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Boston
Médical Libbaby
8 The Fenway.
:
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I
,!
Archives
de
Médecine des Enfants
X. - 1907
CONDITIONS DE LA PUBLICATION
Les Archives de Médecine des Enfants paraissent le i^'^ de chaque mois
par fascicules de 64 pages, avec figures dans ie texte.
PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL
France (Paris et Déparlements) 14 francs.
Étranger (Union postale) t • francs.
Archives
de
Médecine des Enfants
Publiées par MM.
J. GRANCHER
ftofesseur de clinique des maladies de l'enfance.
V. HUTINEL
Professeor, Médecin des Enfants- Assistés.
P. MOIZARD
Uédecic de l'Hôpital des Enfants-Malades.
O. LANNELONGUE
Professeur, Membre de l'Institut.
A.-B. MARFAN
Agrégé.Médecin de l'Hôpital des Enfants-Malades.
A. SEVESTRE
Médecin de l'Hôpital Bretonnean.
Dr J. COMBY
Médecin de l'Hôpital des Enfants-Malades.
DIRBCTKUH DB LA PUBLICATION
1'« SÉRIE - TOME DIXIÈME — 1907
PARIS
MASSON ET C'% ÉDITEURS
LIBRAIRES DB l'aCADÉMIE DE M it D E C I N E
1?0, BOULEVARD SAfNT-QBRMAIN
1907
À
'^^
Dl
MÉDECINE DES ENFANTS
MÉMOIRES ORIGINAUX
' ' * • •
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE
Parle 0' J. COMBT.
' . • • •
Depuis mon mémoire, Le Mon&oli^më infamili:, basé sur
li observations [Archiveade médecine des enfants^ avril 1906j,
j ai recueilli 8 nouveaux cas, QP qui popti? a 22 le total de
mes observations personnelles. Parmi les 8 dernières observa-
lions, 2 ont pu être suivies jusqu'à la vérification anaiomiquo.
Nous allons résumer la description du mongolisme infantile,
d'après cet ensemble de 22 observations, recueillies en moins
de trois ans.
Nous continuerons à délinir le mongolisme une variMô
4 idiotie congénitale caractf'risée par le faciès asiatique,
Etiologie. — Le mongolisme, à en juger par lo nombre
respectable des cas observés en si peu de temps, est une anoma-
lie très commune dans la clientèle infantile. Mais les sujets,
étant très vulnérables, meurent jeunes, et les cas vont en se
raréfiant à mesure qu'on observe des enfants plus âgés.
La rareté du mongolisme n'est qu'apparente, les médecins
praticiens confondant presque toujours cette anomalie avec
d'autres affections qui atteignent soit rintelligence, soit la
AhCH. DB MëDSC. DBS KNKANTH, 1ÎK)7. X. l
.1. COMBY
plastique physique et le ilr^velopperaent corporel : myxœdènie,
achondroplasie, rachitisme.
On peut estimer que, sur 100 enfants idiots, il y en a 5 du
type mongolien environ.
Au point de vue du sexe, ma statistique ne permet pas dc^
se prononcer catégoriquement : 9 filles, 13 garçons.
En général, il y a prédominance du sexe masculin.
L'affection est nettement congénitale, et le faciès révélateur
est remarqué dès la naissance de Tenfant. Le père ou les
proches parents ne peuvent s'empêcher de s'écrier que le nou-
veau-né ressemble à un Chinois ou à un Japonais.
Au point de vue des causes de Tanomalie, les nouvelles
enquêtes que j'ai faites m'ont confirmé dans l'opinion que le
mongolisme n'est conditionné par aucune influence hérédi-
taire. Ni la consanguinité, ni la tuberculose, ni la syphilis, ni
Talcoolismedes parents, n'ontpuêtresérieusementincriminés.
Quanta l'hérédité neuro-pathologique ou arthritique, elle a
bien pu être signalée dans quelques cas, mais, à cause de ha
banalité, nous n'avons pas pu songer à lui attribuer un rôle
quelconque.
Le mongolisme n'est donc pas une maladie héréditaire. Et
ce qui le prouve bien, c'est qu'il n'est pas familial; on ne voit
qu'un mongolien dans une nombreuse famille, et c'estsouvent
le dernier d'une série de sept à huit enfants.
C'est surtout pendant la grossesse que les causes efficientes
interviennent. On a parlé de parents trop vieux, épuisés par
la misère, par la maladie, par les chagrins.
Or,dans mes H dernières observations, je relève, pour l'âge
des pères au moment de la conception : trente-trois ans, cin-
quante-sept ans, trente-six ans, trente-cinq ans, vingt-cinq
ans, cinquante et un ans. Celui des mères est dç trente-deux
ans, trente-sept ans, vingt-six ans, trente-quatre ans, vingt et
un ans, trente-huit ans. Dans la plupart de mes cas, il est dit
que les parents sont jeunes et nullement affaiblis. Il faut
chercher ailleurs. Quant à IVpuisement des mères par de
nombreuses grossesses et des allaitements trop prolongés ou
trop rapprochés, nous trouvons qu'il est loin d'être habituel ;
en effet, nous comptons : trois fois deux grossesses, une fois
trois grossesses, une fois cinq grossesses, une fois six gros-
sesses, une fois huit grossesses, une fois neuf grossesses. Dans
ces derniers cas i femmes de trente sept et quarante ans\ h»s
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE o
•
sept et huit premiers enfants sont normaux, le huitième et le
neuvième sont mongoliens. On peut accuser Tépuisement de
ces femmes par des grossesses multipliées et rapprochées.
Mais il faut faire remarquer aussi que la dernière grossesse a
Hté marquée par des émotions morales pénibles, que nous
trouvons presque toujours dans l'étiologie du mongolisme.
Dans deux de nos cas, la quatrième grossesse s'estterminée
par la naissance d'un mongolien, la cinquième grossesse par
un enfant normal. Dans une autre observation, nous voyons
I accouchement d'un mongolien être suivi de deux accouche-
ments d*enfants normaux. 11 n'est donc pas constant de voir le
mongolisme terminer la série des grossesses (épuisement
de la force procréatrice) ; un mongolien peut naître avant un
ou plusieurs enfants normaux.
Quand on étudie de près les circonstances des grossesses ayant
abouti au mongolisme, on voit que les causes d'ordre moral
jouentunrôle prédominant. J'avaisdéjà souligné cette influence
dans mon premier mémoire. J'y insiste de nouveau aujour-
d'hui.
Que lisons-nous en etTet dans les observations où l'enquête
a pu être faite ? Gros ennuis pendant la grossesse, mauvaises
affaires, crainte de faillite (Obs. 1) ; chagrins, enfant très ma-
lade, crainte de le voir succomber (Obs. 111) ; ennuis résul-
tant de la mort d'un enfant de neuf mois et de la maladie du
père opéré pour phlébite (Obs. IV) ; chagrins vers la septième
semaine de la grossesse, insomnie (Obs. V); vive contrariété
de se trouver enceinte, pleurs quotidiens pendant les premiers
mois (Obs. VI et Vil).
Il semble donc bien, d'après ces observations, confirmées
d ailleurs par beaucoup d'autres, que le facteur principal,
dans Tétiologie du mongolisme, est l'état moral de la mère
pendant les premiers mois de lagrossesse. La femme est-elle
heureuse, mène-t-elle sa grossesse sans secousses morales
violentes, sans émotions pénibles, sanschagrins ni contrariétés
vives ou prolongées, l'enfant qu'elle mettra an monde ne sera
pas mongolien. Dans le cas contraire, il peut l'être. Cela ne
veut pas dire que toute femme malheureuse pendant la gros-
sesse accouchera fatalement d'un enfant au visage asiatique,
mais seulement .que le mongolisme semble dériver de ces
conditions étiologiquesetque les femmes qui y sont soumises
courent le risque d'engendrer un mongolien. D'après un cor-
J. COMBY
taiu Dombre d'observations, il m'a semblé que ces causes mo-
rales devaient agir dans les premiers mois de la grossesse pour
avoir leur plein eflet. C'est vraisemblablement dans le troi-
sième mois que le développement du fœtus est entravé et que
le cerveau est arrêté à cette phase embryonnaire et rudimen-
taire qui se révèle dans les autopsies.
Mais pourquoi cette apparence mongolienne, pourquoi ce
faciès asiatique? La ressemblance aveclesChinoisou les Japo-
nais, il faut bien l'avouer, n'est pas absolue ; il y a des analo-
gies, rien de plus. Cet aspect de magot chinois, ce visage
simple, mal dessiné, doit correspondre à une phase du déve-
loppement fœtal.
A ce moment, Tarrèt de développement survient et les traits
sont en quelque sorte fixés pour toujours, ne pouvant plus
s affiner ni se perfectionner.
Anatomie païitologiqck. — Les deux autopsies que nous
avons faites montrent des particularités intéressantes.
Et d'abord disons que le corps thyroïde, comme le thymus,
ont été trouvés intacts ; il n y avait pas de lésion appréciable
•de ces organes. Onnepeutdoncpasinvoquer, commeonTafait,
lemyxœdèmeà propos du mongolisme, malgré l'aspect joufflu
ei l'état pseudo-lipomateux de certains mongoliens.
Les anomalies cardiaques ont été maintes fois signalées ;
-<lans un de nos cas, il y avait une communication interven-
triculaire très nette (maladie de Roger), quoique, pendant la
vie, nous n'eussions pas perçu de souffle à la région précor-
diale.
Le cerveau, dans les deux cas, a présenté les lésions décrites
sous le nom de lissencéphalie : circonvolutions larges, aplaties,
peu plissées, peu sinueuses, peu compliquées, ce qu'on voit
bien par comparaison avec un cerveau d'enfant normal.
Le cerveau, peu allongé (ovale court), est d'ailleurs très
petit. Le poids total de l'encéphale ne dépassait pas 725 gram-
mes chez la fillette de dix-neuf mois (Obs. 1) et 820 grammes
<îhe/ celle de vingt et un mois (Obs. 11). Dans ces cerveaux, qui
ne présentaient aucune asymétrie, aucune lésion macroscopiqui'
localisée, M. Tilloy a trouvé, au microscope, une prolifération
des cellules de la névroglie avec une raréfaction à peine mar-
quée des cellules pyramidales.
Au point de vue anatomique, nous devons enfin signaler
l'atrophio des phalangines et phalangellos, marquée surtout
au petit iloigt pour la muin et à tous les orteils pour les pieds.
Cette dtspositioD se voit bien sur les radiographies (fïg. I,
a et 3 ) obtenues aux laboratoires de la Salpêtrière et ile
l'hôpital N'ecker. Nous aurons ù revenir, chemin faisant, sur
les autres anomalies associées au mongolisme.
Le fait capital à retenir est le petit volume du cervonu et la
lissencéphalie.
Symptômes. — La ressemblance avec un bébé chinois ou
FiK. 1. — (Radiograiibie piir M. InTroiti. alru[jhii: îles pbulaUfteMei de ton»
les doigtt flt de In phalaugiae du petit duÎKt.
japonais s'accuse dès la naissance Diins l'ob^sorvatiou I, le pore,
frappe du facics asialique de sa lillcttc, incrimine les Journaux
illustrés relatant les pliases de la guerre russo-japonaise ((Ul^
sîi femme avait souvent parcourus pendant la grossesse.
l^hez tous nos mongoliens, nous trouvons cette t<Me arruntlie,
linichycéphale, avec fontanelle longtemps ouverte. Mais celte
tiMeestgaroiede cheveux assez hns, contrairement à ce qu'on
voit dans le myxœdème. Le nez est toujours enfoncé à sa
racine, et il y a plus ou moins d'obstruction inisale avet;
tHjuchc ouverte, sterlor, ronllenient nocturne, etc.
Presque tous les moiigoilonsODl dos végéUlioos ad^^noïilo
qu'on est obligé d'enlever do bonne heure. Cela doit tenir ii
l'étroitesse de la base du crâne et au peu de plate qu'ellr
laisse aux cavités rhino-pharyngienncs. Cette disposition se
voit aussi chez les achondroplasiqnes.
V'ig. 1- - Atrophie île la (ibalaDgette et île la ph.ilaDgiiie du petit io'ifti.
Dans nos observations nouvelles, le faciès asiatique est au^si
bien caractérisé que dans les précédentes : visage rond, joues
pleines, peau jaun&lre et pityriiisique. Tente pslpébrale étroite
et oblique, avec épicanihus plus ou moins ])rononcé, lobule
de l'oreille rudimentaire et mal détaché. Assez souvent. ny>-
tagiïiHs ou strabisme, blépharile ciliairo.
NOfVÉiALX UAH IIE MQNUOLISME INFA.NTH.K 7
Chez tous DOS mongoliens, la fontanellccst large el se ferme
trëiitard, à trois ans ou trois ans et demi. Les dents sortent
très tard, parfois avec irrégularité, les molaires précédant les
incisives, etc.
Bouche entr'ouverle, bave. langue procidente à un cerlaiu
degré. Cette langue, d'abord lisse et à peu prbs normale, pré-
sente dans la suite des fissures el des plicatures qui la lonl
ressembler à la langue scrotale.
La colonne verk-brale est généralement droite, et tes enfants
se tiennent facilement assis, les jambes repliées el croisées
(position du tailleur). Cependant l'enfant de lob^eivatioii 1
8 .1. COMBY
avait une cyphose dorsale très accusée, comme dans le rachi-
tisme.
Articulations lâches et souples permettant des mouvements
anormaux.
Les mains et les pieds sont courts; les doigts sont très petits,
particulièrement le pouce et le petit doigt. Il y a souvent une
syndactylie unissant partiellement le deuxième et le troisième
orteils. La radiographie montre que les phalangines et phalan-
gettes, tant pour les pieds que pour les mains, sont atrophiées
à un haut degré.
Le ventre est gros et Tombilic fait souvent saillie, mais à
un moindre degré que dans le myxœdème. De même il peut y
avoir des masses pseudo-lipomateuses au cou et au-dessus des
clavicules, mais tout cela moins accusé que chez les myxœ-
démateux. Taille ordinairement courte, parfois voisine de la
normale; le poids corporel présente les mômes variations.
L'examen du cœur montre dans beaucoup de cas une ano-
malie que nous avons vérifiée dans une de nos autopsies, la
communication interventriculaire (maladie de Roger). Pen-
dant la vie, cette lésion se traduit par un soufQe systolique
qui couvre la région précordiale. Dans Tobservation I, outre la
communication interventriculaire, nous avons relevé la per-
sistance du canal artériel et une symphyse cardiaque récente.
Dans l'observation II, il n'y avait pas d'anomalie cardiaque.
Dans l'observation V, le souffle systolique de la maladie de
Roger esttrès accusé. Dans l'observation II, quoiqu'il n'y eût
pas d'anomalie orilicielle, le cœurétait mou, jaunâtre, etilnous
semble qu'on peut mettre sur le compte de cette faiblesse
myocardique la pauvreté de la circulation périphérique, le
froid souvent accusé aux extrémités, etc.
La monorchidie, la cyptorchidie, le faible développement
des organes génitaux externes, sont souvent signalés.
La marcheesl très retardée chez les mongoliens : le mon-
golien de l'observation III, qui n'avait que trois ans, marchait
très bien ; mais beaucoup d'autres ne marchent qu'après trois
ans, présentant un retard comparable à celui des rachitiques
S'ils ne peuvent marcher seuls, en revanche ils exécutent
avec leurs jambes des mouvements cadencés et automatiques,
pour peu qu'on^ les tienne sous les bras. Loin d'être apa-
thiques, ils ont pour la plupart besoin de [mouvement ot
vont jusqu'à Tagilation.
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE U
Le retard intellectuel est des plus manifestes. Sans doute le
mongolien reconnaît son entourage, il est même affectueux
et caressant. Mais il dit à peine quelques monosyllabes à
Tàge où les enfants normaux s'expriment couramment. La
parole est donc excessivement retardée. Quantàla lecture et à
récriture, inutile d'en parler avant la seconde enfance ou même
ladolescence. Le mongolien est rebelle au calcul.
Le goût très vif pour la musique s'est vérilié encore tlaus
nos observations nouvelles. Un air quelconque met le mon-
golien dans le ravissement ; il a la mémoire musicale, il
cherche à danser en mesure.
Les deux décès que nous avons eu à déplorer montrent
encore une fois combien le mongolien est fragile et vulné-
rable. La fillette de dix-huit mois de lobscrvation I, d'ailleurs
très en retard comme poids, taille, intelligence, etc., a été
enlevée rapidement par un état infectieux dont nous n'avons
pas pu saisir la porte d'entrée. Celle de vingt-quatre mois
(Obs. II) avait une rougeole normale sans complication ; i^lle
est morte presque subitement.
On peut dire que la plupart des mongoliens meurent dans
la première ou la seconde enfance; il en est très peu qui par-
viennent à 1 âge adulte, Le pronostic guoad vitam est donc
mauvais.
Mais le sort de ceux qui survivent n'est guère enviable. Ces
idiots sont très peu perfectibles ; on ne peut qu'à la longue et
avec les plus grandes difficultés leur inculquer des notions
très élémentaires de lecture, d'écriture, de calcul. Lire, écrire,
compter, c'est tout ce qu'on peut espérer dans les cas les plus
favorables.
Les métiers qu'on pourra enseigner aux mongoliens sont
des métiers simples, de manœuvres, rie balayeurs, etc.
Diagnostic. — Les observations qui suivent conlirment
absolument ce que j'avais dit dans mon premier mémoire.
Le mongolisme est une affection autonome qui n'a rien de
commun avec le myxcprfèm/» congénital.
Dans le myxœdème, les cheveux manquent ou sont rares,
secs et durs; dans le mongolisme, ils sonl abondants et à
peu près normaux. Dans le myxœdème, l'enfant estsomnolent
et apathique; il est plutôt vif, gai, alerte dans le mongolisme.
Dans le myxœdème, la colonne vertébrale s'affaisse; elle est
droite dans le mongolisme. Les mongoliens sont très sensibles
in .1. COMBY
à la musique, les myxœdémateux sont indifférents à tout. Le
traitement thyroïdien guérit le myxœdème, il ne guérit pas le
mongolisme. Enfin, dans les deux autopsies de mongoliens
que j'ai faites (Obs. I et II), j'ai pu confirmer ce que d'autres
auteurs avaient établi avant moi, à savoir l'intégrité du corps
thyroïde et du thymus.
Quant au rachitisme^ il se distingue du mongolisme et par
le facieset par Tabsence d'idiotie. J'en dirai autant de Vachon-
dropidsie.
Pour ce qui est des autres idiots congénitaux, la différencia-
tion est basée avant tout sur le faciès. Aux idiots dutype mon-
{^olien, età eux seuls, appartient le faciès asiatique nécessaire et
suffisant pour les classer. Tout médecin qui aura bien vu un
mongolien reconnaîtra désormais tous les idiots du même type.
TraiteaieiNï. — 11 n'y a pas lieu d'espérer en l'efficacité réelle
^'l durable d'un traitement quelconque. Il faut mettre les
mongoliens dans de bonnes conditions hygiéniques, à l'abri du
froid et de l'humidité, loin des tuberculeux qui les contami-
neraient sûrement.
Le reste est affaire d'éducation spéciale, de médico-péda-
gogie. Avec beaucoup de temps et de patience, on obtiendra
<]uelques résultats dans les cas atténués et frustes.
( )bservatio>' 1. — Ville de dix-huit mois, — Mongolisme très accusé. — C/«i-
urinsde la mère pendant la grossesse. — Mort. — Anomalie cardiaque. —
Intégrité du thymus et de la thyroïde. — Lissencéphalie.
Une fille de dix-huit mois, M... L., entre dans mon service, à riiùpîtal
<les Enfants-Malades, salle deChaumont, n° 17, le 15 avril 1906. Originaire
de TAllier, elle m'est adressée par mon ancien élève, le D*" Chatard, qui a
fait le diagnostic par le faciès.
Antécédents héréditaires. — Père âgé de trente-cinq ans, bien portant,
mais très nerveux.
Mère âgée de trente-quatre ans, bien portante aussi, a eu deux enfants;
le premier âgé de trente mois, normal ; le deuxième mongolien. Or,
pendant cette deuxième grossesse, cette femme a eu de très gros ennuis,
le commerce à la tète duquel elle était ne marchant pas et la faillite étant
imminente.
Antécédents jtersonneU. — Enfant née un peu avant terme, accouche-
ment facile et sans incident. Frappé de la physionomie asiatique de la
fillette, le père attribua ce fait étrange à l'habitude qu'avait la mère de
suivre, sur les journaux illustrés, les phases émouvantes de la guérir
nisso-japonaise. Pendantles quatre premiei^ mois, l'enfant fut nourrie au
1)iberon ; comme elle n'augmentait pas, on lui donna une nourrice merce-
naire pendant huit mois, après quoi elle fut sevrée. Pas de maladie. Mais
<léveloppement toujoui'S très retardé, impossibilité d'augmenter de poids
même avec une bonne alimentation.
Étaf actuel.— Le faciès esl typique : yeux petits, fentes palpébrales tivs
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE 11
ri roi tes et obliques en haut et en dehors, en même temps sti-ahisme et
nystagmus. Fare arrondie en pleine lune, joues pleines. Crâne brachycé-
phale et rond; cii-conférence, 40 centimètres. Taille de 69 centimètres
>eulemenl; poids de 6 kilogrammes (pour une iillette de dix-huit mois,
c'est ti-ès faible). Fontanelle antérieure largement ouverte, cheveux
abondants et lisses; desquamation pilyriasiforme du cuir chevelu et de la
face. Lobules de l'oreille rudimentaires. Nez enfoncé à la racine, avec
siridor permanent, bouche béante, langue augmentée de volume. Pa^
une seule dent.
('orps petit, peu développé ; membres grêles, mous, avec laxité exli'ême
des articulations. Mains larges et courtes ; doigts courts, surtout les auri-
culaires. Tendance au refroidissement et à la cyanose des exlrémilés.
A Tauscultation du cœur, battements fréquents (120) sans souffle i>er-
ceptible. Rien au poumon. Intelligence très rudimentaire, enfant agitée,
criarde, dormant mal. Elle ne reconnaît personne, n'articule aucun mot,
ne peut rester debout ni assise. Elle est on ne peut plus arriérée. Contrai-
rement à la règle, elle présente une incurvation très notable de la
colonne vertébrale, une cyphose à grand rayon, comme dans le rachi-
tisme.
Le H mai 1906, elle succombe assez rapidement avec des phénomènes
d'asphyxie et une température qui a monté jusqu'à 41°.
Autopsie. — Le cerveau petit et de forme ovalaire à pôles aplatis présente
des circonvolutions larges, aplaties, peu sinueuses ( lissencéphalie évidente ; .
Le poids de l'encéphale tout entier ne dépasse pas 725 grammes. L'examen
histologique, fait par M. Tilloy, élève du service et préparateur à lu
Faculté, a montré une coloration intense des coupes par prolifération
des éléments de la névroglie. Les cellules nerveuses sont conservées. Pas
de lésions vasculaires. Dans la zone rolandique, les cellules nerveusi's
sont moins grandes que normalement, mais sans dégénérescence, sans
lésion de noyau: il n'y a donc qu'une légère diminution dans la grandeur.
Quant aux cellules névrogliques, elles sont hypertrophiées.
Le thymus est assez gros et semble normal. Le corps thyroïde présente
ses deux lobes et sa partie moyenne au complet, dans un étal d'intégrité
parfaite. Impossible de |)arler de myxœdème ici.
Congestion pulmonaire récente aux deux bases. Hémorragies des cap-
sules surrénales et des reins. Pas de tuberculose.
Symphyse cardiaque par péricardite récente ; pei*sistance du canal
artériel. (>>mmunication lai*ge interventriculaire, donc maladie de Roger,
non reconnue pendant la vie, malformation fréquemment observée dans
le mongolisme.
Observation II. — Fille de vingt et un mois. — Mongolisme. — Mort à la
suite de rougeole. — Intégrité du corps thyroïde à Vmitopsi*'. — Lissencéphalie.
La petite D.... Eugénie, au faciès mongolien très accusé, entre à
l'hôpital des Enfants-Malades, salle Parrot, n*» 9, le 19 mai-s 1900. Elle
contracte la rougeole et passe dans le pavillon réservé à cette mala<lie le
10 avril.
Autccédents héréditaires. — Parents bien portants, pas de syphilis, pa>
de fausses couches. Ln garçon de trois ans, né à terme, sain et noimal.
Pas de renseignement précis sur l'âge des parents, sur les circumslances
df» la grossesse.
Antécédents personnels. — Enfant née à terme, a été nourrie au sein.
l>i-onchiLeà huit mois, blépharo-conjoncti^ ite depuis la naissance. Sevrage
à un an. État général mauvais et amaigrissement depuis plu^iienrs mois.
12 J. COMHY
Toux depuis quelques jours. La mère conduit sa lillelle pour qu'on la
remette en bon état afin de l'envoyer en nourrice à la campagne.
État actuel. — Poids 6 kilos. Pacies mongolien, en pleine lune, >eux
bridés et obliques avec nystagmus et épicanthus très pi*ononcé.
Grosse langue faisant saillie entre les arcades dentaires ; deux incisives
médianes inférieures. Peau comme infiltrée. Grosses amygdales,
foie et rate sans hypertrophie. L'enfant ne marche pas, ne parle pas, cris
nasonnés. Fontanelle non fermée, tôte brachycéphale ; taille, C7 centi-
mètres. Main large et courte. Rien à Tauscultation. Les lobules des oreilles
sont mal détachés. L'examen attentif de la langue montre qu'elle com-
mence à se dépouiller et se fissurer.
Cheveux fins et souples. Stridor nasal considérai)le. Légère cyphose,
membres mous, grande laxité des articulations. La malade s'asseoit sou-
vent en tailleur. Plusieurs fois dans la journée, sa tête est animée de
balancements dans le sens latéral (tic de Salaam).
Mains et pieds courts. La main est particulièrement large avec briè\ été
de l'auriculairo. Le cœur semble normal.
Intelligence très inférieure, mais Tidiotie n'est pas complète ; l'enfant
prononce quelques mots. Elle est plutôt agitée.
La rougeole semble normale, mais le troisième jour la température
étant montée à 40<',4, l'enfant meurt subitement le 42 avril à sept heuiv.s
du matin.
Autopsie, — Tôte arrondie présentant une circonférence de '*2«",5.
Cerveau régulier, avec circonvolutions aplaties et grossières ;
lissencéphalie évidente. Poids total de l'encéphale : 820 grammes. C^e cer-
veau, au microscope, présente la prolifération névroglique et la légère
atrophie des cellules pyramidales signalées dans l'observation précédente.
Adhérences au poumon droit avec congestion œdémateuse. Ca*ur mou
et pâle, sans lésions valvulaires ni anomalies. Foie cardiaque, muscade,
augmenté de volume. Rate grosse et un peu dure. Reins congestionnés,
capsules surrénales normales. Ovaires et appendice sains. L'examen atten-
tif du thymus et de la glande tliyroïde a montré que ces organes étaient
absolument normaux.
Ces iloux autopsies de mongoliens, faites à un mois irinter-
valle, chez des enfants de môme âge, ont confirmé ce que
nous savions déjà, mais ce qu'il est bon de répéter. Le mongo-
lisme est une variété d'idiotie congénitale qui a son auto-
nomie absolue. 11 n'a rien à voir avec le myxœd^me; le corps
thyroïde est normal chez les mongoliens.
Il est caractérisé par un cerveau spécial, ovalo court à
grosses circonvolutions aplaties, rappelant le cerveau d'un
animal (singe ou ruminant). Ce cerveau est symétrique, sans
sclérose apparente, sans porencéphalie, sans foyer localisa
quelconque. 11 représente non une maladie, mais une ano-
malie, un trouble de développement.
Histologiquement, il apparaît que la substance cm^hrale est
appauvrie, que les cellules pyramidales «le l'écorce sont un
peu atrophiées, que la névroglie est en prolifération. Enlin
NOLVEAUX CAS DE MON(iOLISMK INFANTILE 13
nous voyons que parfois ranomalic cardiaque, si fréquemment
signalée, peut exister à Tautopsie, sans avoir été annoncée
par l'auscultation pendant la vie.
OBSERVATION 111. — Garçondetfoisans. — Mongolisme trê$ net.- Syndacty-
iie. — Cryptorchidie. — Chagrins éprouréspar la mère pendant la grossesse.
Le 15 juin 1905, entre dans mon service de Thôpital des Enfants-
Malades, salle Chaumont, n^ 19, un enfant de trois ans, G... Henri, que
m'adresse mon collègue etamileD' Letulle. Cet enfant est un mongolien,
comme Tavait parfaitement reconnu le D*" Letulle.
Antécédents héréditaires. — Le père, diabétique depuis sept ans, avait
i'inquante-sept ans à la naissance de son enfant. La mère, âgée de quarante
ans, est bien portante. Elle a eu huit grossesses ; les sept premiers
enfants sont sains et normaux. Le huitième, celui dont nous allons nous
occuper, seul est atteint d'idiotie mongolienne. C est que, outre Tépuise-
ment de la mère par des grossesses répétées qu'on pouvait invoquer,
celle-ci a éprouvé de grands chagrins pendant sa dernière grossesse;
«»|]e a eu notamment très peur de voir mourir un de ses enfants, qu'on
dirait atteint de méningite. La huitième grossesse a donc diffén* des sept
précédentes par des émotions morales fâcheuses qui ont troublé révolution
du fœtus.
Antécédents personnels. — Enfant né à terme, mais petit, délical ; ictère
(MMidant les huit premiers jours; aucune manœuvre obstétricale, accou-
chement naturel et facile. Au début, l'enfant ne [muvait prendre le sein ù
cause de sa grande faiblesse. Il fallut une dizaine de joui's pour avoir des
mouvements [de succion suflisants pour la montée du lait. Allaitement
au sein pendant quatre à cinq mois, marche à dix-huit mois. Bron-
chite il y a quatre mois.
Enfant généralement calme, pas méchant, mais manifestant une grande
joie quand il se trouvait, au dehors, au milieu du bruit, et surtout quand
il entendait de la musique.
Intelligence toujours inférieure à la normale; renfunt n'a pu apprendre
à parler.
Etatactuel. — Faciès caractéristique, yeux bridés et obliques, figure ronde,
lélebrachycéphalc,ayant 46 centimètres de ci rconféi*ence ; fontanelle encore
largement ouverte ; cheveux normaux. Pavillons des oreilles bien ourlés,
a\ec état nidimentaire du lobule. Pas de nystagmus ni strabisme. L'en-
fant voit aussi bien qu'il entend, mais il n'articule aucun mol. Nez enfoncé
à sa racine, bouche bée, langue un peu grosse, conimenvanl à se dépouil-
leretàse Hssurer. Voûte palatineogi\ aie, présence de végétations adénoïdes.
L enfant a toutes ses dents. Mains larges et couites, hrièNeté notable des
petits doigts et des pouces. La radiographie montre bien latrophie des os
des phalangettes et phalangines au petit doigt. Aux orteils, elle montre
Hussi l'atwphie des phalangines et phalangettes. Thorax aplati et enfoncé
<uv les cùtés comme dans le rachitisme. Mais colonne vertébrale droite ;
(position de tailleur assis affectionnée par l'enfant, (|ui (railleui^i a une
i?rande souplesse dans ses articulations et marche bien : taille, Sîi centi-
mètres, pas très éloignée de la normale. Poids 11900, inférieur au poids
moyen. Comme anomaliesconcomilanles, nous devons signaler une syndac-
lylie symétrique des orteils du milieu et une double cryptorchidie. Rien
au cœur à l'auscultation. Rien dans les euitres viscères. L'enfant mange
hien, digère bien, mais urine dans son lit. Il c»st toujours l'njoué, de honn»*
humeur, ne pleure jamais.
1 '* J. COMBY
En somme, re pelil mongolien ne difTère des autres ni par les
symptômes (»t l habitus extérieur, ni par Téliologie. On peut relever
deux facteui^ principaux dans celle étiologîe : grossesses multiples et
rapprochées ; dernière grossessiî traversée par des chagrins et des serouss<*<
morales fâcheuses.
Observation IN'. — Fille de f rois ans et 'terni. — Idiotie mongolienne. — ^ère
jeune et saine. — Père affaibli et m>ila(ie au moment de la conception.
Le 17 mai 1906, se présente dans mon cabinet, de la pari du D' Palle-
v;oix, une fillette de trois ans et demi, que je reconnais immédiatement
pour une mongolienne.
Antécédents hérédiViires. — Père âgé de quarante ans, gi*and, maigre,
délicat, très nerveux, ayant eu, au moment de la conception, une maladie
douloureuse suivie d'opération chirurgicale, qui Tavait beaucoup aiïaibli.
Mère âgée de trente ans, forte et saine, ayant eu six grossesses, trois
avant celle qui a abouti à la naissance d'une mongolienne, trois après. La
grossesse s>st déroulée dans de mauvaises conditions : mère démontée
|)ar la mort d'un garçon de neuf mois, père opéré d'une phlébite, etc. Les
quatre autres enfants étaient normaux. Une tille de sept ans se porte livs
bien, une de deux ans est plus avancée comme taille etpoids que sa sœur
de trois ans et demi. Pendant la grossesse, la mère dit avoir été assez
nerveuse, ennuyée, chagrine, mais sans exagération.
Antécédents personnels. -^Naissance à terme, sans difficulté ; nourrie
au sein, lenfant ne se développait pas, restait molle et sans force.
On a remarqué le faciès chinois, mais sans y attacher une très grande
importance, une tante paternelle do l'en fan t étant arriérée et ayant
un peu ce faciès.
L'enfant n'a jamais marché, sa dentition a été très en relard; première
dent, une molaire, à quinze mois. Poids et taille toujours au-dessous de
la normale.
Etat actuel. — Enfant petite, maigre, quoique ayant les joues pleines et la
figure ronde. Faciès mongolien assez accusé, yeux petits et bridés, épi-
canthus, pas de strabisme ni de nystagmus. Nez enfoncé, stertor fré-
quent et ronflement nocturne. Aurait eu de l'otite suppurée il y a quelque
temps. Végétations adénoïdes probables. Bouche peu ouverte, langue
normale. Lobules des oreilles peu détachés. Tète absolument ronde; cir-
conférence, 44 centimètres. Cheveux abondantsel fins. Fontanelle fermée.
Membres d'une souplesse très grande; l'enfant s'assied volontiers en tail-
leur. Elle reste longtemps assise, sans fléchir la colonne vertébrale, qui
ne présente pas de cyphose. Aucune déformation rachitiquc. Pas de masses
lipomaleuses. Rien à l'examen du ventre. Rien à l'auscultation du cœur.
Extrémités habituellement froides ; les mains sont courtes, sans excès.
L'enfant se tient debout, ([uand on la prend par la main, mais elle ne
cherche pas à marcher. Peau pâle, muqueuses décolorées, anémie évi-
dente, qui serait rt'cente. En efîet l'enfant mange très peu etne manifeste
nucim appétit. (x)nstipalion habituelle. Ventre assez gros avec élargisse-
ment des ccMes. Poids, 10 kilogrammes seulement; taille, 80 centimètres,
soit un retard de deux ans sur les autres enfanU.
La fillette ne parle pas ou ne fait entendre que des monosyllabes.
Elle répète cependant les mots qu'on lui dit, surtout si l'on chante.
Elle est en effet très sensible à la musique et répète les airs qu'elle
entend. Elle aime aussi beaucoup les mouvements cadencés, la danse en
musique.
I jifant assez calme, jouant toute seule volontiers, dormant assez bien
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE 15
Elle grince incessamment des dents. Elle comprend ce qu on lui dit et se
met dans de violentes colères quand on ne lui cède pas.
En somme, idiotie mongolienne bien caractérisée, dans une famille do
cinq enfants, sans que la grossesse ait présenté des particularités notables.
Mais le père, d'ailleurs très nerveux, était très affaibli au moment de la
conception.
10 juillet 1904, revu Tonfant qui a maigri ; la thyroïdine semble a\oir
«lonné un peu de force.
i OBSERVATION V. — Fille de cinq ans. — Mongolisme très accusé. — Grossetise
marquée par des chagrins profonds. — Deux autres enfants, venus ensuite, nor-
maux. — Anomalie cardiaque.
Le 10 mai 1906, se présentait, à ma policlinique de Tbùpital des Enfants*
Malades, G... Hélène, âgée de cinq ans. Cette fillette m'était adressée par
un confrère de la ville, qui avait reconnu le mongolisme d'après les cas
qu'il avait observés dans mon service.
Antécédents héréditaires. — Mère actuellement âgée de trente-neuf ans^
forte, bien portante, enceinte pour la première fois de notre petite malade ;
t'ilea eu de violents chagrins vers la septième semaine de lagrossesse, )Miis
lies insomnies. Elle est d'ailleurs assez nerveuse. Deux autres grossesses
par la suite, il y a quatre ans et deux ans, ont abouti à la naissance d'en-
fants normaux. Père, âgé de quarante ans, nerveux, non alcoolique.
Pas de tuberculose ni syphilis dans la famille.
Antécédents personnels. — Née à terme, Tenfant s'est présentée par
les pieds; il a fallu appliquer le forceps et faire ensuite la respiration art i-
iicielle ; le liquide amniotique était trouble. Poids à la naissance :
3 500 grammes.
Malgré l'allaitement au sein, Tenfant n'a pas progressé comme elle le
(levait ; à la fin du deuxième mois, elle avait perdu 1 kilogramme sur son
poids initial. Bronchite à cinq mois, pins tard congestion pulmonaiie
i;rippale. Bouche ouverte, ronflement nocturne; onauraitfait récemment
Famydalectomie pour remédier à ces troubles respiratoires. Marche très
retardée, l'enfant ne peut encore marcher; fontanelle fermée depuis peu»
(l»*nLs très en retard et presque toutes cariées.
État actuel. — Le faciès mongolien frappe immédiatement chez celle
tjllette. Les yeux sont petits, bridés; les paupières fendues obliquement,
Hpicanthus très marqué, pas de strabisme ni de nystagmus. Bouche con-
•ilam ment ouverte avec langue procidente, face ronde et pleine, pavillons
«les oreilles bien ourlés et symétriques avec lobules assez bien détachés,
Tèle ronde, brachycéphale (diamètres longitudinaux égaux aux diamètres
Iransversaux) ; circonférence : 4i centimètres. Plaques pi ty ri as i formes sur
le cuir chevelu, pourvu cependant de cheveux lisses et abondants. Ne/,
enfoncé à sa racine. Dents en très mauvais état ; l'incisive médiane supé-
lieure gauche présente une érosion semi-lunaire. La langue est dépouillée
d epithélium et fissurée. Mains larges et courtes, brièveté des auriculaires
et des pouces. Taille : 85 centimètres seulement fc'est la taille d'un enfant
«le deux ans et demi); poids: ll*»f,300 (c'est le poids d'un enfant de
deux ans à peine). Le retard dans le développement somalique est donc
considérable. Membres d'une grande souplesse, laxité extrême des articu-
lations; l'enfant faille grand écart, craquements articulaires, position du
tailleur assis. Constipation habituelle.
L'auscultation du cœur fait entendre un souffle systolique extrêmemenl
intense, qui couvre toute la région pi-écordiale et s'entend aussi dans le dos.
()e souffle, qui ne s'accompagne pas de cyanose, traduit une commnnica-
iO .1. COMBV
lion iiilet'veiitriculaire. ou maladie de Roger, anomalie cardiaque souvent
observée dans le mongolisme. Au point de vue intellectuel, la fillette
est très en retard ; elle ne dit que quelques monosyllabes, tout en reconnais-
sant son entourage et comprenant à peu près ce qu'on lui dit. Elle est affec-
tueuse. Instinct d'imitation assez développé, goût marqué pour la musique
etles mouvements cadencés. En somme, idiotie notable avec les particula-
rités habituelles dans le mongolisme.
Chez cette enfant, en retard de trois ans sur les autres enfants, tant au
point de vue psychique qu'au point de vue somalique,on doit souligner la
coexistence d'une malformation cardiaque (communication interventri-
culaire) ne se révélant qu'à l'auscultation, ne se traduisant par aucun
symptôme fonctionnel (pas de cyanose ni trouble circulatoire périphé-
rique ou viscéral). L'étiologie est conforme àcelleque nous avons relevée
dans presque toutes nos observations personnelles. La mère n'est ni
délicate ni affaiblie par l'âge, les privations ou les maladies. Elle est jeune
encore, forte et saine. D'autre part, la mongolienne qu'elle a mise au
monde n'est pas la dernière d'une longue série d'enfants. C'est la
pi^emière, l'aînée ; après elle, deux autres enfants sains, normaux, non
t'nlachés de mongolisme, ont été procréés.
D'autre part, aucune tare tuberculeuse n'a pu être incriminée tant du
côté paternel que du côté maternel. La nervosité seule des générateui*s est
mentionnée, quoique faible. Mais, si les causes perturbatrices héréditaires
ont fait défaut, les causes d'ordre moral qui rendent la grossesse pénible
et troublent profondément l'évolution du fœtus n'ont pas manqué. Vei*s
la fin du deuxième mois de sa grossesse, cette femme, émue par des
chagrins profonds, a commencé à perdre le sommeil ; vers le septième mois,
elle a éprouvé de vives douleurs. Finalement, l'enfant est venue à terme
en présentation vicieuse, et l'accouchement n'a pu être terminé qu'au for-
ceps. Cette dernière particularité n'a pas agi sur le mongolisme déjà con-
stitué, et nous ne la rappelons que pour mémoire, voulant surtout mettre
en relief l'influence pathogénique des émotions pénibles éprouvées par
la mère dans les premiel*s mois de sa grossesse. Voilà ce qui compte dans
Tétiologie du mongolisme ; voilà ce que nous trouvons neuf fois sur ilix
dans nos enquêtes personnelles.
Observation VI. — Garçon de vingt et unvtois. — Mongolisme très accuaé.
— Parents jeunes. — Mère très contrariée pendant la çfrossesse.
Le 10 juillet 1906, on me conduit un petit garçon de vingt et un mois,
que je reconnais immédiatement pour un idiot mongolien.
Antécédents héréditaires. — Père âgé de vingt-sept ans, bien portant.
Mère âgée de vingt-trois ans, bien portante, quoique un peu nerveuse. A
eu un autre enfant normal avant celui-ci. Devenue enceinte plus tôt qu'elle
n'aurait voulu, elle en conçut un violent chagrin, pleuranttous les jours
pendant les premiers mois de sa grossesse. Puis elle en prit son parti.
Antécédents personneLs. — Enfant né à terme, nourri au sein par la
mère jusqu'à quatorze mois, s'est toujours mal développé et a présenté des
traits particuliers qui Tout fait comparer dès sa naissance à un Japonais.
État actuel. — Enfant petit, quoique moins en retard qu'il ne semble,
mesurant 75 centimètres détaille et pesant 17 livres. Faciès absolument
•caractéristique, yeux petits, fentes palpébi-ales obliques en haut et on
dehors, épicanthus, bouche ouverte, langue un peu saillante, nez enfoncé
à sa racine, stridor. On a parlé d'enlovei- les végétations adénoïdes. Lo-
bules des oreilles mal dessinés. T«Me ronde, brachyréphale, mesurant
40 centimètres (le cirronféronco. Fonlaiiolle lartrtMnenl ouverte. Dentition
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE 17
très retardée : deux incisives médianes inférieures seulement. Cheveux
abondants et fins.
Mains larges, doigts courts; pieds ramassés, difficiles à chausser, syn-
dactylie des deuxième et troisième orteils.
Visage enpleinelune, joues gonflées comme dans le m yxœdème. Chairs
molles, grande laxité des articulations. Colonne vertébrale droite. L'en-
fant ne marche pas, mais s'assied volontiers en tailleur. Testicules des-
cendus. Intelligence en retard. Toutefois Tenfant dit papa et articule
quelques monosyllabes. Très sensible à la musique et à la cadence,
cherche à danser. Agitation incessante, insomnie. Rien à Tauscultation
du cceur.
Chez ce mongolien d'un type si accusé, nous ne relevons pas de tare
héréditaire appréciable. Comme circonstance de grossesse, la seule parti-
cularité notable est la suivante : contrariété vive, chagrin prolongé dans
les premiers mois par le seul fait delà grossesse jugée inopportune. Cette
observation met donc encore une fois en relief Taction des causes d'ordre
moral pendant la grossesse et spécialement dans les premiers mois.
Observation Vil. — Garçon de dix-huit mois. — Mongolisme très net, —
Dernier né de neuf enfants. — Chagrins pendant la grossesse.
Le 25 septembre 1906, on m'amène à l'hôpital un petit garçon de dix-
huit mois, le dernier d'une famille de neuf enfants ; quatre survivants
dont trois normaux.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de cinquante-trois ans, bien por-
tant. Mère, âgée de quarante ans, porteuse de pain, très forte et très
vigoureuse, a eu neuf grossesses à terme et a nourri tous ses enfants.
Opendant forte mortalité due à la misère. Pendant la dernière grossesse,
ijui devait aboutir à la naissance d'un mongolien, la mère a éprouvé de
violents chagrins.
Antécédents pcrsonneU. — Né à terme, l'enfant a été nourri au sein par
sa mère et s'est bien développé physiquement. Dès la -naissance, on a été
frappé de son faciès asiatique, et on l'a appelé le petit chinois. Retard de
la dentition, de la marche, de la parole.
A deux mois, il était tellement gêné pour respirer qu'on a été obligé
de lui enlever les végétations adénoïdes. Depuis quelques semaines, il
tousse violemment, et nous avons reconnu la coqueluche.
Êlat actuel. — Enfant gros et assez grand, pesant 10 kilogrammes et
mesurant 63 centimètres de taille; donc pas de retard notable ni pour le
poids, ni pour la taille. Quatre dents seulement.
Faciès lunaire, fentes palpébrales étroites et obliques en dehors, épican-
thus, racine du nez enfoncée. Bouche bée, langue pendante, desquamée
et fissurée. Lobules des oreilles non dessinés. Tête arrondie, brachycé-
phale (46 centimètres de circonférence), garnie de cheveux abondants et
lisses. Fontanelle antérieure non fermée. Mains courtes, avec brièveté
l'emarquable du petit doigt. Pieds également trapus et Courts. Verge
menue, cryptorchidie. Rien à l'auscultation du cœur.
Enfant plutôt agité, remuant les membres, dont les articulations sont
très souples; cris inarticulés, intelligence rudimentaire. Sens musical
très développé.
Le retard dans la marche, dans la parole, l'obtusion intellectuelle
n'ont pas l'air de préoccuper beaucoup les parents. Ils conduisent l'enfant
à l'hôpital uniquement parce qu'il tousse et manque d'étouffer; ils pen-
sent qu'il y a une nouvelle extirpation d'adénoïdes à pratiquer. Ils
n'avaient pas songé à la coqueluche.
Arcb. db Méuia dbs b.xpants, 1007. X. — 2
18 J. COMBY
Encore un cas qui, tout en étant fort net, eût pu passer inaperçu,
Tenfant étant gros, fort, assez remuant et criard.
Observation Vlll. — Garçon de sept ans. — Mongolisme. — Deimier né de
cinq enfants. — Chagrins au début de la grossesse. — Viïe déception causée
par cette grossesse inopportune.
Le 22 novembre i906, se présente un garçon de sept ans, le dernier
d'une famille de cinq enfants.
Antécédents héi^éditaires. — Père âpé de quarante-six ans, bien portant;
cet homme n'avait que trente-huit ans au moment de la conception. Mère
âgée de quarante-trois ans, vi|2[oureuse et bien portante, n avait (|ue
trenle-six ans au moment de la conception. Deux frcres de quatoi'ze et
dix ans, normaux. Deux autres enfants morts à trois ans (albuminurie'' et
à quatorze mois. L'enfant qui nous est présenté est le cinquième et le
dernier delà famille. Quand la mère s'aperçut qu'elle était enceinte, elle
en conçut un vif chagrin, d'autant plus que son mari était sans travail.
Pas d'autre cause à invoquer.
Antécédents personnels. — Né a terme, sans aucun incident obstétrical,
l'enfant aurait présenté quelques convulsions dans les premiers jours.
On a remarqué le faciès asiatique dès la naissance. Allaitement au sein
jusqu'à deux ans, première dent à quatorze mois, début de la parole et
de la marche à deux ans. A quatorze mois, otite et mastoïdite opérée.
Scarlatine à dix-neuf mois.
État actuel. — Faciès mongolien typique, yeux petits e.t bridés, fentes
palpébrales obliques en dehors, paupières amincies, tête ronde, garnie de
cheveux normaux (circonférence, 47 centimètres). Nez enfoncé à sa racine,
palais ogival avec végétations adénoïdes, épicanthus. Bouche bée, langue
un peu dépouillée mais sans fissures. Lobule de l'oreille mal dessiné.
Fontanelle fermée. Mains courtes et larges, brièveté du pouce et du petit
doigt; brièveté des orteils. Taille 1"03, poids 17 kilogrammes. Rien à
l'auscultation des poumons, rien à l'auscultation du cœur. L'enfant a un
peu d'intelligence et reconnaît son entourage, dit quelques mots, adore
la musique. 11 s'assied volontiers en tailleur. Il est émotif. Voix un peu
rauque comme chez la plupart des mongoliens. Rien de Tapathie des
myxœdémateux. Il aétésoumisquelque temps à lamédicalion thyroïdienne,
sans succès appréciable. 11 fait quelques progrès, commence à compter
jusqu'à 10; mais ces progrès sont extrêmement lents.
Conclusions générales.
L — On entend p^r motigolisme on idiotie mongolienne une
variété d'idiotie congénitale caractérisée par le faciès asiatique.
Dès la naissance, Tenfant ressemble et ne cesse de ressem-
bler à un Chinois, à un Japonais, à un Mongol.
II. — Le mongolisme est fréquent chez les enfants, puisque,
dans l'espace de trois ans, un médecin d'enfants, tant dans sa
clienlMequ a l'hôpital, a pu en observer 22 cas authentiques.
Sur 100 idiots de toutes catégories, on peut rencontrer 5 mon-
goliens environ.
11 L — Il semble y avoir prédominance en faveur du sexie
NOUVEAUX CAS DE MONGOLISME INFANTILE 11>
masculin : i 3 garçons mongoliens pour 9 filles mongoliennes
sur 22 cas.
iV. — L'idiotie mongolienne, toujours congénitale, n'est
cependant ni héréditaire ni familiale. Dans presque toutes les
observations, on relève des incidents de grossesse, particuliè-
rement les chagrins, ennuis, émotions pénibles éprouvés par
la femme enceinte, dans les premiers mois de la grossesse.
V. — A l'autopsie des mongoliens, on note que le corps
thyroïde et le thymus sont normaux. On peut trouver des
anomalies cardiaques (communication interventriculaire).
Mais la lésion constante est la lissencéphalie : circonvolutions
cérébrales larges et aplaties, peu contournées, peu compliquées.
Cerveau brachycéphale, ovale court. Au microscope, cellules
pyramidales plus rares et atrophiées, légère prolifération
névroglique.
VI. — La radiographie montre des lésions phalangettiques
et phalanginiennes aux mains et aux pied^ ; les petits os de
ces extrémités sont amincis, raccourcis, atrophiés dans leur
ensemble.
VIL — Le faciès des mongoliens est caractéristique : tète'
arrondie, faciès lunaire, yeux petits et obliques, bouche bée,,
aspect de bébé chinois ou de poupée japonaise. Brachycépha-
lie très notable. Cheveux a peu près normaux. Fontanelle
longtemps béante, langue grosse et plus tard desquamée,.
fissurée ; lobule de Toreille mal détaché, nez enfoncé, stcrtor,.
végétations adénoïdes. Éruption dentaire très retardée.
VIIL — Développement corporel en retard, poids léger^
taille courte, mais sans déformations osseuses ; colonne ver-
tébrale droite, position du tailleur assis. Marche tardive.
Grande souplesse des articulations, grand écart. Mouvements
chorégraphiques.
IX. — Parfois pied bot, syndactylie, cryptorchidie ; mais
surtout anomalies cardiaques fréquentes, maladie de Roger
associée au mongolisme.
X. — Intelligence profondément atténuée, sentiments affectifs
et mémoire conservés dans une certaine mesure. Faculté-
d'imitation assez développée, mais surtout goût exagéré pour
la musique. Les mongoliens parlent tard et s'élèvent très peu
dansTéchelle de l'instruction. Ils ne peuvent apprendre que
d:s métiers manuels d'une grande simplicité.
XL — Le pronostic est donc fâcheux, d'autant plus que la
20 J. COMBY
mortalité dans le bas âge est très élevée ; le mongolien se re-
froidit facilement, prend la bronchite, la bronchopneumonie,
est prédisposé à la tuberculose. Bref, la plupart des sujets
succombent avant Tadolescence. A mesure qu on observe sur
des sujets de plus en plus âgés, la proportion des mongoliens
diminue de plus en plus dans les hôpitaux d'entants ; dans
les asiles d'idiots, on rencontre quelques mongoliens. Dans
les hôpitaux d'adultes, dans les hospices ou asiles d'aliénés,
on n'en voit presque jamais.
XII. — La faciès inoubliable du mongolien su f lit à le distin-
guer des autres maladies qui entravent le développement des
jeunes enfants : myxœdème, rachitisme, achondroplasie, etc.
XIII. — Le myxœdème, habituellement confondu avec, et
dont certains médecins s'obstinent à retrouver les traits dans
le mongolisme, est pourtant facile à séparer. Et d'abord, nous
l'avons vérifié après d'autres, le corps thyroïde est normal
dans le mongolisme, alors qu'il manque dans le myxœdème.
La médication thyroïdienne, qui guérit celui-ci, ne guérit pas
celui-là. Dans le myxœdème, Tenfant est stupide et inerte ; il
est gai et remuant dans le mongolisme. Quand on veut ana-
lyser, on saisit bien les antithèses, et l'on n'est plus dupe de
la confusion que le faciès lunaire et Taspectpseudo-lipomateux
peuvent faire naître dans Tesprit du médecin.
XIV. — Contre le mongolisme, il n'y a pas de traitement
curalif ; la médico-pédagogie seule, l'éducation conforme aux
aptitudes du sujet permettra de tirer quelque parti d'une situa-
tion déplorable à tous égards.
XV. — Les nombreuses et probantes observations do mon-
golisme que nous avons recueillies depuis trois ans confirment
absolument les travaux de Langdon-Down, qui, dès 1866, avait
su séparer les mongols ou kalmtiks des autres idiots. Comme
cet auteur, nous croyons à l'autonomie du mongolisme,
variété d'idiotie distincte de toutes les autres, tant au point
de vue anatomique qu'au point de vue clinique, et j'ajouterai
au point de vue étiologique.
Il
LES FIBRO-SARCOMES DU COU EXTRAPHARYNGIENS
Far VICTOR VEAU,
Chirurgien des Hôpitaux.
On observe dans la région latérale du cou des tumeurs
conjonctives de nature très diverse. Le moment est peut-être
venu d'essayer de grouper les observations éparses. Je le fais
d autant plus volontiers que quelques-unes de ces tumeurs
méritent d'être rapprochées des branchiomes que j*ai étudiés
dans ma thèse en 1901.
Kœnig avait proposé de diviser les polypes naso-pharyngiens
en deux variétés : les polypes intrapharyngiens et les polypes
extrapharyngiens. Cette classification n*a pas prévalu, car ces
derniers sont de rares exception à comparer aux premiers, •
dont on connaît la fréquence. La classification de Kœnig
aurait mérité cependant d'être conservée en théorie, car il existe
un groupe de fibro-sarcomes nés hors du cavum dans les
organes du cou : périoste, aponévrose, nerfs et même dure-
ra ère cervicale.
Sur mon conseil, mon élève et ami le D' Mousnier a
recherché ces observations et en a réuni 23 (1).
Historique. — Dès le milieu du siècle dernier, on a public
quelques observations isolées : Brodie (1842), Blandin (1843),
Freemann, Kerr (1844); Lebert, dans son Jraùé danatomie
pathologique^ en cite trois cas curieux (1845) ; Croocke (1854),
Maisonneuvc (1854), Browne (1857), Patridge (1859), Med-
dIemist(1862),Huguier (1862), Richard (1862j, Patridge (1867)
Barton (1870), Dowse (1884), Krœnlein (1875), en rapportent
chacun une observation.
Le premier travail d'ensemble est celui de Guyon (1877) (2);
il n'étudia que les tumeurs d'origine aponévrotique.
(I) p. Mous.xiER, Fibrosarcome du cou extrapharyngieu (Thèse de Paris,
1906). C'est là qa*on trouvera toutes les observations et les indications biblio-
graphiques que je ne donne pas ici.
(J) GcYO», Acad. de méd., 1878, t. VI, no 21, p. 54C.
22 VICTOR VEAU
Morris (1881), Freemann (1884), Falk (1887), Butcher(1887)
«n publient des observations isolées. Le travail de De Quer-
vain (1) est le plus complet que nous possédions. Depuis cette
époque, les cas se sont multipliés : Heurteaux (1898) (2),
Lœvy et Lœper (1899) (3), Kock (1903) (4), Bœrner (1903) (5),
CunéoetDainviIle(1903)(6),Cange(1904)(7),LecèneC1905)(8).
L'observation de M. Jalaguier avec examen bistologique
de Cornil a été le point de départ de la thèse de Mousnier.
Etiologie. — Les tumeurs s'observent principalement chez
Venfant, mais on peut aussi les rencontrer chez Tadulte et
même chez le vieillard (Kerr : soixante-sept ans); mais il est
important de remarquer que ces tumeurs ne régressent pas au
moment de Tadolescencc, comme les polypesnaso-pharyngiens.
Le sexe féminin y est prédisposé : 7 cas chez Thomme,
17 chez la femme.
Nous sommes absolument ignorants des autres conditions
étiologiques.
Point de départ. — Pathogénie. — LesTibro-sarcomesducou
extrapharyngiens forment un groupe de tumeurs hétérogènes;
on peut les classer d'après leur point de départ,leur pédicule.
On peut ainsi former cinq groupes :
1* Les fibro-sarcomes périostiques ;
2" Les fibro-sarcomes aponévrotiques ;
3° Les fibro-sarcomes d'origine nerveuse;
4'* Les fibro-sarcomes d'origine dure-mérienne ; •
0° Les fibro-sarcomes essentiels.
1** Fibro-sarcomes périostiques, — Mousnier a recueilli
13 tumeurs d'origine périostique. Le point de départ est gé-
néralement une vertèbre cervicale, soit l'apophyse transverse
(6 cas), soit l'apophyse épineuse (1 cas). Mais on observe
aussi des tumeurs implantées sur des os plus éloignés :
bord supérieur de l'omoplate (Richard), première côle
(Krœnlein), maxillaire inférieure (Freemann), os hyoïde (de
(1) Db QuERVAiN, Ucber die Fibrome des Halses {Arch, f, klin. Chir,, 1899,
t. LVIli, fasc. I, p. 1).
(2) Heurteaux, Soc. chir., 1898, p. 84.
(3) LoBVY et LoBPER, Soc. anat., 1899, p. 1104.
(4) Kock, Charité Annalen, 1902, t. XXI, p. 117.
(5) BoRRNER, Deut. Zeit. f, Chir,, 1903, t. LXVII, p. 309.
(6) CuNÉo et Dairvillb, Soc, anat., 1903, p. 593.
(7) Camob, Soc. anaL, 1904, p. 605.
(8) Lrcènb, Soc. anat., 1905, p. 746.
LES FIBUO-SARCOMES DU COU EXTRAPHARYNGIENS 23
Qucrvain) et môme protubérance occipitale externe (Gange).
Généralement ces tumeurs n'ont qu'un pédicule, mais il est
des cas où les zones d'implantation étaient multiples. Dans
le cas de Falck, la tumeur possédait trois pédicules qui la
rattachaient aux apophyses transverses des 3% 4° et 5" ver-
tèbres cervicales. Ce cas très curieux mérite dVtre rapproché
déjà fréquencede l'implantation sur ces apophyses transverses.
Etant donné que ces apophyses transverses sont des côtes
rudimentaires, on comprend qu'elles soient prédisposées à pro-
duire des néoplasmes.
2° Fibro-sarcomes ùponécrotiques. — A côté de ces fibro-sar-
comes prenant un solide point d'insertion périostique, il existe
un certain nombre de cas pour lesquels on a signalé des
adhérences aponévrotiques. Falck cherche dans son cas l'ori-
gine du fibrome dans le tissu conjonctif périmusculairc du
muscle long du cou. Patridge fait naître dans le ligament de
la nuque la volumineuse tumeur que portait son malade.
Une place importante doit être^réservée aux fibro-sarcomes
nés dans la gaine des vaisseaux du cou. De Quervain a attiré
sur eux Tattention, rappelant les observations de Lebert,
Croocke, Middlemist. Cuuéo, Dainvillc et Lecène attribuent
celte origine aux tumeurs qu'ils ont extirpées.
3*" Fibro-sarcomes d'origine neroeuse, — L'origine nerveuse
ebt plus rare, mais plus facile à mettre en évidence. Les cas
en sont beaucoup plus rares. Lebert parle d'une tumeur déve-
loppée dans le ganglion cervical supérieur du grand sympa-
thique. Zinn et Kock ont observé des fibromes de la 7* bran-
che cervicale. Ces tumeurs se développent dans le nerf et ne
possèdent pas de vrais pédicules.
4** Fibro-sarcomes d'origine dure-mer ienne. Beaucoup plus
intéressants sont les fibro-sarcomes du cou nés dans la
dure-mère. Ilesttrèsbizarrede voir ces tumeurs implantées sur
la dure-mère cervicale se pédiculiser dans le canal de conju-
gaison et s'épanouir dans la région cervicale.
Dowse a observé un fibrone de la dure-mère dont le pédi-
cule passait entre les 2" et 3" vertèbres cervicales. La tu-
meur, du volume d'une orange, était située dans le triangle
postéro-supérieur. La malade mourut de compression médul-
laire.
La tumeur décrite par Heurteaux était un gros fibrome qui
possédait un pédicule du volume du doigt, qui passait encore
24 VICTOR VEAU
entre les 2* et 3* verlèbres cervicales. Pendant l'opération, il y
eut écoulement de liquide céphalo-rachidien.
Dans le cas de Bœrner, le pédicule, d'un volume égal au pré-
cédent, pénétrait par le cinquième trou de conjugaison.
La tumeur observée par Zinn et Kock siégeait dans la région
sous-claviculaire droite, adhérait sur la 7* branche cervicale et
pénétrait dans le canal rachidien et même dans le sac dure-
mérien.
Quoique Schlesinger ait décrit des tumeurs exlrarachi-
diennes qui pénètrent secondairement dans le canal, il semble
qu'on ne puisse nier ici Toriginedure-mérienne de ces tumeurs.
Du reste, l'évolution clinique semble prouver l'origine dure-
mérienne. Dans lecas de Zinn et Kock, le malade avait ressenti
des douleurs dans le bras droit et la jambe droite dès le mois
de juillet 1897. Des phénomènes de paralysie s'étaient mani-
festés du côté droit vers la fin de l'année. Ce ne fut qu'en juin
1898 qu'on put constater dans la région sus-claviculaire droite
une tumeur du volume d'une noix.
Chez le jeune malade de Bœrner, lapparition de la tumeur
au niveau du cou coïncida avec des manifestations médullaires,
comme si la tumeur n'avait tiré sur la moelle que lorsqu'elle
s'était extériorisée. Dansle cas de Heurteaux, par contre, il n'y
eut jamais de troubles médullaires, car la tumeur était ratta-
chée à la dure-mère par un très long pédicule.
5° FibrO'Sarcomes essentiels, — Dans un certain nombre de cas,
il n'est fait mention d'aucun pédicule, d'aucune connexion; la
tumeur ne se développe aux dépens d'aucun des organes de la
région; elle mérite le nom d'essentielle. Telles sont les obser-
vations de Athinson, Patridge, Barton, Waitz, Falck, Morris,
Lœvy et Lœper.
La pathogénie de cette variété est entourée de difficultés
extrêmes ; nous sommes réduit à des hypothèses.
On peut se demander si ces tumeurs ne se sont pas isolées
secondairement par un procédé analogue à celui que Ton
observe dans les adénomes du sein. Mais les tumeurs du
sein qui s'encapsulent sont des tumeurs toutes différentes de
celles que nous étudions. Cette hypothèse est peu vraisem-
blable.
11 est plus rationnel de penser que ces tumeurs se dévelop-
pent dans les débris embryonnaires provenant des axes bran-
chiaux. On connaît la fréquence des malformations cartilagi-
LES FIBUO-SARCOMES DU COU EXTRAPHARYNGIEXS 25
neuses dans cette région. On sait que ces arcs doivent subir la
régression.
J'ai étudié les tumeurs épithéliales dérivées de ces débris;
j'en ai montré la fréquence; mais je disais déjà, en 1901: «Le
cancer branchial est une tumeur mixte dans toute Tacception
du terme, et je reconnais qu'il peut y avoir des cas où l'élément
sarcomateux tient la première place. »
Mon ami Chevassu (1) a insisté sur l'importance de l'élément
mésodermique dans ces branchiomes. Le fîbro-sarcome que
j'étudie en ce moment ne serait alors qu'une des variétés du
branchiome.
Peut-être même n'est-il pas irrationnel d'étendre le cadre
des fibro-sarcomes essentiels d'origine branchiale. Peut-être
les tumeurs développées dans la gaine des vaisseaux sont-elles
formées aux dépens des débris branchiaux, car j'ai montré les
connexions intimes de ces débris avec les vaisseaux caroti-
diens. Mais ce n'est là qu'une hypothèse.
En résumé, l'origine branchialedeslibro-sarcomes essentiels,
sans être absolument démontrée, semble être parfaitement
acceptable, car elle explique le polymorphisme de ces tumeurs
souvent mixtes, leur siège dans une région à développement
compliqué comme la région latérale du cou, leur indépendance
souvent absolue, leur évolution capricieuse, leur identité cli-
nique avec les tumeurs mixtes de la parotide, de même que
leur transformation tardive ou brusque en néoplasme malin.
ÂNATOMiE PATHOLOGIQUE. — Ccs uéoplasmes ont un volume
variable; Le malade de Patridge, âgé de vingt ans, avait une
tumeur dont le volume dépassait celui de sa tête.
Le fibro-sarcome du cou possède toujours une capsule d'en-
veloppe qui l'isole des organes voisins. Seuls le cas de Lœvy
et Lœper faisait exception, car, à la période terminale, cette
capsule est effondrée, la tumeur est nettement envahissante.
Au point de vue du siège, de Quervain divise les tumeurs
en trois variétés par rapport au stemo-mastoïdien : pré-, sous-,
rétro-sterno-mastoïdienne.
A la coupe, la tumeur est blanc jaunâtre ; elle crie sous le
scalpel d'autant plus que souvent les fibres qui constituent le
pédicule s'incrustent de matières calcaires et s'ossifient en
Ij Chevassu, Les branchiomes cervicaux {Gaz. hebdom,, 17 août 1902, et
Tkè$e de Dey lieux, 1903).
20 VICTOR VEAU
partie (Patridge, Gange). Dans le cas de M. Jalaguier, il exis-
tait au centre des travées osseuses anastomosées les unes avec
les autres et renfermant entre elles du tissu médullaire. Cornil
dut même décalcifier certains fragments de la tumeur « pour
mieux observer Tos de nouvelle formation ».
La structure histologique des fibro-sarcomes du cou rappelle
<ie tout pointla structure des fibro-sarcomes des autres régions.
Ils sont remarquables par une vascularisation très intense.
Mais le fibro-sarcome du cou est rarement une tumeur
simple; presque toujours il existe des points envoie de trans-
formation. — La dégénérescence graisseuse a été observée par
Athinson, Patridge, Barton, Butcher, Gange. Pour Butcher, les
lipomes ostéo-périostiques du cou ne seraient que le résultat
de la dégénérescence graisseuse d'un fibrome. Gette opinion est
certainement exagérée. — Lebert a vu une transformation
myxomateuse. — Kerr a constaté une transformation télan-
giectasique. La tumeur, stationnaire pendant huit à dix ans,
augmentera ensuite rapidement et se transformera en une
volumineuse tumeur pulsatile. Le même fait, mais à un degré
moindre, peut être invoqué dans les cas de Gunéo et Dainville.
Mais le fibro-sarcome du cou peut avoir une structure plus
complexe. Dans la tumeur enlevée par M. Jalaguier, il existait,
près de la superficie, un tissu sarcomateux à petites cellules,
dont les éléments étaient séparés les uns des autres par des
fibrilles et des faisceaux du tissu conjonctif; le tout était très
vasculaire. Au-dessous de ces bourgeons superficiels, on trou-
vait une grande quantité de tissus fibreux à faisceaux géné-
ralement parallèles et rayonnant du centre à la périphérie.
En certains autres points même, il existait des éléments osseux
et des cellules cartilagineuses. Pour cela, Gornil conclut à une
tumeur complexe mixte, peut-être un embryome. Ge fait très
intéressant montre que, entre les fibro-sarcomes d'origine
osseuse, comme était le cas de Jalaguier-Gornil, et les fibro-
sarcomes essentiels, qui sont des branchiomes, il y a souvent
identité de structure, ce qui prouverait que Timportance des
débris embryonnaires est peut-être encore plus considérable
qu'il ne semble.
Symptômes. — Les fibro-sorcomes du cou sont d*abord des
tumeurs bénignes. Après un temps variable, elles ont Tallure
et les signes d'une tumeur maligne.
LES FIBRO-SARCOMES DU COU EXTRAPHARYNGIENS 27
i° Période de bénignitç. — La tumeur est constatée par
hazard; elle est dure, arrondie, peu mobile.
Elle augmente de volume plus ou moins rapidement, et
bientôt gèneet inquiète le malade soit parlefait de son volume,
soit par les accidents de compression qu'elle détermine.
A la palpation, il est facile de constater que la tumeur est
profonde, recouverte par le sterno-mastoïdien ou les muscles
de la nuque. Sa consistance est dure, résistante, mais souvent il
existe des points ramollis. La tumeur est ovoïde ou pyriforme.
Il est un caractère précoce, constant, et facile à reconnaître
par la palpation : c'est le peu de mobilité de la tumeur. Il
est difficile de séparer la tumeur des plans profonds. Par
contre, pendant très longtemps, la peau est indépendante.
Freemann et de Quervain ont constaté l'ascension de la
tumeur au moment de la déglutition. Nous avons vu que leurs
tumeurs étaient en connexion avec l'os hyoïde. Ce sont là des
faits exceptionnels, de môme que le souffle vasculaire (Kerr).
2* Période de malignité. — Douleurs et compression sont
les symptômes essentiels de cette évolution.
La tumeur peutêtrele siège dedouleur, mais généralement
les irradiations douloureuses occupent le premier plan de ce
tableau clinique. Elles se font à la tôte, au bras, ou mieux aux
membres inférieurs, dans les cas de libro-sarcomes dure-
mériens.
Les troubles de compression sont plus variés. La gène de
la déglutition est rare(Falck, Cunéo et Dainville). Maison-
neuve a observé des troubles de la respiration par compression
de la trachée.
L'irritation du plexus brachial ou cervical crée les douleurs
irradiées. La compression du grand sympathique se traduit
par rinégalité pupillaire (Nichaun, Zinn et Kock), par la
pâleur de la face (Cunéo et Dainville). On a même observé la
parésie du nerf facial.
Les troubles dus à la compression médullaire ont été mi-
nutieusement décrits par Bœrner. Mousnier en a réuni
i observations. Ils consistent en troubles de la motilité, delà
sensibilité, des réflexes, delà nutrition.
Evolution. — Pronostic. — La stucture variée des fi bro-sar-
comes du cou nous permet de prévoir les différences dans leur
évolution.
28 VICTOR VEAU
Il est des tumeurs qui peuvent rester indéGniment station-
Daires. D'autres, malignes d'emblée, atteignent en quelques
mois un volume considérable. Dans le cas de Barton, la
tumeur acquit le volume d'une tête de fœtus en quarante-
cinq jours. Généralement la tumeur sommeille pendant
quelques années, puis subitement évolue comme une tumeur
maligne.
Ces variations tiennent évidemment à la nature du néo-
plasme; malheureusement, «Thistologie, en présence de sem-
blables néoplasmes, ne peut en dire la nature ; elle ne peut en
prévoirla malignité, non plus que prévoir la récidive »(Lœper).
Nous ne sommes pas très bien fixé sur la fréquence des
récidives. Un certain nombre des malades étaient définiti-
vement guéris plusieurs années après Textirpation. Il semble
que les fibro-sarcomes du cou sont des tumeurs beaucoup
moins malignes que lesépithéliomas branchiaux.
Diagnostic. — Ces tumeurs sont tellement rares que leur
nature est exceptionnellement reconnue.
A la période de bénignité, on pensera au lipome, au goitre,
à une tumeur de la glande sous-maxillaire, du corpuscule
rétro-carotidien, à la tuberculose ganglionnaire.
Quand la tumeur a une allure maligne, elle ressemble à
Tépithélioma branchial, au sarcome des ganglions.
Traitement. — Le fibro-sarcome du cou ne régresse jamais
et se transforme généralement en une tumeur maligne; Tex-
tirpation s'impose dès qu'il est reconnu.
L'opération est facile au début ; elle ne devient délicate qu'à
une période tardive, quand la tumeur adhère aux organes
avoisinants. Sur 20 cas traités chirurgicalement, un seul s'est
terminé par la mort: celui de Lecène.
III
DU PALUDISME CONGÉNITAL
Parmi.
N. PËZOPOULOS, et J.-P. CARDAHATIS,
Professeur & rUniversité d'Athènes. Ex-chef de clinique à la Faculté d'Athènes.
Depuis un temps très reculé, on s*6tait demandé si le palu-
disme pouvait être transmis au fœtus par la mère malade à
travers le placenta. Avant la découverte de l'hématozoaire par
Laveran, cette transmission était considérée par tous presque
comme un fait indéniable. Verneuil lui-même, comme dit
notre confrère et ami M. Tsakiroglous dans son rapport : « Le
rapport qui existe entre le paludisme, la grossesse, Taccou-
chement, etc. », lu devant le IV Congrès médical panhel-
lénique, a déclaré avec toute sa grande autorité que « le
paludisme est transmissible héréditairement, non seulement
aux enfants, mais encore aux petits enfants ». Mais, depuis la
découverte du parasite paludique et de son mode de trans-
mission par les moustiques anophèles, la croyance sur cette
opinion a été sérieusement ébranlée et secouée dans ses fonde-
ments. Les investigateurs les plus sérieux, et notamment ceux
qui s'occupent des questions de paludisme, comme Bignami
et Guarnieri, G. Bastianelli, W.-S. Taycr, Marchiafava et
Bignami, S. Sereni, et d'autres encore, ayant examiné le sang
des mères atteintes de fièvre palustre et le sang de leurs nou-
veau-nés ou de leur fœtus avortés, ont trouvé dans le sang des
mères seulement les hématozoaires de Laveran, et non dans
le sang des fœtus et des nouveau-nés. Par conséquent, on
admet que le parasite du paludisme n'est pas transmissible à
travers le placenta de la mère au fœtus. Bignami et Sereni
ont même prouvé en plus que : chez le fœtus manquent non
seulement les parasites palustres, mais même l'anémie qu'on
s'attendait à rencontrer, eu égard à l'anémie profonde et à la
cachexie dans laquelle se trouve la mère.
Ayant étudié, nous aussi, cette question, nous somme
arrivés à la conclusion, que : les parasites du pahidisme ne
30 N. PÉZOPOULOS ET J.-P. CAUDAMATIS
peuvent être transmis de la mère en état de grossesse au fœtus
à travers le placenta. A Tappui de cette conclusion vient l'exa-
men microcospique minutieux de 6 cas, dans lesquels nous
avons examiné, d'un côté, le sang des mères atteintes de fièvres
palustres, le sang des nouveau-nés et celui du placenta ; de
l'autre côté, des coupes microscopiques de cet organe ainsi que
des coupes du foie et de la rate provenant de deux nooveau-
nés morts, Tun deux jours après l'accouchement de la maladie
d'Hirschsprung, l'autre quelques minutes après la naissance.
Observation 1. — D... Liapi, âgée de vingt-huit ans, demeurant au fau-
bourg d'Ampélokipous, enceinte dans le neuvième mois, a eu le 24 août 1 903
un accès de lièvre très intense, répété sous la forme quotidienne
jusqu'au 29 août. Durant l'accès du 29 et à la température de 38°, nous
avons examiné le sang de la malade ; nous y avons trouvé quelques para-
sites rares de forme annulaire, minces et irréguliers, ainsi que quelques
rares gamètes semilunaires. Douze heures après l'examen du sang, cette
femme a accouché un peu prématurément d'un enfant en bonne santé.
Lelendemain, ayant examiné le sangdu nouveau-né, nousn'y avons trouvé
aucun parasite, tandis que le sang de la mère contenait encore quelques
parasites annulaires rares et quelques gamètes semi-lunaires.
Observation 11. — A.,, Vida/i, dgée de trente-six ans, habitant près de
rilissus. Le mois d'août de 1903, elle a accouché normalement d'un enfant
vivant. Trois jours après, elle a eu le premier accès de lièvre palustre,
répété le lendemain et le surlendemain ; depuis lors, grâce à l'usage de la
quinine, elle se comportait bien jusqu'au mois d'avril 1904, lors([ue
les 6, 8 et 10 de ce même mois, c'est-à-dire huit mois et demi depuis le
premier accès, elle a eu trois accès étant de nouveau enceinte au troisième
mois de la grossesse. Le 26 juin, elle a eu un nouvel accès, et, à partir
du 23 juillet, durant huit jours de suite, elle a eu des accès quotidiens.
Depuis lors, jusqu'au jour de l'accouchement, effectué le 28 octobre 1904,
elle s'était conservée tout à fait en bonne santé, bien qu'elle n'ait pas
voulu se soumettre à aucun traitement par peur d'avortement.
L'examen du sang fait les 8, 10 et 14 août a démontré la présence de
plusieurs parasites vivax. Un nouvel examen fait le 4 octobre a démontré
l'existence de ces mêmes parasites, mais moins abondants. Le 19 octobre,
encore plus rares.
Trois heures après l'accouchement, le 28 octobre, nous avons pris,
sur 14 lames, du sang de l'orteil du pied du nouveau-né, qui était parfai-
tement sain et pesait 2 850 grammes ; nous avons pris du sang de la mère
et de deux surfaces du placenta.
L'examen du sang du nouveau-né fut absolument négatif; celui du sang
de la mère a démontré l'abondance de parasites vivax.
Dans le sang du placenta, pris de la surface maternelle, il y avait peu
de parasites, et dans le sang près de la surface fœtale il n'y avait abso-
lument rien. La prise du sang de deux surfaces du placenta a été faite
par une incision superficielle, après un lavage soigneux pour nettoyer le
sang de la mère par lequel elles étaient souillées.
A l'examen microscopique des coupes du placenta, nous iV avons remarqvé
aucune lésion, ni à la paroi, ni aux diaphragmes entre lès cotylédons^ ni aux
villositéè. Les vaisseaux de ces différents endroits étaient tout à fait
DU PALUDISME CONGÉNITAL 31
Dormaux et contenaient du sang, dont les globules rouges avaient
leur forme et leur couleur physiologiques. Mais, dans les lacunes descoly-
lédons qui entourent les villosités, les hémoglobules avaient subi urie
grande deslruclion, et notamment ceux qui avoisinaient la surface mater-
nelle du placenta. Mais nous n'avons nullement trouvé des parasites
palustres, bien que nous* ayons examiné un grand nombre de coupes et
employé différentes méthodes de coloration.
Observation 111. — Marie P..., âgée de* dix-neuf ans, habitant Lamia.
Le 17 juillet 1905, au cours du cinquième mois de sa grossesse, elle fut
atteinte pour la première fois à Lamia par la lièvre continue avec vomis-
sements bilieux qui dura pendant huit jours, bien que la patiente ait
pris de la quinine plusieurs fois de suite. Après huit joui*s d'apyrexie, elle
fut de nouveau atteinte pendant quinze Jours de suite de quelques accès
dt* forme quotidienne. Un mois après, au milieu de septembre, les accès
quotidiens se sont répétés et, au troisième accès, avec une température
de 40',4, elle a eu, à ce qu'elle dit, des défécations et des vomissements
sanîrlants et bilieux. Avec Temploi de la quinine, les accès ont cessé pro-
visoirement, et elle est arrivée à Athènes le 8 octobre. Le soir même de
î^m arrivée, elle fut atteinte d'une fièvre continue qui dura trois jours.
Elle a pris de la quinine et elle est restée en apyrexie du H jusqu'au
27 octobre, lorsqu'un nouvel accès est survenu qui a commencé
àonze heures du malin et s'est prolongé jusqu'au soir. Le lendemain
2*i octobre est survenue de nouveau une fièvre intense précédée de frisson,
qui, ayant commencé à huit heures du matin, bien que la patiente ait
pris quatre heures avant 1 gramme de quinine, a duré seize heures.
Deu\- heures après la prise de la quinine et avant l'invasion de cet accès,
la ftatiente, qui se trouvait au neuvième mois de sa grossesse, a senti une
(«phyalgie et des douleure assez intenses au ventre, qui continuèrent
pendant toute la durée de la lièvre. A la fin de l'accès, vers minuit, la
malade a pris trois heures après, sans l'avis du médecin, 50 centigrammes
de quinine; mais alors les douleurs s'exaspérèrent, et le lendemain
29 octobre, à deux heures et demie du matin, elle a accouché préma-
turément d'un garçon en bon état, qui pesait 2775 grammes.
Le placenta pesait 580 grammes; à Vexamen macroscopique, Hparaissait
en bon état.
Une heure après l'accouchement, nous avons examiné le sang de la mère,
du nouveau-né et du placenta, l'ayant tiré de différentes parties des deux
surfaces du placenta par des incisions tantôt superficielles, tantôt pro-
foudes, et du cordon ombilical. Nous avons pris aussi, deux heures après
IVcouchement, du sang du placenta ainsi que des morceaux placentaires
pour Fexamen microscopique.
L'état de la mère après l'accouchement était le suivant : tempé-
rature, 36",3 ; catarrhe bronchique léger ; rate tuméfiée et dépassant
d'un travers de doigt les fausses côtes.
i»BSERVATio?is MICROSCOPIQUES : Nouvedu-né. — Dans son sang, aucun para-
site palustre ; karyolyse dans bon nombre de globules blancs mono- et
polynucléaires. Globules blancs en grand nombre.
bang de la mère, — Quelques parasites de forme annulaire et minces.
Placenta. — Dans le sang pris à la surface fœtale, absolument aucun
parasite palustre. Dans le sang du cordon ombilical, aucun parasite. Dans
le sang pris à la surface vei^ la matrice, il y avait :
a. Quelques annulaires rares ayant la grandeur à peine d'un vingt-
quatrième du volume d'un globule rouge et portant la plufiart un grain
de chromatine noir, ainsi que quehiues annulaires plus grands ;
32 N. PÉZOPOULOS ET J.-P. CARDAMATIS
6. Des mérozoïtes de grandeur jusqu'au vingtième d'un globule rouge,
qui consistaient en un protoplasma dense et en un petit noyau qui, chez
beaucoup d'entre eux, était noir ;
c. Des sphériques avec pseudopodes ayant la grandeur du sixième d'un
globule rouge, constitués de protoplasma épais et d'un noyau, situés au
centre du parasite;
d. Des sphériques plus qrands occupant les deux tiers d'un globule rouge
et ayant le noyau divisé en 2, 3, 6 parties (commencement de schizogonie.
Ces parasites étaient très nombreux, la plupart endocapsulaires. Nota-
blement plus nombreuses étaient les formes schizogoniques; sur chaque
champ microscopique, il y avait 20 ou 80 parasites.
L'examen microscopique des coupes du placenta a démontré qu'il était
tout à fait en bon état et ne contenait pas de parasites. Mais il y avait
une grande destruction des globules rouges, qui se trouvaient dans les
lacunes du placenta.
Observation IV. — Marie K..., âgée de trente ans, arthritique. Elle a eu
à Kéa, son pays natal, le 8 septembre 1905, au cours du cinquième mois de
la grossesse, pour la première fois, une lièvre continue qui dura trois jours
et qui guérit par la quinine. Quelques jours après, de nouveaux accès sont
survenus de forme quotidienne, qui ensuite se répétaient irrégulièrement
tous les six, huit ou dix jours jusqu'au jour de Taccouchement.
L'accouchement n'a pas été long, ayant été terminé en deux heures. Le
nouveau-né, trente-huitheuresaprèslaccouchement, pesait 2800 grammes.
Le poids du placenta, pesé dans le laboratoire d'Ânatomie pathologique
douze heures après l'accouchement, était de 350 grammes. A V examen
macroscopique, il était en bon état.
Nous avons pris du sang de la mère et du fœtus, à deux reprises,
trente-deux et Irente-six heures après l'accouchement.
Nous avons aussi pris du sang des deux surfaces du placenta par inci-
sion, ainsi que du cordon ombilical.
Le nouveau-né est mort soixante-trois heures après de maladie de
Hirschsprung. L'autopsie a été faite par l'aide préparateur d'anatomie
pathologique, M. Diamésis, et l'un de nous. Le foie, la rate et les reins
ont été trouvés en état physiologique ; mais les intestins (grêle et gros,
étaient considérablement distendus par des gaz. La distension commen-
çait quelques centimètres au-dessus de l'anus, mais il n'y avait aucun
rélrécissement à ce point ou plus bas.
Nous avons pris du sang sur des lames de verre au niveau de la rate el
du foie.
Examen microscopique : Sang de la mère. — Parasites praecox de forme
annulaire rares, du sixième au quart du volume d'un globule ix>uge, et en
même temps quelques annulaires grands. Poinlillage de SchûfTner gros.
Sang pi^.riphériquc du nouveau-né. — Sur 11 lames de verre durant plu-
sieurs jours et examinées à plusieurs reprises, aucun parasite n'a été
trouvé.
Sang pris à la surface fœtale du placenta. — Nous avons trouvé seulement
deux parasites annulaires sur 11 préparations.
Sang du cordon ombilical. — Rien.
Sang de la surface maternelle du placenta. — Des parasites sphériques
prxcox en abondance.
Sang de la rate du fœtus pris après la mort. — Rien sur 6 préparations.
Sang du foie. — Rien sur 8 préparations.
Dans des coupes faites de différentes parties du placenta, nous n'avons
trouvé absolument aucun parasite, sauf quelques amas de pigment noir
DU PALUDISME CONGÉNITAt 33
dans les lacunes placentaires. Le tissu histologique du placenta était à
létal normal.
Sur des coupes du foie et de la raie aussi nous n'avons trouvé ni para-
sites ni aucune lésion anatomo-palhologique. L'examen de la région du
CtTcum au-dessus et au-dessous du point où commence la dilatation ne
montrait aucune occlusion ni aucun rétrécissement.
L'examen des coupes de la rate et du foie n'a montré rien de patho-
logique. Il n'y avait pas de plasmodes.
Observation V. — P... VUsari ou Tnkimiay âgée de vingt-six ans, habi-
tant le boulevard Àlexandra, près des prisons « Avéroff ». Le 25 août 1905,
au cours du quatrième mois de la grossesse, elle a été atteinte, pour la
première fois, par les fièvres sous forme tantôt quotidienne, tantôt
tierce, qui, après une courte rémittence, se sont répétées durant l'hiver
sous forme irrégulière. Elie a fait usage très insuffisamment de quinine et,
même pendant les trois derniers mois de la grossesse, elle n'a nullement
pris de quinine, et c'est pour cette raison que les accès continuèrent
irrégulièrement jusqu'au jour de l'accouchement, qui a eu lieu
le 29 janvier 1906. L'accouchement était normal, mais le fœtus, par
!)uile de compression probable du cordon ombilical, est né moribond, et
quelques minuties après il est mort. Le fœtus pesait 3250 grammes, et il
riait long de 50 centimètres. Le placenta, qui était d'aspect normal, pesait
deux heures après l'accouchement 530 grammes. Deux heures et demie
après l'accouchement, nous avons pris du sang de deux surfaces du pla-
centa et des vaisseaux du cordon ombilical, et quelques morceaux pour
en faire des coupes microscopiques. Vingt-quatre heures après l'accou-
rhement, nous avons pris du petit doigt de la mère en état d'apyrexie
plusieurs préparations sèches du sang.
ËUMEis MICROSCOPIQUE : SatiQ de la mère, — Des parasites annulaires
prxcox rares endocellulaires, dont les uns ont des grains épais de chro-
matine, les autres des grains minces; leur grandeur est de un dixième
à un sixième du volume d'un globule rouge normal, rares gamètes semi-
lunaires.
^ang du placenta, — Dans le sang pris à la surface fœtale du placenta,
il n'y avait que de très rares parasites (un sur chaque préparation) de
forme annulaire ; dans celui de la surface maternelle, ils étaient un peu
plus nombreux, les uns de forme annulaire, dont quelques-uns étaient
porteurs de deux grains de chromatine, les autres sphériques et de la
grandeur de la moitié d'un globule rouge. Ces derniers étaient en état de
multiplication (en schizogonie). Gamètes semi-lunaires très rares.
Dans les coupes du placenta aussi bien que dans le sang du cordon
ombilical, nous n'avons pu trouver aucun parasite.
Examen du cadavre du nouveau-né, — Autopsie faite vingt-quatre heures
après la mort. Tous les organes étaient sains. Le foie pesait 135 grammes
et la rate 10(r%5. Dans le sang du cadavre aussi bien que dans celui du
foie et de la rate, nous n'avons trouvé aucun parasite, bien que nous
ayons examiné plusieurs préparations. De même, dans les coupes de
ces viscères, nous n'avons rien trouvé.
iNous devons l'occasion de Tobservation ci-dessus à l'obligeance de notre
distingué confrère et ami >l. le D' M. Caïris, l'accoucheur.
Observation VL — Laura G..., âgée de trente ans, habitant Lamia, a
été atteinte pour la première fois par les fièvres palustres en 1903,
L'année suivante 1904, elle a souffert durant tout l'été et l'automne de
lièvres qui se prolongèrent pendant l'hiver aussi, dont tous les dix ou
Arch. de hédec. des enfants, 1907. X. — !3
34 N. PÉZOPOULOS ET J.-P. CAUDAMATIS
quinze jours elle avait un accès. Pour celte raison, elle est venue à
Athènes; elle fut soumise à un traitement par la quinine, mais qui a
été, paraît-il, incomplet. Le 28 avril 1905, au cours du cinquième mois de
la grossesse, elle a vu une petite hémorragie des parties génitales, qui
s'est répétée plusieurs fois jusqu'au 20 mai, où cette femme a fait une
fausse couche. Le fœtus était mort. Quelques heures après Tavortement,
nous avons pris du sang de la mère, du fœtus et de deux surfaces du
placenta.
Examen microscopioue : Sang de la mère, — De rares annulaires prxcox.
Sang du fœtus. — Rien.
Sang du plaeenta. — Rien. Des coupes de ce placenta n'ont pasété faites.
En résumant ce que nous avons trouvé sur ces six obser-
vations, nous tirons les conclusions suivantes :
a. Dans le sang de ces six mères, il y avait des parasites
palustres plus ou moins abondants ;
b. Dans le sang des nouveau-nés et du fœtus avorté, exa-
miné quelques heures après Taccouchement, tV ny avait
nullement de parasites palustres ;
c. Dans le sang du foie et de la rate, ainsi que dans les coupes
de ces organes des deux fœtus autopsiés, il ny avait pas de
parasites \
d. Dans le sang des placentas des cinq nouveau-nés, pris
à la surface maternelle, il y avait des parasites palustres en
abondance et la plupart de formes schizogoniques, tandis que,
dans le sang pris à la surface fœtale. Un y avait aucun parasite
pareil y ou bien quelques-uns très nombreux et de forme annu-
laire;
e. Dans le sang du cordon ombilical, il n'y avait aucun
parasite palustre ;
/. De même dans le sang du placenta du fœtus avorté,
il n'y avait aucun parasite palustre.
Dans nos recherches microscopiques, comme on peut
Tobserver, s'est présenté un étrange phénomène. Tandis que
dans le sang de tous les placentas, excepté celui du fœtus
avorté, il y avait des parasites malariques, sur les coupes de
ces mêmes placentas fixés et durcis, soit dans Talcool, soit
dans une solution alcoolique à 10 p. 100 de formol pendant
vingt-quatre heures, et puis dans l'alcool simple, nous n'avons
trouvé aucun parasite palustre, bien que pour colorer les
coupes nous ayons employé différentes méthodes, comme
rhématoxyline et Téosine, Thématoxyline de Heidenhain, la
DU PALUDISME CONGÉNITAL 35
méthode de Giemsa par Ta/ure, la méthode de Harris par le
polychrome de Unna et notre propre méthode.
Pour résoudre cette question, nous avons mis des prépara-
tions de sang, dans lequel il avait été certifié qu'il y avait
des parasites» dans la solution ci-dessus durant vingt-
quatre heures, et nous avons constaté que, non seulement
les parasites palustres ne se coloraient plus, mais qu'en grande
partie ils étaient détruits. Par conséquent notre impossibilité
de colorerces parasites sur les coupes des placentas était due à
TinQuence nuisible des liquides durcissants et non pas à leur
absence réelle des coupes. Si maintenant Ton veut se rappeler
que les parasites paludéens n'existent pas dans le sang du
cordon ombilical, comme il a été démontré par nos recherches,
tandis qu'ils existent souvent en très grand nombre dans le
sang pris par incision de la surface maternelle du placenta, on
est en droit de dire que ces parasites séjournent exclusivement
dans les vaisseaux du placenta maternel et nullement dans
ceux du placenta fœtal. Mais l'existence de ces parasites dans
le sang qui provient des vaisseaux du placenta maternel peut
entraîner inévitablement leur passage dans les vaisseaux des
villosités, savoir les vaisseaux du placenta fœtal, parce que
ceux-ci nont aucun rapport immédial et ne s'abouchent ni avec
les vaisseaux du placenta maternel^ ni avec les lacunes vascu-^
laires autour des cotylédons.
La présence dans le sang du placenta maternel de nombreux
parasites palustres en état de schizogonie démontre que ces
parasites séjournent pendant longtemps dans le placenta et
probablement dans les lacunes vasculaires où plongent les
cotylédons et où aboutissent les vaisseaux provenant de l'uté'
rus. Ces lacunes, à cause de la lenteur de la circulation, repré-
sentent, paraît-il, un des endroits où les parasites se réfugient
pour se multiplier, mais ils ne peuvent pas passer de là dans
les vaisseaux des villosités. Il est bien probable que quelques
microbes passent k travers le placenta et infectent le fœtus,
mais il serait téméraire déjuger par analogie, en admettant
que les parasites palustres peuvent passer aussi à travers le
placenta. Car les globules blancs sont, comme l'on sait, attirés
avec avidité vers les parasites végétaux et peuvent, en les sai-
sissant dans les lacunes où ils se trouvent, les transporter par
leurs mouvements amiboïdes dans les vaisseaux des villosités,
tandis qu^àl'égard desparasites palustres, qui sont des parasites
36 N. PÉZOPOULOS ET J.-P. CARDAMATIS
animaux, ces globules ne paraissent pas être attirés avec la
même avidité, au moins tant que ces parasites sont vivants. Du
moins à cette conclusion nous mènent nos observations, car
sur plusieurs milliers de préparations de sang contenant des
parasites palustres que nous avons examinés jusqu'à présent,
nous n'en avons vu que très peu qui fussent englobés par des
leucocytes.
De tout ce qui précède, nouspouvons conclure que Topinion
de ceux qui pensent que les parasites palustres ne traversent
pas le placenta est exacte.
En dehors de cela, nous pouvons dire que l'autre opinion
aussi, c'est-à-dire celle de Bignami ctSereni, d'après laquelle
le paludisme des mères n'influe pas sur la santé des fœtus, est
exacte ; car, d'après ce que nous mentionnons ci-dessus par des
observations peu nombreuses, il est vrai, il est démontré que
les nouveau-nés viennent au monde en santé florissante. Nous
ne pensons pas que cela doit être attribué à la neutralisation
des toxines du parasite palustre dans le placenta, parce que,
comme nous venons de voir, les parasites palustres vivent, se
développent et se multiplient dans le placenta ; cela est dû
plutôt à la résistance naturelle que les enfants opposent à
l'égard du parasite paludéen et de ses produits toxiques. Koch,
comme d'ailleurs tout le monde le sait, a remarqué que la
plupart des enfants des indigènes de l'Afrique, bien qu'en
apparence ils soient d'une santé parfaite, portent cependant
dans leur sang des parasites palustres ; il conclut même de cela
que ces enfants, n'ayant pas d'accès de fièvre et ne prenant
pas de quinine, deviennent pour ainsi dire des foyers où se
développent pendant le printemps et l'été les fièvres palustres
qui se propagent par les moustiques anophèles. Cette résis-
tance des enfants a été observée aussi par d'autres ; nous
aussi, chez un enfant de trente-cinq jours né d'une mère palu-
dique, nous avons trouvé, en examinant son sang, denombreux
parasites vivax^ et pourtant cet enfant avait une santé parfaite
et n'a jamais soufl'ert de fièvres. Il va sans dire que cet enfant
n'a pas hérité du miasme de sa mère, dans le sang de laquelle
nous avons trouvé seulement des grains noirs et non pas des
parasites palustres vivants; cet enfant assurément a été infecté
aprèsl'accouchement, parce qu'il vivaitlui aussi dans la môme
enceinte épidémique que sa propre mère (en Aulide).
RECUEIL DE FAITS
INVAGINATION INTESTINALE CHEZ UN ENFANT DE SEPT
MOIS GUÉRIE AU MOMENT OU ON ALLAIT L OPÉRER.
Par le D' ÉLIE DEGHERF.
Le 25 octobre 1906, je suis appelé, vers onze heures du matin, à
voir Penfant G... Paul, âg'é de sept mois, nourri au sein par sa mère
et qui a eu deux selles sanguinolentes dans la matinée, Tune à
sept heures et l'autre à dix heures ; ces deux selles ne contiennent
pas de matières fécales, mais du sang pur et quelques glaires.
La mère m'apprend que, le 23 octobre dans la soirée, Tenfant
était grognon, refusait le sein et avait eu deux vomissements;
pendant la journée, cependant, il avait eu deux selles aussi belles
que d'habitude.
Le 24 octobre, Tenfant a passé une bonne nuit; mais il vomit dès
quil est mis au sein ; les vomissements continuent toute la journée,
Tenfant est très grognon, il ne laisse passer ni selle, ni gaz, il
n'urine presque pas. Dans la nuit du 24 au 25 octobre, les vomis-
sements ont continué. Vomissements répétés encore pendant la
matinée du 25; l'enfant vomit environ cinq minutes après avoir tété,
ou après avoir pris de l'eau sucrée que sa mère a eu l'idée de lui
donner. Pas de gaz, pas d'urine.
Je trouve un enfant de belle apparence, n'ayant jamais eu que
le sein, n*àyant pas fait de maladie. Il est actuellement très abattu,
il ne crie plus comme il faisait la veille, sans avoir le faciès périto-
néal. Il n'a cessé de vomir depuis la soirée du 23 octobre et n'a
pas eu d'autres selles que les deux sanguinolentes de ce matin. En
lui examinant le ventre, je vois une contraction musculaire un peu
plus accusée dans Thypocondre gauche, mais sans pouvoir sentir
de boudin à ce niveau. Température, 30** ,8; pouls, 116.
Je fais le diagnostic d'invagination intestinale, et je préviens les
parents qu'il sera nécessaire d'opérer l'enfant le jour même s'il n'y
38 RECUEIL DE FAITS
a pas d'amélioration après deux ou trois heures de traitement
médical. Je fais, en elFet, donner un lavage dlntestin toutes les
heures avec 1 litre d eau bouillie tiède, en ayant soin de maintenir
le récipient à 1 ", 25 au-dessus du corps de l'enfant.
Je revois le malade à trois heures, la situation n'a [>as changé,
il est toujours très abattu, ne crie pas, ne va pas à la selle, etr.
Mfiis, la mère lui ayant donné le sein une fois depuis ma visite, il
n'a pas vomi ; c'est la première fois que cela lui arrive depuis la
soirée du 23 octobre. On décide alors que Tenfantsera opéré le soir
même, en continuant les lavages de Tintestin toutes les heures.
A six heures, je revois le malade avec le D' Autefage (de
Roubaix) ; il est dans le même état d'abattement; mais, à cinq heures,
il a eu une selle contenant de grosses glaires, des filets de sang et
quelques matières verdâtres; il n'a plus vomi le sein. Pouls, 124;
température, 37*» 2.
M. Autefage constate, comme je l'avais fait, une résistance mus-
culaire plus accentuée à gauche de la ligne blanche, au-dessus de
lombilic ; on décide d'opérer l'enfant à deux heures. A ce moment,
nous le trouvons moins abattu, il s'agite et crie ; il a eu à sept heures
une nouvelle selle jaune verdâtre, ne contenant ni sang ni glaires.
En présence de ce changement brusque dans son état, l'opération
est ajournée, et on continue les lavages intestinaux.
Le 26 octobre, Tenfant a bien dormi ; il prend le sein et ne vomit
plus ; il a eu deux selles d'un jaune verdâtre, il est redevenu gai et
s'agite.
Le 27 octobre, on nous dit qu'il a passé une bonne nuit. Quatre
belles selles jaunes, molles, pas de vomissements. Depuis lors,
santé parfaite.
Il m'a semblé intéressant de communiquer cette observation
d'iovaginalion intestinale après les récentes discussions de la Société
de chirurgie de Paris sur la même question (séances des 10, 23,
30 octobre 190G).
Je n'oserais pas tirer de conclusion du dénoûmenl' heureux et
absolument exceptionnel que j'ai observé dans ce cas. Pourtant,
chaque fois qu'il me sera donné de faire le diagnostic d'invagination
intestinale récente, je continuerai, comme par le passé, à préconiser
l'intervention chirurgicale immédiate, tout en prescrivant des lavages
d'intestin répétés toutes les heures en attendant l'arrivée du chi-
rurgien.
REVUE GÉNÉRALE
NYSTAGMU8.MY0CL0NIE
Deux médecins distingués du Finistère, MM. Lonoble et
Aubincau, ont recueilli en Bretagne, à Brest, où ils exercent, et
dans les départements circonvoisins, une série d'observations qui
eDrïchissent la classe des myoclonies d'une nouvelle espèce (1).
A coup sûr, cette variété de myoclonie n'avait pas été décrite
jusqu'à ce jour, et c'est à grand'peine que les auteurs ont pu
trouver, dans la littérature médicale, quelques cas se rapprochant
par leurs symptômes, sinon par leur étiquette, des faits personnels
qu'ils ont si heureusement mis en relief. La priorité leur appartient
donc sans conteste.
L'affection, d'ordinaire congénitale, a pour caractéristique un
nystagmus essentiel autour duquel viennent se grouper d'autres
symptômes. Héréditaire parfois ou familiale, cette affection est
persistante et invariable.
Les auteurs l'avaient décrite autrefois [Arch, de neur.j 1003)
sous le nom de nystagmus essentiel congénitaL Aujourd'hui ils la
font rentrer dans le cadre des myoclonies.
Le nystagmus est ordinairement bilatéral, mais il peut être léger
et difficile à distinguer. Il n'est pas en rapport avec une lésion de
rœil ou du système nerveux. Il s'accompagne presque toujours de
tremblement de la tète. Il peut être intermittent et variable.
Le tremblement est constitué par une série de secousses,
fasclculaires ou fibrillaires, intéressant un muscle ou un groupe
musculaire, pouvant survenir spontanément et être maîtrisées par
la volonté. Le froid, la percussisn provoquent leur apparition.
A la tête, le tremblement peut être rythmique et régulier ; la tête
exécute sur le coudes mouvements oscillatoires parfois isochrones,
ou compensateurs des mouvements des yeux. Le plus souvent,
on assiste à des secousses plus ou moins irrégulières.
En dehors de ces trépidations susceptibles de se généraliser
à la moitié supérieure du corps ou & tout le corps, on remarque
chez certains sujets, dans les muscles des paupières, de la face et
du cou, des tremblements dont le malade a conscience. On voit
(1) Lbnoblb et AuBiNKAu, Une variété Douvelle de myoclonie congénitale
pouvant être héréditaire et familiale & nyitagmui conitant, nystagmuB-myo-
doQie (Hevue de médecine, 10 juin 1906).
40 REVUE GÉNÉRALE
parfois aux membres supérieurs un tremblement analogue à celui
de la sclérose en plaques.
Exagération des réflexes habituelle. Sensibilité normale. Troubles
vaso-moteurs.
On observe souvent des troubles trophiques et des anomalies de
développement ou stigmates physiques de dégénérescence.
Beaucoup d*enfants sont des émotifs; quelques-uns sont hysté-
riques ou frappés de débilité intellectuelle.
Il y a de nombreuses variétés et formes cliniques ; mais toujours
le nystagmus consUtue le pivot autour duquel évoluent tous les
autres signes. On peut distinguer cinq types :
Premier type. — Nystagmus essentiel, manifestation isolée.
Deuxième type, — Nystagmus essentiel avec symptômes sura-
joutés : tremblement de la tête, asymétrie faciale, inégalité
pupillaire, etc.
Troisième type. — Nystagmus avec symptômes nerveux :
exagération des réflexes, trépidation épileptoïde, signe de
Babinski, avec ou sans quelques signes du deuxième type.
Quatrième type. — Forme complexe avec troubles trophiques,
vaso-moteurs, intellectuels, etc.
Cinquième type. — Nystagmus héréditaire et familial, isolé ou
associé à d'autres symptômes.
Les auteurs ont observé à ce jour 58 cas de cette maladie.
Le premier type (nystagmus isolé) a été rencontre 14 fois ; le
deuxième type 23 fois ; le troisième (avec exagération des réflexes),
17 fois ; la forme complexe, 4 fois ; la forme familiale et héréditaire,
13 fois. Peut-être la race bretonne est-elle prédisposée à cette
afl'ection, que les médecins brestois décrivent pour la première fois
avec un tel luxe d'observations détaillées.
En analysant les cas avec soin, on trouve des mouvements dont
les uns appartiennent à la classe des tremblements, tandis que les
autres sont constitués par des secousses sans rythme précis,
d'une variabilité excessive (myocloniesK
Mais ces myclonies difl'èrent des autres par l'association du
nystagmus, avec tremblement de la tête, par l'exagération des
réflexes constatée dans près du quart des cas. Enfm les troubles
trophiques et les anomalies de développement (pied bot, asymétrie
faciale, ptosis, etc.) viennent ajouter un trait spécial au tableau
morbide. Dans tous les cas où la recherche a pu élre faite, on a vu
que l'afl'ection remontait à la naissance ; elle est congénitale et
souvent héréditaire ou familiale.
Cette maladie sert de passage entre les types à tremblements
fibrillaires comme la chorée de Morvan et les variétés à grandes
secousses, comme le Paramyoclonus multiplex. Comme l'a fait
remarquer M. P. Raymond, on peut rencontrer dans les
NYSTAOMUS-MYOCLONIE 41
myoclonies toutes les variétés de convulsions : cloniques, toniques,
fasciculaires et (ibriliaires.
Tous ces tremblements semblent évoluer autour du nystagmus.
MM. Lenoble et Aubineau ont proposé de les réunir sous le nom
de nystagmus- myoclonie.
Quand on veut pénétrer les causes et la nature de cette
myoclonie, on rencontre de grandes difficultés. Sur les 58 cas des
médecins bretons, on compte 39 sujets du sexe masculin pour 19 du
sexe féminin. L'hygiène, le milieu social n'ont pas d'influence.
L'alcoolisme s'est retrouvé plusieurs fois chez les ascendants.
L'épilepsie, la folie, la syphilis, la tuberculose, la consanguinité
sont signalées à titre exceptionnel.
Mais rinfluence de la race parait beaucoup plus importante.
Cette variété de myoclonie serait une maladie de la Bretagne,
jusqu^àplus ample informé. La race bretonne, très ancienne, peu
mêlée, est forcément dégénérée; et la myoclonie congénitale
doit être considérée comme un stigmate de dégénérescence. Pour
expliquer le nystagmus, il faut admettre une innervation défec-
tueuse, indice certain de dégénérescence.
Ce nystagmus-myoclonie est une névrose autonome ; ce n'est
pas une expression fragmentaire de Thystérie. Le nystagmus-
myoclonie vient s'ajouter au paramyoclonus multiplex de
Friedreich, à la chorée électrique de Bergeron, au tic de la face
de Trousseau, à la maladie des tics, à la chorée (Ibrillaire de
Morvan. Pour P. Raymond, d'ailleurs, tous les états myocloniques
ont pour caractère commun d'être des expressions ou des produits
de l'état de dégénérescence héréditaire ou acquise.
L'anatomie pathologique est restée muette jusqu'à ce jour.
Autopsies négatives comme dans les autres myoclonies.
Aucune altération importante à l'examen macroscopique des
centres nerveux, poids normal de l'encéphale et de la moelle.
L'affection est d'ailleurs bénigne et compatible avec l'existence ;
la plupart des malades ignorent qu'ils le sont, et c'est le hasard
ou la recherche systématique qui permet de découvrir la maladie.
Malgré l'obscurité qui plane encore sur les origines et la nature
de celte anomalie, on doit considérer le nystagmiis-myocloine
comme une maladie spéciale tant par l'association de ses symptômes
principaux que par son caractère héréditaire, congénital et parfois
familial. Elle évolue sur un terrain dégénéré, sans progression ra-
pide, sans menace pour la vie. A tous ces titres, elle méritait l'étude
que lui ont consacrée ses parrains, MM. Lenoble et Aubineau.
A la Société de pédiatrie (16 octobre 1906), le 1)"* Apert a présenté
une famille comprenant la mère, d'origine bretonne, et plusieurs
filles atteintes de nystagmus-myoclonie ; le caractère familial et la
prédilection pour le sexe féminin apparaissaient ici très nettement.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Êtade clinique et histologique du xeroderma pigmentosam, par
J. Nicous et Fa VUE {Ann, de Derm, et Syph.y juin 1906).
Garçon de six ans, entre à Thospice de TÂntiquaille en mars 1906 pour
une direction cutanée dont le début remonte à cinq ans. Rien d analogue
dans la famille. Le début s'est fait par de lery thème et des taches de
rousseur, comme dans Térythème solaire et dans les mêmes régions. A
ces lésions initiales se sont ajoutées des ulcérations et des pertes de sub-
stance à la face.
Le malade tient la tète baissée et les yeux fermés ; il a du larmoiement el
une photophobie intense. Éruption polymorphe sur le visage : érythème,
taches pigmentaires, taches achromiques, taches vasculaires, desquama-
tion, productions verruqueuses, tumeurs ulcérées. Peau i-ouge, sèche,
atrophique.
Les taches pigmentaires sont de nuances et de dimensions variables :
lesunes sont brun clair, les autres plus foncées, quelques-unes noires; les
unes ont la grandeur d'une tète d'épingle, les autres celle d'une pièce de
HO centimes. Ntevi disséminés, punctiformcs ou stellaires, arborisés.
Desquamation par petites lamelles, grasse; la face semble recouverte de
crasse. Les saillies verruqueuses sont recouvertes d'un enduit croûteux,
adhérent. Les tumeurs ulcérées occupent le nez.
L'éruption est surtout localisée à la face, au cou, au cuir chevelu. Il y a
du dépoli de la cornée, un ulcère môme, une kératite double ; on noie
aussi la chute des cils et un léger ectropion. Aux mains et avant-bras, on
voit des taches de lentigo etdesnfovi avec quelques plaques achromiques,
le tout reposant sur une peau érylhémateuse. Sur le reste des téguments,
on note quelques nu3vi et taches pigmentaires. Examen des viscères néga-
tifs, sauf pour la rate, qui est grosse. Ganglions sous-cutanés nombreux.
État général satisfaisant. Pas d'albuminurie. L'enfant ayant contracté la
rougeole voit son éruption s'améliorer, les épithéliomes du nez se cica-
trisent, mais la tuméfaction de la rate persiste.
Examen histologique de la tumeur nasale, — La surface est recouverte par
répithélium cutané, sauf au centre, où il a disparu. Le stroma est formé
de tissu conjonctif, enserrant de nombreux leucocytes polynucléaires,
nombreux vaisseaux gorgés de sang. Le tissu de la tumeur est formé de
cordons épitiiéliomateux se raccordant avec Tépiderme, s'enfonçant dans
le stroma conjonctif, s'anastomosant entre eux. Même structure que dans
les cancroïdes.
PUBLICATIONS PÉRIODigUES 43
Origine intestinale des adénopathies trachéo-broncbiques tobercn-
leuses, par MM. A. Calmette, O. Guérin et A. Dêléarde (Académie des
scienceSy 21 mai 1906).
Quand on fait ingérer à des veaux ou à des chevreaux, en un seul repas
infectant, de très petites doses de bacilles tuberculeux d'origine bovine,
ces bacilles passent à travers la paroi intestinale et sont le plus souvent
retenus dans les ganglions mésentériques, sans y développer de lésions
tuberculeuses décelables à l'autopsie. Plus tard, ces jeunes animaux pré-
senlent de la tuméfaction des ganglions trachéo-bronchiques ourétropha-
rvDgiens avec ou sans lésions pulmonaires. Quandon inocule aux cobayes
des fragments de ces ganglions, même sains en apparence, on voit qu'ils
transmettent la tuberculose.
Du 15 décembre 1905 au 30 mars 1906, les ganglions mésentériques
(le 24 enfants décédés dans le service de M. Dêléarde, à l'hôpital
Saint-Sauveur de Lille, ont été triturés et inoculés chaque fois sous la
poau de la cuisse de 4 cobayes. Dans 4 cas seulement, les lésions trouvées
à 1 autopsie avaient permis de confirmer le diagnostic de tuberculose:
!• Fille de cinq ans, méningite tuberculeuse, ganglions mésentériques
rouges, tuméfiés, sans lésion i^ tuberculeuses apparentes ;
2° Garçon de deux ans, bronchopneumonie tuberculeuse, ganglions
mésentériques augmentés de volume sans lésions visibles.
3» Garçon de deux ans, adénopathie trachéo-bronchiquc, quelques gan-
glions mésentériques gros comme un haricot, pas de lésions à la coupe ;
4» Fille de six ans, tuberculose pulmonaire (caverne au sommet droit et
ganglions trachéo-bronchiques présentant de nombreux nodules caséi-
liés). Ganglions mésentériques tuméfiés, rouges à la coupe, mais sans
tubercules.
Les cobayes inoculés avec les ganglions mésentériques de ces 4 en-
fanU présentèrent tous les lésions de la tuberculose du trentième au
quarante-cinquième jour. De même les ganglions de 3 autres enfants non
>f>upronné8 tuberculeux transmirent la tuberculose aux cobayes. Pour les
17 autres, inoculations négatives. Les auteurs concluent :
1"» Chez les animaux expérimentalement, cheas l'enfant cliniquement,
toutes les fois que l'infection tuberculeuse se manifeste par de l'adénopa-
lhielrachéo-bronchique,il existe des bacilles tuberculeux dans les ganglions
m^entériques, alors même que ces ganglions paraissent sains ;
i"^ L'infection ganglionnaire mésentérique précédant Tapparition des
Iwions d'adénopathie bronchique, celles-ci doivent être considérées, de
même que la tuberculose pulmonaire chezTenfantet chez l'adulte, comme
résultant d'une infection tuberculeuse d'origine intestinale.
Ils ajoutent enfin :
L'hypothèse de la contamination directe par les voies respiratoires
nétant actuellement prouvée par aucune expérience irréprochable, il
apparaît de plus en plus évident que les enfants, et aussi les adultes,
contractentla tuberculoseen ingérant soit du lait de vaches tuberculeuses,
soit des poussières ou des parcelles de crachats tubeix^uleux d'origine
humaine.
11 me semble que ces conclusions sont trop hâtives et absolues.
Avant de fermer complètement la porte d'entrée respiratoire au bacille
tuberculeux, nous demandons des expériences de contrôle aussi nom-
breuses et aussi rigoureuses que possible. En clinique infantile, la
tul>erculose gravite autour de l'adénopathie bronchique. C'est le magasin
général des bacilles ; c'est de là qu'ils partiront pour toutes les invasions
futures. Il est bien étrange de voir ces ganglions macroscopiquement
44 ANALYSES
malades, alors que ceux du mésentère ne le seraient pas même microsco-
piquement, tout en étant virulents et en témoignant de Tinvasion bacil-
laire par rintestin. Si cela est définitivement prouvé, nous nous inclinons,
mais à une condition, c'est que cela ne change rien à la base prophylar-
lique actuelle, que nous considérons comme intangible : la contagion fami-
liale. Soit, admettons que le bacille pénètre parle tube digestif ; mais vous
ne pouvez rien contre ce fait d'observation, à savoir qu'on ne trouve
d'enfants tuberculeux que dans les familles tuberculeuses.
Tous les enfants d'une maison, d'un quartier, d'une ville boivent le
même lait ; ne deviennent tuberculeux que ceux qui sont exposés à la
contagion humaine.
liens bei Kindem; ▼olvalns fleznrœ sigmoide» (Iléus chez l'enfant;
volvulus de l'anse sigmolde), par W.-E. Tscherxow (Jahrb. f, Kind,, 1900).
Pour la production d'un volvulus de l'anse sigmoîde, il faut deux causes
principales : un obstacle à la progression du bol fécal dans le rectum et
une modification du mésosigma, consistant en production de tissu con-
jonctif, de cicatrices, d'infiltrats inflammatoires.
L'occlusion aiguë se traduit par les signes suivants, qui débutent bms-
quement : perte des forces, yeux excavés, fatigue, soif, vomissements,
refroidissement des extrémités, sueurs froides, pouls ralenti d'abord puis
accéléré; température basse, reispi ration précipitée, délire, agitation, con-
tractures des membres, coliques, oligurie, albuminurie, ballonnement du
ventre, douleurs. Beaucoup de ces phénomènes peuvent être d'ordre
réflexe ; pour d'autres, ce seraient des phénomènes d'auto-intoxication.
Hors thymica bei Nengeborenen (Mort par le thymus chez le nou-
veau-né), par le D' Ernst Hedincer {Jahrb. f. Kinderheilk., 1906).
L'auteur donne cinq cas d'hyperplasie thymique pure et sept où, à côté
d'hypertrophie du thymus, il y avait une plus ou moins notable hyper-
trophie thyroïdienne ; mais cette dernière n'était pas assez marquée*
pour que seule elle eût pu amener la mort par asphyxie. L'évolution
clinique de tous ces cas est analogue ; la naissance se fait normalement ;
quelquefois l'accouchement a été artificielles enfants ou bien restent en
asphyxie, ou la respiration redevient normale pour être plus ou moins
troublée au bout de quelques heures.
A l'autopsie, il y a plus ou moins de cyanose de la partie supérieure du
corps; souvent elle est faible ou nulle. On trouve toujours du sang liquide
dans les gros vaisseaux et le cœur.
Le thymus est hypertrophié de façon variable. Au microscope, il se mon-
tre congestionné ; quelquefois il y a des hémorragies étendues. On com-
prend que ces hémorragies, se produisant dans un organe hypertrophié,
augmentent encore la compression des organes voisins. 11 n'y a pas d'hy-
pertrophie des autres organes lymphatiques : on a seulement vu dans un
cas de l'hypertrophie splénique et de l'augmentation des ganglions mé-
sentériques et des follicules de l'intestin. Le cœur et les gros vaisseaux
sont généralement normaux. Les capsules surrénales étaient normales ;
dans un cas de Flùgge, elles étaient hypertrophiées.
L'intérêt de ces faits au point de vue médico-légal est dans cette cir-
constance que même des glandes thymiques peu augmentées de volume
peuvent amener l'asphyxie par compression. On peut d'ailleurs se rondre
compte de la compression après durcissement des organes du cou.
L'auteur rapporte enfin un cas avec photographie d'énorme hyperpla-
sie du thymus avec malformations (hémicéphalie).
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 45
Ein Beitrag sur congenitalen Lnngensyphilis (Contribution à la syphilis
congénitale du poumon), par le D' AugustKohl (Arch, f, Kindcrheilk,^ 1906).
Chez un enfant de deux mois, on avait tout le tableau clinique d'un cas
}?rave de syphilis héréditaire. La rhinite, l'hypertrophie splénique, Térup-
tian pemphigoïde, les rhagades saignantes aux orteils, aux doigts, à la
bouche et au nez, et le fait que Fenfant était né un mois avant le terme
normal, tout cela confirmait le diagnostic. L'autopsie en a montré le bien
fondé. Dans le poumon, il y avaitune inflammation interstitielle allant à
la destruction du parenchyme. Les lésions avaient tous les éléments ca-
ractéristiques d*une gomme : centre caséeux avec une zone de tissu con-
jonctif à cellules rondes et fusiformes, et nombreux vaisseaux. Le siège
de prédilection en dehors des sommets, Tétat des ganglions parlaient à
rencontre de la tuberculose ; surtout manquaient les cellules géantes et
épithélioïdes typiques. Enfin on ne trouvait pas de bacille tuberculeux*
Il s agissait donc d'un cas très rare de gommes isolées dans un poumon
d'hérédo-syphili tique.
Zar KesninisB der Urticaria pigmentosa (Sur Tétude de Turticaire
jiijrmenlée), par le D' ëngel (Arch, f, Kinderheilk., 1906).
II s agissait dans ce cas d'un enfant vigoureux, bien développé en
dehors de Tanomalie cutanée. Les efflorescences cutanées étaient ortiécs
el ne rétrocédèrent pas. Un traitement mercuriel ne donna pas de résul-
tai. Ce cas offrait les caractéristiques d e l'urticaire pigmentée, début
dans le très jeune âge, existence de phénomènes d'excitation urticarienne,
lésions microscopiques. Dans ce cas, le début de l'affection in utei^o ne
fait pas de doute.
Un exanthème ortie survenant chez un nouveau-né et persistant quel-
que temps doit être soumis à une biopsie, quoique malheureusement le
diagnostic n'apporte aucune conclusion pratique pour la thérapeutique ;
mais il éclaire le pronostic et permet d'affirmer d'une part l'innocuité du
processus pathologique, d'autre part sa durée pendant des années ou des
dizaines d'années. Ces plaques ortiées ne démangent pas et deviennent
peu à peu brunes. Tandis que le reste du tégument ne montre pas d'exci-
tation vaso-motrice spéciale, il survient dans les parties malades de temps
en temps de nouvelles poussées ortiées. Le substratum anatomique des
efflorescences est un amas dense de mastzellen dans le corps papillairc
avec infiltration cutanée et raréfaction du tissu conjonctif. Dans les
cellules épithéliales basâtes, il y a dépôt de pigment mélaniqu(3 au-dessus
des amas de mastzellen ; mais ce fait n'est pas constant. Le premier signe
et celui qui persiste, c'est donc la formation d'amas de mastzellen à
laquelle s'associe ensuite le dépôt pigmentaire avec un éréthisme vaso-
moteur plus ou moins marqué.
Klinischer Beitrag znr Kenntnias der Barlowschen Krankheit (Essai sur
la maladie de Barlow), par le D"" August Koul {Arch. f, Kinderheilk,, 1906).
Chez une enfant de sept mois et demi, la tuberculose de la mère pouvait
faire croire à une infection de cet ordre chez l'enfant, mais la tuberculine
donnait une réaction négative. 11 fallait encore faire le diagnostic avec un
sarcome de l'os. En effet tout le membre inférieur droit était fortement
œdémateux; le gauche l'était également, mais il n'y avait pas de vive
douleur. Urine très albumineuse avec cylindres, globules blancs et
rouges. La radiographie montrait l'os absolument intact, le périoste
dt'-coUé sur une grande étendue, très épaissi, et donnant une ombre
épaisse. Entre lui et l'os se trouvait la tumeur perméable aux rayons
46 ANALYSES
Rôntgen et ne montrant pas de structure déflnié. U ne pouvait donc s'agir
que d'un cas do maladie de Barlow, diagnostic confirmé par Texistence
d'une néphrite hémorragique et par le succès du régime antiscorbu-
tique.
La guérison fut complète et se maintint.
Dans un autre cas, chez une enfant de sept mois, la guérison fut aussi
complète. Enfin l'auteur relate chez un enfant de quinze mois un cas de
forme abortive. Le début fut typique : douleurs lorsqu'on mobilisait la
jambe, hémon^gies gingivales. La maladie ayant été combattue à ses
débuts, on ne vit pas se développer le tableau typique.
Dans un de ces cas, Talimentation de Tenfant avant le début du proces-
sus morbide avait consisté en un mélange de lait, farine et eau qui avait
été bouillie pendant 20 minutes. Dans le second cas, jusque trois semaines
avant la maladie, l'enfant fut nourri avec du lait coupé d'un tiers d'eau
additionné de 5 p. 100 de sucre de lait. Des centaines d'enfants nourris
ainsi ne présentent cependant pas de maladie de Barlow. Dans le troi-
sième cas, Tenfant reçut contre toute ordonnance médicale du babeurre
avec addition de crème soumis trois fois à la chaleur. 11 n'est pas impos-
sible que ce manquement dans le régime ait été Torigine de la maladie de
Barlow.
Pour ce qui est de la nature de la maladie, l'auteur la considère comme
le scorbut du nourrisson ; mais il est difficile de préciser l'influence des
fautes de régime.
Sal trattameuto con le inieiioni di paraffina dalle emie ombeilicali
net bambini (Sur le traitement par les injections de paraffine des hernies
ombilicales chez les enfants), 'par le D^ Felice Lanzamni (La Pediatria,
juillet 1906).
Ëscherich a eu l'idée d'appliquer la méthode de Gersuny à la cure de la
hernie ombilicale (1903). Cependant Ëkstein avait déjà (1902) injecté de
la paraffine avec succès dans trois cas de hernie inguinale et un cas de
hernie ombilicale. Ëscherich prend de la paraffine soluble à 39», se
servant d'une seringue de métal de 8 centimètres cubes de capacité,
avec aiguille courte et grosse, droite ou courbe. Le piston de la seringue
est à vis pour régler la quantité de paraffine. L opérateur saisit la hernie
avec les doigts de la main gauche, réduisant le contenu, pendant que la
main droite enfonce l'aiguille de la seringue à la périphérie inférieure
du sac, le long de la ligne médiane, de façon que l'aiguille, dirigée en
haut, se meuve librement dans le sac herniaire vide. Un aide tourne le
piston de la seringue jusqu'à un certain point, et en même temps la main
gauche de l'opérateur cesse d'exercer la compression, la hernie se repro>
(luisant dans toute son ampleur; application d'une compresse glacée sur
le ventre, obturation du petit trou avec le collodion, application de com-
presses maintenues en place huit jours ; la paraffine forme une pelotte qui
ferme l'orifice herniaire.
La méthode d' Ëscherich fut appliquée par Hagenbach-Burckhardt, par
Hutzler, par Rocchi, sans rencontrer partout de bien chauds partisans.
Sur les conseils du professeur Vitale Tedeschi (Clinique pédiatrique de
Padoue), l'auteur s'est appliqué à perfectionner le procédé. Il a fait
établir une seringe courbe spéciale, un petit appareil pour maintenir le
sac, etc. li injecte lentement la paraffine à 42° chez les petits enfanU et
à 48<* chez les grands. Nous n'insistons pas sur la stérilisation préalable
de la seringue. Ce procédé serait inoffensif, donnerait d'excellents
résultats dans les hernies petites ou de moyennes dimensions.
1.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 47
L'intarrento chimrgico neU'estrauone délie monete dalFeiofago dei
bambini (L'intervention chirurgicale pour l'extraction des pièces de
monnaie dans Tœsophage des enfants), par le D*" ârtemio Magbassi [La
Pediatria, juillet 1906).
On a beaucoup attaqué le panier 'de Graefe, et on Ta déclaré très
dangereux pour Textraction des corps étrangers de l'œsophage. Or
M. A. Magrassi rapporte six observations de sous ou médailles arrêtés
dans Tœsophage depuis plus ou moins longtemps, qui ont pu être extraits
avec la plus grande facilité avec le panier de Graefe.
li en conclut que Textraction par les voies naturelles est la méthode de
choix ; que le panier de Graefe peut être utile dans les cas où la pièce a
séjourné plusieurs jours dans Tœsophage ; que Toesophagotomie externe
trouve son indication dans la présence de symptOmes inflammatoires :
fièvre, douleur vive spontanée ou provoquée ; Tœsophagotomie doit
intervenir le plus tôt possible^ car la mortalité est d'autant moindre que
l'opération a été plus précoce ; si Ton trouve les parois de l'œsophage
altérées, il faudra tenter la suture. Ce travail aboutit donc, avec faits à
Tappui, à la réhabilitation du panier de Graefe.
Vomito abitnale d'an infante guarito colla somminisirasone di
ioduro potasBico alla nutrice (Vomissement habituel d'un enfant guéri
par l'administration d'iodure de potassium à la nourrice), par le
O'Aleardo Cariou (Qazz. degli osp. e délie ch'n., 23 sept. 1006).
Fille de deux mois et demi vomissant après chaque tétée ; mère de
Irente-trois ans, ayant nourri avec succès trois autres enfants, foKe,
semblant avoir beaucoup de lait et un lait trop fort pour le nourrisson.
O'où la pensée d'une médication hyposténisante. De petites doses d'iodure
de potassium diminuent la sécrétion lactée, sans altérer la santé de la
mère. Donc l'auteur prescrivit la solution suivante :
lodure de potassium 2ff|',âO
Eau 300 grammes.
tin prendre trois cuillerées à café pai* jcur, ce qui ne fait pas 20 centi-
grammes dModure par jour.
Dès le premier jour, les vomissements disparurent. Quand on cessait
liodure, ils réapparaissaient. La médication fut continuée pendant
deux mois. Enfin l'enfant finit par s'accommoder au lait de sa mère.
L'ayrelenamento acntoda chinina nei bambini (Empoisonnement aigu
par la quinine chez les enfants), par le D^ Macro Gioseffi [Riv. di Clin,
M., sept. iÔ06).
Fille de dix-huit mois, un peu rachitique, de parents sains, nourrie au
^in par la mère, sevrée à treize mois. Première dent à un an. Depuis
an mois, l'enfant prend chaque jour 20 centigrammes de chlorhydrate de
quinine. Accès éclamptique avec suffocation. Elle guérit. On reprend la
quinine. Cn jour, l'enfant ingère six à huit pastilles de 20 centigrammes
ll'^SâO à i^',60). Après quinze ou vingt minutes, tremblements, con-
Mibions, perte de connaissance, vomissements, cyanose, algidité, respi-
ration de Cheyne-Stokes (70 à 90). Pouls filiforme. Abolition des réflexes.
Mort. Autopsie sans caractères particuliers. A l'examen clinique du
''ontenu stomacal, on découvre quelques centigrammes de quinine. On a
pu relever dans la littérature médicale 4 ou 5 cas de mort par la quinine
chez les enfants.
48 ANALYSES
Salicylate poisoning in children (Empoisonnement salicylé chez les
enfants), par le D' F. Langmead (Lancet, 30 juin 1906).
On a recommandé les fortes doses de salicylate de soude dans le
rhumatisme infantile; or il peut en résulter des accidents toxiques
rappelant le coma diabétique avec acétonémie, etc.
{o Un garron de cinq ans est reçu à Thôpital le 2 octobre 1901 pour une
polyarthrite rhumatismale localisée au coude gauche et aux poignets. En
même temps endocardite mitrale et augmentation de la matité du cœur. On
prescrit 30 centigrammes de salicylate de soude avec bicarbonate de
soude toutes les six heures ; glace sur le cœur. Amélioration rapide et
notable.
Le 16 décembre, il vomit deux fois,etle 18 il vomit quatre fois. Dans la ma-
tinée du 19, dyspnée, fièvre (39°), aspect du coma diabétique sans glycosurie.
Soif d'air, intubation sans efficacité. Anurie pendant vingt-quatre heui^s.
Cionsiipation. Odeur d'acétone. Mort. Autopsie négative. La dose de sali-
cylate n'avait pas été excessive, mais trop longtemps continuée (dix se-
maines).
2° Garçon de sept ans, reçu à Fhôpital pour un rhumatisme aigu et une
affection mitrale. Ckinstipation. On prescrit 60 centigrammes de salicylate
de soude associé au bicarbonate toutes les deux heures pour les
six premières doses, puis toutes les quatre heures. Le 27 novembre 1904,
jour de l'admission, deux vomissements, puis trois et quatre. Le 30,
délire, soif d'air^ abattement sans perte complète de connaissance.
Odeur acétonique de l'haleine. Urine acide et contenant de l'acétone. Pas
de sucre. On cesse le salicylate. Le malade est mieux douze heures plus
tard, quoique encore faible. La soif d'air a disparu. L'haleine n'a plus
l'odeur de l'acétone. Guérison rapide.
3° Fille de huit ans, reçue à la fin de janvier 4906 pour une chorée
rebelle à l'ai^senic. Le 9 février^ on donne six doses de 1»«',20 de sali-
cylate de soude sans bicarbonate de soude. Le 13, on double la dose» soit
dans une journée plus de 9 grammes de salicylate de soude. Constipation
depuis trois jours. La nuit, deux vomissements et trois dans la matinée.
Abattement, faciès angoissé, mal de tète, respiration pénible avec odeur
d'acétone. On suspend le salicylate. Le 15, aggravation, six vomissements;
le soir et le lendemain, on donne du bicarbonate de soude. Guérison.
L'urine, le 14 février, donnait la réaction de l'acétone; le 17 février, elle
ne la donnait plus.
Il semble, d'après ces faits, que le bicarbonate de soude soit Tanlidotc
du salicylate de soude; il ne faut pas manquer de l'administrer. On a
constaté les mêmes symptômes avec l'aspirine. J /auteur invoque
deux facteurs : l'acide salicylique et le diplocoque de Poynton et Paine,
qui est un organisme acido-formateur.
Contribato alla cura délia ipertosse, sopra 10 cas! corati col Sic (Con-
tribution au traitement de la coqueluche, 10 cas traités par le Sic)j par le
D"* FoMANA (La Pediatria, sept. 1906).
Le D"^ Zanoni (de Gênes) a expérimenté un extrait de capsules surré-
nales, connu en pharmacie sous le nom de Sic, qui aurait une action efficace
contre la coqueluche.
Sur 10 enfants traités à Crémone par le D' Fontana, d'après la
méthode de Zanoni et avec le médicament fourni par lui, 6 ont été com-
plètement gucM-is, 2 très améliorés, 2 n'ont éprouvé aucun bénéfice. Ces
derniers étaient d'ailleurs des cas compliqués.
On voyait disparaître d'abord le vomissement, puis la fièvre s'abaisser.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 49
Jes accès de toux diminuer de fréquence et de violence, etc. En quinze oU
vingt jours en moyenne, les principaux phénomènes morbides dispa-
nirenL
Malgré le petit nombre de cas traités, Fauteur considère le nouveau
remède comme efficace, inoffensif, diurétique, etc. En attendant que
l'extrait surrénal du D** Zanoni soit à la disposition de tous les médecins,
ne serait-il pas possible de' lui substituer la solution de chlorhydrate
d'adrénaline, qui doit en posséder les propriétés essentielles?
A case of hemiplegia foUowing diphtheria (Hémiplégie succédant à la
diphtérie), par le D' William J. Butler (Arch. of Ped., août 1906).
Fille de dix ans, bien portante jusqu'en septembre dernier, où elle
contracte un mal de gorge : lièvre, gonflement, dysphagie, traitement
antitoxique. Dans le milieu de la seconde semaine, voix altérée, rejet des
liquides par le nez en avalant. Elle va mieux et peut se lever. Étant à la
fenêtre, elle eut une grande frayeur par suite de la chute d'une pierre; à
partir de ce moment, accidents nerveux bizarres qui aboutissent à une
hémiplégie gauche, à caractère spasmodique.
(je cas ne peut s'expliquer que par une encéphalite aiguë consécutive
à la diphtérie, car il n'y avait rien au cœur pouvant faii*e admettre une
enobolie cérébrale. D'autre part, la contracture rapide des membres atteints
semble encore plaider en faveur de l'encéphalite.
A case of acnte sappurative^ thyrolditis with pressure symptoms
relieTed by intubation (Cas de thyiroïdi te aiguë suppurée, avec symptômes
décompression soulagés par le tubage), par les D"^ Fra.nk S. Meara et
Robert Stu ART M ACGREGOR [Arch, ofPed., août 1906).
Garçon âgé de trois mois et demi, vu le 3 mars 1906, nourri au sein",
bien portant jusqu'à deux mois. Puis adénite cervicale suppurée, incision.
Trois semaines après, lièvre, toux; on parle de pneumonie. Alors la
glande thyroïde devient grosse, la température monte à 40°. Pas de signes
de pneumonie, mais gonflement de la thyroïde et dyspnée.
Du 3 au 15 mars, la dyspnée s'accroît jusqu'à devenir alarmante. On
dirait d'un enfant ayant un abcès rétro-pharyngien.
La glande thyroïde, grosse, douloureuse à la palpation, semblait
fluctuante en certains points. La dyspnée semblait bien due à la compres-
sion de la trachée. Gorge saine, pas d'abcès rétro-pharyngien.
Intubation avec le plus petit tube, soulagement immédiat, l'enfant peut
fermer la bouche et s'endort. Collargol en frictions. L'enfant garde le
tube pendant une semaine; on essaie alors de le retirer, mais le retour
de la dyspnée oblige à le replacer. Le 21, on fait une incision au niveau
de l'isthme thyroïdien, qui était fluctuant (pus jaune épais). Rapidement
l'enfant guérit, et actuellement il est en parfait état.
La thyroîdite aiguë est rare chez les enfants; cependant on en a cité
un certain nombre de cas dans les traités classiques. La grippe ou
influenza, la fièvre typhoïde, la variole, la vaccine ont pu être incrimi-
nées dans l'étiologie. Dans le cas actuel, l'adénite aiguë suppurée du cou
a pu jouer un rôle.
Osteogenesis imperfecta, report of a case (Ostéogenèse imparfaite, rela-
tion d'un cas), par le D' E.-D. Fe.nî«er {Arch. of Pcd,, août 1906).
Jiarçon de cinq ans huit mois, présenté le 12 avril 1906; grosse tète,
marche avec des béquilles, jambes courtes, pieds bots.
Sixième enfant de parents sains ; il fut bien portant jusqu'à quatre mois,
AbCB. DB mAdEC. DBS BNPANTS, 1907. X. 4
W ANALYSES
OÙ, VU la maladie de sa mère, on le sevra pour le nourrir au lait condensé.
Diarrhée. Marche à deux ans. Fontanelle large, fermée à quatre ans.
Quand il commençait à marcher, au début de sa troisième année, il fit
une chute banale de sa petite voiture et refusa dès lors de marcher. On
s'aperçut bientôt que le pied était renversé et la hanche proéminente ; on
ne pensa pas à la fracture. Peu après, il tomba d'un hamac, se cognant
le bras ; il refusa désormais de se servir de ce bras, mais personne ne
crut qu'il pouvait être fracturé.
En février 1905, on montre Tenfant à un chirurgien pour la dilTorniilé
de la hanche droite et le renversement du pied. On parle de coxa vara
et on fait une ostéoclasie. En enlevant l'appareil, on voit que la réunion
osseuse est pire qu'avant.
En décembre 1905, la jambe gauche, qui était plus longue de 25 milli-
mètres que la droite, commença à devenir plus courte, la hanche faisant
saillie et semblant malade. On ne soupçonne pas la fracture et on ne fait
aucun traitement. Bientôt il semble qu'il y ait une double coxa vara,
La radioscopie montre à droite, au-dessous du grand trochanter, un cal
de fracture ; un peu plus bas, autre trait de fracture. A gauche, fracture
sous-trochantérienne également. 11 y a eu probablement aussi décolle-
ment épi physaire du fémur droit. Fracture ancienne du radius gauche, etc.
En somme, fragilité extrême des os.
Il nous semble que ce cas rentre plutôt dans le rachitisme que dans
Vostéopsathy rosis ou ostéogenèseimigfigtiiit^^^
Un raftft Ai ngtAftpgjitirirf^iy»)«ks ^||g||.(^npgliiy^sisV par leD'LAUREATl
(Riv, di Clin. Ped., oct. l/w^* • ^\
Fille de quatre ans/^tré^À Ja lolifvkiue pëdifttrique de Rome le
8 mai^ 1906; mère attiinte drraxaiidncohgénitalfe de la hanche droite.
Une sœur de vingt mdl^rachi tique. Accouchertient par le siège. Sein
maternel pendant un tt%m^ puTS'^Wtrrrîce à la campagne. Troubles
digestifs. Il y a dix-huit mot^J^ifa^it a' été reprise par sa mère dans un
état peu satisfaisant : maigreur,' pâleur, gros ventre, grosse tête, défor-
mation des bras et des jambes. Développement inférieur à la normale,
fontanelle encore ouverte, 18 dents, molaires cariées, chapelet costal,
marche impossible. Les os sont non seulement incurvés, mais amincis
et raccourcis. On note la présence de plusieurs saillies angulaires attes-
tant des fractures anciennes : tiers interne de la clavicule droite, humé-
rus droit à l'union du tiers moyen et du tiers inférieur, radius au tiers
moyen, humérus gauche au tiers moyen et au tiers inférieur, avant-
bras gauche, fémur droit et fémur gauche ; on compte neuf fractures
consolidées avec cal épais.
Le poids de l'enfant est de 6950 grammes au lieu de 14360.
11 nous semble que ce cas rentre dans la catégorie des fractures rachi-
tiques. D'ailleurs le rachitisme de l'enfant est indéniable.
A moltiple rhabdomyoma of the heart mascle (Rhabdomyome multiple
du myocarde), par les D" Kxox et Schorer {Arch,of Ped^, août 1906).
Enfant de couleur âgé de sept mois, reçu le 27 juillet 1903 au Thomas
Wilson Samïaï'iwm pour amaigrissement et diarrhée. Aurait eu la rougeole
à cinq mois. Au sein pendant trois mois, puis lait condensé et lait coupé.
Aucune règle quant au nombre et à la quantité des repas. Diarrhée verte
avec mucosités. Rachitisme. Souffle à la pointe du cœur. Mort au bout de
quatre semaines.
Autopsie vingt heures après la mort. Surface du cœur inégale, semée de
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 51
nodules de 3 à8 millimètres de diamètre ; gros caillot dans l'oreillette gau-r
che, avec tumeur solide sur la paroi. Dans le ventricule droit, de semblables
tumeurs sont apparentes ; de même, sur la valvule tricuspide, on aperçoit
des nodules miliairçs de môme consistance. Dans le ventricule gauche,
grosse tumeur pédicuiée, venant de la pointe et s'élevant jusqu'aux val-
vules aorliques. Plusieui'S cordages tendineux sont attachés à cette tumeur.
L'ne seconde tumeur, ayant 1 centimètre de diamètre, prend son ori^^ine
près de la base de la première et remplit presque la pointe du ventricule;
parois du ventricule épaissies, infiltrées çà et là de petits nodules. Au
microscope, on voit que les tumeurs naissent du myocarde, dont elles
ont la structure.
Sot on cas de constriction congénitale de la mâchoire^ par MM. Ovize
et P. Delbet {La Rente de stomatologie y sept. 1906).
Fille de huit ans, née avant terme par suite d'un rhumatisme aigu de la
mt're. Elle vint au monde les jambes repliées et ne put les allonger qu au
bout d un mois. Elle ne prenait le sein qu'avec peine (constriction de la
mâchoire), et on fut obligé de lui donner le lait à la cuiller. 11 y a
constriction à peu près absolue du maxillaire inférieur. Parole peu
modifiée. Ingestion difficile ; cependant l'aliment passe entre les arcades
dentaires, les incisives inférieures étant en retrait de l«™,b. La langue
saisit le bol alimentaire et l'écrase contre le palais, qui est très enfoncé ;
I enfant ronfle beaucoup. Le maxillaire inférieur est moins haut qu'à
l'état normal, il est atrophié, par suite de la constriction.
En rendant la mobilité à l'articulation, on pourra peut-être enrayer
l'atrophie. M. Delbet admet que la constriction est due à un rhumatisme
articulaire intra-utérin : rétraction ligamentaire et musculaire prédomi-
nant à gauche. Il se propose donc de faire une opération sur l'articulation
temporo-maxillaire et l'os maxillaire (résection, désinsertion muscu-
laire, etc.).
Report of a case of recarrent ▼omiting with acetonnria (Relation
d'un cas de vomissement à rechute avecacétonurie), parle D"" Albert Wil-
liam Mters (Arch. o/Ted., juillet 1906).
Fille de treize ans, de parents nerveux, prématurée et délicate, enfant
nerveuse. Développement physique et mental en retard.
Depuis Tàge de six ans, elle a eu des attaques de vomissements revenant
chaque année ou un peu plus souvent. Deux de ces attaques ont été très
irraves, durant deux semaines ; les autres, plus courtes, ont duré de un
à quatre jours. Dans les quatre dernières années, l'enfant a vécu à la
campagne, sa santé générale s'est améliorée, les accès ont été plus légers
»*t plus courts. Parfois on a constaté des accès avortés, avec irritabilité,
agitation, nausée, disparition en quelques heures sans vomissement. Un
léger ictère a été noté dans quelques accès.
Appétit bizarre, l'enfant mange volontiers de la viande et du pain,
adore les bonbons, prend quelques pommes de terre, mais refuse tous les
autres légumes ainsi que le lait.
Elle était depuis quelques semaines nerveuse, avec un peu d'appétit,
sans constipation, quand le 14 janvier 1906, après un modeste déjeuner,
après une frayeur (chute d'une lampe), elle vomit à partir de minuit,
continuele lendemain; le 15 janvier à 1 heure du soir, quand le médecin la
vit, elle avait vomi dix-huit fois des liquides jaunes, mêlés de sang, de marc
de café. Il y avait eu plusieurs garde-robes spontanées. Peu de fièvre,
odeur spéciale de l'haleine. On prescrit du bicaibonate de soude par la
52 ANALYSES
bouche et en lavement. Le lendemain, amélioration, léger ictère, foie
non augmenté de volume. L*enfant prend de l'orangeade; mais elle vomit
a sept reprises, et on lui interdit cette boisson. Guérison. L'enfant met
une dizaine de jours à retrouver sa santé antérieure. Urines très acides,
donnant la réaction de Tacétone.
A case of generalized snbcutaneoua emphysema, theresnlt of miliary
tobercttlosis in a syphilitic child (Cas d'emphysème généralisé, suite de
tuberculose miliaire chez un enfant syphilitique), par le D' Wiluam Mac-
KENZiE (Arch. o^Ped., juillet 1906).
Fillette de trois ans, observée le 27 juin 1905, ayant eu la rougeole, puis
de la toux, de la dyspnée, de la fièvre depuis quelques semaines.
L*examen du poumon droit montre de la matité avec suppression du
murmure, puis râles crépitants, etc. On fait le diagnostic de pneumonie,
avec pronostic rassurant.
Dans la nuit du 4 juillet, apparition d'une grosseur comme une orange
à la joue gauche ; œil gauche fermé. La tuméfaction s'étendait au-
dessus des deux clavicules et sur la partie gauche du cou. Crépitation au
toucher. L'emphysème est alors reconnu et le pronostic change. La cause,
elle ne pouvait être attribuée à un corps étranger, ni à une quinte de
toux, qui avait manqué; mais elle pouvait dépendre d'un ganglion caséeux
qui se serait ouvert dans une bronche.
Le gonflement s'accrut rapidement, gagna le côté droit, le cuir chevelu,
les poignets. Pas de signes de pneumothorax. Le 7 juillet, il y a
Tapparence d'une anasarque d'origine brighlique : les yeux sont cachés
par les paupières gonflées ; la poitrine, le dos, l'abdomen, les fesses, les
aines sont soulevés par l'air infiltré. Les membres inférieurs sont
indemnes. Mort le 8 juillet.
A lautopsie, tuberculose miliaire du foie, de la rate, du poumon. Gan-
glions bronchiques caséeux. Pas de corps étrangers. Quelques bulles
d'air à la surface des poumons. Près du bile du poumon droit en
arrière, au-dessous des veines pulmonaires, une érosion se montre qui a
pu donner passage à l'air des voies respiratoires dans le tissu cellulaire
médiastinal. Cette érosion était le résultat d'un amas de granulations
tuberculeuses.
■
Tamenr gazease du cou. Trachéocéle bilatérale chez an enfant rachi-
tiqne, par le D^ Gutot {Joum. de méd, de Bordeaux, 7 oct. 1906).
Fillette de deux ans, genu valgum gauche, portant une tumeur intermit-
tente à la région cervicale droite. Au moment de l'expiration, on voit
que la région sus-claviculaire droite est soulevée par une saillie lisse ; la
jugulaire se gonfle et apparaît très nettement. Peau lisse, non enflammée.
Sous l'influence de l'effort, de la colère, des cris, la tumeur augmente de
volume ; avec l'inspiration, elle s'affaisse très vite et disparait. A la palpa-
tion, on sent sous la peau une poche à paroi peu épaisse, se vidant et se
remplissant très vite.
A la pression, la tumeur est réductible, sans douleur, ni dyspnée, ni
modification de la voix. A la percussion, sonorité. Pas de pédicule; il
semble que la poche descende un peu dans le thorax. En portant le doigt
très profondément, entre la trachée et le stemo-cléido-mastoïdien droit,
on peut empêcher le remplissage de la poche. A gauche, dans les
expirations fortes, on sent une autre petite tumeur ayant les mêmes
caractères. La première a le volume d'un œuf de poule ; la seconde, celui
d'une noisette.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 53
indolence absolue, consistance élastique, sonorité à la chiquenaude,
réductibilité complète, possibilité d'empêcher sa reproduction en pressant
avec rindex sur le côté droit de la trachée, tels sont les caractères de la
tumeur principale.
Il s'agit donc d'une tumeur gazeuse du cou, d'une trackéocèle bilatérale,
plus accusée à droite.
Lauteur dit qu'on ne trouve pas de description de ce genre de tumeur
dans les traités ou manuels même les plus récents. Or, s'il veut bien
consulter le Traité des maladies de Venfarhce, par Grancher et Comby
(tome 111, page 159, Paris, 1904, Masson et G'*, éditeurs), il trouvera un
article Trachéocèle^ où des faits analogues au sien sont rapportés.
Ghronic lymphatic lenkemia in a child (Leucémie lymphatique chro-
nique chez un enfant), par le D*" Th. Le Boutillier (Arch, of Ped., juillet
1906).
Garçon de dix ans trois quarts, vu pour la première fois au dispensaire
méàkaXdeSaint'Christophefs ffo5pi£a^( Philadelphie), le 6 septembre 1905.
Parents bien portants ; la mère, à dix-sept ans, avait eu la chlorose pro-
bablement. De deux à sept ans, l'enfant a eu souvent la diarrhée ; douleurs
abdominales de temps à autre. Au printemps et en été, melœna, épis-
taxis. Il y a une semaine, mal de tète, malaise, anémie, douleurs dans
les jambes. A ce moment, pour la première fois, tuméfaction sur les côtés
du cou plus marquée à droite qu'à gauche.
On a signalé que pendant l'été il jouait souvent dans la cour avec un
tube d'eau, était mouillé la plupart du temps, et que déjà il commençait
à être pâle et à mal digérer.
Un peu de fièvre, pâleur notable, légère bouffissure palpébrale. Tous
les ganglions du cou sont un peu engorgés ; à droite, ils sont du volume
d'un pois à celui d'une amande ; à gauche, ils ne dépassent pas les
dimensions d'un haricot.
Souffle systolique à la base du cœur ; souffle vasculaire au cou. Foie
un peu gros; rate non palpable. Du 6 au 14 septembre 1905, la céphalée
a disparu, le sommeil est plus calme, l'appétit meilleur. Il y a eu quatre
épistaxis facilement arrêtées.
Les ganglions angulo-maxillaires ont atteint le volume d'une grosse
noix.
Amélioration jusqu'au 23. Mais bientôt la fièvre se rallume, les gan-
glions augmentent ; coliques, vertiges, nausées, éructations et vomisse-
ments. Du 25 septembre au 21 octobre, perte graduelle des forces, pâleur
plus grande, ganglions plus gros, œdème de la face, épistaxis répétées,
surdité, tristesse. Palpitations au moindre mouvement, parfois respiration
difficile avec légère cyanose, œdème du scrotum, glandes mésentériques.
Le * novembre, glandes sous-maxillaires moins grosses ; déglutition
plus aisée, ouïe meilleure.
Ascite, anasarque, amygdales hypertrophiées, mort le 20.
Examen des urines négatif. Examen du sang les 31 octobre, 10, 12 et
14 novembre:
Hémoglobine.. 25, 22, 24, 35 p. 100.
Hématies 2 310000, 1380000, 1670000,2042000.
Leucocytes 53G00, 51 800, 95 440, 105000.
MoDooucléaires petits. 99,2, 80, 91 p. 100.
On peut donc dire leucémie lymphatique chronique, de cause ignorée.
54
ANALYSES
Contribution à l'étnde de l'incontinence nocturne, par le D^ Perrin
(Revue médicale de la Suisse romande, 20 août 1906).
On a remarqué la fréquence de Ténurésie nocturne chez les enfants
atteints de végétations adénoïdes. Le besoin d'uriner naît de Tirrilation
de l'orifice interne par le contact de l'urine. Ce besoin ci'oît ave la
quantité d'urine contenue dans la vessie. Le point de départ du besoin
d'uriner est dan^ la muqueuse de l'urètre postérieur.
Sur trente-six malades, entre trois et sept ans, l'auteur n'a compté que
trois filles ; onze avaient des végétations adénoïdes. Sommeil profond
chez tous lesenfanls. Ils urinent au lit parce qu'ils dorment trop profon-
dément pour percevoir le besoin d'uriner.
Le courant faradiqueest très efficace; on fera une vingtaine de séances
avec interruptions lentes, pour tonifier le sphincter au lieu del'assommer.
Ce qui frappe, c'est la constance d'un profond sommeil, la fréquence
des affections nasales et la grande rareté de la cystite incriminée à tort
par beaucoup d'auteurs.
Quelques mois de fonctionnement de l'Institut pour enfants prématurés
ou débiles, par le D'^ Ed. Cordier {Annales de la Policlinique de Bruxelles,
juillet 1906).
11 existe, à Bruxelles, rue de la Presse, n^ 37, un Institut pour les
enfants prématurés, élevés en couveuse, alimentés spécialement, sous
la direction du D' Cordier. Avec la couveuse portative, on peut amener
les pi'tits débiles, sans danger, de<; différents quarliersde la ville à l'Institut.
Là, on allaite les enfants artificiellement avec le lait Backhaus. Nous
trouvons dans celte brochure vingt-deiix observations qui font bien au-
gurer des services rendus par cette nouvelle œuvre. Les résultats sont
des plus encourageants.
Les premiers jours, l'auteur donne une ration de lait égale à 10 p. 100
du poids de l'enfant; puis, s'il Ta supportée, à 15, 20, 22 p. 100. Intervalle
entre les repas, de deux heures, une heure et demie, une heure- On donne
d'al)ordle Backhaus 1, puis le II, le III.
A propos de deux cas de botryomycose chez l'enfant» par le iv Hocher
[Journal de médecine de Bordeaux, 30 sept. 1906).
La botryomycose, rare chez l'enfant, se développe à la suite d'un, trau-
matisme : plaie, coupure, piqûre, corps étranger. La tumeur peut se
développer sur la plaie ou sur la cicatrice; elle peut succéder à un
panaris. On ne croit plus au botryomyces ou au bolryoroque. Les microbes
rencontrés sont variables : staphylocoque, streptocoque, etc.
Histologiquement, c'est un bourgeon charnu très vasculaire [granulome
télangiectasiqve, dit granulome pédicule bénin),
1° Botryomycose de la région par iélo-occxpi taie gauche. — Garron de sept
ans ; coup à la tète il y a quinze jours. Plaie, puis, au bout do quelques
jours, petile tumeur rappelant un bourgeon charnu.
Il y a huit jours, chute suivie d'hémoriagie, accroissement continu
de la tumeur.
Le 2.') novembre 1902, on trouve une tumeur grosse comme un œuf de
pigeon, étranglée à lapartie moyenne par un sillon : aspect hilobé, aspect
de grosse arachide pédicuh^e à la région pariéto-occipilale gauche. Surface
ulcérée, suintante, d'un louge foncé. Pédicule court, cylindrique. Extir-
pation au bistouri. Réunion par première intention.
Le D^ Sabrazc'S a trouvé, par les cultures, des bâtonnets polymorphes
se décolorant par le Gram, un lin liacille, quehiues diplocoques et
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES. ô5
streptocoques. Développement considérable de la couche cornée de Tépi-
derme; lésions de nécrose de cette couche cornée et du corps muqueux
de Malpighi. La tumeur est formée de tissu conjonctif infiltré par des
leucocytes polynucléés ; nombreux vaisseaux sanguins et lymphatiques ;
pas de glandes sudoripares ni sébacées. Énorme masse sanguine au
niveau du pédicule ; latéralement, angiome caverneux en voie de déve-
loppement.
En résumé, la tumeur pédiculée ne contient pas de grains du botryo-
coque, pas de staphylocoques ; elle a la structui*e d'un bourgeon charnu
avec énorme développement des vaisseaux par places, avec évolution
fibreuse ailleurs.
2« Botryomycose de Vextrémité de Vindex gauche. — Fille de treize ans et
demi, observée en juillet 1904, porte à Textrémité de l'index gauche, au
sommet de la pulpe, une petite tumeur rouge de la grosseur d'une petite
fraise des bois, exulcérée et saignante, ferme au toucher, largement
pédiculée. Cette tumeur date d'un mois et demi ; elle était recouverte
dune croûte ; le médecin l'ayant enlevée vit le sang couler abondamment*
Extirpation, guérison.
3*" Villemin a vu une fîlle de onze ans présenter une tumeur analogue
à la paume de la main gauche. Extirpation, guérison,
Diana sindrome premonitoria délia stomatite aftosa (Syndrome prémo-
nitoire de la stomatite aphteuse), par le D' Cesare Minerbi {Riv. di Clin.
Ped., juillet 1906).
Avant Tapparition des vésicules, il peut se présenter des symptômes
nerveux inquiétants, d'autant plus que le diagnostic n'est pas encore
assuré. On peut cependant prévoir la stomatite à l'existence de ces deux
sipnes : tunriéfaction du rebord gingival, tuméfaction des ganglions
an^'ulo-maxillaires.
M. Minerbi a déjà insisté sur la valeur séméiologique de ces ganglions
lymphatiques situés entre l'angle de la mâchoire, le bord antérieur du
sterno-cleïdo-mastoïdien et la grande corne de l'os hyoïde. Ces ganglions
reçoivent les vaisseaux lymphatiques des amygdales; ils sont placés
entre les deux feuillets de la cloison fibreuse sous-maxillo-parolidienne,
qui sépare la parotide de la glande salivaire sous-maxillaire.
\ la période prémonitoire de la stomatite aphteuse, les ganglions
lymphatiques tonsillaires seuls s'engorgeraient, tandis que les ganglions
sous-maxillaires ne seraient pris qu'après la sortie des aj)htes (infection
secondaire des vésicules par les pyogènes).
Do cette évolution particulière des adénopathies, M. Minerbi tire des
conclusions intéressantes.
Le virus spécifique de la stomatite aphteuse se frayerait un passage
à travers les amygdales (le plus souvent les amygdales palatines, parfois
les pharyngées); arrivé dans le courant sanguin, il allumei'ait la fièvi-e et
provoquerait successivement l'éruption des vésicules aphteuses sur la
muqueuse buccale, qui représentent ainsi un énan thème spécitique.
Osserrazioni e rîcerche sul noma ^r^bservalions et recherclies sur le
noma), parle D"* Ettore Rave>ma 'La /Wm^rta, juin et juillet iOOOi.
L'auteur a recueilli 8 observations et s'est livré à de nombreuses
recherches bactériologiques. Il établit que le noma est une maladie
infectieuse. Il est probable que la gangrène est précédée par l'invasion
microbienne. Parfois une carie dentaire ou un foyer d'ostéomyélite a pu
servir de porte d'entrée.
56 ANALYSES
Parmi les microbes rencontrés, il faut signaler les spirilles, qui n'ont
manqué dans aucun des 8 cas : filaments étroits, longs de 6 à8 {x, faisant trois
ou quatre tours, avec extrémitéspointues.Onles trouve surtout abondants
à la zone frontière du noma. Le bacille fusiforme de Vincent a été trouvé
associé aux spirilles dans 4 cas sur 8 : bacille long de 3 {i, 5 à 4 tx, avec
épaisseur au centre de 0 (x,8 à 1 [x. D'autres bacilles ont été rencontrés à la
limite du foyer gangreneux, rappelant les formes décrites par Guizzetti :
longueur de 3 [j., bacilles droits ou incurvés, etc.
Faut-il en conclure que la stomatite gangreneuse est due à la symbiose
fuso-spiriliaire? C'est Topinion de Rona, que l'auteur n'adopte pas.
11 a trouvé, dans presque tous ses cas, un autre bacille à longs fila-
ments, rappelant un peu le leptothrix buccal. Ce bacille peut être trt's
abondant au sein des tissus gangreneux et semble l'emporter sur les
autres microbes. Enfin la présence de cocci a été notée à la surface des
foyers sphacélés (staphylocoque doré, blanc et citrin, streptocoque).
D'après ces recherches, il n'est pas possible de conclure en faveur de
tel ou tel microbe, et nous devons rester dans le doute sur la bactério-
logie du noma.
Phlegmon infectiouz da plancher de la bonche, angine de Lndwig, par
le D*" GuYOT (Jour, de méd. de Bordeaux ^ 7 oct. 1906).
. Garçon de dix ans, atteint de fièvre depuis quelques jours, avec adynamie,
faciès infecté : cou immobilisé, bouche entrouverte, salivation. La langue
paraît soulevée par sa base; sa face inférieure affleure le bord libre des
dents ; région sus-hyoïdienne empâtée dans son ensemble ; dureté, dou-
leur, sans fluctuation. Le doigt, porté sur le plancher de la bouche, fait
sentir cette induration ligneuse sans qu on puisse affirmer que le pus soit
collecté. Après anesthésie, incision longitudinale, sonde cannelée
introduite profondément, il s'écoule un pus fétide en petite quantité. Le
bistouri avait rencontré des tissus infiltrés lardacés.
L'examen bactériologique du pus, pratiqué par M. Sabrazès, a donné
des streptocoques en chaînettes assez longues et une bactérie filamenteuse.
Impossible de trouver la porte d'entrée de cette angine de Ludwig, ou
phlegmon infectieux du plancher de la bouche.
Les injections d'ean de mer isotonique, plasma de Qointon, dans
rhémophilie des nouyeau-nés, par MM. Pelissaro et Bexhamou (Presse
médicale y 26 sept., 1906).
Le 9 février 1906, une femme accouchée l'avant- veille observe chez
son enfant des éraflures multiples de la face, laissant sourdre du sanj;.
En môme temps que la peau, le nez surtout à droite, les oreilles surtout
la droite, la paupière supérieure droite, saignaient abondamment. De
plus, l'entant avait eu plusieurs selles noires comme de la suie.
Cependant l'enfant n'avait pas de stigmates syphilitiques, son poids était
de 3 850 grammes, sa taille de 55 centimètres. La mère, saine, avait eu
plusieurs autres enfants bien portants. Pas d'hémophilie dans la famille.
Échec des tampons à l'antipyrine au 1/iO, des attouchements à
l'eau oxygénée, au sérum gélatine. Les 9 et 10 février, le sang continue
à couler, chassant les caillots qui se forment. M. Rouvier injecte alors, au
niveau de l'omoplate, 10 centimètres cubes de sérum Quinton; l'écoule-
ment de sang diminue et s'arrête deux ou trois heures api*ès. Le 42.
nouvelle injection de 10 centimètres cubes par prudence. Èlat général
excellent. Le 20, dernière injection. Guérison complète dès la première
injection.
THÈSES ET BROCHURES 57
THÈSES ET BROCHURES
Métrorragies de la puberté, par le D' P. Hours {Thèse de Parts, 26 mai
1906, 132 pages).
Celte thèse, qui contient 15 observations, montre que les métrorragies
de ia puberté peuvent provenir de causes variées : métrite fongueuse due
à une infection venue du vagin, néoformalions utérines, congestion des
annexes par tare personnelle ou héréditaire. La plupart des maladies
générales toxi-infectieuses, les fièvres éruptives peuvent aussi produire
des pertes intermenstruelles. Les maladies du cœur, du foie, des reins, de
même. Il y aune chlorose ménorragique qui peut entraîner des métror-
ragies. Parfois on peut incriminer Thémophilie ; ailleurs c'est le purpura
qui sera en cause.
L'apparition de la puberté elle-même, avec son influence sur les glandes,
peut concourir à la production des hémorragies.
Le traitement devra viser non seulement le symptôme, mais la cause
qui le produit.
La mythomanie, par le D' A. Trannoy {Thèse de Paris, 3 mai 1906,
82 pages).
Dans celte étude psychologique et médico-légale du mensonge et de la
fabulation morbides, inspirée par M. Dupré, l'auteur rapporte 22 obser-
vations, dont plusieurs concernent des enfants.
La mythomanie, physiologique chez l'enfant normal, où elle est mieux
dénommée nclivité mythique, devient pathologique chez l'enfant anormal.
C'est chez l'adolescent, chez les filles surtout, qu'on rencontre les formes
les plus variées. On distingue l'altération de la vérité, la simulation, la
fabulation fantastique vaniteuse, maligne ou perverse. La mytliomanie
est souvent associée a l'hystérie.
Au point de vue médico-légal, le témoignage de l'enfant sera considéré
fommetrès suspect; dans tous les cas, l'expertise médico-légale s'impose
pour éviter de regrettables erreurs judiciaires.
Étude sur la mortalité infantile, par le D' P. Monory {Thèse de Paris ^
17 mai 1906, 80 pages).
Dans ce travail, fait aux dispensaires de la caisse des écoles du Vll« arron-
dissement, Fauteur montre que la natalité et la mortalité évoluent paml-
Jèlement. Quand il y a beaucoup d'enfants, la mortalité est forte ; quand
il y en a peu, elle est faible. La mortalité infantile, aussi bien dans le
groupe d'âge de zéro à un an que dans les suivants, est d'autant plus
considérable que la famille est plus nombreuse. Malgré celle grande
mortalité, le nombre des survivants est toujours supérieur t\ celui des
familles peu nombreuses et à faible natalité. Si les œuvres d'assistance de
l'enfance et particulièrement les consultations de nourrissons ne peu-
vent modifier les conditions économiques du pays et faire augmenter sa
natalité, elles ont du moins montre qu'elles étaient capables de diminuer
notablement la mortalité infantile ôt de compenser dans une certaine
mesure Tinsuffisance de la natalité.
Les consnltations de noarrissons et Tallaitement maternel, par le
IKCb. Flour {Thèse de Paris, 31 mai 1900, 56 pages).
Celte thèse, inspirée par le D' Bresse t, est basée sur de nombreuses
obset*vations recueillies aux dispensaires de la caisse des écoles du
58 ANALYSES
Vil" arrondissement. EUe pose en principe que le premier devoir du méde-
cin qui dirige une goutte de lait, une consultation de nourrissons, un dispen-
saire, est de favoriser par tous les moyens possibles Tallaitement mater-
nel, considérant Tallaitement artificiel comme un pis aller. En
persévérant, le médecin peut obtenir, au bout de quelques années, à sa
consultation, que toutes les mères capables d'allaiter leui'S enfants
s'acquittent de ce devoir. Exemple :
Dans une première série de 139 nourrissons, la proportion d'allaitements
artificiels a été de 30,7 p. 100. Dans une deuxième série de 168 enfants
conduits par les mêmes femmes, dans la suite, la proportion d'allaitements
artificiels est tombée à 6,5 p. 100.
Ces chifTi^s sont tout à l'bonneur des consultations de nourrissons, telles
que les a préconisées le D' Budin.
Le dispensaire de la caisse des écoles da VII^" arrondissement, par le
D'Maumené (Thèse de Paris, 13 juin 1906, 90 pages).
Cet intéressant travail donne la statistique de dix-huit années. Le
10 octobre 1887, M. Ch. Risler, maire du VIl^ arrondissi?ment, créait
pour les enfants de la population ouvrière des \[^, Vli* et XV- '^ arrondisse-
ments, le dispensaire de la rue Oudinot. Dans cette thèse, Tauteur com-
mence par étudier la consultation de nourrissons, pour terminer par la
consultation de médecine générale.
La consultation de nourrissons ne vise pas à remplacer la mère, mais a
pour but de lui faciliter l'accomplissement de sa tâche. Encourager, sur-
veiller, aider par des aliments ou des médicaments, donnés aux mères-
nourrices, Tallaitement maternel, le seul rationnel, est avant tout la
préoccupation de ceux qui dirigent le dispensaire. On ne distribue le lait
stérilisé (gratuitement ou demi-gratuitement) que s'il est absolument
nécessaire, pour ne favoriser à aucun litre rallaitement artiticiei, consi-
déré avec raison comme un pis aller. Cependant, depuis 1898, il a été
distribué plus de 176 024 litres de lait stérilisé, dont 18875 gratuitement.
A la consultation de médecine générale, tous les médicaments, panse-
ments, bandages et appareils orthopédiques sont délivrés gratuitement.
On a essayé de faire la prophylaxie et le traitement de la tuberculose au
dispensaire. Dans leur ensemble, ces œuvres sont de véritables écoles de
puériculture.
Comme nous n'avions cessé de le dire dans tous les comptes rendus
des dispensaires d'enfants de la Société philanthropique, qui fonctionnent
depuis vingt-quatre ans, les dispensaires donnent aux familles pauvres la
possibilité de soigner chez elles leurs enfants malades, sans prétendre
pour cela remplacer les hôpitaux, mais en évitant dans la mesure du pos-
sible les dangers de l'hospitalisation.
Outre cette préservation du lien familial, les dispensaiiTs d'enfants
luttent avec efficacité contre la mortalité infantile en enseignant aux
mères Tart de nourrir leurs enfants. Nous sommes heureux de voir les
médecins qui ont dirigé le Dispensaire de la caisse des écoles du
Vil" arrondissement, et en particulier le D"* Bresset et ses élèves, confir-
mer les résultats déjà obtenus par la Société philanthropique, qui a été à
Paris, il ne faut pas l'oublier, la grande initiatrice des dispensaires d'en-
fants.
De la diphtérie ambulatoire des fosses nasales et du cavam, par le
D' Ch. Fasecille [Thèse de Paris, 24 mars 1906, 182 pagesl.
Cette thèse, inspirée par le D»* Chatellier, contient 97 observations. Elle
THÈSES ET BROCHURES 59
montre que la diphtérie nasale est fréquente et souvent méronnue. On la
voit surtout chez les nourrissons. Elle se comporte au déi)ut comme une
alTection ambulatoire. Ëtat général bon, état local peu significatif. Sans
doute les rhinites aiguës obstruantes à fausses membranes doivent faire
songer à la diphtérie; mais certaines rhinites aiguës sans caractères
spéciaux, sans fausses membranes, sont causées elles aussi ))ar le bacille
de Lôffler. Souvent la diphtérie nasale a une marche lente qui peut
tromper.
Ces formes ambulatoires sont dangereuses et exposent à la contagion.
Chez l'enfant, on devra songer à la diphtérie chaque fois qu'un coryza
un peu intense et prolongé existera, même sans fausses membranes. A
plu« forte raison on suspectera les rhinites fibrineuses. Dans tous ces cas,
l'examen bactériologique est de rigueur.
Le traitement par le sérum s'impose, et les malades doivent être isolés.
La prophylaxie repose sur cette double base.
La syphilis héréditaire et l'hérédité syphilitique, par le D' P.-L.
Gastou (Broch. de 204 pages, Paris, 1906).
Cet important travail, présenté sous forme de rapport au (congrès de
Lisbonne, distinguela syphilis héréditaire de Yhérédité syphilitique. Syphilis
héréditaire veut dire transmission directe, en nature, de la syphilis des
paients aux enfants. Hérédité syphilitique indique seulement le trouble
qu'apporte la syphilis des parents dans l'évolution normale du produit de
la conception. Les accidents de la syphilis héi-édi taire sont toujours de
nature syphilitique; les modiiicalions (\ue produit l'hérédité syphilitique
"^ont simplement d'origine syphiliti(|ue. La syphilis héréditaire donne des
lésions spécifiques [Spirochxte); Ihéréiiité syphiliticjue produit des tares
organiques ou fonctionnelles», des troubles de nutrition ou de développe-
ment sans caractère spécificjue.
Partant de ces principes, M. Gastou étudie avec détail toutes les moda-
lités de ces deux espèce» d'hérédité; des innombrables faits qu'il rapporte
ou qu'il invoque, il résulte que la syphilis des parents manifeste son action
Mir la descendance :
1** D'une façon négative ;
2^ Par la mort ;
3'^ Par des accidents syphilitiques ;
4« Par des dyStrophies.
Os dernières n'ont aucun caractère spécilique qui les distingue de
rhérédo-toxi-infection en général : hérédo-tuberculose, lièrrdo-alcoo-
lisme, etc.
Le travail de M. Gastou est très intéressant et utile à consulter.
Du suicide chez les enfants, par le D'* .1. Moreau (de Tours (Thèse de
Pari-v, 1900, HO pages).
Les enfants, dont l'hérédité nerveuse est très accusée, sont exposés au
>uicide comme les adultes. Le chagrin, la pour de reproches mérités, une
oinli-ariété, une réprimande, une impulsion, la jalousie, un penchant
i^onibattu, une cause futile, etc., se rencontrent à l'origine des suicides
»*hvz les enfants. On a vu des suicides à deux. En 1894, à Vienne, deux
enfantin (neuf et treize ans), ayant de mauvaises notes à l'école et craignant
les obser>-ations de leurs parents, prennent le parti de mourir ensemble.
Après avoir écrit une lettre à leur mère, ils enjambent le parapet du pont
Stéphanie et sont engloutis par le Danube.
Il faut prévenir le suicide par une bonne éducation, qui tiendra compte
GO ANALYSES
de la susceptibilité des enfants, de leurs facultés affectives, de leurs
passions, etc. L'imitation joue un rôle dans la production des suicides ; les
récits des journaux, les illustrations qui les accompagnent ont un effet
désastreux, qu'il faudra combattre.
Des anéyrysmes de l'aorte d'origine rhumatismale, par le D*^ J. FnTArn
{Thèse de Pa/is, juin 1906, 80 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Renon, contient 5 observations recueillies
chez de jeunes sujets (enfants, adolescents). Chez Tadulte, ranévrysme de
Faorte est presque toujours d'origine syphilitique. On peut donc admettre,
d'après les observations détaillées de la thèse de M. Feytaud, que le
rhumatisme articulaire aigu est une cause d'anévrysmes de l'aorte. Les
anévrysmes de l'aorte d'origine rhumatismale appartiennent surtout à la
seconde enfance et à l'adolescence. Ils siègent sur la portion ascendante
de la crosse aortique et se développent à droite et en avant. Us s'accom-
pagnent d'insuffisance aortique et d'hypertrophie cardiaque. A chaque
poussée rhumatismale nouvelle, ils s'accroissent et s'aggravent. Marche
progressive et fatale.
Rubéole et scarlatinéole, par le 0^ (7. Dureaù (Thèse de Pam, juin 1006,
V)ù pages).
Cette thèse, inspirée par M. Aviragnet, contient 24 observations (dont
14 fournies par M. Comby). Elle montre que la rubéole, maladie spécifique
et contagieuse, est polymorphe dans ses manifestations cutanées. Elle est
tantôt morbilliforme, tantôt scarlatini forme, tantôt mixte. On a essayé de
démembrer la rubéole au profit d'une quatrième malcuiie (Cl. Dukes;, (pie
Filatow avait distinguée sous le nom de rubéole scarlatineuse. Mais celte
variété, que M. Dureau appelle scarlatinéole, n'est que la rubéole scarlati-
niforme. Elle ne diffère pas des autres variétés morbilliforme, ou poly-
morphe, qui peuvent se rencontrer concurremment avec elle ou lui
succéder, ou la précéder. La filiation des cas et l'étude des épidémi(»s
montrent qu'il n'y a pas lieu d'accomplir le démembrement voulu par
Cl. Dukes.
Le mongolisme infantile, par le D** Jean Séris (Thèse de Paris, juin 1906,
80 pages).
Cette thèse, inspirée par .M. Comby, contient 6 observations, qui
résument bien les principaux traits de cette singulière anomalie. Le
mongolisme est une variété d'idiotie congénitale caractérisée objective-
ment par le faciès asiatique. L'enfant, à peine né, présente l'apparence
d'un bébé chinois ou japonais. En même temps il se développe mal,
mai-che tard, parle tard, est incapable de s'élever à un degré moyen
d'instruction. Penchant très marqué à l'imitation et goût très vif pour la
musique. L'avenir des mongoliens est peu brillant ; la plupart meurent
jeunes, car ils sont très fragiles et contractent facilement des infections
broncho-pulmonaires mortelles. Ceux qui survivent sont peu perfectibles.
La fréquence de cette variété d'idiotie est très grande, quand on sait la
distinguer du rachitisme, du myxœdème, de l'achondroplasie, avec
lesquels elle n'a que de grossières analogies.
La cause est un arrêt de développement du cerveau qui se fait dans les
premiers mois de la grossesse sous l'influence des chagrins, des émotions
morales vives, éprouvées par la mère. A l'autopsie, on trouve un cerveau
aux circonvolutions rudimentaires, larges, aplaties, peu contournées
(lissencéphalie); pas de lésion localisée; symétrie parfaite. En même
temps on relève l'intégrité du corps thyroïde et du thymus.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE 01
u VUES
Traité des maladies de Tenfance, par ]eD''J. Comby (1 vol. de 1020 pages,
5* édition, Paris, 1907 ; Rueff, éditeur. Prix : 25 francs).
Cette cinquième édition, revue et augmentée suivant Tusage, est
cependant moins volumineuse que la quatrième édition. En augmentant
le nombi^ de lignes à la page et de lettres à la ligne, on a pu faire
l'économie de plus de 160 pages, ce qui allège singulièrement Fouvrage.
Cependant, près de 50 articles nouveaux ont pu trouver place dans ce
traité, tenu ainsi soigneusement au courant de la science, et pouvant
être considéré comme le plus complet des ouvrages similaires.
Parmi les articles nouveaux, nous signalerons : érythème épidémique,
dengue, dysplasie périostale, mélanoglossie, langue scrotale, stomatite
nécrosante des nourrissons, angine de Vincent, tumeurs de Tamygdale,
géophagie, dilatation avec hypertrophie du côlon, rétrécissement congé-
Dilal de Fintestin, hémorroïdes, abcès sous-phréniques, ictère à rechute,
ictère grave, tumeui^ malignes du foie, tumeurs malignes de l'ovaire,
polypes muqueux du nez, emphysème sous-cutané, tumeurs malignes du
poumon et de la plèvre, poumon syphilitique, maladies des artères et
des veines, surdité verbale, encéphalite aiguë, hémiplégie pédonculaire
(syndromes de Weber et de Benedickt), idiotie amaurotique familiale,
oxycéphalie, mongolisme, démence précoce, syringomyélie, atonie mus-
culaire congénitale, paramyoclonus multiplex ^ astasie-abasie, chloroma,
lichen de Wilson, granulosis rubra nasiy impétigo de Bockhart, tumeurs
malignes de la peau, adipose douloureuse, etc.
11 va sans dire que les anciens articles ont été revus, corrigés, remaniés
autant que possible, suivant les progrès de la pédiatrie. Quelques modi-
iîcations ont été apportées aussi au plan général. Bref, rien n'a été
négligé pour rendre cet ouvrage digne de la faveur qui lui a été témoi-
gnée.
Spina bifida, anatomie pathologique et embryogénie, par le D' iM. De-
xLXÉ(vol. de 620 pages, Paris, 1906; 0. Doin, éditeur. Prix, 10 francs).
Aprèsune définition du spinabifidUi et un historique complet, M. Denucé
aborde les formes anatomiques : raschischisis, myéloméningocèle, myé-
locystocèle, myélocyslo-méningocèle, méningocèle, diastématomyélocèle,
diastématomyéloméningocèle, spina bifida occulta, spina bifida antérieur. 11
n'oublie pas les formes rares et compliquées, le spina bifida compliqué de
tumeurs solides ou kystiques, les tumeurs congénitales sacro-coccy-
giennes, etc. Ënfm, dans une dernière partie, qui ne manque pas d'impor-
tance, il traite de l'embryogénie, de la tératogénie du spina bifida. En
somme, ouvrage très complet et très intéressant pour les chirurgiens
d'enfants. Peut-être aurait-on pu illustrer de quelques figures dans le texte
une description forcément aride.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Séance du 18 décembre. — Présidence de M. Gomby.
Élections. — MM. les D" Papillon, Guillemot et Veau sont nommés
membres de la iSociété de Pédiatrie. M. Netter est nommé président;
G2 SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
M. ViLLEMiN, vice-président; M. Halle, trésorier; MM. Tollemer et Bezançon
sont nommés secrétaires.
M. CoMBY a observé 72 cas de vomissements cycliques (32 garçons,
40 filles), dont trois familiaux (trois frères, une sœur et un frtM*e, deux
sœurs jumelles). Antécédents arthritiques fréquents. L'entéro-colite muco-
membraneuse a été relevée 24 fois (plus de 30 p. 100), la constipation
habituelle et opiniâtre 58 fois (80 p. 100); les troubles digestifs divers
(dilatation de l'estomac, odeurs désobligeantes de Thalcine), 56 fois. U
.semble bien que le syndrome des vomissements cycliques gravite autour
du tube digestif. Les relations avec Tappendicite sont très importantes;
18 fois sur 72 cas, Tappendicite a pu être décelée à courte ou longue
échéance. En présence des vomissements cycliques, il faut donc toujours
envisager la possibilité d'une appendicite et diriger dans ce sens les
efforts de la thérapeutique et de la prophylaxie.
M. RicHARDiRREne croit pas à l'autonomie des vomissements cycliques,
qui peuvent dériver de causes multiples et disparates. C'est un syndrome,
ce n'est pas une maladie.
M. Marfan a déjà dit qu on ne connaissait pas la cause exacte des
vomissements périodiques ; pour ne pas créer de confusion, il faut bien
définir le symptôme, qui se révèle à l'occasion d'influences très diverses.
Ces causes occasionnelles (appendicite, entérite, fièvres, etc.), pour être
efficaces, exigent la prédisposition de l'enfant.
M. Méry a constaté également la multiplicité des causes provocatrices;
un enfant, qu'il a observé, faisait des vomissements incoercibles à
l'occasion de toutes ses maladies (pneumonie, fièvre typhoïde, etc.'i. 11
a fini par en mourir.
M. Variot présente un garçon de cinq ans et demi ayant des crises
chorèiformes calmées par le café et la caféine.
M. Marfan pense qu'il pourrait bien être question d'hystérie, et
conseille d'isoler l'enfant, de le séparer de sa mère.
MM. Méry et ârmand-Delille présentent deux enfants atteints de
syphilis héréditaire tardive avec ulcération de la gorge. L'un a parfaitement
guéri par le traitement mercuriel. L'autre, outre sa syphilis pharyngée,
présente une kératite, un gros foie, une grosse rate, une arthropathie,
des ganglions hypertrophiés. Il semble que, chez ce dernier malade, la
syphilis soit associée à la tuberculose.
M. Barbier a vu un cas où cette association existait ; le mercure a fait
disparaître rapidement une kératite interstitielle, sans guérir une arthro-
pathie du genou ; l'injection de tuberculine a amené une réaction à BS*», 5.
Il y avait tuberculose en môme temps que syphilis.
M. Marfan dit que l'ineflicacité du traitement mercuriel, dans un cas
grave avec arthropathies, viscéropathies, etc., tie prouve pas que la
syphilis soit absente et la tuberculose présente. Il a pu voir à fautopsie
des gommes du crâne, du foie, du coude, qui avaient résisté au traitement
spécifique.
M. Lemaire fait une communication sur six cas intérieurs de fièvre
typhoïde.
MM. Weill et Dauvergne ont essayé la sérumthérapie antidysentérique
dans les diarrhées de la première enfance. Ils n'ont obtenu que des
résultats négatifs. Mais l'examen des selles n'avait pas permis de retrouver
le bacille de Shiga. Il n'y a donc pas de conclusion à tirer de cette
étude.
NOUVELLES 03
NOUVELLES
UniTeraité de Vienne. — Le D'' Hochsincer a élé nommé prival-docent
de pédiatrie à Ttlniversité de Vienne (Autriche).
UniTersité de Rome. — Le D' Riccardu Simomm a été nommé privat-
docent de pédiatrie à TUniversité royale de Rome.
Hôpital suburbain de Bordeanx. — Nous avons annoncé en son temps
\Arch. de médecine des enfants^ 1903, page 704) Touverture d'un hôpital
suburbain d'enfants au Bouscat (hanlieue de Bordeaux). Le 5 novembre
1906, a été inauguré, dans cet hôpital, un nouveau pavillon pour les enfants
arriérés et mentalement anormaux. Peu à peu, cet hôpital, dû à la géné-
reuse initiative du D' Délaye, complète ses services, et il faut souhaiter
qu'il se développe encore, pour le plus grand bien de la population indi-
gente des campagnes bordelaises.
Maison maternelle. — En 1891, M"^<^ Louise Koppe a fondé la Maison
maternelle, pour recevoir les enfants de trois à douze ans, privés momen-
tanément de domicile. M"* Angèle Koppe a développé cette œuvre, en
l'installant rue Man in, 386t5(XIX<' arrondissement), dans un immeuble neuf
pouvant recevoir 135 enfants. La dépense de premier établissement s'est
élevée à 256 OOO francs (66000 francs pour achat du terrain, 180000 francs
pour construction, 10 000 francs pour installation).
Sur 6457 enfants recueillis jusqu'à ce jour, il y en avait :
De parents sans travail 1 323
— — malades .' 874
De veuves sans travail 1 2C1
De veufs 672
De filles-mères h79
De femmes abandonnées ou divorcées 1 052
D^hommes abandonnés ou divorcés .• ;)06
De parents décédés 91
Le prix de la journée n*atteint pas 1 franc (0 fr. 86 pour l'entretien et
la nourriture). Trois repas par jour : 1° déjeuner, soupe et pain ;
2» déjeuner, viande et légume; 3° diner, soupe et légume. Comme bois-
son, du coco. Vont à l'école communale 90 enfants; les autres sont
instruits à la maison.
En été, les enfants sont envoyés dans une colonie de vacances, à
Aulhon-du- Perche (Eure-et-Loir) : 320 dans une saison. Prix du terrain
et de la construction : 20 000 francs. Dépense annuelle de la Maison
maternelle : 40000 francs, dont 10000 seulement sont fournis par des
subventions de la ville, du département, de l'État. C'est une belle œuvre.
Mutations dans les hôpitaux d'enfants. — M. le D'' Felizet, atteint par la
limite d'âge, est remplacé dans son service de chirurgie d'enfants à
l'hôpital Breton neau par le D' V^illemin.
A ce même hôpital, le D*" Josias, décédé, est remplacé dans son service
de médecine par le D"* Guinon, lequel est remplacé à Thôpital Trousseau
par le D' Boulloche.
Ci NOUVELLES
Maladies des enfants. — Depuis le 4 décembre, MM. les D' Armand-
Delille et Babonneix, chefs de clinique, font à Thôpital des enfants les
mardi, mercredi et vendredi, à 4 heures, un cours en 30 leçons sur les
maladies de l'appareil respiratoire, du cœur et du système nerveux chez
Tenfant. Le nombre des élèves est limité à 15, pour permettre Texamen
individuel des malades. Droit d'inscription : 100 francs.
Œuvre da bon lait. — M. Ambroise Rendu, avec la collaboration de
MM. PoussiNEAU, Edouard Juge et Maurice Chotard (de la Mutualité mater-
nelle), a fondé une œuvre philanthropique de premier ordre, ayant pour
but de fournir à la classe ouvrière du lait de bonne qualité et bon mar-
ché (siège social : rue de Valois, 17). Aux distributions de lait (20 à
25 centimes le litre, gratuité au besoin), sont annexés des dispensaires ou
consultations de nourrissons. Du l^** mai 1905 au 30 juin 1906, on a dis-
tribué 65 930 litres de lait. Cette œuvre est une arme excellente contre la
mortalité infantile.
École pour enfants arriérés. — La société unie du Lancashire et du
Cheshire pour le traitement des faibles d'esprit vient d'acquérir Warford
Hallj près d'ALDEULEv Edge (Cheshire), non loin de Manchester. Là elle
vient d'installer une école pour les enfants arriérés (Boardin'j school for
feeble-minded children). Celte institution, qui reçoit les enfants entre .sept
et seize ans, à l'exclusion des épileptiques et idiots complets, s'adresse
non pas aux indigents, mais aux bourses moyennes (60 guinées, soit
environ 1575 francs de pension annuelle). Il y a place pour 40 pension-
naires.
La maison est située au milieu d'un grand parc, dans un des districts
les plus salubres et les plus riants du Cheshire. Parmi les médecins qui
ont la surveillance médicale de l'école, se trouve le D' Ashby, de Manches-
ter, un des pédiatres les plus éminentk de la Grande-Bretagne.
Société d'hygiène alimentaire. — Un prix de 5000 francs, fondé par le
D"* H. de Rothschild, a été attribué à MM. les D^» Michel et Perret pour
leur mémoire sur : La ration alimentaire de Venfant depvis sa naissance
juaqu'à Vâge de deux ans.
Faculté de Buenos-Aires. — Nous apprenons avec plaisir que notre
éminent collègue et ami le D"" A. Centeno, médecin en chef de la Casa de
Expôsitos, vient d'être nommé professeur de clinique pediatrique à la Fa-
culté de médecine de Buenos-Aires, en remplacement du D' Manuel
Blancas, décidé.
Le Gérant y
P. BOUCHEZ.
4976-07. — CoRREii.. Iinprimt>rie Éo. Cr«tA.
10* Année Février 1907 N" 2
MÉMOIRES ORIGINAUX
IV
LA RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT
DEPUIS SA NAISSANCE JUSQU'A L'AGE DE DEUX ANS
Par la Dr HENRI KLOSE,
Premier «nisUnt de U Clinique] des mekdiei de l'enfance
de rUnirenité de Strasbourg (Alsace).
I
PORTÉE DE l'alimentation INFANTILE.
Fréquence des troubles digestifs, leurs causes théoriques et pratiques.
— Commentaires pathologiques. — Notions particulières. — Visées
modernes. — Médecins et cliniques.
Notre siècle a voué un intérêt particulier à tout ce qui
touche à Tenfant : la puériculture est une science contempo-
raine. Parmi les problèmes les plus importants qu'elle s'est
chargée de résoudre, il convient de ranger celui qui a trait à
l'alimentation des nourrissons et aux soins qui doivent
assurer leur développement normal. Le résoudre d'une
manière rationnelle n'est possible qu'à la condition de s'ap-
puyer à la fois sur. les résultats de l'expérimentation empi-
rique et sur les données théoriques de la physiologie, de la
pathologie et de l'hygiène.
L'expérience nous a appris que les enfants ont bien plus
aisément .et plus fréquemment que les grandes personnes
différents troubles digestifs. Ceux-ci sont en rapport avec la
nature et la quantité des aliments ingérés. Il en résulte que
nous devons vouer une attention toute spéciale & l'ordonnance
des repas. Le meilleur point de repère est ici sans contredit
l'exemple des bébés nourris à la mamelle, qu'il n'est pas rare
de voir se développer normalement, alors même que leurs
ArCB. DB MiDIG. DES ENFANTS, 1907. X. 5
t56 HENRI KLOSE
conditions d'existence sont en dehors de toute raison. Néan-
moins, nous savions depuis longtemps, pour Tavoir observé,
— et, en nous fournissant Texplication scientifique de ce phé-
nomène, la physiologie du nourrisson a accompli un grand
progrès, — que le tube gastro-intestinal présente dans le jeune
âge des différences fonctionnelles non seulement quantita-
tives, mais encore qualitatives. L'insuffisance de la capacité
fonctionnelle est la base de la compréhension de la ration ali-
mentaire chez Tenfant. Cette insuffisance se justifie, du reste,
^natomiquement. En effet, tout d'abord, en raison du peu
d'étendue du canal intestinal, dont la longueur n'est chez le
nourrissson que de 3", 50 pour 8 mètres chez l'adulte,
le passage à travers l'intestin s'accomplit beaucoup plus rapi-
dement. En outre, le développement incomplet et le faible
calibre des glandes rendent celles-ci plus sensibles aux excita-
tions déterminées soit par un excès de nourriture, soit par sa
composition même, s'il s'agit d'aliments artificiels, ce qui
entrave leurs propriétés sécrétionnelles indispensables à l'as-
similation, d'une façon plus ou moins rapide et intense sui-
vant le degré de tolérance individuel. Le môme effet peut
résulter de certains obstacles mécaniques, de troubles chi-
miques et de manifestations bactériennes ou toxiques. On peut
«nfin admettre qu'à côté de cette faiblesse musculaire géné-
rale l'intestin de l'enfant présente encore le défaut d'être très
pauvre en ferments physiologiques. Ce serait confirmer
l'hypothèse d'après laquelle certaines bactéries seraient les
agents provocateurs les plus actifs et les plus dangereux des
troubles digestifs dans le jeune âge. Sans vouloir discuter ici
le bien fondé de cette théorie, nous pouvons constater néan-
moins que l'étude approfondie du problème de l'alimentation
rationnelle de l'enfant éclaire brillamment aussi la patho-
genèse de cet âge et que, grâce aux méthodes d'investiga-
tion anatomiques et physiologiques, nous pouvons espérer
défricher maintes parties du si mystérieux domaine des
échanges intra-organiques.
Quelque intéressant, voire indispensable, qu'il puisse être
au point de vue de la connaissance de la ration alimentaire
chez l'enfant de porter nos regards sur sa pathogenèse, quel-
que fructueuse que soit l'influence de la théorie sur la pratique,
il n'est pas moins vrai que, pour pratiquer avec succès l'ali-
mentation infantile et semer le bien, nous devons avant toutes
RcVTION ALIMENTAIRE DE l'e^^FANT 67
choses nous inspirer du but pratique à atteindre et nous con-
former aux résultats de rexpérimentation clinique pure, telle
qu'elle peut se pratiquer dans nos laboratoires, pourvus
de tous les perfectionnements que la technique moderne
met à notre disposition.
En dehors des indications particulières résultant des
aptitudes individuelles, Tintervention du médecin devra,
pour être efficace, revêtir un double caractère. Elle devra
tenir à la fois de Tart appliqué et de la science. S'assimiler
par le menu les mille et un détails de Tart de nour-
rir les enfants est d'autant plus le devoir du praticien qu'en
général son éducation première est forcément des plus négli-
gées sous ce rapport.
Quant aux connaissances scientifiques pures, le plus sûr
moyen de les acquérir et de les faire fructifier consiste à
observer et à suivre ponctuellement les enseignements four-
nis par rexpérimentation dans les cliniques pédiatriques.
De jour en jour se révèlent plus intimes et plus indis-
solubles les liens qui unissent la pratique et la science.
Leur connexité est absolue.
Aussi ne pouvons-nous qu'entrer résolument dans la voie
que nous ont tracée les pédiatres français : d'une part,
travail systématique, lutte opiniâtre, dans les établissements
spécialement créés à cet effet, pour arracher à la Nature les
secrets capables de nous aider dans notre tâche : la pro-
tection de l'enfance ; d'autre part, mise à profit intégrale
des matériaux rassemblés, au point de vue pratique comme
au point de vue scientifique, pour parvenir à opposer une
digue efficace à la mortalité des jeunes enfants et assurer
leur alimentation rationnelle.
Mon vénéré maître et chef, le professeur D' Kohts, m'a
confié le soin d'esquisser brièvement les principes adoptés
depuis des années dans notre clinique pour l'alimentation des
jeunes enfants depuis leur naissance jusqu'à l'âge de deux
ans accomplis, époque à partir de laquelle l'enfant est assimi-
lable à l'adulte en ce qui concerne la nourriture.
68 ' HENRI KLOSE
II
GÉNÉRALITÉS ET CONSIDÉRATIONS PHYSIOLOGIQUES.
Statistiques. — Causes sociales et hygiéniques et traitement causal. —
Forces intellectuelles et tendances téléologiques. — Leurs rapports de
dépendance et leur applicabilité aux buts poursuivis. — Écoles et pro-
tection des nourrissons. — Avertissement de Guillaume II. — Fémi-
nisme et puériculture. — Domaines limitrophes. — Système du médecin
d'école. — Conditions préliminaires dans les professions intéressées. —
Aperçu sommaire de la physiologie du nourrisson. — Ses victoires et
ses échecs. — Une vieille expérience.
Le meilleur moyen de se rendre compte combien il est dif-
ficile non moins que nécessaire d'entourer l 'enfance de soins
spéciaux et de la nourrir d'une manière rationnelle consiste
à parcourir les statistiques de la mortalité infantile. Elles
établissent qu'un cinquième environ de la totalité des nou-
veau-nés succombent prématurément au cours de la première
année. Si, en Suède et en Ecosse, les chiffres sont relati-
yement satisfaisants (9,7 p. 100 pour le premier de ces
deux pays et 12 p. 100 pour le second), ils s'élèvent, par
contre, à une proportion terrifiante en Allemagne (23,6 p. 100)
et en Russie, où ils atteignent leur maximum (29,6 p. 100).
Ces décès en masse de jeunes enfants nous font un devoir
d'en rechercher les causes, non seulement pour obvier à
la dépopulation, mais surtout pour éviter à la patrie un
déchet considérable dans le contingent de ses forces natio-
nales. En effet, Schlossmann et Prinzing ont démontré qu'une
mortalilé infantile élevée est corrélative d'une abondante inca-
pacité au service militaire. Le temps n'est plus où l'on assis-
tait avec résignation à l'anéantissement de toutes ces forces
vives, voire où on le considérait comme un phénomène téléo-
logique nécessaire à la sélection individuelle dans le sens de
la théorie de Darwin. Les causes de la mortalité infantile ont
leur souche dans le domaine social, sanitaire et individuel.
Trois sortes de périls menacent donc simultanément l'être
humain en voie de croissance. Un nombre considérable
d'observations nous le démontrent. Mais elles démontrent en
même temps que la cause initiale du mal réside dans les vices
de notre système économique. Si les enfants des riches restent
en vie, c'est qu'ils réunissent toutes les garanties dont dépend
le développement normal ; si, par contre, les enfants des
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 69
pauvres succombent, c'est que la misère les prive des soins et
de la nourriture indispensables. Aussi Finkelstein réclame-t-il,
comme meilleure arme pour combattre la mortalité infantile,
Tamélioration de la situation sociale de ceux qui procréent
par Taugmentation des salaires, la construction d'habitations
saines et peu coûteuses, la restitution de la mère à sa famille
en réduisant la durée de son travail, et enfin Tassainissement des
villes, grâce surtout à de bonnes canalisations d'eau. De nom-
breux auteurs ont réussi, il est vrai, à nous faire enfin toucher
du doigt la part de l'indigence dans la léthalité infantile : il y a
plus de cent ans déjà, Pierre Camper déclara que ce n'est pas
le mode d'alimentation seul qui exerce une influence prépon-
dérante sur la mortalité chez les enfants, mais encore — et
même peut-être dans une plus large mesure — l'ensemble des
modalités générales extérieures, dont l'alimentation n'est que
le corollaire. Plus tard, Casper mit en relief, et non sans pro-
voquer un certain étonnement, qu'en comparant le nombre
des décès survenus au cours des cinq premières années d'exis-
tence parmi les rejetons de familles princières et comtales
allemandes d'une part, et, d'autre part, dans la classe proléta-
rienne berlinoise, on arrive au chiffre de 5,7 p. 100 pour les
premiers et de 55,7 p. 100 pour les seconds. Enfin, à la suite
des renseignements fournis par Wolff au sujet de la mortalité
des enfants dans la ville d'Erfurt, un nombre considérable de
statistiques ont été dressées de toutes parts pour délimiter les
rapports entre la mortalité infantile et les facteurs hygiéniques
et sociaux. Nous savons maintenant que l'influence désastreuse
de la pauvreté et de la misère est au moins égale à celle d'une
nutrition défectueuse ou insuffisante, qu'elle ait sa source dans
Tinsalubrité des logements, l'insuffisance des ressources, le
renchérissement de la vie, la profession ou l'état civil de la
mère, ou l'un de ces facteurs pris isolément. Mais ce n'est pas
tout : notre champ d'expériences est loin d'être exploré à fond.
Ce qui le prouve, c'est que le nombre des décès n'accuse aucune
rétrogradation. En Allemagne, par exemple, il mourait à la fin
du siècle dernier, au cours de la première année d'existence, le
quart de la totalité des nouveau-nés. Actuellement encore les
chiffres atteignent des proportions assez élevées, non seulement
en Allemagne, mais aussi dans les autres pays, ainsi que nous
l'apprend le tableau suivant, emprunté à V Annuaire de la sta-
tistique pour FEmpire Allemand (édition 1904) :
70 HENRI KLOSE
Mortalité parmi les enfants de 0 à 1 an^ en p. iOO des nés-vivants.
Années. P. 100.
Empire allemand, 22 États 1901 30,7
Jd., 286 commuDes de 15000 habitants et
plus 1901 2IJ
Prusse 1901 20,0
Bavière 1 901 23,9
Saxe 1901 25,7
Wurtemberg 1901 22,1
Bade 1901 20,5
Hesse 1901 14,9
Mecklembourg-Schwerin 1901 19,4
Hambourg 1901 19,8
Alsace-Lorraine 1901 17,2
Autriche 1900 23, 1
/^. (58 communes) 1901 10,2
Italie 1901 1 6,6
Suisse J901 13,7
Id, (18 YilJes) 1901 13,2
France (71 villes avec plus de 30000 habi-
tants) 1901 14,1
Angleterre et GalJes 1901 15,1
Id. (33 villes) rJOl 16,8
Irlande 1902 10,0
Belgique 1900 17,2
Id, (72 villes et 8 faubourgs de Bruxelles). 1901 15,8
Pays-Bas 1901 14,9
Danemark (75 stfider) 1901 16,7
Norvège 1901 9,3
Roumanie (32 villes) 1902 22,4
Berlin 1902 18,1
Breslau 1902 21,5
Munich 1902 24,0
Dresde 1902 16,5
Leipzig 1902 1 8,8
Stuttgard 1902 20,9
Hambourg 1902 15,2
Strasbourg 1902 21,4
Vienne 1902 18,5
Prague 1902 18,0
Rome 1001 11,5
Milan 1902 14,8
Zurich 1901 12,5
Paris 1901 11,4
Marseille 1901 17,8
Lyon 1901 13,2
Londres 1902 14,1
Edimbourg 1902 1 1 ,9
Bruxelles 1901 18,8
Anvers 1902 16,3
La Haye 1902 12,0
Amsterdam 1902 12,4
Copenhague.... , 1902 13,7
Stockholm 1902 10,0
Christiania 1902 10,2
Moscou 1902 85,4
Varsovie 1902 16,5
Bucarest 1902 20,7
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 7i
La ville de Strasbourg occupe, comme on le voit, une
situation moyenne. Cette situation devient plus favorable, si
Ion envisage les années 1904 et 1905. La mortalité tombe
alors à 19,3 p. 100. Il est à remarquer que ces statistiques ont
été dressées sans établir de distinction entre les enfants des
villes et ceux des campagnes. Dans les grandes villes pour-
tant, la misère et le crime immolent tous les ans des milliers
d'existences. Bertillon a même basé un « paradoxe physio-
logique » sur le rapport inverse qui relie entre eux le
nombre absolu des décès survenus au cours de la deuxième
semaine d'existence et celui des naissances légitimes ou illé-
gitimes. Il importe de tenir compte aussi du relâchement et
de la corruption des mœurs, des abus dus à la superstition, de
l'ignorance absolue de tout ce qui touche à Talimentation et
enfin de la routine allant parfois jusqu'au mépris systéma
tique de tout enseignement. Ceux qui cherchent à résoudre
le problème de Talimentation rationnelle de l'enfant comme
ceux qui discutent les résultats que Ton est en droit d'en
attendre n'ont pas donné toute l'attention qu'elles méritent
à ces connexités entre la mortalité des enfants et les
qualités morales et intellectuelles de leurs parents, à ces dif-
férences essentielles entre citadins et campagnards, riches et
pauvres, intellectuels et illettrés, en un mot, à l'influence du
milieu. A force d'aspirer vers la perfection idéale, on néglige
souvent le côté humain des choses. Si l'on admet avec Bier
qu'en médecine la théorie téléologique est non seulement jus-
tifiable, mais encore nécessaire, il faudra néanmoins conve-
nir qu'elle n'est applicable à l'alimentation des enfants qu'à
la condition expresse de la rendre tributrice des forces de l'in-
telligence, sinon toutes les institutions de puériculture —
institutions qui ont incontestablement une réelle valeur
pour le but définitif, que parfois môme elles atteignent
— devraient être considérées comme fatalement non viables.
Pareilles institutions sont certainement utiles et bienfai-
santes ; elles permettent non seulement de soumettre chaque
enfant à un traitement approprié jusque dans ses moindres
détails à ses exigences individuelles, mais encore d'apprendre
aux mères ou à celles qui aspirent à le devenir toutes les par-
ticularités de leur devoir. Chaque praticien peut observer
journellement que des nourrissons ramenés à la santé à la
suite de soins vigilants retombent, mortellement frappés,
72 HENRI KLOSE
entre les mains d'une mère inexpérimentée. Même dans les
hautes sphères de la société, il n'est pas rare de rencontrer
des femmes ne possédant aucune notion sur la manière de
nourrir les enfants. Si Biedert écrit avec raison : « Il n'existe
pas au monde de meilleur sujet pour l'étude des ressorts de la
vie humaine que la tendre enfance », nous pouvons dire, dans
un sens plus large, que l'alimentation chez Tenfant est la
synthèse par excellence de tous les problèmes qui se ratta-
chent aux processus vitaux.
Dans n'importe qiielle sphère scientifique, le penseur peut
s'adonner à sa guise à l'étude du problème qu'il s'est posé et
émettre, s'il le veut, hypothèse sur hypothèse ; il est rare que
d'une fausse hypothèse soit résulté quelque dommage. Seul
le médecin peut p&tir d'une fausse interprétation des faits.
Aussi est-il préférable pour lui de s'abstenir des spéculations
et de considérer toute chose sous son aspect réel. En ce qui
nous concerne, il est malheureusement difficile d'agir de la
sorte ; la multitude et la complexité des résultats expérimen-
taux, la compréhension des conditions spéciales dans les-
quelles ils furent obtenus ne pourraient qu'aboutir au chaos,
si nous ne prenions le soin d'exposer et d'expliquer à la foule,
avec clarté et méthode, les règles générales de l'alimentation
infantile. Nous devons, qu'on me permette de le dire, donner
au peuple des leçons de biologie et de physiologie infantiles.
L'instruction théorique doit être la pierre angulaire des insti-
tuts pédiatriques. Elle doit aller de pair avec les revendica-
tions sociales et hygiéniques. Si l'on n'a que peu réalisé jus-
qu'à présent dans cette voie, cela n'implique aucunement
qu'il s'agisse d'un idéal inaccessible, d'une utopie. 11 suffira de
redoubler d'énergie. L'ignorance et l'erreur de la masse sont,
en matière d'alimentation infantile, les deux obstacles qui
paralysent tous nos efforts, de quelque ampleur soient-ils.
L'empereur d'Allemagne, Guillaume II, qui découvre avec un
tact tout particulier les nécessités intellectuelles de son
peuple, a dit un jour : « Pour pouvoir éduquer avec fruit, il
faut avoir été soi-même éduqué. » Ces quelques mots ren-
ferment tout un programme de réformes. Si elle veut devenir
puissante et florissante, une nation doit préparer ses jeunes
filles à l'accomplissement de leurs fonctions futures et non
au désœuvrement d'une vie improductive dans une société
impuissante et intoxiquée par les raffinements de la civilisa-
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 73
tion. Les protagonistes sérieux du féminisme suivent la
bonne route en revendiquant pour les instincts naturels les
droitsdont ils jouissaient jadis. C'est une question vitale que
le retour à la nature. L'extension et l'avenir de nos instituts
pédiatriques sont assurés en principe, du moment où nous
pouvons compter sur Tappui et la collaboration de la femme.
Pour qu'il en soit ainsi, il importe que dès l'école primaire
Téducation de nos filles soit conduite de façon à les mettre
petit à petit au courant des résultats de nos expériences, de
nos connaissances, de nos moyens de lutte contre la morta-
lité infantile, dont l'ensemble doit faire partie intégrante du
bagage intellectuel de toute jeune fille de dix-huit à vingt ans.
Alors seulement certains organismes de propagande, tels que
la c( Ligue féminine de la Croix Rouge » et 1' <( Union d'hygiène
populaire » en Allemagne, quels que soient d'ailleurs leurs
mérites actuels, seront à même de mettre en jeu la plénitude
de leurs moyens d'action en vue du relèvement de la puissance
nationale.
N'arrive-t-il pas, en effet, journellement aux médecins
des policliniques infantiles de se rendre compte de l'inef-
ficacité absolue de toutes admonitions verbales ou impri-
mées? C'est que le fondement intellectuel indispensable
pour les percevoir fait défaut; la mentalité des mères n'est
capable ni d'apprécier la justesse des instructions qui leur
sont données, ni d'en saisir la portée, ni de les mettre à profit,
ni de prévoir la gravité des conséquences qui résulteront de
leur non -observance. 11 est étrange que, alors que les voix les
plus autorisées s'élèvent si souvent et avec tant d'insistance
en faveur de l'obligation d'éclairer davantage le peuple, on
entende si peu parler du rôle efficace que pourrait jouer ici
l'enseignement primaire. Quant à nous, nous estimons — et
c'est là le fruit d'une longue expérience — que toutes les
mesures pratiques en faveur des nourrissons et notamment la
création d'établissements spéciaux, — crèches, pouponnières,
consultations de nourrissons, gouttes de lait, asiles pour mères
nécessiteuses, hospices pour accouchées, berceaux aux usines^
laiteries modèles, etc., — ne sauraient avoir des efiTets sociaux
et économiques importants et durables qu'à condition d'être
appréciées à leur juste valeur par le peuple. C'est au maître
d'école qu'il appartient d'inculquer ce concept dans l'esprit
des masses. Le médecin ne peut être ici que le continuateur du
74 HENRI KLOSE
pédagogue. Qu'une pruderie intempestive fasse donc place
enfin à une sérieuse pédagogie.
Par analogie avec le système du médecin d'école, dont Tef-
ficacité s'est affirmée depuis longtemps, la science de Tali-
mentation infantile doit devenir, elle aussi, le domaine limi-
trophe que médecin et pédagogue exploiteront en commun,
chacun d'eux dans les limites de sa compétence particulière.
Des domaines limitrophes présentent toujours un grand in-
térêt. C'est ainsi, ethnologiquement parlant, qu'aux frontières
des différents pays la civilisation progresse d'habitude à pas
plus rapides, en raison d'une recrudescence d'énergie et de
vitalité. C'est ainsi aussi qu'en matière scientifique une diffé-
renciation des procédés opératoires et des méthodes d'investi-
gation mène à une compréhension plus large et plus nette du
sujet et prévient les manières de voir exclusivistes.
A ce propos, je tiens à rappeler encore combien fut fertile
en heureux résultats la collaboration du pédagogue et du
médecin d'école. Cependant les domaines limitrophes ne sont
pas sans présenter certains dangers : il ne faut jamais que l'in-
térêt personnel de l'une des deux parties prenne le pas sur le
bien-être commun, ni que l'une ou l'autre perde conscience
des devoirs qui lui incombent ou se décharge sur son compa-
gnon des soins à prendre en vue d'assurer la prospérité mu-
tuelle. Si ces dangers sont illusoires, l'avenir seul peut nous
l'apprendre. Le rôle du pédagogue avisé se bornera à l'expo-
sition des règles générales de l'alimentation infantile et de la
puériculture. Il expliquera pourquoi et comment il convient
d'agir de la sorte, ir mettra en lumière les conséquences
funestes qu'entraîne l'inobservance de ces règles pour l'indi-
vidu, la société et la patrie. Il fera connaître en termes adé-
quats le rôle de la mère et sa justification morale. A son tour
le médecin, dont l'intervention sera plus concrète et plus indi-
viduelle, expliquera le mécanisme de l'allaitement, surveil-
lera celui-ci, prescrira et réglera, le cas échant, l'alimentation
artificielle et enfin, en présence de troubles, fournira l'appui
de son concours autorisé. Pour rester à la hauteur de sa tâche,
le pédagogue ne devra disposer que d'un jugement sain, d'un
esprit d'observation facile et d'une sérieuse expérience de la
vie. Quant au médecin, s'il aspire à devenir le porte-étendard
de nos idées modernes dans le combat contre la léthalité
infantile, il faut qu'il s'assimile d'une manière aussi appro-
- V
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 75
fondie que possible, théoriquement et pratiquement, la physio-
logie des nourrissons. La sphère d'action de chacun étant
ainsi délimitée, toute éventualité de conflit sera écartée du
domaine limitrophe. Schlossmann déplore Tinsuffisance des
connaissances d'un certain nombre de nos médecins en matière
de physiologie infantile. En réalité, plusieurs universités con-
fèrent le diplôme de médecin et partant l'autorisation de
traiter les enfants malades à des récipiendiaires qui n'ont pas
eu 1 occasion de s'assimiler l'art de nourrir les jeunes enfants,
en participant aux cours et exercices d'une clinique spéciale.
Le salut des nourrissons exige une prompte modification de
cet état de choses. La physiologie nous enseigne le mode de
fonctionnement de l'organisme infantile dans son ensemble
comme dans ses parties. À notre point de vue moins général
et plus pratique, elle doit nous apprendre encore, dans la
mesure du possible, quelles sont les conditions vitales
requises pour qu'un enfant de constitution normale puisse se
développer d'une manière régulière et convenable, tant intel-
lectuellement que corporellement. Ce postulat se trouve réa-
lisé, d'après Czerny-Keller, lorsque le nouveau-né est issu de
parents bien portants et d'âge moyen, qu'il est né à terme^
exempt de tout vice de conformation et capable de maintenir,
avec l'aide d'une couverture mauvaise conductrice, sa chaleur
corporelle à la température moyenne.
C'est donc intentionnellement que nous ne faisons pas ren-
trer dans le cadre de nos études l'alimentation chez les enfants
nés de parents atteints d'une maladie grave ou de parents trop
jeunes ou trop âgés, encore que nous soyons souvent forcés
de recourir à la pathologie pour nous rendre compte de cer-
taines particularités physiologiques de l'organisme du nour-
risson. La pathologie et la physiologie se complètent Tune
Tautre, puisque l'éclosion d'une maladie a toujours pour con-
séquence l'apparition de perturbations dans les processus
physiologiques. La compréhension des phénomènes de l'assi-
milation qui servent de base à l'étude de l'alimentation pré-
suppose la connaissance exacte de la composition chimique de
lorganisme. Von Bezold dit : « Définir les cendres de l'orga-
nisme comme son squelette chimique semble, à première vue,
une comparaison hasardée. » Nous ne partageons pas cette
opinion. Dans le seul mode de production, on peut déjà
constater certaines analogies : de même que le squelette est
70 HENRI KLOSE
constitué par ce qui reste du ^;adavre, lorsque le scalpel de
l'anatomiste Ta dépouillé de tout ce qu'il peut lui enlever, de
même les cendres représentent ce qui demeure au fond du
creuset du chimiste, quand le feu a détruit tous les autres élé-
ments. Voici quelques chiffres moyens obtenus par différents
savants (Bezold, Bischoff, Fehling, Giacosa, Michel, Camerer,
Sôldner, de Lange, Hugounenq) en déterminant la teneur en
matières minérales des cadavres d'enfants : nous mettons en
regard la composition centésimale moyenne des cendres du
lait de femme :
Cendres Cendres
du noaTeaa*né. da lait de femme.
p. 100. p. 100.
Anhydride phosphorique, P>0b 35,28 21,30
Oxyde de calcium, CaO 40,48 14,79
Oxyde de magnésie, MgO 1,5! 2,87
Chlore, a 4,26 17,73
Anhydride sulfurique, SO' 1,50 »
Oxyde ferrique, Fe«0» 0,39 0,18
Oxyde de potassium, RSQ 6,20 35,15
Oxyde de sodium, Na*0 8,12 10,43
Anhydride carbonique, C0> 1,89 >»
L'étude comparée de ces deux tableaux nous apprend tout
d'abord qu'à côté d'un enrichissement en fer il se produit
chez le nourrisson une accumulation de chaux et de phos-
phore. Ces substances minérales, indispensables au dévelop-
pement du tissu osseux comme à la conservation et à la crois-
sance des autres organes, doivent se trouver dans les aliments
en proportions pondérales convenables. En outre, les chiffres
cités et, pareillement, ceux obtenus par Camerer et Soeldner,
démontrent la fragilité de la loi de Bunge, d'après laquelle il
existerait un rapport quantitatif défini entre la teneur en
cendres de l'organisme des nouveau-nés et celle du lait ma-
ternel. En réalité, Texpérience nous apprend que la nécessité
de nourrir l'enfant exclusivement avec du lait de femme n'est
pas absolue. Non moins importants au point de vue de leurs
conséquences pour l'alimentation sont les travaux de Fehling.
Cet auteur a établi que le corps d'un nouveau-né se compose,
en moyenne, de 74,4 p. 100 d'eau et de 25,6 p. 100 de
substances solides, alors que la composition centésimale du
corps de l'adulte comporterait 58,5 d'eau et 41,5 de matières
solides. 11 a trouvé, en outre, qu'au moment où la croissance
embryonnaire atteint son maximum d'intensité, c'est-à-dire
pendant le quatrième mois de la grossesse, le poids du fœtus
augmente journellement de 0^',178 par gramme, pour accuser
— rr^
RATION ALIMENTAIRE DE l'ENFANT 77
ensuite une déperdition quotidienne régulière, de telle sorte
que raccroissement en poids n'est plus que de 0^%015 par
gramme de poids au dixième mois, de 0^',0088 à la fin du
premier mois et de 0»%00069 au douzième mois d'existence.
Ces augmentations de poids du corps du fœtus représentent,
d'après les calculs de Fehling, 2 à 3 p. 100 de la totalité de ses
matières solides, par mois de grossesse. Au début, elles se
font principalement aux dépens des albuminoïdes ; pendant
la deuxième moitié de la grossesse, c'est au contraire la ma-
tière grasse qui est mise le plus à contribution. Cela étant,
nous devons nous poser une double question : quels sont les
rapports existant chez le nouveau-né et jusqu'à quel point
faut-il en tenir compte dans l'alimentation ?
La réponse à ces questions renferme la quintessence de
tous les systèmes d'alimentation de la première enfance, qui
est essentiellement une période d'accroissement. Quelque
imparfaites que soient encore nos connaissances, nous pou-
vons cependant affirmer que le nourrisson assimile par jour et
par kilogramme de son poids corporel deux fois plus d'albu-
mine que l'adulte et trois fois plus de graisse. En se basant
sur les chiffres obtenus par Rubner pour le coefficient calo-
rifique du lait — soit 650 calories pour 1 litre de lait de
femme et 750 calories pour 1 litre de lait de vache — Lam-
bling a établi, d*accord en cela avec Heubner, que la ration
alimentaire du nourrisson doit correspondre par jour et par
kilogramme de poids à 100 calories, dont 20 sont utilisées
pour la croissance, tandis que le reste est transformé en
énergie calorifique et mécanique. Cette quantité reste con-
stante pour les enfants à la mamelle normaux pendant le pre-
mier trimestre ; pendant le second, elle s'abaisse à 90 calories
environ et, dans la suite, elle descend lentement à 80 calories
et même plus bas. Pont exception à cette règle les nourris-
sons ftgés de moins de dix jours, dont la ration alimentaire
correspond, d'après Gaus, à 45 ou 50 calories, les enfants nour-
ris au biberon, les débiles et surtout les prématurés ; ces der-
niers exigent 120 calories et même davantage par kilogramme
de poids. Ces chiffres rendent compte de ce phénomène inté-
ressant, qu'un jeune nourrisson a besoin d'un nombre de
calories double de celui qu'exige un adulte se livrant à un tra-
vail modéré. Us témoignent, au surplus, de Ténergie avec
laquelle s'accomplissent les échanges vitaux dans l'organisme
78 HENRI KLOSE
infantile. Bien qu'ils constituent une base d'appréciation
scientifiquement rigoureuse en matière d'alimentation, ils ne
peuvent cependant pas, dans la pratique, servir d'étalons de
calcul des rations alimentaires exprimées en calories, dans les
cas de troubles nutritifs; car, nous ne pouvons jamais appré-
cier la déperdition de combustible que l'organisme éprouve
par suite de résorptions défectueuses ou d'oxydations dans le^
canal intestinal ou toutes autres manifestations morbides. En
outre, les hydrates de carbone, les graisses et les albumi-
noïdes ne sont pas isodynamiquement équivalents, tout au
moins pas à la longue. Quoi qu'il en soit, s'il veut juger en
connaissance de cause les troubles de la nutrition, le médecin
devra commencer par acquérir une notion exacte de la ration
alimentaire basée sur des données pondérales et mathéma-
tiques. Le tableau suivant de Lambling met en relief la part
prise par chacun des constituants du lait dans l'apport des
calories fournies à l'organisme :
De 100 calories :
L'albumine en fournit 19 chez l'adulte et 18 chez le nourrisson.
La graisse — 30 — 53 —
Les hydrates de carbone en fournissent ôl chez Tadulte, 29 chez le nourrisson.
Les prii^cipaux pourvoyeurs de calorique sont donc pour
l'adulte les hydrates de carbone et pour le nourrisson les ma-
tières grasses. D'après Marfan, la graisse exerce une influence
inhibitrice sur la destruction des albuminoïdes partiellement
utilisés par l'édification de la charpente cellulaire. Elle joue
donc un rôle indirect important. Lors du sevrage toutefois, ce
rôle s'efface parce que, le lait n'étant plus l'aliment exclusif,
l'apport de calorique par les matières grasses diminue, tandis
que l'importance des hydrates de carbone s'accentue graduel-
lement jusqu'à devenir prépondérante chez l'adulte. A un an
accompli, la croissance devient moins active, les quantités
d'albumine et de graisse fournies à l'organisme sont moins
considérables, mais l'apport en hydrates de carbone l'est
davantage, pour monter bientôt à plus du double de celui des
deux autres éléments réunis. Néanmoins les échanges nutri-
tifs restent très vifs, puisque, entre un et deux ans, l'enfant
absorbe par kilogramme autant d'albumine, trois fois autant
de graisse et une fois et demie autant d'hydrates de carbone
que l'adulte. On conçoit aussi que les aliments lactés doivent
fournir à l'enfant une quantité de matières minérales bien plus
RATION ALIMENTAmE DE l'EXFANT 79
considérable que n'en consomme Tadulte, chez lequel les
échanges nutritifs sont en élat d'équilibre. En raison de la
croissance rapide, les recettes ne se balancent pas chez le nour-
risson avec les dépenses, comme c'est le cas dans l'organisme
parvenu au stade complet de développement. L'écart — ainsi
que Michel Ta démontré par des analyses d'urine et de fèces —
est positif, en ce sens que l'organisme du nourrisson accapare
et immobilise chaque jour une quantité d'albumine équiva-
lente à plus du quart de son augmentation pondérale globale.
Cette particularité est d'autant plus remarquable que l'apport
dalbumine, si on le considère d'une façon abstraite, est
eitraordinairement minime. Cet afflux d'albumine ne cosse
pas de s'opérer alors même que des irrégularités se produisent
dans le bilan alimentaire par suite de maladie ou de dénutri-
tion. Ce sont là des particularités remarquables qui différen-
cient les échanges nutritifs du nourrisson de ceux de l'adulte.
A ces différences fonctionnelles correspondent naturellement
des variations morphologiques. Chez le nourrisson, le système
digestif n'est encore que fort incomplet : jusqu'au septième
mois, la bouche reste dépourvue de dents, la salive ne ren-
ferme qu'une petite quantité de ferment amylolithique. L'esto-
mac, dont la position rappelle encore le stade embryonnaire,
est placé verticalement dans la partie médiane et profonde du
corps et couvert en majeure partie par le foie et une portion
du côlon ; d'après Pfaundler, sa capacité, son extensibilité et
son élasticité ne sont encore que très faibles ; sa musculature
esta peine développée, et, dans ses éléments glandulaires, il ne
présente encore, comme le démontra Fischl, aucune différen-
ciation. En ce qui concerne ses fonctions motrices, Czerny a
mis en évidence le fait important que l'évacuation complète
s'opère en règle générale deux heures après le repas chez l'en-
fanta la mamelle et trois heures après chez l'enfant au biberon.
Czemy a montré de plus, par une expérience très instructive,
que l'estomac, à l'instar de tout autre muscle, le cœur excepté,
a besoin de repos après le travail, sous peine de ne pouvoir
accomplir ses fonctions d'une manière normale et durable.
Le fonctionnement normal de la motilité stomacale chez les
nourrissons ne peut s'obtenir qu'à condition d'espacer les
tétées de trois heures au moins pour l'enfant au sein et de
quatre heures au moins pour l'enfant nourri artificiellement.
En raison de la structure anatomique encore rudimentaire des
80 HENRI KLOSE
glandes, les sécrétions s'opèrent, elles aussi, différemment
chez le nourrisson et chez Tadulte. Chez les enfants à la ma-
melle, les auteurs ont trouvé que la quantité d'acide chlorhy-
drique libre sécrété oscillait entre 0«%83 et 2'^%1 p. 100. Seul
Facide chlorhydrique libre est doué de propriétés antiseptiques
et bactéricides ; à Tétat combiné, il est pour ainsi dire inactif.
La faible acidité du contenu stomacal du nourrisson par suite de
la présence d'acide chlorhydrique libre en solution étendue a,
d'après les recherches de Kitasato, son importance antisep-
tique. Pour l'assurer dans l'intérêt du nourrisson, le moyen le
plus certain est de lui administrer du lait de femme. En rai-
son de leur richesse en chlorure de sodium et albumine, tous
les autres laits possèdent vis-à-vis de l'acide chlorhydrique
un pouvoir fixateur plus énergique. Ceci explique la diver-
gence d'opinion des auteurs sur le point de savoir si l'estomac
du nourrisson sécrétait de l'acide chlorhydrique ou si ce n'était
pas plutôt l'acide lactique qui venait, en ses lieu et place,
seconder l'action de la pepsine. Aujourd'hui la sécrétion chlor-
hydrique est un fait établi ; elle commence cinq quarts
d'heure à deux heures après la tétée chez les enfants nourris
au sein ; mais elle est beaucoup plus tardive chez les enfants
au biberon. Là, elle a pour effet d'empêcher, pendant la pre-
mière heure qui suit la tétée, l'action coagulante de la pré-
sure sur le lait de femme, riche en sels alcalins: ici, ses
effets se joignent à ceux du ferment coagulant pour produire
la caséinification peu après la prise de nourriture.
La connaissance physiologique exacte de l'action protéo-
lytique de l'estomac du nourrisson nous apprend que cet
organe ne doit pas être considéré comme un simple « dépôt
d'aliments ». 11 forme avec l'intestin un ensemble organique.
Bien que chacun d'eux ait une fonction propre, nettement dé-
terminée, il existe néanmoins entre eux un rapport de solida-
rité, tout aussi bien que chez l'adulte. Incomplètement déve-
loppés tous les deux au point de vue anatomique aussi bien
que physiologique, ils doivent fournir une somme de travail
considérable. Si l'intestin vient à bout de sa tâche, c'est grâce
à l'énorme extension de son système vasculaire formé par les
canaux chylifèreset au développement presque complet de son
tissu lymphatique. Aussi son pouvoir résorptif est-il le plus
favorable, si l'on a soin de compenser par le choix d'une nour-
riture appropriée l'imperfection de ses fonctions glandulaires.
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 81
En raison de l'étendue du réseau nerveux avec ses gaines
eocore rudimentaires, non seulement la surface sensible est
beaucoup plus exposée, mais encore les réactions lors de la
mise à profit d'une nourriture trop abondante ou mal appro-
priée sont-elles trop violentes et trop irrégulières. Aussi le
pouvoir d'assimilation de l'intestin ne varie-t-il que dans des
limites très étroites, et d'autant moins que l'enfant est plus
jeune. Pendant le second semestre d'existence, la tolérance
devient plus grande, puis, à mesure que le développement
avance, les aptitudes d'accommodation des organes digestifs
s'accroissent, au point de pouvoir couvrir les besoins de l'or-
ganisme dans les conditions les plus variées d'habitat et de
latitude. Cette extrême susceptibilité de l'intestin dans la
prime enfance, conséquence de sa trop grande sensibilité ner-
veuse, engendre parfois des troubles dyspeptiques qui
entraînent la desépithélisation prématurée ou l'apparition de
phénomènes inflammatoires à extension rapide et à rétroces-
sion lente, même après suppression des causes déterminantes,
que celles-ci soient des vices d'alimentation ou des manifes-
tations infectieuses. Nulle partie de l'organisme infantile
n'offre, en effet, une réceptivité aussi accentuée que celle de
l'intestin vis-à-vis des microbes et de leurs produits de désas-
similation. Plus des deux tiers des décès de nourrissons sont
causés par l'invasion directe ou indirecte de bactéries patho-
gènes, alors qu'à partir de la troisième année, et malgré des
chances plus nombreuses d'infection, les cas de maladies
mycotiques diminuent. On observe, du reste, ici — comme
dans l'appareil respiratoire — une immunisation locale des
muqueuses s'accentuant à mesure que l'on s'éloigne des
couches périphériques ; c'est ce qui explique la présence dans
l'intestin, dans les conditions normales, d'une flore micro-
bienne si abondante. Malgré l'imperfection de nos connais-
sances en cette matière, nous devons cependant admettre que
ces microbes exercent une action utile encore inexpliquée;
car il suffit de modifier la flore intestinale ou de provoquer
des fermentations anormales pour troubler le cours physio-
logique de la digestion. L'intestin de l'adulte dispose de res-
sources bactéricides puissantes; chez le nourrisson, par
contre, les moyens de défense sont primitifs. Il s'ensuit que,
même avec des aliments pauvres en germes, il peut se pro-
duire une infection des voies digestives, en raison de l'abon-
AmcB. DB aiDSC. des sufarts, 1907. X. ^ 6
82 HENRI KLOSE
dance des bactéries dans la cavité buccale, surtout chez les
enfants soumis à Talimentation artificielle, chez lesquels, en
raison de la traversée rapide de Testomac par les aliments, de
la fixation de l'acide chlorhydrique par les matières salines du
lait et de l'absence dans le duodénum d'acides galliques anti-
fermentescibles, la destruction efficace des microbes ne peut
s'accomplir. .
La physiologie et la pathologie doivent se fournir ici un
mutuel appui. La première nous apprend que des causes en
apparence insignifiantes suffisent à provoquer dans l'orga-
nisme du nourrisson des perturbations capables d'entraîner
un retard considérable ou même un arrêt définitif dans son
développement. La seconde nous fait comprendre qu'il doit en
être ainsi par suite de l'état d'équilibre instable dans lequel
se trouve un organe imparfaitement développé et néanmoins
obligé d'assurer l'accomplissement des échanges organiques
indispensables à la vie. Mais ces considérations ne suffisent
pas à nous faire comprendre dans tous ses détails cette vérité,
fruit d'une expérience multiséculaire : « Le sein maternel est
le seul mode d'alimentation du nourrisson intégralement
adéquat au but; lui seul peut prévenir à coup sûr l'apparition
de troubles digestifs graves. »
III
LAIT DE FEMME ET LAIT DE VACHE.
Importance du lait maternel. — Devoirs des parents et de l'État au point
de vue de Tindividu, de la société, de la civilisation et de la politique.
— Inconvénients et dangers du non-allaitement. — Conviction des mé-
decins. — Coup. d'oeil vers l'Italie et l'Orient. — Appel aux municipa-
lités. — Le lait maternel, « liqueur magique ». — Physiologie, chimie
et bactériologie des laits de femme et de vache. — Alimentation au lait
cru « l'idéal », quand le lait maternel fait défaut. — Intangibilité de cet
idéal. — Lait stérilisé comme succédané. — Méthodes de conservation.
'' — Perspective consolante.
Les paroles de Heubner rapportées ci-dessus expriment
nettement que la cause première de la mortalité infantile
réside dans les défauts du mode d'alimentation. Et, de fait,
nous savons que 70 à 80 p. 100 de la totalité des décès de
nourrissons doivent être portés au compte des aléas inhérents
aux tentatives d'alimentation artificielle. Champion impla-
cable de tout ce qui fait la vie, le médecin éprouve une pro-
i
RATION ALIMENTAIRE DE l'ENFANT 83
fonde tristesse lorsqu'il observe chez ses jeunes protégés des
vices de constitution ou des maladies qui en dérivent, dont
Tétiologie réside dans les défauts d'une alimentation arti-
ficielle.
Du moment où l'impossibilité biologique de créer un succé-
dané irréprochable du lait maternel est établie, il est nécessaire
et urgent de recommander et de propager l'allaitement naturel.
En nourrissant^ elles-mêmes leurs enfants, les mères ne con-
tribueront pas seulement à éviter ou à guérir des maladies
individuelles, à compenser ou à supprimer certaines tares
sociales ; elles accompliront, de plus, une œuvre de grand
mérite au triple point de vue de la société, de la civilisation
et de la politique. C'est d'ailleurs un vrai devoir social pour les
parents, et surtout pour les mères, que d'assurer par tous les
moyens possibles à ceux qu'ils ont mis au monde le patrimoine
de la santé et de la force, pour les mettre à même de réaliser
les espérances que l'État fonde sur eux. Reconnaître ce devoir
est l'obligation morale de tout individu conscient de la part
de responsabilité qui incombe à chacun dans la collaboration
de tous à la prospérité de la Patrie. De son côté, tout État en
voie de progrès possède le droit indéniable d'exiger de ses
membres l'observance de ce devoir. L'exercice de ce droit est
d'autant plus indispensable au salut d'un État que celui-ci
fait plus de sacrifices au profit des intérêts matériels et
intellectuels de ses membres, de la prospérité et de la défense
des classes laborieuses, du relèvement du bien-être général.
Lorsqu'à force de soins vigilants un pays est parvenu à sti-
muler suffisamment l'activité publique pour que la situation
de millions de ses sujets ait pu s'améliorer grâce aux bienfaits
d'une politique généreuse, victorieuse de toutes les difficultés
et de tous les écueils, il est par le fait même légitimement
autorisé à empêcher toute spoliation du bien acquis au détri-
ment de la fortune. L'importance sociale de l'alimentation
naturelle repose en premier lieu, quoique non exclusivement,
sur la somme des unités sociales dont elle empêche annuel-
lement la destruction. Pour se faire une image fidèle de la
vitalité d'un peuple, il faut comparer cette donnée avec les
chiffres fournis parles statistiques des naissances et des décès.
C'est alors aussi que l'on pourra se faire une idée exacte du
dommage qu'entraîne pour le trésor public le non-allaitement
des mères. La somme de vie qui se perd actuellement avant
84 HENRI KLOSE
d'avoir pu profiter soit à Tindividu, soit à la société, égale à
peu près le quadruple de celle qui devient la proie de Tàge.
Si Ton calcule le tribut moyen qu'une nation est contrainte
de payer chaque année à la mort et le contingent d'existences
qui sont sacrifiées avant d'avoir produit une œuvre sociale
active, on trouve que le second chiffre est douze fois multiple
du premier. Bôckh a établi qu'à Berlin, toutes autres condi-
tions égales d'ailleurs, le nombre de décès parmi les enfants
nourris à la mamelle est sept fois moindre que celui des
enfants nourris avec des préparations alimentaires. Au sur-
plus, le médecin observateur n'a-t-il que faire des données
statistiques. Tous les jours, il peut se rendre compte par
lui-môme de la supériorité du lait de femme. Il sait que
chaque jour d'allaitement représente, notamment pendant
les premières semaines, une garantie nouvelle de viabilité.
11 est convaincu que les exemples de grande fécondité
ne se trouvent pas dans les familles dont les rejetons sont
soumis à l'allaitement naturel et qui ne prennent par consé-
quent qu'une part minime à l'énorme mortalité infantile, mais
bien plutôt parmi celles dont la progéniture alimentée arti-
ficiellement paie un tribut considérable à la mort prématurée
et qui sont les facteurs principaux du désarroi social. Il ne
résulte pas de là cependant que le fait de nourrir elle-même
son enfant protège la mère régulièrement et pendant toute la
durée de l'allaitement d'une nouvelle conception. L'exemple
de l'Italie démontre d'une manière typique que la question de
Talimentation est d'une importance prépondérante en puéri-
culture. En effet, dans les régions de ce pays, où les mères
ont conservé l'habitude d'allaiter, la mortalité infantile est
très faible, et cela malgré que l'état déplorable de l'hygiène
domestique et une misère sociale des plus profondes y aient
créé des conditions d'existence indignes de l'humanité.
En Orient, il est général que les enfants prennent le sein
deux ans durant. La loi musulmane ordonne à la mère de
nourrir son enfant pendant trente mois, dont dix dans le giron
et vingt à la mamelle. Si l'enfant meurt plus tôt, il pourra
téter dans l'autre vie pendant tout le temps qui lui fit défaut
ici-bas. S'il arrive que pour une cause ou l'autre la mère est
mise dans l'impossibilité de remplir son terme, le nourrisson
est confié à une parente ou à une voisine qui l'allaite au même
titre que sa progéniture. Tout enfant ainsi allaité par une
RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT 85
étrangère contracte vis-à-vis d'elle une certaine parenté et
ne pourra pas plus tard se marier avec son frère ou sa sœur
de lait. La colactation entraîne donc la consanguinité. Je
veux bien qu'à nous autres, peuples occidentaux, ces usages
de l'Orient puissent sembler assez ridicules. Les femmes orien-
tales allaitent leurs enfants d'une manière instinctive à Tinstar
des bêtes, sans observer la moindre règle spéciale. Quant à
la femme « dégénérée » de notre civilisation moderne, les lois
et les mœurs la préparent mal à ses futures fonctions de mère.
Dans notre société, le mode de vie est précisément l'inverse
de ce qui siérait à la femme qui allaite. Plusieurs dizaines
d années devront s'écouler encore avant que nos conditions
sociales puissent s'améliorer sous ce rapport. L'alcoolisme, la
tuberculose et la syphilis, dont les méfaits se répercutent
d'une manière si funeste sur les enfants, ne se laissent vaincre
qu'à la longue. 11 faut donc tendre avant tout à rétablir l'al-
laitement maternel dans les us et coutumes du peuple. Dès
avant la parturition, nous devons ordonner les mesures
capables d'assurer au nourrisson la continuation de l'alimen-
tation naturelle après sa naissance. Il importe pour cela d'ins-
taurer le nouveau système d'instruction des masses et de créer
le genre d'institutions dont il a été question dans le chapitre
précédent. C'est à l'Etat et aux municipalités qu'il appartient
de prendre Imitiative de ce mouvement. C'est à eux de four-
nir les ressources pécuniaires suffisantes pour permettre à la
femme des classes laborieuses les ménagements que son état
réclame, au moins quinze jours avant et six semaines après
l'accouchement ; c'est à eux à mettre la mère en état d'entourer
son nourrisson de tous les soins désirables ; c'est à eux encore
à permettre à la mère de donner au moins trois fois par jour
le sein à son bébé, notamment en favorisant l'institution des
« berceaux à l'usine » ; c'est à eux enfin d'augmenter les res-
sources des mères nécessiteuses en leur faisant distribuer des
vivres pendant la période d'allaitement. Les efforts de tout le
monde doivent tendre à supprimer les causes qui concourent
à rendre l'allaitement difficile. Au besoin, l'État ne doit même
pas reculer devant des mesures législatives pour pourvoir les
bébés des grandes villes de cette « liqueur magique » qu'est
le lait de la mère, en ce sens qu'il est non seulement un
aliment très précieux, mais encore un médicament efficace.
Oui, le lait maternel est une « liqueur magique », car il
86 HENRI KLOSE
constitue le seul aliment dont la composition corresponde dans
ses moindres détails aux besoins de l'organisme pour lequel
il a été spécialement élaboré ; il possède son pouvoir vivifiant
et fermentatif propre ; il est en quelque sorte de la chair
liquéfiée. Le lait maternel est un agent souverain de nutrition
et de défense, parce qu'il est le véhicule de tous les éléments
nécessaires à l'entretien, au fonctionnement et au dévelop-
pement de l'organisme et que, grâce aux propriétés spécifiques
des alexines et des agglutinines qui y sont contenues, il fournit
à l'organisme un puissant moyen de défense et de résistance à
l'égard des maladies.
En comparant les propriétés physiques, chimiques et bac-
tériologiques du lait de la femme à celles du lait d'autres
animaux, nous apprenons à connaître les formes sous les-
quelles il convient d'administrer le lait de vache aux nour-
rissons et, de plus, à juger de la valeur scientifique des
diverses préparations alimentaires, dont quelques-unes répon-
dent à une vraie nécessité et satisfont par leur composition
aux exigences de l'expérience médicale, tandis que le plus
grand nombre n'ont d'autre but que de servir les intérêts
mercantiles de certains fabricants qui les imaginèrent et les
lancèrent dans le commerce, à grand renfort de réclame
pseudo- scientifique .
Le lait est un liquide blanc, opaque, d'odeur agréable, de
goût légèrement sucré. Il absorbe facilement les odeurs. Point
d'ébuUition : 100-101° C; point de congélation : 0,54-0%57 C.
(très proche de celui du sérum sanguin); poids spécifique :
1030-1036. C'est une émulsion de globules butyreux de très
faible calibre dans un liquide hyalin. Sa réaction est alcaline
vis-à-vis du tournesol et acide vis-à-vis de la phénolphtaléine;
cette propriété amphotère est plus prononcée dans le lait de
vache que dans celui de femme. Le lait de vache accuse immé-
diatement après la traite 2 à 4"^ d'acidité, chaque degré
correspond à la quantité d'acide renfermé dans 30 centimètres
cubes de lait lorsqu'on les sature par la soude caustique un
quart normale. Maintenu à la température du corps de la
vache, il conserve ce degré d'acidité pendant trois à huit heures ;
à 10° G., pendant cinquante-deux à soixante-quinze heures,
suivant les conditions de propreté dans lesquelles s'est opérée
la traite. A l'ébuUition, le lait se caille dès qu'il accuse
5%5 à 6° d'acidité ; la coagulation spontanée à froid s'opère
RATION ALIMENTAIRE DE L ENFANT
87
à IS-IG*" d^acidité. Il suit de là que, puisque Tacidité
augmente selon le temps plus ou moins long écoulé depuis
la traite, un simple titrage permet de se rendre compte
approximativement de la fraîcheur d*un échantillon donné. Le
lait renferme en proportions variables suivant la race ani-
male : de Teau, des substances albuminoïdes, des hydrates de
carbone, des graisses, des sels et des matières extractives.
Parmi les tableaux destinés à mettre en lumière la composition
chimique du lait, je citerai celui de Rothschild et Kônig :
COîlSTITrAXTS.
LAIT DB FEMMB.
Filhol et
Jolv.
Ean
Albuiûiae
Graisse . .
Lactose. . .
Seb
•/i
87,8
2,17
4,5
5.5
0.18
K5nig.
•/•
87.41
3,76
3,66
4,82
FILHOL ET JOLY.
Vache.
86,13
4,92
4,05
5,50
0,40
Anesse.
90,12
2,03
1,55
5,80
0,50
Jument.
•/o
8?,8
1,k4
6,87
8,65
8.6b
Chèvre.
•/(
0
79,1
8.69
8,55
2,70
0,:)2
Ce sont des valeurs moyennes obtenues en tenant compte
des variations qui se produisent régulièrement dans la com-
position du lait sous Tinfluence d'une série de facteurs physio-
logiques, tels que la période de lactation, le moment de la
traite ou de la tétée, le mode d'alimentation et le genre de vie.
A notre point de vue, il n'est pratiquement intéressant de
comparer entre eux que le lait de femme et celui de vache.
Eux seuls ont donné lieu à un nombre suffisant d'expériences,
et le lait de vache est le seul qui soit pratiquement utilisable
comme succédané du lait maternel. Le lait de femme est moins
riche en albumine et matières minérales que le lait de vache.
Ce dernier doit être dilué, lorsqu'on veut s'en servir pour
l'alimentation des enfants. Par contre, le lait de vache est
moins riche en sucre de lait ; celui-ci doit donc être ajouté en
quantités convenables. La caséine, représentant principal des
trois catégories d'albuminoïdes bien définies, est précipitable
par une petite quantité d acide, mais elle se redissout toutefois
dans un excès d'alcali. Dans le lait, elle existe d'ailleurs en
combinaison avec des bases. Sous l'action de la présure, le lait
de vache se coagule en grumeaux épais, celui de femme en
flocons très fins. C'est là une différence essentielle, car le coa-
gulum massif du lait de vache surcharge et use les éléments
musculaires du tractus digestif en y déterminant des irritations
88 HENUI KLOSE
mécaniques. Le groupe des hydrates de carbone non repré-
senté par la caséine est figuré par la lactose. La présence de
ce composé et celle d'une grande quantité d'eau font du lait
un excellent milieu de culture pour les bactéries et un champ
fort propice aux fermentations. D'après Béchamp, la lactose
du lait de femme se distingue de celle du lait de vache non
par sa composition, mais par sa forme cristalline. Les graisses
sont constituées par les glycérides de divers acides gras. Le
lait de femme est riche en oléine et pauvre en triglycérides
des acides gras volatils; celui de vache, par contre, renferme
une grande quantité de ces derniers composés, mais fort peu
d'oléine. Parmi les matières salines renfermées dans le lait,
il faut mentionner les phosphates potassiques, la potasse, la
magnésie, le fer et l'alun. Les analyses comparées des cendres
du lait et de celles du nourrisson nous ont fait voir déjà la
différence qu'ils présentent au point de vue du pourcentage
en fer. La chimie et la physique nous enseignent que les sels
minéraux jouent un rôle intermédiaire très important dans le
chimisme nutritif. La théorie est ici encore confirmée par l'ex-
périence. En effet, un médecin russe a fait cette observation
intéressante que, chez les enfants au sein arriérés, le lait de
la mère affecte certaines variations dans la teneur en caséine
et beurre et est, de plus, très pauvre en matières minérales,
principalement en fer. Il est vrai qu'en venant au monde le
nouveau-né possède, dans son foie, une certaine provision de
fer qui peut en quelque sorte servir de réserve et qu'il met à
^contribution pendant sa première année d'existence; cepen-
dant, chez les sujets arriérés, cette provision de fer n'est pas
suffisante à compenser la pénurie des aliments en fer. C'est
(pourquoi le lait ne suffit pas à lui seul à couvrir les besoins
alimentaires de l'enfant à partir de la seconde année, où la
quantité de fer quotidiennement requise par l'organisme s'élève
à 14-16 milligrammes par kilogramme de poids. Parmi les
substances extractives dont on a signalé la présence dans le
lait, il faut citer la lécithine, la cholestéarine, l'urée, la créa-
tine, le lipochrome, la dextrine, certaines substances non cris-
tallisables, optiquement actives, des matières odorantes,
solubles dans le sulfure de carbone et de Tacide phosphocréa-
tinique. Le rôle qu'il convient d'attribuer à ces matières, tant
sous le rapport des différences essentielles que présentent
entre eux le lait de vache et celui de femme qu'au point de
RATION ALIMENTAIRE DE l'kNFANT 80
vue de leur rôle dans ralimentation infantile, n'est pas encore
nettement défini. On a édifié à ce sujet de nombreuses hypo-
thèses. Philippe Biedert, ce vieux combattant dans Tarène de
ia puériculture et de Talimentation infantile, admet que la
différence observée entre le lait de vache et celui de femme au
point de vue alimentaire découle de la différence entre leurs
caséines respectives. 11 maintient cette opinion dans la nou-
velle édition de son excellent ouvrage. Pareillement, Schloss-
mann et Hamburger estiment que Talbumine des cellules à
fonctions identiques, mais d'espèce différente, possède une
structure biochimique différente. Ils basent cette opinion sur
la loi biologique de Tunité de l'espèce : chaque cellule, chaque
liquide cellulaire d'im organisme porte l'empreinte de Tentité
propre à cet organisme. Il s'ensuit qu'une albumine d'une
espèce différente de celle qui est propre à un organisme donné
agit sur ce dernier à l'instar d'un poison, parce qu'elle n'est
pas à même de maintenir Téquilibre des cellules et des
liquides cellulaires. Dans l'alimentation naturelle, l'albumine
ingérée est identique à celle de l'organisme ; dans l'alimenta-
tion artificielle, elle ne Test pas. Cette albumine « aspécifique »
provoque une irritation assez violente des cellules; les cellules
des organes digestifs du nouveau-né offrant toutes, d'après la
loi de l'unité de l'espèce, la structure spécifique de leur albu-
mine, elles sont assez gravement mises à mal par l'albumine
du lait de vache. Chez les adultes, l'albumine artificielle, tou-
jours aspécifique, n'agit que comme excitant physiologique;
chez le nouveau-né, au contraire, elle exerce une irritation
nocive, parce que les organes digestifs, incomplètement déve-
loppés, sont encore inaptes à l'accomplissement intégral de
leurs fonctions. Ici l'excitation physiologique doit être provo-
quée non par l'albumine aspécifique, mais par l'albumine
spécifique. Au point de vue mécanique, chimique, résorptif et
assimila toire, l'albumine aspécifique donne lieu à un excès
de travail et nuit par conséquent à l'organisme, comme le
fait tout autre excitant non physiologique. Wassermann a
essayé de donner à cette théorie un appui expérimental.
Daprès lui, le lait maternel serait, pour le nourrisson, un
aliment homologue, le lait de vache, au contraire, un aliment
hétérologue. Comme conclusion, il admet que l'aliment
hétérologue, à l'inverse de l'aliment homologue, accapare
certains ferments biologiques qu'il concentre et localise à l'en-
90 HENRI KLOSE
droit où il se trouve. On peut en déduire que Taliment hété-
rologue confisque, lors de son assimilation, c'est-à-dire de sa
transformation en substance active et vivante, toute une série
de ferments, dont Talbumine homologue n'a pas besoin.
D'après cela, Tinconvénient principal de Talimentation au lait
de vache, alimentation « innaturelle » de Schlossmann, réside
dans la caséine, dont Biedert ne considère que les particula-
rités purement physiques : couleur, réaction, consistance,
solubilité, mode de coagulation, action des précipitants.
Cette opinion quelque peu lapidaire 3e Biedert est com-
battue par Gzerny, Ganghofner, Langer, Langstein et Heubner.
Ce dernier institua des expériences très précises sur les
échanges organiques. Elles démontrèrent que la substance
azotée, telle qu'elle est contenue dans le lait de vache, peut
parfaitement être mise à profit par l'intestin infantile
à 5-6 p. 100 près et que la partie non utilisée passe dans l'urine
sous forme de produits de décomposition. Dans l'état actuel
de nos connaissances, nous ne pouvons donc dire encore
quelle est la raison exacte des nombreux insuccès de l'alimen-
tation artificielle, vu que les causes premières demeurent
obscures, quelque plausibles que puissent paraître les théo-
ries émises. Force est donc de s'en tenir aux résultats de l'ex-
périence journalière, lesquels se résument à dire que le nour-
risson supporte le lait de vache préalablement dilué, mais
qu'il ne le supporte pas dans le cas contraire. Or, comme ce
qui distingue quantitativement le lait de vache du lait de
femme c'est l'albumine et les cendres, et non pas la graisse
ou le sucre, il faut admettre que ce sont les premiers de ces
composés qui sont mal tolérés.
Au point de vue bactériologique, l'état de la question est
mieux défini. Pris au sein, le lait esf fourni à l'enfant sans
aucun intermédiaire et ne renferme que les germes contenus
dans les exutoires des organes lactophores. On ne rencontre
ici, à côté de quelques microorganismes sans aucune impor-
tance, que le Staphylococcus pyogenes albus et rarement le
Staphylococcus pyogenes aureus. Le développement normal
des enfants à la mamelle démontre que ces staphylocoques
n'exercent aucune influence fâcheuse sur la composition du
lait. Ils n'acquièrent une signification pathogène que lorsque
des impuretés, de la salive ou du lait aigri, s'accumulent au
mamelon de la mère. Jacobus a constaté chez un enfant à la
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 91
mamelle un cas de scorbut dû à la mauvaise qualité du lait
maternel. C'est pourquoi il faut mettre les mères en garde
contre Thabitude d'humecter le bout de leur sein avec de la
salive et leur apprendre à se laver soigneusement le mamelon,
avant et après chaque tétée, en se servant d'un tampon d'ouate
trempé dans l'eau pure à 10-12'' C. ; tous les antiseptiques
doivent être évités, et les premières gouttes de lait doivent être
jetées. Lorsque, dans l'allaitement artificiel, on conserve
du lait, ce « lait vivant » se transforme en un liquide exposé
à toutes les modifications morbides. Les bactéries entrent en
action. Le nombre des germes qui pullulent dans le lait atteint
en moyenne 10 à 20000 par centimètre cube, lorsque la traite
s'est opérée dans les conditions de la plus grande propreté
généralement réalisable : tablier propre, mains lavées, net-
toyage préalable du pis et lavage des tétons avec un morceau
de flanelle bien lavée et séchée, rejet des premières portions
de la traite contaminées par les bactéries des conduits excré-
toires, réception du lait dans un récipient muni d'un tamis,
immobilisation delà queue pendant la traite, choix convenable
de la nourriture de façon à ce que les excréments des animaux
aient une consistance solide. De plus, les premières portions
de la traite sont toujours plus riches en bactéries que les por-
tions suivantes ; les dernières sont même parfois vierges de
tout germe. Le lait de chèvre peut être aisément obtenu dans
les conditions d'asepsie telles que l'on n'y rencontre, immé-
diatement après la traite, qu'un nombre de germes variant
de 5 à 1 500 bactéries par centimètre cube ; mais cet avantage
du lait de chèvre sur le lait de vache est contre-balancé par sa
digestibilité plus difficile et sa teneur relativement forte en
matières grasses. En tant qu'aliment pour nourrissons, le lait
de chèvre est donc de moindre valeur. De nombreuses expé-
riences le confirment. Ajoutons que la méthode de Fournier,
qui consistait en principe à faire téter les enfants directement
à la mamelle des animaux, est actuellement abandonnée. Si
Ton étudie le lait de vache fraîchement trait au point de vue
des diverses espèces de bactéries y contenues, on observe qu'il
s'y rencontre principalement des représentants des espèces
acidogènes : Bacierium acidi lactici Hueppe, Bacterium lactis
aerogenes^ Bacterium Guntheri^ etc. Ces bactéries représentent
environ 60 à 80 p. 100 de la totalité des germes présents;
10 à 20 autres p. 100 sont fournis par diverses espèces de
92 HENRI KLOSE
coques, notamment plusieurs streptocoques, parmi lesquels
Seiffer et Brtining n'ont jamais observé, au cours de leurs
recherches sur des animaux, d'espèce pathogène.
Il importe de mettre ce résultat expérimental en regard do
celui de Petruschkys, qui, en expérimentant à Danzig sur du
lait recueilli en été, déclara que le pullulement considérable
et rapide du streptocoque pyogène ou pathogène dans ce
liquide le transforme rapidement en une préparation puru-
lente. Partant de cette conception erronée, il recommanda
certaines conserves lactées, qui, introduites dans la pratique,
se sont montrées dangereuses. Il est vraisemblable que la
teneur initiale du lait en bactéries varie considérablement
suivant les pays et les saisons, tant au point de vue de leur
nature que de leur nombre. En tout cas, Petruschkys a ren-
contré à Danzig même certains laits qui, immédiatement après
la traite, étaient fort pauvres en germes, notamment en
streptocoques. Les 10 à 20 p. 100 restant de la teneur initiale
en bactéries d'un lait recueilli dans les conditions de propreté
voulues se répartissent sur diverses espèces de microorga-
nismes saprophytiques, mais on n'y a jamais rencontré les
spores qui seraient particulièrement dangereuses, d'après
Flijgge. Le lait fraîchement trait renferme donc forcément et
inévitablement un certain nombre de microorganismes. L'ex-
périence pédiatrique nous apprend que, dans les conditions
normales, il n'y a là, en général, aucun danger pour le nour-
risson ; au contraire, Tinfluence de ces microorganismes est
bienfaisante en ce sens que les acides sécrétés par eux
empêchent le développement des bactéries dangereuses,
notamment des bactéries peptonisantes et sporogènes. II faut
donc la contrarier le moins possible, à condition toutefois que
l'activité acidogène n'excède pas les limites normales et ne
provoque pas une acidité très prononcée, capable de compro-
mettre le goût des aliments et de déterminer la coagulation
prématurée du lait. D'après Seiffert, Duclaux, Backhaus,
Petruschkys, le lait trait dans les conditions d'asepsie con-
venables peut se conserver pendant deux à trois fois vingt-
quatre heures à la température de 20** C.
L'étude bactériologique et physiologique du lait nous fait
tâter du doigt la plaie qui ronge tous les systèmes d'alimenta-
tion artificielle, comme aussi toutes les institutions pour la
production du lait destiné à l'enfance. Cette plaie, c'est l'infec-
RATION ALIMENTAIRE DE l'ENFANT 93
tion par contact. Nous savons depuis longtemps — Biedert et
Langermann Font mis en évidence il y a une douzaine d'an-
nées — que le lait se contamine durant, le transport du lieu
de production aux lieux de consommation. Â cette infection
par contact, il faut joindre Tinfection par lair de Tétable. On
a parfois attribué à cette dernière une importance très consi-
dérable. Il est de fait que lair de Tétable peut exercer sur le
lait une action corruptrice, notamment lorsqu'il charrie des
bacilles sporagènes provenant de fourrages ou de litières trop
secs, émettant beaucoup de poussières, par exemple la
tourbe; mais ce danger peut être évité sans peine. Il suffit
d employer des litières peu poussiéreuses, de bien aérer les
étables, de les munir d'un pavement imperméable (de préfé-
rence carrelage en ciment sur une couch<^ de béton), de faci-
liter Télimination des déjections en établissant une rigole
commune reliant les stands isolés, de recouvrir les murs des
étables d'une couche de couleur porcelaine-émail aisément
lavable, d'installer les laiteries dans des locaux spéciaux,
éloignésde l'étable et munis d*une canalisation d'eau, d'étriller,
de brosser et de nettoyer les bêtes avant la traite, et enfin de
maintenir dans un état de propreté irréprochable tout le
mobilier de l'étable : mangeoires, râteliers et abreuvoirs.
D après Backhaus, le lait du marché de Kœnigsberg ren-
ferme par centimètre carré :
Moins de 200000 germes dans 6 p. 100 des échaotUlonB prélevés.
.—
de SOOOOO
—
14
<—
de 1 milUuD
30
—
de 1-5 —
—
40
.~
de 5-10 —
—
10
.—
de 10-20 —
—
6
Plus
de 20 —
—
4
Il résulte de là que tous nos efforts en vue d'améliorer le
lait doivent tendre à éviter autant que possible la contamina-
tion secondaire du lait fraîchement trait, jusqu'au moment de
la consommation. En premier lieu, il convient de récolter le
mélange des laits provenant des différentes vaches dans un
seau stérilisable, d'où Ton pourra le déverser directement dans
les biberons en quantités correspondantes à chaque prise d'ali-
ment. Dans ces conditions, le biberon est le seul récipient
avec lequel le lait doive être en contact quelque peu prolongé.
Il va sans dire qu'il doit être absolument stérilisé. Dans notre
clinique, nous avons adopté le système de Seiffert. Cet auteur.
94 HENRI KLOSE
après avoir fait l'essai de toutes les méthodes anciennes et
nouvelles de nettoyage des biberons, recommande de les
stériliser en les soumettant à sec à une température de 150* C,
qui suffit pour détruire sûrement les bacilles sporagènes qui
se développent rapidement dans les résidus de lait. Dans
nos consultations policliniques, nous recommandons aux
mères de déposer les biberons gradués dans de Teau bouil-
lante additionnée de sel de soude pendant cinq à dix minutes,
puis de les riacer soigneusement à Teau chaude. Les dilu-
tions de lait que nous prescrivons dans les instructions écrites
remises k chaque mère doivent se faire au bain-marie froid.
Aux parents peu fortunés nous fournissons, à raison de
10 pfennigs le litre, le lait tout préparé à être donné à
Tenfant, d'après la^ méthode éminemment recommandable
de Fôrster; les parents pauvres reçoivent ce même lait gra-
tuitement. Cette méthode, dont l'application se fait du reste
sous le contrôle de M. le professeur Fôrster, consiste à chauffer
le lait à 85° C. seulement, puis à le refroidir brusquement
à 12' C, ce qui assure sa conservabilité. A Tépoque des
grandes chaleurs, ces précautions sont absolument indispen-
sables. Les biberons sont fermés au moyen d'un bouchon en
porcelaine non perforé, maintenu en place à l'aide d'une
pièce nickelée faisant ressort; comme fermeture, nous nous
servons d'une rondelle en caoutchouc percée d'un orifice très
étroit et pouvant être lavée après chaque usage. Bien que de
cette façon et malgré que, lors de la mise en place de la ron-
delle, on prenne les précautions les plus minutieuses pour
éviter toute infection par contact, les garanties de non-conta-
mination par des germes ou des spores ne soient jamais abso-
lues, on est néanmoins en droit d'admettre qu'aucune décom-
position ne pourra se produire en raison de la consommation
rapide du lait. Vu son prix trop élevé, nous avons cru devoir
réserver provisoirement aux besoins de notre clinique infantile
le système de bouchage absolument aseptique recommandé
par Seiffert : feuille d'étain recouverte d'une couche mince
d agar-agar stérilisé. Nous n'insisterons pas sur ce point.
Si la théorie nous apprend qu'à défaut de lait de la mère le
lait de la vache à Tétat naturel constitue l'aliment idéal ; si des
essais institués dans notre clinique, à la suite des publications
intéressantes d'Eschericb, Moro, Seiffert et vonSzontagh, sont
venus confirmer par leurs excellents résultats la justesse de
WATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 95
celle théorie, celle-ci se trouve corroborée encore par les expé-
riences physiologiques de Brunning. Cet auteur choisit trois
chèvres nouveau-nées, dont il nourrit la première — la plus
faible — avec le lait de sa mère pris à la mamelle ; la seconde
— un peu plus forte — avec le lait de sa mère bouilli et dilué,
et la troisième — la plus robuste — avec du lait de vache
bouilli, dans des conditions identiques k celles où l'on se place
pour Talimentation des nourrissons humains.
Le premier animal, comparable à un nourrisson au sein,
avait doublé le poids de son corps au quinzième jour; le
second, nourri avec son lait spécifique mais dénaturé, au vingt-
deuxième jour seulement, et le troisième, nourri avec du lait
aspécifique dénaturé, assimilable par conséquent aux nourris-
sons humains soumis à Talimentation artificielle dans les
conditions favorables, avait doublé de poids à son vingtième
jour d*existence.
Au surplus, les différences que présentent entre eux les
nourrissons élevés au lait de vache naturel et ceux nourris
avec ce même lait dénaturé ont été reconnues et appréciées
dans d'autres pays. En Amérique, les femmes sont unanimes
à adopter Talimentation par le lait de vache cru, parce qu'elles
ne veulent pas que leurs enfants aient Taspect épais. Et ce
n*est pas là un simple caprice de la vanité féminine. Les
peuples de race anglo-saxonne ont Tintuition de la beauté
plastique chez Thomme et les animaux bien portants. Les
enfants élevés au lait de vache stérilisé ou dénaturé sont fré-
quemment pâles, hâves, épais, bouffis, et offrent une résistance
moindre h l'invasion des germes infectieux ; au contraire,
ceux qui sont nourris avec du lait de vache cru et naturel ont
une carnation fraîche et saine, une constitution résistante et
une musculature robuste. Evidemment, l'idéal n'est jamais
entièrement accessible. C'est une grande satisfaction que de
vivre en un temps où toutes les énergies du monde pédia-
trique se concentrent vers la réalisation de cet idéal; mais
nous devons convenir que nous sommes loin du but à atteindre.
Les municipalités devraient créer un nombre considérable
d'établissements modèles, en vue d'une obtention rationnelle
— techniquement et économiquement — du lait de vache des-
tiné à l'alimentation de l'enfance. Ce lait devrait être mis à
la portée des classes nécessiteuses des grandes villes. Le bétail
de ces établissements devrait être soumis au contrôle vétéri-
90 HENRI KLOSE
naire régulier. On devrait obvier à la propagation de la tuber-
culose par voie héréditaire, soit à Taide de la tuberculine de
Koch, d'après les indications de Bang, soit suivant le système
d'immunisation de von Behring, consistant à inoculer le virus
atténué du type de tuberculose propre à chaque espèce. Le
cheptel devrait être formé par de bonnes races indigènes et
fréquemment renouvelé pour empêcher la déperdition pro-
gressive des qualités du lait et la dégénérescence de la puis-
sance lactogène, à la suite d'une exploitation trop prolongée.
Les vaches devraient autant que possible être au pâturage, ou,
tout au moins, être soumises à l'alimentation mixte et non
pas, comme on le faisait jadis, aux fourrages secs exclusi-
•vement. Il faudrait, en outre, éviter les aliments reconnus
impropres aux besoins des animaux et, partant, nuisibles à la
qualité du lait. Tels sont les drêches en grande quantité ou en
état de décomposition, les betteraves hachées, la mélasse, les
tourteaux rancis, le fourrage vert humide.
Ensuite et surtout, les personnes chargées de la garde des
nourrissons devraient être mises au courant de la raison d'être
technique et scientifique des procédés qu'on leur recommande.
Elles devraient connaître les expériences bactériologiques et
physiologiques qui leur servent de base. Le contrôle du lait
devrait être retiré des mains de la police sanitaire pour être
confié à des pédiatres expérimentés dans la science de l'hygiène
du lait et de la physiologie infantile. Enfin le budget des
institutions dont nous parlons devrait permettre l'approvision-
nement journalier d'agglomérations importantes avec du lait
frais à bon marché, prêt à la consommation immédiate. L'or-
ganisation de semblables institutions d'un mécanisme com-
pliqué incombe à l'initiative publique et non à la charité
privée.
Le point culminant de toute puériculture artificielle, si elle
veut être rationnelle et idéale, réside donc dans la question
du lait destiné à l'enfance, et cette question, comme toutes
celles qui ont trait à Thygiène publique, est une grosse ques-
tion pécuniaire. 11 en résulte que, pour le moment tout au
moins, l'alimentation au lait de vache naturel est sans aucune
importance au point de vue -social et humanitaire, parce
qu'elle est irréalisable sur une large échelle : ni les grandes
laiteries, ni le commerce au détail ne sont à même de satisfaire
aux exigences qu'on est en droit de leur demander, avant d'uti-
RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT 97
User pour l'usage général le lait naturel qu*ils produisent et
mettent en vente. Plus onéreux encore serait-il de se servir
des laits d^ânesse et de jument, dont Talbumine se rapproche
pourtant le plus, au point de vue chimico-biologique, de celle
du lait de femme, tant qualitativement que quantitativement,
mais que nous éprouverions beaucoup de peine à nous pro-
curer en quantité suffisante. Au surplus, le lait d*ânesse
accuse-t-il une teneur en matière grasse trop faible et trop
variable. Seul le lait de jument pourrait être considéré à la
rigueur comme un succédané quasi équivalent du lait de
femme. Quant au lait de buffle, abstraction faite de sa teneur
trop élevée en caséine et de sa richesse en beurre, il n'est pas
à notre portée. C'est donc au lait de vache seul que nous
devons nous adresser, en lui appliquant les connaissances
acquises au laboratoire concernant la stérilisation à de hautes
températures. L'ébuUition — l'expérience nous l'apprend —
assure la conservabilité du lait ; elle rend le lait durable.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que la stérilisation
même prolongée ne suffit pas à paralyser la toxicité d'un lait
parvenu à un degré de décomposition avancé.
Pour le traitement du lait à domicile, l'introduction dans le
domaine public du procédé Soxhlet, qui permet une stérilisa-
tion radicale, a marqué l'ère d'une véritable révolution. Ce
procédé permet le dosage rigoureux et commode de la quan-
tité de liquide nécessaire à chaque repas, la préparation et la
stérilisation de toute la ration journalière. De plus, si l'on ne
prolonge pas la durée de l'ébullition au delà de dix minutes et
qu'on refroidisse immédiatement après à une température
suffisamment basse, on conserve au lait toutes ses propriétés
digestives, vu que la caramélisation du sucre de lait, la décom-
position encore inéclaircie de la molécule d'albumine, la des-
truction des ferments actifs, bref l'anéantissement par voie
chimique de tout ce qui constitue le caractère biologique du
lait, ne s'accomplissent que sous l'action prolongée de la cha-
leur pendant trente à quarante minutes, ce dont ne tiennent
malheureusement pas compte certains médecins, qui pres-
crivent encore de stériliser le lait dans ces conditions, au
grand dam de la santé des nourrissons. C'est pour ne pas s'être
rendu compte de cette particularité que certains praticiens
ont versé dans Terreur de croire qu'au point de vue clinique
la stérilisation n'était pas sans présenter de sérieux mconvé-
AbCH. DI MftDBC. DBS eupants, 1907. X. — 7
98 HENRI KLOSE
nients, dont les effets se faisaient surtout sentir lors de rem-
ploi de l'appareil Soxhiet, au point de provoquer la soi-disant
« maladie de Soxblet ». L'existence de la maladie de Mœller-
Barlow a mis en relief, il est vrai, la différence que Ton
observe entre le lait non bouilli et le lait bouilli, Tinfluence
néfaste de ce dernier ne se manifestant toutefois — comme le
démontra Heubner — que lorsqu'on prolonge pendant sept à
dix mois au moins l'usage ininterrompu d'un lait soumis à
une ébuUition trop prolongée ; mais ni cette circonstance ni
la possibilité de voir le lait bouilli devenir le facteur étiolo-
gique du scorbut infantile n'ont suffi à ébranler la confiance
populaire à l'égard de l'appareil si répandu. Et de fait,
nonobstant toutes les enquêtes et malgré les défauts signalés,
'Ces symptômes alarmants ne doivent être accueillis qu'avec
une extrême réserve, en raison du nombre considérable de
nourrissons que l'on réussit à élever avec du lait bouilli pen-
dant cinq à dix minutes, sans qu'ils accusent le moindre
trouble. A la clientèle pauvre, nous déconseillons cependant
l'appareil Soxhiet en raison de son prix élevé ; nous nous con-
tentons de recommander aux gardes de faire bouillir le lait
pendant dix minutes dans un vase bien propre, de le placer
•ensuite dans de l'eau glacée ou bien froide, et, dans tous les
•cas, de ne préparer en une fois que la provision de lait suffi-
sante pour vingt-quatre heures. Â Tencontre de ce procédé
physique de conservation — chauffage à 100** C. — le seul
•dontreffet soitcertain, la pasteurisation ou chauffage à 65-70'' C.
pendant vingt minutes ne donne pas les garanties suffisantes
de destruction de tous les germes. Quant aux méthodes chi-
miques de conservation ou de désinfection du lait, elles doivent
rester hors cause. Il n'existe pas de préservatif chimique cer-
tain et inoffensif. Et cela se conçoit : la désinfection par voie
chimique repose sur une décomposition chimique de la sub-
stance vitale dont le corps des bactéries est constitué. Il est
dès lors certain qu'une action aussi profonde doit se réper-
cuter au moins partiellement sur les matières albuminoïdiques
du lait et diminuer, sinon empêcher, la mise en jeu de leur
activité propre. On a renoncé depuis longtemps à l'emploi des
désinfectants, tels que certains sels métalliques, l'acide
borique, le borax, l'acide salicylique, l'acide benzoïque, les
sels alcalins, le carbonate et le bicarbonate de soude, l'am-
moniaque, etc. Le traitement à la formaline de von Behring
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 90
modifie les propriétés de Talbumine naturelle, paralyse,
d'après Bliss etNovy, laction spécifique des enzymes et semble
même — ainsi que l'observa Schlossmann — pouvoir provo-
quer des troubles anatomiques graves dans la partie supé-
rieure du tractus digestif, même lorsqu'on n'emploie que des
doses infinitésimales de formaline, laquelle est, comme on le
sait, un poison protoplasmique violent. 11 ne faut donc pas
s'étonner du peu de succès que rencontra la méthode au sul-
fonal de von Behring, basée du reste sur le même principe.
D'après les recherches de Vandevelde, le peroxyde d'hydro-
gène est complètement inutilisable pour la conservation du
lait : il transforme des quantités appréciables de caséine et
d'albumine en composés albuminoïdiques non coagulables.
Lozooisation modifie le goût du lait d'une manière des plus
désagréables. Les oxydes métalliques aptes à mettre en liberté
de Foxygène naissant, comme les peroxydes de magnésium et
de vanadium, doivent être rejetés aussi, parce que leurs pro-
duits de réaction ne se laissent enlever du lait qu'à la suite de
manipulations longues et fastidieuses, comme la filtration et
l'emploi de la force centrifuge. Or c'est un postulat chimique
et bactériologique que d'éviter soigneusement de soumettre à
des manipulations mécaniques du lait récolté dans les condi-
tions de propreté convenables. Si, d'autre part, une exposition
courte mais intensive du lait aux rayons ultraviolets, d'une
grande activité chimique et bactéricide, grâce à l'oxygène
natif qu'ils émettent, peut produire une asepsie suffisante, tout
en ne modifiant en rien les propriétés chimiques et biologiques
du lait naturel, l'avenir seul peut nous l'apprendre. Pour le
moment, tout esprit avide de remonter aux causes primor-
diales des choses est astreint à admettre avec résignation ce
qu une longue expérience nous a fait connaître : lorsque le
lait maternel fait défaut, le succédané le mieux approprié aux
besoins des générations futures est le lait de vache bouilli ;
mais il ne faut pas oublier que son emploi judicieux présup-
pose une somme considérable de travail scientifique et pra-
tique, dont la réalisation requiert l'application de l'adage '.per
ospera ad astra.
[A suivre.)
RECUEIL DE FAITS
PURPURA FOUDROYANT
CHEZ UNE ENFANT DE SIX MOIS (1)
Par la D' PH. BOURDILLON
PrÎTat-docent & l'Uaircrsité de Genève.
Tous les auteurs modernes qui mentionnent la forme foudroyante
du purpura donnent comme première observation de cette maladie
celle de Guelliot (2) et attribuent la paternité du nom de purpura
fulgurans à Henoch (3). On lit cependant, dans le Traité des
maladiesdes enfants de Barthez et Rilliet (2" éd., 1861, p. 322):
c< Dans d*autres cas bien plus rares encore, le purpura est fou-
droyant. » Suit Tabrégé d'une observation du D' Lombard, de
Genève, où il s'agit d'un enfant de seize mois pris subitement
de vomissements et de diarrhée, de phénomènes généraux graves^
et qui meurt sept à huit heures après le début. A Tautopsie, on
trouve plusieurs foyers d'hémorragie sous-cutanée, des ecchymoses
dans le cerveau, la muqueuse intestinale et la substance corticale
des reins ; un noyau apoplectique dans un des poumons.
C'est bien un purpura fulminans^ et la priorité de l'observation
doit revenir à Lombard.
La description de la maladie faite par Henoch se base sur quatre
observations de purpura à marche suraiguë, chez des enfants dont
l'âge variait de neuf mois à cinq ans. L'autopsie, faite dans trois
cas, n'avait montré dans les organes internes ni lésion hémorragique,
ni rien d'anormal, àpart l'anémie. En proposant le nom de purpura
fulminanSf Henoch attribue à la maladie les caractères distinctifs
suivants : rapide formation d'ecchymoses cutanées, avec tendance
à s'étendre et à confluer; absence d'écoulement sanguin par les
(1) Communication faite à la Soc. m éd. de Genève, le b déc. 1906.
fè) GcBLLiOT, Canton méd. du Nord-Est, 1884.
(3) Heitoch, Sùc. de méd. de Berlin, 15 déc. 1886 (Deutsche med. \^ochtnschrift.
1886, p. 941.)
/
PUFIPURA FOUDROYANT CHEZ UNE ENFANT DE SIX MOIS 101
muqueuses et intégrité des organes profonds ; absence de throm-
boses vasculaires et de gangrènes ; rapidité d'évolution de la ma-
ladie, qui se termine par la mort.
Il insiste donc sur Fabsence des hémorragies internes. Cependant»
après lui, on en a trouvé, comme dans Tobservation de Lombard,
dans des purpuras qui, par leur allure, méritaient bien le nom de
foudroyants (1).
« On ne peut se refuser à voir dans ce fait, disent ensuite Barthez
et Rilliet, un exemple d*une maladie générale se traduisant par
UDC altération du sang et tout à fdt analogue à certains cas d'em-
poisonnement. Les causes prédisposantes constitutionnelles héré-
ditaires sont évidentes (père tuberculeux, mère lymphatique et
hystérique ; enfant atteint lui-même d'un eczéma de la face et du
cuir chevelu, mais du reste bien portant). Quant à la cause occa-
sionnelle, elle nous échappe entièrement. »
Bien que ces lignes aient été publiées il y a quarante-cinq ans,
nous devons humblement reconnaître que nous ne sommes guère
plus avancés aujourd'hui pour expliquer la pathogénie du purpura
foudroyant.
La conception moderne en fait la forme la plus aiguë dcupurpura
primitif j dont nous admettons la nature infectieuse microbienne ou
toxi-infectieuse, et les diverses formes de purpura ne seraient que
les degrés divers d'un même état infectieux développé dans un
terrain plus ou moins favorable :
Forme suraiguë ou foudroyante ;
Forme aiguë ou typhoïde, grave ;
Forme subaiguë, bénigne;
Purpura rhumatoïde ou péliose rhumatismale ;
Maladie de Werlhof, ou purpura à ecchymoses géantes, habi-
tuellement bénin.
On voit en effet, quelquefois, la maladie passer de Tune à l'autre
de ces formes en évoluant chez un même individu (2).
Les examens bactériologiques ont fait trouver les microbes les
plus divers; aucun d'eux ne parait spécifique. Le streptocoque a été
trouvé le plus souvent. Pour M. de Benedetti(«3), le foyer d'infection^
devrait être cherché dans Tintestin, et l'agent de la maladie serait
souvent le coli-bacille ou ses produits toxiques.
Dans la forme foudroyante, qui nous occupe ici, l'examen bacté-
riologique n'a été fait que très rarement et a- été le plus souvent
•
(1) Tb. BoRGiif, Nord. mag. for Lœgeviden$kcU>en. — Morqui'o, Reviêta medica
del Uruguay, janv. 1901.
(2) Marpar, Traité des maladies de V enfance, article Purpura, p. 167 et 172.
Plusieurs cas cités par Pbrrin, Purpuras de renfance, Arch, de méd, des
enfants, 1899.
(S) Di Bbriobtti, Arch, de méd. des enfants, 190i, p. 209.
102 RECUEIL DE FAITS
négatif. Un seul cas, à notre connaissance, s'est montré positif,
celui de Borgen (1) : a part les pétéchies cutanées, il existait des
hémorragies dans les ganglions lymphatiques du cou, et Ton y
trouva du streptocoque.
Le purpura infectieux s'accompagne habituellement d'altération
des parenchymes du foie et du rein, où Ton peut voir soit Teffet, soit
la cause (2) de la toxi-infection, et M. Grenet (3) a pu produire, chez
des lapins, un purpura expérimental semblable au purpura exan-
thématique de Thomme en réalisant les trois conditions suivantes :
1^ une altération hépatique qui agit en modifiant lacoagulahilitédu
sang et en favorisant la prédisposition aux hémorragies ; 2"" une
lésion nerveuse ; 3"^ une intoxication agissant localement sur les
nerfs, et dont Tefiet est de régler le siège et la distribution de
l'hémorragie.
ItQ purpura fulminans^ digne de ce nom, est mortel, souvent en
moins de vingt-quatre heures. Le cas de Boulloche (4), terminé par la
guérison, et certains cas où la maladie a duré quatre ou cinq jours,
bien que décrits par les auteurs comme purpuras foudroyants^
constituent des formes intermédiaires entre le type foudroyant vrai
et le t jTpe typhoïde grave.
Observation. — Le 15 novembre 1906, on m'apporte une enfant de six
mois et demi en me donnant les renseignements suivants : le père et la
mère sont bien portants ; ils ont une autre fille de deux ans et demi bien
portante. La mère n*a jamais eu de fausse couche. Milieu aisé, bonnes
conditions hygiéniques. L'enfant est nourrie au sein maternel exclusive-
ment et tète régulièrement toutes les deux heures. A sa naissance, elle
pesait 2 kilos. Elle n*a jamais eu la moindre maladie, a toujours bien
digéré, paraissait forte, commençait à se tenir assise dans son berceau.
Ce matin, 15 novembre, elle était encore en parfaite santé, gaie et bien
disposée comme d'habitude, a pris le sein de bon appétit à midi.
A une heure un quart, sa mère, qui était à table, Tentend pleurer d*une
façon qui ne lui paraît pas normale ; elle se hAte d'aller la prendre et lui
trouve la face très rouge, « congestionnée ». L'instant d'après, l'enfant
p&lit, son visage s'altère et prend une expression « défaite, décomposée »,.
qui terrifîe la jeune mère. Ses extrémités deviennent froides, et elle a un
vomissement de lait caillé. On me l'apporte aussitôt après.
Status, — Bien qu'ayant six mois et demi, l'enfant n'en paraît guère
que deux ou trois. Elle pèse environ 5 kilos. Elle est très petite, mais
bien conformée, pas maigre et sans aucun rachitisme. Son ventre n'est
pas gros ; l'estomac est de volume normal.
Elle parait gravement malade, son teint est terreux, plombé. Le
regard est fixe, la bouche ouverte, l'expression hébétée. La face et les
extrémités sont froides, le tronc brûlant. Température rectale, 39«,1.
Aucune éruption cutanée. La respiration est courte, le pouls très rapide,
la langue grisâtre, un peu sèche. Rien dans la gorge. La palpation du
(I) BonoEif, loc, cit.
(S) SoRTXAis, Le purpura (Thète de Pains, 1896).
(3) Grenbt, Soc. de biologie^ 28 nov. 1903.
(4) BouLLOCHB, Soc. méd. des hôp.f 27 oct. 1899.
PURPURA FOUDROYANT CHEZ UNE ENFANT DE SIX MOIS 103
Tentre ne décèle rien d'anormal (Fenfant a eu ce matin une bonne selle,
comme d'habitude). A l'auscultation du thorax, la respiration me parait
un peu indistincte à la base droite, aucun râle, aucune matité.
Incapable de préciser un diagnostic, j'ordonne de prendre la tempé-
rature rectale toutes les deux heures, des maillots ou des bains suivant le
degré constaté, des bottes d'ouate et un cataplasme sinapisé dans le dos.
Je revois Fenfant chez ses parents le lendemain 16 novembre, à
dix heures du matin. Son apparence générale a beaucoup empiré. L'enfant
est complètement inerte, les muscles flasques. Le teint est cyanose, le
regard fixe et Toeil terne. La bouche reste ouverte, la langue, peu char-
gée, est sèche. Les extrémités sont froides. Enfin, fait capital qui donne
la clef du diagnostic : i7 est apparu une éruption purpurique. Sur le devant
du thorax, deux grosses taches, irrégulièrement ovoïdes, non saillantes,
longues de 2 centimètres environ sur 1 de large. Elles sont d'un rouge -
vineux foncé, uniforme, à contour parfaitement net.
Autour d'elles, de nombreuses taches plus petites, clairsemées. A la
face, de petites pétéchies irrégulièrement disséminées sur le front et les
joues. Sur les épaules, la racine des bras, les fesses, les genoux, nom-
breuses petites taches ecchymotiques, dont les plus grandes ne dépassent
pas la grosseur d'une lentille. Quelques petites pétéchies disséminées sur
les avant-bras et les jambes. A l'œil gauche, la conjonctive est injectée
de sang.
Cette éruption purpurique s'est produite entièrement entre trois et
cinq heures du matin et n'a pas augmenté depuis. Aucune tache sur la
muqueuse buccale. L'enfant a pris le sein et a bu de l'eau. Elle a rendu
de l'urine de couleur normale. Elle a eu une selle ce matin, après
Téniption, verte et jaune, un peu glaireuse, mais ne contenant pas de
sang. Aucune hémorragie par les orifices naturels, pas de phlyctène,
pas d'œdème.
En auscultant le thorax, je ne retrouve pas la légère modification da
murmure que j'avais constatée la veille.
L'éruption ne s'étend pas; l'enfant s'affaiblit toujours plus, pousse
quelques gémissements et meurt à une heure et demie de l'après-midi,
exactement vingt-quatre heures et quinze minutes après le début appa-
rent de la maladie.
Pendant ces vingt-quatre heures, la température, mesurée régulière-
ment dans le rectum toutes les deux heures, a subi trois grandes oscilla-
tions, dont voici les points extrêmes :
Le 15, a ) heures du soir 39,1
— 7 - — 37,1
— 11 — — 89,8
Le 16, à 5 heures du matin 36.2
_ 10 — — 39.8
— midi 3Î|8
L'éruption cutanée s'est produite au moment du minimum constaté,.
36*,2, entre la quatorzième et la seizième heure de la maladie.
L'autopsie n'a pas été autorisée.
Certains points sont à rele verdans cette observation.
D'abord, l'état de bonne santé antérieure de Tenfant. C'était ua
nourrisson au sein, au-dessous de la normale il est vrai, comme poids
et taille, mais n'ayant pas présenté le moindre trouble digestif
104 RECUEIL DE FAITS
apparent et n'ayant aucun symptôme de rachitisme. Il était soîgneu-
sèment réglé par une mère attentive, élevé dans de bonnes conditions
d'hygiène. Le rachitisme, les troubles digestifs ou les mauvaises
conditions physiologiques ont été habituellement relevés dans les
antécédents des enfants atteints de purpura fulminans.
Aucune maladie infectieuse n'a été constatée dans son entourage :
sa sœur, qui vivait avec lui et couchait dans la même chambre, est
restée jusqu'ici (3 décembre) en bonne santé. Ce fait éloigne l'hypo-
thèse d'uneOèvre éruptive àforme maligne hémorragique. L'enfant
ne présentait ni eczéma, ni aucune lésion cutanée, ayant pu servir
de porte d'entrée à l'infection. La nature de cette infection, si c'en
est bien une, reste donc pour nous absolument mystérieuse.
Remarquons encore que l'éruption purpurique est restée assez
discrète ; elle s'est constituée d'un seul coup, en deuxheuresde temps,
et ne s'est plus étendue. Il n'y a pas eu de ces grands placards
hémorragiques confluents, habituellement décrits dans les cas fou-
droyants. Enfin cette éruption n'est apparue que quatorze heures
après le début de la maladie, laissant jusqu'à ce moment-là le dia-
gnostic en suspens.
La courbe thermique a présenté trois grandes oscillations, et
l'apparition du purpura a coïncidé avec le deuxième abaissement
(36*',2 rectal). Cette hypothermie au moment de l'hémorragiecuta-
née permet de supposer que, huit heures auparavant, lors du premier
abaissement thermique, il s'était produit des extravasations san-
guines internes.
Enfin la maladie n'a duré que vingt-quatre heures ; elle mérite
bien Tépithète de foudroyante^ et la rapidité terrifiante de son évo-
lution a paralysé toute thérapeutique. En fait, la nôtre est restée
nulle. Du sérum artificiel,commandé à une pharmacie,n'a été apporté
qu'après la mort de l'enfant, et d'ailleurs l'apparition si précoce et
si rapidement croissante des symptômes les plus graves donne à
penser qu'aucune intervention n'aurait pu être salutaire.
REVUE GENERALE
LA CURE D'AIR A L'HOPITAL.
Les grands principes d'hygiène, dont Tapplication est souvent si
coûteuse et si difficile, menacent de révolutionner l'hospilaiisation
des enfants. De tous côtés, en Amérique, comme en Europe, on
cherche h réaliser, dans les hôpitaux d'enfants, la cure d'air. En
France, c'est Brunon (l'aérium de l'hospice de Rouen) (1); c'est
Çarbier (traitement des enfants tuberculeux à Thôpital Hérold), qui
montrent les bienfaits de la cure d'air. En Ecosse, c'est Ker, qui
a pu abaisser de 50 p. 100 la mortalité de la bronch'opneumonie
coqueluchiale en plaçant les enfants dans des cabanes sans toit
ou dans des galeries de cure suivant la saison (2).
La ventilation, aussi large que possible, des salles d'hôpital, le
transport des fébricitants au grand air, sous des tentes ou abris
placés dans les jardins, avaientdéjàété utilisés parHutinelàl'hospice
des Enfants-Assistés, par Brun et Comby à l'hôpital des Enfants-
Malades, etc.
Aux États- Unis, le D' W.-P. Northrup, au Presbyterian Hospital
de New-York, vient à son tour de montrer tous les avantages de
l'aération pour le traitement des enfants fébricitants ou convales-
cents (3).
Il utilise, dans le jardin deFhôpital, une galerie large et élevée,
sorte déterrasse ou plate-forme pourvue de sièges, de lits mobiles,
où les enfants viennent prendre l'air et le soleil pendant cinq à six
heures chaque jour. Pouvoir, suivant le temps qu'il fait, sortir des
salles pendant plusieurs heures chaque jour, pour jouir du grand
(1) Archives de médecine des enfants^ 1903, p. 550.
(2) Dr C.-B. Ker, The opea air treatment of broncho-pneumoDia coiuplicatiDg
^booping-cough {Ed. med, chir. Soc.^ 2 déc. 1903).
(S) Dr Northrup, Open air (onothe roof) treatmeol of children in fever and cod-
vaieiceDce [Med, and surg. report of the Presbyterian Hospital^ New- York,
1906).
iOG REVUE GÉNÉRALE
air et des radiations solaires, est un tonique que rien ne peut
égaler. Cela introduit littéralement la vie dans le corps des enfants
[It litterally puis life into the children).
Il ne faut pas oublier que ces enfants, d'ailleurs, appartenant à
la classe pauvre, ayant vécu dans Tair vicié et confiné, étaient ané-
miques et alTaiblis quand la maladie est venue. La cure d'air est
donc doublement indiquée chez eux. Quand leurs parents et leurs
amis viennent leur rendre visite, ils sont frappés par ce mode de
traitement et reçoivent ainsi une leçon de choses dont ils feront
bénéficier leur entourage.
Le Preshyterian Hospital de New- York est un grand bâtiment,
placé au sommet de Lenox Hill, et séparé du Central Parle par un
grand terrain vague et une construction. De ce point, on aperçoit
facilement TEast River et Long Island. Au sud et au nord, se trouvent
de larges espaces devant la galerie de cure, de sorte que Tair pur
circule librement et abondamment autour de Thôpital. A Touest,
Tœil se repose, par-dessus les maisons et les rues, sur les calmes
scènes du Central Parle. A Test, il peut contempler Thorizon cham-
pêtre de Long Island, et, au nord comme au sud, les toits lourds,
inélégants, mais reposants, de Topulente et grande ville de New-
York.
La ventilation et le chaufTage des habitations urbaines ont donné
lieu à lie nombreux essais, qui aboutirent à la création des calori-
fères. Le résultat de ces tâtonnements fut, pour les hôpitaux comme
pour les maisons, un chauffage exagéré et la privation d*air. Depuis
deux ans seulement, il y a quelque chose de changé à la section
infantile du Presbyterian Hospital. On a amélioré la ventilation de
la salle et installé la cure d'air dans le jardin.
Auparavant, on avait peur de Taération; Tair n'était pas renou-
velé, et, quand on ouvrait les fenêtres, les courants d'air étaient re-
doutés ; les nurses contractaient des maux de gorge, des rhumes, etc.
Mais bientôt M. Northrup, convaincu de Texcellence de l'aé-
ration, ordonna de porteries enfants au jardin, dans la journée, ne
faisant d'exception que pour les plus malades; Chaque jour, d'aussi
bonne heure que possible, les enfants sont conduits ou portés au
Roof Garden\ sauf les jours de pluie et d'excessive chaleur.
Une partie de la terrasse est protégée par un écran vitré contre
les vents du nord ; de même on a installé au-dessus une toile quî
arréte les rayons du soleil quand ils sont trop ardents.
Le Roof garden est en usage même l'hiver ; pendant six heures,
tous les jours, la salle commune est évacuée complètement, et,
pendant que les malades sont à la galerie de cure, les fenêtres
restent grandes ouvertes, et une véritable ventilation balaie tous
les germes et toutes les impuretés accumulés pendant le séjour
des enfants.
LA CURE d'air A l'hÔPITAL 107
Actuellement, on envoie au Roofgarden tous les c£^s, quels qu'ils
soient. Jadis on hésitait devant la faiblesse de Tenfant, on attendait
qu il fût remis du choc opératoire, etc. Cela était regrettable, car
les deux ou trois enfants qui restaient ainsi dans la salle après le
départ des autres empêchaient la ventilation complète et Tassai-
nissement de cette salle. Aujourd'hui, les exceptions ont disparu,
et M. Northrup ne craint pas d'envoyer à la terrasse de cure des
pneumoniques à toutes les périodes, des empyèmes opérés, des
appendicites, des ostéomyélites, des abcès périnéphré tiques, des
méningites, des brûlures, des fractures, etc.
Relativement à la pneumonie, on remarquera que tous les cas,
même au plus fort de la fièvre, sont traités par Taération. Ils passent
six heures dehors, quand le temps n'est pas trop mauvais, c'est-à-
dire qu'il ne pleut pas ou ne neige pas.
Les nurses ont remarqué que, les jours de pluie, les enfants, ayant
été pour cette raison maintenus enfermés dans la salle, deviennent
le soir agités et tristes. Au retour de l'aération, par contre, ils ont
de l'appétit et sont heureux; la nuit, leur sommeil est calme,
profond, ininterrompu.
L'état nosomial [hospitalism] n'existe pas chez des enfants qui
passent six heures de la journée dehors, en plein air, et ne rentrent
que pour dormir dans une salle bien ensoleillée et bien aérée.
Dans ces conditions, loin de restreindre l'hospitalisation, on serait
tenté de Tétondre à tous ces enfants pâles, anémiques, décharnés^
qui vivent chez eux dans des taudis infects.
Comment les enfants se rendent-ils à la terrasse de cure? Ceux
qui ne peuvent quitter le lit sont traînés sur des brancards à roues.
Le reste de la caravane est porté dans les bras oii dans des
fauteuils roulants; quelques enfants, parmi les plus grands, se
servent de béquilles.
Un ascenseur de grandes dimensions, en trois voyages, monte
toute la caravane sur le toit de cure. Le voyage n'a rien de
fatigant.
Une fois sur la terrasse, les enfants les plus malades dorment les
trois quarts du temps ; ils sont bien enveloppés et ressemblent à
des Esquimaux ; des boules d'eau chaudes sont à leurs pieds.
M. Northrup conclut ainsi son intéressante étude :
i* Le Presbyterian Hospital possède un toit aplati et élevé, un
véritable plateau, dans une des parties les plus salubres de New-
York ;
2° Les jardins suspendus pour la cure d'air des malades fébrici-
tants et des convalescents sont considérés comme indispensables ;
3" Avec une faible dépense, une grande et suffisante terrasse
de cure pourrait être ajoutée à ce qui existe ; la moitié du jardin
pourrait être transformée en place ensoleillée ;
108 REVUE GÉNÉRALE
4*^ Il est à espérer qu'un ami de Thôpital comprendra ce deside-
ratum et le fera disparaître ;
b'' Il a été de pratique courante, pendant les derniers onze mois,
de soumettre à la cure d'sûr, tous les jours, sauf le cas de pluie, de
neige, de vent violent, les convalescents. Les écrans de toile, suf-
fisants en été, ne sont pas assez forts contre les vents d'hiver ;
6° Aucun inconvénient à relever, pour les enfants, de leur séjour
sur la terrasse de cure ;
7^ Au contraire, un grand bien en est résulté, sans aucune
exception ;
8** Aucun de ceux qui ont vu les effets de ce traitement ne con-
serve le moindre doute sur son efficacité. Le personnel hospitalier
est entièrement favorable à la méthode ;
9^ Cette méthode, d'ailleurs, n'était pas une improvisation témé-
raire, car son auteur travaillait depuis onze ans et plus à sa réali-
sation ;
10** Les pneumonies, à la période la plus aiguë, la pneumonie
franche adynamique, sont des cas qui réclament la cure d'air. Elles
en bénéfîcient merveilleusement.
Depuis que l'article a été écrit, un bienfaiteur a donné des fonds
pour construire une terrasse de cure sur le principal toit de
l'hôpital. Il manque encore quelques petites terrasses ; après un
appel aussi éloquent et aussi chaleureux, nous croyons qu'elles ne
manqueront pas longtemps aux enfants du Presbyterian HospitaL
Mais ceci se passe à New- York.
A Paris, cette question d'hygiène hospitalière n'a pas fait de
progrès sensibles. Sans doute M. Hutinel, à l'hospice des Enfants-
Assistés, continue à aérer le plus possible ses bronchopneumo-
niqucs, ses coquelucheux, etc. A l'hôpital des Enfants-Malades,
pendant la belle saison surtout, nous faisons transporter dans le
jardin, sous un abri annexé au service de Broca, le plus grand
nombre de petits malades de chirurgie ou de médecine. Mais
jamais une salle n'est évacuée complètement; la cure d'air n'est
accordée qu'à une minorité de malades, aux plus valides généra-
lement, à cause de la pénurie du personnel et de l'absence du
matériel nécessaire pour transporter les enfants de leurs dortoirs
dans le jardin.
A l'hôpital Hérold, M. Barbier a installé, sur une partie élevée
du jardin, un toit adossé à une muraille et ouvert largement sur le
devant. Là passent la journée, sur des chaises longues, un petit
nombre d'enfants tuberculeux. Mais cela ne s'applique qu'à une
minorité d'enfants. Il est vrai que, dans le pavillon neuf qui sera
inauguré prochednement à l'hôpital Hérold, une galerie de cure
sera installée suivant les désirs et les plans de notre collègue.
U y aurait lieu de généraliser la cure d'air comme elle se fait au
LA CURE d'air A l'hÔPITAL 109
Preshyterian Hospital et de pourvoir tous nos hôpitaux d'enfants
d'une plate-forme bien exposée et bien outillée pour soumettre à
l'influence souveraine du grand air tous les enfants malades, blessés,
opérés, fébricitants, convalescents, etc. Les observations de
M. Northrup nous engagent à marcher dans cette voie. Si l'empla-
cement ne se prête pas à la construction d'un Roof garden à la
mode américaine, on pourrait demander l'adjonction, à chaque
salle de malades, de vérandas ou galeries courant le long des
fenêtres et pouvant abriter pendant le jour tous les enfants des
salles. De larges portes-fenêtres donnant accès à ces vérandas,
on n'aurait qu'à glisser ou rouler les lits des fébricitants, qui
passeraient en un instant, avec la plus grande facilité, du dedans
au dehors. Le soir, on ramènerait les lits dans la salle, assainie,
balayée, ventilée pendant le séjour des enfants dans la galerie de
cure.
Voilà une idée que nous soumettons aux architectes de l'assis-
tance publique, en les priant de l'étudier au point de vue technique.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Gaitro-entéiite infantile fébrile traitée par le fromage frais, par le
D' P. Gallois {Bulletin médical, 1" sept. 1906).
Déjà, en 1905 (Bull, méd., 25 oct.), le D' Gallois, en collaboration
avec MM. Abrami et Blairon, avait préconisé le régime sec dans les
gastro-entérites infantiles. Partant de cette idée que les enfants sont
suralimentés et reçoivent trop de lait, M. Gallois incrimine Feau du
lait comme cause de dyspepsie. En proscrivant le fromage, il élimine
une bonne partie de cette eau, et, faisant bon marché de la déshydrata-
tion que tout le monde redoute, il préconise le régime sec. Toutes les
trois heures (sept fois en vingt-quatre heures), on donne aux nourrissons,
même de deux mois, une petite crème composée d'une cuillerée à café
de fromage Gervais (petit suisse), battue dans une cuillerée à soupe de
lait et sucrée. Quand les troubles digestifs avaient disparu, on remplaçait
un repas sur deux par une tétée de 30 ou 50 grammes, et on revenait
progressivement à l'alimentation normale.
Même dans la gastro-entérite hyperthermique et cholériforme, le
fromage frais peut réussir. Une fillette de neuf mois est prise de diarrhée
cholériforme au moment des chaleurs. Elle est soumise à la cure de
fromage : une cuillerée à café de petit suisse, battu avec une cuillerée à
soupe de lait stérilisé et sucré toutes les trois heures. Guérison en trois
jours.
Gomment agit le fromage en pareil cas? Est-ce comme régime sec?
N'est-ce pas plutôt par la présure ou ferment lab, par Tacide lactique, etc. ?
Snlla psendo-paralisi eredo-sifilitica o malattia del Parrot (Sur la
pseudo-paralysie hérédo-syphili tique ou maladie de Parrot), par le
D' GiovAN!si Setti {Gazz. degli osp. e délie clin., 24 juin 1906).
Enfant né ie 17 août 1905, après un travail laborieux, de mère
primipare, pesant 3 350 grammes. Chute du coi*don à huit jours. Nourri
au sein par la mère, le bébé allait bien quand, vers la fin de la première
semaine, apparurent à la paume des mains et à la plante des pieds
quelques vésicules suivies bientôt de papules aux jambes. Au douzième
jour, les jambes sont comme immobiles et paralysées; tuméfaction dou-
loureuse au genou gauche, sans crépitation. Membres supérieurs
inertes, sans tuméfaction. Pas de mouvements spontanés, cris de douleur
quand on remue Tenfant. Nutrition en bon état.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 111
Les premières lésions osseuses du genou s'aggravèrent et s'étendirent
rapidement aux articulations huméro-scapulaires, coxo-fé m orales, tibio-
astragaliennes, radio- carpien nés. Vers le 15 septembre, toutes ces articu-
lations étaient gonflées, douloureuses au toucher et au mouvement, et
les membres restaient inertes et paralysés. Taches cutanées plus
abondantes. Cependant le poids est monté à 4600 grammes. Puis il y a
diminution, le ventre se météorise, le foie est gros. Mort le 21 novembre,
à Tàge de trois mois. Traitement insuffisant. Pas d'autopsie.
TincenVs badllas and spirillam, the causal agent of chronic sappa-
rative otitis média neceasitating radical opération, meningitis, death
iBacille de Vincent et spirille, agent causal d'otite moyenne chronique
suppurée, nécessitant une opération radicale, méningite, mort), par le
D'R.-JoH5SO.N Held (Tke Post-Graduate, sept. 1906).
Enfant de trois ans et deux mois, reçu au Manhattan Eye^ Ear and Throal
Hospita/, le 2 décembre 1905. Poliomyélite aiguë à dix-huit mois; scar-
latine et rougeole il y a huit mois. A la suite de ces lièvres éruptives,
loreille droite commença à suppurer; deux semaines plus tard, ce fut le
lourde la gauche. U y a trois semaines, aggravation, fétidité, excoriations,
exsudât pseudo-membraneux, tissu de granulations. L'examen bactério-
logique montre le bacille fusiforme et le spirille de Vincent en culture
pure. Examen négatif du mucus de la gorge. Des examens répétés
lesl, 9, 16, 26 décembre, les 6 et 12 janvier, dénotent toujours la pré-
sence des microbes de Vincent dans le pus des oreilles.
Traitement par le nitrate d'argent en solution à 6 p. 100, puis à 12 p. 100
pour cautériser les excoriations. On lit aussi des injections toutes les
quatre heures avec une solution chaude de nitrate d'argent à 1 p. 5000,
précédée d'une instillation d'eau oxygénée restant cinq minutes en
contact avec l'oreille. Au bout de trois semaines, irrigation avec sublimé
à i p. 4000. Pas d'amélioration.
Après six semaines de ces essais thérapeutiques, on se décide pour une
intervention chirurgicale : ouverture de la mastoïde droite le 16 janvier,
pus et granulations, membrane pyogénique (bacilles fusiformes et
spirilles), gaze iodoformée ; ouverture de la mastoïde gauche le 27 janvier,
pus à streptocoques.
Trois jours après la seconde opération, vomissements, constipation,
fièvre, raideur de la nuque à la fin. Mort le 2 février après convulsions.
Pas d'autopsie.
Rnptnred gaatric nlcer in a boy aged twelve years (Ulcère gastrique
perforé chez un garçon de douze ans), par le D' G. Keppe Paterson
(The Scott. Med. and Sur g. Jour., sept. 1906).^
Un garçon âgé de douze ans et huit mois accuse des douleurs de la
région épigastrique. Ces douleurs surviennent après le repas à des inter-
valles variables : immédiatement, une demi-heure, deux heures après.
Parfois elles manquent. Pas de ballonnement ni vomissement. Ces
symptômes se répètent pendant douze jours, puis, à sept heures du soir,
après un léger dîner, l'enfant accuse une violente douleur de ventre.
Le médecin le voit une heure après et le trouve dans le collapsus, sans
fièvre, sans tympanisme, avec rigidité de la paroi abdominale. Il accusait
une douleur vive autour de l'ombilic, avec irradiation à l'épaule gauche.
La douleur s'atténua par les fomentations et les frictions, et le collapsus
disparut. On pouvait croire qu'il ne s'agissait que d'une violente colique.
Vomissement à neuf heures du soir, puis dans la nuit. Le lendemain
112 ANALYSES
matin, symptômes de péritonite avec fièvre, abdomen distendu, dispari-
tion de la matité hépatique. Laparotomie par M. Gaird à une heure
(dix-huit heures après Taccident).
En ouvrant le ventre, on trouve une péritonite généralisée, avec des
traînées fibrineuses sur le foie et Testomac ; ce dernier présente un
ulcère perforé de la grandeur d'un petit pois, à la paroi antérieure, à
5 centimètres du milieu de la petite courbure. Culture de staphylocoques
avec r exsudât péritonéal.
Lavage du péritoine, drainage. Lavements nutritifs pendant trois jours,
puis alimentation par le rectum et par la bouche alternativement pendant
deux jours. Le sixième jour, on cesse les lavements. Hypothermie le
troisième jour, puis bronchopneumonie à la base droite. Le septième
jour, cyanose, inhalation d'oxygène, injections de strychnine. Après des
accidents très graves, la température revient à la normale le quinzième
jour, et l'en fan t se remet peu à peu. Guérison.
L'auteur a colligé 14 cas de rupture d'ulcère gastrique au-dessous de
quatorze ans, trouvés à l'autopsie, plus 2 cas constatés pendant la vie.
A case of congénital anœmia associated with j^undice (Cas d'anémie
congénitale avec ictère), par les D^* A. Hill Buchan et John M'Gibbon
(The Scott, med, and surg. Jour., sept. 1906).
Garçon bien développé, né le 7 octobre 1904, après un accouchement
facile et une grossesse normale. Cependant légère hémorragie par
adhérence placentaire. Le cordon est pâle et de grandes dimensions.
État d'asphyxie blanche qui ne persiste pas. On remarque que l'enfant
est atteint d'un ictère généralisé. Légère augmentation du foie et de la
rate. La teinte jaune disparaît graduellement dans la seconde semaine ; le
foie et la rate ont augmenté de volume. Souffle systolique à la base et à
la pointe du cœur:
Glandes lymphatiques hypertrophiées un peu partout. Selles déco-
lorées. La rate, vers la cinquième semaine, est descendue jusqu*au
milieu de la ligne qui unit les fausses côtes à l'ombilic, puis elle
diminue. L'enfant a reçu une goutte de liqueur de Fowler pendant trois
semaines.
A la Qn de la septième semaine, la situation est la suivante : l'ictère a
abandonné la poitrine et l'abdomen, mais est encore apparent à la face.
Foie et rate à peu près normaux ; polyadénopathie disparue. Souffles
cardiaques évanouis. Actuellement, l'enfant est bien portant (juillet 1906)
et vigoureux.
Examen du sang le 21 octobre 1904 : hémoglobine, 25 p. 100 ;
hématies, 1840000; leucocytes, 23696, dont 41 p. 100 polynucléaires
neutrophiies, 2,5 p. 100 polynucléaires éosinophiles, 43,5 p. 100 lympho-
cytes, 9,4 p. 100 grands nononucléaires, 2,2 myélocytes neutrophiies.
Il est probable qu'il s'agit d'une toxémie aiguë de nouveau-né.
A case of malignant janndicefollGwingscarlet lever (Cas d'ictère malin
succédant à la scarlatine), par le D"" H.-W. L. Barlow [The Brit. med.
Jour., 4 août 1906).
Fille de six ans et demi, habituellement bien poiiante, est prise, le
quarante-deuxième jour de sa scarlatine, de mal de tête, malaise, mal à
la gorge. Cependant elle allait bien depuis trois semaines.
Fièvre modérée, érythème pharyngé, pas d'éruption ; le lendemain,
légère jaunisse des conjonctives et de la peau, foie non augmenté de
volume. Battements du cœur accélérés avec souffle systolique delà pointe.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 113
Crines sans albumine ni sucre, mais contenant un peu de bile. Enfant
somnolente mais ne souffrant pas et répondant aux questions. Aggravation
rapide. Le troisième jour, la peau est très jaune; Tenfant vomit; pouls 160,
respiration 30, délire, agitation, mort après une légère convulsion.
Autopsie onze heures après la mort. Teinte jaune de tous les tissus,
pas d'hémorragies sous-séreuses. Foie pâle, pas notablement gras ni mou ;
au microscope, masses de pigment noir; pas d'obstiniction biliaire. Rate
augmentée de volume, présentant aussi du pigment comme les reins et le
foie. Lésions de néphrite épithéliale.
A propos d'nn cas de tétanie, par les O'* van Pée et Laruelle (Rev*
dhyg. et de méd. infantiles, n<» 4 et 5, 1906).
Fille de treize ans se plaignant de douleurs aux pieds et aux mains.
L après-midi, après la récréation, sensation de froid aux mains avec rai-
deur et engourdissement; peau exsangue, doigts raides et immobiles. La
chaleur, les frictions dissipent l'engourdissement. D'autres accès peuvent
se montrer. Ils ont débuté l'hiver en 1905, localisés alors aux mains ; en
automne, ils ont gagné les pieds. Dans la nuit, en janvier dernier, l'enfant
fut réveillée par les douleurs.
Hérédité nerveuse très chargée ; mère et sœur épileptiques. Enfant
retardée ayant encore ses dents de lait. Augmentation de l'excitabilité
galvanique, prédominance des contractions d'ouverture, apparition pré-
coce du tétanos. L'excitation mécanique des nerfs et des muscles donne
les mêmes résultats. On trouve le signe de Trousseau et celui de Chvostek.
Les mains prennent la forme de la main d'accoucheur.
Les tumeurs malignes des organes glandalaires lymphatiques, par le
D' L. CoNCETTi {Revue d'hyg, et de méd, infantiles, n^ 4 et 5, 1906).
Dans cet important travail, orné de planches en couleur, Concetti
essaie de dissiper les obscurités qui entourent la question des tumeurs
lymphatiques. Sur 97 cas (dont 4 personnels), 10 ne fournissent aucun
indice de la nature de la tumeur. Mais, dans l'ensemble, il y a prédomi-
nance des sarcomes :
Sarcomes divers 61
Lymphomes.... 8
Carcinomes 14
Encéphaloïdes 2
Êpithéliomes 2
Indéterminés 10
97
Marche très i*apide de l'afTection ; sur 45 cas où la durée est notée, on
trouve:
0& 2 mois 22 cas.
2à 4 — 12 —
4 à 12 — Il —
45 cas.
La mort est à peu près constante ; cependant on a signalé 5 guérisons,
dont la plupart douteuses ou trop récentes pour justifier de longs espoirs.
Sur 97 cas, le tube digestif est atteint 61 fois (63 p. 100), dont 52 fois
primitivement (52,5 p. 100). Dans 32 cas de développement initial de la
tumeur dans l'intestin, on signale 1 péritonite par perforation, 9 périto-
ArCH. de MÉDBC. DBS ENFANTS, 1907. X. 8
114 ANALYSES
niles par propagation, 1 ascite chyleuse. Sur 9 cas d^envahissement secon-
daire de rintestin, on relève 2 péritonites par perforation et 3 péritoniles
par propagation. Dans 14 cas ayant débuté par le mésentère, on eut
3 fois de Tascite.
. Age où les tumeurs se sont manifestées :
Nouveau-nés (forme congéoitale) 6
Oà aani. 15
3 à 5— 25
&àlO— 14
10 i 15 — 58
Age inconnu 12
Total 9
Quant au sexe, on compte 70 garçons conlre 14 filles, et 13 indéter-
minés. Ces tumeurs entraînent Tanémie, la pâleur jaunâtre de la peau,
ramaigrissement, la cachexie.
Traitement de la coqueluche par l'arsenic, par M. Jacques de Nrms
(Soc. méd. des Hôp., 27 juillet 1906).
Sur une douzaine d*enfants atteints de coqueluche, l'auteur a employé
la linueur de Fowler (l goutte par jour et par année d'âge). Au bout
d'une semaine, il y a parfois un peu de bouffissure du visage, et Ton suspend
alors l'arsenic pendant quatre jours. On reprend ensuite, la durée du
traitement étant de quinze jours environ. Grâce à ce traitement, l'élément
spasmodique est notablement atténué, et la coqueluche suit une marche
bénigne. En même temps, l'arsenic tonifie le malade.
Pour juger une méthode aussi simple, il faudrait des obserAatîons au-
trement nombreuses et autrement complètes. Mais il n'y a pas d'incon-
vénient à essayer. L'arsenic, donné de cette façon et à cette dose, est
pour le moins inofîensif.
Hjrpothermie prolongée à la période terminale d'une paralysie générale
'infantile, par les D** Jules Voisin, Roger Voisix, A. RE?iDu {Soc. méd. des
Hôp., 27 juillet 1906).
Fille entrée à la Salpôtrière en juin 1898, à l'âge de huit ans ; mère tu-
berculeuse, père alcoolique. Elle marche seule, en se dandinant, tète
baissée, dos A'oûté ; agitation, violentes colères, onanisme. Intelligence peu
développée . Diagnostic : idiotie acquise, consécutive à une lésion cérébrale.
En 1901, l'enfant s'habillait seule et a fait quelques progrès. En 1902, tout
progrès cesse, des symptômes méningés apparaissent : céphalée, vomis*
sèment, grincement de dents, position en chien de fusil, ventre en bateau.
En 1903, éruption qui semble de nature syphilitique; ponction lombaire,
lymphocytose ; on admet une méningo-encéphalite syphilitique (diagnostic
de paralysie générale porté à treize ans et demi). Traitement spécifique
sans résultat
La marche devient impossible ,^décembi*e 1904), apathie, indifférence,
hébétude, contracture musculaire, réflexes rotuliens exagérés, amyo-
trophie et escarres, fièvre. Après la lièvre, on constate de l'hypothermie
pendant douze jours, avec des températures de 36, 34, 33, 30,5; mort
le 6 septembre 1905.
A l'autopsie, méningo-encéphalite diffuse : méninges adhérentes et
épaissies, infiltration leucocytaire des parois vasculaires. Recherche néga-
tive du spirochnele.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES. 115
Ternies planes {nvéniles gnériea par les rayons X, par le D' Danlos
(Ann. de Derm. et de Syj^., juillet 1906).
Enfant d'une dizaine d'années, dont la figure était criblée de vermes
planes ; des verrues existaient aussi sur les mains. La guérison a été
obtenue en une séance, quoiqu'il y ait eu trois applications en trois régions
différentes. Durée de chaque opération : quinze minutes, (machine Drault,
ampoule MûUer, distance à Tanticathode 15 centimètres, radiochromo*
mètre 6 à 7, quantité 5 H faibles). La guérison s'est maintenue* Les ver*
nies des mains, qui n'avaient été soumises à aucune radiation, oat di&«
paru simultanément. En quinze jours, la guérison était complète. I
Chez un autre enfant, un peu plus jeune, le même traitement a donné ^\
k peu près le même résultat. Ici encore existaient sur les mains des ver-
nies planes qui ont disparu spontanément. Dans ce dernier cas, l'ampoule
Mûller était actionnée par une bobine de 40 centimètres (courant 7 à
8 dixièmes de milliampère, rayons 8, distance 15 à 18 centimètres, durée
quatre minutes).
Deux séances générales sur toute la figure ont été faites à dix Jours
d'intervalle. Une seule aurait peut-être suffi. Aucune réaction d'ailleurs*
Les yeux étaient protégés par des lunettes de plomb lutées au bord avec
une pâte au bismuth. Guérison maintenue depuis trois mois.
Ascaris lumbricoldes as oaose cl appendicitis (Ascaride lombricolde
comme cause d'appendicite), par le D' Aldo Gasteuatu (TAe JBW^. Med.
/iNcr., 4 août 1906).
Fille de quatorze ans,souffrantde versintestinauxdepuislongtemps,ayant
pris de la santonine. Peu de temps après l'administration de ce remède,
vomissements, douleurs de ventre, surtout à droite, un peu de fièvre. Au
bout de deux jours, mort subite.
.\utopsie faite à Ck)lombo, quelques heures après la mort. Hien dans le
thorax ni le péritoine. L'appendice est tendu, engorgé, recouvert çà et Ik
de quelques exsudais fibrineux. Cependant l'organe est libre d'adhérences ;
il est dur et semble contenir un corps cyfindrique. Après ouverturo de
Tintestin, on constate que c'est un ascaride implanté solidement dans
Tappendice par une moitié, l'autre faisant saillie dans le caecum. On ne
peut retirer le ver, quoique mort, de l'appendice qui l'enclave,
incisant l'appendice, on constate la présence d'un liquide purulent entre
ses parois et l'ascaride. Ce liquide contient des bacilles du côlon. Un peu
d'hyperémie de la muqueuse intestinale. Nombreux lombrics, dont plu*
sieurs vivants dans la cavité de l'intestin.
Dermatitis Tegetans (Dermatite végétante), par le D' William Thomas
CoRLETT {The Brit. Med. Jour,, 6 oct. 1906).
Garçon de sept mois, vu en consultation avec le D' S.-F. Kelly le 16 fé-
vrier 1887, de mère hystéro-épileptique. A l'âge de trois mois, l'enfant pré-
senta une éruption papuleuse, avec plaques élevées, variant des dimensions
d'une lentille à celles d'un dollar en argent, à bords saillants de 5 à 6 mil-
limètres au-dessus de la peau, en forme de condylomes ou de champi-
pons. Pas de bulles, mais parfois petites pustules rappelant les lésions
do bromisme. Peu ou pas de démangeaisons, pas de symétrie dans la dis-
tribution de la dermatose, état général peu atteint. Gela ressemblait à
une éruption bromique, avec moins de suppuration ; d'ailleurs ni la mère
nilenfant n'avaient pris de bromure. On pensa à la syphilis pour l'exclure..
L'éruption dura environ une année et se termina par une guérison •
complète. Pas de rechute. Gicatrices persistantes, visibles surtout quand
116 ANALYSES
le sujet a froîd. Le sujet n'a eu aucune autre maladie, etc*est actuelle-
ment un jeune homme vigoureux et très bien portant.
H a été observé de nouveau le 19 août 4906 ; ses cicatrices rappellent
des brûlures ou des cicatrices vaccinales par la régularité de leurs bords
et les dépressions punctiformcs de leur fond.
Le D»" Grover VV. Wende pense qu'il s'agit d'une pyoderraite.
^ Pemphigos héréditaire traamatiqiie simple» épidermolyse bnlleose
héréditaire, par le D' AtxnÉ (Jcnr. de AlétL de Bordeaux^ 16 sept. 1906).
Gette affection cutanée a été décrite pour la. première fois par
Goldscheider en 1882; le nom d'épidermolyse huileuse héréditaire lui a été
donné par H. Kobner. Outre la forme traumatique (bulles surgissant
aux points du corps soumis aux pressions, frottements), héréditaire et
familiale, il en existe une seconde dans laquelle Téruplion huileuse se
fait toujours aux mêmes régions, d'où l'altération plus profonde de la
peau, la formation de kystes épidermiques et de cicatrices.
Tn garçon de dix ans entre à l'hôpital des Enfants de Bordeaux, le
26 juin 1905, pour des bulles pemphigoîdes occupant les pieds et la
région de la ceinture. La mère, morte phtisique il y a deux ans,
présentait tous les étés les mêmes lésions, lin oncle maternel de même
jusqu'à quinze ans. Des cousins de l'enfant auraient eu les mêmes bulles
jusqu'à quinze ou seize ans. Un frère de treize ans a des phlyctènes
pendant l'été. Une sœur aînée est bien portante.
L'enfant, né à terme, nourri au biberon, aurait eu chaque été, depuis
sa naissance, une éruption huileuse analogue à celle d'aujourd'hui.
On trouve des bulles au pied droit, au pied gauche, au niveau de la
ceinture. Chacune de ces bulles est entourée d'un liséré rouge; il en
est de récentes, d'anciennes, de desséchées, tant à la face plantaire qu'à
la face dorsale des deux pieds. Leurs dimensions, parfois très grandes,
sont très variables suivant les points considérés.
A la ceinture, on compte à droite les cicatrices récentes de 14 phlyc-
tènes; 2 phlyctènes, l'une récente, l'autre plus ancienne et desséchée,
9e trouvent au voisinage de l'ombilic. A gauche, on compte 12 phlyc-
tènes desséchées. On trouve également des taches pigmentées,
représentant les traces d'anciennes phlyctènes.
Les phlyctènes débutent par une tache rouge, arrondie eu ovalaire,qui
bientôt se transforme en bulle par le soulèvement de Tépiderme ; le
liquide, d'abord limpide, devient opalescent et aboutit à une masse géla-
tineuse ou à un pus séreux hémorragique. Ëtat général bon.
A la date du 7 juin 4906, lenfant étant au repos complet depuis une
douzaine de jours, on constate que toutes les phlyctènes sont en voie de
guérison plus ou moins avancée suivant leur degré d'ancienneté
respectif, et qu'il ne s'en est point formé de nouvelles.
L'état général est et a toujours été très bon. Tous les viscères sont
sains. Il n'y a jamais eu de fièvre.
La recherche des cellules éosinophiles dans le contenu des bulles,
faite à plusieurs reprises a donné une proportion de 6 à 8 éosinophiles
sur 100 globules blancs.
Le sang, examiné à ce même point de vue et aux mêmes dates, a
•donné une proportion de 4 à 6 cellules éosinophiles sur 100 globules
blancs. En temps ordinaire, c'est-à-dire longtemps après la guérison
complète des bulles, la proportion a été de 2 à 3 p. 100.
L'examen microbiologique du contenu des bulles récentes çt non
enflammées a toujours donné des résultats négatifs.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 117
Pnenmococcic peritonitU . (Péritonile pneumococciquc), par le
D^ L. Erasmus Ellis [The Brit. med, Jour.^ 3 jiov. 1906).
Fille de six ans prise tout à coup, en pleine santé, le 7 mai 1900» de
diarrhée, de vomissement avec douleur abdominale vive. Sel les fréquentes,
foncées et fétides.
Le 9, constipation nécessitant des lavements.
Le 12, retour de la diarrhée avec douleur; douleur également en
urinant.
Le 15, ténesme et constipation jusqu'au 18; alors, diarrhée de nou-
veau qui s'arrête le 21, après ingestion de bismuth, salol et chlorodyne
(médicament à base de morphine et chloroforme). Mais, depuis le début,
des signes de péritonite se sont montrés : ventre météorisé, matité en
bas et à gauche; douleur générale avec maximum à gauche. Fièvre mo-*
déi-ée (38«», 39<»).
Le 16 mai (neuvième de la maladie), signes de pneumonie à gauche,
à Tangle de Tomoplate. Pouls, 128; respiration, 40 à 44.
Le 25 mai, laparotomie médiane par M. Bond : environ 400 grammes
de pus vert jaunâtre, sans odeur, mêlé de fibrine, secoulent.
■ Ce pus prédominait dans le bassin et le côté gauche de l'abdomen.
Irrigation, gaze stérilisée pour arrêter une hémon^agie inquiétante, drai-
nage allant de la plaie à une contre-ouverture faite dans le flanc gauche.
 Texamen bactériologique, on trouve des pneumocoques.
Choc opératoire, lavements d'eau salée toutes les trois heures,
piqûres de strychnine. Le 26, on donne 10 centigrammes de calomei.
Amélioration graduelle. Écoulement de pus diminué, trajet fistuieux pen-
dant quelque temps. Enfin guérison inespérée. Car, sur 40 cas de péri-
tonite pneumococcique diffuse, 6 seulement ont guéri (14 p. 100). Sur
45 cas de la forme localisée, on compte 37 guérisons (86 p. 100).
Remarqaes à propos de notre sizième cas d 'extraction de corps
étranger bronchiqae par la bronchoscopie, par le D^ Guisez (Journal des
Praticiens, 3 nov. 1906).
Tn enfant de cinq ans et demi, jouant avec une petite trompette, en
aspire Tembouchure. Aussitôt accès de suffocation, toux quinteuse avec
cyanose. Après un moment de calme, on entend un bruit musical à
rintérieur de la poitrine. Une radiographie, faite par le D' Laquerrière,
fait constater une petite tache noire à la partie interne du sixième espace
intercostal droit en arrière.
Opération sept heures après Taccident. (ihloroforme. On choisit deux
tubes bronchoscopiques de 6 millimètres et 5 millimètres de diamètre, une
pince spéciale à articulation terminale et un éclaireur. L'enfant est
couché dans la position de Rose, un oreiller sous les épaules et la tête très
fortement renversée en arrière, la bouche maintenue ouverte par un
ouvre-bouche ; langue tirée par un aide, face dirigée vers la gauche. Le
tube, de 6 millimètres, est trop large pour la glotte ; on prend celui de
5 millimètres. Après l'avoir chauffé au-dessus d'une lampe à alcool, on
l'introduit par la commissure buccale gauche, c6té opposé du corps
étranger, il pénètre dans le larynx, la trachée. Un léger a<Tès de toux est
calmé par une solution de cocaïne à 1 p. 20 avec un long porte-coton. On
descend dans la trachée, pour pénétrer dans la bronche droite; le tube
rencontre le corps étranger, d'où résulte un bruit métallique. Alors une
longue pince à griffe le saisit et on retire le tout.
L'embouchure de trompette avait 8 millimètres de long et * millimètres
de diamètre.
118 ANALYSES
Sur deux cas de psendo-milinm colloïde .familial, par le D' P.-L. Bosel-
UNI [Afin, de derm, et de syph.^ août-septembre 1906).
i^ Garçon de douze ans, atteint depuis trois ans d'une dermatose pro-
gressive observée aussi sur son frère plus jeune. Deux frères et une sœur
plus dgés sont indemnes. La dermatose occupe la face, surtout le nez et
la lèvre inférieure, et va en diminuant sur les joues, les oreilles et le
menton.
On note la présence de petites saillies vésiculoïdes, translucides, jaune-
citron ou jaune rosé, les unes punctiformes, les autres ayant le volume
d'un grain de chènevis, de forme conique, plate ou ombiliquée, de con-
sistance dure. Au nez et sur les pommettes serpentent, entre les nodules,
de petits vaisseaux, comme dans Tacné rosée. Peau brunâtre avec
pigmentation plus forte sur les parties malades. La muqueuse des lèvres
présente les mêmes saillies jaune diaphane. Les conjonctives bulbaires
présentent des épaississements de couleur jaune rosé rappelant le
pféi7gion. Pigmentation du dos des mains. Parfois un peu de prurit.
2^ Garçon de neuf ans, pris seulement depuis quelques mois; locali-
sation à la face : saillies papuloïdes, diaphanes, de couleur rouge&tre ou
jaune, avec prolifération vasculaire comme dans Tacné rosée. Con-
fluence sur le nez, qui a un aspect verruqueux. Pigmentation diffuse avec
zones atrophiques comme dans le cas précédent. Examen des viscèit»
négatif.
Au microscope, le nodule est formé par une masse de tissu plus ou
moins homogène, ari^ndie, reposant sur le derme sous-papiilaire, limité
latéralement et en haut par un revêtement dermo-épidermique.
Le pseudo-milium colloïde est une dermatose de nature dégénérative
primitive, qui intéresse le tissu conjonctif collagène et élastique de la
zone sous-papillaire. A la phase d'acné, on voit des saillies vésiculoïdes,
de volume variable, de couleur jaune translucide ou jaune rougeàtre,
par suite d'une vascularisation assez prononcée, siégeant sur les parties
•découvertes (face et mains).
Ces saillies ne dépassent pas le volume d'un grain de chènevis, restent
un temps stationnaires et s'éliminent au dehors, laissant à leur suite une
.atrophie cicatricielle pigmentée ou atrophique. Pigmentation diffuse du
•corps^ plus accentuée sur les parties découvertes. Peu de symptômes
subjectifs; un peu de prurit parfois. Bon état général.
La dermatose, plus fréquente dans le sexe masculin, peut être familiale;
elle semble être de nature dystrophique ; elle guérit spontanément dans
beaucoup de cas.
Klinische nndanatomische Befunde bel aknter nicht eitriger Encepha-
litis aines Kindes (Symptômes cliniques et lésions anatomiques dans un
cas d'encéphalite aiguë non suppurée chez un enfant), par le D' B. VVeyl
(Jahrb, f, Kinderheilk., 1906).
L'encéphalite aiguë non suppurée est fréquente et grave par les reli-
quats qu'elle peut laisser. Chez le nourrisson, l'encéphalite aiguë échappe
souvent si on ne pratique pas l'autopsie.
11 s'agissait ici d'un enfant de cinq ans et demi, né dans des conditions
à peu près normales, soumis à une alimentation artificielle,' toujours
bien portant, n'ayant pas eu de gonflement ganglionnaire. A trois ans,
rougeole ; six mois après, Tenfant est traité pour une otite suppurée sans
phénomènes graves. Il y a un an, il subit un choc à la tète non suivi
d'accidents.
U y a trois semaines, on remarque un strabisme intermittent. Le
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 110
17 décembre 1904, brusquement il survient de la constipation, de la cépha-
lée, des vomissements, de courtes syncopes, un peu de toux. L'état s'amé-
liora. Le 20 décembre, jour où lenfant est reçu à la clinique de Vierordt
(à Heidelberg), survient de la perte de connaissance avec des convulsions.
II y a peu de réaction au pincement, de la raideur de la nuque; les
membres sont en extension ; réflexes profonds abolis, pas de strabisme,
pas de signe de Trousseau. Rien d'anormal aux viscèi*es. La raideur
sagne tout le corps; il y a un mouvement incessant des yeux vers la
gauche, un nystaigmus horizontal très rapide. Pas de strabisme. Pouls
presque imperceptible, ronchus respiratoires. Abdomen rétracté; réflexes
plantaires accentués, pas de signe de Babinski ; exagération bilatérale du
réflexe rotulien ; absence des réflexes abdominaux. Bien à Texamen auri-
culaire, pas de tubercules de la choroïde.
La mort survient avec respiration de Cheyne-Stokes. La ponction lom-
baire, faite aussitôt après la mort, montra un liquide clair, faiblement
aibumineux, non fibrineux; la pression n'était pas augmentée. Au micro-
scope, dans le liquide centrifugé, ni bactéries ni cellules.
A Tautopsie, cr&ne très mince ; rien à la dure-mère, pas de thrombose
des sinus. Leptoméninge /use, britlante, pas de trouble ; pas de pm ni de
nodules miliaires. Forte congestion veineuse ; circonvolutions déprimées ;
substance cérébrale œdémateuse et congestionnée ; ventricules non dilatés;
pas de tumeur ; rien à la base. Ailleurs il y avait de la congestion hypo*
statique des bases du poumon, de l'hypertrophie notable du thymus qui
remplissait tout le médiastin antérieur; la rate avait le double du volume
normal ; stase dans tout le tube digestif.
L'examen microscopique du cerveau peut se résumer ainsi :
1<^ Infiltration disséminée des méninges [arachnoïde et pie-mère) ;
^ Foyers d'encéphalite disséminés sur les substances corticale et
médullaire, groupés autour des vaisseaux, foyers non suppures et cousis^
tant essentiellement en amas de lymphocytes et de plasmazellen ; pas de
cellules granuleuses ; pas de polynucléaires ;
3« Infiltration et épaississement des parois vasculaii^es ;
4^ Bourgeonnement des vaisseaux;
5* Phénomènes de karyokinèse ;
6*> Lésions de dégénérescence des cellules ganglionnaires.
Au point de vue histologique, l'auteur insiste donc sur l'infiltration vas-
•culaire par deux ordres de cellules : lymphocytes et plasmazellen ; mais
nulle part il n'y avait en dehors des vaisseaux de leucocytes, comme on
en voit dans l'encéphalite suppurée.
On a cherché à établir un rapport de causalité avec les troubles intes-
tinaux; à ce point de vue, on peut signaler ici, comme dans une observa^*
tion de Beymond, le gonflement des plaques de Peyer et des follicules
clos, ainsi que de la rate. Mais les lésions de l'intestin au microscope
étaient minimes. Ce fait confirme la gravité rapide des encéphalites même
avec de très minimes lésions.
Ein anatomisch nntersachter Fall von Barlowschar Krankheit (Ln cas
de maladie de Barlow étudié au point de vue anatomique), par W.
Stocluner {Jahrb. f. Kinderheilk., 1906).
L'enfant qui fait l'objet de cette observation avait huit mois et demi
lorsque apparurent les premiers signes de la maladie de Barlow; il mou-
rut à un an et onze jours. Le poids du corps s'est élevé, pendant le cours
de la maladie, de 3 900 à 4 000 grammes et s'est maintenu à ce niveau jus-
qu'à la mort. Pour ce qui est des signes de rachitis, le premier, un léger
120 ANALYSES
cranioUbes, fui observé pour la première fois ]e 7 janvier 1903; le racht-
lis alla alors en augmentant rapidement» malgré Tadministration d*huile
de foie de morue phosphorée ; vers la fin de la vie, il apparut une notable
cypho-scoliose ; le 28 janvier, on constata une fracture spontanée aux deux
avant-bras droits. L'aulopsie montra que la mort était due à une bronchite
capillaire. Le tibia fut étudié histoiogîquemenL On trouva comme lésions
caractéristiques de la maladie de Bariow d'abord des restes d'hémorragies
sous forme de petits foyers hémorragiques et une infiltration diffuse des
tissus par du pigment ferrugineux ; en second lieu une raréfaction des
travées osseuses dans le noyau osseux voisin de l'épiphyse du tibia. On ne
voyait pas de lésion de la moelle des os.
La lésion ressemblait donc à la chondrodystrophie fœtale. Ce cas était
remarquable par Tétat avancé du processus rachi tique au moment où
guérissait la maladie de Bariow; par la réparation très complète des
lésions osseuses graves caractéristiques de la maladie de Bariow en
moins de trois mois ; par la dégénérescence de la couche cartilagineuse à
la limite épiphysaire du tibia. C est là une lésion rare.
Ueber den lilaoen Kranslleck nnd aiidere mongoloida Erscheimuigan
bei europâiBGlian Kindern (Sur la tache bleue de Tischion et les autres
phénomènes mongoloïdes chez les enfants européens', par le professeur
Alois Epstei!! {Jahrb. f. Kinderheilk.^ 1906;.
La tache congénitale s'observe chez presque tf>us les nouveau-nés japo-
nais. Souvent elle ne se montre qu'après la naissance. L'intensité de la
couleur bleue augmente un peu après la naissance. Puis dans l'enfance
elle diminue et disparut chez Tadulte. C'est l'ischion et les fesses qui en
sont le siège, mais elle s'étend quelquefois au voisinage, rarement au dos,
aux membres, à la face. Chez les singes, ces taches sont beaucoup plus
étendues. L'auteur donne quelques observations qui prouvent que ces taches
peuvent se voir chez les enfants européens ; mais elles sont rares (1 cas
sur 600 enfants).
Chez les enfants de race mongole, ces taches sont certainement une
manifestation de race ; chez les Européens, il faut voir là une manifesta-
tion pathologique portant sur le développement du fœtus. La région du
sacrum est d'ailleurs fréquemment le siège de manifestations de ce genre ;
dans cet ordre d'idées, il y a heu de rappeler la fréquence du rachi tis de
la région lombo-sacrée, le naevus de ces régions, rhypertrichose, les tu-
meurs cutanées au niveau du siège. Chez les enfants européens, on voit
d'autres manifestn tiens <c mongoloïdes », consistant en un retard de l'in-
telligence, avec signes multiples de dégénérescence. Souvent ces enfants
meurent en bas âge. La syphilis semble jouer dans ces manifestations un
rôle étiologique. Les préparations thyroïdiennes sont sans effet. Ce qui est
remarquable, c'est l'extraordinaire mobilité de ces enfants, vrais « enfants
de caoutchouc ». Ces enfants ne pleurent et ne crient guère. C'est là un
ensemble de manifestations pathologiques et non des signes de race.
THÈSES ET BROCHURES
Le ponvoir hémolytiqne du sérum sanguin et la résistance globulaire,
par le D' D. Goudeau {Thèse de Paris, 17 mai 1906, 102 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Lesné, résume d'intéressantes recherches
faites à l'hôpital des Enfants- Malades, dans le service de iM. Moizard. Le
THÈSES ET BROCHURES 121
sérum sanguin de Tenfant, comme celui de laduUe, est hémolysant in
vitro pour les globules du lapin; ce pouvoir hémoly tique, dû à Talexine,
disparait par chauffage à 55-58** et s*atténue quand le sérum est conservé
depuis plusieurs jours. Chez Tenfant normal de cinq à douze ans, la
quantité d*alexinea paru moins considérable que chez Tadulte, mais dan»
des limites assez étroites. A Tétat pathologique, elle est susceptible de
variations quantitatives, que Fauteur a essayé d'apprécier.
Dans la diphtérie, la quantité d*alexine augmente après les injections de
sérum antidiphtérique. Dans la varicelle, elle diminue à la période d'é-
ruption. Dans la rubéole, le pouvoir hémolytique du sérum i^ste normal.
Dans la rougeole, sans complications, il diminue les deux premiers jours
de Téruption pour revenir à la normale le troisième jour.
Dans la scarlatine, dans les érythèmes scarlatiniformes, dans Férylhème
noueux, le pouvoir hémolytique est normal. Dans les érythèmes sériques
et polymorphes, Talexine diminue dans le sérum.
La résistance globulaire subit une augmentation au cours des éruptions
scarlatini forme, post-vaccinale, papulo-noueuse.
Dans les rougeoles compliquées d*accidents pulmonaires, la résistance
globulaire est élevée. Dans les cas de rougeole à évolution fatale, la
résistance globulaire est normale.
Pnemnoma franche aigné chez Tenfant, par le D' E. Hatem {Thèse de
Paris, 23 mai 1903, 106 pages).
Cette thèse repose sur l'étude de 51 cas recueillis à Thôpital des Enfants-
Malades et terminés par la guérison. Elle montre que la pneumonie de
l'enfant est semblable à celle de Tadulte. Cependant elle peut être d'un
diagnostic difficile, par suite de deux circonstances : l** apparition tardive
des signes physiques, pneumonie centrale au début ne devenant superfi-
cielle qu'à la fin ; 2® prédominance des réactions nerveuses.
Pronostic favorable ; par suite inutile de faire une médication active.
Hygiène thérapeutique et expectation suffisent. L^emploi des médicaments
actifs n'est justifié que dans les cas graves et compliqués.
Contributioii à l'étade de la tobercalose pulmonaire dans la première
enfance, par le D' C. de Gk^m (Thèse de Paris, 17 mai 1906, 132 pages).
Cette thèse, faite dans le service de M. Grancher, contient il observa-
tions et de nombreuses statistiques. Elle montre bien la fréquence de la
tuberculose dans le premier âge. Exceptionnelle dans les trois premiers mois,
assez rare jusqu'à un an, elle est commune entre un et deux ans. La
forme uniquement localisée au poumon est rare ; les autopsies montrent
qu'après les ganglions bronchiques, toujours lésés, c'est le poumon qui
est atteint. La transmission de la mère au fœtus reste possible, mais elle est
exceptionnelle. La contagion joue le rôle principal, et particulièrement
la contagion familiale. Le bacille de Koch peut pénétrer : 1° par les voies
respiratoires, tuberculose d'inhalation considérée par l'auteur comme la
plus fréquente ; 2* par les organes lymphoïdes bucco-pharyngés ; 3^ par
les voies digestives, cette dernière porte d'entrée, grâce à Behring et sur-
tout Calmette, Vallée, etc., a trouvé un regain de faveur dans le camp
des expérimentateurs.
La bronchûpneumonie tuberculeuse est la plus fréquente des formes
localisées ; la tuberculose pulmonaire chronique se voit aussi, mais passe
souvent inaperçue. Les cavernes ne sont pas rares chez les nourrissons.
La marche est plus rapide que chez l'adulte. L'adénopathie bronchique est
constante, mais elle peut passer inaperçue.
122 ANALYSES
Le diagnostic est très difficile à cause de rimprécision des signes phy-
siques. Parmi les {H-océdés de laboratoire, on peut avoir recours à la
tuberculine, qui doit être maniée avec une extrême prudence.
Pronostic très grave, avec des degrés suivant Tàge et suivant les formes.
Tant que la tuberculose est fermée, on peut espérer la guérîson.
Le traitement sera surtout prophylactique : empêcher Ten fan t de vivre
dans un milieu tuberculeux, éloigner Tenfant des membres suspects de
sa famille ; stériliser le lait, tuberculiniser les vaches, etc. Le traitement
curatif a surtout pour base la cure d'air et la suralimentation.
Accidents généraux de reciéma en particulier chei le nonrrisson, par
le D' L. HcDELOT (Thèse de Paris, 14 juin 1906, 80 pages).
Les accidents généraux graves, au cours de Teczéma, sont beaucoup
plus fréquents chez les enfants que chez les adultes. Ces accidents peuvent
se classer en deux groupes; les uns se voient dans les eczémas infectés,
avec lésions impétigineuses et résultent d'une infection générale à point
de départ cutané. Les autres ne semblent pas relever de Tinfection ;
ils surviennent brusquement et succèdent en général à la disparition de
Teczéma, que cette dispaiilion ait été spontanée ou provoquée (métastase^
Dans ce dernier cas, on observe tantôt des phénomènes de coUapsus brus-
que, pouvant entraîner la mort, tantôt des symptômes méningés, tantôt
des accidents pulmonaires, plus rarement des troubles intestinaux, par-
fois la mort subite*
11 faut, par crainte de ces accidents, traiter les eczémas étendus avec
beaucoup de prudence ; cette prudence, qui s'impose pour le traitement
local, topique, ne doit pas empêcher d'agir sur Tétat général et particuliè-
rement sur Falimentation, qui doit être strictement réglée.
Les mntaalités maternellea, lenr action sor la mortalité infantile, par
le 0' J. Trouette (Thèse de Paris, 10 mai 1906, 124 pages).
En 1891 fut fondée la Mutualité maternelle de Paris, par MM. Poussi-
neau et Brylinski. Elle a pour but d'assurer aux femmes en couches un
repos de quatre semaines. Soutenue par les chambres syndicales de la
couture, de la passementerie et de la broderie, cette oeuvre étend son
action à tout le département de la Seine. Klle a annexé une
consultation de nourrissons à chacune de ses sections, sur le conseil de
M. Budin.
Grâce au repos de la mère, d'une part, à la bonne direction de l'alimen-
tation, à la forte proportion (90 p. 100) de l'allaitement au sein, d'autre
part, la mortalité infantile est tombée de 18 à 6 p. 100 pendant la pre-
mière année de la vie.
De plus, la mutualité maternelle a pour résultat de développer l'esprit
de prévoyance et les sentiments de solidarité dans le peuple* de répandre
chez lui des notions d'hygiène, etc. Elle est applicable aux petites villes
comme aux grandes ; à Dammarie-les-Lys, fonctionne depuis dix ans une
mutualité maternelle ; il y en a d'autres à Lille, à Vienne (Isère), à Hou-
baix, etc.
11 faudra assurer le repos de la mère avant comme après l'accouchement.
L'auteur, désespérant de l'initiative privée pour assurer partout le repos
des femmes enceintes, fait appel à l'État et au pouvoir législatif. 11 est
nécessaire qu'une loi rende obligatoire ce chômage demandé et conseillé
par les puériculteurs. M. Strauss, en décembre 1903, a fait voter par le
Sénat un projet de loi où Tobligation de ce repos est inscrite. Mais l'appli-
cation est entravée par manque d'argent. Aussi M. Poussineau voudrait
THÈSES ET BROCHURES 123
que toutes les femmes françaises, entre seize et quarante-cinq ans, fissent
partie d*une mutualité maternelle.
Conaoltation de nonnissons de Montpellier, par M. J. Bosc et le
D*^ CoTSAFTis {Brochure de 32 pages, Montpellier, 1906).
La consultation de nourrissons de Montpellier en est à sa troisième
année d'existence, et le D' Bosc a déjà publié deux comptes rendus
annuels. Le but poursuivi est triple : 1*^ faire inlassablement l'éducation des
mères; 2<* favoriser V allaitement au sein ; 3o soigner les nourrissons dès qu'ils
sont malades. Ainsi comprise, la consultation de nourrissons pourra jouer
un rôle utile dans la lutte contre la mortalité infantile.
Les ressources dont dispose Fœuvre de M. Bosc sont modestes : local
fourni par le Bureau de bienfaisance de Montpellier, qui donne également
30 litres de lait de vache par jour, des bains sur ordonnance du médecin,
des bons de séjour à la mer. On ne distribue pas de lait stérilisé^ mais
seulement du lait cru. En hiver, cela peut suffire ; en été, non.
GrtLce à M^* Benoist, fondatrice de VCEuvre des enfants à la montagne^
on a pu envoyer à 900 mètres d'altitude 42 nourrissons gravement
atteints et qui ont guéri.
La statistique accuse 1 600 consultations données à 446 nourrissons
d'avril 1905 à avril 1906 (en moyenne 17 nourrissons à chaque consulta-
tion). Les enfants nourris au sein figurent dans la proportion de 64 p. 100;
Tallaitement mixte revendique 22 p. 100 et le biberon 14 p. 100. On a
compté 53 cas de choléra infantile, dont 6 p. 100 chez les enfants au%sein,
20 p. 100 dans Tallaitement mixte, 40 p. 100 dans Tallaitement artificiel.
Les chiffres montrent que la mortalité a été très faible chez les enfants
qui fréquentaient la consultation de nourrissons. D après les calculs de
M. Bosc, la consultation de nourrissons aurait sauvé au minimum une
cinquantaine d'enfants du choléra infantile, tant par son action prophy-
lactique (action directe de la consultation) que par l'action immédiate de
l'envoi à la montagne (œuvre des nourrissons ù la montagne). Forts de ces
résultats, nos collègues de Montpellier demandent Tamélioration de la con-
sultation qu'ils ont créée et le développement de Tœuvre annexe des nour-
rissons à la Montagne, indispensable dans ce climat. Nous ne pouvons
que les approuver.
La contultation de nonrrissons à l'hôpital Lariboiaière, par le
0' E. BovnaoïT {Thèse de Paris, 28 juin 1906, 80 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Bonnaire, montre que la consultation de
nourrissons est un moyen de lutte contre la mortalité infantile. L'idée
directrice doit être de faire une incessante propagande en faveur de
lallaitement maternel et d'en favoriser la pratique par renseignement
aux mères fréquentant la consultation. Â la consultation de Lariboisière,
Fallaitement au sein est représenté dans la proportion de 77,8p. 100. Tallai-
tement mixte dans celle de 10,2 p. 100, Tailaitement artificiel dans celle
de 11,9 p. 100. 11 n'y a pas de distribution de lait stérilisé, de layettes, de
vivres ni de médicaments. Le nombre des enfants inscrits et surveillés
a été de 538. Le choix du dimanche comme jour de consultation permet
de surveiller un plus grand nombre de mères et d'enfants.
Prophylaxie des gastro-entérites des nourrissons, par le D' F. Blairon
{Thèse deParis, 7 juin 1906, 160 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Barbier, vise surtout la suralimentation et
cherche à y remédier. Elle contient un très grand nombre d'observations*
^
124 ANALYSES
La cause essentielle, sinon unique, de la gastro-entérite des nourrissons
exclusivement nourris au lait est la suralimentation, en particulier dans
Tallaitement artiliciel ; les mères et même les médecins ont trop souvent
l'habitude de donner des doses de lait trop considérables aux nourrissons.
Il faut combattre cette suralimentation : 1^ en favorisant Tallaitement
maternel et le faisant durer le plus longtemps possible. D'après i*auteur,
il faudrait, dans ce but, supprimer les crèches, les distributions de
lait, etc. ; 2^ en surveillant médicalement les enfants au biberon.
11 faut ne pas séparer la mère de r enfant ; les consultations de nourris-
sons annexées aux maternités et les consultations d'enfants des hôpitaux
dirigées dans Tesprit de Taliaitement maternel trouvent grâce devant
l'auteur. 11 recommande vivement les crèches d'usines, les pouponnières»
les œuvres d'allaitement malei-nel, etc.
11 termine en demandant que la loi Roussel soit appliquée, que la
femme devenue mère soit protégée. Nous ne pouvons qu'approuver la
plupart de ces revendications.
Mais, puisqu'il s'agit d'encourager l'allaitement maternel et de mettre
en garde contre la suralimentation, nous rappellerons que cela a été fait
depuis longtemps. Dès l'année 1883, au dispensaire d'enfants de la
Société philanthropique, nous avons lutté contre la suralimentation etpour
l'allaitement maternel, comme en font foi nos rapports annuels et les
thèses de nos élèves : le D' Millon (Paris, décembre 1893), le l> Bellot
(Étude clinique sur les dangers de la sw*alimentation chez les enfants,
juillet 1893).
LIVRES
Traité des maladies familiales et des maladies congénitales, pai* le
D'E. Apert (Vol. de 364 pages, Paris, 1907, J.-B. Baillière et iils, éditeurs.
Prix: 4 francs).
Cet ouvrage* enrichi d'une préface du professeur Dieulafoy, et orné de
95 ligures dans le texte, est fort intéressant pour le médecin d'enfants,
si souvent aux prises avec les maladies familiales et congénitales.
Voici dans quel ordre sont étudiées ces maladies : malformations car-
diaques par endocardite fœtale ou par compression, malformations des
extrémités, achondroplasio, anomalies de la face et de la tète, organes
génitaux, maladies familiales du système locomoteur, affections fami-
liales des organes sensoriels, maladies familiales de la peau et du tissu
cellulaire sous-cutané, maladies du sang, affections familiales des viscères,
disposition familiale à certaines infections et intoxications, etc.
Dans les conclusions qui terminent sa brillante synthèse, l'auteur dit
que les maladies familiales sont le résultat de mutatiuns ou variations
brusques du type de l'espèce analogues à celles des espèces animales et
végétales.
L'analogie est complète puur les conformations vicieuses familiales:
polydactylie, luxation de la hanche. Elle existe aussi pour les maladies
familiales, qui, au lieu d'être amenées par des variations insensibles du
type normal, comme le sont les conformations vicieuses, sont amenées
par les variations insensibles du type physiologique humain, désignées
sous le nom de tempéraments morbides et diathèses.
11 en résulte que la prophylaxie des maladies familiales repose sur la
lutte hygiénique et diététique contre les dispositions vicieusesdiathésiques
et contre les tempéraments morbides correspondants.
LIVUES 125
On pourrait ajouter que'la prophylaxie requiert aussi une lutte éner-
gique et eflicace contre lasyphilis et contre racoolisme, facteurs si efficaces
des dégénérescences et des malformations familiales.
Les aliments nsaels, par le D' Â. Martinet (vol. de 330 pages, Paris, 1907,
Masson et O*, éditeurs. Prix : 4 francs).
Ce livre, très pratique et très intéressant, ne vise qu'à étudier les ali-
ments usuels dans leurs rapports avec Tétat de santé et l'état de maladie.
il sera bien accueilli par tous les médecins qui croient à la supériorité
de l'hygiène thérapeutique sur la thérapeutique pharmaceutique. Pour
parler' avec compétence de ces choses que le public médical ignore trop
souvent, il faut entrer dans des détails de cuisine pure, mettre la
main à la pâte, secouer la cassei'ole. C'est ce que M. Martinet n'a pas
manqué de faire et dont nous devons lui savoir gré. Aliments minéraux,
aliments organiques (viande, œufs, lait, féculents, céréales, légumineuses,
légumes aqueux, fruits, végétaux huileux), sontsuccessivement passés en
revue. Après un exposé du régime végétarien, l'auteur termine par une
étude très serrée des boissons.
Précis de médecine infantile, par le D" P. Nobècourt (vol. de 728 pages,
Masson et G*«, éditeurs, Paris, 1907. Prix: 9 francs).
Ce livre fait partie de l'élégante Collection de Précis médicaux, éditée par
la maison Masson, et dont plusieurs ont été analysés déjà dans cette
revue. 11 est illustré de 77 figures dans le texte et d'une planche hoi'S
texte en couleurs, il s'adresse aux étudiants et aux médecins praticiens,
qui, n'ayant pas toujours le temps de consulter les grands ouvrages, sont
bien aises d'avoir sous la main un manuel élémentaire et de format
commode.
Après quelques considérations générales (croissance, alimentation, etc.),
M. Nobècourt divise les maladies de l'enfance en neuf classes : 1° Maladies
de la bouche, des glandes salivaires, du nez, du pharynx ; 2° Maladies de
l'œsophage, de l'estomac, de l'intestin ; 3« Maladies du foie, de la rate,
du pancréas, du péritoine ; 4» Maladies du larynx, de la trachée, des
bronches, des poumons, des plèvres, des ganglions trachéo-bronchiques ;
5* Maladies de l'appareil circulatoire ; 6*> Maladies de l'appareil urinaire ;
7» Maladies du sang, de la moelle osseuse, des ganglions lymphatiques,
des glandes vasculaîres sanguines, de la nutrition ; S*» Maladies du
système nerveux; 9" Maladies infectieuses. L'ouvrage se termine enfin
par un mémento thérapeutique ou formulaire par lettre alphabétique. La
planche coloriée qui précède ce mémento thérapeutique représente un
fragment de jjeau dans la rougeole, une portion de bras dans la varicelle,
un fragment de peau et la langue dans la scarlatine.
En somme, le livre de M. Nobècourt continue dignement la série des
précis médicaux; il est simple, clair, pratique ; il mérite le bon accueil que
ne manquera pas de lui faire le public médical.
Annales médicales et bulletin de statistique de l'hôpital d'enfants
Hamidié (vol.de 800 pages, Gonstantinople, 1906).
. Ce volume, publié par les soins des D""» Ibrahim Pacha, Suleiman Nourv
Bey, Zia Noury Bey, Omer Fuad Bey, Ali Bey, etc., renferme le septième
compte rendu annuel de l'HOpital d'enfants, fondé par S. M. I. le Sultan,
en mémoire de la fille chérie qu'il avait perdue en 1898. Parmi les tra-
vaux qui intéressent la médecine des enfants, nous signalerons: Rapport
du service oUhlaryngologique, par le D' Zia Noury Pacha; Coxalgie et enté-^
rite tuberculeuse^ par le D' Raip Bey, etc. . ^ .
126 SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Deux nouveaux pavillons ont été ouverts dans cet hôpital, dont les
progrès sont incessants. La première année, 981 malades avaient été
soignés ; en 4906, on en compte 2767. L'ouvrage est orné de nombreuses
planches hors texte et d'un plan panoramique en couleur de l'hôpital
Hamidié. Grâce à ce plan, on peut se rendre un compte exact de la situa-
tion et de l'importance des pavillons qui composent ce bel hôpital.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Séance du 45 janvier 4907. — Présidence de M. Netter.
M. Variot présente un garçon de cinq ans qui a une absence congénitale
des muscles pectoraux du côté droit, avec dépression sous-claviculaire très
notable, sans aucun signe à l'auscultation.
M"* Nageotte fait une communication sur Vépilepsie chez les enfants^
montrant les difficultés de son diagnostic et les formes symptomatiques
diverses qu'elle revêt : vertiges sans chute, sans perte de connaissance,
absences plus ou moins nettes, grimaces localisées à la face, impulsions
procui^ives, absence des réflexes rotuliens, accès de colère, manie con-
vulsive, convulsions, etc. Une de ses malades était remarquablement
intelligente. Le bromure agit bien dans la plupart des cas. Les accidents
nerveux avaient succédé, chez 3 enfants sur 4, à des maladies graves :
coqueluche, scarlatine, rougeole, entérite, etc.
M. GuiKON a vu de nombreux cas analogues, et il est étonné de la
fréquence de ces accidents nerveux, en clientèle, sans hérédité patholo-
gique. Ces cas sont souvent curables.
M . CoMBY pense que Tépilepsie est trop schématisée dans les livres ; sa
description, un peu artificielle, ne répond pas à ce qu'on voit couramment
en médecine infantile. En pareil cas, il ne faut pas se hâter de faire un
diagnostic ferme d'épilepsie ni d'établir un pronostic sans réserve. Beau-
coup d'enfants sont pris de ces accidents à la suite de m^Uadies infec-
tieuses graves : grippe, coqueluche, scarlatine, rougeole, etc. Ils étaient
normaux avantl'interventiondeces maladies, ils n'étaient pas épileptiques
héréditaires. La cause de leurs accidents nerveux remonte aune encépha-
lite aiguë qui a laissé des séquelles plus ou moins durables. L*épilepsie
essentielle est exceptionnelle ; les accidents épileptiformes, les épilepsies
sont innombrables et relèvent presque toujours d'une encéphalite aiguë
infantile, conséquence elle-même d'une maladie infectieuse générale.
Beaucoup sont curables avec le temps et un traitement approprié.
MM. Baboihneix et Berteadx présentent un garçon de neuf ans atteint
d'hémiplégie cérébrale droite depuis l'âge de dix mois, avec vomissements
consécutifs à une chute récente. L'examen des yeux, fait par M. Terrien, a
montré une double névrite optique. Il semble qu'il y ait chez cet enfant
association d'un néoplasme intracranien avec une encéphalite ancienne.
M. Mauclaire présente un cas de tumeur vasculaire polt/potde du méat
urinaire chez une fillette atteinte de vulvo-vagînite. L'enfant avait des
pertes de sang qui avaient été prises pour des règles prématurées. Exci-
sion de la tumeur, guérison. Il faut rappeler que, sous le nom de prola-
psus de l'urètre chez les petites filles, M. Broca, M. Comby avaient rap-
porté des cas analogues. Quand la tumeur était volumineuse et gênante,
on l'excisait; quand elle était petite, elle disparaissait par le repos au lit
et les cautérisations au nitrate d'argent. Voir la thèse du D' Lamblin
(l«r avril 1903) intitulée : Le prolapsus de la muqueuse de Vurètre chez les
petites filles.
NOUVELLES 127
>I. Variot fait une communication sur Vinanition chez les nourrissons.
D'après lui, la règle établie par Maurel (de Toulouse^ et adoptée par les
accoucheurs de Paris serait fausse : 100 grammes de lait par kilogramme
d'enfants. Il a vu de nombreux cas, dans lesquels l'application de cette
règle avait conduit à Finanition et à Fathrepsie. Ce n'est pas le dixième
du poids de Tenfant qu'il faut donner aux nourrissons, mais le septième ou
le huitième. Heubner conseille même le sixième du poids pour les pre-
(niers mois.
M. Carrière (de Lille) est nommé membre correspondant national
de la Société de pédiatrie. La Société nomme, pour la représenter
au Congrès de la Réforme des études médicales, MM. Comby et Guinon,
M. RiST devant faire un rapport sur les desiderata des étudiants
en matière de pédiatrie.
NOUVELLES
Congrès international d'hygidne. — Le XI V« Congrès international
d'hygiène et de démographie aura lieu à Berlin, du 23 au 29 septembre 1907.
La section 111 (Hygiène de l'enfance et des écoles) a pour président
M. Hecbner; pour vice-président, M. von Esmarcii; pour secrétaires,
MM. Neuma^în et Langstein.
CongrèadegaGouttesdelait».— Le 11'' Congrèsinternational des «Gouttes
de lait » se tiendra à Bruxelles, du 12 au 16 septembre 1907. Le comité
d'organisation a pour président le D"" A. Devaux et pour secrétaire général
le D' E. LcsT. Une question générale sera discutée en assemblée plénière :
Y a-t-il lieu d'élargir le cadi-e des Congrès des « Gouttes de lait »? Beau-
coup pensent qu'il y aurait intérêt à porter devant ces Congrès toutes
les questions d'hygiène et de protection de la première enfance.
Programme :
l'* Section. — 1*» Les œuvres de protectiorp de l'enfance du premier âge,
et spécialement les « Gouttes de lait », constituent-elles de bonnes armes
dans la lutte contre la tuberculose et peuvent-elles être envisagées
comme un début d'action nécessaire pour la solution du problème de la
prophylaxie de la tuberculose?
2° EÎxposé critique des législations des différents pays sur le contrôle
de la production et de la vente du lait. Les rapports feront surtout
ressortir les mesures prises et les règlements particuliers de cei*taines
villes en ce qui concerne le lait destiné aux nourrissons ;
3« a. Description des œuvres et institutions éngées dans les différents
pays pour lutter contre la mortalité infantile ;
b. Statistiques précises de cette mortalité (de zéro à un an) dans tous les
pays.
2* Section. — 4'' a. Ration alimentaire des nourrissons dans l'allaitement
au sein et dans l'allaitement artificiel ;
b. Ëtude de la digestion chez le nourrisson (glandes annexes du tube
digestif, flore intestinale, fèces, etc.). — Mise au point des questions qui
se rapportent à ce sujet ;
S^" a. Différents laits utilisés pour les nourrissons dans l'allaitement
artificiel ; indications de leur emploi ;
h. Méthodes cliniques pratiques et rapides d'analyse des laits ;
6« L'enseignement officiel et particulier et la vulgarisation de l'hygiène
infantile dans les différents pays.
128 NOUVELLES
Congrès de pédiatrie. — La V« session du CongrHpériodique de pédiatrie,
gynécologie et obstétrique^ aura Uen à Alger, le 1*^ avril 1907, sous la pré
sidence du D' Queirel (de Marseille'. Président de la section de pédiatrie :
le D' Gi'wo:* (de Paris*.
Programme de cette section :
Pédiatrie 'médecine;. — Le paludisme ehei tenfant (Rapporteur,
M. Crespi5, d*Alger) ; Les splénomégalies chez Cenfant Rapporteur, M. Rist,
de Paris;; Les anémies infantiles , Rapporteur, M. L.-G. Smoiv, de Paris}.
Chirurgie. — Les tumeurs du rein chez C enfant (Rapporteur, M. Mouchet,
de Paris) ; Les péritonites aiguës de F enfant non compris f appendicite et la
tuberculose) (Rapporteur, M. NovF.-JossF.a%^D, de Lyon).
Prix de la cotisation : 20 francs. S*adresser au D^ RouviEa, secrétaire
général, 52, rue Daguerre (Alger).
nécrologie. — Nous avons le regret d'apprendre la mori du D' Pietro
Celo?(i, privat-docent de clinique pédia trique, médecin de THôpital
d enfants Meyer et de THôpital S. Maria Nuova, à Florence.
Enseignement de l'hygiène à Milan. — Le D' Raixo3(do Guafta est ofli-
ciellemenl chargé d'un cours A^ hygiène et physiologie infantiles, hygiène
scolaire^ à Técole normale de Milan. Û est bon d'ajouter que notre collègue
faisait librement ce cours déjà depuis quinze ans.
Umrersité de Gras. >- Le IV La:iger, privat-docent de pédiatrie à la
Faculté allemande de Prague, est nommé professeur extraordinaire à l'Uni-
versité de Graz.
UniTorsité de Munich. — Le D' F. Lange, privat-docent d'orthopédie,
est nommé professeur extraordinaire à l'Université de Munich.
Facnlté de lôUe. — Le fK Deléarde est chargé d'un cours complémen-
taire de clinique médicale infantile à la Faculté de médecine de
Lille. ,
Hôpital des Enfants-Malades. — Un cours de clinique annexe sur la c/U-
rurgie infantile et orthopédique est fait à Thôpital des Enfants-Malades,
depuis le 14 janvier 1907, tous les jours, à deux heures, par MM. Grisel
et AcFFaET, chefs de clinique. Le cours comprend trente leçons et coûte
50 francs.
Clinique chirurgicale infantile. — Â ce même hôpital, le 1> Kianisso!!
a pris possession du pavillon construit pour l'agrandissement de son ser-
vice, et qui comprend une salle d'opération, un amphithéâtre de cours,
des salles pour la policlinique, pour 1 électricité, les pansements, le
massage, la gymnastique, des laboratoires de bactériologie, d'histologie,
de chimie, de photographie et radiographie, etc.
Ae Gérant,
V. BOUCHEZ.
497&-Û7. — CoEMUL. Imprimerie Éd. CRrrt.
10' Année Mars 1907 N« 3
MEMOIRES ORIGINAUX
LYMPHADÉNIE TUBERCULEUSE CHEZ L'ENFANT
(UiN CAS DE TUBERCULOSE ADÉNO-SPLÉNIQUE)
Par MM. E. WEILL et Ch. LESIEUR.
(Travail de la Clinique médicale infantile de l* Université de Lyon
et du Laboratoire du professeur Arloino.)
li n'est plus à démontrer, à Theure actuelle, que Tancienne
adénie de Trousseau, la lymphadénie ganglionnaire aleucé-
mique, soit souvent de nature infectieuse (Bard etGuilIermet,
Delbet, Rudler, Labbé et Jacobson, etc.). 11 faut en dire au-
tant pour bien des cas de lymphadénie aleucémique généra-
lisée, atteignant à la fois ganglions et viscères, et même pour
certaines splénomégalies primitives.
Parmi les infections capables de se localiser ainsi sur le
système lymphoïde, la tuberculose est une do celles qu*on
tend à incriminer de plus en plus souvent, chez Thomme
comme chez Tanimal (Cadéac).
Tantôt, en effet, elle frappe la rate seule, ou la rate et le
foie (splénomégalie tuberculeuse ou tuberculose spléno-hépa-
iique : Rendu et Widal, Vaquez, Moutard-Martin et Lcfas,
Achard et Castaigne, Chauffard et Castaigne, Collet et Galla-
vardin, etc.).
Tantôt elle s*attaque seulement aux ganglions lympha-
tiques (adénie ganglionnaire, tuberculose hypertrophique des
ganglions, lymphome tuberculeux des auteurs allemands :
Sabrazès et Duclion, Verneuil, Berger et Bezançon, Delbet,
Baumgarten, Schur, M. Labbé, etc.).
D*autres fois, elle prend le masque de la lymphadénie
généralisée (lymphadénie tuberculeuse ganglionnaire et vis-
ArCH. DI MÊDCC. DB3 B5PASTS, 1907. X. 0
130 E. WEILL ET CH. LESIEUR
cérale : P. Courmont, Tixier et Bonnet; Tolot, Lyon médical j
7 septembre 1902, etc.).
Récemment, Rispal vient à nouveau, à propos d*un cas
personnel, d'attirer l'attention sur la forme adéno-splénique
de la lympbadénie tuberculeuse.
C'est un fait analogue que nous rapportons aujourd'hui,
renvoyant, pour les indications bibliographiques, à cet article
de Rispal [Province médicale^ 27 janvier 1906), à celui de
P. Courmont, Tixier et Bonnet [Journ. de physioL et de pa-
thoLgénér,^ 1899, p. 826), au travail de Sternberg [Zeitschr.
/. Hei/k,j 1898), enfin aux thèses de Duclion (Bordeaux, 189G),
de Rudler (Lyon, 1895), de Guillermet (Lyon, 1890), ainsi
qu'aux articles des traités classiques (Delbet, etc.).
I. — Observation clinique.
Joséphine B,.., quatorze ans, née et demeurant à Lyon, entrée à la
Charilé, le 21 mai 1899, Clinique du professeur Weill, salle Saint-Ferdi-
nand, n® 13, envoyée à Thûpital Henée-Sabran, à Giens-Hyères, du 5 sep-
tembre 1899 au 29 mai^ 1900, morte à la Clinique le l**^ avril 1900.
Aniécédeyits héréditaires. — Père rhumatisant. Mère morte tubercu-
leuse à trente-cinq ans. Deux frèi*es morts, Tun à trois ans, de fièvre
typhoïde, l'autre à dix-huit ans, avec déviation rachidienne? Un frère
bien portant.
Personnellement f bonne santé habituelle; fièvre urticaire à huit ans,
poussée rhumatismale au niveau des chevilles et des lombes en février
dernier.
Depuis plusieurs années, adénites cervicales chroniques, actuellement
encore nombreuses et volumineuses.
Depuis une quinzaine de jours, faiblesse générale, inappétence, points
de côté erratiques. Trois jours avant son entrée, lenfantdut s'aliter; f^a
température s éleva à39°,5, et on l'envoie avec le diagnostic de dolhiénen-
léric.
Elle n'offre pourtant, à l'entrée, aucun signe net de fièvre typhoïde,
sauf une selle diarrhéique quotidienne, un peu de toux et une tempéra-
ture de 39°,9. Le foie déborde légèrement les fausses côtes ; la i"ale est
perçue à la palpation et donne une zone de matité haute de 6 centi-
mètres.
Aux poumons, submatilé au sommet droit, avec retentissement de la
toux ; rdles sonores dans toute l'étendue des deux poumons.
Pas d'albumine. Séro-diagnoslic éberthien négatif (23 mai}.
Toute la partie latérale du cou est envahie des deux côtés par des
ganglions nombreux et volumineux, surtout à gauche ; à ce niveau,
énorme ganglion, gros comme une mandarine, et plusieurs autres gi'os
comme une noix. Quelques ganglions axillaii-es.
Ozène avec congestion et ulcérations de la muqueuse nasale.
Poids : 33 kilogi'ammes.
/" JmiVi. — Persistance de là matité splénique, selle quotidienne nor-
male. Trépidation plantaire avec réflexes normaux. Pouls : 152.
LYMPHADÉNIE TUBEnCULEUSE CHEZ l'eNFAXT 13t
Tetnpéralui-e rectale oscille entre 3!)° et 40°, depuis l'entrée. ESéro-dia-
pusltc toujours négatir [i" et 6 juin).
10 Juvi. — Persistance des ptiénomènes généraux. Température rectale
ouille entre 38",!) et 30°, 5. Râles sonores disséminés, avec mutilé a Ift
bise gauche.
Pas de leucocf thémie ni d'éosinophilie.
26 Juin. — Augmentation des ganglions cervicaux, avec douleur. La.
température est remontée à 40° et oscille autour de 30°,!i.
S9 Juin. — Incision de la l'égion cervicale par M. Nové-Josserand.
Fig. 1.
AMalion de deux ganglions en voie de caséiliralion, où l'esamen direct
décèle la présence de bacilles de Koch.
Ln de ces ganglions est inoculé sous la peau de la cuisse de deux
cohayes [Lesieur) (Voy. g II).
In autre est conservé dans l'alcool pour re:Eamen liistologique
(André).
Le sémm sanguin de cette malade agglutine à 1 p. 5 les cultui-es
hom<^ènes de bacilles tuberculeux (P. Courmonl).
li Juillet. — La lempérature, qui était k 30°,4]a veille, tombe brusque-
ment à 34°, 7, vers huit heures du matin, puis, le soir, se relève h 36°, 4 ;
pouls: 160; en môme temps, on ne constate aucun auli-e symptAme
anormal qu'un vomissement alimentaire.
iSluillel. — Températui-e rectale 39°, 3 le malin, et 37°,0 le soir; le 16,
38° et 40°; le 17 et jours suivants, température rectale autour de 39°;
pouls : 1 60.
(*' Août. — Muguet sur la luette, le voile, les piliers, les amygdales
(examen bactériologique positif). Température rectale oscille entre
37° et 40°, jusqu'au 9 août, puis remonte à 38°,5 et 39".
7 Août. — Poids : 27 kilos.
i3 Août. — Douleui-s vagues, thoraco-abdominales. Température
reclale : 3T,7.
2 Sfplembre. — Température i-eclale se maintient autour de 37°,7. Gan-
glions cervicaux volumineux (le cou mesure 36 centimètres au niveau du
cricolde}; gros ganglions axillaires, petits ganglions inguinaux.
Aux poumons, en arrière, et au sommet, surtout à droite, lespiration
obscure, retentissement de la toux et de la voix.
Amaigrissement de 7 kilos depuis l'entrée.
Séro-diagnostic tuberculeux positif è 1 p. 10 (P. Courmrint\
* Sqilembre. — Départ pour le sanatorium Renée-ïahrun, h Gicn -
Hyères (Var).
- CH. LESIEUR
Li, rien d'anormal jusqu'en janvier 1900.
En Janvier 4900. — A OJcns, accùî répétés de dyspnée, diminuliim
rapide des Torces, alilement i
Fig. 2.
i9 Mars 4900. — Ë(al );énéral mntivnis, amaigrissement Considérable,
pas de fiévi-e.
Adéniles énormes cervicales, a\illBires, inguinales, cyanose généralise
Pig- 3.
lie la face, du tronc et des membres, œdème du poignet, du genou et du
cou-de-pied droit.
Au cœur,lachycftrdie{P.=liO),galop, pulsation radiale moins forle à
<li-oile.
Aux poumons, r&les lins aux bases.
LYMPHADÉNIE TUBERCULEUSE CHEZ l'eNFANT 133
Pas d albumine. Début d'escarre fessière.
Parésie radiale droite : main fléchie sur Tavant-bras, fléchi lui-môme
sur le bras et en pronation ; lenteur et difiiculté de Texlension et de la
supination ; pas de troubles sensitifs.
5/ Mars. — Paralysie de tout le plexus brachial droit :
Le bras soulevé retombe inerte, et le malade ne peut le remuer, sauf
par rintermédiaire de Tépaule. Exophtalmie bilatérale très nette.
Aux poumons, râles secs aux bases et aux sommets; murmure vésicu-
laire diminué en arrière, au sommet droit. Température rectale oscille
autour de 38*.
/" AiTi7. — Dans la journée, aflaiblissement progressif.
A quatre heures du soir, brusquement coma. Mort à six heures, sans
phénomènes nouveaux. Opposition formelle à l" autopsie.
En somme :
Adénie tuberculeuse, début de caséification des gianglions
cervicaux. Examen direct posilifd^uu ganglion, inoculation et
développement d'une tuberculose ganglionnaire chez le cobaye
sans apparition de lésions tuberculeuses expérimentales clas-
siques (Voy. g II).
Hypothermie passagère provoquée par un embarras gas-
trique. Fièvre élevée, continue, puis intermittente, avec type
inverse transitoire.
Muguet à forme d'angine diphtérique dans le service.
Âdénopathie trachéo-bronchique. Compression du pneumo-
gastrique : cœur rapide, accès de dyspnée. Compression du
plexus brachial : paralysie du bras droit, affaiblissement du
pouls radial.
Mort rapide.
n. — Recherches bactériologiques.
Faites au Laboratoire du professeur Arloino.
Rappelons l'examen cytologique du sang négatif (10 juin 1899), le
îtro'diagnostic éberthien négatif (23 mai, 1" et 6 juin), le séro-diagnostic
tuberculeux positif à 1 p. 5 (28 juin) et à 1 p. 10 (14 septembre), enfin la
constatation de bacilles de Koch par Texamen direct dans le caséum des
ganglions cervicaux enlevés le 29 juin.
U 29 Juin 4897, un de ces ganglions est inoculé sous la peau de la
cuisse droite de deux cobayes.
Jjn de ces cobayes (300 grammes) meurt accidentellement, le 8 août,
peu amaigri. ÂTautopsie: gros ganglions inguinaux et lombaires à droite,
raie et foie très hypertrophiés sans tubercules ; aux deux poumons, con-
gestion des bases. Du côté non inoculé, cinq ou six ganglions inguinaux
caséeux, gros comme une petite noisette, bien séparés.
Dans les ganglions, Vexamen microscopique décèle la présence de bacilles
de KocU.
134 E. WEILL ET CH. LESIEUR
Le deuxième cobaye (500 grammes) meurt le 18 décembre, au cours
d'une épidémie de laboratoire, avant laquelle il se portait bien. A Taulopsic,
quatre ou cinq ganglions caséeux locaux, gros comme une petite noix ; du
côté opposé, quatre ou cinq ganglions plus petits, en voie de caséiticalion.
Foie infectieux (hypertrophié avec zones alternantes de congestion et de
dégénérescence graisseuse). Rate hypertrophiée, semée de petits tuber-
cules confluents.
Quelques ganglions mésentériques ramollis, gros comme des grains
de plomb et même comme des pois. Un ganglion trachéo-bronchique
caséeux, gros comme un pois. Ganglions lombaires très visibles, non
caséeux. A m microscope^ bacilles de Koch en voie de destruction, encore
apparents dans les ganglions du côté gauche.
m. — Examen histologique d'un ganglion cervical.
Un ganglion cervical, enlevé le 29 juin 1899, a été recueilli
dans Talcool, inclus dans la paraffine et coupé au microtome.
Les coupes ont été colorées au picrocarmin. Voici les résul-
tats de Texamen histologique :
Couche périphérique : tissu lymphoïde hyperplasié.
Couche moyenne : bandes fibreuses tendant à enkyster le caséum central.
Couche centrale: caséifîcation massive, mais limitée, enkystée par la
sclérose de la couche moyenne. Pas de cellules géantes, aucune cellule
spéciale.
IV. — Réflexions.
Dans ce cas de tuberculose adéno-splénique, un point sur-
tout de Y évolution clinique paraît devoir être signalé, c'est la
fièvre élevée (39 à 40*^ et au delà), continue pendant trois mois
(tracé 1) puis intermittente avec type inverse (tracé III), et qui
fit songer d'abord au diagnostic possible de fièvre typhoïde.
D'habitude, au contraire, la marche est lente et torpide (Berger
et Bezançon ; P. Courmont, Tixier et Bonnet) : on ne signale
qu'une légère fièvre rémittente (Rispal), ou même lapyrexie
(Tolot). Et pourtant, chez notre malade, l'élévation thermique
n'est pas explicable par des lésions pulmonaires importantes.
La chute thermique énorme (de 5"*) produite un jour par
une cause banale (embarras gastrique) indique également une
sensibilité particulière de la thermorégulation chez celte
enfant (tracé II).
Remarquons, dans notre cas, le mode de terminaison de la
maladie, par une phase médiastinale et des signes de com-
pression vasculo-nerveuse.
Signalons enfin que les faits semblables publiés jusqu'ici se
rapportaient à l'adulte.
LYMPHADÉNIE TUBERCULEUSE CHEZ l'eNFANT 135
Ilaushalter et Richon ont bien publié, en 1904, dans les
Archives de médecine des enfants^ deux observations de lyni-
phadénie infantile, avec réaction scléreuse des organes
atteints, et coïncidence de tuberculose pulmonaire fibreuse ;
mais la recherche du bacille de Koch dans les ganglions leur
a paru négative, ainsi que Tinoculation au cobaye : l'épreuve
du séro-diagnostic d'Arloing-Courmont présente une réelle
valeur, en présence de ces lymphocytomes vrais aleucémiques
(Vergely et Abadie, Soc. danat. et de ;;Ay 5/0/., Bordeaux, 1900).
L'examen histologique^ que nous devons au D"" André, ne
nous a pas révélé Texistence des cellules géantes qui existaient
dans le cas de Rispal et dans celui de P. Courmont, Tixier et
Bonnet. Comme ces derniers auteurs, et contrairement à Rispal ,
nous n'avons pas rencontré les cellules spéciales décrites par
Sternberg (grandes cellules endothéliales à noyaux bourgeon-
nants ou multiples en voie de multiplication).
Hyperplasie et sclérose du tissu réticulé, transformant la
périphérie du ganglion en une masse uniforme de tissu lym-
phoïde ; caséificatîon centrale peu étendue, peu avancée,
limitée par la sclérose périphérique : telles sont, en résumé,
les lésions que nous avons rencontrées, et qui paraissent les
plus fréquentes dans les constatations analogues.
Au point de vue exp'Irimental, notre observation offre aussi
plus d'un intérêt.
Tout d'abord, la faible virulence des lésions ganglionnaires
mérite d'être relevée ici, comme dans le cas de P. Courmont,
Tixier et Bonnet : la mort des cobayes est tardive, et môme
survient accidentellement. Il s'agit donc évidemment de
bacilles atténués.
Comme P. Courmont, Tixier et Bonnet, nous avons
remarqué que nos animaux inoculés avec des fragments de
ganglions ont présenté rapidement des adénites inguinales,
crurales et lombaires volumineuses, telles qu'il est peu fré-
quent d'en observer après inoculation sous-cutanée des
lésions humaines habituelles. Les ganglions n'ont pas suppure
et ne se sont pas ouverts à l'extérieur, comme il arrive ordi-
nairement pour les ganglions superficiels des cobayes tuber-
culeux. De plus, des adénites semblables, non caséeuses, ont
été observées du côté non inoculé, ce qui ne se produit pas
habituellement (sauf chez les animaux tuberculinés, qui
d'ailleurs présentent d'autres lésions viscérales).
136 E. WEILL ET Cil. LESIEUR
Par contre, parmi les autres organes, la rate seule a présenté
des lésions tuberculeuses, chez un seul de nos cobayes, et
encore étaient-elles peu accentuées.
11 semble donc que les bacilles isolés des ganglions de
notre malade, quoique peu virulents au point de vue de la
survie, présentent une affinité élective pour le tissu lymphoïde
(ganglions et rate), chez Tanimal comme chez Thomme.
Avec P. Courmont, Tixier et Bonnet, nous croyons volon-
tiers à Inadaptation de Tagent pathogène à un tissu parti-
culier, expliquant à la fois la spécialisation de son action
morbide sur certains organes et sa moindre virulence pour
certains autres (foie, poumon, etc.).
Cette hypothèse nous séduit d'autant plus que l'adaptation
des microorganismes en général aux milieux naturels aux-
quels ils sont empruntés paraît indéniable dans plusieurs
circonstances analogues (Bezançon et Labbé, Lesieur, etc.).
V. — Conclusions.
1^ La tuberculose peut déterminer chez l'homme des adéno-
pathies chroniques généralisées, revêtant l'aspect des tumeurs
lymphadéniques (lymphomes tuberculeux) ;
2^ Cette pseudo-iymphadénie tuberculeuse peut s'accom-
pagner de splénomégalie, d'hépatomégalie, d anémie (pseudo-
lymphadénic aleucémique) ;
3"* L'évolution clinique peut être fébrile, affectant le type
continu, le type intermittent, le type inverse ;
4** Histologiquement, l'adénie tuberculeuse diffère surtout
de l'adénite tuberculeuse par la prédominance des lésions
scléreuses et par l'absence ou le faible degré de la caséifica-
tion;
5° Les bacilles de Koch isolés de lymphomes tuberculeux
peuvent se montrer adaptés au tissu lymphoïde, au point de
produire chez le cobaye une tuberculose à marche lente,
presque exclusivement ganglionnaire, véritable lymphadénic
tuberculeuse expérimentale.
VI
LA RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT
DEPUIS SA NAISSANCE JUSQU'A L'AGE DE DEUX ANS
Par le D' HENRI KLOSE,
Prnnicr assistant de la Clinique des maladies de l'enfance de l'Université de Strasbourg (Alsace)
SCITK (I).
IV
LE NOUVEAU-NÉ ET LE JEUNE NOURRISSON.
Notions d^anatomie, de physiologie et de diététique. — Rapports de la
grossesse à rallaitement. — Données de la statistique. — Mesures de
prévention. — Antithèses sociales. — Impressions générales et indivi-
duelles. — La France comme protagoniste. — Exemple et leçon qu'elle
nous donne. — Ce que nous ne voulons pas. — Aide de la femme
éduquée. — Pourquoi « éduquée »? — Les sages-femmes et les nouveau-
nés. — Appel de Runge. — Erreui'S de Bunge. — Indication pour le se-
vrage. — Le premier jour de la vie. — La période postérieure : temps de
pause, pesées, augmentation du poids corporel. — L'hypogalactie et
son traitement. — Allaitement mixte. — La question des noumces. —
L'alimentation artificielle. — Les diverses méthodes et leur valeur res-
pective. — L'aliment soluble du D' Theinhardt. — Sa situation privi-
légiée. — Pourquoi ? — Concordance des spéculations théoriques et des
résultats de Texpérimentation pratique. — Valeur des préparations
galactogènes. — Coup d'œil historique.
Nos déductions physiologiques nous ont démontré avec une
certitude absolue qu'il est impossible de créer un succédané
irréprochable du lait maternel. Cette conviction doit servir
de fondement à tout système d'alimentation artificielle. Nous
devons nous demander de quelle manière Tallaitement par
la mère doit s'accomplir, quand et pour quels motifs il faut
y renoncer, quel succédané il importe de choisir et suivant
quels critériums nous pouvons juger de la valeur des diffé-
rentes méthodes. La base de critique la plus solide en toute
matière médicale nous est toujours fournie par Thistoire de
révolution des sciences anatomiques et physiologiques.
Le seul contact du fœtus avec Tambiance extra-utérine agit
(1) Voir N» 2 de février 1907, page Go.
138 HENRI KLOSE
sur lui comme un traumatisme dont les conséquences sont
une diminution de son énergie vitale et une déperdition du
poids corporel de 200 grammes en moyenne, atteignant son
maximum au troisième jour. C'est pourquoi nous appelons
« nouveau-né » Tôtre humain à cette phase de son exis-
tence, où il passe des secousses violentes que provoque son
brusque arrachement de l'organisme maternel à la période de
développement progressif et uniforme. Cette phase de transi-
tion dure en moyenne quinze jours. Plusieurs particularités la
•caractérisent : c'est alors que commence la respiration pulmo-
naire; la circulation fœtale se transforme en circulation pul-
monaire ; le méconium est évacué; le cordon ombilical tombe,
ce qui ne s'opère pas sans graves dangers; dans 80 p. 100 des
•cas, l'ictère se produit, et enfin une tuméfaction se manifeste
aux deux mamelons. Ce n'est qu'à la fin de cette période que
commence à proprement parler la période de l'allaitement, que
nous pouvons diviser, avec Epstein, en deux phases distinctes :
4ine première allant jusqu'à la fin du quatrième mois et une
seconde allant du cinquième jusqu'au douzième mois inclu-
sivement. Cette subdivision se justifie par la statistique et par
les données diététiques. La statistique nous fait voir les rap-
ports communs qui unissent la pédiatrie et la gynécologie. La
femme enceinte et a fortiori l'accouchée sont entourées chez
tous les peuples civilisés d'une prévenance et d'un respect
particuliers. Jamais l'organisme ne se trouve exposé davan-
tage aux influences pathologiques que pendant la grossesse et
les premiers temps de l'accouchement. Aussi est-il superflu
d'insister sur les conséquences que certaines défectuosités
corporelles et morales ou une parturition mal préparée peuvent
entraîner non seulement au point de vue des affections gyné-
cologiques, mais encore à celui du développement corporel
et intellectuel de Tenfant.
Les travaux de Schlossmann, Eroess et Wiirzburg démon-
trent que, pendant le premier mois de son existence, le nour-
risson est le plus gravement menacé ; les chances de mor-
talité sont très grandes le premier jour, énormes pendant la
première semaine; à partir de ce moment, elles décroissent
jusqu'au dixième jour, pour augmenter ensuite jusqu'au
quatorzième, demeurer constantes jusqu'au dix-huitième et
enfin diminuer graduellement. Le deuxième mois accuse déjà
un abaissement considérable des chances de mortalité : com-
RATION ALIMENTAIRE DE l'ENFANT 130
parativement au mois précédent, elles se trouvent réduites de
moitié. Pendant le troisième mois, le statu quo se maintient;
à partir du quatrième, les probabilités de décès vont en dimi-
nuant. 11 importe de remarquer que le nombre des enfanls
morts le premier jour de leur existence est plus élevé pour
les illégitimes que pour les légitimes, comme d ailleurs la
mortalité, en général, est plus forte chez les premiers que
chez les seconds. Si Ton peut avoir faussé les statistiques dans
certains pays, tel n'est pas le cas pour nous : nous avons
donc affaire à une connexité réelle. Ces mêmes influences
extérieures, qui menacent la vie des enfants illégitimes dans le
sein maternel, ne sont pas supprimées avec la venue au monde
du rejeton ; elles continuent, au contraire, à s'exercer. C'est
incontestablement à elles qu'il faut attribuer en partie la
grande lélhalité infantile des premiersjours. Une alimentation
rationnelle aura donc d'autant plus de chances d'assurer le
développement normal de l'enfant qu'on éliminera davantage
le nombre des dangers auxquels il est exposé.
Dans les classes aisées, le mari a le devoir de rendre à sa
femme enceinte l'existence aussi agréable que possible. Le
médecin, de son côté, doit user de son influence pour qu'elle
continue à vaquer comme auparavant à ses occupations, en
évitant toutefois les fatigues corporelles excessives, la danse,
les sports, l'équitation, la bicyclette et l'usage des boissons
alcooliques. Quant à la femme du peuple, elle ne jouit
même pas, dans notre état social actuel, d'une protection
légale suffisante pour être encouragée dans ses espoirs de
maternité; les lois sur la protection de l'ouvrier devraient
tout au moins lui assurer l'assistance d'un médecin qui sur-
veillerait l'état de sa santé et lui éviter tout excès de tra-
vail. Ceci ne suffirait évidemment pas à mettre le nourris-
son à l'abri de tout danger. L'effet des influences extérieures
qui menacent dès la naissance les jours de l'enfant se trouve
compensé en une certaine mesure par les soins dont on l'en-
toure. Plus ces soins seront vigilants, moins grande sera la
portée de ces influences au point de vue de la statistique et
moins importante sera la mortalité des premiers jours. La
rétrocession de cette dernière sera cependant toujours plus
accusée chez les enfants légitimes que chez les illégitimes.
Chez ces derniers, le chiffre de la mortalité atteint à peu près
le double de ce qu'il est chez les premiers. Cette disproportion
1^0 HENRI KLOSE
s'explique par le manque de soins dont souffrent les enfants
illégitimes. La statistique de Vienne nous apprend qu'à soins
égaux la mortalité des enfants illégitimes est égale à celle des
légitimes. A Strasbourg, le nombre des déc^s survenant pen-
dant les premiers jours d'existence est moins important parmi
les enfants illégitimes, ce qui s'explique par le fait que la
moitié des naissances illégitimes se fait dans la clinique, où
Tenfant né viable reçoit pendant dix jours le lait de la mère
ou d'une nourrice, tandis que les enfants légitimes de parents
pauvres — et ceux-ci constituent la majorité des naissances
légitimes — sont loin d'être entourés de soins suffisants. Pour
les quatre premiers mois, les chiffres de nos statistiques sont
disproportionnés. Il suffit de prendre part à celte lutte achar-
née dont l'enjeu est la vie des enfants illégitimes pour se con-
vaincre intimement du bien immense, encore que non tra-
duisible en chiffres, que sème autour de lui notre service
communal des orphelins auxquels les médecins confient la
garde de ces enfants, non moins que des bienfaits nombreux
répandus par nos pédiatres à leurs heures de consultations.
Néanmoins, on peut dire avec Schlossmann que la question de
l'alimentation infantile ferait des progrès beaucoup plus
rapides si les médecins spécialistes avaient à leur disposition
des établissements publics analogues à ceux qui sont annexés
à plusieurs instituts officiels étrangers. Â V'ienne et à Buda-
pest, il existe de grandes stations de puériculture et d'alimen-
tion rationnelle. Ce sont de vrais modèles.
Nos voisins de France ont, eux aussi, le droit d'être fiers de
leur œuvre. En créant les « consultations de nourrissons » et
« les gouttes de lait », ils ont posé en principe l'obligation pour
l'Etat d'instruire et éclairer les mères et de les secourir par des
apports pécuniers ou des distributions de vivres. Le succès a
répondu à l'attente. L'administration de ces établissements
est aux mains des départements, avec le concours de TËtat,
des municipalités et de l'initiative privée : la Société philan-
thropique, l'Union des Dames Mauloises sont autant d'institu-
tions s'occupant de puériculture. L'Assistance publique, les
bureaux de bienfaisance consacrent aussi un intérêt parti-
culier à la première enfance. II existe, en outre, un nombre
considérable d'institutions variées pour le bien-être des
nourrissons : crèches, pouponnières ouvertes aux mères-
nourrices ainsi qu'à leurs enfants ; « berceaux aux usines »
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 141
installés par les établissements industriels pour procurer aux
ouvrières qui allaitent, à côté des aménagements que leur
situation comporte, une aide matérielle pendant toute la durée
de lallaitement ; crèches de sevrage et hospices pour enfants
abandonnés. Sous Tégide de Budin, Dufour, Variot, il s*est
créé une centaine d'institutions de puériculture, tant en pro-
vince qu'à Paris.
Dans les instituts pédiatriques annexés aux maternités, on
recueille et soigne les enfants venus au monde dans ces der-
nières, et on encourage les mères à allaiter elles-mêmes. A la
campagne aussi, plusieurs médecins dirigent des écoles de
mères ou tiennent des « consultations individuelles». A Reims,
les établissements de puériculture sont régulièrement visités
par les élèves des écoles ménagères. Un des plus anciens éta-
blissements de ce genre est celui du D** Dufour, à Fécamp.
A Rouen, les femmes qui allaitent reçoivent gratuitement
jasqu*à 3 livres de viande par semaine et 10 à 20 francs en
espèces. Les « gouttes de lait » ont été créées en vue de résoudre
le problème posé par le D' Henri de Rothschild, lors de la fon-
dation de r (» Œuvre philanthropique du lait ». Le lait récolté
dans une station centrale, ctable-modèle, est distribué suivant
UQ mode de transport exemplaire et vendu à très bas prix
dans quatorze quartiers ouvriers.
Aux Etats-Unis, les instituts pédiatriques ne s'occupent
qu accessoirement de Tallaitement par la mère. Ils sont con-
stitués généralement par de grandes cuisines laitières, d*une
absolue perfection technique, mais dépourvues de toute assis-
tance médicale. Les plus importantes sont celles de Saint-
John 's Riverside Ilospitze, à Yonkers ; de Strauss-Milk-
Charity, à New- York City, et celle du Board of Health, à
Rochester. Dans les laboratoires laitiers de Rotch, des
modifying clerks préparent, suivant ordonnance médicale, les
mélanges les plus divers, tant au point de vue de la nature
(les constituants qu'à celui de leurs proportions respectives.
En Suède et en Norvège, nous rencontrons certaines insti-
tutions analogues aux « gouttes de lait », mais établies sur
une bien moins vaste échelle. Elles sont en partie dirigées par
des médecins. Le Danemark nous fournit l'exemple d'une
anomalie assez étrange. A Copenhague, où la distribution du
lait est organisée d'une façon merveilleuse par de nombreuses
sociétés privées, la mortalité infantile atteint des proportions
142 HENRI KLOSE
vraimeat anormales. Cette coatradlction apparente nous dé-
montre qu'il ne suffit pas d*assurer la distribution convenable
de bon lait, mais qu'il faut s^assurer le concours du médecin.
Vierordt, directeur de l'hôpital Louise, à Heidelberg, dit :
« Une cuisine laitière non pourvue d'un contrôle vétérinaire et
laitier adéquats et non soumise à la surveillance d'un méde-
cin qui consacre tous ses soins aux nourrissons y élevés, n'est
qu*un non-sens. Je déconseille, autant que je le puis, l'institu-
tion de cuisines laitières où le lait reçu est soustrait au con-
trôle médical. »
D'après Neumann, la surveillance médicale de l'alimenta-
tion des nourrissons est indispensable au bon fonctionnement
d'une cuisine laitière. Pour nous^ l'exemple de Tétranger est
une indication suffisante. Nous devons, comme le dit Schloss-
mann, donner de l'extension aux « Consultations de nourris-
sons ». Ce que nous souhaitons, ce sont des établissements
officiels où les mères recevront, avant leur sortie, toute
l'assistance dont elles ont besoin. Les femmes ou les filles sur
le point d'accoucher y auront accès et y recevront, donnés avec
bienveillance, non seulement des conseils médicaux, mais
encore des renseignements purement humanitaires : les
mesures à prendre pour faire rentrer dans le devoir le père
qui se soustrait aux obligations d'une charge qu'il a lui-mômc
créée, le lieu où pourra se faire l'accouchement, les pré-
cautions à prendre en vue d'assurer l'allaitement par le sein.
Si le lait de la mère est insuffisant ou s'il existe incapacité
physique d'allaiter, le médecin instituera l'alimentation arti-
ficielle et déterminera l'espèce et la quantité de nourriture
qui convient à l'enfant. C'est à l'établissement de fournir cette
nourriture. Chaque semaine l'enfant sera pesé. On se rend
compte ainsi de l'augmentation de son poids, corrélativement
avec son développement corporel, et de la nécessité éventuelle
de modifier le mode d'alimentation. Les rations alimentaires
seront toujours réparties en biberons prêts à être donnés à
l'enfant et renfermant tout juste la quantité nécessaire pour
un repas. La mère ou la garde n'aura rien d'autre à faire que
de porter le biberon à la température voulue, de le déboucher
et de le munir de sa tétine.
Le système préconisé par Schlossmann tient & la fois des
instituts de puériculture et des cuisines laitières. Par lui, on
réussira le plus vite à répandre les saines notions de l'alimen-
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 14^
tatioD rationnelle sous une forme individualisée et indépen-
damment de rUnion patriotique des femmes de la Croix-
Rouge, ainsi que le veut Trumpp. Quelque grands que soient
les mérites des associations privées qui distribuent du lait aux
femmes pauvres pour leur usage ou pour celui de leurs
enfants, ce n*est pas au profane qu'il appartient de juger de
ce qui convient ou ne convient pas à Tenfant. C'est là le rôle
«lu médecin et encore bien celui-ci doit-il, pour le remplir
convenablement, l'avoir étudié d'abord lui-mômc d'une façon
approfondie. Potter de Chemnitz dit avec raison que le fait
de fournir un lait irréprochable ne marque aucun progrès
sensible, si Ton n'assure en même temps l'emploi judicieux de
ce lait dans les ménages. Or le médecin seul peut, appuyé
sur la science, inculquer aux masses prolétariennes l'huma-
nité et l'abnégation. Dans les questions d'ordre moral, il
trouvera une précieuse collaboratrice dans la femme éduquée,
à l'activité de laquelle s'ouvre ici un vaste horizon. Le méde-
cin convainct par la logique de ses idées, par la supériorité
(le sa science, par l'assurance avec laquelle il formule ses
convictions. La femme n'étant pas philosophiquement pro-
ductive n'étaiye jamais ses déductions sur le seul raisonne-
ment ; elle n'émet jamais d'inductions logiques, capables de
convaincre lentement mais sûrement ; chez elle, les impres-
sions se traduisent instantanément en idées et en conclusions;
ses facultés d'observation se synthétisent en vérités générales,
qui, sans être toujours d'une force probante irréfutable,
exercent cependant sur la sensibilité une action profondé-
ment impressionnante et persuasive.
La puériculture doit devenir chez nous l'œuvre commune.
Dès ce moment évidemment, celles de nos institutions actuelles
que beaucoup de médecins considèrent comme des imitations
des « gouttes de lait » n'auraient plus aucune raison d'être.
Elles fonctionnent toutes d'après un système stéréoty pique
dont voici le schéma : distribution de lait et de certaines
instructions sur l'alimentation et les soins à donner à Tenfant
diaprés son âge, sans le concours de Tintermédiaire indispen-
sable, un médecin compétent.
Pour les enfants bien constitués, ces institutions, où Ton se
borne à distribuer du lait, peuvent à la rigueur être suffi-
santes. Il n'en est pas de môme pour la grande masse des
nourrissons. Si TÉtat ou la Ville sanctionnent ce système de
144 HENRI KLOSE
simple répartition de lait avec distribution de quelques
recettes alimentaires sous forme d'aphorismes, c'est comme
s'ils voulaient faire accroire au peuple que l'allaitement
maternel est inutile ou superflu. Alors même que chaque
flacon de lait serait pourvu, comme c'est le cas chez le D'Du*
four, à Pécamp, de l'inscription : Faute de mietiXj la grande
masse ne serait pas par là rapprochée d'un pas de ce « mieux ».
Quelques paroles claires et précises et l'exemple de succès
obtenus sont un enseignement plus démonstratif que toutes
les instructions écrites, quelque explicites qu'elles soient.
Les idées courantes en matière d'alimentation infantile et
de puériculture sont profondément ancrées dans le peuple.
Les femmes d'âge ne donnent aux jeunes mères d'autres con-
seils que ceux qu'elles mirent elles-mêmes en pratique
jadis pour l'éducation de leurs propres enfants. Le milieu par
lequel les abus anciens se propagent dans le peuple, c'est le
peuple lui-même. L'histoire de la civilisation dans tous les
temps démontre que des notions et acquisitions nouvelles ne
se laissent pas implanter de suite dans tous les rangs de la
société. L'histoire de l'allaitement confirme ce fait. Nous
devons toujours nous attendre à ce qu'un certain nombre de
personnes demeureront réfractaires à tout enseignement; mais
cela ne doit pas nous empêcher de développer un programme.
En matière d'alimentation infantile, les sages-femmes et les
conseillères des accouchées occupent dans les classes pauvres
et moyennes une situation privilégiée et inamovible, qui leur
permet souvent de causer de graves préjudices au jeune nour-
risson, et cela précisément à l'époque où son organisme est le
plus sensible. Chaque jour, on nous signale dans notre poli-
clinique des exemples de conseils erronés donnés par des
sages-femmes. Tantôt elles estiment qu'il est superflu que la
mère habitue l'enfant au sein pendant les six à huit semaines,
après lesquelles elle devra retourner à son travail; tantôt
elles déclarent que la femme est trop jeune ou trop anémique
pour nourrir, ou que l'enfant est trop faible pour téter ; tantôt
elles prescrivent le sevrage sans autre apparence de nécessité
que de légers troubles dyspeptiques. En fait d'alimentation
artificielle, leur jugement est tout aussi faux ; elles diluent
beaucoup trop le lait et prescrivent des tétées trop abondantes
et trop répétées. Dans ses recherches sur les causes du non-
allaitement, Escherich a établi que, dans 16 p. 100 des cas, la
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 145
responsabilité incombe aux accoucheuses. Il importe toutefois
de remarquer que les intérêts des accoucheuses sont intime-
ment liés aux caprices du public et que leurs conseils n'ont
parfois d'autre but que de satisfaire ou de prévenir le désir
des mères peu soucieuses de leurs obligations.
Ce qui prouve cependant que les statistiques n'ont rien
d'exagéré, ce sont les chiffres cités par Hutzler. Cet auteur a
calculé que, parmi les 2000000 d'enfants viables qui vien-
nent chaque année au monde, en Allemagne, il s'en rencontre
environ 480000, dont l'existence ou la santé se trouvent
menacées par suite des conseils des sages-femmes. Semblable
danger mérite à coup sûr plus de considération que les quel-
ques existences humaines malheureusement sacrifiées par
la septicémie puerpérale. Aux doléances des accoucheurs alle-
mands, autrichiens, anglais, français et russes sur la « dégé-
nérescence » des sages-femmes viennent donc se joindre aussi
celles des pédiatres. N'oublions pas que l'intervention du
médecin est toujours coûteuse à la campagne, nonobstant la
concurrence médicale acharnée qui y sévit. Lorsqu'il s'agit de
faire des frais de voiture plus ou moins considérables pour
amener le médecin à domicile, le châtelain et à plus forte rai-
son le petit fermier et le journalier hésitent longtemps avant
de le consulter sur une simple question d'alimentation, d'au*
tant plus qu*à la campagne la plupart des accouchements se
font sans l'assistance du médecin. En présence d'une compli-
cation quelconque, on fait venir la sage-femme. Or, de même
que l'accoucheur, en vue de diminuer la fréquence ë^s infec-
tions puerpérales, qui continuent malgré tout à faire de nom-
breuses victimes, réclame des- sages-femmes Tobservance la
plus stricte des règles de l'antisepsie et de Tasepsie, de même
le pédiatre exige-t-il que le programme des cours donnés aux
sages-femmes comprenne des notions théoriques d'alimenta-
tion naturelle et artificielle suffisantes, de façon à mettre les
«ages-femmes à même de seconder nos efforts pour combattre
les méfaits d'une alimentation irrationnelle, ou tout au moins
de ne pas les contrecarrer. Nos reproches s'adressent donc
au système actuellement en vogue et non à la bonne volonté
des professionnelles. Je me rappelle que, du temps de nos
études, mon maître Runge, dans son discours rectoral, plaida
un jour énergiquement en faveur de l'entrée de femmes et
de jeunes filles de bonne éducation dans la corporation des
AbCH. DK 1|6dBC. DK8 EKFANTS, 1?07. X. 10
146 HENRI KLOSE
sages-femmes. II souleva une tempête d'indignation parmi les
jeunes filles de la « bonne société » de Gôttingen. A sa suite,
Brennecke et beaucoup d autres menèrent campagne en fa-
yeur de la même thèse. Ce fut en vain. On voudrait donc
modifier la carrière pour en rehausser le prestige.
Reconnaissant le bien-fondé de nos récriminations et leur
importance, M. Freund voudrait voir annexer aux écoles
'd'accoucheuses une section spéciale oti Ion enseignerait les
«oins à donner aux nourrissons bien portants et malades. Nous
n'y verrions, pour notre part, ni profit ni opportunité ; au
surplus, nous estimons qu'il y a lieu de protester contre celte
tendance à faire de l'enseignement et de l'exercice de la pédia-
trie une branche accessoire de la gynécologie. Même ceux qui
«dénient à la médecine infantile le caractère d'une science
spéciale reconnaissent cependant que le nourrisson occupe
une situation tout à fait particulière que l'on ne parvient à
•connaître et à juger qu'à la suite de longues et sérieuses
études. Quant à l'annexion aux écoles de sages-femmes de
:stations pour nourrissons dirigées par des pédiatres, — comme
le veut Selter, — elle ne pourrait jamais se faire que dans un
avenir beaucoup trop éloigné pour que nous nous en occu-
pions : nous ne possédons en Allemagne que dix stations pour
nourrissons contre quarante-deux écoles de sages-femmes.
Cependant nous espérons avec Schlossmann que d'ici à
quelques années les stations pour nourrissons auront poussé
comme des champignons et qu'on en trouvera partout. Les
nourrissons ne seront pas seuls à en profiter. Provisoirement,
on pourrait se borner, ainsi que l'explique admirablement
Hutzler, à obliger les sages-femmes à suivre, après les six à
neuf mois d'études qu'elles font pour le moment, un cours de
six semaines dans un hôpital d*enfants et sous la direction
<l'un pédiatre. Elles ne pourraient être agréées qu'après avoir
subi avec fruit un examen sur les matières ayant fait lobjet
de ce cours. Ce ne sont là à notre sens que des mesures transi*
toires. B.-S. Schultze, lui, estime qu'une éducation purement
mécanique suffit simplement aux sages-femmes, à condition
qu'elles aient des connaissances d'école primaire suffisantes.
Bon nombre de gynécologues ne partagent pas cette opinion;
à plus forte raison le pédiatre la comba-t-il. Sans compter
qu'une culture intellectuelle élevée peut seule mettre la femme
en état de saisir toute la gravité de ses devoirs professionnels,
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 147
il est évident qu'elle seule lui conférera les aptitudes voulues
pour agir sur la volonté et combattre, peut-être même avec
plus de chances de succès que ne le ferait le médecin, les mul-
tiples obstacles, moraux ou autres, à l'allaitement. Ici aussi,
la force réside dans l'éducation. Celle-ci ne lèvera pas seule-
ment la déconsidération qui pèse sur la profession, elle
deviendra une source de bénédictions pour l'enfance.
c( 11 existe à peine, dit Sânger, une autre profession qui
convienne aussi bien à la femme bien douée que lexercice de
la pédiatrie. Même lorsqu'elle n'en fait pas son gagne-pain et
qu'elle contracte mariage plus tard, elle pourra le faire avec
joie et fierté, convaincue d'être à la hauteur de sa tâche
prochaine et, à la vue de son nouveau-né faible et sans
défense, elle pourra se dire avec orgueil qu'il trouvera en elle
une vraie mère. »
Ainsi comprise, la tftohe de la sage-femme est aussi noble
que belle, car elle présuppose un fonds considérable de force
morale et d'intelligence. Il s'agit de battre en brèche les faux-
fuyants derrière lesquels se dérobe généralement le refus
d'allaiter : l'habitude, la mode, les conventions mondaines,
Tégoïsme du père ou de la mère dans les classes dirigentes,
rignorance, l'indolence ou la misère dans les classes nécessi-
teuses. Il est heureux que nous ayons reconnu la fausseté de
la manière devoir de Bunge, qui, à la suite d'un référendum
auquel six cent soixante-cinq intéressées avaient pris part,
crut pouvoir admettre que la cause la plus fréquente et la plus
importante du non-allaitement réside dans la dégénération
physique de la femme.
La statistique de Bunge groupe les mères en deux catégo-
ries, suivant qu'elles sont ou non aptes à l'allaitement. Dans la
première, il ne classe toutefois que les mères qui ont allaité
neuf mois durant, sans donner à leur nourrisson d'autre
nourriture. Leur nombre n'atteint que 27 p. 100. C'est a priori
qu'il admet la diminution de la sécrétion lactée avant le neu-
vième mois. Marfan oppose à cette manière de voir la fréquence
des motifs extrinsèques du sevrage prématuré. Parmi
les 75 p. 100 de mères inaptes à l'allaitement, Bunge a ren-
contré de nombreux exemples où l'influence de l'hérédité était
manifeste. Les filles de mères qui n'allaitent pas et même
les générations suivantes deviennent, elles aussi, inaptes à
rallaitement. Les observations de Bunge sont en contradiction
148 HENRI KLOSE
formelle avec celles d'autres auteurs. Ainsi Biacker, à Londres,
a constaté que, parmi plus de mille mères, Tagalactie ne se
produisait que dans 2,5 p. 100 de cas; Strauss n'enregistra
que 13 p. 100 parmi les pauvres de Munich, et Mesnil n*a
rencontré Tagalactie que dans 4,2 p. 100 de cas, parmi
3 069 accouchées de Paris. Parmi les 80 mères accueillies à la
crèche pour nourrissons de Berlin, Finkelstein n'observa
pas un seul cas d'incapacité à l'allaitement. Les autres direc-
teurs de crèches firent des observations analogues. Et pour-
tant c'est précisément dans ces grandes villes que la tare
héréditaire atteint son point culminant. La tuberculose, la
neurasthénie et la carie dentaire seraient les symptômes de la
dégénération de la race. Par contre, le gynécologue Nogar et
l'anatomiste BoUinger se refusent à admettre toute dégéné-
rescence générale. Pour eux, il ne peut s'agir ici que d'une
hypoplasie générale héréditaire et d'une faiblesse des glandes
lactogènes consécutives de l'inaction de l'organe se propa-
geant de génération en génération. Ni l'une ni l'autre de ces
deux théories ne correspondent aux données expérimentales.
En Italie et dans l'Orient, depuis que les mercenaires de
Charles VIII l'y implantèrent, la syphilis a causé des ravages
énormes, et malgré cela — comme nous l'avons vu — les
femmes y sont restées aptes à l'allaitement. L'incapacité fonc-
tionnelle des mamelles que l'on observe dans certains cas ne
résiste pas aux méthodes actuelles de traitement des glandes
à sécrétion lente. Semblahlement, le rôle de l'alcoolisme, que
Bungc considère comme le facteur principal de l'incapacité
croissante des femmes à allaiter, a été tout autant exagéré par
ce grand physiologue que par ses modernes épigones, qui ne
voient en lui que le destructeur général de tous nos organes.
Marfan a trouvé que, parmi la population pauvre de Paris, oii
l'abus des boissons alcooliques règne en maître, 99 p. 100 des
femmes sont aptes à l'allaitement, alors que dans les classes
mieux partagées le chiiïre descend à 90 p. 100. La rectification
des erreurs de Bunge nous amène à examiner la question de
savoir si, lorsque la quantité de lait sécrétée est suffisante, ce
lait peut être impropre à l'allaitement au point de vue quali-
tatif. D'après Thiemich et Kieseintytry, tout lait de femme bien
portante convient au nourrisson, quel que soit son âge.
Heubner aussi dénie tonte valeur à l'analyse chimique du lait
comme critérium des aptitudes nourricières de la femme qui
RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT 149
le produit : nous ne voyons dans le lait de différentes femmes
aucune différence essentielle pouvant se répercuter sur la
croissance de Tenfant. Tbiemich conclut que seuls la quantité
de lait et Tétat de santé de la mère ont une importance au
point de vue de Tallaitement. Gela revient à dire que certains
états corporels de la mère peuvent interdire l'allaitement dans
son intérêt ou dans celui du nourrisson. Pour nous, une contre-
indication absolue et permanente est fournie parla tuberculose
manifeste ou ses tares héréditaires, à cause des dangers de
transmission, soit directe, soit indirecte, par suite de l'infection
deTair. A ce point de vue, nous sommes en désaccord complet
avec Schlossmann, qui permet l'allaitement môme aux femmes
tuberculeuses précédemment mal nourries, mais placées dans
des conditions alimentaires convenables, parce que la tendance,
au dépôt adipeux qui se manifeste à cette époque les prédispose
aisément à l'excès d'embonpoint. Cependant les essais que
Michel institua sur les animaux démontrent la probabilité du
passage dans le lait des toxines provenant des bacilles de la
tuberculose. Nous savons que chez les animaux les bacilles de
la tuberculose miliaire peuvent passer dans le lait. Gomme il
est, en outre, avéré qu'un seul et unique contact, lors de la
circoncision rituelle, a pu suffire pour provoquer une infiltra-
tion tuberculeuse des glandes lymphatiques, il est du devoir
du médecin de réduire autant que possible la fréquence et
l'intimité des contacts. Cette précaution ne s'impose pas, si
Fonadmet la théorie de l'immunité de Colles, chezles luétiques ;
des enfants de père syphilitique peuvent être allaités sans dan-
ger par des mères indemnes, abstraction faite de quelques cas
rares où la mère n'est infectée qu'à la fin de son terme.
Hochsinger, en se basant sur vingt exceptions observées parmi
des primipares de cette catégorie, établit, il est vrai, une dif-
férence entre la policlinique et la clientèle privée; mais, s'il
tient compte des observations innombrables qui sont venues
confirmer la loi de Colles, le clinicien partagera certainement
notre manière de voir, toute radicale qu'elle soit. L'hésitation
se justifie, par contre, dans les diverses maladies chroniques :
nous connaissons des cas nombreux où, malgré l'existence de
semblables affections, l'allaitement s'est opéré sans dommage
pour la mère et pour l'enfant. Le tact du médecin est ici son
seul guide.
C'est ainsi que l'allaitement sera permis en tout ou
150 HENRI KL09E
partie, ou défendu, suivant le degré de résistance naturelle de
la malade, sa faiblesse constitutionnelle, son état anémique,
à la suite d'hémorragies, en présence de vices sanguins,
d'états d épuisement d'étiologie diverse, de troubles mentaux
ou de débilité psychique. Dans tous les cas, le sevrage s'im-
pose pour cause d'une nouvelle grossesse, mais jamais pour
cause de la réapparition des règles. Dans les troubles psychi-
ques, on tiendra compte principalement du poids du corps,
en ayant soin de s'opposer de toutes ses forces à Téclosion du
tabès lacté. Malgré toutes les précautions et tout l'art du dia-
gnostic, le médecin n'est pas toujours ici à l'abri des mé«
comptes : chez telle malade, l'état général s'améliore; chez
telle autre, il décline, sans qu'il soit possible de prévoir le
résultat final. Dans les affections infectieuses aiguës, la
route & suivre est nettement tracée. On a parfois rencontré
dans le lait les bactéries pathogènes de la fièvre puerpérale ;
mais, d'un autre côté, il n'existe pas jusqu'à présent d'exemple
d'enfant auquel le lait maternel aurait communiqué cette
infection. Suivant Basch et Weleminsky, les glandes
galactophores agissent vis-à-vis des bactéries comme des
filtres, lorsqu'il y a infection du sang : ne passent dans
le lait que les bactéries qui provoquent des hémorragies
ou créent des foyers infectieux, soit locaux, soit métasla-
tiques. C'est pourquoi l'enfant doit être retiré du sein, lors-
qu'il s'y manifeste des symptômes d'invasion bactériene, qu'ils
soient locaux ou généraux : crevasses présentant un caractère
inilammatoire et excoriations, mastite débutante, infiltrations
pyémiques. Dans les maladies infectieuses et contagieuses, il
faut donc surtout tenir compte de la grande sensibilité des
enfants et ne pas perdre de vue l'infection par contact ou par
l'intermédiaire de l'air inhalé. Nous n'avons pas observé, dans
notre clinique, un seul cas de fièvre scarlatine chez les nou-
veau-nés ou les enfants de moins d'un an. Cette observation
confirme celle de Fehling, L. Meyer et Runge, et s'explique
par les résultats obtenus par Pischl chez les animaux : dans
le lait des femmes précédemment atteintes de fièvre scarlatine,
il se produit des antitoxines qui lui assurent une immunité
passagère. Contrairement aux recommandations de Boxall,
nous permettons aux mères atteintes de la fièvre scarlatine
d'allaiter. En raison de leur évolution généralement bénigne,
nous ne considérons pas la varicelle et la rubéole comme des
RATION ALIMENTAIRE DE l'BNFANT 15Î
obstacles à rallaitement : les enfants, infectés la plupart du
temps dès le stade d'incubation, traversent la crise sans dom-
mage, grâce au lait maternel et moyennant le3 soins de pro-
preté voulue. Au contraire, dans Télat prodromique de la
rougeole, le nourrisson doit être retiré à la mère, ainsi qu'il
résulte de l'observation faite dans un cas extrêmement rare, qui
s*est présenté dans l'école de sages-femmes de notre ville. Un
nourrisson, né d'une mère atteinte de rougeole,, mais lui-même
bien portant, contracta la même maladie à son dix-huitième
jour d'existence et y succomba. De la variole, on peut dire la
même chose : l'enfant peut y échapper durant sa vie intra-
utérine et présenter en venant au monde la trace de cicatrices
caractéristiques; il peut paraître bien portant au début et ne
devenir malade que quelques jours plus tard ; mais il peut
aussi — et c'est le cas le plus fréquent — avoir acquis l'im-
munisation vis-à-vis de la variole et du vaccin à la suite d'une
auto-intoxication fœtale. Un enfant de mère atteinte de variole
doit donc être isolé, s'il ne présente aucun symptôme, d'au-
tant plus que la gravité de l'état de la mère lui rend tout de
même l'allaitement impossible. L'isolement doit de même
s opérer sans restriction et de suite dans les cas de diphtérie^
d'érjsipèle et de coqueluche. De plus, en cas de diphtérie, le
nourrisson doit être immunisé par mesure prophylactique :
dans la clinique gynécologique de l'Université de Strasbourg,
une accouchée placée dans une salle commune avec seize
autres accouchées et leurs nourrissons contracta une diphté-
rie prononcée ; le jour suivant, son propre enfant et deux jours
après ceux de ses deux voisines furent affectés de laryngo-
sténose avec bacilles de Klebs-Lœffler nettement caractérisés ;
la mort suivit en quelques heures. L'immunisation prophylac-
tique des autres femmes et enfants avec du sérum de Behring
OD-500 Un. mit fin à l'infection. Le résultat fut durable,
parce que nous eûmes soin d'isoler chaque sujet afin de parer
à toute éventualité d'un échec, précaution qui ne serait
pas nécessaire, d'après Wesener. Inversement, des mesures
analogues s'imposent pour protéger la mère, lorsque l'enfant
est infecté, à moins toutefois qu'elle ne soit immunisée pour
toute la durée de sa vie ou qu'il s'agisse d'une espèce
(llnfection ayant chez l'adulte une évolution beaucoup plus
bénigne que chez l'enfant. Un obstacle permanent à la prise
de sein pour les enfants prématurés, mais non pour les
152 HENRI KLOSE
robustes, peut résider dans la malconformation du mamelon.
Il arrive que celui-ci, loin d'affecter la forme plastiquement
idéale dans laquelle il dépasse le niveau de laréole même à
Tétat de non-érection, ne présente qu'une proéminence exces-
sivement peu accentuée, lorsqu'il est en érection, et nulle,
lorsque ne Test pas. Dans ce cas et plus encore dans celui
d'un a mamelon renversé », c'est-à-dire profondément enfoncé
dans la papille, le nourrisson est dans l'impossibilité maté-
rielle de téter. Des essais cliniques nous ont permis de corriger
ces défauts anatomiques avec un succès tel que Patzer a pu
constater la bonne conformation du mamelon chez 90 p. 100
des multipares et chez 60 p. 100 seulement des primipares.
L'accommodation fonctionnelle progressive est d'ailleurs une
acquisition de la science contemporaine : par un traitement
rationnel, on peut arriver à élever la sécrétion des glandes
galactogènes de 1 litre par jour environ à une quantité consi-
dérablement supérieure aux besoins de l'enfant, soit 3 à 3,5,
jusqu'à 4 litres par jour, la prodi^ction maxima s'opérant entre
la dixième et la vingtième semaine, après laquelle la lactation
subit une décroissance graduelle que l'on peut prolonger pen-
dant plusieurs mois. En admettant que 90 p. 100 des femmes
accouchées soient aptes à allaiter, cet avantage peut
devenir illusoire par suite d'anomalies d{.ns les organes
de succion de l'enfant. En tétant, l'enfant se sert de sa
J)ouche comme d'une pompe aspirante, dont la forme cor-
respond à une pression manométrique de 10 à 30 mètres cubes
d'eau chez les enfants débiles et de 70 à 140 mètres cubes chez
les enfants robustes. Les lèvres adhèrent fortement au mame-
lon mis en érection par le contact mécanique, en produisant
une fermeture hermétique. A.u mouvement d'adduction de la
mâchoire fait suite un mouvement de déglutition. En outre,
la compression de l'aréole par les lèvres et la mâchoire favo-
rise notablement l'aspiration du contenu de la glande. La
succion suppose donc une certaine force musculaire ; chez les
enfants débiles, cette force musculaire est insuffisante pour
leur permettre de produire avec leurs lèvres une fermeture
pneumatique autour du mamelon, condition indispensable à
la succion. Cette condition est irréalisable, lorsque les organes
buccaux présentent des malformations : bec-de-lièvre ou
fissures congénitales de la voûte palatine faisant commu-
niquer les fosses nasales avec la cavité buccale. Alors
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 153
une portion du lait régurgite par le nez ; il se produit
des aphtes et des catarrhes de Testomac ou des voies respira-
toires. Dans le bec-de-lièvre simple, Talimentation naturelle
peut encore être possible, si le sein est bien développé et la
sécrétion de lait abondante ; lorsqu'on nourrit, dans les cas
semblables, le bébé au biberon, la tétine doit avoir une large
ouverture et être introduite dans la bouche le plus profondé-
ment possible. Malgré ces précautions, il n'est pas rare que
Ton n'arrive pas au but. 11 ne reste alors qu'à recourir
à la cuiller ou à la tasse à bec, en ayant soin de déposer
la nourriture sur la base de la langue. Pour éviter autant
que possible de retarder, par suite de complications capables
de mettre les jours du nourrisson en danger, l'opération
plastique qui doit être effectuée pendant les premières
semaines qui suivent la naissance, nous recommandons de
fréquents lavages prophylactiques de la cavité buccale à l'aide
d'une solution étendue d'acide borique, pour éviter la viru-
lence et le pullulement des agents de fermentation. Dans ce
cas exceptionnel seulement, nous estimons qu'un lavage
mécanique de la bouche est recommandable ; chez le nourris-
son bien portant, les mouvements de succion énergiques sont
suffisants pour maintenir la cavité buccale dans un état de
propreté telle que nous croyons — d'accord en cela avec
Czemy-Keller, Epstein et Biedert et contrairement à l'opinion
de Baginsky, Seitz et Hochsinger — que le nettoyage n'est
pas seulement superflu, mais même nuisible, en ce sens qu'il
favorise l'éclosion d^abcès. D'autre part, il est impossible de
réaliser dans la bouche un milieu aseptique. Aussi ne sommes-
nous rien moins que convaincu de la nécessité de suivre
toujours le conseil de Monti, de laver avant et après chaque
repas la cavité buccale du nourrisson à l'eau stérilisée, ou
avec une solution à 10 p. 100 de borate de soude, en se ser-
vant d'un tampon d'ouate et évitant soigneusement de blesser
la muqueuse.
Les avis des médecins ne sont pas moins partagés, quant à
l'emploi de la sucette. Schlossmann et Theodor la proscrivent
en tous cas. Pour notre part, nous n'avons, non plus que
Pfaundler, Czerny, Ranke, Swoboda et Rommel, pu nous
passer de la sucette à l'acide borique d'Escherich pour les
besoins de la clinique; mais à notre clientèle privée nous
conseillons instamment de ne pas habituer le nouveau-né à
154 HENRI KLOSE
la sucette. À Strasbourg cependant, la sucette et la berce sont
tout aussi profondément enracinées dans les coutumes que
le préjugé de nourrir Tenfant toutes les deux heures.
Partant de là, la sucette devient entre nos mains un excellent
moyen de réaliser une économie de travail : grâce à elle, nous
parvenons à accoutumer les enfants aux tétées espacées de trois
en trois et même de quatre en quatre heures, sans que nous
constations des chutes de la courbe de pesée, par suite de la
fatigue résultant de l'agitation et des cris continuels, comme
Texpérience corroborée par les observations de Heubner nous
apprend qu'il arrive quelquefois. Lorsque nous dirigeons l'al-
laitement depuis la naissance, nous supprimons la berce et la
sucette, même à la clinique. Rien n'est plus aisé que de désha-
bituer de prime abord l'enfant des choses que le vulgaire
considère comme indispensables, lorsqu'on s^y prend avec
discernement, et que l'alimentation a lieu à des heures régu-
lières, suivant les données de la science et de la pratique.
Au premier jour d'existence, nous préférons ne rien donner
du tout au nourrisson : après sa naissance, l'enfant est pris
généralement d'un profond sommeil, d'où nous ne le réveil-
lons pas. Si quelque sage-femme trop savante croit ne pas
devoir laisser le nourrisson « mourir de faim », nous faisons
donner de temps en temps quelques centimètres cubes d'eau
ou une légère décoction de thé édulcorée par la saccharine.
Marfan a observé que cette coutume répandue, du reste, parmi
les peuples primitifs, diminue la fréquence de l'ictère infan-
tile. Cette observation, quelque juste et intéressante qu'elle
soit, n'est pas en accord, il est vrai, avec la théorie de Hof-
meyer sur les échanges, ni avec la théorie de Quincke sur les
résorptions ; mais rien que par amour pour ces spéculations
théoriques sur la nature de l'ictère, nous ne saurions faire
ii des constatations positives d'Escherich au sujet du
processus normal d'invasion de la flore microbienne, lequel
pourrait être modifié pathologiquemcnt par l'introduction pré-
maturée dans le tractus intestinal d'une nourriture nullement
indifférente. Ici encore la Nature nous indique elle-même la
voie à suivre : malgré la déperdition plus élevée de calorique,
le besoin de nourriture ne s'éveille que lentement chez le
nourrisson, tandis que, chez la mère, la sécrétion lactée ne se
produit, en général, qu'après un certain temps. Elle commence
au troisième jour chez les pluripares, au quatrième chez les
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 155
primipares; de plus , jusqu'à rinvolution complète des organes
génitaux de la femme, c'est-à-dire jusqu'au début de la qua-
trième semaine, le lait n'a pas sa composition chimique
définitive : il est trois à quatre fois plus riche en albumine et
en sels minéraux, presque aussi riche en graisse et plus
pauvre en lactose ; les globules gras y sont moins gros et plus
espacés; les leucocytes neutrophiles chargés de globules bu-
tyreux et de particules de colostrum y sont très abondants.
Heubner, qui permet l'allaitement à deux heures d'intervalle
dès le second jour, calcule que la quantité totale de lait sécrété
s'élève à 30 grammes le premier jour et ne dépasse pas
100 grammes le second. Quant à nous, nous faisons donner
le sein le second jour à cinq heures d'intervalle au moins et
recommandons à la mère de se coucher un peu sur le côté et
de presser légèrement la papille du sein entre le pouce et
rindex, pour faire jaillir d'abord quelques gouttes de lait, puis
de mettre le mamelon dans la bouche de l'enfant. Le
troisième jour, nous espaçons les tétées de quatre heures ; la
quantité de lait sécrété est alors de 250 grammes ; à partir
du quatrième jour jusqu'à la fin du quatrième mois, l'allaite-
ment se fait toutes les trois heures. La quantité de lait est
alors de 400 à 500 grammes; de ta troisième à la quatrième
semaine, elle est de 800 à 900 grammes ; à partir de la sixième
semaine, elle se maintient à peu près constante jusqu'au
quatrième mois à 1 000-1 100 grammes. Le nombre des repas
journaliers est de cinq à sept, à partir de cinq heures du matin
jusqu'à onze heures du soir. Nous nous conformons, du reste,
soigneusement à cette règle de diététique, qui prescrit de ne
jamais tirer l'enfant de son sommeil et de considérer la
moindre agitation pendant les pauses comme un indice d'un
trouble exigeant une prolongation des intervalles.
En ce qui concerne la durée de chaque tétée, c'est au nour-
risson lui-même à l'établir : les premiers jours, lorsque le sein
ne sécrète encore que difficilement, il lui faut de vingt à trente
minutes, plus tard dix minutes tout au plus. Lorsque la sécré-
tion lactée est très abondante et très facile, il met moins de
temps encore à être rassasié. Les variations individuelles sont
très grandes sous ce rapport. Lorsqu'il suit ce régime, l'enfant
évacue une à trois fois par jour, environ 30 grammes de fèces
de consistance pâteuse, d'une odeur aigre non désagréable, à
réaction acide et de couleur jaune d'or. L'urine jaune pâle
156 HENRI KLOSE
comporte, d'après Camercr, 60 à 68 grammes par 100 grammes
d'aliment ; sa densité est peu élevée (j 006). L'accroissement
quotidien est, d'après Gzerny, Keller et Camerer, dans le :
1er 2e 3c 4e 5e gc 7e ge 9* lOe H 12» moiS.
de :
29 27 24 16 15 11 13 13 12 13 9 11 grammes.
Son poids atteint le total, encore d'après Camerer, le poids
initial étant de 3 450 grammes, à la fin de la :
l'c 2« 4* «« n^ 16« 20« semaiae.
de :
3,41 3,55 3,98 4,81 5,53 6,22 6,80 kilogrammes.
à la fin de la :
24« 28« 32e 36« 40« 44« 46» 52« semaine.
de :
7,31 7,74 8,17 8,63 8,88 9,22 9,51 9,88 kilogrammes.
Un enfant bien constitué double, en général, son poids
à la fin du cinquième mois; il le triple après une année
et le quadruple après deux ans. Pour arriver à ce résultat,
le praticien notera pour plus de facilité que, d'après Heubner,
l'enfant doit consommer journellement pendant son premier
trimestre une quantité do lait maternel équivalente à la
sixième partie de son poids et, pendant le second trimestre,
à peu près la septième. Â partir du second semestre d'exis-
tence, ces quantités se modifient selon l'augmentation plus
ou moins grande du poids du corps. Pendant la quarantième
semaine, l'enfant ne consomme qu'une quantité égale à la
huitième ou neuvième partie de son poids, même si la quantité
de lait sécrétée par la mère est de beaucoup supérieure. Je
transcris à ce propos deux diagrammes du D' Feer, reproduits
dans le traité de Heubner. Le premier met très clairement en
évidence la ration alimentaire et l'augmentation pondérale
journalières ; le second traduit la seule observation qui ait
été faite jusqu'à présent sur la ration alimentaire pendant
toute la période de lactation.
Il ne faut pas attacher à ces moyennes une importance
excessive : de légères descentes n'imposent aucunement des
mesures spéciales, du moment que le développement général
suit sa marche régulière. En présence d'une hypogalactie
réelle, la prudence est de rigueur : en pesant soigneusement
' IIATIO.N ALIMENTAIKE DE L'ENFANT 157
l'enfant avaat et après chaque tétée, on établira les quantités
rigoureuses de liquide ingérées ; cette opération sera faite plu-
sieurs jours durant ; ou comparera ensuite la somme des dif-
féreaces partielles à la valeur connue de la ration alimentaire
correspondant au poids corporel d'un enfant normal de même
âge : on calculera de la sorte le quotient d'énergie de Heubner.
Si le développement reste stationnaire, s'il e$i insuffisant ou
s'il y a dépérissement avec déperdition de calorique, appa-
rence de constipation, garde-robes brunâtres ou verdâtres, il
faut élever la ration alimentaire en adjoignant au lait maternel
d'autres aliments. Une excellente méthode, en cas d'hypoga-
lactie primaire, est le système d'allaitement mixte que les
pédiatres français nous ont appris à connaitrc. On peut l'ap-
Z 4S8UIZIVMnZ0Z2Ul*
PiR. I. — Courbes norraali's du raliiiii'iiIalioD et <lj jtoids «a si» mois,
pliquer de deux maniîïres différentes : donner à l'enfant, après
chaque tétée, une quantité d'aliments artificiels équivalente
à ce qui lui a manqué dans le lait maternel, ou bien faire
alterner les repas pris au sein avec d'autres exclusivement
composés d'aliments artificiels.
Le plus simple serait évidemment de combler le déficit au
moyen de lait de vache convenablement dilué ; malheureuse-
ment il est !a plupart du temps fort difficile, sinon impossible,
d'obtenir du lait de qualité irréprochable, et, de plus, les
gardes-couches n'ont pas toujours l'intelligence voulue pour
faire du lait un emploi judicieux. Certains auteurs addition-
nent le lait de ferments en poudre, dans te but de rendre l'al-
bumine du lait de vache (aspécilique, ainsi que nous l'avons
vu, pour le nourrisson) plus digestible. De semblables fer-
ments sont : la pegnine de von Dungern, la conserve lactée
peptonisée de Lœtlund, le lait en poudre à la pancréatïnc de
Timpe, le lait trypsiné de Backbaus et le lait plein pancréa-
158
HENRI KLOSE
tinisé de Voltmer. D'autres obtîieiinent de bons résultats avec
le sucre nutritif de
Soxhlet, la poudre
de soupe de Liebig,
la poudre maltée
de Brunnengrâber,
préparations qui
remplacent la lac-
tose et exercent
une action légère-
ment laxative. De
nombreux auteurs
emploient des mé-
langes de décoc-
tions mucilagi-
neuses d'avoine,
que l'on peut ob-
tenir de la manière
suivante : délayer
30 grammes de fa-
rine d'avoine de
Knorr, Weîbezahn
ou Hohenlohedans
200 centimètres
cubes d'eau chau-
de ; ajouter 700cen-
timètres cube s
d'eau chaude, et
faire bouillir pen-
dant quinze mi-
nutes en agitant
constamment , et ,
enfin, ajouter
SO grammes de
sucre ordinaire. Le
mucilage ainsi pré-
paré est filtré à tra-
vers un tamis fin,
additionné de la
quantité de lait prescrite, et le tout est stérilisé pendant dix
minutes. Au lieu de farine d'avoine, on prend souvent de la
t9mtJU»j^
RATION ALIMENTAIRE DE l'eNFANT 159
farine de riz ou de froment, plus rarement de Tarrow-root, du
tapioca ou du salep, plus rarement encore, et seulement chez
les enfants d*un certain âge, le cacao aux glands du D"" Mi-
chaelis, le racahout et le cacao à l'avoine de Van Houten.
D*autres médecins encore prescrivent des produits de substi-
tution du lait, où le pourcentage en albumine a été abaissé à
la suite d'une dilution et d'une addition de graisse, la diffé-
rence étant comblée par des albuminates ou des peptones.
Tels sont le lait à l'albumose de Rieth, à la somatose de
Hartmann et le lait de Hempel*Lehmann. D'autres prépara-
tions à base de lait enrichi en graisse et appauvri en albumine
nous sont fournies par le lait gras de Gartner, le lait végétal
de Lahmann, le lait condensé suisse et surtout les mélanges
de crème de Biedert et le Ramogène. Gomme mélanges plus
pauvres en matières grasses, mais plus riches en sucre, nous
citerons les soupes maltées de Liebig et de Keller, l'aliment
pour enfants n"* III d'Allenbury et l'aliment neutre de Liebe.
Depuis quelque temps, on emploie volontiers du lait battu
pauvre en graisse, accusant une acidité de 60 à 80** vis-à-vis
de la potasse décime-normale. Auquel de ces multiples succé*
danés le médecin doit-il donner la préférence? Bien que chaque
groupe ait sa justification théorique, il n'est pas possible de
formuler des indications générales, même en se basant sur
Tempyrisme pur : il faut tâtonner et comparer.
La même remarque s'adresse à l'alimentation artificielle
proprement dite. Depuis longtemps, nous donnons, lorsque le
sein maternel ne suffit pas et seulement après huit jours
d'observation, une ration supplémentaire d'alimentTheinhardt,
correspondant aux exigences d'un seul repas calculé en calo-
ries. Nous exigeons l'observance de ce délai, parce que l'addi-
tion prématurée d'aliments artificiels peut compromettre l'al-
laitement. L'expérience apprend, en effet, que la lactation
peut s'arrêter lorsque le sein a été insuffisamment vidé pen-
dant trois à quatre jours et qu'elle devient, au contraire, plus
abondante et plus rapide à mesure que le sein est mis davan-
tage à contribution. Nous choisissons l'aliment soluble du
D' Theinhardt, parce que c'est de tous les succédanés celui
dont la composition chimique, biologique et bactériologique, se
rapproche le plus de celle du lait de femme, et qu'en outre
son degré de consistance en permet l'administration même
aux tout jeunes nourrissons. Zweifel a démontré l'existence
IGO
HENRI KLOSB
d'une énorme quantité d'amidon non décomposé dans l'esto-
mac d'un nourrisson nourri avec la farine de Nestlé. Dans
Taliment Theinhardt, Tamidon n'est présent que sous forme
de modifications solubles, comme la dextrose, la maltose et la
lactose, ainsi qu'il est aisé de s'en convaincre par l'examen
microscopique. La résorption est ainsi facilitée, et nous n'avons
jamais, même après un usage abondant et prolongé pendant
plusieurs mois, constaté que cet aliment donnât aux enfants
l'aspect caractéristique de ceux qui sont gavés aux hydrates
de carbone, type assez fréquent lors de l'emploi des farines de
Nestlé, Neave, Rademacher, Rademann, Kufeke et Muffler.
Chez les jeunes sujets, ces farines provoquent des troubles
dans les échanges hydrocarbonés, dont les conséquences sont
identiques, selon Meyer-Langstein et Salge, à Tacidose inter-
médiaire de Czerny-Keller, lorsque l'apport en hydrates de
carbone est insufQsant. L'aliment Theinhardt nous a permis,
conformément aux prévisions théoriques, d'aider un grand
nombre de nourrissons à franchir la période critique sans
présenter le moindre symptôme d' « intoxication farineuse ».
Les farines proprement dites ne peuvent jamais servir qu*à
permettre la transition à la nourriture plus consistante de la
seconde année ; l'aliment Theinhardt, au contraire, est un
aliment extrêmement précieux pendant toute la première
année, et cela d'autant plus que sa préparation peut se faire
suivant les prescriptions du médecin et en utilisant la mar-
mite spécialement construite à cet effet, d'une manière fort
simple, dans toutes les conditions de stérilisation voulues et a
peu de frais. Le tableau suivant montre la composition chi-
mique de quelques farines alimentaires :
T.VBL. H. — Composition chimique de quelques farines pour enfants.
Aliment TheiDhardt. .
Farine iaclée NesUé..
— de Muffler
— de Kufeke
Albumine
p. 100.
ICI
9,9
14,3
13,2
Graisse
p. 100.
5,0
4,5
6,8
1,T
Hydrates de carbone
soluble.
53,6
42,7
27,4
23,7
insoluble.
16,7
35,2
44,4
50,7
Eau
p. 100.
5,0
6,0
5,6
8.4
Prix
par kilog
mk.
3,80
3,75
4,50
4,50
La bouillie prête est composée comme suit :
OATION ALIMENTAIRE DE L ENFANT
IGi
Aliment Theinhardt
Lail de
femme
(pour le A*
mois).
(coinposilio
n mo venue
daprts
Kônig).
88,48 p.
100
87,25
p. 100
2,6Î -
—
2,20
—
Î,Î3 -
—
3,38
—
0,62 -
—
0,20
—
6,05 -
—
6,97
—
100»00 p.
. 100
100,00
p. 100
Kau
Matières albuminoides,
Graisse
Sels nutritifs
Hydrate de carbone . .
Grâce à Taddition de farine de froment diastasée, l'albumine
se présente sous forme de granulations très fines. Intimement
émulsionnée avec la graisse, elle devient aisément attaquable
par les sucs digestifs, ce qui facilite notablement sa digesti-
bilité. La teneur en matières minérales répond pleinement
aux exigences physiologiques, qualitativement et quantitati-
vement. Pour établir par le calcul le coefficient calorimétrique,
conformément au principe de la ration alimentaire minimade
Biedert, le meilleur moyen clinique et pratique est de se
servir des données de Baginsky sur les mélanges de farines
alimentaires pour enfants. 50 grammes de l'aliment Theinhardt
sont mis à bouillir dans 1 litre d'eau pendant quinze à vingt
minutes en remuant constamment ; le liquide ainsi obtenu est
mélangé avec du lait dans les proportions prescrites. Les
mélanges sont stérilisés pendant cinq minutes. En admettant
que le coefficient calorimétrique soit de :
A calories pour rabumiue ;
9 — pour la graipse ;
4 — pour les hydrates de carbone,
les valeurs des décoctions Theinhardt ou des mélanges de
Theinhardt et de lait que nous prescrivons, calculées d'après
Baginsky, sont consignées dans le tableau suivant :
Tabl. III. — Mélanges Theinhardt ulilisés à la clinique infantile de VUniversUe
de Strasbourg pour l'allaitement mixte et l* alimentation artificielle des
nounnssons .
o^
•
M
•
M ">
*
H
•
M S
•
M
•
21
1 lithb de bouillie prêts
co.ntibut :
<
ce
Ifl
<
^ S
a
o «
•9
g""-
mi
<
9^'
O
cal.
9 e
•o
cal.
<
cnl.
•c
0
Theinhardt pur
2,50
9,0
35,15
37,6
8,05
13,1
23
144
33
200
1
4Theinh.,iraitr800cm3él200cm3].
84
144
54
282
il
^ Tfaeinb., 1 lail (750 cm> et 250 coqS).
10,7
38,4
14,3
100
157
5VJ
.iU\
m
2Theiub., 1 Iait(666cu]3et3ti cm»).
13,4
39,4
IG,4
125
162
07
354
IV
1 Tbcinh., 2 lait (ôOO cm> et 500 cm>).
18,8
41,6
20,5
175
170
8i
4-29
v
1 Theinh. , 2 lait (334 cm» et 6G0 cm» .
24,2
43,7
24,7
225
179
101
505
VI
1 Theinh., 3 lait (250 cni^ et 750 cm»).
26,9
41,8
26,8
250
184
110
541
ArCO. de lliOEC. DES EWANTS, 1907.
X. — 11
1G2
HENRI KLOSE
Tabl. IV. — Mélanges Theinhardt-Lait ^CoeflicieDU calorifiques des divers
mélanges pour chaque centaine de centimètres cubes).
Nombre de calories cor>
respondant à :
iOO
c.cub.
200
c. cub.
jTheinhardt pur 0.
Mélange I
— H
III.
IV.
V.
VI
20
28
32
35
43
50
51
40
56
63
71
86
101
109
300
c.cub.
60
85
95
106
129
152
103
400
c.cub.
500
c. cub.
600
c. cub.
80
113
127
142
172
202
218
100
141
158
177
215
2)3
272
700
c. cub
120
169
190
213
257
803
826
140
196
221
248
300
354
381
800
c. cub.
160
226
258
288
343
404
435
900
c. cub.
180
254
28t
319
386
455
490
1000
c. cub
200
282
316
354
429
503
544
Tabl. V. — Mélangeu Theinhardt-Lait (Rapport pondéral des mélanges
aux calories).
Il faut pour :
100
centim. c.
200
centim. c.
300
centini. c.
400
ceatim. c.
100
centim. c.
600
ceotini. c.
Theinhardt pur 0
Mélange I
calorit;!».
500
355
SIC
282
283
198
184
calories.
1000
710
633
565
466
396
368
calories.
1500
1065
950
846
700
594
559
calories.
2000
1420
1265
1130
932
792
735
calories.
2500
1775
1580
1410
1165
990
920
calories.
3000
2180
1896
1695
1400
1188
1100
— m
— IV
— V
— VI
Il suffira d'un coup d'oeil jeté sur ces tableaux pour per-
mettre au praticien de fixer son choix. Lorsque, par exemple,
des pesées régulières pendant huit jours auront démontré
rinsuffisance d't/n ^et/Zrepas au Theinhardt, on pourra — mais
alors seulement — en donner un second ou éventuellement un
troisième. Ainsi conçu, l'allaitement mixte évite à la mère une
trop grande fatigue. Dans des cas nombreux où le sein ne pou-
vait être donné qu'une seule fois par jour, nous avons substi-
tué à toutes les autres tétées des repas au Theinhardt. Le
succès fut toujours éclatant. Afin d'éviter que leur ardeur à
donner le sein ne s'émousse, en d'autres termes pour des rai-
sons d'ordre purement suggestif, nous administrons, d'accord
avec Finkelstein, une préparation galactogène aux mères-
nourrices dont la production laitière diminue après un certain
temps. L'alcool est sans effet et même nuisible. L'action spé-
cifique de certaines préparations opothérapiques extraites du
placenta ou du pis de la vache n'a pas encore été pratique-
ment confirmée. L'abondance de la sécrétion lactée est facteur
de Talimentation : une femme qui mange et boit bien produira
RATION ALIMENTAIRE DE l'ENFANT 16^
beaucoup de lait et, inversement, Tanorexie ou la famine
entrainent le tarissement du sein. II suit de là que le meilleur
galactogène est souvent une bonne préparation alimentaire,,
sans pouvoir spécifique d*ailleurs, mais bien choisie, possédant
sous un faible volume une grande valeur nutritive, stimulant
l'appétit par son goût agréable et aisée à prendre et à tolérer..
De nombreuses préparations ont été recommandées. Nous
citerons le roborat, la somatose^ la sanatogène, la biosone, la
tropone, Taliment Heyden, le puro> le lactagol, etc. Nos expé-
riences nous forcent à donner la préférence à Thygiama du
D' Theinhardt. Nous délayons 20 à 30 grammes de poudre
dhygiama dans un peu d'eau chaude ; nous ajoutons un quart
de litre de lait et nous faisons prendre le liquide ainsi obtenu
par la mère-nourrice, matin et soir ; il se produit ainsi un
surcroit journalier de SOO à 600 calories. 11 nous est arrivé
souvent, dans notre policlinique, de constater que les femme»
soumises au régime de l'hygiama et entourées des soins vou-
lus voyaient s'accroître leurs capacités lactogënes à tel point
que Tallaitement mixte put ôtre poursuivi pendant toute la
période de lactation. Il est probable que Ton pourrait de la
même manière rendre Tallaitement possible à maintes femmes
de la clientèle privée.
Lorsque la mère se trouve dans Tincapacité absolue de don-
ner le sein, le mieux est, dans les cliniques, de s'adresser à
une nourrice. « Dans l'état actuel de nos connaissances médi-
cales, dit Schlossmann, une institution quelconque destinée
aux nourrissons malades ne se conçoit pas sans nourrices ;
ce serarit comme une clinique chirurgicale sans salle d'opéra-
tions. » Le médecin veillera à ce que les nourrices soient
exemptes de syphilis, de tuberculose et de conjonctivite gra-
nuleuse. Le rapport de la période de lactation de la nourrice
à l'âge de l'enfant est sans importance, du moment où la
sécrétion lactée est suffisante. L'accroissement de l'enfant n'es|t
pas ici une garantie absolue. Le plus certain est de n'engager
la nourrice qu'à titre provisoire et de contrôler régulièrement
pendant quelques jours les quantités de lait prises par l'en-
fant. Il faut encore que l'individualité de la nourrice corres-
ponde plus ou moins à celle de l'enfant : c'est ainsi qu'à une
nourrice ayant du lait en abondance il ne faudrait pas confier
un enfant ayant peu de force pour téter, à moins qu'un second
nourrisson puisse profiter du superflu.
I .
I
I
164 HENRI KLOSE
Beaucoup de personnes refusent systématiquement les ser-
vices des femmes étrangères ; d'autres reculent devant les frais
trop onéreux. Il en résulte que les avantages de ce mode
d'allaitement ne peuvent échoir qu'à une minorité insigni-
fiante de nourrissons. A Strasbourg, une nourrice sur lieu se
paie une soixantaine de francs par mois, outre les frais de
nourriture, de logement et d entretien. L'engagement d'une
nourrice externe est absolument irrationnel. Avec Schloss-
mann, nous souhaitons ardemment que des dispositions légales
viennent régler la surveillance des nourrices et mettre un terme
aux graves abus d'ordre moral et autres que nous constatons
journellement. Sur ce terrain encore, la France nous a
devancés : la loi Roussel n'a de similaire chez nous qu'un
édit de la ville de Hambourg.
11 résulte des considérations qui précèdent que, dans la
plupart des cas, nous devons nous contenter pour le moment
de l'alimentation artiOciclle. L'art ici consiste à fournir à l'en-
faut un apport suffisant en calories dans un volume de sub-
stances alimentaires s'écartant le moins possible de celui que
représenterait la quantité de lait puisée au sein maternel.
Pour arriver à ce résultat, on a proposé toute une série de
mélanges lactés et d'aliments pour enfants ; mais on a perdu
de vue qu'il ne saurait exister de méthode uniforme et appli-
cable dans tous les cas pour mener à bien l'alimentation
des nourrissons. Marfan estime qu'en cherchant à remplacer
le sein maternel on verse toujours et fatalement dans des
erreurs. Ceci ne prouve pas l'imperfection de nos méthodes,
mais bien plutôt la multiplicité des procédés par lesquels
l'alimentation artificielle est possible. Parmi les plus cçnnus
d'entre eux, nous citerons les trois mélanges farino-lactés de
Heubner, que nous adoptons aussi, mais en y remplaçant la
farine d'avoine par une décoction Theinhardt à 5 p. 100
(Voy. TabL VI).
Aux nouveau-nés, Heubner commence par donner 1/3 de
lait ; pendant le second et le troisième mois, il donne 1/2 m«v
lange lacté ; à partir du troisième ou du quatrième, il élève la
ration à 2/3 de lait. Ces mélanges ont suffi dans la plupart
des cas à Heubner pour l'alimentation artificielle d'enfants de
constitution normale. Camerer a obtenu de bons résultats avec
les mélanges suivants (Voy. TabL Vil).
RATION ALIMENTAIRE DE L ENFANT
165
Tabl. VI. — Valeur calorifique des mélanges Heubner-Theinhardt.
II est renfermé dans :
100
e. e.
70
75
94
113
25
36
41
200
e.e.
140
150
188
226
50
72
94
300
c. c.
210
225
282
339
75
108
141
400
c. e.
280
300
876
452
100
144
188
500
c. c.
350
875
470
565
125
180
235
600
c. c.
420
450
564
678
150
216
282
700
c. c.
490
525
658
791
175
252
329
800
ce.
560
600
752
904
200
288
3:6
906
e.e.
630
675
846
1017
225
824
423
1000
e.e.
70(1
750
94a
1130
250
860
470
Lait de femme
1/3 lait, 50/0 Theinhardt
et 8 Vo sucre de iait
1/2 lait. 5 0/0 Theinhardt
et 10 <>/o sucre de lait.. .
2/3 lait, 5 »/o Theinhardt
et 12 0/0 sucre de lait. . .
1/3 lait et 8 «/o solution
sacrée Soxhiet
1/2 lait et 8 «/o solution
Bucrée Sozhlet
2/3 lait et 8 Vo solution
sucrée Soxhiet
Tabl. VU. — Schéma de l'alimentation diaprés Camerer.
naps.
fre semaine
2-3 — .
4-8 —
3e mois .
4 — .
5-6 —
TOTAUX.
Nombre
des repas.
7
7
7
6
6
6
Uit.
1/8 litre.
2/8 -
3/8
4/8
5/8
6/8
Solution di«
luante.
2/8 litre.
4/8 -
3/8
3/8
2/8
2/8
Lactose.
25 gr.
45 —
45 —
40 —
80 —
80 -
Epstein n'administre que :
1/4 de lait les huit premiers jours.
1/3 — jusqu'à la sixième semaine.
1/2 — ]usqu*au cinquième mois.
2/3 — a partir du cinquième mois.
Son premier mélange est en désaccord avec les exigences
de Heubner, d'après lequel la dilution la plus forte que
supporte Torganisme serait de 2 parties d'eau pour 1 partie
de lait. Czerny commence Talimentation artificielle pendant
la première semaine et se sert de lait de vache dilué à moitié.
Au lieu d'eau, Mayer et StefFen préfèrent du bouillon de
viande faible, et Monti du petit lait. Pendant les premiers
temps, Czerny fait usage de lait très riche en beurre ou de
crème obtenue par repos, non par le centrifuge; dans la suite,
il prend du lait plus pauvre. Pour chaque repas, on prend
i 00 centime très cubes du mélange et Ton y ajoute une cuillerée
à thé de sucre de lait. L'expérience lui a appris que tout
100 HENRI KLOSE
autre sucre ne convient pas, la lactose favorisant le mieux les
fermentations normales dans Tintestin et la fixation de Tazole
albuminoïdique. Il augmente graduellement les rations, en
prenant pour ligne de conduite qu'à la fin de la première
année la quantité de lait prise en vingt-quatre heures ne peut
jamais avoir dépassé 1 litre. A partir du quatrième mois, il
fait la dilution du lait non plus avec une solution de lactose,
mais avec des décoctions farineuses faibles au début, plus con-
sistantes dans la suite.
Baginsky fait ses dilutions de lait entier ou de lait dilué et
de sucre, d'après le tableau suivant, dont l'usage pour la pra-
tique courante est très recommandable (Voy. TabL VIII^ IX
etX).
Marfan donne, pendant les premiers quatre h cinq mois,
2 parties de lait et 1 partie de solution sucrée à 10 p. 100.
Gomme aliments transitoires, il faut tenir compte aussi de
tous les succédanés dont nous avons fait mention. Toutes les
indications des auteurs n'ont sous ce rapport qu'une valeur
relative : le choix de la concentration du lait et l'époque des
modifications à y apporter ne peuvent être indiquées que par
l'observation attentive de l'enfant. Il faut tenir compte de sa
santé, de l'aspect de ses garde-robes, de son état général, du
poids de son corps et enfin de la qualité du lait. L'ftge seul ne
saurait fournir une indication précise. Une importance pré-
pondérante revient à la situation pécunière, au degré de cul-
ture et h la bonne volonté des parents. Pour notre part, nous
nous servons des mélanges modifiés de Heubner (lait et ali-
ment Theinhardt) ; dans la clinique, nous les répartissons en
rations que nous introduisons dans les flacons de Soxhlet ; dans
la policlinique, au contraire, nous nous servons des flacons
gradués en centimètres cubes introduits par Baginsky. Dès le
second jour, nous donnons un flacon toutes les cinq heures ;
à partir du troisième, toutes les quatre heures, de sorte que,
jusqu'à la fin du quatrième mois, l'enfant prend journellement
cinq repas. Nous recommandons aux gardes de ne jamais
laisser boire l'enfant dans la position couchée, mais de le
mettre droit en le tenant sur le bras ou sur les genoux. On
évite de la sorte le danger grave que les enfants n'étouffent
par aspiration de la nourriture dans les voies respiratoires.
Bien que notre méthode ait fait ses preuves cliniques et que
nous puissions la recommander en toute confiance au prati-
RATION ALIMENTAIRE DE l'bNFANT
107
Tabl. VïlI. — Coefficients calorifiques des mélanges de Baginsky.
ruxAbo
du mélange.
G>in position
par litre.
250
Mélange I ..S 750
^ 30
(350
650
35
MOO
11I..)600
/ 35
(500
1V..)50«
85
750
V..Î250
40
PAR LITRB.
Graitset.
^351
n..)65<
( ^
(40
I..)6<
&u. ( 8,75
icre.)
lat.
eau
sacre,
lait. ^
eau. { 12,25
sucre.)
lait. •
eau. ' 14,00
sucre. ^
lait. I
eau. [ 17,50
sucre. t
lait. \
eau. [ 26,25
sucre.?
rdrate
de
carbone.
41,25
50.75
53,00
57,5
73,75
Albu-
mine.
8,25
11,55
13,2
16,5
24,75
PAR LITRE.
Graisses.
81
114
130
1C3
244
vdrale
'de
carbone.
160
208
217
236
302
Albu-
mine.
34
47
51
68
toi
TOTAUX
284
369
401
467
647
Tabl. IX. — Mélanges de Baginsky. {Coefficient calorifique des divers mélanges
par chaque centaine de centimètres cubes.)
Nombre de calories cor-
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
respondant à :
c. cub.
c.cub.
c. cub.
c. cub.
c. cub.
c. cub.
c. cub.
c. cub.
c. cub.
c.cub.
Mélange!
28
56
84
112
140
168
106
224
252
>84
- H
37
74
lit
148
185
222
258
296
333
.'70
- 111
40
80
120
160
200
240
280
320
360
iJ)
- IV
44
88
132
176
222
266
818
352
399
»'i)
- V
62
124
186
248
310
373
434
496
558
il)
Tabl. X. — Mélanges de Baginsky. {Rapport pondéral des mélanges
aux calories.)
Il faot pour
Mélange I. .
- 11.
- II!
- IV
- V.
100
calor.
857
271
250
225
162
200
calor.
714
542
500
450
324
300
calor.
1071
813
750
6>6
486
400
calor.
1428
1084
1000
900
648
500
calor.
1785
1255
1250
1125
810
600
cnlor.
2142
1626
1500
1350
972
700
calor.
2409
1897
1750
1575
1134
800
calor.
2856
2168
2000
1800
1296
900
calor.
8213
2 439
2 250
2025
1458
1000
cnlor,
3570
2710
2500
2225
1620
cien, il n*est pas matériellement impossible qu'elle puisse
parfois donner des résultats moins satisfaisants, en raison
surtout de la tolérance fort variable que les divers enfants
montrent vis-à-vis du lait de vache. D'un côté, plusieurs
auteurs ont pu administrer avec succès du lait de vache naturel
108 HENRI KLOSE
non dilué, tels de Rothschild, Budin, Variot, Bonnifas,
Chavanne, en France ; Schlesinger et Oppenheimer, en Alle-
magne ; d'un autre côté, Ton observe parfois chez certains
enfants que la moindre quantité de lait de vache dilué pro-
voque immédiatement les manifestations bien connues en cli-
nique de la plus vive répugnance. Gomme Talimentation arti-
ficielle n'entre pas dans les vues de la nature, nous pouvons
admettre que ces phénomènes, assez fréquents du reste, ne
sortent pas du cadre physiologique, encore que Textrème sen-
sibilité des organes digestifs joue certainement un rôle aussi.
Soxhlet dit : « Le veau ne résisterait pas à pareil traitement.
Que chez l'homme, le nourrisson se contente d'une imitation
de lait de femme écrémé, c'est un argument en faveur de
sa grande puissance d'accommodation, mais non en faveur de
l'intelligence humaine. » Lorsque cette puissance d'accommo-
dation laisse à désirer, l'expérience clinique doit fournir au
praticien le fil conducteur qui lui permettra d'instituer un
système rationnel d'alimentation.
Les dangers sont plus graves encore pour les nourrissons,
qui, par suite d'une infériorité congénitale individuelle, ne
sont môme pas capables de supporter le lait de la mère ou de
la nourrice et diminuent sensiblement de poids. Mon mattre
me communique son journal d'observations, renfermant l'his-
toire clinique d'un cas semblable, extrêmement rare, qui s'est
présenté dans la maison des Diaconnesses de cette ville. Je
le représente dans le diagramme ci-dessous, que je fais suivre
de cinq autres de notre clinique.
Remarques. — Poids initial, 3 200 grammes ; poids actuel,
2 300 grammes. Teint pâle, aspect sénile, ventre rentré, extré-
mités et nez froids, selles difficiles, peu abondantes et bru-
nâtres. Au dire de la mère, le lait a été vomi dès la naissance ;
un changement de nourrice n'y fit rien changer. On donna
sans succès plusieurs succédanés. Le 12 janvier 1906, nouvel
essai avec une nourrice : vomissements. Infusion saline.
Le 13 janvier, lait de femme dégraissé et thé. Vomissements.
Le 14 janvier, décoction faible de Theinhardtqui est acceptée.
Toutes les deux heures 30, 40, 50, 60. Le 17 janvier, amélio-
ration sensible. Regard plus vif. Le 18 janvier, ramélioration
s'accentue. Toutes les trois heures, 100. — 20/1 Mélange lait. —
Theinhardt 1. — 25/1, Mélange 11. — 1/11, Mélange 111. —
lO/II, Mélange IV. — 15/11, Mélange V. — 4/III, Mélange VL
RATION ALIMENTAIRE DE L E
— 2 fois diarrhée. Diète au thé. — S/IIl, l'enfant est renvoyé.
Poids du corps, 38i5 grammes.
FIg. 3. — Hubert (Emi
Remarques. — Le 23 février, 1/3 lait : vomissements,
garde - robes verdâtres ,
d'odeur repoussante.
Diète au thé, eau albu-
mineuse. 25/11, 1/4 lait:
vomissements, selles
dyspeptiques. 26/11, lait
battu : vomissements .
27/11, lait Backhaus I , vo-
missements. 28/11 Biedert
1. Poids, 2940 grammes.
— 6/II1 3070 grammes.
- Biedert 11. — 13/111
7 fois Biedert II. Poids,
3 330 grammes. — Le
3/IV 3970 grammes. —
Le i7/IV 4 420 grammes.
-Biedert III. — Le8/V,
6 fois Biedert III. — Le
11/VI, 6425 grammes, 6 fois Biedert V. — Le 15/VI, 2 fois
Theinhardt I, 6490 grammes. — Le I7/VI, Theinhardt 11.
170
HENRI KL09E
6550 grammes. — Le 24/VI, Theinhardt III. — Poids, 6 700.
Congédié.
Observations. — Après avoir donné différents mélanges au
lait de vache, etc., le 10/lV, Theinhardt 0, poids du coçps;
3960 grammes; 18/lV, 4250 grammes, Theinhardt I; 26/1 V,
Theinhardt II: 9/V, Theinhardt III; 16/V, Theinhardt IV;
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Fig. 5. — Fûrhont {faul), né le 17 jaDvier 1904. — Poids : 3120 gr.
24/V, Theinhardt V; 3/VI, 5920 grammes, Theinhardt V ;
12/VI, Theinhardt VI; 15/VlII, 7 mois. Poids, 9900 grammes.
Congédié.
Observations. — Vomissements énergiques après chaqu
prise de lait de vache dilué. — lô/I, Biedert I, 3290 grammes.
Du 22/1 au 5/II, Biedert II, 3 830 grammes. — Uu 12/11 au
17/III Biedert III, 8090 grammes. — Du 24/III au 3/V,
Biedert IV, 6290 grammes. — Du 10/V au IS/V Biedert V,
«610 grammes.— Du 21/V au 29/VBiedert VI, 7 ilOgammes. —
RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT 171
— Le 1/VI (à 6 mois), Theinhardt : à 28 semaines,
7920 grammes;. 30 semaines, 8260 grammes; 32 semaines,
8600 grammes; 34 semaines, 8760 grammes; 36 semaines,
8940 grammes; 3/4 d'année, 9 600 grammes; 10 mois,
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Fig. 6. — Sorge {Emile), né le 12 janvier 1904. — Poids initial ; 3070 gr.
10120 grammes; 11 mois, 10500 grammes; àla fin de Tannée,
^^*^500.
Observations. — Le lait n'est pas toléré. 8 jours après la
naissance, 2600 grammes. Essai avec Biedert 1 ; 3* à 5* se-
maine, Biedert II; 6» à 8« semaine, Biedert II et III; 9« à
12 semaine, Biedert III; 13^ à li' semaine, Biedert I V et III.
172
HENRI KLOSE
— 15* semaine, Biedert IV. — 16* semaine, 5970 grammes,
Biedert IV et une fois Theinhardt; 17« à 34* semaine, 6 fois
Theintiardt, 9530 grammes. — 39* semaine, 10320 grammes.
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1
Fig. 7. — Goldsckmidl {Henri}, né le 5 juillet 1904. — Poids initial : 3900 gr.
Bouillon avec œuf, 5 fois Theinhardt ; 10* au 12* mois, bouil-
lon avec œufs, 5 fois Theinhardt, 11*^,250.
Observations. — Vomit les mélanges lactés depuis la nais-
sance. Le 10/11, poids 3450 grammes. — Le 20/11, 3350 gram-
mes ; du 19/II-23/II, Theinhardt I ; du 23/Il-l/IU, Thein-
hardt II; du 2/III-7/III; Theinhardt III; du 8/IIU14/1II,
Theinhardt IV ; du 1S/III-22/1II, Theinhardt V; du 23/111-
IIATION ALIMENTAIHB DE L ENFANT l7J
30/111, Theinhardt et bouillon & la semoule. Congédié en par-
bite santé à l'âge de 3 mois et demi. Poids : 5250 grammes.
En tenant compte de ces observations, auxquelles je pour-
rais en ajouter quatorze autres faites dans notre clinique et
tout aussi instructives, nous avouons ne pas comprendre l'at-
titude hostile de plusieurs auteurs vis-à-vis des farines pour
enfants prises d'une manière absolue. Cette attitude est, comme
tout ce qui est absolu, simple mais injuste. La pratique nous
Fig. 8, — Ktitger {Hervin}, I moii.
apprend qu'il est des cas où le médecin peut, tout en ignorant
pour quelles raisons théoriques, faire usage de l'aliment
Theichanlt et obtenir grAce k lui un revirement du pouvoir
d'adaptation de l'oi^anisme : dès ce moment, la vie du nour-
risson est sauvée. C'est précisément dans des cas semblable
que Theinhardt et Biedert nous sont de précieux auxiliaires.
En général, nous commençons avec les mélanges Biedert pour
en venir petit à petit au Theinhardt, en transformant en solution
étendue d'abord un, puis deux flacons de la solution coDcentrce
suivant les indications du tableau suivant.
174
HENRI KLOSE
Tabl. xi. — Mélange crémeux naturel de Biederl.
Age.
Crème.
Eau.
Lactose
ou
sucre.
ua.
Caséine.
Graisse
par
litTQ.
Sucre.
Valeur
en
calories
Mélange I...
1 mois.
135
375
18
resp.
22
■
9,0
25,0
50
resp.
70
no
resp.
550
- II..
2 —
125
375
18
resp.
22
62,5
12,0
26,0
50
resp.
70
490
re?p.
570
— m..
3-4 —
125
375
18
resp.
22
125,0
14,0
27,0
50
resp.
10
510
resp.
590
— IV..
4-5 —
125
375
18
resp.
250,0
17,0
29,0
50
resp.
70
540
resp.
620
— V...
6-7 —
125
375
18
resp.
22
375,0
20.0
30,0
50
resp.
70
560
resp.
64U
— VI..
7 et suiv.
»
250
12
resp.
32
750,0
25,0
27,0
50
resp.
70
560
resp.
640
Chez les enfants qui ne sont pas trop jeunes, il est avanta-
geux de prendre le Theinhardt dès le début.
Les succès obtenus autorisent le médecin à conclure que^
parmi le nombre considérable des préparations existantes, il
en est au moins deux qui répondent aux exigences chimiques
et physiologiques et méritent sa confiance absolue. Il n'est pas
inutile de rappeler à ce propos que les anciens n'avaient
aucune notion des aliments artificiels pour la prime enfance.
Au moyen âge seulement, l'écrivain Mellinger, en 1473, et
Rosslin, en 1522, parlent d'élever les enfants avec un aliment
autre que le lait maternel. Le premier de ces auteurs dit :
« Si l'allaitement ne convient pas, il faut prendre du lait ».
Pour nous autres, médecins, ce regard rétrospectif constitue
un stimulant à tendre toujours davantage vers la conquête de
cet idéal : une alimentation infantile parfaite.
(A suivre,)
REVUE GENERALE
LE BAISER CHEZ LES ENFANTS
Le D' Benjamin D, Martiaez, dans une revue d'hygfiène scolaire
qui se publie à Buenos Aires, a insisté avec force sur les dcuigers
du baiser scolaire (i). Pour lui, c'est une coutume fâcheuse depuis
longtemps condamnée parrhyi^pène. En efTet, le baiser entre enfants
comme le baiser entre adultes el enfants peut être un agent de
transmission pour les medadies contagieuses.
Le 13 juin 1906, le D' Valdez, partant en guerre contre le
baiser mutuel des écoliers, adressait une lettre au Président du
conseil national de TËducation dans la République Argentine, le
D^ Ponciano Vivamo, pour lui signaler les dangers du baiser et en
provoquer offîciellement la suppression. Ses arguments se
réduisent à deux faits d'inégale importance :
l*" Le baiser peut faire naître prématurément des sensations
génésiques ;
2* Le baiser n'est pas aseptique^ il peut transmettre, de bouche
à bouche, des germes d'affections contagieuses : syphilis, tuber-
culose, rougeole, coqueluche, diphtérie, scarlatine^ coryza, etc.
La question est délicate, et, pour la résoudre avec modération
el équité, il convient de l'étudier sans parti pris et sans exa-
gération. Le baiser est la manifestation, souvent touchante
et respectable, de sentiments auxquels l'hygiéniste n'a pas mission
de s*attaquer. Nul médecin n'oserait condamner et réprouver le
geste affectif, si doux et si émouvant, qui jette l'enfant dans les
bras de ses proches. Nous ne pouvons que nous désintéresser, dans
les circonstances ordinaires de la vie, des baisers intimes de la
famille, etc.
Mais c'est au baiser banal, au baiser de mode et de convenance
(I) El beso en laa escuclas [La Ihjgiene etcolar, l«ir Juillet 1906).
176 REVUE GÉNÉRALE
au baiser automatique dont trop d^enfants sont les victimes, que
nous en voulons.
En Angleterre, dit-on, certains bébés portent écrits sur leur
chapeau ces mots : Kiss me not (Ne m'embrassez pas).
Je ne sais si cette inscription est habituelle et s'il conviendrait de
la généraliser partout. Mais il y a lieu d'éclairer les familles sur
les dangers que fait courir à leurs jeunes enfants la manie du bai-
ser qui sévit dans certains milieux. A Técole, petits garçons, petites
filles s'embrassent à tout propos. Il n'en résulte aucun dommage
le plus souvent, et la méfiance des maîtres ou des parents ne
s^éveille pas. Et pourtant nous savons bien, nous, médecins et
hygiénistes, que la plupart des maladies contagieuses ne se trans-
mettent pas & distance par Tatmosphère, mais par un contact
direct, par les poignées de main et surtout par les baisers. La
rougeole et la coqueluche, le coryza et la grippe, la diphtérie et la
scarlatine se transmettent d'enfant à enfant, dans les écoles sur-
tout, par les baisers. D'après le D' Martinez, le microbe de la carie
dentaire se transmettrait aussi par cette voie, soit d'enfant à
enfant, soit d'adulte à enfant.
Outre les maladies de l'enfance (fièvres éruptives, etc.) que nous
venons de citer, d'autres affections plus graves peuvent être
engendrées par le baiser. La syphilis, dont on ne rougit plus de
parler, car elle frappe souventles innocents (comme l'a si éloquem-
ment montré le D' Fournier), peut se transmettre aux enfants par
le baiser. C'est quelquefois un enfant atteint de manifestations
secondaires dont la salive sera virulente pour un autre enfant.
C'est plus souvent un adulte négligent ou inconscient, qui trans-
mettra sa gialadie par le baiser. Or, qui nous garantit qu'un
inconnu, un passant, voulant nous faire la politesse d'embrasser
nos enfants, n'a pas la syphilis sous une forme transmissible par le
baiser? Ce danger seul devrait faire condamner et repousser d'une
façon absolue le baiser banal d'un enfant, de la part de personnes
qui ne sont ni ses parents ni ses familiers.
La tuberculose fait courir plus de dangers encore que la syphilis,
étant plus répandue et plus souvent ignorée de ceux qui en sont
atteints. Or il n'est pas douteux qu'elle puisse se transmettre par
le baiser. Un phtisique qui tousse et qui crache a constamment la
salive souillée de bacilles de Koch. S'il a des moustaches, il est
bien rare qu'elles ne soient pas contaminées par les produits de
son expectoration, même s'il prenait de minutieuses précautions,
s'il crachait dans un crachoir de poche, s'il se lavait fréquem-
ment, etc. Le baiser de ce malade est funesteà l'enfant. Ilfautabso-
lument l'interdire même, aux plus proches parents.
L'inoculation de la tuberculose par le baiser peut d'ailleurs être
insidieuse et latente. Elle n'a pas d'efi*et immédiat, et ses premières
LE BAISER CHEZ LES ENFANTS 177
manifestations peuvent être confondues avec une lésion de grattage,
un bouton d*acné, de prurigo, d'inopétigo. Puis le bouton s'étend peu
à peu, avec une grande lenteur ; il gagne en profondeur comme en
surface, et bientôt on ne peut conserver aucun doute sur sa nature.
Pourquoi le lupus, si fréquent chez les enfants, a-t-il ce siège de
prédilection à la face, qui le rend si redoutable et si redouté ?
Pourquoi ce début par les joues, par le front, qui est habituel ? Le
lupus prend naissance en ces points, parce qu'ils sont exposés aux
baisers plus .que d'autres. C'est à la face que le lupus apparaît
d'abord, parce que la face, presque constamment découverte, s'offre
comme une cible aux bacilles de Koch projetés ou apportés parles
phtisiques.
En même temps que nous énoncions cette pathogénie du lupus,
le ly Gastou {Congrès de la tuberculose, octobre 1905), en appor-
tait également des exemples. Il montrait aussi par de nombreuses
observations que le lupus de Tadulte ou du vieillard a presque tou-
jours son origine dans Tàge infantile. D'où la nécessité encore plus
pressante, pour protéger Thomme fait, de protéger Tenfant en éloi-
gnant de lui les contacts suspects.
Sans doute le lupus reconnaît d'autres procédés d'inoculation.
Une coupure, une blessure, une éraillure accidentelle, souillée par
un crachat virulent, pourra servir de porte d'entrée au lupus. C'est
ainsi que j'ai vu une fillette avoir un lupus de la plante du pied,
parce qu'elle marchait pieds nus dans la chambre occupée par sa
mère, phtisique au dernier degré.
C'est ainsi que nous voyons les phtisiques s'inoculer un lupus
du dos de la main en s'essuyant les lèvres souillées par leurs
crachats.
En6n nous avons vu plusieurs fois un lupus se développer au
voisinage d'humeurs froides, de gommes, d'adénites suppurées
faciales ou cervicales*
Mais, en dehors de ces cas bien connus, nous avons, chez
plusieurs enfants, pu déterminer la source de lupus de la face, dont
l'entourage n'avait aucun soupçon. Par exemple, c'est une fillette
de trois ans portant, sur la joue gauche, deux petits foyers lupiques,
qui ont été détruits après d'assez nombreuses séances d'ignipunc-
lure ; le père et la mère sont sains ; mais la grand'mère tousse
depuis longtemps et crache abondamment; elle vit le plus possible
avec sa petite fille, la prend sur ses genoux et l'embrasse à tout
propos. Chez d'autres enfants, c'est le père, la mère, ou un autre
parent phtisique, qui ont communiqué le contage par de malen-
contreux baisers.
Nous devons conclure de tous ces faits quele baiser peut apporter
à l'enfant de nombreuses maladies, aiguës ou chroniques. D'enfant
à enfant, le baiser servira à transmettre la rougeole, la scarlatine,
Arcb. de médec. dee i?ipa:«its, 1907. -^^ ^^
178 ^ REVUE GÉNÉRALE
4a coqueluche, la diphtérie, la grippe, etc. D'enfant à enfant,
-d'adulte à enfant, il pourra transmettre la syphilis. D'adulte à
enfant, il communiquera la tuberculose sous toutes ses formes, et
en particulier le lupus par inoculation cutanée directe.
Pour toutes ces raisons, pour parer à tous ces risques, il con-
vient d'interdire le baiser banal, qui règne dans beaucoup d'écoles.
Il faut interdire aussi le baiser dont tant de personnes adultes sont
prodigues à l'égard d'enfants qui ne sont pas les leurs, et qui
peuvent se passer de ces marques de tendresse souvent déplacées
'Ot exagérées. Empêcher les parents d'embrasser leurs enfants, les
frères et sœurs de s'embrasser entre eux, il n'y a pas lieu d'y son-
:ger. Mais, quand le père, la mère, le frère, la sœur, etc., sont
atteints d'une maladie contagieuse, on les priera d'ajourner leurs
baisers. Si cette maladie est aiguë, leur attente ne sera pas bien
longue, et ils pourront prendre aisément leur parti d'une quaran-
^ine éphémère. Si la maladie estchronique (syphilis, tuberculose),
il conviendra de les mettre en garde contre les dangers qu'ils
feraient courir aux enfants en les embrassant suivant le mode
"habituel. Ils devront alors se contenter d'un simulacre de baiser,
qui, en sauvant les apparences, ne fera courir aucun risque à
'l'enfant.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Septic andoearditis (Endocardite septique), par le D*" Rachford {Arch^
af Ped., octobre 1906).
Le 10 février 1905, un garçon de quatre ans est reçu au pavillon de la
scarlatine du Cincinnali Hospital pour une scarlatine de moyenne inten-
sité. Auparavant il a eu la coqueluche et des angines graves. Pendant sa
scarlatine, il souffrit beaucoup de la gorge et d*adénite cervicale, surtout à
gauche. Au cinquième jour, on découvrit une endocardite mi traie sans
gravité apparente. Pas d'albumine.
Le 17 mars, trente-cinq jours après l'entrée à Thôpital, Tenfant passe
dans la salle commune.
Un peu de fièvre à ce moment, souffle systolique de la pointe, sans
défaillance du cœur. Peu à peu la fièvre tombe, les glandes se résorbent,
et le 20 avril, soixante-huit joui*s après l'entrée à Thôpital, on Tenvoie en
convalescence.
Le 26 avril, il revient avec de la fièvre et une amygdalite ulcéreuse ; il
y a aussi de la stomatite ulcéreuse. Hypertrophie des glandes du cou.
Gonflement du côté gauche de la face par suite d'une ulcération de la face
interne de la joue. Souffle systolique à la pointe avec frémissement, foie
un peu gros, haleine fétide, etc. 11 semble que Tenfant ait une nouvelle
infection ayant pénétré par les amygdales et touché une seconde fois
lendocarde. Grandes oscillations thermiques.
Dyspnée, rudesse du souffle, ai^thmie cardiaque, choc étalé de la
pointe.
Le 13 mars, Tamygdalite est guérie, mais la stomatite fétide persiste.
Augmentation du foie et de la rate produisant un gonflement de la
partie supérieure du ventre. Adénopathies multiples. Pâleur et anémie.
On trouve une augmentation des globules blancs (41 000). A la fin, érup-
tion purpurique, sang dans les selles.
Le 29, on ouvi*e des abcès ganglionnaires au cou, amélioration ; pas de
Cèvre.
Le 5 juin, fièvre, coryza, bronchite; le 7, éruption de rougeole ; aggra-
vation de la stomatite, bronchopneumonie ; le 24 juin, perforation de la
joue par le noma ; mort le 28.
A Tautopsie, dilatation du cœur, ulcération des deux valves de la
mitrale, bronchopneumonie double; gonflement et congestion du foie,
de la rate, des reins.
The weighU cl the Yiscera in inlancy and childhood, with spécial
référence to the weight of the thymus gland (Les poids des viscères
dans la première et la seconde enfance, spécialement le poids du thymus),
par les D" David Bovaird et Matthias Nicoll [Arch, ofPed., sept. 1906).
180 ANALYSES
Les poids des difTérents organes ont été recherchés dans les autopsies
faites pendant trois ans au New York Foundling HospUal (571 cas ; le sexe
est indiqué dans 533 cas : 293 garçons, 240 filles) :
Grammes.
Cœur : A la naissance 20,5
De la naissance à Z mois 21,0
De 3 & 6 mois 27,1
— 3S,1
— 36,5
— 40,1
— 43,3
— 49,9
— 57,6
ans 58,0
— 72,8
— 74.7
Reins. — Dans 186 cas, où les deux reins furent pesés, le gauche pesait
97 fois plus que le droit, 52 fois moins, 37 fois également.
Table générale des poids entre 0 et 5 ans.
De
6 à
9
De
9â
12
De 12 à 15
De 15 à
18
De 18 & 21
De 21 à 24
De
2 à
3
De
3 à
4
De
4 à
5
Taille.
Cœar.
Rein.
Rate.
Foie.
Nombre de cas
49,8
20,5
11,5
lî.t
136,0
13
54,7
21,0
17,î
15,0
150,4
58
59,7
2Î.I
21,3
17,9
192,0
76
64,7
35,0
26,7
23,4
250,0
12i
67,9
36,5
30,1
26,1
272,8
107
69,8
40,1
31,0
28,7
265,0
39
7î,6
43,3 i
( 15
76,0
49,9
38,6
39,8
352,0
18
76,0
57,6'
( 6
83,5
58,0
49,3
41,5
450,0
61
84,9
72,3
54,4
48,5
492,0
39
87,2
14,7
Total
58,1
42,7
51}i,0
18
569
Naissance
1 à 3 mois.
4 & 6 — .
7 à 9 — .
10 àL 12 —
13 à 15 — .
16 à 18 —
19 ài 21 —
22 à 23 —
2 à 8 ans.,
3 à 4 — .
4 à 5 —
Le poids du foie est en moyenne sept fois le poids du cœm\ Le poids
de la rate est le dixième de celui du foie. Le poids moyen du rein est le
neuvième de celui du foie.
Thymus. — Le poids moyen du thymus aux autopsies a été de 6 gi'ammes.
La théorie qui voulait que le thymus augmentât de volume depuis la
naissance jusqu'à deux ans doit être abandonnée. Mais, si cette augmen-
tation physiologique n'existe pas, il peut y avoir d'énormes hypertrophies
pathologiques.
De rappendicite chez le nourrisson, par MM. Ë. KiaiiissoNet Guimbellot
{Revue de chiiurgiCy 10 octobre 1906).
Garçon de dix-neuf mois, nourri au biberon, pas de constipation. Le
6 janvier 1906, enfant grognon ; dans la nuit, un vomissement, douleurs
de ventre, pas de selles. Le 9 janvier, soixante heures après le début, on
trouve un ventre énorme, tendu, douloureux surtout à droite. Son lym-
panique avec submatité dans la fosse iliaque dix)i le. Toucher rectal néga-
tif. Faciès plombé, prostration, fièvre (39o,2). On hésite entre une invagi-
nation et une appendicite.
Laparotomie après chloroformisation, issue de séro-pus d'odeur
fécaloïde; plaque sphacélée sur l'appendice, perforation, boulette fécale.
Mort le jour même, avec 40°,2.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES. 181
A propos de ce cas rare, les auteurs ont fait des recherches, bibliogra-
phiques et réuni ainsi 26 observations d'appendicite chez le nourrisson :
9 dans la première année, 17 dans la seconde. Ces 26 cas, pris en bloc,
ont donné 19 morts et 7 guérisons. Les 9 cas de la première année se
sont tous terminés par la mort ; ceux de la seconde ont donné 7 guérisons
et 17 morts. Toutes les guérisons ont été observées au-dessus de dix-huit
mois. L'intervention chirurgicale a été pratiquée 19 fois (7 dans la pre-
mière année, 12 dans la seconde), avec 7 guérisons et 5 ndorts. On peut
donc conclure :
1" L'appendicite, dans les deux premières années de la vie, n'est pas
aussi rare qu'on le pense ;
'2? Elle évolue rapidement; son pronostic est très grave ;
3<» L'intervention immédiate est indiquée, car les seuls cas de guérison
répondent à des interventions à chaud;
4° Mais il est difficile de prendre une décision, à cause de la difticulté
du diagnostic.
Case cl mixed-celled leakasmia (Cas de leucémie mixte), par le
D' Léonard Findlw [Glasgow Med. Jour,, octobre 1906).
Garçon de onze ans, reçu à la Glasgow Royal Infirmary le 16 septembre
1905, pour une faiblesse générale avec pâleur et éruption cutanée. A
toujours été pâle. 11 y a six semaines, petites tâches rouges sur tout le
corps, puis toux, pharyngite ; on parle de diphtérie. Au moment de
l'entrée, outre la pâleur excessive, on relève un purpura généralisé, avec
souffle à la base du cœur. Foie et rate non augmentés de volume. Pas de
lièvre, mort le 21 septembre.
Examen du sang :
Hémoglobine 15 p. 100
Hématies 1 SOOOOO
Leucocytes 40 000
Myélocytes C0,4p. 100
Petits lymphocytes 24,9 —
Grands lymphocytes 11,7 —
Polynucléaires neutrophiles 3,8 —
En somme, la majeure partie des leucocytes étaient formés de myélocytes
neutrophiles variant du volume d'une hématie au double.
A l'autopsie, on trouve tous les organes pâles, quelques petits infarctus
hémorragiques dans les poumons, ganglions mésentériques un peu aug-
mentés, os fémoral en prolifération leucocytique. 11 y a donc dans ce cas
un mélange de polynucléaires et lymphocytes qui constitue une forme
mixte de leucémie (prolifération à la fois du tissu myélolde et du tissu
adénoïde), fait assez rare pour n'être pas dépourvu d'intérêt.
Di un corpo estraneo nel bronco sinistre (Corps étranger de la bronche
gauche), par le D' E. Nicolixi {Gazz, degli osp, e délie clin., 23 septembre
1906).
Le 14 août, à neuf heures du soir, l'auteur est appelé près d'un garçon
de cinq ans qui a aspiré un haricot. Accès de toux violents, respiration
stcrtoreuse, aphonie. L'examen du thorax montre que le côté gauche est
moins sonore, moins vibrant que le droit; déplus, le murmure vésiculaire
a disparu du même côté. Donc corps étranger dans la bronche gauche.
On essaie alors le vomitif, la suspension par les pieds, etc.
Le lendemain, l'enfant est conduit à Modène, à la clinique du D^ Luigi
I
182 ANALYSES
iNasi. On le tient en observation plusieurs jours, et il rentre chez lui sans
avoir été opéré. Mêmes symptômes sans aggravation. Puis catarrhe bi'on-
chiquc, augmentation de la toux, perte d appétit. Au trentième jour,
symptômes de bronchopneumonie. Au trente-neuvième jour, Tenfant a
des crachats striés de sang, fétides, avec 39<',5, p#uls 130. Enfin, le qua-
rantième jour, au milieu des efforts de toux, Tenfant a expulsé le haricot.
A partir de ce moment, résurrection rapide ; huit jours après, Tenfant
courait dans lelS champs.
Acute infantile intnssnsception (Invagination intestinale aiguë in-
fantile), parle D' Henry J. Dunbar {The Scott, Med. and. Surg. Journal.^
août 190C).
Durantrhiver 1903-1904, au Royal Hospitalfor Sick Children (Edimbourg),
Fauteur n'a pas eu moins de 7 cas d'invagination intestinale ; dans les
registres de Thôpital, il en a découvert plus de 50 cas ; c'est à Taide de
ces matériaux qu'il a voulu étudier l'invagination. C'est la forme la plus
commune de l'obstruction intestinale chez les enfants. On distingue quatre
variétés d*invagination : 1^ Entériques: partie inférieure du jéjunum (4),
iléon (1); ces invaginations sont courtes, superfîcieiles, très mobiles ;
2^ Iléo^aBcales comprenant la majorité des cas, volumineuses, peuvent faire
saillie à l'anus; 3^ Iléo^oliques très rares, constituées par la projection de
la portion terminale de l'iléon à travers la valvule iléo-ca;cale, très graves ;
4^ CoHqueSf semblables comme structuœ et mécanisme aux variétés
entériques. Sur 59 cas de l'hôpital d'enfants d'Édimboui*g, il y en a
76,3 p. 100 de la variété iléo-cœcale, 13,6 p. 100 mixte (entérique et iiéo-
CiTcale), 5 p. 100 entérique, 3,4 p. 100 colique, 1,7 p. 100 iléo-colique.
Les invaginations communément observées dans les autopsies d'enfants,
surtout parmi ceux qui ont succombé à des affections cérébrales, sont
(rès différentes des précédentes. Elles sont habituellement multiples,
toujoui^ courtes, souvent rétrogrades, plus communes dans le petit que
dans le gros intestin.
Pas de congestion, pas de rétrécissement de la lumière de l'intestin.
Réduction facile par une légère traction. Elles sont probablement causées
par des contractions intestinales irrégulières et spasmodiques survenant
immédiatement avant la mort. Les lésions de l'invagination pathologique
sont très rapides : étranglement du segment invaginé, compression du
mésentère, arrêt du sang, congestion, œdème, extravasation, gangrène.
Comme causes, il faut évoquer les contractions irrégulières et désordon-
nées de rintestin; ces contractions peuvent elles-mêmes être provoquées
par des troubles digestifs, et surtout par Tétat nerveux des enfants. On
fera attention aux aliments indigestes, fruits verts, pommes, oranges, etc.
Faits cliniques :
1® Garçon de six semaines, recule 12 novembre 1903. Le 11, au matin,
il s'éveilla soudain avec un cri étrange, et presque immédiatement il vonnit.
Il soulevait ses jambes comme s'il souffrait du ventre. 11 refuse le sein.
Ck)nstipation jusqu'à 7 heures du soir ; il passe alors une cuillerée à
dessert de sang rouge noir et de quelques matières. Mauvaise nuit. A
onze heures et une heure, selles sanglantes avec mucus.
11 essaya de prendre le sein une ou deux fois, mais vomit aussitôt.
Abdomen un peu distendu. Saillie dans la fosse iliaque et la région
lombaire gauche. A droite, sensation de vide, à lapalpation ; au contraire»
à gauche, on sent une tumeur dure et allongée ; parle toucher i^ctal, on
arrive, à 6 ou 7 centimètres, à sentir une masse arrondie dans le
rectum. Opération à trois heures trente du soir, trente-deux heures
!
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 185-
et demie après le début ; chloroforme, incision verticale de 6 centimètres
à travers le muscle droit, près de la ligne médiane, au-dessus de Tom-
bille; on tombe sur une invagination iléo-CcTcale de 10 centimètres de
long; des pressions douces, de bas en haut, amènent la réduction de tout
le boudin, sauf de 2 à 3 centimètres environ. Cette partie est alors recou-
verte avec une serviette et comprimée pendant une ou deux minutes, après,
quoi la réduction fut complétée par une pression de bas en haut. Les
mésentères de Tintestin grêle et du c61on ascendant sont fixés ensemble
avec des sutures au catgut pour prévenir une récidive. Lavage des anses
intestinales avec une solution saline chaude. Suture. Guérison.
2^ Garçon de six mois, vu le 23 novembre 1903. Hier, à quatre heures-
de raprès-midi, douleur de ventre, cris, vomissements; à sept heures
quarante du matin, selles sanglantes. Opération vingt-quatre heures et
demie après le début. On trouve une double invagination ; iléon dans
niéon, iléon dans le cascum; on réduit d*abord cette dernière, puisTautre..
Guérison.
S"" Garçon de sept mois, 23 décembre 1903; la nuit dernière, à onze
heures, réveil en sursaut, cris, vomissements. Selles sanglantes. Opéra-
tion dix-sept heures et demie après le début; variété iléo-cœcale,.
réduction, guérison-;
4« Garçon de onze mois, 12 janvier 1904; le 10, à neuf heures du matin^
cris ; le soir, à trois heures, vomissements ; hier soir seulement selles-
sanglantes. Opération cinquante heures après le début. Variété iléo-
csecale. Guérison;
^^ Garçon de trois mois, 23 février 1904. A neuf heures du matin, hier,,
cris de douleur, selles sanglantes, vomissements. Opération trente-six
heures et quart après le début. Invagination iléo-cœcale, réduction..
Guérison ;
6*GaiH^n de quatre mois, 7 mars 1904. Hier, à neuf heures du matin, cris,
vomissements; l'après-midi, selles sanglantes. Opération trente-quatre
heures et demie après le début. Invagination iléo-cœcale. Mort;
7« Garçon de deux ans neuf mois, 21 mars 1904. Opération dix heures
et demie après le début; invagination iléo-cœcale. Guérison.
D'après un tableau de 59 cas, l'auteur montre que les enfants sont bien
nourris et bien portants. On compte 74,6 p. 100 de garçons, 25,4 p. 100
de filles. L*enfant le plus jeune avait six semaines; il y a4 cas au-dessus
de deux ans (deux ans et demi, deux ans trois quarts, trois ans, sept ans).
Au-dessous de quatre mois, il y a 6,8 p. 100 des cas, 62,7 p. 100 entre
quatre et sept mois, 20,3 p. 100 entre huit et douze mois, 3,4 p. 100 entre
un et deux ans, 6,8 p. 100 au-dessus de deux ans. Il y a eu 45,7 p. lOO
de guérisons et 54,3 p. 100 de décès. Aucun des cas avec résection intesti--
nale ne guérit. Dans les cas guéris, la moyenne du temps entre le début
des accidents et l'opération a été de vingt et une heures; dans les cas
terminés par la mort, ti*ente-neuf heures. Parmi les enfants opérés dans-
les vingt-quatre heures, 63,3 p. 100 ont guéri :
Sur 27 cas guéris, 10 ont été opérés dans les 10 heures.
— I?
— 18 —
— 19
— 24 —
— 24
- 86 —
— 8
— Après 36 —
Des 81 cas morts, 1
fat opéré dans les 10 heures
— 7
— 18 —
— 12
— 16
— 24 —
— .^6 —
1& — Après 30 —
184 ANALYSES
On remarque 76,3 p. 100 de la forme iiéo-cœcale (avec 46,6 p. 100 de
guérisons), 13,6 p. 100 de cas mixtes entériques et iléo-caecaux (avec
50 p. 100 de guérisons), 5 p. 100 de la forme entérique (pas de guérison),
3,4 p. 100 de la forme colique avec 50 p. 100 de guérisons.
Cases of intassnsception (Cas d'invagination intestinale), par le D^ Johti
Marnocu {Tke Scotl, Med,^ etc.) :
1<^ Garçon de trois ans non opéré, rend par Tanus son boudin invaginé
et guérit (sept. 1902);
2^ Garçon de dix ans, invagination iléo-caecale, opération après vingt-
quatre heures, réduction impossible. Mort ;
3® Garçon de treize ans, invagination entérique, durée huit jours,
entérectomie. Mort ;
4^ Garçon de trois mois, invagination iléo-cœcale, opération dix-huit
heures après, mort dix jours après (fistule fécale et pneumonie) ;
5<^ Garçon de six mois ; invagination iléo-cœcale ; opération douze heures
après. Guérison ;
6° Garçon de neuf mois ; invagination iléo-cascale ; opération douze
heures après. Guérison ;
1^ Garçon de cinq mois, invagination iléo-o^cale; opération quinze
heures après. Guérison ;
8<> Garçon de quinze mois ; invagination iléo-cœcale ; opération dixheures
après. Guérison ;
Le D' David M. Greig (The Scott. Med,, etc., août 1906) , sur 20 cas, trouve
autant de filles que de garçons; 13 cas au-dessous d'un an, 5 entra un
et neuf ans, 1 à dix-huit, ans, 1 à soixante et un ans. Sur ces 20 cas,
10 moururent. Il faut reconnaître vite l'invagination intestinale et l'opérer
aussitôt.
Un caso de abceso cérébral (Un cas d'abcès cérébral), par le
D^ Herrera Vegas (Rev. de la Soc, méd. Argentinat mai-juin 1906).
Fille de douze ans, venant de Tucumàn, entre à VHospital de Clinicas^ le
6 juin 1905. il y a huit mois, en jouant, coup de pistolet à la région
frontale, chute avec perte de connaissance, hémiplégie droite, convul-
sions, fièvre, etc.
L'enfant ne peut marcher; fistule de la région frontale, avec
suppuration. Hémiplégie spasmedique à droite, incontinence d'urine. La
radiographie montre le petit projectile à gauche et une ombre plus éten-
due qui décide Tintervention.
Une incision losangique est faite le 8 juillet 1905 à la région frontale ; on
agrandit l'ouverture osseuse ; on fait une craniectomie large à la manière
de Doyen. Incision de la dure-mère, ponction exploratrice, issue de pus
jaune; le bistouri permet de retirer 100 grammes de pus; drainage,
suture. L'examen bactériologique donne le streptocoque pyogène. On n'a
pas pu retirer la balle. Néanmoins guérison complète.
Des rapports histologiqaes entre la mère et le fœtus, par MM. Briiideau
et Nattam-Larrier (Journal de physiologie et de pathologie générale, 15 sept.
1906).
On a cru longtemps que les tissus de la mère et ceux du fœtus restaient
séparés, celuL-ci se développant dans l'utérus comme un véritable corps
étranger. L'œuf pénètre, par effraction, dans l'épaisseur même de la
muqueuse utérine ; dès le début de la grossesse, des rapports intimes
s'établissent entre l'œuf et l'organisme maternel.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 185
Âa niveau des lacs sanguins maternels, Taxe conjonctif et les cavités
vasculaires de la villosité fœtale sont séparés des milieux maternels par
un simple revêtement épithélial; aussi toute altération du plasmode
pourra-t-elle livrer passage aux leucocytes ou aux microbes du sang
maternel.
Au niveau de la caduque, des formations fibrineuses parviennent, en
séparant les cellules de Langhans des cellules déciduales vraies, à élever
unebarrière entre les deux organismes ; mais, pendant une courte période,
il y a eu contact immédiat entre les éléments fœtaux et maternels; c*est
alors que le spirochœle a pu passer du fœtus à la mère. On peut ainsi
expliquer la syphilis conceptionnelle et mieux comprendre certains acci-
dents de la syphilis gravidique, véritables chocs en retour, du fœtus à la
mère.
Ueber Lymphozytoae der Cerebrospinalflftssigkeit bei Kongenitaler
Syphilis and ihre diagnosUsche Bedeatosg (Sur la lymphocylose du
liquide cérébro-spinal dans la syphilis congénitale et sa valeur diagnos-
tique), par le D' L. Tobler (Jahrb. f. Kinderheilk., 1006).
Dans 14 cas de syphilis certaine cliniquement et anatomiquement
ou au moins probable, on trouva 12 fois une forte lymphocytose du
liquide céphalo-rachidien, c'est-à-dire dans 85,7 p. 100 des cas. Une fois les
résultats furent négatifs; un cas donna des résultats incertains. On
trouva dans 5 cas, sur 7 examinés, une augmentation de la quantité
dalbumine. Donc on peut ranger parmi les symptômes fréquents de la
syphilis héréditaire des modifications caractéristiques du liquide céphalo-
rachidien; mais il semble qu'on les rencontre un peu moins souvent
que dans la syphilis acquise, à en juger d'après la statistique de
Merzbach (89,7 p. 100).
Quelle peut être la valeur diagnostique de ce symptôme? A ce point de
vue, il est intéressant de noter que, dans 4 cas sur 5, où le diagnostic
n'était pas bien établi cliniquement, il y avait une forte lymphocytose.
De plus, parmi les cas considérés comme syphilis sûre, il y en avait où la
réaction était positive à un moment où manquaient les autres symptômes,
abstraction faite des données anamnestiques. Ainsi, dans un cas, on vit,
après une cure de quatre semaines par le calomel, une forte lymphocytose
chez un enfant ayant Tair bien portant, alors que seulement un léger
ooiyza pouvait donner le soupçon de syphilis. Deux mois après cet
eofant mourait avec les plus graves lésions syphilitiques. La lympho-
cytose traduit généralement des lésions méningées de nature inflamma-
toire.
Ueber iwei atypische Myxœdemiâlle (Sur deux cas atypiques de myxœ-
dème), par le D' Berniieim-Karrer {Jahrb, f. Kinder keilk,, 1906).
On a, dans ces dernières années, distingué deux types morbides : le mon-
golisme et le myxœdème. Le faciès n'est pas le même dans les deux cas,
elle traitement thyroïdien, souvent si cffîcacedans le myxœdème, estsans
action dans le mongolisme. La dentition retardée dans le myxœdème peut
«tre normale dans le mongolisme. Malgré ces différences, le diagnostic est
difticile dans les cas frustes. Si, dans le mongolisme, il manque le faciès
typique, le strabisme et l'œil en amande, on peut avoir affaire à un cas
mixte, comme l'auteur en relate un exemple chez un enfant de vingt mois
présentant des symptômes myxœdémateux, mais qui était de taille nor-
male et qui n'avait pas l'aspect pâteux du faciès des myxœdémateux, et
chez qui la thyroïde ne faisait pas défaut; le taux de l'hémoglobine ne
18C ANALYSES
s'élevait qu*à 25 p. 100. Ce cas était donc un cas mixte de myxœdèroe et
de mongolisme. Le traitement thyroïdien avait notablement accéléré la
dentition, comme cela ne se voit pas dans le mongolisme; mais, par contre,
Faction sur la diminution de la fontanelle fut nulle.
Le second cas, observé chez une enfant de dix-sept mois, est un cas de
myœdème et rachitis. Le myxœdème se traduisait par Taspect typique du
visage, la macroglossie, la hernie ombilicale, la croissance relardée et Tétai
psychique de l'enfant. 11 était difGcile de dire si la béance de la fontanelle
et Tabsence des dents étaient de nature rachitique ou myxœdémateuse ;
seul un traitement thyroïdien un peu prolongé eût pu trancher la ques-
tion. D'autre part, la saillie de Tépiphyse du radius et des cartilages costaux
étaient de nature rachitique, comme Ta prouvé Texamen histologique.
La radiographie de la main montrait des lésions sûrement rachitiques, à
savoir que l'extrémité supérieure du métacarpe, depuis le deuxième jus-
qu'au quatrième métacarpien, était en forme de sac ou de cloche.
Znr familiâren Hàalmig der Scharlachnephritia (Sur la néphrite scar-
lalineuse familiale), parle D' Fritz SpiELER(/aAr6.^. Kinderheiik., 1906).
Les observations de l'auteur sur la scarlatine familiale ont porté sur
83 familles avec 186 enfants malades. Parmi eux, il y eut 48 familles et
103 enfants entièrement indemnes de néphrite, tandis que dans 35 familles
avec 83 enfants malades il y eut 51 cas de néphrite, c'est-àniire que, dans
22 familles avec 49 petits scarlatineux, il y eut 1 seul enfant, et dans
13 familles avec 34 malades plus de 1 (en tout 29) atteint de néphrite.
Sur ces 13 familles, il y en eut 10 avec 23 malades où on vit 2 enfants (en
tout 20) atteints de néphrite et 3 avec 1 1 malades où il y eut 3 cas de
néphrite (en tout 9). Dans 9 familles, tous les enfants (total de 19) atteints
de scarlatine eurent de la néphrite.
Déjà Tuch avait attiré l'attention sur la fréquence assez grande de cette
néphrite scarlatineuse familiale. La cause ne i)eut pas en être cherchée
dans une aptitude particulière du virus scarlatineux à provoquer la
néphrite, mais dans une moindre résistance du rein, laquelle peut être
héréditaire dans beaucoup de familles.
Beitrâge mr Kenntaiss der Langenentinndiingen mit intermittie-
rendem Fiebenrerlauf (Contribution à l'étude des pneumonies avec fièvre
intermittente), parle D' Félix v. Szontagh (Jahrb. f, Kinderheitk., 1906).
Dans des cas rares chez l'enfant, on peut voir la pneumonie évoluer avec
une courbe de lièvre intermittente. L'auteur a déjà publié un cas de ce
genre ; il en publie ici un second, avec oscillations entre 40 et 37«. La
maladie dura dix-huit jours et se termina par une crise. L'évolution fut
pour ainsi dire saccadée.
Enfin l'auteur apporte des cas où la courbe de fièvre rémittente permit
de soupçonner, en l'absence de signes nets de localisation, une infection
pulmonaire. 11 s'agissait là d'une broncho-pleuro-pneumonie suppurée
suite de trachéotomie. Cette infection mortelle évolua en douze jours,
d'abord avec fièvre intermittente, puis rémittente, indice que le processus
morbide marchait par saccades. Le tableau morbide fut celui d'une septi-
cémie généralisée avec même de l'érythème.
Ein Beitrag sur kenntniss der Beschaffenheit des Urina bei der
Rachitis (Contribution à l'étude de l'urine dans le rachitis), par le
D' Louis Bs-iUMANN (Jahrb. f. Kinderheilk,y 1906).
Dans tous les cas examinés, les résultats furent identiques. Jamais on ne
THÈSES ET BROCHURES 187
li-ouva l*odeur spéciale de Turine donnée comme caractéristique d'un
processus rachitique, ni on ne constata une urine en fermentation ammo-
niacale. Toujours Turine fraîche était acide. Une fois seulement elle était
alcaline, mais sans odeur. En conclusion, le rachitis ne s'accompagne pas
d'augmentation de Texcrétion ammoniacale ; par conséquent il n'est pas
vraisemblable d'admettre une excrétion exagérée des acides.
Uebar die Rhiniliden der Sàaglinge (Sur les rhinites des nourrissons),
par le D' Frasz von Torday {Jahrb. f. Kinderheilk.y 1906).
L'auteur a vu 18 cas de rhinites chez le nourrisson. Les faits observés
montrent la gravité de la rhinite. Dans un cas, l'enfant mourut sans
qa une autre cause pût être invoquée. De la bronchite surajoutée gênait
encore la respiration. Cinq jours après, un nourrisson de la même salle
tombe malade et meurt avec les mêmes symptômes, fièvre, dyspnée,
dysphagie. A l'autopsie, pas d'autre cause de mort que la rhinite.
Le mois suivant, un nourrisson vigoureux de trois semaines meurt de
la même façon. Une semaine après, un autre est atteint de rhinite suppurée
et meurt avec de la péritonite. Dans tous ces cas, on trouvait dans le nez.
du streptocoque virulent. L'auteur a vu aussi se développer une vraie
endémie de rhinites, avec deux morts, dont uuq^ de bronchopneumonie.
Toujours on trouvait le streptocoque. L'auteur a obtenu de bons résultats
avec le traitement surrénal (tonogène Richter en applications locales).
BeeiniQaasiingvon InfekUoiiBkrankheitendiirchTaccinatiGii (Influence
de la vaccination sur les maladies infectieuses), par le D*" P.-V. Jeziekski
i Jahrb, f. Kinderheilk., 1906).
A ce point de vue ont été étudiés 38 malades dont 22 scarlatineux,
10 tuberculeux, 5 typhiques, 1 lépreux.
Chez les scarlatineux, on observa chez certains un peu de fièvre avec
une température entre 38 et 39<^,3, mais sans réaction locale anormale.
Chez 10 d'entre eux, l'évolution fut tout à fait normale. Dans un cas, on
nt un exanthème diffus ou par îlots, donnant l'idée d'une récidive de
scarlatine, et une angine à strepto et staphylocoques. Dans un autre cas,
on vit survenir des modifications passagères de l'urine (urine foncée,,
globules rouges, peu d'albumine).
Chez un autre, on vit un abcès profond, bien limité, lent à guérir, se-
développant au niveau d'une croûte vaccinale.
Sur huit tuberculeux, on ne vit que chez l'un d'eux des phénomènes^
anormaux, locaux et généraux chez un homme de vingt-neuf ans, non
inoculé ; il est vrai que simultanément il était tuberculinisé.
Chez les typhiques, la vaccination ne semble pas influencer la maladie.
Chez un lépreux, on trouva dans le liquide des pustules des bacilles
typiques de la lèpre. Ce fait contraste avec l'absence des bacilles spéci-
tiques dans la tuberculose et la fièvre typhoïde.
THÈSES ET BROCHURES
Pemphigas congénital A kystes épidermiques, par le D' Ë. Grandjean-
BiuRD {Thèse de PariSy juillet 1906).
Cette thèse, inspirée par M. Gaucher, expose en détail ou résume
58 observations. Il semble que le pemphigus congénital à kystes épider-
miques (épidermolyse huileuse de forme dystrophique) et le pemphigus
héréditaire traumatique simple (épidermolyse huileuse traumatique
i88 ANALYSES
simple) forment deux entités morbides distinctes. Dans cette dernière,
rhérédité joue un rôle, dans Taulre non. Dans Tépidermolyse trauma-
tique simple, l'état général est bon, les sujets sont vigoureux, leur
maladie s'atténue avec Tàge et peut quelquefois guérir. Dans l'épider-
molyse dystrophique, les sujets sont chétifs, Tétat général est médiocre,
Tatténuation avec Tàge laisse persister les stigmates. Dans la première,
les bulles sont exclusivement traumaliques et se voient là où les trauma-
tismes ont porté, surtout à la plante des pieds et à la paume des mains ;
des frottements légers, des pressions suffisent pour les produire ; dans la
seconde, il y a des bulles spontanées et des bulles traumatiques, des
dystix)phies unguéales, des cicatrices et atrophies cutanées, des kystes
épidermiques ; les bulles occupent surtout le plan d'extension des
membres (articulations, extrémités).
Sans méconnaître la valeur de ces distinctions, il faut avouer qu'elles
ne sont pas basées sur des caractères essentiels et fondamcnteux. Il y a
encore place pour le doute et pour Tincertitude.
Recherches sur le diagnostic de la bronche pneumonie tohercnlease,
par le D' G. Mouriquasd (Thèse de Lyon, 1906, 200 pages).
. Cette thèse, inspirée par le D' Weill, contient 190 observations. £lle
établit que la bronchopneumonie tuberculeuse est la forme de tubercu-
lose la plus fréquente dans la première et la deuxième enfance. Mais il
est difficile de la différencier de la bronchopneumonie simple. Pour
M. Weill, il faut tenir compte du caractère de finesse des rédes et de
Tabsence de râles de grosse bronchite. La localisation du foyer aux bases
est la plus fréquente. La localisation au sommet n'est pas caractéristique
de la bronchopneumonie tuberculeuse. Le début est celui d'une broncho-
pneumonie banale, les signes caractéristiques ne s'installant que du
douzième au quinzième jour. Il y a dissociation entre les signes stélho-
scopiques et les symptômes généraux.
Au cours de la première enfance, la courbe de la température tend
vers Tapyrexie. Dans la seconde enfance, elle prend les allures de la
fièvre tuberculeuse.
Pour Weill, les ganglions périphériques n'ont de valeur séméiologique
que s'ils sont un peu gros, réniformes, un peu mous. Les petits ganglions
en grains de plomb se rencontrent en dehors de la tuberculose. Les
gommes sous-cutanées ont une plus grande valeur. Albuminurie rare.
Assez souvent, gros foie, grosse rate.
A l'autopsie, lésions de bronchopneumonie antérieure, adénopathie
caséeuse péri-bronchique ; inoculation du poumon par les ganglions
caséeux, rareté des ganglions caséeux mésentériques.
Le diagnostic doit reposer sur la clinique plus que sur le laboratoire.
Car la tuberculine, le séro-diagnostic, la bacillémie n'indiquent pas la
localisation que les signes stéthoscopiques seuls mettent en relief.
Un hôpital d'enfants en 1906, par le D' R. Hays {Thèse de Paris,
12 juillet 1906, 98 pages).
Cette thèse a été inspirée par M. Lesage, médecin de l'hôpital Héix>ld
rajeuni et transformé. £lle part de cet axiome: les maladies d'enfants
sont pour la plupart contagieuses, quoiqu'on ne connaisse lagent pa-
thogène que pour quelques-unes. Il faut donc lutter contre la contagion.
On a eu recoui's à l'antisepsie et à l'isolement. L'antisepsie est insufli-
santé, l'isolement doit être perfectionné.
La contagion intérieure est due aux malades en incubation de
r
THÈSES ET BROCHUnES 189
rougeole, coqueluche, etc. II en résulte que la salle commune est un
foyer permanent d'épidémies plus ou moins graves.
Quant à Tisolement en commun des rougeoleux, coquelucheux, même
dans des salles de 8 à 10 lits, il favorise Tapparition des complications.
Donc il faut préconiser l'isolement cellulaire (hôpital Pasteur),
('ependant les boxes des pavillons de douteux, moins chers, sont
suffisants.
Les crèches, leur passé, leur présent, leur avenir, par le D^ R. Des-
WARTE [Thèse de Paris, 4 juillet 1906, 170 pages).
Cette thèse, inspirée par le professeur Lemière (de Lille), est une étude i
très documentée de cette question toujours actuelle des crèches. Les ^
crèches, que beaucoup attaquent avec acharnement, étaient incontesta-
blement un progrès sur les garderies d'autrefois. Mais elles offrent les
dangers de toute agglomération d'enfants. On les a accusées encore de
favoriser l'abandon de l'allaitement maternel ; cet abandon, auquel elles
remédient de leur mieux, n'est pas leur fait, mais celui des conditions
sociales.
Les crèches industrielles ou nourriceries industrielles ont eu pour but de
combler une lacune des anciennes crèches en favorisant l'allaitement
maternel ; elles sont en effet tout près de la mère, dans l'usine où elle
travaille. Aloi*s on a vu, dans ces crèches du Nord, la mortalité être
moins élevée pour les enfants des mères qui travaillent à l'usine que
pour ceux des mères sans profession de la même ville. 11 faut donc
souhaiter la généralisation de ces noumceries industrielles.
Présenralion des noarrices et des nourrissons contre la syphilis, par
le D' Désomieaux (Thèse de Paris, 13 juin 1906, 88 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Pinard, reflète l'enseignement de ce maître.
Elle conclut en recommandant : l'* comme moyens prophylactiques
généraux, tout ce qui favorisera l'allaitement maternel, tout ce qui ins-
truira sur les dangei*^ de la syphilis et son mode de propagation par
lallaitement ; 2^ comme moyens prophylactiques spéciaux, traiter les
parents avant la procréation et pendant la grossesse, les instruire sur les
dangera présentés par ]eui*s enfants pour un sein autre que le sein
maternel. Aux parents qui désirent placer un enfant en nourrice
au sein, il faut demander un certificat médical garantissant la nourrice
contre tout risque d'affection contagieuse pouvant lui être transmise par le
nourrisson. Le fait d'exposer sciemment une nourrice à la contagion par
1 allaitement doitêtreassimilé à un délitet poursuivi correctionnellement.
il faut demander qu'une loi assimile la syphilis transmise parle nourris-
son à un accident du travail.
Il faut aussi protéger les nourrissons. Toute nourrice venant de quitter
un nourrisson et voulant se replacer se munira d'un certificat médical
attestant que l'enfant qu'elle vient de quitter n'était pas contagieux.
Toute nourrice non pourvue de ce certificat médical ne pourra se replacer
nouiTice au sein avant deux mois.
Le panaris des nouTean-nés, par le D''E. A. Galibert [Thèse de Paris,
"juin 1906, 74 pages).
Ciette thèse, inspirée par M. Rrindeau, contient 26 observations. Elle
montre que le panaris des nouveau-nés est plus fréquent qu'on ne
pen<ie. Deux causes interviennent : une prédisposante, la desquamation
épidermique des premiers jours de la naissance ; une déterminante, Tinfec-
190 ANALYSES
tion siaphylococcique. En général, ce panaris évolue sous la forme de
toumiole, qui débute vers le onzième jour et présente une éTolution
rapide autant que bénigne. Cependant la toumiole des nouveau-nés peut
se compliquer d'accidents plus ou moins graves, localisations secondaires
du staphylocoque ou infections streptococciques associées, conjonctivite,
galactophorite maternelle, impétigo, érjsipèle.
Diagnostic très facile ; il est rare qu'on puisse confondre.ee panaris a\ec
Tonyxis syphilitique ou le pemphigus.
Le traitement doit être préventif: éviter les tiraillements de Tépiderme
péri-unguéal ; brassières à manches longues recouvrant les mains. Irai-
tementcuratif par une pommade antiseptique et un pansement occlusif.
L'énantlièaie de la rongeole, par le ly Coué^on {Thèse de Paris, 13 juin
1906, 64 pages).
Cette thèse, inspirée par >I. Comby, contient 12 observations ; Tauteur
aurait pu en citer davantage à l'appui de ses conclusions. L'énanthème
de la rougeole est la localisation sur les muqueuses de l'éruption morbil-
leuse.' Comme cet enanthème précède habituellement Texanthème, il
peut servir au diagnostic précoce de la maladie. 11 se manifeste par le
catarrhe oculo-nasal sur les muqueuses pituilaire et conjonctivale. Sur
l'intestin, il se traduit par la diarrhée. On a cherché, sur la muqueuse
buccale, les manifestations caractéristiques de cet enanÙième. Le pointillé
du voile du palais, quand il existe, a une grande valeur. La stomatite
érythémato-pultacée de Comby est pour ainsi dire constante. Les taches
de Koplik ne sont pas constantes, et leur recherche est diflicile.
D'ailleurs elles font partie de Ténanthème général de la bouche, n'étant
qu'une simple localisation à la face interne des joues.
Institnciones de Beneflcencia contra la mortalidad infantîl en Paris j
en Berlin (Institutions de bienfaisance contre la mortalité infantile à Paris
et à Berlin), par la D*** £. Quezaoa Agharav {Brochure de 52 pages, San-
tiago de Chili, 1906, Imprimerie Cervantes).
Mme la D"* Quezada, envoyée en mission par le Patronage de Tcti-
fance du Chili, a visité les principales institutions de bienfaisance contre
la mortalité infantile, à Paris et à Berlin. Dans son rapport fort intéres-
sant, nous trouvons successivement exposées les Consultations de nourris-
sons et Gouttes de lait, la Pouponnière de Versailles, avec leurs pendants en
Allemagne, la Kindersehutzverein de Berlin, la Sàuglingsheim, la Bouchée
de pain de Paris, la Volkskûchen de M"« Morgenstern à Berlin.
L'auteur insiste beaucoup sur les détails d'organisation et montre un
esprit pratique très avisé.
Les colonies de yacancea, par le D' A. DESDOurrr {Thèse de Paris,
17 mai 1906, 236 pages).
La tuberculose de l'adulte n'est bien souvent qu'une tuberculose infan-
tile prolongée. C'est donc surtout dans l'enfance que la prophylaxie sera
utile. C'est la vie dans des habitations surpeuplées, contaminées, sans
air et sans lumière, qui engendre la tuberculose. En attendant qu'on
puisse assainir les habitations, on devra favoriser les œuvres qui ont pour
but de pi*ocurer à l'enfant des villes un séjour plus ou moins prolongé à la
campagne, à la mer, à la montagne. L'idéal serait de faire profiter cha-
que enfant d'un séjour prolongé à la campagne, dans une maison choisie
comme M. Grancher l'a réalisé dans son œuvre. Mais cela n'est possible
que pour un petit nombre d'enfants. Force est bien de se contenter d'un
LIVRES 191
séjour de trois semaines au grand air, ou même parfois d'une journée par
semaine dans les bois suburbains.
II faut aussi multiplier les espaces libres, les jardins publics dans les
grandes villes, encourager la création des jardins ouvriers, etc. Toutes
les œuvres de colonies de vacances signalent les bons effets du séjour au
grand air : augmentation de poids, de taille, de périmètre thoracique.
Pour que les colonies de vacances donnent tous leurs effets hygiéniques,
il est nécessaire que le médecin joue un l'Ole important dans le choix
des enfants et du lieu de séjour, ainsi que dans la surveillance des
colonies. Outre leur importance hygiénique, les colonies de vacances
ont des résultats moraux et sociaux qui ne sont pas négligeables.
De rosiéomyélita de rextrémité inférieure du radias, par le D' Ë. Del-
FossE (Thèse de Paris, 23 mai 1906, 104 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Kirmisson, contient 26 observations. Elle
montre que Textrémi té inférieure du i*adius est, au membre supérieur, un
lieu d élection pour Tostéomyélite ; il y a là en effet une épiphyse très
fertile, et un os, le radius, très exposé à la fatigue; ce sont des conditions
favorables à la production de Tostéomyélite. Le radius gauche est plus sou-
vent atteint que le droit : 10 cas d'ostéomyélite du radius gauche, 8 du droit,
6 non indiqués. Comme complications, on a rarement à compter avec
larthrite du poignet, car la synoviale n*a rapport que sur un point avec
le cartilage de conjugaison. Les lésions osseuses peuvent atteindre Tépi-
physe et rester localisées. Décollement épiphysaire assez rare, fractures
plus rares encore. Comme déformations consécutives, il faut signaler
les déviations de la main ; main bote cubitale, main bote radiale.
LIVRES
Traité de thérapeutique orthopédique, par le D' Ducroquet (vol. de
3S4 pages, Paris, 1906, J. Roussel, éditeur. Prix : 15 francs).
Dans ce livre, illustré de 347 figures dans le texte, le D** Ducroquet
expose surtout la technique des appareils qu'il a inventés ou perfectionnés
pour le traitement orthopédique des tuberculoses osseuses. Dans le
livre I, il étudie révolution des tuberculoses osseuses, les principes
généraux des appareils, la technique générale de Tappareil plâtré. Le
livre il est consacré au mal de Pott, le livre 111 à la tuberculose du pied,
le livre iV à la tuberculose du genou, le livre V à la coxalgie. Grâce à la
profusion des gravures, le lecteur suit assez bien les descriptions de l'au-
teur, et tout médecin praticien peut faire des appareils plâtrés en se
guidant sur les procédés techniques exposés dans ce livre. En résumé,
ouvrage très pratique et d'une incontestable utilité dans un domaine très
ardu et insuffisamment e.xploré par la généralité des médecins.
Verhandlungen der dreiundzwanzigsten Versamuilung der Geaell-
schaft fur Kinderheilkunde (Comptes rendus de la 23<' réunion
de la Société de pédiatrie), par le D' Paul Selter (vol. de 304 pages,
Wiesbaden, 1907).
Ce volume contient les communications et discussions présentées à
Stuttgart (septembre 1906), à la section de médecine des enfants de
]\\ssemblée des naturalistes et médecins allemands.
Parmi les notes les plus intéressantes, nous citerons : Isolement dans les
hôpitaux d'mfants (Ëscherich) ; Ration alimentaire de l'enfant au sein dans
192 NOUVELLES.
les quatre premiers mois (Siegert); Rougeole dts nourrfssons (Hutzler);
Variations du sang suivant l'âge des enfants (Feer) ; Résorption de ralbu-
mine chéx le nourrisson (Hamburger) ; Étioiogie des troubles disgestifs du
nourrisson (Finkelstein); Teneur en graisse du eolostrum (Hohlfeld) ; Vacci-
nation sous-cutanée (Knœpfelmacher) ; Maladie de Hirschsprung (Bemheim-
Karref); Hypertrophie du cœur dans le premier d{7tf (Oberndorfer) ; Rachi-
tisme chez le chien, le lièvre et le chevreuil (Hoiz); Spasme du pylore (Heu-
bner); Albuminurie orthostatique (^eyher), eic. D'aulres communications
ont été faites par MM. Léo, Wieland, Ludwig, F. Meyer, Hans Rietachel,
Schlesinger, v. Pirquet, Thiemich, UfTenheimer, Draseke, Ollo Rommel,
Selter, Schaps, Tobler, Camerer, Moro, Langsteio, Salge.
NOUVELLES
(Soloniesde yacances à Buenos Aires. — Le 0^ Pirân, propriétaire dans
la province de Buenos Aires, a offert au président du Conseil national
d'éducation de loger et nourrir, pendant les mois d'été, 30 à 40 enfants
pauvres et débiles désignés par les autorités scolaires avec un maître pour
les accompagner. Chaque mois, la même quantité d'écoliers peut se
renouveler, ce qui pour la saison fait un total de 100 à 120 enfants. On ne
peut qu'applaudir une générosité aussi intelligente et aussi pratique.
Société italienne de Pédiatrie. — Le sixième Congrès national italien de
pédiatrie, organisé par la Société italienne de pédiatrie, aura lieu celte
année à Padoue. Cette ville possède depuis vingt-cinq ans une chaire
de pédiatrie, la première en date du royaume. Elle méritait donc d'être
choisie comme siège du Congrès. Comité local : D^ Vitale Tedeschi, prési-
dent; I> Stoppato trésorier; D** Orefice, secrétaire.
Nécrologie. — Nous avons le profond regret d'annoncer la mort, à
soixante ans, du D*" P. Bcdin, professeur de clinique obstétricale à la
Faculté de Paris, bien connu dans le monde de la pédiatrie par ses belles
recherches sur l'alimentation des nourrissons.
C'est lui qui, le premier, en France, institua les gouttes de lait avec
consultation de nourrissons (Hôpital de la Charité, 1892).
Depuis cette époque, il s'était dévoué entièrement à c^tte œuvre, avait
fondé avec Strauss la Ligue contre la mortalité infantile, et se prodiguait
sans compter (brochures, réunions, conférences), pour répandre dans
notre pays et au delà les œuvres similaires. Appelé à Marseille pour une
conférence de ce genre, c'est là qu'il a été atteint brutalement d'une
pneumonie mortelle. On peut dire qu'il meurt au champ d'honneur.
Nous avons également le regret d'apprendre la mort de M*"* ârcoam-
BAULT, veuve du médecin de l'hôpital des Enfants-Malades et belle-mère
de notre collègue le D' Sevestre, auquel nous adressons nos sincères con<
doléances.
Le gérant :
P. BOUCHEZ.
4976-07. — CoRBiur^ Imprimerie Éo. Cmtrt.
10* Année Avrtl 1907 N* 4
MEMOIRES ORIGINAUX
. . . • . I'
VII
»'
ENTÉRITES ET APPENDICITE CHEZ LESENFANTB
Par !• Of J. GOMBT.
• ' • , .- ■.'••'
Les entérites de l'enfance jouent un rôle capital dans rétto-
. logie de Tappendicite. L'appendice en effet n est qu'un diver-
ticulede Tintestin ; solidaire de cet organe, il éprouve le con-
trecoup de toutes ses souffrances. Ce qae la raison faisait
prévoir est confirmé chaque jour par la clinique.
Remontant dans les antécédents des enfants qui souffrent
d'appendicite aigué ou qui présentent les troubles vagues de
l'appendicite chronique, on découvre les phases plus Ou moins
ignorées d'une inflammation du tube digestif: gastro-entérites
aigués ou chroniques, entérites subaiguës, entéro-colites.
On ne saisit pas toujours le lien qui rattaché l'appendicite
actuelle àTentérite ancienne, parce qu'on éprouve souvent de
réelles difficultés àdécouvrîr l'appendicite chronique. Le jour
où l'on saura reconnaître pendant la vie les petites lésions
appendiculaires, la question aura fait un grand pas.
L'appendice peut être malade depuis longtemps, gonflé,
congestionné, induré, oblitéré, lésé profondément dans sa
couche lymphoïde, sans donner lieu à des symptômes locaux
suffisants pour le diagnostic. La crise aiguë, qui viendrait lever
les doutes, peut se faire attendre longtemps, ou même man-
quer, et alors le diagnostic n'est pas posé. Le chiffre des ap-
pendicites chroniques reconnues et déclarées est très inférieur
à celui des appendicites chroniques existantes.
Un bon nombre de ces appendicites guérissent peu à peu,
spontanément ; les autres aboutissent aux épisodes aigus qui
les dénoncent bruyamment, ou sont découvertes par lesmédo-
Akch. db médbc. dbh bupants, 1907. X. — 13
194 J. COMBY
cins et les chirurgiens qui les cherchent. 11 n est pas superflu
de souligner ce dernier point ; pour reconnaître l'appendicite
chronique, il faut la poursuivre de recherches attentives, ré-
pétées, acharnées. Tel malade ne présente absolument rien à
un premier examen qui, six mois, un an plus tard, aura nette-
ment le point de Mac Bumey. Cela ne veut pas dire que lap*
pendice n'était pas déjà malade la première fois, mais seule*
ment qu'il n'était pas douloureux. L'appendicite chronique
existait déjà, elle s'accusait par des troubles de la santé géné-
rale, par l'anémie, l'amaigrissement, ladyspepsie,etc. Mais elle
n'avait pas fait encore assez de progrès pour être perceptible
à la palpation.
L'appendicite est une maladie essentiellement chronique,
qu'on peut considérer comme une localisation, une séquelle
des irritations, infections, intoxications du tractus intesti-
nal. Parmi ees toxi-infections intestinales, il n'en est pas chez
l'enfant qui expose plus à l'appendicite que l'entéro-colite
muco-membraneuse. A cela nous trouvons deux raisons :
l"" l'appendice fait en quelque sorte partie du côlon, et il serait
extraordinaire qu'il échappit aux inflammations d'un organe
dont il n'est que le prolongement ; 2** l'entéro-colite de l'en-
fance est, plus que celle de l'adulte, une infection aiguë por-
tant sur l'appareil lymphoïde du gros intestin, d'où le nom
d'eniérite folliculaire usité en Allemagne. Cette infection me-
nace directement l'appareil folliculaire de l'appendice. Colite
folliculaire, appendicite folliculaire, ces deux termes, en mé-
decine infantile tout au moins, sont quasi-synonymes et ne
représentent qu'une même maladie en deux localisations dif-
férentes.
Je suis pour ma part très surpris, non pas qu'il y ait de l'ap-
pendicite chez beaucoup d'enfantsayant souffert d'entéro-coUte,
mais qu'il n*y en ait pas chez tous. Il est vrai que l'appendicite
peut exister sans entéro-colite nette ; mais, si l'on voulait tenir
compte de tous les cas, on verrait que l'entéritea présidé bien
plus souvent qu'on ne le croît à la naissance de l'appendicite.
L'entérite est mal dessinée; elle existe néanmoins sous forme
de digestions pénibles, de dyspepsie flatulente et de ces con-
stipations opiniâtres, si proches de l'entéro-colite, dont elles
sont le prélude habituel Dire que les enfants atteints d*ap-
pendicite ont été depuis longtemps constipés, cela revient à
dire à peu près qu'ils ont de lentéro-colite chronique. En
ENTÉRITES ET APPENDICITE CHEZ LES ENFANTS 195
tout cas, cette constipation favorise la congestion, l'intoxication
etrinfectîon de l'appendice. A la constipation d'ailleurs vien-
nent souvent s'ajouter les sécrétions glaireuses, membraneuses
purulentes et sanglantes, qui attestent la colite.
Sans parlerde ces ébauches d'entéro-colite, qui figurent dans
ma statistique de 70 appendicites chroniques au moins 26 fois,
j'ai relevé iSfois des crises nettes d'entéro-colite muco-mem-
braneuse. Quant aux végétations adénoïdes, latentes et mani-
festes, qui précèdent si souvent l'entéro-colite, leur présence
est signalée au moins 14 fois. Dans ces 14 cas, elles avaient été
assez grosses et gênantes pour nécessiter Tinterventioii chi-
rurgicale. Mais elles existent bien plus souvent.
L'adénoïdite semble jouer un rôle très important dans la
production de l'appendicite. Rhino-pharyngite et adénoïdite,
entéro-colite muco-metnbraneuse et appendicite peuvent être
considérées, dans beaucoup de cas, comme des étapes succès-
siyes de la même maladie infectieuse. L'infection commence
par le rhino-pharynx, continue dans l'intestin et finit par
l'appendice.
Les sécrétions purulentes etseptiques élaborées par le tissu
lymphoïde du pharynx sontincessammentdégluties; comment
n'entralneraient-elles pas à la longue la gastro-entérite, l'en-
téro-côlite et enfin l'appendicite ?
D'ailleurs la structure lymphoïde de l'appendice le rapproche
singulièremeïit des amygdales palatines et pharyngées.
La plupart des médecins d'enfants, pour ne pas dire tous,
sont convaincus de l'existence de ces associations anato-
mo-cliniques, dont je vais résumer quelques cas réceùts, après
ceux qui ont été rapportés de différents côtés par Triboulet,
Gallois, Delacour, Aviragoet, René Josserand et Roux, Gui-
non, Broca, etc. Quoiqu^on ait mis en doute les relations de
l'entérocolite et de l'appendicite, ceâ relations sont devenues
classiques en médecine infantile.
Observation I. — Garçon de douze ans et demi, observé deux fois, à
trois mois de distance (mars et juin 1905). Il est pâle, jaune, maigre. Sa
mine épouvantable fait la désolation de ses parents, qui ont trois autres
enfants vigoureux et bien portants. Cet enfant a eu plusieurs poussées
d*entéro-€oiile muco-membraneuse traitées à Châtelguyon et ailleurs
sens aucun bénéfice. Constipation habituelle. Depuis Tàge de trois ans,
crises de vomissements avec fièvre et douleurs d'estomac survenant tous
les ans pendant Tété.
Je pensai aussiUVt à Tappendicite chronique, et j'examinai le ventre. Je
trouve une dilatation de Teslomac, sans la moindre défense ni douleur au
19f> J. COMBY
point de Mac Buraey. Cependant j'inscris en tête de mon ordonnance,
après l'énumération des différents symptômes, rien d'appentJiculaire en
apparence.
Trois mois après, Tenfant revient un peu amélioré par le régime que je
lui ai fait suivre. Mais sa mine continue à être mauvaise, et je ne suis pa^
satisfait. Nouvel examen du ventre, point de Mac Burney très net. Aussi-
tôt j'affirme Tappendicite chronique, je lui attribue sans hésiter la mau-
vaise santé de l'enfant, et je conclus, sans réserve, à la nécessité de Topé-
ration. On consulte deux chirurgiens qui opinent dans le même sens, et le
13 juillet le D** Michaux enlève un appendice ti'ès malade, rempli de pus.
Voilà donc un casd'entéro-colite muco-membranouse suivi
d*appendicite chronique, avec intoxication profonde allant
jusqu'à iacachexie. Signes locaux difficilement et tardivement
décelables.
Observation U. — Un garçon de dix ans est atteint d'entérite muco-
membraneuse grave, avec fausses membranes, mucosités purulentes,
sanp. Je le soigne par la diète, les lavages intestinaux ; il guérit. Au bout
de quelques mois, il est pris d'appendicite aiguë avec plastron dans la
fosse iliaque droite. Le D'' Jalaguier refuse de l'opérer à la phase aiguë.
Au bout de quelques jours, un abcès s'ouvre dans le rectum. Ouérison.
Là encore le rôle de Tentéro-colite muco-membraneuse
semble indéniable.
Observation 111. — iV..., fille de treize ans et demi, grande, forte, vient
d'avoir des douleurs rhumatoïdes avec un peu d'albuminurie. On s'est
demandé si cette albuminurie ne rentrait pas dans la classe des albumi-
nuries arthritiques, ou si elle devait être attribuée à une scarlatin«'
datant de trois ans. Quoi qu'il en soit, aprèsja cessation des douleurs et de
l'albuminurie, je suis consulté pour un embarras gastrique persistant
avec fièvre légère. A ce moment, j'ai recherché l'appendicite sans succès.
Mes confrères, le D' A. Centeno et le D"" Fiessinger, ne fuirent pas plus
heureux. Le 2 juillet 1906, l'enfant m'est présentée par sa mère avant le
départ pour Châtelguyon. Alors j'apprends qu'elle a eu deux grandes
crises d'entéro-colite (à trois ans et à di.x ans). Depuis la première crise,
constipation habituelle interrompue par des crises de diarrhée. Légères
douleurs de ventre parfois.
J'examine à nouveau l'abdomen avec un soin particulier, et je découvre
facilement le point de Mac Burney. Je conclus à l'existence d'une appen-
dicite chronique.
Là encore il faut relever Tentéro-colite muco-membraneuse
dans les antécédents de Tenfant.
Observation IV. — Une fille de onze ans, sœur de la précédente, a aussi
de Tentérite muco-membraneuse, pour laquelle ellea fait déjà deux cures
à Châtelguyon. Lors de sa dernière cure, elle n'a pu supporter le ma^;^-
sage abdominal qu'on lui avait prescrit, à cause des douleurs qu'elle en
éprouvait. Ces douleurs tenaient précisément à l'existence du point do
Mac Burney révélateur d'appendicite chronique.
ENTÉRITES ET APPENDICITE CHEZ LES ENFANTS 107
Observatio!*! V. — (In garçon de six ans est vu par moi le 28 décembre
1905 pour les suites d'une entéro-colite muco-membraneuse datant de
trois mois, il est pâle, jaune, maigre, sans présenter de douleur au point
(le Mac Burney. Végétations adénoïdes opérées à l'âge de trois ans. Le
3 juillet 1906, je revois cet enfant, qui a eu, depuis mon premier examen,
deux crises graves et très douloureuses d'en téro-colite avec glaires, peaux,
saog. L'examen du ventre me permet à ce moment de provoquer une
douleur vive au point de Mac Burney. Je conclus à une appendicite chro-
nique précédée d*entéro-colite.
Les trois étapes adénoïdienne, entéro-colique et appendicu-
laire sont ici bien évidentes. •
Observation VL — Le 5 juillet 1906, je vois une fillette de huit ans et
demi, déjà examinée ilyasix mois. A cette époque, elle était venue pour une
entéro-colite muco-membraneuse assez grave avec peaux, glaires, etc. Un
spécialiste de la gorge avait découvert des végétations adénoïdes qu'il se
proposait d'opérer. On me consultait pour la mauvaise mine, la pâleur,
la constipation, l'état dyspeptique de cette enfant. A cette époque, je
cherchai l'appendicite sans pouvoir la découvrir. Cette fois, je fus plus
heureux et pus mettre en relief le point de Mac Burney.
Nous trouvons ici, comme dans le cas précédent et dans
lessuivants, les troisétapesdeTinfection adénoïdienne, ontéro-
colitique et enfin appendiculaire.
Observation VU. — Le 5 juillet 1906, je revois, après un an d'intervalle,
une fillette de dix ans et demi, nourrie au biberon, opérée de végétations
adénoïdes à l'âge de sept ans. A cinq ans et six ans et demi, poussées
d'entéro-colite muco-membraneuse, cure à Chàtelguyon.
Enfant assez grosse, assez colorée, mais molle, sans énergie. Elle est
habituellement constipée et souffre parfois du ventre. Elle mange beaucoup
et avec gloutonnerie. Ily aun an, j'avais mis sur mon ordonnance que l'ap-
pendice n'était pas douloureux. Aujourd'hui, je constate que la pression
an point de Mac Burney réveille une douleur assez vive, et cela à plusieurs
reprises, les autres parties du ventre restant constamment indolores.
Là encore les étapes adénoïdienne, entérique et appendi-
culaire se sont déroulées d'une façon indéniable.
Observation Vlll. — Garçon de onze ans et demi, opéré de végétations
adénoïdes il y a quatre ans ; plusieurs poussées d entéro-colite muco-mem-
braneuse depuis cette époque. Récemment douleurs de ventre ayant duré
trois semaines; le médecin traitant aurait parlé d'appendicite. J'examine
«et enfant le 10 juillet 1906. La pression dans la fosse iliaque droite révèle
immédiatement un point douloureux. Ailleurs le ventre est indolore. Je
refais plusieurs fois l'épreuve; toujours le malade accuse une vive sensi-
bilité. Constipation habituelle. Nous sommes conduits à admettre Texis-
lence d'une appendicite chronique, ayant succédé aux végétations adé-
noïdes et à l'entérite muco-membraneuse.
Un frère desixans, auquel j'ai découvert un gros paquet de végétations
adénoïdes, a aussi de l'entérite muco-membraneuse ; chez ce dernier, je
n ai pas pu provoquer de douleur au niveau de l'appendice. Mais, si cet
organe n'est pas encore malade, il est menacé et je le surveillerai.
198 J. COMBY
Observation IX. — Garçon de douée ans et demi, observé le 16 juil-
let 1906. A r4ge de sept ans, végétations adénoïdes opérées* Dès Tàge «je six
à sept mois, j'avais été consulté pour des troubles dyspeptiques ; k deux
ans, à trois ans, j'avais revu Fenfant pour ces mêmes troubles. Constipa^
tion habituelle. Plusieurs poussées d^ntéro-colite muco-merabraneitse.
II y a quatre ou cinq jours, douleurs très violentes à Tépigastre, vomisse-
ments bilteux. En cherchant bien, on retrouve dans le passé quelques
manifestations douloureuses analogues. L'enfant a hubitueUement
mauvaise mine.
A Texamen du ventre, je trouve un point de Mac Burney très net, et je
puis affirmer Texistence d*une appendicite chronique.
Observation X. — Garçon de six ans, frère du précédent, né avanl
terme, ayant eu du spasme de la glotte très fréquemment dans la pre-
mière année, ronflait la nuit et avait constammeutla bouche ouverte. On
Ta opéré à deux ans de végétations adénoïdes. Puis sont survenues des
poussées d'entérite muco-membraneuse à plusieurs reprises. L'enfant
rendait des glaires, dçs peaux, du sang. On lui a fait de fréquents lavages
de l'intestin. En dehors de ces crises aiguës bien caractérisées d'entén>-
coUte infectieuse, le jeune sujet présentait une constipation habituelle,
avec quelques flux diarrhéiques de temps à autre. L'examen du veativ,
qui est souple et facile à palper, montre une dilatation de l'estomac assex
notable (clapotage jusqu'à Tombilic). De plus, au niveau de la fo^sc*
iliaque droite, on provoque à la pression une sensibilité très nette qui
n'existe en aucun autre point de l'abdomen. Jeconclusà l'existence d'unt*
appendicite chronique.
Observation XI. — Fille de douze ans, grande, bien développée, se pré-
sente à ma consultation le 21 juillet 1906. Cette enfanta mauvaise mine,
elle est pâle et présente par instants les traits tirés. Elle a souffert d'en-
térite muco-membraneuse grave : glaires, peaux, selles sanglantes. Di*.
plus elle dort la bouche ouverte, ronfle la nuit. On lui a coupé les
amygdales et extirpé des végétations adénoïdes. Dans sa première enfance,
elle a eu une otite aiiec mastoïdite, et elle porte une cicatrice opératoire
derrière l'oreille gaubhe.
Examinant le ventre de cette enfant, je constate une dilatation de Tes-
tomac, et je n'ai pas de peine à provoquer une douleur vive au point de
Mac Burney. Les autres régions de l'abdomen sont absolument indolores.
Pas de crise aiguë, mais constipation habituelle. Appendicite chronique
ayant succédé à l'entéro-colite et à l'adénoïdite.
Observation Xll. — Le 25 juillet 1906, on me conduit un garçon de six
ans, que j'ai vu à diverses reprises depuis l'âge de dix-huit mois. A cette
époque, il avait eu une entéro-colite muco-membraneuse avec réaction:»
méningées. Il eut par la suite d'autres crises d' entéro-colite. 11 y a deux
ans, je reconnus chez lui la présence de végétations adénoïdes qui furent
opérées quelques mois après. La santé devint meilleure et le périmçt^
thoracique augmenta. Il y a un an, l'enfant a présenté des vomissements
paroxystiques durant trois jours, qui se sont reproduits ensuite toutes les
cinq à six semaines ; les vomissements sont soudains, incoercibles, accom-
pagnés d'un peu de fièvre. Ils sont parfois précédés par des accès de dyspnéi*
avec bronchite asthmatiforme.
Lors de la dernière crise de vomissements, Tenfant a accusé de vives
douleurs de ventre. 11 n'y a pas de constipation habituelle; les selles sont
très fétides ; l'haleine semble avoir une odeur acide ou chloroformique.
ENTÉRITES ET APPENDICITE CHEZ LES ENFANTS 190
L'enfant, actuellement, est assez bien ; il n'est pas maigre, mais un ^eu
pile; il a eu sa crise il y a quinse jours, et les parents trouvent qU*ii ne
s'est pas rétabli aussi vite que les autres fois. Rien à Tauscultation du cœur
ni ies poumons.
l^ ventre est souple, non douloureux à ^a pression spperiicieUe. Foie
normal. Clapotage gastrique. A la pression profonde au point de Mac Bu^-
ney, légère douleur. Je conclus à Texistence d'une appendicite chronique
venant terminer la série de malaises éprouvés par l'enfant et au premier
rang desquels doivent être placés Tentéro-colite et les végétations ad^
notdes. Quant aux vomissements cycliques existant depuis un an, ils sem-
blent être l'expipession dé Fappendicite. C'est au moins ainsi que j'aurais
tendance à les interpréter.
Observation XIU. — Garçon de quatre ans, observé le 19 octobre 1906,
avec le D' Fournier (de Bécon-les- Bruyères). C4et enfant a été soigné à
plusieurs reprises pour de Tentéro-colite muco-membraneuse. Crise très
douloureuse il y a deux mois. On a parlé alors d'appendicite. Il y a trois
jours, nouvelle crise, avec glaires et mucosités, fièvre (4<)*), vomissements,
douleur dans le côté droit du ventre. L'examen montre une défense très
nette avec empâtement dans la fosse iliaque droite. Pouls i2Qj tempé-
rature 38^,7. ûièt.e absolue, glace sur le ventre. La fièvre disparaît, Tenfant
va mieux. Au moment de la défervescence, le D' Launay examine l'en-
fant et conseille de l'opérer à froid. Le. 2 novembre, je revois le malade
avec le D' Fournier pour de l'embarras i^aatrique avec constipation opi-
niâtre et douleur à gauche (colite ou péricolite).
Dans ce cas, les relations de Tentérite muco-membraneuse
avec Tappendicite apparaissent nettement. .
Observation XIV. — Garçon de dix ans, ayant eu plusieui's poussées
d'enléro-colitemuco- membraneuse; je l'ai soigné, il y a quelques années,
pour une de ces poussées. A la fin de juillet 1906, l'enfant est pris tout à
coup d'une sorte d'indigestion : vomissement, douleur de ventre, un peu de
fièvre. On reconnaît une appendicite, et on prescrit la glace sur le ventre,
IHmmobilîté, la diète absolue. La fièvre tonibe rapidement et l'enfant va
bien. Puis retour des douleurs, plus violentes que la première fois,
hématurie, quelques graviei*s dans les reins. On parle aloi^ de coliques
néphrétiques. J'examine le ventre et constate nettement la sensibilité au
point de Mac Bumey. Pour moi, l'appendicite n^est pas douteuse, mais,
l'enfant, sous l'influence de la déshydratation, a fait de la lithiase rénale.
Observatiox XV. —Fille de sept ans, observée le 18 octobre 1906. Je la
connais depuis sa naissance et l'ai soignée pour de l'eczéma de nour-
rissoins, de la laryngite strLduleuse À quatre ou cinq reprises, des végéta-
tions adénoïdes et enfin de l'entérite muco-membraneuse dont elle a eu
plusieurs poussées assez graves. Coqueluche bénigne Tété dernier. Enfant
nerveuse^ Au Pouliguen, marchant dans le sable humide, elfe a accusé
des douleurs de ventre plusieurs fois. Constipation habituelle. J'e.xamine
le ventre et je trouve une douleur très nette au point de Mac Rurney.
Donc appendicite chronique chez une enfant qui a eu de l'entérite muco-
membraneuse et des végétations adénoïdes.
OasERVATioN XVI. — Un jeune garçon actuellement âgé de onze an$> a
été opéré il y a deux ans d'appendicite ; six mois après, on lui enlevait
un gros paquet de végétations adénoïdes, d'origine ancienne. Je l'avais
300 .)• ÇOMBY •.
soigaé depuis cinq aos pour des crises d'entéro-coUle muco-tnembraneusè
avec état dyspeptique, pâleur, amaigrissement, etc.
11 est bien probable que ces trois maladies, étudiées, véri-
fiées ou opérées chez le môme enfant, ont un lien entre elles :
d'autant plus que, depuis l'opération des adénoïdes, Tenfant
n*a plus eu de troubles digestifs. Les végétations adénoïdes
ont précédé sans doute les autres manifestations, puis sont
venues les poussées d'entéiro-colite et enfin rappendicitn. Je
n'ai pas vu de cas où la relation pathogénique soit plas évi-
dente entre les manifestations lymphoïdes des divers étages du
tube digestif.
Obsbbvatioii XVU. — (}arçon de onze ans, observé le 23 février 1907.
U estpÂle, maigre; il y a trois semaines, crise de vomissements avec dou**
leurs de ventre; a toujours eu le vomissement facile.
Constipation habituelle. On a fait, ces jours-ci, plusieurs lavages de
rintestin. A la palpation du ventre, sensibilité générale, avec maximum
au niveau du point de Mac Bumey. Dans cette région, il y a, outre la
douleur, une défense assez notable de la paroi.
Cet enfant, opéré de végétations adénoïdes à Tàge de sept ans, a eu
ensuite plusieurs crises d'entéroH!olite muco-memhraneuse, et la fièvi^
typhoïde, il y a trois ans.
Les faits semblables sont extrêmement communs chez les
enfants. Il semble bien que, dansle jeune âge, Tentéro-colite
expose à Tappendicite plus que toute autre maladie du tube
digestif ou d'un système organique quelconque.
Mais il faut bien savoir que cette appendicite, dernier terme
d'une série plus ou moins longue d'infections digestives, est
une appendicite chronique, insidieuse, latente, d'un diagnostic
très délicat, et on pourrait dire hérissé de difficultés. Bien sou-
vent même ce diagnostic n*est pas posé, et les enfants peuvent
conserver jusqu'à l'âge adulte un appendice malade, sans
avoir de grandes crises aiguës. Ces cas prolongés ne sont pas
rares.
Pour éviter les appendicectomies inutiles, nous devons
travailler au perfectionnement du diagnostic, en recherchant
minutieusement les signes locaux, en étudiant de près le faciès
des malades et les réactions générales qu'entraîne habituelle-
mentl'appendicite chronique: teint jaunâtre, anorexie, dyspep-
sie, amaigrissement, perte des forces, neurasthénie, etc.
ENTÉRITES ET APPENDICITE CHEZ LES ENFANTS 201
Conclusions
1* Il y a un rapport de causalité entre les entérites de Ten-
fance et l'appendicite ;
2** Parmi ooi» entérites, celle qui expose le plus à l'^appendi-
cite est Tentéro-colite mùco-membraneuse, et cela se conçoit
aisément, l'appendice n'étant qu'une annexe, qu'un prolon-
gement du côlon ;
3"" L'identité de structure explique aussi cette solidarité
pathologique de l'appendice et du côlon. Dans l'entéro-colito
muco-membraneuse, dite aussi entérite folliculaire^ l'inflam-
mation porte sur le tissu lymphoïde du gros intestin ; elle n'a
qu'un pas à faire pour atteindre le tissu lymphoïde de l'appen-
dice ;
4*" Si nous remontons plus haut, nous voyons souvent, chez
l'enfant, les entéro-colites et appendicites être précédées de
rhino-pharyngites etadénoïdites, qui semblent marquer une
première étape de l'infection intestinale et appendiculaire ;
o"* L'appendicite des enfants, maladie essentiellement chro-
nique, sou eut méconnue, curable sans doute spontanément
dans beaucoup de cas, nous apparaît comme une résultante,
une séquelle, une localisation spéciale des processus infectieux
du tube digestif ;
6" Si Ton veut prévenir les appendicites évitables, on sou-
mettra les enfants à une hygiène alimentaire judicieuse, pour
éviter les entérites ; on soignera ces entérites quand elles
existent, et enfin on ne négligera pas les rhino-pharyngites et
adénoïdites du jeune âge, qui semblent préluder aux troubles
digestifs et à l'appendicite.
vm
LA RATION ALIMENTAIRE DE L'ENFANT
DEPUIS SA NAISSANCE JUSQU'À L'AGE DE DEUX ANS
rkt w v Éziin klose,'
Premier assistant de la Clinique des maladies de l'enfance de l'Université de Strasbourg' (AImtc)
Fin (1).
* 4
V
LE NOURRISSON PLUS ÂGÉ ET LA SECONDE ANNÉE.
Fanatiques de rallaltement. — La lutte pour l'existente aprt^s le cin-
quième mois. — Berlin, Lille. — Conséquences pour ralimentalion. —
Art du médecin. — Sevrage ou ablactation. — Ses indications, sa
technique opératoire et ses dangers. — Procédés des peuples primitif>.
— Empirisme pur. — Méthodes différentes iCzerny-Keller, Finkelstein,
Heubner, Marfan. — Résidu alimentaire nuisible de BiedeK. — Avot*-
tissement k notre époque. - Notre méthode. — Aucune garantie ahsiv-
Jue. — Schéma alimentaire de la première année : le nôtre et celui d«»
Marfan. — Considérations théoriques : loi de Rubner, CAmerer, Som-
merfeld. — Ration alimentaire à la fin de la seconde année. — Sucrés
définitif. — Influence de Talcool, de Tair et de la lumière sur le nour-
• risson. — Perspective rassurante : émulation pacifique des différents
peuples pour la découverte d'une alimentation infantile rationnelle.
II existe certains fanatiques de l'allaitemeut naturel pour
lesquels Talinientation artificielle conduit fatalement à la
dégénération de la race, même si Tenfant présente toutes les
apparences d'une croissance régulière et normale. C'est là une
opinion insoutenable. Les expériences cliniques et Tétude dos
phénomènes d'échange chez Tenfant nourri arti6ciellemenl
le démontrent à l'évidence : si rien ne différencie en principe
CCS phénomènes de ceux qui s'accomplissent chez le nourri'^-
son au sein, la similitude devient d'autant plus parfaite que
le modo d'alimentation choisi se rapproche plus de l'allai-
tement. Dans l'un comme dans l'autre cas, les chances de
victoire dans la lutte pour l'existence croissent à partir du
cinquième mois (avec 1/3 lait) pour acquérir, au cours de la
première année, un certain degré de certitude, toujours plus
(J) Voir N<« 2 et 3, pages 65 et 137.
RATION ALIMENTAIRE DE L ENFANT
2oa
absoitt) nafatreliemeiit, ohez le nourrissoD au sein que chese
Uenfant au biberon. En se rapportant h la statistique berli-
noise de i893 h 1897, Westergaard calcula les chiffres repro^
duite dans le graphique cirdessous. A partir du cinquième
mois, la mortalité suit une progression décroissante. Voici le
nombre moyen des décès par 100000 enfants à différents âges :
2
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5 6 7 8 9
0$r /Îrx*râ0ftce
10 11
Fig. 9. — Mortalité infantile à Berlin pour le? différents mois
de la première année.
Voici la statistique de Lille, pour Tannée 1900, telle que
nous la trouvons dans le Bulletin de f Office sanitaire de cette
ville, édité par M. le D** Staës-Brame :
236 décès dans le premier mois, par 1000 enfants.
163 — second —
357 — les 3', 4e et S» mois réunis.
401 » du 6« au 10« mois.
La mortalité et la morbidité n'accusent une décroissance
rassurante qu'à la fin de la seconde année. 11 en résulte qu'à
cette époque seulement Tenfant est en mesure de supporter ot
(ie mettre à profit la nourriture de l'adulte. La théorie n'est
pas parvenue encore à nous fournir une explication suffisante
de ce fait À la fin de la seconde année, les prédispositions par-
ticulières de Tenfant aux troubles dyspeptiques disparaissent,
(équilibre organique s'établit, les affections digestives ne sont
ni plus fréquentes, ni autrement caractérisées que dans Tftge
mûr. Le médecin intelligent consacrera tous ses efforts et ses
soins à assurer que la transition vers cette période se fasse
sans accroca. Jusqu'à la deuxième année, le lait de vache pur
constitue l'aliment prépondérant. La difficulté consiste à Tap-
proprier à l'organisme infantile. A partir du cinquième mois,
les nourrissons au biberon comme ceux à la mamelle prennent
au maximum cinq repas par jour, de sorte que l'intervalle
âOi HENRI KLOSE
entre chaque repas comprend, pour les uns comme pour les
autres, quatre heures. Dès le cinquième mois, ralimentation
exige une surveillance toute particulière, car l'époque du
sevrage, alors que le lait a cessé d'être Télément essentiel de
ralimentation, est particulièrement riche en dangers. L'em-
pirisme seul peut nous indiquer le moment d'adjoindre au lait
une alimentation plus consistante. L'évolution dentaire ne
peut fournir à ce sujet aucune indication, ni pratique, ni
scientifique. Chez certaines peuplades primitives, les enfants
sont allaités bien plus longtemps que quinze mois. Toutefois,
lorsque les nourrissons continuent à être alimentés exclusi-
vement au lait, passé le sixième mois, soit au sein, soit au
biberon, ils deviennent généralement d'une grosseur maladive
et d'une pâleur excessive (d'après Bunge, par suite de la
pénurie en fer), leurs chairs sont flasques, leur humeur devient
mauvaise, parfois même le rachitisme se déclare. C'est pour-
quoi Ton aura toujours soin de préparer petit à petit Tenfant
aux aliments mixtes, en lui administrant au début de petites
quantités de substances végétales et en Thabituant au goût
salé. De même que Czerny-Keller et Finkelstein, nous com-
mençons par donner une fois en vingt-quatre heures un
bouillon pas trop concentré obtenu en faisant bouillir pendant
une demi-heure, trois quarts d'heure, un quart de livre tie
viande dans unquartde litre d'eau, additionnée d'une quantité
de semoule suffisante pour former une bouillie assez fluide
pour traverser sans peine une tétine ordinaire à oriiice un peu
large. Cette bouillie sera préparée comme pour les adultes,
sauf qu'on n'y ajoutera ni graisse ni extraits. L'espèce de
viande est indifférente, car, scientifiquement parlant, rien ne
distingue le bouillon de bœuf de celui de veau ou de pigeon.
11 n'y a pas d'hydrates de carbone dans le bouillon. Il ne ren-
ferme qu'une petite quantité d'albumine et de graisse, une
énorme proportion de sels, principalement de sels de potas-
sium, et des acides aromatiques. 11 n'est, comme le dit Naunyn,
qu' « une solution de produits d'échanges résiduaires, mais
c'est en lui que l'amour et la vigilance des mères se con-
centrent » ; il stimule l'appétit, la plupart des enfants le pren-
nent volontiers et le tolèrent facilement, lorsqu'il est fait avec
de la bonne viande. La semoule est, de toutes les substances
farineuses, la mieux appropriée comme nourriture supplé-
mentaire pendant la période de transition, parce qu'elle est
RATION ALIMENTAIRE DE l'ENFANT 205
très nourrissante et que, par suite de sa richesse en cellulose,
elle favorise les mouvements péristaltiques et paralyse ainsi
la tendance à la constipation.
Avec ce bouillon, le nourrisson au sein prendra une tétée
île moins par jour, quitte à consommer davantage à chacune
des quatre autres, s'il le désire; à Fenfant au biberon, on don-
nera la quantité habituelle de lait répartie sur chacun des
repas. Dans ces conditions, le sevrage des enfants au sein
n offre guère de difficultés en général : pendant les deux h trois
mois qui suivent, on remplacera petit & petit une des tétées
journalières par un repas artificiel, en ayant soin de laisser
s'écouler plusieurs jours entre chacune des substitutions. On
<>vite de la sorte Taccumulation du lait dans le sein de la mère,
et Ton se réserve la possibilité de réinstituer Tallaitement, au
cas où des phénomènes d'ablactation se manifesteraient. Etant
donné que Tenfant n'éprouve aucune difficulté à puiser sa
nourriture dans le biberon, il est nécessaire d'empôcher la
suralimentation et les dangers des phénomènes de fermen-
tation et de décomposition qui se produisent dans le « résidu
alimentaire nuisible >«. Pour cela, on aura soin de ne pas
donner au début une quantité trop forte d'aliment trop riche,
en renonçant môme, au besoin, à Tobservance systématique
des indications données au sujet de l'augmentation graduelle
du poids du corps. Nous aimons à prescrire au début des mé-
langes de lait et d'aliment Theinhardt, d'abord le F, puis le VI ^
pour arriver rapidement à donner du lait pur. De cette
manière, on réussit à éviter les perturbations bien plus sûre-
ment qu*avec l'emploi de lait de vache simplement coupé dans
la proportion 2:1, dont on augmente graduellement la
concentration pour finir par du lait pur. 11 n'existe aucune
méthode absolue ; de légères modifications peuvent tou-
jours être utiles ou nécessaires. Pareillement, le moment
précis du sevrage complet ne saurait être stipulé pour tous les
cas. C'est ainsi qu'à l'approche des grandes chaleurs, lors-
qu'une maladie se déclare, on est parfois obligé de le remettre
de plusieurs semaines ou mois. Au neuvième mois, le repas
du soir sera constitué par une panade aux biscottes. Parmi les
biscottes du commerce spécialement recommandées, nous cite-
rons celles de Friedrichsdorf, d'Opel, de Gerickeà Potsdam, de
Théodore Hildebrand et fils, et des frères Thiele. Conviennent
aussi les cakes fabriqués avec de la farine très fine et sans
20(> HENRI KL08E
levare, comme ceux de Leibnitz, d*Albert, de Huntley et Pal-
mers. Entre le dixième et le dix-septième mois, nous appor-
tons un peu plus de variété au mena de midi : au bouillon au
tapioca, nous substituons des potages à la farine de froment ou
d'avoine, à la mondamine, au quaker-oats, au sagou, au
tapioca, au riz, aux pommes de terre et à certains légumes,
comme les choux-fleurs, les fèves, les petits pois ; nous don-
nons, en outre, une à deux cuillerées à soupe d'épinards, di'
carottes ou de purée de pommes de terre, et enfin un peu de
compote ou de gelée aux fruits.
En résumé, voici, d'après notre méthode, le menu journa-
lier d'un enfant arrivé au terme de sa première année :
Cinq repas par jour.
S heures luatiD, ^bO ceotim. cubes de lait de vache pur 175 calories.
9 — ÎSO — — 175 —
1 heure de Taprès- midi, potage et purée de léiaimes, 120 ^
5 — 250 ceotim. cubes de lait de vache pur. 175 —
9 heures du soir, 250 centim . cubes de lait avec un biscuit, un
eroissaol. une biscotte ou tout autre produit de paniflca-
tion Environ 125 —
Environ 86U calories.
ce qui fait par jour, en admettant comme moyenne. du poids
9 kilogrammes : 96^*,6 par kilogramme.
Heubuer prescrit de sevrer Tenfant entre le cinquième et le
septième moisdans un délai de deux semaines. Il donne d'abord,
en lieu et place d'un des cinq à six repas lactés, une panade
obtenue en délayant une biscotte ou un biscuit d'Opel dans
de Teau sucrée ou dans du lait chaud. En même temps, l'en-
fant est habitué à l'usage de la cuiller. Après une ou deux
semaines, Heubner remplace la seconde ration de lait par une
soupe, obtenue en faisant bouillir pendant trois quarts d'heure
avec de l'eau, de la semoule, du sagou, de la mondamine ou
toute autre farine légère, et en ajoutant ensuite du bouillon de
veau, de poulet ou de pigeon légèrement salé, en quantité suf-
fisante pour donner au mélange une consistance de potage.
Après quelques jours, ce même potage est renforcé par un
jaune d'œuf; pour plus de variété, on peut alterner avec une
bouillie de cervelle ou de riz-de-veau, plus tard avec du hachis
très menu de pigeon ou de poulet bouillis. Au dixième ou
onzième mois, il essaie de donner, après le second repas du
matin et après celui du midi, une demi-cuillerée à thé de
jus de fruits, de jus d'orange ou de compote, plus le midi,
RATION ALLMENTAIIiE DE l'eNFANT 207
une et deux cuillerées de pujrée de pommes de terre, de
caroUes ou d'épioards. Lorsque Tétaj; de la deutîtion le per-
met, il douue en même temps que le lait de midi une petite
tartiue beurrée et même, si loccaaion s e^ présente, un os de
poulet ou de côtelette, que Teofaut ronge pour exercer ses
dents. Marfan commence le sevrage entre le huitième et le
dixième mois. Il choisit de préférence la panade à la farine de
froment, dont il aijministre une petite quantité, le midi. 11
délaye dans une petite quantité d'eau froide une cuillerée à
café de farine, — plus tard, davantage, — verse ce mélange
dans 120-150 grammes de lait bouillant et poursuit ensuite
l'ébuUition pendant dix minutes en remuant constamment ; il
ajou^un peu de sel, de sucre et, pour les enfants plus ftgés,
un peu de beurra . Si le$ enfants refusent cette panade, il
essaie une soupe au lait bouillie avec quelques morceaux de
biscotte, du tapioca ou du riz, ou bien encore un bouillon avec
du pain et un jaune d'œuf. Cette nouvelle nourriture étant
bien supportée, il remplace après quelques semaines uue
seconde ration lactée par de 1^ panade. Pour autant que faire
se peut, les repas sont pris dans un verre ou une tasse, ou h U
cuiller. Entre ledii^ièmeet le quinzième mois, il pe donne pli|s
que quatre tétées oi^ quatre tasses de lait par jour et des panades
plus abondantes, auxquelles il ajoute de la purée de pommes
de terre, des endives et des épinards. U sèvre complètement
les enfants entre le quinzième et le dix-huitième mois. Ei^tre
le dix-buitième et le vingtième mois, il commence à donner
de la viande sous forme de hachis fin de poulet ou de poisson
frais, puis du hachis de filet de bœuf, de côtelette de mouton
ou de jambon maigre. Le npn^bre des repas est réduit à
quatre. A la fin de la seconde année :
Déjeuner. — Panade au lait avec biscotte ou biscuit.
Diner. — Œuf, viande, poisson ou cervelle, purée de pommea de terre, bisr
cotte, et 150 grammes de lait.
ftoûler, — 250 Krammes de lait, un bif»cuit ou biscotte.
Souper. — Panade au lait, potage au bouiUoii, légumes verts, compote ou con*
fiture, 150 grammes de lait avec biscotte.
Tandis que Marfan n'atteint à raliiiientation mixte analogue
à celle de Tadulte qu'à la fin de la deuxième année, Heubner
termine Taccommodation du nourrisson au régime nouveau
vers le douzième mois. Czemy-Keller et nous-même esti-
mons, appuyés sur de nombreuses expériences, qu'une ali-
mentation végétal^ convient fort bien comme nourriture
208 HBNRI KLOSB
supplémentaire pendant la première année, la quantité de lait
prise restant, d*aiUeurs, la môme. Grâce à elle, TorganisiiK»
reçoit la quantité requise de sels alcalins et de fer.
D'après Czemy, la croissance de l'enfant en taille n atteint
pas, la seconde année, la moitié de Timportance de la pre-
mière; quanta Taugmcfutation en poids, elle est trois à cinq fois
plus petite. La marche n*infiuence guère non plus la ration ali-
mentaire. Dès sa première année, Tenfant met déjà suffisam-
ment ses muscles à contribution. 11 n'a donc pas besoin d'un ap-
port d'aliments supplémentaire lorsqu'il commence à marcher.
Il faut préparer l'enfant à supporter la substitution de la
nourriture de la deuxième année, plus pauvre en graisse et
plus riche en hydrates de carbone, à celle plus riche en graisse
et plus pauvre en hydrates de carbone dont il s'est sustenté
jusqu'à cette époque. En d'autres termes, l'enfant doit être
rendu apte à digérer plus d'hydrates de carbone. Il s'agit, d'un
côté, de couvrir les exigences alimentaires d'un enfant de
deux ans, soiten moyenneSO grammes d'albumine, 50 grammes
de graisse, 140 grammes d'hydrates de carbone correspondant
à ! 250 calories par jour; d'un autre côté, il importe d'éviter
que l'enfant ne soit victime des conséquences fâcheuses de la
suralimentation qui le guette, si, après Ta voir gâté par une
trop grande abondance et diversité de mets, les parents et sur-
tout les grand'mères et les gardes se croient obligés de satis-
faire à tous ses caprices. S'il est vrai qu'à mesure que l'enfant
avance en âge la quantité de nourriture nécessaire est plus
grande, prise d'une manière absolue, il n'en est pas de même
si on la considère d'une manière relative; elle diminue alors
au contraire, proportionnellement à la diminution du rapport
entre le poids du corps et son volume.
Selon Rubner, la ration alimentaire par unité de poids
est proportionnelle à la grandeur relative du volume du
corps. C'est ainsi que, d'après Camerer, des enfants d'âge dif-
férent, mais de poids sensiblement égal, exigent par kilo-
gramme de poids le même apport en substances nutritives.
Pour savoir quelle est, par kilogramme de poids, la quantité
d'albumine, de graisse et d'hydrates de carbone nécessaire, le
médecin n'a qu a se rapporter dans la pratique au tableau de
Sommerfeld dressé d'après les indications de Camerer. Cet
auteur a établi la ration alimentaire exigée par l'enfant bien
portant et normalement développé, aux diverses périodes de
RATION ALIMENTAiriE DE L ENFANT
200
son existence, ainsi que les rapports qui unissent entre elles
les diverses substances alimentaires.
Il suffit de multiplier les valeurs par kilogramme pour la
deuxième année par le poids total de Tenfant.
Tabl. XU. — D'après Sommer f'eld et Camerer, pour le calcul des quantités
d*aliments nécessaires à partir de la seconde année.
Age.
SKXB.
Apport
total.
Kau.
Albumine.
Graisse.
Hydrate
de
carbone.
Calories.
Mans.
D-i —
T-40 —
IMi -
FilleUes
Garçons
Filletles
Garçons
Filtettes
Garçons
Fillettes
Garçons
93,1
84,4
84,3
75,5
70,8
54,0
h6,\
75,3
67,4
66,6
59,0
55,5
41,4
44, t
3,6
3,0
3,5
2.7
2.8
2.1
2.5
3,1
1,0
2,5
1.3
1,3
1,4
1,0
9,-2
10,7
10,9
9,8
10,4
8,4
7,7
75,3
69,9
76,6
59,2
61,6
51,4
47,3
D'après Camerer encore, le rapport des aliments azotés aux
non azotés est 1 : i — 1 : 5. En général, 80 p. 100 de Talbumine
ingérée doivent être d'origine animale. On répartira avanta
geusement l'albumine comme suit :
Tabl. — Xfll. — Répartition centésimale de l'albumine d'origine animale et
végétale dans les aliments ^ d'après Sommer feld.
ESPACE DE IfOURRITI'RE.
2>4 ANS.
5-7 ANS.
8-10 ANS.
11-14 ANS.
' Albumine de lait
42 p. 100
36 —
22 —
28 p. 100.
39 —
33 —
18 p. 100.
4-2. —
40 —
9 p. 100.
45 —
46 —
— de viande et œuf
— de légumes et fruits .
En donnant cinq repas par jour, Camerer admet qu'environ
30 p. 100 de la totalité des aliments sont pris le midi, 23 p. 100
le soir et le reste le matin et l'après-midi.
Steffen admet que les enfants bien portants de deux ans
doivent recevoir en cinq repas par jour les quantités suivantes
d'aliments :
Lait 1 000 ce.
Viande 60 gr.
5i7^ • ,,^^»''- I = 66 gr. albumine.
^"f- ; ^,^,«^"f- = 60 gr. graisse.
Bomllon ou potage 100 ce. _ 78 gr. hydr. de carbone.
Légumes 50 gr. i ?
Pommes de terre 3:> — - i =1 200 calories.
Pain 50 — '
Beurre 10 —
Arch. db médec. des enkants, 1907. X. — 14
210 HENRI KLOSE
A notre avis, ce postulat théorique est le mieux réalisé dans
la pratique si l'on commence — comme Gamerer — à donner
assez tôt de l'albumine, sous forme de jaune d*œuf dans le
treizième mois, d'œuf mollet après le quinzième. Il est natu-
rellement important de savoir que bon nombre d'enfants ne
-tolèrent les œufs qu'à partir de deux ou trois ans ; mais nous
ne croyons pas que ce soit là une raison suffisante pour reculer
toujours l'usage des œufs jusqu'à la troisième année, comme
le font Czerny-Keller et Finkelstein, qui affirment que les œufs
provoquent souvent des troubles gastro-intestinaux et des
exanthèmes angioneurotiques. Nous permettons l'usage de la
viande dès le dix-huitième mois et commençons par environ
40 grammes de viande rôtie ou étuvée ^bœuf, veau, mouton,
gibier ou volaille) coupée menue, mais non hachée, pour
stimuler les organes de la mastication. En même temps et en
vue d'accoutumer l'enfant aux trois repas seulement auxquels
il se bornera dès le début de la troisième année, nous suppri-
mons le goûter; mais, par contre, nous ajoutons aux repas du
soir une cuillerée à potage d'hygiama Theinhardt et donnons
une tartine beurrée avec le lait du matin. Notre menu pour
l'enfant parvenu à la fin de sa seconde année est donc :
7 heures du matin : 350 gr. de lait de vache avec une tartiue
beurrée 245 calories.
10 heures du matin : ?50 gr. de lait de vache, jaune d^œuf avec
deux morceaux de sucre 230 —
2 heures de Taprès-midi : 150 gr. potage, légumes, viande, fruits. 350 —
6 heures du soir : 250 gr. lait de vache avec de Thygiama du
D»" Theinhardt, pain, biscuit 375 —
Total 1 200 calories.
Le résultat final de toute alimentation rationnelle infantile
doit être qu'à la fin de sa deuxième année l'enfant soit en
état de s'assimiler la môme nourriture que l'adulte. Celle-ci
est susceptible des variations les plus diverses, selon l'état
de fortune, les mœurs et les ressources naturelles du pays.
Un mot encore. 11 peut paraître étonnant que, dans un pays
viticole comme l' Alsace-Lorraine, nous excluions de parti pris
Talcool de l'alimentation des enfants et de celle des parents.
Combien de fois ne voit-on pas chez nous des femmes assises
dans les tavernes, non contentes de s'intoxiquer elles-mêmes,
verser encore à leur progéniture la « liqueur de force et de
vie ». Comme le fait justement observer Czerny, il ne manque
pas d'autres substances alimentaires aisément combustibles et
RATION ALIMENTAIHE DE l/ ENFANT 211
inoffensives. Laitinen et Gruber ont démontré, en instituant
des essais sur des animaux, que les enfants qui consomment
de Talcool sont plus sujets aux maladies que les abstinents et
qu'ils sont corporellement arriérés. De plus, pour autant que
les résultats obtenus par Ilecker à la suite d'expériences très
ardues instituées sur des écoliers soient applicables aux nour-
rissons, le développement des aptitudes intellectuelles soulTre
à son tour de Tusage de Talcool.
Dans un autre ordre d'idées, notre époque a vu se produire
un mouvement nouveau et typique tendant à fournir à l'enfant,
dès ses premières heures, de l'air et de la lumière en abon-
dance. SclUossmann en fut le promoteur, en créant son « Chalet
sylvestre » pour nourrissons : les effluves de la forêt, l'irra-
diation solaire et le charme souverain du contact immédiat
avec la nature sont des sources inépuisables de vie que le
nourrisson peut de nos jours avoir à sa portée.
Dans révolution de la science, chaque époque est frappée
au coin d'une empreinte particulière que lui impriment, en
général, les idées et les méthodes de quelques esprits supé-
rieurs. Les efforts enthousiastes des savants qui guident la
notre dans la recherche de méthodes rationnelles d'alimenta-
tion infantile lui ont permis de franchir déjà les premières
élapes. La semence répandue a déjà produit ses germes ; ils ne
tarderont pas à croître et à se développer pour grouper tous
les peuples dans une émulation commune vers l'idéal que
Pineau nous dépeint en ces termes : « rien ne peut remplacer
le lait maternel ». Munditie salus^ telle est la devise que
Schlossmann a écrite en épigraphe sur son chalet sylvestre et,
comme le dit Barthès, « le sort d'un pays est intimement lié au
problème de la réduction de la mortalité et exige le concours
de toutes les bonnes volontés ». A nous, médecins, de ne
IM)int refuser le nôtre!
Qu'il me soit permis, pour terminer, de présenter à mon
honoré maître, M. le professeur Kohts, l'hommage de ma plus
profonde gratitude pour l'aide et les conseils qu'il n'a cessé de
me prodiguer au cours du présent travail.
LITTÉRATURE.
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RATION ALIMENTAI KE DE l'eNFANT 213
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RECUEIL DE FAITl
I
TOLÉRANCE ÉTONNANTE DU LARYNX D'UN ENFANT
POUR UN CORPS ÉTRANGER.
Par le D^ BRUGH (de Tunis),
Chef de la Maternité du Senice des Enfants à l'Hôpilat Français.
G. F., âgé de dix ans, passait le 7 juin 1906 devant le marché,
se rendant à Técole, lorsqu'un Arabe lui olFre un coquillage appelé
à Tunis haricot de mer. L'enfant, voulant casser la coquille
avec ses dents, en avala un fragment. Après
avoir demandé à un agent de police si le fait
d'avaler un coquillage n'était pas dangereux,
sur la réponse négative de ce dernier, il se
rendit à l'école. A peine assis à son banc,
^ de coqiii^ila*gTSé l'enfant fut pris d'un accès de suffocation.
. dans le larynx. Effrayé, le maître d'école le conduit au
D"" Braquehaye. Celui-ci, ayant pensé qu'il
^'agissait d'un corps étranger du larynx, envoie immédiatement,
d'urgence, l'enfant dans mon service de l'hôpital, où il entre le
soir même.
A son arrivée, il présente une aphonie complète, avec de petites
quintes de toux. L'examen du larynx est rendu impossible par
l'indocilité de l'enfant, par les quintes de toux et les accès de
suffocation qu'il présente.
Le lendemain matin, pour mettre l'organe au repos, on fait la
trachéotomie suivie d'une exploration rétrograde du larynx ; lelte
exploration reste sans résultat. Sous l'influence de la trachéotomie,
l'enfant cesse d'avoir des quintes de toux, se nourrit bien, dort
paisiblement et joue même sur son lit.
Deux radiographies du larynx sont faites sans résultat probant.
Quelques jours plus tard, après avoir endormi l'enfant au chlo-
roforme, on fait de nouvelles tentatives d'exploration laryngée :
miroir frontal, sonde directe et rétrograde. Aucun succès.
Après quelques jours de repos, nouvelle tentative sous le chloro-
forme ; pas plus de succès. On essaie de retirer la canule à trachéo-
tomie, en laissant l'enfant sous la garde spéciale d'une infirmière;
mais, au bout d'une heure, nouvelles crises d'étoufl'ement, nou-
OSTÉOXnÉLlTE DU TIBIA 217
vellcs quintes de toux ruuque, qui obligent à remettre la canule
J'urgence. Dans la soirée, Tenfant retire lui-même sa canule.
Pendant deux jours, il respire aisément sans canule, et nous
étions persuadés qu'il était débarrassé de son corps étranger,
ijuil lavait peut-être dégluti après expulsion du larynx par une
quinte de toux. Or, le 25 juin 1906, subitement, il est repris d'une
rpouvantable quinte de toux, qui dure une heure, et, dans un der-
nier elforl, le visage congestionné, le faciès presque asphyxique,
il rejette sur la couverture de son lit le corps étranger consistant
en un fragment de valve du haricot de mer, a bords tranchants
et à angles très aigus. Il est extraordinaire que ce corps étranger
nuit pas blessé ou perforé le larynx.
Le corps étranger, tel que le représente la figure ci-contre, est
donc resté dix-huit jours, probablement dans les ventricules du
larynx, placé de champ, laissant passer Tair, pour de temps à
autre retomber à plat et obstruer la glotte, en provoquant des
• lises d'étouffement terribles. La tolérance du larynx pour ce
corps étranger a été vraiment étonnante.
H
OSTÉOMYÉLITE DU TIBIA.
OPÉRATION PRÉCOCE. — GUÉRISON.
Par le Ji^ BRUCH.
Le 16 janvier 1905, je fus appelé chez M. G. pour voir sa fillette,
agrée de trois ans, qui présentait une forte fièvre. Antécédents de
paludisme léger. Bonne santé la veille de l'invasion de la maladie
actuelle, qui a été subite et brutale. Le thermomètre accuse plus
«Je 40. Songeant au paludisme, j'examine le ventre, le foie, la rate,
sans rien découvrir d'anormal. Rien dans la gorge. Ayant décou-
vert entièrement Tenfant, j'aperçus une tache rouge de la grandeur
d'une pièce de 50 centimes à la partie supérieure du tibia gauche,
dans la région du cartilage de conjugaison. Ce point était très dou-
loureux. Après examen méthodique du tibia dans sa totalité, je con-
clus à de l'ostéomyélite au début et en fis part aux parents de l'enfant.
Devant partir à la campagne pour une visite urgente, je pres-
crivis des pansements humides et revins le soir.
A ce moment (16 janvier dans la soirée), la tache rouge du
malin avait considérablement grandi, la fièvre avait persisté, la
douleur était aussi vive. Sûr de mon diagnostic, j'insistais auprès
de la famille pour opérer dès le lendemain.
Le lendemain matin, malgré les hésitations de l'entourage, \u
l'aggravation persistante de l'état du malade, j'obtins de faire
■-^IS RECUEIL UK FAITS
rojjéralion à une heure de l'après-midi. Je pratique! une incision
sur la longueur du (ibia dans une étendue de î centimètres.
Le bistouri sectionna successivement la peau, le tissu cellulaire et
le pf'rioste. Ce dernier était cong-estionn<-, mais l'os paraissait
sain. Je m'en tins ià, La fièvre tomba le soir même, et la cicatri-
sation se fit très rapidement. Au bout de trois semaines, l'enfant
pouvait marcher.
En somme, simple incision des parties molles semblable k l'inci-
sion de Wilde dans la périosfite mastoïdienne. Ce fait plaide en
faveur d'une intervention 1res rapide dans une allëction qui peut
être si rapidement mortelle. Mais il faut persuader les parents '.'1
les malades eux-mêmes de l'utilité et de l'urg-ence de cette inter-
vention, qui doit être à la fois rapide et radicale.
Une bronchite aiguë se déclara quinze Jours n|)rès, mais elle
évolua sans comjilication, et la guérison fut définitive,
HT
PHLEGMON GANGRENEUX DU COU
CHEZ UN NOURRISSON
LAVAGES A L'EAU SALÉE. — CICATRTSATinN THÉS SATISFA1SA>TE.
Parl«D'BRUCa.
Un enfant âgé d'un peu plus d'un an est apporté dans mon ser-
vice dans l'état que repré-
sente la figure 1. Il avait eu
très probablement un phle^'-
mon dilTris du cou ayant dé-
terminé un large décollemenl
avec sphacèle de la peau. La
destruction du tégument
laissai t à nu toutes les régions
antérieures, latérales et une
partie de la région poslé-
rieureducou. Ledécollemenl
se prolongeait en forme de
cul-de-sac, en avant, sur la
ligne médiane jusqu'au de-
vant du sternum. De ce cul-
de-sac coulait encore du pus.
Comme traitement, on fil
tout simplement des lavages
réiiétés avec le sérum artiti-
Fis. t. — t'hifiiiiion (iifTiis du cou. . ', , , . . - ■ a<ua
" ^ Ciel (eau saiee à * p. lOtH.')-
Au bout de deux mois environ, la cicatrisation était complète.
PHLEOMO.N (lAXdtlENEl^X llf i.OV
Toute la région dénudée, (lissécjiiée, était recouverte <
Fi«. i. — Cii-alrisotion coiupli'lc.
monti'o In figrure 2, sans rétraction ni cicalrice réiractile, sani
droite, sur un tout petit espaoe.
Le succès obtenu [>ar un traitement très simple, dims un i
aussi grave en apparence, est vraiment remarquable.
IV
SYNDROME LABIO-GLOSSO-PHARYNGÉ
CHEZ U\ GARÇON DE SEPT ANS (POLIO-ENCÉPHALITE)
Par le D^ E. ZEMBOULIS (de ConstaoUnople\
H... P..., âgé de sept ans, originaire d'Aghathoupolio (sur la
mer Noire, Turquie d'Europe), s'est présenté à nous le 3 août ltK)6.
Ses parents l'ont conduit à Constantinople parce que sa parole,
depuis deux ans, est devenue de plus en plus incompréhensible et
que la salive coule constamment hors de la bouche.
Rougeole simple, à trois ans, sans complication; pas d'autres
maladies jusqu a cinq ans. Né à terme, Tenfant a été nourri au sein
et sevré en temps normal ; la dentition, la marche, le développe-
ment et la consolidation du squelette ont été normaux. Pas de
troubles digestifs notables, ni d'affection des voies respiratoires,
pas de convulsions. Jusqu'à cinq ans, Tenfant parlait bien.
Parents bien portants, aucune tare nerveuse héréditaire du côté
paternel ni du côté maternel. Le grand-père maternel a eu, en 1880,
la syphilis; mais la mère de l'enfant était née en 1874; elle n'a pas
fait de fausse couche. Elle a eu sept accouchements à terme, trois
avant et trois après le petit malade. Les autres enfants vivent et
sont normaux physiquement et mentalement. Donc pas d'infection
syphilitique chez la mère.
11 y a deux ans que l'enfant, en même temps que sa mère parais-
sait soulîrir de rhumatisme polyarticulaire, eut une affection fé-
brile sans localisation pendant deux ou trois jours : puis les parents
ont constaté que l'enfant avait des douleurs aux deux membres
inférieurs et qu'il ne pouvait pas marcher [impotence douloureuse .
Pendant cette affection, rapportée par les médecins à une double
sciatique, la parole n'a pas été troublée. Au bout d'un mois, tout a
paru rentrer dans l'ordre sans laisser de suites appréciables. L'en-
fant a depuis lors retrouvé la liberté de ses mouvements, et il con-
tinue à bien marcher.
Peu de temps après cette maladie, la mère s'aperçut la première
que l'enfant ne prononçait pas bien certains mots. On a cru d'abord
à une affectation d'enfant gâté, et on a essayé de le corriger. Malgré
tout, la dysarthrie a progressé. Au bout d'un an, l'aflection semble
avoir subi un temps d'arrêt ; l'amélioration n'ayant pas continué, les
SYXUUOME LABIO-GLOSSO-PHARYNGÉ 221
parents, inquiets d'un état stationnaire qui persiste depuis un an,
sont venus à Constantinople.
État actuel, — Enfant assez bien développé pour son âge; il a
fait un long- trajet pour venir chez moi, cependant il ne manifeste
aucune fatigue. Eknbonpoint suffisant, bien que les parents signalent
un amaigrissement depuis quelque temps. On est frappé tout
dVibord de la salivation et de l'écoulement ininterrompu sur le
menton et sur la poitrine. 11 y a sialorrhée, exagération de la sécré-
tion salivaire. La bouche de l'enfant est presque constamment
ouverte ; lèvres amincies. Avec de la volonté et un peu d'effort,
l'enfant arrive à les ra[)procher sans pouvoir cependant les serrer.
Siffler, souffler, éteindre une bougieouune allumette avecla bouche
lui est absolument impossible. Mastication lente, se faisant surtout
par la partie antérieure de Tarcade dentaire. Quand le bol alimen-
taire s'engage un peu trop au-devant de la bouche, l'action combi-
née des parties molles pour le ramener en arrière étant imj)ossible,
l'enfant le repousse avec les doigts. Les autres muscles du visage
ne paraissent pas atteints. Le faciès, quand la bouche est fermée,
est intelligent ; Texpression est tout autre quand la bouche, entr'-
ouverte, laisse couler la salive au dehors. D'ailleurs Tintelligence
est intacte, et les caprices de l'enfant tiennent à ce que, depuis
deux ans, il est l'objet des caresses et prévenances de toute la
famille. Pas de changement réel de caractère. L'enfant ferme bien
les paupières, mais sans pouvoir les serrer.
A l'ouverture de la bouche, la langue paraît plus a[)latie qu'à
l'état normal; l'enfant, acecde la volonté^ arrive à porter la langue
hore de la bouche; mais, la retourner en haut, l'appliquer contre
le palais ou la former vn cuiller, lui est absolument impossible ; s'il
parle vite, non seulement les labiales et les dentales ne peuvent
pastHre prononcées, mais aussi presques toutes les autres lettres.
SU fuit attention, s'il est sollicité à pmMer attentivement, lentement
et correctement, il arrive à prononcer ({uoi([ue faiblement les
voyelles grecques a^ e, /, o, ou et les consonnes, y compris r; mais
les labiales, les dentales et la consonne K ne peuvent élre pro-
noncées. Chose curieuse, les lettres isolées sont mieux prononcées
que quand elles sont unies en formant des mots.
La mastication est manifestement difficile, et surtout les mouve-
ments latéraux de la mâchoire inférieure sont g«'nés ; l'enfant mâche
très lentement, et il avale le bol alimentaire avant de l'avoir bien
mastiqué; la déglutition, surtout pour les liquides, n'est pas aisée ;
l'enfant avale par gorgées et en renversant la tète ; malgré cela,
une partie du liquide coule en dehors de la bouche sans que le
malade puisse s'y opposer. Les liquides ne sont pas rejetés par le
nez»
Rétlexes patellaires légèrement exagérés; autres réflexes nor-
222 RECUEIL DE FAITS
maux. Rien d'anormal du côté de la musculature ; cependant les
extenseurs des doigts et les interosseux paraissent agir aver une
certaine lenteur. Les muscles scapulo-huméraux ne semblent pré-
senter rien de pathologique.
Un amaigrissement, constaté depuis quelque temps, semble tenir
à la difficulté de la mastication, qui est lente, fatigante et ne per-
met pas à Tenfant de prendre une quantité de nourriture en rapport
avec son âge et son développement : d'après les parents, cet
amaigrissement est stationnaire depuis un an.
Ce syndrome labio-glosso-phari/ngé (le larynx jusqu'à présent
est respecté, pas de spasme ni accès de suffocation), assez rare chez
l'enfant, présentait quelques difficultés de diagnostic.
Après examen minutieux, fait avec le D' P. Acchioté, professeur
de maladies mentales et nerveuses à l'École impériale de médecine»
nous avons conclu à \xï\e polio- encéphalite bulbaire inférieure^ à
marche lente et d'origine probablement infectieuse; pronostic
très réservé.
Notre collègue et ami le D"* Soutakis, de la Faculté de Paris, très
compétent en électricité médicale, après avoir soumis l'enfant à un
électro-diagnostic rigoureux, a trouvé les contractions faradiques
et galvaniques normales.
En même temps que nous donnions de la strychnine et du phos-
phore, nous avons soumis l'enfant à une faradisation méthodique
sous la direction duD'' Soutakis. Après huit séances, en quinze jours,
amélioration notable et progressive : la salivation est intermittente,
les lèvres peuvent avec de la volonté se fermer en cône ; Tenfant.
avec un peu d'ellbrt, arrive à pouvoir éteindre une allumette; la
mastication et la déglutition, même pourles liquides, sont meilleures;
actuellement, il n'y a que les consonnes p et n qui ne peuvent pas
encore être bien prononcées ; les mots monosyllabiques sont assez
bien exprimés et compris par l'entourage ; mais, pour s'en rendre
compte, il faut solliciter l'attention de l'enfant et sa volonté, le
faire répéter tel ou tel mot qu'on prononce au préalable bien haut
et clairement. Il semble qu'un réveil des mots et qu'une rééduca-
tion de la prononciation de tel ou tel autre mot soient préalablement
nécessaires, et l'on dirait qu'un défaut de volonté et d'attention
contribue à cette dysarthrie. C'est la spontanéité et la rapidité de
la formation des mots qui paraissent en défaut. L'enfant, spon-
tanément, parle plus mal et moins intelligiblement que lorsqu'il
est sollicité à bien prononcer tel ou tel mot ; les mots monosyllabiques
sont alors assez bien prononcés; pour les polysyllabiques, la pro-
nonciation est moins bonne.
Cette amélioration, constatée après quelques séances élec-
triques, se mainliendra-t-elle? Nous faisons toutes réserves à ce
sujet.
SYNDRONJE LABlO-GLOSSO-PHAHYNGl^^ '2'23
En eiïet, peu de temps après, le petit malade, qui avait paru tirer
gramJ profit de la faradisation, retomba dans son état antérieur.
La parole estpresque inintelligible, surtoutquand on ne commande
pasà Tenfant de faire grande attention et de s'efforcer de parler
avec lenteur et correction. Dans ces conditions seulement, on par-
venait à entendre quelques consonnes et voyelles, et on pouvait
ainsi reconstituer le mot entier. La salivation a présenté des alter-
natives de diminution et d^augmentation; parfois Técoulement de
la salive se faisait sans interruption. Le retourau staiu quo ante,
quia semblé, aux yeux des parents, comme une aggravation, n'a
fait que les démoraliser. Ils sont rentrés chez eux (novembre 1906).
Jusqu'au jour de son départ, fenfant (deux ans après le début de
son atTeclion) n'a présenté aucun trouble appréciable du côté du
larvnx.
V
QUATRE CAS DE PERFORATION DU VOILE DU PALAIS
DANS LA SCARLATINE.
Par M">« Hathilde de BIEHLER.
Docteur en médecine, AssisUint Mft Clinique thérapeutique de l'Universil^ de Vnrswe.
Médecin de la maison des Knfanls- Assistés.
Je puis ajouter à la littérature médicale 4 cas de perforation du
voile du palais dans la scarlatine, ot ceci grâce à MM. Méry et Halle,
ou plutôt à leur article inséré dans les Arranges de Médecine fies
Enfants du mois de décembre 1905, qui attira mon attention de ce
côté. Cela m'a été d'autant plus facile que nous avions eu une pelite
épidémie de scarlatine. Mes recherches ont porté sur tous les scar
latineux vus dans le courant de l'année 1906. Or il v en avait 5(i
Je ne veux point aborder ici l'étude de cette complication si grave:
ceci a été fait par d'autres auteurs et surtout par MM. Méry et
Halle ; je ne veux que faire l'exposé des 4 cas qui me paraissent
intéressants, ne fût-ce qu'au point de vue de ladite rareté d'une
complication ayant semblé plus rare sans doute parce qu'on a cru
avoir tout vu dans une maladie aussi commune que la scarlatine I
Observation l. — Scarlatine; éruption intense. Perforation du voile du
palais. Mort.
Marie L..., deux ans et demi ;je l'ai vue pour la première fois pour une
rou},'eole intense ; quatorze jours plus tard, une scarlatine se déclara avec
gorge très rouge, amygdales recouvertes d'un exsudât grisâtre : Texsudat
s'étend au voile du palais. Les glandes sous-maxillaires ne sont pas lrt»s
grosses. Je vois la fillette le lendemain. Sur le voile du palais, apparaît
à droite une ulcération. Un jour plus lard, on vient me chercher au plu>
vite. Sa mère, en faisant la toilette de la bouche, remarqua un trou dans
la gorge. A l'examen, nous constatons à droite une perforation du voile
du palais qui s'étend en largeur les jours suivants. Les bords de Tulcéra-
lion sont taillés à pic ; son fond est d'un gris sale.
L'état général n'est pas mauvais ; néanmoins la perforation s'allonge.
L'enfant meurt six jours après la constatation de la perforation. La mort
a lieu dans l'advnamie.
Observation U. — Scarlatine de moyenne intensité, l^erforation du voile
du palais. Mort.
Jeanne /W., trois ans. Érui)lion de scarlatine de moyenne intensité; sur
l'amygdale droite, exsudât blanc grisâtre. Température élevée 40°, adéno-
pathie sous-maxillaire volumineuse. Nous injectons 25 cenliinètivs
cubes de sérum antiscarlatineux. Le lendemain de Tinjection, la tem|M''-
PERFORATION DU VOILE DU PALAIS DANS LA SCARLATINE 225
rature est à 39<',5. Sur le voile du palais du côté droit, nous constatons
deux jours plus tard une ulcération de la grandeur d'une pièce de 50 cen-
times (10 kop.)- Cette ulcération, dont les bords sont taillés à pic et
dont le fond est d'un gris sale, s'agrandit avec une rapidité extrême.
Nous voyons l'ulcération persister pendant les trois jours suivants;
ensuite une perforation prend sa place. L'enfant meurt le jour même de
lapparition de la perforation. La mort est précédée de convulsions.
Observation IH. — Sophie W,, cinq ans. État grave dès le début.
Éruption intense ; adynamie. Délire de temps en temps. Âdénopathic
sous-maxillaire volumineuse exigeant une intervention chirurgicale.
Angine ayant l'aspect d'une angine diphtéritique. Injection de 20 centi-
mètres cubes de sérum antidipthéritique (sans examen bactériologique) .
Température : 39^,9. Le lendemain de l'injection, amélioration notable;
lenfant veut boire, parle ; cependant un coryza pénible l'empêche de
dormir. Trente-six heures après l'injection de sérum, on constate dans la
gorge, au niveau de la luette, une ulcération de la grandeur d'une pièce de
50 centimes. Le pouls est filiforme, je revois l'enfant le soir; à la place
de l'ulcération, une perforation s'étend obliquement. L'enfant succombe
une semaine plus tard (affaiblissement progressif).
Observation IV.— Jeanne N., deux ans. Scarlatine d'intensité moyenne,
aadire delà mère; j'ai vu l'enfant huit jours après l'apparition de l'érup-
tion. Âdénopathie très prononcée. Fétidité de l'haleine. Écoulement du
nez. Â l'examen de la gorge, nous constatons un exsudât gris sale sur le
voile du palais, la voûte palatine et les amygdales. Pouls 140 ; tempé-
rature, 39^,5. JDyspnée. Diarrhée. L'enfant est très pâle. Le lendemain, je
constate sur les amygdales des ulcérations. Celle de droite s'étend sur
le voile du palais. Vingt-quatre heures plus tard, le tissu nécrosé est
tombé ; il est resté une perforation.
L'enfant est assez gaie, boit avec plaisir. La température est de 38°,8 ;
pouls assez faible. L'enfant meurt dans la nuit subitement en prenant
une tasse de lait.
Voilà pour les cas que j'ai observés. J'ajoute que l'étude complète
n'as pas pu être faite, et ceci pour maintes raisons; ainsi nous ne
savons rien sur les caractères bactériologiques des angines si cu-
rieuses de nos malades. Il est cependant à remarquer que, dans tous
les cas, les perforations qui suivaient l'ulcération se montraient dans
la première semaine de la maladie. Toutes les ulcérations avaient
nettement pris la forme de la partie nécrosée; le fond de l'ulcération
était gris, ses bords saillants, à pic. Tous les enfants ét£uent des filles.
L'issue a été fatale dans tous les Cas, malgré tous les soins et le
traitement approprié et l'état général pas toujours très grave*
ArCH. DB Sa^.DKG. DB8 EIVrARTS, 190T. X. — 15
REVUE GÉNÉRALE
INSPECTION DES ÉCOLES A NEW YORK
11 est reconnu depuis long^temps que la réunion d'un gprand
nombre d'enfants dans les écoles les expose à des dangers sérieux
de contagion. Dès 1842, à Paris, des médecins furent ofGciellement
désignés pour inspecter les écoles et surveiller la santé des éco-
liers. Depuis cette époque, Tinspection des écoles n'a pas cessé
d'être ofQciellement pratiquée dans la capitale de la France, peut-
être d'une façon insuffisante et routinière.
Par contre, en Amérique, où l'inspection des écoles est de date
beaucoup plus récente (Boston, 1800 ; New York, 1897), elle fonc-
tionne d'une manière beaucoup plus complète. Pour stimuler les
réformateurs du vieux Continent, nous allons rapporter brièvement
comment les choses se passent à New York, la grande métropole
des États-Unis, d'après les travaux du D''S. Joséphine Baker (1) et
de J. Cronin (2).
En mars 1897, 150 médecins sont nommés par le bureau
d'hygiène {Board of Health) pour inspecter régulièrement les
écoliers de la ville de New York. De 1897 à 1902, ils s'occupent
surtout d'empêcher la fréquentation de l'école par les enfants
atteints de maladies infectieuses ou contagieuses. Tout d*abord ce
fut au maître d'école qu'incomba la responsabilité de décider si un
enfant devait être isolé ou non. En septembre 1902, les devoirs des
médecins inspecteurs furent codifiés, et tout écolier fut l'objet d'un
examen personnel hebdomadaire. En mars 1905, il est recommandé
d'examiner chaque enfant avec assez de soin pour avoir la certi-
tude qu'il n'est pas atteint d'une affection contagieuse.
Toutes les grandes tentatives municipales en Faveur du bien-être
de la communauté doivent, pour réussir, s^appuyer sur l'opinion
(1) J. Bakbr, The médical inspection and examination of school children m
New York ciiy [Annat!^ or G mecology and Pediatry^ août 1906).
('2} J. Cromn, Archiver of Pediatncs^ oct. 1906.
INSPECTION DBS ÉCOLES A NEW YORK 227
publique; et, quand il s'agit de la santé des habitants, ce n'est pas
seulement la coopération des citoyens, en général, qui est désirable,
mais surtout celle des médecins.
Or il fallait bien établir tout d'abord, dans ce but, que le
Department of Health n'empiétait en aucune façon sur les préro-
gatives des médecins libres. Los médecins inspecteurs i^'ont pas
pour mission de donner ou de suggérer un traitement pour les
enfants de la clientèle privée. Les nurses attachées au service de
rinspection médicale des écoles ne donnent de soins qu'aux enfants
qui, soit par misère, soit par ignorance de la part des parents, ne
seraient soignés par personne ; l'hôpital pour les yeux et les dis-
pensaires ne reçoivent que la même catégorie de malades. Il est
établi comme une règle de refuser le traitement à tout enfant qui
peut avoir son médecin. Donc les intérêts du corps médical sont
respectés, et les médecins de la ville, loin de regarder d'un mau-
vais œil les efforts des médecins inspecteurs, doivent leur prêter un
concours empressé.
Les principes fondamentaux du système en vigueur à New
York sont :
1* Inspection répétée et systématique de tous les écoliers pour
reconnaître de bonne heure les maladies contagieuses ;
2"* Exclusion de l'école pour tout enfant atteint d'alTectîon con-
tagieuse aiguë ;
3** Surveillance de l'enfant exclu pour assurer Tisolement pen-
dant et la désinfection après la maladie;
4*" Surveillance et traitement suivi des petites affections conta-
gieuses pour diminuer le nombre des exclus ;
5** Connaissance des cas non déclarés d'affections conta-
gieuses ;
6"* Examen complet de chaque écolier, avec signalement de
toute anomalie, physique ou mentale.
On voit, par ce programme, que les médecins inspecteurs des
écoles de New York ne remplissent pas une sinécure. Sont sou-
mises à leur inspection : les écoles publiques, les écoles parois-
siales, les écoles de la Société des pupill 3S américaines, les écoles
de la Société de la Sauvegarde des enfants, les jardins d'enfants.
Les agents de l'inspection des écoles comprennent :
1* Le médecin inspecteur en chef;
2» Un corps de médecins inspecteurs ;
3* Une surveillante en chef;
4" Un corps d*infirmières diplômées.
L'inspection médicale est fnite le matin par un médecin qui a
dans son ressort un groupe d'écoles.
La visite a lieu avant dix heures et s'applique :
1* Aux enfants isolés comme suspects par les maîtres;
228 REVUE GÉNÉRALE
2^ Aux enfants qui ont été absents pour une raison quel-
conque;
3^ Aux enfants dont le traitement a été négligé;
4^ A tous les cas présentés par rinfirmière pour assurer le dia-
gnostic.
Tout enfant accusant des symptômes de rougeole, scarlatine,
diphtérie, coqueluche, varicelle ou variole, est immédiatemeut ren-
voyé. Des cultures sont faites dans toutes les angines pour déceler
le bacille de la diphtérie. En cas de variole, scarlatine ou rougeole,
le bureau d'hygiène est prévenu par téléphone et envoie un méde-
cin au domicile de Tenfant pour confirmer le diagnostic et assurer
risolement. En pareil cas, la Division des maladies contagieuses
adresse une carte postale au directeur de Técole pour rinformer
de la présence de la maladie contagieuse et Taviser d'avoir à
exclure de Técole tous les enfants de la famille contaminée, jus-
qu'à la fm de la maladie. Les enfants ainsi exclus doivent, pour
être réadmis, présenter un certificat de guérison du Department
of Health.
La rentrée des enfants convalescents d'oreillons ou de coque-
luche est laissée à la discrétion du médecin inspecteur. Les cas de
pédiculose avec poux vivants, les cas de conjonctivite aiguë, de tra-
chome, de dermatoses contagieuses négligées depuis longtemps,
sont exclus.
Les cas de lentes, conjonctivite aiguë, dermatose contagieuse,
sont adressés au médecin traitant, au dispensaire ou à l'infirmière,
pour un traitement immédiat.
Les enfants ne sont pas exclus, mais réexaminés le lendemain,
et, aussi longtemps qu'ils présentent des preuves de traitement, on
leur permet de fréquenter l'école.
Pour chaque cas d'exclusion, une carte sur laquelle sont notés le
nom, l'âge et l'adresse de l'enfant, le nom et l'adresse de l'école, la
cause de Fexclusion, est placée dans une enveloppe cachetée et
remise au directeur de l'école, qui aussitôt renvoie Tenfant
chez lui.
Un répertoire de toutes ces cartes est conservé à l'école et peut
être consulté avec profit.
Comment se fait l'inspection habituelle?
Le médecin voit défiler devant lui, en bonne lumière, tous les
enfants de l'école, à la file indienne. Chaque enfant renverse les
paupières inférieures, ouvre la bouche, montre les mains, et, s'il
s'agit d'une fille, relève ses cheveux en arrière. Le médecin ne doit
pas toucher l'enfant, mais, si l'enfant parait suspect^ il est dirigé
vers le bureau médical, où il sera l'objet d'un examen plus
attentif.
En septembre 1902, quand le nouveau règlement entra en
INSPECTION DES ÉCOLES A NEW YORK 229
vigueur, le médecin inspecteur, faisant sa visite hebdomadaire
dans chaque classe, prononçait Texclusion de tous les cas conta-
gieux. Pendant le premier mois, 10567 enfants furent ainsi rendus
à leurs familles. Les classes étaient vides ; les enfants atteints de
petites affections contagieuses restaient souvent sans traitement,
couraient les rues, revenaient à Técole, qui les renvoyait, etc. La
situation était grave par rapport au trachome. En juin 1902, on
découvrit 5569 cas de trachome sur un total de 55470 enfants exa-
minés. Devant cette situation inquiétante, le 1'''' décembre 1902, un
corps de trained nurses (infirmières diplômées) fut institué et,
le 16 décembre, un dispens€dre et un hôpital, exclusivement réser-
vés au traitement du trachome, furent ouverts.
Tableau des visites médicales, des exclusion*, etc.
1903. 1904. 1906.
Visites d^écoles 103 301 101 &60 88 964
Enfants examinée 1 1 801 691 12 236 050 6 285 436
Enfants exclus pour :
Rougeole 2S0 1172 312
Diphtérie 530 155 74
Scarlatine 66 55 47
Coqueluche 364 187 351
Maladies des yeux 32 535 10 624 8 833
Poux 21100 8 717 4 692
Varicelle 909 780 937
Dermatoses 4 029 2 123 2 018
Diyers 5 521 1556 1580
Tolal des exclus 65 294 25 369 18 844
On voit que, d'année en année, le chiffre des enfants exclus
diffliaue notablement.
Après les médecins inspecteurs viennent les nurses ^ dont le rôle
ne manque pas d'importance. Ces infirmières, très compétentes,
visitent également les écoles de leur ressort et assurent le traite-
ment des cas peu graves : poux, tricophytie circinée, favus, impé-
tigo, moUuscum contagiosum, conjonctivite aiguë, etc. Chaque
enfant se présente au traitement avec une fiche portant le dia-
g:Dostic du médecin inspecteur. Ce diagnostic implique un traite-
tement banal bien connu de la nurse.
De plus, la nurse fait aussi une visite hebdomadaire de la classe,
de la même manière que le médecin inspecteur ; les cas douteux
sont renvoyés à ce dernier pour le diagnostic. Enfin la nurse a les
noms et les adresses des enfants dont le traitement laisse à désirer,
et elle va les visiter à domicile, leur appliquant là le traitement
durgence ou les envoyant au dispensaire.
Cette collaboration des nurses avec les médecins inspecteurs est
des plus utiles.
230 REVUE GÉNÉRALE
Tableau du travail accompli par les nurses.
1903. 1004. 1905.
Visites d'écoles. , 16 095 27 010 ?5 943
Visites à domicile Iff 218 26 705 40 070
Visites diverses 293 1 046 1 344
Total des visites 32 6U6 54 7&9 67 357
IPoiix 205 023 509 142 616 381
Maladies des yeux. ... 151 855 204 277 268 855
Maladies de la peau.. 16 905 24 151 40 052
Divers 28 537 45 112 50 801
Total 397 320 782 682 976 092
Vu le grand nombre des cas de trachome, il a été nécessaire
d^afTecter deux dispensaires et un hôpital à leur traitement
exclusif.
A rhôpital, situé au coin de la 118* rue et de Pleasant Avenue,
sont adressés les cas chirurgicaux (anesthésie par Téther).
Tableau des cas traités à Vhôpital el aux dispensaires.
1903. 1904. 1903.
Cas opérés 4 357 ! 728 1 460
Cas traités sans opération 11 3»9 7 770 9 223
Enfants traités 15 736 9 504 10 68î
Visites après traitement 129 830 122 628 161 644
Quand le médecin inspecteur des écoles a accompli sa tâche
quotidienne, il peut encore avoir à visiter à domicile des enfants
dont Tabsence depuis plusieurs jours n'a pas été expliquée. Au
cours de ces visites, des cas de contagion sont découverts, et les
mesures nécessaires sont prises.
Tableau des visites ainsi faites et leurs résultats.
1904. 1905.
Rougeole 613 Î8i
Scarlatine 57 H
Coqueluche 3^» 82
Oreillons 45 €6
Varicelle 103 1 4«
Divers I 7
Total 8.Î4 "ëïy
Ce n'est pas tout. Le 27 mnrs 1905, un nouveau programme fui
mis en vigueur. Son objet tlail l'examen physique complet de
chaque écolier : nutrition générale, glandes, chorée, cardiopa-
pathies, pneumopathies, dermatoses, déformations spinales, état
de la poitrine ou des membres, défauts de vue, d'ouïe, de respira-
tion nasale, de dentition, de palais, hypertrophie des amygdales,
adénoïdes, anomalies mentales, etc.
Tous ces renseignements sont inscrits sur une fiche sanitaire
individuelle.
INSPECTION DES ÉCOLES A NEW YORK ^1
Les parents sont avisés des anomalies découvertes et des consé-
quences qui en résultent : urgence de traitement, etc. Du 27 mars
au 31 décembre 1905, 55332 «enfants ont été examinés à ce point
de vue avec les résultats suivants :
Table êonitaire des éeolie.^.
Nombre des anfeots 55 ZZt
Cas à traiter 33 S5l
MiuTaiae nutrition 3 283
AdënopaLhies cervicales 17 261
Chorée 738
Cardiopathies 895
Pneumopathies 600
Dermopathies 989
Déformations squelettîques 1 384
Défauts de vision 16 39i
— d*audition I 296
Défaut de respiration nasale 6 182
Mauvaises dents 18 182
Palais défectueux 698
Amygdales hypertrophiées 8 3«7
Végétations adénoïdes 5 119
Anomalies mentales 1 *i lO
Pendant les trois premiers mois de 1905, 24000 enfants ont été
examinés et, sur ce nombre, 18 000 avaient besoin de quelque
traitement.
Ces renseignements et ces chiffres montrent quel immense
effort la ville de New York a accompli pour défendre les écoliers
contre la contagion et, en dernier lieu, pour assurer leur dévelop-
pement physique dans de bonnes conditions.
Tard venus dans cette grande œuvre de Thygiène scolaire, les
libres citoyens des États-Unis d'Amérique ont largement dépassé
les villes de l'Europe, et particulièrement Paris, qui, après avoir
pris Tinitiative, est resté tellement en arrière que toute compa-
raison avec New York serait humiliante pour notre vieille métro-
pole.
Tout en ayant conscience de leur supériorité à ce point de vue,
nos confrères des États-Unis ne se dissimulent pas Timperfection
de leur œuvre, et ils ne cessent de demander mieux.
Le D' Luther Halsey Gulick demande Tamélioration des locaux
et du mobilier scolaires. Le D^ Freeman insiste sur la nécessité du
repos, d'une bonne alimentation, d'une bonne aération, etc.
Le D' W. Maxwell reconnaît ces desiderata et voudrait que
New York imitât Paris en donnant aux écoliers le repas de midi.
Enfin le D^ A. Jacobi trouve qu'on envoie trop tôt les enfants à
l'école. La place des enfants de six ans n'est pas là ; on ne devrait
pas les recevoir.
Le système scolaire peut être admirable, mais, sans profit, si la
232 REVUE GÉNÉRALE
graine scientifique tombe sur un sol amaigri et stérile. Que vaut
Tesprit dans un corps malade ?
C'e^t en vain que l'âme sera vaillante, si le corps est faible. On
dépense des sommes immenses pour instruire les enfants; ne fau-
drait-il pas réserver une part de ces dépenses pour les rendre
capables d'assimiler toute la science dont on les bourre?
La valeur future de ces enfants, pour eux-mêmes et pour leur
pays, dépendra de Tassociation d'une âme saine avec un corps sain.
Cette santé du corps est due à Tenfant dès qu'il entre dans la vie.
Le département d'hygiène de New York Ta compris, et il travaille
de toutes ses forces à développer chez les enfants cette santé
car c'est elle qui assurera plus tard à la grande ville des citoyens
normaux au point de vue physique.
Cette façon de comprendre le rôle de l'hygiène publique est à
retenir, et l'exemple de nos collègues américains à suivre, si nous
voulons lutter avec quelque efficacité contre la décadence physique
de la race.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQVES
U raUon alimantaire de reniant depuis sa naissance jusqu'à l'âge de
deux ans, par les D*^ Michel et Perret (Revue d'hf/g. et de méd, infantiles y
itw>6, n» 6).
Pour établir la ration alimentaire du nourrisson, il faut tenir plus de
compte de son poids que de son âge. C'est pendant les premières
semaines que le nourrisson fait ses plus gros gains de poids. A ce
moment, c'est le lait de femme qui lui convient le mieux. Au début, la
sécrétion mammaire donne un liquide, le colostrum, qui diffère du lait;
sept à huit jours après Taccouchement, c'est du lait normal qu'on obtient.
, Laits Jeunes [5^ au 4 S* Jour, 14 cas) :
Deotité I 0:J2
Eau 9078',89
Extrait sec 12*»',n
Sel» 2ï',71
Bnurre 308t,îO
Lactose anhydre t»4<fr,09
Afotc total Strï-jCS
Matières protéiques 1 Tff'.SS
Matières extractives 98',Î3
Laits vieux (i« au ii^ mois, 58 cas) :
Densité I (i32,5
Eau 908»», 70
Extrait sec r2:{8r,80
Sels minéraux iï',90
Beurre n4«^',e8
Lactose anhydre 69Kr,84
Axote total i^r^83
Matières protéiques 12(^',35
Matières extractives 5«',03
Le lait de femme est presque totalement absorbé. Pour 100 grammes
de lait ingéré, le nourrisson élimine ls',50 à 3 grammes de fèces.
Le nourrisson utilise dans les proprotions suivantes les différents
matériaux du lait de sa mère :
Graisses 06,35 p. 100.
Matières asotées 93,60 —
Sels minéraux 78,'26 —
234 ANALYSES
L*analyse du lait de vache donne la moyenne suivante par litre :
Dennité 1 0:il.&
Eau 000 grammes eaviron.
SeU minéraux 7 —
Beurre 40 grammes.
Lactose 47 —
Caséine 3C —
Extrait sec 130 —
Les selles de nourrisson diffèrent physiquement et chimiquement dans
Tallaitement féminin et dans Tallaitement par le lait de vache ; dans ce
dernier cas, elles sont très riches en matières minérales, très abondantes
(4 à 6 grammes de fèces pour 100 grammes de lait ingéré).
Le lait d'&nesse contient très peu de beurre, il est pauvre :
Densité I 033
Sels 48»,64
Beurre lOS'.O!
Lactose 5î>k',90
Matières nlbuminoîde? 17sv,&6
Eau 934Kr,89
Le lait de chèvre se rapproche beaucoup du lait de vache.
Composition des farines, — Très riches en azote et matières minérales :
légumineuses ;
Riches en amidon et matières azotées : céréales ;
Riches en graisses, amidon et azote : avoine et maïs ;
Riches en graisses, albumine, amidon et sels : avoine ;
Pauvres en azote : riz, fécule, arrow-root, sagou.
Rubner a trouvé pour 1 litre de lait de femme dans un cas 633 calo-
ries ; dans un autre cas, 745 ; beurre, 9<*',25 par gramme ; lactose anhydre.
3<*>,96; albuminoides, 5«»»,83.
Un litre de bon lait de vache représente 760 calories.
Doit-on donner du lait de vache pur?
Beaucoup le pensent. Mais il ne faut pas être absolu. 11 peut être ulile
de diluer le lait.
Dans ce cas, il faut ajouter du sucre. Les bouillies de farine peuvent
être données dès le huitième mois. Jusqu'à deux ans, Budin laisse Tenfant
au lait et aux bouillies faites avec du lait.
Appendicites consécutives aux entérites de l'enfance, par le D' Â. BaocA
(Revue pratique d'obstétrique et de pédiatrie, juillet-août 1906).
L'entérite est très fréquemment observée à Torigine de Tappendicite ;
cette dernière ne semble en être qu'une localisation. D'après les obser-
vations de M. Broca, la diarrhée ne serait pas aussi rare qu'on Ta dit
dans la crise aiguë d'appendicite : dans 10 p. 100 des cas environ.
Tout malade atteint d'entéro-colite muco-membraneuse est prédisposé
à l'appendicite ; c'est à peu près le contre-pied de l'opinion de M. Dieu-
lafoy. Cela s'observe surtout chez les enfants, plus exposés que les
adultes à la forme infectieuse de l'entéro-colite. L'appendicite et Tentéro-
colite semblent inséparables. Gela ne veut pas dire que, toijgours, quand
on enlèvera l'appendice, les douleurs de ventre et les phénomènes d'enté-
rite disparaîtront. Mais au moins on aura écarté à tout jamais le danger
de la perforation appendiculaire, et on n'aura plus qu'à soigner l'entérite.
Restent les difficultés de diagnostic, que tout le monde reconnaît.
Suivent 33 observations probantes.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 235
DyienUrie, éTOlntion lente, injecUon de sénim antidysentéiigne de
M. Anché, gnérison rapide, par M^** Gampana (Joum» de méd, de Bordeaux^
27 janvier 1907).
Garçon de dix-sept mois, sevré à quatorze mois en pleine chaleur,
diarrhée par excès de lait. En octobre, mucosités, sang dans les selles. Le
nombre des selles est en moyenne de dix par jour. Enfant pâle, maigre,
cachectique.
On pratique le 11 novembre une injection de 20 centimètres cubes
de Urum antidysentérique polyvalent de M. Auché. Le D' Feriîer, qui
soigne Tenfant, écrit le 17 que le sérum a fait merveille : réappa-
rition des matières fécales, cessation des vomissements, diminution du
nombre des selles, amélioration de Tétat général. Le 14 novembre,
oedème ; il y a de Talbumine. Mais cette albuminurie a été pas-
sagère.
Le 22, le D' Ferrier écrit que Tenfant est guéri de sa dysenterie. L'action
du sérum a été merveilleuse. L'ensemencement des selles a donné un
bacille analogue au Shiga ou au Flexner.
Péritonite tnbercalense traitée par riiéliothérapie, par le D' Ed. Marti?!
(Soc. méd. de Genève, 29 novembre 1906).
Fille de huit ans, faible de constitution. Son ventre a commencé à
grossir il y a deux ans ; elle y ressent quelques douleurs. Le 28 février
i90G, vomissements, constipation, douleurs vives. Ëpanchement péri-
tonéal qui augmente au point de provoquer Tœdème des jambes, la
cyanose, des crises d'étouflement. Fièvre de temps à autre. Le 10 avril,
on retire par la ponction abdominale 9 litres de liquide louche. Le
16 mai, on en retire 7 et le 31 mai 3 à 4 litres.
C'est alors qu'on commence Théliothérapie en exposant le ventre au
soleil pendant dix, puis quinze, vingt et trente minutes. Pigmentation
rapide de Tabdomen. Le liquide a diminué de quantité, et il est bientôt
remplacé par des plaques, des gâteaux qu'on sent à la palpation. État
général meilleur, pas de fièvre. A la fin de Tété, Tenfant pouvait être
considérée comme guérie.
A propos de deox caa de conjonctiTites psendo-membranenses à
pneiunocoqnes, par le D*" E. Demiéville {Revue médicale de la Suisse
homande, 20 janvier 1907).
i* Un petit garçon de huit mois est envoyé avec le diagnostic de
blennorrhée oculaire. La mère a des flueurs blanches. Sur les deux conjonc-
tives tarsales, existe un exsudât pseudo-membraneux, grisâtre, mince,
très adhérent, avec sécrétion modérée, séro-purulente. Exsudât blanc
grisâtre sur Tamygdale gauche. L'examen bactériologique et la culture
donnent du pneumocoque.
On brosse la conjonctive avec un tampon d'ouate au sublimé (1 p. 5000) ;
on applique des compresses au sublimé (1 p. 10000) glacées. Guérison en
quatre jours.
2<> t^n petit garçon de six mois présente, le 19 novembre 1904, un gon-
flement de la paupière supérieure gauche. Bronchopneumonie, fièvre.
Fausses membranes sur la conjonctive tarsale; sécrétion purulente
abondante. L'examen bactériologique montre des pneumocoques avec
quelques bacilles de Lôffler.
Injection de sérum antidiphtérique ; compresses au sublimé froides.
Amélioration de l'œil dès le lendemain. Puis l'état du poumon s'améliore
à son tour. Guérison.
23(> ANALYSES
Lobar pnoumonia as a complicatioa of diphteria (Pneumonie lobaire
comme complication de diphtérie), par le D** J.-D. Rollestox {The Brit,
Jour. ofChildren's Dù^eases, déc. 1906).
La pneumonie lobaire a toujours passé pour une rareté dans la
diphtérie. Pendant une période de sept ans, avec une moyenne de
0 -$70 diphtériques par année dans les Metropolitan Asylums Board hospitali,
on n'a compté que 167 cas de pneumonie lobaire et 507 cas de broncho-
pneumonie.
Dans les quatre dernières années, sur 1 000 cas de diphtérie observés au
Grove Hospital, par le D' RoUeston, la pneumonie lobaire s*est i^encontrée
sept fois (entre vingt-deux mois et sept ans : 3 garçons, 4 filles). La
bronchopneumonie s'est montrée 15 fois (dont 9 dans le croup, avec
7 trachéotomies). Sur les 7 pneumonies, 3 seulement ont compliqué le
croup (2 trachéotomies).
L'évolution de la pneumonie après la diphtérie ne diffère pas notable-
ment de ce qu'elle est d'habitude ; la maladie guérit le plus souvent, se
termine volontiers en lysiset ne laisse pas de séquelles, sauf l'empyème.
Esofagismo, spasme essennale deU' esofago (CEsophagisme, spasme
essentiel de l'œsophage), par le D** Paolo Galli {La Pediatriaj nov. 1906).
Enfant de paysans, né le 8 août 1902. Mère robuste, allaitement au
biberon. L'enfant se développa bien. En novembre 1903 (à l'Âge de
dix mois), fièvre typhoïde ayant duré cinquante jours et l'ayant mis près
de la mort. Pendant la convalescence, on note pour la première fois de
la dysphagie, qui dura quelques jours seulement.
En juillet 1904 (il avait deux ans), la dysphagie reparait plus accusée ;
pendant deux jours, rien ne passe. On fait un calhétérisme, qui ne ren-
contre pas d'obstacle et fait disparaître l'œsophagisme. Le 12 juillet 1906 «
retour de la dysphagie. Enfant abattu, amaigri, refusant tout aliment ou
boisson. On ne découvre aucune lésion, et on admet un spasme de l'œso-
phage. Cependant la sonde ne peut passer, elle est arrêtée en haut de
l'œsophage. Le lendemain, de même. Mais le soir l'enfant se remet à
manger, et tout passe.
Le père est nerveux et atteint de paralysie agitante.
Nnovo contributo clinico allô studio della splenopolmonite cronica
nell'inlanzia (Nouvelle contribution clinique à l'étude de la spléno-
pneumonie chronique dans l'enfance), par le D' Antonio Ioyane (La
Pediatria, novembre 1906).
1« Garçon de vingt-sept mois, sevré à treize mois ; peu après, fièvre,
toux, troubles intestinaux.
Le 27 juillet 1905, on trouve un enfant p&le, amaigri, avec une pléiade
de glandes lymphatiques au cou et aux aines. Dyspnée, avec diminution
de la motilité du thorax à droite (dans la moitié supérieure); obtusion à
la percussion, avec murmure vésiculaire aboli. Sous la clavicule et sous
l'omoplate, souffie pleurétique ; petits râles à la base en arrière, égophonie,
crachats gommeux. Une ponction donne 20 centimètres cubes de liquide
séro-fibrineux, à polynucléaires, sans bacilles de Koch; l'inoculation
intrapéritonéale à un cobaye n'entraîna pas la tuberculose. Une
deuxième ponction, faite le 5 août 1905, ne donna plus de liquide, quoique
les signes physiques n'eussent pas changé. Après des périodes de mieux
et de pire, on retrouve l'enfant avec des signes de splénisation de tout
le poumon droit. En décembre 1905, troubles intestinaux plus graves,
cachexie, dyspnée, mort en février 1906.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 2?37
2^ Fille de buil ans; à partir d'un an, bronchite à répétition avec fièvre
et troubles digestifs. On trouve, en août i 904, au poumon gauche, des
signes qui font penser à la pleurésie. Ponctions blanches. Pâleur, maigreur,
polyadénopathie ; mobilité amoindrie à gauche, matité à la percussion,
vibrations thoraciques et murmure vésiculaire abolis, égophonie, souffle
pleurétique dans les régions sous-claviculaire et sous-.scapulaire. Espace
de Traube conservé. On admet une spléno- pneumonie chronique, et on
conseille la cure d air, à la campagne. Cela ne fut pas fait.
Le 6 décembre 1906, même état qu'en avril 1904 (vingt mois); injec-
tions d'iodipine. Rougeole, amélioration. Le 3 avril 1906, état satisfaisant.
Rechute en juillet, amélioration en octobre. Expectoration gommeusc sans
bacilles de Koch.
Ici guérison probable après une longue durée.
Adhèrent pericardium Dcith aacites, a report of two cases (Symphyse
cardiaque avec ascite, relation de deux cas), par les D" SAPPI^GT0^ et
Rao (4rcA. ofPed.y novembre 1906).
Sous le titre de péricarde adhérent avec ascite, les auteurs rapportent
l'histoire de deux cas que nous décrivons en France sous le nom de
foie cardio-tuberculeux ou maladie de Hutinel depuis de longues années
1893). Le nom de notre compatriote n'est pas cité dans ce mémoire, qui
ne renferme que des noms anglais. Cependant tous nos livres classiques
français, sans parler des monographies, contiennent la description de
cette maladie dans ses dilférentes formes.
Cas I. — Garçon de deux ans, reçu le 5 décembre 1905 au Childrens
Hojheopathic Hosjiitalde Philadelphie. Mère morte récemment, phtisique.
Rougeole il y a cinq mois, puis gonflement du ventre. 11 y a six semaines,
on Ta reçu dans un grand hôpital de la ville et opéré pour une périto-
nite tuberculeuse. Les glandes mésentériqueset le foie étaient augmentés
de volume. Ascite évidente, un peu de cyanose, fièvre légère. Battements
du cœur faibles, mais réguliers, pas de souffle, pas d'augmentation de la
matité cardiaque. Pouls faible. On fit quatre fois la paracentèse de Tabdo-
men, retirant environ 1 litre les trois premières fois et 400 grammes la
dernière fois. Liquide coloré, trouble, mêlé de flocons. Après la dernière
ponction^ le ventre reste mou et vide. Rien dans les urines. Pas de
sympt^^mes pulmonaires ni péricardiques. Pendant la vie, on avait fait le
diagnostic de péritonite tuberculeuse probable avec possibilité de cirrhose
hépatique et de symphyse cardiaque. L'enfant meurt après trois mois de
séjour à rhùpital. A l'autopsie, adhérences péricardiques multiples avec
petits sacs remplis de liquide purulent. Cœur petit, valvules normales,
cavités non dilatées. Plèvres et poumons indemnes, sauf un nodule tu-
berculeux au sommet droit. Pas de péritonite. Foie gros, dur et lisse,
graisseux à la coupe et muscade, sans apparence de cirrhose. Tubercules
de la rate.
Au microscope, exsudats fibrineux et nécrotiques du péricarde, nodules
tuberculeux. Sur les coupes du foie, légère infiltration et dégénération
graisseuse, dissociation des cellules hépatiques, congestion centro-lobu-
laire, dilatation des ca'pillaires, sans cirrhose véritable.
Eo somme, chez cet enfant de deux ans, de mère tuberculeuse, mort
après huit mois de maladie, le symptôme prédominant fut fascite
persistante et à rechute ; absence complète de symptômes du côté du
cœur, du péricarde, du foie.
fa« //. — Garçon de dix ans, reçu le 13 décembre 1905, pour une
péricardite avec épanchement; puis le liquide se résorbe, et on entend
238 ANALYSES
successivement un souffle à la pointe et un frottement péricardique.
Cyanose, puis pleurésie droite.
Le 6 février, on découvre de Tascite (deux mois après le début). Mort
le 4 mai, avec anasarque accommpagnant Tascite.
Autopsie neuf heures après la mort. Symphyse cardiaque totale. Cœu r
un peu gros et dilaté, sans lésions valvulaires. Médiastino-péricardite.
Pleurésie hémorragique à gauche (1 litre). Symphyse pleurale droite,
avec poumon collabé et fibreux. 3 litres de liquide trouble dans le
péritoine, sans inflammation. Gros foie sans périhépatite, avec aspect
muscade. Au microscope, lésions tuberculeuses ; congestion extrême du
foie, avec stéatose et cirrhose périportale au début.
Recherche du bacille de Koch dans le sang de reniant par le procédé
de la sangsue, par MM. Weill, Lesieur et Mouriquand (Journal de physioL
et depatfud. généralCy 15 nov. 1906).
Après nettoyage de la peau, on applique trois ou quatre grosses sangsues
vierges; au bout de trente à quarante minutes, on les enlève et on les
dégorge dans les tubes du centrifugeur. On centrifuge pendant quinze à
vingt minutes; avec une pipette, on prélève la partie inférieure du caillot,
qu'on répartit par gouttes fines sur une douzaine de lames. Ce procédé
a été appliqué dans 16 cas de tuberculose douteuse ou avérée. Le bacille
de Koch a manqué dans 3 cas de tuberculose pulmonaire chronique, dans
2 cas de bronchopneumonie, dans 1 cas de rhumatisme tuberculeux, dans
3 cas de bronchopneumonie tuberculeuse. La recherche n'a été positive
que dans 2 cas de méningite tuberculeuse, soit 2 cas positifs sur 16.
On ne peut donc, par ce procédé, révéler la présence du bacille de
Koch dans le sang que d'une façon exceptionnelle. La valeur diagnos-
tique est donc des plus restreintes.
Si l'on réussit plus facilement dans la méningite tuberculeuse, c'est
que, dans cette maladie, accompagnée de granulie généralisée, il y a bacil-
lémie habituellement.
The early diagnosis of inlectioas diseases by the récognition of the gêne-
rai involvement of thelymphatic glandolar system (Le diagnostic précoce
des maladies infectieuses par la constatation de l'envahissement du sys-
tème glandulaire lymphatique), par le D^ Albert ë. Vipond {Tke Biit.
med. Journ,, 15 décembre 1906).
Les ganglions lymphatiques augmentent de volume dans les maladies
infectieuses; cet engorgement apparaît quelques jours avant l'invasion
de la maladie. L'auteur a vu les ganglions gros et douloureux sept jours
avant l'éruption de la rougeole. C'est entre trois et dix-huit ans que le phé-
nomène est le plus apparent. L'engorgement n est pas dû à rinQuence
irritante de l'éruption, mais à l'absorption des poisons ou toxines. En géné-
ral, les nourrissons ne contractent pas facilement les maladies con-
tagieuses, à cause de la petitesse et du peu d'activité de leurs amygdales. La
tendance à contracter ces maladies sera moindre si la bouche et la gorge
sont en bon état.
L'engorgement des ganglions est plus marqué dans certaines maladies
que dans d'autres. Par exemple, il l'est plus dansTérysipèle, la rougeole,
la rubéole, que dans la scarlatine et la coqueluche. 11 se dissipe plus vite
dans la diphtérie, sous l'influence de l'antitoxine, que dans la rougeole
et l'érysipMe. Dans toutes les maladies infectieuses, sauf celles qui
résultent d'une infection locale, c'est par les amygdales que pénètre le
plus souvent le poison.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 239
La sappuraiion ne survient pas dans les ganglions quand il n'y a pas
d'infection associée.
Appelé dans une famille à voir un enfant atteint de maladie infec-
tieuse, on devra examiner les autres enfants et les considérer comme
suspects, s'ils ont des ganglions engorgés (isolement). On pourra ainsi
s'opposer à la diffusion des maladies contagieuses et diminuer la morta-
lité infantile par cette cause.
An imiisnal case of Raynaud's disease (Cas insolite de maladie de Ray-
n&ud), par le D^ J.-A. Milne (The brit, med. Jour,, 8 déc. 1906).
Fille de quatorze ans, reçue à l'hôpital le 22 juillet 1904. A dix mois,
elle a été soignée pour la teigne ; déjà à ce moment les doigts de la main
droite, le bout du nez, les extrémités des oreilles étaient bleus et froids,
causant de vives douleurs k l'enfant ; une plaie se forma au-devant de la
cheville droite ; lésions osseuses, séquestres, etc. Pendant un an, état
normal, puis mémelésion au pied gauche. Puis, pendant plusieurs années,
elle fut sujette à ces pertes de substance des extrémités, avec douleurs
rives, asphyxie locale, etc. On fut obligé de la calmer avec de la
morphine.
Etat général actuellement bon ; souffle systolique à la pointe du cœur,
se propageant vers l'aisselle (lésion mitrale). Moignons coniques, doulou-
reux, des jambes; ulcère au sommet du moignon droit. On régularise ces
moignons pour faciliter le port d'appareils les 31 août et 17 novembre.
Le 23 décembre, première attaque d'asphyxie locale ; l'oreille gauche
devient bleue, gonflée, douloureuse.
Le 1*' janvier, fièvre avec légère toux, matité à la base droite, râles
crépitants. Le 19, les mains et les doigts présentent de l'asphyxie locale.
En février, fréquents accès d'asphyxie locale à la main droite et aux doigta.
Bains électriques sans succès. Amélioration par les bains chauds et mas-
sages. Le 4 juillet part en convalescence. Le 5 octobre revient à l'hôpital.
Même état des mains. Les 23 et 26 octobre, extrémité nasale et coude
gauche cyanoses, main droite et doigts gonflés et rouges jusqu'au-dessus
du poignet, avec douleurs vives. En novembre, léger mieux. Le 21 dé-
cembre, cyanose du médius gauche et de la main droite. En février et
mars 1906, asphyxie locale des bords des oreilles et du bout du nez,
avec gangrène sèche et perte de substance. De même asphyxie et douleurs
au sommet des moignons, aux doigts des deux mains. Le 14 mars,
dyspnée, point de côté à droite, flèvre.
Le 20 mars, Tasphyxie locale gagne en étendue, gangrène des oreilles
et du nez, cyanose des bras, des jambes, etc. Mort le 22 mars.
A l'autopsie, cœur dilaté, pesant 350 grammes, valvule mitrale semi-
cartilagineuse, avec rétrécissement de Toriflce ; dilatation de toutes les
cavités du cœur. Adhérences pleurales à droite et à gauche, condensation
de la base du poumon droit, nodules calcifiés au sommet. Foie muscade,
splénite interstitielle, néphrite iiem.
The pathology of Chorea (Pathologie de la chorée), par les D' F. J.
PoTirroK et Gordon M. Holmes (The Lancet, 13 octobre 1906).
La chorée rhumatismale serait probablement due à une infection du
cerveau et des méninges par le diplocoque du rhumatisme et mériterait
le nom de rhumatisme cérébral. Dans trois nouveaux cas, les auteurs ont
trouvé le diplocoque dans la pie-mère de choréiques. Ce microbe se
montrait dans les espaces périvasculaires et le tissu conjonctif.
l"* Fille de sept ans reçue à l'hôpital le 25 mars 1906; début il y a trois
240 ANALYSES
semaines par polyarthrite, puis péricardite et chorée après une améliora-
tion temporaire. Mort deux jours après par syncope cardiaque, la chorée
ayant duré dix-sept jours, avec de grands mouvements et une forte fièvre.
A Fautopsie, péricardite générale récente, pleui'ésie double, endocar-
dite mitrale et myocardite. Uner culture pure du diplocoque fut obtenue
avec le sang du cœur, le péricarde, ia pie-mère et le cerveau. L*injection
aux animaux provoqua une polyarthrite et de la péricardite.
Les vaisseaux des méninges et de Técorce des hémisphères, à un moindre
degré ceux de la base, étaient engorgés. Pas d'exsudats ni signes d'inflam-
mation, mais de petites hémorragies sous-pie- mériennes sont visibles à
la convexité.
Au microscope, grande congestion méningée et cérébrale, avec nom-
breuses petites hémorragies. Quelques vaisseaux sont thromboses, et
autour d'eux on peut trouver par place une petite exsudation séreuse et
une infiltration de petites cellules rondes. Mêmes lésions dans le cervelet,
la protubérance, le bulbe, etc.
Par la méthode de Nissl, on voit les cellules corticales altérées, gonflées,
distendues, déformées ; chromatolyse, tuméfaction des noyaux, etc.
L'examen bactériologique montre des bactéries dans la pie-mère : diplo-
coques isolés de petit volume, groupes de microcoques dans les espaces
périvasculaires ; pas dans le tissu nerveux. Mêmes microbes dans les
valvules cardiaques ulcérées et dans le tissu péricardique. Le sang du
ventricule gauche, injecté dans les veines auriculaires de lapins, a produit
de la péricardite et de la polyarthrite.
2^ Garçon de quatorze ans, mêmes constatations.
3<^ 11 s'agit d'une femme enceinte, primipare, prise de chorée dans le
premier mois de la grossesse. Mêmes lésions.
Contagion hospitalière de la fièvre tsrpholde, par le D" A. Netter (Soc.
méd, hùp., 9 nov. 1906).
Une fillette en incubation de fièvre typhoïde est admise au pavillon de
la scarlatine. 11 se produit 43 cas intérieurs du 16 juin au 15 juillet 1904.
Sur une population de 91 enfants, l'épidémie ne frappe que les filles,
quoique les garçons et les filles ne soient pas séparés les uns des autres.
Les occasions de contracter la fièvre typhoïde ont existé pour les garçons
comme pour les filles.
Sur les 50 filles que contenaient le pavillon, 43 avaient de la vulvo-
vaginite, et c'est dans ce groupe seulement qu'ont été relevées les
fièvres typhoïdes (plus de 30 p. 100) ; les 7 fillettes qui n'avaient pas de
vulvite n'ont pas fourni un seul cas de fièvre typhoïde.
Les lavages répétés exigés par les vulvo-vaginites, confiés aux soins de
la même infirmière, étaient faits avec un linge trempé dans de Teau
boriquée servant & plusieurs enfants. Ainsi le contage a pu être porté
d'un enfant à l'autre. D'ailleurs la malade entrée à l'hôpital en incubation
de fièvre typhoïde avait une vulvite ; enfin le pus d'une vulvite a
présenté le bacille d'Éberth.
La durée de l'incubation a pu être précisée pour 12 malades ; elle a été
le plus souvent de treize jours, pouvant s'abaisser à huit jours et s'élever
à vingt jours.
Netter conclut que la contagion dans les salles hospitalières est loin
d'être fatale, qu'elle est même exceptionnelle, les punaises, les mouches,
les poussières ne jouant qu'un rôle secondaire. Si ces facteurs avaient
quelque importance, la contagion aurait fait des victimes parmi les
47 garçons ou les 7 filles indemnes de vulvo-vaginite. La contagion est
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 241
surtout à redouter dans le cas de transport direct du contage par les
mains ou les objets souillés; mode de transmission contre lequel il est
assez facile de se défendre quand on est prevenu.
Sans affecter, aux typhoîdiqucs, des hôpitaux ni même des services
spéciaux, il sera bon de les isoler dans des boxes ou des coins de salle
permettant de prendre les mesures prophylactiques nécessaires.
Transmission par l'allaitement, de la mère à l'enfant, d'agglutinines,
an cours d'ane typhoïde, par V. Griffon et P. Arrami {Soc, méd. des hôp.,
16 nov. 1906).
Femme de vingt-six ans, entrée à Tliôpital pour un état typhoïde, le
10 septembre 1906. On constate une angine érylhémateuse avec deux
ulcérations folliculaires sur le voile du ptdais; en même temps prostra-
tion, stupeur, état typhoïde, gargouillement avec douleur dans la fosse
iliaque droite, diarrhée oci*euse, rate grosse, taches rosées. (Uiérison en
quatre semaines.
Deux jours avant Feutrée àThôpital, cette femme a cessé d'allaiter son
enfant, âgé de deux mois et demi. Du 10 au 16 septembre, on lui permet
<1{' lui donner le sein. Puis le bébé prend du lait jus(|u'au 20 ; à ce
moment, la mère allaite de nouveau. Le 3 octobre, l'en faut a 39<^, des
vomissements, de la diarrhée verte. On supprime le sein, on donne de
Teau, etc. Le r> octobre, reprise de lallaitement avec succès.
LbémocuUure chez cette femme a |)ermis d'isoler le bacille d'Éberth ;
ai^'glutination par trois sérums typhoSdiques à 1 p. 500, 1 p. 700, 1 p. 300.
Le sérum sanguin de la mère a agglutiné non seulement le bacille
d'Ëberth, mais aussi les bacilles paratyphiques à un taux voisin de celui
de 1 agglutination du bacille d'Kberth; cependant la malade, on a pu s'en
ss^sdug^'itait pas atteinte d'une infection mixte typho-paratyphique,
mais d'une typhoïde pure. Les agglutinines paratyphiques, développées
dans son sérum, étaient des agglutinines secondaires, liées à l'action du
seul bacille typhique. Il y a eu fNissage dans le lait des agglutinines
développées dans le sérum .
Le sérum de Tenfant, non atteint de lièvre typhoïde ni d'affection
paratyphique (les selles n'ont fourni aucune colonie ni de bacilles
d'Ëberth ni de paratyphiques), agglutinait certains bacilles paratyphi-
ques, mais non le bacille d'Éberth. Cette transmission d'agglutinines par
rallaitement a été éphémère; le sérum de Tenfant ne ses! montré actif
que pendant quelques jours, et le pouvoir agglutinant a disparu dès qu'a
cessé rallaitement.
InTagination de tout le côlon transverse, du grand épiploon et du tiers
tapériear du côlon descendant dans les deux tiers inférieurs, chez un
enfant de sept mois ; laparotomie et rédaction de l'invagination, par le
I)' Le Filliatre [Soc. méd. du /!« airondissementj 8 nov, 1906 .
Enfant au sein, ayant eu des poussées d'entéro-colite. Le 13 août, il
pousse des cris, prend difficilement le sein, a une selle sanguinolente.
Les jours suivants, pas de selles, vomissements après chaque tétée. Le 16,
on trouve Tenfant dans la prostration ; Texamen du ventre fait sentir
une tumeur cylindrique, un peu mobile, allant de la fosse iliaque gauche
à la région épigastrique. Pouls filiforme, langue sèche.
Laparotomie médiane du pubis à l'ombilic ; le côlon ascendant et le
caecum distendus se continuent avec un boudin d'invagination de 8 à
9 centimètres partant de Tangle colique droit et allant à la fosse iliaque
gauche. Avec des compresses aseptiques chaudes, on arrive assez facile-
ment à réduire l'invagination.
ArCH. DE MiDBC. DBS E^iFANTS, 1(N)7. X. Kî
242 ANALYSES
Houle entre le cylindre invaginé et le cylindre invaginant, se trouve
le tablier épiploïque ; on le résèque après ligature en masse.
Amélioration, Tenfant prend le sein.
Pas de fièvre. On le croit sauvé. Mais le lendemain, convulsions v{
mort. Le médecin avait été appelé trop tard.
Nouveaux cas d'aplasie moniliforme des cheveux, par MM. Hallopeu
et Macé de Lépinav {Ann. de dermat. et de syph,, nov. 1906).
Garçon de six ans, entré à Thùpital le 18 octobre 1906, bien portant,
mais cbauve en apparence. En le regardant de près, on constate qu'un
fin duvet recouvre tout le cuir chevelu, dont Taspect est rouge et grenu.
Ces poils follets ont de 3 à 6 millimètres de long ; ils sont Uns, pâles el
blonds.
On aperçoit quelques cheveux, de 4 à 6 millimètres, noirs, beaucoup
plus gros que les follets et cassés nettement. L'aspect granuleux, kéi*a-
tosique, du cuir chevelu, est dû à la saillie formée par les glandes pilo-
sébacées. Peau normale partout, sauf à la face externe des bras (kératose
pilaire). Sourcils peu fournis.
Un certain nombre de cheveux olTrent Taspect moniliforme : parties
étroites décolorées, parties larges plus foncées en leur centre (persistance
de la substance médullaire du cheveu). Les cheveux se terminent
tantôt par une partie rétrécie, tantôt par une partie élargie.
Par rinterrogatoire de la mère, on retrouve jusqu'à six personnes de
la même famille présentant la même affection.
De l'acrocéphalosyndactylie, par le D"^ âpert [Soc. mèd. des Aiîp.,
21 déc. 1906).
H s'agit d'un type tératologique (9 observations relevées par lauteur ,
caractérisé par : (.1^ crâne tout en hauteur, aplati en arrière et fNirfois
aussi sur les côtés, saillant au contraire d'une façon exagérée à la région
frontale supérieure ; 2° syndactylie des quatre extrémités.
Dans le cas personnel à l'auteur, il s'agit d'une fille de quinze mois
entrée à l'hôpital des enfants avec un crâne tout en hauteur; le front est
bombé et vertical, avec sillon horizontal à sa partie moyenne ; la fonta-
nelle antérieure occupe le point le plus élevé du crâne. Occiput aplati,
récaille occipitale est verticale comme l'écaillé frontale. Arcades sourci-
lières saillantes, yeux à fleur de tête. Voûte palatine fendue à sa partie
postérieure, luette bifide.
Syndactylie aux deux mains et aux pieds, ongles fusionnés par leui^s
bords, gros orteils et pouces spatules.
Pas de renseignements sur les antécédents héréditaires de l'enfant.
Dans quelques observations, on trouve la syphilis, ou l'on peut la soup-
çonner par les fausses couches, les stigmates, etc . Les enfants peuvent
survivre longtemps et devenir adultes.
Valor dînico de la leucocitosis en las apendicitis de la infancia (Valeur
clinique de la leucocytose dans les appendicites de Tenfance), par le
D*" Mamerto Acu>'a {Archivas latino-americanos de Pediairia., nov. 1906).
Dans ce mémoire, le D^ M. Acuna rapporte 7 observations recueillies
dans le service de M. Aradz Alfaro, à Thôpital San [loque (Buenos Aires;,
et montre l'importance de la numération des leucocytes pour suivit*
révolution de l'appendicite.
Toute crise appendiculaire s'accompagne de leucocytose polynucléaire,
<iui lui est parallèle et proportionnelle. Les autres affections, qu'on
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES '^ï'^
pourrait confondre avec Tappendicite, ne présentent pas la même for-
mule leucocytaire. Une leucocytose légèi*e et transitoire, coexistant avec
un bon état général, traduit un processus inflammatoire bénin, qui se
résoudra rapidement.
Une leucocytose forte et persistante traduit la présence du pus. Si elle
diminue, on peut espéi^er la résorption plus ou moins complète de ce
pus; si elle persiste, elle traduit un abcès appendiculaire ; si elle
augmente, on peut craindre la généralisation de Tinfection.
Dans Tappendicite, toute courbe leucocytaire qui baisse annonce
Tatténuation du processus; toute courbe qui monte annonce l'aggrava-
tioD. Cette formule rencontre une exception dans les cas de toxémie
appendiculaire, dans lesquels Tabsence d'action leucocytaire, coïncidant
avec un état général grave, traduit une altération profonde des organes
de défense.
Après l'évacuation du pus appendiculaire, la leucocytose présente une
chute brusque; si elle ne descend pas suffisamment, on doit soupçonner
un nouveau foyer de suppuration.
La leucocytose indique le moment où une appendicite doit être consi-
dérée comme entièrement guérie.
En résumé, Tétude des globules blancs dans Tappendicile est utile pour
kdiagnostiCf pour le pronostic et pour les indications thérapeutiques,
Paralisis dolorosa de les ninoii peqnenos (Paralysie douloureuse des
(letits enfants), par le D' G. Arâoz âlfaro {Arch. lat, amer, de Pedia-
tria., oct. 1906).
Fille de trois ans, jouant avec ses frères, et sur le point de tomber, est
retenue brusquement par la bonne, qui lui lire sur le bras gauche.
Aussitôt Tenfant pleure et laisse tomber son bras inerte le long du corps,
sans exécuter aucun mouvement.
Le médecin, appelé aussitôt, voit l'enfant une heure après l'accident.
Le membre supérieur gauche pend inerte avec la main en pronation ; en
lui retirant son vêtement, on lui arrache des cris. Examinant le bras, on
ne découvre aucune déformation, ni tuméfaction, ni ecchymose. Aucune
altération appréciable des os et articulations. Les mouvements passifs
^exécutent sans difficulté, et les articulations jouent librement. Cet
examen est très douloureux, surtout à la partie supérieure du bras et
àThumérus. Sensibilité conservée.
Prescription : bromure et antipyrine, bras soutenu cl immobile,
onction avec Fioravanti et chloroforme.
Le lendemain, guérison, l'enfant joue sans penser à son mal. Guérison.
Contribiuione clinica allô studio délie paralisi funsionali transitorie
nei bambini (Contribution clinique à l'étude des paralysies fonction-
nelles transitoires des enfants), par le D'^ Durando Durante (La PedicUria,
nov. 1906).
11 est question dans cet article des paralysies douloureuses, des para-
lysies psychiques ou suggestives.
1^ Fille de deux ans, bien portante; au cours d'une bronchite a
marqué de la tendance aux convulsions. Un jour, la mère, lui tenant les
mains, voit son enfant lui échapper; elle crie, croyant lui avoir fait
mal; l'autre, suggestionnée, se plaint du bras et le tient immobile.
Aussitôt immobilisation. Le troisième jour, le médecin arrive, l'enfant
pousse des cris, quand il approche du membre supposé malade. Mais il
passe outre et fait exécuter tous les mouvements. Guérison.
2Yi ANALYSES
2" Garçon de trois ans, nerveux et impressionnable, peureux; il tombf
d'une petite chaise, cris de Tenfant, pleurs de la mère qui accourt, cherche
le siège du mal et croit Tavoir trouvé à là jambe gauche. Pendant deux
jours, immobilité au lit. Le troisième jour, le médecin arrive, ne trouve
rien et, avec des promesses et des distractions, procède à un examen
complet, sans douleur.
Quiste hidatidico del rinôn darecho (Kyste hydatique du i-ein droit ,
par le D' M. Herreil\ N'egas {Archivos latino-amerieanos de Pediairia,
septembre 1906).
Garçon de sept ans, entre à Thôpital le 4 avril 1906. Il y a neuf mois,
on s'aperçoit que le ventre augmente de volume, sans douleur. On
constate la présence d'une tumeur arrondie et lisse qui proémine à Tépi-
gastre et à Thypocondre droit et qui suit les mouvements respiratoires.
Les derniers espaces intercostaux du même côté sont gonflés. Palpant
Tabdomen, on sent une tumeur de la grosseur d'une tète d'adulte, dure
et résistante, qui descend jusqu'à Tombilic et fait saillie à la région
lombaire. On sent le frémissement hydatique. Vu la fréquence plus grandi*
des kystes du foie, on pense à cette variété de tumeur, et on fait une
incision au bord e.\terne du muscle droit du cùté droit. La ponction
donne un liquide clair, cristal de ix)che; avec le bistouri, on ouvre large-
ment ; il s'écoule 2 litres de liquide clair avec une membrane intacte.
On voit aloi*s que le kyste prend naissance au pôle supérieur du rein.
Extirpation . Guérison .
Dans un autre cas, observé dans le même service et publié au (>>ngi'ès
de Montevideo par le D' Lopez, il s'agissait de kystes multiples du rein
gauche chez une fille de douze ans. Le rein était du volume d'un œuf
d'autruche ; on comptait quatorze kystes de dimension variable, dévc^
loppés dans la couche corticale. Là encore, la tumeur fut abordée par la
voie transpéri tonéale, et on pratiqua la néphrectomie. En général, on doit
aborder les kystes du rein par la voie lombaire, pour écarter tout danger
d'infection péritonéale.
£in Fall Ton symmetrischer Gangrân (Raynand) auf hereditâr-lneti-
scher Grnndlage (Un cas de gangrène symétrique de Raynaud d'origine
liérédo-syphilitique), par leD<^ËRNSTScinFF(</a^6. f. Kinderheilk., 1906).
La malade était une enfant de deux ans, chez qui on vit survenir des
signes de gangrène de llaynaud aux orteils des deux pieds. L'intérêt de
l'observation est dans l'origine hérédo-syphilitique de la lésion, démontrée
surtout par le i*apide effet des frictions. Au boul de cinq frictions, on
voyait déjà une démart^ation nette, et, après vingt frictions, il y avait une
surface de granulations, indice manifeste de l'action rapide du merciu*e.
La lésion avait débuté par de l'asphyxie locale pour devenir de la
^angrène.
Ce cas est le deuxième avec celui de Krisowski, où l'origine hérédo-
syphilitique fut nettement établie. Durante l'a soupçonnée dans deuxca<,
mais sans la démontrer.
Ein Fall von multiplen, kongenitalen D&nndarmatresien nebst
abnormen Verlan! des Dickdarms (Un cas d'atrésies multiple^,
congénitales, de l'intestin grêle avec anomalies du gros intestin', par le
D"" VViLii. Wernstedt (Jabrb, f, Kinderheilk., 1906).
Il s'agit ici d'un enfant de cinq jours, ayant l'aspect ordinaire d'un
j)rématuré et ayant toujours vomi le lait des létées. A l'examen, pas
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 245
«ranomalies reclales; mais une sonde de Nélaton ne,' peul être introduite
à plus de 25 centimètres. L'état général mauvais de Tenfant contre-
indique une intervention, bien qu'on ait établi le diagnostic d'occlusion
congénitale de Tintestin.
L'enfant meurt, et, à l'autopsie, on trouve l'estomac et la portion
supérieure de l'intestin grêle distendus ; au-dessous, l'intestin perd sa
mobilité et est fixé en arrière. Il existe ainsi plusieurs rétrécissements
en culs-de-sac de l'intestin, il y a trois de ces atrésies ; rien au i*este du
jéjunum et de l'iléon. Le csecum est adhérent à la poche formée par le
duodénum. Le côlon fixé en arrière présente des rétrécissements ; il a
l'aspect d'un intestin grêle fortement contracté.
Pour expliquer ces lésions, éliminant les hypothèses de volvulus, de
torsion sur l'axe longitudinal, l'auteur tendrait plutôt à admettre un
arrêt de développement, se basant sur ce fait qu'à un stade du dévelop-
pement embryonnaire la lumière de l'intestin est complètement obturée
|)ar la prolifération épithéliale ; puis plus tard il redevient perméable. On
comprend que l'intestin peut rester à l'état d'atrésie.
Baitràge sur Physiologie and Pathologie der Thymus (Contribution à
la physiologie et à la pathologie du thymus), par le D' Karl Bascii
Jahrb. A Kinderheiik., 1906).
Après avoir résumé les données établies par des rachea'hes antérieures,
J auteur en vient à ses propres expériences, faites sur de jeunes chiens à
qui on extirpait le thymus. Pour l'extirpation, l'auteur faisait d'abord une
résection ostéoplas tique du sternum ; plus tard, il se contenta de le
sectionner au milieu.
Pour combattre les accidents dus au pneumothorax, on suturait los le
plus vite possible, lin simple pansement au collodion suffit ; les animaux
étaient opérés sous la narcose éthéro-chloroformi(iue. Leur rétablissement
se faisait très promptement.
Ces expériences établissent, comme le prouvent des photographies et
radiographies jointes à ce travail, la relation du thymus avec le dévelop-
l)ement des os. Les animaux qui réagissent le mieux à cet égard sont le
chien et ensuite le chat. Le lapin et le cobaye ne semblent pas appropriés
à ces expériences.
Les troubles d'ossification se manifestent surtout dans les os longs, peu
dans les os plats. Les animaux dont la croissance est arrêtée ont une
allure lourde et moins vive. Les os des opérés se fracturent plus facile-
ment; le cal au niveau des fractures est plus lent à se former; c'est ce
i|ui fait qu'en apparence les fractures guérisssent plus vite. Les os des
membres postérieurs étaient plus atteints que ceux des membres
antérieurs. Dans l'ordre de décroissance, les os longs qui présentaient les
modifications les plus intenses étaient le tibia et le fémur, puis l'humérus
elles os des avant-bras. Les côtes, les os des mains et des pieds étaient
peu touchés. L'examen anatomique ne montra pas de modifications des
organes lymphoïdes, comme on aurait pu le croire, d'après les données
qui ont cours. L'examen histologique des os venait confirmer ce retard
d'ossification et montrer des lésions analogues à celles du rachilis. Les
lésions portaient surtout sur la région diaphyso-épiphysaire. Le tissu
cartilagineux était plus abondant. La partie compacte de l'os était plus
pauvre en matière calcaire et sa portion médullaire plus spongieuse.
Les recherches sur les échanges ont montré, pendant la période de
guérison des fractures, une élimination de calcaire allant du double au
quintuple de celle des animaux témoins.
2iC ANALYSES
Weitare Mitieaimg âber die Varwendimgder alkalisiartanBiitterailcb
als Saûglingsnaliriang ond ftbar die Daoerprâparate dar alkalitierteB
BnitarmiGli (Nouvelle communication sur remploi du babeurre alcali-
nisé comme nourriture du nourrisson et sur la préparation du babeurre
alcalinisé), par le 1> Léopold Moll {Deutsche med. Woch,, 1906).
Le babeuiTe alcalinisé par addition de 3 grammes de bicarbonate de
soude par litre est plus facile à digérer que te babeurre de réaction acide.
On peut remployer :
{^ Gomme adjuvant dans Falimentation au sein des nourrissons bien
portants dont la mère n*a pas assez de lait ;
2^ Comme alimentation exclusive des enfants sains dont la digestion
au début était bonne, mais qui ont eu h subir les inconvénients d'une
alimentation mal appropriée ;
30 Comme alimentation exclusive des enfants prématurés, chétifs;
4^ Comme adjuvant ou exclusivement chez les athrepsîques, affaiblis par
des entérites chronques ;
5<» Comme diététique dans les dyspepsies subaiguës ou chroniques et
rebelles, surtout chez les enfants qui digèrent mal les graisses.
Quelques obser\7itions viennent à Tappui de ces énonciations.
Pour garderie babeurre, Ton peut remployer soit sous forme condensée
ou sous forme pulvérulente ; la poudre est délayée dans Teau pour
l'usage. Les résultats obtenus avec le babeurre conservé ainsi ont été les
mêmes qu'avec le babeurre frais.
Ueber das SchatzFermôgen dar snbkntanen Yaksinaiiiseriion (Sur le
pouvoir protecteur de la vaccination sous-cutanée\ par le D** G. Nom.
(Wiener klin. Woch,, 1906).
Les inoculations sous-cutanées montrent que le tissu collagène sous-
cutané est très réceptif pour le virus vaccinal.
Les avantages de Tinoculation sous-cutanée sont les suivants : dosage
plus exact, évolution plus bénigne, absence d'infections secondaires,
ainsi que d auto-inoculation, de généralisation et de cicatrices consécu-
tives. Les troubles subjectifs ne sont pas plus marqués ; les trouble<
objectifs disparaissent sans laisser de reliquats. Quant à ce qui est de la
durée de cette immunité. Tau leur ne peut se prononcer encore et se
réserve de donner dans un travail ultérieur ses conclusions à cet égani.
THÈSES ET BROCHURES
Das antaro-colitas et da rappandicita chai Taniant, par le D'' £. Kot
[Thèse de Paris, 22 nov. 1906, 80 pages .
Cette thèse, inspirée par M. Comby, contient 33 obsenations. Elle
montre que, parmi les enfants atteints d'entérite muco-membraneuse.
beaucoup présentent plus tard des symptOmes d appendicite. Mais il est
difOcile, sinon impossible, de reconnaître le moment où lappendice
devient malade ; ses réactions cliniques sont, en effet, beaucoup plus
tardives que ses altérations anatomiques .
Chez ces enfants, Tappendicite peut se manifester sous toutes les
formes : larvée ou latente, chronique ou aiguë, suraigué avec péritonite'
généralisée. A Forigine de l'entéro-colite muco-membraneusechez Tenfanl.
on trouve souvent Tadénoïdite. Les végétations peuvent avoir été
opérées ou 01 re encore pivsenles. Cette adénoidite est la souiTe d'une
THÈSES ET DIIOC HURES 2Ï7
pyophagie pi*esque incessante, qui entraîne des troubles digestifs variés,
aboutissant souvent à l'entéro-colite muco-membraneuse.
Un enfant atteint d'entéro-colite muco-membraneuse, qui a fait une
crise d'appendicite, en fera probablement d'autres. Si Tappendicite est
légère ou latente, on peut attendre. S'il y a eu une crise aiguë, il faut
conseiller Topération à froid.
Corps étrangers de l'œsophage, [>ar le D** J. Pastour [Thèse de Paris,
31 oct. 1906, 90 pages).
Cette thèse, inspirée par M. (jUrtiluet, contient 15 observations
d'enfants ayant avalé des piècesde monnaie (sous simplesou doubles, etc.}.
Dans le cas de corps irrégulier, que l'accident soit ancien ou récent,
il faut s'abstenir de toute manœuvre d'extraction par les voies naturelles
ot faire l'œsophagotomie externe d'emblée.
Dans le cas de corps étranger arrondi à bords mousses, à surfaces
lisses, sans aspérités (pièces de monnaie, jetons, boutons), si la tolérance
est parfaite, la température normale, on essaiera d'abord l'extraction par
les voies naturelles, que laccident soit ancien ou récent. Si l'on échoue,
on essaiera l'œsophagoscopie.
Si le corps étranger est mal toléré, s'il y a de le fièvre, on s'abstiendra
(le ces manœuvres, et on pratiquera d'emblée l'œsophagotomie externe.
Donc l'œsophagotomie externe reste une opération d'exception,
réservée aux cas sus-indiqués.
Pour l'extraction par les voies naturelles, on se servira du panier de
r.rîcfe, du crochet de M. Kirmisson ou de celui de M. tîurtillet.
Sacro-coxalgie chez l'enfant, par le D** C. Barbk (Thèse de Parùi,
14nov. 1906, 88 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Broca, contient 20 observations de saci-u-
coxalgie ou arthrite tuberculeuse sacro-iliaque. C'est une maladie très
rare chez l'enfant, car les points épiphysaires marginaux sacrés et iliaques
n apparaissent qu'à seize ans.
La tuberculose sacm-iliaque est le plus souvent seitondaire à un mal
(le Pott lombo-sacré. Lésions anatomo-pathologiques banales; ligaments
incomplètement détruits, fongosités péri-articulaires, abcès postérieurs
ou antérieurs rappelant ceux du mal de Pott.
Les abcès antérieurs peuvent s'ouvrir dans le rectum. Dans la forme
typique, la sacro-coxalgie peut èli-e piimitive, avec claudication salu-
tânle, attitudes vicieuses, raccourcissement apparent, etc. ; secondaire à
im mal de Pott. Dans la forme fruste, on note une sciatique suivie à
lonjrue échéance d'abcès lombc-fessier.
Pronostic grave, diagnostic, difficile : mal de Potlt, coxalgie, ostéo-
sarcome.
Traitement par l'immobilisation prolongée.
Traitement de la loxation congénitale de la hanche par la méthode
orthopédiqne abrégée, par le D' H. (i bâillon [Thèse de Paris, 22 nov. 1906,
"4 pages .
Otl€ thèse, inspirée par MM. Rieffel et Judel, illustrée de nombreuses
figures dans le texte et de planches hors texte, contient 26 observations.
L'âge le plus favorable pour le traitement est de deux à cinq ans. La
méthode de Lorenz (trois appareils dans trois attitudes, douze mois de
traitement) donne des réductions anatomiques incontestables. Souvent il
n'y a pas réduction, mais transformation delà luxalion haute et flottante
248 ANALYSES
en luxation basse el (Lxée anlérieui^. La pi^emière position de Lorenz
(abduction à 90^, le genou touchant le plan du Ut) est i*esponsable de ces
reluxations antérieures. Il vaut mieux placer le genou au-dessus du plan
du lit (abduction à 45'^). L'immobilisation dans cette position de choix
par un seul spica plâtré qui i*este en pla<!e de cinq à six mois suffit pour
obtenir la réduction anatomique définitive et la guérison du malade. Tel
est le principe de la méthode orthopédique abrégée.
La reglobalisation da sang chez les entants tobercaleiiz, par le
D"^ A. Ravry (Thèse de Paris, 22 nov. 1906, 110 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Barbier, et contenant l.'î obser>'atioDS, a
pour but de montrer les bons effets de la cure d'air à Thôpital Hérold. La
tuberculose s'accompagne d'anémie en général ; au début, cette anémie
avec amaigrissement domine la scène, et les enfants sont conduits au
médecin pour leur anémie. Cependant les examens du sang donnent des
résultats variables : hypoglobulie notable, diminution de Thémoglobine,
hypoglobulie peu marquée, chiffre normal des globules, etc. Il faudrait
connaître la quantité totale de sang, le nombre total des globules ; or h^s
examens du sang ne nous donnent que des pmportions. il est bien pro-
bable que la masse du sang est diminuée chez les tuberculeux; le cœur
est petit, le pouls faible, les extrémités sont froides, le visage est pâle, etc.
Sous l'influence de la cure, tous ces signes d'insuffisance de la masse
sanguine s'atténuent. Il y a reglobulisation des malades par la cure d'air.
Malheureusement les résultats sont peu stables ; il faudrait une longue
convalescence dans de bonnes conditions hygiéniques.
Les maatoïdites des noarrissons, par le l)** A.-K. Salamo [Thèse do
Paris, 21 nov. 1906, 120 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Bmca, contient plus de 140 observation^.
La mastoïdite, complication d'otite moyenne, est favorisée par la bron-
chite, la rougeole, la coqueluche, etc. Dans le pus, on trouve le strepto-
coque, le staphylocoque, parfois le pneumocoque, le bacille de Koch. La
mastoïdite aiguë, forme la plus fréquente, donne lieu à une tuméfaction
douloureuse et fluctuante, en arrière et au-dessus du conduit, décollant le
))avillon, l'abaissant et le portant en avant. Pronostic relativement
bénin.
Dans certains cas, la mastoïdite aiguë des nourrissons n'est |)as précédé^
d'otorrhée. Dans 23 cas, il y a eu des symptômes de tuberculose. La ma^
toïdite chez les nourrissons tuberculeux est très grave (10 morts sui-
23 cas).
f^e diagnostic fait, l'intervention s'impose : trépanation. Les suites
o|)ératoires sont normales : la mortalité opératoire n'existe pas. On a pu
avoir des nouvelles de 55 nourrissons opérés depuis très longtemps (de
un à treize ans) ; ils ne se ressentaient en rien de Tintervention passée.
Végétations adénoïdes chez les nourrisaona, [)ar le D' Elmerich 'Thisr
de Paris, 21 nov. 1906, 44 pages).
(îette thèse, inspirée par .M. Variot, contient 6 obsei^valions ; elle a pour
1)ut d'étudier l'influence des végétations adénoïdes sur le développement
<lu nourrisson. Le Marc'Hadour a opéré un certain nombre de nour-
risons souffrant gravement de végétations adénoïdes développées préma-
turément. Chez eux, la respiration était gênée, l'obsti^uction nasale seule
aurait justifié l'opération. Mais il y avait plus. Loin d'augmenter de
poids comme ils auraient dû le faii*e grâce à un bon allaitement, ces
THÈSES ET BROCHURES 249
.m'dtoS.riîif"^ stationnoires ou diminuaient. L'opération remédiait à
PnÛr^ ' ^*^?'" • "«P'^y^e, inanition.
nourriUn^ ^«L* *^- 1'"'™®'' ^"^' *^^«'^ P»"- '» •«'«nce, on a vu les
reven pA u J^ ^ "tervention opératoire, augmenter de poids et
Sdes à^»^- ^"°'^"'" ^""« ""'«"^^ opérer, pour les végétations
les noS«^^« "* °.".f.'"?. *"'' «n "« <*«^'» P^s hésiter à opéi-er chez
nouTissons quand lindicalion sera bien posée.
!5 " v!^'^ Jig4« . >«»*•' P"-- l*' D- E. R.«ts (TA^ de P«r«,
un^ÏiTn^^rtrl^ P"" *^'- """"«• «^ P»»- M- Nobécourt, est basée sur
tTlolnm ^"^ d'observations prises aux Enfants-Assistés.
volume vari«hlî*'r •"""*'.. Ç^** P*"" '™'^ P*"^ = «««""«• P«ly""«.
auSnt J^m^v*" ""*?' *• '•'"'^ "" P««'« <ï»»nl»é' augmente ensuite e
mSTal^ ""•^"""'" ••" neuvième au douzième jour, puis i-evlent à la
^Hmina^Uon^îîurisTir" ""' '" "'«"«-« P"»" >* '-«-'" =
poi^ Snw'^ *" -f ^•'"^ ""*" ^''^'' ""'«*'«, puis il reste stationnaire
'ompST " "*"' Memdn, le poids primitif avant la guérison
'lel'iiine*s^.if*i'"''î''*";' ""'/? '* •^"»'*« »•" P»'*!» et celles du volume
le poids "***■ chlorures, par contre, ont une influence sur
arnnë« û„ J.^ "i*^.'^.''"''^'' "" P«" **« ««' (•' g'«>n'"es). Ensuite on
l'iications liSi e "déieïdeït''"^'"*"^ «^""..écutif à la .-ougeole et les con.-
Lwta.r*^»;'^'** *^"'*'."^^ *' ^"^^ complète, est basée sur 88 obseivations.
nd^T^nl^*^'^™'' '*.***^'' '«» maladies des reins et capsules surré-
"SJo?"^?! •=7"'»'«''"e. le système nerveux, lappareil respiratoire.
i-etroS ^hif^. ,'^.'"^* •**' """"^ *"l'*l« ••«'«**«s «='•«* l'adulte se
iS rh^l^ *'"'^"*; ^'"■'"' '•"* «^"««^ «P^'*'«« à l'e"fa»t. » faut
du^hvml I "'.^•'f. "?én'"gée, l'hémorragie surrénale, l'hypertrophie
lÎ7?^V ' 'VyPl""« héréditaire, la diphtérie. '^
Mlem«nH« !?."•"* ^*"""* 'Vn?'""»""») de Pallauf est invoqué par les
-le cTci ^?"^'*•^ T^"^ thymiques. On peut discuter sur la^athogénie
m.li^i«!^" „ A '*'.'* •"•*""■ '* '""•■l «»l>'te dans le pronostic de celle
S On « c •' ^^. P"»"''»"^ de la diphtérie et de la syphilis héré-
J n la malad**ir".". u*"''' ?"' 'l """"' «"""'^ P«»^ se rencontrer
•I Hulinêl, rtc. «1 •^•'«l's»". dans la cirrhose rardio-tubei-culeuse
pe^eU^i»*!.* -''"^'"^**^■'f»*'' '""^ "« f»'l« doivent être retenus. Ils
Ee q™âid ITZ'à •*?"«„^«*r "P •^^ "^' '* PrésompUon d'un crime.
exnHn..rf .«"édecm légiste ne trouverait aucune lésion pouvant
expliquer a mort chez un enfant, il ne devrait pas pour cela coi^uZl
uc^nê?'*"'*"',"*'" *'""« mort naturelle. Il sUiHu'ir n'aiM "ouvt
•ucune preuve de mort criminelle. "anirou\e
250 ANALYSES
Sur une épidémie de rnbéole grave, par le D** L. Dot'R?(EL {Thèse de Pari»,
2i oct. 1906, 67 pages).
dette thèse, inspirée par M. Sapelier (Maison de Nanterre), contienl
27 observations recueillies à la crèche de ce grand établissement. D*après
ces faits, la rubéole pourrait être contagieuse après Téruption, dans la
convalescence, jusqu'au huitiènoe jour. Les enfants de plus d*un an sont
plus exposés que les enfants de moins d'un an. La rubéole serait plus
grave chez les nourrissons (un an, un an et demi) que chez les grands
enfants. La période d'incubation peut être très longue et atteindre dix-
huit joui*s.
La maladie ne serait pas toujours bénigne; elle pourrait être grave
chez les enfants à hérédité tuberculeuse ou alcoolique, chez ceux qui sont
nourris au biberon, et, dans des conditions d'hygiène défectueuses, chez
ceux qui sont atteints d'autres maladies (rachitisme, athrepsie). Outre la
gravité de la rubéole elle-même, il faut tenir compte des complications :
otite, ulcérations nasales, abcès sous-périostés, elr.
Fractures des membres du nonyeau-né pendant l'accouchement, par
le D' PoTFiER {Thèse de Paris, 28 nov. 1906, 66 pages).
Cette thèse contient 40 observations; elle montre que les fracluirs
obstétricales du nouveau-né sont assez fréquentes : 108 cas de fracture dr
la clavicule et 1 décollement épiphysaire, 37 cas de fracture de Thumériis
et 10 cas de décollement épiphysaire, 24 cas de fracture du fémur el
1 décollement épiphysaire.
Dans les fractures spontanées surtout, la syphilis et le rachitisme du
nouveau-né, le rétrécissement du bassin chez la mère jouent un n>b»
certain. Dans Faccouchement par le sommet, on trouve les fractures
de la clavicule, rarement celles du fémur. Dans la version, la fracture de
rhumérus est fréquente, celle du fémur rare. Dans Faccouchement par
le siège, on peut observer les fractures de la clavicule, de l'humérus, du
fémur.
Diagnostic difficile si la fracture est sous-périostée ou s'il s'agit de décol-
lement épiphysaire.
Pronostic variable suivant le siège de la fracture : bénin pour la clavi-
cule et l'humérus, grave pour le fémur.
Le traitement, simple pour les fractures de la clavicule et de Thumérus,
vM plus compliqué pour celles du fémur à cause de la mobilité inces-
sante du nouveau-né.
Paralysies faciales consécntives aux applications de forceps, par k*
l)"" G. Magne {Thèse de Paris, 22 nov. 1906, 62 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Demelin, contient 6 observations. Les
paralysies faciales par forceps ont tous les caractères des paralysies péri-
phériques (lésion du nerf dans sa portion extra-pétreuse). Elles so
reconnaissent facilement quand l'enfant crie. Au repos, elles peuvenl
passer inapen;ues, quoique la non-occlusion des paupières soit un bon
signe révélaleur.
La branche te ni poro -faciale du nerf peut êlre comprimée par le for-
ceps ; cependant la paralysie s'étend souvent à la totalité du nerf. (Vesl
(lue la compression directe n'est pas nécessaire; la cuiller du forceps
peut exercer des tiraillements propagés assez loin de son point d'appli-
cation et pouvant intéresser le tronc du nerf jusqu'au trou slylo-
mastoïdien.
L'anatomic palhologiquc conlirme cette induction : lésions niicrosto-
LIVIIBS 251
piques de dégénérescence wallérienne du nerf débutant au niveau du
trou stylo-mastoldien (Parrot et Troisier).
Diagnostic facile ; pronostic généralement bénin, sauf dans les cas
rares, où la compression a pu aboutir à une lésion permanente. La gué-
rison pourtant s'obtient le plus souvent; dans les cas rebelles, on
s'adressera au traitement électrique.
LIVRES
Précis d'ophtalmologie, par le D^ Mokax (vol. de 6 '»0 pages, Paris, 1907,
Masson et C", éditeurs. Prix : 42 francs).
Ce livre, illustré de 339 figures dans le texte et de 3 planches en couleur,
fait partie de la Collection de précis médicaux. Il contient de nombreux
chapitres intéressant la médecine des enfants. Nous signalerons entre
autres : kyste dermoïde, encéphalocèle, alopécie peladique, tricophytie,
favus, impétigo de la région sourcilière ; affections congénitales de la région
palpébrale; blépharites, etc., dacryoadénites, affections de la conjonctive
et de la cornée, de Tiris, lésions congénitales du cristallin, du corps
vitré, de la choroïde, affections du globe oculaire, troubles de la réfraction,
strabisme, tumeurs, etc. Je passe sur les détails de technique opératoire,
d'examen, etc. Le savant ophtalmologiste de Thôpital Lariboisière nous a
donné un livre très complet et des plus intéressants, même pour les pra-
ticiens non spécialisés en ophtalmologie.
Traité des torticolis spasmodiqnes, par le D^ R. Cruchet (vol. de
836 pages, Paris, 1907, ]\lasson et C'*, éditeurs. Prix : 15 francs).
Dans ce livre, enrichi d'une préface du D^ Pitres, illustré de gravures
dans le texte, notre savant confrère bordelais a étudié, avec nombreuses
obsen^ations à Tappui, les spasmes, tics, rythmes du cou, torticolis
mental, etc.
Le chapitre premier est consacré aux torticolis spasmodiques en géné-
ral ; le chapitre deuxième aux torticolis spasmodiques névralgiques; le
chapitre troisième aux torticolis professionnels, le chapitre quatrième aux
torticolis paralytiques; les chapitres cinquième et sixième aux torticolis
spasmodiques francs essentiels et symptomatiques; les chapitres sep-
tième et huitième aux torticolis rythmiques ou rythmies du cou ; le cha-
pitre neuvième aux tics du cou. Dans le chapitre dixième, nous trouvons
une étude très complète des torticolis d'habitude et du torticolis mental ;
celle variété intéresse beaucoup le médecin d'enfants. Ce livre, dont il
e»l difficile de donner une analyse, ne contient pas moins de 337 obser-
vations. Sa documentation est des plus riches, et Ton peut dire que c'es-
la monographie la plus complète qui ait été écrite sur les torticolis spast
modiques; elle fait honneur àTécole de Bordeaux, dont le D"" R. Ouchel
e^tun des plus brillants représentants.
Traitement da mal de Pott, par le D' (;\l(»t (vol. de 120 pages, Paris,
10O7, 0. Doin, édit. Prix : 3 francs).
Cet ouvrage, orné de 122 figures ou photographies dans le texte, est
à l'usage des praticiens. 11 comprend quatre parties :
!• Traitement de la gibbosité par le redressement mélhodiquc;
Iwhnique du corset plâtré, coi'sets en celluloïd, etc. ;
2" Traitement de l'abcès par congestion : abcès fernu'', fistules ;
252 SOCIÉTÉ DE PÉDIATllIE
3^* Traitement de la paralysie du mal de Pott ;
4<» Diagnostic, signes qui permettent de reconnaître le mal de Pott au
début.
Ce petit livre de vulgarisation peut être très utile aux médecins prati-
ciens, en leur apprenant à dépister le mal de Pott au début et à le traiter
suivant une technique qui a tait ses preuves.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE,
Sf'aace du 19 février 4901 . — Présidence de M. Netter.
M. TaiBouLEi' a vu une fillette de quatre mois prendre la coqueluche,
quoiqu'elle vécût isolée dans une ferme, loin de tout contact suspect. Au
début, le diagnostic futdiffîcile, les accès n'étant pas complets et rappelant
le spasme de la glotte. On finit par incriminer la nourrice, dont Tenfant
avait lacoqueluchc^etquiavaitpu ainsi, parle sein ou par les vêtements,
transmettre la maladie dont elle-même n'était pas atteinte. Ce point
A'éiiologie de la coqueluche n'est pas mentionné dans les traités clas-
siques.
M">« Nagkotte fait une communication sur les déviations de Vomoplate
et le scapulum valgum. On voit les omoplates converger au lieu de di-
verger ou de rester parallèles. L'une peut être divergente, l'autre étant
convergente. La scoliose peut coexister avec la déviation de l'omoplate,
mais ce n'est pas forcé. 11 faut distinguer ces déviations scapulaîres du
rachitisme, de l'élévation congénitale de l'omoplate, etc. Thérapeutique
longue et difficile.
MlVL Mrry et Armam>-Del]ixe ont vu un garçon de quinze ans présenter
des hématuries à répétition, sans bacilles de Koch dans les urines. Envoyé
à la campagne, l'enfant revient boitant et présente une tuberculose
osseuse du pied, puis un rhumatisme bacillaire. En même temps, àTocca-
sion d'une angine aiguë, les hématuries réapparaissent. Donc ces héma-
turies indiquent l'existence d'une tuberculose rénale.
M. Armand-Deulle a vu un garçon de neuf ans présenter des symptômes
de méningisme vermineux : décubitus en chien de fusil, torpeur, cépha-
lalgie, cris, raideur de la nuque. La ponction lombaire donne un résultat
négatif, pas de lymphocytose. L'enfant ayant vomi un lombric, on donne,
à trois reprises, 10 centigrammes de santonine et 10 centigi*ammes de
calomel. Sous l'influence de cette médication, Tenfant a rendu en
plusieui^ fois 12 ascarides lombricoïdes. 11 a parfaitement guéri. U faut
ajouter qu'il avait un peu de lièvre et des signes de bronchite grippale.
Peut-être la grippe a-t-elle joué un rôle à l'égard de la lièvre et du
méningisme.
M. Triboulet dit qu'il n'est pas besoin de faire intervenir la grippe pour
expliquer la lièvre de cet enfant ; la lombricose peut donner naissance à
la fièvre comme aux accidents nerveux.
M. Broca le croit aussi ; il a vu des cas de lombricose avec fièvre et
douleurs de ventre faisant penser à l'appendicite. Cependant, après
médication appropriée et expulsion des lombrics, tous les accidents
disparaissent.
MM. Papillon et Abel G y ont observé un syndrome myoclonique avec
réaction méningée chez un enfant de dix-huit mois. Cet enfant, qui avait
eu de Totorrhée six mois auparavant, fut pris brusquement de tremble-
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE 253
inenUs généralisés : secousses rythmiques violentes de la nuque, des
muscles vertébraux, du diaphragme. Un sommeil profond calmait cette
myoclonie. La ponction lombaire donne un liquide clair contenant des
lymphocytes. Cultures négatives. Injection intranichidienne de cocaïne,
à la dose del centigramme. Amélioration, puis disparition des secousses
en trois ou quatre jours. Une nouvelle ponction lombaire lit constater
encore la lymphocytose. L'enfant a été perdu de vue.
M. Halle montre un petit gai*çon de deux ans, atteint àe chancre induré
géant de Tabdomen. Au-dessus de Tombilic, se voit en elTet une vaste
surface phlegmoneuse avec ulcération au milieu. Les ganglions de
l'aisselle gauche sont durs et volumineux. 11 existe des syphilides
squameuses au cou. La mère a une syphilis secondaire évidente.
MM. Veau et DrvEacER parlent des accidents causés par le panier de
Grsefe chez les enfants. Dans le cas qu'ils ont observé, il s*agit d'une
épingle fixée dans Tœsophage. Le panier de Grjvfc amena une déchi-
nire de Tœsophage qui eut pour conséquence un emphysème sous-cutané
du cou. Guérison.
M. Leconte rapporte Tobservalion d'un pneumothorax tuberculeux chez
un enfant de quatre ans. 11 > avait à gauche une caverne pulmonaire qui
avait donné lieu au pneumothorax. Hémoptysie foudroyante. Mort.
M. J. Lemaire rapporte Fhistoirc d'un nouveau cas intérieur de fièvre
tijphoïde à rhôpital des Enfants-Malades.
M. Variot a obser>'é un ])etit garc^on de trois ans et dix mois atteint
A'aorlite rhumatismale avec dilatation probable de la crosse. Il existe un
!H)uffle systolique, r&peux. très intense, avec maximum au niveau de
l'articulation sterno-claviculaire droite. Thrill propagé dans la carotide
droite, inégalité très marquée des pouls radiaux. En septembre 1900,
oi-eillons suivis de douleurs dans les jambes. Depuis octobre, essouffle-
ment en courant et en montant les escaliers. 1^ radiographie ne montre
pas d'opacité anormale correspondant à une grande dilatation de l'aorte.
Séance du 49 mars 4901,
M. Bkoca et M"^ Deb.at-Ponsan présentent une iille de huit ans, achon-
droplasique, n'ayant que 90 centimètres de taille ; le tronc a 34 centimèti'es
de long comme à Fétat normal ; la micromélie est moins accusée que
d'habitude, les mains ne sont pas en trident; lordose, grosse tête, intelli-
gence suffisante. Les radiographies montrent une absence d'ossifîcation
épiphysaire très notable.
M. GoMBY dit que le cas de M. Broca est absolument classique; les
radiographies présentées rappellent celles ((ui s'observent dans la plupart
des cas.
.M. Marfan décrit un nouveau procédé de détvbaye qui réussit toujours
avec n'importe quel tube. L'enfant est placé à plat ventre sur une table,
la tète et le cou dépassant; pendant que la main gauche soutient le front,
la main droite embrasse le cou, et avec l'index on repousse en avant le
tube qui sort avec la plus grande facilité, aidé par la pesanteur et pai' le
relâchement des muscles antérieurs du cou.
MM. Variot et Leconte présentent un enfant atteint d\imputations con-
génitale* elde sillonsy sans autres malformations. Us présentent aussi deux
autres malades (fille de trois ans et sept mois, garçon de quatre ans et demi)
ayant de la cyanose congénitale paroxystique^ à type tardif. H y a un souffle
systolique à gauche. Hyperglobulie. Le deuxième enfant a une inversion
des viscères.
M. Marpax et .M. C^omby font remarquer que le souffle a son maximum
25'l NOUVELLES
au niveau du 3' espace intercostal » ce qui fait penser à une communica-
tion, interventriculaire (maladie de Roger). Sans doute» il existe un rétré-
cissement de Tartère pulmonaire, mais ne se révélant pas à Fauscultation.
M. J. Lemairb fait une communication sur un cas de grangène de» deux
maùis chez un enfant de vingt et un mois ; cette gangrène semble avoir
succédé à des engelures.
M. Roland communique un cas de thyroidite aiguë chez un garçon de
quatorze ans, qui avait eu d*abord une rhinite purulente. Le gonflement
thyroïdien était considérable, très douloureux à la pression et aux mouve-
ments. On a craint une suppuration. Mais, grâce aux compresses chaudes,
malgré la fièvre et la gravité de Tétat général, la guérison a été rapide.
M. GoMBT pense que cette thyroïdite aiguë terminée par la résolution
était d'origine grippale.
MM. NoBÉcouRTet Rivet font une communication sur un syndrome addi-
soiiien au cours de gastro-entérite infectieuse. (Jn enfant de dix mois, au
biberon, ayant des troubles digestifs, a présenté une pigmentation générale
avec taches dans la bouche. On a fait le diagnostic de maladie bronzée,
d'autant plus que la mère était tuberculeuse. Mais, avec une bonne ali-
mentation, Tenfant a guéri . Dans un autre cas (enfant de dix-huit mois),
la pigmentation s'est montrée aussi à la suite de troubles digestifs. L'évo-
lution n'a pas été moins favorable.
M. Arioand-Delille a vu un enfant de quatre mois et demi, atteint de
méningite cérébro-spinale^ guérie complètement par les ponctions lombaires
répétées (environ 400 centimètres cubes de liquide retirés par des ponc-
tions quotidiennes) et les bains chauds. 11 s'agissait de méningocoque^^
peu virulents pour les singes macaques.
M . Armand-Oslille présente un petit garçon de quatre ans atteint de
dermato-myosite infectieuse : petits foyers sur les cuisses, les jambes, les
mollets, rappelant par leur consistance et leur forme certaines gommes
bacillaires . Il est à remarquer que la mère de cet enfant est tuberculeuse ;
un autre enfant dans la même famille est aussi tuberculeux. Le diagnostic
reste donc incertain.
NOUVELLES
Préservation de l'enfance contre la tuberculose. — La belle œuvre
fondée par le professeurGRANCHER pour la préservation de l'enfance contre
la tuberculose est constamment en progrès. Reconnue d'utilité publique
le 9 août 1905, pi*Gsque à son début, elle a été favorisée d'une subvention
de 50000 francs de l'État pour l'œuvre de Paris et les œuvres similaires
à créer en province. Le Conseil municipal de Paris et le Conseil général
de la Seine ont accordé à l'œuvre parisienne une subvention de
25000 francs. Les lycées de garçons et filles de Paris ont réuni les fonds
nécessaires pour 90 bourses à raison de 365 francs l'une. Lyon, Marseille,
HordeauXy Montpellier^ Toulouse et Tours, ont fondé, sur le modèle do
Tœuvre parisienne, des œuvres de préservation contre la tuberculose.
Liliey Rennes j Nantes, Le Havre, Amiens, etc., vont suivre leur exemple.
Actuellement Paris seul envoie à la campagne prés de 260 enfants
répartis dans 15 foyers. Recettes de l'année 1906 : 153 985 francs.
(Euvre du bon lait de Nancy. — Les œuvres de protection de Tenfance,
qui ont pour but l'alimentation rationnelle et hygiénique des nour>
rissons (consultations de nourrissons, gouttes de lait, etc.) se répandent
de plus en plus dans les villes de province comme à Paris. A Nancy,
NOUVELLES 255
VŒuvre du bon lait s'est signalée par des services exceptionnels. Elle a
organisé des consultations de nourrissons, fait de la propagande pour
raliailement maternel, donné des primes aux mères-nourrices, et enûn
distribué du lait stérilisé sur une vaste échelle. En 1905, 179 enfants ont
reçu du lait; en 1904, il y en avait eu 232. Des primes ont été données à
203 nourrices (200 ont reçu 30 francs en six mensualités de 5 francs ; 3 ont
reçu 10 francs). En 1904, 155 mères-nourrices avaient reçu la prime. Au
total, Tœuvre a assisté 382 enfants en 1905, au lieu de 384 en 1904.
En été, sur 179 enfants qui ont reçu du lait, lOsont morts (5,8 p. 100) ;
au même moment, la mortalité des nourrissons de la ville était de
34,5 p. 100. On a distribué 15000 litres de lait en petits flacons stérilisés.
La dépense a été de 14 500 francs environ.
Cantine maternelle duXX*^ arrondissement. — Sous le nom de Cantine
mattmelle, VŒM\re de Tallaitement maternel vient de fonder, dans le
XXc arrondissement de Paris, 23, rue Saint-Fargeau, une cantine destinée
à fournir aux mères-nourrices des repas substantiels. Cette cantine est
ouverte gratuitement de onze heures à une heure et de six à huit heures
à toutes les mères indigentes qui prouvent qu'elles allaitent.
Ligne fratemeUe des enfants de France. — Le 28 février 1907, à la
mairie du Vil', le D' Gomby a fait une conférence sur le lait stériliséy ses
avantages et ses inconvénients. Cette question était intéressante pour la
Ligue, qui a fondé un dispensaire d'enfants rue de Lamotte- Piquet, avec
distribution de lait pour les mères nécessiteuses^
Société protectrice de renfance. — L'assemblée générale annuelle de la
Société protectrice de Tenfance a eu lieu le dimanche 3 mars 1907, rue de
Grenelle, 84 (Salle des Horticulteurs de France), sous la présidence
d'honneur du professeur Lannelongue, sénateur, membre de Tlnstitut.
Après les éloquents di«icours du président de la Société, le D>^ Siredey, du
professeur Lannelongue, du 0' Gallois, secrétaire général, et le compte
rendu financier de M. Carlier, nous avons entendu avec plaisir les
rapports sur les récompenses aux médecins-inspecteurs par le D' Barbier et
aux mères-nourrices par le D' Jomier. Cette très intéressante séance s'est
terminée par une matinée de concert, avec le gracieux concours de
M. Paul Vidal (de TOpéra), M"* Ritter (son élève), M"« Blanche Verniéres,
M"« Adrienne Mairy, M. Georges Baillet (de la Comédie-Française), et
M. Dessarnaux.
Concours d'agrégation en médecine. — Le concours d'agrégation vient
<le se terminer. Nous constatons avec plaisir que plusieurs médecins déjà
connus pour leurs travaux en pédiatrie ont été nommés. Ce sont : pour
Paris, M. le D' Nobécourt, ancien interne des hôpitaux d'enfants, chef de
laboratoire aux Enfants-Assistés ; pour Lyon, M. le D' Lesieur, collabora-
teur du professeur Weill à la Clinique infantile de cette ville; pour Bor-
deaux, M. le D"" Cruchet, ancien interne et chef de clinique infantile ù
l'hôpital des Enfants de Bordeaux ; pour Montpellier, M. leD'' Lee>'hardt,
ancien interne de l'hôpital des Enfants de Paris.
Congrès italien de Pédiatrie. — La société italienne de Pédiatrie se
ivunira en Congrès à Padoue, en septembre 1907.
Congrès français de Pédiatrie. — Au Congrès de Pédiatrie qui s'ouvre à
.\lger le !«' avril 1907 et dont nous avons publié le programme provisoire
^^ NOUVELLES
dans notre numéro de février, de nouvelles communications sont annon-
cées : D' ÂBADiE (d'Oranj : 1« De Carthrodèse et de Vanastomose musculaire
dans les pieds bots paralytiques ; f? Déhiscence médiane congénitaiedu sternum ;
D** E. Joûo!f (de Nantes], De l'obturation des cavités osseuses dans Vostomyé-
lite prolongée, obturation temporaire et obturation définitive ; D^ C. Caba?(>e
fde Bordeaux) : !• Sur la névrite optique héréditaire et familiale; 2« Sur la
kéiatomalaciechez les enfants ; 3* Sur les kystes acquis de la conjonctive chez
les enfants; D' R. Froelich (de Nancy}, Traitement orthopédique decertaine*
formes de la maladie de Utile ou paralysie spasmodique de Venfatice; D' Bar-
thélémy (de Nantes), Êrysipèle de la première enfance; D' Creswx (d'Alger\
Le Paludisme chez V enfant ; D' Ribadeau-Dumas, Rates tuberculeuses; D'*(iii-
sox et ViRLLARD, Les fausses péritonites chez l'enfant; D' Gourdon (de Bor-
deaux) : 1* Scolioses des adolescents ; 2« Guérison de la luxation congénitalr
delà hanche ; D' Priscbteav (de Bordeaux), Spina bifida occlusa ; D^ Ruotte
(de Blida), Cure radicale de la hernie inguinale; D' A. Joitt (d'Oran),
Complications des affections du rhino-pharynx ; D'Brault (d'Alger), Deux cas
de macroglossie ; D' Fournier (de Marseille), Trépanation de la mastoîde chez le
nourrisson ; D''d'Astros (de Marseille), Œdème du nouveau-né et du nourrisson :
ly Molle (d'Oran), Épidémie de typhéide infantile ; D" GiLLoretG. Lbxaire
(d'Alger), Fièvre de Malte infantille ; D' H. Gros (de Rebéval), Lait condensé
pour les enfants: D' Gassoi-tk (de Marseille), OEuore des nourrissons n
Marseille^ etc.
Congrès des Pédiatres allemands. — La session annuelle des méde-
cins d'enfants de la vallée du Rhin, de la Westphalie et du Sud-Ouest
allemand aura lieu à Wiesbaden du 14 au 18 avril 1007. $'adi*esser au
D'' LuGEXBiiiiL, 9, Schritzenhofstrasse (Wiesbaden),
Le Foyer maternel. — LVeuvre inlérassante désignée sous le nom de
Foyer maternel vient détenir son assemblée générale, 6 6tô, rue de TAbbé-
Grégoire, en son siège social. Elle comprend plusieurs services, i^ Hôtel-
lerie gratuite i)our toute femme enceinte ou nourrice ; ^ Office central
de tous les secours de maternité, de toutes les œuvres protectrices de la
mère et de Tenfant ; 3^ (£uvre familiale d*enfants pour éviter labandon.
Du 5 juin 1905 au 31 décembre 1906, soit en dix-huit mois, Thôtellerie
gratuite a donné à des femmes enceintes ou nourrices 4 552 nuits d'abri et
10188 repas gratuits. Plus de 2 000 femmes ou enfants ont été hospitalisés,
dirigés, soignés, placés ou secourus à domicile par TOEuvre. Un service
spécial est cx>nsacré aux secours médiaux : examen des femmes enceintps.
dispensaires, consultations de nourrissons.
Hôpital d'Enfants de Milan. — On vient d'inaugurer le nouvel hôpital
infantile de Milan, avec 130 li(s ;plus tard, il s'agrandira, grâce surtout
H la ténacité de D"" R. Gvaita, son dévoué promoteur.
Le (fét*ant :
V. BOUCHKZ.
4076.07. — CoiBKti.. Imprimerie Ed. ChétA.
10' Année Mai 1907 N"" 5
MEMOIRES ORIGINAUX
IX
LA CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE
CHEZ LE NOUVEAU-NÉ
Par MM.
J. FABRE, et L. THËVENOT,
Pmfesseur de Clinique obstétricale Assistant du profeiiseur
à la Faculté de Lyon. A. Poncet.
AU cours de recherches que nous faisions sur le goitre
congénital, nous avons eu l'occasion, à la Clinique, d^observer
précisément un enfant atteint d augmentation de volume de
la thyroïde, augmentation qui, d'ailleurs, rétrocéda assez
rapidement. Voici, du reste, l'histoire clinique de ce petit
malade.
Maria C..., trente*trois ans, ménagère, quadripare, accouche
à la clinique le 10 août 1906.
L'accouchement se fait. en OIGA, rapidement.
L'enfant est une Clle du poids de 3 560 grammes, vigoureuse,
sans aucune déformation. Elle naitcyanosée et est rapidement
ranimée. On constate alors une grosse hypertrophie du lobe
droit de la thyroïde ; le lobe gauche est peu augmenté de
volume. Elle n'a présenté ultérieurement aucun accès de
suffocation et a pu téter comme si elle ne présentait rien
d anormal.
Son goitre ne fut soumis à aucun traitement.
Quinze jours après la naissance, le goitre est encore percep-
tible à la palpation, mais on ne voit rien à l'inspection du cou.
La palpation montre que le lobe droit de la glande constitue
une petite masse de la grosseur d'une noisette ; le lobe gauche
est à peine perceptible. Ils sont fermes à la pression et ont
▲kCH. DB MéDBC. DBS BUFANTS, 1907. X. 17
. FAHHK KT I.. THKVENOT
une consistance légèrement plus dure qu'à l'état normal. lU
sont absolument mobiles en tous sens et se déplacent avec le
larynx dans les mouvements de déglutition.
Ils ne s'accompagnent d'aucun trouble fonctionnel, cl,
lorsque l'enfant crie, la vois n'est nullement niodiKée.
Vie- 1-
Ils continuent à rétrocéder d'une façon constante, cl, lorsque
la malade quitte le service, le 18 août I90«, l'enfant est à \wn
près complètement guérie.
D'autre part, M. Plancliu, accoucheur des hôpitaux, nuu>
conimuniquait l'observation suivante, absolument seniblabli'
à la précédente.
Le i) mai 1903, Louise L... accouche, à la clinique, d'une
I
\
CONGESTION DE LA (iLAXDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 250
fille de 2 800 grammes. Cette femme est bien portante, mais
présente une légère hypertrophie de la glande thyroïde ; à
gauche, il existe un lobe du volume d'une noix, arrondi,
résistant, très probablement kystique.
L'accouchement s'est fait en SIGT et, depuis le début des
douleurs, a duré huit heures.
L'enfant naît étonné et est ranimé au bout de trois minutes. -',
En l'examinant, on constate que- le corps thyroïde est très
saillant. Les deux lobes latéraux, à peu près symétriques et
de môme volume, forment une pyramide à sommet supérieur
et haute de 4 à 5 centimètres. Jls sont entraînés dans les
mouvements de déglutition, et le diagnostic d'hypertrophie de
la thyroïde ne saurait être discuté.
L'enfant ne présente aucun trouble fonctionnel ; sa voix est
normale, sa déglutition facile ; il tète bien. Il tient seulement
sa iéte légèrement renversée on arrière.
Nourri au sein, il se développe d'une façon normale, et il
n y a pas d'incidents d'allaitement. Le corps thyroïde diminue
de volume d'une façon lente et progressive. Vers la fin du mois
de juillet, il n'y a plus aucune trace d'hypertrophie.
A noter que cette femme avait déjà eu un enfant; mais
colui-ci ne présentait rien d'anormal.
Hypertropiiie congénitale de la thyroïde, avec retour rapide,
à Tétat normal, tel est le résumé de ces observations.
De pareils faits sont loin d'être rares, et, lorsqu'on lit les cas
de goitre congénital qui sont si nombreux dans la littérature
médicale, on en trouve fréquemment de semblables.
Unis jusqu'à ce jour aux goitres proprement dits sous le
i mc^me vocable, bien que quelques rçires auteurs aient déjà
reconnu qu'il s'agissait, en pareil cas, de congestion et non de
goitre vrai, ils n'ont avec eux qu'un point commun, l'augmen-
tation de volume de la glande thyroïde; ils en diffèrent par
leur évolution clinique, par leur anatomie pathologique, par
linfluence de la thérapeutique. C'est à tous ces points de vue
que nous allons les envisager et montrer qu'ils constituent
une affection à part, la congestion de la glande thyroïde.
C'est une affection relativement rare, puisque nous n'avons pu
larencontrcrnettementque dix-huit fois parmi les nombreuses
observations que renferme la littérature médicale. 11 est vrai
que nous n'avons conservé que les faits qui nous paraissaient
indiscutables. Or, dans la majorité des cas, l'observation
260 J. FABRE ET L. THÉVENOT
mentionne la terme de goitre congénital, décrit l'hypertrophie
de la thyroïde sans donner de détails sur sa structure. De tels
faits, inutilisables, comportent certainement de nombreuses
congestions.
Les conditions qui président à leur développement sont
assez mal connues.
L'affection paraît être deux fois plus fréquente chez les filles
que chez les garçons.
L'état général de la mère parait sans influence. Une ou
deux fois, la syphilis est signalée; il n'est pas fait mention de
tuberculose, et d'ordinaire on dit que la mère était bien
portante.
L'hérédité locale est plus constante. Une fois sur deux au
moins, la mère était goitreuse; le père était atteint plus
rarement. Cependant ceci n'a rien d'absolu.
Une observation d'Eulenberg (1) nous montre Taffection
chez un enfant juif, et Ton sait que les Israélites paraissent
être à Tabri du goitre. La mère de cet enfant n'était d'ailleurs
pas goitreuse. Rachitique, avec un bassin rétréci, elle dut être
accouchée au forceps. L'enfant était gros. Il présentait un
goitre qui avait à droite le volume d'un œuf de poule. La
respiration est difficile, stertoreuse, et la cyanose du visage
et des lèvres est là pour en témoigner.
L'allaitement, d'abord impossible, se fait peu à peu. La
tumeur diminua assez vite sous l'influence du traitement
(frictions iodurées) ; au bout de trois mois, la respiration était
encore difficile ; au bout de six mois, elle Tétait bien moins,
et la tumeur avait presque disparu. Au bout d'un an, l'enfant
ne présentait plus aucun symptôme morbide.
S'il y a une prédisposition locale, il faut plutôt la chercher
du côté du système vasculaire de la thyroïde. On sait qu'au
point de vue embryologique la glande thyroïde est une émana-
tion épithéliale de la quatrième poche branchiale et que les
noyaux épithéliaux qui en proviennent sont segmentés
par les vaisseaux sanguins. 11 semble que, chez certains
enfants, ce système circulatoire conserve plus ou moins son
type fœtal lacunaire. Une telle thyroïde, dont les veines sont
de véritables petits sinus, est toute prédisposée à la conges-
tion.
(1) EuLENBERO, in Thèsc Diethehn.
CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 201
Mais cette prédisposition elle-même n'est pas tout ; ce qui
montre bien qu'il faut encore une cause efficiente, c'est que
les lésions ne portent pas toujours exclusivement sur le' corps
thyroïde. Il est des malades chez lesquels on a noté une sorte de
tuméfaction diffuse du cou, assez marquée parfois pour gêner
momentanément la délimitation de la thyroïde. C'était le cas
(l'une fillette de 3 kilogrammes observée en 1901 par M. Com-
mandeur (1) à la maternité de l'Hôtel-Dieu. Née d'un père et
d'une mère bien portants, elle vient au monde un peu étonnée,
mais fut vite ranimée. On constatait chez elle une tuméfac-
tion très molle et diffuse de la région sus-hyoïdienne, au
milieu de laquelle on ne différenciait pas de tumeur. La res-
piration s'établit d'ailleurs très vite et de façon régulière. Le
lendemain, la tuméfaction avait considérablement diminué, et
l'on pouvait délimiter le corps thyroïde ; il présentait deux lobes
volumineux, inégaux, le droit plus gros que le gauche. La cir-
conférence du cou était de 24 centimètres. La voix n'était pas
modifiée: la déglutition était facile; la tumeur n'augmentait
pas par l'effort.
Née le 18 mars, l'enfant n'avait plus le 28 que 22 centi-
mètres de tour de cou et 21 le 14 avril. Revue le 21 août,
lenfant était complètement guérie.
On voit, par tout ce qui précède, que nous n'avons sur les
causes prédisposantes que des notions encore vagues.
La vraie cause de la congestion mécanique, la cause déter-
minante, paraît se produire pendant l'accouchement. Pour cer-
tains auteurs, il faut incriminer la présentation de la face.
L'hyperextension du cou favoriserait, d'après eux, la conges-
tion de la thyroïde, alors que, pour d'autres, ce serait cette
hypertrophie de la thyroïde qui engendrerait la présentation
de la face. Nous ne nous attacherons pas à discuter ce point,
parce qu'en cherchant le mécanisme de la présentation on ne
trouve qu'une fois la présentation de la face. Une fois, on
signale la présentation de l'épaule. Dans tous les autres cas, il
s'agissait de sommet ou de siège.
La présentation n'a donc qu'un rôle secondaire, et nous
croyons que nos notions étiologiques peuvent bien se résu-
mer de la sorte : les enfants des goitreux paraissent avoir, du
fait de l'hérédité, un état de faiblesse congénitale des vais-
(t) Commandeur, Sur le goitre congéaital (Province médicale, 1900).
202 J. FABRE ET L. THÉVENOT
seaux thyroïdiens. Aucours de raccouchement, les contractions
utérines doivent exprimer le sang du corps du fœtus et le
refouler dans la thyroïde en état de moindre résistance et
créer ainsi de toute pièce la congestion de la thyroïde.
Quel que soit d'ailleurs son mécanisme intime, la lésion
produite est toujours la même, et son nom même la renferme
tout entière : congestion, c'est-à-dire augmentation du
volume d'une glande saine par afflux de sang et dilatation
vasculaire.
Beaucoup de cas que nous rangeons sous cette appellation
manquent, il est vrai, de la confirmation anatomo-patholo-
gique ; mais, pour quiconque a vu la structure d*un goitre
congénital vrai, il est biçn évident qu'une hypertrophie de la
thyroïde, rétrocédant rapidement et disparaissant en quelques
semaines, ne saurait être autre chose qu'une congestion de la
glande. Tous les auteurs qui en ont observé sont d'ailleurs
d'accord sur ce point.
D'autant qu'il y a parfois une tuméfaction diffuse de toutes
les parties molles avoisinantes, comme dans le cas de
M. Commandeur, ou une cyanose de la tête et d'une partie
du corps, comme dans l'observation suivante de Nicod d'Ar-
bent {Bull, général de thérapeutique^ t. XIX, 18i0).
La mère quintipare, légèrement goitreuse, avait accouché
en une heure. L'enfant ne pouvait respirer et était en état de
congestion remarquable, qu'entretenait une respiration très
gênée. Une volumineuse tumeur s'étendait du menton au
sternum et d'un mastoïdien à l'autre. Par sa position et sa
forme, elle parut tenir à une hypertrophie et à une conges-
tion sanguine énorme du corps thyroïde ; sa surface était d'un
rouge violet, de même que la tête et toute la surface du corps.
Plusieurs sections du cordon, faites pour provoquer une
hémorragie, restèrent sans résultat.
Deux sangsues furent alors appliquées de chaque côté de
la tumeur, et, longtemps après qu'elles furent tombées, il
s'écoula un sang noir et épais ; la respiration devint moins
rare. Le lendemain, du sang suintait encore : la respiration
était moins gênée.
Le thyrocèle avait perdu un grand tiers de son volume, il
semblait plus mou, plus mobile. La surface du corps ne pré-
sentait plus que des marbrures disséminées. Cependant il y
avait encore de la stupeur.
CONGESTION DE LA GLANDE THYUOÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 263
Deux sangsues furent encore mises. Le sang devint moins
foncé et moins consistant. La diminution considérable dé la
grosseur, le changement d'expression de la face, les mar-
brures presque éteintes, la succion devenue plus facile et les
évacuations régulières annonçaient le retour à un état physio-
logique.
La maladie, au bout de huit jours, avait presque disparu ;
au bout de cinq semaines, il n'en restait plus trace.
 côté de cas pareils, où Tensemble symptomatique, où
révolution des lésions fait penser à une simple congestion,
il en est d'autresoù les renseignements sont encore plus précis.
En intervenant sur de tels goitres (Pollosson, Comman-
deur, etc.), on a pu se rendre compte que le corps thyroïde
est le siège d'une tuméfaction diffuse, qu'il est sillonné de
grosses veines remplies de sang.
D'ailleurs cet aspect du corps thyroïde avait été vu au cours
d autopsie. Nous ne croyons pouvoir mieux le décrire qu'en
rapportant quelques observations particulièrement démons-
tratives ; on y trouvera à la fois l'étude macroscopique et la
description microscopique des lésions.
Gibb (de Birmingham) accoucha une femme de trente-
deux ans, bien portante, septipare, dont Tenfant naquit au
septième mois et mourut cinq minutes après l'accouchement.
C'était un garçon bien développé, sans aucune autre anomalie
que ce bronchocèle; la thyroïde était énorme, s'étendant du
thorax au maxillaire ; de consistance assez ferme, non iluo-
tuante, elle est mobile sur les parties profondes.
La dissection montrait que les vaisseaux étaient d'une gran-
deur extraordinaire ; la capsule était très vascularisée,
entourée d'un riche réseau de larges veines. Aucune matière
colloïde n\Hait visible à travers la capsule.
L'hypertrophie était totale, d où compression de l'œsophage
et de la trachée, refoulement de la carotide, de la jugulaire,
du pneumogastrique.
Sur des coupes, la glande est ferme et montre quelques
ouvertures de vaisseaux gorgés de sang. Au microscope, on
voit un lacis délicat et régulier de tissu fibreux renfermant
des cellules disposées irrégulièrement ; de larges sinus gorgés
de sang parcourent la préparation ; on reconnaît aussi de
nombreux vaisseaux sanguins avec leur couche musculaire.
Pas ou peu d'extravasation sanguine en dehors des vais-
204 J. FABRE ET L. THÉVEXOT
seaux. Les cellules épithéliales forment des amas un peu irré-
guliers; pas de kyste. Ce spécimen, dit Fauteur, pour résumer
sa communication, appartient au type congestif et vasculaire.
C'est à peu près ainsi que peut se définir le cas présenté
par Bérard en 1862, à la Société de chirurgie de Paris.
Il s'agissait d'une femme de vingt-huit ans, quadripare,
dont Taccouchement se fit à cinq mois et demi en 01 DP,
très simplement. L'enfant mourut une demi-heure après la
naissance, sans avoir pu respirer franchement.
Toute la face antérieure du cou est occupée par une tumeur
qui va d'un sterno-cléido-mastoïdien à Tautre. Elle est trilo-
bée, d'une coloration bleuâtre, non transparente. Sa consis-
tance est molle, élastique. Ni fluctuation ni crépitation.
La thyroïde pèse 16 grammes, ce qui est considérable, étant
donné que chez le fœtus à terme la thyroïde pèse 2 grammes.
La surface des lobes est couverte de larges veines, pareilles
à des sinus ; les veines principales viennent à la partie infé-
rieure et médiane de la tumeur pour se jeter dans le tronc
brachio-céphalique.
La structure est celle du corps thyroïde. Le tissu glandu-
laire est mou, spongieux, noirâtre; dans quelques points,
moins rouge et plus consistant. La coupe générale est celle
d'un tissu érectile.
La veine thyroïdienne inférieure, vide, avait un diamètre
transversal de 6 millimètres; l'artère thyroïdienne, deux fois
plus grosse que la carotide interne, paraissait la véritable
continuation de la carotide primitive. La capsule fibreuse de
cette thyroïde était creusée de sinus, comme la dure-mère.
Nous ne voulons pas multiplier de tels exemples ; tous ces
faits sont d'ailleurs superposables et peuvent se résumer
ainsi.
La seule lésion que l'on constate est une dilatation consi-
dérable des vaisseaux ; elle porte sur le système circulatoire
de la glande, sur la circulation de sa capsule ; elle retentit
plus ou moins sur la circulation de la région antérieure du
cou. Mais il y a ni lésion des éléments épithéliaux, ni modi-
fication des éléments conjonctifs de la glande.
A côté de ces formes où il existe une congestion pure, il en
est d'autres où la lésion se modifie, ce qui entraînera, on va le
comprendre, une évolution clinique un peu différente.
En présence d'une dilatation vasculaire qui arrive à acquérir
CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 205
un pareil volume, on conçoit que parfois la paroi d'un vais-
seau puisse se rompre et que du sang puisse s'épancher dans
l'intérieur du tissu thyroïdien. Il s'agit là non pas d'une
iiématocèle thyroïdienne, mais d'un simple hématome. On
sait que Thématocèle thyroïdienne est la rupture des vaisseaux
de la paroi d'un kyste et Tenvahissement par le sang de
cette poche préformée.
Dans la congestion de la thyroïde, nous avons déjà fait
remarquer qu'il n'y a pas de lésions de la glande elle-môme ;
le sang ne peut donc s'épancher que dans les mailles du
tissu conjonctif.
De pareilles complications, logiquement possibles, s'ob-
servent d'ailleurs, mais elles sont rares. Un des cas les plus
typiques est celui de Wyder (1) : une mère bien portante,
mais atteinte d'un gros goitre, décipare, accouche très rapide-
ment d'un gros garçon qui nait asphyxique. Pendant une
demi-heure, on fait la respiration artificielle, on excite les
tégaments ; l'enfant paraît aller mieux. Mais, peu après, la
cyanose se produit : la rétraction des parties latérales et infé-
rieure du thorax dans les mouvements respiratoires témoigne
de la difficulté avec laquelle l'air pénètre dans la cage thora-
cique. L'enfant est de nouveau baigné et frotté, mais il meurt
au bout d'une heure,
A l'autopsie, on constate que les organes sont sains, qu'il
n y a dans les bronches ni corps étrangers ni mucosités.
L'obstacle à la respiration vient d'une thyroïde très volu-
mineuse, dans le lobe droit de laquelle s'est faite une* hémor-
ragie assez forte.
En résumé, congestion le plus souvent, exceptionnellement
hématome surajouté, telles sont les lésions glandulaires.
Il n'existe d'ordinaire pas d'autres malformations fœlales.
Quelques auteurs (Nicod d'Arbent, Gibb, Spiegelberg, etc.)
ont noté une hypertrophie plus ou moins marquée du
thymus. Elle parait sans rapport avec l'affection que nous
étudions.
Ces données anatomo-pathologiques nous permettent de
comprendre comment va se présenter l'affection et comment
elle va évoluer.
Cliniquement, on se trouvera en présence de formes suffo-
(I) Wyder, in Thèse Dielhelm.
20() J. FABRE ET L. THÉVENOT
cantes très graves, de formes d'intensité moyenne et de formes
bénignes.
Les premières entraînent la mort en quelques minutes
après la section du cordon, et le diagnostic ti'est fait qu'en
examinant le petit cadavre ou au cours de son autopsie. Dans
nombre de cas même, la véritable cause de la mort doit
passer inaperçue. L'affection en effet est facile à diagnostiquer
lorsque la lésion porte seulement sur le corps thyroïde, dont
la saillie sous les téguments est celle d'un œuf de poule dans
nombre de cas; mais, lorsqu'il y a en même temps coûges-
tion des tissus avoisinants, ou si le lobe hypertrophié estrétro-
sternal, il devient extrêmement difficile, même à la palpation
du cou, d'établir quelle part revient k la thyroïde dans la
pathogénie des accidents de suffocation.
Donc asphyxie très rapide avec hypertrophie plus ou moins
marquée de la thyroïde, telle est la symptomatologie de cette
première forme. La mort rapide qui en est la conséquence en
fait une affection intéressante au point de vue chirurgical,
mais lui enlève une grande partie de son intérêt clinique.
Il en est tout autrement des cas d'intensité moyenne; il
est plus facile de les suivre cliniquement; il y a lieu pour
eux de discuter la question intervention. Pour toutes ces rai-
sons, ce sont eux qui nous serviront de type dans la descrip-
tion de cette maladie. Là encore deux cas peuvent se présenter,
et, pour les préciser, nous allons résumer deux observations.
Schultess (1) fut appelé à voir une fillette de vingt-
quatre heures en dyspnée. La respiration s'accompagnait de
dépression profonde de la région de l'appendice xyphoïde.
Le cou était un peu tuméfié, mais la thyroïde, malgré une
recherche soignée, pendant le premier jour, se délimitait mal.
Au bout de quatre à cinq jours, elle devint plus perceptible,
le lobe gauche étant notablement plus gros.
La dyspnée diminua très lentement et reparut au bout de
quelques jours, malgré l'extension de la tête et des applica-
tions de glace. Peu à peu la respiration devint plus libre, et les
signes de cyanose disparurent.
En opposition avec cette observation, nous placerons celle de
Diener (2) : une femme de vingt-deux ans accouche pour la pre-
mière fois, enl864, d'une fille qui avait une tumeur sur le côté
(1) ScHLLTKss, in Thèse Dielhelm.
(2) DiENER, in Thèse Dielhelm,
CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 207
droitet en avantducou. Elle s'élendaitde Tangledela mâchoire
au sternum et mesurait 2 pouces et demi à 3 pouces de
large.
Elle était mobile dans ses parties latérales, mais fixée vers
risthme.Elle s accompagnait d'une respiralionrapide et courte.
L'enfant fut frottée avec de l'onguent cinéreum, et, contre
la congestion, on fit des applications de moutarde sur les jambes.
Peu de jours après, la tumeur diminuait, devenait plus mo-
bile ; la respiration était plus libre. L'enfant prit le sein de sa
mère et, la semaine après, elle était guérie.
Ainsi donc, chez de tels malades, Tattention est appelée par
la cyanose légère de la face et par les signes de dyspnée.
L'examenminutieuxducourévèlerhypertrophiede la thyroïde.
Mais ce symptôme, qui est pourtant le signe capital, peut
être difficile à constater, soit parce que le goitre est rétro-
sternal, soit en raison d'une tuméfaction diffuse du cou. La
tumeur, lorsqu'elle existe, reproduit la forme de la thyroïde.
Lisse et régulière, d'une consistance ferme, non fluctuante,
elle suit les mouvements de la déglutition, et sa nature thy-
roïdienne devient de ce fait indiscutable.
Ce qu'il y a de constant aussi, c'est la rétrocession lente de
ces symptômes sous l'influence du traitement.
Enfin il est des formes bénignes dans lesquelles il n'existe
aucun trouble fonctionnel. Telles sont, par exemple, les obser-
vations que nous avons rapportées et dans lesquelles l'affection
aurait passé complètenient inaperçue si l'on n'avait remarqué
dans la région du cou une légère hypertrophie de la glande
thyroïde.
Cette hypertrophie ne fut que momentanée, et, quelques
semaines après la naissance, elle avait disparu spontanément.
Le diagnostic de la congestion thyroïdienne se pose ainsi
dans les conditions les plus diverses et demande à être fait
d'autant plus vite que l'opération peut être urgente. Il se pré-
sente dans deux conditions bien différentes, suivantqu'il existe
au cou une tumeur qui appelle l'attention ou qu'au contraire
une tuméfaction diffuse détourne l'attention de la région
cervicale.
Dans le premier cas, le diagnostic est facile à faire ; il se
base sur les caractères suivants : la tumeur reproduit la forme
et occupe le siège de la thyroïde ; la masse est mobile sur les
plans profonds, mobile sur les plans superficiels; elle est
^(>8 J. FABRE ET L. THÉVENOT
•entraînée dans les mouvements de déglutition. Ces signes
permettent d'éliminer les autres tumeurs du cou.
Les lymphangiomes sont situés plus latéralement et se
portent du côté de la région sus-claviculaire. Ils sont souvent
réductibles et se modifient avec les efforts que fait Tenfant.
Les kystes dérivant de fistules branchiales occupent un seul
côté delà trachée; ils sont fluctuants, parfois transparents.
Les kystes médians sont d'ordinaire peu volumineux, égale-
ment fluctuants; le, plus souvent ils sont transparents; sinon
ils sont des kystes dermoïdes et offrent alors la sensation de
pâte molle que donnent de pareilles tumeurs.
Telles sont, en somme, les seules lésions qui peuvent prêter
à une erreur de diagnostic. Quant à savoir quelle est la nature
de l'affection thyroïdienne, si c'est une congestion simple, ou
un goitre réel, cela est bien plus difficile. La consistance
régulière de la glande, sa surface lisse et unie feront penser
plutôt à une congestion. En cas de doute, il faut se comporter
comme s'il s'agissait de cette dernière affection.
" ' Lorsque la tumeur est absente, ou bien lorsqu'elle est mas-
quée par une tuméfaction diffuse du cou, la question est bien
plus complexe. Une auscultation rapide du cœur montrera
tout d'abord l'intégrité de cet organe.
L'auscultation du poumon mettra celui-ci hors de cause.
D'ailleurs, la façon dont respire l'enfant, Taffaissement des
parties inférieures et latérales du thorax à chaque inspiration
font penser qu'il s'agit d'un obstacle situé sur le trajet des
voies aériennes.
Il faut s'assurer alors qu'il n'y a pas de mucosités bai*rant
le passage de l'air, nettoyer avec une compresse la bouche et
le pharynx de Tenfant, au besoin aspirer les mucosités direc-
tement avec un tube intralaryngé.
S'agirait-il d'une hypertrophie du thymus? 11 faut chercher
à l'établir par la palpationde la région sus-sternàle, et surtout
parla percussion de la région supérieure du sternum. Ces
signes seront également ceux d'un goitre rétro-sternal ; mois
celui-ci s'élève d'ordinaire dans les mouvements de déglutition
et devient plus apparent.
Le rétrécissement congénital de la trachée sera plus diffcile
à éliminer, car il ne se traduit extérieurement par aucun
signe et ne sera parfois reconnu qu'au cours de l'intervention.
Ces difficultés montrent la nécessité qu'il y a à palper
CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 2iS9
soigneusement le cou des nouveau-nés atteints de dyspnée,
car ici, comme bien souvent d*ailleurs,il faut chercher le goitre,
suivant l'expression deM. Commandeur ;ilfaut vouloir dépister
la maladie sans attendre qu*elle-même elle se montre indiscu-
table ; rinfluence heureuse de certaines positions sur la dys-
pnée, de Textension de la tète en particulier, prend ici une
importance primordiale. Le diagnostic ainsi établi va nous
permettre à la fois de formuler un pronostic précis, que
rendront meilleur encore les ressources de la thérapeu-
tique.
Le pronostic est favorable ; en un tei^ps plus ou moins
rapide, la tuméfaction rétrocède et la thyroïde revient à son
état normal. Trois semaines, un mois, sont d'ordinaire suffi-
sants, s'il s agit d'une congestion simple. S*il y a hématome
surajouté, l'évolution en est plus lente et demande six mois
eaviron. Quel que soit le temps nécessaire, Taffection guérit
et guérit complètement.
Les seuls cas suivis de mort sont ceuxoù la tuméfaction est
très marquée ; mais la mort survient alors dans les quelques
minutes ou les quelques heures qui suivent Faccouchement,
malgré Temploi des moyens utilisés d'ordinaire pour ranimer
les nouveau-nés (bains, frictions excitantes, respiration arti-
ficielle, etc.).
Le traitement va donc être institué, soit pour des accidents
alarmants, à évolution rapidement mortelle, soit dans des
conditions qui laissent place à la discussion des moyens à
employer. Mais, avant de voir ce qu'il y a lieu de faire dans
tel ou tel cas, nous devons d'abord rappeler quelles sont les
ressources de la thérapeutique.
Celle-ci n'est pas forcément chirurgicale, et le traitement
médical a donné de nombreux succès. Pour diminuer l'afflux
du sang dans la glande thyroïde, on a préconisé les applications
sur la partie antérieure du cou de, sachets de glace (MuUer),
(le sangsues (Nicod d'Arbent).
Des sinapismes sur les membres, des bains sinapisés pour-
ront être également employés comme agents de dérivation.
L'iodure de potassium à faible dose paraît favoriser la régres-
sion de la glande thyroïde.
En attendant que ces moyens agissent, et pour favoriser
la respiration, on aura recours à l'hyperextension de la tête.
L'observation suivante de Millier, publiée dans la thèse de
270 J. FABKE ET L. THKVENOT
Diethelm (1), est un beau type de ce traitement médical.
La mèro était une femme grêle, petite, ayant un g^oilre
bilatéral, passablement gros; Un premier accouchement,
deux ans auparavant, se (it bien, mais Tenfant mourut plus
tard de diphtérie. La dernière grossesse évolua bien. Los
fortes douleurs commencèrent à six heures du matin; à
deux heures de Taprès-Tnidi, la malade accoucha d'une fille
un peu faible. Elle n'était pas asphyxique, mais les parents et
la sage-femme remarquèrent qu'elle faisait de grands efforts
pour respirer et qu'elle était passablement cyanosée.
La respiration s'accompagnait d'un sifflement particulier.
I/enfant, dont l'état s'aggravait progressivement, fut au bout
de trois jours examiné par un médecin. Comme la région
sternale bombait en avant, le diagnostic porté fut celui Ae
sténose par hypertrophie du thymus, et l'enfant fut envoy»^ a
la clinique de Millier.
Il était alors passablement faible. Dans le décubitus dorsal,
la dyspnée était énorme et s'accompagnait d'un bruit strident
à rinspiration et à l'expiration. A l'inspiration, le bord libre
des côtes vient faire saillie sous les- téguments, et le
contour du foie apparaît manifestement. Le coeur et les
poumons sont normaux. Rien de particulier du côté île
l'abdomen. L'enfant est-il soulevé avec une main sous le dos,
la tête fortement renversée en arrière? La dyspnée, 'le bruit de
sténose disparaissent tout d'un coup, et la poitrine reprend
sa respiration normale. On constate alors au cou une tumeur
de la grosseur dii pouce, placée en travers de la trachée, et qui
s'enfonce à droite et k gauche de chaque côté d'elle. Le
diagnostic porté fut celui de goitre sus-sternal et l'enfant
soumisà l'iodurede potassium. Il est maintenula tête renversée
en arrière en lui glissant un coussin sous le dos. L'amélioration
se fit progressivement et, au bout de quatre semaines, il
paraissait guéri. Il mourut à trois mois et demi d'entérite avec
eczéma généralisé.
L'autopsie montre une thyroïde normale, un peu grossie,
et qui appuyait encore sur la trachée.
En opposition avec ces moyens médicaux se place le traitement
chirurgical. 11 comprend trois interventions possibles : la tra-
chéotomie, l'extirpation il'un lobe thyroïdien et Texothyropexio.
(IJ DiBTiiKLM, Ueber angeborene Struma [Thèse de Zurich, 1890).
CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 271
La trachéotomie, si elle est facile à pratiquer, est une
opération grave, et, si la mort n*est pas la conséquence de la
compression de la trachée, elle survient cependant au bout de
quelques jours, du fait d'une bronchopneumonie surajoutée.
Au surplus, la trachéotomie est ici plus difficile qu'en temps
ordinaire : le chirurgien est gêné par une dilatation veineuse
considérable; il est le plus souvent obligé de sectionner
l'isthme de la thyroïde, qui est volumineux ; il se trouve ainsi
aux prises avec une hémorragie ^ marquée, avec une série
d'obstacles qu'il ne rencontre pas d'ordinaire.
L'extirpation d'un lobe thyroïdien est une opération qui fut
pratiquée quelquefois en Allemagne dans des cas de goitre
congénital. C'est une opération grave ; sa durée, les hémor-
ragies qui l'accompagnent, empochent le petit malade de
faire les frais d'une telle intervention, et la mort par shok,
par bronchopneumonie, en est souvent la conséquence. C'est
de plus une opération trop considérable, puisqu'elle enlève
du coTjps thyroïde un lobe qui serait rapidement redevenu
normal.
L'exothyropexie, par contre, est une opération simple, d'une
exécution rapide; elle s'acçooipagne d'hémorragies insigni-
fiantes, ce qui est énorme chez un nouveaii*-né. Le corps
thyroïde, une fois au dehors, pourra se décongestionner tout
à loisir, alors que la respiration se fera dans des conditions
normales. D'autre.part, en cette occurrence,on n'exige pas trop
de Texothyropexie. On ne lui demande pas, comme dans le
goitre banal, de faire résorber des tissus néoplasiques; on
n'attend d'elle que la rétrocession d'un processus congestif.
Aussi est-il tout naturel que l'exothyropexie ait donné des
résultats remarquables dans les cas où elle a été employée.
Personnellement, nous en connaissons trois.
Le plus ancien appartient au professeur Fochier, mais il
nous a été impossible de le retrouver dans ses notes, et forc€
nous est de le reconstituer d'après nos souvenirs. (1 s'agissait
d'un enfant qui présentait une dyspnée assez marquée, avec
une tuméfaction de la région antérieure du cou qui ne pouvait
^tre qu'une hypertrophie thyroïdienne. L'exothyropexie faite
d'urgence amena très rapidement la rétrocession de la
tumeur, et la petite malade guérit en quelques semaines.
Le deuxième malade fut opéré par M. le professeur A. PoUos-
son. Cet enfant fut présenté à la Société des sciences médicales
2/2 J. FABKE ET L. THEVEXOT
de Lyon, le 11 octobre 1899. Né en état de mort apparente,
il n*avait pu être ranimé que par un traitement énergique.
11 conserva une dyspnée très forte, avec tirage et respiration
bruyante. Toute tentative d*alimentation était impossible.
I/exumen du cou ne montra tout d'abord rien d*anormal ;
puis, devant la persistance des accidents, un examen très
minutieusement conduit finit par faire découvrir une tumeur
de petit volume, difficilement appréciable.
Diverses hypothèses pouvaient être discutées : hypertrophie
du thymus, hémorragie dans un kyste thyroïdien, goitre.
Une incision médiane permit de reconnaître qu'il s'agissait
d*un goitre plongeant assez volumineux ; une traction exercée
sur la tumeur l'attira au dehors, et la tumeur y fut laissée
sans pansement.
Immédiatement, les accidents de suffocation disparurent et
depuis ne se sont pas reproduits.
Il faut noter que la mère de cet enfant était porteur d'un
goitre et qu'elle a perdu un autre enfant dans les mêmes
conditions, il y a quelques années.
Enfin le troisième cas appartient à M. Commandeur et a
été publié dans la thèse de Cadet (1).
M*"' J..., trente-six ans, atteinte depuis longtemps d'un goitre
très marqué, accouche à la Maternité le 19 juillet 1905 d'une
fille de 3570 grammes, normalement constituée. L'accouche-
ment est normal, mais l'enfant nait étonnée. Pour la ranimer,
il faut pratiquer la respiration artificielle, employer des bains
chauds, des frictions, et ce n'est qu'au bout d'un quart d'heure
qu'elle respire à peu près convenablement.
On constate à la naissance une hypertrophie très nette du
corps thyroïde, qui fait saillie au-dessus du sternum, l'hyper-
trophie paraissant porter sur toute la glande. Les jours sui-
vants, l'enfant présente de la dyspnée, aveccornage et tirage.
Elle ne peut prendre le sein, et l'alimentation à la cuiller est
très difficile, car la déglutition provoque des accès de suffoca-
tion sans cyanose.
Le i'"' août dans la nuit, l'enfant prend un accès de suffoca-
tion. On tente de la soulager par un bain chaud, mais son état
est très grave. Elle respire à peine, elle est inerte. On sent
que son goitre s'est engagé derrière la fourchette, et toutes les
(I) Cadet, Thèse de Lyon^ l'JOâ (Contribution à fétude des goitren intratboru-
ciques,.
CONGESTION DE LA GLANDE THYROÏDE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 273
tentatives de luxation faitesà ce moment échouent. On décida
alors de pratiquer Texothyropexie.
Sansanesthésie, incision sur la ligne blanche. Une incision
méthodique des diiïérents plans amène sur la tumeur, qui est
sillonnée de grosses veines turgescentes. On les évite et on
clive la tumeur de chaque côté jusqu'à ce qu'on puisse la
pédiculiser. Elle est de la grosseur d'une noix, d'une consis-
tance molle. Immédiatement, on constate une * amélioration
notable; mais, si on abandonne la tumeur à elle-même, elle
tend à s'enfoncer de nouveau derrière le sternum. On la fixe
par un fil à la partie supérieure de l'incision cutanée.
Pansement à plat à la poudre blanche. Los jours suivants,
l'enfant respire de mieux en mieux et peut s'alimenter ; on
constate une atrophie très nette de la tumeur.
Trois semaines après Topération, la plaie est cicatrisée. Au
bout d'un mois, l'enfant s'est développée normalement ; il reste
un peu'de raucité de la voix lorsqu'elle tousse. L'enfant part
en nourrice.
Telles sont les interventions chirurgicales que l'on a à sa
disposition. Il nous semble résulter clairement de ce que nous
avons dit plus haut que l'exothyropexie est l'opération de
choix, que la trachéotomie n'est qu'un pis aller, et que les
thyroïdectomies sont à rejeter.
Le traitement nous apparaît alors très net. S'agit-il d'un
goitre suffocant, pouvant entraîner la mort d'un moment à
l'autre : l'exothyropexie s'impose.
S'agit-il au contraire d'une forme d'intensité moyenne ? Le
traitement médical doit, à notre avis, d'abord être institué :
application de glace en avantducou, tête tenue sur un coussin
en extension, révulsion sur les membres par des applications
ou des bains sinapisés. L'iodure de potassium à la dose de
quelques centigrammes par jour favorisera la régression de
la congestion. Si les moyens échouent, l'exothyropexie pourra
toujours être pratiquée.
Comment se fera pendant toute cette période Talimentation
de l'enfant? Souvent il ne peut prendre le sein. L'alimentation
à la cuiller peut être très difficile et l'emploi de la sonde pourra
rendre les plus grands services. Elle assurera, en outre, le pas-
sage du lait directement dans l'œsophage, évitera la pénétration
possible de quelques gouttes de liquide dans la trachée et par
cela même mettra à l'abri des pneumonies de la déglutition.
ÀRCB. IM MÉDBG. DES KNPANTS, 1907. X. — - 18
L"
274 J. FABRE ET L. THÉVENOT
En résumé, il existe chez le nouveau-né, à côté <lu goitre
vrai, caractérisé par des lésions du tissu glandulaire, une
augmentation de volume de la thyroïde due à une simple
congestion de la glande.
Favorisée vraisemblablement par la persistance du système
lacunaire fœtal (retard de développement auquel Thérédité,
l'endémicité du goitre ne sont peut-être pas étrangers), elle
est provoquée par les compressions que subit le fœtus lors de
Taccouchement. Le mode de présentation ne parait pas influen-
cer ce processus. 11 en résulte les lésions anatomiques sui«
vantes : développement énorme des vaisseaux intraglandu-
laires, parfois des vaisseaux de la capsule et môme de ceux de la
région antérieure du cou; rarement rupture d'un des vaisseaux
et hématome interstitiel ; pas de lésions des éléments glandu-
laires épithéliaux.
Gliniquement, il se produit une augmentation de la thyroïde,
avec des accidents de compression pouvant aller d'une simple
gène respiratoire à la mort rapide par asphyxie. Si, au moment
de la naissance, il est difficile de reconnaître la nature con-
gestive de ce goitre, son évolution rapide, sa disparition com-
plète en quelques semaines mettent bientôt sur la voie du
diagnostic.
En raison même de cette évolution, les accidents légers
demandent simplement un traitement médical : applications
froides sur le cou, dérivation sanguine. Quelques auteurs
prescrivent en même temps un peu d*iodure.
Dans les formes graves, le vrai traitement est Texothyro-
pexie, qui amène la guérison en un mois environ. Cette inter-
vention, aussi rapidement menée, aussi simple que la trachéo-
tomie, lui est de beaucoup supérieure, car elle met à Tabri do
ces bronchopneumonies secondaires qui assombrissent le
pronostic des trachéotomies.
PHARYNGO-LARYNGITBS ULCÉREUSES
DANS LA SYRHIUS TERTIAIRE ET DANS LA TUBERCULOSE
Par MM.
•
RABOURDIN,
et
BRISST,
Docteur.
Interne des Hôpitaux.
A côté des cas où la syphilis tertiaire se localise en un point
quelconque de l'organisme, il en est d'autres où elle frappe
tremblée plusieurs organes. C'est le cas de la malade dont
nous publierons plus loin l'observation et dont notre maitre,
le D' Comby, a bien voulu nous confier l'examen. Chez elle,
on constate, à côté d'une lésion déjà ancienne du voile, des
lésions en pleine évolution du larynx et du nez.
Certes il n'est pas rare de voir la syphilis tertiaire s'attaquer
simultanément à plusieurs organes voisins. C'est ainsi que le
D^ Revol, dans sa thèse inaugurale (Lyon, 1905) sur la syphilis
du larynx, cite de nombreux cas dans lesquels il y a à la fois
lésion de l'épiglotte et du pharynx, du larynx et du nez; mais,
dans presque tous les cas, les altérations que Ton constate sont
localisées en un point du larynx (infiltration sous-glottique,
épiglottique, aryténoïdienne ; infiltration de la corde). Dans
un cas (Obs. XVIII), il s'agit d'infiltration sus-glottique géné-
ralisée; enfin, dans deux observations seulement, nous voyons
une infiltration sus-glottique généralisée coïncidant avec des
lésions du nez et du pharynx (Obs. XVll-XXXIX).
De même, si nous nous reportons aux ouvrages concernant
la spécialité, nous verrons que, si les auteurs admettent la
possibilité de lésions multiples, ils reconnaissent que, le plus
souvent, les altérations constatées ne portent que sur un seul
organe et, souvent môme, sur un point limité de cet organe.
Chez la malade qui nous occupe, au contraire, on a pu
relever à la fois de la syphilis récente du nez, une gomme du
pharynx, une ancienne perforation du voile et enfin une in-
filtration sus^glottique généralisée coïncidant avec une infil-
tration des cordes.
270 RABOURDIN ET BRISSY
Quels sont les symptômes qui nous ont fait penser à la
syphilis ?
Nez. — Nous nous sommes basés, pour faire ce diagnostic,
sur laspect extérieur du nez, qui est élargi au niveau de sa
racine et qui, sans avoir encore à un degré très avancé la forme
en selle, présente cependant un affaissement très net au niveau
de l'union des segments supérieur et inférieur ; sur l'écoule-
ment séro-purulent avec formation de croûtes obstruant
rentrée des fosses nasales ; sur Todeur fétide des sécrétions ;
sur laspect de la muqueuse nasale, qui, vue par la rhino-
scopie antérieure, est rouge et saigne facilement quand on
enlève les croûtes ; enfin, sur l'existence de points osseux
dénudés faciles à constater en promenant dans le nez un stylet
muni de coton ; on a alors une sensation spéciale montrant
que le coton est accroché au passage.
Voile, — Notre attention a été attirée tout d'abord par l'exis-
tence d'une cicatrice caractéristique : c'est une cicatrice
étoilée, déprimée, d'aspect fibreux, indiquant l'existence an-
térieure d'une perforation. Sa coloration blanchâtre était
d'autant plus frappante qu'elle contrastait davantage avec
l'aspec rouge, infiltré, du reste du voile. Celui-ci était rouge,
déchiqueté ; la luette, les piliers gauches et l'amygdale du
même côté n'existaient pour ainsi dire plus.
En outre, en suivant la malade, nous avons pu nous rendre
compte de la marche envahissante de la lésion, marche qui
n'a pu être enrayée que par l'emploi combiné du mercure et
de l'iodure de potassium.
Larynx. — Du côté du larynx, nous avons constaté l'exis-
tence d'une infiltration généralisée ayant envahi l'épiglotte,
qui est réduite à l'état d'un simple moignon bourgeonnant;
les replis ary-épiglottiques ; les aryténoïdes qui avaient trois
fois leur volume normal; les bandes ventriculaires, qui, au
début, masquaient complètement les cordes vocales ; enfin
les cordes elles-mêmes, qui sont rosées; la corde gauche, la
plus atteinte, a un aspect serratique type. La coloration était
d'u0 ronge vif intense ; quant au gonflement, il donnait l'im-
pression d'être dur, tendu, résistant.
Ces lésions étendues du larynx auraient pu faire penser à
de la tuberculose ; mais certains signes nous ont permis d'éli-
miner cette hypothèse. .
Tout d'abord, cette colorationd'unrougevif que nous avons
PHARYNGOLARYNGITES ULCÉREUSES 277
constatée et qui n'existe guère que dans la syphilis. Dans la
tuberculose, « les lésions et la muqueuse ont une coloration
pâle, un aspect blafard et torpide ; il semble qu'elles sont
comme anémiées et dans cet état de vitalité diminuée si
caractéristique de la tuberculose » (Revol).
Les signes fonctionnels auraient été plus intenses ; or, chez
notre malade, s'il y a eu une légère dyspnée et, au début,
quelques douleurs irradiant dans Toreille, on n'a pas trouvé
cotte dysphagie atroce que Ton observe chez les tuberculeux
présentant des lésions aussi accentuées.
La dysphagie, en effet, est presque caractéristique de la
tuberculose. Certes elle existe dans la syphilis, mais elle est
rarement intense ; elle est le plus souvent en raison inverse
de la gravité des lésions. C'est ainsi que, dans la syphilis
secondaire avec simples plaques muqueuses, la dysphagie est
plus vive que dans la syphilis tertiaire avec lésions
étendues.
Mais jamais elle n atteint l'intensité de celle que l'on con-
state dans la tuberculose^ où elle est telle que la moindre ali-
mentation est impossible et que le fait môme d'avaler sa
salive occasionne une véritable souffrance.
Or notre malade s*alimentait parfaitement, n'éprouvait
aucune douleur à la déglutition, et cela malgré les lésions
énormes que présentait son larynx.
Les lésions de voisinage ne pouvaient que confirmer le dia-
gnostic. S'il s'était agi de tuberculose, nous n'aurions pas
constaté cette déformation du nez que nous avons signalée ;
la rhinoscopie antérieure nous aurait permis de voir des ulcé-
rations à fond jaun&tre, à bords déchiquetés non décollés,
avec, tout autour, un pointillé jaune formé par de petits
tubercules; mais, dans ce cas encore, nous n'aurions pas
trouvé cette coloration rouge de la muqueuse que nous avons
indiquée. De même, nous n'aurions pu, dans le cas de tuber-
culose nasale, découvrir de points osseux dénudés.
N'oublions pas non plus Texistence des cicatrices polycy-
cliques de la cuisse droite, qui, à défaut d'autres renseigne-
ments, pouvaient également nous mettre sur la voie du dia-
gnostic.
L'évolution, enfin, est venue fortifier notre opinion.
Nous avons dit quel était le degré avancé des lésions. Or,
<1 après la malade, elles auraient débuté au maximum deux
278 RABOURDIN ET BRISSY
mois avant notre examen. Une tuberculose laryngée évoluant
avec cette rapidité aurait-elle permis une survie aussi longue?
Non certes, et la malade aurait été emportée rapidement.
Oi non seulement elle est actuellement presque complète-
ment guérie, mais elle n'a jamais présenté de troubles sérieux
de l'état général. Certes il y avait un amaigrissement marqué
(28^,200 à seize ans), mais le faciès était bon, il n'y avait
ni symptômes pulmonaires ni troubles digestifs, pas de tem-
pérature, rien qui puisse faire penser à de la tuberculose.
Enfin, une autre preuve de la spécificité des lésions nous a
été fournie par l'influence du traitement. La malade, aussitôt
son entrée à l'hôpital, a été mise aii traitement mercuriel et, à
dater du 28 octobre, au traitement mixte. Immédiatement, on
constate une modification très nette des lésions ; le voile le
premier perd sa coloration rouge vif, et nous voyons cesser le
processus envahissant et destructif.
Puis le larynx à son tour prend une coloration rosée; l'infil-
tration diminue, et la malade qui, au début, était complè-
tement aphone, commence à parler plus nettement dès le
29 octobre. Actuellement, elle parle à voix haute avec une
très légère altération du timbre normal.
En même temps que se produisaient ces modifications
locales, on constatait une amélioration de l'état général : dis-
parition de la dyspnée ; plus de douleurs dans les oreilles;
accroissement du poids (3*'*, 300 au 13 novembre).
Le diagnostic de syphilis tertiaire s'impose donc dans le
cas présent, et il nous a été rendu plus facile par le fait que
nous avons pu examiner la malade en pleine évolution.
Aurait-il été aussi facile si nous avions eu à faire l'examen
à une période plus avancée, par exemple à la période de répa-
ration, lorsqu'il existe des lésions cicatricielles? Dans ces cas,
le diagnostic est quelquefois très difficile, comme le montre
la deuxième observation que nous publions et que nous
devons à Tobligeance de notre maître, le D' Comby.
Il s'agit d'une malade atteinte de tuberculose pharyngée
que notre maître eut à examiner pendant la période aigué et
dont il a pris l'observation à ce moment.
Le cas lui ayant paru intéressant, il a bien voulu nous
demander d'examiner la malade à son retour d'Hendaye et de
faire, chez elle, Texamen laryngoscopique.
Les lésions qu'il nous a été donné de voir nous auraient
PHARYNGO-LARYNOITES ULCÉREUSES 279
certes fort embarrassés si nous n'avions eu l'observation
détaillée prise au début de l'évolution.
En examinant la malade, nous avons trouvé, en effet, une
soudure complète du voile du palais au pharynx. Les piliers
antérieurs ont bien encore leur direction normale, divergente ;
mais les piliers postérieurs, au contraire, convergent. Ils
viennent se fixer à la paroi postérieure du pharynx, délimitant
un pertuis elliptique, à grand axe dirigé de haut en bas et
d^avanten arrière et laissant apercevoir le pharynx.
Les loges amygdaliennes n'existent plug.
Mais, ce qu'il y a de plus intéressant, c'est ce que montre
Texamen laryngoscopique. Sitôt le miroir mis en place, on
aperçoit un véritabie diaphragme horizontal allant de la base
de la langue au pharynx. À sa partie tout antérieure, on voit
deux bourrelets saillants, un peu obliques en arrière et à
droite, déterminant un petit orifice elliptique laissant aper-
cevoir un aryténoïde et les cordes vocales.
Le bourrelet droit seul se prolonge en arrière et délimite
avec la paroi latérale du pharynx une véritable fossette bien
marquée, surtout lorsque la malade fait des efforts.
Ces rétrécissements naso-pharyngiens et oro-pharyngiens
existent et ont été décrits ; on les trouve signalés dans les
traités concernant la spécialité. Mais ils sont rares dans la
tuberculose.
C'est surtout dans le cas de traumatismes, de lupus ou de
syphilis qu'on les rencontre.
La deuxième observation est intéressante à bien des points
de vue. Tout d'abord, on peut y suivre étape par étape
l'évolution des lésions avec leurs phases d'envahisse-
ment et de régression, l'altération et l'amélioration sucessives
de l'état général à ces divers moments ; puis on est amené à
constater un mode de cicatrisation très rare.
Nous ne faisons pas allusion, en nous exprimant ainsi, au
diaphragme bucco-pharyngé relativement fréquent, mais à
celui que l'on constate au-dessus du larynx et qui est constitué
par Tunion de Tépiglotte à la prolongation des piliers posté-
rieurs, cicatriciels; c'est là une forme que nous n'avons vue
décrite nulle part.
Enfin qu'on nous permette d'insister sur un fait d'un très
grand intérêt, sur la tolérance parfaite du malade par suite de
la lenteur de la cicatrisation. 11 y a là une question d'accou-
280 aABOURDIX ET BRISSY
tumance progressive vraiment curieuse, car enfin n'est-il pas
étrange qu'une malade puisse vivre et présenter aussi peu de
troubles fonctionnels, n*ayant, comme orifice aéro-digestif,
qu'un pertuis si minime qu'on se demande comment il peut
livrer passage à des aliments solides, môme après une mastica-
tion consciencieuse?
Aussi ne saurions-nous trop remercier notre maître de nous
avoir donné l'occasion d'examiner deux sujets aussi intéres-
sants et .d'avoir bien voulu nous autorisera en publier les
observations.
Observation 1. — Syphilis tertiaire du larynx : infiltration sus-gloltique
généralisée avec infiltration des cordes. Lésions syphilitiques du nez et du voile
du palais. Gomme du pharynx,
Emma.B..., seize ans et demi. Entrée le 13. octobre 1906, salie de
Chaumont, lit n<»4 (Service du l> Comby;.
Antécédents héréditaires, — Mère vivante, parait bien portante.
Père mort, il y a quatorze ans, d*une tumeur épigastrique.
Un autre enfant du même lit, âgé de vingt ans, bien portant.
. Depuis, la mère s*est remariée. Elle a eu six enfants, dont cinq morts
jeunes et un vivant âgé de sept ans.
Antécédents personnels, — Enfant née à terme et élevée au sein.
Coqueluche à sept ou huit mois ; elle aurait été suivie de pleurésie.
Depuis, Tenfant n'aurait jamais été malade ; cependant elle tousse un
peu tous les hivers.
Depuis trois ou quatre mois, de temps en temps, douleur au larynx a\er
enrouements répétés.
Depuis quinze jours, coryza très accentué, sans croûtes; douleurs irra-
diant dans Toreille. En même temps, Fenfant est devenue aphone el,
depuis cette époque, elle tousse beaucoup.
Impossible d'avoir d'autres renseignements sur les antécédents de
Fenfant, les parents ne voulant rien dire de plus.
Examen, — En examinant Fenfant, on constate sur la cuisse droite
Fexistence de plusieurs cicatrices, parmi lesquelles on en remarque trois
plus importantes. Ces cicatrices sont blanches, dépi'imées, légèrement
pigmentées au centre, du diamètre d^une pièce de 1 franc, polycyc liques.
Elles sont unies Fune à Fautre par une bande cicatricielle. L'ensemble
forme une longue cicatrice de 8 à 10 centimètres, qui s'étend de la
face externe du condyle tibial au tiers inférieur de la cuisse.
interrogée, Fenfant dit avoir eu là, il y a deux ans et demienviron, des
sortes d'abcès d'où serait sorti, après incision, un sang noir et épais. Elle
a été soignée pour ces lésions à Saint-Joseph, où on lui a fait des piqûres.
Il semble bien, en effet, à en juger par Faspect de ces lésions, qu'il
s'agisse de cicatrices de gommes ou de syphilides tuberculeuses de la
peau.
Examen de la bouche. — Il y a une destruction énorme du voile et sur-
tout des piliers gauches. L'ensemble est rouge, déchiqueté, comme
i"ongé.
1« A gauche, — Le pilier antérieur est diminué, rongé et déchiqueté.
Le pilier postérieur est entièrement détruit.
L'amygdale est presque complètement détruite. On n'en retrouve des
PHAHYNGO-LARYNGITES ULCÉUKUSES 281
traces qu'au niveau de ses exlrémités supérieure et inférieure. Ces deux
fngaietiU rouges, déchiquetés, sont unis par une mince bande de tissu
amjKdalien pi-ésentant le même aspect.
A fauche également, le tiers postérieur du voile n'existe plus.
Le boi'd postérieur actuel a le même aspect déchiqueté cl i-ouge que
l'on remarque ailleurs.
^° Luette. — Elle est réduite à un moignon rougeâtrc et irrégùlier.
3° A droite. — Les lésions sont moins marquées.
Le pilier postérieur est entamé, déchiqueté, mais existe encore.
Le pilier antérieur est simplement l'auge et un peu O'dématié.
4° Raphi du voile. — Xur le i-aphé, cicatrices blanches, linéaires, étoilées.
^.-f
un peu déprimées, témoins de l'ancienneté de la lésion. L'une de ces
cicatrices est, plus grande que les outres et lùsulle d'une ancienne perfo-
ration du voile.
La malade reconnail en effet avoir eu, il y a deux mois, une perfora-
lion du voile avec reHux des aliments par le nez, vuix nasonnée spéciale.
Elle a été soignée aloi-s à Saint-Joseph, où on lui Eit prendre une cuille-
rée à bouche par. jour d'une solution laissant dans la houche un f^oût
métallique,
%' Paroi postérieure du Pharynx. — Sur cette pairoi,àdi'oile, un remarque
un pertuis qui semble dû à l'ouverture d'une gomme.
Adênnpalhte angulo-maxillaire gauche : un seul ganglion assez gros,
dur, indolore, roulant sous le doigt.
iiamen du net. - Le nez est élargi, déformé, aplati à sa base.
1' A droite. — Un peu de pus, rien d'important.
i'Agaueht. — Cornet inférieur très hypertrophié, ayant subi la dégéné-
rescence pol y polde, recouvert de ci-où tes. Les croûtes enlevées au stylet,
282 llABOUnDlN ET UltlSSY
(elles ont la fwme ilu cornet), on voit une muqueuse rougeAtre, granii*
leuse, saignant facilement.
3° Cloiion. — Rouge, éraillée, avec un point saignant au toucher, vers sa
partie moyenne. Pas de perforation.
Mawaise odeur, l'as tie point osseux dénuilé, ni sur la cloison, ni sur
les cornets.
Lésion unilatérale. — Mouchage abondant et fétide.
Examen du larj/nx : 1" épigtoUe. — Détruite entièrement, réduite à un
moignon rougeâtro, épaissi, bourgeonnant et déchiqueté.
2° At-ylênoides. — Très infiltrés, triplés de volume, ils se rejoignent et
forment un bourrelet irrégulier, bosselé, rouge, d'aspect déchiqueté
comme l'épiglotte.
Partout, apparence dure des parties tuméfiées.
3' Replis ary-épiglottiqriet, — Très hypertrophiés,
rouges, rûtrécissant l'orilice laryn)^.
4" Bandes ventriculaires. — Inliltrées, rouges, très
rapprochées l'une de l'autre et se rejoignant lors de la
phonation. La bande gauche est détruite dans sa moitié
postérieure et se termine en forme d'arc de cercle k
concavité postéi'ieure.
Ordce à cette destruction partielle, on peut «perce-
Pig. 2. voir les cordes vocales infirieures, légèrement rosées,
joignant mal, mais ayant un aspect presque normal.
Pas de crachais sanguinolents, pas de dysphagie, dyspnée légère; Mus
d'irradiations dans l'oreille.
Aphonie presque complète ; l'enfant ne parle qu'à voix très basse.
Pas d'autres traces de syphilis osseuse ou cutanée .
Pas de ganglions trapéniens ni de ganglions épilrochléens.
Poumons. — Quelques râles de bronchite à gauche.
Cœur. — Rien.
Vrifien. — Normales.
Poids. — aa^saoc.
Traitement. — Frictions mercui-ielles biquotidiennes.
' Créosote lOgrammei.
P»,.«..u.„..)Sï^:r'f"":::: » =
Eau Q. S. pour I litre.
Pommade rèiorcinée dans le nez.
22 Octobre. — Amélioration sensible, le voile est détergé, rose.
L'enfant ne parle toujours pas mieux.
27 Octobre. — Voile du palaix. A droite. — Petite perforalian circulaire
au sommet de la loge amygdalienne, h l'union des deux piliers. C'est
une perforation faite comme à l'emporte-pièce.
Tout à cûté, pri's de l'amygdale, on aperçoit un pelit lambeau triangu-
laii-e. h base fixée au voile. Ce lambeau est flottant, visible surtout quand
le malade émet un son.
Rhinv-pharynx. — Nappe de p»is le recouvrant.
Nei. — A gauche. — Même état.
A droite. — Pus plus abondant ; cornet moyen très liypertrophié,d'appa-
renée polypoïde.
Larynx. Bpigtottt ; replis ary-ipiglottiques et aryWnoïdes. — Même aspect.
Les bande» ventricuiaires sont toujours rouges, infillrées, mais oot un
peu diminué de volume. Au heu de présenter une surface hsse, elles ont
PHARYNGO-LARYNGITES ULCÉREUSES 283
un aspect tomenteux, irrégulier. Elles laissent voir plus facilement les
cordes vocales inférieures.
La corde gauche est rouge, augmentée de volume, tout en conservant sa
forme normale.
La corde di'oite est recouverte d'un enduit purulent, blanc grisâtre, avec
un point sanguinolent à son tiers postérieur. Son bord libi'e est irrégu-
lier, dentelé.
On décide d'essayer Viodure à petites doses :
^0 Octobre. — La malade commence à parler à haute voix, mais avec
des périodes d'aphonie.
Poids : 30*«^,700.
Î4 Octobre. — Deux cuillerées à café d'iodure.
2 Novembre. — Trois cuillerées à café d'iodure.
3 Novembre. — Nouvel examen.
La voix est plus haute, mais encore un peu voilée.
Diminution de la dyspnée.
Nez. — La suppuration a diminué. Disparition des croûtes.
Cornet inférieur. — Rouge, avec à son extrémité antérieure des points
erchymotiques .
Toujours pas de séquestres. Odeur moins fétide.
Badigeonnage au nitrate d'argent à 1 p. 50.
Voi7e. — Rougeur moindi*e. Pas de nouvelle ulcération.
RhinO'pharynx. — Nettoyé ; pas de pus.
Larynx. — L'infiltration a beaucoup diminué ; le larynx a un aspect
rosé, au lieu de la coloration rouge intense du début.
Les baniles ventriculaires ont diminué de volume et laissent apercevoir
la trachée normale, et les cordes vocales inférieures, qui sont devenues
blanc terne.
La corde gauche est normale comme forme.
La corde droite est dentelée sur tout son bord libre.
10 Novembre. — Quatre cuillerées à café d'iodure.
42 Novembre. — Nez. — A gauche. — On constate l'existence d'un point
osseux dénudé, à la partie antérieure du cornet inférieur.
A la partie moyenne de la cloison^ on remarque une région ecchymc-
tique de la dimension d'une pièce de 20 centimes. Pas de point
dénudé.
Le nez est un peu affaissé à l'union des cloisons cartilagineuse et
osseuse.
Nitrate d'argent à 1 p. 50.
Yoik. — il a repris sa coloration normale. Disparition complète do
rinfiltration.
Larynx. — La bande ventriculairc droite est jïrestjue entièrement
rétractée.
Lmfiltration a presque complètement disparu. Le larynx rosé a toujours
son aspect déchiqueté.
Poids : aa^'K.aoo.
47 Novembre. — Peu de modifications.
Nez. — Cloison rugueuse, accrochant le coton, au niveau où l'on
remarque des ecchymoses : donc dénudation osseuse; mais pas de
séquestre visible.
284 UABOURDIN ET BRISSY
Larynx, — La corde gauche est encoi-e en grande partie masquée par la
bande ventriculaii'e hypertrophiée et bourgeonnante.
Cordes un peu roses.
La voix est plus élevée, plus claire, mais toujours un peu voilée, avec
alternatives de mieux et de pire.
Plus de dyspnée.
24 Novembre. — Nez, — Cloiaon érodée, sanguinolente. La muqueuse
du nez a une coloration rosée. Lai^e synéchie du cornet moyen avec la
cloison.
Larynx. — Bandes ventriculaircs revenues à leur volume normal.
Aryténoïdes diminués de volume, déchiquetés.
Cordes encore un peu rosées.
Mucosités adhérentes.
La voix est plus claire, mais toujoui*s un peu enrouée.
Depuis le 19 novembre, la malade prend 5 cuillerées d'iodure.
26 Novembre. — Poids : 32^^,HOO. Guérison.
Observation II [D^ Comby]. — Pharyngite tuberculeuse avec guérison. —
Diaphragmes cicatriciels naso et oro-pharyngiens.
Suzanne H..., douze ans. Entrée le 25 juillet 1905, salle de Chaumonl,lit 33.
Antécédents héréditaires. — Mère, trente-deux ans, bien portante : pas
d'autres enfants, pas de fausses couches.
Père, quarante-quatre ans, employé de commerce.
 eu en 1884 un chancre syphilitique soigné par Mauriac pendant plu-
sieurs années.
Il s'est marié en 1892, huit ans après le chancre.
11 y a dix ans, a eu une pleurésie, puis plusieurs hémoptysies.
Pepuis cinq ans, il n'a pas présenté d'autres manifestations tuboiTU-
leuses ; il ne tousse pas ; Tétat général est satisfaisant.
Antécédents personnels. — Enfant née à terme, noun-ie au sein en B«)ur-
gogne.
Elle n'a jamais été malade ; on ne retrouve pas de maladies conta-
gieuses chez l'en faut : elle est d'une santé assez forte, mais s'enrhume
facilement tous les hivers.
C'est une fillette assez grande, un peu frêle. Elle soignait, au début de
l'été, une grand'mère chez qui elle vivait à la campagne, impotente mais
ne toussant pas, au dire des parents.
C'est à ce moment, vers le 7 mai, qu'apparaît un engorgement ganglion-
naire sous et rétro-maxillaire assez considérable.
Vers le début de juillet seulement, apparaissent des douleurs dans la
gorge, douleurs exagérées par la déglutition. En même temps la voix
prend un timbre nasonné.
Le médecin consulté constate des ulcérations du pharynx et de l'isthme
naso-pharyngé.
Après un essai de traitement avec des topiques, les parents amènent
l'enfant à Paris, et elle entre aux Enfants-Malades salle de Chaumont, le
26 juillet.
26 Juillet. — Les piliei's antérieurs du voile, des deux côtés, présentent
une teinte rouge, érylhémateuse. Le bord postérieur du voile, la luette
sont également rouges. Les amygdales sont ulcérées profondément ; !(*<
ulcérations sont recouvertes par endroits d'un exsudât blanchâtre.
Le fond du pharynx présente une large ulcération irrégulièrement
arrondie, de la largeur d'une pièce de un franc, recouverte du même ex-
sudât blanc jaunâtre, très adhérent.
PHARYNGO-LARYNGITES ULCÉREUSES 285
La malade accuse, en avalant, une douleur encore assez vive/ mais
beaucoup moins intense qu'au début de la maladie.
Ladénopathie, plus marquée, paraît-il, il y a deux mois, se présente
sous la forme de ganglions durs, roulant sous le doigt. Us sont situés
dans les régions sous-mentale, sous-maxillaire et carotidienne droite.
L'état général est bon ; Tenfant a un peu de température : 38<^.
L*examen des divers organes, des poumons en particulier, est négatif.
Pas de traces d'hérédo-syphilis.
Le traitement mercuriel (frictions d'onguent napolitain), auquel on as-
socie des badigeonnages à Teau oxygénée, est institué pendant six jours.
Mais ne donne aucun résultat.
S Août, — L'ulcération, au contraire, s'est étendue en surface et en
profondeur. Les piliers postérieure et les amygdales sont creusés pro-
fondément, depuis la fosse sus-amygdalienne jusqu'au sillon amygdalo-
glosse, qui lui-même est ulcéré.
Le bord Inférieur du voile du palais est érodé ; dans l'angle qu'il forme
avec la luette, à gauche, est une ulcération petite mais profonde, qui tend
à envahir la luette.
La luette elle-même est rouge foncé, comme les bords du voile.
Les piliers antérieurs, toujours rouge sombre, présentent maintenant
des ulcérations à bords bien taillés, bien limités.
La face postérieure du pharynx est maintenant complètement ulcérée ;
ulcération large, à fond tomenteux, recouvert de bourgeons charnus durs
et mamelonnés. En bas, cette ulcération se prolonge jusqu'à la hauteur
del'épiglotte :en haut, elle s'étend derrière le voile, vei*s le cavum.
Toutes ces surfaces ulcérées sont recouvertes d'un exsudât puriforme,
jaunâtre, très adhérent à la surface sous-jacente.
10 Août. — Traitement général de la tuberculose : viande crue, œufs,
sirap iodo-tannique. Badigeonnages trois fois par jouraunaphtol camphré.
i/ Août. — L'enfant qui, à l'entrée, pesait 29''»,300, pèse actuellement
30*5,400.
3 Septembre, — Les ulcérations tendent à se réparer progressivement.
La malade continue à engraisser ; l'état général s'améliore.
7 Septembre. — On commence une série de piqûres de. 5 centigrammes
de cacodylate de soude (dix piqûres, une tous les deux jours).
15 Septembre. — La malade est presque guérie, il n'y a plus d'ulcéra-
tions.
Un constate seulement encore un état mamelonné du fond du pha-
nnx et de l'isthme du gosier. L'amygdale droite a presque complètement
disparu ; le pilier postérieur dmit est détruit; on passe directement de la
région de l'amygdale, excavée en haut (il y avait là autrefois une des
ulcérations les plus profondes), à la paroi postérieure du pharynx.
A gauche, l'amygdale et les piliers sont en partie détruits ; le pli pos-
térieur est réduit à un mince pli vertical d'apparence scléreuse. L'amyg-
dale est tomenteuse .
Les piliers antérieurs ont conservé leur forme et leur direction ; ils pa-
raissent plus détachés par suite de la disparition des amygdales et des
piliers postérieurs.
La luette est déviée à gauche, attirée probablement parla cicatrisation
dune ulcération importante qui existait dans l'angle formé par la luette
avec le voile.
Les régions amygdaloglosses, ulcérées il y a un mois, sont maintenant
cicatrisées et tomenteuses.
L'épiglotte et le sillon glosso-épiglottique sont intacts.
t^n
^î nABOUriDIX ET BRISSY
Le fond du pharynx est toraenteux, cicatriciel, encora recouvert d'un
exsudât muco-punilent qui descend du cavuro.
Aussi haut qu'on peut voir deirière le voile, la région est tomenteusi^,
granuleuse, mais non ulcérée. — En bas, la région cicatricielle s'arréle
au niveau du bord supérieur de Tépiglotte.
23 Septembre. — Fin des piqûres. Poids : 34''if,200.
1*' Octobre. — De nouvelles ulcérations apparaissent précédées par une
coloration rouge sombre de la luette, des amygdales et du fond du pha-
rvnx.
II y a des ulcérations :
!• Adroite, derrière le pilier postérieur.
Cette ulcération occasionne des douleurs exagérées par la déglutition
et irradiées dans Toreille droite.
2"* Sur le fond du pharynx.
Le voile du palais est décoloré dans sa région moyenne, alors que W
bord inférieur et la région de la luette sont rouges et tuméfiés.
45 Octobre. — Une nouvelle ulcération apparaît sur le boi*d droit de la
luette. Les ganglions sous-maxillaires, surtout à di'oite, les ganglions
sous-mentaux sont augmentés de volume, i*oulant sous le doigt.
L'état général est moins bon, bien que la température qui, le 10 octobre,
était montée à 40<», soit redescendue à 37o,4.
Bienldt les douleurs de la déglutition empêchent Talimentalion ; len-
fant maigrit ; des poussées de fièvre apparaissent.
Une petite toux quinteuse fréquente survient, cependant lexamen des
poumons ne décèle rien. Pas de diarrhée.
On essaye successivement l'application de topiques à la morphine pour
calmer les douleurs violentes; puis on emploie le chlorure dezinc, Thuile
gaïacolée, la poudre d'aristol, le tout sans résultat.
La teinture d'iode pure est ce qui semble donner les meilleurs résul-
tats ; mais ce sont surtout les vaporisations chaudes qui apportent une
sédation à la douleur et à Tétat inflammatoire.
27 Octobre. — L'ulcération a gagné la presque totalité de la luette ; il
ne reste plus d'intacte que la région du boni gauche, encore est-elle
rouge et enflammée.
Autour de l'ulcération, il est facile de voir des tubercules jaunâtres qui
s'ouvrent, laissent échapper leur contenu caséeux et s'ajoutent à rulct^-
ration, qui s'étend ainsi progressivement.
Les ulcérations du fond du pharynx se sont réunies et empiètent sur le
pilier postérieur droit et la base de Tamygdale droite.
Les douleurs sont très violentes; les ganglions sous-maxillaires sont
encore pjus hypertrophiés.
L'étap général est mauvais, la nutrition défectueuse.
30 Octobre. — La malade part pour Hendaye.
45 Novembre 4906. — Après un séjour d'un an à Hendaye, l'enfant
vient voir le D*" Comby, notre maître, qui veut bien nous charger de
Texaminer.
L'eufant est toujours pâle et maigœ ; elle ne pèse plus que 30 kilogr. ;
mais ses lésions sont cicatrisées. Tous les topiques essayés à Hendaye
ont échoué. Elle n'a commencé à aller mieux qu'après qu'on lui eut
prescrit des bains de mer, des gargarismes à l'eau de mer et le séjour au
grand air.
Quand nous examinons la malade, nous constatons que le voile n'existe
plus en tant qu'oi'gane indépendant ; la luette a disparu; les loges amyg-
daliennes sont étalées, et le tissu amygdalien a une disposition radiée.
PHARYNGO-LARYNGITES ULCËREUSi;» 287
Les piliers antérieurs ont leur direction noimale ; le pilier gauche est
élargi.
Les pi Mers postérieurs, au conti-aire, sont presque complètementaccolés.
Ils forment «leux bandelettes blanchUres qui vont se lixer à la paroi pos-
térieure du pharynx, délimilant, un peu à gauche de la ligne médiane,
un orifice elliptique à ti-avers lequel on aperçoit la pai-oi pustérieui'e du
pharynx.
Après avoir fonné cet orifice, les piliers posléi'ieui-s divert;enl à nou-
veau et déterminent une cicatrice éloilée, btenclidtrc, assez large, dont
\
\
\
y nv
Inlrémilé înrérieure fst marquée par la ha.«e de la langue. Le miroii-
monlre que les piliers vont rejoindre le bord de l'épiglolle.
Sur le bord postérieur du voile est unt; petite bande cicatricielle Iran-
ctiant sur la coloration normale du reste du voile.
SaiDun laryngoscopique. -^ 11 nous permet de voir un véiitahle dia-
phragme horuontal, qui, partant des replis (.'l'^sso-épiglot tiques et de
l'épiglotle, va aboutir à la paroi poslérieure du pharynx.
1* diaphragme eal percé d'un orifice bien plus petit que celui du voile,
obli(|ue à droite et en arrière, formé par deux bandes blanchàd-es, soil-
lanies, qui partent du repli glosso-épiglottique médian très vnlumineu\,
<les replis latérau.v et du burd suptîHeurde IVptglotte, et vont aboutira lu
paroi postérieure du pharynx, où elles se continuent avec les pilici*» posté-
rieurs. Le bourrelet droit se recourbe en arrière et détermine, avec la
puui latérale du pharynx, une véritable fossette.
-ioS HABOLftDI.V ET BR13SY
A traver^cet orilice.ofi apenroit. Ion de l«pboa«ltoa, lescord^tocales
normales et, en arrière, an arrlrnoîde.
L<- |>eriuis dont noua venons de parler est le seul qui existe. Ctfi donc
par lui que pa.'^^'ent et l'air et la nourrilDre. Malgré la petitesse de l'ori-
Fig. i. Fig. 0 (d'apri'S l'oiricn,
lice, la malade s'alimente bien ; elle n'a de difficultés que pour avaler let:
aliments ducs (pain, pommes de terre ffite.s).
La voix l'st un peu altén're ; il y a de la rhinolatie fermée due k la dis-
position du voile. La malade s'essouffle assez farilement; mais, en somme,
il y a un minimum de tmubles avec lésions très étendues.
RECUEIL DE FAITS
I
UN CAS D ALLONGEMENT CONSIDÉRABLE
DE TOUT LE FÉMUR
CONSÉCUTIVEMENT A UNE TUMEUR BLANCHE DU GENOU
Par MM. let D»
H. MATET, et F. B00R6ANBL,
Chirurgien adjcint de l'Hôpital Médecin du Dispensaire de la Ligue
Saint-Joseph. des Enfants de Franco.
Le fait de rallongement d'un os à la suite d'une ostéo-arthrite
est loin d'être rare, et, sans vouloir entrer dans une longue biblio-
graphie, il n'est pas possible de ne pas signaler les travaux d'OUier,
de son élève Mondan (Thèse, 1882), de Ménard et de Bufnoir
[Revue (Torthopédie, 1806), et enfin de Genévrier, dans la Revue
mensuelle des maladies de renfance{}\iin 1903).
Eq publiant cette observation^ nous ne nous bornerons pas seu-
lement à ajouter un fait à ceux connus déjà, mais aussi nous désirons
attirer l'attention sur certaines particularités qui peuvent, jusqu'à
un certain point, éclaircir la pathogénie de ce trouble d'accroisse-
ment des os. — Notre malade^ soigné à rage de sept ans dans
/eiprt^ire (/u D''Jalaguier pour une tumeur blanche du genou, est
resté deux ans dans un plâtre. Depuis trois ans, il n'a plus d'appa-
reil. — On coostate cependant aujourd'hui un état légèrement
empâté de sa Srynoviale du genou, de l'atrophie musculaire de tout
le membre. — L'enfant marche cependant depuis plus de trois
ans. Ce qui est surtout caractéristique, c'est que le membre infé-
rieur du côté malade a 4 centimètres de plus que celui du côté
sain, mesuré du sommet du grand trochanter à l'interligne du
genou.
Les deux tibias sont égaux de longueur, et un léger genu valgum
du côté malade lui permet de rattraper en quelque sorte 1 centi-
mètre, ce qui fait que, mesurés dans leur ensemble, les deux
membres inférieurs n'ont une différence que de 2 centimètres. Il
AlUai. OIttâOEC. DBS B?IFAXIT8, 1907. X. — 19
20() H. MAYET ET F. BOlTtCJANEL
y a également une scoliose conipensatrice, et le bassin de Fenfaul
est oblique ovalaire.
Le tibia a également subi une hypertrophie, et il dépasse consi-
dérablement le volume que Ton est habitué à trouvera son Age.
En résumé, tumeur blanche du genou droit soigné longtemps
par l'immobilisation et le repos au lit, complètement guérie aujour-
d'hui, mais présentant du côté qui a été malade un allongement du
fémur qui atteint les proportions énormes de 4 centimètres.
Notons d'abord Timportance considérable de cet allongement,
qui n'a pas, h notre connaissance, été encore rencontré avec de
pareilles dimensions. Les observations de Genévrier comportent
toutes des allongements de 1 a 2 centimètres au plus.
Mais ce qui a surtout attiré notre attention dans ce cas, ce sont
les résultats de la radiograhie que nous avons fait faire grâce k
l'amabilité de M. Infroit, chef de laboratoire h la Salpôtrière.
Cette radiographie nous a montré :
1^ Les faits connus et signalés par Genévrier: augmentation de
l'épiphyse du genou malade plus haute de I centimètre environ
que celle du côté sain ;
Allongement de la diaphyse dans la région voisine de l'épiphyse,
que l'on peut apprécier en mesurant la dislance qui sépare les
épiphyses d'une région correspondante ayant la môme épaisseur
de la diaphyse (allongement de 0°*,005 environ);
2° La radiographie nous a montré aussi un fait assez inattendu,
c'est que le col du fémur du côté sain se trouvait notablement
moins oblique que celui du côté malade, ce dernier ne faisant
pour ainsi dire pas d'angle avec la diaphyse fémorale et présen-
tant une longueur d'environ 0™,01 de plus que le col fémoral
du côté sain. En comparant notre radiographie à d'autres radio-
grahies d'enfants du môme âge, nous avons constaté que Fanglr
fémoral du côté sain était normal et que, au contraire, du côte
malade, il était tellement ouvert qu'il se rapprochait de la ligne
droite; cette différence d'inclinaison du col donnait à Tensemble
du membre un bon centimètre de différence en faveur du côté
malade.
A quoi doit-on attribuer dans ces conditions raKoogemenl qui
s'est produit dans le fémur, dont l'extrémité inférieure s'esltrouvée,
atteinte d'ostéo-arthrile?
Toutes les théories édifiées par les auteurs sur ces sortes d'allon-
gemement reposent sur l'existence d'un trouble dans révolution de
la zone ostéogénique voisine de l'articulation malade ; Ollier,
Mondan, le professeur Kirmisson, Genévrier discutent et étudient
longuement celte hypothèse. — Ils sont du reste obligés de con-
stater que la diaphyse elle-même, assez loin de Tarticulation, est
souvent atteinte de gracilité et qu'elle devient analogue aux
UN CAS D ALLONGEMENT CONSIDÉRABLE DE TOUT LE FÉMUR '2\)i
éj)ii»hy:ies de vieillards, et Mauclaire en conclut que le périoste lui-
même modifie sa formation ostéogénique.
Mais cette répercussion n'avait jamais, que nous sachions, été
notéejusqu au niveau de larticulation delahanche, eton n'avait pas
observé cet allongement avec redressement du col fémoral; si
bien qu'il devient assez difficile d'admettre que la lésion articulaire
du genou ait ainsi retenti sur l'articulation de la hanche. 11 est vrai
fjue Ton peut invoquer, sans les préciser, les troubles trophiques
;c est une explication qui n'explique rien). Il nous semble, au con-
traire, que Ton pourrait rechercher la cause de ces modifications
du col fémoral dans une raison d'un ordre très différent, dans les
procédés même de traitement.
Ce qui semble donner une certaine importance à cette expli(*a-
tioo, c'est que, dans les statistiques publiées parles auteurs, on voit
que la plupart d'entre elles se rapportent à des coxalgies, et cela
dans une proportion de plus des deux tiers. Or le traitement habi-
tuel de ces affections est précisément l'extension continue et l'im-
mobilisation : Ton est amené ainsi à penser que l'accroissement
des membres malades est dû en partie au moins au fait de cette
immobilisation et de l'absence de compression au niveau des carti-
laopes épiphysaires. Dans une région articulaire où les mouvements
ne se font pas, où la pression constante des surfaces n'existe pas, la
poussée ostéogénique est peut-être plus étendue que dans celle où
se passe un fonctionnement normal.
Il
UN CAS DE CONTAGION MÉDIATE DE LA ROUGEOLE
Par le D'' Maurice ROGH»
Chi'f de clinique à rHôpital cantonal de Genève.
Quoiqu'il ne faille pas, à mon avis, acconJer trop dlmportance
aux faits isolés, je suis poussé à publier lobservation qui va suivre
pour deux raisons : d'abord elle a été faite dans des conditions
particulièrement strictes, puisqu*il s'agit de mon propre enfant;
ensuite elle va à rencontre des idées généralement admises par les
praticiens sur la possibilité de la contagion de la rougeole par
Tintermédiaire d'une tierce personne saine.
En effet, on ne croit guère u ce mode de contagion, ou tout au
moins on ne le redoute pas; telle est l'opinion de plusieurs de mes
maîtres de la faculté de Genève et de tous les confrères expéri-
mentés que j'ai interrogés à ce sujet. Quant aux traités, ils citent
bien les observations de Panum (1), faites lors de la célèbre épi-
démie des îlesPeroë de 1846, celles de Sevestre (2), de Grancher (3),
de Joël (4) (de Lausanne), mais il faut croire que ces faits sont
encore insuffisants pour entraîner la conviction ; il ne parait donc
pas superflu de venir les confirmer par un plus récent. Le voici,
aussi brièvement que possible.
Mes deux garçons, âgés de vingt mois et de cinq mois, sont confiés
tous deux aux soins d'une nourrice, qui allaite régulièrement le
cadet et à titre exceptionnel l'ainé; sauf cela, elle est tout aussi
souvent en contact avec l'un qu'avec l'autre. Cette femme a une
fillette îigée d'un an, dont elle vit séparée et qu'elle ne voit que fort
rarement. Elle est appelée cependant le 7 janvier de cette année
auprès de son enfant, et, la trouvant en pleine période d'éruption
de rougeole, elle la transporte à l'hôpital cantonal dans une
voiture, en la tenant continuellement sur les bras. Une demi>heure
au plus après avoir confié sa petite au service hospitalier, la nour-
(1) Panom, Beobaditungen tlber das Maserncontagium [CannstadtVs Jartsbe-
rieht, 1848. III, p. 141).
|2) Sevestre, Bulletin de la Société médiccUe des hôpitaux de Paris, 22 février
1889.
(3) Grancher, cité par Combv, Traité des maladies de ' e, t. I, p. 170.
Paris, 1897.
(4) JoBL, Semaine médieahf 24 mai 1883.
UN CAS DE CONTAGION MÉDIATE DE LA ROUGEOLE 293
rice est de nouveau auprès de mes enfants. Elle a accompli le trajet
de retour dans une voiture fermée.
A rbôpitai, la malade se guérit rapidement de sa rougeole.
Cependant, le 17 janvier, Taîné de mes enfants commence à n'être
pas très bien, il toussote ; le 18 et le 10, il est légèrement fébrile et
il présente un peu d'angine, du catarrbe conjonctival et nasal ; le 20,
la fièvre augmente, et le soir apparaissent les premières tacbes en
piqûres de puce ; le 21 au matin 1 éruption morbilleuse est constituée.
La maladie évolue ensuite normalement vers la guérison.
Quant au cadet, il tousse à partir du 14 janvier ; le 17 et le 18, il
a une fièvre légère avec coryza et vomissements alimentaires ; je
m'attends à voir paraître l'éruption, mais la maladie en reste là, et
rien ne me permet d'affirmer une atteinte de rougeole même atté-
nuée. Cet enfant est-il vacciné contre la rougeole? Il sera très inté-
ressant de l'observer, mais je n'ose l'espérer.
Quoi qu'il en soit, il me parait indubitable que l'ainé a pris la
rougeole d'un contage apporté par la nourrice, et voici pourquoi.
D'abord, je \)u\s affirmer qu'il ne s'est trouvé en contact depuis le
25 décembre qu avec des adultes bien portants et avec un garçon
de cinq ans ayant déjà eu la rougeole deux ans auparavant; en
outre il n'y a point eu d'autres cas de rougeole dans la maison. Par
conséquent, si l'on n'admet pas la transmission du contage par
la nourrice, on ne peut plus que soupçonner un autre mode d'infec-
tion par une voie inconnue, en tout cas beaucoup plus indirecte.
Ensuite, comme le disent MM. d'Espine et Picot (1), « l'incubation
de la rougeole dure en général une dizaine de jours ; l'éruption
apparaît le plus souvent treize à quatorze jours après le moment
de la contagion », et, si l'on rapproche ces données classiques du
temps qui sépare le jour de la contagion présumée de celui de
l'apparition des prodromes et de celui de l'apparition de l'exanthème
chez mon enfant, on ne peut qu'être frappé de leur concordance
absolue.
Une objection peut venir à l'esprit à propos du cadet resté appa-
ramment indemne et cependant en contact aussi intime avec la
nourrice. Mais, comme aucune précaution d'isolement n'a été prise
entre les deux frères, qui ont continué à vivre ensemble pendant
toute la durée de la maladie de l'ainé et que, malgré cela, le cadet
n a pas pris la rougeole, on se trouve seulement en présence d'un
fait confirmant une notion classique, celle de l'immunité presque
absolue des enfants de moins de six mois à l'égard de cette maladie.
Par conséquent, il faut admettre que le contage morbilleux
imprégnant vraisemblablement les vêtements de la nourrice a con-
servé sa virulence environ une demi-heure. Ce fait n'a rien de bien
(1) D'Espine et Picot. Traité praUquc des maladies de l'enfance, Paris, 1899,
p. 80.
294 MAURICE ROCH
étonnant, rien de nouveau même. Mon maître, le professeur Bard,
qui n'a pourtant jamais observé que la contagion immédiate de la
rougeole dans Tépidémie hospitalière qu'il a si magistralement
étudiée (1), admet cependant, sur la durée de survie des germes
morbilleux, fopinion de Sevestre, qui « ne croit j>as qu'elle dépasse»
si même elle les atteint, les limites de deux ou trois heures ». Mon
observation vient prouver que cette survie peut atteindre une demi-
heure, ce qui parait plus ou moins impliqué déjà dans Topimon ëe
Sevestre.
Un confrère à qui je parlais du fait que je viens de relater me
disait en riant : « Ne le racontez pas, il serait trop désagréable pour
les familles et surtout pour les médecins que Ton se mette à craindre
la contagion médiate de la rougeole. » Mais il me semble que, si
mon observation prouve bien que ce mode de contagion est possible,
elle ne prouve pas qu'il soit fréquent, ce qui serait contraire à ce que
peuvent observer chaque année, au moment des épidémies, les prati-
ciens qui passent sans inconvénients d*un rougeoleux à un autre
malade, et les médecins d'hôpital, qui peuvent faire soigner par le
même personnel et soignent eux-mêmes les enfants atteints de
rougeole et les autres sans contagionner ces derniers. Pour réaliser
la contagion par une tierce personne saine, il semble donc qu'il
faille des conditions spéciales : à côté du passage rapide du conta-
gionnant au contagionné, une imprégnation intense de rintermé-
diaire, telle qu'elle se trouvait justement réalisée dans mon cas par
la nourrice, qui avait porté, pressé contre elle pendant un temps
prolongé son enfant malade et qui éteiit revenue en voiture, pro-
tégée de l'air purificateur. Par conséquent, en pratique, la trans-
mission par le médecin n'est guère à craindre. Il n'y aurait lieu
de prendre des précautions particulières contre la contagion
médiate qu'en présence d'une épidémie particulièrement maligne,
comme il s'en produit parfois dans les milieux hospitaliers. Encore
ces précautions seront-elles fort simples : un intervalle de quel-
ques heures entre la visite aux rougeoleux et la visite à ceux que
l'on craint de contagionner me parait absolument suffisant.
En résumé, nous arrivons à cette conclusion d'apparence para-
doxale, que le praticien a tort de ne psis croire ù la possibilité de la
transmission de la rougeole par une tierce personne saine, mais
qu'il a raison de ne pas redouter ce mode très exceptionnel de con-
tagion.
(1. L. Dard, Contribution à l'étude de répidûiiiiolo^ie de la rougeole {Revue
d'hygiène, 1891).
REVUE GÉNÉRALE
ANÉMIE SIMPLE DES JEUNES ENFANTS
Des travaux que nous analysons plus loin ont remis à l'ordre du
jour la question des anémies de IVnfance. Parmi ces anémies de
causes diverses, on a cherché à dégager un type rhlorotiqne^
ayant une formule hématologique comparable à celle de la chlo-
rose, en même temps que des symptômes objectifs et des signes
physiques (teinte jaunâtre, souffles vasculaires) identiques à ceux
qu'on voit dans cette maladie.
Mais y a-t-il réellement une formule hématologique de la chlo-
rose, et le faciès chlorotique lui-même ne se rencontre-t-il pas en
dehors de la chlorose vraie? La réponse à ces diiïérentes questions
n est pas douteuse.
Les anémies simples, particulièrement dans la première enfance,
peuvent reproduire trait pour trait le tableau de la chlorose.
Or ces anémies ne sont pas imputables à la chlorose ; elles sont
en effet d'origine digestive ; elles se rencontrent indifféremment
chez les garçons et chez les filles. Elles n'ont aucun lien patho-
génique avec le système nerveux ni avec l'appareil génital. En un
mot, elles n'ont rien de chlorotique; cependant, comme la
chlorose, elles relèvent de la médication ferrugineuse et guérissent
très rapidement par l'usage des sels de fer.
Cette anémie des jeunes enfants, que nous appellerons simple
pour la distinguer non seulement de la chlorose, mais des anémies
symptomatiques de maladies infectieuses spécifiques, toxiques, etc.,
se trouve décrite dans les observations, au nonfibre de 16, du
mémoire publié en 1900 (Arch. de méd. des enfants], par
M. Comby, sur V Anémie des nourrissons dyspeptiques.
Obsekvation L — Le 9 février 1897 : fille de vingt-huit mois
ayant eu un an auparavant de la gastro-entérite, nourrie au
biberon, a marché à dix-huit mois. Actuellement pâleur excessive
206 REVUE GÉNÉRALE
de la peau et des muqueuses, souffle continu avec rcdoublemeot
dans les vaisseaux du cou, foie et rate non augmentés, estomac
dilaté. Constipation habituelle. Régime lacté trop prolongé et trop
exclusif; Cenfant prend une tasse de lait toutes les deux heures
{environ 2 litres par jour). Au lieu de 2 litres, Tenfant ne
prendra plus qu'un demi -litre de lait; on donnera des purées de
légumes secs, des œufs, des potages ou panades; quatre repas par
jour. Protoxalate de fer. Séjour à Berck, guérison.
Observation II. — Le 3 janvier 1898 : petit garçon de vingt-six-
mois, pesant 2 200 grammes à la naissance, marche à dix-huit mois,
extrêmement pâle, muqueuses décolorées, souffle continu avec
redoublement dans les vaisseaux du cou. Constipation. Régime
lacté et repas multipliés. On prescrit 1 demi-litre de lait, quatre
repas par jour, purées, salades cuites; protoxalate de fer avec
noix vomique ; séjour à Berck. Guérison.
On pourrait accumuler les faits de cet ordre. Us sont innom-
brables ; on peut dire que V anémie infantile à type rhlorotique
court les rues.
Nous avons dit que cette anémie, due à un mauvais régime et
particulièrement à Tabus du lait, ne s'accompagnait pas habituelle-
ment d'hypertrophie du foie et de la rate ; or cela n*est pas
constant. Cette hypertrophie existe quelquefois, même dans les
cas d'anémie simple ; c'est ce qu'on voit dans l'observation XII du
mémoire cité plus haut.
Il s'agit d'une fillette de vingt mois, entrée à l'hôpital le
25 novembre 1898. Sevrée il y a deux mois, elle ne marche pas
encore. Pâleur excessive des téguments et des muqueuses, fai-
blesse, anorexie. Le foie dépasse les fausses côtes de trois travers
de doigt; la rate dépasse aussi les fausses côtes. Souffle continu
avec redoublement dans les vaisseaux du cou, léger souffle systo-
lique à la base du cœur. Anémie excessive avec hépato et spléno
mégalie.
La numération des globules rouges, faite par M. Mettetal, a
donné 2716000, avec chiffre normal des globules blancs. On
donne du protoxalate de fer après une cure au calomel. Le
23 novembre, on compte 3 041 000 hématies ; le 20 décembre,
46760<X). Le foie et la rate ont repris leur volume. Guérison.
Dans ces observations, comme dans celles qui ont été publiées
par MM. Rist et Guillemot sous le titre de oligosidérémie, ou par
MM. Marfan et Leenhardt sous celui d'anémie à type rhlorotique,
si l'on consulte l'étiologie, on voit qu'il s'agit d'enfants mal nourris,
ayant souffert de l'estomac ou de l'intestin, ayant été maintenus
trop longtemps au régime lacté, etc.
ANÉMIE SIMPLE DES JEUNES ENFANTS 297
A Torigine des anémies du nourrisson, dit M. Comby dans le
mémoire cité, on trouve presque toujours la gastro-entérite aiguë
ou chronique. Quelquefois on trouve des indices de rachitisme,
mais souvent il est impossible de déceler le moindre stigmate
osseux de cette maladie.
Chez beaucoup d'enfants, c'est Tabus alimentaire qu'il faut incri-
miner.
Tantôt Tenfant a mangé trop tôt des aliments solides, bu pré-
maturément du vin, du cidre, de la bière, etc. ; tantôt cest le
lait dont on a abusé au moment du sevrage. Au lieu de réduire le
chiffre des repas à quatre ou cinq par vingt-quatre heures, on a
voulu donner du lait toutes les deux heures, obligeant Tenfant à
en prendre 2 litres ou 2 litres et demi. L'estomac s'est révolté,
1 anémie n'a pas tardé ù entrer en scène.
Au chapitre des symptômes, nous trouvons : « Le visage est
pâle, jaune, parfois terreux, la peau décolorée, sèche, flétrie. Les
muqueuses de l'œil, des lèvres, des gencives, sont également pâles,
ù un degré aussi prononcé que dans la chlorose légitime. Quelque-
fois le visage de l'enfant est effrayant de blancheur, il a la teinte du
linge blanc. Le faciès exprime la langueur, la faiblesse, Timpo-
tence. Si l'enfant marchait, il refuse de se tenir debout, il est con-
stamment las et inerte, il a perdu sa gaité. On a dit que les nour-
rissons ne présentaient pas, à l'auscultation du cœur et des gros
vaisseaux du cou, les mêmes signes que les adultes. C'est une
erreur. Chez les enfants de deux ans, de dix-huit mois, d'un an,
de moins d'un an, j'ai noté, quand l'anémie était assez prononcée,
le souffle systolique de la base et le bruit de diable dans les
vaisseaux du cou (souffle continu avec redoublement, piaulement,
bruit de mouche, etc.). Ces souffles persistent autant que l'anémie;
ils s'atténuent et disparaissent avec elle. On peut aisément en
suivre l'évolution. »
A propos de la prophylaxie et du traitement : « Le lait tienttrop
de place, il est trop aqueux, d'une teneur trop faible en matières
alibiles, pour faire la base de la ration de croissance qu'exige un
enfant sevré. On en réduit la quantité : au lieu de i litre, 1 litre
et demi, 2 litres conseillés parfois, on prescrira un demi-litre par
jour... Les farineux, les aliments végétaux occuperont une large
place dans l'alimentation du jeune enfant... On donnera les
panades et potages épais au pain grillé, aux pûtes, au tapioca, à la
semoule, les bouillies de farine de blé, d'orge, de riz, etc. ; les
(Bufs mollets, œufs au lait, les purées de légumes secs (pois, len-
tilles, haricots, châtaignes, pommes de terre), les salades cuites,
les fruits cuits, ces derniers surtout en cas de constipation...
Le nombre des repas sera réduit à quatre en vingt-quatre heures ;
larareté des repas et les intervalles de repos qui en résultent pour
"^1>8 HE VUE GÉNÉRALE
l'estomac sont de bonnes conditions pour assurer le fonctionne-
ment de l'oi\ij;"nne... »
Plus loin, l'auteur conseille le protoxalatc de fer et la noix
vomique.
Il faut reconnaître que, pour l'administration du fer, MM. Rislet
Guillemot ont employé des doses plus considérables que leurs
prédécesseurs : 20, 30 centigrammes de fer par jour pour uu
nourrisson, cela représente chez Tadulte des doses formidables.
Mais le résultat ayant été bon, nous ne pouvons que suivre leur
exemple et profiter de leur expérience. Au lieu de petites doses <]<•
protoxalate de fer (2 centigrammes par année), on pourra hardi-
ment donner 5 et 10 centigrammes. Il semble que les enfant^
supportent très bien ces doses énormes et que, sous leur influence,
Tanémie dis[)araisse très vite.
Mais il ne faudrait pas croire que le fer soit le seul médicament
h emiiloyer. Il y a d'abord le régime alimentaire, qui joue un rôle
capital. C'est le régime lacté, encombrant par son volume, dila-
tant Testomac, constipant Tenfant, livrant trop peu de fera rabsor|>-
tion, qui a provoqué ou entretenu l'anémie. 11 faut le supprimer ou
le tempérer. Aux enfants de dix-huit mois et deux ans qui pre-
naient sans nécessité 1 litre et demi ou 2 litres de lait par jour, on
ne permettra pas plus d'un demi-litre de lait par vingt-quatre
heures. On complétera l'alimentation par les purées de légumi-
neuses (haricots, lentilles, etc.), riches en azote, en phosphore et en
fer, par les pâtes, par les œufs, etc. Ces aliments, donnés plutôt en
consistance épaisse, permettront de faire des rei)as rares (quatre
par jour) et réduiront avantageusement la capacité de restomac.
En même temps, on luttera contre la constipation par Tadjonction
de fruits cuits et salades cuites (chicorée, laitue, cresson, feuilles
de salsifis).
Ajoutez à cela les aclions cutanées (bains salés, aifusions chaudes
ou froides, frictions stimulantes), les promenades au grand air, la
cure d'air à la maison (fenêtre ouverte)-
Enfin, dans les cas graves, le changement d'air peut donner de
merveilleux résultats. Nous avons vu un séjour à Berck ou à
Biarritz transformer lés enfants en quelques semaines et faire
disparaître complètement l'anémie.
Les moyens hygiéniques ont donc une puissante action et
méritent d'être placés au premier rang dans la thérapeutique des
anémies de l'enfance.
En résumé, on peut dire que les anémies de la première enfance
(nourrissons d'un an, de deux ans, petits enfants plus àgéS/ sont
extrêmement communes. Si l'on met de côté celles qui sonl
liées à une tare héréditaire, à une maladie aiguë on chronique,
à une intoxication grave, à des troubles profonds de l'hémo-
ANÉMIE SIMPLE DES JEUNES ENFANTS 291)*
poièse (leucémies et pseudo-leucémies), on voit que les anémies
banales ou simples, imitant plus ou moins la chlorose des jeunes
filles, sont domin»'^es par des troubles digestifs latents ou manifestes,
ou dérivent d'une alimentation impropre, qui ne permet pas au
jeune enfant de remplacer ses réserves ferrugineuses épuisées par
un long usage.
Donc il convient, en premier lieu, de changer cette alimentation^
de rationner le lait, dont Tabus est général, de prescrire des ali-
ments plus riches en fer sous une forme acceptable pour le jeune
enlant. Cela fait, et en même temps, on administre le fer sous-
forme de protoxalate de fer à des doses qui peuvent aller jusqu'à
20 ou 30 centigrammes par jour, comme Tont indiqué MM. Rist et
Guillemot.
On n'oubliera pas que l'oxygène est un aliment au moins ausaf
j>récieux, quoiqu'on n'ait pas l'habitude de le doser. Le séjour au
irrand air, à la mer, à la montagne, suivant les saisons et les con-
venances individuelles, complétera heureusement la cure, consoli-
dera les guérisons et préviendra les rechules.
Outre les travaux analysés plus bas, nous rappellerons les obser-
vations publiées dans les Archives de médecine des enfants, par
M. Mettetal (Chlorose vuaie chez une enfant de sept ans
AVEC HYPOGLOBULIE CONSIDÉRABLE ET SOUFFLES CARDIO-VASGU-
uiKES, 1891), p. 160), et par MM. J. Halle et J. JoUy (Sur une.
FORME d'anémie INFANTILE, UN CAS DE CHLOROSE DU JEUNE AGE^
1903, p. 0(54).
I
ï
m
r
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES.
The diffuse hjrperplaetic laryngitis and pharyngitie of congénital
syphilis (La laryngite et pharyngite hyperplastique diffuse de la syphilis
congénitale], par le D' A. Bnow.N Kelly [The Glasgow Médical Journal,
nov. i900i.
Les dilTérentes formes de l'hyperplasie pharyngée ou laryngée dans
rhérédo-syphilis tardive peuvent éli*e classées ainsi :
i° Hyperplasie associée à Tulcération, souvent épaississement autour des
ulcères ou cicatrices ;
2^ Granulations hypertrophiées et excroissances papillaires avec ou
sans ulcérations ; cela se voit souvent à Tépiglotte et rappelle le lupus;
3° Hyperplasie en forme de tumeur;
4" Infiltration hyperplasique diffuse.
Un garçon de sept ans, observé en août 1900, respire bt*uyammenl.
surtout la nuit; parole indistincte, quoique la voix soit claire; quelques
légères épistaxis; état général mauvais; pas de mal de goi*ge ni dysphagie.
Enfant bien dévelop{)é, mais maigre et pâle, respirant plutôt vite, avec
stridulisme à l'inspiration. L'examen du pharynx montre la luette et la
partie médiane du voile épaissies uniformément, sans ulcération. Le^
aryténoïdes forment des masses paies, lisses et larges, rapprochées Tune
de rauti*e, ne s écartant que peu par la phonation ou les profondes
inspirations. L'orifice supérieur du ]ai7nx était ainsi réduit à une petitt'
ouverture triangulaire, ne permettant pas Texamen des régions sous-
jacentes. Pas de stigmates syphilitiques. Cependant on déclare syphili-
tique cette lésion du pharynx et du larynx.
Le père a eu la syphilis, la mère non ; mais elle a fait deux fausses cou-
ches, et, sur 8 enfants qu'elle a mis au monde, 5 sont morts en bas âge.
Tous, à l'âge de quelques semaines, ont pi^senté des éruptions i|>eiii-
phigus, etc.).
Le petit malade, étant nourrisson, a subi des onctions mercurielles. a
pris de la poudre grise pour des taches à la peau. Mais, depuis Fàge àe
six mois, il avait été en bonne santé jusqu'à l'apparition des symptômes
laryngés.
On refit des frictions mcrcurielles, on donna ensuite de l'îodure lif
potassium. L'état général devint meilleur et la respiration moins bruyante.
Six mois après, respiration bonne, infiltration moindre du palais, entm*
du larynx plus libre; mais il pei'siste un notable degré de sténose. Deu\
ans après, peu de changement.
Les traits remarquables de ce cas sont : 1° le caractèn» uniforme et
symétrique de Tinfiitralion; 2° l'absence d'ulcération; 3® la tendance de
la région infiltrée à devenir œdémateuse et à produii*e plus ou rooirh
de sténose laryngée ; 4^ la persistance de Thyperplasie malgré le traite-
ment an ti syphilitique.
J
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES î^l
J.-N. Warkenzie {Am, Jour, of the Mcd, Se, oct. 1880) a rapporté 3 cas
i|:an:on de ((uinze ans, fille de douze ans, etc.) d'ulcérations pharyngées
avec hypertrophie de l'épliglotte, des replis aryténo-épigloUiques, des
bandes ventriculaires, sans ulcérations ni cicatrices laryngées. Av^c le
traitement, les ulcérations s'amélioraient, se cicatrisaient, mais Thyper-
plasie persista. (Ihez le premier malade, il y avait ulcération de la langue,
destruction de la luette et du voile du palais ; la muqueuse du larynx
plail uniformément hypertrophiée, les cordes vocales gonflées et conges-
tionnées; l'enfant fut très vite amélioré par Tiodure.
Un enfant de quinze joui's vu par Jacob {Lancet, 1887) présente des
manifestations syphilitiques; à cinq mois, toux et raucité de la voix,
obstruction laryngée, trachéotomie, mort. A Tautopsie, rétrécissement
sous-glottique par épaississement de la muqueuse sur 2 centimètres de
long (infiltration conjonctive, hypertrophie glandulaire) ; pas d'ulcérations.
In enfant de trois ans et demi, vu par Ërôss [Jahrb. /*. Kind., XV) pré-
sentait aussi cette hypertrophie de la muqueuse de tout le larynx. De
même chez un enfant de cinq ans et demi, vu par Co m paire (.\nn. des
mai de Cor,, 1899).
La tuberculose gangUo-pnlmonaire dans l'école parisienne, par
M. Graxciier {Le bulletin médical, 7 nov. 1905).
Aidé de ses élèves, MM. Méry, Guinon, Boulloche, Aviragnet, Renault,
Rist, Vcillon, Zuber, Halle, Guillemot, Terrien, Babonneix, Armand-
Delille, Vignalou, Weill-Hallé, le professeur Grancher a pu présenter à
TAcadémie de médecine te résultat des examens de 4226 garçons ou filles
des écoles de Paris, au point de vue du dépistage de la tuberculose.
Le premier signe qui caractérise la première étape est une altération
de Vinspiration : inspiration atTaiblie, localisée à un sommet, fixe et per-
manente, pouvant s étendre à tout un poumon (adénopathie bron-
chiqae comprimant vaisseaux, nerfs et bronches).
LÀ deuxième étape a deux signes : inspiration affaiblie et bronchophonie.
La troisième étape est caractérisée par : ins[nration anormale, bron-
chophonie, légère submatité.
Les enfants reconnus sains (84 à 8.*i p. 100) n'ont été examinés qu'une
fois. Les suspects ont été examinés 3 fois.
Chez les garçons de Técole de la rue Blomet, le pourcentage des
malades a été de 11,167; chez ceux de Técole de la rue Championnet, le
pourcentage atteint 19,b5. La moyenne des enfants tuberculeux dans les
écoles de Paris est donc de 15 p. 100 environ. Presque tous étaient à la
première étape : altération fixe et persistante de Tinspiration & Tun des
sommets, le plus souvent inspiration affaiblie au sommet di*oit. Sur les
4226 enfants examinés, on n'en a trouvé que 3 ayant une tuberculose
ouTcrte. Tous les autres ont pu continuer à fréquenter l'école.
In petit ivpas supplémentaire de poudre de viande et d'huile de foie
de morue donné aux enfants a été sans résultat. 11 faut trouver mieux.
Le placement d'enfants à la campagne, dans les familles ou dans un
sanatorium-école, serait à essayer. Deux écoles suburbaines, une de
garçons, une de filles, suffiraient pour cet essai. Ces écoles de plein air
seraient un internat de cure pour les enfants bacillaires.
Lymphadénome dn cou chesnn enfant de cinq ans, traitement par let
injections de cacodylate de sonde^ par le D' Codet-Boisse (Jour, de méd.
de Bordeaux, 25 nov. 1906).
Garçon de cinq ans et demi, sans antécédents héi^itaires, bien portant
:it)2 ANALYSES
jusqu'à deux ans : à celte époijue, petite tumeur arrondie, indolore, dans
la rèjrion rervicale suïM'rieure, à <;aurhe. Accroissement progressif, puis
multiplication. Deux ans apW»s masse volumineuse rpii fut enlevée «'ii
partie. Quelques mois après. i'éridive;on prescrit de Tiodure à rintérieur
et une pommade iodurée. Opendant la tumeur ne cesse dau^rmenter. Il
y a eu de la toux coqueluchoïde, puis de l'essoufflement, de la dyspnée.
Anémie, amaigrissement, anorexie, sueurs.
Sur toute la partie latérale du cou, à gauche, siège une tumeur énorme
occupant les régions sus-claviculaire, carotidienne et sous-maxillaire,
gagnant la nuque en arrière, allant verticalement du conduit auditif
externe jusqu'à la clavicule, qui est abaissée.
Cii*confér*'nce du cou : 3o centimètres. Peau normale avec réseau
veineux. Tumeur multi lobée, de consistance niollasse, mobile sans dou-
leur, ne participant pas aux mouvements du larynx et de la trachée, qui
sont refoulés à droite ainsi que Tœsophage. Petits ganglions axillaires et
inguinaux. Matité au niveau du hile pulmonaire. Diarrhée fréquente,
meKx*na et prolapsus rectal. Gros ventre, rate grosse. L'exafmen du sani:
<lonne : hémoglobine, 60 p. 100; hématies, 4 ri72"»00; leucocytes, 6 820.
Donc lyinphadénome.
Traitement par le cacodylate de soude : tous les deux jours, injection
de 2 centigrammes en pleine tumeur. Rapidement la circonférence du
cou tombe de 38 à 32 centimètres, diminuant de 1 centimètre à chaque
injection ; ganglions moins gros et plus mobiles.
Notes on an annsnal case of papiDoma of the larynx in a child ireated
hj the local application of formalin (Notes sur un cas insolite de papil-
lome du larynx chez un enfant traité par Tapplication locale de formol .
par le D*" .\dolph Bronner (The Brit. àl**d. Jour., 24 novembre 1906).
Garçon de dix ans, opéré des amygdales et des adénoïdes en août 1905.
En février 1906, a été dyspnéique depuis uii an, a eu des accès de spasme
laryngé. Cordes vocales normales. Tumeur irrégulière, pédiculée, pi-e-
nant naissance au-dessous de la commissure antérieure pour faire saillie
entre les cordes vocales au moment delà phonation et de la respiration.
Extirpation de la plus grande partie avec une pince, amélioration de la
voix pendant quelque temps. Puis retour des accidents. En mai, app-
rition des papillomes sur les cordes vocales. Extirpation à deux reprises,
repullulalion. Après une troisième opération, Fauteur présent des pul\é-
risations de formol à 1 p. 100.
Pas de récidive ; en trois semaines, les cordes vocales sont saines. La
tumeur sous-glot tique a augmenté; on Textirpe à la pince. En septembre,
larynx à peu près normal, pulvérisations de formol à i p. 50. Guérisc»n
complète.
Congénital laryngeal stridor Stridor laryngé congénital), par le l>
pATERSON (T/mî Brit. Med. Jour., 24 nov. 1906).
L'auteur a vu ;> enfants entre huit mois et deux ans atteints de cette
afTection; avec le chloroforme et le tube spatule de Kiiiian, on a pu
examiner le larynx. On a pu constater ainsi l'enroulement de Tépiglotle
et le rapprochement des replis aryténo-épiglottiques, obstruant rentrée
du lai-ynx, surtout pendant Tinspiration. Avec Texpiralion, le bruit stri-
doreux cesse, car le passage de Tair est libre à ce moment.
Dans le stridor laryngé congénital, il n*y.a pas d'autre malformation
qu'une exagération de l'incurvation infantile naturelle de Fépiglotte, qui
peut être aisomoni reievée par une sonde. H n'y a pas d'apparence de
PLBLlUATiONS PIÎÎUOUHJUES oOo
ri'>|iiralion anormale. ('ai% avec le* chloroforme, on voiî que la lv^|1iralion
c'-l normale, (juoique le slridorsoil trèsmarqur-. ("e>l à lenlrée duiarxnx
((lie h* bniil se produit, par la vibration des parties molles situées à la
paroi postérieure. Les cordes vocales n'ypreunentaucuneparl, et l'hyper-
liophie du thymus est hors de cause.
Ostéomyélite tranmatique bipolaire de rhumérns à é^olation atypique,
intenrention, guérison, par le D** Hocher iJoumal de med. de Bordeaux,
ts nov. iOOG'.
L'ostéomyélite bipolaire est caractérisée par Tinfection des deux bulbes
ifun m«ime os.
1. Gan;on de dix ans, douleurs vives dans le mollet prauche le 18 juillet
1905, lièvre, insomnie, anorexie. Le 19, impotence, œdème inflamma-
lime. Le 20, œdème au niveau de la malléole externe. Le 24, incision
«lun abcès à ce niveau; le 25, incision à la partie supérieure, trépanation.
Les deux foyers communiquent ; jruérison.
IL Fille de neuf ans entrée à Thùpital le 13 octobre 1902 pour une
tuméfaction inflammatoire de l'épaule droite. 11 y a quatre jours, chute vio-
lante avec traction sur le bras droit. Le soir, douleur, fièvre ; le surlen-
demain, gonflement, délire, agitation. On trouve une collection sous-del-
laîdienne, trépanation de l'humérus, moelle purulente. Œdème de tout
le bras. Formation de séquestres; guérison lente.
En juin 1903, à la suite d'une chute sur le coude, ostéomyélite de
Texti'émité inférieure de l'humérus droit, sans suppuration. En janvier
tOOi, nouvelle poussée d'ostéomyélite subaiguë au même point. Le 2 dé-
cembre 1905, poussée plus aiguë ; le 19, incision, trépanation, guérison.
Pus à staphylocoques.
Dans ce cas, il y a eu ostéomyélite aiguë au pôle supérieur, ostéomyélite
prolongée au pôle inférieur de 1* humérus.
ProlapsuB rectal syaaptomatiqne d'un calcal vésical chez on jeune garçon,
taille hypogastriqne, guérison, par les D**^ Orillard et Pierre (Archives
ifl("dico-c^ir. du Poitou, nov. 1906).
Garçon de treize ans, atteint de prolapsus rectal depuis six ans. Ce pro-
lapsus se reproduit à chaque miction comme à chaque défécation. En
même temps spasme et ténesme de la vessie.
Faciès terreux, corps amaigri, perte des forces. Au cours de Texamen,
faux besoin, Fenfant pousse et urine, le rectum sort, chaque poussée
provoque un nouveau besoin d'uriner, le périnée se tétanise; érections
répétées, agitation, cris ; Fenfant fait rentrer son rectum et se calme enfin.
Ces acc(>s se répètent toutes les deux ou trois heures, parfois plus
souvent.
L'enfant marchait courbé et la main dans la poche du pantalon, soute-
nant son périnée. On le prie de s'asseoir, il le fait avec précaution et sur
une seule fesse. On pense alors à un calcul.
Le résonateur de Guyon fait constater la présence d'un calcul ; les
urines conservées laissent déposer 4 centimètres de pus et de saug.
Forme rectoptosique de la lithiase vésicale chez Fenfant.
Taille hypogastrique, extraction, après morcellement, d'un calcul gros
comme un œuf de pigeon. Lavages répétés avec une solution de nitrate
d'argent à i p. 500 puis à 1 p. 100, pendant plusieurs semaines.
Guérison.
Le calcul était formé par un noyau uratique entouré de phosphate.
304 ANALYSES
Casi di incontinenza esaenziale d'orina, guariti radicalmente colla
opoterapia 8arrenale(Cas d'inconlinance essentielle d'urine, gums radi-
calement par Topothérapie surrénale), par le D" Zanom (Gazz. degli osp.
e délie clin., 28 oc t. 1906).
i. Fille de quatre ans et demi, urinant deux à quali'e fois par nuit,
quinze à vingt fois par jour, plus quand il fait froid que quand il fait
chaud. On donne d*abord XV gouttes d'extrait surrénal une fois par jour ;
aucune amélioration. Au bout de deux semaines, on donne XV goutter
matin et soir pendant dix jours. Lé^èi^ amélioration. Au bout de deux ou
trois mois, on donne XL-gouUes deux fois par jour; guérison en huit
ou dix jours ; rien depuis huit mois.
2. Gar(:on de huit ans, incontinence de jour et de nuit.
On donne d abord XV puis XX gouttes d'extrait surrénal, d'abord une
seule fois, puis deux fois par jour au moment des repas. Puis on donne
LX à LXX gouttes deux fois par jour pendant huit à dix joui"S ; gué-
rison rapide, maintenue depuis six mois.
3. Garçon de douze ans, incontinence nocturne. On prescrit LX gouttes
deux fois par jour; après six jours, Tenfant cesse d'uriner; puis il urine
de temps à autre; guérison incomplète.
4. Garçon de six ans ; on prescrit XXX gouttes matin et soir; guérison
après (juinze jours de traitement, constatée après cinq mois.
*). Fille de deux ans et demi, incontinence nocturne; on prescrit
XX gouttes trois fois par jour ; en trois jours, l'enfant cesse d'uriner; on
continue à XX gouttes deux l'ois, puis une fois par jour pendant deux
semaines.
6. Garçon de sept ans, observé par le D' Pietro Quartino ; guéri en une
dizaine de jours avec XXX gouttes d'extrait surrénal.
Un caso di tetano dei neocati guarito con la cura Baccelli (Un cas de
tétanos des nouveau-nés guéri par le traitement de Baccelli), par le D' Li-
vmio MiSERocciii iHiv. di Clin, ped., nov. 1906).
Garçon de six jours, de Ravenne; né à terme, de parents sains. Ligature
du cordon par une sage-femme de propreté douteuse ; deux autres enfants
soignés par la même femme moururent de tétanos. L'enfant, vei's le
quatrième ou cinquième jour, se montra agité et criard; puis il ne peut
ouvrir la bouche et prendre le sein. On lui donne le lait à la cuiller.
Le sixième jour, la colonne vertébrale est un peu incurvée, il y a du
trismus; masséters fortement contractés, faciès sardonique, rigidité de la
nuque, des membres, du dos. Un peu de pus à l'ombilic. Température
38^,9, pouls 172, respiration 46. Présence du bacille de Nicolaïer.
Fréquents accès, nécessité d'introduire le lait par le nez avec une sonde
de Nélaton..
On pratique chaque jour quatre à cinq injections aux fesses de la solu-
tion :
Acide phonique cristallisé Off',03
Huile d'amandes douces stérilisirs 1 centimètre cube.
Isolement du malade dans une pièce obscure, loin .de tout bruit. Pan-
sement de l'ombilic avecdes compres3es imbibées de sublimé à Ip. 1000.
Du 9 mars au 11 avril, il fut injecté ;jK^85 d'acide phénique (195 injec-
tions en trente-cjuatre jours). Guérison. Le D*" P'edele a publié déjà un
pareil succès (La Pediatria, 1903].
PUBLICATIONS PÉaiODIQUES 305
Idiozia con sindrome di Raynaad (Idiotie avec syndrome de Raynaud),
par le D*" C. Bracci (Riv. di Clin, Ped.^ nov. 1900).
Fille de quatre ans, rerue à Thùpital de IMse le 22 mars 1005. Père
alcoolique. Nourrie au sein mat^ernel jusqu'à quinze mois, l'enfant a
commencé ses dents à huit mois; marche à vinp:t mois. Normale jusqu'à
vingt-huit mois. A ce moment, convulsions répétées pendant vingt jours
(trois ou quatre fois par jour). Depuis, arrêt psychique notable, indifîé-
f once, incapacité de parole.
11 y a un an, la mère a noté une aversion pour mettre les pieds par
Iprre; ceux-ci sont pâles et froids, été conmie hiver; engelures à Textré-
mité des orteils, avec sensibilité très vive. Faciès d'idiot, inertie, bouche
enlr ouverte, microcéphalie, asymétrie. Rien aux membi*es supérieurs,
l'icéi-ations symétriques du dos des pieds avec cyanose de la peau.
Couleur noirâtre des phalangettes des troisième et quatrième orteils des
deux côtés; ongles noirs, épaissis et squameux. Quelques phlyctènes
sanguinolentes. Réflexes tendineux normaux.
Donc idiotie consécutive à une méningo-encéphalite, avec gangi'ène
symétrique des extrémités inférieures. Cette relation méritait d'être
relevée, n'y eùt-il même qu'une coïncidence.
L'intnbasioiie délie vie nasali nella corizza dei lattanti (L'intubation
des voies nasales dans le coryza des nourrissons), par les D" C. Minerbi
et K. Vaccari IHiv. diClin. Ped., nov. 1906).
Plus l'enfant est jeune, plus ses cavités nasales sont étroites, d'où leur
tendance à s'obturer facilement. D'autre part, il ne sait pas respirer par
la houche et avale sa langue. Quand il tète, il ne {)eut plus respirer du
tout et abandonne le sein. D'où la gravité du coryza des nourrissons. En
pareil cas, on a été jusqu'à la trachéotomie.
11 vaut mieux se servir de sondes de Nélaton pour faire le calhétérisme
des fosses nasales.
Les auteurs ont imaginé un petit appareil basé sur leur emploi, appareil
facileà stériliser préalablement. En remployant à la Maternité de Kerrare,
ils ont pu permettre à des nourrissons de prendre aisément le sein. Mais
il faut que l'extrémité des sondes ne dépasse pas le bord libre du voile
palatin.
Le D"" Leiorier {Semaine médicale, 10 mai 1000), pour com]>attre le
coryza purulent de la scarlatine, avait eu l'idée d'introduire une sonde
molle dans les fosses nasales et de pratiquer ainsi des irrigations anti-
septiques. Mais il ne poursuivait pas le môme but, et la sonde employée
ressortait par la bouche.
La formule leacoc3rtaire de la rougeole et de la rubéole, par M. Lagrif-
FopL 'Arch. de méd. expérim. et d\inat, path., nov. 1906).
Dans la rougeole, il y a, le plus souvent, hyperleucocytose avec poly-
niicléose pendant les périodes d'incubation et d'invasion. Cette hyper-
leucocytose fait place à une hypoleucocytose parfois très marquée avec
mononucléose pendant l'éruption ; la formule revient à la normale pendant
la desquamation.
Dans la rubéole, Thyperleucocvlose des périodes d'incubation et d'in-
vasion est suivie d'hvpoleucocv tose moins souvent que dans la rougeole.
On peut avoir, pendant l'éruption, de l'inperleucocytose avec polvnu-
cléose, ou un chiffre normal de leucocytes. Mais les différences ne sont
pas assez constantes pour permettre un diagnostic différentiel entre la
rougeole et la rubéole. En revanche, la formule leucocytaire pourra
AhCII. DB M^DBC. des BNFA.M'S, liM)7. X. — 20
30() ANALYSES
servir à différencier la rougeole et la rubéole de la variole (mononucléose
avec myélocytes) et de la scarlatine {polynucléose avec éosinophyles).
Les différences entre les formes leucocytaires de la rougeole et de la
rubéole, malgré leur inconstance, confirment la distinction entre ces
deux maladies.
Ostéomyélite diffuse de la mastolde, par le D^* G. Laurens (Congrès de
la Soc. franc, d'Otologie, etc., mai 1906).
Cette intéressante observation est intitulée : Résection crânienne pour
ostéomyélite diffuse de la mastoideet de récaille occipitale^ fihlébite du sinus
latéral et du golfe de la jugulaire, septicémie otogène prolongée, quatre offè-
rations, guérison.
11 s'agit d*un garçon de six ans, qui, le 5 novembre 1904, se plaint de
céphalée pariéto-occipi taie droite ; le lendemain, abattement; otorrhéedu
même côté.
Le S, gonflement sus-rétro-auriculaire. Il > a six mois, Tenfant avait
eu une otorrhée suite de rougeole. Le 11, incision d'un abcès sous-
périosté, trépanation de la mastoïde, pus fétide et gazeux, séquesti-es:
récaille de Toccipital est nécrosée, pachyméningite fongueuse. Le 12,
en présence de signes de pyémie, on ouvre le sinus, qui renferme
dû pus.
Le 16, la jugulaire est dénudée et explorée ; elle n*cst pas Ihrombosée.
Plusieure frissons chaque jour, avec 41*. Céphalée, agitation, gros
foie.
Le 20, dénudation du sinus latéral jusqu'au trou déchiré postérieur,
ouverture du gol fe de la jugulaire. Le sinus contient des caillots puri-
formes. Cependant accidents méningés, persistance et aggravation de la
septicémie. Du 23 novembre au 16 décembre, Tenfant est entre la vio
et la mort. Grandes oscillations thermiques, grands frissons. Enlin
guérison.
Ueber die Aasnntzung des Eisens bei Saftglingen (Sur Tassimilation du
fer chez les nourrissons), par M. Krasnogorsky (Jahrb. f, Kinder-
heilk., 1906).
Comme il ressort des tableaux publiés dans ce travail, Tassimilation
des composés ferrugineux du lait de fenmie est bien plus importante que
celle (lu lait de chèvre. En moyenne, la résorption do ter du lail d»'
femme est de 80 p. 100, la rétention 75 p. 100. La résorption du lait do
chèvre est bien plus faible, au maximum de 3:*» p. 100.
La résorption et la rétention des composés f^rru^nneux du lait cru est
chez le nourrisson bien plus faible que celle du lail bouilli.
La faible teneur en fer du lait de femme est compensée \mr le taux
élevé de la rétention du fer. Les composés ferrugineux des épinards et tlu
jaune d'œuf ne se distinguent pas d'une manière essentielle au point de
vue de la résorption et de la rétention, mais sont bien inférieurs aux com-
posés ferrugineux du lait de femme.
Les^composés ferinigineux naturels de l'alimentation sont, sans aucun
doute, mieux assimilés par les enfants que le fer des préparations ailili-
cielles.
L'apport insuflisant de fer dans Talimentation peut avoir pour l'orga-
nisme de Tenfant des conséquences fâcheuses, non seulement pour la
formation et l'activité fonctionnelle de l'hémoglobine, mais surtout pour
les processus oxydants et plastiques des tissus.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 307
Ueber den Einflass des Kochsalzes au! die Hydropieien des Kinde-
salters (Sur l'influence du sel sur les hydropisies de l'enfance), par le
D' Ottokar GrOner [Jahrb, f, Kinder heilk,, 1906).
L'auteur a étudié les effets sur les œdèmes d'un régime pauvre en sel,
régime qui consistait en du lait de vache, qui ne contient qu'environ
ls',7 de chlorure par litre. Le lait était aussi donné additionné de cacao
ou de café ; en outre, on donnait du pain cuit sans sel, souvent addi-
tionné de beurre et de miel, des pommes de terre avec du beurre, sur-
tout des fruits crus ou cuits, ainsi une diète essentiellement végétale,
tous les végétaux étant pauvres en sel. Jamais on ne vit de troubles
digestifs. '
On dosait exactement tous les jours la quantité des aliments donnés, de
façon à connaître la quantité de sel ingérée quotidiennement. On mesu-
rait i*urine des vingt-quatre heures et la quantité de chlorure dosée, soit
des cendres urinaires, par le procédé de Neubauer et Salkowski, soit
directement par le procédé de Volhard. Le rapport entre la quantité de
chlorure de Talimentation quotidienne et celle de l'urine des vingt-
quatre heures donnait la balance en sel de lorganisme.
On fit abstraction de la quantité éliminée avec les fèces, laquelle n'est
par jour que de quelques dixièmes de gramme, il n'y eut jamais, dans le
coure de ces expériences, ni diarrhée profuse, ni sueurs, qui aient pu
amener Télimination de beaucoup de chlorures.
Les résultats sont consignés dans plusieurs courbes. Une première
répond à Tingestion quotidienne des chlorures, la seconde à l'excrétion
des chlorures urinaires ; la troisième indique les différences journalières
entre ces deux premières courbes et donne la balance journalière des
chlorures. Une quatrième courbe indique la progression arithmétique de
ces différences journalières pendant toute l'expérience et indique donc
s'il y a eu ou non rétention des chlorures. Enlin une dernière courbe
représente les augmentations de poids, indice de rétention d'eau.
Chez une enfant de treize ans, ayant de forts œdèmes aux jambes, un peu
d'ascite, tout cela lié à une double lésion mi traie mal compensée, il y eut
pendant la durée des expériences, qui fut de quatre semaines, parallé-
lisme entre le poids du corps et la courbe des chlorures ; aussi, dans la
suite, se contenta-t-on d'établir la balance journalière du sel et de
déterminer le poids du corps. Pendant quatre jours de traitement à la
digitale, le poids du corps diminua rapidement, tandis qu'augmentait
l'excrétion des chlorures. La diète pauvre en sels eut des résultats
analogues.
L'auteur a vu également, dans des cas de néphrite chez l'enfant, ce
mèi!H; rapport exister entre les modilications de poids du corps et la réten-
tion des chlorures. Il semble que le rein malade tende néanmoins natu-
rellement à se débarrasser des chlorures en excès, à condition qu'on ne
l'en surcharge pas. Quelle que soit l'explication théorique qu'on puisse
donner de ce lait, il est absolument indiqué, dans tous les œdèmes car-
diaques et rénaux, d'instituer un régime aussi pauvre que possible en sel.
Ueber die Veràndernng des nentrophilen Blatbildes in Inknbations-
stadiam von Maeem (Sur les changements dans l'état neutrophile du
sang au stade d'incubation de la rougeole), par les D^* Herman Flesch et
Alexa.xder ScHOSSBERGER {Jahrb, f, KinderheilL, 1906).
Par ce travail, les auteurs confirment les faits énoncés dans un précé»
dent travail, ils ont trouvé une modification caractéristique de l'élat neu-
trophile du sang, qui apparaît déjà au stade d'incubation de la rougeole,
308 ANALYSES
plusieurs jours avant les signes prodromiques, par conséquenl, à un
moment où il n'est pas possible, à l'heure actuelle, de dépister Taffeclion.
On comprend Tutilité que pourrait avoir pour la prophylaxie un signe dis-
tinctif à cette période. Ce signe se montre avant les taches de Koplik. On
voit le nombre des mononucléaires augmenter plus on approche de lappa-
rition des phénomènes prodromiques. On sait que normalement les nom-
bres respectifs des leucocytes neutrophiles mono ou polynucléaires sont
de 36 p. 100 pour les mono, 45 p. 100 pour les bi, 15 p. 100 pour les tri,
3 p. 100 pour les quadrinucléaires ; ici, au contraire, lechiffre des mononu-
cléaires l'emporte sur celui des polynucléaires.
Traitement de l'ectopie testiculaire, par le D' PaulCoudray {Le Proyrès
médical, 19 janvier 1907).
L'auteur préconise, chez les enfants, le traitement de l'ectopie testicu-
laire par le massage et les tractions, avec administration d'extrait thy-
roïdien (5 centigrammes). Le traitement de choix des ectopies des jeunes
sujets, jusqu'à dix ou onze ans, sans hernie, est la méthode des massages
et des tractions, ces dernières ayant non seulement l'avantage de faire
descendre le testicule, mais de préparer son logement dans les bourses.
Cette méthode est applicable non seulement aux cas légers, mais aussi
aux cas difficiles (ectopies inguinales fixes, ectopies abdominales). Tn
garçon de onze ans présente une ectopie testiculaire abdominale double.
A droite, dans la fosse iliaque, on sentait une petite tuméfaction ; à gau-
che, on ne percevait rien. M. Coudray tenta néanmoins la descente par
pression en essayant d'abord de mobiliser le testicule droit dans la fosse
iliaque. Après quelques séances, le testicule s'engage dans le canal
inguinal, puis il arrive à l'orifice externe. Quand il fut assez mobile au-
dessous de cet orifice, on appliqua un bandage en fourche, et la mère
continua journellement les manœu\res. Le testicule gauche ayant été
senti dans la fosse iliaque, le même procédé fut employé avec succès.
Bandage double pendant deux ou trois ans. Treize ans api-ès, à vingt-
deux ans, ce garçon a ses deux testicules bien développés dans les
bourses, un peu courtes, mais très mobiles. Le spei*me contient des
spermatx)zoïdes normaux. Après 1 âge de dix à onze ans, rabaissement
par manœuvres externes devient très aléatoire.
Quand les testicules restent en ectopie inguinale ou abdominale, ils ne
possèdent pas en général là fonction géhératrice.
En résumé, il faut chercher systématiquement l'ectopie testiculaire
chez les petits garçons et la traiter de bonne heure. Si les massages et
tractions ne suffisent pas, il faudra recourir à l'opération sanglante vei-s
l'âge de douze à treize ans, c'est-à-dire un certain temps avant la puberté
et beaucoup plus tôt (sept à huit ans), s'il y a une hernie concomitante.
H ne faut pas désespérer de l'avenii- des testicules abaissés artificiellement.
Primary diphtheria of the external auditory canal (^Diphtérie primitive
du conduit auditif externe), par le D»" J. Galbraith Connal {The Brit. Med.
Journal, 19 janvier 1907).
Garçon de douze ans, entré à l'hôpital avec une otite moyenne suppui-ée
datant de la première enfance. On trouve une perfoi-ation du tympan à
gauche. Écoulement fétide. A la paroi postérieure et en partie sur la
paroi inférieure du conduit auditif externe, il y avait une membrane
blanche rappelant la diphtérie.
L'examen bactériologique montre la présence des bacilles de Lœfller
dans cette membrane, sans qu'il y en eût dans les mucosités naso-
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 300
pharj'ngées. Nettoyage de Toreille, instillation de glycérine phéniquée, etc.
I'd nouvel examen bactériologique fait quinze jours après le premier
resta négatif; puis Tenfant est repris de fièvre, et on découvre une
mastoïdite qu'il a fallu opérer.
Sur un cas d'adénopathies scarlatineuaes tardives, par MM. Babonneix
et Berteaux [Gaz. des hôp., 8 janvier 1907).
Fille de quinze ans, entrée le 2 novembre 1905 pour une scarlatine
ayant débuté brusquement le 30 octobre par une angine, des vomisse-
ments, de la fièvre. Desquamation vers le 8 novembre. Le 18, alimenta-
tion avec des purées sans sel. Le 20, céphalée, abattement, gène du cou
et dysphagie. Le 22, aggravation, douleurs très vives dans les régions
sous-maxillaire et cervicale droites. Déformation du visage par le gon-
flement de la région sous-maxillaire ; masses ganglionnaires dures et
douloureuses à ce niveau. Tous les ganglions cervicaux et sus-clavicu-
laires de ce côté sont hypertrophiés, durs et très sensibles; mouvements
de la mâchoire pénibles. Pouls, 144 ; température, 39®, 6.
Enveloppements chauds du cou.
Le 24, nouvelle aggravation ; les douleurs se sont étendues du côté
gauche. Pouls, 148; température, 40°, 2. Le 25, amélioration qui se continue
le 27. Le 30, tout a disparu. Le 10 décembre, la malade quitte Thôpital.
On pensa un moment aux oreillons.
Remarques à propos du régime déchlomré dans Tépilepsie de reniant»
par le D' Lortat-Jacob {lievue de médecine , 10 janvier 1907).
Fille de six ans, vue en mai 1904 pour des crises convulsives et des
vertiges. Jumelle, elle pesait 1 500 grammes à la naissance. Élevée en
couveuse et au sein, elle fait une entérite & dix-sept mois avec congestion
pulmonaire. En juillet 1900, convulsions; en avril 1901, à trois ans,
ienfant commence seulement à marcher. En juillet et août, trois crises
convulsives; en septembre 1902, vertiges et pâleur par accès. Mêmes
malaises en janvier 1903. En juin, scarlatine annoncée par des convul-
sions; en mars 1904, convulsions avec 40<* et faux croup. Le 2 mai,
vertige. Le 20 mai, traitement ioduré, puis frictions mercurielles (la mère
ayant eu des fausses couches). Après Téchec de ce traitement, on donne
le bromure. Le 15 octobre 1904, on ajoute le régime déchloruré à 1 gramme
de bromure de sodium par jour : pain sans sel, viandes blanches, œufs,
pommes de terre, lentilles, riz, légumes verts, carottes, pâtes, beurre,
poisson, fruits cuits, eau d'Évian, lait. Pendant deux ans, ce régime est
continué. Plus de crises. En même temps, Tenfanta augmenté de poids.
Élimination quotidienne de 2 à 3 grammes de chlorure. Avant une
élévation thermique, on note la présence d'une grande quantité de
chlomre (6^*', 80). Cette ascension brutale des chlorures avant la fièvre
pourrait être considérée comme une hyperchloruration d'alarme.
Meningitis pnrulenta de origan intra-uterino (Méningite purulente
d'origine intra-utérine), par le D** A. Peralta Ramos [Rev, de la Soc,
Médica Argentina^ juillet-août 1906).
Femme de dix-sept ans, primipare, enti*ée à la clinique obstétricale de
rhôpital San Koque le 16 décembre 1905. Deux jours avant le travail, elle
•^ plaint de coliques avec selles fétides. Accouchement le 5 janvier 1906.
Deux heures après les premières douleure, on trouve 39°,5 et 120 pulsa-
tions. Cependant tout se passe bien. Après l'accouchement, on trouve
encore 39<»; puis la défervescence se fait le surlendemain.
310 ANALYSES
L'enfant, dix-huit heures après la naissance, a un ci-i faible, une respi-
ration superficielle ; convulsion la nuit suivante ; vingt-quatre heures
après, on noie une teinte livide, les lèvres cyanosées, un peu de
fièvre (38®), Les convulsions se répètent, et Fen faut meurt, quarante-huit
heures après sa naissance.
A Tautopsie, on trouve la pie-mère congestionnée, les vaisseaux
corticaux entourés de pus; exsudât fibrino-purulent abondant à la base
•du lobe frontal, à la face postérieure du cervelet, à la face interne des
hémisphères.
L'exsudat est constitué, au microscope, par une grande quantité de
leucocytes, dont la plupart ont un noyau polymorphe. Dans rintérieuret
en dehors des leucocytes se voient une grande quantité de cocci isolés ou
réunis en chaînettes, ou par deux, parfois lancéolés, en grains de café,
encapsulés, etc.
Quelle a été Torigine et la cause de cette méningite ? En général, on
incrimine la plaie ombilicale ; mais on peut penser aussi à Faccouche-
ment qui expose le fœtus au traumatisme, à Finfection puerpérale. La
rupture prématurée de la poche des eaux peut conduire à Finfection
fœtale par le liquide amniotique. Enlîn Fenfant peut être infecté par voie
sanguine à travere le placenta.
•
Contribuzioni alla clinica degli accidenti rari nella tobercolosi infan-
tile, un case di pnenmotorace ed un case di emottisi profnsa e rapida-
mente mortale (Contribution à la clinique des accidents rares de la
tuberculose infantile, un cas de pneumothorax et un cas d'hémoptysie
profuse et rapidement mortelle), parle D' Olimpio Cozzolino {La Pediatria,
déc. 1906).
1. Fille de deux ans et quatre mois, entrée à Fhôpital le 24 mars et
morte le 12 mai. Coqueluche il y a un an. Il y a quelques mois, anorexie,
pâleur, maigreur, puis toux sèche, dyspnée. Au côté gauche du thorax,
diminution des vil)rations vocales, succussion hippocratique. souffle
amphorique, tintement métallique. Peu de lièvre, cœur déplacé, portée
droite, l^ne ponction exploratrice faite à la base donne du pus. Aggrava-
tion de la toux et de la dyspnée, augmentation du liquide. On est obligé
de faire la thoracentèse (150 grammes de pus). Mort. X Fautopsie, rien
au cœur, pneumothorax à gauche avec 300 grammes de pus. Le lobe
inférieur du poumon gauche est transformé en une sorte de sac i-empli de
matière caséeuse; en arrière, une petite listule fait communiquer ce sac
avec la cavité pleurale. Granulations tuberculeuses et petites cavernes
dans le poumon droit, l'icères tuberculeux de Fintestin. Ganglions
bronchiques et mésentériques caséeux.
2. Fille de quatre ans et demi, reçue à la clinique de Gènes le
23 novembre 1905, morte subitement le 28. A dix-huit mois, engoi^çement
des ganglions sous-maxillaires. Il y a deux ans, Fenfant a commencé à
tousser, lièvre vespérale, diarrhée, amaigrissement.
Depuis quelques mois, toux plus grasse et plus intense, dyspnée,
adénopathies cervicales et inguinales. État général très mauvais. Légère
matité sous la clavicule gauche, avec souffle bronchique et râles bullaires.
Ventre ballonné, foie gros, rate hypertrophiée. Le 28, accès convulsifs
avec vomissement ; dans la nuit, elle est prise tout à coup d'une
violente hémoptysie par la bouche et par le nez. Mort.
L'autopsie, faite le 30 novembre, montre des adhérences pleurales, des
ganglions caséeux, une infiltration tuberculeuse du poumon gauche avec
caverne au sommet contenant des caillots de sang. Lésions tuberculeuses
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
;ui
moins avancées dans le poumon droit. Sang caillé dans restomac. (licé-
rations tuberculeuses de Tintestin avec ganglions mésentériques caséeux.
Astasia-abasia tranmatica in nna bambina frenastenica (Âstasie-abasie
traumatique chez une fille vésanique), par le û*^ Urbano Alessi {Gazz. deglt
osp. e délie clin., 23 déc. 1906).
Fille de dix ans ; père de quarante-six ans peu intelligent, mère morte
à quarante-deux ans de tuberculose pulmonaire, après avoir eu onze
enfants, dont huit morts en bas Âge.
La fillette a parlé vers trois ou quatre ans et n'a pu se servir elle-même
avant sept ou huit ans. Pas de sentiments affectifs, excitation sans pren-
dre intérêt aux jeux, volubilité. Indifférence pour son entourage, fugues
hors de la maison.
En février 4904, on l'envoie à Tlnstitut d'éducation pour les enfants
an-iérés à Florence. Étant tombée à terre, elle ne peut se tenir sur une
jambe et se met à présenter de la paraplégie spasmodique. L'examen
attentif montre qu1l s'agit d'astasie-abasie hystérique consécutive au
traumatisme ; la guérison rapide confirma ce diagnostic.
Abandonnée à elle-même, elle se plie sur les jambes et tombe. Une fois
par terre, elle peut cheminer en s'aidant des mains. Soulevée sous les
bras et invitée à marcher, elle agite ses jambes et ne progresse pas.
Rt'flexes exagérés. Dans le lit, les mouvements des membres inférieurs
sont libres et coordonnés. Massage et rééducation des mouvements ont
été très efficaces.
Haltiple pnenmococcic epiphysitis (Kpiphysite pneumococciquc
multiple), par les D" Voelcker et Handlëy {Lancet, 24 nov. 4906).
Enfant de trcize mois reçu à l'hôpital le l»"" août. Parents Fains. Allai-
tement naturel jusqu'à douze mois. Pneumonie il y a cinq semaines. Il y
adeu\ jours, gonflement et immobilité de l'épaule droite. Fièvre vive
;40») ; pouls 408, respirations 60. Râles de retour et signes de pneumonie
ancienne à la base gauche. L'épaule droite est j^onflée, chaude, doulou-
reuse, peu mobile; fluctuation sous-deltoïdienne. Ponction, issue de pus
inodore, contenant des pneumocoques. Incision entre le deltoïde et les
pectoraux. Il s écoule 60 grammes de pus; il existe une cavité entre le
deltoïde et la face externe de l'humérus, s'étendant au-devant de l'arti-
culation, qui est respectée. (iOntre-ouverture en ariière, drainage.
Apyrexie. Reprise do la fièvre le 8 aoiU.
Deux injections de sérum antipneumococcique sont faites sans succès.
Un petit abcès s'est formé au niveau d'une articulation cliondro-costale
droite : incision après anesthésie locale. Abcès semblable au niveau d'une
articulation chondro-rostale gauche supérieure.
Le 40, gonflement au-dessus du genou gauche; incision, écoulement
de pus au niveau de la ligne épiphysaire fémorale. Articulation du genou
indemne. Lavage et drainage. Le 21, le cou-de-pied gauche augmente de
volume, et la fièvre se rallume. Résolution en deux joure, malgré la
persistance de la fièvre. Le 23, gonflement du genou gauche ; arthrectomie,
écoulement do sérositt* trouble, lavage au sublimé. Apyrexie le 28. Le
il septembre, on enlève les drains.
Enfant très émacié, diarrhée persistante. Enfin guérison.
Ostéomyélite de romoplate, par le D** Rauére {Journal de mcd, de
Bordeaux. 30 déc. 4906).
Le 2» juillet, on envoie à l'hôpital un gareon de neuf ans, avec le
312 ANALYSES
diagnostic d'ostéomyélite de Thumérus. Il s'était plaint le 19, dans la
matinée, de douleurs au ni\eau de Tomoplate gauche; le soir, recrudes-
cence des douleurs, lièvre, agitation, délire. Tuméfaction de lepaul*',
sensibilité extrême à la palpation et aux mouvements. Le 20, on pense
au rhumatisme ;^ mais bientôt il y a des signes de suppuration, et
l'ostéomyélite humérale est admise.
Tuméfaction diffuse de toute l'épaule gauche, rougeur, aspect lisse et
phlegmoneux de la peau. Deux collections fluctuantes sont- constat ée> :
fosse sous-épineuse, face interne de la partie supérieure du bras. État
général grave, langue sèche, pouls 150, température 40®,4.
Double incision profonde : fosse sous-épineuse, partie antéro-supéro-
interne du bras ; il s'écoule beaucoup de pus, on draine. On ne sent pas
d'os dénudé. Aucune amélioration. Mort le 26 juillet, moins de quarante-
huit heures après l'intervention, au huitième jour delà maladie. L*ense-
mencement du pus a donné le streptocoque.
A l'autopsie, l'humérus et la clavicule n'ont présenté rien d'anormal.
Le bord spinal de l'omoplate était rugueux, dépoli; le cartilage était
sépai*é, l'os baignait dans le pus. Le bord interne, au lieu d*ètre moussas
lisse, cartilagineux, est irrégulier, déchiqueté, taillé à pic : ostéomyélite
du bord spinal de l'omoplate. Cette localisation est très rare.
De roligosidérémie des jeunes enfants et de ses rapports avec la
chlorose des jeunes filles, par les D"> Ë. Rist et L. Guillemot [Soc. méd,
deshôp., 9nov. 1906).
Les auteurs ont observé une forme fréquente d'anémie, qu'ils étudient
avec des détails nouveaux, mais qui n'a rien d'inédit, car elle dépend
directement de Talimentation et pourrait s'appeler anémie simple des
enfants ou anémie des enfants dyspeptiques. Voici d'ailleurs Tobservation
qu'ils rapportent :
Fillette née avant terme, le 3 avril 1903, avec forceps. Alimentée
d'abord au lait stérilisé, elle eut ensuite trois nourrices, dont la dernière
fut gardée sept mois. Alors gastro-entérite, lait stérilisé à domicile ; à un
an, potages à la phosphatine ou à une farine naturelle.
Ce régime fut poui'suivi jusqu'à d'eux ans et quatre mois, la santé de
l'enfant restant médiocre, avec des crises de gastro-entérite, etc. Dès l'âge
d'un an, la fillette avait présenté un teint pÂle jaunâtre.
Le 20 août 1905, elle pèse 10 kilogrammes ; sa face est un peu bouflie
avec une couleur jaune verdâtre comme dans la chlorose. Conjonctives,
lèvres, muqueuse buccale décolorées. Constipation opiniâtre, appétit bon.
Apathie. On modifie le régime, et la constipation disparaît. Mais, le 13 sep-
tembre, le poids n'a pas augmenté.
On pratique un examen du sang qui donne : hémoglobine, 40 p. 100 ;
hématies, 4 250 000; leucocytes, 6000. 11 y avait donc, pour un chiffre
d'hématies presque normal (nous dirions faible), une diminution con*
sidérable de la valeur globulaire, une oligosidérémie intense que Ton a
coutume de rencontrer dans la chlorose.
On donne alors 0»',20 le protoxalate de fer par jour ; le 27 septembre,
amélioration très notable. L'examen du sang donne 56 p. 100 d'hémo-
globine, 4 270 000 hématies, 7 200 leucocytes. On donne 08',30 de protoxalate
de fer.
Un mois plus tard, l'hémoglobine monte à 73 p. tOO, les hématies
à 4 530 000. Guérison.
Dans le cas de Halle et Jolly, intitulé chlorose du jeune âge (Arch. de
méd, des enfants, nov. 1903), il s'agissait aussi d'un enfant de deux ans et
PUBLICATIONS PÉKIODIQUES 313
demi atteint de troubles digestifs, très anémique, avec 4 690000 hématies
et une valeur globulaire très abaissée,
Pétrone ( La Pcdiatria, mai 1905), rapporte quatre cas analogues sous le
terme à'anéniic infantile à type chlorotique.
Mais d'autres auteurs, que MM. Hist et Guillemot ne citent pas, avaient
observé bien avant eux ce type d'anémie.
M. Marfan dit qu'il connaît ces faits depuis longtemps, quMl a constaté
aussi les bons effets delà médication ferrugineuse.
Quant à Texamen du sang, il donne des résultats variables. Outre la
diminution de la valeur globulaire, on trouve très souvent aussi une
diminution du chiffre des globules rouges (formule hématologique s'éloi-
gnant de celle de la chlorose).
M. Comby a vu de nombreux cas semblables aux précédents décrits dans
son mémoire sur V anémie des noniTinsons dyspeptiques [Arch. de mèd,
des enfants, 1900, page 311). Dans les examens du sang qui ont été faits,
il y avait une diminution notable des globules rouges.
Les enfants étaient pâles, jaunes, avaient le faciès chlorotique, présen-
taient des souffles au cou (bruit de diable) et parfois à la base du cœur. En
diminuant la ration de lait et en prescrivant le protoxalate de fer, on a
obtenu la guérison.
M. Rist objecte que ce qui distingue Toligosidérémie de Tanémie des
nourrissons dyspeptiques, c'est l'hypoglobulie de cette dernière, la pre-
mière étant caractérisée par une teneur normale en globules rouges. Or
ce n'est pas les rares examens de sang faits à propos de l'oligosidérémie
qui peuvent permettre de trancher ainsi la question. En répétant ces
examens, on verra, chez ces enfants à aspect chlorotique, que beaucoup
ont de l'hypoglobulie notable comme Font vu M. Comby, M. Marfan, etc.
Quant à l'action favorable du fer dans toutes ces anémies de l'enfance,
elle est depuis longtemps établie.
Les anémies infantiles, par le D' L.-G. Sinon [Congrès de Pédiatrie tenu
à Alger, avril 1907).
L'auteur étudie quatre types : anémie simple, anémie à type chlorotique,
anémie pernicieuse, anémie splénique.
I. Anémie simple. — Pâleur de la peau, décoloration des muqueuses, dé-
nutrition, langueur, souffles vasculaires, troubles digestifs. Foie, rate,
ganglions indemnes. Hypoglobulie 2 000 000 parfois, diminution de l'hé-
moglobine jusqu'à 25 p. 100. On observe cette anémie à la suite des hé-
morragies, des maladies infectieuses, des troubles digestifs, du rachitisme,
des néoplasmes, etc.
II. Anémie à type chlorotique. — Cette variété se distinguerait par l'abais-
sement de la valeur globulaire sans hypoglobulie notable. L'enfant a
Taspectdes chlorotiqnes ; souffles vasculaires très prononcés ; bons effets
de la médication ferrugineuse. On trouve souvent comme causes les
troubles digestifs, le régime lacté trop prolongé, tous les régimes pauvres
en fer.
lU. Anémie pernicieuse. — Cette forme est la même chez l'enfant et chez
l'adulte ; le nombre des globules rouges peut descendre au-dessous de
1 000 000. Fièvre, marche rapide.
La présence d'hématies nucléées, de myélocytes, indique qu'il existe
une réaction myéloïde, que la moelle essaie de réparer l'anémie {f arme plas-
tique). Parfois la réaction médullaire semble être nulle ; le nombre des
leucocytes est normal ou diminué, il n'y a ni hématies nucléées, ni myé-
locytes (farme aplastique). On trouve, àl'autopsie, une infiltration pigmen-
^14 ANALYSES
taire du foie qui dénote Tintensité de rhémolyse, sans parler des lésions
•de la moelle el de la rate.
Les causes de cette forme sont : vers intestinaux, tumeurs malignes,
paludisme, syphilis.
IV. Anémie avvc spirnotnégaliey anémie spléniqiie. — Plusieurs formes
peuvent rentrer dans cette catégorie. Il y a des cas U*gers (hypoglobulie.
diminution deriiémogiobine et de la valeur globulaire), des cas moyens
avec leucocytose modérée et quelques hématies nucléées, des cas graves
qui se confondent avecTanémie infantile pseudo-leucémique. Les causes,
dans les cas légers, se rapportent à la gastro-entérite, à la tuberculose,
■au rachitisme, à la syphilis. Dans quelques cas, le traitement mercuriel
a semblé démontrer par son efficacité l'origine syphilitique de Tanémie
spléni(|ue. Dans d'autres cas, c'est la moelle osseuse fraîche de veau qui
-a, donné les meilleurs résultats.
THÈSES ET BROCHURES
L*anémio à type chlorotiqne de la première enfance, par le
D"" Et. Leeniiardt [Thèse de Paris, 6 déc. 1906, 158 pages}.
Cette thèse intéressante, qui contient seize observations, cherche à
établir qu'il existe, dans la première enfance, une forme d'anémie à type
chlorotique : pâleur des téguments, teinte jaunâtre delà face, muqueuses
décolorées, troubles digestifs, constipation, souffles cardio-vasculaires;
rien au foie ni à la rate. Diminution du taux de Thémoglobine, les ^'lo-
bules rouges et blancs étant en quantité normale. Valeur globulaire trt^s
diminuée. Cependant, dans quelques-unes des observations rapportées,
le chiffre des hématies tombe au-dessous de 4000 000 et descend jusqu a
^500000. H y a donc hypoglobulie dans quelques cas, diminution de la
quantité des globules rouges et non pas seulement de leur qualité.
Les recherches de Bunge sur Tanimal nouveau-né et d'Hugounenq
<!hez le fœtus humain, nous montrent que le nouveau-né apporte en naissant
la réserve de fer destinée à assurer son développement, car le lait de sa
mère ne lui en fournit pas assez. Cette réserve de fer s'épuise peu à peu.
<»t l'anémie apparaît si l'alimentation ne vient pas la remplacer. L'a-
némie à type chlorotique est liée à une insuffisance de cette réserve de
fer, congénitale ou acquise. Mais on peut admettre aussi que l'anémie
«st due à ce querelle réserve ayant été prématurément épuisée, une ali-
mentation appropriée n'esl pas venue la remplacer.
L'insuffisance ferrugineuse sera congénitale dans les cas d'anémie de
la /nère, de naissance avant terme, de grossesse gémellaire. Elle sera
acquise par les hémorragies ombilicales ou gasti'o-intestinales, par les
troubles digestifs, les maladies infectieuses, par l'excès du régime
lacté, etc.
Le traitement, très efficace en général, consiste dans le changement de
régime alimentaire et l'administration du fer. Le protoxalate de fer, em-
ployé depuis longtemps par beaucoup de médecins, a donné d'excel-
lents résultats.
Spasme idiopathiqne de la glotte d'origine gastro-intestinale ches les
nourrissons, par le D^ M'*'' Lydia Mayer (Thèse de Paris, juillet i90r>,
76 pages^.
Celle thèse, inspirée par M. Comby, contient lo observations. Pour
oxpliquer le spasme de la glotte, on a invoqué la compression par U'
THÈSES ET BROCHURES 315
thymus, par les ganglions r.ervicaux et par les tumeurs; on a incriminé
la dentition et le rachitisme. Le rachitisme et le spasme de la glotte sont
assez souvent associés en clinique, mais il n'y a pas entre eux relation de
cause à effet.
Les convulsions générales (éclampsie) ou locales sont assez fréquentes
chez les rachitiques nerveux; elles ne s'expliquent pas par le rachitisme
lui-même, par ses lésions osseuses, même quand elles atteignent le
crâne (cran io tabès) ; car elles se rencontrent aussi chez des enfants non
rachitiques, non craniomalaciques. Beaucoup d'enfants rachitiques
d'ailleurs ou craniotabé tiques n'ont jamais eu de convulsions.
C'est dans les troubles digestifs qui ont précédé et accompagnent le
rachitisme (|u'il faut chercher la cause des convulsions infantiles. Ces der-
nwres relèvent d'une auto-intoxication qui a son siège dans le tube digestif.
La même étiologie est applicable aux convulsions, au spasme de la glotle,
à la tétanie; outre l'hérédité neuro-i>athologique (hystérie, épilepsie, folie,
alcoolisme), il faut incriminer Talimentation vicieuse et la dyspepsie.
Les convulsions ne sont pas une manifestation purement nerveuse-,
réflexe ou inflammatoire, mais un effet toxique comparable au syndrome
urémique.
Contribution à l'étude des formes graves de la chorée de Sydenham,
par le D"" Dyvrande {Thèse de Paris, juillet iOOo, 98 pages).
Cette thèse, inspirée par le D"" Comby, contient 35 observa-
lions. Dans un premier chapitre, l'auteur étudie la chorée grave par
lïntensitéde ses propres symptômes, l'état de mal choréique ; dans une
seconde partie, il s'occupe de la chorée avec troubles paralytiques
(chorée molle) ; dans la troisième, il décrit la chorée avec complications
psychiques ; dans la quatrième, sont exposées le«? chorées avec compli-
cations cardiaques. Dans un cinquième chapitre enfin sontréunisles faits
de chorée simple, d'intensité moyenne, sans complications, terminée par
la mort subite.
En somme, tous les éléments de gravité sont envisagés tour à tour. A
l'appui de ses conclusions, M. Dyvrande rapporte plusieurs observations
inédites recueillies à l'hôpital des Enfants-Malades.
Son travail, très documenté, est utile à consuUer.
L'action anti-émétique et enpeptiqne da citrate de sonde dans l'intolé-
rance gastrique des nourrissons, par M"** R. Aibinder {Thèse de Paris,
19 juillet 1905, 78 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Variot, contient 24 observations.
Elle tend à montrer qu'une solution de citrate de soude (5 grammes
p. 300) donnée avant la tétée par cuillerée à café ou à soupe, suivant
les cas, empêche les vomissements des enfants au sein.
L'action anti-émélique se fait aussi sentir chez les enfanls au biberon.
Le citrate de soude aiderait à la digestion îles différents laits, tout en
comhattant l'intolérance gastrique. Son emploi est inoffensir. Dans les
cas de gastro-entérite, sa valeur est moindre.
WQslsMatif, diminuant l'instabilité gastricjue si fréquente des nour-
rissons.
11 diminue la coagulabilité du lait, non pas en précipitant les sels de
chaux, qu'on ne retrouve pas dans le coagulum, mais en dissolvant une
partie plus ou moins considérable de ces sels, ([ui favorisent j)ar leur
présence la caséification.
Lecoagulum formé serait ainsi d'une diiiestion plus facile.
31G ANALYSES
Adénomes diverticulaires de l'ombilic, par le D' L. Billac {Thè$e de
Paris, 29 novembre 1905, G2 pages).
Cette thèse, basée sur 14 observations, montre que le diverlicule
de Meckel, qui se trouve deux fols sur cent cadavres, peut être rorijdne
de nombreux accidents : hernies diverticulaires, fistules ombilicales,
diverticuliles avec ou sans péritonite, occlusions intestinales, adénomes.
L'adénome de Tombilic se forme toujours aux dépens du diverticule de
Meckel. Celui-ci, faisant partie anormalement du cordon ombilical, subit
la même destinée que lui. Sa surface extérieure, séreuse, se soude à la
paroi abdominale, tiandis que sa muqueuse, qui adhère par ses bords aux
parties voisines, reste indépendante par sa face interne. Le rétrécisse-
ment progressif de la cavité de Tinfundibulum détermine un froncement
de la muqueuse qui ne peut fusionner avec la cicatrice ombilicale et se
trouve exposée à une procidence générale ou partielle (ectropion total ou
partiel). On peut diviser les adénomes en quatre classes :
i^ Ectropion total de la muqueuse diverticulaire, avec persistance du
revêtement muqueux diverticulaire interne et communication avec la
cavité intestinale;
2® Ectropion total de la muqueuse, mais disparition de la lumière diver-
ticulaire. Présence de culs-de-sac glandulaires centraux ;
3° Ectropion total de la muqueuse, avec oblitération de la lumière di-
verticulaire, mais absence d'éléments glandulaires au centre de la
tumeur ;
4° Ectropion partiel de la muqueuse, pas de culs-de-sac glandulaires
centraux. Insertion latérale de la tumeur.
Diagnostic facile ; c'est une tumeur congénitale, se montrant après la
chute du cordon, progressant lentement, ne dépassant pas le volumed'une
cerise, irréductible, de couleur rouge foncé, à surface lisse, de consistance
élastique. Ecoulement visqueux ne tachant pas le linge comme du pus
(ce que fait le granulome). L'examen histologique complétera le dia-
gnostic.
La tumeur est de nature bénigne, mais elle expose à des accidents. 11
faut Tenlever en sectionnant le diverticule de Meckel très près de sa base.
On ferme le moignon par un double surjet, et on suture la paroi abdomi-
nale comme pour une cure radicale de hernie ombilicale.
Étude critiqne et expérimentale sur la cryoscopie du lait, par le
D' A. ViLixjEAN {Thèse de PariSj 16 novembre 1905, 116 pages).
Cette thèse, très scientifique, très documentée, ornée de ligures dans
le texte, offre un grand intérêt. L'abaissement du point de congélation
du lait ne peut être rigoureusement fixé. Ce liquide est trop complexe
pour se prêter aux exigences étroites d'une loi physique. Le A du
lait naturel, pur et intégral, varie entre 0,51 et 0,57. Mais cela n'empêche
pas que, pour une espèce donnée, on ne puisse admettre la constance
relative du point de congélation . Le beurre et la caséine n'ont pas d'in-
fluence; le A n'est conditionné que par le taux des sels et du lactose.
11 est facile de falsifier le lait, en maintenant son point cryoscopique
dans les limites d'oscillation adoptée, soit en effectuant des mouillages
isotoniques, soit en combinant le mouillage avec remploi de conserva-
teurs hypertoniques. La cryoscopie ne donne aucun renseignement sur
l'écrémage, c'est-à-dire sur la diminution de la valeur nutritive du lait.
Donc la cryoscopie n'est d'aucun secours dans l'étude des falsifications
du lait; elle ne peut caractéHser la fraude, puisqu'elle ne renseigne ni sur
l'écrémage, ni sur le mouillage, ni sur l'addition de substances consena-
LIVRES 317
trices. C'est un moyen d'expertise illusoire. L'indice cryoscopique ne
donne qu'un renseignement complémentaire ajouté aux recherches
physiques et chimiques sur la densité, la teneur en beurre, les
cendivs, etc. En aucun cas il ne peut les suppléer.
Dans l'état actuel de la science, l'analyse chimique du lait peut seule
metti-e en évidence les altérations et falsifications. Elle doit être complé-
tée par lexamen bactériologique.
LIVRES
Clinique médicale de rHôtel-Dien de Paris, par le D' G. Dieulakoy
vol. de 318 pages, Paris, 1907, Masson et G''", éditeurs. Prix : 10 fr.).
Les leçons contenues dans ce volume ont été professées en 1905-1906.
Elles continuent la brillante série du célèbre médecin de THôtel-
Dieu.
A signaler les leçons sur la syphilis nécrosante et perforante de la
voûte du crâne avec plusieurs planches, la cécité hystérique, l'appendicite
associée à la cholécystite, l'ulcère perforant du duodénum, Thémothorax
traumatique, la phlébite syphilitique, etc.
Parmi les leçons qui ont soulevé le plus d'émotion, il faut citer celles
qui sont consacrées aux fausses appendicites.
M. Dieulafoy pense que bon nombre de malades simplement atteints de
typhlo-colite glaireuse, membraneuse ou sableuse, sont indûment opérés
d'appendicite. 11 est à craindre que cette affirmation, basée d'ailleurs sur
une argumentation des plus brillantes, ne détourne le public et les méde-
cins de la voie droite en matière d'appendicite. Par peur d'opérer une
fausse appendicite, on méconnaîtra l'appendicite chronique, et l'on ne
fera rien pour éviter cette alTreuse tragédie de l'opération à chaud.
Certes, nous devons perfectionner notre diagnostic et ne pas encourager
ou parfaire d opération inutile ; mais il vaut mieux enlever un appendice
sain que de laisser sans ti*aitement des dizaines et des centaines d'appen-
dices chroniquement enflammés, qui sont une menace permanente pour
la vie du malade. Plus on fera d opérations à froid, moins on aura à
faire d'opérations à chaud, et plus on aura réduit la mortalité de l'ap-
pendicite.
Les ions et les médications ioniques, [mr le D** St. Leduc ; vol. de
40 j)ages de VŒuire médico-chirurgical du D"" Gair/MAN, Paris, 1907,
Masson et C'«-, éditeui*s. Prix : 1 fr. 25;.
Dans cette monographie, l'ingénieux professeur de l'école de Nantes
s'efTorce de vulgariser des idées qui lui sontpereonnelles et dont l'avenir
est sans doute très important. Tout d'abord, il étudie la pression osmo-
tique, puis les ions. Faraday a donné le nom à'ions (voyageure) aux parties
constituantes des électroly tes (solutions conductrices du courant électrique)
qui se dégagent aux électrodes sous l'influence de ce courant : il a appelé
anxons ceux qui se dégagent autour de l'anode (pôle positif) et calltions ceux
qui se dégagent autour de la cathode (pôle négatif). Après un exposé
théorique un peu ardu, l'auteur étudie les applications thérapeutiques
qu'il est permis d'entrevoir. Son chapitre de l'électrolyse des tissus
vivants est très suggestif. A signaler le traitement électroly tique des
arthrites fongueuses et ankyloses des membres. Gela intéresse le méde-
cin d'enfants.
318 ANALYSES
Le traitement non sanglant de la luxation congénitale de la hanche,
parleD^J. Gourdon (vol. de 100 pages, Paris, 1906,0. J)oin, éditeur.
Prix:3fr. 50).
Dans cet ouvrage, orné de 50 photographies originales, enrichi d'une
préface de Lorenz, il est question de la méthode orthopédique de cet
auteur et des résultats qu'elle donne. Le û' Gourdon, qui Ta écrit, esl
directeur du service de massage et de gymnastique médicale à Thôpital
des Enfants de Bordeaux.
Dans sa préface, fort instructive, Lorenz raconte Taccueil qui lui fut
fait à Paris, il y a dix ans, et les difficultés qu'il rencontra pour faire
accepter sa méthode. 11 rend hommage à Redard et à firun, qui compri-
rent bien la valeur des manœuvres qu'il était venu leur enseigner. Aujour-
d'hui, la cause est entendue et la méthode non sanglante a triomphé. La
monographie de M. Gourdon rendra service aux praticiens qui veulent
être bien lixés sur le traitement de la luxation congénitale de la hanche.
Les œuvres de l'enfance, par MM. TaiaouLET et Delobel (vol. de
160 pages, Paris, 1906, 0. Doin, éditeur. Prix: 2 francs).
Dans ce petit volume, élégamment cartonné, un médecin et un insti-
tuteur se sont associés pour nous donner le bilan des œuvres existantes
ayant pour but la sauvegarde de l'enfance. Dans une première partie,
sont recensées les œuvres maternelles oflicielles et privées, les œuvres
qui encouragent et favorisent l'allaitement, les crèches, etc. Dans la
seconde partie, sont étudiées les œuvres qui s'occupent de l'enfant
malade ou débile : dispensaires, hôpitaux privés, œuvres antitubercu-
leuses; hôpitaux marins, sanatoriums, colonies de vacances, enfants
anormaux, etc. Dans une troisième partie, prend place lassistance
morale et matérielle de Tenfant : orphelinats, sociétés de protection et
préservation, apprentissage, hôpitaux d'enfants, etc.
On trouve, dans l'ouvrage de MM. Triboulet et Delobel, un grand
nombre de renseignements très précieux pour les philanthropes.
Premiers mémoires de Ségnin snr l'idiotie, par Bourneville (vol. de
182 pages, Paris, F. Âlcan, éditeur. Prix : 3 francs).
Dans ce livre, qui a été imprimé parles enfants deBicètre, se trouvent
les mémoires de Séguin antérieurs à son Traité. D'abord, i^umé et
conclusion. Puis les mémoires suivants : Conseils à M. 0... sur l'éducation
de son lils ; Théorie et pratique de l'éducation des enfants aniérê>
et idiots ; Hygiène et éducation des idiots. Ces mémoires, qui ont été
écrits il y a plus de soixante ans (1838-1843), peuvent être encore de^
guides précieux pour les médecins et instituteurs de l'enfance anormale.
Traitement moral, hygiène et éducation des idiots et des antres
enfants arriérés, etc., |>ar Edouard Séguin (vol. de 532 pages, Paris.
1906, F. Alcan, éditeur. Prix: 10 francs).
Dans ce volume, illustré d'un portrait de l'auteur et enrichi dune
préface par le D" Uourne ville, est exposée la méthode si pratique
et si fructueuse de Séguin pour l'éducation des idiots. Dans une première
partie, l'auteur défînit l'idiotie, ses différents degrés et formes, ses sym-
ptû^nes, ses causes, son diagnostic, etc. La deuxième partie est con-
sacrée à l'hygiène des idiots, la troisième à leur éducation (méthode*,
la quatrième à leur éducation (pratique)^ la cinquième au traitement
moral.
Ce livre, comme le précédent, a été imprimé parles enfants de Bicêtre.
^^ê
SOCIÉTÉ DE PÉDIATUIE 310
Quoique Séguia ait été un initiateur, un novateur dans le domaine le
plus ingrat qui se puisse imaginer, il a conscience de l'imperfection de
son œuvre, et il dit modestement : << Je ne donne point mon livre^
comme un chef-d'œuvre, au contraire ; je ne TolTre que comme le com-
mencement de quelque chose. »
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE.
Séance du 4 6 avril 4 907, — Présidence de iM. Netter.
M. CoMBY présente un cas de mcningite cérébro-spinale guéri rapidement
api*ès trois ponctions lombaires. Il s'agit d'un garçon ne sept ans-
pris brusquement de mal de tête, de vomissements et constipation.
Raideur de la nuque, opisthotonos. On fait une première ponction, qui don ne-
ts centimètres cubes de liquide laiteux contenant des polynucléaires et
des méningocoques. Deux jours après, nouvelle ponction qui ramène-
25 à 30 centimètres cubes de liquide louche contenant les mêmes élé-
ments. Trois jours après, troisième ponction qui donne 10 centimètres cubes
de liquide clair. L'enfant n'a plus de fièvre, il est assis sur son lit, sans
aucun symptôme de méningite. Il est déiinitivement guéri. Gomme trai-
tement, en dehors de& ponctions lombaires, le malade n'a pris que des-
bains à 2S°,
MM.Arman'd-Dëulle etOERTHAUxont vu, chez un enfant de dix-huit mois,
nne méningite mixteàbacilledeKochHt ànu'ningocoque de Wcic/ist76a»'//. Dia-
gnostic difficile, liquide clair à la ponction lombaire avec polynucléaires
et lymphocytes. Mort rapide dans le coma après une période d'agitation.
A la coupe des méninges, on distingue nettement les ])acilles de Koch et
les méningocoques.
M. Ausset a vu une iille de neuf ans présenter, au cours d'un rhumatisme
articulaire aigu, un gonflement chaud et douloureux au-devant du cou
(Thyroïdite rhumatismale).
L'enfant avait eu, trois mois auparavant, un gonflement de la thyroïde,
sans arthropathies, que M. Ausset considère rétrospectivement comme-
une manifestation rhumatismale.
M. J. Lemaire a vu un garçon de six ans et demi, cachectique, tubercu-
leux, présenter une gangrène rapide du nez suivie de mort, (^et enfant
était malpropre et se mettait souvent les doigts dans le nez. Ce cas est
comparable au noma.
M. Rivet présente une fillede dix ans, du service de M. Hutinel, quia eu
mfi&ï une gangrène du nez à la suite d'asphyxie locale des extrémités;
celle enfantétait épuisée par la scarlatine, la rougeole, la varicelle qu'elle
venait d'avoir. La perte de substance du nez est considérable et rappelle
les lésions du lupus.
M. J. Renault fait une communication sui'le détuhage des tubes de Froin
par propulsion. Ces tubes sont longs et terminés par une anse qui empêche
de les détuber par énucléation. Dans un premier temps, l'enfant estassis
sur le bord du lit, les deux bras le long du corps; deuxième temps, on
renverse la tète en arrière et on place le pouce entre la fourchette sternale
elle tube; troisième temps, on fait basculer l'enfant d'arrière en avant.
M. CoMBT, chez un enfantde cinq ans tube par M. Brissy, a essayé en vain
avec cet interne le détubage par le procédé de Bayeux et par celui de
Marfan; il a fallu employer Textracteur. 11 s'agissait d'un tube court de
gros calibre.
M. GiiSEZ a pu, grâce à l'œsophagoscope, opérer et guérir un rétrécisse-
320 NOUVELLES
ment cicatriciel de l'œsophage, qui Sivall déjà suhi de nombreux cathélé-
rismes, avec gaslrostomie, etc. Il s'agissait d'un gar(;on de six ans et demi
qui avait avalé de la potasse caustique.
NOUVELLES
Société de Pédiatrie allemande. — La section des maladies d'Enfants
de la 79*' réunion des médecins et naturalistes allemands se réunira
à Dresde, du 15 au 21 septembre 1907. Pour les communications et
adhésions, s'adresser au D^ R. Fl\ciis, à Dresde, 6, Sidonienstrassc.
Cliniqae des maladies des Enfants. — MM. les D*''' ÂRMANiwDELn.LE et
Oabonneix, chefs de clinique à Thôpital des Enfants- Malades, font, du
22avrilau31 mai 1907, une série de 20 conférences théoriques et pratiques
sur les maladies du tube digestif, du péritoine et du sang. Le nombre des
auditeurs est limité à quinze. Droit à verser 100 francs. Les conférences
ont lieu les lundis, mercredis, vendredis, à cinq heures, à riiOpital des
Enfants. A la même époque, MM. Grisel et Auffret font un coui's payant
de Chiniraic infantile et orthoprdique.
Nécrologie. - Nous avons le regret d'annoncer la mort du D"" Emile
.Mavchamp, assassiné à Marrakech (Maroc), où il se projiosait de fonder
un dispensaire d'enfants avec goutte de lait et consultation de nourris-
sons. Ce malheureux confrère s'intéressait beaucoup à la pédiatrie, et il
avait publié une thèse très intéressante et très document*»e sur Valiaite-
ment artificiel (les nourrissons par le lait stérilise (Pavis, 29 décembre 1898,
611 pages). On trouvera l'analyse de ce travail ilans les Archives de
Médecine des En fants, 1899, page 445.
Congrès des gouttes de lait. — Le 11*' Congrès international des gouttes
<le lait, qui doit se tenii' à Bruxelles, est placé sous le haut patronage dv
LL. AA. RR. le Prince et la Princesse Albert de Belgique. L'organisa-
tion de cette grande assemblée de pédiati*es et de puérlculteurs apparte-
nant à toutes les nations est déjà très avancée, grâce à l'activité du seciv-
taire général, le D'* Lust, et nous venons de recevoir une série de rapport^
sur les principales questions mises à l'ordre du jour:
1° Gouttes de lait et tuberculose infantile (J. Comby) : 2*» Association
internationale de puériculture (A. Johan.nessen) ;3" Surl'élai'gissement du
titre et des attributions des congrès internationaux des gouttes de lait
(L. CoxcETTi) ; 4*> L'enseignement officiel et particulier et la vulgarisation
de l'hygiène infantile en Belgique G. Damel) ; o° L'enseignement officiel
et particulier et la vulgarisation de l'hygiène infantile en Roumanie
(M*'" V. Alexaxdresco) ; 6° Infection endogène et désinfection intestinale
chez le nourrisson (E. Moro) ; 7** Données statistiques de la mortalité
infantile en Espagne (Paulixo Romo) ; 8" Données statistiques de la morta-
lité infantile en Suède (A. Lindblom) ; etc.
Université de Parie. — Le D** Scipione Riva-Roc<:i est nommé privat-
docent de pédiatrie à l'I'niversité de Pavic.
Université de Turin. — Le D"" G.-B. Allvria est nommé privat-docenl
de pédiatrie à l'I'niversité de Turin.
Le Gérant,
P. BOLCHEZ.
4'.)7C-07, — CoHHciL. Imprîraerie Ed. Gairt.
10* Année Juin 1907 N* 6
MEMOIRES ORIGINAUX
XI
, RBCHERCHBS
SUR LE
POUVOIR PLASTÉINOGÈNE DU SUC GASTRIQUE
DES NOURRISSONS SAINS ET ATROPHIQUES
Par le D<^ G.-B. ALLARIA,
AstUtaot, privat-docent de Pédiatrie.
[Clinique médicale de V Université royale de Turin {Prof. C. Bozzolo).]
Les substances que Danilewski a obtenues par la digestion
artificielle des solutions concentrées d'albumoses et de
peptones à l'aide du lab-ferment, et qu'il a appelées « plas-
téincs », ont assurément, malgré les discussions actuelles sur
leur signification biologique, une certaine importance dans la
série des processus de l'assimilation des substances protéiques.
L'importance des plastéines est remarquable, soit qu'on veuille
considérer ces substances comme des produits synthétiques
des albumoses {Daniletoski^ Sawjatowj etc.), même comme le
produit dernier, unique et constant, propre à être assimilé
par les éléments des tissus de l'organisme ; soit qu'on les juge
comme un stade ultérieur de scission des albumoses, c'est-à-
dire des substances plus simples, appartenant au groupe des
peptoïdes {Bayer ^ etc.).
Ce sont des corps d'origine fermentative, qui se forment et
se séparent par précipitation dans les solutions concentrées
de protéoses-peptones soumises à la digestion labique, et encore
sous l'action de la pepsine et de la tripsine [Herzog) : les
extraits d'organes [Nûrnberg^ BoUazzi, PacchionielCar/ini)y
l'extrait de leucocytes [Micheli)^ etc., sont plastéinogènes.
ArCH. de MÉDEC. des B:«PAHTSf 1907. X. — 21
322 G.-B. ALLARIA
Les plastéines sont des substances de couleur blanc jau-
nâtre, insolubles dans l'eau, solubles- dans les solutions
aqueuses légèrement alcalines ou légèrement acides; si on
neutralise ou alcalinise fortement à chaud la solution, elles
précipitent de nouveau ; dans les solutions alcalines faibles,
elles précipitent par l'addition de sulfates et de chlorures, moins
par laddition des nitrates et moins encore par l'addition de
carbonates.
Des différentes plastéines que l'on obtient avec la méthode
de fractionnement dont s'est servi Bayer ^ les unes (primaires)
donnent toutes les réactions des corps protéiques; d'autres
les donnent partielles et moins évidentes, et d'autres encore
(secondaires) ne présentent plus aucune de ces réactions.
D'après cette manière différente de se comporter, on peut
croire que bien probablement le noyau de la plastéinc consisd:
en peptoïdes (produits de scission, azotes, abiurétiques
[Bayer ^ Micheii), auxquels on peut également unir d'autres
dérivés moins simples, qui donnent les réactions des sub-
stances protéiques.
Pour ce qui concerne la nature des plastéines et leur posi>
tion par rapport aux albuminoïdes, dont elles proviennent,
les plus récentes recherches par la méthode biologique des
précipitines [Miclieli) ont prouvé que toutes les plastéines
sont privées des groupes précipitables ou précipitogènes.
Ces groupes, nous le savons, caractérisent soit les substances
protéiques dont proviennent les plastéines, soit les substances
protéiques de l'espèce animale, à laquelle appartient le ferment
dont on s'est servi pour les produire ; sous l'aspect des
réactions biologiques, les plastéines sont donc un produit
indifférent.
Injectées sous la peau ou dans les veines [Micheli)^ elles ne
donnent pas de l'albumosurie ; elles sont tolérées et bienpio-
bablement assimilées.
11 serait prématuré et incertain de conclure aujourd'hui sur
le rôle physiologique des plastéines dans l'organisme, où les
ferments plastéinogènes sont si diffus ; il est cependant bien
probable que la formation des plastéines a un rapport intime
avec le processus synthétique intestinal (et peut-être aussi
parentéral) des produits de la digestion des substances
protéiques.
Tous les sucs digestifs possèdent les propriétés plastéino-
POUVOIR PLASTÉINOOÈNE DU SUC GASTRIQUE 328
gènes : le suc gastrique {Sawrow et Salaskin), le suc intestinal
et pancréatique {Okunew). D'après les expériences de Tedeschi
sur le vivant, si Ton met en contact m vitro le suc gastrique
de rhomme adulte sain, retiré de Testomac après ingestion de
peptones, on obtient la production de piastéines, quoique en
quantité relativement très petite. Peut-être la quantité de
plastéine est dans un certain rapport avec la quantité de la
pepsine et de Faeide chlorhydrique sécrétés par la muqueuse^
puisque, dans les affections gastriques de l'adulte, Tedeschi a
trouvé une augmentation quantitative de plastéine dans les
cas d'hypersécrétion de la muqueuse, tandis que, au contraire,
il y aurait une diminution et même le manque total dans les
cas de sécrétion diminuée (cas de catarrhe gastrique avec
hypocondrie, carcinomes gastriques avec hypo- ou anachlor-
hydrie).
Les extraits de muqueuse gastrique et intestinale prélevés
immédiatement après la mort chez le fœtus et le nouveau-né,
et que Ton obtient avec la technique de Bottazzi^ posséde-
raient, suivant les recherches de Mori^ une activité plastéino-
gène in vitro quand ils sont mis en contact avec des solutions
de protéoses-peptones. Cette propriété, évidente mais assez
faible dans les extraits épithéliaux du tube digestif du fœtus
et du nouveau-né prématuré, augmente avec Tàge, et elle est
beaucoup plus évidente dans les extraits obtenus avec la
muqueuse de l'intestin grêle.
Dès le commencement même de la vie, on doitdonc compter
parmi les facteurs de la digestion de l'albumine la fonction
plastéinogène. Nous ne savons pas précisément de quelle
façon a lieu cette fonction ; on peut supposer que par cette
fonction se forment des produits de scission ultérieure de la
molécule albuminoïde, ou bien que commence déjà à se faire
le processus synthétique de la substance protéique indiffé-
rente (bien probablement en rapport intime avec celle que
Bottazzi obtient de l'épithélium intestinal et qu'il appelle
« entéroprotéide »), qui est destinée à être transformée en
protoplasme vivant des éléments des tissus.
Étant donnée l'importance que la fonction plastéinogène
prend dans la nutrition, il est utile de savoir comment s'ac-
complit cette fonction chez les nourrissons et comment elle
se fait dans cet état de grave marasme qu'on appelle atrophie
primitive ^doxA les causes sont actuellement encore obscures.
S24 G.-B. ALLARIA
Les facteurs pathogéniques de la pédairophie, qu'on a invo-
qués jusqu'ici : causes anatomiques (lésions macro- et micro-
scopiques du tube gastro-intestinal) et causes fonctionnelles
(auto-intoxications, troubles de la nutrition) n*ont pu résister
à la critique.- Les études biochimiques ouvrent une voie nou-
Telle aux recherches.
Tandis que chez le nourrisson sain les substances protéiques
alimentaires sont tellement transformées dans leur com-
position moléculaire par les sucs digestifs qu^elles sont
absorbées sous forme d'albumine indifférente, c'est-à-dire inca-
pable soit de former des anticorps dans le sang, soit de pro-
voquer des effets toxiques, tandis que 1 albumine hétérogène
peut passer inaltérée directement dans le sang seulement,
lorsqu'elle est ingérée en quantité supérieure à celle qui est
nécessaire à saturer l'activité des sucs digestifs, il arrive, au
eontraire, chez l'enfant athrepsique, que les ferments digestifs
ne sont pas suffisants pour transformer complètement les
substances protéiques alimentaires, et que ces substances,
iiuoique introduites en quantité régulière, sont absorbées en
partie inaltérées par la muqueuse intestinale et passent ainsi
inaltérées dans le sang, où leur présence est révélée par la
méthode biologique des précipitines. Par ce moyen, on a trouvé
dans le sang des enfants athrepsiques les albumines du lait de
vache {Bauer^ Moro) et de l'œuf de poule [Francioni et Carlini)^
ce qu'on n'a jamais trouvé chez des enfants sains {Bauer^ Ham-
kùrger et Speck),
L'organisme de l'enfant réagit ordinairement avec beaucoup
d'intensité et par des phénomènes de cachexie à une quantité
de causes toxiques qui sont moins actives dans Tâge plus
avancé, soit à cause de la plus grande vulnérabilité du proto-
plasme des éléments cellulaires, soit par la protection insuf-
fisante exercée par le pouvoir trophique de Taxe cérébro-spinal
encore en train de se développer [Mya).
L'organisme de l'enfant réagit donc à rintroduction dans
la circulation des albumines hétérogènes, et par conséquent
toxiques, par des phénomènes de cachexie, et cela surtout en
cas d'hérédité plus ou moins compromise.
Le trouble grave du processus de la digestion, c'est-à-dire
la transformation manquéc des albumines hétérogènes, a été
jusqu'à présent Tobjet de trop peu d'observations pour qu'on
puisse accepter d'emblée la thc'orie pathogénique de Tathrepsie
POUVOIR PLASTÉINOGÈNE DU SUC GASTRIQUE 325:
fondée sur cette altération ; on ne peut, d^autre part, nier que
le manque ou Tinsuffisance de cette fonction capitale puisse
être la conséquence de Tétat marastique général, plutôt que la
cause de celui-ci.
Voulant apporter une contribution partielle à Tétude de ce
problème, j'ai examiné l'existence et l'intensité de la fonction
plastéinogène dans le suc gastrique des nourrissons. De plus,
comme on ne sait pas encore avec certitude si l'action plas-
téinogène du suc gastrique est due au lab, à la pepsine ou à
un autre ferment, les physiologistes ne s'étant pas encore
définitivement prononcés sur cette question, j'ai cru intéres-
sant de comparer la fonction plastéinogène de l'estomac avec
les autres fonctions fermentatives du même organe (lab,
pepsine) ; j'ai enfin observé comment s'accomplit chez le
nourrisson atrophique cette fonction, qui a un rôle si impor-
tant dans le processus de la transformation des substances
protéiques de l'alimentation.
A cet effet, j'ai soumis à une série de 74 repas d'épreuve
de différentes espèces (dont 39 au lait bouilli de vache pur ou
coupé avec dej'eau, ou différemment modifié ; 17 de solutions
sucrées et 18 de solutions salines) huit nourrissons du service
pédiatrique de la clinique :
Observation 1. — iMario S..., âgé de seize jours. Phlegmon sacré et crural
provenant d'un érysîpèle par infection ombilicale (16-30 avril 1906),
guérit rapidement par le traitement chimrgical. Allaitement mixte.
Obsebvatio!« II. — Alfredo G..., âgé de deux mois. Atrophie primitive
(12 novembre 1905-16 février 1906), né d'une mère cardiaque et néphri-
tique; atrophique dès sa naissance; allaitement mercenaire irrégulier.
Diarrhée habituelle, vomissements fréquents. Le poids du corps oscille
entre 2400 grammes et 3200. Il meurt cachectique.
Observation III. — Maria B..., âgée de deux mois. Atrophie primitive
(27 janvier-7 avril 1906). Père alcoolique, mère épileptique. Naît le
huitième mois, pesant 3 kilogrammes. Allaitement maternel pendant un
mois, puis artificiel . Elle sort de la clinique améliorée, pesan 1 3 800 grammes.
Observation 1\^ — Antonio C, âgé de quatre mois et demi. Syphilis
congénitiite. Atrophie secondaire (11 janvier-18 janvier 1906). Peau ridée,
luisante, teint cuivré, crâne natiforme, fontanelle large et déprimée,
desquamation de la peau de la figure, veines temporales très développées,
«czéma ulcéreux dans la région orbitaire, biépharite, conjonctivite
gonococcique. Nez en lorgnette, rhinite purulente croûteuse, ragades
profondes aux commissures labiales, micropolyadénie générale, abdomen
météorique, volumineuse tumeur de la rate, papule humide à la verge.
32G G.-B. ALLARIA
Hypothermie, vomissements, diarrhée ; succion impossible. Alimenta-
tion par la petite cuiller ou par la sunde. Il meurt le 18 janvier.
Observation V. — Francesco B..., âgé de trois mois. Bronchopneumonie
(13-29 avril 1906). Toux et fièvre depuis le 9 avril : alTecUon bilatérale,
confluente au lobe inférieur droit. Résolution très rapide. Le 20 avril,
Tapyrexie commence. Guérison. Constitution robuste.
. Observation VI. — Alberto T..., âgé de neuf mois. Pneumonie eroiqniU
(7 avril-6 mai 1906). Hépatisation du lobe supérieur droit. Oise le
12 février, à laquelle succède Totite moyenne droite. Rougeole entre le
28 avril et le 2 mai. Guérison. Constitution très robuste. Le poids oscille
entre 5 800 et 6 200 grammes.
Observation VII. — Natale D..., âgée de ti^ize mois. Phymosis; soupçon Je
calcul vésical (4-25 février 1906). Constitution robuste. L'opération du
phymosis fait disparaître tous les troubles ; on ne trouva pas de calculs à
l'examen vésical. soit par le cathéter, soit par la radioscopie.
Observation VlU. — Teresa J..., âgée de dix-huit mois. Empyème (14 fé-
vrier-2 mars 1906). L'affection commence rapidement le 11 février. Avec
ponction exploratrice, Ton extrait du pus crémeux. Costotomie le
25 février. Elle sort en voie de guérison le 2 mars. Les pansements conti*
nuent deux fois par semaine au service de consultation externe. Guérison.
Parmi ces nourrissons, trois étaient atrophiques (deux atro-
phies primitives et une syphilitique : n"" II, III, IV) ; les cinq
autres, au moment des recherches, étaient en bonnes conditions
générales de santé.
Je leur donnai les repas d'épreuve trois heures au moins
après qu'ils avaient tété, en me servant soit du biberon, soit
de la sonde ; les repas étaient toujours précédés du lavage
gastrique avec une autre portion du même liquide alimen-
taire d'essai.
Le suc extrait était séparé des grumeaux de caséine par la
filtration, et avec une partie du liquide filtré (l'autre partie
m'a servi pour des recherches physico-chimiques en voie
d'impression), j'ai pratiqué les recherches suivantes:
1** Fonction plastéinogène. — On fait agir le suc gastrique
sur une solution concentrée de protéoses-peptones in vitro.
Préparation de la solution peptoniqne. — Séparation des
albuminoïdes de 15 litres de lait de vache à chaud avec lacide
acétique. Le précipité, recueilli sur filtre et lavé, est mis
dans 15 litres d'eau, neutralisé avec du carbonate de soude,
acidulé avec HCl (2 p. 1 000) et mélangé avec de la pepsine.
On le place pendant quatre jours dans Tétuve à 38**; ensuite
POUVOIR FLASTÉINOGèNE DU SUC GASTRIQUE 327
il est alcalinisé avec du carbonate de soude ; précipitation à
chaud par Tacidc acétique des substances albuminoïdes non
digérées etaépscaiton de ces substances par la fiitration.
Le liquide filtré contenant les albumoses et les peptones est
condensé au bain-marie jusqu'à peu près 1 800 centimètres
cubes; il est soigneusement neutralisé et distribué en petits
flacons; ensuite on le stérilise dans Tétuve de Koch.
Ce liquide, très dense, de la couleur de la cannelle, d'une
agréable odeur aromatique, contenait 13,16 p. 1 000 d azote
protéique (dosage du précipité tannique par le procédé de
Kjeldahl).
Réaction plasiéinogène. -^ 20 centimètres cubes de la solu-
tion concentrée de protéoses-peptones dérivés du lait de
vache (contenant 0'^263 d'azote protéique, qui correspond à
peu près à l^^'fGS de mélange d'albumoses et de peptones)
sont mélangés avec 5 centimètres cubes du suc gastrique
et acidifiés avec V gouttes d'acide chlorhydrique pur
(= 28 p. 100 de HCl par l'aréomètre) en se servant toujours
de la même pipette (par calcul empirique, l'on obtenait une
acidification du 2 p. 1 000 à peu près de HCl).
Digestion à l'étuve pendant quatre jours ; dès le premier
jour (en cas de réaction positive), on peut déjà voir la forma-
tion d'un précipité plus ou moins floconneux abondant, qui
se dépose lentement sur le fond du flacon (plastéine). Le pré-
cipité plastéinique produit pendant quatre jours est recueilli
sur filtre, lavé à l'eau et de nouveau dissous avec une solution
faible de soude caustique (2 p. 1000).
Ensuite les plastéines sont précipitées par Tébullition et par
une neutralisation soignée (avec de l'acide acétique très
dilué); sont recueillies sur filtre jaugé, lavées dans beaucoup
d'eau, séchées à 105"*, et ensuite dans le séchoir sur l'acide
sulfurique à vide, enfin pesées jusqu'à poids constant.
2'' Lab. — Dans un tube à essai contenant o centimètres
cubes de lait de vache cru, frais (tenu pendant une heure dans
la glacière pour diminuer la rapidité de l'action labique), on
ajoute V gouttes de suc gastrique non filtré [Snjdlotoski
trouva que le suc gastrique filtré perd en grande partie le
ferment lab), et Ton place le tout à l'étuve à 38% en obser-
vant de cinq en cinq minutes le commencement de la forma-
tion de caillot.
328
G.-B. ALLARIA
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Biuret.
Biuret.
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0,0081
0.0077
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Pepsine,
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Traces.
Traces.
Traces .
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1
8 8 8 8 8
Caractères
du suc extrait.
Coagulé.
Limpide.
Presiquc neL
Avec gros coagula.
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dans l'estomac.
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Lactose 1800/00.
NaQ 3,78 0/00.
NaCl 12,94 0/00.
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Bien coagulé.
En sort sans varier.
Non coagulé.
Co.igulé.
Limpide.
Avec résidu do lait.
Limpide.
Teint d'opale.
Tracent de coagula.
Limpide
Trouble.
Teint d'opale.
Lactescent.
Teint d*opale.
Traces de coagula.
Séjour
dans 1 estomac.
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Lait bouilli de vache.
Lait coupé avec de Teau.
Uit kéûré.
Lait avec caséase.
Lait avec lactose & 0/0.
Glycose 23, 6 0/00.
Lactose 54. 8 0/00.
Glycose 58 0/00.
Lactoiie 112.6 0/00.
Glycose 92, .S 0/00.
£«u distillée.
NaCt 2,32 0/00.
NaCl 9 0/00.
NaCl 10,:i4 0/00.
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Movens
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Lait coupé avec de Teau.
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332 G.-B. ALLARIA
'Les cas où le caillot ne s*est pas encore formé après une
heure sont indiqués avec le signe oo.
3** Pepsine. -^ Mesurée avec Tépreuve de MeU-Nirenstein-
Schiff: une pipette de 1 millimèlre de diamètre interne, de
la longueur à peu près de 2 centimètres et pleine d^albumine
d'œuf coagulée, est mise à digérer dans un liquide composé
de 1*",3 de suc gastrique filtré et 15"",3 de solution ^ de
HCl(l,8p. 1000).
Après vingt-quatre heures de séjour à l'étuve à 38% on
mesure en millimètres la longueur de la quantité digérée
d'albumine (on trouve la description et les calculs relatifs
en : sahli, Lehrbuch der klinischen Untersuchungsmethoden
(4«éd., 1906, pages 415-417).
*
Le pouvoir plastéinogène des différents sucs gastriques
a varié selon la qualité des repas d*épreuve administrés.
Sur 39 essais de sucs gastriques retirés après les repas de
lait pur, cou|^ ou différemment modifié, 34 montrèrent une
activité plastéinogène intense. Trois fois je ne pus obtenir
que des traces de plastéine : c'est-à-dire une fois où j avais
opéré sur du suc gastrique retiré après administration de
lait coupé (22'') et deux fois où j'avai» opéré sur du kéfir et
du lait kéfiré, qui m'avaient servi pour laver Testomac à
jeun (24*, 26"). Je ne puis obtenir la formation de plastéine
en deux essais par le liquide de lavage et par le suc
gastrique du lait sucré (63% 64").
Dans les 17 sucs gastriques obtenus après administration
de solutions sucrées^ la formation de plastéine ne manque
jamais. Différemment abondante dans 13, elle est réduite en
traces dans 4; il faut noter que, pendant Textraction de ces
sucs par la sonde, dans quelques-uns d'entre eux on trouva
des grumeaux de caséine (restes du repas précédent) qui
n'avaient pas été expulsés par le lavage ; ils donnèrent presque
tous des réactions protéiques, la réaction surtout du Biuret.
Parmi les 18 sucs obtenus après ingestion des solutions
salines, 12 ne possédaient pas de ferment plastéinogène : il y
en eut des traces dans 4 cas (tous des liquides de lavage
POUVOIR PLASTÉINOGÈNE. DU SUC GASTRIQUE 333
présentant des restés du repas précédent) ; il était abondant
dans 2 cas (dont un était un liquide de lavage).
De sorte que le ferment plastéinogène fit toujours son appari-
tion avec la présence d'albuminoîdes datis le suc gastrique.
•
La quantité de ferment plastéinogène « cœteris paribusïi^ fut
dautaht plus grande quêtait plus long le séjour du repas
d'épreuve dans f estomac. Ce fait résulte de Texamen des
trois séries d'essais, faites chacune avec des quantités égales
du même lait chez le nourrisson n"" 2 à des heures successives
du même jour :
A. Suc 6« extrait après 30' : Plastéine Ok'^OIOS
— !• — 45': — 0»%0120
— 8» — 60': — 08S02i9
B. Suc 10* extrait après 30' : Plastéine 0k%0096
— 1 1« extrait après 60' : — Os',0197
C. Sucl2« — 30' : Plastéine Os',0198
_ 13e — 60': — 0s'-,0319
Somme toute, Y activité plastéinogène du suc gastrique des
nourrissons fut toujours bien restreinte ; la quantité des
protéoses-peptones contenues dans chaque essai étant del'^^GS
^ comme nous avons déjà dit — le plus haut pourcentage
de ces substances transformées en plastéine par 5 centi-
mètres cubes de sucgastrique fut de 2,5 p. 100 à peu près, dans
le cinquième cas (essai. SI*"). Il faut remarquer que cette solu-
tion de protéoses-peptones, soumise & l'action du lab du
commerce, donnait des précipités très abondants de plastéine.
La fonction plastéinogène du suc gastrique nous semble tou-
/oM/'s indépendante de la présence et de fintensité fonctionnelle
du lab- ferment contenu dans le même suc gastrique.
Ce fait, tout d'abord apparemment en contradiction avec
les résultats qu'on avait obtenus lorsqu'on avait découvert la
plastéine (obtenue la première fois par l'action du lab sur les
solutions concentrées de protéoses-peptones), s'accorde avec
les observations de Gœssnèr et de Tedeschi sur le suc gastrique
des animaux et de l'homme.
Le manque de parallélisme entre l'intensité des deux fonc-
tions enzymiques donne appui à l'hypothèse qui commence à
être favorablement acceptée aujourd'hui : c'est-à-dire que non
pas le lab, .mais d'autres ferments, qui sont mêlés au lab,
334 G.-B. ALLARIA
exercent la fonction plastéinogène ; à moins qu'on ne veuille
admettre les idées de Nencki et de Sieber^ qui croient à la com-
position complexe du ferment peptique, qui exercerait la
fonction plastéinogène arec un groupe qui n*est pas le
groupe labique.
// n'y a pas de rapport direct entre la fonction plastiin ipare
et la quantité de pepsine^ quoique, en examinant certaines
séries de repas d'épreuve, on puisse être porté à admettre un
certain parallélisme entre les deux actions enzymiques.
11 faut remarquer que, dans les trois essais dans lesquels
a eu lieu la plus forte digestion pepsinique, dans l'épreuve de
Mett (30% 51% 62"), on a obtenu de même trois des plus hauts
chiffres de plastéine.
Le suc gastrique des nourrissons qui ont été l'objet de cette
étude eut une action plastéinogène sur des protéoses^peptones
dérivées des albuminoïdes de différente provenance.
Pour ces recherches, j'ai préparé des solutions de protéoses-
peptones, en soumettant à une digestion prolongée, dans du
suc gastrique artificiel, de la fibrine du sang de bœuf et de
Talbumine d'œuf coagulée. Dans les deux cas, on concentrait
fortement les solutions privées des albumines non digérées
(comme dans le cas du lait); après le dosage de N protéique,
ces solutions étaient de nouveau diluées, de manière à conte-
nir 13,16 p. 100 de N protéique comme la première, dérivée
du lait.
Avec ces solutions, j'ai fait quatre séries d'essais avec les
mêmes modalités que précédemment, et j'ai obtenu :
A. (Enfant 111.)
Suc avec protéoses-peplones du lait
— — de Tœuf
— — de la fibrine
B. (Enfant 111.)
Suc avec protéoses-pcptones du lait
— — de Tœuf
— de la fibrine
Plastéino.. traces
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— ... 0«%0i84
Plastéine. . . 0«',0063
— ... OSM152
OB',0359
C. (Enfant VI.)
Suc avec protéoses-peptones du lait : Plastéine. . . 0^,0182
— — de Tœuf — ... 0«%1413
POUVOIR PLASTÉINOOfe.VE DU SUC GASTRIQUE 335
D. (Enfant V.)
Suc avec protéoses-peptones du lait : Plasléinc.» 0?',0139
— . — de la fibrine: — ..• 08^,0339
Les variations dans les conditions de santé des nourrissons
n eurent aucune influence évidente sur f intensité de la fonc-
iian plastéinogène des sucs gastriques correspondants : un des
sucs qui produisit la plus grande quantité de plastéine
fut le 62", que l'on obtint de Tenfant VI le jour de Térup-
tien de la rougeole.
Voici les plus fortes quantités obtenues pour chaque nour-
risson :
Chez les atraphiques :
2' Nourrisson : Plastéine O'J',0319
3« — : — 0»',0174
4« — : — 08»,0112
Chez les non-atrophiques :
!«' Nourrisson : Plastéine 08',0104
5' — : — 0«',0418
6* — : — Oï%03i8
?• — : -^ Otf%0245
8« — : — Off',0081
11 résulte de ces chiffres que les nourrissons atrophiques,
malgré leurs conditions assez graves de nutrition, ne manifes-
tèrent, comparativement aux nourrissons non atrophiques,
aucune diminution du pouvoir plastéinogène.
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XII
L'INSTITUTION NATIONALE DES SOURDS-MUETS
DE PARIS
Par GEORGES TILLOT,
Préparateur & la Faculté de médecine de Paris.
UiSTORiQDS. — Le premier éducateur des sourds-muets fut Tabbé de
rËpée, qui, dans sa maison de la rue des Moulins (Butte Sainl-Roch),
rassemblait plusieurs fois par semaine les sourds-muets et les sourdes-
inuettès pour les instruire et leur apprendre le langage des signes dont il
rêvait de faire la « langue universelle ».■
A la mort de Tabbé de TÊpée, en septenibre 1789, Tabbé Masse^ puis
Tabbé Sicard lui succèdent dans son rôle d'éducateur, et les sourds-muets
s'installent dans Tancien couvent des Célestins, «dans la partie des bâ-
timents conventuels qui a son entrée parla rue du Petit-Musc >».
Par la loi du 16 nivôse an 111 (5 janvier 1795), leur transfert est ordonné
dans Tancicn séminaire de Saint-Magloire, où ils sont encore actuellement.
Selon le chroniqueur Piganiol de la Force, « la maison était grande et
en bon air; les Pères de TOratoire y avaient fait élever un beau bâtiment
avec un grand escalier, dont les premières rampes étaient d'un trait ingé-
nieux ».
Les sourds-muets sont bientôt séparés des muettes, et, en 1857, les filles
sont transférées à Bordeaux, où elles sont encore.
Aujourd'hui, Tlnslitution nationale des sourds-muets a son entrée 254,
rue Saint-Jacques ; elle occupe un vaste terrain, limité par les rues Saint-
Jacques, de rAbbé-de-l'Épée. et Denfert-Rochereau,récole La voisier, d'une
part, et quelques propriétés privées, d'autre part.
On y accède par la cour d'honneur, dans laquelle se trouve la statue en
bronze de l'abbé de l'Épée accueillant les sourds-muets. Ce groupe est un
don du statuaire sourd-m'uet Félix Martin, prix de Rome et chevalier delà
Légion d'honneur, ancien élève de l'Institution.
A gauche, on remarque « l'orme de Sully », planté, semble-t-il, vers 1550.
C'est dans un puisoir, au pied de cet arbre, .que les reliques de Téglise
Saint-Màgloire furent enfouies, en 1793. Déterrées plus tard, elles furent
transportées à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, où elles sont encore. L'arbre
de Sully a été coupé en partie en 1905, à cause des dangers qu'il présen-
tait pour le voisinage. 11 mesurait 45 mètres de hauteur.
• • •
• • •
L'institution des sourds-muets- peut contenir 300 élèves :
elle comprend un grand, un moyen, un petit quartier et,
depuis quelques années, une classe enfantine, oîi les jeunes
sourds-muets sont admis dès Tâge de six ans.
L'institution est administrée sous l'autorité du ministre de
l'institution nationale des souhds-muets de paris 337
riûtérieur, par un directeur responsable, actuellement M. Colli
gnon, préfet honoraire, assisté d'une commission consultative.
Le directeur est secondé par le censeur des études, M. André,
ancien professeur de Tinstitution. L'enseignement est assuré
par vingt-quatre professeurs, ayant pour la plupart l'agrégation
(le renseignement des sourds-muets, et huit répétiteurs,
futurs professeurs.
Pour être admis, les enfants doivent fournir :
l"" Un acte de naissance;
2° Un certificat de médecin constatant Tinfirmité de surdi-
mutité, le bon état de. santé de Tenfant, qu'il a été vacciné avec
succès, qu'il n*est aiïecté d'aucune maladie contagieuse, qu'il
jouit de la plénitude de ses facultés intellectuelles.
Les élèves admis sont ou pensionnaires ou demi-pension-
naires, ou externes surveillés. Les prix sont fixés à l 400, 500
et 230 francs. Indépendamment du premier trimestre de la
pension, la famille doit payer, au moment de l'entrée de
l'élève, une somme représentant la fourniture et Tentretien
du trousseau pendant toute la durée des études (huit années) :
100 francs jusqu'à neuf ans et 400 francs de neuf ans jusqu'à
la fin des études. Pour les demi-pensionnaires et les externes,
160 francs une fois payés.
Des bourses, des portions de bourses sont accordées par le
ministre de l'Intérieur, par les départements, parles communes,
aux parents qui pourraient difficilement subvenir aux exigences
de la pension.
11 en est de môme pour les bourses de trousseau.
Une sourde-muette, M"* Meunier, a laissé par testament sa
fortune à l'institution, soit 1 100 francs de rentes, qui sont des-
tinés à constituer des trousseaux.
En plus des certificats médicaux, les familles sont appelées
à fournir quelques renseignements généraux concernant leur
fils ; nous reproduisons le questionnaire qui est rempli par les
parents et reste au dossier de l'enfant. Il constitue la première
tentative faite par le D'' Ladreit de la Charrière, alors médecin
en chef de l'Institution, pour établir une statistique concernant
la surdi-mutité.
Renseignemenls que VéViV9 doit apporter en entrant à l'Institution,
«
be VeoFant.
I« Noms et préDom^ Du |>Ar^
Df |j» Wéro,
ARCH. DB MÉI 10. DB8 BJ«PA!<fT|, \^1, X. 22
338 GEORGES TILLOY
S» Date de la naissance de renTant.
30 Profession ) n" i'**.lf •
/ De la meiT.
A^ Demeure actuelle des père et mère,irivitéâ aussi à informer rAdmioistralioa
de leurs changements ultérieurs de domicile.
h^ Nom et adresse du médecin de l'enfant
€<> L'enfant était-il sourd en unisfsatit?
1^ S'il n'était pas sourd en naissant, à quel &ge Test-il devenu?
S^ Depuis le jour de sa naissance jusqu'à celui où il a perdu Tonle, a-t-il
éprouvé quelque maladie ou quelque accident? Nature de cette maladie ou de
cet accident.
(Les oreille^ ont-elles été malades? L'enfant a-t-il eu beaucoup de gourme
des maladies de peau, des glandes eugorgiées, ulcérées, etc., dei convulsions
internes, des attaques de nerfs ?
. 90 Est-ce à la suite' de cette maladie ou de cet accident qu'il a perdu
l'ouïe?
lO^* Outre la surdité, a-t-il quelque autre inOrmité?
.l|o L'enfant a-t-il parlé avant -de perdre l'ouïe?
Jusqu'à quel point et pendant combien de temps a-t-il parlé?
il^o Combien y a-t-il d'enfants dans la famille ? De garçons? De lilles? Combien
de vivants ? De quelle maladie sont morts ceux qu'où a perdus ?
En est-il mort avant le terme de la grossesse?
La grossesse a-t-elle été normale? Sans accidents? L'enfant est-tl né à
terme ?
Y a-t-il d'autres sourds-muets dans la famille?
1^0 Les père et mère, les grand-père et grand'mère sont-ils sourds-diuets eux-
mêmes ?
Exislc-t-il d'autres infirmités dans la fHmiilo (goitre, etc.)?
Les p^re et mère sont-ils parents et quel est leur degré de parenté?
Quel était l'âge du péie et de la mère lors de la naissance de l'enfant.'
140 L'endroit où demeuraient les parents, à la naissance de l'enfant, était-il
dans un pa3's plat ou montagneux, sec ou marécageux?
Étail-il exposé à l'humidité ou à quelque autre influence atmosphéri>]ue
particulière?
450 Existe-t-il d'autres sourds-muels dans le lieu de naissance de l'enfant ou
ttaus le voisinage ?
I60 Quell« religion professe la famille?
470 L'enfant a-t-il déjà quelque instruction? Et où l'a-t-il reçue?
•
Nota. — Les parents sont priés de donner tous autres renseignements pon-
Tant fournir quelque indication sur la cause de la surdité chez l'enfant.
' Depuis deux ans, à <re questionnaire, s'en ajoute un autre
adressé celui-là confidentiellement au médecin de la famille
<le l'enfant et qui est d(?stiné au médecin de rinstitution qui
le garde par devers lui. Le D"" Ch. Leroux et moi, nous
sommes surtout préoccupés, en élaborant ce questionnaire,
de déterminer d'une façon précise le rôle des maladies
infectieuses des parents et de l'enfant dans Tétiologie de la
surdi^mutité.
Nous avons pu , de cette façon» donnerquelques considérations
nouvelles sur Téliologie de la surdi-mutité, et nous avons
conclu :
L institi:t;on nationale des souuds-muîsts de paris 331)
A. Anlécédenls île la mère^
1» Élal (les fonctions cérébrales : intelligence. ...
/ Hystérie .
îo Etat du sy^ôine nerveux. ) ^P^^^P***®' „ ,. , ... • x .•• ' x
y Ou autres affactions ayant dotermiaé Un^ré-
( giialion du système nerveuV.
5® .Maladies infectieuses : ~
a. Antérieures à l.i grossesse.
b. Pendant la grof^i^esse.
A'^ Fausses couclv&s antérieures : Causes si possible ?
.■i» A quel âge îi-t-elle mis au monde le jeune sourd-muet ?
<)• Était-ce pon premier enfant ?
1» Y avait-il parallélisme eutre le poidéi du fœtus et le poids du p'âcenti?
R. Antécédents du père.
{"" État des fonctions cérébrales : intelligence.
f Hystérie.
C« Étal du svstèmç ocrveux. ) J^P»'«P"e- . .
i Ou autres atiections ayant'détermme 11 mprt^gua-
( tion du sysième nerveux.
Z'^ S'il y a des antécédents nerveux, résulteut-ils d'un< maladie inÇectieuse pié-
cédente?
•> Quel âge avait le père au moment de U conception? . .
C, Antécédents du ménage.,
Y a-t-il pnrenté? Quel degré?
Y a-t-il alcoolisme ?..
Y a-t-il de la syphilis ?
Y a-l-it du saturnisme?
Y a-t-il du paludisme?
Y a-t-il du crétinisme?
t'a des procréateurs a-t-il habité les colonies ? *
D. Surdi-mutité conr/énitate.
I» L'enfant est-il né sourd-muet?
^^ A quel âge a-t-on porté le diagnostic de surdi-mutité?
»
E. Surdi-mutité acquise.
1" A quel âge ? préciser.
î» L'enfant a-t-îl parte ?
ô*> Quels mots et quelles phrases prononçait-il?
•
F. Examen 4e l'enfajit, •
l'Élatderorcilleî .
:« Étal du crâne ?
a» Facultés intellectuelles?
4'* A quel âge Tenfant a-t-il marché ?
i» Y a-t-il du rdchilisme ?
G. Antécédents de tenfanl.
Diarrhées.
i Pneumonies. . .!
t^ Miladies infectieuses du nourrisson. ' (ionvulsions.
/■ Fièvres éruptrvrs.
. Syphi'is. ' '
f
I
340 GEORGES TILLOY
2^ Maladies infectieuBes de TenfaDt, autres maladies.
§0 MaDifestalioDs de tuberculose.
H. Antécédents généraux,
Y a-t-il des frères et des sœurs ?
Quel est leur état de santé ?
Sont-ils plus âgés que le jeune sourd-muet ?
Y a-t-il des frères ou des sœurs sourds-muets ?
Y a-l-il des nerveux?
Ces enfants sont-ils normaux au point de vue intellectuel ?
(( De ces quelques observations, il semble résulter que la
gastro-entérite, comme la fièvre typhoïde, comme la ménin-
gite et les grandes infections, peuvent, dans de$ conditions pa-
thologiques déterminées, produire une lésion persistante du
système nerveux et du nerf acoustique, avec diminution delà
tonicité des cordes vocales ; car, chez ces enfants-là (sourds-
muets acquis), les cordes vocales ne présentent pas la même
atonicité que chez l'enfant sourd-muet d'origine congénital.
« Enfin, faisons remarquer que les enfants sourds-muets de
naissance sont presque tous les premiers déjeunes mères dont
Tàge oscille entre dix-huit et vingt ans, et que, dans aucune
des 25 observations réunies, la syphilis n'a été avouée.
« Nous ne croyons pas cependant que ce soit là une raison
suffisante pour l'éliminer complètement de l'étiologie de I»
surdi-mutité (î). »
?fous verrons plus loin combien, au point de vue pédago-
gique, il est nécessaire de connaître à fond l'étiologie de la
surdi-mutité chez le sourd-muet pris en particulier, pour
pouvoir utiliser d'une façon profitable et effective soit le
reste d'audition, soit la vibration exacte des cordes vocales^
pour certains sons : c'est pour cela que nous espérons donner,
dans un temps peu éloigné, une théorie précise qui pourra
aider d'une façon certaine le maître qui enseigne la parole au
sourd-muet.
Car, en effet, si paradoxale que la chose puisse paraître, — et
le grand public, ce que nous regrettons, ne s'en doute pas, —
de nos jours, grâce à d'ingénieuses et nouvelles méthodes, les
sourds-muets parlent et « comprennent » la parole des autres*
Le langage des signes, accueilli du temps de Tabbé de
rÉpée comme le libérateur des emmurés, est depuis longtemps
banni du programme de l'Institution des sourds-muets ; je
(I) Ch. Leroux et G. Tillov, Arch. internat. cToto-rhino^aryngologit, sep-
tembre 1906.
l/iNSTITUTION NATIONALE DES SOURDS-MUETS DE PARIS 341
dirai plus, il est délaissé par ceux-là mômes qu'une triste infir-
mité semblait condamnera ne jamais connaître d'autre moyen
de communication intellectuelle.
Lorsque le jeune enfant sourd-muet arrive à l'Institution, il
n'est nullement apte à profiter de l'enseignement ; il a besoin
d'être dégrossi, d'être démutisé. Soigné et surveillé par des
dames, il apprend le nom des choses les plus courantes par la
vue et par l'écriture. 11 désigne les objets en caoutchouc qui
lui sont présentés et écrit leur nom au tableau. Il appelle ses
camarades les uns après les autres/ Tous ces exercices,
accompagnés d'exercices respiratoires, ont pour objet d'accou-
tumer l'enfant à se servir de son souffle. A la suite d'obser-
vations personnelles, il m'a été permis d'établir que le sourd-
muet ne savait pas respirer. Dans la majorité des cas, la
dilatation thoracique est inégale et incomplète; le nombre
des respirations oscille entre 35 et 40 à la minute; je l'ai
vu monter à 43 chez un jeune sourd-muet de six ans.
Aussi avons-nous cru bon et profitable pour l'enseignement
pédagogique d'instituer chez ces enfants « la rééducation
respiratoire », selon la méthode du D' Georges Rosenthal (1)^
Les résultats obtenus ont été excellents, et, depuis deux ans
que la méthode est appliquée à l'institution nationale des
sourds-muets, elle ne nous a pas donné un seul insuccès (2).
A cet exercice médical, si j'ose m'exprimer ainsi, s'en ajoutent
d'autres, dirigés par le professeur, et le développement tho-
racique de l'enfant se trouve ainsi assuré d'une façon aussi
complète que possible.
C'est au cours de cette première année que l'enfant sera
démutisé, disions-nous.
On comprend difficilement qu'un sourd de naissance,
c'est-k-dire qu'un sourd congénital puisse apprendre à parler.
Ilest muet parce que sourd, et, l'oreille ne jouant plus son rôle,
il n'est pas tenté de répéter les bruits extérieurs qui l'ont attiré
ou charmé. L'entendant au contraire reproduira de lui-même,
en les transformant quelquefois, parce que ses sens ne sont
gas encore éduqués, les sons qu'il aura entendus.
Quant à l'enfant qui a perçu des sons pendant une certaine
1] Dr G. Rosenthal, Rééducation respiratoire, in Traité des maladies de
f enfance de Granchbh et Comby.
[t] G. TiLLor, La rééducation respiratoire appliquée à la méthode orale dans
renseignemeot pédagogique des sourds-oiuet^, in Rev. de l'Ëns,^ 1905-I90G.
3'i2 GEORGES TILLOY
période de son existence, il deviendra muel si Téducalionne
lui rend pas la parole.
Un des premiers, Gaguillot, dans son livre Comment on fait
parler /es sourds-muets (1889), expose Tensemble des procédés
particuliers qui, basés sur l'observation minutieuse du méca-
nisme vocal, permelfentd'élaborër une méthode d'articulation.
La « méthode orale », qu'on applique à rinstitutionnationalo
des sourds-muets, repose sur une observation bien simple, à
savoir que, si Ton se contente, dans la vie courante, d'entendre
les sons du langage^ il n'est pas impossible, en cas de besoin,
de les toucher ni de les voir. 11 s^agit donc, pour apprendre à
parler aux enfants qui sont privés du secours de l'oreille, de
substituer artiiiciellement l'action des sens du toucher et de
la vue à la fonction naturelle qui est habiluellement dévolue
à Torgane auditif.
La phrase parlée, comme la phrase musicale, est soumise à
un rythme sensiblement uniforme. Dans la parole, chaque
mesure prend le nom de syllabe et se trouve constituée soit
par une simple voyelle, soit par la combinaison d'une voyelle
avec une ou plusieurs consonnes.
Dès lors, la phonétique, comme la grammaire, ne distingue
en dernière analyse, dans la parole sonore ou écrite, que deux
éléments constitutifs, lès voyelles et les consonnes.
Les voyelles ne sont autre chose que des sons laryngiens
différenciés et caractérisés par la forme de la cavité buccale.
Ainsi, pour émettre le son /, nous écartons les lèvres
comme dans le rire, et la langue s'appuie contre la partie
antérieure du palais. Il n'y a là, somme toute, qu'un ensemble
de mouvements spéciaux, qui peuvent être portés, par une
voie indirecte, à la connaissance du jeune sourd.
. Quant aux mouvements qui s'effectuent dans les régions
profondes de Torgane vocal, ils échappent à la perception
visuelle et sont du domaine du toucher.
L'une des mains de l'enfant, appliquée sur la gorge du
professeur, y constate l'existence d'un mouvement vibratoire
dont l'origine est aux cordes .vocales.
L'autre main, placée au sommet de la tète ou contre le
maxillaire inférieur, y perçoit l'ébranlement communiqué aux
parois osseuses par l'écoulement de la colonne sonore.
De plus, la vue renseignera aisément le jeune élève sur
la jiosilion des lèvres, du maxillaire inférieur et de la langue;
l'institution nationale des SOUaDS-MUETS DE PAUIS 343
il ne lui restera plus qu'à reproduire par imitation, comme
le fait le jeune entendant, les phénomènes dont il a eu la per-^
ception : simple affaire de patience et de tâtonnement.
Les consonnes sont enseignées par des procédés analoguesL
Précisons et prenons pour exemple le groupe syllabique t
tf, pfl, pia^ fa.
Nous avons ici quatre mesures d'égale durée, quatre
syllabes, formées soit d'une voyelle simple, soit d'une oU
deux consonnes jointes à une voyelle. Dans ces cas, la con-
sonne se caractérise par rapport à la voryelle par une ferme-
ture absolue ou relative de la cavité buccale, c'est-à-dire par
un arrêt momentané de la colonne sonore.
La phrase parlée est donc constituée par une série de
pulsations ou syllabes dans lesquelles la consonne représente
la période de condensation, tandis que la voyelle correspond
à la dilatation consécutive. Telle est la définition la plus-
générale que Ton puisse donner de ces deux éléments primor-^
diaux du langage articulé.
Toutes les autres conditions physiologiques ou acoustiques
peuvent varier ; mais ce rapport reste immuable et essentiel^
Icment caractéristique.
On aperçoit immédiatement les conséquences de celte
constatation au point de vue de l'enseignement de la parole
au jeune sourd-muet. La voyelle et la consonne procèdent du
même mécanisme : de Tune à l'autre, il n'existe qu'un&
différence de degré et non de nature ; toutes deux sont dues
à des mouvements particuliers de l'organe vocal, mais consi-
dérés aux deux phases extrêmes de leur évolution, et, si la
vue et le toucher ont pu servir à constater la phase d'ouver-
ture (voyelles), à plus forte raison ces deux sens suffiront-ils.
pour percevoir la phase de fermeture (consonnes), beaucoup
plus précise et plus définie.
Soient par exemple les phonèmes :
apa, abUy ama.
Les trois consonnes, p^ A, w, qu'elles renferment, corres-
pondent toutes les trois à la fermeture complète de la bouche,,
s'effcctuant par le même organe : les lèvres.
La vue, réduite à ses seuls moyens d'investigation, les
confondrait inévitablement : mais le toucher les diiférencie
avec toute la sûreté désirable. En effet, la main de l'élève^
appliquée contre le larynx du maître, saisira pour le b de aba-^
3i4
GEORGES TILLOY
une vibration qui n'existe pas dans rémission de la consonne
muette p^ et pour le m de ama produira dans les fosses nasales
un ébranlement caractéristique facilement perceptible au
toucher extérieur sur les ailes du nez.
On peut compléter cette première indication en montrant
au jeune sourd que l'émission de ces trois consonnes s'accom-
pagne d'une légère explosion de lair buccal, dont Tintensité
diminue de /> en 6 et en m, lorsque toutes choses restent
égales dans les conditions de production.
Si la vue et le toucher sont capables de percevoir les voyelles
et les consonnes, on comprendra facilement que la combi-
naison des mêmes éléments dans la syllabe et dans la phrase
parlée ne saurait échapper aux investigations de ces deux sens.
D'une manière générale, on peut dire que le toucher perçoit
les mouvements internes et que la vue s'exerce sur les mou-
vements extérieurs, beaucoup plus étendus, de telle sorte que
cette double intervention ne laisse ignorer au jeune sourd
aucun des actes essentiels de la parole.
Les tableaux suivants, empruntés au livre de M. H. Mari-
chelle, professeur à Tlnstitution nationale des sourds-muets
de Paris : La parole d'après le tracé du phonographe^ résument
les caractères distinctifs des sous-voyelles envisagés à ce point
de vue spécial :
Pevceplion visuelle.
1 fermées
2 demi-fermées. . ..
Lèvres avancées, . Lèvi-es avancées.
Langue reculée. Langue avancée.
OU (fou),
au (faux).
3 ouverte. \ " ^'°'^^-
( on (fout).
I
u (fui),
eu (feu).
e (Teuilie).
uu (dérun).
Lèvres reculées.
Langue avancée,
I
i (fit).
ë (fée).
ê ifail}.
in (fiu^
Lèvres ouv«-rte» ,
naturt-l.emenl
H
H9S^^ étendues.
a i (pas;,
an / (paon .
Perception tactile.
I. Vibrations très fortes au sommet de laj
tète au menton et au laryux, faibles àj
la poitrine
W. Vibrations moins fortes au sommet ( e,
Ja tête, au menton ei au larynx, Faibles
à la poitrine \
m. Vibrations très faibles au sommel)
de la tète et au larynx, plus foi tes à>
la poitrine )
ou
au
o
on
u
eu
e
un
é
è
in
an,Mb.i»
a l<f d'un'
J
l'institution nationale DBS SOURDS-MUETS DE PARIS 345
Les procédés mis en œuvre pour amener le sourd-muet à
s'exprimer de vive voix laissent déjà prévoir ceux auxquels
il aura recours pour comprendre la parole d'autrui.
Chez le jeune entendant qui apprend à parler au moyen de
l'oreille, les impressions et les images auditives deviennent
des signes représentatifs des mots et des phrases prononcées
extérieurement : pourquoi les sensations et les images
visuelles qui ont contribué pour une bonne part à Téducation
verbale du jeune sourd ne rempliraient-elles pas le même
office à son égard?
Telle est l'origine de la lecture sur les lèvres, « art subtil »
qui consiste à saisir la parole sur la bouche de Tinterlocuteur
par Tunique intermédiaire de la vue.
On est d'abord tenté de mettre en doute la possibilité de ce
mode de perception du langage, et il faut avouer que Talpha-
bet labio-visuel offre d'assez nombreuses lacunes : Tœil
confond entre elles, par exemple, les deux consonnes dentales
rfet /des mots dents et temps (phonétiquement : tariy dan);
mais, en pareil cas, une faculté nouvelle intervient qui joue
également un rôle important dans laudition, môme normale,
etdansla lecture des caractères graphiques: cest la suppléance
mentale.
Le jeune sourd-muet qui observe les mouvements des lèvres
lit par le contexte, sans se préoccuper outre mesure d'analyser
minutieusement les formes fugitives soumises à son examen.
Ce mode de communication verbale, malheureusement trop
peu connu, est à la portée des simples sourds, de ceux qui
ont perdu l'ouïe à un âge relativement avancé, c'est-à-dire
plus ou moins longtemps après la période d'acquisition du
langage. Par le fait même que ces personnes savent déjà
parler, elles éprouvent dans cette étude une bien moins
grande difficulté que le sourd-muet, et souvent quelques mois
de bon enseignement suffisent pour donner au sourd cette
faculté complémentaire.
Chez quelques jeunes sourds-muets dont la surdité n'est pas
absolue, on pourra tirer parti des vestiges d'audition utilisables,
et ceux-là seront soumis aux exercices acoustiques, qui sont
<lepuis longtemps pratiqués à l'Institution nationale des sourds-
muets de Paria- Cette méthode, révélée seulement en 1894 par
Urbantschischt au monde médical, était depuis longtemps
appliquée par les professeurs.
*^46 GEOllOES TILLOY
Nous trouvons en effet avant lui les travaux de Dapont :
Rapports sur- 1 enseignement auriculaire 1889 ; puis ceux de :
Vivien : De l'enseignement auriculaire^ 1891 ; Maricheile et
Dufo de Germane : Vefiseignement auriculaire dans les écoles de$
sourds-muets, 1900.
Tels sont les éléments que le professeur inculquera au
jeune sourd-muet, et, arrivé à la fin de sa première année,
celui-ci sera en état de prononcer presque tous les mots de
Il langue; mais ces vocables seront pour lui dépourvus de
signification, car il ignore totalement Tart de les assembler.
C'est alors que commence un laborieux travail, qui se pour-
suivra pendant de longues années. Le jeune sourd-muet
apprendra la langue maternelle, le vocabulaire et la con-
struction grammaticale. Cet enseignement est donné par la
parole, la lecture sur les lèvres et Técriture. Dans leur livre
4lu cottrs de langue française à f usage des écoles des sourds-
muets , MM. André et Raymond, d'une part, M. B. Thollon^
dans la Méthode orale pour f instruction des sourds-muets
d'autre part, exposent avec une compétence parfaite les
différentes méthodes.
C'est ainsi qu'on arrivera à doter l'enfant d'une instruction
primaire assez développée et comportant, suivant le degré
d'intelligence du sujet, des notions plus ou moins étendues de
calcul, de géographie, d'histoire de France, de morale, de
sciences physiques et naturelles.
Pendant les quatre dernières années de séjour à Tlnslitu-
tion, lorsque le jeune sourd-muet a acquis une connaissance
suffisante de la langue et qu'il a la force de pouvoir apprendre
le métier qui plus tard l'aidera dans la vie, il entre en appren-
tissage dans un des ateliers de la maison, dirigés par des pro-
fesseurs spéciaux.
Les parents et l'enfant sont invités par lettre à se pronon-
cer sur la nature du métier que le jeune sourd-muet désire
apprendre, et,àlarentrée,suivantledésirexprimé, ilcomraence
son éducation professionnelle, soit comme jardinier, menuisier,
tailleur, typographe, modeleur ou sculpteur sur bois.
Les œuvres de ces jeunes artistes sont exposées au musée
de l'Institution. L'ornementation du parloir, du cabinet du
directeur, a été entièrement exécutée par les élèves.
Le sourd-muet est toujours un excellent ouvrier, ponctuel
et attentif, et, pour peu qu'il soit servi par une intelligence
l'institution nationale des sourds-muets de paris 347
vive, il arrive à se faire dans la vie une bonne situation.
Leurs études terminées, après quatre ans passés à l'atelier
et huit ans h l'école, Tinstitution se charge de les caser, et,
désireux de ne pas les abandonner dans la vie, de toujours-
garder contact avec eux, le directeur actuel a décidé de se
renseigner auprès des leurs, des chefs d'entreprise, etc., sur
leur situation morale pécuniaire et familiale.
A côté de Tinstruction générale et de Téducation profes^
sionnelle, rien n'est négligé pour la distraction de Tesprit :
dans les cours larges et spacieuses, un croquet, un tennis, un
vaste portique sont aménagés. Des concerts sont donnés tous
les ans dans la salle des fôtes ; faits surtout pour la vue, ils-
obtiennent toujours le plus grand succès.
Enfin des dortoirs bien aérés, des lits confortables et dcs-
luvabos bien aménagés assurent une bonne hygiène. Dans
rétablissement, une piscine permet de faire prendre des bains
fréquents aux élèves et de leur apprendre la natation.
Pour les malades, une infirmerie spacieuse, à la tête de
laquelle se trouve le D' Leroux, médecin en chef de Tlnstitu-
tion, assisté d'un interne.
L'iDslitution de Paris compte, parmi ses élèves, de nombreux
étrangers venus en France pour suppléer à Tabsence d'ensci-
goement de leur pays. Nous avons lieu d'espérer cependant
que, dans un avenir qui n'est pas éloigné, le Portugal, la
Houmanie et les quelques pays qui ne comptaient pas d'écoles
(le sourds-muets seront pourvus d'excellents maitres, dont
rinstitution de Paris devient la pépinière.
Telle est l'œuvre accomplie, et Ton peut dire que mainte"-
naat la parole est rendue aux sourds-muets. Aussi combien
paraissent légers les sacriliccs devant l'importance des ré-
sultats.
L'école des muets de Paris a réalisé, en son laboratoire^
la physiologie de la parole. En s'occupant des anormaux^
elle a rendu de signalés services aux entendants, pour qui
elle a indiqué les méthodes nouvelles, que l'on commence
aujourd'hui seulement à appliquer dans les écoles pri-
maires : elle a réalisé la méthode de lecture sans épellation
ni appellation, qui désigne chaque lettre par sa valeur
phonétique.
Elle a indiqué, pour renseignement des langues, la méthode
directe et intuitive, procédant du fait ou de l'idée au mot et à
348 GEORGES TILLOY
la phrase sans recourir à la traduction. Elle a précédé de
Ijngtemps les méthodes Berlitz et autres, qui ont pris tant
d'extension depuis quelque temps.
On comprendra donc aisément que, connaissant parfaite-
ment les phénomènes de la parole, les professeurs de sourds-
muets de rinstitution soient tout désignés pour combattre les
vices d*articulation chez les entendants. C'est dans ce but
que, depuis plusieurs années, le D** Castex a fait appel aux
professeurs de Tlnstitution pour fonder un cours d ortho-
phonie, qui fonctionne régulièrement à la clinique annexe et
que suivent les personnes du dehors.
Pour terminer, disons que tous les jours la méthode orale
se perfectionne. Des ouvrages importants sont publiés tous
les ans, et je citerai entre autres :
Les Nouveaux programmes d'cnseignemeni de 1903^ œuvre
d'une Commission nommée par la Conférence des professeurs;
Le Français par rimage^ 1904 (Boyer et Pautré) ;
Le Français par r usage (Boudin, Dupuy, Legrand et Liot..
Enfin, franchissant le domaine pédagogique pur, sous
rinitiative de M. Vaisse, ancien professeur à l'Institution, elle
a contribué à créer, en 1878, la phonétique expérimentale, à
qui MM. Havet et Marey ont donné toute l'extension que Ton
sait.
Comme on le voit, l'effort donné est considérable; les
résultats obtenus sont surprenants, mais le champ reste encore
libre à bien des expérimentations et à bien des découvertes :
espérons que la science, c'est-à-dire que les professeurs, aidés
des médecins et des spécialistes arriveront, dans un temps
prochain, à améliorer le sort des sourds-muets, que l'on cesse
dès maintenant de considérer comme des anormaux, et en
qui il ne faut plus voir que des malades guéris depuis que la
pédagogie les a rendus au monde extérieur..
RECUEIL DE FAITS
NOUVEAU CAS D'ACHONDROPLASIE
Par le D' J. GOMBT.
Nous avons déjà publié, dans cette revue [Arch^ de Méd, des
Enfants^ 1902, page 473, et 1904, page 541), plusieurs observation
d'achondroplasie avec photographies et radiographies, montrant
bien les particularités cliniques de cette singulière anomalie^
Aujourd'hui, nous allons décrire un nouveau cas, intéressant par
les difficultés de diagnostic et par les belles épreuves photo- et
radiographiques qu'a bien voulu en faire M. Ch. Infroit, au labora-
toire de la Salpètrière.
Obseavation. — Fille de seize mois. — Taille exiguë, poids très inférieur A
la normale. — Saillie des masses musculaires, — Micromélie. — Mort après une
longue période d'hypothermie. — A l'autopsie, intégrité de la glande thyroïde.
G... Lucienne, âgée de seize mois, entre le 26 novembre 1905 àThôpital
des Enfants-Malades, parce qu'elle dépérit depuis huit jours.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de vingt-huit ans, bien portanf,
très grand et maigre, mère âgée de vingt-neuf ans, de taille normale, pas
d autre enfant, pas de fausses couches.
Antécédents personnels. — L'enfant, née à huit mois, pesait 2 750 grammes;
accouchement normal. La grossesse aurait été marquée par des ennuis et
des chagrins profonds. L*enfant a été nourrie à la campagne, au sein, dit-on,
jusqu'à dix mois, puis au biberon avec lait bouilli.
Pas de maladie antérieure, pas de diarrhée, constipation habituelle
nécessitant Tusage quotidien de lavements.
Depuis huit jours, dépérissement, refus de nouiTiture, sommeil agile,
pas de fièvre.
État actuel. — L'enfant, ridée, ratatinée, a Tair très petit, avec des
membres courts, des masses musculaires faisant une saillie exagérée ; on
dirait d*un pygmée. Taille 55 centimètres, à peine supérieure à celle d'un
Qouveau-né, inférieurede 20 centimètres à la normale. Poids 4 670grammes,
correspondant au poids dun enfant de deux mois; si l'enfant était
normale, elle devrait peser environ 10 kilogrammes.
Avec cette exiguïté et cette faiblesse de poids, on s'attend à voir
un athrepsique. Or l'impression qui se dégage au premier abord est celle
d une enfant anormale, idiote, myxœdémateuse peut-être (fig. 1).
Fontanelle antérieure assez large, pas une seule dent. Cependant aucune
déformation rachitique, pas de chapelet costal, pas de craniotabes. Ce
qui frappe, c'est l'état de la peau flasque, ridée, surtout au niveau des
membres. Sous cette peau trop large pour les parties qu'elle enveloppe.
on senl des masses musculaii'es tlures, saillanles, formant un ri^li^r
exagéri^. Pas de masses lipomateuses,commconftn voildan.slomyxoctlrmr.
L'enfant n'est il'ailleui's pas inerte, comme il arrive dans cette miilaijii'.
elle crie beaucoup et s'agite.
Les yeux sont [Klils, les paupièi-es inférieures boy mes; la lansnc. lanif.
volumineuse, sans fissures À la surface, fait SHillieliorsde la bouche. IVI»
4:nntrJbue à donner à l'enfanl le fanes d'un myxo-dt'niateux. La t^le, lui a
4< centimètres de circonférence, n'est pas bracliycéphale, comme dan* li-
mongolisme, maiii un peu alionfrée. (Cheveux rari^s, courts, mais pas duis.
Fig. I. ~ AapecI d'idinl.
■ Mains larges et canêes, en triilcnl. Membres très courU, égalité di-
longueur entre l'avant-bras et le bras, entre la jambe et ta cuisse. Li-
membre inférieur a 24 centimètres de longueur totale, en complant An
l'aiius à la plante du pied ; le membi-e supérieur a t7'","i {9 pour Ir bras
tt.Ti pour ! "avant-bras). Le Ininc est piuliH long (20 centimètres). Vcnliv
t oliimineux, pointe de hernie ombilicale ; prolapsus rectal. Oyplioii; ver-
tébrale li-ès accusée.
L'examen radiographique (lig. 2 el 1) montre l'absence (VossiCratiim
dans les cartilages épiphysaircs des us long», en même temps i\w la
brièveté des diapbyses; ces os ne sont pas amincis, maisplutàl foils.
La (lystmpbie osseuse, l'achondropla-sie se montre nettement dans i'<>
liguivs.
L'examen des viscèresne dénote riendepaKiculierïtiuelqneasibilanir^
à l'aiisrultatioii des poumons, rien au cii-ur ; foie et rate sans augmentalinn
//
NOLVEAC CAS D'aCHONDROPALSIE ST»!
Le soir <le l'enti-ée à l'IiAp ilal, la température rectale est de 36°, i; elle
•^'ab&isse le jour suivant à ;i6°et oscille pendant huit joui-s sutour de 36",
si-levant parfois à 36°,3, pour s'abaissera 3j°,8 el même à 35>,6 h veille
Vt le jour de la mort. L'enfant a saccombii ainsi en hypothermie li>
S décembre 1905, malgré les bains chauds que nous lui avions prescrils.
Pig. i. — Rad,ogi'a[)liiU dr In niuiii.
A l'autopsie, faite le lendemain, nous avnns trouvé les {mumiinv
'''iiçestionnés ; le cœur sans lésions val vulaires ni vices de développemenl ;
il nous a paru- seulement un peu petit.
Le thymus était peu développé, le corps thyi'oïde absolument normal.
Pas de' tuberculose. Crâne aminci, allongé; sa l>a$o était étroite; rii'it
*lans le cerveau, le foie, les reitis, etc.
Ponc voici une lillctte de seize mois, liée avant terme, nourrie au
sein d'abord, puis nu biberon, en retard pour le poids du corjiM
el la taille, quoique non nlhrcpsique. Cette enfant, très petite ù la
nuissancc, n'avait pas pu se développer normalement, et elle est
morte en hypothermie sans lésions viscérales pouvant expliquer
celte mort.
:(52 J- COMBY
Le diagnostic présentait des difficultés. Après discussion, nous
avons éliminé le rachitisme, l'idiotie mongolienne, le myxœdème
congénital. Restait l'achondroplasie, dont le radiographie a <wq-
firmé le ditignostic
Fig. 3. — Rsdmgruplùu des lucml.res inférieurs.
Quant à la cause do cette anomalie, nous n'avons pu la saisir:
nous soulignerons seulement les chagrins et ennuis éprouvés par la
mère pendant la grossesse. C'est U une condition étiologiiue que
nous retrouvons dans d'autres anomalies inrantiles, et notamment
dans le mongolisme.
REVUE GÉNÉRALE
ÉPIDERMOLYSE BULLEUSE CONGÉNITALE
On a confondu longtemps avec lé pemphigus une dérnaalose
biilleiise de Tenfance qui présante cependant des caractères bien
particuliers.
De nombreux auteurs ont cherché à établir rautononiié et l'indi-
vidualité de cette dermopathie congénitale, que le D"' Petrini-
Galatz (de Bucarest) appelle épidermolysê huileuse dysirophif/Ue
et congénifale(i).
Avant le D' Petrini-Ualàtz, que nous prendrons surtout pour
iruide, nous devons citer les auteurs qui ont entrevu ou bien décrit
la maladie nouvelle. ! : . ^
Vidal {Réuniàns cliniques de Vhùpitat Saint- Louis /\ avril
1889 , sous le nom dé lésions trophiques d'origine congénitale à
marche progressice^ a présenté une fille de treize ans, chez
laquelle les lésions pemphigoïdes occupaient la face dorsale des
rir(iculations des mains, des coudes, des gei^oux, des cous-de-pied.
Hailopeau {Soc, franc, de Dermatologie^ 1890) décrit la même
affection sous le titre de : Dermatose butlelise infantile avec cica^
tricea indélébiles, kystes épidermiques et manifestations buccales,
U insiste en même temps sur là symétrie des lésions et les altéra-
tions des ongles, qui se voient dans les cas typiques.
M. Petrini-Galatz accepte la dénomination à' épidermolysê hui-
leuse congénitale, proposée par H. Kobner, ou celle de Trophoné-
r rose huileuse congénitale à poussées successives. Il pense qu'il faut
en disting-uer les cas de Tilbury Fox ( 1879), Goldscheider (1882), etc.,
visant une prédisposition ou tendance héréditaire à la formation de
bulles sous rinfluence de légers traumatismes : coups, frottements
par le col du vêtement, etc.
(Il Contribution à, Tétude clinique et histopathologique de Tépidermolyse
huileuse dystrophique et congénitale {Annales de dermatologie et de syphili-
graphif, août-septembre, 1906. Les flgures qui accompagnent cette Revue ont
été mises grafieusemeol à noire disposition par la Rédaction de ces Annales.
Arch. db xédec. des enfants, 190". X. — 23
354 REVUE GÉNÉRALE
L'épîdermolyse huileuse serait une dermatose bien déGnie, à
évolution uniforme, se présentant toujours avec les mêmes sym-
ptômes objectifs. Dans cette définition rentrent les cas de Lesser(l ,
Herzfeld (2), Aug-agneur (3), J. Bowen (4), Rona (5), Baizer et
Alquier (6).
Dans un cas de Bettmann (7), la dermatose se transmit à quatre
générations.
Plus récemment, le D' Grandjean-Bayard, inspiré par Gau-
cher (8), après Tétude de cinquante-huit observations prises à
diverses sources, admet avec réserves que le pemphig-us congénital
à kystes épidermiquéd iépidermolyse huileuse de forme dystro-
phique) et le pemphigus héréditaire traumatique simple {épider-
molyse huileuse traumatique simple) forment deux espèces mor-
bides.
Dans la deuxième forme, Phérédité joue un rôle ; dans la pre-
mière forme, elle n'en joue aucun. Dans Tépidermolyse trauma-
tique simple, Tétat général est bon, les sujets sont vigoureux, leur
maladie s'atténue avec Tâge et peut quelquefois guérir.
Dans Tépidermolyse dystrophique, les sujets sont chétifs, Tatté-
nuatipn avec Tàge laisse persister des stigmates. Dans la seconde
forme, les bulles sont exclusivement traumatiques et se voient là
où les traumatismes ont porté, surtout à la plante des pieds et à la
paume des mains, des frottements légers, des pressions suffisant
pour les produire.
Danâ la première, il y a des bulles spontanées et des bulles trau-
matiques, des dystrophies unguéales, des cicatrices et atrophies
cutanées, des kystes épidermiques ; les bulles occupent surtout le
plan d'extension des membres, etc.
Le traumatisme n'est pas le seul agent provocateur à invoquer.
Chez un enfant de six ans, observé par Berger {Arch. f. Demi,
und Syph., LXXX, p. 23), si les frictions de la peau provoquaient
des bulles, alors que les grattages et piqûres n'en produisaient pas,
les rayons de Rontgen avaient les mêmes effets que les frictions. Aux
extrémités, chez cet enfant atteint d'épidermolyse huileuse hérédi-
taire, des bulles apparaissaient spontanément. Tronc peu atteint.
(1) Lesser, Avch. f. Derm., 1892, XLV, p. 217.
(2) Herzfeld, Bevl. klin. Woch., 1893, p. 134.
13) AuoAGNKUH, Un cas de derinatite huileuse congénitale (. 4 nii. dec/efm.,1891 .
(ij BowE?f, Congénital bulioiis dermatitis with epidermic cysts iJourn. o,'
eut, and genif. iirin. diseases, 1898, p. 253).
(5) Rona, Zwei Faile von Epiderinolysis biiliosa {Arch. f. Dcrm.^ 1899).
(6) Bai.zer et ÂLQUiER, Dermalite huileuse congénita'e à kystes épider-
miques (Ann. de Devra., 1901, p. 739).
(7) Bkttm\sn^ Ueber die dyslr. Korm der Epidermolysis bullosa hereditaria
[Arck, f. Denn., 1901).
(8) Gha.ndjeax-Uayard, Pemphigus congénital à kystes épidermiques \Thhf '"*
Parts, juillet 190C).
ÉPIDERMOLYSE BULLEUSE CONGÉNITALE 355
Contenu séreux ou hémorragique, séro-purulent à la paume
des mains et à la plante des pieds.
Étudions maintenant les trois faits inédits de M. Petrini-Gala(z.
I. Fille de sept ans, reçue à la clinique de Bucarest, le 3 juillet 1903,
sortie améliorée le 23 mars 1904.
Père et mère sains. Premier enfant, venu à terme, ayant des
bulles sur le cuir chevelu, mourut le treizième jour. Deuxième
enfant, âgé de treize ans, bien portant.
Troisième et quatrième enfants, morts à trois ans et à huit mois„
ayant des bulles sur la peau. Septième enfant, mort d'accident à
deux ans, n'a n'en eu.
Cinquième et sixième atteints. Donc, sur sept enfants, tous nés à
terme, cinq ont eu des bulles^
La petite malade, atteinte dès la naissance, présenta à six
semaines des bulles sur les doigts, les orteils; vers six mois,,
efflorescences sur les gencives. Puis bulles solitaires sur la poi^
trine et le dos. Trois mois après, petites saillies ^kystes épider-
miques) aux genoux et à la face dorsale des doigts. État général
bon, développement normal.
Actuellement, aucune lésion sur le cuir chevelu et la face, sauf
une bulle à la partie moyenne du dos du nez et une vésicule à
l'aile droite du nez; contenu rougeàtre. Excoriations sur la voûlc
palatine, Tarcade dentaire, la gencive supérieure ; ce sont des restes
de bulles préexistantes. Ganglions sous-maxillaires engorgés.
Tronc et abdomen indemnes.
Aux coudes, peau amincie, ratatinée au cenlre, viotecée, avec
petites squames et croûtelles (restes de bulles). Quelques vésicules
à la face dorsale des mains, sur les doigts, avec kystes épider-
miques. I/onglede Tauriculaire droit est détruit; celui du médius
gauche est raccourci, épaissi, noirâtre. Lésions étendues aux
jfcnoux. A la face antérieure du genou droit, aspect cicatriciel de
la peau, «qui est amincie, violacée, ratatinée, couverte de squames
et croûtelles. En haut et en dehors, bulle du volume d'une noisette
à contenu séreux. A gauche, même aspect avec une bulle du
volume d'un petit œuf. Petites cicatrices aux jambes et cous-de-
pied, bulle grosse comme un petit pois à droite. Ongles des orteils
altérés.
Ganglions inguinaux un peu augmentés. État général bon.
Le traitement au début fut : bains chauds borates, puis douches
écossaises; à l'Intérieur, arséniate de soude, puis phosphate de
soude, acide phosphorique.
L'ensemencement du liquide des bulles a donné plusieurs fois
du staphylocoque doré, probablement par contamination des
cultures.
iÛti IIEVL'E OÉXÉflAI.E
Du gl juillet 1903 au II mars iOJ4, apparition de 27 bulles :
1 au visage, 4 dans la bouche, 10 sur les membres suptirieurs.
12 sur les inrérieups,'
Le 23 mars, au moment de la sortie, aspect psorinsirorme des
coudés, petites plaques épidermic|ues, cicatricielles, simulant des
verrues planes aux doig-ls, altérations des ongles, plaques rouge
violacé, nodules épidermii|ues au niveau des articulations phaUn-
giennes(fig. 1).
Peau des orteils d'un rouge violacé pflle, aspect ridé et ratatim'.
ongles profondément altérés, représentés par des débris i'ugueu\
dill'ormes ifig. 2 .
il. Fille de cinr| ans, sreur de la précédente, entrée el sortie le
même jour; dés l'àge de six semaines, bulles sur les genoux, les
doigts et les orteils; à deux ans, efllorescences semblables dans l;i
bouche. Ucs bulles se sont montrées sur le dos des doigta, laissant
des traces analogues ù de petites verrues planes.
Knfunt bien développée. Veines tiês apparentes sur les côtés du
thorax el du ventre.
A la région lombaiie, au niveau des apophyses épiiieus^'s,
vestiges de bulles ; aux coudes, peau plissée, ridée, squamou-e.
ÉPiDEUMOLVSE DLLLEfSE COSUh'NlTALK aj7
Traces de bulles sur les mains, exfolialionde réiiidermekiirolinisé.
A la face dorsale des orliculations métacarpo-phalang-iennes, petits
[ilacards irréguliers, rosés, saillants; quelques-uns plus roug-es
entourés de débris épidermiques, restes de-bulles ifig. 3i; les
lésions prédominent à la main gauche. Ongles allérés. Squames et
croùtelies sur les genoux.
Traces de bulles aux jambes et aux pieds. Lésions des ongles
des pieds. L'e.xamen bactériologique a donné le staphylocoque
lommednnslecasprécédenl. Cette enfant aété revue le 11 juin i'.)05,
jn-ésenturtt des lésions analogues à celles constatées penduiil sou
séjour à l'hôpital.
111. Fille de six ans, reçue le 13 janvier ifiOÔ, ù la clinique do
M. Petrini-Galatz. Parents bien pnrtitnts. Une sœur saine ; cinq
Fis- a.
frères morts enlre un et trois ans, sans manireslaltons cutanées.
\ l'âge de deux mois, on vit apparaître des vésicules et bulles
de dimensions variables à la Tnce dorsale des doigts et des orteils,
nus genoux et coudes, etc. Enfantbiendês*eloppée, bon état général.
Tache pigmenlaire sur la partie droite du nez, reste de bolle.
Pigmentation du cou, des régions claviculaires, des épaules, du
thorax. Vésicules et bulles sur les coudes, contenu transparent;
grains épidermiques prédominant sur la région dorsale des
'loigts; ce sont des kystes épidermiques résultant de métamor-
358 REVUE GÉNÉRALE
phofics des efllorescences anlèrieures; cicatrices, taches pigmen-
iées, ongles altérés, épaissis, slriës. caducs, etc. Mêmes lésions
sur les genoux, les jambes, W
pieds. Quelques ganglions en-
gorgés dans les aisselles, les
aines et aux cAtôs du cou.
Traitement : vaseline boii-
quéc comme topique, injections
de cacodylale de soude (1 cen-
tigramme par jour pendant
dix joui's) ; repos de dix jours,
puis 2 cenligrammes porjour.
puis 2 centigrammes et demi.
D'après les belles observa-
lions de M . PeIrini-GalaU. que
nous venons de résumer, on
voil que les poussées huileuses
dans l'ëpidermolyse congéni-
tale sont très rares. Le contenu
des bulles est séreux, sangui-
nolent ou rosé. Le siège de
prédilection est sur les facis
d'extension des membi-es. A
force de se répéter sur les
mêmes points, les poussées
huileuses laissent des traces :
peau atrophiée aux coudes el
genoux, cicatrices blanchâtres,
kériitosiques, corpuscules de
milium. I^es ongles subisseni
une alléralion |iroronde, cl l;i
plupart sont détruits enlicre-
ment. Ces lésions trophiquo
sont capitales pour le savuiil
médecin roumain el servonl
il individualiser la dermatose.
Le Iraumalismc n» j"uc
nucun rôle ; les deux sœurs
^.jg 3 jouaient cl se ballaicnt sans
:cssc, et cependant, en huit
mois, elles n'ont présenté que de rares jioussées ; d'autre p"rl.
des chocs volontaires sur les coudes n'ont amené aucune lésion.
Knfin comment ex|iliquer. avec le traumatisme, les longues
accalmies de In dermatose huileuse ?
ÉPIDERMOLYSE BULLEUSE CONGÉNITALE i^
Les eiiTants n'oot pas de ti-ëve dans leurs jeux, dans leurs luttes,
dans leurs chutes, dans leurs coups ; les poussées huileuses
devraient être incessantes. L'influence saisonnière a semblé
nulle.
Par contre, dans la maladie caractérisée par une prédisposition
• il
III
|Ê*|
héréditaire k ta formation des bulles, l'iiilluencc des chaleurs de
l'été sest manifestée.
Les filles seraient plus souvent atteintes i|ue les gar(;ons, cl la
maladie serait cong'énitolc.
Malgré le peu de succès des examens histo-bactériolo}fiques, il
tst probable que la cause intime de Tépidennolyse huileuse dys-
Imphique réside dans une altération du syslême nerveux péiiphé-
'860 REVUE GÉNÉRALE
rique ; car les lésions rappellent celles de la lèpre trophonévro-
tique ; il est vrai que les troubles de la sensibilité manquent dans
l'épidermolyse.
Hailopeau est partisan de la théorie angio-névrotique^qui, d'après
lui^ expliquerait la symétrie des manifestations buHeuses. Celle
théorie n'a rien d'inconciliable avec la doctrine trophonévro-
tique.
D'après les biopsies faites sur ses malades, M. Petrini-Galatz
trouv.e que les bulles, situées presque toujours dans un plan supé-
rienr aux kystes épidermiques,sont formées par plusieurs couches
de cellules malpighiennes. Le contenu est limpide, transparent ou
purulent ; parfois des hématies remplissent la cavité de la bulle.
Parmi les kystes épidermiques, les uns semblent développés aux
dépens des follicules pilo-sébacés ; les autres ne semblent pasaxoir
de relations étroites avec les glandes sudoripares. Le contenu <ie
certains kystes est formé en grande partie de cellules éf»ider-
miques kératinisées.
Ces lésions n'ont pas le caractère inflammatoire, et elles ne con-
tredisent en rien la théorie névro-trophique soutenue par Tauleur
de ce très intéressant travail {Cig, 4).
AilALYSES
PUBLIC ATIOm PÉRIODIQUES.
Gliome primitif de la capsule surrénale, par MM. Lapointe el Lecène
Arch. de méd. exp. et d'an. pa//i., janvier 1907).
Fille de dix-neuf mois, entrée à l'hôpital Bretonneau le 28 août 190;').
Il y a quatre mois, tumeur indolente dans le côté gauche du ventre. La
tumeur se perd en haut sous les fausses côtes et descend en bas
jusqu'à la crête iliaque ; voussure à la région lombaire. Surface irrégu-
lière, bosselée, consistance dure, volume des deux poings, un peu de
niobihté. Trines normales. On fait le diagnostic dé tumeur maligne du
ivin. M. Lapointe l'opèi^e le 30 août. Décorlicalion très pénible de la
tumeur. En arrière, on ouvre l'aorte. Mort une heure et demie après
Tiipération.
Le rein gauche est accolé à la face j)ostérieure du néoplasme, il est
normal; on ne U'ouve pas la capsule surrénale. Coupe de la tumeur
homogène, d'un blanc rosé. Les ganglions prévei'tébraux sont gros et
inliltrés d une substance blanche et ferme, (langlions également dégé-
nérés dans le médiastin.
En résumé, tumeur développée au niveau de la capsule surrénale
gauche, ayant refoulé le rein normal en bas et en arrière, infiltré le
pilier gauche du diaphragme et Taorte, avec mé(a:>tases ganglion-
naires.
Au microscope, travées pluv<< ou moins épaisses de tissu conjonctif
enserrant des alvéoles remplis de noyaux et d'une substance interstitielle.
Rien qui rappelle la capsule surrénale. C était un gliome de la capsule
surrénale avec éléments nerveux ectopiques (fibrilles de névroglie).
iletlc tumeur, très rare, serait le troisième cas connu de gliome de la
capsule surrénale.
Acidilied milkin infant feeding (Lait acidifié dans Talimentalion infan-
tile,, par le D»" Henrt I. Bowditcii {Art:h. of Ped,^ déc. 1906).
C'est le D' Ballot (Rotterdam 1865) qui le premier a attiré l'attention
des médecins sur le babeurre. Après une éclipse assez longue, ce produit a
reparu sous les auspices de de Jager (1884), puis de Teixeira de Mattos, etc.
Le babeurre peut être fait avec la crème fraîche ou avec la crème fer-
mentée, avec le lait frais ou avec le lait fermenté. Cette fermentation
s'obtient spontanément à une température convenable, ou par ensemen-
cement de bactéries acido-lactiques.
La composition du babeurre se fait remarquer par sa pauvreté en
beurre, sa richesse en caséine et en sucre-(ce dernier étant ajouté dans
la préparation). La valeur en calories du babeurre serait de 300 à 400,
inférieure de moitié à celle du lait total.
302 ANALYSES
On n'emploie plus le babeurre cru ; on remploie cuit avec une farine e|
du sucre (10 à 25 grammes de farine, 90 grammes de sucre par litre;'.
Or la valeur en calories s'élève à 600 et 700 par litre.
11 est indiqué dans Tathrepsie, la dyspepsie intestinale, dans la période
de marasme qui suit les diarrhées infantiles, dans Tallaitement mixte,
dans les cas où les autres aliments ont été inefficaces. Il est contre-
indiqué dans les vomissements graves, au début des diarrhées aiguës,
quand les selles sont très acides.
L'auteur a employé le babeurre pasteurisé à Thùpital de nourrissons ou
au Floating Hospitalde Boston (service du D' Morse).
On donna le lait acîdiQé non pasteurisé à 28 enfants de moins de onze
mois; 5 qui étaient très malades ne furent pas améliorés ; 3 prirent bien
la mixture ; 7 gagnèrent ou perdirent du poids, ils étaient atrophiés ;
3 s'en trouvèrent plus ou moins bien, etc.
Bref, on peut dire que le babeurre n'a pas eu d'effet nuisible, mais sans
produire de meilleui's effets que les autres nourritures employées. Ceux
qui avaient des troubles intestinaux semblèrent plus améliorés que ceux
qui avaient des troubles gastriques .
On donna le babeurre pasteurisé à 34 nourrissons, entre deux et vin^'t-
trois mois. Là encore les résultais furent variables, mais un peu meil-
leurs dans leur ensernble.
The diagnosis o! laie hereditary syphilis in the school cbild
(Diagnostic de la syphilis héréditaire tardive chez les écoliers;, par le
D*" G. DE Saîstos Saxe (Arch. of Ped.^ déc. 1906).
Parmi 2500 enfants examinés dans les écoles de New York, lauteur
n'en a trouvé que 12 chez lesquels des signes physiques pouvaient faire
présumer la syphilis héréditaire.
Aucun renseignement sur la santé des parents.
Les enfants examinés avaient de six ans à seize ans ; autant de garçons
que do filles.
Les enfants reconnus comme syphilitiques avaient entre six el
quatorze ans (5 garçons, 7 filles).
Tous, sauf un, avaient de l'insuffisance mentale et avaient la dent de
Hutchinson ; 4 montraient les vestiges de lésions oculaires syphilitiques
(1 avec kératite en activité). Tète hydrocéphalique chez 3 enfants. Tous
avaient un développement physique retardé, 7 montraient en même
temps des stigmates de rachitisme osseux. Cicatrices buccales chez 0,
tous avaient des glandes lymphatiques hypertrophiées ; 2 avaient des
lésions nasales; aucun ne présentait de lésions de la gorge. Choréechez
2 enfants.
A case of right facial paralysis and left hemiplegia; recovery (Cas de
paralysie faciale droî te el hémiplégie gauche; guérison), par le D*" He««a>
B. iSiiEFFiELD [Arch. of Ped.j déc. 1906).
Garçon de vingt mois, d'une famille saine de 3 enfants. Père tri^^
nerveux. 11 y a un mois, l'enfant prit froid ; il y a trois semaines, vomis-
sement, fièvre vive, douleurs et spasmes musculaires. Amélioration au
bout de huit jours. Mais il ne peut marcher, ne peut se servir de son
bras gauche el a la bouche de travers. Quand on le fait crier, les pau-
pières restent closes à droite, le sillon naso-labial est moins marqué, la
commissure labiale tombe un peu. Réaction légère de dégénérescence.
Paralysie de la jambe gauche et du bras gauche ; l'enfant marche
quand on le soutient, mais traine la jambe, qui est un peu raide.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 363
L'épaaie gauche est tombante ; il ne peut soulever son bras gauche et,
quand on le soulève, il i^tombe de son propre poids. Exagération des
réflexes patellaires, surtout à gauche. Sensibilité conservée. Pas de
réaction de dégénérescence.
Double otite moyenne (D"" Max Talmey), plus prononcée à droite. La
paralysie faciale s'expliquerait ainsi. Quant à l'hémiplégie, elle serait due
à une encéphalite aiguë grippale. Guérison en trois mois. Il y a eu ici
aae paralysie périphérique et une paralysie cérébrale concomitantes,
mais non subordonnées.
Maladie de Barlow, par MM. Bonnet et Ch\ttot {Lyon médical, 25 mars
1906).
Fille née le 16 décembre 1904, morte le 25 février 1906. Entrée à la
crèche le 2 mai 1905 pour des croûtes séborrhéiques du cuir chevelu et
pour deTérythème du tronc. Nourrie au lait stérilisé par la méthode de
Soxhlel. On fait le diagnostic d'hérédo-syphilis en août, et on prescrit des
frictions mercurielles. Chapelet rachitique. Le 12 janvier 1906, fièvre,
faiblesse générale. Membres inférieurs douloureux et impotents. Le 14,
pas de fièvre. Le 26, fièvre de nouveau avec douleur du bras gauche.
Souffle à la base droite. .
Le 14 février, les jambes sont complètement inertes ; mobilité anormale
des genoux, qui sont très volumineux. Crépilalion osseuse au niveau
de l'épaule gauche. Œdème des pieds et des jambes. Oh pense à la
maladie de Parrot. Gencives saignantes et fongueuses. Pas de purpura
ni ecchymoses ; mort le 25 février.
A Fautopsie, points de bronchopneumonie. Hémorragie sous- péri ostée
du tibia gauche ; décollement épiphysaire.
Présenté à la Société médicale des hôpitaux de. Lyon, ce cas a été
contesté par M. Weill, qui récuse le diagnostic de scorbut infantile.
L'ictère d'origine congénitale, par le D** Chauffard [Journal des Prati-
ciens, 19 janvier 1907).
11 s'agit de sujets qui sont jaunes à la naissance et restent tels indéfi-
niment, sans eu éprouver de troubles appréciables. Leurs selles ne sont
pas décolorées, la rate est grosse et le foie ne dépasse pas les fausses eûtes.
Il n'y a donc pas de signes d'obstruction biliaire. Le régime alimentaire
a peu d'influence sur cet ictère congénital. Par contre, les fatigues, les
voyages, les émotions aggravent la maladie.
Chez ces malades, le sang présente : un sérum coloré en jaune d'or
avec réaction de Gmelin, une inégalité dans les dimensions des globules,
les uns très gros, les autres très petits; une diminution de résistance des
globules (hémolyse).
Des faits de cet ordre ont déjà été relatés en 1900 par Minkowski, et ce
médecin citait une famille où 8 cas d'ictère congénital étaient répartis
sur trois générations : chez tous ces malades, il y avait une grosse rate,
des fèces colorées, de Turobilinurie et le maintien d'une bonne santé. Un
sujet qui mourut d'une maladie intercurrente (pneumonie) laissa voir iin
foie sain, des voies biliaires nomiales et l'absence de toute angiocholile.
Tn calcul pigmentaire était contenu dans la vésicule, et les reins l'enfer-
maient une quantité considérable de pigments ferrugineux.
ily aplusieurs formes d'ictère congénital : 1° celle que décrit M. Chauf-
fard, qui est compatible avec la santé et ne comporte aucun traitement ;
2» l'ictère hérédo-syphili tique (Thomson), qui s'explique par une angio-
cholile et une cirrhose ; S'* ictère décrit par Kœrte, remontant aux pre-
304 ANALYSES
miers mois de la vie, et dans lequel on a trouvé de lapérihépalile, de la
périeholécystite avec compression des voies biliaires.
Le véritable ictère congénital n'est pas dû à une angiocholite ascen-
dante (Gilbert, etc.)) mais à une altération du sang avec hypertrophie de
la rate.
L'origine hématique de cette maladie est donc très probable.
Lésions histologiques du foie dans un cas d'ictôre syphilitique du non-
veau-né, par MM. Ménétrier et Rubens-Duval (.4rc/i. de méJ, cxp.ei
d'anat, paf/i., janvier 1907).
Enfant né à terme, en février 1906, à la maternité de l'hôpital Teuon.
))esant 3190 grammes. Ictère dès la naissance. Mère syphilitique. Mort
d'hémorragie ombilicale le troisième jour de la naissance.
A l'autopsie, gros foie et grosse rate. Couleur verdâtre du foie et surface
lisse, bord antérieur tranchanL Pas de gommes ni de sclérose. Sur ler^
coupes de poumon, traînées de pneumonie blanche. Rien dans les aulit'>
organes. La recherche du spirochète a été positive pourle poumon, néga-
tive pour le foie.
Pas de sclérose, pas de gommes, pas de nodules inflammatoires d'au-
cune sorte, mais réaction considérable de la cellule hépatique aboutissant
à une surcharge glycogéniquo, et pour quelques cellules allant jusqu'à la
dégénércijcence. Production exagérée de pigments biliaires en relation
avec l'intensité de l'élaboration glycogénique. Comme il y avait desspiro-
chètes dans le poumon et non dans le foie, on peut penser que la
i-éaction hépatique est due à des toxines syphilitiques sécrétées à di>-
tance par les spirochètes du jioumon.
A case of congénital syphilis; unusual symptoms (Cas de syphilis congé-
nitale, symptômes inusités), parle D' Wilson Smith [The Brit, med. Jour-
nal^ 19 janvier 1907).
Fille de seize mois, reçue à l'hôpital le 8 mare 1906 ; née à terme, saine
pendant quelques mois, quoique nourrie au biberon.
On constate de l'ictère, un ventre gros avec dilatation veineuse super-
ficielle, sans liquide libre dans le péritoine. Foie très hypertrophié, lii^se
et dur ; rate moins grosse.
Lne semaine plus tard, l'examen du sang monire de la leucocyto^,
sans hématies nucléées, avec égalité entre les lymphocytes et les polynu-
cléaires. On donne de l'arsenic et de la moelle osseuse. Le 17 mai-s, on
trouve 7200000 hématies et 80 000 leucocytes; le 23, 6 400000 hénialips
62 000 leucocytes. Le 31, l'enfant quitte l'hôpital, sans que le diagnostic
ait été fait ; on hésite entre la cirrhose syphilitique et la leucémie. Mort
le 6 avril. .
A l'autopsie un peu d'ascite : foie gros, rate grosse. L'examen histolo-
gique fait admettre une syphilis congénitale : cirrhose péricellulaire, |)as
de leucémie.
A case of ^eliosis rhenmatica (Cas de péliose rhumatismale), par le
I)'' Williams {The Brit. med. Journal^ 12 janvier 1907).
Le 19 octobre 1906,un garçon de treize ans se présente avec dessymptôme^i
de rhumatisme.
11 est pâle, délicat, soutTre de la gorge et de douleur avec gonflemenlau
genou droit.
Fièvre (près de 39°). On prescrit le lit et le salicylate de soude. Deux joui'j»
plus tard, sa mère attire l'attention sur des taches aux jambes; elles sont
PUBLICATIONS PKaiODIQUES 365.
1res colorées et ne s'effacent pas à la pression. Le 23, une large tache
purpurique se montre à la joue droite. La paupière supérieure droite
et le sourcil sont ecchymoses et gonflés.
Sur la lèvre supérieure très tuméfiée apparaissent des taches purpu-
riques.
• Trois jours plus tard, recrudescence de fièvre, douleur au coiide gauche
ft au gros orteil. Douleurs à Testomac et au ventre. Le 27 octobre,
diairhée et meltTna. Crachats sanglants. Rien dans les urines, dispa-
rition des douleurs. Durée de la maladie, un mois. Urticaire avec taches
purpuriques pendant la convalescence.
Le frère de ce malade, à Tâge de seize ans, a eu des accidents semblables,
el il est encore sujet à de forles épistaxis. Son père a saigné abondam-
ûient à deux reprises. Sa mèi*e, qui a eu beaucoup d'enfants, ne présente
pas de tendance hémorragique.
Le traitement, audébut, fut : 60 centigrammes de salicylate de soude
toutes les trois heiu*es, aucun efFet. Par contre, le lactacle de calcium par
ëoses de 60 centigrammes donna de bons résultats.
Las pielitis de lainfancia (Les pyélites deTenfance), par le D" Joaquix
L. DiE^AS {Arch. Latino-Americanos de Pediatria, oct. 1906).
Garçon de six mois, nourri au sein jusqu'à cinq mois. Le 9 mars 190o,
vapcinalion de bras à bras. Érysipèle vaccinal huit jours après, pustules
decthyma, balano-posthite, puis cystite aiguë : mictions fréquentes et
douloureuses, ténesme, fièvre, urines troubles et fétides. La température,
très élevée pendant les huit jours qui suivirent l'invasion de Térysipèle,
présenta une rémission de trois ou quatre jours, puis remonta à 39<> au
début de la cystite. L'examen des urines, fait le 6 avril, douze ou quatorze
jours après le début de la cystite, donne une réaction acide, avec un
sédiment purulent et albumineux (D*' Patron (iorrea de Mérida'. Arrivé à
la Havane, Fenfant est pâle, anémié, maigre. Urines peu abondantes,
épaisses, troubles, laiteuses. Sédiment dépassant les 50 p. 100 de l'urine
recueillie.
L'analyse bactériologique, par le D' Plasencia, montre de nombreux
bacilles dans les couches moyennes du liquide, des streptocoques et des
dîplocoques dans le sédiment. Cultures sur agar : Proleus vulyaris^
nncrocoques. Douleur dans la région des reins, confirmant le diagnostic
de pyélite.
En mai, aggravation par suite d'entérite. Alternatives de mieux et de
pire pendant quelque temps. Nourrice mercenaire. En février 190«*»,
sevrage, lait de vache. En résumé, garçon sain jusqu'à cinq mois, vacci-
nation malpropre, érysipèle des deux jambes, éruption polymorphe
■roséole, papules, ecthyma) ; balano-posthite, infection urinaire de marche
ascendante, pyélo-cystite, plus tard pyélite pure. Durée totale : cinq
mois. La présence du phimosis a joué un rôle important dans l'infection
orinaire, qui d'ailleurs était mixte : microcoques, diplocoques, Proleus
rulgaris, etc.
Traitement : repos, régime lacté, sein maternel, puis mercenaire, eau
pour diluer Tu rine, alcalins pour combattre son acidité (citrate de potasse).
Brand bei Masern (Gangrène dans la rougeole), par R. Von Hoi.wede
Jakrb. f. Kinderheilk., 1906).
Lauteur publie 6 cas de gangrène observés sur un total de 59 cas de
rougeole; les sièges de prédilection sont les organes génitaux externes, puis
les amygdales et la muqueuse du gros intestin. La maladie frappe sur-
306 ANALYSES
tout les petites filles, peu les garçons. Sur un grand nombre de cas de
rougeole qu*il a traités depuis vingt-cinq ans, lauteur n'a jamais vu de
noma. Dans les cas qu'il rapporte, il s*agissait d'une épidémie à roanifesla-
lions gangreneuses.
Myocarditia ayphilitica mit akuter EDtwicklung von TrommeUchli-
gellingem (Myocardite syphilitique avec développement aigu de doigts en
tambour), par W. Stoeltzner [Jahrb. f. Kinder heilk. y 4906).
U s'agissait d'une enfant âgée d'un peu plus d'un an, chez qui on trouva
à l'autopsie une myocardite syphilitique méconnue pendant la \ie. U y
avait dans le myocarde des masses blanc jaunâtre élastiques, allant de
lendocarde à Tépicarde. L'hypertrophie du cœur avait échappé a l'examen
clinique. Tous les ongles avaient pris la forme de baguettes de tambour;
ils étaient cyanoses. L'enfant mourut dans un accès d'asphyxie.
Beobachtungen bel einer Grippenepidemie, herrorgerufeii darch deit
Micrococcna catarrhalis (Observations sur une épidémie de grippe
provoquée par le Micrococcus catarrhalis), par leD'LuDvic Jehle (Jahrb. f,
Kinderheilh., 1906).
Dans une épidémie de grippe observée dans une salle de nourrissons,
l'agent pathogène fut nettement le microcoque catarrhal. On ensemença
des mucosités du nez puisées avec un tube de caoutchouc. Ensuite on les
mettait dans une éprouve tte stérile. La culture fut faite sur agar addi-
tionné de sang. On obtint des cultures pures du microcpque catarrhal, diplo-
coque ne se colorant pas au Gram, ressemblant au méningocoque, mais
plus gros. Rarement ils étaient intracellulaires. Jamais il n'y eut d'asso-
ciation microbienne.
Emboliache Prozeàsebei poatdiphteritischer Herzschwàche (Processus
emboliques dans la faiblesse cardiaque postdiphtérique), par le D' Esche-
MC.n {Wiener met. Woch.^ 1906).
La rareté des embolies à la suite de parésie cardiaque postdiphté-
rique a décidé l'auteur à publier les cas suivants :
1° Enfant de treize mois, entré au quatrième jour d'une diphtérie
toxique gi^ve; on la tube et on l'injecte. Survient une paralysie du voile
du palais. La faiblesse cardiaque cause la mort. On trouve à la |K)inte du
ventricule gauche un caillot rouge gris à la coupe. Infarctus récents des
deux reins ;
2^ Enfant de six ans, au dixième jour d'une diphtérie de gravité
moyenne. Cœur lent et sourd, œdèmes ; survient un brusque accès de
dyspnée et cyanose. A la pointe du ventricule gauche, on voit à l'autopsie
des thrombus gris rouge, ainsi que dans l'oreillette droite. Rares emboles
dans l'artère pulmonaire; infarctus récent dans le rein gauche;
3° Enfant de treize mois, atteint de diphtérie grave, cyanose, meurt
quatre heures après son entrée. Thrombus de l'oreillette droite ; infarctus
récents du rein gauche ;
4° Enfant de quatre ans, avec diphtérie amygdalienne et pharyngée
de mauvais aspect ; pouls petit, premier bruit soufflant, urine sanglante,
douleurs abdominales ; riiématurie disparait au bout de quarante-huit
heures. .
Multiple Leberabszessen ; Abcès multiples du foie\ par le D' EscHERu-ir
{Wiener Med. Wovh., 1906).
Il s'agissait ici, chez une lillelte de neuf ans, d abcès multiples du foie
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 307
provoqués par thrombose de la veine iléo-colique et de la veine porte à la
suite d'un abcès de Douglas pérityphiitique. La fièvre allant tous les soirs
de 39 à 40^, le mauvais état général et Tamaigrissement, les douleurs au
flanc droit, le gonflement et la sensibilité de la région hépatique, tout
cela faisait soupçonner un abcès du foie. La cause semblait être une péri-
typhlite dont les traces se montraient àTexaraen rectal. On fit la laparo-
tomie; on trouva le foie gros et dur, mais on ne vit pas d'abcès. On
referma l'abdomen. Les phénomènes morbides continuèrent à évoluer
jusqu'à la mort.
L'autopsie montra un abcès du cul-de-sac de Douglas. 11 y avait
thrombose de la veine iléo-colique ainsi que de son point de jonction
avec la veine porte. 11 y avait thrombose suppurée des rameaux intra-
hépatiques de la veine porte, et, à la coupe du foie, on voyait de
nombreux abcès plus ou moins gros, dont la disposition i^épondait à la
distribution dentritique de la veine porte. Des abcès du foie pérityphli-
tiques sont une rareté dans Tenfance.
Zor Kasnistik der Hirschsprung'achen Krankheit (Sur des cas de
maladie d'Hirschsprung), par le D*" Th. ëschericu ( Wiener klinisch. therap,
WocA.,i906).
La rareté des cas typiques de maladie d'Hirschsprung amène Fauteur
à en publier 2 cas.
L'un, observé chez un enfant de trois mois et demi, était caractérisé
parle volume du ventre, les vomissements fécaloïdes; l'état de l'enfant,
sevré au bout de trois mois, s'aggrava; le lait était vomi; la constipation
élait opiniâtre; en même temps le ventre se ballonnait, et on y percevait
comme un gargouillement.
La radiographie montre une forte distension du côlon transverse au
niveau du coude hépatique; on distinguait au-dessous TS iliaque distendu
avec des ondes péristaltiques.
Ai autopsie, l'intestin grêle était normal ; par contre, le côlon transverse
élait très distendu. Le côlon descendant était contracté, aioi^ que
l'S iliaque était distendu. L'estomac était très petiL
Marfan, Netter, en ont combattu la nature congénitale et ont admis
qu il y avait des coudures par suite de distension gazeuse, d'où gène dans
la circulation des matières et dilatation et hypertrophie secondaires.
Cependant il se peut que, dans certains cas, il y ait une hyperplasie
partielle de Tintestin, ce que tendrait à faire admettre la précocité des
symptômes.
Dans le cas observé par Escherich. la nature congénitale des accidents
semblait indéniable ; la forte dilatation du côlon transverse ne pouvait
tenir qua une hyperplasie congénitale, quoiqu'on ne vit nulle part
d hypertrophie de la paroi intestinale.
Dans un second cas, où il s'agissait d'un enfant de plus de trois ans, il
y avait de la constipation et une forte dilatation du ventre. On voyait de
nombreuses ondes péristaltiques ; le rectum mèmeétaitdilaté. L'abdomen
fut massé, faradisé; on fit des exercices gymnastiques, et on appliqua une
ceinture abdominale élastique. Néanmoins on décida une intervention
rhirurgicale. On réséqua un segment d'intestin répondant à TS iliaque ;
mais, le huitième jour après l'opération, Tenfant meurL L'examen histo-
logique du segment enlevé montrait : état normal de la muqueuse,
développement marqué de la viusculosa mucosse^ hypertrophie des fibres
circulaires, qui sont plus de cinq fois plus développées que les longitudi-
nales, tissu élastique normal.
:308 ANALYSES
Un cas rare de hernie dn ceryeao, hémiparésie droite, aphasie motrice,
par les D*"* Pétroff et Guéghoff {Bulgarie médicale , nov.-déo, 1906).
Garçon de dix ansentredansleservice de chirurgie de Thôpital Alexandre,
à Sofia, le 26 octobre 1906. Au mois de mai, il était tombé sur un pieu
qui s*enfonça dans la partie postérieure de la tête.. Quelques jours après,
on tenta à l'hôpital la réunion par première intention. Il se forma une
tumeur mollasse. Six semaines après, les membres du côté droit se para-
lysèrent et la parole fut troublée.
On constate une aphasie motrice avec hémiplégie droite intéressant
le facial inférieur. Une tumeur droite se voit au-dessus de la nuque :
elle a le volume d'une orange. On sent, autour de son pédicule, l'orifice
osseux qui lui livre passage. Battement à la base. Consistance élastique.
Écoulement de liquide céphalo-rachidien. Vers le quarantième jour,
l'enfant marche assez bien ; l'aphasie et la paralysie du bras droit per-
sistent. Vers le neuvième mois,- amélioration ; au septième mois, l'enfant
parle correctement. On a refusé l'opération.
Sobre an case de enfermedad de Addison en nna nina de quince anos
de edad (Sur un cas de maladie d'Addison chez une fillette de quinze
ans), par le D^ Aquiles Gareiso {Anales del Circulo Medico Argentino.
mai et juin 1906).
Fille de quinze ans {Hospital de Clinicas). Mère morte de tuberculost*
pulmonaire ; père et frères sains. Coqueluche, rougeole» scarlatine dans
la première enfance. Réglée à quatorze ans. Il y a un an, affaiblissement,
marche difficile, puis alitement. Bientôt, douleurs dans les membres
inférieurs, dans le ventre et l'épaule. Ces douleurs étaient vives et inter-
mittentes. Un mois après, douleurs d'estomac, vomissements, diarrhée.
L'enfant toussait et crachait. Pigmentation foncée au front et à la face,
qu'on attribue au soleil. La couleur bronzée s'étend aux mains, aux bras.
à la partie supérieure du tronc. A la fin, les lèvres et la muqueuse buccale
furent atteintes. Mort par asthénie et consomption. A l'autopsie, tuber-
culose des capsules surrénales, granuhedu péritoine, tuberculose de Tintestin
et des ganglions mésentériques. Les capsules pèsent, la droite 22 grammes,
la gauche 25 grammes : à la coupe, tubercules caséifiés, destruction
complète de la substance des capsules.
Un cas d'encéphalocèle traité par l'excision, survie de deux mois et
demi, mort par cachexie, par le D** Ri s s {Soc. d'Obstr. de Gynécologie et de
Pédiatrie, février 1907).
Femme de trente ans, entrée le 13 octobre 1906 à la clinique obstétri-
cale de Marseille (D"" Queirel). Elle accouche dans la nuit d'une fillette
pesant 2 380 grammes. Crâne aplati d'avant en arrière; saillie pédiculée
du volume d'une mandarine à la région sus-occipitale, au niveau de la
fontanelle postérieure. La tumeur, violacée, glabre, aplatie de haut en
ba?, mesure 5 centimètres de hauteur, 4 centimètres et demi de largeur ;
elle est pédiculée. Consistance mollass? en certains points, fluctuante
en d'autres. Partie solide irréductible, partie liquide réductible.
Intervention le cinquième jour, dissection du pédicule ; double ligature
au catgut, excision avec les ciseaux de tout ce qui déborde. Les lambeaux
<îutanés sont ramenés et suturés par-dessus, drainage. Cicatrisation
rapide. Guérison. Pendant un mois, tout va bien. Alors l'enfant est mis
au biberon. Il dépérit et meurt cachectique à la fin de décembre. La pièce
est composée de deux lobes ; prolongement postérieur des hémisphères.
Membrane d'enveloppe représentant les méninges mal différenciées.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 369
Pied bot yarns éfoin Gongénital, astragalectoniie et tarsectomie
cunéiforme, par le D' Codet-Boisse {Journal de médecine de Bàrdeauxy
2i avril 1907).
Garçon de six ans, entré à Thôpital suburbain du Bouscat le 16 juin 1906.
Varus équin du pied gauche, < congénital, s'exagérant de jour en. jour.
Jambe amaigrie. Êquinisme très accentué, astragale faisant saillie au
dos du pied, avec bourse séreuse, par suite de la pression sur le sol. Redres-
sement manuel impossible.
Le '20 jiiin 1906, incision curviligne, extirpation de l'astragale ; cet os
était déformé, ovoïde, ne présentant plus de cal. Après exitrpation de
l'astragale, Téquinisme put être corrigé ; mais il persistait un certain
degré de flexion du bord interne du pied qui oblige à tailler aux dépens
du cuboîde et du caicanéum un coin osseux. Redressement possible alors,
sans ténotomie achilléenne. Suture osseuse au catgut n*' 3 ; réunion des
parties molles au crin de Florence ; pansement cempressif avec bande
plâtrée. Réunion par première intention.
Botte plâtrée allant du creux poplité à la pointe des orteils. Le 26 juillet,
enlèvement de Tappareil, résultat excellent. On remet un autre appareil
jusqu'en septembre.
Sur un cas de tobercalose diffuse chez un nourrisson de deux mois et
demi, par le Di" A. Lévy-Franckbl {La Tribune médicale^ 6 avril 1907).
Fille née à terme le 21 août, paraissant bien portante, nourrie par sa
mère tuberculeuse jusqu'au 4 septembre. Nourrice ensuite, vomissements
persistants, pas de fièvre. Mort à deux mois et quatorze jours.
A Tautopsie, poumons criblés de tubercules ; au microscope, noyaux
caséeux dans le foie, le poumon, etc. Le poumon surtout est farci.de
nodules caséeux énormes. Noyaux caséeux dans la rate, cellules géantes
dans les ganglions mésentériques.
On trouve des bacilles de Koch dans les poumons. Quoique l'enfant
n'ait été nourrie par sa mère, arrivée au dernier degré de la phtisie, que
pendant une semaine, il faut admettre des lésions acquise.^ et non pas
une tuberculose congénitale. .
Les lésions du poumon étant beaucoup plus avancées que celles des
aotres organes, on peut admettre que le bacille a pénétré par les voies
respiratoires.
Hérédo-syphilis, foie silex, anémie syphilitique, présence de spirochètes
dans le lang, par G. Petit et Minet {Soc, méd. des hôpitaux^
12 avril 1907).
Enfant de cinq mois, entré le 28 février 1907 dans le service de M. Dé-
léarde (Lille) avec un œdème des membres, des fissures labiales, du coryza
sanieux. Le foie descend à quatre travers de doigt au-dessous des fausses
côtes ; il est dur et lisse ; la rate est accessible à la palpation. Mort le
5 mars, après melaena, hématémèses, hémorragies sous-cutanées mul-
tiples.
A l'examen du sang, anémie intense : 1 890 000 hématies et 18 600 leu-
cocytes (39 p. 100 polynucléaires neutrophiles, 36 p. 100 lymphocytes, etc.).
Il y a réaction myéloïde et macrophagique répondant au syndrome
anémie pseudo-leucémique de von Jacksh.
A l'autopsie, taches ecchymotiques de l'intestin, rate volumineuse,
foie silex (sclérose fine avec dissociation trabéculaire et plaques de dégéné-
rescence graisseuse). Spirochètes dans le sang, pendant la vie et après
la mort
ÂRCU. DB MiOKG. DK8 KNITANTS, 1907. \. ** ^4
370 ANALYSES .
Notes on two cases of intestinal obstruotion by a band (Not«8
sur deux cas d'obstruction intestinale par une bride), par le D' G.-H. Edihc.
TON {The Glasgow médical Journal, avril 1907).
i^ Garçon de quinze ans, observé le 18 avril 19U6 avec le D^ W. Ritchie.
Malade depuis deux jours, il a accusé une douleur dans l'épigastre et le
côté droit du ventre. Début soudain avec ascension thermique, puis
vomissements bilieux. On sent une tumeur arrondie au niveau du côlon
ascendant au-dessus de l'appendice.
- Laparotomie médiane ; en remontant le long du côlon, une bride dore
est rencontrée en bas et en dehors, comprimant Tintestin. La partie
supérieure de cette bride part du péritoine à la surface d'une grosseur
fluctuante située au-devant des vertèbres et ayant le volume d'un œuf
de poule. La partie inférieure aboutit à la partie interne de la fosse iliaque
droite. Le doigt peut passer entre Tintestin et la bride. On sectionne cette
bride, et l'obstruction disparaît. La tuméfaction rétro-péritonéale (ganglion
mésentérique caséeux) est excisée. Guérison.
2<> Garçon de dix ans, reçu le 23 août 1906, à la saUe II du Royal Hospiial
for Sick Children de Glasgow, avec des symptômes d'occlusion datant de
six jours. Début par vomissement, douleur et diarrhée.
Laparotomie; on trouve des ganglions caséeux; une bride partait d'un
de ces ganglions pour étrangler une anse de l'iléon. Section de la bride,
ablation de l'appendice. Mort trente et une heure après l'opération.
Dans les deux cas, l'agent d'occlusion siégeait au côté droit de l'abdomen.
Dans les deux cas, les brides d'étranglement dépendaient d'une vieille
tuberculose des ganglions mésentériques.
A case of cbloroma (Cas de chloroma), par le IK T. Harrisor Bvtlir
(Tke BrvL med. Journ., 20 avril 1907).
Fille de onze ans, reçue le 20 décembre 1906 au Coventry andWarwick-
ehire HospiuU, pour exophtalmie. Albuminurie. Orpheline, pas de rensei-
gnements sur les parents. Sœur bien portante. Au commencement de
décembre, regard étrange, puis gonflement des tempes.
Le 1^ janvier 1907, ptôse de l'œil droit, qui est déplacé en d^ors et
en bas. Mouvements tnès limités en dedans et en haut, libres dans les
autres directions. Ëxophtalmie marquée aussi dans l'œil gauche, mais
à un moindre degré. L'œil gauche a ses mouvements libres dans toutes
les directions. Vaisseaux de la conjonctive engorgés, veines des tempes
et paupières dilatées, chémosis de l'œil droit. Pas de pulsations ni souffle,
Pupilles égales, réagissant bien. Névrite optique,. ré tinite hémorragique*
Les fosses temporales sont remplies par une tumeur semi-fluctuante*
plus développée à droite qu'à gauche.
Ëtat général mauvais» couleur jaune de la peau, anémie sans œdème
ni purpura. Pas d'albuminurie actuellement. Le sang contient
3 000 000 hématies pour 26 000 leucocytes, avec grande prédominance
de lymphocytes.
Le 10 janvier, on trouve quelques glandes, des taches de purpura, un
peu de stomatorragie. Le 24 janvier, hémorragie grave de l'orbite.
Le 30, l'exophtalmie et la ptôse de l'œil sont accrues ; masse fongueuse
et saignante dans le cul-de-sac inférieur. Somnolence, pas de douleur •
surdité à droite.
Le 17 février, dyspnée, coma, faiblesse extrême, cachexie. Examen
du sang : 1 450 000 hématies, 17 000 leucocytes. Mort le 18 février.
Autopsie. — En enlevant le sternum, on découvre une masse vert-olive
sous le périoste ; côtes vertes ; liquide sanguinolent dans les plèvres*
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 371
Au sommet des poumons, néoplasme adhérent aux vertébral, couleur
▼ert-olive. Œdème pulmonaire. Bcchymoses péricardiques. Colcmie ver-
tébrale couverte sur toute sa longueur de massée sous-périostiqaes, de
couleur vert-olive. Ces masses se continuent .sur plusieurs côtes. Les
deux ovaires étaient hypertrophiés et envahis par le néoplasme. Œil
droit entièrement désorganisé, glande lacrymale atteinte» masse orbitaire
sous-périostée. Dans la fosse temporale, grosse masse néoplaaique ; petits
noyaux le long des sutures coronaires et sagittales ; gros noyaux à l'occi-
pital du côté droit. Méninges épaissies et infiltrées; sinus caverneux
droit envahi, de même le sinus latéral.
Au. microscope, sarcome à petites cellules rondes.
Durée totale sept semaines ; Texophtalmie était due principalement
à la thrombose du sinus caverneux. Ce cas est semblable à ceux de Melville,
Dunlop, etc.* analysés dans les Archives de médecine des enfants^, 1903, p. 43.
Le tbymas et la sort au cours de FaiioiUiésie générale, par le
D'A. Lapointe {Le progrès médical, 13 avril 1907).
La persistance anormale du thymus, l'hypertrophie de cet organe et
des organes lymphatiques en général {Status lymphaticus de Paltauf)
pourraient rendre dangereuse l'anesthésie générale. L'auteur a observé
2 cas de mort par chloroforme chez une fille de dix-huit ans et chez une
femme de trente et un ans ; à l'autopsie, persistance du thymus.
Dans 33 observations analogues (anesthésie par chloroforme ou par
éther), l'état lymphatique est mentionné avec ^ro^ thymus.
Cependant il n'y avait pas compression de la trachée ni d'aucun autre
organe par le thymus. On trouve signalés l'hypertrophie des ganglions
du cou, des aisselles, des aines, du médiastin, du mésentère, le gonflement
des amygdales et du tissu adénoïde du pharynx, des follicules clos et
plaques de Peyer. Dans un cas de l'auteur, il y avait hypertrophie des
capsules surrénales.
Il s'agit surtout de sujets jeunes : enfant de six mois (Bsmarch), fille
de trois ans (Wanitscheck), enfant de neuf ans, onze ans, quinze ans
(v. Kundrat).
Parfois les enfants avaient déjà été chloroformisés avec succès. La
mort survient par syncope cardiaque. On ne trouve aucune trace de
compression analogue à celle qui a été relevée parfois dans d'autres
morts thymiques. Faut-il admettre une hyperthymisation empoison-
Dant les sujets et les rendant plus vulnérables? Paltauf relève les stigmates
d'un tempérament spécial, chloro-lymphatique, qui rend le système
serveux très susceptible et prédispose les sujets à la syncope. Chez de
tels enfants, une cause ordinairement sans effet pourra mettre en jeu
le réflexe fatal. Dans la mort qui survient ainsi après chloroforme ou
^ther, il ne s'agit pas à proprement parler d'une mort par anesthésie,
mais d'une mort subite, survenant chez des sujets que leur tempérament
spécial expose à l'inhibition du cœur (v. Kundrat).
LtrinsttHMiosi da morMUo (Laryngosténoses morbilleuses), par le
D'Paolo Pizziocchi (Gazt, degli osp.'Cdeile clin,, 7 avril 1907).
Les complications laryngées de la rougeole sont fréquentes :
1° Garçon de deux ans et demi, apporté d'urgence à l'hôpital de
Modène, avec tirage, cyanose, fièvre (38^,7). Toux sèche, puis rauque ;
deax frères viennent de faire une rougeole bénigne. Accès de suffocation
dass la nuit. La température monte k 39^,5. Is quatrième jour,
apparaissentlee taches de rougeole ; à mesure que l'éruption augmente, la
372 ANALYSES
dyspnée diminue. Au neuvième jour, bronchopneuraonie. Enfin guérison.
20 Garçon de trois ans, conduit à l'hôpital le 25 novembre, pour un accès
de suiTocation qu'il a eu la nuit. Dyspnée, inspiration prolongée
bruyante, toux aboyante, voix claire cependant. Le soir 38°. Jusqu'au 28
les accès de sufTocation continuent. Alors apparaît l'exanthème mor-
bilieux et la dyspnée s'en va. A l'examen bactériologique, streptocoques
et staphylocoques. Guérison.
30 Fille de quatre ans, entre à l'hôpital le 5 janvier 1907, pour une
dyspnée grave av€c tirage, toux et parole un peu voilées. A la face, on
note une légère desquamation; au thorax et aux membres, des taches
pigmentaires ; l'enfant se trouve à la fin d'un« rougeole. Guérison. Sta-
phylocoques et streptocoques. ,
Un cas de kyste denUfère du maxillaire supérieur, par le D' Brunel
{Annales des mal. de V oreille, etc., mars 1907).
Fille de.ona^e ans et demi, présente depuis quatre ou cinq mois une
tuméfaction de la partie antérieure de la joue gauche. Tumeurs adénoïdes
opérées à quatre ans. A la palpation, on sent une tuméfaction du maxil-
laire, supérieur gauche. Gencive plus vascularisée et augmentée de volume
en avant A la pression, dans le sillon gingival, la tumeur donne, au niveau
d^s deux premières molaires, une sensation dç. parchemin avec choc en
retour. Dents au complet, sauf la canine gauche, qui est absente. Pas de
douleur.
On fait le diagnostic de kyste paraden taire, et on opère le 25 octobre,
après anesthésie au chlorure d'éthyle et au. chloroforme. Au premier coup
de rugine, on elTondre la paroi osseuse très mince, et un liquide citrin
gluant s'échappe. La . tumeur occupe la . place du sinus maxillaire. On
aperçoit sur la paroi supérieure la couronne d'une dent(canine de deuxième
dentition). La poche est enlevée en entier et d'un seul morceau. Cautéri-
sation au chlorure de zinc, tamponnement à la gaze. Guérison.
A l'examen • histologique, poche .fibreuse revêtue d'un épithélium
pavimenteux stratifié.
De la mort rapide dans la , diphtérie, par le D' Ghambon {Année
médicale de Caen, avril 1906).
Le distingué médecin de Cabourg rapporte. 3 cas de mort subite ou
rapide dans la diphtérie.
I. Fille de dix ans, atteinte d'angine depuis trois jours. Le matin du
quatrième jour, la gorge est tapissée de. fausses membranes épaisses,
engainant la luette ; coryza muco -purulent, adénopathie cervicale,
haleine fétide. Fièvre vive (39o), pouls 120, albuminurie, teint pâle,
agitation et insomnie.
Trois injections de 40 centimètres cubes chacune sont faites en trois
jours. Les fausses membranes se détachent le cinquième jour, par petits
fragments ; jetage moins abondant, améhoraUon de l'état général.
L'enfant semble guérie neuf jours après le début de l'angine, six jours
après la première injection, mais le pouls reste à 120 avec une tempé-
rature de 36°. Teint pâle, anorexie, prostration.
Au dixième jour, malaise soudain, vomissements, pâleur livide, extré-
mités froides, pouls ralenti (32), mort six ou sept heures après.
II. Fille de trois ans ; le 6 avril 1905, début d'une angine venant com-
pliquer un coryza muco-purulent datant de deux ou trois jours ; fausse
membrane sur l'amygdale gauche, pouls 130. Injection de 20 centimètres
cubes. Le lendemain 7, extension des fausses membranes, deuxième injec-
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
r^73
tioni de 20 centimètres cubes. Le 9, amélioration locale. Trois jours aprèa
la première injection, les fausses membranes se décollent. Cependant
13 pouls reste accéléré (120-130) et Tétat général mauvais.
Dans la nuit du 10 au 11, vomissements brusques et répétés, pâleur
livide, pouls ralenti (50), mort cinq heures après le début.
III. Fille de cinq ans et demi ; angine le 7 avril 1905. Le deuxième jour,
fausses membranes» adénopathie, 38^5,' pouls 120. Sept jours après,
Tenfant semble guérie, mais reste pâle, abattue, avec un pouls fréquent.
Au bout de trois jours, vomissements, syncope, ralentissement du pouls,
mort après seize heures de cette torpeur. Son jeune frère, injecté dès le
premier jour, a guéri.
Il est probable que ces malades auraient guéri s'ils avaient été soumis
à des injections plus précoces (premier jour au lieu du troisième ou du
quatrième jour). Un traitement énergique et précoce peut seul pré-
venir l'apparition des accidents paralytiques.
Honvelles recherches sur les microsporams, par le D' R. SABounAun
{Ann. de dermaU et de syphiL, mars 1907).
D'après les recherches de M. Sabouraud, la teigne tondante micro-
sporique de l'enfant, à Paris, en ce moment, serait faite, pour un tiers des
cas observés, par un parasite non décrit.
Ce parasite, le Microsporum lanosum, aisément difTérenciable de tous
les microsporums connus par les caractères de sa culture sur tous les
milieux d'épreuve, donne à l'enfant une tondante dont la lésion de type
banal peut s'accompagner secondairement d'une réaction inflammatoire
ordinairement très légère. If peut y avoir aussi une éruption gé^éralisée
d'herpès circiné en petits cercles rouges, non vésiculeux.
Le Microsporum lanosum, par tous les caractères de sa culture, se
rapproche plus des microsporums animaux déjà décrits par Sabouraud,
C. Fox et Blaxall, Bodin, que du Microsporum Audouïni banal, mais
son origine animale reste hypothétique.
Ce parasite est inoculable au cobaye, sous la forme d'une dermite
locale avec infection parasitaire des poils, qui se termine spontanément
par la guérison après environ un mois de durée. Cette inoculabilité rap-
proche le Microsporum lanosum des microsporums animaux déjà connus
etréloigne au contraire du Microsporum Audouïni vulgaire, dont la cul-
ture, entre les mains de Sabouraud, n'a jamais donné d'inoculation
positive au cobaye.
Diet in diseasesol children (La diète dans les maladies des enfants), par
le D'' W.-G. MuRPHY (AWany médical Annals, mars 1907).
On peut distinguer trois catégories d'affections :
1^ Maladies aiguës avec haute température ;
2^ Maladies subaigufis avec fièvre continue ou modérée ;
30 Maladies chroniques ou maladies dans lesquelles la fièvre n'est pas
un facteur important.
La fièvre gêne la digestion, en entravant la sécrétion' d'acide chlorhy-
drique dans le suc gastrique. Cet acide a un double rôle : il favorise la
digestion, il neutralise les germes.
La caséine du lait, unie au calcium, forme la calcium-caséine, sur
laquelle agira le ferment-lab pour former de petits caillots de calcium -
paracaséine. En l'absence d'acide, le caillot passe dans l'intestin, où il
est digéré par les sucs intestinaux et pancréatiques ; la pepsine n'a pas pu
l'attaquer. En présence de l'acide chlorhydrique au contraire, il y a com-
binaison avec le calcium, et la paracaséine devient libre.
^
374 ANALYSES
Les nourrissons au biberon demandent plus d'acide chlorbydriqiie
pour la digestion que les enfants au sein, la caséine du lait de vache possé.
dant un plus grand pouvoir de saturation pour les acides. Avec l'absence
d'acide chlorhydrique, comme il arrive dans la fièvre» le lait n'est pas
indiqué et agit souvent comme un irritant digestif.
Kurlow et Wagner ont trouvé que l'acide cblorbydrique du suc gas-
trique avait un pouvoir germicide énergique. Toutes les bactéries sont
détruites par le suc gastrique normal, en moins d'une demi-heur^ à
l'exception du bacille tuberculeux, du bacille de l'anthrax et peut-être
du staphylocoque.
Dans les cas hyperthermiques, si la nourriture est donnée trop tôt ou
en excès, elle se décompose dans l'intestin, et une toxémie alimentaire est
ajoutée à la toxémie morbide. Cela est souvent le cas pour la pneumonie.
Dans la première classe de maladies, on ne donnera que de l'eau, tant
que la température restera élevée et que l'intestin n'aura pas été nettoyé
par le calomel ou l'huile de ricin ; alors le lait coupé conviendra.
Dans les maladies gastro-intestinales aiguës, toute nourriture sera
écartée pendant douze ou vingt-quatre heures ; on donnera des décoctions
de céréales, du Jus de bœuf, de l'eau ou de l'eau albumineuse, ne repre-
nant la diète lactée que lentement et prudemment.
Dans la secondé classe (maladies subaigués avec fièvre prolongée,
fièvre typhoïde, etc.), il s'agit de nourrir l'enfant sans contrarier la mala-
die. Il faut, en règle générale, donner toujours moins de nourriture et
plus d^eau.
Chez les enfants au sein, la tétée sera raccourcie de vingt minutes k
cinq ou dix, ou bien on supprimera une tétée sur deux. Chez les enfants
au biberon, la quantité de lait sera diminuée d'un tiers ou de la moitié ;
on pourra même suspendre le lait et le remplacer par des bouillons, de
l'eau albumineuse, des farines dextrinées, du lait peptonisé. La régularité
des repas sera observée dans la maladie comme à l'état de santé. Eau à
discrétion dans l'intervalle des repas.
Dans les maladies où il faut prendre garde aux reins, le lait est recoro.
mandable. Il y a deux classes d'enfants, ceux qui mangent trop et ceux
qui ne mangent pas assez. Chez les premiers, la fièvre augmente, la dis-
tension du ventre s'accrott, la toxémie s'accentue. Chez les seconds,
c'est la prostration qu'il faut craindre ; on donnera alors une petite quan-
tité de nourriture à de fréquentes reprises ; l'enfant supporte mal 1 ina-
nition. Il faut parfois user de la force.
La diète lactée est indiquée dans les maladies de la seconde classe,
quand le tube digestif n'est pas en cause. Quand celui-ci est malade,
lait modifié ou peptonisé, citrate de soude ; si le lait est mal toléré, bouil-
lon, farines maltées, etc.
Dans la troisième classe, le tube digestif est souvent en cause ; s'il
s'agit d'un enfant au sein, on fera analyser le lait de la nourrice. Dans
l'allaitement artificiel, il y aura lieu parfois d'ajouter de la crème (rachi-
tis), ou du jus de fruit (scorbut), etc.
En général, chez l'enfant malade, la diète lactée mérite la première
place.
Glioma de la retina iiquierda (angio sarcomatoso) con lona de dagene-
racidn, eztirpaciôn, curaclén (Gliome de la rétine gauche, angio -sarcome,
avec zone de dégénérescence, extirpation, guérison), par J. Figuisas
Parés {La Medicina de îos nifios, février 1907).
Garçon de deux ans et demi, observé au dispensaire ophtalmologique
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 375
du IX Barraquenle 7 janvier. C'est un enfant robuste, bien développé,
atteint d'une affection localisée à Tœil gauche. Paupières et conjonctive
normales ; globe un peu saillant avec strabisme divergent, cornée transpa-
rente, chambre antérieure diminuée, pupille un peu dilatée et immobile
avec un reflet blanc jaune profond ; tension intraoculaire augmentée.
Avec Tophtaimoscope, le reflet blanc jaune se voit enore mieux. On
hésite entre le gliome et la choroïdite exsudative purulente (ophtalmie
métastatique). Les vaisseaux de la rétine étaient peu nets.
Le giiome vrai se voit au-dessous de neuf ans et d'autant plus souvent
que l'enfant est plus jeune ; il existe des vaisseaux, quoiqu'on ne puisse
pas les voir dans tous les cas ; la tension oculaire est augmentée comme
dans le cas actuel. Le diagnostic de gliome est admis.
Bien portant jusqu'à dix-huit mois, l'enfant a eu des troubles digestifs
en été. Puis l'œil gauche se dévie en dehors, la pupille reste un peu dilatée
et mobile, laissant apercevoir un reflet blanc jaunâtre. Puis la tension
augmente et avec elle les douleurs.
Ënudéation de l'œil avec section du nerf optique le plus loin possible.
Il y avait dégénération du gliome ayant donné l'apparence du pus et
empêché de voir les vaisseaux de la rétine.
Après durcissement de l'œil au formol, on vit que le processus glioma-
teux gravitait autour des vaisseaux (angio-sarcome).
Meningitit carabroespiaal epidemica termiaada por cnraciôn (Ménin-
gite cérébro-spinale épidémique terminée par guérison), parle D' Aquilbs
Qkmiso {Areh. latino-timericanos de Pediatria, janvier 1907).
L'affection a débuté dans un milieu grippal. Enfant de vingt-huit mois,
tête portée en arrière, raideur de la nuque, opisthotonos, signe de Kernig,
pétéchies disséminées. Agitation, cris, parésie du facial inférieur droit.
Réflexes rotuliens exagérés. Pouls 157, respiration 47, température 39^.
Constipation.
Traitement par les bains tièdes et la ponction lombaire. Résultat
exceUent.
Le liquide retiré par la ponction est légèrement trouble, laissant par
le repos un dépôt abondant et purulent ; méningocoques de Weichselbaum.
Pas de bacille de Koch. Cultures abondantes ne donnant qu'un diplocoque
dépourvu de capsule. L'examen du liquide céphalo-rachidien a été fait
parles jy* Badra et Malbrân.
Contagion cérébral con hemorragia moningea y sindroma menin-
gitico (Contusion cérébrale avec hémorragie méningée et syndrome
méniogitique), par le D' Mamerto Acuna {Arch, latino-americanon de
Pediatria^ janvier 1907).
Fille de neuf ans, entrée à l'hôpital San Roque le 2 décembre 1906 ; en
traversant une rue, elle fut renversée par un cheval, perdit connaissance
et entra à l'hôpital dans le coma. Décubitus en chien de fusil, raideur de
la nuque et de la colonne vertébrale, signe de Kernig, vomissements,
ventre en bateau, déviation conjuguée des yeux à droite. Pouls 120,
température 37«,7.
La ponction lombaire donne un liquide hémorragique, hématies en
abondance. Le 5 décembre, les vomissements ont cessé, le coma continue ;
respiration suspirieuse et irrégulière. Ponction lombaire de nouveau,
liquide plus dair contenant encore de nombreux globules rouges. Le 7,
somnolence moindre, nystagmus. La ponction lombaire donne un liquide
plus dair, contenant peu de globules rouges. Le 9, amélioration, parésie
S7(\ ANALYSES
des membres inférieurs rendant la marche impossible. Le il, le mieux
continue. A la ponction lombaire, on retire un liquide clair contenant
de rares hématies. Le 17, tous les signes d'irritation méningée ont disparu.
Guérison.
FaUo crup gripal prolongado, angina pseudo-membranosa gripal y
laryngitis con tiraje permanente y comaje simnlando crap (Faux croup
grippal prolongé, angine pseudo-membraneuse grippale et laryngite avec
tirage permanent et cornage simulant le croup), par les D'< Genaro
SiSTO et AgustIn Saccone {Arch. latino-americanos de Pediatria, iva-
vierl907).
Fille de deux ans ; il y a un mois, toux rauque et cornage, puis éruption
de rougeole. Disparition des phénomènes laryngés par les applications
chaudes au -devant du cou. Un mois après, le 26 octobre 1905, toux rauque,
respiration pénible, transport à Thôpital.
Le 27, agitation, anxiété, tête en sueur, dyspnée (32), cornage, tirage,
125 pulsations, 37°,8 inguinale. Pénétration difficile de Tair dans les
poumons. Sur Tamygdale droite, exsudât pseudo- membraneux grisâtre,
adhérent, saignant facilement. Peu de réaction ganglionnaire. On injecte
1 500 unités de sérum de Behring. Le 28, même état. La fausse membrane
gagne la luette et Tautre amygdale. Pas de bacille de Lœffier, mais bacille
de PfeifTer en abondance. Le 30, disparition de Texsudat, apparition de
ganglions sous-maxillaires et d'érythème sérique. Le 31 octobre, atténua-
tion des troubles respiratoires ; éruption effacée. Le 1^ novembre, pas de
dyspnée ni tirage, mais la toux et le cornage continuent ; pas de fièvre ;
quand Tenfant pleure et s'agite, la dyspnée tend à reprendre. Le 4, un
peu d'albuminurie. Le 10, guérison complète.
Un caso di mongolisme infantile asgociato a micromielia degli
arti snperiori (Cas de mongolisme infantile associé à la micromélie des
membres supérieurs), par le D'' Olimpio Cozzolino {Rîp, di Ciin.Ped.,
février 1907).
Fille de huit mois, de Gênes, entrée à la clinique pour des troubles
digestifs le 15 mai ; guérison en une semaine. L*enfant a l'apparence
d'une Japonaise ; elle est petite et peu développée. Tête petite (39'",5)
et ronde, brachycéphale. Face aplatie, nez enfoncé, yeux fendus en amande,
avec épicanthus et obliquité. Fontanelle antérieure très large, cheveux
abondants et fins. Pas de dents. Bouche ouverte avec saillie de la langue.
Ventre gros.Poids 5 130 grammes. Longueur du corps, 57 centimètres.
Membres supérieurs, 21 centimètres depuis Tacromion jusqu'à rextrémité
du médius. Radiographie : ossification normale. Membres inférieurs de
longueur normale. Mobilité extrême des articulations. Pas de rachiti.sme.
Extrémités froides, rien au cœur.
A propos de ce cas, l'auteur fait une étude très complète du mongolisme
et de ses associations possibles (myxœdème, achondroplasie).
Contribttto aile stndio del pemfigo acnte 'délia seconda infanaa cod
spéciale rignardo alla sua etiologia (Contribution à l'étude du pemphigus
aigu de la seconde enfance et de son étiologie), par le D'' A. Longo {Hiv.
di Clin. Ped„ février 1907).
1» Fille de cinq ans, reçue à la Clinique de Rome le 22 novembre 1904.
Pas d'antécédents héréditaires, un peu de rachitisme. Le 17 novembre,
frissons, fièvre, délire ; le 18, phlyctènes sur le dos, atteignant parfois les
dimensions d'une pièce de deux sous ; quelques-unes sur les membres et
le devant du corps; paume des mains et plaate des pieds indemnes.
-^' -f- - •
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
377
Contenu clair d'abord, trouble ensuite. La fièvre tombe peu* à peu et
revient à la normale le onzième jour. Guérison.
2^ Fille de deux ans et demi, en traitement pour une péritonite tuber-
culeuse de forme ascitique, dans un lit voisin de celui de la précédente.
Le l*' novembre, fièvre (39*>), poussées de vésicules qui s'agrandissent
en balles asser. larges, à contenu limpide ; à partir du cinquième jour,
pas de bulles nouvelles; la température tombe à 37^ vers le dixième
jour. Guérison.
3« Garçon de treize mois, reçu le 8 janvier 1905 ; parents alcooliques,
a bu du vin à huit mois. Le 2 janvier, apparition de bulles sur le tronc
et au cou ; contenu clair d*abord, trouble ensuite. Température élevée,
rémittente (39<»,7 ; 37o,5). Un érysipèle se déclare au niveau d'une bulle
de l'or^lle. Guérison.
40 Fille de cinq ans, reçue le 17 février 190$ ; rougeole à deux ans,
rachitisme à treize mois ; apparition de bulles pemphigoïdes en divers
points du corps ; état fébrile. Les bulles étaient de dimensions variées,
quelques-unes atteignant le volume d'une mandarine. Éléments en très
grand nombre (160), avec poussées successives, polymorphisme.
La fièvre rémittente dure trois- semaines (37^-38^5). A la suite de
l'administration de liqueur de Fowler (IV à XII gouttes), guérison.
On suspend l'arsenic, nouvelles bulles ; on redonne la liqueur de Fowler,
les bulles disparaissent, etc.
L'examen bactériologique- a montré dans le premier cas le staphylo-
coque doré; dans le deuxième cas, de nombreuses colonies de ce même
microbe avec quelques colonies d'un diplocoque. Dans le troisième et
quatrième cas, staphylocoque doré. Ce microbe est agglutiné par le
sérum des enfants atteints ou convalescents de pemphigus aigu.
Solla patogenesi deiracondroplasia (Sur la pathogénie de l'achon-
droplasie), par le D' A. Cavazzani {La Pediatria, mars 1907).
Garçon de trois ans vu pour la première fois le 27 février 1903, Famille
nerveuse. Deux sœurs normales. Grossesse régulière, accouchement
normal On remarque la grosse tête de l'enfant et ses jambes courtes.
Accroissement habituel, dentition assez précoce, marche vers un an,
intelligence normale. Dans la seconde année, la disproportion entre la
longueur du tronc et celle des jambes s'accentue. Masses musculaires
saillantes, aspect athlétique. La radiographie montre l'absence' d'ossifi-
cation dans les cartilages des os longs. Légère incurvation diaphysaire.
Administration de la thyroïde sans effet.
A trois ans l'enfant ne mesure que 66 centimètres de taille; tête volu-
mineuse, membres courts, surtout les segments rhizoméliques. Ensellure
lombairei Nez déprimé à sa racine. Les rotules manquent. Musculature
très développée, surtout aux cuisses et aux mollets. Intelligence bonne,
grande vivacité de mouvements, agilité.
Électricité faradique quotidienne, massage des membres, tractions
continues la nuit (poids suspendu au pieds). Après trois mois de traite-
ment, on a obtenu un accroissement de 6 centimètres et, quatre mois
plus tard, de 3 centimètres. L'enfant perdu de vue jusqu'en 1905. Il n'avait
gagné que '2 centimètres. On recommence la thérapeutique physique, et
on ajoute des tablettes de glande pituitaire (marque Burroughs Wellcome).
En juin 1906, la taille atteignait 90 centimètres. La rotule est notable
maintenant, quoique plus petite que normalement.
La mère de Tenfant, vers 1905, présente les symptômes d'une mala-
die de Basedow : tachycardie; léger strabisme, tremblement continuel.
378 ANALYSES
sensation de chaleur, sueurs, diarrhée, poUakiuriè, etc. Mais elle finit par
confesser qu'elle abusait de la thyroïdine pour se faire maigrir. Elle avait
consommé beaucoup de tablettes de thyroïdine pendant la grossesse de
son petit achondroplasique.
On supprime la thyroïdine, et le syndrome de Basedow s^eftace.
Quel rôle a joué l'intoxication thyroïdienne de la mère sur l'achondro-
plasie de l'enfant? Impossible de le dire.
THÈSES ET BROCHURES
Sérothérapie préTentiye de la diphtérie chei Tenfant, par le
D'A. Laplace (ThèM de Paris, 16 novembre 1905, 76 pages).
Cette thèse, inspirée par IM. Lesage, a pour but de montrer les avan-
tages de la sérothérapie antidiphtérique préventive, en soulignant son
innocuité. Qu'il s'agisse d'agglomération d'enfants sains ou malades, la
séro-prophylaxie sera indiquée quand un ou plusieurs cas de diphtérie se
seront déclarés. On devra la faire systématiquement dans les milieux
hospitaliers, même en l'absence de tout cas de diphtérie. Par cette
méthode, on arrive à éliminer la diphtérie des services hospitaliers. Ce
n'est pas seulement dans les salles réservées à la rougeole, à la scarla-
tine, à la coqueluche, que M. Lesage pratique les injections préventives,
mais encore dans les salles communes. Il propose d'injecter tout enfant
qui entre à l'hôpital, soit en médecine, soit en chirurgie.
La dose à injecter, pour le sérum de Roux, est de iO centimètres cubes.
Cela n'empêche pas les mesures de désinfection et d'isolement.
Les érythèmes infèctienz dans la rongoola, par le D' J . Legrai?i [ThHt
de Paris, 9 novembre 1905, 122 pages).
Cette thèse, basée sur 72 observations, montre que les érythèmes infec-
tieux sont des complicatious assez fréquentes de la rougeole, du moins
dans le milieu hospitalier. Ils ont les mêmes caractères que dans les
autres maladies : morbilliformes, scarlatini formes, purpuriques. S'ils sur-
viennent au début, avant l'éruption, ils n'ont pas de gravité. Plus tard,
leur pronostic est mauvais, surtout s'ils accompagnent la bronchopneu-
monie. Porte d'entrée dans la bouche et le naso-pharynx. Presque tou-
jours c'est le streptocoque qui est responsable de ces érythèmes, et la
virulence de ce microbe est accrue par des associations ou par des pas-
sages successifs chez les enfants hospitalisés en commun. L'intoxication
agit sur le foie (dégénérescence graisseuse) et sur le rein, de sorte que
les éliminations sont entravées ; les centres nerveux sont alors impres-
sionnés et produisent les érythèmes.
La rougeole est aggravée par omette complication, qu'il faut prévenir par
l'antisepsie et l'isolement.
GontribatioQ à l'étade de l'hypertrophie congéaitale, par le D' P. Ces-
SON (Thèse de Paris, 16 novembre 1905, 104 pages).
Cette thèse, illustrée de gravures hors texte, donne le résumé de
165 observations; elle constitue donc un recueil précieux pour l'étude de
l'hypertrophie congénitale. L'auteur distingue l'hypertrophie vraie, régu-
lière (développement de l'ensemble d'un membre sans altératioD de
THÈSES BT BROCHURES 370
forme nî de siiiietufe), dé l*hypeiirophie fausse (tumeur, lymphangiome,
éléphantiasiB, etc.).
Les observations sont classées de la façon suivante : 1^ hémi-hypertro-
phie totale; 2^ hypertrophie des extrémités opposées ou alternes;
3* hypertrophie d'une extrémité seule; 4<* hypertrophie d'un segment de
membre ; 5* hémi-hypertrophie de la face seule ; 6^ localisation particu-
lk*re.
Le pronostic de la forme régulière n'altérant ni les proportions, ni la
structure, ni le fonctionnement du membre atteint, est bénin.
L'hypertrophie irrégulière porte particulièrement sur les segments de
membre et la tête ; elle s'accompagne souvent de troubles graves. Son
pronostic est réservé.
Au point de vue du diagnostic, il est difficile de tracer une ligne de
démarcation nette entre l'hypertrophie irrégulière et Téléphantiasis.
11 y a des analogies entre l'hypertrophie congénitale et certaines hyper-
trophies acquises (mamelles).
Contre la forme régulière, le traitement consistera dans l'emploi de la
rompression élastique. Dans l'hypertrophie irrégulière, on pourra la tenter
aussi, mais on sera parfois réduit h l'amputation.
Polyarthrite aignè tobercalonse bénigne, par le D"" E. Junks {Thège de
Paris j 21 décembre 1905, 136 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Méry, est une contribution à l'étude des
pseudo-rhumatismes (rhumatisme articulaire aigu tuberculeux). A côté
de la polyarthrite granulique, Poncet a dégagé une polyarthrite tubercu-
leuse aiguë, assez rare, qui serait la manifestation d'un bacille de Kooh
atténué. L'anatomie pathologique est mal connue. Les symptômes sont
ceux des pseudo-rhumatismes en général : signes généraux atténués,
lignes locaux très intenses. Pronostic bénin pour le présent, inquiétant
pour l'avenir.
Le traitement, dans la phase aiguë, consiste à immobiliser la jointure
malade et à combattre la douleur. En même temps, on ne négligera pas
le traitement général, en prévision des manifestations viscérales tubercu-
leuses qui pourraient survenir.
Les fractures du crâne ches l'enfant, par le D'' Ernest Gasne (Thèse de
Paris, 20 décembre 1905, 146 pages).
Cette thèse intéressante, illustrée de nombreuses planches, résume
78 observations. Les fractures irradiées de la voûte à la base sont très
rares. On signale les disjonctions suturaires et l'enfoncement sans frac-
ture. Dans les fractures du crAne, chez les enfants, la dure-mère est sou-
vent déchirée, le cerveau est parfois lésé, et il y a rarement des signes
de compression localisée. Le pronostic est plus favorable que chez Tadulte,
surtout entre deux et cinq ans.
Parmi les complications taixlives, il faut relever l'accroissement des
pertes de substance osseuse et la pseudo-méningocèle traumatique.
L accroissement des pertes de substance est le résultat de Taccroissement
rapide du cerveau pendant les premières années de la vie ; il faut aussi
faire intervenir le rachitisme et le craniotabes. La pseudo-méningocèle
traumatique, spéciale aussi à la première enfance, semble due à une aug-
mentation de pression du liquide céphalo-rachidien. Elle peut communi-
quer avec les ventricules ou avec les espaces sous-arachnoïdiens. Le Irai-
toment est surbordonné à l'état de tension variable du liquide
céphalo-rachidien.
380
ANALYSES
Trakemeat par le babauire de certaines toxidermites iafantUei, par
le D' E. Davenière [Thèse de Paris, 14 décembre 1905, 108 pages).
' Cette thèse, inspirée par le D' Lesné, contient 12 observations. Le
strophulus et Teczéma des jeunes enfants sont des toxidermies d'orig:ine
gastro-intestinale ; ils récidivent facilement et tendent à devenir chro-
niques. Dans Tallaitement naturel, on surveillera Thygiètie de la nour-
rice, on réglera Falimentation. On cherchera en même temps à faire dis-
paraître les fermentations intestinales et la dyspepsie.
Dans ce but, l'emploi du babeurre, aliment de digestion facile par la
division de sa. caséine et sa faible teneur en beuri^e, médicament antisep-
tique par Tacide lactique qu'il contient, était tout indiqué. El en elTet il a
donné d'excellents résultats. Ces résultats ont été consignés dans le
mémoire publié en janvier 1906 par le D' Lesné {Archives de. médecine dfs
Enfanti). La thèse de M. Davenière reproduit les conclusions de ce mémoire.
De rimportance d*ane direction médicale dans l'allaitemeiit aa aein,
. par le D' C. Mion (Thèse de Paris, 28 décembre 1905, 102 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Budin, contient de nombreuses observations
et graphiques, qui montrent que Tallaitemcnt au sein n'est pas à labri
de tout accident. Ces accidents sont provoqués par la suralimentation,
rinsuffisance de la lactation, Jes altérations chimiques du lait, etc. La
suralimentation provoque la diarrhée, les vomissements, la gastro-enté-
rite. Le lait peut être trop pauvre ou trop riche en beurre.
Pour parer aux accidents, il faut une surveillance médicale. Dès qu un
nourrisson est surveillé, sa courbe de poids s'élève d'une façon régulièi-e.
En cas d'insuflisance, on établira l'allaitement mixte dans des conditions
propres à en assurer le succès. En cas de maladie de la mère (tubercu-
lose), la surveillance médicale permet de faire le sevrage en temps
opportun.
La surveillance médicale combat la moralité infantile et sauve beau-
coup d'enfants. Car elle donne aux mères la possibilité de continuer
l'allaitement naturel et fait reculer l'allaitement artiliciel avec ses dan-
gei*s. C'est dans les consultations de nourrissons que la surveillance médi-
cale peut le mieux s'exercer ; il faut donc multiplier ces consultations.
Dans l'allaitemenl au sein bien surveillé, il n'y a pas d'accidenU, mais
bien des incidents.
Contribution à l'étade de la coxalgie par la radiographie, par le D** J.
F ovcno'S'LhPEy nhUE (Thèse de Paris, 6 juin 1906, 60 pages).
Élève de M. Calot, à Berck-sur-Mer, l'auteur a pu faire des centaines
de radiographies dans la coxalgie, et il en tire d'intéressantes données
cliniques. La thèse est illustrée de nombreuses figurés dans le texte et
planches hors texte. Grâce à la radiographie, on a sous les yeux le tableau
des lésions microst^opiques de la coxalgie à toutes ses périodes : coxalgie
au début, coxalgie à la période d'état, etc. Le diagnostic différentiel est
grandement facilité. De plus, la radiographie, ce qui est vraiment intéres-
sant, fournit de précieuses indications thérapeutiques. D'abord lediagnos-
lic précoce permet d'instituer le plus tôt possible un traitement rationnel.
Il y a une forincdiiïuse et une forme localisée que la radiographie met en
relief. Grâce à elle, on peut diriger sûrement l'intervention thérapeutique,
les injections profondes notamment qui donnent de très beaux résultai*;.
On en fait une série avec 5 à 6 grammes du mélange suivant :
Huile d^olives stérilisée 100 gr.
Éther 11 —
lodoforoie 10 —
Créosote
Galacol
Naphtol camphré.
)_-_
îgr.
S -
^-T
LIVRES 381
En tout cas, il convient d'èlrc résolument conservateur et de n'inter-
venir par les méthodes sanglantes que dans des cas exceptionnels et bien
déterminés par la radiographie.
LIVRES
Revista del Hospital de ninos (Revue de Thôpital des enfants),
par le D' Antonio Arraga et le D' Carlos Lagos Garcia (vol. de
140 pages, Buenos Aires, 1907).
Ce compte rendu de Thôpital des enfants de Buenos Aires porte sur
Tannée 1906.
Cet hôpital, qui a été fondé en 1875, a fait dans ces dernières années
de très notables progrès, tant pour le traitement externe que pour le
traitement interne. De nouvelles salles de chirurgie et de médecine ont
été ouvertes; une goutte de lait a été récemment inaugurée; des pavillons
d'isolement pour la rougeole, la coqueluche, des laboratoires de radia-
graphie, photographie et massage ont été annexés aux constructions
primitives. Enfin la Société de bienfaisance qui soutient l'hôpiUl d'Enfante
dispose aussi d'un asile maritime à Mar del Plata, qui vient heureusement
compléter l'assistance infantile de Buenos Aires.
Le volume comprend une statistique de la salle de la diphtérie (119 cas),
de la scarlatine (64 cas), de la rougeole (62), réunies dans le pavillon des
maladies infectieuses. Les maladies générales ont fourni 447 entrée?.
Les consultations externes dépassent plusieurs milliers.
Nous trouvons enfin dans ce volume plusieurs observations ou mémoires
sur la tuberculose des ganglions bronchiques (D" José G. Rivas et Rômulo
Cabrerdi), étiohgie 4e la chorée (D' Rogelio C. Fumasoli), maladie de Parrot
(Arana), éruption tardive des dents temporaires (Palermo), pied talus valgus
paralytique (Castro et Vinas), fractures sus-eondyliennes exposées du
coude (id.), diverticule de Meckel (Roberto. Sole), atrésies intestinales
(Carlos Lagos Garcia), etc.
The presbyterian hospital in the city o! New York (L'hôpital
presbytérien dans la ville de New York), par le D' Northrup, etc.
{vol. de 110 pages, New York, 1907).
Dans ce volume, enrichi de photographies, nous trouvons le compte
rendu de l'exercice 1906 (38« année). Le Presbyterian Hospital comprend
une section d'enfants dirigée par notre collègue et ami le D'Wm. P. Northrup.
Cet habile médecin a su installer des terrasses de cure pour tous les malades
de sa section. Pendant la plus grande partie de la journée, tous les enfants
sont portés, traînés ou roulés sur ces terrasses, où ils bénéficient de la
cure d'air. Ce système a donné les meilleurs résultats, comme nous
l'avons déjà exposé dans une revue générale {Archives de méd. des enfants,
1907, page 107). Nous trouvons, dans ce volume, plusieurs photographies
montrant bien la disposition et l'utilisation des terrasses de cure.
L'hôpital, qui tire toutes ses ressources de donations, de legs et de
sections payantes, possède une école pratique de nurse*, qui rend de réels
services.
382 SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Séance du 21 mai 1907. — Présidence de M. Netter.
MM. Armand-Delille et Blbchmann présentent un cas de spUno-
mégalie avec réaction lymphoïde et niétaplastique chez un enfant de treize
mois, rachitique. La rate est énorme et descend au-dessous de Fombilic,
le foie est assez gros. Père semble bien portant, mère a eu une fausse
couche de trois mois. On soupçonne la syphilis. Examen du sang : héma-
ties 3 450 000, globules déformés, géants, en raquettes, hématies nucléées
(16 p. 100 des globules blancs) ; leucocytes 16 000 dont 33 p. 100 poly-
nucléaires, 20 p. 100 grands mononucléaires.
M. Armand-Delille présente un garçon de six ans, arriéré, dégénéré,
ayant depuis la naissance de la parésie des extenseurs des doigts. La mère
aurait eu la fièvre typhoïde pendant la grossesse. L'enfant ne pesait
guère plus d'un kilogramme à la naissance. Il n'a commencé à parier
qu'à trois ans. Il est petit, cryptorchide ; son bassin est élargi, il a ud
peu l'aspect eunucholde. Contractillté électrique normale des muscles
atteints. Catatonie.
M. Guillemot et Mlle SYcZAWtifSKA rapportent des cas de diarrhée
chez les nourrissons au sein avec type normal de la flore fécale,
La flore normale de l'enfant au sein est simple, uniforme et constante :
BacUlus bifidus en culture pure, Bacterium colij streptocoque intestinal
ou entèroeoque, parfois Bactetium lactis aerogenes. Les autres microbes
qu'on peut observer sont des hôtes de passage. Suivent 6 observations
d'enfants au sein ayant une diarrhée plus ou moins forte, verte parfois,
sans atteinte de l'état général, sans infection. Tantôt cela est dû à des
tétées ^op abondantes ou trop fréquentes, tantôt à une indisposition
de la mère (diarrhée, mensthies, etc.). On a trouvé, dans les selles de ces
enfants, les microbes énumérés plus haut, sans aucun microbe pathogène.
Il s'agit donc de diarrhées toxiques.
M. CoMBY fait remarquer que ces recherches bactériologiques con-
firment les données de la clinique. Quand nous sommes en présence de
diarrhée plus ou moins abondante, plus ou moins colorée, chez un enfant
au sein, nous ne sommes pas inquiets, et, sans faire de thérapeutique
active, nous donnons simplement des conseils hygiéniques (réglage des
tétées, bonne alimentation de la nourrice, etc.). Certains médecins, par
contre, prescrivent des lavages de l'intestin, des médicaments, la diète
hydrique. La bactériologie leur donne tort
M. LEsnt présente un iuberculome diffus du cervelet chez un enfant de
neuf ans et demi qui avait tous les signes d'une tumeur cérébelleuse
sans symptômes méningés (liquide céphalo-rachidien sans réaction cellu-
laire). Vertiges pris au début pour du vertige de Ménière, ataxie céré-
belleuse, enfin coma et mort. A l'autopsie, outre un foyer caséeux et
crétacé au sommet du poumon droit, on trouve le lobe droit du cervelet
très hypertrophié et déformé, occupé par un vaste tubercule caaéeux
qui empiète sur l'isthme et sur le lobe gauche, avec une diffusion rare.
M. Renault a vu un enfant de sept à huit ans, considéré depuis deux
ans comme atteint d'ataxie cérébelleuse, qui, à l'autopsie, avait plu-
sieurs tubercules du cervelet
M. H. Leroux présente une fille de quinze ans atteinte de Jympha-
dénie splénique? Elle a l'aspect boufii et pâle des chlorotiques, avec
soufile vasculaire au cou. On a dit qu'elle avait de l'albuminurie, on n'en
trouve pas actuellement. Rate colossale. Au sommet droit signes de
NOUVELLES 383
tuberculose. L'examen du sang donne 2 000 000 d'hématies, 4 800 globules
blancs (65 p. 100 polynucléaires, 32 mononucléaires, 3 éosinophiles).
Cette enfant a été présentée il y a plusieurs années par M. Méry comme
pouvant être un cas de maladie de Banti.
Mme Nageottb montre une jeune fille atteinte de scoliose hystérique.
Vue de dos, dans la station verticale, cette enfant présente une épaule
gauche plus haute que la droite. Pliée en deux, elle n'a pas de gibbosité.
Si Ton ne peut lui faire abaisser l'épaule gauche, on obtient aisément
rélévation de la droite et la scoliose disparait. Dans plusieurs cas ana-
logues, la suggestion à l'état de veille a été très efficace.
M. Paul Roger présente un enfant atteint de stridor laryngé tardif
qui a été guéri par Vablaiion des végétations adénoïdes,
M. Babonnbix présente une fillette atteinte de rétraction probable-
ment congénitale du petit doigt des deux mains ; il présente également
un garçon atteint de rétraction de Vaponévrose palmaire. Enfin il pré-
sente un cas de cirrhose cardio-tuberculeuse d^HutineL
MM. Variot et Rist discutent les applications de la radioscopie et de
la radiographie au diagnoatic des adênopathies trachéo-bronchiques,
M. Veau, à propos du rétrécissement de V oesophage traité par M. Quisez,
fait remarquer que les caustiques liquéfiants (potasse, etc.), produisent
des lésions beaucoup plus graves et plus diffuses que les caustiques coa-
gulants (acides).
M. Marfan, revenant sur son procédé de dé tubage, à propos de la
communication de M. Renault» dit qu'il est très facile, avec son procédé,
d'extraire tous les tubes, même ceux de Froin. Son procédé est universel»
il ne donne pas d'échec, quand on connaît bien la manœuvre. Peut-être
même pourrait-il servir à l'extraction de certains corps étrangers de la
trachée. Avec ce procédé de détubage, l'enfant couché sur le ventre»
on réussit donc à coup sûr.
NOUVELLES
Fondation Pierre Badin. — Un comité s'est formé pour rendre
hommage à l'éminent puériculteur et philanthrope que nous venons do
perdre. On se propose de créer une consultation de nourrissons modèle
qui serait une véritable écoU pratique de puériculture et é^ allaitement
matemd. Une commission executive a été constituée sous la présidence
de M. P. Strauss, sénateur, président de la Ligue contre la mortalité
inlantile. Adresser les souscriptions et adhésions à M. O. Doin, éditeur,
place de l'Odéon, n» 8 (Paris).
Congrès intarnatioBal d'hygiène scolaire. — Un congrès d'hygiène
scolaire se tiendra à Londres, du 5 au 10 ao(it 1907.
Voici les grandes lignes du programme provisoire qui a été adopté :
Le 5 août, inauguration, discours par le président sir Lauder Brunton. —
Le 6 août, à huit heures du soir, conférence par l'évêque doyen de Manches.
ter sur Vinfiuence de Véducation scolaire sur V éducation morale des ado-
lescents, — Le 8 août, à huit heures du soir, conférence par le D' Doléris
sur Vhygiène du sport chez les jeunes filles et les jeunes femmes»
Dans les sections du congrès seront traitées les questions suivantes :
I. Physiologie et psychologie des méthodes d'éducation et de travail
intellectuel IL Inspection médicale des écoles. III. Hygiène du corps
enseignant. IV. Ëducation des écoliers et des maîtres en hygiène.
/.
I
(
384 NOUVELLES
V. Étiucation physique et hygiène de renlraînement. VI. L'hygiène en
dehors de Técole, colonies de cavances, relations de Técoleet de la famille*
VII. Maladies contagieuses, les écoliers malades. VIII. Écoles pour les
faibles d'esprit et les anormaux. IX. Écoles pour les aveugles et les sourdi-
muets. X. Hygiène des internats. XI. Bâtiments et fournitures scolaifes.
Asile pour enfants convalescents. — L'Assistance publique de Paris
se propose d'inaugurer, au mois de juillet prochain, dans le bel hospice
de Brévannes, près de Boissy-Saint- Léger (Seine-et-Oise), une très impor-
tante section (environ 400 lits) pour enfants convalescents.
On commencera par recevoir les enfants convalescents de maladies
générales, puis, au fur et à mesure des disponibilités financières, on
ouvrira un pavillon pour enfants tuberculeux, un pavillon pour la rougeole,
un pavillon pour la diphtérie. Nous enregistrons avec plaisir cette inaugu-
ration sensationnelle, car il y avait bien longtemps que les médecins
des hôpitaux d'enfants demandaient un asile à la campagne pour les
convalescents ou les chroniques qui encombrent leurs services. Le
nouvel asile est admirablement situé, à proximité de Paris, dans un parc
magnifique, où l'air, la lumière et la couleur ne manquent pas. L'ensemble
des services est placé sous la direction du D' R. Marie, médecin des
hôpitaux, qui sera assisté par deux médecins résidants, MM. Pater
et Clément, anciens internes des hôpitaux de Paris.
Hôpital d'enfante de MonteTideo. — En mai 1907> a été inauguré,
à Montevideo, sur un terrain donné par Pereyra Rossell, le nou-
vel Hoepital de nihos, qui comprend actuellement 100 lits et qui n'en
comprendra pas moins de 400 quand il sera achevé. Cet hôpital, placé
sous la direction de notre collègue et ami le D^ Luis Morquio, est con-
struit sur un plan moderne, avec pavillons séparés, services d'isolement,
laboratoires de radiographie, photographie, etc. Il rendra de grands
services à l'assistance infantile et à la science médicale, et fait honneur
à la République Orientale de l'Uruguay. C'est avec plaisir que nous enre-
gistrons cette nouvelle conquête de la civilisation et du progrés à l'actif
de l'Amérique latine.
Nécrologie. — Nons avons le regret d'apprendre la mort, à l'âge de
soixante-neuf ans, du D' Thomas, professeur de policlinique et phar-
macologie, directeur de l'hôpital d'Enfants Hilda, à Fribourg en Brisgau.
Le aérant,
V. BOUCHEZ.
4976-07. — CoHHBiL. Imprimerte Ed. Catrl
10* Année JuiUet 1907 N<> 7
MÉMOIRES ORIGINAUX
XIII
DE LA RADIOSCOPIE DANS LA PNEUMONIE DE L'ENFANT
Par
M. E. WEILL. et M. Lucien THÉTBNOT.
Professeur de Clinique infantile Interne des Hôpitaux,
à l'Université de Lyon.
La première étude importante de cette question date seule-
ment de 1899; elle est due à MM. Yariot et Chicotot, qui
présentèrent en juin 1899, à la Société médicale des Hôpitaux,
une communication relative à la radioscopie de 12 cas de
pneumonie.
Ces recherches avaient déjà été faites chez Tadulte par
M. Beclère, V. Maragliano et G. Gaffarena; d*après ces auteurs,
la pneumonie franche donne une opacité circonscrite, nette-
ment délimitée, avec diminution dans le mouvement d'abais-
sement inspiratoire du diaphragme ; dans certains cas,
on observerait les symptômes généraux et l'expectoration
caractéristique de la pneumonie, sans signes à la percussion
ni à l'auscultation : la radioscopie seule montre le siège et
l'étendue de la lésion, située dans ces ca3 au voisinage du
bile. Après la défervescence, on note la disparition des signes
physiques ; plus tard, le poumon s'éclaircit, indiquant la
résolution de l'exsudat ; enfin le diaphragme récupère sa
mobilité.
La radioscopie offre donc, chez Tadulte, l'avantage de pré-
ciser l'étendue des lésions et de dépister quelquefois des
pneumonies profondes.
Son utilité est plus grande chez l'enfant ; on sait en effet
<iue, chez lui, d'après les classiques, la pneumonie est d'un
<liagnostic souvent difficile pour diverses raisons:
ArCB. de MftDBC. DES BNPANT8, 1907. X. 25
386 E. WEtLL BT btJdiEft THÉVENOT
a. Absence d'expectoration;
b. Absence fréquente de signes physiques ou apparition
tardive dans la pneumonie dite centrifuge par Tun de nous;
c. Courbe thermique atypique ;
d. Siège abdofïiitlât dii paitit de tété A¥e(3 tomissements.
Aussi est-il important de savoir chez lui quels renseigne-
ments sont fournis par l'examen radioscopique.
MM. Variot et Ghicotot ont noté, sur leurs 12 observations,
6 cas de concordance entre le» signes physiques et rexamen
à récran ; deux jours après la défervescenee, l'opacité avait
disparu, ce qui indique une résolution beaucoup plus
fapidë dé roisùdât âbHâ6lix ch^fc Teiifantj Dans 3 cas, la
radioscopie a permis de préciser le diagnostic et la locali-
sation de^ léftionsi Bnfio, dans les 3 derniers^ en note une fois
des signes dotltêtijlt de pneumonie avëe ^inbfe à Téeratt; une
observation avec apparition de l'ombre deux jours àvAnt celle
des signes phvsiques ; enfin un cas sans signes physiques et
apparition dé l'opâdté lé jôUr de k défërVëSeeildê.
Nous avons pu f^iifïir à là Cllni()ue dés maladiéi iitfàâtilés
36 cas, classés sôfià (à fdbfiqtiè « PfleUfnôtliè » d'ftpféH lëtif
évolution cliniqUë et âccotlipâgtiés au fifMâs d'titl ê<3hétfia
radioscopique. Nous avons pu en étudier et siilVfë 17 en
commun ; cértàiiies ôbserVàtioûs ccrrtt portent jtisqti 'à !B sché-
mas râdiôscôpicjiilei^. Nou§ leà àtôfiê gfMpées dé Id fiiçon
suiVaùte 1
\^ Pneumonies avec signes physiques iièts et opacité
radioscopique.
Cette catégorie cofopfénd 24 cfts :
a. Dans VS ôbsèfVatiôns, il y a doncôtdttlieé du iehéflia
radioscopique et des lignes physiques, TopAdité âppdftdssant
avec ceux-ci et perèiâtatit ati tînàxiùiuùi tm ou déttX jours
après léfur disparition.
L'ombre siège souvent à la base (6 cas), tantôt étroitèttlétit
limitée à une bande AU nivedu de l'éxtréme bâfiîè et du sliius
costo-diaphragiàatiquê, tàûtôt è'élévâtnt jù^u'à Tafl^ê
inférieur de l'omoplate ; c'est dans cette hépàtiSÉtiOU de la
base surfout qu'on constaté rimmobilité du dlàphrflgfiie
signalée par les classiques.
Très souvent (6 cas), l'obscurité occupe la paHie tooyéntie
LA RADIOSOOPIB DANB bA PNBUMOlflB DE l'eNFANT d&T
(id pouBftén ou le sommet; rextrème sommet est le plus
sotttent respecté. Ub sebénla fréquent est le suivant * Toflibre
remplit f^lus ou moins oèmplètemetit la partie du thoFàx
cofreftpondaùt à lolnoplate, o'est-iMiife qu'elle dessine une
sorte de ti'iangle à basé eitterne, à sommet s'avançant plils
ou moins vers iaeolonne Tertéb^alè ; lorsque Topaeité esttt'ès
étroitèi elle se réduit à une bande noire qui longe le bdrd
externe de la cage thoraoîque et qui parait au (iremier
abdfd pi^duite pût reosemblé deë plans ostéo^culanéd de la
région.
Bn géfiéralf les foyers pneumoniques se détachent nettfl*
ment sous formé d*uiie opaeité complète : dans les cas moins
nets ott à la défervesoénée, Tombre est plus étroite et grisfttre.
bi Mais la coneordanee n'est pas toujours absoliie^ soit M
peiilt de Yue de la durée des signes^ soit au point de vue de
leur siège.
Dans un eais (6< Rose, dlise alis), après u ne pneumonie tfès
nette . évoluimt en huit joUrs, Tombre persistait encore
qtiatre jourë àprès<
Dansune deuxième observation (E; Édtilie^deux ans et demi),
Tenfant entre dans le service le 19 novembre 1904 avec dés
sigiles hels de pneumonie : défaut d'expansion sous la eléVi-
Gttle droite^ matité du sommet avec souffle et éclat des cris et
et de la toux, température entre 39 et 40« ; le 88 novembre,
écoulement de l'oreille droite. Défervescence le 1" décembre»
Une radioscopie faite le 84 novembre montrait une zone
opaque au sonlmet^ laquelle persistait encore le 12 déoeàibre l
le 21 décembre, alors qu'on ne constatait, auciin signe phy-
sique, l'écran montrait une bande obscure oblique suivant à
peu près une scissure interlobaire. Cette bande avait disparu
le 6 janvier 1905.
Dttlis ttn tf^siètne cas (C. T..., deux ans et demi), la
pneumonie évolua en six jours avec défaut d'expansion soos-
claviculaire, matité et souffle; la radioscopie montrait une
ombre très nette au sommet droit; trois jours après la défer-
vesceûee, les signes physiques avaient disparu, Tombre per-
sistait bien qu'atténuée et ûe disparut que six jours après la
défervescence.
[ Dans un quatrième (B. F..., six ans), la pneumonie dura
six jours; après un début caractérisé par un point de côté,
des vomissements et des frissons, apparurent des signes très
H
388 E. WBILL ET LUCIEN THÉVENOT
nets d'hépatisation, large zone mate à la base gauche, souffle
tubaire intense, râles fins, défaut d'expansion sous-clavicu-
laire, température à 40*. Or Tombre à l'écran ne fut visible
que le jour de la défervescence ; deux jours plus tard, les
signes physiques et l'opacité avaient disparu, mais on con-
statait encore de l'immobilité du diaphragme.
Enfin un cinquième cas est intéressant parce qu'il se
rapproche beaucoup des pneumonies dites centrales.
S. M... Entrée le 9 avril, crèche Saint-Ferdinand; début
le 7 par des vomissements; le 9 température de 39'',5, pas de
signes à l'examen des poumons ; le lendemain la radioscopie
montre une ombre légère au sommet droit; le 12 avril
seulement, on constate de la matité du sommet droit. Du
12 au 17, jour de la défervescence, on ne constate que de la
matité avec défaut d*expansion ; un peu de souffle pendant on
jour, jamais de râles; température entre 39 et 40"*.
La radioscopie pendant toute cette période montrait une
ombre intense au sommet droit; l'extrême sommet ne fut
envahi que le 16. Défervescence brusque le 17; la matité
persistait encore le 19; quant à Tombre, elle diminua puis
disparut le 24.
Pendant la fin de la pneumonie et dans la suite, l'enfant
eut un pemphigus infecté, des vomissements, un peu de
fièvre et un mauvais état général; l'évolution de ces accidents
continue.
c. Nous classons à part 6 cas dans lesquels la disparition
des signes physiques ou celle de l'ombre radioscopique ne
sont pas précisées.
2" Signes physiques sans signes radioscopiques.
Une observation était nette au point de vue des signes
physiques avec absence d'ombre à l'écran.
A..., Marie, quatre ans. Début le 27 novembre 1906 par de la toux, des
vomissements, de la céphalée, un point de côté abdominal; à son entrée,
le i*'' décembre, foyer mat à la base et à la partie moyenne du poumon
gauche, gros souffle, râles crépitants, abondants, température de 39*. Le
lendemain, mêmes signes avec prédominance au niveau de la fosse sous-
épineuse; le 3, on constate en plus une diminution de Texpansion sous la
clavicule gauche ; chute de la température ; le 6, on ne constate plus de
signes physiques.
Or la radioscopie, faite le 3, le 4 et le 7, n'a rien montré qu'une ombre
douteuse, le 4, dans 1<* »»nus.
7^
LA RADIOSCOPIE DANS LA PNEUMONIE DE l'eNFANT 389
3° Ombre radioscopique avec signes douteux (Thépatisation.
Voici 2 cas appartenant à cette catégorie :
L,.y Antoinette^ onze ans. Début par un point de côté droit, des vomis-
sements et une température de W* ; cinq jours après, diminution de la
soDorité dans la moitié supérieure du poumon droit, avec petite zone de
râles sur la ligne axillaire ; la radioscopie montrait en arrière et en avant
une zone obscure, oblique de dehors en dedans et de haut en bas, à
Tunion du tiers supérieur et du tiei*s moyen du poumon droit.
L..., Louise, deux ans. Début le 22 janvier 1905 par de la lièvre, une
toux fréquente et des vomissements. Entrée le 31 janvier avec une
respiration à 80 sans jeu des ailes du nez, sans défaut d'expansion sous-
riaviculaire, sans aucun signe physique pulmonaire. Le 2 février, état
stationnaire ; submatité de la base gauche sans aucun signe d'ausculta-
tion, légère diminution de Texpansion sous-claviculaire gauche ; la
température était de 40® à l'entrée et de 39° ce jour-là. L'examen radio-
scopique montrait une ombre nette occupant les deux tiers supérieurs du
poumon gauche, excepté l'extrême sommet.
Défervescence le 4 février.
4® Pneumonies douteuses.
Nous avons groupé sous ce nom 9 observations; 7 étaient
douteuses au point de vue clinique; il s^agissait le plus
souvent d'une poussée fébrile ayant duré deux à quatre jours,
avec signes de bronchite, au milieu desquels on trouvait
parfois une petite zone tle râles sous-crépitants avec ou sans
soaffle; pas de matité ni de défaut d'expansion sous-clavi-
culaire, symptôme présentant, comme Ta montré Tun de
nous, une très grande importance dans le diagnostic de la
pneumonie infantile. Nous n'avons pas constaté dau'i ces cas
d ombre radioscopique.
Dans deux autres cas, le diagnostic de pneumonie était
possible, bien que douteux :
A..., Bt-nestine, trois ans et demi. Début par de la toux, de la fièvre,
des symptômes d'indigestion. L'enfant n entre dans le service que huit
jours après les premiers accidents; apyrexie; le lendemain, température
de 39^,4 avec signes de bronchite difTuse; au sommet gauche, en avant et
en arrière, matité avec léger souffle et diminution de l'expansion sous-
claviculaire. Aucune ombre radioscopique. Disparition des signes
physiques et chute brusque de la température deux jours après l'entrée.
P. R..., Francine, quatre ans. Début le 3 novembre 1906 par des vomis-
sements, une toux fréquente, de la somnolence ; le 5, point de côté
gauche; au-dessous de l'omoplate, souffle et râles très fins ; l'expansion
1
900 1. WBILL ST LUCIEN THÉVWdT
sous-claviculaire est pourtant plus marquée à gauche qu*a droite. Tempe-
ri(b}^^ eotr^ 99 et 4Q^ M 7, température 4« ^'ï^J le m«tÎP et 409 le soir.
Apparition de vésicules d'herpès sur la paupière inférieure droite. Défer-
vescence le 8 noveml^re. U^ ri4i<^?cqpij9 pratiquée )es 6, 9} H ^( ^ tipieipbre
n'a jamais montré d'obscurité nette.
R** ËRfm WQPS ^JQut^ron» k c^t Ql^ppsé im q»s de bfQPcbo-
pneumoniq at 2 de pneumonie assez partioulieps.
D..., Fvofititf, quatorze ipois. Début par d^s vomissements, de la toux
et une température de S9'. Foyer d'hépatisaiion au sommet droit. Défer-
vescence brusque le treizième jour, Persistance à l'écran d'une petite
bande noire, oblique, nettement limitée, constatée quatre fois. En spmme,
le diagnostic étiiit ce\\ï\ de pleurésie jnterlobaire postppeainoDique,
si|ps fièvre, I^e vingt-troisièine jour de Vaflféction, rougeole. Mort le vingt-
hqjtième lour ; la radioscopie, trois jours av^nt {^ décès, avait eqcore
rpontré cette baqde obscure.
A l'autopsie, lésions occupant )e lob^ jnféripur mqy^n, une partie du
Iqbe supérieur 4r<>i^ ^t U base gauche ; lésions de ^ronchopneui|ioDie
chronique avec carnisation et sclérose; pas de pleurésie interlobaire ;
rien n'expliquait l'ombre radioscopique en bande.
Du reste, l'existence d'une bande d'obscurité à l'écran est
loin d'être un signe toujours certain de pleurésie interlobaire.
Témoin le cas suivant :
0..., Florentine, sept ans. Entrée le 4 janvier 4903, a présenté jusqu*auà4
de U fièvre avec 8ign^s dp bronchite ; pespiratioR soufQaPte ^px ëeux
spmmets ; ce soqffje persista apr^s la chute de 1^ jfièvre. l^e 7 mai>,
nouvelle poussée thermique avec symptômes d'induration au.x deux
sommets; les radioscopies montrent dans cette période upe ombre occu-
pant le tiers moyen du pouniqn droit ; la fièvre tombe le 24 inar^, |)epuis
le 9 ipai jusqu'au 26 août, prises dp dyspnée all^pt n\^m^ jusqp*4 la
suffocation. Aux deux sommets, surtout à droite, soyffle sans matilé
avec parfois des râles muqueux. Or, sur 6 radioscopies faites en juin e(
juillet, on 4 toujours oonst^té l'existence d'une bwde noirci étroiU.
traversant la partie moyenne du poumon droit, m^is ne s'ét^pd^t P4-^
sur certains schémas jpsqu'au bord exterpe du thorax. Au niv^au de cette
bande, on ne trouvait ni matité ni souffle ; la température ne s'est élevée
que pendant quatre jours au-dessus de 37*^18 ; Téfat gé^érfd ^tAJl très bon.
En somme, le tableau était celui d'une adénopathie trachéo-bronchique
et fiQp palqi d'une pleurésie ifit^rlobaire.
l^'enf^nt quitta le §ervioe \p 15 septeni))r'e i903. V^^ r^iospopi^ faite
l3 ^3 Uqvier 1904 montre encore cet I e baqd^ obsciire. I^ea^cpès oatp^rsi^^
très ir^i^ents jusqu'à li^rmdfir^nnép \QQi, puis pliis rares ji|fiq|i>n 1907.
}'..., Adrienne, douse ans. Début le i*'' octobre 190^ pm* de 1» toux, un
nuiuvais état général, sans phénomènes très aigus. Vil» entre à 1# Charité
le 7 octobre ; on constate de la matité du sommet droit en arrière, avec
obscurité et quelques r41es muqueux fins après la toux, saqs iéhui
fl'expi^usiQn sous-eUvioulaire i température 4 4Q®* Le 9 ect^bre. U
tenupérature est do 37<) ; défaut d expansion du sommet droit, avec p«
LA RADI08GOBIK G^NS LÀ PNPU^QNIB T^ l'eNFANT ^i
01) 14 ai) ^4 octobre, la tenrvpérature atteint parfdis 38^,2, aree perais-
Unee d'up peu de maiitë et de soqffle au sommet drait ; miiuvais étftt
Et^if^i, quelque» vQmii^ftmftfiU. (i^pt r%4U|s^pii9ii ^ite^ (topt)i$ rentrée
QRl moptrt twiPUI'? in^ 9l>§Curité (te iQUt te tebe §«périeur drQit, limitée
en bas MF i)ne ligne nette fiu Qiveai) de la scissure interlobaire.
Le 24 octobre, on note toujours au sommet droit 44 U n^^tité %VQa
ré8)si49«ii M) 4Qig(, iiwgémtîop 4§§ vibi^tion»», pouffl^ inapiritpiri §i
^)(PirateireiRteA^T96(^toPilo<)ute apbpnç, brgnçbgphQnie.
Le 27 novembre et le 2 décembre, Tombi^e dp sofnmet droit est encore
large en arrière ; mais, dans la position antérieuFe, ellf sa r^uil h um
bande oblique correspondant à peu près à la scissure.
Le 13 janvier 1906, on constate encore cette même bande obscure en
arrière et en avant; le 31 janvier, Tenfant quitte le service ; des examens
et des radioscopies postérieures n'ont rien montré de particulier.
Ce cas est intéressant par la durée des accidents et de Timage radiosco-
pique.
P..., Marie, cinq ans. Début le 23 décembre par un peu de toux, de la
diarrhée et quelques vomissements.
Le 29 décembre, la diarrhée persiste. Point de c6té droit. La base sonne
mal avec exagération des vibrations et même souffle dans une zone étroite
près de la colonne ; après la toux, pluie de râles crépitants inspiratoires.
Skodisme net sans autres signes sous la clavicule.
 la radioscopie, Tombre cardiaque se prolonge par une masse noire
siégeant au niveau du hile et non pulsatile.
Le 31 décembre, on constate que tout le thorax gauche respire moins
que le droit ; Tombre radioscopique a disparu ; défervescence depuis la
veille.
Le 6 janvier, il ne reste qu'un peu de submatité à la base droite.
Cette observation est intéressante par révolution des
accidents et par l'immobilité thoracique du côté opposé à la
lésion.
CONCLUSIONS
1° La pneumonie vraie avec exsudation fibrineuse donne
presque toujours chez Tenfant des signes physiques nets
\matité, souffle, râles crépitants), parfois tardifs, et une zone
obscure bien délimitée à Texamen radioscopique. Le parallé-
lisme entre les deux ordres de symptômes est assez souvent
évident ;
2"* Les affections qui ne donnent aucune ombre nette à
l'écran et qui pourtant sont, en clinique, qualifiées de pneu-
monie, doivent être distraites de cette dernière affection;
ce sont le plus souvent ou des bronchopneumonies à foyers
très disséminés, ou de simples poussées congestives au cours
d une pneumococcie ;
392 E. WBILL ET LUCIEN THÉVENOT
3"* La pneumonie dite centrale est plus rare que Fadmettent
la plupart des classiques, elle nous parait même exception-
nelle. Il ne faut en effet comprendre sous cette dénomina-
tion que des pneumonies sans signes physiques d'hépati-
sation, mais avec ombre radioscopique nette, constatée dès le
début, témoignant de Texsudation fibrineuse caractéristique.
Beaucoup de cas, eneffet,qualiiiés de pneumonie centrale, sont
probablement des pneumococcies sans foyer pulmonaire ou
avec simple splénisation.
XIV
I
LES APPAREILS DE MARCHE
DANS LE TRAITEMENT DBS TUMEURS BLANCHES DU MEMBRE INFÉRIEUR
Par le D' H. MATET,
Chirurgien adjoint de rbôpital Saint- Joseph (Paris).
Les appareils de marche sont ceux qui, par un procédé ortho-
pédique, permettent la marche à des sujets atteints d'affections
dumembreinférieurde nature tellequecette marche leur serait,
sansce secours artificiel, formellement interdite. Ces affections
étaient, jusqu'àces dernières années, justiciables de Timmobi-
iisation seule ou deTextension continue. L*étude de ces appa-
reils est depdis quelques mois à Tordre du jour; leurs indica-
tions et contre-indications ont été à plusieurs reprises discutées
dans les sociétés savantes; mais il est encore malaisé pour le
praticien d'apprécier leur valeur exacte et leurs indications
précises. Les appareils de marche ont du reste été appliqués
dans deux ordres d'affections très différentes : X"" les fractures
du membre inférieur; 2® les ostéarthriies du même membre.
Nous ne nous occuperons pas ici du traitement des fractures
par les appareils de marche. Il a fait les frais d'importantes
communications à la Société de chirurgie (1). Retenons seule-
ment de ces discussions ce fait important que, dans les fractures
du membre inférieur, dans celles mêmes où le déplacement
est le plus à redouter, onpeutobtenirune bonne contention des
fragments en même temps qu'on permet la marche grâce à
un procédé de prothèse. Ce simple fait a de l'importance pour
l'étude que nous allons entreprendre.
Les procédés déambulatoires dans le traitement des tumeurs
blanches ne sont pas récents; à côté du soi-disant traitement
ambulatoire de ces affections, que Texpérience a eu bientôt
fait de discréditer et de condamner comme une méthode cou-
pable, il y a de longues années déjà que des efforts ont été
tentés pour permettre aux malades atteints de ces affections
de se mobiliser, grâce à des appareils spéciaux. Les Améri-
(1) Bulletin de la Société de chirurgie^ novembre 1903-janvier 1904.
394 H. MAYET
cains entrèrent les premiers dans cette voie; les Allemands
suivirent leur exemple. Lorenz et Dollinger ont publié leur
technique et leurs résultats sur ce point. Ducroquet, au
Congrès international de Paris, en 1900, fait sur cette ques-
tion une comm^QÎOAtipD f^vP^ibl^* Frcplicb de Nancy revient
sur ce sujet au Congrès de la tuberculose en 1905. La
communication souleva diverses critiques. Calot, Gangolphe et
surtout le professeur Lanoefoogiie défendirent Timmobilisa-
tion absolue. Enfin un de mes internes, M. le D' Bosc, au cours
de sa thèse inaugurale, consacre aux appareils de marche un
chapitre inté^^ssant (1).
A toqt prendre, il pessod^t de oet ensamble d'efforts pratique»
et d'idées générales que, s'il est possible d'obtenir (tout en
immobilisant jusqu'à un certain point soit un segment de
membre fracturé, soit uçe articulation), Tappui d^ bassin sur
le aai grâce à un appareil pratbétique, il n'est pasoertaiaque
cette immobilisation soit suffisante daps le traitement des
tumeurs blanches du meq^bre inférieur. Il convient donc de
savoir quelle est l'étendue de cette immobilisation.
En effet, la méthode conservatrice dans la thérapeutique
des tumeurs blanches comprend quatre term^^ différents :
l** L'immobilisation de l'articulation malade;
%^ La suppression aussi complète que possible de ce que le
professeur Lannelongue a appelé Tuleératien compressive;
3"^ Un traitement local variable et indépendant des précédents» ;
4^ Un traitement géqéral.
Je laisse coraplèteipent de côté le traitement local, injection,
ignipuncture, méthode de Bier, etc.. Je constate en second lieu
<|ue le traitement général a une importance eonsidérabie dans
la thérapeutique qui nous occupe et qu'il comporte: V U vie
à l'air; 2^ la suralimentation ; 3"^ une immobilité relative du
corps tout entier. C'est le traiteinent de toute tuberculose. Or
il convient de remarquer qu'une certaine possibilité de
déplacement du corps n'est pas sans faciliter largement ces
conditions d'aération ^t même d'alimentation et que, en pra-
ti(|ue, une immobilisation absolue d'un malade suppose de la
part de ceux qui Tenfourent des soins intelligents, un dévoô-
ment constant et souvent môme une organisation de la pra^
tique de la vie difficile à obtenir.
(1) Bosc. f/fàf^ 4^ f'Qt'is, m^.
LES APP4ftpi(4S ^^ MARCHE 393
^e^U^t le Am9$T dp t§y t m^yvemp^t da l'a? ti§le> lî minime
quil soîti 6t a^liii dit p^^tl|Qt Qoutmuel do ^urfMcti» mulad^i.
Cûqimant »# eomportofit h pat ^^^rd 1^9 appm0it^ de mqy^fh^ ;
niif qu§l prippipa s^^MU p§p^truit6, (}u'8s^t«oe qu'il» ndus
promettent? et qu'est-ce qu'ils pou^ doPQfAt?
Uur pfipeipQ fépérul m\ tQujours identique à I^i-milme :
hm mufpb^r lep pi^lftdps Qomma dps AiQpiit^i ; eicqiypQ }a
région ftUeifttp da li prapsiop q^'^Up deyftit «upportep dotnp
Tupppi du porps #«? tem v^ftcp à rintppm^ipire d'v» da »q8
e^ef^i^fp^; Qu mAmp tpmps miiintapir rArticulatJQp immobile
W ype fSB^w spépialp. AjoutoQ» qiip Ip pitufttim alla^m^me
j^ pptte prtiisul^Upfi appartP^Pftt k HP fpemfePP qpi pe pepçpf
PP9 ppr tPff e eB| pf éaisémant la pituatiQa de sii^pauf^iop, QpUa
4a TpitppsiQ» pppiipttp \ petip qpi| pqiv^pt |p fpmftrqup jttdi^
(^i^P^P dp profe^9epf UppelQugpo, f^it que 1 Q^té^rthritq de
l'^Pft^lp (ftttpcha d'pp brap pre^qpe taujopp^ pepdapt), ast
infipifpept mpips fréqp^ptp et mpipa grayp qpp rpstéo^r thrite
de Ip bpppbp. attPGba d'up mambrp ap ooptinMeUa pression sur
r^rtielp m^mf^^
Tel est 1p sebéipp de h m^tbode,
illlp a été préeopi^éP pour toutes les tumPPfs blapebe^ du
membre îpf^riaur. Kt tout de suite nous devaps faire upe
importante réserve au sujet de la coxalgie. Lorenz, Ducroquet,
Pr(pli($b S6 moutfppt paftis^ps dP» appareils de mprebe d»ns
ûptt0 malpdie; ce ii'est pps d'apjpprd'hui du rpsta que Tou
pous yppte le tfpiteme»t ambulatoire de la poi^otubepeulose.
Topt deFpi^rpment apoore, Puaroquat, daps le iqurpRldeméda^
eiii^ dç Paris, a p^r une 34f iP d'articles décrit ses app^ppilp de
mprebe popr Ips co^ulgiques, Qua^t h pqus, suivapi ft ce paiut
de vii0 Topi^iop de potra maître l^ ppofessepr l^aopalaugue,
peliadu prpfew^uF Kirmissou, dp BrPP, etc..,, nous cpoypus
qpp toute métbqdp qui pp supprime pas au niveau de TartiQu-
ûtipp dp h bapaba mpuvemept e| conipra^sipp des surfaces
eit défiastrpiise ; or il suffit d'upp simplp réflpjtipn pour cpm^
prendra qp'il est à ppu pr^s impossible da faire up appareil
4s miPcbe dppt lap poipts d'apppi se trouvent limités au
bsssin pt m tropa, respectant campl^tamapt la euissa depuis
sa iiaî^sapppt l^a prepve de ap qua pous avapoons repose
prfeiiAuppt ap epci que tous aas appareils ont dps cpisisarts.
Or il ait matbématlquefQppt impoi§ibla, avec la forma cppique
à t§nipiPt ipfiriaur que po^s^de la Puilia pt la ladite des tissus
390 H. MAYET
de la fesse, qui permet au point d'appui ischiatique de faire
une ascension de 2 à 3 centimètres, que ce cuissart ne trans-
mette pas à la hanche une pression assez intense. Tous les
amputés de cuisse qui marchent avec un appareil connaissent
cette ascension des points d^appui.
Lors même qu'on tenterait d'aller chercher une base solide
jusqu'à l'aisselle, on serait alors dans les conditions de la
béquille, et nous ne voyons pas bien l'intérêt que l'on aurait
à substituer à cet appareil si simple celui infiniment plus
complexe où un procédé orthopédique aurait supprimé ce
qui fait précisément la facilité et l'intérêt de^la marche, c'est-à-
dire le mouvement de la cuisse sur le bassin dans la propul-
sion antérieure du membre. A tout prendre, l'appareil de
marche dans la coxalgie peut être considéré comme un appa-
reil de soulagement^ mais non un appareil de suppression de
l'appui : il pourrait être tout au plus conseillé pendant quel-
ques mois après la guérison. Du reste, la statistique que publie
Frœlich n'a rien de bien encourageant : 152 coxalgies ont été
soignées par lui grâce à cette méthode. 11 a eu huit décès ; seize
autres cas ont nécessité des opérations complémentaires par
suite de position par trop défectueuse. Ilnenoussemble pas que
cette statistique améliore le pronostic habituel de la coxalgie.
Si l'articulation de la hanche, par suite de sa position,
empêche de prendre un point d'appui sur un segment du
membre placé au-dessus d'elle, il n'en est plus de même des
autres ostéo-arthritesdu membre inférieur. Le genou, le cou-
de-pied, le tarse peuvent facilement être exclus de l'appui
dans un appareil de marche. Dans l'ostéo-arthrite du genou,
il est facile de concevoir un appareil tout à fait analogue à
celui d'un amputé de cuisse. Pour le cou-de-pied et le tarse, il
ne sera même pas besoin de la ceinture pelvienne ; un bon
cuissart avec un point d'appui ischiatique bien capitonné, un
autre point d'appui au niveau de la tubérosité tibiale anté-
rieure suffiront à donner une grande solidité à l'appareiL Mais
nous ne devons pas perdre de vue, quelle que soit l'articu-
lation malade et quel que puisse être le mode d'appui, qu'on
devra toujours immobiliser par un appareil spécial l'articu-
lation atteinte. Cette articulation devra être soigneusement
emprisonnée dans une gaine de plâtre, de silicate, de celluloïd,
de cuir moulé avec attelle métallique, et cette gaine ne devra
LES APPAREILS DE MARCHE 397
avoir aucun contact avec Tétrier sous peine de transmettre
aux surfaces osseuses malades quelque chose de la pression
du corps sur le sol.
Ainsi conçu et confectionné avec tout le soin nécessaire,
cet appareil réalisera-t-il les desiderata du traitement des
tumeurs blanches : immobilité absolue et suppression de Tul-
cération compressive.
Après avoir étudié les diverses méthodes de construction
d'appareil de marche (et nous dirons plus loin quelle est celle
qui, au point de vue technique, nous a semblé l'emporter sur
les autres), nous croyons qu'il tombe sous l'évidence de Texpé-
rience que l'immobilité, dans un appareil si parfait soit-il où
la marche a lieu, n'est jamais la même que dans un appareil
placé sur un membre au repos complet. Il y a toujours un
certain jeu articulaire au moment où le membre est lancé en
avant ; et ce jeu est dû à ce que la gaine articulaire n'agit sur
les os que par l'intermédiaire de tissus mous et élastiques. Il
suffit, pour s'en convaincre, ou bien de ménager quelque
fenêtre au niveau de l'article, ou de construire un appareil
de telle façon que l'articulation reste en partie exposée et
d'examiner avec soin l'article au moment de la marche.
Ajoutons que le malade, habitué à la marche avant d'être
soigné, a une tendance constante et naturelle à contracter ses
musclés au moment de la marche en appareil, comme il le
faisait naguère librement, et qu'il augmente encore physiolo-
giquement et inconsciemment d'une certaine mobilisation
à celle qui était due aux forces mécaniques mises en jeu. Je
sais bien que l'appareil de marche au genou et au cou-de-p4ed
peut avoir la prétention, en mettant des membres en suspen-
sion, d'écarter les deux segments de l'article et de réaliser
une sorte d'extension continue; mais il faut alors supposer
que ces deux segments sont libres de s'écarter l'un de l'autre,
ce qui fait qu'on perdrait en immobilisation ce que Ton
gagnerait en extension, et inversement. Il semble donc qu'il
faille conclure, jusqu'à plus ample informé, que l'appareil de
marche, appliqué au moment même ou la tuberculose articu-
laire est en évolution, n'est pas vraiment immobilisateur
et qu'il doit être déconseillé comme ne réalisant pas un
des éléments primordiaux du traitement de cette affection.
Ces appareils doivent-ils donc être complètement proscrits
à98 H. NlAVbt
tlàïiâ lên ttimetifë blâiKihês du |eDoil et dtt pied ? Ndtti ne le
ôfojrdliB pas, ^i iiôus peiisidUs aH éoâtfëire qyild 9Mt Mt^mY*
leusement adaptés au traitement de Ja coilVttlédCedc^ dé oes
affédtionâ;
II elÉiët^ etl effet un ttiomeùtde U ibëràpeylit|ii68 ded tttoàeurs
blanches Hûl pfédeùte iltl intérêt tout pâfticliH«r : test Véfo-
que de la convalescence, période émineftioie&t déllcâle pour
le dhiriifglëti, péi'iddè qui réclàtde d6 lut dé» qualités toiites
spéciales de feagacité$ période ob il dépendra de èoU flair oti
de totisoiiliâèr une gUëHsoii espérée depuis plùsieHfs aimées^
ou dé tdir en quelques jours s'effotidref Tcsuvre de tant d6 soins
et d'efîurts. Cest le lUoluent 0(1, eonsidératit i'affeétioti cutsme
ctlâiqttëitidnt gtiérie, Il cothiueâce h permettre à son aaladé
d'essajer de se servir de soti tnembte. Le professeur Lafiue-
lOfigilë a ooâsaéré à ce toomeut si délicat du f raitetteilt dss
tuîueurs blatieheà TuUe de ses pliis retbarqliables éliaiques.
Il faut la lire pour se convaincre des précautions do&t il can->
tièut de s'eatourer, des hésîtatio&è qu'il ne faut pas eraiudre
de laisser §e produire^ des tatoftrtèmefits autqtiels il faut se
livrer, delà snrveillaneë incessante qu'il faut etereèr.
Et ce n'est pas là affaire seuléinent de quelques jours, iflais
bien de plusieurs niois. Eh bien, il saute aux yeua que Tappa-
rell dé marche est précisément Tappareil de cette période.
Il a toutes les qualités requises pour être formelléittetit
préconisé au décours des tumeurs blanches. 11 diminue d'a-
bord la durée d une immobilisation^ toujours h charge au ma-
làde et à Son entourage. H est en effet suffisamment imuio*
bilisateur pour qu'on puiftse le prescrire dès que la période
d'activité de la tumeur blanche est passée; il fliolltte au
chirurgien la possibilité de prolonger son observation en toute
sécurité; il supprime la difficulté d'obtenir d'un malade^ qui
vtAl la guérison venir, une obéissance parfaite aux nombreuses
restrictions qu on est habituellement obligé de lui imposer
pendant la convalescence. Il est pour ce malade un grand sou^
lagement et laisse la guérison se faire entière^ totale, (Certaine.
Enfin, parun dispositif que nous décrirons plus loin, il peut^
convenablement construit, autoriser un certain appui duplod
lorsque le moment sera venu de le tenter, mais un appui
dont on pourra graduer minutieusement et pfogressivement
l'intensité ; il se fait en quelque sorte béquille, puis canne.
Ajoutons que cet appareil de marché peut être appelé k rem-
LES APPARBILS DE MARCHE 399
plir BB rôle non moiils important au point de vue des condi-
tioos d^existenee des malades i
Il sntoriee en général tin tuberculeux osseux qui vient de
guérir et qui est de condition gênée ou modeste à reprendre
s6ê travaux et son gagnè-pain toutes les fois que sa profession
n èdt pas trop fatigante. Il facilite pour l'enfant et Tadoles-
cent la reprise dé ses études ; il permet la sortie de l'hôpitaî
ataot la guérison définitive.
C*estdftfts cet esprit que depuis trois ans nous avons systé-
matiqneàielit appliqué des appareils de marche dans dix cas
de taberonlose du genou oti du piedi Nous avons suivi de près
ces itialades, Vérifiant soigneusement le fonctionnement de ces
appareils. Nous n'avons jamais eu ni récidive ni même bne
âlertei Nés dix malades peuvent être considérés aujourd'hui
comme guéfis) puisqu'ils se servent maintenant de leurs deux
msiâbres depuis six mois fou moins.
Il nous reste k dire comment nous comprenons la con-
struction et l'application de ces appareils.
Tout appareil de marche doit présenter quelques qualités
primordiales. Il doit trouver au bassin et à la partie supé-
rieure de la otilsse dans les tumeurs blanches du genou, à la
cuisse et à la partie supérieure de la jambe dans les tumeurs
blanches du pied^ un point d'appui solide qui permette la
marche, puisque c*est son but. Il doit, en second lieu, mainte-
sir la région malade dans yne immobilité aussi complète que
possible ; îl doit être suffisamment résistant et fixe pour que
Fétrier contienne toujours le membre inférieur en suspension
nettement écarté du sol ; il doit enfin être construit de telle
sertd qbe les montants de Tétrier, qui vont du sol au point
d'api^àî, he prentient aucun contact avec le membre, ni au-
dessouSf ni au liiveaU de la région malade. Ce simple contact
suffirait à créer un mouvement, ou une pression répétée, qui
serait formellement contraire aux conditions de guérison des
tumeurs blanches. Tel est le schéma de l'appareil : il est
représenté dans itotre figure 1.
Nous aVôns constaté^ au cours de nos recherches biblio-
graphiques^ que la presque généralité des auteurs qui avaient
ptéeonisé des appareils de marche les avaient confectionnés
avec du plâtre ou du celluloïd. Sans doute le plâtre permet
de falfe à l'hôpital des appareils très peu coûteux ; il a dans
Tespëce un tfès grand nombre de défauts et ne peut être
400 H. MAYET
employé que dans le cas de nécessité. Nous croyons tout au
contraire que Tappareil ue marche, de même que la jambe
articulée après amputation, de même que tout appareil de
prothèse, relève de l'orthopédiste.
Il faut, en effet, à un bon appareil de marche, une solidité,
une précision et la possibilité d'une mise au point continuelle,
qui ne se rencontrent que dans les appareils faits en cuir
moulé, avec tuteurs en acier à la fois légers et résistants,
appareils dont les pièces métalliques sont assemblées par des
rivets susceptibles de supporter des forces considérables.
On obtient ainsi des appareils de marche qui sont exacts,
élégants, plus légers, plus solides, et permettent à le fois l'exa-
men et la thérapeutique locale. Ils sont aussi plus du-
rables et notablement plus commodes. Ils ont sur l'appareil
plâtré l'inconvénient de nécessiter un moulage. Mais ce qui
pourrait être contre-indiqué dans la thérapeutique des frac-
tures n'a pas le même inconvénient dans celle des tumeurs
blanches. Je me suis souvent demandé pourquoi les chirur-
giens français avaient une tendance à fat)>riquer eux-mêmes
des appareils grossiers ou friables, au lieu de confier cette exé-
cution à des ouvriers orthopédistes habiles, qu'ils guideraient
pas à pas. J'eû ai trouvé la raison dans l'infériorité de nos
fabricants d'orthopédie, infériorité qui, à coup sûr, présente
des exceptions, mais qui saute aux yeux à ceux qui ont pu
constater de visu le degré de perfection auquel sont arrivés
dans cet art certains spécialistes étrangers, notamment les
Américains et les Allemands. En France, on suit dans ce com-
merce la plus fidèle routine, l'on construit encore la plu-
part des appareils comme on les fabriquait du temps de Bou*
vier et de Gosselin, et le chirurgien a grand 'peine à obtenir
des tentatives du côté de la rénovation de notre vieux stock
orthopédique (1).
Les appareils de marche que nous avons fait exécuter avec
des variantes une dizaine de fois sont construits comme des
jambes articulées sous le rapport des points d'appui. Nous pré-
sentons ici un schéma d'un appareil pour tumeur blanche du
genou(figi). Laceinture pelvienne et le cuissart, l'un et l'autre
en cuir moulé, permettent une solidité très grande des points
(1) Je liens cependant & remercier ici MM. Drapier des efforts qu'ils ont f&it$
et qui leur ont permis de construire sous ma direction des appareils de maj-che
répondant à tous les desiderata que nous venons d'exposer.
LES APPAREILS DE MARCHE
d'sppuiischiatiques et cruraux parle fait même qu'ils s'adap>
tent étroitement aux parties au lieu de conserver toujours la
même forme, comme le plfttre, et de ne plus entrer en contact
iDlime avec des régions du corps que l'atrophie musculaire,
conséquence du repos, a forcément diminuées de volume. Ces
points d'appui étant très exacts n'ont pas besoin d'être très
étendus, d'où la possibilité de faire au genou ou au pied (sui-
vantles cas) une gaine spéciale remontant hBut,iIe8cecdantbas>
Kig- 1-
Fig. s.
Fin, 3.
en cuir moulé, élayée de bandes métalliques, qui immobilise
complètement l'articulation malade. La trempe pefectionnée
lies tuteurs permet leur inflexion, procurant ainsi à l'appareil
un peu de flexion et diminuant l'aliongementdu membre par
suite de l'espace qui reste libre entre le pied et le talon du
tuteur. De plus, cette trempe permet aussi un certain écarte-
meut entre la partie moyenne des tuteurs et la genouillère en
cuir mouié, écartement qui supprime absolument tout con-
tact avec ces deux parties de l'appareil.
L'appareil définitif, construit sur les bases que nous venons
d'indiquer, est représenté sous l'aspect que donne la figure 2.
AïCH. 01 «tDIC. DES INFAnT*, 1807. X. — 26
402 H. MAYET
Avec quelques variantes, l'appareil de marche pour les
tumeurs blanches du pied est analogue à celui des tumeurs
blanches du genou ; il est représenté dans la figure 3. 11 n'a
pas besoin de ceinture abdominale et prend un point d'appui
secondaire sur la tuberosité tibia le antérieure.
En dehors des supériorités que nous avons montrées comme
appartenant aux appareils de marche ainsi fabriqués, il en
est quelques-unes sur lesquelles nous désirons attirer l'atten-
tion en terminant. Beaucoup plus solides que le plâtre et con-
struits à coulisses, ces appareils peu lourds peuvent être portés
plusieurs années et allongés afin de suivre la croissance de
l'enfant. Mais surtout ils sont facilement amovibles ; ils per-
mettent donc au chirurgien de connaître aussi souvent
qu'il le voudra l'état de l'articulation, de continuer sur
cette articulation l'examen minutieux dont nous parlions
plus haut, qui est si nécessairer à la fin du traitement des
tumeurs blanches, et enfin de pouvoir, au besoin, si quelque
point de l'article se trouvait encore suspect, y pratiquer la
thérapeutique des injections intra- ou extra-articulaires.
Dans les ostéoarthrites tuberculeuses, quel que soit leur
•siège, nous considérons en effet que la thérapeutique la plus
dangereuse est celle qui, sous prétexte d'immobilisation, sup-
prime le contrôle de l'œil et du doigt du chirurgien. A l'abri
de ce masque apparaissent combien de fois escarres, fistules,
abcès, qui sont les découvertes que réserve souvent l'abla-
tion d'un appareil plâtré, sur l'excellence duquel on avait
fondé bien des espoirs. Enfin la même coulisse qui permet à
l'étrier de s'allonger lui permet aussi de diminuer de hauteur:
elle place donc le pied exactement à la distance du sol que
désire le chirurgien et, lorsque, à la fin du traitement, nous
voulons commencer à laisser l'extrémité du membre prendre
un léger contact avec le sol, rien n'est plus aisé que d'y par-
venir. Ce contact, on peut le graduer grâce aux coulisses, tout
en soulageant toujours l'articulation malade. Et c'est ainsi que
progressivement, sans secousses, sans hardiesse, avec toute
la prudence voulue, on mène le malade jusqu'à la marche
libre. Il y parvient aisément, habitué qu'il est depuis plu-
sieurs mois à la station verticale, possédant les muscles supé-
rieurs (le son membre déjà puissants et solides et n'ayant pas
besoin de la longue rééducation qui précède la marche succé-
dant à l'immobilisation complète.
^ 1 '
XV
QUATRE OBSERVATIONS DE GOITRE PARENCHYMATEUX
CHEZ LE NOUVEAU-NÊ (ADÉNOME FŒTAL DIFFUS)
Par MM.
i. FABRE, et L. THËVENOT,
Professeur de clinique obstétricale h 1a Faculté A^isi^ttant du professeur A. Poncet.
de Ltûd.
m
Nous avons, dans un article antérieur (1), montré que, chez
le nouveau-né, un certain nombre d'hypertrophies de la thy-
roïde étaient dues à une simple congestion de la glande, ainsi
que l'avait aussi établi Wôlfler. Ces formes sont caractérisées,
au point de vue anatomique, par la dilatation considérable
des vaisseaux du parenchyme thyroïdien, de la capsule glan-
dulaire et même de la région antérieure du cou ; au point de
vue clinique, par la disparition rapide de tous les symptômes
pathologiques, en raison du prompt retour de la glande à son
volume normal. Elles répondent à ce que certains auteurs
appellent le goitre télangiectasique.
En opposition avec cette forme de goitre congénital vient
s'en placer une autre, dans laquelle les symptômes sont plus
persistants, parce que la lésion est due à une prolifération exa-
gérée du tissu glandulaire lui-même ; on est alors en présence
d'une hypertrophie plus ou moins diffuse du parenchyme
thyroïdien.
Sans vouloir reprendre toutes les observations de ce genre
publiées jusqu'à ce jour, nous rapporterons ici quelques cas
que nous avons pu recueillir personnellement ; nous y joignons
les photographies qui en ont été faites par le D*" Jarricot, chef
du laboratoire de la clinique obstétricale.
Les trois premières de ces observations figurent dans la
thèse de Richard (2).
Observation I. — L..., Madeleine, vingt-six ans, domestique, entre
à la Clinique le 26 novembre 1905. C'est une primipare dont raccouche-
(1) Fabre et Thévenot, La congestion de la glande thyroïde chez le nouveau-né .
{Archives de médecine des enfants, 1" mai 1907).
(2) Richard, Le goitre chez le nouveau-né {Thèse de Lyon, 1906-1907).
40i J. FABHE ET L. THÉVENOT
ment dura huit heures et demie. La présentation se ftt en OIGA. L'enfant,
du sexe léminin, pesait 2 620 grammes et mourut à la crèche. Elle pré-
sentait un goitre volumineux, qui entourait complëlement le cartilags
thyroïde ; il recouvrait sa face ant^eure, et latéralement remontait
Fig. 1. — Goitre chez un nouveau-né (survie de vingt et un jours).
jusqu'au niveau de son bord supérieur, de telle sorte que l'isthme ne se
dilTérenciait pas des lobes latéraux. Il mesurait 1 centimètre de haut
et 1 demi -centimètre d'épaisseur.
Dans son ensemble, il flgurait une sorte de croissant qui paraissait
tormé d'une série de nodules accolés les uns aux autres. Il ne déterininait
GOITRE PAHENCHYMATEUX CHEZ LE SOVVtAVSk 405
pu~aa rétrécissement trop marqué du conduit respiratoire. Le thymus
Pvaissatt plus gros que normalement.
Obsbhvation II. — B..., Olympia, vingt-huit ans, primipare, entre à
'' Maternité le 26 avril 1906. La durée totale de l'accouchement Tut de
Fig. 2. — Qoitre chat un nouveau-né {survie de quatune heures).
doaie heures. L'entant, du sexe Féminin, vînt en OIDP. Son poids était
de 2 2S0 grammes. Il vécut quatorze heures et présenta un corps thyroïde
très augmenté de volume, constitué par deux lobes latéraux, presque
soudés l'un à l'autre sur la ligne médiane ; l'isthme qui les réunissait ne
400 J, KAUBE ET L. THitvESOT
mesurait en efTet que 2 millimâtres de largeur sur 8 de hauteur. Lts
deux lobes étaient très didérents l'un de l'autre. Le lobe droit formait une
masse inclinée obliquement en bas et en avant, de ! "■', 50 de haut
sur 1 centimètre de large ; en haut, il commençait au niveau de l'os hyuidr
pour descendre jusqu'à un plan qui passerait par la partie supérieure du
sternum.
I^a consistance était ferme, sa surface un peu irrégulière.
Le lobe gauche était moins volumineux ; il mesurait 2 centimètres de
hauteur sur 1 centimètre de laideur; il s'élevait à peu près k la môme
hauteur que le précédent pour descendre un peu moins bas que lui;
situé sur le côté de la trachée, il présentait la même consistance, le même
aspect extérieur que l'autre lobe. L'un et l'autre enserraient la trachée
et l'aplatissaient d'avant en arrière au point qu'un stylet de 1 millimètre
de diamètre passait très difficilement.
Observation III. — Cette observation est due à la bienveillance
de M. le D'' Guillemin, médecin-chef de la Maternité de Chambéry.
Marie L..., vingt-trois ans, lll-pare, a eu deux accouchements an térieun
normaux. La grossesse actuelle, pour laquelle elle entra à la Maternité
tion du cQPur à d roi le el
en février 1906. a évolué sans incident. L'enfant vint en OIGA. C'est
un garçon qui parait bien conlormé, mais qui naît étonné et ne crie pas
en venant au monde. Après quelques tentatives d'excitation cutanée.
on Tait l'insuinat'on. la respiration artificielle, mais sans succès; l'entanl
meurt au bout de quelques heures.
L'autopsie montra des lésions sur lesquelles nous insisterons peu. car
GOITRE PARENCHYMATEUX CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 407
elles feront l'objet d'un prochain travail de MM. Trillat et Jarricot. Du
côté du thorax et de l'abdomen, il y avait une inversion des viscères ; le
cœur et le poumon droit remplissaient toute la partie droite du thorax.
Le poumon gauche était réduit à un moignon à peine visible, refoulé qu'il
était par la majeure partie de l'intestin grêle, une partie du côlon trans-
verse, le côlon descendant, la rate, le lobe gauche du foie ; tous ces organes
avaient pénétré dans la cage thoracique, grâce à une vaste perte de sub-
stance dans la moitié gauche du diaphragme.
A la région cervicale, on constatait la présence d'un goitre énorme»
qui occupait toute la région antérieure du cou. L'isthme, large de 2 centi-
mètres, avait 12, millimètres de hauteur. Le lobe droit, du volume d'une
grosse amande, était fortement oblique en haut et en arrière; il mesurait
12 millimètres de haut, 15 millimètres de large et s'étendait de l'os
hyoïde à la fourchette sternale. Le lobe gauche était sensiblement symé-
trique au précédent. L'un et l'autre avaient une surface bosselée et une
consistance très ferme. Ils devaient non seulement déterminer, par leur
volume, une compression marquée de la trachée, mais encore être le
siège de phénomènes congestifs surajoutés, si l'on en juge par la dimen-
sion des vaisseaux qui l'abordaient ; c'est ainsi que les artères thyroï-
diennes avaient la grosseur d'une radiale. Un stylet, introduit dans la
trachée, y pénétrait difficilement.
Observation IV. — Cette observation est également due à la bienveil-
lance du D' Ouillemin.
Le 24 août 1905, à onze heures du soir, est envoyée, des environs de
Giambéry, à la Maternité de cette ville, une femme en travail depuis
plus de quarante-huit heures. La poche des eaux est rompue depuis au
moins vingt-quatre heures, et, à travers un col très dilatable, on sent
une tête fœtale bloquée au détroit supérieur en 01 GT, dans une attitude
de demi-flexion. Elle ne peut s'engager par suite d'un notable rétrécis-
sement du bassin (bassin plat rachitique avec conjugué vrai de 7'*^°S5).
L'utérus est complètement rétracté sur le fœtus, dont on n'entend plus
les battements du cœur.
La parturiente, d'une intelligence des plus obtuses et ne faisant entendre
que des sons inarticulés, ne peut nous donner aucun renseignement. Nous
apprenons par les personnes qui l'accompagnent qu'elle est primipare,
âgée de vingt-huit ans ; elle a marché fort tard dans son enfance. Son
père et sa mère, sa sœur et ses deux frères sont vivants et bien portants ;
ils ont tous une intelligence moyenne.
Quant à elle, jamais ses facultés intellectuelles n'ont pour ainsi dire
existé ; elle a toujours eu une vie purement végétative, reconnaissant
cependant ceux qui lui donnent des soins, et étant d'un caractère très
doux. Elle 'présente un goitre volumineux.
Le seul parti à prendre était de faire une basiotripsie. Le fœtus du sexe-
masculin pèse, sans l'encéphale, 3350 grammes, le placenta 510 grammes..
On fit après l'accouchement une injection intra-utérine iodo-iodurée, et
les suites de couches furent parfaites.
L'autopsie du fœtus ne permet de déceler aucune anomalie, sauf le
goitre volumineux, dont les photographies ci-jointes permettent de se
rendre un compte exact.
On voit que le corps thyroïde forme, autour de la trachée et de l'œso-
phage, un véritable anneau qui étrangle ces deux organes; les lobes de
la thyroïde arrivent en effet à se rejoindre sur la ligne médiane, en arrière
d'eux. Outre la gêne constituée par la présence d'une pareille tumeur
^08 J. PADItE ET L, THÉVENOT
par la constriction de la trachée et de l'œsophage, il faut Unir compte
de celle qui résultait du déplacemeat de ces oignes. Ils étaient en effet
fortement projetés en avant par les lobes thyroïdiens insinués entre eux
et la colonne vertébrale ; de là, des coudures qui venaient s'ajouter à
toutes les causes précédentes.
La tumeur, dans son ensemble, y compris la portion de trachée et
d'cesophage qu'eDe renferme,
a le volume d'une mandarine
et pèse 29 grammes.
Le lobe droit mesure
38 millimdtres de hauteur,
22 millimètres dans te sens hd-
téro- postérieur, et 25 milb-
mètres transversalement.
Le lobe gauche a des di-
mensions sensiblement ana-
logues : hauteur, 40 milli-
mètres ; largeur, 20 milll-
Fig. 4. — Ooitre congénital, vus antérieure, mètres; épaisseur anléro-
postérieure, 22 millimétrés.
L'isthme a^lfl millimètres d'épaisseur, 23 de hauteur 'et 15 de largeur.
La surfaco^de la tumeur est lisse et régulière i des veines volumineuses
courent dans la capsule glandulaire.
Sur une coupe horizontale dont la photographie ci-jointe donne une
reproduction de grandeur naturelle, on voit que le tissu thyroïdien tonne
une masse absolument homogène, sans aucune formation kystique, sans
ébauche de tissu thyroïdien en voie d'enkystement. Hacroscopiquement,
on a l'impression d'un goitre
parenchymateux diffus, exacte-
ment comme pour les autres
cas rapportés dans cet article.
De telles observations
sont loin d'être rares, et
nous pourrions en présen-
ter nombre de semblables.
Nous ne les reproduisons
pas ici, nous bornant sim-
plement à celles que nous
.... Fis. s. — Qollre congéniUl, coupe horiion-
avons pu recuedlir person- l^je. cette «.upe montre- l« elmctur.
nellement. Il est certain uniforme du parenchyme glandulaire et
, , . . permet de se rendre un compte exact de U
que. dans les pays gOltn- constriction de la Uachée.
gènes, nombre d'enfants
doivent succomber à de pareilles lésions, sans que le diagnos-
tic de la cause de la mort ait été fait, ou bien alors qu'elle
est mise sur le compte de l'hypertrophie du thymus. Nous
ne pouvons donner ici de chiffre approximatif, mais nous
avons comme preuve de cette fréquence ce fait que, depuis
six mois, nous avons déjà réuni quatre observations.
GOITRE PARENCHYMATEUX CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 409
La pathogénie de cette affection est loin encore d'être élu-
cidée. Faut-il y voir simplement une malformation héréditaire,
tenant à ce que ces enfants sont presque toujours des fils de
goitreux? Nous ne le croyons pas.
D'une part, Texistence du goitre chez les parents n'est pas
constante.
D'autre part, n'est-il pas plus simple d'admettre que, dans
un pays où le goitre est endémique, où l'eau d'alimentation
apporte constamment chez la mère les agents goitrigènes, il
y ait une véritable infection du fœtus par celle-ci, au même
titre que s'il s'agissait de syphilis ou de tuberculose.
La glande a réagi d'ordinaire dans sa totalité et a donné un
goitre parenchymateux diffus.
C'est ce que montre l'examen macroscopique des pièces, soit
que l'on examine le goitre par sa surface antérieure, soit qu'on
le considère siu* des tranches de section. Partout, la glande a
la même consistance ferme, le même aspect homogène ; nulle
part, on ne voit de groupements de ces éléments en nodules,
ébauches de ces formes énucléables qui sont la grosse majorité
des goitres de l'adulte, mais l'exception chez le nouveau-né.
L'examen histologique de ces pièces confirme ces constata-
tions macroscopiques. Cet examen a été fait par nous pour
tous ces goitres, et, sur divers points, des fragments ont été
prélevés ; nous remercions à ce propos M. Dubreuil, prépara-
teur d'histologie à la Faculté, et M. Alamartine, interne des
hôpitaux, des examens qu'ils ont faits de leur côté.
Ces constatations histologiques sont sensiblement superpo-
sables pour nos divers cas, et c'est pourquoi nous ne les exami-
nerons pas séparément. Elles montrent que le tissu épithélial
est formé par des boyaux pleins que le tissu conjonctif commence
à remanier. Sur certaines pièces, ce tissu conjonctif édifie des
cloisons extrêmement ténues, qui forment une sorte de réseau
incomplet, à mailles très larges. Sur d'autres, par exemple
dans le goitre qui répond à l'observation IV, ce tissu est plus
abondant et se présente sous l'aspect de lames épaisses, orientées
dans divers sens et segmentant davantage le tissu épithélial.
Les cellules épithéliales sont presque partout disposées sans
ordre. En certains points cependant, elles se groupent en amas
arrondis, premières ébauches des vésicules thyroïdiennes. On
ne constate nulle part de vésicules vraies, et il n'existe pas
davantage de blocs gélatineux ou colloïdes, produits de la
4J0 J. FABHE ET L. THÉVENOT
sécrétion glandulaire, enclavés au milieu des éléments cellu-
laires.
Les vaisseaux ne sont pas plus nombreux, pas plus volumi-
neux que normalement.
Histologiquement, il s'agit donc d'une hypertrophie du paren-
chyme glandulaire, mais d'un parenchyme glandulaire qui a
gardé encore sa disposition embryonnaire. Si nous comparons
ces formes à ce que Wôlfler désigne sous le nom d'adénome
fœtal, nous voyons que, dans l'un et l'autre cas. la structure
est la même. La seule différence est la suivante : l'adénome
fœtal de Wôlfler forme des noyaux limités ; les lésions que
nous envisagons sont diffuses, c'est un adénome fœtcU diffus.
Nous avons dit qu'en certains points de nos préparations
on voit les cellules se grouper pour former des ébauches de
vésicules. Les points qui restent malades ne seraient-ils pas
susceptibles de s'enkyster ultérieurement, et n'aurions-nous
pas là peut-être parfois un premier stade de l'évolution de
l'adénome fœtal ?
Quoi qu'il en soit, ces diverses observations nous paraissent
un bel exemple de goitre parenchymateux chez le nouveau-né.
Comme chez l'adulte, ses symptômes vont de la forme suffocante
à la simple hypertrophie peu gênante du corps thyroïde.
Malgré le nombre élevé d'observations déjà publiées, les
indications thérapeutiques sont encore discutables.
Tout d'abord, on peut songer à un traitement véritablement
préventif. C'est ainsi que Schmid rapporte l'histoire d'une
jeune goitreuse, qui perdit deux enfants de goitre congénital,
A la troisième grossesse, elle fut, dès le quatrième mois, soumise
au traitement par la thyroïdine. Non seulement le goitre de la
mère diminua, mais, ainsi qu'on l'espérait, l'enfant naquit sans
goitre.
Le traitement curatif variera évidemment suivant la gravité
des symptômes.
Les formes bénignes relèvent du traitement médical (iodure.
iodothyrine).
Les formes suffocantes nécessitent un traitement chirurgical.
L'exothyropexie, opération simple, rapide, paraît être l'in-
tervention de choix. Elle supprime la dyspnée et permet
d'espérer la rétrocession du goitre, le malade étant d'ailleurs
soumis au traitement médical.
Il y aura avantage à lui adjoindre une autre intervention
GOITRE PARENCHYMATEUX CHEZ LE NOUVEAU-NÉ 411
peu grave^ la section de Tisthme. En brisant ainsi l'anneau
constricteur, on rétablira plus facilement dans. les goitres annu-
laires le fonctionnement normal de la trachée. D'autre part,
des recherches récentes, en particulier la thèse de Diel (1), ont
montré le bénéfice que l'on peut retirer d'une telle façon de
faire. Si le goitre ne rétrocède pas suffisamment vite, il sera
toujours possible d'en faire ultérieurement une résection par-
tielle.
Cette façon de faire nous parait bien moins grave qu'une
résection immédiate d'un lobe ou même une thyroldectomie
par évidement.
Quelle que soit l'intervention à laquelle le chirurgien ait
recours, il en est une qu'il doit proscrire absolument et qui
passe au rang des interventions d'exception, c'est la trachéo-
tomie. C'est d'ailleurs l'opinion déjà soutejiue par Lugenbuhl (2)
il y a dix ans.
Les complications pulmonaires qui la suivent sont incompa-
rablement plus graves que les interventions que nous avons
énumérées plus haut.
(1) Diel, De l'isthinectomie thyroïdienne comme traitement des goitres paren-
chymaieux {Thèse de Paris, 1905-1906).
(2) Lugenbuhl, Traitement du goitre congénital [Beitr, zw klin, Chir.), 1896,
t. XIV.
RECUEIL DE FAITS
1
«
MYXOEDÈME CONGÉNITAL
PARALYSIE DU PLEXUS BRACHIAL D'ORIGINE OBSTÉTRICALE
Par le D' GAZAL (de Toulouse).
Les cas de myxœdème atrophique paraissaient rares il y a
quelques années; ils lèsent beaucoup moins aujourd'hui, à mesure
que les symptômes de cette an'éction si particulière sont mieux
connus. L'enfant dont je vais rapporter l'histoire en est un nouvel
exemple et des plus typiques, car rarement Tatrophie et le nanisrm»
sont aussi accusés. Il s'agit d'une fillette, aujourd'hui âgée de
treize ans et demi, que je suis avec intérêt depuis près de trois ans,
et que la première photographie représente à Tâge de onze ans
(moins deux mois), tout à fait au début de son traitement (fig. 1 •
En présence de cette naine à la tête volumineuse et dispropor-
tionnée au reste du corps, de ce faciès particulier, crétinoïde, de
cette figure bouffie, « de pleine lune», il n'est pas besoin de pousser
plus loin ses investigations, et ce simple coup d'œil permet
d'affirmer qu'il s'agit là d'un cas de myxœdème atrophique des
plus caractérisés.
Observation. — 7 janvier 4904. — Cette en fan l, Joséphine V..., esl origi-
naire des environs de Toulouse. Le père et la mère paraissent sains et bien
constitués ; le père cependant aurait une santé assez délicate, toussant
assez fréquemment. Pas de consanguinité, pas de goitre, pas d'alcoolisme^
pas de syphilis apparente. La mère a fait, il y a deux ans, une faus*^
couche de trois mois, qu'elle attribue aux fatigues excessives occasionnée^,
par les soins pénibles et continuels que nécessite Télat de sa fille.
Joséphine V... est née à terme. Pendant la grossesse, qui a été normale,
on ne trouve rien chez la mère qui soit susceptible d'apporter un troublt'
dans le développement du fœtus, ni impression violente, ni aucune de-
maladies infectieuses, érysipèle, rhumatisme, malaria, grippe, etc.. qui
ont pu être incriminées dans certains cas.
Par contre, l'accouchement fut des plus longs et des plus laborieux: ie
travail dura trois jours, et on dut recourir au forceps. Celui-ci fut appliqué
à cinq reprises difîérentes, et le médecin dut y employer toute sa foive.
D'après une note qu'il a bien voulu me donner, « l'extraction fut des plus
pénibles, car la tôle était énorme et n'avait pas terminé sa rotation dans
le bassin ». Après que la tète eut été dégagée, une sage-femme acheva
MYXOEDÈMB CONGÉNITAL
413
l'accouchemeRt en exerçani de fortes tractions sur le bras gauche de
l'enhiit.
L'enfant naquit à demi asphyxiée, et il fallut beaucoup de temps pour
la ranimer. Le médecin fut surtout frappé par la grosseur considérable de
la léle.
L'enfant présentait, dans la région cervicale, un peu en arrière de l'angle
«lu maxillaire gauche, des lésions traumatiques causées par le forceps,
ïce niveau apparut, quelques jours plus lard, un abcès assez volumineux,
qui Fut incisé et qui suppura encore près de deujt mois, laissant une cica-
Irice encore visible acluellement. Un abcès analogue siégeait sur le
sommet du crâne.
Quand, après la nais-
'ance, on eut ranimé la
miette, on s'aperçut que
le bras gauche pendait
inerte le long du corps et
n'exécutait aucun" mouve-
menL Dans la suite, l'état
du membre ne sesl guère
modilié, et ainsi, en l'ab-
•ence de tout traitement
approprié, s'est constituée,
<r une façon dérinitive, une
paralysie liu plexus brachia
d'origine obstetrieaie.
Le bras est appliqué
l'onlre le corps, en rotation
'■n dedans, la main en
pronttion. L'avant-bras
seul exécute quelques lé-
gers mouvemenls, qui sont
plus étendus du côté de la
main et des doigts. Il y a
un peu d'atrophie. La sen-
sibililé parait conservée,
autant qu'il est possible
d'en juger, par un simple
examen, chez un sujet
idiol.
A part cette aifection, la
lillelte a paru, pendant
les premiers mois, se dé-
velopper normalement ;
nourrie par la mère, elle
a mis ses premières dents
'^evrée, sans avoir jamais été malade.
C'est à ce moment que les parents s"apeif.urenL que la iillette ne se
développait pas, qu'elle n'élait pas éveillée comme les autres enfanU du
même Age. J'ajouterai qu'à celte même époque l'enfant fui opérée, par
M. le D' -Maynard, d'une tumeur érectile assez volumineuse de la pau-
pière supérieure droite.
Vers l'âge de deux ans, les symptômes myxœdémateux sont devenus
plus manifestes, et on voit aujourd'hui les ti-oubles profonds que cette
afTeclion a produits chez celte enfant.
[g. 1. — Jâsépbiue V...,îg4edei]ixaiu dix moi*.
Taille, O",»! : poids, 14 kilogrammes. Avant
la traitement.
i l'âge de dix mois, époque où elle a élé
414 CAZAL
Ce qui frappe tout d'abord, c'est le nanisme. Voilà une fillette, âgée de
près de onze ans, et qui mesure à peine 81 centimètres de hauteur, c'est-à-
dire la taille moyenne d'un enfant de deux ans, aloi's qu'à onze ans elle
est de l'",35. Son poids est de 14 kilogrammes. Seule la tête a conti-
nué à se développer, et le contraste est des plus marqués entre celle
grosse lôte et ce corps minuscule, comme si l'un et l'autre appartenaient
à des sujets difTérents.
Les saillies occipitales sont volumineuses. La fontanelle antérieure
n'est pas complètement fermée. La face est bouffie, sans expression, l'air
idiot; le front est bas et étroit, la peau épaisse, formant des plis. Le$
paupières sont gonfiées, faisant paraître les yeux tout petits. La paupière
droite est beaucoup plus tuméfiée et retombe davantage que la gauche ;
c'est à ce niveau que siégeait la tumeur érectile, et on y voit la cicatrice
qui est résultée de l'opération.
Le nez est court, épaté, le menton petit, les lèvres épaisses, la bouche
grande. La langue est volumineuse, et la muqueuse buccale est gonflée
ainsi que le pharynx et le voile du palais. C'est à ce gonflement des
muqueuses que peut être attribué un ronflement particulier que l'enfant
fait entendre par moments.
La dentition est intéressante à étudier, et on y trouve, d'une façon
manifeste, l'indice de l'altération de la nutrition générale. D'après la mère,
les incisives sont sorties d'assez bonne heure ; ses souvenirs sont moin>
précis pour ce qui est des autres dents. En ce moment, la dentition de
•CKtte fillette de onze ans est tout à fait semblable à celle d'un enfant de
•quatre à cinq ans : elle n'a que vingt dents, qui sont toutes des dents de
lait; aucune n'a encore été remplacée. Elles sont écartées, noires; quel-
ques-unes sont cariées.
Les oreilles sont épaisses; le cou est court, la tête enfoncée dans les
■épaules ; le thorax s'élargit à sa base. Il n'y a pas de déviation du rachis.
Je n'ai pas trouvé de pseudo-lipomes sus-claviculaires, tumeui^s
mollasses que l'on rencontre très fréquemment chez les myxœdémaleux.
L'abdomen est large, proéminent (ventre de batracien) et pi*ésente une
petite pseudo-hernie ombilicale. Le clitoris est très développé. Les
extrémités sont grosses, épaisses, froides et cyanosées. La lempératun»
est actuellement de 37° dans le rectum (elle n'a pu être prise avant tout
traitement). L'avant-bras droit est un peu incurvé.
Partout la peau est tuméfiée, ridée, présentant cet œdème dur, carac-
téristique ; elle est sèche, terreuse, squameuse. Les sécrétions sudorale et
sébacée font entièrement défaut. Les cheveux sont assez abondants el
-durs. La mère a remarqué que, dans les premières années, ils étaient
<lroits et cassants comme des crins.
La constipation est excessive et rebelle aux moyens ordinaires; il n'y
a jamais de selle sans lavement.
Enfin j'ajouterai que la palpation attentive de la région du cou ne per-
met pas de percevoir la glande thyroïde.
Comme on peut le penser, celte enfant est dans un état d'idiotie absolue.
Elle ne réclame jamais à manger, et on est obligé de lui ingurgiter de^
aliments liquides et demi-liquides. Elle est constamment assise sur une
chaise ou sur les genoux de sa mère, car elle n'a jamais marché et a
peine peut-elle se tenir debout appuyée contre un mur ou un meuble.
Il paraît exister cependant certaines sensations et perceptions.
Pendant que je l'examine, elle manifeste son impatience par quel-
ques ci'is et en faisant, de sa main, le mouvement comme si eue voulait
battre sa mère qui la maintient. Sa parole est réduite à des cris bruyant.
MYXOEDftME CONOÉMTAL 415
Jun limbi-e lauque, ressemblent h des aboimenls; sa mère comprend
liiutefois à un de ces cris particuliers qu'elle demande à melire son
vêlement pour s'eii aller. Elle est entièrement gâteuse. En somme, c'est
à peu de chose près le portrait vivant de " l'homme plante ■>, pour me
servir de lexpi-ession de Roesch.
Lenfanl est soumise au traitement thyroïdien depuis quinze jours. Je
lui ai prescrit lies tablettes Burroughs, tiuelle prend pendant une semaine
avec un repos consécutir de quatre jours, et ainsi de suite. Elle a pris
une demi-tablette par jour pendant les deux premiers jours, puis une
tablette jusqu'au septième jour. Après les quatre jours de i-epos, elle a
recommencé le traitement
j)»r une tablette, puis une
«t demie du troisième au
wplième jour. En ce mo-
ment, l'enfant prend deux
tablettes par jour et parait
bien supporter son traite-
ment. Comme régime dié-
létique : lait, laitages,
farineux, lépumes verts,
friiiL'i, un peu de viande
Imulllie, pas de viandes
rôties et saignantes.
S Février i90i. — On
me ramène la lillette, qui
a suivi le traitement avec
les interruptions indj-
i|uées; mais la mère, dé-
liassant mes prescriptions,
a donné, les deux der-
nières semaines, trois la-
hlettes par jour. L'enfanl
est fatiguée, amaigrie et
très agitée. Je recom-
mande de cesser le Iraite-
nienf pendant dix jours et
lie ne jias dépasser ensuite
la dose de deux tablettes
par jour.
12 Hars. — L'aspect de
Uniletle est notablement
diffèrent ; sa physionomie ^"8- ï- — Jtffl*phina V..., à orne ans et huit mois.
est plus éveillée. L'épais- "r*'"*' ''■•" ' Poi"*»- '8 kilogrammes. Après
sisiiement des tissus a dis- ^'^ ""''* •** traitement,
paru et, par suite, son
piiidfi a diminué de 1301) grammes ; elle ne pèse plus que i2''",70O.
Depuis deux mois, elle a grandi de S centimètres ; sa taille est aujour-
d'hui de 8fl cpnlimèlres. La fontanelle est complètement fermée; une
Imisième molaire est apparue en bas. Les extrémités ne sont plus
froides. La peau, qui était épaisse et squameuse, est devenue plus souple
et moins sèche par l'apparition des sécrétions cutanées. L'enfant demande
à s'alimenter, tandis qu'avant le traite ment il fallait presque la gaver. La
constipation a dispanijà peu près ; il y a une selle naturelle tous les deux
jours, parfois tous les jours, L'urine est plus abondante.
416 CAZAL
L'anftiyse, qui n'a pu ëlre faite plus Ut, donne les résulUts suivant!! ;
Dentité 1 Oiî
Urée (par litre) 8»', 80
Pbiuphateg 0,9S
ni albumine, ni sucrf , ni pigments biliaires ; trares <l'u l'obi Une.
A caused'un peu d'agitation qui existe encore, je réduis la dose de corps
thyroïde à une tablette cl demie par jour.
22 Juillet. — raille : 94 centimètres , bras très allongés. Deux incisives
ont été remplacées. Trai-
tement : deux Ublettes el
petites doses de bromuie.
29 Octobre — Ladeu\it^-
me photographie prise ce
jour-là (lig. n" 2) montre
mieuxique loule descrip-
tion les progrés réalisés.
La taille est de 97 centi-
mètres el le poids de 18
kilogrammes. Les troi-
sièmes molaires existent.
La lilletle pi^^nd des forcis;
elle marche en lui donnant
la main, mais elle n'ose pa^
marcher seule. Il semble
que tout l'étonné, el la
moindre des choses l'ef-
fraie, la vue d'un cheval
par exemple. Son état in-
tellectuel est moins oblus;
elle essaie de prononcer
quelques mots. Klle porte
elle-même ses aliments à
la bouche el demande
assez souvent k aller à la
selle.
En novembrf, le traite-
Kg. 3. - Joséphine V.... â treire ans. T-iUa . ^«"/ f^t interronripu per-
1-.44 ! poid» ! !3'«.SO0. Aprï* doux ani d«u;[ o»'»'' trois semaines par
mois de traitement. •; suite d'une coqueluche de
moyenne intensité qui
dure deux mois environ- Le traitement Ihyi-oldien est ensuite repris, et
on donne deu\, puis trois tablettes par jour.
Avril 1903. — Taille : l",Oa. Poids : 19 kilogrammes. La (illetle marche
absolument seule. Vne autre incisive a été remplacée. Elle comprend
mieux et prononce quelques mots un peu plus compréhensibles.
flovembiv I90S. — Taille : i",iO. Poids : 22*e,5O0. U y a plus d'expres-
sion dans la physionomie. Elle s'intéresse à ce qui t'entoure et joue aver
les autres enfants du village. Elle est plus docile. Ses cheveux sont deve-
nus brillants. Depuis longtemps déjà la sécrétion sudorale est normalr-
Novembre 4906.— Taille: l",n. Poids: 24 kilogrammes. Presque
toutes les dents de lait ont été remplacées. La fillette marche constam-
ment seule .«ans se fatiguer.
MYXOEDÈMB CONGÉNITAL 417
Au début de Tété, la fillette étant très excitée pendant qu'elle prenait
ses tablettes Burroughs, la durée du traitement fut réduite à trois ou
quatre jours, au lieu de sept.
Même, du côté de Tintelligence, les progrès sont assez remarquables. La
fillette joue constamment ; elle est devenue gaie et loquace avec ses
parents, qui comprennent toutes ses paroles, malgré une prononciation
assez défectueuse. Elle comprend tout ce qu'on lui dit et s'acquitte par-
faitement, dans la maison, des commissions qu'on lui donne. Elle est
très irascible et, par moments, pour répondre à certaines questions, elle
est prise d'un bégaiement très accentué. Elle a de la mémoire. Depuis
longtemps elle n*est plus g&teuse. Les parents sont heureux des progrès
qu'ils constatent tous les jours.
Au point de vue de rétiologie de ce cas particulier, on ne relève
rien d'intéressant dans les antécédents personnels de cette enfant.
Ellen'aprésentéfdans lespremiers mois, notamment, aucune deces
maladies infectieuses susceptibles dedéterminer une thyroïdite et,
par suite, de provoquer, avecTatrophie de la glande thyroïde, l'appa-
rition du myxœdème. C'est donc bien d'un cas de royxœdème
congénital qu'il s'agit ici, cela ne me parait pas douteux.
Si les parents ont remarqué seulement vers le neuvième mois
le faciès particulier et le faible développement de leur enfant,
il est à croire qu'elle présentait antérieurement des symptômes
myxœdémateux, atténués sans doute, qu'un œil exercé eût
déjà pu dépister. Nous savons, en effet, que le plus souvent,
tant que l'enfant estnourri au sein de sa mère, les troubles apportés
parle myxœdème sont des plus légers et n'attirent que rarement
l'attention des parents. C'est là l'opinion de la majorité des auteurs
français, qui admettent que le myxœdème commence à apparaître
quand finit l'allaitement maternel.
Dans les antécédents héréditaires de cette fillette, on ne trouve
rien qui soit susceptible d'être incriminé : pas d'alcoolisme, pas
de syphilis, pas de tuberculose, pas de paludisme, etc.
Pendant la grossesse, qui a été normale, la mère n'a ressenti
aucune impression violente, aucune frayeur vive, qu'on retrouve
assez fréquemment dans les observations de myxœdème con-
génital.
Un seul fait mérite ici une mention toute spéciale : c'est la longue
durée de l'accouchement avec le traumatisme subi à ce moment par
Tenfant et la paralysie du plexus brachial qui en est résultée.
L'accouchement prolongé est en effet signalé dans un grand nombre
d'observations, et récemment M. Silva Carvalho (1), sur 22 cas
observés, a noté cette particularité dans plus de la moitié des cas.
Est-ce là une cause? N'est-ce pas plutôt un effet? N'est-ce pas
au volume de la tête, le plus souvent exagéré chez les fœtus
(I) Vf SavA Cakvalbo, Myxœdème atrephique coDgAnital {Congrès interna^
iUmai et hiihonnê).
ÂRCH. DE MÉDBC. DBS ENFANTS, 1907. X. 27
418 CAZAL
myxœdémateux, comme dans mon observation, que pourrait être
attribué ce retard de Taccouchement?
Que pouvait-on espérer du traitement thyroïdien dans un cas
aussi accusé, chez un sujet de cet âge? On ne pouvait certaine-
ment escompter un résultat aussi favorable qu*il l'aurait été, sans
aucun doute, si le myxœdème avait pu être diagnostiqué dans les
premières années et si le traitement avait été institué aussitôt.
Cependant je crus pouvoir affirmer à la famille que la médication
thyroïdienne donnerait de très heureux résultats, que nous verrions
très certainement cette naine grandir d'une façon satisfaisante
et qu'il y avait lieu d'espérer qu'un certain réveil de l'intelligence
succéderait peu à peu à l'idiotie totale.
Après quelques mois de traitement, en effet, une amélioration
rapide s'est opérée, et actuellement la métamorphose est complète.
Cette fillette, dont la taille était stationnaire depuis l'âge de
deux ans environ et qui, malgré ses onze ans, ne dépassait pas
81 centimètres (taille d'un enfant de deux ans), s'est rapidement
développée, dès qu'on a suppléé par un traitement thyroïdien à
l'absence de son corps thyroïde. Après moins de deux ans de
traitement, elle avait grandi de 29 centimètres, et sa taille, qui con-
tinue à augmenter, est aujourd'hui de l'»,17 (taille d'une enfant de
huit ans environ) avec un poids de 24 kilogrammes, au lieu de
14 kilogrammes au début du traitement. La dentition a montré
également d'une façon manifeste les progrès réalisés au point de
vue du développement physique; elle témoigne aussi actuellement,
par certaines dystrophies, du trouble profond qu'a subi primitive-
ment la nutrition du sujet. Tous les symptômes myxœdémateux,
notamment rinfîltration des tissus, la sécheresse de la peau, le
refroidissement des extrémités, la constipation, etc., ont totalement
disparu. La tête présente aujourd'hui des proportions normales
relativement au corps, et cette fillette, qui était absolument inca-
pable de se tenir debout, marche et court aujourd'hui sans
fatigue .
Comme il fallait le penser, le développement de l'intelligence n'a
pas suivi, pas à pas, le développement physique. Mais, si les résul-
tats obtenus, au point de vue intellectuel, ne sont pas aussi
brillants, ils sont loin cependant d'être négligeables, étant donné
surtout l'âge avancé de l'enfant lorsqu'elle a commencé le traite-
ment. Le développement intellectuel s'opère lentement, mais d'une
façon progressive. La physionomie a maintenant de l'expression ;
la fillette parle, avec difficulté, il est vrai, mais sa parole devient
peu à peu plus compréhensible. Elle comprend très bien tout ce
qu'on lui dit; elle est gaie et toujours en mouvement, s'intéressant
à tout ce qui l'environne. Sa mémoire s'est développée en même
temps que ses sentiments afl'ectifs. Au lieu d'un être absolument
■n"
MYXOBDÈME CONGÉNITAL
419
diot, vivant d une vie quasi- végétative, nous avons aujourd'hui
une fillette dont le niveau intellectuel est à peu près celui d*un
enfant de trois ou quatre ans et continuera, je Tespère, à réaliser
encore quelques progrès, à mesure que le développement physique
se parachèvera.
C'est là un nouveau succès à Tactif d'une médication d'une puis-
sance admirable, l'organothérapie thyroïdienne. Quand on assiste à
de pareilles transformations, on ne peut qu'être émerveillé de la
découverte de SchifT, qui a si heureusement modifié le pronostic
d une aiïeciion en présence de laquelle, il y a quelques années à
peine, le médecin restait impuissant autant qu'attristé.
i
II
RUMINATION CHEZ UNE FILLE DE TROIS ANS
Par M. le D' J. GOMBT.
Le mérycisme ou rumination, phénomène physiologique chez cer-
tains mammifères herbivores, est tout à fait exceptionnel chez
l'homme. C'est pour cela que j'ai tenu à présenter une fillette
atteinte de rumination. Après chaque repas, en effet, cette enfant
voit le bol alimentaire remonter dans sa bouche, pour être dégluti
de nouveau. La rumination dure ainsi, sans gêne et sans déplaisir
pour l'enfant, pendant deux ou trois heures.
Observation. — Fille âgée de trente-neuf mois. — Parents nerçeux. —
Enfant nerveuse, — Entéro-eolite à poussées successives. — Depuis trois
mois rumination parfaitement caractérisée.
Le 30 avril 1907, on me conduit une fillette de trente-neuf mois pour des
troubles digestifs.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente-cinq ans, nerveux» mais
ayant un bon estomac. Mère, âgée de vingt-huit ans, nerveuse, ayant des
gaz, des renvois après le repas, dyspeptique, mais sans rumination. Elle
a eu un autre enfant il y a cinq ans, qui est mort en bas âge ; cet enfant
était venu avant terme.
Rien à relever chez les grands-parents. Pas de ruminants dans la famille.
Antécédents personnels. — Enfant née à terme, nourrie au sein par sa
mère exclusivement jusqu'à huit mois et avec succès. A partir de huit mois,
quelques bouiUies ont été ajoutées aux tétées. Enfant superbe jusqu'à un
an. A cette époque, elle contracte la coqueluche, qui dure trois mois et
s'accompagne de quintes violentes, parfois avec vomissements. Puis elle
a souffert d'entérite, avec diarrhée verte ; après la diarrhée, qui l'avait
beaucoup affaiblie et retardée dans son développement, elle a présenté
de la constipation et des poussées d'entéro-colite muco-membraneuse.
Depuis quelques mois, la mère a remarqué des phénomènes nouveaux
qui l'inquiètent beaucoup. L'enfant, qui a grand appétit, qui mange beau-
coup, a présenté des renvois, des régurgitations et enfin une véritable
rumination. H ^ -^ j i^ .^ 5* :^ 4^ *•»
État actuel. — Quelques minutes après que le repas est terminé, le bol
alimentaire remonte dans la bouche, sans effort, sans gêne, sans douleur
pour l'enfant. On croit qu'elle va le cracher, mais elle le déglutit de nou-
veau, non sans plaisir quand il s'agit de dessert ou d'aliments qu'elle'aime
bien. Cette rumination dure ainsi pendant deux heures ou davantage.
A la fin, les aliments ainsi régurgités exhalent une odeur acide et désagréable
pour l'entourage. La mère voudrait que sa fillette crachât les aliments
ruminés ; mais celle-ci s'y refuse. )
A chaque repas, les mêmes phénomènes se reproduisent avec régularité.
RUMINATION CHEZ UNE FILLE DE TROIS ANS 421
Rien ne saurait les empêcher. Cependant la bouillie du matin, le pain sont
ruminés avec prédilection.
L'enfant ne mangeant jamais de viande, nous ne savons pas comment
cet aliment se comporterait à Tégard de la rumination.
L'enfant a souvent des bâillements. Faim continuelle.
Ëtat général satisfaisant ; l'enfant est un peu petite (82 à 83 centi-
mètres de taille), d'un poids léger (10 600 grammes). Mais le teint est assez
coloré, il n'y a pas d'anémie, rien à l'auscultation du cœur et des poumons.
La langue est nette, le ventre souple, non douloureux à la pression. Pas
de dilatation de l'estomac Rien au foie ni à la rate.
Enfant très nerveuse, très impressionnable, se mettant facilement en
colère. Incontinence nocturne d'urine parfois.
Voilà donc un cas très net de rumination chez une fillette ner-
veuse ; le mérycisme, chez elle, fait son apparition à l'âge ^de trois
ans et semble n'avoir été provoqué ni par l'imitation, ni par une
maladie quelconque. Quand ce phénomène est apparu, il y a trois
mois, l'enfant aUait bien.
Les faits de ce genre sont assez rares. Cependant notre collègue»
M. Variot, a vu un petit garçon de trois ans, très nerveux, qui pré-
sentait du mérycisme depuis deux mois.
Plus récemment, le I> Brockbank {The Brit. Med. Journal^ 23 fé-
vrier 1907) a publié sur cette question de la rumination dans l'es-
pèce humaine un article très documenté. Il a vu un homme de trente-
six ans, ruminant depuis l'enfance, marié à une femme qui ne rumi-
nait pas, dont cinq enfants sur six présentaient cet étrange phéno-
mène de la rumination :
l^^Fille de douze ans, rumine surtout quand elle a mangé de la
viande ;
TP Fïûéjie dix ans, rumine surtout après le déjeuner, et, comme
c'est l'heure de l'école, elle en est fort ennuyée, ses camarades et
ses maîtres lui demandant ce qu'elle mange. Quand la rumination
porte sur des mets qu'elle aime, elle est très contente ;
S^.Fille de huit ans, rumine un peu'moins que ses sœurs ;
4<^ Fille de quatre ans, commence à ruminer ; parfois, elle crache
le bol alimentaire qui remonte dans la bouche ; si c'est de la viande,
elle la déglutit de nouveau ;
5^ Garçon de deux ans et demi, commence à ruminer, surtout la
viande/, la crache parfois ;
G^.Enfant de trois mois, nourri au sein ; ne rumine pas encore.
Le mérycisme, ou ramination humaine^ semble avoir été décrit pour
la^première fois'au xvii® siècle, par Fabrice d' Acquapendente et, plus
tard, par John Conrad Peyer, qui en avait colligé neuf observations.
Dans une de ces observations, on pouvait incriminer l'imitation, car
il s'agissait d'un enfant faible d'esprit, vivant avec des animaux
ruminants. ^ % * ^ii'*3*? ^ %
Depuis cette époque, on n'a rapporté que des cas isolés, et la litté-
'iS^ J. COMBY
rature est assez pauvre sur ce chapitre de la pathologie nearo-
digestive.
C'est un phénomène intéressant qui ne semble pas lié générale-
ment à la dyspepsie, qui est parfois héréditaire et qui, peut-être,
doit être rangée dans la classe des neuropathies. On voit, d'après le
cas que j'ai l'honneur de présenter et d'après les observations déjà
publiées, que la rumination peut être très précoce, survenant dans
la première enfance, parfois même chez les nourrissons.
D'après Lemoine et Linossier, il s'agirait d'une névrose gastrique.
Quel traitement convient-il de mettre en œuvre?
Je me suis contenté de prescrire ce qui suit :
Repas, au nombre de quatre par jour, pris lentement, avec mas-
tication][^soignée. Douches tièdes tous les. matins. Frictions stimu-
lantes le soir. Deux bains alcalins par semaine. Vie au grand air.
Deux fois par jour, avant le repas, l'enfant doit prendre un paquet
contenant :
Bicarbonate de soude \
Beazonaphtol ( ââ 0 gr. 20
Magnésie calcinée S
Olycérophosphate de chaux 0 gr. 15
Pepsine 0 gr. 10
Poudre de noix vomique 0 gr. 01
Si ce traitement ne réussit pas, j'ai conseillé de faire prendre à
l'enfant, après chaque repas, dans un peu d'eau sucrée, une cuillerée
à café de la solution suivante :
Acide chlorhydrique médicinal 1 gramme.
Eau distillée 100 grammes.
Enfin j'ai songé à faire intervenir la psychothérapie, la suggestion
à l'état de veille.
REVUE GÉNÉRALE
MÉRYCISME OU RUMINATION
La rumination consiste dans le retour à la bouche, après Taché-
vement du repas, de petites quantités de nourriture qui sont
ensuite dégluties de nouveau. Cette particularité de la digestion
est physiologique dans une classe entière de mammifères, auxquels
onadonnélenomde/2umtnan/s. Dans l'espèce humaine, par contre,
le mérycùme ou rumination est un cas pathologique ou une ano-
malie physiologique. Il y a quelques années, le D' Variot a
observé un garçon de trois ans, très nerveux, qui ruminait depuis
deux mois. J'ai montré tout récemment [Soc. méd. hôp,,
3 mai 1907) une fillette de trois ans et trois mois, présentant de
la rumination après tous les repas depuis trois mois. Le lY Brock-
bank, ayant eu Toccasion d'étudier ce curieux phénomène chez
plusieurs membres de la même famille, et dans trois, quatre ou
même cinq générations, en même temps qu'il l'observait chez un
membre d'une autre famille, nous profiterons de cette documen-
tation rare et précieuse pour étudier sommairement le mérycisme
chez les enfants (1).
En octobre 1905, un ouvrier en vaisselle d'étain, âgé de
trente-six ans, se plaint de régurgitation de matières acides après
les repas et d'une gène épigastrique survenant une demie ou une
heure après le repas. Dans l'intervalle, il est très bien. Tout d'abord,
on pouvait croire à quelque dyspepsie acide banale ou pyrosis.
Mais un examen plus complet montra qu'il s'agissait de rumination
datant de Tenfance. A l'école déjà, il avait cette infirmité et s'en
souvient nettement. Son père et son grand'père étaient atteints,
de même ses frères et sœurs et plusieurs de ses enfants.
Quelle quesoit la nourriture qu'il ingère, liquide ou solide, mais la
viande i^écialement, elle revient dans sa bouche, soit immédiate-
ment, soitaprèsun quartd'heureàuneheure. La nourriture remonte
ainsi dans la bouche sans mauvais goût, à des intervalles de deux
à trois minutes, et redescend dans l'estomac avec la même régularité.
Cela dure une heure et se termine par des régurgitations de plus
(i) D' E.-M. Brockbank, Merycism or rumination in man {The BritUh médical
Jifurnaly 23 février 1907).
424 REVUE GÉNÉRALE
en plus liquides. Il réavale sa nourriture sans Tavoir mastiquée
convenablement, à la manière des ruminants, il en éprouve du
malaise et des troubles dans Testomac.
Voici rhistoire de ses six enfants :
i** Fille de douze ans, rumine surtout quand elle a mangé de
la viande ; la régur^tation se produit un quart d*heure après le
repas; elle mastique de nouveau et avale le bol alimentaire. Elle
est bien développée. Bonnes digestions.
2" Fille de dix ans, intelligente et vive. La rumination survient
surtout après le déjeuner, et cela est gênant pour elle, car à Técole
on lui demande ce qu'elle mange. Constipation fréquente. Quand
la rumination porte sur des mets qu'elle aime, elle est très
contente.
3^ Fille de huit ans, bien nourrie, rumine aussi, mais moins que
ses sœurs.
4** Fille de quatre ans, commence à ruminer. Le pain et le beurre,
la soupe, comme la viande, reviennent; parfois elle les crache ; mais,
si c'est la viande, elle la mastique et la réavale.
5^ Garçon de deux ans et cinq mois, commence à ruminer, surtout
la viande, lacrache parfois. D'après la mère, l'imitation ne jouerait
aucun rôle.
C" Enfant de trois mois, nourri au sein, ne rumine pas encore.
La mère de ces six enfants ne rumine pas.
Une femme de quarante-sept ans, ruminant depuis la première
enfance, déclare que son père et deux de ses frères, sur trois, rumi-
naient. La rumination commence quelques minutes après le repas
et dure une, deux, trois heures, parfois jusqu'au repas suivant. Elle
a sept enfants entre vingt-sept et dix ans; six sont ruminants,
une fille de vingt-six ans fait exception. Tous ont commencé vers
l'âge de cinq ans.
Femme de quarante-deux ans, a toujours ruminé, après chaque
repas, quel que soit l'aliment; le phénomène est plus marqué avec
la viande. Les liquides accroissent la quantité de matières ruminées.
Le thé pris seul ne donne pas lieu à rumination. Elle mastique sans
dégoût, avant de réavaler. La rumination commence deux ou
trois minutes après le repas et dure deux ou trois heures. Elle a
quatre garçons, aucun ne rumine.
Homme de quarante-six ans, rumination légère et crachement
parfois; quatre enfants indemnes.
Homme de quarante ans, rumine légèrement ; un fils indemne.
Femme de trente-huit ans, rumine, i;nais pas tous les jours,
crache la nourriture. A cinq enfants indemnes.
Homme de trente-quatre ans, ruminant parfait depuis sa
première enfance. A deux enfants, dont un garçon de cinq ans, qui
commence à ruminer depuis un an.
MÉRYCISME OU RUMINATION 425
Femme de trente ans, rumine légèrement. A un enfant de
dix-sept mois non ruminant.
Ces observations sont assez nombreuses et assez variées pour
permettre de donner une description intéressante du mérycisme.
Le mérycisme, ou ruminatio humana semble avoir été décrit
pour la première fois au xvii* siècle par Fabrice d'Acquapendente
etpar JobnCk)nradPeyer surtout, qui en a colligé neuf cas. Dans un
cas, rimitation semble avoir joué un rôle ; il s'agit d'un jeune
idiot qui, vivant avec des ruminants, se mit à ruminer comme eux.
Depuis cette époque, des cas isolés ont été rapportés çà et là
par les neurologistes ou les spécialistes de Testomac.
La rumination diffère de la régurgitation. Dans le premier cas, le
bol alimentaire renvové de Testomac dans la boucbe est avalé de
nouveau avec on sans nouvelle mastication ; dans le second cas, il est
rejeté au dehors. La régurgitation de petites quantités d'aliments
coïncide habituellement avec des troubles dyspeptiques et cesse
avec eux. La rumination est indépendante de toute dyspepsie. Elle
est indépendante également du pouvoir qu'ont certaines personnes
de vomir volontairement et de vider leur estomac quand il leur
plait.
La rumination survient à différentes reprises après tous les
repas ou après certains repas seulement, le diner par exemple.
En général, elle commence quelques minutes après le repas et
dure une heure environ ; parfois elle se prolonge deux ou trois
heures. Il peut y avoir plusieurs, un grand nombre de gorgées, deux
ou trois seulement.
La rumination est indépendante de la quantité de nourriture
ingérée. Cependant un repas précipité, avec mastication insuf-
fisante, expose davantage au mérycisme. Parfois l'abondance des
liquides le favorise, de même la qualité des mets, la viande, le
porc, le lard. Les matières ruminées sont constituées par un
mélange des divers aliments ingérés ; parfois il y a une sélection.
Laliment, ramené dans la bouche, est tantôt remastiqué, tantôt
immédiatement réavalé. Il passe mieux quand il a été remastiqué ;
il n'a pas de mauvais goût, et la rcmastication n'a rien de
désagréable pour le patient. L'aliment n'est de goût fade, salé ou
acide que dans les cas où l'estomac est malade. Alors l'enfant est
disposé à cracher, à rejeter au dehors l'aliment ruminé. En dehors
de cela, il rumine avec plaisir, surtout quand il a fait un bon repas.
La rumination s'établit graduellement et involontairement.
Toutefois certains sujets deviennent ruminants par imitation, et
quelques-uns peuvent maîtriser ou développer leur mérycisme.
Santé générale bonne. Parfois constipation et dyspepsie associées.
La rumination peut s'observer dans toutes les classes de la
société ; elle est souve^nt héréditaire, et on peut rencontrer
42G REVUE GÉNÉRALE
plusieurs cas dans la même famille. Chez les enfants prédisposés,
rimitation peut jouer un rôle.
Cette perturbation peut être très précoce ; on la voit débuter dans
la seconde et même la première enfance, quand les sujets commencent
à marcher et à mang-er davantage. Â cet âge, ils ruminent mal et
rejettent au dehors une grande partie des substances régurgitées.
On a dit que les garçons étaient plus fréquemment atteints que les
fllles, mais celles-ci paient aussi tribut à la maladie.
Les causes occasionnelles peuvent être une maladie infectieuse,
le mal de mer, un coup sur Testomac, une indigestion, un excès de
nourriture. La constipation est fréquente. Les affections du système
nerveux sont souvent associées au mérycisme (hystérie, épilepsie,
neurasthénie, etc.).
Le mérycisme peut guérir par Tintervention d*une maladie ou
même spontanément.
L'examen du suc gastrique, dans les cas où il a été fait, n a
pas révélé d'anomalies au point de vue chimique. Cependant
quelques auteurs signalent Thyperchlorhydrie ou Thypochlorhydrie.
On pourrait distinguer une forme simple ou physiologique de
rumination et une forme secondaire ou pathologique. La rumi-
nation simple succède à un repas complet et débute une demi-heure
après Tingestion. Les substances régurgitées conservent leur
saveur normale, elles sont réavalées, et le sujet conserve son poids.
La rumination dyspeptique succède à un repas minime et commence
presque immédiatement. Les substances régurgitées sont acides
et désagréables, crachées au dehors ; le poids diminue. Mais cette
distinction n'est pas absolue ni conforme à la réalité de tous les
faits. Lemoine et Linossier acceptent la division en rumination
simple et rumination pathologique. Ils distinguent trois variétés de
cette dernière : 1^ neuropathique avec ou sans dyspepsie; 2® origine
dyspeptique ; 3* origine dyspeptique, mais persistance, après
guérison, de la dyspepsie.
Comment expliquer chez Tenfant cet acte bizarre de la ruoii-
nation ? Ce péristaltisme renversé peut être réflexe, résultant
d'une susceptibilité spéciale de la muqueuse gastrique; mais on ne
peut préciser le trouble anatomique ou fonctionnel qui provoque
cet acte réflexe. Pour Lemoine et Linossier, il s'agit d'une névrose
gastrique; le mérycisme est un réflexe, dû à la sensibilité exagérée
de la muqueuse gastrique, que cette sensibilité soit congénitale
ou acquise. Pour Singer, rumination et régurgitation seraient des
processus analogues, en rapport avec une constitution nerveuse.
La cause principale de la rumination serait dans une insuffisance
temporaire du cardia. En somme, on ne peut admettre quune
sorte de névrose fonctionnelle réflexe de l'estomac.
Au point de vue anatomique, rien de concluant : estomac normal
MÉRYCISME OU RUMINATION 427
dans la majorité des cas. Cependant le cardia et la partie inférieure
de lœsophage ont été trouvés dilatés, formant une sorte de vestibule
à Teslomac (antrum cardiacum). Quelques auteurs ont parlé de
rhypertrophie musculaire des parois gastriques.
L*acte de la rumination se produit par une contraction de Tes-
tomac associée à celle du diaphragme et des muscles abdominaux.
D après Lemoine et Linossier, il y a un spasme du diaphragme et
des muscles inspirateurs, qui diminue la pression intrathoracique ;
rœsopfaage se dilate, tandis que les muscles abdominaux compriment
lestomac. Pour Singer, il y aurait aspiration du contenu. stomacal
à travers le cardia relâché, la diminution de pression intrathora-
cique étant due à une inspiration la glotte fermée, etc.
Au point de vue dudiagnostic, on doit distinguer V éructation^ ou
régurgitation gazeuse, associée à la présence d^air ou de gaz dans
Testomac; Tair a été dégluti comme on l'observe chez certains
sujets nerveux dits aérophages. La régurgitation est constituée
parle retour dans la bouche d'une partie de la nourriture déglutie
avec un peu d*air; ce phénomène est fréquent; les substances
régurgités donnent en passant dans la bouche un goût acide.
Parfois la régurgitation vient d'un diverticule œsophagien; la
chimie montrera qu'il n'y a dans ce cas ni acide chlorhydrique ni
pepsine.
Le traitement est très incertain. Avec beaucoup d'attention et
de volonté, on pourra, dans quelques cas, corriger la rumination. On
recommandera de manger lentement, de mastiquer avec soin tous
les aliments, avant de les déglutir, de boire peu, d'écarter les mets
indigestes.
Quand il y aura des troubles dyspeptiques concomitants, on les
traitera, et, s'ils jouaient un rôle provocateur, enverra la rumina-
tion s'améliorer notablement. Chez un malade du D' Brockbank, le
mérycisme ne survenait pas quand il avait pris après le repas un
médicament tel que : bromure de potassium, bismuth, liqueur
ammoniacale, teinture de gentiane, bicarbonate de soude. De
même, si les médicaments étaient pris pendant l'acte de la rumi-
nation, celui-ci était enrayé ou diminué notablement.
A cela on peut ajouter un traitement général : bonne hygiène,
vie au grand air, hydrothérapie (douches chaudes ou froides, fric-
tions stimulantes, etc.).
Dans quelques cas, la suggestion à l'état de veille ou l'hypnose
peuvent être utiles (psychothérapie).
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Sur nn cas de rétrécissement congéoital de U trachée» par le
D' Mo us sou s {Journal de médecine de BordeauXf 17 février 1907).
Fille née à terme, de parents sains, amenée à Thôpital à un mois. Dys-
pnée continue et très accusée depuis la naissance. Poids 8 200 grammes.
Voix claire, pas d'enrouement, dyspnée, tirage sus-sternal, épigastrique
et intercostal, comage, cyanose et refroidissement des extrémités. Rien à
TauBCultation.
Gêne au moment de la tétée ; allaitement mixte, par suite d'insuffi-
sance des tétées. Frictions mercurielles. L'enfant sort le 29 septembre
et revient le 1^ octobre. Elle a maigri. Comage et tirage persistant
Extrémités cyanosées et froides. Insuffisance des tétées, poids tombé à
2 700 grammes. On reprend les frictions mercurielles. Inhalations d'oxy-
gène. Mort le 15 novembre à l'âge de trois mois; poids 2 300 grammes.
Autopsie le 16 novembre : on trouve à la partie inférieure de la trachée,
à 3 centimètres au-dessus du cricoîde, un rétrécissement d'une longueur
de 1 centimètre se terminant à 1 centimètre de la bifurcation de la
trachée, qui a une longueur totale de 5 centimètres. Au niveau du rétré-
cissement, la trachée est tordue et infléchie, formant un angle obtus à
concavité dirigée vers la droite. Calibre diminué de moitié au moins. Pas
de tumeur, pas de ganglion comprimant la trachée, pas de malformation
du cœur ni des gros vaisseaux. Larynx normal. Au niveau du rétré-
cissement, les cerceaux cartilagineux son diminués de volume, inégu-
liers, infléchis, anguleux, morcelés. Muqueuse un peu nacrée au niveau
de l'angle rentrant
Ce cas semble attribuable à une malformation ; il n'y avait pas d'anté-
cédents spécifiques héréditaires, et les frictions mercurielles ont été inef-
ficaces.
Ostéomyélite de la clavicule, par le D' Rabàrb (Journal de médecine
de Bordeaux, 17 février 1907).
Garçon de cinq mois, amené le 18 juillet 1906 pour une lésion aiguS
de la clavicule droite. Le 16 juillet, il avait alors trois semaines, sa mère
remarque une légère tuméfaction au niveau de cette clavicule. Cette
tuméfaction augmente rapidement, cause de la douleur, avec rougeur
et distension de la peau. Peu ou pas de fièvre, sommeil normal, aq>pétit
conservé. Le surlendemain, la fluctuation est nette. M. Venot fait le dia-
gnostic d'ostéomyélite de la clavicule. Incision profonde intéressant le
périoste ; le stylet montre que la clavicule est à nu. Drainage, pansement
A la fin d'octobre, il partait un petit trajet flstuleux au niveau de l'extré-
mité externe de la davicule, fistule entretenue par un séquestre. Alors
on fait une nouvelle incision; on trépane l'os de nouvelle formation et on
retire la clavicule nécrosée entièrement.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 429
L'examen bactériologique du pus a montré le staphylocoque. En août,
aheès chaud lombaire, qui a guéri après incission et drainage.
Xyite hydatiqaa du poumon ches nn enfant de hait ans, per le
rv RocAC {Haz. hebd. de Bordeaux. 17 février 1907).
Qarçon bien portant jusqu'à six ans ; à cet âge, coqueluche intense qui
dure quatre mois, puis grippe, etc. Le 10 mars 1905, hémoptysie assez abon-
dante, qui se répète tous les huit ou dix jours pendant plus de six semaines.
En même temps, douleur au côté droit du thorax.
Aspect de tuberculeux, toux, dyspnée, pas de fièvre. Matité sous la cla*
vicule gauche et dans la fosse sus-épineuse; respiration soufflante avec
quelques râles fins. L'enfant, considéré comme bacillaire, est envoyé à la
campagne. Pendant plusieurs mois, on note de temps en temps des hémo-
ptysies ; la fièvre se montre le soir, la dyspnée augmente, l'état général
devient mauvais. Ongles hippocratiques. Avec le repos, la suralimentation,
les révulsifs, l'enfant va mieux pendant trois mois. En février 1906,
grippe, puis rougeole. Les hémoptysies reviennent, la fièvre monte à 40<*,
signes de bronchopneumonie à gauche. Le 9 avril, flot de pus par la bouche.
Sous la clavicule gauche, gargouillement Le pus contient des membranes
d'hydatides (kyste à échinocoques suppuré et ouvert dans les bronches).
Guérison.
Le venin des serpents, sérothérapie anti venimeuse, par J. Rabèrb
{Journal de médecine de Bordeaux, 10 février 1907).
Le 29 août 1906, un garçon de neuf ans, mordu par une vipère la veille,
entre à l'hôpital des Enfants. Se trouvant, vers six heures du soir, sur la
plage d'Andemos, les pieds nus, il ressentit une vive piqûre au niveau
de la partie moyenne du dos du pied droit, et il aperçut un serpent qui
s'enfuyait Un pharmacien fit une ligature au-dessus du pied et pansa
la piqûre avec de l'ammoniaque, puis le permanganate de potasse. Œdème
du pied et de la jambe. Trois heures après, un médecin incise la plaie, la
fait saigner et applique des compresses imbibées de permanganate à 1 p. 100.
Cependant état plus grave, œdème très étendu, abattement, vomisse-
ments. Température 36o,2. A midi, dix-huit heures après l'accident,
injection de 7 à 8 centimètres cubes de sérum de Calmette. Le 30 août,
Douvdle injection de 10 centimètres cubes de sérum. Amélioration rapide,
guérison. Le serpent était une vipère-aspic qu'on a pu capturer.
Contribiition à l'étade de la pleurésie purulente interlobaire chez
reniant, par le D' £. Marlibr {Le Nord médical, i^ et 15 janvier 1907).
L'auteur étudie dans son ensemble la pleurésie interlobaire, à l'occasion
de deux cas observés par M. Deléarde.
I. Garçon de quatorze ans, entré le 17 décembre 1905 à l'hôpital
Saint-Sauveur. Mère probablement tuberculeuse. Enfant chétif. On pense
à la fièvre typhoïde. Mais le séro-diagnostic est négatif. Toux, râles de
bronchite, cœur dévié à droite. Le 2 janvier 1906, vomique de pus. En
avant et à gauche, sous la clavicule, skodisme léger ; plus bas, matité
avec diminution des vibrations. En arrière, sous l'omoplate, zone de matité
8'étendant jusqu'à la colonne vertébrale. Au-dessus et au-dessous, zone
de matité. Vibrations abolies au niveau de la zone mate. La matité se
retroave dans la ligne axillaire. L'examen du pus montre des pneumo-
coques. Les jours suivants, l'expectoration purulente diminue, la fièvre
tombe. La radioscopie montre une zone obscure répondant à la scissure
interlobaire gauche, avec hypertrophie des ganglions bronchiques.
Oaérison complète.
430 ANALYSES
II. Fille de douze ans, entrée à Thôpital le 17 avril 1906. Il y a un an,
affection pulmonaire aiguë. Dans le quatrième espace intercostal gauche,
au niveau de l'articulation chondro-costale, petite tumeur comme une noix,
fluctuante, non douloureuse à la pression. En bas et en dehors, autre tu-
meur plus ancienne (début il y a trois mois). La moitié gauche du thorax
est rétractée. Matité en ayant, à partir du troisième espace gauche, espace
de Traube conservé. Vibrations vocales abolies au niveau de la Eone mate.
En arrière et à gauche, matité dans les deux tiers supérieurs du poumon.
Souffle, égophonie, pectoriloquie aphone. Cœur non déplacé. Plusieurs
ponctions sont faites sans succès. On vide les abcès ; pas de microbes.
Radioscopie : obscurité à gauche au niveau des troisième, quatrième,
cinquième espaces. Le pus des abcès s'étant reproduit, on les ponctionne
de nouveau, puis on les incise largement Pas de communication avec la
plèvre. Un troisième abcès se forme. Tumeur blanche tibio-tarsienne,
fistule au côté externe. Ce cas n'est pas très clair. L'auteur conclut :
10 La pleurésie purulente interlobaire peut rester latente, preadre par
exemple le masque de la fièvre typhoïde et se révéler brusquement par
la vomique ;
2^ Elle peut, dans des cas rares, rester longtemps enkystée et donner
naissance à des vomiques ou à des empyèmes de nécessité ;
30 La radioscopie et la radiographie sont d'un précieux secours pour le
diagnostic ; à la zone de « matité suspendue», il faut superposer la « zone
d'ombre suspendue ».
k^ Dans tous les cas, soit avant, soit après la vomique» la gravité de
l'état général est une indication formelle de l'intervention.
Résultats du traitement hygiénique, à l'hôpital, de iOO cas de tuber-
culose infantile, au cours d'une période de cinq ans, par le D* R. Bruzvon
(Bulletin médical, 30 janvier 1907).
11 s'agit d'enfants améliorés ou guéris, après la cure d'air à l'hospice
général de Rouen. Ces 100 enfants ont été traités d'octobre 1901 à dé-
cembre 1906. Age entre deux et seize ans ; durée du séjour entre un mots
et deux ans. Parmi les enfants traités, il y en avait 57 au premier ou
deuxième degré (tuberculose fermée), 26 au troisième degré, 4 avec cachexie.
Les enfants passent leur journée et prennent leurs repas en plein air,
dans des galeries de cure ou un sanatorium d'hôpital dit Aerium.
La cure se fait en toute saison et par tous les temps, de huit heures
du matin à quatre heures du soir en hiver, de six heures du matin à huit
heures du soir en été.
La nuit les enfants rentrent dans les salles communes, où quelques
fenêtres restent ouvertes. Propreté rigoureuse des locaux et des enfants.
Pas de suralimentation ; régime habituel avec quelques suppléments :
peu de viande, beaucoup de féculents et fruits cuits, eau comme boisson.
Résultats : appétit, pas de fièvre, moins de toux et de crachats, augmen-
tation de poids ; modification lente des signes physiques. Dépense
minime : 4 000 francs pour l'installation.
Deux cas d'onanisme chez des enfants traités par la suggestion
hypnotique, par le D^ Régis (Gaz, kebd. de Bordeaux^ 10 février 1907).
10 Fille de six ans et demi, se livrant à l'onanisme depuis l'âge de
quatre ans et demi. Elle serrait fortement les cuisses et les frottait l'une
contre l'autre. Toutes les tentatives des parents restèrent vaines. L'enfant
fut alors isolée et soumise à l'hypnose. Les suggestions aboutirent rapide-
ment à la guérison.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 431
20 Garçon de neuf ans et demi, de parents nerveux, a eu à cinq ans une
fièvre typhoïde grave avec délire. Il se masturbe depuis longtemps, plu-
sieurs fois par jour. On a tout tenté pour le corriger, jusqu'à Tadaptation
d'appareils emprisonnant la verge, etc. Tout fut inutile.
Séances d'hypnose assez laborieuses, résultats incomplets et lents
à obtenir.
Il ne faut avoir recours ni aux mesures de rigueur, ni aux appareils.
La psychothérapie est le traitement de choix, sous forme de suggestion
hypnotique ou de traitement moral.
Un cas d'idiotie mongolienne, par MM. Jacquin et Robert (Jour-
nal de médecine de Bordeaux^ 3 mars 1907).
Fille née le 16 novembre 1884, entrée à l'asile le 16 juin 1899. Père
mort tuberculeux peu de temps après la naissance de l'enfant; mère
bien portante. Quatre autres enfants plus âgés normaux.
Née à terme, elle a marché à trois ans, a uriné au lit jusqu'à cinq ans»
n'a pu rien apprendre en classe.
En mai 1906, à l'âge de vingt-deux ans, taille 1°^,25, tête petite, ronde,
brachycéphale, cheveux soyeux. Œil mongol caractéristique, en amande,
à grand axe oblique en haut et en dehors. Teinte un peu jaunâtre de la
face, pommettes plaquées de rouge. Oreilles petites avec lobule adhérent
et atrophié. Nez petit, en boule. Langue scrotale, palais ogival. Mains
petites et larges, doigts courts. La malade, réglée depuis l'âge de seize ans,
est sujette aux blépharites.
Malade timide, craintive, caractère doux et enjoué, très affectueuse,
mémoire musicale ; intelligence rudimentaire, ne sait pas lire, ne connaît
pas toutes les couleurs. Imbécile perfectible seulement au point de vue
manuel et professionnel. Instinct d'imitation très développé.
Les auteurs montrent les différences qui séparent le mongolisme du
myxœdème. Au point de vue étiologic[ue, ils croient pouvoir incriminer
la tuberculose paternelle. Mais l'observation est muette sur les circon-
stances de la grossesse (chagrins, émotions pénibles, etc.).
Ck)rp8 étranger de la bronche droite (sifflet) chez un enfant de
quatre ans, extraction par la bronchoscopie inférieure, par les D^ Claouâ
et BéGouiN {Gaz, hebd, de Bordeaux, 3 mars 1907).
Qarçon de quatre ans, vu le 15 mars 1906 ; avait aspiré un petit sifllet
quinze jours avant. Accès de suffocation, quintes de toux, puis accalmie.
Gène de la respiration la nuit et pendant les efforts, toux fréquente. Ëtat
général bon. Un jour, en respirant, bruit de sifflet
La radiographie montre l'ombre du corps étranger à la hauteur de la
cinquième côte droite. On fait, le 2 novembre 1906, une trachéotomie,
vingt et un jours après l'aspiration du sifflet ; cocaînisation de la
partie inférieure de la trachée, introduction d'un tube de 7 millimètres
de diamètre. Après avoir franchi la bifurcation, on aperçoit le corps
étranger entouré de mucosités et d'une muqueuse boursouflée. Il est
déplacé de sa position oblique et se met à siffler à la faveur des mouve-
ments respiratoires. La pince à griffe introduite alors permet de le retirer
sans difficulté, avec le tube chassé devant lui. Suture de la plaie trachéale,
sans drainage.
Pendant quelques jours, un peu de fatigue et de fièvre, râles de bron-
chite ; guérison rapide.
La bronchoscopie supérieure (sans trachéotomie) réussit moins sou-
vent : 19 fois sur 41 cas. Dans 10 cas, la bronchoscopie inférieure (après
432 ANALYSES
trachéotomie) a réussi 9 fois. La bronchoscopie supérieure exige souvent
plusieurs séances pénibles. Chez le jeune enfant, il vaut mieux se résoudre
•d'emblée à la trachéotomie et faire la bronchoscopie inférieure.
Le liquide céphalo-rachidien des hérédo-syphilitiqnes, par le
D' P. Ravaut {Annales de derm, et de syph., février 1906).
Le D' P. Ravaut a étudié 28 hérédo-syphilitiques entre quelques jours
et un an.
Sur 8 enfants issus de parents syphilitiques et ne présentant aucune
manifestation cutanée, la réaction lymphocytaire est nulle ou discrète,
sauf dans un cas où elle est moyenne. Sur 21 enfants atteints de lésions
cutanées ou muqueuses, 4 présentent une réaction nulle ou discrète et
16 une réaction moyenne ou grosse. Les 4 qui avaient une réaction nulle
ou discrète présentaient seulement quelques plaques muqueuses ou
papules fessières. Au contraire, les enfants qui ont des lésions papuleuses
étendues sur le corps, les bras et les jambes, présentent une grosse réaction.
Chez ces enfants, de nombreux symptômes doivent attirer Tattention
du côté du système nerveux : hydrocéphalie, convulsions, raideur de la
nuque, rejet de la tête en arrière, hypertension des fontanelles, dilatation
des veines superficielles du crâne. Or l'existence de ces sjrmptômes
n'implique pas la présence de la lymphocytose dans le liquide céphalo-
rachidien.
La lymphocytose rachidienne, bien interprétée, chez les syphilitiques,
doit être considérée comme le signe d'une atteinte nerveuse, et elle peut
•dans certains cas acquérir la même valeur qu'une lésion cutanée ou
muqueuse. Symptôme superflu dans les syphilis évidentes, elle pourra
devenir décisive pour le diagnostic dans les cas douteux.
Chez l'enfant d'un syphilitique, cette lymphocytose, en dehors de tout
autre symptôme, pourra guider le médecin ; elle dénoncera là syphilis
des centres nerveux ou de leurs enveloppes et commandera le traite*
ment Ce traitement ne devra cesser qu'après la disparition de la l3rmpho-
cytose.
M. Ravaut a pu constater avec M. Ponselle la présence de spirochètes
dans les artères cérébrales et les exsudats méningés d'un jeune enfant
ayant présenté pendant la vie une grosse lymphocytose rachidienne.
Chez un enfant présentant de la lymphocytose rachidienne, sans
aucun autre symptôme nerveux, Tobler a trouvé de grosses lésions des
artères cérébro-méningées.
Étude des réactions méningées dans un cas de syphilis héréditaire,
par MM. P. Ravaut et Darré (Gazette des hôp. 12 février 1907).
Les réactions méningées, décelables à la ponction lombaire, peuvent
se montrer dans le cours des infections aiguës respiratoires, digestives,
dans les oreillons, etc. (Hutinel, Nobécourt, Monod, Voisin). De même
elles peuvent apparaître chez les enfants hérédo-syphilitiques.
Une femme de vingt-cinq ans entre le 25 mai 1903 à l'hôpital Broca.
Elle a eu la syphilis en 1897. Enceinte de sept mois, on l'a soumise au
traitement mixte. Accouchement au huitième mois.
Fillette née le 25 juin 1903, pesant 1 070 grammes ; trois semaines
après, plaques anales, gros foie et grosse rate, petits ganglions inguinaux
et axillaires. Frictions mercurielles. Le 16 septembre, à l'âge de trois mois,
perte de poids de 360 grammes. Raideur de la nuque très marquée, tête
en extension forcée permanente, contracture moindre du dos et des
lombes. Veines sous-cutanées du crâne très développées. Le 17, même
I
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 433
état, température SÔ^. Première ponction lombaire^ liquide en jet (10 cen-
timètres cubes) ; réaction lymphocytaire très marquée. On redouble la
mercmialisation. Le 18, on note 36<> le matin, 36^,7 le soir.
Sympt/ftmes méningés moins intenses» fontanelles moins tendues, veines
moins dilatées, Topisthotonos a disparu. Le 20 septembre, deuxième ponc-
tion (10 centimètres cubes)*
Le 31, la raideur de la nuque a complètement disparu; température,
37®; Tenfant semble guérie. Le 3 octobre, ponction lombaire ; la réaction
l^mphocytairè a diminué de moitié. Le 16, rechute. Le 18, ponction
lombaire, liquide en hypertension légère avec lymphocytose modérée.
Le 23, guérison. On fait des injections d'huile grise. Le 23 novembre,
recbate; nouvelle ponction lombaire ; 10 lymphocytes par champ de
mtcroBcope. Disparition de la raideur de la nuque le lendemain. Le
15 décembre, convulsions et raideur de la nuque; nouvelle ponction,
mène résultat.
Le 12 janvier, la mère emmène son enfant ; ponction lombaire, 8 à
10 lymphocytes par champ. Le 1*^ février, elle le ramène avec de nouveaux
phénomènes méningés. Le 2, ponction lombaire ; le 5, disparition des phé-
nomènes méningés. Ouérison définitive.
Le i^ mars, ponction lombaire, examen cystologique négatif.
laiMktiiria due to salicylate of sodium in médicinal doses (Hématurie
due au salicylate de soude à dose médicinale), par le D' Marshall (Lancet,
2 février 1907).
Fille de dix ans, reçue à Thôpital le 25 octobre 1906, pour un rhuma-
tisme articulaire aigu datant de trois jours. Endocardite. On donne
75 centigrammes de salicylate de soude avec lr'',50 de bicarbonate de
sonde par heure pendant quatre jours. Alors l'enfant délire et vomit. On
suspend le salycilate, et le déhre disparaît.
Le 8 novembre, retour des douleurs; on donne 35 centigrammes de
salicylate troie fois par jour pendant deux jours. Vomissement sans délire,
mais urines rouges contenant du sang. Le 11, on cesse le salicylate. L^héma-
tarie diminue et disparaît le 15. A ce moment, urine claire ne contenant
ni sang ni albumine. Une douleur à gauche analogue à celle de la colique
néphrétique s'est montrée pendant l'hématurie et a également cessé
en Bème temps que l'usage du salicylate.
Dans ce cas, l'hématurie a succédé à des doses très minimes de salicy-
late de soude.
Ophtalmoplegia extema dut to oengenital syphilis (Ophtalmo-
plégie externe due à la syphilis congénitale), par le D' Byrom Bramwbll
{Clmieal Smdim, janvier 1907).
Une fille de deux ans et demi est observée le 15 mars 1886 pour une
ophtalnoplégie externe. Bien portante jusqu'à cinq mois auparavant, elle
fut prise alors de vomissements, diarrhée, douleur abdominale pendant
trois semaines. Elle est bien jusqu'à il y a trois semaines. A ce moment,
elle toussa et se plaignit de la tète, en arrière et à droite. Cette douleur
P«niste quelques jours et disparaît. Il y a dix jours, attaque convulsive,
suivie de chute des paupières. Père et mère sains, sept enfants dans la
fam^ une fausse couche. Ptosis double et complet, les paupières
supérieures étant soulevées au niveau de la pupille par l'action des muscles
îroBtaux; impossibilité de soulever les yeux et de les abaisser. Aspect
stopide* Paralysie des muscles droits internes. Strabisme divergent
Pi^ea de 4 à 5 millimètees de diamètre, se contractant à la lumière.
AlCH. DE MÉDBC. DES ENFANTS, 1907. X. 28
434 ANALYSES
Le 21 mare, prostration et somnolence.'Autrefois, l*enfaiit était intelli-
gente. Mouvements des membres lents et inhabiles. Pas de réflexes patel-
laires. On reconnaît une lésion de la partie supérieure de la protu-
bérance intéressant les noyaux des troisième et quatrième paires, et
peut-être ceux de la sixième paire.
On pense d*abord à une lésion tuberculeuse, puis on se rattache à Tidée
de la syphilis. On prescrit l'iodure de potassium (d*abord 15 centigrammes,
puis 25 centigrammes trois fois par jour). Peu de changements pendant
deux ou trois semaines, puis amélioration. Le 16 juin, le strabisme persiste,
mais il y a des mouvements volontaires. L'intelligence revient Le 21 sep-
tembre, la paralysie oculaire a disparu.
Le médius droit présente un gonflement osseux de la première phalange,
qui s'est formé insidieusement et lentement. Cette tuméfaction persiste
plusieure mois, malgré le traitement ioduré, et finit par guérir. Pas de
stigmates de syphilis chez l'enfant ; mais une sœur aînée aurait des stig-
mates. Pour l'auteur, la syphilis est indéniable, et la lésion phalangienne
serait une dactylite syphilitique. Or ne serait-ce pas plutôt un spina
ventosa, et la tuberculose ne doit-elle pas être invoquée? Car, s'il s'agissait
de syphilis, le traitement mercuriel s'imposerait, et l'action, d'ailleiirs
tardive, de l'iodure de potassium n'est pas décisive. Peut-être aussi faut-il
voir dans ce cas une encéphalite aiguë consécutive à ces vomissements,
cette diarrhée et ces douleure de ventre qui ont précédé l'ophtalmoplégie.
Case of infantile hemiplegia with athetosis (Cas d'hémiplégie infantile
avec athetose), parle D'W.-K. Hunter (The Glasgow médical Journal,
mare 1907).
Enfant de huit ans, reçue à la Glasgow Royal Infirmary, le 6 octobre 1906.
Forte et bien portante jusqu'à quatorze mois, elle eut alore des convulsions
durant dix minutes, puis de nouvelles crises, etc. Pas de vomissements.
Après l'attaque, on constate une hémiplégie gauche. L'enfant ne put
mouvoir sa jambe et son bras gauches qu'à deux ans et demi; puis elle
marcha en traînant le pied. Mouvements athétosiques. Pas d'autres
convulsions. Cependant, il y a un an, crise convulsive avec contractures
du côté gauche ; la crise se renouvelle tous les joure.
L'enfant semble bien portante et bien nourrie. Elle comprend tout;
intelligence moyenne. La paralysie faciale est très légère ; affaiblissement
du bras gauche avec athetose, légère diminution de volume. Rigidité
appréciable. Réflexes tendineux sans changement. Pas d'atrophie mus-
culaire à la jambe. Légère difficulté de la marche. Signe de Babinski à
gauche. Examen des organes internes négatifs.
L'auteur fait remarquer avec raison que ce cas, comme la plupart des
cas semblables, est attribuable à l'encéphalite aig^ê, elle-même analogue
à la poliomyélite antérieure aiguë du premier âge.
Traitement par les massages, la gymnastique, l'éducation des mouve-
ments.
Le diagnostic précoce de la tuberculose des ganglions bronchiques
chez les enfants, par le D' d'Espine (Académie de médecine^ 29 jan-
vier 1907).
Chez l'enfant, les ganglions bronchiques sont envahis avant les poumons
et restent souvent la seule localisation thoracique de la tuberculose.
Les première signes de l'adénopathie bronchique sont fournis par
l'auscultation de la voix, au voisinage de la colonne vertébrale, entre la
septième vertèbre cervicale et les premières doreales, soit dans la fosse
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 435
sus-épineuse, soit plus bas, dans l'espace interscapulaire : chuchotement
au premier stade, bronchophonie ensuite.
ù retentissement exagéré de la voix n'est pas pathologique ; il faut
le distinguer de la bronchophonie.
On ausculte d'abord le cou en arrière, sur les vertèbres, avec un stétho-
scope à petite embouchure ; on perçoit alors le bourdonnement de la trachée,
qui cesse au niveau de l'apophyse épineuse de la septième cervicale. S'il y
a adénopathie bronchique, le bruit bronchique descend jusqu'à la qua-
trième ou cinquième dorsale. L'espace compris entre la septième cervicale
et la quatrième ou cinquième dorsale répond à la région ganglionnaire
postérieure, la plus envahie par la tuberculose.
L'auscultation directe avec l'oreille donne une bronchophonie plus
accentuée. Quand l'enfant parle à voix basse, on entend le chuchotement
qui répond à la pectoriloquie aphone de Baccelli.
La bronchophonie est le signe le plus précoce et souvent le seul de
Tadénopathie bronchique.
Parfois il s'accompagne de matité interscapulaire.
Dans la région antérieure, des zones de matité ou submatité limitées
à une des articulations sterno-daviculaires ou au manubrium sont assez
fréquentes et coïncident parfois avec l'existence d'un lacis veineux de la
région thoradque, pouvant traduire une compression veineuse par des
masses ganglionnaires.
Le souffle bronchique perçu le long de la colonne vertébrale n'est pas
un signe précoce, il indique une grosse adénopathie.
Dans la plupart des cas de tuberculose chirurgicale auscultés par
M. d'Espine, la bronchophonie vertébrale existait; de même dans la
méningite tuberculeuse.
Pronostic variable suivant les cas et suivant l'âge. Les nourrissons sont
plus menacés que les grands enfants.
Remarks on idiopathic dilatation of the colon (Remarques sur la
dilatation idiopathique du côlon), par le D' Herbert P. Hawkins (The
BriL med. Journal, 2 mars 1907).
On peut résumer ainsi l'histoire de cette affection : i^ constipation
depuis la naissance ou à peu près, compatible avec la santé jusqu'à la fin,
la perte de poids étant souvent le premier signe de la déchéance ; 2^ con-
stipation alternant souvent avec la diarrhée, ne ressemblant pas à l'ob-
struction, car les gaz passent, et on peut retirer des matières avec une
sonde ; do gonflement du ventre, constant ou variable, souvent asymé-
trique, avec proéminence à gauche, sans inégalité de résonnance ; 4^ peu
de modifications de forme, et seulement dans la fosse iliaque gauche, sans
qu'à y ait de comparaison possible avec l'obstruction ; 5^ albsence ou rareté
de douleur et vomissement La difilculté gtt, au début, dans la différenciation
d'une simple constipation et dans l'opportunité du traitement chirurgical.
Les causes peuvent être attribuées : à une disposition anatomique, à un
trouble nerveux (déficit neuro-musculaire). Il peut y avoir paralysie du
cèlon ou spasme du rectum.
L'intesUn grêle échappe à la dilatation. Tout se passe dans le gros
intestin. En même temps que le côlon est dilaté, il est hypertrophié dans
ses parois. Cette hypertrophie est compensatrice de l'inertie paralytique
ou du spasme obturateur, rectal ou anal.
1. Insuffisance fonctionnelle du cÔlon depuis la naissance, bonne santé ;
diiotation et hypertrophie de la plus grande partie du côlon ; colotomie ; mort —
Il s'agit d'un garçon de douze mois. Anus et rectum normaux. Diamètre
436 ANALYSES
maximum du cûkm» 15 centimètres ; hypertrophie des parois. Matières
plus liquides que solides.
II. Insuffisante du càlon depuis la naissance^ dUaiation du c^n pdvUn;
mort, — Garçon de dix mois. Anus et rectum normaux. Pas de douleur,
pas de vomissement Fièvre à la fin.
III. Constipatwn précoce^ dilatation du côlon peltfien, anastomose du
côlon iliaque au côhn ptlçien; guérison. — Garçon de sept ans» traité a
deux ans pour rachitisme» à six ans pour des adénoïdes. Il avait alors un
ventre énorme. Opération heureiise par le D^ Makins.
IV. Insuffisancs du côhn depuis la naissance^ quoique U côlon ait été
trouvé normal après la mort; constipation^ diarrhée^ vomissements^ athrtptit:
mort — Garçon de trois semaines, prématuré ; ventre énorme. Opération
exploratrice : rien. Paralysie de Tintestin seulement ; la dilatation S€
serait faite plus tard.
V. Distension intermittente du côlon ; exploration de C abdomen; guérison
. apparente, — Garçon de cinq ans, a eu déjà deux attaques très graves
avec vomissement, distension du ventre ; on a pensé à l'obstruction. Une
laparotomie exploratrice montre la dilatation colique ; après quoi, grande
amélioration.
VI. Insuffisance du côlon depuis la première enfance* dilaUUion de Umt
le gros intestin^ spécialement dans le bassin, incision; mort — Il s*agit
d'une femme de trente-neuf ans. Mêmes lésions que chez les enfants.
VII. Insuffijiance du côlon depuis le premier âge; dilatation de tout le
côlon ; mort, — Il s'agit d'un homme de quarante ans.
VI IL Femme de quarante-six ans.
IX. Homme de quarante-huit ans.
Chez les adultes, la pathogénie, les lésions, l'origine de la maladie
étaient les mêmes que ches les enfants.
Ueber die Apoplexie der Thymusdrûse (Sur J*apopIexie du thymus i,
par Le D' Ludwig Msndelsohn [Arch. f, Kinderheilk,, 1906).
Chez unenfantde père syphilitique et n'ayant vécu que quelques heures,
on trouvait à l'autopsie, dans le thymus, qui avait le volume d'un œuf di»
pigeon^ une poche contenant du sang liquide et coagulé. Au microscope, 1^
lobe gauche apparaissait à peu près normal; on y trouvait un assez grand
nombre de corpuscules de Hassal renfermant des ceDuIes épithéfîafes
bien conservées avec noyaux et dans leur voisinage immédiat de petits
îlots épithéliaux.
Dans le lobe droit, siège de l'hématome, on distinguait trois couche;:
dans la paroi de l'hématome : i^ une couche extérieure conjonctive, la
capsule; 2® la couche du thymus proprement dit; 3° enfîn une couche
interne, revêtement immédiat de la poche sanguine.
Le lobe droit, plus que le gauche, montrait des reliquats de la structure
primitive épithéliale, et cela à un degré plus marqué que chez les
enfants de cet âge. L'hémorragie s'était produite dans un espace préformé,
comme il y en a dans le thymus. Il pouvait 8*agir soit d'une hémorragie
originairement parenchymateuse ouverte dans le kyste, mais le peu
d'infiltration sanguine du tissu thymique n'était pas en faveur de cette
hypothèse, soit d'une hémorragie qui s'était faite à la fois dans le kyste
et le tissu voisin. Peut-être la syphilis héréditaire jouait-elle un rôle
dans la pathogénie de ces lésions, quoique d'après les auteurs le thymus
ne soit intéressé que dans 2 à 5 p. 100 des cas de syphilis.
Ces hémorragies peuvent Laisser des pigmentations ou provoquer la
mort par compression.
PUBLICATIONS PÊRIODIQUBS
437
Ueber Battermilclifiober (Sar la fièvre due au babeurre), par le
D' GusTAV TuGENDREiCH [Arch, f. Kinder heilk.^ 1^06).
In assez grand nombre de cas ont montré à Tauleur l'existence d'une
flèvre due à Tingestion du babeurre. Cette fièvre a un début brusque, ou
elle peut n'apparaître que quelques heures après la première ingestion
de babeurre ; elle a un degré très variable ; il peut y avoir un seul ou
plusieurs accès. Certains enfants, après un remplacement temporaire du
babeurre par une nourriture ordinaire, peuvent ensuite en reprendre sans
avoir de lièvre ; d'autres en ont chaque fois qu'on leur en donne et meu-
rent, comme on le voit dans un des cas relatés; quelquefois, en même
temps que la fièvre, survient un élat decollapsus. Quelquefois il n*y a pas
de fièvre tant qu'on donne avec le babeurre d'autres aliment^; elle ne
survient qu'avec Talimentation exclusive par le babeurre. Oénéralement
la chute de température est brusque, critique, dès qu'on supprime le
babeurre. Somme toute, cette fièvre est assez rare et n'a pas de suites
fâcheuses.
Ein Fall T<m Lymphosârkom im Kindetalter (Un cas de lymphosaroome
dans l'enfance), par le D' Robert Bixg (ilre^. f. Kin^itrheilk,^ 1906).
Chez un enfant de trois ans et demi, de bonne apparence, sans ganglions
cervicaux appréciables, il semblait y avoir de la voussure du thorttz à
gauche; le ventre était ballonné; on trouvait une tumeur dans l'hypo-
condre droit, non douloureuse, mais mate. Les ganglions axillaires et
inguinaux étaient hypertrophiés. La rate et le foie étaient un peu
augmentés de volume.
L'enfant fut atteint de varicelle avec flèvre, augmentation de volume
du ventre, diarrhée, dyspnée, et la mort survint.
A l'autopsie, on trouvait un sarcome du grand épiploon, de l'intestin
grêle et du gros intestin, des ganglions mésentériques et porlaux, des
muscles du ventre, du pancréas. Il y avait une dégénérescence sarcoma-
teuse étendue du diaphragme et du médiastin, des sarcomes mulUplea
des reins, de la thyroïde, enfin des métastases dans les lymphatiques
saperficiels du poumon gauche.
Au microscope, la tumeur était uniquement formée de cellules
lympholdes enfermées dans du tissu réticulaire. La multiplicité de forme
des cellules et la rareté du réUculum étaient caractéristiques d'un
lymphosarcome. Les métastases s'étaient faites par les lymphatiques,
alors que dans les sarcomes à cellules rondes la métastase se fait par les
▼aisseaux sanguins. Le lymphosarcome n'a pas tendance à la régression,
peut-être à cause de la rapidité d'évolution.
Mesenteriales Ghylangiom bel einem 4 Woohen aiten Kinde (Chylan-
giomedu mésentère chez un enfant de quatre semaines), par le D'Custav
TuGE!fDRBiCH(i4reA. f. KinderMlk,, 1906).
Après avoir résumé les cas déjà publiés, l'auteur relate son cas de
chylangiome. Chez un enfant de quatre semaines, de parents bien portants,
on voit brusquement à des selles régulières succéder la rétention des
i^es, puis des vomissements et du météorisme. Le bas-ventre semble à
gauche plus résistant qu'à droite. L'enfant meurt, et l'autopsie montre
ane invagination du côlon descendant par suite de péritonite chronique
circonscrite, un chylangiome multiloculaire du mésentère, des hémorra-
gies sous-pleurales à droite, une ascite sanglante. Le liquide laiteux
reste stérile en cultures aérobies et anaérobies. On y trouve de lalbu-
mineet beaucoup de graisse, ainsi que de la cholestérine.
438
ANALYSES
Au microscope, la paroi du kyste montre ciaq couches :
l"" Une couche d'épithélium plat à noyaux très colorés ;
2^* Une couche copjonctivo-élastique et musculaire sans vaisseaux;
3<> Une couche musculaire et vasculaire;
4<* Une couche lâche analogue à la seconde;
50 Une couche élastique avec quelques fihres musculaires sans eado-
thélium.
Les cellules des vaisseaux sont des lymphocytes avec gros noyau rond,
il s'agissait hien de lymphangiome ou chylangiome.
Znr Kenntnias der a Hinchsprnngschen Xrankheit m nnd ihrer Aetio-
logie (Étude de la maladie de Hirschsprung et son étîologie), par le
D" Arthur Bing (Arch. f. Kindertœilk., 1906).
L*auteur relate 2 cas de maladie de Birschsprung ; dans le premier,
Tenfant à sa naissance semblait normal ; ce n*est qu'après le sevrage que
commencèrent à se montrer la constipation et le météorisme. Chez le
second enfant, on vit apparaître ce dernier symptôme au second jour de
la vie. L'examen de ces deux cas montre qu'une lésion constante dans
cette maladie est la dilatation et hypertrophie du côlon, qui, chez les
enfants plus âgés, porte aussi sur l'iléon. Il n'y a pas d'obstacle au cours
des matières. La dilatation et l'hypertrophie augmentent avec la durée
de la maladie. Secondairement il peut s'associer une hyperplasie con-
jonctive, aux dépens de l'adventice des vaisseaux et des escarres de
décubitus. Tous les autres phénomènes qu'on a signalés : longueur
anormale, flexuosités de l'S iliaque, octasies partielles d'une partie de
l'intestin, n'appartiennent pas au tableau caractéristique de la maladie.
Si on examine d'une façon critique les diverses théories pathogéniques,
on arrive à conclure que la cause de la dilatation est dans un affaiblisse-
ment du tonus musculaire dû aux troubles nerveux, les muscles intes-
tinaux étant au reste normaux. La faiblesse des mouvements péristal-
tiques explique les symptômes.
Semmkrankhait nach wiederhalten Seraminjectionen (Accidents causés
par le sérum après des injections répétées), par le D*^ Heinrich Lebtidorff
(ÈÊonatschr, f: Kinderheilk., 1906).
L'auteur rapporte, entre autres cas, deux cas intéressants en ce que
chez 4e frère et la sœur l'injection du même sérum de cheval et de la
même quantité produisit au bout du même temps {deux ans et demi) d'incu-
bation la même réaction incomplètement développée, consistant dans
les phénomènes suivants observés au bout de quatre jours : Gèvre, albu-
minurie, pas d'exanthème.
Rarement une première injection est suivie d'une forte réaction ; le plus
souvent la réaction survient à la suite d'injections répétées du dixième au
trente-cinquième jour après la prenrière. On ne l'a pas vue avant, et on ne
l'a vue après qu'une fois, au cent deuxième jour, sous forme de léger
oedème.
La fièvre ne dure généralement qu'un jour, rarement davantage ; elle se
tient entre 38<>,5 et 39<>. Souvent il y a, pendant un à deux jours, de l'albu-
minurie, de la rhinite ou bronchite ; on peut voir une légère arthro-
pathie, de la diarrhée de courte durée, des vomissements, de l'agitation
aux jours critiques. Les faits observés par l'auteur concordent avec ceux
publiés par V. Pirquet et Schick, qui ont vu, après la première injection,
la réaction se produire du huitième au douzième jour, tandis qu'une
réinjection donne lieu à une réaction qui peut être immédiate ou avec un
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 439
stade dlncuhation très court, selon l'intervalle laissé entre les deux
injections; si cet intervalle est de douze à quarante jours, la réaction est
immédiate. S*il est de un mois et demi à six mois, elle est immédiate
ou précédée d'une courte incubation ; au delà de six mois, il y a toujours
courte incubation, et cela même au bout de plus de huit ans.
Méningite carebro-spinale da badUo di Pfeiffer (Méningite cérébro-
spinale par bacille de Pfeiffer), par le D' G.Garlini (Rw. di Clin. Ped.p
janvier 1907).
Garçon de douze mois, entré le 26 décembre 1905. Né à terme, nourri
au sein, l'enfant a reçu des soupes à partir de six mois. Le 20, il a présenté
du coryza contracté près d'une femme qui avait la grippe. Le 21, fièvre,
agitation ; convulsions la nuit, puis contracture ; pas de toux.
Stigmates de rachitisme. Déviation de la tête à gauche ; contracture
des quatre membres. Signes de Kernig et de Babinski à droite. Pouls 150,
fièvre 40^3 ; fontanelle tendue, grande agitation.
Le 27, accès convulsif violent, opisthotonos, puis abattement. Le 28 dé-
cembre, pouls 168, respiration 56, état très grave. Signe de Kernig et
de Babinski à droite. Ponction lombpii*e. Bronchopneumonie. Mort le
1" janvier 1906.
La première ponction lombaire a donné un liquide purulent, de couleur
verdâtre. Leucocytes polynucléaires. Microcoques, petits diplocoques,
bacilles fins ; ces éléments polymorphes sont extracellulaires et ne
résistent pas au Qram. Pas de culture; on a isolé des diplo-bacilles fins,
se décolorant par le Gram.
A l'autopsie, aplatissement des circonvolutions cérébrales, pus sous
l'arachnoïde, amas purulents au niveau du chiasma et de la protubérance,
sur le cervelet, le bulbe, la moelle. Hépatisation- pseudo-lobaire de lafbase
gauche, bronchite capillaire des deux côtés. Rate augmentée de volume.
Dans ce cas, il y a eu, en résumé, une méningite cérébro-spinale, à
marche aiguë, compliquée de bronchopneumonie, méningite due à
une bactérie hémophile que l'examen bactériologique permet d'identifier
avec le diplo-bacille de Pfeiffer.
A case of meningocele (Cas de méningocèle), par le D' John R.
Wellington {Arch. of PeéL^ février 1907).
Fille de quatre mois, admise au ChUdren^s Hospital (Washington), le
9 octobre 1906. A la naissance, une petite tumeur du volume d'une noix
se voit au-dessous de la protubérance occipitale ; elle est molle, compres-
sible, contenant du liquide. Parfois le liquide disparaît, laissant un sac
fiasque. Cette tumeur a? d'abord peu augmenté; puis, dans le dernier
mois, elle s'est accrue très rapidement Enfant normale pour tout le
reste.
La tumeur a actuellement 27 centimètres et demi de circonférence,
au point le plus large, 22 centime tres^et demi à la base. La partie supé-
rieure est glabre ; beaucoup de cheveux près du crâne. Fontanelles ouvertes
et tendues.
Anesthésie chloroformique, dissection des lambeaux sans couper le
sac. Puis aspiration avec une aiguille,^ résection du sac après pincement
et sutures au catgut L'ouverture dans le crâne est arrondie et admet
le bout du doigt. Peu^de^fièvre après l'opération. Réunion* par première
intention. Trois semaines après, les cris ne déterminent aucune tumeur
ni tension au niveau de la cicatrice.
440 ANALYSES
3areoma primitiYO plearo-polmonarein un kambîao di • aniii (Barcone
pleurn-pulmonaire primitif chez un enfant de neuf ans), par le D* Qiu-
SBPPB SabbatiKi {Riç. di Clin. Pediatriea^ janvier 1907).
Qarçon de neuf ans, sans antécédents héréditaires, sans maladies snté.
rieures. En février 1906, douleur au bras f^auche, puis à la jambe du méaie
côté. A la fin de février, rougeole. Toux quinteuse avec accès de suffocation.
Après la guérison de la rougeole, persistance de la toux et des douleun
dans les membres du côté gauche. En marchant, il s'incline de ce côté.
En même temps, dépérissement progressif; parfois, oppression poussée
jusqu'à la syncope. A Téeole, il aurait reçu des coups dans la poitiioe.
Altération de la voii^ obscurité de la toux, aphonie. Ces accidents aug-
mentent vers la ftn de mars. L'enfant prend \^ lit, et le médecin peose à
une pleurésie gauche.
A ce moment, il entre 4 l'hôpital, avec de la dyspnée, se courbant «ur
le côté gauche. Expansion diminuée, matité, perte des vibrations de ce
côté. L'espace de Traube a disparu. Silence respiratoire à l'auscultation.
Pas de rUes.
Par la ponction* on ralire 600 grammes de liquide séro-bémorragiqae.
Des ponctions svooasaives faites ensuite ne donnèrent aucun Uquide.
Pas de crachats. Alors on pense à un néoplasme.
Pas d'engorfensents gang^onnaires» Au bout de quinze jours, on note
un certain gonflement de la paroi thoracique an haut et 4 gauche de la
clavicule» vers les quatrième et cinquième espaces intercostaux. Uatité
abaolua à ce nivaau. Ponction blanche.
On emploie des aiguilles plus longues pensant 4 un kyste hydatique
profond i on retire un liquide coUdde. Alors le diagnostic de néoplasme
pleuro-pulmonaire primitif est adopté définitivement
Le gonflement thoracique augmente tous les jours, en avant et en
arrière ; la pointa du ca»ur bat sous le mamelon droit Uatité absolue,
disparition complète des vibrations. Accès de suffocation quand l'enfant
se remue ou duunge de position ; déoubitus sur le côté gauche. Toux
aphone, cyanose, dyspbagie. A la fin de mai, ces accidents sont à leur
minimum. Œdème de la paroi. Mort le 5 juin*
A l'autopsie, énorme masse blanchâtre, occupant tout le poumon,
comprimant la trachée et les bronches. Poumon droit congestionné et
œdémateux. Adhérences pleurales 4 gauche, plèvres viscérales très épais-
sies. Aspect encéphalolde de la tumeur, qui semble avoir pris son origine
dans la plèvre.
A l'examen histologique, sarcome 4 petites cellules rondes.
THÈSES ET BHOCHURES
La mortalidad de les ninos en Zaragoaa (La mortalité des enfants
4 Saragosse), par le D' P. Boeobio {Bwcch* de 40 pages, Saragoase, 1906).
Dans ce travail orné de tableaux, de planches, de tracés, de plans,
l'auteur étudie avec soin les causes de la mortalité infantile 4 Saragosse
et cherche les remèdes 4 une situation qu'il déplore.
La distribution de la mortalité infantile dans les rues de Saragosse
n'obéit pas 4 la densité de la population; elle est subordonnée 4 l'ensemble
des conditions hygiéniques, sociales et économiques des maisons et de leurs
habitants.
La topographie morbide de la ville est 4 ce point de vue fort bien étudiée,
et l'on pourrait ainsi dresser le casier sanitaire des rues et des maisons
THÈSES ET BROCHLKES 441
par rapport à la tuberculose, à la diphtérie, à la variole, à la rougeole, etc.
L*étude des cinq plans topographico-sanitaires de Saragosse montre que la
mortalité atteint un certain nombre de rues, toujours les mêmes, quelle
que soit la maladie envisagée.
Le D^ Borobio, entre ces rues, en signale treize qui remportant sur
toutes les autres par la mortalité tuberculeuse, diphtérique et varioleusa;
ce sont les rues Agustines, Alealà^ il^ôn, Casia Alffarez^ Cêrezo, DonoeUatp
Grilio, PaUaruelot Paraiso, Reboleria^ Refugio, Régla Rineùn, La population
actuelle de Saragosse est de 100 000 âmes environ.
La statistique de M. Borobio porte sur quinse années (1^ janvier 1686
au 31 décembre 1900) et comprend tous les enfants de un jour à quinze ans.
Sur 50 000 décès, 24 637 concernent l'enfance. Ont été exclus les mort-néi
et les enfants ayant vécu moins de vingt-quatre heures (611 cas). Enfants
morts par accident, 162, à ajouter aux 611 précédents, total : 778. Restent
23 364 enfants morts (soit 47,77 enfants p. 100 de la mortalité générale).
Les enfants jusqu'à quinze ans ne forment que le tiers de la population. Il
y a eu 46 362 naissances, c'est-à-dire que plus de la moitié (51,44 p. 100)
sont morts. Et encore ces chiffres effrayants sont plutôt atténués, beau-
coup d'enfants allant mourir hors de la vfUe.
Toutes les causes de mort sont parfaitement étudiées, et le travail de
M. Borobio est très intéressant
Quant aux remèdes, l'auteur recommande : 1^ l'allaitement mateniél;
V^ réglementation des nourrices ; 3» protection des enfants en nourrice ;
40 enseignement de l'hygiène infantile ; 5» inspection du lait ; 6» habi-
tations salubres ; 1^ sociétés de charité maternelle ; 8<> asiles pour les femmes
enceintes ; ^ sociétés potectrices de l'enfance ; 10<* crèches ; 11<> prophy-
laxie des maladies infectieuses ; 12® assistance médicale gratuite ; 18^ dis-
pensaires pour enfants malades ; ikP hôpital des enfants.
Si ce vaste programme était réalisé, le ly Borobio pense que l'affreuse
mortalité infantile de 56 p. 100 tomberait à 25 p. 100.
Nous devons tenir grand compte du travail si complet et si bien fait
du IK Patrido Borobio y Diaz, son titre de professeur des maladies de
l'enfance lui donnant une autorité sans rivale dans la célèbre dté de
Zaragoza.
Êtode clinique de quelques formes rares de péritonite tnberonlense,
par le D^ R. Mbrry (Thèêe de Parie, 21 février 1907, 246 pages).
(3ette thèse, basée sur plus de 80 observations, insiste sur les formes rares
de péritonite tuberculeuse et les difficultés de leur diagnostic.
n y a une forme latente qui se révèle par des accidents brusques, et en
particulier par l'occlusion aigu6. Ortains cas rentrent dans la classe dee
occlusions paralytiques. Le diagnostic n'est pas moins difficile dans les
cas de péritonite tuberculeuse latente se révélant par des symptômes
d'appendicite ou de péritonite aiguë.
Dans d'autres cas, on a pu penser à la péritonite aiguë, à la fièvre
typhoïde, à la colique hépatique ou néphrétique, à la salpingite, etc. En
pareil cas, le diagnostic ne se fait que grftce à des circonstances spéciales
ou aux antécédents des malades (tuberculose des parents).
Les formas localisées de la péritonite tuberculeuse se présentent sous la
forme de grosses tumeurs limitées, formées soit par des masses fibreuses
contenant de l'épiploon et des anses intestinales agglutinées, soit par des
poch^ ascitiques limitées par des adhérences multiples. Diagnostic diffi-
cile ; on peut confondre ces masses avec les tumeurs de la région.
On aura recours au traitement chirurgical avec ouverture du foyer
442 ANALYSES
et. sans drainage ; guérison spontanée possible, mais très lente.
L'auteur termine par l'étude de la tuberculose péri-gastrique : brides
pyloriques associées sans doute à des lésions tuberculeuses de l'estomac.
Dans ce cas, il y a des symptômes de sténose pylorique accompagnant
les signes spéciaux de péritonite tuberculeuse. Pronostic très grave dans
cette forme. Il faut essayer la gastro-entérostomie, ou le sectionnement
des adhérences et brides qui provoquent la sténose.
Signes physiques de Fadénopathie trachée-bronchique cbes reniant,
par le D' P. Breton {Thèse de Paris, 6 décembre 1906, 50 pages).
L'auteur, inspiré par M. Méry, a cherché à contrôler les signes cliniques
par la radioscopie. Il accorde une réelle valeur au signe d'Eustaçe Smith;
l'enfant étant assis ou debout, on met la tête e^ extension forcée, les yeux
regardant directement le plafond. On ausculte avec un stéthoscope
au niveau de la poignée du sternum. On entend alors un murmure ou un
souffle véritable. En ramenant la tête de l'enfant dans la position normale,
on assiste à la disparition du souffle.
Le souffle se rapproche du bruit de diable, mais il est plus faible. Le
signe d'Eustaçe Smith précéderait l'apparition de la matité rétro-sternaie
et l'exagération des vibrations. Il serait dû à une compression exercée
par les ganglions hjrpertrophiés et mobiles, attirés par la trachée en
extension, sur le tronc veineux brachio-céphalique gauche ou la veine
cave supérieure.
La radioscopie donnerait peu de résultats.
Formes microbiennes du champignon du muguet, par le £K G. Boue-
G17IGN0N {Thèse de Paris, 25 décembre 1906, 220 pages).
Dans cette thèse très importante, illustrée de nombreuses figures, il
est établi que le champignon du muguet peut, outre les formes levures
et globulo- filamenteuses, prendre les formes microbiennes: bacilles,
spirilles, leptothrix, en amas (staphylocoques), en diplocoques, en
chaînettes. Les bacilles et spirilles sont mobiles. Les bacilles donnent une
spore qui leur est spéciale et qui, en germant, peut donner soit Jes bacilles,
soit les autres formes du champignon. Toutes ces formes prennent le
Qram. On peut les obtenir en culture pure. En partant de la culture pure
d*une forme quelconque, on peut revenir à des cultures mixtes, et on
observe les formes intermédiaires entre les cocci et les levures, les bacilles
et les levures, les bacilles et les filaments.
Sous ses formes microbiennes, le chamipgnon du muguet se généralise
quand on l'inocule par voie muqueuse ou sous-cutanée, ce qu'il ne fait
pas sous forme levure. Sous ses formes microbiennes, il est pyogène.
La maladie expérimentale obtenue par généralisation de l'infection par
voie muqueuse est d'une durée beaucoup plus longue que la maladie pro-
duite par inoculation intraveineuse des formes levures.
Des accidents de la première dentition, par le]D' P. \AVEtl{Thèse
de Paris, 27 décembre 1906, 56 pages).
Cette thèse, basée sur 9 observations, tend à faire une petite part aux
accidents de la première dentition, si controversés jusqu'alors.
L'éruption dentaire n'est pas un phénomène aussi simple qu'on Ta
prétendu ; c'est un travail complexe qui s'accompagne souvent de douleur.
Les accidents de dentition, rares chez les enfants bien portants, sont plus
fréquents chez les afTaiblis. Ils sont fugaces,^apparaissant et disparaissant
avec rapidité. Comme accidents locaux, il faut retenir : douleurs, ptya-
THÈSES ET BROCHURES 443
lisme, gingivite et stomatite, périostite, abcès prédentaires, hémorragie
gingivale. Les accidents généraux sont : fièvre, troubles digestifs, sym-
ptômes pulmonaires, convulsions, variations de poids, érythème des
joues.
L'auteur ajoute que les accidents ne sont pas toujours dus à la dentition,
mais souvent à des fautes d'alimentation. Devant une maladie de l'enfance,
il ne suffit pas de dire « ce sont les dents ». Il faut chercher la cause du
malaise pour la combattre avec quelque chance de succès.
Recherches cliniques et expérimentales sur les accidents séro-
toxiques, par le D' H. Lbmairb {Thèse de Paria, 27 décembre 1906,
160 pages).
Cette thèse, très importante, a été inspirée par M. Marfan. Elle étudie
diniquement et expérimentalement la maladie du sérum. Dans le sérum
de l'homme ou du lapin, ayant reçu une injection de sérum de cheval, les
albumines précipitent. Il s'est développé une précipitine.
A la suite d'une première et unique injection sous-cutanée de sérum
antidiphtérique faite au lapin, le sérum de cheval circule dans son orga-
nisme pendant dix jours environ. Du septième au douzième jour après
l'injection, la précipitine apparatt; elle persiste pendant deux ou trois
septénaires. Toute réinjection de sérum accélère et renforce la réaction
de l'animal à l'inoculation.
Chez l'enfant, l'injection sous-cutanée de sérum antidiphtérique peut
faire apparaître des précipitines dans son sérum et être suivie d'accidents
sériques. Mais ces phénomènes sont inconstants. Après la première injec-
tion, les accidents surviennent dans 14 p. 100 des cas. Un enfant qui n'a
pas eu d'accident sérique ne possède jamais de précipitines dans son
sérum. L'urticaire, l'érythème marginé aberrant, l'éry thème morbilli-
forme, les arthralgies et myalg^es s'accompagnent de production de préci-
pitine quand ils sont intenses. Ce sont bien des accidents sériques.
Au contraire, l'érythème polymorphe (macules, papules, plaques d'éry-
thème diffus ou ponctué), l'érythème scarlatiniforme ne sont pas des
accidents sérothérapiques. L'érythème scarlatiniforme, quand il n'est pas
inélangé à de l'urticaire, ne s'accompagne pas de production de préci-
pitine.
L'élimination du sérum de cheval est complète vers le trente-deuxième
jour, quand Tenfant n'a pas eu d'accidents sériques ; s'il en a eu, l'élimi-
nation est plus rapide : dix-septième au vingt et unième jour. La réin-
jection (faite après rélim< nation complète de la première) produit
l'œdème local et l'urticaire dans 86 p. 100 des cas. Les accidents sont très
précoces, presque immédiats, très intenses et de courte durée.
L'œdème local, qui se produit au lieu d'injection, peut avoir des de-
grés; de même l'urticaire.
Il se passe dans les humeurs de l'organisme le même phénomène que
in çitro. Des précipités se formant passagèrement dans les capillaires san<
guins ou lymphatiques, dans les mailles du tissu conjonctif, pourraient
produire les éruptions sériques en troublant la circulation cutanée.
Il existe une relation étroite entre les divers effets d'une injection de
sérum antidiphtérique :
i^ Entre l'apparition' des accidents sériques, la production de précipi-
tines et la disparition du sérum étranger ; fH •'{
^ Entre la disparition de l'immunité passive, l'élimination du sérum
étranger et l'apparition des précipitines ;
3<» Entre l'apparition de l'accident sérique et la disparition de l'immunité.
444 ANALYSES
Toutefois, chez l'enfant, le sérum de cheval, et par conséquent Timmu*
nité qu'il confère, est susceptible de persister plusieurs jours après Tappt-
rition d'un accident sérique même intense. Mais» après des accidents
sérotoxiques, l'immunité dure moins longtemps que lorsque le sérum
ne provoque aucun trouble. Elle disparaît d'autant plus vite que les
accidents ont été plus intenses.
Stérilisation do lait par la chaleur» par le D' Dblvallbx (Tkè$e
de Paris^ 27 décembre 1906, 136 pages).
Quand l'enfant ne peut être nourri par sa mère» l'idéal serait de lui
donner du lait provenant d'une bête saine» recueilli cru et conservé
aseptiquement Mais, en pratique, bien peu d'enfants sont appelés à béné*
ficier de ce lait II est désirable que tout lait livré à la consommatioD
provienne de vaches ne réagissant pas à la tubercuUne.
Ce lait sera soumis à la stérilisation le plus t6t possible après la mulsion
et conservé à l'abri des contacts dangereux.
La stérilisation du lait par addition d'antiseptiques doit être inter-
dite, car ces substances antiseptiques sont toxiques pour le nourrisson.
Peut-être faut-il faire exception en faveur des laits dits oxygénés.
La stérilisation par la chaleur est la seule acceptable actuellement Au-
dessus de 100<>» on a le lait stérilisé industriel.
Dans la majorité des cas, la pasteurisation et la stérilisation à 100<* sont
employées. Quant à la tyndalisation» elle n'est pas entrée dans la pra-
tique.
La pasteurisation altère moins la constitution bio-chimique du lait que
la stérilisation à lOQo. Cela est vrai surtout à l'égard des lédtbines et des
diastases; la pasteurisation respecte presque tous les ferments et ne
diminue les lédthines que de 8 p. 100; la stârilisatîon anéantit tous les
ferments et diminue la lécithine de 16 p. 100.
Mais il faut ajouter que la pasteurisation à 75<* ne détruit pas
sûrement tous les microbes. Pour tuer le bacille de Koch»U faudrait main-
tenir le lait à 75<' pendant assez longtemps» et cela aux dépens de la compo-
sition chimique.
La stérilisation à 100®, maintenue vingt minutes, tue sûrement tous les
microbes qui ne donnent pas de spores et en particulier le bacille de Koch.
Elle détruit aussi le poison tuberculeux» qui résiste à la pasteurisation
et à l'ébullition simple» si la température de 75 et 80^ n'est pas maintenue
assez longtemps. Enfin la stérilisation à 100^ détruit aussi les microbes
saprogènes. L'action de la chaleur dépend de deux facteurs:
l^' Le degré de température ;
20 Le temps pendant lequel le lait est maintenu à cette température.
La stérilisation au bain«marie à 100<> pendant vingt minutes a une
action bactéricide plus marquée que la simple ébuUition. Cette action se
manifeste, surtout, sur les produits toxiques qui peuvent persister dans un
lait, malgré la destruction des microbes.
Quand le lait stérilisé est employé suivant les règles de l'hygiène,
il expose à peu d'accidents; on doit le préférer au lait ^^asteurisé.
NOUVELLES. 445
LIVRES
Recherche et diagnostic de Thérédo-syphilis tardive, par le D' Ed.
FouRNiBR (vol. de 412 pages, Paris, 1907 ; Masson et C^. Prix : 12 francs).
Cet onyrage, orné de 108 figures en noir et 1 planche hors texte en cou-
leurs, est extrêmement intéressant pour les médecins d'enfants, si souvent
atix prises* avec les manifestations cliniques de la syphilis héréditaire.
Reconnaître ces manifestations, le plut tôt possible, est capital ; pour le
malade, c'est souvent une question de vie ou de mort. Donc intérêt pra-
tiqne de premier ordre, bien mis en relief par l'auteur, qui, en même temps,'
a voulu placer sous les yeux du lecteur les spécimens les plus frappants
des tares hérédo-syphilitiques qu'il décrit. Le plan de recherches pour la
découverte de l'hérédo-syphilis tardive est le suivant : 1^ enquête sur la
famille (ascendants et collatéraux, polymortalité infantile, avortement,
gémelMté) ; 2« enquête sur le malade, antécédents, état actuel : habitus
extérieur, stigmates crâniens, stigmates faciaux ; stigmates oculaires,
auriculaires et dentaires, stigmates cutanés ou muqueux ; stigmates
testiculaires ; stigmates du système locomoteur; stigmates nerveux; états
et prédispositions morbides, dystrophies, malformations, monstruosités.
Ptnni les chapitres les plus instructifs, nous signalerons celui qui traite
des stigmates dentaires ; là nous trouvons, décrites et représentée, toutes
les lésions que la syphilis héréditaire peut déterminer sur les dents.
Aux pièces justificatives, placées à la fin du volume, nous trouvons un
grand nombre d'observations relatives à l'hérédo-syphilis tardive, dans ses
manifestations les plus curieuses et les plus rares.
Hypèno oeidaire^ par le IK G. Jolard (vol. de 200 pages, Paris, 1907 ;
0. Doin, éditeur. Prix : 4 francs).
Ce petit vi^me, parvenu à sa seconde édition, est intéressant pour le
médecin d'enfants. En effet il traite, dans une première partie, de l'ophtal-
mie purulente» de l'hygiène oculaire du nouveau-né, des inflammations du
sac lacrymal. Dans la seconde partie sont exposés, chez l'enfant, l'hygiène
oculaire, les blessures de fœil, l'influence de la rougeole, de la variole,
de la diphtérie, de la coqueluche, des vers intestinaux, de la scrofule sur
Vappareil de la vision. Une étude spéciale est faite des blépharite, kérato-
conjonctivite phlycténulaire, leucomes ou taies, avec traitement général
et prophylaxie des affections oculaires scrofuleuses.
Bans la troisième partie, il est question des adolescents : conjonctivite
granuleuse, syphilis héréditaire, hypermétropie, myopie, astigmatisme,
éclairage, lunettes» etc. Le livre se termine par l'hygène oculaire chez les
adultes et lea vieillards, sur lesquels nous n'avons pas à insister.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Séance du 18 juin 1907, — Présidence de M. Nette r.
Candîdatare de M. le D' Luis Morquio au titre de membre corres-
pondant étranger et de M. le D' Péhu au titre de correspondant national.
Ri^orteur : M. Cohbt.
tltctions. — M. le D'' Dufour (de Fécamp) est nommé membre cor-
respondant national.
MM. Marfan et Wbill-Hallé présentent un garçon de six ans atteint
44(3 SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
de aarcocèle syphilitique avec kératite interstitielle, en train de guérir
par le traitement mixte ; le testicule gauciie est gros et dur comme
chez l'adulte. La syphilis héréditaire peut donc produire, outre les
petits testicules durs des nouveau-nés signalés par M. Hutinel. de
véritables . tumeurs plus tardives.
M. Au s SET a vu une fille de douze ans présenter une pflraiyêie diphtérique
très grave qui a guéri par les injections répétées de sérum (80 centi-
mètres cubes en cinq jours). Clette enfant avait une paralysie faciale infé-
rieure (preuve de Torigine centrale de certaines paralysies diphtériques).
M. Marfan rapporte un cas qui a guéri très vite par Télectricité
et la noix vomique. Il doute de la valeur des injections de sérum
contre la paralysie diphtérique.
MM. Netter et Comby disent qu'il y a cependant assez de faits,
et des faits assez probants, pour justifier cette sérothérapie intensive des
paralysies diphtériques tardives.
M. Variot a vu un enfant de neuf mois présenter, au huitième jour
de la vaccination, une éruption çaccinale sur un ecxéma de la tête, alors
qu'il n'y avait rien aux points d'inoculation.
M. ViLLEHiN présente des radiographies de coxa çfora rachUique cheL
deux jumelles et de cubitus et radius curvus congénitaux.
M. Apert, chez un enfant de huit ans, a vu un tona thoraeique pré-
céder les oreillons de trois jours. La ponction lombaire n'a pas montré de
réaction méningée.
M. le D' PÉHu envoie un travail sur le traitement de la diarrhée
infantile par les solutions de gélatine. Depuis cinq ans que ce traitement
est en usage à Lyon (clinique du D** Weill), il a donné d'excellents
résultats dans les diarrhées simples de l'enfance.
M. le D^" L. MoRQuio (de Montevideo) communique un très important
travail sur Vexamen du lait dans Vallaitement naturel. Il montre, par
des analyses chimiques nombreuses rapprochées des résultats cliniques,
que la composition du lait de femme n'a pas une très grande importance.
Des quantités de beurre jugées excessives par les auteurs classiques
(70 à 80 grammes par litre) n'ont pas empêché les enfants de prospérer.
Le véritable réactif de la nourrice, c'est l'enfant.
NOUVELLE:^
Clinique des maladies des enfants. — (Hôpital des Enfants*
Malades, 149, rue de Sèvres. Service de M. le professeur Grancher). —
Cours de vacances, — Un cours de perfectionnement, comprenant 54 con-
férences théoriques et pratiques de clinique infantile, aura lieu du \^ au
31 juillet 1907, à l'hôpital des Enfants-Malades, sous la direction de
M. H. Méry. Les conférences seront faites par MM. H. Méry, agrégé,
P. Armand-Delille et L. Babonneix, chefs de clinique médicale infantile,
avec le concours de MM. A. Zuber, J. Halle et B. Terrien, Grisel, Gasne,
anciens chefs de cliniques ; Ed. Rist, médecin des hôpitaux, ancien chef
de laboratoire à l'hôpital Trousseau ; B. Weill-Hallé, chef de laboratoire
du service de la diphtérie; Félix Terrien, ophtalmologiste des hôpitaux;
Cuvillier, assistant d'oto-laryngologie, et Larat, assistant d'électrothé-
rapie. Pour les examens des malades, les élèves seront répartis en séries.
Les conférences auront lieu tous les jours, sauf les dimanches et fêtes,
le matin à dix heures, le soir à cinq heures. La première conférence aura
lieu le lundi 1^ juillet, à cinq heures, à la salle des cours de la clinique.
NOUVELLES 447
Programme des conférences.
Maladies des nourrissons: 1. Gastro-entérites aiguës. — 2. Gastro-enté-
rites chroniques. — 3. Prophylaxie et traitement diététique des gastro-
entérites. — 4. Dyspepsies du sevrage et alimentation de la deuxième
année. — 5. Syphilis du nourrisson. — 6. Tuberculose du nourrisson. —
7. Rachitisme. Maladie de Barlow. — 8. Infections cutanées du nourrisson.
Maladies de rappareil circulatoire et du rein : 9. Complications cardia-
ques du rhumatisme articulaire aigu. — 10. Péricardites. Symphyse rhuma-
tismale et symphyse cardio-tuberculeuse. — 11. Affections congénitales
du coeur chez Tenfant. — 12. Néphrites de l'enfance. Tuberculose rénale.
Maladies de V appareil respiratoire : 13. Bronchopneumonie aigu6 et
chronique ; dilatation des bronches. — 14. Adénopathie trachéo-bron-
chique et tuberculose pulmonaire. — 15. Diagnostic précoce de la tuber-
culose ganglio-pulmonaire chez Tenfant; son traitement. — 16. Pleurésies
purulentes.
Maladies du tube digestif , du péritoine et du foie: 17. Entéro-colite
muco-membraneuse. Entérite tuberculeuse. — 18. Fièvre typhoïde. —
19. Péritonite tuberculeuse. Tuberculose hépatique.
Maladies du sang et de V appareil hémato-poîétique : 20. Séméiologie des
anémies chez l'enfant. — 21. Lymphadénie. Leucémie et splénomégalies
chez l'enfant. — 22. Purpuras chez l'enfant.
Maladies du système nerçeux : 23. Chorées de l'enfance. Complications
et traitement — 24. Scléroses cérébrales. Hémiplégie cérébrale infantile.
Maladie de Little. — 25. Tumeurs et abcès du cerveau. — 26. Paralysie
infantile et polynévrites infectieuses. — 27. Myopathies. — 28. Idiotie.
Myxœdème. — 29. Convulsions infantiles. Êpilepsie et hystérie. —
30. Méningite cérébro-spinale épidémique et méningite tuberculeuse.
Ponction lombaire et cytodiagnostic.
Maladies des yeux : 31. Les conjonctivites ; leurs complications ; leur
traitement. — 32. Hérédo-syphilis oculaire.
Maladies de la peau: 33. Teigne. Tricophyties. Favus. Examen micros-
copique et traitement. — 34. Formes cliniques, complications et trai-
tement des eczémas de l'enfance.
Maladies chirurgicales : 35. Mal de Pott et difformités rachitiques. —
36. Tumeurs blanches et coxalgie. — 37. Invagination intestinale. — r
38. Prolapsus du rectum. Polypes. Imperforation anale. — 39. Examen
et traitement des traumatismes du coude. — 40. Diagnostic et traite-
ment de l'appendicite. — 41. Diagnostic et traitement de la mastoïdite
aigué. — 42. Diagnostic et traitement de l'ostéomyélite aigu6.
Principes d* électrothérapie : 43. Traitement électrique de la paralysie
infantile, de la paralysie diphtérique et des paralysies né vri tiques. —
44. Traitement électrique des angiomes et des nsevi.
Maladies du naso-pharynx et de ses annexes : 45. Hypertrophie des
amygdales. Végétations adénoïdes. — 46. Complications nasales et auri-
culaires des affections pharyngées.
Diphtérie : 47. Diagnostic clinique de l'angine diphtérique. — 48. Dia-
gnostic bactériologique et sérothérapie de la diphtérie. — 49. Diagnostic
du croup. — 50. Tubage et trachéotomie
Fièvres éruptives : 51. Rougeole; formes cliniques; diagnostic et compli-
cations. — 52. Scarlatine ; ses complications.
Principes d^hygiène scolaire : 53. Bâtiments et mobilier scolaires. —
54. Examen individuel des enfants. Fiche sanitaire.
Excursions du dimanche : Visite de la pouponnière de Versailles et du
448 NOUVELLES
Lactarium. Visite-excursion avec billets à tarif réduit à Berck-sur-Mer.
Visite du service de la teigne à l'hôpital Saint-Louis. Visite des services
d'enfants arriérés à l'hospice de Bicêtre.
Le montant des droits à acquitter est de 100 francs.
Seront admis les docteurs et étudiants français et étrangers, sur la pré-
sentation de la quittance de versement du droit Les bulletins de verse-
ment relatifs au cours seront délivrés au secrétariat de la Faculté (guichet
n^ 3), les mardis, jeudis et samedis, de midi à trois heures. Un programme
détaillé, avec dates et heures des différentes conférences, sera remis à
chaque auditeur inscrit au début du cours. S'adresser à M. Armand -Delille,
chef de clinique adjoint, à l'hôpital des Enfants-Malades, 149, rue de Sèvres.
Clinique des maladies des enfants. — Par décret en date du 2 juin 1907,
rendu sur le rapport du ministre de l'Instruction publique, M. Hutixcl,
professeur de pathologie médicale à la Faculté de médecine de Paris, est
nommé, sur sa demande, professeur de clinique des maladies des enfants
à ladite Faculté, à partir du 1*' novembre 1907. A cette date donc
M. Hutinel quittera l'hospice des Enfants-Assistés et viendra à l'hôpital
des Enfants-Malades prendre possession du service de M. Orakcrer,
nommé professeur honoraire.
Oiipensaire infantile de Vieenca. — Grâce à l'initiative et au dévoû*
ment du D** O. Capretti Guidi, un dispensaire pour enfants malades
fonctionne à Vicence sous le nom d* Ambulatorio Principe di Piemonte. A
ce dispensaire vient d'être annexée une consultation de nourrissons. Tout
cela en attendant un hôpital d'enfants, qui ne peut manquer d'être édifié
dMci à quelques années.
Mo&ttmant Téophile Roussel. — Le 5 juin 1907 a été inauguré,
sous la présidence de M. Fallières, à l'angle de l'avenue de TObser-
vatoire et de la rue Denfert-Rochereau (Paris), le monument élevé à la
mémoire du grand philanthrope et puériculteur, Th. Roussel.
Nécrologie. — Nous avons le regret d'annoncer la mort du
D** DuBRisAY, ancien interne de Bouchut, à l'hôpital des Enfants^
Malades» qui avait fondé le dispensaire d'enfants du l"^ arrondisse-
ment, et s'était montré un hygiéniste et un puériculteur émérites.
Le aérant,
l\ BOUCHEZ.
♦976-07. — GoHMKii.. liii|*rira«rte Ko (^wtTâ.
i
10* Année Août 1907 N<» 8
MÉIIQiR|3 ORIGINAUX
XVI
SUR LA VALEUR DE L'EXAMEN DU LAIT DANS
L'ALLAITEMENT AU SEIN
9ar U D' iouii VOftOOIO.
ProfeMeqr <le Clinique iaUntile k U faculté dQ Montevideo.
Tout 06 qui touche à ralimentatioii de Venfant mérita 4'd(i?^
étudié avec «oin, car il u'y a pas en médecin^ de problàme pra-
tiqua qui offre plus d'importance.
Tout le monde wi qw le lait de femme est le seul que l'en-
fant digère pbysiologiquement, en même temps qu'il est pour
lui une garantie de santé, tandis que le tolérance d'un autre
aliment, avant l'époque régulière, n'a lieu que per 4es adapta-
tions dangereuses, pouvant causer promptement la mala4ia-
Toutefois l'enfant, alimenté seulement au sein, peut pré-
tenter deii désordres digestifs de différents degrés, ei^dusive-
ment liés & cette alimentation ; pour les apprécier» nous lais-
serons de cdté les altérations qui se produisent lorsque l'enfunt»
outre le sein, prend du lait de veche ou autre chose qui qqq^-
lionne sa maladie et dont la suppression lui procure du sPilla-
gement ou un rétablissement complet-
Les désordres digestife de l'enfant au sein peuvent se groupisir
en cinq types cliniques, qui sont les plus communs.
1^ Us coliques inteatînalea* -^ Pendant les premier
mois de la vie, certains enfants présentent un syndrome dou-
loureux, qui, par sa reproduction toujours égale, offre des
traits caractéristiques. Il s'agit de douleurs abdominales qui
surviennent par accès, que l'enfant traduit par de forts cris,
avec tension abdominale et flesrion des jambes sur le ventre.
Cette douleur apparaît spontanément ou après avoir pris le
sein; les troubles digestifs qui l'accompagnent, et avec lesqui^ls
ARCH. DSHÉIftie. DBS KNPANT8, 1907. X. 29
450 LOUIS MORQUIO
cesse généralement l'accès, sont des flatuosités parfois répétées,
des évacuations verdâtres, parfois mêlées à des grumeaux
blancs, sans fétidité ; dans quelques cas, les matières fécales
sont normales. Pas de fièvre, peu de modifications dans Tétat
général, mais diminution de poids en rapport avec celle de
Taliment. Ces douleurs, qui se répètent plusieurs fois le jour
et la nuit, et dont la persistance finit par constituer une situa-
tion affligeante, durent des jours et des mois avec des inter-
mittences plus ou moins prolongées. Ce sont des coliques intes-
tinales étroitement liées au nervosisme de la mère ; c'est
presque toujours une primipare appartenant à la classe aisée.
Après un certain temps, ces coliques disparaissent, après avoir
diminué graduellement avec l'adaptation de la mère et de
l'enfant : dans quelques cas, la persistance et le malaise irritent
le système nerveux et obligent de recourir à un autre sein.
2^ Les vomissements simples, répétés. — Le vomisse-
ment chez l'enfant au sein est très commun ; dans quelques
cas, il offre des difficultés d'interprétation et peut aboutir à
une situation grave. Sa pathogénie est variable et complexe.
Pour son étude, nous le considérons sous la forme suivante :
a. Vomissement nerveux, — Par la même raison que certains
enfants ont des coliques, d'autres ont des vomissements, bien
qu'il manque presque toujours l'élément douleiu* ; parfois ils
sont associén.
Il existe une forme, caractérisée par sa persistance, par sa
répétition ^ chaque tétée, par sa gravité, qui entraine l'enfant,
par la diminution progressive du poids, à un état cachectique :
c'est le vomissement par spasme pylorique. Ce vomissement
peut durer des mois, avec des oscillations variables ; dans la
plupart des cas, après un certain temps, deux ou trois mois,
l'adaptation et la tolérance se réalisent et continuent ainsi
jusqu'à la disparition définitive du vomissement. Ce vomisse-
ment est absolument individuel, c'est-à-dire indépendant de
la qualité de l'aliment ; le changement de nourrice et la substi-
tution de lait de vache ou de jument ne le modifient point.
Il y a cependant des exceptions.
b. Vomissement toxique. — Certains enfants, alimentés par
leurs mères selon toutes les règles hygiéniques, vomissent d'une
manière persistante durant les deux ou trois premiers mois ;
avec le vomissement, l'enfant n'augmente pas de poids, ou il
reste stationnaire ; des évacuations verdâtres accompagnent
l'examen du lait dans l'allaitement 451
généralement ce vomissement, qui est rebelle à toute médi-
cation et résiste même au changement d'aliment. Il est accom-
pagné dMnsomnie, de malaise, d'abattement, de diminution de
l'urine ; la situation peut s'aggraver ; un beau jour une éruption
se déclare à la figure ; les deux joues deviennent rouges ; il y
a irritation et démangeaison : c'est l'eczéma qui apparaît,
et sa présence fait disparaître le vomissement.
Hors cette circonstance, où le vomissement toxique est
essentiellement individuel, on se trouve quelquefois en pré-
sence de causes accidentelles qui le provoquent, telles que la
menstruation ou les excès alimentaires chez la femme.
c. Vomissement par indigestion. — C'est un vomissement
par excès alimentaire ou par défaut d'adaptation à l'aliment.
Quand l'enfant prend plus qu'il ne doit, on voit d'abord la
régurgitation et ensuite le vomissement, comme conséquence
du trouble gastrique provoqué par un excès de lait non digéré.
Ce fait est très fréquent, principalement dans les cas nombreux
où la mère donne le sein à son enfant, chaque fois qu'il le
demande ou pleure pour un motif quelconque, et qu'elle
répète plusieurs fois la nuit. Sous ce rapport, il y a des tolé-
rances considérables, et, malgré l'excès alimentaire et le vomis-
sement qui se maintient à l'état d'habitude, à plusieurs reprises,
entre les tétées, l'état général de l'enfant peut n'en ressentir
aucune perturbation.
D'autres fois, principalement dans l'allaitement mercenaire,
le vomissement répété répond à un défaut d'adaptation, sans
qu'on en sache la vraie cause ; dans ce cas, il y a en outre une
détérioration dans la croissance de l'enfant ; le changement
de nourrice fait cesser immédiatement cette situation.
Le citrate de soude, dans ces cas, donne d'excellents résultats,
d. Vomissements réflexes. — C'est dans la hernie qu'on les
observe principalement. L'enfant pleure continuellement,
vomit toujours, n'augmente point, maigrit jusqu'à devenir
cachectique ; les évacuations sont normales, mais en moindre
quantité. La cause peut être une petite pointe de hernie, qui
rejaillit à peine dans les moments de douleur ; le repos au lit
et le démaillottement le tranquillisent et l'apaisent. D'autres
fois la hernie est visible, plus ou moins saillante, tendue, résis-
tante à la réduction pendant les paroxysmes douloureux, qui
sont presque continuels ; il tète avec avidité, désespéré, et en
même temps, ou un moment après, il se produit des vomisse-
452 LOUIS MORQUIO
ments copieux, qui se répètent entre les deux tétées et chaque
fois qu'il tète.
3» La dyspepsie gastro-intestinale. — L'enfant peut
avoir un aspect florissant et offrir, cependant, des troubles
gastro-intestinaux persistants. C'est ce qu'on observe princi-
palement chez ces enfants, soumis à un excès alimentaire,
à qui l'on donne le sein à toute heure, sans obéir à aucune
espèce de règles. Beaucoup d'entre eux ont des régurgitations
et des vomissements, dans les mêmes conditions que nous
venons de voir; mais, dans ce cas, l'altération est plus constante,
et elle est accompagnée de troubles intestinaux plus marqués.
Les évacuations ne sont jamais normales ; généralement elles
sont liquides avec des grumeaux blancs ; de' temps en temps,
il y a des coliques, et il s'y mêle des matières verdâtres. Ces
enfants ont le sommeil mauvais, agité ; ils présentent des
irritations cutanées dans la région inguinale ; par moments, ils
ont la fièvre, surtout en été. Le ventre est enflé ; le foie est
groS) la rate se palpe parfois ; l'urine est chargée et tache for-
tement les langes. Néanmoins, l'aspect de l'enfant est généra-
lement eplendide ; il attire l'attention par sa grosseur et sa
vivacité. On doit convenir qu'un grand nombre des enfants
alimentés au sein présentent ces manifestations à un degré
plus ou moins marqué» sans qu^il en résulte de conséquences qui
nuisent à leur santé ou troublent leur développement normal,
t 40 Diarrhée verte simple. — A côté de la diarrhée verte infec-
tieuse, il existe une diarrhée verte simple, qui se présente chec
certains enfants sans être accompagnée d'un état patholo-
gique ; il s'agit simplement d'une suractivité fonctionnelle du
foie, unie à des conditions individuelles ou spéciales au lait
absorbé. Quelques enfants, pendant les premiers mois, font
des évacuations tout à fait verdâtres deux ou trois fois par jour ;
cette situation peut durer pendant tout l'allaitement ou se
modifier auparavant, pour se reproduire de temps en temps,
spécialement à l'occasion de la dentition. Toute médication,
en ce cas, devient généralement inutile.
D'autres fois, la diarrhée verdâtre existe sans accompagnement
de troubles généraux, sans fièvre, avec augmentation de poids,
comme dans le cas précédent; mais l'anomalie disparait avec
le changement de nourrice.
5^ Infections et intoxications digestives. -* Jusqu'à
présent, les troubles douloureux et dyspeptiques sont des
l'examen du lait dans l'allaitement 453
malaises qui se caractérisent par leur persistance et leur
ténacité, mais qui ne compromettent guère la santé et la vie
de l'enfant. De temps à autre, il se produit des manifestations
sérieuses qui ont toute l'importance et reproduisent tous les
types des gastro-entérites occasionnées par l'alimentation
artificielle; des formes fébriles prolongées avec fétidité des éva-
cuations, et des formes toxiques caractérisées par des vomis^
sements répétés, par un malaise général, par la diminution de
l'urine, par l'insomnie, la dépression, etc., qui aboutissent
facilement à la méningite.
Ces altérations digestives se produisent plus souvent en été
et coïncident généralement avec de forts états émotifs, avec
des maladies chez la femme qui allaite, ou avec la menstruation,
La spontanéité avec laquelle apparaissent les troubles gastro-
intestinaux chez l'enfant alimenté exclusivement au sein, les
modifications rapides qu'on obtient parfois en réglant seule-
ment l'alimentation, ou par le changement de nourrice, ont fait
rechercher la cause dans la qualité de l'aliment, dans la forme
et la quantité de ses composants, spécialement pour inter-
préter ces faits caractérisés par leur persistance ou leur gravité.
De là est née la nécessité de faire des investigations sur le lait
et de chercher, dans l'analyse et l'application de ses éléments,
une base clinique*
Il s'agit de savoir : s'il existe une modification déterminée
du lait, appréciable à l'analyse chimique ou microscopique,
qui puisse sersrir de base pour l'interprétation des troubles
digestifs chez les enfants alimentés au sein?
Il existe là-dessus beaucoup de travaux publiés, et nombreuses
sont les discusisons et les opinions suscitées, sans que, jusqu'à
présent, on puisse dire qu'on soit arrivé à quelque uniformité.
Nous citerons : la thèse de Gerson (Uexamen du lait des novur^
rices, Paris, 1892) ; celle de Guiraud (ConsidértUions chimiques
sur le lait de femme, Bordeaux, 1898) ;les D" Quintrie et Gui-
raud [Nécessité de l'analyse du lait des nourrices (Reçue
mensuelle des maladies de Venfanee, avril 1905)] ; Reyhier et
Freund [Ueber den Fettgehalt der Frauenmilch (Jahrbuch
jur Kinder., avril et mai 1905)] ; Bertholet (Influence de la
taieur en beurre du lait de femme sur la santé du nourrisson,
Paris, 1906) ; Marfan (Traité de VaUaiUment).
Dernièrement, cette question a été amplement discutée à
la Société de pédiatrie de Paris (novembre 1906). Le D' Bar-
454 LOUIS MORQUI3
bier a fait une communication sur la variabilité du lait et sur
rimportance de son examen pour apprécier la valeur d'une
nourrice. Là-dessus a eu lieu une discussion intéressante, dans
laquelle intervinrent les D*^ Méry, Variot et Marfan, lesqueb,
en résumé, s'ils ne nient pas l'importance que peut avoir cette
analyse en des circonstances déterminées, considèrent qu'il
est impossible de généraliser le procédé, parce que l'expérience
démontre qu'il ne répond point à la plupart des faits.
Depuis plusieurs années, nous nous occupons d'observer
cette relation et tout ce qui concerne l'alimentation au sein ;
par notre situation de médecin directeur du service externe
de VAsUe des Enfants-Trouvés et des Orphelins, nous avons
suivi l'allaitement, par des nourrices à domicile, de plus de
3 000 enfants ; ensuite, étant devenu médecin de la « Crèche »
dans le même établissement, nous avons accumulé des élé-
ments par l'étude attentive de deux cents nourrices fixes; tout
cela, ajouté à notre expérience professionnelle, nous fournit une
base pour analyser cette question et en déduire les considé-
rations que les faits observés nous permettent de formuler.
Etude de deux cents nourrices.
Dans l'espace de cinq ans, il est passé, par la « Crèche » de
V Asile des Enfants-Trouvés et des Orphelins, deux cents nourrices
qui ont servi à l'alimentation de la plupart des enfants qui y
ont séjourné. Ces enfants, de quelques jours à un mois à leur
entrée dans l'Asile, subissent une détention provisoire, pour
passer après quelques jours, s'ils sont sains, au service externe,
emportés par des nourrices qui les allaiteront en leur propre
domicile. Le séjour moyen à la « Crèche » oscille entre vingt
et vingt-cinq jours ; le nombre de nourrices dont on dispose
d'une façon permanente est de 14, et chacune d'elles allaite
deux, trois et même quatre enfants, exclusivement au sein ou
avecl'aide de biberons de lait de vache, de jument, babeurre, etc.,
selon l'état et l'âge de l'enfant.
Ces nourrices sont choisies à leur entrée par le médecin, qui
se base principalemnet sur leurs conditions de santé, l'état
du mamelon, le nombre des grossesses, donnant la préférence
à celle qui a déjà été en service et jugée bonne.
A la « Crèche », la nourrice n'a d'autres obligations que de
soigner et d'allaiter l'enfant ; elle est libre de toute autre
l'examen du lait dans l'allaitement 455
besogne. Elle vit contente et satisfaite, entourée de toutes les
commodités, avec assez d'espace pour ses distractions et ses
besoins hygiéniques ; elle sort une fois par mois.
Les nourrices sont des femmes saines, robustes; le régime
alimentaire et la vie de repos qu'elles mènent améliore leurs
conditions générales, — ce qui se manifeste par une augmenta-
tion considérable du poids, — en même temps que de leurs
conditions de nourrice.
Nous avons pris la moyenne des aliments que consomme
par jour une nourrice, ce qui nous a donné le résultat suivant :
Pain 428 gn^ammes.
Viande cuite et rôtie 553 —
Rii 90 —
Vermicelle 143 —
Légumes 285 —
Café 20 —
Vin 357 —
Lait 2 400 —
L'alimentation est libre, mais elles exigent un menu fort
simple ; elles n'acceptent pas de variations : pot-au-feu, rôti,
soupes. A noter la quantité de lait qu'elles prennent par jour ;
elles ont à leur disposition la quantité qu'elles désirent et en
prennent à discrétion.
L'analyse de ces deux cents nourrices nous permet d'établir
quelques données qui démontrent certaines particularités et
nous font voir les conditions dans lesquelles s'est développée
leur action.
Sous le rapport de la nationalité, elles se subdivisent en : j
Italiennes 143
Espagnoles 47
Uruguayennes 7
Brésiliennes 2
Argentine 1
La proportion d'Italiennes est de baucoup plus forte, puis-
qu'elle représente les trois quarts ; presque toutes sont Napo-
litaines. Quant aux Espagnoles, elles sont presque toutes Gali-
ciennes.
Age de la nourrice :
Moins de 20 ans 1
Entre 20 et 25 ans 68
— 26 et 30 — 76
— 31 et 35 — 41
— 36 et 40 — 14
11 résulte de là que la plupart d'entre elles se trouvent entre
vingt et trente ans, qui est l'âge qu'on considère toujours
456 LOUIS MOHQUIO
comme le plus avantageux. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait
des nouirices également bonnes après cet âge, et, comme
exemple, nous poumons en citer du dernier groupe qui ont été
excellentes.
Age du lait à Ventrée :
Moins d*un mois 50
De 1 à 2 — *. . . 57
De2à3 — 52
De 3 à 5 — 41
Comme on le voit, nous avons toujours cherché la proximité
de Taccouchement, afin que le lait fût meilleur pour les enfants
tout petits, de quelques jours, qui sont les plus nombreux,
bien que nous voyions plus tard que, à ce point de vue, cette
condition ne soit pas fondamentale, puisqu'on peut obtenir
le même résultat avec du lait de tout âge, et ausn afin que le
séjour au service se prolonge davantage, quand la nourrice
est bonne.
Nombre de grossesses :
De 1 grossesse 2
t)e 2 — 58
Des -^ 47
De 4 — SO
De 5 — 20
De 6 — 17
De 7 — Ï2
D*un plts grand liom1>re 14
D'accord avec ce que nous avons dit et ce qu'enseigne
l'expérience, nous n'avons accepté que deux primipare^ pâimi
lesdeux cents nourrices, et ces deux primipares sortirent peu après
comme insuffisantes. Les primipares sont, en général, de mau-
vaises noiirrices, à cause de leur âge, de leur M!K)eptibilité
nerveuse, de leur manque d'expérience et de la fréquence avec
laquelle se déclare chez elles Thypogalactie primaire et secon-
daire. Il y a des exceptions.
Temps resté à la • Crèche • ;
Moins de 1 mois 37
De là 2 — 30
De 2 à 3 — 28
De 3 à 4 — 13
De 4à 5 — 7
De 5 à 6 — 15
De 6à 7 — 5
De 7 à 8 — 12
De 8 à 9 -- 10
De 9 à 10 — 12
De 10 à 11 — 10
De 11 à 12 — 11
De plus d'uh an 10
l'examen du lait dans l allaitement 457
Le temps que nous avons fixé comme limite pour le séjour
est d'un an après l'accouchement ; mais, dans des circon-
stances spéciales, quand il s'agit de nourrices très bonnes, nous
l'avons prolongé sans aucun inconvénient. Beaucoup d'autres
seraient aussi restées plus longtemps, mais elles préfèrent se
retirer quelques mois avant, afin de ne pas perdre le droit à
nourrir un enfant dans le service externe, ce qui leur serait
difficile plus tard à cause de l'âge du lait.
Causei de la êortie :
Par leur volonté 59
Povr cause de maladie de leur enfant. 31
Pour 8*occuper de leur ménage 12
Potir terme de leur nourriture 37
Pour maladie de la nourrice ^ 23
Pour insuffisance de lait 38
Les causes de la sortie sont clairement spécifiées. A noter,
parmi elles, la maladie de leur enfant, qui a obligé 31 nourrices à
sortir du service ; et bien d'autres, avec la même cause, ont pu
continuer par suite du rétablissement de leur enfant. Pour éviter
ces inconvénients et le danger pour la vie du iils, nous exigeons,
à l'entrée de la nourrice, que ce fils reste au sein ; et, dans le
but de contrôler ses prc^ès, nous autorisons la mère à le voir
de temps à autre, en dehors de la surveillance que peuvent
exercer te père cft les autres parents, Mdgré cela, beaucoup d'en-
fants tombent malades, et plusietirs d'entre eux sont morts.
Menstruation : 33 nourrices ont eu la menstruation durant
leur séjour au service, ce qui fait un pourcentage de 16,5
sur 100. La menstruation a eu lieu à une époque variable,
mais généralement au septième mois. Chez quelques-unes,
elle a continué ensuite régulièrement tous les mois ; chez
d'autres, sa marche a été tout à fait irrégulière ; elle ne s'est
présentée qu'une fois, ou elle a continué par intermittences.
Plus loin, nous nous occuperons de l'influence de la mens-
truation sur le lait et sur l'enfant.
MeHadies eues à la n Crèche b ;
QerçurM et lymphangite 36
Panaris 2
Entérite aiguë 1
État gastrique 6
Gonjonctiirite 4
Grippe 7
Infection syphilitique du sein 1
Érysipdle de la figure 1
458 LOUIS MORQUIO
Brûlure 1
Périostite al véolo- dentaire 2
Hystérie 1
Rhumatisme articulaire aigu 1
De ces affections, celle qui est particulière au métier, ce sont
les gerçures, qui figurent avec une proportion supérieure. Les
gerçures ont incommodé beaucoup de nourrices par leur
ténacité et leur persistance, et c'est la cause la plus fréquente
de maladie qui a occasionné la sortie de plusieurs d'entre eOes.
Dans les premiers temps, ces gerçures étaient communes,
parce que nous luttions avec le muguet, qui était endémique
dans notre service, et qui est un facteur puissant dans l'origine
de ces manifestations ; mais, depuis quelque temps, grâce à la
prophylaxie, le muguet a diminué considérablement et, avec les
soinsjpermanents du mamelon, les gerçures ont aussi disparu.
On] le voit,| les maladies observées ne sont ni nombreuses
ni graves ^celles d'ordre général ont été insignifiantes, malgré
les exigencesjd'un allaitement intense. On a dit que l'allai-
tement met la femme dans des conditions de moindre résis-
tance et que les maladies, pour ce motif, prennent un carac-
tère sérieux : « C'est un être plus exposé aux maladies par la
lactosurie, par la disparition de l'émonctoire menstruel et par
le fonctionnement insuffisant du foie (1). »
Quant à l'hyperglycémie, nous avons longtemps, plusieurs
fois par jour, examiné l'urine de toutes les nourrices, et nous
n'avons jamais vu se produire la moindre réduction de la
liqueur de Fehling.
Examen clinique du lait.
Nous avons fait cet examen d'une manière systématique,
quantitativement et qualitativement.
Examen quantitatif. — Chaque quatre jours, par groupes,
toutes les nourrices mesurent le lait. Pour cela, on pèse toutes
les tétées des deux ou trois enfants de la nourrice, pendant
les vingt-quatre heures ; la somme représente la quantité de
lait de toute la journée; ce chiffre est noté sur la fiche de la
nourrice, avec l'âge et le poids des enfants.
Le résumé suivant indique la quantité moyenne journalière
que nous avons obtenue, en appréciant la nourrice dans i'en-
(1) ViTRY, Revue mensuelle des maladies de Venfance, sept. 1905.
l'exambn du lait dans l'allaitbmbnt 459
semble de son séjour, à l'exception de celles qui ont séjourné
moins d'un mois :
Moins de 1 000 grammes 4
De 1000 À 1200 — 12
De 1 200 à 1 400 — 31
De 1 400 à 1 600 — 53
De 1 600 à 1 800 — 37
De 1800 à 2 000 — 19
Plus de 2 000 — 7
Ces quantités, comme nous Pavons dit, représentent une
moyenne journalière pendant qu'elles ont été au service ;
mais, dans cet espace entrent les plus grandes variations,
dépendant, la plupart du temps, de la qualité et quantité des
enfants à nourrir, lesquelles changent presque journellement.
L'offre est en raison directe de la demande ; on peut dire
d'une manière générale que la femme fournit d'autant plus
de lait qu'on lui en demande davantage, dans les limites natu-
relles, et l'on arrive ainsi à des proportions bien supérieures à
celles indiquées. D'ailleurs, on sait qu'il n'y a rien qui stimule
plus la sécrétion lactée que la succion de l'enfant.
Sur les feuilles d'observation des nourrices, nous trouvons,
pour la plupart d'entre elles, des quantités plus grandes, et
presque toutes, pendant les deux ou trois mois de séjour dans
le service, peuvent aisément fournir 2 litres de lait. De
temps en temps, cette quantité est dépassée, et nous voyons
ainsi dans les annotations : 2 500 à 2 800 grammes, 3 litres,
et même plus dans des cas exceptionnels.
En général, la quantité qui sert de limite pour apprécier
la bonté d'une nourrice, c'est que, après le troisième mois,
elle puisse donner facilement 1 500 grammes.
Examen qualitatif. — Chez les mêmes femmes dont on
calcule la quantité de lait, on opère le même jour l'examen
lactoscopique de la graisse et l'examen microscopique.
La quantité de graisse est évaluée, pour notre usage cou-
rant, avec le lactoscope de Fessel. C'est un procédé douteux,
si l'on prétend faire un examen exact; mais, pratiqué jour-
nellement dans des conditions égales, il constitue un moyen qui
nous permet d'apprécier, comparativement, le degré de graisse
contenue dans le lait. Avec l'expérience journalière, on arrive
approximativement à une précision relative, ainsi que nous
avons pu le constater en plusieurs occasions, en comparant
le résultat obtenu par nous avec celui donné par le laboratoire.
400 LOUIS MORQUIO
La quantité de graisse oscille considérablement ; die varie
d'un jour à l'autre et dans le même jour, sans cause qui le
justifie, outre qu'elle varie aussi dans les divers moments d'une
même tétée ; mais, en général, les nourrices du service donnent
une proportion bien supérieure à la moyenne. Le chiffre de
4 à 5 p. 100 est le plus ordinaire, mais il s'élève facilement
à 6, 7 et 8 p. 100, sans être obligé de recourir à des procédés
spéciaux, car ces chiffres élevés correspondent précisément
aux meilleures nourrices, à celles dont les enfants progressent
d'une façon splendide et ne présentent d'altérations d'aucune
espèce.
Examen microscopique. — L'examen microscopique nous
fait voir journellement qu'il existe la plus grande inégalité et
irrégularité par rapport à la quantité et aux dimensions des
^obules gras. Si la quantité de graisse est variable, l'aspect
des globules gras l'est bien plus, puisqu'il est difficile de ren-
contrer, même pour une seule nourrice, deux préparations
égales à quelques instants de différence. Ces globules gras
présentent des grandeurs diverses, que nous classons en : très
petits, petits, moyens, grands et très grands. Il n'y a pas une
préparation qui donne un type unique ; généralement il y eo
a plusieurs. La grosseur des globules est extrêm^aient variable ;
on observe des différences considérables chez la même nourrice,
d'un examen à l'autre. Par rapport à l'fige du lait, on observe
aussi qu'il n'existe pas de règle absolue, ni même approxuna-
tive, qui établisse une relation avec la forme globulaire ; il
y a des nourrices chez qui, le premier mois, la prédominance
est aux globules grands, et d'autres, d*fige avancé, chez qui
elle est aux petits. Mais, d'une mamère générale, on peut
dire qu'à mesure que le lait avance en âge les globules grands
tendent à prédominer.
A cause de cette variabilité permanente, qui n'obéit pas à
des causes spéciales et qui échappe à toute règle, il est difficile
aussi d'établir une relation entre le caractère des ^obuies gras
et les troubles digestifs de l'enfant.
Réaction oxydante. — Nous avons pratiqué des centaines de
fois l'examen de la réaction oxydante par le procédé que con-
seille Marfan, avec la solution de gaîac à 1 p. 100. On prend
1 centimètre cube de cette solution et 1 centimètre cube du
lait à analyser ; on y ajoute II ou III gouttes d'eau oxy-
gênée, et l'on chauffe légèrement ; quand la réaction est posi-
L EXAMEN DU LAIT DANS L ALLAITEMENT 461
tive, elle prend uûe coloration rosée, qui peut aller jusqu'au
rouge-brique.
On sait que, au point de vue de la réaction oxydante, on
fait une division entre les divers laits qui servent à Talimenta-
iion de Tenfant, laquelle correspond à la classification de laits
gras et de laits maigres établie cliniquement.
Le lait de vache et le lait de chèvre auraient constamment
le ferment oxydant, tandis que le lait de femine et de jument
en seraient dépourvus dans les conditions normales.
No» résultats, d'une manière générale, ont été les suivants :
Le lait de vache donne toujours la réaction oxydante ; le
lait de chèvre la donne aussi toujours, mais sous une forme
plus rapide et plus intense : la réaction se produit immédiate-
ment à froid.
Le lait de jument ne donne jamais la moindre modification
de la coloration.
Le lait de femme ne modifie pas ordinairement la coloration ;
cependant on observe parfois une réaction oxydante plus ou
moins intense, qui mérite d'être prise en considération.
Quelle est la valeur de la réaction oxydante chez la femme?
Nous faisons abstraction de cette première période qui suit
l'accouchement, du lait en état colostral, où la réaction est
toujours nettement positive ; toutes nos nourrices l'avaient
déjà passée.
L'opinion générale considère que la présence de la réaction
oxydante suppose une altération du lait qui coïncide presque
toujours avec le retour à l'état colostral, lequel provient d'une
maladie, de la menstruation, d'un allaitement insuffisant, etc.
Nos expériences ne nous ont pas permis de confirmer cette
affirmation. En dehors de deux ou trois cas exceptionnels, où
il nous a été possible d'apprécier au microscope quelques cor-
puscules de colostrum, nous n'avons jamais rencontré ces élé-
meoU dans les divers échantillons de lait que nous examinons
journellement depuis plusieurs années. Cependant ces mêmes
laits nous ont présenté, à plusieurs reprises, la réaction oxy-
dante positive.
Cette épreuve a la valeur d'une expérience, puisque, dans
des conditions identiques, elle ne se produisait pas daâs un
autre lait de femme, et jamais nous ne l'avons obtenue dans
le lait de jument.
Marfan dit que la réaction oxydante peut exister alors même
462 LOUIS MORQUIO
qu'on ne rencontrerait pas de corpuscules de colostrum.
Ceci serait d'accord avec nos observations ; mais cet éminent
maître afSrme en même temps que la réaction oxydante sup-
pose toujours un état anormal du lait qui coïncide avec quelque
anomalie chez la femme, et qui a pour conséquence des
effets nocifs chez l'enfant.
Ce n'est pas ce que nous avons vu. D'une manière générale,
nous pouvons dire que la réaction oxydante s'est présentée à
notre examen par surprise, inopinément ; une fois en sa pré-
sence, nous avons recherché la cause ; nous avons examiné
la femme et l'enfant ou les enfants qu'elle nourrissait, et nous
n'avons absolument rien trouvé d'anormal. D'autres fois, qui
ont été les moins nombreuses, elle a coïncidé avec quelques-
uns des états indiqués comme nécessaires.
En opposition avec cela, nous avons examiné avec intérêt,
à ce point de vue, le lait de femme en menstruation, en état
fiévreux, ou dont les enfants présentaient des troubles diges-
tifs suivis, et nous n'avons pas obtenu la coloration rosée ou
rougeâtre caractéristique.
En résumé, nous déduisons d'une manière générale qu'il
est impossible de tirer une conclusion quelconque de la réaction
oxydante dans le lait de femme.
Examen chimique du lait.
En vue de vérifier d'une manière plus parfaite la compo-
sition du lait que nous étudions, pour établir des déductions
exactes au point de vue de l'alimentation et de la digestion,
nous nous sommes adressé au professeur Giribaldo, directeur
du Laboratoire chimique municipal, qui a eu l'obligeance
d'examinerle lait des nourrices delà a Crèche » envoyé par nous.
Dans l'analyse chimique du lait, il est extrêmement important
de connaître le procédé suivi pour l'extraction, attendu que la
composition varie pour chaque tétée et pour les divers moments
d'une même tétée.
Les procédés indiqués sont très variés. Gregor prend, pendant
la tétée, à intervalles égaux, plusieurs portions de lait ; Reyhier.
à chaque tétée des vingt-quatre heures, prend une portion
égale de lait au commencement et à la fin ; Michel fait un mé-
lange de trois échantillons pris à six heures du matin, à trois
heures après-midi et à neuf heures après-midi ; De val prend
l'examen du lait dans l'allaitement 46:^
10 centimètres cubes au commencement de la tétée le ma-
tin, 10 centimètres cubes au milieu d'une tétée l'après-midi
et 10 centimètres cubes à la fin d'une tétée le soir.
Notre procédé a été le suivant : presque toujours à la même
heure, avant le déjeuner, après succion de l'enfant pour aider
à l'extraction du lait, la nourrice se trait dans un récipient,
en vidant tout son sein. Si le lait sort avec difficulté, on emploie
le biberon à double tube. De cette façon, on obtient 100 grammes,
plus ou moins, contenant le lait dans toutes les périodes de
l'allaitement, lequel est immédiatement envoyé au laboratoire.
Nous avons toujours procédé de la même manière, et nous
croyons que c'est la meilleure quand il s'agit d'une sécrétion
sujette à de très grandes variations.
La méthode d'analyse suivie par le professeur Giribaldo a
été la suivante.
Beurre. — Pour déterminer lès matières grasses, on applique
généralement le procédé acide du butyromètre de Gerber, lequel
consiste à provoquer la séparation du beurre de 11 centimètres
cubes de lait par centrifugation, après y avoir ajouté un mé-
lange de 10 centimètres cubes d'acide sulfurique de 1,820 de
densité et 1 centimètre cube d'alcool anilique. Cette opéra-
tion se fait dans un tube spécial gradué, appelé biUyj^mètre de
Gerber. Ce procédé a toujours donné d'excellents résultats
dans l'officine que dirige M. Giribaldo.
Lactose. — Pour la détermination de la lactose, on siiit le
procédé volumétrique de réduction des sels cupriques. Le réactif
de Fehling, dont on fait usage, s'évalue avec une solution de
lactose hydratée pure.
Matières albuminoïdes. — On calcule généralement par
différence entre le résidu total à 95^ et la somme des autres
constituants déterminés directement.
Quand on veut obtenir des données directes, on s'applique
à déterminer le nitrogène total par le procédé de Kjeldahl, et,
avec ce résultat, on calcule les matières albuminoïdes par le
coefficient 6,4.
Ce sont les éléments qu'on considère généralement pour
évaluer le lait de femme, et pour cela nous ne tiendrons pas
compte des réactions : densité, cendres, extrait à 95<^, extrait
privé de graisse, beurre pour 100 d'extrait, qui sont consignés
dans les analyses du professeur Giribaldo.
Nous avons groupé ces analyses de la manière suivante :
%i
LOUIS MORQUIO
NQMBao
de la
nourrice.
198
199
195
197
194
192
157
151
202
196
193
190
188
149
151
152
154
161
163
152
202
195
156
158
192
184
191
140
146
162
DATE
de
l'analyte.
4 juUlet 1906.
4 —
17 mai 1906.
20 juin 1906.
17 mai 1906.
6 awU 1906.
4 mai 1905.
4 mars 1906.
9 novembre 1906.
20 juin 1906.
24 avril 1906.
24 —
6 —
9 mars 1905.
16 —
16 —
16 —
27 avril 1905.
4 mai 1905.
4 —
195
2 août 1905.
184
6 avril 1905.
191
6 —
145
9 man 1905.
148
9 —
149
27 avril 1905.
150
6 avril 1905.
155
6 avril 1906.
154
27 avril 1905.
160
27 —
2 janvier 1907.
27 septembre 1906.
13 avril 1906.
13 avril 1905.
20 août 1906.
7 juin 1906.
31 mai 1906.
23 mars 1905.
16 mai 1905.
27 avril 1905.
AGE
du lait.
Moins d*un moia.
29 jours
1.
10
—
15
—
1
à 2
mois.
mois
1
iour.
jours.
—
15
—
10
—
-~
27
—
—
16
—
2
à 3
mois.
2
mois
24
jours.
2
—
16
—
2
—
8
— .
2
_-
27
— .
2
— .
2
—
5
—
2
—m
1
—
2
-^
12
—^
2
—~
8
—
2
—
6
—
2
-~^
24
2
—
24
—
Z à i
mois.
8
mois
2
jouit.
3
—
3
—
3
...
15
-*-
3
—
18
—
3
—
24
—
3
—
12
—
3
—
26
-^
3
—
19
—
3
—
22
—
4 à s moi$.
BEUERB.
4.40
3,60
4,10
6,60
6,20
2,80
4,30
5,00
5,60
2,90
3,48
4,00
2,70
5,90
2,90
5,50
3,70
6.60
4.20
5,10
4.70
3,00
5,40
2,10
4,25
MATlfcEBft
albu-
ninQîdts.
2,81
2,26
2,18
LACTOSE
3,40
2,57
2,80
2.30
6,00
l.«
3,70
2,55
5,80
1,88
6,90
7.04
7.04
7.2a
7,04
7,04
6.90
6.74
2,19
6.90
2.48
6.90
1.53
7.20
1.92
6.90
1,30
7,04
2.04
6.60
2,32
6,90
1.50
7.04
2.43
6.22
1.38
7.38
2,07
6.60
1.24
6.74
1,36
7,04
1.24
7.W
1.04
7.04
2.U
6.46
2.11
7,88
1.6«
«.90
1.47
7,04
1.57
7,04
1,61
7.02
2,46
6.46
4 mois 17 joun.
7,00
1.44
7.04
4 — 21 —
5,30
1,52
7.04
4 — 2 —
6,30
1,62
7,04
4 — 6 —
3,10
1.19
7,56
S à 6 mois.
5 mois 21 jours.
4,20
1.18
7,20
5 — 5 —
3,10
1.62
7.20
5 —
3,80
1.57
7,20
5 — 21 —
4,50
2,28
6,34
5 — 27 —
4,85
1.91
6,90
5 — 18 —
3.50
1.48
7.88
l'examen du i-ait dans l'allaitement
465
NDMÉRO
de 1a
nourrice.
195
184
191
189
140
' 195
, 196
< 184
191
182
175
192
196
184
191
176
131
184
191
166
165
192
176
120
166
176
166
155
110
DATE
de
l'analyM.
AGI
du lait.
9 noTembre 1906.
28 juiUet 1906.
23
24 avril 1906.
4 mai 1905.
2 janvier 1907.
12 décembre 1906.
7 septembre 1906.
7 —
SI mai 1906.
24 avril 1906.
12 décembre 1906.
18 janvier 1907.
19 décembre 1906.
19 —
24 avril 1906.
23 mars 1905.
6 à 7 mois.
6 mois 15 jours.
6 — 24 —
6 — 25 —
6 — 4 —
6 — 14 —
8 à 9 mois.
8 mois.
8 —
8 —
8 —
8 —
8 —
9 à 20 mois.
9
9
9
9
9
9
10 à 11 mois.
BBORRB.
MATliRBS
albu-
minoîdes.
5,20
4,40
7,10
6,50
4,30
1.50
1,28
1.14
1.19
1,81
20 décembre 1906.
20 --
24 avril 1906.
6 -^
18 janvier 1907.
11 à 12 mois.
11 mois 20 jours.
11 — 21 —
11 — 4 —
11 —
11 — 25 —
12 à 13 mois.
5 août 1906.
9 mars 1905.
7 juin 1906.
27 septembre 1906.
20 août 1906.
1« février 1906.
4 mais 1905.
14 à 17 mois.
14 mois 14 jours.
15 —
14 — 15 —
16 — 15 —
LACTOSE .
3,80
1.71
3,40
1,76
7,30
1,60
4,00
1,19
4,40
1,23
6,90
7,38
7,38
7.04
7,02
8,00
1,76
7,04
4 jours.
4,00
1,40
7,04
8 —
3,70
1.67
7,04
7 —
5,70
1.14
7,38
12 —
1,40
1,32
7,38
10 —
6.00
1,43
7.20
mois 15 jours.
4,70
0,93
7.04
— 14 —
10.60
1.18
7.04
— 23 —
5,00
1.76
7.04
— 24 —
7,10
1,61
7.04
— 12 —
6,00
1.12
7,20
— 8 —
5,30
2.20
6.46
131 j 27 avril 1905. | 10 mois 12 jours. | 5,10 | 1,42 | 7,20
7,04
7,04
7,20
7,04
7,04
12 mois 22 jours.
6,70
1,24
7,04
12 — 4 —
3,90
1,65
6,90
12 — 22 —
6.70
1.24
7,04
3.40
1,73
7,04
4,10
1,64
7,20
6,30
1,84
6,40
4,70
1,79
6,90
Akgh. de médbc. des enfants, 1907.
X. — 30
I
466 LOUIS MORQUIO
On peut tirer de ces examens quelques conclusions que nous
résumerons comme suit :
D'abord, il en ressort un fait connu : la variabilité consi-
dérable des composants du lait ; cette variabilité est indépen-
dante de l'âge du lait. Au point de vue de la graisse, des ma-
tières albuminoldes et de la lactose, il n'existe aucun rapport
entre la quantité de ces substances et les divers mois que
comprend l'allaitement, du commencement jusqu'à la fin.
Il est facile d'observer qu'en partant de cet examen il n'y a
pas de base pour distinguer le lait d'un mois du lait de dix mois,
par exemple. Tout au plus pourrait-on dire que les matières
albuminoîdes offrent un chiffre plus élevé durant les premiers
mois ; quant à la matière grasse, à cause de ses énormes oscil-
lations dès le principe, il est impossible d'établir un rapport
quelconque.
Nous observons que la lactose a un coefficient presque fixe
de 7,04, avec de légères oscillations.
L'albumine varie entre 1 et 2 grammes ; rarement elle
dépasse ce chiffre. Il n'existe aucun rapport entre la quantité
de graisse et la quantité d'albumine ; à une grande quantité
de graisse peut correspondre une petite quantité d'albumine,
et vice versL
Le facteur le plus susceptible de variation est, sans nul doute,
la graisse. En général, on observe un fait, qui a fixé notre atten-
tion dès le principe de nos investigations, c'est que la quantité
dépasse la moyenne indiquée par tous les auteurs. Ainsi, dans
certaines analyses, nous voyons 5, 6, 7, 8 et même 10 p. 100 de
beurre.
D'après quelques auteurs, ce fait aurait une importance
extraordinaire pour l'interprétation des troybles digestifs
chez les enfants alimentés exclusivement au sein. Nous .ver-
rons plus loin que nous ne pouvons pas partager cette opinion,
puisque, malgré ces chiffres élevés, les enfants nourris avec
ces laits, pourvus d'une quantité excessive de matière grasse,
n'en présentaient pas moins un développement splendide.
sauf quelques exceptions, qu'on peut imputer à d'autres causes.
Au tableau suivant, nous avons groupé diverses analyses
par nourrices, qui ont été pratiquées dans des périodes dis-
tinctes de l'allaitement.
L EXAMEN DU LAIT DANS L ALLAITEMENT
467
NUlIÉftO
dt U BourriM.
1
AQE OU LAIT.
BBURRE.
MATliRES
ftlbuminoidM.
LACTOSE
1 19S
1
1
15 jours.
3 mois 2 Joun.
4 — 21 —
6 — 15 —
8 —
4,10
5,50
5,30
5,20
8,00
2,18
1.36
1.52
1,50
1,76
7,04
7.0^
7.04
6,90
7,04
1 "'
\
2 — 5 —
3 — 24 —
5.60
4,70
2,04
1,65
6.60
7,38
1$4
1
2 — 8 —
3 — 19 —
4,00
2,10
2,43
1,61
6.22
7,02
î$4
1
3 —
5 — 5 —
6 — 24 —
8 — 8 —
9 — 23 —
11 -_ 20 —
3,70
3,10
4.40
3.70
5,00
3.80
1.24
1,60
1,28
1,67
1.76
1,71
7.20
7.20
7.38
7.04
7,04
7,04
tôt
i
2 — 24 —
4 — 17 —
6.60
7,00
2,19
1,44
6,90
7,04
191
1
3 —
5 —
6 — 25 —
8 — 7 —
9 — 24 —
11 — 21 —
6,60
3,80
7.10
5,70
7.10
3.40
1.04
1,57
1,14
1,14
1.61
1,76
7,04
7,20
7,38
7.38
7,04
7,04
140
5 — 25 —
6 — 14 —
4,50
4,30
2,28
1,81
6,34
7,02
m
1
1
1 — 16 —
2 — 15 —
5,80
2,90
1,88
2,32
6.74
6.90
152
2 — 12 —
2 — 24 —
3,48
2.90
1,50
2.24
7.04
6,74
166
1
1
11 — 4 —
12 — 22 —
15 —
7,30
6,70
4.10
1.60
1.24
1,64
7.20
7.04
7,20
176
9 — 12 —
12 — 23 —
14 -- 14 —
6,00
6,50
3,40
1,12
1.12
1,73
7,20
7,04
7.04
192
5 — 21 —
9 — 15 —
11 — 25 —
4,20
4,70
4,40
1.18
0,93
1.23
7.20
7.04
7.04
196
t
1
2 — 16 —
8 — 4 —
9 — 14 —
6,20
4,00
10,60
2.48
1,40
1,18
6.90
7,04
7,04
468 LOUIS MORQUIO
De ces tableaux il résulte aussi qu'il est impossible d'établir
des règles fixes pour une même nourrice, par rapport à la
composition de son lait, dans les diverses périodes de l'allai-
tement. Si, dans quelques cas, il parait s'établir une échelle
progressive de la quantité de graisse, "dans les autres, qui sont
les plus nombreux, cette relation n'existe point, et l'on observe,
au contraire, de grandes oscillations tout à fait indépendantes
de l'âge.
Nous devons ajouter que ces nourrices, au point de vue de
l'allaitement, sont placées dans des conditions distinctes des
femmes qui allaitent leurs propres enfants, ou qui suivent
constamment l'allaitement d'un seul enfant. Chez eUes, il y a
des sauts considérables, en rappot avec les besoins du service ;
généralement ce sont des enfants nouveau-nés, parfois de plu-
sieurs mois ; tantôt ce sont des malades, tantôt des débiles
congénitaux ; mais, dans tous les cas, la sécrétion s'épuise,
ou le fonctionnement glandulaire se maintient d'une façon
régulière, parce qu'on cherche à suppléer par le nombre l'in-
suffisance de la succion, quand c'est nécessaire.
La bonne qualité de ces nourrices devient évidente en pré-
sence des résultats obtenus.
On doit considérer que les enfants qui entrent à la
a Crèche » arrivent généralement malades ou dans de mauvaises
conditions ; beaucoup d'entre eux meurent bientôt ; 20 p. 100
n'arrivent pas à 2 500 grammes.
Hors de ces circonstances, l'accroissement des enfants est
assez favorable, comme le montre la courbe graphique corres-
pondante, et les enfants sortent généralement du service,
après un temps variable, avec une augmentation considérable
du poids et en d'excellentes conditions générales.
Le résumé annuel nous donne le résultat suivant :
Enfants. Séjour moyen. MorUlité.
Année 1901-1902 1 018 20 jours. 16,6 p. 100.
— 1903 599 22 — 14,84 —
— 1904 553 23 — 11,00 —
— 1905 565 25 — 14,00 —
— 1906 624 25 — 10,25 —
Parmi ces enfants figurent annuellement 40 à 50 qui sont
alimentés artificiellement ; les autres sont alimentés au sein
exclusivement, ou, quand les circonstanaes l'exigent, mais
toujours exceptionnellement, à l'aide d'un ou deux biberons
d'aliment artificiel. {A suwre.)
XVII
NOGTAMBULISME ET AUTOMATISME CHEZ L'ENFANT
CLASSIFICATION ET PRONOSTIC
Par le D' H. OAUGHEZ,
Ancien clwf de clinique adjoint à l'hôpital des En&nts.
Le noctambulisme ou rêve en action est fréquent chez Tenfant,
beaucoup plus fréquent même chez l'enfant que chez Tadulte.
Mais son pronostic est aussi bénin que sa fréquence est
grande (1).
L'automatisme diurne, sur place, à domicile^ est beaucoup
moins fréquent chez l'enfant ; on l'observe toutefois chez les
enfants de souche alcoolique, nés de parents épileptiques ou
dégénérés. — Là du moins le pronostic varie avec la tare origi-
nelle.
L'automatisme ambulatoire, dans lequel le ^\x]Bi s'échappe de
chez luiy est un syndrome de l'âge adulte, quelquefois mais rare-
ment de l'adolescence.
Telles sont les trois propositions que les faits cliniques sem-
blent démontrer et que nous croyons exactes, à en juger du
moins par nos quelques observations.
11 importe d'abord, avantd'entrerdans notre sujet, d*éliminer
certains troubles mentaux qui frappent exclusivement l'adulte,
nous voulons parler de la fugue ou dromomanie des Allemands,
dans lesquels le malade, à tétât de veille ou de subconscience,
éprouve l'impulsion irrésistible des voyages, le besoin de
franchir les espaces.
Ce délire, complètement étranger à notre sujet, n'existe d'ail-
leurs pas chez l'enfant. Celui-ci peut être vagabond, mais alors
il est conscient, il jouit de son libre arbitre. Le noctambule et
Tautomate ne le sont jamais complètement.
Il) An point de vue de la durée, le noctambulisme cède généralement en
quelques années au traitement hygiénique (vie au grand air, hydrothérapie), etc.
Mais il peut persisler au delà de T&ge adulte, témoin un malade du D^ Barth.
qui, après Mon mariage, se levait la nuit, ouvrait les fenêtres, circulait, mais
conservait assez de passivité et de subconscience pour obéir à sa femme et, sur
un ordre impératif, venait se recoucher.
470 H. DAUCHEZ.
I. — NOCTAMBCLISME OU RÊVE EN ACTION.
Chez Tenfant, le noctambulisme existe à tous les degrés,
depuis le simple geste jusqu'au lever. Ces mouvements instinc-
tifs ou réflexes, conséquence de la suspension de Tacte cérébral
dans l'exercice des facultés les plus nobles (intelligence et
volonté) et de Tassociation d'une idée directrice, sont de purs
réflexes : ainsi Tenfant retire sa main pendant le sommeil
quand on le pique, chasse une mouche, répond machina-
lement à son nom. — Le malade peut même quitter son lit et
poursuivre son rêve en action.
Mais, répétons'le, un réflexe n'est pas une maladie, surtout
quand il n'existe pas de tare héréditaire.
11 s'agit donc là d'un réflexe cérébral ou médullaire, d'une
association d'idées habituelles dans laquelle le jugement n'in-
tervient pas.
Laphysiologie des réflexes cérébro -médullaires chez l'enfant
a été fort bien exposée parle D' Taillens (de Lausanne) {Archicfy
île médecine des enfants^ juillet 1906, p. 410) :
« Plus l'être humain est jeune, dit cet auteur, plus il est
dominé par ses réflexes; à mesure qu'il avance en âge, les fonc-
tions cérébrales se développant progressivement et prenant
sous leur dépendance une part toujours plus grande des fonc-
tions médullaires, nous voyons la vie nerveuse et partant les
réactions nerveuses se modifier. C'est ce qui explique pourquoi,
chez les jeunes enfants, au début d'une maladie fébrile aiguë,
les manifestations purement motrices, telles que les convul-
sions, sont si fréquentes alors que, chez Tadulte placé dans les
mêmes conditions, la réaction, si elle vient à se produire, se fait
psychiquement sous forme de délire. — En d'autres termes,
les centres nerveux du petit enfant sont surtout médullaire^.
Ceux de l'adulte sont essentiellement cérébraux. »
Et, de fait, le noctambulisme n^apparait qu'à l'adolescence ou
exceptionnellement chez l'enfant plus jeune, dont la précocité
et l'intelligence sont prématurées.
Son apparition doitêtre considérée comme un réflexe, comme
une réponse à l'incitation mentale du rêve et non comme une
maladie.
Dans tous les cas, en effet, l'enfant, qu'il dorme le jour ou la
nuit, peut se lever et, par unefl'etde l'habitude, réaliser, incon*
NOCTAMBULISMB ET AUTOMATISME CHEZ l'bNPANT 471
sciemment, mais logiquement, les actes de sa vie habituelle, un
devoir, un travailmanuel, plus ou moins bien réussi, traduction
fidèle de sa manière de faire. La mémoire intervient. L'intelli-
gence est absente. La volonté répond automatiquement à la
suggestion motrice qui précède le rêve.
C'est ce qui ressort de la lecture de nos deux premières obser-
vations.
La bénignité du noctambulisme ressort non moins claire-
ment de la lecture des observations I, II, III.
Observation I. — Pierre L... — Agé de sept ans, sans antécédents ner-
veux héréditaires ou personnels, enfant toujours bien portant, n'a pré-
senté ni convulsions ni troubles psychiques. Sa sœur est morte de ménin-
gite tuberculeuse. Seul son frère aîné, dont nous citons l'observation plus
loin, a quelquefois, la nuit, de légères crises de noctambulisme occa-
sionnées par la préparation du baccalauréat.
Les huit autres frères et sœurs sont indemnes de tout accident nerveux.
Parents bien portants (le père est glycosurique quatre à cinq fois par an).
Ce jeune enfant se lève la nuit et transforme en acte son rêve. Récem-
ment, se croyant dans un jardin public, il quitte son lit, va s'accroupir
dansFanlichambreet, pensant être au pied d'un arbre, il satisfait tous ses
besoins, remonte se coucher et conserve le lendemain le souvenir de sa
prouesse, expliquant qu'il a eu la colique au Luxembourg et qu'il s'est
soulagé.
Le même enfant, quinze jours plus tard, fait la sieste à la campagne.
Deux heures après, il se lève, s'habille, reste pieds nus et circule dix minutes
dans la maison, après quoi il remonte, se recouche, sans se rappeler de rien.
Observation II. — Le frère du précédent, âgé de seize ans, pendant la
préparation d'un concours, cause de surmenage cérébral, répèle chaque
nuit à haute voix ses leçons de la veille. Parfois il se lève, se promène
dans sa chambre, va aux cabinets, rentre dans son lit, ne se rappelle de
rien le lendemain au réveil.
Aucun antécédent nerveux ni mental . Pas de convulsions. Pasde troubles
sensitifs. Pas d'hémianesthésie, au contraire hyperesthésie extrême
au froid, pendant les douches par exemple, qui, malgré une vive répu-
gnance, paraissent soulager ce jeune homme et espacer ses accès.
L'indécision et le scrupule ont tourmenté ce jeune malade, dont les
sœurs souffrent des mêmes niisères morales.
La grand'mère paternelle a été dans son enfance noctambule sans
jamais présenter aucun stigmate hystérique.
Observation III (personnelle). — - M, Pierre de B... — Aujourd'hui âgé de
trente ans, et depuis seize ans guéri du moins en apparence. A été atteint
à l'âge de quatorze ans de noctambulisme, dont il ne lui est resté aucune
trace. Dans son accès, il entendit (sans en avoir aucune consctence\ l'ordre
que lui donnait sa mère de se lever la nuit, de faire chauffer de l'eau,
choisir son linge, apprêter un cataplasme et le lui apporter pour son
frère malade. Le lendemain l'enfant apprenait par sa mère qu'il avait
compris et exécuté ses ordres. Guérison complète sans automatisme
ambulatoire.
472 H. DAUCHEZ.
On peut dire que, dans ce cas, il s'agissait manifestement
d'un réflexe cérébral, avec dissociation complète des centres
psychiques, les sens seuls restant éveillés, et les facultés no-
bles de Tàme (intelligence et volonté) restant lettre morte.
11. — Automatisme diurne.
Bien que l'expression d'automatisme diurne n'ait point encore
été admise dans le langage nosologique, nous avons cru devoir
la proposer pour l'opposer h l'automatisme ambulatoire, dans
lequel le malade s'échappe, sort et, pendant plusieurs jours
sinon plus, vit dans l'état second, c'est-à-dire dans un état
inconscient pendant lequel il vit en apparence comme le
commun des mortels, dans un état de réflexe central permanent.
Tel n'est pas l'automatisme diurne, non ambulatoire, dans
lequel l'enfant issu de parents épileptiques, hystériques, ou
dégénérés, entre le jour en somnambulisme spontané et resté
chez lui inconscient.
Ces enfants malades peuvent, comme dans Tobservation sui-
vante, rester automates intermittents pendant plusieurs années,
et guérir radicalement malgré les plus mauvais antécédents.
Cette forme de somnambulisme diurne est intermédiaire
entre le noctambulisme banal et l'automatisme ambulatoire
propre à l'adulte ou à l'adolescent.
Observation IV (personnelle). — Avtomalisme diurne chez trois enfants
de la même famille, — Dans le courant de Tannée 1883 et 1884, je fu«
appelé rue des Canettes chez un pauvre ménage composé de la grand'*
mère, du père, de la mère et de trois enfants (deux garçons et une ViWe.
La grand'mère était épileptique, malgré ses soixante ans. Le père était
alcoolique, excentrique, disparaissant trois ou quatre jours de son domi-
cile sans motif. Seule la mère était saine.
Des trois enfants, le plus jeune, Henry P..., âgé de huit ans, s*endormait
vingt à trente fois par repas, véritables absences pendant lesquellesii restait
inconscient, penchait la tète, tombait sur son assiette, sans crise, sans
attaque. Pas d'incontinence nocturne ou diurne, aucun trouble de sensi-
bilité n'était perceptible.
Après les repas, Tenfant reprend conscience. Ses pupilles restent
dilatées. 11 voit, il entend.
Mais, pendant la promenade quotidienne, l'enfant est repris de crises de
sommeil ou d'absences.
Le matin, à la messe, l'automatisme reparaît. Henry P... se lève, sf
dirige vers l'autel, et là, les yeux ouverts, répète automatiquement tou<
les gestes du prêtre (génuflexion, bras en croix, etc.). La nuit il se lève
en rêvant, s'habille, fait quelques pas et se recouche.
Les facultés intellectuelles, i l'étal de veille, sont respectées (intelligence,
mémoire, affection, douceur). On trouve ces qualités plus développées
que chez sa sœur.
NOCTAMBULISMB ET AUTOMATISME CHEZ l'eNFANT 473
Après quelques semaines de traitement par les ablutions, le bromure
et la belladone associés à la valériane, Tenfant paraU guéri. Mais de nou-
veau, vers Tâge de dix ans, reparaissent des absences aux heures des
repas, et la dyspepsie, déjà très accusée, redouble avec constipation. Nous
combattons persévéramment ces troubles intestinaux.
Mais Taffection persiste jusqu'à la puberté, date à laquelle nous le
perdons de vue.
Juillet 4906. — Depuis vingt ans, aucune crise convulsive, aucun accès
de somnambulisme ne s'est produit. Marié à vingt-deux ans, il a eu une
petite fille saine, mais il est devenu tuberculeux et a dû quitter Paris.
Sa sœur, elle aussi, a été prise à onze ans, avant d'être réglée, d'accidents
analogues. Un jour, en arrivant chez sa mère, je la vois balayant, épous-
$elant, astiquant, frottant la modeste chambre où elle habite. Elle ne
me voit pas, ne me répond pas. (Juand elle a fini, elle s'assied et s'endort
profondément. A son réveil, elle pleure, se lamente, court d'une pièce à
l'autre sans le savoir.
Un autre jour, je la trouve debout. Je lui commande de s'asseoir, de se
lever, de prendre un verre ; elle m'obéitsans avoir conscience de ses actes.
Elle se réveille et se rendort sans s'en douter. Pas d'attaques convul-
sives. Pas d'hémianesthésie.
Malgré le bromure et le traitement anthelmenthique donnés pour con-
soler la mère, les crises persistent plusieurs années ; nous perdons alors
de vue ces deux enfants.
L'aîné des trois enfants, Léon P..., est pris, en 1885, de crises d'automa-
tisme à forme délirante, vers l'âge de treize à quatorze ans. Cet adoles-
cent pendant huit jours consécutifs, et mal .;ré des injections de morphine
et de hautes doses de chloral, se lève la nuit en menaçant de pourfendre
des ennemis imaginaires. Le jour il se lève aussi et reste vingt-quatre
heures en mouvement, tantôt écrivant, tantôt menaçant avec un large
couteau de se défendre contre des agresseurs. Un jour ce malheureux
s'évade. 11 revient; peu de jours après, il s'évade encore et va s'engager
dans l'armée. Lui aussi a quitté vers 1886 la rue des Canettes, n° 15.
Juillet 1906, — Après vingt ans d'absence, nous retrouvons la famille P...
me du Bourbon- Château, n** 2. Ces trois enfants, que nous avons connus
et quittés après un long séjour à Forges, ont été guéris des accidents
névropathiques ci-dessus décrits.
Henry P..., est marié depuis dix ans. 11 est tuberculeux, a deshéma-
témèses, un ictère chronique. Sa santé est très altérée, mais il n'a eu ni
crises ni absences depuis vingt ans.
Léon P..., marié également, est absolument guéri; les enfants issus
de ces deux ménages sont sains d'esprit ; aucun trouble psychique chez
les parents.
La sœur de ces jeunes gens a maintenant trente-quatre ans, n'est pas
mariée, est active, laborieuse, intelligente, saine d'esprit, mais elle a sans
cesse des absences ou des syncopes qui durent quelques minutes, sans
crises convulsives. Le médecin traitant a prescrit un traitement tonique
et reconstituant.
III. — Automatisme ambulatoire chez l'adolescent.
Dans les deux premières catégories de faits cités plus haut
(noctambulisme, automatisme diurne), laguérison des réflexes
ambulatoires peut être considérée comme la règle habituelle.
474 H. DAUCHEZ
Simple réflexe avec tares variables dans rautomatisme
diurne, telle est la cause de la guérison.
Dans rautomatisme ambulatoire, plus ^ave est le pronostic
(Babinski)alors surtout qu'une tare héréditaire est bien accusée.
Tels sont les trois faits suivants signalés dans la Reotte de
neurologie se rapportant à des adolescents.
Observation! V. — Automatisme ambulatoire par Simeska (Casopis Ces-
kychl'Kam) (An. Rev. Neurol,, 1897, 32, 33; 1898, p. 80).
Automatisme ambulatoire comilial chez ua écolier &gé de quatorxeans.
La mère du malade cité est atteinte d'hémicranie. Le malade même est
atteint d'hémiplégie spasmodique infantile après encéphalite aiguë.
Observation Vi. — Vn cas (T automatisme ambulatoire (Bregmann, de
Varsovie) {Neurologie des Centralblatt, l»*" sept. 1899, p. 776. — Rev. Neu-
roloQ,, 1900, p. 241).
Un garçon do quatorze ans, bien développe au double point de rue
intellectuel et moral, quitte sans raison la maison paternelle, où il est
choyé, pour errer de par le monde. Ces déplacements se répètent à divers
intervalles depuis Vâqe de sept nm. Ils sont complètement indépendants
de la volonté, toujours liés au souvenir d'un frère mort, accomplis sans
coïncidence d'actes repréhensibles et laissant généralement une trace
dans la mémoire du malade. Gest fugues ne relèvent ni de Tépilepsie ni
de l'hystérie. «» C'est la fugue des dégénérés. »
Observation VU. — Contnbution à Véhid^ ambulatoire de natitre fiysté-
iigue (Marinesco-Minea et Makelam) [An, liev. de NeuroL, 1905, p. 731).
Garçon de seize ans. Parents alcooliques, frère épileplique, un de
ses cousins également épileptique.
« Ce malade eut plusieurs crises d'automatisme ambulatoire. Dans une
de ces crises, il parcourut 146 kilomètres en soixante-sept heures, conser-
vant un certain degré de conscience. Ainsi il a remonté sa montre pen-
dant les trois jours que dura sa crise d'automatisme. Dans ces crises, les
mouvements désordonnés et en arc de cercle rappelaient l'hystérie. »
La lecture de ces faits peut se passer de commentaires. —
Comme nous le disions au début de cette note, il y a une diffé-
rence capitale entre le noctambulisme infantile et Tauto-
matisme ambulatoire propre à Tadulte ou à Tadolescent.
Le réflexe du sommeil n'étant pas pathologique doit guérir.
C'est une suractivité fonctionnelle qui est et demeure passagère.
Existe-t-il une tare héréditaire, grave, l'automatisme peut
devenir diurne. — Certains enfants en conservent des traces
plus ou moins durables et sont exposés à commettre des actes
délictueux ou menaçants.
Reste le vrai automatisme ambulatoire, qui, très rare chez
l'enfant, moins rare chez l'adolescent, dénote l'hystérie ou
l'épilepsie en puissance ou en germe et peut nécessiter Tisole-
ment des jeunes sujets.
RECUEIL DE FAITS
OBSERVATIONS DE MÉNINGITES BACTÉRIENNES
Par le D' J. GOMBT
On trouvera, dans ce recueil de faits, 11 observations de ménin-
gites non tuberculeuses, la plupart à méningocoques, recueillies à
Fhôpital des Enfants ou à Thôpital Trousseau. Tous les enfants
atteints, à l'exception d'un seul, ont succombé. Celui qui a guéri
(Obs. I) aurait sans doute guéri tout seul, car la thérapeutique
qu'il a subie n'a pas été très active. Par contre, d'autres, que nous
avions traités avec énergie, ont succombé. Le pronostic de ces
méningites suppurées, à méningocoques, à pneumocoques, à strep-
tocoques, est donc presque toujours fatal.
Observation I. — Garçon de sept ans, — Méningite cérébro-spinale»
Guirison rapide après trois ponctions lombaires»
Le jeune P... Charles^ âgé de sept ans, est entré dans mon service, à
l'hôpital des Enfants-Malades, le 19 janvier 1907, pour des accidents
cérébraux extrêmement graves.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente-huit ans, ne tousse pas,
mais boit et a des crises épileptiformes depuis deux ans. Mère, âgée de
trente-trois ans, bien portante. Les autres enfants vivants, entre trois et
douze ans. Pas de fausses couches.
Antécédents personnels. — Enfant né à terme, nourri au sein ; marche
à treize mois, pas de retard pour la dentition. Varicelle il y a trois ans,
rougeole il y a cinq ans. Pas d'autres maladies.
L'enfant, qui se portait bien, a été pris brusquement le 16 janvier
d'un violent mal de tête et de douleurs de ventre attribuées à des coups
de pied reçus à l'école.
Pas de frissons, mais vomissements répétés le lendemain et le surlen-
demain. Ces vomissements se produisaient sans effort. Constipation
opiniâtre. Pendant quelques jours, violent point de côté, puis douleurs
et crampes dans les membres.
Depuis trois jours, léger strabisme.
État actuel, — Enfant couché en chien de fusil, poussant des cris, se
plaignant de la tête. Paupières closes, regard fixe, pupilles dilatées.
Faciès vultueux, joues très rouges. Raideur de la nuque très accusée»
raideur de la colonne vertébrale tout entière, tendance à l'opisthotonos.
Ventre rétracté en bateau et douloureux. Selles normales et sponta-
nées, incontinence d'urine.
Le soir de l'entrée, la température est à 39^2 ; elle retombe à 37° le
476 J. GOMBY
lendemain matin, oscille quelques jours autour de 38<^; puis, à partir du
23 janvier (septième ou huitième jour de la maladie), elle reste autour
de 370.
Le 21 janvier, Tenfant a de l'herpès labial. Nous pratiquons une ponc-
tion lombaire et retirons 15 centimètres cubes d'un liquide laiteux qui,
examiné par mon interne M. Schœfîer, a montré de nombreux polynu-
cléaires et <les méningocoques.
Le 23, deuxième ponction lombaire : 25 à 30 centimètres cubes de
liquide laiteux contenant les mêmes éléments.
Le 24, lendemain de la deuxième ponction, état très satisfaisant, la
céphalée a disparu, il y a moins de raideur. L'intelligence est nette, pas
de fièvre.
Le 26 (onzième jour de la maladie), troisième et dernière ponction
lombaire qui donne 10 centimètres cubes de liquide presque clair ne
contenant plus de microbes et à peine quelques polynucléaires.
Le 27, enfant très gai, jouant sur son lit, demandant à manger. Pas
de raideur de la nuque, ni signe de Kernig, ni raie méningitique. Gué-
rison.
L'enfant sort le 10 février dans un état excellent.
Outre liss trois ponctions lombaires que nous avons faites, le traite-
ment s'est borné aux bains chauds à 38o. Pas de médicament.
Ce cas, fort simple, montre que la méningite cérébro-sipinale à
méningocoque peut être très bénigne et en quelque sorte sdbortive,
même quand elle a débuté avec violence. La ponction lombaire,
en montrant la présence de pus et de microbes dans le liquide
céphalo-rachidien, pouvait nous faire craindre une évolution fâcheuse.
Or, s'il y a eu encore du pus à la seconde ponction faite deux jours
après la première, le liquide a coulé limpide à la troisième ponction,
faite trois jours après, et l'enfant a guéri avec une rapidité insolite
et #ur laquelle nous étions loin de compter.
A côté de ce cas, des plus favorables, en voici un autre, observé
peu de temps après, qui, malgré tous nos efforts, s'est terminé par
la mort.
Observation II. — Fille de deux ans et demi, — Méningite cérébro-
spincUe. — Ponctions lombaires répétées. — Infections intrarachidiennes
d^électrargoL — Mort.
La jeune P... Renée, âgée de deux ans et demi, entre dans mon service,
à l'hôpital des Enfants-Malades, le 30 avril 1907.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de vingt-sept ans, tousse assez
souvent, aurait eu récemment, en faisant ses vingt-huit jours, une bron-
chite grave avec crachements de sang. Mère, âgée de vingt-deux ans,
bien portante, ne tousse pas. Un autre enfant bien portant, deux morts
en bas âge.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a été nourrie au sein
jusqu'à seize mois. Dentition assez précoce. Un peu délicate, ne marche
que depuis peu. Aurait eu une bronchopneumonie à dix-huit mois.
Maladie actuelle. — Le 26 avril, elle a présenté, dans le miUeu de la
journée, de la fièvre avec somnolence. Douleur de tête continuelle depuis
ce moment, avec cris et gestes de frayeur. Vomissements à plusieurs
OBSERVATIONS DE MÉNINGITES BACTÉRIENNES 477
reprises. Constipation opiniâtre. Tout cela est survenu brusquement^
en pleine santé.
Aujourd'hui Tenfant est somnolente, elle a un peu de strabisme con-
vergent ; mais on nous dit qu'il existait avant la maladie. Raideur d&
la nuque très prononcée avec tendance à Topisthotonos. Pas de signe
de Kernig. Raie méningitique très nette.
L'enfant est peu développée pour son âge, elle ne pèse que 9^^,600»
Elle n'a que seize dents. La fontanelle antérieure est [bien fermée^
mais il y a un léger chapelet rachitique. Pouls très rapide ; rien à l'aus-
cultation du cœur ni des poumons.
Le 1^ mai, ponction lombaire ; il s'écoule de 20 à 25 centimètres cubes
de liquide laiteux en hypertension. Mon interne, M. David, trouve dans
ce liquide un grand nombre de leucocytes polynucléaires avec (quelques
grands mononucléaires. A ce moment, il a été difficile de mettre en
évidence les microbes ; mais, lors des ponctions ultérieures, on a trouvé
le méningocoque.
On donne le matin, à une heure d'intervalle, deux paquets de 5 centi-
grammes de calomel. On commence les bains à 38<>, pendant dix minutes
(deux à trois par jour).
Le 3 mai, l'état de l'enfant semble un peu meilleur ; moins de somno-
lence, selles spontanées, pas de raideur des membres ; persistance de la
raideur de la nuque. Une deuxième ponction lombaire donne encore un
liquide louche, blanc laiteux, sans hypertension (environ 25 centimètres-
cubes). Il semble que ce liquide soit moins opaque que celui de la première
ponction. Culot moins abondant avec des polynucléaires plus clairsemés.
Le 4 mai, état stationnaire, nuque raide, tête en arrière, pouls à 168.
Cependant l'enfant a toute sa connaissance; ses yeux sont ouverts;
il crie quand on s'approche ; rien qui rappelle le faciès de la méningite
tuberculeuse.
Le 6 mai, troisième ponction lombaire ; hypertension, écoulement
de 25 centimètres cubes environ de liquide un peu moins louche que
la deuxième fois. Le 10, une quatrième ponction est faite ; il ne coule
rien d'abord ; mais, après une légère aspiration, on retire goutte à goutte
un liquide laiteux (20 centimètres cubes environ). Le 13 mai, cinquième
ponction lombaire avec aspiration : pas d'hypertension, liquide laiteux
(20 centimètres cubes). Le 17, encore 20 centimètres cubes retirés
par une sixième ponction lombaire; liquide toujours blanchâtre, lai-
teux, sans hypertension. Pendant quatre jours, l'enfant reste sans fièvre,
alors qne les quinze jours précédents le thermomètre marquait 38®,
38o,5, 39® et même 40® : courbe d'ailleurs très irrégulière.
Le 18 mai, alors que la température est au-dessous de 37^ l'enfant a
quelques vomissements ; il est plus abattu, avec des plaques rouges aux
pommettes, les yeux excavés, le pouls à 130. Le 20, une septième ponc-
tion lombaire donne 15 centimètres cubes de liquide laiteux, sans hyper-
tension. Devant la gravité croissante de l'état général, nous injectons,
dans le canal rachidien, 5 centimètres cubes d'une solution d'argent
colloïdal électrique à petits grains (électrargol). La température, qui
était à 37^ s'élève le soir, après l'injection, à 38o,2. Le lendemain, elle
retombe à 37<>. Otorrhée gauche le 21 mai.
Le 22 mai, huitième ponction lombaire, qui donne environ 20 centi-
mètres cubes de liquide louche avec reflet jaune verdâtre, sans hyper-^
tension. Nouvelle injection intrarachidienne de 5 centimètres cubes
d'électrargol. Lavements nutritifs. Amaigrissement profond. Tête tou^
jours renversée en arrière.
478 J. GOMBY
Le 23 mai; la température monte à 40<>, et l'enfant succombe à huit
heures du matin après un mois de maladie.
Autopsie. — L'autopsie montre une thrombose généralisée des sinus
de la dure-mère avec hémorragie cérébrale de Thémisphère droit en
avant du lobule paracentral ; il y a là comme une truffe logée dans la
substance cérébrale, qui est congestionnée et piquetée à la coupe. Pas
de pus à la convexité des hémisphères. Pas de pus à la surface de la moelle,
qui présente seulement une hémorragie à sa face antérieure. Donc
pas de méningite de la convexité cérébrale, pas de méningite spinale
proprement dite. Mais traînées de pus sur le cervelet et le long des artères
syl viennes. Il y avait là comme un dépôt crémeux assez abondant (ménin-
gite basique postérieure). Pas de tubercule en aucun point. Rien dans
les viscères thoraciques ni abdominaux.
Dans cette forme à méniogocoques, il s'agissait donc d'une
méningite basilaire postérieure (posterior basic meningiiis des
Anglais), plutôt que d'une véritable méningite cérébro-spinale.
Aussi voyoas-nous le principal ou même l'unique symptôme être,
pendant toute la durée de la maladie, la rétraction de la tête en
arrière. Rien n'a pu triompher de ce symptôme : ni les ponctions
lombaires répétées (huit en trois semaines, extraction de 160 centi-
mètres cubes au moins de liquide céphalo-rachidien), ni les injec-
tions intrarachidiennes de collargol électrolytique. Enfin il faut
relever cette intervention de la thrombose des sinus et de l'hémor-
ragie cérébrale qui a été funeste, et qu'on ne pouvait prévoir.
Observation IIL — FUle de treize mois. — Pneumonie de la base
droite. — Deux jours après la défervescence, méningite, mort en six fours.
— Trois ponctions lombaires. — Méningite cérébro-spinale suppurée.
B... Renée, âgée de treize mois, entre dans mon service, à l'hôpital
des Enfants-Malades, le 27 janvier 1906.
Antécédents héréditaires. — Mère, âgée de vingt-deux ans, bien por-
tante. Père de santé inconnue.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a été nourrie au sein
par sa mère ; première dent à six mois, marche à un an. Pas de maladie
antérieure, tousserait depuis quinze jours.
État actuel. — Souffle tubaire et matité à la base droite, avec quelques
râles crépitant*). Donc pneumonie de la base droite. Dyspnée notable
(75 respirations à la minute). Rien d'anormal au poumon gauche. Bains
tièdes, enveloppements froids du thorax, potion de Todd. La fièvre
n'a rien d'excessif (39^4 le soir du 27 janvier, 39^,8, 39^6 le lendemain,
39<^ et 39<^,8 le surlendemain, après quoi défervescence en lysis achevée
le 31 au matin).
Le 29, la toux est plus fréquente et le souffle a gagné par en haut.
Le 31, râles de retour à la base droite, mais léger souffle à la base gauche.
Le 3 février, râles sous-crépitants aux deux bases. Ce jour-là, la tempé-
rature a atteint 40^', 6, et jusqu'à la mort elle oscillera autour de W^
(39^,5 ou 390,6 le matin, 40o,5 le soir). Un vomissement s'est montré suivi
de plusieurs autres.
Le 4, raideur de la nuque et de la colonne vertébrale ; on soulève
l'enfant tout d'une pièce. La méningite est évidente. On prescrit les
bains à 38° répétés deux fois par jour. La ponction lombaire faite dans
OBSERVATIONS DE MÉNINGITES BACTÉRIENNES 479
la matinée du 4 février donne 20 centimètres cubes d'un liquide laiteux
et purulent, sans hypertension ; un culot se forme rapidement au fond
du tube» et au-dessus de ce culot, on note un reflet verdâtre. Deux autres
ponctions lombaires faites le 5 et le 6 donnent la même (quantité de
liquide purulent. Ce liquide contient de nombreux polynucléaires et des
diplocoques extra et intracellulaires, ne prenant pas le Qram, qui, inoculés
à la souris blanche, ne Font pas fait périr. Il est permis de supposer qu'il
s'agit de méningocoques.
Cependant Tenfant va de mal en pis; son teint est livide, ses ailes du
nez battent rapidement, son corps est agité de mouvements convulsifs.
Les convulsions sont plus marquées au membre supérieur droit.
Raideur de la nuque et de la colonne vertébrale, pas de signe de Ker-
nig.
Mort le 7 février, au sixième jour des accidents méningitiques.
Auiopsie. — On trouve à l'ouverture de la cage thoracique une gaine
fibrino-purulente à la surface du poumon droit. Cette couche de pus
recouvre le lobe inférieur et s'insinue dans l'interlobe. A la coupe, tissu
carnifié. Pas de tuberculose. Rate grosse. Foie volumineux, reins pâles.
Cœur mou et pâle, sans lésions valvulaires.
Après enlèvement de la calotte crânienne, on voit que le cerveau
est recouvert dans sa totalité par une couche de pus ; ce pus forme des
gaines autour des principaux vaisseaux et se propage aussi à la base.
En certains points, on trouve sous la couche purulente des méninges
des foyers d'encéphalite ou d'hémorragie. Pas de thrombose des sinus.
La moelle épinière est également entourée d'un pus épais et crémeux.
Dans ce cas, qui a eu une marche très rapide, la méningite céré-
bro-spinale a été précédée de pneumonie. Il était naturel d'admettre
une méningite pneumococcique. Mais Texamen du liquide retiré
par la ponction lombaire, les cultures, les inocualtions à la souris
blanche (tout cela fait avec soin par mon interne M. Chartier), ont
mb en relief la présence du méningocoque. Les ponctions lom-
baires ont été absolument inefTicaries.
Observation IV. — FUle de cinq mois. — Méningite cérébro-spinale
à la suite de vaccination. — Ponctions lombaires. — Pas de fièvre. — Mort
après cinquante fours de maladie.
B... Suzanne, âgée de cinq mois, est conduite à l'hôpital des Enfants-
Malades le 23 novembre 1905 pour une rétraction de la tête en arrière
datant de quelques jours.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de vingt-cinq ans, pâle, faible,
ayant une ankylose du genou droit à la suite de tumeur blanche. Mère,
âgée de vingt-quatre ans, se porte bien ; taches de xanthelasma palpé-
bral ; pas d'autre enfant, pas de fausse couche.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant se présentait par le
siège; il a fallu exercer de fortes tractions pour la dégager; asphyxie.
Nourrie au sein par la mère, elle s'est bien portée jusqu'à cinq mois, où
elle fut vaccinée le 4 novembre, à la mairie, par M. Saint-Yves-Ménard,
de génisse à bras. On lui fit deux piqûres à chaque bras. Le même jour,
avec le même vaccin, on inocula un grand nombre d'enfants, dont 3 nour-
rissons, qui n'eurent aucun accident.
Maladie actuelle. — Deux ou troi& jours après la vaccine, l'enfant se
mit à pousser des cris, et le cinquième jour (8 novembre), elle présenta
480 J. COMBY
le renversement de la tête en arrière, Topisthotonos qui devait persister
jusqu'à la fin.
Quand on la touche, elle pousse des cris ; elle peut prendre le sein
malgré un spasme de la mâchoire et une sorte de trismus qui m'avait fait
penser tout d'abord au tétanos vaccinal, dont on a cité des cas en Amé-
rique. Pas de fièvre ; le thermomètre, dans le rectum, dépasse rare-
ment 31° ; l'apyrexie a persisté jusqu'à la fin de la maladie.
Enfant de belle apparence, teint coloré, chairs fermes. Elle n'a pas
sensiblement dépéri, qpioique la maladie date déjà de plus de quinze jours.
Un peu de diarrhée actuellement, pas de vomissements. Ce qui fî^ppe
tout d'abord, c'est la raideur de la nuque et du dos avec renversement
de la tête en arrière; c'est un véritable opisthotonos, et l'on pourrait
presque dire que toute la symptomatologie se réduit à cela. Toutefois
il faut noter les cris de l'enfant, la tache cérébrale et autres petits signes :
raideur des membres, mains en griffe, réflexes tendineux exagérés,
mâchonnement, yeux fixes, mydriase. Poids, 5*^^,500.
Pour assurer le diagnostic, on fait immédiatement (23 novembre) une
ponction lombaire qui donne un liquide louche coulant en jet. L'examen
de ce liquide, fait par M. Chartier, mon interne, montre une polynucléose
abondante, quelques lymphocytes et des cocci groupés par deux ou par
quatre, dont plusieurs intracellulaires. Les réactions de ces microbes
montrent qu'il s'agit de méningocoqùes.
Le lendemain, 24 novembre, l'enfant semble un peu soulagée, mais
elle a eu (quelques mouvements convulsifs. Elle continue à prendre
le sein régulièrement. La température rectale, qui était à 37^,6 le 23 au
soir (après la ponction lombaire), tombe à 37° le 24. Un vomissement,
constipation, cris fréqpients.
Le 26, nouvelle ponction lombaire ; il ne sort pas de liquide ; la rai-
deur a presque disparu ; l'enfant tète bien, crie moins, dort mieux.
Le 30 novembre, la contracture est revenue à la suite d'un bain, dit
la mère.
Les bains, à 38°, avaient été jusque-là très bien supportés. Fonta-
nelle antérieure bombée, cris incessants, mydriase surtout à gauche,
mâchonnement. On fait une nouvelle ponction lombaire, qui donne envi-
ron 10 centimètres cubes d'un liquide trouble, à reflet jaune verdâtre.
Le 3 décembre, raie méningitique, raideur de la nuque, pas de signe
de Kernig.
Le 7, vomissements, 2 ponctions blanches, raideur plus accusée, pas
de fièvre.
Le 10, amélioration, moins de raideur, moins de cris. L'enfant tète bien.
Un vomissement.
Le 16, vomissements depuis qpiatre jours, ponction lombaire. Hype^
esthésie cutanée, raideur très accusée, mâchonnement.
Le liquide fourni par la ponction (12 à 13 centimètres cubes) est tou-
jours louche et contient des polynucléaires et des méningocoqùes. L'en-
fant, malgré l'allaitement au sein, ne pèse plus que 5 050 grammes; elle
a perdu 450 grammes en vingt-trois jours.
Mort le 29 décembre après cinquante jours de maladie.
Dans ce cas, qui répond cliniquement à la vosterior basic mtnin-
gitis des Anglais, il faut remarquer le jeune Sig/i^ de l'enfant, l'absence
de fièvre, la longue durée de la maladie, l'impuissance des bains et
des ponctions lombaires.
OBSERVATIONS DE MÉNINGITES BACTÉRIENNES 481
Observation V. — Fille de dix-huit mois. — Méningite cérébro-spinale
à méningoeoques. — Bains chauds et ponctions lombaires. — Mort à la
suite de rougeole.
F... Maria, âgée de dix-huit mois, entre dans mon service, à l'hôpital
des Enfants-Malades, le 16 janvier 1903, pour des convulsions.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente ans, en bonne santé,
mais très nerveux ; aurait des crises d'épilepsie depuis Tâge de vingt-
cinq ans. Mère, âgée de trente et un ans, bien portante. Deux autres
enfants en bonne santé.
Antécédents personnels. — Née à terme, Tenfant a été nourrie au sein
par sa mère jusqu'à l'âge de neuf mois ; puis alimentation exagérée.
Maladie actuelle. — Le 16 janvier, vers sept heures du matin, l'enfant,
jusque-là bien portante, se met à crier, après avoir eu des nausées, et
tombe dans les convulsions ; ces convulsions, très intenses, sont d'abord
toniques, puis cloniques, avec écume à la bouche. Après l'entrée à l'hô-
pital, nouvelles convulsions éclamptiques.
Donc invasion brutale, sans prodromes, en pleine santé, par des con-
vulsions.
Puis l'enfant tombe dans l'abattement et la somnolence; mâchonne-
ment continuel au réveil. Langue saburrale, constipation. Rien au cœur
ni au poumon. Température 39^, 39^,5, etc.
Pas de raideur du cou ni des membres, pas de raie méningitique. En
présence de ces symptômes, nous écrivons compulsions au diagnostic.
Nous prescrivons : deux bains par jour à 35^ pendant cinq minutes, un
lavement glycérine, des bottes d'ouate, le régime lacté. En cas de con-
vulsions nouvelles, on donnera de petits lavements avec antipyrine
(0?^50) et eau bouillie (50 grammes).
Le 19 janvier (quatrième jour de la maladie), apparaît Vherpès labial
(39^6 le soir). Le lendemain, la température tombe à 3 go, mais le soir
elle remonte à 39^, et les symptômes méningitiques se dessinent : raideur
de la nuque, décubitus en chien de fusil, tache cérébrale, etc.
Une première ponction lombaire est faite le 21 janvier ; on retire
environ 20 centimètres cubes de liquide légèrement louche sans hyper-
tension. Un léger coagulum fibrineux se montre dans le tube. L'examen
direct dénote la présence de rares lymphocytes et de nombreux poly-
nucléaires. Dès lors le diagnostic de méningite bactérienne est porté.
Le 24, il y a une légère détente, l'enfant dort mieux, a moins d'agita-
tion, boit mieux, est moins raide, selles spontanées. La température oscille
entre 38° le matin et 39® le soir.
Le 26, deuxième ponction lombaire ; on ne retire que 5 à 6 centimètres
cubes d'un liquide plus louche que la première fois. Polynucléose. L'état
reste le même. Fièvre irrégulière.
Du 3 au 6 février cependant, la lièvre tombe graduellement, pour
atteindre 37^ le soir du 6 février. Mais, le 6 au soir, elle remonte à 39^.
Le 7, apparaissent des vomissements.
Le 9, troisième ponction lombaire qui donne quelques centimètres
cubes de liquide louche.
Le 10, l'enfant présente une éruption de rougeole. Le lendemain,
pouls incomptable, état général mauvais, dyspnée, toux, trismus.
Le 18 février, raideur de la nuque très marquée, pupilles dilatées,
raie méningitique. Le 19, on fait une quatrième ponction lombaire qui
donne 4 centimètres cubes de liquide fibrineux purulent contenant
de nombreux polynucléaires et des méningoeoques. L'enfant a fondu.
Le 20, convulsions, éruption de sudamina. Mort le 21 février à dix
Arch. de médec. des enfants, 1907. X — 31
482 J. COMBY
heures du matin (trente-cinq jours après le début). La température
rectale prise cinq minutes après la mort atteignait 43<>,2.
Autopsie. — On trouve une couche épaisse de pus à la base du cerveau
sur le bulbe et la protubérance, sur le vermis supérieur. Pas de tuber-
cules. Hydropysie ventriculaire notable, pus dans les ventricules. Rieo
au cœur, au poumon, au foie ni à la rate. Pus autour de la moelle.
Dans ce cas, qui a duré plus de trente-cinq jours, rinvasion a ét^
absolument brutale, et on a pu croire à de simples convulsions
éclamptiques. Puis sont venus Therpès labial et les symptôm^^
méningés. Les ponctions lombaires au nombre de quatre ont éié
inefficaces. L'inter\'ention de la rougeole a hâté le dénoûment fatal.
Voici un cas dans lequel la marche de la maladie a été beaucoup
plus rapide.
Observation VL — Garçon de vingt et un mois, — Méningite cérébro-
spinale à marche rapide. — Mort au cinquième jour.
W... Fernande âgé de vingt et un mois, entre le 5 juillet 1904, dans
mon service de Thôpital des Enfants -Malades.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de vingt-quatre ans, aurait une
bronchite depuis deux mois. Mère en bonne santé ; deux jumeaux bien
portants.
Antécédents personnels. — Né à terme, Tenfant a été nourri au sein
pendant un mois, puis au biberon. Première dent à sept mois et demi,
marche à quatorze mois.
Aucune maladie antérieure.
Maladie actueUe. — Il y a quatre jours, vomissements, fièvre ; un
médecin appelé près de l'enfant le 4 juillet trouve un pouls à 150, une
température à 40<>,2, de la constipation, des convulsions cloniques du
côté droit. Respiration stertoreuse, cris, gémissements, myosis.
Le 5 juillet, nous trouvons un enfant ayant perdu connaissance, agi-
tant constamment le bras et la jambe du côté droit ; déviation des yeux
vers ce même côté. Pas de raideur de la nuque. Tache cérébrale. Tem-
pérature, 390,5. Le soir, mouvements convulsifs généralisés, mort le
6 juillet à quatre heures du matin.
Autopsie. — Pas de tuberculose ; nappe de pus sur les circonvolutions
cérébrales s'étendant à la moelle. Ce pus est épais et fibrineux. Il a pu se
former en quelcfues jours et entraîner la mort avec une rapidité inusitée.
Rien au cœur ni aux poumons.
Observation VII. — Garçon de dix-huit mois. — Méningite cérébro-
spinale foudroyante. — Mort.
C... Auguste, âgé de dix-huit mois, entre à l'hôpital des Enfants-Malades
le 27 janvier 1903, pour des convulsions.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente-deux ans, bien por-
tant, non alcoolique. Mère, âgée de trente-deux ans, sujette aux palpi-
tations. A eu neuf enfants, dont six vivants.
Antécédents personnels. — Né à terme, l'enfant a été nourri au sein
par sa mère jusqpi'à quinze mois; puis quelques panades ou potages.
Première dent à sept mois, marche à dix-sept mois. Rougeole à neuf
mois.
Maladie actuelle. — Bien portant jusqu'à hier soir, l'enfant a refusé
de manger à ce moment et a présenté presque aussitôt des convulsions
OBSERVATIONS DE MÉNINGITES BACTÉRIENNES 483
cloniques des membres avec grimaces de la face. Gris, pas de vomisse-
ments, constipation.
Température le 27 janvier, au moment de l'entrée, 40<>,5. Mort dans la
nuit, après trente -six heures de maladie.
Autopsie, — Pas de tuberculose. Nappe de pus sur la convexité du
cerveau, rien à la base. Pus dans le canal rachidien. Rate grosse, foie
infectieux. L'examen du pus donne des méningocoques.
Observation VIII. — Fille de trois ans et demi. — Angine suspecte,
— Convulsions. — Méningite à marche traînante et presque apyrétique.
— Nappe de pus à la surface du cerveau.
Le 16 mars 1896, entre dans mon service, à l'hôpital Trousseau, D.„
Marcelle, âgée de trois ans et demi.
Antécédents héréditaires. — Parents bien portants, un frère de quatre
ans sourd -muet, mais sans autre maladie ; un autre de sept mois en
bonne santé.
Antécédents personnels, — Née à terme, élevée au sein jusqu'à dix-
huit mois, l'enfant a mis sa première dent à dix mois. Toujours bien
portante. Il y a trois semaines, légère éruption de rougeole. Depuis ce
moment, elle n'a cessé de souffrir de la tête ; cris perçants depuis dix
jours, délire, fièvre, toux. Il y a six jours, l'enfant aurait eu mal à la
gorge, et son médecin, le D' StrafforeUi, lui aurait fait une injection de
sérum de Roux. Puis elle a été prise de convulsions le 12 mars ; on a
prescrit des bains, des bottes d'ouate sinapisée, etc. Le 15 mars, nou-
velles convulsions. Constipation, vomissements.
État actuel, — Décubitus en chien de fusil, opisthotonos; la tête en
extension forcée touche presque le dos. Mydriase, amblyopie, hyper-
excitabilité. L'enfant avale avec difficulté. Petits lavements de chloral
(Os'.SO).
Le 21 mars, l'opisthotonos est moins accusé; la température, qui était
à 38<> et 380,5 les premiers jours, est tombée à 37o les 19, 20 et 21 mars.
Elle se relèvera parfois à 38^ et au-dessus. Mais presque toujours elle
restera inférieure à 38° et même à 37®,5. Donc forme presque apyrétique
de méningite.
Le 24, raideur persistante ; éruption morbilliforme généralisée, sans
fièvre, attribuable au chloral.
Le 25, cet érythème a disparu. Grande convulsion, cris incessants.
On reprend le choral.
Le 1^ avril, même état, raideur de la nuque, mydriase. Le 6, amélio-
ration, l'enfant joue avec sa poupée; mais la tête est toujours portée en
arrière. Amaigrissement, cris.
Le 7, l'enfant voit mal les objets qu'on lui présente, sa main par-
vient difficilement à les saisir (amblyopie). Ulcération cutanée produite
par la pression de la tête en arrière. Mort le 20 avril.
Autopsie. — Pas de tuberculose, pas de ganglions caséeux. Hydro-
pisie ventriculaire considérable. Plaques de méningite suppurée à la
convexité, le long de la scissure interhémisphériciue et à la base. Pus à
diplocoques. On ne pouvait songer à cette époque à différencier le ménin-
gocoque du pneumocoque ; mais, d'après la marche de la maladie, il
semble bien qu'il s'agissait de cette posterior basic meningitis qu'on a
reconnue depuis appartenir à la méningococcie.
Observation IX. — Garçon de seize mois. — Bronchopneumonie
pseudo-lobaire. — Méningite terminale, — Mort — Pneumococcie probable.
484 J. COMBY
Le 9 avril 1901, entre à l'hôpital des Enfants-Malades P... Eugène,
âgé de seize mois, pour une affection grave du poumon.
Antécédents héréditaires. — Père fort et bien portant. Mère, âgée
de dix-neuf ans, bien portante. Un autre enfant sain.
Antécédents personnels. — Né à terme, nourri au sein par sa mère jusqu'à
dix mois, l'en faut a reçu ensuite une alimentation variée. Première dent
à neuf mois. Ne marche pas encore. Faible et délicat depuis Tâge de
neuf mois. Varicelle à dix mois. Il y a huit jours, le 3 avril, il est pris
d'un coryza avec fièvre, diarrhée, dyspnée. Puis la situation s'est aggravée.
État actuel. — Enfant pâle, amaigri ; dyspnée notable. En arrière et
à gauche, matité, souffle tubaire; à droite, quelques sibilances. Otite
double. Pouls 130, respirations 40, température 39°. La fièvre présente
pendant plusieurs jours des oscillations entre 38 et 39<*.
Le 15 avril, on constate encore du souffle et des râles crépitants nom-
breux à la partie postérieure du poumon gauche.
L'écoulement des oreilles est très diminué. Le 17, la température, qui
est à 38^2 le matin, monte le soir à 40o,7. Le 18, elle retombe à 38^8.
39^4 ; mais l'enfant est pris de convulsions avec prédominance du côté
droit. Il meurt dans la nuit.
Autopsie. — On trouve à la convexité des hémisphères cérébraux
une nappe de pus, sans trace de tuberculose. En même temps, thrombose
des sinus de la dure-mère. Rien à la base.
Foie gros et gras, rate peu augmentée, reins pâles. Petites végétations
sur la valvule mitrale. Adhérences pleurales à gauche; hépatisation du
lobe inférieur, grains jaunes, abcès du volume d'une noisette, pus à la
coupe ; bronchopneumonie pseudo-lobaire.
Donc méningite suppurée foudroyante au cours d'une bronchopneu-
monie vraisemblablement à pneumocoques.
Observation X. — FUle de quatre mois et demi. — Mauvaise alimen-
tation, entérite. — Méningite suppurée à marche rapide. — Mort
Le 9 avril 1896, entre à l'hôpital Trousseau, dans mon service, une
fillette de quatre mois atteinte d'entérite (L... Louise).
Antécédents héréditaires. — Père bien portant ; mère bien portante,
pas d'autres enfants.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a été nourrie au biberon
à la campagne. Elle avait de la diarrhée verte, et, pour cette raison, la
mère est allée la chercher il y a huit jours pour la ramener à Paris.
État actuel. — Il y a peu de fièvre (37o,6, 37«,8, 38«,3, 38°) les pre-
miers jours. Mais l'enfant vomit et a de la diarrhée. De plus, nous con-
statons de la raideur de la nuque, des raies vaso-motrices. Elle avale
difficilement ; sa diarrhée est abondante.
Le 12 avril au soir, la température monte à 39<> pour retomber le lende-
main au-dessous de 38^. Puis le thermomètre monte en quarante-huit
heures jusqu'à 40o,7.
L'enfant succombe dans la nuit du 15 au 16 avril.
Autopsie. — Après enlèvement de la calotte crânienne, on ne trouve
pas de liquide céphalo-rachidien en excès; les ventricules ne sont pas
dilatés, il n'y a pas d'hydrocéphalie aigu6 comme dans la méningite
tuberculeuse. Pas de granulations visibles à l'œil nu. Mais on aperçoit
une nappe de pus épais et jaune sur la protubérance, le bulbe et le chiasma;
il y a aussi une couche de pus sur le lobe temporal. Pus dans les ventri-
cules ; plexus choroïdes épaissis et enflammés, épendymite. Craniotabes.
Rien dans les viscères thoraciques ou abdominaux.
OBSERVATIONS DE MÉNINGITES BACTÉRIENNES 485
Observation XL — FiUe de deux ans et demi. — Méningite cérébro-
spinale. — Polynucléaires et méningocoques dans le liquide céphalo-rachi-
dien. — Emportée par la famille.
Af ... Germaine entre, à l'âge de deux ans et demi, dans mon service
de Fhôpital des Enfants-Malades, le 31 octobre 1905, pour de la toux,
de la fièvre, des vomissements.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente-deux ans, bien portant,
non buveur. Mère, âgée de vingt-huit ans, bien portante ; un frère de
quatre ans et demi bien portant ; pas de fausses couches.
Antécédents personnels. — Née à terme, après une grossesse et un
accouchement normaux, Tenfant a été soumise à l'allaitement mixte
(sein et lait bouilli). Première dent à dix mois, marche à treize mois. Pas
de maladie jusqu'à ces dernières semaines.
Maladie actuelle. — Début il y a un mois et demi par des vomisse-
ments alimentaires quotidiens. Douleurs de tête, constipation, pas d'in-
somnie. Depuis cinq jours, fièvre modérée (38<* le soir). En même temps,
toux, abattement ; les vomissements continuent. Ce phénomène attire
d'autant plus l'attention que, dans le passé de l'enfant, on ne relève pas
de troubles digestifs.
Au moment de l'entrée à l'hôpital, nous trouvons une fillette maigre,
petite, ne pesant que 8 600 grammes, pâle, se plaignant beaucoup de
la tête. Elle est courbée en chien de fusil et présente de la raideur de la
nuque. Ichtyose généralisée. Auscultation des poumons négative,
pouls rapide, langue saburrale, ventre sensible à la palpation, raie vaso-
motrice (tache cérébrale). Fièvre peu marquée le premier jour (37^6)»
s'élève ensuite à 39° et redescend à 37^,8 le 3 novembre, quand les
parents ont voulu emporter la malade chez eux.
Nous prescrivons des bains à 38<> matin et soir.
Le 2 novembre, abattement plus marqué; raideur de la nuque, tache
cérébrale, pouls 120, une selle, pas de vomissements.
Le 3, état comateux, raie méningitique très accusée, état de contracture
générale. Pouls très petit, à 120 ; deux selles liquides pendant la nuit,
mydriase sans inégalité pupillaire ; pas de strabisme.
Ponction lombaire : liquide louche, laiteux, sans hypertension, conte-
nant des polynucléaires en abondance et des méningocoques (examen
fait par M. Ghartier, interne du service).
REVUE GÉNÉRALE
SÉROTHÉRAPIE DE LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE.
Le D' N.-J. Lawrow, médecin en chef du corps des cadets de Jaros-
lav (Russie), vient d'appliquer, avec un plein succès, le sérum anti-
méningococcique des professeurs W. Kolle et A. Wassermann dans
un cas grave de méningite cérébro-spinale épidémique.
Les auteurs de ce sérum, préparé à l'Institut impérial de Berlin,
ont fait une communication à son sujet dans la DeuL med. Woch.,
n9 16, 1906. A la suite de cette communication, le EK Lawrow s'est
trouvé aux prises avec une méningite cérébro-spinale chez un cadet
de treize ans. Début brusque par vomissements et mal de tête
violent, cris jour et nuit. Augmentation de volume de la rate,
herpès facial le sixième jour, raideur de la nuque, signe de Kemig,
douleurs lombaires et dorsales.
L'examen des mucosités de la gorge montre une grande quantité
de diplocoques intracellulaires (méningocoques). Le diagnostic
de méningite cérébro-spinale épidémique est assuré.
La maladie, qui avait débuté le 8 septembre 1906, fit de rapides
progrès. Comme traitement, on donna d'abord un purgatif, puis on
fit prendre pendant toute la durée de la maladie deux bains par
jour à 36<>. Après chaque bain, on faisait une friction de la colonne
vertébrale avec la pommade à l'argent colloïdal de Crédé. On pres-
crivit aussi la phénacétine, le salicylate de soude, la quinine. Du
20 au 30 septembre, on fit deux injections de sérum antidiphté-
rique de Behring (3 000 et 3 500 unités), à l'exemple de quelques
médecins américains. Du 4 au 7 octobre, l'enfant prit de l'iodure de
potassium, et du 9 au 13 le seigle ergoté. Tout cela fut inefficace,
sauf les bains, à la suite desquels le malade accusait du soulagement.
Mais, dès le 1®^ octobre, il commençait à se plaindre des bains. On a
donné un peu de vin et de caféine associée au salicylate de soude.
A partir du 6 octobre, le malade est sans connaissance. A cette
époque, la température ne dépasse pas le matin 36^ ou 37o; mais
le soir elle atteint 40<>. Sueurs abondantes le matin, pupilles très
SÉROTHÉRAPIE DE LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE 487
dilatées, hyperesthésie cutanée, reprise des vomissements et des
éruptions. L'enfant consent parfois à prendre du lait. Le 12 octobre,
coma, avec mydriase, incontinence d'urine. Le malade ne peut plus
prendre de lait. Pouls 104, arythmique, vomissements. Le 13 octobre,
trente-sixième jour de la maladie, grâce à l'amabilité des D^' Kolle
et Wassermann, prévenus par dépêche, on reçut de Berlin quatre
flacons de sérum antiméningococcique.
Le malade était sans connaissance, couché sur le côté droit, les
cuisses fléchies sur le tronc. Pupilles dilatées. Il urine au lit, ne
prend pas de lait et fait entendre des cris prolongés toutes les cinq
à dix minutes. Vomissements. Pouls entre 108 et 112, très faible et
arythmique. L'état était si grave, l'impression si mauvaise, que
M. Lawrow hésitait à faire une injection. Cependant, comme il n'y
avait pas de risque à courir dans une situation aussi désespérée, il
fit, à cinq heures du soir, une injection de 10 centimètres cubes de
sérum.
La température à ce moment commença à augmenter, comme
d'habitude, pour atteindre 37^,6. Dans le cours de la maladie, le
maximum thermique était atteint entre huit et dix heures du soir.
Pouls à 100, très faible, très arythmique, avec pauses notables
A onze heures, coma profond, le malade continue à uriner dans son
lit ; pupilles très dilatées, respiration de Cheyne-Stokes avec pauses
très longues. Décubitus sur le côté droit, les cuisses fléchies. Pouls
à 80, avec les mêmes caractères de faiblesse et d'arythmie. Pen-
dant qu'on compte les pulsations, le malade retire la main en
gémissant.
La situation reste sans changement jusqu'à trois heures du matin,
où le malade demanda à boire. Ensuite il s'endormit d'un profond
sommeil jusqu'à huit heures.
Le 14 octobre, à huit heures du matin, la température est à 36^,3.
Le malade a presque recouvré sa connaissance. Pouls à 100, presque
bon, sans pauses. Il reste couché sur le dos, les jambes allongées,
ne se plaignant plus.
A neuf heures, on lui injecte encore 10 centimètres cubes de
sérum. A partir de ce moment, commence la guérison. Cependant,
le 23 octobre, M. Lawrow fit encore une troisième injection pour
plus de sécurité.
L'action du sérum se manifesta avant tout par la chute pleine et
entière de la température, par l'amélioration de l'état général. Les
autres symptômes de la maladie disparurent peu à peu. La raideur
de la nuque disparut le septième jour après l'injection de sérum;
le signe de Kernig persista jusqu'au onzième jour.
Le deuxième jour après l'injection, l'enfant avait repris complè-
tement connaissance ; il commença à plaisanter et à rire, ne se sou-
venant pas du tout de la maladie dont il avait souffert.
488 REVUE GÉNÉRALE
Aucun accident sérothérapique à déplorer. Appétit excellent.
Le cinquante-cinquième jour, Tenfant sortait de l'hôpital entiè-
rement guéri. Il est actuellement dans un état florissant tant au
point de vue physique qu'au point de vue psychique.
D'après ce cas, si remarquable, M. le D' Lawrow croit devoir
recommander chaudement le sérum antiméningococcique dans le
traitement de la méningite cérébro-spinale.
Mais ce n'est là qu'un cas, et quelque intéressant qu'il soit, on ne
peut en tirer des conclusions applicables à la généralité des cas.
En effet la méningite cérébro-spinale est extrêmement variable
dans ses modalités cliniques, dans son évolution, dans son pronostic.
Cette évolution, ce pronostic échappent trop souvent à nos moyens
d'action, et nous ne savons jamais comment finira une méningite
cérébro-spinale. Tel malade, que nous avons traité avec énergie,
succombera malgré les efforts déployés pour le sauver ; tel autn-,
que nous n'aurons voulu que soulager par un traitement palliatif,
guérira rapidement. Celui-ci, après une invasion brutale et des
symptômes effrayants, tourne court et guérit rapidement. Celui-là,
après des séries de rémissions et de recrudescences, traîne pendant
des semaines et des mois une existence lamentable, qui se terminera
par la mort ou par quelque séquelle déplorable.
Le 19 janvier 1907, entre dans mon service un garçon de sept
ans, au quatrième jour d'une méningite cérébro-spinale. Il a été
pris brusquement d'un violent mal de tête, de vomissements répé-
tés, avec constipation, et il se présente à nous la tête renversée en
arrière (opisthotonos), gémissant, poussant des cris. Son état est
jugé très grave. On prescrit des bains chauds, de la glace sur la tête.
La température présente des oscillations entre 39 et 37°.
Le 21 janvier (sixième jour de la maladie), première ponction
lombaire qui donne un liquide laiteux riche en polynucléaires et en
méningocoques (15 centimètres cubes environ). A ce moment,
l'enfant a de l'herpès labial. Le 23, deuxième ponction lombaire, on
retire 20 centimètres cubes environ de liquide laiteux analogue au
précédent. La fièvre est tombée ce matin même avant la ponction,
et désormais elle ne dépassera pas 37^,5. Le 26 janvier, troisième
et dernière ponction lombaire donnant un liquide clair. L'enfant
est guéri, et on peut dire que cette guérison a été facile.
Peu de temps après, nous recevions une fillette de deux ans et demi
(30 avril 1907), au cinquième jour d'une méningite cérébro-spinale,
avec forte rétraction de la tête en arrière, cris, etc. Température
à grandes oscillations (entre 40 et 38^). Première ponction lom-
baire le 1^ mai. On retire 20 à 25 centimètres cubes d'un liquide
aiteux à polynucléaires et méningocoques. On donne des bains
chauds et on alimente l'enfant. Nouvelles ponctions lombaires en
série les 3, 6, 10, 13, 27, 20, 22 mai (soit 8 ponctions ayant permis
SÉROTHÉRAPIE DE LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE 489
de retirer en tout 160 grammes de liquide céphalo-rachidien). Ce
liquide est resté constamment laiteux, avec polynucléaires et
méningocoques.
Lors des deux dernières ponctions, nous avons injecté 5 centi-
mètres cubes d'une solution de coUargol électrique (électrargol).
Tout cela en vain. L'enfant a succombé le 23 mai (près d'un mois
après le début de sa maladie).
A l'autopsie, nous avons trouvé une méningite basilaire suppurée
postérieure, avec du pus crémeux, de la thrombose des sinus avec
hémorragie cérébrale, hémorragie à la surface de la moelle, sans
suppuration dans le canal rachidien.
Dans un autre cas (enfant de six mois nourri par sa mère), la
méningite cérébro-spinale a duré pendant plus de six semaines,
sans fièvre. L'enfant a succombé après une série de ponctions lom-
baires, quoiqu'il tétât bien et parût dévoir guérir. Le seul sym-
ptôme présenté par ce nourrisson était l'opisthotonos. C'est au point
que j'avais pensé au tétanos, la première fois que je vis l'enfant,
les accidents s'étant déclarés après la vaccination. Mais la ponction
lombaire, faite immédiatement, montre un liquide laiteux, riche en
polynucléaires et en méningocoques.
Tous ces faits montrent toutes les difficultés du traitement de la
méningite cérébro-spinale; on ne peut que souhaiter l'avènement
d'un sérum curateur, et c'est dans cet espoir que nous avons insisté
sur l'intéressante observation du D^" Lawrow.
On lira plus loin l'analyse du cas du D^ Mackenzie, terminé aussi
par la guérison à la suite de ponctions lombaires répétées et des
injections d'un sérum anti-méningococcique préparé à Londres par
Léonard Dudgeon.
Comme on le verra plus loin, aux analyses, on a voulu aussi
traiter la méningite tuberculeuse par des injections sous-cutanées
de sérum spécifique. La tuberculine T. R. injectée à doses fortes a
échoué entre les mains de M. Alexander Don.
J'ai traité tout récemment trois cas de méningite tuberculeuse
de mon service, un peu tardivement il est vrai, par des injections
de sérum d'ftne immunisé (sérum de M. Lannelongue) ; ce sérum
antituberculeux, très bien toléré d'ailleurs, n'a pas pu empêcher la
mort, bien qu'il ait semblé la retarder dans un cas.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
A case of cerebro-spinal meningitis or spoUed lever treated by
Inmbar pnnctare and vaccine injections, with recovery (Méningite
cérébro-spinale traitée par la ponction lombaire et les injections
vaccinantes, avec guérison), par le D' H. Mackbnzib {The BriL med.
Journ., 15 juin 1907).
Le vaccin employé est dû à M. Léonard Dudgeon ; il était obtenu
à l'aide de cultures du liquide céphalo-racbidien.
Fille de six ans, reçue à Saint-Thomas^ s Hospital. Bien portante jus-
qu'alors, sauf une rougeole à deux ans.
Le 24 janvier 1907, l'enfant semblait très bien, quoique ayant eu la
veille un frisson et une douleur à l'épaule gauche. EÙe déjeuna et partit
pour l'école ; à onze heures, elle eut mal à la tête et s'en revint à la mai-
son. La céphalée frontale persista, et, l'après-midi, elle vomit deux fois.
Entre sept et huit heures du soir, inconscience, tremblement des doigts,
délire. Le 26 janvier, on l'apporte à l'hôpital. Ëtat comateux, cyanose,
dyspnée, pouls très faible. Raideur de la nuque et tête en arrière, signe
de Kernig, réflexes exagérés, signe de Babinski. Éruption pétéchiale
et ecchymoses. Photophobie. Ventre rétracté. Langue sèche et sabur-
rale. Fièvre modérée, pouls 144, respirations 32.
La ponction lombaire donne 18 centimètres cubes de liquide trouble
contenant des polynucléaires et des méningocoques. Agitation calmée
par le chloral (30 centigrammes). Température, 39<*. Le 27, nouvelles
pétéchies. Nouvelle ponction lombaire sans résultat. Amélioration.
Pas de nouvelles pétéchies, herpès labial le 28 janvier. Pouls, 126:
température, 39<>. Le méningocoque est découvert dans les mucosités
nasales. Le 29, la température tombe à 37<>. Nouvelle ponction lombaire
(15 centimètres cubes de liquide plus clair contenant des méningocoques
intracellulaires et des polynucléaires). Ce jour -là, on injecte le vaccin
antiméningococcique ; vive hyperémie avec œdème autour de la piqûre.
Du 30 janvier au 9 février, la température varie entre 38® et 40®. Le
5 février, glace sur la tête. On donne du chloral à plusieurs reprises, du
calomel deux fois et du mercure à la craie plusieurs fois. Ponctions lom-
baires le 31 janvier, le 5 et le 8 février. Le 7 février, nouvelle injection
de vaccine.
A partir du 9 février, chute de la fièvre en lysis, qui, jusqu'au 16 et
17 février, varie entre 36 et 37<>. Grande amélioration. Deux autres
ponctions lombaires. Le 14, injection de vaccine méningococcique.
Du 17 février au 6 mars, la fièvre se rallume parfois ; on fait trois ponc-
tions lombaires. Nouvelle injection de vaccine le 26 février. Le 2 mars,
on donne 90 centigrammes d'aspirine. Le 8, on fait une injection de
vaccine et, le 23, une dernière injection. L'enfant se leva le 29 mars et
quitta l'hôpital guérie à la fin d'avril.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 491
Ce cas fut très grave, très inquiétant et présenta deux rechutes. Après
chaque ponction lombaire, il y eut du soulagement. On laissait couler
le liquide sans aspiration. En neuf ponctions, on retira environ 255 centi-
mètres cubes. Deux fois, la ponction resta blanche. Au début, le liquide
était très trouble, puis il devint clair, se troubla de nouveau à la qua-
trième ponction, puis resta opalescent ou clair.
L'auteur pense que les ponctions ont été très utiles ; quant à l'efficacité
du sérum antiméningococcique, elle ne saurait être établie sur un cas
unique.
Case ol tuberculoses meningitis in a boy treated with tabercnlin,
recovery, récurrence and deatb (Cas de méningite tuberculeuse chez un
garçon traité par la tuberculine, guérison, rechute et mort), par le
D^ Albxander Don (The BriU med. Journ,, 8 juin 1907).
Garçon de huit ans trois quarts. Pas de tuberculose dans la famille.
Traité pour une angine diphtérique, il y a peu de temps. Une semaine après
l'injection, il se plaignit et prit le lit. Grande faiblesse, pouls à 120, pas
de fièvre. Bientôt douleurs de tête et vomissements répétés, fièvre,
pouls fréquent, photophobie, rétraction du ventre. Aggravation rapide.
On constate une parésie assez accusée du côté gauche, vers le 20 jan-
vier. Pouls lent, 48, faible et irrégulier, hypothermie, céphalalgie paroxys-
tique.
Le 11 janvier, le bras gauche est complètement paralysé. On essaie
la tuberculine en injection sous -cutanée (1 milligramme de tuberculine
T. R. de Meisters et Lucius).
Le 22, céphalée violente la nuit; pouls, 58 ; température, 36<>,5. Le 28,
amélioration depuis quelques jours. Puis retour des mêmes malaises.
Le 5 février, injection de T. R. A partir du 12 février, amélioration
notable.
Les doses de tuberculine ont été trop fortes, et l'enfant a été aggravé
après chacune. Après une longue rémission, le 15 mars, le mal de tête
a repris, puis les vomissements, etc.
I^e 2 avril, nouvelle injection de 1 milligramme de tuberculine. Puis,
après des alternatives de mieux et de pire, l'enfant perd connaissance
et meurt le 19 avril.
Cases of lulminating cerebro-spinal fever (Cas de fièvre cérébro-
spinale foudroyante), par le D' H. -M. Milligan (The Briu med, Journ.,
29 juin 1907).
Dans une épidémie récente de méningite cérébro-spinale, observée
à Belfast, on a pu distinguer des formes très variées : ordinaire, légère,
abortive, chronique, intermittente, typhoïde, à rechute, foudroyante,
purpurique.
1. Fille de six ans, reçue le 24 avril 1907 à quatre heures après-midi;
eUe est malade seulement depuis six heures ce matin ; vomissements,
agitation, perte de connaissance.
On trouve une enfant abattue, couverte de^pétéchi es; pouls, 140; tem-
pérature, 38<',5 ; conjonctivite suppurée ; raideur légère de la nuque,
signe de Kernig, extrémités cyanosées. A six heures, spasmes des membres
et de la face; convulsions limitées à droite, type de Cheyne-Stokes,
cynose, mort à huit heures dix. Pas d'albumine. Durée de la maladie :
quatorze heures.
A l'autopsie, distension des veines cérébrales, pus sur la protubé-
rance, sur les pédoncules, le long des vaisseaux, sur le bulbe ; liquide
492 ANALYSES
louche dans le canal rachidien. Ecchymoses sur le cœur, sur le péri-
toine, etc. On a isolé dans ce cas le Diplococcus intracellularis menin-
gitidis,
2. Garçon de sept ans, reçu le 11 mai 1907 h six heures de l'après-
midi. Au moment du breakfast, il est tombé sans force et sans connais-
sance. Puis convulsions épilepti formes. Pouls, 164; température, 39^
Face pâle, extrémités cyanosées, agitation, pas de raideur de la nuque
ni des membres. Conjonctive palpébrale injectée ; taches de purpura sur
le tronc et les membres. Respiration irrégulière (type de Cheyne-Stokes).
A neuf heures vingt, nouvelle convulsion ; mort k dix heures vingt, après
quatorze ou quinze heures de maladie.
Autopsie, — Thymus un peu gros, avec quelques pét^chies; cœur
semé de taches purpuriques ; saillie et gonflement des plaques de Peyer
et des follicules clos. Congestion du foie, de la rate, des reins. Le liquide
céphalo-rachidien est trouble, mais il n'y a pas de pus collecté à la sur-
face du cerveau.
Le méningocoque a été isolé dans ce cas par le professeur Symmers.
3. Garçon de quatre mois, reçu le 4 février 1907 à onze heures quinze
du soir ; il est malade depuis trois heures du matin : agitation et cris
incessants. L'après-midi, taches purpuriques au front, à la face, sur le
tronc et les membres. Raideur de la nuque, pas de signe de Kemig.
Ecchymoses de la conjonctive. Mort deux heures après l'admission,
vingt-deux heures après le début. La ponction lombaire a permis de
déceler le méningocoque.
Note on two fatal cases of acute meningococcal cérébro-spinal
meningitis in young children, with pathological report on one
of them (Note sur deux cas mortels de méningite aiguë cérébro-spinale
à méningocoques chez de jeunes enfants, avec autopsie chez l'un d'eux),
par les D" John Thomson et Stuart M« Donald (The Scottish Mei- and,
Surg. Journal, mars 1907).
Les cas de méningite non tuberculeuse habituellement rencontrés à
l'hôpital d'Enfants d'Edimbourg peuvent être classés en trois groupes :
1^ Pyémie (streptocoques ou staphylocoques, parfois colibacille ou
autre pyogène) ;
2^ Méningite aiguë pneumoccocique primitive ou secondaire à une pleu-
résie, à une pneumonie ;
30 Plus fréquemment, méningite basique postérieure chronique ou
subaiguë (durée de trois semaines à trois mois), par diplocoque spécial ou
plutôt par méningocoque de Weichselbaum.
Mais, dans les derniers mois, on s'est trouvé aux prises avec un quatrième
groupe : méningite cérébro-spinale aiguë, avec méningocoques dans le
liquide céphalo-rachidien.
L Garçon de trois ans et demi, admis le 6 octobre 1906 pour des vomis-
sements, de la fièvre, de la dyspnée datant de deux jours. Cet enfant,
le huitième d'une famille de 10, avait toujours été bien portant, à part le
rachitisme.
Le 4 octobre, malaise soudain ; on le met au lit. Vomi^menis répétés,
agitation, insomnie, fièvre. Le lendemain, mal de tête, stupeur. Le 6 oc-
tobre, coUapsus, perte de connaissance. Pas d'herpès ni taches purpuriques.
Pouls, 152 ; respirations, 52; température 39^. Raideur de la nuque et du
dos, sans opisthotonos. Absence des réflexes patellaires. Signe de Kernig.
Tache cérébrale très marquée.
Ponction lombaire, liquide trouble en hypertension, polynucléaires,
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 493
diplocoques, soit en dehors, soit en dedans des leucocytes, décolorés par
le Qram. Mort le soir même. Pas d'autopsie.
IL Fille de deux ans deux mois, envoyée à l'hôpital le 22 janvier 1907 ;
malade depuis deux jours et demi, elle a eu de la fièvre, une respiration
pénible, une légère toux, un vomissement violent et une attaque convul-
sive. La malade est le sixième enfant d'une famille de sept, tous bien
portants, sauf un mort de pneumonie dans la première enfance.
Le 20 janvier, après dîner, malaise; on la met au lit Elle dormit
deux heures et se mit à vomir. Dans la nuit, agitation. Le lendemain
matin, retour des vomissements, puis convulsion. Le 22, raideur de la
nuque, tête en arrière. Cyanose des extrémités. Pas d'éruption. Pouls, 140 ;
respiration, 32; pas de fièvre. Ganglions angulo-maxillaires engorgés.
Langue rôtie, catarrhe bucco-pharyngien. Opisthotonos. Pas de signe de
Kernig.
Le 23, ponction lombaire; on retire 3 centimètres cubes de liquide jaune
trouble. Hypothermie. Après la ponction, l'enfant est plus calme, et la
rétraction de la tête disparaît Accès de dyspnée. Aggravation, retour de
la rigidité, pouls à 160-180; respiration entre 50 et 60. Une nouvelle
ponction donne 10 centimètres cubes de liquide purulent Nausées et
vomissements. A l'examen du liquide céphalo-rachidien, nombreux
polynucléaires et diplocoques ressemblant aux méningocoques, dont
plusieurs intracellulaires. Le sang contient 82 p. 100 d'hémoglobine.
5 450 000 hématies, 19 000 leucocytes. Mort subite dans la soirée du
23 janvier.
A Tautopsie, leptoméningite suppurée, à la surface du cerveau et de la
moelle. Nombreux méningocoques.
Cerebro-spinal meningitis (Méningite cérébro-spinale), par les D'* Wil-
liam Eldbr et Nena Ievers {The Scottishj etc., mars 1907).
Les auteurs ont soigné 5 cas au Leith Hospital, dont 4 enfants ; voici
le résumé de ces 4 cas.
I. Fille de cinq ans, reçue le 30 novembre 1906. La veille, épigastralgie,
plusieurs vomissements dans la journée, rapidement coUapsus et cyanose.
Quand elle entre à l'hôpital, elle est sans connaissance, poussant des cris
quand on la remue. Lèvres cyanosées, face pâle, pouls faible et rapide.
Elle se ranima un peu après un bain chaud, puis vomit. On lui donna un
peu de lait chaud et de brandy, et on lui fit une injection de 250 grammes
de sérum artificiel par le rectum. Lavement alimentaire toutes les quatre
heures. Du 1^ au 4 décembre, les symptômes s'aggravent, la tête se
rétracte davantage et l'agitation augmente. Cris, grincements de dents,
hyperthermie, pouls à 180, très faible.
Ponction lombaire le 4, hypertension, liquide trouble ; leucocytose avec
diplocoques entourés de capsules claires, quelques-uns intracellulaires.
AméUoration jusqu'au 6 décembre ; le 7, l'enfant ne peut avaler à cause de
la rétraction de la tête. A onze heures du matin, on injecte un tube de
sérum antipneumococcique de De Rienzi ; à deux heures de l'après-
midi, chute de température, sommeil Pendant la nuit, la fièvre se rallume.
Le 8, parotidite suppurée.
Le 11, nouvelle ponction lombaire, liquide sanglant, diplocoques.
Le 12, deuxième injection de sérum de Rienzi; amélioration, chute de la
fièvre, reprise ensuite. Leucocytose (32 000). Incision de la parotide le 14.
Le 26, nouvelle ponction lombaire, liquide clair, pas de microbes.
En janvier, appétit régulier. L'enfant ne répond pas aux questions, elle
paraît sourde, quoique éveillée et intelligente.
494 ANALYSES
Le 16, nouvelle ponction lombaire, liquide clair, 8an« microbes. Surdité
persistante.
II. Garçon de deux ans, reçu le 11 janvier, toussant depuis quatre jouis,
sans connaissance depuis deux jours. Vomissements incoercibles le
troisième jour. Le 12 janvier, ponction lombaire; on retire 15 centimètres
cubes de liquide trouble ; dans le culot, polynucléaires en abondance,
diplocoques encapsulés, ne prenant pas le Qram.
Le 13, taches purpuriques sur le ventre, le dos, le cou. Température
normale jusqu'au 15; à ce moment, elle dépasse 390; pouls 140, respiratioD
autour de 32. Chloral (15 centigrammes toutes les quatre heures). Leuco-
cytose (27 000). Le 14, ponction lombaire : 15 centimètres cubes de liquide
trouble contenant des diplocoques intracellulaires.
Le 15, la température avoisinant 40<>, on injecte le sérum de Rienzi;
défervescence, bonne nuit, rétraction de la tête moindre. Le 20, nouvelle
injection de sérum. Amélioration. Après quinze jours, rechute, mort
Leptoméningite suppurée.
III. Fille de neuf ans, reçue le 11 janvier, début brusque par malaise,
fièvre, douleur de tête ; douze heures après, perte de connaissance, agita-
tion qui la Ût tomber de son lit. Symptômes habituels de la méningite.
Signe de Kernig. Éruption purpurique, surtout au cou. L'agitation oblige
de faire la ponction lombaire sous le chloroforme. Hypertension, 15 centi-
mètres cubes de liquide trouble, polynucléaires, diplocoques intracellu-
laires ne prenant pas le Qram. Mort le 15 janvier. Autopsie par le D'Gomrie;
pus le long des vaisseaux, dure- mère épaissie, pus à la surface du cer-
velet et dans les sillons du cerveau, pus le long de la moelle; dans ce pus,
on a trouvé le diplocoque intracellulaire.
IV. Garçon de deux ans et demi, apporté à l'hôpital le 2 février. La nuit
précédente, vomissement, douleur de tête, puis perte de connaissance.
Crise convulsive, le matin. Toux parfois, cyanose des lèvres, froid aux
mains, pouls faible, rapide et irrégulier, quelques taches purpuriques au
cou et au ventre. Ponction lombaire, 18 centimètres cubes de liquide
trouble. Dans l'après-midi, respiration mauvaise, rythme de Gheyne-
Stokes, mort cinq heures après l'admission, vingt-huit heures après le
début des symptômes. L'examen bactériologique a montré des diplocoques
intracellulaires. A l'autopsie, leptoméningite ; pus à la surface du cerveau
et de la moelle. Pus dans les petites bronches avec diplocoques prenant
le Qram.
Hypertrophie congénitale, par MM. Gruchet et Ricuavd {La Proçinee
médicale, 2 mars 1907).
Sur 165 observations de la thèse de Cusson (Paris, 1905), il y a 26 cas
d'hémi -hypertrophie totale, 16 cas d'hypertrophie symétrique, ou alterne,
ou de la moitié supérieure du corps, 31 cas d'hypertrophie d'une extré-
mité seule, 76 cas d'hypertrophie d'un segment de membre, 16 cas d'hémi-
hypertrophie de la face seule.
Une fille de quinze mois, de mère goitreuse, ayant eu une grossesse
traversée par des chagrins, présente une hypertrophie du membre inférieur
gauche. Depuis la naissance, l'hypertrophie aurait gagné le thorax et
l'abdomen. Sur le ventre, l'hypertrophie occupe le côté droit, elle est
alterne. Au moment du sevrage, l'hypertrophie semble augmenter, et la
jambe devient rouge, chaude et comme phlegmoneuse. Pansements
humides, guérison. Le membre reste douloureux. Taille normale. Consis-
tance mollasse des parties hypertrophiées ; bourrelet énorme au niveau
de l'articulation tibio-tarsienne. Plus grande longueur du membre hyper-
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 41i5
trophié. Hyperhydrose à ce niveau avec hyperthermie très marquée. Pas
d'hyperthricose. Nœvi sur le trajet du nerf sciatique ; quelques petits
lipomes pisiformes. L'hypertrophie abdominale et thoracique semble
n'intéresser que la peau. Sensibilité exagérée dans les régions hyper,
trophiées. Hypertrophie plus marquée à la cuisse qu'à la jambe (pantalon
de zouave). Os et articulations peu modifiés. On peut discuter le diagnostic
d'éléphantiasis.
Whooping cough, its treatment by an improved abdominal belt
(Coqueluche, son traitement par une ceinture abdominale perfec-
tionnée), par le D' Thbron Wendell Kilmer {Arch, of Ped,,
février 1907).
Il y a trois ans que l'auteur a préconisé une ceinture élastique abdo-
minale pour le traitement de la coqueluche, qui aurait été améliorée ainsi
dans 95 p. 100 des cas. Spécialement ce moyen empêche les vomissements.
La ceinture élastique (soie ou fil) est lacée par derrière ; elle peut donc
être serrée à volonté. Pour les nourrissons, la largeur est de 10 à 12 cen-
timètres ; elle est de 15 à 20 centimètres pour les enfants plus grands.
La longueur doit être de 7 centimètres et demi, moindre que la circonfé-
rence de l'abdomen au niveau de l'ombilic. Le degré de constriction
varie suivant les cas : d'ordinaire un léger degré est suffisant pour produire
une atténuation de la toux et un arrêt du vomissement. Si, après avoir
appliqué la ceinture, les symptômes ne diminuent pas, on la serre légère-
ment.
Un sentiment de bien-être est éprouvé par les enfants assez grands
pour s'exprimer. La fabrication de la ceinture est d'ailleurs très facile
après avoir pris la mesure de la circonférence de l'abdomen.
Acnte alcoholism in children, with report of two cases (Alcoolisme
aigu chez les enfants, avec relation de deux cas), par le D' S.-W. Moorheao
{Arch, of Ped,, février 1907).
Deux frères de cinq et sept ans sont apportés, dans la nuit du samedi
22 septembre 1906, à VUniversity Hospital de Philadelphie (service du
D' J.-P. Crozer Griffith). Ils ont été trouvés sans connaissance dans une
chambre avec un ivrogne. Légère cyanose, hypothermie (35<>), pupilles
dilatées, haleine sentant l'alcool. Le lendemain, ils se réveillent et com*
mencent à parler avec les nurses, tout en restant stupides. Le plus jeune
s'améliore rapidement et sort guéri le surlendemain. Le plus âgé, après
avoir repris connaissance pendant une demi-heure, retombe dans la
stupeur et présente peu après une grande convulsion. Ensuite, mouve-
ments athétosiques, état de paralysie spastique avec idiotie.
On donne par la bouche 90 centigrammes de bromure de sodium, et
on essaie de lui faire prendre de l'eau ; mais il n'avale qu'imparfaitement.
Injection de sérum artificiel (250 grammes). Pas d'albuminurie ; miction
avec la sonde. Les mouvements convulsifs ayant cessé, le cœur s'affai-
blit ; à onze heures du matin, on note de la cyanose et la respiration de
Qieyne-Stokes.
On donne alors des injections de sulfate de strychnine (1 milligramme)
et d'huile camphrée (3 centigrammes). Le pouls se relève, mais les convul-
sions s'aggravent ; à trois heures, opisthotonos ; tête rétractée dans
Tintervalle des convulsions. Lavements de bromure de sodium (ls',25)
et chloral (25 centigrammes) ;les spasmes furent définitivement calmés par
une injection de morphine (3 milligrammes) et sulfate d'atropine (1/3
de milligramme).
1-^'
496 ANALYSES
La fièvre s'aUume, le pouls monte de 100 à 164, les respirations de
18 à 36.
Le jour suivant, agitation, cris; l'après-midi, il peutdire quelques mots
et répondre aux questions. Incontinence des matières et des urines. Vers
le soir, pouls irrégulier. Â minuit, cinquante-trois heures après la der-
nière convulsion, nouvelle crise de quelques minutes, avec perte des
urines. Convulsion plus forte à deux heures quarante du matin ; légère
convulsion à dix heures. Fièvre.
Le surlendemain, il va mieux, mais a des hallucinations de la vue
et de l'ouïe. Au bout de deux jours, ces hallucinations cessent, mais il
reste bizarre pendant une semaine.
Auparavant, sa santé était excellente ; pas d'antécédents nerveux.
On ne sait pas exactement la quantité d'alcool ingérée.
Generalized pigmentation and palmar keratosis following the use of
Fowler's solation (Pigmentation généralisée et kératose palmaire après
l'usage de la liqueur de Fowler), par le D*" Jacob Sobel {Arch. of Ped.,
janvier 1907).
Garçon de six ans et neuf mois, est présenté, le 21 janvier 1906, pour un
soupçon de maladie d'Addison. Enfant bien portant, bien développé;
scarlatine à cinq ans, rougeole à six ans. Depuis quelques semaines, étant
devenu pâle et irritable, il prend de la liqueur de Fowler : I goutte trois fois
par jour, en augmentant de I goutte par jour jusqu'à VI gouttes trois fois
par jour, puis retour graduel à I goutte et augmentation de nouveau
jusqu'à VI gouttes.
Quand l'enfant prenait V gouttes trois fois par jour, dans la seconde
série, la mère remarqua la couleiu* bronzée delà peau. En tout, il avait pris
CDLIIIgouttes en quarante-sept jours. Les deux derniers jours, tachesjaune
sale sur le cou, ne disparaissant pas au lavage ni au savonnage. A l'examen,
on note que la face est d'une teinte jaune brim ; en avant et en arrière du
cou, taches brunes irrégulières. La même teinte se voyait par places sur
la poitrine, le ventre, le dos. Au niveau des aisselles et des plis articulaire^^,
la coloration était plus foncée. Par contre, les avant-bras avaient conservé
leur blancheur. Les parties supérieures du pénis et du scrotum étaient très
brunes, de même les faces internes des cuisses; jambes un peu jaunes.
Paume des mains et plante des pieds indemnes. Sclérotiques de même. Pas
de pigmentation de la muqueuse buccale. Rien à l'auscultation ni à
l'examen des viscères.
L'usage de l'arsenic est arrêté et remplacé par du fer. Quelques déman-
geaisons et placards eczématiformes sont pansés avec une pommade À
l'oxyde de zinc. Amélioration rapide. Contre la kératose palmaire et plan-
taire, on fait des onctions avec une pommade salicylée. Le cou est traité
par l'eau oxygénée. Guérison.
A case of paralysis of the abducent nenre foliowing inllaexua
(Cas de paralysie du moteur oculaire externe suite d'influenza), par le
D' Anna S. Wilner (Arch, of PedL, janvier 1907).
Enfant de neuf ans, présente les symptômes ordinaires de Tinfluenza :
coryza, frissons, douleurs musculaires pendant trois jours. Puis toux
laryngée, fièvre, bronchite avec congestion pulmonaire. Alternatives de
fièvre et d'apyrexie. Otite aiguë, douleur de tête. Bientôt hyperthermie.
On pense à la malaria ; quinine sans succès. Au bout de quelques jours,
strabisme interne de l'œil droit (la douleur de tête était à droite), pouls
lent et irrégulier, prostration.
vp
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 497
Un médecin consulté parle de méningite tuberculeuse ou d*abcès céré-
belleux. On pense alors à une intervention chirurgicale. Mais le D' Grue-
ning opine pour une méningite séreuse ou plutôt une toxémie grippale
et conseille Texpectation. Amélioration, puis guérison. La paralysie
oculaire persista plusieurs semaines, puis diminua pour disparaître après
trois mois. Il est probable qu'on s'est trouvé en présence d'une encéphalite
aiguë grippale, ou plutôt d'une polioencéphalite limitée au noyau de la
sixième paire droite.
Tetanus treated with antitetanic sérum, recoYery (Tétanos traité avec
le sérum antitétanique, guérison), par le D' W. Win slow Hall {The Brit.
Med. Journal, 9 mars 1907).
Garçon de huit ans, se présente le 15 août 1906, avec fétidité de l'haleine,
gonflement de la langue et stomatite. Le 18, raideur de la nuque, rire
sardonique. Pas de lièvre. On donne du calomel, puis 25 centigrammes
de bromure de potassium toutes les quatre heures. Le 20, rire sardonique
plus marqué, opisthotonos. Lavages de la bouche à l'eau boriquée et à
feau oxygénée. On donne 25 centigrammes de chloral et 40 centigrammes
de bromure toutes les deux heures.
Le 21, les spasmes ont redoublé; dysphagie, rire sardonique, opis-
thotonos. Ulcérations de la langue et des joues, trismus. Dans l'après-
midi, on injecte 60 centimètres cubes de sérum antitétanique. Le 22,
amélioration ; 23 crises spasmodicpies au lieu de 96 dans les vingt-quatre
heures qui ont précédé. A onze heures, on injecte 30 centimètres cubes de
sérum. Chloral et bromure continués. Le 23, l'amélioration continue ; il
n'y a eu que 22 crises spasmodiques en vingt- quatre heures. Pas de
ûèvre, langue plus propre. Nouvelle injection de 30 centimètres cubes.
Le 24, l'enfant est plus gai; il n'y a eu que 8 crises dans les dernières
vingt-quatre heures. Le 25, le nombre des spasmes s'abaisse à 7. Le 26,
Tenfant n'a pas eu une seule crise pendant vingt-quatre heures. En sep-
tembre, fièvre éphémère avec urticaire sérique. Guérison. On a employé
120 centimètres cubes de sérum ayant coûté plus de 60 francs. La cause
de ce tétanos doit être cherchée dans la bouche.
Five cases cl Friedreich's ataxy occurring in two families (Cinq cas
d'ataxie de Friedreich survenant dans deux familles), par le D' Wardrop
Griffith {The Brit, Med, Journal, 9 mars 1907).
1^ Fille de dix-sept ans et demi, ne pouvant marcher sans aide, depuis
Tâge de douze ans. On a cru d'abord à la danse de Saint-Guy. Aggravation
progressive; elle ne peut presque pas quitter le lit depuis janvier 1906.
Pieds plus arqués que de coutume, paraissant plus courts. Les muscles
du mollet sont plus durs que normalement, et la flexion dorsale de la
cheville est limitée. Réflexe de Babinski. Ataxie statique. Un peu d'in-
coordination des bras et des mains. L'enfant peut enfiler une aiguille,
mais avec lenteur et difficulté ; elle coud comme une apprentie et écrit
avec peine. Tremblement surtout quand elle cherche à rapproclier ses
doigts. Les yeux fermés, elle se trompe dans la direction de ses doigts.
Pas de trémulation linguale ni de mouvements anormaux de la face et
du cou. Sphincters normaux. Parole lente. Scoliose légère. Mouvements
des jambes rappelant l'ataxie.
20 Fille de dix ans et demi, sœur de la précédente. Depuis deux ans,
marche péniblement, surtout dans les escaliers. Enfant intelligente, gaie.
Peu de déformation du pied, signe de Babinski peu marqué. Réflexe
patellaire aboli. Parole naturelle. Incertitude de la marche, instabilité,
ARCH. de SÊDEC. des B.NFANTS, 1907. X. — 32
498 ANALYSES
perte d'équilibre surtout en tournant. Quand elle ferme les yeux, ces
phénomènes s'accentuent. Malgré l'absence de pied creux, de scoliose,
de nystagmus, de trouble du langage, le diagnostic de maladie de Friedreich
s'impose, même si la sœur ainée n'était pas atteinte, d'après l'ataxie, la
faiblesse musculaire, l'abolition du réflexe patellaire, le signe de Babinski.
Parents bien portants, deux autres enfants indemnes.
Dans une seconde famille, l'auteur a observé trois cas.
30 Homme de vingt-neuf ans, le second de treize enfants ; début vers
l'âge de dix ans par une maladresse dans les mouvements des mains ; puis
troubles de la marche, scoliose, pied creux, incoordination, nystagmus,
parole lente et difficile.
Sur 13 enfants et les 2 parents, 3 seulement sont atteints de maladie de
Friedreich.
4° Femme de vingt-sept ans, troisième enfant de la famille, a commencé
à dix-sept ou dix-huit ans par des tremblements. On a cru à la danse de
Saint-Guy. Troubles de la marche, ataxie statique, scoliose, absence du
réflexe rotulien, pied creux, flexion dorsale du pied limitée, mollet dur,
signe de Babinski, léger nystagmus, parole lente.
50 Garçon de dix-huit ans, atteint depuis deux ans, mais à un moindre
degré que les précédents. Scoliose. Incoordination des mouvements, sur-
tout quand les yeux sont fermés ; réflexes patellaires absents.
De plus deux filettes de la même famille, âgées de dix et huit ans
(onzième et douzième enfants), présentent l'abolition du réflexe rotulien.
Cependant tous les moyens ont été employés, pendant une observation
de quinze jours, pour obtenir ce réflexe.
L'ataxie de Friedreich est une maladie familiale, qui, à ce titre, ressemble
à la paralysie pseudo -hyper trophique et aux autres dystrophies muscu
laires, à l'ataxie cérébelleuse familiale, à la scoliose latérale, etc. Obscurité
de l'étiologie dans tous ces cas. On a admis tantôt un développement
imparfait du système nerveux, tantôt une dégénérescence prématurée.
Présence constante du muguet dans l'intestin des enfants qui ne sont
pas nourris au sein, par MM. Ghirày et Sartory {Soc. de biologie,
2 février 1907).
Sur 25 examens d'enfants, 10 fois les auteurs ont trouvé le muguet
dans l'intestin. Chez 15 enfants nourris au sein, 12 étaient indemnes
de muguet ; chez 3, la levure a poussé tardivement, après cinq à six jours
au lieu de deux, témoignant d'une faible vitalité. Chez 10 enfants à l'allai-
tement mixte ou à l'allaitement artificiel, 7 ont présenté du muguet
(70 p. 100). Parmi les 3 cas négatifs, 2 avaient une bronchopneumonie
grave.
Comment cette levure acidophile se trouve-t-elle dans un milieu alcahn
comme l'intestin? D'après les auteurs, elle jouerait un rôle pathogène
dans certains troubles intestinaux de l'enfance. Le champignon recueilli
dans l'intestin serait plus virulent que celui de la bouche.
Allaitement et fièvre typhoïde, par le D' Péhu (Journal de gyn. et de
pédiaL, 20 janvier 1907).
Le nourrisson est rarement contagionné par la nourrice; le bacille
d'Éberth passe rarement à travers la mamelle.
1° Femme de dix-neuf ans, accouchée à huit mois, nourrit son enfant ;
entre le 26 septembre 1906 à l'hôpital pour fièvre typhoïde; en sort le
15 octobre. Enfant bien portant ; n'a rien eu.
2° Femme de vingt-neuf ans, entrée le 15 août 1906, sortie le 20 sep-
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 499
tembre. Fièvre typhoïde ; a donné le sein pendant les dix premiers jours.
Enfant d'un an, bien portant.
30 Femme de trente-huit ans, entrée le 26 août, sortie le 30 septembre
1906. Fièvre typhoïde ; enfant de quinze niois nourri au sein ; n'a pas
été atteint.
¥* Femme de trente ans, entrée le 25 août pour fièvre typhoïde.
Enfant de quinze mois bien portant.
S° Femme de vingt et un ans, donnant le sein à un enfant de huit mois
et demi ; fièvre typhoïde de la nourrice. Bon état de l'enfant. Chez ces
femmes, la (lèvre typhoïde a guéri ; aucun enfant n'a été contagionné ;
cependant il fallait sevrer.
On the importance of ezamining the throatinchildren (Importance de
Tezamen de la gorge chez les enfants), par le D' James Burnet {The
Médical Times and Hospital Gazette, 2 février 1907).
Les erreurs commises par les médecins viennent plus souvent d'un exa-
men incomplet que d'un manque de science. Observation superficielle,
méthode imparfaite, telles sont les causes habituelles des erreurs de dia-
goostic.
On s'applique trop à montrer aux étudiants les cas rares et à négliger
les banalités. D'où la grande utilité pour eux de passer trois ou six mois
dans un dispensaire ou clinique externe ; ils verront défiler devant eux
les cas de la pratique courante. Là on se convainct bientôt de l'utilité
d'examiner la gorge des enfants. Quand un enfant est malade, il ne faut
jamais oublier d'examiner sa gorge.
Aucune difficulté de technique ; il faut seulement prendre garde d'évi-
ter la projection de crachats dans les yeux ; pour cela, on aura la tête
placée de côté et un peu en bas.
On découvre ainsi les diverses variétés d'angine, la diphtérie, l'hyper-
trophie des amygdales, le catarrhe naso-pharyngien, les adénoïdes, etc.
Les conseils de M. J. Burnet sont très judicieux et seront suivis avec
profit.
Contributo allô studio délia macroglossia (Contribution à l'étude de la
macroglossie), par le D' G. Marangoni (Gazz. degli osp. e délie clin,»
20 janvier 1907).
lo Garçon de cinq ans ; à dix -huit mois, coqueluche ayant duré cinq
mois avec eczéma de la face et du cou ; fièvre vive pendant une nuit, et
le lendemain la langue est grosse, faisant saillie hors de la bouche. La
fièvre tombe, mais la langue est restée hypertrophiée.
L'enfant entre à l'hôpital le 27 novembre 1904. Développement nor-
mal, intelligence nette. La pointe de la langue fait une saillie de 3 centi-
mètres au dehors ; la partie prolabée est uniformément grosse, avec
surface irrégulière, fissurée, couverte d'un enduit blanc jaunâtre. A la
face inférieure, lésions causées par les dents, qui sont branlantes et pous-
sées en avant La partie qui fait saillie ne peut être ramenée dans la
bouche, à cause de l'hypertrophie de la partie postérieure.
Le 30 novembre 1904, après avoir recherché et lié les artères linguales
dans la région sus-hyoïdienne, on fait une excision cunéiforme delà partie
prolabée ; sutures, extraction des dents ; bon résuitat.
L'examen de la partie enlevée montre un épaississement de la muqueuse,
une hypertrophie de la couche musculaire avec tractus fibreux. Il y a
hyperplasie du tissu musculaire, hyperplasie des fibres élastiques et
des vaisseaux sanguins.
v
500 ANALYSES
En somme, il y a développement excessif de tous les tissus qui com
posent l'organe : tissus épithélial, musculaire, conjonctif, élastique et
glandulaire. A cette hypertrophie s'ajoutent des lésions inflammatoires
(infiltration de petites cellules, augmentation du tissu conjonctif sous*
muqueux et intermusculaire). La lymphangiectasie est peu marquée.
2° Garçon de trois ans et demi. Vers l'âge de cinq à six mois, sans cause
appréciable, les parents remarquent l'augmentation de la langue. Peu
à peu le volume s'accroît au point, en six mois, de gêner la mastication
et la parole. La langue fait saillie au dehors de 4 centimètres. Hyper-
trophie totale et uniforme. Dents ébranlées et poussées en avant Saliva-
tion. Langue dure. Le 20 mars 1906, opération semblable à la précé-
dente. Guérison.
Papilles très augmentées. Il ya surtout hyperplasie du tissu conjonctif;
la muqueuse et le tissu musculaire sont moins hypertrophiés que dans
le premier cas. Infiltration considérable de petites cellules, développe-
ment énorme des vaisseaux et lacunes lymphatiques.
Corps étrangers de l'œsophage et œsophagoscopie, par MM. F. Gross
et L. Sencert (Bulletin médical, 6 février 1907).
Depuis l'application de l'endoscopie aux corps étrangers de l'œso-
phage (1904), les auteurs ont traité 15 cas : 1^ corps étrangers rugueux
ou angulaires, 7 (2 dentiers, 1 fragment d'os, 1 trompette d'enfant,
1 clou de tapissier, 1 pointe de fer, 1 clou à grosse tête); 2^ corps étrangers
lisses, 8 (3 pièces d'un sou, 1 pièce de 2 sous, 1 pièce de 25 centimes en
nickel, 1 pièce de 50 centimes, 1 clef de malle, 1 sifilet d'enfant).
Les 8 corps étrangers lisses et 2 corps étrangers rugueux avaient été
déglutis par des enfants au-dessous de dix ans.
Sur ces 15 cas, 6 fois l'œsophagoscope a révélé la présence du corps
étranger et permis de l'extraire sous le contrôle de l'œil. Dans les 9 autres
cas, l'œsophagoscope fit constater l'absence du corps étranger dans Poeso-
phage et permit de constater ou de traiter les lésions déterminées par
son passage.
L'endoscopie permettra donc parfois d'éviter une œsophagotomie
externe inutile. Pour que la radiographie soit un guide certain, il faut
qu'elle soit faite au moment même de l'opération. Donc l'œsophagoscope
doit trouver place dans l'arsenal de la chirurgie courante.
Myosite tuberculense à foyers multiples chez on enfant de dix ans, par
le D^ KiRMissoN (Académie de médecine,^ février 1907).
Garçon de dix ans entre à l'hôpital le 25 avril dernier. On constate,
au niveau des membres inférieurs, dans l'épaisseur des muscles du mollet
et de la cuisse, beaucoup de petites tumeurs fusiformes, allongées suivant
le grand axe du muscle. Ganglions engorgés dans les creux poplités et
le triangle de Scarpa. Ganglions sus-épi trochléens envahis également
Petites tumeurs arrondies sur le bord interne du biceps. Présence de gan-
glions axillaires carotidiens, d'un ganglion rétro-mastoïdien gauche,
d'un ganglion le long de l'artère faciale droite.
On note un gonflement de l'articulation métatarso-phalangienne du
cinquième orteil gauche. Excision de deux petites tumeurs du mollet;
elles siégeaient bien dans l'épaisseur des muscles.
L'examen Tiistologique, fait par M. Bize, contrôlé par M. Cornil, a
permis de constater des follicules tuberculeux avec cellules géantes
au centre, zone épithélioïde et cellules embryonnaires à la périphérie.
Cependant la recherche des bacilles de Koch et les inoculations au cobaye
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 501
sont restées négatives. L'existence de la myosite tuberculeuse n'en est pas
moins certaine.
Pour M. Kirmisson, la filiation des accidents serait la suivante : foyer
tuberculeux au niveau de l'articulation métatarso-phalangienne du
cinquième orteil gauche, infection par la voie lymphatique et généralisa-
tion au système musculaire.
Il est permis de discuter cette pathogénie. D'où vient l'arthropathie
métatarso-phalangienne? Évidemment d'un foyer interne, ganglio-
pulmonaire. C'est de là que sont partis les bacilles de Koch, qui, suivant
la voie circulatoire, sont allés coloniser au niveau du cinquième orteil.
Les mêmes bacilles étaient capables de coloniser dans les muscles, et il
n'y a aucune raison pour ne pas admettre que la myosite tuberculeuse
disséminée, comme l'arthrite tuberculeuse, dépende d'une infection
sanguine à point de départ ganglio-pulmonaire.
Sopra an caso di méningite da coroidite suppurativa (Sur un cas
de méningite par choroïdite suppurative), par le D^ A. Caputo {Gazz.
degU osp, e délie clin., 27 janvier 1907).
Fille de onze ans; ulcère de la cornée suivi de perforation avec adhé-
rence irienne. Perte de la vision en grande partie, mais cessation de tout
phénomène inflammatoire.
L'enfant se croit guérie.
Un jour, douleurs vives à l'œil et aux parties adjacentes. Les paupières
sont très gonflées et œdémateuses ; conjonctive rouge et tuméfiée formant
un cercle autour de la cornée. Celle-ci est trouble et opaque, comme
l'humeur aqueuse sous-jacente, iritis. A l'examen ophtalmoscopique,
on peut voir un exsudât abondant, situé sous la rétine et formant de
grandes taches jaunâtres. Rien du côté des appareils cardio-vasculaire»
respiratoire, digestif.
Température, 39^4.
Diagnostic : choroïdite suppurée.
Traitements six sangsues au niveau de l'apophyse mastoïde, iodure
de potassium. Pas d'amélioration ; vers le huitième jour, symptômes
de méningite aiguë. Guérison en un mois, avec diminution du pouvoir
visuel, parésie motrice du bras droit et léger trouble de la parole.
Traitement da nmvns vasculaire par le radium, par MM. Wicrham et
DsGRAis {Ann. de derm. et de syph,, déc. 1906).
Un enfant présente à la naissance, sur la joue droite, un petit point
rouge qui peu à peu s'est étendu et surélevé. A six mois, le naevus avait
les dimensions d'une pièce de 50 centimes. Le nœvus, d'un violet foncé,
dépassait de 2 millimètres le niveau cutané; réseau veineux à la péri-
phérie, surtout au bord externe.
On a fait sept applications successives d'une demi -heure chacune d'un
appareil à sel collé de bromure de radium. Phénomènes habituels de réaction
quinze jours après la dernière application ; rougeur suivie d'une croûte
qui est tombée au bout de quinze jours ; depuis cette époque, la rougeur
a été en diminuant chaque jour.
Actuellement, on constate une surface plane à peine rosée avec région
légèrement violacée au centre. Ëpiderme d'aspect normal, peau souple
au toucher. Le réseau veineux périphérique a disparu.
Le traitement ayant été commencé le 11 septembre, trois mois à peine
(dont trois heures et demie seulement de traitement effectif) ont suffi pour
arriver à ce résultat.
502 ANALYSES
Sar an cas de tricophytie disséminée da tronc, par Hallopbau et
BouDET {Ann. de derm. et de syph., 1906).
Fille de douze ans, entrée à Thôpital le 3 décembre 1906, avec une érup-
tion datant de huit jours ; cette éruption a débuté au niveau du sein droit
et s'est propagée sous forme de taches rouges, circulaires, étendues excen-
triquement tout en se multipliant. On en compte 20 sur le tronc. L'élé-
ment jeune se présente sous la forme d'une petite tache lenticulaire,
à bord légèrement saillant, d'un rouge-cuivre, à centre plus pâle et desqua-
mant en petites écailles furfuracées.
Les plaques sont de forme et d'étendue variables ; les unes ont les
dimensions d'une pièce de 2 sous ; les autres ne dépassent pas une pièce
de 50 centimes ; d'autres sont polycycliques.
Deux sœurs ont été prises auparavant; l'une a eu des plaques au bras,
l'autre au cou ; la malade couchait avec celle qui a des plaques au bras.
Pas de contact suspect avec des animaux.
Il s'agit d'une tricophytie circinée, facile à distinguer du pityriasis
rosé. Mais le tronc n'est pas le siège habituel de cette dermatose.
Sur on cas de méningite aigné grippale, par F. Carles {Journal de
médecine de Bordeaux, 17 février 1907).
Enfant de onze mois, amené à la consultation le 27 octobre 1906 pour
de la fièvre. Né à terme, nourri au sein, pesant 9 500' grammes, l'enfant
est pris de fièvre vers le 23 ou 24 octobre. La température oscille autour
de 39°. Quelques râles de bronchite. On parle de grippe.
Le l®*" novembre, tout à coup, l'enfant est abattu, a de la torpeur, du
strabisme convergent à droite, de l'inégalité pupillaire. Alternatives de
rougeur et de pâleur aux pommettes. Pas de constipation ni vomissements.
Respiration irrégulière, grincements de dents, réflexes rotuliens exagérés.
Le 2 novembre, symptômes de méningite plus accusés encore, raideur
de la nuque, signe de Kernig. Ponction lombaire, liquide louche. Le 3.
convulsions. Mort le 5.
Le liquide retiré par la ponction renferme des polynucléaires, des mi-
crobes en bâtonnets ne prenant par le Qram, parfois inclus dans les
leucocytes (bacilles de Pfeiffer).
GonococcQS-Inlektion bei Kindem mit besonderer Bezagnahme an!
deren Vorkommen in Anstalten und die Mittel znr Verhûtreng derselben
(Infection gonococcique chez l'enfant avec considération particulière sur
sa prophylaxie dans les hôpitaux), par le D' Emmett-Holt (Jahrh. /.
Kinderheilk., 1906).
Les observations de l'auteur l'amènent à proclamer la très grande
fréquence de la vaginite gonococcique, maladie avec laquelle il faut
toujours compter dans les hôpitaux d'enfants. Elle est aussi fréquente
dans les dispensaires et n'est pas rare dans la clientèle aisée.
Même dans ses formes légères et sporadiques, elle est difficile à guénr.
Dans ses formes plus graves, elle peut mettre la vie en danger en provo-
quant une pyohémie gonococcique aigué ou une infection des séreuses.
Sous sa forme épidémique, elle constitue un redoutable fléau pour les
hospices. Le caractère hautement contagieux de la vaginite gonococcique
rend nécessaire l'isolement des enfants qui en sont atteintes. Même danger,
quoique moindre, existe avec l'ophtalmie gonococcique et l'arthrite ou
la pyémie aiguë à gonocoques. 11 est impossible d'empêcher la propa-
gation de la maladie quand des enfants infectés restent avec les autres
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 503
dans le même local. Ces malades contagieux doivent être ou exclus de
rhôpitalt ou au moins tenus en quarantaine.
Pour éliminer de l'hôpital les cas de vaginite gonococcique, il faut
un examen microscopique systématique des sécrétions vaginales de
toutes les enfants reçues. S*il y a un écoulement purulent, Texamen
s'impose comme celui des exsudats amygdaliens. En cas d'absence d'exa-
men du pus chez une jeune enfant, on peut admettre que l'écoulement
est dû au gonocoque. L'isolement, pour être efficace, doit porter aussi
bien sur le personnel que sur les enfants. Il faut aussi laver séparément
les enfants infectés ainsi que les objets qui ont été en contact avec eux.
S'il y a des gonocoques sans écoulement ou avec un très léger écoule-
ment, il est bon de pratiquer néanmoins l'isolement. La difficulté, en
pratique, est dans la longue durée et dans la résistance au traitement.
Il faut savoir que les yeux des femmes qui soignent ces enfants sont
exposés à la contagion. Elles ne sont pas suffisamment instruites de ce
danger.
Ungewôhnlich nmfangreicher « Dickdarm » bai Kindern. Megacolon
congenitnm non est congenitnm sed acquisitnm (Dilatation anormale du
gros intestin chez l'enfant. Le mégacolon dit congénital n'est pas congéni-
tal mais acquis), par le D' W.-E. Tschernow (Jahrb, f. Kinderheilk., 1906).
Pour étudier la question de congénitalité de ces dilatations du côlon,
il convient de diviser les observations en deux groupes : l'un qui com-
prend les nouveau-nés, l'autre comprenant les nourrissons et les enfants
de deux à dix ans.
Dans le premier groupe, il faut ranger un cas du D' Billard observé
chez un enfant de six jours ; il n'y avait pas de structure cellulaire de la
paroi intestinale, qui avait un aspect scléreux ; il n'y avait donc pas
hyperplasie de la paroi. Dans un cas de Porro observé aussi chez un nouveau -
né, il s'agissait de dilatation avec amincissement consécutive à une
atrésie anale. En somme, l'auteur n'a pas pu trouver dans la httérature
médicale de cas congénitaux avec tous les symptômes caractéristiques.
Au contraire, l'affection n'est pas rare plus tard, et alors il y a dilatation
hypertrophique. A l'origine, on peut trouver une parésie du segment
inférieur de l'S iliaque, dont la situation est assez variable. Dans tous les
cas que l'on étudie de près, on voit que ce n'est pas l'hypertrophie de
l'intestin qui cause la constipation, mais bien un rétrécissement relatif
de l'intestin ou une aplasie des parois intestinales qui amène l'hyper-
trophie des portions sus-jacentes à la suite d'inflammation chronique.
H y a toujours dans ces cas un obstacle au libre cours des matières, ob-
stacle siégeant généralement dans le segment tout inférieur de l'S iliaque
et très souvent au point de transition de ce dernier dans le rectum.
Quant au traitement, il doit être soit médical, consistant alors dans les
moyens qui combattent la constipation, soit chirurgical, consistant en
une en téro -anastomose, c'est-à-dire une anastomose de l'S iliaque ou
de la partie supérieure du côlon descendant avec l'ampoule rectale. .
Subcntano Vaccineinjektionen am Henschen (Injections vaccinales
sous-cutanées chez l'homme), par le D' Wilhelm Knœpfelmacher
{Wiener med. Woch., 1906).
L'auteur a injecté dans le tissu sous-cutané de la lymphe : vaccinale
chez 17 enfants non injectés auparavant. La lymphe était diluée au 1000®
de la solution saline physiologique. On en injectait 2 centimètres cubes
en un ou deux points de la peau du ventre. Sur ces 17 enfants, 6 furent
504 ANALYSES
immunisés. Chez 4, il y eut des pustulettes rudimentaires et précoces;
chez 7, on ne vit pas d'influence de l'injection sous-cutanée sur la récep-
tivité au virus vaccinal. La forte dilution de la lymphe fit qu'il n'y eut jamais
de pustule vaccinale au point d'injection. On vit des fois de Térythème
ortie à la suite de l'injection. Il n'y a pas eu de leucocytose. L'injection
sous-cutanée paraît donc pouvoir être recommandée dans certains cas.
Ueber alimentâre Intoxikation im Saftglingsalter (Sur l'intoxication
alimentaire chez le nourrisson), par le D' H. Finkelstein {Jahrb, /.
Kinderheilk., 1907).
Dans le problème de l'intoxication alimentaire, il y a, outre des poisons
d'origine bactérienne, des poisons provenant des troubles des échanges,
comme dans l'urémie. Les signes spécifiques de l'intoxication sont les
troubles psychiques, des troubles particuliers de la respiration» qui est
accéléi'ée, sans pauses, de la glycosurie alimentaire, de la fièvre, du
collapsus, de la diarrhée, de l'albuminurie et de la cylindrurie, de la perte
de poids, une leucocytose modérée (d'ordinaire moins de 30 000).
Comme types plus rares, il faut citer le type cholérique et le type hydro-
céphaloïde. Enfin l'auteur mentionne la forme soporeuse et l'asthme
dyspeptique, des formes traînantes, subchroniques. Après avoir parcouru
les diagnostics à faire avec les infections, le coma diabétique, la pneu-
monie, etc., l'auteur examine brièvement la pathogénie des accidents.
Par suite de l'insuffisance dans la combustion du sucre et des troubles
dans l'élaboration des graisses, il y a une « acidose » typique. Il faut
aussi tenir compte de la destruction toxique des albumines.
Ueber die Entwicklung eklamptischer Saûglinge in der Bpàteren
Kindheit (Sur le développement des nourrissons éclamptiques dans
la seconde enfance), par les D" Martin Thiemich et Walter Biri
(Jahrb, /. Kinderkeilk., 1907).
Les observations des auteurs ont porté sur 64 cas ; sur ce nombre, il y
avait 54 enfants ayant eu de l'éclampsie en bas âge et 10 qui n'avaient
eu que du laryngospasme (en dehors d'autres phénomènes spasmodiques,
tels que : phénomène du facial, signe de Trousseau, hyperexcitabilité
électrique). Un cas se compliquait d'hérédo-syphilis. Il y avait 53 cas
purs, dont 33 chez des enfants allant à l'école. Ces cas se divisaient en
29 légers et 24 graves.
Certains auteurs distinguent l'éclampsie de l'épilepsie par ce fait que
dans celle-ci les convulsions cesseraient lorsque l'enfant n'est plus un
nourrisson. Une distinction aussi grossière ne paraît pas justifiée; les
auteurs ont vu des enfants avoir des convulsions éclamptiques jusqu'à
trois ans et demi, et pourtant il s'agissait bien d'éclampsie qui cessa
définitivement ensuite. On peut même assez souvent en voir encore plus
tard ; chez 6 enfants, elles récidivèrent. A l'exception de 2, tous les enfants
étaient soumis à l'allaitement mixte. En fait de médicaments, on usa
de l'huile de foie de morue phosphorée, qui parut donner de brillants
résultats ; mais surtout il faut faire un nettoyage intestinal et bien sur-
veiller la qualité et la quantité de la nourriture.
Quelquefois on trouve des tares nerveuses (13 p. 100 des cas), plus rare-
ment de l'éclampsie chez les ascendants. L'hérédité psychopathique a peu
d'influence et, ce qui est remarquable, peu aussi l'hérédité épileptique.
Si l'on envisage l'ensemble des tableaux annexés à ce travail, on voit
que seulement un tiers des enfants sont exempts de toute anomalie ; que
THÈSES ET BROCHUIŒS 505
les autres deux tiers doivent être considérés comme touchés dans Tétat
psychique ou intellectuel.
Quant au développement ultérieur des enfants ayant eu du spasme
de la glotte, il ne diffère en rien de celui des anciens éclamptiques.
THÈSES ET BROCHURES
Formes graves de rappendicita ches reniant, par le D** H. Buis {Thèse
de Paru, 19 juillet 1906, 136 pages).
Cette thèse, inspirée par le D' RiefTel, contient 28 observations recueil-
lies à l'hôpital Trousseau.
L appendicite est particulièrement fréquente chez les enfants ; Fauteur
en rapporte même un cas chez une fillette de deux ans : péritonite géné-
ralisée, appendice perforé en deux points. 11 ne parait pas y avoir de
maladies prédisposant spécialement à Tappendicite.
Les facteurs de gravité doivent être cherchés dans le mauvais état de
1 enfant, dans Tétat antérieur de l'appendice, peut-être aussi dans une
influence saisonnière. Les formes graves font plus des 50 p. 100 chez
Fenfant.
11 n\ a pas de rapport constant entre la lésion anatomique et son
expression clinique. Cependant les formes graves sont le plus souvent
liées aux lésions destructives de Fappendice ; la réciproque n'est pas
vraie. Parmi les lésions destructives, qui prédominent à la partie périphé-
rique de Fappendice, il faut comprendre la perforation et la gangrène.
Pratiquement, on peut distinguer des appendicites non toxiques ou peu
toxiques et des appendicites hypertoxiques. La toxi-infection se voit
dans la plupart des formes généralisées; elle se voit dans beaucoup de
formes localisées, soit primitivement, soit secondairement. Elle frappe le
système nerveux, le foie, le rein. Quelle que soit Fexpi*ession clinique, il
faut toujours craindre un appendice plus malade, une recrudescence, une
aggravation plus marquée.
Lappendicite rétro-cascale a plutùt tendance à se localiser au début,
quitte à s'aggraver rapidement. L'appendicite pelvienne est toujours
excessivement grave; il faut pratiquer le toucher rectal pour la
reconnaître.
On aura à faire le diagnostic différentiel avec Focclusion intestinale,
les péritonites aiguës d autre origine, la fièvre typhoïde, le point appen-
diculaire des affections pulmonaires.
Les indications opératoires varient avec chaque auteur; 11 faut être
éclectique avec tendance opératoire.
De Fappendicite cholériforme et de la diarrhée dans l'appendicite, par
le D^ L. AuMONT (Thèse de PariA, 20 juillet 1906, 66 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Moizard, contient une observation déjà
présentée à la Société des hôpitaux par Moizard et Segond (appendicite
cholériforme) et il autres cas de diarrhée au coure de Fappendicite. La
constipation est considérée à tort comme un symptôme constant de Fappen-
dicite: de même la douleur abdominale. 11 est cependant une forme
d'appendicite où ces deux srymptômes peuvent manquer. 11 n'y a alors
que quelques vomissements et une diarrhée extrêmement abondante avec
atteinte profonde de l'état générai. C'est cette forme que l'auteur désigne
sous le nom d'appendicite cholériforme.
506 ANALYSES
Le symptôme diarrhée, loin de faire penser à Tappendicite, en éloigne
le médecin ; il ne doit plus en être ainsi.
L'appendicite reconnue, on peut observer de la diarrhée au lieu de la
constipation, qui est habituelle (30 cas de diarrhée sur 312). La diarrhée
au début d'une crise est plus rare (4 cas sur 312). La diarrhée peut résulter
d'une collection pelvienne en contact avec la muqueuse rectale (3 cas].
La diarrhée toxique serait un acte réflexe de défense contre Tinfeclion:
elle est gcave quand elle s'accompagne d'une intoxication profonde de
l'état général. Quand la diarrhée survient chez des enfants à passé intes-
tinal, ou résulte d'un abcès périrectal, elle est d'un pronostic favorable.
Des réactions nerveuses de rappendicite, par le D' Â. Moriseiti [ThHe
de Paris, 18 juillet 1906, 86 pages).
Une fillette de dix ans, opérée par Jalaguier, a présenté, au cours de
deux crises d'appendicite, un syndrome méningé analogue à celui qu'on
obser\'e parfois dans la bronchopneumonie ou la gastro-entérite de
l'enfance.
Première crise: L'enfant présente de la fièvre, de la céphalée, des
vomissements, de la constipation.
Elle est somnolente, avec raideur de la nuque, strabisme. Parfois,
petites secousses convulsives. Ventre non rétracté, fosse iliaque droile
un peu tendue et douloureuse. Cette symptomatologie méningée et iliaque
évolue ainsi pendant quelques semaines pour se terminer par la guérison.
Les médecins avaient fait le diagnostic de méningite tuberculeuse.
Deuxième crise : Trois mois après, mêmes symptômes que plus haut,
avec intensité plus grande. Convulsions, strabisme, réflexes exagérés,
hyperesthésie, raideur de la nuque, signe de Kernig, céphalée, vomisse-
ments et constipation, photophobie, cris. Puis incontinence d'urine, état
semi-comateux. Fosse iliaque droite tendue et point de Mac Burney.
Fièvre vive. On a songé à la fièvre typhoïde et on a commencé la ba'l-
néation. Puis on a parlé de tuberculose caecale avec méningite. Mais tout
se dissipe ; l'enfant seulement se plaint de temps à autre d'un point dou-
loureux dans le ventre à droite.
Quelques mois après, Jalaguier la voit et fait le diagnostic d appendicite
avec réactions méningées. L'opération a démontré le bien-fondé de cette
opinion.
L'appendicite est une maladie toxi-infectieuse qui peut se compliquer
de méningite suppurée, d'abcès du cerveau, etc., ou, à un degré moindre,
de méningisme, réactions méningées, etc. Les toxines peuvent même
déterminer des névrites.
Les poisons de rintestin, par le D' A. Le Play {Thèse pour le doctorat
es ficiences, Paris 1906, 142 pages).
Dans cette thèse, enrichie de nombreuses expériences et illustrée de
planches, sont étudiées des questions intéressantes pour la pédiatrie.
La clinique nous a montré, depuis longtemps, que l'auto- m to.xication
intestinale joue un grand rCile en pathologie infantile. Prenant des
matières intestinales à des enfants malades (entérite, athrep$ie> et les
injectant à des lapins. Le Play a vu qu'il en résultait pour ces animaux
des arrêts de croissance, un état cachectique qu'on peut aisément rappro-
cher des dyscrasies observées en clinique. De même, il y a identité dans
les deux cas, de lésions viscérales : foie, reins, poumons, centi-es ner-
veux, cœur, etc. A ces lésions s'ajoutent une série de détériorations
portant sur les humeurs, sur la chimie de l'organisme. Les poisons intes-
THÈSES ET BROCHURES 507
tinaux altèrent la cellule dans sa structure, sa composition et son fonc-
tionnement.
Les principes nocifs se divisent en deux catégories : les uns solubles, les
autres insolubles dans l'alcool, ces derniers étant les plus funestes. Le
maximum de toxicité se rencontre dans la région iléo-casoale, en même
temps que le maximum de ferments figurés putrides. C'est d*aiUears dans
cette région que se produit la résorption de la plus grande partie des
produits aqueux nuisibles de Tintestin.
Comme organes de défense, il faut signaler Tépithélium et les cellules
lymphatiques.
La réédacaUon respiratoire, traitement poBt-opératoire des rhino-adé-
noldiens, par le D*" Et. Jacob {Thèse de Paris, 9 juin 1906, 84 pages).
Cette thèse, inspirée par le D' Lermoyez, contient 12 observations. Elle
établit que la respiration, pour être normale et physiologique, doit être
exclusivement nasale. Les rhino-adénoïdiens, opérés et non guéris, doi-
vent être soumis à la rééducation respiratoire. Ceux qui sont opérés et
guéris bénéficient également de cette méthode, qui transforme leur res-
piration nasale suffisante en une respiration surabondante, c'est-à-dire
normale et physiologique.
La rééducation respiratoire sera à la fois psychique et physiologique :
exercices respiratoires volontaires, mouvements passifs ou actifs du tronc,
des bras et des jambes. Pour que la cure ait son plein effet, il ne doit sub-
sister aucun obstacle anatomique à la respiration. Le médecin dirigera
lui-même les exercices et en réglera la progression d'après les indications
fournies par la mensuration, l'auscultation, etc. La rééducation respiratoire
améliore la nutrition générale et sert de moyen prophylactique contre la
tuberculose.
De racholie pigmentaire chez les enfants, parle D*^ P. Loyer {Thèse de
Paris, 28 juin 1906, 72 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Lesage, contient 17 observations. Les selles
blanches, fréquentes chez les enfants, reconnaissent de nombreuses
causes.
l°La lientérie graisseuse, caractérisée par la couleur blanche des selles,
leur surcharge en graisse, la présence de bile noyée dans la graisse, forme
un premier groupe. Les selles verdissent à l'air et exhalent une odeur
fétide. Cette variété peut être simple et due à la suralimentation ; les
repas étant bien réglés, tout s'arrange et les selles cessent d'être blanches ;
ou bien elle est due à un lait trop gras; en l'écrémant, on guérit l'affec-
tion. Elle peut être aussi d'origine pancréatique.
2«II s'agit d'acholie pigmentaire ; les selles sont blanches, mais le pig-
ment biliaire est absent ; elles ne verdissent pas à l'air, renferment un
excès de graisse sans être fétides. Cette acholic, idiopathique, est curable;
elle présenterait un caractère familial, s'accompagnerait d'arrêt de crois-
sance. Il existe une autre variété d'acholie, terminale, survenant chez les
cachectiques, souvent mortelle.
De rallaitement chez les femmes atteintes de complications infectieuses
mammaires, par le D" Depardieu {Thèse de Paris, 19 juillet 1906,
76 pages).
C^tte thèse est basée sur des documents recueillis à la clinique du
professeur Budin (28 observations).
Les crevasses du mamelon sont la source de presque toutes les infec-
508 ANALYSES
tions mammaires ; il faut donc empêcher leur production en tenant le
mamelon propre : lavages astringents ou antiseptiques, lavages à Teau
bouillie avant et après la tétée, nettoyages de la bouche de Tenfant.
On devra éviter de porter sur les mamelons des mains malpropres, ne
pas laisser les seins à Tair, les i*ecouvrir de gaze aseptique dans Tinter-
valle des tétées ; si le nourrisson présente une suppuration quelconque, on
isolera le foyer pour empêcher le contact avec la mère pendant les lélées.
L'allaitement peut être continué, malgré les crevasses, en employant un
bout de sein artificiel.
La lymphangite, reconnaissable à la rougeur du sein, à la douleur,
à la fièvre, sera combattue par des pulvérisations et par des com-
presses humides chaudes. L'allaitement maternel pourrait être con-
tinué, même au sein infecté.
La galactophorite, reconnaissable à la sortie du pus en pratiquant
l'expression de la mamelle malade, sera traitée par l'expression (méthode
Budin) et par les pulvérisations alternant avec les compresses humides
chaudes. L'allaitement sera supprimé au sein malade tant qu'il contiendra
du pus, car il pourrait en résulter des inconvénients pour l'enfant.
Un seul sein est-il atteint, on fait téter l'autre, et on complète par une
nourrice ou par le lait stérilisé. Les deux seins sont-ils malades, on
interrompt totalement l'allaitement, qui sera repris après la guérison.
Même conduite à tenir dans les abcès du sein^ qui sont un aboutissant de
la galoctophorite.
L'allaitement au sein a pu être maintenu dans 66,8 p. 100 des cas de
lymphangite à une seule poussée; dans 45,5 p. 100 des lymphangites à
plusieurs poussées; dans 11,3 p. 100 des cas de galactophorite, dans 54,7
p. 100 des lymphangites et galactophorites associées, dans 53,9 p. iOO des
abcès mammaires.
Scarlatine maternelle et nourrissons, par le D' L. Lemarquand [Th^
de Paris, 19 juillet 1906, 64 pages;.
Cette thèse, inspirée par le D' Martin (hôpital Pasteur), contient 22 ob-
servations qui montrent que la scarlatine ne se transmet pas de la mère
à l'enfant qu'elle allaite. 11 y a là une sorte d'immunité assez difficile à
expliquer. Sans doute la scarlatine est rare, d'une façon générale, chez
les nourrissons, dans la première année surtout. Cependant les statistiques
accusent des cas de scarlatine au-dessous de douze mois et même au-des-
sous de six mois. 11 n'y a donc pas seulement une question d'âge. II faut
peut-être faire intervenir une immunisation de l'enfant par le lait de la
mère.
Au point de vue pratique, il en résulte qu'on peut laisser son enfanta
une mère ou à une nourrice qui est atteinte de scarlatine. L'isolement du
nourrisson ne serait pas nécessaire.
Influence de la teneur en beurre du lait de femme sur la santé du
nourrisson, par le D*' H. Berthollet [Thèse de Paris, 17 juillet 1906,
104 pages).
Les 42 observations de cetre thèse montrent combien variable est la
teneur en beurre du lait de femme. La moyenne par litre peut être
évaluée à 34 ou 40 grammes. Mais, outre les variations individuelles, on
a remarqué que la teneur en beurre augmentait avec l'âge du lait. Le lail
du matin est plus gras que celui du soir, de même le lait de la fin delà
tétée. Enfin le régime de la nourrice fait varier la matière grasse de son
LIVRES 509
lail. Les privations diminuent le beurre ; une nourriture abondante
laugmente.
Il y aurait bien d'autres influences à relever: menstruation, grossesse,
repos et fatigue, émotions, états pathologiques.
Le beurre joue un grand rôle dans Talimentation du nourrisson. Par
kilogramme de poids, un nourrisson de trois mois a besoin de six fois plus
de matières grasses qu'un adulte. L'excès de beurre peut occasionner des
vomissements, la diarrhée, Teczéma, la diminution de poids.
Pour analyser le lait au point de vue .du beurre, Michel prélève
20 centimètres cubes au commencement de la tétée du matin, 20 au
milieu de la tétée de midi, 20 à la fin de la tétée du soir ; Nicloux vide
complètement un sein.
S'il y a excès de beurre, on devra modifier le régime de la nourrice,
diminuer la durée des tétées, ne faire prendre que le lait du commence-
ment de la tétée, compléter les tétées avec du lait de vache écrémé et
stérilisé, au besoin changer de nourrice ou sevrer.
S'il y a insuffisance de beurre, on pourra avoir de la constipation ou des
selles liquides, une perte de poids, des urines abondantes, de l'érythème
des fesses. Il faudra faire là encore l'analyse du lait. Pour remédier à la
faible teneur en beurre, on nourrira abondamment la nourrice, on fera
prendre le lait de la fm delà tétée, on complétera par du laitde vache.
LIVRES
Manuel pratique d'aUaitement, par le D' P. Budin (vol. de 320 pages,
Paris, 1907 ; O. Doin, éditeur. Prix : 6 francs).
Cet ouvrage, parvenu à sa seconde édition, est illustré de 109 figures en
noir et en couleurs. Écrit avec tout le soin et le grand talent dont disposait
Budin, il représente en quelque sorte le chant du cygne, et nous le saluons
avec respect
Après un exposé de la physiologie, des soins à donner à Tenfant, Budin
étudie les mamelles (anatomie et physiologie) avant d'aborder le tube
digestif du nouveau-né. Puis sont étudiés : Tallaitement au sein par la
mère ou par une nourrice, la faiblesse congénitale, rallaitement mixte,
l'allaitement artificiel, la dentition, le sevrage, l'alimentation pendant
la seconde année. Un chapitre très important (X^) est consacré à la morta-
lité infantile en France et aux moyens d'y remédier. Enfin, dans le cha-
pitre XI et dernier, Budin a étudié les vices de conformation et états patho-
logiques chez le nouveau-né. Tout cela est exposé avec clarté, précision
et conviction. C'est de la pratique, de la médecine vécue. C'est excellent,
PediatricB, the hygienic and médical treatment of children (Pédiatrie,
traitement hygiénique et médical des enfants), par le D' Thomas Morgan -
RoTCH (vol. de 1 060 pages, Philadelphie et Londres, 1907, J.-B. Lippincott,
éditeur. Prix : 21 shillings).
Ce livre, parvenu à sa cinquième édition, est illustré de nombreuses
gravures dans le texte et de planches en couleur. Il est écrit par le pro-
fesseur de pédiatrie de l'Université Harvard, le célèbre Morgan Rotch
(de Boston). C'est dire qu'il sort de la banalité et présente un grand intérêt.
Il est d'ailleurs dédié au doyen des pédiatres américains, notre éminent
collègue et ami le D^ Abraham Jacobi, qui fut pofesseur des maladies
d'enfants à l'Université Columbia, à New York, de 1870 à 1902.
L'ouvrage est divisé en dix-sept parties : 1° Le nourrisson normal;
510 NOUVELLES
20 Alimentation ; 3^ Généralités sur l'examen et le traitement; 4<> Enfants
prématurés ; 5® Maladies des nouveau-nés ; 6^ Maladies de la nutrition;
70 Maladies de la peau ; S^ Maladies infectieuses spécifiques ; 9^ Maladies
de la bouche, du nez, de Toreille, du nasopharynx et pharynx;
10<> Maladies du larynx, de la trachée, des bronches, des poumons et de
la plèvre ; ll^' Maladies du cœur et du péricarde ; 12^' Maladies de Yœ-
sophage; de Testomac et de l'intestin ; 13<> Maladies du foie, dupancréat,
de la rate et du péritoine ; 14<> Maladies des reins, de la vessie et des
organes, génitaux; IS^ Le- sang, les ganglions, les glandes à sécrétion
interne ; \6^ Maladies du système nerveux ; 17<> Maladies non classées.
Les descriptions sont courtes et sobres, sans développements inutiles,
sans verbiage. L'auteur vise toujours la pratique, sans s'attarder aux
théories et aux hypothèses. L'ouvrage, élégamment cartonné, est édité
avec luxe. Il a obtenu un grand et légitime succès.
Manuel des maladies dn tube digestif, sous la direction de MM. De-
BOVE, AcHARD et Castaigne (vol. de 730 pages, Paris, 1907; Masson et 0«,
éditeurs. Prix : 14 francs).
Ce beau volume contient des questions intéressantes pour la pédiatrie.
Je citerai les stomatites (D' Paisseau) ulcéreuse, impétigineuse, aphteuse,
crémeuse, gangreneuse ; les glossites (desquamation, langue noire pileuse,
subglossite diphtéroïde), les angines, les vices de conformation de Vœso-
phage (Rathery), les maladies de Vestomac (Roux).
A propos des stomatites, nous ferons remarquer l'omission de Vherph
buccal ou stomatite herpétique, qu'il ne faut pas confondre avec la stoma-
tite aphteuse. Celle-ci est une maladie spécifique bien décrite dans cet
ouvrage et tirant son origine de la fièvre aphteuse des bovidés (transmis-
sion par le lait). La stomatite herpétique, au contraire, résulte d'une
infection banale que nous voyons survenir très fréquemment chez les
enfants de tout âge, et particuhèrement chez les nourrissons. Début par
une fièvre éphémère qui peut monter assez haut, mais tombe rapidement
Après la fièvre, stomatite érythémateuse plus ou moins généralisée, avec
rougeur, gonflement, salivation, gêne de la mastication ou de la déglu-
tition. Sur ce fond rouge apparaissent des vésicules minimes, qui crèvent
presque dès leur formation, laissant sur la face interne des lèvres, sur les
gencives, les joues, le palais, la langue, de petites érosions arrondies,
isolées ou groupées, sans profondeur, sans exsudât notable à la surface. Il y
a parfois en même temps un herpès labial net et un herpès de la gorge.
Le tout évolue rapidement et n'a aucune gravité.
HOVVELLES;
Association médicale britannique. — La 75® réunion annuelle
de la British Médical Association se tient cette année, du 27 juillet au
2 août, à Exeter. La section des maladies de l'enfance a pour président
le D' A. Herbert Tubby (de Londres); pour vice -présidents, les D" Le-
wis Mackenzie (de Tiverton), Franck Hichens (de Redruth), R. H.
LucY (de Plymouth), E. Cautley (de Londres); pour secrétaires hono-
raires, J. Harley Gough (de Glenallon), E. Moss Corner (de
Londres).
Questions à l'ordre du jour : 1^ Maladies et déplacements du testicule
dans l'enfance (d'Arc y Power) ; 2° Néphrite aiguô et ses conséquences
NOUVELLES 511
(Vœlcker) ; 30 Ponction lombaire, sa valeur diagnostique et théra-
peutique (Farquhar Buzzard); 4<> Développement précoce (R. Lang-
DON Down).
Dispensaire pour enfants malades. — La Société philanthropique,
sous la présidence du prince Auguste d'Arenberg, a inauguré
récemment les nouveaux bâtiments qu'elle a fait construire, rue de
Crimée, 166 (Paris), pour son asile de nuit, son hospice de femmes âgées,
son fourneau économique, son dispensaire d'enfants.
Le dispensaire d'enfants a été ouvert en mai 1883, sous la direction
du D^* CoMBY, qui, onze ans après (1894), cédait la place au B^ Millon,
actuellement encore en fonction. Les consultations avaient lieu jusqu'à
ces derniers jours trois fois par semaine (lundi, mercredi, vendredi), à
une heure. Désormais, elles auront lieu cinq fois par semaine, le jeudi et le
dimanche étant seuls réservés. Devant l'aflluence toujours plus grande
des enfants, le D' Beluze a été adjoint au D^" Millon pour assurer les
consultations nouvelles des mardis et samedis.
L'installation est très confortable : salle d'attente spacieuse et claire,
boxes d'isolement pour les suspects, très belle salle de bains en sous-sol,
lavabos et privés en nombre suffisant, salle de pharmacie. Le cabinet
médical est un peu étroit.
Dans son ensemble, la construction nouvelle est très bien comprise
et fait honneur à la Société philanthropique.
Clinicat chimrgical infantile. — Viennent d'être nommés, à
l'hôpital des Enfants-Malades (Paris) : chef de clinique chirurgicale
infantile, le D' Auffret; chef de clinique adjoint, le D' Gasne, pour
entrer en fonction le 1«' novembre 1907 (professeur Kirmisson).
Hôpitanz de Bordeaux. — Nous avons le plaisir d'annoncer la nomi-
nation, après concours, du D*^ R. Gruchet, ancien chef de clinique infan-
tile à la Faculté, au titre de médecin adjoint des Hôpitaux de Bordeaux.
Congrèa français de médecine. — La IX® session du Congrès français
de médecine aura lieu à Paris, les lundi, mardi, mercredi (17, 18, 19 oc-
tobre 1907). La première séance aura lieu lundi 17 octobre, à neuf
heures du matin, à la Faculté de médecine. Le bureau est ainsi composé.
Président: M. Debove ; V ice- présidents : M. Teissier et M. Barth ;
Secrétaires: MM. Bezançon et Griffon; Trésoriers : MM. Renault et
Masson. Questions à l'ordre du jour: Traitement de l'ulcère de l'estomac
(MM. Linossier et Castaigne) ; Pathogénie et traitement du goitre
exophtalmique (MM. Ballet, Delherm et Sainton) ; Hémophilie
(MM. Carrière et Marcel Labbé). Outre ces questions, qui doivent faire
l'objet de rapports, on discutera sur les suivantes : La tuberculose pul-
monaire est-elle d'origine aérienne ou d'origine intestinale? Les bacilles
acido-résistants ; Action thérapeutique du radium ; La médication ionique ;
La médication par le collargol ; Valeur thérapeutique de la tubercuhne ;
Sérothérapie de la dysenterie ; Les sporothricoses cutanées.
Maison de convalescence pour enfants à Glasgow. — On vient
d'inaugurer, à la maison de convalescence des enfants (Trinity Church
Children^s convcdescent Home) de Glasgow une salle Finlayson, en mé-
moire du célèbre pédiatre écossais mort l'année dernière.
512 NOUVELLES
Présenration de lenfance contre la tuberculose. — L*œuvre
fondée par le professeur Grancher est toujours en progrès. Le nombre
des enfants placés à la campagne s'élève actuellement à près de 300. Parmi
ceux-ci, un certain nombre, âgés de treize ans, doivent être mis en appren-
tissage. Aucun ne doit rentrer à la ville, à moins d'y être contraint par sa
famille. Le Conseil d'administration, réuni le 6 juillet, a eu à combler les
vides produits dans son sein depuis la dernière réunion. M. le D' Budin,
décédé, a été remplacé par M. Lé pi ne. Préfet de police. M. Dayras.
retenu loin de Paris, est remplacé par M. le D^* Armand-Delille. Ce der-
nier accepte les fonctions de secrétaire général, abandonnées par M. Gra>-
jux, qui veut bien continuer à faire partie du Conseil d'administration.
Le D' Roux (de l'Institut Pasteur) est nommé Président en remplacement
de M. Grancher. Les ressources de l'œuvre ont progressé par suite de la
subvention du Parlement, portée de 50 000 à 100000 francs, et par
l'augmentation des dons et adhésions. Dépenses de l'exercice, 105000 francs
environ ; recettes, 106 000 francs. Capital réservé, 130 000 francs.
Nécrologie. — Nous avons la douleur d'annoncer la mort, à
soixante- trois ans, de notre éminent maître et ami M. Gran-
cher, professeur de la Clinique des Enfants, membre de
l'Académie de médecine, collaborateur de Pasteur, commandeur
de la Légion d'Honneur, etc. C'est une perte irréparable pour
la Science et la Philanthropie. D'une santé précaire, qui le
tenait trop souvent loin de Paris, Grancher n'en avait pas moins
acquis une renommée universelle.
Depuis près de vingt-cinq ans, il avait donné à la pédiatrie
le meilleur de son temps et de sa peine: organisation modèle
de l'enseignement et de l'hospitalisation aux Enfants-Malades,
publication du Traité des maladies de V enfance, fondation des
Archives de médecine des Enfants, etc. Enfin, pour couronner
sa vie de savant et d'homme de bien, il avait consacré tout
ce qui lui restait de force, d'intelligence et de cœur à l'admirable
Œuvre de préservation de Venfance contre la tuberculose, à
laquelle s'était associée d'enthousiasme M"*'' Grancher, sa
compagne dévouée.
Cela seul, si ses titres scientifiques n'y suffisaient pas, sauve-
rait son nom de l'oubli.
Issu d'une modeste famille de la Creuse, Grancher avait reçu
de la nature des dons exceptionnels. Sa physionomie d'une si
grande finesse, la noblesse de sa démarche, toute sa personne
portaient l'empreinte d'une rare distinction. Sa parole sobre,
claire, d'un style si pur, était l'éloquence même. Tout en lui
dénotait une intelligence supérieure.
A ces dons de l'esprit il joignait les qualités de cœur qui
lui ont valu tant d'amitiés précieuses et laissent dans la déso-
lation tous ceux qu'il a charmés ou obhgés.
Le Gérant, P. BOUCHEZ.
4976-07. — CotibEtL. tropriroerie Eo. Catr*.
Le Professeur J.-J. CRANCHER
[1S43-1907)
r
t
10' Année Septembre 1907 N^" 9
EMOIRES ORIGINAUX
xviir
PLEURÉSIE SÊRO-FIBRINEUSE CHEZ LES ENFANTS
ET « SIGNE DU SOU »
Par le D' I. BRDOZINSXI.
Médecin en chef de TbÔpiUI d'enfants i Anne-Marie • k Lodz (Pologne).
En 1902, j'ai publié, dans le journal Medycyna, une « contri-
bution à l'étude clinique des pleurésies séro-fibrineuses
chez les enfants ». Dans ce travail, j'attirai l'attention des
lecteurs sur les difficultés de diagnostic de cette affection chez
les enfants, difficultés beaucoup plus grandes que celles ren-
contrées chez les adultes. Un nouveau signe clinique, décrit
par Pitres d'abord. Moussons et Ausset ensuite, appelé le
signe du sou, nous aide beaucoup à dépister la maladie ; dans
toute une série de cas observés à l'hospice des « Enfants-
Assistés », à Varsovie, et publiés dans le travail précédent, j'ai
eu l'occasion de démontrer la valeur diagnostique de ce signe ;
depuis l'année 1902, je m'en suis toujours servi avec succès.
Si je reprends cette question, c'est avec l'idée de vulgariser
l'emploi de ce signe, très important, en me basant sur des
données nouvelles fournies par la consultation externe à l'hô-
pital des enfants Anne-Marie,
Les auteurs sont d'avis que la pleurésie est une affection
relativement rare chez les enfants, surtout la pleurésie séro-
fibrineuse. Ausset proteste contre cet avis et fait remarquer
en même temps que la pleurésie purulente est plus fréquente
chez les enfants que la pleurésie séreuse ; il tire cette conclusion
de toute une série d'observations : « Sur 7 pleurésies observées
dans le courant des deux derniers mois, dit-il dans ses Leçons
cliniques, six fois il s'agissait d'une pleurésie purulente. » Les
auteurs, Filatow et d'autres, en soulevant la question des
ARCa. DB MéDEC. DBS ENFANTS, 1907. X. 33
514 J. BIIUDZINSKI
difficultés de diagnostic de la pleurésie chez les enfants, parient
beaucoup de ces pleurésies latentes, n'ayant pas de sym-
ptomatologie bien nette et se traduisant uniquement par la
nutrition défectueuse, le manque d'appétit, etc. ; même une
pleurésie purulente, qui donne souvent une élévation de la
température, peut présenter une marche absolument latente :
la pleurésie séreuse peut échapper à notre attention encore
plus facilement ; elle donne souvent un tableau si insidieux
que les parents de l'enfant ne jugent même pas nécessaire
de consulter le médecin ; Tépanchement séreux se résorbe
facilement et, au bout d'un certain temps, on ne trouve pour
toute trace de la maladie qu'une matité due aux fausses
membranes néoformées.
L'observation suivante montre bien comment une pleurésie
purulente peut passer inaperçue pour l'entourage de l'enfant.
Observation. — Olga Kelm, le 17 juillet. n° 1148 de la consultation ; a
été malade d*une pneumonie, il y a trois ans; depuis soufTre périodique-
ment d'un point de côté ; parfois ne sent pas de douleur pendant des
mois; manque d'appétit, nutrition mauvaise ; rien dans les poumons ;
au-dessous de l'aisselle droite, à partir de la cinquième côte, on trouve de
la matité et un aiTaiblissement du murmure vésiculaire. Température, SS**.
Signe du sou très net. Vu la durée de cet état et la présence du signe
du sou, on fait une ponction exploratrice, qui démontre l'existence
d'un épanchement purulent. Mêmes symptômes étaient constatés les
jours suivants; la température cependant est tombée à la normale.
Dans mon travail précédemment cité, j'ai publié 8 cas de
pleurésie : 4 fois il y avait un épanchement séreux; dans 3 de
ces cas, il s'agissait d'enfants déjà âgés. On ne peut attribuer
naturellement une très grande importance à ces données
tirées d'un nombre d'observations insuffisant. La fréquence
plus grande des épanchements pleurétiques purulents dans la
première enfance est un fait reconnu par les auteurs, ainsi
que la fréquence plus grande des pleurésies suivies d'épanche-
ment séreux chez les enfants au-dessous de cinq ans (42,8 p. 100
des cas suivant la statistique de StefTen, et 45,6 d'après la
statistique d'Izrael). Voici ce que montrent mes observations
personnelles : sur 37 cas de pleurésies observées à partir
du 17 mai jusqu'au 20 août, nous voyons: 18 fois la pleurésie
apparaît chez les enfants ayant moins de cinq ans (48,6 p. 100);
12 fois chez des enfants entre cinq et dix ans (32,4 p. 100).
7 fois entre dix et quinze ans. Les deux premières catégories
correspondent à celles d'Izrael et Steflen.
PLEURÉSIE ET SIGNE DU SOU 515
Voici maintenant quelques données sur la nature de l'épan-
chement ; tous ces cas ont été contrôlés par la ponction
exploratrice : ainsi, sur 14 cas survenus avant l'âge de cinq ans,
on a constaté Tépanchement séreux dans 11 cas et Tépan-
chaînent purulent 3 fois. Pour les enfants âgés de moins de
deux ans, nous avons, sur 9 cas, 6 fois l'épanchement séreux
et 3 fois l'épanchement purulent. Nous ne sommes pas auto-
risés à conclure de ces observations que l'opinion des auteurs
sur la fréquence plus grande des épanchements purulents n'est
pas une opinion juste ; il en résulte cependant que les épan*
chements séreux ne sont point aussi rares qu'on croit, même
dans la première enfance.
Un fait à remarquer encore, c'est la localisation fréquente
des épanchements sous l'aisselle droite; déjà, dans mon travail
précédent, j'ai cité 3 observations analogues ; maintenant, sur
37 cas observés, j'ai vu 30 fois l'épanchement se localiser à
droite dans la région de l'aisselle. On Tenait consulter avec
l'enfant parce qu'il avait de la fièvre, pas d'appétit et mauvaise
mine ; parfois il se plaignait d'un point de côté. Tous ces
enfants se ressemblent par leur habitus extérieur : maigres,
pâles, mal nourris, ils ont de nombreux ganglions, augmentés
de volume : c'est de la micropolyadénie. A la percussion, on
trouve de la matité bien nette à partir des cinquième, sixième
parfois quatrième côtes, et l'augmentation de la résistance
sous le doigt. La matité s'étend un peu en avant ou en
arrière, le plus souvent reste localisée sous l'aisselle droite ;
à l'auscultation, on trouve une diminution de la respiration
et, à l'époque de la résorption de l'épanchement, on perçoit le
bruit de frottement pleural, qui se fait entendre quelquefois au
début de la maladie. Dans tous ces cas, nous avons observé
le signe du sou. Je me permets de répéter encore une fois en
quoi consiste ce signe.
On percute l'endroit suspect de la cage thoracique en posant
un sou directement sur la peau et tapant dessus avec un autre
sou, du côté opposé de la cage thoracique, au ni veau correspon-
dant du point percuté ou ausculté. De même si l'on soupçonne
l'existence d'un épanchement en avant, en haut et à droite,
c'est là qu'il faut percuter, et c'est en arrière à droite et enhaut
qu'il faut ausculter ; pom* rechercher un épanchement sous
l'aisselle droite, on percute en cet endroit, et c'est en arrière
et à droite qu'on ausculte ; avec ça on tâche d'ausculter aussi
)•■
516 J. BRUDZINSKI
près que possible de la colonne vertébrale, de façon à inter-
poser entre l'oreille qui ausculte et le point? percuté une couche
épaisse du tissu pulmonaire. On prend la précaution de boucher
avec son doigt l'oreille qui n'ausculte pas, afin d'avoir l'im-
pression du son plus nette ; il faut également ausculter à dif-
férentes hauteurs du même côté de la cage thoracique, ainsi
que le côté voisin, pour comparer les impressions obtenues. En
auscultant un endroit sain, on obtient un son sourd, non métal-
lique ; s'il y a épanchement, le son devient clair avec un timbre
métallique; s'il y a abondance du liquide, il est presque argentin.
Le poumon hépatisé donne à la percussion un son encore plus
sourd que le poumon sain; aussi le signe du sou peut nous
aider à diagnostiquer la pneumonie.
L'examen systématique des nourrissons et des enfants de
V (( Hospice des Enfants Assistés », nous a montré, que le
signe du sou est absolument pathognomonique d'un épan-
chement pleurétique ;. le poumon sain donne un son sourd,
les coups séparés s'entendent nettement, jamais on n'observe
un timbre métallique. Chez les nourrissons ayant la cage tho-
racique étroite et petite, surtout en cas d'atélectasie pulmo-
naire, le timbre métallique apparaissait quelquefois assez net-
tement, pour qu'il pût facilemeiit induire en erreur; poiulant
même chez ces enfants, en cas de pneumonie, le son était sourd.
Je me permets de citer quelques-unes des observations où la
ponction exploratrice a confirmé le diagnostic. Sur un nombre
total de 37 cas, 16 fois la ponction a amené un liquide séreux
et 4 fois un liquide purulent. La localisation fréquente de
l'épanchement au-dessous de l'aisselle droite a été confirmée
par le signe du sou et la ponction exploratrice ; je veux citer
tout d'abord les observations concernant ces cas :
Observation I. — François J...,âgé de dix ans, entre le 7 juin. n® 227 de
la consultation : État actuel : affaiblissement général, manque d'appétit,
a craché du sang ; dans les poumons, signes de bronchite chronique ; j
matité au sommet droit. 28 juin, température 37o,6. Au-dessous de
l'aisselle droite, à partir de la cinquième côte, matité, diminution de
la respiration ; signe du sou positif. La ponction exploratrice ramène
un liquide séreux.
Observation II. — St, Juss,.., âgé de sept ans; pèse 16^»^, 14. nP 413
de la consultation. Depuis deux semaines, il a de la fièvre et maigrit A
l'examen, on trouve au sommet gauche une respiration bronchique et de
la matité. Micropolyadénie. Température 39^8 le 16 juin ; St idem :
21 juin en avant, au-dessous de la clavicule droite, il y a de la matité,
qui s'étend sous Taisselle droite ; à l'auscultation, on entend une respi*
«
I
PLEURÉSIE ET SIGNE DU SOU 517
ration bronchique sous la clavicule droite, des râles humides ; au-
dessous de Taisselle, le murmure vésiculaire est affaibli. Signe du sou
net. Température 39^5 ; traitement : séjour au lit, compresses chaudes
salicylate de soude. 23 juin, température 37^,9, même état; ponction
exploratrice ramène un liquide séreux. 26 juin, rien de changé ; 3 juillet,
température Bl^; au sommet gauche respiration bronchique; la matité
persiste, la résistance au doigt est diminuée. Au-dessous de l'aisselle
droite, on entend le frottement pleural. L'enfant augmente de poids.
Observation III. — Arthur Kr„., âgé de cinq ans et demi, 17 juin,
no 465 de la consultation. Tousse depuis deux jours, a de la fièvre, a eu la
pneumonie il y a six mois ; depuis se trouve affaibli. Température 38^9 ;
au-dessous de l'aisselle gauche, à partir de la sixième côte, la résistance au
doigt est augmentée, la respiration diminuée. 19 novembre, température
370,2, signe du sou ; ponction exploratrice ramène un liquide séreux.
J'ai noté 12 observations analogues, toutes complétées par
la ponction exploratrice positive. Dans 30 cas observés, non
suivis d'une ponction exploratrice, la symptomatologie était
identique. Il en résulte qu'en examinant les petits malades
il ne faut jamais oublier d'ausculter la région de l'aisselle,
surtout à droite, même dans le cas où la toux manque et où
l'enfant ne se plaint pas du côté de l'appareil respiratoire.
Voici encore un cas intéressant : chez un enfant de deux ans
et demi, tuberculeux, on découvre le signe du sou et un épan-
chement séreux abondant à gauche.
Observation. — Sabine Kos...,n^ 1012. Frère mort de la tuberculose
laryngée ; l'enfant maigrit depuis six mois, elle tousse. Température 36o,7.
Au sommet gauche, on trouve de la respiration bronchique, de la matité
complète sur tout le côté gauche de la poitrine ; en arrière, la matité s'étend
au-dessous de l'aisselle gauche ; murmure respiratoire aboli. Signe du
sou à la percussion en arrière et à l'auscultation en avant de la poitrine;
même chose à la percussion au-dessous de l'aisselle et à l'auscultation en
avant ou en arrière. La ponction exploratrice ramène un liquide séreux,
transparent. Sous le microscope, nombreux cristaux et peu de leucocytes.
Dans le cas suivant, le signe du sou a facilité beaucoup le
diagnostic.
Observation. — Joseph Kis.,., ftgé de deux ans et demi, n° 1396 de la
consultation externe, 25 juillet ; fièvre depuis deux jours, oppression.
Température rectale 40^6. Il y a de la matité complète à gauche et en
arrière depuis le sommet jusqu'à la pointe de l'omoplate ; respiration
bronchique ; signe du sou net ; la ponction a été faite au moyen
d'une seringue plus grande que d'ordinaire, qui a amené 20 centimètres
cubes d'un liquide verdfttre. Au microscope, on a vu de nombreux
leucocytes.
27 juillet, température 39^ ; la matité diminue, la respiration devient
pulmonaire, signe du sou très net.
Le 29 décembre, température 37^4. L'oppression augmente, la matité
également, respiration nettement bronchique. On a décidé la ponction
exploratrice pour le lendemain ; cependant la mère ramène l'enfant
518 J. BRUDZINSKI
quelques jours plus tard le 21 décembre dans un état plus graTe, avec
de l'oppression, de la matité dans toute l'étendue du poumon gauche,
signe du sou net. On retire avec l'appareil Potain 350 centimètres cubes
d'un liquide purulent. Le 14 juillet, température 39^6; on retire encore
120 centimètres cubes. Le malade échappe à l'observation ultérieure,
la mère étant enceinte et ne pouvant plus amener l'enfant à l'hdpital.
Observation. — Bron. Bryt..., âgé d'un an et neuf mois, n' 1838,1e
10 décembre. Il y a six mois, il a eu une pneumonie ; dans l'aisselle
gauche, sous la clavicule et au sommet gauche en arrière, il y a de la
matité; au sommet gauche, il y a de la respiration bronchique; un peu
plus bas, la respiration est affaiblie. Signe du sou net à la percussion
dans l'aisselle gauche et l'auscultation en haut sur le devant de la poi-
trine et dans le dos. La ponction a été faite sur la ligne axillaire posté-
rieure. On a retiré 2 centimètres cubes de pus. Le 18 décembre, on trouve
la matité diminuée, la respiration bronchique, le signe du sou net, le timbre
métallique.
Ces observations montrent nettement la localisation
fréquente des épanchements pleurétiques sous l'aisselle droite
et la valeur clinique du signe du sou, qui nous permet de les
dépister. Actuellement, si je trouve le signe du sou sous Tais-
selle droite, je ne fais plus de ponction exploratrice: je crois la
présence de ce signe suffisante pour pouvoir émettre le dia-
gnostic d'un épanchement ; j'ordonne au malade le séjour au
Ut, le régime lacté, les compresses humides chaudes sur le côté
malade et le salicylate de soude. Le plus souvent, les symptômes
disparaissent au bout de dix à quatorze jours, quelquefois plus
tôt ; dans les cas où la ponction a été pratiquée, les symptômes
disparaissaient plus vite ; on dirait que la ponction donnait
une impulsion au travail de la résorption.
La présence du signe du sou suffit pour faire le diagnostic de
l'épanchement pleural et rend la ponction exploratrice superflue;
elle est nécessaire seulement dans le cas où il est important de
connaître la nature de l'épanchement. Dans les cas de pleurésie
enkystée, ce symptôme possède une valeur plus grande que
la ponction, celle-ci étant souvent infructueuse et trompant
ainsi le médecin. Il ne faut pas oublier aussi que la ponction
n'est pas toujours pratiquable ; parfois les parents de l'enfant
refusent leur permission, parfois des conditions hygiéniques
défectueuses empêchent le médecin de la pratiquer. Le signe
du sou a le grand avantage de pouvoir être appliqué toujours et
partout ; il permet au médecin d'éviter le désagrément d'une
ponction blanche.
XIX
SUR LE TRAITEMENT DES DIARRHÉES DU PREMIER
AGE PAR LES SOLUTIONS DE GÉLATINE
Par le D' M. PÉHU,
Médecin des Hôpitaux de Lyon,
Ancien chef de Clinique infantile à la Faculté.
Dans différents travaux faits en collaboration avec mon
maître le professeur Weill, j'ai montré que les solutions de
gélatine pouvaient constituer un agent thérapeutique de pre-
mier ordre dans le traitement des diarrhées infantiles. Nos
essais dans cette voie remontent à l'année 1902 déjà ; et,
depuis lors, tant dans la pratique hospitalière que dans la
clientèle privée, nous n'avons cessé d'user de cet agent chimique.
Les résultats obtenus dans cette période fort longue ont été
toujours concluants, et j'ai pensé qu'il y avait quelque opportu-
nité à les rappeler présentement.
I
Nous nous sommes servis, pour ce mode thérapeutique, d'une
gélatine préparée par MM. Auguste et Louis Lumière, les pho-
tographes bien connus, qui l'emploient eux-mêmes pour la
confection de leurs plaques sensibilisées au gélatino-bromure
d'argent. Or, cette dernière combinaison doit être spécialement
épurée, contrôlée même par l'examen microscopique pour que
soit réalisée complètement son homogénéité structurale.
On sait, en effet, que la gélatine du commerce renferme un
nombre considérable d'impuretés. Cette substance est tirée des
os et des peaux d'animaux. Elle subit une série de traitements
chimiques qui y introduisent des éléments divers (potasse,
soude, acides, etc.). Pour assurer sa parfaite innocuité, il est
urgent d'être très exigeant sur son mode de préparation.
Cette nécessité d'épuration est d'ailleurs prouvée, car nous
avons constaté plus d'une fois que les gélatines commerciales,
incomplètement préparées, n'étaient pas acceptées par les nour-
520 M. PÉHU
rissons, même très intimement mélangées au lait, à cause de
Todeur marquée qu'elles présentaient.
En second lieu, il est de connaissance commune que la géla-
tine est un milieu de culture pour différentes espèces bacté-
riennes. On a cité, à la suite d'injections sous-cutanées de géla-
tine, dans le traitement des anévrysmes aortiques ou des artères
périphériques, des cas de tétanos mortel. Même absorbée par
le tube digestif, elle pourrait dans ces conditions être nocive.
Il est par conséquent préférable de stériliser soigneusement,
à Tautoclave, les solutions employées.
Nous avons, après divers tâtonnements, adopté le mode
suivant : on formule une solution au dixième de gélatine
(variété jaune ou blanche) dans Teau bouillie, et on stérilise
à 120*>,à Tautoclave. Puis, après filtration soigneuse, on répartit
le contenu dans des tubes à essais chimiques, bouchés par de
la ouate stérilisée ou dans des flacons hermétiquement fermés,
par conséquent transportables au loin sans aucun danger de
contamination. Nous savons, par exemple, que des flacons
contenant de la gélatine stérilisée ont pu être transportés
fort loin puis revenir, non utilisés, au bout d'une année, ayant
séjourné dans les pays chauds, sans être aucunement altérés.
Pour utiliser ces préparations, qui (est-il besoin de le dire)
sont prises en une véritable gelée, on les fait chauffer au bain-
marie, puis on les verse dans le biberon, après leur liqué-
faction complète. Cette dernière ne se produit pas spontané-
ment, même lorsque la température extérieure, pendant l'été,
est fort élevée. Cependant la gélatine fond à 22° environ, et on
sait qu'à ce titre elle ne peut être portée à l'étuve. Il est possible
que la stérilisation modifie chimiquement la gélatine.
Celle-ci doit être employée à des doses élevées : de 10 à 25 et
même 30 grammes. Si l'on en veut obtenir un effet utile, il faut
au moins une dizaine de grammes par vingt-quatre heures.
Au début, nous avions préconisé des quantités plutôt faibles :
de 3 à 6 grammes. Mais nous n'avons pas tardé à élever les doses.
Au surplus, toute latitude est permise, car c'est une substance
inoffensive. Elle a de plus l'immense avantage d'être insipide
et inodore, ce qui rend son administration très facile, les
enfants ne se doutant nullement de son mélange avec le lait
ou même l'eau bouillie simple qui leur sont présentés. Le seul
inconvénient est qu'elle ne peut être donnée en même temps
que les solutions glacées ou refroidies à une température basse;
N •
TRAITEMENT DES DIARRHÉES PAR LA GÉLATINE 521
car elle se prend en une grande quantité de grumeaux, que l'en-
fant 8e refuse à accepter.
II
Les effets de cette substance nons ont paru, tout d'abord, très
favorables, et l'épreuve du temps n'a pu que confirmer cette
impression première. Nous l'avons administrée dans les diarrhées
d'été, dans les gastro-entérites dues à la mauvaises alimenta-
tion, dans les dyspepsies gastriques simples dues à des diges-
tions stomacales défectueuses et accompagnées de pyloro-spasme
(quel que soit, du reste, le mécanisme de cette occlusion spasmo-
dique du pylore), dans les entéro-colites dysentériformes avec
glaires sanguinolentes, plus fréquentes dans la seconde que dans
la première année de la vie.
En peu de temps, les selles diminuent de fréquence ; peu à
peu leur nombre se réduit. Leur aspect est rapidement modifié :
elles deviennent plus consistantes, mieux liées ; les grumeaux
diminuent, puis disparaissent. La couleur change aussi : la
teinte verdâtre s'efface pour être bientôt remplacée par un jaune
foncé d'abord, puis jaune franc. La mauvaise odeur s'atténue.
La réaction, nettement acide au début avec le papier de tour-
nesol, vire à l'alcalinité normale. Souvent aussi, et parallèle-
ment, les phénomènes généraux s'amendent. L'amélioration
est parfois temporaire; mais il suffit, après interruption, de
donner d'autres tubes gélatines pour que de nouveau la
transformation soit rapidement obtenue.
Ces solutions améliorent également les troubles gastriques,
et nous avons vu des phénomènes dyspeptiques dus à un fonc-
tionnement stomacal défectueux être promptement amendés
par elles.
De même encore, chez les prématurés ou les débiles, les athrep-
siques, l'administration de la gélatine a permis de réaliser
sans encombre le passage du lait d'ânesse ou du lait humanisé
au lait de vache. Enfin, dans les cas d'entérite dysentériforme,
nous avons incorporé, à des lavements, des solutions de géla-
tine.
Toutefois nous ne prétendons pas que l'administration de
cette substance constitue toujours une médication efficace,
applicable indistinctement à tous les troubles digestifs aigus
ou chroniques du nourrisson. Il nous a semblé, dès le début
f>82 M, PÉHU
même de nos recherches (et la suite a confirmé pleinement
cette manière de voir), que la gélatine est impuissante quand il
s'agit àHnfections digestwes véritables, quand la maladie est
diffusée à tout l'organisme et s'accompagne de dégénérescences
parenchymateuses (hépatiques, rénales), de splénomégalie.
de congestion passive des bases pulmonaires, etc. Dans les cas
de choléra infantile légitime, ou de syndromes cholériformes
secondaires, il n'y a rien à espérer de cet agent thérapeutique.
Nous ferons cependant cette réserve qu'elle peut, même dans
ces cas en apparence désespérés, être parfois efficace. Le pro-
fesseur Weill a depuis longtemps fait cette remarque qu'il
fallait répéter les doses à intervalles rapprochés : de la sorte,
elle peut, dans certains cas, agir en neutralisant les toxines
irritantes, nées au niveau de l'intestin et qui, dès lors, cessent
d'imprégner l'organisme.
III
Que si l'on veut établir le mode d^action, la pharmacody-
namie de ce produit, on est fort embarrassé pour fournir une
explication vraiment satisfaisante, et on se heurte à des hypo-
thèses assez contradictoires.
1° Des expériences in vitro que nous avons faites nous-
même ou qui ont été exécutées au Laboratoire par un élève
de la clinique, M. Patricot, nous ont montré que du lait étalé sur
des lames de verre, en présence d'acides ou de présiu'e, coagule
en grumeaux grossiers, si l'on n'y ajoute pas de gélatine ; au
contraire, les grumeaux sont de plus en plus fins à mesure
que la proportion de gélatine est plus grande. Il semblait donc
que l'action de cette substance consistait dans une division
mécanique, beaucoup plus fine, des fragments de caséine du
lait de vache.
Mais ces résultats schématiques n'ont pas été confirmés
par des expériences in vivo. Nous avions, en effet, administré
à des nourrissons du lait de vache, avec ou sans gélatine ; nous
le retirions par le cathétérisme au bout d'un temps variable,
et nous étalions sur plaques de verre également les flocons de
caséine. Il n'y avait dans ces conditions aucune différence
manifeste suivant qu'on mélangeait ou non de la gélatine
au lait de vache ingéré.
2^ Nous fîmes alors l'hypothèse qu'il pouvait s'agir d'une
action bienfaisante exercée sur l'intestin, sur les processus
T^^^ ,-r
traitEaMent des diarrhées par la gélatine 523
chimiques évoluant dans cette portion 'du tube digestif par les
solutions gélatineuses. Des expériences ont été entreprises
dans cette idée par M. Patricot.
On a administré à des chiens de la gélatine et des purgatifs
divers (calomel, eau-de-vie allemande, sirop de nerprun,
sulfate de soude). Quand on donne la gélatine avant l'ingestion
de purgatif, ou en même temps que ce dernier, on n'obtient
qu'une, selle molle, nullement diarrhéique. Administrée une
heure après le purgatif, la gélatine ne s'oppose nullement à
l'action de ce dernier. Cela, par parenthèse, corrobore cette con-
statation que l'on doit donner en même temps que les tétées
la gelée antidiarrhéique, si l'on veut en obtenir un effet
utile.
Mais ces faits expérimentaux, il faut le reconnaître, n'é-
clairent pas le mécanisme intime de l'action thérapeutique
cependant prouvée pas l'observation clinique. S'agirait-il
d'une influence antimicrobienne? On ne peut l'admettre qu'avec
quelque réserve, puisque précisément la gélatine est choisie
dans les laboratoires comme milieu eugénésique de culture
pour différentes espèces bactériennes. Y a-t-il une action
exercée, par contact avec les toxines, d'une solution colloïde qui
neutraliserait ces dernières ? Gela est possible : mais il n'y a là
qu'une vue de l'esprit. Du moins les ferments digestifs, parti-
culièrement les enzymes intestinales et pancréatiques, seraient-
ils épargnés ; car l'aspect macroscopique des selles témoigne,
au bout de peu de temps de médication, d'une métamorphose
certainement bienfaisante des processus digestifs.
IV
Quoi qu'il en soit, le fait précis demeure : les solutions de
gélatine constituent un moyen à la fois commode et précieux
de traitement dans les diarrhées infantiles. En 1903, nous pro-
clamions déjà ces excellents résultats : une expérience vieille
de cinq années actuellement nous permet de les confirmer
catégoriquement. Nous croyons que la gélatine peut soutenir
aisément la comparaison avec d'autres médicaments tels que :
bismuth, bismuthose, acide lactique, tanin, tannalbine, etc.;
qu'en conséquence on peut en toute assurance compter sur son
habituelle efficacité dans certaines formes, tout au moins, de
gastro-entérites ou d'infections digestives.
524 M. PÉHU.
BIBLIOGRAPHIE
Wbill, a. LuMièRB et M. Pêhu. Le traitement des diarrhées infantiles par In
solutions de gélatine {Société des sciences médicales de Lyon, 8 juillet 1903).
Id. Lyon médical, n» du 23 août 1903.
Patrigot. La gélatine comme moyen de traitement des diarrhées infantiles {Thèu
de Lyon, 1903-1904).
Wbill. Traitement de la diarrhée infantile par la gélatine. Leçon publiée par
la Clinique infantile, 1904.
Plantibr. De la gelée antidiarrhéique comme moyen de traitement des diarrhées
infantiles (Bulletin médical de r Algérie, n» du 30 décembre 1905).
T-T'
■(
XX
SUR LA VALEUR DE L'EXAMEN DU LAIT
DANS L'ALLAITEMENT AU SEIN
Par le D^ Louis MORQUIO,
[Professeur de clinique infantile à la Faculté de Montevideo.
(SUITE BT FIN.)
Considérations générales.
Avec les données que nous venons de détailler et les résultats
que nous a fournis une longue expérience professionnelle, nous
allons chercher à traiter la question qui fait l'objet de cette
communication.
Quelle est la valeur de Vanalyse du lait dans Vallaitement
au sein ?
Depuis longtemps, on cherche à établir un rapport entre la
quantité des divers composants du lait et les troubles digestifs
que présentent certains enfants, nourris exclusivement au
sein. Dans ces temps derneirs, de nouvelles tentatives, basées
sur l'analyse et la clinique, tendent à confirmer davantage
l'opinion que ce faiLest possible, et, par conséquent, on considère
l'examen du lait comme nécessaire pour justifier la qualité de
l'aliment.
Cette donnée aurait beaucoup d'importance, parce qu'elle
nous permettrait d'établir, sur des indications exactes, une
prescription ou un conseil médical, dans les nombreux cas que
nous offre journellement la pratique professionnelle.
Néanmoins, rien de plus éloigné de la réalité. Prenons un
exemple très commun : un enfant ne progresse pas bien, il a
des troubles digestifs fréquents ; on fait analyser le lait de la
mère ou de la nourrice, et, d'après l'analyse, il est d'excellente
qualité. D'autres fois^ c'est le contraire qui arrive ; par suite
d'appréhension ou de particularités de l'enfant indépendantes
de l'alimentation, on fait analyser le lait, et il est déclaré
mauvais ou insuffisant, tandis que l'état de l'enfant ne peut
être plus favorable.
526 LOUIS MORQUIO
Dernièrement, nous avons fait l'observation suivante, qui
est un exemple de plus à ajouter à ceux que nous pourrions
citer en quantité.
Une mère allaite son enfant de quatre mois ; continuelle-
ment celui-ci a des troubles digestifs, une diarrhée verte, des
grumeaux blancs, des douleurs ; à cause d'une forte émotion
de la mère, l'enfant a une fièvre intense avec des évacuations
fétides, ce qui a mis sa vie en péril. Dans ces conditions, on
cherche une nourrice ; l'enfant s'améliore après plusieurs jours,
et la mère se décide à le nourrir de nouveau ; aussitôt réappa-
raissent les désordres et la fièvre. On revient à la nourrice,
et la santé se rétablit bientôt.
De sorte que la question était bien claire au point de vue
clinique : d'un côté un lait nocif, celui de la mère ; de l'autre,
un lait curatif, celui de la nourrice. Rien de plus naturel que
"Ces deux laits révélassent à l'analyse une différence profonde,
propre à expliquer en même temps leur différence d'action.
Or ces deux laits étaient exactement égaux en caséine et
beurre ; il n'y avait pas de corpuscules de colostrum ; l'unique
différence consistait en ce que, chez la mère, prédominaient
les globules gras moyens, et, chez la nourrice, les grands, ce
qui ne signifie rien pour la question qui nous occupe.
La raison de l'action différente de ces deux laits devait être
cherchée ailleurs. La mère est primipare, hystérique, profon-
dément émotive, et l'infection intense se déclara chez l'enfant
au lendemain d'une forte émotion, sans interrompre l'allai-
tement.
Voilà pourquoi nous ne pouvons admettre la conclusion de
Barbier et Boinot (Bulletin de la Société de Pédiatrie^ 20 no-
vembre 1906) « que l'analyse des laits maternels mal tolérés
par les enfants rend les plus grands services : elle donne une
règle exacte pour la régularisation des tétées ; elle permet
aussi d'éviter les troubles gastro-intestinaux, entretenus par
une alimentation qu'on ne soupçonne pas excessive jusque-là,
et de prévenir les atrophies qui en sont la conséquence ».
Nous pensons avec Variot qu'il n'est pas possible d'admettre
le rôle principal qu'on veut attribuer aux variations dans les
proportions des principes fixes du lait, pour expliquer la dys-
pepsie et l'intolérance gastrique chez les nourrissons.
On fait valoir l'argument, appuyé sur la physiologie et la
diététique, d'après lequel le processus digestif repose sur la
L EXAMEN DU LAIT DANS L ALLAITEMENT
527
connaissance de la valeur qualitative de la ration alimentaire.
Ce point, qui est absolument variable chez l'adulte, pour
chaque individu, ainsi qu'il ressort de la dyspepsie nerveuse,
Test bien plus chez l'enfant, sans compter la variabilité parti-
culière du lait de femme, selon une infinité de circonstances,
d'où il résulte que le lait d'un moment n'est pas égal à celui
de l'autre, qu'il diffère d'un jour à l'autre, qu'il se modifie
avec le régime alimentaire, avec le genre de vie, etc.
L'enfant possède, en outre, des conditions d'adaptation qui
lui permettent de tolérer des laits qui, dans leurs compositions
chimiques, s'écartent profondément de la moyenne normale,
ce qui nous indique que, pour interpréter exactement les con-
ditions digestives d'un lait, il ne suffit pas de connaître la
quantité de ses principes fixes ; il y a en plus quelque chose
qui dépend du lait et de l'enfant ; ce quelque chose n'est pas
exactement connu de nous, bien que, cependant, il joue un rôle
important dans l'alimentation au sein ; il nous oblige à avoir
de la réserve dans les affirmations générales.
L'enfant utilise les aliments suivant ses nécessités. On est
souvent consulté pour un enfant qui tète fort peu, à peine
quelques minutes, et, malgré ce fait qui préoccupe la mère, son
état est splendide ; les qualités nutritives du lait qu'il ingère
doivent être excellentes, mais, au point de vue chimique, il
n'est pas essentiellement différent d'autres laits qui ne donnent
pas le même résultat. L'effet contraire se produit aussi : l'en-
fant ne progresse pas malgré un lait excellent en quantité et
qualité, ce qui a été prouvé en alimentant un autre enfant qui
l'a toléré parfaitement. Il ne s'agit pas d'un simple défaut
d'adaptation, car cela arrive spécialement avec le lait de la
mère, mais bien de conditions individuelles, qui ne se modi-
fient pas même en changeant de nourrice ; le développement
reste inférieur à la normale.
De sorte que nous devons aussi, dans la question qui nous
occupe, tenir compte des conditions individuelles du sujet,
qui peuvent être spéciales, bien que, d'ordinaire, quand l'ali-
mentation au sein s'effectue d'une façon régulière, les résultats
sont toujours favorables, quelle que soit la composition chi-
mique du lait.
Nous considérons donc qu'en général l'analyse chimique du
lait ne permet pas d'expliquer les phénomènes cliniques, à cause
de leur manque de constance, et parce qu'il n'existe pas une
528 LOUIS MORQUIO
règle, je ne dis pas invariable, mais même approximative, —
comme nous le verrons ci-après en analysant les diverses ques-
tions qui se présentent, — qui nous permette de formuler des
conclusions fermes sur les composants du lait et les conditions
digestives du nourrisson.
Influence de la quantité de beurre. — La substance qui, dans
la composition du lait, offre le plus d'oscillations, c'est le beurre.
C'est pourquoi on a cherché de ce côté un guide sûr pour
établir des déductions cliniques, spécialement lorsque le trouble
digestif coïncide avec un excès des proportions physiologiques.
La quantité de graisse acceptée comme moyenne normale est
de 35 p. 1 000. Nous avons vu, dans nos analyses, que ce chiffre
est généralement dépassé de beaucoup. La quantité de 50 et
60 p. 1 000 est commune dans les analyses de laboratoire, en
dehors de nos examens cliniques, pratiqués journellement
avec le lactoscope de Fessel, qui nous donne aussi les mêmes
résultats.
La thèse de Bertholet (Paris, 1906), qui étudie spécia-
lement cette question, est accompagnée d'une série d'obser-
vations, où les désordres intestinaux de l'enfant ont coïncidé
avec une quantité de graisse excessive, et quelques-uns d'entre
eux se sont corrigés par le changement de nourrice.
Notre observation nous fait regarder ces faits comme de
simples coïncidences, dont on ne peut pas tirer de conclusions
générales. Quelques-unes de nos nourrices se sont distinguée:^
constamment par un excès de graisse, et précisément c'étaient
les meilleures, celles dont les enfants augmentaient le plus,
sans souffrir de troubles digestifs d'aucune espèce.
Prenons comme exemple la nourrice 195, qui a toujours
présenté plus de 50 p. 1 000 de matière grasse et qui, dans
l'examen du 2 janvier, donne 80 p. 1 000. Cette nourrice, qui
pesait 74 kilogrammes à son entrée le l®'" mai, pèse 94*', 25
le 16 décembre. Elle donne facilement 2 000 grammes de
lait par jour et allaite en ce moment trois enfants, dont
deux de moins d'un mois et un troisième de deux mois, exchi-
sivement au sein, et elle les nourrit depuis les premiers jours
de leur naissance ; on ne peut pas demander un accroissement
plus naturel et un état général plus satisfaisant que ceux
présentés par ces enfants.
La nourrice 196, qui est aussi excellente, entre pesant
61 kilogrammes le 16 mai, et le 16 décembre elle pèse 67. Elle
l'examen du lait dans l'allaitement 529
donne facilement aussi 2 litres de lait par jour et, par les
examens chimiques et lactoscopiques, on trouve toujours de
fortes proportions de graisse ; au dernier examen, on constate
l'énorme chifîre de 10*%60 p. 100. Il semblerait qu'un tel lait
dût produire nécessairement, chez les enfants qui l'ingèrent,
un grand malaise. Cependant, rien de cela n'est arrivé. Le
lait a actuellement neuf mois et seize jours, et, comme toujours,
nous trouvons de grandes variations microscopiques, à l'exa-
men pratiqué pour chaque nourrice tous les quatre jours.
Voici les derniers résultats :
1« janvier Globales gpas, grands et moyens.
5 — Beaucoup de petits et de très petits.
9 — — de grands et de très grands.
13 — — toute grosseur, avec prédominance des grands.
17 — — grands et de petits avec prédominance des petits.
21 — — toute grosseur.
Les derniers enfants nourris par cette nourrice, au moment de
ces analyses, ont été le 3 524 et le 3 527. Le premier entre au ser-
vice le 15 décembre, âgé de neuf jours et pesant 3 690 grammes.
11 sort le 22 janvier pesant 4 400 grammes.
Le second entre le 29 décembre, âgé de cinq jours et pesant
2680 grammes ; il sort le 12 janvier avec 3 000 grammes.
Il faut ajouter que ce sont seulement les enfants parfaite-
ment sains qui passent au service externe.
Depuis longtemps, nous nous sommes particulièrement
appliqué à étudier ce rapport de la quantité de graisse avec
la tolérance digestive de l'enfant, et nous sommes arrivé à cette
conviction, — malgré le côté paradoxal que pourrait avoir
notre affirmation, — que cette tolérance est indépendante de
la quantité de graisse. Nous ne pourrions pas présenter ici le
détail des nombreux exemples qui le démontrent, en dehors
de ceux que nous avons énoncés ; mais c'est là un point sur
lecfuel nous avons insisté dans nos leçons cliniques, ce qui
nous autorise à prétendre que la question a été étudiée et ana-
lysée avec toute l'attention qu'elle exige.
La théorie de Pawlow, d'après laquelle l'excès de graisse
dans l'estomac diminue la sécrétion gastrique et arrête le
passage des aliments de l'estomac à l'intestin par occlusion
inhibitoire du pylore, ne nous paraît pas conforme à ces faits.
L'interprétation de la tolérance qui se manifeste clinique-
ment en toute son évidence doit être cherchée dans les pro-
Arcu. DS xéde::. DM espaîits, 1907. X. — 34
530 LOUIS MORQUIO
priétés spécifiques que possède la matière grasse, de même que
tous les composants du lait de femme et dans les conditions
spéciales d'adaptation et de digestion de l'estomac de l'enfant.
Influence de la quantité de caséine. — L'enfant utilise les
matières albuminoîdes pour le développement de ses tissus,
grâce à la présence du beurre, qui joue le rôle d'aliment
d'épargne.
La caséine remplit un rôle important dans le processus diges-
tif du nourrisson, à tel point que, d'après ce qui résulte des
études sur son chimisme gastrique, l'action de l'estomac se
développe exclusivement sur la caséine, transformée par le
ferment-lab en un coagulum de flocons très fins, pauvre en
graisse , distinct de celui que fournit l'alimentation au lait de vache.
« Nous pouvons donc conclure que la caséine n'est pas seu-
lement coagulée dans l'estomac des nourrissons, mais encore
que le coagulum y est en partie liquéfié et peptonisé, et que
cette seconde . partie de la digestion gastrique est beaucoup
plus complète lorsque l'enfant est nourri au sein que lorsqu'il
est nourri au lait de vache » (Marfan, Traité de V allaitement).
La quantité de caséine contenue dans le lait de femme est,
terme moyen, de 16 p. 1000; dans le lait de vache, elle est
double; dans le lait de jument, de 10 p. 1000.
On a toujours attribué à la différence quantitative de caséine
qui existe entre le lait de femme et celui de vache une valeur
fondamentale pour la digestion ; le lait de jument, vu la petite
quantité de cette substance, est un aliment que tolèrent bien
les enfants, en général, et qui a son utilité pratique en des
circonstances déterminées.
Or, étant connue son importance dans le processus digestif,
il semblerait que l'analyse chimique du lait pourrait, aussi
par la quantité plus grande ou plus petite des substances pro-
téiques, permettre d'expliquer quelques troubles gastro-intes-
tinaux chez les enfants nourris au sein.
Cependant il n'en est pas ainsi : d'abord, ainsi qu'il a été
dit, la caséine oscille considérablement ; les chiffres de nos
analyses varient de 1 gramme jusqu'à 2«',50, ce qui mérite
d'appeler l'attention. En outre, nous n'avons vu, dans ces
oscillations, aucune relation de cause à effet avec le processus
digestif de l'enfant ; nous n'avons pu constater un seul fait
où le désordre gastro-intestinal eût un rapport évident avec
l'excès de caséine.
i/examen du lait dans l'allaitement 531
D'un autre côté, tous les auteurs qui étudient cette ques-
tion, ainsi que les observations publiées d'intolérance du lait
de femme, se bornent exclusivement à démontrer l'influence
de l'excès de graisse, d'où il suit qu'on n'a pas attaché beau-
coup d'importance aux matières albuminoïdes, qui peuvent,
quelquefois, atteindre presque le double de l'état physiolo-
gique.
Influence de Vexamen microscopique, — On a voulu voir
aussi, dans la grosseur des globules gras, la cause des troubles
digestifs persistants chez quelques nourrissons. Mais ici, que
de différences I Nous l'avons déjà dit, dans l'analyse que nous
faisons journellement, nous ne trouvons jamais une formule
égale à une autre, et, dans l'examen de chaque nourrice, pra-
tiqué à peu de temps de distance, il ne se trouve pas non plus
d'égalité ; au contraire, on observe souvent les différences
les plus extraordinaires.
Dans les observations signalées par quelques auteurs, on
attribue ce défaut d'adaptation dans le processus digestif à la
grandeur considérable des globules gras. Marfan, au contraire,
a trouvé, dans deux de ses observations, que la persistance des
désordres intestinaux coïncidait avec la présence de globules
gras petits.
Bien que la caractéristique de ces examens soit l'extrême
variabilité, nous avons vu des nourrices excellentes, que nous
ne cessions de louer pour le bon aspect de leurs enfants, avoir
fréquemment des globules gras grands et très grands ; nous
avons vu aussi, dans les mêmes conditions, la prépondérance
des globules petits.
Ceci nous oblige à dire que l'examen microscopique des glo-
bules gras, en rapport avec la clinique, démontre que la tolé-
rance digestive de l'enfant est tout à fait indépendante de leur
diamètre.
Influence de rage du lait. — Nous pouvons déduire de nos
observations que l'âge du lait, en rapport avec l'âge de l'enfant,
n'a pas non plus d'influence au point de vue de la tolérance
gastrique.
Nous observons constamment à la « Crèche » des enfants de
peu de jours, allaités par des nourrices de plusieurs mois ;
d'autres fois, c'est le lait qui a deux ou trois mois, et l'enfant
environ un an. Le rapport qu'on veut voir avec l'âge n'a pan
plus de signification, à notre avis ; nous observons chaque
532 LOUIS MORQUIO
jour des différences énormes, même d'un an et plus, et cepen-
dant l'accroissement de l'enfant ne peut se réaliser en des
conditions meilleures.
Au point de vue pratique, cette donnée a son importance.
Elle nous indique, — outre la possibilité de faire face d'une
manière satisfaisante aux nécessités d'un service comme le
nôtre, — que le médecin, en cas d'urgence, peut faire abstrac-
tion de l'âge du lait, à la condition que la nourrice soit saine ;
hors de cette circonstance, il est préférable sans doute, quand
on le peut, de prendre une nourrice dont le lait ait un âge qui
se rapproche de celui de l'enfant, afin que la durée de l'allai-
tement puisse se prolonger le temps nécessaire.
Nourrices exceptionnellement bonnes. — En dépit de l'exa-
men chimique et microscopique, il y a des nourrices exception-
nellement bonnes. Ces nourrices, qui rendent sains tous les
enfants qu'on leur confie pour l'allaitement, sont précisément
celles dont le lait contient constamment en excès la matière
grasse, c'est-à-dire la substance qu'on fait intervenir comme
ayant le plus d'influence dans les désordres digestifs des enfants
nourris au sein.
Nous avons eu et nous avons constamment deux ou trois
de ces nourrices, dont quelques-unes ont été à « la Crèche »
à plusieurs reprises et qui y jouent un rôle d'une importance
considérable.
Ces femmes donnent toujours du lait en grande quantité,
autant qu'on en veut, peut-on dire ; chez la plupart, on
arrive à 2 litres et demi, et jusqu'à 3 litres quand il le
faut, sans aucun inconvénient pour leur santé ; deux d'entre
elles fournissaient souvent cette dernière quantité.
Ce qui est singulier, c'est que le lait de ces nourrices
s'adapte à la capacité digestive de l'enfant, quel que soit son
âge, quel que soit son état de santé. Quand un enfant du ser-
vice ne va pas bien, parce qu'il ne s'adapte pas à l'aliment
qu'il absorbe, nous le passons à une de ces nourrices, et il est
presque sûr que sa transformation ne tardera pas à se mani-
fester. Lorsqu'un enfant entre malade, exigeant plus de soins
et surtout un bon aliment, une de ces nourrices s'en charge, et
les résultats sont toujours satisfaisants.
Ce sont des nourrices spéciales pour les enfants débiles.
Ces enfants, quel que soit leur poids, dès qu'ils ont surmonté
les premiers dangers, vont splendidement avec ces nourrices.
l'examen du lait dans l'allaitement 533
Parmi elles, il y en a qui ont toujours trois ou quatre débiles
congénitaux, alimentés exclusivement au sein, et elles les
entretiennent jusqu'à leur passage au service externe, ce qui
arrive à quatre ou cinq mois, alors que la vie de l'enfant est par-
faitement assurée.
Enfin, ce sont des laits essentiellement bons, doués de pro-
priétés biologiques qui échappent à toute analyse, mais qui
ont chez l'enfant leur meilleur réactif. Ces laits contredisent de
la manière la plus formelle les influences, sur les troubles
digestifs, basées sur les analyses chimiques et microscopiques,
parce que, tout en offrant surabondamment les conditions
d'intolérance sur lesquelles se fondent celles-ci, les résultats
qu'ils donnent sont plus que satisfaisants.
Nous citerons quelques exemples :
534
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5:58 LOUIS MoriQuio
Causes occasionnelles de l'intolérance digestive.
En présence des troubles digestifs intimemnt liés au lait
féminin, ainsi qu'il résulte d'une manière évidente en plusieurs
circonstances, il est logique d'admettre que cet aliment, bien
toléré jusqu'alors, doit avoir subi une modification qui Ta
transformé et qui explique ses effets plus ou moins nocifs.
Nous avons vu comment ces troubles ne peuvent se subor-
donner à l'examen chimique, parce que celui-ci manque de
constance et qu'à chaque instant ses résultats sont contredits
par les faits.
Il y a beaucoup à découvrir dans la composition du lait,
dit Schlœsing, et, sans nul doute, il doit exister des altérations
biologiques, que l'enfant sent, mais que ne parvient pas encore
à expliquer le réactif chimique ni le microscope ; et ce sont
cependant, peut-être, les seules qui pourraient expliquer ces
phénomènes cliniques, dépendant exclusivement de l'ali-
mentation.
Tant qu'on n'aura pas réussi à pénétrer ces secrets et à se
procurer les moyens de les mettre en évidence, c'est la connais-
sance étiologique qui doit fixer notre attention, parce que c'est
elle qui nous donne accès aux facteurs originaux ; et, une fois
la cause connue, il nous sera plus facile de corriger les effets.
En ce sens, nous passerons en revue les causes étiologiques
les plus communes, et nous verrons la valeur qui correspond
à chacune.
Ces causes sont :
1^ La suralimentation ;
2^ Le défaut d'adaptation ;
3^ Les états pathologiques ;
4® L'émotivité ;
5^ La menstruation.
La suralimentation. — La connaissance de la capacité de
l'estomac suivant les âges et le processus nutritif évalué en
calories nous montrent que l'alimentation est sujette à des
règles qu'on doit observer, si l'on veut que les fonctions s'exé-
cutent d'une manière physiologique.
L'excès d'aliment donné à l'enfant se répercute sur sa capa-
cité digestive en produisant des désordres qui se manifestant
par des régurgitations, des vomissements et des diarrhées, et
l'examen du lait dans l'allaitement 53î>
la continuation de cet état dyspeptique entraîne comme con>
séquence la dilatation des organes abdominaux, avec réper-
cussion sur l'état général sous la forme d'un rachitisme de
divers degrés. L'enfant peut se présenter sous deux aspects :
le plus commun est un état florissant, d'une grosseur très
appréciable, bien que les chairs soient molles, pâles, avec des
transpirations faciles ; ou sous la forme de dénutrition à un
degré plus ou moins avancé d'atrophie.
On éviterait ces défauts en faisant téter l'enfant d'une
manière régulière, à heure fixe et à intervalles toujours égaux.
Durant la nuit, on laisserait un espace de sept à huit heures
sans allaitement.
Pour ne pas sortir de la réalité, nous devons considérer ces
faits comme très rares, en face des cas fréquents où se produit
la suralimentation. C'est une exception, même dans les classes
aisées, de rencontrer un enfant assujetti à la diététique conve-
nable ; si le régime est observé de jour quelquefois, d'habitude
la nuit l'enfant se trouve au sein presque continuellement,
et cela arrive plus facilement lorsqu'il a déjà six ou sept mois,
c'est-à-dire lorsqu'il devrait téter moins souvent, chaque trois
heure&k et que le repos de la nuit devrait être plus long et plus
effectif: D'ailleurs, la quantité de lait qu'il ingère à chaque
tétée est essentiellement variable ; il y a une moyenne journa-
lière, progressive avec l'âge, mais dont la courbe subit de
grandes oscillations ; et, en comparant les tétées les unes avec
les autres, d'un même jour ou de différents jours, on constate
les plus grandes différences et les plus grandes irrégularités.
Toutefois, les enfants qui font ces excès sont en général
forts ; ils marchent à un an, ont leurs huit incisives et leur
fontanelle près de se fermer à cet âge ; en un mot, ce sont des
enfants tout à fait sains, parfaitement normaux. Dans la classe
ouvrière, où l'enfant tète quand il veut, de jour et de nuit,
on désire qu'il se remplisse jusqu'à la satiété, et une preuve
de cela et de sa bonne digestion pour les mères, ce sont les
régurgitations qui se produisent après chaque tétée C'est
précisément dans ce milieu que se rencontrent les enfants les
plus beaux.
Quoique notre tendance soit de chercher toujours, dans
ralimentatioXL au sein, l'assujettissement aux conditions hygié-
niques, ce que nous pratiquons systématiquement dans nofcre
service de la « Crèche » avec la balance comme guide, nous
540 LOUIS Mouguio
avons cru convenable de faire ces réflexions, qui nous mettent
en face de ce qui existe ; et nous devons déclarer que ce qui
existe est, en général, bon. Ces observations nous démontrent
que, si la diététique est absolument indispensable dans Tali-
mentation artificielle, elle n'est pas aussi rigoureuse dans l'ali-
mentation au sein, parce que l'excellence de l'aliment l'emporte
sur toute autre considération et que la puissance digestivp
de l'enfant est suffisante pour se défendre et s'adapter à
ses besoins.
Défaut (Inadaptation. — Dans quelques cas, le trouble digestif
n'est explicable par aucune cause ; la nourrice est saine, il
n'y a d'altération d'aucun genre, les tétées se font aux heures
précises et en quantité nécessaire. Il existe évidemment, dans
ces cas, un défaut d'adaptation, qui peut se traduire par de
petites manifestations gastro-intestinales, ou acquérir des pro-
portions qui mettent en péril la vie de l'enfant.
Parfois, ces faits arrivent dans l'alimentation materneDe.
En ajoutant un ou deux biberons d'aliment artificiel : lait de
vache, de jument, babeurre, etc., l'amélioration s'obtient;
mais, en général, on peut assurer que le seul moyen de les
corriger, c'est de changer de nourrice, si les circonstances
l'exigent.
Où ces phénomènes se manifestent le plus souvent, c'est
dans l'alimentation par la nourrice. Les choses se passent géné-
ralement de la façon suivante : l'enfant n'augmente pas de
poids, il vomit et a des évacuations irrégulières persistantes ;
ces altérations n'ont* d'autre explication satisfaisante que le
défaut d'adaptation au lait ; en effet, on change de nourrice,
et l'amélioration ne tarde pas à se produire.
A plusieurs reprises, nous avons observé le fait suivant :
Voilà deux enfants qui ne vont pas bien ; ils présentent des
troubles gastro-intestinaux prolongés avec diminution de poids.
Les deux enfants sont nourris exclusivement au sein par des
nourrices distinctes ; aucune différence d'âge ou état parti-
culier qui explique cette intolérance. La prolongation de cet
état, qui met en péril la santé et la vie de l'enfant, impose des
mesures radicales, au sujet principalement du changement de
nourrice ; on passe à une nourrice l'enfant de l'autre, et i^ice
çersâ. Cette épreuve a presque toujours donné, des résultats
excellents ; dès ce moment, il se fait chez les enfants une véri-
table amélioration, qui aboutit bientôt à la guérison.
4.\ f^WW •-
l'examen du lait dans l allaitement .Vil
Ceci nous démontre que les laits de ces femmes, respecti-
vement, n'étaient pas mauvais, mais seulement qu'ils n'étaient
pas adaptés à la capacité digestive des enfants. D'un autre
côté, ces nourrices allaitaient en même temps d'autres enfants
avec succès, ce qui justifie leur qualité; et il n'y avait rien, à
l'examen chimique et microscopique, qui puisse servir à expli-
quer cette anomalie.
De quoi dépend ce défaut d'adaptation?
Il est difficile de l'expliquer, comme il est difficile de pénétrer
toutes les particularités essentielles que présente l'étude de
l'alimentation de l'enfant, où l'on observe, parfois, les faits
les plus paradoxaux. Tout donne à supposer que la cause
réside dans le lait, dont les propriétés nocives existent pour
certains enfants et non pour d'autres, pour qui il peut avoir
des qualités splendides ; c'est cette affinité intime, que le
réactif individuel seul met en évidence et qui échappe encore
à une interprétation rationnelle.
États pathologiques. — Les maladies de la nourrice se réper-
cutent sur la sécrétion lactée, en réveillant des altérations qui,
dans bien des bas, ne peuvent être appréciées par l'analyse,
mais capables de produire chez l'enfant des réactions anor-
males de divers degrés.
Nous ne prétendons pas étudier complètement les rapports
de la pathologie avec l'allaitement ; cela nous mènerait trop
loin, mais bien insister sur les particularités pratiques en rap-
port avec l'objet de notre thèse.
Dans les maladies aiguës, dans les pyrexies principalement :
grippe, angine, pneumonie, etc., il surgit des états infectieux
ou toxiques, qui peuvent disparaître rapidement si l'on sus-
pend l'allaitement, ou se prolonger le même temps qu'elles,
si Ton continue le sein. On observe plus spécialement ces alté-
rations dans les maladies de l'appareil digestif, telles que les
indigestions, les états gastriques, les infections gastro-intes-
tinales. Mais, là où le fait a sa plus grande signification, c'est
dans certains états de la mère, de caractère toxique, représentés
plutôt par des malaises que par des maladies, mais qui agissent
sur l'enfant, en provoquant un trouble gastro-intestinal con-
stant ; nous signalons spécialement la dyspepsie et la consti-
pation pour la fréquence avec laquelle elles se manifestent
chez la femme qui allaite.
Les femmes arthritiques, sujettes à des états asthmati-
r-i» —
542 LOUIS MORQUIO
formes, à la céphalalgie, ou à des névralgies fréquentes, à des
migraines périodiques, ont fréquemment leurs enfants dyspep-
tiques, avec des alternatives d'acuité sous la forme de vomis-
sements 'alimentaires et bilieux, d'évacuations avec de gros
grumeaux et de diarrhées verdâtres.
Cependant ici encore la question offre des particularités
propres ; la tolérance peut aller très loin, et nous avons vu, à
' plusieurs reprises, que la continuation de l'allaitement, dans
des états fébriles aigus, comme conséquences d'angine, de
grippe, de rhumatisme, etc., n'a réveillé chez l'enfant aucun
trouble digestif.
Sous ce rapport, il nous paraît intéressant d'exposer l'obser-
vation suivante, qui démontre une tolérance complète dans
une hyperthermie vraiment exceptionnelle.
11 s'agit d'une femme multipare qui, depuis la grossesse de
son dernier enfant, présente des accès fébriles, caractérisés
par une hyperthermie extraordinaire. Ces accès fébriles appa-
raissent brusquement au milieu d'un état parfait, par un léger
frisson au début ; la température s'élève rapidement jusqu'à
atteindre le maximum en peu de temps ; la colonne thermo-
métrique se remplit dans un thermomètre marque PiUitzer,
dont le maximum est de 44^ ; mais il reste encore un espace
de 2o, plus ou moins, avant d'arriver à la limite ; de sorte
qu'on calcule que la fièvre monte, dans ces cas, à 46 ou 47*^ ;
les thermomètres sont inutilisés après chaque attaque fébrile ;
une seule fois le thermomètre a été cassé. Cette hyperthermie
est accompagnée d'un état d'assoupissement et de forte sen-
sation de poids à la tête. Fait très particulier à signaler : tant
que dure la fièvre, la respiration et le pouls ne se modifient pas:
ils présentent le nombre correspondant à la normale.
Après cette fièvre, sans localisation d'aucune espèce et coin-
cidant avec un état général exceUent, elle se rétablit rapide-
ment, et le lendemain elle est comme si rien n'était arrivé.
Tout donne lieu de supposer qu'il s'agit d'une réaction parti-
culière, exclusivement nerveuse.
Les accès se répètent de temps à autre, deux ou trois jours
de suite, et durent presque tout le jour.
Eh bien, cette femme, dont l'unique antécédent patholo-
gique à retenir est qu'elle a eu, il y a plusieurs années, des
hémoptysies supplémentaires de la menstruation, et qui ne
présente rien à présent, pouvant être considérée comme
l'examen du lait dans L allaitement iî^kS
parfaitement saine, au point de vue général et local, nourrit
exclusivement au sein sa petite fille, qui a actuellement dix
mois ; c'est une créature splendidement développée ; elle n'a
jamais présenté aucun désordre digestif, et le côté particulier
de cette observation, c'est que la mère continue à l'allaiter
durant tout son état fébrile, sans que le petite ait jamais
accusé le moindre malaise.
Pour en finir avec cette question, nous dirons que nous avons
examiné à plusieurs reprises le lait de nourrices au moment
où elles se trouvaient atteintes d'affections légères, mais qui
coïncidaient avec quelques dérangements chez les enfants
qu'elles nourrissaient, et nous n'avons jamais rencontré de
corpuscules de colostrum ; quant à la réaction oxydante, elle
s'est manifestée sous une forme si inégale qu'elle n'autorise
pas de conclusion importante.
Etats émotifs, — Le système nerveux joue un rôle capital
dans l'allaitement au sein. Tout le monde observe l'influence
qu'ont les états émotifs, les simples impressions désagréables
sur la sécrétion lactée et leur répercussion sur l'état digestif
de l'enfant.
11 y a des femmes qui, par leur émotivité persistante, pro-
voquent chez l'enfant des troubles permanents, qui ne se
modifient que par le changement d'aliment. Ces altérations,
loin de se corriger, se maintiennent, parce qu'elles exagèrent
davantage le nervosisme de la mère, tombant dans un cercle
vicieux.
Pour cette raison, il faut prendre garde, chez la femme qui
allaite, aux impressions, aux états émotifs, préoccupations de
n'importe quel ordre, spécialement de toutes les sensations
affectives de caractère moral ou psychique.
La manifestation la plus caractéristique qui se trouve dans
les coliques intestinales des petits enfants, que nous avons
décrites, au commencement, c'est une modalité clinique par-
ticulière, toujours la même, et toujours de la même origine,
facile pour cela à mettre en évidence et à interpréter.
Quelle est la cause de ce syndrome douloureux? On examine
le lait de la mère, même à plusieurs reprises, et l'on ne peut
signaler rien d'anormal; on purge l'enfant, on lui donne des
lavements, de l'eau de Vichy, de la pepsine, etc., et l'état
continue ; de temps en temps on note des accalmies passagères.
Mais étudions la mère. C'est presque toujours une primipare,
r>i4 LOUIS MOUQUIO
d'un milieu social aisé ; affective, extrêmement impression-
nable; comme cause occasionnelle, l'intervention d'étrangers et
de parents avec des conseils ou des préjugés l'excitant davan-
tage ; au lieu de la calmer et de la suggestionner dans un sens
favorable, tout conspire à empirer la situation, et avec elle
celle de l'enfant.
Il y a des toxines nerveuses, q«i s'extériorisent par le spasme
douloureux de l'intestin, de même que, chez d'autres enfants,
elles provoquent le vomissement par spasme du pylore. La
douleur est indépendante de la diarrhée verdâtre ; beaucoup
d'enfants ont une diarrhée verdâtre prolongée, mais sans dou-
leur ; en échange, il y en a d'autres qui ont de la douleur, et
les évacuations sont parfois jaunes. De sorte que le côté par-
ticulier de ces faits, c'est la douleur provoquée par le spasme
intestinal ; les moments de répit, chez l'enfant, correspondent
presque toujours à des états transitoires de tranquiUité chez
la mère.
Nous pouvons ajouter l'exemple suivant, que nous consi-
dérons comme significatif, en faveur de l'influence du nervo-
sisme sur ces états. Malgré la fréquence avec laquelle on observe
hors de l'hôpital ces manifestations, à la « Crèche », où les
nourrices vivent toujours au milieu du plus grand repos moral
et psychique, on entend exceptionnellement pleurer un enfant,
malgré la fréquence des évacuations verdâtres et malgré aussi
les différences considérables, très communes, entre l'âge du
lait et celui de l'enfant.
Cette manifestation est très rebelle à la guérison tant que
persiste la cause ; elle disparaît spontanément à trois ou quatre
mois par adaptation ; en certains cas, elle impose le changement
de nourrice.
Dans d'autres cas, c'est la dyspepsie gastro-intestinale
simple, provoquée exclusivement par le nervosisme de la mère.
Il y a des femmes qui vivent en état d'excitation permanente,
préoccupées de tout ce qui touche l'enfant avec une exagéra-
tion évidente. Parmi les causes qui provoquent ces troubles,
nous avons souvent rencontré la balance, instrument dange-
reux entre les mains de certaines mères ou de la nourrice,
continuellement fixées sur le résultat du poids.
La femme qui allaite doit jouir d'une tranquillité absolue,
et surtout se délivrer, autant que possible, des soucis de l'allai-
tement. La surveillance doit se faire d'une manière indirecte.
l'examen du lait dans l'allaitement 545
jusqu'à ce qu'on reconnaisse la nécessité de modifier l'alimen-
tation.
Ces troubles, plus ou moins sérieux, auxquels on peut en
ajouter d'autres d'un caractère infectieux et toxique qui
peuvent reconnaître la même cause, ne modifient pas visiblement
le lait.
Ces jours-ci, nous avons vu un enfant, continuellement dys-
peptique, nourri exclusivement par la mère, pleine de préoc-
cupations et de soucis excessifs, mère dyspeptique et nerveuse
à l'excès. Un état émotif de la mère a produit chez l'enfant un
état infectieux, caractérisé par de la fièvre, de la diarrhée
verte, fétide, avec gros grumeaux blancs.
L'examen chimique et microscopique du lait a donné le
résultat suivant :
Beurre 39 p. 1 000.
Matières albuminoïdes 15 —
Lactose 70 —
Globules gras moyens; pas de corpuscules de colostrum.
Comme on voit, on ne peut exiger une analyse plus normale ;
néanmoins la persistance de l'état infectieux, qui s'aggravait
chaque fois que la mère donnait le sein, rendit nécessaire de
recourir à une nourrice pour améliorer la situation.
Par conséquent, ici non plus nous ne trouvons pas, dans
l'examen du lait, une explication satisfaisante du phénomène
si commun des désordres digestifs chez l'enfant, ceux-ci coïn-
cidant avec des états émotifs de la mère.
Nous n'avons vu que la relation du nervosisme avec l'appa-
reil digestif ; mais les émotions, les états moraux, ont aussi
d'autres manifestations parmi lesquelles se détachent, par leur
importance, les convulsions chez les enfants, isolées ou répé-
tées, selon l'intensité et la persistance de la cause occasionnelle.
Menstruation. — Rien de plus intéressant que les faits d'obser-
vation, par rapport aux relations de la menstruation avec
l'allaitement.
Nous avons déjà dit que 16,5 p. 100 de nos nourrices ont pré-
senté la menstruation : toutes, après plusieurs mois de séjour
au service. La proportion est peut-être plus forte, si l'on consi-
dère que plusieurs se sont retirées avant le temps ordinaire
où se développe cette fonction.
Or, dans la plupart des cas, la menstruation passe sans plus
de signification pour l'enfant. Il se présente quelquefois des
Arch. de médec. des enfants, 1907. X. — 35
540 LOUIS MORQUIO
troubles digestifs sans importance : diarrhée verte, coliques,
malaise, insomnie, qui durent trois ou quatre jours, sans plus
de modifications pour l'état général ; cela est commun, surtout
dans l'allaitement par la mère.
Dans d'autres cas, la menstruation est accompagnée de phé-
nomènes plus considérables et même d'affections graves.
Ces états peuvent être transitoires ; ils durent quelques
jours et disparaissent ; dans d'autres cas, ils acquièrent un tel
degré de gravité et de persistance que le changement de sein
s'impose, quand même le nourrisson serait allaité par la mère.
Le fait devient plus évident, parce que, en général, il s'agit
d'enfants nourris parfaitement jusqu'à sept ou huit mois et
plus ; apparaît la menstruation, et avec elle la maladie, qui
peut acquérir une grande importance.
Les exemples abondent ; nous en prendrons quelques-uns
de récents.
Une mère multipare a nourri son enfant jusqu'à présent, il
a dix mois ; brusquement, sans que l'enfant eût pris autre
ehose que le sein, il présente du malaise, des vomissements et
ensuite une diarrhée sanguinolente ; en même temps apparaît
la menstruation ; l'enfant continue plusieurs jours à avoir de
la fièvre, de la diarrhée, etc. ; il s'améliore avec la disparition
du flux mensturel.
Une autre femme, secundipare, présente sa première mens-
truation au huitième mois. L'enfant, très sain, nourri seule-
ment au sein, s'éveille le matin sans appétit et se plaignant.
L'après-midi 39®, évacuations vertes. Il est agité, inquiet. Huile
de ricin. Nuit mauvaise, température en baisse. Le lendemain,
37^,3, évacuations verdâtres et fétides ; l'après-midi, 39**: on
suspend le sein ; la nuit, 40®. Température toujours rectale.
Le jour suivant, il se réveille avec 39'' ,5, prend un peu de sein,
un bain, des lavements ; il est gai. Mère au quatrième jour de
la menstruation ; à midi, 40®. L'aprè-midi, il se trouve un peu
mieux, il tète chaque trois heures ; il arrive à 38®,5 ; même
traitement. Il dort bien : le matin il est gai, ventre mou, quelques
coliques, langue saburrale. A midi, 40®,5. Calomel, 0,06. 11 a
deux évacuations jaunes, fétides ; il est fatigué, abattu ; à
sept heures après-midi, 38® ,6. Tout le jour, diète hydrique.
Menstruation à son terme. Le lendemain, il se réveille sans
fièvre ; état général excellent ; il tète chaque trois heures. La
menstruation a cessé, l'enfant ne présente plus rien.
L*EXAMEN DU LAIT DANS l'aLLAITEMENT 547
Examen du lait : 4 grammes p. 100 de graisse, globules
gras de différentes grosseurs, réaction oxydante négative ; pas
de corpuscules de colostrum.
Autre exemple. — Mère multipare, allaite son enfant de huit
mois qui s'est trouvé très bien jusqu'alors. Manifestations
gastro-intestinales qui se déclarent à la dentition ; on le met à
la diète hydrique ; il s'améliore, recommence à téter et s'ag-
grave ; le tableau est sérieux, il prend l'aspect de la gastro-
entérite toxique ; à ce moment se déclare la menstruation
chez la mère ; c'est la première fois qu'elle apparaît. De nou-
veau diète hydrique ; il continue ainsi plusieurs jours avec des
alternatives, et, vu l'état de gravité, caractérisée par des
vomissements répétés, de l'inquiétude, des évacuations ver-
dâtres fétides, de l'anorexie, par son aspect général qui fait
craindre la méningite et continue après que la menstruation
a cessé, on change de sein, et, dès ce moment, le nourrisson
commence à s'améliorer jusqu'à sa complète guérison.
Si cela arrive avec la mère, le fait est plus important dans
l'alimentation par la nourrice . Aussi, quand on la choisit, il
faut tenir compte de cette condition. Il y a des nourrices dont
la menstruation est tolérée sans grand inconvénient, mais, en
échange, il y en a d'autres qui provoquent chez l'enfant des
troubles qui peuvent être sérieux ; nous en avons vu quelques-
unes où les mêmes phénomènes intenses se répétaient à chaque
menstruation, nécessitant le changement.
Or, cette modification que supporte le lait, en devenant
profondément nocif pour l'enfant, correspond-elle à des alté-
rations chimiques et microscopiques appréciables ?
Dans quelques cas, ces altérations existent évidemment,
caractérisées principalement par la présence de corpuscules
de colostrum et la réaction oxydante positive ; mais, dans
d'autres, peut-être plus nombreux, d'après nos observations,
il n'y a aucune espèce de modification.
Nous citerons les deux exemples suivants de nourrices de
la « Crèche », où l'examen a été rigoureusement fait.
Nourrice 120, — C'est une femme saine, italienne, de vingt-huit
ans, qui a eu quatre enfants ; elle entre au service à dix-huit jours.
Dans sa courbe, nous trouvons fréquemment des annotations
journalières de 2 400, 2 500, 2 600 grammes de lait. Le 20 février,
à un an d'âge du lait, nous trouvons la quantité suivante :
2680 grammes.
548 LOUIS MOUQUIO
Examen microscopique. — Globxiles gras abondants de toute
grosseur.
Elle allaite trois enfants : un de deux mois vingt-trois jours,
qui prend en même temps deux biberons de lait de vache de
90 grammes ; un de vingt-quatre jours ; un de seize jours.
Elle est en menstruation depuis hier. Jusqu'à ce moment,
elle était considérée comme une excellente nourrice ; tous les
enfants augmentaient de poids, sans dérangements d'aucune
espèce. Un examen chimique du lait avait donné quelques
jours avant : graisse, 3,90; matières albuminoïdes, 1,65; lac-
tose, 6,90 ; inutile de dire que les proportions de ces composants
ne peuvent être plus normales.
Néanmoins, cette nourrice, qui a sa seconde menstruation
le 16 mars, est obligée de sortir du service le 22 du même mois,
avec la note suivante :
« Attendu que le lait est nocif pour les enfants qu'elle nour-
rit, car ils diminuent de poids et présentent des troubles diges-
tifs sérieux. Les enfants qui ne progressaient pas avec cette
nourrice se sont améliorés rapidement avec une autre. »
Nourrice 157. — Italienne de vingt-quatre ans, multipare,
entre au service à quinze jours de l'accouchement.
Nous trouvons annotées les quantités suivantes de lait par
jour : 1 700, 1 800, 1 940, 2 020, 2 180, 2 210 et 2 340 grammes
comme maximum.
Nourrice considérée comme très bonne ; elle allaite conti-
nuellement deux ou trois enfants. La quantité de graisse
oscille, dans les divers examens journaliers, entre 3 et 5 p. 100;
les annotations sur l'examen microscopique sont très variables,
comme dans tous les cas. Également, la réaction oxydante, qui
se manifeste quelquefois, est faible ; pas de corpuscules de
colostrum.
En octobre, à huit mois, elle fait sa première menstruation,
laquelle se répète tous les mois, sans changement, durant
environ cinq jours ; l'état de la nourrice se maintient bon :
rien n'a changé en elle en apparence, mais la qualité de son
lait s'est transformée, sans que l'examen découvre rien de
particulier.
En janvier, les enfants qu'elle nourrit tombent malades
(menstruation) et présentent rapidement un état grave ; un
d'eux succombe : c'est un état toxique, avec dépression, anurie,
vomissements répétés, évacuations verdâtres et aqueuses.
l'examen du lait dans l'allaitement 540
Les enfants furent passés à la nourrice 184, dans la forme
suivante :
( Le 18 janvier pèse 3 880 grammes.
2899. \ Le 26 janvier, change de nourrice, grave, pesant 3 200 grammes.
( Le 8 février, sort avec 3 420 grammes.
iLe 24 janvier, pose 3 200 grammes.
Le 7 février, change de nourrice, grave, pesant 2 520 grammes.
Le 28 avril, sort avec 4 970 grammes.
^ Le 31 janvier pèse 2 920 grammes.
2976. ) Le 7 février change de nourrice, grave, pesant 2 680 grammes.
( Le 15 mars sort avec 3 750 grammes.
Nous voyons, par conséquent, que les toxines de la menstrua-
tion influent sur l'enfant, en provoquant un état grave, qui
se manifeste par la diminution considérable du poids ; nous
voyons aussi que le changement de nourrice, à temps, a pu
sauver ces trois enfants d'une mort certaine, si l'on avait
persisté à les allaiter par la même nourrice.
L'autre enfant, par la rapidité et la gravité des phénomènes,
ne put réussir de même et finit par la mort, avec la particu-
larité que, quelques jours avant, il avait été passé à cette
nourrice, parce qu'il présentait continuellement des vomisse-
ments et de la diarrhée, avec diminution de poids, et le chan-
gement avait rapidement apporté une franche amélioration.
Enfant 2 882, qui entre le 10 novembre 1905 âgé de quelques
heures, pesant 2 120 grammes. Il a de fréquents troubles diges-
tifs, principalement le vomissement pour défaut d'adaptation,
oscille beaucoup dans le poids, jusqu'à ce que, le 20 décembre,
il passe à la nourrice 157, pesant 2 870 grammes. Les vomisse-
ments cessent tout de suite.
Le 26 décembre 3 000 grammes.
lie 7 janvier 3 150 —
Le 15 — 3 250 —
Le 19 — 3 250 —
On est surpris de voir que le poids se maintient le même ;
l'enfant est triste ; quelques évacuations verdâtres.
Le 20 janvier... Nourrice, menstruation.
■ U 21 — ... L*enfant a cinq évacuations, faciès abattu, déprimé, refuse de
I téter, 39». Sérum artificiel,
j U 22 — ... Six évacuations fétides.
Le 23 — ... Pèse 2 600 grammes. — Très grave. — La diarrhée continue. —
État toxique. — A baissé de 550 grammes en quatre jours. — 39'>.
11 continue ainsi jusqu'à sa mort le 26, avec des phénomènes
de gastro-entérite toxique.
1
550 LOUIS MORQUIO
La nourrice sort du service avec cette annotation :
« Cette nourrice était bonne pour toute classe d'enfants et
s'est maintenue telle jusqu'à l'apparition de la menstruation.
Depuis lors les qualités du lait se sont modifiées ; tous les
enfants sont tombés malades avec des troubles digestifs et
des états toxiques graves. »
Il n'y a aucun doute qu'il doit exister une modiflcation
profonde du lait, puisque la menstruation change si radica-
lement les conditions d'une nourrice; mais nous ne trouvons
d'explication, ni dans la composition chimique, puisqu'elle
nous fait voir que le buerre et la caséine peuvent se présenter
dans les conditions normales, ni dans l'examen microscopique,
qui nous offre une formule uniforme non distincte des autres
moments, ni dans la présence de corpuscules de colostrum,
qui n'existent que dans certains cas, ni dans la réaction oxy-
dante, qui ne s'est pas rencontrée précisément dans les acci-
dents toxiques, etc.
Les altérations que subit le lait dans ces cas sont principa-
lement d'ordre biologique, et leur analyse, pour être exacte,
devrait nous porter à une investigation de la capacité toxique
du lait. Là peut-être nous trouverions l'explication du phéno-
mène.
On doit observer encore que ces faits se produisent presque
exclusivement en été, dans les mois de janvier et février, la
chaleur étant, par conséquent, la cause efficiente des propriétés
toxiques que prend le lait dans certains cas de menstruation.
Nous terminerons par la conclusion suivante :
Dans l'état actuel de nos connaissances, il est impossible
d'établir aucune relation au point de vue général entre l'exa-
men du lait et les conditions d'adaptation de l'enfant.
L'enfant continue à être l'unique réactif de la qualité du
lait de femme, lequel se modifie en certaines circonstances
jusqu'à devenir nocif, sans que sa composition chimique et
microscopique nous fournisse l'interprétation du fait.
REVUE GÉNÉRALE
VARIATIONS LEUCOCYTAIRES EN CLINIQUE INFANTILE
L'examen du sang acquiert de jour en jour une valeur plus grande
pour le diagnostic et le pronostic des processus morbides. Les appli-
cations cliniques de l'hématologie sont journalières, et il importe
qu'on se livre de plus en plus à deâ investigations dont la technique
«st assez aisée, quoique très minutieuse.
Pour ce qui regarde seulement les leucocytes et leurs variations
dans les processus morbides, la clinique infantile peut grandement
bénéficier d'une étude suivie de la formule leucocytaire dans le
sang des malades.
Dans un travail très documenté (69 observations), le D^ Mamerto
Acuna nous montre tous les services que les examens répétés du
sang peuvent rendre aux médecins d'enfants (1).
Nous ne pouvons mieux faire que d'exposer les principales données
de l'important mémoire de notre confrère argentin.
L'examen du sang devrait avoir droit de cité dans toutes les
cliniques, au même titre que l'examen des crachats, des urines, du
pouls, etc. Pour avoir une valeur réelle, cet examen sera complet,
tenant compte des caractères distinctifs des globules rouges, des
globules blancs, de l'hémoglobine. Les autres investigations (étude
du plasma, résistance globulaire, cryosoopie) appartiennent au labo-
ratoire plus qu'à la clinique courante. Pour porter tous leurs fruits,
les examens seront essentiellement cliniques, c'est-à-dire rapportés
au malade plus qu'à la maladie.
L'étude des leucocytes offre surtout un grand intérêt ; la déter-
mination de leurs variaions quantitatives et qualitatives, de la
formule leucocytaire, peut avoir une grande utilité pour le diagnostic
et le pronostic. Cela est en rapport avec le rôle joué par les leuco-
cytes dans la défense de l'organisme.
Les réactions leucocytaires varient d'ailleurs suivant la nature
et la virulence des microbes, comme aussi suivant les moyens de
défense dont l'organisme dispose. Ces réactions ont la valeur d'un
symptôme pouvant être utilisé au bénéfice de l'enfant, et elles ne
(1) Df Mamerto Acuna, Valor semiologico y clinico de las variaciones leu-
cocitarias en los procesos môrbidos (Argentina medica, déc. 1906).
552 REVUE GÉNÉRALE
suffisent pas à elles seules pour caractériser une maladie ; elles per-
mettent d'orienter le diagnostic vers un groupe d'affections que la
clinique individualisera ensuite.
Pour tirer profit de cette donnée, il faut répéter les examens et
dresser en quelque sorte une courbe leucocytaire de chaque cas.
Un examen isolé n'a pas plus de signification qu'une température
prise une fois par hasard. En multipliant les examens, on peut établir
le cycle de la maladie, mesurer l'état de la défense et déterminer
ainsi le moment opportun pour appuyer cette défense par une
intervention plus ou moins énergique.
On ne saurait prétendre tirer d'un examen unique et isolé des
indications fondamentales pour l'étude des maladies.
Les variations leucocytaires peuvent s'apprécier en un certain
nombre de formules, qui, d'ailleurs, ne sont pas spéciales à telle ou
telle maladie, mais plus souvent communes à un groupe, à une
catégorie d'affections morbides. Ces réserves faites, la valeur séméio-
logique des réactions leucocytaires peut s'appliquer au diagnostic,
au pronostic, au traitement.
Diagnostic. — L'étude de la formule hémo-leucocytaire per-
mettra de séparer immédiatement les affections à hyperleucocytose
de celles qui s'accompagnent d'une réaction leucocytaire modérée
comme des états leucémiques. Il existe des groupes d'affections à
formules leucocytaires bien définies, avec augmentation de poly-
nucléaires, de mononucléaires ou d'éosinophiles.
La leucocytose polynucléaire^ très commune, s'observe dans les
infections et inflammations aiguës, les suppurations chaudes des
parenchymes et des séreuses, avec diapédèse intense et exsudation
abondante de fibrine : pneumonie, bronchopneumonie, érysipéle,
scarlatine, diphtérie, rhumatisme, etc. Elle est plus intense dans
les affections franchement suppuratives (appendicite, pleurésie)
que dans les affections exsudatives (rhumatisme, blennorragie).
Pour le diagnostic des suppurations, c'est un symptôme plus
sensible et plus sûr que l'étude du pouls et de la température ;
font exception à cette règle les foyers enkystés à liquide stérile.
Donc l'hyperleucocytose permettra de dépister une suppuration
cachée. Elle permettra de distinguer la pneumonie de la grippe et
du pneumotyphus ; la pleurésie purulente des épanchements séreux ;
la méningite cérébro-spinale de la méningite tuberculeuse ; la scar-
latine des éruptions scarlatiniformes et morbilliformes ; l'appendicite
aiguë de la fausse appendicite.
Bien plus, l'étude attentive de la courbe leucocytaire permettra
parfois de distinguer des affections très voisines, la pneumonie de
la bronchopneumonie pseudo-lobaire et de la apléno-pneumonie.
Dans les maladies à hyperleucocytose, l'évolution de la courbe
leucocytaire est parallèle à la courbe générale de la maladie. Elle
VAKIATIONS LEUCOCYTAIRES EN CLINIQUE INFANTILE 553
descend brusquement dans les affections cycliques comme la pneu-
monie, par lysis dans celles dont la défervescence est lente et graduelle.
La leucocytose mononucléaire caractérise tout un groupe d'affec-
tions bien définies : coqueluche, oreillons, rubéole, variole, etc. Elle
a une valeur séméiologique moins importante à cause de la spécificité
bien connue des maladies dans lesquelles on la rencontre. Elle peut
permettre cependant de distinguer la rougeole et la variole de la
scarlatine avant l'éruption, la coqueluche des simples bronchites
et des adénopathies médiastines à syndrome coqueluchial.
L'éosinophilie peut rendre de grands services en clinique pour
juger de la nature d'une tumeur ou des causes d'une anémie.En pareil
cas, la constatation d'une éosinophilie positive aura la valeur d'un
symptôme pathognomonique. Elle est positive dans plusieurs intoxi-
cations et maladies chroniques : tuberculine, maladies de peau,
lèpre, asthme, etc. Dans l'ankylostomiase et la botriocéphaliase,
elle se rencontre 90 à 95 fois p. 100 ; elle est moins constante
et moins prononcée dans la trichine, les ascarides, les ténias. D'après
Mamerto Acuna, elle pourrait servir au diagnostic des kystes
hydatiques (80 fois sur 100). Dans 10 p. 100 des cas, elle manque ;
dans les 10 cas restants, elle est discrète (3 à 4 p. 100) ; elle
dépasse 5 p. 100 dans les 80 autres cas.
Donc l'éosinophilie, si elle est positive, pourra permettre, associée
à d'autres symptômes, d'affirmer l'existence d'un kyste hydatique ;
si elle est négative, elle fera repousser ce diagnostic.
Uhypoleucocytose se voit dans la fièvre typhoïde, le paludisme,
la rougeole, certaines anémies, etc. Elle permet de séparer la fièvre
typhoïde de la pneumonie adynamique, de la granulie, de la grippe,
de l'embarras gastrique fébrile, etc. La fièvre typhoïde et les para-
typhoïdes se caractérisent par la diminution des globules blancs et
par la mononucléose, tandis que la polynucléose domine toujours
dans les états typhoïdes des autres maladies.
La courbe leucocytaire est variable dans la syphilis, la tuberculose,
les tumeurs malignes,et l'on peut rencontrer tour à tour la polynucléose
ou la mononucléose, suivant l'intervention de germes associés, etc.
La réaction leucocytaire, dans ces maladies, n'en dépend pas
directement ; elle est subordonnée à dés causes accidentelles.
Dans les leucémies^ l'étude des globules blancs a une très grande
valeur ; elle permet de séparer ces états des leucocytoses simples,
des anémies pernicieuses, etc. Elle a permis de comprendre les variétés
pseudo-leucémies, anémies spléniques dans le groupe des leucémies
vraies (leucémies aleucémiques,lymphocythémies aleucémiques,etc.).
Pronostic. — Pour chaque maladie, il existe une formule hémo-
leucocytaire moyenne qui constitue par sa régularité et sa constance
un véritable équilibre pathologique. Dans les maladies à hyperleu-
cocytose, une leucocytose d'intensité moyenne est de pronostic f avo-
554 REVUE GÉNÉRALE
rable, témoignant en faveur d'une bonne défense de l'organisme.
Toute modification de cet équilibre en plus ou en moins sera de
mauvais augure.
Les hyperleucocytoses intenses, excessives, de même que les h3rpo-
leucocytoses, sont des indices de haute gravité, de virulence extrême.
Dans l'un comme dans l'autre cas, le pronostic est également
grave ; la seule différence est que, dans le premier cas, l'organisme
succombe malgré une défense énergique, tandis que, dans le second,
il meurt sans combat, paralysé dans ses moyens de défense par Tin-
tensité de l'infection. Dans les affections accompagnées de faible
réaction leucocytaire ou de leucopémie, une diminution rapide des
globules blancs est de pronostic grave ; l'apparition d'hyperleucocy-
tose est grave aussi, comme révélant une complication.
Toute déviation dans la courbe générale d'une affection implique
une aggravation ou une complication. Par exemple, si la courbe
leucocytaire, dans sa marche descendante, présente tout à coup
une ascension forte, cela indique une recrudescence du processus
{érysipèle, rhumatisme), ou une extension (pneumonie double), ou
la réinfection d'un foyer de suppuration.
L'éosinophilie a aussi sa valeur pronostique. Sa disparition com-
plète dans le sang, au cours d'une maladie infectieuse, aggrave le
pronostic ; sa disparition incomplète est plus favorable. Son appa-
rition graduelle au cours d'une maladie est le plus sûr prodrome
de la convalescence ; elle augmente parfois jusqu'à constituer une
crise de convalescence.
Traitement. — Le traitement est appelé à bénéficier de l'étude de
la courbe leucocytaire. Si, dans une tumeur, sur la nature de laquelle
plane un doute, on a trouvé une éosinophilie franche, ce seul fait devra
pousser à l'intervention chirurgicale (foie, rein, etc.) ; et on saura
que,dans l'immense majorité des cas,il s'agit de tumeur à échinocoques.
Si les tumeurs, de diagnostic incertain, s'accompagnent d'une
forte leucocytose, il faudra aussi intervenir ; car il s'agit d'une
collection purulente (abcès du foie, du rein, du cerveau, appendicite
suppurée, etc.). Quand les tumeurs s'accompagnent de lymphocytose
intense ou de myélémie (leucémies), la découverte de cette formule
leucocytaire sera une contre-indication formelle à toute intervention
opératoire. Par contre, la radiothérapie sera indiquée.
Dans les affections à hyperleucocytose, une h3rpoleucocytose
coïncidant avec un état grave (forme hypertoxique d'appendicite,
septicémies, etc.) fera ajourner toute intervention, l'organisme ne
pouvant supporter le choc opératoire dans l'état d'inhibition où se
trouvent ses moyens de défense.
On voit que les conclusions du savant mémoire de M. Mamerto
Acuna sont utilisables pour la pratique courante ; à ce titre, elles méri-
taient d'être mises en relief et portées à la connaissance de nos lecteurs.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Two cases of purpura hamorrhagica neon^tomm (Deux cas de
purpura hémorragique des nouveau-nés), par le D' Alex. Allan (The
Glasgow Med, Journal, fév. 1907).
I. Garçon né le 30 septembre 1905, d'une primipare bien portante. Le
2 octobre, quarante-huit heures après, melœna, sans vomissement ni hé-
matémèse. Pâleur, altération des traits, agitation, refus du sein, douleurs
de ventre, fièvre. On voit bientôt des ecchymoses à la région ombilicale et
à la partie supérieure des deux tibias. Les taches se multiplient ensuite
avec pétéchies purpuriques nettes. Hypothermie, mort. Pas d'ictère ni
cyanose, ni paralysie. Pas d'hémophilie ni rhumatisme dans la famille.
Le père nie la syphilis.
II. Enfant né le 7 octobre 1905 ; le 10, melœna, douleurs de ventre,
refus du sein. Taches purpuriques aux fesses, sur les membres inférieurs,
ecchymose à l'épaule droite, au sein gauche. Écoulement sanguin de
l'ombilic, un peu de fièvre. Convulsion, mort.
Pas de syphilis, trois autres enfants sains, pas d'hémophilie ni rhumatisme,
pas d'ictère ni cyanose, pas de septicémie ombilicale. Pas d'autopsie.
Un cas de dysostose cléido-cranienne, par MM. J. Voisin, R. Voi-
sin et Macé de Lépinay (Soc, méd. des hôp,, 8 février 1907).
Fille née le 5 janvier 1891, entre à la Salpfttrière en 1903. Père alcoor
lique peut-être, parents morts tuberculeux. A quatre ans, elle aurait eu
une méningite. Maigre, chétive, elle n'a que l^jlS de taille (cyphose et
scoliose, tête enfouie dans les épaules). Front bombé, olympien, bosses
frontales exagérées avec sillon médian, face petite, yeux à fleur de tête,
nez allongé, aspect de tête d'oiseau. Brachycéphalie, persistance des
fontanelles, suture sagittale non fermée. Os frontal non unifié. La fon-
tanelle antérieure a 10«'°,5, la postérieure 9 centimètres. Pas de soudure
entre les pariétaux et l'occipital. Voûte palatine ogivale, non soudée.
Dents en nombre insuffisant et cariées. Circonférence de la tête :
53 centimètres.
I^es clavicules ne sont presque pas ossifiées. A droite, la partie osseuse,
située dans le tiers interne, de la grosseur d'une plume de corbeau, n'a
que 1 centimètre et demi. Le reste de l'os est ligamenteux, et les parties
sont si molles que l'os se déforme à la pression.
A gauche, la partie osseuse a 2 centimètres et demi; elle est située à
l'union du tiers moyen et du tiers interne ; clavicule flexible. Omoplates
non détachées du thorax, épaules non tombantes. Pas de mouvements
anormaux. On peut rapprocher les deux bras l'un de l'autre, jusqu'au
contact Luxation congénitale du radius en arrière. Poignet plus gros que
550 ANALYSES
normalement. Main déjetée en dehors. Intelligence à peu près normale.
L'hérédité n'a pu être recherchée chez cette enfant, qui était orpheline
et abandonnée. Mais le cas rappelle tout à fait celui de MM. Marie et
Sainton par la persistance des fontanelles et des sutures crâniennes et
par l'absence d'ossification des clavicules.
La radiographie du crâne a permis d'apercevoir les circonvolutions
cérébrales.
Variations de la composition des laits de femme, par MM. Barbier
et BoiNOT {La tuberculose infantile, 15 décembre 1906).
La composition du lait de femme varie du début à la fin d'une tétée ;
elle varie suivant les heures de la journée, suivant l'âge du lait, suivant les
conditions individuelles. Deux laits du même âge, provenant de deux
femmes différentes, ne sont pas comparables entre eux. La modificatioa
de l'alimentation entraîne une modification du lait De même la fatigue
physique ou cérébrale, les émotions, etc., peuvent agir sur la composition
du lait. Pour l'analyse, on prend 10 centimètres cubes de lait au début de
la première tétée du matin, 10 centimètres cubes au milieu de la tétée de
trois heures, 10 centimètres cubes de la fin de la tétée de neuf heures du
soir. C'est dans ce lait moyen qu'on dosera le beurre, la caséine, la lactose.
A mesure que le lait devient plus vieux, on note une diminution de la
caséine ; mais il y a des exceptions. Le lait varie aux différentes heures
du jour. Les laits du matin sont très pauvres en beurre; la tétée de trois
heures révèle une augmentation considérable. La teneur en caséine est
maxima à ce moment. Pour la lactose, abondante le matin, elle fléchit
l'après-midi et atteint son maximum à la tétée de neuf heures du soir.
Mais ces variations sont peu notables. Au cours d'une même tétée, les
variations du beurre sont notables ; le beurre augmente graduellement
du début à la fin de la tétée. La caséine varie moins, la lactose enwre
moins.
Si l'on donne à une nourrice une alimentation riche en hydrates de car-
bone et pauvre en albumine, on augmente le beurre et la lactose, on
diminue la caséine. Si l'on donne au contraire beaucoup d'albumine
(viande), on augmente la caséine du lait et aussi le beurre, la lactose
restant la même.
Quand un enfant au sein présente de la dyspepsie, on cherche du cdté
de la quantité de lait ou du réglage des tétées ; si l'on ne peut incriminer
la quantité de lait, on s'assure de sa qualité par l'analyse. Y a-t-il trop de
beurre ou de caséine, le lait est rendu indigeste, et on cherchera à Taroe-
liorer par le régime de la nourrice si la diminution de la quantité par tétée
ne suffit pas.
Diagnostic par le rhinologiste d'une forme insidiease et ambalatoire
de maladie de Werlhoif, par le D' E. Escat (Annales des mal. de
Voreille, etc., février 1907).
1. Garçon de quinze ans, atteint d'épistaxis depuis un mois, quand il se
présente le 5 septembre 1904. Il est petit et débile, anémique. Il raconte
que ses saignements de nez, apparus sans cause, sans fièvre, ont été suivis
de melaena et d'hématémèse et même d'otorragie. Après déshabillage,
on découvre des taches de purpura sur les avant-bras, des ecchymoses au
voisinage des articulations. On dirait qu'il a été roué de coups. Pas de
fièvre. Souille anémique au cœur.
L'examen des fosses nasales montre sur les deux faces du septum des
taches ecchymotiques. On fait le diagnostic de maladie de Werlhoff.
PUBLiavTlONS PÉIIIODIQUES 557
Application de longues mèches d'ouate trempées dans Tadrénaline à
1 p. 5 000 ; on les renouvelle toutes les douze heures. A l'intérieur, 2 grammes
de chlorure de calcium par jour. Guérison le 15 septembre.
II. Fille de dix ans, observée le 14 mars 1904, a eu, en huit jours,
trois épistaxis ayant nécessité un tamponnement antérieur. Teint chloro-
tique. Pas de fièvre. Légère ecchymose nasale, ecchymoses de la base
de la langue et sur le rebord alvéolaire à droite. Les urines auraient été
sanglantes. L'examen de la peau montre des pétéchies sur les avant- bras,
la jambe droite et la poitrine. Ecchymose très large sur le condyle interne
du genou droit Donc maladie de WerlhofT, à allures insidieuses, qui
aurait été méconnue sans les épistaxis. Tampons d'adrénaline à 1 p. 5 000,
chlorure de calcium, puis teinture de mars tartarisée.
III. Enfant de trois ans, observé en mars 1906, pour des épistaxis à
répétition. Deux mois après, l'enfant revient pour les mêmes saignements
de nez. Ecchymose sur le front, sur la joue gauche. L'enfant est très
sujet à ces taches ; le moindre choc lui laisse un bleu. Nombreuses ecchy-
moses sur le tronc et les membres. Pétéchies sur les épaules, la poitrine, les
avant-bras.
IV'. Garçon de six ans et demi, observé en août 1905 pour des épistaxis
à répétition; en même temps nombreuses ecchymoses sur le corps. Mère
ayant présenté les mêmes accidents. Cas douteux. Hémophilie ou maladie
de WerlhofT.
Ueber die Pathogenese derbei Morbus Barlow anftretenden Knochen-
yerànderangen (Sur la pathogénie des lésions osseuses de la maladie
de Barlow), par Georg Schmorl (Jahrh. /. Kinderheilk», 1907).
Ce travail est un travail de critique d'un mémoire de Losser sur le
même sujet paru dans le même périodique (vol. LXII). Dans ce travail,
l'auteur soutenait que les lésions dépendaient uniquement d'hémorra-
gies du périoste et de l'extrémité des os ; mais il semble s'être laissé
beaucoup trop influencer par les résultats expérimentaux et a trop négligé
les résultats publiés des autopsies. On peut facilement se rendre compte
que les hémorragies, la transformation de la moelle lymphoïde en moelle
fibreuse et l'atrophie de la substance osseuse sont des phénomènes liés
ensemble et causés par une altération qui frappe les vaisseaux osseux,
les cellules spécifiques de la moelle osseuse et les ostéoplastes. Mais il est
difficile de se prononcer sur la nature de cette altération. Ce n'est que
des recherches microscopiques sur le système osseux surtout des jeunes
sujets encore à la période de croissance dans le scorbut vrai qui pourront
éclaircir la question.
Zur Pathologie der Barlowschen Krankheit (Sur la pathogénie de la
maladie de Barlow), par le D' Max Flesch (Jahrh. f. Kinderheilk., 1907).
Dans les deux cas observés par l'auteur, il s'agissait d'enfants nourris
avec du bon lait, bouiUi pendant peu de temps avec l'appareil de Soxhlet.
La dilution du lait additionné de sucre de lait n'étant pas bien supportée,
on donna des farines. Il n'y eut de vraies hémorragies que deux fois,
TuD? gingivale, l'autre consistant en une hématurie qui dura quelques
semaines. On ne donnait que peu de farine (on ajoutait à l'eau qui ser-
vait à diluer le lait une cuiller à thé de farine d'avoine par litre d'eau
bouillie).
L'intérêt de l'observation est dans C3 fait que les deux enfants avaient
du côté maternel une forte hérédité diabétique ; les mères elles-mêmes
avaient eu, pendant leur grossesse, de notables quantités de sucre. Cette
558 ANALYSES
hérédité peut expliquer les troubles des échanges chez TenfanL Le diabète
jouerait peut-être dans la maladie de Barlow le même rôle que la syphilis
dans le rachitisme.
Zut Frage ûber die operative Bahandlnng der Diphteriêtteoesen dti
Kehlkopfes bei Saûglingen (Sur la question du traitement opératoire des
sténoses diphtériques du larynx chez le nourrisson), par W. Moltschaivoff
(Jahrb, /. Kinderheilk,, 1907).
La pratique thérapeutique suivie à la clinique infantile de Moscou est
la suivante : chaque enfant qui entre avec des phénomènes de sténose
reçoit aussitôt après son entrée une injection de 2 000-3 000 A. unités ;
Tinjection est répétée dans les vingt-quatre heures ; le malade est mis
dans une chambre où on fait de la vaporisation ; il reçoit de la codéine»
de la morphine et, selon Tétat du cœur, un des excitants (caféine, vin.
valériane). Beaucoup de cas guérissent ainsi sans intervention. Si la
sténose progresse ou si Tenfant entre avec des phénomènes menaçants»
sans attendre l'effet du sérum et des vaporisations, on intervient, et
d'abord par le tubage.
Jusqu'ici on n'a jamais fait la trachéotomie d'emblée. Quant à la
trachéotomie secondaire, elle est regardée comme indiquée dans les cas
suivants : 1^ si après plusieurs essais on n'a pu arriver à tuber ; 29 si le
tubage n'a pas amendé les symptômes ; 3^ si on ne peut arriver à détuber
définitivement, des signes de sténose reparaissant à chaque essai, ce qui
tient à des ulcérations laryngées par la pression du tube. L'auteur a
utilisé avec succès les tubes de O'Dwyer et Bokay revêtus de gélatine.
Ces tubes pourront réduire le nombre des trachéotomies secondaires
des « tubards ». Jusqu'en 1902, on employait le tube de Colin ; mais,
depuis, on s'est trouvé bien de son remplacement par celui de Froin.
qui en diffère par l'absence d'obturateur.
En dix ans (de 1895 à 1904 inclusivement), il y eut 308 cas, dont 239 gué-
ris, 69 morts, soit une mortalité de 22,4 p. 100. 107 enfants, soit 34,7 p. \(f*\
guérirent sans opération. On en tuba 193, dont 132 guérirent, 61 mou-
rurent, soit une mortalité de 31,6 p. 100. L'âge des nourrissons tubes
dépassait en général six mois ; 2 seulement étaient plus jeunes.
La trachéotomie secondaire fut employée en dix ans chez 8 malades,
dont 5 moururent et 3 guérirent, soit une mortalité de 62,5 p. 100.
Si on compare cette statistique à celle d'autres auteurs, on voit que
la mortalité des nourrissons après le tubage y est moindre (52,4 p. 100 au
lieu de chiffres variant de 56,5 à 76 p. 100), alors que leur mortalité
aurait dû être plus faible, puisqu'ils avaient recours pour tous les cas
graves à la trachéotomie d'emblée ; cette opération est le plus souvent
suivie de mort (jusqu'à 100 p. 100 de mortalité).
La principale objection au tubage du nourrisson est sa difficulté:
mais cette difficulté ne peut être appréciée qu'après qu'on l'a tentée.
On lui a aussi reproché la gêne qu'il apporte à l'alimentation ; mais
c'est là un inconvénient qui ne se manifeste qu'à un degré léger. Quant
à la réceptivité vis-à-vis des infections secondaires, elle n'est pas moindre
après la trachéotomie.
Obstipation infolge Darmabknickang Beitrag zor Lehre von der
sogenannten« Hirschsprungschen Krankheit » (Constipation par suite de
coudure intestinale. Contribution à l'étude de ce qu'on appelle maladie
de Hirschsprung), par Rico Pfisterer (Jahrb. f. Kinderkeilk., 1907).
Le nom de maladie de Hirschsprung est donné à un complexus sympto-
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 550
matique clinique. Le mégacôlon congénital est une anomalie très rare,
qui ne peut être reconnue avec certitude que par l'examen anatomique.
Le plus grand nombre des cas de maladie de Hirschsprung répond k une
anomalie du gros intestin partielle et le plus souvent congénitale, portant
surtout sur l'anse sigmoïde ou sur un état normal primitif ou secondaire
du mésosigmoïde. Il faut bien en distinguer les formes de constipation
désignées par Marfan comme « constipation congénitale ».
Souvent la cause de la constipation est la formation de valvules par
suite de coudure, lorsqu'il y a une direction anormale de l'intestin ou
quelque anomalie du mégacôlon. La coudure, lorsqu'elle est minime»
peut disparaître lors du sevrage.
Le fait que ces anomalies du gros intestin sont plus fréquentes dans
le sexe masculin peut tenir à la conformation du bassin osseux.
En faveur du caractère congénital de la lésion, il y a ce fait qu'on peut
voir chez ces sujets d'autres anomalies congénitales.
L'auteur apporte deux observations, l'une chez un enfant de cinq se-
maines, chez qui on fut amené à faire un anus artificiel dans l'hypocondre
gauche; l'enfant mourut et à l'autopsie on trouvait une coudure de
rS iliaque vers le rectum avec un angle ouvert en avant ; si on pressait
sur le segment du gros intestin au-dessus de la coudure, sur le côlon
descendant, l'S iliaque se remplissait, venait se presser contre le bassin
et se coudait avec le rectum. Si on tirait en haut l'S iliaque, le contenu
de l'intestin se vidait facilement par l'anus.
Dans le second cas, chez un enfant de moins de cinq ans, il s'agissait
d'un cas léger dû soit à l'extensibilité exagérée de la paroi intestinale, soit
à un état anormal du mésosigma, tel qu'allongement ou raccourcisse-
ment, l'intestin étant normal d'ailleurs.
Ueber Taberknlose der platten Schâdelknocher mitbesondererBerûck-
lichtigiixig der im Basler Kinderspitale von Jahre 1869-1905 beobachteten
Fille (Sur la tuberculose des os plats du crâne avec considérations
particulières sur les cas observés de 1869 à 1905 à l'hôpital d'enfants de
Bâle)» par le D' Max Reber {Jakrb. /. Kinderheilk,, 1907).
Malgré la rareté de la tuberculose des os plats du crâne, en trente-six ans,
on en a observé plus de 24 cas. D'autre part, on en trouve 134 dans la
littérature médicale.
La moitié des cas a été observée chez des enfants de un à deux ans,
peut-être à cause de la fréquence des traumatismes de la tête à cet âge.
L'affection est rare au-dessous d'un an. Il n'y a pas grande prédominance
de la lésion dans le sexe masculin.
Tous les auteurs sont d'accord pour admettre la fréquence des tares
héréditaires et pour dire qu'on ne voit ces lésions que dans les cas de
grave infection tuberculeuse générale. La lésion siège surtout sur le
frontal et lés pariétaux.
L'évolution clinique est la suivante : le début, qui a lieu soit spon-
tanément, soit à la suite d'un traumatisme, est marqué par un gonfle-
ment circonscrit sous le cuir chevelu ; la douleur est rare ; le plus
souvent les enfants sont amenés au médecin pour une autre lésion
tuberculeuse, et ce n'est que par hasard que celle-ci est constatée.
L'abcès finit par s'ouvrir au dehors, tandis que la lésion a déjà atteint
la dure-mère.
Il faut ouvrir, curetter, tamponner de gaze iodoformée, faire des
sutures périostiques et cutanées. Une abondante bibliographie termine le
travail.
500 ANALYSES
La hygiène escolar en la America latina (L'hygiène scolaire dans
l'Amérique latine), par le D' Luis Morquio (///* Congrès médical latino-
américaifiy tenu à Montevideo du 17 au 24 mars 1907).
Pour assurer aux écoliers une protection sanitaire suffisante» il faut :
10 Organisation d'un corps médical scolaire ; 2^ Inspection médicale
individuelle ; 3° Livret sanitaire individuel. Après avoir passé en revue
ce qui a été fait dans ce sens au Chili, au Brésil, au Paraguay, à TUruguay,
en Argentine, à Cuba, etc.), le D"" L. Morquio conclut à la subordination
de la pédagogie à l'hygiène, car l'hygiène de l'écolier se confond avec
l'hygiène de l'enfance et de l'adolescence.
Il faut que le médecin rencontre chez les maîtres et chez les pères de
famille des collaborateurs dévoués, si l'on veut réussir dans cette
œuvre de puériculture et de prophylaxie sociale. Grâce à cette collabo-
ration féconde, les préceptes d'hygiène se répandront, les maladies conta-
gieuses seront prévenues, la réglementation sage des exercices physiques
à l'air libre sera réalisée, etc., et l'enfant se développera dans les meil-
leures conditions pour devenir plus tard un membre utile du corps social.
Sarcoma gigante faao-celalar del haeco isqoio rectal y de la fosu
iliaca derecha (Sarcome géant fuso-cellulaire des fosses ischio-
rectale et iliaque droite), par Joaquin Bonet y Mestre {La Medicina
de los nitios, mars 1907).
Ce cas, recueilli dans la clinique du D' Andrès Martinez Vargas, à Barce-
lone, concerne un enfant de quatre ans entré le 22 juin 1904. On est frappé
par la présence d'une tumeur qui occupe les régions inguinale, périnéale
et anale, qui oblige l'enfant à incliner le corps en avant et à écarter les
jambes. Signes de rachitisme, faiblesse générale, adénopathies. Vu de
face, l'enfant présente une tumeur multilobée ; on compte à droite trois
mamelons occupant l'aine et le pubis, se continuant avec la masse inter-
fessière et anale. Il s'agissait d'un énorme sarcome de la fosse ischio*
rectale ayant envahi la fosse iliaque droite. Son volume était d'une tête
de fœtus, sa forme semi-sphérique, son aspect fongueux. Le 25 octobre,
on enlève une partie de la tumeur pour la soumettre à l'examen. Au micro-
scope, on voit qu'il s'agit d'un sarcome : cellules embryonnaires fusiformes
séparées par une substance amorphe.
Le 4 janvier 1905, l'enfant meurt, profondément cachectique.
Éruption post-vaccinale à forme d'herpès, par le D' Dam los (Soc, ài
derm. et de syph., 8 avril 1907).
Enfant de six mois, vacciné avec succès; le huitième jour, il se développe
une éruption qui se généralise en trois jours, se dissémine un peu partout,
ne devenant confluente qu'à la partie interne des fesses et à la région
interfessière. Au quatrième jour, les boutons vaccinaux s'étaient trans-
formés en croûtes épaisses, et il n'y avait pas de fièvre.
A la face, autour des lèvres, semis de papules et vésicules non groupées.
A la pointe de la langue, deux petites érosions consécutives probablement
à des vésicules rompues. Partout ailleurs, l'éruption était franchement
herpétique, caractérisée par des éléments vésiculeux, de volume inégal,
groupés sur un fond rouge. Çà et là se voyaient aussi des vésicules isolées.
Les groupes herpétiques, non symétriques, étaient au nombre de 8 a 10
de chaque côté sur les membres supérieurs, plus nombreux et symé-
triques sur les membres inférieurs (plantes des pieds, faces antérieure et
interne). Peu d'éléments sur le tronc, sauf à la région fessière.
Après quatre à cinq jours, les vésicules se desséchèrent; guérison com-
plète et rapide.
PUBLICATIONS PÉRIODigUES 501
Sopra tre casi di asma familiare (Sur trois cas d'asthme familial), par
le D'Walfredo Chiodi {Rw. di Clin, Pediatrica, mai 1907).
L'auteur a observé deux sœurs atteintes d'asthme.
1. Fille de huit ans, reçue à la Clinique de Mya (Florence) le 30 août 1905.
Père rhumatisant, mère épileptique. Une tante paternelle ihorte tuber-
culeuse il y a un' an. Un cousin et une cousine paraissent être asthma-
tiques. Née à terme, nourrie au sein par la mère pendant un an. Bronchite
intense à trois ans, puis toux fréquente, catarrhe abondant. Peu à peu le
thorax présente une voussure en avant ; dyspnée, accès d'asthme, bron-
chite sans trêve. Pouls 70, respiration 24, pas de fièvre» Thorax cylin-
drique, avec disposition en carène. Expansion faible. A la percussion, la
matité cardiaque a presque disparu. A l'auscultation, murmure vésiculaire
affaibli; nombreux râles sibilants et sous-crépitants. Bruits du cœur
profonds et lointains. L'enfant reste à la Clinique pendant cinq mois et
demi. Elle a eu pendant ce temps de nombreux accès d'asthme, se répétant
tous les quinze ou vingt jours sans cause appréciable. Ces accès duraient
deux à trois heures; ils étaient précédés d'un peu de fièvre. Enfant un peu
cyanosée. L'examen des crachats n'a pas montré de bacilles de Koch.
Poids entre 24 et 24''*f,800.
2. Fille de cinq ans et demi, sœur de la précédente. Née à terme, nourrie
au sein pendant un an. La mère, comme pendant l'allaitement précédent,
a eu des accès d'épilepsie. A trois ans, l'enfant a eu des convulsions.
Quelques mois avant l'entrée à l'hôpital, dyspnée répétée, puis véritables
accès d'asthme. Pas de coqueluche.
On trouve une enfant en bon état, avec un pouls à 76 et 20 respirations.
Pas de fièvre. Thorax déformé comme chez la sœur aînée, mais moins.
Exagération de la sonorité, diminution du murmure, râles musicaux.
Cœur un peu masqué par le poumon, bruits éloignés. L'enfant séjourne
environ un mois à la Clinique, ayant eu à diverses reprises des accès de
une à deux heures de durée. L'examen des crachats a été négatif.
Un frère de dix-huit mois, sans avoir de véritables accès d'asthme,
a parfois de la dyspnée et des ébauches de crise. Une sœur de seize ans
n'a rien de semblable. Donc trois enfants de la même famille sont atteints
à des degrés différents.
Les anormaux psychiques des écoles, par le D' E. Récis (Journal
de méd, de Bordeaux, 2 et 9 juin 1907).
Après une étude fort intéressante de ce qui a été fait en France et à
l'Étranger pour les enfants anormaux, M. Régis propose une organisation
comprenant trois éléments :
1° Écoles spéciales. — L'expérience a partout démontré que Vécole
spéciale autonome pour enfants mentalement anormaux vaut infiniment
mieux que la simple classe spéciale annexée à l'école ordinaire. Nous
pensons donc qu'il n'y a pas à hésiter et qu'il faut recourir, à Bordeaux,
d'emblée si on le peut, en tout cas le plus rapidement possible, à des écoles
spéciales.
Vu la configuration de la ville, ainsi que le nombre et la répartition des
anormaux dans les écoles existantes, ces écoles spéciales devraient être au
nombre de quatre : une au centre, une au nord, une au sud, une à La Bas-
tide, sur des points à préciser avec soin, le moment venu.
Le nombre des anormaux psychiques des écoles, garçons et filles, s'éle-
vant à Bordeaux à un chiffre global de 800 à 900, c'est donc une moyenne
de 200 enfants environ que contiendrait chacune des quatre écoles.
Chaque école pourrait comprendre 8 classes de 25 élèves au maximum,
ÀnCH. DE MÉbEC. DES ENFANTS. X. 36
502 ANALYSES
iSoit mixtes, si le système, courant à l'étranger, mais encore hasardeux
peut-être en France, de la coéducation des sexes est adopté, soit divisées
en quatre classes de garçons et quatre classes de filles, si les sexes restent
séparés.
Les enfants seraient répartis dans ces classes d'après leur état de calme
ou d'agitation, le degré de leur arriération et leur âge. Ils pourraient du
reste changer de classe et même passer ou revenir dans les écoles ordi-
naires, suivant les modifications survenues dans leur psychicité.
Ces classes seraient confiées pour la partie pédagogique à des maîtres
spécialisés, autant que possible, — ainsi que le souhaite à juste raison
M. Emile Martin — à des femmes, la femme ayant des qualités de patience,
de douceur, de bonté, d'ascendant affectif qui sont à la fois nécessaires
et du plus heureux effet vis-à-vis de tels enfants, assimilables, dans une
certaine mesure, à des malades.
Un médecin spécialiste serait attaché à chacune de. ces écoles. En colla-
boration étroite et intime avec les maîtres, il examinerait tous les enfants
à leur arrivée, dresserait leur fiche médicale, participerait à la désignation
de leur classe et ultérieurement à leur passage de Tune à l'autre ou à leur
retour dans les classes ordinaires, les suivrait en un mot un par un, régu-
lièrement et attentivement.
Ce plan comporterait donc quatre médecins spéciaux, dont trois adjoints
et un médecin-inspecteur, qui, comme à Bruxelles, centraliserait tout ce
qui aurait trait à ce service médical.
Les médecins et les représentants de l'autorité pédagogique élabore-
raient en commun le programme, l'horaire, le temps des études, des exer-
cices et jeux, des vacances, etc., pour les diverses classes d'anormaux
psychiques.
2. Consultations médico-pédagogiques. — Les médecins spéciaux dont
nous venons de parler seraient en outre chargés d'une consultation.
Cette consultation aurait lieu au moins une fois par mois dans chacune
des quatre écoles spéciales, soit le même jour, soit à des jours différents.
Y seraient conduits par les parents et autant que possible aussi par les
maîtres non seulement les élèves des écoles spéciales ayant besoin d'un
conseil médical particulier, mais aussi les élèves des écoles ordinaires de la
même circonscription qu'il serait utile d'examiner en vue de leur passage
possible dans l'école spéciale ou au sujet desquels maîtres et parents
désireraient être éclairés. Il va sans dire que ces consultations, purement
scolaires ou plutôt médico-pédagogiques, fonctionneraient, suivant la
remarque de M. Emile Martin, sans porter aucune atteinte au droit des
parents de recourir au médecin de leur choix pour les traitements à suivre.
Pour rendre ces consultations plus accessibles aux maîtres, aux élèves
et aux familles, elles pourraient se faire aux heures de sortie des classes,
c'est-à-dire à onze heures le matin ou à quatre heures l'après-midi.
3° Cours spéciaux aux instituteurs, — Le système que nous préconisons
pourrait être utilement complété par un enseignement médico-pédago-
gique fait aux élèves des Écoles normales, par les médecins spéciaux
pour la partie médicale et par les directeurs des écoles spéciales pour la
partie pédagogique. Les futurs maîtres des écoles ordinaires puiseraient
là des renseignements précieux en vue de l'observation et de la sélection
psychiques de leurs élèves, et les futurs maîtres des écoles spéciales s'ini-
tieraient ainsi à leurs délicates et difficiles fonctions.
Telles sont les mesures qui me paraissent devoir être prises en vue de
l'éducation, à Bordeaux, des enfants mentalement anormaux des écoles.
Les difficultés de diverse nature qu'entraînerait leur mise à exécution
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 563
sont, au fond, moins grandes qu'elles ne paraissent. Nous sommes convaincu
que notre ville peut réaliser facilement, non pas en bloc peut-être, mais par
étapes successives rapides, le plan ci-dessus et être ainsi la première en
France à organiser une éducation méthodique des anormaux psychiques
qui existe partout à l'étranger et qui s'imposera légalement chez nous dans
un avenir prochain.
A note on rhinorrhœa in fancial diphtheria (Note sur l'écoulement
nasal dans la diphtérie pharyngée), par le D' Rolleston {Metropolitan
Asylums Board Annual Report^ 1906).
Trousseau avait exagéré la valeur pronostique du j étage dans la di-
phtérie et méconnu sa fréquence. Sur 1 200 cas de diphtérie observés par
Rolleston depuis quatre ans, 323 ont présenté la rhinorrhée (près de
27 p. 100). De plus, chez 177 autres (14,5 p. 100), il était question d'é-
coulement nasal au commencement de la maladie. Donc 500 (41,6 p. 100)
ont eu quelque localisation nasale au cours de la diphtérie.
Il faut donc admettre que beaucoup d'angines diphtériques reçues à
l'hôpital sont accompagnées de rhinorrhée. Dans un certain nombre de
cas cliniquement angineux, le j étage est un symptôme initial qui a disparu
ensuite sans traitement. La fréquence de ce j étage précoce et transitoire
est en relation directe de la bénignité et inverse de la gravité de l'attaque
angineuse. Les angines qui s'accompagnent de j étage sont plus sévères
que celles qui sont isolées. Les cas avec angine et rhinite présentent le
jetage plus tard que ceux où il n'y a que de l'angine. Le jetage précoce et
transitoire est relativement plus commun dans les croups que dans les angines.
The abdominal refiez in enteric fever (Le réflexe abdominal dans la
fièvre typhoïde), par le D*" Rolleston (Brain, 1906).
En passant la pointe d'un crayon, avec une certaine vivacité et soudai-
neté, sur le ventre, on provoque des contractions réflexes évidentes des
muscles de la paroi. Des recherches de M. Rolleston, il résulte que ce ré-
flexe abdominal est aboli dans la plupart des flèvres typhoïdes, ou très
diminué. Il y a dans ce petit phénomène quelque chose pouvant servir
au diagnostic. D'ailleurs l'absence de réflexe n'est que transitoire; elle
n'est jamais aussi prolongée que la perte des réflexes tendineux dans les
névrites et la diphtérie. Le réapparition du réflexe abdominal, et surtout
sa restitution intégrale, indique le début de la convalescence et correspond
souvent avec la défervescence, la crise urinaire, etc. Il n'y a pas de rela-
tion constante entre le réflexe abdominal et les réflexes tendineux.
La fréquence, le degré, la durée de l'absence du réflexe abdominal sont,
en général, directement proportionnels à l'âge du malade.
Érysipèlede la face chez une nourrice caasant une péritonite purulente
chez l'enfant, par le D' L.-M. Bonnet (Lyon médical, 25 nov. 1906).
Femme de vingt-quatre ans, entre à l'hôpital le 27 avril 1906 pour une
syphilis secondaire. Elle est enceinte de six mois. Traitement spécifique.
Le 19 juillet, elle accouche à terme d'un enfant qui pèse 2 900 grammes.
Deux jours après sa naissance, phlyctènes à la paume des mains et à la
plante des pieds. Allaitement au sein, frictions mercurielles. Coryza à
trois semaines et otorrhée droite. Il augmente de poids régulièrement ;
ventre un peu gros, diarrhée à rechute.
Le 30 septembre, quelques vomissements, la diarrhée augmente ; ventre
un peu ballonné ; le 31, diarrhée verte, vomissements répétés, 39°.
Mort le 1«^ octobre.
564 ANALYSES
A Tautopsie, péritonite purulente avec quelques amas fibrineux ; aspect
de pus à pneumocoques. Pas de lésions viscérales apparentes.
Le lendemain, la mère, qui était souffrante depuis quelques jours, pré-
sente un érysipèle de la face assez grave, qui a guéri. Il est très probable
que l'érysipèle maternel a été le point de départ de la péritonite supputée
chez Tenfant.
Étude clinique et anatomo-pathologique d'un cas de poliomyélite diffuse
subaiguèdela premiôre enfance, par P. Armand Delille et G. Boudet
(Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière, sept-oct. 1906).
Cette étude concerne un enfant dont l'observation a été déjà publiée
dans les Archives de médecine des enfants (1905, p. 544) par M. Comby,
dans un article intitulé « Amyotrophie spinale diffuse des nouveau-nés -.
Les auteurs oublient de le rappeler, de même qu'ils oublient de signaler
une autre observation identique publiée dans cet article.
Il s'agit d'un petit garçon de six mois, né de parents bien portants,
après une grossesse normale, nourri au sein, s'accroissant régulièrement.
A deux mois, on s'aperçoit qu'il ne tient pas sa tête, que les membres sont
flasques ; puis sont venues des crises d'étouffement qui ont fini par
emporter l'enfant. Réflexes tendineux abolis, pas de réactions électriques.
Seiisibilité conservée.
Autopsie. — Thymus volumineux (20 grammes). Muscles très petits,
noyés dans le tissu cellulo -adipeux. Au microscope, on constate des Ksions
d'atrophie musculaire simple dans la plupart des muscles des membres
et du dos. Il y a intégrité absolue du diaphragme. Dans les nerfs moteurs,
on trouve beaucoup de gaines de myéline vides. Rien du côté des nerfs
sensitifs. Atrophie très considérable des racines antérieures de la moelle,
intégrité des racines postérieures. Pour la moelle, les lésions portent sur
la substance grise, tandis que l'intégrité des cordons blancs est absolue.
Les altérations de la substance grise portent uniquement sur les cornes
antérieures. On constate, sur toute la hauteur de la moelle, mais avec une
intensité croissante à mesure que l'on descend de la région cervicale
vers la région sacrée, une atrophie très intense des cellules radiculaires
avec un certain degré de sclérose interstitielle, mais sans altérations
vasculaires. Sur les coupes colorées au picro-carmin, on constate que les
grandes cellules radiculaires sont très diminuées de volume, comme
étranglées, tellement atrophiées qu'elles peuvent être considérées comme
anéanties pour la fonction. Mais il existe un degré marqué de sclérose
névroglique dans toute l'étendue des cornes antérieures.
En résumé, il s'agit là d'une poliomyélite diffuse subaiguë et progrès,
sive, caractérisée par une atrophie simple des cellules motrices accom-
pagnée de dégénérescence des racines antérieures et des nerfs moteurs,
avec atrophie musculaire ayant tous les caractères de l'atrophie simple
d'origine myélopathique. Ces lésions anatomiques justifient complète-
ment le diagnostic d' amyotrophie spinale diffuse porté par M. Comby
pour ce cas et pour un cas analogue vu auparavant et terminé par la mort.
Cliniquement ces deux cas sont identiques à celui de M. Sevestre présenté
à la Société de pédiatrie. Les auteurs auraient pu s' appuyer un peu plus sur
ces observations françaises pour conclure. Parmi les cas, très disparates,
publiés depuis le mémoire de Hoffmann, ces derniers forment en effet
un type clinique nettement caractérisé : début dans les premiers mois de
la vie, paralysie généralisée, épargnant le diaphragme, thorax déformé
comme chez les rachi tiques, ventre bombé à chaque respiration, menaces
d'asphyxie, mort par suffocation. Si l'on ajoute les lésions bien décrites
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 505
par MM. Armand-Delille et Boudet, rien ne manque à la définition de
la maladie.
Neuf cas d'extraction de corps étrangers de Tœsophage chez
l'enfant, par le D' Et. Henrard {Soc. scient, de Bruxelles, 1906).
L'extraction des corps étrangers de l'œsophage chez les neuf enfants
observés par M. Henrard a eu lieu au moyen d'une pince à branche
glissante, sous l'écran radioscopique dans l'examen latéral. Voici le résumé
de ces cas : 1<* enfant de vingt et un mois, pièce de 2 centimes
(21 mars) avalée dans la journée ; 2° deux ans, pièce de 2 centimes ingérée
il y a trois jours; 3° trois ans et demi, pièce de 2 centimes avalée le jour
même ; 4<> deux ans, pièce de 2 centimes ayant séjourné quinze jours ;
5° deux ans, deux pièces de 2 centimes et une de 10 en nickel accolées
(3»"°»,5) extraites après seize jours ; 6° trois ans et demi, roue de jouet
(24 millimètres de diamètre et 4 d'épaisseur) avalée dans la journée;
7® vingt-deux mois, pièce de 10 centimes trouée (22 milimètres) restée
trois jours ; 8° six ans, fiche en os (24 millimètres) avalée dans la journée;
9® quatre ans, pièce de 2 centimes avalée depuis quatre jours.
L'enfant est assis, maintenu immobile, la tête en arrière ; ouvre-bouche
appliqué, index gauche en crochet porté derrière la base de la langue le plus
bas possible. On fait marcher le Rôntgen; on introduit la pince sur l'in-
dex; on l'ouvre quand elle approche du corps étranger; on la referme
et on retire doucement.
La pince est à branches glissantes d'une longueur de 28 centimètres.
La branche inférieure, y compris le mors (21 millimètres) est entière*
ment rigide. La supérieure, rigide en arrière et en avant, est souple
dans sa partie moyenne. Cette méthode parait excellente.
Las coreas mortales (Les chorées mortelles), par le D' Gr. ArAoz
Alfaro {Arch. latino-americanos de Pediatriay août 1906).
L'auteur rapporte 3 cas observés à Buenos Aires chez des filles de six
ans, de sept ans, de douze ans. A ce propos, il récapitule les diiïérents
cas publiés et les causes de mort, et il propose la classification suivante :
1° Cas où la chorée est secondaire à un processus infectieux, la mort
résultant de lésions produites par ce processus, le rhumatisme le plus sou-
vent, parfois aussi une autre infection (érysipèle, streptococcie, staphylo-
coccie, gonococcie, diphtérie, scarlatine, rougeole, entérite, etc.);
2° Cas où la chorée est une maladie infectieuse spécifique ; la mort est
alors dépendante directement de la chorée ;
30 Cas où la mort est due à une infection secondaire accidentelle, la
porte d'entrée pouvant être une plaie, une érosion de la peau, par suite
de l'agitation choréique;
4<» Cas où la mort survient par épuisement (sorte d'état de mal choréique
comparable à l'état de mal épileptique).
Les kystes hydatiques du pancréas, par le D' Marcelino Herrera
Vegas (Rev. de la Soc. méd. Argentina, nov.-déc. 1906).
L'auteur rapporte 2 cas de cette localisation rare des hydatides chez
les enfants.
1. En octobre 1900, garçon de onze ans, de nationalité française,
habitant Buenos Aires depuis cinq ans. Il y a cinq mois, ictère qui a per-
sisté avec des degrés variables d'intensité. Puis douleur dans le côté
droit du thorax.
Enfant bien développé, ictère olivâtre, cœur et poumons normaux»
•
500 ANALYSES
constipation oipiniâtre, selles couleur mastic. Après anesthésie, l'exa-
men du ventre montre un gros foie avec saillie de la vésicule biliaire et,
derrière cette vésicule, une tumeur vague, impossible à délimiter.
Opération. — Incision de 8 centimètres allant du rebord costal droit
au bord externe du muscle droit ; vésicule biliaire dilatée ; son ouver.
ture laisse écouler de la bile, du sable et quelques calculs. Agrandis-
sant l'incision par en bas, on trouve une tumeur de la tête du pancréas ;
ponction, liquide clair. Extirpation. Guérison.
2. Garçon de douze ans, natif de Olavarria (province de Buenos Aires),
entre à l'hôpital des Cliniques le 21 janvier 1905. Il y a un an, tumeur
à l'épigastre et à l'hypocondre gauche. On pense à un kyste hydatique
de la rate. Mais une zone sonore séparait la tumeur de la matité splé-
nique. Frémissement hydatique à la partie supérieure.
Opération le 22 juillet 1905. Incision médiane supra-ombilicale; on
soulève le grand épiploon qui recouvre la tumeur ; le pancréas apparaît
distendu par une grosseur aux parois lisses. On incise le kyste ; il en sort
plusieurs litres de liquide clair, avec des débris membraneux mous et
friables. Guérison.
Quistes hidatidicos, equinococis expérimental (Kystes hydatiques,
echinococcose expérimentale), par C. La go s Garcia (Revista del Hos-
pital de Niilos, Buenos Aires, 1906).
Pendant l'année 1905, on a compté, à l'hôpital d'Enfants de Buenos
Aires, 30 cas de kystes hydatiques: 17 filles, 13 garçons. Répartition
suivant les organes :
Foie 17
Poumon 7
Foie et poumon 2
Foie et abdomen 2
Muscles 1
Foie et rate 1
De ces 30 cas, un seul ne put être reconnu chez un enfant ayant à la
fois un sarcome humerai, des métastases intestinales et hépatiques, un
kyste du foie, un kyste de la rate. Le diagnostic fut porté sans hésitation
dans les 29 autres cas.
Presque tous les malades venaient de la campagne de Buenos Aire5.
Ils avaient habité avec des chiens, avaient mangé des légumes crus, eU^-
Symptômes, — Tumeur rénitente, indolore, à évolution lente et silen-
cieuse, sans altération de l'état général. Frémissement hydatique non
perçu. La répugnance pour les matières grasses n'a pas été relevée.
Ictère deux fois. Sur 15 enfants dont le sang a été examiné, 7 seulement
ont présenté de l'éosinophilie. Ce n'est donc pas un signe de certitude.
La plupart des kystes opérés étaient fertiles.
. On a compté souvent plusieurs kystes chez le même malade : 41 kystes
pour 29 malades :
Chez 21 malades 1 seul kyste.
— 7 — 2 kvstes.
— 1 — 5 —
Dans le cas de kyste du foie avec nombreux kystes dans l'abdomen,
il s'agit d'une tumeur rompue dans le ventre et non de plusieurs kystes
développés spontanément.
THÈSES ET BROCHURES 5(37
Pour les kystes du poumon, on fait une résection costale, on ponc-
tionne et on évacue le kyste pour enlever ensuite la membrane proligère.
Résultats : 2 guéris, 2 en traitement, 3 morts. Pour le foie, on compte
13 guérisons, 5 en traitement, 1 mort. Résultat opératoire général.
Guéris 15
En traitement 9
Morts 4
28.
Au point de vue expérimental, on peut reproduire le kyste hydatique
par inoculation directe dans le péritoine d'un lapin ; la vésicule ainsi
déposée grandit et se développe.
Réintégration of the middle third of the tibia in a child (Réintégration
du tiers moyen du tibia chez un enfant), par le D' T. Fiaschi (Australa-
sian med. Gaz., nov. 1906).
Une fille de cinq ans est reçue à l'hôpital le 20 novembre 1905 avec
sa jambe droite ballante et impotente. Il y a quatre ans, un clou rouillé
s'était fixé un peu au-dessous du genou, d'où suppuration ; l'os malade
avait été enlevé. Ensuite la jambe devint incapable de supporter le
poids du corps. On apercevait une cicatrice longitudinale, résultant de
l'opération. Péroné normal ; le tiers noyau du tibia manquait ; il était
remplacé par une bande de tissu cicatriciel sans ossification.
L'auteur résolut de prendre en haut et en bas sur le tibia des
lambeaux cutanés et périostes pour reconstituer le très manquant.
Le 4 décembre, sous chloroforme et avec la bande d'Esmarch, inci-
sion longitudinale à la face antérieure de la jambe au tiers moyen ;
préparation de la cavité destinée à recevoir la greffe osseuse. Avive-
ment des deux extrémités du tibia. L'incision longitudinale est pro-
longée en haut sur le fragment supérieur du tibia pour tailler un lam-
beau avec pédicule et fragment osseux. Ce lambeau ostéo-périosto-
cutané est soigneusement ramené en bas pour remplir une partie du vide
préparé, son extrémité supérieure étant mise en contact avec le bout
inférieur le tibia avivé. Sutures au catgut, immobilisation.
Le 28 février 1906, guérison ; appareil plâtré. Les rayons X montrent
le succès de la greffe en haut, mais non en bas.
Le 30 avril, deuxième opération pour combler cette lacune. Immo-
bilisation jusqu'au 18 mai ; guérison seulement à la fin de juin. Alors
on vit qu'une colonne osseuse solide existait ; cette colonne s'élargit
peu à peu. En arrêt, la fillette peut se tenir debout, puis elle marche.
THÈSES ET BROCHURES
De l'alimentation du nourrisson parle lait de vache cru normal, par le
D'L. HuRÉ [Thèse de Paris, 19 juillet 1906, 120 pages^.
Celle thèse, inspirée par M. Méry, contient 15 observations. Le lait
stérilisé a des avantages incontestables, mais il ne réussit pas toujours.
Les ferments solubles sont tués par l'ébullilion ; le lait, de liquide vivant,
est transformé en liquide inerte. De plus, les nucléines et lécithines sont
décomposées en partie par la chaleur ; les phosphates sont en partie 'pré-
cipités, et il ne reste dans le lait stérilisé qu'une faible quantité de phos-
568 ANALYSES
phore absorbable. Mais le lait stérilisé a Favantage énorme d'être privé de
microbes.
On peut obtenir un lait aseptique en prenant des vaches saines et en
faisant la traite aseptiquement. Il faut que la vache soit bien nourrie.
Dans ces conditions» on peut donner le lait cru aux nourrissons. D'apns
l'auleur, ce lait aurait une supériorité marquée sur le lait stérilisé,
chez le nourrisson sain comme chez le nourrisson malade. Ola est pos-
sible pour des cas particuliers, mais il faut se garder de généraliser.
Gastro-ontérites du nourrisson, par le D^ L. He:<(non {Thèse de Pam,
4 juillet 1906, H6 pa^es).
Cette thèse, inspirée par M. Lesage, contient 12 obser^'ations de maladie
spasmodique intestinale et 10 observations de dysenterie bacillaire.
La maladie spasmodique intestinale du nourrisson est, pour
M. Lesage, une entité morbide caractérisée par des vomissements tenaces,
l'absence de diarrhée, le ventre rétracté, le spasme des anses intestinales.
Le spasme intestinal serait dû à l'insuffisance d'écoulement de la bile
dans le duodénum. On constate une augmentation de volume de la
vésicule (stagnation de bile). Au moment de la convalescenee, il y a
débâcle biliaire. La médication antispasmodique serait seule efficace.
On donne le calomel (1 centigramme le matin, 1 centigramme le soir];
on ajoute deux bains chauds et lavages d'intestin qui facilitent la dispa*
rition du spasme.
Dans la dysenterie du nourrisson se trouve constamment, dèslespre-
miersjours, le BaciUus dysenteriœ, variété Flexner. Plus tard le bacille est
moins facile à reconnaître, mais l'agglutination vient témoigner en sa
faveur. Le bacille de Flexner n'est d'ailleui*s qu'une variante du bacille de
Shiga. Toutes les entérites glaireuses ou muco-membraneuses, dysen-
tériformes, ne sont pas dues au bacille en question, mais parfois à des
amibes, au streptocoque, etc. Le Bacillus dysentenso (Flexner ou Shigai
ne joue aucun rôle dans Tétiologie de ces entéro-côlites ; il reste le mi-
crobe spécifique de la dysenterie du premier âge.
La syphilis à la maternité de Thôpital Tenon, par le D*^ H. Ledic (Thtse
de Pwrw, 12 juillet 1906, 172 pages).
Cette thèse, inspirée par le 1> Boissard, contient 94 observations. Cesl
dire combien la syphilis est fréquente chez les prolétaires parisiens. On
sait depuis longtemps que la syphilis provoque une série d'accidents qui
modifient le cours de la grossesse et lui impriment un caractère
pathologique. Elle frappe l'embryon, le fœtus, l'enfant, en lui retirant
l'aptitude à la vie. Elle entraîne l'hydropisiede Tamnios el provoque des
avortements, des accouchements prématurés. Né vivant, l'enfant peut
présenter des stigmates précoces : pemphigus, lésions viscérales et vascu-
laires, causant la mort par cachexie ou par hémorragie. Quand il surAil,
l'enfant peut être en état de syphilis latente ou atténuée, qui entrave le
développement normal.
La syphilis frappe aussi les membranes de Tœuf et le placenta. Ce
dernier est hypertrophié et présente des altérations microscopiques. On
y a trouvé le spirochiete de Schaudinn.
Tous ces accidents, toutes ces lésions permettent de reconnaître la
syphilis chez une femme qui nie l'avoir eue, parce qu'elle n'en a jamais
présenté de manifestation. Alors il faudra instituer un traitement de:? le
début de la grossesse pour mener l'enfant à terme.
La proportion des femmes syphilitiques à la maternité de Tenon a été,
THÈSES ET BROCHURES 569
pour un an (1905-1006), de 7,6 p. 100. Chez 48 femmes sur 94, le
diagnostic a pu être fait par la constatation d'accidents cutanés ou
muqueux.
Chez toutes les autres, c'est par les accidents de la grossesse ou les
symptômes dliérédo-syphilis précoce chez les noureau-nés qu'on est
arrivé au diagnostic. La proportion de la mortalité fœtale ou infantile
par syphilis s'est élevée à 71,2 p. 100.
Sar on cas de phlegmon juxta-laryngo-trachéal à la période terminale
da croup chez nn nourrisson tabé, par le D^ J. Broca {Thèse de Paris,
11 juillet 1906,68 pages).
(^tte thèse, inspirée par M. Dufour, contient 9 ohservations. L'abcès
laléro-laryngo-trachéal ne se traduit par aucun signe à la vue ni au
palper. .Mais il donne lieu à la sténose aiguë du lannx. Il apparaît à la
lin de la première semaine ou même dans la convalescence d'un croup, le
plus souvent tube.
On est frappé de la coexistence de l'ulcération laryngée et du
phlegmon cervical. C'est donc pi-obablement un adéno-phlegmon dû à
une laryngite sous-glottique œdémateuse ou suppurée. On peut rapporter
au tubage le phlegmon juxta-lann go-trachéal. Le traitement doit être
chirurgical ; il consiste k ouvrir l'abcès avec ou sans la trachéotomie. Le
tubage n'est pas à conseiller.
Des contractures congénitales, par le D' E. Larle (Thèse de Paris,
U juillet 1906, 96 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Redard, contient 38 observations. Elle
étudie les contractures partielles ne rentrant pas dans le cadre de la
maladie de Little. 11 existe chez les enfants des difformités dues à une
rétraction de toutes les parties molles péri -articulaires en même temps
qu'à un développement anormal des articulations, lesquelles difformités
dalent de la vie intra-utérine, n'ont aucune tendance à rétrocéder et
deviennent des infirmités. Elles peuvent frapper une seule articulation,
mais atteignent le plus souvent à la fois les membres supérieurs et
les membres inférieui's. Ces contractures congénitales sont désignées
parfois sous le nom de raideurs articulaires congénitales. Elles ne
ré|>ondenl pas à une lésion nerveuse, mais sont dues probablement à des
compressions intra-utérines. Elles n'ont pas la régularité et la symétrie
des contractures de la maladie de Little, donnant lieu souvent à des
pieds bots, mains botes, etc., comme le montrent les figures annexées à
la thèse.
Traitement par des redressements lents ou forcés, par la ténotomie, la
résection quelquefois.
la syndactylie congénitale, par le D' G. Roblot {Thèse de Paris,
juillet 1906, 88 pages).
Dans cette thèse, inspirée par M. Broca, enrichie de 44 figures dans le
texte, la technique opératoire est traitée avec soin. On entend par
syndactylie l'union de deux ou plusieui*s doigts. Dans le développement
des doigts, on doit distinguer la formation (phase de division cellulaire),
le développement (phase d'accroissement). En clinique, on distingue les
syndactylies incomplètes et complètes.
Au point de vue pathologique, il faut incriminer : 1<» une altération
pathologique due à un traumatisme (bride) frappant des doigts complè-
tement formés; 2° un arrêt de développement dû à un trouble de
\
570 ANALYSES
raclivité cellulaire frappant des doigts pendant leur période de
formation. Pour chacune des formes, il est un procédé de choix.
La syndactylie peut s'associer à d'autres malformations. Toutes les
malformations congénitales par arrêt de développement (ectrodactyiie<
absolue et relative, brachydactylie, syndactylie) ne sont que des effets
d'une même cause : le trouble de l'activité cellulaire, mais se produisant
à des phases différentes de la formation des doigts.
Étude sur le craniotabes, par le D*" Aucouturier (Thèse de Paris,
20 juillet 1906, 78 pages).
Celte thèse, inspirée par M. Marfan, contient 22 observations. Elle
traite une question bien connue depuis Ëlsasser, qui a le premier étudié
Vocciput mou. Le ramollissement, Tamincissement des os du crâne e>t
surtout fréquent entre le troisième et le huitième mois de la vie. U n'esl
pas la cause des convulsions, du spasme de la glotte, qui peuvent coïn-
cider avec lui. Tous ces accidents ont une origine commune : les troubles
digestifs, Talimentation vicieuse de la première enfance.
Le craniolabes est une lésion rachi tique, fréquente dans les cas de
rachitisme précoce. Cependant nous ferons remarquer que, souvent, le
craniolabes s'observe chez des enfants bien nourris, allaités par leur mère,
n'offrant aucune autre trace de rachitisme. C'est là un fait d'observation
courante, qui d'ailleurs n'empêche pas d'admettre l'origine rachitiquede
la plupart des cas de craniotabes.
Le craniotabes a paru fréquent à l'auteur chez les hérédo-syphililiques;
mais la syphilis n'en est pas la cause directe, elle agit indirectemenl »ur
la nutrition générale pour produite à la fois le craniotabes et le rachitisme.
Dans le rachitisme congénital, le craniotabes accompagne les autres
déformations ; il peut exister seul à la naissance, et souvent alors on voit
survenir d'autres manifestations rachitiques parla suite.
U faut rechercher le craniotabes, qui indique des troubles de l'ossifi-
cation ; avec des soins appropriés, on pourra peut-être arrêter la mairhe
de ces troubles, qui aboutiraient à des déformations rachitiques plus ou
moins graves.
Le babeurre concentré dans l'alimentation de la première enfance,
par le D' P. de Sagher (Brochure de 20 pages, Liège, 1907).
Les difficultés de la préparation du babeurre ont fait naître l'idée
du babeurre concentré, ou babeurre de conserve. Une société belge, d'après
les procédés du D*" Thomas, obtient un babeurre condensé qui a fait
ses preuves. Le lait écrémé à la centrifuge est d'abord pasteurisé, puis
soumis à l'action d'une culture pure de Bacterium acidi laciici jusqu'à
ce que l'acidité ait atteint 0,5 p. 100 ; il est ensuite réduit par conden-
sation à froid à un tiers de son volume et additionné de 5 p. 100 de sucre
de canne, 1 p. 100 de sucre de lait et 10 grammes de farine. Il reste environ
0,50 p. 100 de beurre. On a une masse homogène d'un goût agréable
qu'on stérilise en boîtes contenant la quantité nécessaire pour préparer
un litre de soupe au babeurre avec addition d'eau bouillie. On fera
précéder l'administration du babeurre de douze à vingt-quatre heures
de diète hydrique avec calomel. Puis on donne toutes les trois heures
une quantité proportionnelle au poids de l'enfant. Comme il faut
90 à 120 calories par kilogramme de poids et 100 gramme de babeurre
donnant 60 calories, il faudra à l'enfant de 150 à 200 grammes.de babeurre
par kilogramme. Suivent 18 observations d'enfants nourris avez ce
babeurre. On doit employer cet aliment : 1° chez les enfants athrepsiques ;
THÈSES ET BROCHURES o7i
2^ dans les cas de gastro -entérite aiguë, de choléra infantile, après la diète
hydrique, avant la reprise du lait ; 3® dans les gastro-entérites chroniques
et entéro-colites ; 4° dans l'intolérance gastrique ; 5° dans les toxidermies
(urticaire, prurigo, eczéma aigu, strophulus, etc.) ; 6^ chez les enfants
dyspeptiques ; 1^ dans les diarrhées de la seconde enfance.
Consaltation de nourrissons de la Policlinique de Liége^ par le D' de
Sache R {Brochure de 22 pages, Liège, 1907).
Cet opuscule rend compte de l'exercice 1906 (deuxième année de fonc-
tionnement de la consultation de nourrissons). La consultation a lieu
tous les vendredis à quatre heures au local de la Policlinique, place Saint-
Lambert, n^ 22. Elle est fréquentée par 40 enfants chaque séance.
On a pour objectif constant d'encourager l'allaitement maternel. On
accorde aux mères qui nourrissent de la viande et des œufs ; à celles qui
se servent du biberon, on distribue du lait stérilisé, des biberons, des
farines ahmentaires ; on distribue aussi des vêtements et de la lingerie.
Le taux de la mortaUté à la consultation n'a pas dépassé 6,3, alors qu'en
viUe il atteignait 14,6. Ces chiffres, établis de bonne foi et avec toute la
rigueur désirable, montrent tout le bien que peut faire une consultation
de nourrissons bien pourvue et bien tenue.
Doné-Zeci Si Cinci Âni de Existenta aSpitalului de Copii « Caritatea»
din Jasi (Vingt-cinq ans d'existence de l'hôpital d'enfants Caritàtea, à
Jassy), par le professeur D' L. Russ (Brochure de 52 pages, Jassy,
1906).
Cet hôpital est une institution de bienfaisance privée, fondée par le
feu professeur D'' Russ senior, qui existe depuis vingt-cinq ans et qui
est administré par la princesse Aglae Muruzi et le professeur D*" L. Russ.
On commença modestement; la première année, on a soigné, dans les
salles, 54 enfants et, à la consultation externe, 104 enfants ; la dernière
année, le nombre des enfants soignés dans les salles s'est élevé à 655 et,
à la consultation externe, 9 854.
Pendant ces vingt-cinq années, on a soigné dans les salles 6 935 et à la
consultation'externe 83 742 enfants. Dans la même proportion, les revenus
annuelsont augmenté : de 2066 francs enl880à 71 074 francs en 1904-1905.
L'hôpital possède un capital de 556 000 francs, fourni par des donations
et des cotisations annuelles.
L'entretien d'un malade a coûté l'an dernier 3fr. 97 par jour (12 540 jour-
nées de traitement avec 50 074 francs de dépense).
L'hôpital est composé de : un bâtiment principal pour les malades non
contagieux, un petit bâtiment pour le dispensaire et deux pavillons d'iso-
lement (scarlatine et diphtérie), construits d'après les principes de l'hy-
giène moderne des hôpitaux. En tout il y a 40 lits. En 1904, on a soigné
dans les salles 655 enfants (580 chrétiens et 75 juifs) ; de ce nombre sont :
guéris, 80,7 p. 100; améliorés, 13,2 p. 100; incurables, 1,12 p. 100; morts,
5,4 p, 100.
Nombre des opérations chirurgicales exécutées : 182. Dans le pavillon
de diphtérie, on aj soigné 67 malades avec une mortalitéde 14,92 p. 100,
qui est réduite à 9,34 p. 100, si on défalque 4 morts (de croup) dans les
vingt-quatre heures, après l'injection de sérum. De ces diphtériques,
17 étaient malades du croup et 8 sont morts, ce qui donne une mortalité
de 47,6 p. 100, réduite à 23,53 p. 100, si on défalque 4 malades morts
quelques heures après l'admission ; on en a intubé 16. Le reste des 50
étaient malades de pharyngite avec une mortahté de 4 p. 100. A la con-
i'^'72 ANALYSES
sultation externe, on a soigné 9 854 enfants(5 751 chrétiens et 4 103 juifs).
Le médecin de l'hôpital est M. Victor Imerwol.
Dare de sama a spitalnlui de copii « caritatea » din Jasi pe aon
1905-1906 (Compte rendu de Thôpital d'enfants Caritatea de Jassypour
Tannée 1905-1906), par le D^ Imerwol (Brochure de 20 pages, Jassy, 1906).
En 1905, on a soigné dans les salles 688 enfants (533 chrétiens et 155 juifs,
354 filles et 345 garçons : guéris, 79,22 p. 100; améliorés, 7,12 p. 100;
incurables, 0,94 p. 100; morts, 7,85 p. 100).
Le nombre des journées de traitement est 12 378, soit 18,9 jours de trai-
tement en moyenne par malade.
A la consultation externe, on a soigné 9 470 enfants. Le nombre des
opérations chirurgicales exécutées est de 239.
Au pavillon de la diphtérie, 84 enfants ont été soignés avec 13 morts;
mortalité : 15,45 p. 100, réduite à 8,34 p. 100, si on défalque 6 malades,
qui sont morts dans les vingt-quatres heures après l'admission et la pre-
mière injection de sérum. De ces diphtériques, 66 étaient des pharyngo-
amygdalites et 18 des croups avec 6 et 7 morts). Mortalité de la pharyn-
gite diphtérique. 9 p. 100, réduite à 4,54 p. 100, si on défalque 3 malades,
admis in extremis. Mortalité du croup, 38,89 p. 100, réduite à 22,20 p. 100,
si on défalque 3 malades, morts dans les vingt-quatre heures après la
première injection (un moribond). 12 malades de croup ont été intubés,
6 sont morts ; mortalité 50 p. 100, réduite à 25 p. 100 si on défalque
3 malades morts dans les vingt-quatre heures après la première injection.
La mortalité des malades du croup non intubés était de 16,46 p. 100.
Au pavillon de la scarlatine, on a soigné 23 malades, avec 3 morts ;
mortalité 13,05 p. 100. A plusieurs de ces malades, on a injecté un sérum
polyvalent streptococcique, préparé par M. le professeur D*" Cantacuziao
(de Bucharest).
Le capital de l'hôpital a passé de 556 000 francs à 717 000 francs (do-
nations). Les dépenses furent pour cette année, de 50 668 francs ; le traite-
ment par malade et par jour est de 4 francs.
Nombre de lits : 40.
Les dispensaires gratuits de la caisse des écoles da VIP arron-
dissement, par le D' A. Carel (Brochure de 34 pages, Paris, 1907).
Dans cette brochure, nous trouvons des détails sur le fonctionnement
des dipensaires pour enfants malades et consultations de nourrissons
(1, rue Oudinot, et 109, rue Saint-Dominique) pour l'année 1906. Au dis-
pensaire de la rue Oudinot, fondé en 1887, les consultations avec distri-
bution de médicaments ont lieu les mardis, jeudis et samedis de deux heures
à trois heures et demie; la distribution de lait stérilisé se fait tous les jours
de neuf heures à onze heures, et les mardis, jeudis et samedis, de deux heures
et demie à quatre heures et demie (dimanches et fêtes exceptés). Vacci-
nations à toutes les consultations. Consultations pour les maladies de la
bouche et des dents les jeudis à deux heures. Au dispensaire de la rue
Saint-Dominique (Gros-Caillou), fondé en 1894, les consultations avec dis-
tribution de médicaments ont lieu les lundis, mercredis, vendredis de deux
à trois heures. hSi distribution de lait stérilisé di lieu tous les jours de dix heures
à midi (dimanches et fêtes exceptés); les vaccinations se font le premier
lundi de chaque mois.
Voici quelques chiffres qui permettent de se rendre compte de l'ac-
tivité de ces dispensaires. Enfants traités en 1906 : 1 788 (1 009, rue Ou-
dinot; 779, rue Saint-Dominique). Lait stérilisé distribué aux nourrissons
LIVRES 573
jusqu'à Tâge de deux ans, soit gratuitement, soit au prix de 30 centimes
et désormais 25 centimes le litre : 17 934 litres rue Oudinot (15 875 payants
2 059 gratuits), 19 401 litres rue Jaint-Dominique (15 448 payants,
3 953 gratuits).
Les recettes (subventions municipales et autres, produit de la vente du
lait stérilisé, etc.) ont été de 19 254 francs pour le premier dispensaire,
15 924 francs pour le second et les dépenses correspondantes de 15 472
et 12 825 francs, ce qui laisse un excédent de 3 782 francs pour l'un et
3 109 francs pour l'autre. L'œuvre de ces dispensaires est donc en pleine
prospérité.
LIVRES
Ârbeiten aas der k. k. Universitâts-Kinderklinik in Wien (Travaux
delà clinique infantile de l'Université de Vienne), par le D' Th. ëscherich
(vol. de 300 pages, Berlin, 1907, S. Karger, éditeur).
Cet ouvrage contient une série de travaux dus à M. Ëscherich ou à
ses élèves. Nous citerons de M. Ëscherich : Isolement et prophylaxie des
contagions dans les hôpitaux d'enfants; de M. Franz Hamburger : Résorp-
tion de l'albumine dans l'alimentation ; de M. Ludwig Jehle : Entérite
streptococcique et ses complications ; de MM. Erich Benjamin et Erich
Sluka : Le chloroma ; de M. Adolf F. Hecht : Recherches cliniques et expé-
rimentales sur les hémorragies cutanées infantiles ; de M. Schick : suites
de scarlatine; deM. BiancaBienenfeld: Leucocytes dans la maladie du
sérum ; de M. Egon Rach : Un cas d'artériosclérose chez une fille de
treize ans; de M. Adolf F. Hecht : Essai sur l'hydrothérapie dans la rou-
geole ; de MM. Erich Benjamin et Erich Sluka : Leucémie dans l'en-
fance. Ce dernier article, très complet, traite successivement de la leucémie
chez les nouveau-nés, chez les nourrissons, chez les enfants plus âgés.
Il distingue la leucémie lymphatique, la leucémie myéloïde et le trai-
tement de la leucémie par les rayons de Rôntgen. A la fin de ce travail
sont résumés, en tableau, la plupart des cas publiés. Dans la première
enfance, 5 cas de leucémie lymphatique (entre six semaines et douze
mois, durée de la maladie ayant varié entre trois semaines et cinq mois) ;
dans la seconde enfance, 35 cas entre deux et quatorze ans, avec une
durée qui va de sept jours à sept mois. La leucémie myéloïde s'est ren-
contrée cinq fois dans la première enfance (de huit mois à dix-huit mois)
avec une durée variant de douze jours à deux mois ; 10 fois dans la
seconde (2 formes aiguës et 8 chroniques) entre cinq et treize ans. Dans
la leucémie myéloïde aiguë de la seconde enfance, la durée a été de deux
mois et demi et trois mois; dans la forme chronique, elle a varié entre
quatre mois et quatre ans.
Ce recueil de travaux, qui n'est pas le premier, et qui ne sera pas le
dernier, montre quelle activité règne à la clinique du professeur Ësche-
rich.
Higiene escolar (Hygiène scolaire), par le D' Benjamin-D. Mar-
TiNEZ (vol. de 165 pages, Buenos Aires, 1907).
Dans ce petit volume, l'auteur a réuni différents travaux présentés
au Congrès médical latino-américain qui s'est tenu cette année à Mon-
tevideo. Ces travaux, fort intéressants, sont au nombre de trois :
1° Prophylaxie des maladies transmissibles dans les écoles de Buenos
Aires;
574 NOUVELLES
2° Déviations vertébrales d'origine scolaire ;
30 La solidarité scolaire.
Dans le premier mémoire sont exposées successivement les questions
suivantes : prophylaxie scolaire en général, maladies transmissibles,
prophylaxie en particulier, tuberculose, maladies éruptives, maladies
d'origine hydrique, maladies contagieuses de la peau, maladies ner-
veuses, etc. .
Le mémoire sur les déviations vertébrales d'origine scolaire est accom-
pagné de figures et traite du mobilier scolaire, de l'éclairage des salles,
de la lecture et écriture, de la sédentarité et du surmenage, etc.
Dans le troisième mémoire sur la solidarité scolaire, l'auteur insiste sur
les idées de mutualité et d'assistance réciproque qui peuvent donner
de l'élan à la puériculture.
Tous ces travaux du D^ Martinez témoignent d'une réelle compétence
et d'un grand zèle pour l'hygiène scolaire. Sous ce rapport, l'Amérique
latine cherche à ne pas se laisser trop distancer par l'Europe. Elle y par-
viendra.
NOUVELLES
Congrès italien de Pédiatrie. — Le VI'' Congresso Pediatrico
Jtaliano aura lieu à Padoue, le 2 octobre 1907. Deux questions princi-
pales sont mises à l'ordre du jour et seront l'objet de rapports : i^ Le
rachitisme (D' Comba, D' F. Fede); 2^ Sérums antibactériens dans le
traitement de la diphtérie (D' Banti, D' Concetti, D' Mya).
De plus, deux conférences seront faites, l'une sur le traitement de la
luxation congénitale de la hanche par le D' Codivilla (de Bologne), l'autre
sur l'importance de la radiologie en pédiatrie, par le D' Gortan (de
Tries te).
Congrès italien d'Orthopédie. — '- Le VI» Congrès de la Société
italienne d'orthopédie aura lieu à Bologne (Institut orthopédique Rizzoli),
le 15 octobre 1907. La question du Traitement du mal de Pott a été mise à
l'ordre du jour; rapporteurs : D^ Riccardo Galeazzi (de Milan), D' Raf-
FAELE Bastianelli (de Rome).
Legs Poirier. — Dans son testament, le D^ Poirier, dont nous avons
à déplorer la mort prématurée, laisse une somme importante à ses exé-
cuteurs testamentaires, MM. de Rothschild et Letourneur pour la
création, à Granville, d'une œuvre de puériculture analogue à celles que
le Df Budin a suscitées.
Société allemande de Pédiatrie. — La 79® Session de l'Assemblée
des naturalistes et médecins allemands a lieu cette année à Dresde,
du 15 au 21 septembre. La 20^ Section, consacrée aux maladies des enfants,
a un programme très bien rempli. Outre les rapports présentés par
M. Trumpp (de Munich), et Salge (de Gôttingen) sur les gouttes de lait
et consultations de nourrissons, de nombreuses communications seront
faites, dont nous citerons les principales : Baron (de Dresde), Angine de
Plaut- Vincent ; Brunning (de Rostock), Histoire du biberon; Butter-
MiLCH (de Berlin), Pouls, pression sanguine et température chez les nour-
rissons sains et malades ; Escherich (de Vienne), Diagnostic des états
tétanoïdes dans l'enfance ; Flachs (de Dresde), Exanthèmes fébriles dans
NOUVELLES 575
l'enfance ; Heimann (de Munich), Ration dans l'allaitement naturel
et artificiel; Hochsinger (de Vienne), Adénopathies thoraciques dans
le premier âge ; Hohlfeld (de Leipzig), Tuberculose des nourrissons ;
Knôpfelmacher (de Vienne), Injections vaccinales sous-cutanées ;
Kràmer (de Bôblingen), Tuberculose congénitale et son importance pra-
tique ; Leiner (de Vienne), Une dermatose particulière des enfants au
sein ; MoRO (de Munich), Rétention des alexines du sérum chez le
nourrisson ; Neumann (de Berlin), Influence de Tâge de naissance sur
la survie du nouveau-né ; Peiser (de Breslau), Ostéopsathyrosis dans
l'enfance; RiTTER (de Berlin), Myélite aiguô infantile ; Schiçk (de Vienne),
Troubles cardiaques dans la scarlatine ; Schlossmann (de Dûsseldorf),
La clinique infantile de Dûsseldorf ; Teuffel (de Dresde), Entérite des
nourrissons ; Uffenheimer (de Munich), Scarlatine ; Zappert (de Vienne),
Tubercule du cerveau dans Tenfance.
D'autres communications seront faites par MM. Bernheim-Karrer
(de Zurich), Fisghl (de Prague), Niemann (de Berlin), Pfaundler (de
Munich), Pirquet (de Vienne), Schlesincer (de Strasbourg), Siegert
(de Cologne), Soltmann (de Leipzig) ; Swoboda (de Vienne), Tobler
(de Heidelberg), etc.
Congrès intematioiial d'hygiène. — Le XIV^ Congrès international
d'Hygiène et de Démographie se tiendra cette année à Berlin du 23 au
29 septembre. Dans la section III (Hygiène de V enfance et des écoles),
présidée! V^^ M. Heubner (de Berlin), assisté de M. von Esmarch (de
Gôttingen), et Lôbker (de Bochum), vice-présidents, les rapports
suivants sont à l'ordre du jour : 1° De Vassistance à donner aux nourrissons
(MM. Dietrich, Szana et Taube) ; 2° Des asiles de nourrissons (MM. Eps-
TEiN et Keller) ; 3° Instructions aux sages-femmes sur V hygiène des
nourrissons (MM. Brennecke, Fritsch et Krukenberg) ; 4° Production
d'un lait irréprochable pour les enfants (MM. Porcher, Nicolas, Weber) ;
S^ Les médecins scolaires (MM. Gôppert, JohÀnnessen, Mery et Rist,
StEPKAîii); 6^ Surmenage des enfants dans les écoles (MM. CzEKJi Y, Mkthiev);
70 Réglementation pratique des vacances (MM. Burgerstein et Eulen-
burg) ; S^ Assistance aux faibles d'esprit {MM.FvRSTEîiHEiMfWEY GA^Di).
Facnlté de Lyon. — Le D' Mouriquand vient d'être nommé chef
de clinique des maladies des enfants à la Faculté de médecine de Lyon
(service du D' Weill).
Coors de Yacances: — L'enseignement libre de la pédiatrie se développe
de plus en plus. Voici les cours qui sont faits cette année dans les
Hôpitaux et services d'Enfants. A l'hôpital des Enfants-Malades, M. Broc a,
pendant le mois d'août, a fait un cours de Chirurgie ostéo -articulaire. Les
lundis et vendredis, de onze heures et demie à deux heures et demie, leçon
clinique; de deux heures et demie à trois heures et demie, opérations et
appareils. Les mardis et samedis, de dix heures à midi, à la Consultation,
examen des malades par les élèves. Maximum vingt élèves, prix :
50 francs.
A l'hôpital Bretonneau, M. Lesné, à partir du 10 août et jusqu'à la
fin de septembre, fait tous les samedis, à dix heures et demie, des leçons
de clinique et de thérapeutique infantiles,
A l'hôpital Saint-Louis et à l'hôpital Hérold, M. Du four fera, du
lundi 2 septembre au jeudi 14 septembre, une série de conférences et de
travaux pratiques de clinique et thérapeutique infantiles^ avec exercice indi-
viduel des élèves. Le nombre des élèves est limité à dix.
576 NOUVELLES
Préservation de l'enfance contre la tabercnlose. — Le profes-
seur Grancher, dont nous avons à regretter la mort, n'a pas voulu que
son œuvre admirable de préservation de l'enfance contre la tuberculose
fût mise en péril par sa disparition. Il lui a légué, par un testament dont
M. BozoN nous a communiqué la copie, une rente de 20 000 francs. Le
Conseil d'Administration, réuni d'urgence sous la présidence de M.Chsys-
SON, a été saisi de cette grande libéralité qui assure à l'Œuvre la continua-
tion de ses progrès. Dans la séance qu'il a tenue, après avoir nommé
président M. le D' Roux, de l'Institut Pasteur, il a acclamé à Tunanimité
la nomination de Mme Grancher comme vice-présidente du Conseil
d'administration. Le Conseil d'administration de V Œuvre de Grancher,
composé de vingt-cinq membres, a pour bureau pour Tannée courante :
MM. Roux, président; Cheysson, L. Bourgeois, Faisans, vice-pré-
sidents ; Mme Grancher, vice-présidente ; MM. Arhand-Delille, cecré-
taire général ; Sellier, trésorier.
Congrès des Sociétés savantes. — Voici le programme des questions
intéressant les médecins d'enfants mises à l'ordre du jour du Congrès
des Sociétés savantes, qui aura lieu à la Sorbonne au printemps de 1908:
1® La tuberculose et les moyens d'en diminuer la contagion;
2o Les sanatoria d'altitude et les sanatoria marins;
30 Les méthodes de désinfection contre les maladies contagieuses et
les résultats obtenus dans les villes, les campagnes et les établissements
où la désinfection des locaux habités est pratiquée;
40 Adduction des eaux dans les villes. — Étude sur la pollution
des nappes souterraines et des rivières;
50 La lèpre et la pellagre en France;
6<> Du rôle des insectes et spécialement 'de la mouche vulgaire dans
la propagation des maladies contagieuses;
70 Hygiène de l'enfant à l'école.
Le Géi'anty
P. B01CHE7..
4976-07. — Cot>l)eil. Imprimerie Éd. CrétA.
10* Année Octobre 1907 N« 10
MÉMOIRES ORIGINAUX
XXI
L'ENCÉPHALITE AIGUË CHEZ LES ENFANTS
Par le D' J. GOM BT,
Médecin de i'Hôpital des Enfants- Medades.
Le cerveau de l'enfant forme une masse énorme, sans pro-
portion avec le reste du corps. Outre son volume considérable,
l'encéphale présente une riche circulation, qui assure sa nutri-
tion et son développement, mais l'expose en même temps
à des troubles et lésions morbides plus ou moins graves. Plus
un organe est actif, plus il est vulnérable. L'hyperactivité
de l'encéphale infantile devait faire prévoir la fréquence et
la gravité des encéphalites.
Or, il faut bien avouer que l'encéphalite aiguë n'a tenu
jusquà ce jour qu'une place insignifiante dans la nosologie
infantile. Tous les auteurs décrivent, avec beaucoup de soin
et de détails, les méningites ; aucun n'accorde à l'encéphalite
la description qu'elle mérite, quand il ne la méconnaît pas
entièrement.
Les méninges ne sont que des enveloppes fîbro-conjonctives,
des organes amorphes et sans valeur propre. Elles servent
de support aux vaisseaux, de cloisons et de séreuses aux
organes sous-jacents. Malgré les apparences, elles sont moins
souvent et moins foncièrement atteintes que les couches ner-
veuses qu'elles protègent, et beaucoup des symptômes de
l'encéphalite aiguë sont indûment attribués à la méningite.
Sans doute, dans un certain nombre de cas, méningite et
encéphalite sont intimement associées ; et il est difficile de
faire la part des deux systèmes organiques dans un processus
infectieux qui les unit et les confond. Mais il existe, chez
l'enfant principalement, une foule de réactions nerveuses,
Arch. de médec. des enfants, 1907. X. — 37
■ • r
578 J. COMBY
passagères ou durables^ qui relèvent de l'encéphalite et non
de la méningite.
Actuellement, il est permis de voir plus clair dans un tableau
clinique complexe et confus, grâce, à la ponction lombaire,
véritable biopsie qui, du vivant même du malade, attestera
la présence ou l'absence des lésions méningées, qu'on a trop
l'habitude d'incriminer dans tous les cas. Quand aucune
réaction leucocytaire ne se manifeste dans le liquide céphalo-
rachidien, il est bien permis d'affirmer la non-existence de toute
espèce de méningite. C'est pour ces cas qu'on avait l'habitude
d'invoquer jusqu'à ces derniers temps le méningisme, la pseudo-
méningite, la méningite séreuse, etc. Or, désormais, nous devrons
songer à l'encéphalite aiguë, qui, on aurait dû le prévoir, joue
un rôle énorme dans la pathologie du jeune âge.
Les manuels de médecine, et même les grands traités clas-
siques, publiés il y a quelques années, ne contenaient pas de
chapitre réservé à l'encéphalite aiguë non suppurative de
l'enfance.
La seule encéphalite suppurée, avec foyer collecté, en
d'autres termes V abcès du cerveau, avait attiré et accaparé
l'attention des médecins et des chirurgiens. Que cette variété
seule touche les chirurgiens, cela se conçoit ; mais n'est-il pas
étrange de voir l'encéphalite non suppurative si longtemps
négligée par les médecins, alors qu'elle aurait dû les intéresser
à un haut degré, comme nous le montrerons dans ce travail.
Historique.
Dans un intéressant historique, M. Raymond rappelle,
après Hayem, les auteurs qui ont peu à peu édifié la doctrine
de l'encéphalite aiguë.
C'est Huguenin (1874) qui établit la classification des
encéphalites ; Leyden (1878), qui décrit la lésion inflammatoire
des noyaux bulbaires, analogue à la myéUte aiguë ; Wernicke
(1881), qui crée la poliencéphalite supérieure (substance grise
du plancher des troisième et quatrième ventricules, aqueduc
de Sylvius) ; Strumpell surtout (1884), qui établit nettement
lo parallèle entre la paralysie infantile et la paralysie céré-
brale par encéphalite du cortex : poliencéphalite aiguë des
enfants.
En 1892, Leichtenstern parle d'encéphalite aiguë hémor-
ragique ; Nauwerck (1895) insiste sur le rôle de la grippe.
l'encéphalite aiguë chez les enfants 579
D'ailleurs, quand Cotard relevait Tirifluence des fièvres
éruptives sur la production des scléroses cérébrales, quand
Richardière décrivait la sclérose lobaire consécutive aux mala-
dies infectieuses, quand Bouchut .donnait Tinflamniation de
reneéphale comme point de départ de la sclérose atrophîque,
tous ces auteurs pressentaient le rôle important de l'encépha-
lite aiguë dans la pathologie de l'enfance.
Jendrassik et Marie, en même temps que Striimpell, rap-
portent deux observations d'encéphalite d'origine infectieuse ;
pour eux, le processus commence par les vaisseaux et nôû
par les cellules de la substance grise.
Dans le domaine particulier de la pédiatrie, les faits d'encé-
phalite aiguë abondent, et ils ont été relevés par Prickett et
Batten, par Comby (1), par Concetti, etc.
Nous allons rappeler les faits les plus saillants, épars dans les
pubUcations de médecine générale ou de médecine infantile.
Le résumé ôuccinct de ces observations rendra l'historique
moins aride et permettra de se faire une opinion assez exacte
de la symptomatologie si variée et si riche de l'encéphalite
aiguë infantile.
Prickett et Batten (Clin. Soc. of Londoriy It mai 1900) ont
rapporté une intéressante observation d'encéphalite aiguë
grippale, suivie de mort chez un garçon de neuf ans.
Cet enfant a une légère grippe au mois de janvier 1899 ;
il ne garde le lit qu'un jour et reprend ensuite ses occupations.
Le quatrième jour, sa bonne, entrant dans la chambre pour
lui donner un bain, le trouve avec le bras droit paralysé ;
puis bientôt on constate une hémiplégie droite complète avec
aphasie, suivie de coma et de mort en trois jours. A l'autopsie,
intégrité des méninges et des sinus, pâleur de la surface du
cerveau avec affaissement notable des circonvolutions, sur-
tout à gauche. Vaisseaux sous-corticaux très injectés surtout
à gauche; noyaux et capsule interne intacts.
Au microscope, thrombose des petits vaisseaux avec petites
extravasations sanguines dans la région sous-corticale ; cellules
de l'écorce un peu gonflées et confuses avec conservation des
noyaux et nucléoles. Mêmes lésions dans la protubérance,
le cervelet et la moelle.
Batten {The Lancet, 20 décembre 1902) a cité le cas d'une
(1) D'' J. Co M BT, L'encéphalite aiguë chez les enfants (Bulletin méd., 17 jan-
Tierl906).
GSO J. COMBY
fille de quatre ans et demi, prise d'encéphalite aiguë au cours
d'une coqueluche. C'est au cours d'une coqueluche que j'ai vu
également éclater une encéphalite des plus graves chez un
garçon de trois ans (obs. XX).
Le D^ Concetti (fliV. di Clin. Ped., février 1903), a vu
l'encéphalite aiguë se déclarer chez un garçon de trois ans à
la suite de troubles digestifs avec fièvre. On pense à la ménin-
gite, mais la ponction lombaire ne décèle ni bactéries ni leu-
cocytes dans le liquide céphalo-rachidien. Les accidents aigus
se calment et font place à des symptômes de sclérose en plaques
qui durent trois mois.
Un élève de Vierordt, le D^ B. Weyl {Jahrb. /. Kind,, 1906)
a observé un enfant de cinq ans et demi qui, trois semaines
auparavant, avait présenté un strabisme intermittent. Brus-
quement, le 17 décembre 1904, il survient de la constipation,
de la céphalée, des vomissements ; le 20, perte de connaissance
et convulsions. Raideur de la nuque, puis généralisée, nystag-
mus horizontal très rapide avec mouvement incessant des
yeux vers la gauche. Respiration de Cheyne-Stokes. Mort.
La ponction lombaire donne un liquide sans bactéries ni
cellules.
A l'autopsie, pas de méningite. Congestion veineuse, circon-
volutions aplaties et œdématiées. Au microscope, infiltration
disséminée de l'arachnoïde et de la pie-mère ; foyers non suppu-
res d'encéphalite autour des vaisseaux, dans la substance
corticale et dans la substance blanche. Ces foyers sont formft»
d'amas de lymphocytes et de plasmazellen. Infiltration et
épaississement des parois vasculaires, dégénérescence d(^
cellules ganglionnaires. Ce cas répond au type d'encéphalil»'
aiguë diffuse, sans foyer localisé, sans suppuration, tel qu'on
le rencontre assez souvent dans la grippe.
Sous le titre de symptômes cérébraux dans la rougeole
(Cérébral symptoms in measles), le D^ Guy J. Branson (Brit,
med. Jour., 29 avril 1905) rapporte un cas d'encéphalite aiguë
curable et passagère. Une fille de douze ans, au troisième jour
d'une éruption de rougeole normale, présente quelques spasme>
de la face et des membres. Le quatrième jour, convulsions avtM»
perte absolue de connaissance. Pendant quatre jours, l'enfant
a perdu la mémoire, ne parle pas. Fièvre modérée. Guérison.
C'est également un cas d'encéphalite aiguë qu'a rencontre
John Wi Findlay (The Glasg, med. Jour,, janvier 1906), à la
l'encéphalite aiqub chez les enfants 58i
suite des oreillons, chez un enfant de deux ans. Les oreillons
avaient duré quatorze jours. Peu après, vomissement, diarrhée,
convulsions limitées au côté gauche, avec perte de connaisance,
pendant vingt-quatre heures. Tout le côté reste paralysé. Pen-
dant trois semaines, convulsion à gauche toutes les trois
heures.
Au bout de trois mois et demi, l'enfant recommence à mar-
cher, le bras restant paralysé. Elle parlait bien avant les
convulsions ; maintenant elle bredouille.
Actuellement, c'est une fille de cinq ans, marchant comme
une hémiplégique. Pied et jambe gauches livides et plus froids
que du côté droit.
Rigidité avec flexion du pied et des orteils. Pied et mollet
plus petits à gauche qu'à droite, raccourcissement de 25 mil-
limètres. Bras gauche affaibli, moins gros que le droit, froid
et livide, main plus petite, raccourcissement.
Ce membre est contracture avec pronation et flexion de
Tavant-bras, flexion du poignet et des doigts. Exagération
des réflexes tendineux, réflexe de Babinski à gauche.
Il est évident que cette fillette a eu, à la suite des oreillons,
une encéphalite aiguë de l'hémisphère droit avec lésion des-
cendante du faisceau pyramidal.
Le D' Eleanor C. Jones (Arch, of Ped,, janvier 1906), sous
le titre (Thémiplégie atypique, a décrit bien certainement
une séquelle d'encéphalite aiguë : garçon de huit ans, bien
portant jusqu'à dix-huit mois ; à ce moment, fièvre, vomisse-
ments, convulsions du côté gauche ; après la phase aiguë, qui
a duré huit jours, une paralysie persiste à gauche, avec con-
tracture au bout de très peu de temps. L'enfant n'a commencé
à marcher qu'à trois ans ; convulsions répétées, à des inter-
valles variant de un à six mois ; pas de convulsions depuis
deux ans. Enfant petit pour son âge, arriéré, parlant mal. On
constate une, paralysie des membres et de la moitié inférieure
de la face à gauche. Troubles vaso-moteurs, mouvements
choréiformes fréquents à la main. Contracture très prononcée
à la jambe.
DansuncasduDrBouchaud(i4rcA. gén, de mëd., 15 mai 1906),
Thémiplégie est. restée flasque. Un garçon de dix ans est pris à
six ans, en août 1900, d'accidents méningitiques : fièvre, cris,
agitation, etc.
Au bout de six semaines, guérison. En mai 1901, inertie
S82 J. COMBV
du bras et de la jambe gauches. La paralysie a persisté en s'amé-
liorant depuis cette époque. En décembre 1904, monoplégie
brachiale gauche, pas de paralysie faciale ; atrophie du membre,
qui est moins gros et plus court que l'autre. Réactions élec-
triques normales.
Les cas observés par M. F. Raymond {Arch. de méd. des
enfants, novembre 1906) nous montrent les séquelles éloignées
de l'encéphalite aiguë infantile.
Fille de quinze ans, bien portante jusqu'alors, est prise à
trois ans de fièvre et de convulsions ; le lendemain, paralysie
de la face à droite. Les accidents aigus disparaissent, la para-
lysie faciale persiste ; elle est totale, mais atteint plus le facial
moyen que le facial supérieur et le facial inférieur. Excitabilité
électrique diminuée. Un examen attentif montre des secousses
spasmodiques. De plus, la langue présente de l'hémi-atrophie.
Il est évident que ces manifestations dénoncent une lésion
de la région bulbo-protubérantielle. Cette paralysie associée
de la septième et de la douzième paires droites ne peut s'expli-
quer que par une polioencéphalite inférieure aiguë, ayant
touché les noyaux du facial et de l'hypoglosse du côté droit.
Fille de vingt-cinq ans, présente à neuf mois une contracture
des membres supérieur et inférieur gauches. Même état jusqu'à
deux ans. A huit ans, tremblement devenu permanent. On
constate une hémiplégie gauche avec contracture plus pro-
noncée du membre supérieur. Tremblement, exagération de>
réflexes, extension du gros orteil. Strabisme externe de Fceil
droit, absence de réaction de la 'pupille, amblyopie.
Il est probable que les lésions de la troisième paire et du
faisceau pyramidal ont été simultanées. Ce syndrome de
Benedikt est une séquelle d'encéphalite aiguë infantile.
Jeune homme de vingt-six ans, bien portant jusqu'à deux
ans, pris alors d'une maladie infectieuse accompagnée de
<îonvulsions. Il se relève avec une hémiparésie gauche, suivie
plus tard de tremblements choréiques, réflexes exagérés,
sans clonus du pied ; l'atteinte du faisceau pyramidal a été
minime.
Il s'agit probablement d'une encéphalite aiguë ayant port'*
sur la partie moyenne de la région rolandique.
Reprenant, à propos de ces malades, l'histoire de l'encépha-
lite aiguë, M, Raymond n'a pas de peine à montrer l'exagéra-
tion des partisans à outrance de la doctrine de l'embolie et de
tt;*"
l'encéphalite aiguë chez les enfants 583
la thrombose. Le ramollissement cérébral n'est pas forcément
d'origine embolique ou thrombosique ; il peut être inflam-
matoire, comme l'avait bien vu Hayem dès 1868.
Il faut accorder au cerveau ce qu'on a depuis longtemps
reconnu à la moelle, c'est-à-dire le droit à l'inflammation
non suppurative de ses éléments.
Le D' Sheffield (Arch. of Ped., décembre 1906) a observé
un cas fort intéressant d'encéphalite aiguë grippale chez un
garçon de vingt mois qui, après une invasion brutale carac-
térisée par des vomissements, de la fièvre, des secousses muscu-
laires, cessa de marcher à cause d'une hémiplégie gauche. En
même temps existait une paralysie faciale droite, périphérique.
Cette paralysie croisée pouvait faire errer le diagnostic. Mais
M. Sheffield ne s'y trompa pas et reconnut une hémiplégie
motrice gauche, consécutive à une encéphalite. Il y avait exagé-
ration des réflexes plus marquée à gauche.
Pas de troubles de la sensibilité, pas de réaction de dégé-
nérescence. La paralysie faciale s'expliquait par une otite
moyenne. Dans l'espace de trois mois, l'enfant guérit complè-
tement de son hémiplégie, sans séquelle appréciable. Cette
curabilité des paralysies localisées, dans l'encéphalite aiguâ
infantile, est loin d'être rare.
Non moins intéressant est le cas de Baginsky {Soc, de méd.
de Berlin, 9 janvier 1907). Un enfant de deux ans et quelque*
mois présente, à l'âge de dix-huit mois, une coqueluche grave.
Bientôt symptômes méningitiques, vomissements, raideur de
la nuque, etc. Au bout de quelques semaines, il est devenu
aveugle, sourd et idiot. Réflexes pupillaires abolis, de temps
en temps convulsions plus ou moins violentes. Liquide céphalo-
rachidien limpide, sans microbes ni leucocytes. Peu à peu, la
cécité et la surdité régressent, l'intelligence revient.
Baginsky admet une lésion des nerfs crâniens par des pro-
cessus méningitiques ou des lésions hémorragiques, toxi-
iiifectieuses, des centres nerveux. Vu la qualité du liquide
céphalo-rachidien, c'est l'encéphalite aiguë qu'il faut incri-
miner.
Plus récemment, le D*" Isaac-A. Abt (Archwes of PediatricSy
mai 1907) a rapporté deux cas d'encéphalite aiguë chez une
fillette et un garçon de cinq ans, et a esquissé, à ce propos,
la description de la maladie que nous avions faite avant lui
dans le Bulletin médical (17 janvier 1906).
584 J. COMBY
Depuis la publicité faite autour de cette acute non suppu-
ratiçe encephalitis in children, les cas vont ea se multipliant
dans tous les pays, et notre historique est forcément incom-
plet. La thèse récente de Chartier (Paris, juillet 1907), est
surtout à consulter.
Anatomie pathologique.
M. Raymond, d'après les examens faits en collaboration
avec PhiUppe et Cestan, décrit deux types histologiques : type
hyperplastique déjà décrit par Hayem ; type dégénératif^ pré-
férable au terme d'encéphalite hémorragique, car il y a des
lésions de cellules et de fibres nerveuses en même temps que
des lésions vasculaires.
A l'examen direct, l'encéphalite rappelle un peu le raptus
hémorragique, avec cette différence que la couleur rouge est
due à la congestion, à l'infiltration du tissu nerveux par le
sang, mais non à sa destruction.
Il n'y a pas dilacération de la substance cérébrale, qui con-
serve sa forme, ses contours, ses sillons et circonvolutions.
Quant au ramollissement ischémique à la période de
ramollissement rouge, il a des points de ressemblance
avec le processus de l'encéphalite aiguë : hémorragies
interstitielles, œdème de la substance cérébrale, altérations
cellulaires et corps granuleux. Mais, dans l'encéphalite, les
lésions sont diffusées aux deux hémisphères, sans rapport
avec la distribution artérielle. Et surtout il y a une réaction
polynucléaire intense autour des vaisseaux, dans les espace
sous-arachnoïdiens et dans la substance cérébrale, jusqu'à
déterminer par endroits de véritables abcès microscopiques.
Une polynucléose aussi intense témoigne en faveur d'une
inflammation aiguë toxi-infectieuse.
Enfin, il y a une thrombose des veinules de Tencéphale,
véritable phlébite aiguë avec nodules infectieux périphlé-
bitiques, qui ne sam*ait être sous la dépendance d'une artérite
oblitérante ischémique, mais caractérise un processus d'infec-
tion. Tel est le ramollissement inflammatoire, qui n'aboutit
pas à l'abcès du cerveau, qui peut parfois s'associer à la ménin-
gite.
La forme d'encéphalite à foyers limités est la plus fréquente ;
on peut l'observer dans tous les segments de l'encéphale:
myélite bulbaire hémorragique de Leyden, poliencéphalite
l'encéphalite aiguë chez les enfants 585
de Wernicke ; dans les hémisphères, riixQammation atteint
réoorce grise ou les ganglions gris centraux ; elle est souvent
bilatérale ; la substance blanche peut être prise également,
et il n'y a pas de différence fondamentale entre la poliencépha-
lite et la leuco-encéphalite. D'ailleurs, l'encéphalite aiguë
peut intéresser à la fois plusieurs segments de l'encéphale.
L'encéphalite peut être associée à la poliomyélite (Medin).
Au cours des épidémies, dans une famille, on pourra voir un
enfant frappé dans son encéphale et l'autre dans sa moelle.
Bien plus, la poliencéphalite et la poliomyélite peuvent être
associées à la polynévrite.
Les foyers d'encéphalite aiguë sont de volume et de nombre
variables. D'un rouge sombre dans la substance grise, ils
tirent sur le jaune dans la substance blanche. Sur un fond
uniforme apparaissent de petits points plus colorés, par hyper-
émie ou par hémorragie. La région atteinte est gonflée, infll-
trée de sérosité et bombant à la coupe. La thrombose vasculaire
accompagne souvent l'encéphalite corticale. Les veines par-
ticipent au processus autant que les artères ; parfois, les ar-
térioles paraissant saines, les veinules sont enflammées et
thrombosées. Vaisseaux béants et dilatés, remplis de globules
sanguins ; autour d'eux, agglomération leucocytaire ; tu-
niques épaissies et distendues par une infiltration polynucléaire.
Au voisinage des vaisseaux thromboses, hémorragies mi-
liaires. Névroglie altérée dans toute la zone inflammatoire;
infiltrat séreux ou séro-flbrineux dû stroma (œdème par
thrombose vasculaire), multiplication et gonflement des
cellules. A côté de ces lésions interstitielles, il y en a de paren-
chymateuses : chromatolyse des cellules nerveuses, dispari-
tion des prolongements cellulaires, dissociation des fibres
nerveuses, corps granuleux, etc.
Telle est l'encéphalite aiguë hémorragique que M. Raymond
appelle dégénératwe.
Mais, à côté de cette évolution aiguë, il est une forme subai-
guë (encéphalite hyperplastique de Hayem) qui appartient
surtout aux sujets âgés.
Étiologle.
L'encéphalite aiguë se montre à tout âge, dans la première
comme dans la seconde enfance, peut-être même, comme le
veut F. Raymond, dans la vie intra-utérine, laissant alors
580 J. COMBY
pour séquelles la porencéphalie, la microcéphalic, etc. J'ai
noté l'apparition <ie rencéphalite aiguô, comme en témoignent
mes observations personnelles rapportées plus loin, à neuf
mois, à dix mois, à vingt mois, à deux ans, à trois ans, à quatre
ans, à cinq ans, à sept ans, à huit ans, à dix ans, à douze ans, etc.
A l'origine de beaucoup d'encéphalites aiguës, on trouve
un processus toxi-infectieux. Un microbe analogue à celui
de la grippe a été rencontré par Pfiihl, Nauwerck. Fischl a
décrit le staphylocoque blanc dans les amas leucocytaires
de l'encéphalite des nourrissons.
Tantôt l'encéphalite survient sans cause appréciable, les
convulsions, les paralysies, le coma, marquant le début de
la maladie. Tantôt, au contraire, elle a été précédée d'un^
autre maladie. Parmi les affections le plus souvent signalées
à l'origine de l'encéphalite aiguë, il faut citer la grippe, la
coqueluche, l'entérite infectieuse (choléra infantile, etc.).
Ailleurs, c'est une rougeole, une scarlatine, une fi^H-n*
typhoïde, les oreillons, la vaccine, la diphtérie. Ce peut êtro
une intoxication par l'oxyde de carbone ou par un autn*
poison.
En somme, les causes occasionnelles sont des plus variées.
Il n'est pas nécessaire que la maladie initiale ait été très gravr
ou compliquée. Dans bon nombre d'observations, on voit
que la grippe, la coqueluche, la rougeole, les oreillons, etc..
ayant précédé l'encéphalite, n'avaient présenté aucun sym-
ptôme de gravité particulière. Cependant les accidents d'encé-
phalite aiguë ont édaté violemment et à l'improviste.
En pareil cas, on est porté à se demander s'il n'existait
pas une prédisposition individuelle qui avait attiré sur !♦'
cerveau la toxi-infection initiale. De fait, dans beaucoup
d'observations, on parle d'une hérédité nerveuse plus ou
moins chargée : neuro-arthritisme familial, hystérie, neuras-
thénie, vésanie, etc.
L'enfant lui-même est souvent déclaré nerveux, très impres-
sionnable, sujet aux convulsions, à l'excitation cérébrale.
Par contre, dans d'autres cas, on ne trouve rien de semblable.
Et d'ailleurs tous les enfants ne sont-ils pas nerveux, ne sont-
ils pas tous, plus ou moins, prédisposés par leur âge même et
par leur développement cérébral aux manifestations nerveuses,
aux convulsions, etc.?
A
l'encéphalite aiguë chez les enfants TiSI
Observations.
Observation I. — Encéphalite aiguë grave prise pour de la méningite
à neuf mois, — Guérison de la phase aiguë, — Paralysie spasmodique
diffuse avec arriération intellectuelle.
En avril 1894, j'ai été appelé à voir en province, avec le D' M.,., un
garçon de neuf mois, nourri au sein par une bonne nourrice, pris, au
cours d'une grippe, d'accidents nerveux graves : convulsions, état coma-
teux, fièvre, etc.
Je trouvai un bébé amaigri, cachectique, ne répondant à aucune exci-
tation, presque agonique. Cependant il n'avait ni raideur de la nuque,
ni raie méningitique.
Parents bien portants, mais nerveux, pas d'autre enfant.
La grippe régnait à ce moment dans la localité, et il semblait que cette
maladie eût préludé aux manifestations nerveuses.
Pensant à une méningite, nous saturons l'enfant d'iodure de potas-
sium. Contre toute prévision, il guérit.
Mais la tête prit un développemennt insolite ; la marche et la dentition
furent très retardées ; l'enfant semblait devenir rachitique.
Peu à peu l'enfant s'améliora, il put parler et marcher assez correcte-
ment, mais il eut toujours une grande faiblesse musculaire, qui le fit
soumettre à l'électrothérapie, d'ailleurs sans aucun succès.
A l'âge de dix ans, il me fut ramené ; taille au-dessus de la moyenne,
tête forte, démarche mal assurée et spasmodique. Réflexes et réactions
électriques exagérées. On conseille de ne pas faire usage de l'électricité,
mais d'avoir recours plutôt à la gymnastique suédoise, aux massages,
à l'éducation des mouvements ; l'enfant doit faire une cure aux eaux
de La Malou.
Chez cet enfant, il est bien évident qu'on a eu affaire non
pas à une méningite, mais à une encéphalite aiguë diffuse, qui
a laissé après elle des lésions dégénératives de l'axe spinal.
D'où les perturbations intellectuelles et les troubles de la
marche.
Observation II. — Fille de duc mois. Grippe avec broncho-pneumonie,
— Encéphalite aiguë pendant la convalescence, Guérison.
Le 31 décembre 1905, je suis appelé à voir, avec le D' Brochin, une
fillette de dix mois, nourrie au sein, habituellement bien portante. Il y a
quinze jours, cette enfant a fait une grippe avec symptômes assez inquié-
tants de bronchopneumonie. La fièvre était tombée depuis huit jours,
quand, tout à coup, au milieu de la nuit, l'enfant est prise de convulsions
épileptiformes prolongées, avec prédominance à gauche. Après les con-
vulsions, abattement persistant avec somnolence comateuse, déviation
conjuguée des yeux à droite. Pas de raideur de la nuque, pas de tache
cérébrale ou raie méningitique. Température rectale, 39°. L'enfant
reste inerte et absente, sans crier ni téter jusqu'au lendemain. Fixité
du regard, égalité pupillaire.
L'après-midi, nouvelle convulsion très violente avec prédominance
à droite. Température, 39o,6. Le soir, détente et amélioration.
Le 1<* janvier 1906, on constate une parésie notable du membre super
588
J. COMBY
rieur droit, avec conservation de la sensibilité. L'enfant a recommencé
à crier, et elle a pu téter. L'œil est bon.
La monoplégie brachiale droite persiste jusqu'au soir. Température
380,2. Le lendemain, amélioration marquée.
Le 3 janvier, paralysie disparue entièrement; l'enfant peut être consi-
dérée comme guérie.
Le traitement a consisté en bains répétés, glace sur la tôte, lavements
de bromure et chloral, potion iodo-bromurée.
Observation III. — Fille de vingt-sept mois, — Grippe avec bronchn-
pneumonie, — État méningitique. — Guérison avec persistance d'hémi-
plégie spasmodique à droite pendant quelques mois, — Encéphalite ai^uè
ayant porté sur Vhémisphère gauche,
La petite L. M..., âgée de vingt-sept mois, pesant seulement 10 900 gram-
mes, est prise d'une infection grippale grave, le 6 décembre 1904.
Antécédents héréditaires, — Père, âgé de trente ans, bien portant Mère,
âgée de vingt-huit ans, bien portante également. Deux autres enfants
(six ans et dix mois) bien portants.
Antécédents personnels, — Née à terme, après un acouchement normal,
l'enfant a été nourrie au sein jusqu'à six mois, puis mise au lait stérilisé.
Au commencement de décembre 1904, grippe suivie de broncho-
pneumonie (soufïle, fièvre vive ayant fait penser à la fièvre typhoïde
pendant quinze jours).
Tout allait bien quand, le 18 décembre, éclatent des convulsions suivies
de coma et de symptômes méningitiques. On donne des bains chauds.
Pendant quinze jours, l'enfant reste aveugle, sourde, muette et inerte.
Puis elle a du délire avec paroles incohérentes. Enfin la connaissance
revient peu à peu. et il persiste seulement une hémiplégie droite avec
légère contracture.
Le 2 février 1905, l'enfant vient à l'hôpital, traînant la jambe droitp
et présentant une certaine maladresse de la main du même côté. Légèrt^
raideur. Réflexes conservés sans exagérationm anifeste. Rien à l'auscul-
tation. On prescrit des bains chauds, le massage, les mouvements com-
muniqués, Tiodure de potassium à petites doses.
Le 2 ;nars 1905, elle revient dans un bon état ; elle marche seule et
peut même courir ; la contracture s'est beaucoup atténuée ; il ne persiste
qu'un peu de maladresse de la main.
Le 13 avril 1905, l'enfant nous est ramenée complètement guérie:
ni contracture ni maladresse des membres ; elle est seulement nerveuse
et agitée.
Malgré les phénomènes de localisation, Tencéphalite aigué
grippale a été dans ce cas relativement bénigne.
Observation IV. — Fille de trois ans et demi, nerveuse. — Grippe
avec bronchite. — Accidents cérébraux graves attribués à une méningite,
— Encéphalite aiguë, — Guérison complète.
En janvier 1906, je suis appelé à voir, à Meudon, avec le IK Lecoq,
une fillette de trois ans et huit mois très nerveuse, qui a été prise d'acci-
dents cérébraux consécutifs à la grippe.
Antécédents héréditaires. — Père bien portant et vigoureux. Mère
très nerveuse, vésanique, a été enfermée pendant quelque temps. Pas
d'autre enfant.
l'encéphalite aiguë chez les enfants 580
Antécédents personnels, — Enfant nourrie au sein» bien portante ju3-
qu*alops, quoique très excitable et très nerveuse.
Le 12 janvier, elle a été prise de grippe avec fièvre et bronchite géné-
ralisée.
Au bout de trois ou quatre jours, amélioration ; Tentant reste apyré-
tique pendant deux jours. Puis aggravation soudaine, fièvre vive, 39o,8, 40%-
tics de la face, spasme nutant, état cérébral grave.
État actuel. — Le 18 janvier, je trouve l'enfant dans un état presque
comateux, les yeux clos, ne répondant à aucune question. Cependant
je note qu'il n'y a pas eu de vomissements et qu'il n'y a ni raideur de la
nuque^ ni raie méningitique. Troubles intestinaux, diarrhée verte (jamais
de constipation).
 l'auscultation, pluie de râles sous-crépitants dans les deux poumons,
50 respirations à la minute, 140 pulsations; pas d'arythmie cardiaque
ni respiratoire. Je prescris des bains chauds (38o) matin et soir, des enve-
loppements froids dans l'intervalle, des lavages intestinaux.
Le 22, je revois l'enfant, elle est un peu mieux ; ce matin, la tempé-
rature est tombée à 37o,5 ; pouls 140; respirations 50. Strabisme interne
de l'œil droit. Parfois déviation conjuguée à gauche. Les pupilles réagissent
à la lumière. Agitation des membres sans convulsions. Rougeur de la
face par instants. Pas de constipation ni vomissements. Pas de raideur
de la nuque. Râles bullaires abondants à l'auscultation.
Glace sur la tête, lavements de bromure et chloral. Nous nous arrêtons
au diagnostic d'encéphalite aiguC, à cause du début bruyant et soudain,
de l'absence des signes ordinaires de méningite, etc.
Le 8 février, amélioration ; l'enfant cependant est hébétée, ne com-
prend rien, ne sait plus avaler; état d'idiotie avec mouvements choréi-
formes. Pas de raideur de la nuque ni raie méningitique. Cris, gémisse-
ments, pas de parole articulée. Selles spontanées, pas de vomissements.
On la nourrit par le nez avec une sonde. Pas de paralysie ni spasme
localisé. Râles persistants avec toux. Accès de fièvre de temps à autre.
L'examen des urines décèle un peu d'albumine (10 centigrammes) ; pas de
sucre.
Le 14 février, l'enfant reprend connaissance tout à coup ; l'incon-
science a duré quatre semaines.
Le 11 avril 1906, on me la conduit chez moi parfaitement guérie,
dans un état florissant de santé. Elle aura bientôt quatre ans. Elle voit
et entend bien, marche correctement, parle mieux qu'avant sa maladie.
Bref, il ne lui est rien resté de cette encéphalite aiguë diffuse, qui nous
avait causé tant d'inquiétudes. Cependant elle a de temps à autre des
terreurs nocturnes.
Observation V. — Fille de quatre ans. — Encéphalite aiguë d'origine grip-
pale. — Accès épileptiformes subintrants, — Guérison après deux rechutes.
Le 30 janvier 1907, je suis appelé à voir une fillette de quatre ans,
plongée dans le coma et un véritable état de mal épileptique.
Antécédents héréditaires. — Père très vigoureux, mais nerveux, spéci-
fique de date très ancienne. Mère très nerveuse, grand'mère maternelle
vèsanique. Pas d'autre enfant.
Antécédents personnels. — Née à terme, nourrie au sein, l'enfant a tou-
jours été bien portante, quoique nerveuse. Très forte, très intelligente
pour son âge. 11 y a un mois, elle aurait eu une première crise, éphémère,
à propos de laquelle on a parlé de grippe. Il y a dix jours, accidents
épileptiformes répétés, état comateux.
590 J. COMBY
État actuel. — L'enfant est dans le coma, le regard fixe, ne répondant
à aucune question, ji 'émettant aucune parole. Dans Tintervalle des crises,
membres, inertes et flasques» pas de contracture» pas de raideur de la
nuque ni raie méningitique. Au moment des crises, secousses toniques
très rapprochées» distorsion de la bouche avec écume. Déviation
conjuguée des yeux à gauche. Les jnouvemeats convulsifs des mem-
bres prédominent tantôt à droite, tantôt à gauche. Pas de vomis-
sements ni constipation.
L'enfant déglutit assez bien le lait qu'on lui présente. Grâce à cette
alimentation, elle a conservé un certain embonpoint, et son visage n'est
pas défait. Cependant les crises se répètent deux ou trois fois par heure.
Cette répétition par elle-même est alarmante.
Une première ponction lombaire faite il y a quelques jours a été presque
blanche et a ramené un peu de sang. J'en fais une seconde et retire à
peine une goutte de liquide clair, après laquelle coule un peu de sang.
Donc aucune tension du liquide céphalo-rachidien. La sensibilité est con*
servée, les pupilles réagissent bien à la lumière.
Nous écartons résolument le diagnostic de méningite, et nous discutons
l'existence de quelque néoplasme spécifique ou d'une hémorragie ménin-
gée à cause du sang retiré par la ponction lombaire. Le traitement spéci-
fique (frictions mercurielles, iodure de potassium) n'a donné aucun
résultat après dix jours. Nous le suspendons. Il nous paraît difficile
d'admettre l'hémorragie méningée à cause de la longue durée des
accidents spasmodiques, des intervalles de résolution musculaire que
présente l'enfant.
Finalement, je crois pouvoir affirmer une encéphalite aiguë diffuse,
probablemnt d'origine grippale. La fièvre, nulle actuellement, a atteint
au début 38 à 39o.
Nous prescrivons le drap mouillé froid pendant une demie-heure matin
et soir, des lavements de bromure et chloral, des sangsues derrière les
oreilles, la glace sur la tête, etc.
Le 2 février, les crises convulsives ont entièrement disparu, l'enfant
a recouvré son intelligence, elle dort bien et n'a pas de fièvre. Mais elle
ne parle pas. Elle remue bien les jambes sans pouvoir encore marcher.
Incoordination des mouvements des bras. Aphasie persistante.
Les 6 et 7 février, l'enfant est gaie et remue dans son lit, mais reste
muette. On continue le drap mouillé.
Le 11 février, amélioration de plus en phis grande ; l'enfant dort bien,
a bon appétit, s'asseoit sur son lit et manifeste une vive intelligence.
Les mouvements choréiformes des bras persistent.
Le 18 février,, elle commence à marcher et se dirige toute seule, en con-
servant l'incoordination des membres supérieurs. Elle commence à se
servir du bras droit. Tremblement des mains parfois.. Quoique l'intelli-
gence semble parfaite, la parole n'est pas encore possible, la langue, les
lèvres semblent gênées dans leurs mouvements. L'enfant avale difficile-
ment les aliments solides.
Le 23 février, les mouvements des membres supérieurs sont à peu près
normaux ; l'enfant, pour la première Jois depuis le début de sa maladie,
a pu dire papa et maman ; le mutisme absolu a duré un mois. État géné-
ral excellent ; on la considère comme guérie.
Le 25, rechute, les convulsions ont reparu avec autant de fréquence
et d'intensité que lors de la première atteinte. Même traitement.
Le 8 mars les convulsions ont cessé, l'enfant voit, entend, parle, et il
semble que cette fois la guérison soit définitive.
L ENCÉPHALITE AlGUlî CHEZ LES ENFANTS 501
Trois semaines après, noilvelle rechute convulsive analogue aux deux
crises précédentes, mais d'une durée moindre. Au bout de cinq jours,
l'enfant reprenait connaissance. Cependant la parole ne revient pas.
Tentant ne dit que quelques monosyllabes. Son intelligence semble très
diminuée.
Le 21 avril, je vois Tenfant à Paris, où ott Ta transportée. Elle n'a plus
de crises, mais elle reste très excitable. Elle marche bien, se èert conve-
nablement de ses mains, mais elle ne parle pas. Les jours suivants,
quelques ébauches de crises. Applications de drap mouillé deux ou trois
fois par jour, puis bromure de potassium. Le 16 juillet, je reçois de bonnes
nouvelles de l'enfant qui est à la campagne depuis pliisieurs mois. Elle
dit quelques mots et fait des progrès incessants. Crises rares et avortées.
Il semble que ce cas doive se terminer par une légère arrié-
ration intellectuelle, sans phénomènes paralytiques durables.
Observation VI. — Garçon de cinq ans, — Parents très nerveux. —
Encéphalite aiguè à rechute. — Hémiplégie spasmodique droite peu durable.
— Aphasie, état (T idiotie.
Le 15 février 1907, je suis appelé à voir avec le D' Maranger un garçon
de cinq ans, atteint d'accidents graves qui font craindre la méningite.
Antécédents héréditaires, — Parents très nerveux, particulièrement
la mère, qui a un tic de la face. Une sœur plus âgée nerveuse.
Antécédents personnels. — En juillet 1906, coqueluche violente au
cours de laquelle l'enfant a présenté des convulsions suivies d'hémiplégie
droite avec contracture. En même temps que cette hémiplégie spasmo-
dique, existait une aphasie notable.
En février 1907, au cours d'une grippe familiale (père très atteint),
l'enfant présente des convulsions de nouveau.
. État actuel. — A la suite des convulsions, qui datent seulement de
quelques jours, le petit malade a cessé de parler, se contentant de pousseir
des cris inarticulés. Somnolence demi -comateuse, yeux hagards, aspect
d'idiot. Il mange avec voracité et se jette sur les boissons qu'on lui prér
sente. Pas de fièvre, ni raideur de la nuque, ni raie méningitique.
Nous faisons le diagnostic d'encéphalite aiguë et nous prescrivons,
pour calmer l'agitation : drap mouillé, bains de tilleul, lavements de
chloral, etc.
Après huit ou dix jours, il commence à dire quelques mots qu'il répète
sans cesse, puis forme des phrases peu à peu.
Le D' Maranger m'écrit, en avril 1907, que l'enfant paraît actuellement
moins hébété, s'intéresse à ce qui se passe autour de lui, dit parfois des
choses exactes, reconnaît les objets, met des noms sur ces objets, mais
reste encore bien loin de la restitution intégrale.
Observation VII. — Fille de deux ans et demi. — Encéphalite aiguè
diffuse, suivie de contracture spasmodique généralisée.
M. G..., âgée de deux ans et demi, vient à l'hôpital de 23 janvier 1903.
Antécédents héréditaires. — Père âgé de trente-neuf ans, bien portant,
pas nerveux, mais alcoolique. Mère âgée de trente-six ans, saine, mais
nerveuse. Deux autres enfants (onze ans et cinq ans) bien portants.
Antécédents personnels. — Enfant née à terme, après un accouchement
normal, élevée au biberon ; première dent à seize mois, marche à dix-sept
mois, rachitisme ; à cette époque, on a prescrit des bains salés et du phos-
phate de chaux.
592 J. GOMBY
En juin 1902, accès de laryngite striduleuse.
En août, vomissements, céphalée, strabisme, photophobie, délire et
cris, en un mot accidents méningitiques.
Le 28 août, épistaxis très abondante.
En septembre, amélioration, mais la mère remarque que Tenfanl
traîne la jambe gauche en marchant et que les bras semblent paralysés.
A la fm de novembre, otorrhée, agitation, céphalée, photophobie.
État actuel, — Bon aspect, teint coloré. Pas de déviation de la face;
un peu de raideur de la nuque. Aux membres supérieurs, les muscles
fléchisseurs et extenseurs des doigts semblent seuls paralysés. Les muscles
de la cuisse gauche semblent un peu atrophiés ; ceux du mollet sont peu
atteints. Réflexes rotuliens exagérés, trépidation épileptoîde des deux
côtés. Pas de trouble de la sensibilité.
A Fexamen électrique, on trouve une exagération manifeste de la con-
tractilité faradique aux deux membres inférieurs. Cette exagération
est encore plus considérable aux membres supérieur^!, dont les muscles
se contractent sous Tinfluence du courant à peine perçu.
Observation VIII. — Fillette de cinq ans. — Hémiplégie spasmo-
dique du côté droit, — Encéphalite aiguè,
B. Y..., se présente à l'hôpital des Enfants le 15 octobre 1898, à l'âge
de cinq ans.
Antécédents héréditaires, — Père bien portant. Mère bien portante»
pas nerveuse. Un enfant de deux mois parfaitement sain.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a été nourrie au biberon
à la campagne jusqu'à quatorze mois. Elle aurait marché à un an et
parlé à deux ans.
Le 25 décembre 1896 (elle avait alors trois ans), convulsions violentes
dans la nuit ; raideur des membres, mouvements des yeux, strabisme.
Ces convulsions auraient duré quatre heures. Un an après (26 décembre,
à huit heures du matin), nouvelles convulsions moins graves. Le 28 juil»
let 1898, dans la matinée, nouvelles convulsions avec ictus apoplectique,
raideur des membres, strabisme. Pendant trois jours, l'enfant conserve
des mouvements spasmodiques aux deux membres. Déviation de la face
du côté malade, déviation de la langue, etc. Pendant environ quinze jours,
l'enfant n'a pu se servir des membres du côté droit ; contracture plusaccusée
au bras droit, main en griffe ; pendant longtemps, flexion du genou
droit impossible ; pas d'aphasie.
État actuel. — Mouvements plus faciles, surtout au membre inférieur
droit ; pas de contracture de ce membre. Main droite un peu contrac-
turée. La démarche n'est pas traînante. L'enfant sautille un peu sur la
jambe droite, qui est portée en dehors. Légère déviation de la bouche et
de la langue. Quand on fait rire l'enfant, les plis s'accusent davantage
au côté sain.
On prescrit les massages et un peu d'iodure de potassium (25 centi-
grammes par jour).
Le 28 octobre 1898, il y a amélioration pour la marche. Le 16 novembre,
quelques secousses épileptiformes du côté malade.
Observation IX. — Garçon de sept ans. — A Vâge de trois ans et demi,
encéphalite aiguë. — Accidents spasmo -paralytiques à gauche. — Exagé-
ration des réflexes.
C. R..., âgé de sept ans, est présenté le 21 septembre 1905 pour des
accidents cérébraux datant de trois ans et demi.
Antécédents héréditaires. — Père âgé de quarante ans, sobre, pas nerveux.
LENCéPHALITE AEtiL'Ë CHEZ LKS ENFANTS 503
M^re, âgée de trente-six ans. nerveuse, pfile, Rnémique. A eu un accou-
chement avant t«rme, une fillette de vingt-trois mois bien portante, une
autre morte de bronchopneumonie, un troisième enfant mort de pleti'
r^ie à trente mois.
ÀMêcédents personnels. — Né à terme, l'enfant avait été élevé parune
nourrice au sein jusqu'à dix-huit mois ; a marché à vingt mois, tombant
(afileraent. Très intelligent jusqu'à la maladie nerveuse qui l'a atteint.
Il y a trois ans et demi, au mois d'avril, début brusque, par des accidenta
rfrébraux rapportés à la méningite. Pendant plusieurs jonrs, l'enfant
est resté sans connaissace et a présenté des troubles d'encéphalite aiguë.
A partir de ce moment, croissance arrêtée, intelligence obscurcie ;
l'enfant ne fait plus de progrés et présente des symptômes spasmo-
paralytiques du cûté gauche, avec participation de la face. On a pensé
qu'il existait une lésion de l'hémisphère droit, et on a fait une trépanation
dans larégion frontale. Depuis cette intervention, l'entant à des convul-
sions toutes les trois ou quatre semaines, avec ■ impotence relative des
membres : démarche mal assurée, pas irréguliers.
êiat actuel. — L'enfant a la tète grosse, le regard étrange : membres
mi peu raides avec exagération des réflexes. Pas d'atrophie musculaire,
ûmstipation opiniâtre avec pollakiurie. La contracture porte surtout
sur le facial gauche, respectant à peu prés les membres. Arriération intel-
lectuelle. Traitement par l'iodure de potassium.
Observation X. — Garçon de l'ingt-neuf mois. — Encéphalile aiguë
à Cage de six mois. — Hydrocéphalie et cécité conséculives.
Le 4 novembre 1906, se présente à l'hôpital, venant de La Ferlé-Milon,
un petit garçon de vingt-neuf mois, maigre, se tenant à peine, ayant
(le la difficulté à porter sa tête, qui est très volumineuse, et n'y voyant
pas. Cependant l'hydrocéphalie n'est pas très marquée, la fontanelle
dntérieure est fermée. L'enfant est arriéré cérébralement et n'y voit pas
lin tout, quoique l'œil soit limpide et paraisse grand.
Cet entant, venu à terme dans des conditions normales, s'est trouvé
partaitement sain jusqu'à l'âge de six mois. A cette époque, convulsion»'
Itraves et répétées qui ont arrêté le développement du sujet. Intelligence
amoindrie, marche retardée, vue compromise et enfin complètement
perdue depuis sept à huit mois. Pas d'ophtalmoplégie. .A mai tarissement,
état cachectique. Ici, on peut dire que l'encéphalite aiguë a frappé sur-
i™t les centres de la vision.
Observation XI. — Garçon de trois ans et demi. — Encéphalite subai-
guê toxique (ojyde de carbone). — Séries d'attaques vaguement épiiepti'
iormes. — Pas d'hérédité.
En novembre et décembre 1905, et pendant le cours de 1906 et 1907, à
iliverses reprises, j'ai été appelé à voir un petit garçon de trois ans et
ilcmi, très beau, bien constitué, intelligent, présentant des attaques ner-
veuses inquiétantes.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de quaranto ans. vigoureux, bien
pariant, pas nerveux. Mère, âgée de vingt-cinq ans, bien portante. Grands-
parents parfaitement sains, pas de tare nerveuse héréditaire. Deux
autres entants normaux.
.antécédents personnels. — Né à terme, sans incident obslûtrical, l'en-
fant aété nourri au sein par la mère. Il venait très bien et. jusqu'à l'âge
dfl quatorze mois, n'a rien présenté d'anormal. Pendani l'hiver, sa
thambre, qui donnait sur un escalier chaulTé par un poêle au charbon
AmB. 1>E M^IIGC. ItKS ENFAKTS, 1907. A. 38
504 J. COMBY
de terre (chauffage de jour et de nuit), était envahie par les gai carbo-
niques. C'est alors qu'apparaissent des accidents épileptiformes, plus
inquiétants par leur répétition que par leur violence. Après Thiver, le
poêle étant éteint, l'enfant sortant davantage, tout accident nerveux
disparaît.
L'hiver suivant, l'intoxication se reproduit, les crises réapparaissent.
Mais cette fois elles se continuent pendant l'été. En octobre, elles
redoublent de fréquence et d'intensité ; on consulte un médecin spécia-
liste en maladies nerveuses, qui prescrit du bromure à haute dose. Cette
médication ne réussit pas, on est obligé d'y renoncer. Crises très rappro-
chées la nuit, secousses des membres, grimaces, bave continuelle, parole
embarrassée, amaigrissement. Pas de fièvre. Drap mouillé mal supporté.
Un mélange de bromure et de chloral n'amène pas de calme. Une solution
iodo-bromurée et chlorurée semble provoquer une détente ; les crises
cessent.
En janvier 1906, état satisfaisant ; en février, ébauches de crises tous
les huit jours. Poids le 19 février : 17 700 grammes. En novembre, même
état. On donne un peu d'arséniate de soude.
En décembre 1906, enfant superbe, a beaucop grandi ; ébauches de
crises de temps à autre. Il a cinq ans. En mars 1907, même état avec quel-
ques petites crises. Le 18 mai 1907, enfant superbe, très intelligent, a
souvent des ébauches de crises pendant lesquelles il ne perd pas connais-
sance. En somme, il y a plus d'un an que nous n'avons pas eu de grande
crise.
Observation XH. — Garçon de treize ans. — Parents arthritio)-
nerveux. — Accidents épileptiformes consécutifs à une encéphalite ai^ue
infantile.
Le 25 janvier 1907, on me conduit un grand garçon de treize ans, bien
développé, sans stigmates somatiques, pour des crises épileptiformes
de date ancienne.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de quarante-cinq ans, grand
et fort, arthritico-nerveux, ayant eu des coliques hépatiques. Mère, kp^
de quarante ans, nerveuse, ayant eu dans sa première enfance de petiltî?
crises convulsives. Un frère aîné bien portant, normal, très intelligent.
Deux sœurs plus jeunes, l'une ayant eu de petites convulsions passagên'>
Pas d'épilepsie dans la famille.
Antécédents personnels. — Né à terme, l'enfant a été nourri au ^w
par sa mère jusqu'à six mois, puis au lait stérilisé. Enfant très beau '^l
normal jusqu'à un an. A cet âge, convulsions épouvantables ayant dur/-
toute une journée, suivies d'un état très grave pendant quatre jours;
on a cru que l'enfant allait mourir.
A partir de ce moment, l'intelligence de cet enfant s'est obscunie.
Il a présenté fréquemment des convulsions épileptiformes, des absenre?,
des vertiges, etc. Mais il n'a jamais présenté de chute avec perte de
connaissance, de morsure de la langue, de miction involontaire, etc.
Aucune autre maladie.
État actuel. — Enfant assez grand, fort, ayant bon appétit, digérant
bien. Aucun trouble moteur ni sensitif. Pas d'asymétrie crânienne.
Regard un peu étrange, onychophagie. Enfant autrefois très excité,
maintenant plus calme. Intelligence très amoindrie ; il ne peut suivre
ses classes, il est resté bébé. Cependant il a une mémoire remarquable
et retient facilement les mots et les airs de musique. Sentiments affectifs
très développés. Ri^în à l'auscultation.
l'encéphalite aiguë chez les enfants 505
Sous Finfluence de la bromuration, les grandes crises ont disparu;
cependant il en a eu une assez forte il y a quelques mois.
Nous sommes en présence d'accidents opileptiformes durables
ayant succédé à un état morbide grave de la première enfance
caractérisé par des convulsions. On a parlé à ce moment de
méningite. Or il est bien évident qu'il s'agissait d'une encé-
phalite aiguë diffuse, dont les séquelles ont persisté sous forme
d'un état nerveux particulier qui se rapproche de l'épilepsie.
Observation XIII. — Fille de quatre ans. — Entérite infectieuse, —
Phénomènes pseudo-méningitiques. — Hémiplégie spasm4)dique à gauche.
Le \^ février 1907, on me conduit une fillette de quatre ans, qui a été
prise le 20 octobre 1906 d'une entérite avec -fièvre légère. Au bout de
huit jours, l'enfant présente une hémiplégie gauche avec participation
du facial inférieur. On parle de méningite, et on fait une ponction lom-
baire. Le D' H. Leroux ne constate aucun élément leucocytaire dans le
liquide céphalo-rachidien. Donc pas de méningite.
Cependant l'enfant conserve son hémiplégie, qui ne tarde pas à devenir
spasmodique.
État actuel, — Enfant pâle, anémique, avec décoloration des muqueuses,
bruit de diable dans les vaisseaux du cou et souffle à la base du cœur.
Intelligence nette ; l'enfant comprend et parle très bien. La paralysie
faciale a disparu. Mais l'hémiplégie des membres est nette à gauche.
Elle s'accompagne de contracture et d'exagération des réflexes. Clonus
du pied ; signe de Babinski. Pas de troubles sensitifs, pas d'atrophie
musculaire.
L'enfant marche péniblement en traînant la jambe gauche, qui semble
raccourcie par la contracture. La main gauche, toujours fléchie, ne sert
plus à la préhension des objets. Cependant on triomphe assez aisément
de la raideur, et on fait mouvoir avec facilitétous les segments des membres
atteints.
Il est évident que l'enfant, à l'occasion d'une entérite, a fait de l'encé-
phalite aiguë localisée à l'hémisphère droit. Cette encéphalite a été suivie
de sclérose avec dégénérescence du faisceau pyramidal, d'où l'hémiplégie
spasmodique.
J'ai prescrit les massages, mouvements passifs, rééducation des mou-
vements, etc. Pas d'électricité.
I-»e23 avril, l'enfant va mieux, l'anémie a cédé, l'hémiplégie spasmo-
dique persiste. Intelligence nette.
Le 10 juillet 1907, grande amélioration. Rien au cœur.
Observation XIV. — Garçon de sept ans et demi. — Normal jusqu^à
deux ans. — Choléra infantile suivi de convulsions épileptif ormes. —
Encéphalite aiguë ayant laissé à sa suite des accidents s pasmo- paralytiques
el un état psychique particulier.
Le 12 décembre 1905, on me ramène un garçon de sept ans et demi,
que je suis depuis quelques années et qui oflre un exemple remarquable
d'encéphalite aiguë consécutive à l'entérite infectieuse.
Antécédents héréditaires. — Père et mère bien portants et nullement
nerveux. Frères et sœurs absolument sains.
Antécédents personnels. — Né à terme, nourri an sein, l'enfant a été
590 J. COMBY
normal jusqu'à Tâge de deux ans. A ce moment, il a été pris d'entérite
infectieuse ou choléra infantile. Son état fut très grave et se compliqua
de convulsions répétées. Ces convulsions survécurent longtemps à la cause
qui les avait provoquées et, à partir de ce moment, Tenfant devint
un véritable épileptique avec idiotie.
Il y a quatre ans, Tenfant me fut conduit pour la première fois dans
un état d'excitation cérébrale excessive ; il ne pouvait rester une minute
en place (mouvement perpétuel); il présentait un état spasmodique des
membres avec exagération des réflexes, équinisme, démarche de digiti-
grade. Absence complète d'attention, parole inarticulée, état très inquié-
tant. Retour fréquent des crises épileptiformes.
Je prescrivis le drap mouillé tous les jours et même deux fois par jour ;
j'insistai sur le régime alimentaire, sur le traitement de la constipation,
sur la vie au grand air avec isolement, etc. Le bromure fut réservé pour
les crises graves.
Ce traitement a fait merveille ; les crises convulsives ont disparu, la
démarche est devenue à peu près normale, l'intelligence a fait des progrés:
ce résultat autorise bien des espérances.
État octueL — Enfant grand, bien développé, marchant correctement.
Il ne parle pas très bien, mais on le comprend. Attention difficile à fixer
pour longtemps. Mémoire prodigieuse, retient tous les airs de musique
qu'il a entendus une seule fois ; connaît par leur nom et leur adresse tout
les habitants de la ville assez importante où il réside. A tel point qu'«>n
l'appelle le «Bottin» vivant de R... M'a reconnu, quoiqu'il fût resté plu-
sieurs années sans me voir; a noté les changements qui s'étaient opérés dan<
mon cabinet depuis cette époque. Mémoire auditive et visuelle extraor-
dinaire. Placé dans l'appartement, il entend la personne qui monte dans
l'escalier extérieur et la reconnaît à son pas. Cette hyperacuité de cer-
taines fonctions cérébrales est vraiment extraordinaire. L'enfant, si
bien doué à certains- égards, est très inférieur pour la parole, qu'il articul»'
mal ; pour l'attention, dont il est incapable ; pour le jugement, chez lui
très rudimentaire. Remarque tout et fixe tout dans sa mémoire sans en
avoir l'air ; très affectueux. Il y a plus de deux ans qu'il n'a pas eu d*»
crise convulsive ; réclame son drap mouillé, qui lui a fait tant de bien.
Pas de troubles moteurs à l'heure actuelle ; il ne reste de l'encéphalit»*
de jadis qu'un déséquihbre dans les facultés cérébrales avec hyper-
fonctionnement de certains centres psychiques.
Observation XV. — Fille de quinze ans, — Idiotie avec crises èpHep-
tif ormes. — Normale jusqu'à trois ans. — A ce moment^ entérite infectieuse
suivie d^encéphalite aiguë.
En janvier 1905, je vois une grande fille de quinze ans, au regari
hébété, stupide, avec intelligence très au-dessous de la normale.
Antécédents héréditaires. — Mère saine. Père très vigoureux, sans aucun»'
tare. Huit autres enfants sains. Pas de maladies nerveuses dans la famille.
Antécédents personnels. — Née à terme, nourrie au sein, l'enfant a
marché de bonne heure et a été absolument normale jusqu'à Tàge de
trois ans. A ce moment, elle a été prise, pendant les chaleurs de Tête,
d'une entérite très grave, avec diarrhée verte, qui a failli l'emporter.
Des convulsions épileptiformes se sont manifestées alors et n*ont pas
cessé depuis cette époque, se renouvelant à des intervalles plus ou moins
rapprochés. Les médecins appelés à soigner la malade dirent que Ip>
microbes de V intestin s^ étaient portés sur le cerveau.
Les crises convulsives qui ont succédé à cette encéphalite aiguë ont éU
l'encéphalite aiguë chez les enfants 597
terribles. L'intelligence a été dès le début gravement atteinte, les forces
ont décliné, la marche n'a été possible qu'à sept ans.
État actuel, — L'enfant est grande, assez bien développée physiquement ;
mais sa démarche est mal assurée, son regard vague, son faciès stupide.
Elle parle à peine, et comme un enfant de deux ou trois ans ; au point '
de vue intellectuel, elle est restée infantile, joue à la poupée, etc. On ne
peut rien lui apprendre : ni écriture, ni lecture, ni calcul. Pas de paralysie,
ni contracture, ni troubles trophiques ou sensitifs. Parole embarrassée
avec quelques progrès depuis peu. Réglée depuis plusieurs mois, l'enfant
a des accès épileptiformes au moment des règles.
Grincement des dents la nuit, tics, manies, mouvements désordonnés, etc.
L'enfant a été saturée de bromure sans aucun succès. Elle mène une vie
végétative sans aucun changement depuis des années.
Observation XVI. — Fille de deux ans et demi, — Entérite infectieuse
suivie d^encéphalite aiguë à quinze mois, — Hémiplégie gauche.
En avril 1905, j'ai donné des soins à une fillette qui avait alors quinze
mois pour des troubles digestifs suivis de rachitisme. L'enfant était
nourrie au biberon. En août, elle est prise d'entérite grave avec hyperther-
mie (40°). Au cours de cette entérite, convulsions suivies d'hémiplégie
gauche avec participation du facial inférieur. Cette hémiplégie a été
bientôt suivie de contracture. Peu à peu, l'état s'améliore.
Le 17 juillet 1906, on me ramène l'enfant, qui a maintemant deux ans
et demi. Le membre inférieur est presque indemne, mais le membre
supérieur gauche est paralysé, avec main fléchie et raideur notable.
Quand l'enfant crie, la face est déviée, la commissure labiale étant tirée
à droite.
Retard de la parole et de la marche. La fontanelle antérieure est
presque fermée. Amaigrissement, état dyspeptique. On a craint l'hydro-
céphalie, mais la tête n'a pas grossi.
Il s'agit bien évidemment d'une encéphalite aiguë suite
d'entérite ayant intéressé gravement l'hémisphère cérébral
droit et déterminé une dégénérescence secondaire du faisceau
pyramidal.
Observation XVII. — Fille de huit ans. — Troubles digestifs fréquents.
— Encéphalite aiguë avec hémiplégie passagère. — Athétose ayant persisté
pendant deux ans. — Guérison.
Le 16 avril 1903, je suis appelé à voir une fille de huit ans qu'on croit
atteinte de méningite.
Antécédents héréditaires. — Père grand, fort, vigoureux, sans aucune
tare morbide. Mère saine, mais nerveuse et impressionnable.
Antécédents personnels. — Née à terme, nourrie au sein, l'enfant s'est
bien développée, mais a toujours été très nerveuse. Elle a eu des convul-
sions dans la première enfance. Un peu de strabisme depuis cette époque.
Elle est sujette aux embarras gastriques avec fièvre.
État actuel. — Le 15 avril, elle est prise tout à coup, en pleine santé,
d'accidents épileptiformes très intenses, suivis de coma. A son réveil,
on note une paralysie complète portant sur tout le côté gauche, avec
participation du facial inférieur.
Je constate que cette paralysie s'accompagne de contracture avec exa-
gération des réflexes. Pouls peu fréquent et très régulier, respiration
508 J. CÔMBY.
régulière, peu de fièvre. Pas de vomissements, pas de raideur de la nuque
ni raie méningitique. Langue saburrale. Application de sangsues aux
apophyses mastoïdes. L'enfant sort de sa torpeur et s'améliore rapide-
ment. Les mouvements reviennent aux membres du côté gauche, en
commençant par la jambe. L'hémiplégie faciale disparaît totalement en
quelques jours. La parésie persiste longtemps au bras et à la jambe.
Au bout de cinq à six semaines, on observe des mouvements biiarres
de la main gauche, avec écartement et extension exagérés des doigts.
La préhension est très difficile. Il est aisé de voir que l'enfant présente
de Tathétose du membre supérieur gauche.
Le 18 juillet, amélioration à la suite de massage ; l'agitation ne se
manifeste pas au repos, mais seulement quand l'enfant veut prendre un
objet. Cet état persiste longtemps. Enfin, en octobre 1905, plus de deux ans
après l'attaque d'encéphalite, guérison de l'athétose post hémiplégiqne.
Ce cas, fort intéressant par son invasion soudaine, par
sa localisation à rhémisphère droit, nous offre un bel exemple
d'athétose persistante, mais curable, consécutive à l'encépha-
lite aiguë. Quant à la cause de l'encéphalite aiguë, il faut
sans doute la chercher dans la toxi-infection intestinale, à
laquelle cette enfant était en proie depuis longtemps et qui
se caractérisait par : embarras gastriques fébriles •i^pétés,
poussées d'entérite, constipation habituelle, etc.
Observation XVIII. — Fille de quatre mois. — Encéphalite ai^uè à
la suite de i>accination, — Troubles psychiques et moteurs persistants après
la guérison.
Une fillette de quatre mois, nourrie au sein, est prise, après vaccinaticn,
d'accidents cérébraux très graves qui ont mis sa vie en danger.
Antécédents héréditaires. — Père et mère bien portants, mais très
nerveux ; pas d'autre enfant.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a pris le sein facilement;
bien réglée, elle a augmenté régulièrement de poids ; intelligence très
développée pour son âge ; aucune maladie.
Le 13 novembre 1905, elle est vaccinée au bras gauche avec du vacnn
en tube. Une seule piqûre est faite. Le vaccin prend très bien, et il se
développe une grosse pustule surmontant une large plaque rouge, chaude,
indurée, enflammée. Le 20 novembre, au moment de la pustulali«>n,
l'enfant a de la fièvre, du malaise, de l'agitation. Cet état continue le 21 :
la température rectale atteint 38<>,5 et 39**.
Le 22, raideur convulsive des quatre membres, état comateux, Tenfanl
refuse le sein. Mouvements des bras, aspect méningitique, état très inquié-
tant.
État actuel. — Après une rémission, la fièvre remonte à 39° le 23 novembre,
puis à 390,5 le 24. Contracture presque générale, avec myosis. Cependant.
pas de raideur de la nuque, pas de raie méningitique. L'enfant ne vomit
pas et peut s'alimenter à la cuiller (quelques cuillerées de lait chaque
deux heures).
On donne des bains tièdes (34 à 35°), des lavements évacuants, des
lavements calmants (bromure et chloral).
Le 24, dans la soirée, ponction lombaire et examen du liquide cêphalo-
• ,»
l'encéphalite aiguë chez les enfants 599
rachidien par mon interne M. Chartier. Écoulement goutte à goutte,
liquide clair, ne contenant aucun élément cellulaire. Donc pas trace
de méningite. Nous avions pu exclure ce diagnostic déj4 par les symptômes
cliniques. État comateux persistant. Ventre normal, non excavé.
Le 25, la contracture cède un peu, les pupilles se dilatent ; pouls entre
120 et 140, respiration 40, température 39o,5. Strabisme interne de l'œil
droit. Selles à peu près normales. Aujourd'hui Téry thème et le gonfle-
ment phlegmoneux consécutifs au vaccin ont disparu. Le 26, reprise de
contracture, 38o,7, pouls régulier (120) ; sommeil assez bon, respiration
sans arythmie. On continue d'alimenter l'enfant à la cuiller, selles spon-
tanées. Dans la soirée, la température baisse à 37^,4, à 36o,8, le strabisme
disparaît.
Le 27, rechute avec 39^2, polypnée (60), tachycardie (160), retour de
la contracture, respiration à type de Cheyne-Stokes. Le soir, 39°,8. On
donne alors un bain à 32^ pendant cinq minutes ; sous son influence, la
respiration tombe à 36 et le pouls à 120. Bouche entr'ouverte, plus de
strabisme, mais réflexe de Babinski.
Le 28, grandes oscillations thermiques, 40^5 le matin, 37^,4 le soir,
ralentissement de la respiration, pouls à 110 et 120.
Le 29, défervescence définitive, 37°, 36o,5, myosis.
Le 30, pour la première fois, l'enfant a poussé des cris ; 36o'8. Silence
et mutisme jusqu'alors. Les jours suivants, cris incessants; mais l'enfant
ne semble pas reconnaître son entourage. Elle ne sait plus téter ; on est
obligé de lui faire couler le lait dans la bouche.
Le 6 décembre, regard vague avec strabisme intermittent, l'enfant
ne suit pas les objets, ne semble pas percevoir les sons, ne fait aucun
effort pour téter. Il semble que ses sens et son intelligence soient obnubilés
par un voile épais.
Le 15 décembre, progrès intellectuels évidents, mais difficultés d'ali-
mentation. A la fin de décembre, l'enfant tète assez bien et reconnaît
son entourage. Avant sa maladie, l'enfant tétait son pouce ; elle ne le fait
plus maintenant, ayant perdu les bonnes comme les mauvaises habitudes.
Pendant six semaines, elle n'a présenté ni bave ni larme.
Le 25 janvier 1906, je constate que le membre supérieur gauche est
plus faible que le droit. Elle se sert mal de ses mains. Le 18 avril 1906,
le regard conserve de l'étrangeté ; la t^te est mal soutenue par des muscles
trop faibles, les mains restent inhabiles ; l'accroissement en poids est
faible. On sent que le cerveau a été touché pour longtemps, et l'on peut
redouter un processus de sclérose ou d'encéphalite chronique.
Le 10 octobre 1906, après un long séjour à la campagne, la fillette, qui
a maintenant quatorze mois et demi, a fait quelques progrès. Elle a
quatre dents, pèse 8 500 grammes, mais ne parle pas, ne marche pas, a la
tête ballante et présente une réelle incoordination des membres.
Le 16 mai 1907, à l'âge de vingt et un mois et demi, elle a 10 dents,
pèse 10 kilogrammes, comprend ce qu'on lui dit, joue, rit, mais ne parle
pas et ne peut pas marcher. Elle a quelques mouvements athétosiques.
Accès de colère parfois avec spasme de la glotte. Elle tète encore et
prend des bouillies. Membres inhabiles et un peu raides; réflexes exagérés,
tête mal soutenue, strabisme.
Actuellement, quoiqu'elle ait plus de vingt mois, elle no
parle pas, ne marche pas et présente un retard inquiétant do
son développement cérébral.
COO J. COMBY
Il est évident que l'encéphalite aiguë diffuse dont elle a été
atteinte à l'âge de quatre mois et dont elle n'a triomphé qu'avec
peine a laissé des traces sur ses circonvolutions jcérébrales.
On peut craindre la formation d'une sclérose cérébrale diffuse
avec déficit notable des facultés intellectuelles.
Observation XIX. — Fille de douz^ ans. — Coqueluche à dix-huit
mois. — Convulsions graves^ encéphalite aiguë. — Crises épileptiformes.
athétose à gauche avec contracture et équinisme.
Cette enfant,que je suis depuis de longues années, est atteinfe de sclérose
cérébrale consécutive à une encéphalite aiguë infectieuse (coqueluche).
Antécédents héréditaires. — Père et mère bien portants, mais assez
nerveux. Frères et soeurs normaux ; un frère a eu cependant des convul-
sions.
' Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a été nourrie au sein.
Bien portante et normale jusqu'à dix-huit mois. A cette époque, elle prend
la coqueluche. Au cours de cette maladie, convulsions violentes qui
s'accompagnent d'une hémiplégie gauche. La paralysie a persisté après la
guérison de la coqueluche ; elle est devenue spasmodique avec athétost»
et accidents épileptiformes très graves. Bromuration intensive. Deux ans
après, éruption bromique végétante des deux jambes. Cessation du
bromure, disparition de l'acné bromique.
Le drap mouillé a remplacé le bromure avec avantage et a fait mer-
veille pendant quelque temps. Puis il a fallu revenir au bromure.
État actuel. — Enfant grande, bien développée, très affectueuse, ir^
impressionnable. Ne peut marcher à cause de la contracture de sa jambe
gauche. Colères violentes, sensibilité aux reproches, inattentive. Crises
convulsives très violentes, dont elle ne garde jamais le souvenir. Étal
incurable.
Donc nous trouvons chez cette enfant de la sclérose céré-
brale consécutive à une encéphalite aiguë d'origine coquelu-
chiale.
Observation XX. — Garçon de trois ans. — Coqueluche assez violente.
— Convulsions, encéphalite aiguë. — Idiotie persistante.
Il s'agit d'un enfant très intelligent, parlant très correctement, s'inté-
fessant à tout, mais en même temps très nerveux et de parents nerveux.
En février 1905, il est pris de coqueluche et ne tarde pas à présenter
des quintes violentes suivies parfois de vomissements. Peu ou pas de
fièvre, pas de complications, à peine quelques râles de bronchite.
Tout à coup, à la suite d'une quinte, convulsions violentes qui se
répètent plusieurs fois dans la même journée. Après les convulsions,
l'enfant tombe dans la torpeur et l'indifférence, ne s'intéressant pas à ce
qui se passe autour de lui. Les parents craignent la méningite; une ponction
lombaire est faite par le D' Diamantberger ; le liquide est limpide et ne
contient pas d'éléments cellulaires. Une deuxième ponction, faite quelques
jours plus tard, donne le même résultat négatif. Donc pas de méningite.
Cependant l'enfant reste sans connaisance, ne parle pas et a des mouve-
ments choréiques. Il ne peut se lever, se tenir debout, ni marcher. L'usage
répété des bains et draps moxiillés a provoqué des abcès multiples, qu'on
est obligé d'oavrir. L'enfant pousse des gémissements incessants sans
l'encéphalite aiguë chez les enfants 001
pouvoir articuler une seule parole. Pas de contracture, pas de localisation
paralytique. Il n'y a jamais eu de raideur de la nuque, de signe de Kernig,
de raie méningitique.
Appétit conservé, digestions bonnes, pas de fièvre.
État vésanique avec athétose, hébétude, idiotie persistent pendant
des mois, sans troubles trophiques, sensitifs ni sensoriels.
A la fin d'avril, on transporte le malade à la campagne, loin de tout
bruit II présente une amélioration rapide.
Le 25 mai, je le vois avec Diamantberger jouant, dans le jardin, sur
un tapis. Il marche avec un aide, tout en oscillant sur ses jambes. Il se sert
de ses mains pour prendre les objets, mais avec maladresse. Il commence
à reconnaître son entourage, et il peut dire papa et maman. Visage sans
expression, regard fixe, intelligence obtuse. Digestions toujours parfaites.
Le 27 novembre 1905, après une période de rééducation faite sous la
direction du D^ de Chabbert, Tenfant marche tout seul, mais il ne parle
pas encore. Agitation perpétuelle, mouvements choréo-athétosiques.
Le 6 février 1906, même état, regard vague, apparence d'idiotie avancée.
Le 4 octobre 1906, progrès sensibles; l'enfant, qui a maintenant quatre
ans et demi, marche bien, dit quelques mots, il a beaucoup grandi. Traite-
ment par le drap mouillé.
En somme, ce cas remarquable est un exemple d'encépha-
lite aiguë, consécutive à la coqueluche, avec athétose durable
et idiotie, sans paralysie ni contracture localisées.
Observation XXI. — Fille de quatre ans. — Normale jusqu'à deux ans»
— A cet âge, convulsions violentes suivies d'un état d^idiotie qui persiste
encore. — Encéphalite aiguè diffuse.
iV..., Henriette, âgée de quatre ans, entrée dans mon service le 22 no-
vembre 1906.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente ans, bien portant, non
alcoolique. Mère, âgée de vingt-sept ans, bien portante, mais nerveuse.
Deux autres filles, dont Tune assez nerveuse.
Antécédents personnels. — Naissance facile après une grossesse normale.
Allaitement artificiel à la campagne. Gros ventre. Marche après deux ans.
Jusqu'à deux ans, enfant normale, intelligente. Surviennent alors des
convulsions violentes et répétées. Puis coqueluche avec accès suffocants.
L'enfant, qui parlait bien avant les convulsions, ne peut plus parler ; son
développement cérébral est arrêté, elle devient presque idiote. Sa
démarche est hésitante et trébuchante.
État actuel. — L'enfant est assez grande, forte, elle a bonne mine. De
temps en temps, poussées de rougeur sur le front et les joues. État général
satisfaisant.
Ce qui frappe chez elle, c'est l'inertie, l'indifférence, le faciès stupide ;
non seulement elle ne parait pas s'intéresser à ce qui l'entoure, mais elle a
le regard craintif et effaré, un peu farouche. Bouche close, pas de bave.
Ni strabisme ni nystagmus ; pas de surdité ni cécité. Elle comprend,
mais ne parle pas, répétant seulement comme un écho la dernière syllabe
du mot qu'elle entend.
Elle marche avec peine en élargissant sa base de sustentation et en
titubant comme une personne ivre. Pas de paralysie ni contracture ;
réflexes peu modifiés. Pas d'atrophie musculaire. Bon appétit, un peu
de constipation. Rien à l'auscultation du cœur ni des poumons. Foie et
rate un peu gros.
^02 j. COMBY
Elle a été opérée il y a six mois de végétations, adénoïdes ; cela n*a pas
modifié son état psychique.
En somme, encéphalite aiguë diffuse vers l'âge de deux ans,
ayant laissé à sa suite une idiotie incomplète qiii marque peu
de tendance à s'améliorer.
Observation XXII. — Garçon de vingt-deux mois. — Parents nerç^eux.
Convulsions épileptif ormes au cours d'une grippe. — Hémiplégie droite
avec aphasie pendant vingt-quatre heures. — Guérison.
Pendant Thiver 1905, j'ai été appelé à voir, avec le D' Dubrisay elle
D»" Main, un petit garçon de vingt-deux mois bien portant d'habitude,
quoique très nerveux et de parents nerveux.
Cet enfant, bien nourri, avancé pour son âge, est pris d'une légère
grippe depuis quelques jours. Tout à coup convulsions épileptiformes
épouvantables avec fièvre (40°). Après les convulsions, on constate une
hémiplégie droite avec participation du facial inférieur. L'enfant ne dit
pas un mot, il semble atteint d'aphasie. Le lendemain, la paralysie per-
siste : la température a baissé d'un degré. Le surlendemain, guérison
de la pai*alysie et de l'aphasie.
Dans ce cas, l'infection grippale a touché le cerveau d'une
façon indéniable. L'encéphalite aiguë, qui a porté sur l'hérai-
sphère gauche, a été peu grave, peu profonde ; il semble que le
processus ait été plus congestif qu'inflammatoire. D'ailleurs,
tout a disparu rapidement, et la guérison sans séquelles a été
obtenue.
Observation XXIII. — Garçon de trois ans et demi. — Hémiplégie
spasmodique droite depuis un an. — Début par encéphalite aiguë suite
<k vaccine.
Le 17 mai 1907, on me conduit un petit garçon de trois ans et demi
atteint d'hémiplégie spasmodique droite avec excitation cérébrale et
arriération intellectuelle.
Antécédents héréditaires. — Père, âgé de trente-huit ans, nerveux et
emporté. Aurait eu, il y a dix ans, des accidents spécifiques bien soignés
et guéris. Mère un peu nerveuse. Pas de vésanie dans la famille. L'ne
sœur, âgée de six ans, normale et bien développée.
Antécédents personnels. — Enfant né à terme, nourri au sein, bien por-
tant jusqu'à l'âge de dix-huit mois. A cette époque, il fait une chute sur
la tête d'une table de billard. Pas de bosse extérieure, pas de lésion
visible. Cependant perte de connaissance, avec paralysie d'un côté (droit?).
Au bout de quelques jours, l'enfant recouvre la santé et reste en parfait
état pendant un an. On notait toutefois qu'il était nerveux, sujet aux
colères et aux impulsions.
A l'âge de deux ans quatre mois, il est vacciné aux deux bras (4 piqûres),
avec du vaccin en tube. L'inoculation donne des pustules avec inflam-
mation très vive et gonflement des deux bras. C'est dans ces conditions
que se déclare, pour la première fois, à cinq heures du matin, une grande
convulsion éclamptique, avec écume à la bouche, perte de connais-
sance, etc. Cet état convulsif dure une journée. La mère a remarqué.
l'encéphalite aiguë chez les enfants 003
qu'à la même époque Tenfant avait un peu de diarrhée. Le lendemain
de cette grande crise, on a noté une paralysie du côté gauche pendant
quelques heures.
Bonne santé pendant six à huit semaines ; puis nouvelle convulsion
éclamptique, moins forte que la première, sans paralysie. Une troisième
convulsion se montre six semaines après la seconde, et enfin une qua-
trième convulsion très forte s'est déclarée le 5 décembre 1906. Depuis
cette dernière crise, Tenfant présente une paralysie spasmodique du
côté droit, avec perte de la parole. Jusqu'alors, il avait parlé convena-
blement et manifesté une intelligence normale.
On a donné du bromure de potassium sans aucun succès.
État actuel, — Enfant grand, fort, bien développé ; entre en sautillant
et poussant des cris ; il traîne la jambe droite et présente de l'équinisme
avec varus de ce côté.
Agitation perpétuelle. Le membre supérieur droit est incapable de
saisir un objet, l'enfant ne se sert pas de cette main, qui est animée,
cependant, de quelques mouvements. Contracture évidente dans tout le
côté droit. Paralysie du facial inférieur du même côté. Exagération des
réflexes tendineux. Sensibilité conservée.
Intelligence très amoindrie, l'enfant semble comprendre certaines
paroles, mais il ne parle pas et manque absolument d'attention. L'examen
du cœur, des poumons, des reins, des yeux, des oreilles, n'a décelé aucune
lésion.
On se trouve, en somme, en présence d'une hémiplégie céré-
brale infantile qui a succédé à de violentes convulsions. La
première convulsion, la plus violente et la plus prolongée»
s'étant montrée pendant l'éruption vaccinale, nous pensons
qu'elle traduisait une encéphalite aiguë. Actuellement il existe
une sclérose cérébrale de l'hémisphère gauche, suite de l'encé-
phalite aiguë vaccinale.
On a discuté l'influence de la chute sur la tête, et certains
médecins ont conseillé la craniectomie. Mais ce traumatisme
aurait eu des effets bien tardifs (un an après). Tout au plus,
peut-on lui accorder un rôle de prédisposition, d'appel, de
localisation pour le processus infectieux.
J'ai cotiseillé les draps mouillés froids, les massages et
mouvements passifs, l'éducation des mouvements, la vie au
grand air dans l'isolement, une nourriture légère, non exci-
tante pour le système nerveux, un peu d'iodure de sodium.
Observation XXIV. — Fille de quatre ans. — Troubles de la marche.
— Mutistne, — S emi -idiotie, — Encéphalite aigué vers Vâge de deux ans.
A\.., Henriette, âgée de quatre ans, est conduite à l'hôpital des Enfants
pour des troubles de la marche et de l'intelligence.
Antécédents héréditaires. — Mère, âgée de vingt-sept ans, un peu ner-
veuse. Père, âgé de trente ans, bien portant. Deux autres filles en bonne
santé, pas de fausses couches.
Antécédents personnels. — Née à terme (la deuxième de la famille).
L
1
(:»04 j. coMBY
sans difficulté, après une grossesse normale, l'enfant a été mise en nour-
rice à la campagne. Elle a eu un gros ventre, des troubles digestifs et
commençait à marcher quand les convulsions l'ont arrêtée. Jusq\i*à
deux ans, enfant normale, intelligente, parlant assez bien. A six ans sont
appanies des convulsions très violentes qui ont arrêté les progrès intel-
lectuels et somatiques, faisant de cette enfant, qui croissait physiologi-
quement, une dégénérée et une anormale. Coqueluche assez grave après
la phase convulsive. Pas d'autres maladies.
État actuel. — Enfant assez grande, bien colorée, embonpoint moyen,
état général satisfaisant.
Regard vague et effacé, la fillette ne s'intéresse pas à ce qui l'entoure ;
elle est craintive et répond mal à ce qu'on lui demande. C'est à peine si
elle fait entendre quelques monosyllabes, quoiqu'elle semble comprendre
ce qu'on lui dit. Donc mutisme presque absolu, état psychique voisin de
l'idiotie.
L'enfant marche avec peine, en élargissant sa base de sustentation,
avec un trouble de l'équilibre qui fait penser à l'ébriété. Pas de paralysie
ni contracture. Réflexes tendineux conservés ; pas d'atrophie musculaire,
pas de strabisme ni nystagmus. Tendance à la constipation.
Il y a six mois, le D' Rolland a fait l'extirpation des végétations adé-
noïdes. Aucune amélioration psychique ni physique n'en est résulté.
Donc nous sommes en présence d'une encéphalite aiguë,
diffuse, s'étant traduite à deux ans par des convulsions el
ayant laissé comme séquelles un mutisme prolongé, avec
déficit intellectuel et des troubles profonds du mouvement.
Observation XXV. — Fille de sept ans et demi. — Contracture et
coma. — Ponctions lombaires. — Pas de leucocytes, quelques hématies. —
Guérison sans séquelles. — Adénoïdes et otite ayant précédé V encéphalite
aiguè.
L...y Madeleine y âgée de sept ans et demi, est entrée à l'hôpital le 9 juil-
let 1907 pour des accidents cérébraux très graves. ^ •
Antécédents héréditaires, — Père, âgé de trente-sept ans, bien portant,
mais nerveux. Mère, âgée de trente -quatre ans, plutôt faible et nerveuse.
Quatre enfants, le premier mort de méningite à vingt mois, les autres
bien portants.
Antécédents personnels. — Née à terme, l'enfant a été nourrie au sein
pendant sept mois ; vers le sevrage, elle aurait eu des crises nerveuses
avec un peu de cyanose (spasme de la glotte). Coqueluche à deux ans,
rougeole à cinq ans. En février 1907, grippe suivie d'otite à droite, puis
extirpation de végétations adénoïdes. --•-.?- - f%
Maladie actuelle. — Le 9 juillet, elle va à l'école comme d'habitude,
étant en bonne santé et pleine d'entrain. A peine était-elle en classe qu'elle
tombe sans connaissance et présente des mouvements convulsifs, avec
écume à la bouche, perte des urines, etc. On l'apporte le jour même à
l'hôpital. Elle est dans le coma, sans connaissance, le visage congestionné,
la respiration stertoreuse. Contracture générale plus prononcée à gauche :
les membres sont raides dans leur totalité. Mais il n'y a pas de raideur
de la nuque, ni signe de Kernig. Déviation conjuguée de la tète et des
yeux à gauche. Raie vaso-motrice assez prononcée. Faciès vultueux.
un peu cyanose. Température au-dessus de 39<>. Pas d'albuminurie.
Le 10, ponction lombaire, liquideMair,*^sans hypertension, ne conte-
t
i/engéphalite aigu'è chez les enfants 005
nant pas de leiicocytes, mais quelques hématies (examen fait par M. Da-
\vid, interne du service). Nous avons déjà éliminé la méningite. La ponc-
tion lombaire nous laisse hésitants entre l'hémorragie méningée et l'encé-
phalite aiguë.
Le 17, nouvelle ponction lombaire qui ne montre que des hématies
déformées et dégénérées. Entre temps, nous avons fait Tophtalmo-réac-
lion à la tuberculine avec résultat positif.
Le 19, otite gauche avec écoulement assez abondant.
Au début, nous avons été obligés d'alimenter l'enfant par le nez ; elle
a pris ainsi 1 litre de lait dans la journée du 13 juillet. Amélioration
graduelle et guérison sans aucune séquelle.
Bel exemple d'encéphalite aiguë consécutive à une infection
rhino-pharyngée avec otite.
Symptômes.
L'encéphalite aiguë a un début brusque ; elle est rarement
annoncée par des prodromes. Cependant elle peut avoir été
précédée de fièvre et autres manifestations aiguës en rapport
avec la maladie initiale, dont elle n'est bien souvent qu'une
complication : grippe, fièvre éruptive, coqueluche, adénoïdite,
otite, etc. Qu'elle soit primitive ou secondaire à l'une quelconque
de ces maladies, l'encéphalite aiguë se traduit par une attaque
plus ou moins violente de convulsions. On croit alors à de
Téclampsie infantile ; on invoque la nervosité de l'enfant,
la dentition, les vers, etc. La convulsion est souvent épilepti-
forme ; elle peut être unique ou se répéter plusieurs fois. Dans
quelques cas, c'est un véritable état de mal qui persiste plu-
sieurs jours. Aux convulsions succède un état comateux, plus
ou moins absolu, avec flaccidité des membres ou avec contrac-
ture. En général, il n'y a ni raideur de la nuque, ni signe de
Kernig.
A la suite d'une ou plusieurs convulsions, on.peut constater
une hémiplégie flasque, intéressant les membres et le facial
inférieur, s'accompagnant de mutisme ou d'aphasie. Malgré
ces phénomènes paralytiques, certains enfants ont conservé
toute leur intelligence.
La paralysie peut être flasque. Plus souvent elle est spas-
modique, s'accompagnant au début d'exagération des réflexes
tendineux, de signe de Babinski, plus tard de contracture
permanente, traduisant une dégénérescence du faisceau pyra-
midal. La plupart des hémiplégies spastiques de l'enfance
sont le reliquat d'encéphalites aiguës.
G06 j. coMnv
Mais la paralysie spastique peut disparaître après quelques
semaines ou quelques mois ; j'en ai vu et cité plus haut des
exemples probants.
Elle peut s'accompagner de tremblements variés, imitant
plus ou moins la chorée ou relevant de l'athétose. Cette athé-
tose peut être éphémère ou durable, parfois définitive. Dans un
cas de J. Voisin {Soc. méd. des hop. y 5 juillet 1907), l'encépha-
lite aiguë des premiers jours de la vie avait entraîné la surdi-
mutité et la chorée chronique. Dans un cas de Concetti, qui a
guéri en quelques mois, le tremblement rappelait celui de la
sclérose en plaques. Dans la sphère motrice, après la phase
initiale de convulsions, de coma, de paralysie flasque ou spas-
tique, on peut donc rencontrer des paralysies localisées à un
membre, à la face, à un nerf crânien, des spasmes localisés ou
généralisés, des raideurs spasmodiques pouvant affecter tout
le corps.
Quand on fait la ponction lombaire, au début, à cette phase
angoissante qui évoque la pensée d'une méningite, on retire
un liquide clair dans lequel ne se voit aucun élément cellulaire.
L'encéphalite aiguë laisse intacte la composition du liquide
céphalo-rachidien. Dans un cas cependant (obs. XXV), nous
avons trouvé quelques hématies dans le liquide.
Les convulsions qui ont marqué le début peuvent se répéter
par la suite, à des intervalles variables, avec une intensité
plus ou moins grande. Les convulsions sont parfois nettement
épileptiformes, alternant avec des absences, et l'on doit
admettre que beaucoup d'enfants sont devenus épileptiques
à la JMiite d'encéphalite aiguë ; l'épilepsie essentielle, hérédi-
taire, sine materiâ, étant une rareté.
Nombre d'enfants sortent de l'encéphalite aiguë avec des
troubles psychiques graves et permanents. Les uns sont
déséquilibrés, agités, incapables de fixer leur attention et
d'apprendre comme les enfants de leur âge. Les autres sont
arriérés, faibles d'esprit, ou complètement idiots. Il en est qui
ont conservé dans le naufrage de la plupart de leurs facultés
intellectuelles une mémoire étonnante, le souvenir très précis
et vivace des formes, des couleurs et des sons, des aptitudes
musicales surprenantes, etc. Ou bien c'est l'acuité sensorielle
qui a pris un développement exagéré (acuité auditive, mémoire
visuelle et auditive).
Si certains enfants voient leur mémoire se développer outre
l'encéphalite aiguë chez les enfants (507
mesure à Ja suite de l'encéphalite aiguë, d'autres oublient
en quelques jours de maladie tout ce qu'ils savaient, aussi bien
les notions essentielles qu'on leur avait enseignées que celles
qu'ils possédaient d'instinct. Un bébé de quelques mois,
après la crise d'encéphalite aiguë dont il avait triomphé à
grand'peine, ne savait plus téter, et il a fallu lui réapprendre
une manœuvre absolument nécessaire à sa vie. Le même
enfant, qui tétait son pouce avec acharnement avant la
maladie, avait perdu cette mauvaise habitude ; chez lui, tout
s'était effacé de sa mémoire, le bon comme le mauvais; l'encé-
phalite avait fait table rase.
L'encéphalite aiguë peut débuter par des convulsions géné-
ralisées ou localisées, souvent épileptiformes, par des contrac-
tures passagères ou durables, par des phénomènes paraly-
tiques ou comateux. Puis la maladie évolue, tantôt comme
une hémiplégie flasque ou spasmodique, tantôt comme une
athétose, une chorée, une ataxie, une sclérose en plaques,
tantôt comme une psychose (excitation cérébrale, stupidité,
idiotie, mutisme, aphasie). Après la crise, l'intelligence peut
être intacte, ou bien elle apparaît diminuée, obnubilée. Quel-
quefois même l'enfant devient arriéré, imbécile et idiot. Il
conserve souvent des attaques épileptiques.
On pourrait distinguer : 1^ des formes bénignes, légèises,
de courte durée, dans lesquelles le cerveau n'a été qu'effleuré
par la maladie ; beaucoup de convulsions ou d'accidents
spasmo-paralytiques compliquant les maladies infectieuses
de l'enfance pourraient rentrer dans ce groupe ; 2^ des formes
graves, avec lésions plus profondes et plus durables de
l'écorce cérébrale, entraînant des paralysies, des contractures,
des troubles psychiques plus ou moins curables ; 3® des formes
très graves entraînant la mort ou laissant à leur suite une
sclérose cérébrale plus ou moins étendue avec toutes ses
conséquences.
Pronostic.
Le pronostic varie précisément suivant les formes que nous
venons d'indiquer. Bénin dans les premières, passable dans les
formes accompagnées de spasmes ou de paralysies localisées
avec intégrité de l'intelligence, il devient très réservé ou même
mauvais dans les encéphaHtes aiguës diffuses, avec hyper-
thermie, coma prolongé, etc.
008 J. GOMBY
Beaucoup d'enfants succombent à la phase aiguë ; d'autres
conservent une hémiplégie ou une monoplégie définitive;
quelques-uns font une sclérose cérébrale étendue et passent
dans le camp des idiots.
D'après mes observations, confirmées par celles de Con-
cetti, de Batten, etc., les phénomènes choréiques, athétosiques,
ataxiques, sont presque toujours curables, quand rintelligence
des enfants n'est pas gravement atteinte. Après quelques
mois, un an, deux ans, tout peut rentrer dans l'ordre, et l'encé-
phalite guérit complètement. Il est des cas qui guérissent en
quelques jours (obs. XXV), malgré la violence des accidents
initiaux. Il ne faut jamais désespérer d'une encéphalite aiguë.
Diagnostic.
C'est le point délicat de l'histoire de l'encéphalite aiguë
infantile. Le diagnostic n'est pas facile, pièces en mains, à
plus forte raison quand il faut l'établir sur des réactions ner-
veuses banales, comme c'est le cas le plus ordinaire.
Il y a lieu de distinguer d'abord Véclampsie infantile, qui
prélude si souvent aux grandes infections de l'enfance ; cette
distinction ne pourra se faire immédiatement, car l'encéphalite
peut débuter par des convulsions. Ces convulsions peuvent être
épileptif ormes, et l'on aura à écarter l'épilepsie. Les lésions en
foyer de l'encéphale (tumeurs, hémorragie, ramollissement) ont une
symptomatologie propre, avec des phénomènes de localisation
plus précis, sans parler des conditions étiologiques différentes.
La méningite tuberculeuse et les méningites bactériennes ont
pour elles la raideur de la nuque, les vomissements, la consti-
pation, la céphalalgie, la raie méningitique, les irrégularités
du pouls et de la respiration, etc. Si ces signes ne suffisent pas,
la ponction lombaire viendra lever les doutes.Dans l'encéphalite
aiguë, le liquide céphalo-rachidien n'est pas altéré ; il ne con-
tient ni lymphocytes ni polynucléaires. On sait que la lym-
phocytose est la règle dans la granulie méningée, tandis que
la polynucléose caractérise les méningites bactériennes.
Dans les hémorragies méningées, pas très rares chez les jeunes
entants, la ponction lombaire donnera un liquide plus ou
moins hématique. Cependant l'encéphalite aiguë peut entraî-
ner, dans quelques cas, la présence des héniaties en petit
nombre dans le liquide céphalo-rachidien.
l'encéphalite aiguë chez les enfants 609
L'encéphalite aiguë peut coïncider avec la paralysie infan-
tile ou poliomyélite antérieure aiguë ; dans les épidémies
rapportées par différents auteurs et notamment par Medin
{Arch. de méd. des enfants^ 1898), l'association d'encéphalite,
d'ophtalmoplégie, de poliomyélite a été souvent relevée.
Traitement.
«
Appelé au début, on combattra l'encéphalite aiguë par la
glace sur la tête, la saignée aux apophyses mastoîdes (sangsues),
les lavements purgatifs, les bottes d'ouate. On pourra ensuite
donner le calomel à doses fractionnées.
Pour combattre la fièvre et l'excitation, les bains tièdes
(34 à 35°) répétés toutes les trois ou quatre heures pendant
cinq à six minutes m'ont semblé très utiles. Les petits lave-
ments de bromure (20 centigrammes) et chloral (10 centi-
grammes) pour 50 grammes d'eau bouillie seront donnés
deux, trois ou quatre fois par jour contre les convulsions,
spasmes et contractures. On pourra, dans quelques cas,
employer le drap mouillé, qui se recommande surtout quand
il y a de l'excitation, des convulsions, de la fièvre. Après les
accidents aigus, on devra donner l'iodure de potassium, et on
fera, s'il y a lieu, la rééducation des mouvements et des sens
souvent obnubilés.
On soignera beaucoup l'alimentation (lait, potages épais,
purées, œufs). Quand il s'agira d'enfants à la mamelle, ne
pouvant plus exercer les mouvements de succion, on aura
soin de les nourrir à la cuiller. Le succès est à ce prix.
Conclusions.
I. Le cerveau de l'enfant, très développé, très vasculaire,
présente une grande vulnérabilité, qui explique la fréquence
de l'encéphalite aiguë dans le premier âge. Malheureusement,
jusqu'à une époque très rapprochée de la nôtre, l'encéphalite
aiguë infantile avait été confondue avec la méningite, et nous
devons nous efforcer de l'en distinguer.
IL Après Strûmpell (1884), qui a bien étudié la polioencé-
phalite aiguë des enfants, on doit relever les noms de Leichten-
stern (1892), Nauwerck (1895), Prickett et Batten (1900),
Concetti(1903),Comby,B.Weyl, F. Raymond (1906), Chartier
(1907), etc.
Arch. db médec. des enfants, 1007. X, — 39
DIO J. COMBY
III. Les lésions sont diffuses ou circonscrites, allant de la
congestion et de l'infiltration sanguine à la dégénérescence
des cellules nervieuses, avec réaction polynucléaire intense
autour des vaisseaux. Il peut y avoir des abcès microscopiques.
On rencontre aussi de la thrombo-phlébite des veinules du
cerveau, dérivant comme les lésions précédentes d'une inflam-
mation aiguë toxi-infectieuse.
IV. L'encéphalite aiguë peut intéresser à la fois plusieurs
segments de l'encéphale. Elle peut être associée à la polio-
myélite (Medin) et même à la polynévrite.
V. L'encéphalite aiguë se montre à tout âge, dans la pre-
mière comme dans la seconde enfance, peut-être aussi dans
la vie intra-utérine. Elle succède souvent à une maladie infec-
tieuse : grippe, coqueluche, typhoïde, diphtérie, oreillons,
entérite infectieuse, vaccine, etc. Une intoxication (oxyde
de carbone) peut la produire. La prédisposition nerveuse semble
aussi jouer un certain rôle.
VI. Début brusque par des convulsions violentes, souvent
épileptiformes, pouvant se répéter plusieurs fois. Puis état
comateux, sans raideur de la nuque ni raie méningitique.
A ces symptômes peuvent s'ajouter des paralysies spasmo-
diques ou flasques, des tremblements, des mouvements cho-
réo-athétosiques, ataxiques, de l'aphasie, du mutisme, etc.
VII. Comme séquelles, outre les paralysies spasmodique^
si fréquentes, il faut citer les troubles psychiques : arriération
intellectuelle, idiotie, mutisme, excitation cérébrale et dés*^-
quilibre profond, épilepsie, etc. Parfois la mémoire acquiert un
développement prodigieux ; il y a exaltation de certaines
facultés ou de certains sens aux dépens des autres.
VIII. On peut distinguer des formes bénignes guérissant
sans séquelles, des formes graves qui laissent à leur suite des
paralysies, contractures, spasmes ou tremblements, parfois
curables, et des formes très graves qui entraînent la mort ou
laissent à leur suite des infirmités incurables (sclérose céré-
brale, épilepsie, etc.).
IX. Le pronostic de l'encéphalite aiguë, variable
suivant les formes, est somme toute meilleur que celui des
l'encéphalite aioue chez les enfants ftll
méningites bacillaires ou bactériennes. Dans l'encéphalite
aiguë, la guérison complète ou incomplète est presque la
règle ; elle est l'exception dans les méningites.
X. Le diagnostic différentiel repose sur l'invasion toujours
brutale, sur l'absence habituelle de raideur de la. nuque, de
signe de Kernig, de tache cérébrale, de vomissements, de ooxe
stipation. Il est susceptible d'un certain degré de précision
à l'aide de la ponction lombaire.
XI. Tandis que, dans les méningites, il y a toujours une
réaction leucocytaire nette dans le liquide céphalo-rachidien
(lymphocytes pour la tuberculose, polynucléaires pour les
méningites bactériennes), on peut affirmer que, dans l'encé-
phalite aiguë, il n'y a pas d'éléments cellulaires. En cas d'hé-
morragie méningée, il y a, dans le liquide céphalo-rachidien,
des éléments hématiques plus ou moins nets.
XII. Traitement par les bains tièdes, le drap mouillé, les
lavements calmants, la glace sur la tête, les sangsues aux
apophyses mastoîdes ; plus tard, par l'iodure de potassium.
Insister sur l'alimentation liquide (lait, bouillon, etc.).
XXII
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA TRÉPANATION
DE LA MASTOIDE CHEZ LE NOURRISSON
Par le D' 6. FOURNIER (de Marseille).
Si, de tous les sens, celui de Taudition est le dernier à s'éveil-
ler, puisque c'est vers le quatrième mois seulement que Ten-
fant commence à percevoir la voix humaine (Weild), il faut
reconnaître que le nourrisson a souvent le triste apanage de
voir, en ce qui concerne cet organe, la pathologie devancer
la physiologie.
Sans nous arrêter au « coussinet gélatineux » de Troeltscb
(exsudât muqueux qui remplit l'oreille du fœtus à terme).
et qui, pour certains auteurs, constitue l'otite des nouveau-
nés, il est cependant juste de reconnaître que la véritable
otite avec lésions des parties constituantes de l'oreille moyenne
est constatation banale. Chez 35 à 40 p. 100 des nouveau-nfc
^t nourrissons qui meurent dans les crèches, écrit Veillard (i).
l'autopsie révèle l'existence d'une otite cantonnée à l'oreillp
moyenne.
Les suppurations de l'oreille sont d'une fréquence inouïe
chez les jeunes enfants, et, si la sollicitude maternelle va
parfois encore jusqu'à entretenir cet écoulement dit libérateur,
le praticien, disons-le, traite trop facilement par TindifTé-
rence ce symptôme dont il entend si souvent parler.
Certains auteurs, il est vrai, n'accordent pas à cette affec-
tion la même importance dans l'enfance que dans l'âge adulte :
Gruber, en 1897, porte à la Société autrichienne d'otologie
une statistique montrant que, par suite de certaines dispo-
sitions anatomiques du temporal, l'otite moyenne suppurée
n'est pas aussi grave chez les jeunes enfants que chez les sujets
plus âgés; et Weiss (2), en 1900, à la même Société, conclut,
(1) Veillard, Contribution à l'étude de i'otite des nouveau-nés et nourrissons
(Thè^e de Paris , iS99).
(2) Séance du 26 février.
TRÉPANATION DE LA MASTOIDE CHEZ LE NOURRISSON 613
à la suite de recherches sur l'organe auditif des nouveau-nés,
que l'otite moyenne des nourrissons est une lésion bénigne,
qui affecte seulement la surface de la muqueuse.
Tout en rendant hommage à des assertions, qui émanent
d'auteurs aussi autorisés, il faut cependant reconnaître que
la clinique est moins consolante que le laboratoire : le travail
tout récent et bien documenté de Salamo (1), travail dont
les matériaux ont été puisés à « pleines mains » dans le service
du professeur Broca, relate en effet cent quarante-deux cas
de mastoïdites chez le nourrisson.
Pour une affection bénigne, voilà un chiffre de compli-
cations qui ne manque pas d'éloquence, et cette fréquence
dût-elle évoquer l'idée de banalité, nous pensons faire aujour-
d'hui œuvre utile en retenant pendant quelques instants
l'attention sur deux nouveaux cas de cette pathologie auri-
culaire si délicate : la mastoïdite chez le nourrisson.
Observation I. — La première de nos observations a trait à un
petit Marseillais âgé de trois mois à peine, et qui nous fut conduit par
sa mèrei M™« L. P..., dans les premiers jours de 1906. Né à terme
et dans de bonnes conditions, il ne présente rien de particulier dans
ses antécédents personnels ou héréditaires ; il est nourri au sein de sa
mère et a un frère âgé de quatre ans, fort bien portant.
M"® L. P... nous raconte que, trois semaines environ après la
naissance de son enfant, elle constata un écoulement de son oreille droite.
Sur l'avis de son médecin, elle traitait cette suppuration par des la^
vages à Teau boriquée, quand un jour elle remarqua, en même temps
que la disparition de tout écoulement, un empâtement au-dessus et
en arrière de l'oreille. L'enfant s'agite, crie, pleure et dort mal, nous
dit-elle, mais ne refuse pas de prendre le sein. Son état général est bon.
J'apprends en outre -que la mère, imbue de préjugés populaires au-
tant que des vertus bienfaisantes de son lait, soumettait réguHôrement
Toreille au même régime que le nourrisson.
A l'examen : conduit auditif rétréci, d'où impossibilité de voir le tym-
pan ; un stylet cotonné prudemment introduit ramène du pus fétide*
Le décollement de l'oreille existe, mais pas très accentué ; le gonflement
est surtout sus-méatique, et l'on aperçoit un œdème de toute la région
sus-rétro-aiiriculaire plutôt qu'une collection fluctuante. Quoi qu'il
en soit, ie diagnostic de mastoïdite ne fait guère de doute, qU après avoir
laissé entrevoir à la famille la nécessité d'une surveillance attentive,
et celle d'une intervention très prochaine, si rapidement les symptômes
ne s'amendaient pas, je conseille^ avec la supression absolue du régime
lacté pour l'oreille, un traitement d'attente, émoUient et antiseptique.
Revu seulement huit jours plus tard, l'enfant a dépéri, sa tempé-
rature est de 390^4, le pavillon est rejeté en dehors et l'afTaiblissement
de la paroi supérieure du conduit très accentuée. La mastoïdite est
certaine ; et, quoique toute l'inquiétude de la mère se porte sur la région
(1) Thèse de Salamo, Les mastoïdites des nourrissons, Paris, 1906.
614 G. FOUHNIER
zygomatique distendue, gonflée en masse avec œdème de la paupière,
la trépanation de la mastoïde s'impose, et l'intervention est décidée
pour le lendemain "matin 18 avril.
Opération. — Chloroforme, incision rétro- et sus -auriculaire des té-
guments épaissis. Évacuation d'un foyer purulent sous-périosté. Le
temporal dénudé au niveau de la racine de l'apophyse, on constate,
d'une part, une perte de substance correspondant à la tache spongieuse;
d'autre part, un? décollement se prolongeant très avant au-dessus du
conduit auditif externe.
La cavité antrale est tout d'abord nettoyée ; la curette ramène d'abon-
dantes fongosités, très peu de pus. Pas de cellules péri-antrales. Du côté
de l'apophyse zygomatique, le décollement des parties molles est très
accentué, le stylet plonge de 3 centimètres environ dans la fosse
temporale. Il y a là un vaste clapier purulent qu'une compression digi-
tale an téro -postérieure fait aisément se vider, au niveau de la plaie
mastoïdienne. On sent l'arcade zygomatique en dehors; le foyer est
sous-aponévrotique, sans communication avec le conduit auditif qu'il
a décollé et dont il explique le total affaissement.
Cavités et plaie bien nettoyées, deux mèches de gaze stérilisée assurent
le drainage. L'une, de la cavité antrale, l'autre de la fosse temporale.
Le tamponnement du conduit auditif et un pansment aseptique achèvent
l'intervention, qui a duré tout au plus une demi-heure.
Suites opératoires, — Légère réaction fébrile, 38o,5. Le premier pan
sèment est fait le 21 avril, c'est-à-dire trois jours après l'opération ;
la plaie a bon aspect, mais il y a du pus dans les cavités opératoires.
Lavage à l'eau bouillie et à l'eau oxygénée. Les pansements sont régu-
lièrement faits trois fois par semaine et consistent (la suppuration ayant
notablement diminué) en drainage à la gaze stérilisée, après léger attou-
chement à la teinture d'iode.
Fin mai, l'enfant était presque guéri et son état général brillant,
quand survint une gastro-entérite à forme grave. Diarrhée, selles vertes,
fièvre, amènent un amaigrissement rapide, et la prostration devient
telle que le médecin de la famille doit à plusieurs reprises et sans
grand espoir recourir aux injections de sérum.
A partir du 15 juin, une amélioration sensible commence à se mani-
fester ; il est possible de mieux examiner l'oreille du petit malade ; la
cavité temporale est guérie ; du côté de l'antre, quelques bourgeons
exubérants : pas de pus dans la caisse.
Les pansements, régulièrement repris, amènent une guérison rapide
et, le 10 juillet, l'enfant peut partir pour la campagne.
Revu souvent depuis ; la guérison s'est maintenue.
Observation II. — Il s'agit ici d'un bébé, Georges B..., âgé de neuf
mois, et près duquel je fus appelé par mon confrère et ami le D' Meynet.
en mars 1905. Né à Saigon de parents bien portants, il habitait Mar-
seille depuis environ trois mois, et, pas plus aux colonies qu'en France,
n'avait fait de maladies bien sérieuses.
L'enfant est cependant d'apparence très chétive. J'apprends qu<*
depuis son séjour à Marseille il a changé de nombreuses fois de sein.
Du 17 février au 15 mars, époque où je fus consulté, deux nourrices
viennent encore de se succéder, et toutes deux quittent l'enfant à la
suite de grippe avec localisation suspecte du côté des amygdales. En
somme, l'aspect malingre de l'enfant s'explique par les troubles gastro-
intestinaux fréquents, conséquence naturelle d'un allaitement défectueux.
TRÉPANATION DE LA xMASTOlDE CHEZ LE NOURRISSON 015
Au moment où je vois le petit malade, il est au lit, très abattu. L3
médecin de la famille le traite depuis le 12 mars pour angine catarrhalo
simple avec poussée de coryza, mais il attire mon attention, avec raison,
sur une complication possible du côté de Toreille droite, vu rabatte-
ment de reniant et sa température élevée (39<>,9) coïncidant avec un
léger œdème rétro-auriculaire. Les cris presque continus de Tenfant
ne permettent pas d'ajouter grande importance à la douleur provoquée
par la pression au niveau de la région apophysaire. L'examen du con-
duit auditif ne révèle rien de particulier : pas d'affaissement de la paroi
postéro-supérieure, pas de trace de pus ; la membrane du tympan paraît
un peu rosée, mais ne bombe pas.
La mastoïdite, non précédée d'otite moyenne suppurée, chez un
nourrisson et chez un nourrisson atteint de coryza, me paraît possible ;
mais le diagnostic reste encore délicat, et je conseille, en même temps
qu'une rigoureuse antisepsie naso -pharyngée et des compresses chaudes
derrière l'oreille, l'expectative.
Le 21 mars, la famille, très inquiète, provoque à mon insu une nou-
velle consultation, à la suite de laquelle la temporisation reste conseillée;
mais, deux jours plus tard, les symptômes s'étant accentués et l'état
de l'enfant périclitant de plus en plus, elle prie son médecin de m'appeler
à nouveau. Inappétence, insomnie, tristesse, caractérisent l'état du
petit malade, dont la température est montée à 40o. Le sillon rétro-au-
riculaire est effacé par la tuméfaction apophysaire, et, malgré l'œdème
sous-cutané, on perçoit une fluctuation profonde.
L'examen otoscopique reste toujours négatif.
On s'arrôte au diagnostic de mastoïdite d'emblée, et l'intervention
est acceptée pour le lendemain 24 mars.
Opération, — Chloroforme, incision des tissus mous. La section du
périoste donne issue à un jet de pus. Ce foyer purulent évacué, mise à
nu de la corticale qui paraît saine. Trépanation au lieu d'élection (tache
spongieuse) et évidement à la curette d'une apophyse friable. Peu de
pus dans l'antre.
S'iites opératoires normales. Dernier pansement le 24 avril.
Une bronchopneumonie se déclare peu après, mais reste sans réper-
cussion sur l'oreille opérée.
L'enfant, revu après une convalescence de trois mois à la campagne,
est bien, et la guérison de son oreille reste définitive.
Ces deux observations m'ont paru dignes d'être rapportées
à plusieurs titres.
I. Au point de vue évolution : chez l'un et chez l'autre
de nos petits malades, la marche de l'affection apparaît clas-
sique et semble la même. Le pus collecté dans la cellule an-
trale s'est ouvert spontanément une voie, grâce à la minceur
de l'os ; il a fait irruption au dehors et s'est traduit sous
forme d'abcès sous-périosté. — En réalité, tant de simplicité
f^st plus apparente que réelle, et deux faits méritent réflexion :
dans l'observation I, l'existence d'un abcès temporal sous-
périosté ; dans l'observation II, celle d'un foyer purulent
endo-mastoïdien, non précédé d'otite moyenne suppurée-
616 O. FOURNI&R
Nous savons tous que tôt ou tard le travail inflammatcMre
qui se passe dans la ou les cellules mastoïdiennes se traduit
presque toujours extérieurement, et par une réaction dou-
loureuse, et par des signes objectifs, tels que rougeur, œdème,
et même décollement du pavillon. Cet œdème peut être plus
ou moins diffus ; en général limité à la région apophysaire,
il est parfois (chez l'enfant surtout) sus-auriculaire et peut
m^me envahir la région temporale ; mais, quelle que soit
sa diffusion, il est d'ordinaire purement inflammatoire, et le
même coup de gouge qui libère le foyer pathologique endo-
mastoïdien en entraine la disparition.
Tout autre est le cas de notre petit malade. La tuméfaction
qui occupe toute la région sus-zygomatique a évolué en
même temps qu'une nouvelle poussée fébrile ; elle laisse
percevoir une fluctuation profonde, et l'intervention révèle
dans la fosse temporale un clapier purulent dont l'évacua-
tion facile n'est due qu'à un large décollement périostique
au niveau du conduit auditif affaissé. Nous sommes là en
présence d'un véritable phlegmon temporal à point de départ
mastoïdien, et je ne crois pas que cette complication ait
été bien souvent signalée chez le nouveau-né.
M, le professeur Pluyette a bien voulu, il y a trois ans,
nous permettre d'opérer dans son service, à l'hôpital de la
Conception, un malade analogue ; mais il s'agissait d'un adulte.
De nombreuses cellules se prolongeaient dans l'arcade zygo-
matique, et là était vraisemblablement la cause de la propa-
gation infectieuse. Une contre-incision profonde dans la
région préauriculaire fut nécessaire pour obtenir l'évacuation
complète du foyer purulent.
Avec le second de nos opérés, nous assistons à l'évolution
d'une mastoïdite i^uppurée sans lésion de l'oreille moyenne,
ou du moins, avec une lésion bien légère et, en tout cas, non
suppurée de cette cavité.
Cette forme de mastoïdite, dite primitive, est assez connue
aujourd'hui pour que nous n'insistions pas sur les nombreuses
hypothèses qui tendont à l'expliquer. Nous plaçant seulement
sur le terrain pratique, nous ferons remarquer combien chez
l'enfant cette forme insidieuse rend le diagnostic délicat.
Le nourrisson, en effet, crie et pleure beaucoup plus qu'il ne
parle. Chez lui, les signes objetifs (bourdonnements, surdité,
douleur) restent négatifs, et les symptômes généraux (vomis-
TEIÉPANATION DE LA MASTOIDE CHEZ LE NOURRISSON 617
sements, fièvre, insomnies) dominent presque toujours la
scène. C'est assurément bien peu, pour guider les recherches
du praticien ; mais, en Tabsence de toute autre localisation
morbide précise, on devra songer de suite à la possibilité
d'une affection auriculaire. Suivant l'expression imagée de
Lermoyez, on se souviendra qu'il est des cas où « l'infection
naso-pharyngée, remontant par voie tubaire, lèche la caisse »
et mord la mastoîde », et, sans attendre à l'entrée du conduit
auditif l'apparition de l'écoulement libérateur, oh surveillera
toute réaction du côté de l'apophyse. La moindre rougeur
ou douleur donnera l'éveil, l'œdème avec décollement impo-
sera l'intervention.
Cette forme de mastoïdite mérite d'autant plus d'être
dépistée qu'elle n'a pas toujours la marche heureuse suivie
chez notre petit malade. D'après certains auteurs, elle évo-
luerait d'une façon plus sévère que celles qui compliquent
les otites suppurées. Chavasse, professeur au Val-de-Grâce,
l'a vue deux fois s'accompagner de phlegmon suppuré profond
de la région temporale, et, dans un autre cas, la suppuration
avait occasionné une mastoïdite de Bezold, avec mise à nu
du sinus et abcès cervical.
II. Au point de vue opératoire : Chez l'un et chez l'autre
de nos petits malades, l'intervention a été la même : trépana-
tion simple de l'apophyse mastoîde.
Si Ton songe à la modestie de l'arsenal opératoire (un bistouri,
une sonde cannelée, une curette), le mot trépanation semble
ici bien prétentieux. Il est cependant légitime.
Le diagnostic de mastoïdite bien posé, il ne sufTit pas,
comme nous l'avons dû faire trop souvent, d*inciser les tégu-
ments, de libérer la collection purulente sbus-cutanée ou
sous-périostée et de s'en tenir là. La curette doit effondrer
la corticale externe, rendre visite à la cellule antrale et fouil-
ler l'apophyse. Comme dans nos deux observations, elle
trouvera parfois peu de pus, mais une muqueuse dégénérée,
fongueuse, avec foyer d'ostéite, et la résection sera large,
en raison directe des lésions intracellulaires.
Il est certain que, devant le peu d'ancienneté de l'affection
et la simplicité du système antral chez le nourrisson, on peut
songer à pratiquer une simple incision rétro-auriculaire (inci-
sion de Wild) ; mais c'est là, à notre avis, une intervention
regrettable. Il en est en effet pour la cavité antrale comme
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pour les cavités accessoires du nez. De deux choses Vune :
Où bien la cellule antrale est intacte, elle sert de réservoir
au pus sécrété par l'oreille, et c'est Vempyème ; ou bien ell»»
participe au processus morbide, elle fabrique son pus, et c'est
la mastoïdite ivraie.
Dans le premier cas, le drainage tympanal, la paracentèiK'
sont tout indiqués; dans le second, l'ouvertiu^e et le curet-
tage du foyer intra^apophysaire sont la règle.
III. Enfin, considérée à un point de vue général, on peut
dire que l'antrite du nourrisson, c'est-à-dire de l'enfant âgé
de un à dix-huit mois, ne constitue pas une rareté clinique.
Si, aux cas inédits relevés dans le travail de Salamo, nou^
ajoutons ceux publiés ces dernières années dans la httéra-
ture médicale (Lermoyez, Laurens, Chauveau, Millet, Broca).
nous atteignons un chiffre qui fait taire toute idée de prioriU-
et limite notre prétention à l'apport de deux pierres pelite>
à un édifice déjà riche, puisqu'il compte environ 142 publi-
cations analogues. Le premier de nos petits opérés nous a
paru particulièrement intéressant ; c'est presque un nouveau-
né, et à ce titre il mérite attention, puisque, des nombreux
cas observés, 14 seulement ont traita des enfants aussi jeunes.
Si la mastoïdite du nourrisson est assez fréquente, oeil'
du nouveau-né serait-elle donc une rareté? Nous ne le penson>
pas et croyons plutôt qu'elle a souvent de bonnes raison>
pour échapper à l'observation.
Remarquons tout d'abord que les mêmes conditions ana-
tomiques qui, à la naissance, sont favorables à Tenvahis-
sement de l'antre par les germes septiques, offrent ausM
une voie d'évacuation facile au foyer mastoïdien. L'antn»
est haut placé, l'aditus est large, droit et court, la ruptun*
est fréquente ; conclusion : la collection purulente se liquide
par le conduit, et si, par hasard, l'auriste est consulté, il con-
state une otorrhée, mais la phase mastoïdienne lui a échappé.
Le tympan, il est vrai, n'offre pas toujours la même com-
plaisance et peut résister. Quelle sera dès lors la conséquence
de sa non-perforation? J'emprunte la réponse à mon sympa-
thique et autorisé confrère le D"" Georges Laurens :
« Logé dans une cavité close mais à parois d'une extrême
fragilité, le foyer purulent endo-auriculaire va faire irrup-
tion, ou bien à l'intérieur vers l'endocrâne, ou bien à Texté-
rieur à travers la mince corticale de l'apophyse. Dans le
TRÉPANATION DE LA MASTOÏDE CHEZ LE NOURRISSON ()lî>
premier cas, c'est la méningite dont le diagnostic, fait le plus
souvent sur la table d'autopsie, révèle alors seulement la
genèse otitique. Dans le second cas, c'est la guérison, mais au
prix d'une fistulette ou cicatrice, qui seules, permettront
plus tard à l'otologiste, consulté pour surdité ou écoulement,
de rétablir la filiation des accidents. »
En somme, la mastoïdite du nouveau-né, pour être excep-
tionnellement signalée, n'en existe pas moins, mais passe
souvent inaperçue.
Comme conclusion à ce petit travail, on peut donc dire :
l^ Que l'intérêt de la mastoïdite chez le nourrisson réside
dans une rareté bien plus apparente que réelle ;
2^ Que, souvent latente, elle évolue parfois sournoisement,
n'est pas exempte de complications et mérite toute la saga-
cité du praticien et même de l'auriste pour être dépistée ;
3* Enfin que, sitôt diagnostiquée, elle devra être traitée :
Non par la paracentèse du tympan, thérapeutique réservée
à l'empyème, non par la simple incision rétro-auriculaire de
Wild, procédé timide et presque toujours insuffisant, mais
par la trépanation, par l'ouverture plus ou moins large du
foyer pathologique intra-apophysaire, intervention d'une
simplicité puérile dans sa technique et parfaite dans ses
résultats (1).
(1) Congrès éT Alger, 1907.
REVUE GENERALE
OCULO-RÉACTION A LA TUBERCULINE
L'injection sous-cutanée de tuberculine est un excellent procédé
de diagnostic des tuberculoses latentes chez les enfants. Mais il
est nécessaire d'employer des doses faibles (1/10 de milligramm*»
ou 2/10 au maximum) et de n'opérer que chez des enfants abso-
lument apyrétiques. Dans ces conditions, nous n'avons jamais
eu d'accidents (D' Comby, Soc. méd. des hôp., 28 juin 1907). Sur
74 enfants de mon service (mémoire de M. Mettetal, Arch. de méd.
des enfants, oct. 1900), 36 ont réagi positivement, 38 n'ont pas
réagi. Sur les 36 de la première série, 12 fois l'autopsie a pu être faitv,
et la tuberculose n'a pais manqué une seule fois. Sur les 38 de la
deuxième série, 6 autopsies ont pu être faites avec recherche absi>-
lument négative de toute lésion tuberculeuse. Donc excellent
procédé.
Mais les objections ne manquent pas ; il faut que les enfants
soient apyrétiques, condition qui limite forcément le champ d'inves-
tigation ; il faut que les lésions ne soient pas trop avancées (les
cachectiques et cavitaires ne réagissent pas) ; enfin l'emploi de la
tuberculine en injections sous-cutanées, même à doses faibles, peut
avoir une action aggravante sur la tuberculose, rallumer la fièvre, etc.
En effet, il y a une réaction générale, et cela peut rendre timide
dans l'emploi de ce procédé.
Tout récemment, on a essayé de lui substituer des procéda
plus inoffensifs, et l'on peut dire qu'on y a réussi.
Un élève d'Escherich,le D^ von Pirket {DeuLmed. Woch., mai 1907)
a imaginé d'introduire la tuberculine à la siurface de la peau chez
les enfants : cuti-réaction. Pour cela, il scarifie légèrement le tégu-
ment et applique sur la petite place dénudée une solution très furto
de tuberculine. Après quarante-huit heures, il se produit une rou-
geur œdémateuse, puis une papule qui rappelle la fausse vaccine ;
cette papule disparait au bout de huit jours. Chez les enfants non
tuberculeux, aucune réaction locale ne doit se produire. Le procède
OCULO-RÉACTION A LA TUBERCULINE 021
est surtout efiicace chez les nourrissons et très jeunes enfants.
Toutefois, la cuti-réaction n'a pas une valeur absolue ; sur 100 enfants
tuberculeux, 88 réagissent, 12 ne réagissent pas; sur 100 enfants
non tuberculeux, 16 réagissent.
M. Dufour a expérimenté le procédé de von Pirket chez un assez
grand nombre d'enfants, et il a constaté qu'il n'avait pas ime valeur
constante {Soc. méd.des kôp., 21 juin 1607). D'autre part, il faut
pratiquer une petite plaie aux téguments, et cela peut faire reculer
le médecin. Enfin la papule peut persister un temps assez long, et
son volume est parfois excessif.
h*ophtalmO' ou oculo-réaction n'est pas passible des mêmes cri-
tiques. Aussi a-t-elle été accueillie tout de suite avec la plus grande
faveur.
M. Calmette (Acad. des sciences, 17 juin 1907) s'est servi de
tuberculine précipitée par l'alcool à 95° ; il a préparé une solution
aqueuse à 1 p. 100, dont il instille une goutte dans l'œil.
Au bout de quelques heures, l'œil instilléj rougit, la caroncule
gonfle ; la congestion, très accusée après vingt-quatre heures, per-
siste deux ou plusieurs jours et disparaît sans laisser de trace. Pas
de fièvre, aucune réaction générale. Chez les enfants non tubercu-
leux, il ne se produit rien ; l'œil reste absolument indemne.
Il est bien entendu que l'ophtalmo-réaction est applicable aux
adultes, et les résultats publiés par M. Calmette et par M. Letulle
sont très probants (Soc. méd. des hôp.y 28 juin; jPre^^e méd.,
13 juillet 1907),
Sur une première série de 16 enfants instillés avec une tuberculine
que m'avait envoyée M. Calmette, j'ai obtenu 8 réactions positives
[Soc. méd. des hôp., 12 juillet 1907) et 8 réactions négatives. Dans
ia première catégorie, il s'agissait manifestement d'enfants tuber-
culeux, et la réaction ne nous surprit pas.
Dans la seconde, deux enfants étant morts quelquQ^ jours après
l'oculo-réâction négative (l'un d'invagination intestinale, l'autre
de broncho-pneumonie morbilleuse), nous avons pu constater à
Tautopsie l'absence de toute lésion tuberculeuse, ce qui confirme
la valeur de l'oculo-réaction.
Quand la réaction est positive, il y a lieu de distinguer plusieurs
degrés :
1° Réaction légère qui pourrait passer inaperçue, si l'on ne regar-
dait pas attentivement le coin de l'œil, si l'on ne comparait pas son
coloris à celui de l'œil sain ; 2° réaction modérée qui se voit à dis-
tance, la rougeur dépassant la région caronculaire pour envahir le
globe ; 3° réaction violente avec conjonctivite catarrhale, gonfle-
ment des paupières.
Dans deux cas positifs, la réaction fut tellement violente et pro-
G22 REVUE GÉNÉRALE
longée (sept à huit jours) que nous eûmes la pensée d'employer
une dilution plus étendue de la tuberculine.
Avec une soluti<m à 1 p. 200, nous parvînmes à atténuer la réaction
sans lui ôter rien de sa valeur pour le dépistage de la tuberculose.
Dans cette deuxième série de malades, au nombre de 53 (Soc.
méd. des hôp.^ 19 juillet 1907), nous nous sommes servis de la
tuberculine préparée par l'Institut Pasteur et gracieusement four-
nie par M. Roux, en même temps que de la tuberculine de M. Cal-
mette. La réaction est aussi intense avec la tuberculine de M. Roux
qu'avec celle de M. Calmette. Après avoir essayé la solution à 1 p. 100,
j'ai fait préparer ma solution à 1 p. 200. Il m'a semblé que celte
solution donnait des réactions aussi sûres que la précédente et
moins violentes. C'est ainsi que les deux malades de ma première
série, qui avaient eu une violente conjonctivite avec œdème paJ-
pébral, à la suite de l'instillation de tuberculine à 1 p. 100, ont été
traités de nouveau, sur l'œil indemne, huit jours après, avec une
solution à 1 p. 200. L'oculo-réaction a été encore nettement positive,
mais avec beaucoup moins de violence : rougeur de la conjonctive,
un peu de larmoiement, quelques flocons fibrineux, mais pas df
gonflement des paupières.
Il est possible qu'une solution plus diluée encore (1 p. 300, 1 p. 400,
etc.) donnât des réactions positives. Cependant je ne conseillerais pas
d'aller trop loin dans cette voie de la dilution, puisque les solutions
plus fortes, par conséquent plus sûres pour le diagnostic, sont
inoffensives. Il faut donc s'en tenir provisoirement à 1 p. 200 avec
les excellentes tuberculines françaises préparées à l'Institut Pasteur
de Paris (sous la direction de M. Roux), ou à l'Institut Pasteur de
Lille (sous la direction de M. Calmette).
Dans une troisième série de malades, comprenant 50 cas, les
résultats ont été les mêmes que dans les deux premières séries.
Quand un enfant a présenté ime oculo-réaction positive, si Ton
fait de nouveau l'épreuve à quelques jours d'intervalle, sur Tœil
indemne, on obtient encore une réaction positive. Nous avons tenté
l'épreuve sur sept malades avec un succès constant. C'est ainsi qu»»
nous avons pu comparer entre elles la tuberculine de M. Roux et
celle de M. Calmette, la solution à 1 p. 100 et la solution à 1 p. 200.
Une première réaction positive n'immunise donc pas les sujets, et
j'ai constaté que la seconde réaction était aussi forte que la pre-
mière, quand on employait des solutions de même titre. De même
l'injection sous-cutanée de tuberculine (comme je l'ai vu chez plu-
sieurs de mes malades) ou la cuti-réaction (comme l'a vu M. Dufour)
n'immunisent pas davantage les enfants à l'égard de l'oculo-réaction.
La réaction ne se produit pas immédiatement après l'instillation ;
il faut attendre plusieurs heures, de cinq à dix heures, d'après mes
cas personnels, pour saisir les premiers indices de la congestion
OCULO-RÉACTION A LA TUBEKCULINE 623
oculaire. Puis cette congestion s'accuse de plus en plus pendant les
heures qui suivent. Elle est à son maximum au bout de vingt-quatre
heures et ne se dissipe que lentement. Il n'est pas rare de la voir
persister cinq, six, sept jours et plus, quand on la recherche atten-
tivement.
Pour avoir une oculo-réaction nette, il est nécessaire que l'œil
de l'enfant ne soit pas atteint au préalable de quelque affection
aiguë ou chronique (conjonctivite, blépharite^ kératite). J'ajouterai
même que les deux yeux doivent être indemnes. En effet, dans
deux cas où, un seul œil étant sain, j'ai voulu instiller la tubercur
Une, j'ai vu la réaction amener une véritable conjonctivite sem-
blable à celle qui existait du côté malade. Outre cet inconvénient,
il y a la difficulté de juger la qualité de la réaction : est-elle le fait
de la tuberculine, n'est-elle pas conditionnée par l'ophtalmie dont
l'enfant était atteint?
Ces réserves faites, on peut dire qu'il n'y a pas de contre-indica-
tion à l'oculo-réaction. L'âge importe peu ; j'ai fait l'instillation
chez des enfants de tout âge, depuis quinze jours jusqu'à quinze
ans. De même la localisation ou le degré de la tuberculose ; qu'il
s'agisse d'une tuberculose médicale ou d'une tuberculose chirur-
gicale, localisée ou généralisée (granulie), fébrile ou non, que l'enfant
ait un premier degré de tuberculose pulmonaire ou des cavernes,
qu'il soit bien portant en apparence ou cachectique, l'oculo-réaction
n'est jamais en défaut. C'est du moins ce qui semble résulter de mes
nombreuses observations.
Sur 132 malades soumis à l'épreuve de la tuberculine, 62 ont
réagi et 70 n'ont pas réagi. Parmi les premiers, j'ai pu faire quatre
autopsies, qui ont révélé une tuberculose indéniable. Parmi les
seconds, j'ai été à même de vérifier six fois sur la table d'autopsie
l'absence de toute lésion bacillaire. L'anatomie pathologique con-
firme donc les données de la clinique.
En résumé, nous avons, dans l'oculo-réaction à la tuberculine,
soit avec une solution à 1 p. 100 (conseillée par M. Calmette), soit
avec une solution à 1 p. 200 (éprouvée par moi), un moyen sûr de
dépister la tuberculose chez les enfants (ophtalmo-dia^nostic). Ce
moyen est absolument inoffensif ; il ne détermine qu'une réaction
locale passagère, sans aucun retentissement sur la santé générale.
11 ne provoque aucune poussée fébrile, avantage précieux sur l'in-
jection sous-cutanée ; il peut être employé chez les enfants qui ont
de la fièvre, autre avantage sur le procédé dont je viens de parler.
Cette fièvre, il ne la modifie en rien.
Il est applicable à tous les cas sans exception d'âge, de forme
ou de degré, de lésions trop ou pas assez avancées, de cachexie, etc.
Une seule condition est requise, c'est que l'œil sur lequel l'instil-
lation sera faite soit sain. J'ajoute même qu'il me semble néces-
624 REVUE GÉNÉRALE
saire que l'autre œil soit également indemne de toute altération.
Tout médecin peut se servir de Toculo-réaction et préparer lui-
même, au moment de s'en servir, la solution de tuberculine. En
possession de la petite capsule contenant 5 milligrammes de tuber-
culine sèche, laquelle se conserve indéfiniment, il y ajoute au compte-
gouttes X à XX gouttes d'eau bouillie, suivant qu'il veut se ser\'ir
d'une solution à 1 p. 100 ou d'une solution à 1 p. 200, et, après avoir
agité pour faciliter la dissolution, il peut immédiatement procéder
avec le même compte-gouttes à l'oculo-réaction.
D'après tout ce que nous avons vu, nous croyons pouvoir dire
que le procédé imaginé et vulgarisé par M. Calmette, sous le nom
d* ophtalmo-réaction à la tuberculine, est des plus simples, des plus
élégants et des plus sûrs. C'est un moyen de diagnostic merveilleux.
Ce moyen permet de faire la sélection des enfants dans les familles,
dans les écoles, dans les hôpitaux, dans toutes les collectivités
d'enfants. Il permet de distinguer les enfants tuberculeux de ceux
qui ne le sont pas et de prendre des mesures en conséquence.
Il pourrait servir à VŒuvre de Grancher pour le choix des enfants
qu'on veut placer à la campagne. Il permet de savoir, d'une façon
sûre, quels sont, dans une famille tuberculeuse, les enfants déjà
atteints et ceux qui ne le sont pas encore.
Dans les hôpitaux, l'ophtalmo-diagnostic appliqué systéma-
tiquement àtous;les malades permettra d'établir des catégories;
les tuberculeux révélés par l'oculo-réaction peuvent être isolés ou
tout au moins soumis à un régime spécial (alimentation, aéra-
tion, etc.). Cela s'applique aux services de médecine. Mais les ser-
vices de chirurgie sont appelés à bénéficier aussi de ce procédé
infaillible de dépistage de la tuberculose. Telle ostéite douteuse,
telle coxalgie fausse ou vraie, telle déviation vertébrale d'origine
incertaine, etc., pourront être immédiatement classées et définies
d'après l'oculo-réaction.
Dans le service de mon collègue M. Broca, j'ai pu ainsi confirmer
le diagnostic d'une coxalgie (réaction positive), infirmer le diagnostic
de mastoïdite tuberculeuse (réaction négative), faire pencher la
balance vers le diagnostic de tubercule cérébral (paraplégie spas-
modique), etc.
Dans plusieurs cas (familles inquiètes sur la nature de bronchites
répétées), j'ai pu ramener le calme et la confiance par Toculo- réac-
tion négative que j'avais obtenue chez les enfants.
On peut juger, par ce court aperçu, des multiples applications de
l'ophtalmo-diagnostic en médecine infantile.
ANALYSES
» ■
' -J
PUBLICATlOyS PÉHIODIQUES
Sur on nouveau procédé de diagnostic de la tabercolose chez l'homme
par l'ophtalmo-réaction à la tohercaline, par M. Calmette (Académie
des Sciences f 17 juin 1907).
Von Pirket a montré que, si l'on introduit un peu de tuberculine par
une scarification cutanée chez un enfant tuberculeux, au bout de quarante-
huit heures une rougeur œdémateuse occupe la petite plaie ; on voit
même assez souvent apparaître sur elle une petite papule, rappelant la
fausse vaccine. Au bout de huit jours, cette papule s'efface par dessiccation,
et la rougeur disparait. Cette cuti -réaction, éprouvée ensuite chez les
bovidés par Vallée, ne se produit pas chez les sujets sains.
M. Calmette, aidé de MM. Breton, G. Petit, Painblan, a essayé la
réaction sur la muqueuse oculaire (ophtalmo-réaction). Il s'est servi d'une
solution de tuberculine sèche précipitée par l'alcool à 95^, dans l'eau
distillée stérilisée ; la solution à 1 p. 100, fraîchement préparée, était
instillée dans un seul œil (I goutte). Après cinq heures, parfois après
trois heures, congestion de la conjonctive palpébrale, qui prend une teinte
rouge vif et devient le siège d'un œdème plus ou moins intense. La caron-
cule se gonfle, rougit et se couvre d'un léger exsudât fibrineux. L'injection
vasculaire s'accentue peu à peu et s'accompagne de larmoiement. Au
bout de six heures, la sécrétion ftbrineuse devient plus abondante ; elle se
rassemble en filaments dans le cul-de-sac conjonctival inférieur.
Le maximum de la réaction a lieu entre six et dix heures. Les sujets
n'accusent aucune douleur : seulement un peu de gêne avec sensation de
légère cuisson et quelques troubles de la vision en rapport avec l'abondance
de l'exsudat. Il ne se produit pas de chémosis. La marche de la tempé-
rature n'est pas sensiblement modifiée.
11 est facile d'apprécier l'intensité de la réaction en examinant compa-
rativement l'autre œil, qui n'a pas reçu de tubercuHne.
Chez les enfants, après dix-huit heures, et chez les adultes après vingt-
quatre et trente-six heures, les phénomènes de congestion s'atténuent
puis disparaissent. Chez les sujets sains ou porteurs d'affections non
tuberculeuses, l'instillation de tubercuhne reste complètement inoffen-
sive. Tout au plus observe-t-on, de une heure et demie à trois heures
après, une légère rougeur qui disparaît bientôt et ne s'accompagne ni de
sécrétion flbrineuse ni de larmoiement.
La réaction a été positive chez les enfants du service de M. Deléarde
(Hôpital Saint-Sauveur, à liille) : 1° pleurésie tuberculeuse (examen
cytologique) ; 2° pleurésie tuberculeuse ; 3© tuberculose pulmonaire ;
4° bronchite avec adénopathie ; 5<> adénopathie bronchique.
Elle a été négative dans un cas de grippe et dans un autre cas de
rhumatisme aigu avec endocardite mi traie.
Cette ophtalmo -réaction à la tuberculine apparaît plus vite que la
cuti-réaction et ne présente pas les inconvénients de l'injection sous-
cutanée de tuberculine.
Arch. de médec. des enfants, 1907. ^' "*^
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626 ANALYSES
Cuti-réaction à la tiiliercnline chez les enfants, méthode de ▼en Pirket,
par le D"" H. Dufour {Soc, méd. des hôp., 21 juin 1907).
Cette réaction, obtenue en introduisant un peu de tuberculine à la
surface d'une scarification de la peau, serait positive chez les nourrissons
tuberculeux, dans la proportion de 88 p. 100 ; les 12 p. 100 qui n*ont pas
réagi étaient cachectiques ou atteints de granulie. La réaction positive a
été observée chez 16 p. 100 des enfants non tuberculeux.
M. Dufour a inoculé 20 enfants : 8 de dix à 14 ans dvX réagi, sauf un
très faiblement, qui avait des cicatrices au cou ; sur les 7 autres, 1 n'est
pas tuberculeux, 3 sont douteux ; 5 de cinq à dix ans ont donné trois
résultats positifs (2 tuberculoses médiastines, 1 douteux) et 2 négatifs (1 tu-
berculose cavitaire, 1 non tuberculeux); 5 de trois à cinq ans ont donné
2 résultats positifs (1 tuberculeux, 1 douteux), 2 négatifs chez des non
tuberculeux, 1 négatif chez un tuberculeux cavitaire ; 2 de treize mois à
trois ans ont donné un résultat positif (tuberculeux), un négatif (non tuber-
culeux). Donc le procédé n'est pas à l'abri de toute critique.
Deux cas de chorée chronique de l'enfance, par MM. J. Voisn.
R. Voisin et Macé de Lépinay (Soc, méd, des hôp,, 5 juillet 1907).
I. Fille, âgée actuellement de dix-huit ans, entrée en 1898 avec le
diagnostic de : débilité mentale, surdi-mutité, mouvements choréiques.
Père mort de tuberculose, mère nerveuse.
Ictère des nouveau -nés et convulsions ; nouvelles convulsions à six
semaines. Vers deux ans, l'enfant a des mouvements des membres, fait
des grimaces, ne parle pas. Premiers pas à quatre ans.
Quand elle entre dans le service, à neuf ans, on est frappé par le5
mouvements incessants, involontaires et désordonnés des muscles de la
face, des membres, du tronc. Elle ne peut rester immobile, mains et bras
gesticulent en tous sens, épaules se soulèvent, coudes se portent en
arrière ou en dehors, avant-bras se replient et s'étendent, mains se mettent
en pronation et supination, doigts s'écartent et se rapprochent. Même*
mouvements aux membres inférieurs, quoique moins marqués. La tète.
le cou, le tronc présentent des gesticulations désordonnées. Grimaces et
contorsions incessantes de la figure. Cessation des mouvements pendant
le sommeil. Surdi-mutité. Actuellement, les mouvements sont très dimi-
nués, l'intelligence s'est un peu développée. Rides assez accusées. Mens-
truation depuis l'âge de quatorze ans.
IL Fille de quatorze ans, pas de nervosité dans la famille. Xée avant
terme, a marché à quatorze mois. A parlé de bonne heure. Intelligeniv
éveillée. Rougeole à deux ans. A sept mois, elle devient maladroite à^
ses mains, laisse tomber les objets, gesticule en tous sens, fait des grimaces.
A neuf ans, elle est soignée à Trousseau par la liqueur de Boudin, puL«
aux Enfants-Malades, où elle aurait présenté de la chorée molle. Incura-
bilité ; elle entre à douze ans dans le service.
Menstruation en 1906, recrudescence de la chorée au moment de*
époques. En septembre, caractère irritable, rire et pleurs sans raison,
actes stupides. Actuellement, ces troubles mentaux sont atténués, les
mouvements persistent dans la face et dans les membres, localisés surtout
à droite et particulièrement dans la jambe. Réflexes abolis à la cornée,
au pharynx, à la pituitaire.
Pour le premier cas, on doit penser à une sclérose cérébrale infantile.
Pour le second, elle rentre bien mieux dans le cadre de la chorée d»»
Sydenham ; mais à cette chorée s'ajoutent des phénomènes d'hystérie.
La première affection a été la chorée, qui a présenté plusieurs récidives;
puis sont venus les symptômes d'hystérie, qui prédominent actuellement.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 627
Le goitre ches le nourean-né, par les D'^ Plavchu et RiciIard
{Gazette des hop., 9 et 11 mai 1907).
En 1840, Nicod d'Arbent (Bull, gén. de thérapeuU) publie deux cas de
goitre chez le nouveau-né ; puis R. Crighton (Edinh, med, Journ,, 1856),
Béraud et Danyau {Soc, de chir., 1862), en rapportent chacun deux autres
cas. Plus récemment, c'est à Lyon (Pollosson, Commandeur, Cadet,
Richard, Plauchu, Fabre et Thévenot) et à Toulouse (Audebert), qu'on
en décrit de nouveaux cas. 11 faut signaler un travail de Diethelm
(Zurich) très important pour l'époque (1890).
Le volume varie d'une petite noix à un poing d'adulte. Au lieu de
4 à 5 grammes, la glande en pèse 16, 18, 41 (Hecker). Forme d'un crois-
sant enserrant le cou, parfois deux pyramides inclinées à sommet dirigé
en haut et en arrière. Le plus souvent, un lobe est plus gros que l'autre.
Parfois le corps thyroïde forme un anneau presque complet autour de la
trachée, s'insinuant entre elle et l'œsophage.
On distingue des goitres vasculaires, des goitres parenchymateux, des
goitres kystiques. La trachée est ordinairement comprimée. Dans un cas
de Fabre, la sténose était telle qu'un stylet de 1 millimètre pouvait à peine
la franchir. (Esophage souvent comprimé également. Vaisseaux et nerfs
refoulés.
Hérédité fréquemment relevée. Sur 24 cas, Richard trouve 22 fois la
mère goitreuse, 1 fois le père, 1 fois les deux. La fréquence de ce goitre
des nouveau-nés est plus grande qu'on ne croit. Demme, sur 642 goitres
observés de 1862 à 1875, avait compté :
Nouvoau-nés 37
Enfants de 2 à 12 mois 59
Enfants de 2 à 4 ans 35
Frey trouve 282 goitres et Birche 354 chez des enfants au-dessous de
dix ains. Martha indique la proportion de 70 p. 100 de goitres chez les
enfants. On peut se demander si la plupart de ces cas ne datent pas de la
naissance et ne sont pas congénitaux.
On a invoqué les difficultés obstétricales, les compressions au passage,
sans preuve. Mais il faut en revenir à l'étiologie ordinaire du goitre (eaux
de boisson absorbées par la mère).
Dans quelques cas, le goitre a été une cause de dystocie. Les symptômes
sont physiques ou fonctionnels : tumeur thyroïdienne plus ou moins
volumineuse, déformant le cou, souvent asymétrique, augmentant par les
cris et les efforts ; cyanose et dyspnée par compression, accès de suffo-
cation, gêne de la déglutition, cornage ; 80 fois sur 100, il y a des signes de
sténose et des troubles fonctionnels très accusés, assez graves pour com-
promettre la vie.
Le diagnostic n'est pas toujours facile; dans les morts apparentes du
nouveau -né, dans les morts rapides ou subites des premiers mois, il faut
songer au goitre. La tuméfaction est en général facile à reconnaître ; il
faut la distinguer du thymus, qui, par son hypertrophie, produit les meniez
symptômes ; la tumeur thymique est située plus bas que la thyroïdienne.
Il faut penser au kyste branchial, qui est plus isolé et plus fluctuant, uni-
latéral, non mobile par les mouvements de déglutition.
Pronostic grave ; bien des morts d'enfants à la naissance avec apnée et
cyanose doivent être mises sur le compte de goitres rétro -sternaux ou
latéro-trachéaux méconnus. Le goitre des nouveau -nés eintraîne la mort
dans 60 p. 100 des cas.
028 ANALYSES
Traitement palliatif : dérivatifs, révulsifs, applications chaudes, iodure.
Ne pas faire la trachéotomie. L'exotyropexie a donné un succès à PoIIossod
et un autre à Cadet.
Salla patogenesi del vomito ciclico nei bambini anemici (Sur la
pathogénie du vomissement cyclique chez les enfants anémiques), par le
D'A. Caputo (Gazz, degU osp. e délie clin,<, 28 avril 1907).
Garçon de neuf ans ; père goutteux, mère rhumatisante. L'année der-
nière, sans prodromes, l'enfant a été pris tout à coup de fortes douleurs de
tête et de vomissements incoercibles, rebelles à toute thérapeutique.
L'accès a duré vingt-quatre heures. Les matières vomies étaient constiluée>
par des matières filantes, visqueuses, verdâtres, ayant une odeur acide.
Les vomissements cessèrent d'eux-mêmes, comme ils étaient venus. Mais
les accès se répétèrent chaque mois périodiquement Dans l'intervalle,
constipation opiniâtre. Il était facile de constater une anémie profonde
qui datait de la première enfance. A l'examen du sang, diminution de>
globules rouges, augmentation des leucocytes : 2 500 000 hématies.
10 000 leucocytes. Acétonurie et indican. Trois faits attiraient l'atten-
tion : l'hérédité goutteuse, l'anémie, l'altération des urines. On pourrait
considérer l'accès de vomissements cycliques comme un équivalent de
l'accès de goutte, ou comme l'effet d'une intoxication acide de l'orga-
nisme.
Mais quelle cause avait pu favoriser la production d'acide urique et
l'intoxication acide de l'organisme? On peut faire intervenir l'anémia
dans ce double processus. Supposant que la diminution des globules
rouges et l'augmentation des globules blancs pouvaient altérer le méta-
bolisme, l'auteur s'est efforcé de soigner l'anémie par des injections sous-
cutanées d'arséniate de fer soluble. Grâce à ce traitement, l'enfant a repriN
des couleurs et n'a plus eu de vomissements cycliques.
Note sar la mortalité de la diphtérie dans le canton de ?aad et à
rhôpital cantonal à Lausanne de 1889 à 1907, par le D^ J. }&ofULX{Reçuf
med. de la Suisse Romande, 20 juin 1907).
Depuis l'emploi du sérum antidiphtérique, la gravité de la diphténe
a diminué d'une manière considérable, et à peu près dans les mêmes pro-
portions dans les districts vaudois et à l'hôpital :
1889-1894. 1895-1906.
Dans le canton de Vaud, la mortalité de
la diphtérie a été de 51,3 p. 100 9,3 p. 100
I A V hôpital cantonal, la mortalité générale
de la diphtérie a été de 41,4 — 6,7 —
A rAopi'm/, la mortalité des angines a été de. 33,7 — 2,5 —
A rÀop£YaZ,la mortalité descroups a été de. 56,3 — 21,8 ^
De 1889 à 1906, la mortalité des diphtéries pharyngées a été, chez les
enfants au-dessous de sept ans, de 3 p. 100 ; chez les enfants de plus de
sept ans, de 2 p. 100. De 1899 à 1906, la mortalité des croups a été pour les
enfants au-dessous de sept ans de 21,7 p. 100; pour les plus âgés, de 18,5
p. 100.
Cette comparaison des résultats avant et après la sérothérapie plaide
éloquemment en faveur de cette thérapeutique.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 629
A propos d'une épidémie familiale de diphtérie, par le D' G. Netter
(Bull, offic. des Soc. méd. d^ arrondissement, 20 juin 1907).
Garçon de dix ans, isolé dans la famille, a eu la diphtérie en 1905 ;
gorge susceptible. Le 1«' janvier, petite angine; le 3 février, fièvre, Tenfant
ne se plaint pas de la gorge. Rougeur, quelques points pultacés. A l'étage
au-dessus, diphtérie grave terminée par la mort. Examen bactériologique ;
bacilles de Lœfïler. Pas de sérum.
Le 19, c'est la bonne qui a mal à la gorge; le 21, fausses membranes,
envoi à l'hôpital, où on la traite par le sérum. Elle sort huit jours après et
reprend son service. Le 5 mars, les enfants de la maison (garçon de cinq
ans, fille de trois ans) prennent la scarlatine. Le petit garçon a de grosses
amygdales et des adénoïdes; jadis, laryngite striduleuse grave, traitée
par le sérum. Coryza habitueL Les premiers jours d'avril, un peu de bron-
chite; dans la nuit du 3 avril, toux rauque, gorge intacte. Examen rhino-
pharyngo-laryngé par le D' Weil ; culture des mucosités ; résultat négatif.
Dans la nuit du 5 au 6, accès de toux rauque. Accès de suffocation, rejet
d'une fausse membrane. On trouve alors le bacille de Lœffler.
Le soir, après consultation avec le D' Gomby, on injecte 30 centimètres
cubes de sérum au garçon, 30 à la fillette. A dix heures du soir, violent accès
de suffocation ; à trois heures du matin, tubage, rejet d'une fausse mem-
brane. Le 7 avril, 20 centimètres cubes de sérum. A sept heures, le tube est
dégluti ; il n'est rendu dans les selles que douze jours après. On place
un autre tube plus gros. Le 8, état général mauvais, menace de broncho-
pneumonie. Le 9, amélioration, détubage. Le 11, il semble guéri.
La bonne a du nasonnement de la voix, de la paralysie diphtérique
tardive (après sept semaines) ; elle marche péniblement, la paralysie gagne
les membres. On lui injecte 30 centimètres cubes de sérum, et on l'envoie
à l'hôpital ; là, elle reçoit encore 40 centimètres cubes de sérum en deux
fois et guérit rapidement.
La grand'mèrede l'enfant (soixante-cinq ans) présente, le 10 avril, une
angine couenneuse ; elle reçoit 20 centimètres cubes de sérum ; elle guérit.
La fillette a de l'urticaire sérique. Le petit garçon présente une rechute
fébrile. Le 12, nouvelle injection de sérum, à la cuisse, qui gonfle d'une
manière effrayante. Bronchopneumonie. Enfin guérison.
Some blood cnltures in children and their signilicance (Quelques
cultures du sang chez les enfants et leur signification), par les D''* Th. Mor-
gan RoTCH et H. Chamberlain Low (Journ, of ihe Amer, med, Asso-
ciation, 19 janvier 1907).
Un grand nombre de microorganismes ont été trouvés dans le sang :
plusieurs variétés de strepto et staphylocoques, Diplococcus lanceolatus,
B. anikracis, B. pyocyaneus, B. proteus vulgaris, B. typkosus, bacille de
Friediander, spirille d'Obermeyer, bacille de Koch, gonocoque, ménin-
gocoque, paratyphi, bacilles de la peste, de la lèpre, du choléra, coli-
bacille, bacille du tétanos, etc.
La bactériémie, résultant d'une infection du sang, explique certains
phénomènes. Dans la gonorrhée, elle est parfois suivie d'arthrite ou
d'endocardite. Elle est commune dans la fièvre typhoïde et plutôt rare
dans la diphtérie.
Fièi>re typhoïde. — On peut déceler le bacille d'Eberth dans le sang
de très bonne heure, avant de pouvoir obtenir la séro -réaction. Quand
celle-ci est douteuse, la culture du sang peut être positive. Dans la gra-
nulie, on a souvent trouvé le bacille de Koch dans le sang, ce qui a
permis d'écarter la fièvre typhoïde dès le premier et le deuxième jour
<J30 ANALYSES
de la typhoïde. Schottmûllep a eu des cultures du sang positives. Sur
21 cas de rechute, Burton et Goleman ont eu une culture positive dans
18 cas. Dans 3 cas suspectés de scarlatine, Hektœn a trouvé le bacille
typhique par les cultures du sang.
Scarlatine. — Sur 100 cas de scarlatine, cet auteur a trouvé le strep-
tocoque dans 9 p. 100 des cas légers, dans 27 p. 100 des cas graves. On
a compté 10 p. 100 de résultats positifs dans les cinq premiers jours.
Sur 237 cas empruntés à divers auteurs, les streptocoques ont été trouvés
dans 10 p. 100 des cas. Jochmann, sur 161 cas, a eu 25 cultures positives.
Dans les cas de néphrite scarlatineuse à la période fébrile, les strepto-
coques étaient présents dans le sang peu avant la mort, dans 50 cas sur 100.
Pneumococcie, — La pneumonie lobaire peut être une localisation
secondaire à une infection sanguine dont le point de départ est plus ou
moins lointain (otite, etc.). D*après Hektœn, le sang de la plupart des
pneumoniques contiendrait le pneumocoque.
Méningite cérébro-spinale, — Le méningocoque envahit souvent i*?
sang, d'après Elser; rarement, d'après les auteurs.
Sur 680 cas au-dessous de treize ans, examinés à l'hôpital d'enfants
de Boston, 39 p. 100 donnèrent un résultat positif et 61 p. 100 un résultat
négatif. On prend le sang dans une veine avec une seringue, après anti-
sepsie soigneuse ; il faut au moins 5 centimètres cubes ; et parfois on
en a retiré aisément 15 à 20 centimètres cubes. Avec moins de 1 centi-
mètre cube, on a souvent obtenu des cultures positives. On sème immé-
diatement le sang sur bouillon, sur plaques d'agar, sur tubes de sérum, etc.
L'examen du sang par les cultures peut éclairer le diagnostic dans W
cas de septicémie cryptogénique, d'endocardite, de chorée, d'arthrite, etc..
sur la nature bactériologique desquelles on n'a pas encore pu mettre
d'étiquette.
Hydrencephalocele and spina bifida (Hydrencéphalocèle et spina
bifida), par le D' B.-K. Rachford {Arch. of Ped., mai 1907).
Le 14 janvier 1906, l'auteur voit un petit garçon âgé de neuf heures,
pesant 7 livres, né sans forceps. Pas d'antécédents héréditaires notables.
Une grosse hydrencéphalocèle, ayant le volume d'une tête d'enfant, se
voit à la région occipitale. La moitié de sa surface est couverte de peau,
l'autre de méninges. Pas de fluctuation ni transparence. Elle est un peu
pédiculée.
Les lames vertébrales sont séparées depuis la sixième vertèbre dorsale
jusqu'au sacrum,, et la moelle épinière se voit à travers cette ouvertuiv.
Parésie des membres inférieurs, exagération des réflexes.
Le 23 janvier, l'enfant a perdu 1 livre; il est très affaibli ; hyperther-
mie, alimentation insuffisante. Exsudât inflammatoire sur la moelle,
escarres des fesses.
Mort le 8 février après quelques mouvements convulsifs.
Autopsie. — La tumeur occipitale contient 75 grammes de liquide
sanguinolent, avec un caillot du volume d'une noix. Elle est formée elle-
même par les lobes occipitaux allongés et par un petit cervelet. Dégé-
nérescence de ces organes comme de la moelle dans sa partie exposée.
Rien dans les autres organes, sauf quatre ou cinq rates surnuméraires.
Dans les derniers jours de la vie, le température de Tenfant tombant
à 340, on le réchauffait artificiellement et on obtenait des ascensions
à 41 et 420. Plus l'enfant devenait faible, plus se faisait sentir l'influence,
sur sa température centrale, de la température artificielle à laquelle on
le soumettait.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 63J.
Ueber alimentâre Intoxication (Sur rintoxicatioa alimentaire), par
H. FiNRELSTEiN (Jahtb. /. Kinderheilk., 1907).
Dans ce travail, suite d'un autre paru précédemment dans le même
recueil, l'auteur étudie l'intoxication au cours des troubles nutritifs, et
il arrive à établir ce qui suit :
Les symptômes d'intoxication au cours des troubles de nutrition sont
d'origine alimentaire ; ils apparaissent quand certaines substances sont
données en trop grande quantité ou lorsqu'elles sont élaborées par un
organisme malade. La graisse et le sucre en sont responsables en première
ligne, tandis que l'albumine doit être mise hors de cause et que l'action
des sels est douteuse. On ne possède pas de notion définitive sur la-nature
des poisons ; on peut soulever des objections contre le rôle de l'acidose.
La « fièvre alimentaire » des anciens auteurs semble bien une conception
justifiée. L'intoxication n'est qu'une manifestation passagère de troubles
permanents de la digestion.
Die angeborene Pylorasstenose nnd ihre Behandlung (La sténose
congénitale du pylore et son traitement), par G.-Ë. Bloch (Jahrb, /.
Kinder heilk., 1907).
Les observations de l'auteur portent sur douze cas. Dans tous, on
trouvait les symptômes caractéristiques, le vomissement incessant,
indépendant du mode d'alimentation, la constipation, l'oligurie, l'amai-
grissement, sauf dans un cas, où la mort. survint peu de jours après
l'entrée à l'hôpital; dans tous il y avait de violents mouvements péri-
staltiques de l'estomac, et on sentait la portion anormale du pylore sous
forme d'un corps dur, ovale, de 2 centimètres de long, siégeant au milieu
de l'espace qui sépare l'ombilic de l'appendice xyphotde. La sonde mon-
trait de la stase du contenu stomacal à un nioment où normalement l'es-
tomac devait être vide.
Généralement les sujets sont des enfants d'aspect normal, qui com-
mencent à vomir plus ou moins longtemps après la naissance (de quatre
jours à quatre semaines). Quelquefois la maladie se manifeste quand
l'enfant passe de l'alimentation au sein à l'alimentation artificielle.
La quantité des matières peut n'être que de 6 à 8 grammes en vingt-
quatre heures et peut être nulle à de certains jours. Cette constipation
résistant aux laxatifs est le symptôme qui pousse les mères à consulter;
plus rarement, c'est l'oligurie. L'amaigrissement progresse à un degré
tel que l'enfant prend l'aspect d'un athrepsique. Mais la forme du ventre
est particulière; il est aplati, sauf dans la portion sus-ombilicale, qui est
Youssurée. Le pylore est perceptible au palper. Dans les cas suivis de
guérison, les modifications subies par l'estomac se montrent les mêmes
que dans les cas suivis de mort. On y voit une hypertrophie réelle.
Le babeurre rend service parce que c'est un aliment peu sujet à fer-
menter. On fera des lavages d'estomac. Dans les cas graves, les injections
Salines seront utiles.
Ueber Lebercirrhose im Kindesalter nach Scarlatina (Sur la cirrhose
du foie dans l'enfance, à la suite de la scarlatine), par le D' Adolf Bingbl
(Jahrb, Kinderheilk., 1907).
D'après l'étude de 8 cas de lésions du foie post-scarlatineuses chez
l'enfant, on voit qu'il y a dans tous une infiltration à petites cellules
plus ou moins marquée du tissu périportal, de la nécrose commençante,
ou au moins altération des cellules hépatiques en des places où l'infil-
tration conjonctive envahit le parenchyme. Dans 4 cas, la nécrose était
632 ANALYSES
très accentuée ; un cas rappelait l'aspect de l'atrophie jaune aiguë au
début.
Un cas publié en détail dans ce travail est intéressant pour rnootrer
l'avenir de ces nécroses, qui peuvent évoluer vers la cirrhose. Il s'agissait
d'une enfant de neuf ans, chez qui on trouvait à l'autopsie de la cirrhose
du foie, de l'ictère grave et de la dégénérescence graisseuse, de la cholé*
lithiase, 'un ictère généralisé, de l'ascite, de la splénomégalie. On ne
trouvait comme cause de cette cirrhose que la scarlatine, ni alcool, ni
syphilis. Peut-être les douleurs accusées au côté droit étaient-elles la
manifestation du travail morbide du côté du foie. Les efforts de régéné-
ration faits par l'organisme se traduisent ainsi : avec le tissu conjonctîf,
partant du tissu périportal, on voit une néoformation de conduits biliaires,
une hyperplasie nodulaire.
De ces faits, l'auteur rapproche une observation de cirrhose survenue à
la suite d'une rougeole. La lésion hépatique se traduisit quatre semaines
après la rougeole par du gonflement du foie et de l'ascite.
MelaBiia neonatomm. Magendarmblatnngen bei NeageboreB«B
(Melœna du nouveau-né ; hémorragies gastro -intestinales du nouveau-né),
par le D^ Shukowsky (Archiv /. Kinderkeilk., 1907).
Ce travail est une étude très complète de la question avec une abondante
bibliographie et le compte rendu de 29 observations personnelles.
Dans 15 cas sur 25, le début est marqué par des prodromes, le plus
souvent par des vomissements tenaces, du ballonnement du bas-ventre
et des coliques. Les infections intestinales, les fautes d'alimentation sont
de nature à provoquer le melœna. Les cas de melœna pur, melœna sans
vomissements, forment un groupe à part.
L'étude anatomo-pathologique montre en contraste avec l'anémie des
téguments l'hyperémie de la muqueuse digestive, où on note un processus
catarrhal. Jamais l'auteur n'a vu d'ulcérations ni d'abcès. Le plexus
solaire examiné dans deux cas s'est montré anémié.
Le traitement par la gélatine dans les gastro -entérites aigués hémor-
ragiques et la dyscrasie syphilitique a été sans résultat. Par contre, les
résultats ont été surprenants par les lavages d'estomac avec la solution
salée physiologique.
Les vomissements cessèrent, un sommeil réparateur survint. On fit
en même temps dans ces deux cas deux lavages intestinaux. On avait fait
à la suite l'un de l'autre deux lavages d'estomac, et bientôt un troisième,
et on avait répété ces lavages après le réveil des enfants.
Les observations sont divisées en plusieurs groupes : l'un comprend
14 cas suivis de mort, un second 11 cas terminés par guérison; le troisième,
4 cas de faux melœna, où il s'agissait d'hémorragies naso-pharyngées.
Traitement des vernies, par le D' Zorvastro Alvarenha (Journal
des praticiens, 6 juillet 1907).
Garçon de onze ans, portant environ 200 verrues réparties sur les
mains, les pieds, etc. Il prend de la magnésie, à la dose de Os',60 pendant
un mois, sans aucun résultat. Alors on applique le topique du D' Manthebn,
dont la formule est :
Chloral ' - i «r
Acide acétique ) ** ^'
— salicylique... ^ ~ t ^
Collodion 15 gr. ,...,-
-• ':
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES Cîtô
Au bout de trente ou quarante jours, guérison complète. Garçon de
quatorze ans, portant également de nombreuses verrues aux pieds et
aux mains. La magnésie, prise pendant trente jours, se montre absolu-
ment inefficace. Attouchements journaliers avec le topicpie de Manthelin ;
guérison en un mois. Ces attouchements sont légèrement douloureux,
mais leur action est puissante et assez rapide.
Un cas de fissara congénitale du sternum avec ectocardie
antérieure, par J. Abadie (Revue d'orthopédie, \^ juillet 1907).
Fille de deux jours, présentée le 26 juillet 1906. Au centre du thorax,
un peu au-dessous de la ligne bimamelonnaire, on voit une large tache
blanchâtre, grande comme une pièce de 5 francs et agitée de trémulations
continues. La membrane, amincie au centre et légèrement suintante,
semble menacée de sphacèle. Sur les bords, elle se raccorde insensible-
ment avec la peau normale. Elle est agitée par les battements de cœur
sous-jacent.
Pendant Tinspiration, à la base du cou et sur le milieu du thorax,
un large sillon se creuse, la paroi s'aiïaisse; pendant Texpiration, le sillon
fait place à une saillie qui s'exagère par les pleurs et les efforts, la mem-
brane se tend, le cœur bondit sous les téguments, il semble tout entier
projeté hors de la cage thoracique. Au palper, on sent nettement les con-
tractions ventriculaires et les pulsations cardiaques. En cherchant à
délimiter les parties osseuses, on sent de chaque côté une moitié du ster-
num ; il y a déhiscence complète.
Cette fillette, revue récemment, s'est développée ; la membrane primi-
tive est rosée et vascularisée, gardant un aspect cicatriciel. Il existe un
nxvus large comme une pièce de 5 francs à la région dorsale. Pas d'hérédo-
syphilis.
Dans un cas de M. Lannelongue, la déhiscence n'était pas totale, les
deux moitiés du sternum se réunissant en bas pour former l'appendice
xyphoïde. Le développement du thorax explique cette anomalie due à ce
que la fusion n'est pas faite entre les côtes de l'un et l'autre côté et les
deux moitiés du sternum qui leur sont unies. Le défaut de soudure a
porté aussi sur les téguments. Enfin il y avait une insertion ombilicale
verticale très étendue (arrêt du resserrement de l'ombilic cutané sur la
ligne médiane).
Un cas de maladie de Barlow, par le D' Ph. Bourdillon (Revue
méd. de la Suisse Romande, 20 juin 1907.)
Garçon né le 7 juin 1906, pesant 4 250 grammes, nourri exclusivement
au lait stérilisé de Stalden, coupé d'eau à parties égales au début, puis
de moins en moins. Depuis le septième mois, on a donné la fieur d'avoine
Knorr cuite dans ce même lait. En février 1907, l'enfant crie quand on
lui touche les jambes, devient pâle et maigrit. Gencives supérieures
gonflées, rouges, noirâtres. A la fin de mars, deux incisives inférieures
sortent. Saignement gingival parfois. Enfant inerte, l'air souffrant.
Appelé le 13 avril, M. Bourdillon trouve un enfant de dix mois, très
pâle, mou, rachitique. Tuméfactions fongueuses et saignantes des gencives
supérieures avec éruption dentaire commençante. Gonflement du genou
gauche s'étendant en bas sur la jambe et en haut sur la cuisse. Gonflement
au bas de la jambe droite. Pression très douloureuse. Hématurie. Rate
grosse. Température rectale, 38o,3; poids, 6 100 grammes.
La radiographie montre une tache sombre au niveau de la diaphyse
fémorale gauche et une bordure autour du tibia et du péroné (hématomes
sous-périostés).
(>84
ANALYSES
Traitement. —Suppression du lait stérilisé et de la farine Knorr; cinq bibf.
rons de 200 grammes de lait de vache bouilli, deux cuillerées à café de
jus d'orange.
Le 16 avril, après trois jours de traitement, enfant moins abattu,
gencives moins gonflées, 36û,7. Le 20, après une semaine, enfant transformé,
se tient assis, dort bien, crie peu, urine claire, poids 6 330 grammes. Le 23,
gencives normales. Le 27 mai, santé parfaite, poids 7 450 grammes.
Le lait stérilisé employé ici était en même temps homogénéisé.
M. Audeoud rapporte 3 cas de maladie de Barlow (garçons de douze,
quatorze, dix-sept mois) dus au lait stérilisé avec farine lactée et maltossan.
Les trois enfants étaient anémiques, avaient des hémorragies gingivales
et souffraient d'une impotence douloureuse des membres inférieure.
Guérison rapide par le traitement ordinaire.
Acnte non siippuratiye encephalitis in children (Encéphalite aiguë non
suppurée chez les enfants), par le D' Isaac A. Abt (Arck, of Ped.,
mai 1907).
L'auteur; après avoir rappelé les travaux de Strûmpell (1884), rapporte
2 cas personnels.
i^ Fille de cinq ans, observée le 31 juillet 1905. Le 25, elle a eu mal à
la tête, avec fièvre. La céphalée devient de plus en plus intense ; puis des
spasmes surviennent. État de demi -conscience, stupeur ; température
autour de 38o,5 à 39o, pouls 138, respiration 30. Parésie faciale droite.
Contracture des membres supérieurs, rigidité des muscles abdominaux,
exagération des réflexes tendineux surtout à droite, signe de Babinski,
pas de Kernig.
Vers le 8 août, la température redevient normale. Le 11 août (ving-
tième jour), elle semble reconnaître son frère. Le 18, son intelligence est
plus ouverte et elle se nourrit bien. Mais elle ne parle pas. Le 19 (vingt-
sixième jour), elle remue sa jambe gauche, mais non la tête, ni les mains.
Elle reconnaît sa mère, mais ne parle pas. Le 23, mouvements dans le
pied et la jambe gauche. Le 26 (trente-cinquième jour), elle quitte l'hôpi-
tal. Elle ne parle pas. Le 31 août, mouvements dans les doigts et la main
droite. Le 5 septembre, elle essaie de parler, amélioration lente. Peu à
peut le langage revient. 11 persiste une hémiplégie à droite.
Au début, on a cru à une méningite tuberculeuse. Pas de ponction
lombaire.
2° Garçon de cinq ans, tombé malade le l*»" septembre 1905; le lendemain,
vomissements, pouls 120, un peu de fièvre, nervosité, tremblements delà
main droite. La température monte à 40° le quatrième jour. Cris de temps
à autre, inconscience. Le cinquième jour, mutisme et stupeur, parésie
faciale gauclie, paralysie des membres du côté droit. A partir du septième
jour, la fièvre tombe, l'amélioration se déclare, suivie peu à peu de la
guérison. Le langage revient, et en trois semaines l'enfant peut marcher.
Dans ces deux cas, on ne sait à quelle infection rapporter l'encéphalite
aiguë.
Hémiplégie alterne d'origine bulbaire chez an enfant, par le D'G. Muls
(La Clinique, 25 mai 1907).
Fille de neuf ans, ayant eu la scarlatine à l'âge de deux ans. La troi-
sième semaine de la convalescence fut troublée brusquement par l'appa-
rition d'une paralysie faciale gauche avec paralysie des membres supérieur
et inférieur à droite. La parole resta embarrassée pendant un an. Voile
du palais dévié à droite ; la pointe de la langue se tourne vers le côté gauche.
THÈSES ET BROCHURES 035
Le membre inférieur droit est raccourci de 3 centimètres. Exagération
du réflexe rotulien ; réflexe de Babinski ; parésie plutôt que paralysie,
Tenfant peut marcher, mais avec claudication. Le membre supérieur est
également raccourci ; atrophie des muscles. Sensibilité intacte. Intelli-
gence bonne. Main droite en flexion; Tenfant ne peut se servir de ses
doigts ; elle écrit de la main gauche.
L'intégrité des oculo-moteurs doit faire rejeter toute lésion des pédon-
cules ou de la partie supérieure de la protubérance. Impossible d'admettre
une hémiplégie cérébrale ou spinale. Il faut admettre une lésion de la
partie inférieure de la protubérance ou du bulbe. Cette lésion est évi-
demment le reliquat d'une encéphalite aiguë consécutive à la scarlatine.
THÈSES ET BROCHURES
L*eneéphalite aigad non sapparôe, par le D'' M. Chartier {Thèse de
Paris, 1907, 132 pages).
Cette thèse, illustrée de deux planches, contient de nombreuses obser-
vations anatomo -cliniques et des recherches expérimentales entreprises
à la Salpêtrière au laboratoire du professeur Raymond.
Parmi les observations chniques, plusieurs ont été recueillies à l'hôpi-
tal des Enfants-Malades dans le service de M. Gomby.
I" A côté de l'abcès du cerveau, il y a lieu de décrire une encéphalite aiguë
non suppurée. Cette phlegmasie, diffuse ou circonscrite, peut atteindre
toutes les parties de l'encéphale. Elle peut entraîner la mort rapide ou
laisser des séquelles durables.
L'encéphalite aiguë non suppurée est un processus à la fois inflamma>
toire et dégénératif, vasculaire et interstitiel, et parenchymateux. Le
type anatomique le plus fréquent est l'encéphalite hémorragique. Après
vient le type dégénératif de Raymond et Philippe.
L'encéphalite aiguë non suppurée diffère de l'abcès du cerveau, non
seulement par son évolution anatomique, mais encore par son étiologie
et sa pathogénie. Elle est une complication des grandes pyrexies et sur-
vient dans les épidémies de grippe et de méningite, ou même s'associe
aux myélites et polynévrites. On doit la considérer le plus souvent comme
étant déterminée par des produits toxiques microbiens.
En clinique, il faut distinguer l'encéphalite des enfants (poliencépha-
lite de Strumpell) et l'encéphalite des adultes (encéphalite de Tinfluenza,
Strùmpell, Leichtenstern).
Chez l'enfant, le diagnostic d'encéphalite aiguë est appelé à remplacer
souvent celui de convulsions essentielles, de congestion cérébrale, de
méningite, etc.
La thèse de M. Chartier est fort intéressante ; elle marque une étape
dans l'histoire de l'encéphaUte aiguë.
Nécessité d*une direction dans l'allaitement an sein, par M^^^ Eva
Genouy {Thèse de Paris, 13 décembre 1906, 108 pages).
Cette thèse, inspirée par Budin, contient 10 observations avec
graphiques, recueillies à la consultation de nourrissons de ce maître. Si
l'aUaitement au sein est le mode d'alimentation le plus naturel et le
meilleur pour l'enfant, il n'offre pas une sécurité absolue, s'il est mal
dirigé. Les accidents observés en pareil cas sont dus à la suralimentation,
à l'insufTisance de la mamelle, à une composition chimique défectueuse
G30 ANALYSES
du lait : régurgitations, vomissements, diarrhée, dermatoses, gaslro-
entérites, athrepsie.
Quand l'allaitement est surveillé, ces troubles gastro-intestinaux ne
s'aggravent pas et disparaissent assez facilement. En cas de suralimen-
tation, le médecin règle le nombre et la durée des tétées; il institue au
besoin la diète hydrique relative ou absolue, les lavages intestinaux, etc.
En cas d'insuffisance de lactation, il fait pratiquer l'allaitement mixte
avec méthode et écarte les dangers de l'allaitement artificiel.
L'analyse a-t-elle révélé un excès ou un défaut de beurre dans le lait?
Un régime approprié prescrit à la mère pourra faire changer la qualité
du lait et prévenir les troubles digestifs chez le nourrisson. La mère vient-
elle à tomber malade, le médecin aura à instituer le sevrage progressi-
vement rapide.
La surveillance médicale s'exerce au moyen des consultations de
nourrissons, qui sont un merveilleux instrument de lutte contre la morta-
lité infantile.
Ces consultations favorisent l'allaitement maternel longtemps prolongé
et font l'éducation des mères. Il est donc nécessaire que ces institutions
se multiplient, pour donner aux mères ignorantes et pauvres les conseils
dont elles ont besoin, sans parler du supplément gratuit ou presque
gratuit de lait stérilisé, quand le sein est insuffisant.
Il est à souhaiter que, dans l'enseignement des jeunes filles, une place
soit laissée à l'hygiène infantile, afin que, plus tard, quand elles seront
devenues mères, elles soient capables d'éviter les fautes préjudiciables à la
santé de leurs enfants, et aussi afin de leur inculquer l'idée que la meilleure
goutte de lait est toujours celle que Venfant trouve dans le sein de sa mère
(Budin).
Gastro-entérites des nourrissons, lear traitement par le boniUon
lactique, par le D' A. Journée {Thèse de Paris, 23 janvier 1907,
104 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Guinon, contient 16 observations d'enfants
soumis au bouillon Tissier (culture de ferments lactiq[ue5). Les gastro-
entérites de nourrissons sont consécutives à une infection microbienne
endogène ou ectogène. La suralimentation des nourrissons joue le principal
rôle dans l'étiologie des gastro-entérites. Chez les enfants élevés au lait de
vache, l'excès de caséine joue un rôle néfaste. Dans la thérapeutique, il
faut viser deux choses :
l'' Empêcher l'introduction des microbes pathogènes dans le tube
digestif ;
2® Éhminer ceux qui s'y trouvent déjà ou diminuer leur viru-
lence.
Le lait stérilisé ne remplit que la première condition. Il empêche la réin-
fection de l'organisme, il est sans action sur les germes existants. Les médi-
caments, dits antiseptiques, ne peuvent amener une désinfection absolue
de l'intestin; ils risquent de nuire à l'enfant ; les lavages intestinaux
n'éliminent qu'une partie des toxines, et leur action n'est pas durable.
De plus ces procédés agissent sur tous les microbes de l'intestin bons ou
mauvais.
On peut instituer un régime lac to -farineux en introduisant dans le tube
digestif des microbes antagonistes non pathogènes. Les ferments en culture
pure préconisés par Tissier sous le nom de bouillon paralactique seraient
bien supportés. Leur action est lente, elle paraît favorable.
THÈSES ET BUOGHURES 637
Le régime sec dans les gastro-entérites inlantUes» par le D' G. Ort
{Thèse de Paris, 26 décembre 1906, 66 pages).
Cette thèse, inspirée par le D*" Gallois, contient 16 observations. 11 s'agit
de donner aux nourrissons atteints de gastro-entérite, toutes les deux à
trois heures, un repas composé de fromage frais (une cuillerée à café), de
sucre et d'eau ou lait (2 cuillerées à soupe). La diarrhée serait arrêtée
en vingt-quatre ou quarante-huit heures. Ce régime est bien toléré dans la
majorité des cas. Il est peu efficace dans les entérites infectieuses fébriles,
dans le choléra infantile estival. On ne doit pas le prolonger trop longtemps
sous peine de voir le poids diminuer ; au bout de quelques jours, on aug-
mente la quantité de lait.
Comment agit cette diète particulière? Il faut tenir grand compte de la
réduction du volume des aliments ingérés et de leur consistance demi-
liquide. Le D*" Lesage, à l'hôpital Hérold, aurait employé ce régime chez
les nourrissons avec un certain succès.
Méningite onrlienne, par le D' .\. Feliciano (Thèse de Parla,
17 janvier 1907, 52 pages).
Cette thèse, basée sur 14 observations, a été inspirée par M. Nobécourt.
Elle montre que la méningite ourlienne n'est pas très rare. Elle peut
s'observer chez les enfants comme chez les adultes. En général, chez les
adultes, ce n'est que dans les oreillons compliqués d'orchite qu'on observe
les accidents méningés.
Dans certains cas, les symptômes méningés sont peu accusés, et la
ponction lombaire vient en aide au clinicien pour le diagnostic de ménin-
gite ourlienne (lymphocytose du liquide céphalo-rachidien). Dans d'autres
cas, les symptômes méningi tiques sont des plus nets, et le diagnostic
s'impose cliniquement.
La méningite ourlienne est bénigne ; elle guérit le plus souvent et sans
séquelles. Elle est à rapprocher des autres méningites accompagnant les
medadies infectieuses quelconques, méningites autrefois décrites sous le
nom de pseudo-méningite et de méningisme.
Rôle pathogène des helminthes en général et en particulier dans
les maladies infectieuses, par le D^" J. Raspail (Thèse de Paris, 5 dé-
cembre 1906, 224 pages).
Cette thèse contient 66 observations ; elle tend à établir que tous les
helminthes parasites du corps humain sont pathogènes, soit par eux-
mêmes, soit par les microbes auxquels ils servent de véhicule. On trouve les
helminthes associés à plusieurs maladies infectieuses. Dans plusieurs
examens faits chez des malades du service de M. Comby (Enfants -Malades),
l'auteur aurait trouvé le tricocéphale. Il signale le rôle des helminthes
dans la pathogénie de l'appendicite. Les ascarides, les oxyures peuvent
inoculer la fièvre typhoïde. Ils peuvent jouer un rôle dans la dysenterie.
Il en résulte que, dans toutes ces maladies, on devra prescrire un traite-
ment vermifuge au début. Le vieux Raspail conseillait de prendre périodi-
quement des vermifuges ; cela est surtout utile aux enfants. Le traitement
des helminthes varie suivant les espèces.
Les vers plats ou cestodes sont très difficiles à vaincre ; la tête reste
presque toujours dans l'intestin. La veille, on fait jeûner le malade (diète
liquide). Le soir, lavement évacuateur ; le lendemain matin, deuxième
lavement. Puis on prescrit la fougère mâû ou Vécorce de grenadier (Punica
granatum). Celse, Pline mentionnent avec détails la décoction de racine de
grenadier comme remède du tœnia. En 1807, le D' Buchanan, l'ayant vu
1
038 ANALYSES
employer par les Hindous, fait connaître de nouveau ce remède, dont la
réputation avait sombré dans la nuit du moyen âge. On emploie récorct?
de racines, récoltée depuis moins d*une année. On fait macérer à froid
pendant douze heures, pour un enfant de cinq à douze ans :
Écorcc de racines de grenadier en poudre 40 grammes.
Eau 500 —
Faire réduire ensuite, à feu doux jusqu'à 200 grammes; décanter et
sucrer. Prendre en deux fois à une demi-heure de distance. Une heurr
après, on donne 20 grammes d'huile de ricin.
On peut administrer aussi le tannate de Pelletiérine (15 à 20 centi-
grammes).
Les rhizomes de fougères mâles récemment desséchés s'emploient
sous forme d'extrait éthéré avec calomel (50 centigrammes par année
d'âge.)
Contre les ascarides, la santonine (1 centigramme par année d'âge).
la mousse de Corse (1 gramme par année d'âge), en poudre ou en décoction,
agissent bien. De même contre les oxyures. Contre le tricocéphale, c'est le
thymol qu'on a recommandé. Durant trois jours, à une heure d'intervalle,
Guiart fait prendre deux ou trois cachets de 1 gramme de thymol pul-
vérisé. Boire un peu d'eau et prendre cinq jours après un léger purgatif
salin. Ne jamais prendre, après le thymol, d'alcool, d'éther, d'huile, de
glycérine, de chloroforme, rien qui puisse dissoudre le thymol. Boire de
l'eau pendant vingt-quatre heures. Le thymol réussit bien aussi contre
l'ankylostome.
Over de verschillende typen van Tuberkelbacillen en over de wegen
der tnberculenze infectie (Sur les différents types de bacille tuberculeux
et sur les portes d'entrée de la tuberculose), par le D' E. Gorter (Thèse de
Leiden, 19 avril 1907, 154 pages).
Cette thèse, à la fois expérimentale et clinique, étudie les bacilles
humains et bovins, leurs formes, leurs cultures, leur pathogénie, leurs pn^
priétés biochimiques, l'agglutination, l'immunisation, etc. Enfin elle
traite des voies d'introduction, des portes d'entrée de la tuberculose, te
qui est intéressant au point de vue pratique. A ce propos, le \y Gorter
rappelle les expériences de Behring, Calme tte. Vallée, qui tendent à faire
admettre soit l'origine alimentaire, soit l'infection par le tube digestif. H
inentionne les observations et statistiques de Comby, qui, sur le terrain
de la clinique infantile, a montré que la contagion familiale jouait le rôle
capital dans la transmission de la tuberculose. Pour cet auteur, le danger
de la contagion par le lait n'existerait pas. C'est le bacille humain qui est
coupable ; c'est lui qui, porté dans l'organisme de l'enfant, le rend tuber
culeux. La contagion humaine, voilà l'origine de la tuberculose infantile.
Après cela, la porte d'entrée n'a qu'une importance secondaire, et. s'il est
démontré définitivement que le bacille pénètre par l'intestin pour parvenir
au poumon, cela ne changera rien aux données fondamentales du problème.
Sixth annnal report of the New-Tork State hospital for the care of
Crippled and Deformed Children (Sixième compte rendu annuel
de l'Hôpital de l'État de New-York pour les enfants déformés et imp<'-
tents), par le D' John M. Hall {Broch. de 32 pages, Albany, 1906).
Dans ce petit hôpital situé à West Haverstraw, on soigne les enfants
atteints de maladies de l'appareil locomoteur : tuberculose ostéo-articu-
NOUVELLES OHM)
laire surtout. Dans Tannée écoulée, 69 malades ont été traités. Un enfant
atteint de coxalgie est mort de méningite tuberculeuse.
II n'y a pas de malades payants.
La moyenne des présences dans Tannée a été de 45 enfants, avec
16 648 journées d*hôpital.
Sur 48 enfants restant à Thôpital à la fin de Tannée, on comptait
14 coxalgies, 10 maux de Pott, 1 pied bot cicatriciel, 3 luxations congé-
nitales de la hanche, 5 tumeurs blanches du genou, 3 jambes arquées, etc.
De la dentition hérédo-syphilitigne chez l'enfant, par le D' M. Tron ch o n
(Thèse de Paris, 23 janvier 1907, 112 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Comby, contient 27 observations et une
planche photographique. Elle étudie les dents hérédo-syphilitiques dans la
première comme dans la seconde enfance, dans la première comme dans
la seconde dentition. Les documents qu'elle fournit à ces deux points de
vue sont abondants et intéressants.
Il existe cliniquement chez les hérédo -syphilitiques des malformations
et des dystrophies dentaires. Les malformations, très caractéristiques,
consistent en érosions, sillons, amorphie et microdontisme. Les dystrophies
s'accusent par le retard et )a lenteur d'évolution, l'implantation et la
direction vicieuses, l'usure et la carie prématurées. Ces altérations frappent
dans le même sens les dents homologues, en affectant une prédilection
marquée pour certaines : érosion semi-lunaire d'Hutchinson (incisives
médianes supérieures).
La première dentition nous présente des dents cariées, des chicots,
sortant tels de la gencive. La dent d'Hutchinson peyt se rencontrer
même à cette période (11 fois sur 17 cas). Toutes ces lésions résultent de
Tiniluence dystrophique exercée par la syphilis héréditiare sur l'évolution
intra-utérine des bourgeons dentaires. Avec elles, on peut observer la
kératite interstitielle, la surdité (triade d'Hutchinson), sans compter les
stigmates les plus variés.
Les altérations dentaires des rachitiques, des névropathes, des enfants
ayant eu de graves maladies aiguës, difTèrent de celles de la syphilis.
D'ailleurs la valeur diagnostique de ces dernières, pour être très grande,
n'est pas absolue. On doit soupçonner seulement la syphilis héréditaire
en présence de ces dents malformées ou érodées et en rechercher les
stigmates pathognomoniques.
NOUVELLES
Hommage an D' Ranchfnss. — Le 25 juin/8 juillet 1907, il y a eu cin-
quante ans que son Excellence le conseiller privé, docteur Charles
Rauchfuss,a commencé sa carrière médicale ainsi que son activité scien-
tifique à Saint-Pétersbourg. La Société des médecins d^enfants de Saint-
Pétersbourg dont M. le D' Rauchfuss a été le président pendant nombre
d'années et dont il est actuellement membre honoraire, se prépare à
célébrer le cinquantenaire de son activité par une réunion solennelle.
Les médecins et les sociétés qui désirent prendre part à ce jubilé, qui
sera célébré le 28 octobre/10 novembre prochain, son priés de vouloir
bien s'adresser à M. le professeur A. Roussow, président de la Société
des médecins d'enfants à Saint-Pétersbourg, directeur de Thôpital Elisa-
beth, 152 Fontanka.
La direction des Archives de médecine des enfants s'associe de grand
(VW) NOUVELLES
cœur à cet hommage bien mérité par le célèbre pédiatre russe, dont nous
avons pu apprécier la science, la serviabilité et la courtoisie.
Congrès de climatothérapie et d'hygiône nrbaine. — Le IV^' Congrvs
de climatothérapie et d*hygiène urbaine se tiendra à Biarritz, du 20 au
25 avril 1908 (semaine de Pâques), sous la présidence du professeur Pitre*,
doyen de la Faculté de médecine de Bordeaux. Les questions suivantes
sont mises à Tordre du jour et feront l'objet de rapports spéciaux :
1° « Indications et contre-indications du climat océanien dans les étaU
neurasthéniques ». Rapporteur : D"" Régis, professeur des maladies
mentales à la Faculté de médecine de Bordeaux ;
2° « De l'action combinée du climat marin et de la médication chlo
rurée-sodique dans la tuberculose ganglionnaire ». Rapporteur :
D^ RiCHARDiÈRE, médeciu des hôpitaux de Paris ;
3® « La cure marine et la cure chlorurée-sodique dans le rachitisme i .
Rapporteur : D** Denucé, professeur de clinique chirurgicale infantile à
la Faculté de médecine de Bordeaux ;
4° « Les bureaux municipaux d'hygiène et les règlements sanitaiivs
dans les stations climatiques». Rapporteur: D** Mosny, médecin d^
hôpitaux de Paris, auditeur au Conseil supérieur d'hygiène publique de
France ;
5° « Climatologie du golfe de Gascogne ». Rapporteur : D' Camino,
médecin du sanatorium d'Hendaye.
Le Comité d'organisation du Congrès a son siège à Biarritz, où l'on peut
adresser toute demande de renseignements au D*" F. GALLARD, secré-
taire général.
Pouponnière de Médan. — On vient d'inaugurer, à Médan, dans l'an-
cienne propriété d'ËMiLB Zola, donnée à l'Assistance Publique de Paris,
une nouvelle pouponnière d'environ trente lits. Dans cet étabUssement.
placé sous la surveillance du D*" Méry, seront envoyés surtout les peUk
nourrissons convalescents de V Hôpital des Enfants- Malades, A la crèche de
cet hôpital, en effet, la mortalité est très élevée. On espère que l'air pur
de la campagne sauvera un certain nombre d'enfants que le séjour à
l'hôpital vouait à une mort presque fatale. Nous suivrons avec intérêt
cette nouvelle œuvre de préservation infantile.
Le Gérant, W BOUCHEZ.
4976-07. — Cokiiicii.. Imprimerie Ëo Catrt.
■ *
10« Année Novembre 1907 N» 11
MEMOIRES ORIGINAUX
XXIII
ANÉMIE PSEUDO-LEUCÉMIQUE INFANTILE
CHEZ DEUX JUMEAUX RACHITIQUES
Par le Professeor Ad. D ESPINE et le D^" JEANNERET.
L'étiologie de la maladie décrite par Jacksch et par Luzet
sous le nom d'anémie pseudo-leucémique infantile est encore
entourée d'obscurité, les uns la considérant comme une espèce
morbide bien définie, presque idiopathique, proche parente de
la leucémie, les autres en faisant un syndrome banal provoqué
par les causes les plus diverses (syphilis, rachitisme, troubles
digestifs, etc.) et qui emprunte ses caractères propres aux parti-
cularités de l'hématologie de la première enfance.
Le tableau clinique est très uniforme et a été déjà parfaite-
ment tracé par Henoch (1) ; il est composé essentiellement
de deux facteurs, une rate grosse et dure qui, débordant les
fausses côtes, forme tumeur dans la partie gauche de l'abdomen
et une anémie profonde, remarquable par la couleur blanc-
cire de la peau. Henoch a déjà insisté sur ce fait que le sang
ne présentait qu'exceptionnellement les caractères de la leucé-
mie et que le nom de pseudo-leucémie ne convient pas non plus
à cette maladie, puisque, dans aucun cas, il n'a pu constater
Thypertrophie ganglionnaire généralisée, qui lui a valu le
nom d'adénie. D'ailleurs, quoique les petits malades succom-
bent en général à la cachexie ou à des complications telles
que la bronchopneumonie, Henoch en a vu guérir aussi à
la suite d'un régime fortifiant associé au fer et à la qui-
nine.
(l);iîHBNOCH, Klinik der UnUrleibskrankheiten, Berlin, 1856, t. II, p. 72, et
Vorlesungen iiber Kinderkrankheiten, 1881, p. 502.
ARCH. DS MftDEC. DB8 BNPANT8, 1907. X. 41
642 ' AD. D^ESPINE ET JEANNEHET
Le nom d'anémie splénique infantile donné à la maladie par
les médecins italiens serait parfait, puisqu'il en rappelle les
symptômes cardinaux, si l'on ne réservait ce nom aujourd'hui
aux anémies d'origine splénique, qui peuvent guérir par l'abla-
tion de la rate, comme la maladie de Banti.
La double observation que nous rapportons aujourd'hui, et
qui a fait l'objet d'une leçon clinique du professeur D'Espine
ce printemps, nous donnera l'occasion d'insister sur deux
points contestés de cette maladie, ses relations avec le rachi-
tisme et avec la leucémie.
Observation.
Le 14 avril 1907,entrent à l'hôpital cantonal, dans le service des enfants,
deux jumeaux âgés de treize mois et présentant tous les deux des défor-
mations rachitiques considérables, ainsi qu'une teinte anémique, rappelant
la cire. Ils ont été nourris à la bouteille, de lait, de galactina et de farine
d'avoine et n'ont jamais présenté de troubles gastro -intestinaux notables.
Les renseignements donnés par les parents démontrent qu'il s'agit ici
de rachitisme héréditaire. Le père est de petite taille (152 centimètres);
il présente encore,comme traces de rachitisme, l'incurvation des tibias et la
nouure des poignets.
Lamère n'a que 144 centimètres de taille. Elle présente égale ment des stig-
mates rachitiques très nets. Elle a eu son premier enfant en novembre 1903.
Ce garçon a été rachitique, mais est aujourd'hui bien portant.
Le 9 mars 1905, la mère est accouchée de deux jumeaux. Ces deux
fillettes rachitiques ont toujours été très pâles et cachectiques; l'une
d'elles a succombé à une bronchopneumonie à l'âge de treize mois, l'autre
est actuellement bien portante et ne s'est remise que vers l'âge de quinze
mois.
Les deux jumeaux actuels sont nés le 17 mars 1906 à la Maternité dv
Zurich ; ils sont nés à trois heures de distance, le garçon Amadeo le pre-
mier, la fille Frida ensuite. Le placenta était unique.
Frida prend le 18 avril 1907 une bronchopneumonie à foyers multipl»*>
et succombe le 29 avril.
L'autopsie, faite par le professeur Askanazy, révèle une splénomégali-"
considérable. La rate, qui déborde les fausses côtes de 3 centimètres et
fait tumeur du côté de l'abdomen, est rouge et dure. Elle mesure 10 cen-
timètres de long sur 6^",5 de large et 2*=",5 d'épaisseur; elle pèse
80 grammes.
Le foie est hyperémié ; il dépasse les fausses côtes de 2"",5 ; il pèse
210 grammes.
Les reins sont légèrement hyperémiés ; le myocarde est pâle. On constate
une bronchiolite purulente et des foyers pneumoniques dans le poumon
droit, ainsi que dans le lobe inférieur du poumon gauche.
Les lésions rachitiques osseuses sont très marquées, surtout aux côtes
et au crâne.
A la suite de cette constatation, on examine avec soin le second jumeau
Amadeo le l^'^ mai, et l'on constate à la palpation de l'abdomen que la
rate déborde les fausses côtes et forme une tumeur très dure, à contours
nets, s'étendant presque jusqu'à Tombilic, remplissant une partie de
r^
ANÉMIE PSEUDO-LEUCl^MIQrE INFANTILE 643
l'hypocondre gauche et présentant une matité verticale de 8 centimètres.
La palpation n'est pas douloureuse. La rate augmente beaucoup les
jours suivants et n'est plus qu'à trois travers de doigt du pubis le 10 mai ;
le 14 mai, elle est revenue au volume qu'elle avait le 1*^' mai et n'a plus guère'
changé jusqu'à la fin.
Le foie déborde les fausses côtes de deux travers de doigt.
Le D' Jeanneret procède à une série d'examens du sang qui révèlent une
anémie pseudo -leucémique avec tous les caractères qu'ont décrits Jacksch
et Luzet. Nous les résumerons plus loin dans un tableau.
L'enfant a eu des périodes fébriles : la première du 14 au 28 avril avec
(les températures rectales variant le soir de 39^2 à 39^,7, dues à des foyers
(le bronchopneumonie disséminés dans les poumons, qui ont cédé à un
traitement hydrothérapique ; la seconde, du 8 mai au 12 juin, jour de la
mort, avec une température terminale de 41^,2, due à une rechute de
bronchopneumonie.
Les urines examinées le 8 mai ne contenaient pas d'albumine, mais
seule;nent des globulines précipitées par le sulfate d'ammoniaque.
L'examen du sang peut être résumé ainsi :
1« Oligocytkemie et oligochromhémie^ l'hémoglobine ayant varié de
40 à 50 p. 100, le nombre des hématies de 2 430 400 à 3 348 000.
L'enfant a succombé à la complication et non à l'anémie. Cela explique
pourquoi on n'a pas observé des chiffres aussi bas que dans d'autres cas
(500 000 à 1 000 000 ) ;
2" Leucocytose marquée atteignant le 7 mai le chiffre maximum de
70 525 globules blancs et descendant le 26 mai à un minimum de 1 7 825 :
3 Myélémie très accentuée, caractérisée par une proportion considérable
de myélocytes, atteignant le 2 mai le maximum, soit 26 p. 100, dont 12 p. 100
à granulations neutrophiles et 24 p. 100 basophiles. Les éosinophiles repré-
sentaient le 14 mai 3 p. 100, dont 1 p. 100 de mononucléaires et 2 p. 100
de polynucléaires. Ce chiffre a d'ailleurs été très variable ; le maximum
a été de 4 p. 100 et le minimum de 0.
Les hématies nucléées, dont la forte proportion est un des caractères
saillants de l'anémie pseudo-leucémique infantile, existaient le 2 mai dans
la proportion élevée de 8 p. 100, dont la plupart étaient des mégaloblastes ;
cette proportion a d'ailleurs beaucoup diminué dans les derniers jours.
La poïkilocytose, l'anisocytose et la présence de granulations basophiles
dans les hématies ont été notées dans presque tous les examens de sang.
Par contre,on n'a jamais observé de cristaux de Charcot-Leyden dans le
vieux sang conservé ; ^
4° Diminution et variations considérables du chiffre des lymphocytes.
Les lymphocytes ne représentaient, le 2 mai, que le 3 p. 100 des leuco-
cytes. Depuis lors la proportion a été toujours en croissant et a atteint
le 17 mai un maximum de 42 p. 100, qui s'est maintenu à peu près jusqu'à
la fin (12 juin, 39 p. 100), chiffre qui se rapproche de la moyenne normale
dans la première année. Le chiffre des lymphocytes dans la première
année peut varier de 28 à 40 p. 100, d'après Gundobin et Rieder.
On peut rapprocher peut-être cette augmentation finale des lympho-
cytes des observations de Ttirck chez un adulte et de Flesch chez un
enfant de quatre ans, chez lesquels une myélémie se transforma vers la fin
en lymphémie.
Autopsie. — Le diagnostic clinique était : rachitisme, anémie pseudo-
leucémique, bronchopneumonie.
Le diagnostic anatomique établi par mon collègue le professeur Askanazy
était: anémie de tous les organes. Rachitisme intense. Grosse tuméfaction
ou
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ANÉMIE PSEUDO-LEUCÉMIQUE INFANTILE 645
de la rate. Tuméfaction du foie. Entérite folliculaire. Légère tuméfaction
des ganglions mésentériques. Les autres ganglions sont normaux. Bron-
chite catarrhale ; pneumonie gauche. Pas de lésions leucémiques.
La rate pèse 80 grammes. Elle a 10 centimètres de long sur 7*"',5 de
large et 3<™,5 d'épaisseur. Sa consistance est dure ; la capsule est tendue.
A la coupe, la rate est rouge, couleur framboise. A Texamen microscopique,
on constate que l'architecture de la rate est conservée, mais avec un épais-
sissement marqué du stroma. Le nombre des leucocytes est augmenté.
Le foie est fortement agrandi. Sa consistance est normale. A la coupe, il
a une teinte rouge jaunâtre et présente de petits foyers grisâtres lenticu-
laires, disséminés. Il n'y a pas de trace de cirrhose ; l'architecture générale
est conservée. Il y a une augmentation considérable des leucocytes, qui
forment par places des amas libres ou contenus dans les veines.
Les poumons présentent dans les lobes inférieurs de l'hyperémie à droite
et de l'infiltration bronchopneumonique à gauche.
Le cœur ne présente rien de particulier.
Dans l'intestin, les follicules solitaires et les plaques de Peyer sont
tuméfiés par places.
Rapports de l'anémie splénique avec le rachitisme.
Étudions d'abord les rapports qui existent entre ranémie
pseudo-leucémique infantile et le rachitisme.
La double observation, que nous publions, est celle de deux
jumeaux rachitiques, dont les deux parents ont été rachitiques
et dont tous les frères et sœurs ont été atteints de la même
maladie ; donc rachitisme héréditaire, présentant une forme
particulièrement grave et intense, fait coïncidant avec les obser-
vations du professeur Siegert (1). Il n'y a pas de doute que le
premier jumeau, qui a succombé rapidement à une broncho-
pneumonie, était atteint, comme le second, d'anémie pseudo-
leucémique, quoique le sang n'ait pas été examiné pendant la
vie. Le sang à l'autopsie renfermait un grand nombre d'hématies
nucléées et de leucocytes. Deux enfants qui ont succombé
antérieurement étaient très anémiques et étaient peut-être
atteints de la même maladie.
Fowler (2) a déjà remarqué la présence de l'anémie pseudo-
leucémique chez plusieurs enfants de la même famille. Il l'a
observée trois fois, une fois chez deux jumeaux, une fois chez
deux enfants de la même famille et une fois chez trois frères et
sœurs.
La coïncidence du rachitisme avec la splénomégalie infantile
est bien établie. Starck (3) l'a constatée à l'autopsie environ
(1) SiEGBRT,FtfrAaiuU.<2fr 20 Un Vers, der Ces. /. Kinderheilk,, Cassai, 1903, p. 206.
(2) Fowler, Brit, med. Journ., 6 sept. 1902.
(3) Starck, /). Areh. /. klin. Med,, 1896, Bd. LVIII, p. 265.
O^iO Al), u'espinb et jeannehet
dans le tiers des cas (31,3 p. 100) ; il a trouvé la rate palpable
68 fois sur 100 enfants rachitiques. Kûttner (1) a trouvé que la
rate était accessible à la palpation dans 44 cas de rachitismp
sur 60 examinés (73,3 p. 100).
Par contre, Cohn (2), sur 858 enfants rachitiques, n'a constatéla
splénomégalie que dans le 6 p. 100 des cas (58 cas). Tout récem-
ment J.-B. Cowan et Campbell Mac Clure (3) ont examiné à cp
point de vue 417 enfants rachitiques et n'ont trouvé la rai»-
palpable que dans 17 cas, soit le 4,07 p. 100 des cas. Sur cc
nombre, la rate n'était réellement hypertrophiée que dans
8 cas, dont 2 avec anémie splénique.
Cela prouve seulement que le rachitisme par lui-même n«'
suffit pas plus que la syphihs à engendrer l'anémie splénique.
Mais il n'en reste pas moins le terrain le plus favorable pour
Téclosion de l'anémie pseudo-leucémique, maladie somme toutv
rare et même exceptionnelle dans certains pays, comme Ge-
nève (4).
Sasuchin (5) a trouvé la rate agrandie chez presque tous les
rachitiques, excepté chez les enfants présentant de l'atrophie
infantile.
L'hypertrophie est proportionnelle à la grai>ité des lésions
rachitiques, — Le maximum a été observé chez un enfant d»-
vingt-deux mois dont la rate pesait 51»^2, tandis que le
poids normal à deux ans est de 26 grammes. Ce qui caractéri>e
pour Sasuchin la rate rachitique, c'est l'induration chroniqm'
caractérisée par l'augmentation de consistance au doigt et par
l'épaississement des travées conjonctives au microscope.
Bien que certains cas d'anémie pseudo-leucémique infantil»
aient été observés chez des enfants qui ne présentaient fn^
trace de rachitisme, comme le cas cité par von Jacksch if>^
dans son célèbre mémoire et que dans certains cas on ait pu
incriminer la syphihs héréditaire, il n'en reste pas moins qu»'
le rachitisme est de beaucoup le facteur le plus important
dans la pathogénie de la maladie de Jacksch-Luzet.
(1) Kûttner, Brrl. klin. Woch., 1892, n» 45.
(2) Cohn, Jahrb. /. Kinderheilk., 1894, p. 37.
(3) Cowan and Cambell Mac Clure, The hrit, Journ. of Children's, Dwffl^w 1 .»<•'
p. 343.
(4) Un seul cas a été publié jusqu'à présent en dehors du nôtre à Otnève pr
le Df AuDEOUD, Bev. med. de la Suisse Romande, septembre 1894, n» 9.
(5) Sasuchin, Die Rachitismilz. {Jahrb. /. Kinderheilk,), 1900, Bd. U, p. iVT.
(F,) V. Jacksch, Prag. med. Woch., 1890, p. 403.
ANÉMIE PSEUDO-LEUCfiMIOL'E INFANTILE 647
Rapports avec la leucémie.
La parenté entre Tanémie pseudo-leucémique infantile et la
leucémie a été déjà soulignée par Jacksch, dont une des obser-
vations peut être regardée comme appartenant à la leucémie,
ainsi que par Hayem et son élève Luzet.
Elle s'en distingue habituellement par sa leucocytose modé-
rée, par le nombre considérable d'hématies nucléées dont les
noyaux présentent des mitoses et surtout par sa curabilité
dans un certain nombre de cas.
Néanmoins, la frontière entre les deux maladies est parfois
difficile à tracer. Les cas rares de leucémie myéloïde aiguë, qui
ont été publiés dernièrement chez de jeunes enfants, ont la
même symptomatologie et presque la même hématologie que
Tanémie pseudo-leucémique. Ils ne s'en distinguent qu'à l'au-
topsie par la présence de foyers myéloïdes dans la rate, le foie
ou les reins.
Les critères hématologiques sont en effet sujets à caution.
On considérait jadis le chiffre de 50 000 leucocytes par milli-
mètre cube, comme la limite entre la leucocytose et la leucémie.
A ce compte, notre observation avec son chiffre de 70 000 leu-
cocytes appartiendrait nettement à la leucémie. De simples
processus infectieux suffisent parfois pour produire une leuco-
cytose plus intense, et, dans le cours de la leucémie vraie, on
peut voir le chiffre des leucoyctes tomber au-dessous de 50000.
D'ailleurs le chiffre des leucocytes est beaucoup plus variable
chez le nourrisson que chez l'adulte et, chez un enfant au-dessous
de trois ans, le chiffre des leucocytes est habituellement de
10 000 et peut s'élever parfois à 30 000.
La présence dans le sang d'éléments anormaux de la série
myéloïde, tels que les myéloq/tes, a certainement plus de valeur,
et encore faut-il tenir compte, dans les premiers mois de la vie,
du retour plus fréquent que plus tard à l'état embryonnaire
des organes hématopoiétiques. Zelenski et Cybulski (1) en ont
fourni la preuve par l'apparition des myélocytes dans le sang
des nourrissons sous l'influence de causes diverses, telles que la
syphilis héréditaire (7 fois sur 15), la débilité congénitale (5 fois *
sur 6), la pneumonie (6 fois sur 16), les catarrhes intestinaux
(6 fois sur 19), etc. Quant au rachitisme, ils sont rares et peu
(1) Zelbnski etCYBi'LSKi, Jahrb. /. Kînderheilk,, 1904, t. LX. p. 884.
648 AD. d'espine et jeanneret
nombreux dans les formes légères; ils existent dans la moitié
des cas des formes graves; ils ne manquent jamais dans l'anémie
infantile pseudo-leucémique avec splénomégalie.
Siegert (1) a trouvé des myélocytes dans le sang de tous les
cas de rachitisme grave avec ramollissement des os qu'il a
examinés.
La proportion des myélocytes dans le sang a été donnée
comme un moyen de diagnostic. Au-dessous de 10 p. 100, il
s'agirait d'anémie pseudo-leucémique ; au-dessus de 10 p. 10().
le diagnostic de leucémie s'imposerait. On sait que, dans la leu-
cémie myélogène chronique de l'adulte, ce chiffre est élevé et
varie de 20 p. 100 à 79 p. 100.
A ce point de vue, notre observation fournit les chiffres les
plus élevés qui aient été observés dans l'anémie pseudo-leucé-
mique. Les myélocytes à granidations neutrophiles se sont
élevés à 12 p. 100 et les myélocytes jeunes à réaction basophile
à 24 p. 100, ce qui représente un total de 36 p. 100. A ce compte,
semblait-il, il ne pouvait y avoir de doute que nous avions
affaire à un cas de leucémie myéloïde atypique aiguë.
L'autopsie néanmoins a montré qu'il n'y avait pas de lésions
leucémiques proprement dites.
H ans Hirschfeld (2) a décrit sous le nom de leucémie myéloïde
atypique une forme en général infantile qui se distingue de la
leucémie classique par l'absence d'augmentation des éosino-
philes et des mastzeUen, par l'anémie extrême et la faible
augmentation de la rate, ainsi que par des diarrhées et des
processus ulcéreux dans la bouche.
Dans notre observation, il n'y avait rien de semblable. Les
éosinophiles étaient à certains moments nettement augmentés.
Ainsi ils atteignaient le 2 mai la proportion de 4 p. 100 et le
14 mai 3 p. 100, dont 2 p. 100 de polynucléaires et 1 p. 100 de
myélocytes éosinophiles.
D'ailleurs, les cas de leucémie aiguë myéloïde appartenant
à la première enfance sont si peu nombreux qu'il faut en
attendre de nouveaux avant de vouloir tracer d'une façon défi-
nitive le tableau de la maladie.
(1 ) Siegert, Rapport sur les anémies des enfant<i en bas âge {Jahrb.f. Kùiderheilk.,
1899, Bd. XLIX, p. 54).
(2) H. Hirschfeld, Usber acute Myéloïde LeukSkraie {Berl. klin. Woch., 19o:.
p. 772). — Cas de leucémie myéloïde aigu^ "• tz un garçon de six ans. Syphilis et
rachitisme. Durée de la maladie six semaines. Autopsie.
ANÉMIE PSBUDO-LEUGÉMIQUE INFANTILE 040
En comparant notre observation à un cas de leucémie aiguë
myélogène publié récemment à Genève par M"" Zilberlast,
chez un enfant de neuf mois, nous sommes frappés de la discor-
dance qui existe entre l'examen du sang et l'examen microsco-
pique du foie et delà rate. Le D^ Huguenin, qui les a examinés,
a trouvé un foie leucémique et une rate hyperplasique avec
leucémie myéloïde, lésions qui ont manqué dans notre obser-
vation. Et néanmoins les caractères leucémiques, à l'examen du
sang, étaient plus accentués dans notre cas que dans le cas
Zilberlast : 36 p. 100 de myélocytes au lieu de 25,7 p. 100,
4 p. 100 d'éosinophiles au lieu de 2,5 p. 100.
Les globules blancs ont varié dans le cas Zilberlast de 39 370
à 81 000 et dans le nôtre de 17 825 à 70 525, ce qui ne constitue
pas une grande différence.
Le contraste est encore plus saisissant dans une observation
d'anémie pseudo-leucémique infantile publiée par Lehndorff (1),
où le chiffre des leucocytes n'a pas dépassé 40 000 et a eu comme
minimum 15 600. Les myélocytes neutrophiles étaient comme
dans notre observation de 12 p. 100. Néanmoins, à l'autopsie,
l'auteur constata la présence de foyers myéloïdes dans le foie
et dans les reins.
Toute la différence est dans l'anatomie pathologique. Peut-
être pourra-t-elle donner la clef de la parenté entre l'anémie
pseudo-leucémique et la leucémie, que la clinique semble
imposer.
Le D' L.-G. Simon (2), qui a fait cette année un rapport sur
les anémies infantiles au Congrès d'Alger, touche cette question
en ces termes :
«La présence de nodules à structure myéloïde dans les organes
normalement dépourvus de tout tissu de ce genre ne prouve pas
nécessairement qu'on soit en présence de métastases, comme le
voudrait Ehrlich. Ménétrier et Aubertin (3) ont fait voir qu'ils
n'étaient souvent que des infarctus, des apoplexies dues à des
capillaires bourrés de leucocytes, et Dominici admet que,
(1) Lehndorff, Jahrb. /. Kinderheilk., 1904, p. 195.
(2) L.-0. Simon, JRev. mens, des mal. de V enfance, avril 1907.
(3) MiNÉTRiER et Aubertin, La leucémie myéloïde [Encyclopédie Léautè,
p. 109, 1906). — Enfant de quatre mois, 9 p. 100 de myélocytes. Pas d'autopsie.
GiNSBURG, Thèse de Zurich, 1905. — Enfant de deux ans et demi. Durée trois
mois. Autopsie.
Benjamin Sluka, Arbeiten aus der K, K. Universitats, Kindersklinik,
Vienne, 1907, 2« série, p. 257. — Enfant de seize mois. Durée trois mois. Autopsie.
Zilberlast, Thèse de Genève, 1907. Enfant de six mois. Durée trois mois. Autopsie.
(>50 AD. d'espink et jeaxneret
s'il y a prolifération, elle se fait sur place par une reviviscence»
du tissu myéloïde, qui persiste à l'état rudimentaire ou latent
en des points multiples de l'organisme. »
Dans notre observation, il n'y a pas de doute possible, il s'agit
d'anémie pseudo-leucémique et non de leucémie. M. le D' Hu-
guenin, ancien assistant à l'institut anatomo-pathologique dp
Genève, auquel nous avons soumis les pièces pour en faire un
examen microscopique, nous écrit à ce sujet :
1° Il n'y a dans la rate aucun indice de leucémie, mais on est
frappé par le développement excessif du tissu conjonctif, non
seulement autour des vaisseaux sanguins, mais aussi dans la
pulpe ;
2** Le foie est normal et en particulier ne présente aucun
foyer de leucocytose ou de leucémie ;
S** La moelle osseuse est caractérisée par l'absence absolue
de cellules graisseuses.
XXIV
LE RHUMATISME VISCÉRAL CHEZ LES ENFANTS
Par MM.
E. WEILL, et Lucien THÉVENOT,
Professeur de Clinique infantile Interne des Hôpitaux,
à l'Université de Lyon.
La fréquence des complications cardiaques dans le rhuma-
tisme articulaire des enfants est une notion clinique ancienne ;
la proportion serait de 80 p. 100 d'après Cadet de Gassicourt ;
Tun de nous a observé la péricardite dans 33 p. 100 des cas
de rhumatismes et l'endocardite dans 60 p. 100 des cas, au-
dessous de quinze ans. D'ailleurs Bouillaud avait déjà dit
que le cœur se comporte dans l'enfance vis-à-vis du rhumatisme
comme une véritable articulation ; mais les lois établies par
cet auteur avec assez de précision pour l'adulte sont inexactes
chez l'enfant. Roger a bien montré que le rhumatisme arti-
culaire aigu même très léger s'acompagne de manifestations
cardiaques graves ; Barbier, au XIII® Congrès de médecine
(Paris, 1900), négligeant de citer d'ailleurs les travaux anté-
rieurs de l'un de nous, insiste sur ce point qu'on observe ces
accidents au cours de rhumatismes peu accusés, subaigus,
traînants, ne s'accompagnant pas de gonflement ni de rou-
geur des jointures, mais se manifestant par des douleurs plus
ou moins accusées pendant des semaines, ou quelquefois par
un simple torticolis.
La terminaison fatale de ces endo-péricardites serait due,
pour la plupart des auteurs, à la péricardite elle-même ; pour-
tant l'un de nous, en collaboration avec M. Barjon {Arch,
méd. ex/?., 1895), a rapporté un cas où il n'existait pas de
péricardite, mais de la myocardite parenchymateuse très
accusée, lésion observée assez souvent, comme nous le mon-
trerons au cours de cette publication.
Nous estimons qu'on peut décrire chez l'enfant, à côté
du rhumatisme à localisations articulaires, aboutissant à la
péricardite ou à l'endocardite chronique, un type clinique
spécial, véritable rhumatisme viscéral ; nous relaterons d'abord
052 E. WEILL ET LUCIEN THÉVENOT.
3 observations typiques à ce point de vue, et nous en dégage-
rons ensuite les principaux caractères de cette forme morbide.
Observation L — C. Henriette, onze ans et demi. Entrée le 31 juil-
let 1906. Rien à noter chez ses parents ; elle a une sœur en bonne santé.
Enfance normale ; varicelle, puis coqueluche à quatre ans ; rougeole
à cinq ans ; elle aurait présenté à neuf ans une nouvelle rougeole.
Légère atteinte de rhumatisme poly articulaire, en 1904, à l'âge de
neuf ans et demi ; les douleurs auraient duré dix jours. Bonne santé
dans la suite. Le 20 juillet 1906, apparition d'un point de côté au niveau
du cœur, et dyspnée depuis le 23.
A l'entrée : dyspnée, un peu de toux, douleur précordiale. Aucune
douleur articulaire, pas de gonflement, pas d'œdômes. A l'examen du
cœur, la pointe estdifflcile à localiser; au palper de la région mésocardiaque,
on perçoit un double frémissement présystolique et diastolique ; à l'aus-
cultation de la pointe, souffle rude, râpeux, aux deux temps; le souffle
systolique se propage dans le dos ; rien à la base. Pouls rapide, régulier.
142 pulsations à la minute. Rien aux poumons ni aux autres viscères.
Le 11 août, la pointe est notée dans le sixième espace, sur la ligne mame-
lonnaire ; mêmes signes cardiaques ; le second bruit au foyer pulmonaire
est dangereux, parcheminé et fait penser à une péricardite. La tempéra-
ture, d'abord à 38^,4, est tombée peu à peu à 37^4, puis est remontée à
380,2. Du 13 au 19, la fièvre s'élève tous les soirs jusqu'à 39<>; apparition
d'un point de côté au niveau de Thypocondre droit ; la limite supérieure
du foie paraît plus élevée.
La température est devenue ensuite normale du 23 août au 10 septembre
avec amélioration considérable de tous les signes; on note, le 3 septembre,
que le cœur est calme, régulier, le frémissement moins net ; le deuxième
bruit est normal. Pourtant, dans le deuxième espace gauche, le second bruit
est parfois couvert par un souffle dont l'origine parait être péricardique.
Du 12 au 16 septembre, ascension thermique jusqu'à 39^,8, due à une
angine à points blancs et à des douleurs vagues dans les jambes et le
coude droit sans tuméfaction.
Le 20 octobre, la radioscopie montre un gros cœur qui suit les mouve-
ments du diaphragme. Du 16 septembre au 9 novembre, température nor-
male ; pourtant, à trois reprises, elle tend à s'élever, atteint 37**,9 et même
38°,2 pendant deux jours. Le 9 novembre, on constate toujours un gros
souffle systolique ; mais, en outre, dans la région xyphoïdienne, il existe un
double souffle à rythme de va-et-vient, augmentant par la pression.
A partir du 11, élévation thermique jusqu'à 39^,8, puis oscillations
entre 39°,2 et 39°,8 ; le 16, on constate de la pâleur ; anorexie et même
vomissements alimentaires ; au genou gauche, légère douleur dans les
mouvements provoqués, sans rougeur ni gonflement. Légère dyspnée,
avec, par moments, accès d'oppression; à la base droite, on constate de la
matité avec obscurité et léger ballottement. Cœur rapide, régulier; 140 pul-
sations à la minute, sans modifications des signes.
Le 20 novembre, l'enfant est toujours très pâle, anxieuse, sujette aux
défaillances. Pas de cyanose, pas d'œdèmes. L'oppression persiste avec
crises de dyspnée sans cyanose durant une demi-heure environ. Signes de
congestion légère de la base droite. La température s'abaisse à 38®. Dans
la soirée, l'enfant tombe dans un demi-coma, le cœur s'accélère tout en
restant régulier, les extrémités se refroidissent et la mort survient.
Autopsie. — A gauche, épanchement pleural de liquide citrin (300 gr.);
poumon congestionné avec par place zones brun foncé comme dans le
LE RHUMATISME VISCÉIIAL CHEZ LES ENFANTS. 653
poumon cardiaque. A droite symphyse pleurale presque totale; poumon
petit avec base très congestionnée. Gros cœur de 400 grammes. Le péri-
carde a un aspect chagriné; par places, symphyse péricardique ; myo-
carde en partie décoloré.
Insuffisance mitrale très marquée, rétrécissement moins prononcé ; la
grande valve de la mitrale est] épaissie, rigide, et donne au toucher une
sensation presque métalliqfue. Les autres orifices sont sains.
Œdème cérébral et congestion des méninges. Foie glacé, gros ; à la
coupe, aspect de foie cardiaque. Rate un peu grosse congestionnée. Reins
un peu gros ; la capsule se décortique aisément.
Examen histologique du myocarde, — La coupe de la paroi du ventricule
montre une couche épaisse de fibrine à la surface du péricarde ; les
fibres musculaires, vues suivant leur longueur, sont minces, en lanières,
avec multiplication des noyaux ; le fuseau protoplasmique central est
très large et très granuleux ; les champs de Gonheim montrent une série
de vacuoles. Immédiatement au-dessous du péricarde, les fibres cardiaques
sont écartées les unes des autres par du tissu conjonctif déjà un peu
organisé, avec multiplication nette des capillaires.
Observation IL — C... Eugénie, douze ans ; entrée salle Saint-Fer-
dinand le 25 mars 1907. Parents bien portants ; ont eu quatre enfants,
dont un est mort à quinze jours d'affection inconnue. Rien à noter pen-
dant l'enfance de la malade. En novembre 1906, elle aurait eu une érup-
tion d'urticaire.
Au mois de décembre 1906, elle présenta pendant quinze jours des
malaises généraux avec fièvre et douleurs vagues dans les articulations
des bras ; elle aurait gardé le lit pendant cette période. Depuis, elle ne
présentait aucun trouble morbide, ni aucune poussée rhumatismale
vers le 10 mars, apparut de la dyspnée.
A l'entrée, l'enfant était très dyspnéique; on comptait 70 respirations
par minute ; un peu de jeu des ailes du nez.
La pointe du cœur est difficile à localiser; on sent, dans le quatrième
espace, un centre de battements; mais, en dehors et au-dessous, il existe
une large zone mate et douloureuse, au niveau de laquelle la main perçoit
des frottements systoliques. A l'auscultation, frottements péricardiques
très nets dans la région de la pointe et au foyer tricuspidien, avec souffle
systolique se propageant dans l'aisselle. Pulsations énergiques des vaisseaux
du cou, pouls rapide à 120, régulier. Du côté des poumons : matité de la
base gauche et souffle expira toire intense jusqu'à l'angle inférieur de
l'omoplate ; abolition des vibrations à l'extrême base sans égophonie.
Petit foyer de râles fins au niveau de l'angle inférieur de l'omoplate.
Base droite submate. Expectoration mousseuse, blanche, peu abondante
pendant la première nuit ; épistaxis légère. Foie un peu gros et doulou-
reux. Pas de vomissements, pas de troubles de la déglutition ni de hoquet.
Léger œdème des malléoles ; aucun gonflement articulaire, aucune dou-
leur dans les mouvements des membres. En somme, orthopnée avec
angoisse, douleurs lancinantes et continuelles au niveau du cœur, batte-
ments forts et rapides, un peu d'agitation.
Comme traitement, on fait une piqûre de caféine, des inhalations
d'oxygène et des injections de sahcylate de soude (1 à 2k'*,50). Le 27, on
sent la pointe dans le sixième espace ; on note les mêmes signes avec pro-
pagation du souffle dans le dos ; matité et abolition des vibrations aux
deux bases. L'enfant a présenté dans la nuit une expectoration albumineuse
nette et abondante.
054 E. WEILL ET LUCIEN THÉVENOT
La température oscille entre 38o,9et39o,6. Le 29, amélioration subjective;
le pouls est à 136, la respiration à 58.
Dans la nuit du 30 au 31, agitation; Tenfant se jette à droite, à gauche,
se tient souvent penchée en avant ; elle se plaint d'avoir faim. La figure
est très pâle, la dyspnée vive. Chute progressive de la température:
38",5 le 29, 38o et 37o,9 l3 30.
Le 31 à midi, Tagitation augmente encore ; l'enfant n'accuse aucune
douleur, ne présente ni cyanose ni œdèmes; les mains deviennent glacées;
la cyanose apparaît et la malade meurt.
Voici les injections de salicylate de soude pratiquées :
Le 26 mars, 0«%50 ;
Le 27 mars, 1 gramme;
Les 28, 29, 30 et 31 mars, 2«^50.
L'enfant n'avait pas d'albumine dans les urines.
Autopsie. — Gros cœur pesant 430 grammes ; péricarde contenant
50 grammes environ de liquide citrin ; feuillet pariétal épais de 2 milli-
mètres environ ; feuillet viscéral couvert d'un dépôt ftbrineux abondant.
Au niveau de la mitrale, végétations de date relativement ancienne,
occupant le bord des valves, la zone sous-jacente étant déjà détruite;
sur les orifices aortique et tricuspidien, petites végétations plus jeunes
n'occupant pas l'extrémité libre de la valvule. Rien à la tricuspide. Orific*
mitral insuffisant, orifice aortique suffisant.
Foie cardiaque, gros ; aspect muscade typique.
Rate petite.
Poumons : pas d'épanchement notable ; congestion des deux côtés; la
base gauche présente un parenchyme densiflé avec de petits grains, mais
qui flotte sur l'eau. Reins un peu congestionnés, se décortiquant bien.
Examen histologique du myocarde. — Couches de fibrine multiples et
très épaisses sur le bord de la coupe ; les fibres myocardiques sous-jacentes
sont altérées ; la striation transversale a disparu en beaucoup de points;
les fibres myocardiques sont étirées avec des noyaux très abondants et
volumineux; vacuoles multiples dans les champs de Conheim ; sous le
péricarde, entre les faiceaux musculaires, il existe un peu de tissu con-
jonctif embryonnaire.
Observation II I. — L...,Afaric,neufans, entrée le 6 décembre 1906 salle
Saint-Ferdinand. Rien à noter chez les parents, pas de rhumatisme;
la mère a eu deux fausses couches ; deux enfants morts, l'un à un an
d'affection inconnue, l'autre à six ans de méningite ; deux enfants vivants.
La petite malade a présenté une enfance normale. A l'âge de quatre ans,
séjour à la Charité pour des douleurs qui ne furent pas nettement arti-
culaires, et contre lesquelles on ne fit qu'un traitement local. Rougeole
à cinq ans.
Au début de novembre 1906, douleurs diffuses le long des membres
inférieurs, surtout marquées aux chevilles, puis aux cuisses ; fièvre
probable par périodes. L'enfant ne s'est jamais alitée. Depuis le 15 no-
vembre, apparition de la dyspnée avec point de côté gauche.
A son entrée, la malade se plaint encore de douleurs vagues dans les
poignets, les coudes, les épaules et les genoux ; mais on ne constate ni
rougeur ni gonflement, et les mouvements provoqués sont à peu près indo-
lores. Au cœur, la pointe paraît être dans le cinquième espace, un peu en
dehors de la ligne mamelonnaire ; léger frémissement après le choc de la
pointe. Souffle systolique intense à ce niveau, avec propagation dans
l'aisselle et le dos. Au foyer tricuspidien, mouvement de va-etvient,
LE RHUMATISME VISCÉRAL CHEZ LES ENFANTS (k)0
frottements péricardiques surtout nets dans l'expiration ; dans la région
mésocardiaque, éclat du deuxième bruit.
Pouls normal, régulier, 120 pulsations à la minute.
Foie dépasse d'un travers de doigt le rebord costal ; il est douloureux
au palper.
Rate normale. Rien aux poumons.
Aucun trouble digestif. Aucun œdème des jambes.
L'enfant pâlit dans la position assise et prendrait une syncope si on
ne la couchait pas. Pas de fièvre, pas d'albumine.
Gros cœur à l'examen radioscopique le 7.
Le 8 décembre, on commence les injections de salicylate de soude
{Q^^SO le 8, 1 gramme le 9, ljr',50lel0, 2 grammes le 11, 2k',50 le 12,
3 grammes le 13, 3k%50 le 14, 4 grammes par jour du 15 au 20).
Le 20, on constate que le salicylate est bien toléré ; l'enfant n'accuse
plus aucun malaise, le frottement péricardique a presque disparu, le
souffle systolique est toujours intense, pourtant on ne l'entend pas dans
le dos. Température assez régulière, atteint pourtant parfois 38**, 1 le soir.
Le 21, gros disque d'albumine qui disparut le lendemain.
Du 22 au 26, la courbe thermique s'élève jusqu'à 38^6; en même temps,
apparition aux deux mains, sur le front et dans les cheveux, de nodules
de Meynet en grande abondance, qui disparurent presque tous du 26 au
29 décembre.
Le 3 janvier, poussée thermique due à de la grippe ; défervescence le 5 ;
du 6 au 15, la température se maintient à 38^5 sans troubles fonctionnels,
ni douleurs, ni palpitations, ni oppression, ni toux. Du 16 au 28, tempé-
rature irrégulière, subfébrile, ne dépassant pas 38o,2.
Depuis le •28,1a température oscille entre 38 et 39°, anorexie, tristesse;
accélération des battements cardiaques. Pointe dans le sixième espace,
à 2 centimètres de la ligne mamelonnaire ; frémissement systolique très
net, souffle systolique intense; rythme de galop au foyer tricuspidien.
152 pulsations et 44 respirations à la minute. Pas d'œdème prétibial.
On devine encore quelques nodules de Meynet sur les doigts.
Le 31 janvier, on reprend les injections de salicylate (0»%50) ; appa-
rition de nausées. Le l^' février, on injecte 1 gramme ; le 2, 2 grammes;
immédiatement après l'injection, sensation de picotement à la gorge et
vomissements abondants; le 3, une injection de 2 grammes est suivie des
mêmes accidents ; pas de vertiges, pas de bourdonnements. Pas de flèvre.
Cœur très rapide, 160 pulsations régulières et 84 respirations par minute.
Enfant très pâle ; foie dépasse le rebord costal de la largeur de la main. Pas
d'œdème des jambes.
Le 4 février, hémoptysie légère. Le 5, 3 hémoptysies, dont une d'environ
50 grammes, formée de sang rouge, non aéré, mêlé de traînées noirâtres.
Un peu d'obscurité de la base droite, mais pas de râles au moment de
l'hémoptysie.
Pouls à 133, respiration à 60. Le 5, on reprend le traitement par le
salicylate ; 2 grammes le 5, 4 grammes du 5 au 10 février.
A partir du 5, les hémoptysies et les vomissements ont cessé; mais la
température s'élève chaque soir à 38^,2 et même le 8 jusqu'à 39o,4.
Le 10, agitation plus vive, cyanose des lèvres, petite toux sèche ; le
soir, pendant une demi-heure, expectoration spumeuse et, à la fin, légè-
rement rosée. Pendant la nuit, douleurs abdominales.
Le 11, orthopnée, extrémités froides, cyanose des lèvres et des ongles,
mort lente en pleine connaissance ; aucun œdème des jambes.
Autopsie, — Cœur volumineux; péricarde contient 60 grammes de
050 E. WEILL ET LUCIEN THÉVENOT
liquide citrin ; au niveau de la base du cœur, le feuillet viscéral du péricarde
est rugueux, chagriné sur la face antérieure, attestant une péricardite
récente. Orifice mitral large, valvules rétractées à bords épaissis, présen-
tant quelques végétations, en particulier sur la face mitrale de la grande
valve.
Rien aux autres orifices.
Le myocarde est moins résistant et plus pâle au niveau de la base du
ventricule gauche.
Poumons : le gauche est très congestionné et de coloration foncée; à la
pression, liquide spumeux, rougeâtre, pas de zone hépatisée. A droite. U
congestion est beaucoup moins étendue et n'occupe que la moitié infé-
rieure du poumon avec les mêmes caractères ; par endroits cependant le
tissu pulmonaire parait plus dense et se rapproche davantage de l'indu-
ration brune du poumon cardiaque.
Foie volumineux ayant par places les caractères du foie cardiaque.
Rate congestionnée.
Reins : congestion de la zone médullaire.
Cerveau : un peu de congestion diffuse au niveau des méninges, sans
œdème.
Examen histologique du myocarde. — Couche fibrineuse épaisse au ni-
veau du péricarde ; au-dessous, couche cellulo -adipeuse extrêmemenl
développée, très visible à Tœil nu sur la coupe. Fibres myocardiques
vacuolaires avec multiplication des noyaux ; vacuoles multiples sur les
coupes transversales.
Pas de lésions interstitielles.
L'examen de ces observations révèle l'existence chez l'enfant
d'une forme spéciale de rhumatisme, le rhumatisme viscéral
progressif, constituant l'unique localisation ou du moins la
localisation prédominante du rhumatisme, à l'exclusion à
peu près complète des arthropathies.
Son début est très insidieux ; parfois il est marqué seule-
ment par des douleurs vagues le long des membres, lesquelles
sont qualifiées de douleurs de croissance ; ou bien ce sont
des douleurs articulaires sans gonflement ni rougeur, si
légères que les enfants ne s'alitent même pas. En tout cas, ce
ne sont pas les rhumatismes polyarticulaires francs, géné-
ralisés, avec arthrites manifestes, que l'on rencontre à rori-
gine de la forme que nous avons en vue. Cette première
atteinte ne récidive pas, et c'est seulement un mois, trois mois,
ou plusieurs années après, qu'apparaît un point de côté dans
la région précordiale et un peu de dyspnée ; il n'existe aucun
autre malaise au moment où les enfants sont envoyés à l'hô-
pital. On constate à l'examen du cœur, à côté de lésions mitrales
qui sont à peu près constantes, l'existence de frottements
péricardiques ; le volume du cœur est notablement augmenté ;
le foie est hypertrophié ; on n'observe jamais de cyanose
LE RHUMATISME VISCÉRAL CHEZ LES ENFANTS 637
ni d'œdème prétibial. Du côté des articulations, il n'existe
aucun symptôme d'arthrite.
La température n'est pas très élevée, en général, entre
38 et 38o,5.
Sous l'influence du repos au lit, d'applications de glace
et du traitement au salicylate ou à l'aspirine, les palpitations
disparaissent, ainsi que la dyspnée, et, à partir de ce moment,
l'enfant, paraît absolument guérie ; elle a bon appétit, s'amuse
avec ses camarades et ne se soucie plus des accidents anté-
rieurs. Mais, si l'on suit la courbe thermique, on constate que
la température ne se maintient pas à 37^,2 ou 37^,4 ; parfois
on la voit s'élever pendant trois ou quatre jours à 37<^,8 ou
à 38^^, et ce symptôme à lui seul permet de porter un pronostic
très réservé.
Quelquefois l'enfant présente de l'anorexie, de la pâleur,
se sent malade et doit s'aliter pendant une ou deux semaines ;
la température monte jusqu'à 38*^,5, quelquefois plus ; puis
cette petite poussée guérit comme la première, et tout paraît
rentrer dans l'ordre.
Dans certains cas, des accidents plus graves montrent que
les lésions poursuivent insidieusement leur évolution ; il
s'agit assez souvent d'hémoptysies dues à des congestions
passagères sans signes d'auscultation ; parfois d'accidents
rares, comme les nodules de Meynet observés dans un de nos cas.
L'affection traîne ainsi presque sans symptômes pendant
trois ou quatre mois, rarement plus de six.
L'évolution est fatale : la mort survient insidieusement ;
pendant deux ou trois jours, l'enfant perd l'appétit, devient
très pâle, la dyspnée apparaît, le plus souvent légère ; le pouls
faiblit et s'accélère, puis devient incomptable, et la malade
meurt sans aucun oedème, sans asystolie, en pleine connais-
sance.
Donc le type clinique que nous décrivons se caractérise :
a. Par l'absence presque complète d'accidents articulaires
au début ;
b. Par des lésions cardiaques et surtout péricardiques à marche
très insidieuse, mais pourtant continue et progressive ;
c. Par des fluxions viscérales, pulmonaires en particulier ;
d. Par une évolution fatale, la mort survenant au milieu
du syndrome que l'un de nous a décrit comme caractéristique
de la myocarditejparenchymateuse.
Arcm. de médec. des enfants, 1907. X. — 4'^
068 E. WEILL ET LUCIEN THÉVKNOT
A Tautopsie, on constate l'existence d'un peu de liquide
pêricardique, de Tépaississement des feuillets pérîcardiques,
un cœur très gros, pesant 400 grammes en moyenne. Du côté
des orifices, lésions généralement anciennes de la mitrale.
Le myocarde est un peu mou et pâle par places ; Texamen
microscopique qui a été pratiqué dans nos trois cas montm
l'existence de lésions constantes : les noyaux des fibres mus-
culaires sont beaucoup plus nombreux que sur un myocarde
normal ; les fibres cardiaques, coupées en travers, sont percées
de vacuoles multiples ; vues suivant leur longueur, elles
présentent des zones troubles, mal colorées, avec amincisse-
ment de la fibre, parfois découpée en lanières ou même rom-
pue, et des espaces clair^ rappelant l'aspect d'un cheveu.
Le tissu conjonctif interstitiel ne paraît pas hyperplaûé,
sauf dans la zone immédiatement sous-jacente au péricarde.
Du côté des poumons, on trouve quelquefois un peu d'épan-
chement pleurétique ; presque toujours il existe des zones
congestionnées ; par places, le tissu est densifié, un peu bru-
nâtre, mais flotte sur l'eau.
Le foie est souvent hypertrophié et montre l'aspect du
foie cardiaque.
On ne note pas d'autres lésions viscérales notables.
En somme, les lésions traduisent l'action continue du rhu-
matisme qui frappe l'endocarde, le péricarde, le myocarde,
les plèvres, parfois le tissu pulmonaire, où il suscite des conges-
tions passagères. Il est intéressant d'opposer à ces altérations
si grossières le peu de part que prennent les jointures au pro-
cessus et aussi le caractère discret des réactions générales.
La température est peu fébrile, mais néanmoins anormale.
En dehors de rares poussées thermiques d'une certaine inten-
sité, le thermomètre indique 37*^,8, 38^, et même révèle des
degrés moins élevés. Sur certaines parties, le tracé rappelle
celui d'une tuberculose latente.
En même temps l'état général est bon, et, en faisant ab-
straction des troubles mécaniques de la circulation, dyspnée
d'effort, palpitations, quand le patient est au repos, il ne donne
pas l'impression d'un sujet profondément touché et grave-
ment menacé. Et cependant rien ne doit éveiller plus de préoc-
cupations que ce cœur, augmenté de volume, frottant et
soufflant, tout en gardant son rythme normal, quand
la température présente fréquemment des poussées, même
LE RHUMATISME VISCÉRAL CHEZ LES ENFANTS 659
légères, à 37^,8 et SS^'. Elle est l'indice de l'action con-
tinue de l'infection qui, ayant pris contact avec les séreuses
thoraciqnes, ne les abandonne plus jusqu'à la terminaison;
celle-ci est toujours assez rapide et se présente toujours, d'une
façon inattendue, quand on n'est pas prévenu. Ce n'est pas
par le mécanisme d'un syndrome asystolique proprement
dit qu'elle tend à se produire. i
La circulation périphérique tient bon. Il n'y a ni œdèmes
ni arythmie ; seules existent de bonne heure des congestions
viscérales, hépatique et rénale, dont l'origine asystolique
pure pourrait prêter à discussion. Le tableau final est con-
stant. L'enfant est pâle, légèrement angoissé, se refroidit
et tombe en coUapsus, son pouls restant régulier jusqu'à la
fin. C'est le syndrome que l'un de nous a attribué à la myocar-
dite parenchymateuse. Quoi qu'il en soit, le pronostic est
presque toujours fatal, et la mort survient au bout de quelques
semaines ou de quelques mois.
Il existe donc une forme de rhumatisme viscéral malin,
à m€U*che continue, quoique discrète dans ses manifestations
générales, et qui semble non seulement indépendante des
arthropathies, mais presque incompatible avec celles-ci.
Cette forme est presque spéciale à l'enfance et représente
assez bien, au point de vue de sa signification générale, l'équi-
valent de la syphilis héréditaire comparée à la syphilis acquise.
Ce n'est là qu'un simple rapprochement et non une assimi-
lation. Toutefois le rhumatisme infantile est souvent héré-
ditaire, dans une proportion bien plus considérable que le
rhumatisme de l'adulte ; mais il suffit de signaler ce point de
vue purement hypothétique, qui n'a d'autre portée que celle
de bien dégager la note si originale du rhumatisme viscéral
malin chez les enfants.
L'un de nous a cru cependant pouvoir s'autoriser de ces
considérations générales pour faire un essai thérapeutique
différent du traitement classique.
Le professeur Bouchard a imaginé de combattre certaines
arthropathies rhumatismales par des injections sous-cutanées,
loco dolenti, de doses faibles de salicylate de soude (0^^,06
à 0^',10) et a obtenu ainsi des résultats très intéressants. Se
plaçant à un point de vue différent, l'un de nous a pensé com-
battre plus efficacement l'infection rhumatismale au moyen
d'injections sous-cutanées de salicylate à haute dose. Une
060 E. WEILL ET LUCIEN THÉVENOT
expérience acquise peu à peu a démontré que, en dissolvant le
salicylate de soude dans deux fois son volume d'eau, on pou-
vait injecter facilement 2, 3 et même 4 grammes, au même
point, sans grande douleur, sans réaction locale et sans phé-
nomènes de retentissement à. distance. Le salicylate en injec-
tion sous-cutanée est même mieux toléré que par ingestion.
Malheureusement, les résultats cliniques n'ont pas été plus
heureux qu'avec les médications habituelles pour la forme
de rhumatisme que nous avons essayé d'esquisser.
I
t
XXV
TROUBLES DU RYTHME RESPIRATOIRE
D'ORIGINE NERVEUSE
AU COURS DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE CHEZ l'eNFANT
Par
M. p. NOBÉCOURT, et Mon TIXIER,
Professeur agrégé Préparateur
k la Faculté de médecine.
Il est assez fréquent d'observer chez l'enfant, au cours de
la fièvre typhoïde, des phénomènes cérébro-spinaux. Tous les
symptômes de la méningite peuvent s'observer, quelles que
soient d'ailleurs les modifications anatomiques subies par les
méninges, modifications qui vont de la congestion avec exsu-
dation séreuse à la suppuration. Le plus habituellement, ce
sont ceux de la méningite aiguë cérébro-spinale combinés
de façons diverses : convulsions, raideur de la nuque et des
membres, signe de Kernig, torpeur, délire, vomissements,
constipation, hyperesthésie cutanée, irrégularités du pouls et
de la respiration, etc. (1).
D'une façon générale, les troubles que présente le rythme
respiratoire n'ont qu'une importance très minime au milieu des
autres symptômes beaucoup plus accentués et bruyants.
Parfois la respiration devient inégale, suspirieuse, comme
l'avaient déjà noté Rilliet et Barthez (2) à titre tout à fait
exceptionnel. Rarement ses modifications deviennent plus
manifestes et attirent spécialement l'attention. Nous n'avons
rencontré que deux faits de ce genre sur un nombre assez
grand de fièvres typhoïdes soignées chez l'enfant. Voici les
(1) Fritz, Étude clinique des symptômes spinaux observés dans la flèTre
typhoïde ( Thèse de Paris, 1863).
Dabout, Formes méningi tiques de la fièvre typhoïde (Thèse de Paris, 1901).
CucBEROUSSBT, De la fièvre typhoïde chez l'enfant {Thèse de Paris, 1902).
MoizARD et Grenet, La forme cérébro-spinale de la fièvre typhoïde {ArcKde
méd, des Enfants, VI, n» 1, p. 1, 1903).
Méry, in Traité des maladies de Venfance, 2« édition, t. 1, 1904, p. 500.
(2) Rilliet et Barthez, Traité des maladies des enfants, 2® édition, 1858, II,
p. 686.
I .««•la
■'1
Al
602 p. NOBÉCOURT ET LÉON TIXIEH
observations de ces deux malades recueillies à l'hospice des
Enfants- Assistés, dans le service du professeur Hutinel.
1
Observation I.
Germaine Z)..., née le 31 décembre 1901, entre le 10 septembre 190$,
à l'hôpital, se plaignant depuis deux jours de céphalée et de douleurs
abdominales. La température est de 40*,6 ; le pouls, r^ulier, légèrement
dicrote, est à SO. Etant donné Tétat intestinal (quatre selles jaune
verdâtre) joint à l'abattement de la petite malade, on pense au début
d'une dothiénentérie.
Le 12 septembre (septième jour de la maladie), le diagnostic est
confirmé par l'apparition d'une dizaine de taches rosées lenticulaires au
Fig. 1.
niveau de l'abdomen et par le séro-diagnostic positif à 1 p. 100. Du
43 au 16 septembre t alors que la prostration était assez peu prononcée
durant les deux premiers jours, les phénomènes de dépression s'accentuent
notablement, la petite malade est dans un état de somnolence extrême,
les questions les plus pressantes arrivent difficilement à fixer son atten-
tion ; pendant la nuit, on note un léger délire ; pendant le jour, le faciès
et l'attitude sont assez semblables à ceux d'un enfant atteint de
méningite tuberculeuse (indifférence, torpeur, décubitus latéral en chien
de fusil, photophobie). La respiration est irrégulière^ suspirîeuse^ rappe-
lant un peu le rythme de Cheyne-Stokes avec ses inspirations (Tamplitudi
régulièrement croissante, puis décroissantSy et sa période intercalaire d'apnée
de quelques secondes. Le nombre des inspirations est sensiblement marnai
(18 à 22 à la minute). Le pouls est inégal; il oscille entre 132 et 138 pulsa-
tions à la minute. Il n'existe ni vomissements, ni strabisme, ni raideur de
la nuque. Le signe de Kemig est négatif ; il n'y a pas de diarrhée ; au con-
traire, la constipation est assez marquée. On ne note rien de particulier
à l'examen des différents appareils, en dehors des symptômes que Ton
a coutume d'observer au cours d'une fièvre typhoïde normale ; on
«ntend quelques râles de bronchite disséminés dans toute la hauteur
«des deux poumons ; les battements du cœur sont accélérés, mais bien frap-
TKOUBLES DU RYTHME HESPinATOlRE D'ORIGINE NERVEUSE 063
pés. Les urines ne renferment ni sucre ni quantités d'albumine dosables.
Du 16 au 19 septembre, les troubles du rythme respiratoire ne subissent
aucune modification, La dissociation entre le pouls qui s'accélère (140 à
146 pulsations) et la température qui tend à baisser (SS^^^S) s'accuse
«ncore davantage ; néanmoins^ les symptômes généraux s'atténuent ;
la langue est moins sèche, la quantité des urines plus abondante, la pro-
stration est un peu moins marquée.
Le 20 septembre, bien que la température soit tombée à la normale
(37%2),le pouls est encore rapide (124), inégal, irrégulier; la respiration est
encore plus irrégulière, aussi bien comme rythme que comme amplitude :
on compte ile 12 à 19 inspirations à la minute, et cela à quelques instants
d'intervalle ; des inspirations superficielles succèdent, sans aucun ordre, à
des inspirations profondes, dont certaines remarquables par leur durée,
sont immédiatement précédées d'une période d^apnée de huit à dix secondes.
Bien que le délire nocturne ait complètement disparu et que l'obnubila-
tion soit moins accusée, la petite malade demeure encore assez indifférente
à ce qui l'entoure ; les questions ont besoin d'être pressantes pour qu'elle
y prête attention. Le faciès et l'attitude méningitiques ont disparu, et les
réflexes rotuliens, qui étaient abolis au début, sont seulement un peu plus
faibles que normalement.
Du 20 au 25 septembre, la température se maintient entre 36*"^ et
37^5 ; le pouls tombe progressivement de 120 à 92 ; 2a respiration est
meilleure, quoique toujours un peu ir régulière, suspirieuse ; au point de
vue psychique, l'enfant ne peut encore être considérée comme normale,
puisqu'elle ne reconnaît pas ses parents.
A partir du 28 septembre, les symptômes psychiques, circulatoires et respi-
ratoires s'atténuent pour disparaître complètement. La convalescence
s'effectue rapidement et la petite malade quitte l'hôpital le 18 octobre 1906,
ne présentant aucun reliquat de l'atteinte de ses centres nerveux.
Ponctions lombaires. — Première ponction lombaire le 16 sep-
tembre 1906. — On retire 10 centimètres cubes de liquide céphalo-rachidien
s'écoulant en jet sous une forte pression ; il contient une quantité d'albu*
mine légèrement supérieure à la normale ; l'examen histologique du culot
de centrifugation met en évidence une réaction leucocytaire modérée ,
mais très nette (une dizaine de lymphocytes par champ d'immersion).
L'ensemencement sur tubes de bouillon est demeuré négatif.
Deuxième ponction lombaire le 23 septembre 1906. — L'hypertension
est beaucoup moins accusée que lors de la première ponction ; la quantité
d^albumine est encore un peu plus importante que normalement. La
réaction cellulaire a complètement disparu. L'ensemencement est négatif*
Observation IL
Paul />..., né le 17 juillet 1900, entre le 18 septembre 1906 à l'hôpital.
Depuis deux jours, il se plaint de maux de tête ; il a eu des selles jaunes
liquides. La température est de 39'',2, le pouls est à 108, réguher, non di-
cro te. Le diagnostic de dothiénentérie est probable, étant donné la fièvre et
l'état de prostration profonde du petit malade, qui coïncident avec les
symptômes suivants : ventre un peu ballonné, gargouillement dans la
fosse iliaque droite, augmentation nette du volume de la rate, râles de
bronchite disséminés, langue trémulante, saburrale au centre, rosée sur
les bords, etc.
L'obnubilation diurne et le subdélire nocturne sont beaucoup plus
accentués qu'au cours d'une fièvre typhoïde normale ; ils sont aussi
004
p. NOBÉGOUUT ET LÉON TIXIEll
prononcés que chez la sœur de cet enfant, soignée dans la même salle et
qui fait l'objet de notre première observation. Les troubles du rythme respi-
ratoire sont également très marqués ; ils sont extrêmement variables, non
seulement à chaque examen, mais encore dans le courant d'un même exeunen :
tantôt le rythme de Cheyne-Stokes s^ observe dans toute sa pureté avec «a
période d'apnée et ses phases d* inspirations progressivement croissantes puis
décroissantes, tantôt on note une période d apnée de quatre à douze secondes
suivie soit d* inspirations courtes et superficielles, soit au contrairedune inspi-
ration extrêmement profonde, suivie elle-même d inspirations irrégulières
comme amplitude. Le nombre des inspirations par minute n'est pas
augmenté : 16 à 22; il est a^sez difficile de les compter exactement à cause
de leur grande irrégularité.
Il n'existe aucun signe net de réaction méningée ; il n'y a pas de décubitus
Dat
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13
29
1^
30
15
2?51s;3?S5?C3-5
1
16
17
18
19
20
6
21
7
^JL^-^.
Pirr 2
latéral en'chien'de fusil, pas de raideur de la nuque> pas de signe de
Kernig, pas de vomissements, etc.
Du 19 au 23 septembre, la température, après avoir atteint 39«,3
le 20, descend rapidement à 36'', 9 le 23. L'état intestinal est satisfaisant;
on obtient une selle chaque jour après un lavage ; il n'existe aucune com-
plication pulmonaire, cardiaque ou rénale.
Bien qu'il n'existe aucun symptôme clinique de complications méniû-
gées, la prostration s'accuse davantage, l'enfant ne reconnaît pas son père :
le pouls oscille entre 96 et 76 pulsations, il est inégal ; la respiration est
encore plus irrégulière que les fours précédents avec ses différences de rythme
et d amplitude variant d'un instant à Vautre, Les périodes d apnée et its
grandes inspirations se succèdent à intervalles inégaux.
Du 24 au 29 septembre, les troubles psychiques s'amendent et les
troubles respiratoires s'atténuent progressivement ; l'enfant est davantage
présent et reconnaît maintenant les personnes qui viennent le voir.
D'ailleurs les symptômes habituels de la convalescence se manifestent :
la température se maintient au-dessous de 37° ; l'enfant demande de la
nourriture ; la quantité des urines augmente notablement, le faciès est
beaucoup plus animé. Le pouls se régularise progressivement ; quant à ta
respiration, on note encore de temps à autre une inspiration profonde pré-
cédée d'une très courte période d'apnée.
Le 29 septembre, les symptômes ont complètement disparu, et, le
18 octobre 1906, l'enfant est emmené par ses parents pour achever sa
TROUBLES DU UYTHME RESPIllATOIRE d'OHIGINE NERVEUSE 665
convalescence à la campagne. Il ne présente aucun reliquat appréciable.
Ponction lombaire. — Elle est pratiquée le 19 septembre. Elle donne
issue à 6 centimètres cubes d'un liquide céphalo-rachidien s'écoulant
sans hypertension. L'ensemencement demeura négatif ; l'examen du
culot de centrifugation ne décela pas la moindre trace de réaction
cellulaire.
Renseignements fournis par le père des enfants. — Les enfants
avaient été mis en dépôt à l'Assistance publique pendant que la mère
était soignée à l'hôpital Saint-Antoine pour une dothiénentérie. Cette
femme, âgée de vingt-huit ans, avait présenté pendant une huitaine de
jours, du 1®*" au 8 septembre, des .bizarreries de caractère et des hallu-
cinations nocturnes terrifiantes. Jamais elle n'aurait eu de semblables
accidents auparavant. Un médecin appelé, n'ayant pas pris la
température, conclut à de l'aliénation mentale et conseilla l'inter-
nement dans un asile. Le mari ne put se résigner à cette mesure sans
prendre un second avis ; il fit venir un autre médecin, qui, étant donnée la
température à 40°, fit conduire la malade à l'hôpital. Le diagnostic de
fièvre typhoïde aurait été porté dès le lendemain. Après une semaine de
délire très intense avec température élevée, l'amélioration se fit progressi-
vement, et, un mois et demi après le début des accidents, la malade pou-
vait partir en convalescence. Tels sont les seuls renseignements que nous
ayons pu obtenir sur la maladie de la mère.
Un enfant âgé de trois ans, également en dépôt aux Enfants -Assistés,
fut soigné par nous pour une fièvre typhoïde qui évolua normalement et
guérit rapidement. Le dernier né, âgé de deux ans, succomba au treizième
jour d'une dothiénentérie, à l'hôpital Bretonneau.
En résumé, la petite malade, âgée de cinq ans, qui fait
l'objet de notre première observation, a été atteinte d'une
fièvre typhoïde, remarquable par certains de ses symptômes,
et en particulier par des troubles du rythme respiratoire.
Dans le deuxième septénaire, avec une température de
39^,8 et un pouls fréquent (140), elle est dans un état de torpeur
accentué, couchée en chien de fusil ; elle présente de la photo-
phobie, une respiration relativement lente et des irrégularités
marquées du rythme respiratoire ; elle a de la constipation. Les
jours suivants, ces phénomènes nerveux pereistent, alors que
la température s'abaisse (38^,8); le pouls reste accéléré. Plus
tard encore, dans le troisième septénaire, la température est
redevenue normale ; mais les troubles respiratoires se sont
accentues. Ce n'est qu'à la fin de ce troisième septénaire
que ces troubles s'atténuent, en même temps que la maladie
évolue vers la guérison.
De même notre deuxième malade, âgé de six ans, frère de
la précédente, présente, dès les premiers jours de la dothié-
nentérie, des troubles du rythme respiratoire extrêmement mai-^
qués, mais, en dehors de l'obnubilation cérébrale et du délire , VV
n'a aucun symptôme de réaction méningée. Les jours suivaTvV,^ ^
V
;»'
'i .«
y*
666 p. NOBÉCOLRT ET LÉON TIXIER
alors que la température s'abaisse et même redevient normale
et que le pouls se ralentit, les troubles du rythme respiratoire
deviennent encore plus accentués, pour disparaître ensuite,
peu à peu, à mesure que la convalescence s'installe.
Les faits de ce genre sont assez rares dans la littératun»
médicale. Dans un certain nombre de thèses et de mémoires
récents, nous avons pu trouver quelques observations présen-
tant avec les nôtres certains caractères communs ; les plus
intéressantes sont dues à M. Guinon et à M. Comby:
Le petit malade de M. Guinon (1), âgé de deux ans et demi, préseoU
au douzième jour d'une Ûèvre typhoïde des accidents méningiti<iu€s
-consistant en raideur du cou et des membres, cris plaintifs, tendance au
«orna ; le quatorzième jour, la respiration, après avoir été irrégolière, se
ralentit pour tomber de 50 à IS inspirations à la minute; par instasts,
on pouvait observer le rythme de Cheyne'Stokes. Le pouls était faible,
sans irrégularités. Ces modifications du rythme respiratoire s'aceompa-
gn^^nt de perte de connaissance. Au quinzième jour de la maladie, ces
troubles nerveux s'atténuèrent puis disparurent, et le petit malade
guérit
Dans Tobservation de M. Comby (2), il s'agit d'un enfant de quatre ans,
qui, au dixième jour d'une fièvre typhoïde ayant évolué normalement
jusque-là, présenta des vomissements, une respiration irrégulière rappe-
lant le rythme de Cheyne-Stokes; le pouls était à 120, la face très con-
gestionnée. Il ne fut noté ni raideur de la nuque, ni signe de Kemig. m
raie méningitique. Le petit malade fut atteint de mutisme pendant
quelque temps, puis il guérit définitivement. Trois ans auparavant, la
sœur de cet enfant avait également présenté des symptômes méningitiques
•au cours d'une fièvre typhoïde.
L'existence de tels troubles respiratoires au cours de la
fièvre typhoïde est bien faite pour égarer le diagnostic. La tor-
peur, le délire nocturne, les troubles du rythme de la respira-
tion, qui s'accentuent en même temps que la température
s'abaisse, surtout s'il s'y associe, comme dans l'observation T
le décubitus en chien de fusil, font penser, à juste titre, malgré
Tabsence de contractures périphériques, à la méningite tuber-
culeuse ; celle-ci se présente avec cet ensemble symptomatique
au moment de sa phase de rémission. L'erreur serait presque
fatale, s'il n'apparaissait pas des taches rosées lenticulaires et
si le séro-diagnostic de Widal n'était pas positif, si enfin la
ponction lombaire ne venait fournir quelques renseignements ;
(1) Guinon, cité par Couture: La fièvre typhoïde chez Tenfantet son sérodia-
gnostic {Thèse de Paris, 1897, obs. XlII) et par Ra.tiee: P^nosiic, coaplieatMoi
tt traitement de la fièvre typhoïde chez les enfants (Thèse de Paris, 1901, obs. XIV).
(2) Comby, cité parDiEUZAiDE:Des troubles intellectuels transitoires de b Serre
typhoïde chez Tenfant (Thèse de Paris, 1903, obs. XXX).
TROCBLES DU RYTHME RESPIRATOIRE d'ORIGINE NERVEUSE (>G7
encore ceux-ci n'ont-ils, dans l'occurrence, qu'une valeur relative.
Le liquide céphalo-rachidien, en effet, chez le premier malade,
présentait de l'hypertension, une réaction lymphocytaire
modérée, mais très nette, et de l'albumine en quantité supé-
rieure à la normale ; chez le second, il était normal. Si donc,
dans le deuxième cas, son examen permettait d'éliminer la
méningite tuberculeuse; dans le premier, par contre, il était
plutôt en faveur de cette dernière affection.
Cet examen nous a permis d'acquérir des notions sur la
pathogénie des troubles que nous observions. Il ne s'agissait
manifestement pas d'une méningite bactérienne due au bacille
d'Éberth ou à quelque germe d'infection secondaire : les carac-
tères de la réaction méningée dans un cas, son absence dans
l'autre, l'absence de germes en étaient la preuve. Il s'agissait
de phénomènes d'intoxication portant sur l'écorce cérébrale et
sur les centres respiratoires. Sans doute, les méninges étaient
impressionnées, mais elles ne l'étaient que dans une faible
mesure ; la participation des méninges n'est nullement néces-
saire à la réalisation du syndrome, comme le prouve la
seconde observation.
La production de ces phénomènes peut être attribuée à
l'intervention de la toxine typhique fabriquée soit dans d'autres
points de l'économiCjSoit localement par des germes trop peu nom-
breux pour avoir infecté les méninges. Mais ces phénomènes ne
sont pas spécifiques ; ils peuvent être produits au corœs d'autres
maladies, et l'un de nous a publié (1) les observations de deux
enfants âgés de dix mois et de deux ans et demi qui, au cours
d'affections gastro-intestinales banales, avaient présenté des
troubles marqués du rythme respiratoire.
Restait à élucider la raison de ces troubles respiratoires,
somme toute exceptionnels. Sans entrer dans des discussions
faciles à prolonger, nous insisterons seulement sur ce fait que,
sur cinq membres de la même famille atteints simulta-
nément de dothiénentérie, nos deux petits malades, ainsi
que leur mère, ont présenté une forme nerveuse. Chez la
mère, en effet, la maladie débuta, au dire de son mari,
par des troubles mentaux, qui firent conseiller son placement
dans un asile. N'y a-t-il pas là une prédisposition nerveuse
(1) p. NoBé COURT, Forme respiratoire des réactions encéphalo-méningées au.
cours des infections digestives de Tenfance (Hev. mens, des maladies de F Enfance,
novembre 1904).
0(58 p. NOBÉGOURT ET LÉON TIXIER
Spéciale qui explique l'allure de la maladie chez les enfants
observés par nous ?
Cette prédisposition, nous la retrouvons également dans
l'observation de M. Comby, que nous avons résumée. La sœur
du petit malade avait eu trois ans auparavant des accidents
méningitiques au cours d'une fièvre typhoïde.
Ces formes rai*es de la fièvre typhoïde sont importantes à
connaître à cause des préoccupations qu'elles donnent au
médecin. Mais il ne faudrait pas croire que ces troubles respi-
ratoires, survenant au cours d'une dothiénentérie, comportent
un pronostic particulièrement grave. Nos deux malades ont
guéri; ceux de MM. Guinon et Comby également.
XXVI
MYXŒDËME THYROÏDIEN
Nous jugeons ce cas comme un myxœdème, quoiqu'il ne
présente pas les altérations de la peau qui ont fait donner le
nom à la maladie. Mais cette altération ne constitue pas à eUe
seule la maladie ; c'est seulement un symptôme qui peut
manquer sans que l'état atkyroïde proprement dit laisse d'exister.
Ce cas présente la coïncidence non commune de la syphilis
et du myxœdème, quoique la syphilis héréditaire soit considé-
rée comme susceptible d'engendrer des altérations de la glande
thyroïde : syphilis de deuxième génération.
Ces lésions, à ne considérer que l'efficacité du traitement,
pourraient être considérées comme parasyphilitiques. Nous
croyons que le diagnostic de myxœdème peut se baser sur le
manque de développement, sur l'absence de la majeure partie
des dents, sur le volume de la langue, sur la hernie ombilicale
et enfin sur la constipation.
En effet, dans les formes frustes du myxœdème, la maladie
se manifeste seulement par cette macroglossie caractéristique,
Nous devons ajouter, comme servant au diagnostic, qu'avec
le traitement la constipation se modifie rapidement.
Nous avons dit que notre cas est un myxœdème thyroïdien
pour le distinguer du myxœdème parathyroîde ; cette variété
est due à l'absence ou à l'extirpation des glandes parathyroides,
organes qui, comme on le sait, sont situés devant les carotides,
et dont les fonctions sont physiologiquement difTérentes de
celles des glandes thyroïdes. Cette forme se manifeste par la
tendance aux convulsions et par la tétanie, et ceci est con-
firmé par la clinique chirurgicale et par les expériences.
Plusieurs chirurigens, Kocher, Reverdin, von Mickiilicz,
mentionnés par Marinesco, citent des cas de tétanie postopé-
ratoire, dans les interventions sur la glande thyroïde, par des
lésions de la parathyroîde.
070 ANTOINE AHUAGA
D'autre part, Vassalle et Drago en Italie, en faisant des
expériences sur des chats et des chiens, ont produit des phé-
nomènes tétaniques par l'extirpation de la parathyroïde. Qui
sait si beaucoup de cas de tétanie congénitale chez les enfants
ne dépendent pas des altérations de ces petits organes.
Beaucoup de personnes naissent avec des glandes insuffi-
santes, thyroïdes et parathyroïdes; tant qu'elles n'ont qu'à faire
face aux besoins propres de leur organisme, celui-ci fonctionne
bien ; mais, si les besoins augmentent, il se présente des phé-
nomènes morbides. Tel est le cas de la tétanie des nourrices,
bien décrit par Trousseau.
A mesure que la lactation augmente, la sécrétion des grandes
est insuffisante pour approvisionner deux organismes, et le
déficit se produit sous forme de tétanie ou d'éclampsie.
Peut-être beaucoup d'enfants qui naissent avec tendance
à la tétanicité ou spasmodicité ne sont que des parathyroîdiens
insuffisants, d'où l'utilité, la nécessité de nourrir au sein beau-
coup d'organismes infantiles insuffisants, si communs dans les
grandes capitales, où tant de causes d^énératives s'accu-
mulent.
Ces organismes infantiles incomplets ont besoin que les pro-
duits des glandes internes qui leur manquent en partie leur
soient transmis par les seins des nourrices ; ne pouvant, dans
le cas contraire, prospérer ni se développer, ils languissent et
meurent.
Voilà une des grandes causes de la faillite des laits stérilisés à
haute température, où les produits de ces glandes internes sont
tués par la chaleur, et, si les enfants ainsi alimentés n'ont pas
reçu en naissant des glandes sufiisantes pour la lutte, ils suc-
combent.
On a vu des nourrices atteintes de maladies de Basedow, ou
de Coto, élever des enfants qui ont souffert de convulsions ou
d'attaques tétaniformes ; sûrement leurs glandes thyroïdes ou
paratyroïdes malades ont contribué à ces mauvais résultats.
On sait aussi que le produit actif de la glande thyroïde est
un composé organique d'iode, et celui-ci est contenu dans
la substance colloïde de la glande.
On sait bien maintenant que cette substance colloïde, riche
en iode, n'existe pas chez le nouveau-né ou existe en petite
quantité, et de là le besoin de la suppléer par le lait matemd.
Voici la pensée qui nous est venue à ce sujet chez les enfants
. I
MYXQEDÈME THYROÏDIEN 671
qui résistent aux dangers du lait stérilisé et qui finissent par i»
supporter : on voit, à côté d'une anémie spéciale» un dévelop-
pement considérable du tissu adipeux, qui sert ou servait
de réclame aux compagnies industrielles pour préconiser
leurs produits et engageait les mères et les médecins à les
recommander.
Nous nous demandons si on n'explique pas cette obésité
morbide par le manque d'une substance détruite par la chaleu^
dans le lait stérilisé? Nous croyons cela possible : 1^ parce que
riodothyroldine passe dans le lait des mammifères, et 2^ parce
que l'obésité est un symptôme de myxœdème et rév^e un
manque ou déficit dans le fonctionnement sécréteur de la ^ande
thyroïde, au point que nous savons déjà que cette glande a un
merveilleux effet dans l'obésité.
C'est une hypothèse personnelle que je soumets au jugement
de mes collègues et une raison de plus pour s'opposer à la stéri-
lisation du lait à haute température, système auquel j'ai la
grande satisfaction de m'être opposé depuis la première heure,
quand les revues européennes sans exception entonnaient des
hymnes de louange à ces produits, hymnes chantés en chœur
par les médecins de notre capitale.
Revenant au myxœdème parathyroide caractérisé par des
phénomènes convulsifs et tétaniformes, il semble, dans l'état
actuel de la science, que l'absence ou déficit de ces petits organes
donne lieu à la circulation dans le sang d'ime substance toxique
qui, opérant sur les cellules radiculaires des cornes antérieures
de la moelle, les met dans un état d'hyperexcitabilité.
Le professeur Marinesco considère que l'éclampsie des femmes
enceintes est due à une insuffisance de sécrétion des glandes
thyroïdes et parathyroldes et que ces symptômes éclamptiques,
crampes, tétanos, etc., disparaissent avec un traitement
thyroïde ou parathyroïde. L'auteur cité considère que, si les
deux glandes sont d'une structure et fonctionnement différents,
il y a relation réciproque physiologique, et ceci est prouvé
par l'expérience, puisque chez les animaux auxquels on avait
extirpé les parathyroldes on faisait disparaître les symptômes
tétaniques en leur fournissant de grandes doses de glandes
thyroïdes fraîches.
A propos de l'affirmation de l'éclampsie gravidique, elle est
due à un fonctionnement insuffisant des glandes parathy-
roldes. Nous devons rappeler l'opinion du professeur Vassalle,
072 A iN TOI NE AUUAGA
cité par Marinesco. Il employa pour ses expériences la substance
active des glandes parathyroïdes contre l'éclampsie des femmes
enceintes, et l'auteur en a obtenu de si bons résultats qu'il
n'hésite pas à lui attribuer une action spécifique.
Ces faits, démontrés par l'expérience, étaient déjà connus
par celle des peuples anciens. Les anciennes dames romaines
mesuraient le cou des nouvelles mariées et, dans les cas douteux
de grossesse, prenaient en considération la circonférence du
cou pour l'affirmer ; elles ignoraient l'interprétation, mais elles
connaissaient le fait, ce qui prouve la finesse d'appréciation des
peuples anciens.
Ce fait, connu depuis longtemps, fut mis en évidence en 1899
par Lange, lequel démontra que la glande thyroïde s'hypertro-
phie pendant la gestation ; l'augmentation de volume coïncide
en général avec le sixième mois de grossesse ; mais ce qui est
grave et intéressant en même temps, c'est le manque de cette
hypertrophie fonctionnelle pouvant occasionner des crises
d'éclampsie qui cèdent à un traitement thyroïdien.
A ce sujet, nous touchons un point important de pathologie
et prophylaxie de l'enfance.
La question est : une femme qui a eu l'éclampsie et reste albu-
minurique peut-elle oui ou non nourrir son enfant? C'est un
point bien discuté par les pédiatres et les accoucheurs, avec des
opinions pour et contre. On cite des faits contradictoires : dans
quelques cas, l'allaitement s'est effectué sans contre-temps, et,
dans d'autres, l'enfant a été pris de tétanie ou de convulsions.
Jusqu'à présent, on n'a pas pu expliquer la cause de ces cas
différents, et les auteurs ne savent comment concilier ces
résultats contradictoires.
Nous avons lu à ce sujet un travail dans une revue, et l'auteur
de cet article déclare que, pour le moment, on ne peut résoudre
la question. L'idée nous vient de nous aventurer à une expli-
cation personnelle, que nous soumettons aussi à l'appréciation
et à la critique de nos collègues présents.
Les physiologistes confirment que la thyroide est une glande
antitoxique qui détruit une substance toxique qui circule dans le
sang. Chez les éclamptiques par insuffisance thyroïde ou para-
thyroïde, le lait contiendrait ces substances toxiques incomplè-
tement détruites par une sécrétion thyroïde ou parathyroîde
insuffisante, et l'effet convulsionnant de ces substances toxiques
opérerait sur l'enfant et l'empoisonnerait.
MYXOEDfeME THYROÏDIEN 673
Si Téclampsie était due seulement à une lésion rénale, ces
effets ne se reproduiraient pas. Voilà l'explication personnelle
que je propose sans avoir la prétention qu'elle soit la vraie.
Comment pourrait-on distinguer dans la pratique ces deux
variétés? En soumettant la mère éclamptique à la médication
thyroïde, si celle-ci faisait disparaître les symptômes de la
mère ou de Penfant, le diagnostic de la cause serait facile.
Revenant au traitement du myxœdème, nous devons savoir
que les derniers ouvrages recommandent comme traitement
définitif le greffage de glande thyroïde humaine. Un auteur
suisse, dont nous ne nous rappelons pas le nom, a présenté à
l'Académie de médecine de Paris de nombreux cas de guérisons
définitives par ce procédé; malheureusement, dans la pratique,
ce procédé est très difficile.
On a besoin donc d'attendre l'occasion d'une extirpation
opératoire des glandes pour enlever un petit fragment, et cette
occasion peut ne pas se présenter.
Dans le traitement commun et usueldu myxœdème, si on
emploie des glandes d'animaux fraîches ou conservées, nous
croyons qu'on omet une pratique très importante et sur laquelle
les auteurs insistent très peu, c'est d'éliminer l'alimentation
Carnivore dans le régime des myxœdémateux. Cette privation
de viande non seulement augmente l'efficacité du traitement,
mais évite les phénomènes d'intoxication fréquents dans le
traitement par les glandes au point que, vu plusieurs cas de
mort et autres accidents graves, l'usage de ce traitement a cessé.
Marfan a vu mourir brusquement un enfant soumis au
traitement thyroïde, et ces cas se sont répétés.
Ceux-ci se sont produits en grande partie pour ne pas s'en
tenir aux résultats des expériences. Ceci, il y a quelque temps
l'illustre physiologiste de Genève, Schiff, a démontré que
la thyroïdectomie est fatale aux carnivores et bien sup-
portée par les herbivores ; pour que ceux-ci meurent, il est
nécessaire d'extirper aussi la parathyroïde. On déduit de là
que le principe toxique qui se produit par l'extirpation de
la thyroïde est produit en grande partie par l'alimentation
azotée, spécialement par la viande, soit cuite ou crue, même
avec du bouillon. La viande cuite, seule, n'est pas si nuisible.
Il est donc utile, pour les myxœdémateux, de les soumettre
au régime végétal.
Ahch. db médec. des enfants, 1907. X. — 43
'•*-
REVUE GENERALE
NÉVRITE INTERSTITIELLE HYPERTROPHIQUE
ET PROGRESSIVE DE L'ENFANCE (1).
En 1893, Déjerine et Sollas avaient rapporté deux observations
d'une affection familiale ayant atteint le frère et la sœur et carac-
térisée par : ataxie des quatre membres avec atropbie musculaire,
troubles de la sensibilité avec relard dans la transmission, douleur^
fulgurantes, nystagmus, myosis avec signe d'ArgylI-Robertson,
cyphoscoliose, hypertrophie très marquée avec dureté t^è^
accusée de tous les troncs nerveux accessibles. Ces symptôme^
étaient ceux du tabès ordinaire arrivé à une période assez avancte.
mais associé à une atrophie musculaire généralisée, une cyph«v-
scoliose et un état hypertrophique des nerfs.
L^autopsie de la sœur, pratiquée en 1892, montra une névrite
interstitielle hypertrophique à marche ascendante, ayant atteint
successivement les nerfs périphériques, les troncs nerveux, les
racines antérieures et postérieures avec lésions médullaires consé-
cutives, d'où le nom de névrite interstitielle hypertrophique tt
progressive de Venfance.
Le frère mourut phtisique quelques années plus tard, etPautopsie
a été confirmative de la première.
I. Antécédents personnels. — A quatorze ans, envoyé à Berck
pour une cyphoscoliose, que la mère avait remarquée dès Tépe de
quatre à cinq ans. A Berck, i! tombe facilement en courant et
commence à éprouver des douleurs fulgurantes. Parole et écriture
difficiles. Troubles de la marche de plus en plus accusés. Fracture
de la cuisse droite à deux reprises.
État actuel, — Équinisme très prononcé avec convexité dû tarse,
pied creux. Atrophie musculaire des jambes. Ataxie statique.
Marche en talonnant. Signe de Romberg. Aux membres supérieurs,
atrophie musculaire type Aran-Duchenne, main en griffe, Cyphosco-
liose à concavité gauche. Sensibilité tactile très altérée, sensibilité
à la douleur de même; retard dans la transmission. Abolition des
réflexes. Incoordination motrice très marquée.
(1) DÉJERINE et Â. Thomas, Sur la névrite interstiUelle hypertrophique •'t
progressive de l'enfance (Nouv, lconogi\ de la Salpétnère, nov.-<iéc. 1906).
NÉVRITE INTERSTITIELLE HYPERTIlOPHigi'E 675
Légère inégtilitépupillaire, myosis, réflexe lumineux aboli, réflexe
accommodatif conservé, signe d'Argyll-Hobertson, Nystagmus
pendant les mouvements des globes oculaires. Vue bonne. Douleurs
fulgurantes. Sensibilité électrique abolie.
Mort de tuberculose pulmonaire en janvier lOOi (service de
Babinski).
Autopsie. — Cerveau normal. Hypertrophie considérable des
nerfs de la queue de cheval. Les racines dorsales et cervicales sont
également hypertrophiées. L'hypertrophie est plus considérable
pour les racines antérieures que pour les postérieures. Pour les
racines antérieures, Thypertrophie diminue progressivement depuis
la moelle jusqu'au canal dure-mérien; c^est Tin verse pour les
racines postérieures. Atrophie des cordons postérieurs de la moelle.
Cornes postérieures très rapprochées l'une de Tautre. Léger degré
de leptoméningite au niveau des cordons postérieurs. Qanglions
rachidiens très notablement hypertrophiés. Les nerfs crâniens,
à leur émergence du bulbe, sont plus gros que ceux d*un individu
normal, mais Thypertrophie est moins prononcée que pour les
racines médullaires. Sympathique et pneumogastrique augmentés
de Volume. Nerfs des membres gigantesques. Atrophie très mar*
quée de certains muscles.
Au microscope, dans les muscles de Téminence thénar, on
trouve à peine quelques vestiges de fibres musculaires; distribu-^
tion par zones de Tatrophie musculaire, stéatose interstitielle peu
prononcée .
Sur les petits fllets nerveux intramusculaires, la plupart des
fibres nerveuses ont presque complètement disparu, et chaque fllet
n*est plus représenté que par de petits fascicules de flbres
conjonctives ; il persiste quelques fibres à myéline et cylindraxe.
Dans les troncs nerveux, les flbres à myéline sont rares. Chaque
fibre à myéline est entourée par une gaine de tissu conjonctif dont
les flbres sont imbriquées les unes sur les autres comme des pelures
d'oignon. Périnèvre épaissi formant autour do chaque fascicule
un anneau scléreux. J^es fascicules sont séparés par un tissu flbreux
très abondant. Paroi des vaisseaux épaissie.
Racines antérieures. — Fibre à myéline en petit nombre,
multiplication intense des noyaux. Gaines vides entremêlées de
flbres conjonctives.
Racines postérieures. — Amas de gros noyaux et de tissu
f'onjonctif par places .
Pour les racines antérieures, les lésions sont plus jeunes au centre
qu'à la périphérie ; c*estlà qu^ellesont débuté, suivant une marche
ascendante pour les nerfs moteurs ; de même pour les nerfs
senaitifÉ.
Ganglions rachidiens, — Le nombre des cellules est légèrement
l
070 REVUE GÉNÉRALE
diminué; elles sont petites, atrophiées. L'hypertrophie des ganglions
est due uniquement à l'augmentation de volume des fibres qui
les traversent.
Moelle épinière, — Sur toute la hauteur de la moelle, les cordons
antéro-latéraux sont sains.
Dans leur trajet intraméduUaire, les racines antérieures sont
intactes. Les cordons postérieurs sont altérés. Cornes postérieures
petites et atrophiées. Bulbe, protubérance et cerveau normaux.
Le tableau clinique est celui d'un ataxiqueatrophique aveccN'pho-
scoliose et hypertrophie des troncs nerveux. Les troubles de la
sensibilité, souvent très accusés, diminuent en remontant vers la
racine des membres, et leur distribution parait appartenir à la
topographie périphérique.
IL Sœur du précédent. Atrophie musculaire et troubles de la
sensibilité chez une femme de quarante-quatre ans. Début dans le
bas âge par une déformation des pieds (ténotomie à douze ans).
Double pied bot varus très prononcé. Atrophie musculaire des
jambes et cuisses plus marquée à la périphérie. Atrophie des
membres supérieurs type Aran-Duchenne, diminuant aussi de bas
en haut. Cyphoscoliose excessive. Troubles très marqués de la
sensibilité avec retard de transmission diminuant de la périphérie
au centre. Douleurs fulgurantes. Incoordination des membres
supérieurs, moins marquée aux inférieurs. Marche possible, mais
difficile et incertaine. Impossibilité de se tenir debout les yeux
fermés (signe de Romberg).
Légers mouvements choréiformes de la tète et du tronc. Abolition
des réflexes patellaires, olécraniens, et du réflexe cutané plantaire.
Myosis avec réflexe lumineux très lent. Contractions Obrillaires.
Intégrité des sphincters et de la nutrition de la peau. Altération de
lacontractilité électrique sans réaction de dégénérescence. Douleurs
fulgurantes.
III. Alaxie locomotrice et atrophie musculaire chez un jeune
homme de vingt ans ; début entre sept et huit ans par des troubles
de la marche.
Atrophie musculaire des quatre membres diminuant de la péri-
phérie vers la racine. Aux membres inférieurs, double pied bol
équin varus avec pied creux. Aux membres supérieurs, atrophie
musculaire typé Aran-Duchenne. Cyphoscoliose accusée. A la
face, lèvres saillantes et rire transversal. Contractions fibrillaires.
Réaction partielle de dégénérescence. Incoordination des quatre
membres, signe de Romberg.
Altérations de la sensibilité diminuant de la périphérie vers le
centre. Retard dans la transmission. Inégalité pupillaire. Myosis à
droite, mydriase légère à gauche. Signe d'Argyll-Robertson.
Hy[)ertrophie et dureté de tous les nerfs palpables.
NÉVRITE INTERSTITIELLE HYPERTROPHIQUE 077
Dans la névrite inlcrstiliclle hypertrophîque, les troubles de la
sensibilité sont très marqués. L'atrophie musculaire est d'intensité
variable. Très prononcée dans les cas II et III, elle était moins
intense dans le cas I. Cette atrophie prédomine aux extrémités et
diminue en se rapprochant de la racine des membres. Participation
des muscles de la face à la paralysie et à Tatrophie.
Dans les cas I et III, analogie avec le faciès d'un myopathique
{lèvre de tapir) ; rire transversal. Facial supérieur intact. Du fait de
Tatrophie des muscles des jambes et de la plante des pieds, résulte
un varus pied creux. Griffe des orteils: flexion dorsale forcée de
la première phalange, la deuxième et la troisième [)halanges for-
mant avec la première un angle droit ouvert en bas.
Les malades marchent en stoppant, avec brusquerie, la tète
penchée en avant et regardant le sol avec soin. Pour changer de
direction, ils vont lentement, avec précaution et en fixant le sol.
Pour se tenir debout, les talons rapprochés et sans soutien, ils
oscillent. Les yeux fermés, ils tombent. Même incoordination aux
membres supérieurs.
Dans la névrite interstitielle hypertrophique, il existe toujours
une cyphoscoliose, du nystagmus dynamique, des troubles de la
réaction pupillaire variant de Textrôme lenteur de contraction (II)
jusrju'à rimmobilité (I et III) ou signe d'Argyll-Robertson. Sphinc-
ters intacts.
L'hypertrophie des troncs nerveux est facile à constater ; elle est
le double de Tétat normal, sans saillies ni nodosités; consistance
dure. La pression, même forte, de ces nerfs, ne réveille pas de
douleur (analgésie à la pression et à Texcitation électrique).
Les lésions sont de trois ordres :
i° Lésions musculaires atrophiques ; invasion par zones ;
athrophie progressive débutant quelquefois par la dégénérescence
graisseuse et aboutissant souvent à la désintégration de la fibre
musculaire, après prolifération des noyaux du sarcolemme. Ces
lésions dépendent des lésions des nerfs ;
2** Lésions médullaires, secondaires à la dégénérescence des
racines postérieures, rappelant la sclérose tabétique des cordons
postérieurs ;
3" Lésions spéciales des nerfs, parenchymateuses et intersti-
tielles; sclérose orientée suivant Taxe des (ibres nerveuses,
formant à chaque fibre et parfois à plusieurs une gaine isolante ;
ces éléments engainés sont accolés les uns aux autres, sans que
le tissu conjonctif situé entre eux soit augmenté.
Kn examinant comparativement les lésions de «cette névrite
hypertrophique sur les nerfs périphériques, les troncs nerveux et
les racines, on est conduit h admettre qu'elle a débuté à la péri-
phérie pour s'étendre ensuite aux troncs nerveux et aux racines.
678 REVUE GÉNÉRALE
Les lésions sont plus marquées pour les nerfs et les racines des
membres inférieurs que pour ceux du tronc et des membres supé-
rieurs ; elles décroissent de bas en haut ; elles sont moins marquées
pour les nerfs bulbaires, tnais ne respectent que le nerf optique
et le nerf olfactif.
Il semble que la dég'énération parenchymateuse et la prolifé-
ration interstitielle ne soient pas subordonnées 1 une à lautre,
mais dépendent d'une même cause.
Los analogies avec le tabès sont évidentes, mais il s'agit bien d une
afîection nouvelle d'une grande rareté, dont la première observation
est due à Oombault et Mallct [Un cas de tabès ayant débuté dans
Tenfance, autopsie (Arûh. de méd, exp.^ 1889)]^ et dont les obser-
vations successives ont été rapportées par Déjerine et Sottas, Déje-
rine et André Thomas.
Le 7 juin 1906 {Soc, de NeuroiiH^ie), P. Marie a présenté deux
malades d'une famille de sept enfantd, tous atteints d'une forme
spéciale de névrite interstitielle hypertrophique progressive dt
Venfance. Ces malades ne diffèrent pas de ceux qua obsenés
M. I>éjerine. Marinesco [Arch. de pat h, exp* et comparée, 1885 ,
Raymond (Cliniques de 1903) ont soutenu l'identité de la névrite
interstitielle hypertrophique et de Vatrophie musculaire type
Gharcot-Marie. Mais l'hypertrophie des nerfs ne se voit pas dans
cette dernière maladie.
La névrite interstitielle hypertrophique est donc une maladie
autonome, distincte du tabès et de l'atrophie musculaire type
Gharcot-Marie ; elle doit occuper une place à part dans la nosologie
des maladies familiales du système nerveux.
Chez un malade de M. Déjerine, l'atrophie musculaire avait
gagné les muscles de la face et du larynx ; la corde vocale gauche
était paralysée en adduction ; celte paralysie laryngée et le signe
d'Argyil-Robertson rapprochent encore la symptoroatologie de ta
névrite interstitielle hypertrof^iqae de celle du tabès classique ;
par contre, Tabsence de signes génito-urinaires Ten distingue
nettement.
La névrite interstitielle hypertrophique est une des rares alfec-
lions où se constate le signe d'Argyil-Robertson, en dehors de la
syplûlis^ du tabès et de la paralysie générale. 11 existait dans les
observation I et III ; dans le 111, pas de s^'philis ; chez le I, syphilis
certaine. Dans le II, réaction très lente de la pupille à la lumière,
pas de syphilis. Sur quatre enfants de la même famille, deux
seulement furent atteints de la maladie, les deux autres ainsi que
le père et la mère restant indemnes. L'autopsie de la mère n'a
montré aucun vestig^e de cette afl'ection, qui a été familiale, mais
non héréditaire dons le cas présent.
ANALYSES
PaBLlCATIOSS PÈRlOniQOES
Note on the pecaliaiitMS of the toagna im moo^lism and ontongne^
Mifilriiig in thair camsatioa (Note sur les particularités de La langue
dans le mongolisme et sur le tétage de la langue, leurs causes), par le
D' John Thomson (BriL med. Journ., 4 mai 1907).
Presque toutes les particularités qui distinguent Tenfant mongolien
sont d'origine intra-utérine et reconnaissables dés la naissance. La langue
fait exception. Son hypertrophie apparente peut bien se montrer prés
de la naissance» mais son gonflement est plutôt attribuable k une étroi-
tasse anormale de la bouche qu'à une véritable augmentation de volume
de la langue. La dureté, la desquamation, la saillie des papilles, les ûit-
sures manquent à la naissance et ne se montrent que tardivement. Le
gonflement des papilles peut se montrer entre le troisième et le neuvième
mois ; les assures commencent à apparaître dans le cours de la troisi^ne
ou quatrième année ; elles peuvent se montrer un peu avant ou retarder
jusqu'à la sixième année.
Il est probable que la muqueuse de la langue, chez ces enfants, est
fragile et vulnérable comme leur peau, et cela explique les altérations
susdites.
L'action de sucer la langue est une lMd>itude très répandue chex ks
mongoliens. Sur 69 enfants cheE lesquels on a recherché ce symptôme,
on Ta trouvé 59 fois. Chez les 10 autres, il est dit que ce tic n'existait pas,
mais que les enfants suçaient leurs doigts ou leurs mains. D'ailleurs ce
symptôme peut passer inaperçu, et c'est pourquoi il n^est pas toujours
mentionné dans des cas où il existait certainement.
Quand ce tétage de la langue est très prononcé, il rend compte des
fissures et des hypertrophies papillaires de la langue. Chez les enfants
qui n'ont pas cette mauvaise habitude ou qui l'ont à un faible degré,
la langue est peu dépouillée et peu fissurée.
Dipylidinm eaninnm, par R. Blanchard (AoadL de méd^ 7 mai 1907).
Un enfant de neuf mois, rendant depiûs quelque temps des corpus-
cules blanchAtres dans ses selles, entre à l'hôpital Bretonneau. Le D' Pa-
pillon, qui l'observait, constata un jour la présence d'un vers de 50 cen-
timètres de long. M. Blanchard, ayant examiné ce ténia, reconnut qu'il
appartenait à laraoe canine. Les œufs, d'où proviennent le ver, se trouvent
dans la pooe du chien et du chat. En se léchant et se grattant, chiens et
chats peuvent i^andre leurs puces dans l'atmosphère. Ces puces ainsi
déplacées tomberont parfois dans le lait ou la soupe des enfanta. La
propagation du chien A l'enfant se fait donc par l'intermédiaire de la
puce.
Le ver, qui vit dans l'intestin du chat et du chien, émet des œufs qw»
répandus au pourtour de l'anus, y sont rencontrés et absorbés par ftoa
divers insectes vivant dans le pelage de ces animaux. L'oeuf du Dipyii^
680 ANALYSES
dium éclot dans Tintestin de la puce ; il livre passage à un embryon qui
se transforme bientôt en larve.
On ne connaît actuellement que 60 observations de ce parasite chez
Thomme, dont 3 à Paris. Chez les enfants, on peut observer des acci-
dents nerveux plus ou moins graves, des troubles digestifs et même
Tappendicite.
Il faut donc surveiller les chiens et les chats, faire la chasse à leurs
puces, bref tenir très propres les animaux d'appartement.
Adeno-carcinoma primitivo del legato in un lattanta di i mesi
(Adeno-carcinome primitif du foie chez un nourrisson de quatre mois),
par le D' G. -A. Pétrone {La Pediatria, mars 1907).
Fillette de quatre mois, nourrie au sein maternel ; accroissement régu-
lier et bonne santé pendant les deux premiers mois, puis dépérissement,
agitation, cris ; la mère s'aperçoit bientôt de l'augmentation de volume
du ventre.
Le 4 février 1907, on note une pâleur de la peau et des muqueuses,
avec teinte légèrement ictérique des sclérotiques ; poids 5 800 grammes,
taille 2 centimètres. Adénopathies cervicales, axillaires et inguinales.
Ventre gros, spécialement dans les deux quadrants supérieurs et dans
le quadrant inférieur droit ; aspect globuleux, veinosités sur la région
hépatique, circonférence maxima: 46 centimètres. On sent une masse
dure avec proéminence à l'épigastre ; matité absolue se continuant avec
celle du foie. Rate non augmentée de volume. Albuminurie. L'examen
du sang donne 3 100 000 hématies, 13 000 globules blancs. Diarrhée
verte. Le 13 février, ponction exploratrice négative. Mort le 15.
A l'autopsie, on trouve le foie occupant presque tout l'abdomen,
recouvrant le paquet intestinal. L'augmentation de volume porte sur-
tout sur le lobe droit ; consistance inégale suivant les points. A la coupe,
on voit que toute la masse est formée par une tumeur plutôt molle, blanc
jaunâtre, caverneuse au centre. Poids total, 970 grammes. Glandes hyper-
trophiées, quelques nodules métastatiques dans les poumons.
Les coupes histologiques montrent deux parties, un tissu conjonctif
et des amas épithéliaux. En somme adéno-carcinome massif du lobe droit
du foie.
L'anchilostomo anémia nei bambini (L'anémie par ankylostomechetles
enfants), par le D' Olimpio Cozzolino {La Pediatria, février 1907).
Deux sœurs jumelles, de deux ans et demi, venues du Brésil, où elles
sont nées, entrent à la chnique de Gênes le 22 novembre 1906, pour t
mourir le 27 novembre et le 20 décembre.
Les parents sont affectés eux-mêmes d'ankylostomiase et la mère a une
anémie prononcée. Deux frères sont également atteints. Diagnostic con-
firmé par l'examen des fèces. Au Brésil, habitation malsaine ; eau de
boisson suspecte et non filtrée. Toux, diarrhée, amaigrissement, anémie.
Œdème des membres inférieurs. Souffle à la base du cœur et dans les
vaisseaux du cou. L'examen du sang donne 2 600 000 globules rouges
et 11 300 globules blancs pour la première, 1 500 000 et 18 000 pour la
seconde.
A l'examen des fèces, on trouve des œufs d'ankylostome.
A l'autopsie de la première, on trouve une bronchopneumonie bilaté-
rale, une entérite catarrhale diffuse avec hémorragies punctiformes
surtout dans les premières parties de l'intestin. On trouve de nombreux
ankylostomes à ce niveau.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 081
Polinenritis agnda en un nino simnlando nna paralysie infantil (Poly-
névrite aiguë chez un enfant simulant une paralysie infantile), par
le D' Luis MoRQuio (Arch, LaU-Amer. de Pediatria, février 1907).
Garçon de cinq ans, malade depuis quinze jours, début par un rhume;
on le met au lit, pas de fièvre. Au bout de trois ou quatre jours, il se lève,
mais les jambes vont d'un côté et d'autre ; il se soutient difficilement et
ne peut marcher. On le remet au lit ; de fortes douleurs se montrent dans
les articulations tibio- tarsiennes, dans les rotules et le long des jambes.
Le médecin parle de rhumatisme et prescrit du salicylate de soude. Pas de
gonflement articulaire. Douleur spontanée s'exagérant au moindre mouve-
ment et à la pression des parties affectées. En même temps que la douleur,
l'enfant éprouve l'impossibilité de se lever et de faire le moindre mouve-
ment avec les jambes.
Trois ou quatre jours plus tard, comme il se plaignait de démangeaison
à la tête, on vit que l'enfant ne pouvait lever le bras gauche ; au bras droit,
la force est aussi en défaut. Cette impotence des bras ne s'accompagpfie
pas de douleur. Plus tard, quand l'enfant boit, il éprouve un accès de toux,
sans rejet des liquides par le nez ; les solides sont mieux avalés que les
liquides. Strabisme depuis hier (paralysie du moteur oculaire externe
gauche) ; pas^ de fièvre ; quelques vomissements. Intelligence normale.
Langue saburrale, constipation, nausées. On prend la température et on
trouve dans l'aisselle 37o,4/5, ce qui dénote un peu de fièvre. Paralysie
complète, les deux jambes sont immobiles ; la paralysie prédomine au
segment inférieur; les cuisses présentent une ébauche de contraction.
Paralysie flasque, en masse, avec chute des pieds et abolition des réflexes
rotuliens ; paralysie très douloureuse, spontanément, ces jours derniers,
provoquée aujourd'hui par le moindre mouvement. Rien d'articulaire.
Aux bras, c'est surtout le deltoïde qui est paralysé. A ces diverses paralysies
il convient d'ajouter celle des muscles pharyngo-laryngés, qui provoque la
toux au passage des liquides, et celle des muscles oculaires. Depuis hier,
raideur douloureuse de la colonne vertébrale.
On donne des bains chauds; le 9 juin, amélioration. Strabisme diminué,
déglutition plus facile ; les bras se lèvent mieux, bien qu'il persiste une
légère impotence à gauche. La paralysie des jambes persiste, avec douleur
par le mouvement. Sensibilité intacte, réflexes rotuliens toujours abolis.
L'enfant se plaint d'engourdissements, de fourmillements, de démangeai-
sons aux jambes ; il accuse les mêmes sensations aux mains. La pression
sur les muscles des jambes est très douloureuse. Raideur et douleur de
la colonne vertébrale persistent. Bains à 36o, III gouttes de teinture de
noix vomique par jour.
Le 12 juin, strabisme guéri, bras normaux. Le 15, quelques mouvements
dans les jambes, qui restent actuellement les seules parties paralysées.
Le 19, l'enfant peut s'asseoir. Le 26, les jambes ont recouvré quelques
mouvements. Traitement électrique par le D' de Léon ; pas de réaction
de dégénérescence. Le 9 juillet, l'enfant marche à quatre pattes ; électri-
cité et massage. Le 30, il marche seul. Le 31 août, guérison complète, sans
séquelle.
Secciôn da la aretra y de gran parte de les cnerpos cavernoeos por
an cabello (Section de l'urètre et d'une grande partie des corps caverneux
par un cheveu), par le D' M. Herrera Vegas {Arch, LaU-Amer, de
Pediatria, février 1907).
Un petit juif de six ans est apporté dans le service de pédiatrie de
VHospitalde Clinicas (Buenos Aires), le 24 janvier 1907, pour une section
082 ANALYSES
du péais. A l'examen, on trouva un étranglement à la base du gland
par un cheveu de femme. L'urètre était complètement coupé. Les corps
caverneux étaient sectionnés À leur périphérie et adhéraient au reste da
pénis par une portion amincie.
Sillon profond à la base du gland.
L« D' Wasîliew <de Varsovie) a écrit, en 1901, un m^oire sur cette
question, avec 43 observations de traumatismes du pénis par cheveux,
fils, rubans» etc. Dans 22 cas, l'agent constricteur fut un fil ; dans 5 cas,
ime ficelle; dans 2 cas, un mince ruban ; dans un cas, un fil de fer. Presque
toujours il s'agit d'enfants ; une seule fois, l'accident fut constaté chez
un adulte ; le coupable est généralement le malade lui-même.
Souvent on a voulu combattre par ce moyen l'incontinence nocturne
d'urine. Dans 11 cas, les enfants se sont liés le pénis par crainte d'uriner
au lit.
Un caso de siriagomiiia en «aa niia de n»8T6 aiios de edad (Un cas
de sjringomyélie chez une fille de neuf ans), par le D*^ NAsaiiENTo
GuR«BL (Aroh, LaU-Amer, de Pediatria^ février 1907).
Fille de neuf ans, sans antécédents héréditaires, nourrie au sein jusqu'à
sept mois. Convulsions à oe moment. Marche à deux ans. Rougeole à six
ans. Incontinence nocturne d'urine, mictions très fréquentes le jour.
Nervosité exag^ée, pleurs faciles.
A quatre ans, onychophagie ; elle se fait saigner les doigts sans éprouver
de douleur. Il y a trois ans, cette diminution de la sensibilité à la douleur
attira l'attention de l'entourage. Elle s'est brûlée et blessée bien souveat
sans rien sentir.
Elle a eu de nombreux panaris aux deux mains et toujours les blessures
accidentelles, les brûlures, les suppurations furent indolores.
Les ongles ont disparu peu à peu.
Il y a deux ans, blessure du talon droit par un soulier, d'où un abcès
volumineux ouvert spontanément, lent à se fermer.
A la môme époque, phlyctène à la feice inf^ieure de la première pha-
lange du pouce gauche, avec contenu sèro-purulent.
Ck>nstitution normale, intelligence moyenne. Les doigts des deux mains
sont dépourvus d'ongle, sauf Tannulaire droit. Les phalangettes présentent
des blessures mal cicatrisées et se terminent en baguettes de tambour,
fiminence thénar un peu atrophiée. Aux membres inférieurs, la sensibilité
tactile est conservée, l'enfant perçoit les moindres excitations sur toutes
les parties du corps. Elle sent la forme et la consistance des objets, mais
non la température. La sensibilité à la chaleur et au froid est abolie sur les
pieds et sur les jambes jusqu'au tiers supérieur; cette abotition monte un
peu plus haut au côté externe. Même constatation au membre supérieur.
L'enfa.nt sait qu'elle prend un tube, mais elle ignore s'il est froid ou chaud.
Là encore, c'est un segment de membre qui est intéressé ; la thermo-anes>
thésie ne dépasse pas la moitié de l'avant-bras.
La sensibilité à la douleur est comme abolie dans les points oà existe
la thermo-anesthésie. Au niveau du tronc, de la face et des muqueuses,
pas de perturbation sensitive. Réflexes tendineux et cutanés normaux,
marche normale. Pas de bacilles de Hansen dans le pus. Donc pas de lèpre.
La dissociation des sensibilités coexistant avec les panaris, les déf onaatioBS
digitales et un certain degré d'atrophie de i'éminence thénar, perjnettent
d'éliminer les myélites, hystérie et névrite périphérique.
Quant au panaris analgésique de Morvan, il se distingue mal de la
syringomyélie.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 683-
Uanto sifilitico, el Ilanto como sintoma de sililis en la primera
mfancia Pleurs syphilitiques, les pleurs comme symptôme de syphilis
dans la première enfance), par les D'' Genaro Sisto et Ernesto Gaing
{La S émana tnedica, 1907, n^ 4).
Les auteurs ont vu des enfants pleurant sans cesse chez lesquels le trai^
teroent spécifique a ramené le calme.
Dans 2 cas sur 3, les pleurs constituaient l'unique symptôme de l'in-
fection syphilitique.
1<> Mère de vingt-neuf ans, fausse-couche de deux mois et demi, plus
tard opérée d'un kyste de l'ovaire à l'hôpital Rivadavia, Père sain. Enfant
venu à terme avec forceps, asphyxie à la naissance, poids 4 250 grammes.
Chute du cordon à huit jours, allaitement maternel jusqu^'à deux mois,
puis allaitement mercenaire pendant quinze jours, et enfm allaitement
artificiel.
A l'âge de quarante jours, sans cause appréciable, l'enfant se mit à
pleurer jour et nuit, surtout la nuit. La mère remarque que l'enfant pleure-
davautage quand on le remue. On pense aux coliques et on incrimine
l'alimentation. On remplace alors le lait de vache par celui d'ânesse, puis
par le lait de femme ; on revient au lait de vache, etc. ; l'enfant continue à
pleurer jour et nuit, li arrive ainsi à trois mois. L'examen de la peau ne
montre aucun stigmate ; rien du côté de l'appareil digestif, pas de vomis-
sements, pas de diarrhée, urines normales, rien à l'examen du foie et de la
rate.
Cependant le traitement spécifique agit merveilleusement, mit im term&
aux cris et fit monter la courbe de poids.
2<> Garçon de deux mois et demi, pleure constamment; la réglementation
des tétées (allaitement maternel), les mesures hygiéniques les meilleures
furent vaines. Cris incessants, ne cédant que devant le sommeil. Le 26 sep-
tembre 1904, on trouve un enfant bien développé, pesant 4 630 grammes,
nourri au sein maternel exclusivement ; pâleur marquée, un peu de coryza
et f^rfois cornage, couleur saumon des plantes et paumes, veines dilatées
sur le côté droit du crâne, grosse rate ; l'enfant aurait présenté du pem-
phigus à la naissance. Le père a eu la syphilis, la mère a été infectée par
lui.
Traitement par les frictions mercurielles. En cinq jours, résultat sur-
prenant, l'enfant est calme, ne pleure plus. Le 7 octobre, poids 4 520*
rate diminuée, cris disparus. Le 22, poids 4 460 grammes. Puis le poids
augmente, et le 7 janvier 1905 l'enfant, très beau, pèse 5500 grammes.
30 Garçon de deux mois, pleurant constamment, surtout la nuit, depuis
deux semaines. Peu de sommeil. Né à terme, l'enfant est nourri au sein
maternel, bon état de nutrition. Pas de stigmates spécifiques, pas de
troubles digestifs. La mère a eu cinq accouchements prématurés ; aucun
enfant n'a survécu. Après des essais infructueux de traitement hygiénique
et diététique, on commence les frictions mercurielles le 20 septembre.
Le 29, les cris ont presque disparu ; poids 4 880 grammes. Le 21 octobre,
guérison complète, poids 5 080 grammes.
Le cri syphilitique serait caractérisé par sa continuité, sa persistance
et son intensité, et aussi par son apparition précoce, peu de temps après la
naissance. Il s'exphque peut-être par une irritation deia substance osseuse
et périostique, peut-être par une épiphysite ; on doit le rapprocher des
douleurs ostéocopes de l'adulte. Quelle que soit l'explication, nous devons
savoir gré à nos confrères argentins d'avoir attiré l'attention des pédiatres
sur une cause ignorée jusque-là de cris infantiles. Quant à la cause, elle a
été mise en relief par le résultat merveilleux du traitement.
684 ANALYSES
Fonctionnement de la consultation dos noorrissons de Thôpital
snbnrbain des enfants du Bonscat, ses résultats, par les D" Délaye
et Andérodias {Journal de médecine de Bordeaux, 28 avril 1907).
Une consultation de nourrissons s'ouvrit au Bouscat, le l** juin 1904.
Elle fonctionne tous les mercredis à deux heures, à la mairie. Elle a pour
but : 1° de diriger et surveiller l'alimentation des enfants ; 2® de donner
aux mères qui ne peuvent nourrir exclusivement au sein le moyen de se
procurer à bas prix du lait stérilisé.
Les enfants sont d'abord pesés; on inscrit les poids sur un registre
et sur des fiches individueUes. Ils passent ensuite à la visite médicale. Pour
ceux qui ne sont pas au sein, on donne des bons de lait stérilisé, en atten*
dant qu'on ait pu organiser une gouUe de lait, A chaque mère qui vient
pour la première fois, on donne une brochure d'hygiène infantile.
Du 1« juin 1904 au \^ janvier 1907, il a été donné 1 042 consultations
à 208 nourrissons. Les médecins font tous leurs efforts pour encourager
l'allaitement maternel : 53,75 p. 100. L'allaitement mixte s'est rencontré
22,40 p. 100, l'allaitement artificiel 23,75 p. 100. Sur les 208 enfants
soignés, il en est mort 16 (7,69 p. 100), dont 10 seulement par gastro-
entérite. Aucun de ces enfants n'avait suivi régulièrement la consul-
tation ; presque tous étaient nourris au biberon, et les chaleurs de Tété
leur furent fatales. On n'a noté aucun décès parmi les enfants venus
régulièrement à la consultation. Ces résultats plaident éloquemment
en faveur des consultations de nourrissons et gouttes de lait, dont la créa-
tion s'impose dans toutes les agglomérations ouvrières. Pour en provo-
quer la création et en favoriser le développement dans toutes les localités
importantes de la Gironde, les auteurs font appel au préfet, M. Duréault,
qui, dans le Pas-de-Calais, qu'il administrait précédemment» avait su
doter le département de 71 consultations de nourrissons en un an.
De ralbnminarie an cours de l'impétigo et de Teczéma impétiginenz
des enfants, par le D' Auché (Joum, de méd. de Bordeaux, 5 mai 1907).
Quoique l'albuminurie soit une complication rare de l'impétigo, elle
est signalée depuis longtemps par Sirugues (Thèse de P<iri$, 1881),
par BoYER (Thèse de Lyon, 1883), etc.
1^ Impétigo du cuir chevelu et de la face. Albuminurie. Présence de strep-
tocoques dans les urines. Guérison. — Garçon de deux ans, entre à l'hôpiUil
le 19 octobre 1904, pour de l'anasarque. Impétigo de la face et du cuir
chevelu depuis trois ou quatre semaines; peau bouffie et pieds œdéma-
tiés depuis dix jours. Puis l'œdème a gagné les malléoles, les jambes,
les cuisses, le scrotum, lés membres supérieurs, la face.
Les urines contiennent de l'albumine ; le sédiment renferme des héma-
ties, des leucocytes, et cylindres épithéliaux. Rhinopharyngite et bron>
chite. Régime lacté, pansements humides. Le 23 octobre, améhoration.
Le 30, disparition des œdèmes. Le 5 novembre, plus d'albumine ; l'impétigo
est guéri. Les ensemencements des produits impétigineux ont donné des
staphylocoques dorés et des streptocoques pyogènes. Ceux de l'urine ont
donné des streptocoques.
2® Impétigo du cuir chevelu. Albuminurie. — Fille de treize ans, vient
à la consultation le 31 janvier 1905, pour de l'œdème de la face. Depuis
l'âge de cinq ans, elle a très souvent des croûtes impétigineuses du cuir
chevelu. Depuis le mois de septembre 1904, elle a eu constamment des
croûtes. 11 y a une dizaine de jours, elle remarqua que sa figure était
bouffie.
Les urines sont claires et contiennent 1 gramme d'albumine par Utre.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 685
Pas de symptômes généraux. Quelques lésions impétigineuses du cuir
chevelu. Régime lacté, repos au lit. Le 2 février, figure moins bouffie;
le 9, impétigo guéri. Pas d'albuminurie. Guérison.
Sar une forme insolite de dilatation bronchique de l'enfant, dilata-
tion bronchiqne à reyêtement du type syncitial, par le D' J. Hallà
{Arck. de méd, exp. et d^anaU path,, mars 1907).
Fille de deux ans et demi, entrée à l'hôpital le 26 février 1900, pour
une bronchopneumonie. Nourrie au sein par sa mère, elle a eu, vers
seize mois, une bronchite ayant duré deux mois. Il y a quinze jours,
toux opiniâtre, rejet de matières glaireuses, sans quinte coqueiuchiale
véritable. Amaigrissement. Fièvre, puis expectoration purulente. Pâleur,
essoufflement. Voussure à gauche, immobilité de ce côté, espaces inter-
costaux dilatés, son tympanique, souffle amphorique. Cœur non dévié. On
pense à une pleurésie purulente ouverte dans les bronches. Plusieurs
vomiques. Le 27 février, le pneumothorax semble certain. Le 28, ponction
exploratrice sans résultat. Nouvelle vomique. Le 5 m^urs, nouvelle
ponction qui ramène du pus.
Le 7 mars, empyème pratiqué au niveau du souffle, résection costale,
évacuation de 100 grammes de pus. Drainage, pansement. Tempéra-,
ture 39«,8. État général mauvais, mort le 11 mars.
Autopsie. — Pas de pleurésie purulente, poumon gauche volumineux ,
sans adhérences ; scissure interlobaire libre. La cavité ouverte par l'opé*
ration n'était qu'une dilatation bronchique du lobe inférieur. Ce lobe
est criblé de cavités. La cavité opérée est une poche allongée, ovoïde,
grosse comme un œuf de poule ; parois lisses. Elle communique avec une
grosse bronche par un orifice du calibre d'une plume d'oie. Au-dessous
de cette cavité s'en trouve une autre de la grosseur d'une mandarine.
Elle est traversée de brides et de colonnes qui la font ressembler à un
ventricule du cœur. Entre les cavités, tissu pulmonaire induré, sclérosé ;
aspect de fromage de gruyère. Pas de tuberculose.
L'étude histologique montre qu'il s'agit bien de dilatations bron-
chiques ; épithélium à cellules cylindriques. Au niveau des saillies, le
revêtement épithélial est formé de cellules rappelant un épithélium
pavimenteux stratifié. Dans les petites dilatations, le revêtement épi-
thélial donne l'aspect de saillies papillomateuses ; il existe parfois jusqu'à
vingt assises de cellules superposées.
L'examen histologique montre qu'il s'agit d'une dilatation bronchique
d'un type spécial avec revêtement plasmodial et cellules géantes de type
épithélial, tissu tout à fait identique au syncitium du placenta, des
môles ou du déciduome.
Un cas de syphilis congénitale avec lésions gommeuses multiples et
dégénérescence pigmentaire par hômatolyse, par le D' Potier {Arch,
de méd, exp. et d^anat. patk., mars 1907).
Garçon de deux mois, entré à l'hôpital le 25 novembre 1903 ; né à
terme, nourri au biberon, il a présenté de l'érythème des fesses à quinze
jours, du coryza ; puis diarrhée, vomissements. Poids 3 620 grammes»
aspect ridé. Fièvre coïncidant avec des abcès cutanés qu'il faut ouvrir.
Frictions mercurielles. Mort le 11 décembre.
A l'autopsie, poumons congestionnés, atélectasiés, durs à la coupe ;
trac tus fibreux péribronchiques très marqués. Gomme arrondie à la
pointe du ventricule gauche. Foie dur à la coupe. Gommes miliaires dans
•686 ANALY*SES
tes reins. Capsules surrénales grosses et dures. Rate grosse et dure. Ceryeau
-congestionné.
L'examen histologique montre la présence de gommes dans tous les
viscères. Dans les poumons, petits nodules, ou pneumonie interstitielle :
travées épaissies, cavités alvéolaires diminuées, alvéolite proliférante et
desquamative, tendance à la sclérose. Au niveau du cœur, même ten-
dance. Le foie présente de nombreux espaces portes infiltrés par des
celhiles embryonnaires, de petites gommes périartérielles ; même genre
de lésions au niveau des reins. Des gommes multiples et arrondies se voient
anBsi dans les capsules surrénales. La substance médullaire est infiltrée
•de pigment intra et extraceUulaire. Hyperplasie du tissu splénique;
pigment d'origine hémattque.
Donc gommes multiples et scléroses viscérales, processus hémolytique,
pigment ocre, en rapport avec la syphilis héréditaire.
Lepaludisne càea ranfant, par le D< J. Crespin {Congrès de pédiairU,
Alger, 1907).
Le paludisme est fréquent chez les enfants» et leur sang contient sou-
vent l'hématozoaire de Laveran. Ils peuvent être infectés par la piqâre
des moustiques.
On a dit aussi que le paludisme pouvait se transmettre par le placenta
ou par le lait de la nourrice. Il est certain que le paludisme maternel peut
aboutir à la mort du fœtus. Cependant les examens de sang chex les
nouveau-nés ont été contradictoires. D'autre part, on n'a jamais trouvé
l'hématozoaire dans le lait des nourrices paludiques.
Les symptômes ne sont pas toujours nets ; le paviUon de ToreiUe a une
teinte terreuse spéciale; le ventre est proéminent, le corps amaigri.
On retrouve, chez l'enfant, dans le paludisme aigu» tous les types de
fièvre (quarte, tierce, quotidienne). Les trois stades de l'accès ne sont
pas aussi nets et aussi réguliers que chez l'adulte.
Le frisson manque ou n'est qu'ébauché. Sur 129 cas, le D' A. Mariottini
a constaté 53 fois l'absence de frisson. Il est remplacé par la p&leur,
avec cyanose aux extrémités, les iwnissemeHtSt les convuliions. Il y a
parfois du tremblement des membres, des contractions spasmodiques.
Dans quelques cas, diarrhée. Stade de froid très court* Stade de chaleur
plus net, avec persistance fréquente des vomissements et convulsions,
de la diarrhée, etc. Stade de sueur modéré ; il y a rarement des sueurs
profuses ; sudamina. Rate douloureuse, puis perceptible, points névral-
giques variés, irradiations douloureuses.
Les accès peuvent éclater à toute heure du jour et de la nuit ; durée
variable (quatre, huit, quatorze, vingt-quatre heures). Pâleur, anorexie,
«mbarras gastrique dans l'intervalle des accès.
Le type de la fièvre est généralement quotidien jusqu'à trois ans;
plus tard, on observe le type tierce ou double tierce. Il y a des cas rémit-
tents et continus, des accès et accidents pernicieux.
Le paludisme chronique et la cachexie paludéenne s'installent très
vite chez les enfants. On observe souvent chez eux les formes larvées.
Complications sur le foie et sur le rein (cirrhose biliaire), néphrites, endo-
cardites* Diagnostic par l'examen du sang et la recherche des béraa*
tozoaires ; formule leucocytaire spéciale, mononucléose. L'action de la
quinine a également de la valeur.
Le traitement par lafquinine est le meilleur. On donne le médicament
quelques heures avant l'accès ou même tout de suite, s'il y a urgence.
Il faut prescrire des doses massives : frapper vite et fort. La voie gastrique
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 687
et la voie sous-cutanée sont les deux principales. Avec Feuquinine,
Taristochine, qui n'ont que peu ou pas d^amertume, on peut donner le
remède par la bouche chez Tenfant.
La dose de quinine varie suivant les auteurs ; elle sera, sans inconvé-
nient, de 10 centigrammes par année d'âge.
Prophylaxie, — Il faut détruire les moustiques (pétrolage des mares),
isoler les malades, protéger les habitations (grillages aux portes et fenêtres).
On devra prendre la quinine à titre préventif.
Hygiène de l'habitation, hygiène de T alimentation.
Notes of a casé of empyema, ix:îtb fatal boamorrhage from érosion of
snbclavian artery by drainage-tube (Ëmpyème avec hémorragie mor-
telle par érosioiï de Fartère sous-clavière par un drain), par le D' G. H.
Edington (The Glasgow med. Jaurn., juin 1907).
En 1906, pendant Tété, l'auteur opère une fillette de dix mois pour un
empyème. La maladie avait commencé, cinq semaines avant, par de la
toux avec dyspnée, agitation, diarrhée. Amélioration au bout d'une
semaine, mais la toux persiste et s'accompagne de sueurs profuses et
d^affaiblissement. Dyspnée très marquée deux jours avant l'opération.
Signes de pleurésie gauche, déplacement du cœur, matité. On retire par
la ponction un pus épais. Résection d'une partie de la huitième côte en
arrière de l'aisselle. Drainage.
Le tube est laissé en place six jours. On le retire alors pour le nettoyer,
et on le réintroduit.
Le quinzième jour après l'opération, on aperçoit du sang en abondance.
L*enfant pâlit. Il se rétablit cependant, et, pendant cinq jours, il n'y a
pas d'hémorragie. Mais la fièvre s'allume. Le vingt-troisième jour après
l'opération, hémorragie foudroyante, mort.
A l'autopsie, adhérences du poumon droit avec les côtes et le dia<
pbragme. Poumon gauche affaissé, adhérent au diaphragme et à Tangle
des côtes en arrière. Une sonde, introduite dans la plaie thoracique, se
dirige en haut, vers la sous-clavière ; cette artère présentait une ouverture
ovale longue de 3 millimètres. Précisément la pointe du tube à drainage
s'adaptait à cette solution de continuité.
11 en résulte que dorénavant on ne devra pas mettre de tubes trop longs ;
ils seront proportionnés aux dimensions du thorax. Pendant six jours,
le tube est resté en place, puis il a été réintroduit tous les jours pendant
neuf jours. C'est ainsi qu'il a eu le temps d'ulcérer l'artère avec laquelle
il était entré en contact.
De rorigme centrale de certaines paralysies diphtëriqaes, par
le D' H. DuFOun (Soc. méd. des hâp., 3 mars 1907).
Fille de huit ans entrée à l'hôpital le 27 mai 1907 pour une diphtérie
pharyngée. On lui injecte 20 centimètres cubes de sérum; elle guérit
assez vite malgré une albuminurie très intense qui dure jusqu'au 11 avril.
Elle sort le 13 avril, et le 1^ mai elle rentre pour une paralysie diphtérique
tardive (deux mois après Tangine).
On constate une paralysie de l'accommodation oculaire, une paralysie
du voile du palais, l'abolition des réflexes rotuliens et achilléens, de la
faiblesse des jambes. Pas de troubles sensitifs, pas de fourmillements
dans les membres supérieurs.
Mais il existe en outre : \^ une paralysie du facial inférieur gauche ;
2o le signe du peaucier à gauche ; 3» une ébauche de* flexion combinée
de la cuisse et du tronc, de ce même côté. Ces trois symptômes sont évidem-
688 ANALYSES
ment sous la dépendance d'une lésion du faisceau pyramidal. La paralysie
diphtérique s'est donc localisée au niveau des centres nerveux.
La localisation sur le faisceau pyramidal a dû même se faire assez haut,
au-dessus du bulbe, dans le trajet encéphalique ou isthmique.
La ponction lombaire n'a pas montré de leucocytes dans le culot de
centrifugation du liquide céphalo-rachidien. Ce même liquide ensemencé
au sérum gélatine a été stérile (pas de bacilles de LoefUer).
^ Intubation ol the larynx in laryngeal diphteria (Intubation du
larynx dans la diphtérie laryngée), par le D' Claude 6. Ker (The Scou.
med. and sur. Journ,, juin 1907).
C'est en 1858 que Bouchut eut l'idée de combattre le croup par l'intro-
duction d'un tube dans le larynx; découragé par ses collègues, il ne put
aboutir. 0'Dwyer,en 1885» réussit complètement, et les tubes dont on se
sert actuellement ne sont que des modifications des siens. En Grande-
Bretagne, l'intubation n'a pas trouvé d'emblée un grand enthousiasme,
et elle compte encore des détracteurs.
Le tubage, depuis 1894, a cependant été en honneur au Edinbur§h
City HospitaL L'auteur compte un peu plus de 200 cas personnels. Il y a
trois ans, la mortalité n'était jamais tombée au-dessous de 40 p. 100. Une
grande amélioration devait r^ulter de l'alimentation par le nez dans tous
les cas d'intubation. Auparavant, on se contentait de lavements nutritifs.
La sonde nasale vaut mieux. Ne pas tuber trop tôt.
Sur 70 cas intubés à l'hôpital depuis l'automne de 1904, 12 étaient pure-
ment laryngés, 48 avec participation de la gorge, 10 avec association du
naso-pharynx; 19 moururent (27,1 p. 100). Un peu plus du quart deman-
dèrent une trachéotomie (18, dont 10 mortels, plus de 55 p. 100).
On doit enlever le tube entre quarante-huit heures et soixante-douze
heures après l'intubation (deux jours et demi en moyenne). Un enfant a
gardé le tube quatroze jours et un autre vingt-neuf jours (ce dernier ne
fut pas tube moins de 14 fois). L'auteur se sert de tubes de vulcanite, qui
seraient très bien tolérés.
1^ Le plus jeune enfant tube avait six mois ; il a guéri. Le plus âgé avait
huit ans.
Case cl bronchial diphtheria (Cas de diphtérie bronchique)» par
le D' Bellamy {The Brit. med. Journ., 29 juin 1907).
Garçon de huit ans : après quelcfues jours de malaise, a du coryza avec
toux et mal de gorge, mais continue d'aller à l'école. Il perd peu à peu sa
voix, saigne du nez de temps à autre et ne peut respirer que par la bouche.
L'examen médical n'a lieu que le dixième jour.
Peau chaude, pouls 102, température 38^,5, écoulement séro-sangui-
nolent par les deux narines ; rougeur du pharynx, grosses amygdales.
Albuminurie. Le soir, toux violente, expulsion de deux tubes membra-
neux, moules de deux grosses bronches; après quoi soulagement delà toux
et de la dyspnée. Chaque tube membraneux avait plus de 7 centimètres
de long et 6 millimètres de diamètre ; trente-six heures après, expulsion
d'un nouveau tube de 10 centimètres de long.
On injecte 4 000 unités de sérum antidiphtérique chaque jour pendant
cinq jours. Peu à peu,guérison; la voix reste un peu affaiblie, et il persiste
une paralysie des muscles ciliaires traitée ensuite parTésérine. Les cultures
ont donné le bacille de Lœffler.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 080
Réapparition de la diphtérie sous Finflaence de la rougeole, etc.,
par le D' H. Barbier {La tuberculose infantile, 15 avril 1907).
Sous rinfluence d'une rougeole ou d'une scarlatine, la diphtérie peut se
réveiller. Soit un enfant qui a été exposé à une contagion diphtérique et
qui a reçu une injection préventive, ou un enfant qui a été atteint de
diphtérie, soigné convenablement et guéri. Quand une rougeole survient
dans les semaines qui suivent, on peut voir réapparaître des manifesta-
tions diphtériques qui réclament une nouvelle injection de sérum. Cette
récidive peut s'observer dans les trois semaines qui suivent l'inoculation
de sérum, à une époque où l'immunisation devrait encore exister.
I. Garçon de trois ans et demi. Diphtérie nasale au cours d'une rou-
geole secondaire à la scarlatine. Inoculation, six semaines auparavant,
de 30 centimètres cubes de sérum.
II. H... Marthe. Diphtérie oculaire au cours d'une rougeole chez une
cachectique tuberculeuse inoculée trente jours auparavant par le sérum
antidiphtérique. Mort.
III. Garçon de trois ans et demi. Group et angine diphtérique. Gué-
rison le troisième jour. Scarlatine le cinquième jour. Rougeole le dix-
septième jour. Réapparition de la diphtérie sur la bouche ce même jour.
Guérison.
M. Barbier conclut :
l^* Lorsqu'une rougeole survient chez un enfant convalescent d'une
diphtérie, depuis moins de deux mois, la rougeole peut faire réapparaître
la diphtérie, et il est prudent, dès l'apparition de la rougeole, de faire
à l'enfant une nouvelle inoculation de sérum antidiphtérique ;
2o On doit agir de même lorsque, dans une famille ou ailleurs, la rougeole
apparaît chez des enfants ayant été en contact antérieurement avec des
cas de diphtérie, même quand on les a isolés à temps, même quand ils ont
reçu à ce moment une inoculation préventive, même quand le temps
théorique d'immunisation de celle-ci n'est pas écoulé.
Traitement orthopédique de certaines formes de la maladie de LitUe,
par le D' Frœlich {Congrès d'Alger, 1907).
Chez 15 malades, l'auteur a noté l'asphyxie à la naissance, les trauma-
tismes obstétricaux, la naissance avant terme, la gémellité, plus rarement
la syphilis. Ce qui domine la symptomatologie, c'est Vétat mental des enfants
atteints ; on peut, à ce point de vue, les diviser en spinaux et cérébraux.
Ces derniers, outre la paraplégie ou la diplégie, ont un alTaibhssement
mental qui les rendre fractaires à toute éducation (5 sur 15, avec 4 presc[ue
hydrocéphales). Chez les autres enfants, quoiqu'il y eût une diminution
de Tintelligence, du strabisme, des crises épileptiformes, de l'incontinence
d'urine, l'état psychique était perfectible. Dans la forme cérébrale,
l'aggravation dépend de poussées d'encéphalite ou d'hydrocéphalie, qui
viennent contrarier la thérapeutique. Dans la forme spinale, l'état s'ag-
grave si aucun traitement n'est apphqué, et la contracture aboutit à
des déformations, permanentes.
L'affection étant due à une exagération des réflexes médullaires et à
une diminution ou à une absence complète de l'action modératrice du
cerveau ou de la volonté sur ces réflexes, on devra tenter d'augmenter
l'action de la volonté ou des centres nerveux, et pour cela on aura recours
à la médication, à la mobilisation volontaire commandée et aux exercices
musculaires actifs.
* Contre la contracture, on aura recours aux sections tendineuses : ten-
don d'Achille, tendon du creux poplité, adducteurs de la cuisse. Après
Arch. db médbc. nK8 kickants, liM)7. X. — 44
01)0 ANALYSES
l'opération, appareil plâtré pendant quatre semaines, puis appareil en « uir
moulé, n'empêchant pas les massages musculaires et les mouvement pa>-
sifs. Traitement d'ailleurs des plus ingrats : « Le travail est aride et la
récolte maigre ; le traitement de ces affections est très astreignant ; il faut
une patience à toute épreuve pour le niener à bien. »
Epidermolysis bullosa (Ëpidermolyse huileuse), par le D' F. 0\ii-
DiNER (Tfie Scott, med. and Surg, Journ., juillet 1907).
Nous avons publié sur cette intéressante question de l'épiderriK»!}-^
bulbeuse congénitale une revue générale basée sur les faits intéressant^
de Petrini-Galatz {Arch, de méd. des Enfants, 1907, p. 353).
M. Gardiner semble avoir ignoré ces faits ainsi que plusieurs autres d*^
la littérature française, dont mention existe dans la revue sus-indiqu»^»».
L'épidermolyse bulleuse a pour caractéristique d'être souvent héréditaire',
se présentant dans la première ou la seconde enfance, s'accusant par dp<
bulles sous l'influence d'une légère irritation. Ëngman et Moore (Joum. "j
Cut, diseases, mars 1906), ont rapporté 4 cas :
1° Garçon de huit ans, sans hérédité ; première manifestation, il y a
dix-huit mois, à la suite d'un coup sur le dos de la main qui fit naître un^
ampoule ; peu après les avant-bras, les cous-de-pied et les pieds furent
atteints ; pas de douleur ni démangeaison, un léger traumatisme provoqua
des bulles. Impétigo contagiosa qui disparaît par des bains de sublima
à 1 p. 20 000. On note la présence de petits kystes épidermiques sur N
oreilles, la face, les lèvres, les mains, et de télangiectasies de la langue.
Amélioration par l'arsenic;
2° Fille de six ans, pas d'hérédité; l'éruption a commencé sur un ort»*jl
deux jours après la naissance et a persisté depuis lors ; elle est occasionné'
par les traumatismes ; télangiectasies et kystes épidermiques. Anip
lioration temporaire par l'arsenic ;
3° Garçon de huit ans ; pas d'hérédité, début sur le pouce après la luv^-
sance ;
40 Fille de dix -sept ans ; hérédité maternelle, la mère a souffert dVpi-
dermolyse bulleuse jusqu'à dix -huit ans ; un frère et une sœur ont êt«
également atteints. Début de la maladie dans la seconde année, kyst-
épidermiques multiples ; les bulles sont souvent précédées de démangeai-
sons et sont parfois douloureuses tant qu'on ne les a pas ponctionn^'^.
L'examen microscopique a montré le gonflement des cellules dans V^
couches profondes de l'épiderme, l'absence de tissu élastique dans If^
couches papillaires et sous-papillaires du derme.
Winkelried-Williams (Briu Jour, of Derm., janvier 1907) a vu un •
flUe de cinq ans qui, née avec des adhérences des mains, coudes, genoui, et <..
sans antécédents héréditaires, présenta une éruption bulleuse quinze jour-
après la naissance. Des frictions déterminaient la production de bulles.
La maladie était sans doute intra-utérine et avait provoqué les adhé^enr^^
des membres.
Valentine (Arck, f. Derm, und Syph., 1906) résume l'histoire «1»'
17 cas, dont 3 dans la même famille, et signale la prédominance d****
garçons.
Fordyce (Jour, of Cut. diseases, sept. 1906) rapporte un cas ass-xié
à un tremblement intentionnel des lèvres, de la langue, de la tête.
Le traitement par les rayons X a donné d'assez bons résultats. Schoin-
berg (Joum. of Cut. Dis., 1906), après 30 séances, obtint une réeUe amélio-
ration chez un garçon de dix ans. Berger (Semaine médicale, 16 mai lyo»*».
aurait guéri en six semaines un cas qui datait de six ans (depuis la nais-
PUnLIGATIONS PÉRIODIQUES. OOl
sance). Durée de chaque séance : sept minutes. L'amélioration a été
signalée après trois jours. Agnes Savill (The Lancet, 14 juillet 1906) a obtenu
(iu soulagement par l'ergot de seigle chez deux malades (frère et sœur).
Ostéofliyélite vertébrale aigué, par MM. Andrieu et Lemarchal
(Revue cTorthopédie, l^r juillet 1907).
Garçon de onw ans et demi, entré le 10 novembre 1906 dans le ser-
vice de M. Moizard, avec des signes d'infection générale datant de huit
jours. Chute dans l'escalier un mois avant. Au bout de quinze jours, dou-
leurs vagues dans le côté gauche du thorax. Deux épistaxis. Constipation.
Pouls 110, température 39°. Une voussure comble la gouttière verté-
brale de l'angle interne de l'omoplate à la région lombaire. Peau luisante
et tendue, lacis veineux. Fluctuation. Colonne dorsale peu mobile, l'enfant
ne peut faire le dos rond ni l'étendre fortement. La pression de haut en
Ijas sur les apophyses épineuses est douloureuse au niveau de la septième
dorsale ; pas de gibbosité. Parésie des membres inférieurs avec conser-
vation de la sensibilité. Vessie paresseuse, constipation opiniâtre, réflexes
rotuliens normaux, pas de trépidation épileptoïde.
Une incision de 15 centimètres suivant le grand axe de la collection
parallèle aux apophyses épineuses donne 250 grammes de pus. Au fond
de la cavité, on sent une apophyse transverse dénudée ; on la résèque.
Pas d'amélioration, on est obligé de sonder l'enfant.
Le 29 novembre, hématurie ; le 4 décembre, cystite, urines purulentes,
fétides, œdème du prépuce. Lavages delà vessie au protargol à 1 p. 1000.
Le 9 décembre, escarre sacrée, escarre à la fesse gauche. Le 12 décembre,
œdème des membres inférieurs, phlyctènes aux pieds. Ballonnement du
ventre.
Le 8 janvier, pâleur et amaigrissement extrêmes, cyanose des lèvres,
160 pulsations, souflle pulmonaire. Mort dans la nuit du 9 au 10 janvier.
Autopsie, — Viscères abdominaux distendus, refoulant le diaphragme ;
bronchopneumonie à droite. Adhérences à gauche, abcès intrapleural.
Cette collection semble communiquer avec le foyer vertébral. Léger
épanchement péricardique. Végétations flbrineuses de la mitrale et de
la tricuspide.
Ueber einen Fall von Herpès zoster ophthalmicns bel einem Kinde
(Sur un cas de zona ophtalmique chez un enfant), par J.-M. Rachmaninow
(Archiv /. Kinderheilk,, 1907).
L'observation a porté sur une enfant de quatre ans et demi, qui, huit
jours auparavant, avait reçu un coup avec un bâton mince sur la tête,
près de l'occiput. La nuit suivante, l'enfant se plaignit de douleurs à l'œil
gauche, qui le lendemain ne pouvait plus s'ouvrir. Le quatrième jour,
l'enfant examinée ne montre rien d'anormal à l'œil. Le cinquième, on voit
de la rougeur et du gonflement de la paupière de l'œil gauche. La nuit,
apparatt une éruption vésiculeuse sur le front, le nez, et du gonflement
des paupières de l'œil droit. L'éruption s'étendit à droite jusqu'au milieu
du visage.
Les vésicules par suite de frottements s'excorièrent; il se forma des
croûtes qui tombèrent peu à peu ; il n'y eut pas de cicatrices.
Il est peu probable que ce si léger traumatisme, ayant porté sur le côté
opposé à celui qui fut frappé de zona, en ait été la cause.
La brièveté du stade latent va encore à rencontre de l'origine trauma-
tique de ce zona, qui apparut quelques heures seulement après le trau-
matisme. En outre, il y a à noter la longueur anormale du stade prodro-
(502 ANALYSES
mique ; l'éruption se montra seulement au septième jour après le début.
A noter encore l'existence de douleurs consécutives persistant après !♦»
retour ad integrum de la peau, ce qui est chose rare chez l'enfant jeune.
Ueber Todesfâlle bei Chorea (Sur les cas de mort dans la chorée),
par J.-M. Rachmaninow (Archiv /. Kinderheilk,, 1907).
Chez deux fillettes, l'une de douze, l'autre de treize ans, dont la chonn-
grave se terxiina par la mort, on notait à l'autopsie une endocardito
récente mitrale restée latente pendant la vie, quoiqu'on eût examiné le
cœur avec grand soin. Ce n'est pas l'endocardite qui causa le fn^av»-
tableau morbide et qui fut la cause prochaine de la mort. Au point de vue
clinique, ces deux cas différaient des cas ordinaires. Dans un cas, outre la
violence des mouvements choréiques, on notait une assez forte hyp^r-
thermie, de l'hémiplégie et de la perte de connaissance ; dans l'autre,
l'hyperthermie ne survint que vingt-quatre heures avant la mort. L'end»»,
cardite et la splénomégalie trouvées à l'autopsie montrent que les enfanta
succombèrent à une infection généralisée, peut-être secondaire et due à
des microbes pyogènes ayant pénétré par les nombreuses érosions
répandues à la surface du corps.
Beitrag zur Lehre der KleingehirngeschwtUste im Kindesalter (Contri-
bution à l'étude des tumeurs du cervelet dans l'enfance), par !♦*
D' OsHiMA (Archivf. Kviderlieilk.y 1907).
Chez une enfant de six ans, on observait les signes suivants : céphalée
postérieure avec vomissements, surtout le matin et le soir, phénomène-
fréquent dans la tuberculose du cervelet, perte de connaissance, trouhI«*>
de l'acuité visuelle allant jusqu'à la cécité, troubles fonctionnels d«-<
muscles de l'œil, nystagmus, strabisme, contracture spasmodique de>
muscles de l'œil survenant pendant les attaques, tout cela était en faveur
de la tuberculose du cervelet. L'augmentation de l'hydrocéphalie montrait
que la tumeur augmentait de volume. Les convulsions prédominant
au côté droit montraient qu'il devait y avoir un foyer dans l'écort»'
cérébrale.
A l'autopsie, il y avait en effet un tubercule solitaire occupant rhérni-
sphère droit du cervelet et dans l'hémisphère gauche du cerveau un petit
tubercule.
Beitrâge zam Studium des Saûglings-Pylorospasmas mit besonderer
Berûcksichtigung der Frage von seine r Angeborenheit (Contribution a
l'étude du pylorospasme du nourrisson avec considération parlicuUère
sur sa congénitalité), par le D' Wilh. Wernstedt {Jahrb. f. Kindcr-
heilk,, 1907).
Pour établir la nature du pylorospasme du nourrisson, l'auteur a fait
des examens d'estomac comparatifs chez des édentés et chez d'autres
vertébrés. Chez les premiers, il a toujours trouvé une région pylorique
fortement musclée; chez les autres, jamais il n'a vu pareille chose, sauf
cependant chez le lapin, où il y a quelque analogie avec ce qu'on voit
chez les édentés. On peut admettre au cours du développement du fœtus
un état du pylore analogue à celui des édentés, mais c'est là une hypo-
thèse.
Pour ce qui est de la congénitalité du pylorospasme, il n'est guère pas-
sible de trancher actuellement la question. Il faudrait pour cela avrir
trouvé une réelle hypertrophie à l'autopsie d'enfants mort-nés ou morts
presque après la naissance. Or Tauteur ne connaît pas un cas certain de
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 003
ce genre. Le but de l'auteur par ce travail n'est pas de prouver la congé-
nitalité de la lésion, mais d'établir l'absence de preuves certaines. Il y
a là» ce semble, un trouble fonctionnel des nerfs moteurs de l'estomac.
Die Eigentûmlichkeiten des Kindesalters (lies .particularités de
l'enfance), par le professeur Gundobin (Jahrb. /. Kinderheilk., 1907).
L'auteur établit que la croissance des divers organes ne marche pas de
pair avec la croissance générale de tout l'organisme. Il y a une première
loi à mettre en lumière que la croissance des organes dans l'enfance ne
va pas de pair avec leur développement histologique. Par croissance, il faut
entendre l'augmentation de volume; par développement, le perfection-
nement de l'organe dans sa structure et sa fonction. Ce dernier est beau-
coup plus tardif.
La seconde loi a trait à l'énergie de croissance inhérente à l'organisme
infantile, qui, si elle est trop violente, peut s'accompagner de troubles.
La troisième est que, pendant cette période de rapide croissance, l'orga-
nisme a le moins de résistance contre les influences nocives. En outre,
les organes les plus actifs sont aussi ceux qui sont le plus lésés.
Ueber palpable und bewegliche Nieren im Saûglingsalter (Sur les
reins accessibles à la palpation et mobiles chez le nourrisson), par le
D' Karl Leiner (Zeitschr. /. klin» Med., 1907).
L'auteur relate deux cas, l'un d'un enfant de quatre mois, chez qui
l'examen du rein fait par la méthode de Glénard (introduction de quatre
doigts entrQ l'os iliaque et le rebord costal, l'enfant étant étendu sur le dos)
permettait de constater dans les deux lombes une tumeur ronde. La
palpation dans le décubitus latéral était plus facile. L'examen rectal
donnait les mêmes résultats. L'insufflation du côlon mettait en évidence
le siège rétro -péri tonéal des deux tumeurs..
Le second cas était très analogue ; il s'agissait d'un enfant de huit
mois, très amaigri aussi et ayant aussi des lésions pulmonaires, tuberc-
lose ici, pneumonie dans le premier cas. La palpation du rein droit était
gônée par le volume du foie. Par contré, à gauche, la palpation rénale
était aisée. On sentait les reins mobiles avec la respiration et dans le sens
longitudinal. A l'autopsie, cependant, les reins étaient gros, mais ^ leur
place normale.
Ueber Kongenitale Maskelatonie {Myatonia Congenita Oppenheim)
(Sur l'atonie musculaire congénitale), par le D»^ L. Tobler (Jahrb. j,
KinderheilK 1907).
En s'appuyant sur quatre cas, Oppenheim a décrit en 1900, sous le
titre à^ atonie musculaire générale et localisée de la première enfance, une
direction qui, survenant chez des enfants dont l'état de la nutrition est
satisfaisant, est caractérisée par une extrême mollesse et une impuissance
fonctionnelle de la plupart des muscles. Les membres inférieurs sont
atteints plus que les supérieurs. L'atonie peut aller jusqu'à la paralysie
complète ; les membres se laissent mettre en des positions impossibles
normalement; les réflexes tendineux sont abolis; l'excitabilité électrique
est très diminuée. Il n'y a pas d'atrophie musculaire; la sensibilité est
intacte.
L'auteur rapporte un cas bien caractérisé qu'il a pu suivre pendant
plus de trois ans. Il s'agissait d'un enfant né de parents normaux, non
consanguins, et dans des conditions normales, nourri au sein pendant
ix mois. Au moment du sevrage, il y eut un peu de catarrhe in lest i nal
004 ANALYf^ES
avec fièvre d'ailleurs passagère ; à un an et demi, catarrhe pulraonair»»
avec fièvre. I/enfant, né lo 16 décembre 1900, présentait en août 1902
rétat suivant : poids 9'"'M00 ; bon aspect, nutrition générale très satis-
faisante, pas de rachitis. Ganglions légèrement perceptibles ; lobe mown
thyroïdien appréciable. Cœur et poumons normaux, ainsi que les viscères
abdominaux. A travers l'épaisse couche de graisse, on sent les musclas
normaux. La tête est bien maintenue, il y a une forte cyphose d<* la
colonne vertébrale sur toute l'étendue ; les bras pendent flasques ; les
jambes sont en rotation externe au niveau de la hanche et en lég'Vp
flexion au niveau du genou. Les pieds sont en chute partielle et touchent
le lit par leurs bords latéraux. Le tonus musculaire est dans tous le?
membres presque nul ; la jambe soulevée retombe lourdement. Les arti-
culations ont une laxité anormale. Les épaules peuvent arriver au conta» t
des oreilles. La voûte plantaire est alTaissée. Si l'enfant est debout et m
on ne le soutient pas par le bassin, il s'affaisse sur lui-même. Il n'y a pas
de paralysie complote ; les mouvements actifs persistent, mais seu-
lement esquissés ; ils sont lents et sans force et plus marqués aux bra^;.
C'est surtout à la périphérie des membres que les mouvements sont
plus accentués. Souvent l'enfant a la tête entre les pieds, et il ne peul
sans aide se redresser que lentement. Les traits du visage sont mous ; il
ne peut pas soufïler. Les mouvements de la langue et des yeux sont nor-
maux, les pupilles réagissent bien ; les réflexes rotuliens sont abolis. K*
réflexe plantaire n'est qu'esquissé; celui de Babinski manque: le réflexe
abdominal est manifeste ; le crémastérien ne peut être cherché, vu l'arrêt
du testicule dans sa descente. L'excitabilité électrique aux deux espèceN
de courants est en partie conservée, en partie très diminuée. Les con-
tractions sont courtes ; il n'y a pas de réaction myasthénique. Sensibilités
à la douleur et au courant électrique normales. Fonctions de la miction
et de la défécation normales.
Dans la suite, le développement physique et psychique se fait norma-
lement. On traite l'enfant par le massage ; grâce à cela, les mouvements
des bras se font mieux. Le 29 mai 1905, on apprend la mort de l'enfant,
qui avait eu une diphtérie avec bronchopneumonie traînante. Il n'y
eut pas d'autopsie.
L'auteur rapproche son cas des 16 autres publiés et en retrace le
tableau clinique. L'affection frappe les deux sexes, et on n'en connaît
pas l'étiologie. Le début peut se faire pendant la grossesse ; la mère sent
moins bien les mouvements que normalement. Ce qui frappe d'abord,
c'est l'inactivité du jeune enfant ; les jambes sont surtout atteintes, pluh
rarement les bras, et dans les cas graves le dos et le cou. Il y a un reste
de mouvements actifs dans les extrémités des membres, dans le hu^
plutôt qu'à la jambe et dans celle-ci surtout aux péroniers. La palpation
des muscles montre la mollesse, mais sans atrophie vraie. Les réflexes
tendineux ont disparu ; ceux de la peau persistent. L'excitabilité élei -
trique est très atteinte ; seul Muggia l'a vue normale. Le courant galva-
nique agit plus que le faradique. Les muscles sous la dépendance d^^
nerfs crâniens ne sont pas atteints ; il en est de même des sphincters.
État normal de la sensibilité, des vaso-moteurs, des organes des sens :
intelligence à peu près normale. Pas de troubles subjectifs. Souvent il
y a un empAtement de graisse, surtout des membres inférieurs.
Lorsque la guérison doit survenir, il y a disparition de la plupart ii'-<
symptômes au bout de quelques mois ou années ; la rég^ression est lente,
mais en tout cas il n'y a jamais d'évolution progressive. On n'a jusquVi
suivi aucun cas jusqu'à guérison complète. La guérison survient d'abord
PUBLICATIONS PÉRIODIOÙES 0î)5
aux membres supérieurs, et elle peut y être complète. Sans être vraiment
grave, le pronostic est plus sombre que ne le disent Oppenheim et ses
élèves. La gravité tient aux affections pulmonaires intercurrentes, qui
élèvent la mortalité à 33 p. 100.
Le diagnostic est facile avec la poliomyélite par la congénitalité,
l'absence d'atrophie et de réaction électrique de dégénérescence. Plus
délicat est celui avec les pseudo -paralysies décrites par Vierordt, surtout
dans le rachitis ; dans ces cas, il y a les lésions du squelette, la non-con-
génitalité, la guérison plus rapide.
On ne possède actuellement qu'une autopsie de Spiller. Le système
nerveux était normal. Les muscles avaient un aspect hyalin ; les fibres
étaient étroites, la striation transversale ne se voyait pas. Il s'agissait
donc bien, comme le pensait Oppenheim, non d'une lésion des nerfs,
mais d'un retard dans le développement des muscles. Il semble même
que les muscles soient normaux, d'après une biopsie de Bing, qui n'a
trouvé qu'un peu d'augmentation du nombre des noyaux. Bernhardt
a publié deux cas qui ne semblent pas rentrer dans ce cadre. Pour lui, la
rayatonie dépendrait d'un défaut du développement des nerfs péri-
phériques ou d'une névrite périphérique dégénérative liée à une infection
ou une intoxication consécutive, soit à une maladie infectieuse ou à une
persistance du thymus. Le traitement consiste en courants électriques,
surtout faradiques, bains électriques, massages et mouvements passifs.
Congénital hypotonia, congénital amyoplasia (Hypotonie congénitale,
amyoplasie congénitale), parle D''Carey Coombs {The Brit. med. Jowrn,,
15 juin 1907).
Ce cas est analogue à ceux que le D' Oppenheim a décrits sous le nom de
myotonia congenita et dont nous avons entretenu les lecteurs des Archives
de Médecine des Enfants (1906, page 152 : Atonie musculaire congénitale).
Fille de dix ans présentée à la consultation externe du CkUdren's
Hospital (Bristol) pour faiblesse musculaire et dépérissement. Parents
sains et aisés. Trois autres enfants morts de maladies banales. Naissancç
à terme, sans difficulté, aucun antécédent morbide. Cependant, une demi-
heure après la naissance, on a remarqué la faiblesse d'une main. Mais
c'est quand elle commença à marcher que l'affection fut reconnue. Les
jambes refusaient tout service. A deux ans et demi, on note que ses mollets
sont très petits; jusqu'à sept ou huit ans, les chevilles tournent et la font
tomber; on y remédie avec des bottines à tuteurs. Mains faibles et inhabiles
à cause de la laxité musculaire. Intelligence nette. L'enfant ne peut
s'habiller seule ni porter des objets un peu lourds. Elle ne peut marcher
longtemps sans une extrême fatigue. Taille normale. Pas de faiblesse dans
les muscles innervés par les nerfs crâniens ; la langue, les muscles de la
mastication, ceux des lèvres ont leur tonicité. L'impotence porte surtout
sur les muscles des membres, qui sont mous, petits, surtout aux extrémités
(avant-bras, mains, jambes, pieds). Pas de contracture. Hypo tonicité
remarquable, qui fait que les doigts peuvent être portés en extension
forcée et subissent des mouvements passifs exagérés, la face dorsale des
doigts pouvant entrer en contact avec le dos de la main et la main toucher
le dos de Tavant-bras. Même exagération de la flexion de la main et de
l'écartement des doigts. Au coude, nouvements de latéralité anormaux et
excessifs. Mêmes troubles aux pieds et jambes, quoique à un degré moindre.
Au tronc, faiblesse analogue, lordose, exagération des courbures de la
colonne vertébrale, flaccidité des muscles abdominaux, proéminence du
ventre dans la position assise. Respiration facile, intégrité des sphincters.
()0() ANALYSES
Coordination des mouvements conservée, pas de tremblement flbriUaire.
conservation des réflexes tendineux. Diminution des contractioas élec-
triques en rapport avec Thypotonicité. Sensibilité intacte. Pas d'aggrava-
tion depuis le début ; Thypotonicité n'est pas progressive.
Étude clinique ethistologiqae de la cuti-réaction à la tnbercaline chei
les enfants, par Marcel Ferrand et Jules Lemaire (La Presse médi-
cale, 28 sept. 1907).
Ce travail est basé sur l'observation de 100 enfants du service df
M. Hutinel, sur 350 cuti -réactions faites avec des substances diverses
et sur 19 examens histologiques. Scarifications d'un demi-centimètre de
long, peu profondes, au nombre de trois par enfant, faites avec le vac-
cinostyle dans la région deltoïdienne.
Cuti-réaction à la tuberculine, — Sur 100 cas, 54 résultats positifs:
soulèvement rouge vif, d'apparence urticarienne, surmonté d'une mince
croûtelle brune, entourée d'un halo rose clair. Plusieurs degrés : 1® réaction
faible, zone érythémateuse de 4 à 6 millimètres, centre un peu papuleux,
halo réduit et peu durable ; 2° réaction moyenne, zone érythémateus<>
de 6 à 12 millimètres, saillie papuleuse plus nette» halo plus étendu et
plus persistant ; 3^ réaction forte, exagération des lésions précédentes.
Les réactions les plus intenses s'observent en général chez les sujets
qui ont présenté les plus fortes réactions à l'injection sous-cutaaée de
tuberculine. Maximum de la réaction au bout de vingt-quatre heures,
parfois plus tôt ; elle disparaît au bout de cinq à dix jours, mais peut durer
quinze, vingt et vingt-cinq jours.
Au point de vue histologique, on constate un œdème dermique souvent
considérable, et une réaction inflammatoire à distance (petites cellules
rondes). Cette cuti-réaction à la tuberculine diffère cliniquement et
anatomiquement de ce qu'on observe après scarification simple, après
pénétration de glycérine simple, de glycérine phéniquée ou sublimée,
de vaccin, de toxine diphtérique. Elle est toujours semblable à elle-même
chez les tuberculeux.
Les résultats positifs ou négatifs de la cuti-réaction ont été vérifiés
par l'oculo-réaction 29 fois sur 49 cas, par l'injection sous-cutanée de tuber-
culine 34 fois sur 39 cas.
THÈSES ET BROCHURES
L'enfant, par le D' P. Bézy (Brochure de 46 pages, Paris, 1907.
J.-B. Baillière et fils, éditeurs. Prix : 1 fr. 25).
Dans cet opuscule, le D' Bézy, professeur de clinique infantile à la
Faculté de Toulouse, traite des organes du nouveau-né, de leurs fonctions
pendant l'enfance, de la croissance, etc. A propos des organes digestifs,
l'auteur s'occupe des besoins alimentaires du nourrisson et de la ration
qui lui convient. Un kilogramme d'enfant a des besoins plus importants
qu'un kilogramme d'adulte; il reçoit plus et rend moins; il rayonne plus,
il a besoin d'un plus grand nombre de calories. Pour Lambling, un enfant
normal de trois mois a besoin de 91 calories par kilogramme et par vingt-
quatre heures. Pour Bonnet et d'Arsonval, qui se basent sur la calorimétrie
directe, 80 calories sufiiraient. Pour E. Maurel, pendant les quatre pre-
miers mois, le nourrisson a besoin de 100 grammes de lait par kilogramme
de poids. Ce qui domine les besoins du nourrisson, c'est son poids et sa
surface cutanée.
Le besoin d'alimentation est plus grand chez les enfants que chez les
THÈSES ET BROCHURES ()97
adultes à cause de la croissance ; pendant les deux premières années,
Tenfant prend 4 grammes d'albumine par kilogramme, ration double
de celle de l'adulte et en retient plus que lui, il prend aussi le double
de graisse. L'enfant très jeune dépense par kilogramme deux fois plus
de calories que l'adulte. Le rayonnement étant moindre en été, le
besoin alimentaire est alors diminué, et la ration doit être moindre
que l'hiver.
Un kilogramme d'adulte correspond à 2 décimètres carrés de surface
de peau ; un kilogramme de nourrisson correspond à 4 décimètres carrés
au moins. Enfin il y a des enfants qui rayonnent plus que d'autres.
On voit que l'opuscule de M. Bézy agite des questions intéressantes.
Cardiopathies et allaitement, par le D' L. Le Roux (Thèse de Paris,
10 avril 1907, 54 pages).
Cette thèse, écrite par un élève de Budin, contient 8 observations qui
montrent l'exagération de la formule de Peter appliquée aux cardiaques :
« Fille pas de mariage, femme pas de grossesse, mère pas d'allaitement. »
Les maladies de cœur ne sont pas une cause d'empêchement pour allaiter
les enfants. Une mère cardiaque peut nourrir, comme elle a pu enfanter,
avec succès. Quand la lésion cardiaque est compensée, quand l'état général
est bon, la mère peut nourrir.
On devra surveiller de près la nourrice cardiaque, afin de l'aider par un
allaitement supplémentaire, si le besoin s'en fait sentir. Quand l'affection
cardiaque est mal compensée, l'allaitement ne doit pas être conseillé,
car il ajouterait une cause de fatigue et de surmenage à la faiblesse orga-
nique du cœur.
Régimes alimentaires dans la scarlatine, par le D' Courdouan
{Thèse de Paris, 25 avril 1907, 92 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Lesage, contient 47 observations, avec
tableaux et tracés. Le chlorure de sodium ne semble pas jouer de rôle
fâcheux sur la marche de la scarlatine.
Il n'y a pas de rétention chlorurée au cours de la scarlatine. Le sel
ajouté aux aliments est sans influence sur l'albuminurie précoce et ne
paraît pas jouer de rôle dans la genèse des néphrites plus tardives.
La courbe de l'élimination chlorurée est identique dans les différents
régimes ; l'albuminurie précoce disparaît à la même époque, quel que soit
le régime. Aucun régime ne met à l'abri de la néphrite tardive. Le régime
lacté est sans doute insuffisant et fait maigrir. Mais c'est à lui qu'on devra
s'adresser toutes les fois qu'on ne pourra pas surveiller les urines de très
près. C'est à lui qu'on devra s'adresser encore dans les cas de néphrite
scarlatineuse.
En dehors de ces cas, le régime ordinaire, normalement chloruré, peut
avoir son utilité. Agréable, inoffensif, il produit en outre une augmenta-
tion de poids régulière et progressive.
Un cas d'hémiparalysie de la langue chez le nonvean-né, par le
I)"" P. Person {Thèse de Paris, 19 juillet 1906, 34 paj^es).
Il s*agit d'un cas déjà présenté à la Société d'obstétrique de Paris par
L. Démelin et C. Jeannln. L'hémi paralysie de la langue était due à une
paralysie obstétricale de Fhypoglosse : application de forceps sur un
sommet en droite postérieure. On a noté comme symptômes : déviation
de la pointe de la langue, affaissement de la moitié de Torgane, toux et
ronchus trachéaux. H en résulta une grande gène pour Tallaitement au
008 ANALYSES
sein, la succion étant entravée par la paralysie de la moitié droite de la
langue.
La paralysie du nerf hypoglosse semble avoir été produite par élon>;a-
tion du segment de ce nerf tendu entre le trou condylien antérieur el la
face externe de la carotide interne, suite de la subluxation en avant de la
moitié droite de Tatlas sous Tintluence du bec de la cuiller postérieure
du forceps.
Quelle que soit la valeur de l'explication, cette variété de paralysie
obstétricale est intéressante par son extrême rareté.
La tuberculose dans la première enfance ; cavernes tnberculeoses chez
le nourrisson, par le û*^ H. Lhomme {Thèse de Paris, 19 juillet 11H)0,
128 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Guinon, contient 39 observations. Dnsail
que la tuberculose pulmonaire est fréquente chez le nourrisson. La tul)or-
culose cavitaire est plus fréquente qu'on ne croit dans le premier ai.^.
Rares avant trois mois, les cavernes sont unilatérales le plus souvenl et
situées à droite, plutôt à la base ou à la partie moyenne qu'au sommet.
Elles dérivent de la fonte d'un bloc de pneumonie casécuse, de la suppu*
ration d'un groupe de noyaux bronchopneumoniques, du ramollissemenl
de lésions chroniques. Elles peuvent èlre uniques et de grandes dimon-
sions, ou petites et assez nombreuses.
Symptômes trompeurs : bruits pseudo-cavitaires dans le cas de simple
bronchite, absence de bruits cavitaires dans le cas de caverne véritable:
|)as de symptômes fonctionnels caractéristiques; quelquefois une
hémoptysie foudroyante est la conséquence d'une caverne. En tout cas,
diagnostic très difiicile pendant la vie ; la radioscopie peut être utilisée
dans les cas douteux. Pronostic à peu près fatal dans tous les cas.
De la pleurésie purulente du nourrisson, notamment delà pleurésie à
pneumocoques, par le D^ Paul Douriez {Thèse de Paris, 19 juillet 1900.
50 pages).
Cette thèse, basée sur 10 observations, montre que la pleurésie puru-
lente n'est pas exceptionnelle chez le nourrisson. Elle est secondaire aux
infections pulmonaires ; le pneumocoque en est le principal agent, au
lieu du streptocoque, qui joue le premier rôle dans l'empyème «lu nou-
veau-né. 11 faut s'appliquer à faire le diagnostic, c'est-à-dire examiner le
malade. Car les signes physiques ont seuls de l'importance et, en premier
lieu, la matité. On aura recours à la ponction exploratrice, qui ferareron-
naîti'e le pus et permettra l'examen bactériologique.
La confusion est faite assez souvent avec la pneumonie ou la bronch<H
pneumonie, la tuberculose pulmonaire même; mais ces alfeclions ne
donnent pas lieu à une matité aussi complète.
Pronostic grave, presque fatal pour les pleurésies à streptocoques,
moins redoutable pour les pleurésies à pneumocoques.
On fera d'abord une thoracentèse, qu'on pourra renouveler, s'il s'ajrit
de pleurésie à pneumocoques. L'empyème, qu'on est bien obligé de faire,
est une opéi-ation dangereuse chez les nourrissons.
Méningite tuberculeuse du nourrisson, par le D*^ O.-T. Lafarchade
{Thèse de Paris, 20 juillet 1906, 150 pages).
(!ette thèse, inspirée par M. Lesage, contient 40 observations. Elle
montre que la méningite tuberculeuse est aussi fréquente de deux mois
à deux ans que dans la seconde enfance ; mais elle évolue d'une manière
LIVRES 099
frust« dans la plupart des cas. On peut lui distinguer trois formes :
1** hémiplégique: 2^ édamptiquo ; 3° somnolente.
La forme somnolente, sur laquelle a insisté M. Lesage.est caractérist''e
par quatre symptômes : somnolence progressive, catalepsie oculaire,
amaigrissemsnt progressif, instabilité du pouls avec irrégularité. On peut
encore décomposer cette forme en deux variétés : variété somnolente
pure, variété somnolente gastro-intestinale.
Le syndrome somnolent suffit par lui-même à caractérieer la méningite
tuberculeuse, pourvu qu'il persiste pendant plusieurs jours. Le diagnostic
a été confirmé par la ponction lombaire et les inoculations au cobaye.
Marche fatale, traitement absolument inefficace.
Du sarcome de Tamygdale chez reniant, par le D* H. Carrière ( TA^se
(le Paris, 18 juillet 1906, 60 pages).
(ietle thèse a été inspirée par M. Moizard. Elle contient 2 observations
que nous avons analysées jadis (1902, page 493, et 1904, page 449). Elle
montre la rareté du sarcome de l'amygdale chez l'enfant. Ce sarcome est
le plus souvent primitif et isolé; son origine reste indéterminée. En géné-
ral, il est à petites cellules et débute insidieusement par de l'hypertrophie
amygdalienne, des troubles de la phonation. Tout traumatisme, quel
qu'il soit, a pour elîet de donner un coup de fouet à la tumeur : incision,
excision, pointes de feu doivent être rejetées. Il y a toujours un engorge-
ment ganglionnaire considérable. Troubles respiratoires constants, mort
par asphyxie.
Diagnostic difficile au début ; on doit tenir |>our suspecte toute hyper-
trophie amygdalienne unilatérale. Marche rapide, pronostic fatal. Traite-
ment chirurgical à écarter. Insister sur la médication iodée.
LIVRES
Klinîsche stndien ûber Yakzination und vakzinale Allergie (Études
cliniques sur la vaccination et les éruptions vaccinales), par le
D' C. VON PiRQUET (vol. dc 194 pages, Leipzig et Vienne, 1907, Franz
Deuticke, éditeur. Prix : 6 marks).
Dans ces études entreprises à la Clinique infa'ntile de l'Université de
Vienne (professeur Escherich), l'auteur décrit et représente (49 figures dans
le texte et une planche en couleurs) l'éruption de la première vaccination
et de la revaccination, les fausses et les vraies vaccines, les éruptions
secondaires, etc. Il compare ces éruptions à celles qu'on voit dans la
sérothérapie et qu'il a décrites sous le nom de maladie du sérum.
Beitrâge zur Lungenpathologie der Sàuglinge (Essais sur la patho-
logie pulmonaire du nourrisson), par le D' L. Bartenstein et le
D' G. Tada (vol. de 100 pages, Leipzig et Vienne, 1907, Franz Deuticke
éditeur. Prix : 6 marks).
Dans ce livre, orné de 5 figures dans le texte et 9 planches hors texte,
les auteurs étudient successivement : le développement du poumon, la
forme et le volume des poumons suivant l'âge, le thorax et la respiration
du nourrisson, la pneumonie du nourrisson, sa pathogénie, la pneumonie
hyposta tique, la pneumonie catarrhale aiguë (bronchopneumunie,
pneumonie lobulaire), la pneumonie lobaire aiguë.
Cet ouvrage, très bien illustré, émane de la clinique infantile de l'Uni-
versité royale de Breslau.
70<J SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Hygiène de la lèche y de la came (Hygiène du lait et de la viande)»
par le D' Pedro Berges (Vol. de 488 pages, Buenos Aires, 1907).
Cet important travail, publié dans le Bulletin du ministère de fAfiri-
culture de la République Argentine^ est très intéressant pour les médecins
d'enfants. Il suffira, pour en donner une idée, de transcrire les têtes de
chapitre :
1° La tuberculose sur le continent latino-américain, sa prophylaxie;
2® Les maladies transmissibles par l'alimentation lactée, leur pM-
phylaxie ;
3° Pasteurisation obligatoire du lait provenant des vacheries subur-
baines et rurales ;
4® Conditions que doivent réunir la construction et l'administration des
abattoirs latino-américains ;
50 Inspection vétérinaire des viandes chez les diverses nations sud-
américaines. Nécessité et moyens de la généraliser ;
6^ Réglementation des causes de saisie dans les abattoirs ;
70 Conditions que doit remplir le lait provenant des vacheries
urbaines.
Le livre contient une série de détails pratiques qu'il serait trop long
d'analyser et qu'il faut lire en entier pour se bien pénétrer du soin apport»^
à l'étude de ces questions d'hygiène alimentaire, si importantes pour la
population des grandes villes.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATME
Séance du iS octobre 1907. — Présidence de M. Villemik.
M. ViLLEMiN fait part à la Société de la mort du professeur Gramcher.
son ancien président, et se fait l'interprète des regrets profonds et una-
nimes qu'elle a causés.
M. L. MoRQuio, professeur de clinique infantile à la Faculté de Monte-
video, après un rapport de M. Comby, est nommé membre correspondant
étranger de la Société de Pédiatrie.
MM. Variot et Devillers communiquent un cas d'atonie muscu-
laire congénitale. Il s'agit d'un enfant de trois mois, flasque et mou, ne
remuant bien les membres que dans le bain, présentant une cyphose*.
Cependant, pas d'atropbie musculaire. Mort à six mois et demi de broncbr>-
pneumonie. On a pu faire une autopsie partielle, et les résultats de Texa-
m en histologique seront publiés plus tard.
M. Comby a fait paraître, dans les Archives de Médecine des Enfants
(1^' septembre 1905), une revue générale sur l'atonie musculaire congé-
nitale, qu'il est le premier à avoir signalée en France. Dans cette revue,
après avoir cité les cas d'Oppenheim, de Berti, etc., il rapportait un cas
personnel des plus typiques. Il a d'ailleurs donné une courte description
didactique de cette maladie nouvelle dans son Traité des Maladies de
VEnfance (5^ édition, parue le 1^' décembre 1906, page 765). Plus rt-
cemment, il a observé un deuxième cas inédit, dont il exposera briève-
ment l'histoire. Le D' Girard (d'Ivry), en novembre 1906, lui adresse
un petit garçon de quatre mois, pesant 5 600 grammes, nourri au sem
par sa mère, et qui, depuis l'âge d'un mois, serait paralysé. En effet, cet
enfant ne peut tenir la tête, et il s'affaisse comme une masse inerte
quand on veut le mettre debout. Couché sur le lit, il fait quelques mou-
vements. Levé, il semble entièrement paralysé. Pas d'atrophie muscu-
laire. Pas de troubles sphinctériens, pas de troubles de la sensibilité, mais
abolition des réflexes tendineux. Un examen fait par M. Larat, un autre
socii^:tk de pédiatrie 701
examen fait par M. Weil, ont montré de l-hypoexcitabilité électrique à
la partie postérieure de la cuisse droite, sans réaction de dégénérescence.
Rien à l'auscultation.
Sous l'influence des bains, des massages, des courants électriques
longtemps continués, l'enfant s'est peu à peu amélioré. ; il a été suivi
pendant toute l'année courante et revu pour la dernière fois le 16 oc-
tobre 1907. Il a actuellement quinze mois et présente toutes les apparences
de la santé, si l'on fait abstraction de l'atonie musculaire qui persiste.
Cet enfant, par son habitus extérieur, rappeUe tout à fait un cas dont
M. Tobler (JaJirbuchf. Kinderheilky 8 juillet 1907) a publié les photographies.
En somme, il y a là une maladie nouvelle, de nature encore inconnue,
mais qui se distingue cliniquement du rachitisme, de la paralysie infan-
tile et de l'amyotrophie spinale diffuse des nouveau-nés. Cette maladie est
caractérisée par l'atonie générale du système musculaire. Elle est sus-
ceptible de guérison. Les deux malades, vus par M. Comby, sont encore
en vie (le premier a cinq ans, le deuxième quinze mois). Le D' Carey
Coombs (Brit. Med. Journ., 17 juin 1907) en a publié un cas chez une
ûlle de dix ans.
M. Marfan rappelle qu'un de ses élèves vient de publier, dans la
Semaine médicale^ un cas de my atonie avec autopsie.
M. Halle appelle l'attention sur la jorme syncopale de la grippe chez le
nourrisson. En février 1906, une fille de trois ans a la grippe ; on l'éloigné,
mais trop tard, de son frère âgé de cinq semaines. Ce dernier présente
d'abord un petit catarrhe rhino -pharyngé sans importance. Puis il
devient cyanose, suffoque, perd connaissance. On lutte avec succès contre
ces accidents asphyxiques répétés par les inhalations d'oxygène, par
la respiration artificielle. Après avoir manqué de périr plusieurs fois,
l'enfant est sauvé. Cependant il n'y avait pas de bronchopneuraonie,
et la fièvre était peu élevée. Ces accidents toxiques, à localisation bul-
baire, se voient aussi chez les adultes.
M. CoMBY a vu, avec le D' Philippeau, il y a deux ans, un petit nour-
risson atteint de grippe présenter les mêmes accidents syncopaux et
asphyxiques que le bébé de M. Halle. Chez ce petit malade, allaité par
une bonne nourrice, il n'y avait que quelques râles à l'auscultation,
sans fièvre notable. Grâce à la respiration artificieUe, aux bains sinapisés,
aux inhalations d'oxygène, aux injections de sérum artificiel, la guérison
fut obtenue rapidement. Mais, à plusieurs reprises, on crut bien que
l'enfant ne survivrait pas.
MM. GuiNON et Reubsaet présentent un garçon de douze ans atteint
de maladie de Recklinghausen ; c'est un petit retardé qui, depuis plusieurs
années, a des taches pigmentaires très nombreuses et très étendues en
différents points du corps. Au-devant du pavillon de l'oreille gauche
existe un nodule mollasse ; pas d'autres tumeurs, pas de névromes ;
organes génitaux peu développés, testicules durs. Hérédo -syphilis pro-
bable. La mère, qui est épileptique, a eu douze enfants, dont cinq vivants
à l'heure actuelle. Un frère aîné de quatorze ans a des taches pigmentaires.
L'examen du sang, fait par M. Gaillard, a montré la proportion énorme
de 14 p. 100 d'éosinophiles ; le frère aîné en a 13 p. 100; un frère plus
jeune, 8 p. 100; la mère, 2,3 p. 100; le père, 2,7 p. 100.
M. Guillemot présente une fille de neuf ans atteinte de goitre exophtal-
mique. Début il y a neuf mois par des palpitations (130 à 140 pulsations
par minute), par du goitre et par de l'exophtalmie. Cette triade sympto-
ma tique est très prononcée. Il y a en même temps de légers mouvements
choréiques. Le lobe thyroïde droit est très gros et dur.
T02 NOUVELLES
M. Guillemot présente les pièces anatomiques d'une sténose congénitale
hypertrophique du pylore. Il s'agit d'un petit enfant mort à trente-six jours
après avoir eu des vomissements incoercibles avec hyperacidîté lactique
du résidu stomacal. On ne sentait pas la tumeur pylorique pendant la
vie ; pas d'ondes stomacales. A l'autopsie, parois de restomac d'autant
plus épaisses qu'on se rapproche du pylore. Anneau de consistance carti-
lagineuse sur 3 centimètres de longueur; calibre du pylore très réduit;
hypertrophie de la tunique musculaire seulement.
M. Le MAIRE présente quatre nouveaux cas de fièvre typhoïde hospita-
lière : sur ces cas intérieurs, la mortalité a été très élevée (33 p. 100).
Il prosente également une note sur la cuti-réaction à la tuberculinr chez
les enfants.
mUVELLES
Université de Bologne. — Le D^ C. Gomba, chargé de la Clinique
pédiatrique à l'Université de Bologne, en qualité de professeur extraor-
dinaire, vient d'être nommé professeur ordinaire.
Institut de Florence. — Le D^ Giuseppe Caccia est nommé privât-
docent de pédiatrie et clinique pédiatrique à VJnstitut royal des Études
supérieures de Florence.
Université de Heidelberg. — Le D' Ë. Feer, privat-docent de
pédiatrie à Bâle, est nommé professeur extraordinaire de pidiatrie à
l'Université de Heidelberg, en remplacement du D' Vierordt, décédé.
Glinicat médical infantile. — Sont nommés, à la Faculté de Paris
(Hôpital des Enfants-Malades), Chef de clinique infantile, M. le D' Babo.\-
NEix ; Chef de clinique adjoint, M. le D'^R. Voisin, pour entrer en fonctions
le 1er novembre 1907.
Faculté de Buenos Aires. — A la suite d'un concours ouvert à
la Faculté de médecine de Buenos Aires, le D"^ Mamerto Acuxa a été
nommé professeur suppléant des maladies des enfants. Toutes nos féli-
citations à ce distingué collègue, dont nous avons publié ou analysé
plusieurs travaux intéressants.
Faculté de Budapest. — Notre éminent collègue et ami, le D^ J.
BÔKAY, médecin directeur de l'hôpital d'enfants Stéphanie, vient
d'être nommé professeur ordinaire de pédiatrie à l'Université de Bu-
dapest.
Université de Giessen. — Le D^ Hans Kôppe, privat-docent, est
nommé professeur extraordinaire de pédiatrie à l'Université de Giessen.
Société américaine de Pédiatrie. — La XI X^^ Assemblée annuelld
de la Société américaine de pédiatrie a eu lieu cette année (7, 8, 9 mai)
à Washington (Arlington Hôtel), sous la présidence du D*" B.-K. Rach-
FORD. Voici les principales communications qui ont été présentées à cette
importante réunion :
1" NoRTHRUP (de New York), Hémothorax traité par l'aspiration
et guéri; 2" Forchheimer (de Cincinnati), Anorexie nerveuse chez les
onfants; 3° Crozer Griffith (de Philadelphie), Trois cas de fièATC ty-
phoïde dans la première année ; Rhumatisme articulaire chez un nour-
risson ; Cirrhose biliaire congénitale ; 4" Racuford (de Cincinnati), Pseudo-
masturbation infantile; 5" J.Lovett Morse (de Boston), Signe de Kernig
NOUVELLES 703
dans la première enfance; 6" Churchill (de Chicago), Bactériologie de
la méningite; 7» Shaw et Baldauf (d'Albany), Sténose congénitale du
duodénum; 8" Maynard Ladd (de Boston), Valeur en calories du lait
modifié; 9« Acker (de Washington), Cas de myxœdème; 10^ J. Howland
(de New York), Symptômes de Tétat lymphatique chez les enfants;
11** Morgan Rotch (de Boston), Étude des premières phases de Tostéo-
myélite par les rayons X;12'»jENNiNGs(de Détroit), Cas de chylothorax;
13* Mason Knox (de Baltimore), Bacilles de la dysenterie et diarrhée
infantile; 14'» Black ad er (de Montréal), Phlébo -sclérose périphérique
dans Tenfance; 15° F. Huber (de New York), Abcès du poumon chez
un enfant de deux ans et demi à la suite d'un clou métallique dans la
bronche droite, trachéotomie inférieure, extraction à l'aide du bron-
choscope; 16" J. Ruhrah (de Baltimore), Traitement par le repos dans
la chorée; 17» Cotton (de Chicago), Idiotie amauro tique familiale.
D'autres communications ont été faites par MM. Wentworth (de
Boston), Adams (de Washington), Hunter Dunn (de Boston), South -
WORK (de New York), Kerley (de New York), etc.
A la séance d'affaires (Business meeting) ont été nommés pour l'année
courante : Président^ D' C.-G. Kerley; Premier Vice-PrèsidenU D*" D.
Edsall; Second Vice- Président^ D' Shaw; Secrétaire, D' S. Adams; Tré-
sorier, D' P. West; Editeur, D' La Fetra; Membre du Conseil, D*" Free-
man. La prochaine réunion aura lieu dans la dernière semaine de mai 1908,
à Delaware Water Gap (Pennsylvania). Le D' Schlossmann (de Dùsscl-
dorf ) est invité à faire une communication à cette réunion.
Congrès italien de pédiatrie. — Au VI^ Congrès italien de pé-
diatrie, tenu à Padoue, du 2 au 6 octobre 1907, de très nombreuses
communications ont été faites. Nous ne citerons que les principales. Tout
d'abord, des rapports très intéressants ont élé lus par MM. Fr. Fede
(de Naples) et Comba (de Bologne), sur le rachitisme; par MM. Brandi
(de Sienne), Concetti (de Rome), Mya (de Florence), sur les sérums
antibactériens dans le traitement de la diphtérie. Autour de ces rapports
ont pris naturellement place les communications faites sur le même
sujet par MM. Peruzzi, Orepice, Cattaneo, Iovane et Forte, Iovane
et Page, Mircoli, Modigliani (rachitisme), Cozzolino, Valagussa,
SiMONiNi, Appiani, Mensi, Bandi et Gagnoni, Calcaterra, Berghinz
(diphtérie). Une conférence générale a été faite par M. Codi villa (de
Bologne), sur le Traitement des luxations congénitales de la hanche, et
une autre par M. Gortan (de Trieste), sur V Importance de la radiologie en
pédiatrie. Communications diverses :
1** Lanzarini, Conservation du lait, ferments du lait, etc.; 2* Guidi,
Allaitement pendant les maladies aiguës de la nourrice; 3° Finizio, Pou-
voir galactogène du galega officinal; 4" Gagnoni, Passage dans le sang
des ferments amylolithiques suivant Talimentation ; 5° Spolverini,
Allaitement par les mères albuminuriques ; 6° Modigliani, Passage de
Talbumine hétérogène dans les urines des nouveau-nés; 7" Berghinz,
Ictère grave par cirrhose hépatique; 8*» Concetti, Importance des fer-
ments dans le traitement et la prophylaxie des maladies de Tappareil
digestif; 9*' Mori, Occlusion intestinale dans la tuberculose péritonéale
infantile; 10° Modigliani, Cure de l'entérite dysentériforme par le sul-
fate de soude; 11° Frontini, Sténose pylorique chez un nourrisson;
12° Gagnoni, Cirrhose hépatique chez une fille de deux ans; 13» Caccia.
Sténose congénitale de l'intestin grêle et consécutivement micrucô-
lon; 14° Muggia, Signification clinique du stridor laryngé congénital;
70 'i
NOUVELLES
15'* Pétrone, Œdème pulmonaire chronique; 16^* Tedeschi, Anémie des
écoliers; 17° Sorgente, Trois cas de cystite diplococcique cher les en-
fants; 18' Lo Re, Albuminurie chez les enfants eczémateux; 19° N. Fede.
Albuminurie chez les enfants; 20® Zamboni, Radiothérapie de ranémie
splénique et de la leucémie myélogène; 21" Melli, Maladie de Hogdkin;
22° N. Fedele, Chorée de Sydenham; 23» Acquaderni, Stasophobie
chez un enfant de cinq ans; 24° Cattaneo, Anatomie pathologique de la
maladie de Little; 25° Bondi, Maladie de Raynaud; 26*" Berti, Atonie
musculaire congénitale d'Oppenhoim ; 27" Goncetti, Prophylaxie et
traitement de la malaria chez les enfants pauvres; 28® Benati, Maladie
de Barlow; 29° Valdameri, Traitement des adénites et périostites sup-
purées par les injections d'oxygène pur; 30° Manara, Efficacité de la
ponction lombaire dans la méningite à méningocoque ; 31* Hajech.
Épidémie de méningite cérébro-spinale à Milan, en 1907 ; 32» Sorgente»
Sérum antiméningococcique ; 33° Luzzatti, Laryngo -sténoses aigués
dans la rougeole; 34° Gagnoni, Staphylococcémie guérie par les injec-
tions intraveineuses de sublimé; 35° Fedele, Deux cas de maladie de
Barlow; 36* Lanza, Séro -diagnostic de la tuberculose infantile; 37° Ber-
ghinz, Achondroplasie avec radiographies ; 38° De Villa, Culi-
ophtalmo-réaction à la tuberculine; 39° Zambelli, Cuti-ophtalmo-réaction
à la tuberculine; 40° Gozzolino, Réaction à la tuberculine chez les en-
fants; 41° Bore lli. Emphysème de l'antre d'Highmore chez une fille de trois
mois; 42° CuoMo, Hématome du sterno-cléido -mastoïdien des nouveau-
nés; 43° Gallo, Mortalité infantile en Italie; 44*' Giarratbna, Chloros<»
infantile; 45» Nalli, Endocardite malarique; 46° Jemma, Curabitité
de la méningite tuberculeuse; 47° Serio, Importance diagnostique de la
recherche du bacille de Koch dans les selles des enfants; 48° Mauro-
Greco, Recherches hématologiques chez les enfants épileptiques; 49° Vi-
tale, Rapports entre la scrofule et la tuberculose; 50° Del Piano, Ali-
mentation des nourrissons en rapport avec les besoins énergétiques.
Nécrologie. — Nous avons le profond regret d'annoncer la
mort, à soixante-quatre ans, du D** Sevestre, médecin de
l'Hôpital Bretonneau, membre de l'Académie de Médecine. Notre
éminent collaborateur et ami, spécialisé depuis longtemps dans la
médecine des enfants, s'était fait connaître par des travaux de
premier ordre. Dans ses cliniques de l'Hospice des Enfants
Assistés, il avait étudié d'une façon remarquable la syphilis héré-
ditaire et insisté le premier sur les rapports des entérites avec la
bronchopneumonie. Chargé plus tard du service de la diphtérie
aux Enfants-Malades, il y avait recueilli les éléments du grand
article Diphtérie du Traité des Maladies de l'enfance, écrit en
collaboration avec le D*" Martin. En même temps, il fondait avec
nous les Archives de Médecine des Enfants.
Sevestre était un clinicien de grande valeur, d'une conscience
scrupuleuse, d'une correction irréprochable. Il sera universellement
regretté.
U Gérant, \\ BOUCHEZ.
4976-07. — CoHbBiL. [mpnmerie ho (JatTf.
i
/ 4
10« Année Décembre 1907 N"" 12
MEMOIRES ORIGINAUX
XXVIl
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS (1).
Par le D^ Giuseppe GAGGIA,
Prlvat-docent et premier assistant de la clinique péc^iatrique de Florence.
L'étude de la cystite infantile n'a pris une réelle importance
que depuis quelques années. On croyait cette maladie très
rare dans le premier âge, et on l'avait un peu négligée, parce
qu'on la méconnaissait. Grâce à l'examen physique, chimique,
bactériologique de l'urine, on a pu se pénétrer de sa fréquence
et du rôle qu'elle joue en clinique infantile.
Historique.
C'est Escherich (24 février 1894) qui le premier a appelé
l'attention sur la forme la plus fréquente des cystites infan-
tiles, la cystite colibacillaire. Sur 10 cas qu'il a présentés,
3 étaient secondaires à la vulvo-vaginite des petites filles,
7 étaient dus au Bacterium œli. Or, jusqu'alors, cette
forme de cystite n'avait été étudiée que chez les adultes
(Glado, Albarran, etc.). D'ailleurs les cystites en général, chez
les enfants, étaient presque inconnues des vieux auteurs
(Barthez et Rilliet, etc.) et ne figuraient pas dans les traités des
maladies de l'enfance.
Escherich a montré que l'urine des enfants atteints de
cystite colibacillaire était acide constamment et à un haut
degré, fait imprévu et de nature à surprendre ceux qui croyaient
que la cystite n'allait pas sans la décomposition ammoniacale
de l'urine. Il a établi que ces urines contenaient toujours
(1) Extrait de la Thèse pour la Libéra Docenza du D' Caccia et de la Riç, di
Cliniea Pediatrica, 1907.
Arch. db hédec. obs EfirANiSf 1907. X. — 45
706 GIUSfiPPE CACCIA
le Bacierium coli commune. Enfin il a cru pouvoir établir
que le sexe féminin était presque exclusivement atteint, ce
dont l'anatomie semblait rendre compte. Cependant Mya
a observé un cas de cystite chez un garçon de sept ans, mas-
turbateur ; d'Espine en a vu un autre cas chez un nouveau-né,
et il a pu incriminer une infection externe par les fèces; Curti,
un troisième cas chez un garçon ayant un phimosis très pro-
noncé ; il pense que l'infection de la vessie pourrait être attri-
guée au smegma altéré des organes génitaux externes. Puiîi
vinrent les publications de Haushalter, Finkelstein (9 caî>
chez des enfants de trois à neuf mois de la clinique de Heubner),
Trumpp (29 cas, dont 12 chez des enfants au-dessous de un an).
Hutinel (4 cas entre vingt-deux mois et dix ans), qui insisl*»
sur le rôle joué par Tentérite et la rareté de l'origine gonor-
rhéique, Comba, Cecchi (7 cas de cystite colibacillabre observéh
à la clinique pédiatrique de Florence), Sorgente, Fromni.
Mensi, etc.
Étiologie.
A l'âge infantile, on peut observer plusieurs variétés <le
cystite, les unes primitives, les autres secondaires. Ce sont les
primitives qui sont les plus intéressantes.
Sous le nom de cystite catarrhale, on comprend une simple
irritation de la muqueuse vésicale, non microbienne, caracté-
risée par un ' besoin insolite d'uriner, par une sensation de
brûlure à la miction, par la présence d'un peu de mucus ou
même de quelques leucocytes dans l'urine. Comby parle de
cystite bénigne le plus souvent localisée au col, d^origine ali-
mentaire, se rapprochant du spasme de la vessie décrit par
Bôkay.Henoch a observé des symptômes semblables par concen-
tration excessive et hyperacidité de l'urine, dans les cas d'hyper-
thermie. Outre la fièvre, une autre cause de concentration de?
urines agit souvent chez les nourrissons : la diarrhée profuse
et le choléra infantile. D'après Nobécourt, la quantité d'urine
émise tombe de 200 centimètres cubes à 50 ou 30 centimètres
cubes; la densité s'élève à 1015 ou 1020. D'Espine et Picot in-
criminent les refroidissements que Bôkay met en doute. Comby
invoque Yuricémie et l'arthritisme, auxquels Comba attache
aussi une grande importance, ayant relevé dans son cas une
grande quantité de sable urique. â ce titre, les calculs de la
vessie peuvent être considérés comme un degré plus élevé
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS 707
d'uricémie; ils peuvent produire la cystite par irritation méca-
nique de la muqueuse (Monti). La muqueuse vésicale peut être
irritée par l'élimination de différentes substances introduites
dans l'organisme : carUharidCy balsamiques, térébenthine. La
stase urinaire (phimosis, calcul de Vurètré) peut provoquer la
cystite. La cystite tuberculeuse n'est pas très fréquente chez les
enfants ; elle est le plus souvent secondaire à la tuberculose
rénale par infection descendante. Cependant elle pourrait
aussi résulter d'une tuberculose des organes génitaux externes
féminins {Allaria) ou d'une épididymite tuberculeuse (Zelenski
et Nitsch).
La cystite gonococcique est rare ; sur un très grand nombre
de vulvo-vaginites observées par Hutinel, Comby, Baginsky,
Saint-Germain, Cahen Brach, elle a presque toujours manqué
ou est citée à titre exceptionnel. 11 faut admettre la possibilité
de cystites strepto, staphylo, diplococciques ; mais les obser-
vations chez les nourrissons manquent encore ; la cystite
diphtérique, avec ou sans bacille de Lœfiler, n'est pas moins
rare.
Finkelstein a trouvé, dans un cas, le Bacterium subtile; le
Proteus çulgaris a été mis en relief par Fromm et par Pfaundler
dans un autre cas. Peut-être aussi le Bacterium lactis aerogenes,
le Proteus fluorescens ont-ils été rencontrés.
Mais la forme dominante de cystite est celle qui reconnaît
pour agent pathogène le Bacterium coli commune.
Grâce aux travaux des auteurs cités plus haut, cette variété
de cystite, véritable entité morbide, présente chez les nourris-
sons une physionomie clinique particulière qui la différencie
nettement des autres variétés. Sur 60 cas étudiés à la clinique
d'Escherich, 58 fois le Bacterium coli fut trouvé, soit seul,
soit associé à d'autres microbes. Sur 9 cas de Finkelstein,
7 étaient dus au B, coli ; sur 10 de Fromm, 5 étaient à B. coli,
4 à 5. lactis aerogenes^ 1 à Proteus, Si l'on se borne aux nourris-
sons, voici le tableau des cas publiés :
(-as. Garçons. Filles.
Escherich 2 0 2
Trumpp Il 2 9
Finkelstein 7 0 7
Cecchi 2 0 2
Mes cas personnels atteignent au chiffre de 15, dont 9 filles
et 6 garçons.
708 GlUSEPPE CAGCIA
Pathogénie.
Au point de vue pathogénique, les cystites peuvent être divi-
sées en primitives et secondaires. La cystite tuberculeuse reconnaît
presque toujours une origine descendante; on ne doit pas toute-
fois exclure l'origine hématogène (granulie) et même roripne
ascendante (tuberculose de la vulve, testicule tuberculeux).
\ La cystite gonococcique reconnaît le même mécanisme que
chez l'adulte; elle résulte d'une propagation par voie ascendante.
De même la cystite diphtérique, qui est consécutive à une
diphtérie vulvaire. Les formes staphylo, strepto, diplococciques
peuvent résulter de foyers adjacents (voie ascendante) ou être
d'origine hématique; mais elles sont généralement secondaires
aux suppurations rénales.
Les cystites typhiques résultent de l'élimination par les
urines des bacilles d'Eberth. Signalons la possibilité de cystite
par ouverture d'un abcès pérityphlitique, par corps étranger, etc.
Quant à la cystite colibacillaire, elle peut reconnaître trois
mécanismes pathogéniques : voie lu'étrale ascendante, voie
sanguine, voie transpariétale.
1° Théorie ascendante, — Escherich, constatant la grande
fréquence de la cystite chez les filles, admet que le J9. coli
passe du vagin dans la vessie par la voie urétrale. Mais, pour
que le microbe venant du vagin ou des fèces détermine une
cystite, il faut que la diurèse soit troublée, que l'épithélium
vésical soit altéré, que le JS. coli soit très virulent, etc.
Je n'ai pas réussi à produire la cystite chez deux petites
chiennes, dans la vessie desquelles j'avais injecté du bouillon
de culture de B, coli.
Albarranet Halle avaient réussi, mais après avoir préalable-
ment provoqué une hyperémie ou une lésion de la muqueuse,
ou une stase urinaire (ligature du pénis). L'urètre court et large
des fillettes est une condition favorable à la cystite ascendante.
Les troubles digestifs, les entérites exaltent la virulence du
B. coli et peuvent jouer un rôle important dans la production
de la cystite, comme le veut Hutinel. L'inflammation du gros
intestin retentit sur la vessie, donne du ténesme;la diarrhée
diminue la diiu'èse ; elle favorise les érosions vulvaires et
accroît aussi les chances d'infection urétrale et vésicale.
Sans parler des vulvo-vaginites à B. coli, le microbe se trouve
souvent dans le mucus vulvaire.
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS 700
On peut admettre pour les filles que le B. coli, de virulence
accrue, parvenant facilement dans la vessie par la voie courte
et large de l'urètre, produit une cystite quand il trouve la
muqueuse vésicale disposée à s'altérer.
Chez les garçons, cette explication ne peut servir. Chez eux,
il faut souligner l'importance du phimosis, que j'ai observé
chez les six garçons atteints de cystite de ma statistique person-
nelle. A ce phimosis étaient associés la balanoposthite et les
adhérences balanopréputiales. Tout cela c onstitue un obstacle
à l'émission de l'urine, d'où stase urinaire, prédisposition à
l'infection, urétrite, cystite.
2° Théorie fiématogène ou descendante. — La cystite descen-
dante serait due à l'élimination des germes pathogènes par les
urines. On connaît la pyélite primitive à B. coli chez les nour-
rissons. On a trouvé le B. coli dans le sang des enfants morts et
même vivants. Il faut donc admettre la possibilité de ce méca-
nisme.
3^ Théorie transpariétale, — Le passage du B.coli de l'intestin
dans la vessie à travers les tissus a été invoqué surtout pour
expliquer la cystite des garçons. Il est admis par Trumpp et
par de nombreux auteurs. Mais l'intervention du phimosis
et de la balanoposthite ruine cette théorie ; tout au plus peut-on
la garder pour des cas exceptionnels.
OBSERVATIONS.
Observation I. — Fille de sept mois, reçue à la clinique le 8 avril 1903,
nourrie au sein par sa mère; depuis dix jours, urines plus épaisses, agitation
la nuit, fièvre, gémissements. Pus et bacilles dans l'urine ; B, coli par la
culture. Guérison après rechute par Vhélmitol.
Observation II. — Fille de sept mois, reçue le 22 juillet 1903 ; allai
tement maternel. Diarrhée depuis quatre jours ; ensuite fièvre et agitation ;
gros foie, grosse rate. Urines troubles, albumineuses,sédimonteuses, con-
tenant le Bacterium coli. Atténuation par Vhélmitol, On fut obligé de
recourir aux lavages de la vessie par le protargol.
Observation IIL — Garçon de huit mois, reçu le 14 septembre 1903.
Gastro -entérite depuis un mois, paraît souffrir en urinant. Allaitement
maternel jusqu'à six mois, puis lait de vache, œufs, farines. Phimosis,
urines troubles, légèrement acides, contenant le Bacterium coli, Guérison
par le salol et Ykelmitol. Le 23 septembre,circoncision, adhérences, smegma ;
urines normales.
Observation IV. — Garçon de onze mois et demi, reçu le 15 juin 1904 ;
sein jusqu'à deux mois, puis farine lactée, œufs, etc. Depuis dix jours,
fièvre et constipation, vomissements ; pâleur, cris incessants, cuisses
710 OIUBEPPE CAGCIA
fléchies sur le ventre, foie et rate augmentés, phimosis très serré. Urines
troubles, acides, purulentes, contenant le Bacterium coll. On donne le
salol et VhelmitoL Phimosis opéré le 17 juin. Amélioration. Le 9 août. on
pratique des lavages de la vessie avec permanganate (1 p. 4 000). Ouériso n
Observation V. — Fille de treize mois, de la clientèle du D' Mya
(octobre 1904). Sein maternel. Depuis un mois, fièvre iirégulière, agitation,
plaintes, pâleur. Urines troubles, acides, un peu albumineuses et puru-
lentes, contenant le Bacterium colù Guérison par VhelmitoL
Observation VI. — Fille de six mois (vue dans la clientèle du D'Paggi
par le D^ Mya, le 3 avril 1905). Depuis dix jours, fièvre (40o,5), agitation,
cris, pftleur. Urines troubles, floconneuses, acides, albumineuses, puru.
lentes, contenant le Bacterium coli. Guérison par VhélmitoU
Observation VII. — Garçon de quatre mois (juin 1905); nourri au
sein par une nourrice. Fièvre depuis quatre ou cinq jours, à type rémittent,
irrégulière. Agitation et plaintes continuelles. Phimosis avec œdème et
rougeur à l'entrée. Urine de cystite contenant le Bacterium coli. Helmitol
et circoncision. Adhérences balano préputiales très serrées avec smegnia.
Guérison.
Observation VIII. — Fille de dix mois vue le 22 juin 1905; allaitement
mercenaire ; depuis un mois, fièvre irrégulière, agitation, pâleur. Urines
albumineuses, troubles, contenant le Bacterium coli. On donne V helmitol
(25 centigrammes, trois ou quatre fois par jour). La fièvre cède, mais les
urines restent troubles. Lavages de la vessie avec protargol (Or,20.
0ïr,30. 0r,50, 0»^75 p. 100). etc. Guérison.
OBSERVATION IX. — Fille de onze mois, de la clientèle du D' Mya
(12 juillet 1905). Allaitement mercenaire. Depuis deux semaines, fièvre
rémittente, agitation, pâleur, constipation. Urines contenant le Bacit-
rium coli. Guérison par VhelmitoL
' Observation X. — Garçon de neuf mois, entre à la Clinique le 27 sep-
tembre 1905 ; broncho pneumonie ; phimosis ; urines troubles contenant
le Bacterium coli;\e 9 octobre,sang dans les urines; mort le 12. A Tautopsie.
muqueuse vésicale gonflée et rouge, uretère gauche plus dilaté que le
droit. Rein droit un peu augmenté de volume (30 grammes), rein gauche
colossal (85 grammes) et dur à la coupe avec thrombose veineuse se pru-
dageant à la veine cave. Bacterium coli. Néphrite parenchymateuse
diffuse ascendante avec thrombose des veines rénales.
Observation XI. — Garçon de onze mois, reçu à la Clinique le 24 no-
vembre 1905. Allaitement maternel jusqu'à six mois, puis addition de
farine, etc. Au huitième mois, troubles digestifs. Plus tard, flè\Te irrégu-
lière, agitation, cris. Phimosis très serré, urines troubles, acides, albu-
mineuses ; les cultures donnent le Bacterium coli. On prescrit TA^mt/o/ et,
le l*^"" décembre, la circoncision est faite. Guérison.
Observation XII. — Fille de dix mois, observée en mars 1906 (D' Pac-
chioni). Allaitement mercenaire. Le 18 mars, fièvre et agitation, toux
légère et coryza. Le lendemain, 39°, un peu de diarrhée. Le 22, l'examen
des urines montre du pus et des microbes, dont le Bacterium colL Bains
tièdes, helmitol ; chute de la fièvre ; le 5 avril, les urines sont normales.
Observation XIIT. — Fille de neuf mois et demi, vue en avril 1906
(Dr Francioni); allaitement maternel. Fièvre rémittente depuis quatre ou
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS 711
cinq jours, alternatives de tranquillité et d'agitation, mictions fréquentes,
pâleur. Cystite à Bacterium coli ; helmitol et urotropine ; la fièvre tombe,
les urines s'éclaircissent. Guérison.
Observation XIV. — Garçon d'un an, reçu le 16 mai 1906. On le
conduit pour être opéré d'un phimosis. Urines troubles contenant le
Bacterium colL Opération le 17 mai, helmitol. Guérison.
Observation XV. — Fille de treize mois, observée en juin 1906.
Allaitement mercenaire. Depuis cinq à six jours, agitation, cris la nuit
comme le jour, cuisses fléchies sur le ventre, pâleur. Urines troubles, sédi-
ment blanchâtre et floconneux, acidité ; leucocytes, albumine, Bacterium
coli, HelmitoU puis lavages de la vessie avec une solution de protargol
à 1 p. 400. Guérison.
Symptômes.
L'enfant, depuis quelque temps, est agité, se plaint constam-
ment, sans que rien puisse le calmer. Il tète plus fréquemment,
et alors apparaissent, s'ils n'existaient déjà, des troubles
digestifs auxquels l'entourage attribue le rôle principal. La
fièvre, qui ne manque jamais, est également mise sur le compte
de la gastro-entérite. On multiplie les purgatifs et les lavements
sans aucun succès.
Si l'on interroge la mère ou la nourrice, on apprend que
l'enfant se mouille plus que d'habitude (pollakiurie) et qu'il
porte parfois les mains sur les parties génitales avant ou après
la miction. Presque toujours se montre aussi une notable
pâleur, avant tout amaigrissement. Si l'on peut se procurer un
peu d'urine, on aura bien vite fait le diagnostic.
Déjà, à l'aide des premières symptômes, on peut distinguer
des formes légères et des formes graves, avec tous les degrés
intermédiaires. La iièvre a une marche irrégulière, tantôt rémit-
tente, tantôt intermittente, avec des intervaUes apyrétiques
variables suivant l'intensité du processus. Les ascensions ther-
miques sont brusques, pouvant en quelques heures atteindre
ou dépasser 40^^, rappelant parfois les fièvres pyhémiques. Cela
s'observe dans la forme aiguë. Dans les cas subaigus, la fièvre
est moins intense. Elle ne cède pas spontanément, sauf dans les
cas de guérison naturelle ; mais il ne faut pas y compter. Elle
se prolonge souvent, et l'on est fort embarrassé pour en dévoiler
la cause.
Le symptôme douleur est fréquent et se traduit chez le
nourrisson par l'agitation et les cris incessants. On ne peut
le calmer, et on voit le malade fléchir les cuisses sur le bassin,
ce qui fait incriminer les coliques intestinales. On insiste Bur
712 OIUSEPPE CAGCTA
les purgatifs et les lavements, qui finissent par provoquer do
véritables troubles digestifs. La douleur s'accroît, principale-
ment dans les formes aiguës, au moment de la miction, et elle
explique la tendance qu'a le bébé à porter ses mains sur les
organes génitaux.
La pollakiurie est en rapport direct avec l'inflammation vési-
cale. Les enfants se mouillent fréquemment, émettant une petite
quantité d'urine à chaque fois,parfois seulement quelques gouttes,
d'où redoublement de cris. Dans les formes subaiguës, la douleur
est moins apparente, mais le besoin fréquent d'uriner existe. Chez
les enfants plus grands, on peut penser à Vénurésie nocturne.
Le jour, en effet, ils demandent à uriner ; la nuit, ils urinent
au lit sans s'en apercevoir. Une fillette de quatre ans est envoyée
à l'hôpital avec le diagnostic d'incontinence nocturne d'urine,
datant de six mois environ. Cependant, depuis l'âge de deux ans
jusqu'à trois ans et demi, l'enfant avait toujours eu conscience
du besoin d'uriner. L'examen de l'urine mit en évidence la
cystite colibaciUaire ; lé traitement approprié intervint, et, au
bout d'un mois, la fillette avait cessé d'uriner au lit. Une fille
de dix ans, reçue pour une forme légère d'angine diphtérique,
présente en outre de l'incontinence nocturne d'urine. L'exa-
men des urines montra l'existence d'une cystite due au Bade-
rium coll. Avec l'urotropine et rhelmitol,la guérison fut rapide-
ment obtenue.
Un autre phénomène relevé dans plusieurs observations est
la constipation opiniâtre à la période aiguë de la maladie. Cette
constipation n'existait pas auparavant et disparaissait après
la cure de la cystite. Cette constipation semble résulter d'une
inhibition instinctive, la douleur étant réveillée par l'acte de
la défécation. Cependant il existe des cas avec diarrhée.
L'examen physique, chimique, microscopique et bactério-
logique (cultures) de Vurine est d'importance capitale. Cette
urine, dans la cystite des nourrissons, est uniformément trouble ;
parfois ce trouble est accompagné de petits flocons qui sont
dus à des amas de bacilles agglutinés. Elle présente une couleur
opaline, perlée dans son ensemble, et, conservée dans un flacon
ordinaire, elle lui donne l'apparence d'un verre dépoli.
Dans les formes un peu graves, les urines laissent déposer
un abondant précipité blanchâtre, floconneux, composé de
leucocytes. La cystite colibaciUaire ne s'accompagne pas
d'émissions sanguines, au point d'être visibles à l'oeil nu.
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS 713
L'odeur de l'urine fraîchement émise n'a rien de spécial. Réaction
toujours acide, comme l'avaient vu Escherich, Trumpp, Fin-
kelstein, etc. Le terme de ajstite acide pendant quelque temps
fut synonyme de cystite par BacteriumcolL Cela tient à ce que ce
microbe, en cultivant, donne des produits acides. L'albumine
est peu abondante et manque même après filtration, car elle est
due, sauf les cas de néphrite, à la présence des leucocytes.
Le sédiment examiné au microscope est composé de cellules
de pus, plus ou moins abondantes, de cellules épithéliales de la
vessie, de quelques hématies, surtout à la phase aiguë. Enfin
on trouve de nombreux microbes qui ont la forme du Bacterium
coll. Les uns sont isolés et mobiles, les autres agglutinés en
zooglées, formant ces petits flocons dont il est parlé plus haut.
Dans plusieurs cas, j'ai pu voir que ces amas de bacilles agglu-
tinés s'étaient formés autour d'une cellule vésicale. Parfois dès
le début, d'autres fois un peu plus tard, on note que le sédiment
ne contient que de rares leucocytes, le trouble de l'urine, analogue
au bouillon de culture du Bacterium coli, étant dû uniquement
aux microbes, au point qu'on pourrait parler de bactériurie
plutôt que de cystite véritable.
Les cultures sur différents milieux donnent \q Bacterium coli,
seul le plus souvent, associé parfois à d'autres microbes.
La pâleur est à relever, sans qu'il y ait une détérioration
nutritive bien marquée. Les enfants ne perdent pas leur panni-
cule adipeux, mais les chairs sont plus molles. Il existe une
teinte jaune avec anémie bien marquée. Celle-ci est due aux
hémolysines spécifiques engendrées par le Bacterium coli (coli-
lysine), qui détruisent les globules rouges, comme l'a vu Durante.
Les recherches de Durante ont montré que le Bacterium coli est
capable de produire des substances anémiantes (hémolysine
colibacVlaire ou colilysine), comme cela est reconnu pour d'autres
microbes (tétanolysine, Ehrlich, Kraus, Tizzoni ; pyocyanolysine,
Bulloch et Hunter, Weingerooff, Breymans et Lubenau; staphy-
lolysine, Neisser et Wechsberg ; streptolysine, Besredka et
Marmorek ; diphtérolysine, Lubenau ; diplolysine, Montella ;
typholysine, E. et P. Lévy).
SÉRO'DIAGNOSTIC.
En 1898, Plaundler signala le phénomène de l'agglutination
avec le sang d'enfants atteints de colicystite et de pyélite.
714 OIUSEPPE CACCÎA
L'agglutination ne s'obtient qu'avec le sérum provenant d'un
individu sain ou d'un enfant atteint de cystite, la réaction
n'étant pas fournie pas les bactéries isolées de l'intestin du
même malade. Ce qui, d'après Escherioh, prouverait que
l'invasion des voies urinaires par le Bacterium coli n'est pas une
infection exogène, mais une auto-infection. Cecchi a conclu,
de ses recherches, à l'apparition dans le sérum sanguin des
malades d'un pouvoir agglutinant, tout en reconnaissant
que le séro-diagnostic donne des résultats incertains dans les
infections urinaires colibacillaires.
Ces doutes et incertitudes viennent de la grande diversité
et multiplicité des formes du Bacterium coli ; il y a des paroco/i
comme il y a des paratyphi.
Chez une fille de neuf ans, j'ai pu constater une action agglu-
tinante vraiment exceptionnelle. Son sérum sanguin agglutinait
la cultiu»e en bouillon du Bacterium coli obtenue avec ses urines
jusqu'à 1 p. 300 en une demi-heiu*e. Deux jours plus tard,
j'obtins une agglutination dans l'espace d'une heure à 1/1500.
Dans une troisième épreuve, l'agglutination fut obtenue en
quatre heures au 1/4 500. Dans l'urine de cette enfant, dès le
premier j our , on voyait de nombreux bacilles agglutinés. L'agglu-
tination avec les urines fut obtenue à 1/3 000. L'ébullition
abolit cette propriété. Guérison. Chez une autre fillette, j'obtins
l'agglutination à 1/1 200 avec le sérum sanguin, à 1/800 avec
les urines. Dans ce cas, les urines présentaient de nombreux
flocons constitués par des amas de bacilles agglutinés. Guérison.
Chez une autre fillette âgée de dix-huit mois, la première
épreuve fut négative à 1/50. Après un mois et demi, j'obtins
une faible agglutination avec le sérum sanguin sur la culture
du Bacterium coli isolé de l'urine. Puis l'agglutination se pro-
nonça jusqu'à 1/350 après deux mois de maladie. On fut
obligé de recourir aux lavages de la vessie. Chez une fille de
sept ans, malade depuis plus de deux mois, pas d'agglutination.
Il n'y avait pas non plus de bacilles agglutinés dans les urines.
Chez un garçon, agglutination à 1/250 qui persiste après
circoncision et guérison. Son urine présentait des groupes de
bacilles agglutinés. De même chez un autre garçon qui agglu-
tinait à 1/1 200.
Je conclus :
1^ Dans diverses affections déterminées par l^BacUriumcoU
(6 cystites, 1 entéro-colite,»! périarthrite de Tépaule), on obtient
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS 715
une agglutination homologue, variant du 1/180 au 1/1450,
sauf un cas où la réaction ne put jamais être obtenue ;
2^ Dans les cas de cystite, on obtint l'agglutination en se
servant d'urine filtrée au Chamberland au lieu de sang ; mais la
réaction était moindre qu'avec le sérum sanguin. Elle ne fut
pas essayée dans tous les cas ;
3*^ Dans les cas de cystite, il fut donné d'observer un rapport
entre l'existence d'agglutinine dans le sang et d'agglutinines
dans les urines (bacilles agglutinés en zooglées). Je ne crois pas
que la présence d'agglutinines dans les urines doive être inter-
prétée uniquement comme un fait d'élimination. Outre le
passage des anticorps à travers le rein, il existe une production
in situ, par auto-défense de la muqueuse vésicale contre l'infec-
tion dont elle est atteinte ;
4° On n'obtient jamais d'agglutination hétérologue, c'est-à-
dire entre le bacille isolé d'un enfant et le sang d'un autre
enfant atteint d'infection colibacillaire ;
50 Ayant provoqué la cystite colibacillaire chez les animaux
(chienne), je n'ai pas pu saisir dans leur sang l'apparition des
agglutinines.
La réaction agglutinante du sérum sanguin sur le Bacterium
coli isolé des urines ne doit d'ailleurs pas être considérée au seul
point de vue du diagnostic, lequel est d'ailleurs assuré grâce
à de nombreux symptômes et aux cultures. D'après mes obser-
vations, je dois conclure qu'il n'y a pas lieu d'attribuer au séro-
diagnostic une grande valeur pour le diagnostic des cystites
colibacillaires. Mais il y a lieu de poursuivre ces recherches
dans le but de découvrir un sérum curateur. Je ne puis pas
davantage affirmer l'existence, d'après mes observations per-
sonnelles, d'un rapport entre l'intensité du pouvoir agglutinant
et la gravité des cas cliniques. Impossible donc d'attribuer
encore au séro-diagnostic une valeur pronostique quelconque.
Tout au plus pourrait-on supposer que, à l'existence d'un pou-
voir agglutinant élevé, et spécialement à la présence dans les
urines de nombreux amas de bacilles agglutinés, correspondent
des cas plus curables et d'un meilleur pronostic que dans le cas
contraire.
Chez la fillette qui n'a pas présenté l'agglutination, il faut
relever l'existence d'une tuberculose pulmonaire, qui rend
compte peut-être de cette anomalie.
710 GlUSEPPE CAGCIA
Marche, complications, pronostic.
Ué^oliition de la cystite colibacillaire varie suivant la ca-
vité des cas. Dans les formes légères, on peut observer la gut^
rison spontanée, comme en font foi quelques cas rapportés
par Escherich et par Trumpp. En tout cas, le traitement a
une action prompte et efficace : en quelques jours, les
urines deviennent plus limpides, le sédiment est pauvre en
éléments purulents, et, au bout de vingt jours ou un mois, les
cultures peuvent rester stériles. Les formes graves ont une
durée plus longue ; la fièvre cède vite, avec la persistance dan>
les moyens thérapeutiques ; les médicaments suffisent géné-
ralement ; mais parfois on doit avoir recours aux lavages de la
vessie. La durée, dans ces cas, peut se compter par semain»'>
et par mois; il y a des guérisons apparentes et des rechut^^s:
le traitement est à recommencer. Il est rare que la guérison ne
soit pas obtenue.
Entre les formes légères et graves se placent des formes
intermédiaires par l'intensité des symptômes et par leur
durée (entre deux et quatre mois). Naturellement la durée plus
ou moins grande de la maladie est influencée par la précocité
ou le retard dans le diagnostic et par la qualité du traitement.
Il existe des formes anciennes, qui sont tenaces et parfois
rebelles à la thérapeutique. Il faut donc poser le diagnostic de
bonne heure, ce qui d'ailleurs est facile pour un médecin avisé.
Outre la fièvre, qui cède rapidement à l'action des remèdes,
on voit l'inquiétude et l'agitation disparaître facilement.
L'anémie elle-même guérit merveilleusement en quinze ou
vingt jours. Les urines perdent en peu de temps leurs caractères
inquiétants; elles deviennent plus limpides, les bacilles dimi-
nuent dans le sédiment ainsi que les cellules de pus. Parfois
le trouble persiste, mais l'examen microscopique montre qu'il
est dû à des amas de bacilles (bactériurie).
Les complications de la cystite colibacillaire sont plutôt
rares. Outre la possibilité d'une septicémie colibacillaire d'ori-
gine vésicale, il faut craindre la marche escendante du processus
inflammatoire vers l'uretère et le bassinet, avec formation de
pyélite secondaire, de néphrite et même de thrombose rénale
(un cas), avec mort par urémie.
Le pronostic de la colicystite primitive est ordinairement
favorable. Dans la majorité des cas, on obtient la guérison dans
LA CYSTITE CHEZ LES NOURRISSONS 717
un temps plus ou moins long suivant la gravité du processus,
suivant l'organisme infantile et la variété dq B, coli.
Mais il faut faire des réserves quant à la durée de la maladie,
visant surtout les formes rebelles, insidieuses et à rechute. Le
pronostic est grave dans les formes secondaires, parce qu'il
est lié à la maladie primitive parfois funeste (bronchopneu-
monie, entérite etc.), et à l'état cachectique du sujet. 11 est
aussi subordonné à l'apparition des complications ascendantes
(pyélite, néphrite).
Traitement.
En présence d'une cystite colibacillaire, outre la cure sympto-
matique (bains chauds pour calmer les douleurs et l'agitation),
il faut employer les médicaments, tels que Yhelmitol et Vuro-
tropine, qui ont, dans un grand nombre de cas, prouvé leur
efficacité. Ces remèdes n'étaient pas connus quand Escherich
et Trumpp conseillaient d'avoir recours d'emblée aux lavages
de la vessie. Escherich (1894) conseillait les solutions de
créoUne et de lysol\Qn même temps qu'il donnait le salol à l'in-
térieur (0^',50 trois ou quatre fois par jour). Mais ce médi-
cament provoqua de l'hématurie dans un cas. Il est à écarter.
Comby conseille les lavages à l'eau boriquée ou au lysol à
1 p. 400 ; Hutinel, le permanganate de potasse à 1 p. 5 000,
Monti, l'eau salée, le lysol à 1 p. 4 000, le nitrate d'argent à
1 p. 2 000.
Les lavages de la vessie doivent être réservés pour les cas
chroniques, pour ceux qui ont résisté aux médicaments. On doit
les repousser dans la phase aiguë.
lu'helmitol met en liberté, dans l'organisme, du formol, qui
s'élimine par les urines. Uurotropine agit de même. Mais, avec
l'helmitol, l'élimination de l'aldéhyde formique est plus prompte
et se prolonge plus longtemps ; outre l'action antiseptique, il a
une action sédative. Son pouvoir antiseptique est très fort,
comme l'a prouvé MuUer (de Zurich). De l'urine contenant
de nombreuses bactéries est stérilisée en une heure avec une
solution à 2,5 p. 100; en six ou huit heures, avec une solution
à 1 p. 100 ; en vingt-quatre heures avec une solution à 1 p. 10 000.
L'urotropine a un pouvoir antiseptique moindre : plus de
quatre heures avec la solution à 2,5 p. 100, seize à dix-huit
heures avec la solution à 1 p. 100, la solutionà 1 p. 10000 étant
inactive.
718 QIUSËPPB GACGIA
L'helmitol n*a déterminé aucun trouble du côté du rein ou du
tube digestif ; Turotropine est moins innocente. Après deux ou
trois jours, l'effet sur les urines se fait sentir ; elles deviennent
limpides, et la guérison s'obtient souvent sans autre médi-
cament. La dose pour les nourrissons est de 25 à 30 centigramme>
trois ou quatre fois par jour; on ajoutera un peu d'eau alcaline
pour favoriser la tolérance et la mise en liberté de la formal-
déhyde.
Aprèsla période aiguë, si l'helmitol n'a pas donné entière salis-
faction, on lavera la vessie avec une solution de proiargfA
ou albuminate d'argent (0*'%20 p. 100, puis 0^',50 à 0^^75 ou
1 gramme p. 100). On se sert du cathéter métallique ordinaire,
auquel on adapte par un raccord en caoutchouc un tube de verr^^
en Y; à une des branches s'adapte un tube de sortie, àTautrc
un tube d'entrée muni d'un petit entonnoir. On tient fermé le
tube de décharge, et on verse la solution tiède dans l'entonnoir;
elle pénètre lentement dans la vessie pour y séjourner quelques
minutes, après quoi on ouvre le tube de décharge. La manœuMi»
est répétée deux ou trois fois tous les jours ou tous les deux
jours. Il faut cependant continuer l'administration de l'hel-
mitol.
Dans les cas chroniques et rebelles, on doit employer des ^'h
d'argent plus énergiques, le tachiol (fluorure d'argent) en
solution à 1 p* 5 000, puis à 1 p. 2 000 ou même 1 p. 1000.
MûUer aurait même injecté des solutions à 1 ou 2 p. 1 000
d'helmitol.
Quand il existe un phimosis, il faut pratiquer la circoncision,
sans préjudice du traitement médical indiqué plus haut.
Le sérothérapie est encore à l'étude. Après les essais tentés
par Albarran et Mosny (1896), Gomba a injecté le sérum
anticoli-dysentérique de Gelli-Valenti. Il pense que ce sérum
est indiqué dans les formes de cystite colibacillaire qui seraient
dues à la variété dysentérique du B, colL
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XXVIII
HOPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-iURIE,
A LODZ (POLOGNE)
Par le D^ J. BRUDZINSKI,
Médecin en chef.
L'hôpital des enfants malades « Anne-Marie » doit son
existence aux dons généreux de MM. Herbst et Geyer, gros
industriels de Lodz, et aux sommes assez importantes prove-
nant de cotisations des habitants de la ville. Bâti en 1904, il
commença à fonctionner en 1905 ; c'est le sixième hôpital
d'enfants malades en Pologne (nous en avons deux à Varsorie,
un à Cracovie, un à Léopol, un à Poznani).
Les BATIMENTS DE l'hÔPITAL.
L'emplacement sur lequel s'élève l'édifice avec ses dépen-
dances représente un carré oblong, qui s'élargit vers la partie
postérieure. Le devant donne sur la rue Rokicinska, le derrière
sur la rue Fabryczna ; de cette manière, il a deux entrées,
conformément aux exigences de l'hygiène.
Ses ailes touchent en partie aux bâtiments voisins et en partie
aux terrains inoccupés, circonstance moins favorable pour un
hôpital <][ui aurait dû être entouré de rues, comme celui de
Leipzig. On a tâché de remédier à ce défaut en élevant les
bâtiments loin de la limite du terrain, de sorte que les pavillons
jouissent de la lumière en abondance. La forme du terrain a
permis d'isoler complètement les pavillons des maktfiies
infectieuses de tous les autres pavillons (fig. 1).
La distance qui sépare le pavillon des maladies internes
de celui de la désinfection est de 61°^,2 et de celui de la diph-
térie de 86«^,4 ; entre le pavillon de la diphtérie et celui de
la scarlatine, on compte 16™,8. Sous ce rapport, notre hôpital
peut bien rivaliser avec celui de Vienne, où nous voyons que
la distance entre le pavillon non contagieux et le pavillon
contagieux équivaut à 72 mètres ; les pavillons contagieux,
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE
723
plus grands, en sont séparés par une distance de 35 mètres ;
la ligne des pavillons plus grands est éloignée de celle des
pavillons plus petits de 48 mètres ; ces derniers se trouvent
à la distance de 15 à 25 mètres du pavillon des maladies
internes.
Du côté de la rue Fabryczna, nous avons une seconde porte
d'entrée, tout près de laquelle se trouve un bâtiment renfer-
mant une petite chapelle mortuaire et une salle d'autopsie.
L'édifice principal donne sur la rue Rokicinska, où se trouve
aussi l'entrée principale, la grande entrée de l'hôpital.
Cet édifice comprend une salle de consultations, une salle
des douteux et un bureau au rez-de-chaussée, et les loge-
Pawil
PawiLfykaH}
On».g0^ott
Jouait. ohifHff^
Jfemjfnf^hcyau
Faui/vLurmwnftt^mny,
IfimÂM^méU'
Fig. 1. — Plan de situation.
meHts des médecins internes, des surveillantes et des fonction-
naires de l'hôpital au premier. La salle de consultations est
construite de manière à pouvoir isoler immédiatement tous
les cas suspects.
Peu d'hôpitaux sont construits d'après ce principe (ceux
de Baginsky à Berlin, Soltmann à Leipzig et Brody à Pesth).
Sous ce rapport, notre hôpital est le premier et l'unique dans
notre pays.
Les mères avec leurs enfants entrent dans la salle de consul-
tations par la porte latérale (a ), d'où eUes passent chacune
séparément dans la chambre contiguë à l'entrée du nord (w).
Ici l'enfant subit le premier examen prémonitoire : le médecin
examine la peau de l'enfant, sa gorge, et pose certaines ques-
tions relativement à la coqueluche. Les enfants qui en sont
atteints entrent en face, dans la seconde chambre d'isole-
ment (t") ; ceux qui ont la diphtérie passent dans la première
chambre d'isolement (i'),et ceux qui sont suspects de scarlatine
ou d'autres maladies éruptives entrent dans la troisième (r).
724
J. BRUDZINSKI
Quant aux enfants n'ayant aucune maladie infectieuse, on
les envoie dans la salle d'attente commune ; de là ils sortent
par la porte qui est en face du cabinet du chef, traversent le
couloir et entrent chacun à leur tour dans le cabinet.
Par la salle des consultations passent également les malades
qui veulent être reçus à l'hôpital ; ils subissent le même exa-
men prémonitoire s'ils arrivent sans être munis d'un certificat
du médecin de la ville. En attendant d'être reçus à l'hôpital,
les malades restent dans la première ou la troisième chambre
d'isolement (i! ou i'").
L'entrée principale de l'hôpital conduit dans le vestibule,
où les parents des enfants et les visiteurs attendent les jours
Fig. 2.
a, Qran des entrées; i, antichambre ; k, couloirs : 6, bureau ; p, salle d*atteot'>:
ch, salle de chirugrie ; (p, salle d*exaroen prémonitoire ; a, entrée latérale dans U
salle de consultation ; i\ i\ i*, chambres d'isolement ; o, policlinique pour \ts
enfants non suspects ; ss, salles des douteux ; /, /, la pharmacie.
de réception. Dans le vestibule, il y a des bancs ; sur les murs
sont pendus des tableaux indiquant la date de la construction,
celle de la donation, etc. De là on entre d'un côté dans le
bureau et dans la salle d'attente pour les malades externes ; de
l'autre, dans un couloir qui se prolonge dans deux directions :
à gauche, il conduit aux chambres de consultations; à droite, au
logement destiné à la pharmacie. En face de l'entrée principale
se trouve une porte vitrée, séparant le vestibule de la cage de
l'escalier menant au premier et du couloir qu'il faut traverser
pour pouvoir entrer par la porte de derrière dans la cour de
l'hôpital. Sur deux côtés de ce couloir sont installés les water-
closets pour les malades externes.
* Le premier étage, coupé en deux par le couloir et le vestibule.
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE 725
contient toute une série de chambres pour les médecins, éco-
nome, surveillantes, concierge, mécanicien, deux infirmières
et surveillantes de nuit des pavillons de contagieux; en tout,
il y a treize chambres de dimension différente.
En sortant par la porte du fond du bâtiment principal, nous
tombons dans le territoire de l'hôpital, et tout de suite à droite
nous voyons le service des douteux, se trouvant dans le même
bâtiment et ayant une porte d'entrée spéciale (5, s). Il se com-
pose de deux petites salles à deux fenêtres de chaque côté du
couloir du milieu ; on y reçoit les malades avec un diagnostic
douteux, qui y restent jusqu'au moment où la marche de la
maladie (rougeole, scarlatine) ou bien l'examen bactériolo-
gique (diphtérie) viennent éclairer le diagnostic. Une fois le
diagnostic posé, on fait passer le petit malade dans le pavillon
correspondant, — diphtérie ou scarlatine, — suivant les cas ;
la chambre où le malade était couché est désinfectée au moyen
de glycéro-formol, et la literie est envoyée dans le bâtiment
de la désinfection. Dans le service des douteux, il y a trois lits.
En face de la sortie du bâtiment principal, un peu à droite,
se trouve le pavillon de chirurgie ; l'aile du bâtiment est tour-
née un peu au nord ; au rez-de-chaussée, se trouve la salle
d'opération pour les suppures, la salle d'orthopédie, l'instal-
lation pour les rayons de Rœntgen et une chambre noire pour
la photographie. Au premier sont installées la chambre de sté-
rilisation, la salle des opérations aseptiques et une chambre
spéciale servant à préparer les malades avant l'opération.
Le pavillon de chirurgie est disposé de la même façon que le
pavillon des maladies internes.
Le pavillon des maladies internes présente la forme d'un V
à lignes transversales, allongées, représentées par un couloir
dont le côté oriental est exposé au soleil, tandis que le
côté occidental aboutit aux différents logements ; dans les
ailes du nord eV du sud, se trouvent les salles de malades ; dans
le pavillon de chirurgie, l'aile du nord contient la salle d'opé-
ration.
Le rez-de-chaussée du pavillon des maladies internes ('")
possède deux entrées : l'entrée du milieu (a) conduit dans le
bâtiment pricipal (a'), l'entrée latérale dans le pavillon de
réserve; dans ce dernier, il y a un couloir (k\ k'), qui a à sa droite
une grande salle à quatre fenêtres, exposées au nord-est;
plus loin il y a la chambre (d'), réservée à la surveillante de
726
J. BaUDZINSKI
garde, servant également de dépôt de linge du pavillon de
réserve ; enfin suit une petite salle (p'.o'), à trois fenêtres
exposées au nord-ouest. A gauche du couloir, se trouve la saUe
de bains (p'/c'), le cabinet de toilette et le dépôt provisoire
du linge sale. Le couloir, grand et plein de clarté, sert de prome-
nade pour les convalescents. Ce service est réservé au cas
d'apparition d'une épidémie de rougeole ou varicelle à l'hôpi-
tal même ; au moment où un pavillon spécial pour les rou-
geoleux sera élevé, ce service sera destiné probablement aux
nourrissons malades. .
L'entrée du milieu (a), à travers une porte en bois située en
Fig. 3. — Pavillon de la médecine interne (rez-de-chaussée).
a, Entrée principale; a', entrée du pavillon de réserve; k, k, couloir;
h\ k\ couloir du pavillon de réserve ; 9,0, grande salle des malades ; <'.o', salle do
pavillon de réserve ; p^d, salle du jour ; y, ventilation ; <2, chambre de la sur-
veillante ; d\ chambre de la surveillante du pavillon de réserve ; p.Ar., salle de
bains ; p k\ salle de bains du pavillon de réserve ; /r/., water-closet ; hm.^ cabinet
du médecin en chef, /r.p., petite cuisine, accessoires ; p.o., chambre séparée ;
p'.o\ chambre séparée du pavillon de réserve.
face de la cage d'escalier menant au premier, nous conduit
dans le couloir (A, k) ; ce dernier est éclairé par une rangée de
fenêtres exposées à l'est ; nous tournons à sa gauche pour
entrer dans la salle commune des malades (5. o.); celle-ci occupe
toute la largeur de l'aile du sud ; elle se trouve éclairée par
douze fenêtres (de 3°^,6 de hauteur, 1™,2 de largeur), exposées
à l'est, au sud et au nord ; dans ce nombre, il y a quatre fenêtres
tournées vers le sud. Au bout de la salle, se trouve une chambre
(pd) renfermant une table et des chaises d'enfants ; elle est
destinée aux convalescents. D'ici à quelque temps, elle sera
séparée de la salle commune par une grande porte vitrée.
Dans la salle commune, on a placé très librement douze lits :
HOPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE
727
quatre sont posés le long des fenêtres de l'est, quatre devant celles
de Touest et quatre devant celles du nord. La largeur de la salle
est de 12^,5. La profondeur, la salle du fond y comptée,
est de 10"^,5 ; sans compter la dernière, elle est de 7°^,2 ; la
hauteur de la salle est de 7"^,5. Le volume d'air dans la salle, y
compris la salle du fond, est de 476 mètres cubes, ce qui donne
pour chaque lit 39 mètres cubes d'air et 7"^,5 de surface car-
rée du parquet, moins la salle du fond.
En sortant de la salle commune, nous entrons par la première
porte à gauche du couloir dans un petit cabinet (w) contenant
le calorifère ; tout à côté se trouve la chambre de la surveil-
Fig. 4. — Pavillon des maladies intene (premier étage).
Ar.Ar., Couloir; *."*.", couloir dansle pavillon de typhiques; s.b., dépôt de linge ;
s.o,, salle commune des malades ; s."o'\ salle commune de typhiques ; p.k,, salle
de bains; k.t., bains typhiques; kl., waler-closets ; rf, chambre de la surveil-
lante ; lab., laboratoire ; p.o., chambres séparées; P'"o'\ chambres séparées dans
le pavillon de typhiques.
lante (d) ; un peu plus loin, la salle de bains avec un lavabo
(p.k.)] après vient le water-closet (kl.) et, tout à côté de la
cage d'escalier, presque en face de l'entrée du milieu (a), il y a
le cabinet du médecin en chef (g.o), le vestiaire des médecins,
la bibliothèque. En longeant le couloir, plus loin que l'entrée du
milieu, on trouve à gauche une chambre contenant une petite
cuisine à gaz et un buffet ; encore plus loin, on trouve une
grande pièce à deux fenêtres, dont on se sert pour isoler les
enfants gravement malades, irascibles ou malpropres ; ou bien
encore on y place les malades atteints d'un état morbide,
pneumonie par exemple, compliquée de la coqueluche et néces-
sitant un traitement à l'hôpital.
Ensuite nous montons un escalier bien éclairé à l'ouest et
nous arrivons au premier. Ici, la disposition des pièces est
728
J. BRUDZINSKI
presque identique à celle du rez-de-chaussée, avec cette diffé-
rence seulement qu'à côté de la salle commune on trouve une
chambre pour peser et un dépôt de linge {s.b.) ; la chambre
à côté de la cage d'escalier (d) est destinée à la surveillante ;
à droite de la cage d'escalier (dans la direction du nord), est
installé le laboratoire {lab.). La chambre suivante, deux
fenêtres, sert de chambre d'isolement pour un enfant avec sa
mère, ou un enfant seul gravement malade (p.o.); enfin vient
la salle de bains pour les typhiques (k.L); de là nous entrons
dans un couloir qui traverse l'aile nord du bâtiment, où la
disposition des pièces est identique à celle du rez-de-chaussée
du pavillon de réserve. Les trois salles sont destinées aux
typhiques, dont il y a toujours un certain nombre à Lodz, la
ville n'étant pas canalisée.
. En face des pavillons de maladies internes et de la chirui^fie,
à distance égale de l'un et de l'autre, un peu à l'est du territoire
de l'hôpital, s'élève une maison d'un seul étage, munie d'une
tour : c'est celle de
l'administration. Par
la porte a du rez-de-
chaussée , on passe
dans l'antichambre;
à sa gauche, il y a une
porte conduisant dans
la salle de bains pour
les gens de service; à
sa droite, il y a l'en-
trée des caves. Dans
la cave, se trouve la
chaudière, la machine
à vapeur, etc. De l'an-
tichambre, on passe
dans un couloir et, par la première porte à sa gauche, on
entre dans la buanderie, chambre à repasser et à sécher le
linge (pr., s.p.) ; en face se trouve la cuisine (k.); à côté de la
cuisine à droite, il y a une chambre où les gens de service
attendent avec leur vaisselle la distribution des plats, destinés
aux malades du pavillon des maladies internes et de la
chirurgie ; cette chambre leur sert en même temps de
salle à manger ; à côté de celle-ci, se trouve la salle à
manger du personnel féminin de l'hôpital (l'intendante, la
Fig. 5. — L'administration (rez-de-chaussée).
a, Entrée, pr., buanderie; ».p., chambre à repas-
ser ; k, cuisine ; (v.p., chambre de distribution des
plats non infectés ; tv\p\ distribution des plats in-
fectés; s.p.f cuisine accessoire; p./., salle à manger.
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE
720
ménagère, les surveillantes de pavillons non infectieux).
A côté de la cuisine, éclairée par trois fenêtres, se trouve un
garde-manger ; cette cuisine communique par une petite
fenêtre avec une chambre destinée à la distribution de la nourri-
ture pour les malades atteints d'une maladie contagieuse ;
dans cette chambre, on entre par une porte faite dans l'aile sud
du bâtiment, en face des pavillons infectieux.
Au premier, il y a des salles, dont trois situées l'une à la suite
de l'autre sont tournées vers l'est ; deux sont réservées aux
gens du service des pavillons non infectieux et une au ménage.
A gauche de l'entrée de la cage de l'escalier, il y a une grande
salle, la salle de réunion des dames patronnesses et de l'admi-
nistration de l'hôpital ; la grande salle à droite sert de dépôt
central du linge.
Au second, il y a le réservoir d'eau desservant les conduits
locaux et le grenier à linge.
Dans les souterrains, la partie nord est occupée par les
appareils de chauffage et le magasin du coke ; elle possède
une entrée spéciale dans l'aile nord du bâtiment.
Derrière le pavillon des maladies internes, il y a un espace
libre de 61'û,2 de long, couvert d'arbres, aboutissant au pavil-
lon de la désinfection ; c'est un petit bâtiment ne contenant
que le rez-de-chaussée, dont le côté est renferme une grande
chaudière pour les pavillons infectieux, et le côté de l'ouest est
destiné à la désinfection.
En entrant dans le bâtiment par la porte du sud, nous trou-
vons la salle des bains pour le désin-
fecteur (k,); à gauche est située la
chambre de désinfection des objets
contaminés {d.b.) ; à droite dans le
m\ir se trouve l'appareil de désin-
fection et un chaudron pour faire
bouillir le linge ; à côté de l'appa-
reil de désinfection, se trouve une
chaudière à vapeur; le côté nord est
occupé par le pavillon de désinfection
des objets non contaminés, ayant
une entrée spéciale du côté de
l'ouest ; nous y voyons la porte
opposée de la chambre de désinfection et l'autre moitié du
chaudron à linge.
Fig. 6.
w, Entrée ; /r, salle de bains ;
d.b., la désinfection des objets
contaminés ; d.o.^ la désinfection
propre ; a, l'appareil de la dé-
sinfection ; b.j chaudron.
730
J. BRUDZINSKI
Derrière le pavillon de la désinfection, un peu à Test, à une
distance de 25 mètres, se trouve situé le pavillon de la diph-
térie.
L'entrée a nous conduit dans un couloir ayant à sa droite
la porte commune du laboratoire et du cabinet du médecin
(p-b,), et plus loin la porte d'une cuisine provisoire. A sa gauche,
tout à côté de l'entrée, il y a le water-closet avec un tonneau
pour mouiller le linge et un seau pour les ordures ; plus loin,
à gauche, se trouve la salle des bains (p.k.).
Une porte vitrée nous conduit du couloir dans la grande
salle des malades (s.o,)\ elle occupe toute la largeur du pavillon
Fig. 7. — Pavillon des maladies infectieuses.
a, Entrée; ^, couloir ; Ar/., wa ter-close ts; k.p, chambre des bains; p./, cabinet
du médecin et laboratoire ; p.Ar., cuisine accessoire ; s.o., saUe commune des malades:
d, chambre de la surveillante ; s.h,^ dépôt de linge; /),o, chambres séparées; p/o.»
pavillon ; salle d'opération ; />.(£, salle pour les convalescents.
et est éclairée par six fenêtres, dont trois sont tournées à l'est
et trois à l'ouest. La salle contient huit lits ; sa largeur est de
13 mètres ; sa profondeur est de 7 mètres et sa hauteur de
4" ,5. La capacité de l'air est de 409 mètres cubes, c'est-à-dire
pour un lit 50 mètres cubes d'air et li^'^S de la surface du
parquet.
Le pavillon peut contenir facilement douze lits (34 mètres
cubes, 7°^5 de la surface du parquet).
De là à travers une porte vitrée nous passons dans un cou-
loir conduisant droit dans une grande chambre destinée aux
convalescents [pd) ; à droite du couloir se trouve la lingerie
(s,bJ) et plus loin la petite salle d'opération avec la chambre
inhalatoire (p*oJ) ; à gauche il y a la chambre de la surveillante
(d) et derrière l'appareil de ventilation et la chambre de la
bonne.
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MAHIE 731
A une distance de 56 pieds (lô^^jS), derrière le pavillon
diphtérique, s'élève le pavillon des scarlatineux, ayant absolu-
ment la raême disposition des pièces, avec cette différence
que les deux pièces occidentales situées derrière la grande
salle servent à l'isolement dans les- cas dej scarlatine mixte,
compliquée d'une autre infection (diphtérie); l'une d'elle
peut servir pour loger l'enfant avec sa mère ou une autre per-
sonne qui l'accompagne. Le coin ouest du territoire de l'hô-
pital tout près de la porte, donnant sur la rue Fabryczna, est
occupé par un petit bâtiment ; la croix dont il est surmonté
indique sa destination. Il contient deux salles : la salle de
Test, c'est la chapelle; la salle de l'ouest, c'est la salle
d'autopsie. Chacune d'elles possède une entrée propre, et toutes
les deux communiquent par une porte percée
dans le mur mitoyen. L'installation est simple.
Dans la salle d'autopsie, il y a une table d'au-
topsie, un lavabo, un bec de gaz, un bureau.
En dessous de la table d'autopsie, il y a un
évier.
Les couloirs et les salles du bâtiment frontal
et du pavillon des douteux ont le plancher en
mosaïque; il l'est également dans les pavillons pjg, g,
de la chirurgie et de la médecine interne,
dans les cuisines, les salles de bains] et water-closets. Dans
les grandes salles, le plancher est en béton cimenté couvert
de linoléum. Les chambres d'isolement ont un plancher de bois
peint à l'huile. Dans les chambres d'opération du pavillon de
la chirurgie, le plancher est en dalles. Le rez-de-chaussée du
pavillon de l'administration possède un parquet en mosaïque.
Dans le pavillon de la désinfection, les deux pavillons des
maladies infectieuses, la salle d'autopsie, le parquet est égale-
ment en mosaïque, à part les salles communes, lesquelles
ainsi que les salles des pavillons non contagieux sont en béton
cimenté, couvert de linoléum ; la même substance ^tapisse
également les petites salles des convalescents.^ Dans tous les
pavillons, au milieu des couloirs, il y a également une bande
en linoléum. L'entrée du couloir est garantie^de l'influence
de l'air extérieur par une double porte. Dans le couloir du
pavillon de la médecine interne et de la chirurgie, il y a des
bancs; les enfants qui ne sont pas forcés de garder le lit s'y
promènent pendant le jour ; le dimanche, les mêmes couloirs
732 J. BRUDZINSKI
servent de pièces d'attente aux parents qui viennent voir leurs
enfants ; on ne laisse entrer les visiteurs dans la salle que
lorsque Fenfant est alité.
L'hôpital tout entier est chauffé par le système de chauffage
central à pression faible ; et, comme il en a été question
plus haut, il y a des chaudières spéciales pour les pavillons
infectieux et non infectieux. Les couloirs sont partout bien
chauffés ; il y a partout des appareils de ventilation.
, Les appareils de chauffage et ceux de la ventilation sont
installés par J. Arkuszevski, à Lodz.
Tous les pavillons sont munis d'eau ; Lodz n'étant pas
canalisé, on a construit un conduit local approvisionné par
un puits d'où un moteur à gaz placé dans le sous-sol du bâti-
ment de ménage conduit l'eau dans le bassin central, situé
dans la tourelle du bâtiment de l'administration. On a été
obUgé d'appliquer le système des doubles fossés pour verser
les impuretés ; l'eau sale est conduite dans le canal principal,
lequel à son tour la mène en dehors de la ville (l'eau des pavil-
lons infectés est désinfectée d'avance) ; les fosses d'aisances sont
vidées par des tombereaux.
Aux fenêtres, il n'y a point de stores ; il n'y a que des rideaux
qui se tirent de côté et peuvent être facilement enlevés et
remis de nouveau sans l'aide d'un tapissier. Dans les pavillons
d'infectieux, il n'y a point de rideaux ; le manque de jalousies
intérieures dans les fenêtres de grandes salles se fera probable-
ment sentir dans l'avenir, et on sera obligé de les installer ;
on sera également forcé de changer le système d'ouverture des
fenêtres de dessus, qui est défectueux. Les lits d'hôpital sont
en fer, très hauts, faciles à démonter et glissant sur des rou-
lettes en pierre ; il y en a de trois dimensions différentes, dont
la moyenne comporte 142 centimètres de long ; aux lits, il
y a des ridelles à sept tiges chacune ; elles glissent sur des barres
en nickel à l'aide de petits anneaux, vissés dans les bords des
ridelles. Les matelas de fils de fer sont recouverts d'autres
en vareck. Les ridelles s'abaissent très facilement. Les lits
sont égaux par derrière. On ne se sert plus ici des grandes tiges
métalliques, qui servent dans les hôpitaux pour y attacher
les pancartes ; il y a des enveloppes en fer-blanc pour les
feuilles de températinre et d'autres papiers, et on les attache sur
le devant du lit, regardant la salle. Grâce à cette modification,
la salle perd cet aspect particulier propre aux salles des hôpi-
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE 7^^
taux. Entre deux lits, existe une petite table en fer à deux
rayons, qui sert à mettre dessus différents objets nécessaires
aux soins médicaux. Au chevet du lit se trouve un petit tabou-
ret pour mettre les habits de Tenfant. Sur le lit, on place une
petite table en fer pour le manger des enfants alités. Cette
table peut glisser sur les côtés du lit.
Chaque grande salle possède une table d'examen en fer glissant
sur des roulettes, de sorte qu'on puisse la rapprocher du bord
du lit des malades. Il y a également une table à écrire placée
contre le mur. Dans chaque salle, une petite armoire vitrée,
accrochée au mur et servant à garder les médicaments et
menus objets d'usage courant. Sur la table à écrire, il y a des
verres remplis d'une solution antiseptique et de sable pour
mettre les thermomètres ^t une autre pour les abaisse-langues.
Dans les enfoncements qui se trouvent au bout de chaque
salle, il y a des tables en bois courbé couvertes d'une toile
cirée et de petits fauteuils pour les enfants, qui y mangent
et s'amusent pendant la journée.
Dans chaque pavillon, il y a une balance (du système de
Fair-Banks) ; chaque enfant est pesé systématiquement. Dans
le service des scarlatineux, il y. a une balance spéciale avec un
grand plateau qui permet de peser dans la position couchée
les enfants gravement malades.
Dans les pavillons infectieux et typhiques, il y a de grands
tonneaux en fer-blanc très épais, munis d'un couvercle et d'un
robinet pour faire écouler les liquides antiseptiques servant à
tremper le linge (lysol ou bicarbonate de soude) ; ces tonneaux
sont placés dans le water-çloset ; on y a mis également les seaux
aux ordures, construits d'après le modèle viennois, un peu
simplifiés pourtant par la maison de Kônrad Jarnusskiewicz
et C'% à Varsovie (de la même maison sont les lits et toute
l'installation). Le seau est formé : d'un grand réservoir dans
lequel on place un seau dont le fond est mobile ; quand on fait
jouer l'appareil en question, le fond du seau descend, et les
ordures retombent du seau dans le réservoir d'en bas sans
produire de la poussière ; on les transporte dans la chaudière
du pavillon infectieux pour les brûler. Le seau à ordures pos-
sède un couvercle ; grâce à cette disposition, on ne fait pas de
poussière en le portant.
La description de chaque pavillon en particulier nous
démontre qu'on a fait tout son possible pour appliquer lar-
734 J. BRUDZINSKI
gement dans tout l'hôpital, même dans les consultations
externes, le système d'isolement. L'application de ce système
est facilitée par la construction du pavillon des douteux, de
celui de réserve, par un grand éloignement des pavillons infec-
tieux et rétablissement de la communication téléphonique
entre les pavillons. Pour veiller à l'observation exacte du
système d'isolement, nous avons appliqué une série de règles,
dont l'imporatnce est expliquée par nous aux gens du service
et aux surveillantes.
Les surveillantes des pavillons de contagieux ne viennent
jamais dans la salle à manger commune ; elles mangent dans
les^ petites cuisines de leur pavillon.
Les servantes des pavillons infectieux venant chercher la
nourriture pour les malades entrent par une porte spéciale
dans une petite chambre commumqHaai avec la cuisine uni-
quement par une fenêtre percée dans le mur ; les blouses qu'elles
portent dans les pavillons sont enlevées avant de sortir. Les
surveillantes couchent dans leurs pavillons ; les habite se
trouvent dans le bâtiment en façade ; avant d'aller en ville,
elles changent de vêtements. L'entrée dans les pavillons
non infectieux leur est interdite.
Les surveillantes étant choisies J)armi les personnes des
sphères intelligentes se soumettent volontiers à ce règlement.
Les servantes envoyées dans les pavillons non infectieux pour
chercher quelque chose, circonstance très rare, grâce à la
communication téléphonique et l'installation totale particu-
culière dans chaque pavillon, restent à la porte d'entrée et
n'entrent pas dans le couloir. Aussi, jusqu'à présent, c'est-à-dire
depuis un an et demi, nous n'avons pas eu un seul cas d'infec-
tion transporté d'un pavillon infectieux dans l'hôpital même.
Dans chaque paviUon infectieux, il y a un cabinet des méde-
cins, où ces derniers quittent leurs habits pour prendre les
blouses ; dans le pavillon des scarlatineux, il y a des calottes
en coutil et des caoutchoucs. Les porte-manteaux pour les
habits et celui pour les blouses sont accrochés chacun aux
murs opposés. Dans ce cabinet, au-dessus du lavabo, est placé
un réservoir contenant une solution antiseptique.
Le médecin sous les ordres duquel se trouve le pavillon des
scarlatineux ne travaille plus dans le pavillon non infectieux ;
tous les six mois le personnel change, eu égard aux conditions
pénibles d'isolement.
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE 735
Dans la salle des consultations externes, il y a un laboratoire
pour l'examen de l'urine avec le centrifuge ; un autre petit
laboratoire chimique et microscopique est installé dans le
pavillon de .chirurgie. Un laboratoire complet est instaUé
dans le service de la médecine interne. Les pavillons de diphté-
rie et de scarlatine possèdent chacun leur laboratoire propre,
chimique et bactériologique, pour l'examen clinique des cas
qui se présentent.
Le régime alimentaire des malades est composé suivant
certaines règles, les mêmes pour l'hôpital entier; chaque salle
possède sa carte ; la surveillante inscrit les plats ordonnés
par les médecins dans un cahier, appelé le. carnet de la
surveillante ; dans chaque pavillon, on compose le menu pour
le jour suivant, et on l'envoie pourvu de la signature du chef
de service à la cuisine avant midi.
Le régime des malades est de trois espèces : l^ le régime
ordinaire pour les non-fébricitants ; 2^ la diète légère pour
les fébricitants et les convalescents ; 3® la diète sévère pour
les grands fébricitants. Chaque ration de régime mentionnée
suivant sa quantité est marquée par la lette a et b, La diète
légère s'ordonne souvent dépourvue de viande. La ménagère
compte les feuilles où l'on marque les rations alimentaires
pour chaque pavillon ; la surveillante distribue la nourriture
en se conformant aux régimes marqués dans son carnet. Sur
la carte des rations alimentaires, se trouvent soulignés les plats
surajoutés à la ration ordinaire : par exemple, le képhir, les
œufs, les compotes, etc. Sur la carte citée ci-dessous, les rations
correspondantes sont énumérées.
Les enfants déjeunent à sept heures et demie du matin,
dînent à midi; à quatre heures, on goûte, et à sept heures du
soir on mange le souper. La nourriture est distribuée par la
surveillante, aidée dans ses fonctions par les servantes.
Les enfants sont soignés par des surveillantes intelligentes,
ayant fait leur éducation à l'hôpital et exercées dans les salles
de consultations externes. La surveillante de ce dernier ser-
vice soigne également les enfants dans le pavillon des douteux,
tant que celui-ci est occupé.
Dans les pavillons de chirurgie et de médecine interne,
il y a une surveillante pour chaque étage ; chacune d'elles
est aidée par une servante ; la troisième servante veille la
nuit.
736
J. BRUDZINSKI
La ration alimentaire des enfants malades à l'hôpital Anne-Marie.
HEURES
du jour.
Déjeuner
à 7 h. 1/2
matin.
Dîner
à 12 h.
ou midi.
DièTE ORDINAIRE
(ration ordinaii^*). '
Goûter
à 4 h.soir.
Lait.
a. Lait 250,0
6. Lait 350,0
Pain blanc et
pain bis... 100,0
Souper
à7h.soir.
Viande
Composé de 3 plats :
soupe, viande, entremets
composé de légumes, un
plat sucré.
De la sonne • i <* = *50,0
i#e la soupe • ^ ^ ^ 250,0
Bouillon ou soupe
grasse ou soupe au lait.
a =z 150,0
b = 150,0
Légumes et plat sucré.
On sert les soupes sui-
vantes :
Bouillon clair, bouillon
aux gruaux, au riz, aux
pommes de terre, aux
macaronis , aux petites
pâtes.
Soupe aux betteraves.
Soupe aux pois, maigre
ou grasse, avec des croû-
tons de pain.
Soupe aux fruits : aux
prunes, aux pommes.
Soupe à Toseille, mai-
gre ou grasse.
■ Soupe aux pommes de
terre, diiTérenû gruaux.
Plats de viande :
Rôti de bœuf, de veau,
côtelette de bœuf, de
veau, viande hachée, ra-
goût, bœuf au naturel
avec une sauce.
Légnmes :
Pommes de terre écra-
sées, en purée, petits pois
(avec des carottes), hari-
cots, purée de haricots,
carottes coupées en car-
reaux, épinards, vitelaux
seuls ou avec des fruits.
Macaronis.
Betteraves en bouillie.
DIÈTE LtcÈRB
{i/i roUon).
Lait, petit pain.
a.250,0 = pain blanc 50,0
b. 300,0 = pain blanc 100,0
Bouillon ou soupe au
lait:
a =z 150,0
b = 250,0
Viande blanche :
a= 75,0
b = 100,0
Gruau au lait, ris :
a = 200,0
b := 300,0
Bouillon avec un œuf
ou gruau; différentes es-
pèces de gruau menu au
lait, tisanes faites avec du
bouillon.
Plats de viande :
Rôti de veau.
Côtelette de veau.
Légnmes :
Riz en bouillie, gruau,
purée de pommes de
terre, macaronis cuits.
Lait avec pain blanc ou
pain bis.
Gruau au lait ou à l'eau ;
macaronis à Teau ou au
lait, pain bis.
DIÈTE SÊVÈIE.
Lait.
a 8 250,0 j
b = 350,0 '
Bouillon,
bouillon au
gruau, œufs.
Gruan au lait
a = 250,0
b = 300,0
Lait avec pain blanc
ou biscuits.
Gruau à Teau ou au
lait, petit pain.
Lait.
Gruau au lait;
lait,
tisane d'orge.
HÔPITAL DES ENFANTS MALADES ANNE-MARIE 737
Dans le pavillon des infectieux (six à dix lits), il y a une
surveillante, une servante et une garde de nuit.
Le corps médical est composé de deux médecins internes,
faisant la garde alternativement le jour et la nuit ; l'un
s'occupe du service de chirurgie, l'autre de la médecine interne.
Il y a en outre deux médecins externes : l'un pour aider le chef
du service des maladies internes, l'autre pour aider le chirur-
gien au moment des opérations.
Les chefs de service sont tout à fait indépendants dans
l'exercice de leurs fonctions ; le chef de service de la médecine
interne, étant en même temps le directeur de l'hôpital, s'occupe
également de l'administration de l'hôpital.
La consultation à la policlinique pour les maladies internes
est faite par le médecin de policlinique aidé d'un assistant
du service des maladies internes et par le médecin externe
du pavillon infectieux ; la consultation de chirurgie est faite
par l'assistant du service de la chirurgie ; les spécialistes des
maladies de la peau, des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge
ont également leurs heures de consultations ; ils donnent aux
malades des cartes en couleurs qui facilitent le contrôle et la
sélection. Les médecins internes envoient les malades aux
spécialistes.
Il y a cent lits à l'hôpital : trente-cinq lits dans le service de
chirurgie, soixante-cinq lits dans le service des maladies internes
6t infectieuses.
Ainsi le personnel payé de l'hôpital est constitué par huit
médecins (deux médecins internes), une intendante, une ména-
gère, huit surveillantes, un mécanicien, un portier, un homme
pour désinfecter le linge, deux gardes de nuit, les gens du ser-
vice des pavillons au nombre de treize personnes, neuf servi-
teurs employés à la buanderie, à la cusine et au bâtiment
principal.
Le budget annuel de l'hôpital monte à 75 000 francs-
Arch. de médec. des enfants, 1907. X. — 47
RECUEIL DE FAITS
SÉROTHÉRAPIE PAR LE SÉRUM DE VAILLARD
DANS UN CAS DE DIARRHÉE CHRONIQUE DYSENTÉRIQUE DATANT
DE VINGT-NEUF MOIS.
Par P. HAUSHALTER,
Profdsseur de clinique infantile à lu Faculté d? médecins de Nancy.
Les heureux résultats du sérum de Vaillard dans les différentes
formes de la dysenterie bacillaire aiguë, quel que soit le type bacil-
laire en cause (types Shiga, Chantemesse etWîdal, Flexner I et II,
Vaillard et Dopter), ne sont plus contestables (1). Beaucoup plus
rares sont les faits de dysenterie chronique, où le traitement fut
tenté.
Mais il semble bien que le sérum antidysentérique limite son
action aux diarrhées de la dysenterie ; les effets obtenus dans le
traitement des diarrhées infantiles par ce sérum furent des plus
variables ettrèssouventnégatifs, commeen témoignent les recherches
faites en Allemagne, en Amérique et en France par Auché et
Mlle Campana à Bordeaux, par Weill et Dauvergne à Lyon.
Par contre, il semble, si Ton s'en rapporte à robser>'ation sui-
vante, que le sérum de Vaillard puisse être hautement efficace dans
la diarrhée chronique, rebelle, d'origine dysentérique (2).
Observation. — Jeanne W,.., sept ans, entrée à la clinique infantile
le 7 juin 1906.
Père mort alcoolique à trente -trois ans ; mère, trent«-cinq ans, bien
portante ; deux autres enfants morts de cause inconnue.
Antécédents personnels. — Élevée au sein. A Tâge de trois ans.
toussa et maigrit. Se trouvant en Alsace, à Sainte -Marie-aux-Mines, fnl
prise en juillet 1904 de dysenterie : huit à dix selles quotidiennes, glai-
reuses, sanguinolentes, avec épreintes, coliques ; ces symptômes du-
rèrent environ trois mois ; puis les selles devinrent plus liquides, plus
abondantes, fétides ; une rechute aiguë de dysenterie se produisit Yélé
suivant, Ten faut se trouvant dans un village des Vosges françaises ; à
(1) Vaillard et Dopter, la sérothérapie dans le traitement de la dysenterf<»
bacillaire {Acad. de méd., 9 avril 1907, et Presse médicale, 5 juin 1907).
(2) Dopter, Sérothérapie de la dysenterie bacillaire (Congrès de Médecine, Paris,
14-16 octobre 1907).
"■
SÉROTHÉRAPIE PAR LE SÉRUM DE VAILLARD 739
cette crise aigu6 succéda la diarrhée, qui n'avait pas cessé au moment
de rentrée de la petite malade ^ Thôpital.
État actuel. — Enfant maigre ; teint gris, peau sèche squameuse ;
mains froides, sèches ; abdomen mou, volumineux, pas d'hypertro-
phie du foie et de la ratj& ; langue rouge, vernissée ; deux à trois selles
par jour, brunâtres, abondantes, demi-liquides, horriblement fétides.
Souffle dans la fosse interscapulaire droite, avec résonance légère de
la voix ; submatité depuis l'angle de Tomoplate jusqu'à la base à droite,
avec diminution du murmure vésiculaire, sans râles.
Depuis l'entrée de la malade à la clinique jusqu'au début de l'hiver,
l'état reste le même ; les signes stéthoscopiques constatés ne varient pas,
ce qui fait supposer que le souffle interscapulaire est dû à une adéno-
pathie tuberculeuse, et la submatité de la base droite à une pleurite avec
adhérences.
De juin 1906 à juillet 1907, la température a été prise régulièrement
matin et soir.
De juin à fin septembre 1906, la température a subi 46s oscillations
journalières, atteignant 38^5, 39"* ou quelquefois 39'',5 le soir, descendant
le matin à 36^ et souvent à 35^,5 (température -axillaire exactement
vérifiée).
En raison des oscillations que ne pouvait expliquer une évolution
tuberculeuse, supposant une septicémie d'origine inconnue, on fit des
cultures avec le sang, qui demeurèrent stériles ; dix-huit frictions à la
pommade au collargol demeurèrent sans effet.
Durant toute cette période, la diarrhée persiste : deux, trois selles
par jour, abondantes, grumeleuses, brun verdâtre, fétides ; aucun traite-
ment, aucun régime ne l'influença.
Fin septembre, la température tend à se régulariser, ne montant plus
le soir que de quelques dixièmes au-dessus de 37% atteignant rarement
38^, mais descendant souvent le matin au-dessous d% 36*".
De novembre au milieu de décembre, la température est à peu près nor-
male. L'état général demeure le même, quoique un peu moins mauvais qu'en
été : maigreur, état sec, squameux de la peau ; abdomen volumineux ;
la diarrhée persiste ; mais l'enfant n'a généralement qu'une selle par
jour; ordinairement, le matin, elle est prise de coliques, de violents besoins,
et rend un demi-vase de matières vert brunâtre, grumeleuses, d'odeur
repoussante, dans lesquelles on ne découvre pas de mucosités ni de fibrine
libre.
Aucun régime, aucun traitement ne peut modifier cette diarrhée.
Certains jours, les selles sont plus particulièrement liquides, abon-
dantes, odorantes ; ces jours, le teint est plus gris, les doigts sont
secs, gris bleuâtre, les mains froides, la langue rouge, lisse, vernissée,
étalée.
Le 20 décembre, sans motif connu, la température atteint 38°,4; le
pouls monte à 150 durant trois jours, puis pendant huit jours ; la tempé-
rature se met à osciller entre 37° le soir et 35® le matin; l'abdomen est plus
gonflé ; les selles sont plus abondantes et plus odorantes.
Le 23 décembre, du sérum de la petite malade est adressé à notre ami
le D' Braun, répétiteur à l'École de médecine militaire de Lyon, qui veut
bien se charger de rechercher la séro-réaction vis-à-vis les bacilles dysen-
tériques : il nous répond que le sérum agglutine hautement le bacille
dysentérique type Flexner II (Manille) et n'agglutine pas le type Shiga.
Il nous engage à tenter le traitement par le sérum antidysentérique
de Vaillard, dont il nous adresse quelques tubes.
r
I
740 p. HAUSHALTEIl
30 Décembre. — Injection de 10 centimètres cubes de sérum anti-
dysentérique.
l l" Janvier 1907. — Nouvelle injection de 10 centimètres cubes de
sérum.
3 Janvier, — Selle molle, jaune foncé, couleur obserçée pour la pre-
mière fois ; odeur moins forte.
4 Janvier. — Selle demi-moulée, jaune, à odeur presque normale ;
cet aspect n^a jamais été constaté depuis le séjour de tenfant à la clinique,
c'est-à-dire depuis plus de six mois.
Tous les jours suivants, les selles, au nombre d'une par jour, ont l'appa-
rence absolument normale.
La température oscille entre 37<*,5 (maximum) et 36* ; elle ne descend
plus au-dessous de 36°.
Le 14 janvier, selle pâteuse ; la veille, la mère de l'enfant lui a apporté
des pâtisseries indigestes.
Puis petit à petit reprise de la diarrhée :
19 Janvier, — Diarrhée liquide, brune, odorante.
22 et 23 Janvier. — Constipation.
24> 25, 26, 27, 28, 29 Janvier. — Diarrhée brunâtre, abondante, très
fétide : une selle par jour ; haleine fétide ; langue lisse, ventre météorisé:
pas de fièvre ni d'hypothermie.
29 Janvier. — Injection de 10 centimètres cubes de sérum de Vaillard.
que veut bien mettre à notre disposition M. le D' Benech, directeur du
service de santé du XX« corps.
30 Janvier. — Diarrhée.
31 Janvier. — Pas de selle.
!« Février. — Selle moulée, jaune.
2 Février. — Injection de 10 centimètres cubes de sérum.
Tous les jours suivants, les selles demeurent normales; l'état général
s'améliore ; la température ne dépasse plus 37° et ne descend plus
au-dessous de 36°.
Le 6 février, le D' Malard,. médecin major, qui possède à Thôpital
militaire de Nancy des cultures des divers bacilles dysentériques, veut
bien refaire l'épreuve de la séro-réaction ; il trouve toujours le sérum
de notre petite malade agglutinant jusqu'au 1/30 le bacille de Flexner
et n'agglutinant pas les autres types de bacilles dysentériques.
Le 8 mars, à la suite d'abus de gâteaux, 38° le soir; le 11, diarrhf»-
glaireuse, teint gris, langue vernissée. Les jours suivants, selles hquidts,
brunes, odorantes.
Le 16 mars, spontanément les selles redeviennent pâteuses.
Le 20 mars, selles moulées.
Jusqu'au 25 avril, les selles sont demeurées normales ; l'état génrr.o
est plus satisfaisant, le teint meilleur, l'enfant a bon appétit ; son p<^>ids,
qui était de 17''»,600 le 4 janvier, au moment de l'application du trai-
tement sérothérapique, est actuellement de 18^^^,900.
Le 1^ mai, à la suite de l'absorption de pâté froid apporté par la mère,
reprise de la diarrhée, qui dure jusqu'au 4, sans modification de la tem-
pérature.
Puis les selles redeviennent pâteuses et presque normales.
Le 25 mai, réapparition de diarrhée horriblement fétide à la suite de
l'absorption d'œufs durs et de gâteaux, apportés par lamère;ladiarrht^
dure jusqu'au 30.
Le 3 juin, l'enfant est emmenée par sa mère; elle mange des asperjre*.
boit de la limonade, etc. ; le 5 juin, elle est ramenée avec une diarrhée bruiif
SÉIIOTHÉIIAPIE PAR LE SÉRUM DE VAILLARD 741
d'odeur repoussante, qui dure jusqu'au 11 juin, en devenant progressi-
vement jaune et en perdant de sa fétidité ; durant cette dernière crise,
la température le soir oscille entre 37^,5 et 38°. Cependant Tétat général
est bien meilleur qu'il y a deux mois.
En raison de la facilité avec laquelle reparaissent pour des écarts de
régime des crises diarrhéiques, qui cependant depuis la première injection
de sérum s'amendent spontanément et assez rapidement, nous nous décidons
à refaire de nouvelles injections de sérum de Vaillard ; 10 centimètres
cubes sont injectés les 13, 14 et 16 juin, sans provoquer aucune réaction
ni aucune élévation de température.
A partir de cette époque jusqu'à présent, les selles sont demeurées
normales, quelquefois pâteuses, habituellement moulées, sans coloration
ni odeur spéciales.
Le 23 juin, M. le médecin-major Malard, qui veut bien rechercher de
nouveau le pouvoir agglutinant du sérum de l'enfant vis-à-vis le bacille
de Flexner, trouve la séro-réaction fortement positive au 1/30, nette-
ment positive au 1/50, négative au 1/100.
Le 15 juillet, l'état général est excellent, la face pleine et colorée, les
tissus fermes, l'appétit bon ; le poids, qui était au 22 juin de 19^^,600,
est de 21 kilogrammes.
Nous renvoyons l'enfant à la fin de septembre ; la situation est demeurée
excellente.
Cette observation peut se résumer en quelques traits.
A la suite d'une dysenterie aiguë développée en juillet 1904, chez
une fillette de cinq ans, s'établit une diarrhée chronique qui dure
encore en juin 1906, à l'entrée de l'enfant à l'hôpital. Ace moment,
l'état général est mauvais, la peau sèche, écailleuse, grise, la langue
rouge et vernissée ; la fièvre présente le type rémittent, avec quel-
quefois le matin de l'hypothermie.
Ignorant, lors de l'entrée de l'enfant à l'hôpital, l'existence de la
dysenterie qui avait marqué le début de la maladie, mon diagnostic
demeure hésitant ; je songe à la tuberculose intestinale, puis à une
septicémie ; les ensemencements avec le sang dememrent stériles ;
les divers traitements médicaux et diététiques restent absolu-
ment inefficaces. En décembre 1906, l'état est le même ; c'est alors
que je vois pour la première fois la personne qui avait assisté en 1904
au début de la maladie et que je parviens à démêler son origine
probable. Le séro-diagnostic apprend que le sérum de la petite
malade agglutine le bacille de Flexner II (Flexner-Manille) de la
dysenterie, à l'exclusion des autres bacilles dysentériques. Le
diagnostic est donc posé : il s'agit d'une diarrhée chronique dysen-
térique datant de vingt-neuf mois. J'insiste sur ce fait que, depuis
vingt-neuf mois, la diarrhée n'avait pas cessé.
Le 30 décembre 1906 et le i^ janvier 1907 on fait une injection
de sérum de Vaillard de 10 centimètres cubes; le 4 janvier, pour la
première fois, l'enfant rend une selle moulée de couleur et d'odeur
normales ; à la suite d'imprudence de régime, la diarrhée reparait
au bout de quelques jours ; les 29 janvier et 2 février, nouvelle
742 p. HAUSHALTEK
injection de 10 centimètres cubes ; les selles redeviennent moulées ;
l'état général s'améliore progressivement. Cependant, de temps
en temps, sous l'influence d'écarts de régime, les selles diarrhéiques
et fétides reparaissent; mais, au bout de peu de jours, elles repren-
nent spontanément l'apparence normale, ce qui ne se produisait
jamais antérieurement, quel que fût l'agent thérapeutique ou le
régime employé. Les 13, 14 et 16 juin, dernières injections de 10 cen-
timètres cubes ; depuis ce moment, la guérison se maintient, les
seUes sont normales, la peau est ferme et lisse, la langue a perdn
son aspect vernissé, la température ne subit plus d'écarts ; le poids
a augmenté de 3''^, 400 depuis le début du traitement : il me semble
que la guérison est assurée.
L'influence de la sérothérapie est ici incontestable : une modi-
fication surprenante des selles se produisit presque du jour au
lendemain à la suite de la première injection ; l'état général se
transforma progressivement et rapidement sous l'influence des
injections ultérieures, et la guérison fut obtenue par sept injections
de 10 centimètres cubes réparties sur six mois : mais, après coup,
je crois qu'il y aurait eu intérêt à pratiquer des inoculations
plus rapprochées.
Au point de vue pratique, je ne retiendrai de cette observation
que deux faits : 1° Futilité du séro-diagnostic pour établir la
nature de certaines diarrhées chroniques dont l'origine dysenté-
rique est ignorée ; 2° l'efficacité souveraine que put avoir la séro-
thérapie par le sérum de Vaillard dans une diarrhée dysentérique
très rebelle, vieille de plus de deux ans.
REVUE GÉNÉRALE
LA PEGNINE CHEZ LES ENFANTS
Sous le nom de pegnin-milch (lait à la pegnine), von Dungern
a désigné un lait préalablement coagulé par ^addition de ferment-lob,
ou présure, ferment de l'estomac, indispensable à la digestion de la
matière albuminoîde.
Quand on voit un enfant, soit au sein, soit au biberon, ne pas
digérer le lait, dépérir au lieu d'augmenter, vomir, présenter des
selles mal liées, tout cela en dépit d'une réglementation rigoureuse
des tétées, d'une qualité parfaite du lait, etc., on arrive à concevoir
ohe25 cet enfant la possibilité d'une insuffisance fonctionnelle de
l'estomac. Pour une raison qui, bien souvent, nous échappe, l'estomac
ne sécrète pas un suc gastrique suffisant pour transformer la caséine
et la rendre assimilable ; le lacto-lab-ferment, la présure, se trouve
en défaut.
Dans ces conditions, le lait n'est pas coagulé, comme il doit l'être,
dans la cavité gastrique ; il ne se précipite pas en fins grumeaux de
caséine, comme dans la digestion normale. Le premier acte de la
digestion s'accomplit imparfaitement; l'assimilation est compro-
mise, et le poids de l'enfant n'augmente pas.
Chez quelques nourrissons, on est surpris de constater parfois, une
heure, deux heures même après la tétée, des vomissements abondants
de lait non coagulé, absolument Hquide. Il semble bien, dans ces cas,
que le ferment-lab manque en totalité ou en grande partie dans
l'estomac de ces petits sujets. Du moins on peut le supposer. i^,
Quoi qu'il en soit, c'est dans ces cas que la pegnine fait merveille.
Elle s'adresse avant tout à la dyspepsie stomacale des nourrissons.
Grâce à la présure, recueillie dans l'estomac des jeunes veaux,
le lait de vache, au lieu de se précipiter en gros caillots dans l'es-
tomac du nourrisson, se prend en fins coagula comme ferait le lait
de femme. Cette fine précipitation de la caséine favorise la digestion
et l'assimilation du lait, dans l'allaitement artificiel. Nous avons
déjà dit qu'elle favorisait aussi la digestion dans l'allaitement
naturel. Nous v reviendrons. La difficulté consistait à avoir un
ferment'lab pur, aseptique, digne de confiance. On y est parvenu.
744 REVUE GÉNÉRALE
et nous trouvons aujourd'hui, en pharmacie, sous le nom de pegnint,
de lactO'lab'ferment, des préparations efficaces qui permettent
d'obtenir le pegnin-milch de von Dungern et de l'employer dans
l'allaitement artificiel ou même dans l'allaitement naturel. Le
produit se présente à nous sous forme d'une poudre blanche analogue
à du sucre pulvérisé ; et en effet le ferment-lab est associé à de la
lactose. On prend une petite quantité de cette poudre avec une
mesure qu'on trouve attachée au flacon, et on l'introduit dans le lait
du biberon. Ce lait ne doit pas être trop chaufîé ; il sera simplement
tiédi au bain-marie (35 à 40<^), comme cela se fait avant chaque
repas de l'enfant. Une température trop élevée pourrait contrarier
l'action du ferment. Le lait ne sera donc pas soumis à l'ébullition
après l'addition de pegnine.
D'autre part, si le lait doit être coupé, l'eau de coupage ne sera
ajoutée qu'après l'action de la pegnine.
S'agit-il de lait stérilisé industriellement ou de lait stérilisé par
la méthode de Soxhlet, on ajoute la pegnine, après sténUsation,
au lait tiédi au moment de s'en servir.
La quantité de pegnine en poudre à ajouter au lait est d'environ
I p. 100(1 gramme pour 100 grammes de lait, 2 grammes pour 200, etc.).
Après l'addition de pegnine, on laisse le lait au repos pendant
quelques minutes, après avoir réparti la poudre dans le flacon par
une agitation légère. On voit bientôt de fins grumeaux flotter dans
la masse liquide. On agite fortement pour faire disparaître les
coagula. Après quoi on peut donner à l'enfant, en ayant soin de faire
tiédir au bain-marie à 37°. Tel est le mode habituel d'utilisation
du pegnin-milch. Mais ce n'est pas le seul, et je dois m'applaudir
d'avoir employé la pegnine dans l'allaitement naturel.
Dans plusieurs cas, des enfants nourris au sein par leurs mères ou
par de bonnes nourrices, bien réglés, prenant en quantité suffi-
sante un lait bon à l'analyse chimique, n'augmentaient pas, voin»
même diminuaient, au grand désespoir de la famille et du médecin.
Le changement de nourrice, dans un cas, n'améliora pas la situation.
II était évident que, si les choses n'allaient pas bien, il fallait en
accuser l'enfant plutôt que la nourrice. Sans avoir recours à Ta!-
laitement mixte, qu'on pourrait d'ailleurs employer en pareille
circonstance, je prescrivis la pegnine de la manière suivante :
Avant chaque tétée, la mère ou la nourrice fait tonober un peu
de son lait dans une cuiller à café. On ajoute, à ce lait, une pincée
de pegnine avec l'extrémité d'un couteau ou une pelle à sel. Après
quelques minutes de contact, on fait prendre à l'enfant, qui tète
ensuite le sein. Chez un premier enfant, l'augmentation de poids,
avec cette méthode, ne tarda pas à se dessiner. Comme elle était
insuffisante, je fis doubler la dose de pegnine, et l'accroissement
devint normal. Pendant plusieurs mois, ce nourrisson prit ainsi
LA PEGNINE CHEZ LES ENFANTS 745
de la pegnine en même temps que le sein de sa nourrice, et il s'en
trouva très bien. J'ai suivi la même pratique chez plusieurs enfants
au sein, et je n'ai eu qu'à m'en louer. D'ailleurs, depuis longtemps,
des médecins prescrivent la pepsine en paillettes chez les nourrissons
dyspeptiques, et souvent avec succès. La pegnine est un médica-
ment du même genre, mais un peu plus puissant. En tout cas,
Tusage de la pegnine dans l'allaitement naturel est inoifensif et
souvent d'une réelle efficacité. 1° Fille de trois mois, nourrie au
sein maternel, vomissements incessants, poids stationnaire ; on
prescrit successivement l'eau de chaux, l'eau de Vichy, le citrate
de soude. Rien. On règle minutieusement le régime de la mère
nourrice, on écarte les tétées (jusqu'à quatre heures d'intervalle),
les vomissements persistent. La mère a trente ans, c'est son
premier enfant. Je la vois le 3 juillet 1906. J'examine le ventre
de l'enfant, je cherche en vain l'hypertrophie du pylore. Je con-
seille une pincée de Pegnine Rogier dans une cuillerée à café de
lait avant chaque tétée. Le 10 juillet, on me ramène l'enfant
qui ne vomit plus et a augmenté de 180 grammes en six jours.
2*^ Une fillette nourrie d'abord par sa mère, puis par une nourrice,
vomissait incessamment et n'augmentait pas de poids. C'est en vain
qu'on avait essayé les alcalins, le citrate de soude, pour arrêter les
vomissements. La pegnine seule permit de les enrayer. Cette action
anti-émétique, que j'ai relevée dans plusieurs autres cas, mais
pas à ce degré, méritait d'être signalée.
Mais le grand succès de la pegnine est dans l'allaitement artificiel.
J'ai vu un enfant qui, après avoir été soumis à toutes sortes de pré-
parations (lait matemisé, lait homogène, lait stérilisé, dilué, ba-
beurre), maigrissait et ne tardait pas à présenter un état inquiétant.
Il avait huit mois quand il fut soumis à la pegnine. Or, malgré une
coqueluche intercurrente, le pegnin-milck lui fît gagner 1 800 grammes
en trois mois. Alors il a pu commencer à prendre des bouillies et n'a
cessé de prospérer.
Chez une fillette, venue dans des conditions déplorables, ne pro-
gressant pas, vouée à une mort précoce (malformation cardiaque),
aucun lait n'avait pu être toléré ; le babeurre, la soupe de malt, les
décoctions et dilutions les plus variées étaient rejetés. Seul le lait
a la pegnine était digéré ; l'enfant a pu ainsi se maintenir pendant
un an ; elle a • été ensuite enlevée subitement par son affection
cardiaque.
Une autre fillette, sœur de la précédente, normale celle-là, a été
soumise dès sa naissance au pegnin-milch. Elle a augmenté rapide-
ment, pesant 17 livres à cinq mois, 23 livres à un an. Je l'ai vue à
cet âge ; elle avait six dents, se tenait debout, commençait à marcher;
fontanelle fermée, pas de chapelet costal, aucun stigmate rachitique.
Je fus surpris d'un pareil résultat, que je n'attendais pas si beau.
"746 UEVUE QÉNÉHALE
La mère, enthousiasmée, voudrait que tous les enfants fussent nour-
ris à la pegnine.
Sans aller aussi loin, on doit reconnaître que, dans certains cas,
le lait coagulé par la pegnine a une grande valeur pour rallaitement
artificiel et même pour l'allaitement naturel de certains enfants.
En matière d'allaitement, il y a des idiosyncrasies si étraD|pe$
qu'on n'est jamais sûr de réussir, même avec les moyens hygir^.
niques les meilleurs et les plus perfectionnés. On ne saurait avoir
trop de procédés et de produits alimentaires à sa disposition pour
faire face aux difficultés multiples et imprévues qui se présentent
à chaque pas. Parmi les nouveaux laits introduits, ces dernière
années, dans l'élevage des enfants, le pegnin-milch doit figurer
comme un des plus utiles et des plus intéressants. Une expérience
de trois années nous permet d'en parler favorablement et d'en
recommander l'emploi. Mais ce n'est pas une panacée. Il ne convient
pas à tous les nourrissons dyspeptiques ; on ne s'obstinera pas en caa
d'échec, et on s'empressera de recourir à un autre lait. Enfin, après
quelques mois d'usage fructueux, si l'enfant cesse de progresser,
il ne faudra pas hésiter à laisser de côté cet excellent aliment pour
passer à un autre. L'éclectisme doit régir l'hygiène infantile ; l'es-
prit de système, de parti pris, serait funeste.
Les succès obtenus avec la pegnine, qui, au fond, n'est qu'un fer-
ment protéolitique, sont comparables à ceux obtenus avec le malt,
qui est un ferment amylolitiqne. Dans telle variété de dyspepsie,
c'est le ferment des matières protéiques qui conviendra ; dans telle
autre, c'est le ferment des amylacées. Et l'on entrevoit déjà l'im-
portance que peuvent jouer les ferments dans l'hygiène infantile.
Notre collègue et ami le D^* Concetti, dans une communication au
Congrès italien de Pédiatrie tenu à Padoue(2au 6 octobre 1907), sur
l'importance des ferments dans la cure et la prophylaxie des maladies
de l'appareil digestif chez les enfants, disait avec raison que, chez les
enfants faibles, prématurés, anémiques, convalescents de maladies
diverses, la sécrétion des ferments de la digestion et de l'assimi-
lation était en défaut. Il en résulte de nombreuses dyspepsies,
toxi-infections digestives, etc. Ainsi s'expliquent les bons effets
prophylactiques et curatifs de la fermentothérapie. Cette thérapeu-
tique est toute nouvelle ; elle est loin d'avoir dit son dernier mot.
Son rôle ne peut que grandir, et nous devons signaler avec empresse-
ment les tentatives heureuses faites dans cette voie.
ANALYSES
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
Âcate cystitis in infant, treated with helmitol (Cystite aiguë infantile
traitée par rhelmitol),par le D' J. Attridge Williams {Brit. med. journ,,
18 mai 1907).
Le 21 décembre 1906, l'auteur est appelé à voir un jumeau de sept mois,
atteint de fièvre, vomissements, avec gonflement des gencives et tache
pourpre sur Tune d'elles. Urines rares avec albumine. Le diagnostic fut :
scorbut infantile avec symptômes rénaux ; l'autre jumeau montra d'ailleurs
les mêmes symptômes peu après, ce qui confirmait le diagnostic de scorbut
infantile. Avec un traitement convenable, tout rentra rapidement dans
l'ordre, et la fièvre tomba. Mais, le lendemain, nouvelle ascension (près
de 40°). Pendant quinze jours, l'état fébrile continue avec de grandes
oscillations. L'enfant présente d'ailleurs les signes d'une gastro -entérite
avec bronchopneumonie. Le 12 janvier, l'urine contient du pus et du sang.
i>ouleur vive à la pression sur l'hypogastre. Alors on essaie Thelmitol
<5 à 6 centigrammes toutes les trois heures). En vingt-quatre heures, la
température tombe, et en quarante-huit heures le pus a disparu. On
continue l'helmitol pendant trois jours encore ; les urines sont très abon-
dantes. Guérison rapide malgré l'intervention d'une coqueluche.
A note on the redacing power of urine following the administration
of urotropin (Note sur le pouvoir réducteur de l'urine à la suite de l'admi-
nistration de l'urotropine), par le D' L-A. Abt (Arch. of Pediatrics,
avril 1907).
Un garçon de dix mois, soufTrant de pyélite, présente de la fièvre,
de l'amaigrissement, de la prostration. L'analyse de l'urine montre une
grande quantité de pus, un peu de sang et des cellules épithéliales. Bclc-
terium œli à l'examen bactériologique. Pas de glycosurie. Traitement
par l'urotropine et l'eau en abondance. Guérison lente. L'enfant est emmené
de Chicago dans le Sud, prenant toujours de l'urotropine. Le médecin
constate la présence du sucre dans les urines. Un peu d'urine est envoyée
au D' Abt ; elle réduit bien la liqueurjcupro-potassique, mais ne donne pas
de réaction par fermentation ni au polarimètre.
r ^En présence de ce résultat, l'urotropine est administrée à une série
d'enfants, et on constate les phénomènes suivants : l'urotropine, très
peu stable, est facilement décomposée par les acides faibles ou les sels
acides en solution, surtout si la solution est chaude. C'est le cas souvent
pour l'urine. Alors la formaldéhyde est mise en liberté et se combine avec
les bases alcalines urinaires pour former des sels (formiates). L'urotropine
circule inaltérée dans le sang et s'élimine de même si l'urine est alcaline.
Dans ce cas, pas d'action antiseptique à espérer. Si l'urotropine est con-
tinuée longtemps, même à doses modérées, l'hématurie, le ténesme, la
diarrhée, les coliques, l'albuminurie, la cylindrurie peuvent se montrer.
748 ANALYSES
Polydactylie, doigts samuméraires aux deux mains et aux deux pieds,
par M. Alamartine {Revue d'orthopédie, 1er juillet 1907).
Garçon de quinze ans ; un frère aîné avait un doigt surnuméraire au
bord externe de chaque pied et de chaque main, et il a dû se faire amputer.
Né à terme, après une grossesse normale, il portait à chaque main un
pouce surnuméraire ballant, relié au reste de la main par un pédicule
fibreux et qui fut amputé de suite. A gauche, il subsiste un petit moignon
cicatriciel, gros comme un pois. Sur le bord externe des deux pieds, se
trouvait également un doigt surnuméraire parfaitement constitué. Les
doigts surnuméraires prolongent en dehors la série des autres doigts,
mais ils font avec le métatarsien qui les supporte un angle ouvert en dedans
avec hallux valgus plus accusé à droite. Mouvements normaux. Durillon
au point de pression de la chaussure.
La radiographie montre que le premier doigt n'est formé que de deux
phalanges ; le cinquième métatarsien se bifurque au tiers de sa hauteur
pour donner deux têtes s' articulant, l'interne avec le cinquième doigt,
l'externe avec le sixième. Le cartilage de conjugaison de la première pha-
lange de ce dernier est très clair, alors que celui des autres doigts est
complètement ossifié.
De rinvagination intestinale chez les jeunes enfants, nécessité
d'an prompt diagnostic et d'un traitement immédiat, par le
D' KiRMissoN [Académie de médecine^ 25 juin 1907).
Trop souvent les nourrissons, pris de douleur subitement, de vomis-
sements, rendant du sang par l'anus, sont traités par des palliatifs
qui font perdre un temps précieux. Atteints d'invagination intestinale
aiguë, ils devraient être opérés dans les vingt-quatre heures, tandis qu'on
n'est appelé à intervenir que deux, trois et quatre jours après le début-
En général, il s'agit d'enfants superbes, nourris au sein, qui auraient pu
être sauvés par une intervention précoce.
A l'hôpital, on ne voit que des cas tardifs, et M. Kirmisson, depuis
dix-huit ans, a vu succomber tous les enfants entrés dans les services de
chirurgie infantile, sauf un opéré par Lyot six heures après le début.
En Angleterre, la maladie mieux connue, plus tôt reconnue, est traitée
assez près du début, et les statistiques sont plus favorables que chez
nous. Le diagnostic, d'ailleurs, n'offre pas de difficulté ; maladie de la pre-
mière enfance; l'invagination intestinale est caractérisée par le melaena,
qui ne fait jamais défaut.
Si donc un nourrisson rend par l'anus des matières sanguinolentes
en même temps qu'il ressent de violentes coliques, on pensera à l'invagi-
nation intestinale et on pratiquera le toucher rectal, sans négliger la
palpation abdominale pour découvrir le boudin d'invagination. Il est, en
résumé, deux principes faciles à retenir et qu'il ne faut jamais perdre de
vue :
10 L'invagination est la forme la plus fréquente de l'occlusion intestinale
chez les jeunes enfants ;
2^ Tout petit enfant qui rend du sang par l'anus, en même temps qu'il
présente des coliques violentes et des phénomènes d'obstruction intestinale,
a, très probablement, une invagination.
11 n'y a pas à compter sur une marche favorable de la maladie, aban-
donnée à elle-même. Aussi, dès que le diagnostic a été porté, convient-il
d'agir sans retard. Prenant en considération ce fait que, dans l'immense
majorité des cas, l'invagination se fait de haut en bas, on peut, si Ton est
appelé dès le début, avoir recours aux grands lavements pour refouler de
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 749
bas en haut la masse invaginée. C'est, en efTet, un moyen qui peut être
précieux pour un médecin se trouvant isolé, dans des conditions où il lui
est impossible de pratiquer la laparotomie. Il a fourni des succès surtout
quand son emploi est combiné avec Tusage de l'anesthésie. Mais il est bien
entendu que, si les grands lavements ne donnent pas le résultat désiré, il
faut immédiatement recourir à l'opération sanglante. Il faut, en un mot,
se comporter, en matière d'invagination intestinale, comme on le fait en
présence d'un étranglement herniaire, c'est-à-dire ne pas abandonner
le malade sans que l'obstacle au cours des matières ait été levé.
Noyan |de datte incins dans la bronche, extraction et guérison
grâce à la hronchoscopie, par le D' Guisez (Journal des Praticiens^
29 juin 1907).
Une fillette de cinq ans et demi aspire un noyau de datte ; aussitôt
accès de suffocation, puis dyspnée continue. Voix éteinte, toux rauque,
silence dans le poumon gauche. La radioscopie montre une opacité de ce
côté, qui est rétréci. Le D' Quibal (de Béziers), qui voyait l'enfant peu
après l'accident, conclut à la non-perméabilité du poumon gauche par
corps étranger bronchique et l'envoie à Paris.
Le 23 novembre 1906, quatre jours après l'accident, l'enfant est agitée,
angoissée, la voix rauque, la respiration précipitée. De temps en temps,
accès de toux rauque avec crachats muco-purulents. Température 39°.
Murmure vésiculaire aboli dans tout le côté gauche ; submatité à la partie
moyenne, quelques râles à la naissance des grosses bron'ches.
Ghloroformisation, introduction d'un tube de 6 millimètres, cocaïni-
sation de la trachée ; arrivé à la bifurcation, le tube est incliné à gauche,
et on aperçoit le noyau de datte. On le saisit avec une pince à griffe, et on
le ramène avec le tube, mais il s'arrête à la glotte et retombe dans la trachée.
Nouvelle introduction du tube ; le noyau est à l'entrée de la bronche droite;
on le saisit solidement et on l'extrait. Ce noyau était très gonflé.
L'enfant, infectée avant l'opération, continua à avoir de la fièvre. Le
lendemain, suffocation qui oblige de faire la trachéotomie. On enlève la
canule le troisième jour. Guérison.
C'est le septième cas de corps étranger bronchique extrait par la
bronchoscopie, par M. Guisez, qui rapporte aussi l'histoire d'un dentier,
extrait de l'œsophage, chez un adulte, par l'œsophagoscopie.
L*alcool et l'enfant, par le D' R. Bru non (Académie de médecine,
14 mai 1907).
En Normandie, il n'est pas rare de voir les femmes de la campagne
donner du café et de l'eau-de-vie dans le biberon. Dans la moitié des
familles ouvrières à Rouen (D^ Tourdot), on donne du café et de l'eau-de-
vie aux enfants dès l'âge de six à huit mois. En Normandie, le café ne se
prend pas sans eau-de-vie.
L'alcoolisme du père se traduit chez l'enfant par l'idiotie, la luxation
congénitale de la hanche ou une anomalie de même espèce, les convulsions,
les accidents méningitiques.
En Normandie, c'est le café qui est le grand introducteur de l'alcool ;
dès les premières années, l'enfant prend de l'eau-de-vie dans son café.
On voit des enfants de six et sept ans boire de l'eau-de-vie pure, manger
du pain trempé dans le cognac. Les cas d'ivresse chez les enfants sont très
fréquents.
Dans une commune, près de Dieppe, sur les 140 enfants de l'école,
S ou 6 ont simplement, pour déjeuner, du pain et de l'eau-de-vie, beaucoup
750 ANALYSES
n'ont que du café, pas autre chose. Ce régime crée un nervosisme spécial;
chez un grand nombre d'entre eux, le caractère est irritable : « Pour mettre
un enfant à la porte, il faut deux personnes. »
Chez les adolescents, Talcoolisme ne fait pas moins de ravages ; on voit
des garçons de quatorze et quinze ans s*adonner à l'absinthe. C'est la
boisson des jeunes, les vieux restant fidèles à Teau-de-vie.
Les adolescents buveurs sont tellement nombreux, rapporte un médecin,
maire d'un canton de Basse-Normandie, qu'on pourrait facilement compter
les sujets sains. On voit les déplorables habitudes d'alcoolisme pénétrer
dans les lycées et collèges, dont les élèves ont des flacons de Calvados
(eau-de-vie de cidre). Par smte des progrès de l'alcoolisme et de l'absin-
thisme chez les enfants et les adolescents, les crimes imputables aux jeones
sujets ont augmenté dans une proportion effrayante.
lia race s'atrophie, la taille des conscrits diminue. Autrefois, il n'en
était pas ainsi. « Remarquons qu'il y a cent ans, dit M. Brunon, la
Normandie était la source principale des régiments de cuirassiers.
Aujourd'hui, la France est obligée d'abaisser la taille réglementaire, et,
dans les régiments normands, le tremblement alcoolique est fréquent
chez les jeunes soldats. »
M. Brunon conclut ainsi :
Les efforts courageux et tenaces des anti- alcooliques ont eu, depuis une
vingtaine d'années, une influence incontestable sur les gens cultivés et
la classe riche. Le bourgeois boit moins ; l'officier, l'étudiant ne boivent
plus ; les années dé bière de l'Allemand nous sont inconnues.
Chez les employés, dans la classe ouvrière et parmi les paysans, l'alcoo-
lisme augmente, surtout parmi les femmes. De là, intoxication de l'enfant.
L'adolescent, l'apprenti, s'adressent de plus en plus à l'absinthe ; c'est
une mode. S'il en est temps encore, il faut organiser l'enseignement anti-
alcoolique à l'école, au lycée, à l'église, au régiment. Il faut créer une
génération d'éducateurs ayant la foi. Vingt ans d'efforts seront nécessaires.
Faute de quoi la France sera prochainement mûre pour être dévorée !
La dysenterie bacillaire, son traitement par la sérothérapie.
par MM. Vaillard et Dopter (Presse médicale, 5 juin 1907).
Il y a deux formes distinctes de dysenterie : Tune due à un protozoaire
pathogène, VAmoeba dysenteriœ ou Entamœba histolyticay c'est la dysen-
terie amibienney qui donne lieu à l'abcès du foie et se voit dans les pays
chauds ; l'autre, la dysenterie bacillaire, due à un microbe, le bacille
dysentérique (Shiga, Kruse, Chantemesse et Widal), qui se voit dans les
pays tempérés. Maladie estivale et épidémique, elle est transmissiblo
et contagieuse.
En 1903, à l'Institut Patseur, MM. Vaillard et Dopter ont pu immuniser
plusieurs chevaux et recueillir un sérum antidysentérique efficace.
Sur 296 dysentériques traités, il y a eu 5 décès (1,6 p. 100). Peu d'heures
après l'injection, les malades éprouvent du soulagement, les douleui?
de ventre, le ténesme, les épreintes se calment, les déjections cessent
d'être sanglantes, leur fréquence diminue, leur caractère change.
La durée de la maladie se trouve très réduite. Les dysenteries d'intensité
moyenne sont jugulées en trente-six ou quarante-huit heures, les autres
en cinq ou six jours ; les plus graves demandent dix à quinze jours pour
la guérison. Convalescence plus courte et plus facile.
Les effets du sérum sont d'autant plus rapides et plus décisifs que son
intervention est plus rapprochée du début de la maladie.
Le sérum antidysentérique préparé à l'Institut Pasteur s'emploie en
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 751
injections sous-cutanées à la dose de 10 centimètres cubes pour les enfants ;
si les épreintes et les coliques persistent, on réitère le lendemain ; parfois
on sera amené à faire une troisième injection. Dans les cas graves, on injec-
tera d'emblée 20 ou 30 centimètres cubes ; puis on poursuivra quelques
jours à doses décroissantes suivant les symptômes. Dans les cas tardive-
ment traités» on aura recours aux doses massives : 40. 45 et 50 centimètres
cubes en deux injections dans la même journée.
On peut employer le sérum à titre préventif chez les personnes exposées
à la contagion.
Stenosi del coledoco in un neonato (Sténose du cholédoque chez un
nouveau-né), par le D*^ R. Sihonini {La Pediatria, mai 1907).
Fillette née le 3 décembre et apportée à Fasile d'enfants trouvés de
Modône. Elle était prématurée (six à sept mois), de mère syphilitique, qui
avait eu déjà des fausses couches. Placenta syphilitique. Poids de l'enfant :
1 470 grammes; longueur, 39 centimètres. Pas de vice de conformation.
On met l'enfant dans la couveuse, et on la nourrit artificiellement Les
dix premiers jours, les choses vont assez bien, sauf une diminution de
poids de 90 grammes. Puis la peau devient cuivrée ; au douzième jour,
roséole syphihtique aux fesses, aux cuisses, aux jambes et au tronc.
Pigments biliaires dans les urines, qui ont une densité de 1 018. Gémisse-
ments continuels. Teinte jaunâtre plus accusée. Vers le quatorzième jour,
on note l'ictère aux yeux et à tout.le corps. Pas de fièvre. Les fèces devien-
nent blanchâtres et décolorées. Hypothermie (35, 34, 33o,2 le vingt-
deuxième jour, date de la mort). Pas d'hémorragie. Le 6 décembre, l'exa-
men du sang donne 5 500 000 hématies, 14 000 leucocytes ; le 15, il n'y
a plus que 3 700 000 hématies, 10 350 leucocytes ; à la fm, le nombre des
hématies dépasse à peine 2 000 000.
Autopsie, — Bronchopneumonie bilatérale, foie un peu augmenté,
congestionné, vésicule gonflée et pleine de liquide jaunâtre et muqueux.
Canal cystique et canal hépatique perméables. En pressant sur la vésicule
biliaire, le liquide descend jusqu'à la moitié du cholédoque; à ce niveau,
le conduit est replié et anguleux, comme oblitéré par un tissu de nouvelle
formation. Une épingle introduite par la papille duodénale s'arrête au
même point. Le conduit pancréatique (ampoule de Vater) et le pancréas
sont normaux. Le microscope montre une péri-angiocholite, avec simple
congestion du foie. •
Note epidemlologiche sul morbillo (Notes épidémiologiques sur la
rougeole), par le D' Felice Lan z a ri ni (La Pediatria, mai 1907).
Une épidémie, survenue dans l'été de 1906, a atteint 250 enfants.
L'influence des courants d'air et du transport des germes par la voie
atmosphérique a semblé nulle. Mais le transport par des tiers a été évident
parfois. Des faits analogues à celui que M. Roch a publié dans les Archives
de médecine des Enfants, en mai 1907, ont été relevés par M. Lanzarini, qui
rapporte aussi un cas de transmission par du linge non désinfecté. Il semble
donc que, dans quelques cas, le microbe de la rougeole ait plus de vitalité
en dehors de l'organisme qu'on ne lui en attribue. Quant aux taches
prémonitoires de Koplik, elles ont été rarement observées, et on ne peut
compter sur elles pour faire un diagnostic précoce. La période contagieuse
est courte, elle précède l'éruption et parfois même l'invasion. Voici d'ail-
leurs les conclusions de cette note. On ne peut pas admettre que le vent
imprégné des exhalaisons des malades transporte les germes à distance,
mais, à courte distance, l'air peut servir de véhicule au contage, par
752 ANALYSES
exemple quand on bat les tapis et quand on secoue les linges par la fenêtre
sur la tête des passants. Les personnes en contact permanent arec les
rougeoleux peuvent véhiculer des germes virulents et transmettre la maladie
à des personnes saines. De même les objets qui ont servi aux malades.
On devra donc prendre des précautions, même quand Texan thème ne serait
pas encore déclaré. La vitalité du germe en dehors de l'organisme peut
être de quelques heures dans les conditions favorables, et plus courtes dans
les conditions opposées. La contagiosité serait possible à la fin de rincuba-
tion, très forte à la période d'invasion, moindre à la période d'éruption,
nulle à la période de desquamation.
Les anémies dans l'enfance, par le D' G. -A. Pétrone {Arch. géiu de
méd,^ juin 1907).
L'auteur a étudié les anémies de l'enfance dans un premier mémoire
paru dans La Pediatria (1905), que nous avons déjà analysé (Arch. de méd,
des Enfants, 1906, page 625).
On doit distinguer les anémies pures et les anémies compliquées. Les
premières se subdivisent en anémie simple, anémie pernicieuse, anémie
à type chlorotique. Les secondes sont accompagnées d'autres symptômes
qui ne dérivent pas de l'anémie même, mais peuvent reconnaître une
origine commune. La splénomégalie, pas plus que la leucocytose, ne peut
servir à étabhr une classification.
I. Anémies pures. — A. Anémie simple, — Oligocythémie, abaissement
de la valeur globulaire, etc. Les causes sont : les troubles digestifs, la mau-
vaise alimentation, la mauvaise hygiène, la syphilis, la tuberculose, l'helmin-
thiase, les pyodermites, les fièvres éruptives, etc. Pétrone attribue un rôle
au vaccin. Dans la seconde enfance, interviennent le surmenage, l'onanisme,
la croissance. Le rachitisme n'est sans doute pas la cause de l'anémie,
mais il peut dépendre des mêmes causes qu'elle.
B. Anémie pernicieuse. — On distingue l'anémie aplastique, très rare,
caractérisée par un abaissement très prononcé du nombre des globules
rouges avec valeur globulaire normale ou inférieure à la normale, mais sans
symptôme de réaction régénératrice de la part de la moelle osseuse.
Chez un enfant de dix mois, le nombre des hématies était de 1 040 000,
l'hémoglobine à 12 p. 100 ; pas de globules rouges à noyaux ni mégalo-
cythes. Dans l'anémie métaplastique, à côté d'une énorme oligocythémie.
on trouve une valeur globulaire supérieure à la normale, et on constate
la présence de nombreux mégalocytes, de normo et mégaloblastes indi-
quant la réaction régénératrice de la moelle. Les causes sont : le botbryo-
céphale, l'ankylostome duodénal, les hémorragies répétées, les tumeuis
malignes, la malaria, la syphilis, l'oxyde de carbone, les septicémies
buccales, les auto-intoxications intestinales. La différence entre l'anémie
simple et l'anémie pernicieuse est de degré, non de nature.
C. Anémie à type chlorotique. — On appelle ainsi les anémies dans lesquelles
la valeur globulaire est inférieure à la normale. Mais il n'y a aucun cas
d'anémie simple qui, après un certain temps, ne prenne le type chlorotique.
Cependant on voit des formes avec oligochromémie dès le début et dans
tout le cours de la maladie, le nombre des globules rouges étant normal.
La vraie chlorose a bien d'autres caractères distinctifs.
Dans cette variété d'anémie, il y a l'insuffisance ferrugineuse, qui peut être
congénitale. Le nouveau-né porte, dans le foie, une réserve de fer qm
servira à ses besoins pendant les premiers mois, l'alimentation lactée ne
lui en fournissant pas assez. Cette réserve peut être insuffisante, et Tanémie
se manifeste après quelque temps, quand elle est épuisée. A rinsuflisauoe
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 753
ferrugineuse peut s ajouter TinsuiRsance de la moelle, d'où oligocythémie,
L'insufTisance ferrugineuse peut être acquise soit par suite de la pauvreté
en fer de Talimentation (allaitement prolongé), soit par suite d'hémorragies
qui ont accéléré la consommation de la réserve ferrugineuse.
IL États anémiques compliqués. — Dans cette classe, on peut indi-
vidualiser plusieurs types : l'anémie dépendante d'une pyohémie s'accom-
pagne de polynucléose neutrophile ; celle qui dépend de l'helminthiase
présente de l'éosinophilie ; celle qui est due à la malaria s'accompagne
de leucopénie neutrophile avec augmentation du nombre des mono-
nucléaires. Résultats variables dans les anémies d'origine digestive, ou
syphilitique, ou tuberculeuse.
Anémies avec splénomégalie. — On doit distinguer : !<> les cas contenant
de nombreux globules rouges à noyau, sans proportion avec le
degré de l'oligocythémie ; 2^ les cas dans lesquels le nombre des globules
rouges à noyau est proportionnel au degré de l'oligocythémie. Les cas de la
première catégorie présentent une leucocytose parfois considérable (poly-
nucléaires neutrophiles et éosinophiles avec quelques myélocytes, lym-
phocytes et mononucléaires). Ces cas se rapprochent de la leucémie et
méritent le nom à^ anémie pseudo-leucémique infantile (Jaksch et Luzet).
Les cas de la seconde catégorie présentent une leucopénie frappant
tantôt les polynucléaires et les lymphocytes ensemble, tantôt les polynu-
cléaires seulement. On peut conserver, pour eux, la dénomination à^anémie
splénique infantile. Plus rarement, il existe une forme û^anémie avec
splénomégalie et lymphocytose (syphilis) et une autre d^anémie avec splé-
nomégalie et polynucléose (foyer de suppuration).
Étiologie incertaine ou obscure : malaria, syphilis, rachitisme, tubercu-
lose, intoxications digestives. Pathogénie mal établie.
Les splénomégalies chez l'enfant, par le D' E. Rist (Congrès {TAlger,
1907).
La grosse rate des leucémiques (leucémie lymphoïde aigu6, leucémie
myéloïde aiguë et chronique) est bien connue. En dehors de la leucémie,
la splénomégalie prend place dans le groupe des anémies pseudo-leucé-
miques, spléniques, etc. On peut distinguer : 1° la splénomégalie chronique
avec anémie et tnyélémie ; 2° la splénomégalie chronique avec anémie et
lymphocytémie. En dehors de ces cas, on rencontre des splénomégalies
sans anémie, une hyperplasie endothéliale de la rate, une splénomégalie
palustre, une splénomégalie d'origine hépatique (ictère chronique, cirrhose
biliaire), une splénomégalie syphilitique, une splénomégalie tuberculeuse.
Enfin il existe un grand nombre de splénomégalies qu'on ne peut ratta-
cher actuellement à une étiologie connue. Ces grosses rates n'ont pas
encore livré leur secret aux cUniciens.
Dans l'étude de ce problème, les rayons de Rœntgen peuvent jouer un
rôle ; ils agissent merveilleusement sur les rates leucémiques ; ils n'ont pas
la même action sur les autres splénomégahes. La radiothérapie pourra
donc aider au diagnostic.
Anémia infantnm pseudo-leukemica (von Jaksch), marked anémia,
-with enlargement of the spleen and liver, in infancy and
childhood (Anémie infantile pesudo-leucémique de von Jaksch,
anémie notable avec gonflement de la rate et du foie dans la première et la
seconde enfance), par le D' Henry Koplik {Arch. of Ped», mars 1907).
Von Jaksch a cru qu'il s'agissait d'une maladie primitive du sang
accompagnée de gonflement de la rate et du foie, avec une formule héma-
Arcu. de médec. des enfants, 1907. X. — 48
754 ANALYSES
tologique spéciale, qui n*était pas la leucémie, mais pouvait y conduire.
Plus tard, on a considéré cette affection comme une anémie secondaire
par trouble de la nutrition, réagissant sur les organes hématopoiétiques
i{\di rate et le foie), mais n'étant pas due à une maladie primitive de ces
organes, pas plus que de la moelle osseuse. D'après les auteurs italiens, le
point de départ serait dans le tube digestif. Une troisième opinion soutenue
^n France veut qu'il s'agisse d'une anémie primitive ayant des affinités
•avec la leucémie, à laquelle elle peut aboutir (myélémie).
D'après les cas publiés, on voit que l'hémoglobine peut varier de 10 à
SO p. 100, les hématies de 1 000 000 à 3 000 000 ou même 5 800 000, les
leucocytes de 4 800 à 40000. On a signalé la présence des hématies nucléées,
des iftyélocytes. La proportion des lymphocytes varie de 1 7 p. 100 à 41 p. lOO
dans quelques cas, de 11 p. 100 à 77 p. 100 dans d'autres cas. Les variations
ne se voient pas seulement suivant les cas, mais dans le même cas suivant
les périodes d'examen. Donc pas de formule hématologique spéciale.
1. Garçon de onze mois, reçu le 8 mai 1904, mort le 4 juin. Rachitisme
•et anémie de von Jaksch. Bronchopneumonie. Pas de syphilis. Nourri au
rsein jusqu'à trois mois, puis aliments variés. Depuis sept mois, il est devenu
;graduellement anémique, irritable, a perdu l'appétit; il y a cinq mois,
•cyphose dorso -lombaire. Ne peut s'asseoir ni se tenir debout. Selles irré-
gulières. Le 18 mai, rachitisme très marqué, craniotabès, chapelet costal,
•cyphose. Un peu de bronchite. Foie augmenté de volume. Rate descendant
jusqu'à l'ombilic. Le foie et la rate ensemble remplissent la moitié de
•l'abdomen, qui est volumineux. Examen du sang (19 mai) : hématies.
3 560 000; leucocytes, 40 000; hémoglobine, 55 p. 100; globules dégé-
.nérés, hématies nucléées, myélocytes :
Grands mononucléaires 57
Petits mononucléaires (lymphocytes) 43
Polynucléaires neutrophiles 85
— éosinophiles 2
Myélocytes neutrophiles 1
— éosinophiles 1
Grandes cellules 1
Total 190
Le 23 mai, bronchopneumonie à droite.
Le 27 mai, aggravation ; leucocytes, 70 000.
Le 28, on compte 16 000 leucocytes pour 3 520 000 hématies avec
^5 p. 100 d'hémoglobine :
Leucocytes polynucléaires 83 p. 100
— mononucléaires 9 —
— lymphocytes 6 —
— polynucléaires éosinophiles 1 —
— myélocytes neutrophiles 1 —
Le 3 juin, 180 000 leucocytes pour 3 456 000 hématies, 65 p. 100 d'hémo-
globine. Mort le 4.
Autopsie, — Bronchopneumonie, pétéchies sur le cœur, pas de lésions
orificielles. Rate énorme et dure, semée de pétéchies. Foie gras et anémique.
Pétéchies sur les reins et les bassinets. Gonflement des plaques de Peyer.
•Ganglions mésentériques gros et rouges. Moelle du fémur rouge et molle.
Au microscope, la capsule de la rate est épaissie, hyperplasie conjooc-
►tive, diminution de la pulpe, diminution du nombre des corps de Malpighi*
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 735
Hyperplasie interstitielle des ganglions mésentériques et des organes
lymphoîdes en général.
2. Garçon de dix-huit mois, a séjourné à Thôpital du 5 novembre au
25 décembre 1904. Mastoïdite, puis anémie pseudo-leucémique. A Tautopsie,
tuberculose granulique générsîisée. Dans le premier cas, la mort a été causée
par la pneumonie; dans le second cas, par la tuberculose.
3. Garçon de dix-huit mois, sans antécédents héréditaires, pas de syphilis.
Nourri au sein jusqu'à douze mois. Constipation habituelle. Toujours faible
«t pâle. Ventre augmenté de volume ; il ne peut s'asseoir. Otorrhée.
Actuellement rachitisme très marqué, polyadénopathie, amaigrissement,
quatre dents seulement. Soufile à la base du cœur. Foie augmenté, rate
énorme. Le 8 août, on compte 20 400 leucocytes ; le 10, on en compte
22 800 pour 2 810 000 hématies, avec 35 p. 100 d'hémoglobine. Le 23,
la proportion pour les leucocytes entre les différentes variétés est de :
Polynucléaires 25 p. 100
Orands lymphocytes 20 i 69 p. 100
Petits lymphocyte» 49 ) — —
Éosinophiles 6 — —
Mégaloblastes 32 — —
Microblastes ^ 6 — -—
Hématies nucléées très nombreuses (1 p. 4 leucocytes).
Peu à peu l'enfant s'améliore, et le chiffre des hématies atteint
4 672 000 le 3 janvier. Fontanelle fermée, 8 dents; la rate a un peu dimi-
nué. Le 11 janvier, on compte 5 208 000 hématies et 13 500 leucocytes,
dont :
Polynucléaires neutrophiles 56,5 p. 100
Grands lymphocytes 20 —
Petits lymphocytes 19,5 -^
Basophiles 3,00 —
Cette amélioration a coïncidé avec une bonne hygiène alimentaire, etc.
The sernm disease (La maladie du sérum), par le D' Rollbston (The
Antiseptic, mars 1907).
C'est surtout à propos du traitement de la diphtérie par le sérum de
Behring qu'on a étudié les accidents rangés sous le vocable de maladie
du sérum. En quatre ans, M. Rolleston a observé 1 100 cas de diphtérie,
dont 1 057 (96,09 p. 100) traités par le sérum en injections sous-cutanées.
Les accidents sont précoces ou tardifs. Au bout de quelques heures, on
constate des sueurs plus ou moins profuses, une tendance au sommeil,
une diminution des urines, etc. Les accidents les plus frappants sont les
éruptions : 1® éruption scarlati ni forme ; 2° urticaire; 3» érythème circiné.
En outre, il faut signaler un érythème précoce au niveau de la piqûre.
Pour les éruptions scarlatiniformes, M. Marfan tend à les considérer
comme une forme modifiée de scarlatine ; cela peut être vrai dans quelques
cas, mais non dans tous. Car des enfants ainsi atteints, mis en contact avec
des scarlatineux, ont pris la scarlatine.
La période d'incubation qui sépare l'injection de l'éruption scarlati*
niforme est variable (un à sept ou huit jours).
L'urticaire se montre souvent au siège de l'injection ; elle peut être loca-
lisée ou généralisée, accompagnée d'œdème à la face, aux mains, aux pieds.
r
I
i
750 ANALYSES
auîprépuce. Plus précoce et plus marquée dans les injections ultérieures,
elle est aussi plus grave (frissons, vomissements, coUapsus). Donc, dans les
rechutes, ne pas donner de trop fortes doses. L'albuminurie peut se montrer
en même temps. Durée de Turticaire : trois ou quatre jours, parfois moins
ou plus. Elle est survenue 734 fois (66,7 p. 100).
L'éry thème circiné est rare; il peut s'accompagner de fièvre, d'angine,
de laryngite. Pronostic favorable. On a cherché à prévenir les éruptions
de sérum en donnant le chlorure de calcium (Netter).
Garbolic acid poisoning by rectal injection (Empoisonnement pbé-
nique par la voie rectale), par le D' George N. Ackbr {Arch, of Ped,,
mai 1907).
L'auteur rapporte deux cas d'empoisonnement phéniqué suivis de gué-
rison.
1. Le 6 mai 1906, un garçon de six ans tombe dans un état comateux
après un lavement phéniqué. La mère avait mis dans un demi-litre d'eau
tiède une cuillerée à café d'acide phéniqué. Elle donna le lavement en deux
fois, à quelques minutes d'intervalle. Presque immédiatement, somnolence,
puis délire, agitation, enfm perte de connaissance. Le lendemain, urines
noires. Pouls rapide et irrégulier. On avait donné le lavement contre
les oxyures.
2. Enfant de trois ans, ayant de la diarrhée ; on la traite par un lavement
d'acide phéniqué, au lieu d'acide borique, la mère s'étant trompée. Presque
aussitôt, l'enfant tombe dans la somnolence, avec pouls faible, congestion
de la peau, etc. Injection d'eau salée sous la peau et dans l'intestin.
Urines colorées en noir. Guérison après huit jours de traitement.
Dos cases de paralisis de la acomodaciôn por intoxicaciôn fenica
en ninos operados por quistes hidàticos del hfgado (Deux cas de
paralysie de l'accommodation par intoxication phéniquée chez des
enfants opérés pour kystes hydatiques du foie), par le D' Domisco
Prat {Arch. Latino -Américano s de Pediatria, février 1907).
1 . Garçon de dix ans, entré le 4 octobre à la salle San Luis de l'hôpital
de Caridad (Montevideo). Il y a un an qu'il a un kyste hydatique du foie;
le 9 octobre, on l'opère. Quelques jours après, pour combattre l'infection
de la plaie, on se sert d'une solution d'acide phéniqué à 2 et à 1 p. 100.
Bientôt l'enfant y voit moins bien que d'habitude.- Le D*" Isola reconnaît
une paralysie complète de l'accommodation ; on lui prescrit des lunettes.
Le 14 janvier, l'enfant y voit bien sans lunettes, et on trouve la paralysie
de l'accommodation complètement guérie.
2. Garçon de six ans, entré le 4 octobre pour kyste hydatique du foie.
Le 11, opération ; quinze jours après, la plaie étant infectée, on remplace
l 'eau oxygénée par la solution phéniquée. Le 2 j an vier, il se plaint de troubles
visuels; le D' Isola reconnaît une paralysie complète de l'accommodation
et prescrit des lunettes.
Le 8, fièvre, toux, matité à la base droite, râles, souffle. Voix oasonnée.
La plaie va mieux ainsi que la paralysie de l'accommodation.
Le 10,vomique composée de mucosités, sang et liquide clair, fragments
de membrane; outre le kyste du foie, il y avait un kyste du poumon droit
Guérison.
Dans ces deux cas, il ne faut pas admettre une intoxication hyda-
tique,' mais une intoxication phéniquée, car il n'y a pas eu d'urticaire,
et la paralysie de l'accommodation est survenue après l'usage de l'acide
phéniqué.
i
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 757
Rarissimo caso di morte per avelenamento da ossidrato di calcio o
calce spenta (Très rare cas de mort par empoisonnement avec Toxhy-
drate de calcium ou chaux éteinte), parle D' Piazza Lorenzo (Gazz.
degli osp. e délie clin., 21 avril 1907).
Il s'agit d'un petit garçon de cinq ans mort en coUapsus quelques heures
après l'ingestion de quelques cuillerées de chaux éteinte, avec des phéno-
mènes de gastro -entérite suraiguô. A l'autopsie, gastro -entérite et angio-
-cholite avec néphrite commençante, stase pulmonaire et emphysème sous-
pleural par paralysie cardiaque. Le 2 septembre, un enfant de cinq ans,
jouant avec des camarades, chez un masson, est contraint par eux d'avaler
quelques cuillerées de chaux éteinte qui se trouvait là. Quelques heures
après, l'enfant se plaint de douleurs et se met à vomir. Urine rouge comme
du sang, pâleur, sueurs froides. L'enfant meurt, continuant à vomir et
à aller à la selle, sept ou huit heures après l'ingestion de la chaux.
Autopsie. — Le poumon droit est plus dense et plus lourd, avec vésicules
emphysémateuses à sa face externe. Estomac couvert à sa face interne de
mucus grisâtre; effusion sanguine sous-muqueuse de la grande courbure.
L'intestin grêle contient des matières crémeuses, avec des grumeaux
blanchâtres allant du volume d'un grain de blé à celui d'un haricot. Foie
un peu augmenté de volume ; rate et reins gros.
On ne peut mettre en doute ici que la cause de la mort est attribuable à
l'ingestion d'une certaine quantité de chaux, qui, après avoir déterminé par
contact direct une gastro-entérite aiguë avec angiocholite, produisit
par absorption une néphrite commençante et une paralysie cardiaque avec
stase pulmonaire et emphysème sous-pleural.
Poisoning by bromoform (Empoisonnement par le bromoforme), par
le D' Benson {The Briu med. Journ., 27 juillet 1907).
L'auteur est appelé d'urgence, à deux heures quinze de l'après-midi,
auprès d'une enfant de vingt et un mois qui avait la coqueluche depuis
quelques semaines et prenait du bromoforme. A une heure cinquante, la
mère avait donné la dernière dose de la bouteille. Quelques minutes après,
l'enfant chancelle, court près de sa mère et perd connaissance. Le père,
qui est médecin, administre de l'eau salée, qui provoque des vomissements,
puis du café.
L'enfant est couchée sur sa mère, sans connaissance, la peau froide,
pâle et li\ide; respiration pénible et irrégulière, pouls faible, pupilles
un peu dilatées, etc.
Fomentations chaudes sur le cœur, injection sous-cutanée de un tiers de
milligramme de sulfate de strychnine, frictions, inhalations de liqueur
ammoniacale, etc. Après une heure de lutte, la conscience revient,et l'enfant
^aduellement se rétablit. La mixture bromoformée avait été graduelle-
ment portée à 5 ou 6 centigrammes. Comme dans les autres cas publiés,
c'est toujours la fin du flacon qui cause l'empoisonnement.
Hypertrophie cirrhosis of the liTor in an infant''(Cirrhosehypertro-
phique du foie chez un nourrisson), par le D' Willson (Briu med.
Journ,, 27 juillet 1907).
Enfant de trois mois, amaigri, comateux ; ventre gros, foie énorme.
Mort.
A l'autopsie, le foie occupe les deux tiers de la cavité abdominale,
comprimant l'estomac et les intestins, qui sont vides. Rate doublée de
Tolume. Le foie a conservé sa forme habituelle, pas d'adhérences, pas de
péritonite ni autre trouble inflammatoire. Couleur plus pâle que norma-
758 ANALYSES
lement, dureté à la coupe. Un fragment de foie fut envoyé à M. Hewlett
(King's Collège), qui en fit des préparations microscopiques. D'après lui.
il s'agit d'une cirrhose d'origine hérédo -syphilitique.
En effet, le tissu conjonctif est hyperplasié, enserrant les cellules
hépatiques par petits groupes de 6 à 10. Toute trace de la structure
lobulaire a disparu.
L'interrogatoire de la mère fut négatif pour ce qui regarde la syphilis.
Mais un autre enfant avait commencé à dépérir quelques semaines après
la naissance, et il mourut subitement à l'âge de quatre mois.
Il est probable que cette cirrhose hépatique a commencé pendant
la vie intra-utérine ; mais il est curieux de voir le foie atteindre, en trois
mois, un aussi grand volume.
Remarks on an outbreak of épidémie cérébro-spinal meningitis
(Remarques sur une épidémie de méningite cérébro-spinale), par
le D' William Robertson (The Brit med. Journ., 27 juillet 1907).
Dans une épidémie de Leith (Ecosse), l'auteur a fait des remarques
intéressantes.
Sur 83 cas, on a compté 66 enfants, 10 au-dessous d'un an (10 morts),.
24 de un à cinq ans (20 morts), 32 de cinq à quinze ans (21 morts). La mor-
talité est donc d'autant plus forte que l'enfant est plus jeune. Durée de
la maladie très variable : 6 moins d'un jour, 23 entre un et deux jours,
9 entre deux et cinq jours, 5 entre cinq et dix jours, 6 entre dix et vingt
jours, 6 entre vingt et trente jours, 2 entre trente et quarante jours.
3 entre cinquante et soixante jours, 1 entre soixante et soixante-dix jours,
1 entre cent cinquante et deux cents jours, sur 62 cas mortels.
La sérum thérapie a échoué ; la ponction lombaire répétée a fourni
quelque soulagement ; les bains chauds ont été très utiles.
Akate Leakâmie nnd Adenotomie (Leucémie aiguë et amygdalotomie),
par le D*^ F. Stirnimann (Jahrh, /. Kinderheilk,^ 1907).
Le sujet était une enfant de trois ans ayant souffert de troubles digestifs,
de stomatite ulcéreuse et chez qui fut pratiquée l'amygdalotomie. L'opé-
ration se fit sans incidents fâcheux. A la suite, on nota un état de profonde
anémie ; tous les ganglions s'hypertrophièrent, et des pétéchies disséminées
se montrèrent.
L'examen du sang donna les résultats suivants : sang très fluide ayant
peu de tendance à se coaguler ; hémoglobine de 20 à 30 p. 100. Globules
rouges 2 100 000, surtout microcytes, quelques rares macrocytes et poiki-
locytes, relativement beaucoup de polychromatiques, mais peu de nudéés,
leucocytes 70 000, dont 44 p. 100 de lymphoblastes, 43 p. 100 de lympho-
cytes, 7 p. 100 de myélocytes neutrophiles, 3 p. 100 de leucocytes neutre-
philes, 2 p. 100 de myélocytes éosinophiles.
L'enfant meurt d'oedème pulmonaire. Ainsi, chez cette enfant, deux mois
et demi avant la mort, étaient apparus les troubles leucémiques sans
hypertrophie spléno-hépatique ni ganglionnaire.
• On excise les amygdales hypertrophiées sans doute par le fait de la
leucémie, et, sans qu'il y ait eu d'hémorragie survient, au bout de quatre
à cinq jours, une leucémie aiguë, qui amène la mort en neuf jours.
L'examen du sang était tout à fait ce qu'on voit dans la leucémie
aiguë ; une septicémie aurait en effet multiplié les polynucléaires neutro-
philes.
L'autopsie n'a pas d'ailleurs montré dans la rate et les ganglions les
lésions septicémiques.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES. 759*
Il est difficile de dire si la leucémie précédait Tamygdalotomie, quoique-
le fait soit vraisemblable.
Quel rôle a eu Tamygdalotomie dans la genèse des accidents ?
La chose est difficile à préciser; mais il semble bien qu'elle ait eu plutôt.
un efTet fâcheux, de même que les extirpations de la rate et des ganglions
influencent fâcheusement la leucémie.
Zwei Fâlle von Dystrophia muscalaris progressiva familiaris (Deux
cas de dystrophie musculaire progressive familiale), par le D*" J. Wi no-
cou roff {Arch. /. Kinderheilh, 1907).
Des deux sœurs, Taînée avait treize ans, la cadette onze. Elles étaient
nées de parents sains et avaient d'autres frères et sœurs bien portants.
Dès leur jeune âge, ces enfants furent habituées à prendre par jour de
quatre à cinq verres de vin. La maladie débuta par de la faiblesse des
jambes, puis de l'amaigrissement du thorax et des épaules. Ces phéno-
mènes s'accentuèrent jusqu'à ce que la marche et la station debout,
devinrent impossibles. Atrophie presque complète des muscles du thorax,
de la ceinture scapulaire et du bras ; avant-bras et mains normaux.
Sensibilité normale. Absence des réflexes tendineux ; sphincters nor-
maux.
La plus jeune, nourrie comme l'autre au sein par la mère, était dans le
même état que sa sœur, mais avait une atrophie moindre.
L'alcoolisme dès le plus jeune âge, et peut-être les troubles de Kischinew
en 1903, ont-ils eu une certaine influence dans la pathogénie de ces phéno-
mènes morbides.
Kleingehirngeschwûlste im Kindesalter (Tumeurs cérébelleuses dans
l'enfance), par le D*" J. Winocouroff {Arch. /. Kinderheilk., 1907).
Il s'agissait d'un enfant de neuf ans qui était malade depuis deux mois,
se plaignant de céphalée, et vomissant de temps en temps. Les accès
devinrent périodiques. Pas d'antécédents familiaux névropathiques.
Recherche des vers intestinaux négative. Un accès de céphalée et de vomis-
sements (une dizaine) survint qui dura deux jours avec ralentissement
du pouls et dilatation pupillaire. L'accès passé, l'état de l'enfant semblait
satisfaisant.
L'examen ophtalmoscopique donna les résultats suivants : du côté
gauche, papille un peu gonflée, gris rougeâtre, quelques hémorragies réti-
niennes du voisinage ; à droite, même état sans hémorragies. Pas de troubles
de la musculature de l'œil. On pouvait donc admettre une lésion intra-
cranienne, mais la localisation n'était guère possible. A la suite d'un accès,
on vit du strabisme, de la dilatation de la pupille ne réagissant pas à la
lumière. Pour diminuer la pression crânienne, on fit une ponction lombaire
entre les troisième et quatrième lombaires, et on retira 10 centimètres
cubes de liquide. L'état du malade s'améHora, mais, au bout de deux
jours, le gonflement papillaire reparut; un second puis un troisième accès
survinrent, et le petit malade tomba dans un était semi-comateux; la mort
survint par paralysie du centre respiratoire.
A l'autopsie, congestion méningée; beaucoup de liquide clair dans les
ventricules. On voit dans l'hémisphère gauche du ceryelet une tumeur
gélatineuse, qui était un tubercule solitaire, en partie caséifié. Au micro-
scope, on aperçoit des cellules géantes et des bacilles tuberculeux.
Comme on le voit par cette observation, le signe le plus utile pour 1^
diagnostic de tumeur cérébrale est le double étranglement papillaire;.
mais le diagnostic de localisation laisse encore beaucoup à désirer. J
700 ANALYSES
Klinische Beobachtung an 12 Fâllen von obliierirender Henbento*
lentzûndang als Teilerscheinung schwerer Herzaffèktionon itn Kinde-
salter (Observations cliniques sur 12 cas de symphyse cardiaque comme
manifestation de graves maladies du cœurj dans Tenfance), par le
D' M. KOB {Jahrb. /. Kinderheilk., 1907).
Les phénomènes subjectifs observés chez ces enfants étaient peu
marqués. Le nombre des respirations était très augmenté sans qu*il y
eût des troubles notables ; la respiration était superficielle. Parmi les
phénomènes objectifs, on notait une pâleur généralisée à un degré très
marqué. La fièvre montrait des ondes d'une durée d'une semaine environ ;
alors il semblait qu'on arrivât à la défervescence, mais déjà une nouvelle
onde avait débuté. Du côté du cœur, il y avait surtout à noter l'augmen-
tation de la matité à un degré très prononcé, son immobilité dans les
déplacements du malade, la voussure et les fortes secousses diffusées à
toute la paroi thoracique qu'imprimaient les chocs du cœur, les retraits
systoliques des espaces intercostaux.
Rarement on constatait des signes de péricardite aiguë; les organes
abdominaux étaient le siège de stases, surtout le foie ; c'était là un phé-
nomène constant; quelquefois il y avait de l'ascite.
Ueber zwei Fâlle von Hirschspnmg'scher Krankheit (Sur deux cas de
maladie de Hirschsprung), par le D'' Léo Baron (Jahrb. /. Kinder-
heilk,, 1907).
Les deux cas ici relatés ayant trait tous deuît à des enfants du sexe
masculin vont à rencontre de la théorie de Hirschsprung (dilatation
congénitale et hypertrophie) et sont plutôt en faveur de celle de Marfan
et Netter (longueur anormale du côlon et secondairement dilatation et
hypertrophie). Dans un des cas, en effet, où la lésion était tout au début,
on voyait l'allongement anormal du gros intestin, tandis qu'il n'y avait
presque pas de dilatation ni d'hypertrophie. Ce cas ne put pas être
diagnostiqué en chnique; l'enfant succomba à une toute autre affection,
troubles cardiaques et rénaux postdiphtériques. Dans le premier cas,
le diagnostic ne fut fait que peu avant la mort. Il y eut deux attaques
d'iléus, et c'est à la seconde que succomba l'enfant. On peut tirer de ce
cas la conclusion que, chez les enfants atteints de constipation chronique,
il faut toujours soupçonner la maladie de Hirschsprung et examiner le
rectum.
THÈSES ET BROCHUIŒS
Meningitis agudas de la inlancia (Méningites aiguës de l'enfance),
par le D' Mamerto AcunA (Thèse d'agrégation de Buenos Aires^ 1907,
118 pages).
Cette thèse, très importante et très bien faite, est basée sur de nom-
breuses observations prises et examens cytologiques faits à V Hôpital
San Roque, dans le service d'enfants, dirigé par notre collègue et ami
le D' Araôz Alfaro, dont l'auteur était chef de clinique.
Après un court historique et un exposé technique (ponction lombaire,
liquide céphalo-rachidien normal et pathologique), le D' Mamerto Acuna
donne la classification des méningites aiguës infantiles : 1° méningites
bactériennes, suppurées ou non suppurées ; 2^ méningites amicrobienne$t
«éreuses ou séro-exsudatives.
Parmi les premières, on distingue les méningites méningococciquesi? cas).
THÈSES ET BROCHURES 701
les méningites pneumococciques (3 cas), les streptoei staphylococciques (2 cas),
les méningites typhoïdiques (1 cas).
L'auteur cite plusieurs observations de méningisme toxi- infectieux,
sans modifications du liquide céphalo-rachidien (4 cas), de réactions
méningées au cours des maladies aiguës (8 cas), de méningites exsudatiçes
simples ou syndromes méningés avec légères modifications du liquide
céphalo-rachidien (2 cas). Il insiste sur ces derniers cas, dont la pathogénie
est obscure.
Pour le diagnostic, il fait ressortir avec raison la très grande valeur de
la ponction lombaire.
Nous reproduirons quelques-unes de ses conclusions, à cause de leur
importance théorique et pratique;
1. Au cours des infections aiguës (pneumonie, bronchopneumonie,
typhoïde, etc.), il peut se développer de véritables méningites ; ce sont les
méningites bactériennes;
2. Il peut y avoir absence de tout symptôme d'irritation méningée,
même en cas de lésions anatomiques très accusées : méningites latentes;
3. Au cours d'infections aiguës ou processus divers (helminthes, copro-
stase, etc.), on peut observer des phénomènes de légère irritation ménin-
gée : toxi'infection. Il est possible que la réaction méningée, évidente
cliniquement, n'entraîne aucune modification du liquide céphalo-rachidien :
méningisme toxi-infectieux ;
4. La réaction méningée peut ne s'accompagner que de modifications
chimiques du liquide céphalo-rachidien : méningites toxiques ;
5- Il peut y avoir un syndrome méningé, sans constatation de microbe
pathogène : méningites amicrobiennes. Parfois cependant on peut trouver,
dans l'exsudat, des germes atténués dans leur virulence ;
6. Il y a, entre les diverses méningites, des faits de passage, qui per-
mettent de passer, par gradations insensibles, du groupe des méningites
amicrobiennes à celui des méningites microbiennes, des méningites à
liquide séreux aux méningites à liquide purulent ;
7. La forme la plus atténuée des méningites est le méningisme toxi-
infectieux, qui n'a pas de substratum anatomique appréciable. Mais
toute réaction méningée, sauf le cas d'hystérie, imphque un substratum
anatomique réel ;
8. Peu de différences symptomatiques entre les diverses méningites ;
seule la ponction lombaire permet de les distinguer. Elle permet aussi
d'établir le pronostic dans une certaine mesure.
De la mort subite et rapide des nouveau-nés, par le D' Provansal
{Thèse de Paris, 20 février 1907, 58 pages).
Cette thèse contient 9 observations. La mort subite ou rapide peut
survenir chez le nouveau-né ou le nourrisson, sans avoir été précédée
de symptômes morbides. Elle s'annonce par des troubles respiratoires,
circulatoires et nerveux : dyspnée instantanée, cyanose de la face et des
mains, convulsions.
A l'autopsie, on rencontre ordinairement l'hypertrophie généralisée
de tous les organes lymphoïdes, l'hypertrophie idiopathique du thymus,
1 a tuberculose des ganglions médiastinaux et les lésions syphilitiques des
vaisseaux et du cœur.
Ce qui caractérise cette variété de mort subite, c'est qu'elle affecte
plusieurs enfants d'une même famille. Le médecin légiste doit bien con-
naître cette mort subite familiale pour la distinguer des morts criminelles.
Elle s'observerait surtout chez les garçons.
762 ANALYSES
Gomme causes de mort subite ou rapide des nouveau-nés, il faut envi-
sager les infections et intoxications héréditaires (syphilis, tuberculose,
alcoolisme, saturnisme, hydrargyrisrae, etc.). L'alcoolisme aurait une
influence prédominante.
Gastro-entérites infantiles, la reprise de ralimentation après les
accidents aigas, par le D^ P. Boichut (Thèse de Paris^ 27 février 1907.
48 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Comby, contient une douzaine d'obser-
vations qui montrent les difficultés de la reprise de Talimentation après
les gastro-entérites infantiles.
Toute gastro-entérite devra être traitée par une diète hydrique, dont la
durée variera entre douze et quarante-huit heures. Après quoi on essaiera
de revenir graduellement au lait (sein ou biberon).
Mais souvent, particulièrement dans l'allaitement artificiel, Vestomac
ne tolère plus le lait, et alors on est conduit à administrer le babeurre, les
bouillies maltées, les bouillons végétaux. Après quelques jours de cette
alimentation de transition, le lait est ordinairement bien supporté.
Le babeurre et les bouillies maltées ou diastasées sont plus nourrissants
que le bouillon végétal. Leur valeur est comparable à celle du lait, car les
enfants les digèrent bien et présentent une augmenlation de poids satis-
faisante.
Appendicites et entérites, par le D'' A. Artault (Thèse de Paris,
13 février 1907, 88 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Broca, contient 31 observations recueillies
à l'hôpital des Enfants-Malades. Ses conclusions sont conformes à celles
de la grande majorité des médecins et chirurgiens d'enfants, qui pensent
que l'appendicite n'est très souvent que l'aboutissant d'une entérite.
La fréquence de la succession ou de la coexistence de l'entérite avec
l'appendicite ne peut être attribuée au seul hasard ; elle démontre l'exis-
tence de rapports entre ces deux affections. Il est certain que l'appen-
dicite est une alTection chronique à épisodes aigus. Maladie infectieuse,
localisée, l'appendicite est subordonnée dans son évolution à toutes les
causes qui amoindrissent la résistance phagocytaire de l'appendice.
Toutes les entérites peuvent retentir sur l'appendice et ont, de ce fait,
une action prédisposante sur le développement de l'appendicite. Mais le
rôle principal est joué par l'en téro -colite m'uco-membraneuse.
Sor le traitement des cavités osseuses d'origine ostéomyélitiqne,
par le D"" Rottenstein (Thèse de Paris, 20 février 1907, 80 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Kirmisson, étudie les procédés employés
pour lo pansement des cavités ostéomyéli tiques. On doit se borner à deux
procédés : 1® nettoyage simple de la cavité avec ou sans résection osseuse,
tamponnement, guérison par comblement lent ; 2° après nettoyage,
comblement de la cavité par le mélange de von Mosetig-Moorhof. On fait
prendre un bain savonneux ; on lave à l'eau chaude et au savon la région
opératoire ; on passe à l'alcool, à l'éther. On applique la bande d'Esmarch
ou de Lister ; on incise les parties molles ; on nettoie la cavité (ciseau ou
scie circulaire) ; ensuite, assèchement complet, puis coulage de la
masse iodoformée liquide :
lodoforme €0
Huile de sésame 40
^ Blaac de baleine iO
THÈSES ET BROCHURES Tfô
On suture le lambeau sans drainage.
Cette méthode est excellente ; mais elle exige beaucoup de soin et
d'application de la part du chirurgien.
Des fractures spontanées saccédant à l'immobilisation plâtrée ches
l'enfant, par le D' E. Pillet (Thèse de Paris, 9 janvier 1907, 38 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Ducroquet, contient 13 observations. Elle
montre que l'immobilisation, traitement de nécessité, est toujours défa-
vorable à la nutrition des membres et parfois dangereuse.
Dans la luxation congénitale de la hanche, la durée du traitement
étant de cinq à sept mois, les fractures spontanées sont fort à craindre.
Il faut exiger une progression prudente dans les appareils. A la fin du trai-
tement, il faut encore prescrire le repos au lit pendant un mois. La nuit»
pour éviter tout mouvement intempestif, l'enfant sera replacé dans son
dernier plâtre. Premiers pas à l'aide de béquilles.
Dans les tuberculoses osseuses, si le membre a été mobilisé (début et
fin de la maladie), on fera la réduction complète et brusque. Si le membre
a été immobilisé (période d'état), on fera la réduction incomplète et par
étapes.
Traitement de la syphilis du nonvean-né par les injections intra-
mnscnlaires des préparations mercnrielles solnbles et insolubles, par
le D' Fr. Bazin (Thèse de Paris, 19 décembre 1906, 64 pages).
Cette thèse, basée sur 1.7 observations, a été inspirée par le D' Bodin
(de Rennes). Elle tend à établir la supériorité de la méthode des injections
sur les autres méthodes. On donnera la préférence aux sels solubles :
benzoate ou lactate de mercure à la dose de 2 à 4 milligrammes, biiodure
et bichlorure à la dose de 1 à 3 milligrammes. Le biiodure en solution
aqueuse sera surtout employé. Traitement intermittent : série de 10 à
15 injections, repos de dix à quinze jours, reprise des piqûres. Les prépa-
rations insolubles, à la dose de 1 à 4 centigrammes par semaine, sont moins
employées chez les nouveau-né que les solubles. Elles seraient utiles à la
fin du traitement pour prolonger l'action du mercure sur l'organisme.
On doit préférer l'huile grise au calomel, qui sera réservé pour les cas
rebelles. L'auteur termine ainsi ses conclusions :
La méthode des injections mercurielles, en faveur de laquelle militent
tant d'heureux résultats, doit être aujourd'hui, à notre avis, admise sinon
adoptée par tous.
Quand on a vu, des centaines de fois, les accidents hérédo-S3rphilitiques
des nouveau-nés et nourrissons disparaître rapidement sous Pinfluence
des simples frictions mercurielles, on ne peut pas adopter les conclusions
de l'auteur. Pourquoi piquer l'enfant quand on peut le traiter plus simple-
ment et avec autant d'efficacité? Les mères peuvent faire elles-mêmes les
frictions avec l'onguent napolitain. Les injections exigent l'intervention
du médecin. Nous concluons que, pour la syphilis infantile habituelle, la
méthode des injections ne présente aucun avantage sur la vieille méthode
des frictions mercurielles.
L'adénopathie trachéo-bronchique des nourrissons, son diagnostic
par le cornage bronchitique respiratoire et la radioscopie, par le
D' L. BouGAREL (Thèse de Paris, 1 février 1907, 132 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Variot, contient 21 observations et une
planche. Chez les jeunes enfants, l'adénopathie trachéo-bronchique
pourrait se traduire par un cornage spécial débutant du deuxième au
764 ANALYSES
sixième mois, à bruit régulier, intense, humide, ayant son maximum à
l'expiration. Évolution insidieuse, aucun symptôme.
Le cornage expiratoire semble dû à ce que, au moment de TexpiratioD,
Tenfant presse sur ses ganglions par la tension des poumons; alors la
trachée et les bronches sont rétrécies. Ce bruit s» distingue du stridor
congénital par son début tardif, par son caractère expiratoire, par son
renforcement progressif.
La radioscopie peut, chez le nourrisson, permettre un diagnostic : ombre
au-dessus du cœur, à droite ou à gauche, avec contours arrondis.
Pour que cette méthode donne des résultats positifs, il est nécessaire
qu'on ait affaire à de grosses adénopathies.
Gommes hérédo-syphilitiques de la voûte et du voile du palaîj,
par le D' Lachapelle {Thèse de Paris, 6 février 1907, 88 pages).
Cette thèse, inspirée par M. Gaucher, contient 10 observations, dont
8 concernent des enfants. Les gommes de la voûte palatine et du voile du
palais sont une des principales manifestations de la syphilis tertiaire,
qu'elle soit acquise ou héréditaire. Dans les deux cas, syphilis acquise ou
syphilis héréditaire, l'évolution est la même. Pour trancher la question,
il faudra chercher les stigmates (dent d'Hutchinson, kératite, etc.) de
l'hérédité. Mais le diagnostic le plus important est celui de lésion inflam-
matoire, tuberculeuse, caséeuse, etc. Ce diagnostic doit être établi de
bonne heure, car la réussite du traitement est liée à la précocité du dia-
gnostic.
Le traitement spécifique est remarquablement et rapidement efficace.
Il doit être mixte : mercure et iodure de potassium. On donnera d'emblée
des doses fortes.
LIVRES
Ëtnde sur la coxalgie, par le D' V. Ménard (vol. de 440 pages,
Paris, 1907, Masson et C'«, éditeurs. Prix : 15 francs).
Cet ouvrage, orné de 208 figures dans le texte et 26 planches hors
texte, est essentiellement pratique. Écrit par le chirurgien de l' Hôpital
maritime de Berck, il résume la longue pratique de ce maître et sera
consulté avec profit par tous les médecins. Dans une première partie,
M. Ménard traite de l'anatomie pathologique ; il aborde ensuite l'étude
clinique (2® partie) et termine par le traitement (3« partie), qui est aussi
complet que possible : traitement général, traitement local, traitement
de la coxalgie non suppurée, traitement orthopédique, traitement de la
suppuration dans la coxalgie, curettage aseptique, résection de la hanche,
désarticulation de la hanche. Enfin l'auteur donne la statistique de dix
années à l'Hôpital de Berck. Le chiffre des coxalgiques s'est élevé, pendant
cette période, à 1321 (707 garçons, 614 filles). Sur ce nombre, 268 ont été
opérés (curettage, résection). Avec un pareil matériel, on est autorisé
à porter un jugement et à tirer des conclusions.
Dans les dix années (1895-1904), le nombre total des décès a été de 95
(54 pour les coxalgies non opérées, 41 pour les coxalgies opérées). Sur les
54 décès des coxalgies non opérées, 19 sont dus à la méningite ; sur les
coxalgies opérées, on compte 5 décès par méningite, soit à peu près la
même proportion. Ce n'est donc pas le traumatisme opératoire qui occa-
sionne la méningite. M. Ménard a déjà publié, à la même librairie, an
volume sur le mal de Pott, non moins remarquable et non moins pratique
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE 705
{Arch. de méd, des enfants^ 1901, page 61). Il continue donc brillamment
une série d'études du plus haut intérêt pour le médecin praticien.
Traitement de la sjrphilis, par L. Jacquet et M. Ferrand (vol.
de 164 pages de r^ncyc/opédieX^aMté, Paris, 1907, Masson et C'*^ éditeurs.
Prix : 2 fr. 50).
Dans ce petit livre, très pratique, les auteurs étudient l'action du
mercure, les accidents causés par la médication mercurielle, les différents
modes d'administration du mercure, Tiodure et son rôle dans le traitement
spécifique, l'association du mercure et de l'iodure (traitement mixte).
Dans un chapitre fort intéressant est exposée la direction générale du
traitement spécifique. Puis viennent les essais de sérothérapie anti-
syphilitique, les médications auxihaires, le traitement pendant la gros-
sesse, la prophylaxie, le traitement de la syphilis héréditaire, et enfin
le traitement local. On voit que rien n'a été oublié.
Observaciones sobre clinica infantil (Observations de clinique
infantile), par le D^'Genaro Sisto (vol. de 228 pages, Buenos Aires, 1907,
A. Etchepareborda, éditeur).
Ce livre contient des articles très importants, rehaussés par une impres-
sion soignée, par de nombreuses gravures et planches. Dans ses premières
leçons, l'auteur traite de V atrophie infantile, à propos de 3 cas personnels,
et il passe en revue toutes les opinions et toutes les doctrines, depuis
Parrot jusqu'à nos jours. Dans une deuxième série, il parle de Vépilepsie
infantile et de son traitement. A ce propos, il rapporte 9 observations per-
sonnelles. Dans une troisième série, il aborde une question de clinique
nouvelle, qu'il a élucidée le premier, à savoir le cri syphilitique^ nouveau
signe de syphilis héréditaire. Il s'agit d'enfants qui crient constamment,
j usqu'à ce qu'on ait soupçonné la syphilis et qu'on les ait mercurialisés.
Ce cri de détresse peut être le seul signe de syphilis héréditaire ; il a
donc une grande valeur au point de vue du diagnostic et par suite du
traitement. Mis au courant depuis six mois des observations de M. Genaro
Sisto, j'en ai vérifié l'exactitude, et j'ai montré à mes élèves plusieurs cas
dans lesquels le cri incessant des nourrissons m'avait fait reconnaître la
syphilis, le traitement mercuriel immédiat ayant d'ailleurs fait disparaître
ce cri. Dans les chapitres suivants, l'auteur étudie les infections épidurales
comme traitement de r incontinence d'urine et le syndrome de Little.
En résumé, les leçons cliniques de M. Genaro Sisto sont instructives,
même pour nous autres Européens; elles témoignent, après bien d'autres
travaux que nous avons analysés, des progrès rapides de la médecine
à La Plata, où nous autres, médecins français, comptons tant d'élèves,
de collègues et d'amis.
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Séance du 19 noçembue 1907. — Présidence de M. Netter.
M°^* Nageotte présente un cas de scapulum çalgum passager par tic
du muscle rhombo'ide. On doit distinguer cette variété des cas de scapu^
lum valgum rachitique, paralytique, par contracture, par atrophie mus-
culaire, etc.
M. Variot a vu un enfant présenter un hoquet durant quarante-huit
heures au cours d'un zona thoracique ; ce zona avait d'ailleurs été douloureux.
M. AussET a fait une ^tude de 100 cas d'ophtalmo -réaction à la tubercu*
706 NOUVELLES
Une. Ses conclusions sont très favorables à l'emploi de cette méthode
de diagnostic vulgarisée par M. Calmette.
M. H. Leroux a vu un garçon de six ans atteint de croup pseudo-mem-
braneux non diphtérique. On a fait la trachéotomie, ^t l'examen de la
fausse membrane n'a montré que des streptocoques, sans bacilles de
Lœffler. Quérison rapide.
M. M ARFAN n'a jamais vu de cas semblables ; il les croit exceptionnels ;
la plupart de ceux qui ont été publiés sont très douteux ; il faut tou-
jours admettre la diphtérie et agir en conséquence.
M. Apert présente un enfant atteint d^idiotie amaurotique familiale.
C'est un petit juif polonais, dont un frère a déjà succombé à cette ma-
ladie bien étudiée en Amérique, et qui ne se rencontre que dans la race
juive. Tous les sujets meurent jeunes, après avoir présenté de la para-
lysie, des contractures et une cécité complète. Le diagnostic se fait par
l'examen du fond de l'œil (tache jaune de la rétine).
MM. Apert, LÉVY-FRANKELet MÉNARD présentent une fille de quinze
ans atteinte de tabès depuis l'âge de treize ans ; mère tabétique, père mort
•de paralysie générale. Le père, qui avait la syphilis, l'avait communiquée
à sa femme puis à son enfant. Donc syphilis. acquise. Outre les signes du
tabès, il existe chez la jeune fille des symptômes de paralysie générale.
M. RiBADEAU-DuMAS présente un cas d'anémie grave eonséeutiçeà une
septicémie d^origine otique (entérocoques).
MM. Beauvy et Mare présentent les pièces d'une stéatose du foie au
cours de granulie^ chez un enfant de dix mois.
M. Barbier a vu très souvent ces foies gras dans la tuberculose Infantile.
M. Nathan rapporte un cas d'anémie pseudo-leucémique chez un en-
fant de treize mois, traité avec succès par la moelle osseuse.
M. Kauffmann rapporte deux cas d*appendicite coïncidant avec la
scarlatine.
M. CoMBY montre l'enfant atteint d'atonie musculaire dont il a parlé
dans la dernière séance.
NOUVELLES
Congrès international de la toberculose. — Le prochain Congrès
international de la tuberculose, qui doit se tenir à Washington, du 21 sep-
tembre au 12 octobre 1908, est en voie d'organisation. La section IV,
consacrée à la Tuberculose des enfants (étiologie, traitement, moyens pré-
ventifs), a choisi pour président le D"^ A. Jagobi (de New York), et pour
secrétaires les D'* David Bovaind (de New York) et F, S. Churchill
(de Chicago). Parmi les vice-présidents, nous relevons les noms des prin-
cipaux pédiatres des États-Unis: MM. Isaac A. Abt (Chicago), S. Adaxs
(Washington), W. D. Booker (Baltimore), Chapin (New York), John
M. DoDsoN (Chicago), Freemann (New York), Forghheimer (Cincin-
nati), C. Griffith (Philadelphie), Hamill (Philadelphie), Alfred
Hand (Philadelphie), Emmet Holt (New York), Fr. Hubbr (New York),
Jennings (Détroit), Knox (Baltimore), H. Koplir (New York), Low-
MANN (Cleveland), Mac Clandhan (Omaha), Mitghell (Baltimore),
Morse (Boston), Northrup (New York), Rotch (Boston), John Roh-
RAH (Baltimore), L. Starr (Philadelphie), Wentworth (Boston'.
Martha Wollstein (New York).
Préservation de Fenfance contre la tobercnlose. — Peu de temps
avant de mourir, le D' Grancher avait rédigé, pour son Œuvre, l'appei
NOUVELLES 767
suivant, qui résume éloquemment le but et la portée de ses efforts. Nous
reproduisons intégralement cette notice, qui est comme le testament
philanthropique de notre regretté maître:
Quand la tuberculose sévit dans un étroit logis et frappe le père ou
la mère, la contagion des enfants est presque fatale, et j'ai pensé que le
meilleur moyen de lutter contre la tuberculose était de lui enlever sa
proie. Dans cette famille tuberculeuse, l'Œuvré de Préservation prend les
enfants encore sains, de trois à dix ans, et les place à la campagne, dans
des familles de paysans également saines, où nos pupilles passeront toute
leur vie scolaire jusqu'à treize ans ; plus même, car nous sommes cer-
tains que beaucoup resteront aux champs et feront souche de paysans
ou de paysannes.
Les pupilles sont confiés à d'excellents médecins de campagne, qui
choisissent les maisons de paysans et soignent nos enfants gratuitement.
Instituteurs et institutrices rivalisent de zèle en faveur de nos pupilles.
Chaque enfant coûte à l'Œuvre, tous frais compris, de 1 franc à 1 fr. 20
par jour, selon le placement.
Cette sélection de la graine encore saine de la race humaine réalise la
formule de Pasteur appliquée à la sériciculture. Formule idéalement
simple et scientifique 1 Elle est, pour l'enfant, la meilleure que l'on puisse
opposer à l'envahissement du fléau tuberculeux, car :
Médicalement, elle donne une solution complète et radicale. Elle supprime,
en effet, toutes les causes de la tuberculose, causes lointaines : le taudis
et la misère des grandes villes qui préparent le terrain ; cause immédiate :
la contagion familiale.
Socialement, l'enfant enlevé à la promiscuité d'un logis infecté de
tuberculose, et placé pour une longue période de sa vie dans une bonne
maison, en plein air, avec une nourriture abondante, devient un être
nouveau, physiquement et moralement. Il arrive, plein de vigueur, au
seuil de l'adolescence et peut alors choisir entre la vie des champs ou le
retour à la grande ville. D'après l'expérience acquise depuis quatre ans,
la campagne sera le plus souvent préférée.
Enfin la préservation de ces enfants, condamnés presque tous à devenir
tuberculeux, supprimera, pour l'avenir, autant de foyers de contagion
et diminuera progressivement le champ de la tuberculose.
Tous ces bienfaits n'ont pas échappé à ceux qui connaissent l'Œuvre
de Préservation, et des amitiés puissantes parmi les hommes politiques,
les philanthropes et les médecins, l'ont aidée à se mettre au premier
rang dans la lutte antituberculeuse.
Fondée le 7 novembre 1903, l'Œuvre parisienne compte déjà neuf filiales
dans les villes de Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Tours, Lille,
Montpellier, Rennes, Le Havre, et près de 500 pupilles, tant en province
qu'à Paris. Mais le nombre des demandes d'entrée dans l'Œuvre de
Préservation est si grand et nos ressources sont si insuffisantes que
nous tendons la main à tous pour le sauvetage de cette graine de
Français.
Clinique chirurgicale infantile. — Le cours de clinique chirur-
gicale infantile, professé par M. Kirmisson, à l'hôpital des Enfants-
Malades, a commencé le mardi 5 novembre 1907, à dix heures du matin,
pour continuer les samedis et mardis suivants à la même heure.
Un cours de clinique annexe sur la chirurgie infantile et orthopédique
est fait par MM. les D"** Auffrbt et Gasne, chefs de clinique, tous les jours
à cinq heures depuis le 18 novembre. Ce cours comprend 20 leçons. Droits
à verser 50 francs.
70S NOUVELLES
Clinique médicale infantile. — Cours pratique de médecine infantile {an
48 novembre 1906 au 29 février 1908). Sous la direction de M. le profes-
seur HuTiNEL et de M. Nobécourt, agrégé.
Le cours comprendra 104 leçons faites tous les jours, à 5 heures, et,
en outre, les mercredis et vendredis, à 6 heures, par :
M. Nobécourt : Maladies de l'appareil digestif. Thérapeutique et
hygiène infantile. — M. Jeanselme : Maladies de la peau. — M. Lerebocl-
LET : Tuberculose; syphilis ; rhumatismes. — MM. L. Martin et Darré:
Maladies infectieuses. — M. Pr. Merklen : Maladies du foie et de
Tappareil urinaire. — M. G. Leven : Maladies de l'appareil circula-
toire. — MM. L. Babonneix et Voisin : Maladies du système nerveux. —
M. L. TixiER : Maladies du sang; maladies de la nutrition. — MM. Pais-
seau et Rivet : Maladies de l'appareil respiratoire.
Un programme détaillé est déposé au secrétariat de la Faculté et à la
Clinique. Seront admis au cours :
l"* Les étudiants inscrits comme stagiaires à la Clinique et les externes
du service ; 2° Les docteurs et étudiants, français et étrangers, sur la
présentation d'une carte d'immatriculation délivrée au secrétariat de la
Faculté (guichet n° 3), moyennant un droit de 100 francs.
Un certificat d'assiduité sera délivré, sur leur demande, aux auditeurs
qui auront suivi régulièrement le cours. Un second coups semblable com-
mencera au mois de mars 1908. Pendant la durée du cours, tous les
mBtins, visite dans les salles à 9 heures, et ensuite :
Le lundi, à 10 heures : Consultation générale, opérations d*oto-rhino-
laryngologie (M. Cuvillier). — Le mardi, à 10 heures : Cours de M. le
professeur Hutinel. — Le mercredi, à 10 h. 1/2 : Consultation de nour-
rissons (M. Guillemot). — Le jeudi, à neuf heures : Consultation d'oto-
rhino -laryngologie (M. Cuvillier). — Le vendredi, à 10 h. 1/2 : Consulta-
tion des maladies de la peau (M. Halle). — Le samedi, à 10 heures:
Cours de M. le professeur Hutinel.
Outre l'enseignement officiel de la Faculté, les médecins de l'hôpital
des Enfants-Malades enseignent la clinique tous les jours dans leurs
salles et à la consultation externe : M. Moizard, mercredi et samedi, à
9 h. 1 /2 : examen des malades et conférences cliniques. — M. Comb y, mardi
à 9 heures, à la consultation externe ; mercredi à 9 heures, salle de Cban-
mont ; jeudi à 9 heures, examen des malades, conférences de clinique et de
thérapeutique infantiles. — M. Varïot, lundi à 10 1/2, jeudi à 10 heures. —
M. RicHARDiÈRE, mercredi et jeudi à 10 heures. — M. Marpan, enseigne*
ment de la diphtérie, à 9 heures, tous les matins. — 'M. Broc a, conférences
de chirurgie infantile, les mercredis à 10 h. 1/2. — M. Terrien, ophtal-
mologie les mardis, jeudis et samedis à 9 h. 1/2.
£çole médicale des Philippines. — Les Américains viennent de fonder,
à Manille, une école de médecine (The Philippine Médical School), avec
le D"" José Albert comme professeur de pédiatrie.
U Gérant, P. BOUCHEZ.
TABLE DES MATIÈRES
MÉMOIRES ORIGINAUX
I. Nouveaux cas de mongolisme infantile, par le D' J. Combt 1
II. Les PIBRO-SARCOMES DU cou extrapharyngiens, parle D>* V. Veau.. 21
III. Du paludisme congénital, par MM. Pezopoulos et Cardamatis S9
IV. La ration alimentaire de l'enfant depuis sa naissance jusqu'à l'âge
DE DEUX ANS, par le D"" Henri Klose 63
V. LyMPHADÉNIE tuberculeuse chez l'enfant (un cas DE TUBERCULOSE
adéno-splénique), par MM. E. Weill et Gh. Lesieur 129
VI. La ration aliment.ure de l'enfant depuis sa naissance jusqu'à l'âge
DE DEUX ANS, par le D' Henri Klose 137
VII. Entérites et appendicite chez les enfants, parle D^" J. Comby 193
VIII. La ration alimentaire de l'enfant depuis sa naissance jusqu'à l'âge
de deux ans {fin), par le D»" Henri Klose 202
IX. La congestion de la glande thyroïde chez le nouveau-né, par
MM. J. Fabre et L. Thévenot 257
X. Pharyngo-laryngites ulcéreitses dans la syphilis tertiaire et dans la
tuberculose, par MM. Rabourdin et Brissy 275
XI. Recherches sur le pouvoir plastéinogène du suc gastrique des
nourrissons s.vins et atrophiques, par le D»" G.-B. âllaria 321
XII. L'institution nationale des sourds-muets de Paris, par G. Tilloy... 336
XIII. De la radioscopie dans la pneumonie de l'enfant, par MM. E. Weill
et Lucien Thévenot 385
XIV. Les appareils de marche dans le traitement des tumeurs blanches
DU membrb inférieur, par le D** H. Mayet 393
XV. Quatre observations de GorrRE parenchymateux chez le nouveau-né
(adénome fgbtal diffus), par MM. J. Fabre et L. Thévenot 403
XVI. Sur la valeur de l'examen du lait dans l'allaitement au sein, par
le D*" L. MoRQUio 449
XVII. NocTAMBULisME ET AUTOMATISME CHEZ l'enpant, par le D^* H. Dauchez. 469
XVIII. Pleurésie séro-fibrineuse chez les enfants et « signe du sou », par
le D»" J. Brudzinski. , 513
XIX. Sur le traitement des diarrhées du premier âge par ie^ solutions
DE GÉLATINE, par le D*" M. Péhu 519
XX. Sur la valeur de l'examen du lait dans l'allaitement au sein, par
le Df L. MoRQUio {fin) 525
XXI. L'encéphalite aiguë chez les enfants, par le D»" J. Gomby 577
XXU. Contribution a l'étude de la trépanation de la mastoIde chez le
nourrisson, par le D»" G. Fournier 612
XXIII. Anémie pseudo-leucémique infantile chez deux jumeaux rachitiques,
par MM. Ad. d'Kspine et Jeanneret 641
XXIV. Le rhumatisme viscéral chez les enfants, par MM. E. Weill et
L. Thévenot 651
Arch. de médec. des enfants, 1907. X. — 49
770 TABLE DES MATIÈRES
XXy. Troubles du rythme respiratoire d'origine nerveuse au cours de la
FIÈVRE typhoIde CHEZ l'bnpant, poT MM. NoBÉcouRT et L. TniBR. 661
XXVI. Myxoedèmb thyroïdien,, par le D' A. Arraga 6(^
XXVII. La cystite chez les nourrissons, par le D' Guiseppe Caccia 705
XXVIII. Hôpital des enfants malades Anne-Marie a Lodi (Pologne), par le
D>* J. Brudzinsei 722
RECUEIL DE FAITS
I. NVAGINATION INTESTINALE CHEZ UN ENFANT DE^ SEPT MOIS GUÉRIE AU
MOMENT qu'on ALLAIT l'opérer, par le D' Élie Decherf 37
II. Purpura foudroyant chez une enfant de six mois, par le D' Ph. Bocr-
DILLON 100
m. Tolérance étonnante du larynx d'un enfant pour un corps étranger,
par le D^ Bruch (de Tunis) St$
IV. OSTÉOMYÉUTE DU TIBIA, OPÉRATION PRÉCOCE, GUÉRISON, pRP le D** BrUCE.. 217
V. Phlegmon gangreneux du cor chez un nourrisson, lavages a l'eau salée,
CICATRISATION TRÈS SATISFAISANTE, par le D' BrUCH ti9
VI. Syndrome labio-glosso-pharvngé chez un garçon de sept ans (pouo-
encéphalite), par le D' E. Zbmbouus (de Gonstantinople) iâ<^
VII. Quatre cas de perforation di* voile du palais dans la scarlatine, par
M"*« Mathilde de Biehler Si
VIII. Un cas 1 «'allongement considérable de tout le fémur CONSÉCUTlVEMBirT
A UNE TUMEUR DU GENOU, par MM. les D*" Matbt et Bourganel 28&
IX. Un CAS DE CONTAGION MÉDIATE DE LA ROUGEOLE, par le D' Mauiice Roch. 293
X. Nouveau cas d'achondroplasib^ par le D' J. Combt 349
XI. MyXOEDÉME CONGÉNITAL, PABALVSIE DU PLEXUS BRACHIAL D'oRIGINE CONGÉNI-
TALE, par le 0^ Gazal 412
XII. Rumination chez une fille de trois ans, par le D** J. Combt 420
Xlfl. Observations de méningites bactériennes, par le D*^ J. Combt 475
XIV. Sérothérapie par le sérum de Vaillard dans un cas de diarrhée chro-
nique dysentérique datant de vingt-neuf mois, par le D' H. Hausmaltbr. 738
#
REVUES GÉNÉRALES
Par le Dr J. Comby.
I. Nystagmus-myoclonie 3^
II. La cure d'air a l'hôpital 165
III. Le baiser chez les enfants.,.. ^ 173
IV. Inspection des écoles a New York 226
V. Anémie simple des jeunes enfants 295
VI. Épidehmolyse bulleuse congénitale 353
VIÏ. MéRYcisME ou rumination 423
VIII. Sérothérapie de la méningite cérébro-spinale 486
IX. Variations leucocytaires en cunique infantile 551
X. OCULO-RÉACTION A LA TUBERCULINE 626
XI. NÉVRITE INTERSTITIELLE HYPERTROPHIQUE ET PROGRESSIVE DE l'eNFANCB... 674
XII. La pegnine chez les enfants 743
TABLE ALPHABÉTIQUE
Abcès cérébral, 184.
Abcès multiples du foie» 366.
Absence congénitale des muscles pec-
tomiu» 126.
Accident^ causés par le panier de Grœfe
253.
Accidents de la première dentition, 442
Accidents du s^nim après injections
répétées, 438.
Accidents généraux de l'eczéma chez le
nourrisson, 122.
Accidents séro-toxiques, 443.
Accouchement (fractures du nouveau-
né), 250.
Acétonurie (vomissement h rechute), 51,
Acholie pigmentai re chez l'enfant, 507.
Achondroplasie, 253.
Acbondroplasie (nouveau cas) {Recueil
de faits par le D'J. Comby), 349.
Achondroplasie (pathogénie), 377.
Acide phénique (empoisonnement par la
voie rectale). 756.
Acrocéphalosyndactylie, 242.
Action anti-émétique du citrate de soude,
315.
Addison (maladie d'}, 368.
Addison (symptômes au cours d'enté-
rites), 254.
Adéno-carcinome primitif du foie chez
un nourrisson de quatre mois, 680.
Adénoïdes chez les nourrissons, 248.
Adénoldiens (rééducation respiratoire),
507.
Adénomes diverticulairos de l'ombilic,
316.
Adénopathie bronchique (diagnostic
précoce), 434.
Adénopathie trachéo-bronchique (signes
physiques), 442.
Adénopathie trachéo-bronchique, dia-
gnostic par le comage, 763.
Adénopathies bronchiques (radiosco-
pie), 383.
Adénopathies scarlatineuses tardives^
309.
Adénopathies trachéo-bronchiques tu-
berculeuses (origine intestinale), 43.
Adhérences du péricarde et asclte, 237..
Agglutintnes transmises par le lait au
cours d'une typhoïde, 241.
Albuminurie au cours de Timpetigo et
de l'eczéma. 684.
Alcool et enfant, 749.
Alcoolisme aigu chez les enfants, 495.
Alimentation dans la scarlatine, 697.
Alimentation dans les maladies des en-
fants, 373.
Alimentation de l'enfant depuis la nais-
sance jusqu'à l'âge de deux ans {Mé-
moire du D' Henri Klose), 65, 137. 202.
Alimentation du nourrisson^par le lait de-
vache cru, 567.
Alimentation infantile par le lait acidifié,
361.
Alimentation (reprise dans les gastro-
enlérites), 762.
Aliments usuels, 125.
Allaitement au sein (direction médicale),
380.
Allaitement au sein (examen du lait) (Mé^
moire du D' L.Morquio), 449-525.
Allaitement au sein (nécessité d'une di-
rection), 635.
Allaitement chez les femmes atteintes
de complications infectieuses mam-
maires, 507.
Allaitement et cardiopathies, 697.
Allaitement et fièvre typhoïde, 498.
Allaitement maternel et consultations
de nourrissons, 57.
Allongement considérable de tout le
fémur consécutivement k une tumeur
blanche du genou {Recueil de faits par
MM. Mayet et Bourganel), 289.
Amputations congénitales. 253.
Amygdale (sarcome), 699.
Amygdalotomie et leucémie aigué, 758.
Amyoplasie congénitale, 695.
772
TABLE ALPHABÉTIQUE
Anatomie pathologique de la maladie
de Barlow, 119.
Anchilostomo-anérnie chez les enfants,
C80.
Anémie h type chlorotique de la pre-
mière enfance, 314.
Anémie congénitale avec ictère, 112.
Anémie et vomissement cyclique, 028.
Anémie infantile pseudo-leucémique
avec spléno et hépatomégalie, 753.
Anémie par anchilostome, 680.
Anémie pseudo-leucémique infantile
chez deux jumeaux rachitiques {Mé-
moire de MM, d'Espine et Jeanneret),
641.
Anémie syphilitique (spirocbètes dans
le sang). 369.
Anémie grave d'origine otiquc, 766.
Anémie pseudo-leucémique traitée par
la moelle osseuse, 766.
Anémie simple des jeunes enfants (Re-
vue générale par le D' J. Comby),
294.
Anémies dans l'enfance, 752.
Anémies infantiles, 313.
Anesthésie générale (mort thymique),
371.
Anévrysmes de l'aorte d'origine rhuma-
tismale, 60.
Angine de Ludwig, 56.
Angio-sarcome de la rétine opéré et
guéri, 374.
Anormaux psychiques des écoles, 561.
Anse siginoïde (volvulus), 44.
Aorte (anévrysmes rhumatismaux], 60.
Aortite rhumatismale, 253.
Aphtes (syndrome prémonitoire), 55.
Aplasie moniliforme des cheveux, 242.
Apoplexie thymique. 436.
Appareils de marche dans le traitement
des tumeurs blanches du membre
inférieur {Mémoires de M. H. Maxjet),
393.
Appendicite causée par une ascaride
lombricoïde, 115.
Appendicite chez le nourrisson, 180.
Appendicite cholériforme et diarrhée
dans l'appendicite, 505.
Appendicite (diarrhée), 505.
Appendicite et entérite chez les enfants
{Mémoire par le D' J. Comby), 193.
Appendicite et entéro-colites chez l'en-
fant, 246.
Appendicite et scarlatine, 766.
Appendicite (formes graves, 505).
Appendicites de l'enfance (leucocytose),
Appendicites (réactions nerveuses), 506.
Appendicites consécutives aux entérites
de l'enfance, 234.
Ai)pendicites et entérites, 762.
Arsenic contre la coqueluche, 114.
Arsenic (pigmentation généralisée et
kératose palmaire), 496.
Ascaride lombricoïde comme cause d'ap-
pendicite, 115.
Ascarides et méningisme, 252.
Ascite et adhérences du péricarde, 237.
Asile pour enfants convalescents, 384.
Assimiliation du fer chez les nourriâ-
sons, 306.
Association médicale britannique, 510.
Astasie-abasie traumatique chez ane
fîUe vésanique. 311.
Asthme familial (3 cas), 561.
Astragaleclomie pour pied bot, 369.
Ataxie de Friedreich (5 cas dans deux
familles), 497.
Athétose (hémiplégie infantile), 434.
Atonie musculaire congénitale, 700,766.
Atrésies multiples congénitales de l'in-
testin grêle avec anomalie du gros
intestin. 244.
Automatisme et noctambulisme chez
l'enfant {Mémoire du U^ H. Dauckei),
469.
Babeurre alcalinisé. 246.
Babeurre concentré dans l'alimenla-
tion de la première enfance. 570.
Babeurre contre les toxidermites. 380.
Babeurre (fièvre). 437.
Bacille de Koch recherché dans le sang
par le procédé de la sangsue, 238.
Bacille de Pfoiffer (méningite cérébro-
spinale), 439.
Bacille de Vincent et spirille dans lotilc
suppurée. 111.
Bacille tuberculeux (types et portes
d'entrée), 638.
Baiser chez les enfants {Revue généraU\t
175.
Barlow (maladie de). 45, 363, 633.
Barlow (pathogénie des lésions osseuses
de la maladie de). 557.
Beurre du lait de femme (influence sur
le nourrisson). 508.
Botryomycose chez l'enfant. 54.
Bouillon lactique contre les gastro-eoté-
rites des nourrissons, 636.
Bromoforme (empoisonnement), 757.
Bronche gauche (corps étranger), 181.
Bronches (dilatation), 685.
Bronches (diphtérie), 688.
Bronchopneumonie tuberculeuse (dia-
gnostic), 188.
Bronchoscopie (extraction d'un noyau
de datte). 749.
Bronchoscopie pour l'extraction d«'
corps étranger des bronches, 117.
TABLE ALPHABÉTIQUE
773
Bronchoscopie pour extraction d'un
coq)s étranger, 431.
Budin (sa mort), 192.
Cacodylate de soude contre le Jympha-
dénoine du cou. 301 .
Calcul vésical ayant causé un prolapsus
rectal, 303.
Cancer primitif du foie, 680.
Cantine maternelle du XX« arrondisse-
ment, 255.
Capsule surrénale (gliome primitif},
353.
Cardiopathie et allaitement, 697.
Ca^rrière nommé membre correspon-
dant de la Société de pédiatrie, 127.
Cas intérieurs de fièvre typhoïde, 62.
Cavernes tuberculeuses chez le nour-
risson, 698.
Cerveau (abcès du), 184.
Cerveau (contusion avec hémorragie
méningée), 375.
Cerveau (hernie avec hémipai'ésie droite
et aphasie motrice), 368.
Cervelet (tubercule diffus), 382.
Cervelet (tumeurs), 759.
Cervelet (tumeurs dans l'enfance), 692.
Champignon du muguet (formes mi-
crobiennes), 442.
Chancre induré géant. 253.
Chaux étemte (cas de mort par empoi-
sonnement), 757.
Cheveu coupant l'urètre et une partie
des corps caverneux, 681.
Chloroma (1 cas), 370.
Cholédoque (sténose chez un nouveau-
né), 751.
Chorée chronique de l'enfance (2 cas).
626.
Chorée de Sydenham (formes graves),
315.
Chorée (mort), 692.
Chorée (pathologie), 239.
Chorées mortelles, .•>65.
Choroïdite suppurée (méningite), 501.
Ghylangiome du mésentère à quatre
semaines, 437.
Cirrhose cardio-tuberculeuse d'Hutinel,
383.
Cirrhose du foie, suite de scarlatine,
631.
Cirrhose hypertrophique du foie chez un
nourrisson, 757.
Citrate de soude (action anti-émétiquo
et eupeptique), 315.
Clavicule (ostéomyélite), 428.
Glinicat chirurgical infantile. 511.
Clinicat médical infantile. 702.
Clinique chirurgicale infantile, 128,767.
Clinique des maladies des enfants, 320,
448.
Clinique infantile (obser\*ations), 765.
Clinique médicale de THôtel-Dieu de
Paris. 317.
Clinique médicale infantile, 768.
Cœur(rhabdomyome multiple), 50.
Cœur (svmphyse et maladies graves),
760.
Côlon (dilatation idiopathique), 435.
Colonies de vacances, 190.
Colonies de vacances & Buenos Aires,
192.
Composition des laits de femme, 556.
Concours d'agrégation en médecine,
255.
Conduit auditif externe (diphtérie pri-
mitive), 308.
Congestion de la glande thyroïde chez
le nouveau-né {Mémoire de MM. Fabre
et Thévenot), 257.
Congrès de climatothérapie et d'hy-
giène urbaine, 640.
Congrès de pédiatrie, 128.
Congrès des Gouttes de lait, 127, 320.
Congrès des pédiatres allemands, 256.
Congrès des sociétés savantes, 576.
Congrès français de médecine, 511.
Congrès français de pédiatrie, 255.
Congrès international de la tuberculose.
766.
Congrès international d'hygiène, 127,
575.
Congrès international d'hygiène sco-
laire, 383.
Congrès italien de pédiatrie. 255, 574,
703.
Congrès italien d'orthopédie, 574.
Conjonctivites pseudo-membraneuses à
pneumocoques. 235.
Constipation par coudure intestinale
(maladie de Hirschsprung), 558.
Constriction congénitale de la m&choire,
51.
Consultation de nourrissons à l'hôpital
Lariboisière, 123.
Consultation de nourrissons de l'hôpital
du Bouscat, 684.
Consultation de nourrissons de Mont-
pelUer. 123.
Consultation ÔPi nourrissons à la poli-
clinique de Liège, 571.
Consultation de nourrissons et allaite-
ment maternel, 57.
Contagion hospitalière de la fièvre ty-
phoïde. 240.
C(mtagion médiate de la rougeole (Re-
cueil de faits par le />»' M. Aoc/i),
292.
Contractures congénitales. 569.
Contusion cérébrale avec hémorragie
774
TABLE ALPHABÉTIQUE
méningée et syndrome méningitique,
375.
Coqueluche (étiologie), 252.
Coqueluche traitée par l'arsenic, 114.
Coqueluche traitée par le Sic, 48.
Coqueluche (traitement par une ceinture
abdominale), 495.
Comage dans l'adénopathie bronchique,
763.
•Corps étranger bien toléré par le larynx
(Recueil de faits par le D' Bruch), 216.
<€orps étranger de la bronche droite,
bronchoscopie, 431.
'Corps étranger de la bronche gauche,
181.
Corps étrangers de Tœsophage, 247.
Corps étrangers de l'oesophage et œso-
phagoscopie, 500.
Ck>rps étrangers de l'œsophage (9 cas),
565.
«Corps thyroïde (congestion chez le nou-
veau-né) {Mémoire de MM, Fabre et
Thévenot), 257.
-Coryza des nourrissons (intubation du
nez), 305.
Cou (fibro-sarcomes eztrapharyngienS)
(Mémoire du D* F. Veau), 21.
Cou (phlegmon gangreneux) (Recueil de
faits par le D' Bruch), 218.
Cours de vacances, 446, 575.
• Coxalgie et radiographie, 380.
Coxalgie (étude sur la), 764.
' Cr&ne (fractures), 379.
Crâne (tuberculose des os plats), 559.
■ Craniotabés, 570.
•Croches (leur passé, leur présent, leur
avenir), 189.
' Cri syphilitique, 683.
Crises choréiformes calmées parle café
et la caféine,' 62.
'Croup pseudo-membraneux non diphté-
rique, 766.
Croup tube (phlegmon juxtalaryngo-
trachéal), 569.
Cryoscopie du lait (étude critique et
expérimentale), 316.
•Cultures du sang chez les enfants, 629.
' Cure d'air k l'hôpital (Revue générale),
105.
■Cuti-réaction à la tuberculine, 626,
696.
Cyanose congénitale paroxystique, 253.
■ Cystite aiguô infantile traitée par l'hel-
mitol,747.
Cystite chez les nourrissons (Mémoire du
D' Giuseppe Caccia), 705.
Dentition (accidents de la première),
442.
Dentition hérédo-«yphiIilique, 639.
Dermatite végétante, 115.
Dermato-myosite infectieuse, 254.
Dé tubage des tubes de Proin par propul-
sion, 3i9.
Détubage (nouveau procédé), 253.
Développement des nourrissons édamp-
tiqucs, 504.
Déviations de l'omoplate, 252.
Diagnostic de la bronchopnaumonie
tuberculeuse, 188.
Diagnostic de la syphilis héréditaire
tardive, 362.
Diagnostic de la tuberculose chez
l'homme par Tophtalmo-réaction à la
tuberculine, 625.
Diagnostic par le rhinologiste d'une
forme de maladie de Werlhoff, 556.
Diagnostic précoce de la tuberculose
des ganglions bronchiques. 434.
Diagnostic précoce des maladies infec-
tieuses par les ganglions, 238.
Diarrhée chronique dysentérique, traitée
par le sérum de Yaillard (Recueil de
faits par le D* Baushalter), 738.
Diarrhée des enfants au sein avec flore
fécale normale, 382.
Diarrhées de la première enfance (sôrunn*
thérapie antidysentérique). 62.
Diarrhées du premier âge traitées par la
gélatine (Mémoire du D^ Péhu), 519.
Diarrhées infantiles traitées par la géla-
tine, 446.
Diète dans les maladies des enfaats,
373.
Dilatation anormale du gros intestin.
503.
Dilatation bronchique à revêtement de
type syncitial, 685.
Dilatation idiopathique du rôlon« 4^.
Diphtérie ambulatoire des fosses na-
sales et du cavum, 58.
Diphtérie bronchique, 688.
Diphtérie compliquée de pneumonie
lobaire, 236.
Diphtérie de la gorge (rhinorrhée), 563.
Diphtérie (embolies par faiblesse car^
diaque), 366.
Diphtérie (épidémie familiale), 629«
Diphtérie laryngée (tubage), 688.
Diphtérie (mortalité dans le canton de
Vaud), 628.
Diphtérie (mort rapide), 372.
Diphtérie (paralysie d'origine centrale
guérie par le sérum), 446.
Diphtérie (paralysies d'origine centrale),
687.
Diphtérie primitive du conduit auditif
externe, 308.
Diphtérie réapparaissant sous l'influence
de la rougeole, 689.
TABLE ALPHABÉTIQUE
775
Diphtérie {sérothérapie préventive), 378.
Diphtérie (sténoses du larynx chez les
nourrissons), 558.
Diphtérie suivie d'hémiplégie, 49.
Dwp^tUHum caninum, 679.
Direction dans l'allaitement au sein,
635.
Direction médicale dans Tallaitement
au sein, 380.
Dispensaire infantile de Vicence, 448.
Dispensaire pour enfants malades, 511.
Dispensaires de la caisse des Écoles
du VII«. 58, 572.
Dysenterie bacillaire, traitement par le
sérum, 750.
Dysenterie chronique traitée par le sé-
rum de Vaillard (Hecueil de fait»
par le D' Haushalter), 738.
Dysenterie, évolution lente, injection
de sérum antidysentérique de M. Âu-
ché, guértson, 235.
Dysenterie (sérum dans les diarrliées
infantile^), 62 .
Dysostose cléido-cranienne, 555.
Dystrophie nmsculaire progressive fa-
miliale, 759.
DuBRisAY (sa mort), 448.
Eau de mer (injections dans Thémo-
' philiedes nouveau-nés), 56.
Kchinococcie expérimentale, 566.
Kclampsie et avenir des nourrissons, 504.
École de médecine à, Manille, 768.
École pour enfants arriérés, 64.
Écoles (hygiène dans l'Amérique
latine), 560.
Kctocardie (tissure du sternum], 633.
Ectopie testiculaire (traitement), 308.
Eczéma du nourrisson (accidents géné-
raux), 122.
Embolies dans la faiblesse cardiaque
postdiphtérique, 366.
Emphysème du cou par le panier de
Grœfe, 253.
Emphysème généralisé par tuberculose
miliaire chez un syphilitique, 52.
Empoisonnement par la chaux éteinte,
757.
Empoisonnement par la quinine, 47.
Empoisonnement par le bromoforme,
757.
Empoisonnement par le salicylate de
soude, 48.
Empoisonnement phéniqué par la voie
rectale, 756.
Empyème avec hémorragie mortelle
(érosion de l'artère sous-clavière par
un drain), 687.
Enanthème de la rougeole, 190.
Encéphalite aigué chez les enfants
{Mémoire du D^ Comby), 577.
Encéphalite. aiguô non suppurée, 634,
635.
Encéphalite aiguë non suppurée (sym-
ptômes et lésions), 118.
Encéphalocèle et spina bifida, 630.
Encéphalocèle traitée par l'excision,
survie de deux mois et demi, 368.
Endocardite septique, 179.
Enfance (particularités), 693.
Enfant, 696.
Enfant et alcool, 749.
Enseignement de l'hygiène à Milan,
128.
Entérite infantile traitée par le fro-
mage frais, 110.
Entérites des nourrissons (prophy.
laxie), 123.
Entérites et appendicite chez les
enfants {Mémoire par le D^ J. Comby)^
193.
Entérites et appendicites, 762.
Entérites précédant les appendicites,
234.
EntéroGolites et appendicite chez
Icnfant, 246.
Épidémie de méningite cérébro-spi-
nale, 758.
Épidémie de rougeole, 751.
Épidémie de rub(k)le grave, 250.
Épidémie familiale de diphtérie» 629.
Épidermolyse huileuse, 690.
Épidermolyse huileuse congénitale
{Revue générale), 353.
Épidermolyse huileuse héréditaire
(prtmphigus héréditaire traumatique),
116.
Épilepsie chez les enfants, 126.
Épilepsie (régime déchloruré), 309.
Épiphysite pneumococcique multiple,
311.
Éruption postvaccinale à forme
d'herpès, 560.
Éruption vaccinale sur un eczéma, 446.
Érysipèle de la face chez une nourrice
causant la péritonite chez Tenfant,
563.
Érythèmes infectieux dans la rougeole,
378.
Estomac (ulcère perforé chez un
garçon de douze ans), 111.
État neutrophile du sang dans l'incu-
bation de la rougeole, 307.
Éliologie de la coqueluche, 352.
Examen de la gorge chez les enfants,
499.
Examen du lait, 446.
Examen du lait dans l'allaitement au
sein {Mémoire du D^ L. Morquio),
449, 525.
776
TABLE ALPHABÉTIQUE
Extraction de corps étranger par la
bronchoscopie, 117.
Extraction de corps étrangers de
l'œsophage (9 cas), H65.
Extraction de pièces de monnaie de
rœsophage, 47.
Faculté de Budapest. 702.
Faculté de Buenos Aires, 64, 702.
Faculté de Lille, 128.
Faculté de Lyon, 575.
Faux croup grippal prolongé, 64, 376.
Fémur (allongement considérable à la
suite d'une tumeurblanche du genou)
{Recueil de faits par MM. Mayet et
Bourganel), 289.
Fer chez le nourrisson (assimilation),
306.
Fibro-sarcomes du cou extrapharyn-
giens {Mémoire du D^ V, Veau)^ 21.
Fièvre cérébro-spinale foudroyante, 491.
Fièvre intermittente dans les pneumo-
nies, 186.
Fièvre par babeurre, 437.
Fièvre typhoïde (cas intérieurs), 62, 702.
Fièvre typhoïde (contagion hospita-
lière). 240.
Fièvre typhoïde et allaitement, 498.
Fièvre typhoïde (rétlexe abdominal),
563.
Fièvre typhoïde (troubles du Rythme
respiratoire) {Mémoire de MM. No-
bécourl et L. Tixier), 661.
Fissure congénitale du sternum avec
ectocardie, 633.
Fœtus et mère (rapports histologiques),
184.
Foie (abcès multiples), 366.
Foie (adéno-carcinome chez un nour-
risson de quatre mois), 680.
Foie (cirrhose hypertrophique), 757.
Foie (cirrhose, suite de scarlatine), 631.
Foie gras et granulie, 766.
Foie (lésions histologiques dans un ras
d'ictère syphilitique de nouveau-né),
364.
Foie silex (hérédo-syphilis), 369.
Fondation IMerre Budin, 383.
Forme syncopale de la grippe, 701.
Formes graves de l'appendicite, 505.
Formol contre le papillome du
larynx, 302.
Formule leucocytaire de la rougeole et
de la rubéole, 305.
Fosses nasales et cavum (diphtérie
ambulatoire), 58.
Fowler (pigmentation générale etkéra-
tose palmaire produites par l'usage
de la li(]ueur de), 496
Foyer maternel, 256.
Fractures des membres du nouveau-né
pendant l'accouchement, 250.
Fractures du cr&ne, 379.
Fractures spontanées à la suite de l'im-
mobilisation plâtrée, 763.
Friedi*eich (ataxie, 5 cas dans deux
familles), 497.
Fromage frais dans la gastro-entérite
infantile, 110.
Ganglions lymphatiques servant au
diagnostic précoce des maladies
infectieuses, 238. '
Gangrène dans la rougeole, 365.
Gangrène des deux mains, 251 .
Gangrène du nez et maladie de Ray-
naud. 319.
Gangrène rapide du nez, 319.
Gangrène symétrique de Raynaud
hérédo-syphilitique. 244.
Gastro-entérite infantile fébrile traitée
par le fromage frais, 110.
Gastro - entérites des nourrissons
(bouillon lactique), 636.
Gastro-entérites des nourrissons (pro-
phylaxie), 123.
Gastro-entérites du nourrisson. 568.
Gastro-entérites infantiles (régime sec)»
637.
Gastro-entérites, reprise de ralimen*
tation, 762.
Gélatine dans la diarrhée, 446.
Gélatine dans les diarrhées du premier
âge {Mémoire du D' Péhu), 519.
Glande thyroïde (congestion chez le
nouveau-né) {Mémoire de MM. Fabre
et Thévenot, 257.
Glandes lymphatiques (tumeurs ma-
lignes), 113.
Gliome de la rétine gauche (angio-sar-
come), opération, guérison, 374.
Gliome primitif de la capsule surri'*-
nale, 361.
Glotte (spasme chez les nourrissons), 314.
Goitre chez le nouveau-né, 627.
Goitre exophtalmique, 701.
Goitre parenchymateux chez le nou-
veau-né (quatre observations) (Mé-
moire de MM. Fabre et Thévenot), 403.
Gommes hérédo-syphilitiques de la
voûte et du voile du palais, 764.
Gommes multiples et dégénérescence
pigmentaire par hémolyse (syphilis)»
685.
Gonococcie chez l'enfant et prophylaxie
dans les hôpitaux, 502.
Gorge chez les enfants (importance de
son examen), 499.
TABLE ALPHABÉTIQUE
777
Gorge (syphilis héréditaire avec ulcé-
ration), 62.
Grancher (sa mort), 512
Graculie et foio gras, 766.
Grippe & forme syacopale, 701.
Grippe (faux croup prolongé), 376.
Grippe (méningite aiguë), 502.
Grippe (paralysie du moteur oculaire
externe), 496.
Grippe provoquée par le Micrococcus
caiarrhaliSf 366.
Héliothérapie dans la péritonite tuber-
culeuse, 235.
Helminthes (leur rôle dans les mala-
dies infectieuses), 637.
Helmitol dans le traitement de la cys-
tite aigué, 747.
Hématurie due au salicylate de soude,
433.
Hématuries à répétition, 252.
Hémiparalysie de la langue chez* le
nouveau-né, 697.
Hémiplégie alterne d'origine bulbaire,
634.
Hémiplégie cérébrale et néoplasme,
126.
Hémiplégie gauche et paralysie faciale
droite. 362.
Hémiplégie infantile avec athétose, 434.
Hémiplégie succédant à la diphtérie,
49.
Hémophilio des nouveau-nés (injec-
tions d'eau de mer), 56.
Hémoptysie et pneumothorax (tuber^
culose), 310.
Hémorragie mortelle dans l'empyème
(érosion de l'artère sous-clavière par
un drain), 687.
Hémorragies gastro-intestinales du
nouveau-né, 632.
Hérédité syphilitique, 59.
Hérédo-syphilis, foie silex, anémie
syphilitique, spirochètes dans le sang.
369.
Hérédo-syphilis (liquide céphalo-rachi-
dien), 432.
Hérédo-syphilis tardive, 445.
Hernie du cerveau, hémiparésie droite,
aphasie motrice, 368.
Hernies ombilicales (traitement par la
paraffine), 46.
Herpès postvaccinal, 560.
Herpès zoster ophtalmique. 691.
Hirschsprung (maladie de), 367, 438,
558. 760.
Hommage au D' Rauchfuss, 639.
Hôpital Caritatea de Jassy, 571.
Hôpital d'enfants de Milan, 256
Hôpital d'enfants de Montevideo, 384.
Hôpital d'enfants en 1906, 188.
Hôpital d'enfants Hamidié. (annales),
125.
Hôpital des Enfants-Malades, 128.
Hôpital des enfants malades Anne-
Marie à Lodz {Mémoire du D' Brud-
zinski),722.
Hôpital des enfants (revue), 381.
Hôpital presbytérien de New-York, 381.
Hôpital suburbain de Bordeaux, 63.
Hoquet dans le zona, 765.
Humérus (ostéomyélite bipolaire), 303.
Hydatide du poumon. 429.
HydaUde du rein droit, 244.
Hydatides du pancréas, 565.
Hydrencéphalocèle et spina bifida, 630.
Hydropisies de l'enfance (influence du
sel), 307.
Hygiène du lait et de la viande, 700.
Hygiène oculaire, 445.
Hygiène scolaire, 573.
Hygiène scolaire dans l'Amérique
latine, 560.
Hypertrophie congénitale, 378, 494.
Hypothermie prolongée à la fin d'une
paralysie générale infantile, 114.
Hypotonie congénitale, 695.
Ictère avec anémie congénitale, 112.
Ictère d'origine congénitale, 363.
Ictère malin suite de scarlatine. 112.
Ictère syphilitique «lu nouveau-né
(lésions du foie), 364.
Idiotie amaurotique familiale, 766.
Idiotie avec syndrome de Raynaud,
305.
Idiotie mongolienne, 431.
Idiotie (traitement moral, hygiène et
éducation), 318.
Iléus chez l'enfant (volvulussigmolde),
44.
Immobilisation plâtrée (fractures spon-
tanées), 763.
Impétigo et eczéma (albuminurie), 684.
Inanition chez les nourrissons, 127.
Incontinence d*urine guérie par l'opo-
thérapie surrénale, 304.
Incontinence nocture d'urine, 54.
Infection gonococcique (sa prophylaxie
dans les hôpitaux), 502.
Influence du sel sur les hydropisies de
l'enfance, 307.
Influenza (paralysie du moteur ocu-
laire externe), 496.
injections d'eau de mer dans l'hémo-
philie, 56.
Injections sous-cutanées de vaccine,
503.
49.
778
TABLE ALPHABÉTIQUE
Inspection des écoles à New York
{Revue générale), 226.
Institut d^s études supérieures de
Florence, 702.
Institut pour enfants prématurés ou
débiles, 54.
Institution nationale des sourds-muets
de Paris (Mémoire de G. TUloy), 336.
Institutions de bienfaisance contre la
mortalité infantile h. Paris et à Berlin,
190.
Intestin (atrésies multiples), 244.
Intestin (dilatation anormale), 503.
Intestin (invagination aiguë), 182.
Intestin (invagination chez les jeunes
enfants), 748.
Intestin (invagination guérie) [Recueil
de faits par le Z>' E. bêcher f), 37.
Intestin (muguet), 498.
Intestin (obstruction par bride), 370.
Intestin (poisons), 506.
Intoxication alimentaire. 631.
Intoxication alimentaire chez le nour-
risson, 504.
Intoxication phéniquée, 756.
Intubation des voies nasales dans le
coryza des nourrissons, 305.
Intubation du larynx dans la diphtérie
laryngée, 688.
Invagination du côlon trans verse, du
grand épiploon, etc., laparotomie,
réduction, 241.
Invagination .intestinale, 184.
Invagination intestinale aiguë infantile,
182.
Invagination intestinale chez les jeunes
enfants, 748.
Invagination intestinale chez un enfant
de sept mois guérie au moment où on
allait l'opérer {Recueil de faits par le
Dr E. Decherf), 37.
Inversion des viscère» avec cvanose,
253.
lodure à une nourrice guérissant le
vomissement du nourrisson, 47.
Ions et médications ioniques, 317.
Jetage nasal dans la diphtérie, 563.
Kératose palmaire et pigmentation
à la suite de liqueur de Fowler, 496.
Kyste dentifère du maxillaire supérieur,
372.
Kyste hydatique du poumon • à
huit ans, 429.
Kyste hydatique du rein droit, 244.
Kystes hydatiques du foie opérés
(paralysie de raccommodatioD par
intoxication phéniquée), 756.
Kystes hydatiques du pancréas, 565.
Kystes hydatiques (échinococcie exjié.
rimentale). 566.
Lait acidifié dans ralimentation infan-
tile, 361.
Lait (cryoscopie). 316.
Lait dans l'allaitement au 6em{Mémoirt
de L. Morquio), 449, 525.
Lait de femme (teneur en beurre»,
508.
Lait de vache cru pour TalimentatioD
du nourrisson, 567.
Lait et viande (hygiène), 700.
Laits de femme (variations de leur
composition), 556.
Langue dans le mongolisme, tétage de
la langue, 679.
Langue (hémiparalysie), 697.
Laryngite et pharyngite hyperplastiqnes
diffuses hérédo-syphilitiques. 360.
Laryngites ulcéreuses dans la syphilis
tertiaire et la tuberculose {Mémoirt
de MM. Rabourdin et Brissy), 275.
Laryngosténoses morbilleuses, 371.
Larynx (papillome traité parle formol),
302.
Larynx (sténoses diphtériques des
nourrissons), 558.
Larynx (stridor congénital), 302.
Larynx (stridor tardif), 383.
Larynx tolérant un corps étranger
{Recueil de faits par le D^ Bruch), 216.
Larynx (tubage dans la diphtérie»,
688.
Legs Poirier, 574.
Leucémie aiguë et amygdalotomie, 758.
Leucémie lymphatique chronique, 53.
Leucémie mixte, 181.
Leucocytes (variations en clioiqiie)
{Revue générale), 551.
Leucocytose dans les appendicites de
Tenfance, 242.
Ligue fraternelle des enfants de France,
255.
Liquide céphalo-rachidien des héi^o-
syphililiques, 432.
Lombrics et méningisme, 252.
Luxation congénitale de la hanche
(traitement abrégé). 247.
Luxation congénitale do la hanche
(traitement non sanglant). 318.
Lymphadénie splénique, 382.
Lymphadénie tuberculeuse chez l'en-
fant, un cas de tuberculose adéiio-
sphénique {Mémoire de MM, S. WeUt
et Ch. Lesieur), 129.
TABLK ALPHABÉTIQUE
779
Lymphadénoine du cou (traitement par
lecacodylate de soude), 301.
Lymphooytose du liquide cérébro-spinal
dans la syphilis congénitale, 185.
Lymphosarcome infantile, 437.
Mâchoire (conslriction congénitale), 51.
Macroglossie, 499.
Maison de convalescence pour enfants
à Glasgow, 511.
Maison maternelle, 63.
Maladie d'Âddison chez une fille de
quinze ans, 368.
Maladie de Barlow, 45. 363 et 633.
Maladie de Barlow au point de vue
anatomique, 119.
Maladie de Barlow (pathogénie des
lésions osseuses), 557.
Maladie de Barlow (pathologie), 557.
Maladie de Friedreich (cinq cas dans
deux familles), 497.
Maladie de Hirschsprung, 367.
Maladie de Hirschsprung (coudure
intestinale), 558.
Maladie de Hirschsprung (deux cas),
760.
Maladie de Hirschsprung (étiologie),
438.
Maladie de Little (traitement orthopé-
dique), 689.
Maladie de Parrot ou pseudo-para-
lysie syphilitique, 110.
Maladie de Raynaud(cas insolite), 239.
Maladie de Recklinghausen, 701.
Maladie de Werlhotf (diagnostic par le
rhinologiste), 556.
Maladie du sérum, 755.
Maladie du sérum après injections
réitérées, 438.
Maladies des enfants (cours en
trente leçons), 64.
Maladies infectieuses et vaccination,
187.
Mal de Pott (traitement), 251.
Mammites (allaitement), 507.
Manuel des maladies du tube digestif,
510.
Manuel pratique d'allaitement, 509.
Mastolde (ostéomyélite diffuse), 306.
Mastoïde (trépanation chez le nour-
risson) [Mémoire du D'Fournier), 612.
Mastoldites des nourrissons, 248.
Mauchamp (sa mort), 320.
Mégacôlon dit congénital, 503 .
Melœna des nouveau-nés et hé morragies
gastro-intestinales, 632.
Méningites (réactions des) dans la
syphilis héréditaire. 432.
Méningisme vermineux, 252.
Méningite aigué grippale, 502.
Méningite cérébro-spinale, 254, 319, 493.
Méningite cérébro-spinale à ménin-
gocoques chez deux jeunes enfants,
mort, 492.
Méningite cérébro-spinale (épidémie),
758.
Méningite cérébro-spinale épidémique
guérie, 375.
Méningite cérébro-spinale foudroyante,
491.
Méningite cérébro-spinale par bacille
de Pfciffer. 439.
Méningite cérébro-spinale (sérothéra-
pie) (Revue génércUe)^ 486.
Méningite cérébro-spinale traitée par
la ponction lombaire et les injections
vaccinantes, guérison, 490.
Méningite mixte à bacille de Koch et à
méningocoquede Weichselbaum, 319.
Méningite ourlienne, 637.
Méningite parchoroldito suppurée, 501.
Méningite purulente d'origine intra-
utérine, 309.
Méningite tuberculeuse du nourrisson,
698.
Méningite tuberculeuse traitée par la
tuberculine, mort, 491.
Méningites aiguës de l'enfance. 760.
Méningites bactériennes {Hecueil de
faits par le D' J, Comby), 475.
Méningocële, 439.
Mère et fœtus (rapports histologiques),
184.
Mérycisme ou rumination {Revue géné-
rale), 423.
Mésentère (chylangiome à quatre se-
maines). 437.
Métrorragiesde la puberté, 57.
Mici^ococcus catan'Aa/û produisant une
épidémie de grippe, 366.
Microsporums (recherches nouvelles),
373.
Mongolisme infantile, 60.
Mongolisme infantile associé & la
micromélie des membres supérieurs,
376.
Mongolisme infantile [Mémoire par le
D^J. Comby), 1.
Mongolisme (langue), 679.
Mongolisme (un cas), 431.
Monument Th. Roussel, 448.
Mortalité de la diphtérie dans le canton
de Yaud et à Lauzanne, 628.
Mortalité infantile, 57.
Mortalité infantile & Saragosse, 440.
Mortalité infantile inQuencôe par les
mutualités maternelles, 122.
Mort dans la chorée, 692.
Mort d«^ Budin, 192.
Mort de M"« Archambault, 192.
7S0
TABLE ALPHABÉTIQUE
Mort rapide dans la diphtérie, 372.
Mort subite chez l'enfant, 249.
Mort subite et rapide des nouveau-nés,
761.
Mort thymique chez le nouveau-né, 44.
Moteur oculaire externe (paralysie
grippale), 496.
Muguet dans l'intestin des enfants qui
ne sont pas au sein, 498.
Muguet (formes microbiennes), 442.
Muscles pectoraux (abscence congéni-
tale), 126.
Mutations dans les hôpitaux d'enfants,
63.
Mutualités maternelles et leur action
sur la mentalité infantile. 122.
Myatonie congénitale d'Oppenheim,
693, 766.
Myocarde (rhabdomyome multiple), 50.
Myocardite syphilitique avec doigts en
baguettes de tambour, 366.
Myoclonie-nystagnius {Revue générale),
39.
Myosite tuberculeuse à foyers multiples
chez un enfant de dix ans, 500.
Mythomanie, 57.
Myxœdèmo congénital, paralysie du
plexus brachial d'origine congénitale
{Recueil de faits parle D^ Cazal),
412.
Myxœdème (deux cas atypiques), 185.
Myxri'déme thyroïdien (Mémoi?'e de
A. -M. vlrraf/a). 669.
N
Nécessité d'une direction dans l'allaite-
ment au sein, 635.
Nécrologie (Grancher), 512.
Nécrologie (mort de Budin), 192.
Nécrologie (mort de Dubrisay), 448.
Nécrologie (mort de Mauchamp), 320.
Nécrologie (mort de Pietro Celoni), 128.
Nécrologie (mort de Sevestre), 704.
Nécrologie (mort de Thomas, de Fri-
bourg-en-Brisgau), 384.
Néphrite scarlatineusc familiale, 186.
Neuf cas d'extraction de corps étran-
gers de l'œsophage, 565.
Névrite interstitielle hypertrophique et
progressive de l'enfance {Revue géné-
rale), 674.
Noctambulisme et automatisme chez
l'enfant (Afemoire du D^H. Dauchez),
469.
Noma (observations et recherches), 55.
Nouveau procédé de détubage, 253.
Noyau de datte inclus dans la bouche,
extraction par la bronchoscopie, 749.
Nystagmus-myoclonie {Revue géné-
rale), 39.
Observations de clinique infantile, 76S.
Obstruction intestinale par brides (deui
cas), 370.
Oculo-réaction à la tuberculine {Revue
générale), 620.
Œsophage (corps étrangers), 247.
Œsophage et œsophagoscopie (corps
étrangers), 500.
Œsophage (extraction dans neuf cas de
corps étrangers), 565.
Œsophage (extraction des pièces d«
monnaie), 47.
Œsophage (rétrécissement opéré et
guéri), 319.
Œsophagisme, spasme essentiel de
l'œsophage, 236.
Œuvre du bon lait, 64.
Œuvre du bon lait de Nancy, 254.
Œuvres de l'enfance, 318.
Oligosidérémie des jeunes enfants et
ses rapports avec la chlorose des
jeunes filles, 312.
Ombilic (adénomes diverticulaires), 316.
Ombilic (hernies traitées par la paraf-
fme), 46.
Omoplate (déviations), 252.
Omoplate (ostéomyélite), 311.
Onanisme traité par la suggestion
hypnotique, 430.
Ophtalmologie (précis), 251.
Ophtalinoplégie externe due à la
syphilis congénitale, 433.
Ophtalmo-réaction à la tuberculine,
625. 766.
Opothérapie surrénale guérissant Tin-
continence d'urine. 304.
Oreillons (méningite), 637.
Oreillons précédés de zona, 446.
Origine intestinale des adénopakbies
bronchiques, 43.
Ostéogenèse imparfaite, 49.
Ostéomyélite de la clavicule, 428.
Ostéomyélite de l'extrémité inférieure
du radius, 191.
Ostéomyélite de l'omoplate, 311.
Ostéomyélite diffuse de la mastolde.
306.
Ostéomyélite du tibia, opération pré-
coce, guérison {Recueil de faits par
le D' Bruch), 217.
Ostéomyélite (traitement des cavités
osseuses), 762.
Ostéomyélite Iraumatique bipolaire de
l'humérus, 303.
Ostéomyélite vertébrale aigué. 691.
Ostéopsathyrosis, 50.
Otite suppurée (bacille de Vincent et
spirille), 111.
TABLE ALPHABÉTIQUE
781
Paludisme chez Tenfant, 686.
Paludisme congénital {Mémoire de
MM. Pézopouloa et Cardamatis), 29.
Panaris des nouveau-nés, 189.
Pancréas (kystes hydatiques), 565.
Papillome du larynx traité par le
formol, 302.
Paraffine en injetion dans les hernies
ombilicales, 46.
Paralysie de l'accommodation par
intoxication phéniquée chez des
enfants opérés de kystes hydatiques
du foie. 756.
Paralysie de la langue, 697.
Paralysie diphtérique guérie par le
sérum, 446.
Paralysie douloureuse des petits enfants,
243.
Paralysie du moteur oculaire externe,
suite d'influenza, 496.
Paralysie du plexus brachial et
inyxœdëme congénital {Recueil de
faits par le D' Cazal), 412.
Paralysie faciale droite et hémiplégie
gauche, 362.
Paralysie générale et tabès, 766.
Paralysie générale infantile (hypother-
mie prolongée), 114.
Paralysie hérédo-syphilitique, 110.
Paralysie infantile simulée par une po-
lynévrite aigué, 681.
Paralysies diphtériques (origine cen-
trale), 687.
Paralysies faciales consécutives au for-
ceps, 250.
Paralysies fonctionnelles transitoires
des enfants, 243.
Parésie des extenseurs des doigts, 382.
Particularités de l'enfance, 693.
Pathogénie de l'achondroplasie, 377.
Pathogénie des lésions osseuses de la
maladie de Barlow, 557.
Pathogénie du vomissement cyclique
chez les enfants anémiques, 628.
Pathologie de la chorée, 239.
Pathologie pulmonaire du nourrisson,
699.
Pectoraux (absence congénitale), 126.
Pediatrics, 509.
Pegnine chez les enfants {Revue géné-
rale), 743.
Péliose rhumatismale, 364.
Pcmphigus aigu de la seconde enfance,
376.
Pemphigus congénital à kystes épider-
miques, 187.
Pemphigus héréditaire traumatique,
116.
Perforation du voile du palais dans la
scarlatine {Recueil de faits par
ilfB« Mathilde de Biehler), 224.
Péricarde adhérent avec ascite, 237.
Péritonite pneumococcique, 117.
Péritonite purulente chez un enfant
causée par l'érysipéle de la face chez
une nourrice, 563.
Péritonite tuberculeuse (formes rares),
441.
Péritonite tuberculeuse traitée par
l'héliothérapie, 235.
Pharyngite et laryngite hérédo-syphili-
tiques, 300.
Pharyngo-laryngites ulcéreuses dans la
syphilis tertiaire et dans la tubercu-
lose {Mémoire de MM. Rabourdin et
Brissy), 275.
Phénol (empoisonnement), 756.
Phlegmon gangreneux du cou chez un
nourrisson ; lavages à l'eau salée,
cicatrisation satisfaisante {Recueil de
faits par le D* Bruch), 218.
Phlegmon infectieux du plancher de la
bouche, 56.
Phlegmon juxta-laryn go-trachéal dans
le croup, 569.
Pièces de monnaie dans l'œsophage
(extraction). 47.
Pied bot varus équin congénital, astra-
galectomie et tarsectomie cunéiforme»
369.
Pigmentation généralisée et kératose
palmaire après l'usage de la liqueur
de Fowler, 496.
Plasma de Quinlon dans l'hémophilie
des nouveau-nés, 56.
Pleurésie purulente du nourrisson, 698.
Pleurésie purulente interlobai re chez
l'enfant, 429.
Pleurésie séro-flbrineuse chez les en-
fants et signe du sou {Mémoire du
2>r Brudzinski), 513.
Plèvre et poumon (sarcome), 440.
Pneuinococcie épiphysaire multiple,
311.
Pneumocoques et conjonctivites pseu-
do-membraneuses, 235.
Pneumonie de l'enfant (radioscopie)
{Mémoire de MM. E. Weill et L, Thé-
venot). 385.
Pneumonie franche aiguë chez l'enfant,
121.
Pneumonie lobaire compliquant la
diphtérie, 236.
Pneumonies avec fièvre intermittente,
186.
Pneumothorax et hémoptysie (tubercu-
lose infantile), 310.
Pneumothorax tuberculeux, 253.
Poids dos viscères dans la première et
782
TABLE ALPHABÉTIQUE
et la seconde enfonce, poids du thy-
mus, 179.
Poisons de rinte8tin,506.
Poliomyélite difTuse subaiguê de Ja pre-
mière enfance, 564.
Polyarthrite aigué tuberculeuse bé-
nigne, 379.
Polydactylie aux mains et aux pieds,
748.
Polynévrite aigué simulant une para-
lysie infantile, 681.
Polype du méat urinaire, 126.
Ponctions lombaires et vaccination dans
la méningite cérébro-spinale, 490.
Poumon du nourrisson (pathologie),
699.
Poumon et plèvre (sarcome), 440.
Poumon (kyste hydatique), 429.
Poumon (syphilis congénitale), 45.
Pouponnière de Médan, 640.
Pouvoir hémoly tique du sérum sanguin
et résistance globulaire, 120.
Pouvoir plastéinogène de suc gastrique
des nourrissons sains et atrophiques
{Mémoire du D' Allaria), 321.
Pouvoir réducteur de l'urine après
urotropine, 747.
Précis de médecine infantile, 125.
Précis d'ophtalmologie, 251 .
Prématurés ou débiles (institut), 54.
Premiers mémoires de Séguin sur
l'idiotie, 318.
Préservation de l'enfance contre la
tuberculose, 254, 512, 576, 767.
Préservation des nourrices et des nour-
rissons contre la syphilis, 189.
Prolapsus de l'urètre chez les petites
ailes, 126.
Prolapsus rectal symptomatique de cal-
cul vésical, 303.
Prophylaxie des gastro-entérites des
nourrissons, 123.
Pseudo-milium colloïde familial, il8.
Pseudo-paralysie hérédo^syphili tique,
, ou maladie de Parrot, 110.
Puberté (métrorragie), 57.
Purpura foudroyant chez une enfant de
six mois {Recueil de faits par le D^ Ph,
Bourdillon), 100.
Purpura hémorragique des nouveau -
nés, 555.
Pyôlites de l'enfance, 365.
Pylore (sténose congénitale), 631. 702.
Pylorospasme du nourrisson, 692.
Quatre observaUona de goitre
chymateux chez le iioiiveaii-«é {adé-
nome fœtal diffus) (Jf^motre dm MM.
J. Fabre et L. Thévenoi), 403.
Quinine (empaisoDoeiiiâni), 47.
Quatre cas do perforation du voile du
palais dans la scarlatine (Recueil de
faits par .H™» Mathilde de Biehlej*),
224.
Rachitisme (pseudo*leucémie)
de MM. d'Espine et Jeannerei), 641.
Rachitisme (urine), 186.
Radiographie dans la coxalgie, 3M.
Radioscopie dans radénopatlûe brou*
chique, 763.
Radioscopie dans la pneumonie ilf
l'enfant {Mémoire de MM. Weill el
L. Thévenot), 385.
Radioscopie et radiographie il ans l*v»
adénopathies bronchiques, 383.
Rapports histologiques entre la mère
et le fœtus, 184.
Ration alimentaini de l'enfant, 233.
Ration alimentaire de Tenfant depuis
sa naissance jusqu'à T&ge de deux ans
{Mémoire du 0^ Henri &7o«e),63, 137.
202.
Ration alimentaire des nourrissons, 127.
Rauchfuss (hommage), 639.
Raynaud (gangrène symétrique bérédo-
syphiUtique), 244.
Rayons X contre les verrues planes, 115.
Réactions méningées dans un cas de
syphilis héréditaire, 432.
Réactions nerveuses de Tappendicile,
506.
Réapparition de la diphtérie sous l'in-
iluence de la rougeole, 689.
Recherche du bacille de Ko(*h dan^ Ir
sang par le procédé de la sangsue,
238.
Rectum (prolapsus symptomatique de
calcul vésical). 303.
Rééducation respiratoire chez les «dé-
noïdiens, 507.
Réflexe abdominal dans la fièvre
typhoïde, 563.
Régime alimentaire dans la rougeoie.
249.
Régime alimentaire dans les nialadit*s
des enfants, 373.
Régime déchloruré dans Tépilepsie de
l'enfant, 309.
Régimes aliiuenlaires dans la sc&rla-
tine, 697.
Régime sec dans les gastro-eot^fitesT
637.
Reglobulisation du sang chez les enfasts
tuberculeux, 248.
Rein droit (kyste hydatique), 244.
Reins palpables et mobiles chez le
I ourrisson, 693.
TABLE ALPHABÉTIQUE
783
Réintégration du tiers moyen du tibia,
567.
Résistance globulaire et pouvoir hémo-
lytique du sérum sanguin, 120.
Rétine (gliome opéré et guéri), 374.
Rétraction de l'aponévrose palmaire,
383.
Rétraction du petit doigt, 383.
Rétrécissement congénital de la trachée,
428.
Rétrécissement de l'œsophage, opéra-
tion, guérison, 319.
Rhafodomyoïne multiple du cœur, 50.
Rhinites des nourrissons, 187.
Rhinologie pour le diagnostic de maladie
de Werlhoir, 556.
Rhinorrhée dans la diphtérie pharyngée,
563.
Rhumatisme (anévrysmes de l'aorte),
60.
Rhumatisme etooi*ps thyroïde, 319.
Rhumatisme viscéral chez les enfants
{Mémoire de MM. E. Weill et L. Thé-
venot), 651.
Rougeole (contagion médiate) {Recueil
de faits par le D^ Roch), 292.
Rougeole (énanthôme), 190.
Rougeole (érythème infectieux), 378.
Rougeole (état neutrophile du sang au
stade d'incubation), 307.
Rougeole et rubéole (formule leucocy-
taire), 305.
Rougeole faisant réapparaître la diphté-
rie, 689.
Rougeole (gangrène), 365.
Rougeole (laryngo-sténoses), 371.
Rougeole < notes épidémiologiques), 751.
Rougeole (régime alimentaire), 249.
Roussel (son monument), 448.
Rubéole et scarlatinéole, 60.
Rubéole grave (épidémie), 250.
Rumination chez une fille de trois ans
{Recueil de faits par le D' Combt/),
420.
Rumination oumérycisme {Reoue géné-
rale), 423.
Rythme respiratoire d'origine nerveuse
dans la fièvre typhoïde {Mémoire de
MM. Nobécourt et L. Tixier), 661.
S
Sacro-coxalgie chez l'enfant, 247.
Salicylate de soude (hématurie), 483.
Salicylate de soude (empoisonnement),
48.
Sang (cultures chez les enfants), 629.
Sang dans le stade d'incubation de la
rougeole, 307.
Sangsue pour la rechei'che du bacille
de Koch dans le sang, 238.
Sarcocéle syphilitique, 446.
Sarcome de ramvgdale chez l'enfant,
699.
Sarcome géant fuso-cellulaire des fosses
Lscbio-rectales, 560.
Sarcome lymphatique de l'enAince, 437.
Sarcome primitif pleuro-pulmonaire à
neuf ans, 440.
Sarcomes du cou eztrapharvngiens
{Mémoire du D' V, Veau), 21.*
Scapulum valgum, 252, 765.
Scarlatine (adénopathies tardives), 309.
Scarlatine (alimentation), 697.
Scarlatine et appendicite, 766.
Scarlatine et cirrhose du foie, 631 .
Scarlatine maternelle et nourrissons,
508.
Scarlatine (néphrite familiale), 186.
Scarlatine (4 cas de perforation du voile
du palais) {Recueil de faits par
Jl>« Mathiide de BiefUer), 224.
Scarlatine suivie d'ictère grave, 112.
Scarlatinéole et rubéole, 60.
Scoliose hystérique, 383.
Scorbut infantile, 633. *
Scorbut infantile au point de vue ana«
tomique, 119.
Scorbut infantile (maladie de Barlow),
45.
Section de l'urètre par un cheveu, 681.
Sel et hydropisics de l'enfance, 307.
Sérumthérapie antidysentérique dans
les diarrhées de la première enfance»
62.
Sérothérapie antivenimeuse, 429.
Sérothérapie de la dysenterie bacillaire,
750.
Sérothérapie de la méningite cérébro-
spinale {Revue générale), 486.
Sérothérapie des paralysies diphtériques
446.
Sérothérapie par le sérum de Vaillard
dans un cas de diarrhée chronique
dysentérique datant de vingt-nenf
mois [Recueil de faits par le D^ Haus*
halter), 738.
Sérothérapie préventive de la diphtérie,
378.
Serpents (venin, sérothérapie), 429.
Sérum (accidents après injections répé*
tées), 438.
Sérum antidysentérique de M. Auché,
235.
Sérum antitétanique dans le tétanos,
guérison. 497.
Sérum (maladie du), 755.
Sérum sanguin (pouvoir hémolytique
et résistance globulaire), 120.
Sevestre (sa mort), 704.
Sic dans le traitement de la coqueluche»
48.
784
TABLE ALPHABÉTIQUE
Sigmoîde (volvulus), 44.
Signe du sou ot pleurésie séro-iibrioeuse
{Mémoire duD^ Bïmdzinski), 513.
Société allemande de pédiatrie, 574.
Société américaine de pédiatrie, 702.
Société de pédiatrie, 61, 126, 252, 319,
382. 445, 700. 765.
Société de pédiatrie allemande, 191, 320.
Société d'hygiône alimentaire, 64.
Société italienne de pédiatrie, 192.
Société protectrice de l'enfance, 255.
Sourds-muets (institution nationale),
{Mémoire de G. Tilloij), 336.
Spasme congénital du pylore, 692.
Spasme idiopathique de la glotte d'ori-
gine gastro-intestinale, 314.
Spina bifida, 61.
Spina bifida et hydrencéphalocélc, 630.
Spirochètes dans le sang (hérédo-
syphilis), 369.
Splénomégalie avec réaction lymphoïde
et métaplastique, 382.
Splénomégalics chez l'onfant, 753.
Spléno-pneumonie chronique dans
l'enfance, îft6.
Stéatose du foie et granulie, 766.
Sténose congénitale du pylore, 631.
Sténose congénitale hypertrophique du
pylore, 702.
Sténose du cholédoque chez un nouveau-
né, 751.
Stérilisation du lait par la chaleur, 444.
Sternum (fissure avec ectocardie), 633.
Stomatite aphteuse (syndrome prémoni-
toire), 55.
Stridor laryngé congénital, 302.
Stridor laryngé tardif, 383.
Suc gastrique (pouvoir plastéinogéne
chez les nourrissons) {Mémoire du
Dr Allaria), 371.
Suggestion hypnotique contre l'ona-
nisme, 430.
Suicide chez les enfants, 59.
Symphyse cardiaque (12 cas), 760.
"Symphvse cardiaque avec ascite (2 cas),
237. '
Syncope dans la grippe du nourrisson,
701.
Syndactylie congénitale, 569.
■Syndrome addisonien au cours de
gastro-entérite infectieuse, 254.
Syndrome labio-glosso-pharyngé chez
un garçon de sept ans (polioencé-
phalite) {Recueil de faits par le D^
E. Zembou(is), 220.
Syndrome iiiyoclonique avec réaction
méningée, 252.
Syndrome prémonitoire de la stomatite
aphteuse, 55.
Syphilis à la maternité de l'hôpital
Tenon, 568.
Syphilis congénitale avec lésioDS gom-
meuses multiples et dégénéresceDce
pigmentaire par hémolyse, 685.
Syphilis congénitale du poumon, 45.
Syphilis congénitale (laryngite et pha-
ryngite hyperplastiques), 300.
Syphilis congénitale (lymphocytose du
liquide cérébro-spinal), 183.
Syphilis congénitale (ophtalmoplégie
externe), 433.
Syphilis congénitale (symptômes inso-
lites), 364.
Syphilis et tuberculose (pharyogo-
laryngites) {Mémoire de MM, Rahour-
din et Brissy), 275.
Syphilis (gommes palatines), 764.
Syphilis héréditaire (dentition), 639.
Syphilis héréditaire et hérédité syphili-
tique, 59.
Syphilis héréditaire, foie silex, spiro-
chètes dans le sang, 369.
Syphilis héréditaire (maladie de Parrot).
110.
Syphilis héréditaire (réactions méoin-
gées), 432.
Syphilis héréditAire tardive, 445.
Syphilis héréditaire tardive avec aUé-
ration de la gorge, 62.
Syphilis héréditaire tardive chez ks
écoliers, 362.
Syphilis (ictère, lésions du foie), 364.
Svphilis infantile dénoncée parles cris,
"683.
Syphilis (myocardite avec doigts po
massue), 366.
Syphilis (préservation des nourrices et
des nourrissons), 189.
Syphilis (sarcocèle), 446.
Syphilis (testicule), 446.
Syphilis (traitement), 765.
Syphilis, tuberculose miliaire (emphy-
sème sous-cutané), 52.
SyringomyéKe chez une fille de neuf ans.
682.
Tabès et paralysie générale, 766.
Tache bleue de l'ischion et phéno-
mènes mongoloïdes chez les enf&oi?
européens, 120.
Tarsectomie cunéiforme pour pied boU
369.
Teneur en beurre du lait de femmf
(son influence sur la santé du nour-
risson), 508.
Testicule ectopié (traitement), 308.
Testicule syphilitique, 446.
Tétanie (un cas), 113.
Tétanos des nonveau-nés guéri p^r
la méthode de Baccelli. 304.
TABLK ALPHABÉTIQUE
785
Tétanos traité par le sérum antitéta-
nique, gaérison, 497.
Théophile Roussel (son monument).
418.
Thymus (apoplexie), 436.
Thymus et mort au cours de l'anes-
thésie générale, 371.
Thymus (mort chez le nouveau-né), 44.
Thvmus (physiolo^çie et pathologie),
245.
Thymus (poids dans la première et la
seconde enfance). 179.
Thyroïde (congestion chez le nouveau-
né) {Mémoire de MM. Fabre et Thé-
peno/), 257.
Thyroldite aiguô grippale, 254.
Thyroîdite aiguë suppurée avec com-
pression, tubage. 49.
Thyroîdite rhumatismale, 319.
Tibia (réintégration), 507.
Tic du rhomboïde produisant le scapu-
lum calgum, 765.
Tolérance étonnante du larvnx d'un
enfant pour un corps étranger
{Recueil de faits par le D^ Bruch),
210.
Torticolis sjMismodiques (traité), 251.
Trachée (rétrécissement congénital),
428.
Trachéocèle bilatérale chez un rachi-
tique, 52.
Traité des maladies de Tenfance, 61.
Traité des maladies familiales et des
maladies congénitales, 124.
Traité des torticolis spasmodiques,251.
Traité de thérapeutii[ue orthopédique,
191.
Traitement de la coqueluche par l'ar-
senic, 114.
Traitement de la coqueluche par le
Sic, 48.
Traitement de la coqueluche par une
ceinture abdominale, 495.
Traitement de la luxation congénitale
de la hanche par la méthode ortho-
pédique abrégée, 2i7.
Traitement de la syphilis, 705.
Traitement de l'ectopie lesticulaire, 308.
Traitement des cavités osseuses d'ori-
gine ostéomyélitiquc, 762.
Traitement des diarrhées du premier
âge par les solutions de gélatine
{Mémoire du D^ Péhu), 519.
Traitement des gastro-entérites par le
bouillon lactique, 030.
Traitement des sténoses diphtériques d u
larynx chez les nourrissons, 558.
Traitement des verrues. 032.
Traitement du mal de Polt, 251.
Traitement du nnevus vasculaire par le
radium, 501.
Traitement hygiénique de 100 cas de
tuberculose à l'hôpital, 430.
Traitement moral, hygiène et édu-
cation des idiots, 318.
Traitement non sanglant de la luxation
congénitale de la hanche, 318.
Traitement orthopédique de certaines
formes de la maladie de Little, 689.
Traitement par la parafflno des hernies
ombilicales, 46.
Traitement par le babeurre de certaines
toxidcrmites, 380.
Traitement postopératoire des rhino-
adénoïdiens, 507.
Transmission par l'allaitetnent d'agglu-
tinines au cours d'une typhoïde, 241.
Tré[)anation de la mastoîde chez le
nourrisson {Mémoire du 0' Fournier),
fi '2.
Tricophytie disséminée du tronc, 502.
Tubage dans la thyroîdite aigué
suppurt-e, 49.
Tubage du larynx dans la diphtérie, 688.
Tuberculeux (reglobulisation du sang),
2(8.
Tuberculinc contre la méningite tuber-
culeuse, 491.
Tuberculine (cuti-réaction), 696.
Tuberculinc (oculo-réaction) (Revue
générale), 020,
Tuberculine (ophtalmo-réaction). 025,
766.
Tuberculome diffus du cervelet, 382.
Tuberculose adéno-splénique, lympha-
di'-nie tuberculeusi {Mémoire de
MM. Weill et Lesieur), 129.
Tuberculose dans la première enfance.
cavernes chez le nourrisson, 698.
Tuberculose des ganglions bronchiques
(diagnostic précoce), 434.
Tuberculose des ganglions bronchiques
(origine intestinale}, 43.
Tuberculose des os plats du crâne, 559.
Tuberculose dilTuse chez un nourrisson
de deux mois et demi, 369.
Tuberculosedu péritoine (héliothérapie),
235.
Tuberculose et syphilis tertiaire (pha-
ryngo - laryngites ulcéreuses) (3/^-
moire de MM. Rabourdin et Rrisstj),
275.
Tuberculose ganglio-pulmonaire dans
l'école parisienne, 301.
Tuberculose infantile (pneumothorax
et hémoptysie), 310.
Tuberculose infantile (traitement hygié-
nique de 100 cas), 430.
Tuberculose miliaire chez une syphi-
litique (emphysème sous-cutané j, 52.
Tuberculose (myosite k fovers mul-
tiples). 500.
786
TABLE ALPHABÉTIQUE
TubeKttLofie (poljartlirite aigué}, 379.
Tuberculose palmoitalr» dams Ui pre-
mière enfance, 121.
Tuberculose reconnue par TophtalmcK
réaction à la tuberculine, 625.
Tuberculose rénale, 252.
Tuberculose (types de bacilles et portes
d'entiée), 6.»8.
Tumeur blanche du genou (allongement
du fémur {Recueil de faits par
MM. Mayet et Bourganef), 289.
Tumeur cérébrale et hémiplégie céré-
brale, 126.
Tumeur gazeuse du cou, 52.
Tumeur vasculairo polypoïde du méat
urinaire, 126.
Tumeurs blanches du membre inférieur
^appareils de marche) (Mémoire du
Dr H. Mayet), 393.
Tumeurs cérébelleuses dans l'enfance,
759.
Tumeurs du cervelet dans l'enfance,
692.
Tumeurs malignes des organes glandu-
laires lymphaticpies, 113.
Typhoïde (agglutinines transmises à
l'enfant .par le lait de la mère), 241.
Typhoïde (cas intérieur), 62, 253.
Typhoïde (contagion hospitalière), 240.
Typhoïde vX allaitement, 498.
Typhoïde (troubles respiratoires d'ori-
gine nerveuse) [Mémoire de MM, xVo-
bécourt et L. Tixier), 661.
U
Ulcération de la gorge (syphilis héré-
ditaire), 62.
Ulcère gastrique perforé chez un gar-
çon de douze ans, 111.
Université de Bologne, 702.
Université de Giessen, 702.
Université'; de Heidelberg, 702.
Université de Graz, 128.
Université de Munich, 128.
Université de Pavie, 320.
Université de Rome, 63.
Université do Turin, 320.
Université de Vienne, 63.
Université de Vienne (travaux de la
clinique infantile), 573.
Urètre sectionné par un cheveu, 681.
Urètre dans le rachitisme, 186.
Urine (incontinence nocturne), 54.
Urine (pouvoir réducteur influencé par
l'urotropine), 747.
Urotropine et pouvoir réducteur de
l'urine, 747.
Urticaire pigmentée, 45.
Vaccination et iMladies infectienses.
187.
Vaccination et vaccinîdes» fi98L
Vaccination sous-cutanée, 24C» SIS.
Vaccine ectopique, 446.
Vaccine (herpès à la suite de), 560.
Valeur clinique de la leucocytose dans
les appendicites de l'enfance, 2i2.
Valeur de l'examen du lait dans l'&Uai-
tement au sein {Mémoire de M. L
Mofquio), 449, 525.
Variations de la composition des laiU
de femme, 556.
Variations leucocytaires en clinique
infantile (Aetrue générale), 551.
Varuséquin congénital (pied botjastra-
galectomie). 369.
Végétations adénoïdes chez les nour-
rissons, 248.
Venin des serpents, sérothérapie imti-
venimeuse,429.
Verrues planes juvéniles guéries i^ar
les rayons X, 115.
Verrues (traitement), 632.
Viande et lait (hygiène), 700.
Vincent (bacille et spirille dans l'otite
moyenne), lit.
Viscères (poids dans l'enfance), 179.
Voile du palais perforé dans la scarla-
tine {Recueil de faits par .If «« Matkilde
de Biehlei^), 224.
Volvulus de l'anse sigmolde. 44.
Vomissement à rechute avec acétv
nurie, 51.
Vomissement cyclique (pathogénie i.
628.
Vomissement de nourrisson guéri par
l'iodure à la nourrice, 47.
Vomissements cycliques, 62.
Xeroderma pigmentosum (histologie et
clinique), 42.
Zona ophtalmique chez un enfant, 691.
Zona thoracique avec hoquet, 765.
Zona thoracique précédant les oreillon».
446.
4976-07. — CoRBEiL, Imprimerie Ëd. Crété.
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