez  les  enfants,  par  le  D'  d'Espine  (Académie  de  médecine^  29  jan- 
vier 1907). 

Chez  l'enfant,  les  ganglions  bronchiques  sont  envahis  avant  les  poumons 
et  restent  souvent  la  seule  localisation  thoracique  de  la  tuberculose. 

Les  première  signes  de  l'adénopathie  bronchique  sont  fournis  par 
l'auscultation  de  la  voix,  au  voisinage  de  la  colonne  vertébrale,  entre  la 
septième  vertèbre  cervicale  et  les  premières  doreales,  soit  dans  la  fosse 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  435 

sus-épineuse,  soit  plus  bas,  dans  l'espace  interscapulaire  :  chuchotement 
au  premier  stade,  bronchophonie  ensuite. 

ù  retentissement  exagéré  de  la  voix  n'est  pas  pathologique  ;  il  faut 
le  distinguer  de  la  bronchophonie. 

On  ausculte  d'abord  le  cou  en  arrière,  sur  les  vertèbres,  avec  un  stétho- 
scope à  petite  embouchure  ;  on  perçoit  alors  le  bourdonnement  de  la  trachée, 
qui  cesse  au  niveau  de  l'apophyse  épineuse  de  la  septième  cervicale.  S'il  y 
a  adénopathie  bronchique,  le  bruit  bronchique  descend  jusqu'à  la  qua- 
trième ou  cinquième  dorsale.  L'espace  compris  entre  la  septième  cervicale 
et  la  quatrième  ou  cinquième  dorsale  répond  à  la  région  ganglionnaire 
postérieure,  la  plus  envahie  par  la  tuberculose. 

L'auscultation  directe  avec  l'oreille  donne  une  bronchophonie  plus 
accentuée.  Quand  l'enfant  parle  à  voix  basse,  on  entend  le  chuchotement 
qui  répond  à  la  pectoriloquie  aphone  de  Baccelli. 

La  bronchophonie  est  le  signe  le  plus  précoce  et  souvent  le  seul  de 
Tadénopathie  bronchique. 

Parfois  il  s'accompagne  de  matité  interscapulaire. 

Dans  la  région  antérieure,  des  zones  de  matité  ou  submatité  limitées 
à  une  des  articulations  sterno-daviculaires  ou  au  manubrium  sont  assez 
fréquentes  et  coïncident  parfois  avec  l'existence  d'un  lacis  veineux  de  la 
région  thoradque,  pouvant  traduire  une  compression  veineuse  par  des 
masses  ganglionnaires. 

Le  souffle  bronchique  perçu  le  long  de  la  colonne  vertébrale  n'est  pas 
un  signe  précoce,  il  indique  une  grosse  adénopathie. 

Dans  la  plupart  des  cas  de  tuberculose  chirurgicale  auscultés  par 
M.  d'Espine,  la  bronchophonie  vertébrale  existait;  de  même  dans  la 
méningite  tuberculeuse. 

Pronostic  variable  suivant  les  cas  et  suivant  l'âge.  Les  nourrissons  sont 
plus  menacés  que  les  grands  enfants. 

Remarks  on  idiopathic  dilatation  of  the  colon  (Remarques  sur  la 
dilatation  idiopathique  du  côlon),  par  le  D'  Herbert  P.  Hawkins  (The 
BriL  med.  Journal,  2  mars  1907). 

On  peut  résumer  ainsi  l'histoire  de  cette  affection  :  i^  constipation 
depuis  la  naissance  ou  à  peu  près,  compatible  avec  la  santé  jusqu'à  la  fin, 
la  perte  de  poids  étant  souvent  le  premier  signe  de  la  déchéance  ;  2^  con- 
stipation alternant  souvent  avec  la  diarrhée,  ne  ressemblant  pas  à  l'ob- 
struction, car  les  gaz  passent,  et  on  peut  retirer  des  matières  avec  une 
sonde  ;  do  gonflement  du  ventre,  constant  ou  variable,  souvent  asymé- 
trique, avec  proéminence  à  gauche,  sans  inégalité  de  résonnance  ;  4^  peu 
de  modifications  de  forme,  et  seulement  dans  la  fosse  iliaque  gauche,  sans 
qu'à  y  ait  de  comparaison  possible  avec  l'obstruction  ;  5^  albsence  ou  rareté 
de  douleur  et  vomissement  La  difilculté  gtt,  au  début,  dans  la  différenciation 
d'une  simple  constipation  et  dans  l'opportunité  du  traitement  chirurgical. 

Les  causes  peuvent  être  attribuées  :  à  une  disposition  anatomique,  à  un 
trouble  nerveux  (déficit  neuro-musculaire).  Il  peut  y  avoir  paralysie  du 
cèlon  ou  spasme  du  rectum. 

L'intesUn  grêle  échappe  à  la  dilatation.  Tout  se  passe  dans  le  gros 
intestin.  En  même  temps  que  le  côlon  est  dilaté,  il  est  hypertrophié  dans 
ses  parois.  Cette  hypertrophie  est  compensatrice  de  l'inertie  paralytique 
ou  du  spasme  obturateur,  rectal  ou  anal. 

1.  Insuffisance  fonctionnelle  du  cÔlon  depuis  la  naissance,  bonne  santé  ; 
diiotation  et  hypertrophie  de  la  plus  grande  partie  du  côlon  ;  colotomie  ;  mort  — 
Il  s'agit  d'un  garçon  de  douze  mois.  Anus  et  rectum  normaux.  Diamètre 


436  ANALYSES 

maximum  du  cûkm»  15  centimètres  ;  hypertrophie  des  parois.  Matières 
plus  liquides  que  solides. 

II.  Insuffisante  du  càlon  depuis  la  naissance^  dUaiation  du  c^n  pdvUn; 
mort,  —  Garçon  de  dix  mois.  Anus  et  rectum  normaux.  Pas  de  douleur, 
pas  de  vomissement  Fièvre  à  la  fin. 

III.  Constipatwn  précoce^  dilatation  du  côlon  peltfien,  anastomose  du 
côlon  iliaque  au  côhn  ptlçien;  guérison.  —  Garçon  de  sept  ans»  traité  a 
deux  ans  pour  rachitisme»  à  six  ans  pour  des  adénoïdes.  Il  avait  alors  un 
ventre  énorme.  Opération  heureiise  par  le  D^  Makins. 

IV.  Insuffisancs  du  côhn  depuis  la  naissance^  quoique  U  côlon  ait  été 
trouvé  normal  après  la  mort;  constipation^  diarrhée^  vomissements^  athrtptit: 
mort  —  Garçon  de  trois  semaines,  prématuré  ;  ventre  énorme.  Opération 
exploratrice  :  rien.  Paralysie  de  Tintestin  seulement  ;  la  dilatation  S€ 
serait  faite  plus  tard. 

V.  Distension  intermittente  du  côlon  ;  exploration  de  C abdomen;  guérison 
.    apparente,  —  Garçon  de  cinq  ans,  a  eu  déjà  deux  attaques  très  graves 

avec  vomissement,  distension  du  ventre  ;  on  a  pensé  à  l'obstruction.  Une 
laparotomie  exploratrice  montre  la  dilatation  colique  ;  après  quoi,  grande 
amélioration. 

VI.  Insuffisance  du  côlon  depuis  la  première  enfance*  dilaUUion  de  Umt 
le  gros  intestin^  spécialement  dans  le  bassin,  incision;  mort  —  Il  s*agit 
d'une  femme  de  trente-neuf  ans.  Mêmes  lésions  que  chez  les  enfants. 

VII.  Insuffijiance  du  côlon  depuis  le  premier  âge;  dilatation  de  tout  le 
côlon  ;  mort,  —  Il  s'agit  d'un  homme  de  quarante  ans. 

VI IL  Femme  de  quarante-six  ans. 
IX.  Homme  de  quarante-huit  ans. 

Chez  les  adultes,  la  pathogénie,  les  lésions,  l'origine  de  la  maladie 
étaient  les  mêmes  que  ches  les  enfants. 

Ueber  die  Apoplexie  der  Thymusdrûse  (Sur  J*apopIexie  du  thymus i, 
par  Le  D'  Ludwig  Msndelsohn  [Arch.  f,  Kinderheilk,,  1906). 

Chez  unenfantde  père  syphilitique  et  n'ayant  vécu  que  quelques  heures, 
on  trouvait  à  l'autopsie,  dans  le  thymus,  qui  avait  le  volume  d'un  œuf  di» 
pigeon^  une  poche  contenant  du  sang  liquide  et  coagulé.  Au  microscope,  1^ 
lobe  gauche  apparaissait  à  peu  près  normal;  on  y  trouvait  un  assez  grand 
nombre  de  corpuscules  de  Hassal  renfermant  des  ceDuIes  épithéfîafes 
bien  conservées  avec  noyaux  et  dans  leur  voisinage  immédiat  de  petits 
îlots  épithéliaux. 

Dans  le  lobe  droit,  siège  de  l'hématome,  on  distinguait  trois  couche;: 
dans  la  paroi  de  l'hématome  :  i^  une  couche  extérieure  conjonctive,  la 
capsule;  2®  la  couche  du  thymus  proprement  dit;  3°  enfîn  une  couche 
interne,  revêtement  immédiat  de  la  poche  sanguine. 

Le  lobe  droit,  plus  que  le  gauche,  montrait  des  reliquats  de  la  structure 
primitive  épithéliale,  et  cela  à  un   degré  plus  marqué  que  chez  les 
enfants  de  cet  âge.  L'hémorragie  s'était  produite  dans  un  espace  préformé, 
comme  il  y  en  a  dans  le  thymus.  Il  pouvait  8*agir  soit  d'une  hémorragie 
originairement  parenchymateuse  ouverte  dans  le  kyste,  mais  le  peu 
d'infiltration  sanguine  du  tissu  thymique  n'était  pas  en  faveur  de  cette 
hypothèse,  soit  d'une  hémorragie  qui  s'était  faite  à  la  fois  dans  le  kyste 
et  le  tissu  voisin.  Peut-être  la  syphilis  héréditaire  jouait-elle  un  rôle 
dans  la  pathogénie  de  ces  lésions,  quoique  d'après  les  auteurs  le  thymus 
ne  soit  intéressé  que  dans  2  à  5  p.  100  des  cas  de  syphilis. 

Ces  hémorragies  peuvent  Laisser  des  pigmentations  ou  provoquer  la 
mort  par  compression. 


PUBLICATIONS   PÊRIODIQUBS 


437 


Ueber  Battermilclifiober  (Sar    la  fièvre  due  au  babeurre),  par  le 
D' GusTAV  TuGENDREiCH  [Arch,  f.  Kinder heilk.^  1^06). 

In  assez  grand  nombre  de  cas  ont  montré  à  Tauleur  l'existence  d'une 
flèvre  due  à  Tingestion  du  babeurre.  Cette  fièvre  a  un  début  brusque,  ou 
elle  peut  n'apparaître  que  quelques  heures  après  la  première  ingestion 
de  babeurre  ;  elle  a  un  degré  très  variable  ;  il  peut  y  avoir  un  seul  ou 
plusieurs  accès.  Certains  enfants,  après  un  remplacement  temporaire  du 
babeurre  par  une  nourriture  ordinaire,  peuvent  ensuite  en  reprendre  sans 
avoir  de  lièvre  ;  d'autres  en  ont  chaque  fois  qu'on  leur  en  donne  et  meu- 
rent, comme  on  le  voit  dans  un  des  cas  relatés;  quelquefois,  en  même 
temps  que  la  fièvre,  survient  un  élat  decollapsus.  Quelquefois  il  n*y  a  pas 
de  fièvre  tant  qu'on  donne  avec  le  babeurre  d'autres  aliment^;  elle  ne 
survient  qu'avec  Talimentation  exclusive  par  le  babeurre.  Oénéralement 
la  chute  de  température  est  brusque,  critique,  dès  qu'on  supprime  le 
babeurre.  Somme  toute,  cette  fièvre  est  assez  rare  et  n'a  pas  de  suites 
fâcheuses. 

Ein  Fall  T<m  Lymphosârkom  im  Kindetalter  (Un  cas  de  lymphosaroome 
dans  l'enfance),  par  le  D'  Robert  Bixg  (ilre^.  f.  Kin^itrheilk,^  1906). 

Chez  un  enfant  de  trois  ans  et  demi,  de  bonne  apparence,  sans  ganglions 
cervicaux  appréciables,  il  semblait  y  avoir  de  la  voussure  du  thorttz  à 
gauche;  le  ventre  était  ballonné;  on  trouvait  une  tumeur  dans  l'hypo- 
condre  droit,  non  douloureuse,  mais  mate.  Les  ganglions  axillaires  et 
inguinaux  étaient  hypertrophiés.  La  rate  et  le  foie  étaient  un  peu 
augmentés  de  volume. 

L'enfant  fut  atteint  de  varicelle  avec  flèvre,  augmentation  de  volume 
du  ventre,  diarrhée,  dyspnée,  et  la  mort  survint. 

A  l'autopsie,  on  trouvait  un  sarcome  du  grand  épiploon,  de  l'intestin 
grêle  et  du  gros  intestin,  des  ganglions  mésentériques  et  porlaux,  des 
muscles  du  ventre,  du  pancréas.  Il  y  avait  une  dégénérescence  sarcoma- 
teuse étendue  du  diaphragme  et  du  médiastin,  des  sarcomes  mulUplea 
des  reins,  de  la  thyroïde,  enfin  des  métastases  dans  les  lymphatiques 
saperficiels  du  poumon  gauche. 

Au  microscope,  la  tumeur  était  uniquement  formée  de  cellules 
lympholdes  enfermées  dans  du  tissu  réticulaire.  La  multiplicité  de  forme 
des  cellules  et  la  rareté  du  réUculum  étaient  caractéristiques  d'un 
lymphosarcome.  Les  métastases  s'étaient  faites  par  les  lymphatiques, 
alors  que  dans  les  sarcomes  à  cellules  rondes  la  métastase  se  fait  par  les 
▼aisseaux  sanguins.  Le  lymphosarcome  n'a  pas  tendance  à  la  régression, 
peut-être  à  cause  de  la  rapidité  d'évolution. 

Mesenteriales  Ghylangiom  bel  einem  4  Woohen  aiten  Kinde  (Chylan- 
giomedu  mésentère  chez  un  enfant  de  quatre  semaines),  par  le  D'Custav 
TuGE!fDRBiCH(i4reA.  f.  KinderMlk,,  1906). 

Après  avoir  résumé  les  cas  déjà  publiés,  l'auteur  relate  son  cas  de 
chylangiome.  Chez  un  enfant  de  quatre  semaines,  de  parents  bien  portants, 
on  voit  brusquement  à  des  selles  régulières  succéder  la  rétention  des 
i^es,  puis  des  vomissements  et  du  météorisme.  Le  bas-ventre  semble  à 
gauche  plus  résistant  qu'à  droite.  L'enfant  meurt,  et  l'autopsie  montre 
ane  invagination  du  côlon  descendant  par  suite  de  péritonite  chronique 
circonscrite,  un  chylangiome  multiloculaire  du  mésentère,  des  hémorra- 
gies sous-pleurales  à  droite,  une  ascite  sanglante.  Le  liquide  laiteux 
reste  stérile  en  cultures  aérobies  et  anaérobies.  On  y  trouve  de  lalbu- 
mineet  beaucoup  de  graisse,  ainsi  que  de  la  cholestérine. 


438 


ANALYSES 


Au  microscope,  la  paroi  du  kyste  montre  ciaq  couches  : 

l""  Une  couche  d'épithélium  plat  à  noyaux  très  colorés  ; 

2^*  Une  couche  copjonctivo-élastique  et  musculaire  sans  vaisseaux; 

3<>  Une  couche  musculaire  et  vasculaire; 

4<*  Une  couche  lâche  analogue  à  la  seconde; 

50  Une  couche  élastique  avec  quelques  fihres  musculaires  sans  eado- 
thélium. 

Les  cellules  des  vaisseaux  sont  des  lymphocytes  avec  gros  noyau  rond, 
il  s'agissait  hien  de  lymphangiome  ou  chylangiome. 

Znr  Kenntnias  der  a  Hinchsprnngschen  Xrankheit  m  nnd  ihrer  Aetio- 
logie  (Étude  de  la  maladie  de  Hirschsprung  et  son  étîologie),  par  le 
D"  Arthur  Bing  (Arch.  f.  Kindertœilk.,  1906). 

L*auteur  relate  2  cas  de  maladie  de  Birschsprung  ;  dans  le  premier, 
Tenfant  à  sa  naissance  semblait  normal  ;  ce  n*est  qu'après  le  sevrage  que 
commencèrent  à  se  montrer  la  constipation  et  le  météorisme.  Chez  le 
second  enfant,  on  vit  apparaître  ce  dernier  symptôme  au  second  jour  de 
la  vie.  L'examen  de  ces  deux  cas  montre  qu'une  lésion  constante  dans 
cette  maladie  est  la  dilatation  et  hypertrophie  du  côlon,  qui,  chez  les 
enfants  plus  âgés,  porte  aussi  sur  l'iléon.  Il  n'y  a  pas  d'obstacle  au  cours 
des  matières.  La  dilatation  et  l'hypertrophie  augmentent  avec  la  durée 
de  la  maladie.  Secondairement  il  peut  s'associer  une  hyperplasie  con- 
jonctive, aux  dépens  de  l'adventice  des  vaisseaux  et  des  escarres  de 
décubitus.  Tous  les  autres  phénomènes  qu'on  a  signalés  :  longueur 
anormale,  flexuosités  de  l'S  iliaque,  octasies  partielles  d'une  partie  de 
l'intestin,  n'appartiennent  pas  au  tableau  caractéristique  de  la  maladie. 

Si  on  examine  d'une  façon  critique  les  diverses  théories  pathogéniques, 
on  arrive  à  conclure  que  la  cause  de  la  dilatation  est  dans  un  affaiblisse- 
ment du  tonus  musculaire  dû  aux  troubles  nerveux,  les  muscles  intes- 
tinaux étant  au  reste  normaux.  La  faiblesse  des  mouvements  péristal- 
tiques  explique  les  symptômes. 

Semmkrankhait  nach  wiederhalten  Seraminjectionen  (Accidents  causés 
par  le  sérum  après  des  injections  répétées),  par  le  D*^  Heinrich  Lebtidorff 
(ÈÊonatschr,  f:  Kinderheilk.,  1906). 

L'auteur  rapporte,  entre  autres  cas,  deux  cas  intéressants  en  ce  que 
chez  4e  frère  et  la  sœur  l'injection  du  même  sérum  de  cheval  et  de  la 
même  quantité  produisit  au  bout  du  même  temps  {deux  ans  et  demi)  d'incu- 
bation la  même  réaction  incomplètement  développée,  consistant  dans 
les  phénomènes  suivants  observés  au  bout  de  quatre  jours  :  Gèvre,  albu- 
minurie, pas  d'exanthème. 

Rarement  une  première  injection  est  suivie  d'une  forte  réaction  ;  le  plus 
souvent  la  réaction  survient  à  la  suite  d'injections  répétées  du  dixième  au 
trente-cinquième  jour  après  la  prenrière.  On  ne  l'a  pas  vue  avant,  et  on  ne 
l'a  vue  après  qu'une  fois,  au  cent  deuxième  jour,  sous  forme  de  léger 
oedème. 

La  fièvre  ne  dure  généralement  qu'un  jour,  rarement  davantage  ;  elle  se 
tient  entre  38<>,5  et  39<>.  Souvent  il  y  a,  pendant  un  à  deux  jours,  de  l'albu- 
minurie, de  la  rhinite  ou  bronchite  ;  on  peut  voir  une  légère  arthro- 
pathie,  de  la  diarrhée  de  courte  durée,  des  vomissements,  de  l'agitation 
aux  jours  critiques.  Les  faits  observés  par  l'auteur  concordent  avec  ceux 
publiés  par  V.  Pirquet  et  Schick,  qui  ont  vu,  après  la  première  injection, 
la  réaction  se  produire  du  huitième  au  douzième  jour,  tandis  qu'une 
réinjection  donne  lieu  à  une  réaction  qui  peut  être  immédiate  ou  avec  un 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  439 

stade  dlncuhation  très  court,  selon  l'intervalle  laissé  entre  les  deux 
injections;  si  cet  intervalle  est  de  douze  à  quarante  jours,  la  réaction  est 
immédiate.  S*il  est  de  un  mois  et  demi  à  six  mois,  elle  est  immédiate 
ou  précédée  d'une  courte  incubation  ;  au  delà  de  six  mois,  il  y  a  toujours 
courte  incubation,  et  cela  même  au  bout  de  plus  de  huit  ans. 

Méningite  carebro-spinale  da  badUo  di  Pfeiffer  (Méningite  cérébro- 
spinale  par  bacille  de  Pfeiffer),  par  le  D'  G.Garlini  (Rw.  di  Clin.  Ped.p 
janvier  1907). 

Garçon  de  douze  mois,  entré  le  26  décembre  1905.  Né  à  terme,  nourri 
au  sein,  l'enfant  a  reçu  des  soupes  à  partir  de  six  mois.  Le  20,  il  a  présenté 
du  coryza  contracté  près  d'une  femme  qui  avait  la  grippe.  Le  21,  fièvre, 
agitation  ;  convulsions  la  nuit,  puis  contracture  ;  pas  de  toux. 

Stigmates  de  rachitisme.  Déviation  de  la  tête  à  gauche  ;  contracture 
des  quatre  membres.  Signes  de  Kernig  et  de  Babinski  à  droite.  Pouls  150, 
fièvre  40^3  ;  fontanelle  tendue,  grande  agitation. 

Le  27,  accès  convulsif  violent,  opisthotonos,  puis  abattement.  Le  28  dé- 
cembre, pouls  168,  respiration  56,  état  très  grave.  Signe  de  Kernig  et 
de  Babinski  à  droite.  Ponction  lombpii*e.  Bronchopneumonie.  Mort  le 
1"  janvier  1906. 

La  première  ponction  lombaire  a  donné  un  liquide  purulent,  de  couleur 
verdâtre.  Leucocytes  polynucléaires.  Microcoques,  petits  diplocoques, 
bacilles  fins  ;  ces  éléments  polymorphes  sont  extracellulaires  et  ne 
résistent  pas  au  Qram.  Pas  de  culture;  on  a  isolé  des  diplo-bacilles  fins, 
se  décolorant  par  le  Gram. 

A  l'autopsie,  aplatissement  des  circonvolutions  cérébrales,  pus  sous 
l'arachnoïde,  amas  purulents  au  niveau  du  chiasma  et  de  la  protubérance, 
sur  le  cervelet,  le  bulbe,  la  moelle.  Hépatisation- pseudo-lobaire  de  lafbase 
gauche,  bronchite  capillaire  des  deux  côtés.  Rate  augmentée  de  volume. 

Dans  ce  cas,  il  y  a  eu,  en  résumé,  une  méningite  cérébro-spinale,  à 
marche  aiguë,  compliquée  de  bronchopneumonie,  méningite  due  à 
une  bactérie  hémophile  que  l'examen  bactériologique  permet  d'identifier 
avec  le  diplo-bacille  de  Pfeiffer. 

A  case  of  meningocele  (Cas  de  méningocèle),  par  le  D'  John  R. 
Wellington  {Arch.  of  PeéL^  février  1907). 

Fille  de  quatre  mois,  admise  au  ChUdren^s  Hospital  (Washington),  le 
9  octobre  1906.  A  la  naissance,  une  petite  tumeur  du  volume  d'une  noix 
se  voit  au-dessous  de  la  protubérance  occipitale  ;  elle  est  molle,  compres- 
sible, contenant  du  liquide.  Parfois  le  liquide  disparaît,  laissant  un  sac 
fiasque.  Cette  tumeur  a? d'abord  peu  augmenté;  puis,  dans  le  dernier 
mois,  elle  s'est  accrue  très  rapidement  Enfant  normale  pour  tout  le 
reste. 

La  tumeur  a  actuellement  27  centimètres  et  demi  de  circonférence, 
au  point  le  plus  large,  22  centime tres^et  demi  à  la  base.  La  partie  supé- 
rieure est  glabre  ;  beaucoup  de  cheveux  près  du  crâne.  Fontanelles  ouvertes 
et  tendues. 

Anesthésie  chloroformique,  dissection  des  lambeaux  sans  couper  le 
sac.  Puis  aspiration  avec  une  aiguille,^ résection  du  sac  après  pincement 
et  sutures  au  catgut  L'ouverture  dans  le  crâne  est  arrondie  et  admet 
le  bout  du  doigt.  Peu^de^fièvre  après  l'opération.  Réunion*  par  première 
intention.  Trois  semaines  après,  les  cris  ne  déterminent  aucune  tumeur 
ni  tension  au  niveau  de  la  cicatrice. 


440  ANALYSES 

3areoma  primitiYO  plearo-polmonarein  un  kambîao  di  •  aniii  (Barcone 
pleurn-pulmonaire  primitif  chez  un  enfant  de  neuf  ans),  par  le  D*  Qiu- 
SBPPB  SabbatiKi  {Riç.  di  Clin.  Pediatriea^  janvier  1907). 

Qarçon  de  neuf  ans,  sans  antécédents  héréditaires,  sans  maladies  snté. 
rieures.  En  février  1906,  douleur  au  bras  f^auche,  puis  à  la  jambe  du  méaie 
côté.  A  la  fin  de  février,  rougeole.  Toux  quinteuse  avec  accès  de  suffocation. 
Après  la  guérison  de  la  rougeole,  persistance  de  la  toux  et  des  douleun 
dans  les  membres  du  côté  gauche.  En  marchant,  il  s'incline  de  ce  côté. 
En  même  temps,  dépérissement  progressif;  parfois,  oppression  poussée 
jusqu'à  la  syncope.  A  Téeole,  il  aurait  reçu  des  coups  dans  la  poitiioe. 
Altération  de  la  voii^  obscurité  de  la  toux,  aphonie.  Ces  accidents  aug- 
mentent vers  la  ftn  de  mars.  L'enfant  prend  \^  lit,  et  le  médecin  peose  à 
une  pleurésie  gauche. 

A  ce  moment,  il  entre  4  l'hôpital,  avec  de  la  dyspnée,  se  courbant  «ur 
le  côté  gauche.  Expansion  diminuée,  matité,  perte  des  vibrations  de  ce 
côté.  L'espace  de  Traube  a  disparu.  Silence  respiratoire  à  l'auscultation. 
Pas  de  rUes. 

Par  la  ponction*  on  ralire  600  grammes  de  liquide  séro-bémorragiqae. 
Des  ponctions  svooasaives  faites  ensuite  ne  donnèrent  aucun  Uquide. 
Pas  de  crachats.  Alors  on  pense  à  un  néoplasme. 

Pas  d'engorfensents  gang^onnaires»  Au  bout  de  quinze  jours,  on  note 
un  certain  gonflement  de  la  paroi  thoracique  an  haut  et  4  gauche  de  la 
clavicule»  vers  les  quatrième  et  cinquième  espaces  intercostaux.  Uatité 
abaolua  à  ce  nivaau.  Ponction  blanche. 

On  emploie  des  aiguilles  plus  longues  pensant  4  un  kyste  hydatique 
profond  i  on  retire  un  liquide  coUdde.  Alors  le  diagnostic  de  néoplasme 
pleuro-pulmonaire  primitif  est  adopté  définitivement 

Le  gonflement  thoracique  augmente  tous  les  jours,  en  avant  et  en 
arrière  ;  la  pointa  du  ca»ur  bat  sous  le  mamelon  droit  Uatité  absolue, 
disparition  complète  des  vibrations.  Accès  de  suffocation  quand  l'enfant 
se  remue  ou  duunge  de  position  ;  déoubitus  sur  le  côté  gauche.  Toux 
aphone,  cyanose,  dyspbagie.  A  la  fin  de  mai,  ces  accidents  sont  à  leur 
minimum.  Œdème  de  la  paroi.  Mort  le  5  juin* 

A  l'autopsie,  énorme  masse  blanchâtre,  occupant  tout  le  poumon, 
comprimant  la  trachée  et  les  bronches.  Poumon  droit  congestionné  et 
œdémateux.  Adhérences  pleurales  4  gauche,  plèvres  viscérales  très  épais- 
sies. Aspect  encéphalolde  de  la  tumeur,  qui  semble  avoir  pris  son  origine 
dans  la  plèvre. 

A  l'examen  histologique,  sarcome  4  petites  cellules  rondes. 


THÈSES  ET  BHOCHURES 

La  mortalidad  de  les  ninos  en  Zaragoaa  (La  mortalité  des  enfants 
4  Saragosse),  par  le  D'  P.  Boeobio  {Bwcch*  de  40  pages,  Saragoase,  1906). 

Dans  ce  travail  orné  de  tableaux,  de  planches,  de  tracés,  de  plans, 
l'auteur  étudie  avec  soin  les  causes  de  la  mortalité  infantile  4  Saragosse 
et  cherche  les  remèdes  4  une  situation  qu'il  déplore. 

La  distribution  de  la  mortalité  infantile  dans  les  rues  de  Saragosse 
n'obéit  pas  4  la  densité  de  la  population;  elle  est  subordonnée  4  l'ensemble 
des  conditions  hygiéniques,  sociales  et  économiques  des  maisons  et  de  leurs 
habitants. 

La  topographie  morbide  de  la  ville  est  4  ce  point  de  vue  fort  bien  étudiée, 
et  l'on  pourrait  ainsi  dresser  le  casier  sanitaire  des  rues  et  des  maisons 


THÈSES   ET   BROCHLKES  441 

par  rapport  à  la  tuberculose,  à  la  diphtérie,  à  la  variole,  à  la  rougeole,  etc. 
L*étude  des  cinq  plans  topographico-sanitaires  de  Saragosse  montre  que  la 
mortalité  atteint  un  certain  nombre  de  rues,  toujours  les  mêmes,  quelle 
que  soit  la  maladie  envisagée. 

Le  D^  Borobio,  entre  ces  rues,  en  signale  treize  qui  remportant  sur 
toutes  les  autres  par  la  mortalité  tuberculeuse,  diphtérique  et  varioleusa; 
ce  sont  les  rues  Agustines,  Alealà^  il^ôn,  Casia  Alffarez^  Cêrezo,  DonoeUatp 
Grilio,  PaUaruelot  Paraiso,  Reboleria^  Refugio,  Régla  Rineùn,  La  population 
actuelle  de  Saragosse  est  de  100  000  âmes  environ. 

La  statistique  de  M.  Borobio  porte  sur  quinse  années  (1^  janvier  1686 
au  31  décembre  1900)  et  comprend  tous  les  enfants  de  un  jour  à  quinze  ans. 
Sur  50  000  décès,  24  637  concernent  l'enfance.  Ont  été  exclus  les  mort-néi 
et  les  enfants  ayant  vécu  moins  de  vingt-quatre  heures  (611  cas).  Enfants 
morts  par  accident,  162,  à  ajouter  aux  611  précédents,  total  :  778.  Restent 
23  364  enfants  morts  (soit  47,77  enfants  p.  100  de  la  mortalité  générale). 
Les  enfants  jusqu'à  quinze  ans  ne  forment  que  le  tiers  de  la  population.  Il 
y  a  eu  46  362  naissances,  c'est-à-dire  que  plus  de  la  moitié  (51,44  p.  100) 
sont  morts.  Et  encore  ces  chiffres  effrayants  sont  plutôt  atténués,  beau- 
coup d'enfants  allant  mourir  hors  de  la  vfUe. 

Toutes  les  causes  de  mort  sont  parfaitement  étudiées,  et  le  travail  de 
M.  Borobio  est  très  intéressant 

Quant  aux  remèdes,  l'auteur  recommande  :  1^  l'allaitement  mateniél; 
V^  réglementation  des  nourrices  ;  3»  protection  des  enfants  en  nourrice  ; 
40  enseignement  de  l'hygiène  infantile  ;  5»  inspection  du  lait  ;  6»  habi- 
tations salubres  ;  1^  sociétés  de  charité  maternelle  ;  8<>  asiles  pour  les  femmes 
enceintes  ;  ^  sociétés  potectrices  de  l'enfance  ;  10<*  crèches  ;  11<>  prophy- 
laxie des  maladies  infectieuses  ;  12®  assistance  médicale  gratuite  ;  18^  dis- 
pensaires pour  enfants  malades  ;  ikP  hôpital  des  enfants. 

Si  ce  vaste  programme  était  réalisé,  le  ly  Borobio  pense  que  l'affreuse 
mortalité  infantile  de  56  p.  100  tomberait  à  25  p.  100. 

Nous  devons  tenir  grand  compte  du  travail  si  complet  et  si  bien  fait 
du  IK  Patrido  Borobio  y  Diaz,  son  titre  de  professeur  des  maladies  de 
l'enfance  lui  donnant  une  autorité  sans  rivale  dans  la  célèbre  dté  de 
Zaragoza. 

Êtode  clinique  de  quelques  formes  rares  de  péritonite  tnberonlense, 
par  le  D^  R.  Mbrry  (Thèêe  de  Parie,  21  février  1907,  246  pages). 

(3ette  thèse,  basée  sur  plus  de  80  observations,  insiste  sur  les  formes  rares 
de  péritonite  tuberculeuse  et  les  difficultés  de  leur  diagnostic. 

n  y  a  une  forme  latente  qui  se  révèle  par  des  accidents  brusques,  et  en 
particulier  par  l'occlusion  aigu6.  Ortains  cas  rentrent  dans  la  classe  dee 
occlusions  paralytiques.  Le  diagnostic  n'est  pas  moins  difficile  dans  les 
cas  de  péritonite  tuberculeuse  latente  se  révélant  par  des  symptômes 
d'appendicite  ou  de  péritonite  aiguë. 

Dans  d'autres  cas,  on  a  pu  penser  à  la  péritonite  aiguë,  à  la  fièvre 
typhoïde,  à  la  colique  hépatique  ou  néphrétique,  à  la  salpingite,  etc.  En 
pareil  cas,  le  diagnostic  ne  se  fait  que  grftce  à  des  circonstances  spéciales 
ou  aux  antécédents  des  malades  (tuberculose  des  parents). 

Les  formas  localisées  de  la  péritonite  tuberculeuse  se  présentent  sous  la 
forme  de  grosses  tumeurs  limitées,  formées  soit  par  des  masses  fibreuses 
contenant  de  l'épiploon  et  des  anses  intestinales  agglutinées,  soit  par  des 
poch^  ascitiques  limitées  par  des  adhérences  multiples.  Diagnostic  diffi- 
cile ;  on  peut  confondre  ces  masses  avec  les  tumeurs  de  la  région. 

On  aura  recours  au  traitement  chirurgical  avec  ouverture  du  foyer 


442  ANALYSES 

et.  sans  drainage  ;  guérison  spontanée  possible,  mais  très  lente. 
L'auteur  termine  par  l'étude  de  la  tuberculose  péri-gastrique  :  brides 
pyloriques  associées  sans  doute  à  des  lésions  tuberculeuses  de  l'estomac. 
Dans  ce  cas,  il  y  a  des  symptômes  de  sténose  pylorique  accompagnant 
les  signes  spéciaux  de  péritonite  tuberculeuse.  Pronostic  très  grave  dans 
cette  forme.  Il  faut  essayer  la  gastro-entérostomie,  ou  le  sectionnement 
des  adhérences  et  brides  qui  provoquent  la  sténose. 

Signes  physiques  de  Fadénopathie  trachée-bronchique  cbes  reniant, 
par  le  D'  P.  Breton  {Thèse  de  Paris,  6  décembre  1906, 50  pages). 

L'auteur,  inspiré  par  M.  Méry,  a  cherché  à  contrôler  les  signes  cliniques 
par  la  radioscopie.  Il  accorde  une  réelle  valeur  au  signe  d'Eustaçe  Smith; 
l'enfant  étant  assis  ou  debout,  on  met  la  tête  e^  extension  forcée,  les  yeux 
regardant  directement  le  plafond.  On  ausculte  avec  un  stéthoscope 
au  niveau  de  la  poignée  du  sternum.  On  entend  alors  un  murmure  ou  un 
souffle  véritable.  En  ramenant  la  tête  de  l'enfant  dans  la  position  normale, 
on  assiste  à  la  disparition  du  souffle. 

Le  souffle  se  rapproche  du  bruit  de  diable,  mais  il  est  plus  faible.  Le 
signe  d'Eustaçe  Smith  précéderait  l'apparition  de  la  matité  rétro-sternaie 
et  l'exagération  des  vibrations.  Il  serait  dû  à  une  compression  exercée 
par  les  ganglions  hjrpertrophiés  et  mobiles,  attirés  par  la  trachée  en 
extension,  sur  le  tronc  veineux  brachio-céphalique  gauche  ou  la  veine 
cave  supérieure. 

La  radioscopie  donnerait  peu  de  résultats. 

Formes  microbiennes  du  champignon  du  muguet,  par  le  £K  G.  Boue- 
G17IGN0N  {Thèse  de  Paris,  25  décembre  1906,  220  pages). 

Dans  cette  thèse  très  importante,  illustrée  de  nombreuses  figures,  il 
est  établi  que  le  champignon  du  muguet  peut,  outre  les  formes  levures 
et  globulo- filamenteuses,  prendre  les  formes  microbiennes:  bacilles, 
spirilles,  leptothrix,  en  amas  (staphylocoques),  en  diplocoques,  en 
chaînettes.  Les  bacilles  et  spirilles  sont  mobiles.  Les  bacilles  donnent  une 
spore  qui  leur  est  spéciale  et  qui,  en  germant,  peut  donner  soit  Jes  bacilles, 
soit  les  autres  formes  du  champignon.  Toutes  ces  formes  prennent  le 
Qram.  On  peut  les  obtenir  en  culture  pure.  En  partant  de  la  culture  pure 
d*une  forme  quelconque,  on  peut  revenir  à  des  cultures  mixtes,  et  on 
observe  les  formes  intermédiaires  entre  les  cocci  et  les  levures,  les  bacilles 
et  les  levures,  les  bacilles  et  les  filaments. 

Sous  ses  formes  microbiennes,  le  chamipgnon  du  muguet  se  généralise 
quand  on  l'inocule  par  voie  muqueuse  ou  sous-cutanée,  ce  qu'il  ne  fait 
pas  sous  forme  levure.  Sous  ses  formes  microbiennes,  il  est  pyogène. 
La  maladie  expérimentale  obtenue  par  généralisation  de  l'infection  par 
voie  muqueuse  est  d'une  durée  beaucoup  plus  longue  que  la  maladie  pro- 
duite par  inoculation  intraveineuse  des  formes  levures. 

Des  accidents  de  la  première  dentition,  par  le]D'  P.  \AVEtl{Thèse 
de  Paris,  27  décembre  1906,  56  pages). 

Cette  thèse,  basée  sur  9  observations,  tend  à  faire  une  petite  part  aux 
accidents  de  la  première  dentition,  si  controversés  jusqu'alors. 

L'éruption  dentaire  n'est  pas  un  phénomène  aussi  simple  qu'on  Ta 
prétendu  ;  c'est  un  travail  complexe  qui  s'accompagne  souvent  de  douleur. 
Les  accidents  de  dentition,  rares  chez  les  enfants  bien  portants,  sont  plus 
fréquents  chez  les  afTaiblis.  Ils  sont  fugaces,^apparaissant  et  disparaissant 
avec  rapidité.  Comme  accidents  locaux,  il  faut  retenir  :  douleurs,  ptya- 


THÈSES  ET   BROCHURES  443 

lisme,  gingivite  et  stomatite,  périostite,  abcès  prédentaires,  hémorragie 
gingivale.  Les  accidents  généraux  sont  :  fièvre,  troubles  digestifs,  sym- 
ptômes pulmonaires,  convulsions,  variations  de  poids,  érythème  des 
joues. 

L'auteur  ajoute  que  les  accidents  ne  sont  pas  toujours  dus  à  la  dentition, 
mais  souvent  à  des  fautes  d'alimentation.  Devant  une  maladie  de  l'enfance, 
il  ne  suffit  pas  de  dire  «  ce  sont  les  dents  ».  Il  faut  chercher  la  cause  du 
malaise  pour  la  combattre  avec  quelque  chance  de  succès. 

Recherches  cliniques  et  expérimentales  sur  les  accidents  séro- 
toxiques,  par  le  D'  H.  Lbmairb  {Thèse  de  Paria,  27  décembre  1906, 
160  pages). 

Cette  thèse,  très  importante,  a  été  inspirée  par  M.  Marfan.  Elle  étudie 
diniquement  et  expérimentalement  la  maladie  du  sérum.  Dans  le  sérum 
de  l'homme  ou  du  lapin,  ayant  reçu  une  injection  de  sérum  de  cheval,  les 
albumines  précipitent.  Il  s'est  développé  une  précipitine. 

A  la  suite  d'une  première  et  unique  injection  sous-cutanée  de  sérum 
antidiphtérique  faite  au  lapin,  le  sérum  de  cheval  circule  dans  son  orga- 
nisme pendant  dix  jours  environ.  Du  septième  au  douzième  jour  après 
l'injection,  la  précipitine  apparatt;  elle  persiste  pendant  deux  ou  trois 
septénaires.  Toute  réinjection  de  sérum  accélère  et  renforce  la  réaction 
de  l'animal  à  l'inoculation. 

Chez  l'enfant,  l'injection  sous-cutanée  de  sérum  antidiphtérique  peut 
faire  apparaître  des  précipitines  dans  son  sérum  et  être  suivie  d'accidents 
sériques.  Mais  ces  phénomènes  sont  inconstants.  Après  la  première  injec- 
tion, les  accidents  surviennent  dans  14  p.  100  des  cas.  Un  enfant  qui  n'a 
pas  eu  d'accident  sérique  ne  possède  jamais  de  précipitines  dans  son 
sérum.  L'urticaire,  l'érythème  marginé  aberrant,  l'éry thème  morbilli- 
forme,  les  arthralgies  et  myalg^es  s'accompagnent  de  production  de  préci- 
pitine quand  ils  sont  intenses.  Ce  sont  bien  des  accidents  sériques. 

Au  contraire,  l'érythème  polymorphe  (macules,  papules,  plaques  d'éry- 
thème  diffus  ou  ponctué),  l'érythème  scarlatiniforme  ne  sont  pas  des 
accidents  sérothérapiques.  L'érythème  scarlatiniforme,  quand  il  n'est  pas 
inélangé  à  de  l'urticaire,  ne  s'accompagne  pas  de  production  de  préci- 
pitine. 

L'élimination  du  sérum  de  cheval  est  complète  vers  le  trente-deuxième 
jour,  quand  Tenfant  n'a  pas  eu  d'accidents  sériques  ;  s'il  en  a  eu,  l'élimi- 
nation est  plus  rapide  :  dix-septième  au  vingt  et  unième  jour.  La  réin- 
jection (faite  après  rélim<  nation  complète  de  la  première)  produit 
l'œdème  local  et  l'urticaire  dans  86  p.  100  des  cas.  Les  accidents  sont  très 
précoces,  presque  immédiats,  très  intenses  et  de  courte  durée. 

L'œdème  local,  qui  se  produit  au  lieu  d'injection,  peut  avoir  des  de- 
grés; de  même  l'urticaire. 

Il  se  passe  dans  les  humeurs  de  l'organisme  le  même  phénomène  que 
in  çitro.  Des  précipités  se  formant  passagèrement  dans  les  capillaires  san< 
guins  ou  lymphatiques,  dans  les  mailles  du  tissu  conjonctif,  pourraient 
produire  les  éruptions  sériques  en  troublant  la  circulation  cutanée. 

Il  existe  une  relation  étroite  entre  les  divers  effets  d'une  injection  de 
sérum  antidiphtérique  : 

i^  Entre  l'apparition' des  accidents  sériques,  la  production  de  précipi- 
tines et  la  disparition  du  sérum  étranger  ;  fH  •'{ 
^  Entre  la  disparition  de  l'immunité  passive,  l'élimination  du  sérum 
étranger  et  l'apparition  des  précipitines  ; 
3<»  Entre  l'apparition  de  l'accident  sérique  et  la  disparition  de  l'immunité. 


444  ANALYSES 

Toutefois,  chez  l'enfant,  le  sérum  de  cheval,  et  par  conséquent  Timmu* 
nité  qu'il  confère,  est  susceptible  de  persister  plusieurs  jours  après  Tappt- 
rition  d'un  accident  sérique  même  intense.  Mais»  après  des  accidents 
sérotoxiques,  l'immunité  dure  moins  longtemps  que  lorsque  le  sérum 
ne  provoque  aucun  trouble.  Elle  disparaît  d'autant  plus  vite  que  les 
accidents  ont  été  plus  intenses. 

Stérilisation  do  lait  par  la  chaleur»  par  le  D'  Dblvallbx  (Tkè$e 
de  Paris^  27  décembre  1906, 136  pages). 

Quand  l'enfant  ne  peut  être  nourri  par  sa  mère»  l'idéal  serait  de  lui 
donner  du  lait  provenant  d'une  bête  saine»  recueilli  cru  et  conservé 
aseptiquement  Mais,  en  pratique,  bien  peu  d'enfants  sont  appelés  à  béné* 
ficier  de  ce  lait  II  est  désirable  que  tout  lait  livré  à  la  consommatioD 
provienne  de  vaches  ne  réagissant  pas  à  la  tubercuUne. 

Ce  lait  sera  soumis  à  la  stérilisation  le  plus  t6t  possible  après  la  mulsion 
et  conservé  à  l'abri  des  contacts  dangereux. 

La  stérilisation  du  lait  par  addition  d'antiseptiques  doit  être  inter- 
dite, car  ces  substances  antiseptiques  sont  toxiques  pour  le  nourrisson. 
Peut-être  faut-il  faire  exception  en  faveur  des  laits  dits  oxygénés. 

La  stérilisation  par  la  chaleur  est  la  seule  acceptable  actuellement  Au- 
dessus  de  100<>»  on  a  le  lait  stérilisé  industriel. 

Dans  la  majorité  des  cas,  la  pasteurisation  et  la  stérilisation  à  100<*  sont 
employées.  Quant  à  la  tyndalisation»  elle  n'est  pas  entrée  dans  la  pra- 
tique. 

La  pasteurisation  altère  moins  la  constitution  bio-chimique  du  lait  que 
la  stérilisation  à  lOQo.  Cela  est  vrai  surtout  à  l'égard  des  lédtbines  et  des 
diastases;  la  pasteurisation  respecte  presque  tous  les  ferments  et  ne 
diminue  les  lédthines  que  de  8  p.  100;  la  stârilisatîon  anéantit  tous  les 
ferments  et  diminue  la  lécithine  de  16  p.  100. 

Mais  il  faut  ajouter  que  la  pasteurisation  à  75<*  ne  détruit  pas 
sûrement  tous  les  microbes.  Pour  tuer  le  bacille  de  Koch»U  faudrait  main- 
tenir le  lait  à  75<'  pendant  assez  longtemps»  et  cela  aux  dépens  de  la  compo- 
sition chimique. 

La  stérilisation  à  100®,  maintenue  vingt  minutes,  tue  sûrement  tous  les 
microbes  qui  ne  donnent  pas  de  spores  et  en  particulier  le  bacille  de  Koch. 
Elle  détruit  aussi  le  poison  tuberculeux»  qui  résiste  à  la  pasteurisation 
et  à  l'ébullition  simple»  si  la  température  de  75  et  80^  n'est  pas  maintenue 
assez  longtemps.  Enfin  la  stérilisation  à  100^  détruit  aussi  les  microbes 
saprogènes.  L'action  de  la  chaleur  dépend  de  deux  facteurs: 

l^'  Le  degré  de  température  ; 

20  Le  temps  pendant  lequel  le  lait  est  maintenu  à  cette  température. 

La  stérilisation  au  bain«marie  à  100<>  pendant  vingt  minutes  a  une 
action  bactéricide  plus  marquée  que  la  simple  ébuUition.  Cette  action  se 
manifeste,  surtout,  sur  les  produits  toxiques  qui  peuvent  persister  dans  un 
lait,  malgré  la  destruction  des  microbes. 

Quand  le  lait  stérilisé  est  employé  suivant  les  règles  de  l'hygiène, 
il    expose  à  peu  d'accidents;  on  doit  le  préférer  au  lait  ^^asteurisé. 


NOUVELLES.  445 


LIVRES 


Recherche  et  diagnostic  de  Thérédo-syphilis  tardive,  par  le  D'  Ed. 
FouRNiBR  (vol.  de  412  pages,  Paris,  1907  ;  Masson  et  C^.  Prix  :  12  francs). 

Cet  onyrage,  orné  de  108  figures  en  noir  et  1  planche  hors  texte  en  cou- 
leurs, est  extrêmement  intéressant  pour  les  médecins  d'enfants,  si  souvent 
atix  prises* avec  les  manifestations  cliniques  de  la  syphilis  héréditaire. 
Reconnaître  ces  manifestations,  le  plut  tôt  possible,  est  capital  ;  pour  le 
malade,  c'est  souvent  une  question  de  vie  ou  de  mort.  Donc  intérêt  pra- 
tiqne  de  premier  ordre,  bien  mis  en  relief  par  l'auteur,  qui,  en  même  temps,' 
a  voulu  placer  sous  les  yeux  du  lecteur  les  spécimens  les  plus  frappants 
des  tares  hérédo-syphilitiques  qu'il  décrit.  Le  plan  de  recherches  pour  la 
découverte  de  l'hérédo-syphilis  tardive  est  le  suivant  :  1^  enquête  sur  la 
famille  (ascendants  et  collatéraux,  polymortalité  infantile,  avortement, 
gémelMté)  ;  2«  enquête  sur  le  malade,  antécédents,  état  actuel  :  habitus 
extérieur,  stigmates  crâniens,  stigmates  faciaux  ;  stigmates  oculaires, 
auriculaires  et  dentaires,  stigmates  cutanés  ou  muqueux  ;  stigmates 
testiculaires  ;  stigmates  du  système  locomoteur;  stigmates  nerveux;  états 
et  prédispositions  morbides,  dystrophies,  malformations,  monstruosités. 
Ptnni  les  chapitres  les  plus  instructifs,  nous  signalerons  celui  qui  traite 
des  stigmates  dentaires  ;  là  nous  trouvons,  décrites  et  représentée,  toutes 
les  lésions  que  la  syphilis  héréditaire  peut  déterminer  sur  les  dents. 

Aux  pièces  justificatives,  placées  à  la  fin  du  volume,  nous  trouvons  un 
grand  nombre  d'observations  relatives  à  l'hérédo-syphilis  tardive,  dans  ses 
manifestations  les  plus  curieuses  et  les  plus  rares. 

Hypèno  oeidaire^  par  le  IK  G.  Jolard  (vol.  de  200  pages,  Paris,  1907  ; 
0.  Doin,  éditeur.  Prix  :  4  francs). 

Ce  petit  vi^me,  parvenu  à  sa  seconde  édition,  est  intéressant  pour  le 
médecin  d'enfants.  En  effet  il  traite,  dans  une  première  partie,  de  l'ophtal- 
mie purulente»  de  l'hygiène  oculaire  du  nouveau-né,  des  inflammations  du 
sac  lacrymal.  Dans  la  seconde  partie  sont  exposés,  chez  l'enfant,  l'hygiène 
oculaire,  les  blessures  de  fœil,  l'influence  de  la  rougeole,  de  la  variole, 
de  la  diphtérie,  de  la  coqueluche,  des  vers  intestinaux,  de  la  scrofule  sur 
Vappareil  de  la  vision.  Une  étude  spéciale  est  faite  des  blépharite,  kérato- 
conjonctivite  phlycténulaire,  leucomes  ou  taies,  avec  traitement  général 
et  prophylaxie  des  affections  oculaires  scrofuleuses. 

Bans  la  troisième  partie,  il  est  question  des  adolescents  :  conjonctivite 
granuleuse,  syphilis  héréditaire,  hypermétropie,  myopie,  astigmatisme, 
éclairage,  lunettes»  etc.  Le  livre  se  termine  par  l'hygène  oculaire  chez  les 
adultes  et  lea  vieillards,  sur  lesquels  nous  n'avons  pas  à  insister. 

SOCIÉTÉ  DE   PÉDIATRIE 

Séance  du  18  juin  1907,  —  Présidence  de  M.  Nette r. 

Candîdatare  de  M.  le  D'  Luis  Morquio  au  titre  de  membre  corres- 
pondant étranger  et  de  M.  le  D'  Péhu  au  titre  de  correspondant  national. 
Ri^orteur  :  M.  Cohbt. 

tltctions.  —  M.  le  D''  Dufour  (de  Fécamp)  est  nommé  membre  cor- 
respondant national. 
MM.  Marfan  et  Wbill-Hallé  présentent  un  garçon  de  six  ans  atteint 


44(3  SOCIÉTÉ   DE    PÉDIATRIE 

de  aarcocèle  syphilitique  avec  kératite  interstitielle,  en  train  de  guérir 
par  le  traitement  mixte  ;  le  testicule  gauciie  est  gros  et  dur  comme 
chez  l'adulte.  La  syphilis  héréditaire  peut  donc  produire,  outre  les 
petits  testicules  durs  des  nouveau-nés  signalés  par  M.  Hutinel.  de 
véritables  .  tumeurs  plus  tardives. 

M.  Au  s  SET  a  vu  une  fille  de  douze  ans  présenter  une  pflraiyêie  diphtérique 
très  grave  qui  a  guéri  par  les  injections  répétées  de  sérum  (80  centi- 
mètres cubes  en  cinq  jours).  Clette  enfant  avait  une  paralysie  faciale  infé- 
rieure (preuve  de  Torigine  centrale  de  certaines  paralysies  diphtériques). 

M.  Marfan  rapporte  un  cas  qui  a  guéri  très  vite  par  Télectricité 
et  la  noix  vomique.  Il  doute  de  la  valeur  des  injections  de  sérum 
contre   la   paralysie  diphtérique. 

MM.  Netter  et  Comby  disent  qu'il  y  a  cependant  assez  de  faits, 
et  des  faits  assez  probants,  pour  justifier  cette  sérothérapie  intensive  des 
paralysies  diphtériques  tardives. 

M.  Variot  a  vu  un  enfant  de  neuf  mois  présenter,  au  huitième  jour 
de  la  vaccination,  une  éruption  çaccinale  sur  un  ecxéma  de  la  tête,  alors 
qu'il  n'y  avait  rien  aux  points  d'inoculation. 

M.  ViLLEHiN  présente  des  radiographies  de  coxa  çfora  rachUique  cheL 
deux  jumelles  et  de  cubitus  et  radius  curvus  congénitaux. 

M.  Apert,  chez  un  enfant  de  huit  ans,  a  vu  un  tona  thoraeique  pré- 
céder les  oreillons  de  trois  jours.  La  ponction  lombaire  n'a  pas  montré  de 
réaction  méningée. 

M.  le  D'  PÉHu  envoie  un  travail  sur  le  traitement  de  la  diarrhée 
infantile  par  les  solutions  de  gélatine.  Depuis  cinq  ans  que  ce  traitement 
est  en  usage  à  Lyon  (clinique  du  D**  Weill),  il  a  donné  d'excellents 
résultats  dans  les  diarrhées  simples  de  l'enfance. 

M.  le  D^"  L.  MoRQuio  (de  Montevideo)  communique  un  très  important 
travail  sur  Vexamen  du  lait  dans  Vallaitement  naturel.  Il  montre,  par 
des  analyses  chimiques  nombreuses  rapprochées  des  résultats  cliniques, 
que  la  composition  du  lait  de  femme  n'a  pas  une  très  grande  importance. 
Des  quantités  de  beurre  jugées  excessives  par  les  auteurs  classiques 
(70  à  80  grammes  par  litre)  n'ont  pas  empêché  les  enfants  de  prospérer. 
Le  véritable  réactif  de  la  nourrice,  c'est  l'enfant. 


NOUVELLE:^ 

Clinique  des  maladies  des  enfants.  —  (Hôpital  des  Enfants* 
Malades,  149,  rue  de  Sèvres.  Service  de  M.  le  professeur  Grancher).  — 
Cours  de  vacances,  —  Un  cours  de  perfectionnement,  comprenant  54  con- 
férences théoriques  et  pratiques  de  clinique  infantile,  aura  lieu  du  \^  au 
31  juillet  1907,  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades,  sous  la  direction  de 
M.  H.  Méry.  Les  conférences  seront  faites  par  MM.  H.  Méry,  agrégé, 
P.  Armand-Delille  et  L.  Babonneix,  chefs  de  clinique  médicale  infantile, 
avec  le  concours  de  MM.  A.  Zuber,  J.  Halle  et  B.  Terrien,  Grisel,  Gasne, 
anciens  chefs  de  cliniques  ;  Ed.  Rist,  médecin  des  hôpitaux,  ancien  chef 
de  laboratoire  à  l'hôpital  Trousseau  ;  B.  Weill-Hallé,  chef  de  laboratoire 
du  service  de  la  diphtérie;  Félix  Terrien,  ophtalmologiste  des  hôpitaux; 
Cuvillier,  assistant  d'oto-laryngologie,  et  Larat,  assistant  d'électrothé- 
rapie.  Pour  les  examens  des  malades,  les  élèves  seront  répartis  en  séries. 

Les  conférences  auront  lieu  tous  les  jours,  sauf  les  dimanches  et  fêtes, 
le  matin  à  dix  heures,  le  soir  à  cinq  heures.  La  première  conférence  aura 
lieu  le  lundi  1^  juillet,  à  cinq  heures,  à  la  salle  des  cours  de  la  clinique. 


NOUVELLES  447 

Programme   des  conférences. 

Maladies  des  nourrissons:  1.  Gastro-entérites  aiguës.  —  2.  Gastro-enté- 
rites chroniques.  —  3.  Prophylaxie  et  traitement  diététique  des  gastro- 
entérites.  —  4.  Dyspepsies  du  sevrage  et  alimentation  de  la  deuxième 
année.  —  5.  Syphilis  du  nourrisson.  —  6.  Tuberculose  du  nourrisson.  — 
7.  Rachitisme.  Maladie  de  Barlow. —  8.  Infections  cutanées  du  nourrisson. 

Maladies  de  rappareil  circulatoire  et  du  rein  :  9.  Complications  cardia- 
ques du  rhumatisme  articulaire  aigu.  — 10.  Péricardites.  Symphyse  rhuma- 
tismale et  symphyse  cardio-tuberculeuse.  —  11.  Affections  congénitales 
du  coeur  chez  Tenfant.  —  12.  Néphrites  de  l'enfance.  Tuberculose  rénale. 

Maladies  de  V appareil  respiratoire  :  13.  Bronchopneumonie  aigu6  et 
chronique  ;  dilatation  des  bronches.  —  14.  Adénopathie  trachéo-bron- 
chique  et  tuberculose  pulmonaire.  —  15.  Diagnostic  précoce  de  la  tuber- 
culose ganglio-pulmonaire  chez  Tenfant;  son  traitement.  —  16.  Pleurésies 
purulentes. 

Maladies  du  tube  digestif ,  du  péritoine  et  du  foie:  17.  Entéro-colite 
muco-membraneuse.  Entérite  tuberculeuse.  —  18.  Fièvre  typhoïde.  — 
19.  Péritonite  tuberculeuse.  Tuberculose  hépatique. 

Maladies  du  sang  et  de  V appareil  hémato-poîétique  :  20.  Séméiologie  des 
anémies  chez  l'enfant.  —  21.  Lymphadénie.  Leucémie  et  splénomégalies 
chez  l'enfant.  —  22.  Purpuras  chez  l'enfant. 

Maladies  du  système  nerçeux  :  23.  Chorées  de  l'enfance.  Complications 
et  traitement  —  24.  Scléroses  cérébrales.  Hémiplégie  cérébrale  infantile. 
Maladie  de  Little.  —  25.  Tumeurs  et  abcès  du  cerveau.  —  26.  Paralysie 
infantile  et  polynévrites  infectieuses.  —  27.  Myopathies.  —  28.  Idiotie. 
Myxœdème.  —  29.  Convulsions  infantiles.  Êpilepsie  et  hystérie.  — 
30.  Méningite  cérébro-spinale  épidémique  et  méningite  tuberculeuse. 
Ponction  lombaire  et  cytodiagnostic. 

Maladies  des  yeux  :  31.  Les  conjonctivites  ;  leurs  complications  ;  leur 
traitement.  —  32.  Hérédo-syphilis  oculaire. 

Maladies  de  la  peau:  33.  Teigne.  Tricophyties.  Favus.  Examen  micros- 
copique et  traitement.  —  34.  Formes  cliniques,  complications  et  trai- 
tement des  eczémas  de  l'enfance. 

Maladies  chirurgicales  :  35.  Mal  de  Pott  et  difformités  rachitiques.  — 
36.  Tumeurs  blanches  et  coxalgie.  —  37.  Invagination  intestinale.  — r 
38.  Prolapsus  du  rectum.  Polypes.  Imperforation  anale.  —  39.  Examen 
et  traitement  des  traumatismes  du  coude.  —  40.  Diagnostic  et  traite- 
ment de  l'appendicite.  —  41.  Diagnostic  et  traitement  de  la  mastoïdite 
aigué.  —  42.  Diagnostic  et  traitement  de  l'ostéomyélite  aigu6. 

Principes  d* électrothérapie  :  43.  Traitement  électrique  de  la  paralysie 
infantile,  de  la  paralysie  diphtérique  et  des  paralysies  né vri tiques.  — 
44.  Traitement  électrique  des  angiomes  et  des  nsevi. 

Maladies  du  naso-pharynx  et  de  ses  annexes  :  45.  Hypertrophie  des 
amygdales.  Végétations  adénoïdes.  —  46.  Complications  nasales  et  auri- 
culaires des  affections  pharyngées. 

Diphtérie  :  47.  Diagnostic  clinique  de  l'angine  diphtérique.  —  48.  Dia- 
gnostic bactériologique  et  sérothérapie  de  la  diphtérie.  —  49.  Diagnostic 
du  croup.  —  50.  Tubage  et  trachéotomie 

Fièvres  éruptives :  51.  Rougeole;  formes  cliniques;  diagnostic  et  compli- 
cations. —  52.  Scarlatine  ;  ses  complications. 

Principes  d^hygiène  scolaire  :  53.  Bâtiments  et  mobilier  scolaires.  — 
54.  Examen  individuel  des  enfants.  Fiche  sanitaire. 

Excursions  du  dimanche  :  Visite  de  la  pouponnière  de  Versailles  et  du 


448  NOUVELLES 

Lactarium.  Visite-excursion  avec  billets  à  tarif  réduit  à  Berck-sur-Mer. 
Visite  du  service  de  la  teigne  à  l'hôpital  Saint-Louis.  Visite  des  services 
d'enfants  arriérés  à  l'hospice  de  Bicêtre. 

Le  montant  des  droits  à  acquitter  est  de  100  francs. 

Seront  admis  les  docteurs  et  étudiants  français  et  étrangers,  sur  la  pré- 
sentation de  la  quittance  de  versement  du  droit  Les  bulletins  de  verse- 
ment relatifs  au  cours  seront  délivrés  au  secrétariat  de  la  Faculté  (guichet 
n^  3),  les  mardis,  jeudis  et  samedis,  de  midi  à  trois  heures.  Un  programme 
détaillé,  avec  dates  et  heures  des  différentes  conférences,  sera  remis  à 
chaque  auditeur  inscrit  au  début  du  cours.  S'adresser  à  M.  Armand -Delille, 
chef  de  clinique  adjoint,  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades,  149,  rue  de  Sèvres. 

Clinique  des  maladies  des  enfants.  —  Par  décret  en  date  du  2  juin  1907, 
rendu  sur  le  rapport  du  ministre  de  l'Instruction  publique,  M.  Hutixcl, 
professeur  de  pathologie  médicale  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  est 
nommé,  sur  sa  demande,  professeur  de  clinique  des  maladies  des  enfants 
à  ladite  Faculté,  à  partir  du  1*'  novembre  1907.  A  cette  date  donc 
M.  Hutinel  quittera  l'hospice  des  Enfants-Assistés  et  viendra  à  l'hôpital 
des  Enfants-Malades  prendre  possession  du  service  de  M.  Orakcrer, 
nommé  professeur  honoraire. 

Oiipensaire  infantile  de  Vieenca.  —  Grâce  à  l'initiative  et  au  dévoû* 
ment  du  D**  O.  Capretti  Guidi,  un  dispensaire  pour  enfants  malades 
fonctionne  à  Vicence  sous  le  nom  d*  Ambulatorio  Principe  di  Piemonte.  A 
ce  dispensaire  vient  d'être  annexée  une  consultation  de  nourrissons.  Tout 
cela  en  attendant  un  hôpital  d'enfants,  qui  ne  peut  manquer  d'être  édifié 
dMci  à  quelques  années. 

Mo&ttmant  Téophile  Roussel.  —  Le  5  juin  1907  a  été  inauguré, 
sous  la  présidence  de  M.  Fallières,  à  l'angle  de  l'avenue  de  TObser- 
vatoire  et  de  la  rue  Denfert-Rochereau  (Paris),  le  monument  élevé  à  la 
mémoire  du  grand  philanthrope  et  puériculteur,  Th.  Roussel. 

Nécrologie.  —  Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  du 
D**  DuBRisAY,  ancien  interne  de  Bouchut,  à  l'hôpital  des  Enfants^ 
Malades»  qui  avait  fondé  le  dispensaire  d'enfants  du  l"^  arrondisse- 
ment, et  s'était  montré  un  hygiéniste  et  un  puériculteur  émérites. 

Le  aérant, 
l\  BOUCHEZ. 


♦976-07.  —  GoHMKii..  liii|*rira«rte  Ko   (^wtTâ. 


i 


10*  Année  Août  1907  N<»  8 


MÉIIQiR|3  ORIGINAUX 


XVI 

SUR  LA  VALEUR  DE  L'EXAMEN  DU  LAIT  DANS 

L'ALLAITEMENT  AU  SEIN 

9ar  U  D' iouii  VOftOOIO. 

ProfeMeqr  <le  Clinique  iaUntile  k  U  faculté  dQ  Montevideo. 

Tout  06  qui  touche  à  ralimentatioii  de  Venfant  mérita  4'd(i?^ 
étudié  avec  «oin,  car  il  u'y  a  pas  en  médecin^  de  problàme  pra- 
tiqua qui  offre  plus  d'importance. 

Tout  le  monde  wi  qw  le  lait  de  femme  est  le  seul  que  l'en- 
fant digère  pbysiologiquement,  en  même  temps  qu'il  est  pour 
lui  une  garantie  de  santé,  tandis  que  le  tolérance  d'un  autre 
aliment,  avant  l'époque  régulière,  n'a  lieu  que  per  4es  adapta- 
tions dangereuses,  pouvant  causer  promptement  la  mala4ia- 

Toutefois  l'enfant,  alimenté  seulement  au  sein,  peut  pré- 
tenter  deii  désordres  digestifs  de  différents  degrés,  ei^dusive- 
ment  liés  &  cette  alimentation  ;  pour  les  apprécier»  nous  lais- 
serons de  cdté  les  altérations  qui  se  produisent  lorsque  l'enfunt» 
outre  le  sein,  prend  du  lait  de  veche  ou  autre  chose  qui  qqq^- 
lionne  sa  maladie  et  dont  la  suppression  lui  procure  du  sPilla- 
gement  ou  un  rétablissement  complet- 

Les  désordres  digestife  de  l'enfant  au  sein  peuvent  se  groupisir 
en  cinq  types  cliniques,  qui  sont  les  plus  communs. 

1^  Us  coliques  inteatînalea*  -^  Pendant  les  premier 

mois  de  la  vie,  certains  enfants  présentent  un  syndrome  dou- 
loureux, qui,  par  sa  reproduction  toujours  égale,  offre  des 
traits  caractéristiques.  Il  s'agit  de  douleurs  abdominales  qui 
surviennent  par  accès,  que  l'enfant  traduit  par  de  forts  cris, 
avec  tension  abdominale  et  flesrion  des  jambes  sur  le  ventre. 
Cette  douleur  apparaît  spontanément  ou  après  avoir  pris  le 
sein;  les  troubles  digestifs  qui  l'accompagnent,  et  avec  lesqui^ls 

ARCH.  DSHÉIftie.  DBS  KNPANT8,  1907.  X.    29 


450  LOUIS   MORQUIO 

cesse  généralement  l'accès,  sont  des  flatuosités  parfois  répétées, 
des  évacuations  verdâtres,  parfois  mêlées  à  des  grumeaux 
blancs,  sans  fétidité  ;  dans  quelques  cas,  les  matières  fécales 
sont  normales.  Pas  de  fièvre,  peu  de  modifications  dans  Tétat 
général,  mais  diminution  de  poids  en  rapport  avec  celle  de 
Taliment.  Ces  douleurs,  qui  se  répètent  plusieurs  fois  le  jour 
et  la  nuit,  et  dont  la  persistance  finit  par  constituer  une  situa- 
tion affligeante,  durent  des  jours  et  des  mois  avec  des  inter- 
mittences plus  ou  moins  prolongées.  Ce  sont  des  coliques  intes- 
tinales étroitement  liées  au  nervosisme  de  la  mère  ;  c'est 
presque  toujours  une  primipare  appartenant  à  la  classe  aisée. 
Après  un  certain  temps,  ces  coliques  disparaissent,  après  avoir 
diminué  graduellement  avec  l'adaptation  de  la  mère  et  de 
l'enfant  :  dans  quelques  cas,  la  persistance  et  le  malaise  irritent 
le  système  nerveux  et  obligent  de  recourir  à  un  autre  sein. 

2^  Les  vomissements  simples,  répétés.  —  Le  vomisse- 
ment chez  l'enfant  au  sein  est  très  commun  ;  dans  quelques 
cas,  il  offre  des  difficultés  d'interprétation  et  peut  aboutir  à 
une  situation  grave.  Sa  pathogénie  est  variable  et  complexe. 

Pour  son  étude,  nous  le  considérons  sous  la  forme  suivante  : 

a.  Vomissement  nerveux,  —  Par  la  même  raison  que  certains 
enfants  ont  des  coliques,  d'autres  ont  des  vomissements,  bien 
qu'il  manque  presque  toujours  l'élément  douleiu*  ;  parfois  ils 
sont  associén. 

Il  existe  une  forme,  caractérisée  par  sa  persistance,  par  sa 
répétition  ^  chaque  tétée,  par  sa  gravité,  qui  entraine  l'enfant, 
par  la  diminution  progressive  du  poids,  à  un  état  cachectique  : 
c'est  le  vomissement  par  spasme  pylorique.  Ce  vomissement 
peut  durer  des  mois,  avec  des  oscillations  variables  ;  dans  la 
plupart  des  cas,  après  un  certain  temps,  deux  ou  trois  mois, 
l'adaptation  et  la  tolérance  se  réalisent  et  continuent  ainsi 
jusqu'à  la  disparition  définitive  du  vomissement.  Ce  vomisse- 
ment est  absolument  individuel,  c'est-à-dire  indépendant  de 
la  qualité  de  l'aliment  ;  le  changement  de  nourrice  et  la  substi- 
tution de  lait  de  vache  ou  de  jument  ne  le  modifient  point. 
Il  y  a  cependant  des  exceptions. 

b.  Vomissement  toxique.  —  Certains  enfants,  alimentés  par 
leurs  mères  selon  toutes  les  règles  hygiéniques,  vomissent  d'une 
manière  persistante  durant  les  deux  ou  trois  premiers  mois  ; 
avec  le  vomissement,  l'enfant  n'augmente  pas  de  poids,  ou  il 
reste  stationnaire  ;  des  évacuations  verdâtres  accompagnent 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  451 

généralement  ce  vomissement,  qui  est  rebelle  à  toute  médi- 
cation et  résiste  même  au  changement  d'aliment.  Il  est  accom- 
pagné dMnsomnie,  de  malaise,  d'abattement,  de  diminution  de 
l'urine  ;  la  situation  peut  s'aggraver  ;  un  beau  jour  une  éruption 
se  déclare  à  la  figure  ;  les  deux  joues  deviennent  rouges  ;  il  y 
a  irritation  et  démangeaison  :  c'est  l'eczéma  qui  apparaît, 
et  sa  présence  fait  disparaître  le  vomissement. 

Hors  cette  circonstance,  où  le  vomissement  toxique  est 
essentiellement  individuel,  on  se  trouve  quelquefois  en  pré- 
sence de  causes  accidentelles  qui  le  provoquent,  telles  que  la 
menstruation  ou  les  excès  alimentaires  chez  la  femme. 

c.  Vomissement  par  indigestion.  —  C'est  un  vomissement 
par  excès  alimentaire  ou  par  défaut  d'adaptation  à  l'aliment. 
Quand  l'enfant  prend  plus  qu'il  ne  doit,  on  voit  d'abord  la 
régurgitation  et  ensuite  le  vomissement,  comme  conséquence 
du  trouble  gastrique  provoqué  par  un  excès  de  lait  non  digéré. 
Ce  fait  est  très  fréquent,  principalement  dans  les  cas  nombreux 
où  la  mère  donne  le  sein  à  son  enfant,  chaque  fois  qu'il  le 
demande  ou  pleure  pour  un  motif  quelconque,  et  qu'elle 
répète  plusieurs  fois  la  nuit.  Sous  ce  rapport,  il  y  a  des  tolé- 
rances considérables,  et,  malgré  l'excès  alimentaire  et  le  vomis- 
sement qui  se  maintient  à  l'état  d'habitude,  à  plusieurs  reprises, 
entre  les  tétées,  l'état  général  de  l'enfant  peut  n'en  ressentir 
aucune  perturbation. 

D'autres  fois,  principalement  dans  l'allaitement  mercenaire, 
le  vomissement  répété  répond  à  un  défaut  d'adaptation,  sans 
qu'on  en  sache  la  vraie  cause  ;  dans  ce  cas,  il  y  a  en  outre  une 
détérioration  dans  la  croissance  de  l'enfant  ;  le  changement 
de  nourrice  fait  cesser  immédiatement  cette  situation. 
Le  citrate  de  soude,  dans  ces  cas,  donne  d'excellents  résultats, 
d.  Vomissements  réflexes.  —  C'est  dans  la  hernie  qu'on  les 
observe  principalement.  L'enfant  pleure  continuellement, 
vomit  toujours,  n'augmente  point,  maigrit  jusqu'à  devenir 
cachectique  ;  les  évacuations  sont  normales,  mais  en  moindre 
quantité.  La  cause  peut  être  une  petite  pointe  de  hernie,  qui 
rejaillit  à  peine  dans  les  moments  de  douleur  ;  le  repos  au  lit 
et  le  démaillottement  le  tranquillisent  et  l'apaisent.  D'autres 
fois  la  hernie  est  visible,  plus  ou  moins  saillante,  tendue,  résis- 
tante à  la  réduction  pendant  les  paroxysmes  douloureux,  qui 
sont  presque  continuels  ;  il  tète  avec  avidité,  désespéré,  et  en 
même  temps,  ou  un  moment  après,  il  se  produit  des  vomisse- 


452  LOUIS   MORQUIO 

ments  copieux,  qui  se  répètent  entre  les  deux  tétées  et  chaque 
fois  qu'il  tète. 

3»  La  dyspepsie  gastro-intestinale.  —  L'enfant  peut 
avoir  un  aspect  florissant  et  offrir,  cependant,  des  troubles 
gastro-intestinaux  persistants.  C'est  ce  qu'on  observe  princi- 
palement chez  ces  enfants,  soumis  à  un  excès  alimentaire, 
à  qui  l'on  donne  le  sein  à  toute  heure,  sans  obéir  à  aucune 
espèce  de  règles.  Beaucoup  d'entre  eux  ont  des  régurgitations 
et  des  vomissements,  dans  les  mêmes  conditions  que  nous 
venons  de  voir;  mais,  dans  ce  cas,  l'altération  est  plus  constante, 
et  elle  est  accompagnée  de  troubles  intestinaux  plus  marqués. 
Les  évacuations  ne  sont  jamais  normales  ;  généralement  elles 
sont  liquides  avec  des  grumeaux  blancs  ;  de'  temps  en  temps, 
il  y  a  des  coliques,  et  il  s'y  mêle  des  matières  verdâtres.  Ces 
enfants  ont  le  sommeil  mauvais,  agité  ;  ils  présentent  des 
irritations  cutanées  dans  la  région  inguinale  ;  par  moments,  ils 
ont  la  fièvre,  surtout  en  été.  Le  ventre  est  enflé  ;  le  foie  est 
groS)  la  rate  se  palpe  parfois  ;  l'urine  est  chargée  et  tache  for- 
tement les  langes.  Néanmoins,  l'aspect  de  l'enfant  est  généra- 
lement eplendide  ;  il  attire  l'attention  par  sa  grosseur  et  sa 
vivacité.  On  doit  convenir  qu'un  grand  nombre  des  enfants 
alimentés  au  sein  présentent  ces  manifestations  à  un  degré 
plus  ou  moins  marqué»  sans  qu^il  en  résulte  de  conséquences  qui 
nuisent  à  leur  santé  ou  troublent  leur  développement  normal, 
t  40  Diarrhée  verte  simple. — A  côté  de  la  diarrhée  verte  infec- 
tieuse, il  existe  une  diarrhée  verte  simple,  qui  se  présente  chec 
certains  enfants  sans  être  accompagnée  d'un  état  patholo- 
gique ;  il  s'agit  simplement  d'une  suractivité  fonctionnelle  du 
foie,  unie  à  des  conditions  individuelles  ou  spéciales  au  lait 
absorbé.  Quelques  enfants,  pendant  les  premiers  mois,  font 
des  évacuations  tout  à  fait  verdâtres  deux  ou  trois  fois  par  jour  ; 
cette  situation  peut  durer  pendant  tout  l'allaitement  ou  se 
modifier  auparavant,  pour  se  reproduire  de  temps  en  temps, 
spécialement  à  l'occasion  de  la  dentition.  Toute  médication, 
en  ce  cas,  devient  généralement  inutile. 

D'autres  fois,  la  diarrhée  verdâtre  existe  sans  accompagnement 
de  troubles  généraux,  sans  fièvre,  avec  augmentation  de  poids, 
comme  dans  le  cas  précédent;  mais  l'anomalie  disparait  avec 
le  changement  de  nourrice. 

5^  Infections  et  intoxications  digestives.  -*  Jusqu'à 
présent,   les  troubles  douloureux  et   dyspeptiques  sont  des 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  453 

malaises  qui  se  caractérisent  par  leur  persistance  et  leur 
ténacité,  mais  qui  ne  compromettent  guère  la  santé  et  la  vie 
de  l'enfant.  De  temps  à  autre,  il  se  produit  des  manifestations 
sérieuses  qui  ont  toute  l'importance  et  reproduisent  tous  les 
types  des  gastro-entérites  occasionnées  par  l'alimentation 
artificielle;  des  formes  fébriles  prolongées  avec  fétidité  des  éva- 
cuations, et  des  formes  toxiques  caractérisées  par  des  vomis^ 
sements  répétés,  par  un  malaise  général,  par  la  diminution  de 
l'urine,  par  l'insomnie,  la  dépression,  etc.,  qui  aboutissent 
facilement  à  la  méningite. 

Ces  altérations  digestives  se  produisent  plus  souvent  en  été 
et  coïncident  généralement  avec  de  forts  états  émotifs,  avec 
des  maladies  chez  la  femme  qui  allaite,  ou  avec  la  menstruation, 

La  spontanéité  avec  laquelle  apparaissent  les  troubles  gastro- 
intestinaux chez  l'enfant  alimenté  exclusivement  au  sein,  les 
modifications  rapides  qu'on  obtient  parfois  en  réglant  seule- 
ment l'alimentation,  ou  par  le  changement  de  nourrice,  ont  fait 
rechercher  la  cause  dans  la  qualité  de  l'aliment,  dans  la  forme 
et  la  quantité  de  ses  composants,  spécialement  pour  inter- 
préter ces  faits  caractérisés  par  leur  persistance  ou  leur  gravité. 
De  là  est  née  la  nécessité  de  faire  des  investigations  sur  le  lait 
et  de  chercher,  dans  l'analyse  et  l'application  de  ses  éléments, 
une  base  clinique* 

Il  s'agit  de  savoir  :  s'il  existe  une  modification  déterminée 
du  lait,  appréciable  à  l'analyse  chimique  ou  microscopique, 
qui  puisse  sersrir  de  base  pour  l'interprétation  des  troubles 
digestifs  chez  les  enfants  alimentés  au  sein? 

Il  existe  là-dessus  beaucoup  de  travaux  publiés,  et  nombreuses 
sont  les  discusisons  et  les  opinions  suscitées,  sans  que,  jusqu'à 
présent,  on  puisse  dire  qu'on  soit  arrivé  à  quelque  uniformité. 
Nous  citerons  :  la  thèse  de  Gerson  (Uexamen  du  lait  des  novur^ 
rices,  Paris,  1892)  ;  celle  de  Guiraud  (ConsidértUions  chimiques 
sur  le  lait  de  femme,  Bordeaux,  1898)  ;les  D"  Quintrie  et  Gui- 
raud [Nécessité  de  l'analyse  du  lait  des  nourrices  (Reçue 
mensuelle  des  maladies  de  Venfanee,  avril  1905)]  ;  Reyhier  et 
Freund  [Ueber  den  Fettgehalt  der  Frauenmilch  (Jahrbuch 
jur  Kinder.,  avril  et  mai  1905)]  ;  Bertholet  (Influence  de  la 
taieur  en  beurre  du  lait  de  femme  sur  la  santé  du  nourrisson, 
Paris,  1906)  ;  Marfan  (Traité  de  VaUaiUment). 

Dernièrement,  cette  question  a  été  amplement  discutée  à 
la  Société  de  pédiatrie  de  Paris  (novembre  1906).  Le  D'  Bar- 


454  LOUIS   MORQUI3 

bier  a  fait  une  communication  sur  la  variabilité  du  lait  et  sur 
rimportance  de  son  examen  pour  apprécier  la  valeur  d'une 
nourrice.  Là-dessus  a  eu  lieu  une  discussion  intéressante,  dans 
laquelle  intervinrent  les  D*^  Méry,  Variot  et  Marfan,  lesqueb, 
en  résumé,  s'ils  ne  nient  pas  l'importance  que  peut  avoir  cette 
analyse  en  des  circonstances  déterminées,  considèrent  qu'il 
est  impossible  de  généraliser  le  procédé,  parce  que  l'expérience 
démontre  qu'il  ne  répond  point  à  la  plupart  des  faits. 

Depuis  plusieurs  années,  nous  nous  occupons  d'observer 
cette  relation  et  tout  ce  qui  concerne  l'alimentation  au  sein  ; 
par  notre  situation  de  médecin  directeur  du  service  externe 
de  VAsUe  des  Enfants-Trouvés  et  des  Orphelins,  nous  avons 
suivi  l'allaitement,  par  des  nourrices  à  domicile,  de  plus  de 
3  000  enfants  ;  ensuite,  étant  devenu  médecin  de  la  «  Crèche  » 
dans  le  même  établissement,  nous  avons  accumulé  des  élé- 
ments par  l'étude  attentive  de  deux  cents  nourrices  fixes;  tout 
cela,  ajouté  à  notre  expérience  professionnelle,  nous  fournit  une 
base  pour  analyser  cette  question  et  en  déduire  les  considé- 
rations que  les  faits  observés  nous  permettent  de  formuler. 

Etude  de  deux  cents  nourrices. 

Dans  l'espace  de  cinq  ans,  il  est  passé,  par  la  «  Crèche  »  de 
V  Asile  des  Enfants-Trouvés  et  des  Orphelins,  deux  cents  nourrices 
qui  ont  servi  à  l'alimentation  de  la  plupart  des  enfants  qui  y 
ont  séjourné.  Ces  enfants,  de  quelques  jours  à  un  mois  à  leur 
entrée  dans  l'Asile,  subissent  une  détention  provisoire,  pour 
passer  après  quelques  jours,  s'ils  sont  sains,  au  service  externe, 
emportés  par  des  nourrices  qui  les  allaiteront  en  leur  propre 
domicile.  Le  séjour  moyen  à  la  «  Crèche  »  oscille  entre  vingt 
et  vingt-cinq  jours  ;  le  nombre  de  nourrices  dont  on  dispose 
d'une  façon  permanente  est  de  14,  et  chacune  d'elles  allaite 
deux,  trois  et  même  quatre  enfants,  exclusivement  au  sein  ou 
avecl'aide  de  biberons  de  lait  de  vache,  de  jument,  babeurre,  etc., 
selon  l'état  et  l'âge  de  l'enfant. 

Ces  nourrices  sont  choisies  à  leur  entrée  par  le  médecin,  qui 
se  base  principalemnet  sur  leurs  conditions  de  santé,  l'état 
du  mamelon,  le  nombre  des  grossesses,  donnant  la  préférence 
à  celle  qui  a  déjà  été  en  service  et  jugée  bonne. 

A  la  «  Crèche  »,  la  nourrice  n'a  d'autres  obligations  que  de 
soigner  et  d'allaiter  l'enfant  ;  elle  est  libre  de  toute   autre 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  455 

besogne.  Elle  vit  contente  et  satisfaite,  entourée  de  toutes  les 
commodités,  avec  assez  d'espace  pour  ses  distractions  et  ses 
besoins  hygiéniques  ;  elle  sort  une  fois  par  mois. 

Les  nourrices  sont  des  femmes  saines,  robustes;  le  régime 
alimentaire  et  la  vie  de  repos  qu'elles  mènent  améliore  leurs 
conditions  générales,  —  ce  qui  se  manifeste  par  une  augmenta- 
tion considérable  du  poids,  —  en  même  temps  que  de  leurs 
conditions  de  nourrice. 

Nous  avons  pris  la  moyenne  des  aliments  que  consomme 
par  jour  une  nourrice,  ce  qui  nous  a  donné  le  résultat  suivant  : 

Pain 428  gn^ammes. 

Viande  cuite  et  rôtie 553  — 

Rii 90  — 

Vermicelle 143  — 

Légumes 285  — 

Café 20  — 

Vin 357  — 

Lait 2  400  — 

L'alimentation  est  libre,  mais  elles  exigent  un  menu  fort 
simple  ;  elles  n'acceptent  pas  de  variations  :  pot-au-feu,  rôti, 
soupes.  A  noter  la  quantité  de  lait  qu'elles  prennent  par  jour  ; 
elles  ont  à  leur  disposition  la  quantité  qu'elles  désirent  et  en 
prennent  à  discrétion. 

L'analyse  de  ces  deux  cents  nourrices  nous  permet  d'établir 
quelques  données  qui  démontrent  certaines  particularités  et 
nous  font  voir  les  conditions  dans  lesquelles  s'est  développée 
leur  action. 

Sous  le  rapport  de  la  nationalité,  elles  se  subdivisent  en  :  j 

Italiennes 143 

Espagnoles 47 

Uruguayennes 7 

Brésiliennes 2 

Argentine 1 

La  proportion  d'Italiennes  est  de  baucoup  plus  forte,  puis- 
qu'elle représente  les  trois  quarts  ;  presque  toutes  sont  Napo- 
litaines. Quant  aux  Espagnoles,  elles  sont  presque  toutes  Gali- 
ciennes. 

Age  de  la  nourrice  : 

Moins  de  20  ans 1 

Entre  20  et  25  ans 68 

—  26  et  30  — 76 

—  31  et  35  — 41 

—  36  et  40  — 14 

11  résulte  de  là  que  la  plupart  d'entre  elles  se  trouvent  entre 
vingt  et  trente  ans,  qui  est  l'âge  qu'on  considère  toujours 


456  LOUIS    MOHQUIO 

comme  le  plus  avantageux.  Cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  n'y  ait 
des  nouirices  également  bonnes  après  cet  âge,  et,  comme 
exemple,  nous  poumons  en  citer  du  dernier  groupe  qui  ont  été 
excellentes. 

Age  du  lait  à  Ventrée  : 

Moins  d*un  mois 50 

De  1  à  2    — *. . .  57 

De2à3    —  52 

De  3  à  5    —   41 

Comme  on  le  voit,  nous  avons  toujours  cherché  la  proximité 
de  Taccouchement,  afin  que  le  lait  fût  meilleur  pour  les  enfants 
tout  petits,  de  quelques  jours,  qui  sont  les  plus  nombreux, 
bien  que  nous  voyions  plus  tard  que,  à  ce  point  de  vue,  cette 
condition  ne  soit  pas  fondamentale,  puisqu'on  peut  obtenir 
le  même  résultat  avec  du  lait  de  tout  âge,  et  ausn  afin  que  le 
séjour  au  service  se  prolonge  davantage,  quand  la  nourrice 
est  bonne. 

Nombre  de  grossesses  : 

De  1  grossesse 2 

t)e  2        —       58 

Des        -^        47 

De  4        —         SO 

De  5        —        20 

De  6        —        17 

De  7        —        Ï2 

D*un  plts  grand  liom1>re 14 

D'accord  avec  ce  que  nous  avons  dit  et  ce  qu'enseigne 
l'expérience,  nous  n'avons  accepté  que  deux  primipare^  pâimi 
lesdeux  cents  nourrices,  et  ces  deux  primipares  sortirent  peu  après 
comme  insuffisantes.  Les  primipares  sont,  en  général,  de  mau- 
vaises noiirrices,  à  cause  de  leur  âge,  de  leur  M!K)eptibilité 
nerveuse,  de  leur  manque  d'expérience  et  de  la  fréquence  avec 
laquelle  se  déclare  chez  elles  Thypogalactie  primaire  et  secon- 
daire. Il  y  a  des  exceptions. 

Temps  resté  à  la  •  Crèche  •  ; 

Moins  de  1   mois 37 

De     là     2    — 30 

De    2  à    3    —    28 

De     3  à     4    —    13 

De    4à     5    —    7 

De    5  à    6    —    15 

De    6à     7    —    5 

De     7  à     8    —    12 

De    8  à     9    --    10 

De    9  à  10    —    12 

De  10  à  11     —    10 

De  11  à  12    —    11 

De  plus  d'uh  an 10 


l'examen  du  lait  dans  l  allaitement  457 

Le  temps  que  nous  avons  fixé  comme  limite  pour  le  séjour 
est  d'un  an  après  l'accouchement  ;  mais,  dans  des  circon- 
stances spéciales,  quand  il  s'agit  de  nourrices  très  bonnes,  nous 
l'avons  prolongé  sans  aucun  inconvénient.  Beaucoup  d'autres 
seraient  aussi  restées  plus  longtemps,  mais  elles  préfèrent  se 
retirer  quelques  mois  avant,  afin  de  ne  pas  perdre  le  droit  à 
nourrir  un  enfant  dans  le  service  externe,  ce  qui  leur  serait 
difficile  plus  tard  à  cause  de  l'âge  du  lait. 

Causei  de  la  êortie  : 

Par  leur  volonté 59 

Povr  cause  de  maladie  de  leur  enfant. 31 

Pour  8*occuper  de  leur  ménage 12 

Potir  terme  de  leur  nourriture 37 

Pour  maladie  de  la  nourrice ^ 23 

Pour  insuffisance  de  lait 38 

Les  causes  de  la  sortie  sont  clairement  spécifiées.  A  noter, 
parmi  elles,  la  maladie  de  leur  enfant,  qui  a  obligé  31  nourrices  à 
sortir  du  service  ;  et  bien  d'autres,  avec  la  même  cause,  ont  pu 
continuer  par  suite  du  rétablissement  de  leur  enfant.  Pour  éviter 
ces  inconvénients  et  le  danger  pour  la  vie  du  iils,  nous  exigeons, 
à  l'entrée  de  la  nourrice,  que  ce  fils  reste  au  sein  ;  et,  dans  le 
but  de  contrôler  ses  prc^ès,  nous  autorisons  la  mère  à  le  voir 
de  temps  à  autre,  en  dehors  de  la  surveillance  que  peuvent 
exercer  te  père  cft  les  autres  parents,  Mdgré  cela,  beaucoup  d'en- 
fants tombent  malades,  et  plusietirs  d'entre  eux  sont  morts. 

Menstruation  :  33  nourrices  ont  eu  la  menstruation  durant 
leur  séjour  au  service,  ce  qui  fait  un  pourcentage  de  16,5 
sur  100.  La  menstruation  a  eu  lieu  à  une  époque  variable, 
mais  généralement  au  septième  mois.  Chez  quelques-unes, 
elle  a  continué  ensuite  régulièrement  tous  les  mois  ;  chez 
d'autres,  sa  marche  a  été  tout  à  fait  irrégulière  ;  elle  ne  s'est 
présentée  qu'une  fois,  ou  elle  a  continué  par  intermittences. 

Plus  loin,  nous  nous  occuperons  de  l'influence  de  la  mens- 
truation sur  le  lait  et  sur  l'enfant. 

MeHadies  eues  à  la  n   Crèche  b  ; 

QerçurM  et  lymphangite 36 

Panaris 2 

Entérite  aiguë 1 

État  gastrique 6 

Gonjonctiirite 4 

Grippe 7 

Infection  syphilitique  du  sein 1 

Érysipdle  de  la  figure 1 


458  LOUIS   MORQUIO 

Brûlure 1 

Périostite  al véolo- dentaire 2 

Hystérie 1 

Rhumatisme  articulaire  aigu 1 

De  ces  affections,  celle  qui  est  particulière  au  métier,  ce  sont 
les  gerçures,  qui  figurent  avec  une  proportion  supérieure.  Les 
gerçures  ont  incommodé  beaucoup  de  nourrices  par  leur 
ténacité  et  leur  persistance,  et  c'est  la  cause  la  plus  fréquente 
de  maladie  qui  a  occasionné  la  sortie  de  plusieurs  d'entre  eOes. 

Dans  les  premiers  temps,  ces  gerçures  étaient  communes, 
parce  que  nous  luttions  avec  le  muguet,  qui  était  endémique 
dans  notre  service,  et  qui  est  un  facteur  puissant  dans  l'origine 
de  ces  manifestations  ;  mais,  depuis  quelque  temps,  grâce  à  la 
prophylaxie,  le  muguet  a  diminué  considérablement  et,  avec  les 
soinsjpermanents  du  mamelon,  les  gerçures  ont  aussi  disparu. 

On]  le  voit,|  les  maladies  observées  ne  sont  ni  nombreuses 
ni  graves  ^celles  d'ordre  général  ont  été  insignifiantes,  malgré 
les  exigencesjd'un  allaitement  intense.  On  a  dit  que  l'allai- 
tement met  la  femme  dans  des  conditions  de  moindre  résis- 
tance et  que  les  maladies,  pour  ce  motif,  prennent  un  carac- 
tère sérieux  :  «  C'est  un  être  plus  exposé  aux  maladies  par  la 
lactosurie,  par  la  disparition  de  l'émonctoire  menstruel  et  par 
le  fonctionnement  insuffisant  du  foie  (1).  » 

Quant  à  l'hyperglycémie,  nous  avons  longtemps,  plusieurs 
fois  par  jour,  examiné  l'urine  de  toutes  les  nourrices,  et  nous 
n'avons  jamais  vu  se  produire  la  moindre  réduction  de  la 
liqueur  de  Fehling. 

Examen  clinique  du  lait. 

Nous  avons  fait  cet  examen  d'une  manière  systématique, 
quantitativement  et  qualitativement. 

Examen  quantitatif.  —  Chaque  quatre  jours,  par  groupes, 
toutes  les  nourrices  mesurent  le  lait.  Pour  cela,  on  pèse  toutes 
les  tétées  des  deux  ou  trois  enfants  de  la  nourrice,  pendant 
les  vingt-quatre  heures  ;  la  somme  représente  la  quantité  de 
lait  de  toute  la  journée;  ce  chiffre  est  noté  sur  la  fiche  de  la 
nourrice,  avec  l'âge  et  le  poids  des  enfants. 

Le  résumé  suivant  indique  la  quantité  moyenne  journalière 
que  nous  avons  obtenue,  en  appréciant  la  nourrice  dans  i'en- 

(1)  ViTRY,  Revue  mensuelle  des  maladies  de  Venfance,  sept.  1905. 


l'exambn  du  lait  dans  l'allaitbmbnt  459 

semble  de  son  séjour,  à  l'exception  de  celles  qui  ont  séjourné 
moins  d'un  mois  : 

Moins  de   1  000  grammes 4 

De  1000  À 1200  —       12 

De  1  200  à  1  400  — 31 

De  1  400  à  1  600  —       53 

De  1  600  à  1  800  —       37 

De  1800  à  2  000  —       19 

Plus     de     2  000  —       7 

Ces  quantités,  comme  nous  Pavons  dit,  représentent  une 
moyenne  journalière  pendant  qu'elles  ont  été  au  service  ; 
mais,  dans  cet  espace  entrent  les  plus  grandes  variations, 
dépendant,  la  plupart  du  temps,  de  la  qualité  et  quantité  des 
enfants  à  nourrir,  lesquelles  changent  presque  journellement. 

L'offre  est  en  raison  directe  de  la  demande  ;  on  peut  dire 
d'une  manière  générale  que  la  femme  fournit  d'autant  plus 
de  lait  qu'on  lui  en  demande  davantage,  dans  les  limites  natu- 
relles, et  l'on  arrive  ainsi  à  des  proportions  bien  supérieures  à 
celles  indiquées.  D'ailleurs,  on  sait  qu'il  n'y  a  rien  qui  stimule 
plus  la  sécrétion  lactée  que  la  succion  de  l'enfant. 

Sur  les  feuilles  d'observation  des  nourrices,  nous  trouvons, 
pour  la  plupart  d'entre  elles,  des  quantités  plus  grandes,  et 
presque  toutes,  pendant  les  deux  ou  trois  mois  de  séjour  dans 
le  service,  peuvent  aisément  fournir  2  litres  de  lait.  De 
temps  en  temps,  cette  quantité  est  dépassée,  et  nous  voyons 
ainsi  dans  les  annotations  :  2  500  à  2  800  grammes,  3  litres, 
et  même  plus  dans  des  cas  exceptionnels. 

En  général,  la  quantité  qui  sert  de  limite  pour  apprécier 
la  bonté  d'une  nourrice,  c'est  que,  après  le  troisième  mois, 
elle  puisse  donner  facilement  1 500  grammes. 

Examen  qualitatif.  —  Chez  les  mêmes  femmes  dont  on 
calcule  la  quantité  de  lait,  on  opère  le  même  jour  l'examen 
lactoscopique  de  la  graisse  et  l'examen  microscopique. 

La  quantité  de  graisse  est  évaluée,  pour  notre  usage  cou- 
rant, avec  le  lactoscope  de  Fessel.  C'est  un  procédé  douteux, 
si  l'on  prétend  faire  un  examen  exact;  mais,  pratiqué  jour- 
nellement dans  des  conditions  égales,  il  constitue  un  moyen  qui 
nous  permet  d'apprécier,  comparativement,  le  degré  de  graisse 
contenue  dans  le  lait.  Avec  l'expérience  journalière,  on  arrive 
approximativement  à  une  précision  relative,  ainsi  que  nous 
avons  pu  le  constater  en  plusieurs  occasions,  en  comparant 
le  résultat  obtenu  par  nous  avec  celui  donné  par  le  laboratoire. 


400  LOUIS   MORQUIO 

La  quantité  de  graisse  oscille  considérablement  ;  die  varie 
d'un  jour  à  l'autre  et  dans  le  même  jour,  sans  cause  qui  le 
justifie,  outre  qu'elle  varie  aussi  dans  les  divers  moments  d'une 
même  tétée  ;  mais,  en  général,  les  nourrices  du  service  donnent 
une  proportion  bien  supérieure  à  la  moyenne.  Le  chiffre  de 
4  à  5  p.  100  est  le  plus  ordinaire,  mais  il  s'élève  facilement 
à  6,  7  et  8  p.  100,  sans  être  obligé  de  recourir  à  des  procédés 
spéciaux,  car  ces  chiffres  élevés  correspondent  précisément 
aux  meilleures  nourrices,  à  celles  dont  les  enfants  progressent 
d'une  façon  splendide  et  ne  présentent  d'altérations  d'aucune 
espèce. 

Examen  microscopique.  —  L'examen  microscopique  nous 
fait  voir  journellement  qu'il  existe  la  plus  grande  inégalité  et 
irrégularité  par  rapport  à  la  quantité  et  aux  dimensions  des 
^obules  gras.  Si  la  quantité  de  graisse  est  variable,  l'aspect 
des  globules  gras  l'est  bien  plus,  puisqu'il  est  difficile  de  ren- 
contrer, même  pour  une  seule  nourrice,  deux  préparations 
égales  à  quelques  instants  de  différence.  Ces  globules  gras 
présentent  des  grandeurs  diverses,  que  nous  classons  en  :  très 
petits,  petits,  moyens,  grands  et  très  grands.  Il  n'y  a  pas  une 
préparation  qui  donne  un  type  unique  ;  généralement  il  y  eo 
a  plusieurs.  La  grosseur  des  globules  est  extrêm^aient  variable  ; 
on  observe  des  différences  considérables  chez  la  même  nourrice, 
d'un  examen  à  l'autre.  Par  rapport  à  l'fige  du  lait,  on  observe 
aussi  qu'il  n'existe  pas  de  règle  absolue,  ni  même  approxuna- 
tive,  qui  établisse  une  relation  avec  la  forme  globulaire  ;  il 
y  a  des  nourrices  chez  qui,  le  premier  mois,  la  prédominance 
est  aux  globules  grands,  et  d'autres,  d*fige  avancé,  chez  qui 
elle  est  aux  petits.  Mais,  d'une  mamère  générale,  on  peut 
dire  qu'à  mesure  que  le  lait  avance  en  âge  les  globules  grands 
tendent  à  prédominer. 

A  cause  de  cette  variabilité  permanente,  qui  n'obéit  pas  à 
des  causes  spéciales  et  qui  échappe  à  toute  règle,  il  est  difficile 
aussi  d'établir  une  relation  entre  le  caractère  des  ^obuies  gras 
et  les  troubles  digestifs  de  l'enfant. 

Réaction  oxydante.  —  Nous  avons  pratiqué  des  centaines  de 
fois  l'examen  de  la  réaction  oxydante  par  le  procédé  que  con- 
seille Marfan,  avec  la  solution  de  gaîac  à  1  p.  100.  On  prend 
1  centimètre  cube  de  cette  solution  et  1  centimètre  cube  du 
lait  à  analyser  ;  on  y  ajoute  II  ou  III  gouttes  d'eau  oxy- 
gênée,  et  l'on  chauffe  légèrement  ;  quand  la  réaction  est  posi- 


L  EXAMEN  DU  LAIT  DANS  L  ALLAITEMENT  461 

tive,  elle  prend  uûe  coloration  rosée,  qui  peut  aller  jusqu'au 
rouge-brique. 

On  sait  que,  au  point  de  vue  de  la  réaction  oxydante,  on 
fait  une  division  entre  les  divers  laits  qui  servent  à  Talimenta- 
iion  de  Tenfant,  laquelle  correspond  à  la  classification  de  laits 
gras  et  de  laits  maigres  établie  cliniquement. 

Le  lait  de  vache  et  le  lait  de  chèvre  auraient  constamment 
le  ferment  oxydant,  tandis  que  le  lait  de  femine  et  de  jument 
en  seraient  dépourvus  dans  les  conditions  normales. 

No»  résultats,  d'une  manière  générale,  ont  été  les  suivants  : 

Le  lait  de  vache  donne  toujours  la  réaction  oxydante  ;  le 
lait  de  chèvre  la  donne  aussi  toujours,  mais  sous  une  forme 
plus  rapide  et  plus  intense  :  la  réaction  se  produit  immédiate- 
ment à  froid. 

Le  lait  de  jument  ne  donne  jamais  la  moindre  modification 
de  la  coloration. 

Le  lait  de  femme  ne  modifie  pas  ordinairement  la  coloration  ; 
cependant  on  observe  parfois  une  réaction  oxydante  plus  ou 
moins  intense,  qui  mérite  d'être  prise  en  considération. 

Quelle  est  la  valeur  de  la  réaction  oxydante  chez  la  femme? 

Nous  faisons  abstraction  de  cette  première  période  qui  suit 
l'accouchement,  du  lait  en  état  colostral,  où  la  réaction  est 
toujours  nettement  positive  ;  toutes  nos  nourrices  l'avaient 
déjà  passée. 

L'opinion  générale  considère  que  la  présence  de  la  réaction 
oxydante  suppose  une  altération  du  lait  qui  coïncide  presque 
toujours  avec  le  retour  à  l'état  colostral,  lequel  provient  d'une 
maladie,  de  la  menstruation,  d'un  allaitement  insuffisant,  etc. 

Nos  expériences  ne  nous  ont  pas  permis  de  confirmer  cette 
affirmation.  En  dehors  de  deux  ou  trois  cas  exceptionnels,  où 
il  nous  a  été  possible  d'apprécier  au  microscope  quelques  cor- 
puscules de  colostrum,  nous  n'avons  jamais  rencontré  ces  élé- 
meoU  dans  les  divers  échantillons  de  lait  que  nous  examinons 
journellement  depuis  plusieurs  années.  Cependant  ces  mêmes 
laits  nous  ont  présenté,  à  plusieurs  reprises,  la  réaction  oxy- 
dante positive. 

Cette  épreuve  a  la  valeur  d'une  expérience,  puisque,  dans 
des  conditions  identiques,  elle  ne  se  produisait  pas  daâs  un 
autre  lait  de  femme,  et  jamais  nous  ne  l'avons  obtenue  dans 
le  lait  de  jument. 

Marfan  dit  que  la  réaction  oxydante  peut  exister  alors  même 


462  LOUIS   MORQUIO 

qu'on    ne   rencontrerait  pas  de    corpuscules    de    colostrum. 

Ceci  serait  d'accord  avec  nos  observations  ;  mais  cet  éminent 
maître  afSrme  en  même  temps  que  la  réaction  oxydante  sup- 
pose toujours  un  état  anormal  du  lait  qui  coïncide  avec  quelque 
anomalie  chez  la  femme,  et  qui  a  pour  conséquence  des 
effets  nocifs  chez  l'enfant. 

Ce  n'est  pas  ce  que  nous  avons  vu.  D'une  manière  générale, 
nous  pouvons  dire  que  la  réaction  oxydante  s'est  présentée  à 
notre  examen  par  surprise,  inopinément  ;  une  fois  en  sa  pré- 
sence, nous  avons  recherché  la  cause  ;  nous  avons  examiné 
la  femme  et  l'enfant  ou  les  enfants  qu'elle  nourrissait,  et  nous 
n'avons  absolument  rien  trouvé  d'anormal.  D'autres  fois,  qui 
ont  été  les  moins  nombreuses,  elle  a  coïncidé  avec  quelques- 
uns  des  états  indiqués  comme  nécessaires. 

En  opposition  avec  cela,  nous  avons  examiné  avec  intérêt, 
à  ce  point  de  vue,  le  lait  de  femme  en  menstruation,  en  état 
fiévreux,  ou  dont  les  enfants  présentaient  des  troubles  diges- 
tifs suivis,  et  nous  n'avons  pas  obtenu  la  coloration  rosée  ou 
rougeâtre  caractéristique. 

En  résumé,  nous  déduisons  d'une  manière  générale  qu'il 
est  impossible  de  tirer  une  conclusion  quelconque  de  la  réaction 
oxydante  dans  le  lait  de  femme. 

Examen  chimique  du  lait. 

En  vue  de  vérifier  d'une  manière  plus  parfaite  la  compo- 
sition du  lait  que  nous  étudions,  pour  établir  des  déductions 
exactes  au  point  de  vue  de  l'alimentation  et  de  la  digestion, 
nous  nous  sommes  adressé  au  professeur  Giribaldo,  directeur 
du  Laboratoire  chimique  municipal,  qui  a  eu  l'obligeance 
d'examinerle  lait  des  nourrices  delà  a  Crèche  »  envoyé  par  nous. 

Dans  l'analyse  chimique  du  lait,  il  est  extrêmement  important 
de  connaître  le  procédé  suivi  pour  l'extraction,  attendu  que  la 
composition  varie  pour  chaque  tétée  et  pour  les  divers  moments 
d'une  même  tétée. 

Les  procédés  indiqués  sont  très  variés.  Gregor  prend,  pendant 
la  tétée,  à  intervalles  égaux,  plusieurs  portions  de  lait  ;  Reyhier. 
à  chaque  tétée  des  vingt-quatre  heures,  prend  une  portion 
égale  de  lait  au  commencement  et  à  la  fin  ;  Michel  fait  un  mé- 
lange de  trois  échantillons  pris  à  six  heures  du  matin,  à  trois 
heures  après-midi  et  à  neuf  heures  après-midi  ;  De  val  prend 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  46:^ 

10  centimètres  cubes  au  commencement  de  la  tétée  le  ma- 
tin, 10  centimètres  cubes  au  milieu  d'une  tétée  l'après-midi 
et  10  centimètres  cubes  à  la  fin  d'une  tétée  le  soir. 

Notre  procédé  a  été  le  suivant  :  presque  toujours  à  la  même 
heure,  avant  le  déjeuner,  après  succion  de  l'enfant  pour  aider 
à  l'extraction  du  lait,  la  nourrice  se  trait  dans  un  récipient, 
en  vidant  tout  son  sein.  Si  le  lait  sort  avec  difficulté,  on  emploie 
le  biberon  à  double  tube.  De  cette  façon,  on  obtient  100  grammes, 
plus  ou  moins,  contenant  le  lait  dans  toutes  les  périodes  de 
l'allaitement,  lequel  est  immédiatement  envoyé  au  laboratoire. 

Nous  avons  toujours  procédé  de  la  même  manière,  et  nous 
croyons  que  c'est  la  meilleure  quand  il  s'agit  d'une  sécrétion 
sujette  à  de  très  grandes  variations. 

La  méthode  d'analyse  suivie  par  le  professeur  Giribaldo  a 
été  la  suivante. 

Beurre.  —  Pour  déterminer  lès  matières  grasses,  on  applique 
généralement  le  procédé  acide  du  butyromètre  de  Gerber,  lequel 
consiste  à  provoquer  la  séparation  du  beurre  de  11  centimètres 
cubes  de  lait  par  centrifugation,  après  y  avoir  ajouté  un  mé- 
lange de  10  centimètres  cubes  d'acide  sulfurique  de  1,820  de 
densité  et  1  centimètre  cube  d'alcool  anilique.  Cette  opéra- 
tion se  fait  dans  un  tube  spécial  gradué,  appelé  biUyj^mètre  de 
Gerber.  Ce  procédé  a  toujours  donné  d'excellents  résultats 
dans  l'officine  que  dirige  M.  Giribaldo. 

Lactose.  —  Pour  la  détermination  de  la  lactose,  on  siiit  le 
procédé  volumétrique  de  réduction  des  sels  cupriques.  Le  réactif 
de  Fehling,  dont  on  fait  usage,  s'évalue  avec  une  solution  de 
lactose  hydratée  pure. 

Matières  albuminoïdes.  —  On  calcule  généralement  par 
différence  entre  le  résidu  total  à  95^  et  la  somme  des  autres 
constituants  déterminés  directement. 

Quand  on  veut  obtenir  des  données  directes,  on  s'applique 
à  déterminer  le  nitrogène  total  par  le  procédé  de  Kjeldahl,  et, 
avec  ce  résultat,  on  calcule  les  matières  albuminoïdes  par  le 
coefficient  6,4. 

Ce  sont  les  éléments  qu'on  considère  généralement  pour 
évaluer  le  lait  de  femme,  et  pour  cela  nous  ne  tiendrons  pas 
compte  des  réactions  :  densité,  cendres,  extrait  à  95<^,  extrait 
privé  de  graisse,  beurre  pour  100  d'extrait,  qui  sont  consignés 
dans  les  analyses  du  professeur  Giribaldo. 

Nous  avons  groupé  ces  analyses  de  la  manière  suivante  : 


%i 


LOUIS   MORQUIO 


NQMBao 

de  la 
nourrice. 


198 
199 
195 


197 
194 
192 
157 
151 


202 
196 
193 
190 
188 
149 
151 
152 
154 
161 
163 
152 


202 
195 

156 
158 


192 
184 
191 
140 

146 
162 


DATE 

de 

l'analyte. 


4  juUlet  1906. 
4         — 
17  mai  1906. 


20  juin  1906. 
17  mai  1906. 

6  awU  1906. 

4  mai  1905. 

4  mars  1906. 


9  novembre  1906. 
20  juin  1906. 
24  avril  1906. 
24        — 

6         — 

9  mars  1905. 
16        — 
16        — 
16        — 
27  avril  1905. 

4  mai  1905. 

4        — 


195 

2  août  1905. 

184 

6  avril  1905. 

191 

6        — 

145 

9  man  1905. 

148 

9       — 

149 

27  avril  1905. 

150 

6  avril  1905. 

155 

6  avril  1906. 

154 

27  avril  1905. 

160 

27         — 

2  janvier  1907. 
27  septembre  1906. 
13  avril  1906. 
13  avril  1905. 


20  août  1906. 
7  juin  1906. 
31  mai  1906. 
23  mars  1905. 
16  mai  1905. 
27  avril  1905. 


AGE 
du  lait. 


Moins  d*un  moia. 


29  jours 

1. 

10 

— 

15 

— 

1 

à  2 

mois. 

mois 

1 

iour. 
jours. 

— 

15 

— 

10 

— 

-~ 

27 

— 

— 

16 

— 

2 

à  3 

mois. 

2 

mois 

24 

jours. 

2 

— 

16 

— 

2 

— 

8 

— . 

2 

_- 

27 

— . 

2 

— . 

2 

— 

5 

— 

2 

—m 

1 

— 

2 

-^ 

12 

—^ 

2 

—~ 

8 

— 

2 

— 

6 

— 

2 

-~^ 

24 

2 

— 

24 

— 

Z  à  i 

mois. 

8 

mois 

2 

jouit. 

3 

— 

3 

— 

3 

... 

15 

-*- 

3 

— 

18 

— 

3 

— 

24 

— 

3 

— 

12 

— 

3 

— 

26 

-^ 

3 

— 

19 

— 

3 

— 

22 

— 

4  à  s  moi$. 


BEUERB. 


4.40 

3,60 
4,10 


6,60 
6,20 
2,80 
4,30 
5,00 
5,60 
2,90 

3,48 
4,00 
2,70 
5,90 
2,90 


5,50 
3,70 
6.60 
4.20 
5,10 
4.70 
3,00 
5,40 
2,10 
4,25 


MATlfcEBft 

albu- 
ninQîdts. 


2,81 
2,26 

2,18 


LACTOSE 


3,40 

2,57 

2,80 

2.30 

6,00 

l.« 

3,70 

2,55 

5,80 

1,88 

6,90 
7.04 
7.04 


7.2a 
7,04 
7,04 
6.90 
6.74 


2,19 

6.90 

2.48 

6.90 

1.53 

7.20 

1.92 

6.90 

1,30 

7,04 

2.04 

6.60 

2,32 

6,90 

1.50 

7.04 

2.43 

6.22 

1.38 

7.38 

2,07 

6.60 

1.24 

6.74 

1,36 

7,04 

1.24 

7.W 

1.04 

7.04 

2.U 

6.46 

2.11 

7,88 

1.6« 

«.90 

1.47 

7,04 

1.57 

7,04 

1,61 

7.02 

2,46 

6.46 

4  mois  17  joun. 

7,00 

1.44 

7.04 

4    —    21     — 

5,30 

1,52 

7.04 

4    —      2    — 

6,30 

1,62 

7,04 

4    —      6    — 

3,10 

1.19 

7,56 

S  à  6  mois. 

5  mois  21  jours. 

4,20 

1.18 

7,20 

5    —      5    — 

3,10 

1.62 

7.20 

5    — 

3,80 

1.57 

7,20 

5    —    21     — 

4,50 

2,28 

6,34 

5     —    27     — 

4,85 

1.91 

6,90 

5     —     18     — 

3.50 

1.48 

7.88 

l'examen  du  i-ait  dans  l'allaitement 


465 


NDMÉRO 

de  1a 
nourrice. 


195 
184 
191 
189 
140 


'  195 
,  196 
<  184 
191 
182 
175 


192 
196 
184 
191 
176 
131 


184 
191 
166 
165 
192 


176 
120 
166 


176 
166 
155 
110 


DATE 

de 

l'analyM. 


AGI 
du  lait. 


9  noTembre  1906. 

28  juiUet  1906. 

23    

24  avril  1906. 
4  mai  1905. 


2  janvier  1907. 
12  décembre  1906. 

7  septembre  1906. 

7  — 

SI  mai  1906. 
24  avril  1906. 


12  décembre  1906. 

18  janvier  1907. 

19  décembre  1906. 
19  — 

24  avril  1906. 
23  mars  1905. 


6  à  7  mois. 

6  mois  15  jours. 

6    —  24    — 

6    —  25    — 
6    —      4     — 

6     —  14    — 

8  à  9  mois. 


8  mois. 

8  — 

8  — 

8  — 

8  — 

8  — 


9  à  20  mois. 


9 
9 
9 
9 
9 
9 


10  à  11  mois. 


BBORRB. 


MATliRBS 

albu- 
minoîdes. 


5,20 
4,40 
7,10 
6,50 
4,30 


1.50 
1,28 
1.14 
1.19 
1,81 


20  décembre  1906. 
20  -- 

24  avril  1906. 
6        -^ 
18  janvier  1907. 


11  à  12  mois. 

11  mois  20  jours. 

11     —  21     — 

11     —  4    — 
11     — 

11     —  25    — 


12  à  13  mois. 


5  août  1906. 
9  mars  1905. 
7  juin  1906. 


27  septembre  1906. 
20  août  1906. 

1«  février  1906. 

4  mais  1905. 


14  à  17  mois. 

14  mois  14  jours. 

15  — 

14    —    15    — 

16  —     15    — 


LACTOSE . 


3,80 

1.71 

3,40 

1,76 

7,30 

1,60 

4,00 

1,19 

4,40 

1,23 

6,90 
7,38 
7,38 
7.04 
7,02 


8,00 

1,76 

7,04 

4  jours. 

4,00 

1,40 

7,04 

8    — 

3,70 

1.67 

7,04 

7     — 

5,70 

1.14 

7,38 

12     — 

1,40 

1,32 

7,38 

10     — 

6.00 

1,43 

7.20 

mois  15  jours. 

4,70 

0,93 

7.04 

—    14    — 

10.60 

1.18 

7.04 

—    23    — 

5,00 

1.76 

7.04 

—     24     — 

7,10 

1,61 

7.04 

—     12     — 

6,00 

1.12 

7,20 

—      8    — 

5,30 

2.20 

6.46 

131     j    27  avril  1905.  |  10  mois  12  jours.  |     5,10     |     1,42     |     7,20 


7,04 
7,04 
7,20 
7,04 
7,04 


12  mois  22  jours. 

6,70 

1,24 

7,04 

12    —      4    — 

3,90 

1,65 

6,90 

12     —     22    — 

6.70 

1.24 

7,04 

3.40 

1,73 

7,04 

4,10 

1,64 

7,20 

6,30 

1,84 

6,40 

4,70 

1,79 

6,90 

Akgh.  de  médbc.  des  enfants,  1907. 


X.  —  30 


I 


466  LOUIS  MORQUIO 

On  peut  tirer  de  ces  examens  quelques  conclusions  que  nous 
résumerons  comme  suit  : 

D'abord,  il  en  ressort  un  fait  connu  :  la  variabilité  consi- 
dérable des  composants  du  lait  ;  cette  variabilité  est  indépen- 
dante de  l'âge  du  lait.  Au  point  de  vue  de  la  graisse,  des  ma- 
tières albuminoldes  et  de  la  lactose,  il  n'existe  aucun  rapport 
entre  la  quantité  de  ces  substances  et  les  divers  mois  que 
comprend  l'allaitement,  du  commencement  jusqu'à  la  fin. 
Il  est  facile  d'observer  qu'en  partant  de  cet  examen  il  n'y  a 
pas  de  base  pour  distinguer  le  lait  d'un  mois  du  lait  de  dix  mois, 
par  exemple.  Tout  au  plus  pourrait-on  dire  que  les  matières 
albuminoîdes  offrent  un  chiffre  plus  élevé  durant  les  premiers 
mois  ;  quant  à  la  matière  grasse,  à  cause  de  ses  énormes  oscil- 
lations dès  le  principe,  il  est  impossible  d'établir  un  rapport 
quelconque. 

Nous  observons  que  la  lactose  a  un  coefficient  presque  fixe 
de  7,04,  avec  de  légères  oscillations. 

L'albumine  varie  entre  1  et  2  grammes  ;  rarement  elle 
dépasse  ce  chiffre.  Il  n'existe  aucun  rapport  entre  la  quantité 
de  graisse  et  la  quantité  d'albumine  ;  à  une  grande  quantité 
de  graisse  peut  correspondre  une  petite  quantité  d'albumine, 
et  vice  versL 

Le  facteur  le  plus  susceptible  de  variation  est,  sans  nul  doute, 
la  graisse.  En  général,  on  observe  un  fait,  qui  a  fixé  notre  atten- 
tion dès  le  principe  de  nos  investigations,  c'est  que  la  quantité 
dépasse  la  moyenne  indiquée  par  tous  les  auteurs.  Ainsi,  dans 
certaines  analyses,  nous  voyons  5,  6,  7,  8  et  même  10  p.  100  de 
beurre. 

D'après  quelques  auteurs,  ce  fait  aurait  une  importance 
extraordinaire  pour  l'interprétation  des  troybles  digestifs 
chez  les  enfants  alimentés  exclusivement  au  sein.  Nous  .ver- 
rons plus  loin  que  nous  ne  pouvons  pas  partager  cette  opinion, 
puisque,  malgré  ces  chiffres  élevés,  les  enfants  nourris  avec 
ces  laits,  pourvus  d'une  quantité  excessive  de  matière  grasse, 
n'en  présentaient  pas  moins  un  développement  splendide. 
sauf  quelques  exceptions,  qu'on  peut  imputer  à  d'autres  causes. 

Au  tableau  suivant,  nous  avons  groupé  diverses  analyses 
par  nourrices,  qui  ont  été  pratiquées  dans  des  périodes  dis- 
tinctes de  l'allaitement. 


L  EXAMEN    DU    LAIT   DANS   L  ALLAITEMENT 


467 


NUlIÉftO 
dt  U  BourriM. 

1 

AQE  OU   LAIT. 

BBURRE. 

MATliRES 
ftlbuminoidM. 

LACTOSE 

1       19S 

1 

1 

15  jours. 

3  mois    2  Joun. 

4  —    21    — 
6    —    15    — 
8    — 

4,10 

5,50 
5,30 
5,20 
8,00 

2,18 
1.36 
1.52 
1,50 
1,76 

7,04 
7.0^ 
7.04 
6,90 
7,04 

1    "' 

\ 

2  —      5    — 

3  —    24     — 

5.60 
4,70 

2,04 
1,65 

6.60 
7,38 

1$4 

1 

2  —      8     — 

3  —     19    — 

4,00 
2,10 

2,43 
1,61 

6.22 
7,02 

î$4 

1 

3    — 

5  —      5    — 

6  —     24    — 

8  —      8     — 

9  —     23     — 
11     -_     20    — 

3,70 
3,10 
4.40 
3.70 
5,00 
3.80 

1.24 
1,60 
1,28 
1,67 
1.76 
1,71 

7.20 
7.20 
7.38 
7.04 
7,04 
7,04 

tôt 

i 

2     —     24     — 

4     —     17     — 

6.60 
7,00 

2,19 
1,44 

6,90 
7,04 

191 

1 

3    — 

5  — 

6  —     25     — 

8  —       7     — 

9  —    24     — 
11     —     21     — 

6,60 
3,80 
7.10 
5,70 
7.10 
3.40 

1.04 
1,57 
1,14 
1,14 
1.61 
1,76 

7,04 
7,20 
7,38 
7.38 
7,04 
7,04 

140 

5  —     25    — 

6  —    14     — 

4,50 
4,30 

2,28 
1,81 

6,34 
7,02 

m 

1 

1 

1  —    16    — 

2  —     15     — 

5,80 
2,90 

1,88 
2,32 

6.74 
6.90 

152 

2     —     12     — 
2     —     24     — 

3,48 
2.90 

1,50 
2.24 

7.04 
6,74 

166 

1 
1 

11  —       4     — 

12  —     22     — 
15     — 

7,30 
6,70 
4.10 

1.60 
1.24 
1,64 

7.20 
7.04 
7,20 

176 

9     —     12     — 

12     —     23     — 
14     --     14     — 

6,00 
6,50 
3,40 

1,12 
1.12 
1,73 

7,20 
7,04 
7.04 

192 

5     —     21     — 

9     —     15     — 

11     —     25     — 

4,20 
4,70 
4,40 

1.18 
0,93 
1.23 

7.20 

7.04 
7.04 

196 

t 
1 

2     —     16     — 

8  —       4     — 

9  —     14     — 

6,20 

4,00 

10,60 

2.48 
1,40 
1,18 

6.90 
7,04 
7,04 

468  LOUIS  MORQUIO 

De  ces  tableaux  il  résulte  aussi  qu'il  est  impossible  d'établir 
des  règles  fixes  pour  une  même  nourrice,  par  rapport  à  la 
composition  de  son  lait,  dans  les  diverses  périodes  de  l'allai- 
tement. Si,  dans  quelques  cas,  il  parait  s'établir  une  échelle 
progressive  de  la  quantité  de  graisse,  "dans  les  autres,  qui  sont 
les  plus  nombreux,  cette  relation  n'existe  point,  et  l'on  observe, 
au  contraire,  de  grandes  oscillations  tout  à  fait  indépendantes 
de  l'âge. 

Nous  devons  ajouter  que  ces  nourrices,  au  point  de  vue  de 
l'allaitement,  sont  placées  dans  des  conditions  distinctes  des 
femmes  qui  allaitent  leurs  propres  enfants,  ou  qui  suivent 
constamment  l'allaitement  d'un  seul  enfant.  Chez  eUes,  il  y  a 
des  sauts  considérables,  en  rappot  avec  les  besoins  du  service  ; 
généralement  ce  sont  des  enfants  nouveau-nés,  parfois  de  plu- 
sieurs mois  ;  tantôt  ce  sont  des  malades,  tantôt  des  débiles 
congénitaux  ;  mais,  dans  tous  les  cas,  la  sécrétion  s'épuise, 
ou  le  fonctionnement  glandulaire  se  maintient  d'une  façon 
régulière,  parce  qu'on  cherche  à  suppléer  par  le  nombre  l'in- 
suffisance de  la  succion,  quand  c'est  nécessaire. 

La  bonne  qualité  de  ces  nourrices  devient  évidente  en  pré- 
sence des  résultats  obtenus. 

On  doit  considérer  que  les  enfants  qui  entrent  à  la 
a  Crèche  »  arrivent  généralement  malades  ou  dans  de  mauvaises 
conditions  ;  beaucoup  d'entre  eux  meurent  bientôt  ;  20  p.  100 
n'arrivent  pas  à  2  500  grammes. 

Hors  de  ces  circonstances,  l'accroissement  des  enfants  est 
assez  favorable,  comme  le  montre  la  courbe  graphique  corres- 
pondante, et  les  enfants  sortent  généralement  du  service, 
après  un  temps  variable,  avec  une  augmentation  considérable 
du  poids  et  en  d'excellentes  conditions  générales. 

Le  résumé  annuel  nous  donne  le  résultat  suivant  : 

Enfants.  Séjour  moyen.  MorUlité. 

Année  1901-1902 1  018         20  jours.  16,6  p.  100. 

—  1903 599         22     —  14,84    — 

—  1904 553         23     —  11,00    — 

—  1905 565         25    —  14,00    — 

—  1906 624         25     —  10,25    — 

Parmi  ces  enfants  figurent  annuellement  40  à  50  qui  sont 
alimentés  artificiellement  ;  les  autres  sont  alimentés  au  sein 
exclusivement,  ou,  quand  les  circonstanaes  l'exigent,  mais 
toujours  exceptionnellement,  à  l'aide  d'un  ou  deux  biberons 
d'aliment  artificiel.  {A  suwre.) 


XVII 

NOGTAMBULISME  ET    AUTOMATISME  CHEZ    L'ENFANT 

CLASSIFICATION   ET   PRONOSTIC 

Par  le  D'  H.  OAUGHEZ, 

Ancien  clwf  de  clinique  adjoint  à  l'hôpital  des  En&nts. 

Le  noctambulisme  ou  rêve  en  action  est  fréquent  chez  Tenfant, 
beaucoup  plus  fréquent  même  chez  l'enfant  que  chez  Tadulte. 
Mais  son  pronostic  est  aussi  bénin  que  sa  fréquence  est 
grande  (1). 

L'automatisme  diurne,  sur  place,  à  domicile^  est  beaucoup 
moins  fréquent  chez  l'enfant  ;  on  l'observe  toutefois  chez  les 
enfants  de  souche  alcoolique,  nés  de  parents  épileptiques  ou 
dégénérés.  —  Là  du  moins  le  pronostic  varie  avec  la  tare  origi- 
nelle. 

L'automatisme  ambulatoire,  dans  lequel  le  ^\x]Bi  s'échappe  de 
chez  luiy  est  un  syndrome  de  l'âge  adulte,  quelquefois  mais  rare- 
ment de  l'adolescence. 

Telles  sont  les  trois  propositions  que  les  faits  cliniques  sem- 
blent démontrer  et  que  nous  croyons  exactes,  à  en  juger  du 
moins  par  nos  quelques  observations. 

11  importe  d'abord,  avantd'entrerdans  notre  sujet,  d*éliminer 
certains  troubles  mentaux  qui  frappent  exclusivement  l'adulte, 
nous  voulons  parler  de  la  fugue  ou  dromomanie  des  Allemands, 
dans  lesquels  le  malade,  à  tétât  de  veille  ou  de  subconscience, 
éprouve  l'impulsion  irrésistible  des  voyages,  le  besoin  de 
franchir  les  espaces. 

Ce  délire,  complètement  étranger  à  notre  sujet,  n'existe  d'ail- 
leurs pas  chez  l'enfant.  Celui-ci  peut  être  vagabond,  mais  alors 
il  est  conscient,  il  jouit  de  son  libre  arbitre.  Le  noctambule  et 
Tautomate  ne  le  sont  jamais  complètement. 

Il)  An  point  de  vue  de  la  durée,  le  noctambulisme  cède  généralement  en 
quelques  années  au  traitement  hygiénique  (vie  au  grand  air,  hydrothérapie),  etc. 
Mais  il  peut  persisler  au  delà  de  T&ge  adulte,  témoin  un  malade  du  D^  Barth. 
qui,  après  Mon  mariage,  se  levait  la  nuit,  ouvrait  les  fenêtres,  circulait,  mais 
conservait  assez  de  passivité  et  de  subconscience  pour  obéir  à  sa  femme  et,  sur 
un  ordre  impératif,  venait  se  recoucher. 


470  H.    DAUCHEZ. 

I.  —  NOCTAMBCLISME  OU  RÊVE  EN   ACTION. 

Chez  Tenfant,  le  noctambulisme  existe  à  tous  les  degrés, 
depuis  le  simple  geste  jusqu'au  lever.  Ces  mouvements  instinc- 
tifs ou  réflexes,  conséquence  de  la  suspension  de  Tacte  cérébral 
dans  l'exercice  des  facultés  les  plus  nobles  (intelligence  et 
volonté)  et  de  Tassociation  d'une  idée  directrice,  sont  de  purs 
réflexes  :  ainsi  Tenfant  retire  sa  main  pendant  le  sommeil 
quand  on  le  pique,  chasse  une  mouche,  répond  machina- 
lement à  son  nom.  —  Le  malade  peut  même  quitter  son  lit  et 
poursuivre  son  rêve  en  action. 

Mais,  répétons'le,  un  réflexe  n'est  pas  une  maladie,  surtout 
quand  il  n'existe  pas  de  tare  héréditaire. 

11  s'agit  donc  là  d'un  réflexe  cérébral  ou  médullaire,  d'une 
association  d'idées  habituelles  dans  laquelle  le  jugement  n'in- 
tervient pas. 

Laphysiologie  des  réflexes  cérébro -médullaires chez  l'enfant 
a  été  fort  bien  exposée  parle  D' Taillens  (de  Lausanne)  {Archicfy 
île  médecine  des  enfants^  juillet  1906,  p.  410)  : 

«  Plus  l'être  humain  est  jeune,  dit  cet  auteur,  plus  il  est 
dominé  par  ses  réflexes;  à  mesure  qu'il  avance  en  âge,  les  fonc- 
tions cérébrales  se  développant  progressivement  et  prenant 
sous  leur  dépendance  une  part  toujours  plus  grande  des  fonc- 
tions médullaires,  nous  voyons  la  vie  nerveuse  et  partant  les 
réactions  nerveuses  se  modifier.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi, 
chez  les  jeunes  enfants,  au  début  d'une  maladie  fébrile  aiguë, 
les  manifestations  purement  motrices,  telles  que  les  convul- 
sions, sont  si  fréquentes  alors  que,  chez  Tadulte  placé  dans  les 
mêmes  conditions,  la  réaction,  si  elle  vient  à  se  produire,  se  fait 
psychiquement  sous  forme  de  délire.  —  En  d'autres  termes, 
les  centres  nerveux  du  petit  enfant  sont  surtout  médullaire^. 
Ceux  de  l'adulte  sont  essentiellement  cérébraux.  » 

Et,  de  fait,  le  noctambulisme  n^apparait  qu'à  l'adolescence  ou 
exceptionnellement  chez  l'enfant  plus  jeune,  dont  la  précocité 
et  l'intelligence  sont  prématurées. 

Son  apparition  doitêtre  considérée  comme  un  réflexe,  comme 
une  réponse  à  l'incitation  mentale  du  rêve  et  non  comme  une 
maladie. 

Dans  tous  les  cas,  en  effet,  l'enfant,  qu'il  dorme  le  jour  ou  la 
nuit,  peut  se  lever  et,  par  unefl'etde  l'habitude,  réaliser,  incon* 


NOCTAMBULISMB   ET  AUTOMATISME   CHEZ   l'bNPANT  471 

sciemment,  mais  logiquement,  les  actes  de  sa  vie  habituelle,  un 
devoir,  un  travailmanuel,  plus  ou  moins  bien  réussi,  traduction 
fidèle  de  sa  manière  de  faire.  La  mémoire  intervient.  L'intelli- 
gence est  absente.  La  volonté  répond  automatiquement  à  la 
suggestion  motrice  qui  précède  le  rêve. 

C'est  ce  qui  ressort  de  la  lecture  de  nos  deux  premières  obser- 
vations. 

La  bénignité  du  noctambulisme  ressort  non  moins  claire- 
ment de  la  lecture  des  observations  I,  II,  III. 

Observation  I.  —  Pierre  L...  —  Agé  de  sept  ans,  sans  antécédents  ner- 
veux héréditaires  ou  personnels,  enfant  toujours  bien  portant,  n'a  pré- 
senté ni  convulsions  ni  troubles  psychiques.  Sa  sœur  est  morte  de  ménin- 
gite tuberculeuse.  Seul  son  frère  aîné,  dont  nous  citons  l'observation  plus 
loin,  a  quelquefois,  la  nuit,  de  légères  crises  de  noctambulisme  occa- 
sionnées par  la  préparation  du  baccalauréat. 

Les  huit  autres  frères  et  sœurs  sont  indemnes  de  tout  accident  nerveux. 
Parents  bien  portants  (le  père  est  glycosurique  quatre  à  cinq  fois  par  an). 
Ce  jeune  enfant  se  lève  la  nuit  et  transforme  en  acte  son  rêve.  Récem- 
ment, se  croyant  dans  un  jardin  public,  il  quitte  son  lit,  va  s'accroupir 
dansFanlichambreet,  pensant  être  au  pied  d'un  arbre,  il  satisfait  tous  ses 
besoins,  remonte  se  coucher  et  conserve  le  lendemain  le  souvenir  de  sa 
prouesse,  expliquant  qu'il  a  eu  la  colique  au  Luxembourg  et  qu'il  s'est 
soulagé. 

Le  même  enfant,  quinze  jours  plus  tard,  fait  la  sieste  à  la  campagne. 
Deux  heures  après,  il  se  lève,  s'habille,  reste  pieds  nus  et  circule  dix  minutes 
dans  la  maison,  après  quoi  il  remonte,  se  recouche,  sans  se  rappeler  de  rien. 

Observation  II.  —  Le  frère  du  précédent,  âgé  de  seize  ans,  pendant  la 
préparation  d'un  concours,  cause  de  surmenage  cérébral,  répèle  chaque 
nuit  à  haute  voix  ses  leçons  de  la  veille.  Parfois  il  se  lève,  se  promène 
dans  sa  chambre,  va  aux  cabinets,  rentre  dans  son  lit,  ne  se  rappelle  de 
rien  le  lendemain  au  réveil. 

Aucun  antécédent  nerveux  ni  mental .  Pas  de  convulsions.  Pasde  troubles 
sensitifs.  Pas  d'hémianesthésie,  au  contraire  hyperesthésie  extrême 
au  froid,  pendant  les  douches  par  exemple,  qui,  malgré  une  vive  répu- 
gnance, paraissent  soulager  ce  jeune  homme  et  espacer  ses  accès. 

L'indécision  et  le  scrupule  ont  tourmenté  ce  jeune  malade,  dont  les 
sœurs  souffrent  des  mêmes  niisères  morales. 

La  grand'mère  paternelle  a  été  dans  son  enfance  noctambule  sans 
jamais  présenter  aucun  stigmate  hystérique. 

Observation  III  (personnelle).  — -  M,  Pierre  de  B...  — Aujourd'hui  âgé  de 
trente  ans,  et  depuis  seize  ans  guéri  du  moins  en  apparence.  A  été  atteint 
à  l'âge  de  quatorze  ans  de  noctambulisme,  dont  il  ne  lui  est  resté  aucune 
trace.  Dans  son  accès,  il  entendit  (sans  en  avoir  aucune  consctence\  l'ordre 
que  lui  donnait  sa  mère  de  se  lever  la  nuit,  de  faire  chauffer  de  l'eau, 
choisir  son  linge,  apprêter  un  cataplasme  et  le  lui  apporter  pour  son 
frère  malade.  Le  lendemain  l'enfant  apprenait  par  sa  mère  qu'il  avait 
compris  et  exécuté  ses  ordres.  Guérison  complète  sans  automatisme 
ambulatoire. 


472  H.    DAUCHEZ. 

On  peut  dire  que,  dans  ce  cas,  il  s'agissait  manifestement 
d'un  réflexe  cérébral,  avec  dissociation  complète  des  centres 
psychiques,  les  sens  seuls  restant  éveillés,  et  les  facultés  no- 
bles de  Tàme  (intelligence  et  volonté)  restant  lettre  morte. 

11.  —  Automatisme  diurne. 

Bien  que  l'expression  d'automatisme  diurne  n'ait  point  encore 
été  admise  dans  le  langage  nosologique,  nous  avons  cru  devoir 
la  proposer  pour  l'opposer  h  l'automatisme  ambulatoire,  dans 
lequel  le  malade  s'échappe,  sort  et,  pendant  plusieurs  jours 
sinon  plus,  vit  dans  l'état  second,  c'est-à-dire  dans  un  état 
inconscient  pendant  lequel  il  vit  en  apparence  comme  le 
commun  des  mortels,  dans  un  état  de  réflexe  central  permanent. 

Tel  n'est  pas  l'automatisme  diurne,  non  ambulatoire,  dans 
lequel  l'enfant  issu  de  parents  épileptiques,  hystériques,  ou 
dégénérés,  entre  le  jour  en  somnambulisme  spontané  et  resté 
chez  lui  inconscient. 

Ces  enfants  malades  peuvent,  comme  dans  Tobservation  sui- 
vante, rester  automates  intermittents  pendant  plusieurs  années, 
et  guérir  radicalement  malgré  les  plus  mauvais  antécédents. 

Cette  forme  de  somnambulisme  diurne  est  intermédiaire 
entre  le  noctambulisme  banal  et  l'automatisme  ambulatoire 
propre  à  l'adulte  ou  à  l'adolescent. 

Observation  IV  (personnelle).  —  Avtomalisme  diurne  chez  trois  enfants 
de  la  même  famille,  —  Dans  le  courant  de  Tannée  1883  et  1884,  je  fu« 
appelé  rue  des  Canettes  chez  un  pauvre  ménage  composé  de  la  grand'* 
mère,  du  père,  de  la  mère  et  de  trois  enfants  (deux  garçons  et  une  ViWe. 
La  grand'mère  était  épileptique,  malgré  ses  soixante  ans.  Le  père  était 
alcoolique,  excentrique,  disparaissant  trois  ou  quatre  jours  de  son  domi- 
cile sans  motif.  Seule  la  mère  était  saine. 

Des  trois  enfants,  le  plus  jeune,  Henry  P...,  âgé  de  huit  ans,  s*endormait 
vingt  à  trente  fois  par  repas,  véritables  absences  pendant  lesquellesii  restait 
inconscient,  penchait  la  tète,  tombait  sur  son  assiette,  sans  crise,  sans 
attaque.  Pas  d'incontinence  nocturne  ou  diurne,  aucun  trouble  de  sensi- 
bilité n'était  perceptible. 

Après  les  repas,  Tenfant  reprend  conscience.  Ses  pupilles  restent 
dilatées.  11  voit,  il  entend. 

Mais,  pendant  la  promenade  quotidienne,  l'enfant  est  repris  de  crises  de 
sommeil  ou  d'absences. 

Le  matin,  à  la  messe,  l'automatisme  reparaît.  Henry  P...  se  lève,  sf 
dirige  vers  l'autel,  et  là,  les  yeux  ouverts,  répète  automatiquement  tou< 
les  gestes  du  prêtre  (génuflexion,  bras  en  croix,  etc.).  La  nuit  il  se  lève 
en  rêvant,  s'habille,  fait  quelques  pas  et  se  recouche. 

Les  facultés  intellectuelles,  i  l'étal  de  veille,  sont  respectées  (intelligence, 
mémoire,  affection,  douceur).  On  trouve  ces  qualités  plus  développées 
que  chez  sa  sœur. 


NOCTAMBULISMB  ET  AUTOMATISME   CHEZ   l'eNFANT  473 

Après  quelques  semaines  de  traitement  par  les  ablutions,  le  bromure 
et  la  belladone  associés  à  la  valériane,  Tenfant  paraU  guéri.  Mais  de  nou- 
veau, vers  Tâge  de  dix  ans,  reparaissent  des  absences  aux  heures  des 
repas,  et  la  dyspepsie,  déjà  très  accusée,  redouble  avec  constipation.  Nous 
combattons  persévéramment  ces  troubles  intestinaux. 

Mais  Taffection  persiste  jusqu'à  la  puberté,  date  à  laquelle  nous  le 
perdons  de  vue. 

Juillet  4906.  —  Depuis  vingt  ans,  aucune  crise  convulsive,  aucun  accès 
de  somnambulisme  ne  s'est  produit.  Marié  à  vingt-deux  ans,  il  a  eu  une 
petite  fille  saine,  mais  il  est  devenu  tuberculeux  et  a  dû  quitter  Paris. 

Sa  sœur,  elle  aussi,  a  été  prise  à  onze  ans,  avant  d'être  réglée,  d'accidents 
analogues.  Un  jour,  en  arrivant  chez  sa  mère,  je  la  vois  balayant,  épous- 
$elant,  astiquant,  frottant  la  modeste  chambre  où  elle  habite.  Elle  ne 
me  voit  pas,  ne  me  répond  pas.  (Juand  elle  a  fini,  elle  s'assied  et  s'endort 
profondément.  A  son  réveil,  elle  pleure,  se  lamente,  court  d'une  pièce  à 
l'autre  sans  le  savoir. 

Un  autre  jour,  je  la  trouve  debout.  Je  lui  commande  de  s'asseoir,  de  se 
lever,  de  prendre  un  verre  ;  elle  m'obéitsans  avoir  conscience  de  ses  actes. 

Elle  se  réveille  et  se  rendort  sans  s'en  douter.  Pas  d'attaques  convul- 
sives.  Pas  d'hémianesthésie. 

Malgré  le  bromure  et  le  traitement  anthelmenthique  donnés  pour  con- 
soler la  mère,  les  crises  persistent  plusieurs  années  ;  nous  perdons  alors 
de  vue  ces  deux  enfants. 

L'aîné  des  trois  enfants,  Léon  P...,  est  pris,  en  1885,  de  crises  d'automa- 
tisme à  forme  délirante,  vers  l'âge  de  treize  à  quatorze  ans.  Cet  adoles- 
cent pendant  huit  jours  consécutifs,  et  mal .;ré  des  injections  de  morphine 
et  de  hautes  doses  de  chloral,  se  lève  la  nuit  en  menaçant  de  pourfendre 
des  ennemis  imaginaires.  Le  jour  il  se  lève  aussi  et  reste  vingt-quatre 
heures  en  mouvement,  tantôt  écrivant,  tantôt  menaçant  avec  un  large 
couteau  de  se  défendre  contre  des  agresseurs.  Un  jour  ce  malheureux 
s'évade.  11  revient;  peu  de  jours  après,  il  s'évade  encore  et  va  s'engager 
dans  l'armée.  Lui  aussi  a  quitté  vers  1886  la  rue  des  Canettes,  n°  15. 

Juillet  1906,  —  Après  vingt  ans  d'absence,  nous  retrouvons  la  famille  P... 
me  du  Bourbon- Château,  n**  2.  Ces  trois  enfants,  que  nous  avons  connus 
et  quittés  après  un  long  séjour  à  Forges,  ont  été  guéris  des  accidents 
névropathiques  ci-dessus  décrits. 

Henry  P...,  est  marié  depuis  dix  ans.  11  est  tuberculeux,  a  deshéma- 
témèses,  un  ictère  chronique.  Sa  santé  est  très  altérée,  mais  il  n'a  eu  ni 
crises  ni  absences  depuis  vingt  ans. 

Léon  P...,  marié  également,  est  absolument  guéri;  les  enfants  issus 
de  ces  deux  ménages  sont  sains  d'esprit  ;  aucun  trouble  psychique  chez 
les  parents. 

La  sœur  de  ces  jeunes  gens  a  maintenant  trente-quatre  ans,  n'est  pas 
mariée,  est  active,  laborieuse,  intelligente,  saine  d'esprit,  mais  elle  a  sans 
cesse  des  absences  ou  des  syncopes  qui  durent  quelques  minutes,  sans 
crises  convulsives.  Le  médecin  traitant  a  prescrit  un  traitement  tonique 
et  reconstituant. 


III.  —  Automatisme  ambulatoire  chez  l'adolescent. 

Dans  les  deux  premières  catégories  de  faits  cités  plus  haut 
(noctambulisme,  automatisme  diurne),  laguérison  des  réflexes 
ambulatoires  peut  être  considérée  comme  la  règle  habituelle. 


474  H.    DAUCHEZ 

Simple  réflexe  avec  tares  variables  dans  rautomatisme 
diurne,  telle  est  la  cause  de  la  guérison. 

Dans  rautomatisme  ambulatoire,  plus  ^ave  est  le  pronostic 
(Babinski)alors  surtout  qu'une  tare  héréditaire  est  bien  accusée. 

Tels  sont  les  trois  faits  suivants  signalés  dans  la  Reotte  de 
neurologie  se  rapportant  à  des  adolescents. 

Observation!  V.  —  Automatisme  ambulatoire  par  Simeska  (Casopis  Ces- 
kychl'Kam)  (An.  Rev.  Neurol,,  1897,  32,  33;  1898,  p.  80). 

Automatisme  ambulatoire  comilial  chez  ua  écolier &gé  de  quatorxeans. 
La  mère  du  malade  cité  est  atteinte  d'hémicranie.  Le  malade  même  est 
atteint  d'hémiplégie  spasmodique  infantile  après  encéphalite  aiguë. 

Observation  Vi.  —  Vn  cas  (T automatisme  ambulatoire  (Bregmann,  de 
Varsovie)  {Neurologie  des  Centralblatt,  l»*"  sept.  1899,  p.  776.  —  Rev.  Neu- 
roloQ,,  1900,  p.  241). 

Un  garçon  do  quatorze  ans,  bien  développe  au  double  point  de  rue 
intellectuel  et  moral,  quitte  sans  raison  la  maison  paternelle,  où  il  est 
choyé,  pour  errer  de  par  le  monde.  Ces  déplacements  se  répètent  à  divers 
intervalles  depuis  Vâqe  de  sept  nm.  Ils  sont  complètement  indépendants 
de  la  volonté,  toujours  liés  au  souvenir  d'un  frère  mort,  accomplis  sans 
coïncidence  d'actes  repréhensibles  et  laissant  généralement  une  trace 
dans  la  mémoire  du  malade.  Gest  fugues  ne  relèvent  ni  de  Tépilepsie  ni 
de  l'hystérie.  «»  C'est  la  fugue  des  dégénérés.  » 

Observation  VU.  —  Contnbution  à  Véhid^  ambulatoire  de  natitre  fiysté- 
iigue  (Marinesco-Minea  et  Makelam)  [An,  liev.  de  NeuroL,  1905,  p.  731). 

Garçon  de  seize  ans.  Parents  alcooliques,  frère  épileplique,  un  de 
ses  cousins  également  épileptique. 

«  Ce  malade  eut  plusieurs  crises  d'automatisme  ambulatoire.  Dans  une 
de  ces  crises,  il  parcourut  146  kilomètres  en  soixante-sept  heures,  conser- 
vant un  certain  degré  de  conscience.  Ainsi  il  a  remonté  sa  montre  pen- 
dant les  trois  jours  que  dura  sa  crise  d'automatisme.  Dans  ces  crises,  les 
mouvements  désordonnés  et  en  arc  de  cercle  rappelaient  l'hystérie.  » 

La  lecture  de  ces  faits  peut  se  passer  de  commentaires.  — 
Comme  nous  le  disions  au  début  de  cette  note,  il  y  a  une  diffé- 
rence capitale  entre  le  noctambulisme  infantile  et  Tauto- 
matisme  ambulatoire  propre  à  Tadulte  ou  à  Tadolescent. 

Le  réflexe  du  sommeil  n'étant  pas  pathologique  doit  guérir. 
C'est  une  suractivité  fonctionnelle  qui  est  et  demeure  passagère. 

Existe-t-il  une  tare  héréditaire,  grave,  l'automatisme  peut 
devenir  diurne.  —  Certains  enfants  en  conservent  des  traces 
plus  ou  moins  durables  et  sont  exposés  à  commettre  des  actes 
délictueux  ou  menaçants. 

Reste  le  vrai  automatisme  ambulatoire,  qui,  très  rare  chez 
l'enfant,  moins  rare  chez  l'adolescent,  dénote  l'hystérie  ou 
l'épilepsie  en  puissance  ou  en  germe  et  peut  nécessiter  Tisole- 
ment  des  jeunes  sujets. 


RECUEIL  DE  FAITS 


OBSERVATIONS  DE  MÉNINGITES  BACTÉRIENNES 

Par  le  D'  J.  GOMBT 

On  trouvera,  dans  ce  recueil  de  faits,  11  observations  de  ménin- 
gites non  tuberculeuses,  la  plupart  à  méningocoques,  recueillies  à 
Fhôpital  des  Enfants  ou  à  Thôpital  Trousseau.  Tous  les  enfants 
atteints,  à  l'exception  d'un  seul,  ont  succombé.  Celui  qui  a  guéri 
(Obs.  I)  aurait  sans  doute  guéri  tout  seul,  car  la  thérapeutique 
qu'il  a  subie  n'a  pas  été  très  active.  Par  contre,  d'autres,  que  nous 
avions  traités  avec  énergie,  ont  succombé.  Le  pronostic  de  ces 
méningites  suppurées,  à  méningocoques,  à  pneumocoques,  à  strep- 
tocoques, est  donc  presque  toujours  fatal. 

Observation  I.  —  Garçon  de  sept  ans,  —  Méningite  cérébro-spinale» 
Guirison  rapide  après  trois  ponctions  lombaires» 

Le  jeune  P...  Charles^  âgé  de  sept  ans,  est  entré  dans  mon  service,  à 
l'hôpital  des  Enfants-Malades,  le  19  janvier  1907,  pour  des  accidents 
cérébraux  extrêmement  graves. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente-huit  ans,  ne  tousse  pas, 
mais  boit  et  a  des  crises  épileptiformes  depuis  deux  ans.  Mère,  âgée  de 
trente-trois  ans,  bien  portante.  Les  autres  enfants  vivants,  entre  trois  et 
douze  ans.  Pas  de  fausses  couches. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  né  à  terme,  nourri  au  sein  ;  marche 
à  treize  mois,  pas  de  retard  pour  la  dentition.  Varicelle  il  y  a  trois  ans, 
rougeole  il  y  a  cinq  ans.  Pas  d'autres  maladies. 

L'enfant,  qui  se  portait  bien,  a  été  pris  brusquement  le  16  janvier 
d'un  violent  mal  de  tête  et  de  douleurs  de  ventre  attribuées  à  des  coups 
de  pied  reçus  à  l'école. 

Pas  de  frissons,  mais  vomissements  répétés  le  lendemain  et  le  surlen- 
demain. Ces  vomissements  se  produisaient  sans  effort.  Constipation 
opiniâtre.  Pendant  quelques  jours,  violent  point  de  côté,  puis  douleurs 
et  crampes  dans  les  membres. 

Depuis  trois  jours,  léger  strabisme. 

État  actuel,  —  Enfant  couché  en  chien  de  fusil,  poussant  des  cris,  se 
plaignant  de  la  tête.  Paupières  closes,  regard  fixe,  pupilles  dilatées. 
Faciès  vultueux,  joues  très  rouges.  Raideur  de  la  nuque  très  accusée» 
raideur  de  la  colonne  vertébrale  tout  entière,  tendance  à  l'opisthotonos. 

Ventre  rétracté  en  bateau  et  douloureux.  Selles  normales  et  sponta- 
nées, incontinence  d'urine. 

Le  soir  de  l'entrée,  la  température  est  à  39^2  ;  elle  retombe  à  37°  le 


476  J.    GOMBY 

lendemain  matin,  oscille  quelques  jours  autour  de  38<^;  puis,  à  partir  du 
23  janvier  (septième  ou  huitième  jour  de  la  maladie),  elle  reste  autour 
de  370. 

Le  21  janvier,  Tenfant  a  de  l'herpès  labial.  Nous  pratiquons  une  ponc- 
tion lombaire  et  retirons  15  centimètres  cubes  d'un  liquide  laiteux  qui, 
examiné  par  mon  interne  M.  Schœfîer,  a  montré  de  nombreux  polynu- 
cléaires et  <les  méningocoques. 

Le  23,  deuxième  ponction  lombaire  :  25  à  30  centimètres  cubes  de 
liquide  laiteux  contenant  les  mêmes  éléments. 

Le  24,  lendemain  de  la  deuxième  ponction,  état  très  satisfaisant,  la 
céphalée  a  disparu,  il  y  a  moins  de  raideur.  L'intelligence  est  nette,  pas 
de  fièvre. 

Le  26  (onzième  jour  de  la  maladie),  troisième  et  dernière  ponction 
lombaire  qui  donne  10  centimètres  cubes  de  liquide  presque  clair  ne 
contenant  plus  de  microbes  et  à  peine  quelques  polynucléaires. 

Le  27,  enfant  très  gai,  jouant  sur  son  lit,  demandant  à  manger.  Pas 
de  raideur  de  la  nuque,  ni  signe  de  Kernig,  ni  raie  méningitique.  Gué- 
rison. 

L'enfant  sort  le  10  février  dans  un  état  excellent. 

Outre  liss  trois  ponctions  lombaires  que  nous  avons  faites,  le  traite- 
ment s'est  borné  aux  bains  chauds  à  38o.  Pas  de  médicament. 

Ce  cas,  fort  simple,  montre  que  la  méningite  cérébro-sipinale  à 
méningocoque  peut  être  très  bénigne  et  en  quelque  sorte  sdbortive, 
même  quand  elle  a  débuté  avec  violence.  La  ponction  lombaire, 
en  montrant  la  présence  de  pus  et  de  microbes  dans  le  liquide 
céphalo-rachidien,  pouvait  nous  faire  craindre  une  évolution  fâcheuse. 
Or,  s'il  y  a  eu  encore  du  pus  à  la  seconde  ponction  faite  deux  jours 
après  la  première,  le  liquide  a  coulé  limpide  à  la  troisième  ponction, 
faite  trois  jours  après,  et  l'enfant  a  guéri  avec  une  rapidité  insolite 
et  #ur  laquelle  nous  étions  loin  de  compter. 

A  côté  de  ce  cas,  des  plus  favorables,  en  voici  un  autre,  observé 
peu  de  temps  après,  qui,  malgré  tous  nos  efforts,  s'est  terminé  par 
la  mort. 

Observation  II.  —  Fille  de  deux  ans  et  demi, — Méningite  cérébro- 
spincUe.  —  Ponctions  lombaires  répétées.  —  Infections  intrarachidiennes 
d^électrargoL  —  Mort. 

La  jeune  P...  Renée,  âgée  de  deux  ans  et  demi,  entre  dans  mon  service, 
à  l'hôpital  des  Enfants-Malades,  le  30  avril  1907. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  vingt-sept  ans,  tousse  assez 
souvent,  aurait  eu  récemment,  en  faisant  ses  vingt-huit  jours,  une  bron- 
chite grave  avec  crachements  de  sang.  Mère,  âgée  de  vingt-deux  ans, 
bien  portante,  ne  tousse  pas.  Un  autre  enfant  bien  portant,  deux  morts 
en  bas  âge. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  été  nourrie  au  sein 
jusqu'à  seize  mois.  Dentition  assez  précoce.  Un  peu  délicate,  ne  marche 
que  depuis  peu.  Aurait  eu  une  bronchopneumonie  à  dix-huit  mois. 

Maladie  actuelle.  —  Le  26  avril,  elle  a  présenté,  dans  le  miUeu  de  la 
journée,  de  la  fièvre  avec  somnolence.  Douleur  de  tête  continuelle  depuis 
ce  moment,  avec  cris  et  gestes  de  frayeur.  Vomissements  à  plusieurs 


OBSERVATIONS   DE   MÉNINGITES  BACTÉRIENNES  477 

reprises.  Constipation  opiniâtre.  Tout  cela  est  survenu  brusquement^ 
en  pleine  santé. 

Aujourd'hui  Tenfant  est  somnolente,  elle  a  un  peu  de  strabisme  con- 
vergent ;  mais  on  nous  dit  qu'il  existait  avant  la  maladie.  Raideur  d& 
la  nuque  très  prononcée  avec  tendance  à  Topisthotonos.  Pas  de  signe 
de  Kernig.  Raie  méningitique  très  nette. 

L'enfant  est  peu  développée  pour  son  âge,  elle  ne  pèse  que  9^^,600» 
Elle  n'a  que  seize  dents.  La  fontanelle  antérieure  est  [bien  fermée^ 
mais  il  y  a  un  léger  chapelet  rachitique.  Pouls  très  rapide  ;  rien  à  l'aus- 
cultation du  cœur  ni  des  poumons. 

Le  1^  mai,  ponction  lombaire  ;  il  s'écoule  de  20  à  25  centimètres  cubes 
de  liquide  laiteux  en  hypertension.  Mon  interne,  M.  David,  trouve  dans 
ce  liquide  un  grand  nombre  de  leucocytes  polynucléaires  avec  (quelques 
grands  mononucléaires.  A  ce  moment,  il  a  été  difficile  de  mettre  en 
évidence  les  microbes  ;  mais,  lors  des  ponctions  ultérieures,  on  a  trouvé 
le  méningocoque. 

On  donne  le  matin,  à  une  heure  d'intervalle,  deux  paquets  de  5  centi- 
grammes de  calomel.  On  commence  les  bains  à  38<>,  pendant  dix  minutes 
(deux  à  trois  par  jour). 

Le  3  mai,  l'état  de  l'enfant  semble  un  peu  meilleur  ;  moins  de  somno- 
lence, selles  spontanées,  pas  de  raideur  des  membres  ;  persistance  de  la 
raideur  de  la  nuque.  Une  deuxième  ponction  lombaire  donne  encore  un 
liquide  louche,  blanc  laiteux,  sans  hypertension  (environ  25  centimètres- 
cubes).  Il  semble  que  ce  liquide  soit  moins  opaque  que  celui  de  la  première 
ponction.  Culot  moins  abondant  avec  des  polynucléaires  plus  clairsemés. 

Le  4  mai,  état  stationnaire,  nuque  raide,  tête  en  arrière,  pouls  à  168. 
Cependant  l'enfant  a  toute  sa  connaissance;  ses  yeux  sont  ouverts; 
il  crie  quand  on  s'approche  ;  rien  qui  rappelle  le  faciès  de  la  méningite 
tuberculeuse. 

Le  6  mai,  troisième  ponction  lombaire  ;  hypertension,  écoulement 
de  25  centimètres  cubes  environ  de  liquide  un  peu  moins  louche  que 
la  deuxième  fois.  Le  10,  une  quatrième  ponction  est  faite  ;  il  ne  coule 
rien  d'abord  ;  mais,  après  une  légère  aspiration,  on  retire  goutte  à  goutte 
un  liquide  laiteux  (20  centimètres  cubes  environ).  Le  13  mai,  cinquième 
ponction  lombaire  avec  aspiration  :  pas  d'hypertension,  liquide  laiteux 
(20  centimètres  cubes).  Le  17,  encore  20  centimètres  cubes  retirés 
par  une  sixième  ponction  lombaire;  liquide  toujours  blanchâtre,  lai- 
teux, sans  hypertension.  Pendant  quatre  jours,  l'enfant  reste  sans  fièvre, 
alors  qne  les  quinze  jours  précédents  le  thermomètre  marquait  38®, 
38o,5,  39®  et  même  40®  :  courbe  d'ailleurs  très  irrégulière. 

Le  18  mai,  alors  que  la  température  est  au-dessous  de  37^  l'enfant  a 
quelques  vomissements  ;  il  est  plus  abattu,  avec  des  plaques  rouges  aux 
pommettes,  les  yeux  excavés,  le  pouls  à  130.  Le  20,  une  septième  ponc- 
tion lombaire  donne  15  centimètres  cubes  de  liquide  laiteux,  sans  hyper- 
tension. Devant  la  gravité  croissante  de  l'état  général,  nous  injectons, 
dans  le  canal  rachidien,  5  centimètres  cubes  d'une  solution  d'argent 
colloïdal  électrique  à  petits  grains  (électrargol).  La  température,  qui 
était  à  37^  s'élève  le  soir,  après  l'injection,  à  38o,2.  Le  lendemain,  elle 
retombe  à  37<>.  Otorrhée  gauche  le  21  mai. 

Le  22  mai,  huitième  ponction  lombaire,  qui  donne  environ  20  centi- 
mètres cubes  de  liquide  louche  avec  reflet  jaune  verdâtre,  sans  hyper-^ 
tension.  Nouvelle  injection  intrarachidienne  de  5  centimètres  cubes 
d'électrargol.  Lavements  nutritifs.  Amaigrissement  profond.  Tête  tou^ 
jours  renversée  en  arrière. 


478  J.    GOMBY 

Le  23  mai;  la  température  monte  à  40<>,  et  l'enfant  succombe  à  huit 
heures  du  matin  après  un  mois  de  maladie. 

Autopsie.  —  L'autopsie  montre  une  thrombose  généralisée  des  sinus 
de  la  dure-mère  avec  hémorragie  cérébrale  de  Thémisphère  droit  en 
avant  du  lobule  paracentral  ;  il  y  a  là  comme  une  truffe  logée  dans  la 
substance  cérébrale,  qui  est  congestionnée  et  piquetée  à  la  coupe.  Pas 
de  pus  à  la  convexité  des  hémisphères.  Pas  de  pus  à  la  surface  de  la  moelle, 
qui  présente  seulement  une  hémorragie  à  sa  face  antérieure.  Donc 
pas  de  méningite  de  la  convexité  cérébrale,  pas  de  méningite  spinale 
proprement  dite.  Mais  traînées  de  pus  sur  le  cervelet  et  le  long  des  artères 
syl viennes.  Il  y  avait  là  comme  un  dépôt  crémeux  assez  abondant  (ménin- 
gite basique  postérieure).  Pas  de  tubercule  en  aucun  point.  Rien  dans 
les  viscères  thoraciques  ni  abdominaux. 

Dans  cette  forme  à  méniogocoques,  il  s'agissait  donc  d'une 
méningite  basilaire  postérieure  (posterior  basic  meningiiis  des 
Anglais),  plutôt  que  d'une  véritable  méningite  cérébro-spinale. 
Aussi  voyoas-nous  le  principal  ou  même  l'unique  symptôme  être, 
pendant  toute  la  durée  de  la  maladie,  la  rétraction  de  la  tête  en 
arrière.  Rien  n'a  pu  triompher  de  ce  symptôme  :  ni  les  ponctions 
lombaires  répétées  (huit  en  trois  semaines,  extraction  de  160  centi- 
mètres  cubes  au  moins  de  liquide  céphalo-rachidien),  ni  les  injec- 
tions intrarachidiennes  de  collargol  électrolytique.  Enfin  il  faut 
relever  cette  intervention  de  la  thrombose  des  sinus  et  de  l'hémor- 
ragie cérébrale  qui  a  été  funeste,  et  qu'on  ne  pouvait  prévoir. 

Observation  IIL  —  FUle  de  treize  mois.  —  Pneumonie  de  la  base 
droite.  —  Deux  jours  après  la  défervescence,  méningite,  mort  en  six  fours. 
—  Trois  ponctions  lombaires.  —  Méningite  cérébro-spinale  suppurée. 

B...  Renée,  âgée  de  treize  mois,  entre  dans  mon  service,  à  l'hôpital 
des  Enfants-Malades,  le  27  janvier  1906. 

Antécédents  héréditaires.  —  Mère,  âgée  de  vingt-deux  ans,  bien  por- 
tante. Père  de  santé  inconnue. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  été  nourrie  au  sein 
par  sa  mère  ;  première  dent  à  six  mois,  marche  à  un  an.  Pas  de  maladie 
antérieure,  tousserait  depuis  quinze  jours. 

État  actuel.  —  Souffle  tubaire  et  matité  à  la  base  droite,  avec  quelques 
râles  crépitant*).  Donc  pneumonie  de  la  base  droite.  Dyspnée  notable 
(75  respirations  à  la  minute).  Rien  d'anormal  au  poumon  gauche.  Bains 
tièdes,  enveloppements  froids  du  thorax,  potion  de  Todd.  La  fièvre 
n'a  rien  d'excessif  (39^4  le  soir  du  27  janvier,  39^,8,  39^6  le  lendemain, 
39<^  et  39<^,8  le  surlendemain,  après  quoi  défervescence  en  lysis  achevée 
le  31  au  matin). 

Le  29,  la  toux  est  plus  fréquente  et  le  souffle  a  gagné  par  en  haut. 
Le  31,  râles  de  retour  à  la  base  droite,  mais  léger  souffle  à  la  base  gauche. 

Le  3  février,  râles  sous-crépitants  aux  deux  bases.  Ce  jour-là,  la  tempé- 
rature a  atteint  40^', 6,  et  jusqu'à  la  mort  elle  oscillera  autour  de  W^ 
(39^,5  ou  390,6  le  matin,  40o,5  le  soir).  Un  vomissement  s'est  montré  suivi 
de  plusieurs  autres. 

Le  4,  raideur  de  la  nuque  et  de  la  colonne  vertébrale  ;  on  soulève 
l'enfant  tout  d'une  pièce.  La  méningite  est  évidente.  On  prescrit  les 
bains  à  38°  répétés  deux  fois  par  jour.  La  ponction  lombaire  faite  dans 


OBSERVATIONS  DE   MÉNINGITES  BACTÉRIENNES  479 

la  matinée  du  4  février  donne  20  centimètres  cubes  d'un  liquide  laiteux 
et  purulent,  sans  hypertension  ;  un  culot  se  forme  rapidement  au  fond 
du  tube»  et  au-dessus  de  ce  culot,  on  note  un  reflet  verdâtre.  Deux  autres 
ponctions  lombaires  faites  le  5  et  le  6  donnent  la  même  (quantité  de 
liquide  purulent.  Ce  liquide  contient  de  nombreux  polynucléaires  et  des 
diplocoques  extra  et  intracellulaires,  ne  prenant  pas  le  Qram,  qui,  inoculés 
à  la  souris  blanche,  ne  Font  pas  fait  périr.  Il  est  permis  de  supposer  qu'il 
s'agit  de  méningocoques. 

Cependant  Tenfant  va  de  mal  en  pis;  son  teint  est  livide,  ses  ailes  du 
nez  battent  rapidement,  son  corps  est  agité  de  mouvements  convulsifs. 
Les  convulsions  sont  plus  marquées  au  membre  supérieur  droit. 

Raideur  de  la  nuque  et  de  la  colonne  vertébrale,  pas  de  signe  de  Ker- 
nig. 

Mort  le  7  février,  au  sixième  jour  des  accidents  méningitiques. 

Auiopsie.  —  On  trouve  à  l'ouverture  de  la  cage  thoracique  une  gaine 
fibrino-purulente  à  la  surface  du  poumon  droit.  Cette  couche  de  pus 
recouvre  le  lobe  inférieur  et  s'insinue  dans  l'interlobe.  A  la  coupe,  tissu 
carnifié.  Pas  de  tuberculose.  Rate  grosse.  Foie  volumineux,  reins  pâles. 

Cœur  mou  et  pâle,  sans  lésions  valvulaires. 

Après  enlèvement  de  la  calotte  crânienne,  on  voit  que  le  cerveau 
est  recouvert  dans  sa  totalité  par  une  couche  de  pus  ;  ce  pus  forme  des 
gaines  autour  des  principaux  vaisseaux  et  se  propage  aussi  à  la  base. 
En  certains  points,  on  trouve  sous  la  couche  purulente  des  méninges 
des  foyers  d'encéphalite  ou  d'hémorragie.  Pas  de  thrombose  des  sinus. 

La  moelle  épinière  est  également  entourée  d'un  pus  épais  et  crémeux. 

Dans  ce  cas,  qui  a  eu  une  marche  très  rapide,  la  méningite  céré- 
bro-spinale a  été  précédée  de  pneumonie.  Il  était  naturel  d'admettre 
une  méningite  pneumococcique.  Mais  Texamen  du  liquide  retiré 
par  la  ponction  lombaire,  les  cultures,  les  inocualtions  à  la  souris 
blanche  (tout  cela  fait  avec  soin  par  mon  interne  M.  Chartier),  ont 
mb  en  relief  la  présence  du  méningocoque.  Les  ponctions  lom- 
baires ont  été  absolument  inefTicaries. 

Observation  IV.  —  FUle  de  cinq  mois.  —  Méningite  cérébro-spinale 
à  la  suite  de  vaccination.  —  Ponctions  lombaires.  —  Pas  de  fièvre.  —  Mort 
après  cinquante  fours  de  maladie. 

B...  Suzanne,  âgée  de  cinq  mois,  est  conduite  à  l'hôpital  des  Enfants- 
Malades  le  23  novembre  1905  pour  une  rétraction  de  la  tête  en  arrière 
datant  de  quelques  jours. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  vingt-cinq  ans,  pâle,  faible, 
ayant  une  ankylose  du  genou  droit  à  la  suite  de  tumeur  blanche.  Mère, 
âgée  de  vingt-quatre  ans,  se  porte  bien  ;  taches  de  xanthelasma  palpé- 
bral  ;  pas  d'autre  enfant,  pas  de  fausse  couche. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  se  présentait  par  le 
siège;  il  a  fallu  exercer  de  fortes  tractions  pour  la  dégager;  asphyxie. 
Nourrie  au  sein  par  la  mère,  elle  s'est  bien  portée  jusqu'à  cinq  mois,  où 
elle  fut  vaccinée  le  4  novembre,  à  la  mairie,  par  M.  Saint-Yves-Ménard, 
de  génisse  à  bras.  On  lui  fit  deux  piqûres  à  chaque  bras.  Le  même  jour, 
avec  le  même  vaccin,  on  inocula  un  grand  nombre  d'enfants,  dont  3  nour- 
rissons, qui  n'eurent  aucun  accident. 

Maladie  actuelle.  —  Deux  ou  troi&  jours  après  la  vaccine,  l'enfant  se 
mit  à  pousser  des  cris,  et  le  cinquième  jour  (8  novembre),  elle  présenta 


480  J.   COMBY 

le  renversement  de  la  tête  en  arrière,  Topisthotonos  qui  devait  persister 
jusqu'à  la  fin. 

Quand  on  la  touche,  elle  pousse  des  cris  ;  elle  peut  prendre  le  sein 
malgré  un  spasme  de  la  mâchoire  et  une  sorte  de  trismus  qui  m'avait  fait 
penser  tout  d'abord  au  tétanos  vaccinal,  dont  on  a  cité  des  cas  en  Amé- 
rique. Pas  de  fièvre  ;  le  thermomètre,  dans  le  rectum,  dépasse  rare- 
ment 31°  ;  l'apyrexie  a  persisté  jusqu'à  la  fin  de  la  maladie. 

Enfant  de  belle  apparence,  teint  coloré,  chairs  fermes.  Elle  n'a  pas 
sensiblement  dépéri,  qpioique  la  maladie  date  déjà  de  plus  de  quinze  jours. 
Un  peu  de  diarrhée  actuellement,  pas  de  vomissements.  Ce  qui  fî^ppe 
tout  d'abord,  c'est  la  raideur  de  la  nuque  et  du  dos  avec  renversement 
de  la  tête  en  arrière;  c'est  un  véritable  opisthotonos,  et  l'on  pourrait 
presque  dire  que  toute  la  symptomatologie  se  réduit  à  cela.  Toutefois 
il  faut  noter  les  cris  de  l'enfant,  la  tache  cérébrale  et  autres  petits  signes  : 
raideur  des  membres,  mains  en  griffe,  réflexes  tendineux  exagérés, 
mâchonnement,  yeux  fixes,  mydriase.  Poids,  5*^^,500. 

Pour  assurer  le  diagnostic,  on  fait  immédiatement  (23  novembre)  une 
ponction  lombaire  qui  donne  un  liquide  louche  coulant  en  jet.  L'examen 
de  ce  liquide,  fait  par  M.  Chartier,  mon  interne,  montre  une  polynucléose 
abondante,  quelques  lymphocytes  et  des  cocci  groupés  par  deux  ou  par 
quatre,  dont  plusieurs  intracellulaires.  Les  réactions  de  ces  microbes 
montrent  qu'il  s'agit  de  méningocoqùes. 

Le  lendemain,  24  novembre,  l'enfant  semble  un  peu  soulagée,  mais 
elle  a  eu  (quelques  mouvements  convulsifs.  Elle  continue  à  prendre 
le  sein  régulièrement.  La  température  rectale,  qui  était  à  37^,6  le  23  au 
soir  (après  la  ponction  lombaire),  tombe  à  37°  le  24.  Un  vomissement, 
constipation,  cris  fréqpients. 

Le  26,  nouvelle  ponction  lombaire  ;  il  ne  sort  pas  de  liquide  ;  la  rai- 
deur a  presque  disparu  ;  l'enfant  tète  bien,  crie  moins,  dort  mieux. 

Le  30  novembre,  la  contracture  est  revenue  à  la  suite  d'un  bain,  dit 
la  mère. 

Les  bains,  à  38°,  avaient  été  jusque-là  très  bien  supportés.  Fonta- 
nelle antérieure  bombée,  cris  incessants,  mydriase  surtout  à  gauche, 
mâchonnement.  On  fait  une  nouvelle  ponction  lombaire,  qui  donne  envi- 
ron 10  centimètres  cubes  d'un  liquide  trouble,  à  reflet  jaune  verdâtre. 

Le  3  décembre,  raie  méningitique,  raideur  de  la  nuque,  pas  de  signe 
de  Kernig. 

Le  7,  vomissements,  2  ponctions  blanches,  raideur  plus  accusée,  pas 
de  fièvre. 

Le  10,  amélioration,  moins  de  raideur,  moins  de  cris.  L'enfant  tète  bien. 
Un  vomissement. 

Le  16,  vomissements  depuis  qpiatre  jours,  ponction  lombaire.  Hype^ 
esthésie  cutanée,  raideur  très  accusée,  mâchonnement. 

Le  liquide  fourni  par  la  ponction  (12  à  13  centimètres  cubes)  est  tou- 
jours louche  et  contient  des  polynucléaires  et  des  méningocoqùes.  L'en- 
fant, malgré  l'allaitement  au  sein,  ne  pèse  plus  que  5  050  grammes;  elle 
a  perdu  450  grammes  en  vingt-trois  jours. 

Mort  le  29  décembre  après  cinquante  jours  de  maladie. 

Dans  ce  cas,  qui  répond  cliniquement  à  la  vosterior  basic  mtnin- 
gitis  des  Anglais,  il  faut  remarquer  le  jeune  Sig/i^  de  l'enfant,  l'absence 
de  fièvre,  la  longue  durée  de  la  maladie,  l'impuissance  des  bains  et 
des  ponctions  lombaires. 


OBSERVATIONS  DE   MÉNINGITES   BACTÉRIENNES  481 

Observation  V.  —  Fille  de  dix-huit  mois.  —  Méningite  cérébro-spinale 
à  méningoeoques.  —  Bains  chauds  et  ponctions  lombaires.  —  Mort  à  la 
suite  de  rougeole. 

F...  Maria,  âgée  de  dix-huit  mois,  entre  dans  mon  service,  à  l'hôpital 
des  Enfants-Malades,  le  16  janvier  1903,  pour  des  convulsions. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente  ans,  en  bonne  santé, 
mais  très  nerveux  ;  aurait  des  crises  d'épilepsie  depuis  Tâge  de  vingt- 
cinq  ans.  Mère,  âgée  de  trente  et  un  ans,  bien  portante.  Deux  autres 
enfants  en  bonne  santé. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  Tenfant  a  été  nourrie  au  sein 
par  sa  mère  jusqu'à  l'âge  de  neuf  mois  ;  puis  alimentation  exagérée. 

Maladie  actuelle.  —  Le  16  janvier,  vers  sept  heures  du  matin,  l'enfant, 
jusque-là  bien  portante,  se  met  à  crier,  après  avoir  eu  des  nausées,  et 
tombe  dans  les  convulsions  ;  ces  convulsions,  très  intenses,  sont  d'abord 
toniques,  puis  cloniques,  avec  écume  à  la  bouche.  Après  l'entrée  à  l'hô- 
pital, nouvelles  convulsions  éclamptiques. 

Donc  invasion  brutale,  sans  prodromes,  en  pleine  santé,  par  des  con- 
vulsions. 

Puis  l'enfant  tombe  dans  l'abattement  et  la  somnolence;  mâchonne- 
ment continuel  au  réveil.  Langue  saburrale,  constipation.  Rien  au  cœur 
ni  au  poumon.  Température  39^,  39^,5,  etc. 

Pas  de  raideur  du  cou  ni  des  membres,  pas  de  raie  méningitique.  En 
présence  de  ces  symptômes,  nous  écrivons  compulsions  au  diagnostic. 
Nous  prescrivons  :  deux  bains  par  jour  à  35^  pendant  cinq  minutes,  un 
lavement  glycérine,  des  bottes  d'ouate,  le  régime  lacté.  En  cas  de  con- 
vulsions nouvelles,  on  donnera  de  petits  lavements  avec  antipyrine 
(0?^50)  et  eau  bouillie  (50  grammes). 

Le  19  janvier  (quatrième  jour  de  la  maladie),  apparaît  Vherpès  labial 
(39^6  le  soir).  Le  lendemain,  la  température  tombe  à  3 go,  mais  le  soir 
elle  remonte  à  39^,  et  les  symptômes  méningitiques  se  dessinent  :  raideur 
de  la  nuque,  décubitus  en  chien  de  fusil,  tache  cérébrale,  etc. 

Une  première  ponction  lombaire  est  faite  le  21  janvier  ;  on  retire 
environ  20  centimètres  cubes  de  liquide  légèrement  louche  sans  hyper- 
tension. Un  léger  coagulum  fibrineux  se  montre  dans  le  tube.  L'examen 
direct  dénote  la  présence  de  rares  lymphocytes  et  de  nombreux  poly- 
nucléaires. Dès  lors  le  diagnostic  de  méningite  bactérienne  est  porté. 

Le  24,  il  y  a  une  légère  détente,  l'enfant  dort  mieux,  a  moins  d'agita- 
tion, boit  mieux,  est  moins  raide,  selles  spontanées.  La  température  oscille 
entre  38°  le  matin  et  39®  le  soir. 

Le  26,  deuxième  ponction  lombaire  ;  on  ne  retire  que  5  à  6  centimètres 
cubes  d'un  liquide  plus  louche  que  la  première  fois.  Polynucléose.  L'état 
reste  le  même.  Fièvre  irrégulière. 

Du  3  au  6  février  cependant,  la  lièvre  tombe  graduellement,  pour 
atteindre  37^  le  soir  du  6  février.  Mais,  le  6  au  soir,  elle  remonte  à  39^. 
Le  7,  apparaissent  des  vomissements. 

Le  9,  troisième  ponction  lombaire  qui  donne  quelques  centimètres 
cubes  de  liquide  louche. 

Le  10,  l'enfant  présente  une  éruption  de  rougeole.  Le  lendemain, 
pouls  incomptable,  état  général  mauvais,  dyspnée,  toux,  trismus. 

Le  18  février,  raideur  de  la  nuque  très  marquée,  pupilles  dilatées, 

raie  méningitique.  Le  19,  on  fait  une  quatrième  ponction  lombaire  qui 

donne  4  centimètres  cubes    de    liquide  fibrineux  purulent  contenant 

de  nombreux  polynucléaires  et  des  méningoeoques.  L'enfant  a  fondu. 

Le  20,  convulsions,  éruption  de  sudamina.  Mort  le  21  février  à  dix 

Arch.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X   —  31 


482  J.    COMBY 

heures  du  matin  (trente-cinq  jours  après  le  début).   La  température 
rectale  prise  cinq  minutes  après  la  mort  atteignait  43<>,2. 

Autopsie.  —  On  trouve  une  couche  épaisse  de  pus  à  la  base  du  cerveau 
sur  le  bulbe  et  la  protubérance,  sur  le  vermis  supérieur.  Pas  de  tuber- 
cules. Hydropysie  ventriculaire  notable,  pus  dans  les  ventricules.  Rieo 
au  cœur,  au  poumon,  au  foie  ni  à  la  rate.  Pus  autour  de  la  moelle. 

Dans  ce  cas,  qui  a  duré  plus  de  trente-cinq  jours,  rinvasion  a  ét^ 
absolument  brutale,  et  on  a  pu  croire  à  de  simples  convulsions 
éclamptiques.  Puis  sont  venus  Therpès  labial  et  les  symptôm^^ 
méningés.  Les  ponctions  lombaires  au  nombre  de  quatre  ont  éié 
inefficaces.  L'inter\'ention  de  la  rougeole  a  hâté  le  dénoûment  fatal. 

Voici  un  cas  dans  lequel  la  marche  de  la  maladie  a  été  beaucoup 
plus  rapide. 

Observation  VL  —  Garçon  de  vingt  et  un  mois,  —  Méningite  cérébro- 
spinale  à  marche  rapide.  —  Mort  au  cinquième  jour. 

W...  Fernande  âgé  de  vingt  et  un  mois,  entre  le  5  juillet  1904,  dans 
mon  service  de  Thôpital  des  Enfants -Malades. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  vingt-quatre  ans,  aurait  une 
bronchite  depuis  deux  mois.  Mère  en  bonne  santé  ;  deux  jumeaux  bien 
portants. 

Antécédents  personnels.  —  Né  à  terme,  Tenfant  a  été  nourri  au  sein 
pendant  un  mois,  puis  au  biberon.  Première  dent  à  sept  mois  et  demi, 
marche  à  quatorze  mois. 

Aucune  maladie  antérieure. 

Maladie  actueUe.  —  Il  y  a  quatre  jours,  vomissements,  fièvre  ;  un 
médecin  appelé  près  de  l'enfant  le  4  juillet  trouve  un  pouls  à  150,  une 
température  à  40<>,2,  de  la  constipation,  des  convulsions  cloniques  du 
côté  droit.  Respiration  stertoreuse,  cris,  gémissements,  myosis. 

Le  5  juillet,  nous  trouvons  un  enfant  ayant  perdu  connaissance,  agi- 
tant constamment  le  bras  et  la  jambe  du  côté  droit  ;  déviation  des  yeux 
vers  ce  même  côté.  Pas  de  raideur  de  la  nuque.  Tache  cérébrale.  Tem- 
pérature, 390,5.  Le  soir,  mouvements  convulsifs  généralisés,  mort  le 
6  juillet  à  quatre  heures  du  matin. 

Autopsie.  —  Pas  de  tuberculose  ;  nappe  de  pus  sur  les  circonvolutions 
cérébrales  s'étendant  à  la  moelle.  Ce  pus  est  épais  et  fibrineux.  Il  a  pu  se 
former  en  quelcfues  jours  et  entraîner  la  mort  avec  une  rapidité  inusitée. 
Rien  au  cœur  ni  aux  poumons. 

Observation  VII.  —  Garçon  de  dix-huit  mois.  —  Méningite  cérébro- 
spinale  foudroyante.  —  Mort. 

C...  Auguste,  âgé  de  dix-huit  mois,  entre  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades 
le  27  janvier  1903,  pour  des  convulsions. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente-deux  ans,  bien  por- 
tant, non  alcoolique.  Mère,  âgée  de  trente-deux  ans,  sujette  aux  palpi- 
tations. A  eu  neuf  enfants,  dont  six  vivants. 

Antécédents  personnels.  —  Né  à  terme,  l'enfant  a  été  nourri  au  sein 
par  sa  mère  jusqpi'à  quinze  mois;  puis  quelques  panades  ou  potages. 
Première  dent  à  sept  mois,  marche  à  dix-sept  mois.  Rougeole  à  neuf 
mois. 

Maladie  actuelle.  —  Bien  portant  jusqu'à  hier  soir,  l'enfant  a  refusé 
de  manger  à  ce  moment  et  a  présenté  presque  aussitôt  des  convulsions 


OBSERVATIONS   DE   MÉNINGITES   BACTÉRIENNES  483 

cloniques  des  membres  avec  grimaces  de  la  face.  Gris,  pas  de  vomisse- 
ments, constipation. 

Température  le  27  janvier,  au  moment  de  l'entrée,  40<>,5.  Mort  dans  la 
nuit,  après  trente -six  heures  de  maladie. 

Autopsie,  —  Pas  de  tuberculose.  Nappe  de  pus  sur  la  convexité  du 
cerveau,  rien  à  la  base.  Pus  dans  le  canal  rachidien.  Rate  grosse,  foie 
infectieux.  L'examen  du  pus  donne  des  méningocoques. 

Observation  VIII.  —  Fille  de  trois  ans  et  demi.  —  Angine  suspecte, 

—  Convulsions.  —  Méningite  à  marche  traînante  et  presque  apyrétique. 

—  Nappe  de  pus  à  la  surface  du  cerveau. 

Le  16  mars  1896,  entre  dans  mon  service,  à  l'hôpital  Trousseau,  D.„ 
Marcelle,  âgée  de  trois  ans  et  demi. 

Antécédents  héréditaires.  —  Parents  bien  portants,  un  frère  de  quatre 
ans  sourd -muet,  mais  sans  autre  maladie  ;  un  autre  de  sept  mois  en 
bonne  santé. 

Antécédents  personnels,  —  Née  à  terme,  élevée  au  sein  jusqu'à  dix- 
huit  mois,  l'enfant  a  mis  sa  première  dent  à  dix  mois.  Toujours  bien 
portante.  Il  y  a  trois  semaines,  légère  éruption  de  rougeole.  Depuis  ce 
moment,  elle  n'a  cessé  de  souffrir  de  la  tête  ;  cris  perçants  depuis  dix 
jours,  délire,  fièvre,  toux.  Il  y  a  six  jours,  l'enfant  aurait  eu  mal  à  la 
gorge,  et  son  médecin,  le  D'  StrafforeUi,  lui  aurait  fait  une  injection  de 
sérum  de  Roux.  Puis  elle  a  été  prise  de  convulsions  le  12  mars  ;  on  a 
prescrit  des  bains,  des  bottes  d'ouate  sinapisée,  etc.  Le  15  mars,  nou- 
velles convulsions.  Constipation,  vomissements. 

État  actuel,  —  Décubitus  en  chien  de  fusil,  opisthotonos;  la  tête  en 
extension  forcée  touche  presque  le  dos.  Mydriase,  amblyopie,  hyper- 
excitabilité.  L'enfant  avale  avec  difficulté.  Petits  lavements  de  chloral 
(Os'.SO). 

Le  21  mars,  l'opisthotonos  est  moins  accusé;  la  température,  qui  était 
à  38<>  et  380,5  les  premiers  jours,  est  tombée  à  37o  les  19,  20  et  21  mars. 
Elle  se  relèvera  parfois  à  38^  et  au-dessus.  Mais  presque  toujours  elle 
restera  inférieure  à  38°  et  même  à  37®,5.  Donc  forme  presque  apyrétique 
de  méningite. 

Le  24,  raideur  persistante  ;  éruption  morbilliforme  généralisée,  sans 
fièvre,  attribuable  au  chloral. 

Le  25,  cet  érythème  a  disparu.  Grande  convulsion,  cris  incessants. 
On  reprend  le  choral. 

Le  1^  avril,  même  état,  raideur  de  la  nuque,  mydriase.  Le  6,  amélio- 
ration, l'enfant  joue  avec  sa  poupée;  mais  la  tête  est  toujours  portée  en 
arrière.  Amaigrissement,  cris. 

Le  7,  l'enfant  voit  mal  les  objets  qu'on  lui  présente,  sa  main  par- 
vient difficilement  à  les  saisir  (amblyopie).  Ulcération  cutanée  produite 
par  la  pression  de  la  tête  en  arrière.  Mort  le  20  avril. 

Autopsie.  —  Pas  de  tuberculose,  pas  de  ganglions  caséeux.  Hydro- 
pisie  ventriculaire  considérable.  Plaques  de  méningite  suppurée  à  la 
convexité,  le  long  de  la  scissure  interhémisphériciue  et  à  la  base.  Pus  à 
diplocoques.  On  ne  pouvait  songer  à  cette  époque  à  différencier  le  ménin- 
gocoque  du  pneumocoque  ;  mais,  d'après  la  marche  de  la  maladie,  il 
semble  bien  qu'il  s'agissait  de  cette  posterior  basic  meningitis  qu'on  a 
reconnue  depuis  appartenir  à  la  méningococcie. 

Observation  IX.  —  Garçon  de  seize  mois.  —  Bronchopneumonie 
pseudo-lobaire.  —  Méningite  terminale,  —  Mort  —  Pneumococcie  probable. 


484  J.    COMBY 

Le  9  avril  1901,  entre  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades  P...  Eugène, 
âgé  de  seize  mois,  pour  une  affection  grave  du  poumon. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  fort  et  bien  portant.  Mère,  âgée 
de  dix-neuf  ans,  bien  portante.  Un  autre  enfant  sain. 

Antécédents  personnels.  —  Né  à  terme,  nourri  au  sein  par  sa  mère  jusqu'à 
dix  mois,  l'en  faut  a  reçu  ensuite  une  alimentation  variée.  Première  dent 
à  neuf  mois.  Ne  marche  pas  encore.  Faible  et  délicat  depuis  Tâge  de 
neuf  mois.  Varicelle  à  dix  mois.  Il  y  a  huit  jours,  le  3  avril,  il  est  pris 
d'un  coryza  avec  fièvre,  diarrhée,  dyspnée.  Puis  la  situation  s'est  aggravée. 

État  actuel.  —  Enfant  pâle,  amaigri  ;  dyspnée  notable.  En  arrière  et 
à  gauche,  matité,  souffle  tubaire;  à  droite,  quelques  sibilances.  Otite 
double.  Pouls  130,  respirations  40,  température  39°.  La  fièvre  présente 
pendant  plusieurs  jours  des  oscillations  entre  38  et  39<*. 

Le  15  avril,  on  constate  encore  du  souffle  et  des  râles  crépitants  nom- 
breux à  la  partie  postérieure  du  poumon  gauche. 

L'écoulement  des  oreilles  est  très  diminué.  Le  17,  la  température,  qui 
est  à  38^2  le  matin,  monte  le  soir  à  40o,7.  Le  18,  elle  retombe  à  38^8. 
39^4  ;  mais  l'enfant  est  pris  de  convulsions  avec  prédominance  du  côté 
droit.  Il  meurt  dans  la  nuit. 

Autopsie.  —  On  trouve  à  la  convexité  des  hémisphères  cérébraux 
une  nappe  de  pus,  sans  trace  de  tuberculose.  En  même  temps,  thrombose 
des  sinus  de  la  dure-mère.  Rien  à  la  base. 

Foie  gros  et  gras,  rate  peu  augmentée,  reins  pâles.  Petites  végétations 
sur  la  valvule  mitrale.  Adhérences  pleurales  à  gauche;  hépatisation  du 
lobe  inférieur,  grains  jaunes,  abcès  du  volume  d'une  noisette,  pus  à  la 
coupe  ;  bronchopneumonie  pseudo-lobaire. 

Donc  méningite  suppurée  foudroyante  au  cours  d'une  bronchopneu- 
monie vraisemblablement  à  pneumocoques. 

Observation  X.  —  FUle  de  quatre  mois  et  demi.  —  Mauvaise  alimen- 
tation, entérite.  —  Méningite  suppurée  à  marche  rapide.  —  Mort 

Le  9  avril  1896,  entre  à  l'hôpital  Trousseau,  dans  mon  service,  une 
fillette  de  quatre  mois  atteinte  d'entérite  (L...  Louise). 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  bien  portant  ;  mère  bien  portante, 
pas  d'autres  enfants. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  été  nourrie  au  biberon 
à  la  campagne.  Elle  avait  de  la  diarrhée  verte,  et,  pour  cette  raison,  la 
mère  est  allée  la  chercher  il  y  a  huit  jours  pour  la  ramener  à  Paris. 

État  actuel.  —  Il  y  a  peu  de  fièvre  (37o,6,  37«,8,  38«,3,  38°)  les  pre- 
miers jours.  Mais  l'enfant  vomit  et  a  de  la  diarrhée.  De  plus,  nous  con- 
statons de  la  raideur  de  la  nuque,  des  raies  vaso-motrices.  Elle  avale 
difficilement  ;  sa  diarrhée  est  abondante. 

Le  12  avril  au  soir,  la  température  monte  à  39<>  pour  retomber  le  lende- 
main au-dessous  de  38^.  Puis  le  thermomètre  monte  en  quarante-huit 
heures  jusqu'à  40o,7. 

L'enfant  succombe  dans  la  nuit  du  15  au  16  avril. 

Autopsie.  —  Après  enlèvement  de  la  calotte  crânienne,  on  ne  trouve 
pas  de  liquide  céphalo-rachidien  en  excès;  les  ventricules  ne  sont  pas 
dilatés,  il  n'y  a  pas  d'hydrocéphalie  aigu6  comme  dans  la  méningite 
tuberculeuse.  Pas  de  granulations  visibles  à  l'œil  nu.  Mais  on  aperçoit 
une  nappe  de  pus  épais  et  jaune  sur  la  protubérance,  le  bulbe  et  le  chiasma; 
il  y  a  aussi  une  couche  de  pus  sur  le  lobe  temporal.  Pus  dans  les  ventri- 
cules ;  plexus  choroïdes  épaissis  et  enflammés,  épendymite.  Craniotabes. 
Rien  dans  les  viscères  thoraciques  ou  abdominaux. 


OBSERVATIONS   DE   MÉNINGITES   BACTÉRIENNES  485 

Observation  XL  —  FiUe  de  deux  ans  et  demi.  —  Méningite  cérébro- 
spinale.  —  Polynucléaires  et  méningocoques  dans  le  liquide  céphalo-rachi- 
dien. —  Emportée  par  la  famille. 

Af ...  Germaine  entre,  à  l'âge  de  deux  ans  et  demi,  dans  mon  service 
de  Fhôpital  des  Enfants-Malades,  le  31  octobre  1905,  pour  de  la  toux, 
de  la  fièvre,  des  vomissements. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente-deux  ans,  bien  portant, 
non  buveur.  Mère,  âgée  de  vingt-huit  ans,  bien  portante  ;  un  frère  de 
quatre  ans  et  demi  bien  portant  ;  pas  de  fausses  couches. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  après  une  grossesse  et  un 
accouchement  normaux,  Tenfant  a  été  soumise  à  l'allaitement  mixte 
(sein  et  lait  bouilli).  Première  dent  à  dix  mois,  marche  à  treize  mois.  Pas 
de  maladie  jusqu'à  ces  dernières  semaines. 

Maladie  actuelle.  —  Début  il  y  a  un  mois  et  demi  par  des  vomisse- 
ments alimentaires  quotidiens.  Douleurs  de  tête,  constipation,  pas  d'in- 
somnie. Depuis  cinq  jours,  fièvre  modérée  (38<*  le  soir).  En  même  temps, 
toux,  abattement  ;  les  vomissements  continuent.  Ce  phénomène  attire 
d'autant  plus  l'attention  que,  dans  le  passé  de  l'enfant,  on  ne  relève  pas 
de  troubles  digestifs. 

Au  moment  de  l'entrée  à  l'hôpital,  nous  trouvons  une  fillette  maigre, 
petite,  ne  pesant  que  8  600  grammes,  pâle,  se  plaignant  beaucoup  de 
la  tête.  Elle  est  courbée  en  chien  de  fusil  et  présente  de  la  raideur  de  la 
nuque.  Ichtyose  généralisée.  Auscultation  des  poumons  négative, 
pouls  rapide,  langue  saburrale,  ventre  sensible  à  la  palpation,  raie  vaso- 
motrice  (tache  cérébrale).  Fièvre  peu  marquée  le  premier  jour  (37^6)» 
s'élève  ensuite  à  39°  et  redescend  à  37^,8  le  3  novembre,  quand  les 
parents  ont  voulu  emporter  la  malade  chez  eux. 

Nous  prescrivons  des  bains  à  38<>  matin  et  soir. 

Le  2  novembre,  abattement  plus  marqué;  raideur  de  la  nuque,  tache 
cérébrale,  pouls  120,  une  selle,  pas  de  vomissements. 

Le  3,  état  comateux,  raie  méningitique  très  accusée,  état  de  contracture 
générale.  Pouls  très  petit,  à  120  ;  deux  selles  liquides  pendant  la  nuit, 
mydriase  sans  inégalité  pupillaire  ;  pas  de  strabisme. 

Ponction  lombaire  :  liquide  louche,  laiteux,  sans  hypertension,  conte- 
nant des  polynucléaires  en  abondance  et  des  méningocoques  (examen 
fait  par  M.  Ghartier,  interne  du  service). 


REVUE    GÉNÉRALE 


SÉROTHÉRAPIE  DE  LA  MÉNINGITE  CÉRÉBRO-SPINALE. 

Le  D' N.-J.  Lawrow,  médecin  en  chef  du  corps  des  cadets  de  Jaros- 
lav (Russie),  vient  d'appliquer,  avec  un  plein  succès,  le  sérum  anti- 
méningococcique  des  professeurs  W.  Kolle  et  A.  Wassermann  dans 
un  cas  grave  de  méningite  cérébro-spinale  épidémique. 

Les  auteurs  de  ce  sérum,  préparé  à  l'Institut  impérial  de  Berlin, 
ont  fait  une  communication  à  son  sujet  dans  la  DeuL  med.  Woch., 
n9  16,  1906.  A  la  suite  de  cette  communication,  le  EK  Lawrow  s'est 
trouvé  aux  prises  avec  une  méningite  cérébro-spinale  chez  un  cadet 
de  treize  ans.  Début  brusque  par  vomissements  et  mal  de  tête 
violent,  cris  jour  et  nuit.  Augmentation  de  volume  de  la  rate, 
herpès  facial  le  sixième  jour,  raideur  de  la  nuque,  signe  de  Kemig, 
douleurs  lombaires  et  dorsales. 

L'examen  des  mucosités  de  la  gorge  montre  une  grande  quantité 
de  diplocoques  intracellulaires  (méningocoques).  Le  diagnostic 
de  méningite  cérébro-spinale  épidémique  est  assuré. 

La  maladie,  qui  avait  débuté  le  8  septembre  1906,  fit  de  rapides 
progrès.  Comme  traitement,  on  donna  d'abord  un  purgatif,  puis  on 
fit  prendre  pendant  toute  la  durée  de  la  maladie  deux  bains  par 
jour  à  36<>.  Après  chaque  bain,  on  faisait  une  friction  de  la  colonne 
vertébrale  avec  la  pommade  à  l'argent  colloïdal  de  Crédé.  On  pres- 
crivit aussi  la  phénacétine,  le  salicylate  de  soude,  la  quinine.  Du 
20  au  30  septembre,  on  fit  deux  injections  de  sérum  antidiphté- 
rique de  Behring  (3  000  et  3  500  unités),  à  l'exemple  de  quelques 
médecins  américains.  Du  4  au  7  octobre,  l'enfant  prit  de  l'iodure  de 
potassium,  et  du  9  au  13  le  seigle  ergoté.  Tout  cela  fut  inefficace, 
sauf  les  bains,  à  la  suite  desquels  le  malade  accusait  du  soulagement. 
Mais,  dès  le  1®^  octobre,  il  commençait  à  se  plaindre  des  bains.  On  a 
donné  un  peu  de  vin  et  de  caféine  associée  au  salicylate  de  soude. 

A  partir  du  6  octobre,  le  malade  est  sans  connaissance.  A  cette 
époque,  la  température  ne  dépasse  pas  le  matin  36^  ou  37o;  mais 
le  soir  elle  atteint  40<>.  Sueurs  abondantes  le  matin,  pupilles  très 


SÉROTHÉRAPIE   DE  LA  MÉNINGITE   CÉRÉBRO-SPINALE  487 

dilatées,  hyperesthésie  cutanée,  reprise  des  vomissements  et  des 
éruptions.  L'enfant  consent  parfois  à  prendre  du  lait.  Le  12  octobre, 
coma,  avec  mydriase,  incontinence  d'urine.  Le  malade  ne  peut  plus 
prendre  de  lait.  Pouls  104,  arythmique,  vomissements.  Le  13  octobre, 
trente-sixième  jour  de  la  maladie,  grâce  à  l'amabilité  des  D^'  Kolle 
et  Wassermann,  prévenus  par  dépêche,  on  reçut  de  Berlin  quatre 
flacons  de  sérum  antiméningococcique. 

Le  malade  était  sans  connaissance,  couché  sur  le  côté  droit,  les 
cuisses  fléchies  sur  le  tronc.  Pupilles  dilatées.  Il  urine  au  lit,  ne 
prend  pas  de  lait  et  fait  entendre  des  cris  prolongés  toutes  les  cinq 
à  dix  minutes.  Vomissements.  Pouls  entre  108  et  112,  très  faible  et 
arythmique.  L'état  était  si  grave,  l'impression  si  mauvaise,  que 
M.  Lawrow  hésitait  à  faire  une  injection.  Cependant,  comme  il  n'y 
avait  pas  de  risque  à  courir  dans  une  situation  aussi  désespérée,  il 
fit,  à  cinq  heures  du  soir,  une  injection  de  10  centimètres  cubes  de 
sérum. 

La  température  à  ce  moment  commença  à  augmenter,  comme 
d'habitude,  pour  atteindre  37^,6.  Dans  le  cours  de  la  maladie,  le 
maximum  thermique  était  atteint  entre  huit  et  dix  heures  du  soir. 
Pouls  à  100,  très  faible,  très  arythmique,  avec  pauses  notables 
A  onze  heures,  coma  profond,  le  malade  continue  à  uriner  dans  son 
lit  ;  pupilles  très  dilatées,  respiration  de  Cheyne-Stokes  avec  pauses 
très  longues.  Décubitus  sur  le  côté  droit,  les  cuisses  fléchies.  Pouls 
à  80,  avec  les  mêmes  caractères  de  faiblesse  et  d'arythmie.  Pen- 
dant qu'on  compte  les  pulsations,  le  malade  retire  la  main  en 
gémissant. 

La  situation  reste  sans  changement  jusqu'à  trois  heures  du  matin, 
où  le  malade  demanda  à  boire.  Ensuite  il  s'endormit  d'un  profond 
sommeil  jusqu'à  huit  heures. 

Le  14  octobre,  à  huit  heures  du  matin,  la  température  est  à  36^,3. 
Le  malade  a  presque  recouvré  sa  connaissance.  Pouls  à  100,  presque 
bon,  sans  pauses.  Il  reste  couché  sur  le  dos,  les  jambes  allongées, 
ne  se  plaignant  plus. 

A  neuf  heures,  on  lui  injecte  encore  10  centimètres  cubes  de 
sérum.  A  partir  de  ce  moment,  commence  la  guérison.  Cependant, 
le  23  octobre,  M.  Lawrow  fit  encore  une  troisième  injection  pour 
plus  de  sécurité. 

L'action  du  sérum  se  manifesta  avant  tout  par  la  chute  pleine  et 
entière  de  la  température,  par  l'amélioration  de  l'état  général.  Les 
autres  symptômes  de  la  maladie  disparurent  peu  à  peu.  La  raideur 
de  la  nuque  disparut  le  septième  jour  après  l'injection  de  sérum; 
le  signe  de  Kernig  persista  jusqu'au  onzième  jour. 

Le  deuxième  jour  après  l'injection,  l'enfant  avait  repris  complè- 
tement connaissance  ;  il  commença  à  plaisanter  et  à  rire,  ne  se  sou- 
venant pas  du  tout  de  la  maladie  dont  il  avait  souffert. 


488  REVUE  GÉNÉRALE 

Aucun  accident  sérothérapique  à  déplorer.  Appétit  excellent. 
Le  cinquante-cinquième  jour,  Tenfant  sortait  de  l'hôpital  entiè- 
rement guéri.  Il  est  actuellement  dans  un  état  florissant  tant  au 
point  de  vue  physique  qu'au  point  de  vue  psychique. 

D'après  ce  cas,  si  remarquable,  M.  le  D'  Lawrow  croit  devoir 
recommander  chaudement  le  sérum  antiméningococcique  dans  le 
traitement  de  la  méningite  cérébro-spinale. 

Mais  ce  n'est  là  qu'un  cas,  et  quelque  intéressant  qu'il  soit,  on  ne 
peut  en  tirer  des  conclusions  applicables  à  la  généralité  des  cas. 
En  effet  la  méningite  cérébro-spinale  est  extrêmement  variable 
dans  ses  modalités  cliniques,  dans  son  évolution,  dans  son  pronostic. 
Cette  évolution,  ce  pronostic  échappent  trop  souvent  à  nos  moyens 
d'action,  et  nous  ne  savons  jamais  comment  finira  une  méningite 
cérébro-spinale.  Tel  malade,  que  nous  avons  traité  avec  énergie, 
succombera  malgré  les  efforts  déployés  pour  le  sauver  ;  tel  autn-, 
que  nous  n'aurons  voulu  que  soulager  par  un  traitement  palliatif, 
guérira  rapidement.  Celui-ci,  après  une  invasion  brutale  et  des 
symptômes  effrayants,  tourne  court  et  guérit  rapidement.  Celui-là, 
après  des  séries  de  rémissions  et  de  recrudescences,  traîne  pendant 
des  semaines  et  des  mois  une  existence  lamentable,  qui  se  terminera 
par  la  mort  ou  par  quelque  séquelle  déplorable. 

Le  19  janvier  1907,  entre  dans  mon  service  un  garçon  de  sept 
ans,  au  quatrième  jour  d'une  méningite  cérébro-spinale.  Il  a  été 
pris  brusquement  d'un  violent  mal  de  tête,  de  vomissements  répé- 
tés, avec  constipation,  et  il  se  présente  à  nous  la  tête  renversée  en 
arrière  (opisthotonos),  gémissant,  poussant  des  cris.  Son  état  est 
jugé  très  grave.  On  prescrit  des  bains  chauds,  de  la  glace  sur  la  tête. 
La  température  présente  des  oscillations  entre  39  et  37°. 

Le  21  janvier  (sixième  jour  de  la  maladie),  première  ponction 
lombaire  qui  donne  un  liquide  laiteux  riche  en  polynucléaires  et  en 
méningocoques  (15  centimètres  cubes  environ).  A  ce  moment, 
l'enfant  a  de  l'herpès  labial.  Le  23,  deuxième  ponction  lombaire,  on 
retire  20  centimètres  cubes  environ  de  liquide  laiteux  analogue  au 
précédent.  La  fièvre  est  tombée  ce  matin  même  avant  la  ponction, 
et  désormais  elle  ne  dépassera  pas  37^,5.  Le  26  janvier,  troisième 
et  dernière  ponction  lombaire  donnant  un  liquide  clair.  L'enfant 
est  guéri,  et  on  peut  dire  que  cette  guérison  a  été  facile. 

Peu  de  temps  après,  nous  recevions  une  fillette  de  deux  ans  et  demi 
(30  avril  1907),  au  cinquième  jour  d'une  méningite  cérébro-spinale, 
avec  forte  rétraction  de  la  tête  en  arrière,  cris,  etc.  Température 
à  grandes  oscillations  (entre  40  et  38^).  Première  ponction  lom- 
baire le  1^  mai.  On  retire  20  à  25  centimètres  cubes  d'un  liquide 

aiteux  à  polynucléaires  et  méningocoques.  On  donne  des  bains 
chauds  et  on  alimente  l'enfant.  Nouvelles  ponctions  lombaires  en 
série  les  3, 6,  10, 13,  27,  20,  22  mai  (soit  8  ponctions  ayant  permis 


SÉROTHÉRAPIE   DE   LA   MÉNINGITE   CÉRÉBRO-SPINALE  489 

de  retirer  en  tout  160  grammes  de  liquide  céphalo-rachidien).  Ce 
liquide  est  resté  constamment  laiteux,  avec  polynucléaires  et 
méningocoques. 

Lors  des  deux  dernières  ponctions,  nous  avons  injecté  5  centi- 
mètres cubes  d'une  solution  de  coUargol  électrique  (électrargol). 
Tout  cela  en  vain.  L'enfant  a  succombé  le  23  mai  (près  d'un  mois 
après  le  début  de  sa  maladie). 

A  l'autopsie,  nous  avons  trouvé  une  méningite  basilaire  suppurée 
postérieure,  avec  du  pus  crémeux,  de  la  thrombose  des  sinus  avec 
hémorragie  cérébrale,  hémorragie  à  la  surface  de  la  moelle,  sans 
suppuration  dans  le  canal  rachidien. 

Dans  un  autre  cas  (enfant  de  six  mois  nourri  par  sa  mère),  la 
méningite  cérébro-spinale  a  duré  pendant  plus  de  six  semaines, 
sans  fièvre.  L'enfant  a  succombé  après  une  série  de  ponctions  lom- 
baires, quoiqu'il  tétât  bien  et  parût  dévoir  guérir.  Le  seul  sym- 
ptôme présenté  par  ce  nourrisson  était  l'opisthotonos.  C'est  au  point 
que  j'avais  pensé  au  tétanos,  la  première  fois  que  je  vis  l'enfant, 
les  accidents  s'étant  déclarés  après  la  vaccination.  Mais  la  ponction 
lombaire,  faite  immédiatement,  montre  un  liquide  laiteux,  riche  en 
polynucléaires  et  en  méningocoques. 

Tous  ces  faits  montrent  toutes  les  difficultés  du  traitement  de  la 
méningite  cérébro-spinale;  on  ne  peut  que  souhaiter  l'avènement 
d'un  sérum  curateur,  et  c'est  dans  cet  espoir  que  nous  avons  insisté 
sur  l'intéressante  observation  du  D^"  Lawrow. 

On  lira  plus  loin  l'analyse  du  cas  du  D^  Mackenzie,  terminé  aussi 
par  la  guérison  à  la  suite  de  ponctions  lombaires  répétées  et  des 
injections  d'un  sérum  anti-méningococcique  préparé  à  Londres  par 
Léonard   Dudgeon. 

Comme  on  le  verra  plus  loin,  aux  analyses,  on  a  voulu  aussi 
traiter  la  méningite  tuberculeuse  par  des  injections  sous-cutanées 
de  sérum  spécifique.  La  tuberculine  T.  R.  injectée  à  doses  fortes  a 
échoué  entre  les  mains  de  M.  Alexander  Don. 

J'ai  traité  tout  récemment  trois  cas  de  méningite  tuberculeuse 
de  mon  service,  un  peu  tardivement  il  est  vrai,  par  des  injections 
de  sérum  d'ftne  immunisé  (sérum  de  M.  Lannelongue)  ;  ce  sérum 
antituberculeux,  très  bien  toléré  d'ailleurs,  n'a  pas  pu  empêcher  la 
mort,  bien  qu'il  ait  semblé  la  retarder  dans  un  cas. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 

A  case  of  cerebro-spinal  meningitis  or  spoUed  lever  treated  by 
Inmbar  pnnctare  and  vaccine  injections,  with  recovery  (Méningite 
cérébro-spinale  traitée  par  la  ponction  lombaire  et  les  injections 
vaccinantes,  avec  guérison),  par  le  D'  H.  Mackbnzib  {The  BriL  med. 
Journ.,  15  juin  1907). 

Le  vaccin  employé  est  dû  à  M.  Léonard  Dudgeon  ;  il  était  obtenu 
à  l'aide  de  cultures  du  liquide  céphalo-racbidien. 

Fille  de  six  ans,  reçue  à  Saint-Thomas^ s  Hospital.  Bien  portante  jus- 
qu'alors, sauf  une  rougeole  à  deux  ans. 

Le  24  janvier  1907,  l'enfant  semblait  très  bien,  quoique  ayant  eu  la 
veille  un  frisson  et  une  douleur  à  l'épaule  gauche.  EÙe  déjeuna  et  partit 
pour  l'école  ;  à  onze  heures,  elle  eut  mal  à  la  tête  et  s'en  revint  à  la  mai- 
son. La  céphalée  frontale  persista,  et,  l'après-midi,  elle  vomit  deux  fois. 
Entre  sept  et  huit  heures  du  soir,  inconscience,  tremblement  des  doigts, 
délire.  Le  26  janvier,  on  l'apporte  à  l'hôpital.  Ëtat  comateux,  cyanose, 
dyspnée,  pouls  très  faible.  Raideur  de  la  nuque  et  tête  en  arrière,  signe 
de  Kernig,  réflexes  exagérés,  signe  de  Babinski.  Éruption  pétéchiale 
et  ecchymoses.  Photophobie.  Ventre  rétracté.  Langue  sèche  et  sabur- 
rale.  Fièvre  modérée,  pouls  144,  respirations  32. 

La  ponction  lombaire  donne  18  centimètres  cubes  de  liquide  trouble 
contenant  des  polynucléaires  et  des  méningocoques.  Agitation  calmée 
par  le  chloral  (30  centigrammes).  Température,  39<*.  Le  27,  nouvelles 
pétéchies.    Nouvelle    ponction    lombaire    sans   résultat.    Amélioration. 

Pas  de  nouvelles  pétéchies,  herpès  labial  le  28  janvier.  Pouls,  126: 
température,  39<>.  Le  méningocoque  est  découvert  dans  les  mucosités 
nasales.  Le  29,  la  température  tombe  à  37<>.  Nouvelle  ponction  lombaire 
(15  centimètres  cubes  de  liquide  plus  clair  contenant  des  méningocoques 
intracellulaires  et  des  polynucléaires).  Ce  jour -là,  on  injecte  le  vaccin 
antiméningococcique  ;  vive  hyperémie  avec  œdème  autour  de  la  piqûre. 
Du  30  janvier  au  9  février,  la  température  varie  entre  38®  et  40®.  Le 
5  février,  glace  sur  la  tête.  On  donne  du  chloral  à  plusieurs  reprises,  du 
calomel  deux  fois  et  du  mercure  à  la  craie  plusieurs  fois.  Ponctions  lom- 
baires le  31  janvier,  le  5  et  le  8  février.  Le  7  février,  nouvelle  injection 
de  vaccine. 

A  partir  du  9  février,  chute  de  la  fièvre  en  lysis,  qui,  jusqu'au  16  et 
17  février,  varie  entre  36  et  37<>.  Grande  amélioration.  Deux  autres 
ponctions  lombaires.  Le  14,  injection  de  vaccine  méningococcique. 

Du  17  février  au  6  mars,  la  fièvre  se  rallume  parfois  ;  on  fait  trois  ponc- 
tions lombaires.  Nouvelle  injection  de  vaccine  le  26  février.  Le  2  mars, 
on  donne  90  centigrammes  d'aspirine.  Le  8,  on  fait  une  injection  de 
vaccine  et,  le  23,  une  dernière  injection.  L'enfant  se  leva  le  29  mars  et 
quitta  l'hôpital  guérie  à  la  fin  d'avril. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  491 

Ce  cas  fut  très  grave,  très  inquiétant  et  présenta  deux  rechutes.  Après 
chaque  ponction  lombaire,  il  y  eut  du  soulagement.  On  laissait  couler 
le  liquide  sans  aspiration.  En  neuf  ponctions,  on  retira  environ  255  centi- 
mètres cubes.  Deux  fois,  la  ponction  resta  blanche.  Au  début,  le  liquide 
était  très  trouble,  puis  il  devint  clair,  se  troubla  de  nouveau  à  la  qua- 
trième ponction,  puis  resta  opalescent  ou  clair. 

L'auteur  pense  que  les  ponctions  ont  été  très  utiles  ;  quant  à  l'efficacité 
du  sérum  antiméningococcique,  elle  ne  saurait  être  établie  sur  un  cas 
unique. 

Case  ol  tuberculoses  meningitis  in  a  boy  treated  with  tabercnlin, 
recovery,  récurrence  and  deatb  (Cas  de  méningite  tuberculeuse  chez  un 
garçon  traité  par  la  tuberculine,  guérison,  rechute  et  mort),  par  le 
D^  Albxander  Don  (The  BriU  med.  Journ,,  8  juin  1907). 

Garçon  de  huit  ans  trois  quarts.  Pas  de  tuberculose  dans  la  famille. 
Traité  pour  une  angine  diphtérique,  il  y  a  peu  de  temps.  Une  semaine  après 
l'injection,  il  se  plaignit  et  prit  le  lit.  Grande  faiblesse,  pouls  à  120,  pas 
de  fièvre.  Bientôt  douleurs  de  tête  et  vomissements  répétés,  fièvre, 
pouls  fréquent,  photophobie,  rétraction  du  ventre.  Aggravation  rapide. 
On  constate  une  parésie  assez  accusée  du  côté  gauche,  vers  le  20  jan- 
vier. Pouls  lent,  48,  faible  et  irrégulier,  hypothermie,  céphalalgie  paroxys- 
tique. 

Le  11  janvier,  le  bras  gauche  est  complètement  paralysé.  On  essaie 
la  tuberculine  en  injection  sous -cutanée  (1  milligramme  de  tuberculine 
T.  R.  de  Meisters  et  Lucius). 

Le  22,  céphalée  violente  la  nuit;  pouls,  58  ;  température,  36<>,5.  Le  28, 
amélioration  depuis  quelques  jours.  Puis  retour  des  mêmes  malaises. 
Le  5  février,  injection  de  T.  R.  A  partir  du  12  février,  amélioration 
notable. 

Les  doses  de  tuberculine  ont  été  trop  fortes,  et  l'enfant  a  été  aggravé 
après  chacune.  Après  une  longue  rémission,  le  15  mars,  le  mal  de  tête 
a  repris,  puis  les  vomissements,  etc. 

I^e  2  avril,  nouvelle  injection  de  1  milligramme  de  tuberculine.  Puis, 
après  des  alternatives  de  mieux  et  de  pire,  l'enfant  perd  connaissance 
et  meurt  le  19  avril. 

Cases  of  lulminating  cerebro-spinal  fever  (Cas  de  fièvre  cérébro- 
spinale foudroyante),  par  le  D'  H. -M.  Milligan  (The  Briu  med,  Journ., 
29  juin  1907). 

Dans  une  épidémie  récente  de  méningite  cérébro-spinale,  observée 
à  Belfast,  on  a  pu  distinguer  des  formes  très  variées  :  ordinaire,  légère, 
abortive,  chronique,  intermittente,  typhoïde,  à  rechute,  foudroyante, 
purpurique. 

1.  Fille  de  six  ans,  reçue  le  24  avril  1907  à  quatre  heures  après-midi; 
eUe  est  malade  seulement  depuis  six  heures  ce  matin  ;  vomissements, 
agitation,  perte  de  connaissance. 

On  trouve  une  enfant  abattue,  couverte  de^pétéchi es;  pouls,  140;  tem- 
pérature, 38<',5  ;  conjonctivite  suppurée  ;  raideur  légère  de  la  nuque, 
signe  de  Kernig,  extrémités  cyanosées.  A  six  heures,  spasmes  des  membres 
et  de  la  face;  convulsions  limitées  à  droite,  type  de  Cheyne-Stokes, 
cynose,  mort  à  huit  heures  dix.  Pas  d'albumine.  Durée  de  la  maladie  : 
quatorze  heures. 

A  l'autopsie,  distension  des  veines  cérébrales,  pus  sur  la  protubé- 
rance, sur  les  pédoncules,  le  long  des  vaisseaux,  sur  le  bulbe  ;  liquide 


492  ANALYSES 

louche  dans  le  canal  rachidien.  Ecchymoses  sur  le  cœur,  sur  le  péri- 
toine, etc.  On  a  isolé  dans  ce  cas  le  Diplococcus  intracellularis  menin- 
gitidis, 

2.  Garçon  de  sept  ans,  reçu  le  11  mai  1907  h  six  heures  de  l'après- 
midi.  Au  moment  du  breakfast,  il  est  tombé  sans  force  et  sans  connais- 
sance. Puis  convulsions  épilepti  formes.  Pouls,  164;  température,  39^ 
Face  pâle,  extrémités  cyanosées,  agitation,  pas  de  raideur  de  la  nuque 
ni  des  membres.  Conjonctive  palpébrale  injectée  ;  taches  de  purpura  sur 
le  tronc  et  les  membres.  Respiration  irrégulière  (type  de  Cheyne-Stokes). 
A  neuf  heures  vingt,  nouvelle  convulsion  ;  mort  k  dix  heures  vingt,  après 
quatorze  ou  quinze  heures  de  maladie. 

Autopsie,  —  Thymus  un  peu  gros,  avec  quelques  pét^chies;  cœur 
semé  de  taches  purpuriques  ;  saillie  et  gonflement  des  plaques  de  Peyer 
et  des  follicules  clos.  Congestion  du  foie,  de  la  rate,  des  reins.  Le  liquide 
céphalo-rachidien  est  trouble,  mais  il  n'y  a  pas  de  pus  collecté  à  la  sur- 
face du  cerveau. 

Le  méningocoque  a  été  isolé  dans  ce  cas  par  le  professeur  Symmers. 

3.  Garçon  de  quatre  mois,  reçu  le  4  février  1907  à  onze  heures  quinze 
du  soir  ;  il  est  malade  depuis  trois  heures  du  matin  :  agitation  et  cris 
incessants.  L'après-midi,  taches  purpuriques  au  front,  à  la  face,  sur  le 
tronc  et  les  membres.  Raideur  de  la  nuque,  pas  de  signe  de  Kemig. 
Ecchymoses  de  la  conjonctive.  Mort  deux  heures  après  l'admission, 
vingt-deux  heures  après  le  début.  La  ponction  lombaire  a  permis  de 
déceler  le  méningocoque. 

Note  on  two  fatal  cases  of  acute  meningococcal  cérébro-spinal 
meningitis  in  young  children,  with  pathological  report  on  one 
of  them  (Note  sur  deux  cas  mortels  de  méningite  aiguë  cérébro-spinale 
à  méningocoques  chez  de  jeunes  enfants,  avec  autopsie  chez  l'un  d'eux), 
par  les  D"  John  Thomson  et  Stuart  M«  Donald  (The  Scottish  Mei-  and, 
Surg.  Journal,  mars  1907). 

Les  cas  de  méningite  non  tuberculeuse  habituellement  rencontrés  à 
l'hôpital  d'Enfants  d'Edimbourg  peuvent  être  classés  en  trois  groupes  : 

1^  Pyémie  (streptocoques  ou  staphylocoques,  parfois  colibacille  ou 
autre  pyogène)  ; 

2^  Méningite  aiguë  pneumoccocique  primitive  ou  secondaire  à  une  pleu- 
résie, à  une  pneumonie  ; 

30  Plus  fréquemment,  méningite  basique  postérieure  chronique  ou 
subaiguë  (durée  de  trois  semaines  à  trois  mois),  par  diplocoque  spécial  ou 
plutôt  par  méningocoque  de  Weichselbaum. 

Mais,  dans  les  derniers  mois,  on  s'est  trouvé  aux  prises  avec  un  quatrième 
groupe  :  méningite  cérébro-spinale  aiguë,  avec  méningocoques  dans  le 
liquide  céphalo-rachidien. 

L  Garçon  de  trois  ans  et  demi,  admis  le  6  octobre  1906  pour  des  vomis- 
sements, de  la  fièvre,  de  la  dyspnée  datant  de  deux  jours.  Cet  enfant, 
le  huitième  d'une  famille  de  10,  avait  toujours  été  bien  portant,  à  part  le 
rachitisme. 

Le  4  octobre,  malaise  soudain  ;  on  le  met  au  lit.  Vomi^menis  répétés, 
agitation,  insomnie,  fièvre.  Le  lendemain,  mal  de  tête,  stupeur.  Le  6  oc- 
tobre, coUapsus,  perte  de  connaissance.  Pas  d'herpès  ni  taches  purpuriques. 
Pouls,  152  ;  respirations,  52;  température  39^.  Raideur  de  la  nuque  et  du 
dos,  sans  opisthotonos.  Absence  des  réflexes  patellaires.  Signe  de  Kernig. 
Tache  cérébrale  très  marquée. 

Ponction  lombaire,  liquide  trouble  en  hypertension,  polynucléaires, 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  493 

diplocoques,  soit  en  dehors,  soit  en  dedans  des  leucocytes,  décolorés  par 
le  Qram.  Mort  le  soir  même.  Pas  d'autopsie. 

IL  Fille  de  deux  ans  deux  mois,  envoyée  à  l'hôpital  le  22  janvier  1907  ; 
malade  depuis  deux  jours  et  demi,  elle  a  eu  de  la  fièvre,  une  respiration 
pénible,  une  légère  toux,  un  vomissement  violent  et  une  attaque  convul- 
sive.  La  malade  est  le  sixième  enfant  d'une  famille  de  sept,  tous  bien 
portants,  sauf  un  mort  de  pneumonie  dans  la  première  enfance. 

Le  20  janvier,  après  dîner,  malaise;  on  la  met  au  lit  Elle  dormit 
deux  heures  et  se  mit  à  vomir.  Dans  la  nuit,  agitation.  Le  lendemain 
matin,  retour  des  vomissements,  puis  convulsion.  Le  22,  raideur  de  la 
nuque,  tête  en  arrière.  Cyanose  des  extrémités.  Pas  d'éruption.  Pouls,  140  ; 
respiration,  32;  pas  de  fièvre.  Ganglions  angulo-maxillaires  engorgés. 
Langue  rôtie,  catarrhe  bucco-pharyngien.  Opisthotonos.  Pas  de  signe  de 
Kernig. 

Le  23,  ponction  lombaire;  on  retire  3  centimètres  cubes  de  liquide  jaune 
trouble.  Hypothermie.  Après  la  ponction,  l'enfant  est  plus  calme,  et  la 
rétraction  de  la  tête  disparaît  Accès  de  dyspnée.  Aggravation,  retour  de 
la  rigidité,  pouls  à  160-180;  respiration  entre  50  et  60.  Une  nouvelle 
ponction  donne  10  centimètres  cubes  de  liquide  purulent  Nausées  et 
vomissements.  A  l'examen  du  liquide  céphalo-rachidien,  nombreux 
polynucléaires  et  diplocoques  ressemblant  aux  méningocoques,  dont 
plusieurs  intracellulaires.  Le  sang  contient  82  p.  100  d'hémoglobine. 
5  450  000  hématies,  19  000  leucocytes.  Mort  subite  dans  la  soirée  du 
23  janvier. 

A  Tautopsie,  leptoméningite  suppurée,  à  la  surface  du  cerveau  et  de  la 
moelle.  Nombreux  méningocoques. 

Cerebro-spinal  meningitis  (Méningite  cérébro-spinale),  par  les  D'*  Wil- 
liam Eldbr  et  Nena  Ievers  {The  Scottishj  etc.,  mars  1907). 

Les  auteurs  ont  soigné  5  cas  au  Leith  Hospital,  dont  4  enfants  ;  voici 
le  résumé  de  ces  4  cas. 

I.  Fille  de  cinq  ans,  reçue  le  30  novembre  1906.  La  veille,  épigastralgie, 
plusieurs  vomissements  dans  la  journée,  rapidement  coUapsus  et  cyanose. 
Quand  elle  entre  à  l'hôpital,  elle  est  sans  connaissance,  poussant  des  cris 
quand  on  la  remue.  Lèvres  cyanosées,  face  pâle,  pouls  faible  et  rapide. 
Elle  se  ranima  un  peu  après  un  bain  chaud,  puis  vomit.  On  lui  donna  un 
peu  de  lait  chaud  et  de  brandy,  et  on  lui  fit  une  injection  de  250  grammes 
de  sérum  artificiel  par  le  rectum.  Lavement  alimentaire  toutes  les  quatre 
heures.  Du  1^  au  4  décembre,  les  symptômes  s'aggravent,  la  tête  se 
rétracte  davantage  et  l'agitation  augmente.  Cris,  grincements  de  dents, 
hyperthermie,  pouls  à  180,  très  faible. 

Ponction  lombaire  le  4,  hypertension,  liquide  trouble  ;  leucocytose  avec 
diplocoques  entourés  de  capsules  claires,  quelques-uns  intracellulaires. 
AméUoration  jusqu'au  6  décembre  ;  le  7,  l'enfant  ne  peut  avaler  à  cause  de 
la  rétraction  de  la  tête.  A  onze  heures  du  matin,  on  injecte  un  tube  de 
sérum  antipneumococcique  de  De  Rienzi  ;  à  deux  heures  de  l'après- 
midi,  chute  de  température,  sommeil  Pendant  la  nuit,  la  fièvre  se  rallume. 
Le  8,  parotidite  suppurée. 

Le  11,  nouvelle  ponction  lombaire,  liquide  sanglant,  diplocoques. 
Le  12,  deuxième  injection  de  sérum  de  Rienzi;  amélioration,  chute  de  la 
fièvre,  reprise  ensuite.  Leucocytose  (32  000).  Incision  de  la  parotide  le  14. 

Le  26,  nouvelle  ponction  lombaire,  liquide  clair,  pas  de  microbes. 
En  janvier,  appétit  régulier.  L'enfant  ne  répond  pas  aux  questions,  elle 
paraît  sourde,  quoique  éveillée  et  intelligente. 


494  ANALYSES 

Le  16,  nouvelle  ponction  lombaire,  liquide  clair,  8an«  microbes.  Surdité 
persistante. 

II.  Garçon  de  deux  ans,  reçu  le  11  janvier,  toussant  depuis  quatre  jouis, 
sans  connaissance  depuis  deux  jours.  Vomissements  incoercibles  le 
troisième  jour.  Le  12  janvier,  ponction  lombaire;  on  retire  15  centimètres 
cubes  de  liquide  trouble  ;  dans  le  culot,  polynucléaires  en  abondance, 
diplocoques  encapsulés,  ne  prenant  pas  le  Qram. 

Le  13,  taches  purpuriques  sur  le  ventre,  le  dos,  le  cou.  Température 
normale  jusqu'au  15;  à  ce  moment,  elle  dépasse  390;  pouls  140,  respiratioD 
autour  de  32.  Chloral  (15  centigrammes  toutes  les  quatre  heures).  Leuco- 
cytose  (27  000).  Le  14,  ponction  lombaire  :  15  centimètres  cubes  de  liquide 
trouble  contenant  des  diplocoques  intracellulaires. 

Le  15,  la  température  avoisinant  40<>,  on  injecte  le  sérum  de  Rienzi; 
défervescence,  bonne  nuit,  rétraction  de  la  tête  moindre.  Le  20,  nouvelle 
injection  de  sérum.  Amélioration.  Après  quinze  jours,  rechute,  mort 
Leptoméningite  suppurée. 

III.  Fille  de  neuf  ans,  reçue  le  11  janvier,  début  brusque  par  malaise, 
fièvre,  douleur  de  tête  ;  douze  heures  après,  perte  de  connaissance,  agita- 
tion qui  la  Ût  tomber  de  son  lit.  Symptômes  habituels  de  la  méningite. 
Signe  de  Kernig.  Éruption  purpurique,  surtout  au  cou.  L'agitation  oblige 
de  faire  la  ponction  lombaire  sous  le  chloroforme.  Hypertension,  15  centi- 
mètres cubes  de  liquide  trouble,  polynucléaires,  diplocoques  intracellu- 
laires ne  prenant  pas  le  Qram.  Mort  le  15  janvier.  Autopsie  par  le  D'Gomrie; 
pus  le  long  des  vaisseaux,  dure- mère  épaissie,  pus  à  la  surface  du  cer- 
velet et  dans  les  sillons  du  cerveau,  pus  le  long  de  la  moelle;  dans  ce  pus, 
on  a  trouvé  le  diplocoque  intracellulaire. 

IV.  Garçon  de  deux  ans  et  demi,  apporté  à  l'hôpital  le  2  février.  La  nuit 
précédente,  vomissement,  douleur  de  tête,  puis  perte  de  connaissance. 
Crise  convulsive,  le  matin.  Toux  parfois,  cyanose  des  lèvres,  froid  aux 
mains,  pouls  faible,  rapide  et  irrégulier,  quelques  taches  purpuriques  au 
cou  et  au  ventre.  Ponction  lombaire,  18  centimètres  cubes  de  liquide 
trouble.  Dans  l'après-midi,  respiration  mauvaise,  rythme  de  Gheyne- 
Stokes,  mort  cinq  heures  après  l'admission,  vingt-huit  heures  après  le 
début  des  symptômes.  L'examen  bactériologique  a  montré  des  diplocoques 
intracellulaires.  A  l'autopsie,  leptoméningite  ;  pus  à  la  surface  du  cerveau 
et  de  la  moelle.  Pus  dans  les  petites  bronches  avec  diplocoques  prenant 
le  Qram. 

Hypertrophie  congénitale,  par  MM.  Gruchet  et  Ricuavd  {La Proçinee 
médicale,  2  mars  1907). 

Sur  165  observations  de  la  thèse  de  Cusson  (Paris,  1905),  il  y  a  26  cas 
d'hémi -hypertrophie  totale,  16  cas  d'hypertrophie  symétrique,  ou  alterne, 
ou  de  la  moitié  supérieure  du  corps,  31  cas  d'hypertrophie  d'une  extré- 
mité seule,  76  cas  d'hypertrophie  d'un  segment  de  membre,  16  cas  d'hémi- 
hypertrophie  de  la  face  seule. 

Une  fille  de  quinze  mois,  de  mère  goitreuse,  ayant  eu  une  grossesse 
traversée  par  des  chagrins,  présente  une  hypertrophie  du  membre  inférieur 
gauche.  Depuis  la  naissance,  l'hypertrophie  aurait  gagné  le  thorax  et 
l'abdomen.  Sur  le  ventre,  l'hypertrophie  occupe  le  côté  droit,  elle  est 
alterne.  Au  moment  du  sevrage,  l'hypertrophie  semble  augmenter,  et  la 
jambe  devient  rouge,  chaude  et  comme  phlegmoneuse.  Pansements 
humides,  guérison.  Le  membre  reste  douloureux.  Taille  normale.  Consis- 
tance mollasse  des  parties  hypertrophiées  ;  bourrelet  énorme  au  niveau 
de  l'articulation  tibio-tarsienne.  Plus  grande  longueur  du  membre  hyper- 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES  41i5 

trophié.  Hyperhydrose  à  ce  niveau  avec  hyperthermie  très  marquée.  Pas 
d'hyperthricose.  Nœvi  sur  le  trajet  du  nerf  sciatique  ;  quelques  petits 
lipomes  pisiformes.  L'hypertrophie  abdominale  et  thoracique  semble 
n'intéresser  que  la  peau.  Sensibilité  exagérée  dans  les  régions  hyper, 
trophiées.  Hypertrophie  plus  marquée  à  la  cuisse  qu'à  la  jambe  (pantalon 
de  zouave).  Os  et  articulations  peu  modifiés.  On  peut  discuter  le  diagnostic 
d'éléphantiasis. 

Whooping  cough,  its  treatment  by  an  improved  abdominal  belt 
(Coqueluche,  son  traitement  par  une  ceinture  abdominale  perfec- 
tionnée), par  le  D'  Thbron  Wendell  Kilmer  {Arch,  of  Ped,, 
février  1907). 

Il  y  a  trois  ans  que  l'auteur  a  préconisé  une  ceinture  élastique  abdo- 
minale pour  le  traitement  de  la  coqueluche,  qui  aurait  été  améliorée  ainsi 
dans  95  p.  100  des  cas.  Spécialement  ce  moyen  empêche  les  vomissements. 
La  ceinture  élastique  (soie  ou  fil)  est  lacée  par  derrière  ;  elle  peut  donc 
être  serrée  à  volonté.  Pour  les  nourrissons,  la  largeur  est  de  10  à  12  cen- 
timètres ;  elle  est  de  15  à  20  centimètres  pour  les  enfants  plus  grands. 
La  longueur  doit  être  de  7  centimètres  et  demi,  moindre  que  la  circonfé- 
rence de  l'abdomen  au  niveau  de  l'ombilic.  Le  degré  de  constriction 
varie  suivant  les  cas  :  d'ordinaire  un  léger  degré  est  suffisant  pour  produire 
une  atténuation  de  la  toux  et  un  arrêt  du  vomissement.  Si,  après  avoir 
appliqué  la  ceinture,  les  symptômes  ne  diminuent  pas,  on  la  serre  légère- 
ment. 

Un  sentiment  de  bien-être  est  éprouvé  par  les  enfants  assez  grands 
pour  s'exprimer.  La  fabrication  de  la  ceinture  est  d'ailleurs  très  facile 
après  avoir  pris  la  mesure  de  la  circonférence  de  l'abdomen. 

Acnte  alcoholism  in  children,  with  report  of  two  cases  (Alcoolisme 
aigu  chez  les  enfants,  avec  relation  de  deux  cas),  par  le  D' S.-W.  Moorheao 
{Arch,  of  Ped,,  février  1907). 

Deux  frères  de  cinq  et  sept  ans  sont  apportés,  dans  la  nuit  du  samedi 
22  septembre  1906,  à  VUniversity  Hospital  de  Philadelphie  (service  du 
D'  J.-P.  Crozer  Griffith).  Ils  ont  été  trouvés  sans  connaissance  dans  une 
chambre  avec  un  ivrogne.  Légère  cyanose,  hypothermie  (35<>),  pupilles 
dilatées,  haleine  sentant  l'alcool.  Le  lendemain,  ils  se  réveillent  et  com* 
mencent  à  parler  avec  les  nurses,  tout  en  restant  stupides.  Le  plus  jeune 
s'améliore  rapidement  et  sort  guéri  le  surlendemain.  Le  plus  âgé,  après 
avoir  repris  connaissance  pendant  une  demi-heure,  retombe  dans  la 
stupeur  et  présente  peu  après  une  grande  convulsion.  Ensuite,  mouve- 
ments athétosiques,  état  de  paralysie  spastique  avec  idiotie. 

On  donne  par  la  bouche  90  centigrammes  de  bromure  de  sodium,  et 
on  essaie  de  lui  faire  prendre  de  l'eau  ;  mais  il  n'avale  qu'imparfaitement. 
Injection  de  sérum  artificiel  (250  grammes).  Pas  d'albuminurie  ;  miction 
avec  la  sonde.  Les  mouvements  convulsifs  ayant  cessé,  le  cœur  s'affai- 
blit ;  à  onze  heures  du  matin,  on  note  de  la  cyanose  et  la  respiration  de 
Qieyne-Stokes. 

On  donne  alors  des  injections  de  sulfate  de  strychnine (1  milligramme) 
et  d'huile  camphrée  (3  centigrammes).  Le  pouls  se  relève,  mais  les  convul- 
sions s'aggravent  ;  à  trois  heures,  opisthotonos  ;  tête  rétractée  dans 
Tintervalle  des  convulsions.  Lavements  de  bromure  de  sodium  (ls',25) 
et  chloral  (25  centigrammes)  ;les  spasmes  furent  définitivement  calmés  par 
une  injection  de  morphine  (3  milligrammes)  et  sulfate  d'atropine  (1/3 
de  milligramme). 


1-^' 


496  ANALYSES 

La  fièvre  s'aUume,  le  pouls  monte  de  100  à  164,  les  respirations  de 
18  à  36. 

Le  jour  suivant,  agitation,  cris;  l'après-midi,  il  peutdire  quelques  mots 
et  répondre  aux  questions.  Incontinence  des  matières  et  des  urines.  Vers 
le  soir,  pouls  irrégulier.  Â  minuit,  cinquante-trois  heures  après  la  der- 
nière convulsion,  nouvelle  crise  de  quelques  minutes,  avec  perte  des 
urines.  Convulsion  plus  forte  à  deux  heures  quarante  du  matin  ;  légère 
convulsion  à  dix  heures.  Fièvre. 

Le  surlendemain,  il  va  mieux,  mais  a  des  hallucinations  de  la  vue 
et  de  l'ouïe.  Au  bout  de  deux  jours,  ces  hallucinations  cessent,  mais  il 
reste  bizarre  pendant  une  semaine. 

Auparavant,  sa  santé  était  excellente  ;  pas  d'antécédents  nerveux. 

On  ne  sait  pas  exactement  la  quantité  d'alcool  ingérée. 

Generalized  pigmentation  and  palmar  keratosis  following  the  use  of 
Fowler's  solation  (Pigmentation  généralisée  et  kératose  palmaire  après 
l'usage  de  la  liqueur  de  Fowler),  par  le  D*"  Jacob  Sobel  {Arch.  of  Ped., 
janvier  1907). 

Garçon  de  six  ans  et  neuf  mois,  est  présenté,  le  21  janvier  1906,  pour  un 
soupçon  de  maladie  d'Addison.  Enfant  bien  portant,  bien  développé; 
scarlatine  à  cinq  ans,  rougeole  à  six  ans.  Depuis  quelques  semaines,  étant 
devenu  pâle  et  irritable,  il  prend  de  la  liqueur  de  Fowler  :  I  goutte  trois  fois 
par  jour,  en  augmentant  de  I  goutte  par  jour  jusqu'à  VI  gouttes  trois  fois 
par  jour,  puis  retour  graduel  à  I  goutte  et  augmentation  de  nouveau 
jusqu'à  VI  gouttes. 

Quand  l'enfant  prenait  V  gouttes  trois  fois  par  jour,  dans  la  seconde 
série,  la  mère  remarqua  la  couleiu*  bronzée  delà  peau.  En  tout,  il  avait  pris 
CDLIIIgouttes  en  quarante-sept  jours.  Les  deux  derniers  jours,  tachesjaune 
sale  sur  le  cou,  ne  disparaissant  pas  au  lavage  ni  au  savonnage.  A  l'examen, 
on  note  que  la  face  est  d'une  teinte  jaune  brim  ;  en  avant  et  en  arrière  du 
cou,  taches  brunes  irrégulières.  La  même  teinte  se  voyait  par  places  sur 
la  poitrine,  le  ventre,  le  dos.  Au  niveau  des  aisselles  et  des  plis  articulaire^^, 
la  coloration  était  plus  foncée.  Par  contre,  les  avant-bras  avaient  conservé 
leur  blancheur.  Les  parties  supérieures  du  pénis  et  du  scrotum  étaient  très 
brunes,  de  même  les  faces  internes  des  cuisses;  jambes  un  peu  jaunes. 
Paume  des  mains  et  plante  des  pieds  indemnes.  Sclérotiques  de  même.  Pas 
de  pigmentation  de  la  muqueuse  buccale.  Rien  à  l'auscultation  ni  à 
l'examen  des  viscères. 

L'usage  de  l'arsenic  est  arrêté  et  remplacé  par  du  fer.  Quelques  déman- 
geaisons et  placards  eczématiformes  sont  pansés  avec  une  pommade  À 
l'oxyde  de  zinc.  Amélioration  rapide.  Contre  la  kératose  palmaire  et  plan- 
taire, on  fait  des  onctions  avec  une  pommade  salicylée.  Le  cou  est  traité 
par  l'eau  oxygénée.  Guérison. 

A  case  of  paralysis  of  the  abducent  nenre  foliowing  inllaexua 
(Cas  de  paralysie  du  moteur  oculaire  externe  suite  d'influenza),  par  le 
D'  Anna  S.  Wilner  (Arch,  of  PedL,  janvier  1907). 

Enfant  de  neuf  ans,  présente  les  symptômes  ordinaires  de  Tinfluenza  : 
coryza,  frissons,  douleurs  musculaires  pendant  trois  jours.  Puis  toux 
laryngée,  fièvre,  bronchite  avec  congestion  pulmonaire.  Alternatives  de 
fièvre  et  d'apyrexie.  Otite  aiguë,  douleur  de  tête.  Bientôt  hyperthermie. 
On  pense  à  la  malaria  ;  quinine  sans  succès.  Au  bout  de  quelques  jours, 
strabisme  interne  de  l'œil  droit  (la  douleur  de  tête  était  à  droite),  pouls 
lent  et  irrégulier,  prostration. 


vp 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  497 

Un  médecin  consulté  parle  de  méningite  tuberculeuse  ou  d*abcès  céré- 
belleux. On  pense  alors  à  une  intervention  chirurgicale.  Mais  le  D'  Grue- 
ning  opine  pour  une  méningite  séreuse  ou  plutôt  une  toxémie  grippale 
et  conseille  Texpectation.  Amélioration,  puis  guérison.  La  paralysie 
oculaire  persista  plusieurs  semaines,  puis  diminua  pour  disparaître  après 
trois  mois.  Il  est  probable  qu'on  s'est  trouvé  en  présence  d'une  encéphalite 
aiguë  grippale,  ou  plutôt  d'une  polioencéphalite  limitée  au  noyau  de  la 
sixième  paire  droite. 

Tetanus  treated  with  antitetanic  sérum,  recoYery  (Tétanos  traité  avec 
le  sérum  antitétanique,  guérison),  par  le  D' W.  Win  slow  Hall  {The  Brit. 
Med.  Journal,  9  mars  1907). 

Garçon  de  huit  ans,  se  présente  le  15  août  1906,  avec  fétidité  de  l'haleine, 
gonflement  de  la  langue  et  stomatite.  Le  18,  raideur  de  la  nuque,  rire 
sardonique.  Pas  de  lièvre.  On  donne  du  calomel,  puis  25  centigrammes 
de  bromure  de  potassium  toutes  les  quatre  heures.  Le  20,  rire  sardonique 
plus  marqué,  opisthotonos.  Lavages  de  la  bouche  à  l'eau  boriquée  et  à 
feau  oxygénée.  On  donne  25  centigrammes  de  chloral  et  40  centigrammes 
de  bromure  toutes  les  deux  heures. 

Le  21,  les  spasmes  ont  redoublé;  dysphagie,  rire  sardonique,  opis- 
thotonos. Ulcérations  de  la  langue  et  des  joues,  trismus.  Dans  l'après- 
midi,  on  injecte  60  centimètres  cubes  de  sérum  antitétanique.  Le  22, 
amélioration  ;  23  crises  spasmodicpies  au  lieu  de  96  dans  les  vingt-quatre 
heures  qui  ont  précédé.  A  onze  heures,  on  injecte  30  centimètres  cubes  de 
sérum.  Chloral  et  bromure  continués.  Le  23,  l'amélioration  continue  ;  il 
n'y  a  eu  que  22  crises  spasmodiques  en  vingt- quatre  heures.  Pas  de 
ûèvre,  langue  plus  propre.  Nouvelle  injection  de  30  centimètres  cubes. 
Le  24,  l'enfant  est  plus  gai;  il  n'y  a  eu  que  8  crises  dans  les  dernières 
vingt-quatre  heures.  Le  25,  le  nombre  des  spasmes  s'abaisse  à  7.  Le  26, 
Tenfant  n'a  pas  eu  une  seule  crise  pendant  vingt-quatre  heures.  En  sep- 
tembre, fièvre  éphémère  avec  urticaire  sérique.  Guérison.  On  a  employé 
120  centimètres  cubes  de  sérum  ayant  coûté  plus  de  60  francs.  La  cause 
de  ce  tétanos  doit  être  cherchée  dans  la  bouche. 

Five  cases  cl  Friedreich's  ataxy  occurring  in  two  families  (Cinq  cas 
d'ataxie  de  Friedreich  survenant  dans  deux  familles),  par  le  D'  Wardrop 
Griffith  {The  Brit,  Med,  Journal,  9  mars  1907). 

1^  Fille  de  dix-sept  ans  et  demi,  ne  pouvant  marcher  sans  aide,  depuis 
Tâge  de  douze  ans.  On  a  cru  d'abord  à  la  danse  de  Saint-Guy.  Aggravation 
progressive;  elle  ne  peut  presque  pas  quitter  le  lit  depuis  janvier  1906. 
Pieds  plus  arqués  que  de  coutume,  paraissant  plus  courts.  Les  muscles 
du  mollet  sont  plus  durs  que  normalement,  et  la  flexion  dorsale  de  la 
cheville  est  limitée.  Réflexe  de  Babinski.  Ataxie  statique.  Un  peu  d'in- 
coordination des  bras  et  des  mains.  L'enfant  peut  enfiler  une  aiguille, 
mais  avec  lenteur  et  difficulté  ;  elle  coud  comme  une  apprentie  et  écrit 
avec  peine.  Tremblement  surtout  quand  elle  cherche  à  rapproclier  ses 
doigts.  Les  yeux  fermés,  elle  se  trompe  dans  la  direction  de  ses  doigts. 
Pas  de  trémulation  linguale  ni  de  mouvements  anormaux  de  la  face  et 
du  cou.  Sphincters  normaux.  Parole  lente.  Scoliose  légère.  Mouvements 
des  jambes  rappelant  l'ataxie. 

20  Fille  de  dix  ans  et  demi,  sœur  de  la  précédente.  Depuis  deux  ans, 
marche  péniblement,  surtout  dans  les  escaliers.  Enfant  intelligente,  gaie. 
Peu  de  déformation  du  pied,  signe  de  Babinski  peu  marqué.  Réflexe 
patellaire  aboli.  Parole  naturelle.  Incertitude  de  la  marche,  instabilité, 

ARCH.  de  SÊDEC.  des  B.NFANTS,  1907.  X.  —  32 


498  ANALYSES 

perte  d'équilibre  surtout  en  tournant.  Quand  elle  ferme  les  yeux,  ces 
phénomènes  s'accentuent.  Malgré  l'absence  de  pied  creux,  de  scoliose, 
de  nystagmus,  de  trouble  du  langage,  le  diagnostic  de  maladie  de  Friedreich 
s'impose,  même  si  la  sœur  ainée  n'était  pas  atteinte,  d'après  l'ataxie,  la 
faiblesse  musculaire,  l'abolition  du  réflexe  patellaire,  le  signe  de  Babinski. 

Parents  bien  portants,  deux  autres  enfants  indemnes. 

Dans  une  seconde  famille,  l'auteur  a  observé  trois  cas. 

30  Homme  de  vingt-neuf  ans,  le  second  de  treize  enfants  ;  début  vers 
l'âge  de  dix  ans  par  une  maladresse  dans  les  mouvements  des  mains  ;  puis 
troubles  de  la  marche,  scoliose,  pied  creux,  incoordination,  nystagmus, 
parole  lente  et  difficile. 

Sur  13  enfants  et  les  2  parents,  3  seulement  sont  atteints  de  maladie  de 
Friedreich. 

4°  Femme  de  vingt-sept  ans,  troisième  enfant  de  la  famille,  a  commencé 
à  dix-sept  ou  dix-huit  ans  par  des  tremblements.  On  a  cru  à  la  danse  de 
Saint-Guy.  Troubles  de  la  marche,  ataxie  statique,  scoliose,  absence  du 
réflexe  rotulien,  pied  creux,  flexion  dorsale  du  pied  limitée,  mollet  dur, 
signe  de  Babinski,  léger  nystagmus,  parole  lente. 

50  Garçon  de  dix-huit  ans,  atteint  depuis  deux  ans,  mais  à  un  moindre 
degré  que  les  précédents.  Scoliose.  Incoordination  des  mouvements,  sur- 
tout quand  les  yeux  sont  fermés  ;  réflexes  patellaires  absents. 

De  plus  deux  filettes  de  la  même  famille,  âgées  de  dix  et  huit  ans 
(onzième  et  douzième  enfants),  présentent  l'abolition  du  réflexe  rotulien. 
Cependant  tous  les  moyens  ont  été  employés,  pendant  une  observation 
de  quinze  jours,  pour  obtenir  ce  réflexe. 

L'ataxie  de  Friedreich  est  une  maladie  familiale,  qui,  à  ce  titre,  ressemble 
à  la  paralysie  pseudo -hyper trophique  et  aux  autres  dystrophies  muscu 
laires,  à  l'ataxie  cérébelleuse  familiale,  à  la  scoliose  latérale,  etc.  Obscurité 
de  l'étiologie  dans  tous  ces  cas.  On  a  admis  tantôt  un  développement 
imparfait  du  système  nerveux,  tantôt  une  dégénérescence  prématurée. 

Présence  constante  du  muguet  dans  l'intestin  des  enfants  qui  ne  sont 
pas  nourris  au  sein,  par  MM.  Ghirày  et  Sartory  {Soc.  de  biologie, 
2  février  1907). 

Sur  25  examens  d'enfants,  10  fois  les  auteurs  ont  trouvé  le  muguet 
dans  l'intestin.  Chez  15  enfants  nourris  au  sein,  12  étaient  indemnes 
de  muguet  ;  chez  3,  la  levure  a  poussé  tardivement,  après  cinq  à  six  jours 
au  lieu  de  deux,  témoignant  d'une  faible  vitalité.  Chez  10 enfants  à  l'allai- 
tement mixte  ou  à  l'allaitement  artificiel,  7  ont  présenté  du  muguet 
(70  p.  100).  Parmi  les  3  cas  négatifs,  2  avaient  une  bronchopneumonie 
grave. 

Comment  cette  levure  acidophile  se  trouve-t-elle  dans  un  milieu  alcahn 
comme  l'intestin?  D'après  les  auteurs,  elle  jouerait  un  rôle  pathogène 
dans  certains  troubles  intestinaux  de  l'enfance.  Le  champignon  recueilli 
dans  l'intestin  serait  plus  virulent  que  celui  de  la  bouche. 

Allaitement  et  fièvre  typhoïde,  par  le  D'  Péhu  (Journal  de  gyn.  et  de 
pédiaL,  20  janvier  1907). 

Le  nourrisson  est  rarement  contagionné  par  la  nourrice;  le  bacille 
d'Éberth  passe  rarement  à  travers  la  mamelle. 

1°  Femme  de  dix-neuf  ans,  accouchée  à  huit  mois,  nourrit  son  enfant  ; 
entre  le  26  septembre  1906  à  l'hôpital  pour  fièvre  typhoïde;  en  sort  le 
15  octobre.  Enfant  bien  portant  ;  n'a  rien  eu. 

2°  Femme  de  vingt-neuf  ans,  entrée  le  15  août  1906,  sortie  le  20  sep- 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  499 

tembre.  Fièvre  typhoïde  ;  a  donné  le  sein  pendant  les  dix  premiers  jours. 
Enfant  d'un  an,  bien  portant. 

30  Femme  de  trente-huit  ans,  entrée  le  26  août,  sortie  le  30  septembre 
1906.  Fièvre  typhoïde  ;  enfant  de  quinze  niois  nourri  au  sein  ;  n'a  pas 
été  atteint. 

¥*  Femme  de  trente  ans,  entrée  le  25  août  pour  fièvre  typhoïde. 
Enfant  de  quinze  mois  bien  portant. 

S°  Femme  de  vingt  et  un  ans,  donnant  le  sein  à  un  enfant  de  huit  mois 
et  demi  ;  fièvre  typhoïde  de  la  nourrice.  Bon  état  de  l'enfant.  Chez  ces 
femmes,  la  (lèvre  typhoïde  a  guéri  ;  aucun  enfant  n'a  été  contagionné  ; 
cependant  il  fallait  sevrer. 

On  the  importance  of  ezamining  the  throatinchildren  (Importance  de 
Tezamen  de  la  gorge  chez  les  enfants),  par  le  D'  James  Burnet  {The 
Médical  Times  and  Hospital  Gazette,  2  février  1907). 

Les  erreurs  commises  par  les  médecins  viennent  plus  souvent  d'un  exa- 
men incomplet  que  d'un  manque  de  science.  Observation  superficielle, 
méthode  imparfaite,  telles  sont  les  causes  habituelles  des  erreurs  de  dia- 
goostic. 

On  s'applique  trop  à  montrer  aux  étudiants  les  cas  rares  et  à  négliger 
les  banalités.  D'où  la  grande  utilité  pour  eux  de  passer  trois  ou  six  mois 
dans  un  dispensaire  ou  clinique  externe  ;  ils  verront  défiler  devant  eux 
les  cas  de  la  pratique  courante.  Là  on  se  convainct  bientôt  de  l'utilité 
d'examiner  la  gorge  des  enfants.  Quand  un  enfant  est  malade,  il  ne  faut 
jamais  oublier  d'examiner  sa  gorge. 

Aucune  difficulté  de  technique  ;  il  faut  seulement  prendre  garde  d'évi- 
ter la  projection  de  crachats  dans  les  yeux  ;  pour  cela,  on  aura  la  tête 
placée  de  côté  et  un  peu  en  bas. 

On  découvre  ainsi  les  diverses  variétés  d'angine,  la  diphtérie,  l'hyper- 
trophie des  amygdales,  le  catarrhe  naso-pharyngien,  les  adénoïdes,  etc. 

Les  conseils  de  M.  J.  Burnet  sont  très  judicieux  et  seront  suivis  avec 
profit. 

Contributo  allô  studio  délia  macroglossia  (Contribution  à  l'étude  de  la 
macroglossie),  par  le  D'  G.  Marangoni  (Gazz.  degli  osp.  e  délie  clin,» 
20  janvier  1907). 

lo  Garçon  de  cinq  ans  ;  à  dix -huit  mois,  coqueluche  ayant  duré  cinq 
mois  avec  eczéma  de  la  face  et  du  cou  ;  fièvre  vive  pendant  une  nuit,  et 
le  lendemain  la  langue  est  grosse,  faisant  saillie  hors  de  la  bouche.  La 
fièvre  tombe,  mais  la  langue  est  restée  hypertrophiée. 

L'enfant  entre  à  l'hôpital  le  27  novembre  1904.  Développement  nor- 
mal, intelligence  nette.  La  pointe  de  la  langue  fait  une  saillie  de  3  centi- 
mètres au  dehors  ;  la  partie  prolabée  est  uniformément  grosse,  avec 
surface  irrégulière,  fissurée,  couverte  d'un  enduit  blanc  jaunâtre.  A  la 
face  inférieure,  lésions  causées  par  les  dents,  qui  sont  branlantes  et  pous- 
sées en  avant  La  partie  qui  fait  saillie  ne  peut  être  ramenée  dans  la 
bouche,  à  cause  de  l'hypertrophie  de  la  partie  postérieure. 

Le  30  novembre  1904,  après  avoir  recherché  et  lié  les  artères  linguales 
dans  la  région  sus-hyoïdienne, on  fait  une  excision  cunéiforme  delà  partie 
prolabée  ;  sutures,  extraction  des  dents  ;  bon  résuitat. 

L'examen  de  la  partie  enlevée  montre  un  épaississement  de  la  muqueuse, 
une  hypertrophie  de  la  couche  musculaire  avec  tractus  fibreux.  Il  y  a 
hyperplasie  du  tissu  musculaire,  hyperplasie  des  fibres  élastiques  et 
des  vaisseaux  sanguins. 


v 


500  ANALYSES 

En  somme,  il  y  a  développement  excessif  de  tous  les  tissus  qui  com 
posent  l'organe  :  tissus  épithélial,  musculaire,  conjonctif,  élastique  et 
glandulaire.  A  cette  hypertrophie  s'ajoutent  des  lésions  inflammatoires 
(infiltration  de  petites  cellules,  augmentation  du  tissu  conjonctif  sous* 
muqueux  et  intermusculaire).  La  lymphangiectasie  est  peu  marquée. 

2°  Garçon  de  trois  ans  et  demi.  Vers  l'âge  de  cinq  à  six  mois,  sans  cause 
appréciable,  les  parents  remarquent  l'augmentation  de  la  langue.  Peu 
à  peu  le  volume  s'accroît  au  point, en  six  mois,  de  gêner  la  mastication 
et  la  parole.  La  langue  fait  saillie  au  dehors  de  4  centimètres.  Hyper- 
trophie totale  et  uniforme.  Dents  ébranlées  et  poussées  en  avant  Saliva- 
tion. Langue  dure.  Le  20  mars  1906,  opération  semblable  à  la  précé- 
dente. Guérison. 

Papilles  très  augmentées.  Il  ya  surtout  hyperplasie  du  tissu  conjonctif; 
la  muqueuse  et  le  tissu  musculaire  sont  moins  hypertrophiés  que  dans 
le  premier  cas.  Infiltration  considérable  de  petites  cellules,  développe- 
ment énorme  des  vaisseaux  et  lacunes  lymphatiques. 

Corps  étrangers  de  l'œsophage  et  œsophagoscopie,  par  MM.  F.  Gross 
et  L.  Sencert  (Bulletin  médical,  6  février  1907). 

Depuis  l'application  de  l'endoscopie  aux  corps  étrangers  de  l'œso- 
phage (1904),  les  auteurs  ont  traité  15  cas  :  1^  corps  étrangers  rugueux 
ou  angulaires,  7  (2  dentiers,  1  fragment  d'os,  1  trompette  d'enfant, 
1  clou  de  tapissier,  1  pointe  de  fer,  1  clou  à  grosse  tête);  2^ corps  étrangers 
lisses,  8  (3  pièces  d'un  sou,  1  pièce  de  2  sous,  1  pièce  de  25  centimes  en 
nickel,  1  pièce  de  50  centimes,  1  clef  de  malle,  1  sifilet  d'enfant). 
Les  8  corps  étrangers  lisses  et  2  corps  étrangers  rugueux  avaient  été 
déglutis  par  des  enfants  au-dessous  de  dix  ans. 

Sur  ces  15  cas,  6  fois  l'œsophagoscope  a  révélé  la  présence  du  corps 
étranger  et  permis  de  l'extraire  sous  le  contrôle  de  l'œil.  Dans  les  9  autres 
cas,  l'œsophagoscope  fit  constater  l'absence  du  corps  étranger  dans  Poeso- 
phage  et  permit  de  constater  ou  de  traiter  les  lésions  déterminées  par 
son  passage. 

L'endoscopie  permettra  donc  parfois  d'éviter  une  œsophagotomie 
externe  inutile.  Pour  que  la  radiographie  soit  un  guide  certain,  il  faut 
qu'elle  soit  faite  au  moment  même  de  l'opération.  Donc  l'œsophagoscope 
doit  trouver  place  dans  l'arsenal  de  la  chirurgie  courante. 

Myosite  tuberculense  à  foyers  multiples  chez  on  enfant  de  dix  ans,  par 

le  D^  KiRMissoN  (Académie  de  médecine,^  février  1907). 

Garçon  de  dix  ans  entre  à  l'hôpital  le  25  avril  dernier.  On  constate, 
au  niveau  des  membres  inférieurs,  dans  l'épaisseur  des  muscles  du  mollet 
et  de  la  cuisse,  beaucoup  de  petites  tumeurs  fusiformes,  allongées  suivant 
le  grand  axe  du  muscle.  Ganglions  engorgés  dans  les  creux  poplités  et 
le  triangle  de  Scarpa.  Ganglions  sus-épi trochléens  envahis  également 
Petites  tumeurs  arrondies  sur  le  bord  interne  du  biceps.  Présence  de  gan- 
glions axillaires  carotidiens,  d'un  ganglion  rétro-mastoïdien  gauche, 
d'un  ganglion  le  long  de  l'artère  faciale  droite. 

On  note  un  gonflement  de  l'articulation  métatarso-phalangienne  du 
cinquième  orteil  gauche.  Excision  de  deux  petites  tumeurs  du  mollet; 
elles  siégeaient  bien  dans  l'épaisseur  des  muscles. 

L'examen  Tiistologique,  fait  par  M.  Bize,  contrôlé  par  M.  Cornil,  a 
permis  de  constater  des  follicules  tuberculeux  avec  cellules  géantes 
au  centre,  zone  épithélioïde  et  cellules  embryonnaires  à  la  périphérie. 

Cependant  la  recherche  des  bacilles  de  Koch  et  les  inoculations  au  cobaye 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  501 

sont  restées  négatives.  L'existence  de  la  myosite  tuberculeuse  n'en  est  pas 
moins  certaine. 

Pour  M.  Kirmisson,  la  filiation  des  accidents  serait  la  suivante  :  foyer 
tuberculeux  au  niveau  de  l'articulation  métatarso-phalangienne  du 
cinquième  orteil  gauche,  infection  par  la  voie  lymphatique  et  généralisa- 
tion au  système  musculaire. 

Il  est  permis  de  discuter  cette  pathogénie.  D'où  vient  l'arthropathie 
métatarso-phalangienne?  Évidemment  d'un  foyer  interne,  ganglio- 
pulmonaire.  C'est  de  là  que  sont  partis  les  bacilles  de  Koch,  qui,  suivant 
la  voie  circulatoire,  sont  allés  coloniser  au  niveau  du  cinquième  orteil. 
Les  mêmes  bacilles  étaient  capables  de  coloniser  dans  les  muscles,  et  il 
n'y  a  aucune  raison  pour  ne  pas  admettre  que  la  myosite  tuberculeuse 
disséminée,  comme  l'arthrite  tuberculeuse,  dépende  d'une  infection 
sanguine  à  point  de  départ  ganglio-pulmonaire. 

Sopra  an  caso  di  méningite  da  coroidite  suppurativa  (Sur  un  cas 
de  méningite  par  choroïdite  suppurative),  par  le  D^  A.  Caputo  {Gazz. 
degU  osp,  e  délie  clin.,  27  janvier  1907). 

Fille  de  onze  ans;  ulcère  de  la  cornée  suivi  de  perforation  avec  adhé- 
rence irienne.  Perte  de  la  vision  en  grande  partie,  mais  cessation  de  tout 
phénomène  inflammatoire. 

L'enfant  se  croit  guérie. 

Un  jour,  douleurs  vives  à  l'œil  et  aux  parties  adjacentes.  Les  paupières 
sont  très  gonflées  et  œdémateuses  ;  conjonctive  rouge  et  tuméfiée  formant 
un  cercle  autour  de  la  cornée.  Celle-ci  est  trouble  et  opaque,  comme 
l'humeur  aqueuse  sous-jacente,  iritis.  A  l'examen  ophtalmoscopique, 
on  peut  voir  un  exsudât  abondant,  situé  sous  la  rétine  et  formant  de 
grandes  taches  jaunâtres.  Rien  du  côté  des  appareils  cardio-vasculaire» 
respiratoire,  digestif. 

Température,  39^4. 

Diagnostic  :  choroïdite  suppurée. 

Traitements  six  sangsues  au  niveau  de  l'apophyse  mastoïde,  iodure 
de  potassium.  Pas  d'amélioration  ;  vers  le  huitième  jour,  symptômes 
de  méningite  aiguë.  Guérison  en  un  mois,  avec  diminution  du  pouvoir 
visuel,  parésie  motrice  du  bras  droit  et  léger  trouble  de  la  parole. 

Traitement  da  nmvns  vasculaire  par  le  radium,  par  MM.  Wicrham  et 
DsGRAis  {Ann.  de  derm.  et  de  syph,,  déc.  1906). 

Un  enfant  présente  à  la  naissance,  sur  la  joue  droite,  un  petit  point 
rouge  qui  peu  à  peu  s'est  étendu  et  surélevé.  A  six  mois,  le  naevus  avait 
les  dimensions  d'une  pièce  de  50  centimes.  Le  nœvus,  d'un  violet  foncé, 
dépassait  de  2  millimètres  le  niveau  cutané;  réseau  veineux  à  la  péri- 
phérie, surtout  au  bord  externe. 

On  a  fait  sept  applications  successives  d'une  demi -heure  chacune  d'un 
appareil  à  sel  collé  de  bromure  de  radium.  Phénomènes  habituels  de  réaction 
quinze  jours  après  la  dernière  application  ;  rougeur  suivie  d'une  croûte 
qui  est  tombée  au  bout  de  quinze  jours  ;  depuis  cette  époque,  la  rougeur 
a  été  en  diminuant  chaque  jour. 

Actuellement,  on  constate  une  surface  plane  à  peine  rosée  avec  région 
légèrement  violacée  au  centre.  Ëpiderme  d'aspect  normal,  peau  souple 
au  toucher.  Le  réseau  veineux  périphérique  a  disparu. 

Le  traitement  ayant  été  commencé  le  11  septembre,  trois  mois  à  peine 
(dont  trois  heures  et  demie  seulement  de  traitement  effectif)  ont  suffi  pour 
arriver  à  ce  résultat. 


502  ANALYSES 

Sar  an  cas  de  tricophytie  disséminée  da  tronc,  par  Hallopbau  et 
BouDET  {Ann.  de  derm.  et  de  syph.,  1906). 

Fille  de  douze  ans,  entrée  à  Thôpital  le  3  décembre  1906,  avec  une  érup- 
tion datant  de  huit  jours  ;  cette  éruption  a  débuté  au  niveau  du  sein  droit 
et  s'est  propagée  sous  forme  de  taches  rouges,  circulaires,  étendues  excen- 
triquement  tout  en  se  multipliant.  On  en  compte  20  sur  le  tronc.  L'élé- 
ment jeune  se  présente  sous  la  forme  d'une  petite  tache  lenticulaire, 
à  bord  légèrement  saillant,  d'un  rouge-cuivre,  à  centre  plus  pâle  et  desqua- 
mant en  petites  écailles  furfuracées. 

Les  plaques  sont  de  forme  et  d'étendue  variables  ;  les  unes  ont  les 
dimensions  d'une  pièce  de  2  sous  ;  les  autres  ne  dépassent  pas  une  pièce 
de  50  centimes  ;  d'autres  sont  polycycliques. 

Deux  sœurs  ont  été  prises  auparavant;  l'une  a  eu  des  plaques  au  bras, 
l'autre  au  cou  ;  la  malade  couchait  avec  celle  qui  a  des  plaques  au  bras. 
Pas  de  contact  suspect  avec  des  animaux. 

Il  s'agit  d'une  tricophytie  circinée,  facile  à  distinguer  du  pityriasis 
rosé.  Mais  le  tronc  n'est  pas  le  siège  habituel  de  cette  dermatose. 

Sur  on  cas  de  méningite  aigné  grippale,  par  F.  Carles  {Journal  de 
médecine  de  Bordeaux,  17  février  1907). 

Enfant  de  onze  mois,  amené  à  la  consultation  le  27  octobre  1906  pour 
de  la  fièvre.  Né  à  terme,  nourri  au  sein,  pesant  9  500'  grammes,  l'enfant 
est  pris  de  fièvre  vers  le  23  ou  24  octobre.  La  température  oscille  autour 
de  39°.  Quelques  râles  de  bronchite.  On  parle  de  grippe. 

Le  l®*"  novembre,  tout  à  coup,  l'enfant  est  abattu,  a  de  la  torpeur,  du 
strabisme  convergent  à  droite,  de  l'inégalité  pupillaire.  Alternatives  de 
rougeur  et  de  pâleur  aux  pommettes.  Pas  de  constipation  ni  vomissements. 
Respiration  irrégulière,  grincements  de  dents,  réflexes  rotuliens  exagérés. 
Le  2  novembre,  symptômes  de  méningite  plus  accusés  encore,  raideur 
de  la  nuque,  signe  de  Kernig.  Ponction  lombaire,  liquide  louche.  Le  3. 
convulsions.  Mort  le  5. 

Le  liquide  retiré  par  la  ponction  renferme  des  polynucléaires,  des  mi- 
crobes en  bâtonnets  ne  prenant  par  le  Qram,  parfois  inclus  dans  les 
leucocytes  (bacilles  de  Pfeiffer). 

GonococcQS-Inlektion  bei  Kindem  mit  besonderer  Bezagnahme  an! 
deren  Vorkommen  in  Anstalten  und  die  Mittel  znr  Verhûtreng  derselben 

(Infection  gonococcique  chez  l'enfant  avec  considération  particulière  sur 
sa  prophylaxie  dans  les  hôpitaux),  par  le  D'  Emmett-Holt  (Jahrh.  /. 
Kinderheilk.,  1906). 

Les  observations  de  l'auteur  l'amènent  à  proclamer  la  très  grande 
fréquence  de  la  vaginite  gonococcique,  maladie  avec  laquelle  il  faut 
toujours  compter  dans  les  hôpitaux  d'enfants.  Elle  est  aussi  fréquente 
dans  les  dispensaires  et  n'est  pas  rare  dans  la  clientèle  aisée. 

Même  dans  ses  formes  légères  et  sporadiques,  elle  est  difficile  à  guénr. 
Dans  ses  formes  plus  graves,  elle  peut  mettre  la  vie  en  danger  en  provo- 
quant une  pyohémie  gonococcique  aigué  ou  une  infection  des  séreuses. 
Sous  sa  forme  épidémique,  elle  constitue  un  redoutable  fléau  pour  les 
hospices.  Le  caractère  hautement  contagieux  de  la  vaginite  gonococcique 
rend  nécessaire  l'isolement  des  enfants  qui  en  sont  atteintes.  Même  danger, 
quoique  moindre,  existe  avec  l'ophtalmie  gonococcique  et  l'arthrite  ou 
la  pyémie  aiguë  à  gonocoques.  11  est  impossible  d'empêcher  la  propa- 
gation de  la  maladie  quand  des  enfants  infectés  restent  avec  les  autres 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  503 

dans  le  même  local.  Ces  malades  contagieux  doivent  être  ou  exclus  de 
rhôpitalt  ou  au  moins  tenus  en  quarantaine. 

Pour  éliminer  de  l'hôpital  les  cas  de  vaginite  gonococcique,  il  faut 
un  examen  microscopique  systématique  des  sécrétions  vaginales  de 
toutes  les  enfants  reçues.  S*il  y  a  un  écoulement  purulent,  Texamen 
s'impose  comme  celui  des  exsudats  amygdaliens.  En  cas  d'absence  d'exa- 
men du  pus  chez  une  jeune  enfant,  on  peut  admettre  que  l'écoulement 
est  dû  au  gonocoque.  L'isolement,  pour  être  efficace,  doit  porter  aussi 
bien  sur  le  personnel  que  sur  les  enfants.  Il  faut  aussi  laver  séparément 
les  enfants  infectés  ainsi  que  les  objets  qui  ont  été  en  contact  avec  eux. 

S'il  y  a  des  gonocoques  sans  écoulement  ou  avec  un  très  léger  écoule- 
ment, il  est  bon  de  pratiquer  néanmoins  l'isolement.  La  difficulté,  en 
pratique,  est  dans  la  longue  durée  et  dans  la  résistance  au  traitement. 
Il  faut  savoir  que  les  yeux  des  femmes  qui  soignent  ces  enfants  sont 
exposés  à  la  contagion.  Elles  ne  sont  pas  suffisamment  instruites  de  ce 
danger. 

Ungewôhnlich  nmfangreicher  «  Dickdarm  »  bai  Kindern.  Megacolon 
congenitnm  non  est  congenitnm  sed  acquisitnm  (Dilatation  anormale  du 
gros  intestin  chez  l'enfant.  Le  mégacolon  dit  congénital  n'est  pas  congéni- 
tal mais  acquis),  par  le  D' W.-E.  Tschernow  (Jahrb,  f.  Kinderheilk.,  1906). 

Pour  étudier  la  question  de  congénitalité  de  ces  dilatations  du  côlon, 
il  convient  de  diviser  les  observations  en  deux  groupes  :  l'un  qui  com- 
prend les  nouveau-nés,  l'autre  comprenant  les  nourrissons  et  les  enfants 
de  deux  à  dix  ans. 

Dans  le  premier  groupe,  il  faut  ranger  un  cas  du  D'  Billard  observé 
chez  un  enfant  de  six  jours  ;  il  n'y  avait  pas  de  structure  cellulaire  de  la 
paroi  intestinale,  qui  avait  un  aspect  scléreux  ;  il  n'y  avait  donc  pas 
hyperplasie  de  la  paroi.  Dans  un  cas  de  Porro  observé  aussi  chez  un  nouveau - 
né,  il  s'agissait  de  dilatation  avec  amincissement  consécutive  à  une 
atrésie  anale.  En  somme,  l'auteur  n'a  pas  pu  trouver  dans  la  httérature 
médicale  de  cas  congénitaux  avec  tous  les  symptômes  caractéristiques. 
Au  contraire,  l'affection  n'est  pas  rare  plus  tard,  et  alors  il  y  a  dilatation 
hypertrophique.  A  l'origine,  on  peut  trouver  une  parésie  du  segment 
inférieur  de  l'S  iliaque,  dont  la  situation  est  assez  variable.  Dans  tous  les 
cas  que  l'on  étudie  de  près,  on  voit  que  ce  n'est  pas  l'hypertrophie  de 
l'intestin  qui  cause  la  constipation,  mais  bien  un  rétrécissement  relatif 
de  l'intestin  ou  une  aplasie  des  parois  intestinales  qui  amène  l'hyper- 
trophie des  portions  sus-jacentes  à  la  suite  d'inflammation  chronique. 
H  y  a  toujours  dans  ces  cas  un  obstacle  au  libre  cours  des  matières,  ob- 
stacle siégeant  généralement  dans  le  segment  tout  inférieur  de  l'S  iliaque 
et  très  souvent  au  point  de  transition  de  ce  dernier  dans  le  rectum. 

Quant  au  traitement,  il  doit  être  soit  médical,  consistant  alors  dans  les 
moyens  qui  combattent  la  constipation,  soit  chirurgical,  consistant  en 
une  en téro -anastomose,  c'est-à-dire  une  anastomose  de  l'S  iliaque  ou 
de  la  partie  supérieure  du  côlon  descendant  avec  l'ampoule  rectale.  . 

Subcntano  Vaccineinjektionen  am  Henschen  (Injections  vaccinales 
sous-cutanées  chez  l'homme),  par  le  D'  Wilhelm  Knœpfelmacher 
{Wiener  med.  Woch.,  1906). 

L'auteur  a  injecté  dans  le  tissu  sous-cutané  de  la  lymphe  :  vaccinale 
chez  17  enfants  non  injectés  auparavant.  La  lymphe  était  diluée  au  1000® 
de  la  solution  saline  physiologique.  On  en  injectait  2  centimètres  cubes 
en  un  ou  deux  points  de  la  peau  du  ventre.  Sur  ces  17  enfants,  6  furent 


504  ANALYSES 

immunisés.  Chez  4,  il  y  eut  des  pustulettes  rudimentaires  et  précoces; 
chez  7,  on  ne  vit  pas  d'influence  de  l'injection  sous-cutanée  sur  la  récep- 
tivité au  virus  vaccinal.  La  forte  dilution  de  la  lymphe  fit  qu'il  n'y  eut  jamais 
de  pustule  vaccinale  au  point  d'injection.  On  vit  des  fois  de  Térythème 
ortie  à  la  suite  de  l'injection.  Il  n'y  a  pas  eu  de  leucocytose.  L'injection 
sous-cutanée  paraît  donc  pouvoir  être  recommandée  dans  certains  cas. 


Ueber  alimentâre  Intoxikation  im  Saftglingsalter  (Sur  l'intoxication 
alimentaire  chez  le  nourrisson),  par  le  D'  H.  Finkelstein  {Jahrb,  /. 
Kinderheilk.,  1907). 

Dans  le  problème  de  l'intoxication  alimentaire,  il  y  a,  outre  des  poisons 
d'origine  bactérienne,  des  poisons  provenant  des  troubles  des  échanges, 
comme  dans  l'urémie.  Les  signes  spécifiques  de  l'intoxication  sont  les 
troubles  psychiques,  des  troubles  particuliers  de  la  respiration»  qui  est 
accéléi'ée,  sans  pauses,  de  la  glycosurie  alimentaire,  de  la  fièvre,  du 
collapsus,  de  la  diarrhée,  de  l'albuminurie  et  de  la  cylindrurie,  de  la  perte 
de  poids,  une  leucocytose  modérée  (d'ordinaire  moins  de  30  000). 

Comme  types  plus  rares,  il  faut  citer  le  type  cholérique  et  le  type  hydro- 
céphaloïde.  Enfin  l'auteur  mentionne  la  forme  soporeuse  et  l'asthme 
dyspeptique,  des  formes  traînantes,  subchroniques.  Après  avoir  parcouru 
les  diagnostics  à  faire  avec  les  infections,  le  coma  diabétique,  la  pneu- 
monie, etc.,  l'auteur  examine  brièvement  la  pathogénie  des  accidents. 
Par  suite  de  l'insuffisance  dans  la  combustion  du  sucre  et  des  troubles 
dans  l'élaboration  des  graisses,  il  y  a  une  «  acidose  »  typique.  Il  faut 
aussi  tenir  compte  de  la  destruction  toxique  des  albumines. 

Ueber  die  Entwicklung  eklamptischer  Saûglinge  in  der  Bpàteren 
Kindheit  (Sur  le  développement  des  nourrissons  éclamptiques  dans 
la  seconde  enfance),  par  les  D"  Martin  Thiemich  et  Walter  Biri 
(Jahrb,  /.  Kinderkeilk.,  1907). 

Les  observations  des  auteurs  ont  porté  sur  64  cas  ;  sur  ce  nombre,  il  y 
avait  54  enfants  ayant  eu  de  l'éclampsie  en  bas  âge  et  10  qui  n'avaient 
eu  que  du  laryngospasme  (en  dehors  d'autres  phénomènes  spasmodiques, 
tels  que  :  phénomène  du  facial,  signe  de  Trousseau,  hyperexcitabilité 
électrique).  Un  cas  se  compliquait  d'hérédo-syphilis.  Il  y  avait  53  cas 
purs,  dont  33  chez  des  enfants  allant  à  l'école.  Ces  cas  se  divisaient  en 
29  légers  et  24  graves. 

Certains  auteurs  distinguent  l'éclampsie  de  l'épilepsie  par  ce  fait  que 
dans  celle-ci  les  convulsions  cesseraient  lorsque  l'enfant  n'est  plus  un 
nourrisson.  Une  distinction  aussi  grossière  ne  paraît  pas  justifiée;  les 
auteurs  ont  vu  des  enfants  avoir  des  convulsions  éclamptiques  jusqu'à 
trois  ans  et  demi,  et  pourtant  il  s'agissait  bien  d'éclampsie  qui  cessa 
définitivement  ensuite.  On  peut  même  assez  souvent  en  voir  encore  plus 
tard  ;  chez  6  enfants,  elles  récidivèrent.  A  l'exception  de  2,  tous  les  enfants 
étaient  soumis  à  l'allaitement  mixte.  En  fait  de  médicaments,  on  usa 
de  l'huile  de  foie  de  morue  phosphorée,  qui  parut  donner  de  brillants 
résultats  ;  mais  surtout  il  faut  faire  un  nettoyage  intestinal  et  bien  sur- 
veiller la  qualité  et  la  quantité  de  la  nourriture. 

Quelquefois  on  trouve  des  tares  nerveuses  (13  p.  100  des  cas),  plus  rare- 
ment de  l'éclampsie  chez  les  ascendants.  L'hérédité  psychopathique a  peu 
d'influence  et,  ce  qui  est  remarquable,  peu  aussi  l'hérédité  épileptique. 

Si  l'on  envisage  l'ensemble  des  tableaux  annexés  à  ce  travail,  on  voit 
que  seulement  un  tiers  des  enfants  sont  exempts  de  toute  anomalie  ;  que 


THÈSES   ET    BROCHUIŒS  505 

les  autres  deux  tiers  doivent  être  considérés  comme  touchés  dans  Tétat 
psychique  ou  intellectuel. 

Quant  au  développement  ultérieur  des  enfants  ayant  eu  du  spasme 
de  la  glotte,  il  ne  diffère  en  rien  de  celui  des  anciens  éclamptiques. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

Formes  graves  de  rappendicita  ches  reniant,  par  le  D**  H.  Buis  {Thèse 
de  Paru,  19  juillet  1906,  136  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  D'  RiefTel,  contient 28  observations  recueil- 
lies à  l'hôpital  Trousseau. 

L  appendicite  est  particulièrement  fréquente  chez  les  enfants  ;  Fauteur 
en  rapporte  même  un  cas  chez  une  fillette  de  deux  ans  :  péritonite  géné- 
ralisée, appendice  perforé  en  deux  points.  11  ne  parait  pas  y  avoir  de 
maladies  prédisposant  spécialement  à  Tappendicite. 

Les  facteurs  de  gravité  doivent  être  cherchés  dans  le  mauvais  état  de 
1  enfant,  dans  Tétat  antérieur  de  l'appendice,  peut-être  aussi  dans  une 
influence  saisonnière.  Les  formes  graves  font  plus  des  50  p.  100  chez 
Fenfant. 

11  n\  a  pas  de  rapport  constant  entre  la  lésion  anatomique  et  son 
expression  clinique.  Cependant  les  formes  graves  sont  le  plus  souvent 
liées  aux  lésions  destructives  de  Fappendice  ;  la  réciproque  n'est  pas 
vraie.  Parmi  les  lésions  destructives,  qui  prédominent  à  la  partie  périphé- 
rique de  Fappendice,  il  faut  comprendre  la  perforation  et  la  gangrène. 

Pratiquement,  on  peut  distinguer  des  appendicites  non  toxiques  ou  peu 
toxiques  et  des  appendicites  hypertoxiques.  La  toxi-infection  se  voit 
dans  la  plupart  des  formes  généralisées;  elle  se  voit  dans  beaucoup  de 
formes  localisées,  soit  primitivement,  soit  secondairement.  Elle  frappe  le 
système  nerveux,  le  foie,  le  rein.  Quelle  que  soit  Fexpi*ession  clinique,  il 
faut  toujours  craindre  un  appendice  plus  malade,  une  recrudescence,  une 
aggravation  plus  marquée. 

Lappendicite  rétro-cascale  a  plutùt  tendance  à  se  localiser  au  début, 
quitte  à  s'aggraver  rapidement.  L'appendicite  pelvienne  est  toujours 
excessivement  grave;  il  faut  pratiquer  le  toucher  rectal  pour  la 
reconnaître. 

On  aura  à  faire  le  diagnostic  différentiel  avec  Focclusion  intestinale, 
les  péritonites  aiguës  d  autre  origine,  la  fièvre  typhoïde,  le  point  appen- 
diculaire  des  affections  pulmonaires. 

Les  indications  opératoires  varient  avec  chaque  auteur;  11  faut  être 
éclectique  avec  tendance  opératoire. 

De  Fappendicite  cholériforme  et  de  la  diarrhée  dans  l'appendicite,  par 
le  D^  L.  AuMONT  (Thèse  de  PariA,  20  juillet  1906,  66  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Moizard,  contient  une  observation  déjà 
présentée  à  la  Société  des  hôpitaux  par  Moizard  et  Segond  (appendicite 
cholériforme)  et  il  autres  cas  de  diarrhée  au  coure  de  Fappendicite.  La 
constipation  est  considérée  à  tort  comme  un  symptôme  constant  de  Fappen- 
dicite: de  même  la  douleur  abdominale.  11  est  cependant  une  forme 
d'appendicite  où  ces  deux  srymptômes  peuvent  manquer.  11  n'y  a  alors 
que  quelques  vomissements  et  une  diarrhée  extrêmement  abondante  avec 
atteinte  profonde  de  l'état  générai.  C'est  cette  forme  que  l'auteur  désigne 
sous  le  nom  d'appendicite  cholériforme. 


506  ANALYSES 

Le  symptôme  diarrhée,  loin  de  faire  penser  à  Tappendicite,  en  éloigne 
le  médecin  ;  il  ne  doit  plus  en  être  ainsi. 

L'appendicite  reconnue,  on  peut  observer  de  la  diarrhée  au  lieu  de  la 
constipation,  qui  est  habituelle  (30  cas  de  diarrhée  sur  312).  La  diarrhée 
au  début  d'une  crise  est  plus  rare  (4  cas  sur  312).  La  diarrhée  peut  résulter 
d'une  collection  pelvienne  en  contact  avec  la  muqueuse  rectale  (3  cas]. 

La  diarrhée  toxique  serait  un  acte  réflexe  de  défense  contre  Tinfeclion: 
elle  est  gcave  quand  elle  s'accompagne  d'une  intoxication  profonde  de 
l'état  général.  Quand  la  diarrhée  survient  chez  des  enfants  à  passé  intes- 
tinal, ou  résulte  d'un  abcès  périrectal,  elle  est  d'un  pronostic  favorable. 

Des  réactions  nerveuses  de  rappendicite,  par  le  D'  Â.  Moriseiti  [ThHe 
de  Paris,  18  juillet  1906,  86  pages). 

Une  fillette  de  dix  ans,  opérée  par  Jalaguier,  a  présenté,  au  cours  de 
deux  crises  d'appendicite,  un  syndrome  méningé  analogue  à  celui  qu'on 
obser\'e  parfois  dans  la  bronchopneumonie  ou  la  gastro-entérite  de 
l'enfance. 

Première  crise:  L'enfant  présente  de  la  fièvre,  de  la  céphalée,  des 
vomissements,  de  la  constipation. 

Elle  est  somnolente,  avec  raideur  de  la  nuque,  strabisme.  Parfois, 
petites  secousses  convulsives.  Ventre  non  rétracté,  fosse  iliaque  droile 
un  peu  tendue  et  douloureuse.  Cette  symptomatologie  méningée  et  iliaque 
évolue  ainsi  pendant  quelques  semaines  pour  se  terminer  par  la  guérison. 
Les  médecins  avaient  fait  le  diagnostic  de  méningite  tuberculeuse. 

Deuxième  crise  :  Trois  mois  après,  mêmes  symptômes  que  plus  haut, 
avec  intensité  plus  grande.  Convulsions,  strabisme,  réflexes  exagérés, 
hyperesthésie,  raideur  de  la  nuque,  signe  de  Kernig,  céphalée,  vomisse- 
ments et  constipation,  photophobie,  cris.  Puis  incontinence  d'urine,  état 
semi-comateux.  Fosse  iliaque  droite  tendue  et  point  de  Mac  Burney. 
Fièvre  vive.  On  a  songé  à  la  fièvre  typhoïde  et  on  a  commencé  la  ba'l- 
néation.  Puis  on  a  parlé  de  tuberculose  caecale  avec  méningite.  Mais  tout 
se  dissipe  ;  l'enfant  seulement  se  plaint  de  temps  à  autre  d'un  point  dou- 
loureux dans  le  ventre  à  droite. 

Quelques  mois  après,  Jalaguier  la  voit  et  fait  le  diagnostic  d  appendicite 
avec  réactions  méningées.  L'opération  a  démontré  le  bien-fondé  de  cette 
opinion. 

L'appendicite  est  une  maladie  toxi-infectieuse  qui  peut  se  compliquer 
de  méningite  suppurée,  d'abcès  du  cerveau,  etc.,  ou,  à  un  degré  moindre, 
de  méningisme,  réactions  méningées,  etc.  Les  toxines  peuvent  même 
déterminer  des  névrites. 

Les  poisons  de  rintestin,  par  le  D'  A.  Le  Play  {Thèse pour  le  doctorat 
es  ficiences,  Paris  1906,  142  pages). 

Dans  cette  thèse,  enrichie  de  nombreuses  expériences  et  illustrée  de 
planches,  sont  étudiées  des  questions  intéressantes  pour  la  pédiatrie. 

La  clinique  nous  a  montré,  depuis  longtemps,  que  l'auto- m to.xication 
intestinale  joue  un  grand  rCile  en  pathologie  infantile.  Prenant  des 
matières  intestinales  à  des  enfants  malades  (entérite,  athrep$ie>  et  les 
injectant  à  des  lapins.  Le  Play  a  vu  qu'il  en  résultait  pour  ces  animaux 
des  arrêts  de  croissance,  un  état  cachectique  qu'on  peut  aisément  rappro- 
cher  des  dyscrasies  observées  en  clinique.  De  même,  il  y  a  identité  dans 
les  deux  cas,  de  lésions  viscérales  :  foie,  reins,  poumons,  centi-es  ner- 
veux, cœur,  etc.  A  ces  lésions  s'ajoutent  une  série  de  détériorations 
portant  sur  les  humeurs,  sur  la  chimie  de  l'organisme.  Les  poisons  intes- 


THÈSES   ET  BROCHURES  507 

tinaux  altèrent  la  cellule  dans  sa  structure,  sa  composition  et  son  fonc- 
tionnement. 

Les  principes  nocifs  se  divisent  en  deux  catégories  :  les  uns  solubles,  les 
autres  insolubles  dans  l'alcool,  ces  derniers  étant  les  plus  funestes.  Le 
maximum  de  toxicité  se  rencontre  dans  la  région  iléo-casoale,  en  même 
temps  que  le  maximum  de  ferments  figurés  putrides.  C'est  d*aiUears  dans 
cette  région  que  se  produit  la  résorption  de  la  plus  grande  partie  des 
produits  aqueux  nuisibles  de  Tintestin. 

Comme  organes  de  défense,  il  faut  signaler  Tépithélium  et  les  cellules 
lymphatiques. 

La  réédacaUon  respiratoire,  traitement  poBt-opératoire  des  rhino-adé- 
noldiens,  par  le  D*"  Et.  Jacob  {Thèse  de  Paris,  9  juin  1906,  84  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  D'  Lermoyez,  contient  12  observations.  Elle 
établit  que  la  respiration,  pour  être  normale  et  physiologique,  doit  être 
exclusivement  nasale.  Les  rhino-adénoïdiens,  opérés  et  non  guéris,  doi- 
vent être  soumis  à  la  rééducation  respiratoire.  Ceux  qui  sont  opérés  et 
guéris  bénéficient  également  de  cette  méthode,  qui  transforme  leur  res- 
piration nasale  suffisante  en  une  respiration  surabondante,  c'est-à-dire 
normale  et  physiologique. 

La  rééducation  respiratoire  sera  à  la  fois  psychique  et  physiologique  : 
exercices  respiratoires  volontaires,  mouvements  passifs  ou  actifs  du  tronc, 
des  bras  et  des  jambes.  Pour  que  la  cure  ait  son  plein  effet,  il  ne  doit  sub- 
sister aucun  obstacle  anatomique  à  la  respiration.  Le  médecin  dirigera 
lui-même  les  exercices  et  en  réglera  la  progression  d'après  les  indications 
fournies  par  la  mensuration,  l'auscultation,  etc.  La  rééducation  respiratoire 
améliore  la  nutrition  générale  et  sert  de  moyen  prophylactique  contre  la 
tuberculose. 

De  racholie  pigmentaire  chez  les  enfants,  parle  D*^  P.  Loyer  {Thèse  de 
Paris,  28  juin  1906,  72  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Lesage,  contient  17  observations.  Les  selles 
blanches,  fréquentes  chez  les  enfants,  reconnaissent  de  nombreuses 
causes. 

l°La  lientérie  graisseuse,  caractérisée  par  la  couleur  blanche  des  selles, 
leur  surcharge  en  graisse,  la  présence  de  bile  noyée  dans  la  graisse,  forme 
un  premier  groupe.  Les  selles  verdissent  à  l'air  et  exhalent  une  odeur 
fétide.  Cette  variété  peut  être  simple  et  due  à  la  suralimentation  ;  les 
repas  étant  bien  réglés,  tout  s'arrange  et  les  selles  cessent  d'être  blanches  ; 
ou  bien  elle  est  due  à  un  lait  trop  gras;  en  l'écrémant,  on  guérit  l'affec- 
tion. Elle  peut  être  aussi  d'origine  pancréatique. 

2«II  s'agit  d'acholie  pigmentaire  ;  les  selles  sont  blanches,  mais  le  pig- 
ment biliaire  est  absent  ;  elles  ne  verdissent  pas  à  l'air,  renferment  un 
excès  de  graisse  sans  être  fétides.  Cette  acholic,  idiopathique,  est  curable; 
elle  présenterait  un  caractère  familial,  s'accompagnerait  d'arrêt  de  crois- 
sance. Il  existe  une  autre  variété  d'acholie,  terminale,  survenant  chez  les 
cachectiques,  souvent  mortelle. 

De  rallaitement  chez  les  femmes  atteintes  de  complications  infectieuses 
mammaires,  par  le  D"  Depardieu  {Thèse  de  Paris,  19  juillet  1906, 
76  pages). 

C^tte  thèse  est  basée  sur  des  documents  recueillis  à  la  clinique  du 
professeur  Budin  (28  observations). 

Les  crevasses  du  mamelon  sont  la  source  de  presque  toutes  les  infec- 


508  ANALYSES 

tions  mammaires  ;  il  faut  donc  empêcher  leur  production  en  tenant  le 
mamelon  propre  :  lavages  astringents  ou  antiseptiques,  lavages  à  Teau 
bouillie  avant  et  après  la  tétée,  nettoyages  de  la  bouche  de  Tenfant. 

On  devra  éviter  de  porter  sur  les  mamelons  des  mains  malpropres,  ne 
pas  laisser  les  seins  à  Tair,  les  i*ecouvrir  de  gaze  aseptique  dans  Tinter- 
valle  des  tétées  ;  si  le  nourrisson  présente  une  suppuration  quelconque,  on 
isolera  le  foyer  pour  empêcher  le  contact  avec  la  mère  pendant  les  lélées. 
L'allaitement  peut  être  continué,  malgré  les  crevasses,  en  employant  un 
bout  de  sein  artificiel. 

La  lymphangite,  reconnaissable  à  la  rougeur  du  sein,  à  la  douleur, 
à  la  fièvre,  sera  combattue  par  des  pulvérisations  et  par  des  com- 
presses humides  chaudes.  L'allaitement  maternel  pourrait  être  con- 
tinué, même  au  sein  infecté. 

La  galactophorite,  reconnaissable  à  la  sortie  du  pus  en  pratiquant 
l'expression  de  la  mamelle  malade,  sera  traitée  par  l'expression  (méthode 
Budin)  et  par  les  pulvérisations  alternant  avec  les  compresses  humides 
chaudes.  L'allaitement  sera  supprimé  au  sein  malade  tant  qu'il  contiendra 
du  pus,  car  il  pourrait  en  résulter  des  inconvénients  pour  l'enfant. 

Un  seul  sein  est-il  atteint,  on  fait  téter  l'autre,  et  on  complète  par  une 
nourrice  ou  par  le  lait  stérilisé.  Les  deux  seins  sont-ils  malades,  on 
interrompt  totalement  l'allaitement,  qui  sera  repris  après  la  guérison. 

Même  conduite  à  tenir  dans  les  abcès  du  sein^  qui  sont  un  aboutissant  de 
la  galoctophorite. 

L'allaitement  au  sein  a  pu  être  maintenu  dans  66,8  p.  100  des  cas  de 
lymphangite  à  une  seule  poussée;  dans  45,5  p.  100  des  lymphangites  à 
plusieurs  poussées;  dans  11,3  p.  100  des  cas  de  galactophorite,  dans  54,7 
p.  100  des  lymphangites  et  galactophorites  associées,  dans  53,9  p.  iOO  des 
abcès  mammaires. 

Scarlatine  maternelle  et  nourrissons,  par  le  D'  L.  Lemarquand  [Th^ 
de  Paris,  19  juillet  1906,  64  pages;. 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  D'  Martin  (hôpital  Pasteur),  contient  22  ob- 
servations qui  montrent  que  la  scarlatine  ne  se  transmet  pas  de  la  mère 
à  l'enfant  qu'elle  allaite.  11  y  a  là  une  sorte  d'immunité  assez  difficile  à 
expliquer.  Sans  doute  la  scarlatine  est  rare,  d'une  façon  générale,  chez 
les  nourrissons,  dans  la  première  année  surtout.  Cependant  les  statistiques 
accusent  des  cas  de  scarlatine  au-dessous  de  douze  mois  et  même  au-des- 
sous de  six  mois.  11  n'y  a  donc  pas  seulement  une  question  d'âge.  II  faut 
peut-être  faire  intervenir  une  immunisation  de  l'enfant  par  le  lait  de  la 
mère. 

Au  point  de  vue  pratique,  il  en  résulte  qu'on  peut  laisser  son  enfanta 
une  mère  ou  à  une  nourrice  qui  est  atteinte  de  scarlatine.  L'isolement  du 
nourrisson  ne  serait  pas  nécessaire. 

Influence  de  la  teneur  en  beurre  du  lait  de  femme  sur  la  santé  du 
nourrisson,  par  le  D*'  H.  Berthollet  [Thèse  de  Paris,   17  juillet  1906, 

104  pages). 

Les  42  observations  de  cetre  thèse  montrent  combien  variable  est  la 
teneur  en  beurre  du  lait  de  femme.  La  moyenne  par  litre  peut  être 
évaluée  à  34  ou  40  grammes.  Mais,  outre  les  variations  individuelles,  on 
a  remarqué  que  la  teneur  en  beurre  augmentait  avec  l'âge  du  lait.  Le  lail 
du  matin  est  plus  gras  que  celui  du  soir,  de  même  le  lait  de  la  fin  delà 
tétée.  Enfin  le  régime  de  la  nourrice  fait  varier  la  matière  grasse  de  son 


LIVRES  509 

lail.  Les  privations  diminuent  le  beurre  ;  une  nourriture  abondante 
laugmente. 

Il  y  aurait  bien  d'autres  influences  à  relever:  menstruation,  grossesse, 
repos  et  fatigue,  émotions,  états  pathologiques. 

Le  beurre  joue  un  grand  rôle  dans  Talimentation  du  nourrisson.  Par 
kilogramme  de  poids,  un  nourrisson  de  trois  mois  a  besoin  de  six  fois  plus 
de  matières  grasses  qu'un  adulte.  L'excès  de  beurre  peut  occasionner  des 
vomissements,  la  diarrhée,  Teczéma,  la  diminution  de  poids. 

Pour  analyser  le  lait  au  point  de  vue  .du  beurre,  Michel  prélève 
20  centimètres  cubes  au  commencement  de  la  tétée  du  matin,  20  au 
milieu  de  la  tétée  de  midi,  20  à  la  fin  de  la  tétée  du  soir  ;  Nicloux  vide 
complètement  un  sein. 

S'il  y  a  excès  de  beurre,  on  devra  modifier  le  régime  de  la  nourrice, 
diminuer  la  durée  des  tétées,  ne  faire  prendre  que  le  lait  du  commence- 
ment de  la  tétée,  compléter  les  tétées  avec  du  lait  de  vache  écrémé  et 
stérilisé,  au  besoin  changer  de  nourrice  ou  sevrer. 

S'il  y  a  insuffisance  de  beurre,  on  pourra  avoir  de  la  constipation  ou  des 
selles  liquides,  une  perte  de  poids,  des  urines  abondantes,  de  l'érythème 
des  fesses.  Il  faudra  faire  là  encore  l'analyse  du  lait.  Pour  remédier  à  la 
faible  teneur  en  beurre,  on  nourrira  abondamment  la  nourrice,  on  fera 
prendre  le  lait  de  la  fm  delà  tétée,  on  complétera  par  du  laitde  vache. 


LIVRES 

Manuel  pratique  d'aUaitement,  par  le  D'  P.  Budin  (vol.  de  320  pages, 
Paris,  1907  ;  O.  Doin,  éditeur.  Prix  :  6  francs). 

Cet  ouvrage,  parvenu  à  sa  seconde  édition,  est  illustré  de  109  figures  en 
noir  et  en  couleurs.  Écrit  avec  tout  le  soin  et  le  grand  talent  dont  disposait 
Budin,  il  représente  en  quelque  sorte  le  chant  du  cygne,  et  nous  le  saluons 
avec  respect 

Après  un  exposé  de  la  physiologie,  des  soins  à  donner  à  Tenfant,  Budin 
étudie  les  mamelles  (anatomie  et  physiologie)  avant  d'aborder  le  tube 
digestif  du  nouveau-né.  Puis  sont  étudiés  :  Tallaitement  au  sein  par  la 
mère  ou  par  une  nourrice,  la  faiblesse  congénitale,  rallaitement  mixte, 
l'allaitement  artificiel,  la  dentition,  le  sevrage,  l'alimentation  pendant 
la  seconde  année.  Un  chapitre  très  important  (X^)  est  consacré  à  la  morta- 
lité infantile  en  France  et  aux  moyens  d'y  remédier.  Enfin,  dans  le  cha- 
pitre XI  et  dernier,  Budin  a  étudié  les  vices  de  conformation  et  états  patho- 
logiques chez  le  nouveau-né.  Tout  cela  est  exposé  avec  clarté,  précision 
et  conviction.  C'est  de  la  pratique,  de  la  médecine  vécue.  C'est  excellent, 

PediatricB,  the  hygienic  and  médical  treatment  of  children  (Pédiatrie, 
traitement  hygiénique  et  médical  des  enfants),  par  le  D'  Thomas  Morgan - 
RoTCH  (vol.  de  1  060  pages,  Philadelphie  et  Londres,  1907,  J.-B.  Lippincott, 
éditeur.  Prix  :  21  shillings). 

Ce  livre,  parvenu  à  sa  cinquième  édition,  est  illustré  de  nombreuses 
gravures  dans  le  texte  et  de  planches  en  couleur.  Il  est  écrit  par  le  pro- 
fesseur de  pédiatrie  de  l'Université  Harvard,  le  célèbre  Morgan  Rotch 
(de  Boston).  C'est  dire  qu'il  sort  de  la  banalité  et  présente  un  grand  intérêt. 
Il  est  d'ailleurs  dédié  au  doyen  des  pédiatres  américains,  notre  éminent 
collègue  et  ami  le  D^  Abraham  Jacobi,  qui  fut  pofesseur  des  maladies 
d'enfants  à  l'Université  Columbia,  à  New  York,  de  1870  à  1902. 

L'ouvrage  est  divisé  en   dix-sept  parties  :   1°   Le  nourrisson   normal; 


510  NOUVELLES 

20  Alimentation  ;  3^  Généralités  sur  l'examen  et  le  traitement;  4<>  Enfants 
prématurés  ;  5®  Maladies  des  nouveau-nés  ;  6^  Maladies  de  la  nutrition; 
70  Maladies  de  la  peau  ;  S^  Maladies  infectieuses  spécifiques  ;  9^  Maladies 
de  la  bouche,  du  nez,  de  Toreille,  du  nasopharynx  et  pharynx; 
10<>  Maladies  du  larynx,  de  la  trachée,  des  bronches,  des  poumons  et  de 
la  plèvre  ;  ll^'  Maladies  du  cœur  et  du  péricarde  ;  12^'  Maladies  de  Yœ- 
sophage;  de  Testomac  et  de  l'intestin  ;  13<>  Maladies  du  foie,  dupancréat, 
de  la  rate  et  du  péritoine  ;  14<>  Maladies  des  reins,  de  la  vessie  et  des 
organes,  génitaux;  IS^  Le- sang,  les  ganglions,  les  glandes  à  sécrétion 
interne  ;  \6^  Maladies  du  système  nerveux  ;  17<>  Maladies  non  classées. 
Les  descriptions  sont  courtes  et  sobres,  sans  développements  inutiles, 
sans  verbiage.  L'auteur  vise  toujours  la  pratique,  sans  s'attarder  aux 
théories  et  aux  hypothèses.  L'ouvrage,  élégamment  cartonné,  est  édité 
avec  luxe.  Il  a  obtenu  un  grand  et  légitime  succès. 

Manuel  des  maladies  dn  tube  digestif,  sous  la  direction  de  MM.  De- 
BOVE,  AcHARD  et  Castaigne  (vol.  de  730  pages,  Paris,  1907;  Masson  et  0«, 
éditeurs.  Prix  :  14  francs). 

Ce  beau  volume  contient  des  questions  intéressantes  pour  la  pédiatrie. 
Je  citerai  les  stomatites  (D'  Paisseau)  ulcéreuse,  impétigineuse,  aphteuse, 
crémeuse,  gangreneuse  ;  les  glossites  (desquamation,  langue  noire  pileuse, 
subglossite  diphtéroïde),  les  angines,  les  vices  de  conformation  de  Vœso- 
phage  (Rathery),  les  maladies  de  Vestomac  (Roux). 

A  propos  des  stomatites,  nous  ferons  remarquer  l'omission  de  Vherph 
buccal  ou  stomatite  herpétique,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  stoma- 
tite aphteuse.  Celle-ci  est  une  maladie  spécifique  bien  décrite  dans  cet 
ouvrage  et  tirant  son  origine  de  la  fièvre  aphteuse  des  bovidés  (transmis- 
sion par  le  lait).  La  stomatite  herpétique,  au  contraire,  résulte  d'une 
infection  banale  que  nous  voyons  survenir  très  fréquemment  chez  les 
enfants  de  tout  âge,  et  particuhèrement  chez  les  nourrissons.  Début  par 
une  fièvre  éphémère  qui  peut  monter  assez  haut,  mais  tombe  rapidement 
Après  la  fièvre,  stomatite  érythémateuse  plus  ou  moins  généralisée,  avec 
rougeur,  gonflement,  salivation,  gêne  de  la  mastication  ou  de  la  déglu- 
tition. Sur  ce  fond  rouge  apparaissent  des  vésicules  minimes,  qui  crèvent 
presque  dès  leur  formation,  laissant  sur  la  face  interne  des  lèvres,  sur  les 
gencives,  les  joues,  le  palais,  la  langue,  de  petites  érosions  arrondies, 
isolées  ou  groupées,  sans  profondeur,  sans  exsudât  notable  à  la  surface.  Il  y 
a  parfois  en  même  temps  un  herpès  labial  net  et  un  herpès  de  la  gorge. 
Le  tout  évolue  rapidement  et  n'a  aucune  gravité. 


HOVVELLES; 

Association  médicale  britannique.  —  La  75®  réunion  annuelle 
de  la  British  Médical  Association  se  tient  cette  année,  du  27  juillet  au 
2  août,  à  Exeter.  La  section  des  maladies  de  l'enfance  a  pour  président 
le  D'  A.  Herbert  Tubby  (de  Londres);  pour  vice -présidents,  les  D"  Le- 
wis Mackenzie  (de  Tiverton),  Franck  Hichens  (de  Redruth),  R.  H. 
LucY  (de  Plymouth),  E.  Cautley  (de  Londres);  pour  secrétaires  hono- 
raires, J.  Harley  Gough  (de  Glenallon),  E.  Moss  Corner  (de 
Londres). 

Questions  à  l'ordre  du  jour  :  1^  Maladies  et  déplacements  du  testicule 
dans  l'enfance  (d'Arc y  Power)  ;  2°  Néphrite  aiguô  et  ses  conséquences 


NOUVELLES  511 

(Vœlcker)  ;  30  Ponction  lombaire,  sa  valeur  diagnostique  et  théra- 
peutique (Farquhar  Buzzard);  4<>  Développement  précoce  (R.  Lang- 
DON  Down). 

Dispensaire  pour  enfants  malades.  —  La  Société  philanthropique, 
sous  la  présidence  du  prince  Auguste  d'Arenberg,  a  inauguré 
récemment  les  nouveaux  bâtiments  qu'elle  a  fait  construire,  rue  de 
Crimée,  166  (Paris),  pour  son  asile  de  nuit,  son  hospice  de  femmes  âgées, 
son  fourneau  économique,  son  dispensaire  d'enfants. 

Le  dispensaire  d'enfants  a  été  ouvert  en  mai  1883,  sous  la  direction 
du  D^*  CoMBY,  qui,  onze  ans  après  (1894),  cédait  la  place  au  B^  Millon, 
actuellement  encore  en  fonction.  Les  consultations  avaient  lieu  jusqu'à 
ces  derniers  jours  trois  fois  par  semaine  (lundi,  mercredi,  vendredi),  à 
une  heure.  Désormais,  elles  auront  lieu  cinq  fois  par  semaine,  le  jeudi  et  le 
dimanche  étant  seuls  réservés.  Devant  l'aflluence  toujours  plus  grande 
des  enfants,  le  D'  Beluze  a  été  adjoint  au  D^"  Millon  pour  assurer  les 
consultations  nouvelles  des  mardis  et  samedis. 

L'installation  est  très  confortable  :  salle  d'attente  spacieuse  et  claire, 
boxes  d'isolement  pour  les  suspects,  très  belle  salle  de  bains  en  sous-sol, 
lavabos  et  privés  en  nombre  suffisant,  salle  de  pharmacie.  Le  cabinet 
médical  est  un  peu  étroit. 

Dans  son  ensemble,  la  construction  nouvelle  est  très  bien  comprise 
et  fait  honneur  à  la  Société  philanthropique. 

Clinicat  chimrgical  infantile.  —  Viennent  d'être  nommés,  à 
l'hôpital  des  Enfants-Malades  (Paris)  :  chef  de  clinique  chirurgicale 
infantile,  le  D'  Auffret;  chef  de  clinique  adjoint,  le  D'  Gasne,  pour 
entrer  en  fonction  le  1«'  novembre  1907  (professeur  Kirmisson). 

Hôpitanz  de  Bordeaux.  —  Nous  avons  le  plaisir  d'annoncer  la  nomi- 
nation, après  concours,  du  D*^  R.  Gruchet,  ancien  chef  de  clinique  infan- 
tile à  la  Faculté,  au  titre  de  médecin  adjoint  des  Hôpitaux  de  Bordeaux. 

Congrèa  français  de  médecine.  —  La  IX®  session  du  Congrès  français 
de  médecine  aura  lieu  à  Paris,  les  lundi,  mardi,  mercredi  (17,  18,  19  oc- 
tobre 1907).  La  première  séance  aura  lieu  lundi  17  octobre,  à  neuf 
heures  du  matin,  à  la  Faculté  de  médecine.  Le  bureau  est  ainsi  composé. 

Président:  M.  Debove  ;  V ice- présidents  :  M.  Teissier  et  M.  Barth  ; 
Secrétaires:  MM.  Bezançon  et  Griffon;  Trésoriers  :  MM.  Renault  et 
Masson.  Questions  à  l'ordre  du  jour:  Traitement  de  l'ulcère  de  l'estomac 
(MM.  Linossier  et  Castaigne)  ;  Pathogénie  et  traitement  du  goitre 
exophtalmique  (MM.  Ballet,  Delherm  et  Sainton)  ;  Hémophilie 
(MM.  Carrière  et  Marcel  Labbé).  Outre  ces  questions,  qui  doivent  faire 
l'objet  de  rapports,  on  discutera  sur  les  suivantes  :  La  tuberculose  pul- 
monaire est-elle  d'origine  aérienne  ou  d'origine  intestinale?  Les  bacilles 
acido-résistants  ;  Action  thérapeutique  du  radium  ;  La  médication  ionique  ; 
La  médication  par  le  collargol  ;  Valeur  thérapeutique  de  la  tubercuhne  ; 
Sérothérapie  de  la  dysenterie  ;  Les  sporothricoses  cutanées. 

Maison  de  convalescence  pour  enfants  à  Glasgow.  —  On  vient 
d'inaugurer,  à  la  maison  de  convalescence  des  enfants  (Trinity  Church 
Children^s  convcdescent  Home)  de  Glasgow  une  salle  Finlayson,  en  mé- 
moire du  célèbre  pédiatre  écossais  mort  l'année  dernière. 


512  NOUVELLES 

Présenration  de  lenfance  contre  la  tuberculose.  —  L*œuvre 
fondée  par  le  professeur  Grancher  est  toujours  en  progrès.  Le  nombre 
des  enfants  placés  à  la  campagne  s'élève  actuellement  à  près  de  300.  Parmi 
ceux-ci,  un  certain  nombre,  âgés  de  treize  ans,  doivent  être  mis  en  appren- 
tissage. Aucun  ne  doit  rentrer  à  la  ville,  à  moins  d'y  être  contraint  par  sa 
famille.  Le  Conseil  d'administration,  réuni  le  6  juillet,  a  eu  à  combler  les 
vides  produits  dans  son  sein  depuis  la  dernière  réunion.  M.  le  D'  Budin, 
décédé,  a  été  remplacé  par  M.  Lé  pi  ne.  Préfet  de  police.  M.  Dayras. 
retenu  loin  de  Paris,  est  remplacé  par  M.  le  D^*  Armand-Delille.  Ce  der- 
nier accepte  les  fonctions  de  secrétaire  général,  abandonnées  par  M.  Gra>- 
jux,  qui  veut  bien  continuer  à  faire  partie  du  Conseil  d'administration. 
Le  D'  Roux  (de  l'Institut  Pasteur)  est  nommé  Président  en  remplacement 
de  M.  Grancher.  Les  ressources  de  l'œuvre  ont  progressé  par  suite  de  la 
subvention  du  Parlement,  portée  de  50  000  à  100000  francs,  et  par 
l'augmentation  des  dons  et  adhésions.  Dépenses  de  l'exercice,  105000  francs 
environ  ;  recettes,  106  000  francs.  Capital  réservé,  130  000  francs. 


Nécrologie.  —  Nous  avons  la  douleur  d'annoncer  la  mort,  à 
soixante- trois  ans,  de  notre  éminent  maître  et  ami  M.  Gran- 
cher, professeur  de  la  Clinique  des  Enfants,  membre  de 
l'Académie  de  médecine,  collaborateur  de  Pasteur,  commandeur 
de  la  Légion  d'Honneur,  etc.  C'est  une  perte  irréparable  pour 
la  Science  et  la  Philanthropie.  D'une  santé  précaire,  qui  le 
tenait  trop  souvent  loin  de  Paris,  Grancher  n'en  avait  pas  moins 
acquis  une  renommée  universelle. 

Depuis  près  de  vingt-cinq  ans,  il  avait  donné  à  la  pédiatrie 
le  meilleur  de  son  temps  et  de  sa  peine:  organisation  modèle 
de  l'enseignement  et  de  l'hospitalisation  aux  Enfants-Malades, 
publication  du  Traité  des  maladies  de  V enfance,  fondation  des 
Archives  de  médecine  des  Enfants,  etc.  Enfin,  pour  couronner 
sa  vie  de  savant  et  d'homme  de  bien,  il  avait  consacré  tout 
ce  qui  lui  restait  de  force,  d'intelligence  et  de  cœur  à  l'admirable 
Œuvre  de  préservation  de  Venfance  contre  la  tuberculose,  à 
laquelle  s'était  associée  d'enthousiasme  M"*''  Grancher,  sa 
compagne  dévouée. 

Cela  seul,  si  ses  titres  scientifiques  n'y  suffisaient  pas,  sauve- 
rait son   nom  de  l'oubli. 

Issu  d'une  modeste  famille  de  la  Creuse,  Grancher  avait  reçu 
de  la  nature  des  dons  exceptionnels.  Sa  physionomie  d'une  si 
grande  finesse,  la  noblesse  de  sa  démarche,  toute  sa  personne 
portaient  l'empreinte  d'une  rare  distinction.  Sa  parole  sobre, 
claire,  d'un  style  si  pur,  était  l'éloquence  même.  Tout  en  lui 
dénotait  une  intelligence  supérieure. 

A  ces  dons  de  l'esprit  il  joignait  les  qualités  de  cœur  qui 
lui  ont  valu  tant  d'amitiés  précieuses  et  laissent  dans  la  déso- 
lation tous  ceux  qu'il   a  charmés  ou  obhgés. 


Le  Gérant,  P.  BOUCHEZ. 


4976-07.  —  CotibEtL.  tropriroerie  Eo.  Catr*. 


Le  Professeur  J.-J.  CRANCHER 
[1S43-1907) 


r 
t 


10'  Année  Septembre  1907  N^"  9 


EMOIRES    ORIGINAUX 


xviir 

PLEURÉSIE  SÊRO-FIBRINEUSE  CHEZ  LES  ENFANTS 

ET  «  SIGNE  DU  SOU  » 

Par  le  D'  I.  BRDOZINSXI. 
Médecin  en  chef  de  TbÔpiUI  d'enfants  i  Anne-Marie  •  k  Lodz  (Pologne). 

En  1902,  j'ai  publié,  dans  le  journal  Medycyna,  une  «  contri- 
bution à  l'étude  clinique  des  pleurésies  séro-fibrineuses 
chez  les  enfants  ».  Dans  ce  travail,  j'attirai  l'attention  des 
lecteurs  sur  les  difficultés  de  diagnostic  de  cette  affection  chez 
les  enfants,  difficultés  beaucoup  plus  grandes  que  celles  ren- 
contrées chez  les  adultes.  Un  nouveau  signe  clinique,  décrit 
par  Pitres  d'abord.  Moussons  et  Ausset  ensuite,  appelé  le 
signe  du  sou,  nous  aide  beaucoup  à  dépister  la  maladie  ;  dans 
toute  une  série  de  cas  observés  à  l'hospice  des  «  Enfants- 
Assistés  »,  à  Varsovie,  et  publiés  dans  le  travail  précédent,  j'ai 
eu  l'occasion  de  démontrer  la  valeur  diagnostique  de  ce  signe  ; 
depuis  l'année  1902,  je  m'en  suis  toujours  servi  avec  succès. 

Si  je  reprends  cette  question,  c'est  avec  l'idée  de  vulgariser 
l'emploi  de  ce  signe,  très  important,  en  me  basant  sur  des 
données  nouvelles  fournies  par  la  consultation  externe  à  l'hô- 
pital des  enfants  Anne-Marie, 

Les  auteurs  sont  d'avis  que  la  pleurésie  est  une  affection 
relativement  rare  chez  les  enfants,  surtout  la  pleurésie  séro- 
fibrineuse.  Ausset  proteste  contre  cet  avis  et  fait  remarquer 
en  même  temps  que  la  pleurésie  purulente  est  plus  fréquente 
chez  les  enfants  que  la  pleurésie  séreuse  ;  il  tire  cette  conclusion 
de  toute  une  série  d'observations  :  «  Sur  7  pleurésies  observées 
dans  le  courant  des  deux  derniers  mois,  dit-il  dans  ses  Leçons 
cliniques,  six  fois  il  s'agissait  d'une  pleurésie  purulente.  »  Les 
auteurs,  Filatow  et  d'autres,  en  soulevant  la  question  des 

ARCa.  DB  MéDEC.  DBS  ENFANTS,  1907.  X.  33 


514  J.    BIIUDZINSKI 

difficultés  de  diagnostic  de  la  pleurésie  chez  les  enfants,  parient 
beaucoup  de  ces  pleurésies  latentes,  n'ayant  pas  de  sym- 
ptomatologie  bien  nette  et  se  traduisant  uniquement  par  la 
nutrition  défectueuse,  le  manque  d'appétit,  etc.  ;  même  une 
pleurésie  purulente,  qui  donne  souvent  une  élévation  de  la 
température,  peut  présenter  une  marche  absolument  latente  : 
la  pleurésie  séreuse  peut  échapper  à  notre  attention  encore 
plus  facilement  ;  elle  donne  souvent  un  tableau  si  insidieux 
que  les  parents  de  l'enfant  ne  jugent  même  pas  nécessaire 
de  consulter  le  médecin  ;  Tépanchement  séreux  se  résorbe 
facilement  et,  au  bout  d'un  certain  temps,  on  ne  trouve  pour 
toute  trace  de  la  maladie  qu'une  matité  due  aux  fausses 
membranes  néoformées. 

L'observation  suivante  montre  bien  comment  une  pleurésie 
purulente  peut  passer  inaperçue  pour  l'entourage  de  l'enfant. 

Observation.  —  Olga  Kelm,  le  17  juillet.  n°  1148  de  la  consultation  ;  a 
été  malade  d*une  pneumonie,  il  y  a  trois  ans;  depuis  soufTre  périodique- 
ment d'un  point  de  côté  ;  parfois  ne  sent  pas  de  douleur  pendant  des 
mois;  manque  d'appétit,  nutrition  mauvaise  ;  rien  dans  les  poumons  ; 
au-dessous  de  l'aisselle  droite,  à  partir  de  la  cinquième  côte,  on  trouve  de 
la  matité  et  un  aiTaiblissement  du  murmure  vésiculaire.  Température,  SS**. 
Signe  du  sou  très  net.  Vu  la  durée  de  cet  état  et  la  présence  du  signe 
du  sou,  on  fait  une  ponction  exploratrice,  qui  démontre  l'existence 
d'un  épanchement  purulent.  Mêmes  symptômes  étaient  constatés  les 
jours  suivants;  la  température  cependant  est  tombée  à  la  normale. 

Dans  mon  travail  précédemment  cité,  j'ai  publié  8  cas  de 
pleurésie  :  4  fois  il  y  avait  un  épanchement  séreux;  dans  3  de 
ces  cas,  il  s'agissait  d'enfants  déjà  âgés.  On  ne  peut  attribuer 
naturellement  une  très  grande  importance  à  ces  données 
tirées  d'un  nombre  d'observations  insuffisant.  La  fréquence 
plus  grande  des  épanchements  pleurétiques  purulents  dans  la 
première  enfance  est  un  fait  reconnu  par  les  auteurs,  ainsi 
que  la  fréquence  plus  grande  des  pleurésies  suivies  d'épanche- 
ment  séreux  chez  les  enfants  au-dessous  de  cinq  ans  (42,8  p.  100 
des  cas  suivant  la  statistique  de  StefTen,  et  45,6  d'après  la 
statistique  d'Izrael).  Voici  ce  que  montrent  mes  observations 
personnelles  :  sur  37  cas  de  pleurésies  observées  à  partir 
du  17  mai  jusqu'au  20  août,  nous  voyons:  18  fois  la  pleurésie 
apparaît  chez  les  enfants  ayant  moins  de  cinq  ans  (48,6  p.  100); 
12  fois  chez  des  enfants  entre  cinq  et  dix  ans  (32,4  p.  100). 
7  fois  entre  dix  et  quinze  ans.  Les  deux  premières  catégories 
correspondent  à  celles  d'Izrael  et  Steflen. 


PLEURÉSIE   ET   SIGNE   DU    SOU  515 

Voici  maintenant  quelques  données  sur  la  nature  de  l'épan- 
chement  ;  tous  ces  cas  ont  été  contrôlés  par  la  ponction 
exploratrice  :  ainsi,  sur  14  cas  survenus  avant  l'âge  de  cinq  ans, 
on  a  constaté  Tépanchement  séreux  dans  11  cas  et  Tépan- 
chaînent  purulent  3  fois.  Pour  les  enfants  âgés  de  moins  de 
deux  ans,  nous  avons,  sur  9  cas,  6  fois  l'épanchement  séreux 
et  3  fois  l'épanchement  purulent.  Nous  ne  sommes  pas  auto- 
risés à  conclure  de  ces  observations  que  l'opinion  des  auteurs 
sur  la  fréquence  plus  grande  des  épanchements  purulents  n'est 
pas  une  opinion  juste  ;  il  en  résulte  cependant  que  les  épan* 
chements  séreux  ne  sont  point  aussi  rares  qu'on  croit,  même 
dans  la  première  enfance. 

Un  fait  à  remarquer  encore,  c'est  la  localisation  fréquente 
des  épanchements  sous  l'aisselle  droite;  déjà,  dans  mon  travail 
précédent,  j'ai  cité  3  observations  analogues  ;  maintenant,  sur 
37  cas  observés,  j'ai  vu  30  fois  l'épanchement  se  localiser  à 
droite  dans  la  région  de  l'aisselle.  On  Tenait  consulter  avec 
l'enfant  parce  qu'il  avait  de  la  fièvre,  pas  d'appétit  et  mauvaise 
mine  ;  parfois  il  se  plaignait  d'un  point  de  côté.  Tous  ces 
enfants  se  ressemblent  par  leur  habitus  extérieur  :  maigres, 
pâles,  mal  nourris,  ils  ont  de  nombreux  ganglions,  augmentés 
de  volume  :  c'est  de  la  micropolyadénie.  A  la  percussion,  on 
trouve  de  la  matité  bien  nette  à  partir  des  cinquième,  sixième 
parfois  quatrième  côtes,  et  l'augmentation  de  la  résistance 
sous  le  doigt.  La  matité  s'étend  un  peu  en  avant  ou  en 
arrière,  le  plus  souvent  reste  localisée  sous  l'aisselle  droite  ; 
à  l'auscultation,  on  trouve  une  diminution  de  la  respiration 
et,  à  l'époque  de  la  résorption  de  l'épanchement,  on  perçoit  le 
bruit  de  frottement  pleural,  qui  se  fait  entendre  quelquefois  au 
début  de  la  maladie.  Dans  tous  ces  cas,  nous  avons  observé 
le  signe  du  sou.  Je  me  permets  de  répéter  encore  une  fois  en 
quoi  consiste  ce  signe. 

On  percute  l'endroit  suspect  de  la  cage  thoracique  en  posant 
un  sou  directement  sur  la  peau  et  tapant  dessus  avec  un  autre 
sou,  du  côté  opposé  de  la  cage  thoracique,  au  ni  veau  correspon- 
dant du  point  percuté  ou  ausculté.  De  même  si  l'on  soupçonne 
l'existence  d'un  épanchement  en  avant,  en  haut  et  à  droite, 
c'est  là  qu'il  faut  percuter,  et  c'est  en  arrière  à  droite  et  enhaut 
qu'il  faut  ausculter  ;  pom*  rechercher  un  épanchement  sous 
l'aisselle  droite,  on  percute  en  cet  endroit,  et  c'est  en  arrière 
et  à  droite  qu'on  ausculte  ;  avec  ça  on  tâche  d'ausculter  aussi 


)•■ 


516  J.    BRUDZINSKI 

près  que  possible  de  la  colonne  vertébrale,  de  façon  à  inter- 
poser entre  l'oreille  qui  ausculte  et  le  point?  percuté  une  couche 
épaisse  du  tissu  pulmonaire.  On  prend  la  précaution  de  boucher 
avec  son  doigt  l'oreille  qui  n'ausculte  pas,  afin  d'avoir  l'im- 
pression du  son  plus  nette  ;  il  faut  également  ausculter  à  dif- 
férentes  hauteurs  du  même  côté  de  la  cage  thoracique,  ainsi 
que  le  côté  voisin,  pour  comparer  les  impressions  obtenues.  En 
auscultant  un  endroit  sain,  on  obtient  un  son  sourd,  non  métal- 
lique ;  s'il  y  a  épanchement,  le  son  devient  clair  avec  un  timbre 
métallique;  s'il  y  a  abondance  du  liquide,  il  est  presque  argentin. 
Le  poumon  hépatisé  donne  à  la  percussion  un  son  encore  plus 
sourd  que  le  poumon  sain;  aussi  le  signe  du  sou  peut  nous 
aider  à  diagnostiquer  la  pneumonie. 

L'examen  systématique  des  nourrissons  et  des  enfants  de 
V  ((  Hospice  des  Enfants  Assistés  »,  nous  a  montré,  que  le 
signe  du  sou  est  absolument  pathognomonique  d'un  épan- 
chement pleurétique  ;.  le  poumon  sain  donne  un  son  sourd, 
les  coups  séparés  s'entendent  nettement,  jamais  on  n'observe 
un  timbre  métallique.  Chez  les  nourrissons  ayant  la  cage  tho- 
racique étroite  et  petite,  surtout  en  cas  d'atélectasie  pulmo- 
naire, le  timbre  métallique  apparaissait  quelquefois  assez  net- 
tement, pour  qu'il  pût  facilemeiit  induire  en  erreur;  poiulant 
même  chez  ces  enfants,  en  cas  de  pneumonie,  le  son  était  sourd. 
Je  me  permets  de  citer  quelques-unes  des  observations  où  la 
ponction  exploratrice  a  confirmé  le  diagnostic.  Sur  un  nombre 
total  de  37  cas,  16  fois  la  ponction  a  amené  un  liquide  séreux 
et  4  fois  un  liquide  purulent.  La  localisation  fréquente  de 
l'épanchement  au-dessous  de  l'aisselle  droite  a  été  confirmée 
par  le  signe  du  sou  et  la  ponction  exploratrice  ;  je  veux  citer 
tout  d'abord  les  observations  concernant  ces  cas  : 

Observation  I. — François  J...,âgé  de  dix  ans,  entre  le  7  juin. n® 227 de 
la  consultation  :  État  actuel  :  affaiblissement  général,  manque  d'appétit, 
a  craché  du  sang  ;  dans  les  poumons,  signes  de  bronchite  chronique  ;  j 
matité  au  sommet  droit.  28  juin,  température  37o,6.  Au-dessous  de 
l'aisselle  droite,  à  partir  de  la  cinquième  côte,  matité,  diminution  de 
la  respiration  ;  signe  du  sou  positif.  La  ponction  exploratrice  ramène 
un  liquide  séreux. 

Observation  II.  —  St,  Juss,..,  âgé  de  sept  ans;  pèse  16^»^,  14.  nP  413 
de  la  consultation.  Depuis  deux  semaines,  il  a  de  la  fièvre  et  maigrit  A 
l'examen,  on  trouve  au  sommet  gauche  une  respiration  bronchique  et  de 
la  matité.  Micropolyadénie.  Température  39^8  le  16  juin  ;  St  idem  : 
21  juin  en  avant,  au-dessous  de  la  clavicule  droite,  il  y  a  de  la  matité, 
qui  s'étend  sous  Taisselle  droite  ;  à  l'auscultation,  on  entend  une  respi* 


« 


I 


PLEURÉSIE    ET   SIGNE   DU    SOU  517 

ration  bronchique  sous  la  clavicule  droite,  des  râles  humides  ;  au- 
dessous  de  Taisselle,  le  murmure  vésiculaire  est  affaibli.  Signe  du  sou 
net.  Température  39^5  ;  traitement  :  séjour  au  lit,  compresses  chaudes 
salicylate  de  soude.  23  juin,  température  37^,9,  même  état;  ponction 
exploratrice  ramène  un  liquide  séreux.  26  juin,  rien  de  changé  ;  3  juillet, 
température  Bl^;  au  sommet  gauche  respiration  bronchique;  la  matité 
persiste,  la  résistance  au  doigt  est  diminuée.  Au-dessous  de  l'aisselle 
droite,  on  entend  le  frottement  pleural.  L'enfant  augmente  de  poids. 

Observation  III.  —  Arthur  Kr„.,  âgé  de  cinq  ans  et  demi,  17  juin, 
no  465  de  la  consultation.  Tousse  depuis  deux  jours,  a  de  la  fièvre,  a  eu  la 
pneumonie  il  y  a  six  mois  ;  depuis  se  trouve  affaibli.  Température  38^9  ; 
au-dessous  de  l'aisselle  gauche,  à  partir  de  la  sixième  côte,  la  résistance  au 
doigt  est  augmentée,  la  respiration  diminuée.  19  novembre,  température 
370,2,  signe  du  sou  ;  ponction  exploratrice  ramène  un  liquide  séreux. 

J'ai  noté  12  observations  analogues,  toutes  complétées  par 
la  ponction  exploratrice  positive.  Dans  30  cas  observés,  non 
suivis  d'une  ponction  exploratrice,  la  symptomatologie  était 
identique.  Il  en  résulte  qu'en  examinant  les  petits  malades 
il  ne  faut  jamais  oublier  d'ausculter  la  région  de  l'aisselle, 
surtout  à  droite,  même  dans  le  cas  où  la  toux  manque  et  où 
l'enfant  ne  se  plaint  pas  du  côté  de  l'appareil  respiratoire. 

Voici  encore  un  cas  intéressant  :  chez  un  enfant  de  deux  ans 
et  demi,  tuberculeux,  on  découvre  le  signe  du  sou  et  un  épan- 
chement  séreux  abondant  à  gauche. 

Observation.  — Sabine  Kos...,n^  1012.  Frère  mort  de  la  tuberculose 
laryngée  ;  l'enfant  maigrit  depuis  six  mois,  elle  tousse.  Température  36o,7. 
Au  sommet  gauche,  on  trouve  de  la  respiration  bronchique,  de  la  matité 
complète  sur  tout  le  côté  gauche  de  la  poitrine  ;  en  arrière,  la  matité  s'étend 
au-dessous  de  l'aisselle  gauche  ;  murmure  respiratoire  aboli.  Signe  du 
sou  à  la  percussion  en  arrière  et  à  l'auscultation  en  avant  de  la  poitrine; 
même  chose  à  la  percussion  au-dessous  de  l'aisselle  et  à  l'auscultation  en 
avant  ou  en  arrière.  La  ponction  exploratrice  ramène  un  liquide  séreux, 
transparent.  Sous  le  microscope,  nombreux  cristaux  et  peu  de  leucocytes. 

Dans  le  cas  suivant,  le  signe  du  sou  a  facilité  beaucoup  le 
diagnostic. 

Observation.  — Joseph  Kis.,.,  ftgé  de  deux  ans  et  demi,  n°  1396  de  la 
consultation  externe,  25  juillet  ;  fièvre  depuis  deux  jours,  oppression. 
Température  rectale  40^6.  Il  y  a  de  la  matité  complète  à  gauche  et  en 
arrière  depuis  le  sommet  jusqu'à  la  pointe  de  l'omoplate  ;  respiration 
bronchique  ;  signe  du  sou  net  ;  la  ponction  a  été  faite  au  moyen 
d'une  seringue  plus  grande  que  d'ordinaire,  qui  a  amené  20  centimètres 
cubes  d'un  liquide  verdfttre.  Au  microscope,  on  a  vu  de  nombreux 
leucocytes. 

27  juillet,  température  39^  ;  la  matité  diminue,  la  respiration  devient 
pulmonaire,  signe  du  sou  très  net. 

Le  29  décembre,  température  37^4.  L'oppression  augmente,  la  matité 
également,  respiration  nettement  bronchique.  On  a  décidé  la  ponction 
exploratrice  pour  le  lendemain  ;  cependant  la  mère  ramène  l'enfant 


518  J.    BRUDZINSKI 

quelques  jours  plus  tard  le  21  décembre  dans  un  état  plus  graTe,  avec 
de  l'oppression,  de  la  matité  dans  toute  l'étendue  du  poumon  gauche, 
signe  du  sou  net.  On  retire  avec  l'appareil  Potain  350  centimètres  cubes 
d'un  liquide  purulent.  Le  14  juillet,  température  39^6;  on  retire  encore 
120  centimètres  cubes.  Le  malade  échappe  à  l'observation  ultérieure, 
la  mère  étant  enceinte  et  ne  pouvant  plus  amener  l'enfant  à  l'hdpital. 

Observation.  —  Bron.  Bryt...,  âgé  d'un  an  et  neuf  mois,  n'  1838,1e 
10  décembre.  Il  y  a  six  mois,  il  a  eu  une  pneumonie  ;  dans  l'aisselle 
gauche,  sous  la  clavicule  et  au  sommet  gauche  en  arrière,  il  y  a  de  la 
matité;  au  sommet  gauche,  il  y  a  de  la  respiration  bronchique;  un  peu 
plus  bas,  la  respiration  est  affaiblie.  Signe  du  sou  net  à  la  percussion 
dans  l'aisselle  gauche  et  l'auscultation  en  haut  sur  le  devant  de  la  poi- 
trine et  dans  le  dos.  La  ponction  a  été  faite  sur  la  ligne  axillaire  posté- 
rieure. On  a  retiré  2  centimètres  cubes  de  pus.  Le  18  décembre,  on  trouve 
la  matité  diminuée,  la  respiration  bronchique,  le  signe  du  sou  net,  le  timbre 
métallique. 

Ces  observations  montrent  nettement  la  localisation 
fréquente  des  épanchements  pleurétiques  sous  l'aisselle  droite 
et  la  valeur  clinique  du  signe  du  sou,  qui  nous  permet  de  les 
dépister.  Actuellement,  si  je  trouve  le  signe  du  sou  sous  Tais- 
selle  droite,  je  ne  fais  plus  de  ponction  exploratrice:  je  crois  la 
présence  de  ce  signe  suffisante  pour  pouvoir  émettre  le  dia- 
gnostic d'un  épanchement  ;  j'ordonne  au  malade  le  séjour  au 
Ut,  le  régime  lacté,  les  compresses  humides  chaudes  sur  le  côté 
malade  et  le  salicylate  de  soude.  Le  plus  souvent,  les  symptômes 
disparaissent  au  bout  de  dix  à  quatorze  jours,  quelquefois  plus 
tôt  ;  dans  les  cas  où  la  ponction  a  été  pratiquée,  les  symptômes 
disparaissaient  plus  vite  ;  on  dirait  que  la  ponction  donnait 
une  impulsion  au  travail  de  la  résorption. 

La  présence  du  signe  du  sou  suffit  pour  faire  le  diagnostic  de 
l'épanchement  pleural  et  rend  la  ponction  exploratrice  superflue; 
elle  est  nécessaire  seulement  dans  le  cas  où  il  est  important  de 
connaître  la  nature  de  l'épanchement.  Dans  les  cas  de  pleurésie 
enkystée,  ce  symptôme  possède  une  valeur  plus  grande  que 
la  ponction,  celle-ci  étant  souvent  infructueuse  et  trompant 
ainsi  le  médecin.  Il  ne  faut  pas  oublier  aussi  que  la  ponction 
n'est  pas  toujours  pratiquable  ;  parfois  les  parents  de  l'enfant 
refusent  leur  permission,  parfois  des  conditions  hygiéniques 
défectueuses  empêchent  le  médecin  de  la  pratiquer.  Le  signe 
du  sou  a  le  grand  avantage  de  pouvoir  être  appliqué  toujours  et 
partout  ;  il  permet  au  médecin  d'éviter  le  désagrément  d'une 
ponction  blanche. 


XIX 

SUR  LE  TRAITEMENT  DES  DIARRHÉES  DU  PREMIER 
AGE  PAR  LES  SOLUTIONS  DE  GÉLATINE 

Par  le  D'  M.  PÉHU, 

Médecin  des  Hôpitaux  de  Lyon, 
Ancien  chef  de  Clinique  infantile  à  la  Faculté. 

Dans  différents  travaux  faits  en  collaboration  avec  mon 
maître  le  professeur  Weill,  j'ai  montré  que  les  solutions  de 
gélatine  pouvaient  constituer  un  agent  thérapeutique  de  pre- 
mier ordre  dans  le  traitement  des  diarrhées  infantiles.  Nos 
essais  dans  cette  voie  remontent  à  l'année  1902  déjà  ;  et, 
depuis  lors,  tant  dans  la  pratique  hospitalière  que  dans  la 
clientèle  privée,  nous  n'avons  cessé  d'user  de  cet  agent  chimique. 
Les  résultats  obtenus  dans  cette  période  fort  longue  ont  été 
toujours  concluants,  et  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  quelque  opportu- 
nité à  les  rappeler  présentement. 


I 


Nous  nous  sommes  servis,  pour  ce  mode  thérapeutique,  d'une 
gélatine  préparée  par  MM.  Auguste  et  Louis  Lumière,  les  pho- 
tographes bien  connus,  qui  l'emploient  eux-mêmes  pour  la 
confection  de  leurs  plaques  sensibilisées  au  gélatino-bromure 
d'argent.  Or,  cette  dernière  combinaison  doit  être  spécialement 
épurée,  contrôlée  même  par  l'examen  microscopique  pour  que 
soit  réalisée  complètement  son  homogénéité  structurale. 

On  sait,  en  effet,  que  la  gélatine  du  commerce  renferme  un 
nombre  considérable  d'impuretés.  Cette  substance  est  tirée  des 
os  et  des  peaux  d'animaux.  Elle  subit  une  série  de  traitements 
chimiques  qui  y  introduisent  des  éléments  divers  (potasse, 
soude,  acides,  etc.).  Pour  assurer  sa  parfaite  innocuité,  il  est 
urgent  d'être  très  exigeant  sur  son  mode  de  préparation. 
Cette  nécessité  d'épuration  est  d'ailleurs  prouvée,  car  nous 
avons  constaté  plus  d'une  fois  que  les  gélatines  commerciales, 
incomplètement  préparées,  n'étaient  pas  acceptées  par  les  nour- 


520  M.    PÉHU 

rissons,  même  très  intimement  mélangées  au  lait,  à  cause  de 
Todeur  marquée  qu'elles  présentaient. 

En  second  lieu,  il  est  de  connaissance  commune  que  la  géla- 
tine est  un  milieu  de  culture  pour  différentes  espèces  bacté- 
riennes.  On  a  cité,  à  la  suite  d'injections  sous-cutanées  de  géla- 
tine, dans  le  traitement  des  anévrysmes  aortiques  ou  des  artères 
périphériques,  des  cas  de  tétanos  mortel.  Même  absorbée  par 
le  tube  digestif,  elle  pourrait  dans  ces  conditions  être  nocive. 
Il  est  par  conséquent  préférable  de  stériliser  soigneusement, 
à  Tautoclave,  les  solutions  employées. 

Nous  avons,  après  divers  tâtonnements,  adopté  le  mode 
suivant  :  on  formule  une  solution  au  dixième  de  gélatine 
(variété  jaune  ou  blanche)  dans  Teau  bouillie,  et  on  stérilise 
à  120*>,à  Tautoclave.  Puis,  après  filtration  soigneuse,  on  répartit 
le  contenu  dans  des  tubes  à  essais  chimiques,  bouchés  par  de 
la  ouate  stérilisée  ou  dans  des  flacons  hermétiquement  fermés, 
par  conséquent  transportables  au  loin  sans  aucun  danger  de 
contamination.  Nous  savons,  par  exemple,  que  des  flacons 
contenant  de  la  gélatine  stérilisée  ont  pu  être  transportés 
fort  loin  puis  revenir,  non  utilisés,  au  bout  d'une  année,  ayant 
séjourné  dans  les  pays  chauds,  sans  être  aucunement  altérés. 

Pour  utiliser  ces  préparations,  qui  (est-il  besoin  de  le  dire) 
sont  prises  en  une  véritable  gelée,  on  les  fait  chauffer  au  bain- 
marie,  puis  on  les  verse  dans  le  biberon,  après  leur  liqué- 
faction complète.  Cette  dernière  ne  se  produit  pas  spontané- 
ment, même  lorsque  la  température  extérieure,  pendant  l'été, 
est  fort  élevée.  Cependant  la  gélatine  fond  à  22°  environ,  et  on 
sait  qu'à  ce  titre  elle  ne  peut  être  portée  à  l'étuve.  Il  est  possible 
que  la  stérilisation  modifie  chimiquement  la  gélatine. 

Celle-ci  doit  être  employée  à  des  doses  élevées  :  de  10  à  25  et 
même  30  grammes.  Si  l'on  en  veut  obtenir  un  effet  utile,  il  faut 
au  moins  une  dizaine  de  grammes  par  vingt-quatre  heures. 
Au  début,  nous  avions  préconisé  des  quantités  plutôt  faibles  : 
de  3  à  6  grammes.  Mais  nous  n'avons  pas  tardé  à  élever  les  doses. 
Au  surplus,  toute  latitude  est  permise,  car  c'est  une  substance 
inoffensive.  Elle  a  de  plus  l'immense  avantage  d'être  insipide 
et  inodore,  ce  qui  rend  son  administration  très  facile,  les 
enfants  ne  se  doutant  nullement  de  son  mélange  avec  le  lait 
ou  même  l'eau  bouillie  simple  qui  leur  sont  présentés.  Le  seul 
inconvénient  est  qu'elle  ne  peut  être  donnée  en  même  temps 
que  les  solutions  glacées  ou  refroidies  à  une  température  basse; 


N       • 


TRAITEMENT   DES   DIARRHÉES    PAR   LA   GÉLATINE  521 

car  elle  se  prend  en  une  grande  quantité  de  grumeaux,  que  l'en- 
fant 8e  refuse  à  accepter. 

II 

Les  effets  de  cette  substance  nons  ont  paru,  tout  d'abord,  très 
favorables,  et  l'épreuve  du  temps  n'a  pu  que  confirmer  cette 
impression  première.  Nous  l'avons  administrée  dans  les  diarrhées 
d'été,  dans  les  gastro-entérites  dues  à  la  mauvaises  alimenta- 
tion, dans  les  dyspepsies  gastriques  simples  dues  à  des  diges- 
tions stomacales  défectueuses  et  accompagnées  de  pyloro-spasme 
(quel  que  soit,  du  reste,  le  mécanisme  de  cette  occlusion  spasmo- 
dique  du  pylore),  dans  les  entéro-colites  dysentériformes  avec 
glaires  sanguinolentes,  plus  fréquentes  dans  la  seconde  que  dans 
la  première  année  de  la  vie. 

En  peu  de  temps,  les  selles  diminuent  de  fréquence  ;  peu  à 
peu  leur  nombre  se  réduit.  Leur  aspect  est  rapidement  modifié  : 
elles  deviennent  plus  consistantes,  mieux  liées  ;  les  grumeaux 
diminuent,  puis  disparaissent.  La  couleur  change  aussi  :  la 
teinte  verdâtre  s'efface  pour  être  bientôt  remplacée  par  un  jaune 
foncé  d'abord,  puis  jaune  franc.  La  mauvaise  odeur  s'atténue. 
La  réaction,  nettement  acide  au  début  avec  le  papier  de  tour- 
nesol, vire  à  l'alcalinité  normale.  Souvent  aussi,  et  parallèle- 
ment, les  phénomènes  généraux  s'amendent.  L'amélioration 
est  parfois  temporaire;  mais  il  suffit,  après  interruption,  de 
donner  d'autres  tubes  gélatines  pour  que  de  nouveau  la 
transformation  soit  rapidement  obtenue. 

Ces  solutions  améliorent  également  les  troubles  gastriques, 
et  nous  avons  vu  des  phénomènes  dyspeptiques  dus  à  un  fonc- 
tionnement stomacal  défectueux  être  promptement  amendés 
par  elles. 

De  même  encore,  chez  les  prématurés  ou  les  débiles,  les  athrep- 
siques,  l'administration  de  la  gélatine  a  permis  de  réaliser 
sans  encombre  le  passage  du  lait  d'ânesse  ou  du  lait  humanisé 
au  lait  de  vache.  Enfin,  dans  les  cas  d'entérite  dysentériforme, 
nous  avons  incorporé,  à  des  lavements,  des  solutions  de  géla- 
tine. 

Toutefois  nous  ne  prétendons  pas  que  l'administration  de 
cette  substance  constitue  toujours  une  médication  efficace, 
applicable  indistinctement  à  tous  les  troubles  digestifs  aigus 
ou  chroniques  du  nourrisson.  Il  nous  a  semblé,  dès  le  début 


f>82  M,   PÉHU 

même  de  nos  recherches  (et  la  suite  a  confirmé  pleinement 
cette  manière  de  voir),  que  la  gélatine  est  impuissante  quand  il 
s'agit  àHnfections  digestwes  véritables,  quand  la  maladie  est 
diffusée  à  tout  l'organisme  et  s'accompagne  de  dégénérescences 
parenchymateuses  (hépatiques,  rénales),  de  splénomégalie. 
de  congestion  passive  des  bases  pulmonaires,  etc.  Dans  les  cas 
de  choléra  infantile  légitime,  ou  de  syndromes  cholériformes 
secondaires,  il  n'y  a  rien  à  espérer  de  cet  agent  thérapeutique. 
Nous  ferons  cependant  cette  réserve  qu'elle  peut,  même  dans 
ces  cas  en  apparence  désespérés,  être  parfois  efficace.  Le  pro- 
fesseur Weill  a  depuis  longtemps  fait  cette  remarque  qu'il 
fallait  répéter  les  doses  à  intervalles  rapprochés  :  de  la  sorte, 
elle  peut,  dans  certains  cas,  agir  en  neutralisant  les  toxines 
irritantes,  nées  au  niveau  de  l'intestin  et  qui,  dès  lors,  cessent 
d'imprégner  l'organisme. 

III 

Que  si  l'on  veut  établir  le  mode  d^action,  la  pharmacody- 
namie  de  ce  produit,  on  est  fort  embarrassé  pour  fournir  une 
explication  vraiment  satisfaisante,  et  on  se  heurte  à  des  hypo- 
thèses assez  contradictoires. 

1°  Des  expériences  in  vitro  que  nous  avons  faites  nous- 
même  ou  qui  ont  été  exécutées  au  Laboratoire  par  un  élève 
de  la  clinique,  M.  Patricot,  nous  ont  montré  que  du  lait  étalé  sur 
des  lames  de  verre,  en  présence  d'acides  ou  de  présiu'e,  coagule 
en  grumeaux  grossiers,  si  l'on  n'y  ajoute  pas  de  gélatine  ;  au 
contraire,  les  grumeaux  sont  de  plus  en  plus  fins  à  mesure 
que  la  proportion  de  gélatine  est  plus  grande.  Il  semblait  donc 
que  l'action  de  cette  substance  consistait  dans  une  division 
mécanique,  beaucoup  plus  fine,  des  fragments  de  caséine  du 
lait  de  vache. 

Mais  ces  résultats  schématiques  n'ont  pas  été  confirmés 
par  des  expériences  in  vivo.  Nous  avions,  en  effet,  administré 
à  des  nourrissons  du  lait  de  vache,  avec  ou  sans  gélatine  ;  nous 
le  retirions  par  le  cathétérisme  au  bout  d'un  temps  variable, 
et  nous  étalions  sur  plaques  de  verre  également  les  flocons  de 
caséine.  Il  n'y  avait  dans  ces  conditions  aucune  différence 
manifeste  suivant  qu'on  mélangeait  ou  non  de  la  gélatine 
au  lait  de  vache  ingéré. 

2^  Nous  fîmes  alors  l'hypothèse  qu'il  pouvait  s'agir  d'une 
action  bienfaisante  exercée  sur  l'intestin,  sur  les  processus 


T^^^        ,-r 


traitEaMent  des  diarrhées  par  la  gélatine  523 

chimiques  évoluant  dans  cette  portion 'du  tube  digestif  par  les 
solutions  gélatineuses.  Des  expériences  ont  été  entreprises 
dans  cette  idée  par  M.  Patricot. 

On  a  administré  à  des  chiens  de  la  gélatine  et  des  purgatifs 
divers  (calomel,  eau-de-vie  allemande,  sirop  de  nerprun, 
sulfate  de  soude).  Quand  on  donne  la  gélatine  avant  l'ingestion 
de  purgatif,  ou  en  même  temps  que  ce  dernier,  on  n'obtient 
qu'une,  selle  molle,  nullement  diarrhéique.  Administrée  une 
heure  après  le  purgatif,  la  gélatine  ne  s'oppose  nullement  à 
l'action  de  ce  dernier.  Cela,  par  parenthèse,  corrobore  cette  con- 
statation que  l'on  doit  donner  en  même  temps  que  les  tétées 
la  gelée  antidiarrhéique,  si  l'on  veut  en  obtenir  un  effet 
utile. 

Mais  ces  faits  expérimentaux,  il  faut  le  reconnaître,  n'é- 
clairent pas  le  mécanisme  intime  de  l'action  thérapeutique 
cependant  prouvée  pas  l'observation  clinique.  S'agirait-il 
d'une  influence  antimicrobienne?  On  ne  peut  l'admettre  qu'avec 
quelque  réserve,  puisque  précisément  la  gélatine  est  choisie 
dans  les  laboratoires  comme  milieu  eugénésique  de  culture 
pour  différentes  espèces  bactériennes.  Y  a-t-il  une  action 
exercée,  par  contact  avec  les  toxines,  d'une  solution  colloïde  qui 
neutraliserait  ces  dernières  ?  Gela  est  possible  :  mais  il  n'y  a  là 
qu'une  vue  de  l'esprit.  Du  moins  les  ferments  digestifs,  parti- 
culièrement les  enzymes  intestinales  et  pancréatiques,  seraient- 
ils  épargnés  ;  car  l'aspect  macroscopique  des  selles  témoigne, 
au  bout  de  peu  de  temps  de  médication,  d'une  métamorphose 
certainement  bienfaisante  des  processus  digestifs. 

IV 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  précis  demeure  :  les  solutions  de 
gélatine  constituent  un  moyen  à  la  fois  commode  et  précieux 
de  traitement  dans  les  diarrhées  infantiles.  En  1903,  nous  pro- 
clamions déjà  ces  excellents  résultats  :  une  expérience  vieille 
de  cinq  années  actuellement  nous  permet  de  les  confirmer 
catégoriquement.  Nous  croyons  que  la  gélatine  peut  soutenir 
aisément  la  comparaison  avec  d'autres  médicaments  tels  que  : 
bismuth,  bismuthose,  acide  lactique,  tanin,  tannalbine,  etc.; 
qu'en  conséquence  on  peut  en  toute  assurance  compter  sur  son 
habituelle  efficacité  dans  certaines  formes,  tout  au  moins,  de 
gastro-entérites  ou  d'infections  digestives. 


524  M.  PÉHU. 


BIBLIOGRAPHIE 

Wbill,  a.  LuMièRB  et  M.  Pêhu.  Le  traitement  des  diarrhées  infantiles  par  In 

solutions  de  gélatine  {Société  des  sciences  médicales  de  Lyon,  8  juillet  1903). 
Id.  Lyon  médical,  n»  du  23  août  1903. 
Patrigot.  La  gélatine  comme  moyen  de  traitement  des  diarrhées  infantiles  {Thèu 

de  Lyon,  1903-1904). 
Wbill.  Traitement  de  la  diarrhée  infantile  par  la  gélatine.  Leçon  publiée  par 

la  Clinique  infantile,  1904. 
Plantibr.  De  la  gelée  antidiarrhéique  comme  moyen  de  traitement  des  diarrhées 

infantiles  (Bulletin  médical  de  r Algérie,  n»  du  30  décembre  1905). 


T-T' 


■( 


XX 


SUR    LA    VALEUR    DE    L'EXAMEN    DU    LAIT 
DANS  L'ALLAITEMENT  AU  SEIN 

Par  le  D^  Louis  MORQUIO, 
[Professeur  de  clinique  infantile  à  la  Faculté  de  Montevideo. 

(SUITE  BT  FIN.) 

Considérations  générales. 

Avec  les  données  que  nous  venons  de  détailler  et  les  résultats 
que  nous  a  fournis  une  longue  expérience  professionnelle,  nous 
allons  chercher  à  traiter  la  question  qui  fait  l'objet  de  cette 
communication. 

Quelle  est  la  valeur  de  Vanalyse  du  lait  dans  Vallaitement 
au  sein  ? 

Depuis  longtemps,  on  cherche  à  établir  un  rapport  entre  la 
quantité  des  divers  composants  du  lait  et  les  troubles  digestifs 
que  présentent  certains  enfants,  nourris  exclusivement  au 
sein.  Dans  ces  temps  derneirs,  de  nouvelles  tentatives,  basées 
sur  l'analyse  et  la  clinique,  tendent  à  confirmer  davantage 
l'opinion  que  ce  faiLest  possible,  et,  par  conséquent,  on  considère 
l'examen  du  lait  comme  nécessaire  pour  justifier  la  qualité  de 
l'aliment. 

Cette  donnée  aurait  beaucoup  d'importance,  parce  qu'elle 
nous  permettrait  d'établir,  sur  des  indications  exactes,  une 
prescription  ou  un  conseil  médical,  dans  les  nombreux  cas  que 
nous  offre  journellement  la  pratique  professionnelle. 

Néanmoins,  rien  de  plus  éloigné  de  la  réalité.  Prenons  un 
exemple  très  commun  :  un  enfant  ne  progresse  pas  bien,  il  a 
des  troubles  digestifs  fréquents  ;  on  fait  analyser  le  lait  de  la 
mère  ou  de  la  nourrice,  et,  d'après  l'analyse,  il  est  d'excellente 
qualité.  D'autres  fois^  c'est  le  contraire  qui  arrive  ;  par  suite 
d'appréhension  ou  de  particularités  de  l'enfant  indépendantes 
de  l'alimentation,  on  fait  analyser  le  lait,  et  il  est  déclaré 
mauvais  ou  insuffisant,  tandis  que  l'état  de  l'enfant  ne  peut 
être  plus  favorable. 


526  LOUIS  MORQUIO 

Dernièrement,  nous  avons  fait  l'observation  suivante,  qui 
est  un  exemple  de  plus  à  ajouter  à  ceux  que  nous  pourrions 
citer  en  quantité. 

Une  mère  allaite  son  enfant  de  quatre  mois  ;  continuelle- 
ment celui-ci  a  des  troubles  digestifs,  une  diarrhée  verte,  des 
grumeaux  blancs,  des  douleurs  ;  à  cause  d'une  forte  émotion 
de  la  mère,  l'enfant  a  une  fièvre  intense  avec  des  évacuations 
fétides,  ce  qui  a  mis  sa  vie  en  péril.  Dans  ces  conditions,  on 
cherche  une  nourrice  ;  l'enfant  s'améliore  après  plusieurs  jours, 
et  la  mère  se  décide  à  le  nourrir  de  nouveau  ;  aussitôt  réappa- 
raissent les  désordres  et  la  fièvre.  On  revient  à  la  nourrice, 
et  la  santé  se  rétablit  bientôt. 

De  sorte  que  la  question  était  bien  claire  au  point  de  vue 
clinique  :  d'un  côté  un  lait  nocif,  celui  de  la  mère  ;  de  l'autre, 
un  lait  curatif,  celui  de  la  nourrice.  Rien  de  plus  naturel  que 
"Ces  deux  laits  révélassent  à  l'analyse  une  différence  profonde, 
propre  à  expliquer  en  même  temps  leur  différence  d'action. 

Or  ces  deux  laits  étaient  exactement  égaux  en  caséine  et 
beurre  ;  il  n'y  avait  pas  de  corpuscules  de  colostrum  ;  l'unique 
différence  consistait  en  ce  que,  chez  la  mère,  prédominaient 
les  globules  gras  moyens,  et,  chez  la  nourrice,  les  grands,  ce 
qui  ne  signifie  rien  pour  la  question  qui  nous  occupe. 

La  raison  de  l'action  différente  de  ces  deux  laits  devait  être 
cherchée  ailleurs.  La  mère  est  primipare,  hystérique,  profon- 
dément émotive,  et  l'infection  intense  se  déclara  chez  l'enfant 
au  lendemain  d'une  forte  émotion,  sans  interrompre  l'allai- 
tement. 

Voilà  pourquoi  nous  ne  pouvons  admettre  la  conclusion  de 
Barbier  et  Boinot  (Bulletin  de  la  Société  de  Pédiatrie^  20  no- 
vembre 1906)  «  que  l'analyse  des  laits  maternels  mal  tolérés 
par  les  enfants  rend  les  plus  grands  services  :  elle  donne  une 
règle  exacte  pour  la  régularisation  des  tétées  ;  elle  permet 
aussi  d'éviter  les  troubles  gastro-intestinaux,  entretenus  par 
une  alimentation  qu'on  ne  soupçonne  pas  excessive  jusque-là, 
et  de  prévenir  les  atrophies  qui  en  sont  la  conséquence  ». 

Nous  pensons  avec  Variot  qu'il  n'est  pas  possible  d'admettre 
le  rôle  principal  qu'on  veut  attribuer  aux  variations  dans  les 
proportions  des  principes  fixes  du  lait,  pour  expliquer  la  dys- 
pepsie et  l'intolérance  gastrique  chez  les  nourrissons. 

On  fait  valoir  l'argument,  appuyé  sur  la  physiologie  et  la 
diététique,  d'après  lequel  le  processus  digestif  repose  sur  la 


L  EXAMEN  DU  LAIT  DANS  L  ALLAITEMENT 


527 


connaissance  de  la  valeur  qualitative  de  la  ration  alimentaire. 
Ce  point,  qui  est  absolument  variable  chez  l'adulte,  pour 
chaque  individu,  ainsi  qu'il  ressort  de  la  dyspepsie  nerveuse, 
Test  bien  plus  chez  l'enfant,  sans  compter  la  variabilité  parti- 
culière du  lait  de  femme,  selon  une  infinité  de  circonstances, 
d'où  il  résulte  que  le  lait  d'un  moment  n'est  pas  égal  à  celui 
de  l'autre,  qu'il  diffère  d'un  jour  à  l'autre,  qu'il  se  modifie 
avec  le  régime  alimentaire,  avec  le  genre  de  vie,  etc. 

L'enfant  possède,  en  outre,  des  conditions  d'adaptation  qui 
lui  permettent  de  tolérer  des  laits  qui,  dans  leurs  compositions 
chimiques,  s'écartent  profondément  de  la  moyenne  normale, 
ce  qui  nous  indique  que,  pour  interpréter  exactement  les  con- 
ditions digestives  d'un  lait,  il  ne  suffit  pas  de  connaître  la 
quantité  de  ses  principes  fixes  ;  il  y  a  en  plus  quelque  chose 
qui  dépend  du  lait  et  de  l'enfant  ;  ce  quelque  chose  n'est  pas 
exactement  connu  de  nous,  bien  que,  cependant,  il  joue  un  rôle 
important  dans  l'alimentation  au  sein  ;  il  nous  oblige  à  avoir 
de  la  réserve  dans  les  affirmations  générales. 

L'enfant  utilise  les  aliments  suivant  ses  nécessités.  On  est 
souvent  consulté  pour  un  enfant  qui  tète  fort  peu,  à  peine 
quelques  minutes,  et,  malgré  ce  fait  qui  préoccupe  la  mère,  son 
état  est  splendide  ;  les  qualités  nutritives  du  lait  qu'il  ingère 
doivent  être  excellentes,  mais,  au  point  de  vue  chimique,  il 
n'est  pas  essentiellement  différent  d'autres  laits  qui  ne  donnent 
pas  le  même  résultat.  L'effet  contraire  se  produit  aussi  :  l'en- 
fant ne  progresse  pas  malgré  un  lait  excellent  en  quantité  et 
qualité,  ce  qui  a  été  prouvé  en  alimentant  un  autre  enfant  qui 
l'a  toléré  parfaitement.  Il  ne  s'agit  pas  d'un  simple  défaut 
d'adaptation,  car  cela  arrive  spécialement  avec  le  lait  de  la 
mère,  mais  bien  de  conditions  individuelles,  qui  ne  se  modi- 
fient pas  même  en  changeant  de  nourrice  ;  le  développement 
reste  inférieur  à  la  normale. 

De  sorte  que  nous  devons  aussi,  dans  la  question  qui  nous 
occupe,  tenir  compte  des  conditions  individuelles  du  sujet, 
qui  peuvent  être  spéciales,  bien  que,  d'ordinaire,  quand  l'ali- 
mentation au  sein  s'effectue  d'une  façon  régulière,  les  résultats 
sont  toujours  favorables,  quelle  que  soit  la  composition  chi- 
mique du  lait. 

Nous  considérons  donc  qu'en  général  l'analyse  chimique  du 
lait  ne  permet  pas  d'expliquer  les  phénomènes  cliniques,  à  cause 
de  leur  manque  de  constance,  et  parce  qu'il  n'existe  pas  une 


528  LOUIS  MORQUIO 

règle,  je  ne  dis  pas  invariable,  mais  même  approximative,  — 
comme  nous  le  verrons  ci-après  en  analysant  les  diverses  ques- 
tions qui  se  présentent,  —  qui  nous  permette  de  formuler  des 
conclusions  fermes  sur  les  composants  du  lait  et  les  conditions 
digestives  du  nourrisson. 

Influence  de  la  quantité  de  beurre.  —  La  substance  qui,  dans 
la  composition  du  lait,  offre  le  plus  d'oscillations,  c'est  le  beurre. 
C'est  pourquoi  on  a  cherché  de  ce  côté  un  guide  sûr  pour 
établir  des  déductions  cliniques,  spécialement  lorsque  le  trouble 
digestif  coïncide  avec  un  excès  des  proportions  physiologiques. 

La  quantité  de  graisse  acceptée  comme  moyenne  normale  est 
de  35  p.  1 000.  Nous  avons  vu,  dans  nos  analyses,  que  ce  chiffre 
est  généralement  dépassé  de  beaucoup.  La  quantité  de  50  et 
60  p.  1 000  est  commune  dans  les  analyses  de  laboratoire,  en 
dehors  de  nos  examens  cliniques,  pratiqués  journellement 
avec  le  lactoscope  de  Fessel,  qui  nous  donne  aussi  les  mêmes 
résultats. 

La  thèse  de  Bertholet  (Paris,  1906),  qui  étudie  spécia- 
lement cette  question,  est  accompagnée  d'une  série  d'obser- 
vations, où  les  désordres  intestinaux  de  l'enfant  ont  coïncidé 
avec  une  quantité  de  graisse  excessive,  et  quelques-uns  d'entre 
eux  se  sont  corrigés  par  le  changement  de  nourrice. 

Notre  observation  nous  fait  regarder  ces  faits  comme  de 
simples  coïncidences,  dont  on  ne  peut  pas  tirer  de  conclusions 
générales.  Quelques-unes  de  nos  nourrices  se  sont  distinguée:^ 
constamment  par  un  excès  de  graisse,  et  précisément  c'étaient 
les  meilleures,  celles  dont  les  enfants  augmentaient  le  plus, 
sans  souffrir  de  troubles  digestifs  d'aucune  espèce. 

Prenons  comme  exemple  la  nourrice  195,  qui  a  toujours 
présenté  plus  de  50  p.  1 000  de  matière  grasse  et  qui,  dans 
l'examen  du  2  janvier,  donne  80  p.  1  000.  Cette  nourrice,  qui 
pesait  74  kilogrammes  à  son  entrée  le  l®'"  mai,  pèse  94*',  25 
le  16  décembre.  Elle  donne  facilement  2  000  grammes  de 
lait  par  jour  et  allaite  en  ce  moment  trois  enfants,  dont 
deux  de  moins  d'un  mois  et  un  troisième  de  deux  mois,  exchi- 
sivement  au  sein,  et  elle  les  nourrit  depuis  les  premiers  jours 
de  leur  naissance  ;  on  ne  peut  pas  demander  un  accroissement 
plus  naturel  et  un  état  général  plus  satisfaisant  que  ceux 
présentés  par  ces  enfants. 

La  nourrice  196,  qui  est  aussi  excellente,  entre  pesant 
61  kilogrammes  le  16  mai,  et  le  16  décembre  elle  pèse  67.  Elle 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  529 

donne  facilement  aussi  2  litres  de  lait  par  jour  et,  par  les 
examens  chimiques  et  lactoscopiques,  on  trouve  toujours  de 
fortes  proportions  de  graisse  ;  au  dernier  examen,  on  constate 
l'énorme  chifîre  de  10*%60  p.  100.  Il  semblerait  qu'un  tel  lait 
dût  produire  nécessairement,  chez  les  enfants  qui  l'ingèrent, 
un  grand  malaise.  Cependant,  rien  de  cela  n'est  arrivé.  Le 
lait  a  actuellement  neuf  mois  et  seize  jours,  et,  comme  toujours, 
nous  trouvons  de  grandes  variations  microscopiques,  à  l'exa- 
men pratiqué  pour  chaque  nourrice  tous  les  quatre  jours. 
Voici  les  derniers  résultats  : 

1«  janvier Globales  gpas,  grands  et  moyens. 

5       —    Beaucoup  de  petits  et  de  très  petits. 

9       —    —  de  grands  et  de  très  grands. 

13       —    —  toute  grosseur,  avec  prédominance  des  grands. 

17       —    —  grands  et  de  petits  avec  prédominance  des  petits. 

21       —    —  toute  grosseur. 

Les  derniers  enfants  nourris  par  cette  nourrice,  au  moment  de 
ces  analyses,  ont  été  le  3  524  et  le  3  527.  Le  premier  entre  au  ser- 
vice le  15  décembre,  âgé  de  neuf  jours  et  pesant  3  690  grammes. 
11  sort  le  22  janvier  pesant  4  400  grammes. 

Le  second  entre  le  29  décembre,  âgé  de  cinq  jours  et  pesant 
2680  grammes  ;  il  sort  le  12  janvier  avec  3  000  grammes. 

Il  faut  ajouter  que  ce  sont  seulement  les  enfants  parfaite- 
ment sains  qui  passent  au  service  externe. 

Depuis  longtemps,  nous  nous  sommes  particulièrement 
appliqué  à  étudier  ce  rapport  de  la  quantité  de  graisse  avec 
la  tolérance  digestive  de  l'enfant,  et  nous  sommes  arrivé  à  cette 
conviction,  —  malgré  le  côté  paradoxal  que  pourrait  avoir 
notre  affirmation,  —  que  cette  tolérance  est  indépendante  de 
la  quantité  de  graisse.  Nous  ne  pourrions  pas  présenter  ici  le 
détail  des  nombreux  exemples  qui  le  démontrent,  en  dehors 
de  ceux  que  nous  avons  énoncés  ;  mais  c'est  là  un  point  sur 
lecfuel  nous  avons  insisté  dans  nos  leçons  cliniques,  ce  qui 
nous  autorise  à  prétendre  que  la  question  a  été  étudiée  et  ana- 
lysée avec  toute  l'attention  qu'elle  exige. 

La  théorie  de  Pawlow,  d'après  laquelle  l'excès  de  graisse 
dans  l'estomac  diminue  la  sécrétion  gastrique  et  arrête  le 
passage  des  aliments  de  l'estomac  à  l'intestin  par  occlusion 
inhibitoire  du  pylore,  ne  nous  paraît  pas  conforme  à  ces  faits. 

L'interprétation  de  la  tolérance  qui  se  manifeste  clinique- 
ment  en  toute  son  évidence    doit  être  cherchée  dans  les  pro- 

Arcu.  DS  xéde::.  DM  espaîits,  1907.  X.  — 34 


530  LOUIS  MORQUIO 

priétés  spécifiques  que  possède  la  matière  grasse,  de  même  que 
tous  les  composants  du  lait  de  femme  et  dans  les  conditions 
spéciales  d'adaptation  et  de  digestion  de  l'estomac  de  l'enfant. 

Influence  de  la  quantité  de  caséine.  —  L'enfant  utilise  les 
matières  albuminoîdes  pour  le  développement  de  ses  tissus, 
grâce  à  la  présence  du  beurre,  qui  joue  le  rôle  d'aliment 
d'épargne. 

La  caséine  remplit  un  rôle  important  dans  le  processus  diges- 
tif du  nourrisson,  à  tel  point  que,  d'après  ce  qui  résulte  des 
études  sur  son  chimisme  gastrique,  l'action  de  l'estomac  se 
développe  exclusivement  sur  la  caséine,  transformée  par  le 
ferment-lab  en  un  coagulum  de  flocons  très  fins,  pauvre  en 
graisse ,  distinct  de  celui  que  fournit  l'alimentation  au  lait  de  vache. 

«  Nous  pouvons  donc  conclure  que  la  caséine  n'est  pas  seu- 
lement coagulée  dans  l'estomac  des  nourrissons,  mais  encore 
que  le  coagulum  y  est  en  partie  liquéfié  et  peptonisé,  et  que 
cette  seconde .  partie  de  la  digestion  gastrique  est  beaucoup 
plus  complète  lorsque  l'enfant  est  nourri  au  sein  que  lorsqu'il 
est  nourri  au  lait  de  vache  »  (Marfan,  Traité  de  V allaitement). 

La  quantité  de  caséine  contenue  dans  le  lait  de  femme  est, 
terme  moyen,  de  16  p.  1000;  dans  le  lait  de  vache,  elle  est 
double;  dans  le  lait  de  jument,  de  10  p.  1000. 

On  a  toujours  attribué  à  la  différence  quantitative  de  caséine 
qui  existe  entre  le  lait  de  femme  et  celui  de  vache  une  valeur 
fondamentale  pour  la  digestion  ;  le  lait  de  jument,  vu  la  petite 
quantité  de  cette  substance,  est  un  aliment  que  tolèrent  bien 
les  enfants,  en  général,  et  qui  a  son  utilité  pratique  en  des 
circonstances  déterminées. 

Or,  étant  connue  son  importance  dans  le  processus  digestif, 
il  semblerait  que  l'analyse  chimique  du  lait  pourrait,  aussi 
par  la  quantité  plus  grande  ou  plus  petite  des  substances  pro- 
téiques,  permettre  d'expliquer  quelques  troubles  gastro-intes- 
tinaux chez  les  enfants  nourris  au  sein. 

Cependant  il  n'en  est  pas  ainsi  :  d'abord,  ainsi  qu'il  a  été 
dit,  la  caséine  oscille  considérablement  ;  les  chiffres  de  nos 
analyses  varient  de  1  gramme  jusqu'à  2«',50,  ce  qui  mérite 
d'appeler  l'attention.  En  outre,  nous  n'avons  vu,  dans  ces 
oscillations,  aucune  relation  de  cause  à  effet  avec  le  processus 
digestif  de  l'enfant  ;  nous  n'avons  pu  constater  un  seul  fait 
où  le  désordre  gastro-intestinal  eût  un  rapport  évident  avec 
l'excès  de  caséine. 


i/examen  du  lait  dans  l'allaitement  531 

D'un  autre  côté,  tous  les  auteurs  qui  étudient  cette  ques- 
tion, ainsi  que  les  observations  publiées  d'intolérance  du  lait 
de  femme,  se  bornent  exclusivement  à  démontrer  l'influence 
de  l'excès  de  graisse,  d'où  il  suit  qu'on  n'a  pas  attaché  beau- 
coup d'importance  aux  matières  albuminoïdes,  qui  peuvent, 
quelquefois,  atteindre  presque  le  double  de  l'état  physiolo- 
gique. 

Influence  de  Vexamen  microscopique,  —  On  a  voulu  voir 
aussi,  dans  la  grosseur  des  globules  gras,  la  cause  des  troubles 
digestifs  persistants  chez  quelques  nourrissons.  Mais  ici,  que 
de  différences  I  Nous  l'avons  déjà  dit,  dans  l'analyse  que  nous 
faisons  journellement,  nous  ne  trouvons  jamais  une  formule 
égale  à  une  autre,  et,  dans  l'examen  de  chaque  nourrice,  pra- 
tiqué à  peu  de  temps  de  distance,  il  ne  se  trouve  pas  non  plus 
d'égalité  ;  au  contraire,  on  observe  souvent  les  différences 
les  plus  extraordinaires. 

Dans  les  observations  signalées  par  quelques  auteurs,  on 
attribue  ce  défaut  d'adaptation  dans  le  processus  digestif  à  la 
grandeur  considérable  des  globules  gras.  Marfan,  au  contraire, 
a  trouvé,  dans  deux  de  ses  observations,  que  la  persistance  des 
désordres  intestinaux  coïncidait  avec  la  présence  de  globules 
gras  petits. 

Bien  que  la  caractéristique  de  ces  examens  soit  l'extrême 
variabilité,  nous  avons  vu  des  nourrices  excellentes,  que  nous 
ne  cessions  de  louer  pour  le  bon  aspect  de  leurs  enfants,  avoir 
fréquemment  des  globules  gras  grands  et  très  grands  ;  nous 
avons  vu  aussi,  dans  les  mêmes  conditions,  la  prépondérance 
des  globules  petits. 

Ceci  nous  oblige  à  dire  que  l'examen  microscopique  des  glo- 
bules gras,  en  rapport  avec  la  clinique,  démontre  que  la  tolé- 
rance digestive  de  l'enfant  est  tout  à  fait  indépendante  de  leur 
diamètre. 

Influence  de  rage  du  lait.  —  Nous  pouvons  déduire  de  nos 
observations  que  l'âge  du  lait,  en  rapport  avec  l'âge  de  l'enfant, 
n'a  pas  non  plus  d'influence  au  point  de  vue  de  la  tolérance 
gastrique. 

Nous  observons  constamment  à  la  «  Crèche  »  des  enfants  de 
peu  de  jours,  allaités  par  des  nourrices  de  plusieurs  mois  ; 
d'autres  fois,  c'est  le  lait  qui  a  deux  ou  trois  mois,  et  l'enfant 
environ  un  an.  Le  rapport  qu'on  veut  voir  avec  l'âge  n'a  pan 
plus   de  signification,  à  notre  avis  ;  nous  observons  chaque 


532  LOUIS   MORQUIO 

jour  des  différences  énormes,  même  d'un  an  et  plus,  et  cepen- 
dant l'accroissement  de  l'enfant  ne  peut  se  réaliser  en  des 
conditions  meilleures. 

Au  point  de  vue  pratique,  cette  donnée  a  son  importance. 
Elle  nous  indique,  —  outre  la  possibilité  de  faire  face  d'une 
manière  satisfaisante  aux  nécessités  d'un  service  comme  le 
nôtre, —  que  le  médecin,  en  cas  d'urgence,  peut  faire  abstrac- 
tion de  l'âge  du  lait,  à  la  condition  que  la  nourrice  soit  saine  ; 
hors  de  cette  circonstance,  il  est  préférable  sans  doute,  quand 
on  le  peut,  de  prendre  une  nourrice  dont  le  lait  ait  un  âge  qui 
se  rapproche  de  celui  de  l'enfant,  afin  que  la  durée  de  l'allai- 
tement puisse  se  prolonger  le  temps  nécessaire. 

Nourrices  exceptionnellement  bonnes.  —  En  dépit  de  l'exa- 
men chimique  et  microscopique,  il  y  a  des  nourrices  exception- 
nellement bonnes.  Ces  nourrices,  qui  rendent  sains  tous  les 
enfants  qu'on  leur  confie  pour  l'allaitement,  sont  précisément 
celles  dont  le  lait  contient  constamment  en  excès  la  matière 
grasse,  c'est-à-dire  la  substance  qu'on  fait  intervenir  comme 
ayant  le  plus  d'influence  dans  les  désordres  digestifs  des  enfants 
nourris  au  sein. 

Nous  avons  eu  et  nous  avons  constamment  deux  ou  trois 
de  ces  nourrices,  dont  quelques-unes  ont  été  à  «  la  Crèche  » 
à  plusieurs  reprises  et  qui  y  jouent  un  rôle  d'une  importance 
considérable. 

Ces  femmes  donnent  toujours  du  lait  en  grande  quantité, 
autant  qu'on  en  veut,  peut-on  dire  ;  chez  la  plupart,  on 
arrive  à  2  litres  et  demi,  et  jusqu'à  3  litres  quand  il  le 
faut,  sans  aucun  inconvénient  pour  leur  santé  ;  deux  d'entre 
elles  fournissaient  souvent  cette  dernière  quantité. 

Ce  qui  est  singulier,  c'est  que  le  lait  de  ces  nourrices 
s'adapte  à  la  capacité  digestive  de  l'enfant,  quel  que  soit  son 
âge,  quel  que  soit  son  état  de  santé.  Quand  un  enfant  du  ser- 
vice ne  va  pas  bien,  parce  qu'il  ne  s'adapte  pas  à  l'aliment 
qu'il  absorbe,  nous  le  passons  à  une  de  ces  nourrices,  et  il  est 
presque  sûr  que  sa  transformation  ne  tardera  pas  à  se  mani- 
fester. Lorsqu'un  enfant  entre  malade,  exigeant  plus  de  soins 
et  surtout  un  bon  aliment,  une  de  ces  nourrices  s'en  charge,  et 
les  résultats  sont  toujours  satisfaisants. 

Ce  sont  des  nourrices  spéciales  pour  les  enfants  débiles. 
Ces  enfants,  quel  que  soit  leur  poids,  dès  qu'ils  ont  surmonté 
les  premiers  dangers,  vont  splendidement  avec  ces  nourrices. 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  533 

Parmi  elles,  il  y  en  a  qui  ont  toujours  trois  ou  quatre  débiles 
congénitaux,  alimentés  exclusivement  au  sein,  et  elles  les 
entretiennent  jusqu'à  leur  passage  au  service  externe,  ce  qui 
arrive  à  quatre  ou  cinq  mois,  alors  que  la  vie  de  l'enfant  est  par- 
faitement assurée. 

Enfin,  ce  sont  des  laits  essentiellement  bons,  doués  de  pro- 
priétés biologiques  qui  échappent  à  toute  analyse,  mais  qui 
ont  chez  l'enfant  leur  meilleur  réactif.  Ces  laits  contredisent  de 
la  manière  la  plus  formelle  les  influences,  sur  les  troubles 
digestifs,  basées  sur  les  analyses  chimiques  et  microscopiques, 
parce  que,  tout  en  offrant  surabondamment  les  conditions 
d'intolérance  sur  lesquelles  se  fondent  celles-ci,  les  résultats 
qu'ils  donnent  sont  plus  que  satisfaisants. 

Nous  citerons  quelques  exemples  : 


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5:58  LOUIS  MoriQuio 

Causes  occasionnelles  de  l'intolérance  digestive. 

En  présence  des  troubles  digestifs  intimemnt  liés  au  lait 
féminin,  ainsi  qu'il  résulte  d'une  manière  évidente  en  plusieurs 
circonstances,  il  est  logique  d'admettre  que  cet  aliment,  bien 
toléré  jusqu'alors,  doit  avoir  subi  une  modification  qui  Ta 
transformé  et  qui  explique  ses  effets  plus  ou  moins  nocifs. 
Nous  avons  vu  comment  ces  troubles  ne  peuvent  se  subor- 
donner à  l'examen  chimique,  parce  que  celui-ci  manque  de 
constance  et  qu'à  chaque  instant  ses  résultats  sont  contredits 
par  les  faits. 

Il  y  a  beaucoup  à  découvrir  dans  la  composition  du  lait, 
dit  Schlœsing,  et,  sans  nul  doute,  il  doit  exister  des  altérations 
biologiques,  que  l'enfant  sent,  mais  que  ne  parvient  pas  encore 
à  expliquer  le  réactif  chimique  ni  le  microscope  ;  et  ce  sont 
cependant,  peut-être,  les  seules  qui  pourraient  expliquer  ces 
phénomènes  cliniques,  dépendant  exclusivement  de  l'ali- 
mentation. 

Tant  qu'on  n'aura  pas  réussi  à  pénétrer  ces  secrets  et  à  se 
procurer  les  moyens  de  les  mettre  en  évidence,  c'est  la  connais- 
sance étiologique  qui  doit  fixer  notre  attention,  parce  que  c'est 
elle  qui  nous  donne  accès  aux  facteurs  originaux  ;  et,  une  fois 
la  cause  connue,  il  nous  sera  plus  facile  de  corriger  les  effets. 

En  ce  sens,  nous  passerons  en  revue  les  causes  étiologiques 
les  plus  communes,  et  nous  verrons  la  valeur  qui  correspond 
à  chacune. 

Ces  causes  sont  : 

1^  La  suralimentation  ; 

2^  Le  défaut  d'adaptation  ; 

3^  Les  états  pathologiques  ; 

4®  L'émotivité  ; 

5^  La  menstruation. 

La  suralimentation.  —  La  connaissance  de  la  capacité  de 
l'estomac  suivant  les  âges  et  le  processus  nutritif  évalué  en 
calories  nous  montrent  que  l'alimentation  est  sujette  à  des 
règles  qu'on  doit  observer,  si  l'on  veut  que  les  fonctions  s'exé- 
cutent d'une  manière  physiologique. 

L'excès  d'aliment  donné  à  l'enfant  se  répercute  sur  sa  capa- 
cité digestive  en  produisant  des  désordres  qui  se  manifestant 
par  des  régurgitations,  des  vomissements  et  des  diarrhées,  et 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  53î> 

la  continuation  de  cet  état  dyspeptique  entraîne  comme  con> 
séquence  la  dilatation  des  organes  abdominaux,  avec  réper- 
cussion sur  l'état  général  sous  la  forme  d'un  rachitisme  de 
divers  degrés.  L'enfant  peut  se  présenter  sous  deux  aspects  : 
le  plus  commun  est  un  état  florissant,  d'une  grosseur  très 
appréciable,  bien  que  les  chairs  soient  molles,  pâles,  avec  des 
transpirations  faciles  ;  ou  sous  la  forme  de  dénutrition  à  un 
degré  plus  ou  moins  avancé  d'atrophie. 

On  éviterait  ces  défauts  en  faisant  téter  l'enfant  d'une 
manière  régulière,  à  heure  fixe  et  à  intervalles  toujours  égaux. 
Durant  la  nuit,  on  laisserait  un  espace  de  sept  à  huit  heures 
sans  allaitement. 

Pour  ne  pas  sortir  de  la  réalité,  nous  devons  considérer  ces 
faits  comme  très  rares,  en  face  des  cas  fréquents  où  se  produit 
la  suralimentation.  C'est  une  exception,  même  dans  les  classes 
aisées,  de  rencontrer  un  enfant  assujetti  à  la  diététique  conve- 
nable ;  si  le  régime  est  observé  de  jour  quelquefois,  d'habitude 
la  nuit  l'enfant  se  trouve  au  sein  presque  continuellement, 
et  cela  arrive  plus  facilement  lorsqu'il  a  déjà  six  ou  sept  mois, 
c'est-à-dire  lorsqu'il  devrait  téter  moins  souvent,  chaque  trois 
heure&k  et  que  le  repos  de  la  nuit  devrait  être  plus  long  et  plus 
effectif:  D'ailleurs,  la  quantité  de  lait  qu'il  ingère  à  chaque 
tétée  est  essentiellement  variable  ;  il  y  a  une  moyenne  journa- 
lière, progressive  avec  l'âge,  mais  dont  la  courbe  subit  de 
grandes  oscillations  ;  et,  en  comparant  les  tétées  les  unes  avec 
les  autres,  d'un  même  jour  ou  de  différents  jours,  on  constate 
les  plus  grandes  différences  et  les  plus  grandes  irrégularités. 

Toutefois,  les  enfants  qui  font  ces  excès  sont  en  général 
forts  ;  ils  marchent  à  un  an,  ont  leurs  huit  incisives  et  leur 
fontanelle  près  de  se  fermer  à  cet  âge  ;  en  un  mot,  ce  sont  des 
enfants  tout  à  fait  sains,  parfaitement  normaux.  Dans  la  classe 
ouvrière,  où  l'enfant  tète  quand  il  veut,  de  jour  et  de  nuit, 
on  désire  qu'il  se  remplisse  jusqu'à  la  satiété,  et  une  preuve 
de  cela  et  de  sa  bonne  digestion  pour  les  mères,  ce  sont  les 
régurgitations  qui  se  produisent  après  chaque  tétée  C'est 
précisément  dans  ce  milieu  que  se  rencontrent  les  enfants  les 
plus  beaux. 

Quoique  notre  tendance  soit  de  chercher  toujours,  dans 
ralimentatioXL  au  sein,  l'assujettissement  aux  conditions  hygié- 
niques, ce  que  nous  pratiquons  systématiquement  dans  nofcre 
service  de  la    «  Crèche  »  avec  la  balance  comme  guide,  nous 


540  LOUIS  Mouguio 

avons  cru  convenable  de  faire  ces  réflexions,  qui  nous  mettent 
en  face  de  ce  qui  existe  ;  et  nous  devons  déclarer  que  ce  qui 
existe  est,  en  général,  bon.  Ces  observations  nous  démontrent 
que,  si  la  diététique  est  absolument  indispensable  dans  Tali- 
mentation  artificielle,  elle  n'est  pas  aussi  rigoureuse  dans  l'ali- 
mentation au  sein,  parce  que  l'excellence  de  l'aliment  l'emporte 
sur  toute  autre  considération  et  que  la  puissance  digestivp 
de  l'enfant  est  suffisante  pour  se  défendre  et  s'adapter  à 
ses  besoins. 

Défaut  (Inadaptation.  —  Dans  quelques  cas,  le  trouble  digestif 
n'est  explicable  par  aucune  cause  ;  la  nourrice  est  saine,  il 
n'y  a  d'altération  d'aucun  genre,  les  tétées  se  font  aux  heures 
précises  et  en  quantité  nécessaire.  Il  existe  évidemment,  dans 
ces  cas,  un  défaut  d'adaptation,  qui  peut  se  traduire  par  de 
petites  manifestations  gastro-intestinales,  ou  acquérir  des  pro- 
portions qui  mettent  en  péril  la  vie  de  l'enfant. 

Parfois,  ces  faits  arrivent  dans  l'alimentation  materneDe. 
En  ajoutant  un  ou  deux  biberons  d'aliment  artificiel  :  lait  de 
vache,  de  jument,  babeurre,  etc.,  l'amélioration  s'obtient; 
mais,  en  général,  on  peut  assurer  que  le  seul  moyen  de  les 
corriger,  c'est  de  changer  de  nourrice,  si  les  circonstances 
l'exigent. 

Où  ces  phénomènes  se  manifestent  le  plus  souvent,  c'est 
dans  l'alimentation  par  la  nourrice.  Les  choses  se  passent  géné- 
ralement de  la  façon  suivante  :  l'enfant  n'augmente  pas  de 
poids,  il  vomit  et  a  des  évacuations  irrégulières  persistantes  ; 
ces  altérations  n'ont*  d'autre  explication  satisfaisante  que  le 
défaut  d'adaptation  au  lait  ;  en  effet,  on  change  de  nourrice, 
et  l'amélioration  ne  tarde  pas  à  se  produire. 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  observé  le  fait  suivant  : 

Voilà  deux  enfants  qui  ne  vont  pas  bien  ;  ils  présentent  des 
troubles  gastro-intestinaux  prolongés  avec  diminution  de  poids. 
Les  deux  enfants  sont  nourris  exclusivement  au  sein  par  des 
nourrices  distinctes  ;  aucune  différence  d'âge  ou  état  parti- 
culier qui  explique  cette  intolérance.  La  prolongation  de  cet 
état,  qui  met  en  péril  la  santé  et  la  vie  de  l'enfant,  impose  des 
mesures  radicales,  au  sujet  principalement  du  changement  de 
nourrice  ;  on  passe  à  une  nourrice  l'enfant  de  l'autre,  et  i^ice 
çersâ.  Cette  épreuve  a  presque  toujours  donné,  des  résultats 
excellents  ;  dès  ce  moment,  il  se  fait  chez  les  enfants  une  véri- 
table amélioration,  qui  aboutit  bientôt  à  la  guérison. 


4.\    f^WW  •- 


l'examen  du  lait  dans  l  allaitement  .Vil 

Ceci  nous  démontre  que  les  laits  de  ces  femmes,  respecti- 
vement, n'étaient  pas  mauvais,  mais  seulement  qu'ils  n'étaient 
pas  adaptés  à  la  capacité  digestive  des  enfants.  D'un  autre 
côté,  ces  nourrices  allaitaient  en  même  temps  d'autres  enfants 
avec  succès,  ce  qui  justifie  leur  qualité;  et  il  n'y  avait  rien,  à 
l'examen  chimique  et  microscopique,  qui  puisse  servir  à  expli- 
quer cette  anomalie. 

De  quoi  dépend  ce  défaut  d'adaptation? 

Il  est  difficile  de  l'expliquer,  comme  il  est  difficile  de  pénétrer 
toutes  les  particularités  essentielles  que  présente  l'étude  de 
l'alimentation  de  l'enfant,  où  l'on  observe,  parfois,  les  faits 
les  plus  paradoxaux.  Tout  donne  à  supposer  que  la  cause 
réside  dans  le  lait,  dont  les  propriétés  nocives  existent  pour 
certains  enfants  et  non  pour  d'autres,  pour  qui  il  peut  avoir 
des  qualités  splendides  ;  c'est  cette  affinité  intime,  que  le 
réactif  individuel  seul  met  en  évidence  et  qui  échappe  encore 
à  une  interprétation  rationnelle. 

États  pathologiques.  —  Les  maladies  de  la  nourrice  se  réper- 
cutent sur  la  sécrétion  lactée,  en  réveillant  des  altérations  qui, 
dans  bien  des  bas,  ne  peuvent  être  appréciées  par  l'analyse, 
mais  capables  de  produire  chez  l'enfant  des  réactions  anor- 
males de  divers  degrés. 

Nous  ne  prétendons  pas  étudier  complètement  les  rapports 
de  la  pathologie  avec  l'allaitement  ;  cela  nous  mènerait  trop 
loin,  mais  bien  insister  sur  les  particularités  pratiques  en  rap- 
port avec  l'objet  de  notre  thèse. 

Dans  les  maladies  aiguës,  dans  les  pyrexies  principalement  : 
grippe,  angine,  pneumonie,  etc.,  il  surgit  des  états  infectieux 
ou  toxiques,  qui  peuvent  disparaître  rapidement  si  l'on  sus- 
pend l'allaitement,  ou  se  prolonger  le  même  temps  qu'elles, 
si  Ton  continue  le  sein.  On  observe  plus  spécialement  ces  alté- 
rations dans  les  maladies  de  l'appareil  digestif,  telles  que  les 
indigestions,  les  états  gastriques,  les  infections  gastro-intes- 
tinales. Mais,  là  où  le  fait  a  sa  plus  grande  signification,  c'est 
dans  certains  états  de  la  mère,  de  caractère  toxique,  représentés 
plutôt  par  des  malaises  que  par  des  maladies,  mais  qui  agissent 
sur  l'enfant,  en  provoquant  un  trouble  gastro-intestinal  con- 
stant ;  nous  signalons  spécialement  la  dyspepsie  et  la  consti- 
pation pour  la  fréquence  avec  laquelle  elles  se  manifestent 
chez  la  femme  qui  allaite. 

Les  femmes   arthritiques,   sujettes  à  des  états  asthmati- 


r-i»    — 


542  LOUIS   MORQUIO 

formes,  à  la  céphalalgie,  ou  à  des  névralgies  fréquentes,  à  des 
migraines  périodiques,  ont  fréquemment  leurs  enfants  dyspep- 
tiques, avec  des  alternatives  d'acuité  sous  la  forme  de  vomis- 
sements 'alimentaires  et  bilieux,  d'évacuations  avec  de  gros 
grumeaux  et  de  diarrhées  verdâtres. 

Cependant  ici  encore  la  question  offre  des  particularités 
propres  ;  la  tolérance  peut  aller  très  loin,  et  nous  avons  vu,  à 
'  plusieurs  reprises,  que  la  continuation  de  l'allaitement,  dans 
des  états  fébriles  aigus,  comme  conséquences  d'angine,  de 
grippe,  de  rhumatisme,  etc.,  n'a  réveillé  chez  l'enfant  aucun 
trouble  digestif. 

Sous  ce  rapport,  il  nous  paraît  intéressant  d'exposer  l'obser- 
vation suivante,  qui  démontre  une  tolérance  complète  dans 
une  hyperthermie  vraiment  exceptionnelle. 

11  s'agit  d'une  femme  multipare  qui,  depuis  la  grossesse  de 
son  dernier  enfant,  présente  des  accès  fébriles,  caractérisés 
par  une  hyperthermie  extraordinaire.  Ces  accès  fébriles  appa- 
raissent brusquement  au  milieu  d'un  état  parfait,  par  un  léger 
frisson  au  début  ;  la  température  s'élève  rapidement  jusqu'à 
atteindre  le  maximum  en  peu  de  temps  ;  la  colonne  thermo- 
métrique se  remplit  dans  un  thermomètre  marque  PiUitzer, 
dont  le  maximum  est  de  44^  ;  mais  il  reste  encore  un  espace 
de  2o,  plus  ou  moins,  avant  d'arriver  à  la  limite  ;  de  sorte 
qu'on  calcule  que  la  fièvre  monte,  dans  ces  cas,  à  46  ou  47*^  ; 
les  thermomètres  sont  inutilisés  après  chaque  attaque  fébrile  ; 
une  seule  fois  le  thermomètre  a  été  cassé.  Cette  hyperthermie 
est  accompagnée  d'un  état  d'assoupissement  et  de  forte  sen- 
sation de  poids  à  la  tête.  Fait  très  particulier  à  signaler  :  tant 
que  dure  la  fièvre,  la  respiration  et  le  pouls  ne  se  modifient  pas: 
ils  présentent  le  nombre  correspondant  à  la  normale. 

Après  cette  fièvre,  sans  localisation  d'aucune  espèce  et  coin- 
cidant  avec  un  état  général  exceUent,  elle  se  rétablit  rapide- 
ment, et  le  lendemain  elle  est  comme  si  rien  n'était  arrivé. 
Tout  donne  lieu  de  supposer  qu'il  s'agit  d'une  réaction  parti- 
culière, exclusivement  nerveuse. 

Les  accès  se  répètent  de  temps  à  autre,  deux  ou  trois  jours 
de  suite,  et  durent  presque  tout  le  jour. 

Eh  bien,  cette  femme,  dont  l'unique  antécédent  patholo- 
gique à  retenir  est  qu'elle  a  eu,  il  y  a  plusieurs  années,  des 
hémoptysies  supplémentaires  de  la  menstruation,  et  qui  ne 
présente   rien    à    présent,   pouvant   être   considérée  comme 


l'examen    du    lait   dans   L  allaitement  iî^kS 

parfaitement  saine,  au  point  de  vue  général  et  local,  nourrit 
exclusivement  au  sein  sa  petite  fille,  qui  a  actuellement  dix 
mois  ;  c'est  une  créature  splendidement  développée  ;  elle  n'a 
jamais  présenté  aucun  désordre  digestif,  et  le  côté  particulier 
de  cette  observation,  c'est  que  la  mère  continue  à  l'allaiter 
durant  tout  son  état  fébrile,  sans  que  le  petite  ait  jamais 
accusé  le  moindre  malaise. 

Pour  en  finir  avec  cette  question,  nous  dirons  que  nous  avons 
examiné  à  plusieurs  reprises  le  lait  de  nourrices  au  moment 
où  elles  se  trouvaient  atteintes  d'affections  légères,  mais  qui 
coïncidaient  avec  quelques  dérangements  chez  les  enfants 
qu'elles  nourrissaient,  et  nous  n'avons  jamais  rencontré  de 
corpuscules  de  colostrum  ;  quant  à  la  réaction  oxydante,  elle 
s'est  manifestée  sous  une  forme  si  inégale  qu'elle  n'autorise 
pas  de  conclusion  importante. 

Etats  émotifs,  —  Le  système  nerveux  joue  un  rôle  capital 
dans  l'allaitement  au  sein.  Tout  le  monde  observe  l'influence 
qu'ont  les  états  émotifs,  les  simples  impressions  désagréables 
sur  la  sécrétion  lactée  et  leur  répercussion  sur  l'état  digestif 
de  l'enfant. 

11  y  a  des  femmes  qui,  par  leur  émotivité  persistante,  pro- 
voquent chez  l'enfant  des  troubles  permanents,  qui  ne  se 
modifient  que  par  le  changement  d'aliment.  Ces  altérations, 
loin  de  se  corriger,  se  maintiennent,  parce  qu'elles  exagèrent 
davantage  le  nervosisme  de  la  mère,  tombant  dans  un  cercle 
vicieux. 

Pour  cette  raison,  il  faut  prendre  garde,  chez  la  femme  qui 
allaite,  aux  impressions,  aux  états  émotifs,  préoccupations  de 
n'importe  quel  ordre,  spécialement  de  toutes  les  sensations 
affectives  de  caractère  moral  ou  psychique. 

La  manifestation  la  plus  caractéristique  qui  se  trouve  dans 
les  coliques  intestinales  des  petits  enfants,  que  nous  avons 
décrites,  au  commencement,  c'est  une  modalité  clinique  par- 
ticulière, toujours  la  même,  et  toujours  de  la  même  origine, 
facile  pour  cela  à  mettre  en  évidence  et  à  interpréter. 

Quelle  est  la  cause  de  ce  syndrome  douloureux?  On  examine 
le  lait  de  la  mère,  même  à  plusieurs  reprises,  et  l'on  ne  peut 
signaler  rien  d'anormal;  on  purge  l'enfant,  on  lui  donne  des 
lavements,  de  l'eau  de  Vichy,  de  la  pepsine,  etc.,  et  l'état 
continue  ;  de  temps  en  temps  on  note  des  accalmies  passagères. 

Mais  étudions  la  mère.  C'est  presque  toujours  une  primipare, 


r>i4  LOUIS   MOUQUIO 

d'un  milieu  social  aisé  ;  affective,  extrêmement  impression- 
nable; comme  cause  occasionnelle,  l'intervention  d'étrangers  et 
de  parents  avec  des  conseils  ou  des  préjugés  l'excitant  davan- 
tage ;  au  lieu  de  la  calmer  et  de  la  suggestionner  dans  un  sens 
favorable,  tout  conspire  à  empirer  la  situation,  et  avec  elle 
celle  de  l'enfant. 

Il  y  a  des  toxines  nerveuses,  q«i  s'extériorisent  par  le  spasme 
douloureux  de  l'intestin,  de  même  que,  chez  d'autres  enfants, 
elles  provoquent  le  vomissement  par  spasme  du  pylore.  La 
douleur  est  indépendante  de  la  diarrhée  verdâtre  ;  beaucoup 
d'enfants  ont  une  diarrhée  verdâtre  prolongée,  mais  sans  dou- 
leur ;  en  échange,  il  y  en  a  d'autres  qui  ont  de  la  douleur,  et 
les  évacuations  sont  parfois  jaunes.  De  sorte  que  le  côté  par- 
ticulier de  ces  faits,  c'est  la  douleur  provoquée  par  le  spasme 
intestinal  ;  les  moments  de  répit,  chez  l'enfant,  correspondent 
presque  toujours  à  des  états  transitoires  de  tranquiUité  chez 
la  mère. 

Nous  pouvons  ajouter  l'exemple  suivant,  que  nous  consi- 
dérons comme  significatif,  en  faveur  de  l'influence  du  nervo- 
sisme  sur  ces  états.  Malgré  la  fréquence  avec  laquelle  on  observe 
hors  de  l'hôpital  ces  manifestations,  à  la  «  Crèche  »,  où  les 
nourrices  vivent  toujours  au  milieu  du  plus  grand  repos  moral 
et  psychique,  on  entend  exceptionnellement  pleurer  un  enfant, 
malgré  la  fréquence  des  évacuations  verdâtres  et  malgré  aussi 
les  différences  considérables,  très  communes,  entre  l'âge  du 
lait  et  celui  de  l'enfant. 

Cette  manifestation  est  très  rebelle  à  la  guérison  tant  que 
persiste  la  cause  ;  elle  disparaît  spontanément  à  trois  ou  quatre 
mois  par  adaptation  ;  en  certains  cas,  elle  impose  le  changement 
de  nourrice. 

Dans  d'autres  cas,  c'est  la  dyspepsie  gastro-intestinale 
simple,  provoquée  exclusivement  par  le  nervosisme  de  la  mère. 
Il  y  a  des  femmes  qui  vivent  en  état  d'excitation  permanente, 
préoccupées  de  tout  ce  qui  touche  l'enfant  avec  une  exagéra- 
tion évidente.  Parmi  les  causes  qui  provoquent  ces  troubles, 
nous  avons  souvent  rencontré  la  balance,  instrument  dange- 
reux entre  les  mains  de  certaines  mères  ou  de  la  nourrice, 
continuellement  fixées  sur  le  résultat  du  poids. 

La  femme  qui  allaite  doit  jouir  d'une  tranquillité  absolue, 
et  surtout  se  délivrer,  autant  que  possible,  des  soucis  de  l'allai- 
tement. La  surveillance  doit  se  faire  d'une  manière  indirecte. 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  545 

jusqu'à  ce  qu'on  reconnaisse  la  nécessité  de  modifier  l'alimen- 
tation. 

Ces  troubles,  plus  ou  moins  sérieux,  auxquels  on  peut  en 
ajouter  d'autres  d'un  caractère  infectieux  et  toxique  qui 
peuvent  reconnaître  la  même  cause,  ne  modifient  pas  visiblement 
le  lait. 

Ces  jours-ci,  nous  avons  vu  un  enfant,  continuellement  dys- 
peptique, nourri  exclusivement  par  la  mère,  pleine  de  préoc- 
cupations et  de  soucis  excessifs,  mère  dyspeptique  et  nerveuse 
à  l'excès.  Un  état  émotif  de  la  mère  a  produit  chez  l'enfant  un 
état  infectieux,  caractérisé  par  de  la  fièvre,  de  la  diarrhée 
verte,  fétide,  avec  gros  grumeaux  blancs. 

L'examen  chimique  et  microscopique  du  lait  a  donné  le 
résultat  suivant  : 

Beurre 39  p.  1 000. 

Matières  albuminoïdes 15        — 

Lactose 70        — 

Globules  gras  moyens;  pas  de  corpuscules  de  colostrum. 

Comme  on  voit,  on  ne  peut  exiger  une  analyse  plus  normale  ; 
néanmoins  la  persistance  de  l'état  infectieux,  qui  s'aggravait 
chaque  fois  que  la  mère  donnait  le  sein,  rendit  nécessaire  de 
recourir  à  une  nourrice  pour  améliorer  la  situation. 

Par  conséquent,  ici  non  plus  nous  ne  trouvons  pas,  dans 
l'examen  du  lait,  une  explication  satisfaisante  du  phénomène 
si  commun  des  désordres  digestifs  chez  l'enfant,  ceux-ci  coïn- 
cidant avec  des  états  émotifs  de  la  mère. 

Nous  n'avons  vu  que  la  relation  du  nervosisme  avec  l'appa- 
reil digestif  ;  mais  les  émotions,  les  états  moraux,  ont  aussi 
d'autres  manifestations  parmi  lesquelles  se  détachent,  par  leur 
importance,  les  convulsions  chez  les  enfants,  isolées  ou  répé- 
tées, selon  l'intensité  et  la  persistance  de  la  cause  occasionnelle. 

Menstruation.  —  Rien  de  plus  intéressant  que  les  faits  d'obser- 
vation, par  rapport  aux  relations  de  la  menstruation  avec 
l'allaitement. 

Nous  avons  déjà  dit  que  16,5  p.  100  de  nos  nourrices  ont  pré- 
senté la  menstruation  :  toutes,  après  plusieurs  mois  de  séjour 
au  service.  La  proportion  est  peut-être  plus  forte,  si  l'on  consi- 
dère que  plusieurs  se  sont  retirées  avant  le  temps  ordinaire 
où  se  développe  cette  fonction. 

Or,  dans  la  plupart  des  cas,  la  menstruation  passe  sans  plus 
de  signification  pour  l'enfant.  Il  se  présente  quelquefois  des 

Arch.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X.  —  35 


540  LOUIS   MORQUIO 

troubles  digestifs  sans  importance  :  diarrhée  verte,  coliques, 
malaise,  insomnie,  qui  durent  trois  ou  quatre  jours,  sans  plus 
de  modifications  pour  l'état  général  ;  cela  est  commun,  surtout 
dans  l'allaitement  par  la  mère. 

Dans  d'autres  cas,  la  menstruation  est  accompagnée  de  phé- 
nomènes plus  considérables  et  même  d'affections  graves. 

Ces  états  peuvent  être  transitoires  ;  ils  durent  quelques 
jours  et  disparaissent  ;  dans  d'autres  cas,  ils  acquièrent  un  tel 
degré  de  gravité  et  de  persistance  que  le  changement  de  sein 
s'impose,  quand  même  le  nourrisson  serait  allaité  par  la  mère. 
Le  fait  devient  plus  évident,  parce  que,  en  général,  il  s'agit 
d'enfants  nourris  parfaitement  jusqu'à  sept  ou  huit  mois  et 
plus  ;  apparaît  la  menstruation,  et  avec  elle  la  maladie,  qui 
peut  acquérir  une  grande  importance. 

Les  exemples  abondent  ;  nous  en  prendrons  quelques-uns 
de  récents. 

Une  mère  multipare  a  nourri  son  enfant  jusqu'à  présent,  il 
a  dix  mois  ;  brusquement,  sans  que  l'enfant  eût  pris  autre 
ehose  que  le  sein,  il  présente  du  malaise,  des  vomissements  et 
ensuite  une  diarrhée  sanguinolente  ;  en  même  temps  apparaît 
la  menstruation  ;  l'enfant  continue  plusieurs  jours  à  avoir  de 
la  fièvre,  de  la  diarrhée,  etc.  ;  il  s'améliore  avec  la  disparition 
du  flux  mensturel. 

Une  autre  femme,  secundipare,  présente  sa  première  mens- 
truation au  huitième  mois.  L'enfant,  très  sain,  nourri  seule- 
ment au  sein,  s'éveille  le  matin  sans  appétit  et  se  plaignant. 
L'après-midi  39®,  évacuations  vertes.  Il  est  agité,  inquiet.  Huile 
de  ricin.  Nuit  mauvaise,  température  en  baisse.  Le  lendemain, 
37^,3,  évacuations  verdâtres  et  fétides  ;  l'après-midi,  39**:  on 
suspend  le  sein  ;  la  nuit,  40®.  Température  toujours  rectale. 
Le  jour  suivant,  il  se  réveille  avec  39'' ,5,  prend  un  peu  de  sein, 
un  bain,  des  lavements  ;  il  est  gai.  Mère  au  quatrième  jour  de 
la  menstruation  ;  à  midi,  40®.  L'aprè-midi,  il  se  trouve  un  peu 
mieux,  il  tète  chaque  trois  heures  ;  il  arrive  à  38®,5  ;  même 
traitement.  Il  dort  bien  :  le  matin  il  est  gai,  ventre  mou,  quelques 
coliques,  langue  saburrale.  A  midi,  40®,5.  Calomel,  0,06.  11  a 
deux  évacuations  jaunes,  fétides  ;  il  est  fatigué,  abattu  ;  à 
sept  heures  après-midi,  38® ,6.  Tout  le  jour,  diète  hydrique. 
Menstruation  à  son  terme.  Le  lendemain,  il  se  réveille  sans 
fièvre  ;  état  général  excellent  ;  il  tète  chaque  trois  heures.  La 
menstruation  a  cessé,  l'enfant  ne  présente  plus  rien. 


L*EXAMEN    DU    LAIT   DANS   l'aLLAITEMENT  547 

Examen  du  lait  :  4  grammes  p.  100  de  graisse,  globules 
gras  de  différentes  grosseurs,  réaction  oxydante  négative  ;  pas 
de  corpuscules  de  colostrum. 

Autre  exemple.  —  Mère  multipare,  allaite  son  enfant  de  huit 
mois  qui  s'est  trouvé  très  bien  jusqu'alors.  Manifestations 
gastro-intestinales  qui  se  déclarent  à  la  dentition  ;  on  le  met  à 
la  diète  hydrique  ;  il  s'améliore,  recommence  à  téter  et  s'ag- 
grave ;  le  tableau  est  sérieux,  il  prend  l'aspect  de  la  gastro- 
entérite toxique  ;  à  ce  moment  se  déclare  la  menstruation 
chez  la  mère  ;  c'est  la  première  fois  qu'elle  apparaît.  De  nou- 
veau diète  hydrique  ;  il  continue  ainsi  plusieurs  jours  avec  des 
alternatives,  et,  vu  l'état  de  gravité,  caractérisée  par  des 
vomissements  répétés,  de  l'inquiétude,  des  évacuations  ver- 
dâtres  fétides,  de  l'anorexie,  par  son  aspect  général  qui  fait 
craindre  la  méningite  et  continue  après  que  la  menstruation 
a  cessé,  on  change  de  sein,  et,  dès  ce  moment,  le  nourrisson 
commence  à  s'améliorer  jusqu'à  sa  complète  guérison. 

Si  cela  arrive  avec  la  mère,  le  fait  est  plus  important  dans 
l'alimentation  par  la  nourrice  .  Aussi,  quand  on  la  choisit,  il 
faut  tenir  compte  de  cette  condition.  Il  y  a  des  nourrices  dont 
la  menstruation  est  tolérée  sans  grand  inconvénient,  mais,  en 
échange,  il  y  en  a  d'autres  qui  provoquent  chez  l'enfant  des 
troubles  qui  peuvent  être  sérieux  ;  nous  en  avons  vu  quelques- 
unes  où  les  mêmes  phénomènes  intenses  se  répétaient  à  chaque 
menstruation,  nécessitant  le  changement. 

Or,  cette  modification  que  supporte  le  lait,  en  devenant 
profondément  nocif  pour  l'enfant,  correspond-elle  à  des  alté- 
rations chimiques  et  microscopiques  appréciables  ? 

Dans  quelques  cas,  ces  altérations  existent  évidemment, 
caractérisées  principalement  par  la  présence  de  corpuscules 
de  colostrum  et  la  réaction  oxydante  positive  ;  mais,  dans 
d'autres,  peut-être  plus  nombreux,  d'après  nos  observations, 
il  n'y  a  aucune  espèce  de  modification. 

Nous  citerons  les  deux  exemples  suivants  de  nourrices  de 
la  «  Crèche  »,  où  l'examen  a  été  rigoureusement  fait. 

Nourrice  120,  —  C'est  une  femme  saine,  italienne,  de  vingt-huit 
ans,  qui  a  eu  quatre  enfants  ;  elle  entre  au  service  à  dix-huit  jours. 
Dans  sa  courbe,  nous  trouvons  fréquemment  des  annotations 
journalières  de  2  400,  2  500,  2  600  grammes  de  lait.  Le  20  février, 
à  un  an  d'âge  du  lait,  nous  trouvons  la  quantité  suivante  : 
2680  grammes. 


548  LOUIS   MOUQUIO 

Examen  microscopique.  —  Globxiles  gras  abondants  de  toute 
grosseur. 

Elle  allaite  trois  enfants  :  un  de  deux  mois  vingt-trois  jours, 
qui  prend  en  même  temps  deux  biberons  de  lait  de  vache  de 
90  grammes  ;  un  de  vingt-quatre  jours  ;  un  de  seize  jours. 

Elle  est  en  menstruation  depuis  hier.  Jusqu'à  ce  moment, 
elle  était  considérée  comme  une  excellente  nourrice  ;  tous  les 
enfants  augmentaient  de  poids,  sans  dérangements  d'aucune 
espèce.  Un  examen  chimique  du  lait  avait  donné  quelques 
jours  avant  :  graisse,  3,90;  matières  albuminoïdes,  1,65;  lac- 
tose, 6,90  ;  inutile  de  dire  que  les  proportions  de  ces  composants 
ne  peuvent  être  plus  normales. 

Néanmoins,  cette  nourrice,  qui  a  sa  seconde  menstruation 
le  16  mars,  est  obligée  de  sortir  du  service  le  22  du  même  mois, 
avec  la  note  suivante  : 

«  Attendu  que  le  lait  est  nocif  pour  les  enfants  qu'elle  nour- 
rit, car  ils  diminuent  de  poids  et  présentent  des  troubles  diges- 
tifs sérieux.  Les  enfants  qui  ne  progressaient  pas  avec  cette 
nourrice  se  sont  améliorés  rapidement  avec  une  autre.  » 

Nourrice  157.  —  Italienne  de  vingt-quatre  ans,  multipare, 
entre  au  service  à  quinze  jours  de  l'accouchement. 

Nous  trouvons  annotées  les  quantités  suivantes  de  lait  par 
jour  :  1  700, 1  800,  1  940,  2  020,  2  180,  2  210  et  2  340  grammes 
comme  maximum. 

Nourrice  considérée  comme  très  bonne  ;  elle  allaite  conti- 
nuellement deux  ou  trois  enfants.  La  quantité  de  graisse 
oscille,  dans  les  divers  examens  journaliers,  entre  3  et  5  p.  100; 
les  annotations  sur  l'examen  microscopique  sont  très  variables, 
comme  dans  tous  les  cas.  Également,  la  réaction  oxydante,  qui 
se  manifeste  quelquefois,  est  faible  ;  pas  de  corpuscules  de 
colostrum. 

En  octobre,  à  huit  mois,  elle  fait  sa  première  menstruation, 
laquelle  se  répète  tous  les  mois,  sans  changement,  durant 
environ  cinq  jours  ;  l'état  de  la  nourrice  se  maintient  bon  : 
rien  n'a  changé  en  elle  en  apparence,  mais  la  qualité  de  son 
lait  s'est  transformée,  sans  que  l'examen  découvre  rien  de 
particulier. 

En  janvier,  les  enfants  qu'elle  nourrit  tombent  malades 
(menstruation)  et  présentent  rapidement  un  état  grave  ;  un 
d'eux  succombe  :  c'est  un  état  toxique,  avec  dépression,  anurie, 
vomissements  répétés,  évacuations  verdâtres  et  aqueuses. 


l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  540 

Les  enfants  furent  passés  à  la  nourrice  184,  dans  la  forme 
suivante  : 

(  Le  18  janvier  pèse  3  880  grammes. 
2899.  \  Le  26  janvier,  change  de  nourrice,  grave,  pesant  3  200  grammes. 
(  Le  8  février,  sort  avec  3  420  grammes. 

iLe  24  janvier,  pose  3  200  grammes. 
Le  7  février,  change  de  nourrice,  grave,  pesant  2  520  grammes. 
Le  28  avril,  sort  avec  4  970 grammes. 
^  Le  31  janvier  pèse  2  920  grammes. 
2976.  )  Le  7  février  change  de  nourrice,  grave,  pesant  2  680  grammes. 
(  Le  15  mars  sort  avec  3  750  grammes. 

Nous  voyons,  par  conséquent,  que  les  toxines  de  la  menstrua- 
tion influent  sur  l'enfant,  en  provoquant  un  état  grave,  qui 
se  manifeste  par  la  diminution  considérable  du  poids  ;  nous 
voyons  aussi  que  le  changement  de  nourrice,  à  temps,  a  pu 
sauver  ces  trois  enfants  d'une  mort  certaine,  si  l'on  avait 
persisté  à  les  allaiter  par  la  même  nourrice. 

L'autre  enfant,  par  la  rapidité  et  la  gravité  des  phénomènes, 
ne  put  réussir  de  même  et  finit  par  la  mort,  avec  la  particu- 
larité que,  quelques  jours  avant,  il  avait  été  passé  à  cette 
nourrice,  parce  qu'il  présentait  continuellement  des  vomisse- 
ments et  de  la  diarrhée,  avec  diminution  de  poids,  et  le  chan- 
gement avait  rapidement  apporté  une  franche  amélioration. 

Enfant  2  882,  qui  entre  le  10  novembre  1905  âgé  de  quelques 
heures,  pesant  2  120  grammes.  Il  a  de  fréquents  troubles  diges- 
tifs, principalement  le  vomissement  pour  défaut  d'adaptation, 
oscille  beaucoup  dans  le  poids,  jusqu'à  ce  que,  le  20  décembre, 
il  passe  à  la  nourrice  157,  pesant  2  870  grammes.  Les  vomisse- 
ments cessent  tout  de  suite. 

Le  26  décembre 3  000  grammes. 

lie    7  janvier 3  150        — 

Le  15    —     3  250        — 

Le  19    —     3  250        — 

On  est  surpris  de  voir  que  le  poids  se  maintient  le  même  ; 
l'enfant  est  triste  ;  quelques  évacuations  verdâtres. 

Le 20 janvier...     Nourrice,  menstruation. 
■         U  21     —     ...     L*enfant  a  cinq  évacuations,  faciès  abattu,  déprimé,  refuse  de 
I  téter,  39».  Sérum  artificiel, 

j         U  22     —     ...     Six  évacuations  fétides. 

Le  23     —     ...     Pèse  2  600  grammes. —  Très  grave.  —  La  diarrhée  continue.  — 
État  toxique.  —  A  baissé  de  550  grammes  en  quatre  jours.  —  39'>. 

11  continue  ainsi  jusqu'à  sa  mort  le  26,  avec  des  phénomènes 
de  gastro-entérite  toxique. 


1 


550  LOUIS   MORQUIO 

La  nourrice  sort  du  service  avec  cette  annotation  : 

«  Cette  nourrice  était  bonne  pour  toute  classe  d'enfants  et 
s'est  maintenue  telle  jusqu'à  l'apparition  de  la  menstruation. 
Depuis  lors  les  qualités  du  lait  se  sont  modifiées  ;  tous  les 
enfants  sont  tombés  malades  avec  des  troubles  digestifs  et 
des  états  toxiques  graves.  » 

Il  n'y  a  aucun  doute  qu'il  doit  exister  une  modiflcation 
profonde  du  lait,  puisque  la  menstruation  change  si  radica- 
lement les  conditions  d'une  nourrice;  mais  nous  ne  trouvons 
d'explication,  ni  dans  la  composition  chimique,  puisqu'elle 
nous  fait  voir  que  le  buerre  et  la  caséine  peuvent  se  présenter 
dans  les  conditions  normales,  ni  dans  l'examen  microscopique, 
qui  nous  offre  une  formule  uniforme  non  distincte  des  autres 
moments,  ni  dans  la  présence  de  corpuscules  de  colostrum, 
qui  n'existent  que  dans  certains  cas,  ni  dans  la  réaction  oxy- 
dante, qui  ne  s'est  pas  rencontrée  précisément  dans  les  acci- 
dents toxiques,  etc. 

Les  altérations  que  subit  le  lait  dans  ces  cas  sont  principa- 
lement d'ordre  biologique,  et  leur  analyse,  pour  être  exacte, 
devrait  nous  porter  à  une  investigation  de  la  capacité  toxique 
du  lait.  Là  peut-être  nous  trouverions  l'explication  du  phéno- 
mène. 

On  doit  observer  encore  que  ces  faits  se  produisent  presque 
exclusivement  en  été,  dans  les  mois  de  janvier  et  février,  la 
chaleur  étant,  par  conséquent,  la  cause  efficiente  des  propriétés 
toxiques  que  prend  le  lait  dans  certains  cas  de  menstruation. 

Nous  terminerons  par  la  conclusion  suivante  : 

Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  il  est  impossible 
d'établir  aucune  relation  au  point  de  vue  général  entre  l'exa- 
men du  lait  et  les  conditions  d'adaptation  de  l'enfant. 

L'enfant  continue  à  être  l'unique  réactif  de  la  qualité  du 
lait  de  femme,  lequel  se  modifie  en  certaines  circonstances 
jusqu'à  devenir  nocif,  sans  que  sa  composition  chimique  et 
microscopique  nous  fournisse  l'interprétation  du  fait. 


REVUE  GÉNÉRALE 


VARIATIONS  LEUCOCYTAIRES  EN  CLINIQUE  INFANTILE 

L'examen  du  sang  acquiert  de  jour  en  jour  une  valeur  plus  grande 
pour  le  diagnostic  et  le  pronostic  des  processus  morbides.  Les  appli- 
cations cliniques  de  l'hématologie  sont  journalières,  et  il  importe 
qu'on  se  livre  de  plus  en  plus  à  deâ  investigations  dont  la  technique 
«st  assez  aisée,  quoique  très  minutieuse. 

Pour  ce  qui  regarde  seulement  les  leucocytes  et  leurs  variations 
dans  les  processus  morbides,  la  clinique  infantile  peut  grandement 
bénéficier  d'une  étude  suivie  de  la  formule  leucocytaire  dans  le 
sang  des  malades. 

Dans  un  travail  très  documenté  (69  observations),  le  D^  Mamerto 
Acuna  nous  montre  tous  les  services  que  les  examens  répétés  du 
sang  peuvent  rendre  aux  médecins  d'enfants  (1). 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  d'exposer  les  principales  données 
de  l'important  mémoire  de  notre  confrère  argentin. 

L'examen  du  sang  devrait  avoir  droit  de  cité  dans  toutes  les 
cliniques,  au  même  titre  que  l'examen  des  crachats,  des  urines,  du 
pouls,  etc.  Pour  avoir  une  valeur  réelle,  cet  examen  sera  complet, 
tenant  compte  des  caractères  distinctifs  des  globules  rouges,  des 
globules  blancs,  de  l'hémoglobine.  Les  autres  investigations  (étude 
du  plasma,  résistance  globulaire,  cryosoopie)  appartiennent  au  labo- 
ratoire plus  qu'à  la  clinique  courante.  Pour  porter  tous  leurs  fruits, 
les  examens  seront  essentiellement  cliniques,  c'est-à-dire  rapportés 
au  malade  plus  qu'à  la  maladie. 

L'étude  des  leucocytes  offre  surtout  un  grand  intérêt  ;  la  déter- 
mination de  leurs  variaions  quantitatives  et  qualitatives,  de  la 
formule  leucocytaire,  peut  avoir  une  grande  utilité  pour  le  diagnostic 
et  le  pronostic.  Cela  est  en  rapport  avec  le  rôle  joué  par  les  leuco- 
cytes dans  la  défense  de  l'organisme. 

Les  réactions  leucocytaires  varient  d'ailleurs  suivant  la  nature 
et  la  virulence  des  microbes,  comme  aussi  suivant  les  moyens  de 
défense  dont  l'organisme  dispose.  Ces  réactions  ont  la  valeur  d'un 
symptôme  pouvant  être  utilisé  au  bénéfice  de  l'enfant,  et  elles  ne 

(1)  Df  Mamerto  Acuna,  Valor  semiologico  y  clinico  de  las  variaciones  leu- 
cocitarias  en  los  procesos  môrbidos  (Argentina  medica,  déc.  1906). 


552  REVUE   GÉNÉRALE 

suffisent  pas  à  elles  seules  pour  caractériser  une  maladie  ;  elles  per- 
mettent d'orienter  le  diagnostic  vers  un  groupe  d'affections  que  la 
clinique  individualisera  ensuite. 

Pour  tirer  profit  de  cette  donnée,  il  faut  répéter  les  examens  et 
dresser  en  quelque  sorte  une  courbe  leucocytaire  de  chaque  cas. 
Un  examen  isolé  n'a  pas  plus  de  signification  qu'une  température 
prise  une  fois  par  hasard.  En  multipliant  les  examens,  on  peut  établir 
le  cycle  de  la  maladie,  mesurer  l'état  de  la  défense  et  déterminer 
ainsi  le  moment  opportun  pour  appuyer  cette  défense  par  une 
intervention  plus  ou  moins  énergique. 

On  ne  saurait  prétendre  tirer  d'un  examen  unique  et  isolé  des 
indications  fondamentales  pour  l'étude  des  maladies. 

Les  variations  leucocytaires  peuvent  s'apprécier  en  un  certain 
nombre  de  formules,  qui,  d'ailleurs,  ne  sont  pas  spéciales  à  telle  ou 
telle  maladie,  mais  plus  souvent  communes  à  un  groupe,  à  une 
catégorie  d'affections  morbides.  Ces  réserves  faites,  la  valeur  séméio- 
logique  des  réactions  leucocytaires  peut  s'appliquer  au  diagnostic, 
au  pronostic,  au  traitement. 

Diagnostic.  —  L'étude  de  la  formule  hémo-leucocytaire  per- 
mettra de  séparer  immédiatement  les  affections  à  hyperleucocytose 
de  celles  qui  s'accompagnent  d'une  réaction  leucocytaire  modérée 
comme  des  états  leucémiques.  Il  existe  des  groupes  d'affections  à 
formules  leucocytaires  bien  définies,  avec  augmentation  de  poly- 
nucléaires, de  mononucléaires  ou  d'éosinophiles. 

La  leucocytose  polynucléaire^  très  commune,  s'observe  dans  les 
infections  et  inflammations  aiguës,  les  suppurations  chaudes  des 
parenchymes  et  des  séreuses,  avec  diapédèse  intense  et  exsudation 
abondante  de  fibrine  :  pneumonie,  bronchopneumonie,  érysipéle, 
scarlatine,  diphtérie,  rhumatisme,  etc.  Elle  est  plus  intense  dans 
les  affections  franchement  suppuratives  (appendicite,  pleurésie) 
que  dans  les  affections  exsudatives  (rhumatisme,  blennorragie). 

Pour  le  diagnostic  des  suppurations,  c'est  un  symptôme  plus 
sensible  et  plus  sûr  que  l'étude  du  pouls  et  de  la  température  ; 
font  exception  à  cette  règle  les  foyers  enkystés  à  liquide  stérile. 

Donc  l'hyperleucocytose  permettra  de  dépister  une  suppuration 
cachée.  Elle  permettra  de  distinguer  la  pneumonie  de  la  grippe  et 
du  pneumotyphus  ;  la  pleurésie  purulente  des  épanchements  séreux  ; 
la  méningite  cérébro-spinale  de  la  méningite  tuberculeuse  ;  la  scar- 
latine des  éruptions  scarlatiniformes  et  morbilliformes  ;  l'appendicite 
aiguë  de  la  fausse  appendicite. 

Bien  plus,  l'étude  attentive  de  la  courbe  leucocytaire  permettra 
parfois  de  distinguer  des  affections  très  voisines,  la  pneumonie  de 
la  bronchopneumonie  pseudo-lobaire  et  de  la  apléno-pneumonie. 

Dans  les  maladies  à  hyperleucocytose,  l'évolution  de  la  courbe 
leucocytaire  est  parallèle  à  la  courbe  générale  de  la  maladie.  Elle 


VAKIATIONS   LEUCOCYTAIRES   EN    CLINIQUE    INFANTILE  553 

descend  brusquement  dans  les  affections  cycliques  comme  la  pneu- 
monie, par  lysis  dans  celles  dont  la  défervescence  est  lente  et  graduelle. 

La  leucocytose  mononucléaire  caractérise  tout  un  groupe  d'affec- 
tions bien  définies  :  coqueluche,  oreillons,  rubéole,  variole,  etc.  Elle 
a  une  valeur  séméiologique  moins  importante  à  cause  de  la  spécificité 
bien  connue  des  maladies  dans  lesquelles  on  la  rencontre.  Elle  peut 
permettre  cependant  de  distinguer  la  rougeole  et  la  variole  de  la 
scarlatine  avant  l'éruption,  la  coqueluche  des  simples  bronchites 
et  des  adénopathies  médiastines  à  syndrome  coqueluchial. 

L'éosinophilie  peut  rendre  de  grands  services  en  clinique  pour 
juger  de  la  nature  d'une  tumeur  ou  des  causes  d'une  anémie.En  pareil 
cas,  la  constatation  d'une  éosinophilie  positive  aura  la  valeur  d'un 
symptôme  pathognomonique.  Elle  est  positive  dans  plusieurs  intoxi- 
cations et  maladies  chroniques  :  tuberculine,  maladies  de  peau, 
lèpre,  asthme,  etc.  Dans  l'ankylostomiase  et  la  botriocéphaliase, 
elle  se  rencontre  90  à  95  fois  p.  100  ;  elle  est  moins  constante 
et  moins  prononcée  dans  la  trichine,  les  ascarides,  les  ténias.  D'après 
Mamerto  Acuna,  elle  pourrait  servir  au  diagnostic  des  kystes 
hydatiques  (80  fois  sur  100).  Dans  10  p.  100  des  cas,  elle  manque  ; 
dans  les  10  cas  restants,  elle  est  discrète  (3  à  4  p.  100)  ;  elle 
dépasse  5  p.  100  dans  les  80  autres  cas. 

Donc  l'éosinophilie,  si  elle  est  positive,  pourra  permettre,  associée 
à  d'autres  symptômes,  d'affirmer  l'existence  d'un  kyste  hydatique  ; 
si  elle  est  négative,  elle  fera  repousser  ce  diagnostic. 

Uhypoleucocytose  se  voit  dans  la  fièvre  typhoïde,  le  paludisme, 
la  rougeole,  certaines  anémies,  etc.  Elle  permet  de  séparer  la  fièvre 
typhoïde  de  la  pneumonie  adynamique,  de  la  granulie,  de  la  grippe, 
de  l'embarras  gastrique  fébrile,  etc.  La  fièvre  typhoïde  et  les  para- 
typhoïdes  se  caractérisent  par  la  diminution  des  globules  blancs  et 
par  la  mononucléose,  tandis  que  la  polynucléose  domine  toujours 
dans  les  états  typhoïdes  des  autres  maladies. 

La  courbe  leucocytaire  est  variable  dans  la  syphilis,  la  tuberculose, 
les  tumeurs  malignes,et  l'on  peut  rencontrer  tour  à  tour  la  polynucléose 
ou  la  mononucléose,  suivant  l'intervention  de  germes  associés,  etc. 
La  réaction  leucocytaire,  dans  ces  maladies,  n'en  dépend  pas 
directement  ;   elle   est  subordonnée   à   dés   causes    accidentelles. 

Dans  les  leucémies^  l'étude  des  globules  blancs  a  une  très  grande 
valeur  ;  elle  permet  de  séparer  ces  états  des  leucocytoses  simples, 
des  anémies  pernicieuses,  etc.  Elle  a  permis  de  comprendre  les  variétés 
pseudo-leucémies,  anémies  spléniques  dans  le  groupe  des  leucémies 
vraies  (leucémies  aleucémiques,lymphocythémies  aleucémiques,etc.). 

Pronostic.  —  Pour  chaque  maladie,  il  existe  une  formule  hémo- 
leucocytaire moyenne  qui  constitue  par  sa  régularité  et  sa  constance 
un  véritable  équilibre  pathologique.  Dans  les  maladies  à  hyperleu- 
cocytose,  une  leucocytose  d'intensité  moyenne  est  de  pronostic  f  avo- 


554  REVUE   GÉNÉRALE 

rable,  témoignant  en  faveur  d'une  bonne  défense  de  l'organisme. 

Toute  modification  de  cet  équilibre  en  plus  ou  en  moins  sera  de 
mauvais  augure. 

Les  hyperleucocytoses  intenses,  excessives,  de  même  que  les  h3rpo- 
leucocytoses,  sont  des  indices  de  haute  gravité,  de  virulence  extrême. 
Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  le  pronostic  est  également 
grave  ;  la  seule  différence  est  que,  dans  le  premier  cas,  l'organisme 
succombe  malgré  une  défense  énergique,  tandis  que,  dans  le  second, 
il  meurt  sans  combat,  paralysé  dans  ses  moyens  de  défense  par  Tin- 
tensité  de  l'infection.  Dans  les  affections  accompagnées  de  faible 
réaction  leucocytaire  ou  de  leucopémie,  une  diminution  rapide  des 
globules  blancs  est  de  pronostic  grave  ;  l'apparition  d'hyperleucocy- 
tose  est  grave  aussi,  comme  révélant  une  complication. 

Toute  déviation  dans  la  courbe  générale  d'une  affection  implique 
une  aggravation  ou  une  complication.  Par  exemple,  si  la  courbe 
leucocytaire,  dans  sa  marche  descendante,  présente  tout  à  coup 
une  ascension  forte,  cela  indique  une  recrudescence  du  processus 
{érysipèle,  rhumatisme),  ou  une  extension  (pneumonie  double),  ou 
la  réinfection  d'un  foyer  de  suppuration. 

L'éosinophilie  a  aussi  sa  valeur  pronostique.  Sa  disparition  com- 
plète dans  le  sang,  au  cours  d'une  maladie  infectieuse,  aggrave  le 
pronostic  ;  sa  disparition  incomplète  est  plus  favorable.  Son  appa- 
rition graduelle  au  cours  d'une  maladie  est  le  plus  sûr  prodrome 
de  la  convalescence  ;  elle  augmente  parfois  jusqu'à  constituer  une 
crise  de  convalescence. 

Traitement.  —  Le  traitement  est  appelé  à  bénéficier  de  l'étude  de 
la  courbe  leucocytaire.  Si,  dans  une  tumeur,  sur  la  nature  de  laquelle 
plane  un  doute,  on  a  trouvé  une  éosinophilie  franche,  ce  seul  fait  devra 
pousser  à  l'intervention  chirurgicale  (foie,  rein,  etc.)  ;  et  on  saura 
que,dans  l'immense  majorité  des  cas,il  s'agit  de  tumeur  à  échinocoques. 

Si  les  tumeurs,  de  diagnostic  incertain,  s'accompagnent  d'une 
forte  leucocytose,  il  faudra  aussi  intervenir  ;  car  il  s'agit  d'une 
collection  purulente  (abcès  du  foie,  du  rein,  du  cerveau,  appendicite 
suppurée,  etc.).  Quand  les  tumeurs  s'accompagnent  de  lymphocytose 
intense  ou  de  myélémie  (leucémies),  la  découverte  de  cette  formule 
leucocytaire  sera  une  contre-indication  formelle  à  toute  intervention 
opératoire.  Par  contre,  la  radiothérapie  sera  indiquée. 

Dans  les  affections  à  hyperleucocytose,  une  h3rpoleucocytose 
coïncidant  avec  un  état  grave  (forme  hypertoxique  d'appendicite, 
septicémies,  etc.)  fera  ajourner  toute  intervention,  l'organisme  ne 
pouvant  supporter  le  choc  opératoire  dans  l'état  d'inhibition  où  se 
trouvent  ses  moyens  de  défense. 

On  voit  que  les  conclusions  du  savant  mémoire  de  M.  Mamerto 
Acuna  sont  utilisables  pour  la  pratique  courante  ;  à  ce  titre,  elles  méri- 
taient d'être  mises  en  relief  et  portées  à  la  connaissance  de  nos  lecteurs. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 


Two  cases  of  purpura  hamorrhagica  neon^tomm  (Deux  cas  de 
purpura  hémorragique  des  nouveau-nés),  par  le  D'  Alex.  Allan  (The 
Glasgow  Med,  Journal,  fév.  1907). 

I.  Garçon  né  le  30  septembre  1905,  d'une  primipare  bien  portante.  Le 
2  octobre,  quarante-huit  heures  après,  melœna,  sans  vomissement  ni  hé- 
matémèse.  Pâleur,  altération  des  traits,  agitation,  refus  du  sein,  douleurs 
de  ventre,  fièvre.  On  voit  bientôt  des  ecchymoses  à  la  région  ombilicale  et 
à  la  partie  supérieure  des  deux  tibias.  Les  taches  se  multiplient  ensuite 
avec  pétéchies  purpuriques  nettes.  Hypothermie,  mort.  Pas  d'ictère  ni 
cyanose,  ni  paralysie.  Pas  d'hémophilie  ni  rhumatisme  dans  la  famille. 
Le  père  nie  la  syphilis. 

II.  Enfant  né  le  7  octobre  1905  ;  le  10,  melœna,  douleurs  de  ventre, 
refus  du  sein.  Taches  purpuriques  aux  fesses,  sur  les  membres  inférieurs, 
ecchymose  à  l'épaule  droite,  au  sein  gauche.  Écoulement  sanguin  de 
l'ombilic,  un  peu  de  fièvre.  Convulsion,  mort. 

Pas  de  syphilis,  trois  autres  enfants  sains,  pas  d'hémophilie  ni  rhumatisme, 
pas  d'ictère  ni  cyanose,  pas  de  septicémie  ombilicale.  Pas  d'autopsie. 

Un  cas  de  dysostose  cléido-cranienne,  par  MM.  J.  Voisin,  R.  Voi- 
sin et  Macé  de  Lépinay  (Soc,  méd.  des  hôp,,  8  février  1907). 

Fille  née  le  5  janvier  1891,  entre  à  la  Salpfttrière  en  1903.  Père  alcoor 
lique  peut-être,  parents  morts  tuberculeux.  A  quatre  ans,  elle  aurait  eu 
une  méningite.  Maigre,  chétive,  elle  n'a  que  l^jlS  de  taille  (cyphose  et 
scoliose,  tête  enfouie  dans  les  épaules).  Front  bombé,  olympien,  bosses 
frontales  exagérées  avec  sillon  médian,  face  petite,  yeux  à  fleur  de  tête, 
nez  allongé,  aspect  de  tête  d'oiseau.  Brachycéphalie,  persistance  des 
fontanelles,  suture  sagittale  non  fermée.  Os  frontal  non  unifié.  La  fon- 
tanelle antérieure  a  10«'°,5,  la  postérieure  9  centimètres.  Pas  de  soudure 
entre  les  pariétaux  et  l'occipital.  Voûte  palatine  ogivale,  non  soudée. 
Dents  en  nombre  insuffisant  et  cariées.  Circonférence  de  la  tête  : 
53  centimètres. 

I^es  clavicules  ne  sont  presque  pas  ossifiées.  A  droite,  la  partie  osseuse, 
située  dans  le  tiers  interne,  de  la  grosseur  d'une  plume  de  corbeau,  n'a 
que  1  centimètre  et  demi.  Le  reste  de  l'os  est  ligamenteux,  et  les  parties 
sont  si  molles  que  l'os  se  déforme  à  la  pression. 

A  gauche,  la  partie  osseuse  a  2  centimètres  et  demi;  elle  est  située  à 
l'union  du  tiers  moyen  et  du  tiers  interne  ;  clavicule  flexible.  Omoplates 
non  détachées  du  thorax,  épaules  non  tombantes.  Pas  de  mouvements 
anormaux.  On  peut  rapprocher  les  deux  bras  l'un  de  l'autre,  jusqu'au 
contact  Luxation  congénitale  du  radius  en  arrière.  Poignet  plus  gros  que 


550  ANALYSES 

normalement.  Main  déjetée  en  dehors.  Intelligence  à  peu  près  normale. 

L'hérédité  n'a  pu  être  recherchée  chez  cette  enfant,  qui  était  orpheline 
et  abandonnée.  Mais  le  cas  rappelle  tout  à  fait  celui  de  MM.  Marie  et 
Sainton  par  la  persistance  des  fontanelles  et  des  sutures  crâniennes  et 
par  l'absence  d'ossification  des  clavicules. 

La  radiographie  du  crâne  a  permis  d'apercevoir  les  circonvolutions 
cérébrales. 

Variations  de  la  composition  des  laits  de  femme,  par  MM.  Barbier 
et  BoiNOT  {La  tuberculose  infantile,  15  décembre  1906). 

La  composition  du  lait  de  femme  varie  du  début  à  la  fin  d'une  tétée  ; 
elle  varie  suivant  les  heures  de  la  journée,  suivant  l'âge  du  lait,  suivant  les 
conditions  individuelles.  Deux  laits  du  même  âge,  provenant  de  deux 
femmes  différentes,  ne  sont  pas  comparables  entre  eux.  La  modificatioa 
de  l'alimentation  entraîne  une  modification  du  lait  De  même  la  fatigue 
physique  ou  cérébrale,  les  émotions,  etc.,  peuvent  agir  sur  la  composition 
du  lait.  Pour  l'analyse,  on  prend  10  centimètres  cubes  de  lait  au  début  de 
la  première  tétée  du  matin,  10  centimètres  cubes  au  milieu  de  la  tétée  de 
trois  heures,  10  centimètres  cubes  de  la  fin  de  la  tétée  de  neuf  heures  du 
soir.  C'est  dans  ce  lait  moyen  qu'on  dosera  le  beurre,  la  caséine,  la  lactose. 

A  mesure  que  le  lait  devient  plus  vieux,  on  note  une  diminution  de  la 
caséine  ;  mais  il  y  a  des  exceptions.  Le  lait  varie  aux  différentes  heures 
du  jour.  Les  laits  du  matin  sont  très  pauvres  en  beurre;  la  tétée  de  trois 
heures  révèle  une  augmentation  considérable.  La  teneur  en  caséine  est 
maxima  à  ce  moment.  Pour  la  lactose,  abondante  le  matin,  elle  fléchit 
l'après-midi  et  atteint  son  maximum  à  la  tétée  de  neuf  heures  du  soir. 
Mais  ces  variations  sont  peu  notables.  Au  cours  d'une  même  tétée,  les 
variations  du  beurre  sont  notables  ;  le  beurre  augmente  graduellement 
du  début  à  la  fin  de  la  tétée.  La  caséine  varie  moins,  la  lactose  enwre 
moins. 

Si  l'on  donne  à  une  nourrice  une  alimentation  riche  en  hydrates  de  car- 
bone et  pauvre  en  albumine,  on  augmente  le  beurre  et  la  lactose,  on 
diminue  la  caséine.  Si  l'on  donne  au  contraire  beaucoup  d'albumine 
(viande),  on  augmente  la  caséine  du  lait  et  aussi  le  beurre,  la  lactose 
restant  la  même. 

Quand  un  enfant  au  sein  présente  de  la  dyspepsie,  on  cherche  du  cdté 
de  la  quantité  de  lait  ou  du  réglage  des  tétées  ;  si  l'on  ne  peut  incriminer 
la  quantité  de  lait,  on  s'assure  de  sa  qualité  par  l'analyse.  Y  a-t-il  trop  de 
beurre  ou  de  caséine,  le  lait  est  rendu  indigeste,  et  on  cherchera  à  Taroe- 
liorer  par  le  régime  de  la  nourrice  si  la  diminution  de  la  quantité  par  tétée 
ne  suffit  pas. 

Diagnostic  par  le  rhinologiste  d'une  forme  insidiease  et  ambalatoire 
de  maladie  de  Werlhoif,  par  le  D'  E.  Escat  (Annales  des  mal.  de 
Voreille,  etc.,  février  1907). 

1.  Garçon  de  quinze  ans,  atteint  d'épistaxis  depuis  un  mois,  quand  il  se 
présente  le  5  septembre  1904.  Il  est  petit  et  débile,  anémique.  Il  raconte 
que  ses  saignements  de  nez,  apparus  sans  cause,  sans  fièvre,  ont  été  suivis 
de  melaena  et  d'hématémèse  et  même  d'otorragie.  Après  déshabillage, 
on  découvre  des  taches  de  purpura  sur  les  avant-bras,  des  ecchymoses  au 
voisinage  des  articulations.  On  dirait  qu'il  a  été  roué  de  coups.  Pas  de 
fièvre.  Souille  anémique  au  cœur. 

L'examen  des  fosses  nasales  montre  sur  les  deux  faces  du  septum  des 
taches  ecchymotiques.  On  fait  le  diagnostic  de  maladie  de  Werlhoff. 


PUBLiavTlONS   PÉIIIODIQUES  557 

Application  de  longues  mèches  d'ouate  trempées  dans  Tadrénaline  à 
1  p.  5  000  ;  on  les  renouvelle  toutes  les  douze  heures.  A  l'intérieur,  2  grammes 
de  chlorure  de  calcium  par  jour.  Guérison  le  15  septembre. 

II.  Fille  de  dix  ans,  observée  le  14  mars  1904,  a  eu,  en  huit  jours, 
trois  épistaxis  ayant  nécessité  un  tamponnement  antérieur.  Teint  chloro- 
tique.  Pas  de  fièvre.  Légère  ecchymose  nasale,  ecchymoses  de  la  base 
de  la  langue  et  sur  le  rebord  alvéolaire  à  droite.  Les  urines  auraient  été 
sanglantes.  L'examen  de  la  peau  montre  des  pétéchies  sur  les  avant- bras, 
la  jambe  droite  et  la  poitrine.  Ecchymose  très  large  sur  le  condyle  interne 
du  genou  droit  Donc  maladie  de  WerlhofT,  à  allures  insidieuses,  qui 
aurait  été  méconnue  sans  les  épistaxis.  Tampons  d'adrénaline  à  1  p.  5  000, 
chlorure  de  calcium,  puis  teinture  de  mars  tartarisée. 

III.  Enfant  de  trois  ans,  observé  en  mars  1906,  pour  des  épistaxis  à 
répétition.  Deux  mois  après,  l'enfant  revient  pour  les  mêmes  saignements 
de  nez.  Ecchymose  sur  le  front,  sur  la  joue  gauche.  L'enfant  est  très 
sujet  à  ces  taches  ;  le  moindre  choc  lui  laisse  un  bleu.  Nombreuses  ecchy- 
moses sur  le  tronc  et  les  membres.  Pétéchies  sur  les  épaules,  la  poitrine,  les 
avant-bras. 

IV'.  Garçon  de  six  ans  et  demi,  observé  en  août  1905  pour  des  épistaxis 
à  répétition;  en  même  temps  nombreuses  ecchymoses  sur  le  corps.  Mère 
ayant  présenté  les  mêmes  accidents.  Cas  douteux.  Hémophilie  ou  maladie 
de  WerlhofT. 

Ueber  die  Pathogenese  derbei  Morbus  Barlow  anftretenden  Knochen- 
yerànderangen  (Sur  la  pathogénie  des  lésions  osseuses  de  la  maladie 
de  Barlow),  par  Georg  Schmorl  (Jahrh.  /.  Kinderheilk»,  1907). 

Ce  travail  est  un  travail  de  critique  d'un  mémoire  de  Losser  sur  le 
même  sujet  paru  dans  le  même  périodique  (vol.  LXII).  Dans  ce  travail, 
l'auteur  soutenait  que  les  lésions  dépendaient  uniquement  d'hémorra- 
gies du  périoste  et  de  l'extrémité  des  os  ;  mais  il  semble  s'être  laissé 
beaucoup  trop  influencer  par  les  résultats  expérimentaux  et  a  trop  négligé 
les  résultats  publiés  des  autopsies.  On  peut  facilement  se  rendre  compte 
que  les  hémorragies,  la  transformation  de  la  moelle  lymphoïde  en  moelle 
fibreuse  et  l'atrophie  de  la  substance  osseuse  sont  des  phénomènes  liés 
ensemble  et  causés  par  une  altération  qui  frappe  les  vaisseaux  osseux, 
les  cellules  spécifiques  de  la  moelle  osseuse  et  les  ostéoplastes.  Mais  il  est 
difficile  de  se  prononcer  sur  la  nature  de  cette  altération.  Ce  n'est  que 
des  recherches  microscopiques  sur  le  système  osseux  surtout  des  jeunes 
sujets  encore  à  la  période  de  croissance  dans  le  scorbut  vrai  qui  pourront 
éclaircir  la  question. 

Zur  Pathologie  der  Barlowschen  Krankheit  (Sur  la  pathogénie  de  la 
maladie  de  Barlow),  par  le  D'  Max  Flesch  (Jahrh.  f.  Kinderheilk.,  1907). 

Dans  les  deux  cas  observés  par  l'auteur,  il  s'agissait  d'enfants  nourris 
avec  du  bon  lait,  bouiUi  pendant  peu  de  temps  avec  l'appareil  de  Soxhlet. 
La  dilution  du  lait  additionné  de  sucre  de  lait  n'étant  pas  bien  supportée, 
on  donna  des  farines.  Il  n'y  eut  de  vraies  hémorragies  que  deux  fois, 
TuD?  gingivale,  l'autre  consistant  en  une  hématurie  qui  dura  quelques 
semaines.  On  ne  donnait  que  peu  de  farine  (on  ajoutait  à  l'eau  qui  ser- 
vait à  diluer  le  lait  une  cuiller  à  thé  de  farine  d'avoine  par  litre  d'eau 
bouillie). 

L'intérêt  de  l'observation  est  dans  C3  fait  que  les  deux  enfants  avaient 
du  côté  maternel  une  forte  hérédité  diabétique  ;  les  mères  elles-mêmes 
avaient  eu,  pendant  leur  grossesse,  de  notables  quantités  de  sucre.  Cette 


558  ANALYSES 

hérédité  peut  expliquer  les  troubles  des  échanges  chez  TenfanL  Le  diabète 
jouerait  peut-être  dans  la  maladie  de  Barlow  le  même  rôle  que  la  syphilis 
dans  le  rachitisme. 

Zut  Frage  ûber  die  operative  Bahandlnng  der  Diphteriêtteoesen  dti 
Kehlkopfes  bei  Saûglingen  (Sur  la  question  du  traitement  opératoire  des 
sténoses  diphtériques  du  larynx  chez  le  nourrisson),  par  W.  Moltschaivoff 
(Jahrb,  /.   Kinderheilk,,  1907). 

La  pratique  thérapeutique  suivie  à  la  clinique  infantile  de  Moscou  est 
la  suivante  :  chaque  enfant  qui  entre  avec  des  phénomènes  de  sténose 
reçoit  aussitôt  après  son  entrée  une  injection  de  2  000-3  000  A.  unités  ; 
Tinjection  est  répétée  dans  les  vingt-quatre  heures  ;  le  malade  est  mis 
dans  une  chambre  où  on  fait  de  la  vaporisation  ;  il  reçoit  de  la  codéine» 
de  la  morphine  et,  selon  Tétat  du  cœur,  un  des  excitants  (caféine,  vin. 
valériane).  Beaucoup  de  cas  guérissent  ainsi  sans  intervention.  Si  la 
sténose  progresse  ou  si  Tenfant  entre  avec  des  phénomènes  menaçants» 
sans  attendre  l'effet  du  sérum  et  des  vaporisations,  on  intervient,  et 
d'abord  par  le  tubage. 

Jusqu'ici  on  n'a  jamais  fait  la  trachéotomie  d'emblée.  Quant  à  la 
trachéotomie  secondaire,  elle  est  regardée  comme  indiquée  dans  les  cas 
suivants  :  1^  si  après  plusieurs  essais  on  n'a  pu  arriver  à  tuber  ;  29  si  le 
tubage  n'a  pas  amendé  les  symptômes  ;  3^  si  on  ne  peut  arriver  à  détuber 
définitivement,  des  signes  de  sténose  reparaissant  à  chaque  essai,  ce  qui 
tient  à  des  ulcérations  laryngées  par  la  pression  du  tube.  L'auteur  a 
utilisé  avec  succès  les  tubes  de  O'Dwyer  et  Bokay  revêtus  de  gélatine. 
Ces  tubes  pourront  réduire  le  nombre  des  trachéotomies  secondaires 
des  «  tubards  ».  Jusqu'en  1902,  on  employait  le  tube  de  Colin  ;  mais, 
depuis,  on  s'est  trouvé  bien  de  son  remplacement  par  celui  de  Froin. 
qui  en  diffère  par  l'absence  d'obturateur. 

En  dix  ans  (de  1895  à  1904  inclusivement),  il  y  eut  308  cas,  dont  239  gué- 
ris, 69  morts,  soit  une  mortalité  de  22,4  p.  100. 107  enfants,  soit  34,7  p.  \(f*\ 
guérirent  sans  opération.  On  en  tuba  193,  dont  132  guérirent,  61  mou- 
rurent, soit  une  mortalité  de  31,6  p.  100.  L'âge  des  nourrissons  tubes 
dépassait  en  général  six  mois  ;  2  seulement  étaient  plus  jeunes. 

La  trachéotomie  secondaire  fut  employée  en  dix  ans  chez  8  malades, 
dont  5  moururent  et  3  guérirent,  soit  une  mortalité  de  62,5  p.  100. 

Si  on  compare  cette  statistique  à  celle  d'autres  auteurs,  on  voit  que 
la  mortalité  des  nourrissons  après  le  tubage  y  est  moindre  (52,4  p.  100  au 
lieu  de  chiffres  variant  de  56,5  à  76  p.  100),  alors  que  leur  mortalité 
aurait  dû  être  plus  faible,  puisqu'ils  avaient  recours  pour  tous  les  cas 
graves  à  la  trachéotomie  d'emblée  ;  cette  opération  est  le  plus  souvent 
suivie  de  mort  (jusqu'à  100  p.  100  de  mortalité). 

La  principale  objection  au  tubage  du  nourrisson  est  sa  difficulté: 
mais  cette  difficulté  ne  peut  être  appréciée  qu'après  qu'on  l'a  tentée. 

On  lui  a  aussi  reproché  la  gêne  qu'il  apporte  à  l'alimentation  ;  mais 
c'est  là  un  inconvénient  qui  ne  se  manifeste  qu'à  un  degré  léger.  Quant 
à  la  réceptivité  vis-à-vis  des  infections  secondaires,  elle  n'est  pas  moindre 
après  la  trachéotomie. 

Obstipation   infolge  Darmabknickang  Beitrag  zor   Lehre  von  der 

sogenannten«  Hirschsprungschen  Krankheit  »  (Constipation  par  suite  de 
coudure  intestinale.  Contribution  à  l'étude  de  ce  qu'on  appelle  maladie 
de  Hirschsprung),  par  Rico  Pfisterer  (Jahrb.  f.  Kinderkeilk.,  1907). 
Le  nom  de  maladie  de  Hirschsprung  est  donné  à  un  complexus  sympto- 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  550 

matique  clinique.  Le  mégacôlon  congénital  est  une  anomalie  très  rare, 
qui  ne  peut  être  reconnue  avec  certitude  que  par  l'examen  anatomique. 
Le  plus  grand  nombre  des  cas  de  maladie  de  Hirschsprung  répond  k  une 
anomalie  du  gros  intestin  partielle  et  le  plus  souvent  congénitale,  portant 
surtout  sur  l'anse  sigmoïde  ou  sur  un  état  normal  primitif  ou  secondaire 
du  mésosigmoïde.  Il  faut  bien  en  distinguer  les  formes  de  constipation 
désignées  par  Marfan  comme  «  constipation  congénitale  ». 

Souvent  la  cause  de  la  constipation  est  la  formation  de  valvules  par 
suite  de  coudure,  lorsqu'il  y  a  une  direction  anormale  de  l'intestin  ou 
quelque  anomalie  du  mégacôlon.  La  coudure,  lorsqu'elle  est  minime» 
peut  disparaître  lors  du  sevrage. 

Le  fait  que  ces  anomalies  du  gros  intestin  sont  plus  fréquentes  dans 
le  sexe  masculin  peut  tenir  à  la  conformation  du  bassin  osseux. 

En  faveur  du  caractère  congénital  de  la  lésion,  il  y  a  ce  fait  qu'on  peut 
voir  chez  ces  sujets  d'autres  anomalies  congénitales. 

L'auteur  apporte  deux  observations,  l'une  chez  un  enfant  de  cinq  se- 
maines, chez  qui  on  fut  amené  à  faire  un  anus  artificiel  dans  l'hypocondre 
gauche;  l'enfant  mourut  et  à  l'autopsie  on  trouvait  une  coudure  de 
rS  iliaque  vers  le  rectum  avec  un  angle  ouvert  en  avant  ;  si  on  pressait 
sur  le  segment  du  gros  intestin  au-dessus  de  la  coudure,  sur  le  côlon 
descendant,  l'S  iliaque  se  remplissait,  venait  se  presser  contre  le  bassin 
et  se  coudait  avec  le  rectum.  Si  on  tirait  en  haut  l'S  iliaque,  le  contenu 
de  l'intestin  se  vidait  facilement  par  l'anus. 

Dans  le  second  cas,  chez  un  enfant  de  moins  de  cinq  ans,  il  s'agissait 
d'un  cas  léger  dû  soit  à  l'extensibilité  exagérée  de  la  paroi  intestinale,  soit 
à  un  état  anormal  du  mésosigma,  tel  qu'allongement  ou  raccourcisse- 
ment, l'intestin  étant  normal  d'ailleurs. 

Ueber  Taberknlose  der  platten  Schâdelknocher  mitbesondererBerûck- 
lichtigiixig  der  im  Basler  Kinderspitale  von  Jahre  1869-1905  beobachteten 
Fille  (Sur  la  tuberculose  des  os  plats  du  crâne  avec  considérations 
particulières  sur  les  cas  observés  de  1869  à  1905  à  l'hôpital  d'enfants  de 
Bâle)»  par  le  D'  Max  Reber  {Jakrb.  /.  Kinderheilk,,  1907). 

Malgré  la  rareté  de  la  tuberculose  des  os  plats  du  crâne,  en  trente-six  ans, 
on  en  a  observé  plus  de  24  cas.  D'autre  part,  on  en  trouve  134  dans  la 
littérature  médicale. 

La  moitié  des  cas  a  été  observée  chez  des  enfants  de  un  à  deux  ans, 
peut-être  à  cause  de  la  fréquence  des  traumatismes  de  la  tête  à  cet  âge. 
L'affection  est  rare  au-dessous  d'un  an.  Il  n'y  a  pas  grande  prédominance 
de  la  lésion  dans  le  sexe  masculin. 

Tous  les  auteurs  sont  d'accord  pour  admettre  la  fréquence  des  tares 
héréditaires  et  pour  dire  qu'on  ne  voit  ces  lésions  que  dans  les  cas  de 
grave  infection  tuberculeuse  générale.  La  lésion  siège  surtout  sur  le 
frontal  et  lés  pariétaux. 

L'évolution  clinique  est  la  suivante  :  le  début,  qui  a  lieu  soit  spon- 
tanément, soit  à  la  suite  d'un  traumatisme,  est  marqué  par  un  gonfle- 
ment circonscrit  sous  le  cuir  chevelu  ;  la  douleur  est  rare  ;  le  plus 
souvent  les  enfants  sont  amenés  au  médecin  pour  une  autre  lésion 
tuberculeuse,  et  ce  n'est  que  par  hasard  que  celle-ci  est  constatée. 
L'abcès  finit  par  s'ouvrir  au  dehors,  tandis  que  la  lésion  a  déjà  atteint 
la  dure-mère. 

Il  faut  ouvrir,  curetter,  tamponner  de  gaze  iodoformée,  faire  des 
sutures  périostiques  et  cutanées.  Une  abondante  bibliographie  termine  le 
travail. 


500  ANALYSES 

La  hygiène  escolar  en  la  America  latina  (L'hygiène  scolaire  dans 
l'Amérique  latine),  par  le  D'  Luis  Morquio  (///*  Congrès  médical  latino- 
américaifiy  tenu  à  Montevideo  du  17  au  24  mars  1907). 

Pour  assurer  aux  écoliers  une  protection  sanitaire  suffisante»  il  faut  : 
10  Organisation  d'un  corps  médical  scolaire  ;  2^  Inspection  médicale 
individuelle  ;  3°  Livret  sanitaire  individuel.  Après  avoir  passé  en  revue 
ce  qui  a  été  fait  dans  ce  sens  au  Chili,  au  Brésil,  au  Paraguay,  à  TUruguay, 
en  Argentine,  à  Cuba,  etc.),  le  D""  L.  Morquio  conclut  à  la  subordination 
de  la  pédagogie  à  l'hygiène,  car  l'hygiène  de  l'écolier  se  confond  avec 
l'hygiène  de  l'enfance  et  de  l'adolescence. 

Il  faut  que  le  médecin  rencontre  chez  les  maîtres  et  chez  les  pères  de 
famille  des  collaborateurs  dévoués,  si  l'on  veut  réussir  dans  cette 
œuvre  de  puériculture  et  de  prophylaxie  sociale.  Grâce  à  cette  collabo- 
ration féconde,  les  préceptes  d'hygiène  se  répandront,  les  maladies  conta- 
gieuses seront  prévenues,  la  réglementation  sage  des  exercices  physiques 
à  l'air  libre  sera  réalisée,  etc.,  et  l'enfant  se  développera  dans  les  meil- 
leures conditions  pour  devenir  plus  tard  un  membre  utile  du  corps  social. 

Sarcoma  gigante  faao-celalar  del  haeco  isqoio  rectal  y  de  la  fosu 
iliaca  derecha  (Sarcome  géant  fuso-cellulaire  des  fosses  ischio- 
rectale  et  iliaque  droite),  par  Joaquin  Bonet  y  Mestre  {La  Medicina 
de  los  nitios,  mars  1907). 

Ce  cas,  recueilli  dans  la  clinique  du  D'  Andrès  Martinez  Vargas,  à  Barce- 
lone, concerne  un  enfant  de  quatre  ans  entré  le  22  juin  1904.  On  est  frappé 
par  la  présence  d'une  tumeur  qui  occupe  les  régions  inguinale,  périnéale 
et  anale,  qui  oblige  l'enfant  à  incliner  le  corps  en  avant  et  à  écarter  les 
jambes.  Signes  de  rachitisme,  faiblesse  générale,  adénopathies.  Vu  de 
face,  l'enfant  présente  une  tumeur  multilobée  ;  on  compte  à  droite  trois 
mamelons  occupant  l'aine  et  le  pubis,  se  continuant  avec  la  masse  inter- 
fessière  et  anale.  Il  s'agissait  d'un  énorme  sarcome  de  la  fosse  ischio* 
rectale  ayant  envahi  la  fosse  iliaque  droite.  Son  volume  était  d'une  tête 
de  fœtus,  sa  forme  semi-sphérique,  son  aspect  fongueux.  Le  25  octobre, 
on  enlève  une  partie  de  la  tumeur  pour  la  soumettre  à  l'examen.  Au  micro- 
scope, on  voit  qu'il  s'agit  d'un  sarcome  :  cellules  embryonnaires  fusiformes 
séparées  par  une  substance  amorphe. 

Le  4  janvier  1905,  l'enfant  meurt,  profondément  cachectique. 

Éruption  post-vaccinale  à  forme  d'herpès,  par  le  D'  Dam  los  (Soc,  ài 
derm.  et  de  syph.,  8  avril  1907). 

Enfant  de  six  mois,  vacciné  avec  succès;  le  huitième  jour,  il  se  développe 
une  éruption  qui  se  généralise  en  trois  jours,  se  dissémine  un  peu  partout, 
ne  devenant  confluente  qu'à  la  partie  interne  des  fesses  et  à  la  région 
interfessière.  Au  quatrième  jour,  les  boutons  vaccinaux  s'étaient  trans- 
formés en  croûtes  épaisses,  et  il  n'y  avait  pas  de  fièvre. 

A  la  face,  autour  des  lèvres,  semis  de  papules  et  vésicules  non  groupées. 
A  la  pointe  de  la  langue,  deux  petites  érosions  consécutives  probablement 
à  des  vésicules  rompues.  Partout  ailleurs,  l'éruption  était  franchement 
herpétique,  caractérisée  par  des  éléments  vésiculeux,  de  volume  inégal, 
groupés  sur  un  fond  rouge.  Çà  et  là  se  voyaient  aussi  des  vésicules  isolées. 
Les  groupes  herpétiques,  non  symétriques,  étaient  au  nombre  de  8  a  10 
de  chaque  côté  sur  les  membres  supérieurs,  plus  nombreux  et  symé- 
triques sur  les  membres  inférieurs  (plantes  des  pieds,  faces  antérieure  et 
interne).  Peu  d'éléments  sur  le  tronc,  sauf  à  la  région  fessière. 

Après  quatre  à  cinq  jours,  les  vésicules  se  desséchèrent;  guérison  com- 
plète et  rapide. 


PUBLICATIONS   PÉRIODigUES  501 

Sopra  tre  casi  di  asma  familiare  (Sur  trois  cas  d'asthme  familial),  par 
le  D'Walfredo  Chiodi  {Rw.  di  Clin,  Pediatrica,  mai  1907). 
L'auteur  a  observé  deux  sœurs  atteintes  d'asthme. 

1.  Fille  de  huit  ans,  reçue  à  la  Clinique  de  Mya  (Florence)  le  30  août  1905. 
Père  rhumatisant,  mère  épileptique.  Une  tante  paternelle  ihorte  tuber- 
culeuse il  y  a  un' an.  Un  cousin  et  une  cousine  paraissent  être  asthma- 
tiques. Née  à  terme,  nourrie  au  sein  par  la  mère  pendant  un  an.  Bronchite 
intense  à  trois  ans,  puis  toux  fréquente,  catarrhe  abondant.  Peu  à  peu  le 
thorax  présente  une  voussure  en  avant  ;  dyspnée,  accès  d'asthme,  bron- 
chite sans  trêve.  Pouls  70,  respiration  24,  pas  de  fièvre»  Thorax  cylin- 
drique, avec  disposition  en  carène.  Expansion  faible.  A  la  percussion,  la 
matité  cardiaque  a  presque  disparu.  A  l'auscultation,  murmure  vésiculaire 
affaibli;  nombreux  râles  sibilants  et  sous-crépitants.  Bruits  du  cœur 
profonds  et  lointains.  L'enfant  reste  à  la  Clinique  pendant  cinq  mois  et 
demi.  Elle  a  eu  pendant  ce  temps  de  nombreux  accès  d'asthme,  se  répétant 
tous  les  quinze  ou  vingt  jours  sans  cause  appréciable.  Ces  accès  duraient 
deux  à  trois  heures;  ils  étaient  précédés  d'un  peu  de  fièvre.  Enfant  un  peu 
cyanosée.  L'examen  des  crachats  n'a  pas  montré  de  bacilles  de  Koch. 
Poids  entre  24  et  24''*f,800. 

2.  Fille  de  cinq  ans  et  demi,  sœur  de  la  précédente.  Née  à  terme,  nourrie 
au  sein  pendant  un  an.  La  mère,  comme  pendant  l'allaitement  précédent, 
a  eu  des  accès  d'épilepsie.  A  trois  ans,  l'enfant  a  eu  des  convulsions. 
Quelques  mois  avant  l'entrée  à  l'hôpital,  dyspnée  répétée,  puis  véritables 
accès  d'asthme.  Pas  de  coqueluche. 

On  trouve  une  enfant  en  bon  état,  avec  un  pouls  à  76  et  20  respirations. 
Pas  de  fièvre.  Thorax  déformé  comme  chez  la  sœur  aînée,  mais  moins. 
Exagération  de  la  sonorité,  diminution  du  murmure,  râles  musicaux. 
Cœur  un  peu  masqué  par  le  poumon,  bruits  éloignés.  L'enfant  séjourne 
environ  un  mois  à  la  Clinique,  ayant  eu  à  diverses  reprises  des  accès  de 
une  à  deux  heures  de  durée.  L'examen  des  crachats  a  été  négatif. 

Un  frère  de  dix-huit  mois,  sans  avoir  de  véritables  accès  d'asthme, 
a  parfois  de  la  dyspnée  et  des  ébauches  de  crise.  Une  sœur  de  seize  ans 
n'a  rien  de  semblable.  Donc  trois  enfants  de  la  même  famille  sont  atteints 
à  des  degrés  différents. 

Les  anormaux  psychiques  des  écoles,  par  le  D'  E.  Récis  (Journal 
de  méd,  de  Bordeaux,  2  et  9  juin  1907). 

Après  une  étude  fort  intéressante  de  ce  qui  a  été  fait  en  France  et  à 
l'Étranger  pour  les  enfants  anormaux,  M.  Régis  propose  une  organisation 
comprenant  trois  éléments  : 

1°  Écoles  spéciales.  —  L'expérience  a  partout  démontré  que  Vécole 
spéciale  autonome  pour  enfants  mentalement  anormaux  vaut  infiniment 
mieux  que  la  simple  classe  spéciale  annexée  à  l'école  ordinaire.  Nous 
pensons  donc  qu'il  n'y  a  pas  à  hésiter  et  qu'il  faut  recourir,  à  Bordeaux, 
d'emblée  si  on  le  peut,  en  tout  cas  le  plus  rapidement  possible,  à  des  écoles 
spéciales. 

Vu  la  configuration  de  la  ville,  ainsi  que  le  nombre  et  la  répartition  des 
anormaux  dans  les  écoles  existantes,  ces  écoles  spéciales  devraient  être  au 
nombre  de  quatre  :  une  au  centre,  une  au  nord,  une  au  sud,  une  à  La  Bas- 
tide, sur  des  points  à  préciser  avec  soin,  le  moment  venu. 

Le  nombre  des  anormaux  psychiques  des  écoles,  garçons  et  filles,  s'éle- 
vant  à  Bordeaux  à  un  chiffre  global  de  800  à  900,  c'est  donc  une  moyenne 
de  200  enfants  environ  que  contiendrait  chacune  des  quatre  écoles. 

Chaque  école  pourrait  comprendre  8  classes  de  25  élèves  au  maximum, 

ÀnCH.  DE  MÉbEC.  DES  ENFANTS.  X.     36 


502  ANALYSES 

iSoit  mixtes,  si  le  système,  courant  à  l'étranger,  mais  encore  hasardeux 
peut-être  en  France,  de  la  coéducation  des  sexes  est  adopté,  soit  divisées 
en  quatre  classes  de  garçons  et  quatre  classes  de  filles,  si  les  sexes  restent 
séparés. 

Les  enfants  seraient  répartis  dans  ces  classes  d'après  leur  état  de  calme 
ou  d'agitation,  le  degré  de  leur  arriération  et  leur  âge.  Ils  pourraient  du 
reste  changer  de  classe  et  même  passer  ou  revenir  dans  les  écoles  ordi- 
naires, suivant  les  modifications  survenues  dans  leur  psychicité. 

Ces  classes  seraient  confiées  pour  la  partie  pédagogique  à  des  maîtres 
spécialisés,  autant  que  possible,  —  ainsi  que  le  souhaite  à  juste  raison 
M.  Emile  Martin  —  à  des  femmes,  la  femme  ayant  des  qualités  de  patience, 
de  douceur,  de  bonté,  d'ascendant  affectif  qui  sont  à  la  fois  nécessaires 
et  du  plus  heureux  effet  vis-à-vis  de  tels  enfants,  assimilables,  dans  une 
certaine  mesure,  à  des  malades. 

Un  médecin  spécialiste  serait  attaché  à  chacune  de. ces  écoles.  En  colla- 
boration étroite  et  intime  avec  les  maîtres,  il  examinerait  tous  les  enfants 
à  leur  arrivée,  dresserait  leur  fiche  médicale,  participerait  à  la  désignation 
de  leur  classe  et  ultérieurement  à  leur  passage  de  Tune  à  l'autre  ou  à  leur 
retour  dans  les  classes  ordinaires,  les  suivrait  en  un  mot  un  par  un,  régu- 
lièrement et  attentivement. 

Ce  plan  comporterait  donc  quatre  médecins  spéciaux,  dont  trois  adjoints 
et  un  médecin-inspecteur,  qui,  comme  à  Bruxelles,  centraliserait  tout  ce 
qui  aurait  trait  à  ce  service  médical. 

Les  médecins  et  les  représentants  de  l'autorité  pédagogique  élabore- 
raient en  commun  le  programme,  l'horaire,  le  temps  des  études,  des  exer- 
cices et  jeux,  des  vacances,  etc.,  pour  les  diverses  classes  d'anormaux 
psychiques. 

2.  Consultations  médico-pédagogiques.  —  Les  médecins  spéciaux  dont 
nous  venons  de  parler  seraient  en  outre  chargés  d'une  consultation. 

Cette  consultation  aurait  lieu  au  moins  une  fois  par  mois  dans  chacune 
des  quatre  écoles  spéciales,  soit  le  même  jour,  soit  à  des  jours  différents. 
Y  seraient  conduits  par  les  parents  et  autant  que  possible  aussi  par  les 
maîtres  non  seulement  les  élèves  des  écoles  spéciales  ayant  besoin  d'un 
conseil  médical  particulier,  mais  aussi  les  élèves  des  écoles  ordinaires  de  la 
même  circonscription  qu'il  serait  utile  d'examiner  en  vue  de  leur  passage 
possible  dans  l'école  spéciale  ou  au  sujet  desquels  maîtres  et  parents 
désireraient  être  éclairés.  Il  va  sans  dire  que  ces  consultations,  purement 
scolaires  ou  plutôt  médico-pédagogiques,  fonctionneraient,  suivant  la 
remarque  de  M.  Emile  Martin,  sans  porter  aucune  atteinte  au  droit  des 
parents  de  recourir  au  médecin  de  leur  choix  pour  les  traitements  à  suivre. 
Pour  rendre  ces  consultations  plus  accessibles  aux  maîtres,  aux  élèves 
et  aux  familles,  elles  pourraient  se  faire  aux  heures  de  sortie  des  classes, 
c'est-à-dire  à  onze  heures  le  matin  ou  à  quatre  heures  l'après-midi. 

3°  Cours  spéciaux  aux  instituteurs,  —  Le  système  que  nous  préconisons 
pourrait  être  utilement  complété  par  un  enseignement  médico-pédago- 
gique fait  aux  élèves  des  Écoles  normales,  par  les  médecins  spéciaux 
pour  la  partie  médicale  et  par  les  directeurs  des  écoles  spéciales  pour  la 
partie  pédagogique.  Les  futurs  maîtres  des  écoles  ordinaires  puiseraient 
là  des  renseignements  précieux  en  vue  de  l'observation  et  de  la  sélection 
psychiques  de  leurs  élèves,  et  les  futurs  maîtres  des  écoles  spéciales  s'ini- 
tieraient ainsi  à  leurs  délicates  et  difficiles  fonctions. 

Telles  sont  les  mesures  qui  me  paraissent  devoir  être  prises  en  vue  de 

l'éducation,  à  Bordeaux,  des  enfants  mentalement  anormaux  des  écoles. 

Les  difficultés  de  diverse  nature  qu'entraînerait  leur  mise  à  exécution 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  563 

sont,  au  fond,  moins  grandes  qu'elles  ne  paraissent.  Nous  sommes  convaincu 
que  notre  ville  peut  réaliser  facilement,  non  pas  en  bloc  peut-être,  mais  par 
étapes  successives  rapides,  le  plan  ci-dessus  et  être  ainsi  la  première  en 
France  à  organiser  une  éducation  méthodique  des  anormaux  psychiques 
qui  existe  partout  à  l'étranger  et  qui  s'imposera  légalement  chez  nous  dans 
un  avenir  prochain. 

A  note  on  rhinorrhœa  in  fancial  diphtheria  (Note  sur  l'écoulement 
nasal  dans  la  diphtérie  pharyngée),  par  le  D'  Rolleston  {Metropolitan 
Asylums  Board  Annual  Report^  1906). 

Trousseau  avait  exagéré  la  valeur  pronostique  du  j étage  dans  la  di- 
phtérie et  méconnu  sa  fréquence.  Sur  1  200  cas  de  diphtérie  observés  par 
Rolleston  depuis  quatre  ans,  323  ont  présenté  la  rhinorrhée  (près  de 
27  p.  100).  De  plus,  chez  177  autres  (14,5  p.  100),  il  était  question  d'é- 
coulement nasal  au  commencement  de  la  maladie.  Donc  500  (41,6  p.  100) 
ont  eu  quelque  localisation  nasale  au  cours  de  la  diphtérie. 

Il  faut  donc  admettre  que  beaucoup  d'angines  diphtériques  reçues  à 
l'hôpital  sont  accompagnées  de  rhinorrhée.  Dans  un  certain  nombre  de 
cas  cliniquement  angineux,  le  j  étage  est  un  symptôme  initial  qui  a  disparu 
ensuite  sans  traitement.  La  fréquence  de  ce  j  étage  précoce  et  transitoire 
est  en  relation  directe  de  la  bénignité  et  inverse  de  la  gravité  de  l'attaque 
angineuse.  Les  angines  qui  s'accompagnent  de  j  étage  sont  plus  sévères 
que  celles  qui  sont  isolées.  Les  cas  avec  angine  et  rhinite  présentent  le 
jetage  plus  tard  que  ceux  où  il  n'y  a  que  de  l'angine.  Le  jetage  précoce  et 
transitoire  est  relativement  plus  commun  dans  les  croups  que  dans  les  angines. 

The  abdominal  refiez  in  enteric  fever  (Le  réflexe  abdominal  dans  la 
fièvre  typhoïde),  par  le  D*"  Rolleston  (Brain,  1906). 

En  passant  la  pointe  d'un  crayon,  avec  une  certaine  vivacité  et  soudai- 
neté, sur  le  ventre,  on  provoque  des  contractions  réflexes  évidentes  des 
muscles  de  la  paroi.  Des  recherches  de  M.  Rolleston,  il  résulte  que  ce  ré- 
flexe abdominal  est  aboli  dans  la  plupart  des  flèvres  typhoïdes,  ou  très 
diminué.  Il  y  a  dans  ce  petit  phénomène  quelque  chose  pouvant  servir 
au  diagnostic.  D'ailleurs  l'absence  de  réflexe  n'est  que  transitoire;  elle 
n'est  jamais  aussi  prolongée  que  la  perte  des  réflexes  tendineux  dans  les 
névrites  et  la  diphtérie.  Le  réapparition  du  réflexe  abdominal,  et  surtout 
sa  restitution  intégrale,  indique  le  début  de  la  convalescence  et  correspond 
souvent  avec  la  défervescence,  la  crise  urinaire,  etc.  Il  n'y  a  pas  de  rela- 
tion constante  entre  le  réflexe  abdominal  et  les  réflexes  tendineux. 

La  fréquence,  le  degré,  la  durée  de  l'absence  du  réflexe  abdominal  sont, 
en  général,  directement  proportionnels  à  l'âge  du  malade. 

Érysipèlede  la  face  chez  une  nourrice  caasant  une  péritonite  purulente 
chez  l'enfant,  par  le  D'  L.-M.  Bonnet  (Lyon  médical,  25  nov.  1906). 

Femme  de  vingt-quatre  ans,  entre  à  l'hôpital  le  27  avril  1906  pour  une 
syphilis  secondaire.  Elle  est  enceinte  de  six  mois.  Traitement  spécifique. 
Le  19  juillet,  elle  accouche  à  terme  d'un  enfant  qui  pèse  2  900  grammes. 
Deux  jours  après  sa  naissance,  phlyctènes  à  la  paume  des  mains  et  à  la 
plante  des  pieds.  Allaitement  au  sein,  frictions  mercurielles.  Coryza  à 
trois  semaines  et  otorrhée  droite.  Il  augmente  de  poids  régulièrement  ; 
ventre  un  peu  gros,  diarrhée  à  rechute. 

Le  30  septembre,  quelques  vomissements,  la  diarrhée  augmente  ;  ventre 
un  peu  ballonné  ;  le  31,  diarrhée  verte,  vomissements  répétés,  39°. 

Mort  le  1«^  octobre. 


564  ANALYSES 

A  Tautopsie,  péritonite  purulente  avec  quelques  amas  fibrineux  ;  aspect 
de  pus  à  pneumocoques.  Pas  de  lésions  viscérales  apparentes. 

Le  lendemain,  la  mère,  qui  était  souffrante  depuis  quelques  jours,  pré- 
sente un  érysipèle  de  la  face  assez  grave,  qui  a  guéri.  Il  est  très  probable 
que  l'érysipèle  maternel  a  été  le  point  de  départ  de  la  péritonite  supputée 
chez  Tenfant. 

Étude  clinique  et  anatomo-pathologique  d'un  cas  de  poliomyélite  diffuse 
subaiguèdela  premiôre  enfance,  par  P.  Armand  Delille  et  G.  Boudet 
(Nouvelle  Iconographie  de  la  Salpêtrière,  sept-oct.  1906). 

Cette  étude  concerne  un  enfant  dont  l'observation  a  été  déjà  publiée 
dans  les  Archives  de  médecine  des  enfants  (1905,  p.  544)  par  M.  Comby, 
dans  un  article  intitulé  «  Amyotrophie  spinale  diffuse  des  nouveau-nés  -. 
Les  auteurs  oublient  de  le  rappeler,  de  même  qu'ils  oublient  de  signaler 
une  autre  observation  identique  publiée  dans  cet  article. 

Il  s'agit  d'un  petit  garçon  de  six  mois,  né  de  parents  bien  portants, 
après  une  grossesse  normale,  nourri  au  sein,  s'accroissant  régulièrement. 
A  deux  mois,  on  s'aperçoit  qu'il  ne  tient  pas  sa  tête,  que  les  membres  sont 
flasques  ;  puis  sont  venues  des  crises  d'étouffement  qui  ont  fini  par 
emporter  l'enfant.  Réflexes  tendineux  abolis,  pas  de  réactions  électriques. 
Seiisibilité  conservée. 

Autopsie.  —  Thymus  volumineux  (20  grammes).  Muscles  très  petits, 
noyés  dans  le  tissu  cellulo -adipeux.  Au  microscope,  on  constate  des  Ksions 
d'atrophie  musculaire  simple  dans  la  plupart  des  muscles  des  membres 
et  du  dos.  Il  y  a  intégrité  absolue  du  diaphragme.  Dans  les  nerfs  moteurs, 
on  trouve  beaucoup  de  gaines  de  myéline  vides.  Rien  du  côté  des  nerfs 
sensitifs.  Atrophie  très  considérable  des  racines  antérieures  de  la  moelle, 
intégrité  des  racines  postérieures.  Pour  la  moelle,  les  lésions  portent  sur 
la  substance  grise,  tandis  que  l'intégrité  des  cordons  blancs  est  absolue. 
Les  altérations  de  la  substance  grise  portent  uniquement  sur  les  cornes 
antérieures.  On  constate,  sur  toute  la  hauteur  de  la  moelle,  mais  avec  une 
intensité  croissante  à  mesure  que  l'on  descend  de  la  région  cervicale 
vers  la  région  sacrée,  une  atrophie  très  intense  des  cellules  radiculaires 
avec  un  certain  degré  de  sclérose  interstitielle,  mais  sans  altérations 
vasculaires.  Sur  les  coupes  colorées  au  picro-carmin,  on  constate  que  les 
grandes  cellules  radiculaires  sont  très  diminuées  de  volume,  comme 
étranglées,  tellement  atrophiées  qu'elles  peuvent  être  considérées  comme 
anéanties  pour  la  fonction.  Mais  il  existe  un  degré  marqué  de  sclérose 
névroglique  dans  toute  l'étendue  des  cornes  antérieures. 

En  résumé,  il  s'agit  là  d'une  poliomyélite  diffuse  subaiguë  et  progrès, 
sive,  caractérisée  par  une  atrophie  simple  des  cellules  motrices  accom- 
pagnée de  dégénérescence  des  racines  antérieures  et  des  nerfs  moteurs, 
avec  atrophie  musculaire  ayant  tous  les  caractères  de  l'atrophie  simple 
d'origine  myélopathique.  Ces  lésions  anatomiques  justifient  complète- 
ment le  diagnostic  d' amyotrophie  spinale  diffuse  porté  par  M.  Comby 
pour  ce  cas  et  pour  un  cas  analogue  vu  auparavant  et  terminé  par  la  mort. 
Cliniquement  ces  deux  cas  sont  identiques  à  celui  de  M.  Sevestre  présenté 
à  la  Société  de  pédiatrie.  Les  auteurs  auraient  pu  s' appuyer  un  peu  plus  sur 
ces  observations  françaises  pour  conclure.  Parmi  les  cas,  très  disparates, 
publiés  depuis  le  mémoire  de  Hoffmann,  ces  derniers  forment  en  effet 
un  type  clinique  nettement  caractérisé  :  début  dans  les  premiers  mois  de 
la  vie,  paralysie  généralisée,  épargnant  le  diaphragme,  thorax  déformé 
comme  chez  les  rachi tiques,  ventre  bombé  à  chaque  respiration,  menaces 
d'asphyxie,  mort  par  suffocation.  Si  l'on  ajoute  les  lésions  bien  décrites 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES  505 

par  MM.  Armand-Delille  et  Boudet,  rien  ne  manque  à  la  définition  de 
la  maladie. 

Neuf  cas  d'extraction  de  corps  étrangers  de  Tœsophage  chez 
l'enfant,  par  le  D'  Et.  Henrard  {Soc.  scient,  de  Bruxelles,  1906). 

L'extraction  des  corps  étrangers  de  l'œsophage  chez  les  neuf  enfants 
observés  par  M.  Henrard  a  eu  lieu  au  moyen  d'une  pince  à  branche 
glissante,  sous  l'écran  radioscopique  dans  l'examen  latéral.  Voici  le  résumé 
de  ces  cas  :  1<*  enfant  de  vingt  et  un  mois,  pièce  de  2  centimes 
(21  mars)  avalée  dans  la  journée  ;  2°  deux  ans,  pièce  de  2  centimes  ingérée 
il  y  a  trois  jours;  3°  trois  ans  et  demi,  pièce  de  2  centimes  avalée  le  jour 
même  ;  4<>  deux  ans,  pièce  de  2  centimes  ayant  séjourné  quinze  jours  ; 
5°  deux  ans,  deux  pièces  de  2  centimes  et  une  de  10  en  nickel  accolées 
(3»"°»,5)  extraites  après  seize  jours  ;  6°  trois  ans  et  demi,  roue  de  jouet 
(24  millimètres  de  diamètre  et  4  d'épaisseur)  avalée  dans  la  journée; 
7®  vingt-deux  mois,  pièce  de  10  centimes  trouée  (22  milimètres)  restée 
trois  jours  ;  8°  six  ans,  fiche  en  os  (24  millimètres)  avalée  dans  la  journée; 
9®  quatre  ans,  pièce  de  2  centimes  avalée  depuis  quatre  jours. 

L'enfant  est  assis,  maintenu  immobile,  la  tête  en  arrière  ;  ouvre-bouche 
appliqué,  index  gauche  en  crochet  porté  derrière  la  base  de  la  langue  le  plus 
bas  possible.  On  fait  marcher  le  Rôntgen;  on  introduit  la  pince  sur  l'in- 
dex; on  l'ouvre  quand  elle  approche  du  corps  étranger;  on  la  referme 
et  on  retire  doucement. 

La  pince  est  à  branches  glissantes  d'une  longueur  de  28  centimètres. 
La  branche  inférieure,  y  compris  le  mors  (21  millimètres)  est  entière* 
ment  rigide.  La  supérieure,  rigide  en  arrière  et  en  avant,  est  souple 
dans  sa  partie  moyenne.  Cette  méthode  parait  excellente. 

Las  coreas  mortales  (Les  chorées  mortelles),  par  le  D'  Gr.  ArAoz 
Alfaro  {Arch.  latino-americanos  de  Pediatriay  août  1906). 

L'auteur  rapporte  3  cas  observés  à  Buenos  Aires  chez  des  filles  de  six 
ans,  de  sept  ans,  de  douze  ans.  A  ce  propos,  il  récapitule  les  diiïérents 
cas  publiés  et  les  causes  de  mort,  et  il  propose  la  classification  suivante  : 

1°  Cas  où  la  chorée  est  secondaire  à  un  processus  infectieux,  la  mort 
résultant  de  lésions  produites  par  ce  processus,  le  rhumatisme  le  plus  sou- 
vent, parfois  aussi  une  autre  infection  (érysipèle,  streptococcie,  staphylo- 
coccie,  gonococcie,  diphtérie,  scarlatine,  rougeole,  entérite,  etc.); 

2°  Cas  où  la  chorée  est  une  maladie  infectieuse  spécifique  ;  la  mort  est 
alors  dépendante  directement  de  la  chorée  ; 

30  Cas  où  la  mort  est  due  à  une  infection  secondaire  accidentelle,  la 
porte  d'entrée  pouvant  être  une  plaie,  une  érosion  de  la  peau,  par  suite 
de  l'agitation  choréique; 

4<»  Cas  où  la  mort  survient  par  épuisement  (sorte  d'état  de  mal  choréique 
comparable  à  l'état  de  mal  épileptique). 

Les  kystes  hydatiques  du  pancréas,  par  le  D'  Marcelino  Herrera 
Vegas  (Rev.  de  la  Soc.  méd.  Argentina,  nov.-déc.  1906). 

L'auteur  rapporte  2  cas  de  cette  localisation  rare  des  hydatides  chez 
les  enfants. 

1.  En  octobre  1900,  garçon  de  onze  ans,  de  nationalité  française, 
habitant  Buenos  Aires  depuis  cinq  ans.  Il  y  a  cinq  mois,  ictère  qui  a  per- 
sisté avec  des  degrés  variables  d'intensité.  Puis  douleur  dans  le  côté 
droit  du  thorax. 

Enfant  bien  développé,  ictère  olivâtre,  cœur  et  poumons  normaux» 


• 


500  ANALYSES 

constipation  oipiniâtre,  selles  couleur  mastic.  Après  anesthésie,  l'exa- 
men du  ventre  montre  un  gros  foie  avec  saillie  de  la  vésicule  biliaire  et, 
derrière  cette  vésicule,  une  tumeur  vague,  impossible  à  délimiter. 

Opération.  —  Incision  de  8  centimètres  allant  du  rebord  costal  droit 
au  bord  externe  du  muscle  droit  ;  vésicule  biliaire  dilatée  ;  son  ouver. 
ture  laisse  écouler  de  la  bile,  du  sable  et  quelques  calculs.  Agrandis- 
sant l'incision  par  en  bas,  on  trouve  une  tumeur  de  la  tête  du  pancréas  ; 
ponction,  liquide  clair.  Extirpation.  Guérison. 

2.  Garçon  de  douze  ans,  natif  de  Olavarria  (province  de  Buenos  Aires), 
entre  à  l'hôpital  des  Cliniques  le  21  janvier  1905.  Il  y  a  un  an,  tumeur 
à  l'épigastre  et  à  l'hypocondre  gauche.  On  pense  à  un  kyste  hydatique 
de  la  rate.  Mais  une  zone  sonore  séparait  la  tumeur  de  la  matité  splé- 
nique.  Frémissement  hydatique  à  la  partie  supérieure. 

Opération  le  22  juillet  1905.  Incision  médiane  supra-ombilicale;  on 
soulève  le  grand  épiploon  qui  recouvre  la  tumeur  ;  le  pancréas  apparaît 
distendu  par  une  grosseur  aux  parois  lisses.  On  incise  le  kyste  ;  il  en  sort 
plusieurs  litres  de  liquide  clair,  avec  des  débris  membraneux  mous  et 
friables.  Guérison. 

Quistes  hidatidicos,  equinococis  expérimental  (Kystes  hydatiques, 
echinococcose  expérimentale),  par  C.  La  go  s  Garcia  (Revista  del  Hos- 
pital  de  Niilos,  Buenos  Aires,  1906). 

Pendant  l'année  1905,  on  a  compté,  à  l'hôpital  d'Enfants  de  Buenos 
Aires,  30  cas  de  kystes  hydatiques:  17  filles,  13  garçons.  Répartition 
suivant  les  organes  : 

Foie 17 

Poumon 7 

Foie  et  poumon 2 

Foie  et  abdomen 2 

Muscles 1 

Foie  et  rate 1 

De  ces  30  cas,  un  seul  ne  put  être  reconnu  chez  un  enfant  ayant  à  la 
fois  un  sarcome  humerai,  des  métastases  intestinales  et  hépatiques,  un 
kyste  du  foie,  un  kyste  de  la  rate.  Le  diagnostic  fut  porté  sans  hésitation 
dans  les  29  autres  cas. 

Presque  tous  les  malades  venaient  de  la  campagne  de  Buenos  Aire5. 
Ils  avaient  habité  avec  des  chiens,  avaient  mangé  des  légumes  crus,  eU^- 

Symptômes,  —  Tumeur  rénitente,  indolore,  à  évolution  lente  et  silen- 
cieuse, sans  altération  de  l'état  général.  Frémissement  hydatique  non 
perçu.  La  répugnance  pour  les  matières  grasses  n'a  pas  été  relevée. 
Ictère  deux  fois.  Sur  15  enfants  dont  le  sang  a  été  examiné,  7  seulement 
ont  présenté  de  l'éosinophilie.  Ce  n'est  donc  pas  un  signe  de  certitude. 
La  plupart  des  kystes  opérés  étaient  fertiles. 

.  On  a  compté  souvent  plusieurs  kystes  chez  le  même  malade  :  41  kystes 
pour  29  malades  : 

Chez  21  malades 1  seul  kyste. 

—  7        —      2  kvstes. 

—  1         —       5      — 

Dans  le  cas  de  kyste  du  foie  avec  nombreux  kystes  dans  l'abdomen, 
il  s'agit  d'une  tumeur  rompue  dans  le  ventre  et  non  de  plusieurs  kystes 
développés  spontanément. 


THÈSES  ET    BROCHURES  5(37 

Pour  les  kystes  du  poumon,  on  fait  une  résection  costale,  on  ponc- 
tionne et  on  évacue  le  kyste  pour  enlever  ensuite  la  membrane  proligère. 

Résultats  :  2  guéris,  2  en  traitement,  3  morts.  Pour  le  foie,  on  compte 
13  guérisons,  5  en  traitement,  1  mort.  Résultat  opératoire  général. 

Guéris 15 

En  traitement 9 

Morts 4 

28. 

Au  point  de  vue  expérimental,  on  peut  reproduire  le  kyste  hydatique 
par  inoculation  directe  dans  le  péritoine  d'un  lapin  ;  la  vésicule  ainsi 
déposée  grandit  et  se  développe. 

Réintégration  of  the  middle  third  of  the  tibia  in  a  child  (Réintégration 
du  tiers  moyen  du  tibia  chez  un  enfant),  par  le  D'  T.  Fiaschi  (Australa- 
sian  med.  Gaz.,  nov.  1906). 

Une  fille  de  cinq  ans  est  reçue  à  l'hôpital  le  20  novembre  1905  avec 
sa  jambe  droite  ballante  et  impotente.  Il  y  a  quatre  ans,  un  clou  rouillé 
s'était  fixé  un  peu  au-dessous  du  genou,  d'où  suppuration  ;  l'os  malade 
avait  été  enlevé.  Ensuite  la  jambe  devint  incapable  de  supporter  le 
poids  du  corps.  On  apercevait  une  cicatrice  longitudinale,  résultant  de 
l'opération.  Péroné  normal  ;  le  tiers  noyau  du  tibia  manquait  ;  il  était 
remplacé  par  une  bande  de  tissu  cicatriciel  sans  ossification. 

L'auteur  résolut  de  prendre  en  haut  et  en  bas  sur  le  tibia  des 
lambeaux  cutanés  et  périostes    pour  reconstituer  le  très  manquant. 

Le  4  décembre,  sous  chloroforme  et  avec  la  bande  d'Esmarch,  inci- 
sion longitudinale  à  la  face  antérieure  de  la  jambe  au  tiers  moyen  ; 
préparation  de  la  cavité  destinée  à  recevoir  la  greffe  osseuse.  Avive- 
ment  des  deux  extrémités  du  tibia.  L'incision  longitudinale  est  pro- 
longée en  haut  sur  le  fragment  supérieur  du  tibia  pour  tailler  un  lam- 
beau avec  pédicule  et  fragment  osseux.  Ce  lambeau  ostéo-périosto- 
cutané  est  soigneusement  ramené  en  bas  pour  remplir  une  partie  du  vide 
préparé,  son  extrémité  supérieure  étant  mise  en  contact  avec  le  bout 
inférieur  le  tibia  avivé.  Sutures  au  catgut,  immobilisation. 

Le  28  février  1906,  guérison  ;  appareil  plâtré.  Les  rayons  X  montrent 
le  succès  de  la  greffe  en  haut,  mais  non  en  bas. 

Le  30  avril,  deuxième  opération  pour  combler  cette  lacune.  Immo- 
bilisation jusqu'au  18  mai  ;  guérison  seulement  à  la  fin  de  juin.  Alors 
on  vit  qu'une  colonne  osseuse  solide  existait  ;  cette  colonne  s'élargit 
peu  à  peu.  En  arrêt,  la  fillette  peut  se  tenir  debout,  puis  elle  marche. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

De  l'alimentation  du  nourrisson  parle  lait  de  vache  cru  normal,  par  le 
D'L.  HuRÉ  [Thèse  de  Paris,  19  juillet  1906,  120  pages^. 

Celle  thèse,  inspirée  par  M.  Méry,  contient  15  observations.  Le  lait 
stérilisé  a  des  avantages  incontestables,  mais  il  ne  réussit  pas  toujours. 
Les  ferments  solubles  sont  tués  par  l'ébullilion  ;  le  lait,  de  liquide  vivant, 
est  transformé  en  liquide  inerte.  De  plus,  les  nucléines  et  lécithines  sont 
décomposées  en  partie  par  la  chaleur  ;  les  phosphates  sont  en  partie 'pré- 
cipités, et  il  ne  reste  dans  le  lait  stérilisé  qu'une  faible  quantité  de  phos- 


568  ANALYSES 

phore  absorbable.  Mais  le  lait  stérilisé  a  Favantage  énorme  d'être  privé  de 
microbes. 

On  peut  obtenir  un  lait  aseptique  en  prenant  des  vaches  saines  et  en 
faisant  la  traite  aseptiquement.  Il  faut  que  la  vache  soit  bien  nourrie. 
Dans  ces  conditions»  on  peut  donner  le  lait  cru  aux  nourrissons.  D'apns 
l'auleur,  ce  lait  aurait  une  supériorité  marquée  sur  le  lait  stérilisé, 
chez  le  nourrisson  sain  comme  chez  le  nourrisson  malade.  Ola  est  pos- 
sible pour  des  cas  particuliers,  mais  il  faut  se  garder  de  généraliser. 

Gastro-ontérites  du  nourrisson,  par  le  D^  L.  He:<(non  {Thèse  de  Pam, 
4  juillet  1906,  H6  pa^es). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Lesage,  contient  12  obser^'ations  de  maladie 
spasmodique  intestinale  et  10  observations  de  dysenterie  bacillaire. 

La  maladie  spasmodique  intestinale  du  nourrisson  est,  pour 
M.  Lesage,  une  entité  morbide  caractérisée  par  des  vomissements  tenaces, 
l'absence  de  diarrhée,  le  ventre  rétracté,  le  spasme  des  anses  intestinales. 
Le  spasme  intestinal  serait  dû  à  l'insuffisance  d'écoulement  de  la  bile 
dans  le  duodénum.  On  constate  une  augmentation  de  volume  de  la 
vésicule  (stagnation  de  bile).  Au  moment  de  la  convalescenee,  il  y  a 
débâcle  biliaire.  La  médication  antispasmodique  serait  seule  efficace. 

On  donne  le  calomel  (1  centigramme  le  matin,  1  centigramme  le  soir]; 
on  ajoute  deux  bains  chauds  et  lavages  d'intestin  qui  facilitent  la  dispa* 
rition  du  spasme. 

Dans  la  dysenterie  du  nourrisson  se  trouve  constamment,  dèslespre- 
miersjours,  le  BaciUus  dysenteriœ,  variété  Flexner.  Plus  tard  le  bacille  est 
moins  facile  à  reconnaître,  mais  l'agglutination  vient  témoigner  en  sa 
faveur.  Le  bacille  de  Flexner  n'est  d'ailleui*s  qu'une  variante  du  bacille  de 
Shiga.  Toutes  les  entérites  glaireuses  ou  muco-membraneuses,  dysen- 
tériformes,  ne  sont  pas  dues  au  bacille  en  question,  mais  parfois  à  des 
amibes,  au  streptocoque,  etc.  Le  Bacillus  dysentenso  (Flexner  ou  Shigai 
ne  joue  aucun  rôle  dans  Tétiologie  de  ces  entéro-côlites  ;  il  reste  le  mi- 
crobe spécifique  de  la  dysenterie  du  premier  âge. 

La  syphilis  à  la  maternité  de  Thôpital  Tenon,  par  le  D*^  H.  Ledic  (Thtse 
de  Pwrw,  12  juillet  1906,  172  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  1>  Boissard,  contient  94  observations.  Cesl 
dire  combien  la  syphilis  est  fréquente  chez  les  prolétaires  parisiens.  On 
sait  depuis  longtemps  que  la  syphilis  provoque  une  série  d'accidents  qui 
modifient  le  cours  de  la  grossesse  et  lui  impriment  un  caractère 
pathologique.  Elle  frappe  l'embryon,  le  fœtus,  l'enfant,  en  lui  retirant 
l'aptitude  à  la  vie.  Elle  entraîne  l'hydropisiede  Tamnios  el  provoque  des 
avortements,  des  accouchements  prématurés.  Né  vivant,  l'enfant  peut 
présenter  des  stigmates  précoces  :  pemphigus,  lésions  viscérales  et  vascu- 
laires,  causant  la  mort  par  cachexie  ou  par  hémorragie.  Quand  il  surAil, 
l'enfant  peut  être  en  état  de  syphilis  latente  ou  atténuée,  qui  entrave  le 
développement  normal. 

La  syphilis  frappe  aussi  les  membranes  de  Tœuf  et  le  placenta.  Ce 
dernier  est  hypertrophié  et  présente  des  altérations  microscopiques.  On 
y  a  trouvé  le  spirochiete  de  Schaudinn. 

Tous  ces  accidents,  toutes  ces  lésions  permettent  de  reconnaître  la 
syphilis  chez  une  femme  qui  nie  l'avoir  eue,  parce  qu'elle  n'en  a  jamais 
présenté  de  manifestation.  Alors  il  faudra  instituer  un  traitement  de:?  le 
début  de  la  grossesse  pour  mener  l'enfant  à  terme. 

La  proportion  des  femmes  syphilitiques  à  la  maternité  de  Tenon  a  été, 


THÈSES   ET   BROCHURES  569 

pour  un  an  (1905-1006),  de  7,6  p.  100.  Chez  48  femmes  sur  94,  le 
diagnostic  a  pu  être  fait  par  la  constatation  d'accidents  cutanés  ou 
muqueux. 

Chez  toutes  les  autres,  c'est  par  les  accidents  de  la  grossesse  ou  les 
symptômes  dliérédo-syphilis  précoce  chez  les  noureau-nés  qu'on  est 
arrivé  au  diagnostic.  La  proportion  de  la  mortalité  fœtale  ou  infantile 
par  syphilis  s'est  élevée  à  71,2  p.  100. 

Sar  on  cas  de  phlegmon  juxta-laryngo-trachéal  à  la  période  terminale 
da  croup  chez  nn  nourrisson  tabé,  par  le  D^  J.  Broca  {Thèse  de  Paris, 
11  juillet  1906,68  pages). 

(^tte  thèse,  inspirée  par  M.  Dufour,  contient  9  ohservations.  L'abcès 
laléro-laryngo-trachéal  ne  se  traduit  par  aucun  signe  à  la  vue  ni  au 
palper.  .Mais  il  donne  lieu  à  la  sténose  aiguë  du  lannx.  Il  apparaît  à  la 
lin  de  la  première  semaine  ou  même  dans  la  convalescence  d'un  croup,  le 
plus  souvent  tube. 

On  est  frappé  de  la  coexistence  de  l'ulcération  laryngée  et  du 
phlegmon  cervical.  C'est  donc  pi-obablement  un  adéno-phlegmon  dû  à 
une  laryngite  sous-glottique  œdémateuse  ou  suppurée.  On  peut  rapporter 
au  tubage  le  phlegmon  juxta-lann go-trachéal.  Le  traitement  doit  être 
chirurgical  ;  il  consiste  k  ouvrir  l'abcès  avec  ou  sans  la  trachéotomie.  Le 
tubage  n'est  pas  à  conseiller. 

Des  contractures  congénitales,  par  le  D'  E.  Larle  (Thèse  de  Paris, 
U  juillet  1906,  96  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Redard,  contient  38  observations.  Elle 
étudie  les  contractures  partielles  ne  rentrant  pas  dans  le  cadre  de  la 
maladie  de  Little.  11  existe  chez  les  enfants  des  difformités  dues  à  une 
rétraction  de  toutes  les  parties  molles  péri -articulaires  en  même  temps 
qu'à  un  développement  anormal  des  articulations,  lesquelles  difformités 
dalent  de  la  vie  intra-utérine,  n'ont  aucune  tendance  à  rétrocéder  et 
deviennent  des  infirmités.  Elles  peuvent  frapper  une  seule  articulation, 
mais  atteignent  le  plus  souvent  à  la  fois  les  membres  supérieurs  et 
les  membres  inférieui's.  Ces  contractures  congénitales  sont  désignées 
parfois  sous  le  nom  de  raideurs  articulaires  congénitales.  Elles  ne 
ré|>ondenl  pas  à  une  lésion  nerveuse,  mais  sont  dues  probablement  à  des 
compressions  intra-utérines.  Elles  n'ont  pas  la  régularité  et  la  symétrie 
des  contractures  de  la  maladie  de  Little,  donnant  lieu  souvent  à  des 
pieds  bots,  mains  botes,  etc.,  comme  le  montrent  les  figures  annexées  à 
la  thèse. 

Traitement  par  des  redressements  lents  ou  forcés,  par  la  ténotomie,  la 
résection  quelquefois. 

la  syndactylie  congénitale,  par  le  D'  G.  Roblot  {Thèse  de  Paris, 
juillet  1906,  88  pages). 

Dans  cette  thèse,  inspirée  par  M.  Broca,  enrichie  de  44  figures  dans  le 
texte,  la  technique  opératoire  est  traitée  avec  soin.  On  entend  par 
syndactylie  l'union  de  deux  ou  plusieui*s  doigts.  Dans  le  développement 
des  doigts,  on  doit  distinguer  la  formation  (phase  de  division  cellulaire), 
le  développement  (phase  d'accroissement).  En  clinique,  on  distingue  les 
syndactylies  incomplètes  et  complètes. 

Au  point  de  vue  pathologique,  il  faut  incriminer  :  1<»  une  altération 
pathologique  due  à  un  traumatisme  (bride)  frappant  des  doigts  complè- 
tement formés;  2°  un   arrêt  de  développement  dû  à  un   trouble  de 


\ 


570  ANALYSES 

raclivité    cellulaire    frappant   des    doigts    pendant    leur    période    de 
formation.  Pour  chacune  des  formes,  il  est  un  procédé  de  choix. 

La  syndactylie  peut  s'associer  à  d'autres  malformations.  Toutes  les 
malformations  congénitales  par  arrêt  de  développement  (ectrodactyiie< 
absolue  et  relative,  brachydactylie,  syndactylie)  ne  sont  que  des  effets 
d'une  même  cause  :  le  trouble  de  l'activité  cellulaire,  mais  se  produisant 
à  des  phases  différentes  de  la  formation  des  doigts. 

Étude  sur  le  craniotabes,  par  le  D*"  Aucouturier  (Thèse  de  Paris, 
20  juillet  1906,  78  pages). 

Celte  thèse,  inspirée  par  M.  Marfan,  contient  22  observations.  Elle 
traite  une  question  bien  connue  depuis  Ëlsasser,  qui  a  le  premier  étudié 
Vocciput  mou.  Le  ramollissement,  Tamincissement  des  os  du  crâne  e>t 
surtout  fréquent  entre  le  troisième  et  le  huitième  mois  de  la  vie.  U  n'esl 
pas  la  cause  des  convulsions,  du  spasme  de  la  glotte,  qui  peuvent  coïn- 
cider avec  lui.  Tous  ces  accidents  ont  une  origine  commune  :  les  troubles 
digestifs,  Talimentation  vicieuse  de  la  première  enfance. 

Le  craniolabes  est  une  lésion  rachi tique,  fréquente  dans  les  cas  de 
rachitisme  précoce.  Cependant  nous  ferons  remarquer  que,  souvent,  le 
craniolabes  s'observe  chez  des  enfants  bien  nourris,  allaités  par  leur  mère, 
n'offrant  aucune  autre  trace  de  rachitisme.  C'est  là  un  fait  d'observation 
courante,  qui  d'ailleurs  n'empêche  pas  d'admettre  l'origine  rachitiquede 
la  plupart  des  cas  de  craniotabes. 

Le  craniotabes  a  paru  fréquent  à  l'auteur  chez  les  hérédo-syphililiques; 
mais  la  syphilis  n'en  est  pas  la  cause  directe,  elle  agit  indirectemenl  »ur 
la  nutrition  générale  pour  produite  à  la  fois  le  craniotabes  et  le  rachitisme. 
Dans  le  rachitisme  congénital,  le  craniotabes  accompagne  les  autres 
déformations  ;  il  peut  exister  seul  à  la  naissance,  et  souvent  alors  on  voit 
survenir  d'autres  manifestations  rachitiques  parla  suite. 

U  faut  rechercher  le  craniotabes,  qui  indique  des  troubles  de  l'ossifi- 
cation ;  avec  des  soins  appropriés,  on  pourra  peut-être  arrêter  la  mairhe 
de  ces  troubles,  qui  aboutiraient  à  des  déformations  rachitiques  plus  ou 
moins  graves. 

Le  babeurre  concentré  dans  l'alimentation  de  la  première  enfance, 
par  le  D'  P.  de  Sagher  (Brochure  de  20  pages,  Liège,  1907). 

Les  difficultés  de  la  préparation  du  babeurre  ont  fait  naître  l'idée 
du  babeurre  concentré,  ou  babeurre  de  conserve.  Une  société  belge,  d'après 
les  procédés  du  D*"  Thomas,  obtient  un  babeurre  condensé  qui  a  fait 
ses  preuves.  Le  lait  écrémé  à  la  centrifuge  est  d'abord  pasteurisé,  puis 
soumis  à  l'action  d'une  culture  pure  de  Bacterium  acidi  laciici  jusqu'à 
ce  que  l'acidité  ait  atteint  0,5  p.  100  ;  il  est  ensuite  réduit  par  conden- 
sation à  froid  à  un  tiers  de  son  volume  et  additionné  de  5  p.  100  de  sucre 
de  canne,  1  p.  100  de  sucre  de  lait  et  10  grammes  de  farine.  Il  reste  environ 
0,50  p.  100  de  beurre.  On  a  une  masse  homogène  d'un  goût  agréable 
qu'on  stérilise  en  boîtes  contenant  la  quantité  nécessaire  pour  préparer 
un  litre  de  soupe  au  babeurre  avec  addition  d'eau  bouillie.  On  fera 
précéder  l'administration  du  babeurre  de  douze  à  vingt-quatre  heures 
de  diète  hydrique  avec  calomel.  Puis  on  donne  toutes  les  trois  heures 
une  quantité  proportionnelle  au  poids  de  l'enfant.  Comme  il  faut 
90  à  120  calories  par  kilogramme  de  poids  et  100  gramme  de  babeurre 
donnant  60  calories,  il  faudra  à  l'enfant  de  150  à  200  grammes.de  babeurre 
par  kilogramme.  Suivent  18  observations  d'enfants  nourris  avez  ce 
babeurre.  On  doit  employer  cet  aliment  :  1°  chez  les  enfants  athrepsiques  ; 


THÈSES   ET   BROCHURES  o7i 

2^  dans  les  cas  de  gastro -entérite  aiguë,  de  choléra  infantile,  après  la  diète 
hydrique,  avant  la  reprise  du  lait  ;  3®  dans  les  gastro-entérites  chroniques 
et  entéro-colites  ;  4°  dans  l'intolérance  gastrique  ;  5°  dans  les  toxidermies 
(urticaire,  prurigo,  eczéma  aigu,  strophulus,  etc.)  ;  6^  chez  les  enfants 
dyspeptiques  ;  1^  dans  les  diarrhées  de  la  seconde  enfance. 

Consaltation  de  nourrissons  de  la  Policlinique  de  Liége^  par  le  D'  de 
Sache R  {Brochure  de  22  pages,  Liège,  1907). 

Cet  opuscule  rend  compte  de  l'exercice  1906  (deuxième  année  de  fonc- 
tionnement de  la  consultation  de  nourrissons).  La  consultation  a  lieu 
tous  les  vendredis  à  quatre  heures  au  local  de  la  Policlinique,  place  Saint- 
Lambert,  n^  22.  Elle  est  fréquentée  par  40  enfants  chaque  séance. 

On  a  pour  objectif  constant  d'encourager  l'allaitement  maternel.  On 
accorde  aux  mères  qui  nourrissent  de  la  viande  et  des  œufs  ;  à  celles  qui 
se  servent  du  biberon,  on  distribue  du  lait  stérilisé,  des  biberons,  des 
farines  ahmentaires  ;  on  distribue  aussi  des  vêtements  et  de  la  lingerie. 
Le  taux  de  la  mortaUté  à  la  consultation  n'a  pas  dépassé  6,3,  alors  qu'en 
viUe  il  atteignait  14,6.  Ces  chiffres,  établis  de  bonne  foi  et  avec  toute  la 
rigueur  désirable,  montrent  tout  le  bien  que  peut  faire  une  consultation 
de  nourrissons  bien  pourvue  et  bien  tenue. 

Doné-Zeci  Si  Cinci  Âni  de  Existenta  aSpitalului  de  Copii  «  Caritatea» 
din  Jasi  (Vingt-cinq  ans  d'existence  de  l'hôpital  d'enfants  Caritàtea,  à 
Jassy),  par  le  professeur  D'  L.  Russ  (Brochure  de  52  pages,  Jassy, 
1906). 

Cet  hôpital  est  une  institution  de  bienfaisance  privée,  fondée  par  le 
feu  professeur  D''  Russ  senior,  qui  existe  depuis  vingt-cinq  ans  et  qui 
est  administré  par  la  princesse  Aglae  Muruzi  et  le  professeur  D*"  L.  Russ. 

On  commença  modestement;  la  première  année,  on  a  soigné,  dans  les 
salles,  54  enfants  et,  à  la  consultation  externe,  104  enfants  ;  la  dernière 
année,  le  nombre  des  enfants  soignés  dans  les  salles  s'est  élevé  à  655  et, 
à  la  consultation  externe,  9  854. 

Pendant  ces  vingt-cinq  années,  on  a  soigné  dans  les  salles  6  935  et  à  la 
consultation'externe  83  742  enfants.  Dans  la  même  proportion,  les  revenus 
annuelsont  augmenté  :  de  2066 francs  enl880à  71 074  francs  en  1904-1905. 
L'hôpital  possède  un  capital  de  556  000  francs,  fourni  par  des  donations 
et  des  cotisations  annuelles. 

L'entretien  d'un  malade  a  coûté  l'an  dernier  3fr.  97  par  jour  (12  540  jour- 
nées de  traitement  avec  50  074  francs  de  dépense). 

L'hôpital  est  composé  de  :  un  bâtiment  principal  pour  les  malades  non 
contagieux,  un  petit  bâtiment  pour  le  dispensaire  et  deux  pavillons  d'iso- 
lement (scarlatine  et  diphtérie),  construits  d'après  les  principes  de  l'hy- 
giène moderne  des  hôpitaux.  En  tout  il  y  a  40  lits.  En  1904,  on  a  soigné 
dans  les  salles  655  enfants  (580  chrétiens  et  75  juifs)  ;  de  ce  nombre  sont  : 
guéris,  80,7  p.  100;  améliorés,  13,2  p.  100;  incurables,  1,12  p.  100;  morts, 
5,4  p,  100. 

Nombre  des  opérations  chirurgicales  exécutées  :  182.  Dans  le  pavillon 
de  diphtérie,  on  aj  soigné  67  malades  avec  une  mortalitéde  14,92  p.  100, 
qui  est  réduite  à  9,34  p.  100,  si  on  défalque  4  morts  (de  croup)  dans  les 
vingt-quatre  heures,  après  l'injection  de  sérum.  De  ces  diphtériques, 
17  étaient  malades  du  croup  et  8  sont  morts,  ce  qui  donne  une  mortalité 
de  47,6  p.  100,  réduite  à  23,53  p.  100,  si  on  défalque  4  malades  morts 
quelques  heures  après  l'admission  ;  on  en  a  intubé  16.  Le  reste  des  50 
étaient  malades  de  pharyngite  avec  une  mortahté  de  4  p.  100.  A  la  con- 


i'^'72  ANALYSES 

sultation  externe,  on  a  soigné  9  854  enfants(5  751  chrétiens  et  4  103 juifs). 
Le  médecin  de  l'hôpital  est  M.  Victor  Imerwol. 

Dare  de  sama  a  spitalnlui  de  copii  «  caritatea  »    din  Jasi  pe  aon 

1905-1906  (Compte  rendu  de  Thôpital  d'enfants  Caritatea  de  Jassypour 
Tannée  1905-1906),  par  le  D^  Imerwol  (Brochure  de  20  pages,  Jassy,  1906). 

En  1905,  on  a  soigné  dans  les  salles  688  enfants  (533  chrétiens  et  155  juifs, 
354  filles  et  345  garçons  :  guéris,  79,22  p.  100;  améliorés,  7,12  p.  100; 
incurables,  0,94  p.  100;  morts,  7,85  p.  100). 

Le  nombre  des  journées  de  traitement  est  12  378,  soit  18,9  jours  de  trai- 
tement en  moyenne  par  malade. 

A  la  consultation  externe,  on  a  soigné  9  470  enfants.  Le  nombre  des 
opérations  chirurgicales  exécutées  est  de  239. 

Au  pavillon  de  la  diphtérie, 84  enfants  ont  été  soignés  avec  13  morts; 
mortalité  :  15,45  p.  100,  réduite  à  8,34  p.  100,  si  on  défalque  6  malades, 
qui  sont  morts  dans  les  vingt-quatres  heures  après  l'admission  et  la  pre- 
mière injection  de  sérum.  De  ces  diphtériques,  66  étaient  des  pharyngo- 
amygdalites  et  18  des  croups  avec  6  et  7  morts).  Mortalité  de  la  pharyn- 
gite diphtérique.  9  p.  100,  réduite  à  4,54  p.  100,  si  on  défalque  3  malades, 
admis  in  extremis.  Mortalité  du  croup,  38,89  p.  100,  réduite  à  22,20  p.  100, 
si  on  défalque  3  malades,  morts  dans  les  vingt-quatre  heures  après  la 
première  injection  (un  moribond).  12  malades  de  croup  ont  été  intubés, 
6  sont  morts  ;  mortalité  50  p.  100,  réduite  à  25  p.  100  si  on  défalque 
3  malades  morts  dans  les  vingt-quatre  heures  après  la  première  injection. 
La  mortalité  des  malades  du  croup  non  intubés  était  de  16,46  p.  100. 

Au  pavillon  de  la  scarlatine,  on  a  soigné  23  malades,  avec  3  morts  ; 
mortalité  13,05  p.  100.  A  plusieurs  de  ces  malades,  on  a  injecté  un  sérum 
polyvalent  streptococcique,  préparé  par  M.  le  professeur  D*"  Cantacuziao 
(de  Bucharest). 

Le  capital  de  l'hôpital  a  passé  de  556  000  francs  à  717  000  francs  (do- 
nations). Les  dépenses  furent  pour  cette  année,  de  50  668  francs  ;  le  traite- 
ment par  malade  et  par  jour  est  de  4  francs. 

Nombre  de  lits  :  40. 

Les  dispensaires  gratuits  de  la  caisse  des  écoles  da  VIP  arron- 
dissement, par  le  D' A.  Carel  (Brochure  de  34  pages,  Paris,  1907). 

Dans  cette  brochure,  nous  trouvons  des  détails  sur  le  fonctionnement 
des  dipensaires  pour  enfants  malades  et  consultations  de  nourrissons 
(1,  rue  Oudinot,  et  109,  rue  Saint-Dominique)  pour  l'année  1906.  Au  dis- 
pensaire de  la  rue  Oudinot,  fondé  en  1887,  les  consultations  avec  distri- 
bution de  médicaments  ont  lieu  les  mardis,  jeudis  et  samedis  de  deux  heures 
à  trois  heures  et  demie; la  distribution  de  lait  stérilisé  se  fait  tous  les  jours 
de  neuf  heures  à  onze  heures,  et  les  mardis,  jeudis  et  samedis,  de  deux  heures 
et  demie  à  quatre  heures  et  demie  (dimanches  et  fêtes  exceptés).  Vacci- 
nations à  toutes  les  consultations.  Consultations  pour  les  maladies  de  la 
bouche  et  des  dents  les  jeudis  à  deux  heures.  Au  dispensaire  de  la  rue 
Saint-Dominique  (Gros-Caillou),  fondé  en  1894,  les  consultations  avec  dis- 
tribution de  médicaments  ont  lieu  les  lundis,  mercredis,  vendredis  de  deux 
à  trois  heures.  hSi  distribution  de  lait  stérilisé  di  lieu  tous  les  jours  de  dix  heures 
à  midi  (dimanches  et  fêtes  exceptés);  les  vaccinations  se  font  le  premier 
lundi  de  chaque  mois. 

Voici  quelques  chiffres  qui  permettent  de  se  rendre  compte  de  l'ac- 
tivité de  ces  dispensaires.  Enfants  traités  en  1906  :  1  788  (1  009,  rue  Ou- 
dinot; 779,  rue  Saint-Dominique).  Lait  stérilisé  distribué  aux  nourrissons 


LIVRES  573 

jusqu'à  Tâge  de  deux  ans,  soit  gratuitement,  soit  au  prix  de  30  centimes 
et  désormais  25  centimes  le  litre  :  17  934  litres  rue  Oudinot  (15  875  payants 

2  059  gratuits),   19  401    litres   rue    Jaint-Dominique   (15  448    payants, 

3  953  gratuits). 

Les  recettes  (subventions  municipales  et  autres,  produit  de  la  vente  du 
lait  stérilisé,  etc.)  ont  été  de  19  254  francs  pour  le  premier  dispensaire, 
15  924  francs  pour  le  second  et  les  dépenses  correspondantes  de  15  472 
et  12  825  francs,  ce  qui  laisse  un  excédent  de  3  782  francs  pour  l'un  et 
3  109  francs  pour  l'autre.  L'œuvre  de  ces  dispensaires  est  donc  en  pleine 
prospérité. 


LIVRES 

Ârbeiten  aas  der  k.  k.  Universitâts-Kinderklinik  in  Wien  (Travaux 
delà  clinique  infantile  de  l'Université  de  Vienne),  par  le  D' Th.  ëscherich 
(vol.  de  300  pages,  Berlin,  1907,  S.  Karger,  éditeur). 

Cet  ouvrage  contient  une  série  de  travaux  dus  à  M.  Ëscherich  ou  à 
ses  élèves.  Nous  citerons  de  M.  Ëscherich  :  Isolement  et  prophylaxie  des 
contagions  dans  les  hôpitaux  d'enfants;  de  M.  Franz  Hamburger  :  Résorp- 
tion de  l'albumine  dans  l'alimentation  ;  de  M.  Ludwig  Jehle  :  Entérite 
streptococcique  et  ses  complications  ;  de  MM.  Erich  Benjamin  et  Erich 
Sluka  :  Le  chloroma  ;  de  M.  Adolf  F.  Hecht  :  Recherches  cliniques  et  expé- 
rimentales sur  les  hémorragies  cutanées  infantiles  ;  de  M.  Schick  :  suites 
de  scarlatine;  deM.  BiancaBienenfeld:  Leucocytes  dans  la  maladie  du 
sérum  ;  de  M.  Egon  Rach  :  Un  cas  d'artériosclérose  chez  une  fille  de 
treize  ans;  de  M.  Adolf  F.  Hecht  :  Essai  sur  l'hydrothérapie  dans  la  rou- 
geole ;  de  MM.  Erich  Benjamin  et  Erich  Sluka  :  Leucémie  dans  l'en- 
fance. Ce  dernier  article,  très  complet,  traite  successivement  de  la  leucémie 
chez  les  nouveau-nés,  chez  les  nourrissons,  chez  les  enfants  plus  âgés. 
Il  distingue  la  leucémie  lymphatique,  la  leucémie  myéloïde  et  le  trai- 
tement de  la  leucémie  par  les  rayons  de  Rôntgen.  A  la  fin  de  ce  travail 
sont  résumés,  en  tableau,  la  plupart  des  cas  publiés.  Dans  la  première 
enfance,  5  cas  de  leucémie  lymphatique  (entre  six  semaines  et  douze 
mois,  durée  de  la  maladie  ayant  varié  entre  trois  semaines  et  cinq  mois)  ; 
dans  la  seconde  enfance,  35  cas  entre  deux  et  quatorze  ans,  avec  une 
durée  qui  va  de  sept  jours  à  sept  mois.  La  leucémie  myéloïde  s'est  ren- 
contrée cinq  fois  dans  la  première  enfance  (de  huit  mois  à  dix-huit  mois) 
avec  une  durée  variant  de  douze  jours  à  deux  mois  ;  10  fois  dans  la 
seconde  (2  formes  aiguës  et  8  chroniques)  entre  cinq  et  treize  ans.  Dans 
la  leucémie  myéloïde  aiguë  de  la  seconde  enfance,  la  durée  a  été  de  deux 
mois  et  demi  et  trois  mois;  dans  la  forme  chronique,  elle  a  varié  entre 
quatre  mois  et  quatre  ans. 

Ce  recueil  de  travaux,  qui  n'est  pas  le  premier,  et  qui  ne  sera  pas  le 
dernier,  montre  quelle  activité  règne  à  la  clinique  du  professeur  Ësche- 
rich. 

Higiene  escolar  (Hygiène  scolaire),  par  le  D'  Benjamin-D.  Mar- 
TiNEZ  (vol.  de  165  pages,  Buenos  Aires,  1907). 

Dans  ce  petit  volume,  l'auteur  a  réuni  différents  travaux  présentés 
au  Congrès  médical  latino-américain  qui  s'est  tenu  cette  année  à  Mon- 
tevideo. Ces  travaux,  fort  intéressants,  sont  au  nombre  de  trois  : 

1°  Prophylaxie  des  maladies  transmissibles  dans  les  écoles  de  Buenos 
Aires; 


574  NOUVELLES 

2°  Déviations  vertébrales  d'origine  scolaire  ; 

30  La  solidarité  scolaire. 

Dans  le  premier  mémoire  sont  exposées  successivement  les  questions 
suivantes  :  prophylaxie  scolaire  en  général,  maladies  transmissibles, 
prophylaxie  en  particulier,  tuberculose,  maladies  éruptives,  maladies 
d'origine  hydrique,  maladies  contagieuses  de  la  peau,  maladies  ner- 
veuses, etc.  . 

Le  mémoire  sur  les  déviations  vertébrales  d'origine  scolaire  est  accom- 
pagné de  figures  et  traite  du  mobilier  scolaire,  de  l'éclairage  des  salles, 
de  la  lecture  et  écriture,  de  la  sédentarité  et  du  surmenage,  etc. 

Dans  le  troisième  mémoire  sur  la  solidarité  scolaire,  l'auteur  insiste  sur 
les  idées  de  mutualité  et  d'assistance  réciproque  qui  peuvent  donner 
de  l'élan  à  la  puériculture. 

Tous  ces  travaux  du  D^  Martinez  témoignent  d'une  réelle  compétence 
et  d'un  grand  zèle  pour  l'hygiène  scolaire.  Sous  ce  rapport,  l'Amérique 
latine  cherche  à  ne  pas  se  laisser  trop  distancer  par  l'Europe.  Elle  y  par- 
viendra. 


NOUVELLES 

Congrès  italien  de  Pédiatrie.  —  Le  VI''  Congresso  Pediatrico 
Jtaliano  aura  lieu  à  Padoue,  le  2  octobre  1907.  Deux  questions  princi- 
pales sont  mises  à  l'ordre  du  jour  et  seront  l'objet  de  rapports  :  i^  Le 
rachitisme  (D'  Comba,  D'  F.  Fede);  2^  Sérums  antibactériens  dans  le 
traitement  de  la  diphtérie  (D'  Banti,  D'  Concetti,  D'  Mya). 

De  plus,  deux  conférences  seront  faites,  l'une  sur  le  traitement  de  la 
luxation  congénitale  de  la  hanche  par  le  D'  Codivilla  (de  Bologne),  l'autre 
sur  l'importance  de  la  radiologie  en  pédiatrie,  par  le  D'  Gortan  (de 
Tries  te). 

Congrès  italien  d'Orthopédie.  — '-  Le  VI»  Congrès  de  la  Société 
italienne  d'orthopédie  aura  lieu  à  Bologne  (Institut  orthopédique  Rizzoli), 
le  15  octobre  1907.  La  question  du  Traitement  du  mal  de  Pott  a  été  mise  à 
l'ordre  du  jour;  rapporteurs  :  D^  Riccardo  Galeazzi  (de  Milan),  D'  Raf- 
FAELE  Bastianelli  (de  Rome). 

Legs  Poirier.  —  Dans  son  testament,  le  D^  Poirier,  dont  nous  avons 
à  déplorer  la  mort  prématurée,  laisse  une  somme  importante  à  ses  exé- 
cuteurs testamentaires,  MM.  de  Rothschild  et  Letourneur  pour  la 
création,  à  Granville,  d'une  œuvre  de  puériculture  analogue  à  celles  que 
le  Df  Budin  a  suscitées. 

Société  allemande  de  Pédiatrie.  —  La  79®  Session  de  l'Assemblée 
des  naturalistes  et  médecins  allemands  a  lieu  cette  année  à  Dresde, 
du  15  au  21  septembre.  La  20^  Section,  consacrée  aux  maladies  des  enfants, 
a  un  programme  très  bien  rempli.  Outre  les  rapports  présentés  par 
M.  Trumpp  (de  Munich),  et  Salge  (de  Gôttingen)  sur  les  gouttes  de  lait 
et  consultations  de  nourrissons,  de  nombreuses  communications  seront 
faites,  dont  nous  citerons  les  principales  :  Baron  (de  Dresde),  Angine  de 
Plaut- Vincent  ;  Brunning  (de  Rostock),  Histoire  du  biberon;  Butter- 
MiLCH  (de  Berlin),  Pouls,  pression  sanguine  et  température  chez  les  nour- 
rissons sains  et  malades  ;  Escherich  (de  Vienne),  Diagnostic  des  états 
tétanoïdes  dans  l'enfance  ;  Flachs  (de  Dresde),  Exanthèmes  fébriles  dans 


NOUVELLES  575 

l'enfance  ;  Heimann  (de  Munich),  Ration  dans  l'allaitement  naturel 
et  artificiel;  Hochsinger  (de  Vienne),  Adénopathies  thoraciques  dans 
le  premier  âge  ;  Hohlfeld  (de  Leipzig),  Tuberculose  des  nourrissons  ; 
Knôpfelmacher  (de  Vienne),  Injections  vaccinales  sous-cutanées  ; 
Kràmer  (de  Bôblingen),  Tuberculose  congénitale  et  son  importance  pra- 
tique ;  Leiner  (de  Vienne),  Une  dermatose  particulière  des  enfants  au 
sein  ;  MoRO  (de  Munich),  Rétention  des  alexines  du  sérum  chez  le 
nourrisson  ;  Neumann  (de  Berlin),  Influence  de  Tâge  de  naissance  sur 
la  survie  du  nouveau-né  ;  Peiser  (de  Breslau),  Ostéopsathyrosis  dans 
l'enfance;  RiTTER  (de  Berlin),  Myélite  aiguô  infantile  ;  Schiçk  (de  Vienne), 
Troubles  cardiaques  dans  la  scarlatine  ;  Schlossmann  (de  Dûsseldorf), 
La  clinique  infantile  de  Dûsseldorf  ;  Teuffel  (de  Dresde),  Entérite  des 
nourrissons  ;  Uffenheimer  (de  Munich),  Scarlatine  ;  Zappert  (de  Vienne), 
Tubercule  du  cerveau  dans  Tenfance. 

D'autres  communications  seront  faites  par  MM.  Bernheim-Karrer 
(de  Zurich),  Fisghl  (de  Prague),  Niemann  (de  Berlin),  Pfaundler  (de 
Munich),  Pirquet  (de  Vienne),  Schlesincer  (de  Strasbourg),  Siegert 
(de  Cologne),  Soltmann  (de  Leipzig)  ;  Swoboda  (de  Vienne),  Tobler 
(de  Heidelberg),  etc. 

Congrès  intematioiial  d'hygiène.  —  Le  XIV^  Congrès  international 
d'Hygiène  et  de  Démographie  se  tiendra  cette  année  à  Berlin  du  23  au 
29  septembre.  Dans  la  section  III  (Hygiène  de  V enfance  et  des  écoles), 
présidée!  V^^  M.  Heubner  (de  Berlin),  assisté  de  M.  von  Esmarch  (de 
Gôttingen),  et  Lôbker  (de  Bochum),  vice-présidents,  les  rapports 
suivants  sont  à  l'ordre  du  jour  :  1°  De  Vassistance  à  donner  aux  nourrissons 
(MM.  Dietrich,  Szana  et  Taube)  ;  2°  Des  asiles  de  nourrissons  (MM.  Eps- 
TEiN  et  Keller)  ;  3°  Instructions  aux  sages-femmes  sur  V hygiène  des 
nourrissons  (MM.  Brennecke,  Fritsch  et  Krukenberg)  ;  4°  Production 
d'un  lait  irréprochable  pour  les  enfants  (MM.  Porcher,  Nicolas,  Weber)  ; 
S^  Les  médecins  scolaires  (MM.  Gôppert,  JohÀnnessen,  Mery  et  Rist, 
StEPKAîii);  6^  Surmenage  des  enfants  dans  les  écoles  (MM.  CzEKJi  Y, Mkthiev); 
70  Réglementation  pratique  des  vacances  (MM.  Burgerstein  et  Eulen- 
burg)  ;  S^  Assistance  aux  faibles  d'esprit  {MM.FvRSTEîiHEiMfWEY  GA^Di). 

Facnlté  de  Lyon.  —  Le  D'  Mouriquand  vient  d'être  nommé  chef 
de  clinique  des  maladies  des  enfants  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon 

(service  du  D'  Weill). 

Coors  de  Yacances:  —  L'enseignement  libre  de  la  pédiatrie  se  développe 
de  plus  en  plus.  Voici  les  cours  qui  sont  faits  cette  année  dans  les 
Hôpitaux  et  services  d'Enfants.  A  l'hôpital  des  Enfants-Malades,  M.  Broc  a, 
pendant  le  mois  d'août,  a  fait  un  cours  de  Chirurgie  ostéo -articulaire.  Les 
lundis  et  vendredis,  de  onze  heures  et  demie  à  deux  heures  et  demie,  leçon 
clinique;  de  deux  heures  et  demie  à  trois  heures  et  demie,  opérations  et 
appareils.  Les  mardis  et  samedis,  de  dix  heures  à  midi,  à  la  Consultation, 
examen  des  malades  par  les  élèves.  Maximum  vingt  élèves,  prix  : 
50  francs. 

A  l'hôpital  Bretonneau,  M.  Lesné,  à  partir  du  10  août  et  jusqu'à  la 
fin  de  septembre,  fait  tous  les  samedis,  à  dix  heures  et  demie,  des  leçons 
de  clinique  et  de  thérapeutique  infantiles, 

A  l'hôpital  Saint-Louis  et  à  l'hôpital  Hérold,  M.  Du  four  fera,  du 
lundi  2  septembre  au  jeudi  14  septembre,  une  série  de  conférences  et  de 
travaux  pratiques  de  clinique  et  thérapeutique  infantiles^  avec  exercice  indi- 
viduel des  élèves.  Le  nombre  des  élèves  est  limité  à  dix. 


576  NOUVELLES 

Préservation    de    l'enfance   contre  la   tabercnlose.    —  Le  profes- 
seur Grancher,  dont  nous  avons  à  regretter  la  mort,  n'a  pas  voulu  que 
son  œuvre  admirable  de  préservation  de  l'enfance  contre  la  tuberculose 
fût  mise  en  péril  par  sa  disparition.  Il  lui  a  légué,  par  un  testament  dont 
M.  BozoN  nous  a  communiqué  la  copie,  une  rente  de  20  000  francs.  Le 
Conseil  d'Administration,  réuni  d'urgence  sous  la  présidence  de  M.Chsys- 
SON,  a  été  saisi  de  cette  grande  libéralité  qui  assure  à  l'Œuvre  la  continua- 
tion de  ses  progrès.  Dans  la  séance  qu'il  a  tenue,  après  avoir  nommé 
président  M.  le  D'  Roux,  de  l'Institut  Pasteur,  il  a  acclamé  à  Tunanimité 
la  nomination  de  Mme  Grancher  comme  vice-présidente  du  Conseil 
d'administration.   Le  Conseil  d'administration  de  V  Œuvre  de  Grancher, 
composé  de  vingt-cinq  membres,  a  pour  bureau  pour  Tannée  courante  : 
MM.  Roux,  président;  Cheysson,  L.  Bourgeois,  Faisans,  vice-pré- 
sidents ;  Mme  Grancher,  vice-présidente  ;  MM.  Arhand-Delille,  cecré- 
taire  général  ;  Sellier,  trésorier. 

Congrès  des  Sociétés  savantes.  —  Voici  le  programme  des  questions 
intéressant  les  médecins  d'enfants  mises  à  l'ordre  du  jour  du  Congrès 
des  Sociétés  savantes,  qui  aura  lieu  à  la  Sorbonne  au  printemps  de  1908: 

1®  La  tuberculose  et  les  moyens  d'en  diminuer  la  contagion; 

2o  Les  sanatoria  d'altitude  et  les  sanatoria  marins; 

30  Les  méthodes  de  désinfection  contre  les  maladies  contagieuses  et 
les  résultats  obtenus  dans  les  villes,  les  campagnes  et  les  établissements 
où  la  désinfection  des  locaux  habités  est  pratiquée; 

40  Adduction  des  eaux  dans  les  villes.  —  Étude  sur  la  pollution 
des  nappes  souterraines  et  des  rivières; 

50  La  lèpre  et   la  pellagre  en  France; 

6<>  Du  rôle  des  insectes  et  spécialement 'de  la  mouche  vulgaire  dans 
la  propagation  des  maladies  contagieuses; 

70  Hygiène  de  l'enfant  à  l'école. 


Le  Géi'anty 
P.  B01CHE7.. 


4976-07.  —  Cot>l)eil.  Imprimerie  Éd.  CrétA. 


10*  Année  Octobre  1907  N«  10 


MÉMOIRES    ORIGINAUX 


XXI 


L'ENCÉPHALITE   AIGUË  CHEZ  LES   ENFANTS 

Par  le  D'  J.  GOM BT, 

Médecin  de  i'Hôpital  des  Enfants- Medades. 


Le  cerveau  de  l'enfant  forme  une  masse  énorme,  sans  pro- 
portion avec  le  reste  du  corps.  Outre  son  volume  considérable, 
l'encéphale  présente  une  riche  circulation,  qui  assure  sa  nutri- 
tion et  son  développement,  mais  l'expose  en  même  temps 
à  des  troubles  et  lésions  morbides  plus  ou  moins  graves.  Plus 
un  organe  est  actif,  plus  il  est  vulnérable.  L'hyperactivité 
de  l'encéphale  infantile  devait  faire  prévoir  la  fréquence  et 
la  gravité  des  encéphalites. 

Or,  il  faut  bien  avouer  que  l'encéphalite  aiguë  n'a  tenu 
jusquà  ce  jour  qu'une  place  insignifiante  dans  la  nosologie 
infantile.  Tous  les  auteurs  décrivent,  avec  beaucoup  de  soin 
et  de  détails,  les  méningites  ;  aucun  n'accorde  à  l'encéphalite 
la  description  qu'elle  mérite,  quand  il  ne  la  méconnaît  pas 
entièrement. 

Les  méninges  ne  sont  que  des  enveloppes  fîbro-conjonctives, 
des  organes  amorphes  et  sans  valeur  propre.  Elles  servent 
de  support  aux  vaisseaux,  de  cloisons  et  de  séreuses  aux 
organes  sous-jacents.  Malgré  les  apparences,  elles  sont  moins 
souvent  et  moins  foncièrement  atteintes  que  les  couches  ner- 
veuses qu'elles  protègent,  et  beaucoup  des  symptômes  de 
l'encéphalite  aiguë  sont  indûment  attribués  à  la  méningite. 

Sans  doute,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  méningite  et 
encéphalite  sont  intimement  associées  ;  et  il  est  difficile  de 
faire  la  part  des  deux  systèmes  organiques  dans  un  processus 
infectieux  qui  les  unit  et  les  confond.  Mais  il  existe,  chez 
l'enfant  principalement,   une   foule   de   réactions   nerveuses, 

Arch.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X.  —  37 


■  •     r 


578  J.    COMBY 

passagères  ou  durables^  qui  relèvent  de  l'encéphalite  et  non 
de  la  méningite. 

Actuellement,  il  est  permis  de  voir  plus  clair  dans  un  tableau 
clinique  complexe  et  confus,  grâce,  à  la  ponction  lombaire, 
véritable  biopsie  qui,  du  vivant  même  du  malade,  attestera 
la  présence  ou  l'absence  des  lésions  méningées,  qu'on  a  trop 
l'habitude  d'incriminer  dans  tous  les  cas.  Quand  aucune 
réaction  leucocytaire  ne  se  manifeste  dans  le  liquide  céphalo- 
rachidien,  il  est  bien  permis  d'affirmer  la  non-existence  de  toute 
espèce  de  méningite.  C'est  pour  ces  cas  qu'on  avait  l'habitude 
d'invoquer  jusqu'à  ces  derniers  temps  le  méningisme,  la  pseudo- 
méningite, la  méningite  séreuse,  etc.  Or,  désormais,  nous  devrons 
songer  à  l'encéphalite  aiguë,  qui,  on  aurait  dû  le  prévoir,  joue 
un  rôle  énorme  dans  la  pathologie  du  jeune  âge. 

Les  manuels  de  médecine,  et  même  les  grands  traités  clas- 
siques, publiés  il  y  a  quelques  années,  ne  contenaient  pas  de 
chapitre  réservé  à  l'encéphalite  aiguë  non  suppurative  de 
l'enfance. 

La  seule  encéphalite  suppurée,  avec  foyer  collecté,  en 
d'autres  termes  V abcès  du  cerveau,  avait  attiré  et  accaparé 
l'attention  des  médecins  et  des  chirurgiens.  Que  cette  variété 
seule  touche  les  chirurgiens,  cela  se  conçoit  ;  mais  n'est-il  pas 
étrange  de  voir  l'encéphalite  non  suppurative  si  longtemps 
négligée  par  les  médecins,  alors  qu'elle  aurait  dû  les  intéresser 
à  un  haut  degré,  comme  nous  le  montrerons  dans  ce  travail. 

Historique. 

Dans  un  intéressant  historique,  M.  Raymond  rappelle, 
après  Hayem,  les  auteurs  qui  ont  peu  à  peu  édifié  la  doctrine 
de  l'encéphalite  aiguë. 

C'est  Huguenin  (1874)  qui  établit  la  classification  des 
encéphalites  ;  Leyden  (1878),  qui  décrit  la  lésion  inflammatoire 
des  noyaux  bulbaires,  analogue  à  la  myéUte  aiguë  ;  Wernicke 
(1881),  qui  crée  la  poliencéphalite  supérieure  (substance  grise 
du  plancher  des  troisième  et  quatrième  ventricules,  aqueduc 
de  Sylvius)  ;  Strumpell  surtout  (1884),  qui  établit  nettement 
lo  parallèle  entre  la  paralysie  infantile  et  la  paralysie  céré- 
brale par  encéphalite  du  cortex  :  poliencéphalite  aiguë  des 
enfants. 

En  1892,  Leichtenstern  parle  d'encéphalite  aiguë  hémor- 
ragique ;  Nauwerck  (1895)  insiste  sur  le  rôle  de  la  grippe. 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  579 

D'ailleurs,  quand  Cotard  relevait  Tirifluence  des  fièvres 
éruptives  sur  la  production  des  scléroses  cérébrales,  quand 
Richardière  décrivait  la  sclérose  lobaire  consécutive  aux  mala- 
dies  infectieuses,  quand  Bouchut  .donnait  Tinflamniation  de 
reneéphale  comme  point  de  départ  de  la  sclérose  atrophîque, 
tous  ces  auteurs  pressentaient  le  rôle  important  de  l'encépha- 
lite aiguë  dans  la  pathologie  de  l'enfance. 

Jendrassik  et  Marie,  en  même  temps  que  Striimpell,  rap- 
portent deux  observations  d'encéphalite  d'origine  infectieuse  ; 
pour  eux,  le  processus  commence  par  les  vaisseaux  et  nôû 
par  les  cellules  de  la  substance  grise. 

Dans  le  domaine  particulier  de  la  pédiatrie,  les  faits  d'encé- 
phalite aiguë  abondent,  et  ils  ont  été  relevés  par  Prickett  et 
Batten,  par  Comby  (1),  par  Concetti,  etc. 

Nous  allons  rappeler  les  faits  les  plus  saillants,  épars  dans  les 
pubUcations  de  médecine  générale  ou  de  médecine  infantile. 

Le  résumé  ôuccinct  de  ces  observations  rendra  l'historique 
moins  aride  et  permettra  de  se  faire  une  opinion  assez  exacte 
de  la  symptomatologie  si  variée  et  si  riche  de  l'encéphalite 
aiguë  infantile. 

Prickett  et  Batten  (Clin.  Soc.  of  Londoriy  It  mai  1900)  ont 
rapporté  une  intéressante  observation  d'encéphalite  aiguë 
grippale,  suivie  de  mort  chez  un  garçon  de  neuf  ans. 

Cet  enfant  a  une  légère  grippe  au  mois  de  janvier  1899  ; 
il  ne  garde  le  lit  qu'un  jour  et  reprend  ensuite  ses  occupations. 
Le  quatrième  jour,  sa  bonne,  entrant  dans  la  chambre  pour 
lui  donner  un  bain,  le  trouve  avec  le  bras  droit  paralysé  ; 
puis  bientôt  on  constate  une  hémiplégie  droite  complète  avec 
aphasie,  suivie  de  coma  et  de  mort  en  trois  jours.  A  l'autopsie, 
intégrité  des  méninges  et  des  sinus,  pâleur  de  la  surface  du 
cerveau  avec  affaissement  notable  des  circonvolutions,  sur- 
tout à  gauche.  Vaisseaux  sous-corticaux  très  injectés  surtout 
à  gauche;  noyaux  et  capsule  interne  intacts. 

Au  microscope,  thrombose  des  petits  vaisseaux  avec  petites 
extravasations  sanguines  dans  la  région  sous-corticale  ;  cellules 
de  l'écorce  un  peu  gonflées  et  confuses  avec  conservation  des 
noyaux  et  nucléoles.  Mêmes  lésions  dans  la  protubérance, 
le  cervelet  et  la  moelle. 

Batten  {The  Lancet,  20  décembre  1902)  a  cité  le  cas  d'une 

(1)  D''  J.  Co M BT,  L'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  (Bulletin  méd.,  17  jan- 
Tierl906). 


GSO  J.    COMBY 

fille  de  quatre  ans  et  demi,  prise  d'encéphalite  aiguë  au  cours 
d'une  coqueluche.  C'est  au  cours  d'une  coqueluche  que  j'ai  vu 
également  éclater  une  encéphalite  des  plus  graves  chez  un 
garçon  de  trois  ans  (obs.  XX). 

Le  D^  Concetti  (fliV.  di  Clin.  Ped.,  février  1903),  a  vu 
l'encéphalite  aiguë  se  déclarer  chez  un  garçon  de  trois  ans  à 
la  suite  de  troubles  digestifs  avec  fièvre.  On  pense  à  la  ménin- 
gite, mais  la  ponction  lombaire  ne  décèle  ni  bactéries  ni  leu- 
cocytes dans  le  liquide  céphalo-rachidien.  Les  accidents  aigus 
se  calment  et  font  place  à  des  symptômes  de  sclérose  en  plaques 
qui  durent  trois  mois. 

Un  élève  de  Vierordt,  le  D^  B.  Weyl  {Jahrb.  /.  Kind,,  1906) 
a  observé  un  enfant  de  cinq  ans  et  demi  qui,  trois  semaines 
auparavant,  avait  présenté  un  strabisme  intermittent.  Brus- 
quement, le  17  décembre  1904,  il  survient  de  la  constipation, 
de  la  céphalée,  des  vomissements  ;  le  20,  perte  de  connaissance 
et  convulsions.  Raideur  de  la  nuque,  puis  généralisée,  nystag- 
mus  horizontal  très  rapide  avec  mouvement  incessant  des 
yeux    vers  la  gauche.  Respiration  de    Cheyne-Stokes.    Mort. 

La  ponction  lombaire  donne  un  liquide  sans  bactéries  ni 
cellules. 

A  l'autopsie,  pas  de  méningite.  Congestion  veineuse,  circon- 
volutions aplaties  et  œdématiées.  Au  microscope,  infiltration 
disséminée  de  l'arachnoïde  et  de  la  pie-mère  ;  foyers  non  suppu- 
res d'encéphalite  autour  des  vaisseaux,  dans  la  substance 
corticale  et  dans  la  substance  blanche.  Ces  foyers  sont  formft» 
d'amas  de  lymphocytes  et  de  plasmazellen.  Infiltration  et 
épaississement  des  parois  vasculaires,  dégénérescence  d(^ 
cellules  ganglionnaires.  Ce  cas  répond  au  type  d'encéphalil»' 
aiguë  diffuse,  sans  foyer  localisé,  sans  suppuration,  tel  qu'on 
le  rencontre  assez  souvent  dans  la  grippe. 

Sous  le  titre  de  symptômes  cérébraux  dans  la  rougeole 
(Cérébral  symptoms  in  measles),  le  D^  Guy  J.  Branson  (Brit, 
med.  Jour.,  29  avril  1905)  rapporte  un  cas  d'encéphalite  aiguë 
curable  et  passagère.  Une  fille  de  douze  ans,  au  troisième  jour 
d'une  éruption  de  rougeole  normale,  présente  quelques  spasme> 
de  la  face  et  des  membres.  Le  quatrième  jour,  convulsions  avtM» 
perte  absolue  de  connaissance.  Pendant  quatre  jours,  l'enfant 
a  perdu  la  mémoire,  ne  parle  pas.  Fièvre  modérée.  Guérison. 

C'est  également  un  cas  d'encéphalite  aiguë  qu'a  rencontre 
John  Wi  Findlay  (The  Glasg,  med.  Jour,,  janvier  1906),  à  la 


l'encéphalite  aiqub  chez  les  enfants  58i 

suite  des  oreillons,  chez  un  enfant  de  deux  ans.  Les  oreillons 
avaient  duré  quatorze  jours.  Peu  après,  vomissement,  diarrhée, 
convulsions  limitées  au  côté  gauche,  avec  perte  de  connaisance, 
pendant  vingt-quatre  heures.  Tout  le  côté  reste  paralysé.  Pen- 
dant trois  semaines,  convulsion  à  gauche  toutes  les  trois 
heures. 

Au  bout  de  trois  mois  et  demi,  l'enfant  recommence  à  mar- 
cher, le  bras  restant  paralysé.  Elle  parlait  bien  avant  les 
convulsions  ;  maintenant  elle  bredouille. 

Actuellement,  c'est  une  fille  de  cinq  ans,  marchant  comme 
une  hémiplégique.  Pied  et  jambe  gauches  livides  et  plus  froids 
que  du  côté  droit. 

Rigidité  avec  flexion  du  pied  et  des  orteils.  Pied  et  mollet 
plus  petits  à  gauche  qu'à  droite,  raccourcissement  de  25  mil- 
limètres. Bras  gauche  affaibli,  moins  gros  que  le  droit,  froid 
et  livide,  main  plus  petite,  raccourcissement. 

Ce  membre  est  contracture  avec  pronation  et  flexion  de 
Tavant-bras,  flexion  du  poignet  et  des  doigts.   Exagération 
des  réflexes  tendineux,  réflexe  de  Babinski  à  gauche. 

Il  est  évident  que  cette  fillette  a  eu,  à  la  suite  des  oreillons, 
une  encéphalite  aiguë  de  l'hémisphère  droit  avec  lésion  des- 
cendante du  faisceau  pyramidal. 

Le  D'  Eleanor  C.  Jones  (Arch,  of  Ped,,  janvier  1906),  sous 
le  titre  (Thémiplégie  atypique,  a  décrit  bien  certainement 
une  séquelle  d'encéphalite  aiguë  :  garçon  de  huit  ans,  bien 
portant  jusqu'à  dix-huit  mois  ;  à  ce  moment,  fièvre,  vomisse- 
ments, convulsions  du  côté  gauche  ;  après  la  phase  aiguë,  qui 
a  duré  huit  jours,  une  paralysie  persiste  à  gauche,  avec  con- 
tracture au  bout  de  très  peu  de  temps.  L'enfant  n'a  commencé 
à  marcher  qu'à  trois  ans  ;  convulsions  répétées,  à  des  inter- 
valles variant  de  un  à  six  mois  ;  pas  de  convulsions  depuis 
deux  ans.  Enfant  petit  pour  son  âge,  arriéré,  parlant  mal.  On 
constate  une, paralysie  des  membres  et  de  la  moitié  inférieure 
de  la  face  à  gauche.  Troubles  vaso-moteurs,  mouvements 
choréiformes  fréquents  à  la  main.  Contracture  très  prononcée 
à  la  jambe. 

DansuncasduDrBouchaud(i4rcA.  gén,  de  mëd.,  15 mai  1906), 
Thémiplégie  est.  restée  flasque.  Un  garçon  de  dix  ans  est  pris  à 
six  ans,  en  août  1900,  d'accidents  méningitiques  :  fièvre,  cris, 
agitation,  etc. 

Au  bout  de  six  semaines,  guérison.   En  mai  1901,  inertie 


S82  J.    COMBV 

du  bras  et  de  la  jambe  gauches.  La  paralysie  a  persisté  en  s'amé- 
liorant  depuis  cette  époque.  En  décembre  1904,  monoplégie 
brachiale  gauche,  pas  de  paralysie  faciale  ;  atrophie  du  membre, 
qui  est  moins  gros  et  plus  court  que  l'autre.  Réactions  élec- 
triques normales. 

Les  cas  observés  par  M.  F.  Raymond  {Arch.  de  méd.  des 
enfants,  novembre  1906)  nous  montrent  les  séquelles  éloignées 
de  l'encéphalite  aiguë  infantile. 

Fille  de  quinze  ans,  bien  portante  jusqu'alors,  est  prise  à 
trois  ans  de  fièvre  et  de  convulsions  ;  le  lendemain,  paralysie 
de  la  face  à  droite.  Les  accidents  aigus  disparaissent,  la  para- 
lysie faciale  persiste  ;  elle  est  totale,  mais  atteint  plus  le  facial 
moyen  que  le  facial  supérieur  et  le  facial  inférieur.  Excitabilité 
électrique  diminuée.  Un  examen  attentif  montre  des  secousses 
spasmodiques.  De  plus,  la  langue  présente  de  l'hémi-atrophie. 
Il  est  évident  que  ces  manifestations  dénoncent  une  lésion 
de  la  région  bulbo-protubérantielle.  Cette  paralysie  associée 
de  la  septième  et  de  la  douzième  paires  droites  ne  peut  s'expli- 
quer que  par  une  polioencéphalite  inférieure  aiguë,  ayant 
touché  les  noyaux  du  facial  et  de  l'hypoglosse  du  côté  droit. 

Fille  de  vingt-cinq  ans,  présente  à  neuf  mois  une  contracture 
des  membres  supérieur  et  inférieur  gauches.  Même  état  jusqu'à 
deux  ans.  A  huit  ans,  tremblement  devenu  permanent.  On 
constate  une  hémiplégie  gauche  avec  contracture  plus  pro- 
noncée du  membre  supérieur.  Tremblement,  exagération  de> 
réflexes,  extension  du  gros  orteil.  Strabisme  externe  de  Fceil 
droit,  absence  de  réaction  de  la 'pupille,  amblyopie. 

Il  est  probable  que  les  lésions  de  la  troisième  paire  et  du 
faisceau  pyramidal  ont  été  simultanées.  Ce  syndrome  de 
Benedikt  est  une  séquelle  d'encéphalite  aiguë  infantile. 

Jeune  homme  de  vingt-six  ans,  bien  portant  jusqu'à  deux 
ans,  pris  alors  d'une  maladie  infectieuse  accompagnée  de 
<îonvulsions.  Il  se  relève  avec  une  hémiparésie  gauche,  suivie 
plus  tard  de  tremblements  choréiques,  réflexes  exagérés, 
sans  clonus  du  pied  ;  l'atteinte  du  faisceau  pyramidal  a  été 
minime. 

Il  s'agit  probablement  d'une  encéphalite  aiguë  ayant  port'* 
sur  la  partie  moyenne  de  la  région  rolandique. 

Reprenant,  à  propos  de  ces  malades,  l'histoire  de  l'encépha- 
lite aiguë,  M,  Raymond  n'a  pas  de  peine  à  montrer  l'exagéra- 
tion des  partisans  à  outrance  de  la  doctrine  de  l'embolie  et  de 


tt;*" 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  583 

la  thrombose.  Le  ramollissement  cérébral  n'est  pas  forcément 
d'origine  embolique  ou  thrombosique  ;  il  peut  être  inflam- 
matoire, comme  l'avait  bien  vu  Hayem  dès  1868. 

Il  faut  accorder  au  cerveau  ce  qu'on  a  depuis  longtemps 
reconnu  à  la  moelle,  c'est-à-dire  le  droit  à  l'inflammation 
non  suppurative  de  ses  éléments. 

Le  D'  Sheffield  (Arch.  of  Ped.,  décembre  1906)  a  observé 
un  cas  fort  intéressant  d'encéphalite  aiguë  grippale  chez  un 
garçon  de  vingt  mois  qui,  après  une  invasion  brutale  carac- 
térisée par  des  vomissements,  de  la  fièvre,  des  secousses  muscu- 
laires, cessa  de  marcher  à  cause  d'une  hémiplégie  gauche.  En 
même  temps  existait  une  paralysie  faciale  droite,  périphérique. 
Cette  paralysie  croisée  pouvait  faire  errer  le  diagnostic.  Mais 
M.  Sheffield  ne  s'y  trompa  pas  et  reconnut  une  hémiplégie 
motrice  gauche,  consécutive  à  une  encéphalite.  Il  y  avait  exagé- 
ration des  réflexes  plus  marquée  à  gauche. 

Pas  de  troubles  de  la  sensibilité,  pas  de  réaction  de  dégé- 
nérescence. La  paralysie  faciale  s'expliquait  par  une  otite 
moyenne.  Dans  l'espace  de  trois  mois,  l'enfant  guérit  complè- 
tement de  son  hémiplégie,  sans  séquelle  appréciable.  Cette 
curabilité  des  paralysies  localisées,  dans  l'encéphalite  aiguâ 
infantile,  est  loin  d'être  rare. 

Non  moins  intéressant  est  le  cas  de  Baginsky  {Soc,  de  méd. 
de  Berlin,  9  janvier  1907).  Un  enfant  de  deux  ans  et  quelque* 
mois  présente,  à  l'âge  de  dix-huit  mois,  une  coqueluche  grave. 
Bientôt  symptômes  méningitiques,  vomissements,  raideur  de 
la  nuque,  etc.  Au  bout  de  quelques  semaines,  il  est  devenu 
aveugle,  sourd  et  idiot.  Réflexes  pupillaires  abolis,  de  temps 
en  temps  convulsions  plus  ou  moins  violentes.  Liquide  céphalo- 
rachidien  limpide,  sans  microbes  ni  leucocytes.  Peu  à  peu,  la 
cécité  et  la  surdité  régressent,  l'intelligence  revient. 

Baginsky  admet  une  lésion  des  nerfs  crâniens  par  des  pro- 
cessus méningitiques  ou  des  lésions  hémorragiques,  toxi- 
iiifectieuses,  des  centres  nerveux.  Vu  la  qualité  du  liquide 
céphalo-rachidien,  c'est  l'encéphalite  aiguë  qu'il  faut  incri- 
miner. 

Plus  récemment,  le  D*"  Isaac-A.  Abt  (Archwes  of  PediatricSy 
mai  1907)  a  rapporté  deux  cas  d'encéphalite  aiguë  chez  une 
fillette  et  un  garçon  de  cinq  ans,  et  a  esquissé,  à  ce  propos, 
la  description  de  la  maladie  que  nous  avions  faite  avant  lui 
dans  le  Bulletin  médical  (17  janvier  1906). 


584  J.   COMBY 

Depuis  la  publicité  faite  autour  de  cette  acute  non  suppu- 
ratiçe  encephalitis  in  children,  les  cas  vont  ea  se  multipliant 
dans  tous  les  pays,  et  notre  historique  est  forcément  incom- 
plet. La  thèse  récente  de  Chartier  (Paris,  juillet  1907),  est 
surtout  à  consulter. 

Anatomie  pathologique. 

M.  Raymond,  d'après  les  examens  faits  en  collaboration 
avec  PhiUppe  et  Cestan,  décrit  deux  types  histologiques  :  type 
hyperplastique  déjà  décrit  par  Hayem  ;  type  dégénératif^  pré- 
férable au  terme  d'encéphalite  hémorragique,  car  il  y  a  des 
lésions  de  cellules  et  de  fibres  nerveuses  en  même  temps  que 
des  lésions  vasculaires. 

A  l'examen  direct,  l'encéphalite  rappelle  un  peu  le  raptus 
hémorragique,  avec  cette  différence  que  la  couleur  rouge  est 
due  à  la  congestion,  à  l'infiltration  du  tissu  nerveux  par  le 
sang,  mais  non  à  sa  destruction. 

Il  n'y  a  pas  dilacération  de  la  substance  cérébrale,  qui  con- 
serve sa  forme,  ses  contours,  ses  sillons  et  circonvolutions. 
Quant  au  ramollissement  ischémique  à  la  période  de 
ramollissement  rouge,  il  a  des  points  de  ressemblance 
avec  le  processus  de  l'encéphalite  aiguë  :  hémorragies 
interstitielles,  œdème  de  la  substance  cérébrale,  altérations 
cellulaires  et  corps  granuleux.  Mais,  dans  l'encéphalite,  les 
lésions  sont  diffusées  aux  deux  hémisphères,  sans  rapport 
avec  la  distribution  artérielle.  Et  surtout  il  y  a  une  réaction 
polynucléaire  intense  autour  des  vaisseaux,  dans  les  espace 
sous-arachnoïdiens  et  dans  la  substance  cérébrale,  jusqu'à 
déterminer  par  endroits  de  véritables  abcès  microscopiques. 
Une  polynucléose  aussi  intense  témoigne  en  faveur  d'une 
inflammation  aiguë  toxi-infectieuse. 

Enfin,  il  y  a  une  thrombose  des  veinules  de  Tencéphale, 
véritable  phlébite  aiguë  avec  nodules  infectieux  périphlé- 
bitiques,  qui  ne  sam*ait  être  sous  la  dépendance  d'une  artérite 
oblitérante  ischémique,  mais  caractérise  un  processus  d'infec- 
tion. Tel  est  le  ramollissement  inflammatoire,  qui  n'aboutit 
pas  à  l'abcès  du  cerveau,  qui  peut  parfois  s'associer  à  la  ménin- 
gite. 

La  forme  d'encéphalite  à  foyers  limités  est  la  plus  fréquente  ; 
on  peut  l'observer  dans  tous  les  segments  de  l'encéphale: 
myélite   bulbaire   hémorragique   de   Leyden,   poliencéphalite 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  585 

de  Wernicke  ;  dans  les  hémisphères,  riixQammation  atteint 
réoorce  grise  ou  les  ganglions  gris  centraux  ;  elle  est  souvent 
bilatérale  ;  la  substance  blanche  peut  être  prise  également, 
et  il  n'y  a  pas  de  différence  fondamentale  entre  la  poliencépha- 
lite  et  la  leuco-encéphalite.  D'ailleurs,  l'encéphalite  aiguë 
peut  intéresser  à  la  fois  plusieurs  segments  de  l'encéphale. 

L'encéphalite  peut  être  associée  à  la  poliomyélite  (Medin). 
Au  cours  des  épidémies,  dans  une  famille,  on  pourra  voir  un 
enfant  frappé  dans  son  encéphale  et  l'autre  dans  sa  moelle. 
Bien  plus,  la  poliencéphalite  et  la  poliomyélite  peuvent  être 
associées  à  la  polynévrite. 

Les  foyers  d'encéphalite  aiguë  sont  de  volume  et  de  nombre 
variables.  D'un  rouge  sombre  dans  la  substance  grise,  ils 
tirent  sur  le  jaune  dans  la  substance  blanche.  Sur  un  fond 
uniforme  apparaissent  de  petits  points  plus  colorés,  par  hyper- 
émie  ou  par  hémorragie.  La  région  atteinte  est  gonflée,  infll- 
trée  de  sérosité  et  bombant  à  la  coupe.  La  thrombose  vasculaire 
accompagne  souvent  l'encéphalite  corticale.  Les  veines  par- 
ticipent au  processus  autant  que  les  artères  ;  parfois,  les  ar- 
térioles  paraissant  saines,  les  veinules  sont  enflammées  et 
thrombosées.  Vaisseaux  béants  et  dilatés,  remplis  de  globules 
sanguins  ;  autour  d'eux,  agglomération  leucocytaire  ;  tu- 
niques épaissies  et  distendues  par  une  infiltration  polynucléaire. 

Au  voisinage  des  vaisseaux  thromboses,  hémorragies  mi- 
liaires.  Névroglie  altérée  dans  toute  la  zone  inflammatoire; 
infiltrat  séreux  ou  séro-flbrineux  dû  stroma  (œdème  par 
thrombose  vasculaire),  multiplication  et  gonflement  des 
cellules.  A  côté  de  ces  lésions  interstitielles,  il  y  en  a  de  paren- 
chymateuses  :  chromatolyse  des  cellules  nerveuses,  dispari- 
tion des  prolongements  cellulaires,  dissociation  des  fibres 
nerveuses,  corps  granuleux,  etc. 

Telle  est  l'encéphalite  aiguë  hémorragique  que  M.  Raymond 
appelle  dégénératwe. 

Mais,  à  côté  de  cette  évolution  aiguë,  il  est  une  forme  subai- 
guë (encéphalite  hyperplastique  de  Hayem)  qui  appartient 
surtout  aux  sujets  âgés. 

Étiologle. 

L'encéphalite  aiguë  se  montre  à  tout  âge,  dans  la  première 
comme  dans  la  seconde  enfance,  peut-être  même,  comme  le 
veut  F.  Raymond,  dans  la  vie  intra-utérine,  laissant  alors 


580  J.  COMBY 

pour  séquelles  la  porencéphalie,  la  microcéphalic,  etc.  J'ai 
noté  l'apparition  <ie  rencéphalite  aiguô,  comme  en  témoignent 
mes  observations  personnelles  rapportées  plus  loin,  à  neuf 
mois,  à  dix  mois,  à  vingt  mois,  à  deux  ans,  à  trois  ans,  à  quatre 
ans,  à  cinq  ans,  à  sept  ans,  à  huit  ans,  à  dix  ans,  à  douze  ans,  etc. 
A  l'origine  de  beaucoup  d'encéphalites  aiguës,  on  trouve 
un  processus  toxi-infectieux.  Un  microbe  analogue  à  celui 
de  la  grippe  a  été  rencontré  par  Pfiihl,  Nauwerck.  Fischl  a 
décrit  le  staphylocoque  blanc  dans  les  amas  leucocytaires 
de  l'encéphalite  des  nourrissons. 

Tantôt  l'encéphalite  survient  sans  cause  appréciable,  les 
convulsions,  les  paralysies,  le  coma,  marquant  le  début  de 
la  maladie.  Tantôt,  au  contraire,  elle  a  été  précédée  d'un^ 
autre  maladie.  Parmi  les  affections  le  plus  souvent  signalées 
à  l'origine  de  l'encéphalite  aiguë,  il  faut  citer  la  grippe,  la 
coqueluche,  l'entérite    infectieuse    (choléra    infantile,    etc.). 

Ailleurs,  c'est  une  rougeole,  une  scarlatine,  une  fi^H-n* 
typhoïde,  les  oreillons,  la  vaccine,  la  diphtérie.  Ce  peut  êtro 
une  intoxication  par  l'oxyde  de  carbone  ou  par  un  autn* 
poison. 

En  somme,  les  causes  occasionnelles  sont  des  plus  variées. 
Il  n'est  pas  nécessaire  que  la  maladie  initiale  ait  été  très  gravr 
ou  compliquée.  Dans  bon  nombre  d'observations,  on  voit 
que  la  grippe,  la  coqueluche,  la  rougeole,  les  oreillons,  etc.. 
ayant  précédé  l'encéphalite,  n'avaient  présenté  aucun  sym- 
ptôme de  gravité  particulière.  Cependant  les  accidents  d'encé- 
phalite aiguë  ont  édaté  violemment  et  à  l'improviste. 

En  pareil  cas,  on  est  porté  à  se  demander  s'il  n'existait 
pas  une  prédisposition  individuelle  qui  avait  attiré  sur  !♦' 
cerveau  la  toxi-infection  initiale.  De  fait,  dans  beaucoup 
d'observations,  on  parle  d'une  hérédité  nerveuse  plus  ou 
moins  chargée  :  neuro-arthritisme  familial,  hystérie,  neuras- 
thénie, vésanie,  etc. 

L'enfant  lui-même  est  souvent  déclaré  nerveux,  très  impres- 
sionnable, sujet  aux  convulsions,  à  l'excitation  cérébrale. 

Par  contre,  dans  d'autres  cas,  on  ne  trouve  rien  de  semblable. 
Et  d'ailleurs  tous  les  enfants  ne  sont-ils  pas  nerveux,  ne  sont- 
ils  pas  tous,  plus  ou  moins,  prédisposés  par  leur  âge  même  et 
par  leur  développement  cérébral  aux  manifestations  nerveuses, 
aux  convulsions,  etc.? 


A 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  TiSI 


Observations. 

Observation  I.  —  Encéphalite  aiguë  grave  prise  pour  de  la  méningite 
à  neuf  mois,  —  Guérison  de  la  phase  aiguë,  —  Paralysie  spasmodique 
diffuse  avec  arriération  intellectuelle. 

En  avril  1894,  j'ai  été  appelé  à  voir  en  province,  avec  le  D'  M.,.,  un 
garçon  de  neuf  mois,  nourri  au  sein  par  une  bonne  nourrice,  pris,  au 
cours  d'une  grippe,  d'accidents  nerveux  graves  :  convulsions,  état  coma- 
teux, fièvre,  etc. 

Je  trouvai  un  bébé  amaigri,  cachectique,  ne  répondant  à  aucune  exci- 
tation, presque  agonique.  Cependant  il  n'avait  ni  raideur  de  la  nuque, 
ni  raie  méningitique. 

Parents  bien  portants,  mais  nerveux,  pas  d'autre  enfant. 

La  grippe  régnait  à  ce  moment  dans  la  localité,  et  il  semblait  que  cette 
maladie  eût  préludé  aux  manifestations  nerveuses. 

Pensant  à  une  méningite,  nous  saturons  l'enfant  d'iodure  de  potas- 
sium. Contre  toute  prévision,  il  guérit. 

Mais  la  tête  prit  un  développemennt  insolite  ;  la  marche  et  la  dentition 
furent  très  retardées  ;  l'enfant  semblait  devenir  rachitique. 

Peu  à  peu  l'enfant  s'améliora,  il  put  parler  et  marcher  assez  correcte- 
ment, mais  il  eut  toujours  une  grande  faiblesse  musculaire,  qui  le  fit 
soumettre  à  l'électrothérapie,  d'ailleurs  sans  aucun  succès. 

A  l'âge  de  dix  ans,  il  me  fut  ramené  ;  taille  au-dessus  de  la  moyenne, 
tête  forte,  démarche  mal  assurée  et  spasmodique.  Réflexes  et  réactions 
électriques  exagérées.  On  conseille  de  ne  pas  faire  usage  de  l'électricité, 
mais  d'avoir  recours  plutôt  à  la  gymnastique  suédoise,  aux  massages, 
à  l'éducation  des  mouvements  ;  l'enfant  doit  faire  une  cure  aux  eaux 
de  La  Malou. 

Chez  cet  enfant,  il  est  bien  évident  qu'on  a  eu  affaire  non 
pas  à  une  méningite,  mais  à  une  encéphalite  aiguë  diffuse,  qui 
a  laissé  après  elle  des  lésions  dégénératives  de  l'axe  spinal. 
D'où  les  perturbations  intellectuelles  et  les  troubles  de  la 
marche. 

Observation  II.  —  Fille  de  duc  mois.  Grippe  avec  broncho-pneumonie, 
—  Encéphalite  aiguë  pendant  la  convalescence,  Guérison. 

Le  31  décembre  1905,  je  suis  appelé  à  voir,  avec  le  D'  Brochin,  une 
fillette  de  dix  mois,  nourrie  au  sein,  habituellement  bien  portante.  Il  y  a 
quinze  jours,  cette  enfant  a  fait  une  grippe  avec  symptômes  assez  inquié- 
tants de  bronchopneumonie.  La  fièvre  était  tombée  depuis  huit  jours, 
quand,  tout  à  coup,  au  milieu  de  la  nuit,  l'enfant  est  prise  de  convulsions 
épileptiformes  prolongées,  avec  prédominance  à  gauche.  Après  les  con- 
vulsions, abattement  persistant  avec  somnolence  comateuse,  déviation 
conjuguée  des  yeux  à  droite.  Pas  de  raideur  de  la  nuque,  pas  de  tache 
cérébrale  ou  raie  méningitique.  Température  rectale,  39°.  L'enfant 
reste  inerte  et  absente,  sans  crier  ni  téter  jusqu'au  lendemain.  Fixité 
du  regard,  égalité  pupillaire. 

L'après-midi,  nouvelle  convulsion  très  violente  avec  prédominance 
à  droite.  Température,  39o,6.  Le  soir,  détente  et  amélioration. 

Le  1<*  janvier  1906,  on  constate  une  parésie  notable  du  membre  super 


588 


J.    COMBY 


rieur  droit,  avec  conservation  de  la  sensibilité.  L'enfant  a  recommencé 
à  crier,  et  elle  a  pu  téter.  L'œil  est  bon. 

La  monoplégie  brachiale  droite  persiste  jusqu'au  soir.  Température 
380,2.  Le  lendemain,  amélioration  marquée. 

Le  3  janvier,  paralysie  disparue  entièrement;  l'enfant  peut  être  consi- 
dérée comme  guérie. 

Le  traitement  a  consisté  en  bains  répétés,  glace  sur  la  tôte,  lavements 
de  bromure  et  chloral,  potion  iodo-bromurée. 

Observation  III.  —  Fille  de  vingt-sept  mois,  —  Grippe  avec  bronchn- 
pneumonie,  —  État  méningitique.  —  Guérison  avec  persistance  d'hémi- 
plégie spasmodique  à  droite  pendant  quelques  mois,  —  Encéphalite  ai^uè 
ayant  porté  sur  Vhémisphère  gauche, 

La  petite  L.  M...,  âgée  de  vingt-sept  mois,  pesant  seulement  10  900  gram- 
mes, est  prise  d'une  infection  grippale  grave,  le  6  décembre  1904. 

Antécédents  héréditaires,  —  Père,  âgé  de  trente  ans,  bien  portant  Mère, 
âgée  de  vingt-huit  ans,  bien  portante  également.  Deux  autres  enfants 
(six  ans  et  dix  mois)  bien  portants. 

Antécédents  personnels,  —  Née  à  terme,  après  un  acouchement  normal, 
l'enfant  a  été  nourrie  au  sein  jusqu'à  six  mois,  puis  mise  au  lait  stérilisé. 

Au  commencement  de  décembre  1904,  grippe  suivie  de  broncho- 
pneumonie (soufïle,  fièvre  vive  ayant  fait  penser  à  la  fièvre  typhoïde 
pendant  quinze  jours). 

Tout  allait  bien  quand,  le  18  décembre,  éclatent  des  convulsions  suivies 
de  coma  et  de  symptômes  méningitiques.  On  donne  des  bains  chauds. 

Pendant  quinze  jours,  l'enfant  reste  aveugle,  sourde,  muette  et  inerte. 

Puis  elle  a  du  délire  avec  paroles  incohérentes.  Enfin  la  connaissance 
revient  peu  à  peu.  et  il  persiste  seulement  une  hémiplégie  droite  avec 
légère  contracture. 

Le  2  février  1905,  l'enfant  vient  à  l'hôpital,  traînant  la  jambe  droitp 
et  présentant  une  certaine  maladresse  de  la  main  du  même  côté.  Légèrt^ 
raideur.  Réflexes  conservés  sans  exagérationm  anifeste.  Rien  à  l'auscul- 
tation. On  prescrit  des  bains  chauds,  le  massage,  les  mouvements  com- 
muniqués, Tiodure  de  potassium  à  petites  doses. 

Le  2  ;nars  1905,  elle  revient  dans  un  bon  état  ;  elle  marche  seule  et 
peut  même  courir  ;  la  contracture  s'est  beaucoup  atténuée  ;  il  ne  persiste 
qu'un  peu  de  maladresse  de  la  main. 

Le  13  avril  1905,  l'enfant  nous  est  ramenée  complètement  guérie: 
ni  contracture  ni  maladresse  des  membres  ;  elle  est  seulement  nerveuse 
et  agitée. 

Malgré  les  phénomènes  de  localisation,  Tencéphalite  aigué 
grippale  a  été  dans  ce  cas  relativement  bénigne. 

Observation  IV.  —  Fille  de  trois  ans  et  demi,  nerveuse.  —  Grippe 
avec  bronchite.  —  Accidents  cérébraux  graves  attribués  à  une  méningite, 
—  Encéphalite  aiguë,  —  Guérison  complète. 

En  janvier  1906,  je  suis  appelé  à  voir,  à  Meudon,  avec  le  IK  Lecoq, 
une  fillette  de  trois  ans  et  huit  mois  très  nerveuse,  qui  a  été  prise  d'acci- 
dents cérébraux  consécutifs  à  la  grippe. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  bien  portant  et  vigoureux.  Mère 
très  nerveuse,  vésanique,  a  été  enfermée  pendant  quelque  temps.  Pas 
d'autre  enfant. 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  580 

Antécédents  personnels,  —  Enfant  nourrie  au  sein»  bien  portante  ju3- 
qu*alops,  quoique  très  excitable  et  très  nerveuse. 

Le  12  janvier,  elle  a  été  prise  de  grippe  avec  fièvre  et  bronchite  géné- 
ralisée. 

Au  bout  de  trois  ou  quatre  jours,  amélioration  ;  Tentant  reste  apyré- 
tique  pendant  deux  jours.  Puis  aggravation  soudaine,  fièvre  vive,  39o,8,  40%- 
tics  de  la  face,  spasme  nutant,  état  cérébral  grave. 

État  actuel.  —  Le  18  janvier,  je  trouve  l'enfant  dans  un  état  presque 
comateux,  les  yeux  clos,  ne  répondant  à  aucune  question.  Cependant 
je  note  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  vomissements  et  qu'il  n'y  a  ni  raideur  de  la 
nuque^  ni  raie  méningitique.  Troubles  intestinaux,  diarrhée  verte  (jamais 
de  constipation). 

  l'auscultation,  pluie  de  râles  sous-crépitants  dans  les  deux  poumons, 
50  respirations  à  la  minute,  140  pulsations;  pas  d'arythmie  cardiaque 
ni  respiratoire.  Je  prescris  des  bains  chauds  (38o)  matin  et  soir,  des  enve- 
loppements froids  dans  l'intervalle,  des  lavages  intestinaux. 

Le  22,  je  revois  l'enfant,  elle  est  un  peu  mieux  ;  ce  matin,  la  tempé- 
rature est  tombée  à  37o,5  ;  pouls  140;  respirations  50.  Strabisme  interne 
de  l'œil  droit.  Parfois  déviation  conjuguée  à  gauche.  Les  pupilles  réagissent 
à  la  lumière.  Agitation  des  membres  sans  convulsions.  Rougeur  de  la 
face  par  instants.  Pas  de  constipation  ni  vomissements.  Pas  de  raideur 
de  la  nuque.  Râles  bullaires  abondants  à  l'auscultation. 

Glace  sur  la  tête,  lavements  de  bromure  et  chloral.  Nous  nous  arrêtons 
au  diagnostic  d'encéphalite  aiguC,  à  cause  du  début  bruyant  et  soudain, 
de  l'absence  des  signes  ordinaires  de  méningite,  etc. 

Le  8  février,  amélioration  ;  l'enfant  cependant  est  hébétée,  ne  com- 
prend rien,  ne  sait  plus  avaler;  état  d'idiotie  avec  mouvements  choréi- 
formes.  Pas  de  raideur  de  la  nuque  ni  raie  méningitique.  Cris,  gémisse- 
ments, pas  de  parole  articulée.  Selles  spontanées,  pas  de  vomissements. 

On  la  nourrit  par  le  nez  avec  une  sonde.  Pas  de  paralysie  ni  spasme 
localisé.  Râles  persistants  avec  toux.  Accès  de  fièvre  de  temps  à  autre. 
L'examen  des  urines  décèle  un  peu  d'albumine  (10  centigrammes)  ;  pas  de 

sucre. 

Le  14  février,  l'enfant  reprend  connaissance  tout  à  coup  ;  l'incon- 
science a  duré  quatre  semaines. 

Le  11  avril  1906,  on  me  la  conduit  chez  moi  parfaitement  guérie, 
dans  un  état  florissant  de  santé.  Elle  aura  bientôt  quatre  ans.  Elle  voit 
et  entend  bien,  marche  correctement,  parle  mieux  qu'avant  sa  maladie. 
Bref,  il  ne  lui  est  rien  resté  de  cette  encéphalite  aiguë  diffuse,  qui  nous 
avait  causé  tant  d'inquiétudes.  Cependant  elle  a  de  temps  à  autre  des 
terreurs  nocturnes. 

Observation  V. — Fille  de  quatre  ans.  —  Encéphalite  aiguë  d'origine  grip- 
pale. —  Accès  épileptiformes  subintrants,  —  Guérison  après  deux  rechutes. 

Le  30  janvier  1907,  je  suis  appelé  à  voir  une  fillette  de  quatre  ans, 
plongée  dans  le  coma  et  un  véritable  état  de  mal  épileptique. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  très  vigoureux,  mais  nerveux,  spéci- 
fique de  date  très  ancienne.  Mère  très  nerveuse,  grand'mère  maternelle 
vèsanique.  Pas  d'autre  enfant. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  nourrie  au  sein,  l'enfant  a  tou- 
jours été  bien  portante,  quoique  nerveuse.  Très  forte,  très  intelligente 
pour  son  âge.  11  y  a  un  mois,  elle  aurait  eu  une  première  crise,  éphémère, 
à  propos  de  laquelle  on  a  parlé  de  grippe.  Il  y  a  dix  jours,  accidents 
épileptiformes  répétés,  état  comateux. 


590  J.    COMBY 

État  actuel.  —  L'enfant  est  dans  le  coma,  le  regard  fixe,  ne  répondant 
à  aucune  question,  ji 'émettant  aucune  parole.  Dans  Tintervalle  des  crises, 
membres,  inertes  et  flasques»  pas  de  contracture»  pas  de  raideur  de  la 
nuque  ni  raie  méningitique.  Au  moment  des  crises,  secousses  toniques 
très  rapprochées»  distorsion  de  la  bouche  avec  écume.  Déviation 
conjuguée  des  yeux  à  gauche.  Les  jnouvemeats  convulsifs  des  mem- 
bres prédominent  tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche.  Pas  de  vomis- 
sements ni  constipation. 

L'enfant  déglutit  assez  bien  le  lait  qu'on  lui  présente.  Grâce  à  cette 
alimentation,  elle  a  conservé  un  certain  embonpoint,  et  son  visage  n'est 
pas  défait.  Cependant  les  crises  se  répètent  deux  ou  trois  fois  par  heure. 
Cette  répétition  par  elle-même  est  alarmante. 

Une  première  ponction  lombaire  faite  il  y  a  quelques  jours  a  été  presque 
blanche  et  a  ramené  un  peu  de  sang.  J'en  fais  une  seconde  et  retire  à 
peine  une  goutte  de  liquide  clair,  après  laquelle  coule  un  peu  de  sang. 
Donc  aucune  tension  du  liquide  céphalo-rachidien.  La  sensibilité  est  con* 
servée,  les  pupilles  réagissent  bien  à  la  lumière. 

Nous  écartons  résolument  le  diagnostic  de  méningite,  et  nous  discutons 
l'existence  de  quelque  néoplasme  spécifique  ou  d'une  hémorragie  ménin- 
gée à  cause  du  sang  retiré  par  la  ponction  lombaire.  Le  traitement  spéci- 
fique (frictions  mercurielles,  iodure  de  potassium)  n'a  donné  aucun 
résultat  après  dix  jours.  Nous  le  suspendons.  Il  nous  paraît  difficile 
d'admettre  l'hémorragie  méningée  à  cause  de  la  longue  durée  des 
accidents  spasmodiques,  des  intervalles  de  résolution  musculaire  que 
présente  l'enfant. 

Finalement, je  crois  pouvoir  affirmer  une  encéphalite  aiguë  diffuse, 
probablemnt  d'origine  grippale.  La  fièvre,  nulle  actuellement,  a  atteint 
au  début  38  à  39o. 

Nous  prescrivons  le  drap  mouillé  froid  pendant  une  demie-heure  matin 
et  soir,  des  lavements  de  bromure  et  chloral,  des  sangsues  derrière  les 
oreilles,  la  glace  sur  la  tête,  etc. 

Le  2  février,  les  crises  convulsives  ont  entièrement  disparu,  l'enfant 
a  recouvré  son  intelligence,  elle  dort  bien  et  n'a  pas  de  fièvre.  Mais  elle 
ne  parle  pas.  Elle  remue  bien  les  jambes  sans  pouvoir  encore  marcher. 
Incoordination  des  mouvements  des  bras.  Aphasie  persistante. 

Les  6  et  7  février,  l'enfant  est  gaie  et  remue  dans  son  lit,  mais  reste 
muette.  On  continue  le  drap  mouillé. 

Le  11  février,  amélioration  de  plus  en  phis  grande  ;  l'enfant  dort  bien, 
a  bon  appétit,  s'asseoit  sur  son  lit  et  manifeste  une  vive  intelligence. 
Les  mouvements  choréiformes  des  bras  persistent. 

Le  18  février,,  elle  commence  à  marcher  et  se  dirige  toute  seule,  en  con- 
servant l'incoordination  des  membres  supérieurs.  Elle  commence  à  se 
servir  du  bras  droit.  Tremblement  des  mains  parfois..  Quoique  l'intelli- 
gence semble  parfaite,  la  parole  n'est  pas  encore  possible,  la  langue,  les 
lèvres  semblent  gênées  dans  leurs  mouvements.  L'enfant  avale  difficile- 
ment les  aliments  solides. 

Le  23  février,  les  mouvements  des  membres  supérieurs  sont  à  peu  près 
normaux  ;  l'enfant,  pour  la  première  Jois  depuis  le  début  de  sa  maladie, 
a  pu  dire  papa  et  maman  ;  le  mutisme  absolu  a  duré  un  mois.  État  géné- 
ral excellent  ;  on  la  considère  comme  guérie. 

Le  25,  rechute,  les  convulsions  ont  reparu  avec  autant  de  fréquence 
et  d'intensité  que  lors  de  la  première  atteinte.  Même  traitement. 

Le  8  mars  les  convulsions  ont  cessé,  l'enfant  voit,  entend,  parle,  et  il 
semble  que  cette  fois  la  guérison  soit  définitive. 


L  ENCÉPHALITE   AlGUlî   CHEZ    LES   ENFANTS  501 

Trois  semaines  après,  noilvelle  rechute  convulsive  analogue  aux  deux 
crises  précédentes,  mais  d'une  durée  moindre.  Au  bout  de  cinq  jours, 
l'enfant  reprenait  connaissance.  Cependant  la  parole  ne  revient  pas. 
Tentant  ne  dit  que  quelques  monosyllabes.  Son  intelligence  semble  très 
diminuée. 

Le  21  avril,  je  vois  Tenfant  à  Paris,  où  ott  Ta  transportée.  Elle  n'a  plus 
de  crises,  mais  elle  reste  très  excitable.  Elle  marche  bien,  se  èert  conve- 
nablement de  ses  mains,  mais  elle  ne  parle  pas.  Les  jours  suivants, 
quelques  ébauches  de  crises.  Applications  de  drap  mouillé  deux  ou  trois 
fois  par  jour,  puis  bromure  de  potassium.  Le  16  juillet,  je  reçois  de  bonnes 
nouvelles  de  l'enfant  qui  est  à  la  campagne  depuis  pliisieurs  mois.  Elle 
dit  quelques  mots  et  fait  des  progrès  incessants.  Crises  rares  et  avortées. 

Il  semble  que  ce  cas  doive  se  terminer  par  une  légère  arrié- 
ration intellectuelle,  sans  phénomènes  paralytiques  durables. 

Observation  VI.  —  Garçon  de  cinq  ans,  —  Parents  très  nerveux.  — 
Encéphalite  aiguè  à  rechute.  —  Hémiplégie  spasmodique  droite  peu  durable. 
—  Aphasie,  état  (T  idiotie. 

Le  15  février  1907,  je  suis  appelé  à  voir  avec  le  D'  Maranger  un  garçon 
de  cinq  ans,  atteint  d'accidents  graves  qui  font  craindre  la  méningite. 

Antécédents  héréditaires,  —  Parents  très  nerveux,  particulièrement 
la  mère,  qui  a  un  tic  de  la  face.  Une  sœur  plus  âgée  nerveuse. 

Antécédents  personnels.  —  En  juillet  1906,  coqueluche  violente  au 
cours  de  laquelle  l'enfant  a  présenté  des  convulsions  suivies  d'hémiplégie 
droite  avec  contracture.  En  même  temps  que  cette  hémiplégie  spasmo- 
dique, existait  une  aphasie  notable. 

En  février  1907,  au  cours  d'une  grippe  familiale  (père  très  atteint), 
l'enfant  présente  des  convulsions  de  nouveau. 

.  État  actuel.  —  A  la  suite  des  convulsions,  qui  datent  seulement  de 
quelques  jours,  le  petit  malade  a  cessé  de  parler,  se  contentant  de  pousseir 
des  cris  inarticulés.  Somnolence  demi -comateuse,  yeux  hagards,  aspect 
d'idiot.  Il  mange  avec  voracité  et  se  jette  sur  les  boissons  qu'on  lui  prér 
sente.  Pas  de  fièvre,  ni  raideur  de  la  nuque,  ni  raie  méningitique. 

Nous  faisons  le  diagnostic  d'encéphalite  aiguë  et  nous  prescrivons, 
pour  calmer  l'agitation  :  drap  mouillé,  bains  de  tilleul,  lavements  de 
chloral,  etc. 

Après  huit  ou  dix  jours,  il  commence  à  dire  quelques  mots  qu'il  répète 
sans  cesse,  puis  forme  des  phrases  peu  à  peu. 

Le  D'  Maranger  m'écrit,  en  avril  1907,  que  l'enfant  paraît  actuellement 
moins  hébété,  s'intéresse  à  ce  qui  se  passe  autour  de  lui,  dit  parfois  des 
choses  exactes,  reconnaît  les  objets,  met  des  noms  sur  ces  objets,  mais 
reste  encore  bien  loin  de  la  restitution  intégrale. 

Observation  VII.  —  Fille  de  deux  ans  et  demi.  —  Encéphalite  aiguè 
diffuse,  suivie  de  contracture  spasmodique  généralisée. 

M.  G...,  âgée  de  deux  ans  et  demi,  vient  à  l'hôpital  de  23  janvier  1903. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  âgé  de  trente-neuf  ans,  bien  portant, 
pas  nerveux,  mais  alcoolique.  Mère  âgée  de  trente-six  ans,  saine,  mais 
nerveuse.  Deux  autres  enfants  (onze  ans  et  cinq  ans)  bien  portants. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  née  à  terme,  après  un  accouchement 
normal,  élevée  au  biberon  ;  première  dent  à  seize  mois,  marche  à  dix-sept 
mois,  rachitisme  ;  à  cette  époque,  on  a  prescrit  des  bains  salés  et  du  phos- 
phate de  chaux. 


592  J.    GOMBY 

En  juin  1902,  accès  de  laryngite  striduleuse. 

En  août,  vomissements,  céphalée,  strabisme,  photophobie,  délire  et 
cris,  en  un  mot  accidents  méningitiques. 

Le  28  août,  épistaxis  très  abondante. 

En  septembre,  amélioration,  mais  la  mère  remarque  que  Tenfanl 
traîne  la  jambe  gauche  en  marchant  et  que  les  bras  semblent  paralysés. 

A  la  fm  de  novembre,  otorrhée,  agitation,  céphalée,  photophobie. 

État  actuel, —  Bon  aspect,  teint  coloré.  Pas  de  déviation  de  la  face; 
un  peu  de  raideur  de  la  nuque.  Aux  membres  supérieurs,  les  muscles 
fléchisseurs  et  extenseurs  des  doigts  semblent  seuls  paralysés.  Les  muscles 
de  la  cuisse  gauche  semblent  un  peu  atrophiés  ;  ceux  du  mollet  sont  peu 
atteints.  Réflexes  rotuliens  exagérés,  trépidation  épileptoîde  des  deux 
côtés.  Pas  de  trouble  de  la  sensibilité. 

A  Fexamen  électrique,  on  trouve  une  exagération  manifeste  de  la  con- 
tractilité  faradique  aux  deux  membres  inférieurs.  Cette  exagération 
est  encore  plus  considérable  aux  membres  supérieur^!,  dont  les  muscles 
se  contractent  sous  Tinfluence  du  courant  à  peine  perçu. 

Observation  VIII.  —  Fillette  de  cinq  ans.  —  Hémiplégie  spasmo- 
dique  du  côté  droit,  —  Encéphalite  aiguè, 

B.  Y...,  se  présente  à  l'hôpital  des  Enfants  le  15  octobre  1898,  à  l'âge 
de  cinq  ans. 

Antécédents  héréditaires,  —  Père  bien  portant.  Mère  bien  portante» 
pas  nerveuse.  Un  enfant  de  deux  mois  parfaitement  sain. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  été  nourrie  au  biberon 
à  la  campagne  jusqu'à  quatorze  mois.  Elle  aurait  marché  à  un  an  et 
parlé  à  deux  ans. 

Le  25  décembre  1896  (elle  avait  alors  trois  ans),  convulsions  violentes 
dans  la  nuit  ;  raideur  des  membres,  mouvements  des  yeux,  strabisme. 
Ces  convulsions  auraient  duré  quatre  heures.  Un  an  après  (26  décembre, 
à  huit  heures  du  matin),  nouvelles  convulsions  moins  graves.  Le  28  juil» 
let  1898,  dans  la  matinée,  nouvelles  convulsions  avec  ictus  apoplectique, 
raideur  des  membres,  strabisme.  Pendant  trois  jours,  l'enfant  conserve 
des  mouvements  spasmodiques  aux  deux  membres.  Déviation  de  la  face 
du  côté  malade,  déviation  de  la  langue,  etc.  Pendant  environ  quinze  jours, 
l'enfant  n'a  pu  se  servir  des  membres  du  côté  droit  ;  contracture  plusaccusée 
au  bras  droit,  main  en  griffe  ;  pendant  longtemps,  flexion  du  genou 
droit  impossible  ;  pas  d'aphasie. 

État  actuel.  —  Mouvements  plus  faciles,  surtout  au  membre  inférieur 
droit  ;  pas  de  contracture  de  ce  membre.  Main  droite  un  peu  contrac- 
turée.  La  démarche  n'est  pas  traînante.  L'enfant  sautille  un  peu  sur  la 
jambe  droite,  qui  est  portée  en  dehors.  Légère  déviation  de  la  bouche  et 
de  la  langue.  Quand  on  fait  rire  l'enfant,  les  plis  s'accusent  davantage 
au  côté  sain. 

On  prescrit  les  massages  et  un  peu  d'iodure  de  potassium  (25  centi- 
grammes par  jour). 

Le  28  octobre  1898,  il  y  a  amélioration  pour  la  marche.  Le  16  novembre, 
quelques  secousses  épileptiformes  du  côté  malade. 

Observation  IX.  —  Garçon  de  sept  ans.  —  A  Vâge  de  trois  ans  et  demi, 
encéphalite  aiguë.  —  Accidents  spasmo -paralytiques  à  gauche.  —  Exagé- 
ration des  réflexes. 

C.  R...,  âgé  de  sept  ans,  est  présenté  le  21  septembre  1905  pour  des 
accidents  cérébraux  datant  de  trois  ans  et  demi. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  âgé  de  quarante  ans,  sobre,  pas  nerveux. 


LENCéPHALITE   AEtiL'Ë   CHEZ    LKS   ENFANTS  503 

M^re,  âgée  de  trente-six  ans.  nerveuse,  pfile,  Rnémique.  A  eu  un  accou- 
chement avant  t«rme,  une  fillette  de  vingt-trois  mois  bien  portante,  une 
autre  morte  de  bronchopneumonie,  un  troisième  enfant  mort  de  pleti' 
r^ie  à  trente  mois. 

ÀMêcédents  personnels.  —  Né  à  terme,  l'enfant  avait  été  élevé  parune 
nourrice  au  sein  jusqu'à  dix-huit  mois  ;  a  marché  à  vingt  mois,  tombant 
(afileraent.  Très  intelligent  jusqu'à  la  maladie  nerveuse  qui  l'a  atteint. 
Il  y  a  trois  ans  et  demi,  au  mois  d'avril,  début  brusque,  par  des  accidenta 
rfrébraux  rapportés  à  la  méningite.  Pendant  plusieurs  jonrs,  l'enfant 
est  resté  sans  connaissace  et  a  présenté  des  troubles  d'encéphalite  aiguë. 

A  partir  de  ce  moment,  croissance  arrêtée,  intelligence  obscurcie  ; 
l'enfant  ne  fait  plus  de  progrés  et  présente  des  symptômes  spasmo- 
paralytiques  du  cûté  gauche,  avec  participation  de  la  face.  On  a  pensé 
qu'il  existait  une  lésion  de  l'hémisphère  droit,  et  on  a  fait  une  trépanation 
dans  larégion  frontale.  Depuis  cette  intervention,  l'entant  à  des  convul- 
sions toutes  les  trois  ou  quatre  semaines,  avec  ■  impotence  relative  des 
membres  :  démarche  mal  assurée,  pas  irréguliers. 

êiat  actuel.  —  L'enfant  a  la  tète  grosse,  le  regard  étrange  :  membres 
mi  peu  raides  avec  exagération  des  réflexes.  Pas  d'atrophie  musculaire, 
ûmstipation  opiniâtre  avec  pollakiurie.  La  contracture  porte  surtout 
sur  le  facial  gauche,  respectant  à  peu  prés  les  membres.  Arriération  intel- 
lectuelle. Traitement  par  l'iodure  de  potassium. 

Observation  X.  —  Garçon  de  l'ingt-neuf  mois.  —  Encéphalile  aiguë 
à  Cage  de  six  mois.  —  Hydrocéphalie  et  cécité  conséculives. 

Le  4  novembre  1906,  se  présente  à  l'hôpital,  venant  de  La  Ferlé-Milon, 
un  petit  garçon  de  vingt-neuf  mois,  maigre,  se  tenant  à  peine,  ayant 
(le  la  difficulté  à  porter  sa  tête,  qui  est  très  volumineuse,  et  n'y  voyant 
pas.  Cependant  l'hydrocéphalie  n'est  pas  très  marquée,  la  fontanelle 
dntérieure  est  fermée.  L'enfant  est  arriéré  cérébralement  et  n'y  voit  pas 
lin  tout,  quoique  l'œil  soit  limpide  et  paraisse  grand. 

Cet  entant,  venu  à  terme  dans  des  conditions  normales,  s'est  trouvé 
partaitement  sain  jusqu'à  l'âge  de  six  mois.  A  cette  époque,  convulsion»' 
Itraves  et  répétées  qui  ont  arrêté  le  développement  du  sujet.  Intelligence 
amoindrie,  marche  retardée,  vue  compromise  et  enfin  complètement 
perdue  depuis  sept  à  huit  mois.  Pas  d'ophtalmoplégie.  .A  mai  tarissement, 
état  cachectique.  Ici,  on  peut  dire  que  l'encéphalite  aiguë  a  frappé  sur- 
i™t  les  centres  de  la  vision. 

Observation  XI.  —  Garçon  de  trois  ans  et  demi.  —  Encéphalite  subai- 
guê  toxique  (ojyde  de  carbone).  —  Séries  d'attaques  vaguement  épiiepti' 
iormes.  —  Pas  d'hérédité. 

En  novembre  et  décembre  1905,  et  pendant  le  cours  de  1906  et  1907,  à 
iliverses  reprises,  j'ai  été  appelé  à  voir  un  petit  garçon  de  trois  ans  et 
ilcmi,  très  beau,  bien  constitué,  intelligent,  présentant  des  attaques  ner- 
veuses inquiétantes. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  quaranto  ans.  vigoureux,  bien 
pariant,  pas  nerveux.  Mère,  âgée  de  vingt-cinq  ans,  bien  portante.  Grands- 
parents  parfaitement  sains,  pas  de  tare  nerveuse  héréditaire.  Deux 
autres  entants  normaux. 

.antécédents  personnels.  —  Né  à  terme,  sans  incident  obslûtrical,  l'en- 
fant aété  nourri  au  sein  par  la  mère.  Il  venait  très  bien  et.  jusqu'à  l'âge 
dfl  quatorze  mois,  n'a  rien  présenté  d'anormal.  Pendani  l'hiver,  sa 
thambre,  qui  donnait  sur  un  escalier  chaulTé  par  un  poêle  au  charbon 

AmB.    1>E  M^IIGC.  ItKS  ENFAKTS,    1907.  A.  38 


504  J.    COMBY 

de  terre  (chauffage  de  jour  et  de  nuit),  était  envahie  par  les  gai  carbo- 
niques. C'est  alors  qu'apparaissent  des  accidents  épileptiformes,  plus 
inquiétants  par  leur  répétition  que  par  leur  violence.  Après  Thiver,  le 
poêle  étant  éteint,  l'enfant  sortant  davantage,  tout  accident  nerveux 
disparaît. 

L'hiver  suivant,  l'intoxication  se  reproduit,  les  crises  réapparaissent. 
Mais  cette  fois  elles  se  continuent  pendant  l'été.  En  octobre,  elles 
redoublent  de  fréquence  et  d'intensité  ;  on  consulte  un  médecin  spécia- 
liste  en  maladies  nerveuses,  qui  prescrit  du  bromure  à  haute  dose.  Cette 
médication  ne  réussit  pas,  on  est  obligé  d'y  renoncer.  Crises  très  rappro- 
chées la  nuit,  secousses  des  membres,  grimaces,  bave  continuelle,  parole 
embarrassée,  amaigrissement.  Pas  de  fièvre.  Drap  mouillé  mal  supporté. 
Un  mélange  de  bromure  et  de  chloral  n'amène  pas  de  calme.  Une  solution 
iodo-bromurée  et  chlorurée  semble  provoquer  une  détente  ;  les  crises 
cessent. 

En  janvier  1906,  état  satisfaisant  ;  en  février,  ébauches  de  crises  tous 
les  huit  jours.  Poids  le  19  février  :  17  700  grammes.  En  novembre,  même 
état.  On  donne  un  peu  d'arséniate  de  soude. 

En  décembre  1906,  enfant  superbe,  a  beaucop  grandi  ;  ébauches  de 
crises  de  temps  à  autre.  Il  a  cinq  ans.  En  mars  1907,  même  état  avec  quel- 
ques petites  crises.  Le  18  mai  1907,  enfant  superbe,  très  intelligent,  a 
souvent  des  ébauches  de  crises  pendant  lesquelles  il  ne  perd  pas  connais- 
sance. En  somme,  il  y  a  plus  d'un  an  que  nous  n'avons  pas  eu  de  grande 
crise. 

Observation  XH.  —  Garçon  de  treize  ans.  —  Parents  arthritio)- 
nerveux.  —  Accidents  épileptiformes  consécutifs  à  une  encéphalite  ai^ue 
infantile. 

Le  25  janvier  1907,  on  me  conduit  un  grand  garçon  de  treize  ans,  bien 
développé,  sans  stigmates  somatiques,  pour  des  crises  épileptiformes 
de  date  ancienne. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  quarante-cinq  ans,  grand 
et  fort,  arthritico-nerveux,  ayant  eu  des  coliques  hépatiques.  Mère,  kp^ 
de  quarante  ans,  nerveuse,  ayant  eu  dans  sa  première  enfance  de  petiltî? 
crises  convulsives.  Un  frère  aîné  bien  portant,  normal,  très  intelligent. 
Deux  sœurs  plus  jeunes,  l'une  ayant  eu  de  petites  convulsions  passagên'> 
Pas  d'épilepsie  dans  la  famille. 

Antécédents  personnels.  —  Né  à  terme,  l'enfant  a  été  nourri  au  ^w 
par  sa  mère  jusqu'à  six  mois,  puis  au  lait  stérilisé.  Enfant  très  beau  '^l 
normal  jusqu'à  un  an.  A  cet  âge,  convulsions  épouvantables  ayant  dur/- 
toute  une  journée,  suivies  d'un  état  très  grave  pendant  quatre  jours; 
on  a  cru  que  l'enfant  allait  mourir. 

A  partir  de  ce  moment,  l'intelligence  de  cet  enfant  s'est  obscunie. 
Il  a  présenté  fréquemment  des  convulsions  épileptiformes,  des  absenre?, 
des  vertiges,  etc.  Mais  il  n'a  jamais  présenté  de  chute  avec  perte  de 
connaissance,  de  morsure  de  la  langue,  de  miction  involontaire,  etc. 

Aucune  autre  maladie. 

État  actuel.  —  Enfant  assez  grand,  fort,  ayant  bon  appétit,  digérant 
bien.  Aucun  trouble  moteur  ni  sensitif.  Pas  d'asymétrie  crânienne. 
Regard  un  peu  étrange,  onychophagie.  Enfant  autrefois  très  excité, 
maintenant  plus  calme.  Intelligence  très  amoindrie  ;  il  ne  peut  suivre 
ses  classes,  il  est  resté  bébé.  Cependant  il  a  une  mémoire  remarquable 
et  retient  facilement  les  mots  et  les  airs  de  musique.  Sentiments  affectifs 
très  développés.  Ri^în  à  l'auscultation. 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  505 

Sous  Finfluence  de  la  bromuration,  les  grandes  crises  ont  disparu; 
cependant  il  en  a  eu  une  assez  forte  il  y  a  quelques  mois. 

Nous  sommes  en  présence  d'accidents  opileptiformes  durables 
ayant  succédé  à  un  état  morbide  grave  de  la  première  enfance 
caractérisé  par  des  convulsions.  On  a  parlé  à  ce  moment  de 
méningite.  Or  il  est  bien  évident  qu'il  s'agissait  d'une  encé- 
phalite aiguë  diffuse,  dont  les  séquelles  ont  persisté  sous  forme 
d'un  état  nerveux  particulier  qui  se  rapproche  de  l'épilepsie. 

Observation  XIII.  —  Fille  de  quatre  ans.  —  Entérite  infectieuse,  — 
Phénomènes  pseudo-méningitiques.  —  Hémiplégie  spasm4)dique  à  gauche. 

Le  \^  février  1907,  on  me  conduit  une  fillette  de  quatre  ans,  qui  a  été 
prise  le  20  octobre  1906  d'une  entérite  avec -fièvre  légère.  Au  bout  de 
huit  jours,  l'enfant  présente  une  hémiplégie  gauche  avec  participation 
du  facial  inférieur.  On  parle  de  méningite,  et  on  fait  une  ponction  lom- 
baire. Le  D'  H.  Leroux  ne  constate  aucun  élément  leucocytaire  dans  le 
liquide  céphalo-rachidien.  Donc  pas  de  méningite. 

Cependant  l'enfant  conserve  son  hémiplégie,  qui  ne  tarde  pas  à  devenir 
spasmodique. 

État  actuel,  —  Enfant  pâle,  anémique,  avec  décoloration  des  muqueuses, 
bruit  de  diable  dans  les  vaisseaux  du  cou  et  souffle  à  la  base  du  cœur. 
Intelligence  nette  ;  l'enfant  comprend  et  parle  très  bien.  La  paralysie 
faciale  a  disparu.  Mais  l'hémiplégie  des  membres  est  nette  à  gauche. 
Elle  s'accompagne  de  contracture  et  d'exagération  des  réflexes.  Clonus 
du  pied  ;  signe  de  Babinski.  Pas  de  troubles  sensitifs,  pas  d'atrophie 
musculaire. 

L'enfant  marche  péniblement  en  traînant  la  jambe  gauche,  qui  semble 
raccourcie  par  la  contracture.  La  main  gauche,  toujours  fléchie,  ne  sert 
plus  à  la  préhension  des  objets.  Cependant  on  triomphe  assez  aisément 
de  la  raideur,  et  on  fait  mouvoir  avec  facilitétous  les  segments  des  membres 
atteints. 

Il  est  évident  que  l'enfant,  à  l'occasion  d'une  entérite,  a  fait  de  l'encé- 
phalite aiguë  localisée  à  l'hémisphère  droit.  Cette  encéphalite  a  été  suivie 
de  sclérose  avec  dégénérescence  du  faisceau  pyramidal,  d'où  l'hémiplégie 
spasmodique. 

J'ai  prescrit  les  massages,  mouvements  passifs,  rééducation  des  mou- 
vements, etc.  Pas  d'électricité. 

I-»e23  avril,  l'enfant  va  mieux,  l'anémie  a  cédé,  l'hémiplégie  spasmo- 
dique persiste.  Intelligence  nette. 

Le  10  juillet  1907,  grande  amélioration.  Rien  au  cœur. 

Observation  XIV.  —  Garçon  de  sept  ans  et  demi.  —  Normal  jusqu^à 
deux  ans.  —  Choléra  infantile  suivi  de  convulsions  épileptif ormes.  — 
Encéphalite  aiguë  ayant  laissé  à  sa  suite  des  accidents  s pasmo- paralytiques 
el  un  état  psychique  particulier. 

Le  12  décembre  1905,  on  me  ramène  un  garçon  de  sept  ans  et  demi, 
que  je  suis  depuis  quelques  années  et  qui  oflre  un  exemple  remarquable 
d'encéphalite  aiguë  consécutive  à  l'entérite  infectieuse. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  et  mère  bien  portants  et  nullement 
nerveux.  Frères  et  sœurs  absolument  sains. 

Antécédents  personnels.  —  Né  à  terme,  nourri  an  sein,  l'enfant  a  été 


590  J.    COMBY 

normal  jusqu'à  Tâge  de  deux  ans.  A  ce  moment,  il  a  été  pris  d'entérite 
infectieuse  ou  choléra  infantile.  Son  état  fut  très  grave  et  se  compliqua 
de  convulsions  répétées.  Ces  convulsions  survécurent  longtemps  à  la  cause 
qui  les  avait  provoquées  et,  à  partir  de  ce  moment,  Tenfant  devint 
un  véritable  épileptique  avec  idiotie. 

Il  y  a  quatre  ans,  Tenfant  me  fut  conduit  pour  la  première  fois  dans 
un  état  d'excitation  cérébrale  excessive  ;  il  ne  pouvait  rester  une  minute 
en  place  (mouvement  perpétuel);  il  présentait  un  état  spasmodique  des 
membres  avec  exagération  des  réflexes,  équinisme,  démarche  de  digiti- 
grade. Absence  complète  d'attention,  parole  inarticulée,  état  très  inquié- 
tant. Retour  fréquent  des  crises  épileptiformes. 

Je  prescrivis  le  drap  mouillé  tous  les  jours  et  même  deux  fois  par  jour  ; 
j'insistai  sur  le  régime  alimentaire,  sur  le  traitement  de  la  constipation, 
sur  la  vie  au  grand  air  avec  isolement,  etc.  Le  bromure  fut  réservé  pour 
les  crises  graves. 

Ce  traitement  a  fait  merveille  ;  les  crises  convulsives  ont  disparu,  la 
démarche  est  devenue  à  peu  près  normale,  l'intelligence  a  fait  des  progrés: 
ce  résultat  autorise  bien  des  espérances. 

État  octueL  —  Enfant  grand,  bien  développé,  marchant  correctement. 
Il  ne  parle  pas  très  bien,  mais  on  le  comprend.  Attention  difficile  à  fixer 
pour  longtemps.  Mémoire  prodigieuse,  retient  tous  les  airs  de  musique 
qu'il  a  entendus  une  seule  fois  ;  connaît  par  leur  nom  et  leur  adresse  tout 
les  habitants  de  la  ville  assez  importante  où  il  réside.  A  tel  point  qu'«>n 
l'appelle  le  «Bottin»  vivant  de  R...  M'a  reconnu,  quoiqu'il  fût  resté  plu- 
sieurs années  sans  me  voir;  a  noté  les  changements  qui  s'étaient  opérés  dan< 
mon  cabinet  depuis  cette  époque.  Mémoire  auditive  et  visuelle  extraor- 
dinaire. Placé  dans  l'appartement,  il  entend  la  personne  qui  monte  dans 
l'escalier  extérieur  et  la  reconnaît  à  son  pas.  Cette  hyperacuité  de  cer- 
taines fonctions  cérébrales  est  vraiment  extraordinaire.  L'enfant,  si 
bien  doué  à  certains- égards,  est  très  inférieur  pour  la  parole, qu'il  articul»' 
mal  ;  pour  l'attention,  dont  il  est  incapable  ;  pour  le  jugement,  chez  lui 
très  rudimentaire.  Remarque  tout  et  fixe  tout  dans  sa  mémoire  sans  en 
avoir  l'air  ;  très  affectueux.  Il  y  a  plus  de  deux  ans  qu'il  n'a  pas  eu  d*» 
crise  convulsive  ;  réclame  son  drap  mouillé,  qui  lui  a  fait  tant  de  bien. 
Pas  de  troubles  moteurs  à  l'heure  actuelle  ;  il  ne  reste  de  l'encéphalit»* 
de  jadis  qu'un  déséquihbre  dans  les  facultés  cérébrales  avec  hyper- 
fonctionnement  de  certains  centres  psychiques. 

Observation  XV.  —  Fille  de  quinze  ans,  —  Idiotie  avec  crises  èpHep- 
tif ormes.  —  Normale  jusqu'à  trois  ans.  —  A  ce  moment^  entérite  infectieuse 
suivie  d^encéphalite  aiguë. 

En  janvier  1905,  je  vois  une  grande  fille  de  quinze  ans,  au  regari 
hébété,  stupide,  avec  intelligence  très  au-dessous  de  la  normale. 

Antécédents  héréditaires.  —  Mère  saine.  Père  très  vigoureux,  sans  aucun»' 
tare.  Huit  autres  enfants  sains.  Pas  de  maladies  nerveuses  dans  la  famille. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  nourrie  au  sein,  l'enfant  a 
marché  de  bonne  heure  et  a  été  absolument  normale  jusqu'à  Tàge  de 
trois  ans.  A  ce  moment,  elle  a  été  prise,  pendant  les  chaleurs  de  Tête, 
d'une  entérite  très  grave,  avec  diarrhée  verte,  qui  a  failli  l'emporter. 
Des  convulsions  épileptiformes  se  sont  manifestées  alors  et  n*ont  pas 
cessé  depuis  cette  époque,  se  renouvelant  à  des  intervalles  plus  ou  moins 
rapprochés.  Les  médecins  appelés  à  soigner  la  malade  dirent  que  Ip> 
microbes  de  V intestin  s^ étaient  portés  sur  le  cerveau. 

Les  crises  convulsives  qui  ont  succédé  à  cette  encéphalite  aiguë  ont  éU 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  597 

terribles.  L'intelligence  a  été  dès  le  début  gravement  atteinte,  les  forces 
ont  décliné,  la  marche  n'a  été  possible  qu'à  sept  ans. 

État  actuel,  —  L'enfant  est  grande,  assez  bien  développée  physiquement  ; 
mais  sa  démarche  est  mal  assurée,  son  regard  vague,  son  faciès  stupide. 
Elle  parle  à  peine,  et  comme  un  enfant  de  deux  ou  trois  ans  ;  au  point  ' 
de  vue  intellectuel,  elle  est  restée  infantile,  joue  à  la  poupée,  etc.  On  ne 
peut  rien  lui  apprendre  :  ni  écriture,  ni  lecture,  ni  calcul.  Pas  de  paralysie, 
ni  contracture,  ni  troubles  trophiques  ou  sensitifs.  Parole  embarrassée 
avec  quelques  progrès  depuis  peu.  Réglée  depuis  plusieurs  mois,  l'enfant 
a  des  accès  épileptiformes  au  moment  des  règles. 

Grincement  des  dents  la  nuit,  tics,  manies,  mouvements  désordonnés,  etc. 
L'enfant  a  été  saturée  de  bromure  sans  aucun  succès.  Elle  mène  une  vie 
végétative  sans  aucun  changement  depuis  des  années. 

Observation  XVI.  —  Fille  de  deux  ans  et  demi,  —  Entérite  infectieuse 
suivie  d^encéphalite  aiguë  à  quinze  mois,  —  Hémiplégie  gauche. 

En  avril  1905,  j'ai  donné  des  soins  à  une  fillette  qui  avait  alors  quinze 
mois  pour  des  troubles  digestifs  suivis  de  rachitisme.  L'enfant  était 
nourrie  au  biberon.  En  août,  elle  est  prise  d'entérite  grave  avec  hyperther- 
mie  (40°).  Au  cours  de  cette  entérite,  convulsions  suivies  d'hémiplégie 
gauche  avec  participation  du  facial  inférieur.  Cette  hémiplégie  a  été 
bientôt  suivie  de  contracture.  Peu  à  peu,  l'état  s'améliore. 

Le  17  juillet  1906,  on  me  ramène  l'enfant,  qui  a  maintemant  deux  ans 
et  demi.  Le  membre  inférieur  est  presque  indemne,  mais  le  membre 
supérieur  gauche  est  paralysé,  avec  main  fléchie  et  raideur  notable. 
Quand  l'enfant  crie,  la  face  est  déviée,  la  commissure  labiale  étant  tirée 
à  droite. 

Retard  de  la  parole  et  de  la  marche.  La  fontanelle  antérieure  est 
presque  fermée.  Amaigrissement,  état  dyspeptique.  On  a  craint  l'hydro- 
céphalie, mais  la  tête  n'a  pas  grossi. 

Il  s'agit  bien  évidemment  d'une  encéphalite  aiguë  suite 
d'entérite  ayant  intéressé  gravement  l'hémisphère  cérébral 
droit  et  déterminé  une  dégénérescence  secondaire  du  faisceau 
pyramidal. 

Observation  XVII.  —  Fille  de  huit  ans.  —  Troubles  digestifs  fréquents. 
—  Encéphalite  aiguë  avec  hémiplégie  passagère.  —  Athétose  ayant  persisté 
pendant  deux  ans.  —  Guérison. 

Le  16  avril  1903,  je  suis  appelé  à  voir  une  fille  de  huit  ans  qu'on  croit 
atteinte  de  méningite. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  grand,  fort,  vigoureux,  sans  aucune 
tare  morbide.  Mère  saine,  mais  nerveuse  et  impressionnable. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  nourrie  au  sein,  l'enfant  s'est 
bien  développée,  mais  a  toujours  été  très  nerveuse.  Elle  a  eu  des  convul- 
sions dans  la  première  enfance.  Un  peu  de  strabisme  depuis  cette  époque. 
Elle  est  sujette  aux  embarras  gastriques  avec  fièvre. 

État  actuel.  —  Le  15  avril,  elle  est  prise  tout  à  coup,  en  pleine  santé, 
d'accidents  épileptiformes  très  intenses,  suivis  de  coma.  A  son  réveil, 
on  note  une  paralysie  complète  portant  sur  tout  le  côté  gauche,  avec 
participation  du  facial  inférieur. 

Je  constate  que  cette  paralysie  s'accompagne  de  contracture  avec  exa- 
gération des  réflexes.  Pouls  peu  fréquent  et  très  régulier,  respiration 


508  J.    CÔMBY. 

régulière,  peu  de  fièvre.  Pas  de  vomissements,  pas  de  raideur  de  la  nuque 
ni  raie  méningitique.  Langue  saburrale.  Application  de  sangsues  aux 
apophyses  mastoïdes.  L'enfant  sort  de  sa  torpeur  et  s'améliore  rapide- 
ment. Les  mouvements  reviennent  aux  membres  du  côté  gauche,  en 
commençant  par  la  jambe.  L'hémiplégie  faciale  disparaît  totalement  en 
quelques  jours.  La  parésie  persiste  longtemps  au  bras  et  à  la  jambe. 

Au  bout  de  cinq  à  six  semaines,  on  observe  des  mouvements  biiarres 
de  la  main  gauche,  avec  écartement  et  extension  exagérés  des  doigts. 
La  préhension  est  très  difficile.  Il  est  aisé  de  voir  que  l'enfant  présente 
de  Tathétose  du  membre  supérieur  gauche. 

Le  18  juillet,  amélioration  à  la  suite  de  massage  ;  l'agitation  ne  se 
manifeste  pas  au  repos,  mais  seulement  quand  l'enfant  veut  prendre  un 
objet.  Cet  état  persiste  longtemps.  Enfin,  en  octobre  1905,  plus  de  deux  ans 
après  l'attaque  d'encéphalite,  guérison  de  l'athétose  post   hémiplégiqne. 

Ce  cas,  fort  intéressant  par  son  invasion  soudaine,  par 
sa  localisation  à  rhémisphère  droit,  nous  offre  un  bel  exemple 
d'athétose  persistante,  mais  curable,  consécutive  à  l'encépha- 
lite aiguë.  Quant  à  la  cause  de  l'encéphalite  aiguë,  il  faut 
sans  doute  la  chercher  dans  la  toxi-infection  intestinale,  à 
laquelle  cette  enfant  était  en  proie  depuis  longtemps  et  qui 
se  caractérisait  par  :  embarras  gastriques  fébriles  •i^pétés, 
poussées  d'entérite,  constipation  habituelle,  etc. 

Observation  XVIII.  —  Fille  de  quatre  mois.  —  Encéphalite  ai^uè  à 
la  suite  de  i>accination,  —  Troubles  psychiques  et  moteurs  persistants  après 
la  guérison. 

Une  fillette  de  quatre  mois,  nourrie  au  sein,  est  prise,  après  vaccinaticn, 
d'accidents  cérébraux  très  graves  qui  ont  mis  sa  vie  en  danger. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  et  mère  bien  portants,  mais  très 
nerveux  ;  pas  d'autre  enfant. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  pris  le  sein  facilement; 
bien  réglée,  elle  a  augmenté  régulièrement  de  poids  ;  intelligence  très 
développée  pour  son  âge  ;  aucune  maladie. 

Le  13  novembre  1905,  elle  est  vaccinée  au  bras  gauche  avec  du  vacnn 
en  tube.  Une  seule  piqûre  est  faite.  Le  vaccin  prend  très  bien,  et  il  se 
développe  une  grosse  pustule  surmontant  une  large  plaque  rouge,  chaude, 
indurée,  enflammée.  Le  20  novembre,  au  moment  de  la  pustulali«>n, 
l'enfant  a  de  la  fièvre,  du  malaise,  de  l'agitation.  Cet  état  continue  le  21  : 
la  température  rectale  atteint  38<>,5  et  39**. 

Le  22,  raideur  convulsive  des  quatre  membres,  état  comateux,  Tenfanl 
refuse  le  sein.  Mouvements  des  bras,  aspect  méningitique,  état  très  inquié- 
tant. 

État  actuel.  —  Après  une  rémission,  la  fièvre  remonte  à  39°  le  23  novembre, 
puis  à  390,5  le  24.  Contracture  presque  générale,  avec  myosis.  Cependant. 
pas  de  raideur  de  la  nuque,  pas  de  raie  méningitique.  L'enfant  ne  vomit 
pas  et  peut  s'alimenter  à  la  cuiller  (quelques  cuillerées  de  lait  chaque 
deux  heures). 

On  donne  des  bains  tièdes  (34  à  35°),  des  lavements  évacuants,  des 
lavements  calmants  (bromure  et  chloral). 

Le  24,  dans  la  soirée,  ponction  lombaire  et  examen  du  liquide  cêphalo- 


•  ,» 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  599 

rachidien  par  mon  interne  M.  Chartier.  Écoulement  goutte  à  goutte, 
liquide  clair,  ne  contenant  aucun  élément  cellulaire.  Donc  pas  trace 
de  méningite.  Nous  avions  pu  exclure  ce  diagnostic  déj4  par  les  symptômes 
cliniques.  État  comateux  persistant.  Ventre  normal,  non  excavé. 

Le  25,  la  contracture  cède  un  peu,  les  pupilles  se  dilatent  ;  pouls  entre 
120  et  140,  respiration  40,  température  39o,5.  Strabisme  interne  de  l'œil 
droit.  Selles  à  peu  près  normales.  Aujourd'hui  Téry thème  et  le  gonfle- 
ment phlegmoneux  consécutifs  au  vaccin  ont  disparu.  Le  26,  reprise  de 
contracture,  38o,7,  pouls  régulier  (120)  ;  sommeil  assez  bon,  respiration 
sans  arythmie.  On  continue  d'alimenter  l'enfant  à  la  cuiller,  selles  spon- 
tanées. Dans  la  soirée,  la  température  baisse  à  37^,4,  à  36o,8,  le  strabisme 
disparaît. 

Le  27,  rechute  avec  39^2,  polypnée  (60),  tachycardie  (160),  retour  de 
la  contracture,  respiration  à  type  de  Cheyne-Stokes.  Le  soir,  39°,8.  On 
donne  alors  un  bain  à  32^  pendant  cinq  minutes  ;  sous  son  influence,  la 
respiration  tombe  à  36  et  le  pouls  à  120.  Bouche  entr'ouverte,  plus  de 
strabisme,  mais  réflexe  de  Babinski. 

Le  28,  grandes  oscillations  thermiques,  40^5  le  matin,  37^,4  le  soir, 
ralentissement  de  la  respiration,  pouls  à  110  et  120. 

Le  29,  défervescence  définitive,  37°,  36o,5,  myosis. 

Le  30,  pour  la  première  fois,  l'enfant  a  poussé  des  cris  ;  36o'8.  Silence 
et  mutisme  jusqu'alors.  Les  jours  suivants,  cris  incessants;  mais  l'enfant 
ne  semble  pas  reconnaître  son  entourage.  Elle  ne  sait  plus  téter  ;  on  est 
obligé  de  lui  faire  couler  le  lait  dans  la  bouche. 

Le  6  décembre,  regard  vague  avec  strabisme  intermittent,  l'enfant 
ne  suit  pas  les  objets,  ne  semble  pas  percevoir  les  sons,  ne  fait  aucun 
effort  pour  téter.  Il  semble  que  ses  sens  et  son  intelligence  soient  obnubilés 
par  un  voile  épais. 

Le  15  décembre,  progrès  intellectuels  évidents,  mais  difficultés  d'ali- 
mentation. A  la  fin  de  décembre,  l'enfant  tète  assez  bien  et  reconnaît 
son  entourage.  Avant  sa  maladie,  l'enfant  tétait  son  pouce  ;  elle  ne  le  fait 
plus  maintenant,  ayant  perdu  les  bonnes  comme  les  mauvaises  habitudes. 
Pendant  six  semaines,  elle  n'a  présenté  ni  bave  ni  larme. 

Le  25  janvier  1906,  je  constate  que  le  membre  supérieur  gauche  est 
plus  faible  que  le  droit.  Elle  se  sert  mal  de  ses  mains.  Le  18  avril  1906, 
le  regard  conserve  de  l'étrangeté  ;  la  t^te  est  mal  soutenue  par  des  muscles 
trop  faibles,  les  mains  restent  inhabiles  ;  l'accroissement  en  poids  est 
faible.  On  sent  que  le  cerveau  a  été  touché  pour  longtemps,  et  l'on  peut 
redouter  un  processus  de  sclérose  ou  d'encéphalite  chronique. 

Le  10  octobre  1906,  après  un  long  séjour  à  la  campagne,  la  fillette,  qui 
a  maintenant  quatorze  mois  et  demi,  a  fait  quelques  progrès.  Elle  a 
quatre  dents,  pèse  8  500  grammes,  mais  ne  parle  pas,  ne  marche  pas,  a  la 
tête  ballante  et  présente  une  réelle  incoordination  des  membres. 

Le  16  mai  1907,  à  l'âge  de  vingt  et  un  mois  et  demi,  elle  a  10  dents, 
pèse  10  kilogrammes,  comprend  ce  qu'on  lui  dit,  joue,  rit,  mais  ne  parle 
pas  et  ne  peut  pas  marcher.  Elle  a  quelques  mouvements  athétosiques. 
Accès  de  colère  parfois  avec  spasme  de  la  glotte.  Elle  tète  encore  et 
prend  des  bouillies.  Membres  inhabiles  et  un  peu  raides;  réflexes  exagérés, 
tête  mal  soutenue,  strabisme. 

Actuellement,  quoiqu'elle  ait  plus  de  vingt  mois,  elle  no 
parle  pas,  ne  marche  pas  et  présente  un  retard  inquiétant  do 
son  développement  cérébral. 


COO  J.    COMBY 

Il  est  évident  que  l'encéphalite  aiguë  diffuse  dont  elle  a  été 
atteinte  à  l'âge  de  quatre  mois  et  dont  elle  n'a  triomphé  qu'avec 
peine  a  laissé  des  traces  sur  ses  circonvolutions  jcérébrales. 
On  peut  craindre  la  formation  d'une  sclérose  cérébrale  diffuse 
avec  déficit  notable  des  facultés  intellectuelles. 

Observation  XIX.  —  Fille  de  douz^  ans.  —  Coqueluche  à  dix-huit 
mois.  —  Convulsions  graves^  encéphalite  aiguë.  —  Crises  épileptiformes. 
athétose  à  gauche  avec  contracture  et  équinisme. 

Cette  enfant,que  je  suis  depuis  de  longues  années,  est  atteinfe  de  sclérose 
cérébrale  consécutive  à  une  encéphalite  aiguë  infectieuse  (coqueluche). 

Antécédents  héréditaires.  —  Père  et  mère  bien  portants,  mais  assez 
nerveux.  Frères  et  soeurs  normaux  ;  un  frère  a  eu  cependant  des  convul- 
sions. 

'  Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  été  nourrie  au  sein. 
Bien  portante  et  normale  jusqu'à  dix-huit  mois.  A  cette  époque,  elle  prend 
la  coqueluche.  Au  cours  de  cette  maladie,  convulsions  violentes  qui 
s'accompagnent  d'une  hémiplégie  gauche.  La  paralysie  a  persisté  après  la 
guérison  de  la  coqueluche  ;  elle  est  devenue  spasmodique  avec  athétost» 
et  accidents  épileptiformes  très  graves.  Bromuration  intensive.  Deux  ans 
après,  éruption  bromique  végétante  des  deux  jambes.  Cessation  du 
bromure,  disparition  de  l'acné  bromique. 

Le  drap  mouillé  a  remplacé  le  bromure  avec  avantage  et  a  fait  mer- 
veille pendant  quelque  temps.  Puis  il  a  fallu  revenir  au  bromure. 

État  actuel.  —  Enfant  grande,  bien  développée,  très  affectueuse,  ir^ 
impressionnable.  Ne  peut  marcher  à  cause  de  la  contracture  de  sa  jambe 
gauche.  Colères  violentes,  sensibilité  aux  reproches,  inattentive.  Crises 
convulsives  très  violentes,  dont  elle  ne  garde  jamais  le  souvenir.  Étal 
incurable. 

Donc  nous  trouvons  chez  cette  enfant  de  la  sclérose  céré- 
brale consécutive  à  une  encéphalite  aiguë  d'origine  coquelu- 
chiale. 

Observation  XX.  —  Garçon  de  trois  ans.  —  Coqueluche  assez  violente. 
—  Convulsions,  encéphalite  aiguë.  —  Idiotie  persistante. 

Il  s'agit  d'un  enfant  très  intelligent,  parlant  très  correctement,  s'inté- 
fessant  à  tout,  mais  en  même  temps  très  nerveux  et  de  parents  nerveux. 

En  février  1905,  il  est  pris  de  coqueluche  et  ne  tarde  pas  à  présenter 
des  quintes  violentes  suivies  parfois  de  vomissements.  Peu  ou  pas  de 
fièvre,  pas  de  complications,  à  peine  quelques  râles  de  bronchite. 

Tout  à  coup,  à  la  suite  d'une  quinte,  convulsions  violentes  qui  se 
répètent  plusieurs  fois  dans  la  même  journée.  Après  les  convulsions, 
l'enfant  tombe  dans  la  torpeur  et  l'indifférence,  ne  s'intéressant  pas  à  ce 
qui  se  passe  autour  de  lui.  Les  parents  craignent  la  méningite;  une  ponction 
lombaire  est  faite  par  le  D'  Diamantberger  ;  le  liquide  est  limpide  et  ne 
contient  pas  d'éléments  cellulaires.  Une  deuxième  ponction,  faite  quelques 
jours  plus  tard,  donne  le  même  résultat  négatif.  Donc  pas  de  méningite. 

Cependant  l'enfant  reste  sans  connaisance,  ne  parle  pas  et  a  des  mouve- 
ments choréiques.  Il  ne  peut  se  lever,  se  tenir  debout,  ni  marcher.  L'usage 
répété  des  bains  et  draps  moxiillés  a  provoqué  des  abcès  multiples,  qu'on 
est  obligé  d'oavrir.  L'enfant  pousse  des  gémissements  incessants  sans 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  001 

pouvoir  articuler  une  seule  parole.  Pas  de  contracture,  pas  de  localisation 
paralytique.  Il  n'y  a  jamais  eu  de  raideur  de  la  nuque,  de  signe  de  Kernig, 
de  raie  méningitique. 

Appétit  conservé,  digestions  bonnes,  pas  de  fièvre. 

État  vésanique  avec  athétose,  hébétude,  idiotie  persistent  pendant 
des  mois,  sans  troubles  trophiques,  sensitifs  ni  sensoriels. 

A  la  fin  d'avril,  on  transporte  le  malade  à  la  campagne,  loin  de  tout 
bruit  II  présente  une  amélioration  rapide. 

Le  25  mai,  je  le  vois  avec  Diamantberger  jouant,  dans  le  jardin,  sur 
un  tapis.  Il  marche  avec  un  aide,  tout  en  oscillant  sur  ses  jambes.  Il  se  sert 
de  ses  mains  pour  prendre  les  objets,  mais  avec  maladresse.  Il  commence 
à  reconnaître  son  entourage,  et  il  peut  dire  papa  et  maman.  Visage  sans 
expression,  regard  fixe,  intelligence  obtuse.  Digestions  toujours  parfaites. 

Le  27  novembre  1905,  après  une  période  de  rééducation  faite  sous  la 
direction  du  D^  de  Chabbert,  Tenfant  marche  tout  seul,  mais  il  ne  parle 
pas  encore.  Agitation  perpétuelle,  mouvements  choréo-athétosiques. 

Le  6  février  1906,  même  état,  regard  vague,  apparence  d'idiotie  avancée. 

Le  4  octobre  1906,  progrès  sensibles;  l'enfant,  qui  a  maintenant  quatre 
ans  et  demi,  marche  bien,  dit  quelques  mots,  il  a  beaucoup  grandi.  Traite- 
ment par  le  drap  mouillé. 

En  somme,  ce  cas  remarquable  est  un  exemple  d'encépha- 
lite aiguë,  consécutive  à  la  coqueluche,  avec  athétose  durable 
et  idiotie,  sans  paralysie  ni  contracture  localisées. 

Observation  XXI.  —  Fille  de  quatre  ans.  —  Normale  jusqu'à  deux  ans» 
—  A  cet  âge,  convulsions  violentes  suivies  d'un  état  d^idiotie  qui  persiste 
encore.  —  Encéphalite  aiguè  diffuse. 

iV...,  Henriette,  âgée  de  quatre  ans,  entrée  dans  mon  service  le  22  no- 
vembre 1906. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente  ans,  bien  portant,  non 
alcoolique.  Mère,  âgée  de  vingt-sept  ans,  bien  portante,  mais  nerveuse. 
Deux  autres  filles,  dont  Tune  assez  nerveuse. 

Antécédents  personnels.  —  Naissance  facile  après  une  grossesse  normale. 
Allaitement  artificiel  à  la  campagne.  Gros  ventre.  Marche  après  deux  ans. 
Jusqu'à  deux  ans,  enfant  normale,  intelligente.  Surviennent  alors  des 
convulsions  violentes  et  répétées.  Puis  coqueluche  avec  accès  suffocants. 
L'enfant,  qui  parlait  bien  avant  les  convulsions,  ne  peut  plus  parler  ;  son 
développement  cérébral  est  arrêté,  elle  devient  presque  idiote.  Sa 
démarche  est  hésitante  et  trébuchante. 

État  actuel.  —  L'enfant  est  assez  grande,  forte,  elle  a  bonne  mine.  De 
temps  en  temps,  poussées  de  rougeur  sur  le  front  et  les  joues.  État  général 
satisfaisant. 

Ce  qui  frappe  chez  elle,  c'est  l'inertie,  l'indifférence,  le  faciès  stupide  ; 
non  seulement  elle  ne  parait  pas  s'intéresser  à  ce  qui  l'entoure,  mais  elle  a 
le  regard  craintif  et  effaré,  un  peu  farouche.  Bouche  close,  pas  de  bave. 
Ni  strabisme  ni  nystagmus  ;  pas  de  surdité  ni  cécité.  Elle  comprend, 
mais  ne  parle  pas,  répétant  seulement  comme  un  écho  la  dernière  syllabe 
du  mot  qu'elle  entend. 

Elle  marche  avec  peine  en  élargissant  sa  base  de  sustentation  et  en 
titubant  comme  une  personne  ivre.  Pas  de  paralysie  ni  contracture  ; 
réflexes  peu  modifiés.  Pas  d'atrophie  musculaire.  Bon  appétit,  un  peu 
de  constipation.  Rien  à  l'auscultation  du  cœur  ni  des  poumons.  Foie  et 
rate  un  peu  gros. 


^02  j.    COMBY 

Elle  a  été  opérée  il  y  a  six  mois  de  végétations,  adénoïdes  ;  cela  n*a  pas 
modifié  son  état  psychique. 

En  somme,  encéphalite  aiguë  diffuse  vers  l'âge  de  deux  ans, 
ayant  laissé  à  sa  suite  une  idiotie  incomplète  qiii  marque  peu 
de  tendance  à  s'améliorer. 

Observation  XXII.  —  Garçon  de  vingt-deux  mois.  —  Parents  nerç^eux. 
Convulsions  épileptif ormes  au  cours  d'une  grippe.  —  Hémiplégie  droite 
avec  aphasie  pendant  vingt-quatre  heures.  —  Guérison. 

Pendant  Thiver  1905,  j'ai  été  appelé  à  voir,  avec  le  D'  Dubrisay  elle 
D»"  Main,  un  petit  garçon  de  vingt-deux  mois  bien  portant  d'habitude, 
quoique  très  nerveux  et  de  parents  nerveux. 

Cet  enfant,  bien  nourri,  avancé  pour  son  âge,  est  pris  d'une  légère 
grippe  depuis  quelques  jours.  Tout  à  coup  convulsions  épileptiformes 
épouvantables  avec  fièvre  (40°).  Après  les  convulsions,  on  constate  une 
hémiplégie  droite  avec  participation  du  facial  inférieur.  L'enfant  ne  dit 
pas  un  mot,  il  semble  atteint  d'aphasie.  Le  lendemain,  la  paralysie  per- 
siste :  la  température  a  baissé  d'un  degré.  Le  surlendemain,  guérison 
de  la  pai*alysie  et  de  l'aphasie. 

Dans  ce  cas,  l'infection  grippale  a  touché  le  cerveau  d'une 
façon  indéniable.  L'encéphalite  aiguë,  qui  a  porté  sur  l'hérai- 
sphère  gauche,  a  été  peu  grave,  peu  profonde  ;  il  semble  que  le 
processus  ait  été  plus  congestif  qu'inflammatoire.  D'ailleurs, 
tout  a  disparu  rapidement,  et  la  guérison  sans  séquelles  a  été 
obtenue. 

Observation  XXIII.  —  Garçon  de  trois  ans  et  demi.  —  Hémiplégie 
spasmodique  droite  depuis  un  an.  —  Début  par  encéphalite  aiguë  suite 
<k  vaccine. 

Le  17  mai  1907,  on  me  conduit  un  petit  garçon  de  trois  ans  et  demi 
atteint  d'hémiplégie  spasmodique  droite  avec  excitation  cérébrale  et 
arriération  intellectuelle. 

Antécédents  héréditaires.  —  Père,  âgé  de  trente-huit  ans,  nerveux  et 
emporté.  Aurait  eu,  il  y  a  dix  ans,  des  accidents  spécifiques  bien  soignés 
et  guéris.  Mère  un  peu  nerveuse.  Pas  de  vésanie  dans  la  famille.  L'ne 
sœur,  âgée  de  six  ans,  normale  et  bien  développée. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  né  à  terme,  nourri  au  sein,  bien  por- 
tant jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  mois.  A  cette  époque,  il  fait  une  chute  sur 
la  tête  d'une  table  de  billard.  Pas  de  bosse  extérieure,  pas  de  lésion 
visible.  Cependant  perte  de  connaissance,  avec  paralysie  d'un  côté  (droit?). 
Au  bout  de  quelques  jours,  l'enfant  recouvre  la  santé  et  reste  en  parfait 
état  pendant  un  an.  On  notait  toutefois  qu'il  était  nerveux,  sujet  aux 
colères  et  aux  impulsions. 

A  l'âge  de  deux  ans  quatre  mois,  il  est  vacciné  aux  deux  bras  (4  piqûres), 
avec  du  vaccin  en  tube.  L'inoculation  donne  des  pustules  avec  inflam- 
mation très  vive  et  gonflement  des  deux  bras.  C'est  dans  ces  conditions 
que  se  déclare,  pour  la  première  fois,  à  cinq  heures  du  matin,  une  grande 
convulsion  éclamptique,  avec  écume  à  la  bouche,  perte  de  connais- 
sance, etc.  Cet  état  convulsif  dure  une  journée.  La  mère  a  remarqué. 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  003 

qu'à  la  même  époque  Tenfant  avait  un  peu  de  diarrhée.  Le  lendemain 
de  cette  grande  crise,  on  a  noté  une  paralysie  du  côté  gauche  pendant 
quelques  heures. 

Bonne  santé  pendant  six  à  huit  semaines  ;  puis  nouvelle  convulsion 
éclamptique,  moins  forte  que  la  première,  sans  paralysie.  Une  troisième 
convulsion  se  montre  six  semaines  après  la  seconde,  et  enfin  une  qua- 
trième convulsion  très  forte  s'est  déclarée  le  5  décembre  1906.  Depuis 
cette  dernière  crise,  Tenfant  présente  une  paralysie  spasmodique  du 
côté  droit,  avec  perte  de  la  parole.  Jusqu'alors,  il  avait  parlé  convena- 
blement et  manifesté  une  intelligence  normale. 

On  a  donné  du  bromure  de  potassium  sans  aucun  succès. 

État  actuel,  —  Enfant  grand,  fort,  bien  développé  ;  entre  en  sautillant 
et  poussant  des  cris  ;  il  traîne  la  jambe  droite  et  présente  de  l'équinisme 
avec  varus  de  ce  côté. 

Agitation  perpétuelle.  Le  membre  supérieur  droit  est  incapable  de 
saisir  un  objet,  l'enfant  ne  se  sert  pas  de  cette  main,  qui  est  animée, 
cependant,  de  quelques  mouvements.  Contracture  évidente  dans  tout  le 
côté  droit.  Paralysie  du  facial  inférieur  du  même  côté.  Exagération  des 
réflexes  tendineux.  Sensibilité  conservée. 

Intelligence  très  amoindrie,  l'enfant  semble  comprendre  certaines 
paroles,  mais  il  ne  parle  pas  et  manque  absolument  d'attention.  L'examen 
du  cœur,  des  poumons,  des  reins,  des  yeux,  des  oreilles,  n'a  décelé  aucune 
lésion. 

On  se  trouve,  en  somme,  en  présence  d'une  hémiplégie  céré- 
brale infantile  qui  a  succédé  à  de  violentes  convulsions.  La 
première  convulsion,  la  plus  violente  et  la  plus  prolongée» 
s'étant  montrée  pendant  l'éruption  vaccinale,  nous  pensons 
qu'elle  traduisait  une  encéphalite  aiguë.  Actuellement  il  existe 
une  sclérose  cérébrale  de  l'hémisphère  gauche,  suite  de  l'encé- 
phalite aiguë  vaccinale. 

On  a  discuté  l'influence  de  la  chute  sur  la  tête,  et  certains 
médecins  ont  conseillé  la  craniectomie.  Mais  ce  traumatisme 
aurait  eu  des  effets  bien  tardifs  (un  an  après).  Tout  au  plus, 
peut-on  lui  accorder  un  rôle  de  prédisposition,  d'appel,  de 
localisation  pour  le  processus  infectieux. 

J'ai  cotiseillé  les  draps  mouillés  froids,  les  massages  et 
mouvements  passifs,  l'éducation  des  mouvements,  la  vie  au 
grand  air  dans  l'isolement,  une  nourriture  légère,  non  exci- 
tante pour  le  système  nerveux,  un  peu  d'iodure  de  sodium. 

Observation  XXIV.  —  Fille  de  quatre  ans.  —  Troubles  de  la  marche. 
—  Mutistne,  —  S emi -idiotie,  —  Encéphalite  aigué  vers  Vâge  de  deux  ans. 

A\..,  Henriette,  âgée  de  quatre  ans,  est  conduite  à  l'hôpital  des  Enfants 
pour  des  troubles  de  la  marche  et  de  l'intelligence. 

Antécédents  héréditaires.  —  Mère,  âgée  de  vingt-sept  ans,  un  peu  ner- 
veuse. Père,  âgé  de  trente  ans,  bien  portant.  Deux  autres  filles  en  bonne 
santé,  pas  de  fausses  couches. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme  (la  deuxième  de  la  famille). 


L 


1 


(:»04  j.  coMBY 

sans  difficulté,  après  une  grossesse  normale,  l'enfant  a  été  mise  en  nour- 
rice à  la  campagne.  Elle  a  eu  un  gros  ventre,  des  troubles  digestifs  et 
commençait  à  marcher  quand  les  convulsions  l'ont  arrêtée.  Jusq\i*à 
deux  ans,  enfant  normale,  intelligente,  parlant  assez  bien.  A  six  ans  sont 
appanies  des  convulsions  très  violentes  qui  ont  arrêté  les  progrès  intel- 
lectuels et  somatiques,  faisant  de  cette  enfant,  qui  croissait  physiologi- 
quement,  une  dégénérée  et  une  anormale.  Coqueluche  assez  grave  après 
la  phase  convulsive.  Pas  d'autres  maladies. 

État  actuel.  —  Enfant  assez  grande,  bien  colorée,  embonpoint  moyen, 
état  général  satisfaisant. 

Regard  vague  et  effacé,  la  fillette  ne  s'intéresse  pas  à  ce  qui  l'entoure  ; 
elle  est  craintive  et  répond  mal  à  ce  qu'on  lui  demande.  C'est  à  peine  si 
elle  fait  entendre  quelques  monosyllabes,  quoiqu'elle  semble  comprendre 
ce  qu'on  lui  dit.  Donc  mutisme  presque  absolu,  état  psychique  voisin  de 
l'idiotie. 

L'enfant  marche  avec  peine,  en  élargissant  sa  base  de  sustentation, 
avec  un  trouble  de  l'équilibre  qui  fait  penser  à  l'ébriété.  Pas  de  paralysie 
ni  contracture.  Réflexes  tendineux  conservés  ;  pas  d'atrophie  musculaire, 
pas  de  strabisme  ni  nystagmus.  Tendance  à  la  constipation. 

Il  y  a  six  mois,  le  D'  Rolland  a  fait  l'extirpation  des  végétations  adé- 
noïdes. Aucune  amélioration  psychique  ni  physique  n'en  est  résulté. 

Donc  nous  sommes  en  présence  d'une  encéphalite  aiguë, 
diffuse,  s'étant  traduite  à  deux  ans  par  des  convulsions  el 
ayant  laissé  comme  séquelles  un  mutisme  prolongé,  avec 
déficit  intellectuel  et  des  troubles  profonds  du  mouvement. 

Observation  XXV.  —  Fille  de  sept  ans  et  demi.  —  Contracture  et 
coma.  —  Ponctions  lombaires.  —  Pas  de  leucocytes,  quelques  hématies.  — 
Guérison  sans  séquelles.  —  Adénoïdes  et  otite  ayant  précédé  V encéphalite 
aiguè. 

L...y  Madeleine  y  âgée  de  sept  ans  et  demi,  est  entrée  à  l'hôpital  le  9  juil- 
let 1907  pour  des  accidents  cérébraux  très  graves.  ^  • 

Antécédents  héréditaires,  —  Père,  âgé  de  trente-sept  ans,  bien  portant, 
mais  nerveux.  Mère,  âgée  de  trente -quatre  ans,  plutôt  faible  et  nerveuse. 
Quatre  enfants,  le  premier  mort  de  méningite  à  vingt  mois,  les  autres 
bien  portants. 

Antécédents  personnels.  —  Née  à  terme,  l'enfant  a  été  nourrie  au  sein 
pendant  sept  mois  ;  vers  le  sevrage,  elle  aurait  eu  des  crises  nerveuses 
avec  un  peu  de  cyanose  (spasme  de  la  glotte).  Coqueluche  à  deux  ans, 
rougeole  à  cinq  ans.  En  février  1907,  grippe  suivie  d'otite  à  droite,  puis 
extirpation  de  végétations  adénoïdes.  --•-.?-  -  f% 

Maladie  actuelle.  —  Le  9  juillet,  elle  va  à  l'école  comme  d'habitude, 
étant  en  bonne  santé  et  pleine  d'entrain.  A  peine  était-elle  en  classe  qu'elle 
tombe  sans  connaissance  et  présente  des  mouvements  convulsifs,  avec 
écume  à  la  bouche,  perte  des  urines,  etc.  On  l'apporte  le  jour  même  à 
l'hôpital.  Elle  est  dans  le  coma,  sans  connaissance,  le  visage  congestionné, 
la  respiration  stertoreuse.  Contracture  générale  plus  prononcée  à  gauche  : 
les  membres  sont  raides  dans  leur  totalité.  Mais  il  n'y  a  pas  de  raideur 
de  la  nuque,  ni  signe  de  Kernig.  Déviation  conjuguée  de  la  tète  et  des 
yeux  à  gauche.  Raie  vaso-motrice  assez  prononcée.  Faciès  vultueux. 
un  peu  cyanose.   Température   au-dessus   de  39<>.   Pas  d'albuminurie. 

Le  10,  ponction  lombaire,  liquideMair,*^sans  hypertension,  ne  conte- 


t 


i/engéphalite  aigu'è  chez  les  enfants  005 

nant  pas  de  leiicocytes,  mais  quelques  hématies  (examen  fait  par  M.  Da- 
\vid,  interne  du  service).  Nous  avons  déjà  éliminé  la  méningite.  La  ponc- 
tion lombaire  nous  laisse  hésitants  entre  l'hémorragie  méningée  et  l'encé- 
phalite aiguë. 

Le  17,  nouvelle  ponction  lombaire  qui  ne  montre  que  des  hématies 
déformées  et  dégénérées.  Entre  temps,  nous  avons  fait  Tophtalmo-réac- 
lion  à  la  tuberculine  avec  résultat  positif. 

Le  19,  otite  gauche  avec  écoulement  assez  abondant. 

Au  début,  nous  avons  été  obligés  d'alimenter  l'enfant  par  le  nez  ;  elle 
a  pris  ainsi  1  litre  de  lait  dans  la  journée  du  13  juillet.  Amélioration 
graduelle  et  guérison  sans  aucune  séquelle. 

Bel  exemple  d'encéphalite  aiguë  consécutive  à  une  infection 
rhino-pharyngée  avec  otite. 

Symptômes. 

L'encéphalite  aiguë  a  un  début  brusque  ;  elle  est  rarement 
annoncée  par  des  prodromes.  Cependant  elle  peut  avoir  été 
précédée  de  fièvre  et  autres  manifestations  aiguës  en  rapport 
avec  la  maladie  initiale,  dont  elle  n'est  bien  souvent  qu'une 
complication  :  grippe,  fièvre  éruptive,  coqueluche,  adénoïdite, 
otite,  etc.  Qu'elle  soit  primitive  ou  secondaire  à  l'une  quelconque 
de  ces  maladies,  l'encéphalite  aiguë  se  traduit  par  une  attaque 
plus  ou  moins  violente  de  convulsions.  On  croit  alors  à  de 
Téclampsie  infantile  ;  on  invoque  la  nervosité  de  l'enfant, 
la  dentition,  les  vers,  etc.  La  convulsion  est  souvent  épilepti- 
forme  ;  elle  peut  être  unique  ou  se  répéter  plusieurs  fois.  Dans 
quelques  cas,  c'est  un  véritable  état  de  mal  qui  persiste  plu- 
sieurs jours.  Aux  convulsions  succède  un  état  comateux,  plus 
ou  moins  absolu,  avec  flaccidité  des  membres  ou  avec  contrac- 
ture. En  général,  il  n'y  a  ni  raideur  de  la  nuque,  ni  signe  de 

Kernig. 

A  la  suite  d'une  ou  plusieurs  convulsions,  on.peut  constater 
une  hémiplégie  flasque,  intéressant  les  membres  et  le  facial 
inférieur,  s'accompagnant  de  mutisme  ou  d'aphasie.  Malgré 
ces  phénomènes  paralytiques,  certains  enfants  ont  conservé 
toute  leur  intelligence. 

La  paralysie  peut  être  flasque.  Plus  souvent  elle  est  spas- 
modique,  s'accompagnant  au  début  d'exagération  des  réflexes 
tendineux,  de  signe  de  Babinski,  plus  tard  de  contracture 
permanente,  traduisant  une  dégénérescence  du  faisceau  pyra- 
midal. La  plupart  des  hémiplégies  spastiques  de  l'enfance 
sont  le  reliquat  d'encéphalites  aiguës. 


G06  j.  coMnv 

Mais  la  paralysie  spastique  peut  disparaître  après  quelques 
semaines  ou  quelques  mois  ;  j'en  ai  vu  et  cité  plus  haut  des 
exemples  probants. 

Elle  peut  s'accompagner  de  tremblements  variés,  imitant 
plus  ou  moins  la  chorée  ou  relevant  de  l'athétose.  Cette  athé- 
tose  peut  être  éphémère  ou  durable,  parfois  définitive.  Dans  un 
cas  de  J.  Voisin  {Soc.  méd.  des  hop. y  5  juillet  1907),  l'encépha- 
lite aiguë  des  premiers  jours  de  la  vie  avait  entraîné  la  surdi- 
mutité  et  la  chorée  chronique.  Dans  un  cas  de  Concetti,  qui  a 
guéri  en  quelques  mois,  le  tremblement  rappelait  celui  de  la 
sclérose  en  plaques.  Dans  la  sphère  motrice,  après  la  phase 
initiale  de  convulsions,  de  coma,  de  paralysie  flasque  ou  spas- 
tique, on  peut  donc  rencontrer  des  paralysies  localisées  à  un 
membre,  à  la  face,  à  un  nerf  crânien,  des  spasmes  localisés  ou 
généralisés,  des  raideurs  spasmodiques  pouvant  affecter  tout 
le  corps. 

Quand  on  fait  la  ponction  lombaire,  au  début,  à  cette  phase 
angoissante  qui  évoque  la  pensée  d'une  méningite,  on  retire 
un  liquide  clair  dans  lequel  ne  se  voit  aucun  élément  cellulaire. 
L'encéphalite  aiguë  laisse  intacte  la  composition  du  liquide 
céphalo-rachidien.  Dans  un  cas  cependant  (obs.  XXV),  nous 
avons  trouvé  quelques  hématies  dans  le  liquide. 

Les  convulsions  qui  ont  marqué  le  début  peuvent  se  répéter 
par  la  suite,  à  des  intervalles  variables,  avec  une  intensité 
plus  ou  moins  grande.  Les  convulsions  sont  parfois  nettement 
épileptiformes,  alternant  avec  des  absences,  et  l'on  doit 
admettre  que  beaucoup  d'enfants  sont  devenus  épileptiques 
à  la  JMiite  d'encéphalite  aiguë  ;  l'épilepsie  essentielle,  hérédi- 
taire, sine  materiâ,  étant  une  rareté. 

Nombre  d'enfants  sortent  de  l'encéphalite  aiguë  avec  des 
troubles  psychiques  graves  et  permanents.  Les  uns  sont 
déséquilibrés,  agités,  incapables  de  fixer  leur  attention  et 
d'apprendre  comme  les  enfants  de  leur  âge.  Les  autres  sont 
arriérés,  faibles  d'esprit,  ou  complètement  idiots.  Il  en  est  qui 
ont  conservé  dans  le  naufrage  de  la  plupart  de  leurs  facultés 
intellectuelles  une  mémoire  étonnante,  le  souvenir  très  précis 
et  vivace  des  formes,  des  couleurs  et  des  sons,  des  aptitudes 
musicales  surprenantes,  etc.  Ou  bien  c'est  l'acuité  sensorielle 
qui  a  pris  un  développement  exagéré  (acuité  auditive,  mémoire 
visuelle  et  auditive). 

Si  certains  enfants  voient  leur  mémoire  se  développer  outre 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  (507 

mesure  à  Ja  suite  de  l'encéphalite  aiguë,  d'autres  oublient 
en  quelques  jours  de  maladie  tout  ce  qu'ils  savaient,  aussi  bien 
les  notions  essentielles  qu'on  leur  avait  enseignées  que  celles 
qu'ils  possédaient  d'instinct.  Un  bébé  de  quelques  mois, 
après  la  crise  d'encéphalite  aiguë  dont  il  avait  triomphé  à 
grand'peine,  ne  savait  plus  téter,  et  il  a  fallu  lui  réapprendre 
une  manœuvre  absolument  nécessaire  à  sa  vie.  Le  même 
enfant,  qui  tétait  son  pouce  avec  acharnement  avant  la 
maladie,  avait  perdu  cette  mauvaise  habitude  ;  chez  lui,  tout 
s'était  effacé  de  sa  mémoire,  le  bon  comme  le  mauvais;  l'encé- 
phalite avait  fait  table  rase. 

L'encéphalite  aiguë  peut  débuter  par  des  convulsions  géné- 
ralisées ou  localisées,  souvent  épileptiformes,  par  des  contrac- 
tures passagères  ou  durables,  par  des  phénomènes  paraly- 
tiques ou  comateux.  Puis  la  maladie  évolue,  tantôt  comme 
une  hémiplégie  flasque  ou  spasmodique,  tantôt  comme  une 
athétose,  une  chorée,  une  ataxie,  une  sclérose  en  plaques, 
tantôt  comme  une  psychose  (excitation  cérébrale,  stupidité, 
idiotie,  mutisme,  aphasie).  Après  la  crise,  l'intelligence  peut 
être  intacte,  ou  bien  elle  apparaît  diminuée,  obnubilée.  Quel- 
quefois même  l'enfant  devient  arriéré,  imbécile  et  idiot.  Il 
conserve  souvent  des  attaques  épileptiques. 

On  pourrait  distinguer  :  1^  des  formes  bénignes,  légèises, 
de  courte  durée,  dans  lesquelles  le  cerveau  n'a  été  qu'effleuré 
par  la  maladie  ;  beaucoup  de  convulsions  ou  d'accidents 
spasmo-paralytiques  compliquant  les  maladies  infectieuses 
de  l'enfance  pourraient  rentrer  dans  ce  groupe  ;  2^  des  formes 
graves,  avec  lésions  plus  profondes  et  plus  durables  de 
l'écorce  cérébrale,  entraînant  des  paralysies,  des  contractures, 
des  troubles  psychiques  plus  ou  moins  curables  ;  3®  des  formes 
très  graves  entraînant  la  mort  ou  laissant  à  leur  suite  une 
sclérose  cérébrale  plus  ou  moins  étendue  avec  toutes  ses 
conséquences. 

Pronostic. 

Le  pronostic  varie  précisément  suivant  les  formes  que  nous 
venons  d'indiquer.  Bénin  dans  les  premières,  passable  dans  les 
formes  accompagnées  de  spasmes  ou  de  paralysies  localisées 
avec  intégrité  de  l'intelligence,  il  devient  très  réservé  ou  même 
mauvais  dans  les  encéphaHtes  aiguës  diffuses,  avec  hyper- 
thermie,  coma  prolongé,  etc. 


008  J.    GOMBY 

Beaucoup  d'enfants  succombent  à  la  phase  aiguë  ;  d'autres 
conservent  une  hémiplégie  ou  une  monoplégie  définitive; 
quelques-uns  font  une  sclérose  cérébrale  étendue  et  passent 
dans  le  camp  des  idiots. 

D'après  mes  observations,  confirmées  par  celles  de  Con- 
cetti,  de  Batten,  etc.,  les  phénomènes  choréiques,  athétosiques, 
ataxiques,  sont  presque  toujours  curables,  quand  rintelligence 
des  enfants  n'est  pas  gravement  atteinte.  Après  quelques 
mois,  un  an,  deux  ans,  tout  peut  rentrer  dans  l'ordre,  et  l'encé- 
phalite guérit  complètement.  Il  est  des  cas  qui  guérissent  en 
quelques  jours  (obs.  XXV),  malgré  la  violence  des  accidents 
initiaux.  Il  ne  faut  jamais  désespérer  d'une  encéphalite  aiguë. 

Diagnostic. 

C'est  le  point  délicat  de  l'histoire  de  l'encéphalite  aiguë 
infantile.  Le  diagnostic  n'est  pas  facile,  pièces  en  mains,  à 
plus  forte  raison  quand  il  faut  l'établir  sur  des  réactions  ner- 
veuses banales,  comme  c'est  le  cas  le  plus  ordinaire. 

Il  y  a  lieu  de  distinguer  d'abord  Véclampsie  infantile,  qui 
prélude  si  souvent  aux  grandes  infections  de  l'enfance  ;  cette 
distinction  ne  pourra  se  faire  immédiatement,  car  l'encéphalite 
peut  débuter  par  des  convulsions.  Ces  convulsions  peuvent  être 
épileptif ormes,  et  l'on  aura  à  écarter  l'épilepsie.  Les  lésions  en 
foyer  de  l'encéphale  (tumeurs,  hémorragie,  ramollissement)  ont  une 
symptomatologie  propre,  avec  des  phénomènes  de  localisation 
plus  précis,  sans  parler  des  conditions  étiologiques  différentes. 

La  méningite  tuberculeuse  et  les  méningites  bactériennes  ont 
pour  elles  la  raideur  de  la  nuque,  les  vomissements,  la  consti- 
pation, la  céphalalgie,  la  raie  méningitique,  les  irrégularités 
du  pouls  et  de  la  respiration,  etc.  Si  ces  signes  ne  suffisent  pas, 
la  ponction  lombaire  viendra  lever  les  doutes.Dans  l'encéphalite 
aiguë,  le  liquide  céphalo-rachidien  n'est  pas  altéré  ;  il  ne  con- 
tient ni  lymphocytes  ni  polynucléaires.  On  sait  que  la  lym- 
phocytose  est  la  règle  dans  la  granulie  méningée,  tandis  que 
la  polynucléose  caractérise  les  méningites  bactériennes. 

Dans  les  hémorragies  méningées,  pas  très  rares  chez  les  jeunes 
entants,  la  ponction  lombaire  donnera  un  liquide  plus  ou 
moins  hématique.  Cependant  l'encéphalite  aiguë  peut  entraî- 
ner, dans  quelques  cas,  la  présence  des  héniaties  en  petit 
nombre  dans  le  liquide  céphalo-rachidien. 


l'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants  609 

L'encéphalite  aiguë  peut  coïncider  avec  la  paralysie  infan- 
tile ou  poliomyélite  antérieure  aiguë  ;  dans  les  épidémies 
rapportées  par  différents  auteurs  et  notamment  par  Medin 
{Arch.  de  méd.  des  enfants^  1898),  l'association  d'encéphalite, 
d'ophtalmoplégie,  de  poliomyélite  a  été  souvent  relevée. 

Traitement. 

« 

Appelé  au  début,  on  combattra  l'encéphalite  aiguë  par  la 
glace  sur  la  tête,  la  saignée  aux  apophyses  mastoîdes  (sangsues), 
les  lavements  purgatifs,  les  bottes  d'ouate.  On  pourra  ensuite 
donner  le  calomel  à  doses  fractionnées. 

Pour  combattre  la  fièvre  et  l'excitation,  les  bains  tièdes 
(34  à  35°)  répétés  toutes  les  trois  ou  quatre  heures  pendant 
cinq  à  six  minutes  m'ont  semblé  très  utiles.  Les  petits  lave- 
ments de  bromure  (20  centigrammes)  et  chloral  (10  centi- 
grammes) pour  50  grammes  d'eau  bouillie  seront  donnés 
deux,  trois  ou  quatre  fois  par  jour  contre  les  convulsions, 
spasmes  et  contractures.  On  pourra,  dans  quelques  cas, 
employer  le  drap  mouillé,  qui  se  recommande  surtout  quand 
il  y  a  de  l'excitation,  des  convulsions,  de  la  fièvre.  Après  les 
accidents  aigus,  on  devra  donner  l'iodure  de  potassium,  et  on 
fera,  s'il  y  a  lieu,  la  rééducation  des  mouvements  et  des  sens 
souvent  obnubilés. 

On  soignera  beaucoup  l'alimentation  (lait,  potages  épais, 
purées,  œufs).  Quand  il  s'agira  d'enfants  à  la  mamelle,  ne 
pouvant  plus  exercer  les  mouvements  de  succion,  on  aura 
soin  de  les  nourrir  à  la  cuiller.  Le  succès  est  à  ce  prix. 

Conclusions. 

I.  Le  cerveau  de  l'enfant,  très  développé,  très  vasculaire, 
présente  une  grande  vulnérabilité,  qui  explique  la  fréquence 
de  l'encéphalite  aiguë  dans  le  premier  âge.  Malheureusement, 
jusqu'à  une  époque  très  rapprochée  de  la  nôtre,  l'encéphalite 
aiguë  infantile  avait  été  confondue  avec  la  méningite,  et  nous 
devons  nous  efforcer  de  l'en  distinguer. 

IL  Après  Strûmpell  (1884),  qui  a  bien  étudié  la  polioencé- 
phalite  aiguë  des  enfants,  on  doit  relever  les  noms  de  Leichten- 
stern  (1892),  Nauwerck  (1895),  Prickett  et  Batten  (1900), 
Concetti(1903),Comby,B.Weyl,  F.  Raymond  (1906),  Chartier 
(1907),  etc. 

Arch.  db  médec.  des  enfants,  1007.  X,  —  39 


DIO  J.    COMBY 

III.  Les  lésions  sont  diffuses  ou  circonscrites,  allant  de  la 
congestion  et  de  l'infiltration  sanguine  à  la  dégénérescence 
des  cellules  nervieuses,  avec  réaction  polynucléaire  intense 
autour  des  vaisseaux.  Il  peut  y  avoir  des  abcès  microscopiques. 
On  rencontre  aussi  de  la  thrombo-phlébite  des  veinules  du 
cerveau,  dérivant  comme  les  lésions  précédentes  d'une  inflam- 
mation aiguë  toxi-infectieuse. 

IV.  L'encéphalite  aiguë  peut  intéresser  à  la  fois  plusieurs 
segments  de  l'encéphale.  Elle  peut  être  associée  à  la  polio- 
myélite (Medin)  et  même  à  la  polynévrite. 

V.  L'encéphalite  aiguë  se  montre  à  tout  âge,  dans  la  pre- 
mière comme  dans  la  seconde  enfance,  peut-être  aussi  dans 
la  vie  intra-utérine.  Elle  succède  souvent  à  une  maladie  infec- 
tieuse :  grippe,  coqueluche,  typhoïde,  diphtérie,  oreillons, 
entérite  infectieuse,  vaccine,  etc.  Une  intoxication  (oxyde 
de  carbone)  peut  la  produire.  La  prédisposition  nerveuse  semble 
aussi  jouer  un  certain  rôle. 

VI.  Début  brusque  par  des  convulsions  violentes,  souvent 
épileptiformes,  pouvant  se  répéter  plusieurs  fois.  Puis  état 
comateux,  sans  raideur  de  la  nuque  ni  raie  méningitique. 
A  ces  symptômes  peuvent  s'ajouter  des  paralysies  spasmo- 
diques  ou  flasques,  des  tremblements,  des  mouvements  cho- 
réo-athétosiques,   ataxiques,   de  l'aphasie,  du  mutisme,  etc. 

VII.  Comme  séquelles,  outre  les  paralysies  spasmodique^ 
si  fréquentes,  il  faut  citer  les  troubles  psychiques  :  arriération 
intellectuelle,  idiotie,  mutisme,  excitation  cérébrale  et  dés*^- 
quilibre  profond,  épilepsie,  etc.  Parfois  la  mémoire  acquiert  un 
développement  prodigieux  ;  il  y  a  exaltation  de  certaines 
facultés  ou  de  certains  sens  aux  dépens  des  autres. 

VIII.  On  peut  distinguer  des  formes  bénignes  guérissant 
sans  séquelles,  des  formes  graves  qui  laissent  à  leur  suite  des 
paralysies,  contractures,  spasmes  ou  tremblements,  parfois 
curables,  et  des  formes  très  graves  qui  entraînent  la  mort  ou 
laissent  à  leur  suite  des  infirmités  incurables  (sclérose  céré- 
brale, épilepsie,  etc.). 

IX.  Le  pronostic  de  l'encéphalite  aiguë,  variable 
suivant  les  formes,  est  somme  toute  meilleur  que  celui  des 


l'encéphalite  aioue  chez  les  enfants  ftll 

méningites  bacillaires  ou  bactériennes.  Dans  l'encéphalite 
aiguë,  la  guérison  complète  ou  incomplète  est  presque  la 
règle  ;  elle  est  l'exception  dans  les  méningites. 

X.  Le  diagnostic  différentiel  repose  sur  l'invasion  toujours 
brutale,  sur  l'absence  habituelle  de  raideur  de  la.  nuque,  de 
signe  de  Kernig,  de  tache  cérébrale,  de  vomissements,  de  ooxe 
stipation.  Il  est  susceptible  d'un  certain  degré  de  précision 
à  l'aide  de  la  ponction  lombaire. 

XI.  Tandis  que,  dans  les  méningites,  il  y  a  toujours  une 
réaction  leucocytaire  nette  dans  le  liquide  céphalo-rachidien 
(lymphocytes  pour  la  tuberculose,  polynucléaires  pour  les 
méningites  bactériennes),  on  peut  affirmer  que,  dans  l'encé- 
phalite aiguë,  il  n'y  a  pas  d'éléments  cellulaires.  En  cas  d'hé- 
morragie méningée,  il  y  a,  dans  le  liquide  céphalo-rachidien, 
des  éléments  hématiques  plus  ou  moins  nets. 

XII.  Traitement  par  les  bains  tièdes,  le  drap  mouillé,  les 
lavements  calmants,  la  glace  sur  la  tête,  les  sangsues  aux 
apophyses  mastoîdes  ;  plus  tard,  par  l'iodure  de  potassium. 
Insister  sur  l'alimentation  liquide  (lait,  bouillon,  etc.). 


XXII 

CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE  DE  LA  TRÉPANATION 
DE  LA  MASTOIDE  CHEZ  LE  NOURRISSON 

Par  le  D'  6.  FOURNIER  (de  Marseille). 

Si,  de  tous  les  sens,  celui  de  Taudition  est  le  dernier  à  s'éveil- 
ler, puisque  c'est  vers  le  quatrième  mois  seulement  que  Ten- 
fant  commence  à  percevoir  la  voix  humaine  (Weild),  il  faut 
reconnaître  que  le  nourrisson  a  souvent  le  triste  apanage  de 
voir,  en  ce  qui  concerne  cet  organe,  la  pathologie  devancer 
la  physiologie. 

Sans  nous  arrêter  au  «  coussinet  gélatineux  »  de  Troeltscb 
(exsudât  muqueux  qui  remplit  l'oreille  du  fœtus  à  terme). 
et  qui,  pour  certains  auteurs,  constitue  l'otite  des  nouveau- 
nés,  il  est  cependant  juste  de  reconnaître  que  la  véritable 
otite  avec  lésions  des  parties  constituantes  de  l'oreille  moyenne 
est  constatation  banale.  Chez  35  à  40  p.  100  des  nouveau-nfc 
^t  nourrissons  qui  meurent  dans  les  crèches,  écrit  Veillard  (i). 
l'autopsie  révèle  l'existence  d'une  otite  cantonnée  à  l'oreillp 
moyenne. 

Les  suppurations  de  l'oreille  sont  d'une  fréquence  inouïe 
chez  les  jeunes  enfants,  et,  si  la  sollicitude  maternelle  va 
parfois  encore  jusqu'à  entretenir  cet  écoulement  dit  libérateur, 
le  praticien,  disons-le,  traite  trop  facilement  par  TindifTé- 
rence  ce  symptôme   dont  il   entend   si  souvent    parler. 

Certains  auteurs,  il  est  vrai,  n'accordent  pas  à  cette  affec- 
tion la  même  importance  dans  l'enfance  que  dans  l'âge  adulte  : 
Gruber,  en  1897,  porte  à  la  Société  autrichienne  d'otologie 
une  statistique  montrant  que,  par  suite  de  certaines  dispo- 
sitions anatomiques  du  temporal,  l'otite  moyenne  suppurée 
n'est  pas  aussi  grave  chez  les  jeunes  enfants  que  chez  les  sujets 
plus  âgés;  et  Weiss  (2),  en  1900,  à  la  même  Société,  conclut, 

(1)  Veillard,  Contribution  à  l'étude  de  i'otite  des  nouveau-nés  et  nourrissons 
(Thè^e  de  Paris ,  iS99). 

(2)  Séance  du  26  février. 


TRÉPANATION    DE    LA   MASTOIDE   CHEZ    LE    NOURRISSON  613 

à  la  suite  de  recherches  sur  l'organe  auditif  des  nouveau-nés, 
que  l'otite  moyenne  des  nourrissons  est  une  lésion  bénigne, 
qui  affecte  seulement  la  surface  de  la  muqueuse. 

Tout  en  rendant  hommage  à  des  assertions,  qui  émanent 
d'auteurs  aussi  autorisés,  il  faut  cependant  reconnaître  que 
la  clinique  est  moins  consolante  que  le  laboratoire  :  le  travail 
tout  récent  et  bien  documenté  de  Salamo  (1),  travail  dont 
les  matériaux  ont  été  puisés  à  «  pleines  mains  »  dans  le  service 
du  professeur  Broca,  relate  en  effet  cent  quarante-deux  cas 
de  mastoïdites  chez  le  nourrisson. 

Pour  une  affection  bénigne,  voilà  un  chiffre  de  compli- 
cations qui  ne  manque  pas  d'éloquence,  et  cette  fréquence 
dût-elle  évoquer  l'idée  de  banalité,  nous  pensons  faire  aujour- 
d'hui œuvre  utile  en  retenant  pendant  quelques  instants 
l'attention  sur  deux  nouveaux  cas  de  cette  pathologie  auri- 
culaire si  délicate  :  la  mastoïdite  chez  le  nourrisson. 

Observation  I.  —  La  première  de  nos  observations  a  trait  à  un 
petit  Marseillais  âgé  de  trois  mois  à  peine,  et  qui  nous  fut  conduit  par 
sa  mèrei  M™«  L.  P...,  dans  les  premiers  jours  de  1906.  Né  à  terme 
et  dans  de  bonnes  conditions,  il  ne  présente  rien  de  particulier  dans 
ses  antécédents  personnels  ou  héréditaires  ;  il  est  nourri  au  sein  de  sa 
mère  et  a  un  frère  âgé  de  quatre  ans,  fort  bien  portant. 

M"®  L.  P...  nous  raconte  que,  trois  semaines  environ  après  la 
naissance  de  son  enfant,  elle  constata  un  écoulement  de  son  oreille  droite. 
Sur  l'avis  de  son  médecin,  elle  traitait  cette  suppuration  par  des  la^ 
vages  à  Teau  boriquée,  quand  un  jour  elle  remarqua,  en  même  temps 
que  la  disparition  de  tout  écoulement,  un  empâtement  au-dessus  et 
en  arrière  de  l'oreille.  L'enfant  s'agite,  crie,  pleure  et  dort  mal,  nous 
dit-elle,  mais  ne  refuse  pas  de  prendre  le  sein.  Son  état  général  est  bon. 
J'apprends  en  outre -que  la  mère,  imbue  de  préjugés  populaires  au- 
tant que  des  vertus  bienfaisantes  de  son  lait,  soumettait  réguHôrement 
Toreille  au  même  régime  que  le  nourrisson. 

A  l'examen  :  conduit  auditif  rétréci,  d'où  impossibilité  de  voir  le  tym- 
pan ;  un  stylet  cotonné  prudemment  introduit  ramène  du  pus  fétide* 

Le  décollement  de  l'oreille  existe,  mais  pas  très  accentué  ;  le  gonflement 
est  surtout  sus-méatique,  et  l'on  aperçoit  un  œdème  de  toute  la  région 
sus-rétro-aiiriculaire  plutôt  qu'une  collection  fluctuante.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ie  diagnostic  de  mastoïdite  ne  fait  guère  de  doute,  qU  après  avoir 
laissé  entrevoir  à  la  famille  la  nécessité  d'une  surveillance  attentive, 
et  celle  d'une  intervention  très  prochaine,  si  rapidement  les  symptômes 
ne  s'amendaient  pas,  je  conseille^  avec  la  supression  absolue  du  régime 
lacté  pour  l'oreille,  un  traitement  d'attente,  émoUient  et  antiseptique. 

Revu  seulement  huit  jours  plus  tard,  l'enfant  a  dépéri,  sa  tempé- 
rature est  de  390^4,  le  pavillon  est  rejeté  en  dehors  et  l'afTaiblissement 
de  la  paroi  supérieure  du  conduit  très  accentuée.  La  mastoïdite  est 
certaine  ;  et,  quoique  toute  l'inquiétude  de  la  mère  se  porte  sur  la  région 

(1)  Thèse  de  Salamo,  Les  mastoïdites  des  nourrissons,  Paris,  1906. 


614  G.    FOUHNIER 

zygomatique  distendue,  gonflée  en  masse  avec  œdème  de  la  paupière, 
la  trépanation  de  la  mastoïde  s'impose,  et  l'intervention  est  décidée 
pour  le  lendemain  "matin  18  avril. 

Opération.  —  Chloroforme,  incision  rétro-  et  sus -auriculaire  des  té- 
guments épaissis.  Évacuation  d'un  foyer  purulent  sous-périosté.  Le 
temporal  dénudé  au  niveau  de  la  racine  de  l'apophyse,  on  constate, 
d'une  part,  une  perte  de  substance  correspondant  à  la  tache  spongieuse; 
d'autre  part,  un? décollement  se  prolongeant  très  avant  au-dessus  du 
conduit  auditif  externe. 

La  cavité  antrale  est  tout  d'abord  nettoyée  ;  la  curette  ramène  d'abon- 
dantes fongosités,  très  peu  de  pus.  Pas  de  cellules  péri-antrales.  Du  côté 
de  l'apophyse  zygomatique,  le  décollement  des  parties  molles  est  très 
accentué,  le  stylet  plonge  de  3  centimètres  environ  dans  la  fosse 
temporale.  Il  y  a  là  un  vaste  clapier  purulent  qu'une  compression  digi- 
tale an téro -postérieure  fait  aisément  se  vider,  au  niveau  de  la  plaie 
mastoïdienne.  On  sent  l'arcade  zygomatique  en  dehors;  le  foyer  est 
sous-aponévrotique,  sans  communication  avec  le  conduit  auditif  qu'il 
a  décollé  et  dont  il  explique  le  total  affaissement. 

Cavités  et  plaie  bien  nettoyées,  deux  mèches  de  gaze  stérilisée  assurent 
le  drainage.  L'une,  de  la  cavité  antrale,  l'autre  de  la  fosse  temporale. 
Le  tamponnement  du  conduit  auditif  et  un  pansment  aseptique  achèvent 
l'intervention,  qui  a  duré  tout  au  plus  une  demi-heure. 

Suites  opératoires,  —  Légère  réaction  fébrile,  38o,5.  Le  premier  pan 
sèment  est  fait  le  21  avril,  c'est-à-dire  trois  jours  après  l'opération  ; 
la  plaie  a  bon  aspect,  mais  il  y  a  du  pus  dans  les  cavités  opératoires. 
Lavage  à  l'eau  bouillie  et  à  l'eau  oxygénée.  Les  pansements  sont  régu- 
lièrement faits  trois  fois  par  semaine  et  consistent  (la  suppuration  ayant 
notablement  diminué)  en  drainage  à  la  gaze  stérilisée,  après  léger  attou- 
chement à  la  teinture  d'iode. 

Fin  mai,  l'enfant  était  presque  guéri  et  son  état  général  brillant, 
quand  survint  une  gastro-entérite  à  forme  grave.  Diarrhée,  selles  vertes, 
fièvre,  amènent  un  amaigrissement  rapide,  et  la  prostration  devient 
telle  que  le  médecin  de  la  famille  doit  à  plusieurs  reprises  et  sans 
grand  espoir  recourir  aux  injections  de  sérum. 

A  partir  du  15  juin,  une  amélioration  sensible  commence  à  se  mani- 
fester ;  il  est  possible  de  mieux  examiner  l'oreille  du  petit  malade  ;  la 
cavité  temporale  est  guérie  ;  du  côté  de  l'antre,  quelques  bourgeons 
exubérants  :  pas  de  pus  dans  la  caisse. 

Les  pansements,  régulièrement  repris,  amènent  une  guérison  rapide 
et,  le  10  juillet,  l'enfant  peut  partir  pour  la  campagne. 

Revu  souvent  depuis  ;  la  guérison  s'est  maintenue. 

Observation  II.  —  Il  s'agit  ici  d'un  bébé,  Georges  B...,  âgé  de  neuf 
mois,  et  près  duquel  je  fus  appelé  par  mon  confrère  et  ami  le  D'  Meynet. 
en  mars  1905.  Né  à  Saigon  de  parents  bien  portants,  il  habitait  Mar- 
seille depuis  environ  trois  mois,  et,  pas  plus  aux  colonies  qu'en  France, 
n'avait  fait  de  maladies  bien  sérieuses. 

L'enfant  est  cependant  d'apparence  très  chétive.  J'apprends  qu<* 
depuis  son  séjour  à  Marseille  il  a  changé  de  nombreuses  fois  de  sein. 
Du  17  février  au  15  mars,  époque  où  je  fus  consulté,  deux  nourrices 
viennent  encore  de  se  succéder,  et  toutes  deux  quittent  l'enfant  à  la 
suite  de  grippe  avec  localisation  suspecte  du  côté  des  amygdales.  En 
somme,  l'aspect  malingre  de  l'enfant  s'explique  par  les  troubles  gastro- 
intestinaux  fréquents,  conséquence  naturelle  d'un  allaitement  défectueux. 


TRÉPANATION    DE   LA    xMASTOlDE   CHEZ  LE    NOURRISSON  015 

Au  moment  où  je  vois  le  petit  malade,  il  est  au  lit,  très  abattu.  L3 
médecin  de  la  famille  le  traite  depuis  le  12  mars  pour  angine  catarrhalo 
simple  avec  poussée  de  coryza,  mais  il  attire  mon  attention,  avec  raison, 
sur  une  complication  possible  du  côté  de  Toreille  droite,  vu  rabatte- 
ment de  reniant  et  sa  température  élevée  (39<>,9)  coïncidant  avec  un 
léger  œdème  rétro-auriculaire.  Les  cris  presque  continus  de  Tenfant 
ne  permettent  pas  d'ajouter  grande  importance  à  la  douleur  provoquée 
par  la  pression  au  niveau  de  la  région  apophysaire.  L'examen  du  con- 
duit auditif  ne  révèle  rien  de  particulier  :  pas  d'affaissement  de  la  paroi 
postéro-supérieure,  pas  de  trace  de  pus  ;  la  membrane  du  tympan  paraît 
un  peu  rosée,  mais  ne  bombe  pas. 

La  mastoïdite,  non  précédée  d'otite  moyenne  suppurée,  chez  un 
nourrisson  et  chez  un  nourrisson  atteint  de  coryza,  me  paraît  possible  ; 
mais  le  diagnostic  reste  encore  délicat,  et  je  conseille,  en  même  temps 
qu'une  rigoureuse  antisepsie  naso -pharyngée  et  des  compresses  chaudes 
derrière  l'oreille,  l'expectative. 

Le  21  mars,  la  famille,  très  inquiète,  provoque  à  mon  insu  une  nou- 
velle consultation,  à  la  suite  de  laquelle  la  temporisation  reste  conseillée; 
mais,  deux  jours  plus  tard,  les  symptômes  s'étant  accentués  et  l'état 
de  l'enfant  périclitant  de  plus  en  plus,  elle  prie  son  médecin  de  m'appeler 
à  nouveau.  Inappétence,  insomnie,  tristesse,  caractérisent  l'état  du 
petit  malade,  dont  la  température  est  montée  à  40o.  Le  sillon  rétro-au- 
riculaire est  effacé  par  la  tuméfaction  apophysaire,  et,  malgré  l'œdème 
sous-cutané,  on  perçoit  une  fluctuation  profonde. 

L'examen  otoscopique  reste  toujours  négatif. 

On  s'arrôte  au  diagnostic  de  mastoïdite  d'emblée,  et  l'intervention 
est  acceptée  pour  le  lendemain  24  mars. 

Opération,  —  Chloroforme,  incision  des  tissus  mous.  La  section  du 
périoste  donne  issue  à  un  jet  de  pus.  Ce  foyer  purulent  évacué,  mise  à 
nu  de  la  corticale  qui  paraît  saine.  Trépanation  au  lieu  d'élection  (tache 
spongieuse)  et  évidement  à  la  curette  d'une  apophyse  friable.  Peu  de 
pus  dans  l'antre. 

S'iites   opératoires  normales.   Dernier  pansement  le   24   avril. 

Une  bronchopneumonie  se  déclare  peu  après,  mais  reste  sans  réper- 
cussion sur  l'oreille  opérée. 

L'enfant,  revu  après  une  convalescence  de  trois  mois  à  la  campagne, 
est  bien,  et  la  guérison  de  son  oreille  reste  définitive. 

Ces  deux  observations  m'ont  paru  dignes  d'être  rapportées 
à  plusieurs  titres. 

I.  Au  point  de  vue  évolution  :  chez  l'un  et  chez  l'autre 
de  nos  petits  malades,  la  marche  de  l'affection  apparaît  clas- 
sique et  semble  la  même.  Le  pus  collecté  dans  la  cellule  an- 
trale  s'est  ouvert  spontanément  une  voie,  grâce  à  la  minceur 
de  l'os  ;  il  a  fait  irruption  au  dehors  et  s'est  traduit  sous 
forme  d'abcès  sous-périosté.  —  En  réalité,  tant  de  simplicité 
f^st  plus  apparente  que  réelle,  et  deux  faits  méritent  réflexion  : 
dans  l'observation  I,  l'existence  d'un  abcès  temporal  sous- 
périosté  ;  dans  l'observation  II,  celle  d'un  foyer  purulent 
endo-mastoïdien,    non    précédé    d'otite    moyenne    suppurée- 


616  O.    FOURNI&R 

Nous  savons  tous  que  tôt  ou  tard  le  travail  inflammatcMre 
qui  se  passe  dans  la  ou  les  cellules  mastoïdiennes  se  traduit 
presque  toujours  extérieurement,  et  par  une  réaction  dou- 
loureuse, et  par  des  signes  objectifs,  tels  que  rougeur,  œdème, 
et  même  décollement  du  pavillon.  Cet  œdème  peut  être  plus 
ou  moins  diffus  ;  en  général  limité  à  la  région  apophysaire, 
il  est  parfois  (chez  l'enfant  surtout)  sus-auriculaire  et  peut 
m^me  envahir  la  région  temporale  ;  mais,  quelle  que  soit 
sa  diffusion,  il  est  d'ordinaire  purement  inflammatoire,  et  le 
même  coup  de  gouge  qui  libère  le  foyer  pathologique  endo- 
mastoïdien  en  entraine  la  disparition. 

Tout  autre  est  le  cas  de  notre  petit  malade.  La  tuméfaction 
qui  occupe  toute  la  région  sus-zygomatique  a  évolué  en 
même  temps  qu'une  nouvelle  poussée  fébrile  ;  elle  laisse 
percevoir  une  fluctuation  profonde,  et  l'intervention  révèle 
dans  la  fosse  temporale  un  clapier  purulent  dont  l'évacua- 
tion facile  n'est  due  qu'à  un  large  décollement  périostique 
au  niveau  du  conduit  auditif  affaissé.  Nous  sommes  là  en 
présence  d'un  véritable  phlegmon  temporal  à  point  de  départ 
mastoïdien,  et  je  ne  crois  pas  que  cette  complication  ait 
été  bien  souvent  signalée  chez  le  nouveau-né. 

M,  le  professeur  Pluyette  a  bien  voulu,  il  y  a  trois  ans, 
nous  permettre  d'opérer  dans  son  service,  à  l'hôpital  de  la 
Conception,  un  malade  analogue  ;  mais  il  s'agissait  d'un  adulte. 
De  nombreuses  cellules  se  prolongeaient  dans  l'arcade  zygo- 
matique,  et  là  était  vraisemblablement  la  cause  de  la  propa- 
gation infectieuse.  Une  contre-incision  profonde  dans  la 
région  préauriculaire  fut  nécessaire  pour  obtenir  l'évacuation 
complète  du  foyer  purulent. 

Avec  le  second  de  nos  opérés,  nous  assistons  à  l'évolution 
d'une  mastoïdite  i^uppurée  sans  lésion  de  l'oreille  moyenne, 
ou  du  moins,  avec  une  lésion  bien  légère  et,  en  tout  cas,  non 
suppurée  de  cette  cavité. 

Cette  forme  de  mastoïdite,  dite  primitive,  est  assez  connue 
aujourd'hui  pour  que  nous  n'insistions  pas  sur  les  nombreuses 
hypothèses  qui  tendont  à  l'expliquer.  Nous  plaçant  seulement 
sur  le  terrain  pratique,  nous  ferons  remarquer  combien  chez 
l'enfant  cette  forme  insidieuse  rend  le  diagnostic  délicat. 

Le  nourrisson,  en  effet,  crie  et  pleure  beaucoup  plus  qu'il  ne 
parle.  Chez  lui,  les  signes  objetifs  (bourdonnements,  surdité, 
douleur)  restent  négatifs,  et  les  symptômes  généraux  (vomis- 


TEIÉPANATION   DE    LA   MASTOIDE  CHEZ   LE  NOURRISSON  617 

sements,  fièvre,  insomnies)  dominent  presque  toujours  la 
scène.  C'est  assurément  bien  peu,  pour  guider  les  recherches 
du  praticien  ;  mais,  en  Tabsence  de  toute  autre  localisation 
morbide  précise,  on  devra  songer  de  suite  à  la  possibilité 
d'une  affection  auriculaire.  Suivant  l'expression  imagée  de 
Lermoyez,  on  se  souviendra  qu'il  est  des  cas  où  «  l'infection 
naso-pharyngée,  remontant  par  voie  tubaire,  lèche  la  caisse  » 

et  mord  la  mastoîde  »,  et,  sans  attendre  à  l'entrée  du  conduit 
auditif  l'apparition  de  l'écoulement  libérateur,  oh  surveillera 
toute  réaction  du  côté  de  l'apophyse.  La  moindre  rougeur 
ou  douleur  donnera  l'éveil,  l'œdème  avec  décollement  impo- 
sera l'intervention. 

Cette  forme  de  mastoïdite  mérite  d'autant  plus  d'être 
dépistée  qu'elle  n'a  pas  toujours  la  marche  heureuse  suivie 
chez  notre  petit  malade.  D'après  certains  auteurs,  elle  évo- 
luerait d'une  façon  plus  sévère  que  celles  qui  compliquent 
les  otites  suppurées.  Chavasse,  professeur  au  Val-de-Grâce, 
l'a  vue  deux  fois  s'accompagner  de  phlegmon  suppuré  profond 
de  la  région  temporale,  et,  dans  un  autre  cas,  la  suppuration 
avait  occasionné  une  mastoïdite  de  Bezold,  avec  mise  à  nu 
du  sinus  et  abcès  cervical. 

II.  Au  point  de  vue  opératoire  :  Chez  l'un  et  chez  l'autre 
de  nos  petits  malades,  l'intervention  a  été  la  même  :  trépana- 
tion simple  de  l'apophyse  mastoîde. 

Si  Ton  songe  à  la  modestie  de  l'arsenal  opératoire  (un  bistouri, 
une  sonde  cannelée,  une  curette),  le  mot  trépanation  semble 
ici  bien  prétentieux.  Il  est  cependant  légitime. 

Le  diagnostic  de  mastoïdite  bien  posé,  il  ne  sufTit  pas, 
comme  nous  l'avons  dû  faire  trop  souvent,  d*inciser  les  tégu- 
ments, de  libérer  la  collection  purulente  sbus-cutanée  ou 
sous-périostée  et  de  s'en  tenir  là.  La  curette  doit  effondrer 
la  corticale  externe,  rendre  visite  à  la  cellule  antrale  et  fouil- 
ler l'apophyse.  Comme  dans  nos  deux  observations,  elle 
trouvera  parfois  peu  de  pus,  mais  une  muqueuse  dégénérée, 
fongueuse,  avec  foyer  d'ostéite,  et  la  résection  sera  large, 
en  raison  directe  des  lésions  intracellulaires. 

Il  est  certain  que,  devant  le  peu  d'ancienneté  de  l'affection 
et  la  simplicité  du  système  antral  chez  le  nourrisson,  on  peut 
songer  à  pratiquer  une  simple  incision  rétro-auriculaire  (inci- 
sion de  Wild)  ;  mais  c'est  là,  à  notre  avis,  une  intervention 
regrettable.  Il  en  est  en  effet  pour  la  cavité  antrale  comme 


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pour  les  cavités  accessoires  du  nez.  De  deux  choses  Vune  : 
Où  bien  la  cellule  antrale  est  intacte,  elle  sert  de  réservoir 
au  pus  sécrété  par  l'oreille,  et  c'est  Vempyème  ;  ou  bien  ell»» 
participe  au  processus  morbide,  elle  fabrique  son  pus,  et  c'est 
la  mastoïdite  ivraie. 

Dans  le  premier  cas,  le  drainage  tympanal,  la  paracentèiK' 
sont  tout  indiqués;  dans  le  second,  l'ouvertiu^e  et  le  curet- 
tage  du  foyer  intra^apophysaire  sont  la  règle. 

III.  Enfin,  considérée  à  un  point  de  vue  général,  on  peut 
dire  que  l'antrite  du  nourrisson,  c'est-à-dire  de  l'enfant  âgé 
de  un  à  dix-huit  mois,  ne  constitue  pas  une  rareté  clinique. 

Si,  aux  cas  inédits  relevés  dans  le  travail  de  Salamo,  nou^ 
ajoutons  ceux  publiés  ces  dernières  années  dans  la  httéra- 
ture  médicale  (Lermoyez,  Laurens,  Chauveau,  Millet,  Broca). 
nous  atteignons  un  chiffre  qui  fait  taire  toute  idée  de  prioriU- 
et  limite  notre  prétention  à  l'apport  de  deux  pierres  pelite> 
à  un  édifice  déjà  riche,  puisqu'il  compte  environ  142  publi- 
cations analogues.  Le  premier  de  nos  petits  opérés  nous  a 
paru  particulièrement  intéressant  ;  c'est  presque  un  nouveau- 
né,  et  à  ce  titre  il  mérite  attention,  puisque,  des  nombreux 
cas  observés,  14  seulement  ont  traita  des  enfants  aussi  jeunes. 

Si  la  mastoïdite  du  nourrisson  est  assez  fréquente,  oeil' 
du  nouveau-né  serait-elle  donc  une  rareté?  Nous  ne  le  penson> 
pas  et  croyons  plutôt  qu'elle  a  souvent  de  bonnes  raison> 
pour  échapper  à  l'observation. 

Remarquons  tout  d'abord  que  les  mêmes  conditions  ana- 
tomiques  qui,  à  la  naissance,  sont  favorables  à  Tenvahis- 
sement  de  l'antre  par  les  germes  septiques,  offrent  ausM 
une  voie  d'évacuation  facile  au  foyer  mastoïdien.  L'antn» 
est  haut  placé,  l'aditus  est  large,  droit  et  court,  la  ruptun* 
est  fréquente  ;  conclusion  :  la  collection  purulente  se  liquide 
par  le  conduit,  et  si,  par  hasard,  l'auriste  est  consulté,  il  con- 
state une  otorrhée,  mais  la  phase  mastoïdienne  lui  a  échappé. 

Le  tympan,  il  est  vrai,  n'offre  pas  toujours  la  même  com- 
plaisance et  peut  résister.  Quelle  sera  dès  lors  la  conséquence 
de  sa  non-perforation?  J'emprunte  la  réponse  à  mon  sympa- 
thique et  autorisé  confrère  le  D""  Georges  Laurens  : 

«  Logé  dans  une  cavité  close  mais  à  parois  d'une  extrême 
fragilité,  le  foyer  purulent  endo-auriculaire  va  faire  irrup- 
tion, ou  bien  à  l'intérieur  vers  l'endocrâne,  ou  bien  à  Texté- 
rieur  à  travers  la  mince   corticale   de  l'apophyse.   Dans  le 


TRÉPANATION    DE    LA   MASTOÏDE  CHEZ   LE    NOURRISSON  ()lî> 

premier  cas,  c'est  la  méningite  dont  le  diagnostic,  fait  le  plus 
souvent  sur  la  table  d'autopsie,  révèle  alors  seulement  la 
genèse  otitique.  Dans  le  second  cas,  c'est  la  guérison,  mais  au 
prix  d'une  fistulette  ou  cicatrice,  qui  seules,  permettront 
plus  tard  à  l'otologiste,  consulté  pour  surdité  ou  écoulement, 
de  rétablir  la  filiation  des  accidents.  » 

En  somme,  la  mastoïdite  du  nouveau-né,  pour  être  excep- 
tionnellement signalée,  n'en  existe  pas  moins,  mais  passe 
souvent  inaperçue. 

Comme  conclusion  à  ce  petit  travail,  on  peut  donc  dire  : 
l^  Que  l'intérêt  de  la  mastoïdite  chez  le  nourrisson  réside 
dans  une  rareté  bien  plus  apparente  que  réelle  ; 

2^  Que,  souvent  latente,  elle  évolue  parfois  sournoisement, 
n'est  pas  exempte  de  complications  et  mérite  toute  la  saga- 
cité du  praticien  et  même  de  l'auriste  pour  être  dépistée  ; 

3*  Enfin  que,  sitôt  diagnostiquée,  elle  devra  être  traitée  : 

Non  par  la  paracentèse  du  tympan,  thérapeutique  réservée 
à  l'empyème,  non  par  la  simple  incision  rétro-auriculaire  de 
Wild,  procédé  timide  et  presque  toujours  insuffisant,  mais 
par  la  trépanation,  par  l'ouverture  plus  ou  moins  large  du 
foyer  pathologique  intra-apophysaire,  intervention  d'une 
simplicité  puérile  dans  sa  technique  et  parfaite  dans  ses 
résultats  (1). 

(1)  Congrès  éT Alger,  1907. 


REVUE    GENERALE 


OCULO-RÉACTION    A   LA   TUBERCULINE 

L'injection  sous-cutanée  de  tuberculine  est  un  excellent  procédé 
de  diagnostic  des  tuberculoses  latentes  chez  les  enfants.  Mais  il 
est  nécessaire  d'employer  des  doses  faibles  (1/10  de  milligramm*» 
ou  2/10  au  maximum)  et  de  n'opérer  que  chez  des  enfants  abso- 
lument apyrétiques.  Dans  ces  conditions,  nous  n'avons  jamais 
eu  d'accidents  (D'  Comby,  Soc.  méd.  des  hôp.,  28  juin  1907).  Sur 
74  enfants  de  mon  service  (mémoire  de  M.  Mettetal,  Arch.  de  méd. 
des  enfants,  oct.  1900),  36  ont  réagi  positivement,  38  n'ont  pas 
réagi.  Sur  les  36  de  la  première  série,  12  fois  l'autopsie  a  pu  être  faitv, 
et  la  tuberculose  n'a  pais  manqué  une  seule  fois.  Sur  les  38  de  la 
deuxième  série,  6  autopsies  ont  pu  être  faites  avec  recherche  absi>- 
lument  négative  de  toute  lésion  tuberculeuse.  Donc  excellent 
procédé. 

Mais  les  objections  ne  manquent  pas  ;  il  faut  que  les  enfants 
soient  apyrétiques,  condition  qui  limite  forcément  le  champ  d'inves- 
tigation ;  il  faut  que  les  lésions  ne  soient  pas  trop  avancées  (les 
cachectiques  et  cavitaires  ne  réagissent  pas)  ;  enfin  l'emploi  de  la 
tuberculine  en  injections  sous-cutanées,  même  à  doses  faibles,  peut 
avoir  une  action  aggravante  sur  la  tuberculose,  rallumer  la  fièvre,  etc. 
En  effet,  il  y  a  une  réaction  générale,  et  cela  peut  rendre  timide 
dans  l'emploi  de  ce  procédé. 

Tout  récemment,  on  a  essayé  de  lui  substituer  des  procéda 
plus  inoffensifs,  et  l'on  peut  dire  qu'on  y  a  réussi. 

Un  élève  d'Escherich,le  D^  von  Pirket  {DeuLmed.  Woch.,  mai  1907) 
a  imaginé  d'introduire  la  tuberculine  à  la  siurface  de  la  peau  chez 
les  enfants  :  cuti-réaction.  Pour  cela,  il  scarifie  légèrement  le  tégu- 
ment et  applique  sur  la  petite  place  dénudée  une  solution  très  furto 
de  tuberculine.  Après  quarante-huit  heures,  il  se  produit  une  rou- 
geur œdémateuse,  puis  une  papule  qui  rappelle  la  fausse  vaccine  ; 
cette  papule  disparait  au  bout  de  huit  jours.  Chez  les  enfants  non 
tuberculeux,  aucune  réaction  locale  ne  doit  se  produire.  Le  procède 


OCULO-RÉACTION   A  LA   TUBERCULINE  021 

est  surtout  efiicace  chez  les  nourrissons  et  très  jeunes  enfants. 
Toutefois,  la  cuti-réaction  n'a  pas  une  valeur  absolue  ;  sur  100  enfants 
tuberculeux,  88  réagissent,  12  ne  réagissent  pas;  sur  100  enfants 
non  tuberculeux,  16  réagissent. 

M.  Dufour  a  expérimenté  le  procédé  de  von  Pirket  chez  un  assez 
grand  nombre  d'enfants,  et  il  a  constaté  qu'il  n'avait  pas  ime  valeur 
constante  {Soc.  méd.des  kôp.,  21  juin  1607).  D'autre  part,  il  faut 
pratiquer  une  petite  plaie  aux  téguments,  et  cela  peut  faire  reculer 
le  médecin.  Enfin  la  papule  peut  persister  un  temps  assez  long,  et 
son  volume  est  parfois  excessif. 

h*ophtalmO'  ou  oculo-réaction  n'est  pas  passible  des  mêmes  cri- 
tiques. Aussi  a-t-elle  été  accueillie  tout  de  suite  avec  la  plus  grande 
faveur. 

M.  Calmette  (Acad.  des  sciences,  17  juin  1907)  s'est  servi  de 
tuberculine  précipitée  par  l'alcool  à  95°  ;  il  a  préparé  une  solution 
aqueuse  à  1  p.  100,  dont  il  instille  une  goutte  dans  l'œil. 

Au  bout  de  quelques  heures,  l'œil  instilléj  rougit,  la  caroncule 
gonfle  ;  la  congestion,  très  accusée  après  vingt-quatre  heures,  per- 
siste deux  ou  plusieurs  jours  et  disparaît  sans  laisser  de  trace.  Pas 
de  fièvre,  aucune  réaction  générale.  Chez  les  enfants  non  tubercu- 
leux, il  ne  se  produit  rien  ;  l'œil  reste  absolument  indemne. 

Il  est  bien  entendu  que  l'ophtalmo-réaction  est  applicable  aux 
adultes,  et  les  résultats  publiés  par  M.  Calmette  et  par  M.  Letulle 
sont  très  probants  (Soc.  méd.  des  hôp.y  28  juin;  jPre^^e  méd., 
13  juillet  1907), 

Sur  une  première  série  de  16  enfants  instillés  avec  une  tuberculine 
que  m'avait  envoyée  M.  Calmette,  j'ai  obtenu  8  réactions  positives 
[Soc.  méd.  des  hôp.,  12  juillet  1907)  et  8  réactions  négatives.  Dans 
ia  première  catégorie,  il  s'agissait  manifestement  d'enfants  tuber- 
culeux, et  la  réaction  ne  nous  surprit  pas. 

Dans  la  seconde,  deux  enfants  étant  morts  quelquQ^  jours  après 
l'oculo-réâction  négative  (l'un  d'invagination  intestinale,  l'autre 
de  broncho-pneumonie  morbilleuse),  nous  avons  pu  constater  à 
Tautopsie  l'absence  de  toute  lésion  tuberculeuse,  ce  qui  confirme 
la  valeur  de  l'oculo-réaction. 

Quand  la  réaction  est  positive,  il  y  a  lieu  de  distinguer  plusieurs 
degrés  : 

1°  Réaction  légère  qui  pourrait  passer  inaperçue,  si  l'on  ne  regar- 
dait pas  attentivement  le  coin  de  l'œil,  si  l'on  ne  comparait  pas  son 
coloris  à  celui  de  l'œil  sain  ;  2°  réaction  modérée  qui  se  voit  à  dis- 
tance, la  rougeur  dépassant  la  région  caronculaire  pour  envahir  le 
globe  ;  3°  réaction  violente  avec  conjonctivite  catarrhale,  gonfle- 
ment des  paupières. 

Dans  deux  cas  positifs,  la  réaction  fut  tellement  violente  et  pro- 


G22  REVUE  GÉNÉRALE 

longée  (sept  à  huit  jours)  que  nous  eûmes  la  pensée  d'employer 
une  dilution  plus  étendue  de  la  tuberculine. 

Avec  une  soluti<m  à  1  p.  200,  nous  parvînmes  à  atténuer  la  réaction 
sans  lui  ôter  rien  de  sa  valeur  pour  le  dépistage  de  la  tuberculose. 
Dans  cette  deuxième  série  de  malades,  au  nombre  de  53  (Soc. 
méd.  des  hôp.^  19  juillet  1907),  nous  nous  sommes  servis  de  la 
tuberculine  préparée  par  l'Institut  Pasteur  et  gracieusement  four- 
nie par  M.  Roux,  en  même  temps  que  de  la  tuberculine  de  M.  Cal- 
mette.  La  réaction  est  aussi  intense  avec  la  tuberculine  de  M.  Roux 
qu'avec  celle  de  M.  Calmette.  Après  avoir  essayé  la  solution  à  1  p.  100, 
j'ai  fait  préparer  ma  solution  à  1  p.  200.  Il  m'a  semblé  que  celte 
solution  donnait  des  réactions  aussi  sûres  que  la  précédente  et 
moins  violentes.  C'est  ainsi  que  les  deux  malades  de  ma  première 
série,  qui  avaient  eu  une  violente  conjonctivite  avec  œdème  paJ- 
pébral,  à  la  suite  de  l'instillation  de  tuberculine  à  1  p.  100,  ont  été 
traités  de  nouveau,  sur  l'œil  indemne,  huit  jours  après,  avec  une 
solution  à  1  p.  200.  L'oculo-réaction  a  été  encore  nettement  positive, 
mais  avec  beaucoup  moins  de  violence  :  rougeur  de  la  conjonctive, 
un  peu  de  larmoiement,  quelques  flocons  fibrineux,  mais  pas  df 
gonflement  des  paupières. 

Il  est  possible  qu'une  solution  plus  diluée  encore  (1  p.  300, 1  p.  400, 
etc.)  donnât  des  réactions  positives.  Cependant  je  ne  conseillerais  pas 
d'aller  trop  loin  dans  cette  voie  de  la  dilution,  puisque  les  solutions 
plus  fortes,  par  conséquent  plus  sûres  pour  le  diagnostic,  sont 
inoffensives.  Il  faut  donc  s'en  tenir  provisoirement  à  1  p.  200  avec 
les  excellentes  tuberculines  françaises  préparées  à  l'Institut  Pasteur 
de  Paris  (sous  la  direction  de  M.  Roux),  ou  à  l'Institut  Pasteur  de 
Lille  (sous  la  direction  de  M.  Calmette). 

Dans  une  troisième  série  de  malades,  comprenant  50  cas,  les 
résultats  ont  été  les  mêmes  que  dans  les  deux  premières  séries. 

Quand  un  enfant  a  présenté  ime  oculo-réaction  positive,  si  Ton 
fait  de  nouveau  l'épreuve  à  quelques  jours  d'intervalle,  sur  Tœil 
indemne,  on  obtient  encore  une  réaction  positive.  Nous  avons  tenté 
l'épreuve  sur  sept  malades  avec  un  succès  constant.  C'est  ainsi  qu»» 
nous  avons  pu  comparer  entre  elles  la  tuberculine  de  M.  Roux  et 
celle  de  M.  Calmette,  la  solution  à  1  p.  100  et  la  solution  à  1  p.  200. 
Une  première  réaction  positive  n'immunise  donc  pas  les  sujets,  et 
j'ai  constaté  que  la  seconde  réaction  était  aussi  forte  que  la  pre- 
mière, quand  on  employait  des  solutions  de  même  titre.  De  même 
l'injection  sous-cutanée  de  tuberculine  (comme  je  l'ai  vu  chez  plu- 
sieurs de  mes  malades)  ou  la  cuti-réaction  (comme  l'a  vu  M.  Dufour) 
n'immunisent  pas  davantage  les  enfants  à  l'égard  de  l'oculo-réaction. 
La  réaction  ne  se  produit  pas  immédiatement  après  l'instillation  ; 
il  faut  attendre  plusieurs  heures,  de  cinq  à  dix  heures,  d'après  mes 
cas  personnels,  pour  saisir  les  premiers  indices  de  la  congestion 


OCULO-RÉACTION   A    LA   TUBEKCULINE  623 

oculaire.  Puis  cette  congestion  s'accuse  de  plus  en  plus  pendant  les 
heures  qui  suivent.  Elle  est  à  son  maximum  au  bout  de  vingt-quatre 
heures  et  ne  se  dissipe  que  lentement.  Il  n'est  pas  rare  de  la  voir 
persister  cinq,  six,  sept  jours  et  plus,  quand  on  la  recherche  atten- 
tivement. 

Pour  avoir  une  oculo-réaction  nette,  il  est  nécessaire  que  l'œil 
de  l'enfant  ne  soit  pas  atteint  au  préalable  de  quelque  affection 
aiguë  ou  chronique  (conjonctivite,  blépharite^  kératite).  J'ajouterai 
même  que  les  deux  yeux  doivent  être  indemnes.  En  effet,  dans 
deux  cas  où,  un  seul  œil  étant  sain,  j'ai  voulu  instiller  la  tubercur 
Une,  j'ai  vu  la  réaction  amener  une  véritable  conjonctivite  sem- 
blable à  celle  qui  existait  du  côté  malade.  Outre  cet  inconvénient, 
il  y  a  la  difficulté  de  juger  la  qualité  de  la  réaction  :  est-elle  le  fait 
de  la  tuberculine,  n'est-elle  pas  conditionnée  par  l'ophtalmie  dont 
l'enfant  était  atteint? 

Ces  réserves  faites,  on  peut  dire  qu'il  n'y  a  pas  de  contre-indica- 
tion à  l'oculo-réaction.  L'âge  importe  peu  ;  j'ai  fait  l'instillation 
chez  des  enfants  de  tout  âge,  depuis  quinze  jours  jusqu'à  quinze 
ans.  De  même  la  localisation  ou  le  degré  de  la  tuberculose  ;  qu'il 
s'agisse  d'une  tuberculose  médicale  ou  d'une  tuberculose  chirur- 
gicale, localisée  ou  généralisée  (granulie),  fébrile  ou  non,  que  l'enfant 
ait  un  premier  degré  de  tuberculose  pulmonaire  ou  des  cavernes, 
qu'il  soit  bien  portant  en  apparence  ou  cachectique,  l'oculo-réaction 
n'est  jamais  en  défaut.  C'est  du  moins  ce  qui  semble  résulter  de  mes 
nombreuses  observations. 

Sur  132  malades  soumis  à  l'épreuve  de  la  tuberculine,  62  ont 
réagi  et  70  n'ont  pas  réagi.  Parmi  les  premiers,  j'ai  pu  faire  quatre 
autopsies,  qui  ont  révélé  une  tuberculose  indéniable.  Parmi  les 
seconds,  j'ai  été  à  même  de  vérifier  six  fois  sur  la  table  d'autopsie 
l'absence  de  toute  lésion  bacillaire.  L'anatomie  pathologique  con- 
firme donc  les  données  de  la  clinique. 

En  résumé,  nous  avons,  dans  l'oculo-réaction  à  la  tuberculine, 
soit  avec  une  solution  à  1  p.  100  (conseillée  par  M.  Calmette),  soit 
avec  une  solution  à  1  p.  200  (éprouvée  par  moi),  un  moyen  sûr  de 
dépister  la  tuberculose  chez  les  enfants  (ophtalmo-dia^nostic).  Ce 
moyen  est  absolument  inoffensif  ;  il  ne  détermine  qu'une  réaction 
locale  passagère,  sans  aucun  retentissement  sur  la  santé  générale. 
11  ne  provoque  aucune  poussée  fébrile,  avantage  précieux  sur  l'in- 
jection sous-cutanée  ;  il  peut  être  employé  chez  les  enfants  qui  ont 
de  la  fièvre,  autre  avantage  sur  le  procédé  dont  je  viens  de  parler. 
Cette  fièvre,  il  ne  la  modifie  en  rien. 

Il  est  applicable  à  tous  les  cas  sans  exception  d'âge,  de  forme 
ou  de  degré,  de  lésions  trop  ou  pas  assez  avancées,  de  cachexie,  etc. 

Une  seule  condition  est  requise,  c'est  que  l'œil  sur  lequel  l'instil- 
lation sera  faite  soit  sain.  J'ajoute  même  qu'il  me  semble  néces- 


624  REVUE   GÉNÉRALE 

saire  que  l'autre  œil  soit  également  indemne  de  toute  altération. 

Tout  médecin  peut  se  servir  de  Toculo-réaction  et  préparer  lui- 
même,  au  moment  de  s'en  servir,  la  solution  de  tuberculine.  En 
possession  de  la  petite  capsule  contenant  5  milligrammes  de  tuber- 
culine sèche,  laquelle  se  conserve  indéfiniment,  il  y  ajoute  au  compte- 
gouttes  X  à  XX  gouttes  d'eau  bouillie,  suivant  qu'il  veut  se  ser\'ir 
d'une  solution  à  1  p.  100  ou  d'une  solution  à  1  p.  200,  et,  après  avoir 
agité  pour  faciliter  la  dissolution,  il  peut  immédiatement  procéder 
avec  le  même  compte-gouttes  à  l'oculo-réaction. 

D'après  tout  ce  que  nous  avons  vu,  nous  croyons  pouvoir  dire 
que  le  procédé  imaginé  et  vulgarisé  par  M.  Calmette,  sous  le  nom 
d* ophtalmo-réaction  à  la  tuberculine,  est  des  plus  simples,  des  plus 
élégants  et  des  plus  sûrs.  C'est  un  moyen  de  diagnostic  merveilleux. 

Ce  moyen  permet  de  faire  la  sélection  des  enfants  dans  les  familles, 
dans  les  écoles,  dans  les  hôpitaux,  dans  toutes  les  collectivités 
d'enfants.  Il  permet  de  distinguer  les  enfants  tuberculeux  de  ceux 
qui  ne  le  sont  pas  et  de  prendre  des  mesures  en  conséquence. 
Il  pourrait  servir  à  VŒuvre  de  Grancher  pour  le  choix  des  enfants 
qu'on  veut  placer  à  la  campagne.  Il  permet  de  savoir,  d'une  façon 
sûre,  quels  sont,  dans  une  famille  tuberculeuse,  les  enfants  déjà 
atteints  et  ceux  qui  ne  le  sont  pas  encore. 

Dans  les  hôpitaux,  l'ophtalmo-diagnostic  appliqué  systéma- 
tiquement àtous;les  malades  permettra  d'établir  des  catégories; 
les  tuberculeux  révélés  par  l'oculo-réaction  peuvent  être  isolés  ou 
tout  au  moins  soumis  à  un  régime  spécial  (alimentation,  aéra- 
tion, etc.).  Cela  s'applique  aux  services  de  médecine.  Mais  les  ser- 
vices de  chirurgie  sont  appelés  à  bénéficier  aussi  de  ce  procédé 
infaillible  de  dépistage  de  la  tuberculose.  Telle  ostéite  douteuse, 
telle  coxalgie  fausse  ou  vraie,  telle  déviation  vertébrale  d'origine 
incertaine,  etc.,  pourront  être  immédiatement  classées  et  définies 
d'après  l'oculo-réaction. 

Dans  le  service  de  mon  collègue  M.  Broca,  j'ai  pu  ainsi  confirmer 
le  diagnostic  d'une  coxalgie  (réaction  positive),  infirmer  le  diagnostic 
de  mastoïdite  tuberculeuse  (réaction  négative),  faire  pencher  la 
balance  vers  le  diagnostic  de  tubercule  cérébral  (paraplégie  spas- 
modique),  etc. 

Dans  plusieurs  cas  (familles  inquiètes  sur  la  nature  de  bronchites 
répétées),  j'ai  pu  ramener  le  calme  et  la  confiance  par  Toculo- réac- 
tion négative  que  j'avais  obtenue  chez  les  enfants. 

On  peut  juger,  par  ce  court  aperçu,  des  multiples  applications  de 
l'ophtalmo-diagnostic  en  médecine  infantile. 


ANALYSES 


»    ■ 


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PUBLICATlOyS  PÉHIODIQUES 

Sur  on  nouveau  procédé  de  diagnostic  de  la  tabercolose  chez  l'homme 
par  l'ophtalmo-réaction  à  la  tohercaline,  par  M.  Calmette  (Académie 
des  Sciences  f  17  juin  1907). 

Von  Pirket  a  montré  que,  si  l'on  introduit  un  peu  de  tuberculine  par 
une  scarification  cutanée  chez  un  enfant  tuberculeux,  au  bout  de  quarante- 
huit  heures  une  rougeur  œdémateuse  occupe  la  petite  plaie  ;  on  voit 
même  assez  souvent  apparaître  sur  elle  une  petite  papule,  rappelant  la 
fausse  vaccine.  Au  bout  de  huit  jours,  cette  papule  s'efface  par  dessiccation, 
et  la  rougeur  disparait.  Cette  cuti -réaction,  éprouvée  ensuite  chez  les 
bovidés  par  Vallée,  ne  se  produit  pas  chez  les  sujets  sains. 

M.  Calmette,  aidé  de  MM.  Breton,  G.  Petit,  Painblan,  a  essayé  la 
réaction  sur  la  muqueuse  oculaire  (ophtalmo-réaction).  Il  s'est  servi  d'une 
solution  de  tuberculine  sèche  précipitée  par  l'alcool  à  95^,  dans  l'eau 
distillée  stérilisée  ;  la  solution  à  1  p.  100,  fraîchement  préparée,  était 
instillée  dans  un  seul  œil  (I  goutte).  Après  cinq  heures,  parfois  après 
trois  heures,  congestion  de  la  conjonctive  palpébrale,  qui  prend  une  teinte 
rouge  vif  et  devient  le  siège  d'un  œdème  plus  ou  moins  intense.  La  caron- 
cule se  gonfle,  rougit  et  se  couvre  d'un  léger  exsudât  fibrineux.  L'injection 
vasculaire  s'accentue  peu  à  peu  et  s'accompagne  de  larmoiement.  Au 
bout  de  six  heures,  la  sécrétion  ftbrineuse  devient  plus  abondante  ;  elle  se 
rassemble  en  filaments  dans  le  cul-de-sac  conjonctival  inférieur. 

Le  maximum  de  la  réaction  a  lieu  entre  six  et  dix  heures.  Les  sujets 
n'accusent  aucune  douleur  :  seulement  un  peu  de  gêne  avec  sensation  de 
légère  cuisson  et  quelques  troubles  de  la  vision  en  rapport  avec  l'abondance 
de  l'exsudat.  Il  ne  se  produit  pas  de  chémosis.  La  marche  de  la  tempé- 
rature n'est  pas  sensiblement  modifiée. 

11  est  facile  d'apprécier  l'intensité  de  la  réaction  en  examinant  compa- 
rativement l'autre  œil,  qui  n'a  pas  reçu  de  tubercuHne. 

Chez  les  enfants,  après  dix-huit  heures,  et  chez  les  adultes  après  vingt- 
quatre  et  trente-six  heures,  les  phénomènes  de  congestion  s'atténuent 
puis  disparaissent.  Chez  les  sujets  sains  ou  porteurs  d'affections  non 
tuberculeuses,  l'instillation  de  tubercuhne  reste  complètement  inoffen- 
sive. Tout  au  plus  observe-t-on,  de  une  heure  et  demie  à  trois  heures 
après,  une  légère  rougeur  qui  disparaît  bientôt  et  ne  s'accompagne  ni  de 
sécrétion  flbrineuse  ni  de  larmoiement. 

La  réaction  a  été  positive  chez  les  enfants  du  service  de  M.  Deléarde 
(Hôpital  Saint-Sauveur,  à  liille)  :  1°  pleurésie  tuberculeuse  (examen 
cytologique)  ;  2°  pleurésie  tuberculeuse  ;  3©  tuberculose  pulmonaire  ; 
4°  bronchite  avec  adénopathie  ;  5<>  adénopathie  bronchique. 

Elle  a  été  négative  dans  un  cas  de  grippe  et  dans  un  autre  cas  de 
rhumatisme  aigu  avec  endocardite  mi  traie. 

Cette  ophtalmo -réaction  à  la  tuberculine  apparaît  plus  vite  que  la 
cuti-réaction  et  ne  présente  pas  les  inconvénients  de  l'injection  sous- 
cutanée  de  tuberculine. 

Arch.  de  médec.  des  enfants,  1907.  ^'  "*^ 


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626  ANALYSES 

Cuti-réaction  à  la  tiiliercnline  chez  les  enfants,  méthode  de  ▼en  Pirket, 
par  le  D""  H.  Dufour  {Soc,  méd.  des  hôp.,  21  juin  1907). 

Cette  réaction,  obtenue  en  introduisant  un  peu  de  tuberculine  à  la 
surface  d'une  scarification  de  la  peau,  serait  positive  chez  les  nourrissons 
tuberculeux,  dans  la  proportion  de  88  p.  100  ;  les  12  p.  100  qui  n*ont  pas 
réagi  étaient  cachectiques  ou  atteints  de  granulie.  La  réaction  positive  a 
été  observée  chez  16  p.  100  des  enfants  non  tuberculeux. 

M.  Dufour  a  inoculé  20  enfants  :  8  de  dix  à  14  ans  dvX  réagi,  sauf  un 
très  faiblement,  qui  avait  des  cicatrices  au  cou  ;  sur  les  7  autres,  1  n'est 
pas  tuberculeux,  3  sont  douteux  ;  5  de  cinq  à  dix  ans  ont  donné  trois 
résultats  positifs  (2  tuberculoses  médiastines,  1  douteux)  et  2  négatifs  (1  tu- 
berculose cavitaire,  1  non  tuberculeux);  5  de  trois  à  cinq  ans  ont  donné 
2  résultats  positifs  (1  tuberculeux,  1  douteux),  2  négatifs  chez  des  non 
tuberculeux,  1  négatif  chez  un  tuberculeux  cavitaire  ;  2  de  treize  mois  à 
trois  ans  ont  donné  un  résultat  positif  (tuberculeux),  un  négatif  (non  tuber- 
culeux). Donc  le  procédé  n'est  pas  à  l'abri  de  toute  critique. 

Deux  cas  de  chorée  chronique  de  l'enfance,  par  MM.  J.  Voisn. 
R.  Voisin  et  Macé  de  Lépinay  (Soc,  méd,  des  hôp,,  5  juillet  1907). 

I.  Fille,  âgée  actuellement  de  dix-huit  ans,  entrée  en  1898  avec  le 
diagnostic  de  :  débilité  mentale,  surdi-mutité,  mouvements  choréiques. 
Père  mort  de  tuberculose,  mère  nerveuse. 

Ictère  des  nouveau -nés  et  convulsions  ;  nouvelles  convulsions  à  six 
semaines.  Vers  deux  ans,  l'enfant  a  des  mouvements  des  membres,  fait 
des  grimaces,  ne  parle  pas.  Premiers  pas  à  quatre  ans. 

Quand  elle  entre  dans  le  service,  à  neuf  ans,  on  est  frappé  par  le5 
mouvements  incessants,  involontaires  et  désordonnés  des  muscles  de  la 
face,  des  membres,  du  tronc.  Elle  ne  peut  rester  immobile,  mains  et  bras 
gesticulent  en  tous  sens,  épaules  se  soulèvent,  coudes  se  portent  en 
arrière  ou  en  dehors,  avant-bras  se  replient  et  s'étendent,  mains  se  mettent 
en  pronation  et  supination,  doigts  s'écartent  et  se  rapprochent.  Même* 
mouvements  aux  membres  inférieurs,  quoique  moins  marqués.  La  tète. 
le  cou,  le  tronc  présentent  des  gesticulations  désordonnées.  Grimaces  et 
contorsions  incessantes  de  la  figure.  Cessation  des  mouvements  pendant 
le  sommeil.  Surdi-mutité.  Actuellement,  les  mouvements  sont  très  dimi- 
nués, l'intelligence  s'est  un  peu  développée.  Rides  assez  accusées.  Mens- 
truation depuis  l'âge  de  quatorze  ans. 

IL  Fille  de  quatorze  ans,  pas  de  nervosité  dans  la  famille.  Xée  avant 
terme,  a  marché  à  quatorze  mois.  A  parlé  de  bonne  heure.  Intelligeniv 
éveillée.  Rougeole  à  deux  ans.  A  sept  mois,  elle  devient  maladroite  à^ 
ses  mains,  laisse  tomber  les  objets,  gesticule  en  tous  sens,  fait  des  grimaces. 
A  neuf  ans,  elle  est  soignée  à  Trousseau  par  la  liqueur  de  Boudin,  puL« 
aux  Enfants-Malades,  où  elle  aurait  présenté  de  la  chorée  molle.  Incura- 
bilité  ;  elle  entre  à  douze  ans  dans  le  service. 

Menstruation  en  1906,  recrudescence  de  la  chorée  au  moment  de* 
époques.  En  septembre,  caractère  irritable,  rire  et  pleurs  sans  raison, 
actes  stupides.  Actuellement,  ces  troubles  mentaux  sont  atténués,  les 
mouvements  persistent  dans  la  face  et  dans  les  membres,  localisés  surtout 
à  droite  et  particulièrement  dans  la  jambe.  Réflexes  abolis  à  la  cornée, 
au  pharynx,  à  la  pituitaire. 

Pour  le  premier  cas,  on  doit  penser  à  une  sclérose  cérébrale  infantile. 
Pour  le  second,  elle  rentre  bien  mieux  dans  le  cadre  de  la  chorée  d»» 
Sydenham  ;  mais  à  cette  chorée  s'ajoutent  des  phénomènes  d'hystérie. 
La  première  affection  a  été  la  chorée,  qui  a  présenté  plusieurs  récidives; 
puis  sont  venus  les  symptômes  d'hystérie,  qui  prédominent  actuellement. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  627 

Le  goitre  ches  le  nourean-né,  par  les  D'^  Plavchu  et  RiciIard 
{Gazette  des  hop.,  9  et  11  mai  1907). 

En  1840,  Nicod  d'Arbent  (Bull,  gén.  de  thérapeuU)  publie  deux  cas  de 
goitre  chez  le  nouveau-né  ;  puis  R.  Crighton  (Edinh,  med,  Journ,,  1856), 
Béraud  et  Danyau  {Soc,  de  chir.,  1862),  en  rapportent  chacun  deux  autres 
cas.  Plus  récemment,  c'est  à  Lyon  (Pollosson,  Commandeur,  Cadet, 
Richard,  Plauchu,  Fabre  et  Thévenot)  et  à  Toulouse  (Audebert),  qu'on 
en  décrit  de  nouveaux  cas.  11  faut  signaler  un  travail  de  Diethelm 
(Zurich)  très  important  pour  l'époque  (1890). 

Le  volume  varie  d'une  petite  noix  à  un  poing  d'adulte.  Au  lieu  de 
4  à  5  grammes,  la  glande  en  pèse  16,  18,  41  (Hecker).  Forme  d'un  crois- 
sant enserrant  le  cou,  parfois  deux  pyramides  inclinées  à  sommet  dirigé 
en  haut  et  en  arrière.  Le  plus  souvent,  un  lobe  est  plus  gros  que  l'autre. 
Parfois  le  corps  thyroïde  forme  un  anneau  presque  complet  autour  de  la 
trachée,  s'insinuant  entre  elle  et  l'œsophage. 

On  distingue  des  goitres  vasculaires,  des  goitres  parenchymateux,  des 
goitres  kystiques.  La  trachée  est  ordinairement  comprimée.  Dans  un  cas 
de  Fabre,  la  sténose  était  telle  qu'un  stylet  de  1  millimètre  pouvait  à  peine 
la  franchir.  (Esophage  souvent  comprimé  également.  Vaisseaux  et  nerfs 
refoulés. 

Hérédité  fréquemment  relevée.  Sur  24  cas,  Richard  trouve  22  fois  la 
mère  goitreuse,  1  fois  le  père,  1  fois  les  deux.  La  fréquence  de  ce  goitre 
des  nouveau-nés  est  plus  grande  qu'on  ne  croit.  Demme,  sur  642  goitres 
observés  de  1862  à  1875,  avait  compté  : 

Nouvoau-nés 37 

Enfants  de  2  à  12  mois 59 

Enfants  de  2  à  4  ans 35 

Frey  trouve  282  goitres  et  Birche  354  chez  des  enfants  au-dessous  de 
dix  ains.  Martha  indique  la  proportion  de  70  p.  100  de  goitres  chez  les 
enfants.  On  peut  se  demander  si  la  plupart  de  ces  cas  ne  datent  pas  de  la 
naissance  et  ne  sont  pas  congénitaux. 

On  a  invoqué  les  difficultés  obstétricales,  les  compressions  au  passage, 
sans  preuve.  Mais  il  faut  en  revenir  à  l'étiologie  ordinaire  du  goitre  (eaux 
de  boisson  absorbées  par  la  mère). 

Dans  quelques  cas,  le  goitre  a  été  une  cause  de  dystocie.  Les  symptômes 
sont  physiques  ou  fonctionnels  :  tumeur  thyroïdienne  plus  ou  moins 
volumineuse,  déformant  le  cou,  souvent  asymétrique,  augmentant  par  les 
cris  et  les  efforts  ;  cyanose  et  dyspnée  par  compression,  accès  de  suffo- 
cation, gêne  de  la  déglutition,  cornage  ;  80  fois  sur  100,  il  y  a  des  signes  de 
sténose  et  des  troubles  fonctionnels  très  accusés,  assez  graves  pour  com- 
promettre la  vie. 

Le  diagnostic  n'est  pas  toujours  facile;  dans  les  morts  apparentes  du 
nouveau -né,  dans  les  morts  rapides  ou  subites  des  premiers  mois,  il  faut 
songer  au  goitre.  La  tuméfaction  est  en  général  facile  à  reconnaître  ;  il 
faut  la  distinguer  du  thymus,  qui,  par  son  hypertrophie,  produit  les  meniez 
symptômes  ;  la  tumeur  thymique  est  située  plus  bas  que  la  thyroïdienne. 
Il  faut  penser  au  kyste  branchial,  qui  est  plus  isolé  et  plus  fluctuant,  uni- 
latéral, non  mobile  par  les  mouvements  de  déglutition. 

Pronostic  grave  ;  bien  des  morts  d'enfants  à  la  naissance  avec  apnée  et 
cyanose  doivent  être  mises  sur  le  compte  de  goitres  rétro -sternaux  ou 
latéro-trachéaux  méconnus.  Le  goitre  des  nouveau -nés  eintraîne  la  mort 
dans  60  p.  100  des  cas. 


028  ANALYSES 

Traitement  palliatif  :  dérivatifs,  révulsifs,  applications  chaudes,  iodure. 
Ne  pas  faire  la  trachéotomie.  L'exotyropexie  a  donné  un  succès  à  PoIIossod 
et  un  autre  à  Cadet. 


Salla  patogenesi  del  vomito  ciclico  nei  bambini  anemici  (Sur  la 
pathogénie  du  vomissement  cyclique  chez  les  enfants  anémiques),  par  le 
D'A.  Caputo  (Gazz,  degU osp.  e délie clin,<,  28  avril  1907). 

Garçon  de  neuf  ans  ;  père  goutteux,  mère  rhumatisante.  L'année  der- 
nière, sans  prodromes,  l'enfant  a  été  pris  tout  à  coup  de  fortes  douleurs  de 
tête  et  de  vomissements  incoercibles,  rebelles  à  toute  thérapeutique. 
L'accès  a  duré  vingt-quatre  heures.  Les  matières  vomies  étaient  constiluée> 
par  des  matières  filantes,  visqueuses,  verdâtres,  ayant  une  odeur  acide. 
Les  vomissements  cessèrent  d'eux-mêmes,  comme  ils  étaient  venus.  Mais 
les  accès  se  répétèrent  chaque  mois  périodiquement  Dans  l'intervalle, 
constipation  opiniâtre.  Il  était  facile  de  constater  une  anémie  profonde 
qui  datait  de  la  première  enfance.  A  l'examen  du  sang,  diminution  de> 
globules  rouges,  augmentation  des  leucocytes  :  2  500  000  hématies. 
10  000  leucocytes.  Acétonurie  et  indican.  Trois  faits  attiraient  l'atten- 
tion :  l'hérédité  goutteuse,  l'anémie,  l'altération  des  urines.  On  pourrait 
considérer  l'accès  de  vomissements  cycliques  comme  un  équivalent  de 
l'accès  de  goutte,  ou  comme  l'effet  d'une  intoxication  acide  de  l'orga- 
nisme. 

Mais  quelle  cause  avait  pu  favoriser  la  production  d'acide  urique  et 
l'intoxication  acide  de  l'organisme?  On  peut  faire  intervenir  l'anémia 
dans  ce  double  processus.  Supposant  que  la  diminution  des  globules 
rouges  et  l'augmentation  des  globules  blancs  pouvaient  altérer  le  méta- 
bolisme, l'auteur  s'est  efforcé  de  soigner  l'anémie  par  des  injections  sous- 
cutanées  d'arséniate  de  fer  soluble.  Grâce  à  ce  traitement,  l'enfant  a  repriN 
des  couleurs  et  n'a  plus  eu  de  vomissements  cycliques. 

Note  sar  la  mortalité  de  la  diphtérie  dans  le  canton  de  ?aad  et  à 
rhôpital  cantonal  à  Lausanne  de  1889  à  1907,  par  le  D^  J.  }&ofULX{Reçuf 
med.  de  la  Suisse  Romande,  20  juin  1907). 

Depuis  l'emploi  du  sérum  antidiphtérique,  la  gravité  de  la  diphténe 
a  diminué  d'une  manière  considérable,  et  à  peu  près  dans  les  mêmes  pro- 
portions dans  les  districts  vaudois  et  à  l'hôpital  : 

1889-1894.  1895-1906. 
Dans  le  canton  de  Vaud,  la  mortalité  de 

la  diphtérie  a  été  de 51,3  p.  100      9,3  p.  100 

I  A  V hôpital  cantonal,  la  mortalité  générale 

de  la  diphtérie  a  été  de 41,4  —           6,7    — 

A  rAopi'm/,  la  mortalité  des  angines  a  été  de.  33,7  —           2,5    — 

A  rÀop£YaZ,la  mortalité  descroups  a  été  de.  56,3  —  21,8    ^ 

De  1889  à  1906,  la  mortalité  des  diphtéries  pharyngées  a  été,  chez  les 
enfants  au-dessous  de  sept  ans,  de  3  p.  100  ;  chez  les  enfants  de  plus  de 
sept  ans,  de  2  p.  100.  De  1899  à  1906,  la  mortalité  des  croups  a  été  pour  les 
enfants  au-dessous  de  sept  ans  de  21,7  p.  100;  pour  les  plus  âgés,  de  18,5 
p.  100. 

Cette  comparaison  des  résultats  avant  et  après  la  sérothérapie  plaide 
éloquemment  en  faveur  de  cette  thérapeutique. 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  629 

A  propos  d'une  épidémie  familiale  de  diphtérie,  par  le  D'  G.  Netter 
(Bull,  offic.  des  Soc.  méd.  d^ arrondissement,  20  juin  1907). 

Garçon  de  dix  ans,  isolé  dans  la  famille,  a  eu  la  diphtérie  en  1905  ; 
gorge  susceptible.  Le  1«' janvier,  petite  angine;  le  3  février,  fièvre,  Tenfant 
ne  se  plaint  pas  de  la  gorge.  Rougeur,  quelques  points  pultacés.  A  l'étage 
au-dessus,  diphtérie  grave  terminée  par  la  mort.  Examen  bactériologique  ; 
bacilles  de  Lœfïler.  Pas  de  sérum. 

Le  19,  c'est  la  bonne  qui  a  mal  à  la  gorge;  le  21,  fausses  membranes, 
envoi  à  l'hôpital,  où  on  la  traite  par  le  sérum.  Elle  sort  huit  jours  après  et 
reprend  son  service.  Le  5  mars,  les  enfants  de  la  maison  (garçon  de  cinq 
ans,  fille  de  trois  ans)  prennent  la  scarlatine.  Le  petit  garçon  a  de  grosses 
amygdales  et  des  adénoïdes;  jadis,  laryngite  striduleuse  grave,  traitée 
par  le  sérum.  Coryza  habitueL  Les  premiers  jours  d'avril,  un  peu  de  bron- 
chite; dans  la  nuit  du  3  avril,  toux  rauque,  gorge  intacte.  Examen  rhino- 
pharyngo-laryngé  par  le  D'  Weil  ;  culture  des  mucosités  ;  résultat  négatif. 
Dans  la  nuit  du  5  au  6,  accès  de  toux  rauque.  Accès  de  suffocation,  rejet 
d'une  fausse  membrane.  On  trouve  alors  le  bacille  de  Lœffler. 

Le  soir,  après  consultation  avec  le  D' Gomby,  on  injecte  30  centimètres 
cubes  de  sérum  au  garçon,  30  à  la  fillette.  A  dix  heures  du  soir,  violent  accès 
de  suffocation  ;  à  trois  heures  du  matin,  tubage,  rejet  d'une  fausse  mem- 
brane. Le  7  avril,  20  centimètres  cubes  de  sérum.  A  sept  heures,  le  tube  est 
dégluti  ;  il  n'est  rendu  dans  les  selles  que  douze  jours  après.  On  place 
un  autre  tube  plus  gros.  Le  8,  état  général  mauvais,  menace  de  broncho- 
pneumonie. Le  9,  amélioration,  détubage.  Le  11,  il  semble  guéri. 

La  bonne  a  du  nasonnement  de  la  voix,  de  la  paralysie  diphtérique 
tardive  (après  sept  semaines)  ;  elle  marche  péniblement,  la  paralysie  gagne 
les  membres.  On  lui  injecte  30  centimètres  cubes  de  sérum,  et  on  l'envoie 
à  l'hôpital  ;  là,  elle  reçoit  encore  40  centimètres  cubes  de  sérum  en  deux 
fois  et  guérit  rapidement. 

La  grand'mèrede  l'enfant  (soixante-cinq  ans)  présente,  le  10  avril,  une 
angine  couenneuse  ;  elle  reçoit  20  centimètres  cubes  de  sérum  ;  elle  guérit. 
La  fillette  a  de  l'urticaire  sérique.  Le  petit  garçon  présente  une  rechute 
fébrile.  Le  12,  nouvelle  injection  de  sérum,  à  la  cuisse,  qui  gonfle  d'une 
manière  effrayante.  Bronchopneumonie.  Enfin  guérison. 

Some  blood  cnltures  in  children  and  their  signilicance  (Quelques 
cultures  du  sang  chez  les  enfants  et  leur  signification),  par  les  D''*  Th.  Mor- 
gan RoTCH  et  H.  Chamberlain  Low  (Journ,  of  ihe  Amer,  med,  Asso- 
ciation, 19  janvier  1907). 

Un  grand  nombre  de  microorganismes  ont  été  trouvés  dans  le  sang  : 
plusieurs  variétés  de  strepto  et  staphylocoques,  Diplococcus  lanceolatus, 
B.  anikracis,  B.  pyocyaneus,  B.  proteus  vulgaris,  B.  typkosus,  bacille  de 
Friediander,  spirille  d'Obermeyer,  bacille  de  Koch,  gonocoque,  ménin- 
gocoque,  paratyphi,  bacilles  de  la  peste,  de  la  lèpre,  du  choléra,  coli- 
bacille, bacille  du  tétanos,  etc. 

La  bactériémie,  résultant  d'une  infection  du  sang,  explique  certains 
phénomènes.  Dans  la  gonorrhée,  elle  est  parfois  suivie  d'arthrite  ou 
d'endocardite.  Elle  est  commune  dans  la  fièvre  typhoïde  et  plutôt  rare 
dans  la  diphtérie. 

Fièi>re  typhoïde.  —  On  peut  déceler  le  bacille  d'Eberth  dans  le  sang 
de  très  bonne  heure,  avant  de  pouvoir  obtenir  la  séro -réaction.  Quand 
celle-ci  est  douteuse,  la  culture  du  sang  peut  être  positive.  Dans  la  gra- 
nulie,  on  a  souvent  trouvé  le  bacille  de  Koch  dans  le  sang,  ce  qui  a 
permis  d'écarter  la  fièvre  typhoïde  dès  le  premier  et  le  deuxième  jour 


<J30  ANALYSES 

de  la  typhoïde.  Schottmûllep  a  eu  des  cultures  du  sang  positives.  Sur 
21  cas  de  rechute,  Burton  et  Goleman  ont  eu  une  culture  positive  dans 
18  cas.  Dans  3  cas  suspectés  de  scarlatine,  Hektœn  a  trouvé  le  bacille 
typhique  par  les  cultures  du  sang. 

Scarlatine.  —  Sur  100  cas  de  scarlatine,  cet  auteur  a  trouvé  le  strep- 
tocoque  dans  9  p.  100  des  cas  légers,  dans  27  p.  100  des  cas  graves.  On 
a  compté  10  p.  100  de  résultats  positifs  dans  les  cinq  premiers  jours. 
Sur  237  cas  empruntés  à  divers  auteurs,  les  streptocoques  ont  été  trouvés 
dans  10  p.  100  des  cas.  Jochmann,  sur  161  cas,  a  eu  25  cultures  positives. 

Dans  les  cas  de  néphrite  scarlatineuse  à  la  période  fébrile,  les  strepto- 
coques étaient  présents  dans  le  sang  peu  avant  la  mort,  dans  50  cas  sur  100. 

Pneumococcie,  —  La  pneumonie  lobaire  peut  être  une  localisation 
secondaire  à  une  infection  sanguine  dont  le  point  de  départ  est  plus  ou 
moins  lointain  (otite,  etc.).  D*après  Hektœn,  le  sang  de  la  plupart  des 
pneumoniques  contiendrait  le  pneumocoque. 

Méningite  cérébro-spinale,  —  Le  méningocoque  envahit  souvent  i*? 
sang,  d'après  Elser;  rarement,  d'après  les  auteurs. 

Sur  680  cas  au-dessous  de  treize  ans,  examinés  à  l'hôpital  d'enfants 
de  Boston,  39  p.  100  donnèrent  un  résultat  positif  et  61  p.  100  un  résultat 
négatif.  On  prend  le  sang  dans  une  veine  avec  une  seringue,  après  anti- 
sepsie soigneuse  ;  il  faut  au  moins  5  centimètres  cubes  ;  et  parfois  on 
en  a  retiré  aisément  15  à  20  centimètres  cubes.  Avec  moins  de  1  centi- 
mètre cube,  on  a  souvent  obtenu  des  cultures  positives.  On  sème  immé- 
diatement le  sang  sur  bouillon,  sur  plaques  d'agar,  sur  tubes  de  sérum,  etc. 

L'examen  du  sang  par  les  cultures  peut  éclairer  le  diagnostic  dans  W 
cas  de  septicémie  cryptogénique,  d'endocardite,  de  chorée,  d'arthrite,  etc.. 
sur  la  nature  bactériologique  desquelles  on  n'a  pas  encore  pu  mettre 
d'étiquette. 

Hydrencephalocele  and  spina  bifida  (Hydrencéphalocèle  et  spina 
bifida),  par  le  D'  B.-K.  Rachford  {Arch.  of  Ped.,  mai  1907). 

Le  14  janvier  1906,  l'auteur  voit  un  petit  garçon  âgé  de  neuf  heures, 
pesant  7  livres,  né  sans  forceps.  Pas  d'antécédents  héréditaires  notables. 
Une  grosse  hydrencéphalocèle,  ayant  le  volume  d'une  tête  d'enfant,  se 
voit  à  la  région  occipitale.  La  moitié  de  sa  surface  est  couverte  de  peau, 
l'autre  de  méninges.  Pas  de  fluctuation  ni  transparence.  Elle  est  un  peu 
pédiculée. 

Les  lames  vertébrales  sont  séparées  depuis  la  sixième  vertèbre  dorsale 
jusqu'au  sacrum,,  et  la  moelle  épinière  se  voit  à  travers  cette  ouvertuiv. 
Parésie  des  membres  inférieurs,  exagération  des  réflexes. 

Le  23  janvier,  l'enfant  a  perdu  1  livre;  il  est  très  affaibli  ;  hyperther- 
mie,  alimentation  insuffisante.  Exsudât  inflammatoire  sur  la  moelle, 
escarres  des  fesses. 

Mort  le  8  février  après  quelques  mouvements  convulsifs. 

Autopsie.  —  La  tumeur  occipitale  contient  75  grammes  de  liquide 
sanguinolent,  avec  un  caillot  du  volume  d'une  noix.  Elle  est  formée  elle- 
même  par  les  lobes  occipitaux  allongés  et  par  un  petit  cervelet.  Dégé- 
nérescence de  ces  organes  comme  de  la  moelle  dans  sa  partie  exposée. 
Rien  dans  les  autres  organes,  sauf  quatre  ou  cinq  rates  surnuméraires. 

Dans  les  derniers  jours  de  la  vie,  le  température  de  Tenfant  tombant 
à  340,  on  le  réchauffait  artificiellement  et  on  obtenait  des  ascensions 
à  41  et  420.  Plus  l'enfant  devenait  faible,  plus  se  faisait  sentir  l'influence, 
sur  sa  température  centrale,  de  la  température  artificielle  à  laquelle  on 
le  soumettait. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  63J. 

Ueber  alimentâre  Intoxication  (Sur  rintoxicatioa  alimentaire),  par 
H.  FiNRELSTEiN  (Jahtb.  /.  Kinderheilk.,  1907). 

Dans  ce  travail,  suite  d'un  autre  paru  précédemment  dans  le  même 
recueil,  l'auteur  étudie  l'intoxication  au  cours  des  troubles  nutritifs,  et 
il  arrive  à  établir  ce  qui  suit  : 

Les  symptômes  d'intoxication  au  cours  des  troubles  de  nutrition  sont 
d'origine  alimentaire  ;  ils  apparaissent  quand  certaines  substances  sont 
données  en  trop  grande  quantité  ou  lorsqu'elles  sont  élaborées  par  un 
organisme  malade.  La  graisse  et  le  sucre  en  sont  responsables  en  première 
ligne,  tandis  que  l'albumine  doit  être  mise  hors  de  cause  et  que  l'action 
des  sels  est  douteuse.  On  ne  possède  pas  de  notion  définitive  sur  la-nature 
des  poisons  ;  on  peut  soulever  des  objections  contre  le  rôle  de  l'acidose. 
La  «  fièvre  alimentaire  »  des  anciens  auteurs  semble  bien  une  conception 
justifiée.  L'intoxication  n'est  qu'une  manifestation  passagère  de  troubles 
permanents  de  la  digestion. 

Die  angeborene  Pylorasstenose  nnd  ihre  Behandlung  (La  sténose 
congénitale  du  pylore  et  son  traitement),  par  G.-Ë.  Bloch  (Jahrb,  /. 
Kinder  heilk.,  1907). 

Les  observations  de  l'auteur  portent  sur  douze  cas.  Dans  tous,  on 
trouvait  les  symptômes  caractéristiques,  le  vomissement  incessant, 
indépendant  du  mode  d'alimentation,  la  constipation,  l'oligurie,  l'amai- 
grissement,  sauf  dans  un  cas,  où  la  mort. survint  peu  de  jours  après 
l'entrée  à  l'hôpital;  dans  tous  il  y  avait  de  violents  mouvements  péri- 
staltiques  de  l'estomac,  et  on  sentait  la  portion  anormale  du  pylore  sous 
forme  d'un  corps  dur,  ovale,  de  2  centimètres  de  long,  siégeant  au  milieu 
de  l'espace  qui  sépare  l'ombilic  de  l'appendice  xyphotde.  La  sonde  mon- 
trait de  la  stase  du  contenu  stomacal  à  un  nioment  où  normalement  l'es- 
tomac devait  être  vide. 

Généralement  les  sujets  sont  des  enfants  d'aspect  normal,  qui  com- 
mencent à  vomir  plus  ou  moins  longtemps  après  la  naissance  (de  quatre 
jours  à  quatre  semaines).  Quelquefois  la  maladie  se  manifeste  quand 
l'enfant  passe  de  l'alimentation  au  sein  à  l'alimentation  artificielle. 
La  quantité  des  matières  peut  n'être  que  de  6  à  8  grammes  en  vingt- 
quatre  heures  et  peut  être  nulle  à  de  certains  jours.  Cette  constipation 
résistant  aux  laxatifs  est  le  symptôme  qui  pousse  les  mères  à  consulter; 
plus  rarement,  c'est  l'oligurie.  L'amaigrissement  progresse  à  un  degré 
tel  que  l'enfant  prend  l'aspect  d'un  athrepsique.  Mais  la  forme  du  ventre 
est  particulière;  il  est  aplati,  sauf  dans  la  portion  sus-ombilicale,  qui  est 
Youssurée.  Le  pylore  est  perceptible  au  palper.  Dans  les  cas  suivis  de 
guérison,  les  modifications  subies  par  l'estomac  se  montrent  les  mêmes 
que  dans  les  cas  suivis  de  mort.  On  y  voit  une  hypertrophie  réelle. 

Le  babeurre  rend  service  parce  que  c'est  un  aliment  peu  sujet  à  fer- 
menter. On  fera  des  lavages  d'estomac.  Dans  les  cas  graves,  les  injections 
Salines  seront  utiles. 

Ueber  Lebercirrhose  im  Kindesalter  nach  Scarlatina  (Sur  la  cirrhose 
du  foie  dans  l'enfance,  à  la  suite  de  la  scarlatine),  par  le  D'  Adolf  Bingbl 
(Jahrb,  Kinderheilk.,  1907). 

D'après  l'étude  de  8  cas  de  lésions  du  foie  post-scarlatineuses  chez 
l'enfant,  on  voit  qu'il  y  a  dans  tous  une  infiltration  à  petites  cellules 
plus  ou  moins  marquée  du  tissu  périportal,  de  la  nécrose  commençante, 
ou  au  moins  altération  des  cellules  hépatiques  en  des  places  où  l'infil- 
tration conjonctive  envahit  le  parenchyme.  Dans  4  cas,  la  nécrose  était 


632  ANALYSES 

très  accentuée  ;  un  cas  rappelait  l'aspect  de  l'atrophie  jaune  aiguë  au 
début. 

Un  cas  publié  en  détail  dans  ce  travail  est  intéressant  pour  rnootrer 
l'avenir  de  ces  nécroses,  qui  peuvent  évoluer  vers  la  cirrhose.  Il  s'agissait 
d'une  enfant  de  neuf  ans,  chez  qui  on  trouvait  à  l'autopsie  de  la  cirrhose 
du  foie,  de  l'ictère  grave  et  de  la  dégénérescence  graisseuse,  de  la  cholé* 
lithiase, 'un  ictère  généralisé,  de  l'ascite,  de  la  splénomégalie.  On  ne 
trouvait  comme  cause  de  cette  cirrhose  que  la  scarlatine,  ni  alcool,  ni 
syphilis.  Peut-être  les  douleurs  accusées  au  côté  droit  étaient-elles  la 
manifestation  du  travail  morbide  du  côté  du  foie.  Les  efforts  de  régéné- 
ration faits  par  l'organisme  se  traduisent  ainsi  :  avec  le  tissu  conjonctîf, 
partant  du  tissu  périportal,  on  voit  une  néoformation  de  conduits  biliaires, 
une  hyperplasie  nodulaire. 

De  ces  faits,  l'auteur  rapproche  une  observation  de  cirrhose  survenue  à 
la  suite  d'une  rougeole.  La  lésion  hépatique  se  traduisit  quatre  semaines 
après  la  rougeole  par  du  gonflement  du  foie  et  de  l'ascite. 

MelaBiia    neonatomm.     Magendarmblatnngen     bei     NeageboreB«B 

(Melœna  du  nouveau-né  ;  hémorragies  gastro -intestinales  du  nouveau-né), 
par  le  D^  Shukowsky  (Archiv  /.  Kinderkeilk.,  1907). 

Ce  travail  est  une  étude  très  complète  de  la  question  avec  une  abondante 
bibliographie  et  le  compte  rendu  de  29  observations  personnelles. 

Dans  15  cas  sur  25,  le  début  est  marqué  par  des  prodromes,  le  plus 
souvent  par  des  vomissements  tenaces,  du  ballonnement  du  bas-ventre 
et  des  coliques.  Les  infections  intestinales,  les  fautes  d'alimentation  sont 
de  nature  à  provoquer  le  melœna.  Les  cas  de  melœna  pur,  melœna  sans 
vomissements,  forment  un  groupe  à  part. 

L'étude  anatomo-pathologique  montre  en  contraste  avec  l'anémie  des 
téguments  l'hyperémie  de  la  muqueuse  digestive,  où  on  note  un  processus 
catarrhal.  Jamais  l'auteur  n'a  vu  d'ulcérations  ni  d'abcès.  Le  plexus 
solaire  examiné  dans  deux  cas  s'est  montré  anémié. 

Le  traitement  par  la  gélatine  dans  les  gastro -entérites  aigués  hémor- 
ragiques et  la  dyscrasie  syphilitique  a  été  sans  résultat.  Par  contre,  les 
résultats  ont  été  surprenants  par  les  lavages  d'estomac  avec  la  solution 
salée  physiologique. 

Les  vomissements  cessèrent,  un  sommeil  réparateur  survint.  On  fit 
en  même  temps  dans  ces  deux  cas  deux  lavages  intestinaux.  On  avait  fait 
à  la  suite  l'un  de  l'autre  deux  lavages  d'estomac,  et  bientôt  un  troisième, 
et  on  avait  répété  ces  lavages  après  le  réveil  des  enfants. 

Les  observations  sont  divisées  en  plusieurs  groupes  :  l'un  comprend 
14  cas  suivis  de  mort,  un  second  11  cas  terminés  par  guérison;  le  troisième, 
4  cas  de  faux  melœna,  où  il  s'agissait  d'hémorragies  naso-pharyngées. 

Traitement  des  vernies,  par  le  D'  Zorvastro  Alvarenha  (Journal 
des  praticiens,  6  juillet  1907). 

Garçon  de  onze  ans,  portant  environ  200  verrues  réparties  sur  les 
mains,  les  pieds,  etc.  Il  prend  de  la  magnésie,  à  la  dose  de  Os',60  pendant 
un  mois,  sans  aucun  résultat.  Alors  on  applique  le  topique  du  D' Manthebn, 
dont  la  formule  est  : 

Chloral '    -   i  «r 

Acide  acétique )   **      ^' 

—    salicylique... ^    ~    t  ^ 

Collodion 15  gr.  ,...,- 


-•  ': 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  Cîtô 

Au  bout  de  trente  ou  quarante  jours,  guérison  complète.  Garçon  de 
quatorze  ans,  portant  également  de  nombreuses  verrues  aux  pieds  et 
aux  mains.  La  magnésie,  prise  pendant  trente  jours,  se  montre  absolu- 
ment inefficace.  Attouchements  journaliers  avec  le  topicpie  de  Manthelin  ; 
guérison  en  un  mois.  Ces  attouchements  sont  légèrement  douloureux, 
mais  leur  action  est  puissante  et  assez  rapide. 

Un  cas  de  fissara  congénitale  du  sternum  avec  ectocardie 
antérieure,  par  J.  Abadie  (Revue  d'orthopédie,  \^  juillet  1907). 

Fille  de  deux  jours,  présentée  le  26  juillet  1906.  Au  centre  du  thorax, 
un  peu  au-dessous  de  la  ligne  bimamelonnaire,  on  voit  une  large  tache 
blanchâtre,  grande  comme  une  pièce  de  5  francs  et  agitée  de  trémulations 
continues.  La  membrane,  amincie  au  centre  et  légèrement  suintante, 
semble  menacée  de  sphacèle.  Sur  les  bords,  elle  se  raccorde  insensible- 
ment avec  la  peau  normale.  Elle  est  agitée  par  les  battements  de  cœur 
sous-jacent. 

Pendant  Tinspiration,  à  la  base  du  cou  et  sur  le  milieu  du  thorax, 
un  large  sillon  se  creuse,  la  paroi  s'aiïaisse;  pendant  Texpiration,  le  sillon 
fait  place  à  une  saillie  qui  s'exagère  par  les  pleurs  et  les  efforts,  la  mem- 
brane se  tend,  le  cœur  bondit  sous  les  téguments,  il  semble  tout  entier 
projeté  hors  de  la  cage  thoracique.  Au  palper,  on  sent  nettement  les  con- 
tractions ventriculaires  et  les  pulsations  cardiaques.  En  cherchant  à 
délimiter  les  parties  osseuses,  on  sent  de  chaque  côté  une  moitié  du  ster- 
num ;  il  y  a  déhiscence  complète. 

Cette  fillette,  revue  récemment,  s'est  développée  ;  la  membrane  primi- 
tive est  rosée  et  vascularisée,  gardant  un  aspect  cicatriciel.  Il  existe  un 
nxvus  large  comme  une  pièce  de  5  francs  à  la  région  dorsale.  Pas  d'hérédo- 
syphilis. 

Dans  un  cas  de  M.  Lannelongue,  la  déhiscence  n'était  pas  totale,  les 
deux  moitiés  du  sternum  se  réunissant  en  bas  pour  former  l'appendice 
xyphoïde.  Le  développement  du  thorax  explique  cette  anomalie  due  à  ce 
que  la  fusion  n'est  pas  faite  entre  les  côtes  de  l'un  et  l'autre  côté  et  les 
deux  moitiés  du  sternum  qui  leur  sont  unies.  Le  défaut  de  soudure  a 
porté  aussi  sur  les  téguments.  Enfin  il  y  avait  une  insertion  ombilicale 
verticale  très  étendue  (arrêt  du  resserrement  de  l'ombilic  cutané  sur  la 
ligne  médiane). 

Un  cas  de  maladie  de  Barlow,  par  le  D'  Ph.  Bourdillon  (Revue 
méd.  de  la  Suisse  Romande,  20  juin  1907.) 

Garçon  né  le  7  juin  1906,  pesant  4  250  grammes,  nourri  exclusivement 
au  lait  stérilisé  de  Stalden,  coupé  d'eau  à  parties  égales  au  début,  puis 
de  moins  en  moins.  Depuis  le  septième  mois,  on  a  donné  la  fieur  d'avoine 
Knorr  cuite  dans  ce  même  lait.  En  février  1907,  l'enfant  crie  quand  on 
lui  touche  les  jambes,  devient  pâle  et  maigrit.  Gencives  supérieures 
gonflées,  rouges,  noirâtres.  A  la  fin  de  mars,  deux  incisives  inférieures 
sortent.  Saignement  gingival  parfois.  Enfant  inerte,  l'air  souffrant. 

Appelé  le  13  avril,  M.  Bourdillon  trouve  un  enfant  de  dix  mois,  très 
pâle,  mou,  rachitique.  Tuméfactions  fongueuses  et  saignantes  des  gencives 
supérieures  avec  éruption  dentaire  commençante.  Gonflement  du  genou 
gauche  s'étendant  en  bas  sur  la  jambe  et  en  haut  sur  la  cuisse.  Gonflement 
au  bas  de  la  jambe  droite.  Pression  très  douloureuse.  Hématurie.  Rate 
grosse.  Température  rectale,  38o,3;  poids,  6  100  grammes. 

La  radiographie  montre  une  tache  sombre  au  niveau  de  la  diaphyse 
fémorale  gauche  et  une  bordure  autour  du  tibia  et  du  péroné  (hématomes 
sous-périostés). 


(>84 


ANALYSES 


Traitement.  —Suppression  du  lait  stérilisé  et  de  la  farine Knorr;  cinq bibf. 
rons  de  200  grammes  de  lait  de  vache  bouilli,  deux  cuillerées  à  café  de 
jus  d'orange. 

Le  16  avril,  après  trois  jours  de  traitement,  enfant  moins  abattu, 
gencives  moins  gonflées,  36û,7.  Le  20,  après  une  semaine,  enfant  transformé, 
se  tient  assis,  dort  bien,  crie  peu,  urine  claire,  poids  6  330  grammes.  Le  23, 
gencives  normales.  Le  27  mai,  santé  parfaite,  poids  7  450  grammes. 

Le  lait  stérilisé  employé  ici  était  en  même  temps  homogénéisé. 

M.  Audeoud  rapporte  3  cas  de  maladie  de  Barlow  (garçons  de  douze, 
quatorze,  dix-sept  mois)  dus  au  lait  stérilisé  avec  farine  lactée  et  maltossan. 
Les  trois  enfants  étaient  anémiques,  avaient  des  hémorragies  gingivales 
et  souffraient  d'une  impotence  douloureuse  des  membres  inférieure. 
Guérison  rapide  par  le  traitement  ordinaire. 

Acnte  non  siippuratiye  encephalitis  in  children  (Encéphalite  aiguë  non 
suppurée  chez  les  enfants),  par  le  D'  Isaac  A.  Abt  (Arck,  of  Ped., 
mai  1907). 

L'auteur;  après  avoir  rappelé  les  travaux  de  Strûmpell  (1884),  rapporte 
2  cas  personnels. 

i^  Fille  de  cinq  ans,  observée  le  31  juillet  1905.  Le  25,  elle  a  eu  mal  à 
la  tête,  avec  fièvre.  La  céphalée  devient  de  plus  en  plus  intense  ;  puis  des 
spasmes  surviennent.  État  de  demi -conscience,  stupeur  ;  température 
autour  de  38o,5  à  39o,  pouls  138,  respiration  30.  Parésie  faciale  droite. 
Contracture  des  membres  supérieurs,  rigidité  des  muscles  abdominaux, 
exagération  des  réflexes  tendineux  surtout  à  droite,  signe  de  Babinski, 
pas  de  Kernig. 

Vers  le  8  août,  la  température  redevient  normale.  Le  11  août  (ving- 
tième jour),  elle  semble  reconnaître  son  frère.  Le  18,  son  intelligence  est 
plus  ouverte  et  elle  se  nourrit  bien.  Mais  elle  ne  parle  pas.  Le  19  (vingt- 
sixième  jour),  elle  remue  sa  jambe  gauche,  mais  non  la  tête,  ni  les  mains. 
Elle  reconnaît  sa  mère,  mais  ne  parle  pas.  Le  23,  mouvements  dans  le 
pied  et  la  jambe  gauche.  Le  26  (trente-cinquième  jour),  elle  quitte  l'hôpi- 
tal. Elle  ne  parle  pas.  Le  31  août,  mouvements  dans  les  doigts  et  la  main 
droite.  Le  5  septembre,  elle  essaie  de  parler,  amélioration  lente.  Peu  à 
peut  le  langage  revient.  11  persiste  une  hémiplégie  à  droite. 

Au  début,  on  a  cru  à  une  méningite  tuberculeuse.  Pas  de  ponction 
lombaire. 

2°  Garçon  de  cinq  ans,  tombé  malade  le  l*»" septembre  1905;  le  lendemain, 
vomissements,  pouls  120,  un  peu  de  fièvre,  nervosité,  tremblements  delà 
main  droite.  La  température  monte  à  40°  le  quatrième  jour.  Cris  de  temps 
à  autre,  inconscience.  Le  cinquième  jour,  mutisme  et  stupeur,  parésie 
faciale  gauclie,  paralysie  des  membres  du  côté  droit.  A  partir  du  septième 
jour,  la  fièvre  tombe,  l'amélioration  se  déclare,  suivie  peu  à  peu  de  la 
guérison.  Le  langage  revient,  et  en  trois  semaines  l'enfant  peut  marcher. 

Dans  ces  deux  cas,  on  ne  sait  à  quelle  infection  rapporter  l'encéphalite 
aiguë. 

Hémiplégie  alterne  d'origine  bulbaire  chez  an  enfant,  par  le  D'G.  Muls 

(La  Clinique,  25  mai  1907). 

Fille  de  neuf  ans,  ayant  eu  la  scarlatine  à  l'âge  de  deux  ans.  La  troi- 
sième semaine  de  la  convalescence  fut  troublée  brusquement  par  l'appa- 
rition d'une  paralysie  faciale  gauche  avec  paralysie  des  membres  supérieur 
et  inférieur  à  droite.  La  parole  resta  embarrassée  pendant  un  an.  Voile 
du  palais  dévié  à  droite  ;  la  pointe  de  la  langue  se  tourne  vers  le  côté  gauche. 


THÈSES   ET   BROCHURES  035 

Le  membre  inférieur  droit  est  raccourci  de  3  centimètres.  Exagération 
du  réflexe  rotulien  ;  réflexe  de  Babinski  ;  parésie  plutôt  que  paralysie, 
Tenfant  peut  marcher,  mais  avec  claudication.  Le  membre  supérieur  est 
également  raccourci  ;  atrophie  des  muscles.  Sensibilité  intacte.  Intelli- 
gence bonne.  Main  droite  en  flexion;  Tenfant  ne  peut  se  servir  de  ses 
doigts  ;  elle  écrit  de  la  main  gauche. 

L'intégrité  des  oculo-moteurs  doit  faire  rejeter  toute  lésion  des  pédon- 
cules ou  de  la  partie  supérieure  de  la  protubérance.  Impossible  d'admettre 
une  hémiplégie  cérébrale  ou  spinale.  Il  faut  admettre  une  lésion  de  la 
partie  inférieure  de  la  protubérance  ou  du  bulbe.  Cette  lésion  est  évi- 
demment le  reliquat  d'une  encéphalite  aiguë  consécutive  à  la  scarlatine. 


THÈSES  ET  BROCHURES 

L*eneéphalite  aigad  non  sapparôe,  par  le  D''  M.  Chartier  {Thèse  de 
Paris,  1907,  132  pages). 

Cette  thèse,  illustrée  de  deux  planches,  contient  de  nombreuses  obser- 
vations anatomo -cliniques  et  des  recherches  expérimentales  entreprises 
à  la  Salpêtrière  au  laboratoire  du  professeur  Raymond. 

Parmi  les  observations  chniques,  plusieurs  ont  été  recueillies  à  l'hôpi- 
tal des  Enfants-Malades  dans  le  service  de  M.  Gomby. 
I"  A  côté  de  l'abcès  du  cerveau,  il  y  a  lieu  de  décrire  une  encéphalite  aiguë 
non  suppurée.  Cette  phlegmasie,  diffuse  ou  circonscrite,  peut  atteindre 
toutes  les  parties  de  l'encéphale.  Elle  peut  entraîner  la  mort  rapide  ou 
laisser  des  séquelles  durables. 

L'encéphalite  aiguë  non  suppurée  est  un  processus  à  la  fois  inflamma> 
toire  et  dégénératif,  vasculaire  et  interstitiel,  et  parenchymateux.  Le 
type  anatomique  le  plus  fréquent  est  l'encéphalite  hémorragique.  Après 
vient  le  type  dégénératif  de  Raymond  et  Philippe. 

L'encéphalite  aiguë  non  suppurée  diffère  de  l'abcès  du  cerveau,  non 
seulement  par  son  évolution  anatomique,  mais  encore  par  son  étiologie 
et  sa  pathogénie.  Elle  est  une  complication  des  grandes  pyrexies  et  sur- 
vient dans  les  épidémies  de  grippe  et  de  méningite,  ou  même  s'associe 
aux  myélites  et  polynévrites.  On  doit  la  considérer  le  plus  souvent  comme 
étant  déterminée  par  des  produits  toxiques  microbiens. 

En  clinique,  il  faut  distinguer  l'encéphalite  des  enfants  (poliencépha- 
lite  de  Strumpell)  et  l'encéphalite  des  adultes  (encéphalite  de  Tinfluenza, 
Strùmpell,  Leichtenstern). 

Chez  l'enfant,  le  diagnostic  d'encéphalite  aiguë  est  appelé  à  remplacer 
souvent  celui  de  convulsions  essentielles,  de  congestion  cérébrale,  de 
méningite,  etc. 

La  thèse  de  M.  Chartier  est  fort  intéressante  ;  elle  marque  une  étape 
dans  l'histoire  de  l'encéphaUte  aiguë. 

Nécessité  d*une  direction  dans  l'allaitement  an  sein,  par  M^^^  Eva 
Genouy  {Thèse  de  Paris,  13  décembre  1906,  108  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  Budin,  contient  10  observations  avec 
graphiques,  recueillies  à  la  consultation  de  nourrissons  de  ce  maître.  Si 
l'aUaitement  au  sein  est  le  mode  d'alimentation  le  plus  naturel  et  le 
meilleur  pour  l'enfant,  il  n'offre  pas  une  sécurité  absolue,  s'il  est  mal 
dirigé.  Les  accidents  observés  en  pareil  cas  sont  dus  à  la  suralimentation, 
à  l'insufTisance  de  la  mamelle,  à  une  composition  chimique  défectueuse 


G30  ANALYSES 

du   lait  :   régurgitations,   vomissements,   diarrhée,   dermatoses,  gaslro- 
entérites,  athrepsie. 

Quand  l'allaitement  est  surveillé,  ces  troubles  gastro-intestinaux  ne 
s'aggravent  pas  et  disparaissent  assez  facilement.  En  cas  de  suralimen- 
tation, le  médecin  règle  le  nombre  et  la  durée  des  tétées;  il  institue  au 
besoin  la  diète  hydrique  relative  ou  absolue,  les  lavages  intestinaux,  etc. 
En  cas  d'insuffisance  de  lactation,  il  fait  pratiquer  l'allaitement  mixte 
avec  méthode  et  écarte  les  dangers  de  l'allaitement  artificiel. 

L'analyse  a-t-elle  révélé  un  excès  ou  un  défaut  de  beurre  dans  le  lait? 
Un  régime  approprié  prescrit  à  la  mère  pourra  faire  changer  la  qualité 
du  lait  et  prévenir  les  troubles  digestifs  chez  le  nourrisson.  La  mère  vient- 
elle  à  tomber  malade,  le  médecin  aura  à  instituer  le  sevrage  progressi- 
vement rapide. 

La  surveillance  médicale  s'exerce  au  moyen  des  consultations  de 
nourrissons,  qui  sont  un  merveilleux  instrument  de  lutte  contre  la  morta- 
lité infantile. 

Ces  consultations  favorisent  l'allaitement  maternel  longtemps  prolongé 
et  font  l'éducation  des  mères.  Il  est  donc  nécessaire  que  ces  institutions 
se  multiplient,  pour  donner  aux  mères  ignorantes  et  pauvres  les  conseils 
dont  elles  ont  besoin,  sans  parler  du  supplément  gratuit  ou  presque 
gratuit  de  lait  stérilisé,  quand  le  sein  est  insuffisant. 

Il  est  à  souhaiter  que,  dans  l'enseignement  des  jeunes  filles,  une  place 
soit  laissée  à  l'hygiène  infantile,  afin  que,  plus  tard,  quand  elles  seront 
devenues  mères,  elles  soient  capables  d'éviter  les  fautes  préjudiciables  à  la 
santé  de  leurs  enfants,  et  aussi  afin  de  leur  inculquer  l'idée  que  la  meilleure 
goutte  de  lait  est  toujours  celle  que  Venfant  trouve  dans  le  sein  de  sa  mère 
(Budin). 

Gastro-entérites  des  nourrissons,  lear  traitement  par  le  boniUon 
lactique,  par  le  D'  A.  Journée  {Thèse  de  Paris,  23  janvier  1907, 
104  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Guinon,  contient  16  observations  d'enfants 
soumis  au  bouillon  Tissier  (culture  de  ferments  lactiq[ue5).  Les  gastro- 
entérites de  nourrissons  sont  consécutives  à  une  infection  microbienne 
endogène  ou  ectogène.  La  suralimentation  des  nourrissons  joue  le  principal 
rôle  dans  l'étiologie  des  gastro-entérites.  Chez  les  enfants  élevés  au  lait  de 
vache,  l'excès  de  caséine  joue  un  rôle  néfaste.  Dans  la  thérapeutique,  il 
faut  viser  deux  choses  : 

l''  Empêcher  l'introduction  des  microbes  pathogènes  dans  le  tube 
digestif  ; 

2®  Éhminer  ceux  qui  s'y  trouvent  déjà  ou  diminuer  leur  viru- 
lence. 

Le  lait  stérilisé  ne  remplit  que  la  première  condition.  Il  empêche  la  réin- 
fection de  l'organisme,  il  est  sans  action  sur  les  germes  existants.  Les  médi- 
caments, dits  antiseptiques,  ne  peuvent  amener  une  désinfection  absolue 
de  l'intestin;  ils  risquent  de  nuire  à  l'enfant  ;  les  lavages  intestinaux 
n'éliminent  qu'une  partie  des  toxines,  et  leur  action  n'est  pas  durable. 
De  plus  ces  procédés  agissent  sur  tous  les  microbes  de  l'intestin  bons  ou 
mauvais. 

On  peut  instituer  un  régime  lac to -farineux  en  introduisant  dans  le  tube 
digestif  des  microbes  antagonistes  non  pathogènes.  Les  ferments  en  culture 
pure  préconisés  par  Tissier  sous  le  nom  de  bouillon  paralactique  seraient 
bien  supportés.  Leur  action  est  lente,  elle  paraît  favorable. 


THÈSES   ET  BUOGHURES  637 

Le  régime  sec  dans  les  gastro-entérites  inlantUes»  par  le  D' G.  Ort 
{Thèse  de  Paris,  26  décembre  1906,  66  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  le  D*"  Gallois,  contient  16  observations.  11  s'agit 
de  donner  aux  nourrissons  atteints  de  gastro-entérite,  toutes  les  deux  à 
trois  heures,  un  repas  composé  de  fromage  frais  (une  cuillerée  à  café),  de 
sucre  et  d'eau  ou  lait  (2  cuillerées  à  soupe).  La  diarrhée  serait  arrêtée 
en  vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures.  Ce  régime  est  bien  toléré  dans  la 
majorité  des  cas.  Il  est  peu  efficace  dans  les  entérites  infectieuses  fébriles, 
dans  le  choléra  infantile  estival.  On  ne  doit  pas  le  prolonger  trop  longtemps 
sous  peine  de  voir  le  poids  diminuer  ;  au  bout  de  quelques  jours,  on  aug- 
mente la  quantité  de  lait. 

Comment  agit  cette  diète  particulière?  Il  faut  tenir  grand  compte  de  la 
réduction  du  volume  des  aliments  ingérés  et  de  leur  consistance  demi- 
liquide.  Le  D*"  Lesage,  à  l'hôpital  Hérold,  aurait  employé  ce  régime  chez 
les  nourrissons  avec  un  certain  succès. 

Méningite  onrlienne,  par  le  D'  .\.  Feliciano  (Thèse  de  Parla, 
17  janvier  1907,  52  pages). 

Cette  thèse,  basée  sur  14  observations,  a  été  inspirée  par  M.  Nobécourt. 
Elle  montre  que  la  méningite  ourlienne  n'est  pas  très  rare.  Elle  peut 
s'observer  chez  les  enfants  comme  chez  les  adultes.  En  général,  chez  les 
adultes,  ce  n'est  que  dans  les  oreillons  compliqués  d'orchite  qu'on  observe 
les  accidents  méningés. 

Dans  certains  cas,  les  symptômes  méningés  sont  peu  accusés,  et  la 
ponction  lombaire  vient  en  aide  au  clinicien  pour  le  diagnostic  de  ménin- 
gite ourlienne  (lymphocytose  du  liquide  céphalo-rachidien).  Dans  d'autres 
cas,  les  symptômes  méningi tiques  sont  des  plus  nets,  et  le  diagnostic 
s'impose  cliniquement. 

La  méningite  ourlienne  est  bénigne  ;  elle  guérit  le  plus  souvent  et  sans 
séquelles.  Elle  est  à  rapprocher  des  autres  méningites  accompagnant  les 
medadies  infectieuses  quelconques,  méningites  autrefois  décrites  sous  le 
nom  de  pseudo-méningite  et  de  méningisme. 

Rôle  pathogène  des  helminthes  en  général  et  en  particulier  dans 
les  maladies  infectieuses,  par  le  D^"  J.  Raspail  (Thèse  de  Paris,  5  dé- 
cembre 1906,  224  pages). 

Cette  thèse  contient  66  observations  ;  elle  tend  à  établir  que  tous  les 
helminthes  parasites  du  corps  humain  sont  pathogènes,  soit  par  eux- 
mêmes,  soit  par  les  microbes  auxquels  ils  servent  de  véhicule.  On  trouve  les 
helminthes  associés  à  plusieurs  maladies  infectieuses.  Dans  plusieurs 
examens  faits  chez  des  malades  du  service  de  M.  Comby  (Enfants -Malades), 
l'auteur  aurait  trouvé  le  tricocéphale.  Il  signale  le  rôle  des  helminthes 
dans  la  pathogénie  de  l'appendicite.  Les  ascarides,  les  oxyures  peuvent 
inoculer  la  fièvre  typhoïde.  Ils  peuvent  jouer  un  rôle  dans  la  dysenterie. 
Il  en  résulte  que,  dans  toutes  ces  maladies,  on  devra  prescrire  un  traite- 
ment vermifuge  au  début.  Le  vieux  Raspail  conseillait  de  prendre  périodi- 
quement des  vermifuges  ;  cela  est  surtout  utile  aux  enfants.  Le  traitement 
des  helminthes  varie  suivant  les  espèces. 

Les  vers  plats  ou  cestodes  sont  très  difficiles  à  vaincre  ;  la  tête  reste 
presque  toujours  dans  l'intestin.  La  veille,  on  fait  jeûner  le  malade  (diète 
liquide).  Le  soir,  lavement  évacuateur  ;  le  lendemain  matin,  deuxième 
lavement.  Puis  on  prescrit  la  fougère  mâû  ou  Vécorce  de  grenadier  (Punica 
granatum).  Celse,  Pline  mentionnent  avec  détails  la  décoction  de  racine  de 
grenadier  comme  remède  du  tœnia.  En  1807,  le  D'  Buchanan,  l'ayant  vu 


1 


038  ANALYSES 

employer  par  les  Hindous,  fait  connaître  de  nouveau  ce  remède,  dont  la 
réputation  avait  sombré  dans  la  nuit  du  moyen  âge.  On  emploie  récorct? 
de  racines,  récoltée  depuis  moins  d*une  année.  On  fait  macérer  à  froid 
pendant  douze  heures,  pour  un  enfant  de  cinq  à  douze  ans  : 

Écorcc  de  racines  de  grenadier  en  poudre 40  grammes. 

Eau 500        — 

Faire  réduire  ensuite,  à  feu  doux  jusqu'à  200  grammes;  décanter  et 
sucrer.  Prendre  en  deux  fois  à  une  demi-heure  de  distance.  Une  heurr 
après,  on  donne  20  grammes  d'huile  de  ricin. 

On  peut  administrer  aussi  le  tannate  de  Pelletiérine  (15  à  20  centi- 
grammes). 

Les  rhizomes  de  fougères  mâles  récemment  desséchés  s'emploient 
sous  forme  d'extrait  éthéré  avec  calomel  (50  centigrammes  par  année 
d'âge.) 

Contre  les  ascarides,  la  santonine  (1  centigramme  par  année  d'âge). 
la  mousse  de  Corse  (1  gramme  par  année  d'âge),  en  poudre  ou  en  décoction, 
agissent  bien.  De  même  contre  les  oxyures.  Contre  le  tricocéphale,  c'est  le 
thymol  qu'on  a  recommandé.  Durant  trois  jours,  à  une  heure  d'intervalle, 
Guiart  fait  prendre  deux  ou  trois  cachets  de  1  gramme  de  thymol  pul- 
vérisé. Boire  un  peu  d'eau  et  prendre  cinq  jours  après  un  léger  purgatif 
salin.  Ne  jamais  prendre,  après  le  thymol,  d'alcool,  d'éther,  d'huile,  de 
glycérine,  de  chloroforme,  rien  qui  puisse  dissoudre  le  thymol.  Boire  de 
l'eau  pendant  vingt-quatre  heures.  Le  thymol  réussit  bien  aussi  contre 
l'ankylostome. 

Over  de  verschillende  typen  van  Tuberkelbacillen  en  over  de  wegen 
der  tnberculenze  infectie  (Sur  les  différents  types  de  bacille  tuberculeux 
et  sur  les  portes  d'entrée  de  la  tuberculose),  par  le  D'  E.  Gorter  (Thèse  de 
Leiden,  19  avril  1907,  154  pages). 

Cette  thèse,  à  la  fois  expérimentale  et  clinique,  étudie  les  bacilles 
humains  et  bovins,  leurs  formes,  leurs  cultures,  leur  pathogénie,  leurs  pn^ 
priétés  biochimiques,  l'agglutination,  l'immunisation,  etc.  Enfin  elle 
traite  des  voies  d'introduction,  des  portes  d'entrée  de  la  tuberculose,  te 
qui  est  intéressant  au  point  de  vue  pratique.  A  ce  propos,  le  \y  Gorter 
rappelle  les  expériences  de  Behring,  Calme tte.  Vallée,  qui  tendent  à  faire 
admettre  soit  l'origine  alimentaire,  soit  l'infection  par  le  tube  digestif.  H 
inentionne  les  observations  et  statistiques  de  Comby,  qui,  sur  le  terrain 
de  la  clinique  infantile,  a  montré  que  la  contagion  familiale  jouait  le  rôle 
capital  dans  la  transmission  de  la  tuberculose.  Pour  cet  auteur,  le  danger 
de  la  contagion  par  le  lait  n'existerait  pas.  C'est  le  bacille  humain  qui  est 
coupable  ;  c'est  lui  qui,  porté  dans  l'organisme  de  l'enfant,  le  rend  tuber 
culeux.  La  contagion  humaine,  voilà  l'origine  de  la  tuberculose  infantile. 
Après  cela,  la  porte  d'entrée  n'a  qu'une  importance  secondaire,  et.  s'il  est 
démontré  définitivement  que  le  bacille  pénètre  par  l'intestin  pour  parvenir 
au  poumon,  cela  ne  changera  rien  aux  données  fondamentales  du  problème. 

Sixth  annnal  report  of  the  New-Tork  State  hospital  for  the  care  of 
Crippled  and  Deformed  Children  (Sixième  compte  rendu  annuel 
de  l'Hôpital  de  l'État  de  New-York  pour  les  enfants  déformés  et  imp<'- 
tents),  par  le  D'  John  M.  Hall  {Broch.  de  32  pages,  Albany,  1906). 

Dans  ce  petit  hôpital  situé  à  West  Haverstraw,  on  soigne  les  enfants 
atteints  de  maladies  de  l'appareil  locomoteur  :  tuberculose  ostéo-articu- 


NOUVELLES  OHM) 

laire  surtout.  Dans  Tannée  écoulée,  69  malades  ont  été  traités.  Un  enfant 
atteint  de  coxalgie  est  mort  de  méningite  tuberculeuse. 

II  n'y  a  pas  de  malades  payants. 

La  moyenne  des  présences  dans  Tannée  a  été  de  45  enfants,  avec 
16  648  journées  d*hôpital. 

Sur  48  enfants  restant  à  Thôpital  à  la  fin  de  Tannée,  on  comptait 
14  coxalgies,  10  maux  de  Pott,  1  pied  bot  cicatriciel,  3  luxations  congé- 
nitales de  la  hanche,  5  tumeurs  blanches  du  genou,  3  jambes  arquées,  etc. 

De  la  dentition  hérédo-syphilitigne  chez  l'enfant,  par  le  D' M.  Tron  ch  o  n 
(Thèse  de  Paris,  23  janvier  1907,  112  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Comby,  contient  27  observations  et  une 
planche  photographique.  Elle  étudie  les  dents  hérédo-syphilitiques  dans  la 
première  comme  dans  la  seconde  enfance,  dans  la  première  comme  dans 
la  seconde  dentition.  Les  documents  qu'elle  fournit  à  ces  deux  points  de 
vue  sont  abondants  et  intéressants. 

Il  existe  cliniquement  chez  les  hérédo -syphilitiques  des  malformations 
et  des  dystrophies  dentaires.  Les  malformations,  très  caractéristiques, 
consistent  en  érosions,  sillons,  amorphie  et  microdontisme.  Les  dystrophies 
s'accusent  par  le  retard  et  )a  lenteur  d'évolution,  l'implantation  et  la 
direction  vicieuses,  l'usure  et  la  carie  prématurées.  Ces  altérations  frappent 
dans  le  même  sens  les  dents  homologues,  en  affectant  une  prédilection 
marquée  pour  certaines  :  érosion  semi-lunaire  d'Hutchinson  (incisives 
médianes  supérieures). 

La  première  dentition  nous  présente  des  dents  cariées,  des  chicots, 
sortant  tels  de  la  gencive.  La  dent  d'Hutchinson  peyt  se  rencontrer 
même  à  cette  période  (11  fois  sur  17  cas).  Toutes  ces  lésions  résultent  de 
Tiniluence  dystrophique  exercée  par  la  syphilis  héréditiare  sur  l'évolution 
intra-utérine  des  bourgeons  dentaires.  Avec  elles,  on  peut  observer  la 
kératite  interstitielle,  la  surdité  (triade  d'Hutchinson),  sans  compter  les 
stigmates  les  plus  variés. 

Les  altérations  dentaires  des  rachitiques,  des  névropathes,  des  enfants 
ayant  eu  de  graves  maladies  aiguës,  difTèrent  de  celles  de  la  syphilis. 
D'ailleurs  la  valeur  diagnostique  de  ces  dernières,  pour  être  très  grande, 
n'est  pas  absolue.  On  doit  soupçonner  seulement  la  syphilis  héréditaire 
en  présence  de  ces  dents  malformées  ou  érodées  et  en  rechercher  les 
stigmates  pathognomoniques. 

NOUVELLES 

Hommage  an  D'  Ranchfnss.  —  Le  25  juin/8  juillet  1907,  il  y  a  eu  cin- 
quante ans  que  son  Excellence  le  conseiller  privé,  docteur  Charles 
Rauchfuss,a  commencé  sa  carrière  médicale  ainsi  que  son  activité  scien- 
tifique à  Saint-Pétersbourg.  La  Société  des  médecins  d^enfants  de  Saint- 
Pétersbourg  dont  M.  le  D'  Rauchfuss  a  été  le  président  pendant  nombre 
d'années  et  dont  il  est  actuellement  membre  honoraire,  se  prépare  à 
célébrer  le  cinquantenaire  de  son  activité  par  une  réunion  solennelle. 

Les  médecins  et  les  sociétés  qui  désirent  prendre  part  à  ce  jubilé,  qui 
sera  célébré  le  28  octobre/10  novembre  prochain,  son  priés  de  vouloir 
bien  s'adresser  à  M.  le  professeur  A.  Roussow,  président  de  la  Société 
des  médecins  d'enfants  à  Saint-Pétersbourg,  directeur  de  Thôpital  Elisa- 
beth, 152  Fontanka. 

La  direction  des  Archives  de  médecine  des  enfants  s'associe  de  grand 


(VW)  NOUVELLES 

cœur  à  cet  hommage  bien  mérité  par  le  célèbre  pédiatre  russe,  dont  nous 
avons  pu  apprécier  la  science,  la  serviabilité  et  la  courtoisie. 

Congrès  de  climatothérapie  et  d'hygiône  nrbaine.  —  Le  IV^'  Congrvs 
de  climatothérapie  et  d*hygiène  urbaine  se  tiendra  à  Biarritz,  du  20  au 
25  avril  1908  (semaine  de  Pâques),  sous  la  présidence  du  professeur  Pitre*, 
doyen  de  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  Les  questions  suivantes 
sont  mises  à  Tordre  du  jour  et  feront  l'objet  de  rapports  spéciaux  : 

1°  «  Indications  et  contre-indications  du  climat  océanien  dans  les  étaU 
neurasthéniques  ».  Rapporteur  :  D""  Régis,  professeur  des  maladies 
mentales  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux  ; 

2°  «  De  l'action  combinée  du  climat  marin  et  de  la  médication  chlo 
rurée-sodique  dans  la  tuberculose  ganglionnaire  ».  Rapporteur  : 
D^  RiCHARDiÈRE,  médeciu  des  hôpitaux  de  Paris  ; 

3®  «  La  cure  marine  et  la  cure  chlorurée-sodique  dans  le  rachitisme  i . 
Rapporteur  :  D**  Denucé,  professeur  de  clinique  chirurgicale  infantile  à 
la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux  ; 

4°  «  Les  bureaux  municipaux  d'hygiène  et  les  règlements  sanitaiivs 
dans  les  stations  climatiques».  Rapporteur:  D**  Mosny,  médecin  d^ 
hôpitaux  de  Paris,  auditeur  au  Conseil  supérieur  d'hygiène  publique  de 
France  ; 

5°  «  Climatologie  du  golfe  de  Gascogne  ».  Rapporteur  :  D'  Camino, 
médecin  du  sanatorium  d'Hendaye. 

Le  Comité  d'organisation  du  Congrès  a  son  siège  à  Biarritz,  où  l'on  peut 
adresser  toute  demande  de  renseignements  au  D*"  F.  GALLARD,  secré- 
taire général. 

Pouponnière  de  Médan.  —  On  vient  d'inaugurer,  à  Médan,  dans  l'an- 
cienne propriété  d'ËMiLB  Zola,  donnée  à  l'Assistance  Publique  de  Paris, 
une  nouvelle  pouponnière  d'environ  trente  lits.  Dans  cet  étabUssement. 
placé  sous  la  surveillance  du  D*"  Méry,  seront  envoyés  surtout  les  peUk 
nourrissons  convalescents  de  V Hôpital  des  Enfants- Malades,  A  la  crèche  de 
cet  hôpital,  en  effet,  la  mortalité  est  très  élevée.  On  espère  que  l'air  pur 
de  la  campagne  sauvera  un  certain  nombre  d'enfants  que  le  séjour  à 
l'hôpital  vouait  à  une  mort  presque  fatale.  Nous  suivrons  avec  intérêt 
cette  nouvelle  œuvre  de  préservation  infantile. 


Le  Gérant,  W  BOUCHEZ. 


4976-07.  —  Cokiiicii..  Imprimerie  Ëo   Catrt. 


■    * 


10«  Année  Novembre  1907  N»  11 


MEMOIRES    ORIGINAUX 


XXIII 

ANÉMIE  PSEUDO-LEUCÉMIQUE  INFANTILE 

CHEZ  DEUX  JUMEAUX  RACHITIQUES 

Par  le  Professeor  Ad.  D  ESPINE  et  le  D^"  JEANNERET. 

L'étiologie  de  la  maladie  décrite  par  Jacksch  et  par  Luzet 
sous  le  nom  d'anémie  pseudo-leucémique  infantile  est  encore 
entourée  d'obscurité,  les  uns  la  considérant  comme  une  espèce 
morbide  bien  définie,  presque  idiopathique,  proche  parente  de 
la  leucémie,  les  autres  en  faisant  un  syndrome  banal  provoqué 
par  les  causes  les  plus  diverses  (syphilis,  rachitisme,  troubles 
digestifs,  etc.)  et  qui  emprunte  ses  caractères  propres  aux  parti- 
cularités de  l'hématologie  de  la  première  enfance. 

Le  tableau  clinique  est  très  uniforme  et  a  été  déjà  parfaite- 
ment tracé  par  Henoch  (1)  ;  il  est  composé  essentiellement 
de  deux  facteurs,  une  rate  grosse  et  dure  qui,  débordant  les 
fausses  côtes,  forme  tumeur  dans  la  partie  gauche  de  l'abdomen 
et  une  anémie  profonde,  remarquable  par  la  couleur  blanc- 
cire  de  la  peau.  Henoch  a  déjà  insisté  sur  ce  fait  que  le  sang 
ne  présentait  qu'exceptionnellement  les  caractères  de  la  leucé- 
mie et  que  le  nom  de  pseudo-leucémie  ne  convient  pas  non  plus 
à  cette  maladie,  puisque,  dans  aucun  cas,  il  n'a  pu  constater 
Thypertrophie  ganglionnaire  généralisée,  qui  lui  a  valu  le 
nom  d'adénie.  D'ailleurs,  quoique  les  petits  malades  succom- 
bent en  général  à  la  cachexie  ou  à  des  complications  telles 
que  la  bronchopneumonie,  Henoch  en  a  vu  guérir  aussi  à 
la  suite  d'un  régime  fortifiant  associé  au  fer  et  à  la  qui- 
nine. 

(l);iîHBNOCH,    Klinik    der  UnUrleibskrankheiten,  Berlin,  1856,  t.  II,  p.  72,  et 
Vorlesungen  iiber  Kinderkrankheiten,  1881,  p.  502. 

ARCH.  DS  MftDEC.   DB8  BNPANT8,  1907.  X.    41 


642  '  AD.    D^ESPINE  ET  JEANNEHET 

Le  nom  d'anémie  splénique  infantile  donné  à  la  maladie  par 
les  médecins  italiens  serait  parfait,  puisqu'il  en  rappelle  les 
symptômes  cardinaux,  si  l'on  ne  réservait  ce  nom  aujourd'hui 
aux  anémies  d'origine  splénique,  qui  peuvent  guérir  par  l'abla- 
tion de  la  rate,  comme  la  maladie  de  Banti. 

La  double  observation  que  nous  rapportons  aujourd'hui,  et 
qui  a  fait  l'objet  d'une  leçon  clinique  du  professeur  D'Espine 
ce  printemps,  nous  donnera  l'occasion  d'insister  sur  deux 
points  contestés  de  cette  maladie,  ses  relations  avec  le  rachi- 
tisme et  avec  la  leucémie. 

Observation. 

Le  14  avril  1907,entrent  à  l'hôpital  cantonal,  dans  le  service  des  enfants, 
deux  jumeaux  âgés  de  treize  mois  et  présentant  tous  les  deux  des  défor- 
mations rachitiques  considérables,  ainsi  qu'une  teinte  anémique,  rappelant 
la  cire.  Ils  ont  été  nourris  à  la  bouteille,  de  lait,  de  galactina  et  de  farine 
d'avoine  et  n'ont  jamais  présenté  de  troubles  gastro -intestinaux  notables. 

Les  renseignements  donnés  par  les  parents  démontrent  qu'il  s'agit  ici 
de  rachitisme  héréditaire.  Le  père  est  de  petite  taille  (152  centimètres); 
il  présente  encore,comme  traces  de  rachitisme,  l'incurvation  des  tibias  et  la 
nouure  des  poignets. 

Lamère  n'a  que  144  centimètres  de  taille.  Elle  présente  égale  ment  des  stig- 
mates rachitiques  très  nets.  Elle  a  eu  son  premier  enfant  en  novembre  1903. 
Ce  garçon  a  été  rachitique,  mais  est  aujourd'hui  bien  portant. 

Le  9  mars  1905,  la  mère  est  accouchée  de  deux  jumeaux.  Ces  deux 
fillettes  rachitiques  ont  toujours  été  très  pâles  et  cachectiques;  l'une 
d'elles  a  succombé  à  une  bronchopneumonie  à  l'âge  de  treize  mois,  l'autre 
est  actuellement  bien  portante  et  ne  s'est  remise  que  vers  l'âge  de  quinze 
mois. 

Les  deux  jumeaux  actuels  sont  nés  le  17  mars  1906  à  la  Maternité  dv 
Zurich  ;  ils  sont  nés  à  trois  heures  de  distance,  le  garçon  Amadeo  le  pre- 
mier, la  fille  Frida  ensuite.  Le  placenta  était  unique. 

Frida  prend  le  18  avril  1907  une  bronchopneumonie  à  foyers  multipl»*> 
et  succombe  le  29  avril. 

L'autopsie,  faite  par  le  professeur  Askanazy,  révèle  une  splénomégali-" 
considérable.  La  rate,  qui  déborde  les  fausses  côtes  de  3  centimètres  et 
fait  tumeur  du  côté  de  l'abdomen,  est  rouge  et  dure.  Elle  mesure  10  cen- 
timètres de  long  sur  6^",5  de  large  et  2*=",5  d'épaisseur;  elle  pèse 
80  grammes. 

Le  foie  est  hyperémié  ;  il  dépasse  les  fausses  côtes  de  2"",5  ;  il  pèse 
210  grammes. 

Les  reins  sont  légèrement  hyperémiés  ;  le  myocarde  est  pâle.  On  constate 
une  bronchiolite  purulente  et  des  foyers  pneumoniques  dans  le  poumon 
droit,  ainsi  que  dans  le  lobe  inférieur  du  poumon  gauche. 

Les  lésions  rachitiques  osseuses  sont  très  marquées,  surtout  aux  côtes 
et  au  crâne. 

A  la  suite  de  cette  constatation,  on  examine  avec  soin  le  second  jumeau 
Amadeo  le  l^'^  mai,  et  l'on  constate  à  la  palpation  de  l'abdomen  que  la 
rate  déborde  les  fausses  côtes  et  forme  une  tumeur  très  dure,  à  contours 
nets,  s'étendant  presque  jusqu'à  Tombilic,  remplissant  une  partie  de 


r^ 


ANÉMIE    PSEUDO-LEUCl^MIQrE    INFANTILE  643 

l'hypocondre  gauche  et  présentant  une  matité  verticale  de  8  centimètres. 
La  palpation  n'est  pas  douloureuse.  La  rate  augmente  beaucoup  les 
jours  suivants  et  n'est  plus  qu'à  trois  travers  de  doigt  du  pubis  le  10  mai  ; 
le  14  mai,  elle  est  revenue  au  volume  qu'elle  avait  le  1*^'  mai  et  n'a  plus  guère' 
changé  jusqu'à  la  fin. 

Le  foie  déborde  les  fausses  côtes  de  deux  travers  de  doigt. 

Le  D' Jeanneret  procède  à  une  série  d'examens  du  sang  qui  révèlent  une 
anémie  pseudo -leucémique  avec  tous  les  caractères  qu'ont  décrits  Jacksch 
et  Luzet.  Nous  les  résumerons  plus  loin  dans  un  tableau. 

L'enfant  a  eu  des  périodes  fébriles  :  la  première  du  14  au  28  avril  avec 
(les  températures  rectales  variant  le  soir  de  39^2  à  39^,7,  dues  à  des  foyers 
(le  bronchopneumonie  disséminés  dans  les  poumons,  qui  ont  cédé  à  un 
traitement  hydrothérapique  ;  la  seconde,  du  8  mai  au  12  juin,  jour  de  la 
mort,  avec  une  température  terminale  de  41^,2,  due  à  une  rechute  de 
bronchopneumonie. 

Les  urines  examinées  le  8  mai  ne  contenaient  pas  d'albumine,  mais 
seule;nent  des  globulines  précipitées  par  le  sulfate  d'ammoniaque. 

L'examen  du  sang  peut  être  résumé  ainsi  : 

1«  Oligocytkemie  et  oligochromhémie^  l'hémoglobine  ayant  varié  de 
40  à  50  p.  100,  le  nombre  des  hématies  de  2  430  400  à  3  348  000. 

L'enfant  a  succombé  à  la  complication  et  non  à  l'anémie.  Cela  explique 
pourquoi  on  n'a  pas  observé  des  chiffres  aussi  bas  que  dans  d'autres  cas 
(500  000  à  1  000  000  )  ; 

2"  Leucocytose  marquée  atteignant  le  7  mai  le  chiffre  maximum  de 
70  525  globules  blancs  et  descendant  le  26  mai  à  un  minimum  de  1 7  825  : 

3  Myélémie  très  accentuée,  caractérisée  par  une  proportion  considérable 
de  myélocytes,  atteignant  le  2  mai  le  maximum,  soit  26  p.  100,  dont  12  p.  100 
à  granulations  neutrophiles  et  24  p.  100  basophiles.  Les  éosinophiles  repré- 
sentaient le  14  mai  3  p.  100,  dont  1  p.  100  de  mononucléaires  et  2  p.  100 
de  polynucléaires.  Ce  chiffre  a  d'ailleurs  été  très  variable  ;  le  maximum 
a  été  de  4  p.  100  et  le  minimum  de  0. 

Les  hématies  nucléées,  dont  la  forte  proportion  est  un  des  caractères 
saillants  de  l'anémie  pseudo-leucémique  infantile,  existaient  le  2  mai  dans 
la  proportion  élevée  de  8  p.  100,  dont  la  plupart  étaient  des  mégaloblastes  ; 
cette  proportion  a  d'ailleurs  beaucoup  diminué  dans  les  derniers  jours. 

La  poïkilocytose,  l'anisocytose  et  la  présence  de  granulations  basophiles 
dans  les  hématies  ont  été  notées  dans  presque  tous  les  examens  de  sang. 

Par  contre,on  n'a  jamais  observé  de  cristaux  de  Charcot-Leyden  dans  le 
vieux  sang  conservé  ;  ^ 

4°  Diminution  et  variations  considérables  du  chiffre  des  lymphocytes. 

Les  lymphocytes  ne  représentaient,  le  2  mai,  que  le  3  p.  100  des  leuco- 
cytes. Depuis  lors  la  proportion  a  été  toujours  en  croissant  et  a  atteint 
le  17  mai  un  maximum  de  42  p.  100,  qui  s'est  maintenu  à  peu  près  jusqu'à 
la  fin  (12  juin,  39  p.  100),  chiffre  qui  se  rapproche  de  la  moyenne  normale 
dans  la  première  année.  Le  chiffre  des  lymphocytes  dans  la  première 
année  peut  varier  de  28  à  40  p.  100,  d'après  Gundobin  et  Rieder. 

On  peut  rapprocher  peut-être  cette  augmentation  finale  des  lympho- 
cytes des  observations  de  Ttirck  chez  un  adulte  et  de  Flesch  chez  un 
enfant  de  quatre  ans,  chez  lesquels  une  myélémie  se  transforma  vers  la  fin 
en  lymphémie. 

Autopsie.  —  Le  diagnostic  clinique  était  :  rachitisme,  anémie  pseudo- 
leucémique, bronchopneumonie. 

Le  diagnostic  anatomique  établi  par  mon  collègue  le  professeur  Askanazy 
était:  anémie  de  tous  les  organes.  Rachitisme  intense.  Grosse  tuméfaction 


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AD.   n  ESPINE   ET  JEANNERET 


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ANÉMIE   PSEUDO-LEUCÉMIQUE   INFANTILE  645 

de  la  rate.  Tuméfaction  du  foie.  Entérite  folliculaire.  Légère  tuméfaction 
des  ganglions  mésentériques.  Les  autres  ganglions  sont  normaux.  Bron- 
chite catarrhale  ;  pneumonie  gauche.  Pas  de  lésions  leucémiques. 

La  rate  pèse  80  grammes.  Elle  a  10  centimètres  de  long  sur  7*"',5  de 
large  et  3<™,5  d'épaisseur.  Sa  consistance  est  dure  ;  la  capsule  est  tendue. 
A  la  coupe,  la  rate  est  rouge,  couleur  framboise.  A  Texamen  microscopique, 
on  constate  que  l'architecture  de  la  rate  est  conservée,  mais  avec  un  épais- 
sissement  marqué  du  stroma.  Le  nombre  des  leucocytes  est  augmenté. 

Le  foie  est  fortement  agrandi.  Sa  consistance  est  normale.  A  la  coupe,  il 
a  une  teinte  rouge  jaunâtre  et  présente  de  petits  foyers  grisâtres  lenticu- 
laires, disséminés.  Il  n'y  a  pas  de  trace  de  cirrhose  ;  l'architecture  générale 
est  conservée.  Il  y  a  une  augmentation  considérable  des  leucocytes,  qui 
forment  par  places  des  amas  libres  ou  contenus  dans  les  veines. 

Les  poumons  présentent  dans  les  lobes  inférieurs  de  l'hyperémie  à  droite 
et  de  l'infiltration  bronchopneumonique  à  gauche. 

Le  cœur  ne  présente  rien  de  particulier. 

Dans  l'intestin,  les  follicules  solitaires  et  les  plaques  de  Peyer  sont 
tuméfiés  par  places. 

Rapports   de   l'anémie    splénique    avec   le    rachitisme. 

Étudions  d'abord  les  rapports  qui  existent  entre  ranémie 
pseudo-leucémique  infantile  et  le  rachitisme. 

La  double  observation,  que  nous  publions,  est  celle  de  deux 
jumeaux  rachitiques,  dont  les  deux  parents  ont  été  rachitiques 
et  dont  tous  les  frères  et  sœurs  ont  été  atteints  de  la  même 
maladie  ;  donc  rachitisme  héréditaire,  présentant  une  forme 
particulièrement  grave  et  intense,  fait  coïncidant  avec  les  obser- 
vations du  professeur  Siegert  (1).  Il  n'y  a  pas  de  doute  que  le 
premier  jumeau,  qui  a  succombé  rapidement  à  une  broncho- 
pneumonie, était  atteint,  comme  le  second,  d'anémie  pseudo- 
leucémique, quoique  le  sang  n'ait  pas  été  examiné  pendant  la 
vie.  Le  sang  à  l'autopsie  renfermait  un  grand  nombre  d'hématies 
nucléées  et  de  leucocytes.  Deux  enfants  qui  ont  succombé 
antérieurement  étaient  très  anémiques  et  étaient  peut-être 
atteints  de  la  même  maladie. 

Fowler  (2)  a  déjà  remarqué  la  présence  de  l'anémie  pseudo- 
leucémique chez  plusieurs  enfants  de  la  même  famille.  Il  l'a 
observée  trois  fois,  une  fois  chez  deux  jumeaux,  une  fois  chez 
deux  enfants  de  la  même  famille  et  une  fois  chez  trois  frères  et 
sœurs. 

La  coïncidence  du  rachitisme  avec  la  splénomégalie  infantile 
est  bien  établie.  Starck  (3)  l'a  constatée  à  l'autopsie  environ 

(1)  SiEGBRT,FtfrAaiuU.<2fr  20  Un  Vers,  der  Ces.  /.  Kinderheilk,,  Cassai,  1903,  p.  206. 

(2)  Fowler,  Brit,  med.  Journ.,  6  sept.  1902. 

(3)  Starck,  /).  Areh.  /.  klin.  Med,,  1896,  Bd.  LVIII,  p.  265. 


O^iO  Al),  u'espinb  et  jeannehet 

dans  le  tiers  des  cas  (31,3  p.  100)  ;  il  a  trouvé  la  rate  palpable 
68  fois  sur  100  enfants  rachitiques.  Kûttner  (1)  a  trouvé  que  la 
rate  était  accessible  à  la  palpation  dans  44  cas  de  rachitismp 
sur  60  examinés  (73,3  p.  100). 

Par  contre,  Cohn  (2),  sur  858  enfants  rachitiques,  n'a  constatéla 
splénomégalie  que  dans  le  6  p.  100  des  cas  (58  cas).  Tout  récem- 
ment J.-B.  Cowan  et  Campbell  Mac  Clure  (3)  ont  examiné  à  cp 
point  de  vue  417  enfants  rachitiques  et  n'ont  trouvé  la  rai»- 
palpable  que  dans  17  cas,  soit  le  4,07  p.  100  des  cas.  Sur  cc 
nombre,  la  rate  n'était  réellement  hypertrophiée  que  dans 
8  cas,  dont  2  avec  anémie  splénique. 

Cela  prouve  seulement  que  le  rachitisme  par  lui-même  n«' 
suffit  pas  plus  que  la  syphihs  à  engendrer  l'anémie  splénique. 
Mais  il  n'en  reste  pas  moins  le  terrain  le  plus  favorable  pour 
Téclosion  de  l'anémie  pseudo-leucémique,  maladie  somme  toutv 
rare  et  même  exceptionnelle  dans  certains  pays,  comme  Ge- 
nève (4). 

Sasuchin  (5)  a  trouvé  la  rate  agrandie  chez  presque  tous  les 
rachitiques,  excepté  chez  les  enfants  présentant  de  l'atrophie 
infantile. 

L'hypertrophie  est  proportionnelle  à  la  grai>ité  des  lésions 
rachitiques,  —  Le  maximum  a  été  observé  chez  un  enfant  d»- 
vingt-deux  mois  dont  la  rate  pesait  51»^2,  tandis  que  le 
poids  normal  à  deux  ans  est  de  26  grammes.  Ce  qui  caractéri>e 
pour  Sasuchin  la  rate  rachitique,  c'est  l'induration  chroniqm' 
caractérisée  par  l'augmentation  de  consistance  au  doigt  et  par 
l'épaississement  des  travées  conjonctives  au  microscope. 

Bien  que  certains  cas  d'anémie  pseudo-leucémique  infantil» 
aient  été  observés  chez  des  enfants  qui  ne  présentaient  fn^ 
trace  de  rachitisme,  comme  le  cas  cité  par  von  Jacksch  if>^ 
dans  son  célèbre  mémoire  et  que  dans  certains  cas  on  ait  pu 
incriminer  la  syphihs  héréditaire,  il  n'en  reste  pas  moins  qu»' 
le  rachitisme  est  de  beaucoup  le  facteur  le  plus  important 
dans  la  pathogénie  de  la  maladie  de  Jacksch-Luzet. 

(1)  Kûttner,  Brrl.  klin.  Woch.,  1892,  n»  45. 

(2)  Cohn,  Jahrb.  /.  Kinderheilk.,  1894,  p.  37. 

(3)  Cowan  and  Cambell  Mac  Clure,  The  hrit,  Journ.  of  Children's,  Dwffl^w  1  .»<•' 
p.  343. 

(4)  Un  seul  cas  a  été  publié  jusqu'à  présent  en  dehors  du  nôtre  à  Otnève  pr 
le  Df  AuDEOUD,  Bev.  med.  de  la  Suisse  Romande,  septembre  1894,  n»  9. 

(5)  Sasuchin,  Die  Rachitismilz.  {Jahrb.  /.  Kinderheilk,),  1900,  Bd.  U,  p.  iVT. 
(F,)  V.  Jacksch,  Prag.  med.  Woch.,  1890,  p.  403. 


ANÉMIE    PSEUDO-LEUCfiMIOL'E    INFANTILE  647 

Rapports  avec  la  leucémie. 

La  parenté  entre  Tanémie  pseudo-leucémique  infantile  et  la 
leucémie  a  été  déjà  soulignée  par  Jacksch,  dont  une  des  obser- 
vations peut  être  regardée  comme  appartenant  à  la  leucémie, 
ainsi  que  par  Hayem  et  son  élève  Luzet. 

Elle  s'en  distingue  habituellement  par  sa  leucocytose  modé- 
rée, par  le  nombre  considérable  d'hématies  nucléées  dont  les 
noyaux  présentent  des  mitoses  et  surtout  par  sa  curabilité 
dans  un  certain  nombre  de  cas. 

Néanmoins,  la  frontière  entre  les  deux  maladies  est  parfois 
difficile  à  tracer.  Les  cas  rares  de  leucémie  myéloïde  aiguë,  qui 
ont  été  publiés  dernièrement  chez  de  jeunes  enfants,  ont  la 
même  symptomatologie  et  presque  la  même  hématologie  que 
Tanémie  pseudo-leucémique.  Ils  ne  s'en  distinguent  qu'à  l'au- 
topsie par  la  présence  de  foyers  myéloïdes  dans  la  rate,  le  foie 
ou  les  reins. 

Les  critères  hématologiques  sont  en  effet  sujets  à  caution. 
On  considérait  jadis  le  chiffre  de  50  000  leucocytes  par  milli- 
mètre cube,  comme  la  limite  entre  la  leucocytose  et  la  leucémie. 
A  ce  compte,  notre  observation  avec  son  chiffre  de  70  000  leu- 
cocytes appartiendrait  nettement  à  la  leucémie.  De  simples 
processus  infectieux  suffisent  parfois  pour  produire  une  leuco- 
cytose plus  intense,  et,  dans  le  cours  de  la  leucémie  vraie,  on 
peut  voir  le  chiffre  des  leucoyctes  tomber  au-dessous  de  50000. 
D'ailleurs  le  chiffre  des  leucocytes  est  beaucoup  plus  variable 
chez  le  nourrisson  que  chez  l'adulte  et,  chez  un  enfant  au-dessous 
de  trois  ans,  le  chiffre  des  leucocytes  est  habituellement  de 
10  000  et  peut  s'élever  parfois  à  30  000. 

La  présence  dans  le  sang  d'éléments  anormaux  de  la  série 
myéloïde,  tels  que  les  myéloq/tes,  a  certainement  plus  de  valeur, 
et  encore  faut-il  tenir  compte,  dans  les  premiers  mois  de  la  vie, 
du  retour  plus  fréquent  que  plus  tard  à  l'état  embryonnaire 
des  organes  hématopoiétiques.  Zelenski  et  Cybulski  (1)  en  ont 
fourni  la  preuve  par  l'apparition  des  myélocytes  dans  le  sang 
des  nourrissons  sous  l'influence  de  causes  diverses,  telles  que  la 
syphilis  héréditaire  (7  fois  sur  15),  la  débilité  congénitale  (5  fois  * 
sur  6),  la  pneumonie  (6  fois  sur  16),  les  catarrhes  intestinaux 
(6  fois  sur  19),  etc.  Quant  au  rachitisme,  ils  sont  rares  et  peu 

(1)  Zelbnski  etCYBi'LSKi,  Jahrb.  /.  Kînderheilk,,  1904,  t.  LX.  p.  884. 


648  AD.  d'espine  et  jeanneret 

nombreux  dans  les  formes  légères;  ils  existent  dans  la  moitié 
des  cas  des  formes  graves;  ils  ne  manquent  jamais  dans  l'anémie 
infantile  pseudo-leucémique  avec  splénomégalie. 

Siegert  (1)  a  trouvé  des  myélocytes  dans  le  sang  de  tous  les 
cas  de  rachitisme  grave  avec  ramollissement  des  os  qu'il  a 
examinés. 

La  proportion  des  myélocytes  dans  le  sang  a  été  donnée 
comme  un  moyen  de  diagnostic.  Au-dessous  de  10  p.  100,  il 
s'agirait  d'anémie  pseudo-leucémique  ;  au-dessus  de  10  p.  10(). 
le  diagnostic  de  leucémie  s'imposerait.  On  sait  que,  dans  la  leu- 
cémie myélogène  chronique  de  l'adulte,  ce  chiffre  est  élevé  et 
varie  de  20  p.  100  à  79  p.  100. 

A  ce  point  de  vue,  notre  observation  fournit  les  chiffres  les 
plus  élevés  qui  aient  été  observés  dans  l'anémie  pseudo-leucé- 
mique. Les  myélocytes  à  granidations  neutrophiles  se  sont 
élevés  à  12  p.  100  et  les  myélocytes  jeunes  à  réaction  basophile 
à  24  p.  100,  ce  qui  représente  un  total  de  36  p.  100.  A  ce  compte, 
semblait-il,  il  ne  pouvait  y  avoir  de  doute  que  nous  avions 
affaire  à  un  cas  de  leucémie  myéloïde  atypique  aiguë. 
L'autopsie  néanmoins  a  montré  qu'il  n'y  avait  pas  de  lésions 
leucémiques  proprement  dites. 

H  ans  Hirschfeld  (2)  a  décrit  sous  le  nom  de  leucémie  myéloïde 
atypique  une  forme  en  général  infantile  qui  se  distingue  de  la 
leucémie  classique  par  l'absence  d'augmentation  des  éosino- 
philes  et  des  mastzeUen,  par  l'anémie  extrême  et  la  faible 
augmentation  de  la  rate,  ainsi  que  par  des  diarrhées  et  des 
processus  ulcéreux  dans  la  bouche. 

Dans  notre  observation,  il  n'y  avait  rien  de  semblable.  Les 
éosinophiles  étaient  à  certains  moments  nettement  augmentés. 
Ainsi  ils  atteignaient  le  2  mai  la  proportion  de  4  p.  100  et  le 
14  mai  3  p.  100,  dont  2  p.  100  de  polynucléaires  et  1  p.  100  de 
myélocytes  éosinophiles. 

D'ailleurs,  les  cas  de  leucémie  aiguë  myéloïde  appartenant 
à  la  première  enfance  sont  si  peu  nombreux  qu'il  faut  en 
attendre  de  nouveaux  avant  de  vouloir  tracer  d'une  façon  défi- 
nitive le  tableau  de  la  maladie. 


(1  )  Siegert,  Rapport  sur  les  anémies  des  enfant<i  en  bas  âge  {Jahrb.f.  Kùiderheilk., 
1899,  Bd.  XLIX,  p.  54). 

(2)  H.  Hirschfeld,  Usber  acute  Myéloïde  LeukSkraie  {Berl.  klin.  Woch.,  19o:. 
p.  772).  —  Cas  de  leucémie  myéloïde  aigu^  "•  tz  un  garçon  de  six  ans.  Syphilis  et 
rachitisme.  Durée  de  la  maladie  six  semaines.  Autopsie. 


ANÉMIE    PSBUDO-LEUGÉMIQUE    INFANTILE  040 

En  comparant  notre  observation  à  un  cas  de  leucémie  aiguë 
myélogène  publié  récemment  à  Genève  par  M""  Zilberlast, 
chez  un  enfant  de  neuf  mois,  nous  sommes  frappés  de  la  discor- 
dance qui  existe  entre  l'examen  du  sang  et  l'examen  microsco- 
pique du  foie  et  delà  rate. Le  D^  Huguenin,  qui  les  a  examinés, 
a  trouvé  un  foie  leucémique  et  une  rate  hyperplasique  avec 
leucémie  myéloïde,  lésions  qui  ont  manqué  dans  notre  obser- 
vation. Et  néanmoins  les  caractères  leucémiques,  à  l'examen  du 
sang,  étaient  plus  accentués  dans  notre  cas  que  dans  le  cas 
Zilberlast  :  36  p.  100  de  myélocytes  au  lieu  de  25,7  p.  100, 
4  p.  100  d'éosinophiles  au  lieu  de  2,5  p.  100. 

Les  globules  blancs  ont  varié  dans  le  cas  Zilberlast  de  39  370 
à  81  000  et  dans  le  nôtre  de  17  825  à  70  525,  ce  qui  ne  constitue 
pas  une  grande  différence. 

Le  contraste  est  encore  plus  saisissant  dans  une  observation 
d'anémie  pseudo-leucémique  infantile  publiée  par  Lehndorff  (1), 
où  le  chiffre  des  leucocytes  n'a  pas  dépassé  40  000  et  a  eu  comme 
minimum  15  600.  Les  myélocytes  neutrophiles  étaient  comme 
dans  notre  observation  de  12  p.  100.  Néanmoins,  à  l'autopsie, 
l'auteur  constata  la  présence  de  foyers  myéloïdes  dans  le  foie 
et  dans  les  reins. 

Toute  la  différence  est  dans  l'anatomie  pathologique.  Peut- 
être  pourra-t-elle  donner  la  clef  de  la  parenté  entre  l'anémie 
pseudo-leucémique  et  la  leucémie,  que  la  clinique  semble 
imposer. 

Le  D'  L.-G.  Simon  (2),  qui  a  fait  cette  année  un  rapport  sur 
les  anémies  infantiles  au  Congrès  d'Alger,  touche  cette  question 
en  ces  termes  : 

«La  présence  de  nodules  à  structure  myéloïde  dans  les  organes 
normalement  dépourvus  de  tout  tissu  de  ce  genre  ne  prouve  pas 
nécessairement  qu'on  soit  en  présence  de  métastases,  comme  le 
voudrait  Ehrlich.  Ménétrier  et  Aubertin  (3)  ont  fait  voir  qu'ils 
n'étaient  souvent  que  des  infarctus,  des  apoplexies  dues  à  des 
capillaires  bourrés  de  leucocytes,   et   Dominici   admet   que, 

(1)  Lehndorff,  Jahrb.  /.  Kinderheilk.,  1904,  p.  195. 

(2)  L.-0.  Simon,  JRev.  mens,  des  mal.  de  V enfance,  avril  1907. 

(3)  MiNÉTRiER  et  Aubertin,  La  leucémie  myéloïde  [Encyclopédie  Léautè, 
p.  109,  1906).  —  Enfant  de  quatre  mois,  9  p.  100  de  myélocytes.  Pas  d'autopsie. 

GiNSBURG,  Thèse  de  Zurich,  1905.  —  Enfant  de  deux  ans  et  demi.  Durée  trois 
mois.  Autopsie. 

Benjamin  Sluka,  Arbeiten  aus  der  K,  K.  Universitats,  Kindersklinik, 
Vienne,  1907,  2«  série,  p.  257.  —  Enfant  de  seize  mois.  Durée  trois  mois.  Autopsie. 

Zilberlast,  Thèse  de  Genève,  1907.  Enfant  de  six  mois. Durée  trois  mois.  Autopsie. 


(>50  AD.  d'espink  et  jeaxneret 

s'il  y  a  prolifération,  elle  se  fait  sur  place  par  une  reviviscence» 
du  tissu  myéloïde,  qui  persiste  à  l'état  rudimentaire  ou  latent 
en  des  points  multiples  de  l'organisme.  » 

Dans  notre  observation,  il  n'y  a  pas  de  doute  possible,  il  s'agit 
d'anémie  pseudo-leucémique  et  non  de  leucémie.  M.  le  D'  Hu- 
guenin,  ancien  assistant  à  l'institut  anatomo-pathologique  dp 
Genève,  auquel  nous  avons  soumis  les  pièces  pour  en  faire  un 
examen  microscopique,  nous  écrit  à  ce  sujet  : 

1°  Il  n'y  a  dans  la  rate  aucun  indice  de  leucémie,  mais  on  est 
frappé  par  le  développement  excessif  du  tissu  conjonctif,  non 
seulement  autour  des  vaisseaux  sanguins,  mais  aussi  dans  la 
pulpe  ; 

2**  Le  foie  est  normal  et  en  particulier  ne  présente  aucun 
foyer  de  leucocytose  ou  de  leucémie  ; 

S**  La  moelle  osseuse  est  caractérisée  par  l'absence  absolue 
de  cellules  graisseuses. 


XXIV 

LE  RHUMATISME  VISCÉRAL  CHEZ  LES  ENFANTS 

Par  MM. 

E.  WEILL,  et  Lucien  THÉVENOT, 

Professeur  de  Clinique  infantile  Interne  des  Hôpitaux, 

à  l'Université  de  Lyon. 

La  fréquence  des  complications  cardiaques  dans  le  rhuma- 
tisme articulaire  des  enfants  est  une  notion  clinique  ancienne  ; 
la  proportion  serait  de  80  p.  100  d'après  Cadet  de  Gassicourt  ; 
Tun  de  nous  a  observé  la  péricardite  dans  33  p.  100  des  cas 
de  rhumatismes  et  l'endocardite  dans  60  p.  100  des  cas,  au- 
dessous  de  quinze  ans.  D'ailleurs  Bouillaud  avait  déjà  dit 
que  le  cœur  se  comporte  dans  l'enfance  vis-à-vis  du  rhumatisme 
comme  une  véritable  articulation  ;  mais  les  lois  établies  par 
cet  auteur  avec  assez  de  précision  pour  l'adulte  sont  inexactes 
chez  l'enfant.  Roger  a  bien  montré  que  le  rhumatisme  arti- 
culaire aigu  même  très  léger  s'acompagne  de  manifestations 
cardiaques  graves  ;  Barbier,  au  XIII®  Congrès  de  médecine 
(Paris,  1900),  négligeant  de  citer  d'ailleurs  les  travaux  anté- 
rieurs de  l'un  de  nous,  insiste  sur  ce  point  qu'on  observe  ces 
accidents  au  cours  de  rhumatismes  peu  accusés,  subaigus, 
traînants,  ne  s'accompagnant  pas  de  gonflement  ni  de  rou- 
geur des  jointures,  mais  se  manifestant  par  des  douleurs  plus 
ou  moins  accusées  pendant  des  semaines,  ou  quelquefois  par 
un  simple  torticolis. 

La  terminaison  fatale  de  ces  endo-péricardites  serait  due, 
pour  la  plupart  des  auteurs,  à  la  péricardite  elle-même  ;  pour- 
tant l'un  de  nous,  en  collaboration  avec  M.  Barjon  {Arch, 
méd.  ex/?.,  1895),  a  rapporté  un  cas  où  il  n'existait  pas  de 
péricardite,  mais  de  la  myocardite  parenchymateuse  très 
accusée,  lésion  observée  assez  souvent,  comme  nous  le  mon- 
trerons au  cours  de  cette  publication. 

Nous  estimons  qu'on  peut  décrire  chez  l'enfant,  à  côté 
du  rhumatisme  à  localisations  articulaires,  aboutissant  à  la 
péricardite  ou  à  l'endocardite  chronique,  un  type  clinique 
spécial,  véritable  rhumatisme  viscéral  ;  nous  relaterons  d'abord 


052  E.    WEILL    ET   LUCIEN    THÉVENOT. 

3  observations  typiques  à  ce  point  de  vue,  et  nous  en  dégage- 
rons ensuite  les  principaux  caractères  de  cette  forme  morbide. 

Observation  L  —  C.  Henriette,  onze  ans  et  demi.  Entrée  le  31  juil- 
let 1906.  Rien  à  noter  chez  ses  parents  ;  elle  a  une  sœur  en  bonne  santé. 
Enfance  normale  ;  varicelle,  puis  coqueluche  à  quatre  ans  ;  rougeole 
à  cinq  ans  ;  elle  aurait  présenté  à  neuf  ans  une  nouvelle  rougeole. 

Légère  atteinte  de  rhumatisme  poly articulaire,  en  1904,  à  l'âge  de 
neuf  ans  et  demi  ;  les  douleurs  auraient  duré  dix  jours.  Bonne  santé 
dans  la  suite.  Le  20  juillet  1906,  apparition  d'un  point  de  côté  au  niveau 
du  cœur,  et  dyspnée  depuis  le  23. 

A  l'entrée  :  dyspnée,  un  peu  de  toux,  douleur  précordiale.  Aucune 
douleur  articulaire,  pas  de  gonflement,  pas  d'œdômes.  A  l'examen  du 
cœur,  la  pointe  estdifflcile  à  localiser;  au  palper  de  la  région  mésocardiaque, 
on  perçoit  un  double  frémissement  présystolique  et  diastolique  ;  à  l'aus- 
cultation de  la  pointe,  souffle  rude,  râpeux,  aux  deux  temps;  le  souffle 
systolique  se  propage  dans  le  dos  ;  rien  à  la  base.  Pouls  rapide,  régulier. 
142  pulsations  à  la  minute.  Rien  aux  poumons  ni  aux  autres  viscères. 
Le  11  août,  la  pointe  est  notée  dans  le  sixième  espace,  sur  la  ligne  mame- 
lonnaire  ;  mêmes  signes  cardiaques  ;  le  second  bruit  au  foyer  pulmonaire 
est  dangereux,  parcheminé  et  fait  penser  à  une  péricardite.  La  tempéra- 
ture, d'abord  à  38^,4,  est  tombée  peu  à  peu  à  37^4,  puis  est  remontée  à 
380,2.  Du  13  au  19,  la  fièvre  s'élève  tous  les  soirs  jusqu'à  39<>;  apparition 
d'un  point  de  côté  au  niveau  de  Thypocondre  droit  ;  la  limite  supérieure 
du  foie  paraît  plus  élevée. 

La  température  est  devenue  ensuite  normale  du  23  août  au  10  septembre 
avec  amélioration  considérable  de  tous  les  signes;  on  note,  le  3  septembre, 
que  le  cœur  est  calme,  régulier,  le  frémissement  moins  net  ;  le  deuxième 
bruit  est  normal.  Pourtant,  dans  le  deuxième  espace  gauche,  le  second  bruit 
est  parfois  couvert  par  un  souffle  dont  l'origine  parait  être  péricardique. 

Du  12  au  16  septembre,  ascension  thermique  jusqu'à  39^,8,  due  à  une 
angine  à  points  blancs  et  à  des  douleurs  vagues  dans  les  jambes  et  le 
coude  droit  sans  tuméfaction. 

Le  20  octobre,  la  radioscopie  montre  un  gros  cœur  qui  suit  les  mouve- 
ments du  diaphragme.  Du  16  septembre  au  9  novembre,  température  nor- 
male ;  pourtant,  à  trois  reprises,  elle  tend  à  s'élever,  atteint  37**,9  et  même 
38°,2  pendant  deux  jours.  Le  9  novembre,  on  constate  toujours  un  gros 
souffle  systolique  ;  mais,  en  outre,  dans  la  région  xyphoïdienne,  il  existe  un 
double  souffle  à  rythme  de  va-et-vient,  augmentant  par  la  pression. 

A  partir  du  11,  élévation  thermique  jusqu'à  39^,8,  puis  oscillations 
entre  39°,2  et  39°,8  ;  le  16,  on  constate  de  la  pâleur  ;  anorexie  et  même 
vomissements  alimentaires  ;  au  genou  gauche,  légère  douleur  dans  les 
mouvements  provoqués,  sans  rougeur  ni  gonflement.  Légère  dyspnée, 
avec,  par  moments,  accès  d'oppression;  à  la  base  droite,  on  constate  de  la 
matité  avec  obscurité  et  léger  ballottement.  Cœur  rapide,  régulier;  140  pul- 
sations à  la  minute,  sans  modifications  des  signes. 

Le  20  novembre,  l'enfant  est  toujours  très  pâle,  anxieuse,  sujette  aux 
défaillances.  Pas  de  cyanose,  pas  d'œdèmes.  L'oppression  persiste  avec 
crises  de  dyspnée  sans  cyanose  durant  une  demi-heure  environ.  Signes  de 
congestion  légère  de  la  base  droite.  La  température  s'abaisse  à  38®.  Dans 
la  soirée,  l'enfant  tombe  dans  un  demi-coma,  le  cœur  s'accélère  tout  en 
restant  régulier,  les  extrémités  se  refroidissent  et  la  mort  survient. 

Autopsie.  —  A  gauche,  épanchement  pleural  de  liquide  citrin  (300  gr.); 
poumon  congestionné  avec  par  place  zones  brun  foncé  comme  dans  le 


LE   RHUMATISME   VISCÉIIAL   CHEZ   LES   ENFANTS.  653 

poumon  cardiaque.  A  droite  symphyse  pleurale  presque  totale;  poumon 
petit  avec  base  très  congestionnée.  Gros  cœur  de  400  grammes.  Le  péri- 
carde a  un  aspect  chagriné;  par  places,  symphyse  péricardique ;  myo- 
carde en  partie  décoloré. 

Insuffisance  mitrale  très  marquée,  rétrécissement  moins  prononcé  ;  la 
grande  valve  de  la  mitrale  est]  épaissie,  rigide,  et  donne  au  toucher  une 
sensation  presque  métalliqfue.  Les  autres  orifices  sont  sains. 

Œdème  cérébral  et  congestion  des  méninges.  Foie  glacé,  gros  ;  à  la 
coupe,  aspect  de  foie  cardiaque.  Rate  un  peu  grosse  congestionnée.  Reins 
un  peu  gros  ;  la  capsule  se  décortique  aisément. 

Examen  histologique  du  myocarde,  —  La  coupe  de  la  paroi  du  ventricule 
montre  une  couche  épaisse  de  fibrine  à  la  surface  du  péricarde  ;  les 
fibres  musculaires,  vues  suivant  leur  longueur,  sont  minces,  en  lanières, 
avec  multiplication  des  noyaux  ;  le  fuseau  protoplasmique  central  est 
très  large  et  très  granuleux  ;  les  champs  de  Gonheim  montrent  une  série 
de  vacuoles.  Immédiatement  au-dessous  du  péricarde,  les  fibres  cardiaques 
sont  écartées  les  unes  des  autres  par  du  tissu  conjonctif  déjà  un  peu 
organisé,  avec  multiplication  nette  des  capillaires. 

Observation  IL  —  C...  Eugénie,  douze  ans  ;  entrée  salle  Saint-Fer- 
dinand le  25  mars  1907.  Parents  bien  portants  ;  ont  eu  quatre  enfants, 
dont  un  est  mort  à  quinze  jours  d'affection  inconnue.  Rien  à  noter  pen- 
dant l'enfance  de  la  malade.  En  novembre  1906,  elle  aurait  eu  une  érup- 
tion d'urticaire. 

Au  mois  de  décembre  1906,  elle  présenta  pendant  quinze  jours  des 
malaises  généraux  avec  fièvre  et  douleurs  vagues  dans  les  articulations 
des  bras  ;  elle  aurait  gardé  le  lit  pendant  cette  période.  Depuis,  elle  ne 
présentait  aucun  trouble  morbide,  ni  aucune  poussée  rhumatismale 
vers  le  10  mars,  apparut  de  la  dyspnée. 

A  l'entrée,  l'enfant  était  très  dyspnéique;  on  comptait  70  respirations 
par  minute  ;  un  peu  de  jeu  des  ailes  du  nez. 

La  pointe  du  cœur  est  difficile  à  localiser;  on  sent,  dans  le  quatrième 
espace, un  centre  de  battements; mais,  en  dehors  et  au-dessous,  il  existe 
une  large  zone  mate  et  douloureuse,  au  niveau  de  laquelle  la  main  perçoit 
des  frottements  systoliques.  A  l'auscultation,  frottements  péricardiques 
très  nets  dans  la  région  de  la  pointe  et  au  foyer  tricuspidien,  avec  souffle 
systolique  se  propageant  dans  l'aisselle.  Pulsations  énergiques  des  vaisseaux 
du  cou,  pouls  rapide  à  120,  régulier.  Du  côté  des  poumons  :  matité  de  la 
base  gauche  et  souffle  expira toire  intense  jusqu'à  l'angle  inférieur  de 
l'omoplate  ;  abolition  des  vibrations  à  l'extrême  base  sans  égophonie. 
Petit  foyer  de  râles  fins  au  niveau  de  l'angle  inférieur  de  l'omoplate. 
Base  droite  submate.  Expectoration  mousseuse,  blanche,  peu  abondante 
pendant  la  première  nuit  ;  épistaxis  légère.  Foie  un  peu  gros  et  doulou- 
reux. Pas  de  vomissements,  pas  de  troubles  de  la  déglutition  ni  de  hoquet. 

Léger  œdème  des  malléoles  ;  aucun  gonflement  articulaire,  aucune  dou- 
leur dans  les  mouvements  des  membres.  En  somme,  orthopnée  avec 
angoisse,  douleurs  lancinantes  et  continuelles  au  niveau  du  cœur,  batte- 
ments forts  et  rapides,  un  peu  d'agitation. 

Comme  traitement,  on  fait  une  piqûre  de  caféine,  des  inhalations 
d'oxygène  et  des  injections  de  sahcylate  de  soude  (1  à  2k'*,50).  Le  27,  on 
sent  la  pointe  dans  le  sixième  espace  ;  on  note  les  mêmes  signes  avec  pro- 
pagation du  souffle  dans  le  dos  ;  matité  et  abolition  des  vibrations  aux 
deux  bases.  L'enfant  a  présenté  dans  la  nuit  une  expectoration  albumineuse 
nette  et  abondante. 


054  E.    WEILL   ET    LUCIEN    THÉVENOT 

La  température  oscille  entre  38o,9et39o,6.  Le  29,  amélioration  subjective; 
le  pouls  est  à  136,  la  respiration  à  58. 

Dans  la  nuit  du  30  au  31,  agitation;  Tenfant  se  jette  à  droite,  à  gauche, 
se  tient  souvent  penchée  en  avant  ;  elle  se  plaint  d'avoir  faim.  La  figure 
est  très  pâle,  la  dyspnée  vive.  Chute  progressive  de  la  température: 
38",5  le  29,  38o  et  37o,9  l3  30. 

Le  31  à  midi,  Tagitation  augmente  encore  ;  l'enfant  n'accuse  aucune 
douleur,  ne  présente  ni  cyanose  ni  œdèmes;  les  mains  deviennent  glacées; 
la  cyanose  apparaît  et  la  malade  meurt. 

Voici  les  injections  de  salicylate  de  soude  pratiquées  : 

Le  26  mars,  0«%50  ; 

Le  27  mars,  1  gramme; 

Les  28,  29,  30  et  31  mars,  2«^50. 

L'enfant  n'avait  pas  d'albumine  dans  les  urines. 

Autopsie.  —  Gros  cœur  pesant  430  grammes  ;  péricarde  contenant 
50  grammes  environ  de  liquide  citrin  ;  feuillet  pariétal  épais  de  2  milli- 
mètres environ  ;  feuillet  viscéral  couvert  d'un  dépôt  ftbrineux  abondant. 

Au  niveau  de  la  mitrale,  végétations  de  date  relativement  ancienne, 
occupant  le  bord  des  valves,  la  zone  sous-jacente  étant  déjà  détruite; 
sur  les  orifices  aortique  et  tricuspidien,  petites  végétations  plus  jeunes 
n'occupant  pas  l'extrémité  libre  de  la  valvule.  Rien  à  la  tricuspide.  Orific* 
mitral  insuffisant,  orifice  aortique  suffisant. 

Foie  cardiaque,  gros  ;  aspect  muscade  typique. 

Rate  petite. 

Poumons  :  pas  d'épanchement  notable  ;  congestion  des  deux  côtés;  la 
base  gauche  présente  un  parenchyme  densiflé  avec  de  petits  grains,  mais 
qui  flotte  sur  l'eau.  Reins  un  peu  congestionnés,  se  décortiquant  bien. 

Examen  histologique  du  myocarde.  —  Couches  de  fibrine  multiples  et 
très  épaisses  sur  le  bord  de  la  coupe  ;  les  fibres  myocardiques  sous-jacentes 
sont  altérées  ;  la  striation  transversale  a  disparu  en  beaucoup  de  points; 
les  fibres  myocardiques  sont  étirées  avec  des  noyaux  très  abondants  et 
volumineux;  vacuoles  multiples  dans  les  champs  de  Conheim  ;  sous  le 
péricarde,  entre  les  faiceaux  musculaires,  il  existe  un  peu  de  tissu  con- 
jonctif  embryonnaire. 

Observation  II  I. — L...,Afaric,neufans,  entrée  le  6  décembre  1906  salle 
Saint-Ferdinand.  Rien  à  noter  chez  les  parents,  pas  de  rhumatisme; 
la  mère  a  eu  deux  fausses  couches  ;  deux  enfants  morts,  l'un  à  un  an 
d'affection  inconnue,  l'autre  à  six  ans  de  méningite  ;  deux  enfants  vivants. 
La  petite  malade  a  présenté  une  enfance  normale.  A  l'âge  de  quatre  ans, 
séjour  à  la  Charité  pour  des  douleurs  qui  ne  furent  pas  nettement  arti- 
culaires, et  contre  lesquelles  on  ne  fit  qu'un  traitement  local.  Rougeole 
à  cinq  ans. 

Au  début  de  novembre  1906,  douleurs  diffuses  le  long  des  membres 
inférieurs,  surtout  marquées  aux  chevilles,  puis  aux  cuisses  ;  fièvre 
probable  par  périodes.  L'enfant  ne  s'est  jamais  alitée.  Depuis  le  15  no- 
vembre, apparition  de  la  dyspnée  avec  point  de  côté  gauche. 

A  son  entrée,  la  malade  se  plaint  encore  de  douleurs  vagues  dans  les 
poignets,  les  coudes,  les  épaules  et  les  genoux  ;  mais  on  ne  constate  ni 
rougeur  ni  gonflement,  et  les  mouvements  provoqués  sont  à  peu  près  indo- 
lores. Au  cœur,  la  pointe  paraît  être  dans  le  cinquième  espace,  un  peu  en 
dehors  de  la  ligne  mamelonnaire  ;  léger  frémissement  après  le  choc  de  la 
pointe.  Souffle  systolique  intense  à  ce  niveau,  avec  propagation  dans 
l'aisselle  et  le  dos.  Au  foyer  tricuspidien,  mouvement  de  va-etvient, 


LE   RHUMATISME   VISCÉRAL   CHEZ   LES   ENFANTS  (k)0 

frottements  péricardiques  surtout  nets  dans  l'expiration  ;  dans  la  région 
mésocardiaque,  éclat  du  deuxième  bruit. 

Pouls  normal,  régulier,  120  pulsations  à  la  minute. 

Foie  dépasse  d'un  travers  de  doigt  le  rebord  costal  ;  il  est  douloureux 
au  palper. 

Rate  normale.  Rien  aux  poumons. 

Aucun  trouble  digestif.  Aucun  œdème  des  jambes. 

L'enfant  pâlit  dans  la  position  assise  et  prendrait  une  syncope  si  on 
ne  la  couchait  pas.  Pas  de  fièvre,  pas  d'albumine. 

Gros  cœur  à  l'examen  radioscopique  le  7. 

Le  8  décembre,  on  commence  les  injections  de  salicylate  de  soude 
{Q^^SO  le  8,  1  gramme  le  9,  ljr',50lel0,  2  grammes  le  11,  2k',50  le  12, 
3  grammes  le  13,  3k%50  le  14,  4  grammes  par  jour  du  15  au  20). 

Le  20,  on  constate  que  le  salicylate  est  bien  toléré  ;  l'enfant  n'accuse 
plus  aucun  malaise,  le  frottement  péricardique  a  presque  disparu,  le 
souffle  systolique  est  toujours  intense,  pourtant  on  ne  l'entend  pas  dans 
le  dos.  Température  assez  régulière,  atteint  pourtant  parfois  38**,  1  le  soir. 

Le  21,  gros  disque  d'albumine  qui  disparut  le  lendemain. 

Du  22  au  26,  la  courbe  thermique  s'élève  jusqu'à  38^6;  en  même  temps, 
apparition  aux  deux  mains,  sur  le  front  et  dans  les  cheveux,  de  nodules 
de  Meynet  en  grande  abondance,  qui  disparurent  presque  tous  du  26  au 
29  décembre. 

Le  3  janvier,  poussée  thermique  due  à  de  la  grippe  ;  défervescence  le  5  ; 
du  6  au  15,  la  température  se  maintient  à  38^5  sans  troubles  fonctionnels, 
ni  douleurs,  ni  palpitations,  ni  oppression,  ni  toux.  Du  16  au  28,  tempé- 
rature irrégulière,  subfébrile,  ne  dépassant  pas  38o,2. 

Depuis  le  •28,1a  température  oscille  entre  38  et  39°,  anorexie,  tristesse; 
accélération  des  battements  cardiaques.  Pointe  dans  le  sixième  espace, 
à  2  centimètres  de  la  ligne  mamelonnaire  ;  frémissement  systolique  très 
net,  souffle  systolique  intense;  rythme  de  galop  au  foyer  tricuspidien. 
152  pulsations  et  44  respirations  à  la  minute.  Pas  d'œdème  prétibial. 

On  devine  encore  quelques  nodules  de  Meynet  sur  les  doigts. 

Le  31  janvier,  on  reprend  les  injections  de  salicylate  (0»%50)  ;  appa- 
rition de  nausées.  Le  l^'  février,  on  injecte  1  gramme  ;  le  2,  2  grammes; 
immédiatement  après  l'injection,  sensation  de  picotement  à  la  gorge  et 
vomissements  abondants;  le  3,  une  injection  de  2  grammes  est  suivie  des 
mêmes  accidents  ;  pas  de  vertiges,  pas  de  bourdonnements.  Pas  de  flèvre. 
Cœur  très  rapide,  160  pulsations  régulières  et  84  respirations  par  minute. 
Enfant  très  pâle  ;  foie  dépasse  le  rebord  costal  de  la  largeur  de  la  main.  Pas 
d'œdème  des  jambes. 

Le  4  février,  hémoptysie  légère.  Le  5,  3  hémoptysies,  dont  une  d'environ 
50  grammes,  formée  de  sang  rouge,  non  aéré,  mêlé  de  traînées  noirâtres. 
Un  peu  d'obscurité  de  la  base  droite,  mais  pas  de  râles  au  moment  de 
l'hémoptysie. 

Pouls  à  133,  respiration  à  60.  Le  5,  on  reprend  le  traitement  par  le 
salicylate  ;  2  grammes  le  5,  4  grammes  du  5  au  10  février. 

A  partir  du  5,  les  hémoptysies  et  les  vomissements  ont  cessé;  mais  la 
température  s'élève  chaque  soir  à  38^,2  et  même  le  8  jusqu'à  39o,4. 

Le  10,  agitation  plus  vive,  cyanose  des  lèvres,  petite  toux  sèche  ;  le 
soir,  pendant  une  demi-heure,  expectoration  spumeuse  et,  à  la  fin,  légè- 
rement rosée.  Pendant  la  nuit,  douleurs  abdominales. 

Le  11,  orthopnée,  extrémités  froides,  cyanose  des  lèvres  et  des  ongles, 
mort  lente  en  pleine  connaissance  ;  aucun  œdème  des  jambes. 

Autopsie,  —  Cœur  volumineux;  péricarde  contient  60  grammes  de 


050  E.    WEILL   ET   LUCIEN    THÉVENOT 

liquide  citrin  ;  au  niveau  de  la  base  du  cœur,  le  feuillet  viscéral  du  péricarde 
est  rugueux,  chagriné  sur  la  face  antérieure,  attestant  une  péricardite 
récente.  Orifice  mitral  large,  valvules  rétractées  à  bords  épaissis,  présen- 
tant quelques  végétations,  en  particulier  sur  la  face  mitrale  de  la  grande 
valve. 

Rien  aux  autres  orifices. 

Le  myocarde  est  moins  résistant  et  plus  pâle  au  niveau  de  la  base  du 
ventricule  gauche. 

Poumons  :  le  gauche  est  très  congestionné  et  de  coloration  foncée;  à  la 
pression,  liquide  spumeux,  rougeâtre,  pas  de  zone  hépatisée.  A  droite.  U 
congestion  est  beaucoup  moins  étendue  et  n'occupe  que  la  moitié  infé- 
rieure du  poumon  avec  les  mêmes  caractères  ;  par  endroits  cependant  le 
tissu  pulmonaire  parait  plus  dense  et  se  rapproche  davantage  de  l'indu- 
ration brune  du  poumon  cardiaque. 

Foie  volumineux  ayant  par  places  les  caractères  du  foie  cardiaque. 

Rate  congestionnée. 

Reins  :  congestion  de  la  zone  médullaire. 

Cerveau  :  un  peu  de  congestion  diffuse  au  niveau  des  méninges,  sans 
œdème. 

Examen  histologique  du  myocarde.  —  Couche  fibrineuse  épaisse  au  ni- 
veau du  péricarde  ;  au-dessous,  couche  cellulo -adipeuse  extrêmemenl 
développée,  très  visible  à  Tœil  nu  sur  la  coupe.  Fibres  myocardiques 
vacuolaires  avec  multiplication  des  noyaux  ;  vacuoles  multiples  sur  les 
coupes  transversales. 

Pas  de  lésions  interstitielles. 

L'examen  de  ces  observations  révèle  l'existence  chez  l'enfant 
d'une  forme  spéciale  de  rhumatisme,  le  rhumatisme  viscéral 
progressif,  constituant  l'unique  localisation  ou  du  moins  la 
localisation  prédominante  du  rhumatisme,  à  l'exclusion  à 
peu  près  complète  des  arthropathies. 

Son  début  est  très  insidieux  ;  parfois  il  est  marqué  seule- 
ment par  des  douleurs  vagues  le  long  des  membres,  lesquelles 
sont  qualifiées  de  douleurs  de  croissance  ;  ou  bien  ce  sont 
des  douleurs  articulaires  sans  gonflement  ni  rougeur,  si 
légères  que  les  enfants  ne  s'alitent  même  pas.  En  tout  cas,  ce 
ne  sont  pas  les  rhumatismes  polyarticulaires  francs,  géné- 
ralisés, avec  arthrites  manifestes,  que  l'on  rencontre  à  rori- 
gine  de  la  forme  que  nous  avons  en  vue.  Cette  première 
atteinte  ne  récidive  pas,  et  c'est  seulement  un  mois,  trois  mois, 
ou  plusieurs  années  après,  qu'apparaît  un  point  de  côté  dans 
la  région  précordiale  et  un  peu  de  dyspnée  ;  il  n'existe  aucun 
autre  malaise  au  moment  où  les  enfants  sont  envoyés  à  l'hô- 
pital. On  constate  à  l'examen  du  cœur,  à  côté  de  lésions  mitrales 
qui  sont  à  peu  près  constantes,  l'existence  de  frottements 
péricardiques  ;  le  volume  du  cœur  est  notablement  augmenté  ; 
le   foie   est  hypertrophié  ;   on   n'observe  jamais    de  cyanose 


LE    RHUMATISME    VISCÉRAL    CHEZ    LES    ENFANTS  637 

ni  d'œdème  prétibial.  Du  côté  des  articulations,  il  n'existe 
aucun  symptôme  d'arthrite. 

La  température  n'est  pas  très  élevée,  en  général,  entre 
38  et  38o,5. 

Sous  l'influence  du  repos  au  lit,  d'applications  de  glace 
et  du  traitement  au  salicylate  ou  à  l'aspirine,  les  palpitations 
disparaissent,  ainsi  que  la  dyspnée,  et,  à  partir  de  ce  moment, 
l'enfant,  paraît  absolument  guérie  ;  elle  a  bon  appétit,  s'amuse 
avec  ses  camarades  et  ne  se  soucie  plus  des  accidents  anté- 
rieurs. Mais,  si  l'on  suit  la  courbe  thermique,  on  constate  que 
la  température  ne  se  maintient  pas  à  37^,2  ou  37^,4  ;  parfois 
on  la  voit  s'élever  pendant  trois  ou  quatre  jours  à  37<^,8  ou 
à  38^^,  et  ce  symptôme  à  lui  seul  permet  de  porter  un  pronostic 
très  réservé. 

Quelquefois  l'enfant  présente  de  l'anorexie,  de  la  pâleur, 
se  sent  malade  et  doit  s'aliter  pendant  une  ou  deux  semaines  ; 
la  température  monte  jusqu'à  38*^,5,  quelquefois  plus  ;  puis 
cette  petite  poussée  guérit  comme  la  première,  et  tout  paraît 
rentrer  dans  l'ordre. 

Dans  certains  cas,  des  accidents  plus  graves  montrent  que 
les  lésions  poursuivent  insidieusement  leur  évolution  ;  il 
s'agit  assez  souvent  d'hémoptysies  dues  à  des  congestions 
passagères  sans  signes  d'auscultation  ;  parfois  d'accidents 
rares,  comme  les  nodules  de  Meynet  observés  dans  un  de  nos  cas. 

L'affection  traîne  ainsi  presque  sans  symptômes  pendant 
trois  ou  quatre  mois,  rarement  plus  de  six. 

L'évolution  est  fatale  :  la  mort  survient  insidieusement  ; 
pendant  deux  ou  trois  jours,  l'enfant  perd  l'appétit,  devient 
très  pâle,  la  dyspnée  apparaît,  le  plus  souvent  légère  ;  le  pouls 
faiblit  et  s'accélère,  puis  devient  incomptable,  et  la  malade 
meurt  sans  aucun  oedème,  sans  asystolie,  en  pleine  connais- 
sance. 

Donc  le  type  clinique  que  nous  décrivons  se  caractérise  : 

a.  Par  l'absence  presque  complète  d'accidents  articulaires 
au  début  ; 

b.  Par  des  lésions  cardiaques  et  surtout  péricardiques  à  marche 
très  insidieuse,  mais  pourtant  continue  et  progressive  ; 

c.  Par  des  fluxions  viscérales,  pulmonaires  en  particulier  ; 

d.  Par  une  évolution  fatale,  la  mort  survenant  au  milieu 
du  syndrome  que  l'un  de  nous  a  décrit  comme  caractéristique 
de  la  myocarditejparenchymateuse. 

Arcm.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X.  —  4'^ 


068  E.    WEILL   ET   LUCIEN   THÉVKNOT 

A  Tautopsie,  on  constate  l'existence  d'un  peu  de  liquide 
pêricardique,  de  Tépaississement  des  feuillets  pérîcardiques, 
un  cœur  très  gros,  pesant  400  grammes  en  moyenne.  Du  côté 
des  orifices,  lésions  généralement  anciennes  de  la  mitrale. 

Le  myocarde  est  un  peu  mou  et  pâle  par  places  ;  Texamen 
microscopique  qui  a  été  pratiqué  dans  nos  trois  cas  montm 
l'existence  de  lésions  constantes  :  les  noyaux  des  fibres  mus- 
culaires sont  beaucoup  plus  nombreux  que  sur  un  myocarde 
normal  ;  les  fibres  cardiaques,  coupées  en  travers,  sont  percées 
de  vacuoles  multiples  ;  vues  suivant  leur  longueur,  elles 
présentent  des  zones  troubles,  mal  colorées,  avec  amincisse- 
ment de  la  fibre,  parfois  découpée  en  lanières  ou  même  rom- 
pue, et  des  espaces  clair^  rappelant  l'aspect  d'un  cheveu. 

Le  tissu  conjonctif  interstitiel  ne  paraît  pas  hyperplaûé, 
sauf  dans  la  zone  immédiatement  sous-jacente  au  péricarde. 
Du  côté  des  poumons,  on  trouve  quelquefois  un  peu  d'épan- 
chement  pleurétique  ;  presque  toujours  il  existe  des  zones 
congestionnées  ;  par  places,  le  tissu  est  densifié,  un  peu  bru- 
nâtre, mais  flotte  sur  l'eau. 

Le  foie  est  souvent  hypertrophié  et  montre  l'aspect  du 
foie  cardiaque. 

On  ne  note  pas  d'autres  lésions  viscérales  notables. 

En  somme,  les  lésions  traduisent  l'action  continue  du  rhu- 
matisme qui  frappe  l'endocarde,  le  péricarde,  le  myocarde, 
les  plèvres,  parfois  le  tissu  pulmonaire,  où  il  suscite  des  conges- 
tions passagères.  Il  est  intéressant  d'opposer  à  ces  altérations 
si  grossières  le  peu  de  part  que  prennent  les  jointures  au  pro- 
cessus et  aussi  le  caractère  discret  des  réactions  générales. 
La  température  est  peu  fébrile,  mais  néanmoins  anormale. 
En  dehors  de  rares  poussées  thermiques  d'une  certaine  inten- 
sité, le  thermomètre  indique  37*^,8,  38^,  et  même  révèle  des 
degrés  moins  élevés.  Sur  certaines  parties,  le  tracé  rappelle 
celui  d'une  tuberculose  latente. 

En  même  temps  l'état  général  est  bon,  et,  en  faisant  ab- 
straction des  troubles  mécaniques  de  la  circulation,  dyspnée 
d'effort,  palpitations,  quand  le  patient  est  au  repos,  il  ne  donne 
pas  l'impression  d'un  sujet  profondément  touché  et  grave- 
ment menacé.  Et  cependant  rien  ne  doit  éveiller  plus  de  préoc- 
cupations que  ce  cœur,  augmenté  de  volume,  frottant  et 
soufflant,  tout  en  gardant  son  rythme  normal,  quand 
la  température  présente   fréquemment    des    poussées,  même 


LE    RHUMATISME    VISCÉRAL   CHEZ   LES   ENFANTS  659 

légères,  à  37^,8  et  SS^'.  Elle  est  l'indice  de  l'action  con- 
tinue de  l'infection  qui,  ayant  pris  contact  avec  les  séreuses 
thoraciqnes,  ne  les  abandonne  plus  jusqu'à  la  terminaison; 
celle-ci  est  toujours  assez  rapide  et  se  présente  toujours,  d'une 
façon  inattendue,  quand  on  n'est  pas  prévenu.  Ce  n'est  pas 
par  le  mécanisme  d'un  syndrome  asystolique  proprement 
dit  qu'elle  tend  à  se  produire.  i 

La  circulation  périphérique  tient  bon.  Il  n'y  a  ni  œdèmes 
ni  arythmie  ;  seules  existent  de  bonne  heure  des  congestions 
viscérales,  hépatique  et  rénale,  dont  l'origine  asystolique 
pure  pourrait  prêter  à  discussion.  Le  tableau  final  est  con- 
stant. L'enfant  est  pâle,  légèrement  angoissé,  se  refroidit 
et  tombe  en  coUapsus,  son  pouls  restant  régulier  jusqu'à  la 
fin.  C'est  le  syndrome  que  l'un  de  nous  a  attribué  à  la  myocar- 
dite  parenchymateuse.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  pronostic  est 
presque  toujours  fatal,  et  la  mort  survient  au  bout  de  quelques 
semaines  ou  de  quelques  mois. 

Il  existe  donc  une  forme  de  rhumatisme  viscéral  malin, 
à  m€U*che  continue,  quoique  discrète  dans  ses  manifestations 
générales,  et  qui  semble  non  seulement  indépendante  des 
arthropathies,  mais  presque  incompatible  avec  celles-ci. 
Cette  forme  est  presque  spéciale  à  l'enfance  et  représente 
assez  bien,  au  point  de  vue  de  sa  signification  générale,  l'équi- 
valent de  la  syphilis  héréditaire  comparée  à  la  syphilis  acquise. 
Ce  n'est  là  qu'un  simple  rapprochement  et  non  une  assimi- 
lation. Toutefois  le  rhumatisme  infantile  est  souvent  héré- 
ditaire, dans  une  proportion  bien  plus  considérable  que  le 
rhumatisme  de  l'adulte  ;  mais  il  suffit  de  signaler  ce  point  de 
vue  purement  hypothétique,  qui  n'a  d'autre  portée  que  celle 
de  bien  dégager  la  note  si  originale  du  rhumatisme  viscéral 
malin  chez  les  enfants. 

L'un  de  nous  a  cru  cependant  pouvoir  s'autoriser  de  ces 
considérations  générales  pour  faire  un  essai  thérapeutique 
différent  du  traitement  classique. 

Le  professeur  Bouchard  a  imaginé  de  combattre  certaines 
arthropathies  rhumatismales  par  des  injections  sous-cutanées, 
loco  dolenti,  de  doses  faibles  de  salicylate  de  soude  (0^^,06 
à  0^',10)  et  a  obtenu  ainsi  des  résultats  très  intéressants.  Se 
plaçant  à  un  point  de  vue  différent,  l'un  de  nous  a  pensé  com- 
battre plus  efficacement  l'infection  rhumatismale  au  moyen 
d'injections  sous-cutanées  de  salicylate  à  haute  dose.   Une 


060  E.    WEILL    ET    LUCIEN    THÉVENOT 

expérience  acquise  peu  à  peu  a  démontré  que,  en  dissolvant  le 
salicylate  de  soude  dans  deux  fois  son  volume  d'eau,  on  pou- 
vait injecter  facilement  2,  3  et  même  4  grammes,  au  même 
point,  sans  grande  douleur,  sans  réaction  locale  et  sans  phé- 
nomènes de  retentissement  à.  distance.  Le  salicylate  en  injec- 
tion sous-cutanée  est  même  mieux  toléré  que  par  ingestion. 
Malheureusement,  les  résultats  cliniques  n'ont  pas  été  plus 
heureux  qu'avec  les  médications  habituelles  pour  la  forme 
de  rhumatisme  que  nous  avons  essayé  d'esquisser. 


I 


t 


XXV 

TROUBLES  DU  RYTHME  RESPIRATOIRE 
D'ORIGINE  NERVEUSE 

AU    COURS   DE    LA   FIÈVRE    TYPHOÏDE    CHEZ   l'eNFANT 

Par 
M.  p.  NOBÉCOURT,  et  Mon  TIXIER, 

Professeur  agrégé  Préparateur 

k  la  Faculté  de  médecine. 

Il  est  assez  fréquent  d'observer  chez  l'enfant,  au  cours  de 
la  fièvre  typhoïde,  des  phénomènes  cérébro-spinaux.  Tous  les 
symptômes  de  la  méningite  peuvent  s'observer,  quelles  que 
soient  d'ailleurs  les  modifications  anatomiques  subies  par  les 
méninges,  modifications  qui  vont  de  la  congestion  avec  exsu- 
dation séreuse  à  la  suppuration.  Le  plus  habituellement,  ce 
sont  ceux  de  la  méningite  aiguë  cérébro-spinale  combinés 
de  façons  diverses  :  convulsions,  raideur  de  la  nuque  et  des 
membres,  signe  de  Kernig,  torpeur,  délire,  vomissements, 
constipation,  hyperesthésie  cutanée,  irrégularités  du  pouls  et 
de  la  respiration,  etc.  (1). 

D'une  façon  générale,  les  troubles  que  présente  le  rythme 
respiratoire  n'ont  qu'une  importance  très  minime  au  milieu  des 
autres  symptômes  beaucoup  plus  accentués  et  bruyants. 
Parfois  la  respiration  devient  inégale,  suspirieuse,  comme 
l'avaient  déjà  noté  Rilliet  et  Barthez  (2)  à  titre  tout  à  fait 
exceptionnel.  Rarement  ses  modifications  deviennent  plus 
manifestes  et  attirent  spécialement  l'attention.  Nous  n'avons 
rencontré  que  deux  faits  de  ce  genre  sur  un  nombre  assez 
grand  de   fièvres  typhoïdes  soignées  chez  l'enfant.  Voici  les 

(1)  Fritz,   Étude  clinique  des  symptômes  spinaux    observés  dans   la  flèTre 
typhoïde  (  Thèse  de  Paris,  1863). 

Dabout,  Formes  méningi tiques  de  la  fièvre  typhoïde  (Thèse  de  Paris,  1901). 
CucBEROUSSBT,  De  la  fièvre  typhoïde  chez  l'enfant  {Thèse  de  Paris,  1902). 
MoizARD  et  Grenet,  La  forme  cérébro-spinale  de  la  fièvre  typhoïde  {ArcKde 
méd,  des  Enfants,  VI,  n»  1,  p.  1,  1903). 

Méry,  in  Traité  des  maladies  de  Venfance,  2«  édition,  t.  1, 1904,  p.  500. 

(2)  Rilliet  et  Barthez,  Traité  des  maladies  des  enfants,  2®  édition,  1858,  II, 
p.  686. 


I  .««•la 


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Al 


602  p.    NOBÉCOURT   ET   LÉON   TIXIEH 

observations  de  ces  deux  malades  recueillies  à  l'hospice  des 
Enfants- Assistés,  dans  le  service  du  professeur  Hutinel. 


1 


Observation  I. 


Germaine  Z)...,  née  le  31  décembre  1901,  entre  le  10  septembre  190$, 
à  l'hôpital,  se  plaignant  depuis  deux  jours  de  céphalée  et  de  douleurs 
abdominales.  La  température  est  de  40*,6  ;  le  pouls,  r^ulier,  légèrement 
dicrote,  est  à  SO.  Etant  donné  Tétat  intestinal  (quatre  selles  jaune 
verdâtre)  joint  à  l'abattement  de  la  petite  malade,  on  pense  au  début 
d'une  dothiénentérie. 

Le  12  septembre  (septième  jour  de  la  maladie),  le  diagnostic  est 
confirmé  par  l'apparition  d'une  dizaine  de  taches  rosées  lenticulaires  au 


Fig.  1. 

niveau  de  l'abdomen  et  par  le  séro-diagnostic  positif  à  1  p.  100.  Du 
43  au  16  septembre t  alors  que  la  prostration  était  assez  peu  prononcée 
durant  les  deux  premiers  jours,  les  phénomènes  de  dépression  s'accentuent 
notablement,  la  petite  malade  est  dans  un  état  de  somnolence  extrême, 
les  questions  les  plus  pressantes  arrivent  difficilement  à  fixer  son  atten- 
tion ;  pendant  la  nuit,  on  note  un  léger  délire  ;  pendant  le  jour,  le  faciès 
et  l'attitude  sont  assez  semblables  à  ceux  d'un  enfant  atteint  de 
méningite  tuberculeuse  (indifférence,  torpeur,  décubitus  latéral  en  chien 
de  fusil,  photophobie).  La  respiration  est  irrégulière^  suspirîeuse^  rappe- 
lant un  peu  le  rythme  de  Cheyne-Stokes  avec  ses  inspirations  (Tamplitudi 
régulièrement  croissante,  puis  décroissantSy  et  sa  période  intercalaire  d'apnée 
de  quelques  secondes.  Le  nombre  des  inspirations  est  sensiblement  marnai 
(18  à  22  à  la  minute).  Le  pouls  est  inégal;  il  oscille  entre  132  et  138  pulsa- 
tions à  la  minute.  Il  n'existe  ni  vomissements,  ni  strabisme,  ni  raideur  de 
la  nuque.  Le  signe  de  Kemig  est  négatif  ;  il  n'y  a  pas  de  diarrhée  ;  au  con- 
traire, la  constipation  est  assez  marquée.  On  ne  note  rien  de  particulier 
à  l'examen  des  différents  appareils,  en  dehors  des  symptômes  que  Ton 
a  coutume  d'observer  au  cours  d'une  fièvre  typhoïde  normale  ;  on 
«ntend  quelques  râles  de  bronchite  disséminés  dans  toute  la  hauteur 
«des  deux  poumons  ;  les  battements  du  cœur  sont  accélérés,  mais  bien  frap- 


TKOUBLES    DU    RYTHME   HESPinATOlRE   D'ORIGINE   NERVEUSE      063 

pés.  Les  urines  ne  renferment  ni  sucre  ni  quantités  d'albumine  dosables. 

Du  16  au  19  septembre,  les  troubles  du  rythme  respiratoire  ne  subissent 
aucune  modification,  La  dissociation  entre  le  pouls  qui  s'accélère  (140  à 
146  pulsations)  et  la  température  qui  tend  à  baisser  (SS^^^S)  s'accuse 
«ncore  davantage  ;  néanmoins^  les  symptômes  généraux  s'atténuent  ; 
la  langue  est  moins  sèche,  la  quantité  des  urines  plus  abondante,  la  pro- 
stration est  un  peu  moins  marquée. 

Le  20  septembre,  bien  que  la  température  soit  tombée  à  la  normale 
(37%2),le  pouls  est  encore  rapide  (124),  inégal,  irrégulier;  la  respiration  est 
encore  plus  irrégulière,  aussi  bien  comme  rythme  que  comme  amplitude  : 
on  compte  ile  12  à  19  inspirations  à  la  minute,  et  cela  à  quelques  instants 
d'intervalle  ;  des  inspirations  superficielles  succèdent,  sans  aucun  ordre,  à 
des  inspirations  profondes,  dont  certaines  remarquables  par  leur  durée, 
sont  immédiatement  précédées  d'une  période  d^apnée  de  huit  à  dix  secondes. 
Bien  que  le  délire  nocturne  ait  complètement  disparu  et  que  l'obnubila- 
tion  soit  moins  accusée,  la  petite  malade  demeure  encore  assez  indifférente 
à  ce  qui  l'entoure  ;  les  questions  ont  besoin  d'être  pressantes  pour  qu'elle 
y  prête  attention.  Le  faciès  et  l'attitude  méningitiques  ont  disparu,  et  les 
réflexes  rotuliens,  qui  étaient  abolis  au  début,  sont  seulement  un  peu  plus 
faibles  que  normalement. 

Du  20  au  25  septembre,  la  température  se  maintient  entre  36*"^  et 
37^5  ;  le  pouls  tombe  progressivement  de  120  à  92  ;  2a  respiration  est 
meilleure,  quoique  toujours  un  peu  ir régulière,  suspirieuse  ;  au  point  de 
vue  psychique,  l'enfant  ne  peut  encore  être  considérée  comme  normale, 
puisqu'elle  ne  reconnaît  pas  ses  parents. 

A  partir  du  28  septembre,  les  symptômes  psychiques,  circulatoires  et  respi- 
ratoires s'atténuent  pour  disparaître  complètement.  La  convalescence 
s'effectue  rapidement  et  la  petite  malade  quitte  l'hôpital  le  18  octobre  1906, 
ne  présentant  aucun  reliquat  de  l'atteinte  de  ses  centres  nerveux. 

Ponctions  lombaires.  —  Première  ponction  lombaire  le  16  sep- 
tembre  1906.  —  On  retire  10  centimètres  cubes  de  liquide  céphalo-rachidien 
s'écoulant  en  jet  sous  une  forte  pression  ;  il  contient  une  quantité  d'albu* 
mine  légèrement  supérieure  à  la  normale  ;  l'examen  histologique  du  culot 
de  centrifugation  met  en  évidence  une  réaction  leucocytaire  modérée , 
mais  très  nette  (une  dizaine  de  lymphocytes  par  champ  d'immersion). 
L'ensemencement  sur  tubes  de  bouillon  est  demeuré  négatif. 

Deuxième  ponction  lombaire  le  23  septembre  1906.  —  L'hypertension 
est  beaucoup  moins  accusée  que  lors  de  la  première  ponction  ;  la  quantité 
d^albumine  est  encore  un  peu  plus  importante  que  normalement.  La 
réaction  cellulaire  a  complètement  disparu.  L'ensemencement  est  négatif* 

Observation  IL 

Paul  />...,  né  le  17  juillet  1900,  entre  le  18  septembre  1906  à  l'hôpital. 
Depuis  deux  jours,  il  se  plaint  de  maux  de  tête  ;  il  a  eu  des  selles  jaunes 
liquides.  La  température  est  de  39'',2,  le  pouls  est  à  108,  réguher,  non  di- 
cro te.  Le  diagnostic  de  dothiénentérie  est  probable,  étant  donné  la  fièvre  et 
l'état  de  prostration  profonde  du  petit  malade,  qui  coïncident  avec  les 
symptômes  suivants  :  ventre  un  peu  ballonné,  gargouillement  dans  la 
fosse  iliaque  droite,  augmentation  nette  du  volume  de  la  rate,  râles  de 
bronchite  disséminés,  langue  trémulante,  saburrale  au  centre,  rosée  sur 
les  bords,  etc. 

L'obnubilation  diurne  et  le  subdélire  nocturne  sont  beaucoup  plus 
accentués  qu'au  cours  d'une  fièvre  typhoïde  normale  ;   ils  sont  aussi 


004 


p.    NOBÉGOUUT    ET    LÉON   TIXIEll 


prononcés  que  chez  la  sœur  de  cet  enfant,  soignée  dans  la  même  salle  et 
qui  fait  l'objet  de  notre  première  observation.  Les  troubles  du  rythme  respi- 
ratoire sont  également  très  marqués  ;  ils  sont  extrêmement  variables,  non 
seulement  à  chaque  examen,  mais  encore  dans  le  courant  d'un  même  exeunen  : 
tantôt  le  rythme  de  Cheyne-Stokes  s^ observe  dans  toute  sa  pureté  avec  «a 
période  d'apnée  et  ses  phases  d* inspirations  progressivement  croissantes  puis 
décroissantes,  tantôt  on  note  une  période  d apnée  de  quatre  à  douze  secondes 
suivie  soit  d*  inspirations  courtes  et  superficielles,  soit  au  contrairedune  inspi- 
ration extrêmement  profonde,  suivie  elle-même  d inspirations  irrégulières 
comme  amplitude.  Le  nombre  des  inspirations  par  minute  n'est  pas 
augmenté  :  16  à  22;  il  est  a^sez  difficile  de  les  compter  exactement  à  cause 
de  leur  grande  irrégularité. 

Il  n'existe  aucun  signe  net  de  réaction  méningée  ;  il  n'y  a  pas  de  décubitus 


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30 


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2?51s;3?S5?C3-5 


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21 


7 


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Pirr     2 


latéral  en'chien'de  fusil,  pas  de  raideur  de  la  nuque>  pas  de  signe  de 
Kernig,  pas  de  vomissements,  etc. 

Du  19  au  23  septembre,  la  température,  après  avoir  atteint  39«,3 
le  20,  descend  rapidement  à  36'', 9  le  23.  L'état  intestinal  est  satisfaisant; 
on  obtient  une  selle  chaque  jour  après  un  lavage  ;  il  n'existe  aucune  com- 
plication pulmonaire,  cardiaque  ou  rénale. 

Bien  qu'il  n'existe  aucun  symptôme  clinique  de  complications  méniû- 
gées,  la  prostration  s'accuse  davantage,  l'enfant  ne  reconnaît  pas  son  père  : 
le  pouls  oscille  entre  96  et  76  pulsations,  il  est  inégal  ;  la  respiration  est 
encore  plus  irrégulière  que  les  fours  précédents  avec  ses  différences  de  rythme 
et  d  amplitude  variant  d'un  instant  à  Vautre,  Les  périodes  d  apnée  et  its 
grandes  inspirations  se  succèdent  à  intervalles  inégaux. 

Du  24  au  29  septembre,  les  troubles  psychiques  s'amendent  et  les 
troubles  respiratoires  s'atténuent  progressivement  ;  l'enfant  est  davantage 
présent  et  reconnaît  maintenant  les  personnes  qui  viennent  le  voir. 
D'ailleurs  les  symptômes  habituels  de  la  convalescence  se  manifestent  : 
la  température  se  maintient  au-dessous  de  37°  ;  l'enfant  demande  de  la 
nourriture  ;  la  quantité  des  urines  augmente  notablement,  le  faciès  est 
beaucoup  plus  animé.  Le  pouls  se  régularise  progressivement  ;  quant  à  ta 
respiration,  on  note  encore  de  temps  à  autre  une  inspiration  profonde  pré- 
cédée d'une  très  courte  période  d'apnée. 

Le  29  septembre,  les  symptômes  ont  complètement  disparu,  et,  le 
18  octobre  1906,  l'enfant  est  emmené  par   ses  parents  pour  achever  sa 


TROUBLES    DU    UYTHME    RESPIllATOIRE   d'OHIGINE    NERVEUSE      665 


convalescence  à  la  campagne.  Il  ne  présente  aucun  reliquat  appréciable. 

Ponction  lombaire.  —  Elle  est  pratiquée  le  19  septembre.  Elle  donne 
issue  à  6  centimètres  cubes  d'un  liquide  céphalo-rachidien  s'écoulant 
sans  hypertension.  L'ensemencement  demeura  négatif  ;  l'examen  du 
culot  de  centrifugation  ne  décela  pas  la  moindre  trace  de  réaction 
cellulaire. 

Renseignements  fournis  par  le  père  des  enfants.  —  Les  enfants 
avaient  été  mis  en  dépôt  à  l'Assistance  publique  pendant  que  la  mère 
était  soignée  à  l'hôpital  Saint-Antoine  pour  une  dothiénentérie.  Cette 
femme,  âgée  de  vingt-huit  ans,  avait  présenté  pendant  une  huitaine  de 
jours,  du  1®*"  au  8  septembre,  des  .bizarreries  de  caractère  et  des  hallu- 
cinations nocturnes  terrifiantes.  Jamais  elle  n'aurait  eu  de  semblables 
accidents  auparavant.  Un  médecin  appelé,  n'ayant  pas  pris  la 
température,  conclut  à  de  l'aliénation  mentale  et  conseilla  l'inter- 
nement dans  un  asile.  Le  mari  ne  put  se  résigner  à  cette  mesure  sans 
prendre  un  second  avis  ;  il  fit  venir  un  autre  médecin,  qui,  étant  donnée  la 
température  à  40°,  fit  conduire  la  malade  à  l'hôpital.  Le  diagnostic  de 
fièvre  typhoïde  aurait  été  porté  dès  le  lendemain.  Après  une  semaine  de 
délire  très  intense  avec  température  élevée,  l'amélioration  se  fit  progressi- 
vement, et,  un  mois  et  demi  après  le  début  des  accidents,  la  malade  pou- 
vait partir  en  convalescence.  Tels  sont  les  seuls  renseignements  que  nous 
ayons  pu  obtenir  sur  la  maladie  de  la  mère. 

Un  enfant  âgé  de  trois  ans,  également  en  dépôt  aux  Enfants -Assistés, 
fut  soigné  par  nous  pour  une  fièvre  typhoïde  qui  évolua  normalement  et 
guérit  rapidement.  Le  dernier  né,  âgé  de  deux  ans,  succomba  au  treizième 
jour  d'une  dothiénentérie,  à  l'hôpital  Bretonneau. 

En   résumé,  la  petite  malade,   âgée   de  cinq  ans,   qui  fait 
l'objet  de  notre  première  observation,  a  été  atteinte  d'une 
fièvre  typhoïde,  remarquable  par  certains  de  ses  symptômes, 
et   en    particulier  par    des    troubles   du    rythme    respiratoire. 
Dans     le   deuxième    septénaire,    avec    une  température    de 
39^,8  et  un  pouls  fréquent  (140),  elle  est  dans  un  état  de  torpeur 
accentué,  couchée  en  chien  de  fusil  ;  elle  présente  de  la  photo- 
phobie, une  respiration  relativement  lente  et  des  irrégularités 
marquées  du  rythme  respiratoire  ;  elle  a  de  la  constipation.  Les 
jours  suivants,  ces  phénomènes  nerveux  pereistent,  alors  que 
la  température  s'abaisse  (38^,8);  le  pouls  reste  accéléré.  Plus 
tard  encore,  dans  le  troisième  septénaire,  la  température  est 
redevenue   normale  ;  mais  les  troubles   respiratoires  se  sont 
accentues.  Ce    n'est  qu'à  la  fin  de    ce    troisième   septénaire 
que  ces  troubles  s'atténuent,  en  même  temps  que  la  maladie 
évolue  vers  la  guérison. 

De  même  notre  deuxième  malade,  âgé  de  six  ans,  frère  de 
la  précédente,  présente,  dès  les  premiers  jours  de  la  dothié- 
nentérie, des  troubles  du  rythme  respiratoire  extrêmement  mai-^ 
qués,  mais,  en  dehors  de  l'obnubilation  cérébrale  et  du  délire ,  VV 
n'a  aucun  symptôme  de  réaction  méningée.  Les  jours  suivaTvV,^  ^ 


V 


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'i    .« 


y* 


666  p.    NOBÉCOLRT    ET   LÉON   TIXIER 

alors  que  la  température  s'abaisse  et  même  redevient  normale 
et  que  le  pouls  se  ralentit,  les  troubles  du  rythme  respiratoire 
deviennent  encore  plus  accentués,  pour  disparaître  ensuite, 
peu  à  peu,  à  mesure  que  la  convalescence  s'installe. 

Les  faits  de  ce  genre  sont  assez  rares  dans  la  littératun» 
médicale.  Dans  un  certain  nombre  de  thèses  et  de  mémoires 
récents,  nous  avons  pu  trouver  quelques  observations  présen- 
tant avec  les  nôtres  certains  caractères  communs  ;  les  plus 
intéressantes  sont  dues  à  M.  Guinon  et  à  M.  Comby: 

Le  petit  malade  de  M.  Guinon  (1),  âgé  de  deux  ans  et  demi,  préseoU 
au  douzième  jour  d'une  Ûèvre  typhoïde  des  accidents  méningiti<iu€s 
-consistant  en  raideur  du  cou  et  des  membres,  cris  plaintifs,  tendance  au 
«orna  ;  le  quatorzième  jour,  la  respiration,  après  avoir  été  irrégolière,  se 
ralentit  pour  tomber  de  50  à  IS  inspirations  à  la  minute;  par  instasts, 
on  pouvait  observer  le  rythme  de  Cheyne'Stokes.  Le  pouls  était  faible, 
sans  irrégularités.  Ces  modifications  du  rythme  respiratoire  s'aceompa- 
gn^^nt  de  perte  de  connaissance.  Au  quinzième  jour  de  la  maladie,  ces 
troubles  nerveux  s'atténuèrent  puis  disparurent,  et  le  petit  malade 
guérit 

Dans  Tobservation  de  M.  Comby  (2),  il  s'agit  d'un  enfant  de  quatre  ans, 
qui,  au  dixième  jour  d'une  fièvre  typhoïde  ayant  évolué  normalement 
jusque-là,  présenta  des  vomissements,  une  respiration  irrégulière  rappe- 
lant le  rythme  de  Cheyne-Stokes;  le  pouls  était  à  120,  la  face  très  con- 
gestionnée. Il  ne  fut  noté  ni  raideur  de  la  nuque,  ni  signe  de  Kemig.  m 
raie  méningitique.  Le  petit  malade  fut  atteint  de  mutisme  pendant 
quelque  temps,  puis  il  guérit  définitivement.  Trois  ans  auparavant,  la 
sœur  de  cet  enfant  avait  également  présenté  des  symptômes  méningitiques 
•au  cours  d'une  fièvre  typhoïde. 

L'existence  de  tels  troubles  respiratoires  au  cours  de  la 
fièvre  typhoïde  est  bien  faite  pour  égarer  le  diagnostic.  La  tor- 
peur, le  délire  nocturne,  les  troubles  du  rythme  de  la  respira- 
tion, qui  s'accentuent  en  même  temps  que  la  température 
s'abaisse,  surtout  s'il  s'y  associe,  comme  dans  l'observation  T 
le  décubitus  en  chien  de  fusil,  font  penser,  à  juste  titre,  malgré 
Tabsence  de  contractures  périphériques,  à  la  méningite  tuber- 
culeuse ;  celle-ci  se  présente  avec  cet  ensemble  symptomatique 
au  moment  de  sa  phase  de  rémission.  L'erreur  serait  presque 
fatale,  s'il  n'apparaissait  pas  des  taches  rosées  lenticulaires  et 
si  le  séro-diagnostic  de  Widal  n'était  pas  positif,  si  enfin  la 
ponction  lombaire  ne  venait  fournir  quelques  renseignements  ; 

(1)  Guinon,  cité  par  Couture:  La  fièvre  typhoïde  chez  Tenfantet  son  sérodia- 
gnostic {Thèse  de  Paris,  1897,  obs.  XlII)  et  par  Ra.tiee:  P^nosiic, coaplieatMoi 
tt  traitement  de  la  fièvre  typhoïde  chez  les  enfants  (Thèse  de  Paris,  1901,  obs.  XIV). 

(2)  Comby,  cité  parDiEUZAiDE:Des  troubles  intellectuels  transitoires  de  b  Serre 
typhoïde  chez  Tenfant  (Thèse  de  Paris,  1903,  obs.  XXX). 


TROCBLES   DU    RYTHME  RESPIRATOIRE   d'ORIGINE   NERVEUSE      (>G7 

encore  ceux-ci  n'ont-ils,  dans  l'occurrence,  qu'une  valeur  relative. 

Le  liquide  céphalo-rachidien,  en  effet,  chez  le  premier  malade, 
présentait  de  l'hypertension,  une  réaction  lymphocytaire 
modérée,  mais  très  nette,  et  de  l'albumine  en  quantité  supé- 
rieure à  la  normale  ;  chez  le  second,  il  était  normal.  Si  donc, 
dans  le  deuxième  cas,  son  examen  permettait  d'éliminer  la 
méningite  tuberculeuse;  dans  le  premier,  par  contre,  il  était 
plutôt  en  faveur  de  cette  dernière  affection. 

Cet  examen  nous  a  permis  d'acquérir  des  notions  sur  la 
pathogénie  des  troubles  que  nous  observions.  Il  ne  s'agissait 
manifestement  pas  d'une  méningite  bactérienne  due  au  bacille 
d'Éberth  ou  à  quelque  germe  d'infection  secondaire  :  les  carac- 
tères de  la  réaction  méningée  dans  un  cas,  son  absence  dans 
l'autre,  l'absence  de  germes  en  étaient  la  preuve.  Il  s'agissait 
de  phénomènes  d'intoxication  portant  sur  l'écorce  cérébrale  et 
sur  les  centres  respiratoires.  Sans  doute,  les  méninges  étaient 
impressionnées,  mais  elles  ne  l'étaient  que  dans  une  faible 
mesure  ;  la  participation  des  méninges  n'est  nullement  néces- 
saire à  la  réalisation  du  syndrome,  comme  le  prouve  la 
seconde  observation. 

La  production  de  ces  phénomènes  peut  être  attribuée  à 
l'intervention  de  la  toxine  typhique  fabriquée  soit  dans  d'autres 
points  de l'économiCjSoit  localement  par  des  germes  trop  peu  nom- 
breux pour  avoir  infecté  les  méninges.  Mais  ces  phénomènes  ne 
sont  pas  spécifiques  ;  ils  peuvent  être  produits  au  corœs  d'autres 
maladies,  et  l'un  de  nous  a  publié  (1)  les  observations  de  deux 
enfants  âgés  de  dix  mois  et  de  deux  ans  et  demi  qui,  au  cours 
d'affections  gastro-intestinales  banales,  avaient  présenté  des 
troubles  marqués  du  rythme  respiratoire. 

Restait  à  élucider  la  raison  de  ces  troubles  respiratoires, 
somme  toute  exceptionnels.  Sans  entrer  dans  des  discussions 
faciles  à  prolonger,  nous  insisterons  seulement  sur  ce  fait  que, 
sur  cinq  membres  de  la  même  famille  atteints  simulta- 
nément de  dothiénentérie,  nos  deux  petits  malades,  ainsi 
que  leur  mère,  ont  présenté  une  forme  nerveuse.  Chez  la 
mère,  en  effet,  la  maladie  débuta,  au  dire  de  son  mari, 
par  des  troubles  mentaux,  qui  firent  conseiller  son  placement 
dans  un  asile.  N'y  a-t-il  pas  là  une  prédisposition  nerveuse 

(1)  p.  NoBé COURT,  Forme  respiratoire  des  réactions  encéphalo-méningées  au. 
cours  des  infections  digestives  de  Tenfance  (Hev.  mens,  des  maladies  de  F  Enfance, 
novembre  1904). 


0(58  p.    NOBÉGOURT    ET    LÉON    TIXIER 

Spéciale  qui  explique  l'allure  de  la  maladie  chez  les  enfants 
observés  par  nous  ? 

Cette  prédisposition,  nous  la  retrouvons  également  dans 
l'observation  de  M.  Comby,  que  nous  avons  résumée.  La  sœur 
du  petit  malade  avait  eu  trois  ans  auparavant  des  accidents 
méningitiques  au  cours  d'une  fièvre  typhoïde. 

Ces  formes  rai*es  de  la  fièvre  typhoïde  sont  importantes  à 
connaître  à  cause  des  préoccupations  qu'elles  donnent  au 
médecin.  Mais  il  ne  faudrait  pas  croire  que  ces  troubles  respi- 
ratoires, survenant  au  cours  d'une  dothiénentérie,  comportent 
un  pronostic  particulièrement  grave.  Nos  deux  malades  ont 
guéri;  ceux  de  MM.  Guinon  et  Comby  également. 


XXVI 

MYXŒDËME    THYROÏDIEN 


Nous  jugeons  ce  cas  comme  un  myxœdème,  quoiqu'il  ne 
présente  pas  les  altérations  de  la  peau  qui  ont  fait  donner  le 
nom  à  la  maladie.  Mais  cette  altération  ne  constitue  pas  à  eUe 
seule  la  maladie  ;  c'est  seulement  un  symptôme  qui  peut 
manquer  sans  que  l'état  atkyroïde  proprement  dit  laisse  d'exister. 

Ce  cas  présente  la  coïncidence  non  commune  de  la  syphilis 
et  du  myxœdème,  quoique  la  syphilis  héréditaire  soit  considé- 
rée comme  susceptible  d'engendrer  des  altérations  de  la  glande 
thyroïde  :  syphilis  de  deuxième  génération. 

Ces  lésions,  à  ne  considérer  que  l'efficacité  du  traitement, 
pourraient  être  considérées  comme  parasyphilitiques.  Nous 
croyons  que  le  diagnostic  de  myxœdème  peut  se  baser  sur  le 
manque  de  développement,  sur  l'absence  de  la  majeure  partie 
des  dents,  sur  le  volume  de  la  langue,  sur  la  hernie  ombilicale 
et  enfin  sur  la  constipation. 

En  effet,  dans  les  formes  frustes  du  myxœdème,  la  maladie 
se  manifeste  seulement  par  cette  macroglossie  caractéristique, 
Nous  devons  ajouter,  comme  servant  au  diagnostic,  qu'avec 
le  traitement  la  constipation  se  modifie  rapidement. 

Nous  avons  dit  que  notre  cas  est  un  myxœdème  thyroïdien 
pour  le  distinguer  du  myxœdème  parathyroîde  ;  cette  variété 
est  due  à  l'absence  ou  à  l'extirpation  des  glandes  parathyroides, 
organes  qui,  comme  on  le  sait,  sont  situés  devant  les  carotides, 
et  dont  les  fonctions  sont  physiologiquement  difTérentes  de 
celles  des  glandes  thyroïdes.  Cette  forme  se  manifeste  par  la 
tendance  aux  convulsions  et  par  la  tétanie,  et  ceci  est  con- 
firmé par  la  clinique  chirurgicale  et  par  les  expériences. 

Plusieurs  chirurigens,  Kocher,  Reverdin,  von  Mickiilicz, 
mentionnés  par  Marinesco,  citent  des  cas  de  tétanie  postopé- 
ratoire, dans  les  interventions  sur  la  glande  thyroïde,  par  des 
lésions  de  la  parathyroîde. 


070  ANTOINE   AHUAGA 

D'autre  part,  Vassalle  et  Drago  en  Italie,  en  faisant  des 
expériences  sur  des  chats  et  des  chiens,  ont  produit  des  phé- 
nomènes tétaniques  par  l'extirpation  de  la  parathyroïde.  Qui 
sait  si  beaucoup  de  cas  de  tétanie  congénitale  chez  les  enfants 
ne  dépendent  pas  des  altérations  de  ces  petits  organes. 

Beaucoup  de  personnes  naissent  avec  des  glandes  insuffi- 
santes, thyroïdes  et  parathyroïdes;  tant  qu'elles  n'ont  qu'à  faire 
face  aux  besoins  propres  de  leur  organisme,  celui-ci  fonctionne 
bien  ;  mais,  si  les  besoins  augmentent,  il  se  présente  des  phé- 
nomènes morbides.  Tel  est  le  cas  de  la  tétanie  des  nourrices, 
bien  décrit  par  Trousseau. 

A  mesure  que  la  lactation  augmente,  la  sécrétion  des  grandes 
est  insuffisante  pour  approvisionner  deux  organismes,  et  le 
déficit  se  produit  sous  forme  de  tétanie  ou  d'éclampsie. 

Peut-être  beaucoup  d'enfants  qui  naissent  avec  tendance 
à  la  tétanicité  ou  spasmodicité  ne  sont  que  des  parathyroîdiens 
insuffisants,  d'où  l'utilité,  la  nécessité  de  nourrir  au  sein  beau- 
coup d'organismes  infantiles  insuffisants,  si  communs  dans  les 
grandes  capitales,  où  tant  de  causes  d^énératives  s'accu- 
mulent. 

Ces  organismes  infantiles  incomplets  ont  besoin  que  les  pro- 
duits des  glandes  internes  qui  leur  manquent  en  partie  leur 
soient  transmis  par  les  seins  des  nourrices  ;  ne  pouvant,  dans 
le  cas  contraire,  prospérer  ni  se  développer,  ils  languissent  et 
meurent. 

Voilà  une  des  grandes  causes  de  la  faillite  des  laits  stérilisés  à 
haute  température,  où  les  produits  de  ces  glandes  internes  sont 
tués  par  la  chaleur,  et,  si  les  enfants  ainsi  alimentés  n'ont  pas 
reçu  en  naissant  des  glandes  sufiisantes  pour  la  lutte,  ils  suc- 
combent. 

On  a  vu  des  nourrices  atteintes  de  maladies  de  Basedow,  ou 
de  Coto,  élever  des  enfants  qui  ont  souffert  de  convulsions  ou 
d'attaques  tétaniformes  ;  sûrement  leurs  glandes  thyroïdes  ou 
paratyroïdes  malades  ont  contribué  à  ces  mauvais  résultats. 

On  sait  aussi  que  le  produit  actif  de  la  glande  thyroïde  est 
un  composé  organique  d'iode,  et  celui-ci  est  contenu  dans 
la  substance  colloïde  de  la  glande. 

On  sait  bien  maintenant  que  cette  substance  colloïde,  riche 
en  iode,  n'existe  pas  chez  le  nouveau-né  ou  existe  en  petite 
quantité,  et  de  là  le  besoin  de  la  suppléer  par  le  lait  matemd. 

Voici  la  pensée  qui  nous  est  venue  à  ce  sujet  chez  les  enfants 


.  I 


MYXQEDÈME   THYROÏDIEN  671 

qui  résistent  aux  dangers  du  lait  stérilisé  et  qui  finissent  par  i» 
supporter  :  on  voit,  à  côté  d'une  anémie  spéciale»  un  dévelop- 
pement considérable  du  tissu  adipeux,  qui  sert  ou  servait 
de  réclame  aux  compagnies  industrielles  pour  préconiser 
leurs  produits  et  engageait  les  mères  et  les  médecins  à  les 
recommander. 

Nous  nous  demandons  si  on  n'explique  pas  cette  obésité 
morbide  par  le  manque  d'une  substance  détruite  par  la  chaleu^ 
dans  le  lait  stérilisé?  Nous  croyons  cela  possible  :  1^  parce  que 
riodothyroldine  passe  dans  le  lait  des  mammifères,  et  2^  parce 
que  l'obésité  est  un  symptôme  de  myxœdème  et  rév^e  un 
manque  ou  déficit  dans  le  fonctionnement  sécréteur  de  la  ^ande 
thyroïde,  au  point  que  nous  savons  déjà  que  cette  glande  a  un 
merveilleux  effet  dans  l'obésité. 

C'est  une  hypothèse  personnelle  que  je  soumets  au  jugement 
de  mes  collègues  et  une  raison  de  plus  pour  s'opposer  à  la  stéri- 
lisation du  lait  à  haute  température,  système  auquel  j'ai  la 
grande  satisfaction  de  m'être  opposé  depuis  la  première  heure, 
quand  les  revues  européennes  sans  exception  entonnaient  des 
hymnes  de  louange  à  ces  produits,  hymnes  chantés  en  chœur 
par  les  médecins  de  notre  capitale. 

Revenant  au  myxœdème  parathyroide  caractérisé  par  des 
phénomènes  convulsifs  et  tétaniformes,  il  semble,  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  que  l'absence  ou  déficit  de  ces  petits  organes 
donne  lieu  à  la  circulation  dans  le  sang  d'ime  substance  toxique 
qui,  opérant  sur  les  cellules  radiculaires  des  cornes  antérieures 
de  la  moelle,  les  met  dans  un  état  d'hyperexcitabilité. 

Le  professeur  Marinesco  considère  que  l'éclampsie  des  femmes 
enceintes  est  due  à  une  insuffisance  de  sécrétion  des  glandes 
thyroïdes  et  parathyroldes  et  que  ces  symptômes  éclamptiques, 
crampes,  tétanos,  etc.,  disparaissent  avec  un  traitement 
thyroïde  ou  parathyroïde.  L'auteur  cité  considère  que,  si  les 
deux  glandes  sont  d'une  structure  et  fonctionnement  différents, 
il  y  a  relation  réciproque  physiologique,  et  ceci  est  prouvé 
par  l'expérience,  puisque  chez  les  animaux  auxquels  on  avait 
extirpé  les  parathyroldes  on  faisait  disparaître  les  symptômes 
tétaniques  en  leur  fournissant  de  grandes  doses  de  glandes 
thyroïdes  fraîches. 

A  propos  de  l'affirmation  de  l'éclampsie  gravidique,  elle  est 
due  à  un  fonctionnement  insuffisant  des  glandes  parathy- 
roldes. Nous  devons  rappeler  l'opinion  du  professeur  Vassalle, 


072  A  iN  TOI  NE    AUUAGA 

cité  par  Marinesco.  Il  employa  pour  ses  expériences  la  substance 
active  des  glandes  parathyroïdes  contre  l'éclampsie  des  femmes 
enceintes,  et  l'auteur  en  a  obtenu  de  si  bons  résultats  qu'il 
n'hésite  pas  à  lui  attribuer  une  action  spécifique. 

Ces  faits,  démontrés  par  l'expérience,  étaient  déjà  connus 
par  celle  des  peuples  anciens.  Les  anciennes  dames  romaines 
mesuraient  le  cou  des  nouvelles  mariées  et,  dans  les  cas  douteux 
de  grossesse,  prenaient  en  considération  la  circonférence  du 
cou  pour  l'affirmer  ;  elles  ignoraient  l'interprétation,  mais  elles 
connaissaient  le  fait,  ce  qui  prouve  la  finesse  d'appréciation  des 
peuples  anciens. 

Ce  fait,  connu  depuis  longtemps,  fut  mis  en  évidence  en  1899 
par  Lange,  lequel  démontra  que  la  glande  thyroïde  s'hypertro- 
phie  pendant  la  gestation  ;  l'augmentation  de  volume  coïncide 
en  général  avec  le  sixième  mois  de  grossesse  ;  mais  ce  qui  est 
grave  et  intéressant  en  même  temps,  c'est  le  manque  de  cette 
hypertrophie  fonctionnelle  pouvant  occasionner  des  crises 
d'éclampsie  qui  cèdent  à  un  traitement  thyroïdien. 

A  ce  sujet,  nous  touchons  un  point  important  de  pathologie 
et  prophylaxie  de  l'enfance. 

La  question  est  :  une  femme  qui  a  eu  l'éclampsie  et  reste  albu- 
minurique  peut-elle  oui  ou  non  nourrir  son  enfant?  C'est  un 
point  bien  discuté  par  les  pédiatres  et  les  accoucheurs,  avec  des 
opinions  pour  et  contre.  On  cite  des  faits  contradictoires  :  dans 
quelques  cas,  l'allaitement  s'est  effectué  sans  contre-temps,  et, 
dans  d'autres,  l'enfant  a  été  pris  de  tétanie  ou  de  convulsions. 

Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas  pu  expliquer  la  cause  de  ces  cas 
différents,  et  les  auteurs  ne  savent  comment  concilier  ces 
résultats  contradictoires. 

Nous  avons  lu  à  ce  sujet  un  travail  dans  une  revue,  et  l'auteur 
de  cet  article  déclare  que,  pour  le  moment,  on  ne  peut  résoudre 
la  question.  L'idée  nous  vient  de  nous  aventurer  à  une  expli- 
cation personnelle,  que  nous  soumettons  aussi  à  l'appréciation 
et  à  la  critique  de  nos  collègues  présents. 

Les  physiologistes  confirment  que  la  thyroide  est  une  glande 
antitoxique  qui  détruit  une  substance  toxique  qui  circule  dans  le 
sang.  Chez  les  éclamptiques  par  insuffisance  thyroïde  ou  para- 
thyroïde,  le  lait  contiendrait  ces  substances  toxiques  incomplè- 
tement détruites  par  une  sécrétion  thyroïde  ou  parathyroîde 
insuffisante,  et  l'effet  convulsionnant  de  ces  substances  toxiques 
opérerait  sur  l'enfant  et  l'empoisonnerait. 


MYXOEDfeME   THYROÏDIEN  673 

Si  Téclampsie  était  due  seulement  à  une  lésion  rénale,  ces 
effets  ne  se  reproduiraient  pas.  Voilà  l'explication  personnelle 
que  je  propose  sans  avoir  la  prétention  qu'elle  soit  la  vraie. 
Comment  pourrait-on  distinguer  dans  la  pratique  ces  deux 
variétés?  En  soumettant  la  mère  éclamptique  à  la  médication 
thyroïde,  si  celle-ci  faisait  disparaître  les  symptômes  de  la 
mère  ou  de  Penfant,  le  diagnostic  de  la  cause  serait  facile. 

Revenant  au  traitement  du  myxœdème,  nous  devons  savoir 
que  les  derniers  ouvrages  recommandent  comme  traitement 
définitif  le  greffage  de  glande  thyroïde  humaine.  Un  auteur 
suisse,  dont  nous  ne  nous  rappelons  pas  le  nom,  a  présenté  à 
l'Académie  de  médecine  de  Paris  de  nombreux  cas  de  guérisons 
définitives  par  ce  procédé;  malheureusement,  dans  la  pratique, 
ce  procédé  est  très  difficile. 

On  a  besoin  donc  d'attendre  l'occasion  d'une  extirpation 
opératoire  des  glandes  pour  enlever  un  petit  fragment,  et  cette 
occasion  peut  ne  pas  se  présenter. 

Dans  le  traitement  commun  et  usueldu  myxœdème,  si  on 
emploie  des  glandes  d'animaux  fraîches  ou  conservées,  nous 
croyons  qu'on  omet  une  pratique  très  importante  et  sur  laquelle 
les  auteurs  insistent  très  peu,  c'est  d'éliminer  l'alimentation 
Carnivore  dans  le  régime  des  myxœdémateux.  Cette  privation 
de  viande  non  seulement  augmente  l'efficacité  du  traitement, 
mais  évite  les  phénomènes  d'intoxication  fréquents  dans  le 
traitement  par  les  glandes  au  point  que,  vu  plusieurs  cas  de 
mort  et  autres  accidents  graves,  l'usage  de  ce  traitement  a  cessé. 
Marfan  a  vu  mourir  brusquement  un  enfant  soumis  au 
traitement  thyroïde,  et  ces  cas  se  sont  répétés. 

Ceux-ci  se  sont  produits  en  grande  partie  pour  ne  pas  s'en 
tenir  aux  résultats  des  expériences.  Ceci,  il  y  a  quelque  temps 
l'illustre  physiologiste  de  Genève,  Schiff,  a  démontré  que 
la  thyroïdectomie  est  fatale  aux  carnivores  et  bien  sup- 
portée par  les  herbivores  ;  pour  que  ceux-ci  meurent,  il  est 
nécessaire  d'extirper  aussi  la  parathyroïde.  On  déduit  de  là 
que  le  principe  toxique  qui  se  produit  par  l'extirpation  de 
la  thyroïde  est  produit  en  grande  partie  par  l'alimentation 
azotée,  spécialement  par  la  viande,  soit  cuite  ou  crue,  même 
avec  du  bouillon.  La  viande  cuite,  seule,  n'est  pas  si  nuisible. 
Il  est  donc  utile,  pour  les  myxœdémateux,  de  les  soumettre 
au  régime  végétal. 

Ahch.  db  médec.  des  enfants,  1907.  X.   —  43 


'•*- 


REVUE    GENERALE 


NÉVRITE   INTERSTITIELLE  HYPERTROPHIQUE 
ET  PROGRESSIVE  DE  L'ENFANCE  (1). 

En  1893,  Déjerine  et  Sollas  avaient  rapporté  deux  observations 
d'une  affection  familiale  ayant  atteint  le  frère  et  la  sœur  et  carac- 
térisée par  :  ataxie  des  quatre  membres  avec  atropbie  musculaire, 
troubles  de  la  sensibilité  avec  relard  dans  la  transmission,  douleur^ 
fulgurantes,  nystagmus,  myosis  avec  signe  d'ArgylI-Robertson, 
cyphoscoliose,  hypertrophie  très  marquée  avec  dureté  t^è^ 
accusée  de  tous  les  troncs  nerveux  accessibles.  Ces  symptôme^ 
étaient  ceux  du  tabès  ordinaire  arrivé  à  une  période  assez  avancte. 
mais  associé  à  une  atrophie  musculaire  généralisée,  une  cyph«v- 
scoliose  et  un  état  hypertrophique  des  nerfs. 

L^autopsie  de  la  sœur,  pratiquée  en  1892,  montra  une  névrite 
interstitielle  hypertrophique  à  marche  ascendante,  ayant  atteint 
successivement  les  nerfs  périphériques,  les  troncs  nerveux,  les 
racines  antérieures  et  postérieures  avec  lésions  médullaires  consé- 
cutives, d'où  le  nom  de  névrite  interstitielle  hypertrophique  tt 
progressive  de  Venfance. 

Le  frère  mourut  phtisique  quelques  années  plus  tard,  etPautopsie 
a  été  confirmative  de  la  première. 

I.  Antécédents  personnels.  —  A  quatorze  ans,  envoyé  à  Berck 
pour  une  cyphoscoliose,  que  la  mère  avait  remarquée  dès  Tépe  de 
quatre  à  cinq  ans.  A  Berck,  i!  tombe  facilement  en  courant  et 
commence  à  éprouver  des  douleurs  fulgurantes.  Parole  et  écriture 
difficiles.  Troubles  de  la  marche  de  plus  en  plus  accusés.  Fracture 
de  la  cuisse  droite  à  deux  reprises. 

État  actuel,  — Équinisme  très  prononcé  avec  convexité  dû  tarse, 
pied  creux.  Atrophie  musculaire  des  jambes.  Ataxie  statique. 
Marche  en  talonnant.  Signe  de  Romberg.  Aux  membres  supérieurs, 
atrophie  musculaire  type  Aran-Duchenne,  main  en  griffe,  Cyphosco- 
liose à  concavité  gauche.  Sensibilité  tactile  très  altérée,  sensibilité 
à  la  douleur  de  même;  retard  dans  la  transmission.  Abolition  des 
réflexes.  Incoordination  motrice  très  marquée. 

(1)  DÉJERINE  et  Â.  Thomas,    Sur  la  névrite   interstiUelle  hypertrophique  •'t 
progressive  de  l'enfance  (Nouv,  lconogi\  de  la  Salpétnère,  nov.-<iéc.  1906). 


NÉVRITE    INTERSTITIELLE    HYPERTIlOPHigi'E  675 

Légère  inégtilitépupillaire,  myosis,  réflexe  lumineux  aboli,  réflexe 
accommodatif  conservé,  signe  d'Argyll-Hobertson,  Nystagmus 
pendant  les  mouvements  des  globes  oculaires.  Vue  bonne.  Douleurs 
fulgurantes.  Sensibilité  électrique  abolie. 

Mort  de  tuberculose  pulmonaire  en  janvier  lOOi  (service  de 
Babinski). 

Autopsie.  —  Cerveau  normal.  Hypertrophie  considérable  des 
nerfs  de  la  queue  de  cheval.  Les  racines  dorsales  et  cervicales  sont 
également  hypertrophiées.  L'hypertrophie  est  plus  considérable 
pour  les  racines  antérieures  que  pour  les  postérieures.  Pour  les 
racines  antérieures,  Thypertrophie  diminue  progressivement  depuis 
la  moelle  jusqu'au  canal  dure-mérien;  c^est  Tin  verse  pour  les 
racines  postérieures.  Atrophie  des  cordons  postérieurs  de  la  moelle. 
Cornes  postérieures  très  rapprochées  l'une  de  Tautre.  Léger  degré 
de  leptoméningite  au  niveau  des  cordons  postérieurs.  Qanglions 
rachidiens  très  notablement  hypertrophiés.  Les  nerfs  crâniens, 
à  leur  émergence  du  bulbe,  sont  plus  gros  que  ceux  d*un  individu 
normal,  mais  Thypertrophie  est  moins  prononcée  que  pour  les 
racines  médullaires.  Sympathique  et  pneumogastrique  augmentés 
de  Volume.  Nerfs  des  membres  gigantesques.  Atrophie  très  mar* 
quée  de  certains  muscles. 

Au  microscope,  dans  les  muscles  de  Téminence  thénar,  on 
trouve  à  peine  quelques  vestiges  de  fibres  musculaires;  distribu-^ 
tion  par  zones  de  Tatrophie  musculaire,  stéatose  interstitielle  peu 
prononcée . 

Sur  les  petits  fllets  nerveux  intramusculaires,  la  plupart  des 
fibres  nerveuses  ont  presque  complètement  disparu,  et  chaque  fllet 
n*est  plus  représenté  que  par  de  petits  fascicules  de  flbres 
conjonctives  ;  il  persiste  quelques  fibres  à  myéline  et  cylindraxe. 
Dans  les  troncs  nerveux,  les  flbres  à  myéline  sont  rares.  Chaque 
fibre  à  myéline  est  entourée  par  une  gaine  de  tissu  conjonctif  dont 
les  flbres  sont  imbriquées  les  unes  sur  les  autres  comme  des  pelures 
d'oignon.  Périnèvre  épaissi  formant  autour  do  chaque  fascicule 
un  anneau  scléreux.  J^es  fascicules  sont  séparés  par  un  tissu  flbreux 
très  abondant.  Paroi  des  vaisseaux  épaissie. 

Racines  antérieures.  —  Fibre  à  myéline  en  petit  nombre, 
multiplication  intense  des  noyaux.  Gaines  vides  entremêlées  de 
flbres  conjonctives. 

Racines  postérieures.  —  Amas  de  gros  noyaux  et  de  tissu 
f'onjonctif  par  places . 

Pour  les  racines  antérieures,  les  lésions  sont  plus  jeunes  au  centre 
qu'à  la  périphérie  ;  c*estlà  qu^ellesont  débuté,  suivant  une  marche 
ascendante  pour  les  nerfs  moteurs  ;  de  même  pour  les  nerfs 
senaitifÉ. 

Ganglions  rachidiens,  —  Le  nombre  des  cellules  est  légèrement 


l 


070  REVUE   GÉNÉRALE 

diminué;  elles  sont  petites,  atrophiées.  L'hypertrophie  des  ganglions 
est  due  uniquement  à  l'augmentation  de  volume  des  fibres  qui 
les  traversent. 

Moelle  épinière,  —  Sur  toute  la  hauteur  de  la  moelle,  les  cordons 
antéro-latéraux  sont  sains. 

Dans  leur  trajet  intraméduUaire,  les  racines  antérieures  sont 
intactes.  Les  cordons  postérieurs  sont  altérés.  Cornes  postérieures 
petites  et  atrophiées.  Bulbe,  protubérance  et  cerveau  normaux. 

Le  tableau  clinique  est  celui  d'un  ataxiqueatrophique  aveccN'pho- 
scoliose  et  hypertrophie  des  troncs  nerveux.  Les  troubles  de  la 
sensibilité,  souvent  très  accusés,  diminuent  en  remontant  vers  la 
racine  des  membres,  et  leur  distribution  parait  appartenir  à  la 
topographie  périphérique. 

IL  Sœur  du  précédent.  Atrophie  musculaire  et  troubles  de  la 
sensibilité  chez  une  femme  de  quarante-quatre  ans.  Début  dans  le 
bas  âge  par  une  déformation  des  pieds  (ténotomie  à  douze  ans). 
Double  pied  bot  varus  très  prononcé.  Atrophie  musculaire  des 
jambes  et  cuisses  plus  marquée  à  la  périphérie.  Atrophie  des 
membres  supérieurs  type  Aran-Duchenne,  diminuant  aussi  de  bas 
en  haut.  Cyphoscoliose  excessive.  Troubles  très  marqués  de  la 
sensibilité  avec  retard  de  transmission  diminuant  de  la  périphérie 
au  centre.  Douleurs  fulgurantes.  Incoordination  des  membres 
supérieurs,  moins  marquée  aux  inférieurs.  Marche  possible,  mais 
difficile  et  incertaine.  Impossibilité  de  se  tenir  debout  les  yeux 
fermés  (signe  de  Romberg). 

Légers  mouvements  choréiformes  de  la  tète  et  du  tronc.  Abolition 
des  réflexes  patellaires,  olécraniens,  et  du  réflexe  cutané  plantaire. 
Myosis  avec  réflexe  lumineux  très  lent.  Contractions  Obrillaires. 
Intégrité  des  sphincters  et  de  la  nutrition  de  la  peau.  Altération  de 
lacontractilité  électrique  sans  réaction  de  dégénérescence.  Douleurs 
fulgurantes. 

III.  Alaxie  locomotrice  et  atrophie  musculaire  chez  un  jeune 
homme  de  vingt  ans  ;  début  entre  sept  et  huit  ans  par  des  troubles 
de  la  marche. 

Atrophie  musculaire  des  quatre  membres  diminuant  de  la  péri- 
phérie vers  la  racine.  Aux  membres  inférieurs,  double  pied  bol 
équin  varus  avec  pied  creux.  Aux  membres  supérieurs,  atrophie 
musculaire  typé  Aran-Duchenne.  Cyphoscoliose  accusée.  A  la 
face,  lèvres  saillantes  et  rire  transversal.  Contractions  fibrillaires. 
Réaction  partielle  de  dégénérescence.  Incoordination  des  quatre 
membres,  signe  de  Romberg. 

Altérations  de  la  sensibilité  diminuant  de  la  périphérie  vers  le 
centre.  Retard  dans  la  transmission.  Inégalité  pupillaire.  Myosis  à 
droite,  mydriase  légère  à  gauche.  Signe  d'Argyll-Robertson. 
Hy[)ertrophie  et  dureté  de  tous  les  nerfs  palpables. 


NÉVRITE  INTERSTITIELLE   HYPERTROPHIQUE  077 

Dans  la  névrite  inlcrstiliclle  hypertrophîque,  les  troubles  de  la 
sensibilité  sont  très  marqués.  L'atrophie  musculaire  est  d'intensité 
variable.  Très  prononcée  dans  les  cas  II  et  III,  elle  était  moins 
intense  dans  le  cas  I.  Cette  atrophie  prédomine  aux  extrémités  et 
diminue  en  se  rapprochant  de  la  racine  des  membres.  Participation 
des  muscles  de  la  face  à  la  paralysie  et  à  Tatrophie. 

Dans  les  cas  I  et  III,  analogie  avec  le  faciès  d'un  myopathique 
{lèvre  de  tapir)  ;  rire  transversal.  Facial  supérieur  intact.  Du  fait  de 
Tatrophie  des  muscles  des  jambes  et  de  la  plante  des  pieds,  résulte 
un  varus  pied  creux.  Griffe  des  orteils:  flexion  dorsale  forcée  de 
la  première  phalange,  la  deuxième  et  la  troisième  [)halanges  for- 
mant avec  la  première  un  angle  droit  ouvert  en  bas. 

Les  malades  marchent  en  stoppant,  avec  brusquerie,  la  tète 
penchée  en  avant  et  regardant  le  sol  avec  soin.  Pour  changer  de 
direction,  ils  vont  lentement,  avec  précaution  et  en  fixant  le  sol. 
Pour  se  tenir  debout,  les  talons  rapprochés  et  sans  soutien,  ils 
oscillent.  Les  yeux  fermés,  ils  tombent.  Même  incoordination  aux 
membres  supérieurs. 

Dans  la  névrite  interstitielle  hypertrophique,  il  existe  toujours 
une  cyphoscoliose,  du  nystagmus  dynamique,  des  troubles  de  la 
réaction  pupillaire  variant  de  Textrôme  lenteur  de  contraction  (II) 
jusrju'à  rimmobilité  (I  et  III)  ou  signe  d'Argyll-Robertson.  Sphinc- 
ters intacts. 

L'hypertrophie  des  troncs  nerveux  est  facile  à  constater  ;  elle  est 
le  double  de  Tétat  normal,  sans  saillies  ni  nodosités;  consistance 
dure.  La  pression,  même  forte,  de  ces  nerfs,  ne  réveille  pas  de 
douleur  (analgésie  à  la  pression   et  à  Texcitation  électrique). 

Les  lésions  sont  de  trois  ordres  : 

i°  Lésions  musculaires  atrophiques  ;  invasion  par  zones  ; 
athrophie  progressive  débutant  quelquefois  par  la  dégénérescence 
graisseuse  et  aboutissant  souvent  à  la  désintégration  de  la  fibre 
musculaire,  après  prolifération  des  noyaux  du  sarcolemme.  Ces 
lésions  dépendent  des  lésions  des  nerfs  ; 

2**  Lésions  médullaires,  secondaires  à  la  dégénérescence  des 
racines  postérieures,  rappelant  la  sclérose  tabétique  des  cordons 
postérieurs  ; 

3"  Lésions  spéciales  des  nerfs,  parenchymateuses  et  intersti- 
tielles; sclérose  orientée  suivant  Taxe  des  (ibres  nerveuses, 
formant  à  chaque  fibre  et  parfois  à  plusieurs  une  gaine  isolante  ; 
ces  éléments  engainés  sont  accolés  les  uns  aux  autres,  sans  que 
le  tissu  conjonctif  situé  entre  eux  soit  augmenté. 

Kn  examinant  comparativement  les  lésions  de  «cette  névrite 
hypertrophique  sur  les  nerfs  périphériques,  les  troncs  nerveux  et 
les  racines,  on  est  conduit  h  admettre  qu'elle  a  débuté  à  la  péri- 
phérie pour  s'étendre  ensuite  aux  troncs  nerveux  et  aux  racines. 


678  REVUE   GÉNÉRALE 

Les  lésions  sont  plus  marquées  pour  les  nerfs  et  les  racines  des 
membres  inférieurs  que  pour  ceux  du  tronc  et  des  membres  supé- 
rieurs ;  elles  décroissent  de  bas  en  haut  ;  elles  sont  moins  marquées 
pour  les  nerfs  bulbaires,  tnais  ne  respectent  que  le  nerf  optique 
et  le  nerf  olfactif. 

Il  semble  que  la  dég'énération  parenchymateuse  et  la  prolifé- 
ration interstitielle  ne  soient  pas  subordonnées  1  une  à  lautre, 
mais  dépendent  d'une  même  cause. 

Los  analogies  avec  le  tabès  sont  évidentes,  mais  il  s'agit  bien  d  une 
afîection  nouvelle  d'une  grande  rareté,  dont  la  première  observation 
est  due  à  Oombault  et  Mallct  [Un  cas  de  tabès  ayant  débuté  dans 
Tenfance,  autopsie  (Arûh.  de  méd,  exp.^  1889)]^  et  dont  les  obser- 
vations successives  ont  été  rapportées  par  Déjerine  et  Sottas,  Déje- 
rine  et  André  Thomas. 

Le  7  juin  1906  {Soc,  de  NeuroiiH^ie),  P.  Marie  a  présenté  deux 
malades  d'une  famille  de  sept  enfantd,  tous  atteints  d'une  forme 
spéciale  de  névrite  interstitielle  hypertrophique  progressive  dt 
Venfance.  Ces  malades  ne  diffèrent  pas  de  ceux  qua  obsenés 
M.  I>éjerine.  Marinesco  [Arch.  de  pat  h,  exp*  et  comparée,  1885  , 
Raymond  (Cliniques  de  1903)  ont  soutenu  l'identité  de  la  névrite 
interstitielle  hypertrophique  et  de  Vatrophie  musculaire  type 
Gharcot-Marie.  Mais  l'hypertrophie  des  nerfs  ne  se  voit  pas  dans 
cette  dernière  maladie. 

La  névrite  interstitielle  hypertrophique  est  donc  une  maladie 
autonome,  distincte  du  tabès  et  de  l'atrophie  musculaire  type 
Gharcot-Marie  ;  elle  doit  occuper  une  place  à  part  dans  la  nosologie 
des  maladies  familiales  du  système  nerveux. 

Chez  un  malade  de  M.  Déjerine,  l'atrophie  musculaire  avait 
gagné  les  muscles  de  la  face  et  du  larynx  ;  la  corde  vocale  gauche 
était  paralysée  en  adduction  ;  celte  paralysie  laryngée  et  le  signe 
d'Argyil-Robertson  rapprochent  encore  la  symptoroatologie  de  ta 
névrite  interstitielle  hypertrof^iqae  de  celle  du  tabès  classique  ; 
par  contre,  Tabsence  de  signes  génito-urinaires  Ten  distingue 
nettement. 

La  névrite  interstitielle  hypertrophique  est  une  des  rares  alfec- 
lions  où  se  constate  le  signe  d'Argyil-Robertson,  en  dehors  de  la 
syplûlis^  du  tabès  et  de  la  paralysie  générale.  11  existait  dans  les 
observation  I  et  III  ;  dans  le  111,  pas  de  s^'philis  ;  chez  le  I,  syphilis 
certaine.  Dans  le  II,  réaction  très  lente  de  la  pupille  à  la  lumière, 
pas  de  syphilis.  Sur  quatre  enfants  de  la  même  famille,  deux 
seulement  furent  atteints  de  la  maladie,  les  deux  autres  ainsi  que 
le  père  et  la  mère  restant  indemnes.  L'autopsie  de  la  mère  n'a 
montré  aucun  vestig^e  de  cette  afl'ection,  qui  a  été  familiale,  mais 
non  héréditaire  dons  le  cas  présent. 


ANALYSES 


PaBLlCATIOSS  PÈRlOniQOES 

Note  on  the  pecaliaiitMS  of  the  toagna  im  moo^lism  and  ontongne^ 
Mifilriiig  in  thair  camsatioa  (Note  sur  les  particularités  de  La  langue 
dans  le  mongolisme  et  sur  le  tétage  de  la  langue,  leurs  causes),  par  le 
D'  John  Thomson  (BriL  med.  Journ.,  4  mai  1907). 

Presque  toutes  les  particularités  qui  distinguent  Tenfant  mongolien 
sont  d'origine  intra-utérine  et  reconnaissables  dés  la  naissance.  La  langue 
fait  exception.  Son  hypertrophie  apparente  peut  bien  se  montrer  prés 
de  la  naissance»  mais  son  gonflement  est  plutôt  attribuable  k  une  étroi- 
tasse  anormale  de  la  bouche  qu'à  une  véritable  augmentation  de  volume 
de  la  langue.  La  dureté,  la  desquamation,  la  saillie  des  papilles,  les  ûit- 
sures  manquent  à  la  naissance  et  ne  se  montrent  que  tardivement.  Le 
gonflement  des  papilles  peut  se  montrer  entre  le  troisième  et  le  neuvième 
mois  ;  les  assures  commencent  à  apparaître  dans  le  cours  de  la  troisi^ne 
ou  quatrième  année  ;  elles  peuvent  se  montrer  un  peu  avant  ou  retarder 
jusqu'à  la  sixième  année. 

Il  est  probable  que  la  muqueuse  de  la  langue,  chez  ces  enfants,  est 
fragile  et  vulnérable  comme  leur  peau,  et  cela  explique  les  altérations 
susdites. 

L'action  de  sucer  la  langue  est  une  lMd>itude  très  répandue  chex  ks 
mongoliens.  Sur  69  enfants  cheE  lesquels  on  a  recherché  ce  symptôme, 
on  Ta  trouvé  59  fois.  Chez  les  10  autres,  il  est  dit  que  ce  tic  n'existait  pas, 
mais  que  les  enfants  suçaient  leurs  doigts  ou  leurs  mains.  D'ailleurs  ce 
symptôme  peut  passer  inaperçu,  et  c'est  pourquoi  il  n^est  pas  toujours 
mentionné  dans  des  cas  où  il  existait  certainement. 

Quand  ce  tétage  de  la  langue  est  très  prononcé,  il  rend  compte  des 
fissures  et  des  hypertrophies  papillaires  de  la  langue.  Chez  les  enfants 
qui  n'ont  pas  cette  mauvaise  habitude  ou  qui  l'ont  à  un  faible  degré, 
la  langue  est  peu  dépouillée  et  peu  fissurée. 

Dipylidinm  eaninnm,  par  R.  Blanchard  (AoadL  de  méd^  7  mai  1907). 

Un  enfant  de  neuf  mois,  rendant  depiûs  quelque  temps  des  corpus- 
cules blanchAtres  dans  ses  selles,  entre  à  l'hôpital  Bretonneau.  Le  D'  Pa- 
pillon, qui  l'observait,  constata  un  jour  la  présence  d'un  vers  de  50  cen- 
timètres de  long.  M.  Blanchard,  ayant  examiné  ce  ténia,  reconnut  qu'il 
appartenait  à  laraoe  canine.  Les  œufs,  d'où  proviennent  le  ver,  se  trouvent 
dans  la  pooe  du  chien  et  du  chat.  En  se  léchant  et  se  grattant,  chiens  et 
chats  peuvent  i^andre  leurs  puces  dans  l'atmosphère.  Ces  puces  ainsi 
déplacées  tomberont  parfois  dans  le  lait  ou  la  soupe  des  enfanta.  La 
propagation  du  chien  A  l'enfant  se  fait  donc  par  l'intermédiaire  de  la 
puce. 

Le  ver,  qui  vit  dans  l'intestin  du  chat  et  du  chien,  émet  des  œufs  qw» 
répandus  au  pourtour  de  l'anus,  y  sont  rencontrés  et  absorbés  par  ftoa 
divers  insectes  vivant  dans  le  pelage  de  ces  animaux.  L'oeuf  du  Dipyii^ 


680  ANALYSES 

dium  éclot  dans  Tintestin  de  la  puce  ;  il  livre  passage  à  un  embryon  qui 
se  transforme  bientôt  en  larve. 

On  ne  connaît  actuellement  que  60  observations  de  ce  parasite  chez 
Thomme,  dont  3  à  Paris.  Chez  les  enfants,  on  peut  observer  des  acci- 
dents nerveux  plus  ou  moins  graves,  des  troubles  digestifs  et  même 
Tappendicite. 

Il  faut  donc  surveiller  les  chiens  et  les  chats,  faire  la  chasse  à  leurs 
puces,  bref  tenir  très  propres  les  animaux  d'appartement. 

Adeno-carcinoma  primitivo   del   legato  in  un   lattanta  di  i  mesi 

(Adeno-carcinome  primitif  du  foie  chez  un  nourrisson  de  quatre  mois), 
par  le  D'  G. -A.  Pétrone  {La  Pediatria,  mars  1907). 

Fillette  de  quatre  mois,  nourrie  au  sein  maternel  ;  accroissement  régu- 
lier et  bonne  santé  pendant  les  deux  premiers  mois,  puis  dépérissement, 
agitation,  cris  ;  la  mère  s'aperçoit  bientôt  de  l'augmentation  de  volume 
du  ventre. 

Le  4  février  1907,  on  note  une  pâleur  de  la  peau  et  des  muqueuses, 
avec  teinte  légèrement  ictérique  des  sclérotiques  ;  poids  5  800  grammes, 
taille  2  centimètres.  Adénopathies  cervicales,  axillaires  et  inguinales. 

Ventre  gros,  spécialement  dans  les  deux  quadrants  supérieurs  et  dans 
le  quadrant  inférieur  droit  ;  aspect  globuleux,  veinosités  sur  la  région 
hépatique,  circonférence  maxima:  46  centimètres.  On  sent  une  masse 
dure  avec  proéminence  à  l'épigastre  ;  matité  absolue  se  continuant  avec 
celle  du  foie.  Rate  non  augmentée  de  volume.  Albuminurie.  L'examen 
du  sang  donne  3  100  000  hématies,  13  000  globules  blancs.  Diarrhée 
verte.  Le  13  février,  ponction  exploratrice  négative.  Mort  le  15. 

A  l'autopsie,  on  trouve  le  foie  occupant  presque  tout  l'abdomen, 
recouvrant  le  paquet  intestinal.  L'augmentation  de  volume  porte  sur- 
tout sur  le  lobe  droit  ;  consistance  inégale  suivant  les  points.  A  la  coupe, 
on  voit  que  toute  la  masse  est  formée  par  une  tumeur  plutôt  molle,  blanc 
jaunâtre,  caverneuse  au  centre.  Poids  total,  970  grammes.  Glandes  hyper- 
trophiées,  quelques  nodules  métastatiques  dans  les  poumons. 

Les  coupes  histologiques  montrent  deux  parties,  un  tissu  conjonctif 
et  des  amas  épithéliaux.  En  somme  adéno-carcinome  massif  du  lobe  droit 
du  foie. 

L'anchilostomo  anémia  nei  bambini  (L'anémie  par  ankylostomechetles 
enfants),  par  le  D'  Olimpio  Cozzolino  {La  Pediatria,  février  1907). 

Deux  sœurs  jumelles,  de  deux  ans  et  demi,  venues  du  Brésil,  où  elles 
sont  nées,  entrent  à  la  chnique  de  Gênes  le  22  novembre  1906,  pour  t 
mourir  le  27  novembre  et  le  20  décembre. 

Les  parents  sont  affectés  eux-mêmes  d'ankylostomiase  et  la  mère  a  une 
anémie  prononcée.  Deux  frères  sont  également  atteints.  Diagnostic  con- 
firmé par  l'examen  des  fèces.  Au  Brésil,  habitation  malsaine  ;  eau  de 
boisson  suspecte  et  non  filtrée.  Toux,  diarrhée,  amaigrissement,  anémie. 
Œdème  des  membres  inférieurs.  Souffle  à  la  base  du  cœur  et  dans  les 
vaisseaux  du  cou.  L'examen  du  sang  donne  2  600  000  globules  rouges 
et  11  300  globules  blancs  pour  la  première,  1  500  000  et  18  000  pour  la 
seconde. 

A  l'examen  des  fèces,  on  trouve  des  œufs  d'ankylostome. 

A  l'autopsie  de  la  première,  on  trouve  une  bronchopneumonie  bilaté- 
rale, une  entérite  catarrhale  diffuse  avec  hémorragies  punctiformes 
surtout  dans  les  premières  parties  de  l'intestin.  On  trouve  de  nombreux 
ankylostomes  à  ce  niveau. 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  081 

Polinenritis  agnda  en  un  nino  simnlando  nna  paralysie  infantil  (Poly- 
névrite aiguë  chez  un  enfant  simulant  une  paralysie  infantile),  par 
le  D'  Luis  MoRQuio  (Arch,  LaU-Amer.  de  Pediatria,  février  1907). 

Garçon  de  cinq  ans,  malade  depuis  quinze  jours,  début  par  un  rhume; 
on  le  met  au  lit,  pas  de  fièvre.  Au  bout  de  trois  ou  quatre  jours,  il  se  lève, 
mais  les  jambes  vont  d'un  côté  et  d'autre  ;  il  se  soutient  difficilement  et 
ne  peut  marcher.  On  le  remet  au  lit  ;  de  fortes  douleurs  se  montrent  dans 
les  articulations  tibio- tarsiennes,  dans  les  rotules  et  le  long  des  jambes. 
Le  médecin  parle  de  rhumatisme  et  prescrit  du  salicylate  de  soude.  Pas  de 
gonflement  articulaire.  Douleur  spontanée  s'exagérant  au  moindre  mouve- 
ment et  à  la  pression  des  parties  affectées.  En  même  temps  que  la  douleur, 
l'enfant  éprouve  l'impossibilité  de  se  lever  et  de  faire  le  moindre  mouve- 
ment avec  les  jambes. 

Trois  ou  quatre  jours  plus  tard,  comme  il  se  plaignait  de  démangeaison 
à  la  tête,  on  vit  que  l'enfant  ne  pouvait  lever  le  bras  gauche  ;  au  bras  droit, 
la  force  est  aussi  en  défaut.  Cette  impotence  des  bras  ne  s'accompagpfie 
pas  de  douleur.  Plus  tard,  quand  l'enfant  boit,  il  éprouve  un  accès  de  toux, 
sans  rejet  des  liquides  par  le  nez  ;  les  solides  sont  mieux  avalés  que  les 
liquides.  Strabisme  depuis  hier  (paralysie  du  moteur  oculaire  externe 
gauche)  ;  pas^  de  fièvre  ;  quelques  vomissements.  Intelligence  normale. 
Langue  saburrale,  constipation,  nausées.  On  prend  la  température  et  on 
trouve  dans  l'aisselle  37o,4/5,  ce  qui  dénote  un  peu  de  fièvre.  Paralysie 
complète,  les  deux  jambes  sont  immobiles  ;  la  paralysie  prédomine  au 
segment  inférieur;  les  cuisses  présentent  une  ébauche  de  contraction. 
Paralysie  flasque,  en  masse,  avec  chute  des  pieds  et  abolition  des  réflexes 
rotuliens  ;  paralysie  très  douloureuse,  spontanément,  ces  jours  derniers, 
provoquée  aujourd'hui  par  le  moindre  mouvement.  Rien  d'articulaire. 
Aux  bras,  c'est  surtout  le  deltoïde  qui  est  paralysé.  A  ces  diverses  paralysies 
il  convient  d'ajouter  celle  des  muscles  pharyngo-laryngés,  qui  provoque  la 
toux  au  passage  des  liquides,  et  celle  des  muscles  oculaires.  Depuis  hier, 
raideur  douloureuse  de  la  colonne  vertébrale. 

On  donne  des  bains  chauds;  le  9  juin,  amélioration.  Strabisme  diminué, 
déglutition  plus  facile  ;  les  bras  se  lèvent  mieux,  bien  qu'il  persiste  une 
légère  impotence  à  gauche.  La  paralysie  des  jambes  persiste,  avec  douleur 
par  le  mouvement.  Sensibilité  intacte,  réflexes  rotuliens  toujours  abolis. 
L'enfant  se  plaint  d'engourdissements,  de  fourmillements,  de  démangeai- 
sons aux  jambes  ;  il  accuse  les  mêmes  sensations  aux  mains.  La  pression 
sur  les  muscles  des  jambes  est  très  douloureuse.  Raideur  et  douleur  de 
la  colonne  vertébrale  persistent.  Bains  à  36o,  III  gouttes  de  teinture  de 
noix  vomique  par  jour. 

Le  12  juin,  strabisme  guéri,  bras  normaux.  Le  15,  quelques  mouvements 
dans  les  jambes,  qui  restent  actuellement  les  seules  parties  paralysées. 
Le  19,  l'enfant  peut  s'asseoir.  Le  26,  les  jambes  ont  recouvré  quelques 
mouvements.  Traitement  électrique  par  le  D'  de  Léon  ;  pas  de  réaction 
de  dégénérescence.  Le  9  juillet,  l'enfant  marche  à  quatre  pattes  ;  électri- 
cité et  massage.  Le  30,  il  marche  seul.  Le  31  août,  guérison  complète,  sans 
séquelle. 

Secciôn  da  la  aretra  y  de  gran  parte  de  les  cnerpos  cavernoeos  por 
an  cabello  (Section  de  l'urètre  et  d'une  grande  partie  des  corps  caverneux 
par  un  cheveu),  par  le  D'  M.  Herrera  Vegas  {Arch,  LaU-Amer,  de 
Pediatria,  février  1907). 

Un  petit  juif  de  six  ans  est  apporté  dans  le  service  de  pédiatrie  de 
VHospitalde  Clinicas  (Buenos  Aires),  le  24  janvier  1907,  pour  une  section 


082  ANALYSES 

du  péais.  A  l'examen,  on  trouva  un  étranglement  à  la  base  du  gland 
par  un  cheveu  de  femme.  L'urètre  était  complètement  coupé.  Les  corps 
caverneux  étaient  sectionnés  À  leur  périphérie  et  adhéraient  au  reste  da 
pénis  par  une  portion  amincie. 

Sillon  profond  à  la  base  du  gland. 

L«  D'  Wasîliew  <de  Varsovie)  a  écrit,  en  1901,  un  m^oire  sur  cette 
question,  avec  43  observations  de  traumatismes  du  pénis  par  cheveux, 
fils,  rubans»  etc.  Dans  22  cas,  l'agent  constricteur  fut  un  fil  ;  dans  5  cas, 
ime  ficelle;  dans  2  cas,  un  mince  ruban  ;  dans  un  cas,  un  fil  de  fer.  Presque 
toujours  il  s'agit  d'enfants  ;  une  seule  fois,  l'accident  fut  constaté  chez 
un  adulte  ;  le  coupable  est  généralement  le  malade  lui-même. 

Souvent  on  a  voulu  combattre  par  ce  moyen  l'incontinence  nocturne 
d'urine.  Dans  11  cas,  les  enfants  se  sont  liés  le  pénis  par  crainte  d'uriner 
au  lit. 

Un  caso  de  siriagomiiia  en  «aa  niia  de  n»8T6  aiios  de  edad  (Un  cas 

de  sjringomyélie  chez  une  fille  de  neuf  ans),  par  le  D*^  NAsaiiENTo 
GuR«BL  (Aroh,  LaU-Amer,  de  Pediatria^  février  1907). 

Fille  de  neuf  ans,  sans  antécédents  héréditaires,  nourrie  au  sein  jusqu'à 
sept  mois.  Convulsions  à  oe  moment.  Marche  à  deux  ans.  Rougeole  à  six 
ans.  Incontinence  nocturne  d'urine,  mictions  très  fréquentes  le  jour. 
Nervosité  exag^ée,  pleurs  faciles. 

A  quatre  ans,  onychophagie  ;  elle  se  fait  saigner  les  doigts  sans  éprouver 
de  douleur.  Il  y  a  trois  ans,  cette  diminution  de  la  sensibilité  à  la  douleur 
attira  l'attention  de  l'entourage.  Elle  s'est  brûlée  et  blessée  bien  souveat 
sans  rien  sentir. 

Elle  a  eu  de  nombreux  panaris  aux  deux  mains  et  toujours  les  blessures 
accidentelles,  les  brûlures,  les  suppurations  furent  indolores. 

Les  ongles  ont  disparu  peu  à  peu. 

Il  y  a  deux  ans,  blessure  du  talon  droit  par  un  soulier,  d'où  un  abcès 
volumineux  ouvert  spontanément,  lent  à  se  fermer. 

A  la  môme  époque,  phlyctène  à  la  feice  inf^ieure  de  la  première  pha- 
lange du  pouce  gauche,  avec  contenu  sèro-purulent. 

Ck>nstitution  normale,  intelligence  moyenne.  Les  doigts  des  deux  mains 
sont  dépourvus  d'ongle,  sauf  Tannulaire  droit.  Les  phalangettes  présentent 
des  blessures  mal  cicatrisées  et  se  terminent  en  baguettes  de  tambour, 
fiminence  thénar  un  peu  atrophiée.  Aux  membres  inférieurs,  la  sensibilité 
tactile  est  conservée,  l'enfant  perçoit  les  moindres  excitations  sur  toutes 
les  parties  du  corps.  Elle  sent  la  forme  et  la  consistance  des  objets,  mais 
non  la  température.  La  sensibilité  à  la  chaleur  et  au  froid  est  abolie  sur  les 
pieds  et  sur  les  jambes  jusqu'au  tiers  supérieur;  cette  abotition  monte  un 
peu  plus  haut  au  côté  externe.  Même  constatation  au  membre  supérieur. 
L'enfa.nt  sait  qu'elle  prend  un  tube,  mais  elle  ignore  s'il  est  froid  ou  chaud. 
Là  encore,  c'est  un  segment  de  membre  qui  est  intéressé  ;  la  thermo-anes> 
thésie  ne  dépasse  pas  la  moitié  de  l'avant-bras. 

La  sensibilité  à  la  douleur  est  comme  abolie  dans  les  points  oà  existe 
la  thermo-anesthésie.  Au  niveau  du  tronc,  de  la  face  et  des  muqueuses, 
pas  de  perturbation  sensitive.  Réflexes  tendineux  et  cutanés  normaux, 
marche  normale.  Pas  de  bacilles  de  Hansen  dans  le  pus.  Donc  pas  de  lèpre. 
La  dissociation  des  sensibilités  coexistant  avec  les  panaris,  les  déf onaatioBS 
digitales  et  un  certain  degré  d'atrophie  de  i'éminence  thénar,  perjnettent 
d'éliminer  les  myélites,  hystérie  et  névrite  périphérique. 

Quant  au  panaris  analgésique  de  Morvan,  il  se  distingue  mal  de  la 
syringomyélie. 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  683- 

Uanto  sifilitico,  el  Ilanto  como  sintoma  de  sililis  en  la  primera 
mfancia  Pleurs  syphilitiques,  les  pleurs  comme  symptôme  de  syphilis 
dans  la  première  enfance),  par  les  D''  Genaro  Sisto  et  Ernesto  Gaing 
{La  S  émana  tnedica,  1907,  n^  4). 

Les  auteurs  ont  vu  des  enfants  pleurant  sans  cesse  chez  lesquels  le  trai^ 
teroent  spécifique  a  ramené  le  calme. 

Dans  2  cas  sur  3, les  pleurs  constituaient  l'unique  symptôme  de  l'in- 
fection syphilitique. 

1<>  Mère  de  vingt-neuf  ans,  fausse-couche  de  deux  mois  et  demi,  plus 
tard  opérée  d'un  kyste  de  l'ovaire  à  l'hôpital  Rivadavia,  Père  sain.  Enfant 
venu  à  terme  avec  forceps,  asphyxie  à  la  naissance,  poids  4  250  grammes. 
Chute  du  cordon  à  huit  jours,  allaitement  maternel  jusqu^'à  deux  mois, 
puis  allaitement  mercenaire  pendant  quinze  jours,  et  enfm  allaitement 
artificiel. 

A  l'âge  de  quarante  jours,  sans  cause  appréciable,  l'enfant  se  mit  à 
pleurer  jour  et  nuit,  surtout  la  nuit.  La  mère  remarque  que  l'enfant  pleure- 
davautage  quand  on  le  remue.  On  pense  aux  coliques  et  on  incrimine 
l'alimentation.  On  remplace  alors  le  lait  de  vache  par  celui  d'ânesse,  puis 
par  le  lait  de  femme  ;  on  revient  au  lait  de  vache,  etc.  ;  l'enfant  continue  à 
pleurer  jour  et  nuit,  li  arrive  ainsi  à  trois  mois.  L'examen  de  la  peau  ne 
montre  aucun  stigmate  ;  rien  du  côté  de  l'appareil  digestif,  pas  de  vomis- 
sements, pas  de  diarrhée,  urines  normales,  rien  à  l'examen  du  foie  et  de  la 
rate. 

Cependant  le  traitement  spécifique  agit  merveilleusement,  mit  im  term& 
aux  cris  et  fit  monter  la  courbe  de  poids. 

2<>  Garçon  de  deux  mois  et  demi,  pleure  constamment;  la  réglementation 
des  tétées  (allaitement  maternel),  les  mesures  hygiéniques  les  meilleures 
furent  vaines.  Cris  incessants,  ne  cédant  que  devant  le  sommeil.  Le  26  sep- 
tembre 1904,  on  trouve  un  enfant  bien  développé,  pesant  4  630  grammes, 
nourri  au  sein  maternel  exclusivement  ;  pâleur  marquée,  un  peu  de  coryza 
et  f^rfois  cornage,  couleur  saumon  des  plantes  et  paumes,  veines  dilatées 
sur  le  côté  droit  du  crâne,  grosse  rate  ;  l'enfant  aurait  présenté  du  pem- 
phigus  à  la  naissance.  Le  père  a  eu  la  syphilis,  la  mère  a  été  infectée  par 
lui. 

Traitement  par  les  frictions  mercurielles.  En  cinq  jours,  résultat  sur- 
prenant, l'enfant  est  calme,  ne  pleure  plus.  Le  7  octobre,  poids  4  520* 
rate  diminuée,  cris  disparus.  Le  22,  poids  4  460  grammes.  Puis  le  poids 
augmente,  et  le  7  janvier  1905  l'enfant,  très  beau,  pèse  5500  grammes. 

30  Garçon  de  deux  mois,  pleurant  constamment,  surtout  la  nuit,  depuis 
deux  semaines.  Peu  de  sommeil.  Né  à  terme,  l'enfant  est  nourri  au  sein 
maternel,  bon  état  de  nutrition.  Pas  de  stigmates  spécifiques,  pas  de 
troubles  digestifs.  La  mère  a  eu  cinq  accouchements  prématurés  ;  aucun 
enfant  n'a  survécu.  Après  des  essais  infructueux  de  traitement  hygiénique 
et  diététique,  on  commence  les  frictions  mercurielles  le  20  septembre. 
Le  29,  les  cris  ont  presque  disparu  ;  poids  4  880  grammes.  Le  21  octobre, 
guérison  complète,  poids  5  080  grammes. 

Le  cri  syphilitique  serait  caractérisé  par  sa  continuité,  sa  persistance 
et  son  intensité,  et  aussi  par  son  apparition  précoce,  peu  de  temps  après  la 
naissance.  Il  s'exphque  peut-être  par  une  irritation  deia  substance  osseuse 
et  périostique,  peut-être  par  une  épiphysite  ;  on  doit  le  rapprocher  des 
douleurs  ostéocopes  de  l'adulte.  Quelle  que  soit  l'explication,  nous  devons 
savoir  gré  à  nos  confrères  argentins  d'avoir  attiré  l'attention  des  pédiatres 
sur  une  cause  ignorée  jusque-là  de  cris  infantiles.  Quant  à  la  cause,  elle  a 
été  mise  en  relief  par  le  résultat  merveilleux  du  traitement. 


684  ANALYSES 

Fonctionnement  de  la  consultation  dos  noorrissons  de  Thôpital 
snbnrbain  des  enfants  du  Bonscat,  ses  résultats,  par  les  D"  Délaye 
et  Andérodias  {Journal  de  médecine  de  Bordeaux,  28  avril  1907). 

Une  consultation  de  nourrissons  s'ouvrit  au  Bouscat,  le  l**  juin  1904. 
Elle  fonctionne  tous  les  mercredis  à  deux  heures,  à  la  mairie.  Elle  a  pour 
but  :  1°  de  diriger  et  surveiller  l'alimentation  des  enfants  ;  2®  de  donner 
aux  mères  qui  ne  peuvent  nourrir  exclusivement  au  sein  le  moyen  de  se 
procurer  à  bas  prix  du  lait  stérilisé. 

Les  enfants  sont  d'abord  pesés;  on  inscrit  les  poids  sur  un  registre 
et  sur  des  fiches  individueUes.  Ils  passent  ensuite  à  la  visite  médicale.  Pour 
ceux  qui  ne  sont  pas  au  sein,  on  donne  des  bons  de  lait  stérilisé,  en  atten* 
dant  qu'on  ait  pu  organiser  une  gouUe  de  lait,  A  chaque  mère  qui  vient 
pour  la  première  fois,  on  donne  une  brochure  d'hygiène  infantile. 

Du  1«  juin  1904  au  \^  janvier  1907,  il  a  été  donné  1  042  consultations 
à  208  nourrissons.  Les  médecins  font  tous  leurs  efforts  pour  encourager 
l'allaitement  maternel  :  53,75  p.  100.  L'allaitement  mixte  s'est  rencontré 
22,40  p.  100,  l'allaitement  artificiel  23,75  p.  100.  Sur  les  208  enfants 
soignés,  il  en  est  mort  16  (7,69  p.  100),  dont  10  seulement  par  gastro- 
entérite.  Aucun  de  ces  enfants  n'avait  suivi  régulièrement  la  consul- 
tation ;  presque  tous  étaient  nourris  au  biberon,  et  les  chaleurs  de  Tété 
leur  furent  fatales.  On  n'a  noté  aucun  décès  parmi  les  enfants  venus 
régulièrement  à  la  consultation.  Ces  résultats  plaident  éloquemment 
en  faveur  des  consultations  de  nourrissons  et  gouttes  de  lait,  dont  la  créa- 
tion s'impose  dans  toutes  les  agglomérations  ouvrières.  Pour  en  provo- 
quer la  création  et  en  favoriser  le  développement  dans  toutes  les  localités 
importantes  de  la  Gironde,  les  auteurs  font  appel  au  préfet,  M.  Duréault, 
qui,  dans  le  Pas-de-Calais,  qu'il  administrait  précédemment»  avait  su 
doter  le  département  de  71  consultations  de  nourrissons  en  un  an. 

De  ralbnminarie  an  cours  de  l'impétigo  et  de  Teczéma  impétiginenz 
des  enfants,  par  le  D'  Auché  (Joum,  de  méd.  de  Bordeaux,  5  mai  1907). 

Quoique  l'albuminurie  soit  une  complication  rare  de  l'impétigo,  elle 
est  signalée  depuis  longtemps  par  Sirugues  (Thèse  de  P<iri$,  1881), 
par  BoYER  (Thèse  de  Lyon,  1883),  etc. 

1^  Impétigo  du  cuir  chevelu  et  de  la  face.  Albuminurie.  Présence  de  strep- 
tocoques dans  les  urines.  Guérison.  —  Garçon  de  deux  ans,  entre  à  l'hôpiUil 
le  19  octobre  1904,  pour  de  l'anasarque.  Impétigo  de  la  face  et  du  cuir 
chevelu  depuis  trois  ou  quatre  semaines;  peau  bouffie  et  pieds  œdéma- 
tiés  depuis  dix  jours.  Puis  l'œdème  a  gagné  les  malléoles,  les  jambes, 
les  cuisses,  le  scrotum,  lés  membres  supérieurs,  la  face. 

Les  urines  contiennent  de  l'albumine  ;  le  sédiment  renferme  des  héma- 
ties, des  leucocytes,  et  cylindres  épithéliaux.  Rhinopharyngite  et  bron> 
chite.  Régime  lacté,  pansements  humides.  Le  23  octobre,  améhoration. 
Le  30,  disparition  des  œdèmes.  Le  5  novembre,  plus  d'albumine  ;  l'impétigo 
est  guéri.  Les  ensemencements  des  produits  impétigineux  ont  donné  des 
staphylocoques  dorés  et  des  streptocoques  pyogènes.  Ceux  de  l'urine  ont 
donné  des  streptocoques. 

2®  Impétigo  du  cuir  chevelu.  Albuminurie.  —  Fille  de  treize  ans,  vient 
à  la  consultation  le  31  janvier  1905,  pour  de  l'œdème  de  la  face.  Depuis 
l'âge  de  cinq  ans,  elle  a  très  souvent  des  croûtes  impétigineuses  du  cuir 
chevelu.  Depuis  le  mois  de  septembre  1904,  elle  a  eu  constamment  des 
croûtes.  11  y  a  une  dizaine  de  jours,  elle  remarqua  que  sa  figure  était 
bouffie. 

Les  urines  sont  claires  et  contiennent  1  gramme  d'albumine  par  Utre. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  685 

Pas  de  symptômes  généraux.  Quelques  lésions  impétigineuses  du  cuir 
chevelu.  Régime  lacté,  repos  au  lit.  Le  2  février,  figure  moins  bouffie; 
le  9,  impétigo  guéri.  Pas  d'albuminurie.  Guérison. 

Sar  une  forme  insolite  de  dilatation  bronchique  de  l'enfant,  dilata- 
tion bronchiqne  à  reyêtement  du  type  syncitial,  par  le  D'  J.  Hallà 
{Arck.  de  méd,  exp.  et  d^anaU  path,,  mars  1907). 

Fille  de  deux  ans  et  demi,  entrée  à  l'hôpital  le  26  février  1900,  pour 
une  bronchopneumonie.  Nourrie  au  sein  par  sa  mère,  elle  a  eu,  vers 
seize  mois,  une  bronchite  ayant  duré  deux  mois.  Il  y  a  quinze  jours, 
toux  opiniâtre,  rejet  de  matières  glaireuses,  sans  quinte  coqueiuchiale 
véritable.  Amaigrissement.  Fièvre,  puis  expectoration  purulente.  Pâleur, 
essoufflement.  Voussure  à  gauche,  immobilité  de  ce  côté,  espaces  inter- 
costaux dilatés,  son  tympanique,  souffle  amphorique.  Cœur  non  dévié.  On 
pense  à  une  pleurésie  purulente  ouverte  dans  les  bronches.  Plusieurs 
vomiques.  Le  27  février,  le  pneumothorax  semble  certain.  Le  28,  ponction 
exploratrice  sans  résultat.  Nouvelle  vomique.  Le  5  m^urs,  nouvelle 
ponction  qui  ramène  du  pus. 

Le  7  mars,  empyème  pratiqué  au  niveau  du  souffle,  résection  costale, 
évacuation  de  100  grammes  de  pus.  Drainage,  pansement.  Tempéra-, 
ture  39«,8.  État  général  mauvais,  mort  le  11  mars. 

Autopsie.  —  Pas  de  pleurésie  purulente,  poumon  gauche  volumineux , 
sans  adhérences  ;  scissure  interlobaire  libre.  La  cavité  ouverte  par  l'opé* 
ration  n'était  qu'une  dilatation  bronchique  du  lobe  inférieur.  Ce  lobe 
est  criblé  de  cavités.  La  cavité  opérée  est  une  poche  allongée,  ovoïde, 
grosse  comme  un  œuf  de  poule  ;  parois  lisses.  Elle  communique  avec  une 
grosse  bronche  par  un  orifice  du  calibre  d'une  plume  d'oie.  Au-dessous 
de  cette  cavité  s'en  trouve  une  autre  de  la  grosseur  d'une  mandarine. 
Elle  est  traversée  de  brides  et  de  colonnes  qui  la  font  ressembler  à  un 
ventricule  du  cœur.  Entre  les  cavités,  tissu  pulmonaire  induré,  sclérosé  ; 
aspect  de  fromage  de  gruyère.  Pas  de  tuberculose. 

L'étude  histologique  montre  qu'il  s'agit  bien  de  dilatations  bron- 
chiques ;  épithélium  à  cellules  cylindriques.  Au  niveau  des  saillies,  le 
revêtement  épithélial  est  formé  de  cellules  rappelant  un  épithélium 
pavimenteux  stratifié.  Dans  les  petites  dilatations,  le  revêtement  épi- 
thélial donne  l'aspect  de  saillies  papillomateuses  ;  il  existe  parfois  jusqu'à 
vingt  assises  de  cellules  superposées. 

L'examen  histologique  montre  qu'il  s'agit  d'une  dilatation  bronchique 
d'un  type  spécial  avec  revêtement  plasmodial  et  cellules  géantes  de  type 
épithélial,  tissu  tout  à  fait  identique  au  syncitium  du  placenta,  des 
môles  ou  du  déciduome. 

Un  cas  de  syphilis  congénitale  avec  lésions  gommeuses  multiples  et 
dégénérescence  pigmentaire  par  hômatolyse,  par  le  D'  Potier  {Arch, 
de  méd,  exp.  et  d^anat.  patk.,  mars  1907). 

Garçon  de  deux  mois,  entré  à  l'hôpital  le  25  novembre  1903  ;  né  à 
terme,  nourri  au  biberon,  il  a  présenté  de  l'érythème  des  fesses  à  quinze 
jours,  du  coryza  ;  puis  diarrhée,  vomissements.  Poids  3  620  grammes» 
aspect  ridé.  Fièvre  coïncidant  avec  des  abcès  cutanés  qu'il  faut  ouvrir. 
Frictions  mercurielles.  Mort  le  11  décembre. 

A  l'autopsie,  poumons  congestionnés,  atélectasiés,  durs  à  la  coupe  ; 
trac  tus  fibreux  péribronchiques  très  marqués.  Gomme  arrondie  à  la 
pointe  du  ventricule  gauche.  Foie  dur  à  la  coupe.  Gommes  miliaires  dans 


•686  ANALY*SES 

tes  reins.  Capsules  surrénales  grosses  et  dures.  Rate  grosse  et  dure.  Ceryeau 
-congestionné. 

L'examen  histologique  montre  la  présence  de  gommes  dans  tous  les 
viscères.  Dans  les  poumons,  petits  nodules,  ou  pneumonie  interstitielle  : 
travées  épaissies,  cavités  alvéolaires  diminuées,  alvéolite  proliférante  et 
desquamative,  tendance  à  la  sclérose.  Au  niveau  du  cœur,  même  ten- 
dance. Le  foie  présente  de  nombreux  espaces  portes  infiltrés  par  des 
celhiles  embryonnaires,  de  petites  gommes  périartérielles  ;  même  genre 
de  lésions  au  niveau  des  reins.  Des  gommes  multiples  et  arrondies  se  voient 
anBsi  dans  les  capsules  surrénales.  La  substance  médullaire  est  infiltrée 
•de  pigment  intra  et  extraceUulaire.  Hyperplasie  du  tissu  splénique; 
pigment  d'origine  hémattque. 

Donc  gommes  multiples  et  scléroses  viscérales,  processus  hémolytique, 
pigment  ocre,  en  rapport  avec  la  syphilis  héréditaire. 

Lepaludisne  càea  ranfant,  par  le  D<  J.  Crespin  {Congrès  de  pédiairU, 
Alger,  1907). 

Le  paludisme  est  fréquent  chez  les  enfants»  et  leur  sang  contient  sou- 
vent l'hématozoaire  de  Laveran.  Ils  peuvent  être  infectés  par  la  piqâre 
des  moustiques. 

On  a  dit  aussi  que  le  paludisme  pouvait  se  transmettre  par  le  placenta 
ou  par  le  lait  de  la  nourrice.  Il  est  certain  que  le  paludisme  maternel  peut 
aboutir  à  la  mort  du  fœtus.  Cependant  les  examens  de  sang  chex  les 
nouveau-nés  ont  été  contradictoires.  D'autre  part,  on  n'a  jamais  trouvé 
l'hématozoaire  dans  le  lait  des  nourrices  paludiques. 

Les  symptômes  ne  sont  pas  toujours  nets  ;  le  paviUon  de  ToreiUe  a  une 
teinte  terreuse  spéciale;  le  ventre  est  proéminent,  le  corps  amaigri. 

On  retrouve,  chez  l'enfant,  dans  le  paludisme  aigu»  tous  les  types  de 
fièvre  (quarte,  tierce,  quotidienne).  Les  trois  stades  de  l'accès  ne  sont 
pas  aussi  nets  et  aussi  réguliers  que  chez  l'adulte. 

Le  frisson  manque  ou  n'est  qu'ébauché.  Sur  129  cas,  le  D' A.  Mariottini 
a  constaté  53  fois  l'absence  de  frisson.  Il  est  remplacé  par  la  p&leur, 
avec  cyanose  aux  extrémités,  les  iwnissemeHtSt  les  convuliions.  Il  y  a 
parfois  du  tremblement  des  membres,  des  contractions  spasmodiques. 
Dans  quelques  cas,  diarrhée.  Stade  de  froid  très  court*  Stade  de  chaleur 
plus  net,  avec  persistance  fréquente  des  vomissements  et  convulsions, 
de  la  diarrhée,  etc.  Stade  de  sueur  modéré  ;  il  y  a  rarement  des  sueurs 
profuses  ;  sudamina.  Rate  douloureuse,  puis  perceptible,  points  névral- 
giques variés,  irradiations  douloureuses. 

Les  accès  peuvent  éclater  à  toute  heure  du  jour  et  de  la  nuit  ;  durée 
variable  (quatre,  huit,  quatorze,  vingt-quatre  heures).  Pâleur,  anorexie, 
«mbarras  gastrique  dans  l'intervalle  des  accès. 

Le  type  de  la  fièvre  est  généralement  quotidien  jusqu'à  trois  ans; 
plus  tard,  on  observe  le  type  tierce  ou  double  tierce.  Il  y  a  des  cas  rémit- 
tents et  continus,  des  accès  et  accidents  pernicieux. 

Le  paludisme  chronique  et  la  cachexie  paludéenne  s'installent  très 
vite  chez  les  enfants.  On  observe  souvent  chez  eux  les  formes  larvées. 
Complications  sur  le  foie  et  sur  le  rein  (cirrhose  biliaire),  néphrites,  endo- 
cardites* Diagnostic  par  l'examen  du  sang  et  la  recherche  des  béraa* 
tozoaires  ;  formule  leucocytaire  spéciale,  mononucléose.  L'action  de  la 
quinine  a  également  de  la  valeur. 

Le  traitement  par  lafquinine  est  le  meilleur.  On  donne  le  médicament 
quelques  heures  avant  l'accès  ou  même  tout  de  suite,  s'il  y  a  urgence. 
Il  faut  prescrire  des  doses  massives  :  frapper  vite  et  fort.  La  voie  gastrique 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  687 

et  la  voie  sous-cutanée  sont  les  deux  principales.  Avec  Feuquinine, 
Taristochine,  qui  n'ont  que  peu  ou  pas  d^amertume,  on  peut  donner  le 
remède  par  la  bouche  chez  Tenfant. 

La  dose  de  quinine  varie  suivant  les  auteurs  ;  elle  sera,  sans  inconvé- 
nient, de  10  centigrammes  par  année  d'âge. 

Prophylaxie,  —  Il  faut  détruire  les  moustiques  (pétrolage  des  mares), 
isoler  les  malades,  protéger  les  habitations  (grillages  aux  portes  et  fenêtres). 
On  devra  prendre  la  quinine  à  titre  préventif. 

Hygiène  de  l'habitation,  hygiène  de  T alimentation. 

Notes  of  a  casé  of  empyema,  ix:îtb  fatal  boamorrhage  from  érosion  of 
snbclavian  artery  by  drainage-tube  (Ëmpyème  avec  hémorragie  mor- 
telle par  érosioiï  de  Fartère  sous-clavière  par  un  drain),  par  le  D'  G.  H. 
Edington  (The  Glasgow  med.  Jaurn.,  juin  1907). 

En  1906,  pendant  Tété,  l'auteur  opère  une  fillette  de  dix  mois  pour  un 
empyème.  La  maladie  avait  commencé,  cinq  semaines  avant,  par  de  la 
toux  avec  dyspnée,  agitation,  diarrhée.  Amélioration  au  bout  d'une 
semaine,  mais  la  toux  persiste  et  s'accompagne  de  sueurs  profuses  et 
d^affaiblissement.  Dyspnée  très  marquée  deux  jours  avant  l'opération. 
Signes  de  pleurésie  gauche,  déplacement  du  cœur,  matité.  On  retire  par 
la  ponction  un  pus  épais.  Résection  d'une  partie  de  la  huitième  côte  en 
arrière  de  l'aisselle.  Drainage. 

Le  tube  est  laissé  en  place  six  jours.  On  le  retire  alors  pour  le  nettoyer, 
et  on  le  réintroduit. 

Le  quinzième  jour  après  l'opération,  on  aperçoit  du  sang  en  abondance. 
L*enfant  pâlit.  Il  se  rétablit  cependant,  et,  pendant  cinq  jours,  il  n'y  a 
pas  d'hémorragie.  Mais  la  fièvre  s'allume.  Le  vingt-troisième  jour  après 
l'opération,  hémorragie  foudroyante,  mort. 

A  l'autopsie,  adhérences  du  poumon  droit  avec  les  côtes  et  le  dia< 
pbragme.  Poumon  gauche  affaissé,  adhérent  au  diaphragme  et  à  Tangle 
des  côtes  en  arrière.  Une  sonde,  introduite  dans  la  plaie  thoracique,  se 
dirige  en  haut,  vers  la  sous-clavière  ;  cette  artère  présentait  une  ouverture 
ovale  longue  de  3  millimètres.  Précisément  la  pointe  du  tube  à  drainage 
s'adaptait  à  cette  solution  de  continuité. 

11  en  résulte  que  dorénavant  on  ne  devra  pas  mettre  de  tubes  trop  longs  ; 
ils  seront  proportionnés  aux  dimensions  du  thorax.  Pendant  six  jours, 
le  tube  est  resté  en  place,  puis  il  a  été  réintroduit  tous  les  jours  pendant 
neuf  jours.  C'est  ainsi  qu'il  a  eu  le  temps  d'ulcérer  l'artère  avec  laquelle 
il  était  entré  en  contact. 

De  rorigme  centrale  de  certaines  paralysies  diphtëriqaes,  par 
le  D'  H.  DuFOun  (Soc.  méd.  des  hâp.,  3  mars  1907). 

Fille  de  huit  ans  entrée  à  l'hôpital  le  27  mai  1907  pour  une  diphtérie 
pharyngée.  On  lui  injecte  20  centimètres  cubes  de  sérum;  elle  guérit 
assez  vite  malgré  une  albuminurie  très  intense  qui  dure  jusqu'au  11  avril. 
Elle  sort  le  13  avril,  et  le  1^  mai  elle  rentre  pour  une  paralysie  diphtérique 
tardive  (deux  mois  après  Tangine). 

On  constate  une  paralysie  de  l'accommodation  oculaire,  une  paralysie 
du  voile  du  palais,  l'abolition  des  réflexes  rotuliens  et  achilléens,  de  la 
faiblesse  des  jambes.  Pas  de  troubles  sensitifs,  pas  de  fourmillements 
dans  les  membres  supérieurs. 

Mais  il  existe  en  outre  :  \^  une  paralysie  du  facial  inférieur  gauche  ; 
2o  le  signe  du  peaucier  à  gauche  ;  3»  une  ébauche  de* flexion  combinée 
de  la  cuisse  et  du  tronc,  de  ce  même  côté.  Ces  trois  symptômes  sont  évidem- 


688  ANALYSES 

ment  sous  la  dépendance  d'une  lésion  du  faisceau  pyramidal.  La  paralysie 
diphtérique  s'est  donc  localisée  au  niveau  des  centres  nerveux. 

La  localisation  sur  le  faisceau  pyramidal  a  dû  même  se  faire  assez  haut, 
au-dessus  du  bulbe,  dans  le  trajet  encéphalique  ou  isthmique. 

La  ponction  lombaire  n'a  pas  montré  de  leucocytes  dans  le  culot  de 
centrifugation  du  liquide  céphalo-rachidien.  Ce  même  liquide  ensemencé 
au  sérum  gélatine  a  été  stérile  (pas  de  bacilles  de  LoefUer). 

^  Intubation  ol  the  larynx  in  laryngeal  diphteria  (Intubation  du 
larynx  dans  la  diphtérie  laryngée),  par  le  D'  Claude  6.  Ker  (The  Scou. 
med.  and  sur.  Journ,,  juin  1907). 

C'est  en  1858  que  Bouchut  eut  l'idée  de  combattre  le  croup  par  l'intro- 
duction d'un  tube  dans  le  larynx;  découragé  par  ses  collègues,  il  ne  put 
aboutir.  0'Dwyer,en  1885»  réussit  complètement,  et  les  tubes  dont  on  se 
sert  actuellement  ne  sont  que  des  modifications  des  siens.  En  Grande- 
Bretagne,  l'intubation  n'a  pas  trouvé  d'emblée  un  grand  enthousiasme, 
et  elle  compte  encore  des  détracteurs. 

Le  tubage,  depuis  1894,  a  cependant  été  en  honneur  au  Edinbur§h 
City  HospitaL  L'auteur  compte  un  peu  plus  de  200  cas  personnels.  Il  y  a 
trois  ans,  la  mortalité  n'était  jamais  tombée  au-dessous  de  40  p.  100.  Une 
grande  amélioration  devait  r^ulter  de  l'alimentation  par  le  nez  dans  tous 
les  cas  d'intubation.  Auparavant,  on  se  contentait  de  lavements  nutritifs. 
La  sonde  nasale  vaut  mieux.  Ne  pas  tuber  trop  tôt. 

Sur  70  cas  intubés  à  l'hôpital  depuis  l'automne  de  1904, 12  étaient  pure- 
ment laryngés,  48  avec  participation  de  la  gorge,  10  avec  association  du 
naso-pharynx;  19  moururent  (27,1  p.  100).  Un  peu  plus  du  quart  deman- 
dèrent une  trachéotomie  (18,  dont  10  mortels,  plus  de  55  p.  100). 

On  doit  enlever  le  tube  entre  quarante-huit  heures  et  soixante-douze 
heures  après  l'intubation  (deux  jours  et  demi  en  moyenne).  Un  enfant  a 
gardé  le  tube  quatroze  jours  et  un  autre  vingt-neuf  jours  (ce  dernier  ne 
fut  pas  tube  moins  de  14  fois).  L'auteur  se  sert  de  tubes  de  vulcanite,  qui 
seraient  très  bien  tolérés. 

1^  Le  plus  jeune  enfant  tube  avait  six  mois  ;  il  a  guéri.  Le  plus  âgé  avait 
huit  ans. 

Case  cl  bronchial  diphtheria  (Cas  de  diphtérie  bronchique)»  par 
le  D'  Bellamy  {The  Brit.  med.  Journ.,  29  juin  1907). 

Garçon  de  huit  ans  :  après  quelcfues  jours  de  malaise,  a  du  coryza  avec 
toux  et  mal  de  gorge,  mais  continue  d'aller  à  l'école.  Il  perd  peu  à  peu  sa 
voix,  saigne  du  nez  de  temps  à  autre  et  ne  peut  respirer  que  par  la  bouche. 
L'examen  médical  n'a  lieu  que  le  dixième  jour. 

Peau  chaude,  pouls  102,  température  38^,5,  écoulement  séro-sangui- 
nolent  par  les  deux  narines  ;  rougeur  du  pharynx,  grosses  amygdales. 
Albuminurie.  Le  soir,  toux  violente,  expulsion  de  deux  tubes  membra- 
neux, moules  de  deux  grosses  bronches;  après  quoi  soulagement  delà  toux 
et  de  la  dyspnée.  Chaque  tube  membraneux  avait  plus  de  7  centimètres 
de  long  et  6  millimètres  de  diamètre  ;  trente-six  heures  après,  expulsion 
d'un  nouveau  tube  de  10  centimètres  de  long. 

On  injecte  4  000  unités  de  sérum  antidiphtérique  chaque  jour  pendant 
cinq  jours.  Peu  à  peu,guérison;  la  voix  reste  un  peu  affaiblie,  et  il  persiste 
une  paralysie  des  muscles  ciliaires  traitée  ensuite  parTésérine.  Les  cultures 
ont  donné  le  bacille  de  Lœffler. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  080 

Réapparition  de  la  diphtérie  sous  Finflaence  de  la  rougeole,  etc., 
par  le  D'  H.  Barbier  {La  tuberculose  infantile,  15  avril  1907). 

Sous  rinfluence  d'une  rougeole  ou  d'une  scarlatine,  la  diphtérie  peut  se 
réveiller.  Soit  un  enfant  qui  a  été  exposé  à  une  contagion  diphtérique  et 
qui  a  reçu  une  injection  préventive,  ou  un  enfant  qui  a  été  atteint  de 
diphtérie,  soigné  convenablement  et  guéri.  Quand  une  rougeole  survient 
dans  les  semaines  qui  suivent,  on  peut  voir  réapparaître  des  manifesta- 
tions diphtériques  qui  réclament  une  nouvelle  injection  de  sérum.  Cette 
récidive  peut  s'observer  dans  les  trois  semaines  qui  suivent  l'inoculation 
de  sérum,  à  une  époque  où  l'immunisation  devrait  encore  exister. 

I.  Garçon  de  trois  ans  et  demi.  Diphtérie  nasale  au  cours  d'une  rou- 
geole secondaire  à  la  scarlatine.  Inoculation,  six  semaines  auparavant, 
de  30  centimètres  cubes  de  sérum. 

II.  H...  Marthe.  Diphtérie  oculaire  au  cours  d'une  rougeole  chez  une 
cachectique  tuberculeuse  inoculée  trente  jours  auparavant  par  le  sérum 
antidiphtérique.  Mort. 

III.  Garçon  de  trois  ans  et  demi.  Group  et  angine  diphtérique.  Gué- 
rison  le  troisième  jour.  Scarlatine  le  cinquième  jour.  Rougeole  le  dix- 
septième  jour.  Réapparition  de  la  diphtérie  sur  la  bouche  ce  même  jour. 
Guérison. 

M.  Barbier  conclut  : 

l^*  Lorsqu'une  rougeole  survient  chez  un  enfant  convalescent  d'une 
diphtérie,  depuis  moins  de  deux  mois,  la  rougeole  peut  faire  réapparaître 
la  diphtérie,  et  il  est  prudent,  dès  l'apparition  de  la  rougeole,  de  faire 
à  l'enfant  une  nouvelle  inoculation  de  sérum  antidiphtérique  ; 

2o  On  doit  agir  de  même  lorsque,  dans  une  famille  ou  ailleurs,  la  rougeole 
apparaît  chez  des  enfants  ayant  été  en  contact  antérieurement  avec  des 
cas  de  diphtérie,  même  quand  on  les  a  isolés  à  temps,  même  quand  ils  ont 
reçu  à  ce  moment  une  inoculation  préventive,  même  quand  le  temps 
théorique  d'immunisation  de  celle-ci  n'est  pas  écoulé. 

Traitement  orthopédique  de  certaines  formes  de  la  maladie  de  LitUe, 
par  le  D'  Frœlich  {Congrès  d'Alger,  1907). 

Chez  15  malades,  l'auteur  a  noté  l'asphyxie  à  la  naissance,  les  trauma- 
tismes  obstétricaux,  la  naissance  avant  terme,  la  gémellité,  plus  rarement 
la  syphilis.  Ce  qui  domine  la  symptomatologie,  c'est  Vétat  mental  des  enfants 
atteints  ;  on  peut,  à  ce  point  de  vue,  les  diviser  en  spinaux  et  cérébraux. 
Ces  derniers,  outre  la  paraplégie  ou  la  diplégie,  ont  un  alTaibhssement 
mental  qui  les  rendre  fractaires  à  toute  éducation  (5  sur  15,  avec  4  presc[ue 
hydrocéphales).  Chez  les  autres  enfants,  quoiqu'il  y  eût  une  diminution 
de  Tintelligence,  du  strabisme,  des  crises  épileptiformes,  de  l'incontinence 
d'urine,  l'état  psychique  était  perfectible.  Dans  la  forme  cérébrale, 
l'aggravation  dépend  de  poussées  d'encéphalite  ou  d'hydrocéphalie,  qui 
viennent  contrarier  la  thérapeutique.  Dans  la  forme  spinale,  l'état  s'ag- 
grave si  aucun  traitement  n'est  apphqué,  et  la  contracture  aboutit  à 
des  déformations,  permanentes. 

L'affection  étant  due  à  une  exagération  des  réflexes  médullaires  et  à 
une  diminution  ou  à  une  absence  complète  de  l'action  modératrice  du 
cerveau  ou  de  la  volonté  sur  ces  réflexes,  on  devra  tenter  d'augmenter 
l'action  de  la  volonté  ou  des  centres  nerveux,  et  pour  cela  on  aura  recours 
à  la  médication,  à  la  mobilisation  volontaire  commandée  et  aux  exercices 
musculaires  actifs. 

*    Contre  la  contracture,  on  aura  recours  aux  sections  tendineuses  :  ten- 
don d'Achille,  tendon  du  creux  poplité,  adducteurs  de  la  cuisse.  Après 

Arch.  db  médbc.  nK8  kickants,  liM)7.  X.   —  44 


01)0  ANALYSES 

l'opération,  appareil  plâtré  pendant  quatre  semaines,  puis  appareil  en  «  uir 
moulé,  n'empêchant  pas  les  massages  musculaires  et  les  mouvement  pa>- 
sifs.  Traitement  d'ailleurs  des  plus  ingrats  :  «  Le  travail  est  aride  et  la 
récolte  maigre  ;  le  traitement  de  ces  affections  est  très  astreignant  ;  il  faut 
une  patience  à  toute  épreuve  pour  le  niener  à  bien.  » 

Epidermolysis   bullosa  (Ëpidermolyse  huileuse),  par  le  D'  F.  0\ii- 
DiNER  (Tfie  Scott,  med.  and  Surg,  Journ.,  juillet  1907). 

Nous  avons  publié  sur  cette  intéressante  question  de  l'épiderriK»!}-^ 
bulbeuse  congénitale  une  revue  générale  basée  sur  les  faits  intéressant^ 
de  Petrini-Galatz  {Arch,  de  méd.  des  Enfants,  1907,  p.  353). 

M.  Gardiner  semble  avoir  ignoré  ces  faits  ainsi  que  plusieurs  autres  d*^ 
la  littérature  française,  dont  mention  existe  dans  la  revue  sus-indiqu»^»». 
L'épidermolyse  bulleuse  a  pour  caractéristique  d'être  souvent  héréditaire', 
se  présentant  dans  la  première  ou  la  seconde  enfance,  s'accusant  par  dp< 
bulles  sous  l'influence  d'une  légère  irritation.  Ëngman  et  Moore  (Joum.  "j 
Cut,  diseases,  mars  1906),  ont  rapporté  4  cas  : 

1°  Garçon  de  huit  ans,  sans  hérédité  ;  première  manifestation,  il  y  a 
dix-huit  mois,  à  la  suite  d'un  coup  sur  le  dos  de  la  main  qui  fit  naître  un^ 
ampoule  ;  peu  après  les  avant-bras,  les  cous-de-pied  et  les  pieds  furent 
atteints  ;  pas  de  douleur  ni  démangeaison,  un  léger  traumatisme  provoqua 
des  bulles.  Impétigo  contagiosa  qui  disparaît  par  des  bains  de  sublima 
à  1  p.  20  000.  On  note  la  présence  de  petits  kystes  épidermiques  sur  N 
oreilles,  la  face,  les  lèvres,  les  mains,  et  de  télangiectasies  de  la  langue. 
Amélioration  par  l'arsenic; 

2°  Fille  de  six  ans,  pas  d'hérédité;  l'éruption  a  commencé  sur  un  ort»*jl 
deux  jours  après  la  naissance  et  a  persisté  depuis  lors  ;  elle  est  occasionné' 
par  les  traumatismes  ;  télangiectasies  et  kystes  épidermiques.  Anip 
lioration  temporaire  par  l'arsenic  ; 

3°  Garçon  de  huit  ans  ;  pas  d'hérédité,  début  sur  le  pouce  après  la  luv^- 
sance ; 

40  Fille  de  dix -sept  ans  ;  hérédité  maternelle,  la  mère  a  souffert  dVpi- 
dermolyse  bulleuse  jusqu'à  dix -huit  ans  ;  un  frère  et  une  sœur  ont  êt« 
également  atteints.  Début  de  la  maladie  dans  la  seconde  année,  kyst- 
épidermiques  multiples  ;  les  bulles  sont  souvent  précédées  de  démangeai- 
sons et  sont  parfois  douloureuses  tant  qu'on  ne  les  a  pas  ponctionn^'^. 
L'examen  microscopique  a  montré  le  gonflement  des  cellules  dans  V^ 
couches  profondes  de  l'épiderme,  l'absence  de  tissu  élastique  dans  If^ 
couches  papillaires  et  sous-papillaires  du  derme. 

Winkelried-Williams  (Briu  Jour,  of  Derm.,  janvier  1907)  a  vu  un  • 
flUe  de  cinq  ans  qui,  née  avec  des  adhérences  des  mains,  coudes,  genoui,  et <.. 
sans  antécédents  héréditaires,  présenta  une  éruption  bulleuse  quinze  jour- 
après  la  naissance.  Des  frictions  déterminaient  la  production  de  bulles. 
La  maladie  était  sans  doute  intra-utérine  et  avait  provoqué  les  adhé^enr^^ 
des  membres. 

Valentine  (Arck,  f.  Derm,  und  Syph.,  1906)  résume  l'histoire  «1»' 
17  cas,  dont  3  dans  la  même  famille,  et  signale  la  prédominance  d**** 
garçons. 

Fordyce  (Jour,  of  Cut.  diseases,  sept.  1906)  rapporte  un  cas  ass-xié 
à  un  tremblement  intentionnel  des  lèvres,  de  la  langue,  de  la  tête. 

Le  traitement  par  les  rayons  X  a  donné  d'assez  bons  résultats.  Schoin- 
berg  (Joum.  of  Cut.  Dis.,  1906),  après  30  séances,  obtint  une  réeUe  amélio- 
ration chez  un  garçon  de  dix  ans.  Berger  (Semaine  médicale,  16  mai  lyo»*». 
aurait  guéri  en  six  semaines  un  cas  qui  datait  de  six  ans  (depuis  la  nais- 


PUnLIGATIONS   PÉRIODIQUES.  OOl 

sance).  Durée  de  chaque  séance  :  sept  minutes.  L'amélioration  a  été 
signalée  après  trois  jours.  Agnes  Savill  (The  Lancet,  14  juillet  1906)  a  obtenu 
(iu  soulagement  par  l'ergot  de  seigle  chez  deux  malades  (frère  et  sœur). 

Ostéofliyélite  vertébrale  aigué,  par  MM.  Andrieu  et  Lemarchal 
(Revue  cTorthopédie,  l^r  juillet  1907). 

Garçon  de  onw  ans  et  demi,  entré  le  10  novembre  1906  dans  le  ser- 
vice de  M.  Moizard,  avec  des  signes  d'infection  générale  datant  de  huit 
jours.  Chute  dans  l'escalier  un  mois  avant.  Au  bout  de  quinze  jours,  dou- 
leurs vagues  dans  le  côté  gauche  du  thorax.  Deux  épistaxis.  Constipation. 

Pouls  110,  température  39°.  Une  voussure  comble  la  gouttière  verté- 
brale de  l'angle  interne  de  l'omoplate  à  la  région  lombaire.  Peau  luisante 
et  tendue,  lacis  veineux.  Fluctuation.  Colonne  dorsale  peu  mobile,  l'enfant 
ne  peut  faire  le  dos  rond  ni  l'étendre  fortement.  La  pression  de  haut  en 
Ijas  sur  les  apophyses  épineuses  est  douloureuse  au  niveau  de  la  septième 
dorsale  ;  pas  de  gibbosité.  Parésie  des  membres  inférieurs  avec  conser- 
vation de  la  sensibilité.  Vessie  paresseuse,  constipation  opiniâtre,  réflexes 
rotuliens  normaux,  pas  de  trépidation  épileptoïde. 

Une  incision  de  15  centimètres  suivant  le  grand  axe  de  la  collection 
parallèle  aux  apophyses  épineuses  donne  250  grammes  de  pus.  Au  fond 
de  la  cavité,  on  sent  une  apophyse  transverse  dénudée  ;  on  la  résèque. 
Pas  d'amélioration,  on  est  obligé  de  sonder  l'enfant. 

Le  29  novembre,  hématurie  ;  le  4  décembre,  cystite,  urines  purulentes, 
fétides,  œdème  du  prépuce.  Lavages  delà  vessie  au  protargol  à  1  p.  1000. 
Le  9  décembre,  escarre  sacrée,  escarre  à  la  fesse  gauche.  Le  12  décembre, 
œdème  des  membres  inférieurs,  phlyctènes  aux  pieds.  Ballonnement  du 
ventre. 

Le  8  janvier,  pâleur  et  amaigrissement  extrêmes,  cyanose  des  lèvres, 
160  pulsations,  souflle  pulmonaire.  Mort  dans  la  nuit  du  9  au  10  janvier. 

Autopsie,  —  Viscères  abdominaux  distendus,  refoulant  le  diaphragme  ; 
bronchopneumonie  à  droite.  Adhérences  à  gauche,  abcès  intrapleural. 
Cette  collection  semble  communiquer  avec  le  foyer  vertébral.  Léger 
épanchement  péricardique.  Végétations  flbrineuses  de  la  mitrale  et  de 
la  tricuspide. 

Ueber  einen  Fall  von  Herpès  zoster  ophthalmicns  bel  einem  Kinde 
(Sur  un  cas  de  zona  ophtalmique  chez  un  enfant),  par  J.-M.  Rachmaninow 
(Archiv  /.  Kinderheilk,,  1907). 

L'observation  a  porté  sur  une  enfant  de  quatre  ans  et  demi,  qui,  huit 
jours  auparavant,  avait  reçu  un  coup  avec  un  bâton  mince  sur  la  tête, 
près  de  l'occiput.  La  nuit  suivante,  l'enfant  se  plaignit  de  douleurs  à  l'œil 
gauche,  qui  le  lendemain  ne  pouvait  plus  s'ouvrir.  Le  quatrième  jour, 
l'enfant  examinée  ne  montre  rien  d'anormal  à  l'œil.  Le  cinquième,  on  voit 
de  la  rougeur  et  du  gonflement  de  la  paupière  de  l'œil  gauche.  La  nuit, 
apparatt  une  éruption  vésiculeuse  sur  le  front,  le  nez,  et  du  gonflement 
des  paupières  de  l'œil  droit.  L'éruption  s'étendit  à  droite  jusqu'au  milieu 
du  visage. 

Les  vésicules  par  suite  de  frottements  s'excorièrent;  il  se  forma  des 
croûtes  qui  tombèrent  peu  à  peu  ;  il  n'y  eut  pas  de  cicatrices. 

Il  est  peu  probable  que  ce  si  léger  traumatisme,  ayant  porté  sur  le  côté 
opposé  à  celui  qui  fut  frappé  de  zona,  en  ait  été  la  cause. 

La  brièveté  du  stade  latent  va  encore  à  rencontre  de  l'origine  trauma- 
tique  de  ce  zona,  qui  apparut  quelques  heures  seulement  après  le  trau- 
matisme. En  outre,  il  y  a  à  noter  la  longueur  anormale  du  stade  prodro- 


(502  ANALYSES 

mique  ;  l'éruption  se  montra  seulement  au  septième  jour  après  le  début. 
A  noter  encore  l'existence  de  douleurs  consécutives  persistant  après  !♦» 
retour  ad  integrum  de  la  peau,  ce  qui  est  chose  rare  chez  l'enfant  jeune. 

Ueber  Todesfâlle  bei  Chorea  (Sur  les  cas  de  mort  dans  la  chorée), 
par  J.-M.  Rachmaninow  (Archiv  /.  Kinderheilk,,  1907). 

Chez  deux  fillettes,  l'une  de  douze,  l'autre  de  treize  ans,  dont  la  chonn- 
grave  se  terxiina  par  la  mort,  on  notait  à  l'autopsie  une  endocardito 
récente  mitrale  restée  latente  pendant  la  vie,  quoiqu'on  eût  examiné  le 
cœur  avec  grand  soin.  Ce  n'est  pas  l'endocardite  qui  causa  le  fn^av»- 
tableau  morbide  et  qui  fut  la  cause  prochaine  de  la  mort.  Au  point  de  vue 
clinique,  ces  deux  cas  différaient  des  cas  ordinaires.  Dans  un  cas,  outre  la 
violence  des  mouvements  choréiques,  on  notait  une  assez  forte  hyp^r- 
thermie,  de  l'hémiplégie  et  de  la  perte  de  connaissance  ;  dans  l'autre, 
l'hyperthermie  ne  survint  que  vingt-quatre  heures  avant  la  mort.  L'end»», 
cardite  et  la  splénomégalie  trouvées  à  l'autopsie  montrent  que  les  enfanta 
succombèrent  à  une  infection  généralisée,  peut-être  secondaire  et  due  à 
des  microbes  pyogènes  ayant  pénétré  par  les  nombreuses  érosions 
répandues  à  la  surface  du  corps. 

Beitrag  zur  Lehre  der  KleingehirngeschwtUste  im  Kindesalter  (Contri- 
bution à  l'étude  des  tumeurs  du  cervelet  dans  l'enfance),  par  !♦* 
D'  OsHiMA  (Archivf.  Kviderlieilk.y  1907). 

Chez  une  enfant  de  six  ans,  on  observait  les  signes  suivants  :  céphalée 
postérieure  avec  vomissements,  surtout  le  matin  et  le  soir,  phénomène- 
fréquent  dans  la  tuberculose  du  cervelet,  perte  de  connaissance,  trouhI«*> 
de  l'acuité  visuelle  allant  jusqu'à  la  cécité,  troubles  fonctionnels  d«-< 
muscles  de  l'œil,  nystagmus,  strabisme,  contracture  spasmodique  de> 
muscles  de  l'œil  survenant  pendant  les  attaques,  tout  cela  était  en  faveur 
de  la  tuberculose  du  cervelet.  L'augmentation  de  l'hydrocéphalie  montrait 
que  la  tumeur  augmentait  de  volume.  Les  convulsions  prédominant 
au  côté  droit  montraient  qu'il  devait  y  avoir  un  foyer  dans  l'écort»' 
cérébrale. 

A  l'autopsie,  il  y  avait  en  effet  un  tubercule  solitaire  occupant  rhérni- 
sphère  droit  du  cervelet  et  dans  l'hémisphère  gauche  du  cerveau  un  petit 
tubercule. 

Beitrâge  zam  Studium  des  Saûglings-Pylorospasmas  mit  besonderer 
Berûcksichtigung  der  Frage  von  seine  r  Angeborenheit  (Contribution  a 
l'étude  du  pylorospasme  du  nourrisson  avec  considération  parlicuUère 
sur  sa  congénitalité),  par  le  D'  Wilh.  Wernstedt  {Jahrb.  f.  Kindcr- 
heilk,,  1907). 

Pour  établir  la  nature  du  pylorospasme  du  nourrisson,  l'auteur  a  fait 
des  examens  d'estomac  comparatifs  chez  des  édentés  et  chez  d'autres 
vertébrés.  Chez  les  premiers,  il  a  toujours  trouvé  une  région  pylorique 
fortement  musclée;  chez  les  autres,  jamais  il  n'a  vu  pareille  chose,  sauf 
cependant  chez  le  lapin,  où  il  y  a  quelque  analogie  avec  ce  qu'on  voit 
chez  les  édentés.  On  peut  admettre  au  cours  du  développement  du  fœtus 
un  état  du  pylore  analogue  à  celui  des  édentés,  mais  c'est  là  une  hypo- 
thèse. 

Pour  ce  qui  est  de  la  congénitalité  du  pylorospasme,  il  n'est  guère  pas- 
sible de  trancher  actuellement  la  question.  Il  faudrait  pour  cela  avrir 
trouvé  une  réelle  hypertrophie  à  l'autopsie  d'enfants  mort-nés  ou  morts 
presque  après  la  naissance.  Or  Tauteur  ne  connaît  pas  un  cas  certain  de 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  003 

ce  genre.  Le  but  de  l'auteur  par  ce  travail  n'est  pas  de  prouver  la  congé- 
nitalité  de  la  lésion,  mais  d'établir  l'absence  de  preuves  certaines.  Il  y 
a  là»  ce  semble,  un  trouble  fonctionnel  des  nerfs  moteurs  de  l'estomac. 

Die  Eigentûmlichkeiten  des  Kindesalters  (lies  .particularités  de 
l'enfance),  par  le  professeur  Gundobin  (Jahrb.  /.  Kinderheilk.,  1907). 

L'auteur  établit  que  la  croissance  des  divers  organes  ne  marche  pas  de 
pair  avec  la  croissance  générale  de  tout  l'organisme.  Il  y  a  une  première 
loi  à  mettre  en  lumière  que  la  croissance  des  organes  dans  l'enfance  ne 
va  pas  de  pair  avec  leur  développement  histologique.  Par  croissance,  il  faut 
entendre  l'augmentation  de  volume;  par  développement,  le  perfection- 
nement de  l'organe  dans  sa  structure  et  sa  fonction.  Ce  dernier  est  beau- 
coup plus  tardif. 

La  seconde  loi  a  trait  à  l'énergie  de  croissance  inhérente  à  l'organisme 
infantile,  qui,  si  elle  est  trop  violente,  peut  s'accompagner  de  troubles. 
La  troisième  est  que,  pendant  cette  période  de  rapide  croissance,  l'orga- 
nisme a  le  moins  de  résistance  contre  les  influences  nocives.  En  outre, 
les  organes  les  plus  actifs  sont  aussi  ceux  qui  sont  le  plus  lésés. 

Ueber  palpable  und  bewegliche  Nieren  im  Saûglingsalter  (Sur  les 
reins  accessibles  à  la  palpation  et  mobiles  chez  le  nourrisson),  par  le 
D'  Karl  Leiner  (Zeitschr.  /.  klin»  Med.,  1907). 

L'auteur  relate  deux  cas,  l'un  d'un  enfant  de  quatre  mois,  chez  qui 
l'examen  du  rein  fait  par  la  méthode  de  Glénard  (introduction  de  quatre 
doigts  entrQ  l'os  iliaque  et  le  rebord  costal,  l'enfant  étant  étendu  sur  le  dos) 
permettait  de  constater  dans  les  deux  lombes  une  tumeur  ronde.  La 
palpation  dans  le  décubitus  latéral  était  plus  facile.  L'examen  rectal 
donnait  les  mêmes  résultats.  L'insufflation  du  côlon  mettait  en  évidence 
le  siège  rétro -péri  tonéal  des  deux  tumeurs.. 

Le  second  cas  était  très  analogue  ;  il  s'agissait  d'un  enfant  de  huit 
mois,  très  amaigri  aussi  et  ayant  aussi  des  lésions  pulmonaires,  tuberc- 
lose  ici,  pneumonie  dans  le  premier  cas.  La  palpation  du  rein  droit  était 
gônée  par  le  volume  du  foie.  Par  contré,  à  gauche,  la  palpation  rénale 
était  aisée.  On  sentait  les  reins  mobiles  avec  la  respiration  et  dans  le  sens 
longitudinal.  A  l'autopsie,  cependant,  les  reins  étaient  gros,  mais  ^  leur 
place  normale. 

Ueber  Kongenitale  Maskelatonie  {Myatonia  Congenita  Oppenheim) 
(Sur  l'atonie  musculaire  congénitale),  par  le  D»^  L.  Tobler  (Jahrb.  j, 
KinderheilK  1907). 

En  s'appuyant  sur  quatre  cas,  Oppenheim  a  décrit  en  1900,  sous  le 
titre  à^ atonie  musculaire  générale  et  localisée  de  la  première  enfance,  une 
direction  qui,  survenant  chez  des  enfants  dont  l'état  de  la  nutrition  est 
satisfaisant,  est  caractérisée  par  une  extrême  mollesse  et  une  impuissance 
fonctionnelle  de  la  plupart  des  muscles.  Les  membres  inférieurs  sont 
atteints  plus  que  les  supérieurs.  L'atonie  peut  aller  jusqu'à  la  paralysie 
complète  ;  les  membres  se  laissent  mettre  en  des  positions  impossibles 
normalement;  les  réflexes  tendineux  sont  abolis;  l'excitabilité  électrique 
est  très  diminuée.  Il  n'y  a  pas  d'atrophie  musculaire;  la  sensibilité  est 
intacte. 

L'auteur  rapporte  un  cas  bien  caractérisé  qu'il  a  pu  suivre  pendant 
plus  de  trois  ans.  Il  s'agissait  d'un  enfant  né  de  parents  normaux,  non 
consanguins,  et  dans  des  conditions  normales,  nourri  au  sein  pendant 

ix  mois.  Au  moment  du  sevrage,  il  y  eut  un  peu  de  catarrhe  in  lest  i  nal 


004  ANALYf^ES 

avec  fièvre  d'ailleurs  passagère  ;  à  un  an  et  demi,  catarrhe  pulraonair»» 
avec  fièvre.  I/enfant,  né  lo  16  décembre  1900,  présentait  en  août  1902 
rétat  suivant  :  poids  9'"'M00  ;  bon  aspect,  nutrition  générale  très  satis- 
faisante, pas  de  rachitis.  Ganglions  légèrement  perceptibles  ;  lobe  mown 
thyroïdien  appréciable.  Cœur  et  poumons  normaux,  ainsi  que  les  viscères 
abdominaux.  A  travers  l'épaisse  couche  de  graisse,  on  sent  les  musclas 
normaux.  La  tête  est  bien  maintenue,  il  y  a  une  forte  cyphose  d<*  la 
colonne  vertébrale  sur  toute  l'étendue  ;  les  bras  pendent  flasques  ;  les 
jambes  sont  en  rotation  externe  au  niveau  de  la  hanche  et  en  lég'Vp 
flexion  au  niveau  du  genou.  Les  pieds  sont  en  chute  partielle  et  touchent 
le  lit  par  leurs  bords  latéraux.  Le  tonus  musculaire  est  dans  tous  le? 
membres  presque  nul  ;  la  jambe  soulevée  retombe  lourdement.  Les  arti- 
culations ont  une  laxité  anormale.  Les  épaules  peuvent  arriver  au  conta»  t 
des  oreilles.  La  voûte  plantaire  est  alTaissée.  Si  l'enfant  est  debout  et  m 
on  ne  le  soutient  pas  par  le  bassin,  il  s'affaisse  sur  lui-même.  Il  n'y  a  pas 
de  paralysie  complote  ;  les  mouvements  actifs  persistent,  mais  seu- 
lement esquissés  ;  ils  sont  lents  et  sans  force  et  plus  marqués  aux  bra^;. 
C'est  surtout  à  la  périphérie  des  membres  que  les  mouvements  sont 
plus  accentués.  Souvent  l'enfant  a  la  tête  entre  les  pieds,  et  il  ne  peul 
sans  aide  se  redresser  que  lentement.  Les  traits  du  visage  sont  mous  ;  il 
ne  peut  pas  soufïler.  Les  mouvements  de  la  langue  et  des  yeux  sont  nor- 
maux, les  pupilles  réagissent  bien  ;  les  réflexes  rotuliens  sont  abolis.  K* 
réflexe  plantaire  n'est  qu'esquissé;  celui  de  Babinski  manque:  le  réflexe 
abdominal  est  manifeste  ;  le  crémastérien  ne  peut  être  cherché,  vu  l'arrêt 
du  testicule  dans  sa  descente.  L'excitabilité  électrique  aux  deux  espèceN 
de  courants  est  en  partie  conservée,  en  partie  très  diminuée.  Les  con- 
tractions sont  courtes  ;  il  n'y  a  pas  de  réaction  myasthénique.  Sensibilités 
à  la  douleur  et  au  courant  électrique  normales.  Fonctions  de  la  miction 
et  de  la  défécation  normales. 

Dans  la  suite,  le  développement  physique  et  psychique  se  fait  norma- 
lement. On  traite  l'enfant  par  le  massage  ;  grâce  à  cela,  les  mouvements 
des  bras  se  font  mieux.  Le  29  mai  1905,  on  apprend  la  mort  de  l'enfant, 
qui  avait  eu  une  diphtérie  avec  bronchopneumonie  traînante.  Il  n'y 
eut  pas  d'autopsie. 

L'auteur  rapproche  son  cas  des  16  autres  publiés  et  en  retrace  le 
tableau  clinique.  L'affection  frappe  les  deux  sexes,  et  on  n'en  connaît 
pas  l'étiologie.  Le  début  peut  se  faire  pendant  la  grossesse  ;  la  mère  sent 
moins  bien  les  mouvements  que  normalement.  Ce  qui  frappe  d'abord, 
c'est  l'inactivité  du  jeune  enfant  ;  les  jambes  sont  surtout  atteintes,  pluh 
rarement  les  bras,  et  dans  les  cas  graves  le  dos  et  le  cou.  Il  y  a  un  reste 
de  mouvements  actifs  dans  les  extrémités  des  membres,  dans  le  hu^ 
plutôt  qu'à  la  jambe  et  dans  celle-ci  surtout  aux  péroniers.  La  palpation 
des  muscles  montre  la  mollesse,  mais  sans  atrophie  vraie.  Les  réflexes 
tendineux  ont  disparu  ;  ceux  de  la  peau  persistent.  L'excitabilité  élei - 
trique  est  très  atteinte  ;  seul  Muggia  l'a  vue  normale.  Le  courant  galva- 
nique agit  plus  que  le  faradique.  Les  muscles  sous  la  dépendance  d^^ 
nerfs  crâniens  ne  sont  pas  atteints  ;  il  en  est  de  même  des  sphincters. 
État  normal  de  la  sensibilité,  des  vaso-moteurs,  des  organes  des  sens  : 
intelligence  à  peu  près  normale.  Pas  de  troubles  subjectifs.  Souvent  il 
y  a  un  empAtement  de  graisse,  surtout  des  membres  inférieurs. 

Lorsque  la  guérison  doit  survenir,  il  y  a  disparition  de  la  plupart  ii'-< 
symptômes  au  bout  de  quelques  mois  ou  années  ;  la  rég^ression  est  lente, 
mais  en  tout  cas  il  n'y  a  jamais  d'évolution  progressive.  On  n'a  jusquVi 
suivi  aucun  cas  jusqu'à  guérison  complète.  La  guérison  survient  d'abord 


PUBLICATIONS    PÉRIODIOÙES  0î)5 

aux  membres  supérieurs,  et  elle  peut  y  être  complète.  Sans  être  vraiment 
grave,  le  pronostic  est  plus  sombre  que  ne  le  disent  Oppenheim  et  ses 
élèves.  La  gravité  tient  aux  affections  pulmonaires  intercurrentes,  qui 
élèvent  la  mortalité  à  33  p.  100. 

Le  diagnostic  est  facile  avec  la  poliomyélite  par  la  congénitalité, 
l'absence  d'atrophie  et  de  réaction  électrique  de  dégénérescence.  Plus 
délicat  est  celui  avec  les  pseudo -paralysies  décrites  par  Vierordt,  surtout 
dans  le  rachitis  ;  dans  ces  cas,  il  y  a  les  lésions  du  squelette,  la  non-con- 
génitalité,  la  guérison  plus  rapide. 

On  ne  possède  actuellement  qu'une  autopsie  de  Spiller.  Le  système 
nerveux  était  normal.  Les  muscles  avaient  un  aspect  hyalin  ;  les  fibres 
étaient  étroites,  la  striation  transversale  ne  se  voyait  pas.  Il  s'agissait 
donc  bien,  comme  le  pensait  Oppenheim,  non  d'une  lésion  des  nerfs, 
mais  d'un  retard  dans  le  développement  des  muscles.  Il  semble  même 
que  les  muscles  soient  normaux,  d'après  une  biopsie  de  Bing,  qui  n'a 
trouvé  qu'un  peu  d'augmentation  du  nombre  des  noyaux.  Bernhardt 
a  publié  deux  cas  qui  ne  semblent  pas  rentrer  dans  ce  cadre.  Pour  lui,  la 
rayatonie  dépendrait  d'un  défaut  du  développement  des  nerfs  péri- 
phériques ou  d'une  névrite  périphérique  dégénérative  liée  à  une  infection 
ou  une  intoxication  consécutive,  soit  à  une  maladie  infectieuse  ou  à  une 
persistance  du  thymus.  Le  traitement  consiste  en  courants  électriques, 
surtout  faradiques,  bains  électriques,  massages  et  mouvements  passifs. 

Congénital  hypotonia,  congénital  amyoplasia  (Hypotonie  congénitale, 
amyoplasie  congénitale),  parle  D''Carey  Coombs  {The  Brit.  med.  Jowrn,, 
15  juin  1907). 

Ce  cas  est  analogue  à  ceux  que  le  D'  Oppenheim  a  décrits  sous  le  nom  de 
myotonia  congenita  et  dont  nous  avons  entretenu  les  lecteurs  des  Archives 
de  Médecine  des  Enfants  (1906,  page  152  :  Atonie  musculaire  congénitale). 

Fille  de  dix  ans  présentée  à  la  consultation  externe  du  CkUdren's 
Hospital  (Bristol)  pour  faiblesse  musculaire  et  dépérissement.  Parents 
sains  et  aisés.  Trois  autres  enfants  morts  de  maladies  banales.  Naissancç 
à  terme,  sans  difficulté,  aucun  antécédent  morbide.  Cependant,  une  demi- 
heure  après  la  naissance,  on  a  remarqué  la  faiblesse  d'une  main.  Mais 
c'est  quand  elle  commença  à  marcher  que  l'affection  fut  reconnue.  Les 
jambes  refusaient  tout  service.  A  deux  ans  et  demi,  on  note  que  ses  mollets 
sont  très  petits;  jusqu'à  sept  ou  huit  ans,  les  chevilles  tournent  et  la  font 
tomber;  on  y  remédie  avec  des  bottines  à  tuteurs.  Mains  faibles  et  inhabiles 
à  cause  de  la  laxité  musculaire.  Intelligence  nette.  L'enfant  ne  peut 
s'habiller  seule  ni  porter  des  objets  un  peu  lourds.  Elle  ne  peut  marcher 
longtemps  sans  une  extrême  fatigue.  Taille  normale.  Pas  de  faiblesse  dans 
les  muscles  innervés  par  les  nerfs  crâniens  ;  la  langue,  les  muscles  de  la 
mastication,  ceux  des  lèvres  ont  leur  tonicité.  L'impotence  porte  surtout 
sur  les  muscles  des  membres,  qui  sont  mous,  petits,  surtout  aux  extrémités 
(avant-bras,  mains,  jambes,  pieds).  Pas  de  contracture.  Hypo tonicité 
remarquable,  qui  fait  que  les  doigts  peuvent  être  portés  en  extension 
forcée  et  subissent  des  mouvements  passifs  exagérés,  la  face  dorsale  des 
doigts  pouvant  entrer  en  contact  avec  le  dos  de  la  main  et  la  main  toucher 
le  dos  de  Tavant-bras.  Même  exagération  de  la  flexion  de  la  main  et  de 
l'écartement  des  doigts.  Au  coude,  nouvements  de  latéralité  anormaux  et 
excessifs.  Mêmes  troubles  aux  pieds  et  jambes,  quoique  à  un  degré  moindre. 
Au  tronc,  faiblesse  analogue,  lordose,  exagération  des  courbures  de  la 
colonne  vertébrale,  flaccidité  des  muscles  abdominaux,  proéminence  du 
ventre  dans  la  position  assise.  Respiration  facile,  intégrité  des  sphincters. 


()0()  ANALYSES 

Coordination  des  mouvements  conservée,  pas  de  tremblement  flbriUaire. 
conservation  des  réflexes  tendineux.  Diminution  des  contractioas  élec- 
triques en  rapport  avec  Thypotonicité.  Sensibilité  intacte.  Pas  d'aggrava- 
tion  depuis  le  début  ;  Thypotonicité  n'est  pas  progressive. 

Étude  clinique  ethistologiqae  de  la  cuti-réaction  à  la  tnbercaline  chei 
les  enfants,  par  Marcel  Ferrand  et  Jules  Lemaire  (La  Presse  médi- 
cale, 28  sept.  1907). 

Ce  travail  est  basé  sur  l'observation  de  100  enfants  du  service  df 
M.  Hutinel,  sur  350  cuti -réactions  faites  avec  des  substances  diverses 
et  sur  19  examens  histologiques.  Scarifications  d'un  demi-centimètre  de 
long,  peu  profondes,  au  nombre  de  trois  par  enfant,  faites  avec  le  vac- 
cinostyle  dans  la  région  deltoïdienne. 

Cuti-réaction  à  la  tuberculine,  —  Sur  100  cas,  54  résultats  positifs: 
soulèvement  rouge  vif,  d'apparence  urticarienne,  surmonté  d'une  mince 
croûtelle  brune,  entourée  d'un  halo  rose  clair.  Plusieurs  degrés  :  1®  réaction 
faible,  zone  érythémateuse  de  4  à  6  millimètres,  centre  un  peu  papuleux, 
halo  réduit  et  peu  durable  ;  2°  réaction  moyenne,  zone  érythémateus<> 
de  6  à  12  millimètres,  saillie  papuleuse  plus  nette»  halo  plus  étendu  et 
plus  persistant  ;  3^  réaction  forte,  exagération  des  lésions  précédentes. 

Les  réactions  les  plus  intenses  s'observent  en  général  chez  les  sujets 
qui  ont  présenté  les  plus  fortes  réactions  à  l'injection  sous-cutaaée  de 
tuberculine.  Maximum  de  la  réaction  au  bout  de  vingt-quatre  heures, 
parfois  plus  tôt  ;  elle  disparaît  au  bout  de  cinq  à  dix  jours,  mais  peut  durer 
quinze,  vingt  et  vingt-cinq  jours. 

Au  point  de  vue  histologique,  on  constate  un  œdème  dermique  souvent 
considérable,  et  une  réaction  inflammatoire  à  distance  (petites  cellules 
rondes).  Cette  cuti-réaction  à  la  tuberculine  diffère  cliniquement  et 
anatomiquement  de  ce  qu'on  observe  après  scarification  simple,  après 
pénétration  de  glycérine  simple,  de  glycérine  phéniquée  ou  sublimée, 
de  vaccin,  de  toxine  diphtérique.  Elle  est  toujours  semblable  à  elle-même 
chez  les  tuberculeux. 

Les  résultats  positifs  ou  négatifs  de  la  cuti-réaction  ont  été  vérifiés 
par  l'oculo-réaction  29  fois  sur  49  cas,  par  l'injection  sous-cutanée  de  tuber- 
culine 34  fois  sur  39  cas. 

THÈSES  ET  BROCHURES 

L'enfant,  par  le  D'  P.  Bézy  (Brochure  de  46  pages,  Paris,  1907. 
J.-B.  Baillière  et  fils,  éditeurs.  Prix  :  1  fr.  25). 

Dans  cet  opuscule,  le  D'  Bézy,  professeur  de  clinique  infantile  à  la 
Faculté  de  Toulouse,  traite  des  organes  du  nouveau-né,  de  leurs  fonctions 
pendant  l'enfance,  de  la  croissance,  etc.  A  propos  des  organes  digestifs, 
l'auteur  s'occupe  des  besoins  alimentaires  du  nourrisson  et  de  la  ration 
qui  lui  convient.  Un  kilogramme  d'enfant  a  des  besoins  plus  importants 
qu'un  kilogramme  d'adulte;  il  reçoit  plus  et  rend  moins;  il  rayonne  plus, 
il  a  besoin  d'un  plus  grand  nombre  de  calories.  Pour  Lambling,  un  enfant 
normal  de  trois  mois  a  besoin  de  91  calories  par  kilogramme  et  par  vingt- 
quatre  heures.  Pour  Bonnet  et  d'Arsonval,  qui  se  basent  sur  la  calorimétrie 
directe,  80  calories  sufiiraient.  Pour  E.  Maurel,  pendant  les  quatre  pre- 
miers mois,  le  nourrisson  a  besoin  de  100  grammes  de  lait  par  kilogramme 
de  poids.  Ce  qui  domine  les  besoins  du  nourrisson,  c'est  son  poids  et  sa 
surface  cutanée. 

Le  besoin  d'alimentation  est  plus  grand  chez  les  enfants  que  chez  les 


THÈSES   ET  BROCHURES  ()97 

adultes  à  cause  de  la  croissance  ;  pendant  les  deux  premières  années, 
Tenfant  prend  4  grammes  d'albumine  par  kilogramme,  ration  double 
de  celle  de  l'adulte  et  en  retient  plus  que  lui,  il  prend  aussi  le  double 
de  graisse.  L'enfant  très  jeune  dépense  par  kilogramme  deux  fois  plus 
de  calories  que  l'adulte.  Le  rayonnement  étant  moindre  en  été,  le 
besoin  alimentaire  est  alors  diminué,  et  la  ration  doit  être  moindre 
que  l'hiver. 

Un  kilogramme  d'adulte  correspond  à  2  décimètres  carrés  de  surface 
de  peau  ;  un  kilogramme  de  nourrisson  correspond  à  4  décimètres  carrés 
au  moins.  Enfin  il  y  a  des  enfants  qui  rayonnent  plus  que  d'autres. 

On  voit  que  l'opuscule  de  M.  Bézy  agite  des  questions  intéressantes. 

Cardiopathies  et  allaitement,  par  le  D'  L.  Le  Roux  (Thèse  de  Paris, 
10  avril  1907,  54  pages). 

Cette  thèse,  écrite  par  un  élève  de  Budin,  contient  8  observations  qui 
montrent  l'exagération  de  la  formule  de  Peter  appliquée  aux  cardiaques  : 
«  Fille  pas  de  mariage,  femme  pas  de  grossesse,  mère  pas  d'allaitement.  » 
Les  maladies  de  cœur  ne  sont  pas  une  cause  d'empêchement  pour  allaiter 
les  enfants.  Une  mère  cardiaque  peut  nourrir,  comme  elle  a  pu  enfanter, 
avec  succès.  Quand  la  lésion  cardiaque  est  compensée,  quand  l'état  général 
est  bon,  la  mère  peut  nourrir. 

On  devra  surveiller  de  près  la  nourrice  cardiaque,  afin  de  l'aider  par  un 
allaitement  supplémentaire,  si  le  besoin  s'en  fait  sentir.  Quand  l'affection 
cardiaque  est  mal  compensée,  l'allaitement  ne  doit  pas  être  conseillé, 
car  il  ajouterait  une  cause  de  fatigue  et  de  surmenage  à  la  faiblesse  orga- 
nique du  cœur. 

Régimes  alimentaires  dans  la  scarlatine,  par  le  D'  Courdouan 
{Thèse  de  Paris,  25  avril  1907,  92  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Lesage,  contient  47  observations,  avec 
tableaux  et  tracés.  Le  chlorure  de  sodium  ne  semble  pas  jouer  de  rôle 
fâcheux  sur  la  marche  de  la  scarlatine. 

Il  n'y  a  pas  de  rétention  chlorurée  au  cours  de  la  scarlatine.  Le  sel 
ajouté  aux  aliments  est  sans  influence  sur  l'albuminurie  précoce  et  ne 
paraît  pas  jouer  de  rôle  dans  la  genèse  des  néphrites  plus  tardives. 

La  courbe  de  l'élimination  chlorurée  est  identique  dans  les  différents 
régimes  ;  l'albuminurie  précoce  disparaît  à  la  même  époque,  quel  que  soit 
le  régime.  Aucun  régime  ne  met  à  l'abri  de  la  néphrite  tardive.  Le  régime 
lacté  est  sans  doute  insuffisant  et  fait  maigrir.  Mais  c'est  à  lui  qu'on  devra 
s'adresser  toutes  les  fois  qu'on  ne  pourra  pas  surveiller  les  urines  de  très 
près.  C'est  à  lui  qu'on  devra  s'adresser  encore  dans  les  cas  de  néphrite 
scarlatineuse. 

En  dehors  de  ces  cas,  le  régime  ordinaire,  normalement  chloruré,  peut 
avoir  son  utilité.  Agréable,  inoffensif,  il  produit  en  outre  une  augmenta- 
tion de  poids  régulière  et  progressive. 

Un  cas  d'hémiparalysie  de  la  langue  chez  le  nonvean-né,  par  le 
I)""  P.  Person  {Thèse  de  Paris,  19  juillet  1906,  34  paj^es). 

Il  s*agit  d'un  cas  déjà  présenté  à  la  Société  d'obstétrique  de  Paris  par 
L.  Démelin  et  C.  Jeannln.  L'hémi paralysie  de  la  langue  était  due  à  une 
paralysie  obstétricale  de  Fhypoglosse  :  application  de  forceps  sur  un 
sommet  en  droite  postérieure.  On  a  noté  comme  symptômes  :  déviation 
de  la  pointe  de  la  langue,  affaissement  de  la  moitié  de  Torgane,  toux  et 
ronchus  trachéaux.  H  en  résulta  une  grande  gène  pour  Tallaitement  au 


008  ANALYSES 

sein,  la  succion  étant  entravée  par  la  paralysie  de  la  moitié  droite  de  la 
langue. 

La  paralysie  du  nerf  hypoglosse  semble  avoir  été  produite  par  élon>;a- 
tion  du  segment  de  ce  nerf  tendu  entre  le  trou  condylien  antérieur  el  la 
face  externe  de  la  carotide  interne,  suite  de  la  subluxation  en  avant  de  la 
moitié  droite  de  Tatlas  sous  Tintluence  du  bec  de  la  cuiller  postérieure 
du  forceps. 

Quelle  que  soit  la  valeur  de  l'explication,  cette  variété  de  paralysie 
obstétricale  est  intéressante  par  son  extrême  rareté. 

La  tuberculose  dans  la  première  enfance  ;  cavernes  tnberculeoses  chez 
le  nourrisson,  par  le  û*^  H.  Lhomme  {Thèse  de  Paris,  19  juillet  11H)0, 
128  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Guinon,  contient  39  observations.  Dnsail 
que  la  tuberculose  pulmonaire  est  fréquente  chez  le  nourrisson.  La  tul)or- 
culose  cavitaire  est  plus  fréquente  qu'on  ne  croit  dans  le  premier  ai.^. 
Rares  avant  trois  mois,  les  cavernes  sont  unilatérales  le  plus  souvenl  et 
situées  à  droite,  plutôt  à  la  base  ou  à  la  partie  moyenne  qu'au  sommet. 
Elles  dérivent  de  la  fonte  d'un  bloc  de  pneumonie  casécuse,  de  la  suppu* 
ration  d'un  groupe  de  noyaux  bronchopneumoniques,  du  ramollissemenl 
de  lésions  chroniques.  Elles  peuvent  èlre  uniques  et  de  grandes  dimon- 
sions,  ou  petites  et  assez  nombreuses. 

Symptômes  trompeurs  :  bruits  pseudo-cavitaires  dans  le  cas  de  simple 
bronchite,  absence  de  bruits  cavitaires  dans  le  cas  de  caverne  véritable: 
|)as  de  symptômes  fonctionnels  caractéristiques;  quelquefois  une 
hémoptysie  foudroyante  est  la  conséquence  d'une  caverne.  En  tout  cas, 
diagnostic  très  difiicile  pendant  la  vie  ;  la  radioscopie  peut  être  utilisée 
dans  les  cas  douteux.  Pronostic  à  peu  près  fatal  dans  tous  les  cas. 

De  la  pleurésie  purulente  du  nourrisson,  notamment  delà  pleurésie  à 
pneumocoques,  par  le  D^  Paul  Douriez  {Thèse  de  Paris,  19  juillet  1900. 
50  pages). 

Cette  thèse,  basée  sur  10  observations,  montre  que  la  pleurésie  puru- 
lente n'est  pas  exceptionnelle  chez  le  nourrisson.  Elle  est  secondaire  aux 
infections  pulmonaires  ;  le  pneumocoque  en  est  le  principal  agent,  au 
lieu  du  streptocoque,  qui  joue  le  premier  rôle  dans  l'empyème  «lu  nou- 
veau-né. 11  faut  s'appliquer  à  faire  le  diagnostic,  c'est-à-dire  examiner  le 
malade.  Car  les  signes  physiques  ont  seuls  de  l'importance  et,  en  premier 
lieu,  la  matité.  On  aura  recours  à  la  ponction  exploratrice,  qui  ferareron- 
naîti'e  le  pus  et  permettra  l'examen  bactériologique. 

La  confusion  est  faite  assez  souvent  avec  la  pneumonie  ou  la  bronch<H 
pneumonie,  la  tuberculose  pulmonaire  même;  mais  ces  alfeclions  ne 
donnent  pas  lieu  à  une  matité  aussi  complète. 

Pronostic  grave,  presque  fatal  pour  les  pleurésies  à  streptocoques, 
moins  redoutable  pour  les  pleurésies  à  pneumocoques. 

On  fera  d'abord  une  thoracentèse,  qu'on  pourra  renouveler,  s'il  s'ajrit 
de  pleurésie  à  pneumocoques.  L'empyème,  qu'on  est  bien  obligé  de  faire, 
est  une  opéi-ation  dangereuse  chez  les  nourrissons. 

Méningite  tuberculeuse  du  nourrisson,  par  le  D*^  O.-T.  Lafarchade 
{Thèse  de  Paris,  20  juillet  1906,  150  pages). 

(!ette  thèse,  inspirée  par  M.  Lesage,  contient  40  observations.  Elle 
montre  que  la  méningite  tuberculeuse  est  aussi  fréquente  de  deux  mois 
à  deux  ans  que  dans  la  seconde  enfance  ;  mais  elle  évolue  d'une  manière 


LIVRES  099 

frust«  dans  la  plupart  des  cas.  On  peut  lui  distinguer  trois  formes  : 
1**  hémiplégique:  2^  édamptiquo ;  3°  somnolente. 

La  forme  somnolente,  sur  laquelle  a  insisté  M.  Lesage.est  caractérist''e 
par  quatre  symptômes  :  somnolence  progressive,  catalepsie  oculaire, 
amaigrissemsnt  progressif,  instabilité  du  pouls  avec  irrégularité.  On  peut 
encore  décomposer  cette  forme  en  deux  variétés  :  variété  somnolente 
pure,  variété  somnolente  gastro-intestinale. 

Le  syndrome  somnolent  suffit  par  lui-même  à  caractérieer  la  méningite 
tuberculeuse,  pourvu  qu'il  persiste  pendant  plusieurs  jours.  Le  diagnostic 
a  été  confirmé  par  la  ponction  lombaire  et  les  inoculations  au  cobaye. 
Marche  fatale,  traitement  absolument  inefficace. 

Du  sarcome  de  Tamygdale  chez  reniant,  par  le  D*  H.  Carrière  ( TA^se 
(le  Paris,  18  juillet  1906,  60  pages). 

(ietle  thèse  a  été  inspirée  par  M.  Moizard.  Elle  contient  2  observations 
que  nous  avons  analysées  jadis  (1902,  page  493,  et  1904,  page  449).  Elle 
montre  la  rareté  du  sarcome  de  l'amygdale  chez  l'enfant.  Ce  sarcome  est 
le  plus  souvent  primitif  et  isolé;  son  origine  reste  indéterminée.  En  géné- 
ral, il  est  à  petites  cellules  et  débute  insidieusement  par  de  l'hypertrophie 
amygdalienne,  des  troubles  de  la  phonation.  Tout  traumatisme,  quel 
qu'il  soit,  a  pour  elîet  de  donner  un  coup  de  fouet  à  la  tumeur  :  incision, 
excision,  pointes  de  feu  doivent  être  rejetées.  Il  y  a  toujours  un  engorge- 
ment ganglionnaire  considérable.  Troubles  respiratoires  constants,  mort 
par  asphyxie. 

Diagnostic  difficile  au  début  ;  on  doit  tenir  |>our  suspecte  toute  hyper- 
trophie amygdalienne  unilatérale.  Marche  rapide,  pronostic  fatal.  Traite- 
ment chirurgical  à  écarter.  Insister  sur  la  médication  iodée. 


LIVRES 

Klinîsche  stndien  ûber  Yakzination  und  vakzinale  Allergie  (Études 
cliniques  sur  la  vaccination  et  les  éruptions  vaccinales),  par  le 
D'  C.  VON  PiRQUET  (vol.  dc  194  pages,  Leipzig  et  Vienne,  1907,  Franz 
Deuticke,  éditeur.  Prix  :  6  marks). 

Dans  ces  études  entreprises  à  la  Clinique  infa'ntile  de  l'Université  de 
Vienne  (professeur  Escherich),  l'auteur  décrit  et  représente  (49  figures  dans 
le  texte  et  une  planche  en  couleurs)  l'éruption  de  la  première  vaccination 
et  de  la  revaccination,  les  fausses  et  les  vraies  vaccines,  les  éruptions 
secondaires,  etc.  Il  compare  ces  éruptions  à  celles  qu'on  voit  dans  la 
sérothérapie  et  qu'il  a  décrites  sous  le  nom  de  maladie  du  sérum. 

Beitrâge  zur  Lungenpathologie  der  Sàuglinge  (Essais  sur  la  patho- 
logie pulmonaire  du  nourrisson),  par  le  D'  L.  Bartenstein  et  le 
D'  G.  Tada  (vol.  de  100  pages,  Leipzig  et  Vienne,  1907,  Franz  Deuticke 
éditeur.  Prix  :  6  marks). 

Dans  ce  livre,  orné  de  5  figures  dans  le  texte  et  9  planches  hors  texte, 
les  auteurs  étudient  successivement  :  le  développement  du  poumon,  la 
forme  et  le  volume  des  poumons  suivant  l'âge,  le  thorax  et  la  respiration 
du  nourrisson,  la  pneumonie  du  nourrisson,  sa  pathogénie,  la  pneumonie 
hyposta tique,  la  pneumonie  catarrhale  aiguë  (bronchopneumunie, 
pneumonie  lobulaire),  la  pneumonie  lobaire  aiguë. 

Cet  ouvrage,  très  bien  illustré,  émane  de  la  clinique  infantile  de  l'Uni- 
versité royale  de  Breslau. 


70<J  SOCIÉTÉ   DE    PÉDIATRIE 

Hygiène  de  la  lèche  y  de  la  came  (Hygiène  du  lait  et  de  la  viande)» 
par  le  D'  Pedro  Berges  (Vol.  de  488  pages,  Buenos  Aires,  1907). 

Cet  important  travail,  publié  dans  le  Bulletin  du  ministère  de  fAfiri- 
culture  de  la  République  Argentine^  est  très  intéressant  pour  les  médecins 
d'enfants.  Il  suffira,  pour  en  donner  une  idée,  de  transcrire  les  têtes  de 
chapitre  : 

1°  La  tuberculose  sur  le  continent  latino-américain,  sa  prophylaxie; 

2®  Les  maladies  transmissibles  par  l'alimentation  lactée,  leur  pM- 
phylaxie  ; 

3°  Pasteurisation  obligatoire  du  lait  provenant  des  vacheries  subur- 
baines et  rurales  ; 

4®  Conditions  que  doivent  réunir  la  construction  et  l'administration  des 
abattoirs  latino-américains  ; 

50  Inspection  vétérinaire  des  viandes  chez  les  diverses  nations  sud- 
américaines.  Nécessité  et  moyens  de  la  généraliser  ; 

6^  Réglementation  des  causes  de  saisie  dans  les  abattoirs  ; 

70  Conditions  que  doit  remplir  le  lait  provenant  des  vacheries 
urbaines. 

Le  livre  contient  une  série  de  détails  pratiques  qu'il  serait  trop  long 
d'analyser  et  qu'il  faut  lire  en  entier  pour  se  bien  pénétrer  du  soin  apport»^ 
à  l'étude  de  ces  questions  d'hygiène  alimentaire,  si  importantes  pour  la 
population  des  grandes  villes. 

SOCIÉTÉ    DE    PÉDIATME 
Séance  du  iS  octobre  1907.  —  Présidence  de  M.  Villemik. 

M.  ViLLEMiN  fait  part  à  la  Société  de  la  mort  du  professeur  Gramcher. 
son  ancien  président,  et  se  fait  l'interprète  des  regrets  profonds  et  una- 
nimes qu'elle  a  causés. 

M.  L.  MoRQuio,  professeur  de  clinique  infantile  à  la  Faculté  de  Monte- 
video, après  un  rapport  de  M.  Comby,  est  nommé  membre  correspondant 
étranger  de  la  Société  de  Pédiatrie. 

MM.  Variot  et  Devillers  communiquent  un  cas  d'atonie  muscu- 
laire congénitale.  Il  s'agit  d'un  enfant  de  trois  mois,  flasque  et  mou,  ne 
remuant  bien  les  membres  que  dans  le  bain,  présentant  une  cyphose*. 
Cependant,  pas  d'atropbie  musculaire.  Mort  à  six  mois  et  demi  de  broncbr>- 
pneumonie.  On  a  pu  faire  une  autopsie  partielle,  et  les  résultats  de  Texa- 
m  en  histologique  seront  publiés  plus  tard. 

M.  Comby  a  fait  paraître,  dans  les  Archives  de  Médecine  des  Enfants 
(1^'  septembre  1905),  une  revue  générale  sur  l'atonie  musculaire  congé- 
nitale, qu'il  est  le  premier  à  avoir  signalée  en  France.  Dans  cette  revue, 
après  avoir  cité  les  cas  d'Oppenheim,  de  Berti,  etc.,  il  rapportait  un  cas 
personnel  des  plus  typiques.  Il  a  d'ailleurs  donné  une  courte  description 
didactique  de  cette  maladie  nouvelle  dans  son  Traité  des  Maladies  de 
VEnfance  (5^  édition,  parue  le  1^'  décembre  1906,  page  765).  Plus  rt- 
cemment,  il  a  observé  un  deuxième  cas  inédit,  dont  il  exposera  briève- 
ment l'histoire.  Le  D'  Girard  (d'Ivry),  en  novembre  1906,  lui  adresse 
un  petit  garçon  de  quatre  mois,  pesant  5  600  grammes,  nourri  au  sem 
par  sa  mère,  et  qui,  depuis  l'âge  d'un  mois,  serait  paralysé.  En  effet,  cet 
enfant  ne  peut  tenir  la  tête,  et  il  s'affaisse  comme  une  masse  inerte 
quand  on  veut  le  mettre  debout.  Couché  sur  le  lit,  il  fait  quelques  mou- 
vements. Levé,  il  semble  entièrement  paralysé.  Pas  d'atrophie  muscu- 
laire. Pas  de  troubles  sphinctériens,  pas  de  troubles  de  la  sensibilité,  mais 
abolition  des  réflexes  tendineux.  Un  examen  fait  par  M.  Larat,  un  autre 


socii^:tk  de  pédiatrie  701 

examen  fait  par  M.  Weil,  ont  montré  de  l-hypoexcitabilité  électrique  à 
la  partie  postérieure  de  la  cuisse  droite,  sans  réaction  de  dégénérescence. 
Rien  à  l'auscultation. 

Sous  l'influence  des  bains,  des  massages,  des  courants  électriques 
longtemps  continués,  l'enfant  s'est  peu  à  peu  amélioré.  ;  il  a  été  suivi 
pendant  toute  l'année  courante  et  revu  pour  la  dernière  fois  le  16  oc- 
tobre 1907.  Il  a  actuellement  quinze  mois  et  présente  toutes  les  apparences 
de  la  santé,  si  l'on  fait  abstraction  de  l'atonie  musculaire  qui  persiste. 
Cet  enfant,  par  son  habitus  extérieur,  rappeUe  tout  à  fait  un  cas  dont 
M.  Tobler  (JaJirbuchf.  Kinderheilky  8  juillet  1907)  a  publié  les  photographies. 

En  somme,  il  y  a  là  une  maladie  nouvelle,  de  nature  encore  inconnue, 
mais  qui  se  distingue  cliniquement  du  rachitisme,  de  la  paralysie  infan- 
tile et  de  l'amyotrophie  spinale  diffuse  des  nouveau-nés.  Cette  maladie  est 
caractérisée  par  l'atonie  générale  du  système  musculaire.  Elle  est  sus- 
ceptible de  guérison.  Les  deux  malades,  vus  par  M.  Comby,  sont  encore 
en  vie  (le  premier  a  cinq  ans,  le  deuxième  quinze  mois).  Le  D'  Carey 
Coombs  (Brit.  Med.  Journ.,  17  juin  1907)  en  a  publié  un  cas  chez  une 
ûlle  de  dix  ans. 

M.  Marfan  rappelle  qu'un  de  ses  élèves  vient  de  publier,  dans  la 
Semaine  médicale^  un  cas  de  my atonie  avec  autopsie. 

M.  Halle  appelle  l'attention  sur  la  jorme  syncopale  de  la  grippe  chez  le 
nourrisson.  En  février  1906,  une  fille  de  trois  ans  a  la  grippe  ;  on  l'éloigné, 
mais  trop  tard,  de  son  frère  âgé  de  cinq  semaines.  Ce  dernier  présente 
d'abord  un  petit  catarrhe  rhino -pharyngé  sans  importance.  Puis  il 
devient  cyanose,  suffoque,  perd  connaissance.  On  lutte  avec  succès  contre 
ces  accidents  asphyxiques  répétés  par  les  inhalations  d'oxygène,  par 
la  respiration  artificielle.  Après  avoir  manqué  de  périr  plusieurs  fois, 
l'enfant  est  sauvé.  Cependant  il  n'y  avait  pas  de  bronchopneuraonie, 
et  la  fièvre  était  peu  élevée.  Ces  accidents  toxiques,  à  localisation  bul- 
baire, se  voient  aussi  chez  les  adultes. 

M.  CoMBY  a  vu,  avec  le  D'  Philippeau,  il  y  a  deux  ans,  un  petit  nour- 
risson atteint  de  grippe  présenter  les  mêmes  accidents  syncopaux  et 
asphyxiques  que  le  bébé  de  M.  Halle.  Chez  ce  petit  malade,  allaité  par 
une  bonne  nourrice,  il  n'y  avait  que  quelques  râles  à  l'auscultation, 
sans  fièvre  notable.  Grâce  à  la  respiration  artificieUe,  aux  bains  sinapisés, 
aux  inhalations  d'oxygène,  aux  injections  de  sérum  artificiel,  la  guérison 
fut  obtenue  rapidement.  Mais,  à  plusieurs  reprises,  on  crut  bien  que 
l'enfant  ne  survivrait  pas. 

MM.  GuiNON  et  Reubsaet  présentent  un  garçon  de  douze  ans  atteint 
de  maladie  de  Recklinghausen  ;  c'est  un  petit  retardé  qui,  depuis  plusieurs 
années,  a  des  taches  pigmentaires  très  nombreuses  et  très  étendues  en 
différents  points  du  corps.  Au-devant  du  pavillon  de  l'oreille  gauche 
existe  un  nodule  mollasse  ;  pas  d'autres  tumeurs,  pas  de  névromes  ; 
organes  génitaux  peu  développés,  testicules  durs.  Hérédo -syphilis  pro- 
bable. La  mère,  qui  est  épileptique,  a  eu  douze  enfants,  dont  cinq  vivants 
à  l'heure  actuelle.  Un  frère  aîné  de  quatorze  ans  a  des  taches  pigmentaires. 
L'examen  du  sang,  fait  par  M.  Gaillard,  a  montré  la  proportion  énorme 
de  14  p.  100  d'éosinophiles  ;  le  frère  aîné  en  a  13  p.  100;  un  frère  plus 
jeune,  8  p.  100;  la  mère,  2,3  p.  100;  le  père,  2,7  p.  100. 

M.  Guillemot  présente  une  fille  de  neuf  ans  atteinte  de  goitre  exophtal- 
mique. Début  il  y  a  neuf  mois  par  des  palpitations  (130  à  140  pulsations 
par  minute),  par  du  goitre  et  par  de  l'exophtalmie.  Cette  triade  sympto- 
ma tique  est  très  prononcée.  Il  y  a  en  même  temps  de  légers  mouvements 
choréiques.  Le  lobe  thyroïde  droit  est  très  gros  et  dur. 


T02  NOUVELLES 

M.  Guillemot  présente  les  pièces  anatomiques  d'une  sténose  congénitale 
hypertrophique  du  pylore.  Il  s'agit  d'un  petit  enfant  mort  à  trente-six  jours 
après  avoir  eu  des  vomissements  incoercibles  avec  hyperacidîté  lactique 
du  résidu  stomacal.  On  ne  sentait  pas  la  tumeur  pylorique  pendant  la 
vie  ;  pas  d'ondes  stomacales.  A  l'autopsie,  parois  de  restomac  d'autant 
plus  épaisses  qu'on  se  rapproche  du  pylore.  Anneau  de  consistance  carti- 
lagineuse sur  3  centimètres  de  longueur;  calibre  du  pylore  très  réduit; 
hypertrophie  de  la  tunique  musculaire  seulement. 

M.  Le  MAIRE  présente  quatre  nouveaux  cas  de  fièvre  typhoïde  hospita- 
lière :  sur  ces  cas  intérieurs,  la  mortalité  a  été  très  élevée  (33  p.  100). 
Il  prosente  également  une  note  sur  la  cuti-réaction  à  la  tuberculinr  chez 
les  enfants. 

mUVELLES 

Université  de  Bologne.  —  Le  D^  C.  Gomba,  chargé  de  la  Clinique 
pédiatrique  à  l'Université  de  Bologne,  en  qualité  de  professeur  extraor- 
dinaire, vient  d'être  nommé  professeur  ordinaire. 

Institut  de  Florence.  —  Le  D^  Giuseppe  Caccia  est  nommé  privât- 
docent  de  pédiatrie  et  clinique  pédiatrique  à  VJnstitut  royal  des  Études 
supérieures  de  Florence. 

Université  de  Heidelberg.  —  Le  D'  Ë.  Feer,  privat-docent  de 
pédiatrie  à  Bâle,  est  nommé  professeur  extraordinaire  de  pidiatrie  à 
l'Université  de  Heidelberg,  en  remplacement  du  D'  Vierordt,  décédé. 

Glinicat  médical  infantile.  —  Sont  nommés,  à  la  Faculté  de  Paris 
(Hôpital  des  Enfants-Malades),  Chef  de  clinique  infantile,  M.  le  D'  Babo.\- 
NEix  ;  Chef  de  clinique  adjoint,  M.  le  D'^R.  Voisin,  pour  entrer  en  fonctions 
le  1er  novembre  1907. 

Faculté  de  Buenos  Aires.  —  A  la  suite  d'un  concours  ouvert  à 
la  Faculté  de  médecine  de  Buenos  Aires,  le  D"^  Mamerto  Acuxa  a  été 
nommé  professeur  suppléant  des  maladies  des  enfants.  Toutes  nos  féli- 
citations à  ce  distingué  collègue,  dont  nous  avons  publié  ou  analysé 
plusieurs  travaux  intéressants. 

Faculté  de  Budapest.  —  Notre  éminent  collègue  et  ami,  le  D^  J. 
BÔKAY,  médecin  directeur  de  l'hôpital  d'enfants  Stéphanie,  vient 
d'être  nommé  professeur  ordinaire  de  pédiatrie  à  l'Université  de  Bu- 
dapest. 

Université  de  Giessen.  —  Le  D^  Hans  Kôppe,  privat-docent,  est 
nommé  professeur  extraordinaire  de  pédiatrie  à  l'Université  de  Giessen. 

Société  américaine  de  Pédiatrie.  —  La  XI X^^  Assemblée  annuelld 
de  la  Société  américaine  de  pédiatrie  a  eu  lieu  cette  année  (7,  8,  9  mai) 
à  Washington  (Arlington  Hôtel),  sous  la  présidence  du  D*"  B.-K.  Rach- 
FORD.  Voici  les  principales  communications  qui  ont  été  présentées  à  cette 
importante  réunion  : 

1"  NoRTHRUP  (de  New  York),  Hémothorax  traité  par  l'aspiration 
et  guéri;  2"  Forchheimer  (de  Cincinnati),  Anorexie  nerveuse  chez  les 
onfants;  3°  Crozer  Griffith  (de  Philadelphie),  Trois  cas  de  fièATC  ty- 
phoïde dans  la  première  année  ;  Rhumatisme  articulaire  chez  un  nour- 
risson ;  Cirrhose  biliaire  congénitale  ;  4"  Racuford  (de  Cincinnati),  Pseudo- 
masturbation  infantile;  5"  J.Lovett  Morse  (de  Boston),  Signe  de  Kernig 


NOUVELLES  703 

dans  la  première  enfance;  6"  Churchill  (de  Chicago),  Bactériologie  de 
la  méningite;  7»  Shaw  et  Baldauf  (d'Albany),  Sténose  congénitale  du 
duodénum;  8"  Maynard  Ladd  (de  Boston),  Valeur  en  calories  du  lait 
modifié;  9«  Acker  (de  Washington),  Cas  de  myxœdème;  10^  J.  Howland 
(de  New  York),  Symptômes  de  Tétat  lymphatique  chez  les  enfants; 
11**  Morgan  Rotch  (de  Boston),  Étude  des  premières  phases  de  Tostéo- 
myélite  par  les  rayons  X;12'»jENNiNGs(de  Détroit),  Cas  de  chylothorax; 
13*  Mason  Knox  (de  Baltimore),  Bacilles  de  la  dysenterie  et  diarrhée 
infantile;  14'»  Black  ad  er  (de  Montréal),  Phlébo -sclérose  périphérique 
dans  Tenfance;  15°  F.  Huber  (de  New  York),  Abcès  du  poumon  chez 
un  enfant  de  deux  ans  et  demi  à  la  suite  d'un  clou  métallique  dans  la 
bronche  droite,  trachéotomie  inférieure,  extraction  à  l'aide  du  bron- 
choscope;  16"  J.  Ruhrah  (de  Baltimore),  Traitement  par  le  repos  dans 
la  chorée;  17»  Cotton  (de  Chicago),  Idiotie  amauro tique  familiale. 

D'autres  communications  ont  été  faites  par  MM.  Wentworth  (de 
Boston),  Adams  (de  Washington),  Hunter  Dunn  (de  Boston),  South - 
WORK  (de  New  York),  Kerley  (de  New  York),  etc. 

A  la  séance  d'affaires  (Business  meeting)  ont  été  nommés  pour  l'année 
courante  :  Président^  D'  C.-G.  Kerley;  Premier  Vice-PrèsidenU  D*"  D. 
Edsall;  Second  Vice- Président^  D'  Shaw;  Secrétaire,  D'  S.  Adams;  Tré- 
sorier, D'  P.  West;  Editeur,  D'  La  Fetra;  Membre  du  Conseil,  D*"  Free- 
man.  La  prochaine  réunion  aura  lieu  dans  la  dernière  semaine  de  mai  1908, 
à  Delaware  Water  Gap  (Pennsylvania).  Le  D'  Schlossmann  (de  Dùsscl- 
dorf  )  est  invité  à  faire  une  communication  à  cette  réunion. 

Congrès  italien  de  pédiatrie.  —  Au  VI^  Congrès  italien  de  pé- 
diatrie, tenu  à  Padoue,  du  2  au  6  octobre  1907,  de  très  nombreuses 
communications  ont  été  faites.  Nous  ne  citerons  que  les  principales.  Tout 
d'abord,  des  rapports  très  intéressants  ont  élé  lus  par  MM.  Fr.  Fede 
(de  Naples)  et  Comba  (de  Bologne),  sur  le  rachitisme;  par  MM.  Brandi 
(de  Sienne),  Concetti  (de  Rome),  Mya  (de  Florence),  sur  les  sérums 
antibactériens  dans  le  traitement  de  la  diphtérie.  Autour  de  ces  rapports 
ont  pris  naturellement  place  les  communications  faites  sur  le  même 
sujet  par  MM.  Peruzzi,  Orepice,  Cattaneo,  Iovane  et  Forte,  Iovane 
et  Page,  Mircoli,  Modigliani  (rachitisme),  Cozzolino,  Valagussa, 
SiMONiNi,  Appiani,  Mensi,  Bandi  et  Gagnoni,  Calcaterra,  Berghinz 
(diphtérie).  Une  conférence  générale  a  été  faite  par  M.  Codi villa  (de 
Bologne),  sur  le  Traitement  des  luxations  congénitales  de  la  hanche,  et 
une  autre  par  M.  Gortan  (de  Trieste),  sur  V Importance  de  la  radiologie  en 
pédiatrie.  Communications  diverses  : 

1**  Lanzarini,  Conservation  du  lait,  ferments  du  lait,  etc.;  2*  Guidi, 
Allaitement  pendant  les  maladies  aiguës  de  la  nourrice;  3°  Finizio,  Pou- 
voir galactogène  du  galega  officinal;  4"  Gagnoni,  Passage  dans  le  sang 
des  ferments  amylolithiques  suivant  Talimentation  ;  5°  Spolverini, 
Allaitement  par  les  mères  albuminuriques  ;  6°  Modigliani,  Passage  de 
Talbumine  hétérogène  dans  les  urines  des  nouveau-nés;  7"  Berghinz, 
Ictère  grave  par  cirrhose  hépatique;  8*»  Concetti,  Importance  des  fer- 
ments dans  le  traitement  et  la  prophylaxie  des  maladies  de  Tappareil 
digestif;  9*'  Mori,  Occlusion  intestinale  dans  la  tuberculose  péritonéale 
infantile;  10°  Modigliani,  Cure  de  l'entérite  dysentériforme  par  le  sul- 
fate de  soude;  11°  Frontini,  Sténose  pylorique  chez  un  nourrisson; 
12°  Gagnoni,  Cirrhose  hépatique  chez  une  fille  de  deux  ans;  13»  Caccia. 
Sténose  congénitale  de  l'intestin  grêle  et  consécutivement  micrucô- 
lon;  14°  Muggia,  Signification  clinique  du  stridor  laryngé  congénital; 


70 'i 


NOUVELLES 


15'*  Pétrone,  Œdème  pulmonaire  chronique;  16^*  Tedeschi,  Anémie  des 
écoliers;  17°  Sorgente,  Trois  cas  de  cystite  diplococcique  cher  les  en- 
fants; 18'  Lo  Re,  Albuminurie  chez  les  enfants  eczémateux;  19°  N.  Fede. 
Albuminurie  chez  les  enfants;  20®  Zamboni,  Radiothérapie  de  ranémie 
splénique  et  de  la  leucémie  myélogène;  21"  Melli,  Maladie  de  Hogdkin; 
22°  N.  Fedele,  Chorée  de  Sydenham;  23»  Acquaderni,  Stasophobie 
chez  un  enfant  de  cinq  ans;  24°  Cattaneo,  Anatomie  pathologique  de  la 
maladie  de  Little;  25°  Bondi,  Maladie  de  Raynaud;  26*"  Berti,  Atonie 
musculaire  congénitale  d'Oppenhoim  ;  27"  Goncetti,  Prophylaxie  et 
traitement  de  la  malaria  chez  les  enfants  pauvres;  28®  Benati,  Maladie 
de  Barlow;  29°  Valdameri,  Traitement  des  adénites  et  périostites  sup- 
purées  par  les  injections  d'oxygène  pur;  30°  Manara,  Efficacité  de  la 
ponction  lombaire  dans  la  méningite  à  méningocoque ;  31*  Hajech. 
Épidémie  de  méningite  cérébro-spinale  à  Milan,  en  1907  ;  32»  Sorgente» 
Sérum  antiméningococcique  ;  33°  Luzzatti,  Laryngo -sténoses  aigués 
dans  la  rougeole;  34°  Gagnoni,  Staphylococcémie  guérie  par  les  injec- 
tions intraveineuses  de  sublimé;  35°  Fedele,  Deux  cas  de  maladie  de 
Barlow;  36*  Lanza,  Séro -diagnostic  de  la  tuberculose  infantile;  37°  Ber- 
ghinz,  Achondroplasie  avec  radiographies  ;  38°  De  Villa,  Culi- 
ophtalmo-réaction  à  la  tuberculine;  39°  Zambelli,  Cuti-ophtalmo-réaction 
à  la  tuberculine;  40°  Gozzolino,  Réaction  à  la  tuberculine  chez  les  en- 
fants; 41°  Bore  lli.  Emphysème  de  l'antre  d'Highmore  chez  une  fille  de  trois 

mois;  42°  CuoMo,  Hématome  du  sterno-cléido -mastoïdien  des  nouveau- 
nés;  43°  Gallo,  Mortalité  infantile  en  Italie;  44*'  Giarratbna,  Chloros<» 
infantile;  45»  Nalli,  Endocardite  malarique;  46°  Jemma,  Curabitité 
de  la  méningite  tuberculeuse;  47°  Serio,  Importance  diagnostique  de  la 
recherche  du  bacille  de  Koch  dans  les  selles  des  enfants;  48°  Mauro- 
Greco,  Recherches  hématologiques  chez  les  enfants  épileptiques;  49°  Vi- 
tale, Rapports  entre  la  scrofule  et  la  tuberculose;  50°  Del  Piano,  Ali- 
mentation des  nourrissons  en  rapport  avec  les  besoins  énergétiques. 


Nécrologie.  —  Nous  avons  le  profond  regret  d'annoncer  la 
mort,  à  soixante-quatre  ans,  du  D**  Sevestre,  médecin  de 
l'Hôpital  Bretonneau,  membre  de  l'Académie  de  Médecine.  Notre 
éminent  collaborateur  et  ami,  spécialisé  depuis  longtemps  dans  la 
médecine  des  enfants,  s'était  fait  connaître  par  des  travaux  de 
premier  ordre.  Dans  ses  cliniques  de  l'Hospice  des  Enfants 
Assistés,  il  avait  étudié  d'une  façon  remarquable  la  syphilis  héré- 
ditaire et  insisté  le  premier  sur  les  rapports  des  entérites  avec  la 
bronchopneumonie.  Chargé  plus  tard  du  service  de  la  diphtérie 
aux  Enfants-Malades,  il  y  avait  recueilli  les  éléments  du  grand 
article  Diphtérie  du  Traité  des  Maladies  de  l'enfance,  écrit  en 
collaboration  avec  le  D*"  Martin.  En  même  temps,  il  fondait  avec 
nous  les  Archives  de  Médecine  des  Enfants. 

Sevestre  était  un  clinicien  de  grande  valeur,  d'une  conscience 
scrupuleuse,  d'une  correction  irréprochable.  Il  sera  universellement 
regretté. 


U  Gérant,  \\  BOUCHEZ. 


4976-07.  — CoHbBiL.  [mpnmerie  ho   (JatTf. 


i 


/  4 


10«  Année  Décembre  1907  N""  12 


MEMOIRES    ORIGINAUX 


XXVIl 


LA  CYSTITE  CHEZ  LES  NOURRISSONS  (1). 

Par  le  D^  Giuseppe  GAGGIA, 

Prlvat-docent  et  premier  assistant  de  la  clinique  péc^iatrique  de  Florence. 


L'étude  de  la  cystite  infantile  n'a  pris  une  réelle  importance 
que  depuis  quelques  années.  On  croyait  cette  maladie  très 
rare  dans  le  premier  âge,  et  on  l'avait  un  peu  négligée,  parce 
qu'on  la  méconnaissait.  Grâce  à  l'examen  physique,  chimique, 
bactériologique  de  l'urine,  on  a  pu  se  pénétrer  de  sa  fréquence 
et  du  rôle  qu'elle  joue  en  clinique  infantile. 

Historique. 

C'est  Escherich  (24  février  1894)  qui  le  premier  a  appelé 
l'attention  sur  la  forme  la  plus  fréquente  des  cystites  infan- 
tiles, la  cystite  colibacillaire.  Sur  10  cas  qu'il  a  présentés, 
3  étaient  secondaires  à  la  vulvo-vaginite  des  petites  filles, 
7  étaient  dus  au  Bacterium  œli.  Or,  jusqu'alors,  cette 
forme  de  cystite  n'avait  été  étudiée  que  chez  les  adultes 
(Glado,  Albarran,  etc.).  D'ailleurs  les  cystites  en  général,  chez 
les  enfants,  étaient  presque  inconnues  des  vieux  auteurs 
(Barthez  et  Rilliet,  etc.)  et  ne  figuraient  pas  dans  les  traités  des 
maladies  de  l'enfance. 

Escherich  a  montré  que  l'urine  des  enfants  atteints  de 
cystite  colibacillaire  était  acide  constamment  et  à  un  haut 
degré,  fait  imprévu  et  de  nature  à  surprendre  ceux  qui  croyaient 
que  la  cystite  n'allait  pas  sans  la  décomposition  ammoniacale 
de  l'urine.   Il  a  établi  que  ces  urines  contenaient  toujours 

(1)  Extrait  de  la  Thèse  pour  la  Libéra  Docenza  du  D'  Caccia  et  de  la  Riç,  di 
Cliniea  Pediatrica,  1907. 

Arch.  db  hédec.  obs  EfirANiSf  1907.  X.  —   45 


706  GIUSfiPPE   CACCIA 

le  Bacierium  coli  commune.  Enfin  il  a  cru  pouvoir  établir 
que  le  sexe  féminin  était  presque  exclusivement  atteint,  ce 
dont  l'anatomie  semblait  rendre  compte.  Cependant  Mya 
a  observé  un  cas  de  cystite  chez  un  garçon  de  sept  ans,  mas- 
turbateur  ;  d'Espine  en  a  vu  un  autre  cas  chez  un  nouveau-né, 
et  il  a  pu  incriminer  une  infection  externe  par  les  fèces;  Curti, 
un  troisième  cas  chez  un  garçon  ayant  un  phimosis  très  pro- 
noncé ;  il  pense  que  l'infection  de  la  vessie  pourrait  être  attri- 
guée  au  smegma  altéré  des  organes  génitaux  externes.  Puiîi 
vinrent  les  publications  de  Haushalter,  Finkelstein  (9  caî> 
chez  des  enfants  de  trois  à  neuf  mois  de  la  clinique  de  Heubner), 
Trumpp  (29  cas,  dont  12  chez  des  enfants  au-dessous  de  un  an). 
Hutinel  (4  cas  entre  vingt-deux  mois  et  dix  ans),  qui  insisl*» 
sur  le  rôle  joué  par  Tentérite  et  la  rareté  de  l'origine  gonor- 
rhéique,  Comba,  Cecchi  (7  cas  de  cystite  colibacillabre  observéh 
à  la  clinique  pédiatrique  de  Florence),  Sorgente,  Fromni. 
Mensi,  etc. 

Étiologie. 

A  l'âge  infantile,  on  peut  observer  plusieurs  variétés  <le 
cystite,  les  unes  primitives,  les  autres  secondaires.  Ce  sont  les 
primitives  qui  sont  les  plus  intéressantes. 

Sous  le  nom  de  cystite  catarrhale,  on  comprend  une  simple 
irritation  de  la  muqueuse  vésicale,  non  microbienne,  caracté- 
risée par  un  '  besoin  insolite  d'uriner,  par  une  sensation  de 
brûlure  à  la  miction,  par  la  présence  d'un  peu  de  mucus  ou 
même  de  quelques  leucocytes  dans  l'urine.  Comby  parle  de 
cystite  bénigne  le  plus  souvent  localisée  au  col,  d^origine  ali- 
mentaire, se  rapprochant  du  spasme  de  la  vessie  décrit  par 
Bôkay.Henoch  a  observé  des  symptômes  semblables  par  concen- 
tration excessive  et  hyperacidité  de  l'urine,  dans  les  cas  d'hyper- 
thermie.  Outre  la  fièvre,  une  autre  cause  de  concentration  de? 
urines  agit  souvent  chez  les  nourrissons  :  la  diarrhée  profuse 
et  le  choléra  infantile.  D'après  Nobécourt,  la  quantité  d'urine 
émise  tombe  de  200  centimètres  cubes  à  50  ou  30  centimètres 
cubes;  la  densité  s'élève  à  1015  ou  1020.  D'Espine  et  Picot  in- 
criminent les  refroidissements  que  Bôkay  met  en  doute.  Comby 
invoque  Yuricémie  et  l'arthritisme,  auxquels  Comba  attache 
aussi  une  grande  importance,  ayant  relevé  dans  son  cas  une 
grande  quantité  de  sable  urique.  â  ce  titre,  les  calculs  de  la 
vessie  peuvent  être  considérés  comme   un   degré  plus  élevé 


LA   CYSTITE   CHEZ   LES   NOURRISSONS  707 

d'uricémie;  ils  peuvent  produire  la  cystite  par  irritation  méca- 
nique de  la  muqueuse  (Monti).  La  muqueuse  vésicale  peut  être 
irritée  par  l'élimination  de  différentes  substances  introduites 
dans  l'organisme  :  carUharidCy  balsamiques,  térébenthine.  La 
stase  urinaire  (phimosis,  calcul  de  Vurètré)  peut  provoquer  la 
cystite.  La  cystite  tuberculeuse  n'est  pas  très  fréquente  chez  les 
enfants  ;  elle  est  le  plus  souvent  secondaire  à  la  tuberculose 
rénale  par  infection  descendante.  Cependant  elle  pourrait 
aussi  résulter  d'une  tuberculose  des  organes  génitaux  externes 
féminins  {Allaria)  ou  d'une  épididymite  tuberculeuse  (Zelenski 
et  Nitsch). 

La  cystite  gonococcique  est  rare  ;  sur  un  très  grand  nombre 
de  vulvo-vaginites  observées  par  Hutinel,  Comby,  Baginsky, 
Saint-Germain,  Cahen  Brach,  elle  a  presque  toujours  manqué 
ou  est  citée  à  titre  exceptionnel.  11  faut  admettre  la  possibilité 
de  cystites  strepto,  staphylo,  diplococciques  ;  mais  les  obser- 
vations chez  les  nourrissons  manquent  encore  ;  la  cystite 
diphtérique,  avec  ou  sans  bacille  de  Lœfiler,  n'est  pas  moins 
rare. 

Finkelstein  a  trouvé,  dans  un  cas,  le  Bacterium  subtile;  le 
Proteus  çulgaris  a  été  mis  en  relief  par  Fromm  et  par  Pfaundler 
dans  un  autre  cas.  Peut-être  aussi  le  Bacterium  lactis  aerogenes, 
le  Proteus  fluorescens  ont-ils  été  rencontrés. 

Mais  la  forme  dominante  de  cystite  est  celle  qui  reconnaît 
pour  agent  pathogène  le  Bacterium  coli  commune. 

Grâce  aux  travaux  des  auteurs  cités  plus  haut,  cette  variété 
de  cystite,  véritable  entité  morbide,  présente  chez  les  nourris- 
sons une  physionomie  clinique  particulière  qui  la  différencie 
nettement  des  autres  variétés.  Sur  60  cas  étudiés  à  la  clinique 
d'Escherich,  58  fois  le  Bacterium  coli  fut  trouvé,  soit  seul, 
soit  associé  à  d'autres  microbes.  Sur  9  cas  de  Finkelstein, 
7  étaient  dus  au  B,  coli  ;  sur  10  de  Fromm,  5 étaient  à  B.  coli, 
4  à  5.  lactis  aerogenes^  1  à  Proteus,  Si  l'on  se  borne  aux  nourris- 
sons, voici  le  tableau  des  cas  publiés  : 

(-as.  Garçons.  Filles. 

Escherich   2  0  2 

Trumpp Il  2  9 

Finkelstein 7  0  7 

Cecchi 2  0  2 

Mes  cas  personnels  atteignent  au  chiffre  de  15,  dont  9  filles 
et  6  garçons. 


708  GlUSEPPE   CAGCIA 

Pathogénie. 

Au  point  de  vue  pathogénique,  les  cystites  peuvent  être  divi- 
sées en  primitives  et  secondaires.  La  cystite  tuberculeuse  reconnaît 
presque  toujours  une  origine  descendante;  on  ne  doit  pas  toute- 
fois exclure  l'origine  hématogène  (granulie)  et  même  roripne 
ascendante  (tuberculose  de  la  vulve,  testicule  tuberculeux). 
\  La  cystite  gonococcique  reconnaît  le  même  mécanisme  que 
chez  l'adulte;  elle  résulte  d'une  propagation  par  voie  ascendante. 
De  même  la  cystite  diphtérique,  qui  est  consécutive  à  une 
diphtérie  vulvaire.  Les  formes  staphylo,  strepto,  diplococciques 
peuvent  résulter  de  foyers  adjacents  (voie  ascendante)  ou  être 
d'origine  hématique;  mais  elles  sont  généralement  secondaires 
aux  suppurations  rénales. 

Les  cystites  typhiques  résultent  de  l'élimination  par  les 
urines  des  bacilles  d'Eberth.  Signalons  la  possibilité  de  cystite 
par  ouverture  d'un  abcès  pérityphlitique,  par  corps  étranger, etc. 

Quant  à  la  cystite  colibacillaire,  elle  peut  reconnaître  trois 
mécanismes  pathogéniques  :  voie  lu'étrale  ascendante,  voie 
sanguine,  voie  transpariétale. 

1°  Théorie  ascendante,  —  Escherich,  constatant  la  grande 
fréquence  de  la  cystite  chez  les  filles,  admet  que  le  J9.  coli 
passe  du  vagin  dans  la  vessie  par  la  voie  urétrale.  Mais,  pour 
que  le  microbe  venant  du  vagin  ou  des  fèces  détermine  une 
cystite,  il  faut  que  la  diurèse  soit  troublée,  que  l'épithélium 
vésical  soit  altéré,  que  le  JS.  coli  soit  très  virulent,  etc. 

Je  n'ai  pas  réussi  à  produire  la  cystite  chez  deux  petites 
chiennes,  dans  la  vessie  desquelles  j'avais  injecté  du  bouillon 
de  culture  de  B,  coli. 

Albarranet  Halle  avaient  réussi,  mais  après  avoir  préalable- 
ment provoqué  une  hyperémie  ou  une  lésion  de  la  muqueuse, 
ou  une  stase  urinaire  (ligature  du  pénis).  L'urètre  court  et  large 
des  fillettes  est  une  condition  favorable  à  la  cystite  ascendante. 

Les  troubles  digestifs,  les  entérites  exaltent  la  virulence  du 
B.  coli  et  peuvent  jouer  un  rôle  important  dans  la  production 
de  la  cystite,  comme  le  veut  Hutinel.  L'inflammation  du  gros 
intestin  retentit  sur  la  vessie,  donne  du  ténesme;la  diarrhée 
diminue  la  diiu'èse  ;  elle  favorise  les  érosions  vulvaires  et 
accroît  aussi  les  chances  d'infection  urétrale  et  vésicale. 
Sans  parler  des  vulvo-vaginites  à  B.  coli,  le  microbe  se  trouve 
souvent  dans  le  mucus  vulvaire. 


LA   CYSTITE  CHEZ   LES   NOURRISSONS  700 

On  peut  admettre  pour  les  filles  que  le  B.  coli,  de  virulence 
accrue,  parvenant  facilement  dans  la  vessie  par  la  voie  courte 
et  large  de  l'urètre,  produit  une  cystite  quand  il  trouve  la 
muqueuse  vésicale  disposée  à  s'altérer. 

Chez  les  garçons,  cette  explication  ne  peut  servir.  Chez  eux, 
il  faut  souligner  l'importance  du  phimosis,  que  j'ai  observé 
chez  les  six  garçons  atteints  de  cystite  de  ma  statistique  person- 
nelle. A  ce  phimosis  étaient  associés  la  balanoposthite  et  les 
adhérences  balanopréputiales.  Tout  cela  c  onstitue  un  obstacle 
à  l'émission  de  l'urine,  d'où  stase  urinaire,  prédisposition  à 
l'infection,  urétrite,  cystite. 

2°  Théorie  fiématogène  ou  descendante.  —  La  cystite  descen- 
dante serait  due  à  l'élimination  des  germes  pathogènes  par  les 
urines.  On  connaît  la  pyélite  primitive  à  B.  coli  chez  les  nour- 
rissons. On  a  trouvé  le  B.  coli  dans  le  sang  des  enfants  morts  et 
même  vivants.  Il  faut  donc  admettre  la  possibilité  de  ce  méca- 
nisme. 

3^  Théorie  transpariétale,  —  Le  passage  du  B.coli  de  l'intestin 
dans  la  vessie  à  travers  les  tissus  a  été  invoqué  surtout  pour 
expliquer  la  cystite  des  garçons.  Il  est  admis  par  Trumpp  et 
par  de  nombreux  auteurs.  Mais  l'intervention  du  phimosis 
et  de  la  balanoposthite  ruine  cette  théorie  ;  tout  au  plus  peut-on 
la  garder  pour  des  cas  exceptionnels. 

OBSERVATIONS. 

Observation  I.  —  Fille  de  sept  mois,  reçue  à  la  clinique  le  8  avril  1903, 
nourrie  au  sein  par  sa  mère;  depuis  dix  jours,  urines  plus  épaisses,  agitation 
la  nuit,  fièvre,  gémissements.  Pus  et  bacilles  dans  l'urine  ;  B,  coli  par  la 
culture.  Guérison  après  rechute  par  Vhélmitol. 

Observation  II.  —  Fille  de  sept  mois,  reçue  le  22  juillet  1903  ;  allai 
tement  maternel.  Diarrhée  depuis  quatre  jours  ;  ensuite  fièvre  et  agitation  ; 
gros  foie,  grosse  rate.  Urines  troubles,  albumineuses,sédimonteuses,  con- 
tenant le  Bacterium  coli.  Atténuation  par  Vhélmitol,  On  fut   obligé  de 
recourir  aux  lavages  de  la  vessie  par  le  protargol. 

Observation  IIL  —  Garçon  de  huit  mois,  reçu  le  14  septembre  1903. 
Gastro -entérite  depuis  un  mois,  paraît  souffrir  en  urinant.  Allaitement 
maternel  jusqu'à  six  mois,  puis  lait  de  vache,  œufs,  farines.  Phimosis, 
urines  troubles,  légèrement  acides,  contenant  le  Bacterium  coli,  Guérison 
par  le  salol  et  Ykelmitol.  Le  23  septembre,circoncision,  adhérences,  smegma  ; 
urines  normales. 

Observation  IV.  —  Garçon  de  onze  mois  et  demi,  reçu  le  15  juin  1904  ; 
sein  jusqu'à  deux  mois,  puis  farine  lactée,  œufs,  etc.  Depuis  dix  jours, 
fièvre  et  constipation,  vomissements  ;  pâleur,  cris  incessants,  cuisses 


710  OIUBEPPE  CAGCIA 

fléchies  sur  le  ventre,  foie  et  rate  augmentés,  phimosis  très  serré.  Urines 
troubles,  acides,  purulentes,  contenant  le  Bacterium  coll.  On  donne  le 
salol  et  VhelmitoL  Phimosis  opéré  le  17  juin.  Amélioration.  Le  9  août. on 
pratique  des  lavages  de  la  vessie  avec  permanganate  (1  p.  4  000).  Ouériso  n 

Observation  V.  —  Fille  de  treize  mois,  de  la  clientèle  du  D'  Mya 
(octobre  1904).  Sein  maternel.  Depuis  un  mois,  fièvre  iirégulière,  agitation, 
plaintes,  pâleur.  Urines  troubles,  acides,  un  peu  albumineuses  et  puru- 
lentes, contenant  le  Bacterium  colù  Guérison  par  VhelmitoL 

Observation  VI.  —  Fille  de  six  mois  (vue  dans  la  clientèle  du  D'Paggi 
par  le  D^  Mya,  le  3  avril  1905).  Depuis  dix  jours,  fièvre  (40o,5),  agitation, 
cris,  pftleur.  Urines  troubles,  floconneuses,  acides,  albumineuses,  puru. 
lentes,  contenant  le  Bacterium  coli.  Guérison  par  VhélmitoU 

Observation  VII.  —  Garçon  de  quatre  mois  (juin  1905);  nourri  au 
sein  par  une  nourrice.  Fièvre  depuis  quatre  ou  cinq  jours,  à  type  rémittent, 
irrégulière.  Agitation  et  plaintes  continuelles.  Phimosis  avec  œdème  et 
rougeur  à  l'entrée.  Urine  de  cystite  contenant  le  Bacterium  coli.  Helmitol 
et  circoncision.  Adhérences  balano  préputiales  très  serrées  avec  smegnia. 
Guérison. 

Observation  VIII.  —  Fille  de  dix  mois  vue  le  22  juin  1905;  allaitement 
mercenaire  ;  depuis  un  mois,  fièvre  irrégulière,  agitation,  pâleur.  Urines 
albumineuses,  troubles,  contenant  le  Bacterium  coli.  On  donne  V helmitol 
(25  centigrammes,  trois  ou  quatre  fois  par  jour).  La  fièvre  cède,  mais  les 
urines  restent  troubles.  Lavages  de  la  vessie  avec  protargol  (Or,20. 
0ïr,30.  0r,50,  0»^75  p.  100).  etc.  Guérison. 

OBSERVATION  IX.  —  Fille  de  onze  mois,  de  la  clientèle  du  D'  Mya 
(12  juillet  1905).  Allaitement  mercenaire.  Depuis  deux  semaines,  fièvre 
rémittente,  agitation,  pâleur,  constipation.  Urines  contenant  le  Bacit- 
rium  coli.  Guérison  par  VhelmitoL 

'  Observation  X.  —  Garçon  de  neuf  mois,  entre  à  la  Clinique  le  27  sep- 
tembre 1905  ;  broncho  pneumonie  ;  phimosis  ;  urines  troubles  contenant 
le  Bacterium  coli;\e  9  octobre,sang  dans  les  urines;  mort  le  12.  A  Tautopsie. 
muqueuse  vésicale  gonflée  et  rouge,  uretère  gauche  plus  dilaté  que  le 
droit.  Rein  droit  un  peu  augmenté  de  volume  (30  grammes),  rein  gauche 
colossal  (85  grammes)  et  dur  à  la  coupe  avec  thrombose  veineuse  se  pru- 
dageant  à  la  veine  cave.  Bacterium  coli.  Néphrite  parenchymateuse 
diffuse  ascendante  avec  thrombose  des  veines  rénales. 

Observation  XI.  —  Garçon  de  onze  mois,  reçu  à  la  Clinique  le  24  no- 
vembre 1905.  Allaitement  maternel  jusqu'à  six  mois,  puis  addition  de 
farine,  etc.  Au  huitième  mois,  troubles  digestifs.  Plus  tard,  flè\Te  irrégu- 
lière, agitation,  cris.  Phimosis  très  serré,  urines  troubles,  acides,  albu- 
mineuses ;  les  cultures  donnent  le  Bacterium  coli.  On  prescrit  TA^mt/o/ et, 
le  l*^""  décembre,  la  circoncision  est  faite.  Guérison. 

Observation  XII.  —  Fille  de  dix  mois,  observée  en  mars  1906  (D' Pac- 
chioni).  Allaitement  mercenaire.  Le  18  mars,  fièvre  et  agitation,  toux 
légère  et  coryza.  Le  lendemain,  39°,  un  peu  de  diarrhée.  Le  22,  l'examen 
des  urines  montre  du  pus  et  des  microbes,  dont  le  Bacterium  colL  Bains 
tièdes,  helmitol  ;  chute  de  la  fièvre  ;  le  5  avril,  les  urines  sont  normales. 

Observation  XIIT.  —  Fille  de  neuf  mois  et  demi,  vue  en  avril  1906 
(Dr  Francioni);  allaitement  maternel.  Fièvre  rémittente  depuis  quatre  ou 


LA   CYSTITE   CHEZ   LES   NOURRISSONS  711 

cinq  jours,  alternatives  de  tranquillité  et  d'agitation,  mictions  fréquentes, 
pâleur.  Cystite  à  Bacterium  coli  ;  helmitol  et  urotropine  ;  la  fièvre  tombe, 
les  urines  s'éclaircissent.  Guérison. 

Observation  XIV.  —  Garçon  d'un  an,  reçu  le  16  mai  1906.  On  le 
conduit  pour  être  opéré  d'un  phimosis.  Urines  troubles  contenant  le 
Bacterium  colL  Opération  le  17  mai,  helmitol.  Guérison. 

Observation  XV.  —  Fille  de  treize  mois,  observée  en  juin  1906. 
Allaitement  mercenaire.  Depuis  cinq  à  six  jours,  agitation,  cris  la  nuit 
comme  le  jour,  cuisses  fléchies  sur  le  ventre,  pâleur.  Urines  troubles,  sédi- 
ment blanchâtre  et  floconneux,  acidité  ;  leucocytes,  albumine,  Bacterium 
coli,  HelmitoU  puis  lavages  de  la  vessie  avec  une  solution  de  protargol 
à  1  p.  400.  Guérison. 

Symptômes. 

L'enfant,  depuis  quelque  temps,  est  agité,  se  plaint  constam- 
ment, sans  que  rien  puisse  le  calmer.  Il  tète  plus  fréquemment, 
et  alors  apparaissent,  s'ils  n'existaient  déjà,  des  troubles 
digestifs  auxquels  l'entourage  attribue  le  rôle  principal.  La 
fièvre,  qui  ne  manque  jamais,  est  également  mise  sur  le  compte 
de  la  gastro-entérite.  On  multiplie  les  purgatifs  et  les  lavements 
sans  aucun  succès. 

Si  l'on  interroge  la  mère  ou  la  nourrice,  on  apprend  que 
l'enfant  se  mouille  plus  que  d'habitude  (pollakiurie)  et  qu'il 
porte  parfois  les  mains  sur  les  parties  génitales  avant  ou  après 
la  miction.  Presque  toujours  se  montre  aussi  une  notable 
pâleur,  avant  tout  amaigrissement.  Si  l'on  peut  se  procurer  un 
peu  d'urine,  on  aura  bien  vite  fait  le  diagnostic. 

Déjà,  à  l'aide  des  premières  symptômes,  on  peut  distinguer 
des  formes  légères  et  des  formes  graves,  avec  tous  les  degrés 
intermédiaires.  La  iièvre  a  une  marche  irrégulière,  tantôt  rémit- 
tente, tantôt  intermittente,  avec  des  intervaUes  apyrétiques 
variables  suivant  l'intensité  du  processus.  Les  ascensions  ther- 
miques sont  brusques,  pouvant  en  quelques  heures  atteindre 
ou  dépasser  40^^,  rappelant  parfois  les  fièvres  pyhémiques.  Cela 
s'observe  dans  la  forme  aiguë.  Dans  les  cas  subaigus,  la  fièvre 
est  moins  intense.  Elle  ne  cède  pas  spontanément,  sauf  dans  les 
cas  de  guérison  naturelle  ;  mais  il  ne  faut  pas  y  compter.  Elle 
se  prolonge  souvent,  et  l'on  est  fort  embarrassé  pour  en  dévoiler 
la  cause. 

Le  symptôme  douleur  est  fréquent  et  se  traduit  chez  le 
nourrisson  par  l'agitation  et  les  cris  incessants.  On  ne  peut 
le  calmer,  et  on  voit  le  malade  fléchir  les  cuisses  sur  le  bassin, 
ce  qui  fait  incriminer  les  coliques  intestinales.  On  insiste  Bur 


712  OIUSEPPE   CAGCTA 

les  purgatifs  et  les  lavements,  qui  finissent  par  provoquer  do 
véritables  troubles  digestifs.  La  douleur  s'accroît,  principale- 
ment dans  les  formes  aiguës,  au  moment  de  la  miction,  et  elle 
explique  la  tendance  qu'a  le  bébé  à  porter  ses  mains  sur  les 
organes  génitaux. 

La  pollakiurie  est  en  rapport  direct  avec  l'inflammation  vési- 
cale.  Les  enfants  se  mouillent  fréquemment,  émettant  une  petite 
quantité  d'urine  à  chaque  fois,parfois  seulement  quelques  gouttes, 
d'où  redoublement  de  cris.  Dans  les  formes  subaiguës,  la  douleur 
est  moins  apparente,  mais  le  besoin  fréquent  d'uriner  existe.  Chez 
les  enfants  plus  grands,  on  peut  penser  à  Vénurésie  nocturne. 
Le  jour,  en  effet,  ils  demandent  à  uriner  ;  la  nuit,  ils  urinent 
au  lit  sans  s'en  apercevoir.  Une  fillette  de  quatre  ans  est  envoyée 
à  l'hôpital  avec  le  diagnostic  d'incontinence  nocturne  d'urine, 
datant  de  six  mois  environ.  Cependant,  depuis  l'âge  de  deux  ans 
jusqu'à  trois  ans  et  demi,  l'enfant  avait  toujours  eu  conscience 
du  besoin  d'uriner.  L'examen  de  l'urine  mit  en  évidence  la 
cystite  colibaciUaire  ;  lé  traitement  approprié  intervint,  et,  au 
bout  d'un  mois,  la  fillette  avait  cessé  d'uriner  au  lit.  Une  fille 
de  dix  ans,  reçue  pour  une  forme  légère  d'angine  diphtérique, 
présente  en  outre  de  l'incontinence  nocturne  d'urine.  L'exa- 
men des  urines  montra  l'existence  d'une  cystite  due  au  Bade- 
rium  coll.  Avec  l'urotropine  et  rhelmitol,la  guérison  fut  rapide- 
ment obtenue. 

Un  autre  phénomène  relevé  dans  plusieurs  observations  est 
la  constipation  opiniâtre  à  la  période  aiguë  de  la  maladie.  Cette 
constipation  n'existait  pas  auparavant  et  disparaissait  après 
la  cure  de  la  cystite.  Cette  constipation  semble  résulter  d'une 
inhibition  instinctive,  la  douleur  étant  réveillée  par  l'acte  de 
la  défécation.  Cependant  il  existe  des  cas  avec  diarrhée. 

L'examen  physique,  chimique,  microscopique  et  bactério- 
logique (cultures)  de  Vurine  est  d'importance  capitale.  Cette 
urine,  dans  la  cystite  des  nourrissons,  est  uniformément  trouble  ; 
parfois  ce  trouble  est  accompagné  de  petits  flocons  qui  sont 
dus  à  des  amas  de  bacilles  agglutinés.  Elle  présente  une  couleur 
opaline,  perlée  dans  son  ensemble,  et,  conservée  dans  un  flacon 
ordinaire,  elle  lui  donne  l'apparence  d'un  verre  dépoli. 

Dans  les  formes  un  peu  graves,  les  urines  laissent  déposer 
un  abondant  précipité  blanchâtre,  floconneux,  composé  de 
leucocytes.  La  cystite  colibaciUaire  ne  s'accompagne  pas 
d'émissions  sanguines,  au  point  d'être  visibles  à  l'oeil  nu. 


LA   CYSTITE   CHEZ   LES   NOURRISSONS  713 

L'odeur  de  l'urine  fraîchement  émise  n'a  rien  de  spécial.  Réaction 
toujours  acide,  comme  l'avaient  vu  Escherich,  Trumpp,  Fin- 
kelstein,  etc.  Le  terme  de  ajstite  acide  pendant  quelque  temps 
fut  synonyme  de  cystite  par  BacteriumcolL  Cela  tient  à  ce  que  ce 
microbe,  en  cultivant,  donne  des  produits  acides.  L'albumine 
est  peu  abondante  et  manque  même  après  filtration,  car  elle  est 
due,  sauf  les  cas  de  néphrite,  à  la  présence  des  leucocytes. 

Le  sédiment  examiné  au  microscope  est  composé  de  cellules 
de  pus,  plus  ou  moins  abondantes,  de  cellules  épithéliales  de  la 
vessie,  de  quelques  hématies,  surtout  à  la  phase  aiguë.  Enfin 
on  trouve  de  nombreux  microbes  qui  ont  la  forme  du  Bacterium 
coll.  Les  uns  sont  isolés  et  mobiles,  les  autres  agglutinés  en 
zooglées,  formant  ces  petits  flocons  dont  il  est  parlé  plus  haut. 
Dans  plusieurs  cas,  j'ai  pu  voir  que  ces  amas  de  bacilles  agglu- 
tinés s'étaient  formés  autour  d'une  cellule  vésicale.  Parfois  dès 
le  début,  d'autres  fois  un  peu  plus  tard,  on  note  que  le  sédiment 
ne  contient  que  de  rares  leucocytes,  le  trouble  de  l'urine,  analogue 
au  bouillon  de  culture  du  Bacterium  coli,  étant  dû  uniquement 
aux  microbes,  au  point  qu'on  pourrait  parler  de  bactériurie 
plutôt  que  de  cystite  véritable. 

Les  cultures  sur  différents  milieux  donnent  \q  Bacterium  coli, 
seul  le  plus  souvent,  associé  parfois  à  d'autres  microbes. 

La  pâleur  est  à  relever,  sans  qu'il  y  ait  une  détérioration 
nutritive  bien  marquée.  Les  enfants  ne  perdent  pas  leur  panni- 
cule  adipeux,  mais  les  chairs  sont  plus  molles.  Il  existe  une 
teinte  jaune  avec  anémie  bien  marquée.  Celle-ci  est  due  aux 
hémolysines  spécifiques  engendrées  par  le  Bacterium  coli  (coli- 
lysine),  qui  détruisent  les  globules  rouges,  comme  l'a  vu  Durante. 
Les  recherches  de  Durante  ont  montré  que  le  Bacterium  coli  est 
capable  de  produire  des  substances  anémiantes  (hémolysine 
colibacVlaire  ou  colilysine),  comme  cela  est  reconnu  pour  d'autres 
microbes  (tétanolysine,  Ehrlich,  Kraus,  Tizzoni  ;  pyocyanolysine, 
Bulloch  et  Hunter,  Weingerooff,  Breymans  et  Lubenau;  staphy- 
lolysine,  Neisser  et  Wechsberg  ;  streptolysine,  Besredka  et 
Marmorek  ;  diphtérolysine,  Lubenau  ;  diplolysine,  Montella  ; 
typholysine,  E.  et  P.  Lévy). 

SÉRO'DIAGNOSTIC. 

En  1898,  Plaundler  signala  le  phénomène  de  l'agglutination 
avec  le  sang  d'enfants  atteints  de  colicystite  et  de  pyélite. 


714  OIUSEPPE   CACCÎA 

L'agglutination  ne  s'obtient  qu'avec  le  sérum  provenant  d'un 
individu  sain  ou  d'un  enfant  atteint  de  cystite,  la  réaction 
n'étant  pas  fournie  pas  les  bactéries  isolées  de  l'intestin  du 
même  malade.  Ce  qui,  d'après  Escherioh,  prouverait  que 
l'invasion  des  voies  urinaires  par  le  Bacterium  coli  n'est  pas  une 
infection  exogène,  mais  une  auto-infection.  Cecchi  a  conclu, 
de  ses  recherches,  à  l'apparition  dans  le  sérum  sanguin  des 
malades  d'un  pouvoir  agglutinant,  tout  en  reconnaissant 
que  le  séro-diagnostic  donne  des  résultats  incertains  dans  les 
infections  urinaires  colibacillaires. 

Ces  doutes  et  incertitudes  viennent  de  la  grande  diversité 
et  multiplicité  des  formes  du  Bacterium  coli  ;  il  y  a  des  paroco/i 
comme  il  y  a  des  paratyphi. 

Chez  une  fille  de  neuf  ans,  j'ai  pu  constater  une  action  agglu- 
tinante vraiment  exceptionnelle.  Son  sérum  sanguin  agglutinait 
la  cultiu»e  en  bouillon  du  Bacterium  coli  obtenue  avec  ses  urines 
jusqu'à  1  p.  300  en  une  demi-heiu*e.  Deux  jours  plus  tard, 
j'obtins  une  agglutination  dans  l'espace  d'une  heure  à  1/1500. 
Dans  une  troisième  épreuve,  l'agglutination  fut  obtenue  en 
quatre  heures  au  1/4  500.  Dans  l'urine  de  cette  enfant,  dès  le 
premier  j  our ,  on  voyait  de  nombreux  bacilles  agglutinés.  L'agglu- 
tination avec  les  urines  fut  obtenue  à  1/3  000.  L'ébullition 
abolit  cette  propriété.  Guérison.  Chez  une  autre  fillette,  j'obtins 
l'agglutination  à  1/1  200  avec  le  sérum  sanguin,  à  1/800  avec 
les  urines.  Dans  ce  cas,  les  urines  présentaient  de  nombreux 
flocons  constitués  par  des  amas  de  bacilles  agglutinés.  Guérison. 
Chez  une  autre  fillette  âgée  de  dix-huit  mois,  la  première 
épreuve  fut  négative  à  1/50.  Après  un  mois  et  demi,  j'obtins 
une  faible  agglutination  avec  le  sérum  sanguin  sur  la  culture 
du  Bacterium  coli  isolé  de  l'urine.  Puis  l'agglutination  se  pro- 
nonça jusqu'à  1/350  après  deux  mois  de  maladie.  On  fut 
obligé  de  recourir  aux  lavages  de  la  vessie.  Chez  une  fille  de 
sept  ans,  malade  depuis  plus  de  deux  mois,  pas  d'agglutination. 
Il  n'y  avait  pas  non  plus  de  bacilles  agglutinés  dans  les  urines. 
Chez  un  garçon,  agglutination  à  1/250  qui  persiste  après 
circoncision  et  guérison.  Son  urine  présentait  des  groupes  de 
bacilles  agglutinés.  De  même  chez  un  autre  garçon  qui  agglu- 
tinait à  1/1  200. 

Je  conclus  : 

1^  Dans  diverses  affections  déterminées  par  l^BacUriumcoU 
(6  cystites,  1  entéro-colite,»!  périarthrite  de  Tépaule),  on  obtient 


LA  CYSTITE  CHEZ  LES   NOURRISSONS  715 

une  agglutination  homologue,  variant  du  1/180  au  1/1450, 
sauf  un  cas  où  la  réaction  ne  put  jamais  être  obtenue  ; 

2^  Dans  les  cas  de  cystite,  on  obtint  l'agglutination  en  se 
servant  d'urine  filtrée  au  Chamberland  au  lieu  de  sang  ;  mais  la 
réaction  était  moindre  qu'avec  le  sérum  sanguin.  Elle  ne  fut 
pas  essayée  dans  tous  les  cas  ; 

3*^  Dans  les  cas  de  cystite,  il  fut  donné  d'observer  un  rapport 
entre  l'existence  d'agglutinine  dans  le  sang  et  d'agglutinines 
dans  les  urines  (bacilles  agglutinés  en  zooglées).  Je  ne  crois  pas 
que  la  présence  d'agglutinines  dans  les  urines  doive  être  inter- 
prétée uniquement  comme  un  fait  d'élimination.  Outre  le 
passage  des  anticorps  à  travers  le  rein,  il  existe  une  production 
in  situ,  par  auto-défense  de  la  muqueuse  vésicale  contre  l'infec- 
tion dont  elle  est  atteinte  ; 

4°  On  n'obtient  jamais  d'agglutination  hétérologue,  c'est-à- 
dire  entre  le  bacille  isolé  d'un  enfant  et  le  sang  d'un  autre 
enfant  atteint  d'infection  colibacillaire  ; 

50  Ayant  provoqué  la  cystite  colibacillaire  chez  les  animaux 
(chienne),  je  n'ai  pas  pu  saisir  dans  leur  sang  l'apparition  des 
agglutinines. 

La  réaction  agglutinante  du  sérum  sanguin  sur  le  Bacterium 
coli  isolé  des  urines  ne  doit  d'ailleurs  pas  être  considérée  au  seul 
point  de  vue  du  diagnostic,  lequel  est  d'ailleurs  assuré  grâce 
à  de  nombreux  symptômes  et  aux  cultures.  D'après  mes  obser- 
vations, je  dois  conclure  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'attribuer  au  séro- 
diagnostic une  grande  valeur  pour  le  diagnostic  des  cystites 
colibacillaires.  Mais  il  y  a  lieu  de  poursuivre  ces  recherches 
dans  le  but  de  découvrir  un  sérum  curateur.  Je  ne  puis  pas 
davantage  affirmer  l'existence,  d'après  mes  observations  per- 
sonnelles, d'un  rapport  entre  l'intensité  du  pouvoir  agglutinant 
et  la  gravité  des  cas  cliniques.  Impossible  donc  d'attribuer 
encore  au  séro-diagnostic  une  valeur  pronostique  quelconque. 
Tout  au  plus  pourrait-on  supposer  que,  à  l'existence  d'un  pou- 
voir agglutinant  élevé,  et  spécialement  à  la  présence  dans  les 
urines  de  nombreux  amas  de  bacilles  agglutinés,  correspondent 
des  cas  plus  curables  et  d'un  meilleur  pronostic  que  dans  le  cas 
contraire. 

Chez  la  fillette  qui  n'a  pas  présenté  l'agglutination,  il  faut 
relever  l'existence  d'une  tuberculose  pulmonaire,  qui  rend 
compte  peut-être  de  cette  anomalie. 


710  GlUSEPPE   CAGCIA 

Marche,    complications,    pronostic. 

Ué^oliition  de  la  cystite  colibacillaire  varie  suivant  la  ca- 
vité des  cas.  Dans  les  formes  légères,  on  peut  observer  la  gut^ 
rison  spontanée,  comme  en  font  foi  quelques  cas  rapportés 
par  Escherich  et  par  Trumpp.  En  tout  cas,  le  traitement  a 
une  action  prompte  et  efficace  :  en  quelques  jours,  les 
urines  deviennent  plus  limpides,  le  sédiment  est  pauvre  en 
éléments  purulents,  et,  au  bout  de  vingt  jours  ou  un  mois,  les 
cultures  peuvent  rester  stériles.  Les  formes  graves  ont  une 
durée  plus  longue  ;  la  fièvre  cède  vite,  avec  la  persistance  dan> 
les  moyens  thérapeutiques  ;  les  médicaments  suffisent  géné- 
ralement ;  mais  parfois  on  doit  avoir  recours  aux  lavages  de  la 
vessie.  La  durée,  dans  ces  cas,  peut  se  compter  par  semain»'> 
et  par  mois;  il  y  a  des  guérisons  apparentes  et  des  rechut^^s: 
le  traitement  est  à  recommencer.  Il  est  rare  que  la  guérison  ne 
soit  pas  obtenue. 

Entre  les  formes  légères  et  graves  se  placent  des  formes 
intermédiaires  par  l'intensité  des  symptômes  et  par  leur 
durée  (entre  deux  et  quatre  mois).  Naturellement  la  durée  plus 
ou  moins  grande  de  la  maladie  est  influencée  par  la  précocité 
ou  le  retard  dans  le  diagnostic  et  par  la  qualité  du  traitement. 
Il  existe  des  formes  anciennes,  qui  sont  tenaces  et  parfois 
rebelles  à  la  thérapeutique.  Il  faut  donc  poser  le  diagnostic  de 
bonne  heure,  ce  qui  d'ailleurs  est  facile  pour  un  médecin  avisé. 

Outre  la  fièvre,  qui  cède  rapidement  à  l'action  des  remèdes, 
on  voit  l'inquiétude  et  l'agitation  disparaître  facilement. 
L'anémie  elle-même  guérit  merveilleusement  en  quinze  ou 
vingt  jours.  Les  urines  perdent  en  peu  de  temps  leurs  caractères 
inquiétants;  elles  deviennent  plus  limpides,  les  bacilles  dimi- 
nuent dans  le  sédiment  ainsi  que  les  cellules  de  pus.  Parfois 
le  trouble  persiste,  mais  l'examen  microscopique  montre  qu'il 
est  dû  à  des  amas  de  bacilles  (bactériurie). 

Les  complications  de  la  cystite  colibacillaire  sont  plutôt 
rares.  Outre  la  possibilité  d'une  septicémie  colibacillaire  d'ori- 
gine vésicale,  il  faut  craindre  la  marche  escendante  du  processus 
inflammatoire  vers  l'uretère  et  le  bassinet,  avec  formation  de 
pyélite  secondaire,  de  néphrite  et  même  de  thrombose  rénale 
(un  cas),  avec  mort  par  urémie. 

Le  pronostic  de  la  colicystite  primitive  est  ordinairement 
favorable.  Dans  la  majorité  des  cas,  on  obtient  la  guérison  dans 


LA   CYSTITE   CHEZ   LES   NOURRISSONS  717 

un  temps  plus  ou  moins  long  suivant  la  gravité  du  processus, 
suivant  l'organisme  infantile  et  la  variété  dq  B,  coli. 

Mais  il  faut  faire  des  réserves  quant  à  la  durée  de  la  maladie, 
visant  surtout  les  formes  rebelles,  insidieuses  et  à  rechute.  Le 
pronostic  est  grave  dans  les  formes  secondaires,  parce  qu'il 
est  lié  à  la  maladie  primitive  parfois  funeste  (bronchopneu- 
monie, entérite  etc.),  et  à  l'état  cachectique  du  sujet.  11  est 
aussi  subordonné  à  l'apparition  des  complications  ascendantes 
(pyélite,  néphrite). 

Traitement. 

En  présence  d'une  cystite  colibacillaire,  outre  la  cure  sympto- 
matique  (bains  chauds  pour  calmer  les  douleurs  et  l'agitation), 
il  faut  employer  les  médicaments,  tels  que  Yhelmitol  et  Vuro- 
tropine,  qui  ont,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  prouvé  leur 
efficacité.  Ces  remèdes  n'étaient  pas  connus  quand  Escherich 
et  Trumpp  conseillaient  d'avoir  recours  d'emblée  aux  lavages 
de  la  vessie.  Escherich  (1894)  conseillait  les  solutions  de 
créoUne  et  de  lysol\Qn  même  temps  qu'il  donnait  le  salol  à  l'in- 
térieur (0^',50  trois  ou  quatre  fois  par  jour).  Mais  ce  médi- 
cament provoqua  de  l'hématurie  dans  un  cas.  Il  est  à  écarter. 
Comby  conseille  les  lavages  à  l'eau  boriquée  ou  au  lysol  à 
1  p.  400  ;  Hutinel,  le  permanganate  de  potasse  à  1  p.  5  000, 
Monti,  l'eau  salée,  le  lysol  à  1  p.  4  000,  le  nitrate  d'argent  à 
1  p.  2  000. 

Les  lavages  de  la  vessie  doivent  être  réservés  pour  les  cas 
chroniques,  pour  ceux  qui  ont  résisté  aux  médicaments.  On  doit 
les  repousser  dans  la  phase  aiguë. 

lu'helmitol  met  en  liberté,  dans  l'organisme,  du  formol,  qui 
s'élimine  par  les  urines.  Uurotropine  agit  de  même.  Mais,  avec 
l'helmitol,  l'élimination  de  l'aldéhyde  formique  est  plus  prompte 
et  se  prolonge  plus  longtemps  ;  outre  l'action  antiseptique,  il  a 
une  action  sédative.  Son  pouvoir  antiseptique  est  très  fort, 
comme  l'a  prouvé  MuUer  (de  Zurich).  De  l'urine  contenant 
de  nombreuses  bactéries  est  stérilisée  en  une  heure  avec  une 
solution  à  2,5  p.  100;  en  six  ou  huit  heures,  avec  une  solution 
à  1  p.  100  ;  en  vingt-quatre  heures  avec  une  solution  à  1  p.  10  000. 

L'urotropine  a  un  pouvoir  antiseptique  moindre  :  plus  de 
quatre  heures  avec  la  solution  à  2,5  p.  100,  seize  à  dix-huit 
heures  avec  la  solution  à  1  p.  100,  la  solutionà  1  p.  10000 étant 
inactive. 


718  QIUSËPPB   GACGIA 

L'helmitol  n*a  déterminé  aucun  trouble  du  côté  du  rein  ou  du 
tube  digestif  ;  Turotropine  est  moins  innocente.  Après  deux  ou 
trois  jours,  l'effet  sur  les  urines  se  fait  sentir  ;  elles  deviennent 
limpides,  et  la  guérison  s'obtient  souvent  sans  autre  médi- 
cament. La  dose  pour  les  nourrissons  est  de  25  à  30  centigramme> 
trois  ou  quatre  fois  par  jour;  on  ajoutera  un  peu  d'eau  alcaline 
pour  favoriser  la  tolérance  et  la  mise  en  liberté  de  la  formal- 
déhyde. 

Aprèsla  période  aiguë,  si  l'helmitol  n'a  pas  donné  entière  salis- 
faction,  on  lavera  la  vessie  avec  une  solution  de  proiargfA 
ou  albuminate  d'argent  (0*'%20  p.  100,  puis  0^',50  à  0^^75  ou 
1  gramme  p.  100).  On  se  sert  du  cathéter  métallique  ordinaire, 
auquel  on  adapte  par  un  raccord  en  caoutchouc  un  tube  de  verr^^ 
en  Y;  à  une  des  branches  s'adapte  un  tube  de  sortie,  àTautrc 
un  tube  d'entrée  muni  d'un  petit  entonnoir.  On  tient  fermé  le 
tube  de  décharge,  et  on  verse  la  solution  tiède  dans  l'entonnoir; 
elle  pénètre  lentement  dans  la  vessie  pour  y  séjourner  quelques 
minutes,  après  quoi  on  ouvre  le  tube  de  décharge.  La  manœuMi» 
est  répétée  deux  ou  trois  fois  tous  les  jours  ou  tous  les  deux 
jours.  Il  faut  cependant  continuer  l'administration  de  l'hel- 
mitol. 

Dans  les  cas  chroniques  et  rebelles,  on  doit  employer  des  ^'h 
d'argent  plus  énergiques,  le  tachiol  (fluorure  d'argent)  en 
solution  à  1  p*  5  000,  puis  à  1  p.  2  000  ou  même  1  p.  1000. 
MûUer  aurait  même  injecté  des  solutions  à  1  ou  2  p.  1  000 
d'helmitol. 

Quand  il  existe  un  phimosis,  il  faut  pratiquer  la  circoncision, 
sans  préjudice  du  traitement  médical  indiqué  plus  haut. 

Le  sérothérapie  est  encore  à  l'étude.  Après  les  essais  tentés 
par  Albarran  et  Mosny  (1896),  Gomba  a  injecté  le  sérum 
anticoli-dysentérique  de  Gelli-Valenti.  Il  pense  que  ce  sérum 
est  indiqué  dans  les  formes  de  cystite  colibacillaire  qui  seraient 
dues  à  la  variété  dysentérique  du  B,  colL 

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Arch.  de  hédec.  des  enfants,  1907.  X.  —  46 


XXVIII 

HOPITAL  DES  ENFANTS  MALADES  ANNE-iURIE, 

A  LODZ  (POLOGNE) 

Par  le  D^  J.  BRUDZINSKI, 

Médecin  en  chef. 

L'hôpital  des  enfants  malades  «  Anne-Marie  »  doit  son 
existence  aux  dons  généreux  de  MM.  Herbst  et  Geyer,  gros 
industriels  de  Lodz,  et  aux  sommes  assez  importantes  prove- 
nant de  cotisations  des  habitants  de  la  ville.  Bâti  en  1904,  il 
commença  à  fonctionner  en  1905  ;  c'est  le  sixième  hôpital 
d'enfants  malades  en  Pologne  (nous  en  avons  deux  à  Varsorie, 
un  à  Cracovie,  un  à  Léopol,  un  à  Poznani). 

Les   BATIMENTS   DE   l'hÔPITAL. 

L'emplacement  sur  lequel  s'élève  l'édifice  avec  ses  dépen- 
dances représente  un  carré  oblong,  qui  s'élargit  vers  la  partie 
postérieure.  Le  devant  donne  sur  la  rue  Rokicinska,  le  derrière 
sur  la  rue  Fabryczna  ;  de  cette  manière,  il  a  deux  entrées, 
conformément  aux  exigences  de  l'hygiène. 

Ses  ailes  touchent  en  partie  aux  bâtiments  voisins  et  en  partie 
aux  terrains  inoccupés,  circonstance  moins  favorable  pour  un 
hôpital  <][ui  aurait  dû  être  entouré  de  rues,  comme  celui  de 
Leipzig.  On  a  tâché  de  remédier  à  ce  défaut  en  élevant  les 
bâtiments  loin  de  la  limite  du  terrain,  de  sorte  que  les  pavillons 
jouissent  de  la  lumière  en  abondance.  La  forme  du  terrain  a 
permis  d'isoler  complètement  les  pavillons  des  maktfiies 
infectieuses  de  tous  les  autres  pavillons  (fig.  1). 

La  distance  qui  sépare  le  pavillon  des  maladies  internes 
de  celui  de  la  désinfection  est  de  61°^,2  et  de  celui  de  la  diph- 
térie de  86«^,4  ;  entre  le  pavillon  de  la  diphtérie  et  celui  de 
la  scarlatine,  on  compte  16™,8.  Sous  ce  rapport,  notre  hôpital 
peut  bien  rivaliser  avec  celui  de  Vienne,  où  nous  voyons  que 
la  distance  entre  le  pavillon  non  contagieux  et  le  pavillon 
contagieux  équivaut  à   72  mètres  ;  les  pavillons  contagieux, 


HÔPITAL   DES    ENFANTS   MALADES  ANNE-MARIE 


723 


plus  grands,  en  sont  séparés  par  une  distance  de  35  mètres  ; 
la  ligne  des  pavillons  plus  grands  est  éloignée  de  celle  des 
pavillons  plus  petits  de  48  mètres  ;  ces  derniers  se  trouvent 
à  la  distance  de  15  à  25  mètres  du  pavillon  des  maladies 
internes. 

Du  côté  de  la  rue  Fabryczna,  nous  avons  une  seconde  porte 
d'entrée,  tout  près  de  laquelle  se  trouve  un  bâtiment  renfer- 
mant une  petite  chapelle  mortuaire  et  une  salle  d'autopsie. 

L'édifice  principal  donne  sur  la  rue  Rokicinska,  où  se  trouve 
aussi  l'entrée  principale,  la  grande  entrée  de  l'hôpital. 

Cet  édifice  comprend  une  salle  de  consultations,  une  salle 
des  douteux   et  un  bureau  au   rez-de-chaussée,  et  les  loge- 


Pawil 


PawiLfykaH} 


On».g0^ott 


Jouait.  ohifHff^ 


Jfemjfnf^hcyau 


Faui/vLurmwnftt^mny, 


IfimÂM^méU' 


Fig.  1.  —  Plan  de  situation. 


meHts  des  médecins  internes,  des  surveillantes  et  des  fonction- 
naires de  l'hôpital  au  premier.  La  salle  de  consultations  est 
construite  de  manière  à  pouvoir  isoler  immédiatement  tous 
les  cas  suspects. 

Peu  d'hôpitaux  sont  construits  d'après  ce  principe  (ceux 
de  Baginsky  à  Berlin,  Soltmann  à  Leipzig  et  Brody  à  Pesth). 
Sous  ce  rapport,  notre  hôpital  est  le  premier  et  l'unique  dans 
notre  pays. 

Les  mères  avec  leurs  enfants  entrent  dans  la  salle  de  consul- 
tations par  la  porte  latérale  (a  ),  d'où  eUes  passent  chacune 
séparément  dans  la  chambre  contiguë  à  l'entrée  du  nord  (w). 
Ici  l'enfant  subit  le  premier  examen  prémonitoire  :  le  médecin 
examine  la  peau  de  l'enfant,  sa  gorge,  et  pose  certaines  ques- 
tions relativement  à  la  coqueluche.  Les  enfants  qui  en  sont 
atteints  entrent  en  face,  dans  la  seconde  chambre  d'isole- 
ment (t")  ;  ceux  qui  ont  la  diphtérie  passent  dans  la  première 
chambre  d'isolement  (i'),et  ceux  qui  sont  suspects  de  scarlatine 
ou  d'autres  maladies  éruptives  entrent  dans  la  troisième  (r). 


724 


J.    BRUDZINSKI 


Quant  aux  enfants  n'ayant  aucune  maladie  infectieuse,  on 
les  envoie  dans  la  salle  d'attente  commune  ;  de  là  ils  sortent 
par  la  porte  qui  est  en  face  du  cabinet  du  chef,  traversent  le 
couloir  et  entrent  chacun  à  leur  tour  dans  le  cabinet. 

Par  la  salle  des  consultations  passent  également  les  malades 
qui  veulent  être  reçus  à  l'hôpital  ;  ils  subissent  le  même  exa- 
men prémonitoire  s'ils  arrivent  sans  être  munis  d'un  certificat 
du  médecin  de  la  ville.  En  attendant  d'être  reçus  à  l'hôpital, 
les  malades  restent  dans  la  première  ou  la  troisième  chambre 
d'isolement  (i!  ou  i'"). 

L'entrée  principale  de  l'hôpital  conduit  dans  le  vestibule, 
où  les  parents  des  enfants  et  les  visiteurs  attendent  les  jours 


Fig.  2. 

a,  Qran des  entrées;  i,  antichambre  ;  k,  couloirs  :  6,  bureau  ;  p,  salle  d*atteot'>: 
ch,  salle  de  chirugrie  ;  (p,  salle  d*exaroen  prémonitoire  ;  a,  entrée  latérale  dans  U 
salle  de  consultation  ;  i\  i\  i*,  chambres  d'isolement  ;  o,  policlinique  pour  \ts 
enfants  non  suspects  ;  ss,  salles  des  douteux  ;  /,  /,  la  pharmacie. 

de  réception.  Dans  le  vestibule,  il  y  a  des  bancs  ;  sur  les  murs 
sont  pendus  des  tableaux  indiquant  la  date  de  la  construction, 
celle  de  la  donation,  etc.  De  là  on  entre  d'un  côté  dans  le 
bureau  et  dans  la  salle  d'attente  pour  les  malades  externes  ;  de 
l'autre,  dans  un  couloir  qui  se  prolonge  dans  deux  directions  : 
à  gauche,  il  conduit  aux  chambres  de  consultations;  à  droite,  au 
logement  destiné  à  la  pharmacie.  En  face  de  l'entrée  principale 
se  trouve  une  porte  vitrée,  séparant  le  vestibule  de  la  cage  de 
l'escalier  menant  au  premier  et  du  couloir  qu'il  faut  traverser 
pour  pouvoir  entrer  par  la  porte  de  derrière  dans  la  cour  de 
l'hôpital.  Sur  deux  côtés  de  ce  couloir  sont  installés  les  water- 
closets  pour  les  malades  externes. 
*  Le  premier  étage,  coupé  en  deux  par  le  couloir  et  le  vestibule. 


HÔPITAL   DES    ENFANTS    MALADES   ANNE-MARIE  725 

contient  toute  une  série  de  chambres  pour  les  médecins,  éco- 
nome, surveillantes,  concierge,  mécanicien,  deux  infirmières 
et  surveillantes  de  nuit  des  pavillons  de  contagieux;  en  tout, 
il  y  a  treize  chambres  de  dimension  différente. 

En  sortant  par  la  porte  du  fond  du  bâtiment  principal,  nous 
tombons  dans  le  territoire  de  l'hôpital,  et  tout  de  suite  à  droite 
nous  voyons  le  service  des  douteux,  se  trouvant  dans  le  même 
bâtiment  et  ayant  une  porte  d'entrée  spéciale  (5,  s).  Il  se  com- 
pose de  deux  petites  salles  à  deux  fenêtres  de  chaque  côté  du 
couloir  du  milieu  ;  on  y  reçoit  les  malades  avec  un  diagnostic 
douteux,  qui  y  restent  jusqu'au  moment  où  la  marche  de  la 
maladie   (rougeole,  scarlatine)    ou  bien  l'examen  bactériolo- 
gique (diphtérie)  viennent  éclairer  le  diagnostic.  Une  fois  le 
diagnostic  posé,  on  fait  passer  le  petit  malade  dans  le  pavillon 
correspondant,  —  diphtérie  ou  scarlatine,  —  suivant  les  cas  ; 
la  chambre  où  le  malade  était  couché  est  désinfectée  au  moyen 
de  glycéro-formol,  et  la  literie  est  envoyée  dans  le  bâtiment 
de  la  désinfection.  Dans  le  service  des  douteux,  il  y  a  trois  lits. 
En  face  de  la  sortie  du  bâtiment  principal,  un  peu  à  droite, 
se  trouve  le  pavillon  de  chirurgie  ;  l'aile  du  bâtiment  est  tour- 
née un  peu  au  nord  ;  au  rez-de-chaussée,  se  trouve  la  salle 
d'opération  pour  les  suppures,  la  salle  d'orthopédie,  l'instal- 
lation pour  les  rayons  de  Rœntgen  et  une  chambre  noire  pour 
la  photographie.  Au  premier  sont  installées  la  chambre  de  sté- 
rilisation, la  salle  des  opérations  aseptiques  et  une  chambre 
spéciale  servant  à  préparer  les  malades  avant  l'opération. 
Le  pavillon  de  chirurgie  est  disposé  de  la  même  façon  que  le 
pavillon  des  maladies  internes. 

Le  pavillon  des  maladies  internes  présente  la  forme  d'un  V 
à  lignes  transversales,  allongées,  représentées  par  un  couloir 
dont  le  côté  oriental  est  exposé  au  soleil,  tandis  que  le 
côté  occidental  aboutit  aux  différents  logements  ;  dans  les 
ailes  du  nord  eV  du  sud,  se  trouvent  les  salles  de  malades  ;  dans 
le  pavillon  de  chirurgie,  l'aile  du  nord  contient  la  salle  d'opé- 
ration. 

Le  rez-de-chaussée  du  pavillon  des  maladies  internes  ('") 
possède  deux  entrées  :  l'entrée  du  milieu  (a)  conduit  dans  le 
bâtiment  pricipal  (a'),  l'entrée  latérale  dans  le  pavillon  de 
réserve;  dans  ce  dernier,  il  y  a  un  couloir  (k\  k'),  qui  a  à  sa  droite 
une  grande  salle  à  quatre  fenêtres,  exposées  au  nord-est; 
plus  loin  il  y  a  la  chambre  (d'),  réservée  à  la  surveillante  de 


726 


J.    BaUDZINSKI 


garde,  servant  également  de  dépôt  de  linge  du  pavillon  de 
réserve  ;  enfin  suit  une  petite  salle  (p'.o'),  à  trois  fenêtres 
exposées  au  nord-ouest.  A  gauche  du  couloir,  se  trouve  la  saUe 
de  bains  (p'/c'),  le  cabinet  de  toilette  et  le  dépôt  provisoire 
du  linge  sale.  Le  couloir,  grand  et  plein  de  clarté,  sert  de  prome- 
nade pour  les  convalescents.  Ce  service  est  réservé  au  cas 
d'apparition  d'une  épidémie  de  rougeole  ou  varicelle  à  l'hôpi- 
tal même  ;  au  moment  où  un  pavillon  spécial  pour  les  rou- 
geoleux  sera  élevé,  ce  service  sera  destiné  probablement  aux 
nourrissons  malades.  . 
L'entrée  du  milieu  (a),  à  travers  une  porte  en  bois  située  en 


Fig.  3.  —  Pavillon  de  la  médecine  interne  (rez-de-chaussée). 

a,  Entrée  principale;  a',  entrée  du  pavillon  de  réserve;  k,  k,  couloir; 
h\  k\  couloir  du  pavillon  de  réserve  ;  9,0,  grande  salle  des  malades  ;  <'.o',  salle  do 
pavillon  de  réserve  ;  p^d,  salle  du  jour  ;  y,  ventilation  ;  <2,  chambre  de  la  sur- 
veillante ;  d\  chambre  de  la  surveillante  du  pavillon  de  réserve  ;  p.Ar.,  salle  de 
bains  ;  p  k\  salle  de  bains  du  pavillon  de  réserve  ;  /r/.,  water-closet  ;  hm.^  cabinet 
du  médecin  en  chef,  /r.p.,  petite  cuisine,  accessoires  ;  p.o.,  chambre  séparée  ; 
p'.o\  chambre  séparée  du  pavillon  de  réserve. 

face  de  la  cage  d'escalier  menant  au  premier,  nous  conduit 
dans  le  couloir  (A,  k)  ;  ce  dernier  est  éclairé  par  une  rangée  de 
fenêtres  exposées  à  l'est  ;  nous  tournons  à  sa  gauche  pour 
entrer  dans  la  salle  commune  des  malades  (5.  o.); celle-ci  occupe 
toute  la  largeur  de  l'aile  du  sud  ;  elle  se  trouve  éclairée  par 
douze  fenêtres  (de  3°^,6  de  hauteur,  1™,2  de  largeur),  exposées 
à  l'est,  au  sud  et  au  nord  ;  dans  ce  nombre,  il  y  a  quatre  fenêtres 
tournées  vers  le  sud.  Au  bout  de  la  salle,  se  trouve  une  chambre 
(pd)  renfermant  une  table  et  des  chaises  d'enfants  ;  elle  est 
destinée  aux  convalescents.  D'ici  à  quelque  temps,  elle  sera 
séparée  de  la  salle  commune  par  une  grande  porte  vitrée. 
Dans  la  salle  commune,  on  a  placé  très  librement  douze  lits  : 


HOPITAL   DES   ENFANTS   MALADES   ANNE-MARIE 


727 


quatre  sont  posés  le  long  des  fenêtres  de  l'est,  quatre  devant  celles 
de  Touest  et  quatre  devant  celles  du  nord.  La  largeur  de  la  salle 
est  de  12^,5.  La  profondeur,  la  salle  du  fond  y  comptée, 
est  de  10"^,5  ;  sans  compter  la  dernière,  elle  est  de  7°^,2  ;  la 
hauteur  de  la  salle  est  de  7"^,5.  Le  volume  d'air  dans  la  salle,  y 
compris  la  salle  du  fond,  est  de  476  mètres  cubes,  ce  qui  donne 
pour  chaque  lit  39  mètres  cubes  d'air  et  7"^,5  de  surface  car- 
rée du  parquet,  moins  la  salle  du  fond. 

En  sortant  de  la  salle  commune,  nous  entrons  par  la  première 
porte  à  gauche  du  couloir  dans  un  petit  cabinet  (w)  contenant 
le  calorifère  ;  tout  à  côté  se  trouve  la  chambre  de  la  surveil- 


Fig.  4.  —  Pavillon  des  maladies  intene  (premier  étage). 

Ar.Ar.,  Couloir;  *."*.",  couloir  dansle  pavillon  de  typhiques;  s.b.,  dépôt  de  linge  ; 
s.o,,  salle  commune  des  malades  ;  s."o'\  salle  commune  de  typhiques  ;  p.k,,  salle 
de  bains;  k.t.,  bains  typhiques;  kl.,  waler-closets  ;  rf,  chambre  de  la  surveil- 
lante ;  lab.,  laboratoire  ;  p.o.,  chambres  séparées;  P'"o'\  chambres  séparées  dans 
le  pavillon  de  typhiques. 

lante  (d)  ;  un  peu  plus  loin,  la  salle  de  bains  avec  un  lavabo 
(p.k.)]  après  vient  le  water-closet  (kl.)  et,  tout  à  côté  de  la 
cage  d'escalier,  presque  en  face  de  l'entrée  du  milieu  (a),  il  y  a 
le  cabinet  du  médecin  en  chef  (g.o),  le  vestiaire  des  médecins, 
la  bibliothèque.  En  longeant  le  couloir,  plus  loin  que  l'entrée  du 
milieu,  on  trouve  à  gauche  une  chambre  contenant  une  petite 
cuisine  à  gaz  et  un  buffet  ;  encore  plus  loin,  on  trouve  une 
grande  pièce  à  deux  fenêtres,  dont  on  se  sert  pour  isoler  les 
enfants  gravement  malades,  irascibles  ou  malpropres  ;  ou  bien 
encore  on  y  place  les  malades  atteints  d'un  état  morbide, 
pneumonie  par  exemple,  compliquée  de  la  coqueluche  et  néces- 
sitant un  traitement  à  l'hôpital. 

Ensuite  nous  montons  un  escalier  bien  éclairé  à  l'ouest  et 
nous  arrivons  au  premier.  Ici,  la  disposition  des  pièces  est 


728 


J.    BRUDZINSKI 


presque  identique  à  celle  du  rez-de-chaussée,  avec  cette  diffé- 
rence seulement  qu'à  côté  de  la  salle  commune  on  trouve  une 
chambre  pour  peser  et  un  dépôt  de  linge  {s.b.)  ;  la  chambre 
à  côté  de  la  cage  d'escalier  (d)  est  destinée  à  la  surveillante  ; 
à  droite  de  la  cage  d'escalier  (dans  la  direction  du  nord),  est 
installé  le  laboratoire  {lab.).  La  chambre  suivante,  deux 
fenêtres,  sert  de  chambre  d'isolement  pour  un  enfant  avec  sa 
mère,  ou  un  enfant  seul  gravement  malade  (p.o.);  enfin  vient 
la  salle  de  bains  pour  les  typhiques  (k.L);  de  là  nous  entrons 
dans  un  couloir  qui  traverse  l'aile  nord  du  bâtiment,  où  la 
disposition  des  pièces  est  identique  à  celle  du  rez-de-chaussée 
du  pavillon  de  réserve.  Les  trois  salles  sont  destinées  aux 
typhiques,  dont  il  y  a  toujours  un  certain  nombre  à  Lodz,  la 
ville  n'étant  pas  canalisée. 

.  En  face  des  pavillons  de  maladies  internes  et  de  la  chirui^fie, 
à  distance  égale  de  l'un  et  de  l'autre,  un  peu  à  l'est  du  territoire 
de  l'hôpital,  s'élève  une  maison  d'un  seul  étage,  munie  d'une 

tour  :  c'est  celle  de 
l'administration.  Par 
la  porte  a  du  rez-de- 
chaussée  ,    on   passe 
dans  l'antichambre; 
à  sa  gauche,  il  y  a  une 
porte  conduisant  dans 
la  salle  de  bains  pour 
les  gens  de  service;  à 
sa  droite,  il  y  a  l'en- 
trée des  caves.  Dans 
la  cave,  se  trouve  la 
chaudière,  la  machine 
à  vapeur,  etc.  De  l'an- 
tichambre, on  passe 
dans    un  couloir  et,  par  la  première  porte  à  sa  gauche,  on 
entre  dans  la  buanderie,  chambre  à  repasser  et  à  sécher  le 
linge  (pr.,  s.p.)  ;  en  face  se  trouve  la  cuisine  (k.);  à  côté  de  la 
cuisine  à  droite,  il  y  a  une  chambre  où  les  gens  de  service 
attendent  avec  leur  vaisselle  la  distribution  des  plats,  destinés 
aux    malades   du  pavillon   des  maladies    internes  et   de  la 
chirurgie  ;    cette    chambre   leur    sert    en    même    temps  de 
salle    à    manger  ;   à    côté    de   celle-ci,  se  trouve  la  salle  à 
manger  du  personnel   féminin    de  l'hôpital   (l'intendante,  la 


Fig.  5.  —  L'administration  (rez-de-chaussée). 

a,  Entrée,  pr.,  buanderie;  ».p.,  chambre  à  repas- 
ser ;  k,  cuisine  ;  (v.p.,  chambre  de  distribution  des 
plats  non  infectés  ;  tv\p\  distribution  des  plats  in- 
fectés; s.p.f  cuisine  accessoire;  p./.,  salle  à  manger. 


HÔPITAL   DES   ENFANTS   MALADES  ANNE-MARIE 


720 


ménagère,    les    surveillantes    de    pavillons    non   infectieux). 

A  côté  de  la  cuisine,  éclairée  par  trois  fenêtres,  se  trouve  un 
garde-manger  ;  cette  cuisine  communique  par  une  petite 
fenêtre  avec  une  chambre  destinée  à  la  distribution  de  la  nourri- 
ture pour  les  malades  atteints  d'une  maladie  contagieuse  ; 
dans  cette  chambre,  on  entre  par  une  porte  faite  dans  l'aile  sud 
du  bâtiment,  en  face  des  pavillons  infectieux. 

Au  premier,  il  y  a  des  salles,  dont  trois  situées  l'une  à  la  suite 
de  l'autre  sont  tournées  vers  l'est  ;  deux  sont  réservées  aux 
gens  du  service  des  pavillons  non  infectieux  et  une  au  ménage. 

A  gauche  de  l'entrée  de  la  cage  de  l'escalier,  il  y  a  une  grande 
salle,  la  salle  de  réunion  des  dames  patronnesses  et  de  l'admi- 
nistration de  l'hôpital  ;  la  grande  salle  à  droite  sert  de  dépôt 
central  du  linge. 

Au  second,  il  y  a  le  réservoir  d'eau  desservant  les  conduits 
locaux  et  le  grenier  à  linge. 

Dans  les  souterrains,  la  partie  nord  est  occupée  par  les 
appareils  de  chauffage  et  le  magasin  du  coke  ;  elle  possède 
une  entrée  spéciale  dans  l'aile  nord  du  bâtiment. 

Derrière  le  pavillon  des  maladies  internes,  il  y  a  un  espace 
libre  de  61'û,2  de  long,  couvert  d'arbres,  aboutissant  au  pavil- 
lon de  la  désinfection  ;  c'est  un  petit  bâtiment  ne  contenant 
que  le  rez-de-chaussée,  dont  le  côté  est  renferme  une  grande 
chaudière  pour  les  pavillons  infectieux,  et  le  côté  de  l'ouest  est 
destiné  à  la  désinfection. 

En  entrant  dans  le  bâtiment  par  la  porte  du  sud,  nous  trou- 
vons la  salle  des  bains  pour  le  désin- 
fecteur  (k,);  à  gauche  est  située  la 
chambre  de  désinfection  des  objets 
contaminés  {d.b.)  ;  à  droite  dans  le 
m\ir  se  trouve  l'appareil  de  désin- 
fection et  un  chaudron  pour  faire 
bouillir  le  linge  ;  à  côté  de  l'appa- 
reil de  désinfection,  se  trouve  une 
chaudière  à  vapeur;  le  côté  nord  est 
occupé  par  le  pavillon  de  désinfection 
des  objets  non  contaminés,  ayant 
une  entrée  spéciale  du  côté  de 
l'ouest  ;  nous  y  voyons  la  porte 
opposée  de  la  chambre  de  désinfection  et  l'autre  moitié  du 
chaudron  à  linge. 


Fig.  6. 

w,  Entrée  ;  /r,  salle  de  bains  ; 
d.b.,  la  désinfection  des  objets 
contaminés  ;  d.o.^  la  désinfection 
propre  ;  a,  l'appareil  de  la  dé- 
sinfection ;  b.j  chaudron. 


730 


J.    BRUDZINSKI 


Derrière  le  pavillon  de  la  désinfection,  un  peu  à  Test,  à  une 
distance  de  25  mètres,  se  trouve  situé  le  pavillon  de  la  diph- 
térie. 

L'entrée  a  nous  conduit  dans  un  couloir  ayant  à  sa  droite 
la  porte  commune  du  laboratoire  et  du  cabinet  du  médecin 
(p-b,),  et  plus  loin  la  porte  d'une  cuisine  provisoire.  A  sa  gauche, 
tout  à  côté  de  l'entrée,  il  y  a  le  water-closet  avec  un  tonneau 
pour  mouiller  le  linge  et  un  seau  pour  les  ordures  ;  plus  loin, 
à  gauche,  se  trouve  la  salle  des  bains  (p.k.). 

Une  porte  vitrée  nous  conduit  du  couloir  dans  la  grande 
salle  des  malades  (s.o,)\  elle  occupe  toute  la  largeur  du  pavillon 


Fig.  7.  —  Pavillon  des  maladies  infectieuses. 

a,  Entrée;  ^,  couloir  ;  Ar/.,  wa  ter-close  ts;  k.p,  chambre  des  bains;  p./,  cabinet 
du  médecin  et  laboratoire  ;  p.Ar.,  cuisine  accessoire  ;  s.o.,  saUe  commune  des  malades: 
d,  chambre  de  la  surveillante  ;  s.h,^  dépôt  de  linge;  /),o,  chambres  séparées;  p/o.» 
pavillon  ;  salle  d'opération  ;  />.(£,  salle  pour  les  convalescents. 

et  est  éclairée  par  six  fenêtres,  dont  trois  sont  tournées  à  l'est 
et  trois  à  l'ouest.  La  salle  contient  huit  lits  ;  sa  largeur  est  de 
13  mètres  ;  sa  profondeur  est  de  7  mètres  et  sa  hauteur  de 
4" ,5.  La  capacité  de  l'air  est  de  409  mètres  cubes,  c'est-à-dire 
pour  un  lit  50  mètres  cubes  d'air  et  li^'^S  de  la  surface  du 
parquet. 

Le  pavillon  peut  contenir  facilement  douze  lits  (34  mètres 
cubes,  7°^5  de  la  surface  du  parquet). 

De  là  à  travers  une  porte  vitrée  nous  passons  dans  un  cou- 
loir conduisant  droit  dans  une  grande  chambre  destinée  aux 
convalescents  [pd)  ;  à  droite  du  couloir  se  trouve  la  lingerie 
(s,bJ)  et  plus  loin  la  petite  salle  d'opération  avec  la  chambre 
inhalatoire  (p*oJ)  ;  à  gauche  il  y  a  la  chambre  de  la  surveillante 
(d)  et  derrière  l'appareil  de  ventilation  et  la  chambre  de  la 
bonne. 


HÔPITAL    DES   ENFANTS    MALADES   ANNE-MAHIE  731 

A  une  distance  de  56  pieds  (lô^^jS),  derrière  le  pavillon 
diphtérique,  s'élève  le  pavillon  des  scarlatineux,  ayant  absolu- 
ment la  raême  disposition  des  pièces,  avec  cette  différence 
que  les  deux  pièces  occidentales  situées  derrière  la  grande 
salle  servent  à  l'isolement  dans  les-  cas  dej  scarlatine  mixte, 
compliquée  d'une  autre  infection  (diphtérie);  l'une  d'elle 
peut  servir  pour  loger  l'enfant  avec  sa  mère  ou  une  autre  per- 
sonne qui  l'accompagne.  Le  coin  ouest  du  territoire  de  l'hô- 
pital tout  près  de  la  porte,  donnant  sur  la  rue  Fabryczna,  est 
occupé  par  un  petit  bâtiment  ;  la  croix  dont  il  est  surmonté 
indique  sa  destination.  Il  contient  deux  salles  :  la  salle  de 
Test,  c'est  la  chapelle;  la  salle  de  l'ouest,  c'est  la  salle 
d'autopsie.  Chacune  d'elles  possède  une  entrée  propre,  et  toutes 
les  deux  communiquent  par  une  porte  percée 
dans  le  mur  mitoyen.  L'installation  est  simple. 
Dans  la  salle  d'autopsie,  il  y  a  une  table  d'au- 
topsie, un  lavabo,  un  bec  de  gaz,  un  bureau. 
En  dessous  de  la  table  d'autopsie,  il  y  a  un 
évier. 

Les  couloirs  et  les  salles  du  bâtiment  frontal 
et  du  pavillon  des  douteux  ont  le  plancher  en 
mosaïque;  il  l'est  également  dans  les  pavillons  pjg,  g, 

de  la  chirurgie  et  de  la  médecine  interne, 
dans  les  cuisines,  les  salles  de  bains]  et  water-closets.  Dans 
les  grandes  salles,  le  plancher  est  en  béton  cimenté  couvert 
de  linoléum.  Les  chambres  d'isolement  ont  un  plancher  de  bois 
peint  à  l'huile.  Dans  les  chambres  d'opération  du  pavillon  de 
la  chirurgie,  le  plancher  est  en  dalles.  Le  rez-de-chaussée  du 
pavillon  de  l'administration  possède  un  parquet  en  mosaïque. 
Dans  le  pavillon  de  la  désinfection,  les  deux  pavillons  des 
maladies  infectieuses,  la  salle  d'autopsie,  le  parquet  est  égale- 
ment en  mosaïque,  à  part  les  salles  communes,  lesquelles 
ainsi  que  les  salles  des  pavillons  non  contagieux  sont  en  béton 
cimenté,  couvert  de  linoléum  ;  la  même  substance  ^tapisse 
également  les  petites  salles  des  convalescents.^  Dans  tous  les 
pavillons,  au  milieu  des  couloirs,  il  y  a  également  une  bande 
en  linoléum.  L'entrée  du  couloir  est  garantie^de  l'influence 
de  l'air  extérieur  par  une  double  porte.  Dans  le  couloir  du 
pavillon  de  la  médecine  interne  et  de  la  chirurgie,  il  y  a  des 
bancs;  les  enfants  qui  ne  sont  pas  forcés  de  garder  le  lit  s'y 
promènent  pendant  le  jour  ;  le  dimanche,  les  mêmes  couloirs 


732  J.    BRUDZINSKI 

servent  de  pièces  d'attente  aux  parents  qui  viennent  voir  leurs 
enfants  ;  on  ne  laisse  entrer  les  visiteurs  dans  la  salle  que 
lorsque  Fenfant  est  alité. 

L'hôpital  tout  entier  est  chauffé  par  le  système  de  chauffage 
central  à  pression  faible  ;  et,  comme  il  en  a  été  question 
plus  haut,  il  y  a  des  chaudières  spéciales  pour  les  pavillons 
infectieux  et  non  infectieux.  Les  couloirs  sont  partout  bien 
chauffés  ;  il  y  a  partout  des  appareils  de  ventilation. 
,  Les  appareils  de  chauffage  et  ceux  de  la  ventilation  sont 
installés  par  J.  Arkuszevski,  à  Lodz. 

Tous  les  pavillons  sont  munis  d'eau  ;  Lodz  n'étant  pas 
canalisé,  on  a  construit  un  conduit  local  approvisionné  par 
un  puits  d'où  un  moteur  à  gaz  placé  dans  le  sous-sol  du  bâti- 
ment de  ménage  conduit  l'eau  dans  le  bassin  central,  situé 
dans  la  tourelle  du  bâtiment  de  l'administration.  On  a  été 
obUgé  d'appliquer  le  système  des  doubles  fossés  pour  verser 
les  impuretés  ;  l'eau  sale  est  conduite  dans  le  canal  principal, 
lequel  à  son  tour  la  mène  en  dehors  de  la  ville  (l'eau  des  pavil- 
lons infectés  est  désinfectée  d'avance)  ;  les  fosses  d'aisances  sont 
vidées  par  des  tombereaux. 

Aux  fenêtres,  il  n'y  a  point  de  stores  ;  il  n'y  a  que  des  rideaux 
qui  se  tirent  de  côté  et  peuvent  être  facilement  enlevés  et 
remis  de  nouveau  sans  l'aide  d'un  tapissier.  Dans  les  pavillons 
d'infectieux,  il  n'y  a  point  de  rideaux  ;  le  manque  de  jalousies 
intérieures  dans  les  fenêtres  de  grandes  salles  se  fera  probable- 
ment sentir  dans  l'avenir,  et  on  sera  obligé  de  les  installer  ; 
on  sera  également  forcé  de  changer  le  système  d'ouverture  des 
fenêtres  de  dessus,  qui  est  défectueux.  Les  lits  d'hôpital  sont 
en  fer,  très  hauts,  faciles  à  démonter  et  glissant  sur  des  rou- 
lettes en  pierre  ;  il  y  en  a  de  trois  dimensions  différentes,  dont 
la  moyenne  comporte  142  centimètres  de  long  ;  aux  lits,  il 
y  a  des  ridelles  à  sept  tiges  chacune  ;  elles  glissent  sur  des  barres 
en  nickel  à  l'aide  de  petits  anneaux,  vissés  dans  les  bords  des 
ridelles.  Les  matelas  de  fils  de  fer  sont  recouverts  d'autres 
en  vareck.  Les  ridelles  s'abaissent  très  facilement.  Les  lits 
sont  égaux  par  derrière.  On  ne  se  sert  plus  ici  des  grandes  tiges 
métalliques,  qui  servent  dans  les  hôpitaux  pour  y  attacher 
les  pancartes  ;  il  y  a  des  enveloppes  en  fer-blanc  pour  les 
feuilles  de  températinre  et  d'autres  papiers,  et  on  les  attache  sur 
le  devant  du  lit,  regardant  la  salle.  Grâce  à  cette  modification, 
la  salle  perd  cet  aspect  particulier  propre  aux  salles  des  hôpi- 


HÔPITAL   DES   ENFANTS   MALADES   ANNE-MARIE  7^^ 

taux.  Entre  deux  lits,  existe  une  petite  table  en  fer  à  deux 
rayons,  qui  sert  à  mettre  dessus  différents  objets  nécessaires 
aux  soins  médicaux.  Au  chevet  du  lit  se  trouve  un  petit  tabou- 
ret pour  mettre  les  habits  de  Tenfant.  Sur  le  lit,  on  place  une 
petite  table  en  fer  pour  le  manger  des  enfants  alités.  Cette 
table  peut  glisser  sur  les  côtés  du  lit. 

Chaque  grande  salle  possède  une  table  d'examen  en  fer  glissant 
sur  des  roulettes,  de  sorte  qu'on  puisse  la  rapprocher  du  bord 
du  lit  des  malades.  Il  y  a  également  une  table  à  écrire  placée 
contre  le  mur.  Dans  chaque  salle,  une  petite  armoire  vitrée, 
accrochée  au  mur  et  servant  à  garder  les  médicaments  et 
menus  objets  d'usage  courant.  Sur  la  table  à  écrire,  il  y  a  des 
verres  remplis  d'une  solution  antiseptique  et  de  sable  pour 
mettre  les  thermomètres  ^t  une  autre  pour  les  abaisse-langues. 

Dans  les  enfoncements  qui  se  trouvent  au  bout  de  chaque 
salle,  il  y  a  des  tables  en  bois  courbé  couvertes  d'une  toile 
cirée  et  de  petits  fauteuils  pour  les  enfants,  qui  y  mangent 
et  s'amusent  pendant  la  journée. 

Dans  chaque  pavillon,  il  y  a  une  balance  (du  système  de 
Fair-Banks)  ;  chaque  enfant  est  pesé  systématiquement.  Dans 
le  service  des  scarlatineux,  il  y.  a  une  balance  spéciale  avec  un 
grand  plateau  qui  permet  de  peser  dans  la  position  couchée 
les  enfants  gravement  malades. 

Dans  les  pavillons  infectieux  et  typhiques,  il  y  a  de  grands 
tonneaux  en  fer-blanc  très  épais,  munis  d'un  couvercle  et  d'un 
robinet  pour  faire  écouler  les  liquides  antiseptiques  servant  à 
tremper  le  linge  (lysol  ou  bicarbonate  de  soude)  ;  ces  tonneaux 
sont  placés  dans  le  water-çloset  ;  on  y  a  mis  également  les  seaux 
aux  ordures,  construits  d'après  le  modèle  viennois,  un  peu 
simplifiés  pourtant  par  la  maison  de  Kônrad  Jarnusskiewicz 
et  C'%  à  Varsovie  (de  la  même  maison  sont  les  lits  et  toute 
l'installation).  Le  seau  est  formé  :  d'un  grand  réservoir  dans 
lequel  on  place  un  seau  dont  le  fond  est  mobile  ;  quand  on  fait 
jouer  l'appareil  en  question,  le  fond  du  seau  descend,  et  les 
ordures  retombent  du  seau  dans  le  réservoir  d'en  bas  sans 
produire  de  la  poussière  ;  on  les  transporte  dans  la  chaudière 
du  pavillon  infectieux  pour  les  brûler.  Le  seau  à  ordures  pos- 
sède un  couvercle  ;  grâce  à  cette  disposition,  on  ne  fait  pas  de 
poussière  en  le  portant. 

La  description  de  chaque  pavillon  en  particulier  nous 
démontre  qu'on  a  fait  tout  son  possible  pour  appliquer  lar- 


734  J.    BRUDZINSKI 

gement  dans  tout  l'hôpital,  même  dans  les  consultations 
externes,  le  système  d'isolement.  L'application  de  ce  système 
est  facilitée  par  la  construction  du  pavillon  des  douteux,  de 
celui  de  réserve,  par  un  grand  éloignement  des  pavillons  infec- 
tieux et  rétablissement  de  la  communication  téléphonique 
entre  les  pavillons.  Pour  veiller  à  l'observation  exacte  du 
système  d'isolement,  nous  avons  appliqué  une  série  de  règles, 
dont  l'imporatnce  est  expliquée  par  nous  aux  gens  du  service 
et  aux  surveillantes. 

Les  surveillantes  des  pavillons  de  contagieux  ne  viennent 
jamais  dans  la  salle  à  manger  commune  ;  elles  mangent  dans 
les^  petites  cuisines  de  leur  pavillon. 

Les  servantes  des  pavillons  infectieux  venant  chercher  la 
nourriture  pour  les  malades  entrent  par  une  porte  spéciale 
dans  une  petite  chambre  commumqHaai  avec  la  cuisine  uni- 
quement par  une  fenêtre  percée  dans  le  mur  ;  les  blouses  qu'elles 
portent  dans  les  pavillons  sont  enlevées  avant  de  sortir.  Les 
surveillantes  couchent  dans  leurs  pavillons  ;  les  habite  se 
trouvent  dans  le  bâtiment  en  façade  ;  avant  d'aller  en  ville, 
elles  changent  de  vêtements.  L'entrée  dans  les  pavillons 
non  infectieux  leur  est  interdite. 

Les  surveillantes  étant  choisies  J)armi  les  personnes  des 
sphères  intelligentes  se  soumettent  volontiers  à  ce  règlement. 
Les  servantes  envoyées  dans  les  pavillons  non  infectieux  pour 
chercher  quelque  chose,  circonstance  très  rare,  grâce  à  la 
communication  téléphonique  et  l'installation  totale  particu- 
culière  dans  chaque  pavillon,  restent  à  la  porte  d'entrée  et 
n'entrent  pas  dans  le  couloir.  Aussi,  jusqu'à  présent,  c'est-à-dire 
depuis  un  an  et  demi,  nous  n'avons  pas  eu  un  seul  cas  d'infec- 
tion transporté  d'un  pavillon  infectieux  dans  l'hôpital  même. 

Dans  chaque  paviUon  infectieux,  il  y  a  un  cabinet  des  méde- 
cins, où  ces  derniers  quittent  leurs  habits  pour  prendre  les 
blouses  ;  dans  le  pavillon  des  scarlatineux,  il  y  a  des  calottes 
en  coutil  et  des  caoutchoucs.  Les  porte-manteaux  pour  les 
habits  et  celui  pour  les  blouses  sont  accrochés  chacun  aux 
murs  opposés.  Dans  ce  cabinet,  au-dessus  du  lavabo,  est  placé 
un  réservoir  contenant  une  solution  antiseptique. 

Le  médecin  sous  les  ordres  duquel  se  trouve  le  pavillon  des 
scarlatineux  ne  travaille  plus  dans  le  pavillon  non  infectieux  ; 
tous  les  six  mois  le  personnel  change,  eu  égard  aux  conditions 
pénibles  d'isolement. 


HÔPITAL   DES   ENFANTS   MALADES   ANNE-MARIE  735 

Dans  la  salle  des  consultations  externes,  il  y  a  un  laboratoire 
pour  l'examen  de  l'urine  avec  le  centrifuge  ;  un  autre  petit 
laboratoire  chimique  et  microscopique  est  installé  dans  le 
pavillon  de  .chirurgie.  Un  laboratoire  complet  est  instaUé 
dans  le  service  de  la  médecine  interne.  Les  pavillons  de  diphté- 
rie et  de  scarlatine  possèdent  chacun  leur  laboratoire  propre, 
chimique  et  bactériologique,  pour  l'examen  clinique  des  cas 
qui  se  présentent. 

Le  régime  alimentaire  des  malades  est  composé  suivant 
certaines  règles,  les  mêmes  pour  l'hôpital  entier;  chaque  salle 
possède  sa  carte  ;  la  surveillante  inscrit  les  plats  ordonnés 
par  les  médecins  dans  un  cahier,  appelé  le.  carnet  de  la 
surveillante  ;  dans  chaque  pavillon,  on  compose  le  menu  pour 
le  jour  suivant,  et  on  l'envoie  pourvu  de  la  signature  du  chef 
de  service  à  la  cuisine  avant  midi. 

Le  régime  des  malades  est  de  trois  espèces  :  l^  le  régime 
ordinaire  pour  les  non-fébricitants  ;  2^  la  diète  légère  pour 
les  fébricitants  et  les  convalescents  ;  3®  la  diète  sévère  pour 
les  grands  fébricitants.  Chaque  ration  de  régime  mentionnée 
suivant  sa  quantité  est  marquée  par  la  lette  a  et  b,  La  diète 
légère  s'ordonne  souvent  dépourvue  de  viande.  La  ménagère 
compte  les  feuilles  où  l'on  marque  les  rations  alimentaires 
pour  chaque  pavillon  ;  la  surveillante  distribue  la  nourriture 
en  se  conformant  aux  régimes  marqués  dans  son  carnet.  Sur 
la  carte  des  rations  alimentaires,  se  trouvent  soulignés  les  plats 
surajoutés  à  la  ration  ordinaire  :  par  exemple,  le  képhir,  les 
œufs,  les  compotes,  etc.  Sur  la  carte  citée  ci-dessous,  les  rations 
correspondantes  sont  énumérées. 

Les  enfants  déjeunent  à  sept  heures  et  demie  du  matin, 
dînent  à  midi;  à  quatre  heures,  on  goûte,  et  à  sept  heures  du 
soir  on  mange  le  souper.  La  nourriture  est  distribuée  par  la 
surveillante,  aidée  dans  ses  fonctions  par  les  servantes. 

Les  enfants  sont  soignés  par  des  surveillantes  intelligentes, 
ayant  fait  leur  éducation  à  l'hôpital  et  exercées  dans  les  salles 
de  consultations  externes.  La  surveillante  de  ce  dernier  ser- 
vice soigne  également  les  enfants  dans  le  pavillon  des  douteux, 
tant  que  celui-ci  est  occupé. 

Dans  les  pavillons  de  chirurgie  et  de  médecine  interne, 
il  y  a  une  surveillante  pour  chaque  étage  ;  chacune  d'elles 
est  aidée  par  une  servante  ;  la  troisième  servante  veille  la 
nuit. 


736 


J.   BRUDZINSKI 


La  ration  alimentaire  des  enfants  malades  à  l'hôpital  Anne-Marie. 


HEURES 

du  jour. 


Déjeuner 

à  7  h.  1/2 

matin. 


Dîner 

à  12  h. 

ou  midi. 


DièTE  ORDINAIRE 
(ration  ordinaii^*).  ' 


Goûter 
à  4  h.soir. 


Lait. 

a.  Lait 250,0 

6.  Lait 350,0 

Pain  blanc  et 

pain  bis...  100,0 


Souper 
à7h.soir. 


Viande 


Composé  de  3  plats  : 
soupe,  viande,  entremets 
composé  de  légumes,  un 
plat  sucré. 

De  la  sonne  •  i  <*  =  *50,0 
i#e  la  soupe  •  ^  ^  ^  250,0 

Bouillon  ou  soupe 
grasse  ou  soupe  au  lait. 

a  =z  150,0 
b  =  150,0 

Légumes  et  plat  sucré. 

On  sert  les  soupes  sui- 
vantes : 

Bouillon  clair,  bouillon 
aux  gruaux,  au  riz,  aux 
pommes  de  terre,  aux 
macaronis ,  aux  petites 
pâtes. 

Soupe  aux  betteraves. 

Soupe  aux  pois,  maigre 
ou  grasse,  avec  des  croû- 
tons de  pain. 

Soupe  aux  fruits  :  aux 
prunes,  aux  pommes. 

Soupe  à  Toseille,  mai- 
gre ou  grasse. 
■  Soupe  aux  pommes  de 
terre,  diiTérenû  gruaux. 

Plats  de  viande  : 

Rôti  de  bœuf,  de  veau, 
côtelette  de  bœuf,  de 
veau,  viande  hachée,  ra- 
goût, bœuf  au  naturel 
avec  une  sauce. 

Légnmes  : 

Pommes  de  terre  écra- 
sées, en  purée,  petits  pois 
(avec  des  carottes),  hari- 
cots, purée  de  haricots, 
carottes  coupées  en  car- 
reaux, épinards,  vitelaux 
seuls  ou  avec  des  fruits. 

Macaronis. 

Betteraves  en  bouillie. 


DIÈTE  LtcÈRB 

{i/i  roUon). 


Lait,  petit  pain. 

a.250,0  =  pain  blanc  50,0 
b.  300,0  =  pain  blanc  100,0 


Bouillon  ou  soupe  au 
lait: 

a  =z  150,0 
b  =  250,0 

Viande  blanche  : 

a=    75,0 
b  =  100,0 

Gruau  au  lait,  ris  : 

a  =  200,0 
b  :=  300,0 

Bouillon  avec  un  œuf 
ou  gruau;  différentes  es- 
pèces de  gruau  menu  au 
lait,  tisanes  faites  avec  du 
bouillon. 

Plats  de  viande  : 

Rôti  de  veau. 
Côtelette  de  veau. 

Légnmes  : 

Riz  en  bouillie,  gruau, 
purée  de  pommes  de 
terre,  macaronis  cuits. 


Lait  avec  pain  blanc  ou 
pain  bis. 


Gruau  au  lait  ou  à  l'eau  ; 
macaronis  à  Teau  ou  au 
lait,  pain  bis. 


DIÈTE  SÊVÈIE. 


Lait. 

a  8  250,0      j 
b  =  350,0      ' 


Bouillon, 
bouillon  au 
gruau,  œufs. 

Gruan  au  lait 

a  =  250,0 
b  =  300,0 


Lait   avec    pain  blanc 
ou  biscuits. 

Gruau  à  Teau  ou    au 
lait,  petit  pain. 


Lait. 


Gruau   au   lait; 

lait, 

tisane  d'orge. 


HÔPITAL    DES   ENFANTS    MALADES   ANNE-MARIE  737 

Dans  le  pavillon  des  infectieux  (six  à  dix  lits),  il  y  a  une 
surveillante,  une  servante  et  une  garde  de  nuit. 

Le  corps  médical  est  composé  de  deux  médecins  internes, 
faisant  la  garde  alternativement  le  jour  et  la  nuit  ;  l'un 
s'occupe  du  service  de  chirurgie,  l'autre  de  la  médecine  interne. 
Il  y  a  en  outre  deux  médecins  externes  :  l'un  pour  aider  le  chef 
du  service  des  maladies  internes,  l'autre  pour  aider  le  chirur- 
gien au  moment  des  opérations. 

Les  chefs  de  service  sont  tout  à  fait  indépendants  dans 
l'exercice  de  leurs  fonctions  ;  le  chef  de  service  de  la  médecine 
interne,  étant  en  même  temps  le  directeur  de  l'hôpital,  s'occupe 
également  de  l'administration  de  l'hôpital. 

La  consultation  à  la  policlinique  pour  les  maladies  internes 
est  faite  par  le  médecin  de  policlinique  aidé  d'un  assistant 
du  service  des  maladies  internes  et  par  le  médecin  externe 
du  pavillon  infectieux  ;  la  consultation  de  chirurgie  est  faite 
par  l'assistant  du  service  de  la  chirurgie  ;  les  spécialistes  des 
maladies  de  la  peau,  des  yeux,  des  oreilles,  du  nez  et  de  la  gorge 
ont  également  leurs  heures  de  consultations  ;  ils  donnent  aux 
malades  des  cartes  en  couleurs  qui  facilitent  le  contrôle  et  la 
sélection.  Les  médecins  internes  envoient  les  malades  aux 
spécialistes. 

Il  y  a  cent  lits  à  l'hôpital  :  trente-cinq  lits  dans  le  service  de 
chirurgie,  soixante-cinq  lits  dans  le  service  des  maladies  internes 
6t  infectieuses. 

Ainsi  le  personnel  payé  de  l'hôpital  est  constitué  par  huit 
médecins  (deux  médecins  internes),  une  intendante,  une  ména- 
gère, huit  surveillantes,  un  mécanicien,  un  portier,  un  homme 
pour  désinfecter  le  linge,  deux  gardes  de  nuit,  les  gens  du  ser- 
vice des  pavillons  au  nombre  de  treize  personnes,  neuf  servi- 
teurs employés  à  la  buanderie,  à  la  cusine  et  au  bâtiment 
principal. 

Le  budget  annuel  de  l'hôpital  monte  à  75  000  francs- 


Arch.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X.   —  47 


RECUEIL  DE  FAITS 


SÉROTHÉRAPIE  PAR  LE  SÉRUM  DE  VAILLARD 

DANS    UN    CAS    DE    DIARRHÉE    CHRONIQUE     DYSENTÉRIQUE    DATANT 

DE  VINGT-NEUF  MOIS. 

Par  P.  HAUSHALTER, 

Profdsseur  de  clinique  infantile  à  lu  Faculté  d?  médecins  de  Nancy. 

Les  heureux  résultats  du  sérum  de  Vaillard  dans  les  différentes 
formes  de  la  dysenterie  bacillaire  aiguë,  quel  que  soit  le  type  bacil- 
laire en  cause  (types  Shiga,  Chantemesse  etWîdal,  Flexner  I  et  II, 
Vaillard  et  Dopter),  ne  sont  plus  contestables  (1).  Beaucoup  plus 
rares  sont  les  faits  de  dysenterie  chronique,  où  le  traitement  fut 
tenté. 

Mais  il  semble  bien  que  le  sérum  antidysentérique  limite  son 
action  aux  diarrhées  de  la  dysenterie  ;  les  effets  obtenus  dans  le 
traitement  des  diarrhées  infantiles  par  ce  sérum  furent  des  plus 
variables  ettrèssouventnégatifs,  commeen  témoignent  les  recherches 
faites  en  Allemagne,  en  Amérique  et  en  France  par  Auché  et 
Mlle  Campana  à  Bordeaux,  par  Weill  et  Dauvergne  à  Lyon. 

Par  contre,  il  semble,  si  Ton  s'en  rapporte  à  robser>'ation  sui- 
vante, que  le  sérum  de  Vaillard  puisse  être  hautement  efficace  dans 
la  diarrhée  chronique,  rebelle,  d'origine  dysentérique  (2). 

Observation.  —  Jeanne  W,..,  sept  ans,  entrée  à  la  clinique  infantile 
le  7  juin  1906. 

Père  mort  alcoolique  à  trente -trois  ans  ;  mère,  trent«-cinq  ans,  bien 
portante  ;  deux  autres  enfants  morts  de  cause  inconnue. 

Antécédents  personnels.  —  Élevée  au  sein.  A  Tâge  de  trois  ans. 
toussa  et  maigrit.  Se  trouvant  en  Alsace,  à  Sainte -Marie-aux-Mines,  fnl 
prise  en  juillet  1904  de  dysenterie  :  huit  à  dix  selles  quotidiennes,  glai- 
reuses, sanguinolentes,  avec  épreintes,  coliques  ;  ces  symptômes  du- 
rèrent environ  trois  mois  ;  puis  les  selles  devinrent  plus  liquides,  plus 
abondantes,  fétides  ;  une  rechute  aiguë  de  dysenterie  se  produisit  Yélé 
suivant,  Ten faut  se  trouvant  dans  un  village  des  Vosges  françaises  ;  à 

(1)  Vaillard  et  Dopter,  la  sérothérapie  dans  le  traitement  de  la  dysenterf<» 
bacillaire  {Acad.  de  méd.,  9  avril  1907,  et  Presse  médicale,  5  juin  1907). 

(2)  Dopter,  Sérothérapie  de  la  dysenterie  bacillaire  (Congrès de  Médecine,  Paris, 
14-16  octobre  1907). 


"■ 


SÉROTHÉRAPIE   PAR    LE   SÉRUM    DE    VAILLARD  739 

cette  crise  aigu6  succéda  la  diarrhée,  qui  n'avait  pas  cessé  au  moment 
de  rentrée  de  la  petite  malade  ^  Thôpital. 

État  actuel.  —  Enfant  maigre  ;  teint  gris,  peau  sèche  squameuse  ; 
mains  froides,  sèches  ;  abdomen  mou,  volumineux,  pas  d'hypertro- 
phie du  foie  et  de  la  ratj&  ;  langue  rouge,  vernissée  ;  deux  à  trois  selles 
par  jour,  brunâtres,  abondantes,  demi-liquides,  horriblement  fétides. 

Souffle  dans  la  fosse  interscapulaire  droite,  avec  résonance  légère  de 
la  voix  ;  submatité  depuis  l'angle  de  Tomoplate  jusqu'à  la  base  à  droite, 
avec  diminution  du  murmure  vésiculaire,  sans  râles. 

Depuis  l'entrée  de  la  malade  à  la  clinique  jusqu'au  début  de  l'hiver, 
l'état  reste  le  même  ;  les  signes  stéthoscopiques  constatés  ne  varient  pas, 
ce  qui  fait  supposer  que  le  souffle  interscapulaire  est  dû  à  une  adéno- 
pathie  tuberculeuse,  et  la  submatité  de  la  base  droite  à  une  pleurite  avec 
adhérences. 

De  juin  1906  à  juillet  1907,  la  température  a  été  prise  régulièrement 
matin  et  soir. 

De  juin  à  fin  septembre  1906,  la  température  a  subi  46s  oscillations 
journalières,  atteignant  38^5,  39"*  ou  quelquefois  39'',5  le  soir,  descendant 
le  matin  à  36^  et  souvent  à  35^,5  (température -axillaire  exactement 
vérifiée). 

En  raison  des  oscillations  que  ne  pouvait  expliquer  une  évolution 
tuberculeuse,  supposant  une  septicémie  d'origine  inconnue,  on  fit  des 
cultures  avec  le  sang,  qui  demeurèrent  stériles  ;  dix-huit  frictions  à  la 
pommade  au  collargol  demeurèrent  sans  effet. 

Durant  toute  cette  période,  la  diarrhée  persiste  :  deux,  trois  selles 
par  jour,  abondantes,  grumeleuses,  brun  verdâtre,  fétides  ;  aucun  traite- 
ment, aucun  régime  ne  l'influença. 

Fin  septembre,  la  température  tend  à  se  régulariser,  ne  montant  plus 
le  soir  que  de  quelques  dixièmes  au-dessus  de  37%  atteignant  rarement 
38^,  mais  descendant  souvent  le  matin  au-dessous  d%  36*". 

De  novembre  au  milieu  de  décembre,  la  température  est  à  peu  près  nor- 
male. L'état  général  demeure  le  même,  quoique  un  peu  moins  mauvais  qu'en 
été  :  maigreur,  état  sec,  squameux  de  la  peau  ;  abdomen  volumineux  ; 
la  diarrhée  persiste  ;  mais  l'enfant  n'a  généralement  qu'une  selle  par 
jour;  ordinairement,  le  matin, elle  est  prise  de  coliques,  de  violents  besoins, 
et  rend  un  demi-vase  de  matières  vert  brunâtre,  grumeleuses,  d'odeur 
repoussante,  dans  lesquelles  on  ne  découvre  pas  de  mucosités  ni  de  fibrine 
libre. 

Aucun  régime,  aucun  traitement  ne  peut  modifier  cette  diarrhée. 

Certains  jours,  les  selles  sont  plus  particulièrement  liquides,  abon- 
dantes, odorantes  ;  ces  jours,  le  teint  est  plus  gris,  les  doigts  sont 
secs,  gris  bleuâtre,  les  mains  froides,  la  langue  rouge,  lisse,  vernissée, 
étalée. 

Le  20  décembre,  sans  motif  connu,  la  température  atteint  38°,4;  le 
pouls  monte  à  150  durant  trois  jours,  puis  pendant  huit  jours  ;  la  tempé- 
rature se  met  à  osciller  entre  37°  le  soir  et  35®  le  matin;  l'abdomen  est  plus 
gonflé  ;  les  selles  sont  plus  abondantes  et  plus  odorantes. 

Le  23  décembre,  du  sérum  de  la  petite  malade  est  adressé  à  notre  ami 
le  D'  Braun,  répétiteur  à  l'École  de  médecine  militaire  de  Lyon,  qui  veut 
bien  se  charger  de  rechercher  la  séro-réaction  vis-à-vis  les  bacilles  dysen- 
tériques :  il  nous  répond  que  le  sérum  agglutine  hautement  le  bacille 
dysentérique  type  Flexner  II  (Manille)  et  n'agglutine  pas  le  type  Shiga. 
Il  nous  engage  à  tenter  le  traitement  par  le  sérum  antidysentérique 
de  Vaillard,  dont  il  nous  adresse  quelques  tubes. 


r 

I 


740  p.    HAUSHALTEIl 

30  Décembre.  —  Injection  de  10  centimètres  cubes  de  sérum  anti- 
dysentérique. 
l  l"  Janvier  1907.  —  Nouvelle  injection  de  10  centimètres  cubes  de 

sérum. 

3  Janvier,  —  Selle  molle,  jaune  foncé,  couleur  obserçée  pour  la  pre- 
mière fois  ;  odeur  moins  forte. 

4  Janvier.  —  Selle  demi-moulée,  jaune,  à  odeur  presque  normale  ; 
cet  aspect  n^a  jamais  été  constaté  depuis  le  séjour  de  tenfant  à  la  clinique, 
c'est-à-dire  depuis  plus  de  six  mois. 

Tous  les  jours  suivants,  les  selles,  au  nombre  d'une  par  jour,  ont  l'appa- 
rence absolument  normale. 

La  température  oscille  entre  37<*,5  (maximum)  et  36*  ;  elle  ne  descend 
plus  au-dessous  de  36°. 

Le  14  janvier,  selle  pâteuse  ;  la  veille,  la  mère  de  l'enfant  lui  a  apporté 
des  pâtisseries  indigestes. 

Puis  petit  à  petit  reprise  de  la  diarrhée  : 

19  Janvier,  —  Diarrhée  liquide,  brune,  odorante. 

22  et  23  Janvier.  —  Constipation. 

24>  25,  26,  27,  28,  29  Janvier.  —  Diarrhée  brunâtre,  abondante,  très 
fétide  :  une  selle  par  jour  ;  haleine  fétide  ;  langue  lisse,  ventre  météorisé: 
pas  de  fièvre  ni  d'hypothermie. 

29  Janvier.  —  Injection  de  10  centimètres  cubes  de  sérum  de  Vaillard. 
que  veut  bien  mettre  à  notre  disposition  M.  le  D'  Benech,  directeur  du 
service  de  santé  du  XX«  corps. 

30  Janvier.  —  Diarrhée. 

31  Janvier.  —  Pas  de  selle. 
!«  Février.  —  Selle  moulée,  jaune. 

2  Février.  —  Injection  de  10  centimètres  cubes  de  sérum. 
Tous  les  jours  suivants,  les  selles  demeurent  normales;  l'état  général 

s'améliore  ;  la  température    ne    dépasse  plus  37°  et  ne   descend  plus 
au-dessous  de  36°. 

Le  6  février,  le  D'  Malard,.  médecin  major,  qui  possède  à  Thôpital 
militaire  de  Nancy  des  cultures  des  divers  bacilles  dysentériques,  veut 
bien  refaire  l'épreuve  de  la  séro-réaction  ;  il  trouve  toujours  le  sérum 
de  notre  petite  malade  agglutinant  jusqu'au  1/30  le  bacille  de  Flexner 
et  n'agglutinant  pas  les  autres  types  de  bacilles  dysentériques. 

Le  8  mars,  à  la  suite  d'abus  de  gâteaux,  38°  le  soir;  le  11,  diarrhf»- 
glaireuse,  teint  gris,  langue  vernissée.  Les  jours  suivants,  selles  hquidts, 
brunes,  odorantes. 

Le  16  mars,  spontanément  les  selles  redeviennent  pâteuses. 

Le  20  mars,  selles  moulées. 

Jusqu'au  25  avril,  les  selles  sont  demeurées  normales  ;  l'état  génrr.o 
est  plus  satisfaisant,  le  teint  meilleur,  l'enfant  a  bon  appétit  ;  son  p<^>ids, 
qui  était  de  17''»,600  le  4  janvier,  au  moment  de  l'application  du  trai- 
tement sérothérapique,  est  actuellement  de  18^^^,900. 

Le  1^  mai,  à  la  suite  de  l'absorption  de  pâté  froid  apporté  par  la  mère, 
reprise  de  la  diarrhée,  qui  dure  jusqu'au  4,  sans  modification  de  la  tem- 
pérature. 

Puis  les  selles  redeviennent  pâteuses  et  presque  normales. 

Le  25  mai,  réapparition  de  diarrhée  horriblement  fétide  à  la  suite  de 
l'absorption  d'œufs  durs  et  de  gâteaux,  apportés  par  lamère;ladiarrht^ 
dure  jusqu'au  30. 

Le  3  juin,  l'enfant  est  emmenée  par  sa  mère;  elle  mange  des  asperjre*. 
boit  de  la  limonade,  etc.  ;  le  5  juin,  elle  est  ramenée  avec  une  diarrhée  bruiif 


SÉIIOTHÉIIAPIE   PAR   LE   SÉRUM   DE   VAILLARD  741 

d'odeur  repoussante,  qui  dure  jusqu'au  11  juin,  en  devenant  progressi- 
vement jaune  et  en  perdant  de  sa  fétidité  ;  durant  cette  dernière  crise, 
la  température  le  soir  oscille  entre  37^,5  et  38°.  Cependant  Tétat  général 
est  bien  meilleur  qu'il  y  a  deux  mois. 

En  raison  de  la  facilité  avec  laquelle  reparaissent  pour  des  écarts  de 
régime  des  crises  diarrhéiques,  qui  cependant  depuis  la  première  injection 
de  sérum  s'amendent  spontanément  et  assez  rapidement,  nous  nous  décidons 
à  refaire  de  nouvelles  injections  de  sérum  de  Vaillard  ;  10  centimètres 
cubes  sont  injectés  les  13,  14  et  16  juin,  sans  provoquer  aucune  réaction 
ni  aucune  élévation  de  température. 

A  partir  de  cette  époque  jusqu'à  présent,  les  selles  sont  demeurées 
normales,  quelquefois  pâteuses,  habituellement  moulées,  sans  coloration 
ni  odeur  spéciales. 

Le  23  juin,  M.  le  médecin-major  Malard,  qui  veut  bien  rechercher  de 
nouveau  le  pouvoir  agglutinant  du  sérum  de  l'enfant  vis-à-vis  le  bacille 
de  Flexner,  trouve  la  séro-réaction  fortement  positive  au  1/30,  nette- 
ment positive  au  1/50,  négative  au  1/100. 

Le  15  juillet,  l'état  général  est  excellent,  la  face  pleine  et  colorée,  les 
tissus  fermes,  l'appétit  bon  ;  le  poids,  qui  était  au  22  juin  de  19^^,600, 
est  de  21  kilogrammes. 

Nous  renvoyons  l'enfant  à  la  fin  de  septembre  ;  la  situation  est  demeurée 
excellente. 

Cette  observation  peut  se  résumer  en  quelques  traits. 

A  la  suite  d'une  dysenterie  aiguë  développée  en  juillet  1904,  chez 
une  fillette  de  cinq  ans,  s'établit  une  diarrhée  chronique  qui  dure 
encore  en  juin  1906, à  l'entrée  de  l'enfant  à  l'hôpital.  Ace  moment, 
l'état  général  est  mauvais,  la  peau  sèche,  écailleuse,  grise,  la  langue 
rouge  et  vernissée  ;  la  fièvre  présente  le  type  rémittent,  avec  quel- 
quefois le  matin  de  l'hypothermie. 

Ignorant,  lors  de  l'entrée  de  l'enfant  à  l'hôpital,  l'existence  de  la 
dysenterie  qui  avait  marqué  le  début  de  la  maladie,  mon  diagnostic 
demeure  hésitant  ;  je  songe  à  la  tuberculose  intestinale,  puis  à  une 
septicémie  ;  les  ensemencements  avec  le  sang  dememrent  stériles  ; 
les  divers  traitements  médicaux  et  diététiques  restent  absolu- 
ment inefficaces.  En  décembre  1906, l'état  est  le  même  ;  c'est  alors 
que  je  vois  pour  la  première  fois  la  personne  qui  avait  assisté  en  1904 
au  début  de  la  maladie  et  que  je  parviens  à  démêler  son  origine 
probable.  Le  séro-diagnostic  apprend  que  le  sérum  de  la  petite 
malade  agglutine  le  bacille  de  Flexner  II  (Flexner-Manille)  de  la 
dysenterie,  à  l'exclusion  des  autres  bacilles  dysentériques.  Le 
diagnostic  est  donc  posé  :  il  s'agit  d'une  diarrhée  chronique  dysen- 
térique datant  de  vingt-neuf  mois.  J'insiste  sur  ce  fait  que,  depuis 
vingt-neuf  mois,  la  diarrhée  n'avait  pas  cessé. 

Le  30  décembre  1906  et  le  i^  janvier  1907  on  fait  une  injection 
de  sérum  de  Vaillard  de  10  centimètres  cubes;  le  4  janvier,  pour  la 
première  fois,  l'enfant  rend  une  selle  moulée  de  couleur  et  d'odeur 
normales  ;  à  la  suite  d'imprudence  de  régime,  la  diarrhée  reparait 
au  bout  de  quelques  jours  ;  les  29  janvier  et  2  février,  nouvelle 


742  p.    HAUSHALTEK 

injection  de  10  centimètres  cubes  ;  les  selles  redeviennent  moulées  ; 
l'état  général  s'améliore  progressivement.  Cependant,  de  temps 
en  temps,  sous  l'influence  d'écarts  de  régime,  les  selles  diarrhéiques 
et  fétides  reparaissent;  mais,  au  bout  de  peu  de  jours,  elles  repren- 
nent spontanément  l'apparence  normale,  ce  qui  ne  se  produisait 
jamais  antérieurement,  quel  que  fût  l'agent  thérapeutique  ou  le 
régime  employé.  Les  13, 14  et  16  juin,  dernières  injections  de  10  cen- 
timètres cubes  ;  depuis  ce  moment,  la  guérison  se  maintient,  les 
seUes  sont  normales,  la  peau  est  ferme  et  lisse,  la  langue  a  perdn 
son  aspect  vernissé,  la  température  ne  subit  plus  d'écarts  ;  le  poids 
a  augmenté  de  3''^, 400  depuis  le  début  du  traitement  :  il  me  semble 
que  la  guérison  est  assurée. 

L'influence  de  la  sérothérapie  est  ici  incontestable  :  une  modi- 
fication surprenante  des  selles  se  produisit  presque  du  jour  au 
lendemain  à  la  suite  de  la  première  injection  ;  l'état  général  se 
transforma  progressivement  et  rapidement  sous  l'influence  des 
injections  ultérieures,  et  la  guérison  fut  obtenue  par  sept  injections 
de  10  centimètres  cubes  réparties  sur  six  mois  :  mais,  après  coup, 
je  crois  qu'il  y  aurait  eu  intérêt  à  pratiquer  des  inoculations 
plus  rapprochées. 

Au  point  de  vue  pratique,  je  ne  retiendrai  de  cette  observation 
que  deux  faits  :  1°  Futilité  du  séro-diagnostic  pour  établir  la 
nature  de  certaines  diarrhées  chroniques  dont  l'origine  dysenté- 
rique est  ignorée  ;  2°  l'efficacité  souveraine  que  put  avoir  la  séro- 
thérapie  par  le  sérum  de  Vaillard  dans  une  diarrhée  dysentérique 
très  rebelle,  vieille  de  plus  de  deux  ans. 


REVUE  GÉNÉRALE 


LA  PEGNINE  CHEZ  LES  ENFANTS 

Sous  le  nom  de  pegnin-milch  (lait  à  la  pegnine),  von  Dungern 
a  désigné  un  lait  préalablement  coagulé  par  ^addition  de  ferment-lob, 
ou  présure,  ferment  de  l'estomac,  indispensable  à  la  digestion  de  la 
matière  albuminoîde. 

Quand  on  voit  un  enfant,  soit  au  sein,  soit  au  biberon,  ne  pas 
digérer  le  lait,  dépérir  au  lieu  d'augmenter,  vomir,  présenter  des 
selles  mal  liées,  tout  cela  en  dépit  d'une  réglementation  rigoureuse 
des  tétées,  d'une  qualité  parfaite  du  lait,  etc.,  on  arrive  à  concevoir 
ohe25  cet  enfant  la  possibilité  d'une  insuffisance  fonctionnelle  de 
l'estomac.  Pour  une  raison  qui,  bien  souvent,  nous  échappe,  l'estomac 
ne  sécrète  pas  un  suc  gastrique  suffisant  pour  transformer  la  caséine 
et  la  rendre  assimilable  ;  le  lacto-lab-ferment,  la  présure,  se  trouve 
en  défaut. 

Dans  ces  conditions,  le  lait  n'est  pas  coagulé,  comme  il  doit  l'être, 
dans  la  cavité  gastrique  ;  il  ne  se  précipite  pas  en  fins  grumeaux  de 
caséine,  comme  dans  la  digestion  normale.  Le  premier  acte  de  la 
digestion  s'accomplit  imparfaitement;  l'assimilation  est  compro- 
mise, et  le  poids  de  l'enfant  n'augmente  pas. 

Chez  quelques  nourrissons,  on  est  surpris  de  constater  parfois,  une 
heure,  deux  heures  même  après  la  tétée,  des  vomissements  abondants 
de  lait  non  coagulé,  absolument  Hquide.  Il  semble  bien,  dans  ces  cas, 
que  le  ferment-lab  manque  en  totalité  ou  en  grande  partie  dans 
l'estomac  de  ces  petits  sujets.  Du  moins  on  peut  le  supposer.         i^, 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  dans  ces  cas  que  la  pegnine  fait  merveille. 
Elle  s'adresse  avant  tout  à  la  dyspepsie  stomacale  des  nourrissons. 
Grâce  à  la  présure,  recueillie  dans  l'estomac  des  jeunes  veaux, 
le  lait  de  vache,  au  lieu  de  se  précipiter  en  gros  caillots  dans  l'es- 
tomac du  nourrisson,  se  prend  en  fins  coagula  comme  ferait  le  lait 
de  femme.  Cette  fine  précipitation  de  la  caséine  favorise  la  digestion 
et  l'assimilation  du  lait,  dans  l'allaitement  artificiel.  Nous  avons 
déjà  dit  qu'elle  favorisait  aussi  la  digestion  dans  l'allaitement 
naturel.  Nous  v  reviendrons.  La  difficulté  consistait  à  avoir  un 
ferment'lab  pur,  aseptique,  digne  de  confiance.  On  y  est  parvenu. 


744  REVUE   GÉNÉRALE 

et  nous  trouvons  aujourd'hui,  en  pharmacie,  sous  le  nom  de  pegnint, 
de  lactO'lab'ferment,  des  préparations  efficaces  qui  permettent 
d'obtenir  le  pegnin-milch  de  von  Dungern  et  de  l'employer  dans 
l'allaitement  artificiel  ou  même  dans  l'allaitement  naturel.  Le 
produit  se  présente  à  nous  sous  forme  d'une  poudre  blanche  analogue 
à  du  sucre  pulvérisé  ;  et  en  effet  le  ferment-lab  est  associé  à  de  la 
lactose.  On  prend  une  petite  quantité  de  cette  poudre  avec  une 
mesure  qu'on  trouve  attachée  au  flacon,  et  on  l'introduit  dans  le  lait 
du  biberon.  Ce  lait  ne  doit  pas  être  trop  chaufîé  ;  il  sera  simplement 
tiédi  au  bain-marie  (35  à  40<^),  comme  cela  se  fait  avant  chaque 
repas  de  l'enfant.  Une  température  trop  élevée  pourrait  contrarier 
l'action  du  ferment.  Le  lait  ne  sera  donc  pas  soumis  à  l'ébullition 
après  l'addition  de  pegnine. 

D'autre  part,  si  le  lait  doit  être  coupé,  l'eau  de  coupage  ne  sera 
ajoutée  qu'après  l'action  de  la  pegnine. 

S'agit-il  de  lait  stérilisé  industriellement  ou  de  lait  stérilisé  par 
la  méthode  de  Soxhlet,  on  ajoute  la  pegnine,  après  sténUsation, 
au  lait  tiédi  au  moment  de  s'en  servir. 

La  quantité  de  pegnine  en  poudre  à  ajouter  au  lait  est  d'environ 

I  p.  100(1  gramme  pour  100 grammes  de  lait,  2  grammes  pour  200, etc.). 
Après  l'addition  de  pegnine,  on  laisse  le  lait  au  repos  pendant 
quelques  minutes,  après  avoir  réparti  la  poudre  dans  le  flacon  par 
une  agitation  légère.  On  voit  bientôt  de  fins  grumeaux  flotter  dans 
la  masse  liquide.  On  agite  fortement  pour  faire  disparaître  les 
coagula.  Après  quoi  on  peut  donner  à  l'enfant,  en  ayant  soin  de  faire 
tiédir  au  bain-marie  à  37°.  Tel  est  le  mode  habituel  d'utilisation 
du  pegnin-milch.  Mais  ce  n'est  pas  le  seul,  et  je  dois  m'applaudir 
d'avoir  employé  la  pegnine  dans  l'allaitement  naturel. 

Dans  plusieurs  cas,  des  enfants  nourris  au  sein  par  leurs  mères  ou 
par  de  bonnes  nourrices,  bien  réglés,  prenant  en  quantité  suffi- 
sante un  lait  bon  à  l'analyse  chimique,  n'augmentaient  pas,  voin» 
même  diminuaient,  au  grand  désespoir  de  la  famille  et  du  médecin. 
Le  changement  de  nourrice,  dans  un  cas,  n'améliora  pas  la  situation. 

II  était  évident  que,  si  les  choses  n'allaient  pas  bien,  il  fallait  en 
accuser  l'enfant  plutôt  que  la  nourrice.  Sans  avoir  recours  à  Ta!- 
laitement  mixte,  qu'on  pourrait  d'ailleurs  employer  en  pareille 
circonstance,  je  prescrivis  la  pegnine  de  la  manière  suivante  : 

Avant  chaque  tétée,  la  mère  ou  la  nourrice  fait  tonober  un  peu 
de  son  lait  dans  une  cuiller  à  café.  On  ajoute,  à  ce  lait,  une  pincée 
de  pegnine  avec  l'extrémité  d'un  couteau  ou  une  pelle  à  sel.  Après 
quelques  minutes  de  contact,  on  fait  prendre  à  l'enfant,  qui  tète 
ensuite  le  sein.  Chez  un  premier  enfant,  l'augmentation  de  poids, 
avec  cette  méthode,  ne  tarda  pas  à  se  dessiner.  Comme  elle  était 
insuffisante,  je  fis  doubler  la  dose  de  pegnine,  et  l'accroissement 
devint  normal.  Pendant   plusieurs  mois,  ce  nourrisson  prit  ainsi 


LA  PEGNINE  CHEZ  LES  ENFANTS  745 

de  la  pegnine  en  même  temps  que  le  sein  de  sa  nourrice,  et  il  s'en 
trouva  très  bien.  J'ai  suivi  la  même  pratique  chez  plusieurs  enfants 
au  sein,  et  je  n'ai  eu  qu'à  m'en  louer.  D'ailleurs,  depuis  longtemps, 
des  médecins  prescrivent  la  pepsine  en  paillettes  chez  les  nourrissons 
dyspeptiques,  et  souvent  avec  succès.  La  pegnine  est  un  médica- 
ment du  même  genre,  mais  un  peu  plus  puissant.  En  tout  cas, 
Tusage  de  la  pegnine  dans  l'allaitement  naturel  est  inoifensif  et 
souvent  d'une  réelle  efficacité.  1°  Fille  de  trois  mois,  nourrie  au 
sein  maternel,  vomissements  incessants,  poids  stationnaire  ;  on 
prescrit  successivement  l'eau  de  chaux,  l'eau  de  Vichy,  le  citrate 
de  soude.  Rien.  On  règle  minutieusement  le  régime  de  la  mère 
nourrice,  on  écarte  les  tétées  (jusqu'à  quatre  heures  d'intervalle), 
les  vomissements  persistent.  La  mère  a  trente  ans,  c'est  son 
premier  enfant.  Je  la  vois  le  3  juillet  1906.  J'examine  le  ventre 
de  l'enfant,  je  cherche  en  vain  l'hypertrophie  du  pylore.  Je  con- 
seille une  pincée  de  Pegnine  Rogier  dans  une  cuillerée  à  café  de 
lait  avant  chaque  tétée.  Le  10  juillet,  on  me  ramène  l'enfant 
qui  ne  vomit  plus  et  a  augmenté  de  180  grammes  en  six  jours. 
2*^  Une  fillette  nourrie  d'abord  par  sa  mère,  puis  par  une  nourrice, 
vomissait  incessamment  et  n'augmentait  pas  de  poids.  C'est  en  vain 
qu'on  avait  essayé  les  alcalins,  le  citrate  de  soude,  pour  arrêter  les 
vomissements.  La  pegnine  seule  permit  de  les  enrayer.  Cette  action 
anti-émétique,  que  j'ai  relevée  dans  plusieurs  autres  cas,  mais 
pas  à  ce  degré,  méritait  d'être  signalée. 

Mais  le  grand  succès  de  la  pegnine  est  dans  l'allaitement  artificiel. 
J'ai  vu  un  enfant  qui,  après  avoir  été  soumis  à  toutes  sortes  de  pré- 
parations (lait  matemisé,  lait  homogène,  lait  stérilisé,  dilué,  ba- 
beurre), maigrissait  et  ne  tardait  pas  à  présenter  un  état  inquiétant. 
Il  avait  huit  mois  quand  il  fut  soumis  à  la  pegnine.  Or,  malgré  une 
coqueluche  intercurrente,  le  pegnin-milck  lui  fît  gagner  1  800 grammes 
en  trois  mois.  Alors  il  a  pu  commencer  à  prendre  des  bouillies  et  n'a 
cessé  de  prospérer. 

Chez  une  fillette,  venue  dans  des  conditions  déplorables,  ne  pro- 
gressant pas,  vouée  à  une  mort  précoce  (malformation  cardiaque), 
aucun  lait  n'avait  pu  être  toléré  ;  le  babeurre,  la  soupe  de  malt,  les 
décoctions  et  dilutions  les  plus  variées  étaient  rejetés.  Seul  le  lait 
a  la  pegnine  était  digéré  ;  l'enfant  a  pu  ainsi  se  maintenir  pendant 
un  an  ;  elle  a  •  été  ensuite  enlevée  subitement  par  son  affection 
cardiaque. 

Une  autre  fillette,  sœur  de  la  précédente,  normale  celle-là,  a  été 
soumise  dès  sa  naissance  au  pegnin-milch.  Elle  a  augmenté  rapide- 
ment, pesant  17  livres  à  cinq  mois,  23  livres  à  un  an.  Je  l'ai  vue  à 
cet  âge  ;  elle  avait  six  dents,  se  tenait  debout,  commençait  à  marcher; 
fontanelle  fermée,  pas  de  chapelet  costal,  aucun  stigmate  rachitique. 
Je  fus  surpris  d'un  pareil  résultat,  que  je  n'attendais  pas  si  beau. 


"746  UEVUE  QÉNÉHALE 

La  mère,  enthousiasmée,  voudrait  que  tous  les  enfants  fussent  nour- 
ris à  la  pegnine. 

Sans  aller  aussi  loin,  on  doit  reconnaître  que,  dans  certains  cas, 
le  lait  coagulé  par  la  pegnine  a  une  grande  valeur  pour  rallaitement 
artificiel  et  même  pour  l'allaitement  naturel  de  certains  enfants. 

En  matière  d'allaitement,  il  y  a  des  idiosyncrasies  si  étraD|pe$ 
qu'on  n'est  jamais  sûr  de  réussir,  même  avec  les  moyens  hygir^. 
niques  les  meilleurs  et  les  plus  perfectionnés.  On  ne  saurait  avoir 
trop  de  procédés  et  de  produits  alimentaires  à  sa  disposition  pour 
faire  face  aux  difficultés  multiples  et  imprévues  qui  se  présentent 
à  chaque  pas.  Parmi  les  nouveaux  laits  introduits,  ces  dernière 
années,  dans  l'élevage  des  enfants,  le  pegnin-milch  doit  figurer 
comme  un  des  plus  utiles  et  des  plus  intéressants.  Une  expérience 
de  trois  années  nous  permet  d'en  parler  favorablement  et  d'en 
recommander  l'emploi.  Mais  ce  n'est  pas  une  panacée.  Il  ne  convient 
pas  à  tous  les  nourrissons  dyspeptiques  ;  on  ne  s'obstinera  pas  en  caa 
d'échec,  et  on  s'empressera  de  recourir  à  un  autre  lait.  Enfin,  après 
quelques  mois  d'usage  fructueux,  si  l'enfant  cesse  de  progresser, 
il  ne  faudra  pas  hésiter  à  laisser  de  côté  cet  excellent  aliment  pour 
passer  à  un  autre.  L'éclectisme  doit  régir  l'hygiène  infantile  ;  l'es- 
prit de  système,  de  parti  pris,  serait  funeste. 

Les  succès  obtenus  avec  la  pegnine,  qui,  au  fond,  n'est  qu'un  fer- 
ment protéolitique,  sont  comparables  à  ceux  obtenus  avec  le  malt, 
qui  est  un  ferment  amylolitiqne.  Dans  telle  variété  de  dyspepsie, 
c'est  le  ferment  des  matières  protéiques  qui  conviendra  ;  dans  telle 
autre,  c'est  le  ferment  des  amylacées.  Et  l'on  entrevoit  déjà  l'im- 
portance que  peuvent  jouer  les  ferments  dans  l'hygiène  infantile. 

Notre  collègue  et  ami  le  D^*  Concetti,  dans  une  communication  au 
Congrès  italien  de  Pédiatrie  tenu  à  Padoue(2au  6  octobre  1907),  sur 
l'importance  des  ferments  dans  la  cure  et  la  prophylaxie  des  maladies 
de  l'appareil  digestif  chez  les  enfants,  disait  avec  raison  que,  chez  les 
enfants  faibles,  prématurés,  anémiques,  convalescents  de  maladies 
diverses,  la  sécrétion  des  ferments  de  la  digestion  et  de  l'assimi- 
lation était  en  défaut.  Il  en  résulte  de  nombreuses  dyspepsies, 
toxi-infections  digestives,  etc.  Ainsi  s'expliquent  les  bons  effets 
prophylactiques  et  curatifs  de  la  fermentothérapie.  Cette  thérapeu- 
tique est  toute  nouvelle  ;  elle  est  loin  d'avoir  dit  son  dernier  mot. 
Son  rôle  ne  peut  que  grandir,  et  nous  devons  signaler  avec  empresse- 
ment les  tentatives  heureuses  faites  dans  cette  voie. 


ANALYSES 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES 

Âcate  cystitis  in  infant,  treated  with  helmitol  (Cystite  aiguë  infantile 
traitée  par  rhelmitol),par  le  D'  J.  Attridge  Williams  {Brit.  med.  journ,, 
18  mai  1907). 

Le  21  décembre  1906,  l'auteur  est  appelé  à  voir  un  jumeau  de  sept  mois, 
atteint  de  fièvre,  vomissements,  avec  gonflement  des  gencives  et  tache 
pourpre  sur  Tune  d'elles.  Urines  rares  avec  albumine.  Le  diagnostic  fut  : 
scorbut  infantile  avec  symptômes  rénaux  ;  l'autre  jumeau  montra  d'ailleurs 
les  mêmes  symptômes  peu  après,  ce  qui  confirmait  le  diagnostic  de  scorbut 
infantile.  Avec  un  traitement  convenable,  tout  rentra  rapidement  dans 
l'ordre,  et  la  fièvre  tomba.  Mais,  le  lendemain,  nouvelle  ascension  (près 
de  40°).  Pendant  quinze  jours,  l'état  fébrile  continue  avec  de  grandes 
oscillations.  L'enfant  présente  d'ailleurs  les  signes  d'une  gastro -entérite 
avec  bronchopneumonie.  Le  12  janvier,  l'urine  contient  du  pus  et  du  sang. 
i>ouleur  vive  à  la  pression  sur  l'hypogastre.  Alors  on  essaie  Thelmitol 
<5  à  6  centigrammes  toutes  les  trois  heures).  En  vingt-quatre  heures,  la 
température  tombe,  et  en  quarante-huit  heures  le  pus  a  disparu.  On 
continue  l'helmitol  pendant  trois  jours  encore  ;  les  urines  sont  très  abon- 
dantes. Guérison  rapide  malgré  l'intervention  d'une  coqueluche. 

A  note  on  the  redacing  power  of  urine  following  the  administration 
of  urotropin  (Note  sur  le  pouvoir  réducteur  de  l'urine  à  la  suite  de  l'admi- 
nistration de  l'urotropine),  par  le  D'  L-A.  Abt  (Arch.  of  Pediatrics, 
avril  1907). 

Un  garçon  de  dix  mois,  soufTrant  de  pyélite,  présente  de  la  fièvre, 
de  l'amaigrissement,  de  la  prostration.  L'analyse  de  l'urine  montre  une 
grande  quantité  de  pus,  un  peu  de  sang  et  des  cellules  épithéliales.  Bclc- 
terium  œli  à  l'examen  bactériologique.  Pas  de  glycosurie.  Traitement 
par  l'urotropine  et  l'eau  en  abondance.  Guérison  lente.  L'enfant  est  emmené 
de  Chicago  dans  le  Sud,  prenant  toujours  de  l'urotropine.  Le  médecin 
constate  la  présence  du  sucre  dans  les  urines.  Un  peu  d'urine  est  envoyée 
au  D' Abt  ;  elle  réduit  bien  la  liqueurjcupro-potassique,  mais  ne  donne  pas 
de  réaction  par  fermentation  ni  au  polarimètre. 

r  ^En  présence  de  ce  résultat,  l'urotropine  est  administrée  à  une  série 
d'enfants,  et  on  constate  les  phénomènes  suivants  :  l'urotropine,  très 
peu  stable,  est  facilement  décomposée  par  les  acides  faibles  ou  les  sels 
acides  en  solution,  surtout  si  la  solution  est  chaude.  C'est  le  cas  souvent 
pour  l'urine.  Alors  la  formaldéhyde  est  mise  en  liberté  et  se  combine  avec 
les  bases  alcalines  urinaires  pour  former  des  sels  (formiates).  L'urotropine 
circule  inaltérée  dans  le  sang  et  s'élimine  de  même  si  l'urine  est  alcaline. 
Dans  ce  cas,  pas  d'action  antiseptique  à  espérer.  Si  l'urotropine  est  con- 
tinuée longtemps,  même  à  doses  modérées,  l'hématurie,  le  ténesme,  la 
diarrhée,  les  coliques,  l'albuminurie,  la  cylindrurie  peuvent  se  montrer. 


748  ANALYSES 

Polydactylie,  doigts  samuméraires  aux  deux  mains  et  aux  deux  pieds, 
par  M.  Alamartine  {Revue  d'orthopédie,  1er  juillet  1907). 

Garçon  de  quinze  ans  ;  un  frère  aîné  avait  un  doigt  surnuméraire  au 
bord  externe  de  chaque  pied  et  de  chaque  main,  et  il  a  dû  se  faire  amputer. 
Né  à  terme,  après  une  grossesse  normale,  il  portait  à  chaque  main  un 
pouce  surnuméraire  ballant,  relié  au  reste  de  la  main  par  un  pédicule 
fibreux  et  qui  fut  amputé  de  suite.  A  gauche,  il  subsiste  un  petit  moignon 
cicatriciel,  gros  comme  un  pois.  Sur  le  bord  externe  des  deux  pieds,  se 
trouvait  également  un  doigt  surnuméraire  parfaitement  constitué.  Les 
doigts  surnuméraires  prolongent  en  dehors  la  série  des  autres  doigts, 
mais  ils  font  avec  le  métatarsien  qui  les  supporte  un  angle  ouvert  en  dedans 
avec  hallux  valgus  plus  accusé  à  droite.  Mouvements  normaux.  Durillon 
au  point  de  pression  de  la  chaussure. 

La  radiographie  montre  que  le  premier  doigt  n'est  formé  que  de  deux 
phalanges  ;  le  cinquième  métatarsien  se  bifurque  au  tiers  de  sa  hauteur 
pour  donner  deux  têtes  s' articulant,  l'interne  avec  le  cinquième  doigt, 
l'externe  avec  le  sixième.  Le  cartilage  de  conjugaison  de  la  première  pha- 
lange de  ce  dernier  est  très  clair,  alors  que  celui  des  autres  doigts  est 
complètement  ossifié. 

De  rinvagination  intestinale  chez  les  jeunes  enfants,  nécessité 
d'an     prompt    diagnostic    et    d'un    traitement    immédiat,    par   le 

D'  KiRMissoN  [Académie  de  médecine^  25  juin  1907). 

Trop  souvent  les  nourrissons,  pris  de  douleur  subitement,  de  vomis- 
sements, rendant  du  sang  par  l'anus,  sont  traités  par  des  palliatifs 
qui  font  perdre  un  temps  précieux.  Atteints  d'invagination  intestinale 
aiguë,  ils  devraient  être  opérés  dans  les  vingt-quatre  heures,  tandis  qu'on 
n'est  appelé  à  intervenir  que  deux,  trois  et  quatre  jours  après  le  début- 

En  général,  il  s'agit  d'enfants  superbes,  nourris  au  sein,  qui  auraient  pu 
être  sauvés  par  une  intervention  précoce. 

A  l'hôpital,  on  ne  voit  que  des  cas  tardifs,  et  M.  Kirmisson,  depuis 
dix-huit  ans,  a  vu  succomber  tous  les  enfants  entrés  dans  les  services  de 
chirurgie  infantile,  sauf  un  opéré  par  Lyot  six  heures  après  le  début. 

En  Angleterre,  la  maladie  mieux  connue,  plus  tôt  reconnue,  est  traitée 
assez  près  du  début,  et  les  statistiques  sont  plus  favorables  que  chez 
nous.  Le  diagnostic,  d'ailleurs,  n'offre  pas  de  difficulté  ;  maladie  de  la  pre- 
mière enfance;  l'invagination  intestinale  est  caractérisée  par  le  melaena, 
qui  ne  fait  jamais  défaut. 

Si  donc  un  nourrisson  rend  par  l'anus  des  matières  sanguinolentes 
en  même  temps  qu'il  ressent  de  violentes  coliques,  on  pensera  à  l'invagi- 
nation intestinale  et  on  pratiquera  le  toucher  rectal,  sans  négliger  la 
palpation  abdominale  pour  découvrir  le  boudin  d'invagination.  Il  est,  en 
résumé,  deux  principes  faciles  à  retenir  et  qu'il  ne  faut  jamais  perdre  de 
vue  : 

10  L'invagination  est  la  forme  la  plus  fréquente  de  l'occlusion  intestinale 
chez  les  jeunes  enfants  ; 

2^  Tout  petit  enfant  qui  rend  du  sang  par  l'anus,  en  même  temps  qu'il 
présente  des  coliques  violentes  et  des  phénomènes  d'obstruction  intestinale, 
a,  très  probablement,  une  invagination. 

11  n'y  a  pas  à  compter  sur  une  marche  favorable  de  la  maladie,  aban- 
donnée à  elle-même.  Aussi,  dès  que  le  diagnostic  a  été  porté,  convient-il 
d'agir  sans  retard.  Prenant  en  considération  ce  fait  que,  dans  l'immense 
majorité  des  cas,  l'invagination  se  fait  de  haut  en  bas,  on  peut,  si  Ton  est 
appelé  dès  le  début,  avoir  recours  aux  grands  lavements  pour  refouler  de 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES  749 

bas  en  haut  la  masse  invaginée.  C'est,  en  efTet,  un  moyen  qui  peut  être 
précieux  pour  un  médecin  se  trouvant  isolé,  dans  des  conditions  où  il  lui 
est  impossible  de  pratiquer  la  laparotomie.  Il  a  fourni  des  succès  surtout 
quand  son  emploi  est  combiné  avec  Tusage  de  l'anesthésie.  Mais  il  est  bien 
entendu  que,  si  les  grands  lavements  ne  donnent  pas  le  résultat  désiré,  il 
faut  immédiatement  recourir  à  l'opération  sanglante.  Il  faut,  en  un  mot, 
se  comporter,  en  matière  d'invagination  intestinale,  comme  on  le  fait  en 
présence  d'un  étranglement  herniaire,  c'est-à-dire  ne  pas  abandonner 
le  malade  sans  que  l'obstacle  au  cours  des  matières  ait  été  levé. 

Noyan  |de  datte  incins  dans  la  bronche,  extraction  et  guérison 
grâce  à  la  hronchoscopie,  par  le  D'  Guisez  (Journal  des  Praticiens^ 
29  juin  1907). 

Une  fillette  de  cinq  ans  et  demi  aspire  un  noyau  de  datte  ;  aussitôt 
accès  de  suffocation,  puis  dyspnée  continue.  Voix  éteinte,  toux  rauque, 
silence  dans  le  poumon  gauche.  La  radioscopie  montre  une  opacité  de  ce 
côté,  qui  est  rétréci.  Le  D'  Quibal  (de  Béziers),  qui  voyait  l'enfant  peu 
après  l'accident,  conclut  à  la  non-perméabilité  du  poumon  gauche  par 
corps  étranger  bronchique  et  l'envoie  à  Paris. 

Le  23  novembre  1906,  quatre  jours  après  l'accident,  l'enfant  est  agitée, 
angoissée,  la  voix  rauque,  la  respiration  précipitée.  De  temps  en  temps, 
accès  de  toux  rauque  avec  crachats  muco-purulents.  Température  39°. 
Murmure  vésiculaire  aboli  dans  tout  le  côté  gauche  ;  submatité  à  la  partie 
moyenne,  quelques  râles  à  la  naissance  des  grosses  bron'ches. 

Ghloroformisation,  introduction  d'un  tube  de  6  millimètres,  cocaïni- 
sation  de  la  trachée  ;  arrivé  à  la  bifurcation,  le  tube  est  incliné  à  gauche, 
et  on  aperçoit  le  noyau  de  datte.  On  le  saisit  avec  une  pince  à  griffe,  et  on 
le  ramène  avec  le  tube,  mais  il  s'arrête  à  la  glotte  et  retombe  dans  la  trachée. 
Nouvelle  introduction  du  tube  ;  le  noyau  est  à  l'entrée  de  la  bronche  droite; 
on  le  saisit  solidement  et  on  l'extrait.  Ce  noyau  était  très  gonflé. 

L'enfant,  infectée  avant  l'opération,  continua  à  avoir  de  la  fièvre.  Le 
lendemain,  suffocation  qui  oblige  de  faire  la  trachéotomie.  On  enlève  la 
canule  le  troisième  jour.  Guérison. 

C'est  le  septième  cas  de  corps  étranger  bronchique  extrait  par  la 
bronchoscopie,  par  M.  Guisez,  qui  rapporte  aussi  l'histoire  d'un  dentier, 
extrait  de  l'œsophage,  chez  un  adulte,  par  l'œsophagoscopie. 

L*alcool  et  l'enfant,  par  le  D'  R.  Bru  non  (Académie  de  médecine, 
14  mai  1907). 

En  Normandie,  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  femmes  de  la  campagne 
donner  du  café  et  de  l'eau-de-vie  dans  le  biberon.  Dans  la  moitié  des 
familles  ouvrières  à  Rouen  (D^  Tourdot),  on  donne  du  café  et  de  l'eau-de- 
vie  aux  enfants  dès  l'âge  de  six  à  huit  mois.  En  Normandie,  le  café  ne  se 
prend  pas  sans  eau-de-vie. 

L'alcoolisme  du  père  se  traduit  chez  l'enfant  par  l'idiotie,  la  luxation 
congénitale  de  la  hanche  ou  une  anomalie  de  même  espèce,  les  convulsions, 
les  accidents  méningitiques. 

En  Normandie,  c'est  le  café  qui  est  le  grand  introducteur  de  l'alcool  ; 
dès  les  premières  années,  l'enfant  prend  de  l'eau-de-vie  dans  son  café. 
On  voit  des  enfants  de  six  et  sept  ans  boire  de  l'eau-de-vie  pure,  manger 
du  pain  trempé  dans  le  cognac.  Les  cas  d'ivresse  chez  les  enfants  sont  très 
fréquents. 

Dans  une  commune,  près  de  Dieppe,  sur  les  140  enfants  de  l'école, 
S  ou  6  ont  simplement,  pour  déjeuner,  du  pain  et  de  l'eau-de-vie,  beaucoup 


750  ANALYSES 

n'ont  que  du  café,  pas  autre  chose.  Ce  régime  crée  un  nervosisme  spécial; 
chez  un  grand  nombre  d'entre  eux,  le  caractère  est  irritable  :  «  Pour  mettre 
un  enfant  à  la  porte,  il  faut  deux  personnes.  » 

Chez  les  adolescents,  Talcoolisme  ne  fait  pas  moins  de  ravages  ;  on  voit 
des  garçons  de  quatorze  et  quinze  ans  s*adonner  à  l'absinthe.  C'est  la 
boisson  des  jeunes,  les  vieux  restant  fidèles  à  Teau-de-vie. 

Les  adolescents  buveurs  sont  tellement  nombreux,  rapporte  un  médecin, 
maire  d'un  canton  de  Basse-Normandie,  qu'on  pourrait  facilement  compter 
les  sujets  sains.  On  voit  les  déplorables  habitudes  d'alcoolisme  pénétrer 
dans  les  lycées  et  collèges,  dont  les  élèves  ont  des  flacons  de  Calvados 
(eau-de-vie  de  cidre).  Par  smte  des  progrès  de  l'alcoolisme  et  de  l'absin- 
thisme  chez  les  enfants  et  les  adolescents,  les  crimes  imputables  aux  jeones 
sujets  ont  augmenté  dans  une  proportion  effrayante. 

lia  race  s'atrophie,  la  taille  des  conscrits  diminue.  Autrefois,  il  n'en 
était  pas  ainsi.  «  Remarquons  qu'il  y  a  cent  ans,  dit  M.  Brunon,  la 
Normandie  était  la  source  principale  des  régiments  de  cuirassiers. 
Aujourd'hui,  la  France  est  obligée  d'abaisser  la  taille  réglementaire,  et, 
dans  les  régiments  normands,  le  tremblement  alcoolique  est  fréquent 
chez  les  jeunes  soldats.  » 

M.  Brunon  conclut  ainsi  : 

Les  efforts  courageux  et  tenaces  des  anti- alcooliques  ont  eu,  depuis  une 
vingtaine  d'années,  une  influence  incontestable  sur  les  gens  cultivés  et 
la  classe  riche.  Le  bourgeois  boit  moins  ;  l'officier,  l'étudiant  ne  boivent 
plus  ;  les  années  dé  bière  de  l'Allemand  nous  sont  inconnues. 

Chez  les  employés,  dans  la  classe  ouvrière  et  parmi  les  paysans,  l'alcoo- 
lisme augmente,  surtout  parmi  les  femmes.  De  là,  intoxication  de  l'enfant. 
L'adolescent,  l'apprenti,  s'adressent  de  plus  en  plus  à  l'absinthe  ;  c'est 
une  mode.  S'il  en  est  temps  encore,  il  faut  organiser  l'enseignement  anti- 
alcoolique à  l'école,  au  lycée,  à  l'église,  au  régiment.  Il  faut  créer  une 
génération  d'éducateurs  ayant  la  foi.  Vingt  ans  d'efforts  seront  nécessaires. 

Faute  de  quoi  la  France  sera  prochainement  mûre  pour  être  dévorée  ! 

La    dysenterie    bacillaire,   son   traitement    par    la    sérothérapie. 

par  MM.  Vaillard  et  Dopter  (Presse  médicale,  5  juin  1907). 

Il  y  a  deux  formes  distinctes  de  dysenterie  :  Tune  due  à  un  protozoaire 
pathogène,  VAmoeba  dysenteriœ  ou  Entamœba  histolyticay  c'est  la  dysen- 
terie amibienney  qui  donne  lieu  à  l'abcès  du  foie  et  se  voit  dans  les  pays 
chauds  ;  l'autre,  la  dysenterie  bacillaire,  due  à  un  microbe,  le  bacille 
dysentérique  (Shiga,  Kruse,  Chantemesse  et  Widal),  qui  se  voit  dans  les 
pays  tempérés.  Maladie  estivale  et  épidémique,  elle  est  transmissiblo 
et  contagieuse. 

En  1903,  à  l'Institut  Patseur,  MM.  Vaillard  et  Dopter  ont  pu  immuniser 
plusieurs  chevaux  et  recueillir  un  sérum  antidysentérique  efficace. 

Sur  296  dysentériques  traités,  il  y  a  eu  5  décès  (1,6  p.  100).  Peu  d'heures 
après  l'injection,  les  malades  éprouvent  du  soulagement,  les  douleui? 
de  ventre,  le  ténesme,  les  épreintes  se  calment,  les  déjections  cessent 
d'être  sanglantes,  leur  fréquence  diminue,  leur  caractère  change. 

La  durée  de  la  maladie  se  trouve  très  réduite.  Les  dysenteries  d'intensité 
moyenne  sont  jugulées  en  trente-six  ou  quarante-huit  heures,  les  autres 
en  cinq  ou  six  jours  ;  les  plus  graves  demandent  dix  à  quinze  jours  pour 
la  guérison.  Convalescence  plus  courte  et  plus  facile. 

Les  effets  du  sérum  sont  d'autant  plus  rapides  et  plus  décisifs  que  son 
intervention  est  plus  rapprochée  du  début  de  la  maladie. 

Le  sérum  antidysentérique  préparé  à  l'Institut  Pasteur  s'emploie  en 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  751 

injections  sous-cutanées  à  la  dose  de  10  centimètres  cubes  pour  les  enfants  ; 
si  les  épreintes  et  les  coliques  persistent,  on  réitère  le  lendemain  ;  parfois 
on  sera  amené  à  faire  une  troisième  injection.  Dans  les  cas  graves,  on  injec- 
tera d'emblée  20  ou  30  centimètres  cubes  ;  puis  on  poursuivra  quelques 
jours  à  doses  décroissantes  suivant  les  symptômes.  Dans  les  cas  tardive- 
ment traités»  on  aura  recours  aux  doses  massives  :  40.  45  et  50  centimètres 
cubes  en  deux  injections  dans  la  même  journée. 

On  peut  employer  le  sérum  à  titre  préventif  chez  les  personnes  exposées 
à  la  contagion. 

Stenosi  del  coledoco  in  un  neonato  (Sténose  du  cholédoque  chez  un 
nouveau-né),  par  le  D*^  R.  Sihonini  {La  Pediatria,  mai  1907). 

Fillette  née  le  3  décembre  et  apportée  à  Fasile  d'enfants  trouvés  de 
Modône.  Elle  était  prématurée  (six  à  sept  mois),  de  mère  syphilitique,  qui 
avait  eu  déjà  des  fausses  couches.  Placenta  syphilitique.  Poids  de  l'enfant  : 
1  470  grammes;  longueur,  39  centimètres.  Pas  de  vice  de  conformation. 
On  met  l'enfant  dans  la  couveuse,  et  on  la  nourrit  artificiellement  Les 
dix  premiers  jours,  les  choses  vont  assez  bien,  sauf  une  diminution  de 
poids  de  90  grammes.  Puis  la  peau  devient  cuivrée  ;  au  douzième  jour, 
roséole  syphihtique  aux  fesses,  aux  cuisses,  aux  jambes  et  au  tronc. 
Pigments  biliaires  dans  les  urines,  qui  ont  une  densité  de  1  018.  Gémisse- 
ments continuels.  Teinte  jaunâtre  plus  accusée.  Vers  le  quatorzième  jour, 
on  note  l'ictère  aux  yeux  et  à  tout.le  corps.  Pas  de  fièvre.  Les  fèces  devien- 
nent blanchâtres  et  décolorées.  Hypothermie  (35,  34,  33o,2  le  vingt- 
deuxième  jour,  date  de  la  mort).  Pas  d'hémorragie.  Le  6  décembre,  l'exa- 
men du  sang  donne  5  500  000  hématies,  14  000  leucocytes  ;  le  15,  il  n'y 
a  plus  que  3  700  000  hématies,  10  350  leucocytes  ;  à  la  fm,  le  nombre  des 
hématies  dépasse  à  peine  2  000  000. 

Autopsie,  —  Bronchopneumonie  bilatérale,  foie  un  peu  augmenté, 
congestionné,  vésicule  gonflée  et  pleine  de  liquide  jaunâtre  et  muqueux. 
Canal  cystique  et  canal  hépatique  perméables.  En  pressant  sur  la  vésicule 
biliaire,  le  liquide  descend  jusqu'à  la  moitié  du  cholédoque;  à  ce  niveau, 
le  conduit  est  replié  et  anguleux,  comme  oblitéré  par  un  tissu  de  nouvelle 
formation.  Une  épingle  introduite  par  la  papille  duodénale  s'arrête  au 
même  point.  Le  conduit  pancréatique  (ampoule  de  Vater)  et  le  pancréas 
sont  normaux.  Le  microscope  montre  une  péri-angiocholite,  avec  simple 
congestion  du  foie.  • 

Note  epidemlologiche  sul  morbillo  (Notes  épidémiologiques  sur  la 
rougeole),  par  le  D'  Felice  Lan  z  a  ri  ni  (La  Pediatria,  mai  1907). 

Une  épidémie,  survenue  dans  l'été  de  1906,  a  atteint  250  enfants. 
L'influence  des  courants  d'air  et  du  transport  des  germes  par  la  voie 
atmosphérique  a  semblé  nulle.  Mais  le  transport  par  des  tiers  a  été  évident 
parfois.  Des  faits  analogues  à  celui  que  M.  Roch  a  publié  dans  les  Archives 
de  médecine  des  Enfants,  en  mai  1907,  ont  été  relevés  par  M.  Lanzarini,  qui 
rapporte  aussi  un  cas  de  transmission  par  du  linge  non  désinfecté.  Il  semble 
donc  que,  dans  quelques  cas,  le  microbe  de  la  rougeole  ait  plus  de  vitalité 
en  dehors  de  l'organisme  qu'on  ne  lui  en  attribue.  Quant  aux  taches 
prémonitoires  de  Koplik,  elles  ont  été  rarement  observées,  et  on  ne  peut 
compter  sur  elles  pour  faire  un  diagnostic  précoce.  La  période  contagieuse 
est  courte,  elle  précède  l'éruption  et  parfois  même  l'invasion.  Voici  d'ail- 
leurs les  conclusions  de  cette  note.  On  ne  peut  pas  admettre  que  le  vent 
imprégné  des  exhalaisons  des  malades  transporte  les  germes  à  distance, 
mais,  à  courte  distance,  l'air  peut  servir  de  véhicule  au  contage,  par 


752  ANALYSES 

exemple  quand  on  bat  les  tapis  et  quand  on  secoue  les  linges  par  la  fenêtre 
sur  la  tête  des  passants.  Les  personnes  en  contact  permanent  arec  les 
rougeoleux  peuvent  véhiculer  des  germes  virulents  et  transmettre  la  maladie 
à  des  personnes  saines.  De  même  les  objets  qui  ont  servi  aux  malades. 
On  devra  donc  prendre  des  précautions,  même  quand  Texan  thème  ne  serait 
pas  encore  déclaré.  La  vitalité  du  germe  en  dehors  de  l'organisme  peut 
être  de  quelques  heures  dans  les  conditions  favorables,  et  plus  courtes  dans 
les  conditions  opposées.  La  contagiosité  serait  possible  à  la  fin  de  rincuba- 
tion,  très  forte  à  la  période  d'invasion,  moindre  à  la  période  d'éruption, 
nulle  à  la  période  de  desquamation. 

Les  anémies  dans  l'enfance,  par  le  D'  G. -A.  Pétrone  {Arch.  géiu  de 
méd,^  juin  1907). 

L'auteur  a  étudié  les  anémies  de  l'enfance  dans  un  premier  mémoire 
paru  dans  La  Pediatria  (1905),  que  nous  avons  déjà  analysé  (Arch.  de  méd, 
des  Enfants,  1906,  page  625). 

On  doit  distinguer  les  anémies  pures  et  les  anémies  compliquées.  Les 
premières  se  subdivisent  en  anémie  simple,  anémie  pernicieuse,  anémie 
à  type  chlorotique.  Les  secondes  sont  accompagnées  d'autres  symptômes 
qui  ne  dérivent  pas  de  l'anémie  même,  mais  peuvent  reconnaître  une 
origine  commune.  La  splénomégalie,  pas  plus  que  la  leucocytose,  ne  peut 
servir  à  étabhr  une  classification. 

I.  Anémies  pures.  —  A.  Anémie  simple,  —  Oligocythémie,  abaissement 
de  la  valeur  globulaire,  etc.  Les  causes  sont  :  les  troubles  digestifs,  la  mau- 
vaise alimentation,  la  mauvaise  hygiène,  la  syphilis,  la  tuberculose,  l'helmin- 
thiase, les  pyodermites,  les  fièvres  éruptives,  etc.  Pétrone  attribue  un  rôle 
au  vaccin.  Dans  la  seconde  enfance,  interviennent  le  surmenage,  l'onanisme, 
la  croissance.  Le  rachitisme  n'est  sans  doute  pas  la  cause  de  l'anémie, 
mais  il  peut  dépendre  des  mêmes  causes  qu'elle. 

B.  Anémie  pernicieuse.  —  On  distingue  l'anémie  aplastique,  très  rare, 
caractérisée  par  un  abaissement  très  prononcé  du  nombre  des  globules 
rouges  avec  valeur  globulaire  normale  ou  inférieure  à  la  normale,  mais  sans 
symptôme  de  réaction  régénératrice  de  la  part  de  la  moelle  osseuse. 
Chez  un  enfant  de  dix  mois,  le  nombre  des  hématies  était  de  1  040  000, 
l'hémoglobine  à  12  p.  100  ;  pas  de  globules  rouges  à  noyaux  ni  mégalo- 
cythes.  Dans  l'anémie  métaplastique,  à  côté  d'une  énorme  oligocythémie. 
on  trouve  une  valeur  globulaire  supérieure  à  la  normale,  et  on  constate 
la  présence  de  nombreux  mégalocytes,  de  normo  et  mégaloblastes  indi- 
quant la  réaction  régénératrice  de  la  moelle.  Les  causes  sont  :  le  botbryo- 
céphale,  l'ankylostome  duodénal,  les  hémorragies  répétées,  les  tumeuis 
malignes,  la  malaria,  la  syphilis,  l'oxyde  de  carbone,  les  septicémies 
buccales,  les  auto-intoxications  intestinales.  La  différence  entre  l'anémie 
simple  et  l'anémie  pernicieuse  est  de  degré,  non  de  nature. 

C.  Anémie  à  type  chlorotique. — On  appelle  ainsi  les  anémies  dans  lesquelles 
la  valeur  globulaire  est  inférieure  à  la  normale.  Mais  il  n'y  a  aucun  cas 
d'anémie  simple  qui,  après  un  certain  temps,  ne  prenne  le  type  chlorotique. 
Cependant  on  voit  des  formes  avec  oligochromémie  dès  le  début  et  dans 
tout  le  cours  de  la  maladie,  le  nombre  des  globules  rouges  étant  normal. 
La  vraie  chlorose  a  bien  d'autres  caractères  distinctifs. 

Dans  cette  variété  d'anémie,  il  y  a  l'insuffisance  ferrugineuse,  qui  peut  être 
congénitale.  Le  nouveau-né  porte,  dans  le  foie,  une  réserve  de  fer  qm 
servira  à  ses  besoins  pendant  les  premiers  mois,  l'alimentation  lactée  ne 
lui  en  fournissant  pas  assez.  Cette  réserve  peut  être  insuffisante,  et  Tanémie 
se  manifeste  après  quelque  temps,  quand  elle  est  épuisée.  A  rinsuflisauoe 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES  753 

ferrugineuse  peut  s  ajouter  TinsuiRsance  de  la  moelle,  d'où  oligocythémie, 
L'insufTisance  ferrugineuse  peut  être  acquise  soit  par  suite  de  la  pauvreté 
en  fer  de  Talimentation  (allaitement  prolongé),  soit  par  suite  d'hémorragies 
qui  ont  accéléré  la  consommation  de  la  réserve  ferrugineuse. 

IL  États  anémiques  compliqués.  —  Dans  cette  classe,  on  peut  indi- 
vidualiser plusieurs  types  :  l'anémie  dépendante  d'une  pyohémie  s'accom- 
pagne de  polynucléose  neutrophile  ;  celle  qui  dépend  de  l'helminthiase 
présente  de  l'éosinophilie  ;  celle  qui  est  due  à  la  malaria  s'accompagne 
de  leucopénie  neutrophile  avec  augmentation  du  nombre  des  mono- 
nucléaires. Résultats  variables  dans  les  anémies  d'origine  digestive,  ou 
syphilitique,  ou  tuberculeuse. 

Anémies  avec  splénomégalie.  —  On  doit  distinguer  :  !<>  les  cas  contenant 
de    nombreux    globules    rouges    à   noyau,    sans   proportion    avec    le 
degré  de  l'oligocythémie  ;  2^  les  cas  dans  lesquels  le  nombre  des  globules 
rouges  à  noyau  est  proportionnel  au  degré  de  l'oligocythémie.  Les  cas  de  la 
première  catégorie  présentent  une  leucocytose  parfois  considérable  (poly- 
nucléaires neutrophiles  et  éosinophiles  avec  quelques  myélocytes,  lym- 
phocytes et  mononucléaires).  Ces  cas  se  rapprochent  de  la  leucémie  et 
méritent  le  nom  à^ anémie  pseudo-leucémique  infantile  (Jaksch  et  Luzet). 
Les  cas  de  la  seconde  catégorie  présentent  une  leucopénie  frappant 
tantôt  les  polynucléaires  et  les  lymphocytes  ensemble,  tantôt  les  polynu- 
cléaires seulement.  On  peut  conserver,  pour  eux,  la  dénomination  à^anémie 
splénique    infantile.   Plus  rarement,  il  existe  une  forme  û^anémie  avec 
splénomégalie  et  lymphocytose  (syphilis)  et  une  autre  d^anémie  avec  splé- 
nomégalie et  polynucléose  (foyer  de  suppuration). 

Étiologie  incertaine  ou  obscure  :  malaria,  syphilis,  rachitisme,  tubercu- 
lose, intoxications  digestives.  Pathogénie  mal  établie. 

Les  splénomégalies  chez  l'enfant,  par  le  D'  E.  Rist  (Congrès  {TAlger, 
1907). 

La  grosse  rate  des  leucémiques  (leucémie  lymphoïde  aigu6,  leucémie 
myéloïde  aiguë  et  chronique)  est  bien  connue.  En  dehors  de  la  leucémie, 
la  splénomégalie  prend  place  dans  le  groupe  des  anémies  pseudo-leucé- 
miques, spléniques,  etc.  On  peut  distinguer  :  1°  la  splénomégalie  chronique 
avec  anémie  et  tnyélémie  ;  2°  la  splénomégalie  chronique  avec  anémie  et 
lymphocytémie.  En  dehors  de  ces  cas,  on  rencontre  des  splénomégalies 
sans  anémie,  une  hyperplasie  endothéliale  de  la  rate,  une  splénomégalie 
palustre,  une  splénomégalie  d'origine  hépatique  (ictère  chronique,  cirrhose 
biliaire),  une  splénomégalie  syphilitique,  une  splénomégalie  tuberculeuse. 
Enfin  il  existe  un  grand  nombre  de  splénomégalies  qu'on  ne  peut  ratta- 
cher actuellement  à  une  étiologie  connue.  Ces  grosses  rates  n'ont  pas 
encore  livré  leur  secret  aux  cUniciens. 

Dans  l'étude  de  ce  problème,  les  rayons  de  Rœntgen  peuvent  jouer  un 
rôle  ;  ils  agissent  merveilleusement  sur  les  rates  leucémiques  ;  ils  n'ont  pas 
la  même  action  sur  les  autres  splénomégahes.  La  radiothérapie  pourra 
donc  aider  au  diagnostic. 

Anémia  infantnm  pseudo-leukemica  (von  Jaksch),  marked  anémia, 
-with  enlargement  of  the  spleen  and  liver,  in  infancy  and 
childhood  (Anémie  infantile  pesudo-leucémique  de  von  Jaksch, 
anémie  notable  avec  gonflement  de  la  rate  et  du  foie  dans  la  première  et  la 
seconde  enfance),  par  le  D'  Henry  Koplik  {Arch.  of  Ped»,  mars  1907). 

Von  Jaksch  a  cru  qu'il  s'agissait  d'une  maladie  primitive  du  sang 
accompagnée  de  gonflement  de  la  rate  et  du  foie,  avec  une  formule  héma- 

Arcu.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X.  —  48 


754  ANALYSES 

tologique  spéciale,  qui  n*était  pas  la  leucémie,  mais  pouvait  y  conduire. 
Plus  tard,  on  a  considéré  cette  affection  comme  une  anémie  secondaire 
par  trouble  de  la  nutrition,  réagissant  sur  les  organes  hématopoiétiques 
i{\di  rate  et  le  foie),  mais  n'étant  pas  due  à  une  maladie  primitive  de  ces 
organes,  pas  plus  que  de  la  moelle  osseuse.  D'après  les  auteurs  italiens,  le 
point  de  départ  serait  dans  le  tube  digestif.  Une  troisième  opinion  soutenue 
^n  France  veut  qu'il  s'agisse  d'une  anémie  primitive  ayant  des  affinités 
•avec  la  leucémie,  à  laquelle  elle  peut  aboutir  (myélémie). 

D'après  les  cas  publiés,  on  voit  que  l'hémoglobine  peut  varier  de  10  à 
SO  p.  100,  les  hématies  de  1  000  000  à  3  000  000  ou  même  5  800  000,  les 
leucocytes  de  4  800  à  40000.  On  a  signalé  la  présence  des  hématies  nucléées, 
des  iftyélocytes.  La  proportion  des  lymphocytes  varie  de  1 7  p.  100  à  41  p.  lOO 
dans  quelques  cas,  de  11  p.  100  à  77  p.  100  dans  d'autres  cas.  Les  variations 
ne  se  voient  pas  seulement  suivant  les  cas,  mais  dans  le  même  cas  suivant 
les  périodes  d'examen.  Donc  pas  de  formule  hématologique  spéciale. 

1.  Garçon  de  onze  mois,  reçu  le  8  mai  1904,  mort  le  4  juin.  Rachitisme 
•et  anémie  de  von  Jaksch.  Bronchopneumonie.  Pas  de  syphilis.  Nourri  au 
rsein  jusqu'à  trois  mois,  puis  aliments  variés.  Depuis  sept  mois,  il  est  devenu 
;graduellement  anémique,  irritable,  a  perdu  l'appétit;  il  y  a  cinq  mois, 
•cyphose  dorso -lombaire.  Ne  peut  s'asseoir  ni  se  tenir  debout.  Selles  irré- 
gulières.  Le  18  mai,  rachitisme  très  marqué,  craniotabès,  chapelet  costal, 
•cyphose.  Un  peu  de  bronchite.  Foie  augmenté  de  volume.  Rate  descendant 
jusqu'à  l'ombilic.  Le  foie  et  la  rate  ensemble  remplissent  la  moitié  de 
•l'abdomen,  qui  est  volumineux.  Examen  du  sang  (19  mai)  :  hématies. 
3  560  000;  leucocytes,  40  000;  hémoglobine,  55  p.  100;  globules  dégé- 
.nérés,  hématies  nucléées,  myélocytes  : 

Grands  mononucléaires 57 

Petits  mononucléaires  (lymphocytes) 43 

Polynucléaires  neutrophiles 85 

—           éosinophiles 2 

Myélocytes  neutrophiles 1 

—        éosinophiles 1 

Grandes  cellules 1 

Total 190 

Le  23  mai,  bronchopneumonie  à  droite. 
Le  27  mai,  aggravation  ;  leucocytes,  70  000. 

Le  28,  on  compte  16  000  leucocytes  pour  3  520  000  hématies  avec 
^5  p.  100  d'hémoglobine  : 

Leucocytes  polynucléaires 83  p.  100 

—  mononucléaires 9    — 

—  lymphocytes 6    — 

—  polynucléaires  éosinophiles 1    — 

—  myélocytes  neutrophiles 1    — 

Le  3  juin,  180  000  leucocytes  pour  3  456  000  hématies,  65  p.  100  d'hémo- 
globine. Mort  le  4. 

Autopsie,  —  Bronchopneumonie,  pétéchies  sur  le  cœur,  pas  de  lésions 

orificielles.  Rate  énorme  et  dure,  semée  de  pétéchies.  Foie  gras  et  anémique. 

Pétéchies  sur  les  reins  et  les  bassinets.  Gonflement  des  plaques  de  Peyer. 

•Ganglions  mésentériques  gros  et  rouges.  Moelle  du  fémur  rouge  et  molle. 

Au  microscope,  la  capsule  de  la  rate  est  épaissie,  hyperplasie  conjooc- 
►tive,  diminution  de  la  pulpe,  diminution  du  nombre  des  corps  de  Malpighi* 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  735 

Hyperplasie  interstitielle  des  ganglions  mésentériques  et  des  organes 
lymphoîdes  en  général. 

2.  Garçon  de  dix-huit  mois,  a  séjourné  à  Thôpital  du  5  novembre  au 
25  décembre  1904.  Mastoïdite,  puis  anémie  pseudo-leucémique.  A  Tautopsie, 
tuberculose  granulique  générsîisée.  Dans  le  premier  cas,  la  mort  a  été  causée 
par  la  pneumonie;  dans  le  second  cas,  par  la  tuberculose. 

3.  Garçon  de  dix-huit  mois,  sans  antécédents  héréditaires,  pas  de  syphilis. 
Nourri  au  sein  jusqu'à  douze  mois.  Constipation  habituelle.  Toujours  faible 
«t  pâle.  Ventre  augmenté  de  volume  ;  il  ne  peut  s'asseoir.  Otorrhée. 

Actuellement  rachitisme  très  marqué,  polyadénopathie,  amaigrissement, 
quatre  dents  seulement.  Soufile  à  la  base  du  cœur.  Foie  augmenté,  rate 
énorme.  Le  8  août,  on  compte  20  400  leucocytes  ;  le  10,  on  en  compte 
22  800  pour  2  810  000  hématies,  avec  35  p.  100  d'hémoglobine.  Le  23, 
la  proportion  pour  les  leucocytes  entre  les  différentes  variétés  est  de  : 

Polynucléaires 25  p.   100 

Orands  lymphocytes 20  i  69  p.  100 

Petits  lymphocyte» 49  )    —    — 

Éosinophiles 6        —    — 

Mégaloblastes 32        —    — 

Microblastes ^ 6        —    -— 

Hématies  nucléées  très  nombreuses  (1  p.  4  leucocytes). 

Peu  à  peu  l'enfant  s'améliore,  et  le  chiffre  des  hématies  atteint 
4  672  000  le  3  janvier.  Fontanelle  fermée,  8  dents;  la  rate  a  un  peu  dimi- 
nué. Le  11  janvier,  on  compte  5  208  000  hématies  et  13  500  leucocytes, 
dont  : 

Polynucléaires  neutrophiles 56,5  p.  100 

Grands  lymphocytes 20         — 

Petits  lymphocytes 19,5      -^ 

Basophiles 3,00    — 

Cette  amélioration  a  coïncidé  avec  une  bonne  hygiène  alimentaire,  etc. 

The  sernm  disease  (La  maladie  du  sérum),  par  le  D'  Rollbston  (The 
Antiseptic,  mars  1907). 

C'est  surtout  à  propos  du  traitement  de  la  diphtérie  par  le  sérum  de 
Behring  qu'on  a  étudié  les  accidents  rangés  sous  le  vocable  de  maladie 
du  sérum.  En  quatre  ans,  M.  Rolleston  a  observé  1 100  cas  de  diphtérie, 
dont  1  057  (96,09  p.  100)  traités  par  le  sérum  en  injections  sous-cutanées. 
Les  accidents  sont  précoces  ou  tardifs.  Au  bout  de  quelques  heures,  on 
constate  des  sueurs  plus  ou  moins  profuses,  une  tendance  au  sommeil, 
une  diminution  des  urines,  etc.  Les  accidents  les  plus  frappants  sont  les 
éruptions  :  1®  éruption  scarlati  ni  forme  ;  2°  urticaire;  3»  érythème  circiné. 
En  outre,  il  faut  signaler  un  érythème  précoce  au  niveau  de  la  piqûre. 

Pour  les  éruptions  scarlatiniformes,  M.  Marfan  tend  à  les  considérer 
comme  une  forme  modifiée  de  scarlatine  ;  cela  peut  être  vrai  dans  quelques 
cas,  mais  non  dans  tous.  Car  des  enfants  ainsi  atteints,  mis  en  contact  avec 
des  scarlatineux,  ont  pris  la  scarlatine. 

La  période  d'incubation  qui  sépare  l'injection  de  l'éruption  scarlati* 
niforme  est  variable  (un  à  sept  ou  huit  jours). 

L'urticaire  se  montre  souvent  au  siège  de  l'injection  ;  elle  peut  être  loca- 
lisée ou  généralisée,  accompagnée  d'œdème  à  la  face,  aux  mains,  aux  pieds. 


r 
I 

i 


750  ANALYSES 

auîprépuce.  Plus  précoce  et  plus  marquée  dans  les  injections  ultérieures, 
elle  est  aussi  plus  grave  (frissons,  vomissements,  coUapsus).  Donc,  dans  les 
rechutes,  ne  pas  donner  de  trop  fortes  doses.  L'albuminurie  peut  se  montrer 
en  même  temps.  Durée  de  Turticaire  :  trois  ou  quatre  jours,  parfois  moins 
ou  plus.  Elle  est  survenue  734  fois  (66,7  p.  100). 

L'éry thème  circiné  est  rare;  il  peut  s'accompagner  de  fièvre,  d'angine, 
de  laryngite.  Pronostic  favorable.  On  a  cherché  à  prévenir  les  éruptions 
de  sérum  en  donnant  le  chlorure  de  calcium  (Netter). 

Garbolic  acid  poisoning  by  rectal  injection  (Empoisonnement  pbé- 
nique  par  la  voie  rectale),  par  le  D'  George  N.  Ackbr  {Arch,  of  Ped,, 
mai  1907). 

L'auteur  rapporte  deux  cas  d'empoisonnement  phéniqué  suivis  de  gué- 
rison. 

1.  Le  6  mai  1906,  un  garçon  de  six  ans  tombe  dans  un  état  comateux 
après  un  lavement  phéniqué.  La  mère  avait  mis  dans  un  demi-litre  d'eau 
tiède  une  cuillerée  à  café  d'acide  phéniqué.  Elle  donna  le  lavement  en  deux 
fois,  à  quelques  minutes  d'intervalle.  Presque  immédiatement,  somnolence, 
puis  délire,  agitation,  enfm  perte  de  connaissance.  Le  lendemain,  urines 
noires.  Pouls  rapide  et  irrégulier.  On  avait  donné  le  lavement  contre 
les  oxyures. 

2.  Enfant  de  trois  ans,  ayant  de  la  diarrhée  ;  on  la  traite  par  un  lavement 
d'acide  phéniqué,  au  lieu  d'acide  borique,  la  mère  s'étant  trompée.  Presque 
aussitôt,  l'enfant  tombe  dans  la  somnolence,  avec  pouls  faible,  congestion 
de  la  peau,  etc.  Injection  d'eau  salée  sous  la  peau  et  dans  l'intestin. 
Urines  colorées  en  noir.  Guérison  après  huit  jours  de  traitement. 

Dos  cases  de  paralisis  de  la  acomodaciôn  por  intoxicaciôn  fenica 
en  ninos  operados  por  quistes  hidàticos  del  hfgado  (Deux  cas  de 
paralysie  de  l'accommodation  par  intoxication  phéniquée  chez  des 
enfants  opérés  pour  kystes  hydatiques  du  foie),  par  le  D'  Domisco 
Prat  {Arch.  Latino -Américano s  de  Pediatria,  février  1907). 

1 .  Garçon  de  dix  ans,  entré  le  4  octobre  à  la  salle  San  Luis  de  l'hôpital 
de  Caridad  (Montevideo).  Il  y  a  un  an  qu'il  a  un  kyste  hydatique  du  foie; 
le  9  octobre,  on  l'opère.  Quelques  jours  après,  pour  combattre  l'infection 
de  la  plaie,  on  se  sert  d'une  solution  d'acide  phéniqué  à  2  et  à  1  p.  100. 
Bientôt  l'enfant  y  voit  moins  bien  que  d'habitude.- Le  D*"  Isola  reconnaît 
une  paralysie  complète  de  l'accommodation  ;  on  lui  prescrit  des  lunettes. 
Le  14  janvier,  l'enfant  y  voit  bien  sans  lunettes,  et  on  trouve  la  paralysie 
de  l'accommodation  complètement  guérie. 

2.  Garçon  de  six  ans,  entré  le  4  octobre  pour  kyste  hydatique  du  foie. 
Le  11,  opération  ;  quinze  jours  après,  la  plaie  étant  infectée,  on  remplace 
l 'eau  oxygénée  par  la  solution  phéniquée.  Le  2  j  an  vier,  il  se  plaint  de  troubles 
visuels;  le  D'  Isola  reconnaît  une  paralysie  complète  de  l'accommodation 
et  prescrit  des  lunettes. 

Le  8,  fièvre,  toux,  matité  à  la  base  droite,  râles,  souffle.  Voix  oasonnée. 
La  plaie  va  mieux  ainsi  que  la  paralysie  de  l'accommodation. 

Le  10,vomique  composée  de  mucosités, sang  et  liquide  clair,  fragments 
de  membrane;  outre  le  kyste  du  foie,  il  y  avait  un  kyste  du  poumon  droit 
Guérison. 

Dans  ces  deux  cas,  il  ne  faut  pas  admettre  une  intoxication  hyda- 
tique,' mais  une  intoxication  phéniquée,  car  il  n'y  a  pas  eu  d'urticaire, 
et  la  paralysie  de  l'accommodation  est  survenue  après  l'usage  de  l'acide 
phéniqué. 


i 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES  757 

Rarissimo  caso  di  morte  per  avelenamento  da  ossidrato  di  calcio  o 
calce  spenta  (Très  rare  cas  de  mort  par  empoisonnement  avec  Toxhy- 
drate  de  calcium  ou  chaux  éteinte),  parle  D'  Piazza  Lorenzo  (Gazz. 
degli  osp.  e  délie  clin.,  21  avril  1907). 

Il  s'agit  d'un  petit  garçon  de  cinq  ans  mort  en  coUapsus  quelques  heures 
après  l'ingestion  de  quelques  cuillerées  de  chaux  éteinte,  avec  des  phéno- 
mènes de  gastro -entérite  suraiguô.  A  l'autopsie,  gastro -entérite  et  angio- 
-cholite  avec  néphrite  commençante,  stase  pulmonaire  et  emphysème  sous- 
pleural  par  paralysie  cardiaque.  Le  2  septembre,  un  enfant  de  cinq  ans, 
jouant  avec  des  camarades,  chez  un  masson,  est  contraint  par  eux  d'avaler 
quelques  cuillerées  de  chaux  éteinte  qui  se  trouvait  là.  Quelques  heures 
après,  l'enfant  se  plaint  de  douleurs  et  se  met  à  vomir.  Urine  rouge  comme 
du  sang,  pâleur,  sueurs  froides.  L'enfant  meurt,  continuant  à  vomir  et 
à  aller  à  la  selle,  sept  ou  huit  heures  après  l'ingestion  de  la  chaux. 

Autopsie.  —  Le  poumon  droit  est  plus  dense  et  plus  lourd,  avec  vésicules 
emphysémateuses  à  sa  face  externe.  Estomac  couvert  à  sa  face  interne  de 
mucus  grisâtre;  effusion  sanguine  sous-muqueuse  de  la  grande  courbure. 

L'intestin  grêle  contient  des  matières  crémeuses,  avec  des  grumeaux 
blanchâtres  allant  du  volume  d'un  grain  de  blé  à  celui  d'un  haricot.  Foie 
un  peu  augmenté  de  volume  ;  rate  et  reins  gros. 

On  ne  peut  mettre  en  doute  ici  que  la  cause  de  la  mort  est  attribuable  à 
l'ingestion  d'une  certaine  quantité  de  chaux,  qui,  après  avoir  déterminé  par 
contact  direct  une  gastro-entérite  aiguë  avec  angiocholite,  produisit 
par  absorption  une  néphrite  commençante  et  une  paralysie  cardiaque  avec 
stase  pulmonaire  et  emphysème  sous-pleural. 

Poisoning  by  bromoform  (Empoisonnement  par  le  bromoforme),  par 
le  D'  Benson  {The  Briu  med.  Journ.,  27  juillet  1907). 

L'auteur  est  appelé  d'urgence,  à  deux  heures  quinze  de  l'après-midi, 
auprès  d'une  enfant  de  vingt  et  un  mois  qui  avait  la  coqueluche  depuis 
quelques  semaines  et  prenait  du  bromoforme.  A  une  heure  cinquante,  la 
mère  avait  donné  la  dernière  dose  de  la  bouteille.  Quelques  minutes  après, 
l'enfant  chancelle,  court  près  de  sa  mère  et  perd  connaissance.  Le  père, 
qui  est  médecin,  administre  de  l'eau  salée,  qui  provoque  des  vomissements, 
puis  du  café. 

L'enfant  est  couchée  sur  sa  mère,  sans  connaissance,  la  peau  froide, 
pâle  et  li\ide;  respiration  pénible  et  irrégulière,  pouls  faible,  pupilles 
un  peu  dilatées,  etc. 

Fomentations  chaudes  sur  le  cœur,  injection  sous-cutanée  de  un  tiers  de 
milligramme  de  sulfate  de  strychnine,  frictions,  inhalations  de  liqueur 
ammoniacale,  etc.  Après  une  heure  de  lutte,  la  conscience  revient,et  l'enfant 
^aduellement  se  rétablit.  La  mixture  bromoformée  avait  été  graduelle- 
ment portée  à  5  ou  6  centigrammes.  Comme  dans  les  autres  cas  publiés, 
c'est  toujours  la  fin  du  flacon  qui  cause  l'empoisonnement. 

Hypertrophie  cirrhosis  of  the  liTor  in  an  infant''(Cirrhosehypertro- 
phique  du  foie  chez  un  nourrisson),  par  le  D'  Willson  (Briu  med. 
Journ,,  27  juillet  1907). 

Enfant  de  trois  mois,  amaigri,  comateux  ;  ventre  gros,  foie  énorme. 
Mort. 

A  l'autopsie,  le  foie  occupe  les  deux  tiers  de  la  cavité  abdominale, 
comprimant  l'estomac  et  les  intestins,  qui  sont  vides.  Rate  doublée  de 
Tolume.  Le  foie  a  conservé  sa  forme  habituelle,  pas  d'adhérences,  pas  de 
péritonite  ni  autre  trouble  inflammatoire.  Couleur  plus  pâle  que  norma- 


758  ANALYSES 

lement,  dureté  à  la  coupe.  Un  fragment  de  foie  fut  envoyé  à  M.  Hewlett 
(King's  Collège),  qui  en  fit  des  préparations  microscopiques.  D'après  lui. 
il  s'agit  d'une  cirrhose  d'origine  hérédo -syphilitique. 

En  effet,  le  tissu  conjonctif  est  hyperplasié,  enserrant  les  cellules 
hépatiques  par  petits  groupes  de  6  à  10.  Toute  trace  de  la  structure 
lobulaire  a  disparu. 

L'interrogatoire  de  la  mère  fut  négatif  pour  ce  qui  regarde  la  syphilis. 
Mais  un  autre  enfant  avait  commencé  à  dépérir  quelques  semaines  après 
la  naissance,  et  il  mourut  subitement  à  l'âge  de  quatre  mois. 

Il  est  probable  que  cette  cirrhose  hépatique  a  commencé  pendant 
la  vie  intra-utérine  ;  mais  il  est  curieux  de  voir  le  foie  atteindre,  en  trois 
mois,  un  aussi  grand  volume. 

Remarks    on    an  outbreak  of    épidémie  cérébro-spinal  meningitis 

(Remarques    sur    une    épidémie    de    méningite    cérébro-spinale),    par 
le  D'  William  Robertson  (The  Brit  med.  Journ.,  27  juillet  1907). 

Dans  une  épidémie  de  Leith  (Ecosse), l'auteur  a  fait  des  remarques 
intéressantes. 

Sur  83  cas,  on  a  compté  66  enfants,  10  au-dessous  d'un  an  (10  morts),. 
24  de  un  à  cinq  ans  (20  morts),  32  de  cinq  à  quinze  ans  (21  morts).  La  mor- 
talité  est  donc  d'autant  plus  forte  que  l'enfant  est  plus  jeune.  Durée  de 
la  maladie  très  variable  :  6  moins  d'un  jour,  23  entre  un  et  deux  jours, 
9  entre  deux  et  cinq  jours,  5  entre  cinq  et  dix  jours,  6  entre  dix  et  vingt 
jours,  6  entre  vingt  et  trente  jours,  2  entre  trente  et  quarante  jours. 
3  entre  cinquante  et  soixante  jours,  1  entre  soixante  et  soixante-dix  jours, 
1  entre  cent  cinquante  et  deux  cents  jours,  sur  62  cas  mortels. 

La  sérum  thérapie  a  échoué  ;  la  ponction  lombaire  répétée  a  fourni 
quelque  soulagement  ;  les  bains  chauds  ont  été  très  utiles. 

Akate  Leakâmie  nnd  Adenotomie  (Leucémie  aiguë  et  amygdalotomie), 
par  le  D*^  F.  Stirnimann  (Jahrh,  /.  Kinderheilk,^  1907). 

Le  sujet  était  une  enfant  de  trois  ans  ayant  souffert  de  troubles  digestifs, 
de  stomatite  ulcéreuse  et  chez  qui  fut  pratiquée  l'amygdalotomie.  L'opé- 
ration se  fit  sans  incidents  fâcheux.  A  la  suite,  on  nota  un  état  de  profonde 
anémie  ;  tous  les  ganglions  s'hypertrophièrent,  et  des  pétéchies  disséminées 
se  montrèrent. 

L'examen  du  sang  donna  les  résultats  suivants  :  sang  très  fluide  ayant 
peu  de  tendance  à  se  coaguler  ;  hémoglobine  de  20  à  30  p.  100.  Globules 
rouges  2  100  000,  surtout  microcytes,  quelques  rares  macrocytes  et  poiki- 
locytes,  relativement  beaucoup  de  polychromatiques,  mais  peu  de  nudéés, 
leucocytes  70  000,  dont  44  p.  100  de  lymphoblastes,  43  p.  100  de  lympho- 
cytes, 7  p.  100  de  myélocytes  neutrophiles,  3  p.  100  de  leucocytes  neutre- 
philes,  2  p.  100  de  myélocytes  éosinophiles. 

L'enfant  meurt  d'oedème  pulmonaire.  Ainsi,  chez  cette  enfant,  deux  mois 
et  demi  avant  la  mort,  étaient  apparus  les  troubles  leucémiques  sans 
hypertrophie  spléno-hépatique  ni  ganglionnaire. 

•  On  excise  les  amygdales  hypertrophiées  sans  doute  par  le  fait  de  la 
leucémie,  et,  sans  qu'il  y  ait  eu  d'hémorragie  survient,  au  bout  de  quatre 
à  cinq  jours,  une  leucémie  aiguë,  qui  amène  la  mort  en  neuf  jours. 

L'examen  du  sang  était  tout  à  fait  ce  qu'on  voit  dans  la  leucémie 
aiguë  ;  une  septicémie  aurait  en  effet  multiplié  les  polynucléaires  neutro- 
philes. 

L'autopsie  n'a  pas  d'ailleurs  montré  dans  la  rate  et  les  ganglions  les 
lésions  septicémiques. 


PUBLICATIONS   PÉRIODIQUES.  759* 

Il  est  difficile  de  dire  si  la  leucémie  précédait  Tamygdalotomie,  quoique- 
le  fait  soit  vraisemblable. 

Quel  rôle  a  eu  Tamygdalotomie  dans  la  genèse  des  accidents  ? 

La  chose  est  difficile  à  préciser;  mais  il  semble  bien  qu'elle  ait  eu  plutôt. 
un  efTet  fâcheux,  de  même  que  les  extirpations  de  la  rate  et  des  ganglions 
influencent  fâcheusement  la  leucémie. 

Zwei  Fâlle  von  Dystrophia  muscalaris  progressiva  familiaris  (Deux 
cas  de  dystrophie  musculaire  progressive  familiale),  par  le  D*"  J.  Wi no- 
cou  roff  {Arch.  /.  Kinderheilh,  1907). 

Des  deux  sœurs,  Taînée  avait  treize  ans,  la  cadette  onze.  Elles  étaient 
nées  de  parents  sains  et  avaient  d'autres  frères  et  sœurs  bien  portants. 
Dès  leur  jeune  âge,  ces  enfants  furent  habituées  à  prendre  par  jour  de 
quatre  à  cinq  verres  de  vin.  La  maladie  débuta  par  de  la  faiblesse  des 
jambes,  puis  de  l'amaigrissement  du  thorax  et  des  épaules.  Ces  phéno- 
mènes s'accentuèrent  jusqu'à  ce  que  la  marche  et  la  station  debout, 
devinrent  impossibles.  Atrophie  presque  complète  des  muscles  du  thorax, 
de  la  ceinture  scapulaire  et  du  bras  ;  avant-bras  et  mains  normaux. 
Sensibilité  normale.  Absence  des  réflexes  tendineux  ;  sphincters  nor- 
maux. 

La  plus  jeune,  nourrie  comme  l'autre  au  sein  par  la  mère,  était  dans  le 
même  état  que  sa  sœur,  mais  avait  une  atrophie  moindre. 

L'alcoolisme  dès  le  plus  jeune  âge,  et  peut-être  les  troubles  de  Kischinew 
en  1903,  ont-ils  eu  une  certaine  influence  dans  la  pathogénie  de  ces  phéno- 
mènes morbides. 

Kleingehirngeschwûlste  im  Kindesalter  (Tumeurs  cérébelleuses  dans 
l'enfance),  par  le  D*"  J.  Winocouroff  {Arch.  /.  Kinderheilk.,  1907). 

Il  s'agissait  d'un  enfant  de  neuf  ans  qui  était  malade  depuis  deux  mois, 
se  plaignant  de  céphalée,  et  vomissant  de  temps  en  temps.  Les  accès 
devinrent  périodiques.  Pas  d'antécédents  familiaux  névropathiques. 
Recherche  des  vers  intestinaux  négative.  Un  accès  de  céphalée  et  de  vomis- 
sements (une  dizaine)  survint  qui  dura  deux  jours  avec  ralentissement 
du  pouls  et  dilatation  pupillaire.  L'accès  passé,  l'état  de  l'enfant  semblait 
satisfaisant. 

L'examen  ophtalmoscopique  donna  les  résultats  suivants  :  du  côté 
gauche,  papille  un  peu  gonflée,  gris  rougeâtre,  quelques  hémorragies  réti- 
niennes du  voisinage  ;  à  droite,  même  état  sans  hémorragies.  Pas  de  troubles 
de  la  musculature  de  l'œil.  On  pouvait  donc  admettre  une  lésion  intra- 
cranienne,  mais  la  localisation  n'était  guère  possible.  A  la  suite  d'un  accès, 
on  vit  du  strabisme,  de  la  dilatation  de  la  pupille  ne  réagissant  pas  à  la 
lumière.  Pour  diminuer  la  pression  crânienne,  on  fit  une  ponction  lombaire 
entre  les  troisième  et  quatrième  lombaires,  et  on  retira  10  centimètres 
cubes  de  liquide.  L'état  du  malade  s'améHora,  mais,  au  bout  de  deux 
jours,  le  gonflement  papillaire  reparut;  un  second  puis  un  troisième  accès 
survinrent,  et  le  petit  malade  tomba  dans  un  était  semi-comateux;  la  mort 
survint  par  paralysie  du  centre  respiratoire. 

A  l'autopsie,  congestion  méningée;  beaucoup  de  liquide  clair  dans  les 
ventricules.  On  voit  dans  l'hémisphère  gauche  du  ceryelet  une  tumeur 
gélatineuse,  qui  était  un  tubercule  solitaire,  en  partie  caséifié.  Au  micro- 
scope, on  aperçoit  des  cellules  géantes  et  des  bacilles  tuberculeux. 

Comme  on  le  voit  par  cette  observation,  le  signe  le  plus  utile  pour  1^ 
diagnostic  de  tumeur  cérébrale  est  le  double  étranglement  papillaire;. 
mais  le  diagnostic  de  localisation  laisse  encore  beaucoup  à  désirer.  J 


700  ANALYSES 

Klinische  Beobachtung  an  12  Fâllen  von  obliierirender  Henbento* 
lentzûndang  als  Teilerscheinung  schwerer  Herzaffèktionon  itn  Kinde- 
salter  (Observations  cliniques  sur  12  cas  de  symphyse  cardiaque  comme 
manifestation  de  graves  maladies  du  cœurj  dans  Tenfance),  par  le 
D'  M.  KOB  {Jahrb.  /.  Kinderheilk.,  1907). 

Les  phénomènes  subjectifs  observés  chez  ces  enfants  étaient  peu 
marqués.  Le  nombre  des  respirations  était  très  augmenté  sans  qu*il  y 
eût  des  troubles  notables  ;  la  respiration  était  superficielle.  Parmi  les 
phénomènes  objectifs,  on  notait  une  pâleur  généralisée  à  un  degré  très 
marqué.  La  fièvre  montrait  des  ondes  d'une  durée  d'une  semaine  environ  ; 
alors  il  semblait  qu'on  arrivât  à  la  défervescence,  mais  déjà  une  nouvelle 
onde  avait  débuté.  Du  côté  du  cœur,  il  y  avait  surtout  à  noter  l'augmen- 
tation de  la  matité  à  un  degré  très  prononcé,  son  immobilité  dans  les 
déplacements  du  malade,  la  voussure  et  les  fortes  secousses  diffusées  à 
toute  la  paroi  thoracique  qu'imprimaient  les  chocs  du  cœur,  les  retraits 
systoliques  des  espaces  intercostaux. 

Rarement  on  constatait  des  signes  de  péricardite  aiguë;  les  organes 
abdominaux  étaient  le  siège  de  stases,  surtout  le  foie  ;  c'était  là  un  phé- 
nomène constant;  quelquefois  il  y  avait  de  l'ascite. 

Ueber  zwei  Fâlle  von  Hirschspnmg'scher  Krankheit  (Sur  deux  cas  de 
maladie  de  Hirschsprung),  par  le  D''  Léo  Baron  (Jahrb.  /.  Kinder- 
heilk,,  1907). 

Les  deux  cas  ici  relatés  ayant  trait  tous  deuît  à  des  enfants  du  sexe 
masculin  vont  à  rencontre  de  la  théorie  de  Hirschsprung  (dilatation 
congénitale  et  hypertrophie)  et  sont  plutôt  en  faveur  de  celle  de  Marfan 
et  Netter  (longueur  anormale  du  côlon  et  secondairement  dilatation  et 
hypertrophie).  Dans  un  des  cas,  en  effet,  où  la  lésion  était  tout  au  début, 
on  voyait  l'allongement  anormal  du  gros  intestin,  tandis  qu'il  n'y  avait 
presque  pas  de  dilatation  ni  d'hypertrophie.  Ce  cas  ne  put  pas  être 
diagnostiqué  en  chnique;  l'enfant  succomba  à  une  toute  autre  affection, 
troubles  cardiaques  et  rénaux  postdiphtériques.  Dans  le  premier  cas, 
le  diagnostic  ne  fut  fait  que  peu  avant  la  mort.  Il  y  eut  deux  attaques 
d'iléus,  et  c'est  à  la  seconde  que  succomba  l'enfant.  On  peut  tirer  de  ce 
cas  la  conclusion  que,  chez  les  enfants  atteints  de  constipation  chronique, 
il  faut  toujours  soupçonner  la  maladie  de  Hirschsprung  et  examiner  le 
rectum. 

THÈSES  ET  BROCHUIŒS 

Meningitis  agudas  de  la  inlancia  (Méningites  aiguës  de  l'enfance), 
par  le  D'  Mamerto  AcunA  (Thèse  d'agrégation  de  Buenos  Aires^  1907, 
118  pages). 

Cette  thèse,  très  importante  et  très  bien  faite,  est  basée  sur  de  nom- 
breuses observations  prises  et  examens  cytologiques  faits  à  V Hôpital 
San  Roque,  dans  le  service  d'enfants,  dirigé  par  notre  collègue  et  ami 
le  D' Araôz  Alfaro,  dont  l'auteur  était  chef  de  clinique. 

Après  un  court  historique  et  un  exposé  technique  (ponction  lombaire, 
liquide  céphalo-rachidien  normal  et  pathologique),  le  D'  Mamerto  Acuna 
donne  la  classification  des  méningites  aiguës  infantiles  :  1°  méningites 
bactériennes,  suppurées  ou  non  suppurées  ;  2^  méningites  amicrobienne$t 
«éreuses  ou  séro-exsudatives. 

Parmi  les  premières,  on  distingue  les  méningites  méningococciquesi?  cas). 


THÈSES   ET  BROCHURES  701 

les  méningites  pneumococciques  (3  cas),  les  streptoei  staphylococciques  (2  cas), 
les  méningites  typhoïdiques  (1  cas). 

L'auteur  cite  plusieurs  observations  de  méningisme  toxi- infectieux, 
sans  modifications  du  liquide  céphalo-rachidien  (4  cas),  de  réactions 
méningées  au  cours  des  maladies  aiguës  (8  cas),  de  méningites  exsudatiçes 
simples  ou  syndromes  méningés  avec  légères  modifications  du  liquide 
céphalo-rachidien  (2  cas).  Il  insiste  sur  ces  derniers  cas,  dont  la  pathogénie 
est  obscure. 

Pour  le  diagnostic,  il  fait  ressortir  avec  raison  la  très  grande  valeur  de 
la  ponction  lombaire. 

Nous  reproduirons  quelques-unes  de  ses  conclusions,  à  cause  de  leur 
importance  théorique  et  pratique; 

1.  Au  cours  des  infections  aiguës  (pneumonie,  bronchopneumonie, 
typhoïde,  etc.),  il  peut  se  développer  de  véritables  méningites  ;  ce  sont  les 
méningites  bactériennes; 

2.  Il  peut  y  avoir  absence  de  tout  symptôme  d'irritation  méningée, 
même  en  cas  de  lésions  anatomiques  très  accusées  :  méningites  latentes; 

3.  Au  cours  d'infections  aiguës  ou  processus  divers  (helminthes,  copro- 
stase,  etc.),  on  peut  observer  des  phénomènes  de  légère  irritation  ménin- 
gée :  toxi'infection.  Il  est  possible  que  la  réaction  méningée,  évidente 
cliniquement,  n'entraîne  aucune  modification  du  liquide  céphalo-rachidien  : 
méningisme  toxi-infectieux  ; 

4.  La  réaction  méningée  peut  ne  s'accompagner  que  de  modifications 
chimiques  du  liquide  céphalo-rachidien  :  méningites  toxiques  ; 

5-  Il  peut  y  avoir  un  syndrome  méningé,  sans  constatation  de  microbe 
pathogène  :  méningites  amicrobiennes.  Parfois  cependant  on  peut  trouver, 
dans  l'exsudat,  des  germes  atténués  dans  leur  virulence  ; 

6.  Il  y  a,  entre  les  diverses  méningites,  des  faits  de  passage,  qui  per- 
mettent de  passer,  par  gradations  insensibles,  du  groupe  des  méningites 
amicrobiennes  à  celui  des  méningites  microbiennes,  des  méningites  à 
liquide  séreux  aux  méningites  à  liquide  purulent  ; 

7.  La  forme  la  plus  atténuée  des  méningites  est  le  méningisme  toxi- 
infectieux,  qui  n'a  pas  de  substratum  anatomique  appréciable.  Mais 
toute  réaction  méningée,  sauf  le  cas  d'hystérie,  imphque  un  substratum 
anatomique  réel  ; 

8.  Peu  de  différences  symptomatiques  entre  les  diverses  méningites  ; 
seule  la  ponction  lombaire  permet  de  les  distinguer.  Elle  permet  aussi 
d'établir  le  pronostic  dans  une  certaine  mesure. 

De  la  mort  subite  et  rapide  des  nouveau-nés,  par  le  D'  Provansal 
{Thèse  de  Paris,  20  février  1907,  58  pages). 

Cette  thèse  contient  9  observations.  La  mort  subite  ou  rapide  peut 
survenir  chez  le  nouveau-né  ou  le  nourrisson,  sans  avoir  été  précédée 
de  symptômes  morbides.  Elle  s'annonce  par  des  troubles  respiratoires, 
circulatoires  et  nerveux  :  dyspnée  instantanée,  cyanose  de  la  face  et  des 
mains,  convulsions. 

A  l'autopsie,  on  rencontre  ordinairement  l'hypertrophie  généralisée 
de  tous  les  organes  lymphoïdes,  l'hypertrophie  idiopathique  du  thymus, 
1  a  tuberculose  des  ganglions  médiastinaux  et  les  lésions  syphilitiques  des 
vaisseaux  et  du  cœur. 

Ce  qui  caractérise  cette  variété  de  mort  subite,  c'est  qu'elle  affecte 
plusieurs  enfants  d'une  même  famille.  Le  médecin  légiste  doit  bien  con- 
naître cette  mort  subite  familiale  pour  la  distinguer  des  morts  criminelles. 
Elle  s'observerait  surtout  chez  les  garçons. 


762  ANALYSES 

Gomme  causes  de  mort  subite  ou  rapide  des  nouveau-nés,  il  faut  envi- 
sager les  infections  et  intoxications  héréditaires  (syphilis,  tuberculose, 
alcoolisme,  saturnisme,  hydrargyrisrae,  etc.).  L'alcoolisme  aurait  une 
influence  prédominante. 

Gastro-entérites  infantiles,  la  reprise  de  ralimentation  après  les 
accidents  aigas,  par  le  D^  P.  Boichut  (Thèse  de  Paris^  27  février  1907. 
48  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Comby,  contient  une  douzaine  d'obser- 
vations qui  montrent  les  difficultés  de  la  reprise  de  Talimentation  après 
les  gastro-entérites  infantiles. 

Toute  gastro-entérite  devra  être  traitée  par  une  diète  hydrique,  dont  la 
durée  variera  entre  douze  et  quarante-huit  heures.  Après  quoi  on  essaiera 
de  revenir  graduellement  au  lait  (sein  ou  biberon). 

Mais  souvent,  particulièrement  dans  l'allaitement  artificiel,  Vestomac 
ne  tolère  plus  le  lait,  et  alors  on  est  conduit  à  administrer  le  babeurre,  les 
bouillies  maltées,  les  bouillons  végétaux.  Après  quelques  jours  de  cette 
alimentation  de  transition,  le  lait  est  ordinairement  bien  supporté. 

Le  babeurre  et  les  bouillies  maltées  ou  diastasées  sont  plus  nourrissants 
que  le  bouillon  végétal.  Leur  valeur  est  comparable  à  celle  du  lait,  car  les 
enfants  les  digèrent  bien  et  présentent  une  augmenlation  de  poids  satis- 
faisante. 

Appendicites  et  entérites,  par  le  D''  A.  Artault  (Thèse  de  Paris, 
13  février  1907,  88  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Broca,  contient  31  observations  recueillies 
à  l'hôpital  des  Enfants-Malades.  Ses  conclusions  sont  conformes  à  celles 
de  la  grande  majorité  des  médecins  et  chirurgiens  d'enfants,  qui  pensent 
que  l'appendicite  n'est  très  souvent  que  l'aboutissant  d'une  entérite. 

La  fréquence  de  la  succession  ou  de  la  coexistence  de  l'entérite  avec 
l'appendicite  ne  peut  être  attribuée  au  seul  hasard  ;  elle  démontre  l'exis- 
tence de  rapports  entre  ces  deux  affections.  Il  est  certain  que  l'appen- 
dicite est  une  alTection  chronique  à  épisodes  aigus.  Maladie  infectieuse, 
localisée,  l'appendicite  est  subordonnée  dans  son  évolution  à  toutes  les 
causes  qui  amoindrissent  la  résistance  phagocytaire  de  l'appendice. 

Toutes  les  entérites  peuvent  retentir  sur  l'appendice  et  ont,  de  ce  fait, 
une  action  prédisposante  sur  le  développement  de  l'appendicite.  Mais  le 
rôle  principal  est  joué  par  l'en téro -colite  m'uco-membraneuse. 

Sor  le  traitement  des  cavités  osseuses  d'origine  ostéomyélitiqne, 
par  le  D""  Rottenstein  (Thèse  de  Paris,  20  février  1907,  80  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Kirmisson,  étudie  les  procédés  employés 
pour  lo  pansement  des  cavités  ostéomyéli tiques.  On  doit  se  borner  à  deux 
procédés  :  1®  nettoyage  simple  de  la  cavité  avec  ou  sans  résection  osseuse, 
tamponnement,  guérison  par  comblement  lent  ;  2°  après  nettoyage, 
comblement  de  la  cavité  par  le  mélange  de  von  Mosetig-Moorhof.  On  fait 
prendre  un  bain  savonneux  ;  on  lave  à  l'eau  chaude  et  au  savon  la  région 
opératoire  ;  on  passe  à  l'alcool,  à  l'éther.  On  applique  la  bande  d'Esmarch 
ou  de  Lister  ;  on  incise  les  parties  molles  ;  on  nettoie  la  cavité  (ciseau  ou 
scie  circulaire)  ;  ensuite,  assèchement  complet,  puis  coulage  de  la 
masse  iodoformée  liquide  : 

lodoforme €0 

Huile  de  sésame 40 

^  Blaac  de  baleine iO 


THÈSES    ET    BROCHURES  Tfô 

On  suture  le  lambeau  sans  drainage. 

Cette  méthode  est  excellente  ;  mais  elle  exige  beaucoup  de  soin  et 
d'application  de  la  part  du  chirurgien. 

Des  fractures  spontanées  saccédant  à  l'immobilisation  plâtrée  ches 
l'enfant,  par  le  D'  E.  Pillet  (Thèse  de  Paris,  9  janvier  1907,  38  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Ducroquet,  contient  13  observations.  Elle 
montre  que  l'immobilisation,  traitement  de  nécessité,  est  toujours  défa- 
vorable à  la  nutrition  des  membres  et  parfois  dangereuse. 

Dans  la  luxation  congénitale  de  la  hanche,  la  durée  du  traitement 
étant  de  cinq  à  sept  mois,  les  fractures  spontanées  sont  fort  à  craindre. 
Il  faut  exiger  une  progression  prudente  dans  les  appareils.  A  la  fin  du  trai- 
tement, il  faut  encore  prescrire  le  repos  au  lit  pendant  un  mois.  La  nuit» 
pour  éviter  tout  mouvement  intempestif,  l'enfant  sera  replacé  dans  son 
dernier  plâtre.  Premiers  pas  à  l'aide  de  béquilles. 

Dans  les  tuberculoses  osseuses,  si  le  membre  a  été  mobilisé  (début  et 
fin  de  la  maladie),  on  fera  la  réduction  complète  et  brusque.  Si  le  membre 
a  été  immobilisé  (période  d'état),  on  fera  la  réduction  incomplète  et  par 
étapes. 

Traitement  de  la  syphilis  du  nonvean-né  par  les  injections  intra- 
mnscnlaires  des  préparations  mercnrielles  solnbles  et  insolubles,  par 
le  D'  Fr.  Bazin  (Thèse  de  Paris,  19  décembre  1906,  64  pages). 

Cette  thèse,  basée  sur  1.7  observations,  a  été  inspirée  par  le  D'  Bodin 
(de  Rennes).  Elle  tend  à  établir  la  supériorité  de  la  méthode  des  injections 
sur  les  autres  méthodes.  On  donnera  la  préférence  aux  sels  solubles  : 
benzoate  ou  lactate  de  mercure  à  la  dose  de  2  à  4  milligrammes,  biiodure 
et  bichlorure  à  la  dose  de  1  à  3  milligrammes.  Le  biiodure  en  solution 
aqueuse  sera  surtout  employé.  Traitement  intermittent  :  série  de  10  à 
15  injections,  repos  de  dix  à  quinze  jours,  reprise  des  piqûres.  Les  prépa- 
rations insolubles,  à  la  dose  de  1  à  4  centigrammes  par  semaine,  sont  moins 
employées  chez  les  nouveau-né  que  les  solubles.  Elles  seraient  utiles  à  la 
fin  du  traitement  pour  prolonger  l'action  du  mercure  sur  l'organisme. 
On  doit  préférer  l'huile  grise  au  calomel,  qui  sera  réservé  pour  les  cas 
rebelles.  L'auteur  termine  ainsi  ses  conclusions  : 

La  méthode  des  injections  mercurielles,  en  faveur  de  laquelle  militent 
tant  d'heureux  résultats,  doit  être  aujourd'hui,  à  notre  avis,  admise  sinon 
adoptée  par  tous. 

Quand  on  a  vu,  des  centaines  de  fois,  les  accidents  hérédo-S3rphilitiques 
des  nouveau-nés  et  nourrissons  disparaître  rapidement  sous  Pinfluence 
des  simples  frictions  mercurielles,  on  ne  peut  pas  adopter  les  conclusions 
de  l'auteur.  Pourquoi  piquer  l'enfant  quand  on  peut  le  traiter  plus  simple- 
ment et  avec  autant  d'efficacité?  Les  mères  peuvent  faire  elles-mêmes  les 
frictions  avec  l'onguent  napolitain.  Les  injections  exigent  l'intervention 
du  médecin.  Nous  concluons  que,  pour  la  syphilis  infantile  habituelle,  la 
méthode  des  injections  ne  présente  aucun  avantage  sur  la  vieille  méthode 
des  frictions  mercurielles. 

L'adénopathie  trachéo-bronchique  des  nourrissons,  son  diagnostic 
par  le  cornage  bronchitique  respiratoire  et  la  radioscopie,  par  le 

D'  L.  BouGAREL  (Thèse  de  Paris,  1  février  1907, 132  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Variot,  contient  21  observations  et  une 
planche.  Chez  les  jeunes  enfants,  l'adénopathie  trachéo-bronchique 
pourrait  se  traduire  par  un  cornage  spécial  débutant  du  deuxième  au 


764  ANALYSES 

sixième  mois,  à  bruit  régulier,  intense,  humide,  ayant  son  maximum  à 
l'expiration.  Évolution  insidieuse,  aucun  symptôme. 

Le  cornage  expiratoire  semble  dû  à  ce  que,  au  moment  de  TexpiratioD, 
Tenfant  presse  sur  ses  ganglions  par  la  tension  des  poumons;  alors  la 
trachée  et  les  bronches  sont  rétrécies.  Ce  bruit  s»  distingue  du  stridor 
congénital  par  son  début  tardif,  par  son  caractère  expiratoire,  par  son 
renforcement  progressif. 

La  radioscopie  peut,  chez  le  nourrisson,  permettre  un  diagnostic  :  ombre 
au-dessus  du  cœur,  à  droite  ou  à  gauche,  avec  contours  arrondis. 

Pour  que  cette  méthode  donne  des  résultats  positifs,  il  est  nécessaire 
qu'on  ait  affaire  à  de  grosses  adénopathies. 

Gommes  hérédo-syphilitiques  de  la  voûte  et  du  voile  du  palaîj, 

par  le  D'  Lachapelle  {Thèse  de  Paris,  6  février  1907,  88  pages). 

Cette  thèse,  inspirée  par  M.  Gaucher,  contient  10  observations,  dont 
8  concernent  des  enfants.  Les  gommes  de  la  voûte  palatine  et  du  voile  du 
palais  sont  une  des  principales  manifestations  de  la  syphilis  tertiaire, 
qu'elle  soit  acquise  ou  héréditaire.  Dans  les  deux  cas,  syphilis  acquise  ou 
syphilis  héréditaire,  l'évolution  est  la  même.  Pour  trancher  la  question, 
il  faudra  chercher  les  stigmates  (dent  d'Hutchinson,  kératite,  etc.)  de 
l'hérédité.  Mais  le  diagnostic  le  plus  important  est  celui  de  lésion  inflam- 
matoire, tuberculeuse,  caséeuse,  etc.  Ce  diagnostic  doit  être  établi  de 
bonne  heure,  car  la  réussite  du  traitement  est  liée  à  la  précocité  du  dia- 
gnostic. 

Le  traitement  spécifique  est  remarquablement  et  rapidement  efficace. 
Il  doit  être  mixte  :  mercure  et  iodure  de  potassium.  On  donnera  d'emblée 
des  doses  fortes. 


LIVRES 

Ëtnde  sur  la  coxalgie,  par  le  D'  V.  Ménard  (vol.  de  440  pages, 
Paris,  1907,  Masson  et  C'«,  éditeurs.  Prix  :  15  francs). 

Cet  ouvrage,  orné  de  208  figures  dans  le  texte  et  26  planches  hors 
texte,  est  essentiellement  pratique.  Écrit  par  le  chirurgien  de  l' Hôpital 
maritime  de  Berck,  il  résume  la  longue  pratique  de  ce  maître  et  sera 
consulté  avec  profit  par  tous  les  médecins.  Dans  une  première  partie, 
M.  Ménard  traite  de  l'anatomie  pathologique  ;  il  aborde  ensuite  l'étude 
clinique  (2®  partie)  et  termine  par  le  traitement  (3«  partie),  qui  est  aussi 
complet  que  possible  :  traitement  général,  traitement  local,  traitement 
de  la  coxalgie  non  suppurée,  traitement  orthopédique,  traitement  de  la 
suppuration  dans  la  coxalgie,  curettage  aseptique,  résection  de  la  hanche, 
désarticulation  de  la  hanche.  Enfin  l'auteur  donne  la  statistique  de  dix 
années  à  l'Hôpital  de  Berck.  Le  chiffre  des  coxalgiques  s'est  élevé,  pendant 
cette  période,  à  1321  (707  garçons,  614  filles).  Sur  ce  nombre,  268  ont  été 
opérés  (curettage,  résection).  Avec  un  pareil  matériel,  on  est  autorisé 
à  porter  un  jugement  et  à  tirer  des  conclusions. 

Dans  les  dix  années  (1895-1904),  le  nombre  total  des  décès  a  été  de  95 
(54  pour  les  coxalgies  non  opérées,  41  pour  les  coxalgies  opérées).  Sur  les 
54  décès  des  coxalgies  non  opérées,  19  sont  dus  à  la  méningite  ;  sur  les 
coxalgies  opérées,  on  compte  5  décès  par  méningite,  soit  à  peu  près  la 
même  proportion.  Ce  n'est  donc  pas  le  traumatisme  opératoire  qui  occa- 
sionne la  méningite.  M.  Ménard  a  déjà  publié,  à  la  même  librairie,  an 
volume  sur  le  mal  de  Pott,  non  moins  remarquable  et  non  moins  pratique 


SOCIÉTÉ    DE    PÉDIATRIE  705 

{Arch.  de  méd,  des  enfants^  1901,  page  61).  Il  continue  donc  brillamment 
une  série  d'études  du  plus  haut  intérêt  pour  le  médecin  praticien. 

Traitement  de  la  sjrphilis,  par  L.  Jacquet  et  M.  Ferrand  (vol. 
de  164  pages  de  r^ncyc/opédieX^aMté,  Paris,  1907,  Masson  et  C'*^  éditeurs. 
Prix  :  2  fr.  50). 

Dans  ce  petit  livre,  très  pratique,  les  auteurs  étudient  l'action  du 
mercure,  les  accidents  causés  par  la  médication  mercurielle,  les  différents 
modes  d'administration  du  mercure,  Tiodure  et  son  rôle  dans  le  traitement 
spécifique,  l'association  du  mercure  et  de  l'iodure  (traitement  mixte). 
Dans  un  chapitre  fort  intéressant  est  exposée  la  direction  générale  du 
traitement  spécifique.  Puis  viennent  les  essais  de  sérothérapie  anti- 
syphilitique,  les  médications  auxihaires,  le  traitement  pendant  la  gros- 
sesse, la  prophylaxie,  le  traitement  de  la  syphilis  héréditaire,  et  enfin 
le  traitement  local.  On  voit  que  rien  n'a  été  oublié. 

Observaciones  sobre  clinica  infantil  (Observations  de  clinique 
infantile),  par  le  D^'Genaro  Sisto  (vol.  de  228  pages,  Buenos  Aires,  1907, 
A.  Etchepareborda,  éditeur). 

Ce  livre  contient  des  articles  très  importants,  rehaussés  par  une  impres- 
sion soignée,  par  de  nombreuses  gravures  et  planches.  Dans  ses  premières 
leçons,  l'auteur  traite  de  V atrophie  infantile,  à  propos  de  3  cas  personnels, 
et  il  passe  en  revue  toutes  les  opinions  et  toutes  les  doctrines,  depuis 
Parrot  jusqu'à  nos  jours.  Dans  une  deuxième  série,  il  parle  de  Vépilepsie 
infantile  et  de  son  traitement.  A  ce  propos,  il  rapporte  9  observations  per- 
sonnelles. Dans  une  troisième  série,  il  aborde  une  question  de  clinique 
nouvelle,  qu'il  a  élucidée  le  premier,  à  savoir  le  cri  syphilitique^  nouveau 
signe  de  syphilis  héréditaire.  Il  s'agit  d'enfants  qui  crient  constamment, 
j  usqu'à  ce  qu'on  ait  soupçonné  la  syphilis  et  qu'on  les  ait  mercurialisés. 

Ce  cri  de  détresse  peut  être  le  seul  signe  de  syphilis  héréditaire  ;  il  a 
donc  une  grande  valeur  au  point  de  vue  du  diagnostic  et  par  suite  du 
traitement.  Mis  au  courant  depuis  six  mois  des  observations  de  M.  Genaro 
Sisto,  j'en  ai  vérifié  l'exactitude,  et  j'ai  montré  à  mes  élèves  plusieurs  cas 
dans  lesquels  le  cri  incessant  des  nourrissons  m'avait  fait  reconnaître  la 
syphilis,  le  traitement  mercuriel  immédiat  ayant  d'ailleurs  fait  disparaître 
ce  cri.  Dans  les  chapitres  suivants,  l'auteur  étudie  les  infections  épidurales 
comme  traitement  de  r incontinence  d'urine  et  le  syndrome  de  Little. 

En  résumé,  les  leçons  cliniques  de  M.  Genaro  Sisto  sont  instructives, 
même  pour  nous  autres  Européens;  elles  témoignent,  après  bien  d'autres 
travaux  que  nous  avons  analysés,  des  progrès  rapides  de  la  médecine 
à  La  Plata,  où  nous  autres,  médecins  français,  comptons  tant  d'élèves, 
de  collègues  et  d'amis. 

SOCIÉTÉ  DE  PÉDIATRIE 

Séance  du  19  noçembue  1907.  —  Présidence  de  M.  Netter. 

M°^*  Nageotte  présente  un  cas  de  scapulum  çalgum  passager  par  tic 
du  muscle  rhombo'ide.  On  doit  distinguer  cette  variété  des  cas  de  scapu^ 
lum  valgum  rachitique,  paralytique,  par  contracture,  par  atrophie  mus- 
culaire, etc. 

M.  Variot  a  vu  un  enfant  présenter  un  hoquet  durant  quarante-huit 
heures  au  cours  d'un  zona  thoracique  ;  ce  zona  avait  d'ailleurs  été  douloureux. 

M.  AussET  a  fait  une  ^tude  de  100  cas  d'ophtalmo -réaction  à  la  tubercu* 


706  NOUVELLES 

Une.  Ses  conclusions  sont  très  favorables  à  l'emploi  de  cette  méthode 
de  diagnostic  vulgarisée  par  M.  Calmette. 

M.  H.  Leroux  a  vu  un  garçon  de  six  ans  atteint  de  croup  pseudo-mem- 
braneux non  diphtérique.  On  a  fait  la  trachéotomie, ^t  l'examen  de  la 
fausse  membrane  n'a  montré  que  des  streptocoques,  sans  bacilles  de 
Lœffler.  Quérison  rapide. 

M.  M ARFAN  n'a  jamais  vu  de  cas  semblables  ;  il  les  croit  exceptionnels  ; 
la  plupart  de  ceux  qui  ont  été  publiés  sont  très  douteux  ;  il  faut  tou- 
jours admettre  la  diphtérie  et  agir  en  conséquence. 

M.  Apert  présente  un  enfant  atteint  d^idiotie  amaurotique  familiale. 
C'est  un  petit  juif  polonais,  dont  un  frère  a  déjà  succombé  à  cette  ma- 
ladie bien  étudiée  en  Amérique,  et  qui  ne  se  rencontre  que  dans  la  race 
juive.  Tous  les  sujets  meurent  jeunes,  après  avoir  présenté  de  la  para- 
lysie, des  contractures  et  une  cécité  complète.  Le  diagnostic  se  fait  par 
l'examen  du  fond  de  l'œil  (tache  jaune  de  la  rétine). 

MM.  Apert,  LÉVY-FRANKELet  MÉNARD  présentent  une  fille  de  quinze 
ans  atteinte  de  tabès  depuis  l'âge  de  treize  ans  ;  mère  tabétique,  père  mort 
•de  paralysie  générale.  Le  père,  qui  avait  la  syphilis,  l'avait  communiquée 
à  sa  femme  puis  à  son  enfant.  Donc  syphilis. acquise.  Outre  les  signes  du 
tabès,  il  existe  chez  la  jeune  fille  des  symptômes  de  paralysie  générale. 

M.  RiBADEAU-DuMAS  présente  un  cas  d'anémie  grave  eonséeutiçeà  une 
septicémie  d^origine  otique  (entérocoques). 

MM.  Beauvy  et  Mare  présentent  les  pièces  d'une  stéatose  du  foie  au 
cours  de  granulie^  chez  un  enfant  de  dix  mois. 

M.  Barbier  a  vu  très  souvent  ces  foies  gras  dans  la  tuberculose  Infantile. 

M.  Nathan  rapporte  un  cas  d'anémie  pseudo-leucémique  chez  un  en- 
fant de  treize  mois,  traité  avec  succès  par  la  moelle  osseuse. 

M.  Kauffmann  rapporte  deux  cas  d*appendicite  coïncidant  avec  la 
scarlatine. 

M.  CoMBY  montre  l'enfant  atteint  d'atonie  musculaire  dont  il  a  parlé 
dans  la  dernière  séance. 

NOUVELLES 

Congrès  international  de  la  toberculose.  —  Le  prochain  Congrès 
international  de  la  tuberculose,  qui  doit  se  tenir  à  Washington,  du  21  sep- 
tembre au  12  octobre  1908,  est  en  voie  d'organisation.  La  section  IV, 
consacrée  à  la  Tuberculose  des  enfants  (étiologie,  traitement,  moyens  pré- 
ventifs), a  choisi  pour  président  le  D"^  A.  Jagobi  (de  New  York),  et  pour 
secrétaires  les  D'*  David  Bovaind  (de  New  York)  et  F,  S.  Churchill 
(de  Chicago).  Parmi  les  vice-présidents,  nous  relevons  les  noms  des  prin- 
cipaux pédiatres  des  États-Unis:  MM.  Isaac  A.  Abt  (Chicago),  S.  Adaxs 
(Washington),  W.  D.  Booker  (Baltimore),  Chapin  (New  York),  John 
M.  DoDsoN  (Chicago),  Freemann  (New  York),  Forghheimer  (Cincin- 
nati), C.  Griffith  (Philadelphie),  Hamill  (Philadelphie),  Alfred 
Hand  (Philadelphie),  Emmet  Holt  (New  York),  Fr.  Hubbr  (New  York), 
Jennings  (Détroit),  Knox  (Baltimore),  H.  Koplir  (New  York),  Low- 
MANN  (Cleveland),  Mac  Clandhan  (Omaha),  Mitghell  (Baltimore), 
Morse  (Boston),  Northrup  (New  York),  Rotch  (Boston),  John  Roh- 
RAH  (Baltimore),  L.  Starr  (Philadelphie),  Wentworth  (Boston'. 
Martha  Wollstein  (New  York). 

Préservation  de  Fenfance  contre  la  tobercnlose.  —  Peu  de  temps 
avant  de  mourir,  le  D'  Grancher  avait  rédigé,  pour  son  Œuvre,  l'appei 


NOUVELLES  767 

suivant,  qui  résume  éloquemment  le  but  et  la  portée  de  ses  efforts.  Nous 
reproduisons  intégralement  cette  notice,  qui  est  comme  le  testament 
philanthropique  de  notre  regretté  maître: 

Quand  la  tuberculose  sévit  dans  un  étroit  logis  et  frappe  le  père  ou 
la  mère,  la  contagion  des  enfants  est  presque  fatale,  et  j'ai  pensé  que  le 
meilleur  moyen  de  lutter  contre  la  tuberculose  était  de  lui  enlever  sa 
proie.  Dans  cette  famille  tuberculeuse,  l'Œuvré  de  Préservation  prend  les 
enfants  encore  sains,  de  trois  à  dix  ans,  et  les  place  à  la  campagne,  dans 
des  familles  de  paysans  également  saines,  où  nos  pupilles  passeront  toute 
leur  vie  scolaire  jusqu'à  treize  ans  ;  plus  même,  car  nous  sommes  cer- 
tains que  beaucoup  resteront  aux  champs  et  feront  souche  de  paysans 
ou  de  paysannes. 

Les  pupilles  sont  confiés  à  d'excellents  médecins  de  campagne,  qui 
choisissent  les  maisons  de  paysans  et  soignent  nos  enfants  gratuitement. 

Instituteurs  et  institutrices  rivalisent  de  zèle  en  faveur  de  nos  pupilles. 

Chaque  enfant  coûte  à  l'Œuvre,  tous  frais  compris,  de  1  franc  à  1  fr.  20 
par  jour,  selon  le  placement. 

Cette  sélection  de  la  graine  encore  saine  de  la  race  humaine  réalise  la 
formule  de  Pasteur  appliquée  à  la  sériciculture.  Formule  idéalement 
simple  et  scientifique  1  Elle  est,  pour  l'enfant,  la  meilleure  que  l'on  puisse 
opposer  à  l'envahissement  du  fléau  tuberculeux,  car  : 

Médicalement,  elle  donne  une  solution  complète  et  radicale.  Elle  supprime, 
en  effet,  toutes  les  causes  de  la  tuberculose,  causes  lointaines  :  le  taudis 
et  la  misère  des  grandes  villes  qui  préparent  le  terrain  ;  cause  immédiate  : 
la  contagion  familiale. 

Socialement,  l'enfant  enlevé  à  la  promiscuité  d'un  logis  infecté  de 
tuberculose,  et  placé  pour  une  longue  période  de  sa  vie  dans  une  bonne 
maison,  en  plein  air,  avec  une  nourriture  abondante,  devient  un  être 
nouveau,  physiquement  et  moralement.  Il  arrive,  plein  de  vigueur,  au 
seuil  de  l'adolescence  et  peut  alors  choisir  entre  la  vie  des  champs  ou  le 
retour  à  la  grande  ville.  D'après  l'expérience  acquise  depuis  quatre  ans, 
la  campagne  sera  le  plus  souvent  préférée. 

Enfin  la  préservation  de  ces  enfants,  condamnés  presque  tous  à  devenir 
tuberculeux,  supprimera,  pour  l'avenir,  autant  de  foyers  de  contagion 
et  diminuera  progressivement  le  champ  de  la  tuberculose. 

Tous  ces  bienfaits  n'ont  pas  échappé  à  ceux  qui  connaissent  l'Œuvre 
de  Préservation,  et  des  amitiés  puissantes  parmi  les  hommes  politiques, 
les  philanthropes  et  les  médecins,  l'ont  aidée  à  se  mettre  au  premier 
rang  dans  la  lutte  antituberculeuse. 

Fondée  le  7  novembre  1903,  l'Œuvre  parisienne  compte  déjà  neuf  filiales 
dans  les  villes  de  Lyon,  Marseille,  Bordeaux,  Toulouse,  Tours,  Lille, 
Montpellier,  Rennes,  Le  Havre,  et  près  de  500  pupilles,  tant  en  province 
qu'à  Paris.  Mais  le  nombre  des  demandes  d'entrée  dans  l'Œuvre  de 
Préservation  est  si  grand  et  nos  ressources  sont  si  insuffisantes  que 
nous  tendons  la  main  à  tous  pour  le  sauvetage  de  cette  graine  de 
Français. 

Clinique  chirurgicale  infantile.  —  Le  cours  de  clinique  chirur- 
gicale infantile,  professé  par  M.  Kirmisson,  à  l'hôpital  des  Enfants- 
Malades,  a  commencé  le  mardi  5  novembre  1907,  à  dix  heures  du  matin, 
pour  continuer  les  samedis  et  mardis  suivants  à  la  même  heure. 

Un  cours  de  clinique  annexe  sur  la  chirurgie  infantile  et  orthopédique 
est  fait  par  MM.  les  D"**  Auffrbt  et  Gasne,  chefs  de  clinique,  tous  les  jours 
à  cinq  heures  depuis  le  18  novembre.  Ce  cours  comprend  20  leçons.  Droits 
à  verser  50  francs. 


70S  NOUVELLES 

Clinique  médicale  infantile.  —  Cours  pratique  de  médecine  infantile  {an 
48  novembre  1906  au  29  février  1908).  Sous  la  direction  de  M.  le  profes- 
seur HuTiNEL  et  de  M.  Nobécourt,  agrégé. 

Le  cours  comprendra  104  leçons  faites  tous  les  jours,  à  5  heures,  et, 
en  outre,  les  mercredis  et  vendredis,  à  6  heures,  par  : 

M.  Nobécourt  :  Maladies  de  l'appareil  digestif.  Thérapeutique  et 
hygiène  infantile.  —  M.  Jeanselme  :  Maladies  de  la  peau.  —  M.  Lerebocl- 
LET  :  Tuberculose;  syphilis  ;  rhumatismes.  —  MM. L.  Martin  et  Darré: 
Maladies  infectieuses.  —  M.  Pr.  Merklen  :  Maladies  du  foie  et  de 
Tappareil  urinaire.  —  M.  G.  Leven  :  Maladies  de  l'appareil  circula- 
toire. —  MM.  L.  Babonneix  et  Voisin  :  Maladies  du  système  nerveux. — 
M.  L.  TixiER  :  Maladies  du  sang;  maladies  de  la  nutrition.  —  MM.  Pais- 
seau  et  Rivet  :  Maladies  de  l'appareil  respiratoire. 

Un  programme  détaillé  est  déposé  au  secrétariat  de  la  Faculté  et  à  la 
Clinique.  Seront  admis  au  cours  : 

l"*  Les  étudiants  inscrits  comme  stagiaires  à  la  Clinique  et  les  externes 
du  service  ;  2°  Les  docteurs  et  étudiants,  français  et  étrangers,  sur  la 
présentation  d'une  carte  d'immatriculation  délivrée  au  secrétariat  de  la 
Faculté  (guichet  n°  3),  moyennant  un  droit  de  100  francs. 

Un  certificat  d'assiduité  sera  délivré,  sur  leur  demande,  aux  auditeurs 
qui  auront  suivi  régulièrement  le  cours.  Un  second  coups  semblable  com- 
mencera au  mois  de  mars  1908.  Pendant  la  durée  du  cours,  tous  les 
mBtins,  visite  dans  les  salles  à  9  heures,  et  ensuite  : 

Le  lundi,  à  10  heures  :  Consultation  générale,  opérations  d*oto-rhino- 
laryngologie  (M.  Cuvillier).  —  Le  mardi,  à  10  heures  :  Cours  de  M.  le 
professeur  Hutinel.  —  Le  mercredi,  à  10  h.  1/2  :  Consultation  de  nour- 
rissons (M.  Guillemot).  —  Le  jeudi,  à  neuf  heures  :  Consultation  d'oto- 
rhino -laryngologie  (M.  Cuvillier).  —  Le  vendredi,  à  10  h.  1/2  :  Consulta- 
tion des  maladies  de  la  peau  (M.  Halle).  —  Le  samedi,  à  10  heures: 
Cours  de  M.  le  professeur  Hutinel. 

Outre  l'enseignement  officiel  de  la  Faculté,  les  médecins  de  l'hôpital 
des  Enfants-Malades  enseignent  la  clinique  tous  les  jours  dans  leurs 
salles  et  à  la  consultation  externe  :  M.  Moizard,  mercredi  et  samedi,  à 
9  h.  1  /2  :  examen  des  malades  et  conférences  cliniques.  —  M.  Comb  y,  mardi 
à  9  heures,  à  la  consultation  externe  ;  mercredi  à  9  heures,  salle  de  Cban- 
mont  ;  jeudi  à  9  heures,  examen  des  malades,  conférences  de  clinique  et  de 
thérapeutique  infantiles.  —  M.  Varïot,  lundi  à  10  1/2,  jeudi  à  10  heures.  — 
M.  RicHARDiÈRE,  mercredi  et  jeudi  à  10  heures.  —  M.  Marpan,  enseigne* 
ment  de  la  diphtérie,  à  9  heures,  tous  les  matins.  — 'M.  Broc  a,  conférences 
de  chirurgie  infantile,  les  mercredis  à  10  h.  1/2.  — M.  Terrien,  ophtal- 
mologie les  mardis,  jeudis  et  samedis  à  9  h.  1/2. 

£çole  médicale  des  Philippines.  —  Les  Américains  viennent  de  fonder, 
à  Manille,  une  école  de  médecine  (The  Philippine  Médical  School),  avec 
le  D""  José  Albert  comme  professeur  de  pédiatrie. 


U  Gérant,  P.  BOUCHEZ. 


TABLE    DES   MATIÈRES 


MÉMOIRES  ORIGINAUX 

I.  Nouveaux  cas  de  mongolisme  infantile,  par  le  D'  J.  Combt 1 

II.  Les  PIBRO-SARCOMES  DU  cou  extrapharyngiens,  parle  D>*  V.  Veau..  21 

III.  Du  paludisme  congénital,  par  MM.  Pezopoulos  et  Cardamatis S9 

IV.  La  ration  alimentaire  de  l'enfant  depuis  sa  naissance  jusqu'à  l'âge 

DE  DEUX  ANS,  par  le  D""  Henri  Klose 63 

V.    LyMPHADÉNIE    tuberculeuse    chez    l'enfant    (un    cas  DE    TUBERCULOSE 

adéno-splénique),  par  MM.  E.  Weill  et  Gh.  Lesieur 129 

VI.  La  ration  aliment.ure  de  l'enfant  depuis  sa  naissance  jusqu'à  l'âge 

DE  DEUX  ANS,  par  le  D'  Henri  Klose 137 

VII.  Entérites  et  appendicite  chez  les  enfants,  parle  D^"  J.  Comby 193 

VIII.  La  ration  alimentaire  de  l'enfant  depuis  sa  naissance  jusqu'à  l'âge 

de  deux  ans  {fin),  par  le  D»"  Henri  Klose 202 

IX.  La  congestion  de  la  glande   thyroïde  chez  le  nouveau-né,   par 

MM.  J.  Fabre  et  L.  Thévenot 257 

X.  Pharyngo-laryngites  ulcéreitses  dans  la  syphilis  tertiaire  et  dans  la 

tuberculose,  par  MM.  Rabourdin  et  Brissy 275 

XI.  Recherches   sur  le    pouvoir  plastéinogène  du  suc  gastrique   des 

nourrissons  s.vins  et  atrophiques,  par  le  D»"  G.-B.  âllaria 321 

XII.  L'institution  nationale  des  sourds-muets  de  Paris,  par  G.  Tilloy...     336 

XIII.  De  la  radioscopie  dans  la  pneumonie  de  l'enfant,  par  MM.  E.  Weill 

et  Lucien  Thévenot 385 

XIV.  Les  appareils  de  marche  dans  le  traitement  des  tumeurs  blanches 

DU  membrb  inférieur,  par  le  D**  H.  Mayet 393 

XV.  Quatre  observations  de  GorrRE  parenchymateux  chez  le  nouveau-né 

(adénome  fgbtal  diffus),  par  MM.  J.  Fabre  et  L.  Thévenot 403 

XVI.  Sur  la  valeur  de  l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  au  sein,  par 

le  D*"  L.  MoRQUio 449 

XVII.  NocTAMBULisME  ET  AUTOMATISME  CHEZ  l'enpant,  par  le  D^*  H.  Dauchez.  469 
XVIII.  Pleurésie  séro-fibrineuse  chez  les  enfants  et  «  signe  du  sou  »,  par 

le  D»"  J.  Brudzinski. , 513 

XIX.  Sur  le  traitement  des  diarrhées  du  premier  âge  par  ie^  solutions 

DE  GÉLATINE,  par  le  D*"  M.  Péhu 519 

XX.  Sur  la  valeur  de  l'examen  du  lait  dans  l'allaitement  au  sein,  par 

le  Df  L.  MoRQUio  {fin) 525 

XXI.  L'encéphalite  aiguë  chez  les  enfants,  par  le  D»"  J.  Gomby 577 

XXU.  Contribution  a  l'étude  de  la  trépanation  de  la  mastoIde  chez  le 

nourrisson,  par  le  D»"  G.  Fournier 612 

XXIII.  Anémie  pseudo-leucémique  infantile  chez  deux  jumeaux  rachitiques, 

par  MM.  Ad.  d'Kspine  et  Jeanneret 641 

XXIV.  Le  rhumatisme  viscéral  chez  les  enfants,  par  MM.  E.  Weill  et 

L.  Thévenot 651 

Arch.  de  médec.  des  enfants,  1907.  X.  —  49 


770  TABLE  DES   MATIÈRES 

XXy.  Troubles  du  rythme  respiratoire  d'origine  nerveuse  au  cours  de  la 

FIÈVRE  typhoIde  CHEZ  l'bnpant,  poT  MM.  NoBÉcouRT  et  L.  TniBR.  661 

XXVI.  Myxoedèmb  thyroïdien,,  par  le  D'  A.  Arraga 6(^ 

XXVII.  La  cystite  chez  les  nourrissons,  par  le  D'  Guiseppe  Caccia 705 

XXVIII.  Hôpital  des  enfants  malades  Anne-Marie  a  Lodi  (Pologne),  par  le 

D>*  J.  Brudzinsei 722 


RECUEIL  DE  FAITS 

I.     NVAGINATION    INTESTINALE      CHEZ     UN    ENFANT    DE^    SEPT     MOIS    GUÉRIE    AU 

MOMENT  qu'on  ALLAIT  l'opérer,  par  le  D'  Élie  Decherf 37 

II.  Purpura  foudroyant  chez  une  enfant  de  six  mois,  par  le  D'  Ph.  Bocr- 

DILLON 100 

m.  Tolérance  étonnante  du  larynx  d'un  enfant  pour  un  corps  étranger, 

par  le  D^  Bruch  (de  Tunis) St$ 

IV.    OSTÉOMYÉUTE  DU  TIBIA,  OPÉRATION  PRÉCOCE,  GUÉRISON,   pRP  le   D**  BrUCE..     217 

V.  Phlegmon  gangreneux  du  cor  chez  un  nourrisson,  lavages  a  l'eau  salée, 

CICATRISATION  TRÈS  SATISFAISANTE,  par  le  D'  BrUCH ti9 

VI.  Syndrome  labio-glosso-pharvngé  chez  un  garçon  de  sept  ans  (pouo- 

encéphalite),  par  le  D'  E.  Zbmbouus  (de  Gonstantinople) iâ<^ 

VII.  Quatre  cas  de  perforation  di*  voile  du  palais  dans  la  scarlatine,  par 

M"*«  Mathilde  de  Biehler Si 

VIII.  Un  cas  1  «'allongement  considérable    de  tout  le  fémur  CONSÉCUTlVEMBirT 

A  UNE  TUMEUR  DU  GENOU,  par  MM.  les  D*"  Matbt  et  Bourganel 28& 

IX.  Un  CAS  DE  CONTAGION  MÉDIATE  DE  LA  ROUGEOLE,  par  le  D' Mauiice  Roch.    293 
X.  Nouveau  cas  d'achondroplasib^  par  le  D'  J.  Combt 349 

XI.   MyXOEDÉME  CONGÉNITAL,  PABALVSIE  DU  PLEXUS  BRACHIAL  D'oRIGINE  CONGÉNI- 
TALE, par  le  0^  Gazal 412 

XII.  Rumination  chez  une  fille  de  trois  ans,  par  le  D**  J.  Combt 420 

Xlfl.  Observations  de  méningites  bactériennes,  par  le  D*^  J.  Combt 475 

XIV.  Sérothérapie  par  le  sérum  de  Vaillard  dans  un  cas  de  diarrhée  chro- 
nique dysentérique  datant  de  vingt-neuf  mois,  par  le  D'  H.  Hausmaltbr.    738 

# 

REVUES  GÉNÉRALES 

Par  le  Dr  J.  Comby. 

I.  Nystagmus-myoclonie 3^ 

II.  La  cure  d'air  a  l'hôpital 165 

III.  Le  baiser  chez  les  enfants.,.. ^ 173 

IV.  Inspection  des  écoles  a  New  York 226 

V.  Anémie  simple  des  jeunes  enfants 295 

VI.  Épidehmolyse  bulleuse  congénitale 353 

VIÏ.  MéRYcisME  ou  rumination 423 

VIII.  Sérothérapie  de  la  méningite  cérébro-spinale 486 

IX.  Variations  leucocytaires  en  cunique  infantile 551 

X.   OCULO-RÉACTION  A  LA  TUBERCULINE 626 

XI.   NÉVRITE  INTERSTITIELLE  HYPERTROPHIQUE  ET  PROGRESSIVE  DE  l'eNFANCB...      674 

XII.  La  pegnine  chez  les  enfants 743 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Abcès  cérébral,  184. 

Abcès  multiples  du  foie»  366. 

Absence  congénitale  des  muscles  pec- 
tomiu»  126. 

Accident^  causés  par  le  panier  de  Grœfe 
253. 

Accidents  de  la  première  dentition,  442 

Accidents  du  s^nim   après   injections 
répétées,  438. 

Accidents  généraux  de  l'eczéma  chez  le 
nourrisson,  122. 

Accidents  séro-toxiques,  443. 

Accouchement  (fractures  du  nouveau- 
né),  250. 

Acétonurie  (vomissement  h  rechute),  51, 

Acholie  pigmentai re  chez  l'enfant,  507. 

Achondroplasie,  253. 

Acbondroplasie  (nouveau  cas)  {Recueil 
de  faits  par  le  D'J.  Comby),  349. 

Achondroplasie  (pathogénie),  377. 

Acide  phénique  (empoisonnement  par  la 
voie  rectale).  756. 

Acrocéphalosyndactylie,  242. 

Action  anti-émétique  du  citrate  de  soude, 
315. 

Addison  (maladie  d'},  368. 

Addison  (symptômes  au  cours  d'enté- 
rites), 254. 

Adéno-carcinome  primitif  du  foie  chez 
un  nourrisson  de  quatre  mois,  680. 

Adénoïdes  chez  les  nourrissons,  248. 

Adénoldiens  (rééducation  respiratoire), 
507. 

Adénomes  diverticulairos  de  l'ombilic, 
316. 

Adénopathie     bronchique    (diagnostic 
précoce),  434. 

Adénopathie  trachéo-bronchique  (signes 
physiques),  442. 

Adénopathie  trachéo-bronchique,  dia- 
gnostic par  le  comage,  763. 

Adénopathies    bronchiques    (radiosco- 
pie), 383. 


Adénopathies  scarlatineuses  tardives^ 
309. 

Adénopathies  trachéo-bronchiques  tu- 
berculeuses (origine  intestinale),  43. 

Adhérences  du  péricarde  et  asclte,  237.. 

Agglutintnes  transmises  par  le  lait  au 
cours  d'une  typhoïde,  241. 

Albuminurie  au  cours  de  Timpetigo  et 
de  l'eczéma.  684. 

Alcool  et  enfant,  749. 

Alcoolisme  aigu  chez  les  enfants,  495. 

Alimentation  dans  la  scarlatine,  697. 

Alimentation  dans  les  maladies  des  en- 
fants, 373. 

Alimentation  de  l'enfant  depuis  la  nais- 
sance jusqu'à  l'âge  de  deux  ans  {Mé- 
moire  du  D'  Henri  Klose),  65, 137. 202. 

Alimentation  du  nourrisson^par  le  lait  de- 
vache  cru,  567. 

Alimentation  infantile  par  le  lait  acidifié, 
361. 

Alimentation  (reprise  dans  les  gastro- 
enlérites),  762. 

Aliments  usuels,  125. 

Allaitement  au  sein  (direction  médicale), 
380. 

Allaitement  au  sein  (examen  du  lait)  (Mé^ 
moire  du  D'  L.Morquio),  449-525. 

Allaitement  au  sein  (nécessité  d'une  di- 
rection), 635. 

Allaitement  chez  les  femmes  atteintes 
de  complications  infectieuses  mam- 
maires, 507. 

Allaitement  et  cardiopathies,  697. 

Allaitement  et  fièvre  typhoïde,  498. 

Allaitement  maternel  et  consultations 
de  nourrissons,  57. 

Allongement  considérable  de  tout  le 
fémur  consécutivement  k  une  tumeur 
blanche  du  genou  {Recueil  de  faits  par 
MM.  Mayet  et  Bourganel),  289. 

Amputations  congénitales.  253. 

Amygdale  (sarcome),  699. 

Amygdalotomie  et  leucémie  aigué,  758. 

Amyoplasie  congénitale,  695. 


772 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Anatomie  pathologique  de  la  maladie 
de  Barlow,  119. 

Anchilostomo-anérnie  chez  les  enfants, 
C80. 

Anémie  h  type  chlorotique  de  la  pre- 
mière enfance,  314. 

Anémie  congénitale  avec  ictère,  112. 

Anémie  et  vomissement  cyclique,  028. 

Anémie  infantile  pseudo-leucémique 
avec  spléno  et  hépatomégalie,  753. 

Anémie  par  anchilostome,  680. 

Anémie  pseudo-leucémique  infantile 
chez  deux  jumeaux  rachitiques  {Mé- 
moire de  MM,  d'Espine  et  Jeanneret), 
641. 

Anémie  syphilitique  (spirocbètes  dans 
le  sang).  369. 

Anémie  grave  d'origine  otiquc,  766. 

Anémie  pseudo-leucémique  traitée  par 
la  moelle  osseuse,  766. 

Anémie  simple  des  jeunes  enfants  (Re- 
vue générale  par  le  D'  J.  Comby), 
294. 

Anémies  dans  l'enfance,  752. 

Anémies  infantiles,  313. 

Anesthésie  générale  (mort  thymique), 
371. 

Anévrysmes  de  l'aorte  d'origine  rhuma- 
tismale, 60. 

Angine  de  Ludwig,  56. 

Angio-sarcome  de  la  rétine  opéré  et 
guéri,  374. 

Anormaux  psychiques  des  écoles,  561. 

Anse  siginoïde  (volvulus),  44. 

Aorte  (anévrysmes  rhumatismaux],  60. 

Aortite  rhumatismale,  253. 

Aphtes  (syndrome  prémonitoire),  55. 

Aplasie  moniliforme  des  cheveux,  242. 

Apoplexie  thymique.  436. 

Appareils  de  marche  dans  le  traitement 
des  tumeurs  blanches  du  membre 
inférieur  {Mémoires  de  M.  H.  Maxjet), 
393. 

Appendicite  causée  par  une  ascaride 
lombricoïde,  115. 

Appendicite  chez  le  nourrisson,  180. 

Appendicite  cholériforme  et  diarrhée 
dans  l'appendicite,  505. 

Appendicite  (diarrhée),  505. 

Appendicite  et  entérite  chez  les  enfants 
{Mémoire  par  le  D'  J.  Comby),  193. 

Appendicite  et  entéro-colites  chez  l'en- 
fant, 246. 

Appendicite  et  scarlatine,  766. 

Appendicite  (formes  graves,  505). 

Appendicites  de  l'enfance  (leucocytose), 

Appendicites  (réactions  nerveuses),  506. 
Appendicites  consécutives  aux  entérites 

de  l'enfance,  234. 
Ai)pendicites  et  entérites,  762. 


Arsenic  contre  la  coqueluche,  114. 

Arsenic  (pigmentation  généralisée  et 
kératose  palmaire),  496. 

Ascaride  lombricoïde  comme  cause  d'ap- 
pendicite, 115. 

Ascarides  et  méningisme,  252. 

Ascite  et  adhérences  du  péricarde,  237. 

Asile  pour  enfants  convalescents,  384. 

Assimiliation  du  fer  chez  les  nourriâ- 
sons,  306. 

Association  médicale  britannique,  510. 

Astasie-abasie  traumatique  chez  ane 
fîUe  vésanique.  311. 

Asthme  familial  (3  cas),  561. 

Astragaleclomie  pour  pied  bot,  369. 

Ataxie  de  Friedreich  (5  cas  dans  deux 
familles),  497. 

Athétose  (hémiplégie  infantile),  434. 

Atonie  musculaire  congénitale,  700,766. 

Atrésies  multiples  congénitales  de  l'in- 
testin grêle  avec  anomalie  du  gros 
intestin.  244. 

Automatisme  et  noctambulisme  chez 
l'enfant  {Mémoire  du  U^  H.  Dauckei), 
469. 


Babeurre  alcalinisé.  246. 

Babeurre    concentré    dans  l'alimenla- 
tion  de  la  première  enfance.  570. 

Babeurre  contre  les  toxidermites.  380. 

Babeurre  (fièvre).  437. 

Bacille  de  Koch  recherché  dans  le  sang 
par  le  procédé  de  la  sangsue,  238. 

Bacille  de  Pfoiffer  (méningite  cérébro- 
spinale), 439. 

Bacille  de  Vincent  et  spirille  dans  lotilc 
suppurée.  111. 

Bacille   tuberculeux    (types    et   portes 
d'entrée),  638. 

Baiser  chez  les  enfants  {Revue  généraU\t 
175. 

Barlow  (maladie  de).  45,  363, 633. 

Barlow  (pathogénie  des  lésions  osseuses 
de  la  maladie  de).  557. 

Beurre  du  lait  de  femme  (influence  sur 
le  nourrisson).  508. 

Botryomycose  chez  l'enfant.  54. 

Bouillon  lactique  contre  les  gastro-eoté- 
rites  des  nourrissons,  636. 

Bromoforme  (empoisonnement),  757. 

Bronche  gauche  (corps  étranger),  181. 

Bronches  (dilatation),  685. 

Bronches  (diphtérie),  688. 

Bronchopneumonie  tuberculeuse  (dia- 
gnostic), 188. 

Bronchoscopie  (extraction  d'un  noyau 
de  datte).  749. 

Bronchoscopie     pour    l'extraction  d«' 
corps  étranger  des  bronches,  117. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


773 


Bronchoscopie    pour    extraction    d'un 

coq)s  étranger,  431. 
Budin  (sa  mort),  192. 


Cacodylate  de  soude  contre  le  Jympha- 

dénoine  du  cou.  301 . 
Calcul  vésical  ayant  causé  un  prolapsus 
rectal,  303. 

Cancer  primitif  du  foie,  680. 

Cantine  maternelle  du  XX«  arrondisse- 
ment, 255. 

Capsule    surrénale    (gliome    primitif}, 
353. 

Cardiopathie  et  allaitement,  697. 

Ca^rrière  nommé    membre  correspon- 
dant de  la  Société  de  pédiatrie,  127. 

Cas  intérieurs  de  fièvre  typhoïde,  62. 

Cavernes  tuberculeuses  chez  le  nour- 
risson, 698. 

Cerveau  (abcès  du),  184. 

Cerveau    (contusion    avec   hémorragie 
méningée),  375. 

Cerveau  (hernie  avec  hémipai'ésie  droite 
et  aphasie  motrice),  368. 

Cervelet  (tubercule  diffus),  382. 

Cervelet  (tumeurs),  759. 

Cervelet  (tumeurs  dans  l'enfance),  692. 

Champignon  du  muguet   (formes   mi- 
crobiennes), 442. 

Chancre  induré  géant.  253. 

Chaux  étemte  (cas  de  mort  par  empoi- 
sonnement), 757. 

Cheveu  coupant  l'urètre  et  une  partie 
des  corps  caverneux,  681. 

Chloroma  (1  cas),  370. 

Cholédoque  (sténose  chez  un  nouveau- 
né),  751. 

Chorée  chronique  de  l'enfance  (2  cas). 
626. 

Chorée  de  Sydenham  (formes  graves), 
315. 

Chorée  (mort),  692. 

Chorée  (pathologie),  239. 

Chorées  mortelles,  .•>65. 

Choroïdite  suppurée  (méningite),  501. 

Ghylangiome    du    mésentère  à  quatre 
semaines,  437. 

Cirrhose  cardio-tuberculeuse  d'Hutinel, 
383. 

Cirrhose  du   foie,  suite  de  scarlatine, 
631. 

Cirrhose  hypertrophique  du  foie  chez  un 
nourrisson,  757. 

Citrate  de  soude  (action  anti-émétiquo 
et  eupeptique),  315. 

Clavicule  (ostéomyélite),  428. 

Glinicat  chirurgical  infantile.  511. 

Clinicat  médical  infantile.  702. 

Clinique  chirurgicale  infantile,  128,767. 


Clinique  des  maladies  des  enfants,  320, 
448. 

Clinique  infantile  (obser\*ations),  765. 

Clinique  médicale  de  THôtel-Dieu  de 
Paris.  317. 

Clinique  médicale  infantile,  768. 

Cœur(rhabdomyome  multiple),  50. 

Cœur  (svmphyse  et  maladies  graves), 
760. 

Côlon  (dilatation  idiopathique),  435. 

Colonies  de  vacances,  190. 

Colonies  de  vacances  &  Buenos  Aires, 
192. 

Composition  des  laits  de  femme,  556. 

Concours  d'agrégation  en  médecine, 
255. 

Conduit  auditif  externe  (diphtérie  pri- 
mitive), 308. 

Congestion  de  la  glande  thyroïde  chez 
le  nouveau-né  {Mémoire  de  MM.  Fabre 
et  Thévenot),  257. 

Congrès  de  climatothérapie  et  d'hy- 
giène urbaine,  640. 

Congrès  de  pédiatrie,  128. 

Congrès  des  Gouttes  de  lait,  127,  320. 

Congrès  des  pédiatres  allemands,  256. 

Congrès  des  sociétés  savantes,  576. 

Congrès  français  de  médecine,  511. 

Congrès  français  de  pédiatrie,  255. 

Congrès  international  de  la  tuberculose. 
766. 

Congrès  international  d'hygiène,  127, 
575. 

Congrès  international  d'hygiène  sco- 
laire, 383. 

Congrès  italien  de  pédiatrie.  255,  574, 
703. 

Congrès  italien  d'orthopédie,  574. 

Conjonctivites  pseudo-membraneuses  à 
pneumocoques.  235. 

Constipation  par  coudure  intestinale 
(maladie  de  Hirschsprung),  558. 

Constriction  congénitale  de  la  m&choire, 
51. 

Consultation  de  nourrissons  à  l'hôpital 
Lariboisière,  123. 

Consultation  de  nourrissons  de  l'hôpital 
du  Bouscat,  684. 

Consultation  de  nourrissons  de  Mont- 
pelUer.  123. 

Consultation  ÔPi  nourrissons  à  la  poli- 
clinique de  Liège,  571. 

Consultation  de  nourrissons  et  allaite- 
ment maternel,  57. 

Contagion  hospitalière  de  la  fièvre  ty- 
phoïde. 240. 

C(mtagion  médiate  de  la  rougeole  (Re- 
cueil de  faits  par  le  />»'  M.  Aoc/i), 
292. 

Contractures  congénitales.  569. 

Contusion   cérébrale   avec   hémorragie 


774 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


méningée  et  syndrome  méningitique, 

375. 
Coqueluche  (étiologie),  252. 
Coqueluche   traitée  par  l'arsenic,  114. 
Coqueluche  traitée  par  le  Sic,  48. 
Coqueluche  (traitement  par  une  ceinture 

abdominale),  495. 
Comage  dans  l'adénopathie  bronchique, 

763. 
•Corps  étranger  bien  toléré  par  le  larynx 

(Recueil  de  faits  par  le  D'  Bruch),  216. 
<€orps  étranger  de  la  bronche  droite, 

bronchoscopie,  431. 
'Corps  étranger  de  la  bronche  gauche, 

181. 
Corps  étrangers  de  Tœsophage,  247. 
Corps  étrangers  de  l'oesophage  et  œso- 

phagoscopie,  500. 
Ck>rps  étrangers  de  l'œsophage  (9  cas), 

565. 
«Corps  thyroïde  (congestion  chez  le  nou- 
veau-né) {Mémoire  de  MM,  Fabre  et 

Thévenot),  257. 
-Coryza  des  nourrissons  (intubation  du 

nez),  305. 
Cou  (fibro-sarcomes  eztrapharyngienS) 

(Mémoire  du  D*  F.  Veau),  21. 
Cou  (phlegmon  gangreneux)  (Recueil  de 

faits  par  le  D'  Bruch),  218. 
Cours  de  vacances,  446, 575. 
•  Coxalgie  et  radiographie,  380. 
Coxalgie  (étude  sur  la),  764. 
'  Cr&ne  (fractures),  379. 
Crâne  (tuberculose  des  os  plats),  559. 

■  Craniotabés,  570. 

•Croches  (leur  passé,  leur  présent,  leur 

avenir),  189. 
'  Cri  syphilitique,  683. 
Crises  choréiformes  calmées  parle  café 

et  la  caféine,' 62. 
'Croup  pseudo-membraneux  non  diphté- 
rique, 766. 
Croup  tube  (phlegmon   juxtalaryngo- 

trachéal),  569. 
Cryoscopie  du   lait  (étude  critique  et 

expérimentale),  316. 
•Cultures  du  sang  chez  les  enfants,  629. 
'  Cure  d'air  k  l'hôpital  (Revue  générale), 

105. 
■Cuti-réaction    à   la    tuberculine,    626, 

696. 
Cyanose  congénitale  paroxystique,  253. 

■  Cystite  aiguô  infantile  traitée  par  l'hel- 

mitol,747. 
Cystite  chez  les  nourrissons  (Mémoire  du 
D'  Giuseppe  Caccia),  705. 


Dentition  (accidents  de   la  première), 
442. 


Dentition  hérédo-«yphiIilique,  639. 

Dermatite  végétante,  115. 

Dermato-myosite  infectieuse,  254. 

Dé  tubage  des  tubes  de  Proin  par  propul- 
sion, 3i9. 

Détubage  (nouveau  procédé),  253. 

Développement  des  nourrissons  édamp- 
tiqucs,  504. 

Déviations  de  l'omoplate,  252. 

Diagnostic  de  la  bronchopnaumonie 
tuberculeuse,  188. 

Diagnostic  de  la  syphilis  héréditaire 
tardive,  362. 

Diagnostic  de  la  tuberculose  chez 
l'homme  par  Tophtalmo-réaction  à  la 
tuberculine,  625. 

Diagnostic  par  le  rhinologiste  d'une 
forme  de  maladie  de  Werlhoff,  556. 

Diagnostic  précoce  de  la  tuberculose 
des  ganglions  bronchiques.  434. 

Diagnostic  précoce  des  maladies  infec- 
tieuses par  les  ganglions,  238. 

Diarrhée  chronique  dysentérique,  traitée 
par  le  sérum  de  Yaillard  (Recueil  de 
faits  par  le  D*  Baushalter),  738. 

Diarrhée  des  enfants  au  sein  avec  flore 
fécale  normale,  382. 

Diarrhées  de  la  première  enfance  (sôrunn* 
thérapie  antidysentérique).  62. 

Diarrhées  du  premier  âge  traitées  par  la 
gélatine  (Mémoire  du  D^  Péhu),  519. 

Diarrhées  infantiles  traitées  par  la  géla- 
tine, 446. 

Diète  dans  les  maladies  des  enfaats, 
373. 

Dilatation  anormale  du  gros  intestin. 
503. 

Dilatation  bronchique  à  revêtement  de 
type  syncitial,  685. 

Dilatation  idiopathique  du  rôlon«  4^. 

Diphtérie  ambulatoire  des  fosses  na- 
sales et  du  cavum,  58. 

Diphtérie  bronchique,  688. 

Diphtérie  compliquée  de  pneumonie 
lobaire,  236. 

Diphtérie  de  la  gorge  (rhinorrhée),  563. 

Diphtérie  (embolies  par  faiblesse  car^ 
diaque),  366. 

Diphtérie  (épidémie  familiale),  629« 

Diphtérie  laryngée  (tubage),  688. 

Diphtérie  (mortalité  dans  le  canton  de 
Vaud),  628. 

Diphtérie  (mort  rapide),  372. 

Diphtérie  (paralysie  d'origine  centrale 
guérie  par  le  sérum),  446. 

Diphtérie  (paralysies  d'origine  centrale), 
687. 

Diphtérie  primitive  du  conduit  auditif 
externe,  308. 

Diphtérie  réapparaissant  sous  l'influence 
de  la  rougeole,  689. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


775 


Diphtérie  {sérothérapie  préventive),  378. 

Diphtérie  (sténoses  du  larynx  chez  les 
nourrissons),  558. 

Diphtérie  suivie  d'hémiplégie,  49. 

Dwp^tUHum  caninum,  679. 

Direction  dans  l'allaitement  au  sein, 
635. 

Direction  médicale  dans  Tallaitement 
au  sein,  380. 

Dispensaire  infantile  de  Vicence,  448. 

Dispensaire  pour  enfants  malades,  511. 

Dispensaires  de  la  caisse  des  Écoles 
du  VII«.  58,  572. 

Dysenterie  bacillaire,  traitement  par  le 
sérum,  750. 

Dysenterie  chronique  traitée  par  le  sé- 
rum de  Vaillard  (Hecueil  de  fait» 
par  le  D'  Haushalter),  738. 

Dysenterie,  évolution  lente,  injection 
de  sérum  antidysentérique  de  M.  Âu- 
ché,  guértson,  235. 

Dysenterie  (sérum  dans  les  diarrliées 
infantile^),  62 . 

Dysostose  cléido-cranienne,  555. 

Dystrophie  nmsculaire  progressive  fa- 
miliale, 759. 

DuBRisAY  (sa  mort),  448. 


Eau  de  mer  (injections  dans  Thémo- 

'    philiedes  nouveau-nés),  56. 

Kchinococcie  expérimentale,  566. 

Kclampsie  et  avenir  des  nourrissons,  504. 

École  de  médecine  à,  Manille,  768. 

École  pour  enfants  arriérés,  64. 

Écoles  (hygiène  dans  l'Amérique 
latine),  560. 

Kctocardie  (tissure  du  sternum],  633. 

Ectopie  testiculaire  (traitement),  308. 

Eczéma  du  nourrisson  (accidents  géné- 
raux), 122. 

Embolies  dans  la  faiblesse  cardiaque 
postdiphtérique,  366. 

Emphysème  du  cou  par  le  panier  de 
Grœfe,  253. 

Emphysème  généralisé  par  tuberculose 
miliaire  chez  un  syphilitique,  52. 

Empoisonnement  par  la  chaux  éteinte, 


757. 


Empoisonnement  par  la  quinine,  47. 
Empoisonnement  par  le  bromoforme, 

757. 
Empoisonnement  par  le  salicylate  de 

soude,  48. 
Empoisonnement  phéniqué  par  la  voie 

rectale,  756. 
Empyème    avec  hémorragie  mortelle 

(érosion  de  l'artère  sous-clavière  par 

un  drain),  687. 
Enanthème  de  la  rougeole,  190. 


Encéphalite  aigué  chez  les  enfants 
{Mémoire  du  D^  Comby),  577. 

Encéphalite. aiguô  non  suppurée,  634, 
635. 

Encéphalite  aiguë  non  suppurée  (sym- 
ptômes et  lésions),  118. 

Encéphalocèle  et  spina  bifida,  630. 

Encéphalocèle  traitée  par  l'excision, 
survie  de  deux  mois  et  demi,  368. 

Endocardite  septique,  179. 

Enfance  (particularités),  693. 

Enfant,  696. 

Enfant  et  alcool,  749. 

Enseignement  de  l'hygiène  à  Milan, 
128. 

Entérite  infantile  traitée  par  le  fro- 
mage frais,  110. 

Entérites  des  nourrissons  (prophy. 
laxie),  123. 

Entérites  et  appendicite  chez  les 
enfants  {Mémoire  par  le  D^  J.  Comby)^ 
193. 

Entérites  et  appendicites,  762. 

Entérites  précédant  les  appendicites, 
234. 

EntéroGolites  et  appendicite  chez 
Icnfant,  246. 

Épidémie  de  méningite  cérébro-spi- 
nale, 758. 

Épidémie  de  rougeole,  751. 

Épidémie  de  rub(k)le  grave,  250. 

Épidémie  familiale  de  diphtérie»  629. 

Épidermolyse  huileuse,  690. 

Épidermolyse  huileuse  congénitale 
{Revue  générale),  353. 

Épidermolyse  huileuse  héréditaire 
(prtmphigus  héréditaire  traumatique), 
116. 

Épilepsie  chez  les  enfants,  126. 

Épilepsie  (régime  déchloruré),  309. 

Épiphysite  pneumococcique  multiple, 
311. 

Éruption  postvaccinale  à  forme 
d'herpès,  560. 

Éruption  vaccinale  sur  un  eczéma,  446. 

Érysipèle  de  la  face  chez  une  nourrice 
causant  la  péritonite  chez  Tenfant, 
563. 

Érythèmes  infectieux  dans  la  rougeole, 
378. 

Estomac  (ulcère  perforé  chez  un 
garçon  de  douze  ans),  111. 

État  neutrophile  du  sang  dans  l'incu- 
bation de  la  rougeole,  307. 

Éliologie  de  la  coqueluche,  352. 

Examen  de  la  gorge  chez  les  enfants, 
499. 

Examen  du  lait,  446. 

Examen  du  lait  dans  l'allaitement  au 
sein  {Mémoire  du  D^  L.  Morquio), 
449,  525. 


776 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Extraction  de   corps  étranger  par    la 

bronchoscopie,  117. 
Extraction     de    corps     étrangers    de 

l'œsophage  (9  cas),  H65. 
Extraction  de  pièces  de  monnaie  de 

rœsophage,  47. 


Faculté  de  Budapest.  702. 
Faculté  de  Buenos  Aires,  64,  702. 
Faculté  de  Lille,  128. 
Faculté  de  Lyon,  575. 
Faux  croup  grippal  prolongé,  64,  376. 
Fémur  (allongement  considérable  à  la 
suite  d'une  tumeurblanche  du  genou) 
{Recueil  de  faits  par  MM.  Mayet  et 
Bourganel),  289. 
Fer  chez  le  nourrisson   (assimilation), 

306. 
Fibro-sarcomes    du    cou  extrapharyn- 
giens {Mémoire  du  D^  V,  Veau)^  21. 
Fièvre  cérébro-spinale  foudroyante,  491. 
Fièvre  intermittente  dans  les  pneumo- 
nies, 186. 
Fièvre  par  babeurre,  437. 
Fièvre  typhoïde  (cas  intérieurs),  62,  702. 
Fièvre   typhoïde    (contagion    hospita- 
lière). 240. 
Fièvre  typhoïde  et  allaitement,  498. 
Fièvre  typhoïde  (rétlexe    abdominal), 

563. 
Fièvre   typhoïde  (troubles  du  Rythme 
respiratoire)   {Mémoire    de  MM.  No- 
bécourl  et  L.  Tixier),  661. 
Fissure   congénitale  du  sternum  avec 

ectocardie,  633. 
Fœtus  et  mère  (rapports  histologiques), 

184. 
Foie  (abcès  multiples),  366. 
Foie  (adéno-carcinome  chez  un  nour- 
risson de  quatre  mois),  680. 
Foie  (cirrhose  hypertrophique),  757. 
Foie  (cirrhose,  suite  de  scarlatine),  631. 
Foie  gras  et  granulie,  766. 
Foie  (lésions  histologiques  dans  un  ras 
d'ictère  syphilitique  de  nouveau-né), 
364. 
Foie  silex  (hérédo-syphilis),  369. 
Fondation  IMerre  Budin,  383. 
Forme  syncopale  de  la  grippe,  701. 
Formes  graves  de  l'appendicite,  505. 
Formol     contre      le      papillome     du 

larynx,  302. 
Formule  leucocytaire  de  la  rougeole  et 

de  la  rubéole,  305. 
Fosses   nasales    et    cavum    (diphtérie 

ambulatoire),  58. 
Fowler  (pigmentation  générale   etkéra- 
tose  palmaire  produites  par  l'usage 
de  la  li(]ueur  de),  496 


Foyer  maternel,  256. 

Fractures  des  membres  du  nouveau-né 
pendant  l'accouchement,  250. 

Fractures  du  cr&ne,  379. 

Fractures  spontanées  à  la  suite  de  l'im- 
mobilisation plâtrée,  763. 

Friedi*eich  (ataxie,  5  cas  dans  deux 
familles),  497. 

Fromage  frais  dans  la  gastro-entérite 
infantile,  110. 


Ganglions  lymphatiques  servant  au 
diagnostic  précoce  des  maladies 
infectieuses,  238.  ' 

Gangrène  dans  la  rougeole,  365. 

Gangrène  des  deux  mains,  251 . 

Gangrène  du  nez  et  maladie  de  Ray- 
naud.  319. 

Gangrène  rapide  du  nez,  319. 

Gangrène  symétrique  de  Raynaud 
hérédo-syphilitique.  244. 

Gastro-entérite   infantile  fébrile  traitée 

par  le  fromage  frais,  110. 

Gastro  -  entérites  des  nourrissons 
(bouillon  lactique),  636. 

Gastro-entérites  des  nourrissons  (pro- 
phylaxie), 123. 

Gastro-entérites  du  nourrisson.  568. 

Gastro-entérites  infantiles  (régime  sec)» 
637. 

Gastro-entérites,  reprise  de  ralimen* 
tation,  762. 

Gélatine  dans  la  diarrhée,  446. 

Gélatine  dans  les  diarrhées  du  premier 
âge  {Mémoire  du  D'  Péhu),  519. 

Glande  thyroïde  (congestion  chez  le 
nouveau-né)  {Mémoire  de  MM.  Fabre 
et  Thévenot,  257. 

Glandes  lymphatiques  (tumeurs  ma- 
lignes), 113. 

Gliome  de  la  rétine  gauche  (angio-sar- 
come),  opération,  guérison,  374. 

Gliome  primitif  de  la  capsule  surri'*- 
nale,  361. 

Glotte  (spasme  chez  les  nourrissons),  314. 

Goitre  chez  le  nouveau-né,  627. 

Goitre  exophtalmique,  701. 

Goitre  parenchymateux  chez  le  nou- 
veau-né (quatre  observations)  (Mé- 
moire de  MM.  Fabre  et  Thévenot),  403. 

Gommes  hérédo-syphilitiques  de  la 
voûte  et  du  voile  du  palais,  764. 

Gommes  multiples  et  dégénérescence 

pigmentaire  par  hémolyse  (syphilis)» 
685. 

Gonococcie  chez  l'enfant  et  prophylaxie 
dans  les  hôpitaux,  502. 

Gorge  chez  les  enfants  (importance  de 
son  examen),  499. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


777 


Gorge  (syphilis  héréditaire  avec  ulcé- 
ration), 62. 

Grancher  (sa  mort),  512 

Graculie  et  foio  gras,  766. 

Grippe  &  forme  syacopale,  701. 

Grippe  (faux  croup  prolongé),  376. 

Grippe  (méningite  aiguë),  502. 

Grippe  (paralysie  du  moteur  oculaire 
externe),  496. 

Grippe  provoquée  par  le  Micrococcus 
caiarrhaliSf  366. 


Héliothérapie  dans  la  péritonite  tuber- 
culeuse, 235. 

Helminthes  (leur  rôle  dans  les  mala- 
dies infectieuses),  637. 

Helmitol  dans  le  traitement  de  la  cys- 
tite aigué,  747. 

Hématurie  due  au  salicylate  de  soude, 
433. 

Hématuries  à  répétition,  252. 

Hémiparalysie  de  la  langue  chez*  le 
nouveau-né,  697. 

Hémiplégie  alterne  d'origine  bulbaire, 
634. 

Hémiplégie  cérébrale  et  néoplasme, 
126. 

Hémiplégie  gauche  et  paralysie  faciale 
droite.  362. 

Hémiplégie  infantile  avec  athétose,  434. 

Hémiplégie  succédant  à  la  diphtérie, 
49. 

Hémophilio  des  nouveau-nés  (injec- 
tions d'eau  de  mer),  56. 

Hémoptysie  et  pneumothorax  (tuber^ 
culose),  310. 

Hémorragie  mortelle  dans  l'empyème 
(érosion  de  l'artère  sous-clavière  par 
un  drain),  687. 

Hémorragies  gastro-intestinales  du 
nouveau-né,  632. 

Hérédité  syphilitique,  59. 

Hérédo-syphilis,  foie  silex,  anémie 
syphilitique,  spirochètes  dans  le  sang. 
369. 

Hérédo-syphilis  (liquide  céphalo-rachi- 
dien), 432. 

Hérédo-syphilis  tardive,  445. 

Hernie  du  cerveau,  hémiparésie  droite, 
aphasie  motrice,  368. 

Hernies  ombilicales  (traitement  par  la 
paraffine),  46. 

Herpès  postvaccinal,  560. 

Herpès  zoster  ophtalmique.  691. 

Hirschsprung  (maladie  de),  367,  438, 
558.  760. 

Hommage  au  D'  Rauchfuss,  639. 

Hôpital  Caritatea  de  Jassy,  571. 

Hôpital  d'enfants  de  Milan,  256 


Hôpital  d'enfants  de  Montevideo,  384. 

Hôpital  d'enfants  en  1906,  188. 

Hôpital  d'enfants  Hamidié.  (annales), 
125. 

Hôpital  des  Enfants-Malades,  128. 

Hôpital  des  enfants  malades  Anne- 
Marie  à  Lodz  {Mémoire  du  D'  Brud- 
zinski),722. 

Hôpital  des  enfants  (revue),  381. 

Hôpital  presbytérien  de  New-York,  381. 

Hôpital  suburbain  de  Bordeaux,  63. 

Hoquet  dans  le  zona,  765. 

Humérus  (ostéomyélite   bipolaire),  303. 

Hydatide  du  poumon.  429. 

HydaUde  du  rein  droit,  244. 

Hydatides  du  pancréas,  565. 

Hydrencéphalocèle  et  spina  bifida,  630. 

Hydropisies  de  l'enfance  (influence  du 
sel),  307. 

Hygiène  du  lait  et  de  la  viande,  700. 

Hygiène  oculaire,  445. 

Hygiène  scolaire,  573. 

Hygiène  scolaire  dans  l'Amérique 
latine,  560. 

Hypertrophie  congénitale,  378,  494. 

Hypothermie  prolongée  à  la  fin  d'une 
paralysie  générale  infantile,  114. 

Hypotonie  congénitale,  695. 


Ictère  avec  anémie  congénitale,  112. 

Ictère  d'origine  congénitale,  363. 

Ictère  malin  suite  de  scarlatine.  112. 

Ictère     syphilitique     «lu     nouveau-né 
(lésions  du  foie),  364. 

Idiotie  amaurotique  familiale,  766. 

Idiotie   avec   syndrome   de    Raynaud, 
305. 

Idiotie  mongolienne,  431. 

Idiotie  (traitement  moral,  hygiène  et 
éducation),  318. 

Iléus  chez  l'enfant  (volvulussigmolde), 
44. 

Immobilisation  plâtrée  (fractures  spon- 
tanées), 763. 

Impétigo  et  eczéma  (albuminurie),  684. 

Inanition  chez  les  nourrissons,  127. 

Incontinence  d*urine  guérie  par  l'opo- 
thérapie  surrénale,  304. 

Incontinence  nocture  d'urine,  54. 

Infection  gonococcique  (sa  prophylaxie 
dans  les  hôpitaux),  502. 

Influence  du  sel  sur  les  hydropisies  de 
l'enfance,  307. 

Influenza  (paralysie    du  moteur  ocu- 
laire externe),  496. 

injections  d'eau  de  mer  dans   l'hémo- 
philie, 56. 

Injections   sous-cutanées    de   vaccine, 
503. 

49. 


778 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Inspection     des    écoles    à  New  York 

{Revue  générale),  226. 
Institut    d^s    études    supérieures    de 

Florence,  702. 
Institut  pour   enfants  prématurés  ou 

débiles,  54. 
Institution  nationale  des  sourds-muets 

de  Paris  (Mémoire  de  G.  TUloy),  336. 
Institutions  de  bienfaisance  contre  la 

mortalité  infantile  h.  Paris  et  à  Berlin, 

190. 
Intestin  (atrésies  multiples),  244. 
Intestin  (dilatation  anormale),  503. 
Intestin  (invagination  aiguë),  182. 
Intestin   (invagination  chez  les  jeunes 

enfants),  748. 
Intestin  (invagination  guérie)  [Recueil 

de  faits  par  le  Z>'  E.  bêcher f),  37. 
Intestin  (muguet),  498. 
Intestin  (obstruction  par  bride),  370. 
Intestin  (poisons),  506. 
Intoxication  alimentaire.  631. 
Intoxication  alimentaire  chez  le  nour- 
risson, 504. 
Intoxication  phéniquée,  756. 
Intubation  des  voies  nasales  dans  le 

coryza  des  nourrissons,  305. 
Intubation  du  larynx  dans  la  diphtérie 

laryngée,  688. 
Invagination  du  côlon  trans verse,  du 

grand   épiploon,   etc.,    laparotomie, 

réduction,  241. 
Invagination  .intestinale,  184. 
Invagination  intestinale  aiguë  infantile, 

182. 
Invagination  intestinale  chez  les  jeunes 

enfants,  748. 
Invagination  intestinale  chez  un  enfant 

de  sept  mois  guérie  au  moment  où  on 

allait  l'opérer  {Recueil  de  faits  par  le 

Dr  E.  Decherf),  37. 
Inversion  des  viscère»  avec  cvanose, 

253. 
lodure    à   une  nourrice  guérissant  le 

vomissement  du  nourrisson,  47. 
Ions  et  médications  ioniques,  317. 


Jetage  nasal  dans  la  diphtérie,  563. 


Kératose  palmaire  et  pigmentation 
à  la  suite  de  liqueur  de  Fowler,  496. 

Kyste  dentifère  du  maxillaire  supérieur, 
372. 

Kyste  hydatique  du  poumon  •  à 
huit  ans,  429. 

Kyste  hydatique  du  rein  droit,  244. 

Kystes    hydatiques     du     foie    opérés 


(paralysie  de  raccommodatioD  par 
intoxication  phéniquée),  756. 

Kystes    hydatiques  du  pancréas,  565. 

Kystes  hydatiques  (échinococcie  exjié. 
rimentale).  566. 


Lait  acidifié  dans  ralimentation  infan- 
tile, 361. 

Lait  (cryoscopie).  316. 

Lait  dans  l'allaitement  au  6em{Mémoirt 
de  L.  Morquio),  449,  525. 

Lait  de  femme  (teneur  en  beurre», 
508. 

Lait  de  vache  cru  pour  TalimentatioD 

du  nourrisson,  567. 
Lait  et  viande  (hygiène),  700. 
Laits    de  femme    (variations  de   leur 

composition),  556. 
Langue  dans  le  mongolisme,  tétage  de 

la  langue,  679. 
Langue  (hémiparalysie),  697. 
Laryngite  et  pharyngite  hyperplastiqnes 

diffuses  hérédo-syphilitiques.  360. 
Laryngites  ulcéreuses  dans  la  syphilis 

tertiaire  et  la  tuberculose  {Mémoirt 

de  MM.  Rabourdin  et  Brissy),  275. 

Laryngosténoses  morbilleuses,  371. 

Larynx (papillome  traité  parle  formol), 
302. 

Larynx    (sténoses     diphtériques    des 

nourrissons),  558. 
Larynx  (stridor  congénital),  302. 
Larynx  (stridor  tardif),  383. 
Larynx    tolérant    un    corps   étranger 

{Recueil  de  faits  par  le  D^  Bruch),  216. 
Larynx    (tubage    dans     la    diphtérie», 

688. 
Legs  Poirier,  574. 

Leucémie  aiguë  et  amygdalotomie,  758. 
Leucémie  lymphatique  chronique,  53. 
Leucémie  mixte,  181. 
Leucocytes    (variations    en    clioiqiie) 

{Revue  générale),  551. 
Leucocytose  dans  les  appendicites  de 

Tenfance,  242. 

Ligue  fraternelle  des  enfants  de  France, 
255. 

Liquide  céphalo-rachidien  des  héi^o- 
syphililiques,  432. 

Lombrics  et  méningisme,  252. 

Luxation  congénitale  de  la  hanche 
(traitement  abrégé).  247. 

Luxation  congénitale  do  la  hanche 
(traitement  non  sanglant).  318. 

Lymphadénie  splénique,  382. 

Lymphadénie  tuberculeuse  chez  l'en- 
fant,  un  cas  de  tuberculose  adéiio- 
sphénique  {Mémoire  de  MM,  S.  WeUt 
et  Ch.  Lesieur),  129. 


TABLK   ALPHABÉTIQUE 


779 


Lymphadénoine  du  cou  (traitement  par 
lecacodylate  de  soude),  301. 

Lymphooytose  du  liquide  cérébro-spinal 
dans  la  syphilis  congénitale,  185. 

Lymphosarcome  infantile,  437. 


Mâchoire  (conslriction congénitale),  51. 

Macroglossie,  499. 

Maison  de  convalescence  pour  enfants 
à  Glasgow,  511. 

Maison  maternelle,  63. 

Maladie  d'Âddison  chez  une  fille  de 
quinze  ans,  368. 

Maladie  de  Barlow,  45.  363  et  633. 

Maladie  de  Barlow  au  point  de  vue 
anatomique,  119. 

Maladie  de  Barlow  (pathogénie  des 
lésions  osseuses),  557. 

Maladie  de  Barlow  (pathologie),  557. 

Maladie  de  Friedreich  (cinq  cas  dans 
deux  familles),  497. 

Maladie  de  Hirschsprung,  367. 

Maladie  de  Hirschsprung  (coudure 
intestinale),  558. 

Maladie  de  Hirschsprung  (deux  cas), 
760. 

Maladie  de  Hirschsprung  (étiologie), 
438. 

Maladie  de  Little  (traitement  orthopé- 
dique), 689. 

Maladie  de  Parrot  ou  pseudo-para- 
lysie syphilitique,  110. 

Maladie  de  Raynaud(cas  insolite),  239. 

Maladie  de  Recklinghausen,  701. 

Maladie  de  Werlhotf  (diagnostic  par  le 
rhinologiste),  556. 

Maladie  du  sérum,  755. 

Maladie  du  sérum  après  injections 
réitérées,  438. 

Maladies  des  enfants  (cours  en 
trente  leçons),  64. 

Maladies  infectieuses  et  vaccination, 
187. 

Mal  de  Pott  (traitement),  251. 

Mammites  (allaitement),  507. 

Manuel  des  maladies  du  tube  digestif, 
510. 

Manuel  pratique  d'allaitement,  509. 

Mastolde  (ostéomyélite  diffuse),  306. 

Mastoïde  (trépanation  chez  le  nour- 
risson) [Mémoire  du  D'Fournier),  612. 

Mastoldites  des  nourrissons,  248. 

Mauchamp  (sa  mort),  320. 

Mégacôlon  dit  congénital,  503 . 

Melœna  des  nouveau-nés  et  hé  morragies 
gastro-intestinales,  632. 

Méningites  (réactions  des)  dans  la 
syphilis  héréditaire.  432. 

Méningisme  vermineux,  252. 


Méningite  aigué  grippale,  502. 

Méningite  cérébro-spinale,  254, 319, 493. 

Méningite  cérébro-spinale  à  ménin- 
gocoques  chez  deux  jeunes  enfants, 
mort,  492. 

Méningite  cérébro-spinale  (épidémie), 
758. 

Méningite  cérébro-spinale  épidémique 
guérie,  375. 

Méningite  cérébro-spinale  foudroyante, 
491. 

Méningite  cérébro-spinale  par  bacille 
de  Pfciffer.  439. 

Méningite  cérébro-spinale  (sérothéra- 
pie) (Revue  génércUe)^  486. 

Méningite  cérébro-spinale  traitée  par 
la  ponction  lombaire  et  les  injections 
vaccinantes,  guérison,  490. 

Méningite  mixte  à  bacille  de  Koch  et  à 
méningocoquede  Weichselbaum,  319. 

Méningite  ourlienne,  637. 

Méningite  parchoroldito  suppurée,  501. 

Méningite  purulente  d'origine  intra- 
utérine,  309. 

Méningite  tuberculeuse  du  nourrisson, 
698. 

Méningite  tuberculeuse  traitée  par  la 
tuberculine,  mort,  491. 

Méningites  aiguës  de  l'enfance.  760. 

Méningites  bactériennes  {Hecueil  de 
faits  par  le  D'  J,  Comby),  475. 

Méningocële,  439. 

Mère  et  fœtus  (rapports  histologiques), 
184. 

Mérycisme  ou  rumination  {Revue  géné- 
rale), 423. 

Mésentère  (chylangiome  à  quatre  se- 
maines). 437. 

Métrorragiesde  la  puberté,  57. 

Mici^ococcus  catan'Aa/û produisant  une 
épidémie  de  grippe,  366. 

Microsporums  (recherches  nouvelles), 
373. 

Mongolisme  infantile,  60. 

Mongolisme  infantile  associé  &  la 
micromélie  des  membres  supérieurs, 
376. 

Mongolisme  infantile  [Mémoire  par  le 
D^J.  Comby),  1. 

Mongolisme  (langue),  679. 

Mongolisme  (un  cas),  431. 

Monument  Th.  Roussel,  448. 

Mortalité  de  la  diphtérie  dans  le  canton 
de  Yaud  et  à  Lauzanne,  628. 

Mortalité  infantile,  57. 

Mortalité  infantile  &  Saragosse,  440. 

Mortalité  infantile  inQuencôe  par  les 
mutualités  maternelles,  122. 

Mort  dans  la  chorée,  692. 

Mort  d«^  Budin,  192. 

Mort  de  M"«  Archambault,  192. 


7S0 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Mort  rapide  dans  la  diphtérie,  372. 

Mort  subite  chez  l'enfant,  249. 

Mort  subite  et  rapide  des  nouveau-nés, 

761. 

Mort  thymique  chez  le  nouveau-né,  44. 

Moteur  oculaire  externe  (paralysie 
grippale),  496. 

Muguet  dans  l'intestin  des  enfants  qui 
ne  sont  pas  au  sein,  498. 

Muguet  (formes  microbiennes),  442. 

Muscles  pectoraux  (abscence  congéni- 
tale), 126. 

Mutations  dans  les  hôpitaux  d'enfants, 

63. 
Mutualités  maternelles  et  leur   action 

sur  la  mentalité  infantile.  122. 
Myatonie    congénitale     d'Oppenheim, 

693,  766. 
Myocarde  (rhabdomyome  multiple),  50. 
Myocardite  syphilitique  avec  doigts  en 

baguettes  de  tambour,  366. 
Myoclonie-nystagnius  {Revue  générale), 

39. 
Myosite  tuberculeuse  à  foyers  multiples 

chez  un  enfant  de  dix  ans,  500. 
Mythomanie,  57. 
Myxœdèmo   congénital,    paralysie  du 

plexus  brachial  d'origine  congénitale 

{Recueil  de  faits  parle  D^   Cazal), 

412. 
Myxœdème  (deux  cas  atypiques),  185. 
Myxri'déme     thyroïdien    (Mémoi?'e    de 

A. -M.  vlrraf/a).  669. 


N 


Nécessité  d'une  direction  dans  l'allaite- 
ment au  sein,  635. 

Nécrologie  (Grancher),  512. 

Nécrologie  (mort  de  Budin),  192. 

Nécrologie  (mort  de  Dubrisay),  448. 

Nécrologie  (mort  de  Mauchamp),  320. 

Nécrologie  (mort  de  Pietro  Celoni),  128. 

Nécrologie  (mort  de  Sevestre),  704. 

Nécrologie  (mort  de  Thomas,  de  Fri- 
bourg-en-Brisgau),  384. 

Néphrite  scarlatineusc  familiale,  186. 

Neuf  cas  d'extraction  de  corps  étran- 
gers de  l'œsophage,  565. 

Névrite  interstitielle  hypertrophique  et 
progressive  de  l'enfance  {Revue  géné- 
rale), 674. 

Noctambulisme  et  automatisme  chez 
l'enfant  (Afemoire  du  D^H.  Dauchez), 
469. 

Noma  (observations  et  recherches),  55. 

Nouveau  procédé  de  détubage,  253. 

Noyau  de  datte  inclus  dans  la  bouche, 
extraction  par  la  bronchoscopie,  749. 

Nystagmus-myoclonie  {Revue  géné- 
rale), 39. 


Observations  de  clinique  infantile,  76S. 
Obstruction  intestinale  par  brides  (deui 

cas),  370. 
Oculo-réaction  à  la  tuberculine  {Revue 

générale),  620. 
Œsophage  (corps  étrangers),  247. 
Œsophage   et   œsophagoscopie  (corps 

étrangers),  500. 
Œsophage  (extraction  dans  neuf  cas  de 

corps  étrangers),  565. 
Œsophage    (extraction   des  pièces  d« 

monnaie),  47. 
Œsophage    (rétrécissement    opéré    et 

guéri),  319. 
Œsophagisme,    spasme    essentiel   de 

l'œsophage,  236. 
Œuvre  du  bon  lait,  64. 
Œuvre  du  bon  lait  de  Nancy,  254. 
Œuvres  de  l'enfance,  318. 
Oligosidérémie  des  jeunes  enfants  et 

ses  rapports   avec  la    chlorose  des 

jeunes  filles,  312. 
Ombilic  (adénomes  diverticulaires),  316. 
Ombilic  (hernies  traitées  par  la  paraf- 

fme),  46. 
Omoplate  (déviations),  252. 
Omoplate  (ostéomyélite),  311. 
Onanisme     traité    par    la    suggestion 

hypnotique,  430. 
Ophtalmologie  (précis),  251. 
Ophtalinoplégie     externe     due    à    la 

syphilis  congénitale,  433. 
Ophtalmo-réaction    à    la    tuberculine, 

625. 766. 
Opothérapie  surrénale  guérissant  Tin- 
continence  d'urine.  304. 
Oreillons  (méningite),  637. 
Oreillons  précédés  de  zona,  446. 
Origine   intestinale    des   adénopakbies 

bronchiques,  43. 
Ostéogenèse  imparfaite,  49. 
Ostéomyélite  de  la  clavicule,  428. 
Ostéomyélite  de  l'extrémité  inférieure 

du  radius,  191. 
Ostéomyélite  de  l'omoplate,  311. 
Ostéomyélite   diffuse  de    la  mastolde. 

306. 
Ostéomyélite  du  tibia,  opération  pré- 
coce, guérison  {Recueil  de  faits  par 

le  D'  Bruch),  217. 
Ostéomyélite    (traitement  des   cavités 

osseuses),  762. 
Ostéomyélite  Iraumatique  bipolaire  de 

l'humérus,  303. 
Ostéomyélite  vertébrale  aigué.  691. 
Ostéopsathyrosis,  50. 
Otite  suppurée  (bacille   de  Vincent  et 

spirille),  111. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


781 


Paludisme  chez  Tenfant,  686. 

Paludisme  congénital  {Mémoire  de 
MM.  Pézopouloa  et  Cardamatis),  29. 

Panaris  des  nouveau-nés,  189. 

Pancréas  (kystes  hydatiques),  565. 

Papillome  du  larynx  traité  par  le 
formol,  302. 

Paraffine  en  injetion  dans  les  hernies 
ombilicales,  46. 

Paralysie  de  l'accommodation  par 
intoxication  phéniquée  chez  des 
enfants  opérés  de  kystes  hydatiques 
du  foie.  756. 

Paralysie  de  la  langue,  697. 

Paralysie  diphtérique  guérie  par  le 
sérum,  446. 

Paralysie  douloureuse  des  petits  enfants, 
243. 

Paralysie  du  moteur  oculaire  externe, 
suite  d'influenza,  496. 

Paralysie  du  plexus  brachial  et 
inyxœdëme  congénital  {Recueil  de 
faits  par  le  D'  Cazal),  412. 

Paralysie  faciale  droite  et  hémiplégie 
gauche,  362. 

Paralysie  générale  et  tabès,  766. 

Paralysie  générale  infantile  (hypother- 
mie prolongée),  114. 

Paralysie  hérédo-syphilitique,  110. 

Paralysie  infantile  simulée  par  une  po- 
lynévrite aigué,  681. 

Paralysies  diphtériques  (origine  cen- 
trale), 687. 

Paralysies  faciales  consécutives  au  for- 
ceps, 250. 

Paralysies  fonctionnelles  transitoires 
des  enfants,  243. 

Parésie  des  extenseurs  des  doigts,  382. 

Particularités  de  l'enfance,  693. 

Pathogénie  de  l'achondroplasie,  377. 

Pathogénie  des  lésions  osseuses  de  la 
maladie  de  Barlow,  557. 

Pathogénie  du  vomissement  cyclique 
chez  les  enfants  anémiques,  628. 

Pathologie  de  la  chorée,  239. 

Pathologie  pulmonaire  du  nourrisson, 
699. 

Pectoraux  (absence  congénitale),  126. 

Pediatrics,  509. 

Pegnine  chez  les  enfants  {Revue  géné- 
rale), 743. 

Péliose  rhumatismale,  364. 

Pcmphigus  aigu  de  la  seconde  enfance, 
376. 

Pemphigus  congénital  à  kystes  épider- 
miques,  187. 

Pemphigus  héréditaire  traumatique, 
116. 


Perforation  du  voile  du  palais  dans  la 
scarlatine  {Recueil  de  faits  par 
ilfB«  Mathilde  de  Biehler),  224. 

Péricarde  adhérent  avec  ascite,  237. 

Péritonite  pneumococcique,  117. 

Péritonite  purulente  chez  un  enfant 
causée  par  l'érysipéle  de  la  face  chez 
une  nourrice,  563. 

Péritonite  tuberculeuse  (formes  rares), 
441. 

Péritonite  tuberculeuse  traitée  par 
l'héliothérapie,  235. 

Pharyngite  et  laryngite  hérédo-syphili- 
tiques,  300. 

Pharyngo-laryngites  ulcéreuses  dans  la 
syphilis  tertiaire  et  dans  la  tubercu- 
lose {Mémoire  de  MM.  Rabourdin  et 
Brissy),  275. 

Phénol  (empoisonnement),  756. 

Phlegmon  gangreneux  du  cou  chez  un 
nourrisson  ;  lavages  à  l'eau  salée, 
cicatrisation  satisfaisante  {Recueil  de 
faits  par  le  D*  Bruch),  218. 

Phlegmon  infectieux  du  plancher  de  la 
bouche,  56. 

Phlegmon  juxta-laryn go-trachéal  dans 
le  croup,  569. 

Pièces  de  monnaie  dans  l'œsophage 
(extraction).  47. 

Pied  bot  varus  équin  congénital,  astra- 
galectomie  et  tarsectomie  cunéiforme» 
369. 

Pigmentation  généralisée  et  kératose 
palmaire  après  l'usage  de  la  liqueur 
de  Fowler,  496. 

Plasma  de  Quinlon  dans  l'hémophilie 
des  nouveau-nés,  56. 

Pleurésie  purulente  du  nourrisson,  698. 

Pleurésie  purulente  interlobai re  chez 
l'enfant,  429. 

Pleurésie  séro-flbrineuse  chez  les  en- 
fants et  signe  du  sou  {Mémoire  du 
2>r  Brudzinski),  513. 

Plèvre  et  poumon  (sarcome),  440. 

Pneuinococcie  épiphysaire  multiple, 
311. 

Pneumocoques  et  conjonctivites  pseu- 
do-membraneuses, 235. 

Pneumonie  de  l'enfant  (radioscopie) 
{Mémoire  de  MM.  E.  Weill  et  L,  Thé- 
venot).  385. 

Pneumonie  franche  aiguë  chez  l'enfant, 
121. 

Pneumonie  lobaire  compliquant  la 
diphtérie,  236. 

Pneumonies  avec  fièvre  intermittente, 
186. 

Pneumothorax  et  hémoptysie  (tubercu- 
lose infantile),  310. 

Pneumothorax  tuberculeux,  253. 

Poids  dos  viscères  dans  la  première  et 


782 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


et  la  seconde  enfonce,  poids  du  thy- 
mus, 179. 

Poisons  de  rinte8tin,506. 

Poliomyélite  difTuse  subaiguê  de  Ja  pre- 
mière enfance,  564. 

Polyarthrite  aigué  tuberculeuse  bé- 
nigne, 379. 

Polydactylie  aux  mains  et  aux  pieds, 
748. 

Polynévrite  aigué  simulant  une  para- 
lysie infantile,  681. 

Polype  du  méat  urinaire,  126. 

Ponctions  lombaires  et  vaccination  dans 
la  méningite  cérébro-spinale,  490. 

Poumon  du  nourrisson  (pathologie), 
699. 

Poumon  et  plèvre  (sarcome),  440. 

Poumon  (kyste  hydatique),  429. 

Poumon  (syphilis  congénitale),  45. 

Pouponnière  de  Médan,  640. 

Pouvoir  hémoly tique  du  sérum  sanguin 
et  résistance  globulaire,  120. 

Pouvoir  plastéinogène  de  suc  gastrique 
des  nourrissons  sains  et  atrophiques 
{Mémoire  du  D' Allaria),  321. 

Pouvoir  réducteur  de  l'urine  après 
urotropine,  747. 

Précis  de  médecine  infantile,  125. 

Précis  d'ophtalmologie,  251 . 

Prématurés  ou  débiles  (institut),  54. 

Premiers  mémoires  de  Séguin  sur 
l'idiotie,  318. 

Préservation  de  l'enfance  contre  la 
tuberculose,  254,  512,  576,  767. 

Préservation  des  nourrices  et  des  nour- 
rissons contre  la  syphilis,  189. 

Prolapsus  de  l'urètre  chez  les  petites 
ailes,  126. 

Prolapsus  rectal  symptomatique  de  cal- 
cul vésical,  303. 

Prophylaxie  des  gastro-entérites  des 
nourrissons,  123. 

Pseudo-milium  colloïde  familial,   il8. 

Pseudo-paralysie    hérédo^syphili tique, 

,    ou  maladie  de  Parrot,  110. 

Puberté  (métrorragie),  57. 

Purpura  foudroyant  chez  une  enfant  de 
six  mois  {Recueil  de  faits  par  le  D^  Ph, 
Bourdillon),  100. 

Purpura  hémorragique  des  nouveau - 
nés,  555. 

Pyôlites  de  l'enfance,  365. 

Pylore  (sténose  congénitale),  631.  702. 

Pylorospasme  du  nourrisson,  692. 


Quatre  observaUona  de  goitre 
chymateux  chez  le  iioiiveaii-«é  {adé- 
nome fœtal  diffus)  (Jf^motre  dm  MM. 
J.  Fabre  et  L.  Thévenoi),  403. 

Quinine  (empaisoDoeiiiâni),  47. 


Quatre  cas  do  perforation  du  voile  du 
palais  dans  la  scarlatine  (Recueil  de 
faits  par  .H™»  Mathilde  de  Biehlej*), 
224. 


Rachitisme  (pseudo*leucémie) 

de  MM.  d'Espine  et  Jeannerei),  641. 
Rachitisme  (urine),  186. 
Radiographie  dans  la  coxalgie,  3M. 
Radioscopie  dans  radénopatlûe  brou* 

chique,  763. 
Radioscopie    dans    la    pneumonie   ilf 

l'enfant  {Mémoire  de  MM.    Weill  el 

L.  Thévenot),  385. 
Radioscopie  et  radiographie  il  ans  l*v» 

adénopathies  bronchiques,  383. 
Rapports  histologiques  entre  la    mère 

et  le  fœtus,  184. 
Ration  alimentaini  de  l'enfant,  233. 
Ration  alimentaire  de  Tenfant  depuis 

sa  naissance  jusqu'à  T&ge  de  deux  ans 

{Mémoire  du  0^  Henri  &7o«e),63,  137. 

202. 
Ration  alimentaire  des  nourrissons,  127. 
Rauchfuss  (hommage),  639. 
Raynaud  (gangrène  symétrique  bérédo- 

syphiUtique),  244. 
Rayons  X  contre  les  verrues  planes,  115. 
Réactions  méningées  dans  un  cas  de 

syphilis  héréditaire,  432. 
Réactions  nerveuses  de  Tappendicile, 

506. 
Réapparition  de  la  diphtérie  sous  l'in- 

iluence  de  la  rougeole,  689. 
Recherche  du  bacille  de  Ko(*h  dan^  Ir 

sang  par  le  procédé  de  la  sangsue, 

238. 
Rectum  (prolapsus  symptomatique  de 

calcul  vésical).  303. 
Rééducation  respiratoire  chez  les  «dé- 

noïdiens,  507. 
Réflexe    abdominal     dans    la    fièvre 

typhoïde,  563. 
Régime  alimentaire  dans  la  rougeoie. 

249. 
Régime  alimentaire  dans  les  nialadit*s 

des  enfants,  373. 
Régime  déchloruré  dans  Tépilepsie  de 

l'enfant,  309. 
Régimes  aliiuenlaires  dans  la  sc&rla- 

tine,  697. 
Régime  sec  dans  les  gastro-eot^fitesT 

637. 
Reglobulisation  du  sang  chez  les  enfasts 

tuberculeux,  248. 
Rein  droit  (kyste  hydatique),  244. 
Reins   palpables   et    mobiles  chez  le 

I  ourrisson,  693. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


783 


Réintégration  du  tiers  moyen  du  tibia, 
567. 

Résistance  globulaire  et  pouvoir  hémo- 
lytique  du  sérum  sanguin,  120. 

Rétine  (gliome  opéré  et  guéri),  374. 

Rétraction  de  l'aponévrose  palmaire, 
383. 

Rétraction  du  petit  doigt,  383. 

Rétrécissement  congénital  de  la  trachée, 
428. 

Rétrécissement  de  l'œsophage,  opéra- 
tion, guérison,  319. 

Rhafodomyoïne  multiple  du  cœur,  50. 

Rhinites  des  nourrissons,  187. 

Rhinologie  pour  le  diagnostic  de  maladie 
de  Werlhoir,  556. 

Rhinorrhée  dans  la  diphtérie  pharyngée, 
563. 

Rhumatisme  (anévrysmes  de  l'aorte), 
60. 

Rhumatisme  etooi*ps  thyroïde,  319. 

Rhumatisme  viscéral  chez  les  enfants 
{Mémoire  de  MM.  E.  Weill  et  L.  Thé- 
venot),  651. 

Rougeole  (contagion  médiate)  {Recueil 
de  faits  par  le  D^  Roch),  292. 

Rougeole  (énanthôme),  190. 

Rougeole    (érythème  infectieux),  378. 

Rougeole  (état  neutrophile  du  sang  au 
stade  d'incubation),  307. 

Rougeole  et  rubéole  (formule  leucocy- 
taire), 305. 

Rougeole  faisant  réapparaître  la  diphté- 
rie, 689. 

Rougeole  (gangrène),  365. 

Rougeole  (laryngo-sténoses),  371. 

Rougeole  <  notes  épidémiologiques),  751. 

Rougeole  (régime  alimentaire),  249. 

Roussel  (son  monument),  448. 

Rubéole  et  scarlatinéole,  60. 

Rubéole  grave  (épidémie),  250. 

Rumination  chez  une  fille  de  trois  ans 
{Recueil  de  faits  par  le  D'  Combt/), 
420. 

Rumination  oumérycisme  {Reoue  géné- 
rale), 423. 

Rythme  respiratoire  d'origine  nerveuse 
dans  la  fièvre  typhoïde  {Mémoire  de 
MM.  Nobécourt  et  L.  Tixier),  661. 


S 


Sacro-coxalgie  chez  l'enfant,  247. 
Salicylate  de  soude  (hématurie),  483. 
Salicylate  de  soude  (empoisonnement), 

48. 
Sang  (cultures  chez  les  enfants),  629. 
Sang  dans  le  stade  d'incubation  de  la 

rougeole,  307. 
Sangsue  pour  la  rechei'che  du  bacille 

de  Koch  dans  le  sang,  238. 


Sarcocéle  syphilitique,  446. 

Sarcome  de  ramvgdale  chez  l'enfant, 

699. 
Sarcome  géant  fuso-cellulaire  des  fosses 

Lscbio-rectales,  560. 
Sarcome  lymphatique  de  l'enAince,  437. 
Sarcome  primitif  pleuro-pulmonaire  à 

neuf  ans,  440. 
Sarcomes    du    cou    eztrapharvngiens 

{Mémoire  du  D'  V,  Veau),  21.* 
Scapulum  valgum,  252,  765. 
Scarlatine  (adénopathies  tardives),  309. 
Scarlatine  (alimentation),  697. 
Scarlatine  et  appendicite,  766. 
Scarlatine  et  cirrhose  du  foie,  631 . 
Scarlatine   maternelle  et   nourrissons, 

508. 
Scarlatine  (néphrite  familiale),  186. 
Scarlatine  (4  cas  de  perforation  du  voile 

du    palais)    {Recueil    de    faits    par 

Jl>«  Mathiide  de  BiefUer),  224. 
Scarlatine  suivie  d'ictère  grave,  112. 
Scarlatinéole  et  rubéole,  60. 
Scoliose  hystérique,  383. 
Scorbut  infantile,  633.      * 
Scorbut  infantile  au  point  de  vue  ana« 

tomique,  119. 
Scorbut  infantile  (maladie  de  Barlow), 

45. 
Section  de  l'urètre  par  un  cheveu,  681. 
Sel  et  hydropisics  de  l'enfance,  307. 
Sérumthérapie    antidysentérique  dans 

les  diarrhées  de  la  première  enfance» 

62. 
Sérothérapie  antivenimeuse,  429. 
Sérothérapie  de  la  dysenterie  bacillaire, 

750. 
Sérothérapie  de  la  méningite  cérébro- 
spinale {Revue  générale),  486. 
Sérothérapie  des  paralysies  diphtériques 

446. 
Sérothérapie  par  le  sérum  de  Vaillard 

dans  un  cas  de  diarrhée  chronique 

dysentérique    datant  de   vingt-nenf 

mois  [Recueil  de  faits  par  le  D^  Haus* 

halter),  738. 
Sérothérapie  préventive  de  la  diphtérie, 

378. 
Serpents  (venin,  sérothérapie),  429. 
Sérum  (accidents  après  injections  répé* 

tées),  438. 
Sérum  antidysentérique  de  M.  Auché, 

235. 
Sérum  antitétanique  dans  le  tétanos, 

guérison.  497. 
Sérum  (maladie  du),  755. 
Sérum   sanguin  (pouvoir  hémolytique 

et  résistance  globulaire),  120. 
Sevestre  (sa  mort),  704. 
Sic  dans  le  traitement  de  la  coqueluche» 

48. 


784 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Sigmoîde  (volvulus),  44. 

Signe  du  sou  ot  pleurésie  séro-iibrioeuse 
{Mémoire  duD^  Bïmdzinski),  513. 

Société  allemande  de  pédiatrie,  574. 

Société  américaine  de  pédiatrie,  702. 

Société  de  pédiatrie,  61,  126,  252,  319, 
382.  445,  700.  765. 

Société  de  pédiatrie  allemande,  191,  320. 

Société  d'hygiône  alimentaire,  64. 

Société  italienne  de  pédiatrie,  192. 

Société  protectrice  de  l'enfance,  255. 

Sourds-muets  (institution  nationale), 
{Mémoire  de  G.  Tilloij),  336. 

Spasme  congénital  du  pylore,  692. 

Spasme  idiopathique  de  la  glotte  d'ori- 
gine gastro-intestinale,  314. 

Spina  bifida,  61. 

Spina  bifida  et  hydrencéphalocélc,  630. 

Spirochètes  dans  le  sang  (hérédo- 
syphilis),  369. 

Splénomégalie  avec  réaction  lymphoïde 
et  métaplastique,  382. 

Splénomégalics  chez  l'onfant,  753. 

Spléno-pneumonie  chronique  dans 
l'enfance,  îft6. 

Stéatose  du  foie  et  granulie,  766. 

Sténose  congénitale  du  pylore,  631. 

Sténose  congénitale  hypertrophique  du 
pylore,  702. 

Sténose  du  cholédoque  chez  un  nouveau- 
né,  751. 

Stérilisation  du  lait  par  la  chaleur,  444. 

Sternum  (fissure  avec  ectocardie),  633. 

Stomatite  aphteuse  (syndrome  prémoni- 
toire), 55. 

Stridor  laryngé  congénital,  302. 

Stridor  laryngé  tardif,  383. 

Suc  gastrique  (pouvoir  plastéinogéne 
chez  les  nourrissons)  {Mémoire  du 
Dr  Allaria),  371. 

Suggestion  hypnotique  contre  l'ona- 
nisme, 430. 

Suicide  chez  les  enfants,  59. 

Symphyse  cardiaque  (12  cas),  760. 

"Symphvse  cardiaque  avec  ascite  (2  cas), 
237.  ' 

Syncope  dans  la  grippe  du  nourrisson, 
701. 

Syndactylie  congénitale,  569. 

■Syndrome  addisonien  au  cours  de 
gastro-entérite  infectieuse,  254. 

Syndrome  labio-glosso-pharyngé  chez 
un  garçon  de  sept  ans  (polioencé- 
phalite)  {Recueil  de  faits  par  le  D^ 
E.  Zembou(is),  220. 

Syndrome  iiiyoclonique  avec  réaction 
méningée,  252. 

Syndrome  prémonitoire  de  la  stomatite 
aphteuse,  55. 

Syphilis  à  la  maternité  de  l'hôpital 
Tenon,  568. 


Syphilis  congénitale  avec  lésioDS  gom- 
meuses  multiples  et  dégénéresceDce 
pigmentaire  par  hémolyse,  685. 

Syphilis  congénitale  du  poumon,  45. 

Syphilis  congénitale  (laryngite  et  pha- 
ryngite hyperplastiques),  300. 

Syphilis  congénitale  (lymphocytose  du 
liquide  cérébro-spinal),  183. 

Syphilis  congénitale  (ophtalmoplégie 
externe),  433. 

Syphilis  congénitale  (symptômes  inso- 
lites), 364. 

Syphilis  et  tuberculose  (pharyogo- 
laryngites)  {Mémoire  de  MM,  Rahour- 
din  et  Brissy),  275. 

Syphilis  (gommes  palatines),  764. 

Syphilis  héréditaire  (dentition),  639. 

Syphilis  héréditaire  et  hérédité  syphili- 
tique, 59. 

Syphilis  héréditaire,  foie  silex,  spiro- 
chètes dans  le  sang,  369. 

Syphilis  héréditaire  (maladie  de  Parrot). 
110. 

Syphilis  héréditaire  (réactions  méoin- 
gées),  432. 

Syphilis  héréditAire  tardive,  445. 

Syphilis  héréditaire  tardive  avec  aUé- 
ration  de  la  gorge,  62. 

Syphilis  héréditaire  tardive  chez  ks 
écoliers,  362. 

Syphilis  (ictère,  lésions  du  foie),  364. 

Svphilis  infantile  dénoncée  parles  cris, 
"683. 

Syphilis  (myocardite  avec  doigts  po 
massue),  366. 

Syphilis  (préservation  des  nourrices  et 
des  nourrissons),  189. 

Syphilis  (sarcocèle),  446. 

Syphilis  (testicule),  446. 

Syphilis  (traitement),  765. 

Syphilis,  tuberculose  miliaire  (emphy- 
sème sous-cutané),  52. 

SyringomyéKe  chez  une  fille  de  neuf  ans. 
682. 


Tabès  et  paralysie  générale,  766. 

Tache  bleue  de  l'ischion  et  phéno- 
mènes mongoloïdes  chez  les  enf&oi? 
européens,  120. 

Tarsectomie  cunéiforme  pour  pied  boU 
369. 

Teneur  en  beurre  du  lait  de  femmf 
(son  influence  sur  la  santé  du  nour- 
risson), 508. 

Testicule  ectopié  (traitement),  308. 

Testicule  syphilitique,  446. 

Tétanie  (un  cas),  113. 

Tétanos  des  nonveau-nés  guéri  p^r 
la  méthode  de  Baccelli.  304. 


TABLK  ALPHABÉTIQUE 


785 


Tétanos  traité  par  le  sérum  antitéta- 
nique, gaérison,  497. 

Théophile  Roussel  (son  monument). 
418. 

Thymus  (apoplexie),  436. 

Thymus  et  mort  au  cours  de  l'anes- 
thésie  générale,  371. 

Thymus  (mort  chez  le  nouveau-né),  44. 

Thvmus  (physiolo^çie  et  pathologie), 
245. 

Thymus  (poids  dans  la  première  et  la 
seconde  enfance).  179. 

Thyroïde  (congestion  chez  le  nouveau- 
né)  {Mémoire  de  MM.  Fabre  et  Thé- 
peno/),  257. 

Thyroldite  aiguô  grippale,  254. 

Thyroîdite  aiguë  suppurée  avec  com- 
pression, tubage.  49. 

Thyroîdite  rhumatismale,  319. 

Tibia  (réintégration),  507. 

Tic  du  rhomboïde  produisant  le  scapu- 
lum  calgum,  765. 

Tolérance  étonnante  du  larvnx  d'un 
enfant  pour  un  corps  étranger 
{Recueil  de  faits  par  le  D^  Bruch), 
210. 

Torticolis  sjMismodiques  (traité),  251. 

Trachée  (rétrécissement  congénital), 
428. 

Trachéocèle  bilatérale  chez  un  rachi- 
tique,  52. 

Traité  des  maladies  de  Tenfance,  61. 

Traité  des  maladies  familiales  et  des 
maladies  congénitales,  124. 

Traité  des  torticolis  spasmodiques,251. 

Traité  de  thérapeutii[ue  orthopédique, 
191. 

Traitement  de  la  coqueluche  par  l'ar- 
senic, 114. 

Traitement  de  la  coqueluche  par  le 
Sic,  48. 

Traitement  de  la  coqueluche  par  une 
ceinture  abdominale,  495. 

Traitement  de  la  luxation  congénitale 
de  la  hanche  par  la  méthode  ortho- 
pédique abrégée,  2i7. 

Traitement  de  la  syphilis,  705. 

Traitement  de  l'ectopie  lesticulaire,  308. 

Traitement  des  cavités  osseuses  d'ori- 
gine ostéomyélitiquc,  762. 

Traitement  des  diarrhées  du  premier 
âge  par  les  solutions  de  gélatine 
{Mémoire  du  D^  Péhu),  519. 

Traitement  des  gastro-entérites  par  le 
bouillon  lactique,   030. 

Traitement  des  sténoses  diphtériques  d  u 
larynx  chez  les  nourrissons,  558. 

Traitement  des  verrues.  032. 

Traitement  du  mal  de  Polt,  251. 

Traitement  du  nnevus  vasculaire  par  le 
radium,  501. 


Traitement  hygiénique  de  100  cas  de 

tuberculose  à  l'hôpital,  430. 
Traitement   moral,    hygiène    et    édu- 
cation des  idiots,  318. 
Traitement  non  sanglant  de  la  luxation 

congénitale  de  la  hanche,  318. 
Traitement  orthopédique  de  certaines 

formes  de  la  maladie  de  Little,  689. 
Traitement  par  la  parafflno  des  hernies 

ombilicales,  46. 
Traitement  par  le  babeurre  de  certaines 

toxidcrmites,  380. 
Traitement   postopératoire  des   rhino- 

adénoïdiens,  507. 
Transmission  par  l'allaitetnent  d'agglu- 

tinines  au  cours  d'une  typhoïde,  241. 
Tré[)anation  de    la    mastoîde    chez  le 

nourrisson  {Mémoire du  0'  Fournier), 

fi '2. 
Tricophytie  disséminée  du  tronc,  502. 
Tubage     dans      la     thyroîdite    aigué 

suppurt-e,  49. 
Tubage  du  larynx  dans  la  diphtérie,  688. 
Tuberculeux  (reglobulisation  du  sang), 

2(8. 
Tuberculinc  contre  la  méningite  tuber- 
culeuse, 491. 
Tuberculine  (cuti-réaction),  696. 
Tuberculinc     (oculo-réaction)     (Revue 

générale),  020, 
Tuberculine    (ophtalmo-réaction).   025, 

766. 
Tuberculome  diffus  du  cervelet,  382. 
Tuberculose  adéno-splénique,  lympha- 

di'-nie     tuberculeusi      {Mémoire     de 

MM.  Weill  et  Lesieur),  129. 
Tuberculose  dans  la  première  enfance. 

cavernes  chez  le  nourrisson,  698. 
Tuberculose  des  ganglions  bronchiques 

(diagnostic  précoce),  434. 
Tuberculose  des  ganglions  bronchiques 

(origine  intestinale},  43. 
Tuberculose  des  os  plats  du  crâne,  559. 
Tuberculose  dilTuse  chez  un  nourrisson 

de  deux  mois  et  demi,  369. 

Tuberculosedu  péritoine  (héliothérapie), 
235. 

Tuberculose  et  syphilis  tertiaire  (pha- 
ryngo  -  laryngites  ulcéreuses)  (3/^- 
moire  de  MM.  Rabourdin  et  Rrisstj), 
275. 

Tuberculose  ganglio-pulmonaire  dans 
l'école  parisienne,  301. 

Tuberculose  infantile  (pneumothorax 
et  hémoptysie),  310. 

Tuberculose  infantile  (traitement  hygié- 
nique de  100  cas),  430. 

Tuberculose  miliaire  chez  une  syphi- 
litique (emphysème  sous-cutané j,  52. 

Tuberculose  (myosite  k  fovers  mul- 
tiples). 500. 


786 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


TubeKttLofie  (poljartlirite  aigué},  379. 

Tuberculose  palmoitalr»  dams  Ui  pre- 
mière enfance,  121. 

Tuberculose  reconnue  par  TophtalmcK 
réaction  à  la  tuberculine,  625. 

Tuberculose  rénale,  252. 

Tuberculose  (types  de  bacilles  et  portes 
d'entiée),  6.»8. 

Tumeur  blanche  du  genou  (allongement 
du  fémur  {Recueil  de  faits  par 
MM.  Mayet  et  Bourganef),  289. 

Tumeur  cérébrale  et  hémiplégie  céré- 
brale, 126. 

Tumeur  gazeuse  du  cou,  52. 

Tumeur  vasculairo  polypoïde  du  méat 
urinaire,  126. 

Tumeurs  blanches  du  membre  inférieur 
^appareils  de  marche)  (Mémoire  du 
Dr  H.  Mayet),  393. 

Tumeurs  cérébelleuses  dans  l'enfance, 
759. 

Tumeurs  du  cervelet  dans  l'enfance, 
692. 

Tumeurs  malignes  des  organes  glandu- 
laires lymphaticpies,  113. 

Typhoïde  (agglutinines  transmises  à 
l'enfant  .par  le  lait  de  la  mère),  241. 

Typhoïde  (cas  intérieur),  62,  253. 

Typhoïde  (contagion  hospitalière),  240. 

Typhoïde  vX  allaitement,  498. 

Typhoïde  (troubles  respiratoires  d'ori- 
gine nerveuse)  [Mémoire  de  MM,  xVo- 
bécourt  et  L.  Tixier),  661. 

U 

Ulcération  de  la  gorge  (syphilis  héré- 
ditaire), 62. 

Ulcère  gastrique  perforé  chez  un  gar- 
çon de  douze  ans,  111. 

Université  de  Bologne,  702. 

Université  de  Giessen,  702. 

Université';  de  Heidelberg,  702. 

Université  de  Graz,  128. 

Université  de  Munich,  128. 

Université  de  Pavie,  320. 

Université  de  Rome,  63. 

Université  do  Turin,  320. 

Université  de  Vienne,  63. 

Université  de  Vienne  (travaux  de  la 
clinique  infantile),  573. 

Urètre  sectionné  par  un  cheveu,  681. 

Urètre  dans  le  rachitisme,  186. 

Urine  (incontinence  nocturne),  54. 

Urine  (pouvoir  réducteur  influencé  par 
l'urotropine),  747. 


Urotropine   et   pouvoir   réducteur  de 

l'urine,  747. 
Urticaire  pigmentée,  45. 


Vaccination  et  iMladies  infectienses. 

187. 
Vaccination  et  vaccinîdes»  fi98L 
Vaccination  sous-cutanée,  24C»  SIS. 
Vaccine  ectopique,  446. 
Vaccine  (herpès  à  la  suite  de),  560. 
Valeur  clinique  de  la  leucocytose  dans 

les  appendicites  de  l'enfance,  2i2. 
Valeur  de  l'examen  du  lait  dans  l'&Uai- 

tement  au  sein  {Mémoire  de  M.  L 

Mofquio),  449,  525. 
Variations  de  la  composition  des  laiU 

de  femme,  556. 
Variations    leucocytaires   en    clinique 

infantile  (Aetrue  générale),  551. 
Varuséquin  congénital  (pied  botjastra- 

galectomie).  369. 
Végétations  adénoïdes  chez  les  nour- 
rissons, 248. 
Venin  des  serpents,  sérothérapie  imti- 

venimeuse,429. 
Verrues  planes  juvéniles  guéries  i^ar 

les  rayons  X,  115. 
Verrues  (traitement),  632. 
Viande  et  lait  (hygiène),  700. 
Vincent  (bacille  et  spirille  dans  l'otite 

moyenne),  lit. 
Viscères  (poids  dans  l'enfance),  179. 
Voile  du  palais  perforé  dans  la  scarla- 
tine {Recueil  de  faits  par  .If  ««  Matkilde 

de  Biehlei^),  224. 
Volvulus  de  l'anse  sigmolde.  44. 
Vomissement  à   rechute   avec   acétv 

nurie,  51. 
Vomissement    cyclique    (pathogénie i. 

628. 
Vomissement  de  nourrisson  guéri  par 

l'iodure  à  la  nourrice,  47. 
Vomissements  cycliques,  62. 


Xeroderma  pigmentosum  (histologie  et 
clinique),  42. 


Zona  ophtalmique  chez  un  enfant,  691. 
Zona  thoracique  avec  hoquet,  765. 
Zona  thoracique  précédant  les  oreillon». 
446. 


4976-07.  —  CoRBEiL,  Imprimerie  Ëd.  Crété. 


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